Fran AURA A * AN Lan st TA Ad K Page AAù RAGE mr ANA AAA À AAA AAAS ANNAA 2 DANEAN TS RAA Yale) AA nAÏ AAA RAA AAA AAA A An AA ET A. JV v? ss ue VENIR 27 U M > AN : “AP EMMA : nv rt sui v° ya vw ï Fr js $ ITU TE ESS clés / ve @:: # guvts v NT jphiv ME ER DAV TRES VUUUVV vus | v PME TM y d | “> EUR YNVuvy v Vus MVL W \ MATE UN AU * RO EE AA MEME ds! “+ # M ARANTE uwvy VL uv Ÿ 0e CESR So vos voue Mn AAA MMM ENT ha “üy SUV Ye te ne Fe Fe ii, on ï, de à 5 Ÿ TA VTT ? v | œ AT OR UYv EL"R NUE v , gY” SÜUV Qyi as Net v vw nié AR VV sé THAN VV Ê VUE JU vu YU ÿ SE PAU ÿ VALVE DH EEE LE TA | VU ÿ e ÿ MOUV Sgad Née us, Vienne MC MT UV MS VUE My \ JUVUYES PRÉCIS ANALYTIQUE DES TRAVAUX DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES , BELLES-LETTRES ET ARTS DE ROUEN, PENDANT L'ANNÉE 1822, AUOLITIAAA AA AT MIATANT CAE PL 5) | SaUNAITI 2AHET LS EMMA ONTARIO FU. no CASE Lui: OC 0: PER ‘LaeËs AAA AE TAAUMAT PRÉCIS ANALYTIQUE DES TRAVAUX L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES , BELLES-LETTRES ET ARTS DE ROUEN, PENDANT L'ANNÉE 1822+ À ROUEN; DE L'IMPRIMFRIE DE P. PERIAUX PÈRE, IMPRIMEUR DU ROI ET DE L'ACADÉMIE, 22221 1823 th, . “HAroù MQUIATE CES da saaditsénns sn | CR 1 es é Ê Au \ in à Ho \ ri NS À si AE wat MA UE R ANT ERREA ag 14 100 9 dau AE 1: NEA PRÉCIS ANALYTIQUE DES TRAVAUX ‘ DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES , BELLES-LETTRES RE ARTS DE ROUEN, PENDANT L'ANNÉE 1822, D'APRÈS le compte qui en a@ élé rendu par MM. les Secrétaires, à la Séance publique du Vendredi q Août de la méme annee. — 000 +}i- EE Hoioe—— DISCOURS Prononcé à l'ouverture de la Séance publique du Vendredi 9 Août 1822 , par M. DurouzEau , Président. Mssseurs , FIDÈLE au sentiment de ses devoirs, chargée du pré- cieux dépôt des découvertes utiles et des connaissances acquises , l'Académie vient vous offrir l'hommage et le résultat de sa constante sollicitude pour atteindre le but À (2) de son insüitution ; reculer les limites de la science , agrandir le domaine des lettres, porter les arts et l'in- dustrie au plus haut degré possible de perfection et d'éclat , voilà, Messieurs , l’objet de nos méditations de tous les jours. Et quelles pensées plus nobles , quelles occupa- tions plus généreuses peuvent animer et conduire l’homme de bien , l’ami de son pays et de l'humanité? Après la reli- gion , dont les principes et la morale , puisés dans une source divine, tendent à rendre l'homme meilleur et plus sociable , existe-t-il, en effet , des moyens plus puis- sans pour arriver au même but , que la propagation des sciences , des lettres et des'arts, auxquels les peuples civi- lisés doivent leurs plus parfaites institutions , l’industrie , ses plus précieuses découvertes , l'esprit , ses plus douces jouissances ? Je laisse, Messieurs, à des écrivains plus exercés tous les détails dont ceci serait susceptible. Votre empresse- ment à vous rendre à cette séance justifie assez ce que vous pensez des sociétés savantes, ce que vous attendez de nous en particulier. Les momens que vous voulez bien nous accorder appartiennent d'ailleurs presqu'exclusi- vement à MM. les Secrétaires. Chacun va vous rendre compte des travaux de l’Académie pour sa partie. Les Muses et les Grâces auront aussi leurs interprètes. Le souvenir d’une femme célèbre par son esprit, comme par ses qualités personnelles , et qui daigna accepter une place dans nos rangs , se reproduira sous le voile de la poësie légère. Nous paierons enfin un juste tribut à la mémoire de deux collègues que limpitoyable mort nous a enlevés pendant le cours de l’année académique. C’est en famille qu'on doit épancher sa douleur. Les sentimens que vous nous portez ;’ nous sont garans que notre douleur sera la vôtre. | Voilà, Messicurs , le tableau rapide de ce qui va oc- C3) cuper cette séance. Puissent les efforts de l'Académie justifier l'attente de son auguste fondateur , et nous donner de nouveaux-droits à la protection du (rouvernement , à votre bienveillance et à l'appui des autorités de cette ville. "2 SCIENCES ET ARTS. RAPPORT Fair par M. ViTaAues ; Secrélaire perpétuel de la Classe des Sciences. Mssseurs ; L'époque à laquelle nous vivons à tant de ressem- blance avec celle où parut la traduction des Géorgiques, qu'on ne peut s'empêcher d'en être vivement frappé. Même mouvement, même direction des esprits, même enthousiasme pour l’agriculture. » Cette matière, peut-on dire encore aujourd’hui » avec le Virgile français , est devenue lobjet d’une » foule de livres, de recherches et d'expériences. Dans » toutes les parties du royaume, on voit s'élever des » Sociétés d'agriculture... L'agriculture, comme les » autres arts, a ses amateurs. La morale à disputé à la » philosophie l'honneur d’ennoblir ce que le luxe et » l'orgueil avaient long-tems avili, et la théorie de cet » art occupe presque autant de têtes dans les villes,;-que » la pratiqué exerce de bras dans les campagnes. » Ce tableau , Messieurs , n'est-il pas la peinture exacte À 2 s » (4) de ce qui se passe en ce moment parmi nous ? Et quand le premier né des arts serait encore enveloppé de lan- ges, son berceau serait-il environné de plus de pré- tendans à l'honneur de devenir ses instituteurs et ses maîtres ? L'Académie, Messieurs, ne pouvait manquer de cé- der à cette impulsion générale, dont Paction doit pro- duire tant d'heureux résultats, soit pour accroître la fer- tilité de nos campagnes , soit pour améliorer le soft de ceux qui les cultivent. Ainsi, Messieurs, dans le compte que je vais avoi l'honneur de vous rendre de ses travaux, vous verrez non-—seulement sans étonnement , mais, j'ose le dire» avec plaisir, qu'elle ait souvent reporté ses regards vers le riant tableau de la nature, vers le doux spectacle des champs, et qu'à l'exemple de presque toutes les Sociélés savantes , elle se soit empressée de payer son tribut à un art qui sert de base et de fondement à tous les autres. SCIENCES PHYSIQUES. La quadrature du cercle est un de ces problèmes de- venus célèbres par le grand nombre de savans qui se sont efforcés de le résoudre, et toujours sans succès. À défaut d'une solution complète , les géomètres ont cherché des moyens d’approximation. Quelques - uns ont employé, dans ce dessein, des construelions géo- métriques. C’est une construction semblable que M. Boucharlat a eu en vue dans le travail qu'il vous a communiqué cette année , et M. Meaume, qui vous en a rendu compte, pense que l'Académie doit savoir gré à l’auteur de ke lui avoir fait connaître. | (5) = M. Morin, né en cette ville, ingénieur au corps royal dés ponts et chaussées , à fait hommage à PAcadé- ie de son Éssoi sur la nature et les propriétés d’un fluide impondérable | ou Nouvelle Théorie de l'univers matériel. En publiant cet essai, l'auteur annonce qu'il n’a voulu que prendre date dans l’histoire des sciences , et qu'avant de donner des développemens nouveaux à son premier travail , il s'occupe à recueillir les faits et les observa- Lions qui pourraient venir à l'appui de la théorie qu'il a conçue. N = L'Académie royale des sciences, inscriptions et belles. lettres de T'oulouse vous a adressé les observations baro— métriques faites à Toulouse, par. M. Marqué-Victor, pro- fesseur des sciences physiques au collége royal de cette ville, " Ces observations se recommandent par leur nombre, leur exactitude et les conséquences utiles que l’on peut en déduire. = La Société des arts du Mans a fait parvenir à l'Aca- démie Ja partie de ses mémoires relative aux sciences. Cette partie , que M. Meaume à fait connaître , renferme huit chapitres dans lesquels figurent successivement les mathématiques | astronomie , Va mécanique, Va navigation, les ponts et chaussées, la physique , Vhistoire naturelle et les sciences médicales. Nous regrettons de ne pouvoir suivre M. le rappor- teur dans les détails intéressans que lui offrait la riche collection qn'il était chargé d’analyser ; mais nous nous faisons un vrai plaisir de dire avec lui, qu'après avoir pris connaissance des travaux publiés par la Société du Mans, on reconnaît que cette Société renferme dans son sein des hommes instruits, laborieux , animés de l'amour des sciences et du bien public, et dont les découvertes A 3 (6) ou les méditations ont toujours pour but de plaire et d'instruire. = La même Société vous a adressé, Messieurs, le Précis de sa dernière séance publique. - M. Levieux , que vous aviez chargé de vous en rendre compte, ne pouvant juger des mémoires dont on ne trouve que des notions très-succinctes , sen est dé- dommagé en vous présentant l'analyse du discours pro- noncé, à l'ouverture de la séance, par M. Desportes- Gagnemont , président, et dans lequel lorateur traite des dispositions de l’homme aux arts et aux sciences, de l'influence de leur culture sur ses destinées, et de la né- cessité de donner un nouvel essor à l’état industriel du département de la Sarthe. = L'Académie doit éncore à M. Levieux un rapport sur plusieurs livraisons des Annales européennes de physique végétale et d'économie publique. Quelques taches léoères que M. Levieux à cru devoir faire remarquer , ne l’empêchent pas de regarder les An- nales européennes comme un ouvrage qui contient de grandes vues d'utilité publique , et qui offre à la médi- tation des savans et des hommes d’état de nouveaux élé- mens de bien-être et de prospérité. = Nous devons à M. Lamouroux , professeur d'histoire naturelle à l'Académie de Caen, un exemplaire de l'ouvrage qu'il a publié sons ce titre : Résumé d'un cours élémentaire de géographie physique. L'auteur, après avoir exposé quelques principes gé- néraux sur lastronomiè , décrit tous les phénomènes que l'air et Patmosphère présentent , considère Peau dans tous ses états sur notre sphéroïde , et fait con- maître l’état actuel de la géologie, en s'appuyant sur C7) les faits positifs que cette science doit aux travaux de MM. Cuvier et Brongniart sur les environs de Paris. Cet ouvrage de notre savant correspondant , dit M. Au- guste Leprevost, qui vous en a rendu un compte très-détaillé , a élé jugé digne de devenir classique dans l'université , et cette distinction lui paraît n'avoir jamais été mieux méritée. = M. Devilly, libraire à Metz, vous a fait hommage d'un exemplaire de sa Géographie ancienne et moderne. Cet ouvrage à, au jugement de M. Fontanier, le mé- rite de renfermer , dans un assez petit volume , tout ce qu'il y a d’essentiel dans la scieuce si utile et si impor- iante qui en fait l'objet. — M. Duputel vous a fait connaître les travaux de l'Aca- démie royale de Caen, d'après le rapport qui en a été fait, à la séance publique du 26 juillet 1821, par M. Hébert, secrétaire. M. le rapporteur à montré du goût et du discerne- ment dans les éloges qu’il a donnés, soit aux membres de l'Académie de Caen, soit à M. Hébert, pour le talent avec lequel il a rendu compte de leurs travaux dans les sciences , les lettres et les arts. = Nous devons à M. Charles Drouet, membre de la Société du Mans, des Réflexions et observations sur l'hiver de 1821. L'auteur fait voir que la température douce et chaude de cet hiver , quelque surprenante qu’elle puisse paraître , n’est point un phénomène extraordinaire , puisque , d’a- près Sattrus Caboisius | savant chronologiste , depuis lan- née 1172 jusqu'à nos jours , il y a eu quatorze hivers où la même douçeur de température a été observée. M. Drouet remarque que la plupart de ees hivers doux ant été, comme celui de 1822 , précédés de gros tems , A 3 (8) de grands vents , d'inondations , de tempêtes et de nom- breux naufrages. ee = M. Bourgeois, peintre en portraits à Paris, et mem- bre de la Société royale académique des sciences de la même ville , a fait hommage à l’Académie de son Manuel d'optique expérimentale à l'usage des artistes et des physiciens , et a soumis à son jugemcntun mémoire sur cette question: « L'existence du principe des refrangibilités diverses de » Ja lumière et des coulenrs est-elle réelle, et ce principe » peut-il s’accorder avec notre organisation visuelle ? » MM. Meaume , Mallet et Leprevost, docteur en mé- decine , ont été nommés pour examiner ces deux ouvrages et en rendre compte. Cette commission n’a pu encore faire son rapport. CHIMIE. M. Hellis a rendu compte à l'Académie du proeédé économique qui a été proposé par M. Robert, pour préparer le sulfate de quinine. M. Hellis à rapporté ensuite les expériences qu'il a faites à l'Hôtel-Dieu, sur des fiééreux auxquels il a ad- ministré ce nouveau sel. Les résultats de ces essais s’ac- cordent parfaitement avec ceux qui ont déjà été publiés par MM. Chomel , Double et Fouquier, médecins de Paris. | _ ( L'Académie a délibéré que l'ouvrage de M. Heéllis serait imprimé à Ja suite de ce rapport. } = M. Dubuc a présenté à l'Académie le résultat des expériences que la Compagnie, sur la proposition de M. Le Bouvier , ancien négociant à Rouen, l'avait chargé de faire pour s'assurer si l’on pouvait préparer des pare- mens à l'usage des toiliers , avec la farine de riz. ( 9.) Du travail de M. Dubuc, il résulte : 1 Que les graines de riz pulvérisées , quelle qu’en soit l'espèce , donnent, par leur cuisson dans l’eau pure, un encollag: ou parement assez analogue à celui que Pon 6b- tient des farines de blé ou de seigle ; 20 Que le riz, tel qu'on le trouve dans le commerce ; contient environ les trois quarts de son poids d’une ma- tière farineuse médallaire , presque soluble en totalité dans l'eau bouillante, avec laquelle on peut faire des en- collages dont l'usage permet aux tisserands de travailler dans toutes sortes de localités , et peut-être à ciel ouvert ; 3° Que la graine de riz contient à-peu-près le quart de son poids d’une matière verdätre, insoluble dans l’eau, très-inflammable , se desséchant facilement à Flair, et qui , dans sa combustion , offre quelque analogie avec les matières animales,; (1) 4 Que les paremens auxquels on ajoute des mucilages végétaux sont plus nuisibles qu'utiles aux ouvriers Usse— rands dont les métiers sont établis au-dessus du sol, et sans utilité réelle pour ceux qui travaillent dans des sou- terrains. « Telle est, Messieurs, ajoute M. Dubuc, le résumé d'un travail que je erois avoir exéculé avec soin, et qui fait naturellement suite à mon premier mémoire sur les paremens , dont vous avez ordonné l'impression en 1820. Heureux si vous jugez celui-ci digne de vos suffrages, et s'il remplit les vues de M. Le Bouvier, qui a proyoqué ce travail dañs la pensée qu’il pourrait être utile aux ou vriers , au comimnerce et à l'industrie. » ‘(L'Académie a délibéré que le mémoire de M. Dubuc serait imprimé à la suite de ce rapport.) B (1) Voyez les analyses du 12, paréMM. Braconnot cet Vauquelin, Journal de Pharmacie , tom. UT, pages 4 et 315, : (10) = M. Vitalis a communiqué à la Compagnie des Re- cherches sur l'analyse des terres arables , suivies de l'analyse chimique de deux terrains situés près Honfleur , et d'une marne qui se trouve au méme lieu. (L'Académie a délibéré que ce mémoire serait im- primé à la suite de ce rapport. } IISTOIRE NATURELLE. = M. Periaux a communiqué à l'Académie une Notice relative à la figure d’une croix trouvée à l'interieur d’une büche de hêtre à deux pouces et demi de la couche corticale. Ce phénomène , dont on connaissait déjà des exemples, fournit une nouvelle preuve de la tonversion successive des couches du liber en corps ligneux , et c’est dans ce sens que M. Periaux en a donné une explication aussi simple qu'exacte. (L'Académie a délibéré que cette note serait imprimée à la suite de ce rapport.) = M. Marquis a fait part à la Compagnie de sa Notice sur le chéne-chapelle d’Allouville , à laquelle était joint un dessin aussi élégant que fidèle de ce monument religieux. Ce des- sin a élé gravé depuis par M. Langlois , artiste distingué de celte ville, et aux talens duquel nous avons eu pe d’une fois, Messieurs , occasion d’applaudir. (L'Académie a délibéré que cette notice serait impri- mée à la suite de ce rapport. } = Un mémoire que M. 4. Le Prevost regarde comme lun des plus intéressans dont les annales de la botanique se soient enrichics depuis long-tems , soit par l’importance de Pobjet, soit par le mérite des explications , est celui (ter) que M. Gaillon , naturaliste , à Dieppe, vous a envoyé sous ce titre : Aperçu microscopique et physiologique de la Jfructification des thalassiophytes symphysistées. = M. Le Turquier a rendu compte de la Monographie du gecko-mabouïa des Antilles, par M. Moreau de Jonnès , qui , en publiant celte notice, s’esl acquis de nouveaux droits à la reconnaissance des erpétologistes et de l'Académie. = M, Levieux a rendu la mème justice à M. de Jonnés , en vous parlant de ses Recherches sur les poissons Loxico- phores des Indes-Occidentales. — Vous avez entendu , Messieurs , avec un plaisir iou- jours nouveau, la lecture du discours que M, Marquis a prononcé, celte année , à l'ouverture de son cours de bo. tanique , et dans lequel il a passé en revue les services que la médecine et les arts peuvent attendre des plantes qui composent les principales familles du règne végétal. — En vous parlant des travaux de la Société Linnéenne de Paris, M. Marquis les a regardés comme un gage assuré des services qu’elle rendra à l'histoire naturelle. Rassem- blée sous les auspices du nom de Linné, elle paraît pé- nétrée de l'esprit de ce grand homme. = M. Féburier , auteur d’une ingénieuse Théorie sur les mouvemens de la sève dans les plantes, vous avait adressé un opuseule dans lequel il combat le système de M. Aubert du Petit-Thouars , sur quelques points de physiologie végétale. Sans oser prononcer entre ces deux savans , M. Marquis reconnaît, dans le travail de M. Féburier , un physiologiste instruit qui cherche franchement la vérité par la seule voie qui puisse y conduire sûrement , celle de l'observation et de l'expérience. C2) MÉDECINE. Notre correspondant, M. Dubuisson, docteur en méde- cine à Paris, vous a adressé un exemplaire de son ou- vrage sur les Vesanies où maladies mentales. » Qui n’admirerait, dit M. Gosseaume , après vous avoir rendu compte de ce travail, le triple courage qui doit animer le praticien généreux qui se livre ex professo au traitement de ces maladies si obscures dans leurs prin- cipes, si difficiles dans leur conduite, si équivoques dans leurs résultats, et qui, non content de sacrifier ses veilles à la partie la plus ingrate dé l'art de guérir, con- sacre jusqu’à ses loisirs à nous transmettre ses utiles ob- servalions , et à nous indiquer la route qui l’a souvent conduit à d'heureux succès. » = L'Académie doit aussi à M. Gosseaume. l'analyse de plusieurs numéros du Bulletin des sciences médicales dù département de l'Eure. » Ces numéros, dit M. le rapporteur, contiennent une assez longue suite de mémoires intéressans. Le ré- dacteur a su également éviter la prolixité , l'obscurité , la monotonie; faire ressortir sans affectation ce que chaque article a de plus saïillant, et donner, par la. douceur des formes, un intérêt touchant aux mémoires les plus austères. » = M. le docteur Godefroy vous à fait connaître deux brochures de M. Moreau dg Jonnès. L'une est relative à la maladie pestilentielle importée aux îles de France et de Bourbon, et désignée sous le nom de Lholera morbus (13) de l’fnde. L'autre à pour titre : Phénomènes de la propa- gation du principe contagieux de la fièvre jaune. M. le rapporteur donne de justes éloges au zèle éclairé qui a porté M. de Jonnès à recueillir et à publier des renseignemens authentiques sur la première de ces ma- ladies , et il pense que ses recherches au sujet de la se- conde pourront éclairer les savans sur la question de savoir si la fièvre jaune est contagieuse ou non. De quelques faits contenus dans une lettre écrite de la Martinique à M. Duputel, et dont il a été donné com- municalion à l'Académie , il résulte que la fièvre jaune n’est pas contagieuse aux Antilles. = M. le chevalier Guillié, médecin oculiste de S. A. R. Madame la duchesse d'Angoulême , vous a adressé un exemplaire du rapport qu'il a fait à MM. les mem- bres du conseil et aux souscripteurs de la clinique ocu- laire de Paris, sur l’état de cet établissement , et les ré- sullats obtenus pendant l’exereice 1820-1827. = M. le docteur Hellis, médecin adjoint de l'Hôtel Dieu de Rouen , a communiqué à l'Académie une ob- servation qui tend, dit-il, à prouver la réalité des combuslions humaines spontanées. Après avoir rapporté le fait qu’il a été à portée d’ob- server lui-même , il cite comme décisif celui qui a été consigné dans les journaux de Florence , par M. Batta- glia, chirurgien à Ponte-Bosio, et qui est rappelé avec tous ses détails dans le Nouveau Dictionnaire des sciences médicales. (L'Académie a délibéré que le mémoire de M. Heltis serait imprimé à la suite de ce rapport.) = C’est à M. le docteur Vigré , Messieurs ,4 que vous devez l'analyse de la dissertation inaugurale ‘dont C14) « M. Ferdinand Adam , docteur en médecine de là Faculté de Paris, et notre compatriote , vous a fait hommage. Chercher à donner une légère contaissance du travail de l’auteur , et de là manière dont à rempli sa tâche celui à qui vous en avez confié l'examen , serait s’exposer à n'offrir qu'une idée imparfaite de l'an et de Fautre- Bornons-nous aux conclusions de M. le rapporteur , si honorables pour NL. Ada. « L'auteur , dit M. Vigné , reconnaît avec candeur que certaines parties de sa dissertation appartiennent à des auteurs qui ont traité la même question. Mais, ajoute notre confrère, en faisant leur part, il est loin à mes yeux d’avoir diminué la sienne. Cet acte de bonne foi et de modestie relève le mérite du travail qui lui est propre, et qui séra encore utile à consulter pour la bonne méthode, poar la solidité des principes , pour la justesse du raisonnement, et pour l'exemple que l'on ÿ trouve de toutes les qualités qui constituent l’homme de bien. » ; = Une de vos séances , Messieurs , à été très-agréable- ment occupée pâr le compte que M. Botta vous a rendu du voyage medical que le docteur Valentin a fait en Italie, dans l’année 1820. « En voyageant en Italie, M. Valentin se proposait principalement de visiter les établissemens destinés à l'avancement médical dans cette contrée célèbre , et ceux que la bienfaisance publique a fondés pour le soulage- ment des malades. El a parfaitement rempli son but. Son livre est une statistique exacte de l’art de guérir en Htalie, tant sous le rapport de la théorie que sous celui de la pratique. Il fait de tems en tems des excursions dans le domaine de l'Histoire naturelle , ce qui ajoute un nouvel intérêt à son ouvrage. « Le savant voyageur a visité les principales villes de la (15) péninsule; il a vu Turin, Gênes, Milan, Pavie, Vérone, Venise, Florence, Rome et Naples. Partout il a porté le même esprit observateur ; partout il a dési- gné ce qu'il y avait de bien et ce qu'il y avait de mal ; partout il a indiqué ce qu'il y avait à imiter , à ajouter, à modifier. C’est une mine féconde qu’il a exploitée ; mais une mine peu connue, quoiqu'elle soit à nos portes. » — Notre correspondant, M. Mérat , médecin à Paris, vous a adressé un exemplaire de sa Notice sur Jean-Nicolas Coroisart , docteur régent de l’ancienne faculté de Méde- cine de Paris , professeur de la faculté de médecine de la même ville, membre honoraire de la Société de Méde- cine , etc. " M. Mérat considère dans M. Corvisart Je professeur célèbre qui s’est illustré par un genre d’enscignement public jusqu'alors inusité dans sa patrie; le praticien distingué qui a imprimé à la médecine une marche se- vère , en la maintenant dans les voies de l'observation et des doctrines les plus pures ; lhomme enfin dont l’esprit d’un ordre supérieur , brillant mais solide , fit le charme de ceux qui eurent l'avantage de vivre dans son intimité. Dans l'analyse détaillée qu'il vous a présentée de cette notice, ME. Vatalis a eu plus d’une fois occasion de donner des éloges au talent de l’auteur, et surtout à la noblesse du sentiment qui a conduit sa plume, celui de la recon- naissance. u MÉDECINE VÉTÉRINAIRE. = M. Prevost, vétérinaire, a rendu compte du rapport fait, par une commission , à la Société royale et centrale LATE) d'Agriculture , dans sa séante publique du kyh mai 1821, sur le concours pour les mémoires et observations pra- tiques de médecine vétérinaire. M. Prevost a sagement pensé qu'il ne devait fixer l'attention de l’Académie que sur ceux de ces mémoires dont®la commission a parlé avec quelques détails. M. Prevost met au premier rang une instruction sur les moyens de connaître, de prévenir et de guérir la pourriture des moutons. Viennent ensuite des recherches faites sur la morve : des chevaux ; l’histoire d’une maladie qui a régné l'hiver . dernier sur les agneaux ; une notice sur le vertige ab- dominal, ou indigestion vertigimeuse des chevaux ; des expériences sur l'efficacité de inoculation du virus cla- veleux, pour garantir les moutons des effets désastreux du claveau spontané. AGRICULTURE. L'Académie a reçu un rapport fait an Roi sur les tra- vaux du conseil d'agriculture , par M. Séméon, alors mi- nistre de l’intérieur. Ce rapport avait pour objet de réunir, dans un seul 1a- bleau et sous un même point de vue, l’ensemble de tout ce qui à été fait en France pour la solution de ce grand problème d'agriculture : Obtenix d’un terrein la plus grande quantilé de produits pour la nourriture des hommes .et des bestiaux ; et pour les besoins des arts. » Depuis l’époque où ce rapport a paru, dit M. Meaume, les plus heureux résultats ont déjà été obtenus, et des suc- cès nouveaux ont été annoncés. Il serait donc mutile d’en- trer dans des détails sur ce rapport qui n’est plus qu'un monument pour lhistoire de la science. » = La Ca) = La Societe royale et centrale d ‘agriculture vous a donné connaissance du concours qu'elle a ouvert pour la pra- tique des irrigations , les machines hydrauliques et la sta- tistique des canaux d'arrosage. M. Mallet vous a fait, sur l'ensemble de ces diverses parties , un rapport qu’il a en- richi des observations qu'il a recucillies sur les irriga— üons dans le Piémont, où il a habité pendant plusieurs années, = L'Académie a reçu de la Société d'agriculture , des sciences et des arts de Boulogne-sur-Mer, le procès-verbal de la séance publique qu’elle a tenue le 3 juillet dernier. Dans le compte qu'il en a rendu, M. Dubue, sans s'arrêter aux mémoires qui sont d’un intérêt purement local, a distingué celui de M. de Chéteauvieux, chef du dépôt étalons à Abbeville, et qui a pour objet une manière pratiquée en Russie de construire des couver- iures en paille, capables de préserver les bâtimens ru- raux de lincendie. Elle consiste à mêler une certaine quantité d'argile avec la paille longue dont on se sert pour couvrir les maisons. La Société de Boulogne-sur-Mer nous apprend aussi qne de toutes les machines proposées jusqu’à ce jour pour suppléer au rouissage du lin, n’atteignent que très- imparfaitement leur but, sans en excepter même la ma- chine de M. Christian, directeur du conservatoire des arts et métiers à Paris. = L'Académie doit:à la Société d'agriculture et des arts du département de Seine-et-Oise le précis de ses tra- vaux depuis sa séance publique du 9 juillet 1820, jus- qu'à celle du 15 juillet 1827. En vous rendant compte, Messieurs , de cette collec- tion qui offre la lecture la plus intéressante, M. Meaume B (18) a signalé d'abord à votre attention le discours prononcé à l'ouverture de la séance , par M. l'abbé Caron, pré- sident de la Société, et professeur de philosophie au collége de Versailles. Ce discours a pour objet de cé- lébrer les services rendus à l'agriculture et aux arts in dustriels par les Rois de France, depuis Henri LV jus- qu'à Louis XVIIL Il est rempli de traits historiques , de réflexions judicieuses. L’éloge de l’agriculture et du Souverain est exprimé d’une manière noble, et l’ora- teur mérite également d’être applaudi comme bon fran- çais et comme littérateur distingué. Le discours de M. abbé Caron a été suivi du rapport fait par M. Fremy, secrétaire, sur les travaux de la So- ciété. Nous ne pouvons que souscrire au jugement que M. le rapporteur a porté de ces travaux. Ils sont, dit- il, de nature à mériter Pattention de tous les cultiva- teurs éclairés et de tous les lectenrs qui aiment un style clair et élégant, des descriptions exactes , et beaucoup de choses en peu d'espace. = En vous parlant des travaux de la Société d’a- griculture , sciences, arts et belles-lettres du département d'Indre-et-Loire, MM. Meaume et Dubuc ont profité de celte occasion pour vous faire remarquer, Messieurs, combien l’agriculture est honorée dans la Touraine , si justement surnommée le Jardin de la France. = La Socicté royale d'agriculture et de commerce de Caer vous à envoyé le programme des prix qu’elle se propose de décerner, dans le cours de l’année 1823, pour les meil- leurs mémoires sur l’état actuel de l'agriculiure du Calva- vados etsur les perfectionnemens dont elle est susceptible, précédé d’un rapport fait par M. Pattu, au nom d’une commission. s C 19 ) Le développement des vues présentées dans ce rapport pour l'amélioration de la culture du Calvados, et l'exposé des moyens qui y sont proposés comme les plus propres à conduire à ce but , sont fondés sur les principes les plus sages ; el, si, comme il est à désirer , les concurrens sui- vent de pareils guides , on peut assurer d'avance que le résultat du concours sera un égal sujet de gloire et pour les auteurs qui auront remporté la palme et pour la Société qui l'aura décernée. = Dans l'extrait qu'il vous a présenté des Travaux de la Société d'agriculture du département de la Seine-Infcrieure , M. Meaume se félicite d’avoir à traiter une matière où l'in térêt du sujet se lie à l'intérêt des personnes. Les mémoires de la Société d'agriculture établie dans notre ville se composent en effet ou des productions de nos compatriotes ou de celles de plusieurs des membres de Académie de Rouen. La Compagnie a donc droit de s’honorer des utiles travaux que continue de publier la Société d'agriculture. M. le rapporteur se plaît à signaler à notre reconnais sance les membres d’une Société qui marche à grands pas vers le but de son instilution, et redouble chaque année d'efforts pour accélérer les progrès de l’art le plus véri- tablement utile , et rendre heureux Fhabitant des cam pagnes. = M. Dubuc vous a offert l'analyse d’un Mémoire de M. Mathieu Dombasle , propriétaire et cultivateur, dans le département de la Meurthe , sur la Charrue , considérée principalement sous le rapport de la présence ou de l'absence de l’avant-train. Il nous suffira de dire que des essais nombreux, que M. Dubuc voudrait voir répéter par les propriétaires et B 2 (2) les cultivateurs de notre département , faits avec la char- rue de M. Dombasle , par une commission que M. le Pré: fet de la Meurthe avait nommée , ont conduit à conclure que Ja charrue araire , ou sans avant-train , donne d’excel- lens labours , avec économie de tems et de force, si l'on en compare les effets avec ceux qu'on obtient de la char- rue ordinaire ou avec avant-lrain. —= En exaninant le résullat de quelques expériences sur la fermentation vineuse , faites par M. de Gouvenain , membre de l Académie de Dijon , avec l'appareil vinificateur de Dade- moiselle Gervais , M. Dubuo ne balance pas à prononcer que cet appareil n'offre rien d’utile qu'on ne puisse obtenir aussi bien et plus simplement de l'usage connu et pratiqué il y a long-tems , dans gertains pays vignobles , de faire fer- menter le raisin dans des cuves parfaitement closes, sauf à ménager une issue convenable au dégagement des gaz qui sont le produit de la fermentation. = M. Dubuc a eu encore à examiner des Traités divers d'économie rurale, alimentaire et domestique , par NE. Cadet de Vaux. L'ouvrage est divisé en quatre parties. La première a pour objet les avantages que présente à l'économie générale le blé coupé avant qu'il soit parvenu à sa parfaite maturité. M. Dubuc n’admet pas la réalité de ces avantages, et ilen a éxpliqué les motifs dans le rapport qu'il vous à fait à ce sujet. La seconde est relative à un moulin économique de nouvelle invention , proposé par M. Drouzart, mécani- cien à Paris. Pour être à portée de le bien juger , M. le Rapporteur désirerait qu'il fût mis en expérience dans un des grands établissemens de cette ville. La troisième traite de la manière de construire un so | (21) ou fossé à conserver les blés. L'humidité du terrem en France ; et la fraîcheur naturelle que conservent les blés après leur récolte sous la zone tempérée , sont des obstacles qui rendent toujours très-hasardeux l'usage de ce mayen pour la conservation des graines céréales en général. La quatrième, consacrée à l'usage de la pomme de terre et de ses produits, ne contient rien de neuf et qui wait été dit et redit cent fois depuis trente ans. M. Dubuc reconnaît que l'ouvrage de M: Cadet de Vaux est celui d'un homme de bien, et qu'il n’a pu être entrepris que dans les plus louablés intentions. = M. Leprevost | vétérinaire départemental ; a fait hom- mage à l'Académie d'un grand nombre d'exemplaires de som Rapport à M. le Préfet sur les réponses aux quéstions relatives à l'amélioration de la race des chevau:v ; qui lui ent été adressées par MM. les Vétérinaires de l’arrondisse- ment de Rouen, et par MM. les Sous-Préfets des autres arrondissemens. Ce rapport, lù en séance de la Société centrale d’agri- culture de la Seine-Inférieare , le 8 novémbre 182r ; est aussi remarquable par l'ordre et la méthode qui y règnent, que par l'importance de la matière. L'Académie à accueilli ce travail avec d'autant plus d’in- térêt qu'il ést le fruit de la sollicitude de M. le baron de Vanssay , Préfet de ce département ; pour tout ce qui peut contribuer à la prospérité de l’agriculture. — L'Académie a entendu avec beaucoup d'intérêt la lecture du discours que M. le baron Lézurier de la Martel, président de la Société centrale d'agrieuhure du départe- ment de la Seine-Inférieure, a prononcé à l’ouverture de la séancé publique de cette Société , le #5 mai 1822. B 3 ( 22 Dans ee discours, l'auteur établit que l'art qui nourrit les hommes compte au nombre de ses auxiliaires les scien- ces les plus élevées. Par la mécanique , la charrue a subi des perfectionne- mens qui la mettent au rang des instrumens les plus in- génieux. Le hache-paille, la machine à battre le blé qui remplace si avantageusement le fléau , les moulins à bras sont encore des appareils dus aux savantes combinaisons de la mécanique. 7 La chimie à répandu de vives lumières sur l'analyse des terres, la nature et l'emploi des divers engrais. L'astronomie elle-même, descendant des régions éthé- rées , a fourni d’utiles renseignemens au laboureur pour connaître le tems qui est le plus favorable à ses travaux. Ce discours est terminé par quelques développemens sur le calendrier zodiacal , puisés dans l’ Antiquité dévoilée au moyen de la Genèse. — M. Prevost, pépiniériste à Rouen, a soumis au ju- gement de l'Académie un Mémoire sur l'éducation et la culture du pommier dans les environs de Rouen. Le soin qu'il faut apporter dans le semis, le choix du plant et du terrein, l’abritement du sol au pied des jeunes arbres , les labours ou binages , les différentes manières de greffer, la déplantation et la mise en place des arbres, la récolte, la conservation et l'emploi des fruits; les maladies auxquelles le pommier est sujet, leurs causes, leur traitement, sont autant de questions que l'auteur traite avec cette sagacité et cette habileté que l'expérience seule peut donner. : Tel est du moins le jugement que M. Dubur a porté de cet ouvrage qu'il regarde comme le fruit d'une ex- périence consommée. Un grand nombre d'essais faits par l'auteur lui ont (23) démontré que la greffe en couronne , anciennement connue , mais à laquelle il a apporté quelques modifica- tions, est en général, pour le pommier, préférable à celle en fente. : = M. Dubreuil, directeur du jardin botanique de Rouen, a fait hommage à la Compagnie de ses Obser- eations sur la manière d'employer le plus utilement les terreins siliceux et calcaires du département de la Seine- Infcrieure. Il est à désirer que les propriétaires et les cultivateurs s'empressent de ‘profiter des conseils que leur donne M. Dubreuil ; bientôt nous verrions des terreins voués jusqu'ici à une honteuse stérilité , fournir d’abondantes récoltes, ou se couvrir d'arbres utiles aux arts et à l’éco- nomie domestique. = M. Dubuc a présenté à l'Académie le Chlorure de calcium comme engrais ou comme stimulant végé- tatif, et, d'après les expériences qu'il a faites en 1820 et 1821, il annonce que , par l'emploi du chlorure de calcium en dissolution, il a constamment obtenu une force de végétation très-remarquable. Dans la séance du 12 juillet dernier, M. Dubuc a en effet présenté à l'Académie deux plantes de maïs qui ont été semées le 16 avril dernier, aux environs de Rouen, dans une terre lépère. L'une de ces plantes a végélé sous l'influence du chlorure de calcium, l’autre n’a été arro- sée qu'avec de l’eau de citerne. Cette dernière , beau- coup moins forte, pèse près de moitié moins que la première. ( L'Académie a délibéré que le Mémoire de M. Dubuc serait imprimé à la suite de ce rapport. ) B 4 (24) = Parmi les différens ouvrages que vous avez reçus ; Messieurs , de tous les points de la France, sur linépui- sable sujet de la culture des champs, vous avez parti- culièrement distingué l’ Annuaire agricole du département de la Seine-Inférieure &ont M. Guerard de la Quesnerie , propriétaire et cultivateur, vous à fait hommage , etque M. Auguste Léprevost vous a signalé comme l’une dés plus utiles productions qui soient sorties de la plume d’un ami dés champs. Messieurs ; lPapperçu que je viens d’avoir l'honneur de vous présenter de nos travaux , quelque rapide qu’il soit, suffira , je Pespèré, pour vous donner une juste idée du zèle avec lequel f Académie a cherché à augmen- ter le patrimoine des sciences en général, et de son empressement, en particulier , à reculer les bornes de l’agriculture et de l’économie rurale. Sous le rapport de la théorie de l’art agricole , l'Acadé- mie a fait tout ce qu’elle pouvait faire ; mais c’est aux riches propriélaires , à ceux que l'éducation rend ca- pables de former des plans bien conçus, et que la for- tune met à même de les exécuter, qu’il appartient de répandre l'instruction dans les campagnes : car les bé- néfices de celui qui possède sont liés aux intérêts du fermier qui exploite. L'ignorauce du propriétaire sur la manière dont les terrés doivent être tenues, est sou- vent la cause de la négligence du cultivateur. Faisons des vœux pour que, d’un bout de la France à l'autre, les savans travaillent à l'envi au perfectionne- ment d’un art dont les progrès tiennent de si près aux besoins de la société, à [a prospérité du commerce, au maintien de l’ordre social. Cultivons avec le plus grand soin un art qui tend à ranimér parmi nous le goût de ces plaisirs purs, de ces jouissances vives et délicates , (25) si rares au milieu du tumulte de nos cités. Livrons-nous sans réserve à un art qui dispose l'ame aux plus douces affections, et ne lui inspire qne des sentimens de bien- veillance, d'union, de concorde et de paix. Aimons, et n'oublions rien pour faire aimer un art qui, en nous prodiguant les dons variés de la nature, nous rappelle sans cesse à son immortel et bienfaisant auteur, qui nourrit , échauffe , développe en nous le germe de toutes les idées de justice et de vertu ; car, a dit le chantre des moissons, Qui fait aumer les champs fait aimer la vertu. (26) PRIX PROPOSÉS POUR 1823. L'Académie propose, pour sujet d’un Prix qui sera décerné dans sa séance publique de 1823 , la question suivante : Est-il prouvé, par des observations exactes , qu’il existe des fiévres qui se communiquent par infection , sans cepen- pendant étre contagieuses ? En admettant Pexistence de ces Jièvres , quelles sont les principales causes qui donnent lieu à leur développement et à leur propagation ? Quels sont les moyens propres à les prévenir ou à en arréter les progrès ? Le prix sera une médaille d’or de la valeur de 300 fr. Chacun des auteurs mettra en tête de son Ouvrage une devise qui sera répétée sur un billet cacheté où il fera connaître son nom et sa demeure. Le billet ne sera ouvert que dans le cas où le Mémoire aurait remporté le prix. Les Académiciens résidants sont seuls exclus du con- cours. Les Mémoires devront être adressés, francs de port, à M. le Secrétaire perpétuel de l Académie pour la Classe des Sciences, avant le 1% juin 1823. Ce terme sera de rigueur. (27 ) OUVRAGES Dont l'Acadermie a ordonné l'impression er entier dans ses Actes. — 95-60-72 CSG ———— RECHERCHES SUR L'ANALYSE DES TERRES ARABLES ; SuINIES de l'analyse chimique de deux échantillons de ces Terres et d’une espèce de Marne ; Par M. J.-B. VITALIS. MEssiEURs , Le Ven labourer et le bien fumer, a dit le patriarche de l’agriculture française, constitue toute la science de l'agriculture. Or, le bien fumer suppose la connaissance de la nature du sol que lon se propose de fertiliser : d'où il suit que lune des plus importantes questions agricoles que l’on puisse se proposer , est celle de sa- voir : Par quelle épreuve sûre On peut des sols divers distinguer la nature. De tous tems cette question a été regardée comme le (28) fondement de l’agriculture , et il n’est point d'efforts qui n'aient été tentés pour parvenir à la résoudre. On à tour- à-tour invoqué les lumières de la physique , de l'histoire naturelle et de la chimie. Mon dessein, Messieurs , en vous priant de m’accor- der quelques momens d'attention, est de discuter, en votre présence , là valeur des différeris moyens qui ont élé successivement employés, et de chercher à fixer toutes les incertitudes qui pourraient résler à cet égard. Les méthodes les plus anciennes qui aient été suivies pour connaître les terres , sont celles que Virgile a dé- crites dans le 2° livre de ses Géorgiques , et que son traducteur nous a si fidèlement exprimées dans ces vers : Ici la terre est forte et Cérès la chérit ; Ailleurs elle est légère et Bacchus lui sourit. Pour ne pas y tromper, que la bèche la sonde , Creuse dans son enceinte tme fosse profonde : Ce qui vient d’en sortir il faut l'y repousser ; Sur ce monceau poudreux bondis pour l’affaisser. Descend-il sous les bords, cette terré est légère ; Là, ton troupeau s’engraisse, ou ta vigne prospère. Si cet amas épais , rebelle à ton effort, Refuse de rentrer dans Je lit dont il sort, À la plus forte terre 4 faut alors l'attendre , Qué tes plus forts taureaux gémissent pour la fendre: » -cbhanridaatt - Abe +: à safe os » tin | Un sol maigre est celui qui, prompt à se dissoudre , Sitôt qu’on l’a touché tombe réduit en poudre : Un terrain gras, semblable à la gomme des bois, S'amollit dans tes mains et s'attache à tes doigts. La hauteur de l’herbage annonce un fonds humide. Ah! de tes jemes blés, crains la beauté perfde. (29) De la couleur du sol, l'œil décide aisément , Et la ‘nain de son poids t'informe shrement. Ces méthodes, bien imparfaites sans doute , puisque , fondées uniquement sur des caractères extérieurs, sur des propriélés purement physiques , elles ne peuvent nous apprendre rien de positif ni d’exact sur la proportion des élémens variés qui entrent dans la composition des terres arables , ont été cependant pendant long-tems les seuls guides des agriculteurs, comme nous le voyons ar les ouvrages de Pline, dans son Histoire du Monde , e Columelle et de Palladius, dans les traités qu’ils nous ont laissés de re rusticä. Olivier de Serres a commencé à faire un grand pas vers la vérité , en annonçant que la fertilité ou ‘la stéri- lité d'un terrein dépendait de la bonne ou mauvaise pro- portion de l'argile et du sable qu'il contenait. Ce savant agronome avait déjà reconnu qu'une juste proportion de ces deux élémens rendait les labours plus faciles , et faisait que le sol retenait la quantité d'humidité la plus convenable à la végétation. Mais la science manquait alors des moyens nécessaires pour déterminer, avec un degré d’exactitude suffisant , la juste proportion d'argile et de sable dont il avait su apprécier si bien les effets. Aussi , abandonnant presque aussitôt la règle qu’il venait de tracer, prononce-t-il que la meilleure manière de connaîire un terrain est de le juger d’après son exposi- tion aux regards du soleil, d’après les végétaux qu'il produit sans culture, et d’après le plus ou le moins d'énergie avec laquelle les arbres et les plantes y crois- sent. Cette méthode d'Olivier de Serres péche évidem- ment, en ce qu'elle ne peut fournir que des apperçus vagues , des indices incertains. s ( 30 ) < Bertrand , dans ses Elémens d'Agriculture, après avoir -reconnu que les terres arables sont des composés. d’eau , d'argile, de sable , de débris de substances végétaies et animales, de sels et de particules minérales, conclut , comme Olivier de Serres, que la fertilité ou la stéri- lité d’un terroir dépend de la proportion plns ou moins exacte enire loules les parties qui forment le mélange. La question se réduisait donc encore à recourir à une méthode qui permit d'isoler les divers éléments qui peuvent se rencontrer dans les sols variés qui s'offrent à l'agriculture, el à en déterminer avec précision la na- ture et la quantité. d Cette méthode ne pouvait être autre que l’analyse chimique, et c’est effectivement ce qui fut reconnu par tous les chimistes agricoles qui sont venus après Ber- trand , et entr'auires par le célèbre Kirwan. Mais ce moyen esthors de la portée des cultivateurs , et c’est ce qui a fait désirer à quelques amis des champs que les chimistes voulussent bien s'occuper de recher- cher une méthode pratique, qui, dégagée des difficultés de l'analyse chimique, offrit cependant aux agriculteurs la possibilité de connaître assez exactement la nature d'un térrein, pour juger ensuite de la nature et de la quantité , soit des engrais , soit des amendemens qu'exige sa culture. Les auteurs du Dictionnaire raisonné et universel d’Agri- culture , publié en 1809, ont cru satisfaire à ce désir , en proposant de délayer dans l’eau un poids déterminé de la terre arable que l’on veut connaître , de séparer, après un instant de repos, la silice qui se précipite, dit-on , la première , de dissoudre ensuite par un acide la terre calcaire qui reste en suspension dans l’eau avec l’alumine, de laisser déposer cette dernière dont on prendra le poids, ainsi qu’on l'aura fait pour la silice , (31) lorsque ces deux substances auront été bien desséchées. Ce qui manquera au poids total , sera le poids du carbo- nate calcaire qui aura été dissous par l'acide. On voit assez tout ce que ce procédé à de vicieux : la silice, en se précipitant , entraînera nécessairement avec elle une portion d’alumine , et celle-ci, en se déposant à son tour, sera mélangée de la partie de silice qui n'aura pas eu le tems de se précipiter d'abord. On n’aura donc le poids même approximatif ni de l’une ni de l'autre subs- tance, et cette ébauche d'analyse sera plus propre à induire le cultivateur en erreur qu’à l’éclairer sur ce qu'il désire savoir. D'ailleurs , quoique le procédé paraisse fort simple, m'est-il pas évident qu'il est encore au-dessus de ce qu'on peut attendre de la plupart des cultivateurs qui ne sauront ni recueillir les précipités, ni leur donner le de- gré de dessication qu’ils doivent avoir avant d’être soumis à la balance ? Le moindre défaut dans la balance dont ils se serviront deviendra une nouvelle source d’erreur. Enfin , prendront-ils les précautions convenables pour n’employer que la quantité d'acide qui suffit pour juger de son état de pureté, et l’amener , en cas de besoin , au degré de densité qui est requis par ce genre d'opération ? Ce sont , sans doute , ces considérations ou de sem- blables motifs qui ont porté l’Académie de Berlin , ainsi que les Sociétés de Harlem et de Cambrai, à proposer de décerner un prix à celui qui indiquerait un moyen de con- naître la nature des terres arables sans qu’on fût obligé de recourir aux réactifs chimiques. Déjà M. Barthez avait proposé un instrument, qu'il nommait extensimètre ; pour apprécier le gonflement des terres , gonflement regardé par les anciens comme l'indice le moins fautif de la fertilité; mais cet instrument n’était encore qu'en projet et n'avait point été exécuté. (32) Entraîné par son désir habituel d'être utile , et sans son- ger à prendre place parmi les concurrens , M. Cadet de Gassicourt, que la mort vient d'enlever aux sciences , En- ireprit de résoudre le problème. Voici l'extrait du travail qu'il a fait insérer à ce sujet dans la deuxième collection des Aunales des Arts et Manufactures. Après avoir parlé de la composition ordinaire des ter- res , des moyens que la chimie enseigne pour en faire une analyse exacte , eL avoir présenté les propriétés physiques des terres arables, telles que la couleur , l'odeur, la sa- veur, la pesanteur, la force d’aggrégation, propriétés qu'il regarde comme des indices très-équivoques, il en vient à l'action particulière que l’eau exerce sur les terres , et, par des observations faites avec soin , il est conduit à pen- ser que de la connaissance de l'absorption proportion- nelle de l’eau par les terres pures ou mélangées , ainsi que du tems employé pour chaque absorption , on pourrait en déduire celle de la nature de ces terres, avec une exacli- tude suffisante pour les besoins de l’agriculture. En partant de ce principe , M. Cadet prit un poids dé- terminé de trois terres ; savoir : de sable , d'argile et de carbonate de chaux, parfaitement desséchées ; il mit cha cune d'elles sur un filtre dont il avait eu soin de prendre le poids, et versa par-dessus une quantilé d’eau suffisante pour les bien imbiber. La filtration ayant été opérée , et le tems de sa durée ayant été observé, il soumit à la balance cha- cun des filtres avec la terre humide qu’il contenait ; il ré- péta dix fois cette expérience sur chacune des trois terres , en variant chaque fois leur quantité , et il trouva, terme moyen , que l'affinité de l’eau était assez régulièrement ; Pour la glaise, de....... 84 p. 100 Pour le sable, de........ 22 Pour la terre calcaire, de, 27 Les (33) Les terres, en se mélangeant , ne se combinent pas chi- miquement, mais leur mélange pouvait apporter quelque changement dans leur attraction pour l’eau. Pour s’en assu- rer, M. Cadet a uni ces terres deux à deux, dans diffé rentes proportions, et le résullat de ées nouvelles expé- riences à fait voir que la quantité d’eau absorbée par les terres ainsi mélangées , était, à très-peu de chose près, la même que celle que chaque terre absorbait isolément. En comparant les résultats précédens avec ceux que l'analyse chimique de plusieurs espèces de terres naturelles lui avait fournis ; M. Cadet resta convaincu que sa mé- thode pouvait conduire au but désiré , et il proposa aux cultivateurs de l'employer de la manière suivante : Après avoir balayé la surface du terrein pour en écarter tous les débris des végétaux , on prendra avec la bêche trois ou quatre kilog. de terre qu’on divisera grossièrement en l’étendant sur une claie à mailles serrées , et on la portera au-dessus d'un four de bou\anger. La terre sera parfaite ment sèche après qu’on aura cuit quatre à cinq fournées de pain. On tamisera alors avec un tamis de erin semblable à ceux dont on se sert pour passer le tabac ; on disposera, au- dessus d’un vase transparent , un entonnoir de la capa- cité d’un litre , garni d’un filtre de papier gris ; on pesera très-exaclement quatre hectogrammes de la terre à essayer ; et que l’on versera légèrement dans le filtre sans la tasser = on arrosera doucement cette terre avec quatre hectogram- mes d'eau , et on notera avec soin le tems que l’eau mettra à passer. Aussitôt que l’entonnoir cessera d'égoutter, on pèsera le filtre avec la terre humide , et l'augmentation de poids indiquera exactement la quantité d'eau absorbée , en défalquant toutefois du produit le poids du filtre. On ré- pêtera quatre fois cette expérience avec le même soin ; on additionnera les produits, et on prendra la moyenne proportionnelle , c’est-à-dire le quart du total de l’eau absorbée et du tems de l'absorption. On cherchera alors C C3) dans le tableau suivante nombre qui se rapprochera’ le plus de celmi qui aura été : Prés Eau dut. r: Tams del vabaptieny ; Nature présumaële des Terres De 80 à 90, de 3à. 4h, Sable presque pur , très- | taf peu calcaire. De 100 à ro, de 1 à x 4 Terre calcaire: , presque 1 | Sn pure el stériles De, 120 à 130,.de 3à 4 Terresiliceuselégèreavec environ + d'argile, terré de bruyère: De 120 à 130, de 2% 2 Terre peu fertile et sans £ | . doute calcaire: De. 180 à 195, de 5à 52% Terre aride, et très-cal- aire si eHe est grise. De 180 à 195, de 8à g Terre forle dont l'argile fait environ les à. De 240 à 250, de gàzo Terre encore plus forte et . très-fertile. De 320 à 350, de 14 à 2 Sol compact et glaiseux dont l'argile doit faire les + De 3:25 à.335, de 20 à 24 Glaise presque pure. De 350 à 360, de 7 à 8 Terrain marneux ; argile calcaire , infertle. De 390 à 400, de + à 2 Terreau de potager , à employer comme engrais ou à mélanger avec une terre forte et sabloneuse. Quoique de toutes les méthodes qui ont pour but de faire connaître la nature des terres arables , indépen- damment de l'usage des réactifs chimiques, celle de M. Cadet-paraisse réunir layantage de la simplicité au mérile d’une exactilude suffisante, cependanton ne peut s'empêcher deucraindre que les eultivateurs ne la re- | (35) gardent encore comme d’une exécution trop difficile et trop longue. Et comme elle ne coûterait guères moins de travail à un chimiste de profession , qu'une analyse exacte, nous pensons que ce dernier moyen sera tou- jours préférable, parce qu’il mènera à des conséquences plus rigoureuses. Aussi , lorsque dernièrement nous avons été invités, par un propriétaire des environs de Honfleur , à examiner des échantillons de terres arables , et d’une sorte de marne qui se trouve sur les lieux, n’avons-nous pas hésité à en faire une analyse complète. C’est par le compte que je vais vous ‘rendre , Messieurs , de cet examen, que je terminerai le travail que j'ai l'honneur de vous présenter. L Les échantillons qui m'ont été remis et que je dési- gnerai par les n°%xret2, avaient été pris à deux ou trois pouces au-dessous de la surface , par un tems sec, et ils étaient eux-mêmes secs au toucher, On a cru devoir en prendre le poids spécifique, parce qu'il indique la quantité de matières végétales et ani- males que le sol renferme. Ces matières sont toujours plus abondantes dans un terrein léger. Dans un vase qui avait été taré d'avance et qui conte- nait exactement mille centigrammes d’eau distillée, on a versé cinq cents centigrammes de ce liquide”, et on à achevé de remplir le vase avec la terre n° 1, réduite em poudre assez fine, et on a trouvé que le poids de l’eau ; réuni à celui de la terre, était de mille six cent qua- tre-vingt-seize centigrammes. Donc, à volumes égaux, le poids de la terre était à celui de l’eau :: 1196 : 500, ou comme 2, 39. : 1; ce qui a appris que la densité du sol n° x élait plus que double de celle dé l’eau distillée. En appliquant le même procédé à l'échantillon n° 2, on a trouvé que sa densité était à celle de l’eau t: 2593 : x, C 2 (36) Les deux échantillons étaient rudes au toucher, et rayaient fortement le verre ; ce qui prouve qu'ils fai- saient partie d’un fonds siliceux. Leur couleur jaune annonçait qu'ils contenaient de l’oxide de fer, et l'intensité de cette couleur était plus grande dans l'échantillon n° 1, que dans l'échantillon n° 2. Après avoir examiné les propriétés phy$fques qui pou- vaient guider dans les expériences ultérieures, on a pro- cédé à l'analyse. Pour ne point fatiguer, Messieurs , vôtre attention par des détails dont rien ne pourrait sauver Varidité, je me contenterai d'exposer brièvement la marche qui a été suivie. | 19 On a exposé, pendant dix à douze minutes, un poids déterminé ( 10 grammes) de la terre à un degré de chaleur inférieur à celui qui aurait pu roussir un morceau de bois qui touchait le fond du vaisseau , et , en pesant de nouveau la terre , il a été facile de connaître la quantité d’eau qui faisait partie de son poids avant l'opération. La faible diminution de poids annonçait que le sol avait très-peu d’affinité pour l’eau , qu’il ne renfermait que très- peu de matières végétales et animales, ainsi que d’alu- mine, et qu'il était en très-grande partie composé de terre siliceuse :-conlusion qui a été pleinement justifiée par l'analyse. 20 La terre ayant élé ainsi privée de l’eau qu'elle contenait, a été traitée avec le double de son poids d'acide hydro-chlorique (muriatique ) bien pur et étendu de deux fois son volume d’eau ; on à agité plusieurs fois pendant que l'acide a été tenu en digestion sur la téfre. Après avoir laissé reposer pendant une heure et demie , on a filtré pour séparer la matière qui avait échappé à l’action de l'acide ; on a lavé la ma- tière sur le filtre, et on a réuni les eaux de lavage à , (37) la dissolution. Cette matière bien desséchée a été pe- sée, et a donné le poids de la silice et des matières végétales et animales contenues dans la terre. En calci- nant le tout, à la chaleur ronge, dans un creuset de plaine , les substances animales et végétales ont été in- cinérées , el, én pesant de nouveau , la diminution du poids total a fait connaître celui de ces mêmes subs- tan ces. ( 3° On a versé dans Ja solution dont il a été parlé plus haut du prussiate de potasse jusqu'à ce qu'il cessât d’oc- casionner un précipité bleu. Ce précipité bien lavé , cal- ciné au rouge, et pesé, à fait connaître la quantité d’oxide de fer contenu dans la terre. 4 Le liquide dégagé de Foxide de fer a été traité par le carbonate neutre de potasse jusqu'à ce qu’il ne se fit plus d’effervescence. 11 s’est formé un précipité, qui , après avoir été recueilli sur le filtre , lavé, séché à une températare inférieure à celle du rouge, et pesé avec soin, a donné le poids du carbonle de chaux et de l’alumine qui pouvait y être mêlée. Pour séparer ces deux substances l'une de l’autre , on a fait bouillir le tout pendant quelques minutes, avec un peu de potasse pure en dissolution qui s’est emparée de l’alumine, sans exercer aucune action sur le carbonate. En lavant, séchant et pesant le résidu , on a eu exactement le poids de lalumine et celui du carbonate de chaux. 5° On à fait bouillir, pendant un quart d'heure, le liquide dépouillé de toutes les subtances précédentes , et comme il ne s’est point formé de précipité, on en a conclu que la terre soumise à l'analyse ne contenait point de magnésie. Les opérations précédentes ayant élé faites sur dix grammes de chacun des échantillons n° 1 etn°2, on a trouvé que le premier contenait: C3 (38) Fan. Lester Qt rer al ezse OS Matières végétale et animale......... 0, 5o Quide de feras." sr omectess , Xp 33 Re EE ut soil ideserfre he .1$ 40 AMDMMNE. + se nne tele ipesrtañse D) LE Carbonate de chaux.,+....:......... O, 34 GX, RNA es EE à à Et le second : Pan ss 0 OL ER nn mens nt DE AE Matière végétale etanimale........... 0, 47 Code de fer RS. ee 9, DA Se 5e Re Reed ab DE ra CALE Alumine.. seance crosses ss On 20 Carbonate de chaux. .......o....,.. ©, 3 Perte... {esessssesssssesesresee ©, 13 10, O0 Il suit de ces analyses que chacun des sols qui ont fourni les échantillons sur lesquels on a opéré, sont tous deux des fonds sablonneux qui ont peu d'affinité pour l’eau, contiennent peu d’alumine , de carbonate de chaux, de matières végétales et animales, et que, par consé- quent ils doivent être rangés dans la classe des terreins lévers, sablonneux et fertiles. | L'un des échañtüllons , savoir le n° 1 , a présenté une proporlion d’oxide de fer assez considérale ; mais il est à présumer que celle quantité est purement accidentelle , et que l'analyse d’un second échantillon de la même espèce de terre offtirait , sous ce rapport, un résultat qui ne serait pas très-différent de celui qu'à fourni le n° 2. | (39) Pour aticindre plus shrement le but qu'on se propose, il sera donc toujours prudent de répéter l'analyse sur plusieurs échantillons du même terrein, mais pris à quelque distance les uns des autres. Remarquons que, pour juger de la fertilité d’un 1er- rein , il ne suffit pas de connaître les parties constituantes dont il est formé, on doit en outre tenir compte de son exposition dont l'influence est si puissante pour l'abriter de certains vents froids, et lui permettre de s’échauffer et de se refroidir plus ou moins facilement, plus ou moins promptement, suivant le genre de culture auquel il est destiné. Jetermine , Messieurs , par le résultat de l'analyse que j'ai faite d’une espèce de marne qui se trouve sur les Lerres du propriétaire, à là sollicitation duquel j'ai entrepris l’exa- men des terres arables dont je vous ai entretenus. Dix grammes de celte marne traités par une méthode analogue à celle que j'ai indiquée précédemment, con- tiennent : . gramme Banana ah sans ordi is cu À gif db Oxide de Perse sun dl abat mule as no10 122 » Sable finl sx saules anmpiiss. #4 éasrd8rr Carbonate de chaux..............:.. 6, 96 Alumiheisss dela dis Sisdiiat sole 07 2x Phtgiofe is cabadss sos sal curry (0,010 10, 00 Le résultat de cette analyse fait voir que la marne qui m'a été remise, est une marne calcaire qui convient par- faitement pour amender les terreins sablonneux dont je vous ai fait connaître la composilion. Je remercie l'Académie de l'attention qu’ellé à bien voulu m’accorder sur un sujet intéressant , il est vrai, dont je crains qu'elle n'ait que trop apperçu l’aridité. C4 (40) Be NOTICE Sun le Chéne-Chapelle d’Allouville ; dans le pays de Caux ; Par M. A.-L. MARQUIS, D.-M.