U'^^ RAPPORT DE LA Deuxième Convention des Missionnaires Agricoles TENUE À N.-D. D'OKA. Digitized by the Internet Archive in 2009 witii funding from Ontario Council of University Libraries littp://www.arcliive.org/details/rapportdeladeuxiOOmiss RAPPORT DE LA c 1 j DES iJi^gioMairei pncoki TENUE 1 IsT.-JD. JD'Ol^J^ LES 11, 12 ET 13 AOUT 1896. SHERBROOKE IMPRIMERIE DU PIONNIER. 1896 AUX LECTEURS. L'accueil bienveillant que les amis de l'agriculture ont accordé au rapport de la première convention des Missionnaires Agricoles, a engagé l'Honorable Ls. Beaubien, Commissaire de la Colonisation et de l'Agri- culture, à mettre devant le public les travaux de la deuxième convention de ces mêmes missionnaires, tenue à Notre-Dame d'Oka, les 11, 12 et 13 du mois d'août dernier. Les enseignements pratiques et les conseils judicieux donnés, en cette circonstance, par d'habiles conférenciers et de savants agronomes, ont été recueillis avec soin et sont maintenant soumis à la sérieuse méditation de tous ceux qui s'occupent d'agri- culture. La formation des prairies et des pâturages et leur entretien ; la tenue générale de la ferme ; l'agriculture raisonnée ; la direction à don- ner pour la diffusion rapide et pratique des connaissances agricoles parmi le peuple ; la coopération du clergé à l'œuvre de l'éducation agricole ; l'état présent de l'industrie beurrière et fromagère ; les mauvaises herbes et la manière d'en opérer la destruction, tel est le sommaire des princi- paux sujets qui ont été traités à ce congrès et que nous sommes heureux aujourd'hui de présenter intégralement aux amis aussi nombreux que dévoués de la bonne culture de nos champs. La convention a tenu ses séances dans les salles de l'Ecole d'Agri- culture d'Oka. Cette institution, qui a à peine deux ans d'existence, se développe d'une manière rapide et prospère et nous donne les plus belles espérances pour l'avenir. IV Quelques notes, à son sujet, ne seront point déplacées ici et servi- ront de préambule à ce rapport (1) " L'Ecole d'Agriculture d'Oka est véritablement une école- ferme modèle dont l'Amérique entière n'ofifre déjà point de supérieure et n'aura bientôt guère de rivale à fournir. " Comme on pouvait s'y attendre de la part de ces cultivateurs émé- rites qui sont les fils de St-Benoit, en acceptant de notre gouvernement provincial la tâche de donner le ton à notre éducation agricole, ils ont entrepris de se pourvoir, -à cet effet, d'une installation de tout premier ordre. Et ils y ont pleinement réussi, comme ils réussissent à fertiliser les terres les plus ingrates, comme ils réussissent à élaborer, éprouver, confirmer et puis vulgariser des méthodes nouvelles et régénérées de culture, adaptées aux conditions de notre sol, qui font la prospérité étonnante de leur entreprise agricole et qui feront la fortune de leurs bien avisés imitateurs. " Leur école d'agriculture d'Oka est donc commodément installée dans le monastère primitif, considérablement modifié et agrandi de deux vastes ailes se déployant aux extrémités du corps de bâtiment. L'en- semble de ces constructions, avec quelques dépendances, est pittores- quement assis sur le versant sud-ouest d'un agreste coteau, à quelques arpents de la Trappe actuelle, dont cette élévation sépare l'école. Ce coteau s'adosse à des hauteurs plus considérables, qui lui servent de contrefort, et il fait face au superbe lac des Deux-Montagnes, qui étend sa belle nappe d'eau à quelques arpents au sud, et présente aux regards charmés un panorama délicieux. La hauteur du site et la proximité du lac font aussi qu'on y respire un air pur, salubre et embaumé des bonnes senteurs aquatiques mêlées aux plus âpres parfums de la forêt qui l'étreint quasi de toutes parts. " Une allée longue de quelques centaines de pieds conduit à la nou- velle bâtisse de l'école, en dévallant légèrement le long du coteau. Le coup d'œil est magnifique. En avant, un terrassement, d'une