Ne TRS D HLLNREE | 1e ” L » L 4 La ss 2 [CE » » « Æ x : 5 “ 2 = À \ N + 5 LAS Le = #9 : - ; » AR es RW. : KW = À È Le E d | S ? Y r Lo L” u = & 5 ' hs CR er De LA he) 2 % DE | = Ÿ j à d vu? rt ‘ < . # mn | Il c ; ; xp ne ss . É è | : Ê CS. : | L: + DDR RS | ZE \ Moss Ne sg RS M \ s + : e Ne * EUR #4 ù s > us À + 1 DS EN nee ste V SE Fe 2 ee ASS e. ee de ND | ne 0 e a ANS RS ARURANR RL à XX PURE Sosa & ‘| . \è Sp x K Se LS si. s. DA nv SNS SR ù Ka FE, À 4 St Fa Ne D POS RIRE L PRE de, C.BORRANI CA 7 « LABPAIRE - ÉDITEUR, PRES y 7 7 Ce #7 de 9 de 2 RUE DES SISPÈRES ,9 Ch 41 Ep 25 4 A ul Ress IPN VAS 7 ne jet & Facaur 272 11 4e BUS y A L£: sn 1741 2 86 Ærot. ea M Horrens Call oz LR le À nl RAS _, Vouveau lit. & MES - hs ST lg: © ] LL L TETE 277722 _ M en 77 é Are. lé2 AMC TE na jar pue) ] 27% 184» 7H 76 Fe (3 OR mme ne | | | | = PLL mans 1 — 7 Does. mess LS l'Est nr AD = CH his, TT, on PT LS DL. Don PL 0 Loge HE Len em E dalle: Cry 74 O7 277 ENS IA NAS mis #4: Sp se e. «FO Dir one + VAE . Er es PA, Rae CRE | (CP Paecs € De fu hecc LE l'eT rer. HS. FIGE C2 4 RAPPORTS GÉNÉRAUX DIE SAUT R'A VAUX D E‘.E À SOCIËÈTÉ PHILOMATHIQUE DE: PARES. LIIEAI. 48 À 1 RAPPORTS GÉNÉRAUX DAS R AV ASUNX D'EVL A SOCIÈTÉ PHILOMATHIQUE D'EPLPPAMRUIS), Depuis son installation au 10 Décembre 1588, jusqu’au premier Janvier 1792 ; Par les Citoyens Ricnx et SiLvEsTRE, Secrétaires de cette Société ; Suivis d’Essais et Recherches sur la vie et les ouvrages de l’Abbé de l’Épée, d'Howard, et d'Audirac, par le citoyen RicneE ; Et de Notices historiques sur la vie et les ouvrages des citoyens Parmentier, Bayen, Pelletier, Deleyre, et Nivernois, par le citoyen SiILVESTRE. PREMIER VOLUME. PARIS, BarrarpD, Imprimeur, rue des Mathurins- Hu IN?. 328. à re à : + si { à 2 * RONAC o, ‘ E° * ' Vila De p ‘ F ra : CP te L er A À + she = er Le L à 0 LT. ul f | | FE 7 1 a APE K "ER t 7 | EL “+ É à ° Es Ve ST I TE pu ? MAMEl. Te + il ! . N à Û ” [l “ q' PS OR LR T4 Lx , AR ee Ph CT | TH "'v L'RS M à ee AS NA ne | Li pa h TR à É Ù d | ; | x M BEEN PL: at 1, Pa n 7: = ADN a+ de ANA ir: Mat: nr CA ORALE MT. Là NT) Mar: LE 4: DS LA) ASE L PA d j + ME LIRE . SEL: | nu É 2 ‘ À LE A sn? \ Les 28 ni D 4 re $A Pre +4 42 Tu ah * + At va s on" ES 4 br? * ( sd te * US VS CR LÉ e” HUE à 2 EN ï LS il CPU J4% QE E =! dl D: DREnERe. l'< EE 121 's : = ! re | 2 #13 51 ME TT L ke FAR er À EL , à AC ù | : eut CEE) * 1 PT EE , DANCE LOS ENT D te y ets San Es : 1 Sr À He k | A FA: : | 2 C4 PL + 4, TR 4 De een "EreCe ARCTIC Ou à + “4 ‘ ve L Ou … ne ‘N& T'es + ANS à x INT À rite be À L - d Le en v. NS 8. 1.21% M 1 LB SR b : | Ê { v : ER ‘ + 04 « CE" CS " 1 : , ou s ' L'E . ‘ L A ] : ‘* OUR TETE ’ CPR E +. F | > C0 i : 4 Le L ra < * , À < CLR ( . ‘ ; L L) r de. CNE ù PE + hd Lo RÉCLEMENT POUR LA SOCIÉTÉ PHILOMATHIQUE, ART IR EAP NUE Re ORGANISATION DE LA SOCIÉTÉ. Qu ee PAU CHAPIPRE PREMIER. Des Travaux de la W'octéte. RP ARTICLE PREMIER. Lu sciences dont la Société s'occupera , sont : L'Histoire Naturelle ; L’Anatomie ; La Physique ; La Chimie; L’Art de guérir ; Les Arts mécaniques et chimiques ; L’EÉconomie rurale et le Commerce ; Les Mathématiques ; L’Archæologie. ÿ AnrT. Il. Le but des travaux de la Société, n’étant pas seulement de faire des découvertes dans ces différentes sciences ; mais encore de mettre ses membres parfaitement au courant de celles qui sont faites par les autres savans, elle chargera des commissaires de lui rendre compte par écrit des mémoires dus, ou des observations faites dans les différentes So- ciétés savantes où elle pourra avoir accès. Arr. TIL La Société tiendra un registre d’expé- riences à répéter. Ces expériences seront choisies de préférence parmi celles qui servent de base à quelque théorie. La Société nommera des commissaires qui seront char- gés de répéter les expériences qu’elle aura choisies au scrutin dans ce registre. Il y aura toujours des expériences en train d’être répétées. Ant IV. Il y aura un autre registre Sur lequel ou ii) + ° mn , ù 0 , inscrira différentes questions que l’on pro posera à résoudre. ART. V. La Société publiera tous les mois, sous le titre de Bulletin des Sciences, une feuille qui renfermera l'extrait des mémoires lus dans son sein, de ceux lus dans les séances des diverses Sociétés savantes » et l’annonce des Ouvrages nouveaux qu’elle croira utile de faire connoitre. GILAPI PRE LL Formation de là Sociétr:. AnrT. VI. * La Société sera formée de membres, d'as- sociés libres, et de correspondans. CHAPEDRE IIT Des Membres. Ant. VIL Le nombre des membres de. la Société est fixé à cinquante, .iv Mar VELE Pour être admis au nombre des membres de la Société, il faudra : 1°. Être présenté par un membre qui fera à la Société un rapport avantageux du ca- ractère et des mœurs du récipiendaire. >, Avoir donné au moins un mémoire, dont trois commissaires nommés par la Société, auront fait un rapport favorable, ou être auteur d’un ouvrage estimé dans le monde savant. 5e. Être soumis au scrutin, et réunir les irois quarts des suffrages des votans. ArT IX. Les membres seront astreints à un travail périodique, et à une présence habituelle aux séances. A RP 26. : Le travail périodique de chaque membre, consistera à lire à son tour, des ouvrages de sa composition, des extraits, des tra- ductions, des rapports d'expériences deman- dées par la Société. À Ra XIT. Ees membres ne pourront offrir pour lecture périodique que ceux de leurs ou- ° » D MERS CE 56 vrages qui n'auront point ete imprimces. AR Ut X LE Les rapports des mémoires de réception, ét ceux des séances des Sociétés savantes, ne seront pas comptés comme lectures pé- riodiques. ART. Xe Lorsqu'un membre ne viendra point à Ja séance, ou arrivera apres l'ouverture , il paiera une contribution d'absence. ART. XIV. Lorsqu'une maladie, ou une absence de Paris, le forceront de manquer plusieurs séances de suite, il préviendra la Société par une lettre; il annoncera le tems pro- bable de son absence : la réception de cette lettre sera inscrite sur le procès-verbal, ét 4,3 v) « Sera exempt, jusqu'au moment de son retour, de toute contribution d’absence. ART. XV. Un membre qui s’absenteroit de Paris pour aller prendre ailleurs un domicile, et qui voudroit toujours demeurer membre de la Société, sera tenu d’envoyer périodique- ment ses lectures ; alors il recevra le Bulletin de la Société. ArRire XV E Un membre qui auroit passé plus d’un an sans donner de ses nouvelles à la So- ciété, sera censé s'être retiré de son sein, à moins qu'il n'ait été forcé à ce silence par des circonstances impérieuses dont la Société jugera. FAR A AN À) Les membres seuls auront le droit: de voter, d’être élus aux charges d’officiers, et généralement à toutes les commissions qui intéressent le régime de la Société. Ar XVIII Un membre qui s’éloigneroit de Paris, et vi] qui ne pourroit plus continuer son travail périodique, aura le titre de correspondant. ARTS NT exe Un membre qui, par des circonstances quelconques, aura perdu ce titre, conservera toujours le droit de rentrer dans le sein de la Société lorsqu'il y aura une place va- cante, sans avoir besoin d’être présenté par personne, ni de donner un mémoire; il sera seulement soumis au scrutin, et les trois quarts des suffrages des votans lui seront également nécessaires pour être admis. CUT API TURC 'E. TV Des Associés libres. 7, ea 0. Ur, © Les membres qui auront atteints l’âge de soixante ans , et que leurs occupations ou d’autres circonstances empêcheront de con- tribuer activement aux travaux de la Société, seront placés de droit parmi les associés libres. » vil Acmirso XX L Les associés libres jouiront de tous les droits des membres résidents; mais ils ne seront tenus à aucune contribution, ni aux lectures périodiques. CHA PIERRE" V: Des Correspondans. ART. XXII. Pour être admis au nombre des corres- pondans , il faudra : 1. Etre présenté par un membre ou un correspondant. | À 2°. Avoir donné au moins un mémoire dont le rapport aura été fait d’une manière avantageuse par trois commissaires nommés par la Société pour lexaminer , ou bien être auteur d’un ouvrage estimé dans le monde savant. 3%, Etre soumis au scrutin , et réunir la pluralité des suffrages des votans. ARR OS EX UE TNT Les correspondans s'engagent à répondre D © 1X aux différens renseignemens sur les sciences que pourroit leur demander la Société. : AR Tu XX EVE Un correspondant qui auroit passé plus de trois ans sans rien envoyer à la Société, sera censé s'être retiré de son sein, à moins qu'il nait été forcé à ce silence par des circonstances impérieuses. APR r. 2 XX NE » Un correspondant ne pourra pas résider dans le PU nr de la Seine. Ar TX XVI Dans le cas où un correspondant vien- droit résider à Paris, il sera tenu de se faire admettre au nombre des membres, sinon il sera censé s'être retiré de la Société. ARE XX ON LE La détermination de la résidence ou non- résidence se fera sur la déclaration du cor- x respondaut qui seroit déjà à Paris depuis uu an. FO 5 à D Un correspondant qui par des circons- tances quelconques , auroit perdu ce titre, conservera toujours le droit de rentrer dans le sein de la Société, sans avoir besoin d'être présenté ni de donner de mémoire ; il sera seulement de nouveau soumis au scrutin. An Ty X XI X. Un correspondant aura le droit d’inter- roger la Société sur des objets de science. Ar Tr X XX, Les membres et correspondans recevront gratuitement, et 1ous les mois, le Bulletin des Sciences, publié par la Société. » P P A REP EEE EX À Lorsqu'un correspondant républicole re- cevra quatre Bulletins sans faire de réponse, la Société discontinuera de le lui envoyer. xj Arr: 2X7X XII La Société décidera, suivant les circons- tances, le nombre de Bulletins à envoyer à un correspondant étranger, avant d’en exiger de réponse. PET TE QE. On A La Société pourra, par une décision par- ticulière, interrompre l'envoi de ses Bul- letins à un correspondant dont plusieurs répônsés consécutives n’auroient. aucun rapport avec les sciences qu’elle cultive GAP ET R°E OV. Des Réceptions en général. AE mn TE XX yX LV. La Société ne pourra procéder à aucune E . . . ‘ EL. 3 admission que dix jours apres la pré$enta- tion du récipiendaire. ART XXE V- Un récipiendaire ne pourra jamais être présent au moment où on le passera au scrutin. xi} Ar ZX7/X XV E Les mémoires de réception devront tou- jours être lus à la Société assemblée, à moins que par une délibération , la Société ne décide qu’ils ne sont point susceptibles d'être lus. Ain RE XV DE Lorsque le nombre des membres de la Société sera moindre que cinquante , il sera nommé, un mois apres qu'une place sera venue à vaquer, une commission de de cinq membres, chargée de proposer à la Société trois candidats au moins pour chaque place. Ant rs FIÉER IN ARTL: Les membres de la commission seront choisis par le président, de l'avis des secré- taire, vice-secrétaire et trésorier. Arr RAIN TX. Il sera dressé par le secrétaire une liste des membres, sur laquelle ils seront distri- xii] bués suivant Île genre de connoissances qu'ils ont cultivées spécialement , et on tàchera que les membres de la commission soient pris, autant qu'il sera possible, dans différentes colonnes de cette liste. ARTS XL. Les candidats ne pourront ètre pris que parmi les savans qui auront manifesté le desir d’être admis dans la Société. : ART. sa a E Qu A la liste des candidats proposés par la commission ; chaque membre sera libre de faire ajouter tel autre aspirant qu'il pro- posera , toutefois apres que la Société aura agréé cette addition. Acnee NE LL À la suite du nom de chaque candidat porté sur la liste par la commission, elle devra indiquer sommairement leurs titres à l'admission demandée. La même indication sera faite par le membre proposant pour celui ou ceux des aspirans qu’il auroit fait ajouter à la liste. Xiv SUR MU ve A 9 EN 0 À La commission ne pourra faire son rap- port que dix jours après sa nomination. EVE TTL Si parmi les candidats portés sur la liste de la commission, il en est qui n’aient point été présentés à la Société par l’organe de son président, au moins dix jours au- aravant, on ne pourra aller au scrutin sur la liste de la commission , que dix jours après la présentation de cette liste. NrT XL V. La Société ne procédera jamais à l’ad- mission que d’un seul candidat à-la-fois. AR mr Er NE Il y aura un premier tour de scrutin sur la liste présentée par la commission, pour reconnoitre celui des candidats qui aura obtenu le plus grand nombre de suffrages. Avon ral: OV HE On ira une seconde fois au scrutin par XV out et par non, pour reconmoitre si celui qui a obtenu la priorité dans le premier tour, aura les deux tiers de voix, confor- mément aux conditions d'admission pour les membres. ART XLVIHITH La Société ne pourra procéder à aucune admission qu'il n’y ait au moins la moitié dés membres présens. Ain TXL IX, Dans le cas où une admission seroit re- culée par le défaut du nombre requis de votans, il sera écrit. une circulaire pour prévenir qu'il doit y avoir un scrutin d’ad- mission, et alors dans la séance suivante, on procéderoit à ce scrutin, quél que füt le nombre des votans. CHA PLEIN EVIL Des Revenus et Depenses. À KR T. | PU Les revenus de la Société seront pris sur xY) les contributions de ses membres, et sur le produit de la vente de ses ouvrages. À. n,T, EN: 11 ÿ aura deux sortes de contributions ; l'une annuelle, et l’autre d’absence. À Re TT La contribution annuelle sera commune à tous les membres présens où absens. La quotité en sera fixée par la Société, selon les circonstances. ARS CHI lIT, La contribution d'absence sera prélevée sur les membres qui se trouveront dans le cas de l’article XIII. Sa quotité en sera également fixée par la Société, suivant les circonstances. ART: LI V. Ces contributions seront payables par trimestre , sur un avertissement du trésorier. ART LV. Le Bulletin sera publié par souscription, au xVij au prix et suivant le mode arrêté par la Société. ART. L VI Le produit de ces souscriptions et de la vente des ouvrages de la Socicté, sera versé dans la caisse. Aa ts N LT Les dépenses ordinaires de la Société, savoir ; celles de loyer, bois, lumiere, pa pier, copies, etc., seront faites par le tré= sorier, sans qu'il ait besoin d’une autorisa- tion spéciale ; elles seront seulement sous mises à l'inspection des commissaires chargés de l’examen des comptes. ? AT. L.VIIL Aucune dépense extraordinaire ne pourrä