-P. Fortè fuit juxta patulis rarissima ramïis S'acra Jovi quercus. Ovin. Métam. VII. Nous aimons à contempler, à interroger le débris des siècles passés qui ont échappé au pouvoir destruc- teur du tems. Les moindres restes des monumens de Vart humain, les plus. petits fragmens de ces fossiles , monumens des antiques révolutions de la terre, ex- citent vivement notre. curiosité. Un intérêt plus naturel encore et plus touchant me semble se ratiacher aux mo- numens vivans des âges. reculés. Mais , quoiqu'il ne pa- raisse pas impossible, s’il faut s’en rapporter aux calculs d'Adanson, que les énormes Baobabs de l'Afrique puissent être plus anciens que les pyramides de Memphis, la vie est, en général, si passagère et tient à si peu de chose, que les monumens vivans seront toujours les plus rares, et ne paraîtront que comme d'hier auprès des monumens inanimés. k Parmi ces monumens vivans , il en est peu, je crois, au moins en France, d'aussi dignes d'attention qu'un chêne qui se voit dans le pays de Caux, à une lieue C4) environ d'Yvetot, près de Péglise et dans le cimetière même du village d’Allouville. J’en avais plusieurs fois en- tendu parler , mais d’une manière vague. Je suis surpris, après avoir eu l’occasion de l’observer , qu'un végétal aussi remarquable soit cependant aussi peu connu. Ce chêne est de la variété à glands pédonculés ( Quercus peduneulata , Horrx. ), que Linné confondait avec rai- son sous le nom de Quercus robur dans une seule espèce avec celle à glands sessiles ( Q. sessiliflora , SMITH. ) , puisque, suivant l'observation de MM. Leman et Tor- pin (x), on trouve ordinairement sur le même indi- vidu des glands sessiles et des glands pédonculés. La circonférence du chêne d’Allouville est de 34 pieds au-dessus-des racines. À hauteur d'homme, elle est de 26. Son élévation ne répond nullement à sa grosseur. C’est en largeur que s'étend sur-tout sa cime. D’énormes branches naissant du tronc à 7 à 8 pieds de sa base, s'étalent horizontalement de manière à couvrir de leur ombrage un vaste espace. Le tronc, depuis les racines jusqu'au sommet, pré- sente une forme conique très-prononcée, et l’intérieur de ce cône est creux dans toute sa longueur. Plusieurs ouvertures, dont la plus grande est inférieurement , donnent accès dans celle cavité. Toutes les parties centrales étant détruites depuis long- tems, ce n’est que par les couches extérieures du corps ligneux et par son écorce que subsiste aujourd'hui ce vieil enfant de la terre, encore plein de vigueur, paré d'un épais feuillage et chargé de glands. Tel est l'arbre d'Allouville considéré dans son état na- turel. La main de l’homme s’est efforcée de Ini impri- mer un caractère plus intéressant encore , d'ajouter un (3) Flore Médicale. (42) sentiment religieux au respect qu'inspire naturellement Ja vieillesse. La partie inférieure de la cavité a été transformée en une chapelle d'environ 6 à 7 pieds de diamètre , soigneu- sement lambrissée et marbrée, L'image de la Vierge dé- core l'autel. Une porte grillée clôt cet humble sanctuaire sans dérober l’image divine à la vue et aux hommages du pieux voyageur. Au-dessus de la chapelle , et close de même, est une petite chambre contenant une couche, habitation digne de quelque nouveau stylite, et où conduit un escalier qui tourne autour du tronc de l'arbre. Son sommel , couronné depuis bien des années , et brisé, dit-on , par un coup de vent, offre, au point où il se termine , le diamètre d’un très-gr0s arbre. Revêtu depuis de bardeau el couvert d’un toit en ‘pointe , il forme un clocher surmonté d’une croix de fer, qui s’élève d’une manière pittoresque du milieu du feuillage, comme celui d’un antique hérmitage au-dessus du bois qui l’environne. Les crevasses que présentent diverses parlies de Parbre, sont, comme le clocher, exactement recouvertes de bar- deau, qui, en remplaçant l'écorce , contribue sans doute à sa couservalion. Au-dessus de l'entrée de la chapelle, on lit cette inscription : « Érigée par M. PAbbé vu DErrotr, Curé d’Allouville ; en l’année 1696. » Au-dessus de la porte de la chambre supérieure : « À Notre-Dame de la Paix. » À certaines époques de l’année , la chapelle du chêne sert aux cérémonies du culte. La rustique simplicité de ce petit temple, dont la nature elle-même a construit C43) les murs, rappelle; par un accord touchant, l'humilité pleine de grâces de celle qu'on y invoque, de la mère du Dieu qui voulut naître dans une étable. La bien-ai- mée de Dieu, en qui la religion nous offre, avec tout le charme de la pureté virgmale , tous les trésors d'indul- gence d'un cœur maternel, à qui la faiblesse repentante s'adresse toujours avec le plus de confiance , semble en inspirer encore davantage devant ce champètre oratoire ; que sous des voûtes dorées. C'était un usage assez commun autrefois que de placer des images de la Vierge dans des arbreg et sur-tout des chênes. La tradition populaire d’une Vierge trouvée dans un chêne d’une forêt voisine de Jumièges, et qui, transportée de là, par des moines , dans leur église, re- vint d'elle-même, et par deux fois, à son arbre chéri, prouve du moins l'opinion vulgaire dans ce pays, que la Mère du Christ ne se plaît nulle part mieux que sous un ombrage solitaire, au milieu de la simple nature, dont les beautés et le silence mystérieux disposent l'ame à la méditation , et l'élèvent vers son auteur. Une chapelle construite depuis à l'endroit même où ce miracle eut, dit-on, lieu, et où des pélerins se rendaient de fort loin pour guérir de diverses maladies, subsiste encore au- jourd'hui. u Les anciens logeaient souvent ainsi de petites images de leurs divinités dans des niches pratiquées dans le corps des arbres, dont ils ornaient alors les rameaux de ban- délettés colorées. Un arbre sacré, décoré de la sorte, se voit sur une peinture antique, dont Wimckelmann a donné la figure dans son histoire de l’art (1). L'église d'Allouville parait peu ancienne. Sans doute (1) Por. liv. IV, c. 8, et liv. V,c. 2. — Voy. aussi Philostr., liv. 11, fig. 34. (44) le chêne qui se trouve auprès , l'a vue tomber et se re- lever plusieurs fois. Le chêne croît lentement. C’est dans sa jeunesse, jus-- qu'à quarante ans environ, que son accroissement est le plus rapide. Après cette époque , il devient moins sen- sible , etse rallentit progressivement. Suivant M. Bosc(1), un chêne de cent ans n’a pas ordinairement plus d’un pied de diamètre. On sait au reste combien l'accroissement des arbres varie suivant le sol. Si l'évaluation de M. Bosc pa- raît faible, relativement au premier siècle de la vie d’un chêne ; elle devient, au contraire, trop forte, si on Papplique aux siècles qui suivent, à cause du rallentis- sement progressif de la végétation ; effet naturel de Vâve. i D’après cette base, le chêne d’Allouville offrant, dans la partie moyenne de son tronc , plus de 8 pieds de dia- mètre, il faudrait lui accorder plus de huit cents ans d'antiquité ; même en supposant , ce qui n’est nullement admissible , qu’il ait toujours continué de grossir d’un pied par siècle. Certainement. cet arbre , arrivé à sa dé- crépitude , dont la cime , jadis majestueusement élancée dans les airs, s’est rabaissée et resserrée en tous sens, ne croù plus depuis bien long-tems dans cette propor- tion. On peut même penser que son accroissement a été peu sensible depuis cent vingt-cinq ans qu'il a été con- verli en chapelle par l'heureuse idée de M. l'abbé du Détroit. loto On ne saurait dore donner à l'arbre d’Allouville moins. de huit à neuf cents ans. Peut-être, dans sa jeunesse ,. at-il prêté son ombre aux compagnons de Guillaume ;, se rassemblant pour aller conquérir l'Angleterre ? Peut- être le Trouvère normand , de retour de sa première (1) Dictionnaire d'Agriculture. (45) croisade ; y at-il chanté plus d’une fois à ses compairiotes émerveillés les exploits de Godefroy et de Raymond ? Plot et Ray citent des chênes plus gros, et en même tems beaucoup plus élevés que celui d'Allouville. Nous n'avons, en général, sur l'accroissement et la durée pos- sibles des arbres, que des données assez iucertaines. Il paraît sûr qu’ils peuvent aller beaucoup au-delà de ce qu'on pense ordinairement. La hache prévient presque toujours leur mort naturelle. La position du chêne d'Allonville auprès d’une église et dans un cimetière , est probablement ce qui l'a préservé du sort commu. Aujourd’hui surtout , le moindre caprice d'un proprié- taire fait tomber l'arbre antique respecté pendant plu- sieurs siècles par ses aïeux. Un instant détruit ce que l'impitoyable tems a si long-tems épargné , ce qu’une si longue suite d'années peut seule remplacer !« IlLya une vinglaine d'années, dit M. Bosc (1), il était en- core commun de voir dans les pays boisés des chênes qui avaient 4, 5, 6oo ans et plus, ét qu’on respectait uni- quement à cause de leur âge. Aujourd'hui ils sont très- rares , la cupidité les a partout fait abattre. » Il n’en est pas de même dans l'Orient. Dans ces con- trées, où l’ombrage est à-la-fois et plus nécessaire et moins commun, un grand arbre, s'il croît surtout près des habitations, devient un objet précieux, aussi res- pecté que le sont peu les admirables restes de l'art des anciens qui couvrent le même sol. « Parmi les Turcs, dit un voyageur , c'est un crime énorme de couper de vieux arbres , et tout le voisinage ne manquerait pas d'en murmurer , prêt à faire tous les sacrifices pour conser- ver leur ombre hospitalière. J'ai vu souvent des bou- tiques construites autour d’un grand platane qui semblait ot (1) Mémoire sur les chênes, parmi ceux de l'Institut , 1807. (46) sortir du toit et qui les couvrait de ses feuilles ; ‘ou des murailles traversées par des branches que les proprié- taires n’osaient émonder, Les, vieux arbres sont ordinai- rement environnés d’un rebord ou digue qui sert à couvrir et défendre leurs racines. Les plus jeunes ont des mattes pour les préserver, et ceci se pratique même dans les champs communaux , dont Ja propriété n'appartient à personne en particulier (1). » Combien nous sommes loin de cet esprit conservateur ! Heureusement la position du chêne-chapelle d’Allou- ville, sa consécration et la vénération des habitans > Pè- raissent assurer son existence jusqu’à ce qu’il succombe naturellement à la destinée commune de ious les êtres vivans. À l’époque déplorable où tout ce qui se rattachait au culte fut proscrit, des révolutionnaires s'étant portés à Allouville pour brûler le chêne révéré > furent vivement repoussés par les gens du pays. Monument à-la-fois de la nature ; de l'art, de la piété, il mérite à tous égards, de la part des natura- listes et des curieux, l’espèce. de pélerinage que j'y ai fait dernièrement, et qui a donné lieu à cette notice. SE (1) Choix de Voyages, par J. Adams. PERD EEE 4ece— (47) Lo LA À LE OBSERVATION RELATIVE aux Combustions humaines spontanées ; Par M. HELLIS, D.-M. DE toutes les altérations dont le corps humain est susceptible, il n’en est point de plus surprenante , de plus propre à jeter dans lame létonnement et l’effroi que celle qui lui donne la propriété de s’enflammer spontanément , de brûler et de se convertir en cendres sans autre agent que sa propre substance. Ces faits, qui durent long-tems passer pour merveilleux, sont aujour* d'hui tellement avérés qu’un événement de cette nature est à peine une rarelé. Aussi ne me permettrais-je point de vous en entretenir si je n'avais complé sur votre in- dulsence , et si je n'avais cru que les fails de cette na- ture devaient être reçus avec un intérêt tout particulier par une Compagnie dont les membres semblent destinés à les recueillir et à en pénétrer les causes. Lecat, l’un des premiers, réunit quelques histoires daos un Mémoire fort curieux , qu'il présenta en 1752 ; et dont M. Gosseaume nous a donné l'extrait dans le deuxième volume des anciens Mémoires de l'Académie , en l’enrichissant de réflexions aussi justes que profondes. Le cinquième volume des anciens Mémoires de lAca- démie ne renferme que le titre de l’'intendie spontané de mademoiselle Thuars , sous la date de 1782. J'ignore par quel membre cette histoire fut offerte , la perte est légère puisque le fait se trouve consigné dans d’autres recueils, (48) En 1800, M. Lair, de Caen, membre correspori- dant de l'Académie, publia sur cet objet un petit ou- vrage qui fit sensation. Le nombre des faits, leur noto- riété, la manière piquante avec laquelle ils sont rap- portés, les conséquences qu'il en tire, tout était de nature à appeller l'attention publique sur un point encore peu connu, mal éclairci ou contesté. | Enfin, Messieurs , personne de vous n’ignore avec quelle sagacité M. Vigné a cherché à pénétrer la cause de ces étranges phénomènes dans son Précis de Méde- cine légale. Les explications ingénieuses qu'ont données les divers auteurs que je viens de citer, me dispenseront de rien dire sur ce point qui me paraît autant éclairei que le peuvent être les causes premières de tous les phénomènes de la vie. J'arrive de suite au fait que j'ai élé à même d'observer. Je fus reclamé, le 31 décembre 1820, pour constater le cause du décès d’une femme trouvée morte chez elle le matin du même jour. À cet effet je me transportai rue des Arpens, N° 85,et là, accompagné du Commissaire de police , du mari de la défunte et de quelques autres per- sonnes, je parvins dans un galetas au 4° étage sur la cour. Dés la porte je fus frappé d’une odeur empyÿreumatique excessivement fétide, une fumée épaisse remplissait Ja chambre , et j'apperçus sur le pavé une femme dans un état de combustion tout-à-fait extraordinaire. Couchée sur le ventre la face contre terre , il ne restait de recon- naissable en elle que les jambes, les cuisses, une portion des fesses eu de la tête. La poitrine , le ventre, le dos avaient disparus. Il ne restait du tronc, que quelques vertébres calcinées. La hanche gauche portait sur un billot qui servait de support à une tournelte , le billot et la hanche se consumaient malgré l'eau qu’on avait abon- damment versée avant notre arrivée. J'éloignai PE PT PT Le | ét (49) J'éloignai de ce morceau de bois la hanche encore fumante ; je renversai le cadavre , et voici ce que j'observai : la face était intacte et recouverte d'un enduit jaunâtre gras et fétide ; les cheveux , détachés du crâne, étaient entiers ainsi que le serre-tête qui les contenait. La partie postérieure du col et l’occiput étaient réduits en charbon. La portion supérieure des omoplates, et l'inter- valle qui les sépare, étaient couvertes de chairs , mais leur moitié inférieure, calcinée , se brisait au moindre effort. A la partie antérieure on voyait les clavicules, quelques vestiges des première et seconde côtes, quelques traces de charbon là où existaient les poumons. La peau, les muscles, les os qui composent le tronc ; avaient disparu. On ne trouvait aucun vestige du foie, de l’estomac , des intestins. Le bassin était en partie détruit, et sa cavité ne renfermait qu'une malière charbonnée sans aucune forme. Les os des bras ; des avant-bras étaient calcinés , la main droite élait en cendres, la gauche fut trouvée entière à quelque distance du tronc. Les cuisses , les jambes, les pieds n’étaient nullement endommagés. Les vêtemens avaient disparu , à l'exception du serre-tête, d’une partie de la coeffe ; des bas et des souliers. Le pavé offrait de nombreux débris de charbon animal, quelque peu de charbon de bois, des traces de sang là où portait la tête, et plus bas des vestiges d’une évacuation récente. Les lunettes de cette malheureuse étaient sur le billot, et son dé à coudre un peu plus loin. Aucun meuble dans la chambre n’était endommagé. Un devant de cheminée une armoire, une bourrée, une chaise, placés à peu de distance , n’offraient aucune trace de combustion. La cheminée était sans feu. On trouva près de l’âtre trois pots à feu, mais aucun ne contenait de charbon embra- sé. Une chandelle placée sur la table fut trouvée éteinte et presque neuve. Rien autour de cette femme ne pouvant expliquer 1, 5) | là cause de létat où elle se trouvait, je pensai qu'il ne fallait la chercher’ qu'én elte-même, et qu'elle avait péri victime d'une combustion spontanée. Les renseione- mens qué j'obtins des voisins me confirmèrent dans cette opinion. L Cette femme, nommée Thomasse Goret, âgée de 57 ans , s'était depuis long-tems adonnée à l'usage immodéré de l’eau-de-vie. Ce vice lavait fait répudier de son | mari, qui , depuis douze ans , lui faisait chaque samedi une rente de quatre francs, qw’elle se hâtait de porter au caba- ret, d'où elle ne sortait que privée de raison. Le 3o décembre, ayant recu son contingent , elle fut boire à crédit , se réservant pour la solemnité du nouvel an. Elle dit que le froid l'avait tellement incommodée la nuit précédente ‘qu'elle étaît décidée à ne pas se coucher la Suivante , ‘et, pour lutter avec plus d'avantage contre la rigueut de a saison, elle rentra sut les dix heures, plus ivre encore que de coutumé. On ne fut pas surpris de l'en- tendre remuer et s’agiter , sur les minuit. Les voisins en- tendirent bientot un fort grésillement qu'ils attribuèrent à da beurre qu'on faisait rouir; maïs ce bruit se faisant entendre plus fort et plus long-tems que de coutume, Pidée leur vint que le feu pourrait être à la maison. Un d'eux selèva, mais, n’ayant point apperçu de lueur extra- ordinaire, il se recoucha tranquillement. Sur les septheures du matin une voisine monta pour emprunter un instru- ment de ménage. Dès l'ouverture de la porté une fumée épaisse l’empêcha de rien distinguer. Elle appela du se- cours , et desuile on monta des seaux d’eau, qui furent jetés au hasard. Dès qu'il fut possible de distinguer les objets, on fut frappé de ne trouver aucun meuble en combustion , et la malheureuse Goret brulée sur le plan- cher. Le Commissaire de police fut aussitôt appellé, et c'est quelques heures après que je m'y transportai. Il me paraît bien difficile dé décider si cétte combustion (51) a eu lieu spontanément où par le contact d’un corps igné: Les pots à feu que je trouvai dans la cheminée ne conte- naient aucune trace de charbon embrasé. La chandelle, placée sur une table qui se trouvait entre la cheminée etle corps brûlé, était presqu'entière;mais elle a pu enflam- mer une partie des vêtemens, puis s’éteindre par le dégagement du gaz méphitique produit de la combustion, Cette femme au reste se trouvait dans les circonstances observées en pareil cas. La température était extrêmement basse, et le ther- momètre descendit ce jour-là à 9 au-dessous de zéro. Cette femme, d’un embonpoint marqué , menait une vie sédentaire, et faisait un usage immodéré de l’eau-de- vie. L’eau, jetée en abondance , n'avait point entièrement éteint le feu, les objets environnans n’élaient point en dommagés , et le résidu de la combustion était des cen- dres grasses, fétides , une suie onctueuse et pénétrante: Ds (5) RG — OBSERVATIONS CHIMIGO-AGRICOLES ; Faires en 1820 et 1821, sur l'emploi du Chlorure de Calcium , considéré comme engrais ow comme stimulant végétalif; lues en séance de l'Académie, le 14 décembre 1821 (5); Pan M. DUBUC, Pnanmacten-CmimisTe. Messieurs , Si certaines productions du régne végélal offrent , au moyen d'une culture particulière et encore inconnue , quel- que chose d’utile ou de nouveau, soit dans leur aspect: physique , soit dans leurs dégrés d’accroissement compa- rés entr'eux , n'est-ce pas une sorte de devoir de signaler ces anomalies au public, surtout si ces dons de la Nature tendent , par leur développement et par leur multiplica- tion, aux progrès de l'Agriculture, source de toutes prospérités chez les nations civilisées, et de stabilité dans les gouvernemens ? Les motifs que je viens d'exposer, et les résultats assez (x) Cet ouvrage fut également communiqué à la Société centrale d'Agriculture du département de la Seine-Inférieure , le 27 du méme mois, (53) extraordinaires que j'ai obtenus par l'usage du chlorure de calcium ou muriate de chaux calcinée , employé de- puis plus de deux ans à la eullure de diverses espèces de plantes, m'ont déterminé a présenter à l'Académie les observatious suivantes sur ce nouvel engrais ou sti- mulant végétatif. Je vais les décrire avec simplicité et tâcher de les rendre intelligibles pour tous , mais spécialement à l’hom - me des champs ou aux proprielaires qui voudraient répèter mes expériences ou leur donner de l'extension, en employant d'une manière plus variée, et sur un plus grand nombre de végétaux , le chlorure de chaux que je crois avoir indiqué le premier comme essentiellement utile en agriculture ou dans l’horticulture. On emploie le chlorure dissout préalablement dans Veau, pour en imbiber ou arroser les terreins avant d'y déposer les graines , racines, arbustes , etc., qu'on veut soumettre à son aclion végélative. Expériences sur l'emploi du Chlorure de Calcium comme engrais , etc. Le 20 avril dernier , j'ai semé, dans une terre légère mais assez bien orientée, et à plus d’un mètre l’une de Pautre , six graines provenant de la plante connue en horticulture sous les noms de tournesol, herbe au soleil, corona solis, etc. « C’est l'Aclianthus de Linné , herbe à fleur radiée, de » la 14e classe de Tournefort. » s J'avais divisé le terrein en deux sections égales; une partie fut humectée avant de la fouir pour y déposer les semences, avec une solution aqueuse de chlorure de calcium nouvellement préparée, l’autre simplement arros sée avec de l’eau de citerne ordinaire. D 3 L D 1 (54) RES La végétation entre toutes les graines parut X-peu-prè® la même dans leur développemeut durant le premier mois de leur mise en terre, mais bientôt on remar- qua une différence très-notable entre leurs premières poussées... . Les trois plantes soumises à l’action du chlorure prirent en peu de jours, par l'exposition de leurs tiges et feuilles à la lumière, un aspect, une élévation et une force vitale bien supérieure aux trois autres plantes végétant sans l'influence du s'imulus salin. : Pendant les mois de juin et de juillet , j’arrosai seule- ment deux fois, mais copieusement , toutes ces plantes, les unes avec la solution aqueuse de chlorure de calcium , solution que j'appellerai désormais Liqueur végétative , et les autres avec de l'eau de citerne ; puis j'en aban- donnai Vaccroissement aux soins de la nature > en Temarquant néanmoins assez souvent leurs progressions végétatives. La différence de cette progression éntre ces six pieds de tournesol devint énorme, au point que , vers les premiers jours d'août, les soleils soumis à l’action du nouvel engrais avaient un tiérs et plus’ d’élévation que les trois autres plantes cultivées par la méthode or- dinaire, Enfin , le 4 octobre suivant, un de ces hel‘anthus mesuré offrait dans son ensemble près de quatre mètres d’élévation et les deux autres n'avaient pas moins de neuf pieds de longueur ;tandis que les soleils arrosés simplement d’eau de citerne ne dépassaient pas six à sept pieds de hau- teur , différence de végétation assez étonnante entre des plantes congénères croissant dans le même terrein et en outre exposées à la même influence ‘solaire. La tige d'un de ces tournesols arrosé de la liqueur végéta- tive, mesurée vers le collet de la racine, avait près de huit pouces de çontour ; plusieurs de ses feuilles n'avaient pas moins de dix-huit à vingt pouces de lar- geur , enfin trois ou quatre des fleurs orbiculaires de ces plantes, géantes pour nos contrées, avaient près d’un (55) pied de superficie , y eompris leurs fleurons axillaires ÿ et donnèrent une quantité prodigieuse de graines hui- leuses , belles et bien nourries. Fe remarquai encore qu il exsudait du centre de ces grandes et magnifiques fleurs une matière résineuse ayant l'odeur de {Es térébenthine de Chio, et que cette matière, par sa dessiccation à Fair, prenait un blanc perlé assez analogue, par sa couleur et par son brillant, aux goutelettes de rosée qu'on apper- çoit à l'extrémité des feuilles de, certains gramens le maiin d'un beau jour d'été; mais on sait que cette substance résinvide balsamique n’est pas rare sur la fleur de l’helianthus dont nous parlons, surtout si cette plante estbien orientée ou si elle croît dans un climat chaud tel qu'en Espagne où , dit-on , elle acquiert jusqu’à vingt a vingt-quatre pieds d’élévation, et donne des graines tellement huileuses qu’elles rendent jusqu'a moitié de leur poids d’une huile congelable et très-bonne à manger. Ces trois plantes, récoltées en septembre dernier, furent souvent un objet de surprise pour les nombreux curieux qui les virent sur pied , sur-tout quand on comparait leur élévation et leur vigueur à celle de l'hwmble soleil cul- tivé dans la même terre, mais sans le secours du sti- mulus ; et dont la hauteur, aux environs de Rouen, n’ex- cède guère cinq à six pieds. J’ajouterai que, depuis leur dessiccalion , ces tournesols ont reçu chez moi la visite de bon nombre de membres de l Académie et de la So- ciété centrale d'agriculture du département, qui sem- blaient mettre en doute la réalité d’une végétation aussi prodigieuse opérée dans une terre légère, + sous l'in- fluence d’une atmosphère souvent brumeuse et humide, comme celle qui a régné cette année. en Normandie. Aüïnsi, Messieurs , en, comparant l’état d’accroisse- ment entre les tournesols dont je viens de vous entre- tenir, il est hors de doute que le chlorure de calcium ne joue un grand rôle dans le développement des vésé- D 4 (56) taux soumis à son influence. Les expériences suivantes confirmeront de plus en plus mon opinion à cet égard. Autres expériences sur l'action végétative du Chlorure de Calcium appliqué à la culture de diverses plantes. Je commencerai cette série d'expériences et d'essais par la pomme de terre jaune , so/anum tuberosum, L., plante utile et dont on ne peut trop préconiser la culture. La seule pomme de terre que j'aie soumise à l’action du chlorure de calcium, est la petite jaune , très-estimée par son goût et par ses qualités nutritives. C’est spécia- lement cette espèce qu’on cultive de préférence à toute autre dans les vastes terreins sablonneux qui environnent le litioral gauche de la Seine proche Rouen. Le premier mai dernier, je plantai bon nombre de ces tubercules , de volume à-peu-près égal, dans une terre de médiocre qualité, mais bien amendée. Moitié des racines , après avoir élé recouvertes par deux à irois pouces de terre, furent arrosées avec la liqueur végétalive , aussi nouvellement préparée , puis enterrées entièrement. On cultiva l'autre moitié de ces solanées par la méthode ordinaire, afin d'établir un point de comparaison exacte pendant lexistence végétative de toutes ces plantes, et, par suite , entre leurs produits. Les premières poussées du plus grand nombre de ces racines n'offrirent rien ou presque rien de notable en- tr'elles ; mais , étant arrivées à une certaine élévation, il en fut autrement , et on distingua avec facilité, par leur force d’accroissement , les plantes soumises à l’ac- tion de la liqueur végétative , d'avec les patates seule- ment arrosées d’eau ordinaire. On butta toutes ces plantes en tems convenable; mais ; avant celle opération , on imbiba fortement le pied des unes avec la solution aqueuse de chlorure , et les autres (57) avec de l'eau de citerne, puis on abandonna leur en- tière végétation au tems. Pendant plus de trois mois, je remarquai toujours que les plantes traitées par le stimulus avaient des tiges plus fortes et un feuillage plus nourri et plus animé que les autres racines seulement arrosées d’eau simple. Enfin, le ro novembre dernier, on fit la récolte de toutes ces pomines de terre. Les deux échantillons des racines qui en proviennent , et que j'ai l'honneur d’exposer à vos regards , mettront l’Académie à même de juger, par leur inspection, de l’énorme différence qui existe entre ces deux produits. On voit que les patates soumises à l’action du stimulus ont acquis au moins un volume triple des mêmes racines cultivées par la méthode ordinaire. Plu- sieurs des premières pèsent six à sept cents grammes , une livre et demie marc , et offrent près d'un pied de contour sur environ six pouces de longueur (1), tan- dis que ces mêmes fruits, excrus sans la participation du chlorure, sont en rapport pour la grosseur avec les plus belles pommes de terre jaunes cultivées dans l’ar- rondissement de Rouen. Les résultats de cette autre expérience prouvent donc de plus en plus l'efficacité végétative du chlorure de chaux , puisque les racines soumises à son action ont acquis un développement non moins extraordinaire que Vherbe au soleil qui fait le sujet de mes premières ob- servations à son égard. J'ai aussi fait usage du chlorure de chaux pour amen- der un terrein avant d'y planter ou repiquer, x° de (1) Il est à noter que ces pommes de terre, malgré leur énorme grosseur , ne le cèdent en rien, ni pour le goût, ni pour les qualités nutritives , aux meilleures pommes de terre jaunes qu'ou expose en vente dans nos marchés. (58) Voignon , allium cepa; 2° des porreaux ; porrum com mune ; L. Ces deux herbes potagères acquirent dans ce terrein plus de grosseur que d’autres oignons et porreaux excrus dans le même lieu, mais sans l'influence de la liqueur végétative. Pareil essai a eu lieu sur deux jeunes lilas , Zac persica ; séparés du même pied ét environ d’égale force. Un de ces arbrisseaux a été arrosé quatre fois en deux ans avec la liqueur végétative; l’autre fut traité avec de l’eau de citerne. Le premier a donné des jets d'un tiers plus élevés que ceux produits par le lilas arrosé seulement d’eau simple. Enfin , j'ai aussi appliqué cet agent vegétatif à la cul ture d’une autre belle plante d'ornement. C'était sur la campanule à feuilles d’orties , campunula fois ur- ticæ, L. Elle donna , par ce nouveau moyen ; des fleurs bien supérieures en beauté à celles qu'on obtient de cette plante herbacée cultivée par la méthode ordinaire. Je re-* marquai encore que sa floraison avait lieu au moins quinze jours plutôt que la floraison d'une autre campanule du même genre végétant sur le même terrein , mais sans l'influence da stémulus salin. L'ensemble des expériences et des essais dont je viens de rendre compte à l’Académie, sur les effets du chlo- rure de calcium employé en agriculture ou en horticul- ture , prouve d’une manière non-équivoque son influence et son action sur l'accroissement et le développement des végétaux. Mais ici, Messieurs , paraît s'ouvrir un nouveau champ aux théories spéculatives sur la végétation, déjà si multipliées. 11 semble , dans cette circonstance, qu’on pourrait s'étendre largement sur l'influence du chlore, de cet être si étonnant, siextraordinaire par ses nom-— breuses propriétés, mais considéré seulement ici comme stimulant végétatif. Dans ses effets, notés sur le développement des (59) plantes; agit-il isolément ou combiné à l’oxide de calcium? Ou bien la chaux unie à ce même chlore s’y trouve-t-elle dans un état moléculaire où a/omistique très-convenable à l'accroissement des végétaux ? Ce qu'il y a de sûr, c'est que plus la terre calcaire est divisée dans ses combinaisons , plus son action vivifianté est prompte et sensible , sur-tout à l’égard des plantes fourragères à fleurs légumineuses (r). Mais , il faut l'avouer, toutes ces théories, quoiqu'étant souvent fort ingénieuses , nous laissent encore dans l'obscurité la plus profonde sur le mode d’accroissement des innombrables produits du béau règne vésétal, puisque la puissance de leur com- position primitive est inaccessible à nos sens comme à notre intelligence. Ainsi, faisant abstraction de toutes théories appli- quées à Ja végétation |, employons le chlorure de calcium en agriculture ou en horticulture ; essayons- le, soit comme engrais, soit comme stimulant végéta- tif, sur toutes sortes de plantes et sur des terreins variés, afin de bien en étudier les effets. C’est par un ensemble d'opérations faites avec Soin}, discernement et sans prévention, qu'on pourra apprécier à sa juste valeur V'éfficacité ou les inconvéniens du nouvel agent qui m'a servi dans les expériences et les éssais qui font l'objet de ce mémoire. J'avoue, Messieurs, que l’idée d'employer le chlo- CE 1 (1) On sait que , dans son état de pureté et de causticité, la”chaux rive, soit en poudre , soit dissoute dans l'eau , est essentiellement nuisible aux plantes qu’elle touche ; mais il est démontré aussi que plus ses composés , tels que les carbonatés , sulfates, gÿpses, etc. , sont divisés par trituration et pulvérisation , mieux ils conviennent à l'accroissement des trèfles , lazernes, minettes, etc. , étant semés en tems opportun sur ces plantes. ( 6o ) rure de calcium comme engrais m'a été suggérée par la lecture de la Chimie agricole de Sir Humphry Davy, par le Traité d'Arthur Young sur les différens engrais, et plus encore par l'excellent Mémoire de notre hono- rable confrère, M. Vitalis, sur les Compôts , mémoire inséré dans les actes de l’Académie de Rouen pour l'année 1819. j Les résultats que j'ai obtenus avec cetle matière sa- lino-terreuse et qui paraît éminemment propre à favo- riser la végétation de toutes sortes de plantes, ne pourraient-ils pas servir aussi à expliquer l’éternelle fécondité des terres d’alluvion, mais spécialement de ces vastes plages submergées périodiquement en Egypte par le débordement du Nil ? Qui sait si ces terreins ;, après la retraite du fleuve, ne restent pas imprégnés de muriate calcaire qui, réuni au detritüs provenant des matières végétales et animales, forment un excellent engrais qui donne à la terre de ce beau pays l'éton- nanie fertilité dont elle est susceptible ? ... Pardonnez- moi cette digression, Messieurs, mais j'ai cru qu'elle n'était pas déplacée à la suite des notions que j'ai pui- sées dans bon nombre d'ouvrages sur l'agriculture , et particulièrement dans ceux que je viens de citer. Je reviens donc à mon objet principal. J'ai dû suivre, pour l'emploi du chlorure de calcium ; dans mes expériences agricoles, cet ancien axiome chi- mique , savoir « que plus les corps sont divisés, mieux » leur combinaison intime s'opère , etc. » Ainsi, les proportions de chlorure de calcium qui m'ont paru les plus convenables pour préparer la Liqueur végéta- tive destinée à la culture des terres qui ont servi à faire mes essais, sont d’un kilogramme de ce sel dis- sous dans soixante litres ou pintes d’eau. Cette liqueur marque environ un degré et demi à l'aréomètre pour les sels, fempératare moyenne ; mais on peut en varier (61) les proportions en raison de la texture et des espèces de végétaux soumis à son action. Cependant , je croirais imprudent de dépasser la dose indiquée même pour _imbiber les terreins où croissent des arbustes et arbris- seaux dont les racines ligneuses sont moins suscepti- bles d’impressions que celles des plantes herbacées en général. Je terminerai ces remarques sur les propriétés du chlorure de calcium, ‘en agriculture , par la note sui- vante. Je crois que la liqueur végétative dont je viens de donner la composition, et qui n’est pas d’un prix élevé, est propre, non-seulement à fertiliser les terres légères, mais encore pour les terreins purement sablon- neux, car le sel qui en fait la base étant essentiellement hygrométrique, convient pour entretenir la fraîcheur au sol aride, au développewent et à l’accroissement des plantes qui pourraient servir à l’'amender. Messieurs, je présente à l’Académie mes observa- tions sur lemploi du chlorure de calcium, comme engrais On comme stimulant végétatif, avec circonspec- tion et reserve; peut-être s’en suivra-til quelques ré- sultats utiles à l’agronomie. Par ce dernier motif, je désire bien que mes essais soient repétés par des calti- vateurs plus insiruits et plus expérimentés que moi, et encore plus à même par leur position d'apprécier les qualités et les effets du nouvel engrais que je propose, car, en agriculture , tout est soumis à l'empire du tems et de l'expérience. Qui ne sait d’ailleurs que telle prati- que réussit dans un terrein qui échoue dans un autre ? Et c’est bien le cas, en finissant ce mémoire, de répéter ce vieil adage , expérience passe science, surtout en agro- nomie. C62) NOTICE FAISANT suile au Mémoire précédent, lue en séance de l'Académie , le 12 juillet 1822; 3 Pan M. DUBUC, PHaARMACIEN-CHIMISTE, ” Messieurs , Le 14 décembre dernier, j'eus l'honneur de vous lire un Mémoire sur l'emploi du chlorure de calcium en agriculture. Mon intention n’est pas aujourd'hui de trai- ter de nouveau cet objet : mais permettez-moi seulement, dans cette séance , d'exposer à vos regards deux plantes de maïs ou blé de Turquie , #riicum indicum , cultivées cette année, aux environs de Rouen, dans une terre légère. Les deux pieds de maïs que je présente à l'Acadé; mie furent semés le 16 avril dernier, à plus d’un mètre l'un de l'autre. La plus belle de ces plantes a végété sous l'influence de la liqueur végétative dont j'ai donné la composition dans le Mémoire précité , l'autre a été seulement arrosée d’eau de citerne. Vous remarquez, Messieurs, que la première, ou celle soumise à l'effet du stimulus végétatif, a un degré d’accroissement , dans toutes ses Rares ; presque double de la seconde, J'ai cru que la Compagnie verrait avec intérêt ces deux productions de la nature , dont l’une sert à prou- ver de plus en plus l'influence du muriate calcaire cal- ciné sur l'accroissement de certains végétaux. J’ai l'honneur encore d'assurer que M. Robert, notre (63 ) slimable confrère , a également, en 1822, et par suite de mes expériences précédentes, fait quelques essais avec le chlorure de chaux et le nitrate calcaire, et qu'il m'a dit avoir obtenu des résullats avantageux ; en employant à la culture de plusieurs plantes ces deux sels hygro- métriques delayés dans leau. Je finirai cette notice par les observations suivantes sur le chlorure de chaux : On conçoit bien qne cette matière saline ne pour- rail pas convenir à l’engrais des terres naturellement calcaires, ni à toutes les exploitations agricoles, car , dit Virgile, ef quid quæque ferat regio. Mais toujours est-il certain que le chlorure de chaux peut être em- ployé avec succès en horticulture comme stimulus végé- taulif, pour donner plus d'éclat aux plantes d'agrément, et servir à augmenter l'effet de certains fumiers ou ter- reau trop froids , etc., elc. Je désirerais aussi qu’il fût essayé à la culture du lin ordinaire , num usitatissimum , du chanvre et autres plantes linéamenteuses utiles, pour observer s’il augmen- terait leur accroissement et leur force de végétation, comme cela a eu lieu à l'égard de diverses plantes ci- tées dans les deux ouvrages que j'ai présentés à l'Aca- démie, concernant les propriétés de ce nouveau s/imulus végétatif. Ê J'ai aussi fait essayer , avec quelque succès , le chlo- rure de caleium pour le chaulage du blé , afin d'en dé- truire l’uredo qui le fait tourner au noir; mais ces essais, ayant eu lieu en petit , seront répétés , en 1823 , par M. Guerard de la Quesnerie |, membre de la Société d'Agriculture de Rouen, sur ses terres de Saint-André- sur-Cailly, dans l'intention de vérifier non-seulement si ce sel empèche , par le chaulage , le blé de tourner au noir, mais encore s’il exerce quelqu'influence sur l’accrois- sement de cette céréale, (64) ni +55 T3 com—— NOTE SUR L'EMPLOI DU SULFATE DE QUININE ; Pan M. HELLIS, D.-M. Messieurs ; La découverte des alcalis végétaux fait époque dans la science. Ces bases salifiables organiques ont des carac- tères si. iranchés qu'il était naturel de les regarder com- me la source du principe actif des végétanx qui les recèlent ; mais cette vérité, préssentie par le raisone- ment demandait à être confirmé par l'expérience, Déja M. Gomès, de Lisbonne, avait découvert dans le quinquina uu principe particulier auquel il avait donné le nom de chinconine , et qu'il présentait com- me renfermant exclusivement la propriété fébrifuge de celte écorce. Il était réservé à MM. Pelletier et Ca- ventou de nous faire connaître cette substance, de nous indiquer les moyens de l'obtenir pure , de nous ré- véler sa nature et ses combinaisons. Les principes obtenus par ces savans varient suivant les espèces d’écorces sur lesquelles on opère. Le quin- quina gris renferme presqu'exclusivement une matière ælcaline qui s'obtient sous forme d'aiguilles prismatiques, de plaques cristalines, refractant fortement la lumière , peu soluble dans l’eau , d'une saveur amère , lente à se déveloper à cause de son peu de solubilité. Cette matière a reçu le nom de chnconine. Si C65) Si l'on opère sur du quinquina jaune; on obtient une substance analogue mais qui ne se comporte pas dé la même facon. Elle ne cristallise jamais ; désséchée } elle s'offre sous forme de masses poreuses d’un blanc sale, peu solubles dans leau, mais d’une amertume plus prononcée que la précédente. Elle a reçu le nom de quinine. La chinconine et la quininé ont également la proi priété de ramener au bleu le papier de tournesol rougi par un acide , de s'unir à tous les acides, et de former ainsi des sels neutres ; de sorte qu'on peut obtenir indif- féremment des sulfates, acétates, nitrates, phosphates etc. , de chinconine ou de quinine , suivant l'acide que l'on met en usage. Dé tous ces sels, les sulfate ont obtenu la préfé= rence, el ce sont eux surtout qu'on à tenté d’intro- duire en médecine. On les obtient en combinant di- rectement lalcali du quinquina avec l’aeide sulfurique ; ils se présentent sous forme de cristaux prismatiques à quatre pans, surtout pour le sulfate de chinconine , quelquefois sous Faspect de filamens fort déliés, se réunissant en faisceaux longs ; flexibles, luisans , amyan- tacés, formant des houpes brillantes, nacrées, ow se dessinant en étoiles comme recouvertes d’un duvet léger. Le procédé employé par MM. Pelletier et Caventot pour obtenir la chinconine et la quinine , consiste à prendre de Pextrait alcoolique de quina, à le traiter à chaud par Peau aiguisée d’acide hydro-chlorique. L’acide dissout lalcali, Visole de la matière rouge et de la ma- tière grasse. On traite la liqueur par la magnésie en excès. On lave ensuite le précipité maognésien, on le fait sécher au bain-marie , on le traite par l’alcool qui dis- sout la chinconine ou la quinine qu’on obtient alors par l'évaporation de l’aleook. Ce procédé est long , il esf E (66) dispendieux , surtout à cause de la quantité d'alcoof qu'il exige, et ne donne que deux gros environ de sel par livre de quinquina. M. Robert dirigea ses recherches sur cet objet, et il ne tarda pas à indiquer un procédé à peu-près semblable à celui de M. Henri, pharmacien distingué à Paris, qui , s’occupant , dans ce même tems, de recherches ana- logues , obtint un résultat plus riche que le précédent , en substituant l'acide sulfurique à l'acide hydro-chlo- rique ; mais celui de M. Robert le modifie de manière à le rendre moins long et moins dispendieux. El consiste à traiter le quinquina jaune (si l’on veut obtenir de la quinine ) par l’ébullition dans l’eau aiguisée d'acide hyÿ- dro-chlorique , à faire bouillir à plusieurs reprises , à y ajouter de la craie réduite en poudre fine. La liqueur qui surnage alors ne contient plus autre chose que lhy- dro-chlorate de chaux et de quinine. Celui-ci bien clair et séparé du dépôt, traité par la chaux pure dé- layée dans l’eau, donne sur le champ un précipité plus ou moins abondant suivant la richesse du quina sur lequel on opère. C’est le précipité qui se dépose qu'il propose de traiter directement par l'acide sulfu- rique affaibli sans le secours de l'esprit de vin. On sent facilement l'avantage de ce procédé. Economie de tems, économie complette d'alcool et résultat plus abondant. C'est par ce moyen qu'a été obtenu le sel de quinine que l’on emploie fréquemment à l'Hôtel-Dieu, que j'ai vu se former sous mes yeux et dont j'ai sou- vent admiré les élégantes cristallisations ; il faut pour- tant ajouter que ce procédé, qui a si heureusement réussi à son auleur plusieurs fois , plusieurs fois aussi Jui a offert des résultats défavorables , qu'il n’a pu s’ex- pliquer jusqu'à ce moment qu'il n’a pas obtenu les mê- mes succès dans les mains de MM. Pelletier et Robiquet auxquels il le communiqua dans l'intention de voir (C6 j | tépéter ses expériences et les confirmer. La différence des écorces, le mode d'opérer, quelques anomaliés en< core peu connues sur une malière aussi récente, peuvent rendre compte de ces résultats différens et faire pres- sentir qu'il reste encore quelque chose à faire sur ce point. Tout portait à croire que cette substance renfer- mait exclusivement la vertu fébrifuge du quinquina ; mais celte idée demandait à être confirmée par des faits. La chose se décide chaque jour, mais, lorsque je commencai des recherchés sur cet objet, la matière était encore neuve. C’est à M. Robert que je suis redevable de Ta facilité comme de la première idée de ces expériences. IL avait obtenu une assez grande quantité de sulfate de quinine par le procédé que jé viens de faire connaître. Il en fit diverses prépara- tons, s’assura de l'exactitude de son administration et fut aussi témoin des résultats. Le sulfate de quinine a été donné à des individus affectés de fièvres intermittentes du type tierce ow quarte , lorsque rien ne faisait présager qu'elles dus= sent cesser spontanément. Je laissai toujours passer quelques accès, quelqu'ancienne que fût la fièvre , pour bien m'assurer de son type, de sa violence, pour voir si l'influence du changement d'habitation ; un régime nouveau , les évacuants souvent indiqués, ne causeraient point quelque dérangement. Lorsqu'il m'était démon tré que la fiévre ne devait pas céder spontanément , le sulfate de quinine fut administré à la dose de 8, 12 ou 20 grains suivant le typé de la fiévre et son inten- sités;, les mêmes précautions ont été prises que pour l'administration du quina en substance. Le sulfate peut se donner sous forme de pilules ; de pastilles, seul ou dans la pulpe d'un fruit, en syrop. ou en solution aqueuse, Cette dernière méthode E à (63) me paraîl la plus commode comme la plus conrena- ble; il me semble que sous celle forme l'estomac doit l'absorber plus promptement et avec moins d'effort. La dose ordinaire pour une prise fut de 4 à 6 grains au plus dans deux onees d’eau, sucrée convenablement. L'amertume , quoique très-prononcée, n'a élé insupor- table à aucun malade; on répétait celle dose toutes les quatre heures, en commencant peu après la ces- sation complelle d'un accès , et laissant un intervalle de quatre heures entre la dernière prise et l'heure de l'accès alendu, On recommanda aussi aux malades de ne prendre le remède que deux ou trois heures après ayair mangé, et de ne prendre d’alimens qu'une heure après son ingestion. Une simple tisane d'orge ou de chicorée sauyage fut donnée concurremment pour ne point contrarier l'effet du médicament. Chez tous les malades auxquels le sulfate fat administré, la fièvre céda dès les premières Ps, completiement chez plusieurs ; ; chez d’autres le frisson n’eut point lieu , et la chaleur se montra seule ou suivie de sueur à F’heure de la fièvre. Chez deux, des sueurs abondantes survinrent, et chez un, elles persistèrent assez long-tems Fes ment. Sas de ceux qui ne ressentirent pus d'accès, offrirent des phénomènes consécutifs, tels qu’ une dou- leur à l épigastre ; une céphalalgie , le sentiment d'un soufle glacé dans la région des reins. Ces symptômes lé- ” qui ne se montraient qu’au tems où l'accès avait lieu, cédèrent promplement pour ne plus reparaître. Un D. après une fièvre quarie subitement coupée , fut pris d'une dyssenterie qui dura six jours NE le malade guérit complètement. ()u eut l'attention de continuer le sulfate, à doses décroissantes, pendant une ou deux se- maings , pour prévenir les rechutes si fréquentes dans ces cas, lorsque l’impatience des malades ne les portait pas à quilter l'hôpital avant ce tems. (69) Un seul à offert une guérison équivoque. Sa fièvre était quarte , dürait depuis quinze mois ; elle avait fré- quemiment disparu pout revenir. Elle avait laissé né al- tération profondé dans l'habitude ét le faries de l'indi- vidu, et de plus détérminé des enigorgémens conisidé- rables dans là évité abdominale. J’espérai peu de sire- cès à cause de celte fâcheuse éompliéation. Le sulfate sembla d'abord réndre les aceès plus violeñs ; biemôt ils changèrent dé type ; et disparurént. Le malade sor- üit et revint bientôt avec uné fièvre doût le type était irrégulier, I] ést sorti dé nouvéañ, après avoir été déux sérnaines sans accès ; mais le passé re fait craindre pour l'avenir , et je ne régardé pas sa gnérison éoïnme parfaite. Chez un riralade , une forté dose dé subfate fut donnée deux heures avant Paccès , qui vint beaucoup plus violent; mais ce fut le dernier, car le suivant manqua com- plettement : d’où il paraît que, donné trop voisin de l’ac- cès, son action se porte sur le second , et exaspère le premier. Remarque importante pour l'administration du remède, et qui est confirmée par des observations ana- logues de MM. Chomel, Double et Fouquier, mede- cins et professeur à la Faculté de Paris. Les fièvres sur lesquelles j'ai agi n'étaient point de notre ville ; elle en présente peu de graves depuis que la vase a cessé de’ l’entourer. Il est rare de trouver dans Rouen une fièvre tierce ou quarte rebelle. Celles dont il s’agit ici attaquaient des marinside Rochefort ou de Cherbourg où ces maladies sont endémiques. Elles avaient lieu chez des voyageurs qui les avaient contractées dans le Poitou ou la Bretagne, et sur la plupart on avait inutilement tenté diverses méthodes de traitement chez plusieurs hors du lieu où elles avaient pris naissance. Que l’on compare l'administration sans dégoût de quelques grains d’une substance toujours la même, susceptible d’être rigoureusement calculée et reconnue énergique dans les cas E 3 Co) même les plus rebelles, avec l'usage du quinquina en substance , chaque jour plus infidèle par la sophistication et la répugnance invincible qu'il inspire autant à celui qui l’administre qu'à celui qui se voit condamné à en faire usage, alors on se convainera facilement que cette découverte est une des plus heureuses dont se soit enri- chie la médecine moderne. Je borne ici les réflexious sur celle précieuse acqui- silion ; je craindrais de fatiguer votre altention , en élen- - dant davantage cette simple notice. Je n'ai cité aucun fait particulier , parce je me propose de rassembler plus tard toutes ces observations, d’en réunir de nouvelles, de les comparer avec celles que recueilleront les autres médecins, afin de pouvoir offrir des résultats qui ne laisseront rien à désirer sur cet objet. mm Ce) —porin ii GE L3-Hioico—— PAREMENS ou ENCOLLAGES POUR LES ÉTOFFES ET TOILERIES , PRÉPARES avec les trois espèces de graines de riz qu’on trouve dans le commerce , etc., Mémoire lu à l’Academie ; le 3 mai 1822, : Pak M. DUBUC , PHARMAGIEN-CHIMISTE. - MEssreurs , Plus d’un an s’est déja écoulé depuis que M. Le Bou- vier, ancien négociant à Rouen, vous adressa une notice contenant des observations sur l’encollage des étoffes et toileries, observations qui lui furent suggérées par la lecture de mon mémoire sur le même sujet, et dont vous avez ordonné l'impression dans le précis analytique de vos travaux pour l’année 1820. En réfléchissant sur les propriétés des encollages dont je donne la composition dans ce mémoire, et qui permettent , par leur emploi, aux tisserands de fa- briquer des marchandises de toutes espèces et de bonne qualité ailleurs que dans les caves ou bas-fonds, M, Le Bouvier s’est rappelé avoir vu dans la Relation des voyages de M. Sonnerat aux Indes et à la Chine, édition in 4°, imprimée à Paris en 1782 » que chaque » malin Je tisserand indien monte son mélier ex E 4 (72) ® l'accrochant à un arbre sous lequel il travaille, et » qu'il le démonte au soleil couchant, etc., » Et comme ce fait paraît hors de doute d’après l'ouvrage cité, il en résulte , dit M. Le Bouvier , que siles In- diens confectionnent leurs toiles en plein vent dans un pays naturellement très-chaud » ils doivent y faire usage » d’un apprêt inconnu en Europe pour donner aux fils » dont la chaîne de leurs toiles est composée , la force, > la souplesse et l’élasticité convenables, et qui permet, > par ses qualités , à l’ouvrier de travailler au grand » air. » Après diverses considérations sur les mœurs et sur les usages du peuple indien, M. Le Bouvier ajoute : » et comme il ne croît dans J'Indostan ni blé, ni » seigle , ni pommes de terre » et que les nombreux habitans de ces vastes contrées se nourrissent exclusi- vement de riz, il est porté à croire que c'est avec celte graine que les tisserands indiens confectionnent le parement hysrométrique ou peu siccatif qui leur sert pour l’encollage des étoffes qu’ils fabriquent à ciel ouvert. C'était pour vérifier jusqu'à quel point sont fondées les assertions de notre concitoyen à l'égard des en- collages que donne la graine de riz, que l'Académie m'invita, l’année dernière, à faire des recherches et des expériences avec des paremens préparés ou ex- traits de cette graine. 1 serait superflu ou trop minutieux que j'entretinsse YAcadémie d'une foule de détails et des nombreux essais que j'ai été obligé de faire depuis huit à dix mois sur cet objet, pour atteindre le but qu’elle m’a- vait proposé ; je vais donc lui rapporter succinctement les expériences capitales dont les résultats serviront de base an résumé de ce travail. On trouve dans le commerce trois espèces de grai- nes de riz privées de leurs balles où caysules jaunà- tres qui les recouvrent au moment de la récolte. C73) La première, et qui paraît la plus anciennement connue en Europe,” nous vient des Indes orientales. La deuxième, dite de Caroline, croît aux Andes occidentales. La troisième se cultive en Europe et se vend sous le nom de riz d'Italie, d'Espagne, ete. On prétend qu'il existe dans l’Indostan une quatrième espèce de riz, connu dans ce pays sous le nom de Riz rouge, dont l'exportation est soigneusement dé- fendue ; n'ayant pu m'en procurer , j'ignore si len- collage qu'il produit diffère de ceux que j'ai obtenus des trois espèces dont je viens de parler. C’est donc avec ces trois dernières graines , pulvérisées , que j'ai fait les paremens qui ont été successivement mis en œuvre par de bons ouvriers lisserands et sur des mé- üers établis dans toutes sortes de localités. J'avoue que les premiers essais ne répondirent pas à mes es pérances et faillirent me faire abandonner ce travail, mais de nouvelles réflexions que je fis, tant sur la nature du riz que sur le mode que j'avais d'abord employé pour la confection de ces encollages et que je jugeai défectueux, me déterminèrent à faire de nou- velles tentatives avec des paremens obtenus par le procédé suivant, Procédé pour faire des Paremens avec le riz en poudre ou avec lu farine médullaire de ces graines , extraite par un procédé particulier , et qui peuvent suppléer l'encallage que donnent les farines de froment , de seigle , etc, Prenez un kilogramme de ris en poudre très - fine ; délayez-la avec soin dans hait litres d'eau pare (l'eau de puits rie convient pas à cette opération } et bouillante , puis laissez macérer le tout à une douce chaleur pendant environ deux heures ; agitez souvent ce mélange afin de (74) » faciliter l'action du fluide aqueux sur les molécules du riz; ensuite faites cuire à petit feu, mais au bouillon, l'espace d'un quart d'heure, en remuant continuellement Pour éviter que l’encollase ne brâle on ne roussisse > ce qui nuirait à sa qualité ; alors retirez Le vase du feu, et déposez le parement dans un pot de terre ou de grès. Par le refroidissement , cet encollage prend du retrait devient très-tenace et adhère fortement aux doigts. Cette forte ténacité, qui Pourra trouver son application dans la pratique de quelques arts ou métiers , ne convient que jusqu’à un certain degré pour encoller les toileries, sur- tout pour celles dont Îes tissus sont fins , délicats et de pe- lit teint ; mais il est facile à l’ouvrier de lui donner la con- sislance et le moëlleux du parement ordinaire , en l’agitant fortement , et même en y ajoutant un peu d’eau, si be- soin est, afin qu'il puisse s'étendre avec facilité sur les brosses et sur la chaîne. Mais ce parement, quoique pouvant remplacer, pour le tissage, celui que donnent les farines de nos céréales indigènes ; manque des qualités indispensables, à moins qu'il ne soit additionné de chlo- rure de chaux caleiné, pour laisser la faculté aux tis- serands de travailler ailleurs que dans les caves ou au- îres lieux frais, souvent mal-sains. Cette dernière consi- dération m’a encore nécessité à faire de nouvelles re- cherches sur le riz et sur sa composition chimique , afin d’en extraire un apprêt moins siccatif et plus moel- leux que celui dont je viens de parler , et qui puisse réaliser les conjectures de M. Le Bouvier. Lors de mes premiers essais avec le riz réduit en poudre dans un mortier de fonte, j'avais observé qu'on pouvait, en fraclionnant ses produits , en tirer deux es- pèces de farines qui différaient entr’ellés soit par la cou- leur, soit au goût, etc. Cette différence est due à la nature même du riz, dont la partie extérieure est plus dure, plus coriace et d'un blanc plus terne que sa partie inléricure: C75) De ces remarques , jointes aux observations antérieures que j'avais faites sur les propriétés de divers encollages produits par le riz, j'en inférai que si le riz en général rend deux sortes de farines, ces farines doivent également . produire deux sortes d’encollages avec des propriétés di- verses. La difficulté consistait à les isoler du grain , et, après plusieurs tentatives pour y parvenir, voici le pro- "cédé que j'ai reconnu le meilleur pour l'extraction de ces farines : Procédé pour obtenir deux sortes de farines de la graine de riz. On fait sécher du riz pris dans le commerce, au moyen d’une chaleur de 25 à 30 degrés, échelle thermométrique de Réaumur (x). Cette opération a lieu en étendant par couches minces le riz sur des chassis en toiles claires. Vingt- quatre heures de chaleur suffisent ordinairement pour lui donner le degré de siccité convenable pour être réduite facilement en poudre, Dans cet état, on en met une quantité déterminée, un kilogramme, par exemple, dans un mortier, puis on le réduit en pou- dre grossière au moyen d’un pilon, ensuite on passe au tamis fin pour en extraire moitié de la totalité du riz employé , et qu'on met à part. Le résidu peut égale- ment, mais plus difficilement, être réduit en poudre et former une farine de seconde qualité. J'obtins, par ce procédé assez simple, basé sur la différence qui existe entre la dureté et la ténacité des A ———_—_—_——————— (1) Les trois espèces de graines de riz qui se vendent dans le com- merce perdent au moins un huitième de leur poids pendant leur des- siccation. Cette diminution est due à l'évaporation de l'humidité ou de l'eau que recèlent ces graines. Sans k dessiceation préalable du riz, on aurait une peine infinie à séparer la partie médullaire du grain de sa parlie extérieure ou corticale, (76) parties constiluantes du riz, deux sortes de farines de ces graines ; la première , d’un blanc mat, douce au toucher et presque soluble en totalité dans Peau bouillante , n'est guère que la partie médullaire du grain, et mé- rite à juste titre de porter le nom de farine médullaire de riz. La deuxième , d’un blanc sale, légèrement verdâtre , âpre et acerbe au goût, ne se dissout qu’en partie dans l’eau chaude , et ne forme jamais , comme la première, une colle homogène par sa cuisson avec ce fluide. C'est avec ces deux dernières farines que j'ai pré- paré des encollages par le procédé ci-dessus indiqué et dont je me suis servi pour faire de nouveaux es- sais. Les quatre ouvriers qui les ont successivement employés, sur des métiers établis dans des lieux secs ou frais, ont remarqué que le parement dans lequel entrait Ja farine médullaire du riz était bien supé- rieur en qualité à celui produit par la farine que renferme la partie extérieure on corticale de cette graine. Ce dernier est difficile à manier, sujet au retrait, siccalif, tandis que le premier s'étend bien sur les bros- ses, lisse bien les fils et les tient long-tems frais sans être humides, qualités qui permettent à l’ouvrier de travailler daus toutes sortes de localités; mais les Usserands rouennais préfèreront toujours, disent-ils , le parement de farine de blé ou de seigle pur ou additionné, suivant les circonstances, avec le muriate de chaux calciné, 1° comme étant plus facile à pré- parer, 2° comme élant aussi plus économique que tous les encollages ou il éntre soit du riz entier, soit du riz en poudre, elc., Ainsi, excepté l’encollage produit par la farine médullaire du riz , tous les au- tres paremens que donne celte graine ne sont ni assez hygrométriques ni assez moelleux pour permettre aux ouvriers de travailler à cic/ ouvert, mème en France, (SD où la température est bien inférieure à celle qui ré- gne aux Indes, à la côte du Coromandel , où, d’après l'ouvrage de M. Sonnerat, les métiers des tisserands sont établis sous des arbres. De ces observations, ne peut-on pas en conclure que si les Indiens préparent exclusivement leurs encollages avec le riz, cela ne peut avoir lieu qu'au moyen de Ha farine médullaire que produit, cette graine, dont le parement est peu siccatif à l'air? (+) Ou bien, il faut supposer , avec M. Le Bouvier, qu'ils ont un procédé ins connu des autres nalions pour faire un apprêt hygro- métrique dont les tisserands se servent dans l'Indostan pour travailler au grand air; el, comme les peuples orientaux sont en général peu communicatifs et qu'ils écrivent peu , qui sait s'ils ne connaissaient pas avant nous les précieuses qualités du chlorure de chaux cal- cinée, et s'ils ne le mêlent pas de temps immémorial aux encollages qu'ils emploient sur leurs métiers cham- pêtres ? J'ai fait encore une autre expérience sur le même sujet, et dont les résultats tendent de plus en plus à éclaircir la question qui a été soumise à l'Académie par M. Le Bouvier. On a remarqué, par les essais pré cédens, que Les graines de riz, quelle qu'en soit l'espèce , donnent deux sortes de farines, l’une soluble pres- qu'en totalité dans l’eau bouillante , l'autre ne s'y dis- solvant qu'en partie. Cette remarque m'a conduit na- mm (x) Je ne pourrais affirmer , faute d’en avoir l'expérience, que le parement fait avec la farine médullaire du riz est assez hygromé- tique pour permettre à l’ouvrier de travailler à ciel ouver! ; mais an peut le supposer d'après ses qualités, et surtout d’après l'opinion de plusieurs bons tisserands qui en ont fait l'emploi sur des métiers établis sur un sol aride, ekc. 4 HR turellement à me servir de l’eau simple pour extraire de ces graines toutes les parties qui peuvent lui être cnlevées pat ce fluide, et dont j'ai fait de nouveaux encollages. En conséquence, on a mis à bouillir successivement, et quatre fois de suite, pendant deux heures chaque fois, un kilogramme de riz des Indes orientales dans six litres d’eau de fontaine ; les décoctions coulées et réunies furent rapprochées à feu doux et donnèrent près de cinq livres, poids de marc, d’un excellent encol- lage légèrement adhésif, peu siccatif à l'air et qui pour- rait bien être l'apprêt dont se servent lés Indiens pour travailler à ciel ouvert; mais, si l'on ajoute à trois kilogrammes de cet encollase , 48 grammes de chlorure de chaux calcinée, alors on en fait un parement, di- sent les ouvriers qui en ont fait l'emploi, bien supé— rieur par ses bonnes qualités à tous ceux connus avant lui. Le résidu des décoclions représente environ un quart du poids total du riz employé dans cette opération. C’est une matière végéto-animale , insoluble dans l’eau chaude ou froide, de couleur verdâtre, très-siécative à l'air, inflammable, et qui répand par sa combustion une forte odeur de corne brûlée. J’en dépose un échan- üillon aux regards de l’Académie afin qu’elle juge elle- même de quelques-unes des propriétés que je viens de lui assioner. (x) On ne peut se dissimuler que le parement obtenu om (1) J'examinérai plus tard cetté matière que produit spécialement le riz de l'Inde. 11 semble, au premier aperçu, qu’elle diffère , par certaines propriétés, de la férine et de l’a/bumine, ete. , trouvées précédemmrnt dans le riz de Caroline et de Piémont par MM. Bra- £onnot et Vogel. pr (79) des graines du riz par décoction, soit pur; soit ad ditionné de muriate calcaire sec, ne convienne parfai- tement dans les ateliers établis au-dessus du sol, mais, comme les précédens, cel encollage exige, pour sa con- fection , une longue manipulation, et son prix est trop élevé pour être employé par les tisserands français , qui donneront toujours , par ces motifs, la préférence au parement fait avec nos farines indisënes , rendu mocl- leux et hygrométrique par le chorure de calcium ; ce- pendant j'ai cru, Messieurs, remplir vos intentions en rapportant deux nouveaux procédés an moyen desquels on obtient un excellent encollage du riz, et qui pourra d’ailieurs trouver son application d ans les nombreuses manufactures françaises , suriout pour la confection des étoffes à tissus fins, qui ont pour base, soit le coton, soit la soie, etc. Paremens préparés avec les farines de froment ou de seigle ; additionnées de mucilages végétaux. Je ne dois pas encore taire à l’Académie que depuis la publication de mon ouvrage sur les paremens , j'ai été invité à en préparer avec toutes sortes de substances farineuses auxquelles on ajoutait des mucilages obtenus des graines de psyllium, des pépins de coing, de la ra- cine de guimauve, etc., dans l'intention de leur don- ner plus de moëlleux, plus d’élaslicité, et de les ren- dre moins siccatifs à l'air, Je me suis prêté volontiers à ces essais , quoique je fusse presque convaincu d'avance de leur inutilité. En effet, bon nombre d'expériences ont prouvé que tous les encollages où il entre des mu- cilages vésélaux se gâtent et moisissent promplement,. et ont en outre le défaut capital, peu de tems après leur application sur les chaînes, de prendre du retrait, et de causer, par cet effet, des aspérités et des inégalités sur | ( 80 ) les fils, qui en occasionnent souvent la rupture dans le travail si Pouvrier ne se hâte de finir son parc. Ces inconvéniens , particulièrement remarqués par les tisserands dont 1les métiers sont établis au-dessus du sol, démontrent que les mucilages vésétaux sont au moins inutiles dans le parement ordinaire préparé avec les farines de blé ou de seigle. Résumé. Il résulte de cette série d’expériences et des remarques auxquelles elles ont donné lieu, 19 (Que les graines de riz pulvérisées, quelle qu'en soit l'espèce, donnent, par leur cuisson dans l’eau pure, un encollage où parement assez analogue à celui qu’on ob- tient des farines de blé ou de seigle ; 2° Que’le riz, tel qu’on le trouve dans le commerce ; contient environ les trois-quarts de son poids d’une ma- tière farinense médullaire, presque soluble en totalité dans l'eau bouillante, avec laquelle on peut faire des encol- lages dont l'usage permet aux tisserands de travailler dans toutes sortes de localités, et peut-être à ciel ouvert. 3° Que la graine de riz contient à peu près Le quart de son poids d’une matière verdâtre , insoluble dans l’eau , très-inflammable , très-siccative à l'air, et qui offre quelqu'analogie par sa combustion avec les matières animales. 