centaine (1) Ces note? et les principaux détails de la convention sont extraits de la Minerve. de pieds de longueur, comme la bâtisse, par cinquante ou soixante de largeur. Il vient d'être terminé, par une surélévation générale du terrain, d'environ trois pieds. Un tapis de gazon le recouvrira bientôt. En attendant, sur la partie supérieure de cette terrasse à deux degrés, les jeunes élèves ont commencé do cultiver des fleurs " ad libitum," les directeurs les laissant en disposer à leur gré. " A l'arrière de la bâtisse, même terrassement, d'une égale lon- gueur sur demi largeur à peu près, "Si l'on pénètre à l'intérieur on trouve au rez-decbaussée, un vaste corridor courant latéralement d'un bout à l'autre de la maison. Le parloir et autres pièces d'administration, y compris la salle de récréation des élèves, transformée en réfectoire pour la fête, complètent le corps de bâtisse, donnant sur ce corridor principal. Dans l'aile de droite, sud-est, on trouve, au rez de-chaussée et au premier, de splen- dides salles de cours et d'étude, spacieuses, bien éclairées et convenable- ment aérées, telles que bien de nos institutions classiques n'en ont pas de meilleures. Celle du rez de-chaussée va servir aux séances du Congrès des missionnaires agricoles, qui doit suivre immédiatement la bénédic- tion et l'inauguration de l'école. " Au deuxième étage, dans la même aile droite, se trouve la cha- pelle de l'institution, attenant au dortoir des élèves, lequel occupe le corps de bâtisse du même étage. Le T. S. Sacrement y est exposé en permanence et un vénérable prêtre séculier, M. l'abbé Piton, est préposé aux fonctions d'aumônier de l'école. La messe est célébrée chaque jour, de même que les offices solennels du dimanche. " Les élèves sont mis à même de remplir facilement et fidèlement tous leurs devoirs religieux. " Le dortoir commun peut contenir une centaine de lits. Espérons qu'il sera rempli, un jour qui ne se fera point trop attendre. Il n'en compte actuellement que seize, les neuf autres élèves, sur les vingt- cinq actuellement à l'école, occupent des chambres, au deuxième, comme ils en ont le privilège, moyennant une faible rétribution supplémentaire au prix déjà si peu élevé de la pension ordinaire. VI " Ces chambres occupent totalement le corps de bâtisse au deuxième. En face de cet étage, à l'avant, s'étend une spacieuse galerie de quatre pieds de largeur sur toute la longueur de la bâtisse. Les élèves y ont libre accès, aux heures de récréation, après le repas du soir. Ils y jouissent d'un bon air sans égal et d'un spectacle de la nature capable d'inspirer et de nourrir les plus hautes pensées. " Quant au régime quotidien que suivent ces élèves, le voici som- mairement : lever à 4.30 hrs. a. m , messe à 5 hrs., à 5.30 étude, 6.15 h. a m., déjeûner. A 7 hrs., travail jusqu'à 11 hrs. a. m., étude jusqu'à midi ; dîner, puis récréation jusqu'à 1.30 h. p. m. Travail jusqu'à 6 hrs., et de ce temps-ci, pour les foins et les premières céréales, souvent jusqu'à 7 hrs. Souper, récréation, et coucher à volonté. " Tous les jeunes élèves se trouvent très bien de ce régime. Il nous a fait plaisir de leur trouver à tous l'air réjoui et satisfait. Avec cela, vigoureux, énergiques, se plaisant à leur travail, s'y intéressant de mieux en mieux " Il y a là des fils de cultivateurs qui acquièrent une notion plus complète des beautés et des ressources de la profession paternelle, et en même temps l'ambition d'y marcher avec succès. " On y rencontre aussi des fils d'habitants des villes qui y prennent le goût du travail des champs dans lequel ils excellent même. Le meil- leur élève de l'école d'agriculture d'Oka, à l'heure actuelle, M. Alphonse Lachance, est le fils unique de l'un de nos principaux pharmaciens de Montréal. M. le professeur D. Ducharmé y compte aussi deux fils qui- font son honneur et l'espoir de la profession nouvelle qu'ils embrassennt avec ardeur et