CONVENTION NATIONAL E. • RAPPORT FAIT •< U AU NOM OU COMITÉ D’INSTRUCTION PUBLIQUE ET DES FINANCES, Sur le Muséum national d’histoire naturelle f Par THIBAUDEAU; A la féance du 21 frimaire, l’an 3. N Imprimé par ordre de la Convention nationale,. JT e viens parler à la Convention nationale d’un grand éta- hliifement cenfacré par la République à l'étude de la nature. De tous les monumens élevés par la munificence des nations , aucun n a jamais plus mérité l'attention des légif- lateurs que le Miiféum d’hiftoire naturelle. Il ne fut defliné dans fon origine ( 1 616) qu'à la cul- ture des -plantes médicinales. On y fonda des cours d'ana- tomie Sc de chirurgie , pour le confacrer pius fpéci&lement A UKRARY Z encore à l’étude de l’art de guérir. L’opinion prefqtie gé- nérale qui vouloir alors que tous les végétaux fulfent def- tinés par la nature à la guérifon des maladies , entrainoit toutes les recherches des favans vers l’examen de leurs pro- priétés ; on y inflitua un cours de chimie. Mais le grand mouvement que Tournefort avoir imprimé à la botanique, fit diriger prefque’ tous les efforts vers cette [partie. Ces trois fciences , long-temps les feules cultivées dans l’établif- lement , y furent profeüées par des hommes célèbres qui illuftrèrent cette école. Quelle que fût fon utilité, elle étroit cependant incomplète : le defpotiime en ayant plufieurs fois confié la direélion à fes eourtiians , il s’y introduiiit des abus ; elle devint plu- tôt pour eux un objet de fpéculation que d’inftrucHon pu- blique. Tel étôit l’état du jardin des plantes, lorfque Buffon y parut, au milieu d’une richefle immenfe de végétaux , qui lembloit. avoir repouffé jufques-là toute richefle étrangère. Il vit la botanique fort avancée, ôc prefque toutes les autres fciences naturelles fans mouvement Ôc fans vie. Il conçut le projet de dédier à la nature un temple plus vafle ôc plus digne d’elle. Aidé par les iœmenfes travaux de Dauben- ton , il entreprit d’écrire fur les animaux. 11 éleva tous les efprits par la majefté de fon ftyîe, il fit naître par-tout le goût de l’hilfoire naturelle , ôc profita de l’enthoufiafme qu’il excitoit pour appeler en quelque forte toutes les productions de la nature dans le temple qu’il venoit de lui confacrer. On lui adreffa de tous les points du globe des animaux ôc des minéraux. Ces préfens qu’on fi’empreflbit de lui envoyer , 'ces matériaux que fa renom- mée denmqdoit ôc obtenoit pour fes travaux , formèrent tout- à- coup une colieéfcion qui devoir bientôt ne le céder à aucune de celles qu’on admire dans diverfés parties de l’Europe. Alors , le cabinet d’hiffoire naturelle fut formé , l’ordre fut établi dans une fouie d’objets auparavant épars. Dau- benton en augmenta le prix par la difpofition qu’il y éta- blit : on conflruifit des faites ; les règnes eurent chacun 3 leurs galeries particulières. Un arrangement auili piquant par la variété des objets , qu utile par les rapprochëmens de formes ôc de ftruéVure , fit rechercher le cabinet, par les vrais amateurs de l’hiftoire naturelle , autant que par les curieux. BufFon , qui avoir tant fait pour fa gloire dès les pre- mières années de fes travaux fur l’hiftoire naturelle , con- tribua beaucoup à F augmentation de cet établiraient , mais il ne put achever l’exécution du plan immenfe qu'il avoir conçu. Le Muféum étoit devenu, pour ainii dire , f entrepôt d’une grande quantité de plantes ôç arbres rares qui fe propagèrent dans toutes les parties de la République, parmi leiquels en dis- tingue fur-tout le cèdre du Liban & le café, qui, apporté d’Arabie ôc cultivé au muféum au commencement de 1700 , produiht deux individus tranlportés depuis à la Martinique , où ils le multiplièrent de donnèrent naillance à cette branche de commerce colonial. Le Muféum reçut des plantes , des légumes & des arbres rares & précieux du Canada (1), de la partie tempérée de l’Amérique (2), de la Louifiane (3), de la Chine (4), de (t) Les deux efpèces d’érable à fucre, plufleurs efpèces de noyers, de frênes, de pins, de cèdres, oc autres arbres qui fe diltinguent à peine de nos arbres indigènes pour la rufticiré, mais dont les bois font bien plus prée-eux pour la chai pente navale Lk. civile , 6c pour les autres arts, & qui augmentèrent