4° Enfin, que les paremens auxquels on ajoute des mucilages végétaux sont plus nuisibles qu'utiles aux ou- vriers lisserands dont les métiers sont établis au-dessus du sol, et sans utilité réelle pour ceux qui travaillent dâns les bas-fonds. Tel est, Messieurs, le résumé d’un travail que je crois avoir exéculé avec soin , aui fait naturellement suite à un 1 #1! ( 8: ) un autre Mémoire sur les paremens, et dont vous or: donnâtes l'impression en 1820. Trop heureux pour son auteur si vous jugez ce travail digne de vos suffrages, et s’il répond en outre à l’atténte de M. Le Bouvier, qui Va provoqué dans le but philantropique d’être utile aux ouvriers, au commerce et à l’industrie, (8) « rot HUE -H-Hiotee — NOTE RELATIFE à une figure empreinte dans une büche de hêtre, à deux pouces et demi de la couche corticale, commu- niquée à l’Académie le 24 mai 1822, Par M. PERIAUX. Messreurs , Tout ce qui a quelque rapport à la végétation étant susceptible de présenter de l'intérêt, je crus devoir met. tre sous les yeux de la Société d'agriculture une sorte de phénomène de végétation qui me semblait digne de quelque attention , sous le rapport de l'accroissement des arbres. Avant de me dessaisir du morceau de bois qui fait l'ob- jet de cette note, et que je ne puis me dispenser de ren- dre à son propriétaire (1), j'ai pensé que l’Académie voudrait bien me permettre de lui en donner communi- cation , avec d'autant plus de raison que ces sortes de particularités, que presque toujours le hasard seul fait dé- couvrir , s'offrent rarement à nos regards. Au mois de mars dernier , en cassant du bois de hêtre, on trouva une bâche que l’on essaya en vain de fendre avec des coins de fer et à coups de mässe. On ne par- (1) Le propriétaire du morceau de bois dont est question dans cette note , en a fait hommage à la Société centrale d'agriculture. (83 ) vint à la casser que lorsque le coin se trouva en rap= port avec le fil du bois, c’est-à-dire, entre deux couches ligneuses. La bâche étant éclatée, on remarqua avec surprise une figure représentant une croix sur l'un et l’autre éclat, et ce à 55 ou 6o millimètres (24 à 28 lignes) de l'écorce. Je ne parlerai point des idées qui purent naître dans l'esprit des témoins de cette découverte. Mon premier soin, lorsque le morceau de bois me fut présenté , fut de jeter les yeux sur l'écorce. J’y remarquai une figure à peu près pareille à celle, de l’intérieur. il me fut alors facile de deviner l'énigme , d'en donner le mot, et de faire remarquer , dans celte singularité, un nouveau témoignage de la manière dont s'opère l'accroissement des arbres. En effet, tout le monde ne sait pas que , chaque an- née, le fiber se détache de l'écorce , et produit, sur toute la circonférence de l'arbre, une nouvelle couche ligneuse qui en augmente le diamètre. Ces couches sont plus ou moins épaisses, selon que l’état de l'atmosphère a été plus ou moins favorable à la végétation. Lorsque le hêtre dont le morceau en question faisait partie était jeune, on aura gravé sur l'écorce, mais en enfonçant assez pour toucher à l’aubier , le signe symbo- lique de la croix, comme on grave trop souvent di= verses figures ou caractères sur les arbres. Lors de la formation des cercles concentriques ou couches ligneuses, pendant les premières années qui ont suivi immédiate- ment l’époque où la gravure a été faite, la plaie*de l'arbre s’est cicatrisée et a été recouverte successivement par de nouvelles couches. Et si on remarque qu'il se trouve , entre la figure et l'écorce , une vingtaine de cer- cles concentriques , dans un espace de 55 à 67 milli- mètres (2 pouces à 2 pouces et demi), on reconnaîtra qu'il y a environ 20 ans que cette figure a été gravée sur Fa (84) l'écorce de l'arbre. Si cet arbre eût resté en place 20 ans de plus, il n’y a’pas de doute que la croix se se- rait trouvée alors à 11 ou 12 décimètres (4 pouces } à peu près de la couche corticale. La difficulté que l'on a éprouvée pour casser la bâche en question , vient de ce que la plaie faite à Parbres, par la gravure, n’a pu se cicatriser qu’en formant d'espèces de nœuds, et l’on sait qu'il est impossible de fendre exactement un morceau de bois rempli de nœuds. Il ny a rien d'étonnant, d’après cela, que lon ait fait de vains efforts pour fendre ce morceau de bois ailleurs qu'à l'endroit où se trouvait le fl.» Parmi les épreuves faites à diverses époques pour re— ‘connaître l’aceroissement du bois et Paugmentation des couches provenant du lber ou livre, je crois devoir rapporter les suivantes qui sont citées dans l'Encyclo- pédie, au mot Wégétation. » Si l’on enlève sur le tronc d’un arbre vigoureux une bande d’écorce circulaire de 5 à 6 pouces de long et de 2 à 3 pouces de largeur, et qu'on applique immédiate- ment sur le bois une plaque d’étain fort mince, ou bien une feuille de papier; qu'ensuite on assujétisse celte bande ( qui doit tenir au reste de l'écorce par une de ses extrémités), de manière que la plaie puisse se cicatri- ser, on s’appercevra,; en sciant l'arbre au bout de quelques années, qu'il se sera formé plusieurs couches lignenses par-dessus la plaque d’étain. Or, on ne saurait dire que ces nouvelles couches ligneuses soient produites par celles qui sont sous la plaque d’étain ; elles ont été formées du côté de l'écorce , c'est-à-dire , par le livre (ler ) » » On a fendu l'écorce jusqu'au bois aux deux ex- trémiiés du diamètre horizontal du tronc d’un jeune arbre , el on a enfoncé dans le bois deux clous d'épingle jusqu à la tête ; ayant ensuile mesuré ayec'un compas { 85 ) l'intervalle eñtre les deux têtes des clous , on a fermé et cicatrisé La plaie. Au bout de quelques années, on a reconnu , en seiant l'arbre , qu'il s'était formé de nou- velles couches de bois par-dessus la tête des clous, et l'intervalle mesuré entre ces deux têtes a été trouvé exactement le même : donc les parties du bois qui sont une fois formées ne grossissent plus, et l'augmentation du corps ligneux vient de nouvelles couches qui se for- ment successivement par le ZÆvre, » S'il est reconnu ; comme on vient de le voir, que les parties du bois une fois formées ne grossissent plus, la figure que lon a trouvée dans le bois de hêtre, à 2 pouces et demi (67 millimètres ) de l'écorce, n’a pas dù grandir, tandis que celle que l’on apperçoit encore sur l'écorce a dù s’élargir et se déformer à mesure de l'accroissement de Parbre. Les épreuves ci-dessus citées et la figure que lon voit dans le morceau de hètre en question, expliquent de nouveau comment des corps étrangers peuvent quelque- fois se trouver dans le bois. On doit conclure de ce qui précède que chaque f- gure ou caractère que lon grave profondément sur écorce d’un arbre, est une plaie que l’on fait à l’ar- bre, et que ces sortes de plaies ne se cicatrisent pas sans occasionner quelques difformités. El est présamable que les clous et autres ferremens que l'on chasse incon- sidérément dans les arbres, produisent à peu près les mêmes effets. À L (8) BELLES-LETTRES ET ARTS. RAPPORT F417 par M. N. BicNON , Secrétaire perpétuel. M ESSIEURS ; Malgré les discussions , étrangères aux produits aca- démiques (1), qui ont ralenti durant plusieurs mois, celte année , le cours de vos travaux littéraires, le ta- bleau que j'ai à vous offrir, pour la classe des belles- lettres, n’en présente pas moins un fond de récolte assez abondante, même en productions indigènes. Non, - Messieurs, dans une nation civilisée la littératurene périt jamais. Elle a, comme tout le reste, ses phases , tantôt plus, tantôt moins brillantes; mais ce n’est que sous les débris de l’ordre social que son flambeau peut s’éteindre, et la sagesse qui préside aux destinées de la France nous met à l'abri de pareilles terreurs. En vain pré- tendrait-on introduire dans la division des travaux de l'esprit un ordre nouveau , des sciences et des arts wtiles, (1) La révision des statuts de la Compagnie. { 87) , à l'exclusion indirecte de la littérature , mise, alors, au rang des futilités; la littérature est l’instrument uni- versel et nécessaire de toutes les sciences et de tous les arts, auxquels elle est, par sa nature, destinée à donner le mouvement et la vie: Ja littérature s’ali- mente du développement des sciences les plus arides , des arls qui paraissent lui être plus contraires et de ceux-là mêmes que l’on pourrait invoquer pour la dé- tourner de sa route, qu’elle retrouvera toujours jusque dans les fausses directions où lon chercherait à l’égarer. Mais ce n’est pas une dissertation que j'ai à faire, c’est un comple, Messieurs , que je dois vous rendre, et le voici. CORRESPONDA NCE. Poar ce qui regarde les ouvrages que vous avez reçus du dehors et de personnes étrangères à notre Compa- gnie , je dois commencer par rendre hommage à l’exac- tilude des Académies et des corps savants avec lesquels vous êtes en correspondance. L'analyse de leurs tra- vaux, qui vous à élé présentée par divers membres, vous à mis à porlée d’en apprécier l'importance et l’uti- lité pour votre instruction particulière. = Vous avez reçu une Notice sur M. Pris, architecte du Roï, par M. Veis, de Besançon. ‘ = Plusieurs cahiers de la Société des antiquaires de Paris vous laissent un rapport à desirer de la part de M. À. Le Prévost, que vous n'avez pu entendre. F4 : (88) = Par la lecture qui vous a été donnée d'uue nou- velle Traduction en vers de la dernière Eglogue de V irgile , offerte à l’Académie par M. Pierre-Prosper Pimont, de Rouen, vous avez reconnu que si l’exacte litté-» ralité, toujours si pénible pour le traducteur, décolore souvent l'original, les muses ne dédaignent pas cepen- dant de continuer la faveur de leurs inspirations au génie de la fabrique, quand il sait entretenir son commerce avec elles. , Dh = Dans un compte rendu du Voyage de Rouen au Hüvre, sur la Seine, par le Bateau à vapeur, ouvrage mêlé de’prose et de vers, par M. Chaiïgne, habitant de Rouen, M. Le Carpentier à loué la verve et la fa- cilité de l’auteur. » Des descriptions pittoresques et des » observations judicieuses annoncent, at-il dit, un » homme de goût et un amateur des beaux arts. » = L'Étoge du général Legrand, par M. Devilly, li- braire à Metz, à paru à M. Fontanier le travail d'un } esprit exercé qui sait appliquer dans le style les véri- 1 tables principes du genre. = Une pièce de vers de trois strophes inégales, Chant sacré pour 5, A. R. M& le Duc de Bordeaux, par Mn: Vien, de Paris, a fixé l'attention particulière de l’Aca- démie , à raison du grand intérêt commandé par le su- jet. Nous citerons la dernière strophe , qui exprime le but de la pièce entière et le vœu général de la France. Sur Le frère et la sœur , ton image adorable, O ciel! répands tes doux bienfaits ; Qu'ils entrainent les cœurs, éternisent la paix, Et que leur règne verse un éclat admirable, r (89 ) É Comme, dans leur cours diligent Qui répand à longs flots la lumière sacrée, On voit l’astre aa front d’or et l'astre au front d'argent Briller sur les splendeurs de la voûte azurée. = C’est encore un objet digne d’une attention spé- ciale que la Relation, par M. de Haldat , de la Fête inau- gurale célébrée à Domremy » le 10 sai Are 1820 , à l'honneur de Jeanne d'Arc. Le rapport qu'en a fait M. Botta réunit toutes les sortes d'intérêts capables d’attacher à l'analyse d'un ouvrage : intérêt du côté du rapporteur, qui trouve l'occasion de payer un noble tribut de recon- naissance à M. de Ilaldat, son ancien ami , pour /es mar- ques touchantes de bienveillance qu'il en a reçues dans des tems difficiles; intérêt du côté de l'auteur de la Rela- tion, qui, lui-même , descendant d'un frère de l’'Héroïne française, ajoute la recommandation d’un patriotisme personnel et d’un beau telent, à la consécration d'un monument littéraire élevé en l'honneur de sa famille ; intérêt particulier pour notre ville, témoin, sans étre complice, d'une mort cruelle qui fit disparaître tant de courage et de vertu ; intérêt général enfin pour la France entière, puisqu'aucun Français ne peut voir avec indifférence des hauts faits domestiques, d’un or- dre sublime, devenus l’objet d’un culte religieux, même pour des armées étrangères et pour les princes qu'elles avaient à leur tête. Tous ces moyens d intéresser et autres ont été saisis et déreloppés par M. Botla à la gloire d’une humble paysanne qu'on pourrait PRE le premier grand homme des siècles modernes. En suivant pas à pas son autenr, M. Botta a exposé comment la France était réduite à n'attendre son sa- lat que de la seule Providence, comment l'épée de la fille de Domremy répondit, par des victoires, aux Cgo ) efforts d’une nation jalouse | aux prétentions du duc de Bourgogne | » aux arrêtés de la Sorbonne et de » l'Université de Paris, et aux vaines subtilités des » moines, qui prétendaient , dit-il, détrôner un Roi de » France avec des distinctions scholastiques. » Il a vengé la pudeur offensée dans cette obscène production d’un cynisme effronté qui forme un des traits les plus hon- teux sur la mémoire d’un beau génie; et, après l’ana- se des nombreux détails de cette fête nationale, en- tremêlés de commentaires et de réflexions analogues , AL. le rapporteur a terminé par une apostrophe de l’au- teur , honorable pour un sexe dont la faiblesse a passé en proverbe , et dont le courage est l'exemple des héros. = M. Fontanier à fait sur le Christ'anisme de Montaigne un rapport arriéré , dans lequel il a rendu hommage à la philosophie véritablement chrétienre de M. l'abbé La Bouderie, à son talent littéraire, et à des qualités personnelles que des rapports intimes avec l’auteur l'ont mis à porlée d'apprécier. ù = Parmi les ouvrages des membres non-résidans, nous meltrons en première ligne, Messieurs, ceux dont l’Académie a élé contrainte à espérer les rapports pour l'année prochaine. k Ce sont un volume de Poësies diveres , par M. C.L. Molevault, membre de l'Institut, le Bibliographical Déca- meron ; en 3 vol. in-4°, par M. Débdin, bibliographe an- glais , et un volume des Lettres de M. de St-Martin , Évéque de Caradre, écrites de la Chine depuis 1773 jus- qu'en 1781, et suivies d’un Essai sur la législation chi- noise, par M. l'abbé La Bouderie, Commandeur de l'Ordre du St-Sépulcre et Chevalier de Malte. Ca) = Vons avez entendu L:.) autant de plaisir que de reconnaissance une pièce de vers sur la mort de So- crate, par M. Boucharlat , le plus actif de vos corres- pondans dans les deux classes qui composent le cercle de vos travaux. = L'Étoge historique de Palissot de Beauvois, par M. Thicbaut de Bernaeud , Secrétaire de la Société lin- néenne à Paris, vous a été présenté ‘dans un rapport de M. Marquis, comme le travail d’un des hommes les plus dignes d'entretenir, avec les Sociétés savantes , un com- merce très-avantageux par la variété de ses connaissances. = La verve poëtique de M. Danneville , de Valogne ; ‘semble se rajeunir dans la Séatistique de son val de Cère, et faire oublier qu'il y a quarante ans qu'il a présidé l'Académie. = M. Le Monnier, peintre du Roi, et notre fidèle compatriole, a fait présent à l’Académie d’un exemplaire gravé à l'aqua tinta de sa Suirée chez Mme Geoffrin, et de plusieurs notices de ses tableaux historiques ; et vous avez vu, Messieurs, dans ces notices, que les maté- riaux de l'histoire se pressent avec autant d'élégance sous la plume du fils, qu'ils se grouppent avec grâce sous le pinceau du père. { = Un second Memoire de M. l'abbé Jamet , instituteur des sourds-muets à Caen, imprimé par ordre de l'Aca- démie de la même ville, a été l’objet d’un rapport par M. Bignon. L'analyse est ici commandée par l'importance de la matière, M. Jamet à pour but la formation d’une langue des sourds-muets, qui abrège toutés les longueurs de la pan- tomime. Son travail se divise en trois parties. La pre- | C92) mière conlient ses principes comparés à ceux des autres écoles ; la seconde, le développement de ses principes ; et la troisième, le parallèle des signes abbréviateurs avec la pantomime, D'abord, pour ce qui regarde la conduite générale de la démonstration , le rapporteur a pensé que cel appa- reil de méthode géométrique y répand beaucoup d’obs- curité, par l’incohérence et la dislocation des parties. La méthode d'analyse lui a paru la seule capable de pro- duire ici la lumière. Car il ne s'agissait que de constater l'insuffisance de la simple pantomime , et d'y ajouter un langage plus précis, qui réunît les conditions d’un bon système, pour en déduire une théorie générale de l’en- seignement. Quant au fond des trois parties qui composent le Mé-' moire , le rapporteur a trouvé 1° que, dans la pre- mière , inütulée Principes , et qui semble faite pour em- barrasser les lecteurs, M. Jamet n’aurait pas dû mettre ses définitions, comme absolues, en opposition directe avec la pantomime, puisqu'il admet lui-même immé- : diatement après comme premier moyen indispensable d'instruction ; 2° que, dans la deuxième partie, la théorie de M. Jamet , sur le langase en général et sur les idées, est sujette à grande contestation, par exemple , lors- qu'à plusieurs reprises , il s'efforce à démontrer que ses nouveaux signes ne sont pas une langue, mais la Frononciation des mots d'une langue ou la parole manuelle ; ce qui, après tout, sans parler de la contradiction qui exisle tout au moins dans les termes, ne peut pro- duire aucune conséquence qui se rattache aux nouveaux signes. Mais ; d’un autre côté, des vues très-saines et des conceptions fort heureuses , notamment celle d'établir des familles de signes sur le plan des familles de mots r''et d'enter toutes les idées dérivées sur un même signe ra- dical, ont réconcilié le rapporteur avec la deuxième par (93) tie. La troisième, où se trouvent les applications, à fini par enlever son suffrage ; él, après avoir, par des citations, mis l'Académie à portée de reconnaître l'ex trême précision du nouveau langage , M. Bignon a fait des vœux pour la propagation et le perfectionnement d'une méthode qu'il regarde comme le plus beau com- plément que le savoir puisse ajouter à un art si précieux à l'humanité. * = M. Arthur Beugnot , avocat à la cour de Paris, vous a fait hommage de son Essai sur des institutions de Saint Louis. Le compte très-honorable que M. Licquet vous à rendu de ce monument précieux d’une si intéressante époque de notre dynastie actuelle et de notre histoire ; avait alors pour but de le faire connaître à ceux qui pouvaient l’ignorer encore , plulôt que de soumettre au _jugement de l'Académie un ouvrage couronné par le pre- mier corps littéraire de l'Europe, et d’ailleurs en pleine possession des plus illustres suffrages. Nous dirons seu- lement, dans la pensée de M. le rapporteur, que P'Aca- démie toute entière a jugé le jeune auteur digne d'hé- riter des sentimens de haute considération et de recon- naissance qu'elle se plaira toujours à témoigner envers son illustre père. = Un manuscrit de M. le vicomte de T'oustain-Richebourg, li tout récemment à l'Académie , contient un grand nom- bre d'observations diverses sur notre précis de 1821, et il a mérité à son auteur des témoignages d’une recon- naissance toute particulière pour la constance avec la- quelle , malgré son grand âge, il continue de donner des preuves d’un esprit toujours aclif et d’une imagination toujours féconde, Cg4) ACADÉMICIENS RÉSIDANS. J'arrive, Messieurs, aux productions des membres résidans de la Compagnie, M. Durouzeau, qui, en sa qualité de vice-président, n'avait pas lieu de s’at- tendre à faire les honneurs de la rentrée, a retracé, dans un discours improvisé, les qualités éminentes de ceux qui l'ont précédé dans la carrière. Il mous a fait espèrer des jouissances prochaines dans les fruits du loisir de nos confrères; et il nous a montré la ré- compense de nos efforts dans l’estime publique et dans l'appui des autorités supérieures. = L'Académie a reçu en hommage, 1° de M. Lecar- pentier, un dessin hthographié d’une seconde Vue du château d’Arques, et un autre dessin représentant /es Politiques dieppois; 2° de M- Maillet- Lacoste , le Recueil de ses œuvres, dont l'absence du rapporteur, M. Brière, n'a pas permis à la Compagnie, jusqu’à pré- sent, de connaître en détail tout ce que le public doit de reconnaissance aux talens distingués de l'écrivain ; 3° de M. Fontanier | son Manuel classique pour l'étude des tropes , adopté par l’Université de France pour l’ins- truction de la jeunesse, » IL est impossible, a dit M. » Gutlinguer, qui a rendu compte de cet important » ouvrage, d'y mettre plus de goût, plus de tact et » de vérité; » et le seul défaut qu'il y trouve c’est l'ab- sence d'un chapitre sur les abus du style figuré, qui gâte quelque fois nos meilleurs écrivains. = ÆEn publiant , au profit des pauvres , ses Élégies ; dont l’Académie a reçu l’offrande, M. Vigne a fait monter encore une fois jusqu’au trône du Dieu des (95) miséricordes la fumée Ci purifié par la charité sur l'autel des muses. = M. Licquet. a lu une Traduction d’un fragment de l’histoire d'Italie, par M. Botta, et une autre Traduc- tion d’une lettre imprimée, de M. Dibdin, sur la ville de Rouen. Dans cette dernière , il a relevé une foule d'erreurs en bibliographie commises par le savant An- glais, et la manière leste dont il lui a plu de pein- dre quelquefois les hommes et les choses. L’adminis- tration municipale a su apprécier le travail de son bibliothéquaire ; et l'Académie doit à la munificence de M. le maire un exemplaire de la superbe édition qu'elle en a tirée. = Un mémoire de M. Descamps contient des Notices Jailes par lui à Rome, en 1777. On y voit. des ren- seignemens historiques sur l’ancienne ville d’Albe-la- Longne , et sur la petite ville d’Albano , élevée au milieu des ruines de la première, avec des descriptions et des notes sur les objets remarquables des environs, et, par occasion , un éloge du cardinal de Bernis et de ses ouvrages. = M. J'ontanier à complété son contingent acadé- mique par la lecture d'un mémoire d’Observations géne- rales sur le second chant de la Henriade, et sur le cinquième, où l’on voit la réfutation des critiques qui ont élé publiées sur ces deux parties du poëme. = L'ouvrage de M. Lezurier de la Martel, intitulé De la Sardaigne , contient la statistique et l'abrégé de l'his- toire de cette Île depuis l’époque reculée de l'occupation des Lybiens , jusqu’au tems où , Sortant enfin d'une lutte de guerres et d'intrigues entre l'Autriche, la France, (96 ) l'Angleterre et l'Espagne , elle passa définitivement äu pouvoir du duc de Savoie , en échange contre la Sicile. = Parmi les productions qui portent le cachet parti- culier d’un intérêt local, on doit ranger l'ouvrage pu- blié cette année par M. Delaquérière aîné sur les Maisons de Rouen les plus remarquables par leurs décorations exte- rieures , et par leur antiquité. M. Marquis , juge compétent en pareille matière , en a rendu à l’Académie un compte très-élendu, où il a fait à la fois la part de l'écrivain et celle du graveur à qui lon doit tous les dessins; du pre mier, en disant que l’on trouve, dans la partie littéraire, » une-analyse substancielle des variations de l’architec- » ture aux différentes époques du moyen âge, avec tous » les caractères particuliers aux constructions privées de la » ville depuis le treizième siècle jusqu’à nos jours; et du » second, en reconnaissant dans les planches, sur-tout » dans le frontispice, les morceaux qui font le plus » d'honneur à la pointe fine et spirituelle de notre » compatriote M. Langlois. » Quant au jugement de l’Académie sur cet ouvrage, il suffira de dire qu’elle a ouvert ses portes à l’aateur. = Le discours de réception de M. Delaquérière est lui-même un ouvrage intéressant sur la science qu'il cul- üve avec un patriotisme si désintéressé. Une série de considérations sur l’état actuel des monu- mens privés et publics ; un apperçu des tems antérieurs à la renaissance jusqu’anx quinzième et seizième siècles, où les chaumières et les châteaux forts de la barbarie féo- dale furent remplacés par tant de chefs-d’'œuvres ; l’ex- posé des causes de la stérilité présente de Parchitecture et de la peinture, dont la principale, suivant l’auteur , serait l'exclusion , pour les villes de provinces ; des en- courasemens que le gouvernement donne à la capitale; des (97) des regreis sur l'abandon de ce beau plan d'un hôtel di anl dans notre ville, et du projet d'un quartier neuf; sur le peu de-parti qu'on a tiré de la suppression du Vieux-Palais pour les embellissemens dont ce vaste terrein était susceplible ; des craintes sur les considéra- lions d’une étroite parcimonie, qui pourrait altérer les décorations d’un beau port; des vues conservatrices pour nos édifices publics, qui, excepté une restauration faite à l'église de St-Ouen , sont tous dans un affligeant état . de ruine, et pour la conservation des maisons parlicu- lières dont l’ignorance mutile tous les jours les décora- tions précieuses dans l'intérêt des arts; le vœu d’un monu- ment élevé à la gloire du père du théâtre français, dans une ville qui s’honore à trop peu de frais d’avoir été son berceau. | Tel est le sommaire d’une dissertation dans laquelle tout se rattache à l'intérêt public, et que lauteur a terminée par un appel à la sollicitude éclairée de MM. les administrateurs et au zèle de la Compagnie pour l'honneur des arts et l'instruction des artistes. , M. Durouzeau, président, en répondant au récipien- däire, a loué cette heureuse alliance qu'il a su établir éntre le goût des arts. et la pratique du commerce : il a bien auguré de Pinfluence que doit avoir sur 14 ANUS de notre ville louvrage publié: par M. de la Quérière’, et il Pa félicité d’avoir d’aussi bons titres aux suffrages d’une Société qui ne connaît de ri- valité que « dans un attachement respectueux à la per- » sonne du Roi, et d'ambition, que celle de conserver » à l'Académie son ancien éclat. » ‘ Or, cet éclat, Messieurs, est aujourd'hui plus as- suré que jamais; soutenu par des travaux continuels, il trouve encore, dans la protection du Gouvernement , une girantie des plus solides. En venant occuper dans G (98 ) vos rangs une place à laquelle il était appelé par ses fu mières , M. le marquis de Martainville vous a donné plus d’un gage de la bienveillance de ladministration immé- diate qu’il préside. M. le baron de Vanssay ajoute cette année , aux constantes faveurs de la préfecture, le mérite particulier d’une intercession puissante, à laquelle vous devez la continuation des bienfaits que l'Académie tient de la générosité du conseil général de déparement. L’Aca- démie peut donc, Messieurs , toujours fleurir à ombre des autorités administratives qui la protègent, Voilà, Messieurs, l'exposé fidèle de votre situation présente et des travaux de Pannée, sans y comprendre les ouvrages destinés à la séance d'aujourd'hui. Mainte- nant, que ne puis-je m'épargner à moi-même la douleur de répandre une teinie lugubre sw la fin du tableau! Heureusement , pour l'honneur de l’Académie et pour la mémoire de ceux qu’elle régrelte cette année ; mon mi- nistère se renferme dans la simple indication de vos pertes que des plumes éloquentes sont chargées de vous développer. M. Adam va lire, dans celte séance, une notice biographique sur M. le chevalier Boullenger. Qui pou vait mieux faire connaître les verlus publiques et privées de ce digne magisfrat, qu’un collègue formé à son école, et justement appelé à lui succéder dans la présidence du tribunal, comme dans son intégrité et son imviolable at- tachement aux principes de la justice ? Les premiers mouvemens d’une douleur trop vive ont i forcé M. Auguste Leprevost de remetire à une autre époque | la tâche qui lui a été déférée, de payer le tribut acadé- mique à l’ombre récente de M. Ricard. Mais c’est tou- jours à l'ami intime, au confdent de notre estimable confrère, qu'il appartient de révéler le mystère de cette imagivalion nourrie d'un savoir varié, où le sérieux et la gaieté, l'aimable folig et la raison semblaient s’être fait, iQ d'accord, un mutuel sacrifice, pour composer ensemble; dans M. Ricard , un genre d’esprit des plus piquans, et à la fois des plus solides ; ç’est au ‘témoin de ses actions à nqus faire connaître toute la générosité de son cœur, et à l'homme versé dans l'économie rurale, à apprécier les nombreuses améliorations dont M'Ricard poursuivait le cours avec aulant de zèle que d'intelligence , dans l'ins- pection de nos forêts. Bornons-nous donc à jeter ees premières fleurs sur son tombeau , en attendant que la guirlande funèbre y soit suspendue par une main plus habile. CONCOURS e : Rapport de la commission ; Par M. Tm LICQUET. Dix-huit pièces de vers vous ont été adressées pour le concours de celte année. Déjà, au nom de la commission chargée de les examiner , j'ai eu lPhon- neur de soumettre à volre approbation un rapport dont vous avez adopté les conclusions. C’est le résu- mé de ce premier travail que je dois en ce moment vous. offrir, et je le ferai le plus succinclement pos- sible. Indépendamment du soin scrupuleux que la com- mission s'était imposé , l'Académie en corps a porté une attention toute particulière aux titres des divers con currens; elle a voulu entendre, et elle a entendu, dans le cours de ses séances hebdomadaires, lecture entière ou partielle des ouvrages qui lui ont été envoyés. Le jugement qui va être porté sur chacune des pièces, G 2 ( 100 ) Ù west donc plus seulement l'opinion de la commission ; mais encore l'opinion de toute l’Académie. Ainsi que je l'ai fait dans mon premier rapport, je citerai les pièces, autant que possible, dans l’ordre defleur réception. :. © La Mort de Malesherbes, N° 1°. De la facilité, du naturel, malheureusement peu de poësie en général. - La Mort de Saint Louis, N° 2. Plus de poësie que dans la pièce précédente, de la noblesse dans les sentimens et dans lexpression ; mais peu de variété dans le style , quelquefois gêné , quoi- qu'assez souvent harmonieux. L'Éxil d'Ovide, N° 3, ete Dévouement de Lamoïgnon de Malesherbes , N° 4°, par le mêne auteur. De la chaleur, de beaux vers, un tour souvent heureux, telles sont les qualités qui distinguent ces deux pièces. Pourquoi faut-il.que l'auteur ait quelque- fois sommeillé dans le cours de sa composition? Pour- quoi cerlains passages viennent-ils déparer un travail qui annonce du talent, de l'exercice et des études ? L’Eden occidental, N° 5. L'Auteur montre de la verve et de l'imagination; peut-être n’a-t-il pas assez réfléchi que limagination, si brillante qu'on Ha suppose, veut être asservie aux rè- gles sévères du goût et de la méthode. D'illustres exem- ples ont prouvé que le génie, lui-même , à besoin d’un guide , sans lequel il s'ésare trop souvent sur le chemin difficile de la littérature. Le Torrent et le Pont , fable, N° 6. En rendant justice à la facilité de l'auteur, l'Acadé- mie a pensé qu'une fable n’était pas un titre suffisant . pour lé concours. ( 301 ) Cetie réflexion s'applique également à la pièce inuilu- lée : Épitre dédicatoire à La Fontaine, N° 7. Le Temps, poëme, N° 8. .: Rimes croisées. L'auteur de cette pièce fait preuve d'une aptitude remarquable; plus d’un vers heureux embellit ses récits, plus d’un trait brillant anime ses tableaux. Si le poëte eût été toujours lui-même dans ce qu'il a de bien, s’il n'avait pas prêté quelquefois à la poësie un langage dont elle redoute la modestie et la timidité, la place de ses ouvrages eût été marquée à côté des meilleurs, et vous eussiez peut-être trouvé , dans ses titres, de nouveaux motifs d'irrésolution sur le choix du vainqueur. ‘J'ai dit ses titres, Messieurs, et en effet l’auteur en offre deux. La seconde de ses pièces est intitulée: , De l'Amour sous ses rapports vertueux., N° 8 bis. Mêmes qualités, mêmes imperfections, même juge- ment. : Mazet, ou la Peste de Barcelone, N° 11. L'esprit est ce qui domine dans ce dityrambe. L’es- prit suffit-il à la poësie et à l’élognence? l’Académie ne la pas pensé. Rien ne s'oppose plus à la chaleur, dit un illustre génie du dernier siécle (1), que le désir de mettre par tout des traits saillans. Rien ne s'oppose plus à la lumière qui doit faire un corps et se répandre uniformément dans un écrit , que ces étincelles qu'on ne tire qu'en choquant les mots les uns contre les autres, et qui ne nous éblouissent quelques instans que pour nous laisser ensuite dans les ténèbres. L’Aca- démie regrette que l’auteur ne se soit pas fait à lui-même ces observations ; elle le regretle d'autant plus que la (0 M. de Buffon. : G 3 ( vos ) x pièce renferme de jolis détails, des vraits saïllans et d'heureux vers. Ode sur la Pomme de terre, N° a», Ge n’est point la verve qui manque à l'écrivain, ce n'est pas nôn plus l'énergie, ce serait plutôt le bon- beur de l'ecpression, la sévérité du goût, et l'élégance du langaoe. Eloge de Cynégyre par Eschyle, (NN 13. Le Chant du Barde, N° 13 bis. L'Histoire de France | N° 13 ter. Trois pièces par le même auteur. Vous avez remarqué , dans la seconde de ces pièces, Messieurs, un plan sage et régulier, de l'imvention et la physionomie de l'épopée ; dans toutes les trois, de la chaleur , de beaux mouvemens , une facilité remarquable , de l'habitude, des vers sônores et bien tournés; mais vous y avez désiré aussi plus de poësie dans l'expression , de soin dans le style, de correction même dans la pro- sodie. * Æpitre à Corneille, N° 14. Cette pièce est loin d'être sans mérite, ‘et dénôte dans l’auteur d'excellentes dispositions. Malheureusement, ce n'est point une épitre, comme le titre l'annonce; c’est plutôt une déclamation poëtique en l'honneur de Cor- neille. L'auteur aurait dû sans doute soumettre ses idées à an plan plus régulier, à un ordre mieux entendu, chà- ièr avec plus de soïn un style souvent harmonieux, presque toujours noble , mais quelquefois un peu dur , quelquefois aussi , négligé. Il a écrit d'inspiration , et ne s’est pas ap- perçu qu'il s’égarait souvent ; mais alors même qu'il se trompe de route, sa marche est libre, sûre et naturelle. C’est avec peine que l'Académie a vu , dans celte pièce, des défauts qui déparent une composition d’ailleurs pleine de verve et de beaux vers. Es ( 103 ) La Traite des Nègres, No 15. . Le sujet était beau, séduisant, quoiqu'il eût déjà été traité. Il prêtait au développement des sentimens les plus touchans et les plus généreux. Il n’a pas semblé à l'Académie que l’aateur en eût tiré tout le parti pos- sible ; et si elle y a vu de la sensibilité, quelqne no- blesse, plus d'un vers heureux et facile, elle n’y a pas rencontré cependant, à un degré assez marqué , la cor- rection, l'élégance et la purété, élémens indispensables de tout succès en littérature. Je n'ai rien à vous dire, Messieurs , d’une autre pièce intitulée : La Mort du Tasse. Elle ne vous est parvenue que long-tems après le délai indiqué , ‘et au moment où vous vous trouviez dans l'impossibilité de vous en occuper, puisque le rapport de la commission était terminé et soumis à l'Académie, qui déjà en avait adopté les conclusions. Avant de vous entretenir des deux ouvrages les plus remarquables parmi tous ceux qui vous ont élé adres- sés, je me conformerai à vos intentions , Messieurs, en payant aux auteurs des différentes pièces dont je viens de parier, le tribut d'éloges qu'ils méritent , pour le talent plus où moins distingué dont ils ont fait preuve. Quelques-uns d’entr'eux , favorisés par le choix de leur sujel, ont trouvé l’occasion de manifester en beaux vers leur amour pour l’auguste famille sous laquelle nous avons le bonheur de vivre. Vous avez applaudi à des sentimens qui sont les vôtres , et vous avez vu , avec joie , la poësie dresser des autels à la vertu. Si le sujet des autres pièces ne comportait pas de semblables développemens ; leurs auteurs n’en ont pas moins de justes droits à vos éloges, pour. la pureté de leur morale , la noblesse de leurs maximes , el la générosité de leurs idées. Que ces écri- vains, quels qu'ils soient, ne s’écartent point de la roule qu'ils se sont tracée; qu'ils redoublent de zèle | F + © 4 (Co) dans leurs études, PAcadémie royale” «s'estimeractou- ‘jours heureuse de pouvoir couronner dans un seul vain- queur honnête homme et le bon écrivain. J'arrive aux deux dernières pièces : la première inti- tulée : La Destinée de l'Homme , épitre à M. de la Mar- une, N°9, à qui vous allez décerner une mention hono- rable ; la seconde ayant pour titre : Course poétique dans les Alpes Suisses du Canton de Berne , N° 10, qui vous a paru mériter le prix, et dont lecture va être donnée à la suite de ce rapport. Ce n’est pas, Messieurs, que ces deux productions vous aient paru sans défauts ; vous avez désiré , dans la première, une meilleure ordonnance du plan, plus de clarté dans certains passages, plus de simplicité dans cer- lains autres. Vous avez trouvé, dans la seconde , quelques lon- gueurs , des détails par fois peu utiles, des tableaux où la vie n’était passassez répandue ; mais, d’un autre côté , vous avez vu, dans les deux productions, un talent réel pour la poësie, de belles images, de beaux vers, de grandes pensées, des détails gracieux, une imagination riche et féconde ; vous avez pensé enfin que le prix élait mérité, el vous avez saisi avec empressement l’occasion de donner aux amis des lettres un éclatant témoignage d'intérêt, de bienveillance et de protection. PRIX DÉCERNÉ. M. le président a ouvert le billet cacheté du n° 10 et a lu : Lemonnier ( Andreé- Hippolyte ), avocat. à la, Cour royale, de Paris, ancien élève du lycée de Rouen. Le prix décerné à M, Lemonnier , à été remis à son père, peintre du Roi, membre de l'Académie , présent à la séance. (roi ) : FRIX PROPOSÉS POUR 1823. ; [l LS L'Académie propose , pour sujet d’un Prix qui sera décerné dans sa séance publique de 1823, la question suivante : Suivant M. Portalis, « dans chaque pays le peuple crée la ». langue, les savans l’enrichissent , les philosophes la règlent , » les bons écrivains la fixent; » l'Académie propose de dé- cider, si la langue française a passé par tous ces périodes , eà à quelle époque, bien déterminée, par chacun. Le prix sera une médaille d’or de la valeur de 30 fr. Chacun des Auteurs metira er tête de son Ouvrage une devise qui sera répétée sur un billet cacheté où il fera connaître son nom et sa demeure. Le billet ne sera ou- fert que dans le cas où l'Ouvrage aurait remporté le prix. Les Académiciens résidants sont seuls exclus du con- cours. Les Ouvrages devront être adressés , francs de port, M. BiGnow , Secrétaire perpétuel de l’Académie pour la à Classe des Belles-Lettres, avant le 1° juillet 1823. Ce terme sera de rigueur. PRIX EXTRAORDINAIRE., L'Académie a prorogé jusqu’au xt avril 1823, terme de rigueur , le concours pour le prix extraordinaire sur la question suivante : Quelle fut , sous les Ducs de Normandie , depuis Rollon jusques et y compris Jeun-sans-T'erre , l Administration « ivile , judiciaire et militaire de la Province ? | { 106 ) Le prix , de la valeur de 1500 fr. ; sera décerné dans … la Séance publique du mois d’août 1823. Chacun des Auteurs meltra en tête de son Ouvrage une : devise qui sera répétée sur un billet cacheté , où il fera connaître son nom et sa demeure. Le billet ne sera ouvert que dans le cas où l'Ouvrage aurait remporté le prix. | Les Académiciens résidants sont seuls exclus du con- cours. / Les Ouvrages devront être adressés, francs de por à M. BicxoN, Secrélaire perpétuel de l'Académie pour la Classe des Belles-Lettres, avant le 1% avril 1823. Ce terme sera de rigueur, 1 { 107 ) tés ee 534 * NOTICE BIOGRAPHIQUE SUR M. BOULLENGER, Présilent du Tribunal de première instance de l'arrondissement de Rouen ; Par M. ADAM. . Messieurs , Honorer la mémoire de ceux que nous avons aimés, conserver leur souvénir dans nos cœurs, et les faire revivre dans nos discours en disant ce qu'ils ont fait de beau et de bon, c’est à la fois le devoir, la con- solation et la jouissance prolongée de l'amitié. Le pauvre comme le riche, l'ignorant comme le sa- vant, les hommes de toutes les contrées, de toutes les religions, pratiquent, sous des formes différentes , mais avec le même respect, ce culte touchant inspiré par la nature. Cependant qui pourrait modérer notre douleur , quelle vaine consolation seraient pour nous ces hom- mages rendus aux plus illustres morts, si déjà ils n'élaient plus qu'une poussière inanimée ? Nous, Messieurs, à qui nos études rappellent plus par- ticulièrement que cetie vie ne peut être le terme de notre existence , il nous appartient de célébrer les hommes vertueux, dont l’ame dégagée de ce corps mortel, jouit sans doute d’une félicité que la saine philosophie et les oracles divins nous ordonnent également d'espérer. Pleurons nos amis, puisqu'il nous est accordé de nous affliger des maux et des pertes que la nature nous impose , mais sachons mettre un terme à nos regrets. ( 108 ) Ne confondons point ce qui convient le plus à notre bonheur particulier avec ce qui importait véritablement . aux objets de notre attachement , et ne nous refusons point aux consolations que la raison nous présente: Le confrère, lé magistrat dont nous déplorons la perle, a vécu trop peu sans doute pour sa famille, pour ses amis, pour nous, pour le public; il a irop vécu peut-être pour son RARE a mais certainement assez pour sa gloire. Peu d'hommes, quelque nets qu’ait été leur vie, ont fait autant de bien, et laissé d’aussi honorables souvenirs. Il appartenait à une bouche plus éloquente de vous retracer les principaux traits de la vie de M. Boullenger. J'ai désiré, et votre Secrétaire m'a permis de rendre cet hommage à un collègue pour lequel mon respect égalait mon attachement ; mais, comme le disait, dans une circonstance semblable , le respectable doyen .de cette académie, pour louer l’homme de bien , al suffit de raconter avec vérité l’histoire de sa vie. M. Boullenger naquit à Rouen , le 26 février 1759. Ses parens y exerçaient d'une manière distinguée le commerce, qui a toujours été en honneur dans cette ville. Il fit ses études à Paris, au collége du Plessis. Une application soutenue lui procura des succès conslans , gage assuré de ceux qu'il devait obtenir un jour dans quelque carrière qu’il lui convînt d'entrer. Celle du commerce lui était ouverte. I avait toutes les qualités qui caractérisent un commerçant vraiment digne de ce nom : amour de l’ordre et du travail , élévation de sentimens , esprit juste et solidement orné ; il y joignait un grand désintéressement et un goût fortement prononcé pour tout ce qui se rapporte particulièrement à l'ordre public. Il ayait donc aussi toutes les qualités à Çro9 ) indispensables dans la magistrature. IL embrassa ‘celte profession , la plus noble de toutes pour qui sait les rem- plir comme lui. En 1787, il fut pourvu de la charge de lieutenant-gé- néral au bailliage et siége présidial äe Rouen. Personne n'ignore à quel prix les hommes les plus recommandables obtiennent l'estime publique , précieuse et seule digne récompense de leurs veilles. Quel fut donc M. Boullenger , dès les premiers mo- mens où il exerça ses fonctions, puisque dans le peu de tems qui s’écoula, depuis 1787 jusqu'au commencement de la révolution, il fonda cette réputation solide dont il fat toujours environné et qui lui survivra long-tems ? Il nous est aisé de le concevoir , à nous, Messieurs , qui avons eu l'avantage d’être son collaborateur. La charge de lieutenant civil donnait à M. Boul- lenger le droit de présider les Etats du bailliage de Rouen, en l'absence du grand bailli, qui était toujours lPun des personnages les plus éminens du royaume. M. le duc d'Harcourt, gouverneur de la province de Normandie, était grand bailli d'épée du bailliage’ de Rouen , lorsque le:roi convoqua les Etats généraux , en 1789. M. le duc d'Harcourt était aussi à cette époque gou- verneur des enfans de France. Cette fonction ne lui per- mettant pas de quitter la cour et de venir présider les Etats, M. Boullenger dut le représenter. Une compagnie respectable , anx membres de laquelle M. Boullenger savait rendre l'honneur qui leur était dà , la cour du parlement pensa que, dans la circonstance, la présidence des états devait appartenir à l’un de ses ma- gislrats supérieurs. M. Boullenger fit valoir avec décence, mais avec courage, les droits de la magistrature dont il (110) « était revêtu Le roi consacra une prétention juste et appuyée sur les lois et ordonnances nr conshiyaient : alors le droit public du royaume. M. Boullenger présida les Etats qui s’ouvrirent le 15 avril 1780. Le discours qu’il prononça dans cette circonstance res- pirait les sentimens da plus sage patriolisme ; atiache- ment sincère pour la France et pour un roi, bien digne (ce sont les expressions de M. Boullenger) de cet amour pur, de ectte sensibilité reconnaissante , de ce dévoue- ment sans borne dont les cœurs de tous les Français étaient pénétlrés pour ses bontés. Si M. Boullenger parle du clergé , c’est pour rappeler que dans ious les tems cet ordre fut en France le défen- seur des princes et le protecteur des peuples. El rend un hommase bien mérité à celle noblesse qui me con- naissait de gloire que de servir sa palrie et son roi; il donne de jusles éloges à cette classe modeste , éclairée et verlueuse, qui, sans titres et sans distinction , enrichit l’état par son industrie et sait aussi le défendre au prix de son sang : et de l’estime mutuelle que les membres de ces trois ordres devaient se porter, l'orateur fait sortir l'espoir d’une union sans laquelle il n ’est ni gloire ni pros- périté, Le public donna à l'ordonnance royale qui avait maintenu M. Boullenger dans le droit de présider les Etats, un assentiment bien glorieux pour lui. Quoiqu'il fût jeune encore , et seulement depuis trois ans à la tête du bailliage de Rouen, il fut élu premier suppléant des députés aux Etats généraux. Ces députés étaient, pour la ville, le cardinal de la Rochefoucault, le marquis de Mortemer , le comte de Try, MM. de Frondeville , de Belbeuf, Thouret, Lecouteulx de Canteleu, et de Fontenay. M. Boullenger fut élu à lunanimilé des suffrages , ce qui était, disent les pa- (ami) piers du tems, un juste tribut de l'estime universelle qu'il s'était acquise pendant les pénibles et délicates fonctions de sa présidence. Sa modestie l'ayant porté à prier MM. les électeurs de faire un autre choix, une acclamation générale et des applaudissemens soutenus l'ont forcé d'accepter. L'année suivante , le Roi donna à M. Boullenger un témoignage particulier de sa confiance, en le nom- mant l’un de ses commissaires pour la formation du dé- partement de la Seine-Inférieure. Egalement considéré du prince et de ses concitoyens, il fut, à des époques très-rapprochées , élu membre de la première administration départementale, et président du tribunal du district de Rouen. Ainsi l'estime et la reconnaissance ‘publiques le réta- blirent précisément dans les mêmes fonctions dont peu d'années auparavant le Roi l'avait investi. . M. Boullenger, possesseur, avant la révolution , d’une charge importante à laquelle étaient attachés de grands privilèges , oblint, par ses qualités personnelles , la confiance de ses concitoyens. Replacé dans la magistra- ture par les élections publiques, il conserva pour le Roi le respect et l'attachement qu'il lui avait porté dans tous les tems. Depuis l’époque dont nous parlons ,: que de change- mens ? M. Boullenser a toujours été le même. Il ne pouvait varier, parce que sa conduite élait réglée par des principes sûrs et invariables. M. Bonllenger gétait le défenseur du trône, parce qu'il était convaincu que le gouvernement monarchique élait le seub qui convint à Ja France ; il aimait la personne du Roï comme tous les Français l'aimaïent, parce que le Roi était bon et voulait le bien. M. Bouilenger mérita l'estime publique et l'obunt ; il y fut sensible et dut l'être, car c’est là la vraie gloire, . Cu) Ve véritable honneur. Mais ül ne réchereha’ jamais Cette faveur que le peuple prodigue follement à ses flatteurs , il aurait rougi de la partager avec eux. ÆEn dériénbre 1791 , il fut nommé député du dépar- tement de la Sêine: Inféieure à l'assemblée législative x qui, certes, eût terminé sa ‘session d’une manière moins regrettable , si l'esprit de sagesse qui avait présidé aus élections de notre pays avait aussi dirigé les électeurs des autres dépariemens de la France. .. M. Boullenger fut à l'assembléélégislative ce qu il fut dans tout le cours de sa vie, l'ami de l’ordre. El avait étudié avec soin nos anciennes lois; il les connaissait parfaite- ment et les avait fait exécuter pendant plusieurs années. 11 savait de quelles modifications, de quelles réfofmations elles étaient susceptibles. Egalement éloioné de la manie de détruire tout ce qi existe ,et de ce respect aveugle pour les anciennes institutions qui ne permet d’ y rien AB malgré les changemens survenus dans les mœurs .et l'état du peuple, touché du seul désir de voir la France heu- reuse ; M. Boullenger aurait concouru de la manière la plus utile à l’œuvre auquel il se crut appélé , à la révision ; au perfectionnement de notre législation, Mais déjà les chefs de parti usurpaient presqu’exclusive- ment la tribune où ils préludaient aux.terribles combats qu'ils devaient bientôt se livrer. M. Boullenger ne conserva pas long-tems l'espoir dont il avait pu se flatter en acceptant la mission qui lui avait onfiée. Il eut la douleur de voir proclamer dans le Sein même de l'assemblée législative les sys- têmes désastreux dont on ne tarda pas à ressentir les funestes, effets. | Il vit le Roi obligé de fuir du palais de ses ancêtres et de se refugier dans celte même assemblée , qui l’eût sans doute reconduit en triomphe si les "RE rouen— nais avaient pu être entendus. 1 {1133 Ïi donna du moins à Louis XVE, il donna à ses comimettans des preuves non équivoques de sa fidélité. 11 s’avança avec les membres les plus respectables de l'assemblée , au-devant de l'infortuné Monarque ; il éloi- gna de son augusle personne les flots d'une populace égarée et furieuse ; el, au risque de sa sûrelé person- nelle et de sa vie, il lui fit un rempart de son corps. Comme la plupart des meilleurs citoyens ; M, Boul- lenger fut écarté des affaires publiques ; comme la plu- part d'emtr'eux, il dévint suspect aux dominateurs de [a France, et fut privé de sa liberté. La prison ne pouvait effrayer celui qui ne craignait pas la mort. M. Boullenger supporta avec tranquillité sa délehlion qui dura plus d’une année. Rendu ä sa famille , il vécut dans la retraite jus- qu'en 1860. Là il s’occupait à former le cœur de ses” fils ; là il exerçait la plus belle comme la plus utile ma- gistrature , celle qui lui était volontairemeut déférée par ses conciloyens. Il eût vécu heureux, si des chagrins domestiques n'avaient troublé ses jours. Mais déja son épouse res- Sentait les atteiites de la maladie qui, après des souf- frances extraoudinaires, supportées avec un courage plus extraordinaire encore , la conduisit enfin au tombeau. Le premier juin 1800, M. Boullenger fut rappelé de sa retraile, el nommé membre du Conseil général de département. TL fut bientôt apprécié par ses collègues qui le chai- sirent pour secrélaire du Conseil. El a rempli pendant cinq ans ces fonctions laborieuses. Fimmédiatement après, il a été élu président du même Conseil, et a continué de l'être pendant toutes les sessions suivantes, à l’ex- ceplion des deux dernières, lorsque le derangement de sa santé l’obligea à demander quelque repos. Je ne chercherai point à pénétrer dans le secret des H ( 124 ) @ibérañons du Conseil général pour vons faire reman quer les connaissances, le zèle, ia sagesse qui distin. guaient M. Boullenger. Les suffrages réitérés de ses estimables collègues le recommandent bien mieux que je we pourrais faire. En 1802, M. Boullenger reparut dans la magistrature en qualité de juge au tribunal d'arrondissement , dont il fut nommé vice-président deux mois après, el prési= dent en 1805. Ce fat avant cetle dernière époque, en 1803, lors- qu'il était vice-président du tribunal, qu'il fut appelé à l’Académie. Depuis près de douze ans celle Compagnie avait cessé de se réunir....se Des circonstances propices lui ayant permis de repren- ‘dre ses travaux , elle chercha à réparer les pertes qu'elle avait failes en s’associant les hommes les plus recom- mandables par leur amour pour les sciences , les letires ei les arts, par leurs mœurs, par les fonctions qu'ils æxerçaient, par la considération qu'ils s'y élaient ac quises. - M. Boullenger eut l'honneur d'être choisi pour rem= plir une des places vacanies. Nous avons eu trop rarement l'avantage de le possé- der , mais nous savions respecter le motif qui le retenait loin de nous. Comme sa famille et ses amis, nous sa- vions sacrifier le plaisir de le voir et de l'entendre, au bonheur public, pour lequel ilse sacrifail lui-même tout entier. Retournons donc avec lui dans la carrière où il vient de rentrer et qu'il parcourut si glorieusement jusqu à Ja fin de sa vie. Sa longue retraite n'avait point été un tems perdu, il l'avait employée à de nouvelles et profondes médita- tions sur la législation. Il avait suivi avec attention les discussions des Codes qui furent publiés peu de tems (115) après sû nomination , et il apporta au tribunal, avee Î4 connaissance dé notre ancien droit ; une intelligence pars faité des lois nouvelles. , Placé à la têté du tribunal dans des tems eéncofe vois sins dé son organisation; M. Boullenger s’occnpa d’une foulé de détails que lé législateur n'avait pu ni dû prés voir. C'est particulièremént à son expérience et à ses soins que sont ds les divers réglemens relatifs à la po- licé dé cé corps el à la distribution de ses travaux. C'est à lui que l'on doit le bel ordre qui réghe dans les greffes ét dans les archives ; dépôt long-tems. négligé, où sont renfermés les titres de l'état des citoyens. Tout ce qui pouvait être utile au public paraissait un devoir à M. Boullenger ; sonvent il a passé une partie des nuits à vérifier les expéditions des jugemens et autres actes du tribunal, Ces volumineux registres, la plupart signés de sa main ; atlesieront à ses successeurs el son 22e et son exactitude ; son imparlialité el sa délicatesse sont ? allesiées par tous les justicisbles sur les intérêts desquels il eut à prononcer. Les audiences n'étaient que Ja moindre partie de ses occupaiions ; il employait le resté des journées à exa- miner avec une altention toute particulière les affaires qui offraient le plus de difficultés Il écoutait avec pa- tience les personnes qui désiraient l’entretenir; plus d'une fois il a porté les plaideurs les plus obstinés à terminer leurs contestations par des transactions pres- que toujours plus avantageuses que des jugemens. S'il fallait descendre dans ces asiles de la doulecr où des inforiunés , victimes de passions violenies ou de maladies cruclles , languissent privés de leur raison, c'élait M. Boullenger qui prenait ce soin, et rarement il les quiila sans leur avoir laissé quelque consolation, et sans avoir adouci leur misère. Juge né des dissentions domestiques, il eut sourasf & ? ( 116 ) le satisfsction de réunir el de rendre à leurs familles des époux qui, sans sa tendre soilicitude , se seraient deshonorés par une séparation et des procédures scan- dateuses. -Si un pére irrité des désordres de ses enfans, vou- Jait user contr'eux de la mesure rigoureuse de l’empri- sonnement, M. Boullenger savait lui en faire sentir tout le danger , le ramener à des sentimens plus doux et plus conformes à ses véritables intérêts, tandis qu'il inspirail aux enfans une crainte plus vive et plus salu- taire par Ja menace , que par l'emploi d’une punition ef- frayante , et les retenail ainsi dans le devoir et dans le respect dù aux auteurs de leurs jours. #Si le désordre des enfans prenait sa source dans l'in- souciance ou le mauvais exemple des pères, avec quelle énergique éloquence il faisait rentrer en eux-mêmes, et forçait au repentir ces pères coupables , dont la conduite désormais plus régulière et les soins vigilans ont suff pour rélablir chez eux les bonnes mœurs. Ainsi, par la prudence d’un bon magistrat, l'événe- ment qui pouvait porter le désespoir dans une maison, devenait l’occasion de sa tranquillité ei de son bonheur. Ce fat surlont pour celte classe que la misère semble écarter du sanctuaire de la justice, pour les pauvres, dont les bénédiclions ont accompagné son cercueil, qu'il fut à la fois et un magistrat et un père. Sans forme judiciaire , sans aulre autorité que celle qui naît de la confiance, il appelait les malheureux dont quelque trouble affligeait la famille ; il les écoutait, leur adressait quelques paroles de paix, et ils sortaient consolés. S'ils résistaient , il prenait un ton plus sévère, ct ordonnait ce qu'il avait conseillé, et le respect qu'on lui portait, ei la crainte de l'offenser rendaient dociles ceux que ses remontrances n'avaient pu ébranler. Pour connaître çce.que fut M. Boullenger , il faudrait £ (17) . avoir passé près de lui les jours, les mois, Îles années, parce que les jours, les mois , les années entières"üe sa vie furent consacrés à des actions utiles. Le détail si in- téressant de ses occupations journalières serail au-dessus de mes forces ; mais, Messieurs, en est-il besoin ? Qui de nous, qui de nos conciloyens n’a élé témoin d'un. grand nombre des faits que je pourrais raconter ? Tout à ses devoirs et tout à l'honneur, M. Boullenger mérita le noble prix institué pour le guerrier qui con- sacre sa vie à sa patrie. Le 31 mai 1810, il fut décoré de la croix d'honneur. À ceite récompense , le Roi a joint, en 1821, le titre de baron qui, transmis à un fils, son digne imilateur et à ses descendans, perpéluera d'âge en âge le souvenir de ses verlus. Messieurs , j'ai voulu peindre un grand magisirat, j'ai dà prendre M. Boullenger dans les momens où il jouis- sait de la plénitude de la vie. Je n’essayerai pas de vous le représenter à ses derniers momens lutiant contre la mort el déjà abaïiu par la force du mal. Il avait eu , pendant sa vie, de trop fréquentes occa- sions de penser à la mort, il l’atiéndait avec calme, sans faiblesse et sans vaine oslentation. Mais je ne tairai point un irait qui le loue mieux que nos discours , et qui semble le rapprocher d’un.des plus illustres ayeux de noire sage monarque , Louis XI , de. glorieuse et consolante mémoire. Lorsque les crieurs publics annoncèrent dans les rues de Paris : Le don Roi Louis, le père du peuple est mort, les habitans de cetie grande cité répéiaient : Le père du peuple est murt. Lorsque nous avons accompagné les tristes restes de M. Boullenger jusqu'à l'endroit où nous devions nous en séparer pour jamais, une foule immense suivait aussi le convoi , et plus d’une fois méla aux chants religieux, ces cris : C'était un bon magistrat; c'était Le protecteur du peuole. H3 Ce:879 .* sh « ÿ > OUVRAGES » _ Dont l'Académie a ordonné l'impression en entier dans ses Actes. 2200 O D TLC C0 eme LE SAC DE PAVIE. FRAGMENT D'UNE HISTOIRE MANUSCRITE D'ITALIE : DEPUIS 1789 JUSQU'EN 1814, TRADUIT DE L'ITALIEN DE M. BOTTA, Pan M. Tn. LICQUET. We e see e vie nm ieiess te + see es ture e nm 18 SRG Cependant, pour combler le gouffre de la guerre, Buonaparte frappait la Lombardie, sa conquête, d’un impôt de vingt millions de francs. 