conviction. MM. Latour, Chabot et plusieurs autres sont dans le même cas. " Combien de pères, anxieux de trouver une voie convenable pour y faire marcher leur fils vers une position sociale digne de lui et de sa famille seraient bien inspirés de le conduire à l'école d'agriculture d'Oka ou toute autre de notre province ! " Le régime suivi à Oka tend à former le caractère des jeunes gens et à en faire '' des hommes ", en même temps qu'à composer leur bagage VII d'instruction agricole. On leur laisse beaucoup de liberté. C'est ainsi qu'ils peuvent fumer aux heures de récréation, causer, se distraire à leur guise, s'amuser au croquet ou au gymnase, pourvu qu'ils restent dans l'ordre voulu. " Ils se trouvent parfaitement bien de la paternelle direction de leur professeur laïque, l'excellent M. BoroD, qui est un formateur de race en plus d'un agronome distingué. " C'est au point que les élèves, longtemps après avoir quitté l'ins- titution, lui en écrivent encore leur gratitude. Tel est le cas d'un jeune homme parti l'automne dernier, après un an de stage spécialement con- sacré au service de la beurrerie. Il écrivait à M. Boron qu'il se réjouis- sait de cette année passée à Oka, bit n loin de la regretter Aujourd'hui, il vend le b urre,de sa fabrique dt ux centins la livre de plus que ses concurrents. Chaque c nt livres de lait à sa fabrique rapporte huit sous de plus qu'ailleur.-i. Il est très content* de toute la satisfaction qu'il procure à ses clients. Il avise ses jeunes confrères de bien profiter de leurs années d'école pour préparer la moisson " C'e^t une leçon aux fils et aux pères, en faveur du patronage que mérite de leur part l'école d'agriculture, organisée pour eux à si grands frais et avec de ti évidents efiets pratiques. Espérons qu'elle profitera. " Voici maintenant la liste des vingt-deux élèves qui y suivent à l'heure actuelle, des cours réguliers de théorie et de pratique agricoles et peuvent être considérés comme les pionniers de cette institution qui semble à tous appelée à de si brillants destins, pour le plus grand bénéfice de l'avancement agricole en notre province. Nous les inscri- vons au tableau d'honneur par ordre d'ancienneté à l'école : Georges Miralles, Gabriel Véron, Donat Loranger, Ethelbert Thibault, Joseph Aumond, Henri Ducharme, Louis Ducharme, Adnen Gauthier, Joseph Tremblay, Ernest Latour, Alexandre And, Léon Loranger, Emile Chabot, Alphonse Lachance, Raoul Duclos, Cornélius Derôme, René Archambault, Horace Gigault, Jules Brière, Alfred Girard, Henri VIII Fabre, Napoléon Brasseur. Directeur, M. G. Baron ; aumônier, M. l'abbé Piton." Dans le cours de la présente année, puissent nos jeunes compa triotes canadiens-français, soucieux de leurs intérêts matériels, entrer nombreux dans nos écoles d'agriculture d'( ka, de Ste-Anne, de Compton et de l'Assomption, et par des études sérieuses et approfondies de l'agri- culture, se préparer un avenir honorable dans le monde ! Puissent les cercles agricoles, si intimement liés à notre organisa- tion paroissiale, se maintenir toujours florissants, se multiplier encore et étendre partout leur action bienfaisante ! Puissent les conférenciers oflBciels toujours marcher de succès en succès dans leur noble croisade, et travailler sans relâche à inculquer, dans l'esprit de notre population rurale, les véritables notions de culture pratique, les seules qui la rendront heureuse et prospère ! Puissent, enfin, les Missionnaires Agricoles, unis à leurs chefs, tant dans l'ordre religieux que dans l'ordre civil, continuer leur appui à la cause vitale de l'agriculture, combattre, sans faiblesse, ses ennemis et favoriser de toute leur âme les intérêts de ceux qui l'aiment et la pratiquent 1 Le sort de l'agriculture est entre leurs mains, et, comme on l'a si bien dit quelque part, l'agriculture ne saurait fleurir qu'à l'ombre de l'influence bienfaisante de notre clergé. F. VENANT CHAREST, Ptre, S. M. A.