les ref- fources en utilifant des terreins regardés comme dénies. (z) Les catalpa, les rhododendron, les tulipiers, les noyers de Virginie, les eilisiefs de- Caroline: ces aibres qui font aéf utilement l'ornement de nos jardins fonc l’objet d’un commerce irès-confldcrable avec les peuples du nord. (3) Le cyprès à feuille d’acacia, arbre qui croît fous l’eau avec la rapidité du peuplier d’Italie , 2c dent le beis, quoique rendre &c prefque incorruptible, cft d’une légèreté fingulière. Le pacanier, grand arbre qui porte une noix de la forme d’une olive dont l’amande ell excellente à manger &c dont on peut tirer une huile délicieufe : cet arbre, fl important à natundifer dans nos de- partemens méridionaux, n’exifte encore que dans quatre on cinq jardins de la République. (4) La marguerite ci-devanr reine , apportée par le jéfuite DincarviLie , a donné fa première fleur, au jardin national de s’y cil perfectionnée d’une manière fï par- ticulière que, renvoyée dans fon pays natal, on a eu beaucoup de peine à l’y reconaoître. , - Le chanvre gigantefque né au muséum & qui commence à fournir des récoltes dans quelques départease^is méridionaux. A i 4 la Sibérie (c), de la Pologne (6), de la Tartane (7) , de la Mofcovie &\ de toutes les parties du inonde. Dans ces derniers' temps , il a été enrichi des plantes ap- portées de F Afrique , du Chily , du Pérou, du Mont-Atlas. 8c des états de Tunis d'Alger: celles de ces plantes qui ne nous font pas parvenues vivantes, ou qui ne pouvoient pas foutenir le dimat. de la France , ont été décrites avec le plus grand foin. Ce travail va bientôt être offert l’ad- irdration des ' connoifleurs. Un autre membre du muféum continue fans relâche un ouvrage très- étendu fur la bota- nique. Les profeifeurs fe difpoient à publier un journal d’hiftcire naturelle , il répandra dans toute la République les expériences 8c les découvertes utiles aux progrès des fciences 6c des ans. En un mot, on a recueilli ce planté au Muféum toutes les efpèces d’arbres fruitiers depuis le groleiller jufqu’au noyer ; on y sème 8c on y récolte toutes les plantes qui iervent à la nourriture de l’homme , à celle des animaux 8c aux arts. Cette coüéétion de plantes vivantes eft compofée de plus de 6000 efuèces différentes } 8c Ton conferve dans des herbiers prelque toutes les plantes connues , au nombre de plus de 20,000 j 8c afin d’ a durer au moins la repréfenta- tion exacte & d’image fidèle des divers objets d’hiftoire naturelle dont on pourroit craindre la dsftruéfion au bout d’un très-long temps , on place chaque année de nouveaux deiîins dans la préeieufe çolle&ion d’animaux 8c de plantes, peints fur vélin par ks artifies les plus célèbres depuis la création de cet établi dément, 8c dont les figures forment déjà plus de cinquante volumes in-folio. On fixe 8c on fait revivre, par ce moyen, des plantes (5) Le mélilot , excellent fourrage ; U vefee vivace, le lin vivace. Une efpèce de bled qui fournit une récolte dans trois mois 8c demi Sc qui peut fe femer en avril. i *? ) La rhubarbe : elle fournit abondamment des graines dans le Jardin natio- ual 5 fe* racines font auiii utiles à la tenture qu’à la médecine. On pourroit étendre eette lifte à l’infini j l’héliotrope du Pérou, le reféda d’Hgypfe, la pcrvcuche-rofe de Mndagafcar , ,ôcc. S qui fleurifient peur la première fois & meurent enfuite ; a autres qui fleurirent par une haute température , de par hafard , en cinquante ou cent ans , comme i’elpèce d’agavé qui a fleuri l’année dernière (i)j i'l en eit de même des ani- maux rares qui ne font fouvent que palier dans nos climats, de dont plufieurs iiècles ne voient quelqufois qu’un individu. Un de ces hommes qui a prélidé à la première formation du Muféurn,’ malgré (on grand âge de (es infirmités, s’eil: trouvé ranimé a un zèle nouveau. Il continue à enieigner la minéralogie de à chercher le moyen de perfectionner nos laines. Ce demi r objet mérite lur-tôut l’attention du gou- vernement , puiiqu'il pourra nous rendre moins tributaires de l’étranger. Tel éteit juiqu à nos jours l’état du Muféum. Il appro- vifionneit les jardins des déparcemens , des graines dont ils ont befein chaque ; année (2)-, il fourniifoit en outre des plants d’arbres étrangers, des drageons de plantes