ètre faite sans une autorisation particuliere de la Société , donnée sur là proposition des commissaires pour l'examen des comptes: ART. LIX. La Société ne pourra jamais arrêter de dépenses pour une somme excédente celle b xvii} qu'elle possède en caisse, à moins qu'un ou plusieurs membres ne se portent caution du paiement de cette somme, en cas que ses fonds ne puissent y subvenir. CH APAITA POV ETT. Des propriétés de la Societe. ArnT. LX. Toutes les propriétés de la Société, tant en mémoires, manuscrits, qu’en autres ob- jets, seront confiées à la garde du trésorier qui en sera responsable. AmT LXL Les clefs du dépôt des propriétés seront confiées au secrétaire et au trésorier. CELA LR E CIX Des Fonctionnaires. ART ECIT Il n’y aura dans la Société aucune fonction perpétuelle. Arr, 'LXITE Il y aura pour fonctionnaires : Un Président ; Un Secrétaire ; Un Vice-Secrétaire ; Un Trésorier. Ava a, LXI V. Aucune de ces fonctions ne sera com- patible avec les autres. PARAGRAPHE PREMIER. Du Président. Ars EXC Le président sera élu au scrutin, à la majorité absolue des suffrages. Anve-N'EEX VE Le tems de son exercice sera de trois mois. AR TUE NN CET Il ne pourra pas être continué. b 2 Az vi YLOCNVIIL Dans le cas d’égalité dans les suffrages, la voix du président ne sera pas comptée. Asva EXMA Ses fonctions seront principalement de faire exécuter les réglemens, et de maintenir l’ordre dans les séances. Il veillera à ce qu’il ne s’établisse point dans la Société de con- versations particulières, à ce que plusieurs personnes ne parlent pas à-la-fois, et dans ce cas seulement, il pourra exiger que l’on demande la parole avec exactitude; il trou- vera d’ailleurs ses fonctions plus détaillées au chapitre premier du titre second de l’ordre des séances. AU RP 2 AUX) L’ex-président présent, le plus nouvelle- ment sorti, remplacera le président absent. À R TUE XT. Dans le cas où il n’y auroit aucun ex- Hide à tit : président présent, le plus ancien d'âge pré- sidera la Société. XX} S II. Des Secrétaires. Am D EAN NICE Les secrétaires seront élus au scrutin, à la majorité absolue des suffrages. AT EX XIII Le tems de l'exercice du secrétaire sera de deux ans. Arr. LXXIV. Le tems de l’exercice du vice- secrétaire sera d’un an. Aer EXC V: Le Secrétaire et le vice-secrétaire pourront être réclus. ArT. LXXVL Le secrétaire est chargé de la rédaction des procès-verbaux, d'écrire au nom de la Société. Il est chargé officiellement, mais non exclusivement, de donner aux séances d'anniversaire, une notice sur la vie et les b 3 xXi) ouvrages des hommes illustres, que les sciences auroient nouvellement perdus. Are XX VIT. Les secrétaires seront chargés de tenir en ordre le registre des expériences à répéter, et celui des questions à résoudre, ainsi qu’un cahier sur lequel ils inscriront le titre de tous les ouvrages nouveaux et intéressans. À.r æ, LXXN LIN. Les secrétaires ne pourront adresser au- cune lettre au nom de la Société, avant de la lui avoir communiquée. Ils en laisseront toujours une copie exacte dans les archives. Ana L'XNIX Les secrétaires étant absens, les ex-secré- taires le plus nouvellement sortis les rem- placeront. RYITI. Du Trésorier. AR EX XX Le trésorier sera élu au scrutin, à la majorité absolue des suffrages. Xxii} Arr. LXXXI Le tems de son exercice sera d’un an. 7 A NI 1e. te, GO LE Le trésorier pourra être réélu. ArT LXXXIII Le trésorier remplira en même tems les fonctions d’archiviste ; il est chargé : 1°. Du recouvrement des contributions et de toutes les sommes dues à la Société ; 2°. De la garde de toutes les propriétés de la Société, telles que mémoires, lettres, livres, collections d'histoire naturelle, de physique, animaux vivans, etc. ; 3°. De mettre en ordre les mémoires, letires et autres papiers de la Société ; 4°. De conserver avec soin l’ordre établi dans les collections et dans la bibliothèque. Air) EL XXI V. Il suivra pour l’ordre des mémoires, celui détaillé à la tête de la table alphabétique desouvrages de la Société, et adopté par elle dans sa séance du 30 Juillet 1701, et b 4 XXIV pour l’ordre des autres papiers, celui indiqué dans le cahier intitulé : Ordre des papiers de la Société Philomathique. AnT. LXXX V. Il sera chargé de continuer la table des mémoires de la Société, par ordre alphabé: tique de maticres, et par ordre alphabétique des auteurs. ArT,. LXXX VI. Il tiendra un registre de recettes et de dépenses. Acnir. LA XX ViLI Ïl tiendra un catalogue de tous les objets qui formeront les collections de la Société, avec les numéros qui seront inscrits sur chaque objet. Anse EXXKXNIIE, Il inscrira sur tous les objets donnés dans une séance, un premier numéro qui sera celui de la séance, et un second qui déter- minera spécialement cet ebjet parmi ceux recus dans la même séance. XXV ART LXXXIX, Jl ne prêtera les effets de la Société qu'aux membres et aux correspondans, et sur un recu des personnes auxquelles il les aura prétés. À ER mm C: Il sera responsable de la perte des effets qu’il aura prétés sans recu. NRmuNCTE Tous les six mois, la Société nommera trois commissaires qui examineront en dé- tail les registres et le catalogue du trésorier, et les compareront soigneusement avec les effets, ils en feront leur rapport à la Société. ARSROEe NS CNT: Lorsque le trésorier sortira de fonction, la Société nommera également trois com- missaires qui examineront les registres en présence de son successeur. Le rapport qu’ils en feront à la Société, signé d’eux, servira de décharge au trésorier sortant de fonction. AR NC. Lorsqu'un membre pässera une année xxY} sans s'acquitter des dettes qu'il auroit pu contracter envers la Société, le trésorier en fera son rapport aux commissaires chargés de l'examen de ses comptes. ARE CLIN. Il sera décidé dans le secret, entre les commissaires et le trésorier, s’il faut exiger du membre qui doit à la Société, de se con- former aux réglemens, ou si on le déchar- gera de sa dette. S'il est décidé que sa dette lui sera re- mise, les commissaires seront tenus de gar- der le secret, et donneront au trésorier une décharge conçue en ces termes : « Nous , commissaires nommés par la » Société, autorisons son trésorier à ne point » réclamer (telle somine ) due par diffe- » rentes personnes jusqu’à ce jour (la date ).» Cette décharge sera communiquée au membre qu’elle concernera. Si le contraire étoit décidé, les commis- saires en rendront compte à la Société, qui prendroit tel arrêté que bon lui sembleroit. KXVi} CHA PATRE |'X: Des Commissions. ACRIT TN CV T'outes les commissions seront nommées par le bureau, à moins d’une décision par- ticulière de la Société. At Tr X'CVI Plusieurs commissions seront compatibles dans la même personne. ART AE CG NL. La Société aura pour commissions per- manentes, les suivantes : 1°. Des commissaires pour faire le rapport des séances des différentes Sociétés savantes dé la capitale (nommées tous Les ans ); 2°. Six commissaires pour rédiger le Bul- letin (nommés tous les ans ); 5°. Trois commissaires pour arrêter les registres du trésorier (nommés tous les six MOIS ). AR ES CN TI I. Les pouvoirs et fonctions des commis- XXvii] saires nommés pour examiner les registres du trésorier, dureront pendant tout le se- mestre; mais ces commissaires ne pourront ètre réélus le semestre suivant. ART OUEN XX Les commissaires nommés pour la rédac- tion du Bulletin, seront pris dans l’ordre suivant : Un pour la Zoologie, l’Anatomie et la Physiologie ; Un pour la Chimie, les Arts chimiques et la Minéralogie ; Un pour la Médecine et les Sciences qui lui sont nécessaires ; Un pour la Physique, les Mathématiques et les Arts mécaniques ; Un pour la Botanique ; Un pour l'Économie et les Antiquités. ART. C. Ces six commissaires formeront, avec le secrétaire, un comité chargé de tout ce qui sera relatif à la rédaction, l'impression et la distribution du Bulletin. AnrT. CI. Chacun d’eux signera ses articles d’une XXIX lettre distinctive. Ils nommeront entr’eux un rédacteur général qui sera chargé de recueillir les articles des rédacteurs particuliers, d’ac- tiver Pimpression et la publication de chaque numéro Ant... CII La Société ne décidera rien de relatif au Bulletin, n’arrêtera l’insertion d’aucun ar- ticle dans cette feuille, sans avoir pris l'avis de sés commissaires, ART. CIITL Les commissaires pres les Sociétés savantes seront tenus de faire leur rapport par écrit. CHAPITRE X\L Des Élections en général. A Br. P'OMV. Les élections des fonctionnaires et des commissaires se feront à une époque déter- mince de l’année. À & TC UV, Si un fonctionnaire quittoit avant lexpi- XxX ration du tems de son exercice, on lui nom- meroit un successeur seulement pour le reste du tems qu'il avoit encore à exercer. VE MN ON A É Les époques des élections sont fixées de la manière suivante : La première séance de Vendémiaire, des années paires. ÉLECTION d’un secretaire. d’un président ; d’un vice-secrétaire ; d'un trésorier ; des commissaires pour rendre compte La première séance des séances des de Vendémiaire , Socieles savantes ; chaque nee des trois comimis- saires pour arréter les comptes du tré- sorter ; des six commissaires charges de rédiger le Bulletin. ÉLECTION La première séance de Nivôse, d’un president. ÉLECTION XXX) ! d’un president ; 1 # . . La premiere séance À des trois commis- de Germinal. saïres pour arréter ÉLECTION les registres du tré- SOTrIEr. La première séance de Messidor. d’un president. ÉLECTION CHABIERES XII. Des Réglemens. As CLOWN EL Il ne pourra être fait de changement aux articles du réglement compris sous le titre premier, Organisation de la Socité, que dans la premiere séance de Vendémiaire, avant les élections qui doivent avoir lieu dans cette séance. Annie Ce VIT: Si dans le courant de l’année on propo- soit des changemens, ils ne pourroient passer qu'aux trois quarts des voix des votans. ART OIX, La Société par un arrêté, pourra faire les XXXI} changemens qui lui paroîtront convenables dans les articles compris sous le titre de régime. Cénend TITRE DEUXIÈME. RÉGIME DE LA SOCIÉTÉ. PP ER ETAT ERS CHAPITRE PREMIER. Des Séances ordinaires. ARTICLE PREMIER. hu Société s’assemblera une fois par dé cade. ART. IL Si le jour de son assemblée est une fête, la seance aura également lieu, à moins que précédemment la Société n’en ait décidé au- trement, ART IF, Le trésorier, avant l'ouverture de la séance, fera signer tous les membres présens sur XXXIi} sur le deuxieme verso de la feuille qui doit envelopper les mémoires. ART. I V. En ouvrant la séance, le président fermera cette feuille, en y apposant sa signature. ART Ve Le secrétaire lira le procès-verbal. Aer. VI. pa lira dans l’ordre suivant : . La correspondance ; °,. Les mémoires ou rapports de mémoires de Sr ; .- Les rapports demandés par la Société; 4°. Les rapports des séances des Sociétés savantes ; 5°. Les mémoires des membres qui doivent lire dans cette séance ; 6°. Les autres mémoires des membres ou des correspondans. ArT. VIl. Toute discussion réglementaire sera ren- c XXXIY voyée à la fin de la séance, ainsi que les élections , lorsqu'il y en aura. EN CRM ES AR Toute discussion politique ou étrangère aux sciences que la Société cultive, est sé- verement exclue du moment des séances. AnT'.IX, Avant de lever la séance, le président nommera les membres qui doivent lire dans la séance prochaine, suivant l’ordre de leur réception. Il y ajoutera un suppléant qui devra se tenir prêt à lire dans l’absence d’un des lecteurs. ACRP. AXE + On ne pourra jamais lire dans les séances habituelles de la Société, des ouvrages im- primés. AnT. XI. Dans le cas où la Société jugeroit conve- nable de lire en commun un ouvrage inté- ressant, elle se formeroit en comité de lec- ture dans un autre moment que celui destiné à la lecture périodique. XXXV Il n’y aura dans ce comité d’autre fonc- tionnaire qu’un lecteur choisi au scrutin, à la majorité simple, dans la séance où la Société aura décidé de se former ainsi. Arr UXIE Le jour et Fheure que la Société aura in- diqués pour se rassembler en comité de lecture, seront inscrits sur le procès-verbal, ainsi que le titre de l'ouvrage qui doit y ètre lu. Aer. XIII. Il n’y aura aucun des réglemens exécutés dans ces comités, ni tenue de procès-verbaux ; Ja Société ne pourra y délibérer; les membres présens pourront seulement s’ajourner pour terminer une lecture qu'ils n’auroient pas eu le tems d’achever. ART. XIV. Le lecteur ouvrira la séance à l’heure convenue en commençant ses fonctions. fl rendra compte à la Société assemblée, lorsque la lecture d’un ouvrage entrepris aura été terminée. r XXXY] AnT. XV. Les membres et correspondans auront le droit d’amener des personnes de leur con- noissance aux séances de la Société. À ner. X NI. Le président n’accordera la parole à un étranger présent à la séance, que dans le cas où deux membres la demanderoient pour Jui par un billet signé d’eux. Cette forma- lité remplie, la personne pour laquelle elle aura eu lieu, aura le droit de parler doré- nayant sur des objets de science, aux séances de la Société. CH APE TR:E.SI L Des séances d'anniversaire. ART X'VIL La Société aura une fois par an, le 20 Nivôse, anniversaire de sa fondation, une séance extraordinaire, dans laquelle le se- crétaire lira lanalyse des travaux de la Société pendant l'année. Ab'T. A VIRE Dans ces mêmes séances, le secrétaire ou XXXVI} d’autres membres liront des notices sur la vie et les ouvrages des hommes illustres, que les sciences auront nouvellement per- dus, et dont l'éloge n’auroit été fait, dans aucune autre Société savante de Paris. 16, À @ Dans la séance qui les précedera, on y 4 “ 4 lira sans exception tout ce qui devra être lu dans la séance d’anniversaire. AERT. (NX L'ordre suivant sera établi dans ces séances e de prélecture et dans celles de sémestre pour le choix et la lecture des mémoires. PARAGRAPHE PREMIER Wéances de Prélecture. A RTE NET Après la lecture des rapports , le secrétaire lira ses ouvrages; les membres, et ensuite les correspondans liront ceux qu’ils pro- posent de faire connoître dans la séance d'anniversaire. xxxviij ARrT. XXIIH x Le président marquera exactement le tems que durera la lecture de chaque mémoire, ayant soin d’en soustraire celui des obser- vations. ART. XXIII. La séance d’anniversaire ne durera que deux heures. ART. XXIV. La Société jugeant d’après cette donnée et l'étendue des ouvrages du secrétaire, du tems qu’elle peut donner aux mémoires, elle les choisira de la maniere suivante : 1°. Elle ballotera l’un après l'autre, tous les mémoires qui auront été lus, et les admettra ou les rejettera à la majorité des suffrages. 