11 autorisait en outfe ‘les commissaires et les officiers de son armée à recou- vrer , par la force, les denrées dont il avait besoin , en donnant toutefois un récépissé à l’acquit. Son iftention était que la contribution portât de préférence sur les riches et sur les corps ecclésiastiques qui jouissaient de- spuis si long-tems de l’immunité des taxes. L'éxécution ‘fut conforme à son désir; mais les riches, soit qu'ils “éc sentissent chargés à l'excès , 'soit qu'ils n'aimassent -pas le nouvel ordre de choses , répandirent sourdement “des alarmes , firent partager leur mécontentement à tous #eux qu'ils fréquentaient, et congédièrent leurs ‘ao C9) breux domestiques. Ceux-ci ; mal disposés à eause de leurs anciennes habitudes , aigris d'ailleurs par leur misère présente, semaient parlout, et principalement parmi le bas peuple, des étincelles capables d'allumer le plus violent incendie. Pour prévenir ce danger, et attendu que les riches habitaient surtout Milan, la municipalilé ordonna que!les maîtres continueraient de payer les gages de leurs domestiques; mesure insuffisante par la difficulté d'amener les domestiques à dénoncer leurs maîtres. Elle ne s’en tint.pas là; embarrassée au point de ne pouvoir s'ÿ reconnaître , et ne sachant plus comment pourvoir à la fois au logement des troupes ; aux fournitures obligées de toute espèce, aux gratifications , à la table des géné- raux, des commissaires, des commandans et des ofliciers elle établit, sous le nom d'emprunt, un impôt exlraor. dinaire de quatorze deniers par écu sur la valeur des maisons et des biens ruraux dans le Milanais. Je passe sous silence l'enlèvement des chevaux et des voilures ; ces objets appartenant, comme on disait, à des aristo- * crates, il paraissait toul simple à chacun de s’en emparer, Joignez à cela les excès habituels des gens de guerre, el plus fréquens dans cetle armée que dans toute auire, parce qu'à l’orgueil de victoires éclatantes et mulipliées se réunissait toute l'ardeur d’une opinion politique forte- ment opposée à celle des peuples au milieu desquels elle se trouvait. Je parle ici en général, mais surlout des chefs supérieurs ; beaucoup d'officiers subalternes, au con- traire , soit par l'effet d'une éducation distinguée, soil par bonté naturellé , se comportèrent, en publicet en parti culier, de manière à se concilier la bienveillance du peuple conquis ; et, grace à celle harmonie des caractères ; les milanais s'étaient familiarisés avec eux, au point d'ou blier entièrement l'impression née de la terreur des armes et des véxalions exercées par ceux là même quis on lieu de donner Fordre et l'exemple de la miodéra= { 120 ) fion , ainsi que leur grade leur en imposait l'obligation, encourageaicnt les désordres commis sous leurs yeux. hais ce qui contribuait le plus à exaspérer les esprits, c'était les réquisitions arbitraires de denrées que cer= tains hommes faisaient dans les campagnes , soit pour l'entretien de l’armée, soit pour leur compte person- nel. En effet, affranchis de toute surveillance , dans les villages, is dépouillaient le riche et le pauvre, les partisans de la France aussi bien que ses ennemis; multipliant en outre la menace et l'insolence, que l'homme pardonne plus difficilement qu'un mauvais trai- tement; conduite d'autant plus imprudente, qu’en soule- vant l’indignation des peuples, on consumait sans fruit en peu de jours ce qui aurait pu suffire aux besoins de plusieurs mois, et que les-contrées les plus riches incli- naieut rapidement à une misère complette. Tout cela excilait à la haine contre les Français et plus encore contre les [italiens qui secondaient léurs actes ou par- tageaient leurs opinions. Le peuple ne séparait pas les bons des méchans; il les enveloppait au contraire dans une réprobalion commune, parce qu'il voyait que tous favorisaient l’entreprise d’une nation à qui la violence avait ouvert le chemin du pays, d’une nation perlur- batrice de l'antique repos et du bonheur de l'Italie, A la vérité, les pairioles italiens criaient bien haut À la liberté, ils eriaient même beaucoup plus haut qu'il ne convenait, mais pouvaient-ils espérer que dans l’es- prit d'un peuple accablé d'impôts , et aigri par les excès du soldat, un mot vain et abstrait préfaudrail sur un mal réel et présent. Ce peuple détestait une liberté qui le montrait à Jui escortée de l'injustice et de la rapine. L'indignation était donc manifeste et la force seule l'empé- chait d'éclater. Frappésdans leurs Licns, blessés dans leurs epinions , les nobles se prévalaient de ce mécontentement général, et ils étaient secondés par les amis de l'Archidug C:ra1 3 et par les Catholiques inquiets pour Ia religion et pour leurs propriétés ; on répandait audacieusement dans les campagnes le bruit de la fin prochaine de la domina- tion étrangère ; on répélait qne l'Italie était le tombeau des français; que si leurs irruptions avaient toujours été rapides, leur fuite ou leur exterminalion FPavaient été d'avantage ; que Dieu ne permettrait pas à un peuple ennemi de son nom un long séjour dans celle même Jia'ie où siégeait son saint vicaire; que déjà les ensei- gnes de l'Autriche flottaient de nouveau entre le Tesin et l'Adda; que des montagnes du Tyrol descendaient de puissantes armées impériales ; que les armes vacil- laient dans les mains du français insolent ; que le mo- ment élail venu de s'unir, de s'afmer , de se lever pour la défense de ce que l’homme a de plus cher, de plus respectable et de plus sacré; que les faveurs et les ré- compeuses du ciel attendent ceux qui préférent la patrie à l'existence ; que le succès était certain, et que déjà les enseignes de la république fuyaient au loin devant Jes aigles de l'empire. Ainsi croissait un mécontentement dont on atlendait les résultats les plas funestes, Le comte Ganibarana , hom- me aclif et grand ennemi du nom français , passait alors pour l'auteur principal de ces insligations ; il ajoutait que les français avaient le projet d'enrôler de force la jen nesse de Lombardie, de l'incorporer avec les soldats de la république et de la faire marcher contre l'empereur, Une fois alarmés , {es esprits accueillent avidement tous les bruits qui circulent; et, malgré les efforts des maois- trais choisis par les français , quoique pussent faire leurs partisans pour persuader le contraire au peuple, celui-ci resta persuadé de lexactitude des rapports, et s'en pénétra chaque jour d'avantage. Au milieu de ces ressentimens , une action vraiment horrible fut commise à Milan; la haine rompit alors toutes ses digues, et déborda comme un fleuvo- Ci) T1 y avait à Milan un mont-de-piété SE Aidhé Oh de conservaient, soil graluilement et à titre de dépôt, soit À intérêt comme nanlissement, de fortes sommes d’or et d'argent, des bijoux de la plus grande valeur ,#et différens autres objets de moindre prix. Sclon l'usage, en lualie, une grande partie de ces dépôts formait la dot de pauvres demoiselles, et s’y tenaient en réserve par les pa- rens jusqu'au moment du mariage de leurs enfans. Le mont-de-piélé élail sacré pour tous, non-seulement parce que c’élait un gage de foi publique, mais encore parce que la meilleure partie des consignations appartenaient à des personnes peu favorisées de la fortune ou victimes d'événemens malheureux. Telle était la confiance des peuples pour cet établis- sement, que ni la guerre qui s'approchait, ni les ter- reurs qui l'avaient devancée ou qui marchaient à sa suite, n'avaient pu décider les propriétaires à retirer leurs dépôts ou leurs gages. Persuadés, comme chacun l'était, que le vainqueur respecterait des objets qui n’élant point propriélé publique , mais bien patri- moine des individus , portaient avec eux le principe de leur garantie et de leur inviolabilité. Ils ne déplacèrent donc point leurs dépôts , idée qui leur serait venue sans doute s'ils avaient pensé que, dans une chose anssi sacrée , la crainte eût présenté plus de sûrelés que la confiance. Ils n'avaient pas sondé l’avidité des princi- paux chefs républicains , puisqu'à peine Buonaparte et Salicelti eurent mis le pied dans la cité impériale de Milan, qu'ils s'emparèrent des objets les plus précieux du mont-de-piélé, les dirigèrent sur Gênes , et don- nèrent avis au Directoire qu'ils y resteraient à sa dis- position. Cette spoliation fut bientôt connue ; on ajou- tait, et c'était en partie la vérilé, que le bien des pauvres n'avait pas élé plus respecté que celui des wiches. Cette circonstance, l'iscontinence des soldats, eo ht. a SR (123) -Jes dévasiations dés campagnes , les emportemens ‘des Hpatriotes , dont les uns vantaient au peuple une liberté qu'il ne comprenait pas, dont les auires, par leur exemple , donnaient à penser que celle liberté n'était que l'oubli des mœurs, enfantèrent une indignation gé- nérale, au point que, d'un côté, prèlant lorcille à des rapporis sans fondement, de l’auire , ne voyant pas ou inéprisant les dangers ; on résolul de se soulever contre les Francais. Milan lui-même ne fut pas exempt de troubles. Un jour que les républicains faisaient je ne sais quelle rejouissance autour de l'arbre de la liberté, -le peuple en concut une telle fureur qu'il courut contr'eux ct allait sans doute ‘les malirailer, si Despinois, à Ja tête d'un escadron de cavalerie, n’eûtl réprimé celte impétuosilé et dispersé aussitôL Ja multitude; mais les choses ne se passèrent pas aussi tranquillement aux envi- rons de la ville , surtout vers la porte du T'esin. Dans ces campagnes, les Français et les patriotes italiens voya- egeant seuls ou peu accompagnés , la force armée n'étant pas à non plus , comme à Milan, toute prête à les défendre , furent assaillis et massacrés par les paysans. Ces meurtres en présageaient de plusnombreux, et lais- saient entrevoir les plus terribles conséquences. Toute- fois le fort de la tempête était dans le bas pays, vers le Pô et le T'esin ; à Binasco , principalement , la rage contre les Français et les jacobins , comme on les ap- pélait, était parvenue à l'extrême. Binasco était situé sur la grande route , à une égale distance entre Milan et Pa- vie; ses habitans et tous aulres qui des pays circon- voisins étaient accourus dans la place , persuadés que les {traitemens Îles plus cruels étaient permis contre dés hommes qui, selon eux, pillaient les monts-de-piété, foulaient aux pieds la religion ; égorgeaient tous ceux qui tombaient en leur pouvoir, soit qu’ils fussent Français œu Juliens partisans de la France. Ce soulèvement n'ayant ((24) pas été prévu, un grand nombre de Français et même un détachement tout entier de soldats de cette nation furent inhumainement assassinés par cette multitude animée d'une fureur aveugle bien plus que du désir légitime de défendre la patrie contre l'étranger et ses adhérens. Le bruit de l'approche des Autrichiens, repandu à dessein par les chefs des mécontens, acquérait chaque jour plus de consistance. Les populations du Pavesan se soulevèrent à l'exemple de Binasco. Armés de fusils , de pistolets, de sabres , de haches , de bâtons , de tout ce que le hasard leur avait offert, de tont ce que la rage leur avait fait saisir, les habitans marchent sur la dpitsle de la province. Ceux-là même , et le nombre en était considérable, qui savaient que l’arrivée des Autrichiens n'élait qu'un bruit chimérique, ceux-là se réunissaient à la foule tumuliueuse ; persuadés qu'ils étaient que les Français accouraient pour mettre le sac dans Pavie. Les Pavesans eux-mêmes, déjà irrités à la vue d’un arbre de liberté planté sur la place publique par les amis du nom français, irrilés encore par le brisement d'une sla- tue équestre de bronze répulée antique et paraissant re- présenter un empereur romain, s’élaient soulevés dans la matinée du 23 mai, et parcouraient la ville, armés et furieux. La foule se pressait sur la place. Déjà, au mi. lieu des cris, du tumulte et des rires bruyans de cette müllitude effrénée , de jeunes enfans se groupaient au- tour de l'arbre, et se disposaient à l’abattre. Chaque heure, chaque instant voyait grossir le rassemblement. Le tocsin résonnait à coups précipités dans la ville, et se confondait , avec un bruit terrible , au tocsin des cam- pagnes. Le peuple lançait des cris de mort contre les pairioles qui se cachaient dans les retraites les plus se- crèles de leurs habitations ; mais le peuple montra plus de modération dans ses acles que dans ses paroles, et (125) +e conténta d'emprisonner ceux qu'il parvint à saisir. Les hommes paisibles s'étaient renfermés à la hâte dans leurs maisons, el atlendaient avec anxiété ce que la for+ tune , dans un danger si pressant, allait faire pour leur salut ou leur perte. Les soldats français repandus dans les environs avaient été arrêtés. Ceux qui étaient res- tés dans la ville, au nombre de 400 environ, la plupart mal équipés, malades ou conva'escens, ne s’éla ent re- fugiés qu'avec peine dans le château ,#où le défaut de vivres rendait pour eux une longne défense impossible. . Sur ces entrefaites, arrivèrent les habilans des cam- pagnes rivalisant de fureur avec ceux de la ville. Quel- ques individus parmi les plus opulens , soit qu'ils crai- gnissent pour eux-mêmes , soit qu'ils se rappelassent que le peuple dechaîné s'en prend également à se$ amis et à ses ennemis, et plulôt aux riches qu'à ceux qui ne le sont pas, soit qu'ils voulussent favoriser le mouve- ment ; avaient fait apporter sur la place des barriques de vin, du pain, de la viande et dauires comes- tibles en abondance. Au milieu d’une telle confusion, la voix des honnêtes gens était étouffée, les méchans triomphaient, les paysans, foule ignorante et forcénée , incapable de soumettre les événemens aux calculs de la raison , ne voyant ancun secours se présenter en fa- veur de Jleurs adversaires, s’abandonnaient d'avance à l'excès de leur joie ; au délire de leurs espérances , et dejà se proclamaient, en idée, les libérateurs de Milan, de Ja Lombardie et de l'Italie toute entière. Au mêmé moment, arrivait à Pavie Haquin , général français, qui, n'ayant rien appris de tout ce tumalle, se rendait sans défiance au quartier-général de Buonaparte. Mais à peine avait-il mis le pied dans les murs, que, menacé dans sa personue , il fut entraîné à l'hôtel-de-ville où déjà beaucoup de soldats français, désarmés et au pouvoir de la multitude furieuse , attendaient, incertains , C6) oula vie ou la mort. Après aroir caché Faquin dainé l'endroit le plus reculé de l'hôtel , les magistrats mirent tous leurs efforts à calmer cette effervescence aveugle qui sagilait autour d'eux; mais tous leurs discours furent inuliles , parce que la rage avait pris la place de la raison. Enfin, la populace elfrénée force l'entrée de l'hô- tel, s'empare du général francais, et allait le massacrer , lorsque les officiers municipaux, lui faisant un renpert de leurs corps, le sauvéreni encore en ce moment, Ce- pendant, frappé d'un coup de bayonnelie au milieu des, épaules , il fut traîné par les rues au milieu d'une foule immense qui, comime une bête féroce acharnée à sa proie, vociférait d'horribles clameurs, et eher- chail à déchiret sa victime. Toutefois, tant de furie dut céder au courage des chefs de la ville, qui aimèrent mieux s'exposer eux-mêmes à la mort que de voir le général français égorgé à leurs yeux : exemple mémo- rable, digac des plus grands éloges, et fait pour honorer les annales de l’histoire ! En même iems que plusieurs, des municipaux assu raient le salut de Haquin, d’autres travaillaient à la dé- livrance des Français arrêtés. Le succès couronna leurs efforts généreux, ct beaucoup de Français, arrachés aw : plus grand péril, furent redevables de la vie à l'humanité des magisirals italiens qui, sans armes, par leurs exhor- talions seules ei l'autorité de leur nom, parvinrent enfn à comprimer celle populace déchaînée. Haquia eut bientôt l'accasion de man fester sa recon- naissance. Buonaparte, redevenu maîre de Pavie, vou- lait faire périr les magisirals comme auteurs de Ja ré volle, Haquin plaida leur cause avec zèle, et supplia Buo< naparle, par les plus insiantes prières, d'épargner des vicillards plus propres à ramener le peuple à la sou- mission qu'à l’exciter à la révolie , des hommes éiran= gers au soulèvement qui avait eu lieu, et qui, par uns C1299 éclatmte générosité , au péril même de leur existence; l'avaient mis à même, lui et plus de cent cinquante fran ças. qui leur devaient la vie, de solliciter pour eux’ le bienfait qu'ils en avaient reçu. C’est une grande satisfaction pour nous de pouvoir signaler l’action pieuse de ce bon ct valeureux Francais, de la saisir au milieu des destructions, des dévastalions et des massacres ; au milieu des accusations mutuelles , toujours eondam- nables parce qu'elles sont loujours exagérées , de per= fidie chez les Lialiens, et de cruauté chez les Français. Malgré tont, laconsterna’ion régnait dans Pavie, non que les Français inspirassent beaucoup déponvante ; l'exas- péralion aveuglait les esprits, mais tous les gens de bien craignaient que celle rage ne cherchât un aliment dans le désordre et dans l’anéantissement de la malheu= reuse ville. Le jour n'ôtait rien à l'effroi , la nuit redou- blait les alarmes, et cetie noble cité se voyait réduite à périr, ou par la fureur intestine, ou par la vengeance de l'étranger. Ainsi se passèrent les deux nuits du 23 au 25. La garnison française réfugiée dans le château venait de capiluler , le peuple se croyait plus que ja- mais certain de la viclore, et il touchait à la catas- trophe déplorable qui devait couronner son entreprises insensée. On était au 25 mai, lorsque tout-à-coup, d'abord dans le lointain et bientôt de plus près, on entendit relentir le bruit du canon ; à chaque instant les coups se muliipliaient plus rapides: toul annonçait un violent orage du côté de Binasco. Les uns disaient que c'élaient les Autrichiens qui approchaient, le plus grand nombre n'en croyait rien, tous commençaient à trembler sur l'avenir ; les citadins surtout demeuraient consternés 3 les paysans, obscurs par le nom, inconnus par le do- micile , pouyaient fuir facilement , à la vérité, au moment du plus grand danger, mais La ville, objet certain des c (228) fureurs de l'ennemi, reslait exposée au choc de cette épouvantable tempête. Buonaparte , après avoir laissé une garnison dans Milan, s'était dirigé sur Lodi , à l'effet de poursuivre, ayec sa célérité accoutumée, l'armée vaincue de Beau- lieu, lorsqu'il reçut la nouvelle du soulèvement de Binasco et de Pavie. Appréciant l'importance de ces mouvemens , sachant qu'ua incendie de cette nature est plus prompt à s’ailumer qu'à s’éteindre, il retourna subi- tement à Milan, emmenant avec lui un escadron de ca- valerie d'élite et un bataillon des plus braves grena- diers. Considérant ensuite que la multitude qni s'était révollée avec fureur pouvait persister avec obstination, peul-êlre aussi voulant épargner le sans, il résolut d'en- voyer à Pavie Mgs° Visconti, archevêque de Milan, 11 espérait que ce personnage , par l'autorilé de son rang el de ses discours , ramènerait à des idées plus saines les esprits envenimés ; mais, en même tems, voulant que la force assurât ce que les exhortalions pourraient bien après tout ne pas opérer, il rassembla des troupes et les tint prêtes à marcher sur Pavie ; elles le firént sans Aélai, rencontrèrent , chemin faisant , les Binaschesiens, qu'elles rompirent sans efforts, et dont elles fireut un grand carna_e. Arrivées à Binasco, elles mirent Je few à plusieurs quartiers et réduisirent le village en cendre, Le peuple apprit par ce funeste embrasement que le car- nage naîl du carnage , que la flamme appelle la flamme, que les fourches, les bâtons et l’impéluosité désor- donnée de la multitude sont de faibles armes contre les bayonneties, l’arullerie et la discipline d’une armée. L'infortunée Binasco n’offrit pendant long-tems qu'un monceau de ruines fumantes et de cendres accumulées. sujet terrible de méditation pour le voyageur qui s'arrê- tait à les contempler. ‘ Cependant l'Archevêque arrivait à Pavie, et s'étant placé es. ir. = (129) placé au balcon de l'Hôtel-de-Ville; adressait à la foule rassemblée pour l'entendre, les exhortations les plus vives. Il rappelait la défaite entière des Autri- chiens , la victoire complète des Français , la soumission générale des peuples, l'incendie de Binasco, l'arrivée des phalanges républicaines altérées de vengeance , l'ap- proche de Buonaparie lui-même, vainqueur de tant d’armées , accoutumé à se laisser fléchir par la soumis- sion bien plus qu'à pardonner à la résistance: » Pensez à Dieu, s'écriait-il, qui condamne toujours les excès ; pensez à vos femmes bientôt veuves, à vos enfans bien- tôt orphelins ; réprimez une fureur aveugle qui vous entraîne au précipice ; songez à celte antique cité , séjour des merveilles de Part , siége de tant de monumens magnifiques. Sans fortifications qui la protégent, sans armée qui la défende , elle serait soudain la proie d’une soldatesque étrangère animée à la vengeance par un capitaine invincible. Birasco est déjà réduit en cendre, la flamme va dévorer Pavie elle-même si vous cédez plutôt à une illusion manifeste qu'à la voix de celui qui, dans ses principes , dans son rang et dans sa vieil- lesse, trouve plus de motifs pour haïr le mensonge que pour craindre la mort. » Ainsi parlait l'archevêque , inspiré surlout par le dé- sir de sauver la ville. Mais les furieux qui lécoutaient se montrèrent plus accessibles à l'erreur de leur esprit qu'à la persuasion de ses paroles. Ils s’écrièrent qu'il ne fallait point prêter l'oreille aux discours de larche- vêque, qu'il était vendu aux Français , que c'était un jacobin , et, par de nouvelles injures, outragèrent la majesté du vénérable prélat. I ne restait donc plus d’espé- rance à cette ville désolée. Désabusée dorénavant sur * Je vain secours des Autrichiens , certaine au contraire de l'approche menaçante des Français, la multitude ferma, barricada les portes , et distribua partout sur les mu- L ( 130 ) railles, des armes et. des soldats. Mais voilà que le vain queur Buonaparte arrive comme la foudre, et enfonce à coups de canon ces portes mal assurées. Le peuple fait d'abord quelque résistance ; mais, cédant bientôt à des armes réelles et à des bataillons disciplinés , il aban- donne les murailles et s'enfuit en désordre. Les paysans regagnent , par différentes issues , les campagnes ; les ha- bitans se cachent dans leurs maisons. (Jue va resoudre le vainqueur? La ville s'attend au dernier désastre. La cavalerie républicaine entra dans la ville au ga- lop, massacrant tout ce qui se trouvait sur son pas- sage. Une centaine de mécontens périrent dans cette pre- mière charge ; Buonaparte lui-même se présente par la porte de Milan, pointe son artillerie contre la rue principale , et foudroye horriblement l'intérieur de la ville; scène de désolation et d’effroi , où se confon- daient tout ensemble les éclats du canon, les gémisse- mens des fuyards et des mourans, le trépignement des chevaux et les cris de fureur des soldats acharnés à la destruction de la cité! La mort, qui planait dans les rues, poursuivait ses victimes jusques dans les habitations. Enfin le sac général est ordonné , Buonaparte livre Pa- vie à la merci du soldat. À peine cette résolution ter- rible fut-elle connue dans la ville, qu'il s'éleva de toutes parts un douloureux concert de lamentations ca- pables d’attendrir les cœurs les plus endurcis. Mais le soldat , farouche de sa naiure , irrité d’ailleurs par le meurtre de ses compagnons, se hâta de commettre des actes condamnables, non pas seulement pendant la paix, mais condamnables même pendant la guerre. Si le péril menaçait les fortunes , il menaçait aussi les per- sonnes. La beauté la plus parfaite , la chasteté la plus pure n'étaient qu'un aiguillon de plus à la brutalité sans frein des pillards. Ces demeures, naguères heureux sé- jour de la félicité des familles, étaient devenues celui (131) d'üne douleur. et d'un effroi sans exemples. Les pères et les mères voyaient outrager à leurs yeux ces vierges dont leur tendresse active avait jusqu'à ce jour envi- ronné de tant de.soins la pudeur et l'innocence ; et la perle la moins sensible était celle de fa fortane. La rage de l'étranger laissait d'affreux vestiges dans les lieux les plus sacrés. Combien de mobles édifices mutilés , combien d'utiles et précieux ornemens dispersés et dé- truits ! Le pauvre était plus à plaindre encore que le riche : celui-ci ne perdait qu'un mobilier, faible partie de son avoir ; celui-là perdait son unique ressource. Telles étaient les prémices de la liberté. Prétendra:t-on , en faveur de Buomaparte , que le sang de ses soldats égorgés demandait vengeance , que la sûreté de son ar- mée autorisait de pareils excès ? D'accord; mais était-il bien nécessaire de pillér le mont-de-piété , d’insalter les per$onnes et de dévaster les campagnes ? La raison veut dont que ces actes de barbarie soient rapportés à leur véritable origine ; et c'est-là , n’en doutons pas , le jugement qu'en porte V Etre suprême , juste appréciateur de nos œuvres. La nuit du 25 mai descendit énfin , et vint couvrir, à la fois , les cruautés des vainqueurs et les souffrances des vaincus. L'obscurité redoublait encore la terreur. Aux gé- missémens qui sortaient des licux sombres et reculés , on dévinait des excès dont l'humanité a le plus d'horreur et d’épouvante. C’est ainsi que s'écoula’ celte nuit affreuse , au milica du mélange confus des cris poussés par le désespoir , des menaces de ceux qui, déjà chargés de dépouilles, en exigeaient encore davantage ; des allées et venues continuelles des soldats courant à la rapine ou revenant du pillage. Scène déplorable , éclairée de tems en téms par les lueurs incertaines qui brillaient ça et là dans ces horribles ténèbres. Le jour qui sur- vint ne vit cesser ni les tourmens ni les violences ; seu- L 2 ("132 3 lement , la soif de l’or qui ne s'éteint pas, continuait ; plus ardente que la brutalité des sens qui s’appaise, et . si le soldat se montrait toujours avide de butin, il ne songeait plus du moins à outrager la pudeur. Toutefois, le retour de la lumière rendait le spectacle plus dou- loureux, en exposant au grand jour l'effet du désastre de la nuit. Les habitans pouvaient mesurer par eux-mêmes toute l’étendue de leurs pertes ; ils fondaient en larmes , pendant que les soldats , réunis en foule dans les mai- sons ravagées ou sur les places publiques , faisaient éclater une joie bruyante et des ris immodérés, buvaient, s'enivraient, racontaient avec jactance , à la manière des camps, leurs exploits réels ou supposés , et se félicitaient hautement d’avoir ésalé les atrocités de l'injure par les atrocités de la vengeance. Tel se montrait l’ensemble de la troupe ; mais à Dieu ne plaise que l’indionation et la pitié dont nous ont rem- plis des actions si cruelles, nous fassent oublier les traits de bienfaisance dont s’honorèrent beaucoup de soldats fran- çais au milieu de cette épouvantable confusion. Un bon nombre d’entr'eux, détestant la faculté que leur donnait Buonaparte, refusèrent de souiller leurs mains du pillage de la ville : d’autres, plus généreux encore, se plaçaient au-devant des malheureux que la violence allait saisir, ou faisaient un rempart de leurs corps aux femmes infortu- nées que le déshonneur allait atteindre ; des rixes san- glantes s’élevèrent même entre les uns et les autres, étrange querelle entre la compassion et la brutalité! J'ai entendu raconter à de jeunes et chastes vierges comment, dans cet extrême péril, des soldais français les avaient arrachées à l’opprobre ; je l'ai entendu, et des larmes d’aitendrissement ont coulé de mes yeux. Chez quelques-uns de ces soldats , c'était impulsion spontanée de la nature ; chez les autres, c'était la pitié qui les saïsissait après coup. ÆExutrés eux-mêmes dans sb ER De nd x s DSP ON PE RE TS NT EU 16) CU NT TE &"393 ) les maisons envahies , ils allaient prendre part au bri- gandage , lorsque, frappés subitement de l’époavante et de la douleur des habitans , ils s’arrêtaient , et d'ennemis furieux qu'ils étaient devenaient en un moment gardiens fidèles et défenseurs généreux. Quelques-uns , voyant les femmes s'évanouir an spectacle des atrocités qui les en- vironnaient , oubliaient aussitôt leurs projets de rapine, s'empressaient autour de ces fermes pour les rappeler à la vie et les rassurer, se montrant ainsi plus acces- sibles à la compassion qu'à l’avidité. D’autres enfin, transportés du délire général et ‘déjà chargés de dé- pouilles , relournaient lout-à-coup restituer le fruit de leur rapine, par la seule idée qui se présentait à eux de la misère où allaient se trouver les propriétaires légi- ümes. Si donc, au milieu d’un tel désordre, quelques Français d'un naturel dépravé ne se laissèrent toucher ni aux prières ni aux lamentations de leurs victimes, d’autres firent preuve d’une bonté parfaite et d’une compassion plus puissante chez eux que la vengeance et l'avarice : d'autant plus louables en cette circonstance , qu'ils avaient encore à résister à l'exemple! N'oublions pas de dire que, parmi ces violations de la propriété, ces insultes à la chasteté, le sang du moins ne rougit point les mains du vainqueur , sujet bien digne, je ne dirai pas seule- ment de surprise, mais des plus grands éloges, püis- que le soldat trouvait à la fois, dans le meurtre, im- punité et profit. Une particularité très- remarquable dans cct évènement , fut le privilège accordé aux bâtimens de l'Université. Ils furent préservés dans ce désordre , en core bien qu'ils renfermassent, et surtout le muséuin d'histoire naturelle, beaucoup d'objets de prix même pour des soldats. Ces égards avaient été recommandés par les chefs militaires, et c'est un des titres de Buo- naparte à la reconnaissance de la postérité, qu lau mi lieu de parcilles fureurs, le soldat ait conservé pour 13 A PF. æ (134 y les études, et les objets qui en sont les auxiliaires, le respert qui leur est dà. Plus admirable encore fut la mo- dération des officiers subalternes et des soldats eux- mêmes, qui, remplis de vénération pour le nom de Spalanzani et d’autres savans professeurs, s’abslinrent, à ja plus légère invitation ,; ou sans en avoir été nulle- ment priés, de porter atteinte aux propriétés de ces sa- vans : pouvoir suprême de la science et de la vertu, même sur les hommes accoutumés à vivre au milieu du sang et des armes. Enfin le 26, à midi, se termina Je pillage , ainsi que Buonaparte l'avait ordonné ; satisfait de la punition infligée , le vainqueur ne chercha point à se venger de ceux qui, pris les armes à la main, et encore tout couverts du sang des français, avaient mérité, selon les lois , comme on dit , de la guerre , que les républicains les traitassent comme ils avaient traité les républicains. Un seul, dans le premier désordre, fut passé par les armes ; trois autres, couverts de blessures et en danger de succomber, furent portés à l'hôpital. Les journaux et les écrits du tems racontèrent faussement que les magistrats , qui tous appartenaient à la noblesse , avaient été punis de mort , ils furent seulement privés de leurs charges et conduits à Antibes en qualité d’otages , aussi bien que plusieurs autres habitans des plus notables. De plus, les cloches furent enlevées dans toutes les campagnes, et les populations désarmées ; l’ordre fut “donné qu’au moindre mouvement d’une ville quel- conque la place fût mise à feu et à sang- Pavie, ébranlée par une secousse si violente , | fat long-tems à revenir de sa stupeur et de son effroi, mais enfin, au moyen d'un régime intérieur plus régu- lier , ( régime toutefois compromis de 1ems en tems par les inconséquences ou les excès des patriotes }, grace aux manières affectucuses des Français, et surtout à la (35 ) douceur du général Haquin, la confiance succéda bien- tôt à la crainte, chacun retourna à ses occupalions ac- coutumées , ct les habitans commencèrent à se fami- liariser avec ces soldats, terribles par leur réputation , plus terribles encore par leurs actes. Le premier et le principal ornement de Pavie, c'était l'Université, les nouveaux magistrats ordonnèrent qu'elle reprit ses tra vaux, et les professeurs furent comblés de caresses. Les Français aussi, principalement ceux qui n'étaient point étrangers aux sciences et aux lettres , secondèrent celte bienveillance du gouvernement en faisant l'accueil Le plus flatteur à Spalanzani, Scarpa, Volta, Mascheroni , resciani, Brugatelli et les autres savans , lumière et honneur de l'Italie. C’est ainsi que parmi le fracas des armes , se relevait l'Université de Pavie, et le plus bel ouvrage de l'empereur Joseph IE trouvait des protec- teurs et des appuis chez ceux-là même qui avaient enlevé l'Italie à ses successeurs. L'élection de Razori trouva seule des contradicteurs, non que Razori ne méritât, par ses connaissances el la générosité de son caractère , l'emploi qui lui était confié , sous ces rap- ports , au contraire , il en était très digne; mais, jeune encore, il entrail avec une ardeur extrême dans les voies nouvelles qui s’ouvraient, tandis que lesautres profes- seurs, hommes graves, prudens et expérimentés , auraient voulu trouver dans leur collègue le desir de conserver un élat de choses éprouvé , plutôt que cel amout pour des innovations incertaines. , ( 136 ) COURSE POËTIQUE DANS LES ALPES SUISSES DU CANTON DE BERNE. Creation’s God ! with thought elate, Thy hand divine 1 see Impressed on scenes, where all is great , VVbere all is full of thee! Miss VViiams, Hymnvritten among the Alps. Rene e Qu'ux autre, dans ses vers, d’un riche citadin* Vante complaisamment le prétendu jardin Où la fleur est soumise au dessin symétrique , Et que, d’un ton flatteur, sa muse didactique Célèbre des bosquets alignés au cordeau, Des cascades à sec et de honteux jets-d’eau ; Qu'en un plan régulier ses rimes assemblées Du parterre insipide imitent les allées : Moi, qu’on ne vit jamais aux modernes puissans Ar Prodiguer la vapeur d’un mercenaire encens, Ami de la nature , aux cimes helvétiques Je promène au hasard mes rêves poétiques. Sommets inspirateurs, majestueux déserts, Je viens vous demander de plus mäles concerts. Salut, 6 du grand Tell généreuse patrie ! Terre de liberté , belle et fière Helvétie, Salut , trois fois salut! Au loit, de toutes parts, PDP dd rm dt tintitéttinnz he. Pr (137) Tes rochers sourcilleux, augustes boulevaris, À mes yeux étonnés élèvent dans les nues Leurs frimas éternels et leurs têtes chenues. Voici donc de l'honneur cet antique séjour Où périt Winkelried (1), où Tell reçut le juur (2), Où l’homme remporta sa plus noble victoire ! , Le voilà, ce théâtre et de neige et dé gloire! . . . à (3) Monnmens éthérés, votre imposant aspect Me remplit à la fois de crainte et de respect; La nature , à grands traits, de ses mains vénérables Vous avait dessinés pour des faits mémorables. Le sol français me quitte, et Berne, à mes regards, Etrangère déjà , découvre ses remparts. Sur l’'Aar captivé pompeusement assise , Le fleuve l’embellit de son onde soumise (4), Et des monts d’alentour les sommets verdoyans La mettent à l'abri de l'injure des vents : Les Alpes, au-delà, sévère paysage, (1) On connaît le sublime dévodment d’Arnold de Winkelried : la Suisse lui dut le succès de la bataille de Sempach, qui fut décisive pour l'indépendance helvétique. (2) Guillaume Tell , le libérateur de la Suisse, et l’un des fondateurs de sa liberté, naquit à Burglen , village du canton d'Uni, à une demi- lieue d'Altdorf. Ce fut le 18 novembre 1307 qu'il tua, près de Kussnacht, Gessler , l'infâme oppresseur de sa patrie. (3) Vers de Voltaire, dans son épitre à sa terre, près du lac de Genève. (4) La ville de Berne est située dans une presqu'ile formée par la rivière d'Aar, que l'on appelle ici fleuve par extension. La vue dont on jouit à Berne est célèbre. Par-delà de riches campagnes et des montagnes verdoyantes s'étend un immense rideau des Alpes, dont le contraste forme une perspective des plus magnifiques: PE » (2) « Je m’écriais quelquefois : O nature ! à ta seule garde : il n’est point ici d'homme adroit êt fourbe qui s’inter- (138) Tranchent l'azur du ciel, dans un lointain sauvage. Là s’élancent mon cœur et mes vœux enchantés : Je ne voyage point pour trouver des cités ; y L'homme partout est l’homme, inconstant et fragile , Et partout son étude est pénible ou stérile; La nature, elle seule , en ses chastes attraits, Ignore l’artifice et ne trompe jamais. Me voici sous ta garde , Ô nature! & ma mère! Et d'un pied libre enfin je puis fouler la terre (1) ; Nul mortel entre nous ne vient s’interposer (2) : Mon ame loin du monde aime à se reposer. ‘ Des Alpes j'ai franchi la porte redoutable. Thoune, qui décrira ton charme inexprimable (3) ? Quel poëte inspiré, quel magique pinceau De tes bords gracieux traceront le tableau ? Qui pourra définir ta beaüté romantique , Ton idéal aspect, ton lac mélancolique ? Au déclin d’un beau jour , avec quelle douceur Je savoure en ces lieux le calme et la fraicheur ! Que ce beau lac me plaît! Que son onde est limpide ! QG) Nunc pede libero Pulsanda tellus. Honar. , od. 131. » pose entre toi et moi. » J.-J. Rousseau , Confessions, liv. XII. (3) La ville de Thoune , l'une des plus élevées de l'Europe , est la clé des Alpes du canton de Berne. Elle est assise au bord d'un lac charmant qui porte son nom, Au lever et au coucher du soleil , la vue de ce lac et des montagnes qui l'entourent est d’une beauté impossible à décrire, ‘ a mère! me voici sous dr, (139) Spectacle ravissant! Vers son cristal liquide Les monts et les forêts s'inclinent pour se voir; L'astre des nuits s’admire au mobile miroir ; Les étoiles, du ciel sublime poésie, Semblent y contempler leur lumière adoucie. . . ., (1) Dans celte grande image, où tout est plein de toi, Souverain créateur ! je reconnais ta loi ; Partout, à chaque instant j'admire ta puissance , Et je sens ta bonté dans ta magnificence (2). Mais le tems fait son cours : comme une lampe d'or, Sur l'horison brumeux la lune veille encor ; C'est du berger discret l'heure mystérieuse , Du voyageur «aussi c’est l'heure aventureuse ; 2 D (1) Lake Leman Woos me withits crystal face, The mirror where the stars and mountains view The stillness of their aspect in each trace lis clear depht yeils of their far height and hue « Le lac Léman m'invite aveç sa face de cristal, miroir où les étoiles » et les montagnes se reconnaissent dans leur paisible attitude : sa pro- » fondeur transparente réfléchit leurs sommets et leurs couleurs. » ‘ Lord Brnox, Childe Harold. (2) In every scene , where every hour Sheds some tertife grace, In nature’s vast o'erwelming power, Thee , thee, my God, [ trace! « Dans chaque scène, où chaque instant répand une nouvelle grace » imposante, dans l'immense pouvoir d’une mature majestueuse , c'est » toi, mon Dieu, c'est toi dont je reconnais l'erapreinte ! » Miss Wicraus , Hymne composé au milieu des Alpes Voyez en outre l'épigraphe placée en tète du poÿme. Esménard à imilé en très-beaux vers le morceau anglais que nous citons ici. \ C140) L'esquif est prêt, on part : des langueurs du repos Le désir curieux m’emporte sur les flots ; Et le seul aviron, qui retombe en cadence, De la plage déserte interrompt le silence. D'un beau jour, cependant , timide précurseur , Le crépuscule épanche une faible lueur ; Au souflle matinal de la brise légère De blanchâtres vapeurs s'élèvent de la terre, Et de Phébé déjà le disque pälissant Semble fuir dans le cieux devant le jour naissant. À l’humide orient l’anrore se fait place, Et, fondant les brouillards que son éclat eflace, Répand l’azur et l'or sur la neige des monts, Et va dompter la nuit dans le creux des vallons. Les hôtes des forêts ont quitté leur asile ; Tout renaît, tout s’émeut : bientôt, le grèbe agile (1), Quand la neige bleuit à l’aube du matin, Ouvre au zéphyr glacé son plumage argentin. Le père des saisons , le roi du jour s’avance : Dans les plaines du ciel, radieux , il s’élance ; Son orbe éblouissant, dans l’espace emporté, Sur le front des glaciers roule avec majesté, Et, des ombres vainqueur , sur la nature entière a QG) « Le grèbe ( colymbus ) est bien connu par ces beaux manchons » d’un blanc argenté , qui ont , avec la moëlleuse épaisseur du duvet, le » ressort de la plume et le lustre de la soie. . . . . Le grèbe du lac de » Genève, qui se trouve aussi sur celui de Zurich et les autres lacs de la » Suisse, est l'espèce la plus connue. » Borron, Histoire naturelle des oiseaux. A l'égard de l’épithète d’agile qui est ici donnée au grèbe, il est certain que la conformation de cet oiseau l'empêche de s'élever facile ment; mais, lorsqu'il a pris le vent, il ne laisse pas de fournir un long vol. D'ailleurs , son agilité sur l'eau est très-grande : il nage, plonge et fend l'onde avec une rapidité surprenante. Acrbage$ Cr) Il verse des torrens de vie et de lumière. Comme une heureuse épouse, aux premiers feux du jour La terre, en s’éveillant, sourit avec amour. La vapeur se dissipe, et les Alpes sublimes Etalent de nouveau leurs gigantesques cimes Où règne avec le froid l'éternelle blancheur, Où s’écoulent les ans sans changer de couleur. Neige, deuil éclatant de la triste nature, Ton linceul, de l'hiver monotone parure, Est un voile d’oubli sur la terre étendu , Qui cache un grand secret à nos yeux défendu, Tu contiens du passé les antiques annales, Et du sombre avenir les semences fatales. Ces rochers déerépits, par l'âge mutilés , Ces monts, contemporains des siècles écoulés, Ces archives du tems, où notre sort se fonde , En savent plus que nous sur l’histoire du monde. O neige, qui les couvre et leur sers de manteau, Peut-être des humains tu seras le tombeau ! Je lis avec terreur dans ton morne silence Du globe refroidi l'entière décadence ; Tu dis : Les tems viendront ; le mourant univers N'offrira plus au jour que d’horribles déserts... (62 1e Mais, non. Jeune toujours, et toujours florissante, Dans sa propre vigueur la terre s'alimente ; La providence veille , et, d'un heureux effort, L'existence renait dans le sein de la mort. Sous ces remparts glacés habite la nature : Dans leurs flancs caverneux, abimes de froidure, 20 + (1) Système de Buffon, du refroidissement de la terre. Avant le Pline français, Leibnitz n'avait pas hésité à dire que le globe ter- reste devait sa matière et sa forme à l'élément du feu ; Descartes avait pensé que la terre et les planètes n'étaient que de petits so- _cils encroutes. (142) Elle dispose, unit les élémens secrets, Et du moteur suprême accomplit les décrets, ViurR Ç Là, dans l'obscurité d'une grotte profonde , Elle combine en paix les principes de l'onde, Travaille sans relâche ; st ces mêmes glaciers , Si redoutés, si fers, sont d’humides foyers D'où s’échappent ces lacs, ces fleuves, ces rivières Qui fécondent nos champs de leurs eaux tributaires : Aiïñsi, du froid séjour de la stérilité S’'écoulent l'abondance et la fertilité. Enfin donc, je vous touche, amphithéâtre immense D’immortels monumens, témoins de notre enfance “Et des futurs destins promis à l'univers. Avec un saint effroi ; dans vos flancs entr’ouverts J'interroge le tems. D'un essor téméraire , Je domine déjà empire du tonnerre. Tremblant, j'ai mesuré tous ces pics menaçans Hérissés des glaçons d’un hiver de mille ans. Mon œil désenchanté, s’abaissant vers la terre , Entrevoit des humains la profonde misère ; Et, pensive au milieu de cette immensité, Mon ame dans les cieux a lu l'éternité. Là, j'aime à méditer, rêveur et solitaire, Sur l’orgueilleux néant des grandeurs de la terre : La grandeur ici bas n’est que la vanité. Jouet des élémens , dans le vague emporté, L'homme ne vit qu’un jour, ignorant de son être ; Il aspire âu savoir, et ne peut se connaître ; Il se dit roi du monde..... Atôme ambitieux, Ta sphère est un seul point; la grandenr n’est qu'aux cieux ? Crois-tu donc, malheureux, dans ta fongue insensée, Aux chœnps de l'infini voler par la pensée ? A tes pieds, sous tes yeux, il est mille secretg Je, : C3) Que ton esprit borné ne comprendra jamais. Toutefois, peu content de posséder les choses, En voyant les effets, tu veux sonder les causes ; Vain effort : Dieu se cache aux cœurs audacieux. O Dieu! que ton ouvrage est vaste et glorieux! Et nous, inapperçus dans l'océan des êtres, À la création nous commandons en maîtres , / Et ces maîtres si fiers ne se commandent pas! Notre orgueil téméraire excite cent combats Entre les élémens de notre double essence ; Impuissans, nous voulons envahir la puissance ; Victimes, tour-à-tour, de vils et nobles soins, Et d'immenses désirs et d’ignobles besoins , D'un savoir mensonger la grossière apparence, En égarant nos sens, accroît notre ignorance. Rochers altiers, du globe énormes ossemens, Vous avez vu tomber nos frèles monumens ; La main de fer du tems chaque jour les efface ; Le voyageur à peine en découvre la trace. L'humble toit du pasteur s’élève aux mêmes lieux Où brillaient de Memphis les palais fastueux ; Carthage n’est qu'un nom; Æome n'est plus dans Rome (1); Ces ruines d'hier sont antiques pour l’homme. Les temples sont muets, dans la poussière épars, Et l'herbe s’est assise au trône des Césars. Les Romains ne sont plus, leur splendeur est passée ; Comme un soleil éteint leur gloire est éclipsée. 4 (x) L'auteur, en prenant cet hémistiche au grand Corneille , n'a pas cru faire une chose fort répréhensible. De pareils emprunts sont autorisés par l'usage , quand il s’agit de vers caractéristiques. Emprun- ter à un grand poète, c'est rendre hommage à son génie, c'est s’en- tichir sans l'appauvrir. C4) La Grèce pleure en vain sur d'informes débris, Stériles monumens par les siècles détruits : On cherche la tribune où tonna Démosthènes ; Le tems a dévoré la glorieuse Athènes; Sa puissance ne vit que dans nos souvenirs, Et les Grecs sont courbés sous le joug des Visirs!..… Maïs vous, rochers fameux, nés avec la nature, De vingt siècles encor vous braverez l’injure. " De mes sombres pensers interrompant le cours, Un frais vallon m'invite en ses heureux détours. Que j'aime, Lauterbrunn , ta solitude austère (1), Ce baume d’un air pur qui jamais ne s’altère, Des pins silencieux le calme inspirateur Qui rafraîchit mes sens , et qui parle à mon cœur! Que j'aime à contempler les formes fantastiques Des rochers figurant des tours et des portiques, Ou bien les murs noircis d’un castel ruiné! Du sauvage désert l'aspect désordonné , Des pics majestueux les redoutables cimes, En ces lieux tout m’enchante , et même les abimes. J'admire le torrent qui roule , impétueux, De l’épaisse forêt le sentier tortueux, Les antres écartés, les montagnes bleuâtres, (1) La vallée de Lauterbrunn , dans V'Oberland bernois, s'étend au S. O., au centre de montagnes colossales. Elle a cinq lieues de lon— gucur, et tout au plus un quart de lieue de largeur. Plus de vingt cascades s’y précipitent du haut des rochers. On y trouve une sta— tion commode pour contempler de près l'aspect sublime de la Jung- Jrau ,ou pic vierge, ainsi nommé, parce que la cime en est jugée inaccessible. De superbes glaciers décorent le fond de la vallée de Ean- icrbrunn ; et tout concourt à faire de cette contrée l'une des plus extraordinaires qui se puissent voir. C'est Ià que se trouve le pitto— resque en grand. Égarant (145 ) Égarant dans le ciel leurs longs amphithéätres. Qu'avec plaisir je vois le rustique chälet ! C'est là que le berger, pauvre, mais satisfait, Puise le vrai bonheur dans une soufce pure, Et, tranquille ,:s’endort au sein de la nature. LU > La Le Staubbach me présente un spécuicle nouveau ; Et déroule à.mes yeux son magique tableau (1). Un fleuve tout entier s'échappe de la nne; Son onge se divise, et coule suspendue Comme un ruban d'azur qui flotte dans les airs. Du torrent dispersé partent de longs écJairs; Le soleil, se jouant sur cette écharpe humide, Embrâse de ses feux la poussière liqnide : Ce n’est plus qu'un nuage, et son réseau charmant, Tel qu'un zéphir tissu (2), plane légèrement : a Pt \ (1) Le Staubbach , dans la: vallée de Lauterbrunn, offre le phéno— mène singulier que l’on essaie ici de décrire. La cascade s’élance d’un rocher à pic de goo pieds d’élévation , et se résout en une pluie fine qui se disperse au gré des vents, et dans laquelle les jeux de la lu- mière sont tout-à-fait surprenans. C’est ce qui a fait donner à cette chute d'eau le nom de Sfaubbach ou ruisseau de poussière, » Le voyageur, dit Haller, voit avec surprise des rivières qui sortent » des nues, forment elles-mêmes des nuages, et coulent dans les » airs. » (2) Cette expression métaphorique paraîtra bien hardie, mais l’idée ne nous appartient pas. L'élégant traducteur des Lettres sur la Suisse, de W. Coxe, M. Ramond, qui s'est tellement approprié l'ouvrage anglais, par les excellentes observations qu'il y a jointes, que la traduction est de beaucoup préférée à l'original, M. Ramond, en parlant d’une cascade des Pyrénées, qui, ainsi que le Staubbach, tombe d'une grande hauteur , et se change en une sorte de poussière liquide, dit qu’elle ressemble à du vent tissu. On a cru pouvoir so permettre en vers ce que M, Ramond s'était permis en prose. K (146) 1 s'abaisse, il retombe , et des ruisseaux de pluie D'une fraiche rosée humectent la prairie. | + E Vous m’opposez en vain , habitans des cités, Vos théâtres pompeux, et leurs plaisirs vantés : De vos décorateurs la risible imposture Pense avec du clinquant imiter la nature ; C'est la calomnier, on ne l’imite pas. Venez, au Grindelwald osez suivre mes pas (x), Contemplez des glaciers le brillant phénomène ; e À vos froids opéra comparez cette scène ; ? Ou plutôt, demeurez : des Spectacles si grands Ne seraient point compris de cœurs indifférens. Où suis-je ? J'ai cru voir ne mer menaçante Surprise par le gel au fort de la tourmente, Comme, aux confins du monde, on nous peint ces climats Où la vague s’élève, et retombe en frimas. J'ai cru toucher au pôle, à ces âpres contrées Où s'arrêtent les flots des mers hyperborées. Sur cet amas confus de glaçons entassés J'ai cru lire ces mots par l'Eternel tracés : Tu n'éras pas plus Loin (2)... Des phalanges guerrières Des Alpes cependant ont franchi les barrières. Avec étonnement ces froides régions om () La vallée de Grindelwald, située à plus de 3000 pieds au— dessus du niveau de la mer, s'étend dans la direction du N. E. au S. O. Elle est formée de montagnes dont plusieurs ont de 10,000 à 12,000 pieds d’élévation. Elle est] très-fréquentée des voyageurs, parce que son accès est facile, et qu'on y peut étudier commodément les glaciers et les mœurs agrestes des habitans des Alpes. (2) Nec plus ultrà, >" (147) D'Annibal , de César ont vu les légions. L'invincible Français y ralluma naguère Au milieu des frimas Îles flammes dela guerre : Le trône nébuleux de l'hiver éternel D'un Jupiter tonnant fut un moment l'autel; Et, fatiguée encor d'admirer tant d’audace, La nature en gémit dans son palais de glace. Mais, ces lieux sont rentrés dans le sein du repos; Le silence immobile habite Je cahos. ” Ainsi, quand du sommet d'un rocher formidable , S’affaisse l’avalanche horrible, épouvantable , Sous son énorme poids les monts sont agités, Les pins brisés font feu, sous les glaçons heurtés, Le colosse bondit, tombe, et l'ame troublée . Croit dans ses fondemens la nature ébranlée; Tout s'appaise aussitôt ; le calme est réparé, - Et l'ordre universel West pas même altéré (1). / \ , Si des glaciers déserts la cime est désolée, È La ceinture de Flore embellit la vallée (2) ; La fleur s’y plait, malgré l'inclémence des airs, @) Rien n'est plus effrayant que la chute d'une avalanche. Le spectateur croit assister aux dernières convulsions de la nature. Mais au tumulte affreux, dans le désert immense, Vient succéder bientôt le morne et froid silence. A l'aspect d’une scène aussi formidable , on croit voir la chute du monde, et, peu d'instans après, on découvre à peine un changement . sur Île théâtre de cette terrible révolution. - (2) Au pied même, du glacier supérieur, de. Grindelwald j'ai cucilli, dans le mois de septembre, une ;scabieuse, des violettes et des fraises, Dans les régions plus élevées, on trouve encore le Rhododendren, cette belle rose des Alpes, K 2 (148) Et le printems sourit an milieu des hivers. La scabieuse, pâle en sa langueur touchante ; La tendre violette, et la fraise odorante Y bravent la froidure. Un papillon badin, Charmé de leurs parfums, y vole, mais soudain Du souffle des glaciers il a senti l'atteinte ; Il accourait joyeux, il s'enfuit avec crainte. Ainsi l'adolescent qu'anime le désir, Auprès de la beauté suit l'instinct du plaisir ; La bergère s’émeut ; dans l’ardeur qui la presse, Son jeune amant déjà dérobe une caresse. . . Tout-à-coup un vieillard apparaît, son aspect Dissipe les amours que glace le respect. Maïs, un murmure sourd présage la tempête , Et l’aquilon fougueux , qui mugit sur ma tête, M'avertit qu'il est tems de presser mon retour : L'hiver a reconquis son nébuleux séjour. Solitude , où mon ame, nn instant recueillie, Savourait les douceurs de la mélancolie, Je vous quitte, et déjà mon cœur désenchanté En perdant les déserts sent fuir la liberté. Adieu, nature! Adieu, touchante réverie ! Je vais revoir les champs de ma noble patrie, Cet heureux sol, chéri d’Apollon et de Mars, Asile des héros, de l'amour et des arts; Mais, dans la France même, au centre de sa gloire, Vos attraits enchanteurs vivront dans ma mémoire, Comme un vieillard se plaît, en remontant ses jours, Au riant souvenir de ses premiers amours. Alpes! aux feux mourans dont le couchant se dore, Des cimes du Jura mon œil vous suit encore. u Aux confins du Valais, dans un lointain obscur, Une clarté douteuse expire dans l’azur : C'est là que le Mont-Blanc règne en maître suprême ; Son front est couronné d’un glacé diadême ; \ à (149) Son trône est sur les rocs; l’avalanche, en ses mains, Est un sceptre funeste aux débiles humains; Revêtu d’un manteau de forêts, de nuages, I commande à la terre, et préside aux orages (1). Alpes! Mont-Blanc! Jura! poétiques sommets ! Recevez mes adieux, peut-être pour jamais. Je ne vous verrai plus. Egaré sur la terre, L'homme a bientôt fini sa course solitaire; Son rapide voyage a pour terme la mort : Telle est la dure loi de l'inflexible sort. Alpes! vous avez vu le matin de ma vie, Des plus beaux de mes jours la rêveuse incurie.; Mon printems va s'enfuir; demain je serai vieux. Helvétiques sommets, vallons délicieux; Puissé-je parmi vous , au déclin de mon âge, Terminer de mes ans le court pèlerinage, Vous contempler encore, à mon dernier soupir , Et dans la nuit du tems, paisible, m’endormir! ALES ONE PRET ENTER LOF EE (1) Mont-Blanc is the monarch of mountains, They crowned hind long ago On a throne of rocks, in a robe of clouds, With a diadem of snow. Around his vwaist are forest braced. ” The avalanche in his hand. « Le Mont-Blanc est le monarque des montagnes. Elevé sur ua » trône de rochers , enveloppé d’une robe de nuages, dès long-tems il » fut couronné d’un diadème de neige. Des forèts l'entourent comme » une ceintures l’ayalanche est dans ses mains. » Lord Bxnon, Childe Harold. LE PAPIELON ; FABLE. Ux jeune papillon devint triste et morose : Si papillon qu’on soit, voit-on toujours en rose? Celui-ci n’était pas sans sujet affligé : Le galant sur les fleurs avait trop voltigé, Et le fréquent contact des belles Avait usé, flétri, décoloré ses ailes. De honte et de douleur d'être à ce point changé, 11 s'enfuit un matin loïn des regards de Flore : Hélas! s’il se fût ménagé, Il les mériterait encore. Par M. Le FiLEUL DES GUERROYS, LE SOLITAIRE ET LE BARON, CONTE. Daxs ces esprits chagrins qui vont vivre aux forêts, Le vulgaire toujours voit des sages parfaits, Quand souvent ces grands cœurs , tourmentés par l'envie, N'ont pour toute vertu que la misanthropie; Aigris par des revers, ils se voilent,les yeux De peur que leurs regards ne trouvent des heureux; Exclusifs en leur haîne, ils frondent la richesse ; Tout titre leur fait peur, et tout éclat les blesse. A ce sujet, voici ce qu’un jeune scigneur , Baron sans vanité, plein de grace et d'honneur, Me contait une fois; j'en ai gardé mémoire: Il s'était, à la chasse , égaré dans un bois, Des chiens et des piqueurs n’entendant plus les voix, IL fut bientôt surpris par la nuit la plus noire ; Seul, sans abri, sans guide, inquiet, incertain, De ses bras écartant l'épaisseur du feuillage, S'ärrétant , regardant, appelant, ... mais en vain ; Il éherchaït à manger, et ne trouva qu'un sage : æ C'était presqu'un hermite, ayant Là son enclos, Enclos fort bien soigné, petit réduit sauvage, Et qu'un petit ruisseau, bien pur, selon l'usage, Cernait , rafraichissait de ses modestes flots ; Le baron consolé s'adresse au solitaire, Lui demande du pain, du laitage, des fruits : « Tu n'auras qu'un sermun, lui répond l'homme austère, » Jeune fou, porte ailleurs ton luxe et tes enauis , » Jamais dans ma retraite on n’a vu l’opulence ; » N'y porte point tes pas! Qui ferais-tu, grands dieux! K 4 (152) » Tu n'y verrais point l'or insultant l'indigence ; » Laisse-moi vivre en paix, laïsse-moi vivre heureux , » Rentre dans ton château ; je vais dans ma chaumière » Qui ne serait pour toi qu'un objet de mépris, » Adien! . . — Bien obligé, dit le baron surpris ; » Votre sagesse au moins n’est pas hospitalière, | 4 Je demandais du pain, et j'accroche un sermon; » Ce n’est pas de quoi vivre? » Un piqueur du baron Paraît en ce moment à travers la clairière, Et reconduit son maître au manoir des aïeux. Le baron soupe bien, et puis ferme les yeux; Le sage en fit autant ; c’était une justice, Quand on à fait du bien le sommeil est si doux! Un songe cependant , de son repos jaloux, Lui montrait le baron au bord d’un précipice, Pâle, tremblant , sans force, et d’un œil douloureux Se plaignant sans aigreur d’un sermon rigoureux ; Le sage sort du lit, troublé par cette image, Et pour s’en délivrer court au fond des forêts ; Il s’y perd à son tour! Le Soir comme un nuage Tombe dans le vallon et couvre les guérets, Après avoir marché long-tems. . . . il perd courage, S'assied, et du passé se souvient tout confus ; Un cœur désobligeant n’attend que des refus! « Tout homme est sans pitié, dit-il dans sa détresse ; » Bien fou qui compterait sur l'hospitalité! » À l’implorer en vain faut-il que je m'abaisse ... » Jamais! ...» En ce moment son bras est arrêté Par ug mur qui soutient un instant sa faiblesse; Il en suit les contours, qui semblent éternels, Non sans maudire encor, en mots très-solennels, Et comme quelquefois il en échappe aux sages , Les jardins, les châteaux, les vastes apanages. .. . Mais qu'a senti sa main? Une porte. O bonheur! Elle est ouverte! . . . Il entre : un séjour enchanteur (153) À charmé ses regards, (car les clartés naissantes "De la reine des nuits révèlent à ses yeux D'un immense jardin les scènes ravissantes ! ) La symétrie en vain chercherait en*ces lieux Les bassins arrondis, les froides avenues ; Là, des dieux trop connus, les temples , les statues, N'étonnent point les yeux fatigués de les voir, C’est la simple nature avec tout son espoir, Ses gazons, ses forêts, ses ruisseaux, ses bocages, Ses chemins sinueux tracés dans les feuillages! Le saule avec ses pleurs s’incliné sur les eaux, Les chênes, les sapins couronnent les côteaux, La clématite en fleurs couvre la grotte obscure, Et seul, dans la prairie, élançant ses rameaux, Forme aux brises du soir livre sa chevelure, Et salue en jouant les jeunes arbrisseaux! Le sage est interdit : « Voilà dans mes disgrâces » De quoi me consoler, dit-il, et des ciseaux à » Des pinces, du croissant, je ne vois plus les traces; » Tout est libre en ces lieux, et les tendres ormeaux » Protègent les amans, les fleurs -et les oiseaux. » Mais parmi ces massifs de roses, de verdure, Quel prodige nouveau vient enchanter ses yeux ? C'est un château modeste et simple en sa structure, Que semble avoir créé Ja puissance des dieux. » Oh! ceci ne peut être un asile ordinaire, » Dit notre misanthrope, habile à pénétrer, » C'est un temple, et dès lors nous y pouvons entrer, y > Aux hôtes du logis je dois une prière. » Disant ces mots, il entre, ei d’un vaste repas Voit les restes épars! À de joyeux ébats Les ‘convives nombreux se livrent sans licence ; Ce sont des ouvriers, des femmes, des enfans , Dônt les cœurs sont émus, dont les traits sont riuns ; Un bon vieux serviteur au milieu d'eux s'avance, (354) Et, pleine de respect, la foule fait silence; Du travail journalier il apporte le prix, À ceux-ci des conseils, de douces remontrances, Aux plus pauvres des dons, à tous des espérances , Et laisse en s’éloignant tous les cœurs attendris! Le sage court à lui : » J'ai besoin d’un asile, » De l'obtenir ici je crois qu'il est facile, . » La bienfaisance est sœur de l'hospitalité! » — Venez, lui dit le vieux, mon maître est enchanté » Quand sous son toit paisible un étranger sommeille; » Venez, dans le salon, on prolonge la veille; » Mon maitre en ce moment est seul avec les siens, » Obliger, pour son cœur, est le premier des biens, » Venez. . ..» Et dans la salle il introduit le sage. Mais quoi? quelle rougeur a couvert son visage ! L'homme qui s’est levé plein d’un si doux accueil, C’est lui, c’est le baron, et du premier coup d'œil Le baron à son tour*a reconnu l’hermite Qui veut se retirer interdit et confus. » Oh! vous êtes chez moi, vous ne sortirez plus, » Dit le jeune baron, venez, bon cénobite ; » Pour quitter mon châtean tout effort serait vain, » Jacques! vite, un bon lit, un feu clair, de vieux vin! ŸY Comme il est fatigué! Eugène, Mélanie, » Ma fêémme, venez tous lui faire compagnie ; LA Par de doux entretiens, votre aimable gaîté, » Ramenez le plaisir sur ce front attristé. » Le souper fut parfait, et notre solitaire, Grâce à son appétit, se tira bien d'affaire; A son appartement le maître le conduit, Et dit en le quittant : doux sommeil , bonne nuit, Ce vœu fut exaucé. Déjà brillait l'aurore , Que dans son lit bien chaud le sage était encore ; Il se lève pourtant, ouvre , et voit les jardins Qui charmèrent ses yeux! Les lilas, les jasmins. (2957) De leurs premiers parfums semblent lui faire hommage ! IL apperçoit déjà son hôte sous l’ombrage, Qui, son livre à la main, savourait le bonheur. Que donne un beau matin, um ciel pur, un bon cœur. Il vole à ses côtés, prend sa main, lui rend grâce, Et veut sur le passé s’excuser doucement. Son hôte l'interrompt : « N'y pensons nullement, » Il n’en reste à mon cœur, dit-il, aucune trace. » Je serai, j'en suis sûr, le dernier voyageur » Qui ne trouvera pas, dans votre humble hermilage, Uu accueil favorable , un abri protecteur. Ÿ Ë Vous voyez, je suis riche, et me crois un peu sage; » Ne méprisez plus l'or, car il fait des heureux. » Faut-il à ses pareils montrer un front sévère ? » Contre les grands toujours exciter sa colère ? » Tous les petits sont-ils justes et vertueux ? » Non, le vice est partout, mais partout la sagesse , » Sous le chaume, au château, comme au milieu des bois; » Ne reprochez aux grands leurs titres, leur richesse » Que quand vous les verrez braver le frein des lois, » Consacrer des abus, commettre arbitraire. » Jusques-là, nton ami , tout homme est votre frère , » Et quand dans sa détresse il se jette en vos bras, » Qu'il soit pauvre ou baron, ne le repoussez pas... LA Je vous prêche , pardon, e’est ma seule vengeance, » Et vous avez soupé, vous, quelle différence ! Par M. GUTTINGUER, (156 ) —mhe 9) CCE — UN PÈRE À'SA FILLE . LA VEILLE DE SON MARIAGE. OBJET de tous mes vœux, ma fille, mon amie, Les lambeaux de l’hymen vont s’allumer pour toi; Pour toi, va commencer une nouvelle vie ; Demain, d’un tendre époux tu recevras la foi. Entre nous désormais il n’est plus d'intervalle, Je dépose à jamais le sceptre paternel ; Aujourd’hui, mon enfant ; et demain, mon égale, Reçois de l'amitié le tribut solennel. O céleste amitié! divinité-suprême ! Exauce en ce moment le plus doux de mes vœux. Pour ce couple charmant, que j'estime et que j'aime, Retranche à mon bonheur, et le rends plus heureux. Peut-être, et je le crois, ton ame m'est connue, Pour mieux plaire à l'époux que tu viens d’asservir, Tu me demanderas de ta bouche ingénue , De quel art tu dois te servir ? De l’art! grand Dieu! de l’art! non, ma chère Amélie, Non; qu’il n’en soit jamais pour toi! Suis la bonne nature; elle t'a bien servie; Sois toujours attentive et fidèle à sa loi. Pour captiver le cœur et l'esprit de ton père, Aimable et chère enfant, dis-moi, comment fis-tu ? Tu l’aimas tendrement : voilà tout le mystère. Aime aussi ton époux; pour règner et pour plaire, (157) Il est deux sûrs moyens : l'amour et la vertu. Mais de quels doux transports mon ame est agitée ? Dans l'espace des tems je la sens transportée ; De l'immense avenir le livre est devant moi, J'y lis ta belle destinée. Tous les cœurs à l’envi se rangent sous ta loi. Je vois à tes côtés la paisible allégresse ; Des talens, des vertus , la troupe enchanteresse ; Le bonheur sans apprêts, l'amour de bonne foi, Des plaisirs sans remords, des vertus sans rudesse ; Tes parens , tes enfans, tes serviteurs unis. , Ou plutôt je ne vois que de tendres amis : Tous sont heureux par toi: tu le seräs toi-même ; De leur félicité suprême La tienne deviendra le prix. O Dieu! réalisez cette aimable chimère ! Heureuse du bonheur d'autrui, Que ma bonne Amélie à tous soit toujours chère, Et que toujours je reste son ami! Par M. p'Ornay, Doyen des Académiciens , âgé de 94 ans, ou Pr 64 aida star e ‘til f 3 n L Dividende «eat “sl Qui dé suaod 6 wii r'Aperene me ! ÉLMorquis ex vivo dd. 1821 É.: É (pelle Les PL LT 2 272720 CA (£ua : TABLE DES MATIÈRES. a Ê—— LA dB RE d'ouverture ; par M. Durouzeau ; Presi- dent , page x SCIENCES ET ARTS. Rapport fait par M. Vitalis, Secrétaire perpétuel , 3 Ouvrages annoncés ou analysés dans ce Rapport. Construction géométrique relative à la quadrature du cercle par M. Boucharlat , et rapport par M. Meaume, 4 Essai sur la nature et les propriétés d’un fluide imponderable , ou nouvelle théorie de l'univers matériel ; par M. Morin, 5 . Observations barométriques faites à Toulouse par M. Marqué- : Victor, envoyées par l’Académie royale des Sciences, Ins- criptions et Belles-Lettres de la méme ville, ibid. Mémoires de la Société des Arts du Mans , relatifs aux sciences , et rapport par M. Meaume , . ibid. Précis de la Séance publique de la Société des Arts du Mans , et rapport par AI. Levieux , 6 Rapport sur plusieurs livraisons des Annales europeennes de physique végétale et d'économie publique , 6 ( 160 ) Résumé d’un cours élémentaire de géographie physique ; par 1. Lamouroux, et rapport par M. À. Le Prévost, ibid. Géographie ancienne el moderne , par M. Devilly, et rap- port par M. Fontanier , 7 Travaux de l'Académie royale de Caen , et rapport par M, Duputel , ibid, Réflexions et observations sur l'hiver de 1821 ; par M. Charles Drouet, Membre de la Société du Mans , ibid. Manuel d'optique expérimentale à l'usage des artistes et des physiciens ; par M. Bourocois, 8 CHIMIE. Procédé économique proposé par M. Robert pour la prépa- ration du sulfate de kinine , etrapport par M. Hellis, ibid. Expérience pour s'assurer si l’on peut faire des paremens à l'usage des toiliers avec la farine de riz; par M. Dubuc, ibid. Recherches sur l'analyse des terres arables , suivie de l’ana- lyse chimique de deux terreins situés près Honfleur , et d'une marne qui se trouve au même lieu ; par M. Vialis, 10 HISTOIRE NATURELLE." n olice) relative à la figure d’une croix trouvée à l’intérieur d'une büche de hétre, à deux pouces et demi de la couche corticale ; par M. Periaux , Ù | ibid. Notice sur le Chéne-Chapelle d’Allouville ; par M. Marquis, 10 Apperçu microscopique et pysiologique de la fructification des thalassiophytes symphysistés ; par M, Gaillon , et rapport ‘par M. À, Le Prévost, | ibid. Monographie PONS" PT D SET. VU he. 22 161 Monographie du xEn " Antilles ; par M. Moreau de Jonnès , et rapport par M. Le Turquier, 15 Recherches sur les poissons toxicophores des Indes-Occiden- tales; par M. de Jonnès, etrapport par M. Levieux, ibid. Discours prononcé par M. Marquis à l'ouverture du cours de . botanique , ibid, Travaux de la Société Linnéenne de Paris | et rapport par M. Marquis, ibid. Théorie sur les mouvemens de la sève dans les plantes ; par M. Féburier , et rapport par M. Marquis, ibid. MÉDECINE. Mémoire sur les vesanies ou maladies mentales, par M. Du- buisson, et rapport par AI. Gosseaume , 12 Bulletin des Sciences médicales de l'Eure , et rapport par M. Gosseaume , ibid. Deux brochures de M. Moreau de Jonnès , l’une relative au cholera-morbus de l'Inde ; l'autre intitulée : Phénomène de Ja propagation du principe contagieux de la fièvre jaune , et rapport par M. Godefroy , ibid. Lettre de la Martinique sur la fièvre jaune , Cemmuniquée à l’Académie par M. Duputel, 7 13 Rapport sur l'établissement d'un conseil de clinique oculaire à Paris ; par M. Guillié, ibid Observations sur les combustions humaines spontanées ; par M. Hellis, 13 Dissertation inaugurale de M. Ferdinand Adam, et rapport par M. NVigné, ibid, L ( 166 ) Voyage medical en Tialie, par M. Valentin ; et rapport par M. Botta, 14 Notice sur Jean-Nicolas Corvisart , par M. Mérat , et ana- lyse par M. Vitalis, 19 MÉDECINE VÉTÉRINAIRE. Compte rendu par M. Prevost, vétérinaire , d’un rapport fait à la Société royale et centrale d’ Agriculture sur le concours pour les mémoires et observations pratiques de médecine vé- lérinaire , ibid. AGRICULTURE. Rapport fait au Roi sur les travaux du Conseil d’agricul- par M. Simon, et compte rendu par M. Meaume , 16 Concours ouvert par la Sociélé royale et centrale d’ Agriculture pour la pratique des irrigations , etc. | et rapport par M. Mallet, 17 Séance publique de la Societe d'Agriculture , des Sciences et Arts de Boulogne-sur-Mer , et rapport par M. Dubuc, ibid. Travaux de la Société d’ Agriculture et des Arts du dépar- tement de Seine-et-Oise , et rapport par M. Meaume , ‘ ibid. — De la Société d'Agriculture , Sciences | Arts et Belles- Lettres du département dinrece Dee , et rapport par MM. Meaume et Dubuc, 18 . Prix proposés par la Société royale d Agriculture et de Com- merce de Caen , ibid. (123) Travaux de la Societé d’Agriculture du département de la Seine-Inférieure , et rapport par M. Meaume, 19 Mémoire de M. Dombasle sur la charrue considérée prin- cipalement sous le rapport de la présence ou de l'absence 1 L de l’'avant-train , et analyse par M. Dubuc, ibid. Résultat de quelques expériences sur la fermentation vineuse ; par D. Gauvenain , et rapport par M. Dubuc, 20 Traités divers d’économie rurale , alimentaire et domestique par M. Cadet de Vaux , et rapport par M. Dubuc , ibid. Rapport à M. le Préfet sur les réponses aux questivns relatives à l'amélioration de la race des chevaux qui lui ont été adressées par les vétérinaires du département ; par DM. Leprevost, vétérinaire , 2r Discours prononcé par M. le Baron Lezurier de la Martel ; Président de la Societé centrale d’ Agriculture du dépar- tement de la Seine-Inférieure , à l'ouverture de la séance publique de cette Société , ibid. Mémoire sur l'éducation et la culture du pommier dans les environs de Rouen ; par M. Prevost, pépineriste , eb rapport par M. Dubuc, 22 Observations sur la manière d'employer le plus utilement le terreins siliceux et calcaires du departement de la Scine- Inférieure ; par. M. Dubreuil, 23 Mémoire ‘sur le chlorure de Calcium , présenté comme en- grais ou comme stimulant vegétatif ; par M. Dubuc , | ibid. Annuaire agricole du département de la Seine-[nferieure ; par IL. Guerard de la Quesnerie +. ct rapport par M. Aug. Le Prevost , 24 2 j C:64 ) Prix PROPOSÉ pour 1823, 26 ! Ouvrages dont l'Académie a ordonné l'impression en entier dans ses Actes. Le Recherches sur l'analyse des terres arables | suivies de l'ana- lyse chimique de deux échantillons de ces terres et d’une espèce de marne ; par M. J.