vivaces, des boutures de des gr elfes : c’eib ainfi que fe font multi- pliés des végétaux utiles ou agréables. Cet établiflemenr ainfi formé étoit cependant encore im- parfait Il etoit depuis près d un fiècle fans réglemens fixes de fans lois. Les objets réunis dans le cabinet n’y étoient point la matière d'un cours fpéeial , de plufieurs parties de l’hiitoire naturelle manquoient de profefièurs. L’immenfe variété clés productions de la nature dont il étoit nécefiaire d’expofer les rapports , la multitude des objets qu’il falloir faire connoitre , exigeoiem impérieufement qu’on augmentât beaucoup le nombre des leçons. La Convention a fenti la nécellité de faire entrer dan? cette inftrucdon l’étude de l’hiftoire naturelle qui eib une des baies des connoiifances humaines 5 de comme une in- troduction à plufieurs autres feien ces. Par ion décret du ic juin 1793 , elle a ajouté au jardin des plantes une partie de ce qui lui manquait pot:r en faire 1 v L agave ou aîoës pitre , egavt faetida , Lia. , eft cultivé à- Cgïenne , aux Art:i.es. Ci cte plante iiaguiière , dontia ti^e s’efl élevée à la hauteur de - <• r.ieds Cens un intervalle de deux mois, eft très-importante pour la filature. On ^vec. l:s hfer** de fes feuilles , de très-boa fil , des cordes & même d'excellente toik , ccnt i entrée etoit prohtbée en France avant la révolution. {z'j Cens fourniture s'élève à 12 ou 15,000 fachecs. À 3 $ tm muféum. Le nombre des profeileurs a été doublé. L’ana- tomie ne fe borne plus à l’étude du corps humain; elle s’étend à celle de toutes les clalïes d’animaux , depuis les quadrupèdes gigantefques 3c les monftres des eaux , jiilqu’aüx vers qui rampent fous l’herbe , jufqu’aux molé- cules animées qui nagent dans les liqueurs 3 3c que leur pe- titeile dérobe à nos yeux. On examine non-feulement leur firuélure intérieure au moyen des différions , mais encore ies rapports de conformation entre eux 3c avec l’homme , leurs caractères extérieurs, leurs habitudes & leur utilité pour nos be foins. La botanique, auparavant la plus favori fée dans Féta- bliflèment 3 Fèft encore davantage clans la nouvelle inftitu- îion 3 3c f on y joint les leçons de culture pour affocier la pratique à la théorie , 3c former des cultivateurs qui ne (oient plus uniquement conduits par une routine aveugle. A ux leçons de la chimie générale qui eft (i vaüe , 3c à l’aide de laquelle on expofoit dans tous les détails , 3c par de favantes' expériences , la nature intime de tous les corps, leur composition , les combinaifons qu’ils forment entré eux , les altérations dont ils font fufceptibles , on a ajouté celles des arts chimiques qui font d’un (i grand avantage dans les manufa&ures , dans pluheurs grandes fabriques , 3c pour beaucoup de befoins ufue}s. L’Angleterre feule avoir offert pendant long-temps quel- ques parties éparfes de cette fcience; la France a la gloire d’avoir raffemblé tous les faits chimiques en y en ajoutant un grand nombre , de les avoir liés par une théorie avouée par la nature , 3c d’avoir fait la langue de la fcience. Le laboratoire du Muféum ne répondoit point à l’utilité de ce que Ton devoir y enseigner; on en a ordonné Fagran- cillement : les réparations font prefque terminées , 3c bientôt l’amphitéâtre fera digne des fciences que l’on doit y pro- fdlèr, 3c des hommes qui v répandront les connoiffances à la découverte defqüelles ils ont tant contribué. C’eft là que fe font faits les cours révolutionnaires pour Fextradion du falpêtre 3c la fabrication de la poudre. On a ajomé auffi des leçons de minéralogie , des leçons de géologie , deftinées à propager les connoiffances fur là formation ôc la fini dure du globe terreftre , fur la fituation Sc la direction de fes filons métalliques Sc de fes diverfes couches. Un profelfeur d'iconographie naturelle a été chargé de former des élèves dans fart d’en peindre les objets. Vous avez auffi fondé une bibliothèque au Muféum. L’établiftement des cours qui fournirent cinq cents leçons par an , oftre l’enfemble le plus vafte Sc le plus complet d’en- leignement fur toutes les branches d’hiftoire naturelle , dont le plus grand nombre manquoit totalement à la France Sc dont quelques-unes manquent encore à l'Europe , l’ap- plication immédiate de toutes