2°, Si les mémoires admis étoient trop nombreux pour le tems destiné à la séance d'anniversaire, la Société choisiroit au scru- tin individuel, les mémoires qui devroient être lus. 3°. Lorsque le tems déterminé pour la XXXIX lecture des mémoires sera rempli par ceux déjà choisis, le scrutin sera fini. APR TS EXT La Société décidera l’ordre dans lequel les mémoires seront lus dans la séance d’an- niversaire. ART. XX VIL. La Société passera ensuite à la discussion de l’ordre local qui sera suivi dans cette séance. Su S'eance d’anniversaire. ArT XX VIL Il n’y aura ni lecture de procès - verbal, ni rapport de séances de Sociétés. ARTS AE N'ITE Le secrétaire ouvrira la séance par l'ex- posé des ouvrages communiqués à la Société pendant l’année. xl ART. .XXIX. Le président veillera à ce que les mé- moires soient lus dans l’ordre arrêté par la Société. ART X XX. Jl n’y aura aucune discussion dans cette séance. FIN, PPT + LA SUN TÉ PAR ORDRE DE RÉCEPTION DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ PHILOMATHIQUE DR PA AVES: Jusqu’au premier Janvier 1792- Au 10 Décembre 1788. A UDIRAC, médecin. BronGnrart, chimiste. Brovaz, mathématicien. 2 ; Fondateurs. Perir, médecin. Pace, naturaliste. Sivesrre, physicien. Au 9 Novembre 1789. Berror, médecin. GuizserT , médecin. VauqQuELIN , chimiste. Au 24 Mars 1790. SecuIx , chimiste. Au 22 Mai 1700. Bouvier, chimiste. Au 7 Mars 1701. Mansizzac, médecin. Au 28 Mars 1791. RosizLarr , chirurgien. Au 4 Avril 17091. Garnier , mathématicien. Au 9 Mai 1791. Lai, physicien. : Au 15 Juin 1791. BonxwarD , physicien. Au 27 Juin 1791. Coqueserr ( Romain), physicien. Au 20 Août 1791. Lucas, médecin. Au 51 Décembre 1791. CHaPre , physicien. LUMS EÉTULE PAR ORDRE DE RÉCEPTION DES ASSOCIÉS CORRESPONDANS D E LA SOCIÉTÉ PHILOMATHIQUE D'E “PAR I S; Jusqu? au premier Janvier 1702. Au 9 Novembre 1780. D médecin , à Montpellier. Guicxarp , médecin. Lasazce , physicien, à Semur. Scaurer, chimiste, à Strasbourg. Au 9 Décembre 1789. RouiLLé , médecin. Au 15 Décembre 1789. Georrroy-ViLLENEUVE , naturaliste. MArTINEL, naturaliste, à Chambery. Au 25 Janvier 1790. Lamorre, chimiste. Au 3 Mars 1700. Mouere , naturaliste, à Joinville. Au 21 Août 1790. MexarD, naturaliste , à Rouen. Au 15 Novembre 1790. BeruiNGniEerr, physicien, à Pise. Zu 20 Janvier 179te D’Axprap4, naturaliste, au Brésil. Fasriaus , naturaliste, à Kiel. Au 12 Février 1791. Monras, chirurgien , à Brest. Au 4 Avril 1791. Lussisxoz, chimiste à Beaumont-sur-Oise. Au 17 Septembre 1791. Cnaussier, chimiste à Dijon. Au 30 Décembre 1791. Donraes, naturaliste, à Montpellier. ANALYSE DES ST RAVNU:X DE SLA SOCIÉTÉ PHILOMATHIQUE, 1 Pendant le premier semestre de son établissement. Mai 1700. PMR CHE, Secrétaire ‘de cette société, mn Msssirurs. Lxs sciences, pour la facilité de l'étude , ont été divisées en différentes branches ; mais à mesure que nous pénétrons dans leur analyse, nous Yoÿons multiplier les points par lesquels elles se touchent. Elles tombent toutes réciproquement dans la dé- pendance les unes des autres : Ja chimie et la physique s’égarent sur les êtres vivans sans la physiologie ; celle-ci étend ses vues par l’histoire naturelle, qui lui fait lever sux A (2) toute la nature vivante, un œil qu’elle.avoit appesanti-sur une seule espèce. À quoi ser- vent les calculs des mathématiciens lorsqu'ils n’ont pas été fondés sur des principes résul- tants d’une étude approfondie des sciences physiques? Enfin, quel est l’art qui n’est pas plus ou moins immédiatement nécessaire aux progrès de la médecine ? Effrayé de cet amas immense de connoissances qu'il seroit nécessaire d'acquérir pour pouvoir cultiver avec fruit une seule science, nous sentons bientôt la nécessité de nous rapprocher, de nous éclairer des lumieres de ceux qui cul- tivent les autres. Sans cesse indigens de faits et d'observations, nous ne pouvons pas tout vérifier par nous-mêmes ; AOUS sentons que la classification adoptée pour les sciences, west que factice, qu’il faut qu’elles marchent en corps pour se soutenir réciproquement. La nécessité de se communiquer entre les savans, leur fait bientôt sentir celle de se réunir pour marcher ensemble à la décou- verte de la vérité. Parmi les avantages que pourroient procurer ces associations, il en est plusieurs tres-importans que lon paroit : avoir négligé dans leur institution. La plupart des membres qui composent ces sociétés , (5) peuvent se croire dispensés des travaux auxquels se livrent un petit nombre de membres; ils peuvent regarder seulement le titre que leur accorde une société illustre, comme une récompense honorable due à leurs talens, et qui ne leur impose aucun devoir. Ceux qui sont distingués par de grands talens s’occupent à éclairer le public, ainsi qu’ils le feroient en particulier, bien plus qu’à diriger leurs vues vers l’ütilité de leurs coopérateurs, en communiquant avec eux dans leur réunion; enfin, chaque membre est toujours isolé au sein d’une académie. En formant cettésociété, vous avez cherché, Messieurs, à la rendre véritablement utile à elle-même ; l'esprit de tous les réglemens que vous avez adoptés, se dirige vers deux points de vue principaux. Premierement, chaque membré est obligé à un travail réglé et dé- terminé par un ordre constant; secondement, dans ce travail, il doit s'attacher particulie< remeñt à êtie utile à la société. C’est pour remplir ce dernier objet que vous avez dé: cidé que chacun de nous s’occuperoit prin< ci palement à y rapporter l'histoire des progrès successifs de la science qu'il cultive, en y annoncant toutes les nouvelles découvertes À: 2 (4) qui lui sont relatives, en faisant connoitre les ouvrages nouveaux dans chacun de ces arts, et tout ce qu’ils peuvent renfermer d’ intéréssant, en rendant compte des travaux de toutes les autres sociétés savantes. Con- sidérant toujours sous le même point de vue, combien il nous seroit avantageux d'établir un jugement certain sur les expé- riences fondamentales, d’où l’on doit déduire un grand nombre de conséquences, vous ayez établi que nous nous occuperions à les répéter, autant qu'il nous seroit possible, sur un plan uniforme et régulier ; vous avez décidé que ce genre de travail seroit sans interruption une occupation habituelle de la société, et dont on lui rendroit compte à chacuné de ses séances. Cette méthode nous apprendra à distinguer les véritables faits de la nature, des apparences spécieuses dont ou se sert pour établir des hypotheses; les expériences acquerront cette certitude que doit leur donner la sanction d’une réunion d'hommes instruits, qui les ont répétées avec impartialité. Avides de toutes les lumieres, toujours occupés essentiellement d'apprendre, vous avez décidé que tout membre d’une société PS De (5) savante auroit droit d’être admis par ce seul ütre dans la nôtre, pour nous communiquer ses connoissances ; amis de tous les arts, disciples de tous.les grands hommes, vous vous êtes interdits tout éloge entre vous. Mais vous voulez que la perte de tous ceux qui doivent former quelque époque dans les sciences soit rappellée dans le sein de notre société par un court éloge qui soit Île gage de nos regrets sur le maître que nous avons perdu, et le tableau des progres qu'il a fait faire à l'esprit humain. Enfin, Messieurs , par vos réglemens vous avez tàché d’établir entre les membres de la société que nous composons , tous les rap- ports moraux qui peuvent résulter d’une estime réciproque et de cette amitié qui doit ètre l’heureuse suite de cet amour de la science, également vif et désintéressé , qui vons rassemble. Inscrire son nom sur les registres de notre société, c’est s’obliger à une complaisance indéfinie envers chacun de ses membres dans tout ce qui peut ètre utile au progrès de ses études , c’est s’engager à lui communiquer toutes ses Jlumicres, tous ses moyens d'étude, ainsi qu’à tâcher d’applanir toutes les difficultés qui naissent NS (6) nécessairement du défaut de certaines con- noissances trés-éloignées, et pourtant acces- soires à la science à laquelle on s’est livré. Par l’exposé que je vous présente, l’on apperçoit le but de notre institution; il est aisé de reconnoitre qu’il n’est point le même que celui detla plupart des autres sociétés sayantes : celles-ci se réunissent pour éclai- rer les autres, et nous pour nous instruire. De la réunion d’une société formée par le seul amour des arts, il peut résulter, je l'avoue, des connoissances nouvelles ; mais lorsque lon connoit la marche de l’esprit humain, l’on voit qu’une société ne crée jamais rien en commun ; il faut que le génie, pour inventer, s’isole, qu'il attende l’inspi- ration du moment, un concours heureux et fortuit d'idées dont l'instant ne dépend pas de lui : toutes les découvertes grandes et primitives dans les sciences n’ont jamais eu lieu autrement. Ces associations servent donc sur-tout à réveiller lPémulation, à diriger les efforts du génie, à faciliter les communications ; en un mot, à ètre un moyen d'étude, Honorons-nous donc d’avoir bien saisi le vrai but de toute association littéraire ; honorons-nous de ne nous rassem (77) bler que pour nous instruire réciproque- ment, pour suivre ensemble le progres ra- pide des diverses sciences et des arts, dont un seul hormime perdroit bientôt la trace, s'il ne joignoit pas ses efforts à ceux de plusieurs; enfin, de nous être réuni pour nous mettre quelques instans à l'écart de cette foule de passions et d’inquiétudes qui remplissent les autres momens de la vie, pour nous livrer avec quelques personnes choisies par l’estime, par Paimitié et par analogie des goûts , au plaisir pur et tran- quille de ne rechercher la vérité que pour elle seule. Vous avez jugé nécessaire, Messieurs , que le secrétaire en fonction rendit compte, à chaque séance ‘de semestre, des travaux de la société. Cet exposé vous a paru avanta- geux, parce qu'il pouvoit servir à vous rap- peler la suite de vos travaux, faire remarquer ce qui a été négligé, et quels pourroient être les vices du plan sur lequel nous diri- geons notre marche. Je vais avoir l’honneür de vous en tracer lesquisse ; dirigé d'apres ces vues, je ne ferai souvent qu'indiquer les Litres des mémoires ; les détails vous sont inutiles, vous les connoissez déja. Je INQL fi (8) m'interdirai désormais avec sévérité toute espece d’éloge, ils ne sont point dans l'esprit de notre société, et il faudroit trop souvent les répéter; je me permettrai seulement, quelquefois peut-être, de donner mon avis, ainsi que le peut faire chacun de nous dans cette séance, sur tous les points de notre constitution. , Dans la liste des sciences auxquelles la société s’est proposé de se livrer, la physique générale et,les sciences physico - mathéma- tiques sont indiquées les premières. M. de Broval, qui s’est chargé spécialement de ces différentes parties, a lu dans nos premieres séances un mémoire sur l'emploi et les avantages des méthodes analytiques et sin- thétiques dans les mathématiques; dans les suivantes , il a lu un extrait de la méca- nique analytique de M. de la Grange. Je ne puis rappeller aucune idée de ces ouvrages, qui ne se retrouvent point dans la collec- tion de la société. Nous avons eu l'honneur de vous pré- senter la description des différens moulins à bras et à pédales qu’on a employés à Paris pendant la disette des farines de l’année dernière ; il résulte de l’examen de ces ma+ (9) chines, que la fabrication des farines, par leur moyen, esl toujours plus coûteuse que par celui des moulins à eau et à vent; on ne peut les employer avantageusement que dans des cas pressans, ou lorsqu'il est néces- saire d'occuper des bras oisifs. Dans le tableau du progres des sciences, en 1789, extrait du premier cahier du journal de physique 1790 par M. Silvestre, on nous a parlé des nouvelles découvertes faites dans les sciences physico-mathématiques ; il y est annoncé que M. Herschel vient d’ache- ver le plus grand télescope qui ait jamais été construit : il a quarante pieds de foyer, quatre pieds d'ouverture ; cet astronome a dé- couvert par son moyen deux nouveaux satel- lites à Saturne; la construction de cet instru- ment doit former une époque en astronomie. En nous proposant de’ suivre le progrès des sciences, nous ne nous sommes point déterminés à faire d'observations suivies en astronomie et en météorologie ; cependant de tous les travaux dont nous pourrions nous charger, ceux-ci sont assurément ceux qui demanderoient le moins de peine. Il seroit aussi facile qu’avantageux de nous y livrer, afin de pouvoir cultiver plusieurs (10) branches d'observations entièrement négli- gées : telles sont celles que l’on pourroit faire sur l’hygromètre de M. de Saussure, instru- ment, quoi qu’on en dise, tres-avancé vers sa perfection : telles sont encore des obser- vations météorologiques et agronomiques , semblables à celles que le célèbre Linné faisoit à Upsal, et qu’il a consignées dans son Calendarium Floræ, qu’il nous seroit si facile de continuer dans nos jardins publics et dans les campagnes des environs de la capitale. Je soumets ces propositions à votre jugement. Les expériences que Pon peut rapporter à la physique expérimentale, et celles que lon doit assigner au rang des faits chimiques, se rapprochent tellement chaque jour, qu'il n'est plus guères possible de les fixer dans une classé déterminée. Les combinaisons et les décompositions par lélectricité étant encore communément réunies à la physique expérimentale, nous rapporterons à celle-ci les expériences de MM. Paëts-Van-'Trost- wick et Deiman , sur la décomposition de Veau par Pétincelle électrique. M. Brongniart en a fait le premier mention à la société , par une notice extraite du journal de phy- (11) sique, avec quelques observations relatives à cette expérience importante. M. Silvestre Va depuis répétée à la société, par le moyen d’un appareil de son invention et de celle de M. Chappe, qui met les vaisseaux à l’abri de l'explosion , et qui augmente beaucoup les produits. Il résulte de ces expériences, que l’eau se décompose facilement en gaz hydro- gène et en gaz oxigène par l’action de l’élec- tricité, et que ces deux gaz se recomposent de nouveau en eau, selon que la commotion a lieu dans le liquide ou