-B. Viulis, 27 Notice sur le Chéne-Chapelle d’ Allouville ; par M. Marquis , | . Observations relatives aux combustions humaines spontanées ; per M. Hellis, D. M., 47 Oüservations chimico-agricoles failes en 1820 et 1821 , sur l'emploi du chlorure de Calcium, considéré comme engrais ou comme stimulant végétatif, par MI. Dubuc, 52 Notice faisant suile au mémoire précédent ; par le méme , 62 Notice sur l'emploi du sulfate de kinine , par M. Hellis , DA , 64 Paremens ou-encollages pour les étoffes et toileries préparées avec les trois espèces de riz qu’on trouve dans le commerce, elc.; par M. Dubuc, 7x Note relative à une figure empreinte dans une bâche de hétre, à deux pouces et demi de la couche corticale ; par M. Periaux, 82 BELLES-LETTRES ET ARTS. Rapport fait par M, N, Biguon , Secrétaire perpétuel, 86 io medmtaates… en trs Éd Die La (165) Ouvrages annoncés ou analysés dans ce Rapport. Lo CORRESPONDANCE. Notice sur M. Pâris, par M. Veis, 87 Travaux de la Societé des Antiquaires de Paris , ibid. Traduction en vers de la dernière églogue de Virgile , par M. Pierre-Prosper Pimont, 88 Voyage de Rouen au Havre, sur la Seine, par le bateau à vapeur ; par M. Chaigne, et rapport par M. Lecar- pentier , ibid. Eloge du général Legrand , par M. Devilly , et rapport par M. Fontanier, ibid. Chant sacré pour S. À. R. Monseigneur Le Duc de Bordeaux ; par Madame Vien, de Paris, ibid. Relation de la fie inaugurale célébrée à Domremy , le 10 septembre 1820 , à l'honneur de Jeanne-d’Arc, par M. De Haldat , et rapport par M. Bot , 89 Le christianisme de Montaigne , par M. l’ablé de la Bou- derie, et rapport par M. Fontanier, 90 Poésies diverses ; par M. Mollevault, ibid, Bibliographical décameron , en 3 volumes in-4° ; par D. Dibdin, ibid. Lettres de M. de Saint-Martin , évéque de Caradre , suivies d’un essai sur la législation chinoise ; par M. l'abbé de la Bouderie , ibid. Vers sur la mort de Socrate ; par M. Boucharlat , 9! LË Eloge historique de Palissot de Beauvois | par M. Thiébaud de Berneaud , et rapport par M. Marquis, ibid. Statistique du val de Cérelfar M. d'Anneville, ibid. Une soirée chez Madame Geoffrin , gravé à l'aqua-tinta, et notices de tableaux historiques ; par M. Lemonnier , ibid. Second mémoire sur les sourds-muels , par Ml'abbé Jamet, et rapport par M. Bignon, ibid. Éssaï sur les institutions de Saint-Louis ; par M. Arthur Beugnot , et rapport par M. Licquet , 93 Observations sur le Précis analytique de l Académie , année 1821, par M. Toustain de Richebourg, ibid. ACADÉMICIENS RÉSIDANS. Discours prononcé à la séance de rentrée par M. Durouzeau ; Vice-Président , 94. Vue du château d’Arques , dessin lthographié ; par M. Le Carpenter , ibid. Les politiques dieppois , dessin lithographié ; par M. Le Car- pentier, Ë 94 Recueil des œuvres de M: Maillet-Lacoste , ibid. Manuel classique pour l'étude des tropes ; par M. Fontanier,, - et rapport par M. Gutinguer , ibid. Elégies ; par M. Vigné, ibid. Traduction , par M. Licquet , d'un fragment de l'histoire d'Italie, par M. Bot, 95 Traduction, par le même, d’une lettre de M, Dibdin , sur la pille de Rouen, ibid, | (167 } Notices faites par M. Descamps, à Rome , en 1777, 95 Observations générales sur les second et cinquième chant de la Henriade ; par M. Fontanier , È ibid. Ouvrage sur {: Sardaigne ; par M. le Baron Lezurier de la Martel, ibid. — sur les maisons de Rouen les plus remarquables par leurs décorations extérieures et par leur antiquité ; par M. De la Quérière , ct rapport par M. Marquis , 96 Discours de réception de M. De la Quérière, et réponse de M. Durouzeau, President , . 96 et 97 Concours. Rapport de la Commission ; par M. Licquet, 99 Prix décerné à M. André-Hyppolite Lemonnier , avocat à la Cour royale de Paris, 104. Prix PROPOSÉ pour 1823 et Prix extraordinaire, 105 Norice biographique sur DM. Boullenger ; par M. Adam, ” 107 Ouvrages dont l'Académie a ordonné l'impression en entier dans ses Actes. " LE Sac vE PAVIE , fragment d'une histoire manuscrite d'Ita- lie, depuis 1789 jusqu’en 1814 , traduit de l'italien de M. Botta, par M. Th. Licquet, 118 Course poétique dans les Alpes suisses du canton de Berne; par M. Lemonnier fils, 136 Le Papillon , fable ; par A. Le Filleul des Guerrots, 150 Le Solitaire et le Baron, conte ; par M. Guttinguer, 2154 Un Père à sa Fille, la veille de son mariage ; par M. d'Ornay , 156 FIN DE LA TABLE, Dia AAC ee ne 7. DATE LT TES Et! ete Nat SRE PR ee pis “sé oo M RARE sb À APE na Et Non EN LIRE a OL: | Frs CE yet ET Sax, PANNE | pe Metro des 0: Me 0 | | Bu ca Ml À AA 45 4 DO TUE 2e Re + SU Fa sie tn n 14 4 a” Y 0 Au Aitér 4ÿ EU x Le “+ \ \ PRÉCIS ANALYTIQUE DES TRAVAUX DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES , BELLES-LETTRES ET ARTS DE ROUEN, PENDANT L'ANNÉE 1823. me Le x à uéerr sise ii a ae! 3 we" Aa E une 2 cat an 2 F2 Ve à LT crée PS 14 PRÉCIS ANALYTIQUE DES TRAVAUX DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES , BELLES-LETTRES ET ARTS DE ROUEN, PENDANT L'ANNÉE 1823- A ROUEN, DE L'IMPRIMERIE DE P. PERIAUX PÈRE, IMPRIMEUR DU ROI ET DE L'ACADÉMIE, 22227 1824. [At ee dk 4 d “aron ce oi a PR Ni ir FINE devrait, apte bc “eux #0 Her 1. dari, + NPC ET SA K. AAA 1, L'a 4 L) # 2" FL HA 2 #1 * # d y À ur! “ s La ‘ \ LU Ma 1 M'Y 4 « TND EL 1 1 AU no” | J ’ (7 [a l ‘ # ; La hi | di Dore « ni aise A VETORNTMERE rs aa #1 101.06 rotin | #': TNA + y qA 4e ni 4 Her y +! re i ; L à CRT » d Le" cécdm ALES à : « L HAN ROUE ER Tu a , & D CE } Li à \ 8 | tie ci HR Ha L c Î ur ñ ‘ . COSAr ES ‘ ll | P A à QUE * \ 3 L: u y V1 * : v + ) 12 LATE « LA t VAN / i ‘à ( PRECIS ANALYTIQUE DES TRAVAUX DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES , BELLES-LETTRES ET ARTS DE ROUEN, PENDANT L'ANNÉE 1823, D'APRÈS le compte qui en a élé rendu par MM. les Secrétaires, à la Séance publique -du Vendredi 8 Août de la méme années AB —— DISCOURS D'OUVERTURE, Par M. le Baron CnApAis pe Mani AUX , Président, | J'ENSUPERR C’est avec une satisfaction bien vive et toujours nou- velle que l'Académie acquitte, dans cette enceinte, le tribut annuel et religieux de ses travaux. Au poste où elle est placée, elle vient incliner devant À (C2) vous ses titres el ses honneurs , comme autrefois les consuls de Rome déposaient dans les comices assemblés les faisceaux du pouvoir. Ces hommages dus, à tant d'égards, au concours flatteur et imposant d'un public si éclairé, la présence de Magistrats, appuis naturels de la doctrine, impriment à cette solennité un carac- tère de bonheur et de fête, où tous les vœux se con- fondent dans un accord de famille , dans un pacte d’en- couragement et de reconnaissance. Partout, ici, où les regards se portent, le cœur s'attache par les douces sympathies de l'instruction ; mais je dois vous entretenir des moyens qu’elle embrasse pour perfectionner la culture de l'esprit. Je me propose de tracer , dans cette vue , avec rapidité , l’esquisse de l’in- fluence générale qu’exercent les Sociétés académiques sur la propagation des lumières, et, par elles, sur le bien-être public. Plus l’homme est parvenu à un certain degré de civi- fisation , et plus il est animé du désir d'accroître ses connaissances et d'en étendre le bienfait. Mais ‘chaque intention , livrée ou plutôt restreinte à un essor indi- viduel, eût pu voir chanceler le courage, attiédir le zèle et neutraliser les recherches d’un nouveau bien, en présence des difficultés et des obstacles. Si l'on ex- cepte ces génies d’un ordre privilégié , dont Le wol , tel que celui de l’aigle , s’entretient de sa seule ardeur , sortes de phénomènes qui apparaissent à de longs intervalles pour être les flambeaux du monde , la supériorité elle- même a besoin d’émulation et'de secours ; à plus forte raison une foule de bons esprits , d’'ume classe en quel- que sorte inférieure , quoique non moins recommandable par l’âttrait de la science et l'amour de l'étude, eût couru risque de gravir avec peu de succès sur les roches es- carpées de la doctrime , faute d'une excitation assidue et d’une habile direction. Une marche incertaine m'eût fait (3) que trahir la faiblesse des tentatives solitaires et isolées. Mais de même qu’en étendant ses rayons et en concentrant ses feux, lastre du jour a fécondé l'univers, de même Pactivité brûlante et électrique des communications de l'étude, l'union des motifs, l'association des moyens, forment dans le monde intellectuel une puissance éner- gique et une force motrice propres à donner de nombreux et d'importans résultats. Une lumière plus abondante et plus vive sort d’une plus grande masse de frotitemens. Ceci s'applique encore aux combinaisons des esprits méditant, travaillant en commun , et fournit en même tems la mesure et les motifs du système acadé- mique. Ces vérités sont frappantes , sans doute , mais puisque le paradoxe en a combatiu l'évidence , il n’est pas sans intérêt de consulter les siècles et d'interroger les oracles du passé, moins pour le besoin des preuves que pour la jouissance des souvenirs. L'institution académique remonte à une haute anti- quité. Elle à puisé son nom et attaché , pour ainsi dire, son berceau, à l'ombre de ce jardin, plus célèbre que celui des fabuleuses Hespérides , de ce jardin d'Athènes où le divin Platon distribuait à ses disciples les semences de la doctrine. On trouve la même trace, les mêmes analogies dans les conférences que tenait , avec un nombre d’érudits, l’orateur romain dans sa maison de Tusculum. La lu- mière qui avait jailli de ces doctes entretiens s'éteignit avec la chute de l'empire de Rome. La barbarie couvrit le monde de ses ténèbres. Mais lorsqu'au moyen âge un Monarque, destiné à renouveler la face de l’univers, voulut élever la doctrine au niveau de ses trigmphes , il établit dans son palais une réunion de lettrés , un mode d'institution scientifique et littéraire, où il prési- dait lui-même au milieu de ses courtisans devenus, comme lui , philosophes et sectateurs de la doctrine. La cour de À 2 (#) Û Charlemagne était alors une véritable Académie. 1 meurt, les écoles se taisent; l'empire d'Occident s'écroule de toutes paris sous le sceptre dégénéré de ses faibles suc- cesseurs. La cité de Constantin subit, plusieurs siècles après, le joug d’un conquérant. Les savais qu’elle ren- fermait sont expulsés de leur asile. Ces illustres bannis cherchent un refuge dans l'Halie, qui les accueille. Ce beau sol adopte avec enthousiasme le système académique ; et, sous la faveur des Médicis , les Sciences, les Lettres et les Arts jettent une seconde fois ,,sur cet horizon , une trace lumineuse qui se répand dans l'Allemagne et dans la France , etcouvre des mêmes avantages et des mêmes ressources la rivalité des règnes de Charles-Quint et de François Ier, ” Cette suite de traditions n’est pas un simple ornement de la filiation académique. Tout imparfaites, en effet, qu’aient été ces premières réunions, quelques différences qu’elles puissent offrir , kur état primiuf suffit pour constater leur liaison et leur enchaînement avec les progrès de la civilisation, leur influence sur la splendeur et la félicité des peuples et des Rois ; mais c’est à un autre avenir que la prépondérance académique devait se faire éminemment remarquer. Le génie de Richelien soumet à des règles fixes ces communications précieuses , et consacre à l’immor- lité la création de l'Académie française, qu'il constitue gardienne de la langue destinée à être celle de la doc- trine et à la répandre dans tout Punivers. Le siècle de Louis XIV agrandit cette conception su- blime. Colbert, digne ministre du grand Roi, dispose en maître du domaine de l'instruction. Il forme comme la part du passé en érigeant l'Académie des inscrip- tions , immense répertoire des secrets de l'antiquité. IL compose la part de l'avenir par la fondation de l'Aca- démie des Sciences, vaste foyer, dépôt central des: ‘ C5) connaissances humaines, et l’un de leurs plus magnifiques monumens. Les Arts réclament en faveur de leur brillant apanage : ils obtiennent linstitution d'une Académie pour éterniser l'émulation de leurs chefs-d’œuvre, La capitale de la France parut comme le phare élevé d'où parlaient les clartés et les signaux utiles à la propa- gation des lumières. Que restait-il à faire pour l'achèvement d'un si noble projet ; sinon d’accréditer dans nos provinces l'introduction de foyers homogènes , d'y rechercher , d'y entretenir l'aliment des mêmes flammes, d'y susciter la même ardeur ? Les Académies s'organisent sur lous les points du royaume Elles apparaissent toutes formées, comme autrefois Pallas s’élança toute armée du cerveau de Jupiter. Les limites assignées à chacune des Académies de Paris n'étaient point applicables à. ces nouvelles créa tions. L'union des Sciences , des Lettres et des Arts y fut consacrée dans un même sanetuaire : semblable à cel ingénieux procédé qui parvient à enter sur une seule tige plusieurs rameaux de fruits divers empressés de jus- lifier une sève également féconde et productive. On voulut, par cette aggrégation que la force des choses indiquait, mettre en rapport intime les élémens épars des puissances de l'esprit, activer tous les moyens, aiguillonner tous les talens , et faire à la fois germer tous les succès. Ainsi, tout ce qui élève et perfectionne la raison , ce qui enseigne à l’homme ses devoirs envers la Divinité, envers ses semblables , envers lui-même , ainsi le monde physique , dans ses ressorts les plus compliqués, dans ses replis les plus secrets, dans les sinuosités de la végéta- tion ; dans la profondeur des minéraux, dans l’organi- sation des êtres vivans , tout ce que l'esprit humain peut À 3 cer | découvrir, éntrevoir , imaginer , soit qu'il interroge pas à pas là natare, soit qu'il communique sés révélations et d'innombrables pensées, qu'il les orne des prestiges de la poésie; des charmes de l’éloquence , qu’il les revête de Pillusion enchanteresse dés aris qui animent la toile, font respirer le marbre et causent les émotions de l’har- monie , soit qu'il envisage ces admirables moyens que l'art de guérir accumulé au profit et pour le soulagement de lhumanité, soit qu'il s'élève à la haateur de ces calculs à l’aide desquels il mesure la durée du tems, le cours des astres , prescrit des lois à la foudre, franchit les mers, commande aux élémens, enfin tout ce qui appartient à l'immensité de la doctrine, oui, tout, sans en rien excepler , déviendra l’objet de l'examen ouvert, je’ dirais presque imposé à l'exercice des travaux des Académies. Deinandera-t-on , après cela, si élles influent sur Ja prospérité publique ? Ne me reprochez pas d'agelomérer les instramens de là perfectibilité hataïne , de grossir la mesure, d’exagérer l'importance des contemplations académiques. Leurs services sont éclatans , ils sont incontestables à el toujours en contact avec l'infinité des indications du besoin. C’est l'ensemble , c’est ce concert de toutes les parties de cette belle confédération, c’est, en un mot, le système éntier que je considère avec vous dans tous ses points correspondans entre eux, tendant au même but, lin térêt de tous , l’accroisseinent des jouissancés ; la multi- plication de toutes les sources du bonheur. Voyez, sous un autre rapport , les Académies faire un appel simultané à tout ce que l'univers peut , sur chaque partie du globe , posséder d'amis de la doctrine, Toutes les préventions jalouses disparaissent , toutes les nuances s’effacent. L'intérêt de l'instruction est le cri C7) de ralliement unanime. Mais l'amour de la patrie ne sera point affaibli; et combien , pour des cœurs français , cet appel à de nouveaux triomphes aura-t-il d’appas ! Combien nos savans athlétes s’animeront-ils à la vae des conquêtes qui les attendent ! Le signal retentit, les défis sont acceptés. C’est par là que se détermine lex- tension graduelle, la progression indéfinie des Sciences , des Lettres et des Arts. Dès- lors tont s’émeut, tout marche à pas de géant vers la gloire et la félicité. Aussi, de toutes parts , une émulation générale a gagné de rang en rang, et a étendu la sphère des développemens et le cercle des hommes qui se vouent au culte de la doctrine. Les conditions les plus élevées se sont fait un devoir de prendre part à des progrès qui embellissent la vie, et frayent le passage aux satisfactions personnelles comme à la considération et aux honneurs. La jeunesse , ivre des charmes de l'étude, se presse sur toutes les avenues de la science, assiège tous les rendez-vous de l'instruction , dévore les leçons des doctes écoles , se précipite au barreau, à la tribune , au portique. Ainsi qu’un fruit hâtif, le talent précoce dispute et arra- che presque à la vieillesse le seul avantage qu’elle croyait lui rester. Un sexe qu'on écartait de la lice scientifique est admis au bienfait d'une éducation généreuse. Initiées aux leçons de la doctrine comme aux préceptes de la vertu , nos jeunes athéniennes se distinguent dans l'intelligence des idiomes anciens et modernes, dans la carrière des lettres , dans les travaux d'Euclide , marchent avec assu- rance dans les diverses routes des sciences et des beaux arts ; y remportent des succès , présages d’une aimable ri- valité. L'importance, la solidité des études, l'univer- salité des connaissances s'établissent en commerce réglé avec le cortége habituel des grâces. 11 n’y a plus dans Li A 4 (8) nos mœurs rien d'étranger et de ridicule que le défaut d'urbanité et l'ignorance. " Rappelerai-je encore les avantages directs qui résultent de l'établissement des Académies ? N'est-ce pas par la solennité de leurs concours, par l’at- trail des prix et des encouragemens qu'elles dispensent, par l’annonce des plus intéressans programmes , autant que par leurs propres travaux, qu'elles provoquent l'atiention des peuples sur les plus graves solutions de la doctrine, sur tant d'objets de critique, ou d'éloge ; qu’elles contribuent à susciter, à utiliser les découvertes , à faire respecter, chérir tout à la fois les mœurs , les devoirs sociaux ; qu'elles honorent la vertu , qu'elles flétrissent le vice? Et ne se montrent-elles pas aussi zélées à la propagation des beaux exemples, dans la vie civile, qu'à la conservation du bon goût dans les Sciences, les Lettres et les Arts ? N'est-ce pas aussi dans. leurs archives qu’elles dé- posent, qu'elles consignent les aperçus moraux, les développemens "Papi » les essais en tout genre, les définitions exactes , les raisonnemens précis, les pro- cédés particuliers qui sont applicables aux opérations infinies de l'esprit, et qui mènent à la parfaite connais- sance du cœur humain ? Le nourrisson des Muses y viendra puiser des ins- pirations; le guerrier, les combinaisons de la tactique, l’ar- üste, les évaluations du compas , les dimensions , les pro- porüions du beau ; le savant, les bases deses recherches ;, l'oraieur, les secrets de son art; le génie civil, ces moyens, ces leviers puissans qui lui servent à jeter des ponts hardis, à arroudir des voûtes superbes, à élancer des colonnes, à dompter le marbre et l'airain, à creuser ces vastes bassins qui protégent nos vaisseaux. Le modeste mais inventif ouvrier y trouvera les instrumens les plus ap- propriés à ses besoins; les modèles des machines les (9) plus vastes et des outils les plus fins et les plus déliés ; chacun enfin ce qui est analogue à l’objet de ses veilles, et du perfectionnement auquel il aspire. C’est ainsi que la doctrine est, pour ainsi dire, en permanence , que toutes les professions de la vie sont, par ses bienfaits, lune par l’autre améliorées , el que se justifie cette belle pensée que toutes les Muses sont sœurs. Et en‘effet, tandis que le poële s'empare , dans un chant divin, des merveilles de la nature , qu'il célèbre les grands hommes qui ont honoré le monde , ou immortalise , dans | Epopée, les triomphes de la vertu ; tandis que l'his- torien explore des recueils de l Encyclopédie des tems, l'instruction de la génération qui est à même d'en pro- fiter ; que larchéologue scrute les débris des monumens antiques pour y trouver des renseignemens précieux aux beaux arts et à la morale ; que le grammairien remonte à l’origine des langues, le rhéteur , aux principes invariables du goût; que les beaux arts méditent kurs incompara- bles imitations, que tout le chœur des Muses remplit sa destination prescrite, l’industrie fait des progrès rapides , elle ajoute à son lustre cette foule d'états nouveaux qu’elle fait éclore , les succès de l’un aident aux succès de l'autre ; toutes les professions, concourant au bien-être général, se perfectionnent par les emprunts continuels qu'elles font à la science , aux plus élevées comme aux plus ingénieuses théories des arts. La pratique, devenue plus intelligente et-plus éclairée , améliore ses produits , et ceux-ci réagissent à leur tour sur le renouvellement des moyens d'exécution : car le propre de ces véhicules est de combiner l’un par l’autre leur activité mutuelle , leur influence réciproque. De là l’incompréhensible amon- cellément des prodiges consacrés à la vie usuelle ! L'agriculteur , affranchi des ornières de la routine, le commerçant , excité à des spéculations, à des com- (10) binaisons multiples , le manufacturier , docile à tous les mouveimens,; à toutes les vicissitudes des méthodes, reçoivent , au même instant , du savant qu'ils consultent , la connaissance du sol ou de la matière qu'ils veulent mettre en valeur. Le mécanicien parcourt, avec une in- croyable variété , l'échelle infinie des découvertes et des forces qu'il accumule. Le physicien met à contribution la nature pour indiquer les substances ; le chimiste les passe au creuset et révèle leurs vertus cachées. Le lin, le coton, la soie se prêtent aux métamorphoses les plus étonnantes et les mieux assorties. Les troupeaux du Thibet, les races de mérinos se naturalisent dans nos climats. Les productions exotiques accroisent de richesse en se mêlant à nos trésors. L'industrie française, par- venue à son plus haut apogée , impose aujourd'hui à étranger les tributs qu'elle même lui payait autrefois. Enfin , par leur impulsion sur les hommes et sur les choses, par les ressorts qu'elles déploient, les Acadé- mies pressent la pensée publique, devancent et éclairent Vopinion, et généralisent dans toutes les classes de la société l'amour du travail , principe de félicité, sauve- garde des mœurs , et la plus sûre garantie du bon ordre. L'Académie de Rouen peut , avec quelqu’orgueil , re- vendiquer ses droits dans cet entraînement universel et toujours croissant vers les progrès de l'esprit humain. Plus d'une palme, plus d’une auréole de gloire ont environné son berceau, et couronné les diverses phases de sa carrière. La Science y compte des succès , les Lettres des mo- dèles, les Arts, des trophées. Est-il, dans les régions de la doctrine, un seul domaine où elle n’ait tracé d’honorables sillons ? L'hommage que jé rends à ceux qui nous ont pré- cédés , je le puise dans la reconnaissance publique comme une assurance à la perpéluité de notre dévoûment. (41) Je vous atteste, objet touchant de nos respects, heu- reux vieillard (x) que nous comparons à Linus, vous dont la présence excite tant d’admiration et les beaux vers tant d'enthousiasme , Vous saluâtes l'aurore de l'Académie , vous avez vécu avec ses fondateurs, avéc cet mgénieux Fontenelle don vous avez suivi les traces et dont vous surpasserez les années ; Vous fûtes témoin de la ferveur qui signala ces épo- ques, vous continuez de l'être du zèle qui nous anime ; vous unissez ce qui exisla à ce qui existe, et vous souriez à une postérité fidèle. Oui, Messieurs, l Académie, forte de nos prédécesseurs, forte des sentimens qui la dominent , ressemblera tou- jours à elle-même. Elle vous consacre ses veilles , elle place son devoir dans de grands et utiles résullats , son bonheur dans vos suffrages. M'est-il permis d'émettre un vœu ou plutôt un augure ? Du sein des lauriérs sortira bientôt, au gré de nos cœurs , l'olivier de la paix. Il étendra sur nos destinées ses rameaux tuiélairés, De quel éclat vont briller désormais les Sciences , les Lettres et les Arts , cultivés à la fois et protégés par un Monarque aüguste , père de son peuple et paci- ficateur de l'Univers ! oo (1) M. d'Ornay , Membre de l'Académie. SCIENCES ET. ARTS, RAA AAA RAPPORT Fuir par M. Marquis, Secrétaire perpétuel de la Classe des’ Sciences. Messieurs, Si quelque chose me fait sentir tout le poids de la tâche qui m'est confiée de vous présenter le résultat des efforts constans de l’Académie pour remplir le but de son institution , c’est surtout le souvenir du savant dis- tingué de la bouche duquel vous étiez depuis long-tems accoutumés à entendre le compte annuel de nos travaux, et dont ses concitoyens, auxquels il fut si souvent utile, ne regrellent pas moins l’absence que ses confrères. Dans ce rapide exposé, ne pouvant espérer d’être comme lui profond et brillant, je tâchérai seulement d’être simple et précis. a —— PHYSIQUE ET MATHÉMATIQUES, M. Cazaus a présenté à l'Académie un Mémoire con- tenant la Solution de deux problémes de mécanique ratio- nelle, dont M, MEAUME a rendu compte. (L'Académie a délibéré que ce mémoire serait im- primé en entier à la suite de ce rapport.) (13) = M. Lévy nous a communiqué un travail étendu ayant pour titre : Plan d’un cours de mécanique appliqué aux Arts. (L'Académie a délibéré que ce mémoire serait im- primé en entier à la suite de ce rapport.) = M. DesriGny a rendu compte du Manuel chronome- trique de M. Antide Janvier, offert par l'auteur à lPAca- démie. En nous présentant l'analyse de cet ouvrage, dont le plan embrasse tout ce qui concerne les divisions natu- relles et artificielles du tems, et tous les moyens divers imaginés pour le mesurer , notre confrère nous a fait part des nouveaux succès que lui-même a obtenus, relative- ment à la compensation des effets du chaud et du froid, sur les horloges et les montres. Après beaucoup d'applications de son système, il a enfin réussi d'une manière, sinon absolue, du moins très-approchée ; puisque pendant les dernières gelées , dont le terme moyen était de 4 degrés au moins, les monires porlant son sysième, exposées tour à tour à la température extérieure , et, dans une étuve, à une chaleur de 27 à 28 degrés ( Reaumur ) , n’ont pas pré- senté , dans leur marche comparée, une différence de 5 secondes en 24 heures. = Dans un rapport sur un autre ouvrage de M. An- tide Janvier, intitulé Des Révolutions des corps célestes par de mécanisme des rouages , M. DEsriGNx rend également justice au savoir peu ordinaire de l’auteur , et à son ha- bilete dans Part de lhorlogerie, qu'il a porté jusqu'à construire des sphères mouvantes, représentant la marche des corps célestes dans un rapport de vitesse tellement rap- proché du véritable , qu'il peut être regardé comme exact. + (14) = MNous devons à M. le Docteur Le PrÉévor , un Rap- port fait au nom d’une Commission, sur un mémoire adressé à l'Académie par M. Bourgeois, peintre, et qui a pour titre: « L’existenre du principe des réfrangibalités di- » verses de la lumière et des couleurs est-elle réelle ? et ce prin- » cipe peut-il s'acrorder avec notre organisation visuelle ? » Prouver, contre la théorie généralement admise de Newton , que la réfrangibilité des rayons de la lumière ne diffère pas suivant la diversité de leur coloration; tel est le but du mémoire de M. Bourgeois. Si les rayons lumineux, pense M. Bourgeois, étaient réfranoibles à différens degrés , selon qu'ils sont dif- féremment colorés, il serait impossible qu'ils conver- geassen! jamais au fond de l’œil de manière à y tracer une image régulière et nette des objets. Plusieurs expé- riences sont exposées dans le mémoire comme tendant à confirmer cette proposition. M. Le Prévôt , après avoir rappelé toute la différence qui existe entre un orgañe vivant , comme l'œil , et d’i- nertes instrumens de dioptrique, différence que paraît avoir trop oubliée M. Bourgeois, démontre par des ob- servations judicieuses sur les expériences décrites dans le mémoire, que, même en faisant abstraction des effets de la vitalité de l'œil , et en ne le considérant que comme milieu réfringent, il s’en faut encore beaucoup que les expériences de M. Bourgeois prouvent l’assertion qu'il en déduit , et l'erreur où il suppose que Newton est tombé, en attribuant différens degrés de réfrangibilité aux rayons de diverses couleurs. Sans partager l'opinion de M. Bourgeois, MM. les Commissaires rendent cependant justice aux connaissances solides, et à l’habileté dans l’art des expériences qu'il montre partout dans ce mémoire et dans l'ouvrage sur l'optique qu'il a également offert à l'Académie. C5) = M. Drscamps a rendu compte d’une brochure ayant pour litre: Exposition du principe fondamental d'une nou velle théorie de la peinture, par M. Lehot. M. Lehot combat l'opinion commune qui regarde la réline comme la partie de l’organe de la vue où se peint l'image des objets visibles. Il croit que c’est dans le corps vitré que les rayons lumineux forment l’image des corps non sur un seul plan, mais sur des plans différens , et avec leurs trois dimensions. De cette opinion, l'auteur déduit les principes fon- damentaux de la perspective aérienne, et une nouvelle théorie de la peinture qu'il se propose de développer dans un autre ouvrage. M. le rapporteur observe avec justesse que ce n’est pas en se livrant à de vaines hypothèses , mais en observant avec soin les effets, les accidens et les beautés si va- riées qu’elle répand sur la nature que le peintre doit étu- dier la lumière. = M. Lhuillier a adressé à l'Académie un ouvrage intitulé : Quelques idées nouvelles sur L'art d'employer l'eau, comme moteur des roues hydrauliques , sur lequel l'Académie a entendu un rapport de M. Lévy. Après un examen raisonné des avantages et des in- convéniens des diverses espèces de roues hydrauliques en usage, M. Lhuillier donne la description et la f- gure d’une roue de son invention qu'il regarde comme préférable à toutes celles employées jusqu'ici, dont elle diffère en ce qu’elle reçoit la pression de l'eau hori- zontalement, ainsi que celte pression a dieu sur une vanne verticale. La roue à pression horizontale de M. Lhuillier paraît à M. le rapporteur bien conçue et construite d’après des principes exacts. L'expérience vient en outre à l'appui (16) de la théorie, puisque cette roue , exécutée chez l’auteur à Cocherelles, près Dreux, a produit effet qu'il en at- tendait. à M. Lévy voit dans l'ouvrage de M. Lhuillier le travail d'un homme bien pénétré des vrais principes de l'hy- draulique, dont il a su faire une heureuse application qui doit concourir au progrès de celle partie de la science. = M. Mazet nous a fait connaître , par une inté- ressante analyse , l'ouvrage intitulé : De l’art du fontainier , sondeur et des puils artésiens, par M. Garnier, adressé à l'Académie par Son Exc. le ministre de l'intérieur. M. Mallet a signalé cet ouvrage , qui se recommande par Vesprit d'observation le plus droit et le mieux appli- qué, comme fondant pour son auleur un ütre à la reconnaissance publique. — Plusieurs membres, par un grand nombre de rap- ports, ont instruit l'Académie des recherches et des dé- couvertes des diverses sociétés savantes avec lesquelles elle se plait à entretenir une utile correspondance. Ainsi M. Cazaus nous à rendu compte de la partie scien- tifique des Travaux de l’Académie du Gurd, dupuis 1812; MM. ne za Manrez et Le Pasquier, des Annales de la Societé royale des Sciences, Belles- Lettres et Arts d'Orléans ; M. DELAQUÉRIÈRE , du Bulletin de la Socicte de géographie. = Quelques opuscules de physique et de médecine adressés par M. Dutertre, ont été l'objet d'un rapport de M. Mraue. | = Dans son discours de réception, M. Lévy peint les attraits de l'étude des sciences. Au tableau des jouis- sances qu’elles procurent , et que notre nouveau confrère a GRE7°) à si vivement senlies , il fait succéder celui des bienfaits qu'elles versent sur les sociétés civilisées. Il rassure ensuite le jeune savant sur la défiance de ses forces, qui pourrait l'arrêter à l'entrée de cette noble carrière. » Pour s'élever par la science à. ce degré de gloire , dit M. Lévy, faut-il nécessairement être doué de ce génie que la nature avare n'accorde qu'à quelques-uns de ses favoris ? Je ne le pense pas. Le travail suffit, mais le travail est nécessaire ; avec lai, un esprit borné peut fournir d'heureux résultats; sans lui, le talent le plus rare languit dans une triste médiocrité; s’il jette quelques étincelles , il ne fournit jamais une lumière vive et durable. » Il est vrai que l’homme qui ne sent point cette heu- reuse influence sous laquelle il semble qu'il faut être né pour produire de grandes choses , peut s’effrayer à la vue du sublime qui fait sentir , fait craindre, exagère même la difficulté ; mais si l'amour du travail l'anime, si le désir de la gloire émeut son cœur, il rougira de n'être pas même dans la foule, il osera se mesurer avec des rivaux , le travail lui ouvrira la carrière et applanira les difficultés ; rassuré par un premier essai, il ne déses- pérera plus de s’en tirer avec distinction, et cette heureuse confiance le fera certainement parvenir à son but. » Chaque partie des sciences , ajoute M. Lévy, nous offre un vaste champ à défricher. Aucun homme ne peut espérer d’en cultiver toute l'étendue ; mais n’est-il pas heureux , si ses travaux subsistent assez pour faciliter la route à ses successeurs ? Il s’agit moins de tout par- courir que de laisser des traces durables de son passage. Une loi parmi les Perses assignait une récompense à celui qui plantait un arbre, bâtissait une maison ou découvrait une fontaine, Qu’aurions-nous aujourd'hui , C:8) si nos ancêtres, ne pensant qu'à eux-mêmes, n'eussent bâti que pour eux? L'homme laborieux se regarde comme contemporain de tons les siècles , porte ses vues bien au- delà de la sphère étroite de son existence sur Ja terre , embrasse la postérité toute entière , et voudrait s’en rendre le soutien et le bienfaiteur. » Dans sa réponse, M. le Président a rappelé les titres que les travaux de M. Lévy, et son zèle pour l'instruc- tion , lui donnaient aux suffrages de l'Académie. L’en- thousiasme éclairé pour les sciences qui anime par- tout le discours de M. le Président , le coup-d'œil élevé, rapide, dont il en mesure la vaste étendue , en saisit, en apprécie les plus utiles app'ications , prouvent FANS A ar est familier Le Noble : pures jouissances que procure l'étude, première récompense de celui qui s’y livre. = Admis également dans le sein de l'Académie, M. Cazauis, dans son discours de réception , développe la marche de l'esprit humain dans la philosophie naturelle , en homme habitué à suivre lui-même les sentiers de la science d'un pas ferme et assuré. Il nous montre comment, de l'observation des faits, d'abord isolés, puis rapprochés, comparés, enchaînés entre eux, notre intelligence, malgré sa faiblesse, est arrivée jusqu'à la connaissance de ces lois générales de la nature, que l'immense hauteur où elles semblent se perdre n'a pu dérober au génie des Képler et dés Newton. Après avoir tracé le chemin qui nous à conduit aux plus importantes vérités, M. Cazalis indique les écueils qui s’y rencontrent , el que les esprits supérieurs eux- mêmes n’évilent que si rarement. À} voit ces écueils , d’un côté dans le désir trop ardent de généraliser les conséquences d’un pelit nombre de faits, qui produit Ux9) les vains systèmes ; de l’autre, au contraire, dans la crainte pusillanime de s'élever à des idées générales , qui conduit à n’envisager les résultats de l'observation que dans un complet isolément , et frappe la science de stérilité. « Quand le génie, en suivant la marche convenable, est enfin parvenu à la connaissance des lois de la nature, l'analyse, dit M. Cazalis, s’emparant de ces lois, per- met de suivre, par la logique la plus rigoureuse , toutes les conséquences possibles qui en dérivent , et offre ainsi un nouveau moyen de s'assurer de leur exacti- tude, en suivant toutes ces conséquences par lPobser- valion, et voyant si elle les confirme dans tous leurs détails. Rien plus, lorsque l’analyse aura ainsi imprimé le caractère de la certitude aux lois que l'expérience avait fait reconnaître , elle deviendra elle-même un ins- trument commode et sûr pour devancer l’expérience et découvrir de nouveaux phénomènes qui, autrement, nous seraient échappés. » Dans sa réponse , remarquable par l'abondance et l’élé- vation des idées, M. le Président a ajouté de nouvelles considérations sur le progrès des sciences à celles pré- sentées par M. Cazalis, et nous à transmis un tableau animé de l’état chaque jour plus florissant où nous les voyons parvenues , sous un monarque qui fait un de ses plus chers devoirs de la protection qu’il leur accorde. =Rappeler ici l'analyse faite par M. MEAUME, du Recueil d'observations sur divers travaux de construction ; par M. Boistard , ingénieur en chef des ponts et chaussées , c'est renouveler les regrets qu’a fait éprouver à l'Aca- démie la mort récente d’un savant distingué qu'elle eut long-tems l'avantage de voir dans son sein, et qu'elle se félicitait ; malgré son éloignement, de compter encore parmi ses correspondans, B 2 (20) D'imporiantes constructions , dont M. Boistard fut chargé à diverses époques , offrent les preuves durables de son habileté comme ingénieur. Plusieurs écrits sur son art attestent l'étendue de son savoir. Récompensé de ses travaux par les décorations de la Légion d'honneur et par les emplois supérieurs auxquels il fut appelé dans le corps du génie , il y jouit jusqu'à ses derniers momens de la plus grande considération. L'homme en lui ne commandait pas moins l'estime que l’ingénieur. Doué d'un caractère franc , d’une vive sensibilité , ses vertus privées, que couronnait une so- lide piété, le rendirent également cher à ses amis et à sa famille. CHIMIE, = M. Pavie a rendu compte de l'ouvrage intitulé : Cours élémentaire de teinture , elc., dont M. Vütalis a fait hommage à l'Académie. Des trois parties dont cet ouvrage se compose , la pre- mière est consacrée à l'examen de toutes les causes qui exercent une influence remarquable sur les couleurs, et à l'étude des agens chimiques que Part emploie pour les fixer sur les différentes étoffes. La seconde partie a pour objet les opérations de la einture proprement dite. L'auteur a pris soin de ny admettre que des procédés qui sont garantis par ses expé- riences. La troisième traite spécialement de l'impression des toiles en tout genre. » Dans ceute importante production de M. Vitalis , dit M. le rapporteur, on reconnaît les résultats des im- menses travaux auxquels il s’est livré pendant une longue carrière vouée à l’enseignement, et des nombreuses observations qu’il a recueillies dans les ateliers de l'in- dustrie, » Ça1) La ville de Rouen , qui a déjà tant de célébrité comme manufacturière , ne peut qu'être flattée d’avoir possédé un professeur aussi habile, qui, après s'être rendu utile par ses leçons , a voulu nous laisser ce précieux dépôt de ses connaissances ; et l’Académie se souvien- dra toujours avec reconnaissance qu'il a contribué pen- dant vingt années à son illustration. = M. Dueuc nous a lu une Noire sur divers oxides , et sur deux pièces métalliques formés par l'effet de l’in- cendie de la pyramide de la Cathédrale de Rouen, le 15 septembre 1822. ( L'Académie a délibéré que cette notice serait im- primée en entier à la suite de ce rapport). = Un rapport fait par M. Dubuc, sur le Bulletin de la Societé d'agriculture , Sciences et :Arts du Département de l'Eure, lui a donné occasion de nous présenter quel- ques réflexions judicieuses sur les inconvéniens de la trop grande publicité que donnent les chimistes aux résultats effrayans de leurs recherches sur quelques substances dé- létères, dont la connaissance peut fournir au crime des armes terribles, ou sur certaines préparations qui, en facilitant laltération des écritures, peuvent également offrir à la perversilé de nouveaux moyens de nuire. HISTOIRE NATURELLE. M. l'abbé Le TurQUIER a présenté à l'Académie la Description des Lichenees, faisant suite à sa Flore du dépar-- tement de la Seine-Inferieure | accompagnée d’une collec- tion soigneusement préparée de toutes les espèces dé- eriles. Il a donné lecture d'un discours servant d'in- troduction à ce travail. L'Académie, en recevant avec Le plus vif intérêt cette B 3 (2) nouvelle preuve du zèle et de la persévérance infatigables de notre respectable et savant confrère, a chargé du soin de lui en rendre un compile détaillé, une commission dont le rapport n’a pu être fait encore. | | - — Nous devons à M. Gaïllon, .correspondant , un mémoire ayant pour titre : Nouvelles observations sur la cause de la coloration des huttres, et sur les animalcules qui servent à leur nourriture. Dans ce Mémoire, M. Gaillon réfute quelques ob- jections faites conire son opinion sur l'origine de la couleur verte que prennent les huîtres dans les parcs, coloration qu'il attribue à l'abondance dans l’eau de ces parcs d’un animalcule microscopique ainsi coloré, du genre navicula (x1)( Bory), qui sert de nourriture priu- cipale aux huîtres. L'auteur rend compte ensuite des nouvelles observa- tions microscopiques qui l’ont confirmé dans ses idées sur ce sujet. L'imprégnation de. la couleur verte se fait, suivant M. Gaillon , par l'assimilation des particules de cetie ma- tière alimentaire, à-peu-près comme a lieu la colora- tion en rouge des os des animaux auxquels on donne de la garance pour nourriture. Il a vu, à l'aide du microscope, chaque molécule de Veau d'un parc er verdeur, ou en élat de faire verdir les huîtres, contenir plusieurs centaines de navicules vertes. Ayant vainement cherché la navicule verte dans la mer, M. Gaillon est porté à croire que celte espèce appar- iient à l’eau douce, d'autant plus qu'il l’a retrouvée par- mi des conferves recueillies dans les eaux de Navarre, qui lui étaient envoyées par M. Brouard. (1) M. Gäillon propose d'appeler ravicule verte cet animalcule qui se rapporte aux vibriuns de Muller. (23) Le développement de cet animaïcule lui paraît exiger une certaine élévation de température, et un concours modéré d'humidité’ pluvieuse où brumeuse; un soleil trop ardent, un vent trop fort le font périr. M. Gaillon a reconnu que, suivant les saisons , plu-- sieurs auires espèces de navicules de couleurs différentes se développent également dans l'eau des parcs, et in- fluent diversement sur la qualité des huîtres qui s’en nourrissent. M, Gaillon expose occassionnellement , dans le même mémoire, son opinion fort remarquable sur les singu- lières productions connues sous le nom d’oscillatoires. Il considère ces filamens mobiles comme une aggré- gation de corpuscules animés de diverses formes. Les animalcules qui les constituent ont une existence sépa- rée avant ou après l’ état d'aggrégation filamenteuse. Le filiment se forme d'une matière mucoso-membraneuse qu'ils exsudent. Si bien des objections peuvent être failes surtout contre celte dernière opinion de notre confrère; on n’en doit pas moins d'éloges à la patience, , à la sa- gacité avec laquelle il se livre à lobservation de ces êtres d’une nalure si étrange , si équivoque, qui , placés sur l'extrême limite du règne organique , semblent for- r le passage entre les végétaux et les animaux, ct tenir presque également des uns et des autres. = M. Dupurez à communiqué à l’Académie une Notice sur les courtillicres ou taupes-grillons , dont il a eu occasion d'observer les ravages dans la vallée d’Yonville , où ces insectes sont connus sous le nom de çarquoises. M. Duputel pense, d'après ses observations, que la ponte des courtillières a lieu plutôt que ne lindiquent les naturalistes, qui n’en placent l’époque qu'au com- mencement de l'été. B 4 (24) Il s’est assuré que leurs œufs sont ordinairement pondus vers le milieu du printems, et que, dès la fin de cetie saison, les petits nouveaux-nés commencent à exercer leurs ravages contre lesquels on n’a point en- core trouvé de moyen efficace. = M.LE PREvVÔT, vétérinaire , nous a rendu compte d’une Notice adressée par M. Lamouroux | correspon- dant, sur des arus bleus, nés en France, et acclimatés dans le département du Calvados. = M. Marquis a donné lecture d’une Notice sur la vie et les ouvrages de Linné , et d'une autre sur Galien , et ses opinions plulosophiques et médicales , articles de la rédaction desquels il avait été chargé pour la Biogra- pluie médicale. MÉDECINE. M. Montfalron à adressé à l'Académie un ouvrage intitulé : Essai sur les fièvres adynamiques et arlaxiques. M. Heuus en a rendu compte. Des considérations générales sur la nouvelle doctrine à laquelle M. Montfalcon rattache ses observations , for- ment la partie la plus importante du rapport. Sans partager les idées de l'auteur , M. Hellis et ses con- frères se plaisent à rendre justice an savoir de M. Montfa'con et à son talent comme écrivain. = Un rapport clair et précis sur le Compte rendu des tra- vaux de la Societé de medecine de Bordeaux, nous a été lu par M. Govsrroy , à l'occasion d’une observation ‘men- tionnée dans cet ouvrage. M. le rapporteur a communi- qué à l'Académie une semblable observation faite par lui-même. Il s’agit d’une fèvre intermittente pernicieuse L (25) pleurétique, et d’un caractère décidément inflamma- toire , guérie par le quinquina. = M. Gonrrroy rend également compte du rapport fait à la même Société de médecine , au nom d'une com- mission chargée de faire des recherches sur les préten- dues petites pren survenues chez des individus qui avaient eu la vraie vaccine. L — Nous devons encore au même membre l’anatyse d'un Essai sur les eaux minérales de St-Galmier , adressé à l PE par M. Ladevëte. = M. Denis, correspondant , nous à fait parvenir un mémoire ayant pour litre : Observations sur les heureux effets obtenus de l'usage de l'eau froide et pure , tant dans l'état de santé que dans celui de maladie. On y trouve entre autre l'observation d'une fille de »8 ans, atteinte, par suite d'une passion contrariée, d'aliénation mentale, et consécutivement d’une fièvre putride , dont M. Denis attribue la guérison à l'usage de l’eau froide , administrée à la fois en boisson et sous forme de bain. = Une courte Notice sur les observations médicales de M. le docteur Bigeon , de Dinan, adressée par l’auteur à l'Académie , offre de sages réflexions sur les inconvé- niens des systèmes en médecine , et sur l'abus des pur- gaüfs et des évacuations sanguines. = Nous avons reçu de M. le docteur Jourdan sa tra- duction de l Anatomie du cerveau de Tiedeman , et deux notices , l’une sur Hippocrate et ses écrits, Vautre sur les cures merveilleuses attribuées au prince de Hohentoe. Les médecins français doivent savoir gré à M. Jourdan de leur avoir fait connaître un travail aussi important que celui de Tiédeman , que recommande surtout le vé- ritable esprit d'observation dont il porte le sceau. La (26) belle introduction qu'y a jointe M. Jourdan offre une nouvelle preuve de l'étendue de son savoir et de la sage critique qu'il porte dans l'étude de la médecine. = L'Académie a entendu avec un vif intérêt M. Gos- SEAUME , en rendant comple du Bulletin de la Société de médecine du département de l'Eure , dont le zèle ne se rallentit point, nous rappeler la mémoire du vénérable M: Bourlier , évêque d'Evreux, dont un de ces cahiers contenait l'éloge. = M. Desauceurs fils, dans le Panéayrique d'Hippo- crate dont il a fait hommage à lAccadéinie, et M: Vicxé, dans le rapport qu'il a fat sur cet ouvrage, ont tous deùx payé au père de la médecine, au véritable fon- dateur de la philosophie d'observation, à l'homme dans lequel l'humanité s'est peut-être élevée le plus haut, le tribut d’une admiration éclairée. Sentir tout le mérite d'un si grand modèle, est, pour le médecin déjà distingué , la meilleure preuve de la so- lidité de son savoir, de la sûreté de son goût, et pour celui qui entre dans la carrière, le gage des succès qu’il doit y espérer. = Admis depuis à partager les travaux de l'Académie, M. Desazreurs , dans son discours de réception , a fait ressortir les avantages de la réunion des diverses bran- ches des connaissances humaines dans la même Société savante , et, aulant qu'il est possible, dans le même homme. Il voit la source de tontes les causes de dissolution des associations savantes dans les luttes d’amour-propre , et dans la froideur qui peut résulter de l’'uniformité des occupations , élémens destructeurs , qui se rencontrent plus particulièrement dans les Sociétés qui n’ont qu'un objet spécial. (27) Quel est le sujet , remarque notre nouveau confrère , sur lequel une discussion élendne puisse avoir lieu , sans que plusieurs branches des connaissances humaines soient mises à contribution ? De toutes les sciences , la médecine est peut-être celle qui demande la plus grande variété de connaissances. Il nous rappelle que les medecins les plus illustres ont pres- que toujours été familiers avec la littérature classique comme avec les sciences naturelles , et voit dans celte alliance un des fondemens de leur supériorité, De nom- breux exemples viennent s'offrir d'eux-mêmes en preuve de cette asserlion. Le discours de M. Desalleurs nous a convaincus qu’en se livrant spécialement à l'étude sévère de-la médecine , lui-même n’est pas resté étranger au charme des lettres et des arts. « Toutes les sciences, a dit dans sa réponse ME. le Pré- sident, en donnant de nouveaux développemens au même point de vue, toutes les sciences et tous les arts se group- pent , s’identifient en quelque sorte dans un concert har- monique, et peuvent s’allier heureusement au grand art qui emploie toutes ses ressources au profit de l'humanité. Le médecin bienfaiteur de ses concitoyens peut être aussi le favori des Muses ; et ce n’est pas sans raison qu'une mythologie ingénieuse nous le rappelle, sous l’em- blême d’une commune origine , en faisant du dieu d’Epi- daure un enfant d'Apollon. » MÉDECINE VÉTÉRINAIRE. = M. LE Pnrévôr, vétérinaire, a rendu compte du Traité de la clavelée, de M. Hutrel d’Arboval , correspon- dant de l’Académie ; du procede de M. Nairac pour pre- (28) 74 server les bêtes à laine du tournis, par la cauterisation , et de Bulletin de la Société d'agriculture des Pyrénées orientales. La Notice de M. Pélissier | sur l'établissement de mérinos formé dans ce département , contenue dans ce dernier recueil, a fourni à M. Le Prévôt l’occasion de rappeler tous les avantages procurés à la France par cette heureuse importation , et de payer de justes éloges à la mémoire de l'infortuné Gilbert, fondateur de l’éta- blissement de Perpignan , et dont notre confrère s'ho- nore d’avoir été le condisciple. AGRICULTURE , =— ÉCONOMIE, = M. Duguc a communiqué à l’Académie l'analyse d’un engrais ou simulus végétalif, connu sous le nom de terre ou cendres végétatives, et nouvellement essayé aux environs de Rouen par MM. Pouchet-Belmare et Delaquesnerie. De ses recherches sur cet engrais minéro-animal , qui se tire des carrières voisines de Soissons , et dont l'usage est déjà ancien en Champagne et en Picardie, notre confrère tire les conclusions suivantes : 1° La terre ou cendre végétative est composée de chaux carbonatée, d’alumine pure , de silice , d’alun mêlé d’un peu de sulfate de fer, et de débris de matières animales, . auxquels il paraît devoir surtout sa propriété d'activer la végétation. 2° Cette espèce de terreau est plus avide de calorique que les terres arables ordinaires, et moins hygrométrique que les terres à fonds alumineux et siliceux. 5° Vu la nature de ses parties constituantes, il doit convenir pour amender et fertiliser les sols argilleux , et tous les terreins naturellement compacts , froids et humides. (29) 4° Son emploi serait contraire à la fertilité des terres à fonds sablonneux ou calcaire , dont il augmenterait la stérilité, surtout dans les années sèches et chaudes, par sa nature siccalive et brûlante. 5° Enfin , il paraît que cet engrais pourrait être em- ployé utilement dans l’horticulture, en le mêlant à propos aux terreins ordinaires destinés aux plantes exotiques ou indigènes , qui exigent une température élevée. C’est, au reste , d’après des faits et non d’après des considérations théoriques, que M. Dubuc pense, avec raison, que doivent être jugés tous les moyens de ce genre. En agriculture , comme dans les sciences en géné- ral, il faut observer bien plus qu'expliquer. — M. Léorier a fait hommage à la Société de plu- sieurs exemplaires d'une brochure intitulée : « Aperçu sur l'application d’une nouvelle roue oblique , et depuis, d’un Essai sur les irrigations, où il décrit cette machine avec de nouveaux perfectionnemens. Déjà dans une de nos séances, nous avions entendu l’au- teur lui-même nous expliquer cette machine hydraulique destinée à élever l’eau pour l'irrigation des prairies , dont il avait mis le modèle sous nos yeux. Elle consiste dans une roue disposée obliquement et munie de longs bras, dont chacun porte à son extré- mité une aube mobile et un sceau qui verse l’eau dont il s’est chargé dans un auge , d’cù elle se répand sur le pre. _ Cetie machine, exécutée en grand par M. Léorier, fournit, d'après ses expériences, un muids d’eau par minuie, à 14 pieds d’élévation. Déjà honorée du su frage de la Société royale et cen- trale d'agriculture , qui lui a décerné par moitié un prix quelle avait proposé sur les moyens d'irrigation , la ma- chine de M, Léorier joint à l'avantage d’une simplicité C3) qui la rend d'une exécution peu coûteuse , celui de n’exi- ger ni construclion, ni digue, ni barrage dans le lieu où on veut l’employer, et de pouvoir être transportée facilement d’un lieu à un autre. L'auteur regarde sa roue oblique comme pouvant être utilement appliquée à des mécaniques de différens genres. Il a présenté à la Société le modèle de son ap- plication à un foulon. Chargé d’un rapport sur cette machine, M. MEAUME ne pense pas qu’elle puisse être aussi utile sous ce dernier rapport que pour les irrigalions, et croit qu’elle ne pourrait être employée que dans les cas où l’on n’a besoin que d’une force très-peu considérable. = M. Le Turquier a rendu compte d’un mémoire de M. Féburier, sdr lu Nutrition des plantes et la Coupe prématurée des bles. | L'auteur rend compte de diverses expériences sur le premier de ces deux points ; quant au second , il est porté à croire, avec plusieurs autres agronomes ‘ distingués, que la coupe des céréales, un peu avant la parfaite maturité des grains, peut être d’un avantage réel pour le cultivateur. = Dans un autre rapport sur les Mémoires de la Société d'agriculture de Seine-et-Oise, M. Le TuRQUIER a sur- tout remarqué les observations curieuses de M. le doc- teur Roï, sur la reproduction des sangsues , el sur les moyens de conserver et de multiplier ces animaux de- venus d’un usage si fréquent dans la pratique de la mé- decine. = M. Levieux a rendu compte de plusieurs mémoires adressés à l’Académie par M. Thouir, dont l’un, con- tenant la description de trois nouvelles espèces de grefles, a surtout fixé l'attention de M. le rapporteur, (31) L'extrait de ce que contiennent de plus important les recueils des Sociétés d'agriculture des départemens de l'Eure, de l'Ain, d'Indre-et-Loire, de Tarn-et-Ga- ronne , de Tours , de Besançon , de Saint-Étienne , nous a été présenté par MM. Meaume, Dusuc, Le Prévôr et LEVIEUX. Dans les travaux variés, dont je n’ai pu, Messieurs, vous présenter qu'une analyse bien imparfaite, lAca- démie n’a jamais perdu de vue que c'est par des ap- plications d’une utilité pratique que les recherches sa- vantes prennent un plus haut degré d'intérêt; que c'est , par là quelles sciences non-seulementéclairentles hommes, mais leur fournissent de nouveaux secours dans leurs besoins, et offrent à l’industrie, dans de nouveaux moyens de perfectionner ses procédés, de nouvelles sources de prospérité. C'est surtout dans une ville telle que Rouen, où une immense populalion est vouée entièrement aux arts in- dustriels , que tous les efforts du savant doivent tendre à ce but. Bientôt, sans doute , l'exposition publique , ordonnée par un Souverain à qui, au milieu des soins multipliés du gouvernement , n'échappe aucun objet utile, offrira de nouvelles preuves des perfectionnemens que reçoit chaque jour l'industrie rouennaise. Heureuse, si en voyant la féconde Neustrie joindre à la gloire antique de ses guerriers et de ses marins, la célébrité non moins honorable de ses fabriques en tout genre, l’Académie peut se flatter de n'avoir pas été tout à fait étrangère à ces succès! C3) Prix PROPOSÉS POUR 1824. L'AcADÉMIE propose , pour sujet d'un Prix qui sera décerné dans sa séance publique de 1824, L'Eloge de Lepecq de la Clôture, auteur des Constitutions épidémiques de la Normandie. Le prix sera une médaille d’or de la valeur de 300 fr. “+Chacun des auteurs mettra en tête de son Ouvrage une devise qui sera répétée sur un billet cacheté où il fera connaître son nom et sa demeure. Le billet ne sera ouvert que dans le cas où le Mémoire aurait remporté le prix. Les Académiciens résidans sont seuls exclus da con- cours. Les Mémoires devront être adressés , francs de port, à M. Marquis , Secrétaire perpétuel de l Académie pour la Classe des Sciences , avant le 1° juin 1824. Ce terme sera de rigueur. NOTICE (33) AAA AAA AAA APS AAA PAT NOTICE NÉCROLOGIQUE Sur M. Cus-Jacots-François LECARPENTIER , Peintre , Professeur à l’école de dessin et de peinture de la ville de Rouen ; par M. Marquis. MESSIEURS , Dans l'artiste distingué dont je vais vous entretenir ; je regrelté, non-seulement , comme ceux qui m'environ- nent , un excellent confrère, mais un ami. Si le tribut que je paie aujourd'hui à sa mémoire me fait sentir plus péniblement cette perte, je trouverai, du moins aussi, quel- que douceur à rappeler ses titres à l'estime de ses con- citoyens , à l'attachement de tous ceux qui ont eu des relations fréquentes avec lui. Né à Pont-Audemer , mais amené à Rouen par ses parens dès l’âge de trois ans , M. Lecarpentier regarda toujours cette dernière ville comme sa véritable patrie. Après avoir parcouru avec distinction ; au collége des jésuites, le cercle ordinaire des humanités , son père; pharmacien , le destinait à la médecine. Un goût invin- cible pour le dessin, qui se inanifesta dès son enfance; changea sa destination. Ce fut à l'école publique de Rouen , par les leçons d'un artiste estimé , M. Descamps père, pour lequel il conserva toute sa vie une sincère vénéralion , que ses dispositions naturelles pour la pein- ture commencèrent à se développer. Plusieurs années laborieusement employées à Paris dans l'atelier de Doyen., achevèrent son éducation pittoresque. Rappelé à Rouen par quelques travaux considérables qui lui furent confiés, il n'a plus depuis quitté cette ville, (® CH) Le passage de Louis xy1 à Pouen , en 17806 , l'an des derniers beaux jours du plus vertueux , du plus infortuné des rois, offrit à M. Lecarpentier une occasion favorable de se faire connaître. Chargé, conjointement âvec M. Gueroult, architecte , des décorations de cette fête, et particulièrement des dessins de l'arc de triomphe élevé en cette circonstance, il fit preuve d’une fécondité d'idées, d’une facilité d'exécution, qui lui méritèrent les félrei- tations de l’antorité qui l'avait employé. Nommé , en 1791, professeur à l’école publique de dessin de Rouen , supprimée quelques années après; ap- pelé à remplir la même place à l’école centrale du dé- partement , lors de sa formation ; cette dernière étant de même supprimée en 1804, M. Lecarpentier fut réin- tégré dans ses fonctions à l’école de la ville, alors ré- tablie sous letitre d'Académie de dessin et de peinture. La mort seule est venue l'interrompre dans cette fonction, dont il s’est acquitté pendant une si longue suite d'an- nées ; avec une exactilude , un zèle que,son grand âge n'avait rallentis en rien. di: Au milieu de la tourmente révolationnaire , lors de la suppression des églises et des monastères, M. Lecar- pentier reçut la mission délicate de parcourir le dépar- tement pour recueillir, dans tous les établissemens de ce genre , les morceaux de peinture qui méritaient d’être conservés. Son amour ardent pour les arts fut la mesure du dévoñment avec lequel il s’acquitta de cette tâche, qui lui fit courir plus d’un danger. Sa satisfaction d'ayoir dérobé au vandalisme un nombre considérable d'ouvrages précieux ; à la conservation desquels il veilla pendant 37 ans, fut la plus douce récompense de ses soins ; et ce souvenir , un de ceux qui contribuaient encore au charme de sa vieillesse. k De ces tableaux , rassemblés successivement , mais pour les artistes et les amateurs seulement, dans les (35) églises de St-Ouen et du collése , il proposa, dès l'an -179b ; de former un Musée public; mais cet établis- sement , dont il avait conçu l’idée , et recueilli avec tant de peine les matériaux ; ne put être fondé qu’en 1807. Membre de la Société d'émolation depuis sa fondation , diverses autres compagnies savantes, telles que l'Acadé- mie de Rouen, celle de Caen, l'Athénée des Arts, et la Société philotechnique de Paris, s’applaudissaient de le compter également parmi leurs associés. Le titre de vorréspondant de l’Académie des Arts de l'Institut royal, qu'il obtint en 1822 , fut pour lui une dernière jouis- sance vivément sentie. M: Lecarpentier s’est exercé dans presque tous les genres de peinture. Plusieurs tableaux, placés dans la salle du coriseil de l’hospice général de Rouen, repré- sentant les Œuvres de la charité , et la Parabole du Samaritain , donnent une idée favorable de ce qu'il pouvait faire dans le genre historique , s’il eût conti- nué de s’y livrer. Il à peint aussi plusieurs plafonds et un grand nombre de portraits d’une vérité remarquable ; mais le paysage est le genre qu'il affectionna toujours particulièrement , et dans lequel il s'est montré le plus avantageusemenit. Laboriceux , et doué d’une grande facilité d'exécution , le nombre des tableaux de ce genre qu'il a peints est très- . considérable, La plupart des paysages de M. Lecarpentier rappel- lent les rives de la Seine, et les fertiles prairies äu milieu desquelles elle se promène majestueusement. Des animaux et surtout des vaches d'un dessin exact, et peints d’une touche spirituelle, peuplent et vivifient ces campagnes. Sohvent aussi c’est sur les côtes de la Nor- mandie, au bord d'une mer calme ou agitée, que Je peintre nous transporte, Une vérité naïve fait le carac- tère de ces Tableaux, dont la composition est ordinai- a (36) rement simple et tranquille. On voit qu'il n'a jamais travaillé sans consulter la nature, et qu'il savait l’ob- server. Elle se montre , dans la couleur comme dans le sujel, sans aucun mélange de manière. Les ciels sont légers et transparens ; la saison, l'heure du jour, les effets de brouillard ou de pluie sont souvent rendus avec une justesse remarquable et avec une heureuse facilité. Plusieurs de ces Tableaux ont élé vus avec plaisir aux expositions publiques. | Les études et les dessins d'après nature qu'a laissés M. Lecarpentier sont presque sans nombre. [1 n’est pres- qu'aucun site , aucun monument pittoresque de la partie de la Normandie que nous habitons, qui ne se trouve dans ses porte-feuilles. Il à gravé à l’eau forte et lithographié plusieurs mor- ceaux. Parmi ses gravures, une Adoration des mages, d'après Doyen, son maître, auquel il la dédia, et un portrait de Fragonard , exécuté d’une pointe facile et ® spirituelle , dans une manière qui rappelle celles de Rem- brandt et du Benedette , méritent l'attention des amateurs. Écrire sur son art était pour lui le délassement de la pratique. Un grand nombre de notices sur différens peintres et autres artistes, un éloge de Poussin , un discours sur les causes de la chute et de la renaissance des arts, un autre sur les trois siècles de la peinture en France, ont été entendus avec intérêt dans plusieurs de nos séances publiques. L' Essai sur le paysage , publié, par M. Lecarpentier , en 1815, prouve, ainsi que ses Tableaux, avec quel soin il avait observé la nature dans les effets si variés qu'elle offre partout à nos yeux. Son ltinéraire de Rouen, imprimé deux fois, offre , aux étrangers qui parcourent celte ville et ses environs, des notions précises, des faits curieux, sur les objets dignes d’attention qui s'y trouvent en grand nombre. C57) Dans la Gaterie des peintres célèbres, Ve plus consi- dérable de ses ouvrages littéraires , notre confrère montre une grande connaissance de l’histoire de l'art , et un goût sûr pour apprécier et caractériser le talent des artistes de toutes les écoles, qu'il passe en revue. Les talens et les qualités sociales de M. Lecarpen- tier lui avaient mérité depuis long-iems une juste con- sidéralion parmi ses conciloyens. Un caractère aimant et doux , une rare égalilé d'humeur, lui valurent l'a- vantage plus précieux encore d’être constamment chéri de tout ce qui l'entourait. On ne pouvait le voir sou- vent sans s'attacher sincèrement à lui. A la vivacité d’ima- gination d'un artiste, il joignait une aimable candeur ; qui attirait la confiance et l'affection. Il était père au milieu de ses élèves comme au sein de sa famille. En traçant la vie de l’homme de bien, on n’a pas toujours la satisfaction d'y voir un bonheur tranquille et durable être le prix de ses vertus. J’éprouve du moins ce sentiment consolant*en payant un dernier tribut à la mémoire de l'excellent ami qui manquera long-tems à mon cœur. Deux fois marié , deux fois M. Lecarpentier a trouvé dans ce lien toute la félicité qu’il peut promettre. Paisibles ment et sans cesse occupé de Part qui faisait ses dé- lices , ses jours ont coulé doucement comme une eau limpide sur un sable uni. Parmi les chances si mul- tipliées d’une longue vie, aucun choc violent n’a trou- blé la sienne. Environné d'objets dignes de son amour , qui le chérissaient de même , il s’est éteint sans efforts entre leurs bras, au milieu de toutes les consolations qui peuvent rendre ces derniers momens moins pénibles. Les approches de sa fin en affaiblissant tous ses orga- nes , n'avaient pu éleindre son amour pour les objets d'art. Presque expirant , il sentit vivement la perte faite par la ville de Rouen , de son plus bel ornement , C3 (38 ) par l'incendie de la Cathédrale. À ces regrets pour le superbe monument que les flammes-consumaient , vint aussitôt se mêler l'idée du beau Tableau de Philippe Champagne , qui décore la Chapelle de la Vierge, Pun des plus précieux qu'il eût'autrefois dérobés à la des- truction. Il donna, malgré sa faiblesse extrême , tous les signes d’une vive satisfaction , en apprerant que ce chef- d'œuvre, pour lequel il avait une affection particulière , élait encore une fois sauvé. S'il est une réflexion qui puisse adoucir la juste dou- leur de la famille qui a clos ses yeux après ni avoir prodigué ses soins les plus tendres, des amis, des con- frères qui le regrettent, c’est que pour lui la vie fut vraiment un présent de la nature, un bien dont il a joui aussi long-tems qu'il est permis à l’homme de les pérer. Pur ei doux comme l'était son ame , le souvenir qu'il laisse après lui n’est mêlé d'aucune amertume, et tous ceux qui l’ont connu se plairogt à le rappeler souvent. » (39) © MÉMOIRES Dont l'Académie a délibéré l'impression ‘en entier dans ses Actes. MÉMOIRE CONTENANT LA SOLUTION D'UN PROBLÈME DE u MÉCANIQUE ; Pan M. CAZALIS, Du Mouvement d'une Sphère homogène sur un plan fixe. On se propose, dans ce qui va suivre, d'établir les lois du mouvement , sur un plan fixe, d’une sphère homo- gène qui a reçu une impulsion primitive déterminée , et qui est soumise à la seule action de la pesanteur: Nous remarquerons d’abord que, d’après le principe de d'Alembert, les quantités de mouvement perdues à chaque instant par les différens points du mobile, doivent se faire équilibre au moyen du plan fixe ; cela exige que ces forces aient une résultante unique, dirigée suivant la perpendiculaire au plan fixe au point de contact du mobile avec lui, de manière à appuyer la sphère sur le plan , et être ainsi détruite par la résistance de celui-ci : ainsi, celte résullante sera dirigée suivant la portion de la perpendiculaire au point de contact qui tombe hors dé la sphère , et la résistance du plan sera, au contraire, dirigée suivant la portion de cette perpendiculaire, com- prise daus l'intérieur de la sphère, C4 Cho Ceci établi, si on ajoute à la pesanteur qui agit sur le mobile une force qui puisse, à chaque instant , rem- placer la résistance du plan fixe, on pourra faire abs- traction de ce dernier, et considérer le mobile comme entierement libre. 