les fciences naturelles à l’a- griculture , au commerce Sc aux arts : les cours ont été iuivis avec beaucoup d’aiïiduité. La bibliothèque , ouverte maintenant tous les jours , renferme la plus grande partie des ouvrages écrits fur l’hiftoire naturelle , Sc la riche col- lection de peintures , de plantes Sc d’animaux , qui s’accroît par les travaux d’artiftes choifis au concours j Sc les étu- dians peuvent y voir, ainfi que dans les herbiers , les plantes qui n’exiftent pas dans le jardin. On double maintenant , au moyen d’un étage fupérieur, les galeries d’hiftoire na- turelle pour y efpacer les objets Sc mettre en évidence ceux que le défaut de local a forcé de reléguer dans les magafins. Voilà le bien qu’a produit le décret du 10 juin. Cepen- dant il eft néceftaire de perfeétionner encore cet établifie- ment *, il n’a qu’une exiftence incomplète j vous pouvez fa- cilement en faire un monument digne de la République, une inftitution dont aucune autre nation n’cftre le modèle : non-feulement il convient d’y réunir en grand tous les moyens d’inftruclion relatifs à l’étude de la nature , mais le Muféum , placé dans le point de réunion des lumières , doit être le centre auquel fe rapporteront tous les autres établiftemens du même genre qui feront inftitués dans les départemens ou qui y exiftent déjà. Il faut donc f entourer de toutes les facilités pour raftembier les objets à diftri- buer, pour acclimater les végétaux Sc les animaux utiles s £r bons à multiplier dans nos jardins, nos champs, nos forêts hc nos balles-CGurs. N mie part , dans le monde , il n’exifte un tableau de toutes les euh lires qui ion* établies ou qui peuvent s’établir loi s un climat donné, il appartenoir. à la nation françaife régénérée de montrer cette merveille à l’Europe étonnée. Le décr?. du io juin porte que le Muféum fournira les graines êe les plantes néceffaires au complément des jardins de botanique des deparremens. Par un décret du 6 nivôfe , la Convention a ordonné que les arbres , arbuftes Ôc plantes rares , loir indigènes , io;t exotiques, quille trouvent dans les jardins Se terreins nationaux h rués à Paris oc dans ce département, feroient transférés au jardin national. Par un decret du 16 germinal, la Convention a auili ordonné que, dans le courant des mois brumaire , frimaire, ni vole, pluviofe Ôe ventole , les arbres, arbuftes de plantes exiftant dans la pépinière du Roule , (eroient traniportes au Muféum national, vd dans le terre'ui qui y J croit an- nexé ^ pout les çonferver ôç multiplier. Le même décret charge le citoyen Thouin de faire la recherche des arbres foreftiers tirés des autres climats , exi'lan- dans les propriétés nationales de Paris ôe des en- virons , dans un rayon de trente lieues , qui peuvent être employés utilement à la plantation des montagnes , escar- pe mens, rochers, landes Se marais exiftant dans le territoire de ia République , .in qu’il foi: pourvu à leur conferva- tion, d’en faire récolter les graines cy de les utilifer. L'exécution de ces divers décrets néceiiite donc l’aug- mentation du Muléiuii d’hiftoire naturelle -, vous l'avez for- mellement annonce par le decret du 1 6 germinal : pluheuis autres circonftanees exigent auili cette augmentation. La nation a recueilli beaucoup de richefles en hiftoire naturelle dans les cab mets de jardins des émigrés Se con- damnés. Les cornmi 'Lires envoyés dans la Belgique , pour recueillir tous les objets de fciences 8c d’arts unies au com- plc nerjt de nos collections nationales , on: auili , dans cette * partie , mis à profit les victoires des défendeurs Je la parrr®. Outre les livres 6c les tableaux, il y a déjà eu une grand# quantité 'de végétaux originaires de toutes les paries du monda qui manquoient a la collection nationale, envoyés au Mu* iéuiii , 6c beaucoup de morceaux rares 6c précieux d\üi- toire naturelle , tels que minéraux, faillies 6c pétrifications: ■ces deux dernières claffes ion: dirne haute importance pour éclairer la phyfique du globe. Les commi flaires ent auifi recueilli des graines de plantes propres a la nourriture des hommes. Ces plantes font de: variétés perfectionnées par la cul- ture , 5c d’un plus grand produit que les nôtres. Ce n’eit qu'un échantillon des récokes qu’ils feront -, ils