dans les gaz. M. Silvestre nous a fait connoître le nou- vel électrophore papiracé ; il résulte des ex- périences qu’il a répétées, qu'un drap de laine, quelques feuilles de papier brouillard séchées et frotiées, peuvent former instan- tanément un assez bon électrophore. MM. Vauquelin , Silvestre et nous, ayant été chargés de répéter l'expérience dans la- quelle M. Cavendish, et ensuite M. Van- Marum , ont formé de l'acide nitreux par la combinaison du gaz azote et du gaz oxigène, par l’étincelle électrique , nous avons tenté vainement une longue suite d'expériences tres- variées sans obtenir aucun résultat, quoi- que nous ayions fait tous nos efforts pour (12) imiter exactement les procédés des inventeurs. ME. Lamotte nous a répété quelques-unes des expériences nouvelles de M. Walker, sur les réfroidissemens artificiels que l’on peut produire par la dissolution de différens : sels : le physicien anglais a obtenu ses plus grands degrés de froid en faisant dissoudre des sels par de l’eau et par des acides eux- mêmes , réfroidis déjà artificiellement. Par ces gradations successives de réfroidissement, il est venu à bout de congeler , sans neige ni glace, du mercure en lames applaties, dont il n'a point déterminé la crystallisation précise. M. Silvestre nous a lu un mémoire sur la formation des volcans et sur leurs différens produits. D’après les expériences les plus modernes en chimie, d'apres la comparaison de tous les faits rassemblés parc les historiens naturalistes des volcans, et d’après ses propres observations, l’auteur a cru pouvoir conclure que les éruptions volcaniques étoient dues à la décomposition de l’eau réduite par l’action de Pélectricité en ses premiers principes gazeux, et ramenée de l’état de gaz à Pétat de liquide par des détonnations produites par la même cause. Ce mémoire est terminé par l'histoire mi (15 ) néralogique des divers produits des volcans. , L’extrait du voyage de M. Pallas en Sibé- rie, par M. Silvestre , offre encore la réunion de quelques faits de minéralogie; le plus intéressant, sans doute , est celui de cette dé- couverte si singuliere, d’une grande quantité d'os fossiles d’éléphant trouvés jusqu’au fond des mines de fer près de cette zone glaciale, té- moins antiques des révolutions de notre globe. M. Silvestre a rendu compte des recher- ches de M. de Bournon sur la lithologie des environs de Saint-Etienne en Forez: cet ou- vrage est remarquable par ses vues intéres- santes sur la formation et sur la dégénération de plusieurs substances minérales qui gissent aux environs des mines de charbon, et sur la formation de ce charbon lui-même, que l’auteur croit être le produit de la décom- position des animaux marins autant que de celle des végétaux. L’exposé des travaux de la société sur la chimie présente premièrement un mémoire de M. Audirac, renfermant des considéra- tions générales sur les combinaisons de la chaleur ; un mémoire du même auteur sur la description des bains de Cotterets, et sur VPanalyse de leur eau. (14) M. Vauquelin nous a donné l'exposé d’un mémoire de M. de Fourcroy sur l'analyse du cinchona charibæa , quinquina de Saint- Domingue. Ce mémoire présente, 1°. l'analyse du charibæa; 2°. des expériences sur cette substance. Cette analyse du charibæa à été faite, 1°. sur sa substance en nature, 2°. sur sa substance brûlée à Fair libré ou par la distillation. Les moyens d'analyse pour $é2 parer le charibæa en nature en ses principes prochains, ont été l’eau, les oxides de fer, Falkohol, les alkalis. L’eau bouillante l’a divisé en deux principes prochains, savoir : Z de son poids qu’elle a dissous, qu’elle wa point attaqué. Les + dissous , réduits en extrait par l’évaporation , ont été sous-divisés par Valkohol en + qu’il a dissous, + qu'il n’a pas attaqué; le dernier résidu observé a donné + d’une poudre rose, # de mucilage, Les oxides de fer essayés en premier lieu sur la décoc= tion, ont indiqué la présence de lacide gallique, dont on n’a pu évaluer la quantité. L’éxtrait aqueux du charibæa, dont nous venons de parler, brûlé, a donné 4 qui sé sont volatilisés, et <= qui sont restés fixes ; ces trois parties, ont été analysées, 1°. par l’eau ; 2°. par l'acide acéteux; 5°. par l’alko- (15) hol; 4°. par l’acetite de Barite. Nous avons calculé les produits sur les données de l’ana- lyse de M. de Fourcroy, que nous expose M. Vauquelin, ilen résulte : 1. Que 100 parties de quinquina en nature, donnent en principes prochains, Fibre végétale, ou partie insoluble dans déau bauillaute. ct 24 ak de 44 parties. Partie résineuse ou dissoute par l’alkohol......:.... RER Ur Mucilages iris. à: une 6 Poudre rouge seulement solu- ble: parles alkalis. SROOE 2°. La partie résineuse, le mucilage, la poudre rouge qui formoient l'extrait aqueux ayant été brülés, ils ont donné ‘en principes fixes, par les moyens d’analyse ci-dessus in- diqués , sur trois gros vingt grains de cendres par livre d'extrait, gros. grains 1°. Carbonate de chaux... ... 2 1 2°. Muriate de potasse...... DUT LD 29. PORASSEUDITE Li ie » | T2 4°. Sulfate de potasse....... »,./, 2 à TOTAL: Strass Perte dans l'expérience. .... » 75 (16) Ainsi les + du charibæa insolubles dans l'eau bouillante, n’ont point été analysés ultérieurement; car nous pensons que tous les autres essais sur ce végétal, que vous vous rappellerez sans doute, tentés par le célebre chimiste dont je vous expose le travail, doivent plutôt être regardés comme de belles expériences sur cette substance, que comme des moyens et des produits d’une analyse rigoureuse, Je ne me suis un peu plus étendu sur la partie analytique, que pour vous faire sentir combien il seroit desi= rable que l’on cherchàt à poser quelques principes généraux et philosophiques dans les analyses chimiques, qui ne sont encore que les produits isolés et sans rapports du génie, et dont les maitres de l’art semblent garder le secret. M. Schurer, correspondant de la société, lui à présenté un de ,ses ouvrages, intitulé : Sinthesis oxigenii,experimentis confirmata. Cet ouvrage, dont M. Vauquelin nous a donné l’extrait, renferme le précis de toute la chimie moderne. M. Brongniart a lu plusieurs extraits des annales chimiques, et de la 2° partie dur* vol. du dictionnaire de chimie de M. de Morveau. Jl (17) ll résulte de l'analyse du tamarin du com- merce, que M. Vauquelin a communiqué à la société, que cette pulpe contient par livre, 1°. De tartrite acidule de ,». gross grains, potasse...............+.+. D 4 12 2 Dé SOMME, ..: 1e se ir OU TAR GED D PMU à RE PE EE 2 ) h) APADieNeélatine 6. RE SRE te) Se acide cittique. 222188. ip 7 » Le 6°. D’acide tartareux libre.. » 2 » HP Dacide malique:s 0e MR) 740 8°. De matiere féculente, ..,. 5 » » Shi D ÉNE ABR RRS RENE AE RES L'on doit observer dans l’usage médicinal des tamarins, que l’on doit, 1°. les faire bouillir dans l’eau pour obtenir. leur par- tic gélatineuse , qui ne se dissout point à froid; 2°.-ne point les ordonner dans la même potion avec des sels à base de potasse, si l’on veut les administrer sans aucune dé- composition et en dissolution. Dans la méme séance, M. Vauquelin nous a communiqué des observations sur les pro priétés émétiques et dangereuses du suif du croton sebiferum. MM. Bronguiart, Silvestre et Vauquelin ont B (18) répété les expériences de M. Bertholet sur le blanchiment des toiles par acide muriatique oxigèné. Il résulte de leur vérification, que cette méthode pourroit être, dans les tra- vaux en grand, aussi sûre, aussi écono- mique, et bien plus expéditive que celle des blanchimens ordinaires. M. Seguin a donné à la société un mémoire sur lés moyens de déterminer le zéro réel du calorique. Je n’offrirai qu'un appercu léger des principaux points de la doctrine qu'il y établit, 1°. Iexiste dans toute la matière un pou- voir qui tend à rapprocher ses parties. 2°. Le pouvoir tendant à rapprocher des parties homogènes, s’appellera pouvoir aggré- gatif; celui qui tend à rapprocher des parties hétérogènes, se désignera sous le nom de dissolvant ; l’action ou la somme de ces pou- voirs se désigneront sous le nom de force, force d’aggrégation , force de dissolution. 5°. La force aggrégative ne change que les masses ; la force dissolvante peut changer les qualités des corps. 4°. La force aggrégative est toujours active par juxtaposition ; la force dissolvante peut s’éteindre par saturation. (19) 5°, La première peut être vaincue par uüi agent mécanique ou chimique ; la secondé ne peut l’être que par un agent chimique: 6°. Le calorique est une substance indé2 composée, compressible , qui pénètre et di late les corps suivant certaines lois, et tend toujours à l’état d'équilibre entre ses parties par une suite de leurs forces d’aggrégation. 7°. Les différens degrés du calorique dans les corps, produisent successivement la dilatation, la fusion, la vaporisation. Lé froid et la chaleur ne se disent que des qualités sensibles du calorique. 8. Il existe dans la plupart des corps, du calorique en aggrégation ou libre , et du ca= lorique en dissolution ; ce dernier a perdu ses qualités : mais quel que soit son état ; appelons sa somme totale dans chaque corps comparativement, calorique spécifique. 9°. La dilatation d’un corps est produite lorsque la compression de son caloriquë interposé est plus grande que la force d’ag- grégation des molécules de ce corps ; la con= densation suit l’ordre inverse. 10°. La compression du calorique dans üü corps a lieu par laddition d’une nouvelle quantité de calorique interposé en vettü dE Bb 2 (Kb) la supériorité de la force dSgrégative du ca- lorique, sur la force d’aggrégation du corps. 11°. Le calorique, sous différentes com- pressions dan$ deux corps en contact, tend par une suite de sa force aggrégative à s’y mettre en équilibre. 12°. La quantité de compression de calo- rique dans un corps, relativement à celle qui est nécessaire pour dilater par commu- nication la liqueur du thermometre d’un certain nombre de degrés, s'appelle tempé- ralure. 15°. La quantité de calorique qu'il faut communiquer à deux corps pour les élever à la même températufe, est la mesure de leur capacité. . 14. La capacité d’un corps est perma- nente, lorsqu'elle est toujours dans les mêmes rapports avec les quantités de calorique né- cessaires pour élever les températures à tous les degrés de l'échelle du thermometre. _ 15°. On peut considérer les capacités comme étant à-peu-pres permanentes depuis zéro jusqu’à 80 degrés du thermomètre. 16°. Les capacités ne sont pas toujours proportionnelles aux dilatations. 17°. Le calorique ne liquéfie et ne vaporise + (21) un corps que par une force de dissolution sur eux supérieure aux forces actuelles d’ag- grégation du corps et du calorique. 18. Le calorique en se dissolvant n'élève point la température des corps. | MM. Seguin, Vauquelin et Silvestre ont répété l'expérience de M. Müilner, par la- quelle il a formé de lacide nitreux, en faisant passer de Pammoniaque par un tube de fer rougi et rempli de manganèse; leurs résultats ont été à-peu-pres les mêmes que ceux de ce chimiste. En suivant les rapports naturels qui existent entre les sciences physiques; nous avons actuellement à indiquer quels ont été les travaux de la société sur l’histoire naturelle, à laquelle nous réunirons lagriculture et les arts qui y ont rapport. M. Silvestre nous a communiqué des ob- servations sur le dernier ouvrage du docteur Ingenhouz, ayant pour titre : Expériences sur les végétaux ; elles renferment un précis raisonné des expériences faites par ce célebre phytologiste, sur les émanations gazeuses des plantes, et sur l’action de l’electricité dans la végétation. 2°. Des observations sur des vers à soie, B*S ( 22) pourris pendant tout le tems de leur crois- sance, avec des feuilles de /eontodon- ta- raxacon, pissenlit vulgaire. 3°. Un recueil d'observations sur diffe- rentes plantes dont la transpiration est vé- néneuse, et qui sont dangereuses à toucher ; ces plantes sont l’Aypomane manicella, le lobelia longiflora, le behon upa de Vile de Java de Kumpfer, et le rhus toxicodendron. 4°. Des observations sur les avantages que l’on pourroit retirer des fruits du maronnier d'inde , et de ceux du quercus æsculus et du quercus virginiana, pour le blanchiment, et la nourriture.des hommes et des animaux. 