11 est vrai que cette considération in- iroduira dans les formules du mouvement quatre in- connues, savoir : l'intensité de celte résistance par la- quelle nous remplaçons le plan fixe, et les coordonnées de son point d'application variable d’un instant à l’autre ; quant à sa direction , elle est, comme nous l'avons vu, complètement déterminée : mais aussi nous aurons quatre équations de condition qui serviront à compléter la solu- tion du problême elles sont , l'équation du plan fixe et celle de la sphère , auxquelles doivent satisfaire les coordonnées du point de contact du mobile avec le plan, et ensuite les deux équations exprimant la condition du contact. Nous allons nous occuper de former ces équations de condition. , Pour plus de simplicité , nous prendrons le plan fixe pour un des plans des coordonnées; en sorte que la ligne oz, perpendiculaire à ce plan, et les deux droites 0x, 0y, menées dans ce même plan , perpendiculaires l'une sur l’autre , formeront notre systême des coor- données fixe. Soit G le centre de la sphère , qui est en même tems son centre de gravité, en menant par ce point trois droites perpendiculaires entre elles, Ga, Gyi, Gz, ces trois droites seront trois axes principaux du mobile , et, en les supposant fixes dans son intérieur , ce sera un nouveau système de coordonnées, mobile avec le corps. Si nous appelons x, y, z les coordonnées d’un point quelconque du mobile par rapport au premier système de coordonnées, æ1, ÿ1, z1 les coordonnées du même point par rapport au second , et z, ÿ , z les valeurs de æ;, y, 2 relatives au point G, nous aurons, d’après la C4r) théorie connue de la transformation des coordonnées dans l'espace , x = 3 +am + byr + cu = ÿ+aa + bit cu ? (a) 2= 3 + a!aitblyid cllzr - a, b, c étant les cosinus des angles qu’une ligne Gx, menée parallèlement à l'axe ox, forme avec les axes Gris Gy1, Gaz, et de même & ,0', c', a", ", ç!" étant les cosinus des angles que les lignes Gy, Gz, parallèles aux lignes oy , 02, forment avec les mêmes axes. On à d’ail+ leurs entre ces quantités les relations suivantes : Oo HE Ho =a, a + +a'zo, a HE He zr, aa! +" +c"zo, as Ro Let =, aa! HE Lee" = 0. Nous verrons plus bas pourquoi nous prenons ainsi deux systêmes de coordonnées. 11 nous sera facile maintenant de former les équations dont nous avons parlé plus haut. L’équation de la surface de la sphère, par rapport aux axes 0%, 0ÿ ,; 0z, sera; en appelant r son rayon, L=(x—z) +(y—y)+(2—s)r = 0 celle du plan fixe sera z = o puisque nous l’avons pris pour plan des x, y ; enfin, parce que la sphère doit lui être tangente , on aura, dL dL suR 3 à ds T°? At d'où &x=r,;Yÿ =}; résultat évident de lui-même , puisque le centre de la sphère et son point de contact avec le plan des z, y} sont toujours sur une même ligne perpendiculaire à ce plan. On peut mettre ces équations sous une autre forme, en les rapportant aux axes Gx1, Gyi, Gz1; on à alors pour l’équation de la sphère mm +yé+a—-r=o, et les trois autres se déduisent des équations (a } en y | C2) faisant:=o,%=Z%,y=}, on a ainsi les trois équæ üons suivantes ; savoir : z+ a!!xi + b''yà — é"z1 oo +" ax: + byi en C'zi TO ,- ai +byi + cz =o, et ces équations, combinées avec celles de la sphère, con- duisent à z= rpm 0 r, ya br, mo —c"r. Ces derniers résultats deviennent évidens ; lorsqu'on, remarque que la ligne qui joint le point G avec le point de contact est égale au rayon de la sphère et parallèle à l'axe oz ; ils nous. seront utiles par la suite : on vois qu'ils font dépendre la détermination du point ‘de contact de la sphère et dù plan fixe de celle de la position des axes qui se coupent au point G, par rapport aux, axes fixes de coordonnées et de la position de ce point G lui-même, Ces préliminaires posés , nous allons nous occuper de former les équations du mouvement de noire sphère. Or, d’après les principes connus de la méçanique, cette recherche se décompose en deux parties :. 1° la recherche des équations du mouvement de-translation du centre de gravité, qui aura lieu comme si toutes les forces dy système , y compris la résistance du plan fixe , agissaient immédiatement sur lui , en conservant des directions pa- rallèles à leurs directions primitives; 2° la recherche des équations du mouvement de rotation de la sphère autour de son centre de gravité , qui a lieu comme si ce centre devenait fixe ; les forces données et la résistance du plan fixe ne subissant d’ailleurs aucun changement. Mouvement de translation. D'après les données de la question , la pesanteur est la seule force accélératrice qui agisse sur les points du mobile. Nous désignerons cette force par g, par € l’inclinaison du plan fixe sur le plan horizontal, et par M la masse du mobile; nous appellerons R la résistance du plan fixe, qui agira, comme (45) ñous l'avons déjà dit, au point de contact , suivant la partie de la perpendiculaire à ce point , dirigée au-dessus du plan fixe. Enfin, pour plus de simplicité, ce qui ne diminuera d'ailleurs en rien la généralité des résultats, nous prendrons l'axe 6x horizontal, et, par suite, le plan y, 2, vertical; cette supposition rendra nulle la composante de la force g suivant l'axe ox , puisque cette force sera toute entière comprise dans le plan 2, y ; mais alors l'angle , de sa direction avec l'axe oz , sera 1009 be ; car elle est dirigée suivant le prolongement de la per- pendiculaire au plan horizontal , et l’axe oz est perpen- diculaire au plan fixe qui forme un angle & avec le plan horizontal. Les composantes de la même force , suivant les axes 0y, 02, seront donc respectivement g sin €, — g cos #. D’après cela, nous aurons pour les équations du mouvement de translation du centre G d'3 d'y PURE 2 US M = — Mgcose+R, 7 =gsine, 7x =, dt étant FPélément du tems. En intégrant les deux dernières de ces équations , on & = CE ED LRE 2 D Ê k D,E,D', E étant les constantes arbitraires introduites par l'intégration , on les déterminera d’après la vitesse et la position initiale du point G. Si nous joignons à ces équations celle déjà trouvée :=r, on pourra, par leur moyen, déterminer à chaque instant la position du point G. On voit que ce point ne sortira pas du plan, mené parallèlement au plan fixe, à une distance de ce plan égale au rayon de la sphère , ce qui est évi- dent de soi-même , et que généralement il se mouvra dans ce plan d'un mouvement uniformément accéléré. Comme dans le cas où # = 0 on a aussi sines=0,0on yoit encore que ce mouvement deviendrait uniforme et recüligne , si le plan fixe devenait horizontal. C4) Puisque la valeur de 3 est une constante, on doit avoir SF =o, cequi conduit à R—M g cose=0, d'où l’on tire R=Mgcose. Ainsi, la pression que supporte le plan fixe est constante dans tout le cours du mouvement , et indépendante de cet état de mouvement ; elle est toujours égale à la com- pôsante du poids du mobile perpendiculaire à ce plan fixe. Pour déterminer les constantes arbitraires qui entrent dans les intégrales précédentes, appelons &, €, 7 les angles que la direction de l'impulsion primitive forme avec les axes qui se croisent au point 0; el désignons par e la vîtesse qu’elle imprimerait à la sphère si celle-ci était libre : l'intensité de cette impulsion sera donc M», et ses composantes , parallèlement aux axes fixes , seront M cos a, Me cos 6, M v cos y. Mais à l’origine du mouvement le plan fixe éprouve une certaine percussion due à l'impulsion primitive , et dé- truite par la résistance de ce plan qui lui est égal et eon— éraire, Soit P cette résistance qui agit évidemment suivant une direction perpendiculaire au plan, en la joignant à la force Mo, nous pourrons , comme ci-dessus , con- sidérer le mobile comme entièrement libre , et le centre se mouvra comme si ses forces y élaient immédiatement appliquées, chacune avec sa direction. : Ainsi on aura, à l’origine du mouvement, pour les vi- tesses, suivant les trois axes fixes, EL, co à dy = o cos, LE Per Mn.cos y dt dt er L . M mais les valeurs générales de x, ÿ;, z, donnent à un instant quelconque — D’, 4 = g.sine.t+ D’, UT 6, ainsi on aura d’abord P— Mo cos y =o, d'où P = Mvcosy (45) C’est la percussion que reçoit le plan en vertu de l'im- putsion primitive. Ensuite on trouvera en faisant 4 = 0 D’ = v cos æ, D = vcos ce. Quant aux valeurs de E, et de E’; nous supposerons qu'à l’origine du mouvement le centre du mobile se trouve sur l'axe 02, ce qui donne z = 0, y —= 0 pour 1—0o, et par suite E=0, E = 0. On aura donc enfin, pour les coordonnées du centre de gravité à un instant quelconque = g. sin € 120 pe .E + vo. cos 6. t, x =v.cos « t; A - son mouvement se trouve ainsi complètement déterminé, indépendamment du mouvement de rotation que la sphère peut prendre. On voit que la courbe décrite par le point G sera généralement une parabole , située dans un plan parallèle à celui des x, y, et dont la projection sur ce denier plan aura pour équation ai 8 de SANDE 2 cos 6 - 3 4 — te TE 2 V2, COS & cos & son grand axe sera donc parallèle à celui des y, et les coordonnées de son sommet seront parallèlement aux axes des z, des y et des x, 3 v* cos 6 0 cos æ cos 6 2g. sine? g. sin € Dans le cas où l'impulsion primitive aurait lieu dans le plan des z,y, on aurait & = 100°, et par suite z = 0. Le centre de gravité du mobile ne sortirait pas du plan vertical z0y, et décrirait une ligne droite dans ce plan d’un mouvement uniformément accéléré. Il en serait de même si on avait v = 0, c'est-à-dire sile mobile n'avait éprouvé aucune impulsion primitive, Il était facile de prévoir ces divers résultats; si on avait 7 = 100°, le plan °C 46) -fixe n'éprouverait autune percussion en vertt de l'impul- sion-primitive qui lui serait alors parallèle. Mouvement de rotation. Commençons par rappeler que “les équations. du mouvement de rotation autour d'un point fixe, Sont aû nombre de six; savoir : Gde-+:(B — A) opt N. de, | Bdg + (A—C) pra = N'dt, (6) Adp +(C—B) grd = N''d, pdé.= sine. sin, d £ — cos e.d 8, gdt = cose. sin 8. d 4 + sin e d8, | (ec) rdt = de—cos8, d |. s Dans ces équations, A, B,C, représentent les trôis momens d'inertie par rapport aux trois axes principaux . du mobile, qui se coupent an point fixe ; ils sont sup- posés calculés d'avance: p, qg, r, sont les vîtesses de ro- tation du mobile autour des mêmes axes principaux: N, N’, N'', les momens des forces motrices du système , dise, parallèlement aux mêmes axes. Et enfin les trois angles À, + et 8 déterminent la position des trois plans principaux qui se coupent au point G par rapport à trois plans menés par le même point , parallèlement aux trois plans de coordonnées fixes qui ont leur origine au point o. Ainsi les ligres G z, G y, G x, étänt res- pectivement parallèles aux lignes oz, oy, ox, 8 est is à l'angle 4G21, et { ete sont respectivement les angles que les lignes Gx, Gx: forment avec la ligne suivant laquelle se coupent les deux plans 4Gy,a1@&y: On a, entre ces angles et les coefficiens a, a', a”, b, b', 4", 6e, c', c!’, des équations qu'il nous est inutile de rappeler ici. Ces préliminaires posés, rious remarquerons que dans le cas particulier qui nous occupe, nous aurons À = B = C, puisque dans une sphère les momens principaux sont égaux. De plus, la direction de la force R étant p'a- rallèle à l'axe oz, les cosinus des trois angles qu'elle C47 ) forme axee les axgs Gui, Gyi, Gz1, seront respective ment a, db", r!!, en sorte que ses composantes parallè- lement à ces axes seront R a!’, R 2", R c’'; et ses mo- mass par rapport aux mêmes axes, seront : Cyr cll—ar WUR, (au a! —x 1 d')R, (ai b— PONS expressions qui sont toutes les trois nulles en. vertu des équations de condition que nous avons trouvées en commençant. Quant à la force Mg, elle n'entrera pas non plus dans nos formules, puisqu'elle représente le poids du corps, et que le point G est son centre de gravité, ainsi les équations (4) se réduiront à Adr = o , Adg =0o, Adp = 0, d'où Pon tire par l'intégration Tenn., QE N, JA = ER n,n!, n!, étant trois constantes arbitraires. Ce résultat nous annonce que les vitesses du mobile autour de chacun de ses axes principaux sont constantes , son mouvement de rotation a donc lieu autour d’un axe fixe passant par son centre et avec une vîlesse cons- tante; ce qu'il était d’ailleurs facile de prévoir. Nous pourrions facilement déterminer l’un et l’autre avec ce qui précède. Mais il vaudra mieux remarquer que le mobile étant une sphère homogène, tous les axes qui passent par son centre seront les axes principaux : nous pourrons alors prendre pour axe G a1, celui autour duquel le mouve- ment de rotation a lieu au commencement du mouve- ment , et autour duquel il se continue ensuite en vertu de cette propriété des axes principaux ; savoir : que lors- que le mouvement de roialion a commencé autour de lun d'eux, il continue autour de ce même axe pendant toute la durée du mouvement, En choisissant ainsi l'axe G 21, nous aurons cet avantage qu'on devra continuel- lement avoir 9 = 0, r = 0,.el par suite #' = 0, (48) n =0, et il ne nous ut plus qu'à déterminer la constante n. Pour ÿ parvenir, rappelons-nous qu'à l'origine du mouvement on peut regarder le mobile comme entière- ment libre et soumis à l’action des forces P et Mo, P étant la résistance du plan fixe, et Mo l'impulsion pri- mitive; or, la direction de la force P passant par le point G, ne peut nullement contribuer au mouvement de rotation , en sorte que nous n'avons plus que la force Mo à considérer : appelons f, la distance du centre G à la direction de cette force, son moment par rapport à ce point sera Mo f. La force Mo imprime à la sphère autour de l'axe G 1, qui est nécessairement perpendiculaire au plan passant par la direction de cette force et par le point G, une vitesse de rotation que nous appellerons æ, ét qui sera telle, d’après les lois du mouvement de rotation autour d'un axe fixe, que l’on aura À w = M »f; d’ailleurs le moment d'inertie d’une sphère homogène par rapport à tres un axe passant par son centre est égal à F Myr°, on aura 2 4 5 v donc — Mr æ—=M ef, d'où æ = _n et comme 5 PT 9 la vitesse de rotation est constante, on aura enfin 5of 27 P = Il ne nous reste plus, pour terminer la solution du problême qui nous occupe qu’à trouver les valeurs des angles , + et 8. Nous examinerons d’abord le cas particulier, où le plan passant par la direction de Pimpulsion prhnitive et par le centre G, se confond avec celui des y. et est par conséquent vertical. Dans ce cas l'axe G-x1 est cons- tamment parallèle à l’axe ox, le plan 21 Gy1 se con- fond avec le plan 40y, et à l'origne du mouvement l'axe (49) l'axe Gaz se confond avec l'axe 02, et de plus à élant à un instant quelconque l'angle de ces deux axes, | d8 on a évidemment dy = ? Où, en meilant pour p sa va- x da: PS. Jeur trouvée plus haut, re et en intégrant, AOL NAT à ê—= 2r parce qu on doit avoir 8 = 0, en même tems que {=o. .t. Nous n’ajoutons pas de constante arbitraire Quant aux angles 4 et + ils seront tous deux égaux à 200°, puisque la parallèle à l'axe ox, menée par le point G, se confond avec l'axe Gæ:, et que l’in‘ersection du plan æiGy1, et du plan æGy, est constamment la partie negative de l'axe (ax. On arriverait à ces mêmes valeurs de À et de » à l’aide des équations (c) après y avoir #5, pour p, g, r et d 6 leurs valeurs. Si on avait f = 0, ou bien v = 0, 8 serait cons- tamment nul, ce qui nous annonce que lorsque l'im- pulsion primitive passe:a par le centre G, ou bien lorsqu'il n'y aura pas d'impulsion primitive, la sphère ne prendra pas de mouvement de rotation. Fkevenons mainienant au cas général, et remontons aux équations (c): elles deviennent, après ÿ avoir mis pour P; qetr, icurs valeurs. sin @. sin 8. d A — cos e. d8 = ndt, cos ®. sin 4. d J + sine. d3 =o, de—cos 8. dÀ=o; Nous conservons r pour la valeur constante de p, pour plus de commodité, Il sait d intégrer ces trois équa= tions pour en tirer les valeurs de À, 8 et ». Muliiplions la première de ces equations par sin + et la second par cos +, puis ajouivus-les, nous aurons, par- ce que Sin @ + cos & = 1, sin d. à Le ne. sin e. d!: Les mêmes équutivns retranchées, après toutefois D (50) avoir multiplié la première De cos + et la seconde par sin +, donneront, dê——ncose. dl Et ces deuxdernières équations, divisées l’une par l'autre, cvonduiront à ne TT LL sine COS ? d'où, en résolvant par rapport à d 4, sine. d À TH sin 4. cos» valeur qui , reportée dans la troisième de nos équations, la changera en cette autre sin #. cos À. dû de sin 8. cos ? me. que l’on peut encore mettre sous la forme, cos +. de cos 8. d8 | LR ne du IE Or, cose. de = d. sin *, cos 8. d8 = d. sin 8; ainsi on aura en intégrant, J log. sin & = log. À — log. sin 6, h sin 8? h étant une constante arbitraire. ou bien encore, sin e = \ : sin 8ê—}" J On tire de là cos 9 = RARES , valeur qui, sin reportée dans celle de 4 8 trouvée plus haut, donne ee _nWSsin 8—h". dt >: sin 6. sin 8 CLR — sim 0 48. MEME De sin 8—h* TX (1—h°)—cos 0 G—h )—cos Si nous remarquons que — sin 8. d 8 = d. cos 0, nous aurons en intégrant l'équation précédente, - cos 8 ) nt = arc {SD = ———— ( V':1—h° + 6 (51) où cos 8= 1% .sin(n—$g) £ étant une nouvelle constante arbitraire. Tirant de cette valeur de cos 0 celle de sin F, et la reportant dans l'expression de sin $, on aura aussi l’ex- pression de l'angle + en fonction du tem: ; Savoir : ] k MR pi Ci —h jsin (mn —8g) Il nous faut encore trouver la valeur de l'angle 4; pour y parvenir, reprenons l'équation, sin 844 = n sinedt h.n. dt h. n. dt sin 0 y —h'25sin F(nt—g) en faisant pour abréger1—h? = Ah" nous en déduironsd À = Passons à l'intégration , et pour cela posons d'abord sin (#{— 9) —u, nous en déduirons successivement du : aus cos (nt—g). n.dt = du, ndt = hdu CELUI VAE TES "EE: Lg HÉRE Gr maintenant nous poserons/ Te PU EE = & à 1—0"° et nous tirerons 4 = CN Œ et enfin d=— — do FES Wa d'où À = arc ( cos — w ) + Î étant une constante arbitraire, D à ( 52) A fau” cos (nt — 90) À Or, = / Le à “e — V1—hsnQu—g) cos (ut — g) dohc À = arc (cos = Mn Dee D) +! 1 — h' à (ut — 5 A4 4 | A2 es A È———— d où cos ( À 1)= A ep sin ( nt —g) et l’angle À se trouve ainsi exprimé au moyen du teins. Pour coinpléier la solutio: du problème qui nous occupe , nous n'avons plus qu'à déterminer les trois constantes },g, Z introduites par l'intégration, et c’est à quoi l’on peut parvenir ainsi qu'il suit : Désignons par e l’inclinaison du plan passant par la direction de l'impulsion primitive et par le centre G de la sphère sur le plan æGy, ce sera l'angle formé, à l'origine du mouvement, par le plan z1Gÿ1 avec le plan zGy ; alors l'angle 8, ou zGz21, qui mesure à un ins- tant quelconque linclinaison des deux plans 2GY, miGy1, sera égal, aussi à l’origine du mouvement, FT à 7 ©» puisque les deux plans zGy1z1Gy1, sont perpendiculaires l’un sur l’autre ; ( æ représente la cir- conférence dont le diamètre est un ). Maintenant, prenons pour l'axe Gy1, l'intersection, toujours à l’origine du mouvement, du plan z1Gyr, ou de l'impulsion primitive avec le plan xGy; alors A T . . on aura —, pour la valeur initiale de +, ou de l'angle formé par l'axe Gy , avec ceite intersection. Pour avoir la valeur initiale de angle 4 , ou de l'angle y1Gx, remarquons que, le plan de FPimpulsion pri- milive passant par l’origine G des coordonnées , on pourra prendre pour son équation par rapport aux axes Gx, Gr, G:, La+My+Nz=o. (53) alorsGY1 , étant sa trace sur le plan ry, On aura, d’après les formules connues, L taug y1 Grau = — M: L Reste à déterminer le raport j; Or, l’angle du plan de l'impulsion primitive avec celui des «y élant e, on aura N FR EME NT De plus ce même pian passant par une droite (la di- rection de l'impülsion primitive) qui fait avec les trois axes des coordonnées Gr, Gy, G2 les angles que noës ayons représentés par &, 6. y, nous aurons encore L cos & + M cos 6 + N cos y = 0. x M Si nous faisons, pour plus de commodité = X, N= L 4 les deux équations précédentes pourront évidenunent se mettre sous la forme X2 + Y'=iang e, Xcosæ HYcos6 = — cosy d'où nous tirerons, par la méthode ordinaire, + —cos2cosy-kcnst (cos* a+ cos" €) ange Ye INg?e—COS cosy cos e LOS ER cor. Me et, la TR a+ cos" 6)tans Te e— cos" y et par > € t D f = —— = FT — consequen {ang %G L as) 1 hi Ÿ COS æCOS y — COS [a s 67 (cas a cos" COLE ang'e— cos y cos 6 cosy + cosæ sa l/ (eos e æ+ cos €)tang” ec — cosy Si nous remarquons que | sin ? e. cos” æ + cos” 6 + cos” Y=tsetlangez — cos? £ nous ar riyerons à cas æcosy cosr—ros€ A sin 7—c0s" € ang x G 71 ————#û" rt = (m) cos € cosy cose+ cose six y —cos'e C 54) expression plus simple ; et qui nous sera plus commode par la suite. Tout ce qui précède étant établi, reprenons les équations cos Ô © PATTES .sin(nt—g), A k sm? = Vi sin) = sin (] cos É— cos(]—7)= Aer 2) | 74 1—(1—/h")sin Qut— g) $ et faisant dans chacune d'elles = 0, nous aurons, en remarquant que dans ce cas Ê = " T ——C,9 —_ , et 2 2 À = d', d'représentant la valeur de 2Gy:, que l'on tirerait de Péquation (m), cos (—e) FR V1 sin (—g), doùh=cose,g=— ce et par suite cos (d —/) = 0 2 d'où $ — nr: à T= —, donc, on aura enfin pour les valeurs 2 de8,eet{, en fonction du temps, cos À = sine. cos nt; , : cos.e . sin ® = RUE à V7 1—sin e. cos nt? sin (4 — 9) à SM ds 1 — sin € COS nt Ces dernières équations complètent la solution du problème. Dans le cas particulier où le plan de l'impul- sion primilive se confond avec celui des zŸs auquel cas on à T . F7 elles conduisent à ( B=nt,e=r,lJ—Î= vla & Mais alors l’équation (m) donne = T-puisqu'en même T + sax items quee = —on aa = — ; donc À = 7 ; ainsi nous 2 2 retrouvons pour 8, » et { les valeurs auxquellesnous étions arrivés en jraitant directement ce cas particulier. En rapprochant les divers résultats qne nous avons obtenus , nous verrons qu'en conservant au problème ioute sa généralité, les équations x =r,7= Er: + » cos 6t, x=»cosat feront connaître à un instant quelconque la position du centre G de la sphère par rapport aux axes fixes. Ensuite les équations ; ; cos € cos Ê = sine. cos n{, sin ? = Ve 1— sine. Cos *. né * É sin . né sin — d)= : C4 ) / 1 — sin * €. Cos. nl 5. D. f. dans lesquelles r = PERL détermineront au même es instant la position des axes principaux Gxi, Gyrs Gus fixes dans le corps et déterminés à l’origine du mouvement, comme nous l'avons exposé ; ce qui déterminera aussi, à cet instant, la position de tous les points de la sphère : ainsi les coordonnées de son point de contact seront m=—ce"r, 1, = br, ,u = —. cr | a!" D!" c!! étant donnés par les équations connues , a = — sinbsine, #" = — sin Ê cos e, c" = cos €. : C56) AAA AAA AA AAA AAA PROGRAMME D'un Cours de Mécanique appliquée aux Arts; par M. Lévy : le jeune. ; - Il y a peu de tems encore qu'une rouiine aveugle dirigeait seule la partie mécanique des arls industriels , tandis que depuis long-tems déjà , la chimie et la phy- sique répandaient leurs lumières dans les manufactures. À ne juger cette partie de l'industrie que par l'attention que les savans y apportaient, on aurait pu la croire entièrement étrangère aux sciences. En effet, en excep- tant quelques traités d’hydrodynamique , et quelques mé- moires épars, on ne trouve, à la date d'une vingtaine d'années, aucun ouvrage de mécanique appliquée, ne pouvant ranger dans celte classe les traités de mécaniqne de Varignon, Le Camus, Bossut, eic., ete, ouvrages qui renferment d'excellentes choses , mais plutôt destinés à former un complément aux étud:s mathématiques , et à donner les connaissances nécessaires à l'artillerie ct à la marine qu'à l'industrie. J'y rangerai bien moins encore des recueils de descriptions de machines, où la curiosité peut trouver quelque aliment, où l’homme étranger aux aris peut acquérir quelques connaissances , mais dans lesquels nul ne peut rencontrer ni l’ensemble , ni les élémens d’une science. : Cependant la mécanique appliquée mérite touie notre attention ; elle emprunte queiques principes à la méca- nique rationnelle , mais en est, du reste, entièrement dis- tincte. La mécanique rationnelle, portée à un haut degré de perfection, nous donne de savanies formules, malhen- reuscment peu applicables , dans le plus grand nombre de cas, aux détails de la pratique ; elle determine Les lois de la nature, mais abandonne à la mécaniqne appliquée les arts (57) industriels. Cette dernière, cependant, empruntant, comme je viens de le dire , des principes et des lois à la méca- nique rationnelle, pourquoi des hommes savans dédai- gneraicat-ils de s'oceuper de cette branche précieuse de nos connaissances, suricut lorsque leur esprit d'investi- galion les rendrait plus propres que tout autre à y réussir? Ionneur soit donc renäiu à ceux d’entreux qui au- raient pu se contenter d'acqnérir la gloire d'être regardés comme des savans, mais qui y ont joint la noble am- bition d’être utiles ! Nous pouvons citer dans cette classe Amontons, Lehire, Borda, Prony, Sinéaton, Bossut, Fabre, Betancourt, Coulomb; et d'autres encore qui ont su , les uns, appliquer les mathématiques à diverses branches de ia mécanique pratique , les autres, nous of- frir les résultats précieux des expériences auxquelles ils ont consacré une parlie de leur vie. Si je ne craignais de blesser sa modestie , j’ajouterais à ces noms celui d’un de vos membres les plus distingnés (1), qui consacre à la mécanique appliquée quelques-uns de ses précieux instans, éclaire les manufacturiers, dirige et encou- rage l'artiste intelligent par ses avis, et, pendant qu'il rattache glorieusement son nom aux travaux qui embel- lissent ce département , le fait chérir par le commerce et par les arls. Quelques hommes, d’un génie rare , ont, il est vrai, fait de sublimes découvertes dans la mécanique sans études préliminaires ; cela prouve seulement que , la comme par tout , le génie a ses droits; mais pourquoi ne pas éclairer, sur les véritables secrets des arts, une partie aussi précieuse qu'utile de la société? Lorsque l'on G@) M. Mallet , alors ingénieur en chef du département, ap- prlé depuis à Paris pour la direction des eaux de la capitale. (58 ) sera parvenu à faire comprendre à cet ouvrier qu'une machine composée de matière inerte ne peut créer une force qu'elle ne possède pas, et n'a d'autre effet que de la transmettre en modifiant souvent ses élémens ,ilre- noncera à une recherche obslinée du mouvement perpé- tuel, cessera de consommer en pure perte une partie précieuse de son tems , et cette louable ambition de se distinguer , qui domine son ame, élant dirigée vers un but non chimérique, peut le conduire à faire des choses utiles. Ne serait-il pas également avantageux pour le pro- priélaire d'un établissement industriel de posséder assez de connaissance pour n'être pas la dupe de l'ignorance ou de la mauvaise foi ? On ne le verrait plus alors sus pendre ses travaux, et faire de folles dépenses pour obs tenir un effet imaginaire d'une machine dont il aurait facilement reconnu 'absurdité. C’est principalement parce que l'étude de la mécanique appliquée n’est pas assez popularisée parmi nous, que nous avons le chagrin de voir la supériorilé qu'ont sur les nôtres quelques manufactures d’une nation voisine. Et, en effet, l'esprit anglais est-il plus inventif que le nôtre ? Non; plusieurs des plus belles machines connues ont pris naissance dans notre palrie, puis les Anglais s’en sont emparés. Le métier à bas, dont ils s'attribuent l'invention, a été inventé par un Français, et, double gloire , rapportée par un Français dans sa patrie. Si nous ne sommes pas inférieurs aux Anglais par le génie, pourquoi serions-nons moins habiles à perfectionner ? Nous parviendrons à n'avoir plus rien à leur envier en cultivant la mécanique appliquée. Ainsi, éclairer et ramener aux vrais principes les hommes portés vers les arts par leur goût ou leur pro- fession , affranchir notre industrie manufacturière du tribut qu’elle paie trop souvent encore à l'étranger, tel est le but d’un cours de mécanique appliquée aux arts. pe ( 59) Mais est-il bien possible de faire un cours de mécanique appliquée, mis à la portée des personnes qui ne con- naissent que les élémens des mathématiques ? Je le pense ainsi. On ne pourra quelquefois leur offrir que des ré- sultats, mais qui suffiront pour marcher avec assurance. Un cours semblable sera plus fructneux, sans doute, pour les personnes versées dans les sciences physiques et ma- thématiques ; mais ce n'est pas celte classe d'hommes que j'ai eue en vuc en rédigeant le cours de mécanique qui offre le texte des RÉ qué je donne sur celte partie, et dont j'ai l'honneur de soumettre le plan à la compa- gnie (x). Avant d'entrer en malière , je crois devoir vous rap- peler, Messieurs, que je ne prétends pas donner le plan d’un cours que j'ai créé, ni d’un ouvrage destiné à l'impression, seulement n'en ayant rencontré aucun qui pit servir de texte à mes leçons , pour composer le mien , j'ai beaucoup emprunté, je dis plus, j'ai pris, je crois, presque partout où il ÿ avait à recueillir, et je ne possède en propriété que le résultat du travail qui a consisté à réunir des matériaux épars, à y joindre de nombreux développemens , et à lier le tout d'ane ma- nière suivie. Puissé-je n'avoir pas créé le monstre dé- peint par Horace : Humano capiti cervicem , etc. (1) C'estien 1817 que j'ai commencé à donner à Rouen des leçons de mécanique appliquée aux arts , mises à la portée des personnes qui n'avaient d’autres connaissances en mathématiques que celles du calcul. Depuis plusieurs années, je m’occupais à rédiger ces leçons, dont la première idée me futydennée par l'excellent ouvrage de M. Gueyniveau. Combien on regrette en le lisant que l'auteur ne se soit pas occupé à rédiger un cours complet! En publiant ce programme, j'ai cédé aux désirs de quelques-uns de mes confrères, qui m'y out excité, moins, sans doute, pour le mérite qu'ils y ont remarque , que pour indiquer l'importance qu'ils attachent à la propagation de ge geure d'étude. (60) 1 Voici le texte des ouvrages dont j'ai tiré le plus grand parti, et dont je conseille la lecture aux personnes qui veulent étudier avec fruit la mécanique appliquée (+) : Essai sur la Science des Machines, par l'ingénieur Gueyniveau. Principes de lEquilitre et du Mouvement > par Carnot. Le Cours de Méranique appliquée aux arts , par Borgnis. Le Traité des Marhines , par Hachette, Essai sur la composition des Machines , par Lautz et Betancourt. 1 volume du Traité de Mécanique , par Christian. Architecture hydraulique de Belidor , revue par Navier. mm mm mm me (1) Je pense qu'en citant les ouvrages auxquels je dois le plus, je rends à chacun ce qui lui est dù, et que je pourrai me dispenser , dans le cours de ce programme , d'indiquer que telle partie appartient plus spécialement à tel auteur. L La position d'un professeur est bien différente de celle d’un am— teur ; celui-ci doit redouter Je plagiat; celui-là , an contraire saurait à se reprocher de n’avoir pas cherché sernpuleusement tout ce qui peut être mis de bon sous les yeux de ses élèves. Je dois cependant rappeler plus particulièrement que j'ai adopté le plan général de l'ingénieur Borgnis, qui divise si naturellement l’exa- men des machines de cette manière : Le moteur, l'organe récepteur , les organes communicateurs, les modérateurs et régulateurs , etenûn les organes destinés à produire l'opération finale. J'avais achevé mon cours lorsque l'ouvrage de M. Borgnis fut publié; ma division n'était pas très-éloignée de celle-ci, cependant je n'ai pas balancé à faire des changemens pour l’adopter en entier. Je me permettrai de dire que les détails de cet ouvrage sont quel- quefois loin de répondre à cette excellente division; mais tout porte à croire qu'une seconde édition sera plus satisfaisante. de nr 6n) Architecture hydraulique, par Prony ; Thévrie des Machines hydrauliques ; par Fabre. Hydrodynamique , de Bossut. Recherches sur l'eau et le vent, par Sméaton , traduit par Girard. Manuel de l'Ingénieur mécanicien , constructeur de ma- chines à vapeur, par Oliver Evans, traduit par Dooliutle. Plusieurs Mémoires de Coulomb. - Des Recueils de machines et un assez grand nombre d’autres ouvrages, lant anciens que modernes, qui ne re’ont offert qu'un intérêt secondaire. La première partie de mes leçons est consacrée à l’ex- position des principes de physique, indispensables pour eniendre .ce qui doit suivre. Parmi les propriétés générales des corps , l'inertie et la mobilité sont les seules qui fassent partie de notre domaine. Et d’abord l’inertie : cetle propriété , loin d'être tou- jouts nuisible est quelquefois favorable à l'effet que l'on veut produire; de Îà, la théorie des volans. Mais j'ai soin , dès ce début, de prémunir contre ce préjugé malheureusement trop répandu, qu’un volant donne de la force ; préjugé d'autant plus difficile à vaincre, qu'il est basé sur des expériences assez spécieuses , lorsqu'on ue réfléchit point que le volant transportant une partie de la quantité du mouvement qu'il a reçu au moment où le moteur dévelospe la plus grande énergie, à celui où l'effet du moteur est moindre , qu'il absorbe réellement de la force, mais en la régularisant , permet an moteur de vaincre une résistance plus grande que celle qu'il pourrait vaincre s'il n'y avait pas de volant. 20 La mobilité et les circonstances qui accompagnent le mouvement, masse , espace , tems, vitesse et force. La définition du mot masse conduit à considérer aussi ce que l’on entend par volume et densité. CG2) Jé ne donne point les définitions d'esparé et de tems ; comme des expressions qu'il est impossible de traduire par des expressions plus claires, et les idées que ces expressions font naître en n: de comme des idées pri- mitives au-delà desquelles il n'est pas possible de re- monter, J’abandonne d'ailleurs aux métaphysiciens ces sujets de dispute d'école, je vise directement à mon but. : Lavitesse ; au contraire, comment elle se compose de ces élémens ; espace et tems ; les diverses espèces de vitesse , uniforme , variée , accélérée , retardée , etc. , offrent des détails de a plus haute importance. Enfin la force, cette cause par laquelle un corps est mis en mou- vement , et transporté d'un lieu dans un autre ; ce trans- port est un effet réel, il doit avoir une cause réelle, celle cause nous est et nons sera toùjours inconnue ; nous avons dù nous borner à faire connaître ses effets ,et à déterminer les Jois de son action. Après ces circonstancËS qui acéompagnent le mouve- ment , j'établis les lois du mouvement. Celle qui consiste en ce que la réaction est égale à l'action , offre une foule d'applications puisées dans la nature et dans les arts. Elle sert à prouver éntr'autres que ce projet , formé par quelques imprudens de s’élever dans l'air à la manière des oiseaux, est inexécutable. Un corps en mouvement doit DOC dans cet état de mouvement | mais deux causes $ y opposent, la résis- tance des il et les frottemens. . La première est prouvée par des expéreinces ; quant à la seconde , je me contente d’en indiquer les causes, celles qui l’'augmentent ou le diminuent ; devant néces- sairement y venir en traila:.t des résistances passives dans : les machines. Mais de ces deux causes on tire cette conséquence , qu'il ne peut ÿ avoir de mouvement perpétuel dans la nalure , écucil contre lequel bien des gens vont encore follement se heurter, (63) Je considère ensuite de quelle manière on évalue la quantité de mouvement. ‘ Al y eut autrefois de grandes discussions sur l’évaluas tion de cette quantité de mouvement. Cependant la discussion provenait de ce qu'on n’atta- chait pas au mot effet la même acception ; lorsqu'on est parvenu à s'entendre , la dispute a cessé. Des expériences font connaîire les lois de la commu- nication du mouvement dans le choc des corps durs et élastiques. La considération des premiers conduit à l'im- portante théorie de l'aplatissement. Je fais aussi l’appli- cation de ces lois à plusieurs phénomènes pris dans la nature et dans les arts. J'ai era devoir insister d'autant plus sur ces lois , qu’elles sont le fondement de la théorie des moteurs. En traitant du mouvement composé , j’expose les lois de la composition et de la décomposition tant des forces parallèles que de celles qui concourent en un même point ; j'indique la manière de trouver, dans tous les cas, au moyen de la règle et du compas (x), la résultante dans la composition des forces , les composantes dans la dé- composition. Par un petit appareil très-simple , la pro— posilion connue en mathématique sons le nom de paral- déloyramme des forces , se demontre d'une manière assez sensible. Une foule de phénomènes que l’on est chaque jour à même de reinarquer, en sont une conséquence. Ce chagitre est terminé par la considération des effets- produits par le choc oblique. (x) Ces opérations peuvent former le complément de l’étude du dessin linéaire. Je saisirai cette occasion pour dire que je regarde cette étude comme inséparable de celle de la mécanique appliquée. M. Frangœue n'a pas dédaigné de faire un traité sur le dessin linéaire ; quel bel axemple pour les savans ! (64) Les lois de la pesanteur doivent nécessairement fixer attention. Je décris la belle et ingénieuse machine in- ventée par le docteur Athood , et de quelle manière elle démontre ces lois. L'examen du mouvement d'un corps sollicité par la pesanteur et une autre force ; eonduit à parler des forces centrales. Je présente à celte occasion denx beiles ap- plicalions de la force centrifuge. La première dans le inodéraieur de la machine à vapeur; la seconde est ua moyen employé dans quelques contrées de 1 Angleterre, dans les moulins à vent :il a pour but de soulever la meule tournante quand elle prend une vitesse trop con- sidérable , qui pourrait faire craindre de voir Ja farine s'échauffer, et, par là, d'en voir la qualité se détériorer. Ce procédé offre quelques inconvéniens à côté des avantages qu'il pracupés ; cetle ap pplication du principe de la force centrifuge n'en est pas inoins très-ingénieuse ;, et pent donner naissance à quelque chose meilleure en- core, Or, je crois que dans un cours de celle nalure om doit chercher principalement à indiquer les sources de perfectionnement. Les plus belles machines n’ont sou- vent alleint leur perfection que par parties. Là se bornent les principes de physique qui devaient nécessairement être exposés comme introduction au cours de mécanique. La méeanique , proprement dite , commence ici à dé- velopper ses principes. Je débute par un chapitre auquel je n'ai pas craint de donner beaucoup détendue ; on y voit quelles sont les véritables propriétés des machines , et pourquoi on leur en atiribne aussi souvent dima ginaires. Dans ce chapitre je n'ai rien épargné pour faire voir qu'au moyen d'une machine on peut modifier ces élémens de la force, effort e1 vitesse ; mais que leur produit ne peut devenir plus grand ; au contraire, que le résultat d'une machine est nécessairement moindre. que (65) qüe la force déployée , et que la meilleure machine est celle qui s'approche le plus de fournir une quantité d'ac- tion égale à celle dépensée, les résistances passives en absorbant toujours une partie. Mais la modification de ces élémens , éfforts et vitesse , est bien précieuse sans doute, puisqu'elle. permet tantôt de produire un ef- fort immense au moyen d’un moteur qui n’est pas. ca- pable, à beaucoup près, d'en produire un; aussi grand , pourvu que l’on veuille bien compenser cet excès d'effort par une perte de tems qui lui est proportionnelle ; d’au- trefois elle permet de donner , à certaines parties d’une machine, une rapidité extraordinaire , pourvu que l’on veuille bien dépenser d'autant plus de force que cette vitesse-surpasse d'avantage celle du moteur. Une machine offre encore l'avantage de pouvoir réunir plusieurs résis- tances en une seule , et de les soumettre à l'effet d'un même moteur, tandis que sans la machine. on aurait été obligé, quoique chacune de ces résistances fàt moindre que le moteur, de l'appliquer à chacune d'elle sépa- rément , ce qui aurait fait nepdio beaucoup de force. Dans ce cas encore la machine n ‘augmente pas la force , mais l'utilise en entier. Sans les machines enfin on n'aurait pu employer les précieux moteurs que la nature nous fournit. Les plus grandes erreurs dans lesquelles on tombe en s’occupant des machines , proviennent de ce que l’on confond sou- vent l'effet d’une machine en repos avec celui d'une machine en mouvement. On ne saurait lrop appuyer sur ces considérations ; qui offrent une des bases les plus importantes de la mécanique. Machines simples. — Je n’en considère que trois : les cordes , le levier, le plan incliné. 1° Les cordes. — J'ai cru devoir offrir un rapide ap- perçu de la préparation du chanvre et du lin, de la E (66 ) fabrication des cordages, et de leurs dispositions dans les divers travaux. En parlant de la préparation du chanvre , en signalant les inconvéniens de la méthode du rouissage , combien on regrette d'avoir vu s’évanouir les espérances que semblait donnér la machine de M. Christian , et celle de Tissot jeune, construile à-peu-près sur le même pros sf vera-t-on à préparer le lin et le chanvre par des procédés purement mécaniques ? je l’ignore , mais j'en doute. J'éxpose ensuite les propriétés mécaniques des cordes. Leur poids et leur roideur sont des accidens qui ne peuvent être passés sous silence. La seconde des machines simples est le levier ; après Vavoir défini et divisé en trois genres , j'en démontre les | propriétés au moyen d’un appareil assez simple que j'ai fait construire. Je ne le considère d’abord que dans le cas d’éqüilibre ; j'ai soin ensuite de faire voir que dans cette machine, ainsi que dans toutes les autres, on perd en tes où en vitesse ce que l’on gagne en force. La description de chaque genré de levier est accompa- gnée de nombreuses applications. L'expérience prouve encore , au moyen du même appa- reil , que la force agit avec d'autant moins d'énergie que sa &iréction s'éloigne davantage de celle qui est perpendicu- lairé au levier. De là, l'examen des posilions désavanta- geuses dans l'emploi des manivelles ; les moyens d'y re- médièr. Ce n’est pas toujours un point fixe et inébranlable qui sert d'appui à un levier, le plus souvent ce sont des corps flexibles où ‘qui peuvent s'écraser ; ou bien des corps ani- més dont la résistance n’est point à l'épreuve de tout effort; il'est donc important de savoir de combien est chargé le point d'appui, et comme ce point d'appui pourrait bien aussi n'être pas de nature à résister également dans tous les sens, il faut examiner de plus comment se dirige l'ef- (G7) fort qu'il soutient. Enfin, la connaissance de celte pres- sion est indispensable pour calculer certaines résistances passives. La première application du levier s'offre dans la ba- lañce commune et la romaine. La première demande beaucoup d'attention dans sa construction ; la seconde exige , pour être divisée exacte- ment , un calcul assez simple. Un examen rapide de toutes les espèces de balances et pesons , même la balance de Roberval , qui n'a ceriaine- ment été inventée que pour donnér à chercher aux méca- niciens la raison de là marche de cet instrument qui paraît détruire la théorie du levier, termine ce chapitre. Deuxième application du levier: la poulie etles moufiles. Après avoir donné la théorie de ces machines , le moyen de calculér les pressions exercées sur les axes, j’examine les détails de construction, les diverses précautions que l'on doit prendre en se servant de ces machines. Troisième application du levier : le cabestan , sa cOns- truction , ses avantages , ses défauts. A Vexamen de cette machine siccède naturellement celui du treuil, de la roue à cheville , à tambour , etc. Enfin , les roues déntées , leur théorie et les moyens dé déterminer les nombres de dents convenables pour éta- blir tel ou tel rapport de vitesse (1). Je ne m'occupe pas dans ce moment de la forme des denis, rejelant cette consi- dération au chapitre de la transmission des mouvemens. ‘Troisième machine simple: le plan incliné et ses applica- tions , la vis combinaison du levier et du plan incliné , la vis sans fin, la vis d'Archimède et le coin, A (1) Cette théorie vient d’être enrichie d’une manière bien pré- cieuse par la découverte de M. Le Pesqueur , sur laquelle M. de Prôny vient de faire un rapport très-avantageux à l'Institut. E 2 ( 68 ) Avant de passer outre, j'ai cru devoir donner ici une idée de la manière dont les plus grands travaux peuvent s'exécuter au moyen des machines les plus simples, en. citant pour exémple le mémorable transport du rocher de Pétersbourg. Permettez-moi de, vous rappeler en quelques lignes les principales circonstances de cette étonnante entreprise. » dt À peine montée sur le trône de Russie, Catherine Il voulut élever à Pierre-le-Grand un monument qui part digne de ses hauts faits. . M. Falconnet, chargé de l’entreprise, crut que tout ce qui appartiendrait à ce monument devait porter lem- preinte du génie. Il considéra que les piédestaux ordi- naires ne disent rien, qu'ils conviennent également à toutes sortes de sujets, et qu'employés partout, ils n’excitent aucune idée nouvelle et noble dans l'ame du spectateur. Ces motifs le portèrent donc à les éviter dans ce monument. Il voulut que le héros de la Russie y parût créaieur, législateur de son peuple, grand, extraordinaire en tout, entreprenant, et terminant C6 que d’autres imagineraient à peine; c'est ainsi que l'a vu M. Falconnet, c'est celle idée qu'il a voulu rendre. Un rocher escarpé , au sommet duquel le législateur arrive au galop, un serpent que le cheval écrase, Je mouvement du cavalier arrêtant son cheval, et de l’autre assurant son pays de sa bienveillance; tout cet ensemble peint, caractérise la statue de, Pierre-le-Grand, et la distingue de toutes celles que l’on a élevées depuis un grand nombre de siècles à d'autres souverains. Ce piédestal devant être un rocher très-considérable ; on pensa d'abord à le composer de plusieurs grosses pierres ; des liens de fer ou de cuivre en auraient assuré la solidité. Mais Carburi observa que.les ligamens s’usent , se rouillent, se détruisent ; divers accidens. peuvent les endommager , et bientôt la masse qui présentait un ro- (69 ) cher n'offre plus qu’un tas de ruines. Il proposa donc de faire le rocher d’uné seule masse. Ce projet parut généralement inexécutable , d'autant plus qu'on ne crut pas d'abord pouvoir trouver aux environs de Pétersbourg , et encore moins transporier une telle masse, les plus proches montagnes de Pétersbourg étant en Finlande. Cependant Carburi découvrit un très-grand rocher dans un marais , près d’une baie du golfe de Finlande , à en- viron une lieue et demie du bord de l'eau, et quatre lieues de la ville. Ce rocher était un paral!élipide de quarante- deux pieds de longueur , sur vingt-sept de largeur , et vingt- et-un de hauteur, il pesait trois millions , et était enfoncé de quinze pieds dans la terre. IL n'employa pour le transporter d’autres machines que le levier , le eabestan , les vis, et des globes de métal qu'il substitua d’une manière bien ingénieuse aux rou- leaux. En lisani Le mémoire de Carburi, on est effrayé d'abord de la hardiesse de l’entreprise, on s'intéresse à son succès ,*on admire le spectacle majestueux de ce rocher en marche , surmonié d'une forge continuellement en action, portant quarante tailleurs de pierre qui tra- vaillaient continuellement dessus à lui donner la forme désirée , et entraînant enfin tous les appareils et ustensiles nécessaires aux trévaux à faire sur la route qu’il devait parcourir ; on plaint Carburi enfin , quand on remarque Les peines physiques et morales qu’il a eues à supporter, et qu'éprouvent presque nécessairement (ous ceux qui tentent, maleré l'envie, d'exécuter des choses extraor- dinaires.. « Tel fut, dit Carburi en terminant sen‘mémoire , l'heureuse issue d’une entreprise aussi singulière peut être par les contradictions de tout genre qui s'y 6ppo- sèrent que par sa nature même. Je désire que mon exemple enhardisse et donne la constance nécessaire & ceux qui oseront se frayer de nouvelles routes dans les ° E 5 CR: munutitos, arts, el tenter ce qui paraît impossible aux hommes mé- diocres. Je désire enfin qu'ils aient le courage, plus rare peut-être, qu'on me permelte de le dire, que celui qui porte à s'exposer aux dangers dé la guerre, qui nous fait braver pour un tems l'opinion des hommes et les cris aveugles de la multitude, pour achever une éntreprise utile et glorieuse à un grand empire. » Les résistances passives jouent un rôle important dans les machines en mouvement. Parmi plusieurs causes qui les octasionnent, 6n remarque principalement le frottement et la roideur des cordes. On ne pouvait ac- quérir des notions exactes sur les frottemens que par des expériences très-mullipliées, très-variées, et en se servant d'appareils semblables ou parfaitement analo- gues à ceux dont on se sert en pratique. Cette méthode embarrassante, pénible et coûleuse, était cependant la seule qui pôût augmenter la somme des connaissances sur un objet aussi important. Coulomb s’en est servi avec le plus grand succès , dans les précienses recherches qu'il à faités sur les frottemens et sur la roideur des cordes, récherches qui lui ont mérité le double prix décerné par l’Académie des Sciences en 1781, et lui ont mérité en même tems la reconnaissance de toutes les personnes auxquelles les progrès de la mécanique ne sont pas indifférens. | Il ne suffit pas de s’occuper en particulier d’une résis- tance passive , en perdant de vue les autres. Des hommes de beaucoup de mérite commirent celte faute, et entre autres Claude Perraut, savant traducteur de Vitruve, et architecte fameux de la colonnade du Louvre, lors- que, pour éviler les frottemens dans les grues ordinaires, il en inventa de nouvelles, dont les axes, au lieu d’être placés dans des coussinets fixes , ou sur des crapaudines , étaient envirounés de cordes qui les faisaient tourner en se développant, de sorte qu'il substitua au frottement C:73 ) une résistance passive bien plus grande, dépendante de la roideur et de l’aspérité des cordes. | Pour traiter les machines avec méthode, on doit considérer dans chacune , 1° Un moteur ; 2° L’organe destiné à recevoir l’action du moteur ; 3° Les organes destinés à transmelire le mouvement ; 4 Les organes destinés à produire l'effet pour lequel les machines ont été disposées. 1° Les moteurs. Tout ce qui peul faire naître le mou vement doit êlre considéré comme moteur; mais On n'emploie que ceux qui promettent une certaine durée dans leur action et une certaine constance dans leurs effets. La nature nous en offre un grand nombre qu il suffit d'appliquer à nos besoins : tels sont les hommes, les animaux, l’action des vents, le mouvement des eaux, des rivières , des torrens et de l’eau marine dans les marées. L'art en a ajouté encore plusieurs autres en profitant de certaines propriétés des corps , les ressorts , la force élastique que le feu développe dans l'air qu'il dilate et dans l’eau qu'il réduit en vapeurs, aussi bien que celle qui est produite par l'inflammation de la pou- dre à canon ou de tout autre composé fuliminant. On doit se proposer de connaître les effets que chacun d’eux peut produire la manière la plus avantageuse de les employer , et enfin tout ce qui peut diriger dans Le choix qu’on est souvent obligé de faire entr’eux. Ayant de traiter chacun de ces moteurs en parlicu- lier , j'établis quelques considérations générales. Dans ce chapitre je m’attache partieulièrement à faire voir que pour chaque moteur il y à nn maximum d'effet relali- vement à la combinaison de l'effort et de la vitesse , et j'ai occasion de renouveler les observations faites pré- .cédemment qu'on ne peut attendre d'un moteur appli- qué à une machine plus d'effet que de celui qui agit un E 4 (72) médiatement sur la résistance , qu’une partie même est perdue par les résistances passives; on ne saurait trop répéter des vérilés aussi fondamentales. Toutes les questions que l’on peut proposer sur Îles moteurs sont susceptibles d'être comprises dans deux classes générales , 1° l'examen d’un moteur donné , 2° un effet à produire étant proposé , faire un choix entre divers moteurs et déterminer tout ce qui est nécessaire à l’é- tablissement d'une machime. | # Ce sont ces recherches qui m'occupent en trailant chaque moteur en particulier. ’ Et d’abord les moteurs animés: Les moteurs animés dont nous employons les forces à produire, certains effets mécaniques, sont d'un usage extrêmement fréquent dans le service des machines ; ils méritent d'être étudiés avec le plus grand soin. Les diverses espèces d'êtres animés susceptibles d'être employés comme moieurs, différent par la grandeur de l'effort qu'ils peuvent exercer et par la manière dont il convient de les faire agir; dans une même espèce , la constitution , l'âge, le sexe, et surtout l'habitude du travail, sont les causes de variation. dans. la force de chaque individu. L'homme est celui de tous les moteurs animés sur lequel on a fait les recherches les plus nombreuses , et qu'il importe en effet le plus de connaître : son intel- ligence le fait préférer à tous les autres, dans un grand RERr de circonstances, malgré Fexcès de dépenses journalières qu’il occasionnie toujours. . Je rapporte les résultats des expériences qui ontété faites pour. déterminer la force ou l'effort que les divers membres de l’homme sont capables de produire. | Ici encore Coulomb nous offre ses utiles travaux. El a fait, sur les diverses manières d'employer les hommes, (73) des expériences d’antant plus avantageuses que la plu- part des résultats offrent une grande exactitude. Il a eu principalement én vue de faire remarquer que les varia- tions dans la quantité d'action journalière et leffet utile correspondent à ces diverses manières d'employer les forces de l'homme. = Le cheval estun des animaux les plus utiles à Fhomme, et quoiqu'on n'ait point fait sur le travail des chevaux des observations aussi nombreuses et aussi exacles que celles de Coulomb relativement à l'homme, on pos- sède cependant des faits qui font connaître , d’une ma- nière à-peu-près cerlaine, le rapport entre ces forces et celles de homme dans les diverses manières d’agir. Après que Sanclorius eut imaginé sa balance, par la- quelle il nous apprit ce que lon perd par l'insensible transpiration4 des physiciens pensérent que nous pour- rioné acquérir des notions non moins imporlanies , si nous avions un moyen facile pour mesurer , d'une ma- nière comparable , nes forces relatives dans les différens âges de la vie et les différens états de santé. Buffon et Guéneau de Montbelliard avaient de grandes vues à ce sujet : ils avaient chargé Regnier d'i imaginer une machine portalive, qui, par un jeu facile et com- mode , pât les conduire à résoudre la question qui les occupait. | Malheureusement, dans lé tems.où cette machine tou- chait à la fin de sa construction , la mort enleva les deux savans qui devaient s’en servir , alors elle resta sans qu'on en fit aucune application. Son avantage ne fut reconnu que plus tard, et encore aujourd'hui même on ne l’ap- précie généralement pas assez. Outre l'emploi qu'un naturaliste peut faire de cette machine , il est d'autres usages auxquels il est possible de l'appliquer utilement ; par exemple, on peut s'en servie avantageusement pour juger de la force des bètes de trait, (74) surtout pour essayer de comparer celle d'un cheval re- lativement à un autre. | Eile peut faire connaître jusqu’à quel point le secours de roues bien faites et bien montées favorisera le mou- vement d’une voiture , et quelle est sa force d'inertie en proporlion de sa charge. On peut apprécier ce que la pente-d'une montagne donne de rés stance au tirage ; enfin si une voiture est chargée en proportion du nombre de chevaux qu'on peut y alteler. Dans les arts, on peut l'appliquer aux machines dont on cherche à :onnaître la résistance , et à estimer, d’une manière ceitaine , la force motrice qu'on doit y adapter ; elle peut encore servir de romaine pour peser des far- deaux. On est parvenu à perfectionner cet instrument de ma- nière à pouvoir s'en servir à mesurer la force de la poudre à canon. En un mot, en réflechissant aux applications dont elle est susceptible , on verra qu'il est bien des moyens de l'employer utilement. Les résultats de toutes ces expériences sur la force de Vhomme et des chevaux ne sont pas seulemeut curieux, ils offrent une application directe de la plus haute im- porlance. | En parlant plus haut de la théorie des diverses ma- chines , je ne m’occupais encore que des loisde l'équilibre , ici j'applique celles du mouvement , et je considère &'abord l'effet produit, puis la vitesse des mouvemens; pour rendre cette théorie plus claire et plus facile , je l’étaye d’un grand nombre d'exemples , je lapplique prin- cipalement au calcul des manèges. : Je termine enfin ce chapitre des moteurs animés par exposition d’un grand nombre de machines destinées à recevoir l’action des hommes , des chevaux , des bœuls , (75) bulles, etc. Il ne's'agit pas iei d'offrir seulement un recueil de machines ; dans cette partie comme dans toutes les autres, j'ai soin de discuter les avantages et les in- convéniens de chacune d'elles, de faire appercevoir les perfectionnemens dont elles sont susceptibles, les atten- tions que l’on doit apporter dans leur emploi , et enfin le calcul de leur effet dans diverses circonstances. Linmédiatement ‘après les moteurs animés , j examine les moteurs hydrauliques. L'élude de cette partie est tracée depuis longeterts et son plan s'offre naturellement à lesprit. Propriétés physiques de l'eau; mesure de la vitesse de l’eau et du volume de celle écoulée dans l'unité de items; construction des canaux, non pas des canaux na- vigables , mais de ceux qui doivent amener l’eau à une usine : voilà les préliminaires indispensables. J’examine ensuite les diverses manières de communiquer le mou- vement au moven de l’eau, par percussion, comme sur les roues à aubes, par pression verticale , roue à godets ; par pression horizontale, roues horizontales, et j'ajou- terai aujourd'hui par pression horizontale sur une roue verticale : je m'expliquerai dans un instant sur ce dernier moyen. Les roues à aubes sont présque toujours à rejeter, et lorsqu'on les emploie, €’est parce que lon n'a pas besoin d'utiliser toute la force que le courant peut donner, et alors elles ne demanderaient pas de grandes précau- tions de construction ; cependant puisqu'elles sont encore usitées dans beaucoup d’endroits, il n'est pas indifférent d'indiquer les meéïlleurs modes de constractions. Les roues mues par la pression de l'eau, dites roues à godets, sont bien préférables, puisque ces dernières tendent vers une limite qui serait de produire un effet utile égal à la force dépensée , tandis que la limite vers laquelle tendent les roues mues par le choc de l'eau (76) est de produire , en effet utilé, la moitié de la force -dépensée. Ainsi, quand on à à sa disposition une chute - assez élevée pour faire usage des roues à godets, elles sont bien préférables. Elles exigent du soin dans leur construction el dans celle de leurs. godets, afn qu'ils ne perdent l'eau qu'au point le plus bas possible , at- tention bien essentielle, non pas {ant à cause du poids de l’eau perdue, qu'à cause de la nécessité que Ja ré- sultante totale des pressions exercées agisse | sinon à l’ex- trémité du diamètre horizontal, au moins le plus près possible. La vitesse que doivent prendre ces sortes de roues est une des choses auxquelles on doit porter le plus d'attention. Lorsque la hauteur de la chute ne permet pas d’era- ployer les roues à godeis, il y a une autre méthode in- “ventée il y a une yinglaine d'années pour fäire agir ce- pendant l'eau!par pression. Cette roue, préférable à celle à aubes, est défectueuse sous plusieurs points de vue. : Enfin, j'ai parlé d’une roue verticale mue: par la pres- sion horizontale de l'eau. Cette invention. nouvelle est due à M. Lhuillier, de Cocherel près Dreux, associé correspondant de la Société d'Émulation de cette ville. Il lui à fait parvenir un mémoire sur cet objet; j'ai .