s’occupent en outre d’une foule d'obfervations utiles fur l’agriculture , 6c de faire deiiLner les inftrumens les plus intéreifans de cei art précieux , 6c des modèles de tout ce qui peut étendra dans ce genre les limites de nos connoiifances. Les bâtimens 6c les terreins du Muféum qui , mêm§ avant 1?. révolution , étoient trop refierrés pour quon pu t .expoier aux yeux du peuple les richeiiès qui y exiitoient reléguées dans des greniers , 6c pour faire les expériences en culture, fe trouvent donc à plus force raif.cn iniiiffifanl aujourd’hui. "Votre intention n’eft pas plus fans doute de concentrer dans le Muféum d’hiftoirô naturelle que dans le Muféurm des arts, tout ce que la nation pofaède ; il y en aura un# partie defrinée aux Muféums à former dans les départemens : mais celui de Paris doit être le foyer d’où partiront toutes les lumières Sc tous les objets qui doivent former 5r diriger les autres , 6c vous vous emprefiLez de profiter de la pins belle occafion qui fe foit jamais ©fierté à des législateurs pour compléter un établiilement auffi eilentieh C’eft pour féconder les intentions exprimées à cet égard par la Convention , que le comité de falut -public , par fon arrêté du 27 floréal , chargea Molinos , archi- tecte, de lever le plan des terreins circonscrits en re la marché aux chevaux 6c la me des Folles- Bernard , d’un® pan , 6c entre la Seine 6c la rue Yiétor , de l’autre , 6c de préleater le devis approximatif des dépeafes d'acquifrio» Rapport fur U Muféum, par Thibaniça*, A r des terrehss cc maifons qui fe trouvent compris dans ces limites, êc qui n’appartiennent point à ia nation. Par un autre arrêté du , le comité de falut public ordonna que le local de la ci - devant abbaye Viéfor ( i ) 8c la maifon 8c le jardin appartenais au citoyen Léger , feraient réunis au Muféum national , en attendant qui! fût pris un parti définitif fur les autres propriétés qui l’a- voifinent. Les plans 8c devis ont été faits: Moiinos , déjà avan- tageufement connu par la conffrü&ion de ia Halle au bled , a donné un projet qui , s’il étoit exécuté , feroit du Mu- féum un monument au-defius de ce que l’antiquité nous offre de plus magnifique : mais les comités, après l’avoir examiné , ont perde qu i! ne pouvoir être actuellement' adopté dans toute fon étendue , êc qu’il étoit poffible , fans fe jeter dans une auffî grande dépenfe, , de concilier à la fois l’augmentation néceilàire au Muféum êc l’économie pres- crite par les circonftances. Le terrein qu’il faut y réunir fe trouve enclavé avec le Muféum , comme dans une enceinte naturelle , bornée au levant par ia rivière de Seine êc le quai •> au couchant , par la chauffée qui fait fuite à la rue Viéfior j au nord , pat la ru# de Seine j au midi , par le boulevart de F Hô- pital êc la rue Poliveau. Ce terrein eff divifé en deux par- ties diftin&es, fé parées par le Muféum lui- même : l’une à fa gauche , bornée par la rué de Seine êc le quai , offre des marais limitrophes du jardin , quelques chantiers de peu d'importance , ayant ouverture fur la me , 8c quelques maifons occupées la plupart par ceux qui exploitent ces chantiers. Deux bâtimens plus importans exiffent dans ce lieu •, l’un efi un vaffe magafin de farine , employé main- tenant pour l’approvifionnement de Paris, êc qui, étant national , peut , quoiqu’enclavé dans le Muféum , conferver (i) Ce lbcal, qui renferme un enclos très-vafee & d’immenfes bâtimens dont Sa plupart font en bo* état, appartient à la Nation, Le repréfentanc Ludet, dans un rapport fur les ceoles vétérinaires, propole d’y transférer ç£ric\d)Alfort. Toutes les convenances fe réunirent pour faire adopter ce projet^ ia princi- pale êc la mieux fentie eft la proximité du Muséuua «Tbifteire macurej|| ï fli «aérite s» jaoiüs d’être uaaiiné âtceütiyejaaeut. fa première deftination , ou être affedlé à toute autre , félon les befoins de la nation , qui continuera toujours de ravoir à fa difpoiîrion ; l'autre eft le bâtiment dit des Nou- veaux- Convertis , auparavant: national, formant une faillit .très-forte fur la butte du Muféum , que fa pofition a tou- jours fait regarder comme devant y être compris quelque jour > 8c dont la réunion , déjà projetée par un comité de l'affemblée conftituanté , a été en vain