5°. L’extrait du mémoire de la société d'agriculture, sur les abus qui s'opposent aux progres de l’agriculture , et sur les encou ragemens qu'il est nécessaire d’accorder à ce premier des arts. Tout ami du bien public connoît l’ouvrage de la société d'agriculture ; M. Silvestre a joint plusieurs observations à l’analyse qu’il en a faite. M. Petit, l’un des membres de cette so- ciété, et dont nous regrettons la perte, nous -a donné des observations sur la méthode anglaise, pour former des prairies. II a com: mencé par condamner l'usage du ray -grass (25) lolium perenne, tant vanté par quelques- uns de nos cultivateurs. La meilleure ma- niere, d'après ses principes, pour ense- mencer une prairie, est un mélange de graines de sept à huit sortes de graminées et de treffle, dont les unes sont à racines pivo- tantes, et les autres à racines tracantes; en effet, cet ordre paroîit être celui de la nature, et il sera toujours ridicule de n’ensemencer des prairies PDO qu'avec une seule espèce de grain. PMsicées savans se sont déja beaucoup occupés de l’art du boulanger; M. Brongniart a cherché , dans un mémoire sur cet objet, à distribuer les anciennes connoissances et ses nouvelles recherches, dans un meilleur ordre que celui qu'ont suivi les auteurs. Il commence d’abord à suivre l'artisan dans tous les détails de ses opérations ; ensuite il cherche à en donner la théorie. Il seroit à desirer qu’on eût, dans la description de tous les arts, toujours suivi cette marche , qui est celle de lobservateur. L'auteur ter- mine cet ouvrage par des recherches sur les espèces de pain avec lesquels lon pourroit suppléer celui du froment; il décrit la fa- brication du biscuit de mer, celle des pains B 4 ( 24) de seigle, de méteil, d'orge, de mais, de sarrazin, de pommes de terre. Il observe, d’après M. Parmentier , qu’il n’est avantageux de panifier cette derniere racine que lors- qu'elle a été gelée, parce qu'alors elle n’est plus manseable qu'avec cet appréL. M. Geoflroi, correspondant de la société, y a lu l’exposition du nouveau systéme de M. Bruguière sur les coquillages, comparé avec ceux de Linné et de M. Adanson; il y a joint quelques fragmens d’une nouvelle histoire des coquillages du Sénégal, à la- quelle il travaille, M. Martinel, correspondant de la société, nous a donné un mémoire sur une nouvelle manière d'enlever les provisions d'une ruche. Dans cet ouvrage, qui est le fruit d’une longue pratique de la culture des abeilles, l’auteur fait l’histoire de tous les procédés que l’on a employés jusqu’à présent, pour enlever le miel et la cire des ruches. Il en présente les avantages et les inconvéniens ; il rapporte des observations qu’il a faites sur une ruche vitrée, placée sur sa fenêtre au, sein d’une grande ville, et dont les abeilles alloient pourtant chercher leur subsistance au-delà des toits et des rues pendant tout (25) un élé, dans la campagne qui se. trouvoit fort éloignée. La méthode que M. Martinel décrit ensuite pour s’emparer des provisions des abeilles, se pratique au printems; elle consiste, 1°. à couvrir bien exactement le fond de la ruche pleine , avec une piece qui s'ouvre à coulisse; 2°, il renverse ensuite la ruche dans un baquet, et place une ruche vuide au-dessus ; alors il ouvre la coulisse pour faire communiquer les deux ruches ensemble, verse peu-à-peu de l’eau dans le baquet dans lequel est renversée l’ancienne, et oblige ainsi, peu-à-peu, les abeilles à l’abandonner et ägnonter dans la nouvelle. Les mouches à miel, ainsi changées de ruche, donnent une récolte abondafite dés la premiere année ; mais M. Martinel n’a pas encore pu s'assurer qu'elles donnassent des essaims; dans la suivante il se propose de donner des observations, sur ce sujet, à la société. En effet, si les ruches restent fer- tiles après cette opération si facile, il est inutile de détailler ses avantages, immenses - d’ailleurs, sur toutes les autres méthodes de recueillir la cire et le miel. Enfin , messieurs, nous avons eu l’hon- neur de vous lire sur l’histoire naturelle , ( 26 ) sur l’agriculture, etsur l'anatomie zoologique, des recherches sur la vie et sur les ouvrages de Lionnet, auteur de l'anatomie de la che- nille du saule; L’exposé des découvertes de Grew sur l'anatomie des plantes ; Un mémoire sur les parties externes des animaux des coquillages; Des considérations générales sur la classi- fication des êtres naturels ; Une dissertation sur l'habitation des plan- tes, d’après la méthode de Linné; Une dissertation sur le bélier , traduite des Æmaenitates acad. du même auteur ; Un projet de calendrier pour les agricul- teurs ét pour les naturalistes, établi sur le retour périodique des phènomènes naturels de chaque climat ; Une dissertation sur la culture des jardins de botanique, traduite en partie des Âmaeni: tates acad. de Linné. À chacune de nos séances, on a rendu un compte exact de toutes celles de la so- ciété d'agriculture. Il avoit été établi expres- sément dans nos réglemens, que des mem- bres désignés par la société, tächeroient de rendre compte à chacune de ses séances, (27) de toutes celles des autres sociétés savantes de la capitale; mais les difficultés que nous avons rencontrées pour nous procurer cet avantage précieux par-tout ailleurs qu'à la société d'agriculture, nous ont fait renoncer avec bien du regret aux lumieres que nous espérions en retirer. L’anatomie doit être à l’histoire naturelle des êtres organisés, ce que la chimie est à l’histoire des minéraux ; les uns et les autres se complètent réciproquement. L'histoire na- turelle généralise les faits observés par l’ana- tomie et par la chimie, et ces deux dernieres sciences analysent les observations de la pre- micre ; il est dangereux de les séparer dans lPétude, M. Guilbert vous a donné la description du nerf sciatique sur le plan du traité du docteur Joerdens, sur le même sujet. Cet ou- vrage, dont le mérite doit consister sur-tout dans la précision des détails, n’est pas sus- ceptible d’une analyse. Le même membre vous a donné encore la description des cavités de la poitrine et du bas-venire, ouvertes par derrière, d'après Ludwig; cette préparation offre des faits. intéressans et nouveaux. Nos coupes anato- ( 28 ) miques sont trop monotones. Le scalpel des modernes , asservi à la marche de celui des anciens, se fraie peu de nouvelles routes; il présente beaucoup de détails, mais il détruit les rapports. On ne voit plus l’ensemble des sections générales, qui nous présenteroient les machines organisées sous leurs princi- paux profils, et seroient très-avantageuses à la physiologie et à la médecine. M. Bellot de Bussi a lu un mémoire sur la situation des viscères dans la cavité de Fabdomen ; il renferme le précis de cette partie de la splanchnologie. M. Vié à lu la description anatomique de Ja matrice de la chatte avec son fœtus. Le caractere particulier de ce viscère, dans les animaux multipares , est d’être divisé par un certain nombre de loges, qui renferment chacune un fœtus. Aristote est le premier.qui ait observé que le nombre de ses étrangle- mens est correspondant à celui des mam- melles de l’animal. Les mémoires communiqués à la société sur différens point de physiologie, sont : 1. Un mémoire sur la circulation du sang dans le fœtus, par M. Vié. Les principales causes qui font différer la (29) marche du sang dans le fœtus, de l’ordre étabh dans lPadulte pour sa circulation, sont, 1°. l’affaissement des poumons qui compriment Vartere pulmonaire ; 2. les re- lations du fœtus avec sa mere par la veine umbilicale ; 5°. la communication des deux oreillettes par le trou de Botal ; 4°. la com- munication de la base des deux troncs arté- riels par un canal particulier, qui devient un Jligament solide dans l'adulte. C’est sur l'appercu de ces deux dernières communi- cations artérielles, que l’on s’est imaginé que les animaux qui les conserveroient après leur naissance , pourroient vivre plus long- tems sans respirer; mais l’on ignoroit alors | que lanimal, une fois privé du degré de chaleur nécessaire que lui fournit sa mere, périroit par le simple réfroidissement, sil n’alimentoit pas sans cesse, par l’absorbtion du gaz oxigène, cette flamme de la vie qui doit circuler dans son sang. 2°. Mémoire sur les sécrétions en géné- ral, par M. Guilbert. L'auteur rapporte le mécanisme des sécrétions à une irritabilité ou sensibilité particuliere, qu’a chaque or- gane pour former et séparer plutôt telle humeur que telle autre. Les observations (3) physiologiques viennent chaque jour à lap- pui de cette théorie, qui considère l’indi= vidu vivant comme un assemblage de vies partielles. Ces modes de vitalités distinctes, sont presqu'indépendantes dans certaines familles d'animaux, et dans tout le système végétal. %e, Mémoire sur le flux menstruel, par M. Vié. Il rer ihé des recherches sur les causes effcientes et finales de ce phéno- mène de la nubilité, sur la nature de cette sécrétion, sur les préjugés qu’elle a fait naître, sur les altérations maladives qu’elle peut éprouver. C’est sur-lout en parlant des vices de menstruation que Celse a dit: S'exagentorum morborum causa uterus. 4°. M. Bellot de Bussi a donné une suite de mémoires sur la nutrition. Dans les trois premiers, il considère les phénomènes de la digestion dans l’homme en particulier ; dans le suivant, il considère les phénomènes de la digestion dans tous les animaux en gé- néral; dans le dernier, M. Bellot s'occupe des produits de la_digestion , c’est-à-dire de la nutrition proprement dite, M. Bellot dans ses recherches sur la di- gestion ; adopte une marche tracée bien ut come (31) “ettement par les opérations de la nature. Il distingue trois sortes de digestions; la premiere dans la bouche, la seconde dans l'estomac, la troisième dans les intestins. Dans la premiere , les parties de la mandu- cation sont l'agent mécanique, et la salive l'agent dissolvant : c’est la mastication. Dans la seconde, le mouvement propre et continu de l’estomac si actif dans les oiseaux gra- nivores , est l’agent mécanique, et le suc gastrique l’agent dissolvant ; c’est la digestion proprement dite. Dans la troisième, le mou- vement péristaitique des intestins est l'agent mécanique, et le suc pancréatique et la bile, l'agent dissolvant ; cest la chilification. M. Bellot faiten méme tems des recherches sur la nature de la salive, du suc gastrique, de la bile, du suc pancréatique, enfin du chile. Il analyse les trois fameux systèmes sur la digestion, que l’on attribue successi- vement à la fermentation, à la trituration mécanique, et à la dissolution ; et apres les avoir exposés, il rapporte des faits, doute, et n’en adopte aucun. Dans le quatrième mémoire sur la nu- trition des animaux, M. Bellot examine la forme et l'usage des organes digestifs dans (52) les diverses familles des êtres vivans. Les quadrupédes, dont la corne du pied est partagée en deux pièces, pecora de Linné, bisulques des anciens, ont quatre ventri- eules, ils sont ruminans; les autres her- bivores n’ont qu'un ventricule, mais les organes de la digestion en eux sont beau- coup plus étendus que dans ceux qui se nour- rissent de chair. Les oiseaux granivores se rapprochent des quadrupèdes ruminans par trois ventricules , dont la force de nutrition est tres-active. Les poissons, les insectes, les animaux à sang froid, n’ont qu’un estomac allongé, et qui n’est souvent qu’une conti- nuation de l'intestin. T'ous les viscères du polype se réduisent à un tube tres-court où les alimens s’assimilent en sa substance par cette action , assimilation toujours bien in- explicable dans la nature vivante ; enfin, le végétal digere par lécorce et par les’ feuilles. Le cinquième mémoire traite de la nutri- tion postégieure à la digestion , ou de l’assi- milation des substances alimentaires en la substance du corps. Quelques physiologistes ont prétendu que cette altération particu- lire de la matiere étoit indépendante de la forme ñ (53 forme des organes; M. Bellot cite un fait qui prouve le contraire. Un berger des en- virons de Paris, mort jeune , ayant été ou- vert, il fut trouvé n’avoir qu’un intestin très-court, et presque seulement de la lon- gueur du diamétre du bas-ventre. Pendant toute sa vie, ce malheureux avoit été conti- nuellement tourmenté de la faim; il man- . geoit sans cesse et évacuoit presqu’aussitôt ; un jour son maitre voulut satisfaire une fois son appétit, il mangea un mouton entier, et ne fut rassasié que momentanément. L’on voit dans ce cas évidemment , que jamais J’acte de la nutrition ne s’achevoit entiere- ment dans cet individu, à cause du peu de longueur du tube intestinal. Ici nous devons parler, pour compléter le travail de M. Bellot sur la digestion, d’un mémoire que M. Brongniart a lu sur les qua- lités que la coction dônne aux alimens de Jhomme pour être digestibles ; il y conclut, de ses observations , que la plupart sont plus faciles à digérer dans l’état où la nature nous les présente, que sous tout autre ; les viandes mêmes, deviennent indigestes par la cuisson. 5°. M. Vié a lu plusieurs mémoires sur la génération. Lorsque le physicien s'occupe C (54) de la cause de ce sentiment naturel, dont l'amour est un délire, et le libertinage une profanation ; il n’en recherche les causes que dans l’organisation des corps, qui sera tou- jours, quoi qu’on en dise, la cause primitive de toutes nos affections morales ou physi- ques. La première partie du mémoire de M. Vié, n’est donc que le développement des faits anatomiques sur lesquels il ap- puie ensuite sa théorie pour tous les sexes et pour tous les âges. Nous avons beaucoup de faits rassemblés sur cette matiere, dont M. Vié présente le tableau, mais peu de conséquences solides ; l'œil armé du micros- cope, a analysé les derniers replis de la na- ture, a vu des choses étonnantes et n’a rien deviné; mais l’on a bâti beaucoup de sys- tèmes : car, ainsi qu'en médecine, c’est tou- jours contre les maladies incurables qu’on trouve le plus de recettes ; de même en phy- sique, c'est toujours pour les faits inexpli- cables qu’on trouve le plus d’explications. M. Vié rapporte toutes ces hypothèses les plus accréditées, et termine son troisième mémoire par l’histoire du fœtus, pendant tous les périodes de sa gestation dans le sein de sa mere, (35) 6°. Notices extraites de l’ouvrage de Ro binson, sur l’opposition du système arté- riel et du système cellulaire , par M. Audirac. Ces notes renferment un précis des relations de volume qui existent entre les viscères des divers animaux. L'auteur déduit de là, avec une sagacité étonnante, les diversités d’ins- tincts et de tempéramens de la plupart de ces espèces. Robinson est un de ces hommes étonnans, qui par la seule force de leur génie, ont deviné dans un siècle d’igno- rance, un grand nombre de ces vérités phy- siques, que l’expérience nous dévoile actuel- lement. 7°. Mémoire sur la sanguification. M. Bellot a donné dans cet ouvrage le précis de toutes les connoissances actuelles sur la formation et sur les principes constituans du sang. L’on sait combien la chimie moderne a fourni de lumières à cette partie de la physiologie. 8. Traduction d’une partie de l’ouvrage de Haller, intitulé : Primæ Linneæ phy- siologicæ, par M. Bellot. o°. Essai sur la chaleur animale, par M. Audirac. M. Audirac établit par des faits, dans cette dissertation , que la chaleur (OH (36) animale est non-seulement le produit de Vabsorbtion du gaz oxigèene par les pou- mons, mais encore, 1°. qu'elle est produite par l’absorbtion du même gaz par toutes les parties extérieures du corps, qui, si Je puis m’exprimer ainsi, inspirent chacune l'air, le vicient et l’expirent à la maniere des poumons; 2°. qu'il peut exister une chaleur vitale, produit d’une cause interne et indépendante des agens extérieurs. 10°. MM. Audirac et Guilbert ont pré- senté, chacun en particulier, à la société, un plan d'expériences à adopter dans la suite de celles qu’elle se propose de faire en phy- siologie. 11. Enfin, nous avons eu l’honneur de vous présenter une dissertation sur lPin- fluence de chaque sens dans la génération. Ce n’est qu’une hypothese probable par la réunion d’un certain nombre de faits, mais bien éloignée d’une certitude absolue. Les mémoires que les differens membres de la société lui ont communiqués sur la médecine pratique , Sont, 1°. un extrait d’un ouvrage anglais, de Reid, sur la phtisie, par M. Petit. Il seroit bien intéressant que l’on fit connoitre en L- R. 4 (37 ) France cet ouvrage par une traduction ; l’auteur sy applique sur-tout à faire con- noiître la nature et le traitement de l'affection de poitrine qui se trouve précisément la /plus répandue dans notre capitale, sous toutes les diathèses; je veux parler de la phtisie pituiteuse et atonique, maladies que Von traite presque toujours par cette triviale méthode d’antiphlogistique, malgré lexpé- rience habituelle de son inutilité. 