été chargé d'en faire le rapport, et j'ai cru pouvoir dire dans mes. conclusions que je regardais l'inven- tion de M. Lhuillier comme très-précieuse ,: et la construclion de sa roue comme beaucoup plus avanta- geuse que celle dont je parlais il y a un instant. M. Lhuillier a fait construire cette roue pourson propre usage; . .elle produit un très-bon effet. Son #émoire est dans ce “moment sous, presse et sera bientôt livré au public (x). (1) L'ouvrage vient ‘de paraître sous ce titre : Quelques Idées nouvelles sur l'art d'employer l'Eau comme moteur des roues Wy- drauligues ; par" Lhuillier. Chez Bachelier , Paris, 1825. C77) Dans cette partie de mon cours, je n’ai considéré que les roues que je viens de citer, leur usage, leur vonstruction, l'évaluation de leurs forces, eic., ren-. voyant à la fin du cours avec la considération de beau- coup d’autres machines, -les machines hydrauliques qui n'offrent pas une aussi grande classe ni d'aussi fré- quentes applicalions que celles-ci ; de ce nombre sont le bélier hydraulique, les machines à colonne d’eau, la danaïde, etc., etc. " Les machines à vapeur sont trop curieuses et d’une invention trop récente, pour que je n’aye pas cru né- cessaire de donner dans mon cours un aperçu de leur histoire avant d’exposer leur marche et leurs effets. Ici je dois avouer, et je le fais avec peine, que si nous sommes encore obligés de payer tribut à l'étranger pour ces sortes de machines, c'est que nous ne les connaissons peut-être pas assez bien en France; nous ne possédons pas un seul ouvrage satisfaisant sur cet objet, quoique beaucoup donnent des descriptions de ces belles et précieuses machines (1). L'ouvrage de l'américain Oliver Evans est, je crois; ce que nous possédons de moins défectueux. Voici comme:s'exprime M. Dooililie, traducteur de cet ouvrage , dans un passage de sa préface : « Malgré les expériences précieuses de Dalton et » d’autres physiciens distingués, nous sommes encore » bien loin de posséder toutes les données nécessaires à » la parfaite connaissance de la loi que suit la dilatation » de la vapeur aqueuse , et de pouvoir apprécier tout le » parti quon en pourrait tirer comme force motrice. (1) L'ouvrage de M. Christian n’a paru que depuis peu; je n'ai pu encore que le parcourir , et je ne me permets en conséquence aucune rélexion à son sujet. | (78 ) » C'est une question devenue aujourd’hui d’une $i hauté » importance, sous le point de vue de l'industrie, et, » par conséquent, de la prospérité nationale’, qu'il serait » peut-être à désirer que quelque gouvernement, ayant » à sa disposition des fonds destinés à l'encouragement » de l'industrie ; äffectât à cet objet une somme suffi- » sante pour payer les frais d'une suîte d'expériences » exactes , destinées à découvrir cette loi dans toutes ses » ramifications. Ces expériences , faites avec soin, et ren- » dues publiques par la voie de l'impression , seraient un » véritable service rendu à tous ceux qui construisent » où qui emploient les machines à vapeur, et dont le » nombre augmente chaqne jour. » “Je crois avoir rendu cetté partie dé mon cours aussi complète que l’état de nos connaissances le permettent. Les moteurs dont je viens de parler étant les seuls d'un fréquent usage dans” les arts industriels, ce n’est que par circonstance que je parle de quelques autres. La transmission du mouvement trouve ici sa place. Lantz et Bétancourt ont offert un plan intéressant qui demande , pour être complété, des détails sur la forme des dents des roues. Ensuite commence une partie bien distmcte du cours de mécanique , dans laquelle les élémens se trouvent recomposés ; j'examine un grand nombre de machines par rapport à toutes leurs parties, la manière d'agir du moteur , le calcul de la force qu’il développe , son rap- port avec la résistance , pour connaître quelle portion de la force du moteur est utilisée ; l'organe destiné à recevoir l’action du moteur , la manière dont latrans- mission a lieu , celle avec laquelle a lieu l'opération finale, en un mot tous les détails qui peuvent complétre l'examen d’une machine. On conçoit assez que cette partie du cours, quoique nécessairement très-longue , n’a pas pour but de faire C2 connaître toutes les machines existantes , mais d’en exà- miner un assez grand nombre pour habituer à juger avec assurance et facilité la construction et l'effet d’une machine. C’est particulièrement dans cette dernière partie du cours que des détails technologiques trouvent leur place , car on n’appréciera jamais bien le mérite d’une machine ou sa différence avec telle autre, qu'on ne soit pénétré de la manière dont l'effet doit être produit, et de ce qui se passe dans le courant de l'opération. Tel est, Messieurs, le plan de ce cours, puissiez- vous y avoir reconnu quelques traces de la véritable marche à tenir dans cette étude. Le gouvernemeut a bien senti la nécessité de popu- lariser cette science pour hâter les progrès de l’indus- trie, qu'il encourage déjà par tant de moyens; il a voulu qu'un cours de mécanique appliquée fût créé au Conservatoire des Arts et Métiers, et en a chargé le savant M. Dupin; il me pouvait le confier à de plus habiles mains. Il viendra un moment peut-être où les grandes villes de la France, presque toutes industrielles , jouiront du même bienfait. (80 ) NOTICES Sur divers oxides et sur deux pièces métalliques formées par l'effet de l'incendie du clocher de la Cathédrale de Rouen, arrivé le 15 septembre 1822 ; par M. D'usuc. MESSIEURS, On éteint lés imcendiés, on se défend des inonda- tions ;, on prévoit les effets de la gelée, on peut encore jusqu’à certain point se mettre en garde contre l'i impétuo- sité des vents, mais la plus exacte prévoyance est pres- que toujours nulle contre deux autres météores dont les ravages sont incalculables, la foudre et la gréle , surtout quand la foudre embrase des monumens dont l'éléva- tion extraordinaire empêche toute force humaine d'y porter dn secours et d’en arrêter les effets destructeurs. Ce court préambule m'amène naturellement, Mes- sieurs , à vous entretenir un instant de la destruction de l'édifice majestueux qu’on remarquait encore naguère au sein de celte vaste cité, et il n’est aucun de nous qui ne se rappelle avec effroi le fatal événement qui faillit détruire pour jamais, le #5 septembre dernier , un des plus beaux monumens (la Cathédrale) de la vieille Neustrie , et peut-être un des quartiers le plus populeux comme le plus riche de la ville de Rouen. Ce fut vers les cinq heures et un quart du matin, par un tems chaud et humide , que la foudre que précéda un coup de tonnerre et dont la détonation ne fut pas très-forte quoique simultanée , embrâsa le principal clo- cher de l'Eglise métropolitaine située en cette ville , et quelques heures d’un feu violent et soutenu suffirent pour opérer la destruction de ce chef-d'œuvre d’archi- lecture, Les C8r 5 Les différens métaux dont le clocher et la flèche étaient revêlus , ainsi que le plomb et Pétain qui servaient aux loits voisins du foyer vo/ranique, éprouvèrent, par lac- tion de ce feu, des effets si singuliers ou prirent des formes si variées et si extraordinaires que plusieurs de ces débris, soit en état d’oxide , soit dans l’état métalli- que, font aujourd’hui l'admiration et sont gardés avec une sorte de respect par un assez grand nombre de nos concitoyens, J'ai cru, Messieurs , dans cette circonstance, que les observations physiques et chimiques recueillies sur ces sub sances minérales étaient de nature à offrir un certain degré d'intérêt spécialement pour la docimasie, la métallurgie el pour ceux qui s'occupent de préparer en grand l’oxidation des métaux pour l'usage des arts. Ces motifs m'ont déter- miné à rédiger les notices suivantes. Je vous prie de vouloir bien en entendre la lecture avec votre indulgence ordinaire. Quelques jours après l'événement du 15 septembre, je m'étais déjà procuré un assez grand nombre de no- tions sur certaines anomalies que présentaient les mé- taux qui furent exposés à l’effet du feu produit par la fondre. Mais une autre circonstance favorisa mes re cherches à cet égard. Nommé le 22 octobre dernier , par M. le baron de Vanssay , préfet de ce département, membre d'une commission (1) chargée par ce magistrat d'apprécier la valeur vénale des nombreux débris pro- venant de cet incendie , j'ai pu faire, sur le lieu même du désastre , toutes les observations et les remarques (1) Cette Commission était composée de M. Maillard, conseiller de préfecture, de MM. Delafosse et Jouannio , architectes à Rouen, et de moi. F (82) relatives à ces nolices; et leur donner par ce moyeu toale l'exactitude dont elles sont susceptibles. Pre REMARQUE. — Sur de fer et sur son oxide. Bon nombre de grosses barres de fer éprouvèrent, par leur position , pendant plus de quarante-huit heures , touie l'intensité d’un (eu violent en se trouvant exposées dans le foyer principal de cet incendie, d’où elles n'en furent retirées que dix à douze jours après l'événement , et se trouvèrent recouverles d'oxide d'un rouge éclatant et tel qu'on n’en rencontre jamais , ni dans lamature , ni dans les arts, ni dans les laboratoires de chimie métal lurgique. On sait que le fer en s’oxidant est susceptible de pren- dre diverses nuances, que le tritoxide de ce métal ( col- cothar ) est d’un rouge violet sombre ; mais jamais le colcothar n’acquiert, par l'action du feu des fourneaux ordinaires , le beau rouge carmin que nous observâmes sur les pièces de fer forgé retirées du grand foyer de cet incendie. ; © Maintenant à quoi cet effet est-il dû ? est-ce à l’action prolongée du feu sur le métal , ou bien ce métal lui-même aurait-il changé de nature , ce qui n’est guère probable , pendant plus de trois siècles qu'il fut exposé aux diver- ses influences météoriques ? Ou bien encore , cette faculté du fer, de prendre en s’oxidant un si beau rouge carminé, lui aurait-elle été communiquée par la foudre à l'instant où elle embrâsa le clocher ? On connaît assez bien les phénomènes que produit la foudre en tombant sur les corps qui brûlent avec flamme ; mais ses effets sont loin d’être aussi bien connus sur les matières minérales qu’elle frappe, et seulement suscepti- bles d'ignition. L'action de la pile voltaïque sur divers métaux vient à l'appui de cette dernière assertion , et peut- (85) être que le fer exposé à l'air et à une hauteur prodigieuse pendant des siècles, et par conséquent aux influences du fluide électrique , finit-il par y acquérir de nouvelles pro- priétés qui peuvent contribuer à donner à son tritoxide la belle nuance carminée que nous avons signalée dans celte notice. Ile REMARQUE. — Plomb et étain oxides. Une masse énorme de plomb et d’étain mêlée de dé- bris calcaires, siliceux et d’ardoises , fut également con- vertie en état d’oxide d’une couleur noire superbe par l'effet de cet incendie. On sait encore que le plomb et l'é- tain, soit mêlés, soit pris isolément ou additionnés de sou- fre, de charbon, etc., sont susceptibles, en s’oxidant , de prendre toutes sortes de nuances selon leurs degrés d’oxi- dation ; mais j'avoue n'avoir jamais vu de minérai plom- bifère et stanifère d'un noir aussi brillant que celui pro- venant de cet incendie. L’examen chimique que je fis de ce minérai pour en apprécier la valeur, me prouva qu’il était composé d'environ six parties de plomb , d’une d’étain et de neuf parties de silice , chaux et autres matières terreu- ses provenant des décombres de l'édifice. Ici, comme dans l’oxidation du fer, à quoi peut-on attribuer la belle nuance noire de ce minérai ? Est-elle due simplement au mélange fortuit de la chaux et de la silice provenant du mortier employé à l'édifice? Ou bien ces belles couleurs de rouge carmin et de noir de jayet que prirent dans cette circonstance les oxides de fer et de plomb, ne seraient-elles pas dues au résultat de la dé- composition lente mais successive de l’eau , qui tomba en abondance dans le foyer de l'incendie pendant presque toute la journée du quinze septembre ? J'abandonne toutes ces questions sur l'oxidation du fer et du plomb à résoudre à plus savant que moi ; j'ai eru F a (84) senlement devoir signaler ces anomalies ou oxides nou- veaux à ceux qui s'occupent des phénomènes météori- ques, de l’oxidation des métaux pour les arts, etc. He REMARQUE. — Meteux vaporises ; etc. La force et la violence du feu furent telles , dans cet incendie , que des parcelles de plomb assez volumineuses et le plomb lui-même en éiat d’oxides noir et rougeâtre (litharge }, furent emportés à plus de milie pieds de dis- tance du foyer principal de l'incendie ; un habitant, M. Lebert, négociant, voisin de la cathédrale, a re- cueilli plusieurs kilogrammes de ces débris métalliques, dans sa cour et dans les gouitières de sa maison, et je dois à son obligeance les deux espèces d’oxides que j'ai l'honneur d'exposer aujourd’hui aux regards de l'Académie. La vaporisation des métaux par la violence du feu est connue; mais, ici, il faut remarquer que ces parcelles métalliques se sont trouvées enlevées à une dislance extraordinaire , eu égard à leur pesanteur naturelle. J’ajouterai que les pluies ayant charrié l’oxide de plomb tombé dans les goultières, dans un réservoir où buvaient diverses espèces d'animaux , que ces animaux furent em-— poisonnés par l'usage continué pendant quelques jours de ce breuvage déletère , et qu'ils éprouvèrent avant de mourir tous les accidens qu'occasionnent ordinairement les préparations salurnines sur l'économie animale (x). (x) M. Lebert, négociant, rue du Change, à Rouen, a perdu, par l'usage de cette eau empoisonnée par les oxides s/anifère et plombifere , des poules, des canards et un chien. On m'a assuré qu'il était arrivé d’autres accidens , et à des distances encore plus éloignées du foyer de cet incendie, également occasionnés par ces oxides; mais je n'en ai pas la certitude. Je n’affirme donc que ceux arrivés chez M. Lebert, (85) Cette troisième notice sur l'incendie du 15 septembre semble ne présenter rien d'essentiellement remarquable. Néanmoins les faits qui sy trouvent consignés, et dont l'exactitude est hors de doute, pourront, dans certain cas , servir à prouver de plus en plus le danger d'habiter de trop près les usines où l’on prépare en grand les oxides dont les effets ont une funeste influence sur l'éco- nomie animale, tels que ceux de cuivre, de plomb, d'arsénic, etc., qui sont assez facilement anresrl par l'action du feu , et finissent, en raison de lear pesanteur , par retomber dans les lieux voisins de ces usines. EVe et Ve REMARQUES. — Métaux ayant pris des formes géométriquement indéfinissables et en parties oxidées. Une cloche (métal composé de cuivre et d’étain) à été fondue par l'effet de cet incendie. El résulia de cette fusion des cristallisations et des agglomérations des plus bizarres, tant par leurs formes que par les couleurs variées des oxides dont ces pièces étaient recouvertes. .Je dépose sous vos yeux une de ces productions cui- vreuses et s/arifères, afin de mettre l'Académie dans le cas de juger par elle-même combien ces formes sont étranges , el combien il serait difficile, pour ne pas dire impossible , à l'artiste le plus habile , de composer une pièce métallique en bronze en partie oxidé, semblable à celle qui fait l'objet de cette notice. Cette pièce, outre ses formes singulières, présente encore à son exlérieur diverses nuances , telles que le gris cendré , le bleu azuré, etc. Sa couleur intérieure est le blanc mat. Flle n’est plus sonore; enfin, ce n’est plus du brouze , mais une composition nouvelle formée durant l'incendie. Enfin, Messieurs, j’expose aussi à vos reyards une 3 86 ) espèce de stalactite ou composition plombifère et stanffère , produite également par l'effet de ce grand incendie. Cette autre pièce métallique, dont la longueur est d'environ huit poaces sur autant de contour, semble vraiment indéfinissable, tant par sa forme que par son étonnante structure..... C’est un corps caverneux dis- posé en colonnes détachées où l’on voit des globules , de nombreuses aspérités, des filamens, des mame- lons ; etc. Les couleurs en sont également variées. Ici clle présente un brillant argentin , ailleurs la lividité du plomb. Remarquez encore , Messieurs, que les métaux qui la composent semblent plutôt superposés que fon- dus ensemble pour former un seul tout. Peut-être, et cela paraît assez probable, que cette disposition n’est due qu’au refroidissement successif et subit que les gouttes métalliques éprouvèrent par l'effet de l’eau qui tomba dans le fort de incendie... Ce qui viendrait à l’appui de cette assertion, c’est que les basaltes, disent les naturalistes modernes, ne doivent leurs formes si diverses et leurs rugosités qu'au fluide aqueux dont les laves se trouvent interposées pendant l'éruption des volcans. Dans cette circonstance , l’eau , en se vaporisant , soulève et dilate les matières encore en fusion, et donne à la lave comme aux métaux toutes sortes de formes et d’aspects. Je terminerai ces notices par les réflexions suivantes. Que de grands feux souterrains, que des volcans pro- duisent par leurs éruptions ou par toutes autres causes inaccessibles à nos sens, des laves, des basaltes, même des stalactites métalliques, ierreuses, etc., de toutes sortes de couleurs , avec des formes variées à Finfini et géométriquement indéfinissables, rien que de naturel dans ces nombreuses productions, et l'imagination cesse d’en être étonnée quand on réfléchit à la durée des tems employés à leur formation ct aux grands moteurs qui (87) les produisent ; mais, ici, tout a été détruit et créé en quelques heures! Métaux fondus , métaux oxidés , for- mation d'oxide de fer d'un nouveau genre, formation d'un minérai s'anifére et plombifère , mèlé de chaux et de silice, d’une couleur sui generis (noir jayet}, de grenailles de plomb et plomb mêlé d'étain oxidés en noir et en rouge, transportés à plus de trois cents mètres de distance du foyer de l'incendie. Enfin , création de masses métalli- ques de formes géométriquement indéfinissables. Voilà , en peu de mois, le résamé physique et chimique des effets que produisit, sur les métaux cités dans ces notices, l'in cendie qui consuma , le 15 septembre 1822, un des plus beaux monumens de l'architecture gothique que possé- dait la ville de Rouen. Messieurs, ces notices pourront donner lieu à de nouvelles recherches sur l'oxidation des métaux en géné- ral, et être utiles par la suite dans les arts nombreux qui emploient les matières métalliques oxidées sous toutes sortes de nuances; mais, ne dussent-elles servir qu'à cons- tater les effets de la foudre et d’un grand feu sur certains mélaux , et encore à rappeler un grand événement , ces molifs seuls eussent été plus que suflisans pour me dé- terminer à les offrir à l'Académie. (88) BELLES-LETTRES ET ARTS. RAPPORT Fur par M. N. BIGNON, Secrétaire perpétuel. MESSIEURS, Tout le monde connaît la réponse célèbre de Phocion révant un jour profondément devant la tribune d'A- thènes ; « jesonge , dit-il, au moyen d’abréger ce que j'ai à dire aux Athéniens. » Ce n’est pas là le tourment le plus ordinaire des orateurs, mais c'est bien la po- sition obligée de vos secrétaires, toutes les fois qu'ils ont un compte annuel à vous rendre , avec cetie différence néanmoins que le Grec était pressé par le goût, et que nous sommes pressés par le tems ; qu'il faisait li- brement le sacrifice de son propre esprit, tandis que nous sommes contraints à sacrifier l’esprit des autres. es CORRESPONDANCE. La correspondance avec les Sociétés savantes de tous les genres se multiplie tous les ans en quantité comme en nombre , et nous ne pouvons leur donner qu'un témoi- gnage général et commun de reconnaissance pour tant de communications utiles ou agréables. Mais une mention particulière est due à L'Académie des jeux floraux , pour un fait mémorable que nous offre son histoire de cette aunée. (89) L'Auguste fille de Louis XVI, placée près du trône de Louis XVIIE, encourageant les arts de la paix sur les frontières du théâtre de la guerre , et présidant , moderne Isaure, à la distribution des palmes de Mi- nerve, dans l'enceinte de notre Parnasse méridional , tandis que son augnste époux recueille les lauriers de Mars dans les contrées de l'Ibérie: oui, Messieurs, ce contrepoids ingénieux dans la balance de l'humanité, cette douce compensalion d’un fléau quelquefois utile et nécessaire dans ses résultats, mais toujours déplorable dans son action, est un de ces heureux artifices d’une âme sensible, qui mérite d’être célébré dans toutes les annales de la littérature, et de fournir quelques belles inspiralions poéliques à la verve des troubadours de notre âge. — Quant aux productions notables de particuliers étrangers à la Compagnie, et que l'impression a livrées au jugement du public, vous avez reçu de M. Valant un Poëme sur la nécessité d'abolir la Peine de Mort; de M. le duc de Broglie, une Dhssertation contre la Traie des Nègres, et de la Société de la Morale Chrétienne, un Coup-d'œil sur le Commerce des Noirs ; tous ouvrages dignes d’éloges par le sentiment d'humanité qui les a dictés. Vous devez à M. Ernest de Blosville une Cantate intitulée Chambord, où lon a pu reconnaître l'héritier de la muse facile et docte de M. Duval-Sanadon, son aïeul , qui nous a laissé, comme confrère, de très-hono- rables souvenirs. On doit recommander à lattention des amateurs d'antiquités un Mémoire très-détaillé sur les Mo- numens du territoire de Brou, département de l'Ain, et à la juste curiosité, principalement de nos conci- toyens, un ouvrage sortant de sous presse , Concer- nant l'incendie récent de la Cathédrale de Rouen, dans lequel M. Langlois, du Pont-de-l'Arche, réunit le ’ (go) talent des recherches et de la critique en fait d’his- toire, à cet art supérieur qu'on lui connaît de ma- nier la pointe et le crayon. La tragédie d'O/ym- pias ; mère d'Alexandre le Grand, est un nonvel essai de M. Saussai, qui constate les progrès faits dans. l’art dramatique par l’auteur de Virginie. Mais un monument bien précieux, sur-tout par la haute considération due au dispensateur, c'est la suite des livraisons de la belle édition des Classiques Lalins, que le premier magistrat civil de ce département conti- nue d'envoyer à voue bibliothèque; et je ne,laisserai plus de bornes à votre reconnaissance envers M. le baron de Vanssay , en rappelant ici le soin qu'il veut bien prendre de tenir toujours ouvert le canal qui con- duit les faveurs du conseil général jusqu'au seiu de l’Académie. MEMBRES NON RÉSIDANS. Les membres non résidans ont, comme de coutume, noblement acquitté leur tribut. Dans un rapport sur le recueil des Poésies diverses de M. Molleoaut, M. Dupurez a tenu grand compte à l’auteur des élégantes traductions de Tibule et de Catule. = L’Analyse, par le même M. DupureL, de la Mission à Paris, poëme en cinq chants de M. Boïeldieu, vous a mis à portée d'apprécier tout le parti que notre confrère a üré d’un sujet difficile à traiter, mais suscepüble de grands ornemens par l'idée sublime de la religion , qui doit en faire essentiellement la base, ZA la lecture du T'âbleau de Village, par M. Bornvilliers, vous avez reconnu une de ces productions légères et ai- mables que l’on attend rarement d’un écrivain versé dans les profondeurs de la métaphysique des langues , et dans Cgr) ses Adieu et Regrets de M. de Fontanes, quelques grains d’une louange délicate sur la tombe d’un poète orateur qui sut le plus habilement distribuer les éloges durant sa vie. = Un fragment d’un poëme inédit, sous le titre de Tidor et Zoreda , aveé une autre pièce intitulée : Gelanor et Isna, sont le contingent gracieux de M. Boucharlat, toujours fidèle à sa muse poétique comme au compas d'Uranie. = L'Éloge de Lesage | par M. Patin, qui a partagé le prix l'an dernier à l'Académie française , et les Leçons de Litté- rature et de Morale de M. André Le Monnier, que M. Lic- QUET, dans son rapport, regarde comme le Recueil per- fectionné de Noël et La Place , ces deux ouvrages, dis-je, d'auteurs que l'Académie a récemment agrégés après leur avoir décerné des médailles , seraient une nouvelle preuve qu'elle est aussi juste dans la distribution des récom- penses que bien inspirée dans le choix de ses collabora- teurs. . = Le Voyage en Bosnie, de M. Chaumette Desfosses , pré- çieux recueil d'observations faites sur les lieux par un di- piomate instrait , répond, suivant le rapport de M. Auc. Le PREVOST « à toutes les questions possibles de Géogra- phie, de statistique , de politique et d'histoire sur cette province. Il remplit un vide important dans nos connais- sances sur l'empire ottoman , conime étant le seul tableau complet de Pétat actuel de cette contrée ».. = M. So/licoffe continue toujours son investigation des Antiquités de Ste-Marouerite prés Dieppe. À ses premières découvertes de cercueils, de squelettes , d'armes, de mé- dailles , etc., annoncées par l'Académie dans son Précis de 1821, notre confrère vient d'ajouter celle d’une mo- Cgœ) saïque d'uné étendue encore indéterminée surun plateau élevé à l'embouchure de la Saâne ; l'Académie a entendu avec un grand intérêt, la lecture de la notice que M, Sol- licoffe lui a transmise de ce monument avec le dessin très-curieux qu'il en a fait tirer. Votre secrétaire des Belles-Lettres, qui a visité les lieux, a confirmé toutes les indications de la notice de M. Sollicoffe, ainsi que ‘Jexactitude du dessin; et il a mis en même tems, sous les yeux de la Compagnie, pour échantillon, deux petits pavés d’à-peu-près un pouce de surface, que le proprié- taire, M. de Calmont, a eu la complaisance de lui per- mettre de détacher d’une rosace, à dix ou onze pouces environ de profondeur du terrain qui contient là mo- saïque, et qui, à cette époque, était couvert d’un colzat de la végétation la plus brillante. — C’est encore un manuscrit bien digne de toute l'atten- tion des antiquaires que celui où M. Estancelin traite avec beaucoup de détail du problème historique sur la partie de la Gaule qu'a dû habiter le peuple appellé Essur par César. La première parie de cet important ouvrage , a pour objet d'établir , 1° que les Essui habitaient dans l'en- ceinte du comité d'Eu; 2° que la ville d Eu actuelle s’est formée des ruines d'un chef-lieu de cité Romaine, préexistant sur :e plateau de Bois-Labhé, dans le voisi- nage de cette ville, La seconde partie tend à corroborer les preuves de la première, par le produit des fouilles exécutées aux frais de l’auteur dans le Bois-Labbé. Dans le compte rendu de ce mémoire à l'Académie , M. Au, Le PRÉvOsT a contesté la régularité de la marche et plusieurs points historiques. Mais la sagacité eu le.discer- nement de l’auteur dans sa manière de discuter, lui ont paru Lout-à-fait incontestables. Maintenant, Messieurs , je n'ai plus à vous parler que de vous-mêmes. MEMBRES RÉSIDANS. = M. le baron Caapais pe MartvAUXx a signalé son en- irée en exercice de la présidence par un discours rempli d'idées saillantes , rendues avec ce tour élégant et cette délicatesse d'expression qui lui sont propres. A la partie “obligée a succédé un tableau éloquent des différens points de vue d'utilité générale et particulière que présente les diverses sections ‘Atañet ques , et M. le Président a ter— miné en offrant à l’'émulation de l'assemblée tous les moyens d'encouragement qu'on peul attendre d'un prince éclairé qui sait récompenser el appeler les succès dans tous les genres de travaux uliles à la gloire et au bonheur de la France. — La découverte des Antiquités de Saint-Andre-sur-Cailly étant primitivement une propriété de l'Académie , on doit des reimercfmens à la justice de M. LÉVY pour avoir re- connu cet ancien titre dans une notice explicative de plu- sieurs monumens curieux , récemment trouvés dans le voisinage des premières fouilles. — M. Descamps a reçu des félicitations méritées pour ne de deux portraits d’une irès-belle exécution , dessinés sur la pierre lithographique , dont l'un repré- sente son père et l’autre M. de Cideville, tous deux an- ciens membres distingués de l'Académie. = Dans un rapport arriéré sur les œuvres de notre confrère M. Maillet-Lacoste, M. LicquEr à confirmé ious les éloges déja reçus par l'auteur de plusieurs ceri- tiques Sdéctatés sur la vigueur et le piquant du style, sur la noblesse des pensées et la pureté des sentimens. (94) = Une Notite biographique de M. Marquis, sur Mau rice Havet , jeune médecin de cette ville, naturaliste voya= geur du gouvernement , décédé à l’île de Madagascar en 1820 , offre tout l'intérêt particulier à l'éloge d’un disci- ple intéressant par un habile et bon maître. ” = M. Marquis a lu encore à l'Académie des Conside- rations sur le style et sur la manière d'arriver à l'effet dans l'art d'écrire. Partant de cet axiome de Buffon, Le style est l'homme même, « on distingue trop ordinairement , dit M. Mar- quis, les pensées du style d’un ouvrage; l’un et l’au- tre sont intimement liés. Les pensées , considérées sur- tout dans leur tournure habituelle rentrent dans le style comme l'expression. Quelque sujet que traite un homme à talent, ses pensées prennent , sans qu’il le veuille, une direction particulière , se raltachent à certaines concep- tions dominantes qui caractérisent la trempe de son es- prit. Il n’y à que la médiocrité décidée où rien de sem- . blable ne s’observe , parce que tout ce qu’elle trouve est lieu commun. Commentla direction habituelle de la pensée n'influerait-elle pas sur les formes, sur les couleurs dont elle se revêt ? et le style n’est pas autre chose. » Les élémens du siyl. sont: » 1° Les images sous lesquelles la pensée est présentée ; c'est-à-dire, les idées , les accessoires qui accompagnent, sans lui être nécessairement liées , chaque idée princi- pale. C’est, si l’on veut me passer cetle expression , le spirituel du style. » 2° Le choix des mois employés pour rendre chacune de ces idées, et leur arrangement, ainsi que celui des phrases entr'elles. C’est Je matériel du style. » L'expression , comme la pensée, porte l'empreinte de la tournure particulière et des habitudes de l'esprit. Le style qui n’offre pas ce caractère individuel peut être cor- (95) rect, clair, FR même ; mais il est toujours froid et de peu d'effet ; il n’a jamais le charme du style original , qui peint à la fois les choses et l'écrivain. » Après cet aperçu , l’auteur passe à des notions détachées sur les élémens du style, qu'il réduit aux images et au choix des mots , puis aux qualités essentielles du style , « les seules du moins, dit-il, qui peuvent s’acquérir » savoir : « Ja clarté , la force ,l’harmonie et la variété ; Fori- » ginalité, quand elle s’y joint, en double l'effet. » En- suite M. Marquis développe sa théorie par quelques no- tions générales sur la composition des phrases , des pé- riodes , sur le placement des mots , et des idées princi- pales et accessoires , sur les effets du consirasle , des phra- ses arrondies ou coupées , etc. Et il termine par des con- seils à ceux qui voudraient se former un bon style ou se corriger d'un mauvais ; et c’est la lecture des bons modèles que noire savant confrère indique. » M. GuTrINGUER a donné lecture d’une Elégie dans laquelle, sous l'emblème d'un arbrisseau étouffé par une clématite, il présente à la jeunesse le danger des voluptés qui l’énervent et la tuent. Le = Le même à offert un exemplaire d’un roman in- ütulé Nadir ou Lettres Orientales, sur lequel l'Acadé- mie altend incessamment un rapport. — ViGxé a fait hommage d’un petit Recueil d'Elégies pleines de sentiment et de vérité, pour lesquelles il a déjà reçu du public, en très-peu de tems, la récom- pense la plus digne de sa philantropie, dans un pro- duit de 1200 francs qu'il a fait distribuer à l'indigence. = La lecture, par M, Fonranier, de plusieurs parties d'un Traité de Philosophie scolastique | où il paraît suivre Cg) la marche de Loke pour établir les fondemens essen- tiels d’une logique raisonnabie , doit être rangée parmi les nombreux motifs qui nous font regretter le change- ment de domicile de ce laborieux et honorable confrère. “ — Un mémoire irès-intéressant intitulé : Notice sur Arques, première partie , par M. AuGusre LEprÉvOsT, contient principalement l’étymologie d'Arques, la posi- tion topographique de la ville, ses titres d’antiquité, et un recueil de faits divers relatifs à son histoire de- puis le milieu du dixième siècle jusqu’à la bataille cé- lèbre gagnée par notre bon Henri dans cette contrée. ( Cette notice sera imprimée à la suite de ce rapport.) = M. DEtAQUÉRIÈRE a donné une nouvelle preuve de son zèle pour la conservation des monumens distingués de notre ville, dans un Memoire sur l'incendie de la Ca- thédrale. C’est, pour le fond, l'historique d’une cala- -mité trop présente à la mémoire , mais utile pour l'ins- truction de la postérité. Cette relation est couronnée par le vœu du rétablissement de la pyramide, comme d'un complément essentiel au comble de l'édifice, et par des observalions sur es décorations à corriger ou à rétablir dans l’intérieur du temple. « Nous formons des vœux, dit en finissant M. Dela- quérière , pour que celte malheureuse circonstance soit l'occasion de la restauration complète des ornemens extérieurs de léglise métropolitaine , négligés depuis si long-tems par une blämable insouciance , et notam- ment de la réédification des trois tourelles de la façade du parvis, pour que l’on débarrasse enfin le grand por- tail des ignobles baraques qui y sont adossées, et pour que l’on fasse dipsaraître aussi les maisons de la rue du :Change , dont le moindre inconvénient est de masquer un. (97) un édifice qui devrait être entièrement isolé, et de le dérober à ladmiration publique. » = Un mémoire de M. B1iGxoN a pour objet d’étabkr des doutes sur la partie historique de l'Hôtel du Bourgthe- roulde, contenue dans la Description des maïsons de Rouen des plus remarquables, ouvrage récemment publié par M. Delaquerrière. 1° Doutes sur la durée des travaux de l'hôtel qui , suivant Vassertion de M. Auguste Leprévost | dans M. Delaquer- rière), et d’après les époques des événemens consignés dans les bas-reliefs, doivent avoir embrassé an espace d’au moins cinquante années. Eu effet, M. Leprévost affirme que l'hôtel a été commencé vers la fin du quinzième siècle, c'est-à-dire, au commencement du dernier quartier ; mais on voit, dans les bas-reliefs, l'histoire détaillée de l’entre- vue du champ du Drap-d'Or, qui n’eut lieu qu’en l'année 1220. On ÿ voit encore la devise de François [* en regard de celle de sa seconde femme, et la douairière de Portugal ne fut mariée au roi de France qu’en 1530. Or, com- ment expliquer tant de lenteur dans la confection d’un hô- tel privé, même en supposant que le ciseau des artistes ait pu aller aussi vite qne les événemens. 2° Doutes sur le second fondateur de l'hôtel, qu’on dit avoir été un Guillaume Leroux, fils du premier, abbé d'Aumale, et du Val-Richer, et employé à la négociation du concordat. Mais, d'abord, l'abbé d'Aumale, cadet de famille, ne fut jamais seigneur du Bourgtheroulde, et, sans examiner comment il a pu , dans une extrême jeunesse, négocier pour celte fameuse transaction, s'il eût été le continuateur de Guillaume son père, en sa qualité d’ec- clésiasuque , il n'aurait pas manqué de consigner sa propre histoire dans les ornemens de son hôtel, aussi bien, du moins, que tant de faits étrangers à sa personne, ou des gaillardises três-mal en harmonie avec la gravité de son état, G (98 ) 3° Doutes sur l'interprétation des deux portraits sculp- tés sur les montans de la porte d’éntrée, et que l'historien applique à Henri VIIX et à François I°' contre toute vrai- seinblanee, suivant l’auteur du mémoire ; parce que les portraits de ces deux princes, environnés , à l'intérieur, dans la srène du Drap-d'Or, de tout l'appareil de leurs attributs respectifs, dénnés ici de toute marque distinc+ tive, et sous un costume privé, absolument le même, seraient un double emploi sans but, une inconvénance, une énigme ; el qu'on ne voit pas de raison pour leur avoir fait garder cette espèce d'incoguilo à la porte ; parce que les couronnes dont Îles figures sont environnées , ne sont qu'un encadrement ordinaire ; parce que les figures sont celles de deux vieillards, d’une gravité pesante, qui s'accorde mal avec la jeunesse étile caractère connu des: deux monarques; (en 1520, ncois E°T avait 26 ans, et Henri VIII 30); parce que l’on ne conçoit pas, même aujourd'hui, comment un Français d'alors au- rait pu faire exercer à un roi d'Angleterre une sorte de patronage sur sa maison, à Rouen, devant la place de Ja Pucelle, dont le bûcher fumait, pour ainsi dire, encore. 4° Doutes sur les monogrammes gravés at-dessus des deux portraits, où l’on prétend avoir lu G. L. R. des deux côtés, et qni seraient, dit-on, les initiales des noms de deux fondateurs, Guillaume Leroux père et fils ; attendu que s'il y a eu deux fondateurs, et qu'ils aient été deux Guillaume , abbé d'Aumale , qui s'appe- lait Nicolus, ne peut avoir été le second; et que, s’il a été le second , les fondateurs ne peuvent avoir été deux Guillaume ; attendu que depuis Guillaume Leroux, 2° du nom, fondateur de l'hôtel du Bourgtheroulde, jusqu'à la maison Le Poux d'Esneval , on ne trouve pas un Guillaume de cette famille qui ait marqué dans Rouen ; attendu que G, EL. R. est assez singulier, placé sans dis- (99 ) üiñetion sur deux figures différentes, que réellement il ne désigne des deux côtés qu'une seule et même per- sonne, et que, enfin, dans le courant du 16° siècle , un propriétaire éclairé , qui faisait de sa maison un livre de Bergerie et d'histoire, ne pouvait ignorer qu’il suf- fisait d’un P et d’un F pour distinguer le père du fils- Ici l’auteur du mémoire, passant des doutes à lhy- pothèse, suppose que; dans l’un des monogrammes , au lieu d’un G, il pourrait y avoir un €, que le C serait l’initiale de Claude Le Roux, conseiller au par- lement de Normandie en 1520, fils et successeur de Guillaume , dans la seigneurie du Bourgtheroulde. Par suite, il proposerait de reconnaître les images des deux fondateurs dans les deux portraits sculptés au-dessous des deux monogrammes , à moins que l’on n’aime mieux y voir le sculpteur et l'architecte qui, anciennement, élaient assez jaloux de figurer ‘dans leurs ouvrages. Mais sur le tout, M. Bignon s’en rapporte à la saga- cilé de ses deux confrères, plus particulièrement versés dans. les malières d’érudition. , = Un de ces monumens d’une utilité perpétuelle, d’un travail fastidieux et immense , qui font beaucoup de bien , peu de bruit, et qu'on ne peut attribuer qu'à un zèle ar- dent et désintéressé pour l'avantage de l'Académie, c’est la table générale de nos mémoires exécutée spontanément par notre confrère M. PEnraux. Aussi avez-vous accueilli cc nouvean tribut avec toutes les marques d’une considé- ration proporlionnée à son importance. = L’Amitié à fai le sujet d'un discours de M. Hourz pour son entrée au sein de la Compagnie. Sans pré- tendre analyser , dans son essence, ce beau sentiment dont iladopte la définition :« Une ame dans deux corps. » L'orateur l'a considéré sous le rapport de son origine , de ses G 2 ( 100 ) propriélés et de ses effets, qu'il croit beaucoup plus communs que ne le disent quelques philosophes fächeux. Après une mention rapide de quelques amitiés célèbres dans l'histoire, passant du genre à l'espèce, M. Hoüel s'attache à prouver que l'amitié doit spécialement ré- gner parmi les gens de Lettres , et il le prouve par l'influence de la-philosophie , qui maîtrise les passions ; de Vérudition , qui offre tant de bons exemples, et des mœurs, dont la douceur produit l'harmonie des âmes par la conformité des goûts. À l'appui de celte thèse sont venus des traits ürés de l’antiquité, du moyen âge, et des temps modernes, depuis le testament d’'Eudarmidas jusques aux soupers du 17* siècle, et aux cantiques du banquet de Laujeon. Il appartenait à un ancien magistrat, qui à vu naître et suit encore M. Houël, dans la carrière du barreau, de signaler son art de se faire écouter en malière civile, et d'émouvoir en matière criminelle; et M. le Président a complètement rempli la tâche. IL a cité avec éloge une dissertation savante où M. Hoüel a ra- mené, dit-il, du fond des siècles, avec autant de fi- nesse que de logique ; les titres égarés des sociétés litté- raires: et, à la suite d’une mention honorable des accens gracieux que le jeune oraleur , dans ses loisirs, sait tirer quelquefois de la lÿre d'Apollon , M. le Pré- sident a fait sentir, d’un bout à l'autre, tout l’arti- fice du discours de M. Hoüel, et conclu qu'en ac- complissant sa démonstration , lorateur avait encore une fois justifié les suffrages de la Compagnie. — Le discours de réception de M. le chevalier LepasquiER a ponr objet, dans sa 1° partie, lori- gine et le progrès des sociétés Académiques. Après avoir environné leur berceau des plus beaux génies de l’an- sienne Grèce, M, Lepasquier retrouve leur image ( 1071 }) dans des réunions savantes à la campagne de ora- teur romain. De là, passant en France, ïl les voit donner un premier signe de vie sous les auspices de Charlemagne, languir sous la barbarie de ses pre- miers successeurs, reprendre vigueur aux accens des joyeux troubadours , acquérir un complément d'organi- salion sous le cardinal de Richelieu, faire, en se mul- tüpliant, un grand siècle du règne de Louis XEV, et donner à la France, par le développement des sciences, des lettres et des arts, cette prééminence de civilisa- tion qui fait la gloire de son gouvernement, Ici M. Lepasquier s'arrête à considérer l’agrandisse= sement du cercle des connaissances acquises et la diffi- culté croissante de remplir toutes les conditions à exiger des hommes publics proportionnellement à létat ac- tuel des lumières et aux besoins de chaque branche de l'administration ; et en conséquence il paraîtrail assez in- cliner pour une institution qui serait la base d’une bonne instruction administrative , et qui offrirait , à l'égard des emplois éminens, la même garantie de talent que l'on exige rigoureusement de plusieurs professions d'une bien moin- dre importance. Cette espèce d’utopie semble à l'orateur bien digne de la sagesse qui préside au destin de la France ; mais il se dispense « de chercher les motifs de l'opposi- » tion qu'elle pourrait avoir ailleurs à combattre. » Dans sa réponse , M. le Président a commencé par un éloge des talens administratifs qui distinguent le récipien- daire et des connaissances liltéraires très-étendues de plus d’un gerire dont il apporte le tribut à l'Académie. Ensuite il a parcouru le discours de M. Lepasquier et développé chaque partie par des considérations analogues, également frappantes dans l'expression comme dans la pensée , mais ayant toutes une teinte particulière et cette vivacité du trait qui échappe à l'analyse. G35 ( 102 ) Qu'il serait doux, Messieurs , d’avoir à vous meltre ainsi vos conquêtes sous les yeux, sans le pénible sou- venir des pertes qu’elles supposent. — M. Brancue va bientôt vous retracer lestalens variés, les qualités aimables de Pinspecteur Le plus actif et le plus intelligent de nos eaux et forêts. — M. Manquis vous signalera les travaux d’un professeur de notre école de des- sin qui , tout entier à son art comme à sa famille , mourut » pour ainsi dire , le crayon et la plume à la main. — Les vertus évangéliques d’un prélat sans faste et sans orgueil , que le ciel n’a malheureusement fait que montrer à ce diocèse , vont se ranimer sous la plame de M. Licquer et servir encore une fois à l'édification publique. Auparavant, il reste à votre secrétaire un tribut à payer à la mémoire d’un architecte recomimandable , qui sut s’é- lever à la hauteur des théories de sa profession par la force de l'étude , et s’y soutenir par l’habileté de sa pratique. Ce tribut sera simple comme la personne qui en est l'objet (x). Lci, Messieurs, je croyais la liste fatale close et fer- mée , quand, tout-à-coup , la tombe s’est rouverte. Un de nos confrères les plus célèbres , ancien avocat général au parlement de Grenoble , second préfet de notre département , membre de plusieurs de nos assemblées législatives et de la chambre actuelle des députés, offi- cier de la légion d'honneur , M. Savoye-RoLuN , vient de terminer sa laborieuse carrière. L’énumération de ses dires nombreux à nos regrets, serait en ce moment aussi superflue qu'impossible. Mais, certes, Messieurs, ilen a laissé assez au département entier, dans le souvenir ————_—_—————————————— “rer (1) Voir la Notice imprimée ci-après. ( 103 ) d’une administration éclairée , autant qu’elle fut franche el intègre , assez à la ville , dans le pavage de ses rues, de ses places et de ses plus beaux boulevarts, et dans sa part légitime de linépuisable bienfaisance d’une mo- deste et charitable épouse ; assez à l'Académie , dont il fut le second restaurateur: à l’Académie, qui ne peut entrer dans le local ordinaire de ses exercices, sans avoir sous les yeux des monumens de sa protection et de sa générosité privée , ni parcourir ses archives, sans y admirer des morceaux d’une littérature vraiment pro- fonde , forts de pensées et riches de style, même en matière grave et abstraite, qui placent M. Savoye- Rollin, sans aucun contredit, dans un très-petit nombre de ses plus solides écrivains. Heureusement, Messieurs, les Muses de l Académie vous ont mis à portée d'entremêler de quelques nuances gracieuses les sombres couleurs d’un fonds nécessairement. aussi funèbre. M. Lerriu£uLz DES GUERROTS y répandra quelques-unes des fleurs simples et naturelles de lApo- logue; M. GurriNGuEr , une teinte romantique de la divine Harmonie des Anges ; et notre vénérable doyen , dans ses Adieux , que l'Académie etle public se garderont bien d'accepter comme un dernier mot, M. H OnNaY , formera le bouquet poétique d'une fête apollinaire dont il est, depuis plus d’un demi-siècle, en possession de faire l’ornement et le principal intérêt. G 4 (104) CONCOURS. RAPPORT : Sur les Mémoires qui ont concouru pour le prix extraordinaire ; P41r M. LICQUET. MESssIEURS, _ LA Une grande lacune restait à remplir dans l’histoire de Normandie. Nous connaissions les faits d'armes de nos ducs, leur bravoure, leurs conquêtes, leurs dé- mêlés avec d’autres princes; mais quelques batailles li- vrées, quelques traités conclus, ne constituent pas l'his- toire d’un peuple. Sa légistation, sa morale, son ca- ractère et jusqu’à ses habitudes, voilà ce qu’il importe sur-tout de connaître, et ce qui, presque toujours, est le moins connu. Depuis long-tems, Messieurs, vous désiriez qu’une main habile rassemblât les ma- tériaux disséminés de cette portion de notre histoire , et les coordonnât sur un plan méthodique et régulier. Les souvenirs glorieux dont notre province abonde, la place éminente qu’elle occupe dans les annales de deux grands royaumes, les événemens extraordinaires dont elle a été le théâtre et l’objet, tout se réunissait pour vous faire souhaiter chaque jour davantage de voir s'élever sous vos yeux le monument attendu; mais l'entreprise était difficile et voulait être encouragée. Le conseil général , comme s’il eût deviné vos désirs et prévi vos desseins , accoutumé d’ailleurs à favoriser toutes les inslilutions utiles, à seconder tous les efforts généreux , : G105 ) le conseil général voulut bien vous allouer des fonds pour un prix extraordinaire. L'impulsion était donnée, les moyens d'encouragement disponibles, vous avez aussitôt proposé la question suivante : » Quelle fut, sous les ducs de Normandie, depuis » Rollon, jusques et y compris Jean-Sans-Terre, l'admi- » nistration civile , judiciaire et militaire de la province ? » Une médaille d’or, de la valeur de mille francs, était offerte au vainqueur. Un premier concours n'eut point de résultat. La difficulté restait à résoudre; la question fut remise à celle année , et le prix porté à quinze cents francs. Quatre mémoires vous ont été adressés; votre com- mission, composée de MM. Gosseaume, Auguste Le Prevost , docteur Le Prevost, Houel et Licquet, vient vous offrir le tribut de ses observations , vous sou- mettre le résultat de son examen. N'’a-t-on pas lieu de s'étonner , en lisant nos anciens auteurs, de les voir aller chercher l’origine de notre nation en Phrygie et dans les ruines de Troye? Loin de nous, Messieurs, l'intention de combatire iei cette chimère ; mais il n’est peut-être pas inutile de fixer en peu de mots ce point historique, qui était en quelque sorte la base de toute la question. Un peuple a des lois, des coutumes et des mœurs ; nous voulons remonter à l'origine de ces mœurs, de ces coutumes et de ces lois. Nous consultons nos annales, nous interrogeons nos chroniques, nous poursuivons l'histoire jusque dans ses retraites les plus ignorées. Si nous découvrons , à la suite de nos investigations labo< rieuses , que la terre de ce peuple a été visitée, envahie, adoptée par un autre peuple; si, continuant nos re- cherches, nous demeurons convaincus que la nation ( 106 ) envahie pratiquait, à une époque plus ou moins rappro | chée, les usages de tous tems pratiqués | par la nation envabissante , ne pourrons-nous pas dire avec confiance : voilà la clef des faits, la source que nous cherchions , le but d’où nous devons partir. Eb bien! Messieurs, ce territoire envahi, c’est celui de la France , de la Neustrie : cette nation envahissante 4 c'est la nation Scandinave. Le Nord est lu fabrique du genre humain, disait le goth Jornandès; Montesquieu : le pensait à-peu-près ainsi, l’histoire ne les démentira pas. . Voyons maintenant si les concurrens ont connu les sources où ils devaient puiser ; apprécions l'usage qu'ils ont fait des matériaux de l’histoire , et cherchons, parmi ces quaire monumens élevés à la vieille Normandie, celui qui aura le mieux mérité de la nouvelle. Nous suivrons l’ordre des envois. N° rt, portant cette épigraphe : « 17 faut érlairer Phistoire par Les lois, et les lois par l'histoire. » Si beaucoup d'esprit , un style brillant , de la finesse dans les aperçus , de l’ordre , et quelquefois de la profon- deur dans les idées , une connaissance remarquable de la jurisprudence en général , si toutes ces qualités , disons nous , avaient suffi pour traiter le sujet et résoudre com- plètement la question , l’auteur eût remporté le prix, et se présentait dans la lice avec une supériorité incontes- table sur ses rivaux ; mais, en reconnaissant les avanta- ges de l’auteur , la Commission n’a pu se dissimuler les défecluosités de l’ouvrage. Remarquons d’abord que des écrivains cilés dans le mémoire ont commis des er- reurs repélées sans beaucoup d'examen par le concurrent. Prouvons le en disant qu'ilsuppose à tort , d'après Houard , que les lois normandes sont d'origine française , quand iF (107 ) est démontré qu’elles viennent des peuples du Nord. Quel- ques historiens attribuent légèrement à Rollon linstitu- tion de l’échiquier ; le concurrent admet le fait sans dis- cussion , et le fait n’est point exact ; une faute d’impres- sion se rencontre dans Basnage ; il la copie , et rend ainsi Charles-le-Chauve responsable du traité de Saint-Clair sur-Épte, conclu par Charles-le-Simple. Disons que l'au- teur est tombé dans plusieurs autres erreurs , dans quel- ques contradictions même qui lui sont particulières ; que son slyle , malgré les qualités qui le distinguent , n’est pas toujours exempt de prétention et d’enflure ; que les autorités dont il s'appuie, toutes respectables qu’elles puis- sent être, n'étaient pas celles auxquelles il aurait fallu s'attacher toujours de préférence ; que ces autorités sont pour la plupart trop modernes, par éonséquent peu con- cluantes dans l'espèce. Delà, ce caractère de superficialité qui domine son ouvrage , ces lacunes qu'il n’a pu rem- plir, ces imperfections qu’il ne pouvait éviter. Ajoutons , enfin , que l’auteur en reproduisant sans nécessité des idées peu mesurées sur le clergé en général , ne s’est pas mon- tré suffisamment circonspeet , et que sous ce rapport, il mérite une juste critique. Toutefois, Messieurs , ce mémoire a paru assez re- mrqpible : à votre Commission , pour qu’elle en fit Pobjet d'une proposition spéciale dans son résumé. Nous dirons peu de chose du mémoire n° 2, portant pour épigraphe : Supereacuus foret in studiis labor st nihil liceret melius-‘invenire præteritis. Au-dessous de la question, souvent inexact, il ne dit pas un mot de l'administration militaire , et eetle seule considération le plaçait hors du concours. Ne 3. La Normiandié dutale aveë cekte épigraphe : 1 Nor- manni è dacià prodeuntes , bellica virtute sedem in Francié ( 108 ) quæsiverunt , nobilissima regna in Angliâ et Sicili& institue- runt, ac maximas eliam res in Oriente | magn& cum laude £gesserunt. | En ne tenant compte que des défectuosités du plan, de la funeste habitude de sortir continuellement de la question , et de rassembler une masse énorme de faits étrangers au sujet, pour effleurer quelquefois légè- rement les points les plus intéressans , des citations mal iraduites ou mal comprises , des vices de langage et du peu d’élévation du style en général; ce mémoire ne mériterait qu'une faible attention ; mais si l'on veut ré- fléchir à l’immensité du cercle que l’auteur s’est tracé , à l’activité et à la patience qu'il lui a fallu déployer pour le remplir, à une assez grande quantité de faits et de dé- tails curieux que l’auteur a trouvés , soit dans ses sou- venirs particuliers , soit dans des recherches pénibles et fastidieuses que bien peu de personnes auraient aujour- d’hui le courage d’entreprendre ; si l'on réfléchit encore que le concurrent a quelquefois connu les sources où il fallait puiser , on ne peut refuser un certain degré d’es- time à l’auteur et à l'ouvrage. Un extrait bien fait de ce mémoire poutrait être un livre curieux et piquant. L’au- teur trouvera aussi sa place dans les conclusions durapport. N° 4. Avec celte épigraphe: Ades , 6 mihi, dexteratantum ! C'est ici, Messieurs, sans contredit, le plus impor- tant des mémoires qui vous aient élé adressés. L’au- ieur n'hésite pas à placer en Scandinavie le berceau des lois normandes, et il prouve son asserlion par des faits. Il établit, non sur des hypothèses, non d’après des autorités douteuses ou suspectes ; mais par les sagas du nord, que la plus grande partie de nos institutions étaient en vigueur en Norwège avant d'exister dans nos contrées. [l y retrouve nos assemblées du champ- C 109 ) ” de-mars, notre système féodal, nos coutumes, nos mœurs et presque toutes nos lois de cette époque. Constamment dans la question, l’auteur relève un grand nombre d'erreurs échappées à ses devanciers, rétablit les faits, ramène la discussion à son principe , et tou- jours en s'appuyant d’autorilés qui paraissent irrécusables. C’est à l'article de l’échiquier sur-lout que se montre la sagacité de l’auteur, et lui seul des quatre con- currens est entré dans cette controverse. Îl est assez remarquable que ses idées ; à cet égard , se rapprochent beaucoup de celles du savant abbé M. Delarue, dans ses Recherches historiques sur Caen , nouvellement pu- bliées. Non que les deux écrivains aient eu connais- sance de leurs productions respectives , ou se soient communiqué leurs réfléxions : quelques dissidences de détails établissent le contraire ; mais il est évident que leur opinion était la même, qu'ils ont puisé aux mêmes sources, et ce nest pas un faible avantage pour le concurrent que de se rencontrer sur le chemin avec le savant que nous venons de nommer. Ne veuillez cependant pas croire, Messieurs, que ce mémoire ait paru sans défauts aux yeux de votre com- mission. Elle pourrait demander compte à l’auteur de quelques inexactitudes , de quelques assertions hasardées. Elle lui dirait que Robert de Normandie succédant à son frère Richard, en 1027, na certainement pu donner une charte en 1006, et qu'il confond ici Ro- bert, roi de France , avec Robert, duc de Normandie. Elle lui ferait encore observer qu'il se trompe, quand il dit que Richard IE assigna, pour douaire à Judith son épouse, cent dix-sept villages et 53 églises, situées dans l'arrondissement de Bernay. Les environs de Bernay ne figurent dans l'acte que pour vingt-et-une églises. La commission a dù remarquer aussi que l’auteur, par des causes qu'elle ignore, n’a point mis la deruière maim ‘ ( 310 ) à son ouvrage. .On dirait que le tems lui a manqué; qu'il vous a envoyé son mémoire sans l'avoir relu avec tout le soin désirable, et même sans avoir acheyé son travail. Mais telle qu'elle est, enfin, cette production a semblé à votre Commission d’un mérite réel, et supé- rieure à toutes celles qui ont été publiées sur la ma- üère. lei, Messieurs, et en écartant le mémoire n° 2, qui est peu susceptible d'examen, une observation se pré- sente. Ïl a paru à la Commission que les trois autres concurrens s’élaient en quelque sorte partagé les trois grandes divisions du travail. Tellement, qu'un mémoire unique qui réunirait le mérite de chacun en particu- lier, serait un - ouvrage extrêmement remarquable et mériterait toute la bienveillance de l'Académie. Dans le n° 1e", élégance du style , énergie de la pensée, choix heureux de l’expression, c’est l'œuvre d’un écrivain etercé. Dans le n° 3, citations innombrables , immense accumalation de détails ; souvent inutiles , mais quelque- fois curieux, c’est le travail d’un infatigable compilateur. Dans le n° 4 enfin, aperçus nouveaux, recherches savantes, discussions lumineusés , e’est l'ouvrage d’un historien érudit. | En nous résumant, Messieurs, la Commission a décidé . à l'unanimité, qu'aucun des concurrens , isolé ment, n'avait mérité le prix. A Funanimité encore ; que, dans Fordre du mérite individuel, toutes choses compensées, les mémoires devaient être classés ainsi. qu'il suit : Le n° 4. Ades 6 mihi dextera tantum. Le n° 3. Norinanni è Darid prodeuntes , etc. Le n° 1t'. Al faut éclairer l'histoire par les loïs, etc. Le n° 2, Superoaeuus foret in studiis labor , etc. Enfin, Messieurs ; après un examen approfondi , de nombreuses observations de la part de tous ses membres, (frs ) là Commission s’est accordée à penser qu'encore bien que les trois mémoires réunis laissassent beaucoup à désirer pour la solution complète de Fa question, il était de la justice de l'Académie de tenir compte aux concurrens d’un travail de plusieurs annécs, d’un tra- vail fatigant, pénible, satisfaisant d’ailleurs sous plus d'un rapport, et de répartir entre eux, dans une pro- portion gardée, la totalité de la récompense promise. La Comuission se persuade que le conseil général ap- prouvera, dans l'Académie, cette libéralité dont il a usé pour elle-même, et elle a l'honneur de vous pro- poser d'accorder 1° À l’auteur du mémoire n° 4 , ‘une médaille de la va- leur de 800 fr; 2° À l’auteur du mémoire n°3, une médaille de la valeur de 4oo fr ; » 3° A l’auteur du mémoire n° 1°, uné médaille de Ja valeur de 300 fr. Sauf à faire conuaître publiquement aux concurrens. que celte récompense n’est accordée qu'à titre d’en— couragement et pour les engager à revoir leur travail ; à étendre leurs recherches, à rendre, en un mot , leurs productions plus dignes de l'Académie et d'eux-mêmes. . Après la lecture de ce rapport, dont l'Académie avait adopté les conclusions, ME. le président a procédé à l’ou- verture des billets cachetés des numéros, 4, 3 et x ; et il a lu dans le premier : Noël de la Morinière (1), en (1) M. Noël de la Morinière avait succombé à la fatigue de ses voyages, après l'envoi de son ouvrage, destiné pour le premier concours, mais arrivé tardivement, même pour le second. C'est une grande perte, pour cette partie de notre histoire, qu'il n'ait pas élé à portée de perfectionner son travail. M, Noël était né à Dieppe. \ ( 112) voyage dans le nord pour les pêches du gouvernement français. Dans le deuxième : Hénault, archiviste du départe- ment de la Seine-inférieure. Dans le troisième : A//red Daviel, avoué à la cour royale de Rouen , ancien élève du lycée de la même ville. Aucun des concurrens ne s'étant présenté, M. le tré- sorier a été chargé d’acquitler l'Académie envers eux. PRIX PROPOSÉS POUR 1824. L'Académie avait mis au concours , pour 1823 , une question conçue en ces Lermes : Suivant M. Portalis, « dans chaque pays le peuple crée la » langue, les savans l’enrichissent , les philosophes la règlent , LE Le » Les bons écrivains la fixent; » l’Académie propose de dé- cider si là langue française a passé par tous ces périodes ; ei à quelle époque, bien déterminée, par chacun. Un Mémoire , ayant pour épigraphe : Deus ïlle princeps parensque rerum..... QuixTiiex. a obtenu une mention très-honorable dans la séance publique du 8 août 1823. L'Académie a décidé que le même sujet serait remis au concours pour l'année 1824. Le prix sera une médaille d’or de la valeur de 300 fr. Chacun des Auteurs mettra en tête de son Ouvrage une devise qui sera répétée sur un billet cacheté où il fera connaître | Uuas ) connaître son nom et sa demeure. Le billet ne sera ou- vert que dans le cas où Ouvrage aurait remporté le prix. Les Académiciens résidans sont seuls exclus du con- cours. Les Ouvrages devront être adressés , francs de port, à M. Bicxow , Secretaire perpétuel de l'Académie pour la Classe des Belles-Lettres, avant le 1° juillet 1824. Ce terme sera de rigueur. 154) AAA AAA | NOTICE BIOGRAPHIQUE Sur M. Fraxçors DE PIERRE DE BERNIS, Archevéque de Rouen ; Par M. Licquer. MEssiEURS, La tombe était à peine fermée sur le Cardinal Cam- bacérès , qu’elle s’ouvrait pour l'Archevêque de Bernis. Cette enceinte retentissait encore, pour ainsi dire, de nos premiers regrets, el voilà qu'une perte non moins sensible vient nous arracher des accens non moins dou- loureux. 11 semblerait, Messieurs, qu'une couronne, si l'on veut appeler ainsi ce dernier hommage , il sem- blerait, dis-je, qu'une couronne destinée au saint prélat , aurait dû être tressée des mains de la religion même ou de l'un de ses vertueux ministres ; mais, quoi! propaga- teurs zélés des sciences , des lettres et des arts, vous pré- iendez être encore les partisans des saines doctrines , les soutiens de la morale, les amis sincères de noire auguste religion ,:et vous ne craindrez pas d'aller cueil- dir sur l'autel même les fleurs dont vous voulez parer voire offrande. François de Pierre de Bernis, primat de Norman- die, archevêque de Rouen, pair de France, comman- deur de l’ordre de Malte, naquit à Nismes, le 29 décembre 1752. Possesseur , dès l’âge de quatorze ans , d’une for- tune ecclésiastique considérable, « il employait une partie de ses revenus à soutenir , au séminaire et dans les études ecclésiastiques, des jeunes gens dont ((sr6") des informations délicates et secrètes lui avaient fait découvrir les besoins. Aussi, dans le cours de ses étndes, cut-il toujonrs en sa faveur cet indice irrécusable de la bonté du cœur et du caractère , l'estime et l'amitié de ses condisciples. » Sacré évêque d'Apollonie , à Rome, par le pape Pie VI, le 10 Décembre 1781, nommé archevêque de Damas et coadjutenr d'Alby en 1784, M. de Bernis fut député par le clergé de Carcassonne aux états généraux de 1789. Là commence sa vie politique. Les états s'assemblent, M. de Bernis croit voir la religion attaquée dans ses principes, compro- mise dans :sa dignité, menacée dans son existence, que va-t-il faire ? La crainte imposera-t-elle silence au devoir ? Des considérations personnelles vont-elles balancer dans son esprit l'intérêt général? Oubliera-t-il ce qu'il doit à tous, parce qu'il pourrait se devoir quelque chose à lui-même? Non, Messieurs, sa conscience le guide et léclaire, la religion Fanime et linspire; il proteste. Cependant les esprits sagitaient en France, l’horison politique devenait terrible, un orage épouvantable al- lait bientôt éclater... Ai-je besoin de dire que le clergé fut un des premiers englouti dans ce naufrage universel des institutions et des hommes ? Ranpellerai-je tant de chutes célèbres, tant de triomphes déplorables , tant ‘de dévouemens héroïques ? Loin de nous ces souvenirs , Messieurs. Toutefois , vous voulez en ce moment qu'au milieu de cette foule d'illustres bannis , je montre M. de Bernis supportant avec courage des revers qu'il n'a pas mérités; cherchant d'abord un asyle en Jtalie, auprès de son oncle le célèbre cardinal de Bernis , aussi connü dans la république des lettres que dans le monde politique , et dont les poëles aiment à lire les spiri- tuelles productions autant que les hommes d'état se plaisent à méditer sa “iplomatie, Vous voulez que je H 2 , ({ 1:16) représente notre confrère parcourant les régions glacées du nord, fuyant l'anathème de ceux qu'il bénit dans sa pensée, et voyageant péniblement , mais avec rési- gnation, entre le malheur qui le poursuit et la vertu. qui le soutient. J'ai dit le malheur , Messieurs , parce que l'exil en est toujours un et surtout pour un français ; du reste , M. de Bernis allait à cette époque au devant d’un bienfait. Paul 12", empereur de Russie, avait été reçu à Rome par le cardinal de Bernis avec cette recherche qui n'appar- tenait qu'à ce prélat. Le monarqne se souvint du neveu quand l'oncle eut cessé d'être , et lui offrit à sa cour des fonctions importantes el une existence honorable. M. de Bernis avait accepté ; les yeux constamment tournés vers la France , il attendait un meilleur avenir et le moment heu- reux de rentrer dans sa patrie. « La mort inopinée de son bienfaiteur, la possibilité de revoir le sol natal, la douceur d'achever sa carrière anprès de sa famille qui réclamait et pressait son retour , déterminèrent l'archevêque d'Alby à revenir en France. Retiré auprès de Nismes dans un domaine que lui avait lé- gué un parent de son nom, il remplissait ses journées de bons exemples et de bonnes œuvres , lorsque des cris d'allégresse partout relentissans lui apprirent que le sceptre paternel de Saint-Louis, de Louis XIE et de Henri IV était remis aux mains de l'héritier légitime. » Le premier mouvement du vertueux prélat fut de remercier le maître souverain qui avait daigné , dans sa miséricorde, prendre en pitié les longues calamités de la France, rendre ce beau royaume à Louis le Désiré , el ramener au milieu des français Pauguste famille objet de leur vénéralion et de leurs vœux. » L'archevêque d'Alby avait besoin de revoir son Roi ; il quitte sa paisible retraite et arrive dans la capitale. Le siége de Rouen vient à vaquer , ilest donné à M. de Bernis. Gun) * Ici, Messieurs, qu'ai-je à dire qui ne soit connu de tout ceux qui m'écoutent? Qui n’a pas trouvé l'oc- casion d'admirer la candeur de son âme, la douceur de son caractère, Pamabilité de son esprñ? Tel était chez lui le sentiment des convenances et l’affabilité des manières, qu'on aurait pu le comparer, sous ce rapport, à l'illustre cardinal son oncle, dont on a dit avec aulant d'esprit que de vérité, pour donner une idée de son exquise politesse envers les étrangers qui le visitaient à Rome : Qu'il tenait l'auberge de France dans un des faubourgs de l'Europe. Ïlest une vertu qui sait pardonner l'injure , protéger la faiblesse, soutenir l’indigence , consoler l’imfortune ; qui confond tons les hommes dans une pensée unique de bien. veillance et de générosité sans limites ; qui nous impose- rait le devoir d'aimer si nous n’en tenions pas le besoin de la nature , et dont le nom seul exprime la réunion de tous les senlimens qui la composent. Cette vertu, Mes- sieurs, vous l'avez déja nommée : C'est la charité. Eh bien! où sont les misères que M. de Bernis a vues el n'aurait pas soulagées , les afflichtons secrètes dent il m'aurait pas tempéré l’amertume , les plaintes qu'il aurait refusé dentendre , les pleurs qu'il n'aurait pas voulu tarir ? Ah! si la sensibilité de son ame trouvait ici des incrédules, nous appellerions dans cette enceinte cette foule de pauvres qui avaient part à ses aumônes , ces nombreuses familles qui lui doivent leurs consola- tions , ces enfans eux-mêmes , orphelins avant de le con- naître ; nous entendrions leurs dépositions touchantes ; nous laisserions éclater leurs regrets douloureux ; et nous proclanerions de nouveau le triomphe de la bienfaisance , invinciblement démontrée par le témoignage du malheur. Pouvait-il me point posséder cette vertu, celui qui remplissait avec tant de conviction les devoirs de la reli- gion la plus auguste et la plus sublime? Pouvait-l ve H 3 (118) pas être humain le fidèle ministre du Dieu qui s'immola pour l'humanité ? Pouvaït-il ne pas chercher à répandre par lout son diocèse la douce lumière de l'Evangile, le digne pasteur qui en adorait les préceptes, comme il en pratiquait les leçons? Quelle est donc cette reli- gion , Messieurs, qui élève l'homme au-dessus de lui- même, qui ne nous montre dans nos semblables que des frères qu'il faut aimer; dans les infortunés, que ‘des amis qu'il faut secourir ; dans les coupables mêmes, que des malheureux qu’il faut plaindre ! Tolérant envers les hommes, M. de Bernis était sou- mis devant Dieu; plein de douceur dans le commerce de la vie, il était plein de résignation dans les circons- lances difficiles; et cette vertu nouvelle, c'était encore à la religion qw’i! en était redevable, Un seul exemple à ‘Pappui de notre assertion. Le 15 septembre de l’année dernière , vous vous le rappelez, Messieurs , un événement qui pouvait avoir les suites les plus funestes jeta tout-à-coup l’effroi dans cette grande cité. Le jour commençait à peine; le ciel se couvre d'épais nuages , l'éclair brille, la foudre gronde, elle frappe la pyramide de l’église métropolitaine et l’em- brâse. Un cri d'alarme a retenti par toute la ville; les babitans des quartiers voisins cherchent leur salut dans la fuite, les hommes emportant les effets les plus pré- cieux , les femmes serrant dans leurs bras leurs enfans endormis. Cependant la flamme , à chaque instant plus ardente , enveloppe l'édifice , le presse de ses tourbillons , grandit et s'élève autour de lui, comme impatiente de dévorer sa victime; une atmosphère de soufre plane sur la ville ; le plomb tombe des toits en ruisseaux brû- lans; déjà les madriers énormes se détachent, volent dans l’espace, et vont porter sur d’autres parties du temple l'élément destructeur qui les consume. Les ma- gistrats accourent , le zèle des citoyens les seconde ; mais Esgy) % le moyen d'atteindre un incendie dont le foyer est dans les nues ! 