follicitée à plufieurs reprifes par les divers prépofés à l’adminiilration du Muféum , 8c qui fut aliéné , il y a deux ans , par la municipalité d$ Pans. La portion de terrein fi tuée à la droite du Muféum , n'en eft féparée que par une rue nouvelle ( de Buffon ) » ab fol ument inutile pour le fervice public, 8c facile' à iup- primer. Ce local offre fur fes bordures , principalement au couchant , quelques maifons , la plupart d'une màuvaife confiruéiicn *, elles peuvent être aiiément faciifiées , à l'ex- ception d’un petit nombre qui , plus folides , ferviroient pour logement d’employés, pour cafernes des foldats vété- rans chargés de la garde du Muféum 8c pour fupplément de magafins : le relie du terrein eft nu , occupé par des marais , des jardins fleuriftes , Sc arrofé par la petite ri- vière de Bièvre, qui le traverfe dans toute fa longueur î ce terrein eft celui qui convient le plus pour une partie des pépinières 8c quelques parcs d'animaux. La rivière 9 dont on peut prolonger le cours par des contours agréable- ment deffinés , fera d'une grande utilité pour l’arrofage des plantations , fur-tout de celles qui exigent un terrein frais 8c humide , pour la formation des canaux 8c viviers , 8c en général peur abreuver les animaux 8c aftainir leurs de- meures ; elle ajoutera beaucoup à la falubrité du jardin 8c à l’ornement de la promenade , lorfqu’on aura pris les pré- cautions néceftaires pour rendre fes eaux plus pures 8c plus abondantes. Il exifte à ce fujet un travail de la ci- dévant fociété de médecine, fait par ordre du département de Paris, qui en avoit fenti la nécefiîté pour prévenir les maladies peftilentiellés qu'elle occafionne aux habitans da ce quartier. L'agraudiftement réduit aux limites propofées par vot 1 1 comités qui Te font entourés de toutes les lumières pour les déterminer , ' donnera environ cent vingt arpens , 8c dou- blera 1 étendue du Muféum. La dépertfe d’acquifition eft évaluée par approximation , d’après le travail fait par les ordres du comité de falut public , à la tomme de 2,500,000 iiv. Cette dépenfe peut effrayer les hommes qui méprifent les arts 8c les fciences ; mais tous ceux qui font pénétrés de leur milité 8c de leur influence fur la profpérité natio- nale, fentiroric que la République s’en dédommagera am- plement par la fuite , par les expériences utiles à l’agcicul- ture 8c aux arts qui le feront alors au Muféum. Pour rendre racquiiidon moins onéreufe , en avoit pro- pofé de faire des échanges avec les propriétaires des terreins enclavés dans le plan dagrandi-fement; mais après avoir calculé les réfultats de cetre opération , vos comités ont penfé qu’elle feroit préjudiciable aux intérêts de la Répu- blique , 8c qu’il feroit encore plus économique de payer les propriétés comptant. terrein de la pépinière du Roule fe trouvant libre , lorfquon en aura enlevé les arbres, pourra erre mis ea vente , & couvrir les frais de l’augmentation du Muféum. Quant aux grands plans de cenftru&ion projetés , les comités ont fend que ce n’étoit peas le moment de les adop- ter : on s’en occupera dans des temps plus propices y mais racquiiidon des terreins efl indifpenfable , û vous voulez 'réalifer 1 exécution de vos décrets , 8c donner un exempta éclatant de votre amour pour les arts utiles. Ces terreins feront confabrés à raffembler toutes les ef- pèces de culture qui font établies ou qui peuvent s’intro- duire dans la République. La première partie préfemera des modèles de culture de toutes les plantes céréales. La fécondé , des plantes propres à la nourriture de«j hommes dans tous les pays da monde , analogues à la tena- gératyre du nôtre. *3 La troifième réunira , fous un même poin: de vue , la culture des plantes dont on nourrit les animaux domef- tiques. La quatrième , des vergers de malles d’arbres fruitiers qu’on lai liera croître dans toute leur étendue, 8c qui offri- ront les cultures de rous les végétaux dont les fruits four- nirent des simiens , des liqueurs 8c des boirons, à l’ufage des hommes. La cinquième , des malîîfs d’arbres indigènes &c étrangers , plantés d'un: manière pittoreique présentant des cultures aufli agréables o d’utiles, 8c qui feront connoître les pro- gressons des cr ilîances , la nature du terrein qui con- vient