2, M. Audirac a lu une dissertation sur les tempéramens classés d’après la méthode de Stall. 3°. Unextrait du mémoire de M. Voullonne, sur la médecine expectante et agissante. 4. L'histoire d’une angine épidémique, qu'il a observée à Saint-Cyr, vers la fin de l'année 1788. M. Vié a lu à la société, 1°. l’analyse raisonnée de l’ouvrage de Bell, sur le traite- ment des ulcères. 2° L'analyse du traité de Poupart, De herpetibus. Vouloir faire l’histoire des dar- tres, c’est vouloir donner la théorie de toutes les altérations que peut éprouver le systéme lymphatique , indépendamment du virus berpétique en particulier. M. Poupart s’est beaucoup plus restreint dans son travail, CS (38) “aussi son ouvrage n'est-il pas complet; il ne parle que de certaines dartres qu'il a fait céder aux traitemens qu'il indique. M. Guilbert a lu l’analyse de l’ouvrage intitulé : De sedibus et causis morborum , de Morgagni. Il est inutile d’en parler aux médecins, et il faudroit copier tout l'extrait de M. Guilbert, pour donner une juste idée de cet ouvrage à ceux qui ne le connoissent pas. M. Bellot a lu, dans la dernieré séance, un mémoire sur la rage et sur son traitement. La rage est du tres-petit nombre de ces maladies, dont la nature n’a pas placé le germe dans le sang de l’homme. IL paroit assez bien démontré qu'il faut qu’elle Jui soit communiquée ; le caractere bien dis- tinctif de cette maladie, est l’horreur qu'elle inspire de tout corps brillant ou liquide; elle se développe quelquefois tres-long-tems aprés avoir été communiquée. Le traitement qui présente encore le plus de succès certain, c’est un traitement complet mercuriel, ana- logue à celui que l’on emploie contre le vice syphillitique, en le faisant précéder de sca- rifications profondes sur la plaie. C’est celui qu'indique M. Bellot, mais il faut l’admi- nistrer avant l'invasion des premiers acces. ( 39 ) PSS AT SUR LA VIE ET SUR LES OUVRAGES DE M. v'ABBÉ DE L'ÉPÉE. Par M. Ricue, secrétaire de la société. Messieurs, En vous rendant compte de la vie et des ouvrages des hommes illustres , auxquels vous voulez que notre société rende cet hommage dans son sein, je n’aurai jamais que bien peu de détails biographiques à vous présenter. L’empressement que je mets à remplir le vœu de la société, qui me fait hâter mon travail; la difficulté d’avoir des éclaircissemens sur des faits qu’une modeste simplicité a presque toujours cachés ; enfin, les vues de la société , qui paroit plutôt avoir le dessein de connoitre l'esprit, que l’histoire de-ceux qui laissent un nom illustre C4 4) dans les arts , nous ont décidé à chercher bien plus, à tàcher de lui faire connoitre ce qu'ils ont fait que ce qu'ils ont été, et Jus- qu'à quel degré de perfection ils ont porté les sciences ou les arts qu’ils ont cultivés. Je vais avoir l'honneur de vous présenter le peu de détails que j'ai pu recueillir sur la vie de M. l'abbé de lPEpée. Nous savons qu’il est né à Paris ; il étoit fils d’un architecte, qui lui fit prendre les ordres fort jeune. M. l'abbé de l’'Epée, desirant se procurer plusieurs moyens d’être utile, se livra à l’é- tude du droit et se fit recevoir avocat-clerc. Mais il a peu pratiqué le barreau, et il y renonça peu de tems après y avoir été admis. Dans ce tems-là régnoient ces disputes de controverse, si vives alors, et depuis si pro- fondément oubliées. M. l'abbé de l'Epée, ferme dans ses principes religieux , avoit adopté une opinion dans cette querelle, et la soutint toujours uniformément. La fer- meté qu'il y mit, l’éloigna pendant quelque tems de la prètrise , parce qu'il refusa de signer une profession de foi contraire à ses principes. Par une bizarrerie vraiment théo- logique, cette signature n’étoit point exigée pour entrer dans les premiers ordres, mais (41) on la demandoit pour accorder les derniers s de sorte que le candidat se trouvoit ainsi lié à un état et à des fonctions qu'il ne pou- voit point remplir. Après avoir surmonté, nous ne savons comment, cette difficulté, l'abbé de l’Epée’ passa quelques années à Troyes , où il fut appelé par l'amitié qui le lioit avec M. Bossuet, évêque de cette ville, etneveu du célèbre écrivain de ce nom. Le prélat lui procura un canonicat dans sa ca- thédrale; mais étant mort quelques années après, M. de l’Epée quitta cette ville et se rendit à Paris. Ce fut sans doute vers ce tems-là qu'il se livra à l'étude de l’art d’ins- truire les sourds et muets, et qu'il fit con- noissance avec MM. Ammant et Bonnet, ses premiers maitres , dont il parle dans son ouvrage avec tant de respect et de recon- noissance. Îl paroit qu’il avoit fait de très- grands progrès dans cette science, puisqu'il étoit le seul alors dans la capitale en état de recevoir la confession des sourds et muets. Porté dans tous les tems, à secourir cette classe malheureuse de l'humanité, M. l'abbé de l’Epée sollicita vivement la faveur d’ad- ministrer à ces infortunés les secours et les consolations morales que lui seul éfoit en ( 42) état de leur procurer. Mais il avoit pour prélat un homme célebre par son intolé- rance dans ses opinions, et qui ne pensoit pas malheureusement comme lui ; de sorte qu’il eut beaucoup de peine à obtenir de ce moliniste qu'il toléràt son zele et lemploi d’un talent que lui seul possédoit. Quoique sévère dans sa croyance, l'Abbé de l’Epée ne voulut prendre aucun parti dans la ridicule querelle du tombeau de S. Päris, Sollicité, par ses amis, à venir voir les mi- racles, lon dit qu’il répondit une fois: Së le miracle se faisoit à ma porte, je ne l’ouvrirois pas méme pour le voir. Le dou- ble sens de cette phrase laisse dans l’incer- titude de savoir si c’étoit un philosophe, ou un sectaire qui répondoit ainsi. Mais dans le tems de ces débats théolo- giques , il s’occupoit déjà d’un prodige bien plus grand, et avoué de la raison : je veux parler de l’etablissement de son école , qui doit le faire placer pour toujours, au nom- bre des génies bienfaiteurs de Fhumanité. Elle ne tarda pas à devenir célebre, et on ne manqua pas de lui en disputer la gloire. M. Pereire, professeur des sourds et muets à Paris, attaqua l'utilité de sa méthode. La (43) discussion qui s'établit alors entre eux , fut consignée dans les papiers publics du tems, et s’est perdue avec eux. Quelque tems apres, ses principes d’en- seignement furent attaqués par M. Heimich, instituteur des sourds et muets de Leipsick. Il nous est resté de cette dispute plusieurs lettres écrites en latin, très-instructives et trés-intéressantes, qui renferment le déve- loppement de la doctrine de M. l’abbé de l’'Epée. Ces lettres sont imprimées à la suite de son livre, intitulé : La Véritable manière d’instruire les sourds et muets, confirmée par une longue expérience, par M. abbé... instituteur des sourds et muets de Paris. Comme c’est dans cet ouvrage qu’il donne le développement de sa méthode, nous allons nous occuper à présenter à la société le plan métaphysique sur lequel il nous a paru qu’il étoit concu. Cet ouvrage étant purement de pratique, toute autre espèce d'analyse en seroit insuffisante. Les sourds et muets de naissance ont, la plupart, les organes de la voix bien disposés. Mais n'ayant jamais entendu articuler , ils ne peuvent chercher à imiter ce qu'ils ne connoissent pas. Ils s’appercoivent bien, (44) à quelques mouvemens extérieurs de la bou- che, qu'il existe parmi ceux qui les envi- ronnent, un moyen de communication ; mais le jeu intérieur des organes qui forment la plupart des modifications des sons, étant cachés pour la vue, ils ne peuvent chercher à imiter ce qui ne frappe point les sens qui leur restent. Cette difficulté n’est pourtant pas insurmontable pour eux, puisque lon cite l’exemple de plusieurs sourds et muets qui, en analysant sans doute avec soin par le tact et par la vue, toutes les modifications des organes vocaux, étoient venus à bout de reconnoître un mot en voyant celui qui parloit, et même ils imitoient les sons et les répétoient; mais cette sagacité est rare. Il faudroit donc créer une langue exacte de signes visibles, ou bien les sourds et muets seront toujours réduits à n'être en relation avec nous que par des expressions peu dé- terminées , et par le sentiment vague des différens languages qui peuvent être communs entre des individus dont l'organisation est la mème. Permettez , Messieurs , que j’entre ici dans uelques détails métaphysiques, ils abrégeront beaucoup cet extrait ; .car une fois que nous aurons bien établi quelques à — " pau (45 ) principes, ils sufliront pour nous épargner la peine d'indiquer un grand nombre de moyens de pratique, dont on ne saisiroit que mal l’ensemble, parce qu’on n’en auroit pas la raison. Les objets extérieurs ayant une action sem- blable sur les animaux qui sont uniformé- ment organisés, il en résultera sur chacun d'eux des effets semblables. Si ces effets peuvent être apperçus par quelque sens, d'individu à individu, il s'établit une com- munication de sentiment entr’eux ; ils s’ap- perçoivent des-lors , par cette analogie , non- seulement de ce qui se passe dans leurs propres sens, mais de ce que doivent éprou- ver les autres. Cette suite d'expression géné- rale de sentimens, doit s’appeler un language. Si lon prend ce mot dans cette définition, nous parlons plusieurs languages : le geste, la physionomie, la déclamation, sont diffé- rens languages qui rendent si bien l'expression de tous les sentimens , que nous pouvons encore les comprendre, en les isolant, cha- cun séparément, et l’art de la pantomime, de la peinture, du chant, n’est rien autre chose que le résultat de cette analyse. L’on voit par là que s’il ne nous importoit de ne (46) nous communiquer que nos sensations , les languages nous suffroient. Mais dès que nous voulons exprimer leurs causes, leurs effets , et tous les différens rapports délicats qui existent entr'elles , l'expression naturelle des languages devient insuffisante pour une pa- reille analyse : il faut établir des signes de convention, dont chacun n’a d’autre valeur pour exprimer, que celle que l’on convient d’abord de lui accorder, et l’on commence à former une langue. Une langue est donc une méthode analytique d’un language; et dans cette série, j'ai suivi la marche de la nature, si l’on étudie les relations qui exis- tent entre les languages des animaux et celui des sauvages les plus bruts: ensuite en voyant des langues plus ou moins perfec- tionnées, on suivra le passage insensible des languages à une langue ; et même dans celles qui sont le plus éloignées de leur origine primitive , telles que les nôtres , ne retrouve- t-on pas toujours la trace d’un language dans plus ou moins d'harmonie imitative des mots ? En établissant nos langues, nous avons tiré tous leurs signes des différentes modi- fications du son : mais il est évident que (47) cest la seule facilité d’articuler avec rapi- divé qui nous a fait préférer cette méthode ; car nous aurions pu les créer avec tous les signes qui peuvent faire une impression exacte sur le tact ou sur la vue. Lorsqu'un certain nombre de sourds et muets vivront ensemble, ils auront bien créé une langue, composée de signes visibles. Ces espèces de langues existent en effet trés - perfection nées, dans les sérails des despotes de l'Orient. Ils ont rassemblé des troupeaux d’hommes privés du sens de louie et de la parole » pour faire exécuter des ordres dont les tyrans craignent que l’on ne dévoile linjustice et Patrocité. L'on sent que ces langues des muets pour- roient s’écrire, même avéc nos alphabets : car, qu'importe qu'une lettre exprime un son où un mouvement, si l’un et l’autre signifient la même chose? L'on voit par quelle marche on peut parvenir à apprendre à écrire à un sourd et muet. Il faut d’abord créer une langue de signes visibles , cela nous sera facile, nous en avons les formules déjà données dans notre langue de son, et lorsque nous lui aurons appris à lire, nous nous trouverons en communication avec lui, et il peut appren- ( 48 ) dre tout ce qui est écrit, avec autant de facilité que ceux qui parlent : même si nous continuons toujours à chercher les moyens les plus simples et les plus rapides pour établir entre nous et les muets un système de signes, c’est-à-dire une langue, nous ver- rons bientôt qu'ayant la ressource de ceux de notre alphabet écrit, nous n'avons plus besoin de convenir avec eux d’aucun signe de mouvement, si nous pouvons immédia- tement communiquer avec eux par l’écri- ture. M. l'abbé de lEpée ne s’est pas contenté d'établir entre les sourds et muets, et ceux qui entendent , un seul moyen de se com- muniquer ; il leur apprenoit, 1°. la langue dactylologique, ou celle des signes avec les doigts ; 2°. il leur enseignoit ensuite à écrire cette langue dans notre alphabet, à lire à haute voix leur écriture; 4°. enfin à enten- dre par les yeux, en voyant seulement le mouvement des levres de ceux qui parlent. Ils savoient ainsi exprimer la même sensa- tion, ou la même idée, par quatre nomen- clatures différentes. L'ouvrage qu’il nous a laissé renferme peu de principes de la théo- rie logique sur laquelle il se dirigeoit : ce sont ( 49 ) sont des détails de pratique que nous ne pou- vons point rapporter ici, à moins de les copier entierement; nous allons donc tächer d’en indiquer l'esprit. Si j'étois capable de bien m'acquitter de cette tâche, ce seroit assuré- ment vous offrir un nouveau degré de dé- veloppement à la métaphysique de Locke et de Condillac. PRE UMR RE PARTIE: Je crois, Messieurs, qu'il est inutile de m'arrèter ici à vous démontrer que lon ne peut posséder le sens d’une expression gé- nérale qu'en acquérant la perception de toutes les sensations qui composent sou analyse. Une sensation ne peut être définie ; on ne comprend le mot qui la représente qu’en montrant la chose. Dans nos langues, les seuls mots qui puissent indiquer des sen- sations simples, sont, 1°. les noms propres, Pierre, Paul ; 20. ‘les noms appellatifs , qui expriment des objets matériels, cable, fenétre; 5°. les verbes actifs et passifs, qui signifient une action extérieure des corps , battre , étre battu. {on observera, qu’à