11 fallut voir le désastre et attendre. La catas- trophe était imminente ; Pobélisque, frappé dans sa base , w'avait plus que quelques momens à dominer dans les airs ; privé enfin de ses derniers appuis il s'incline, et s'abîme avec un horrible fracas sur les maisons voisines dont il écrase les toits, enfonce les planchers , ébranle les murailles. L'incendie se montre alors dans toute la majesté de son horreur. La tour du temple s’est changée en un volcan , d’où s'échappent avec force, comme d'un cratère embrâsé, d'immenses tourbillons de flamme et de fumée. Ce n’est plus seulement la pyramiie, c’est l'édifice tout entier qui brûle et paraît ne devoir bientôt plus offrir qu'un amas épouvantable de cendres et de débris. Où chercher M. de Bernis pendant cette scène terrible et déplorable ? où, Messieurs ? dans son palais épiscopal , dont on s’efforce en vain de l'arracher, dans son palais, contigu au foyer de l'incendie, dans son palais, où il veut célébrer les saints mystères en ce moment même, au milieu des flammes qui lenviron- nent, et pour ainsi dire perpendiculairement au-dessous de la mort? Touchante résignation , confiance admirable , courage tout évangélique : voilà l'homme juste , le prélat intègre, le chrétien philosophe; voilà M. de Bernis out entier ! Espérons, Messieurs, que notre admirable basilique ne sera pas long-lems venve de son plus bel ornement. Les libéralités du monarque el des princes, sollicitées , obtenues par M..de Bernis, les offres d'une popula- tion généreuse, les soins bienveillans d’une administra- tion tutélaire, tout nous assure qu'un obélisque plus majestueux encore consolera les arts de la perte du premier , et qu'un nouveau chef-d'œuvre s'élèvera Lieu tôt sur la base restaurée du chef-d'œuvre abattu. H 4 ® (z0) J'arrive, Messieurs, à la partie la plus pénible de la tâche que vous m'avez imposée. Appelé aux nobles fonc- tions dé la Pairie, M. de Bernis remplissait les de- voirs de sa nouvelle dignité, quand le premier mois de l'année ramena le plus douloureux des anniversaires. Le jour n’était pas éloigné où la France allait se proster- ner dans ses temples, et implorer Dieu pour un roi martyr. M. de Bernis était souffrant alors et se pro- posait de mêler secrètement sa voix à ce concert gé- néral des fidèles; mais Sa Majesté lui avait réservé honneur de présider à l’auguste cérémonie : M. de Bernis ne sent plus son mal, el parce que son zèle ne l’a point abandonné , il s’imagine avoir conservé des forces. H part pour St-Denis, récite avec ferveur des prières qu'on récilera bientôt pour lui-même, et re- vient à Paris plus souffrant, plus accablé qu'aupara- vant. Au lit de mort, M. de Bernis ne pensait plus qu'à ce Dieu qu'il allait rejoindre, qu'à ce troupeau chéri qu’il lui fallait quitter. Son diocèse élait devenu sa palrie, el ses diocésains sa famille. Chrétien fidèle il mourait sans effroi , tendre pasteur il ne mourait pas sans regret. C'était un exilé qui n'avait point revu ses foyers, un père à sa dernière heure qui n’avait point embrassé ses enfans ; mais sa carrière était rem— plie, le jour fatal s'avance, les forces s’évanouissent, le 4 février se lève ; l'appartement du malade re- tentit de ce mot terrible : il est mort! Non , Mes- sieurs, il ne l'est pas tout entier. Tant de bonté, de douceur et de bienfaisance ne sauraient périr parmi .nous. Un hospice en construction à nos portés, une maison d'éducation gratuite, fondée dans la ville de François H®, l'asyle des pauvres orphélines aggrandi dans nos murs et placé sous la protection de l’auguste fille de nos rois, voilà des monumens qui le rendront F fax) .e sans cesse présent à nos yeux. Et si l'étranger, visi= tant un jour ces réduits de l’infortune , demande le nom du bicnfaisant archevêque, le pauvre , nommant alors M. de Bernis, ajoutera, en essuyant une larme : son ame est au Ciel, sa dépouiile mortelle dans la tombe et sa mémoire dans tous nos cœurs. (132 ) AAA PPT PA AAA AAA NOTICE NÉCROLOGIQUE Sur M, Prrer-Prosper-MNicuez RICARD ki Chevalier de l'ordre royal de la Légion d'honneur , Inspecteur des caux et foréts des Arrondissemens de Rouen, Dieppe et Neufchätel, Membre de l Académie des Sciences, Belles- Lettres et Arts de Rouen , et de la Société centrale d’Agri- culture du Département de la Seine-Inferieure , MESSIEURS, Sr, parmi les institutions académiques , il est un usage qui soit digne d'une pieuse vénération, c'est celui sans douie qui, dans ces jours d’une touchante sôlennité , con- sacre à la mémoire des Académiciens moissonnés dans nos rangs, l'expression de nos douleurs et de nos regrels. Ce n'est pas seulement en effet pour rendre au public le compte annuel qu’elle lui doit de ses travaux, pour dé- cerner des récompenses , pour couronner des vainqueurs , que l'Académie s'assemble aujourd’hui, mais c'est aussi pour déposer la couronne funéraire sur la tombe de nos confrères enlevés à notre amour. Eh! ce devoir, Mes- sieurs, fut-il jamais plus difficile à remplir, quand l'in- flexible moft vous a ravi, dans la même année, quatre de vos collaborateurs des plus recommandables par leurs talens et leurs vertus. Chargé par vous, Messieurs, de la plus douloureuse mission que le sort pût m'appeler à remplir, puisqu'il me faut vous entretenir d’un homme ————_—_— À . * (1) J'ai déclaré à l'Académie et je répète ici que je dois à l'amitié dont m’honore M, AuG. LEPREVOST , une très-grande partie de cette notice. ne (QE. 3) dont je fus long-tems l'ami : daignez , je vous prie , i'entendre avec indulgence , et me pardonner le trouble et le désordre que j'apporterai dans l'aecomplissement de ce pénible devoir. M. Pierre-Prosper-Michel Ricard terminait sa cin- quante-troisième année, quand une mort imprévue le frappa. Il était né à Rouen, le 22 septembre 1769 , au sein d’une famille distinguée , et vouée depuis deux générations à la culture des lettres. Son père , M. Pierre- Michel Ricard , a laissé des poésies légères , empreintes de celle vivacité d'esprit et de cet énjouement , qui devaient prêter plus tard un charme si piquant à la conversation et aux moindres écrits de son fils. Ce fut au sein même de sa famille , et au milieu d’un cercle où se réunissaient les hommes les plus remarquables par leurs talens, que notre confrère puisa les premières leçons de eet art sé- duisant de’la parole et de la correspondance qu'il pos- sédait à un si haut degré. Plus tard, cette faveur du sort, qui semblait avoir placé son berceau au milieu des sociétés où les hommes les plus distingués ne sont ordi- nairement admis qu’au milieu de leur carrière , l'accom- pagna dans la capitale, où dut nécessairement Pattirer le soin de ses dernières études. Là une autre branche de sa famille était liée avec des hommes que la litté- rature et les aris comptaient avec orgueil dans leurs rangs, et ce fut entre Grétry, Greuze et Beaumar- chais qu'il acheva de se former le goût. Peut-être em- prunta-t-il du dernier de ces hommes célèbres , ce tour d'esprit délicat et fin qui donnait à son style une phy- sionomie si particulière. Après avoir hésité sur le choix d’un état, après avoir même abandonné quelque tems au style aride de la pratique une plume destinée à de plus riantes inspira- üons, M. Ricard se sentit entraîné par un attrait irré- sislible vers la profession des armes, plus conforme à C124) son caractère ; il entra dans le régiment de Flandres en 1791, et dut, autant à son courage qu'aux talens qu'on découvrit en lui, un avancement rapide. Il eut bientôt à s'applaudir de sa généreuse détermination. Peu après, en effet, l'invasion de nos frontières appella au champ d'honneur nos armées privées de leurs officiers et re- crutées de volontaires, dont le courage n’était point en- core réglé par les leçons de la discipline et de l'expé- rience, M. Ricard rendit d'importans services dans cette mémorable campagne , où il pärtagea et les dangers et Ja gloire de guerriers dont les noms ont été depuis entourés de la plas grande illustration «militaire. Nul doute qu'il ne fdt, comme eux, parvenu aux plus hautes distinc- tions , si le sort dés armes n’en eût décidé autrement. Le corps d'armée dont il faisait partie fut enveloppé et pris par les Autrichiens. M. Ricard et ses compagnons d'infortune, privés des égards que les nations civilisées se plaisent à offrir au courage malheureux, furent aban- donnés aux secours de la charité privée, et traînés à demi-nuds des rives du Rhin à celles de la Save. Deux années d’exil et de privation ne purent abattre ni son courage ni sa gaîlé. Les atteintes de maladies doulou- reuses, suiles inévitables de tant de fatigues et de mau- vais traitemens , ne l’empêchèrent, ni de porter sans cesse, de celle autre extrémité de l’Europe , ses regards vers la douce patrie , ni d'observer avec sagacité le con- iraste singulier de magnificence et de misère, de civi- lisation et de barbarie, de mœurs asiatiques’ et euro- péennes que présentent ces rives de la Save, couron- nées de clochers et de minarets, et qui semblent être le rendez-vous de tous les peuples du monde. ; Ce ne fut qu'après vingt-deux mois de captivité qu'il lui fut permis de revoir la France, et de rentrer dans les rangs où il avait laissé de si honorables souvenirs. Mais les maux qui n'avaient pu abattre son courage, ( 125 ) avaient ébranlé sa santé, et le Confraionirent à quitter les armes à uné époque où so bras eût encore été uile à son pays Ce fut alors que M. Ricard entra dans administration forestière. Doué d'une infatigable acti- vité et d'une justesse de coup-d’œil non moins précieuse , il se plaça promptément au rang des plus habiles fores- tiers de France , et fut souvent consulté sur d'impor- lantes questions, ou chargé par le gouvernement des missions les plus délicates, Il renouvela les essais pré- cédemment tentés de la culture dn pin maritime ; il encouragea le premier celle du pin d'Ecosse , et d’im- menses espaces qui semblaient condamnés à une éter- nelle stérilité, lui doivent la verdure dont ils sont au- jourd'hui parés. Plein d'une obligeance qui ne s’est ja- mais démentie , et à laquelle ses rapports avec toutes les classes de la société, semblaient offrir chaque jour un nouvel aliment , personne n’a jamais mieux su, que notre confrère, doubler le prix d’un service, ou adoucir la sévérité d'un refus par le charme de ses manières et de ses procédés ; personne n'a mieux concilié J'intérêt du gouvernement avec la conservation des intérêts par- ticuliers, ou avec les égards dus à de nobles infor- tunes; personne enfin ne s’est acquis plus de droits à la reconnaissance de ses concitoyens ; et n'a mis plus d'adresse à s'y dérober. Rendu à la vie sociale dont le tumulte des camps et des souffrances de Fexil l'avaient éloigné trop long- tems, M. Ricard y reparut brillant de tous les dons heu— reux qu'il tenait de la nature, et! de tous les talens ai- mables que Féducation et l'habitude du monde avaient développés en lui. IH] apporta dans la société, à peine remise des habitudes rudes et sauvages que lui avait im- primé la terreur, cette vivacité d'esprit, cet enjoue- ment, celte élégance de mœurs, ce besoin de plaire presqu'aussi fort chez lui que le besoin d'obliger, qui ( 126 ) en eussent fait le modèle des hommes de la bonne com- pagnie, à une époque même où la courtoisie et la grâce des manières semblaient ‘être les traits distinc- üfs du caractère français. On conçoit que tant d’avan- tages lui aient fait obtenir de grands succès dans le monde, mais ce qu'il y a de remarquable, c’est qu'ils ne purent jamais détourner son attention de ses devoirs, ‘garer son cœur ou fausser son esprit ; c'est qu'il ait eu le courage, plus difficile et plus rare qu'on ne le suppose, de se dérober, bien jeune encore, à leur énivre- ment, pour revenir aux affections de famille, à la con- templation des beautés de la nature et aux charmes de la solitude. Ce fut à cette époque, et après avoir contracté une alliance qui assura le bonheur du reste de ses jours , que M. Ricard consacra tous les momens dont le calme de la retraite et les loisirs de la vie domestique lui permirent de disposer, à une étude plus suivie de notre littérature, à un examen plus approfondi de nos grands écrivains. Appelé par un goût héréditaire vers la poésie légère , il s’essaya dans ce genre de composition de manière à faire regretier au pelit nombre de personnes admises à la com- munication de ses vers, qu'il ne s’en soit pas occupé avec plus de suite et de publicité. Depuis long-tems , la grâce piquante de ses écrits et de ses discours , l’heureux talent de faire éclore des fleurs au milieu des discussions les plus arides , l'aménité tout à fait académique de son caractère, ses vastes connaissances forestières , lui avaient ouvert les portes de cette enceinte , que sa modestie se refusait à franchir. Son discours de réception fut, vous vous le rappe- lez, Messieurs, l'un des plus brillans et des plus remar- quables que la Compagnie ait jamais entendus , et si notre confrère fut trop occupé des devoirs de sa profession pour se livrer à des travaux littéraires de longue haleine , au moins l'Académie trouva-t-elle constamment dans ses C127) paroles , dans ses discours et dans ses procédés, de justes motifs de s’applaudir de son choix. Non moins apprécié de l'administration à laquelle il appartenait, M. Ricard fut appelé plusieurs fois à de plus bautes fonctions que celles qu'il remplissait au milieu de nous. En 1814, le Roi, appréciateur éclairé de tout ce qui avait été fait pour le bien du pays, le nomma chevalier de l’ordre royal de Ja Légion d'Honneur. Vers la fin de 1820 , 11 fut nommé Conservateur des forêts de tous les départemens de la Bretagne. Mais, moins accessible aux caleuls de lambition ou de l'intérêt qu'au sentiment des liens de toute nature qui l’attachaient à son pays , il de- manda , pour récompense de ses services , de rentrer à la iète de l'arrondissement forestier qu'il avait si heureuse ment organisé. Le jour où il fit connaître cette résolution : fut un jour de fête pour ses nombreux amis , pour ses subordonnés qui le chérissaient comme un père, pour les indigens dont il essuyait en secret les larmes, pour tous les gens de bien enfin auxquels il faisait admirer l'alliance si rare des avantages les plus brillans de l'esprit , avec les qualités les plus solides du cœur. Pouvions-nous croire, hélas ! qu'il dût sitôt nous être enlevé! Au milieu du printems de 1822 > Un accident grave, etqui survint à la suite de courses forestières pénibles , éveilla des inquiétudes que des soins sagement administrés sus- pendirent bientôt. Tout-à-conp , le 22 juillet, des acci- dens d’une nature toute différente portent le trouble dans les fonctions les plus importantes de son organisa- tion. Son existence n’est plus alors qu'une douloureuse _et cruelle agonie, que des paroxismes multipliés vien- nent rendre plus affreuse encore, et contre laquelle les ressources de l'art sont inpuissantes ; il meurt dans la nuit du 27 au 28 du même mois. Il est pénible pour ceux qui l'ont aimé, c’est-à-dire , pour lous ceux qui l'ont connu , de peuser que la carrière (18) de l’homme de bien, dont l'ame fut si douce, dont le cœur ne fut accessible qu’à des sentimens aimables et bienveillans , dont toutes les habitudes portaient Fem- preinte de la paix et du bien-être, que des jours si sereins , si joyeux et si pleins, se soient terminés dans les angoisses de la souffrance et du délire. S'il était vrai, comme osa l’écrire ce poële romain aussi mauvais physicien que sophiste dangereux , sil était vrai que lame naquît, se développât, vieillit et snccombâl avec nous, que nous resterait-il donc pour nous consoler du regret de ta perte ? Homme aimable et bon ! non, tu n’es pas mort tout entier. Un être supérieur à tes organes périssables s’est échappé avec orgueil de leurs mortels débris ! Tu m’entends encore; tu souris aux tendres émotions de mon cœur ; je te vois accepter le baiser de paix que je t'offre, au nom de tes amis , de tes confrères, au nom de lout ce qui te fut cher dans ce monde. g NOTICE ( 129) [4 AA AAA AAA AAA A/R AAA NOTICE BIOGRAPHIQUE SUR M. VAUQUELIN, ARCHITECTE ; Par M. N. BIGNON. Jean-Guillaume-Bernard Vauquelin naquit à Rouen, dans le mois de février, en lannée 1748. Elevé en partie dans les ateliers de son père, le premier, sans contredit, des menuisiers-sculpteurs de la ville, le jeune Vauquelin ÿ prit de très-bonne heure un goût décidé’ pour les arts du dessin. M. Lefrancois, architecte , donna le premier développement à ses heureuses dispositions : bientôt il passa à l’école publique de dessin, où il rem- porta des palmes d'autant plus honorables qu'il eut à lutter contre la gloire naissante des Lemonnier , des Le- barbier et des Lemoine; et certes, c'était un beau titre que des succès contre de pareils rivaux ; aussi M. Vau- quelin entra-t-il dans la carrière de l'architecture avec une réputation presque déjà faite. Ne parlons point ici d'une infinité de dessins , de plans aussi ingénieusement conçus qu'habilement exécutés , ni des restaurations nom- breuses qui demandent quelquefois plus d'intelligence et de goût que les constructions elles-mêmes ; l’église de notre hospice général dont la belle ordonnance est si bien appropriée au service de cet iminense établisse- ment, et le magnifique château de Bouville, exécuté à la grande satisfaction d'un propriétaire à qui ses con- naissances donnent le droit d’être difficile sur les pro- ductions des beaux-arts ; voilà deux monumens d'un vrai talent, qui suffisent à la gloire d’un bon artiste. I (130 } La place de M. Vauquelin était marquée de plein droit à l'Académie. Aussi y fut-il appelé à Ja restau- ration de 1803. Par la même justice il est entré dans la première composition du conseil des bâtimens civils -de ce département; et ce qui prouve mieux encore ses titres à la confiance et à l'estime générale, c'est qu'il fut nommé, par ses pairs, président de la chambre des experts, qu'il dirigea avec honneur jusques à ses derniers momens, el avec une intégrité ferme , dont l’auteur de cette Notice s’est trouvé plus d’une fois à poriée de rendre un parfait témoignage. M. Vauquelin fut un artiste d'un esprit cultivé, très-conciliant, de mœurs simples et douces, uniforme dans sa conduite comme dans ses opinions qui furent toujours louables et modérées en politique, saines et conslantes dans la religion de ses pères, d'un commerce facile et sûr, sans intrigues, peul-êlre au détriment de sa fortune, mais à la louange de son caractère, À le voir, c'était un bon homme; à l'entendre, on s’apercevait bien- tôt qu'il était très-instruit, Parlant des monumens de la terre classique-des arts, comme s'il eût eu devant Jui les chefs-d’œuvres d'Athènes, de Rome et de Florence, qu'il regretia toujours de n’avoir étudiés que dans son cabinet. Victime d’une révolution subite, il a quitté sa dépouille mortelle dans la soixante-quinzième année d'une vie toujours occupée, mais toujours paisible , laissant à l'Académie plusieurs mémoires solidement penses et bien écrits sur les différents genres d'architecture, et, avec le regret de sa perte, l'embarras d’un choix capable de l’adoucir. (155) AAA AAA AAA AAA AAA OUVRAGES Dont l Académie a délibéré l'impression en entier dans ses Actes. NOTICE SUR ARQUES, pAR M. Auc. LEPrrÉvOsT. Icre PARTIE. Après la destruction de tant de monumens , après la perte de tant de traditions , les enfans de la vieille Neus- trie ne sauraient trop se hâter de rassembler les souve- airs épars qui se rallachent encore à quelque point de son territoire, à quelqu'époque de ses annales. Au milieu de l’'abondante moisson de faits, de noms et de dates qui at- tendent ces soins conservateurs , qu'il nous soit permis au jourd'huï, imitant ce barde rival d'Ossian, qui ne chantait que les morts, de consacrer nos soins à grouper autour d’un nom depuis long-tems effacé de la liste des cités tous les souvenirs qu'il a le droit de revendiquer dans nos an- nales du moyen age. Assez d’autres remonteront à l’origine des villes maintenant florissantes , des familles non étein- tes , des institutions encore existantes. Pour nous, plus em- pressés d’acquiller la dette de la patrie envers ceux qui n'ont laissé ni enfans ni successeurs pour prendre soin de leur mémoire, nous croyons ne pouvoir trop nous hâter de rappeler quelqu’attention , de reporter quelqu'intérêt , sur des murs restés chers à la gloire, quoique les généra= tions modernes aient négligé leur histoire et déserté leur enceinte, 11 ( 132 ) Non loin du rivage où Dieppe offre son port aux naviga- teurs, dans l'endroit où s’épanouil et se ramifie la riante vallée qui lui porte les eaux de trois rivières, s'élèvent en- core les débris de remparts naguères peuplés et formida- bles. Le voisinage d'un pont formant autrefois une com- municalion importante entre les deux plaines voisines , a fait donner à ces remparts et à la ville qu’ils protégeaient , son nom, Arcæ , dont on a fait Arques en ie transportant dans notre langue. Des circonstances semblables ont fait désigner de la même manière la ville du Pont-de-l'Arche par la plupart de nos historiens du moyen âge et donné lieu à de fréquentes méprises chez les modernes , surtout chez Valois et Toussaint Duplessis, dout il ne faut lire qu'avec beaucoup de réserve les passages relatifs à Arques. On ne sait point d'une manière précise à laquelle des gé- nérations qui nous ont précédés nous devons rapporter le premier bienfait de ces ponts jetés sur nos rivières et même sur nas fleuves, et dont quelque:-nns (ceux du Pont- &e-V'Arche et de Rouen), après les immenses perfechonne- mens qu'à éprouvés la science de l'ingénieur, étonnent en- core aujourd'hui les maîtres de l’art ; mais il est prouvé pour Ja plupart, et infiniment probable pour les autres, que lear existence remonte au moins jusqu'au Lo® siècle. Le pont d'Arques, par exemple , qui parait m'avoir pas seu- lement donné son nom à la ville voisine, mais encore en avoir déterminé l'établissement par la fréquentation de son passage, doit avoir exislé , comme nous en verrons d’ailleurs d’autres indices , antérieurement à ce siècle vers le milieu duquel nous trouvons la première mention du nom d’Arques et d'un poste militaire chargé d'en défendre Paccès. La ville et le château d'Arques sont situés sur le bord méridional de la fraîche et verdoyante vallée dont nous venons de parler, et près du confluent de trois rivières, sa— voir : l'Eaulne (Heldona, Helna , Olna), la Béthune , ou (133) rivière de Neufchâtel , plus anciennement appelée la Dieppe, nom qu'elle transmit à la ville bâtie à son em- bouchure vers la fin du rit siècle, et la rivière d'Arques , autrefois désignée sous le nom de Varenne ou Guarenne. Ce lieu, maintenant si déchu de son antique splendeur , fut pendant tout le moyen âge le principal boulevart de la Normandie du côté du nord, et la capitale du vaste et riche comté de Taloa (Tatogium, T'ellau), plus connu depuis sous le nom de comté d'Arques. On trouve des traces de son ancienne importance dans les routes encore connués sous le nom de chemins d’Arques que l’on rencontre sou- vent à de grandes distances de son territoire, et dans la juridiction de surveillance et de conservation que ses sei- gneurs exerçaient par toute la Normandie surles poids et mesures de nos ducs (1). La première mention d'Arques que nous trouvions dans l’histoire est le passage suivant de la chronique de Flodoard : « Année 944........ Le roi Louis part pour là Normandie avec Arnoul,, Herluin ét quelques évê- » ques de France et de Bourgogne. Arnoul ayant pré- » cédé le roi dans cette expédition, dissipa un corps » de Normands qui gardaient le passage d'Arques , et » en ouvrit l’accès au prince. » ( Qrosdam Nordman- y norum qui cuslodias observabant apud Arcas fudit , et tran- silum reoi preparavil. ) C'est dans les environs de la ville dArques (haud proeul ab oppido Arcarum ) qu'arrivèrent, quelques an- nées plus tard, les circonstances singulières et portant Fempreinte de la barbarie du siècle, qui firent entrer, (x) Voyez sur ce sujet un arrêt de 1558 , transcrit par Houärd , Anciennes lois des Français, NW, page 20. 3 \ C3) pour la première fois, la belle Gonnor dans le lit du duc Richard Er. « Le duc Richard, dit Guillaume de Jumiéges, » ayant entendu parler de la beauté de la femme d'un ©» de ses forestiers, demeurant non Join de la ville » d'Arques, dans le village qui s'appelle Equiqueville, » alla tout exprès y chasser pour vérifier jusqu'à quel » point élaient fondés les rapports qu'on lui avait faits » à ce sujet. Ayant reçu l'hospitalité dans la maison » du forestier, il fut charmé de la beauté de cette » femme qui s'appellait Sainfrie, et ordonna à son » hôle de l’amener le soir dans sa chambre. Le fores- » tier ayant fait part à Sainfrie d'un ordre qui l'afili- » geait si profondément, celle-ci, en femme bien avi- » sée, le consola par la promesse d'y faire entrer à » sa place sa sœur Gonnor , encore vierge et beaucoup » plus belle qu’elle même. Le duc, lorsqu'il se fut » aperçu de celte subslitulion , se réjouit de ce qu'elle » l'avait empêché de commettre un adulière. » (Wi- lelm. Gemet. ap. Duchesne, p. 311.) Au commencement du 11° siècle ( en 1024 } le duc Richard IL comprit le patronage de l’église d’Arques, la dîme et quelques autres droits sur son territoire, dans la charte de restitution des biens ayant autre- fois appartenu à l'abbaye de Si- Wardrille , circonstance qui recule au moins jusqu’au 9" siècle l'existence d'Arques; et celle disposition fut confirmée quatre ans après par son fils le duc Robert. ( Neustria pra, p. 915 et gx7.) Guillaume, frère de ce dernier, ayant recu de son neveu Guillaume-le-Conquérant , le comté de Talou en apanage , fit bâtir le château d'Arques au rapport unanime des historiens : « Areas castrum in pago tellau primus ‘statuit » dit la chronique de Fontenelle dont le témoignage est confirmé par ceux de Guillaume de (135 Jumiéges ( ap. Duchesne, p. 270), de Guillaume de Poitiers (ibid, p. 184) et de Robert Wace. Pur honur de sun parenté E pur aveir sa fcelté Li ad li dus en feu duné Arches e Taillou le cunté. Fist desus Arches une tur. Ce comte Guillaume: méconnut bientôt les bienfaits dw jeune duc, et poussa l'ingratitude au point de lui dis- puter la Normandie, sous le prétexte de l'illégitimité de sa naissance; mais, assiégé dans le château même qu'il venait de faire bâtir pour servir d'appui à sa re- bellion, il fut, après un long siége et de vaines ten- tatives de secours de la part du roi de France son al- lié (Henri Et), réduit à capituler et à aller avec sa femme finir ses jours dans l'exil et la misère, chez Eustache, comte de Boulogne. On trouve les détails de ce siége dans Guillaume de Jumiéges, Orderic Vital qui les met dans la bouche de Guillaume-le-Conquérant prêt à mourir, Cap. Duchesne, p. 657) Robert Wace, Guillaume de Poitiers et Guillaume de Malmesbary (HI). Ces deux derniers fout un triste tableau de la situation des as- siégés quand ils capitulèrent. « Comes arcensis fame ta- bidus et vix ossibus hœrens deditioni consensit. » Nous croyons devoir citer en nole ,. dans loule son étendue , le curieux passage où Robert Wace rend compte de la rebellion du comte Guillaume et du siége d'Arques (1). Nous trouvons vers la même époque le nom d'Arques, porlé par un personnage aulre que cet ingrat et malheue reux priace. C’est Goscelin d'Arques ( Gosceliaus de Ar= (1) Voyez la note à la lin de ce Mémoire. (136) chis, Ord. Vit. IIT), ou Goscelin le vicomte ( Gosce- dinus vicecomes) , fondateur des monastères de Saint- Amand de Rouen, et de la Trinité du Mont-Sainte- Catherine, près de la même ville. Les uns le disent vicomle d'Arques, les autres vicomte de Rouen; ce qu'il y a de certain, c’est qu’il donna à ces deux mo- nastères des propriétés situées dans le territoire et dans les environs d’Arques ; savoir : une forêt située entre la Varenne et la Scie, les terres cultivées y attenantes ; ses propriétés à Manéhouville , avec l'église et le moulin de celte paroisse ; des droits sur la pêcherie d'Arques , un gord (c'est ainsi que j'interprète le mot fsigardum ) sur la rivière de Dieppe ; enfin, à l'embouchure de cette même rivière, cinq salines et cinq masures produisant 5ooo harengs saurs de revenu annuel. ( Chartes de Jondation de Saint- Amand et de la Sainte-Trinité. ) Dans l’une de ces chartes , Goscelin reconnaît, à l’oc- casion de la donation de Malaunay, la suzeraineté d’un comte Guillaume , qu'il appelle son seigneur. On serait tenté de croire, au premier aperçu , qu'il veut parler de Guillaume d’Arques, mais il est certain que c'est, au contraire , du duc Guillaume. Nous devons remarquer à cette occasion que ce n’est qu’à la fin du XI: siècle que les ducs de Normandie ont cessé de prendre indifférem- mentles roms de dux, comes , marchio, consul, etc... , pour s’en tenir au premier. Notre plus ancien historien , Dudon de Saint-Quentin, accumule souvent tous ces ütres, en y joignant même la qualification bizarre de patritius almifluus. La généalogie de Goscelin le vicomte est assez - obscure ; il paraît néanmoins constant , par le rapport des noms et des propriétés , qu'il était frère on au moins parent d’un autre Guillaume d’Arques, petit-fils d'Os- berne de Boslebec ou Bolbec, et neveu de Gautier- Giflard , tige des Giffard d’Angleterre-et de Normandie. C137) Goscelin d'Arques n'eut d’autres enfans connus qu'une file, nommée Béatrix, qui embrassa avec sa mère la vie religieuse au couvent de Saint-Amand, de Rouen. Guillaume d'Arques, son frère, ou au moins son parent, qu'il faut se garder de confondre avec le comte Guillaume , n'eut pareillement qu'une fille, nommée Mathilde , qui porta les biens de la famille, et en par- ticulier la terre de Montville, près Rouen, dans la maison de Fancarville, par son mariage avec le cham- bellan Guillaume , premier du nom. C’est près d'Arques , à l'embouchure de la Dieppe, et sur l'emplacement où s’éleva bientôt la ville du même nom , que nous voyons Guillaume-le-Conquérant s'em- barquer, dans la nuit du 6 décembre 1067, pour retourner en Angleterre. (Ord. Vit., ap. Duchesnes pag. 509.) 1 est probable que c'est aux communications conti- nuelles qui s’établirent sous son règne entre la Normandie et l'Angleterre , que l’on doit létablissement d’une ville dans le lien qui offrait le trajet le plus court entre les deux capitales. En 1089, le duc Robert-Courte-Heuse donne Arques, Bures et autres lieux environnans à Hélie de St.-Saëns, en lui faisant épouser sa fille naturelle, et le chargeant de défendre le comté de Talou contre ses nombreux ennemis. Fidèle à son beau-père et à son beau-frère, le malheureux Hélie fut bientôt dépossédé de cette con- cession par le vainqueur, et passa dans l'exil et les déplaïsirs de toute espèce le reste d’une vie digne d’un meilleur sort. (Ord. Vit., ap. Duchesne , p. 681 et 821.) Le même historien place Arques au nombre des villes de première importance dont le roi Henri i‘' eut soin de s’assurer par des garnisons fortes et dévouées. ( Id. ibid. , p.851.) Baudouin , comte de Flandres, irrité de ce qu'on ne mettait pas Guillaume Cliton , fils du duc Robert, en (138 ) possession de la Normandie , vint en 1118 ravager les campagnes du Talon jusqu'à Arques, sans que le roi Heuri s'opposât à ses dévastations. ( Id. ibid., p. 843.) Si l’on en croit Guillaume de Malmesbury , ce fut en cherchant à s'emparer d'Arques qu'il reçut la contusion dont les suites, aggravées par le défaut de régime, le con- duisirent au tombeau. « Causam ferunt morbi augmentati quod eû die aliium cum auca præsumpserit nec nocte Venere abstinuerit. » (Will Malmesb. ann. 1118.) C'est à Arques que le roi Henri L°' renferma l’année sui- vante Otmond où Osmond de Chaumont , fait prisonnier à la bataille de Noyon sur-Andelle, et que les rigueurs de la captivité la plus dure furent le juste salaire de sa perfidie. (Ord. Vit. ap., Duvhesne , p. 455.) En 1151, le roi de France Louis-le-Jeune étant entré en Normandie avec Eustache , fils du roi Etienne, s’avança jus- ques sous les murs da château d'Arques au secours duquel accourut Henri LE (Rob. de Monte, ap. Duchesne, p. 924.) Ea 1173, le roi Henri-le-Jeune, révolté contre son père, s'empare de Gournay, Drincourt ‘Neufchâtel), Aumale, et vient jusqu'à Arques. Masseville annonce même qu'il prit celte dernière place , mais je n'ai trouvé aucune autorité contemporaine qui confrmât son .asserlion. Matthieu, comie de Boulogne , et le comte de Flandres l'accompa- gnaient dans cette expédition ; et, suivant Raoul de Diceto, c'est en se rendant à Arques que le premier reçut le 25 juillet la blessure dont il mourut. Robert du Mont indique Arques comme l’une des pla- ces les plus importantes dont le roi Henri IT fit réparer et augmenter les fortifications. « Turre et mœnibus mirabiliter Jirmavit. » Ce sont probablement ces constructions d'Henri IT, plutôt que celles du comte Guillaume dont nous voyons aujourd hui les ruines. Par un arrangement entre Philippe-Auguste et les minis- ires de Richard, munis de ses pleins pouvoirs, au TR RS (139) mois de janvier 11093, Arques et Drienrourt ( Neuf- châtel) durent être mis en dépôt entre les mains de l'archevêque de Reims; mais ils furent au’contraire livrés à Philippe, qui les remit à,son allié, Jean-sans- Terre. ( Roger de Hoveden, ap. hist. de Fr.) Il paraît que Jean-sans-Terre ne garda ces forte- resses que quelques mois; car dès 1195 nous voyons ÂArques figurer dans la dot de la princesse Alix de France, (Hist. des gr. offic. W1., p. 3o2.), mariée celie année , puis Je roi Richard en faire le siége. Mais le roi de France, arrivant à l'improviste avec six cents hommes de troupes choisies , fit lever ce siége , alla ravager et incendier la nouvelle ville, déjà floris- sante, de Dieppe, en emporta les dépouilles et en emmena les habitans captifs. ( Rigord, de gest. Philipp., ap. hist. de Fr. xvix, p. 42.) Inde cremando domos, predando rura caletam, Tntrat et ossessis Richardum submovet Archrs. (TWWlelm. Armoric. Philipid. AN, v. 503 — Id. ap. hist. de Fr. xx3x, p..72. ) Les expressions contenues dans son récit en prose « portum famosissimum et urbem opulentissimam » ne peuvent être prises à la lettre, qu’en supposant. qu’un siècle d'existence avait suffi à la ville de Dieppe pour s'élever à un hant degré de prospérité. Ce n'est qu'en vertu de la paix de 1196 qu'Arques fut rendu à Richard, après la St-Hilaire. ( Roger re Hoveden. Rigord, ap. hist. de Fr., xvxr, p. 44.) En 1202, Philippe était occupé à faire le siége d'Ar- ques , lorsque la nouvelle de la défaite et de la prise du jeune Artur le rappela précipitamment en Touraine. ( Rigord , ibid., Willelm. Armoric. chronig. de St-Denis. —Matth. Paris.) Ci40) Ce dernier historien fournit des détails curieux sur les moyens d'attaque et de défense employés dans cette circonsiance. « Le roi de France avec une armée nom- breuse se porta sur la four d'Arques et en investit l’en- ceinte. Ayant donc disposé circulairement ses machines autour de la place, il battit en brèche ses murailles. au moyen de pierriers et de balistes, Les assiégés de leur côté, résistant avec courage, s’efforcèrent d’écar- ter l'ennemi par une pluie de pierres et de traits ». Arques et Verneuil furent les deux derniers chà- teaux qui se rendirent à Philippe-Augusté, lors de la conquête définitive de la Normandie (x) : « Il n’i demo- (1) Nous placerons ici les délails que la Chronique de Nor- mandie nous fournit sur la prise d’Arques par Philippe-Auguste, n'ayant pas assez de garanties de leur authenticité pour les insérer dans notre texte. «I laissa pour garder la ville de Rouen, Pierre de Preaux , » et Vernon, à Guillaume de Preaux, et le château d’Arques, à » Guillaume d'Arques, et Guillaume, connestable. Lequel connes- » table fut assiégé du Roi de France, et y fut le siége un an et ® trois moys: lequel connestable ponr famine qu'il eut ne voulut » rendre la place, et jura qu'il n’en partiroit sil n’estoit mort » ou prins par force, ou qu'il n’en yssist les pieds devant. Et » ainsi que ledit capitaine se dormoit une foys, ses gens rendirent » Je chasteau et y mirent les Francoys. Quant il s’esueilla et ouyt » Je bruit, il saillit sus et print ses armes et se ferit tout senl » parmi ses ennemis, et en occit plus de trente, tellement que » nul n’osait approcher de luy. Et quand il fut dit au Roy, si »* commanda qu'il fut abattu à terre et qu’on le gardat vif. Le Roy L4 Philippe luy donna estre capitaine du chasteau , sa vie durant, parce qu'il fist serment au Roy de France. » { ( Hist.et Cron. de Normandie, édit. de M. Lemesgissier , p. 160, verso. ) Ci) » roit mais a conquerit fors la cité de Rouan qui est » ciiez noble et riche et chiés de tote Normandie, » Si esloit garnie de bone gent et de nobles homes; » et dui chastiaux tant seulement , Arches et Verneul, » qui moult estoient noble et fort, et de siége et de » muraille et de si grant garnison de bons defendeors. » (€ Chron. de St-Denis.) Ë Aussi voyons-nous, dans la capitulation de Rouen, un arlicle particulier pour ces deux forteresses : «. Quand à Verneuil et à Arques il est stipule les con- rdtiond aivantessmn dus and alta ah mhamads » de même si la garnison d'Arques veut venir dans la » paix du seigneur roi, le Roi leur accordera la même » trève qu'il nous à accordée. » À partir de cette époque , Arques cesse d’occuper une place distinguée dans les annales de notre pro- vince. Son nom, si familier aux historiens des rois Normands et des Piantagenets ; semble disparaître avec la domination de ses fondateurs, et serait envain cherché dans le court récit des longs jours de paix dont la Nor- mandie jouit sous le règne de St-Louis et de ses successeurs immédiats. Ce n’est qu'après un siècle et demi que nous le voyons mentionné, de nouveau , dans la liste des châteanx qui devaient être livrés aux an- glais en 1359, en veriu du traité de Brétigny. Nous savons encore qu'Arques fut pris, en 1419 , par Tal- bot et Warwick, puis rendu à Charles VIL par Fun des articles de la capitulation de Rouen, en 1449; mais l'introduction des armes à feu, et la prospérité toujours croissante d’une cité rivale et voisine, avaient porlé un coup mortel à sa splendeur et à sa puis- sance. Néanmoins, les jours de sa gloire n'étaient pas tous écoulés; il était, au contraire, réservé au plus chevaleresque des rois de l’histoire moderne , d’entou- rer les ruines de la capitale du Talou, de plus d'il- Cak2) | lustration que jamais les guerriers du moyen âge n'en avaient aliaché à ses remparts. C’est dans l'enceinte du château d'Arques que Partillerie d'Henri EV était placée, lorsqu'elle décida du sort de la bataille à la- quelle cette ville a donné son nom, et qu'une victoire, comparable aux plus merveilleux faits d'armes des siècles passés couronna la plus juste des causes : « Commeles choses estoient en ce désespoir, le brouil- » lard qui avait été fort grand tout le matin, s’abaissa tout- » à-coup, et le canon du chasteau d’Arques descouvrant » l'armée des ennemis, il en fut tiré une volée de 4 pièces, » qui fit 4 belles rues dans leurs escadrons et bataillons , » cela les arrêta tout court, et enfin 3 ou 4 volées suivantes » qui faisaient de merveilleux effets, les firent desordonner » et peu après se retirer du tout derrière le tournant » du vallon , à couvert des coups de canon , et finalement » en leurs quartiers. » ( (ŒEconom. royal. ; p. 70.) Ce sont des souvenirs d’un si haut et si récent intérêt, el le charme des aspects de la vallée, qui amènent le voya- geur à Arques, plus que la belle conservation de ses ruines ou les faits qu'elles peuvent fournir à l'histoire des arts du moyen âge. Dépouillées de leurs revêlemens , ces ruines , dont nous nous proposons de vous présenter le tableau dans un second mémoire , n’offrent plus de caractères précis et ne sauraient être mises en comparaison avec les magnifiques châteaux d'Andelys et de Gisors. Cependant l'œil aime à contempler ces énormes mouvemens de terre qui ont dà fatiguer les bras de plusieurs générations , au- jourd’hui que de vertes pelouses en ont recouvert la sur- face , et que la douce et modeste fleur du Parnasse ( Par- nassia palustris) vient les décorer tous les ans. Delà il em- brasse tout le cours de cette spacieuse et riante vallée arrosée par de belles eaux , encadrée entre des collines mollement inclinées, puis terminée à l’horison par la ville de Dieppe et la vaste mer. L’imagination se plaît à (143) y rappeler les guerriers du moyen âge avec leurs armures de fer, leurs redoutables glaives et leurs boucliers bi- ; $ garrés; mais ce sont sur-tout les souvenirs de la bataille d’Arques qui prêtent à ce paysage un charme inexpri- mable. Les regards se portent sans cesse vers celte ferme de Saint-Etienne , qui soutint si long-tems le choc des 1 ] Le] . troupes de Mayenne, décuples en nombre et favorisées par l'avantage du terrain; vers ce côtean de Martin- Eglise, où l'artillerie de Henri IV, servie, avec une o ? ? ? précision bien extraordinaire à cette époque et à cette dis- tance, vint, à la chute du brouillard, porter le désordre et la mort dans leurs rangs ; enfin vers celte longue et étroite ligne de bataille d'Archelles où lon croit voir a > encore flotter le panache du Béarnais. (144) NOTE annoncée page 135. Willame de Arches fu malt fier E bun et hardi chevalier ; Frere l’arceveske Maugier Ki mult l’amout è teneit chier. Frere fu Robert d’une part, Filz de Papie è de Richart, Uncie Willèame le hastart, Ki maint engin sout è maint art, Ki Klamout dreit en l’eritage Pur ke il esteit nez de Muillier, Demenout-il al duc Dangier. Pur honur de sun parenté Et pur aveir sa feelté Li ad li dus en fieu duné Arches è Taillou le cunté; E il le reçu, si huem devint, Feelté fist, mais poi la tint. Pur Dangier fere à sun seignur La tur fu fete al pié del munt; De plusurs parz out val parfunt. Pur ceo ke boen chastel aveit, E ke despuse nez esteit, E pur ceo ke li reis diseit Ke à sun busuing le succurreit, Dist Willeame ke il le tendreit, Jamais li dus ne servireit ; Normendie à grant tort teneit, Bastart esteit, n’i aveit dret. Li ducs ert de mult grant poeir E ja esteit de grant saveir. N'est mie povre ki sens a; À Willame de Arches manda Ke à li venist à il servist. E Willeame fust escunduit ; EI Cx45) Fl rei de France se afa E li bastard cuntralia. Par la terre prist robe à preie; Ne li est gaires ki kel veie, Sa tur à sun chastel garni, Mais li ducs gaires nel sofri. S’emprès tuit li parlement De tutes parz manda sa gent. De fosses à de Hericun. s E de pel fist un chasteillun El pie del tertre en la vallée Ki garda tute la cuntrée; Ne pristrent puis cels del chastel Ne bues, ne vache, ne vel. Li dus tel chastelet i fist, Tant chevaliers è tel i mist, Ki bien le porreint defendre, Ke reis ne quens ne porreit prendre. Le mielx de sa chevalerie 1 mist de tute Normandie. Li dus s’en est parti à tant, Ses busuignes aillurs querant. Ne pot mie estre al rei celé Ke li dus out chastel fermé, E Kil faseit la tur garder, Ke Vitaille n’i pout entrer. Grant chevalerie asemla, Cuurei è armes purchaça; La tur d’Arches voleit garnir; Kar le blé lur deveit faillir. Ja ert li rei à Saint-Albin ( Saint-Aubin-le-Cauf. ) Âsez portout à blé è vin; La les fist li reis arester, E lur garnisun aprester, Sumiers ki lur harncis portassent E chevaliers kil conveiassent. (146) Cil del chastel oirenti tost La garnisun è le grant ost, Ki à Saint-Albin atendcient E le chastel garnir deveient. Partie prirent des Normanz Des forz è des mielx cumbatanz; Si frent un embuschement Vers Saint Albin celeement ; Puis pristrent un altre partie, : La gent li rei unt esturmie, Puis se retraïstrent veisdiant, Cum se il alassent fuiant. Quant il orent passé l’aguait Que de lor gent aveient fait, A cels ki alouent chassant E kils alouent lei-dissant , Suut emmi le vis tresturné E Frauceiz sunt à els medlé, E cils de l’aguait desbuchièrent, Sus cels de France chevalchierent. Franceis furent mult enginié Ki del ost furent esmingmé E Normant forment les surpristrent ; Asez en pristrent à ocistrent. Hue bardous fu s'emprès pris E li quens d’Abevile ocis, Ke l'en apelout Enguerran; Mult à oxent tuit grant haan. Mult fu dolenz li reis de France, Mult ont grant duel è grant pesance Des chevaliers ki euspris fureut E des barunz ki ässi morurent. Li sumiers fist apareillier, La garnisun prendre è chargier, A la tur d'Arches feist porter; Il meisme fu al mener, + Cx47) Puiz repaira à Sainct Denis, A grant hunte, ceo m'est avis. Pur les bois & pur les rivieres Ki en la terre sunt Planieres E pur altres plusurs busuignes | Sejurna li dues à Valnigues, Quant un messagier vint errant, . A grant anguisse eSperunant : Vus fussiez mielx, dist-il > aillurs; Mestier unt de vostre sucurs Cil ki deivent garder vos marches, Kar vostre uncle Willame de Arches Par serement à par fiance S’est pris al rei Menris de France ; Li reis li deit Arches garnir, E Willame l'en deit servir. N'atendi mie li dus tant Ke li varlet parlast avant. Ne ke li eust sun dist find. Sun bon cheval à demandé. Or verrai, dist-il, ki vendra E or verrai ki me swira. Ne fist altre apareillement ; Les veez passa delivrement, Baicues passa & Chaem, Semblant list d'aler à Roem. Quant il vint al Punt-Audumer , À Chaudebec ala passer ; De Chaudebec as Bans le Cunte. Ke vus lunges paroles munte ? Tant à li dus puint et hasté, Tant suvent cheval remué, Ke à Arches vint à sa gent. "Ne pont de cels humes truver Kil à Valuigues fist munter. Tute sa gent s'en merveilla (148) Ke de si luing sitost vint L; Nuls ne s'en pot à li tenir Ne nuls ne pot à li venir De cels ki a Valuignes furent E de Valuignes od li s’esmurent. Lier fu li dus del adventure E de la grant desconfture , Ki des Franceis fu advenue, £ lur gent ki fut retenue. WVillame de Arches lungement Garda la terre è tint forment; E plus lungement la tenist, Se viande ne li fausist. Mais pur viande ki failli, Terre è chastel à tur guerpi. AI duc Willame tut rendi E al rei de France s’enfui. Rogert WVACE. W. 8611 —— 8770. Nous devons cette citation à l'obligation de notre ami, M. Pluquet, de Bayeux, membre de la Société royale des antiquaires de France , qui possède le M S de Wace, le plus complet et le plus correct qui existe. A défaut d’une publication complète de ce MS , qui eût pu seule remplir entièrement les désirs des amis de notre histoire et de notre ancienne poésie, nous nous ‘félicitons de pouvoir au moins annoncer une très-pro- chaine édition de morceaux choisis des poëmes histo- riques de Wace, extraits par M. Pluquet, et précédés d'une Notice sur la vie et les ouvrages de l’auteur. s (149) LL: 1::10:2) L'ARBUSTE ET LA CLÉMATITE. ELÉGIE. LonsQuE par un beau jour je plantai l’Arbrisseau Dont je révais les fleurs d'avance, Je lui dis : crois sur les bords du ruisseau, Pour parer de tes dons l'amour et l'innocence ; Défends-toi des cruels hivers , Des vapeurs qu'apportent les airs , De l’aquilon et de l'orage ; De l’insecte obscur et rongeur ; De l’insensible voyageur Qui brise en passant ton feuillage ; Défends-toi, même des agneaux, ( Hélas ! leurs dents sont meurtrières ). Crains le lierre aux verts anneaux, Et jusqu'aux rameaux de tes frères. Que de dangers ! Il les évitait tous ! Un seul qu'avait oublié ma prudence, Vient d'arrêter son existence , Et nous ravit les trésors les plus doux. A ses côtés, dans les gazons cachée, La jeune Clématite, aux anneaux embaumés , Se glisse et tout-à-coup à lui s’est attachée ; Elançant ses nœuds parfumés , Rapide , elle atteint le feuillage , L'écorce , les boutons, les fleurs, Flétrissant tout sur son passage. L'arbuste s'abandonne à de si doux malhears , K's ( 150 ) Il frémit de plaisir, courbe sa jeune tête , Languit, souffre , bénit son sort, . Dans des parfums reçoit la mort, Et sa mort lui semble une fête } Je le cherchai, d'une tremblante main Je soulevai la guirlande fleurie , Il n'était phis, la sève était tarie ; En le pleurant j’enviai son destin. O la plus tendre des maîtresses 2 Je veux ainsi t'abandonner mes jours « 4 è Et sentir s'arrêter leurs cours Dans tes bras et sous tes caresses ! Pan M. Gurrneurr. (as) AAA AA AA A AA MES ADIEUX. J'Ar chanté mes quatre-vingts ans; J'étais jeune encore à cet âge ! J'avais encor des goûts, des désirs et des sens; Quelques fleurs se montraient par fois sur mon passage : Je croyais au bonheur ; c'était presqu’en jouir. Ce beau rêve est passé pour ne plus revenir. Quelques instans de plus, et ma tâche est finie..... Dicu ne nous donne point, il nous prête la vie, Et quand il la réclame , il lui faut obéir. J'ai voyagé long-tems , bien long-tenfs sur la terre , Où tout est pour le sage et merveille et mystère ; Sur ce globe pesant, dans les airs entraîné, Par d’invisibles mains sagement gouverné , Si grand à nos regards, si petit dans l'espace , Où l’homme fièrement prend la première place, Lui dont toute la vie, en proie aux préjugés, Est de quelques momens plus ou moins prolongés ? Tout y semble soumis à la loi des contraires : Mais, que dis-je? à des lois justes et nécessaires. L'homme dort, épuisé par de trop longs efforts ; Le sommeil bienfaisant ranime ses ressorts. La fleur naît et périt, pour reparaître encore. Après la sombre nuit, vient la brillante aurore. Les autans en fureur ont soulevé les flots : Iris vient annoncer le calme et le repos. La neige, les frimas attristent la nature : Le printems la ranime êt lui rend sa parure. À d’immuables lois tout est assujéti. f Tout périt à nos yeux, rien n’est anéanti. K 4 Czrb2) Adieu, riant séjour de ma paisible enfance Adieu, tems forluné de joie et d'espérance ? Adieu, jardins fleuris! Adieu, gazons charmans, Bien plus charmans encore à l’âge de vingt ans ? Adieu, doux entretiens, sage philosophie, Qui, contre les chagrins, fléaux de notre vie, Nous offrez constamment un obligeant appni , Et chassez loin de nous le redoutable ennui ! Adieu, mes bons amis, et mes honnes amies, Vous, chez qui les vertus aux grâces sont unies , À la pure amitié bornant tous vos désirs, Partagez mes douleurs et doublez mes plaisirs ! Adieu, chers favoris de la docte Uranie, À d’utiles travaux consaérant votre vie. Le savoir et la paix habitent parmi vous. Pourquoi faut-il quitter un commerce aussi doux ? Adieu, doux souvenirs! Adieu, tout ce que j'aime À Il faut nous séparer , telle est la loi suprème. Le moment du repos est enfin arrivé. Vers de plus grands objets je me sens élevé : De ses liens mortels bientôt débarrassée , Jusques à l'Eternel s’élance ma pensée. Espoir consolateur ! soutien de mes vieux ans, O le plus grands des biens ! à tes enchantemens Mon ame s’abandonne. Un Dieu clément m'appelle ; Je cède, sans effort, à sa voix paternelle. , Dans quelques jours. demain... s’il le faut aujourd’hui... J'obéis, et mon cœur est déjà près de lui!!! Par M. »'Onnay, Doyen des Académiciens, âgé de 95 ans. LA L4:h5::5:h5,:5::%:h352)] LE RENARD, LE CORBEAU ET LE CHIEN. FABLE. Ux jeune Renard, un matin, Avait dans la forêt fait une grande lieue Sans avoir, hélas ! d’un lapin Entrevu seulement la queue. Fatigué de sa course et loin de son terrier, Il s’endormit à jeun au pied d’un coudrier. Un Corbeau qui rôdait en cette solitude Lui trouva d’un défunt la mine et l’attitude , Et des grifles déjà s’escrimait sur sa peau, , Quatd le dormeur s’éveille , et, d’une dent vorace, En un instant croque l'Oiseau, Bien qu’il fût vieux et coriace. « Oui-dà! s’écria le Renard, » J'aime fort le gibier qu'on prend sans le poursuivre , » Et mourrai dès demain pour trouver de quoi vivre. » Voyez-vous d'ici le pendard, Dans l'espoir d'obtenir mieux encor que la veille, Etudier son rôle et le rendre à merveille ? J1 le rendit trop bien... Tandis que sur le dos Couché près d’un rustique enclos , L'oreille au guet, l'œil fixe et le corps immobile, Il attend, les pattes en l'air, Qu'il s'offre un quadrupède ou bien un volatile , Aussi rapide que l'éclair , Un Chien, qui le guettait, s'élance , Et l’étrangle sans résistance. min Ca54) Ce Renard, comme on voit, n'avait pas tout appris , Puisqu'il lui restait à comprendre | Que ceux qui cherchent à surprendre Doivent songer encore à n'être pas surpris. | Par M. Le Faceur pres Guerrots. l | TABLE DES MATIÈRES. AAA AAAAAAAAAANAS D 1scours d’Ouverture; par M. le Baron Chapais de Marivaux , Président , Li SCIENCES ET ARTS. Rapport fait par M. Marquis, Secrétaire perpétuel de la classe , 12 Ouvrages annoncés on analysés dans ce Rapport. d Paysique Er MATHÉMATIQUES. Solution de deux problémes de Mécanique rationnelle ; par M. Cazalis, et rapport par M. Meaume, 12 Plan d'un cours de mécanique appliquée aux arts ; par M. Lévy, 13 Manuel chronométrique ; par M. Antide Janvier, et Rap- port par M. Destigny , ibid. Des révolutions des corps célestes, par le mécanisme des rouages ; par M. Antide Janvier, e{ rapport par M. Destigny , ibid. Mémoire ayant pour titre : L'Existence du principe des réfrangibilités diverses de la lumière et des couleurs est- elle réelle ? et ce principe peut-il s'accorder avec notre organisation visuelle ? par M. Bourgeois, peintre, et rapport par M. le docteur Leprévost, 14 (1:56) Exposition du principe fondamental d’une nouvelle theorie de la peinture ; par M. Lehot, et rapport par M. Des- camps , 15 Quelques idées nouvelles sur l'art d'employer l'eau comme moleur des roues hydrauliques; par M. Lhuillier, et rapport par M. Lévy, ibid. De l'Art du fontenier-sondeur et des puits artésiens ; par M. Garnier , et rapport par M. Maliet, 16 Travaux de l'Académie du Gard, et comple rendu par M. Cazalis, ibid. ‘Annales de la Societé royale des Sciences , Belles-Lettres et Arts d'Orléans, et rapport par MM. Lezurier de la Martel et Lepasquier , ibid. Bullelin de la Svcièté de géographie, et rapport par M. Delaquérière, 1 Opuscules de physique et de médecine, par M. Dutertre, et rapport par M. Meaume, ibid. Discours de réception de M. Lévy, 16. — Reponse de M. le Président, 18 — de M. Cazalis , 18. — Réponse de M. le Président, 19 Recueil d'observations sur divers travaux de construction ; par M. Boistard, et rapport par M. Meaume, 19 Can. Cours élémentaire de teinture, etc.; par M. Vitalis, et rapport par M. Pavie, 20 Notice sur divers oxides , et sur deux pièces métalliques formées par l'effet de l'incendie de la pyramide de la Cathédrale de Rouen, le 15 septembre 1822; par M. Dubuc, 2x Bulletin de la Societé d'agriculture, sciences el arts du dé- _ partement de l'Eure, et rapport par M. Dubuc, ibid. HISTOIRE NATURELLE. Description des Lichenées; par M. Le Turquier, 21 Nouvelles observations sur la cause de la PT. des huîtres, et sur les animalcules qui servent à leur nour- riture; par M. Gaillon, 22 Notice sur des courtillières ou taupes- grillons; par M. Dupuiel, 23 Notice sur des aras bleus nés en France; par M. La- mouroux , et rapport par M. Le Prévôt, vétérinaire , 24 Notice sur la vie et les ouvrages de Linné ; une autre sur Galien et ses opinions philosophiques et médicales ; par M. Marquis, ibid. MÉDECINE. Essai sur Les fièvres adynamiques et artaxiques ; par M. Montfalcon , et rapport par M. Hellis, 24. Compte rendu des travaux de la Société de Médecine de Bordeaux , et rapport par M. Godefroy , ibid. Rapport fait à la méme Societé sur les prétendues petites véroles survenues chez des individus qui avaient eu la vraie vaccine; et compte rendu par M. Godefroy, 25 Essai sur les eaux minérales de Saint-Galmier; par M. Ladevèze, et analyse par M. Godefroy , ibid. Observations sur les heureux effets obtenus de l'usage de l'eau froide et pure, tant dans l'état 'de santé que dans celui de maladie ; par M. Denis, 25 Notice sur les observations médicales de NL. le docteur Bigeon , de Dinan , ibid. Traduction de l' Anatomie du cerveau , de Tiédeman; par M. le docteur Jourdan , ibid; ( 158 ) Notice sur Hippocrate et ses écrits ; par le méme , 25 Notice sur les cures merveilleuses allribuées au prince de Hobenlohe ; par le méme , ibid. Bulletide la Societé de Médecine du département de l'Eure , et rapport par M. Gosseaume , 26 Panégyrique d'Hippucrate ; par BI. Des-Alleurs fils, et rapport par M. Vigné, . ibid. Discours de réception de M. Des-Alleurs fils, 26— Reponse de M. le President, 27 MÉDECINE VETÉRINAIRF, Traité de la Clavelée ; par M. Hutrel-d’Arboval , et rapport par M. Le Prevôt, vétérinaire , 27 Procédé de M. Nairacy pour préserver les bêtes à laine- du tournis, par lu caultérisation , et rapport par 11. Le Prevôt, métérinaire , ibid. Bulletin de la Soit d'agriculture des Pyrénées orientales , el rapport par M. Le Prévôt, petérinaire, 27 AGRICULTURE — ÉCONOMIE. Analyse d'un engrais ou stimulus vésétatif nouvellement à pc te 5 essayé aux envrons de Rouen par MM. Pouchet- Belmare e/ Delaquesnerie; par M. Dubuc, 28 “Aperçu sur l'application d'une nouvelle roue oblique ; par M, Leorier, 29 Essai sur les irrigalions ; par le même, ibid, Mérnoire sur la nutrition des plantes’ et la coupe préma- turée des blés; par M. Féburier, et rapport par M. Le Turquier, 30 Mémoires de la Soriñlé d'agriculture de Seïne-et-Oise, et rapport par M. Le Turquier, ibid. \ # (159 ) Mémoires adressés à L Académie par M. ‘Thouin, dont un contenant la descriplion de trois nouvelles espères de greffes, et rapport par M. Levieux , 30 Recueils des Sociétés d agriculture des départemens de l'Eure, de l'Ain, d’Indre-et-Loire, de Tarn-et-Garonne, de Tours, de Besançon, et de Saint-Elienne, et rapports par MAT. Meaume, Dubuc, Le Prévôt et Levieux, 3x Prix propuse pour 1824 , 32 NOTICE NÉCROLOGIQUE sur M. Lecarpentier, peintre ; par M. Marquis, 33 Memoires dont l'Académie a délibéré l'impression en enlier. Memoire contenant la solution # un probléme SA mécanique ; par M. Caalis, 39 Programme d'un cours de mécanique appliquée aux arts ; par M. Lévy, 56 Notices sur divers oxides et sur deux pièces métalliques formées par l'effet de l'incendie du clocher de la Ca- thédrale de Rouen, arrivé le 15 septembre 1822; par M. Dubuc, 80 . BELLES-LETTRES ET ARTS. Rapport fait par M. Bignon, Secrétaire-perpetuel, 88 Ouvrages annoncés ou analysés dans ce rapport. CoORRESPONDANCE. L Histoire de l’Académie des jeux floraux , 88 Poëme sur la nécessité d'abolir La peine de mort; par M. Valant, 89 ( 160 ) Dissertation contre la traite des nègres; par M, le duc de Broglie, ce 89 Coup d'œil sur le commerce des Noirs, par la Societé de da Morale Chrétienne, ibid. Chambord, cantate; par M. Ernest de Blosville, ibid. Mémoire sur les monumens du territoire de Brou, ibid. Ouvrage concernant l'incendie de la Cathédrale ; par M. Langlois, ibid. Olympias , tragedie ; par M. Saussai, 90 Plusieurs livraisons des classiques latins, ibid- MEMBRES NON RÉSIDANS. Poésies diverses ; par M. Mollevaud, et rapport par M. Dupuitel, ibid. Mission à Paris; par D. Boyeldieu , et rapport par M. Duputel, ibid. Tableau de village; par M. Boinvilliers, ibid. Adieux et regrets de M. de Fontanes; par le méme, 9x Tidor et Zoréda ; par M. Boucharlat, ibid. Gelanor et Isna ; par le méme, ibid. Eloge de Lesage ; par M. Patin, ibid. Leçons de littérature et de morale; par M. André Le- Monnier, et rapport par M. Licquet, ibid. Voyage en Bosnie; par M. Chaumette - Desfossés , et rapport par DM. Aug. Leprevost, ibid. Antiquités de Sainte- Marguerite, près Dieppe; par M. Sollicoffe , CL Mémoire relatif aux peuples appelés Essui par César ; par M. Estancelin, 92 MEMBRES ( 16: } MEMBRES RÉSIDANS. Discours prononcé par M. le baron Chapais de Marivaux, lors de son entrée en exercice de la présidence , 93 Antiquités de Saint- André-sur-Cailly , et rapport par M. Lévy, ibid. Portraits de M. Descamps père et de M. de Cideville ; par M. Descamps, ibid. Rapport de M. Licquet, sur les Œuvres de M. Maillet Lacoste, ibid. Notice biographique sur Maurice Havet; par M. Mar- quis , 94. Considérations sur le style et sur la manière d'arriver à l'effet dans Part d'écrire ; par M. Marquis, ibid. L’Arèrisseau, Elégie ; par M. Guttivguer, 95 Nadir ou Lettres orientales | roman ; par le méme, ibid. Recueil d'Elégies ; par M. Vigné, ibid. Traité de Philosophie scolastique ; par M. Fontanier, ibid. Notice sur Arques ; par M. Aug, Leprevost , 96 Mémoire sur l’Incendie de la Cathédrale ; par M. Dela- quérière , ibid. Doutes sur la partie historique de l'hôtel du Bourgtheroulde , contenue dans la Description des maïsons de Rouen les plus remarquables ; par M. Bignon, 97 Table générale des Mémoires de l'Académie; par M. Periaux, 99 Discours de réception de M. Houel; 99. — Réponse de M. le Président , 100 Discours de réception de M. le chevalier Le Pasquier, 100. — Réponse de M. le Président , 104 L ( 162 } Academiciens décèdes; note relative à M. Sayvoye- Rollin, 102 Harmonie des Anges; par M. Guttinguer, 103 Mes adieux ; par M. D'Ornay, ibid. Coxcours. Rapport sur les mémoires qui ont concouru pour le prix extraordinaire ; par M. Licquet, ; 104. Prix décerné, 11H Prix propose pour 1824, 112 Norice BIOGRAPHIQUE sur M. François de Pierre de Bernis; par M. Licquet, 114 — NÉCROLOGIQUE sur M. Ricard, inspecteur des eaux et forêts; par M. Blanche, 122 — BIOGRAPHIQUE sur M. Vauquelin, archilecte; par M. Bignon, ” 129 Ouvrages dont l’Académie a délibéré l'impression en s P entier dans ses actes. Notice sur Arques; par M. Aug. Leprevost, 1°'° partie, 13x L’Arbuste et la Clématite, Elégie ; par M. Gutünguer, 149 ; Mes adieux ; par M. D'Ornay, 151 Le Kenard, le Corbeau et le Chien, fable ; par M. Le- filleul des Guerrots, 153 à j # 3 a > +. ff FS € | OMR tee FINIHE LA T ABLE. fers F FEYVÜYTY Pc F5 = +. < ES ce € LC VV” RACE Le AA LARRR AE SAVE SEVEN TTC re ww y y y, LUTTE V LE ge HUE AA prete VON ANUS ce NM MANS MATE de M ” s | “v LOUE MVUYL VU UV U N DAUAEEES MA 4 TN. a Led Revu SJ hanevstatiis M Et PLUS Ce EN | 106 A A NM gyu" AUE ; k AN LT et M «” TE serre A, J RC LA MS A A un Ge VU ART OS SEX us LIT ae se PS RARE LOT ÿ I oÿt CPAS AR PEAU RL PAC RAI" “ FEU Ut mn TER y VW: ds TE VO UT Am EE LU v ne HEAR a LUE \ RU ; 4 Le PL qu Ÿ EPP É PARU AS vs ro (re Vs ’ » où NL T LA res ALE ACL MALE és vo ë A | ARIANE bb ANT HE, péter uw, 8 A FRE AAA Woyvvr, es 4 Ÿe vs w orne Le LE #9 N nie HA ES CNIL PE VAAV MMECPCIMEUS + LOST VMEMUET uv *v NU ; : AE Yes | CAN : + NV PEAU AMEN WWW PAT CARS" JS + Se OU ZE CE ANNE NUN TS : pe AAA. me CA AREAS € À SARA AN ñù . fe “a st sa