plus particulièrement à chaque cfpèce , âc fournira par la fuite matière à des expériences fur la force des bois , leur éiafticiré , leur durée 8c leur ufage dans les arts. Enfin, la iixième partie préienrera toutes les fleurs employées dans la décoration des jardins ou qui peuvent être admiies à cet ufage. On pourra treuver alors au Muféuin toutes les efpèces de jardins, réunies. La botanique eft ians doure une des branches les plus étendues de 1 nifloire naturelle; mais il y en a pluiieuis autres dont l’étude eif très-utile. On peut en prendre les premières notions dans les cabinets, mais on n’y acquerra jamais des coimoillknces complètes, parce que l’on n’y veit pas la nature vivante 8c agi liante. Quelqu’apprêr que l’on donne aux cadavres des animaux ou à leurs dépouilles, ils ne font plus qu’une foible repréientation des animaux vivons , la peinture n en retrace même qu’imparfaitement I mage. Ournd on compare les lions qui (ont dans la plu- part tableaux au magnifique individu qui exifitc au Ma- i- um, on , oit que la plus grande partie des ardues, fe copiant 1 s uns les autres, non: pas rendu la nature, 8 c que leurs* mû tarions font beaucoup au-dellous du modèle. Le Mafeum a recueilli des animaux envoyés par îa mu- n*. ern ai: té de "ahs, ceux de \ criailles, du Rainer; ils y Lut très-mal lu vis : L comité de falur pub-in avoir, en cn(e: ronce, or de- une à îa commilEon des travaux publics d'examiner , avec les profeileurs , Remplacement; le plus *4 commode’ pour y confkuke provifoirement une ménagerie propre à les recevoir*, file effc prefque terminée. 5 Vous fèntirez la néceffité de cet établi fïement au Mufêum, ui doit renfermer tout ce qui tient à l’iiiftoire naturelle, mqu’à présent les , plus belles ménageries nétoient GU. 1 que des priions oè.. les animaux refïèrrés. avoient la phyfionomie de la t ridelle , pcrdoient une partie de leur robe , Sc reftoient prelque toujours dans des polirions qui attefloient leur lamineur. Pour les rendre utiles à Finftruâ:i©ii publique, les mé- nageries doivent être conftraites de manière que les animaux, de quelque elpèce qu'ils foient, joui'ïîè.ht de toute la liberté qui s’accorde avec la sûreté des (peciateurs , afin qu'on ptiiile étudier leurs mœurs, leurs habitudes, leur intelligence, êc jouir de leur fierté naturelle dans tout Ton développement. Les - animaux qui Tervoient pour les grands fpecbicles des anciens , çonfervoient toute la beauté des formes. On atteindra ce but en pratiquant des parcs un peu étendus, environnés de terrafiesj les fpeéirateurs fuivrcn: fans danger fous les mouvemens des animaux j le peintre & le fculpteur feront alors facilement palier dans leurs ouvrages le carac- tère qui les di (lingue. En rapprochant de nous toutes les productions de la nature , ne la rendons pas prifonnière. Un auteur a dit que nos cabinets en étoient le tombeau : eh bien! que tout y reprenne une nouvelle vie par vos foins , ^ que les animaux deftinés aux jouifiances 8c à l'infiruélion du peuple, ne portent pas fur leur front, comme dans les ménageries ccnÆmites par le fade des rois, la flétri (Ture de î'efclavage*, qu'on prude admirer la force majeftueufe du lion , l'agilité de la panthère , & les élans de colère ou de plaifir dans fous les animaux. Quant à ceux d’un caraélère plus doux, ils pourront être placés dans des parcs un peu étendus, en partie ombragés par des arbres , . 8c tapiffés de verdure propre à les nourrir. La zoologie efc une partie de l'hiftoire naturelle fi étendue 8c ii intéreifante, quelle exige l'établifiement d'un troifième profelfeur. Quelle que foit l'opinion de la Convention fur le projet que je viens de lui fouraettre, il eft nécefîaire qu'elle pro- nonce promptement. La faifon eft déjà avancée , 8c les tranfplantations de plantes 8c d’arbres ordonnées par les décrets de la Conven- tion , ne pourroient point avoir lieu cette année , fi elle retardait trop fa déciiion. Les propriétaires des terreins 8c maifons compris dans le plan ne peuvent pas relier plus long-temps dans l’incer- titude. Il leur a été défendu de faire aucune conftruélion ; il y en avoir de commencées qui ont été abandonnées : ils ne peuvent ni louer ni vendre j 8c cette fituation pénible , fi elle étoit plus long-temps