proprement par- ler, les noms appellaufs généraiisent, puis- D (50) : qu'ils désignent un certain nombre d’indi- vidus sous une même expression, et que les verbes actifs et passifs analysent, puisqu'ils désignent simplement l’action, abstraction faite des êtres qui agissent. Mais il paroit que le sourd et muet, quoique jeune , est déjà assez avancé dans lanalyse de ses idées pour concevoir facilement ces différentes acceptions, puisque M. labbé de lEpée, dans la pratique, pour donner à ses élèves le sens de tous les mots, commencoit par écrire le mot, le faisoit épeler par des signes convenus à ses élèves , et ensvite leur en donnoit le sens, en leur montrant lPobjet et en répétant ou en souffrant l’action qu'ils représentoient. Le sens des pronoms per- sonnels qui précèdent les verbes, pouvoit se faire connoiître également par des signes in- dicatifs dirigés sur la personne qui agit. Ici j'observerai que de toutes les langues, la francaise est celle qui se trouve , par sa construction logique, presque toujours d’une précision admirable, la plus facile à être enseignée par signes aux sourds et muets. En montrant aussi simplement, par un signe indicatif, le rapport qui existe pour un étre sensible et son mot écrit, on (3) peut déjà faire prendre ‘aux muets lhabi- tude d’écrire et de comprendre presque le quart des mots d’une langue perfectionnée telle que la nôtre, et presque la totalité de ceux d’une langue qui commenceroit, qui n'a que peu de termes abstraits. Les idées des signes de nombres, tels que le pluriel et le singulier , ajoutés aux mots et aux verbes , étoient encore faciles à faire connoitre par des signes extérieurs démons- tratifs. Ensuite se présentoit la déclinaison des articles; si les difficultés augmentent, la métaphysique de la langue se compose, car la déclinaison des articles est le tableau des expressions , des rapports qui existent entre deux substantifs où entre un verbe et un substantif. Il paroit que M. de l’'Epée élu- doit la difficulté, en faisant connoitre au sourd les signes dactylologiques et écrits qui les expriment, ét laissant à l’habitude de de ces signes, souvent appliqués aux choses, de faire distinguer leur usage. Je remarque en passant que M. de lEpée faisoit toujours marcher ensémble ù | de la dactylologie, et celle des signes écrits. | Les genres n’expriment rien de réel ; ils ne sont établis dans les langues que pour D 2 (25°) mieux faire discerner le rapport d’un adjec- tif ou d’un article au substantif, avec lequel ils s'accordent. Il suffisoit donc de faire con- noitre les signes des genres aux éleves, laissant à l’usage de leur en faire senur l'utilité. Actuellement, le sourd exprime par écrit des sensations complètes ; mais nous allons le faire entrer dans une nouvelle route: il faut qu'il les analyse pour comprendre le sens d’un adjectif. Si nous n'avions qu'un sens, il ne nous auroit peut-être jamais été possible de distinguer la qualité de son sujet ; mais la nature, en nous donnant, par différens sens, l'idée de qualités trèes- distinctes dans un mème objet, nous a con- duit d'elle-même à concevoir ces qualités isolées, et de là à les rassembler , à les appliquer et à les composer diversement , source primitive de toutes nos connoissances, sans laquelle l’animal, quoique doué de sensibilité , ne seroit, dans l’ordre éternel des choses , qu’un étre actif ou passif, sans raisonnement et sans volonté. Il est donc certain que le un muet, doué de plu- sieurs sens, a déjà fait l’analyse des qualités des objets ; mais il faut lui faire comprendre re (55 ) que l’on a exprimé cette analyse dans un système de signes. Voici le mécanisme ingé- nieux qu'employoit l’instituteur respectable des sourds : il écrivoit sur une carte un nom substantif déjà connu de l’éleve; ensuite il écrivoit sur plusieurs cartes les adjectifs qu'il vouloit y rapporter. Pierre, par exem- ple, se présente ; son nom est écrit sur la carte de substantif: paroît grand, petit, Jort, foible, et lon ajoute successivement à côté de la carte qui nomme Pierre, celle qui porte un de ces adjectifs. On multiplie ces exemples à l'infini, et l’élève prend l’ha- bitude de cette analyse et des signes écrits qui la représentent. Je n'ai pas besoin de dire qu'il est aisé de démontrer , par des signes évidens , le sens des degrés de compa- raison, plus, fort, très, excessivement, etc. Mais les adjectifs peuvent avoir plusieurs acceptions : #l est aimé, exprime ce qui existe; #/ est aimable, exprime ce qui doit être ; il est éligible, exprime ce qui peut être. Il faut, en donnant la signification radicale de ces mots, ajouter ; par d’autres signes démonstratifs, ces nuances d’actua- lité, de nécessité et de possibilité. Je ne parie jamais de tous les. signes indicatifs D:5 (54) dont s’est servi l'abbé de l’'Epée pour faire connoître le rapport de l’objet avec le signe; souvenez-vous que je cherche moins à aire l'extrait de son ouvrage qu’à développer sa marche métaphysique. 11 me suffit de vous observer que les signes peuvent être tres- variés. Les enfans et toutes les personnes qui veulent apprendre une langue par l'usage, se trouvent dans le mème cas que le sourd et muet, qui cherche à connoitre des rap- ports entre des choses et des signes écrits. Ils ne peuvent, les uns et les autres, par- venir à assigner un sens aux mots sonores ou écrits, qu'en étudiant avec soin les divers languages démonstratifs de chacun de ceux qui les leur parlent. Les pronoms n'étant que lexpression _ abrégée d'un-substantif que l’on n’énonce point nominativement, soit pour lier le dis- cours, soit pour éviter des répétitions , l’on peut en donner l’idée au sourd et muet, sil a déjà celui du substantif. Les petits mots généraux, qui paroissent doubler les noms de toutes les choses, pourront tout au plus lembarrasser par leur inégalité, jusqu’à ce qu'il ait senti les vues d'utilité pour lesquelles on les a inventés. (55) Un nom de nombre ordinal, tel que pre- mier, second, etc. est un véritable adjectif, qui ne s'applique qu’à un individu. Un nom de nombre cardinal, un, deux, trois, ex- prime un total. Il suffit de saisir cette dis- tinction pour comprendre par quel moyen on peut la faire appercevoir au sou. De toutes les idées abstraites, celles de nombre et de forme sont celles que le sourd et muet doit le mieux comprendre. Aussi l’étude des mathématiques, lorsqu'elle ne s’occupe que des propriétés tangibles des corps , est, de toutes les sciences, celle dans laquelle il peut faire les progrès les plus faciles. L’algébre, en particulier , est une langue qu’on pour- roit lui enseigner sans méme qu’il fût encore instruit dans aucune autre ; et peut-être seroit-ce la meilleure marche à suivre pour prévenir son jugement contre les vices de construction et d’énonciation , que l’imagi- nation , les préjugés, les passions et la né- gligence ont répandus dans celle que nous parlons. Le sourd et muet a déjà séparé le susb- tantif de son adjectif; mais il faut qu’il isole complètement ce dernier, qu'il lui suppose une existence particuliere pour en faire un D 4 | (56) substantif; pour faire, par exemple, de blanc, le mot blancheur, qui peut devenir ainsi sujet d’une phrase, il ne faut pas croire que cette abstraction soit difhcile à faire sentir à l’élève ; l’esprit humain n'est que trop porté à personnifier les qualités, une fois qu'il les a distinguées de leur sujet : cette disposition même fut toujours la source de la plupart de nos erreurs, tant en méta- physique qu’en morale. Ces erreurs devien- nent d'autant plus dangereuses, qu’il nous est completement impossible d’attacher au- cune idée à un terme abstrait; il faut tou- jours que nous revétions le sens d’une image physique : nous n’avons réellement aucune idée immatérielle. Hobbes a je crois, le premier, fait cette importante observation. Aussi M. l’abbé de l'Épée se servoit, sans craindre d’altérer la pureté de sa logique, d'images sensib'es, pour faire passer dans J’ame de ses disciples, le sens des termes abstraits. Vouloit-il, dans la conjugaison des verbes, faire connoitre les trois classes de tems qui la composent; en marchant, il montroit le lieu qu'il venoit de parcourir, pour signifier le passé; en remarquant l’en- droit où il se trouvoit, il faisoit connoitre (87) le présent ; en indiquant l’espace qu'il vou- loit encore parcourir, il donnoit l’idée des tems futurs; pour faire connoître ensuite les modes des verbes, par des signes, il faut remarquer que lénfinitif n'exprime que l'action pure et simple du verbe, sans ac- ception de tems ni de personnes; l’éndicatif, cette action avec une idée de temset de per- sonnes; l’éëmpératif y joint l’idée de com- mandement; le subjonctif, la dépendance dans laquelle cette action se trouve, relati- vement à une autre. Pour faire connoître la classification grammaticale de nos verbes, il faisoit connoître, par des signes, que le verbe actif exprime notre action sur un autre sujet; le verbe passif, l’action d’un autre sur nous ;le verbe neutre, telque je dors , etc. et le verbe réciproque, tel que je me fa- tipue, etc. notre propre action sur nous- M Je le répète encore une fois, Mes- sieurs, Je n'entre point dans le détail des signes démonstratifs, par lesquels on peut faire sentir toutes les modifications d’action aux sourds et muets; on peut les imaginer aisément. C’est dans l'application des régimes aux verbes, que le sourd et muet commence à (58) s’appercevoir de la grande utilité des articles qu’on lui a appris à décliner; il voit que ces petits mots servent à établir les rapports qui existent entre l’action qu’exprime le xerbe et le sujet ou l’objet de cette action. Jci la construction sévere de notre langue, Jui devient d’une grande utilité ; avec un peu d'habitude, il verra bientôt, par l’ordre des mots, quel sujet agit dans le verbe et sur quel objet il agit. Lorsque l’on a fait concevoir l’idée d’un adjectif, celle d’un adverbe est la même ; ils me different que parce que le second sert à exprimer la qualité d’un verbe ; le premier, celle d’un substantif. Les prépositions expriment un rapport des choses entr’elles, le plus souvent tres- matériel; avant, après, sur, SOUS, avec, etc. peuvent se faire comprendre par des images bien évidentes, de même que les con: tions achèvent et unissent ou distinguent les sujets de deux idées ; mais c’est à tort que lon a mis parmi les conjonctions les parti- cules interrogatives, pourquoi ? quand? etc. ; on doit faire comprendre aux élèves que ces mots ne sont point des moyens de liaison dans le discours , mais des expressions de (59 ) commandement. C’est en saisissant bien ainsi l’esprit de toutes les parties du discours, que l’on peut imaginer des signes visibles qui les caractérisent; l’on a dû s’apperce- voir qu'en les développant, j'ai moins ap- puyé sur la fin de mon analyse, sur les moyens de les faire concevoir par panto- mime à l’organe de la vue; la raison en est simple; plus lécolier peut communiquer avec son instituteur par des signes convenus, et moins il a besoin que l’on s'exprime avec lui par un language extérieur. On a de la peine, dit M. de l'Épée dans son ouvrage, à se persuader que des sourds et muets saisissent toutes les différences grammaticales que l’on a expliquées jusqu'ici, et qu'ils retiennent très-exactement la mul- tiplicité des signes qui y correspondent ; on demande même si cela est possible. Oui, sans doute, et lorsqu'une chose est faite, il n’est plus question de demander si elle est possible. Pour prouver aux spectateurs que ses élèves connoissoient parfaitement bien la langue française écrite, M. l'abbé de l’Épée avoit fait dresser dans son école, des tableaux de toutes les parties du discours et de toutes e (60 ) leurs modifications, et lorsqu'on les inter- rogeqgit par écrit sur la grammaire, d’un mot ou d’une phrase, ils la développoient en in- diquant leur analyse sur ces sortes de tables. Telle étoit la méthode de cet illustre insti- tuteur, et quoiqu'elle ait été couronnée par les plus grands succès, je ne la crois pas en- core parfaite. Un des principaux reproches que l’on puisse lui faire, c’est de suivre trop servilement, dans son plan d’instruc- tion, l’ordre de nos anciennes grammaires, nécessairement très-vicieux pour remplir ses vues, puisqu'elle fait souvent pratiquer des signes écrits, dont l’éleve n’est pas encore en état de comprendre le sens, et par-là le dé- goûte, ou risque même de lui faire adopter des idées fausses ; mais lorsque M. l'abbé de l'Épée inventa sa méthode, une saine théorie en logique étoit à peine soupconnée ; deux ou trois hommes de génie, depuis ce tems, nous l’ont fait connoitre : déjà l’on cherche à en faire l’application sur les connoissances humaines, c’est dans ces vues que l’on a créé des langues méthodiques dans les scien- ces. L'on perfectionne les moyens d’ensei- gnemens, mais les plus difficiles de tous à inventer, seront toujours ccux par lesquels (62) il faut apprendre aux autres, par un seul sens, ce que nous avons acquis par plusieurs. Je ne m’étendrai point sur les moyens que l’on peut employer pour donner aux sourds et muets, les sens de tous les termes méta- physiques, si l’on se souvient que les plus abstraits peuvent tous être analysés ; en sen- sation d’ailleurs, le sourd et muet est déjà avec nous au niveau de tous ceux qui parlent une même langue, et il peut s'expliquer avec nous par des mots; en lui faisant prendre garde qu'il peut se représenter un objet absent, on lui donnera Pidée de la mémoire , on lui dira que l'impression qu'il éprouvoit de l’objet présent, s'appelle une sensation ; l’impression qu’il éprouve de l’ob- jet absent, un souvenir; que le sentiment de ressemblance ou de différence qu'il éprouve entre deux objets présens ou rap- pellés, s’appelle un jugement ; que la faculté qu’il a acquise, par l’analyse, de transporter une qualité d’un sujet sur un autre, s’ap- pelle imagination ; que toutes les impres- sions que laissent les objets absens, s’ap- pellent idées ; enfin , je crois que pour établir la logique sur une base solide, il faudroit toujours lui représenter l’idée comme (PL AR une prolongation de la sensation, comme une erreur, en quelque sorte, de nos sens, pendant labsence des objets; erreur même que nous ne pouvons distinguer de lim- pression de la réalité, que par une nuance de foiblesse qui la caractérise. C’est parce que cette nuance, par exemple, nous échappe dans