prolongée, compromettrait leur fortune. Il efl aufii un objet indépendant du plan d’agrandifïê- ment du muféum que je luis chargé de vous foumettre 8c fur lequel vous aurez à prononcer fans délai } je veux parler des fonds néceffaires pour les dépenfes courantes de l’établiflèment. Le comité s’efl fait repréfenter, le devis de ces dépenfes ; il a examiné 8c difcoté avec foin chaque article fondé fur un décret ou une difpofition du réglement approuvé par le comité d’inllruétion publique. Les dépenfes déjà décrétées pour l’année dernière , s’élè- vent à 115,000 livres, en y comprenant celles confacrées pour le complément des peintures de la grande colledion , 8c pour les appointemens des aides-naturaliftes. Mais cette fournie efl évidemment infuffifanre il faut une augmentation : i°. Pour l’entretien des ferres nouvellement confiâtes , de nouvelles écoles , de diverfes collections réunies dans les galeries d’hiftoire naturelle j 20. Pour les dépenfes annuelles des divers cours , foit de ceux nouvellement inftitués , foit des anciens qui doivent être faits avec plus d’étendue ; 50. Pour les frais annuels de la ménagerie, calculés dV près ceux quelle a occcaftonnés depuis le 20 brumaire, 1 an 2 -, 4°. Pour les appointemens à affecter aux nouvelles places que néceiïïtem une augmentation de travaux , une biblio- thèque publique , i’adminiftranon & la correipondance des profeflèurs > y°. Pour l’augmentation des apppointemens des divers employés. Le décret du 10 juin , en multipliant les travaux , en créant de nouvelles places , n’a point fait les fonds né- celîàires. Ces divers objets exigent une augmentation annuelle de la iomm e de 74 ,289 livres. Le comité a reconnu la juftice ôc la néceftité de cette depenfe fur laquelle il ne peut être fait aucun retranche- ment , de qu'il eft impoiîîble d’ajourner , fans compromet- tre le fort de cet éiab.iffement, & retarder d’une manière funefte la marche de l’inftruéiion. Nous cbferverons à cet égard à la Convention , qu’il n’y a que l’amour de la Icience de l’attachement invinci- ble que contractent pour un établi!! e. ment de ce genre ceux qui l’adminiftrent dç qui l’entretiennent, qui aient foutenu leurs efforts conftans pour le conferver dans toute fa iplendeur. Des hommes qui travaillent toute l’année à la terre n’ont que 7 à 8co livres. Les profefteurs, parmi lefquels on compte des hommes célèbres par de longs & d’utiles tra- vaux , ôc qui ont honoré leur fie.de , n’ont que 2800 liv. de traitement. Daubenton , oélotenaire , 3c l’an des reftau- rateurs du muféum d'hiftoire naturelle, ne reçoit de la nation que 2800 livres , tandis qu’il eft une foule de commis ineptes qui confomment plus du double dans l'oi- fiveté. l e comité d’inftruCticn publique a penfé que le traite- ment des profeileurs devoir être de eooo livres , celui des finances a opiné pour 4000 livres : c’eft à la Convention à prononcer. 17 Citoyens , puifque vous voulez encourager les fciences & les arts, faites que Vhoimne qui les cultive ne loit pas forcé de regretter le temps qu’il a coniacré à l’étude. Il ed (ans doute des réccmpenfes plus dignes du génie & de la vertu que l’argent , mais il y a de la dénfion à laiiïer périr de faim, au milieu de leur gl ire , les hommes qui ont bien fervi leur patrie. A durez non des riche!- es , mais un honnête aifance à la vieille lie de l’homme laborieux qui aura confacré les plus belles années & employé Icn patrimoine à acquérir des connoiiîances utiles pour les répan- dre un jour dans la fociété. Le devis présenté au comité contient un état de dépenfes extraordinaires qui peuvent être diviiées en deux objets diftinéfcs. i°. Il y a des dépenfes arriérées, telles que celles qui ont été ordonnées par le gouvernement dans le cours de l’année dernière, &z qui ont été acquittées par le tréforicr de l’etabliirement , foit fur des fonds dèfrinés au t dépenfes ordinaires , ioit de les propres deniers. Elles s’élèvent à 23,705 libres 18 fous 5 deniers : ce iont celles de la mé- nagerie depuis le 20 brumaire de l’an 2: celles reia'ives à la diifeécion du rhinocéros, à la préparation ôz monture de fa peau ; celles enfin qu’a néceiiicees l'établiilement de la bibliothèque. Elles doivent erre refdmées au tréiorier pour le remplir de les avances