un songe, dans une émotion vive, dans certaines altérations maladives du corps ,; que nous sommes invinciblement déterminés à confondre le souvenir avec la sensation du présent : nous pensons donc de méme que nous sentons par nos organes, l'idée est le produit immédiat de la sensi- bilité. Mais, Messieurs , je m’écarte en vous occupant de mes opinions, et je né dois vous rendre compte que de celles de M. l'abbé de l'Épée. Après avoir appris à ses élèvesle sens direct des mots, M. l'abbé del Épée nenousditpoint comment il leur en faisoit connoître les sens figurés si fréquemment en usage; cet abus continuel connu sous le nom de tropes, qui pervertit sans cesse, dans la pratique de nos langues, les relations établies entre les choses et les signes qui les représentent, est un exemple bien frappant de l'empire de l’ima- ( 65 ) gination sur la raison chez tous les hommes. Sans doute qu’il abandounoit à l’habitude de leur faire connoîitre ces usages Impropres des mots ; mais cette étude est toujours. longue pour tous ceux qui apprennent une langue, même sans principes grammaticaux; et doit l’être encore plus à ceux auxquels on l’a enseignée par une analyse métaphy- sique exacte, et qui les éloigne de comprendre tout autre language que celui de la raison. À près avoir établi dans Pesprit de son disciple, les principes d’une saine métaphy« sique, M. l'abbé de l'Épée veut lui faire comprendre les vérités de la religion; ül faut qu'il apprenne alors qu’il y a, sous les noms abstraits d'esprit, des êtres qui n’étant pas matière, existent sans espace, agissent sans locomotion. Ces vérités peuvent péné- trer jusqu’à l’ame par la persuasion bien plus que par la conviction. M. l'abbé de l’Épée commencoit par faire aimer la vertu à ses disciples, par son propre exemple, et il persuadoit ensuite-bien aisé ment à ces ames simples et dociles, qu’elles devoient avoir une récompense ; l'espérahes seule qu’un jour des bienfaits qu'ils ne pou- voient reconnoitre eux-mêmes, trouveroient CRT à un rénumérateur qui les acquitteroit, de- voient disposer des infortunés à croire à des dogmes, desquels l'habitude d’une logique sévere auroit pu les disposer à douter. C’étoit par l’organe du tact que cet ingé- nieux instituteur faisoit parvenir à-peu-pres à ses éleves l’idée du son. Il leur faisoit d’abord éprouver l’action de Pair agité; il Jeur faisoit ensuite prendre garde que ce fluide pouvoit communiquer son mouve- ment aux autres corps. Ensuite il leur ex- pliquoit que par l'organe de la voix, nous pouvions agiter l'air diversement et suffisam- ment pour porter des impressions variées sur un organe délicat qu'ils n’avoient pas; que nous avions attaché des idées à ces diverses impressions dont nous avions formé une langue semblable à celle de leurs signes ; en- suite par l'expérience, il leur développoit tous les avantages de l’ouie, en appellant ou en se faisant appeller par les personnes qu’il ne voyoit pas, et en variant de toutes les manieres. La connoissance de ce bienfait de la nature dont ils étoient privés, affligeoit ordinairement l'ame de ses disciples, autant qu’elle les étonnoit, et leurs regrets aug- mentoient encore lorsqu'ils apprenoient qu'ils “most mnt, > dl ( 65 ) qu’ils avoient à envier cet avantage à pres- que tous les animaux. J’observerai, dans cette circonstance, que l'idée que ces sourds prenoïent du son, étoit très - vraie, puisque tous nos sens ne sont que diffé rentes modifications du tact. L’aveugle qui comparoit le rouge au son de la trompette, et le bleu à celui de la flûte, erroit, mais pas autant que le croient ceux qui ont trop pris l’habitude de voir; cependant cet aveu- gle auroit pris une idée plus juste des cou- leurs, en comparant leur effet à celui de l'impression sur le tact de différens fluides, agités par une même force , mais plus ou moins denses ; car la vue n’est autre chose qu’un tact assez délicat pour distinguer la plus ou moins grande roideur des élémens de lumière mise en mouvement. [2 M. de l'Épée sembloit chercher a se jouer avec les difficultés, il est parvenu à faire parler plusieurs sourds et muets ; pour les instruire , il leur faisoit placer la main dans la gorge, sur la glotte, ou sur la poitrine de ceux qui prononçoient des sons simples ; leur analysoit avec soin tout le mécanisme visible de larticulation des consonnes et des E (66 ) syllabes ; il les exerçoit ensuite à répéter toutes ces diverses inflexions des organes vocaux; apres leur avoir appris à prononcer des mots, il falloit leur en traduire le sens, et c’étoit une nouvelle nomenclature à leur enseigner. Je n’entrerai point dans le détail infiniment curieux de toutes les ressources que M. l’abbé de l'Épée a su tirer des or- ganes du tactet de la vue, dans les sourds, pour leur faire concevoir et exécuter la pro- nonciation des mots. Il faut nécessairement consulter son ouvrage sur cet article inté- ressant. L’éleve sourd , obligé d'analyser avec soin êr la vue, tous les mouvemens que chaque articulation produit sur les organes extérieurs de la voix, en retire encore un grand avan- tage ; il apprend par cette étude, au simple mouvement des lèvres, à distinguer le mot que l'on prononce. M. l’abbé de l’'Épée me- noit ses élèves à ce point de perfection , où le sens de la vue supplée presqu’entièrement (67) à celui de l’ouie. Un pareil degré de con- noissance est tout ce que l’on peut espérer des derniers efforts de l’art. M. l'abbé de l'Épée parle dans son ou- vrage, d’un dictionnaire qu’il faisoit à l’u- sage des sourds et muets; il paroit qu’il l’avoit déjà beaucoup avancé; j'ignore s’il | l’avoit achevé. T'ant que ce bienfaisant ins- tituteur enseigna lui-même, il négligea l’exécution d’un ouvrage que son zele à tout apprendre personnellement à ses dis- ciples, lui faisoit regarder comme inutile. Il ne l’entreprit que pour lutilité de ceux qui cherchoient à multiplier des établisse- mens semblables à celui qu'il avoit fondé. Il eut en effet, dans sa vieiilesse, la douce satisfaction de voir l’art qu’il avoit créé, se propager et porter des secours à l’humanité uans toutes les contrées de l’Europe. À Bor- deaux, M. l'abbé Sicard ; à Rome, M. l'abbé Silvestre ; à Zurich, M. Ulrich ; en Espagne, M. Dangulo; en Hollande, M. Delo, fon- E 2 (68) dèrent des établissemens sur le plan du sien, et y enseignérent par sa méthode. Joseph II qui nous parut un si grand homme, lors- qu'il vint en France rechercher tous les artistes, étudier tous les arts, voulut voir l’école de sourds et muets. C’est sur le mo- déle de cet établissement qu’il en forma depuis un semblable à Vienne, sous la di- rection de M. Pabbé Storch, disciple de l'instituteur francais des sourds. Enfin , Condillac vint visiter M. l’abbé de l’Épée au milieu de ses élèves; cet homme illustre dut être bien flatté en voyant l'évidence de ses principes métaphysiques se développer par la pratique, Il a depuis rendu hom- mage à cette méthode dans son Zraité des Etudes , et l'abbé de l’Épée qui sentoit mieux que personne le prix d’un jugement porté par un pareil homme, s’est honoré dans son ouvrage , de la justice qu’il lui avoit rendue. M: l'abbé de lEpée est mort à la fin de ( 69 ) 1789, presque septuagénaire. La plupart des hommes illustres laissent un nom envié, Leur gloire ,; ou malheureusement le plus souvent leur amour-propre , leur ont fait un certain nombre d’ennemis qui ne s'accordent point à leur rendre justice. Il faut que les passions. irritées se calment pour que tout le public porte un jugement uniforme sur - leur degré de mérite ; mais parmi toutes lés personnes. qui nous ont parlé de M. l'abbé de l'Epée, nous n’en avons jamais trouvé qui ne nous aient montré pour lui du respect et la vénération la plus juste ; simple, modeste, écarté de toute dispute littéraire , presque seul professeur dans un art qu’il avoit perfectionné, il ne fut jamais envi- ronné que de ses admirateurs ou de ses dis- ciples. Trente années de sa vie furent sa- crifiées à secourir la portion malheureuse de humanité , au soulagement de laquelle il s’étoit consacré. Pendant tout ce tems :1l s'oublia lui-même , il sacrifia sa fortune et E 5 (7) son nécessaire, fit les sacrifices les plus pé- nibles pour soutenir un établissement de bienfaisance, que le gouvernement refusa : long-tems d’encourager , et pour adoucir le sort de ceux qu’il traitoit comme des en- fans que le ciel lui ordonnoit de chérir. Prodige de bienfaisance et de talent , sa perte a été sentie également par ceux qui cul- tivent les arts et par le simple ami de l'humanité. (71) ÉXoPorO "SE DE TS CORP ANNV ANEE X A 5 il SOCIÉTÉ PHILOMATHIQUE, Pendant le second semestre de l’année 1790. Par M. Ricue, secrétaire de cette société, Msssieurs, 2 Qu’iz mesoit permis, avant d'offrir l’ana- lyse des travaux de la société, d'exposer les motifs pour lesquels elle leur donne une sorte de publicité dans cette séance. Rassem- blés par l'amour de l'étude, nous avons cherché à former une société qui püt deve- nir pour nous un centre de correspondance, où chaque membre püt participer aux lu- mieres de tous les autres, en apportant un E 4 (72) genre de connoissances qui lui fut particu- lier , avec le desir de communiquer à tous, les moyens d'acquérir de Pinstruction, qui seroient en son pouvoir. C’est dans cet esprit qu'ont été rédigés les réglemens de cette société. Aujourd’hui, nous ne nous rassem- blons que pour obtenir de nouvelles lu- mières sur les objets qui forment le sujet de nos études, pour recueillir les instruc- tions et les conseils d’un certain nombre d’auditeurs, dont nous estimons le jugement. Nous espérons les intéresser assez, pour qu’ils veuillent un moment se croire réunis à nous, et s'expliquer avec franchise sur les avantages et les désavantages d’une société formée dans esprit de la nôtre. C’est dans ces vues que nous rendrons désormais le compte de nos {ravaux à des époques déter- minées, Nous tächerons qu'ils puissent être d'une utilité générale, en les publiant. Mais il seroit alors bien à craindre qu’ils fussent moins avantageux pour notre instruction particulière. Depuis le dernier semestre , la société a ajouté à ses occupations plusieurs genres de travaux ; telles sont les recherches qu’elle a entreprises sur les arts et métiers. Elle a ’ (75 ) également commencé à répéter plusieurs des expériences les plus importantes et les moins assurées, que l’on fait servir de bäse aux théories les plus accréditées dans les sciences naturelles. Elle se propose de suivre ce der- nier travail sans interruption ; il pourroit seul former l’objet essentiel d’une société, et il y a long-tems que le célèbre Francklin avoit formé le projet d’en établir une sem- blable , qui s’occupàt exclusivement de ce genre de recherches : il ne s’est jamais trouvé dans des circonstances assez favora- bles pour l’exécuter. Il existe dans les collections de la société ‘une grande quantité d'extraits des meilleurs Ouvrages qui ont paru sur toutes les parties de la physique pendant ce semestre. Fen parlerai rarement dans le rapport que je vais vous faire. Ces analyses raisonnées, que cha- cun de nous s’est empressé d'offrir à la société, nous ont beaucoup instruit, et ont donné lieu, ainsi que nous nous le proposions , à des questions intéressantes et lumineuses; mais elles n’offriroient plus, dans le tableau de nos travaux , que des souvenirs dénués d'intérêt. Cependant , pour nous conformer au plan d’institution de notre société, nous (74) nous sommes beaucoup occupés de ces sortes d'ouvrages; de maniere que je ne vais rap- peler ici qu'une partie de ce que la société a fait pendant ce semestre. Pour distribuer les diverses parties de l’analyse que je vais vous offrir, uous rappellerons les divers mé- moires que l’on a présentés dans l’ordre des sciences auxquelles ils se rapportent. Les differentes dissertations qui nous ont été communiquées sur la physique et les mathématiques mixtes, sont : 1°. Un essai sur l'application de la mé- canique aux corps organisés, par M. Broval. Ce mémoire renferme des principes généraux sur la statique des forces extérieures des corps vivans. Il résulte des données de l’au- teur, que le produit de la force d’un corps vivant sur un autre, est le résultat de sa pesanteur , combinée en plus ou moins grande quantité avec la force de contraction de ses muscles. La force de pesanteur d’un animal ne lui coùtant aucun effort, tandis que la force de contraction l’épuise toujours plus ou moins, il faut en conclure que l’on doit, autant qu'il est possible, employer la premiere pour épargner la seconde , lors- qu'on les applique aux machines auxquelles (75) on donne des forces vivantes pour moteur. Ce mémoire doit servir de préambule à un travail suivi, que M. Broval nous fait espé- rer , sur les arts mécaniques. 2°. M. Guilbert nous a lu plusieurs extraits des mémoires de physique qui composent les premières années des collections de l’aca- démie des sciences. Ces mémoires sont peu lus , et mériteroient d’être plus consultés. Ce sont presque les premiers efforts de lesprit humain vers les connoissances physiques, par la voie de l’expérience. Un mémoire sur la lumiere, par le père Mallebranche , a donné lieu à plusieurs réflexions inté- ressantes, par le rédacteur de son analyse. C’est précisément au moment où le philo- sophe français développoit sur le fluide lu- mineux une théorie vague et dénuée de faits, que Newton, en Angleterre, publioit ses principes sur l’optique , et sa théorie sur l'attraction. Cette théorie, qui doit durer autant que la nature des choses qu’elle à dévoilées, M. Menard nous l’a développée dans deux mémoires successifs. Le premier, sur l’origine de la pesanteur et sur les prin- cipales propriétés des corps pesans : auteur ne considere les corps pesans qu'à une ( 76 ) petite distance de la terre; c’est l’histoire des effets de l'attraction qui s’opérent sous nos yeux et à notre portée. Quelques opi- nions lui sont particulières : telle est celle que l'attraction de la lumiére influe sur la pesanteur des autres corps. 5°. Dans un second mémoire, qui a pour titre: Æssai sur les propriétés du cercle, sur la quadrature de lPellipse et sur son application au probléme de Panomalie , M. Menard s'élève aux lois de lattraction planétaire. Il développe les propriétés des courbes elliptiques, sous lesquelles circulent les astres. IL fait l’histoire des découvertes des mathématiciens, depuis Archimede, pour approcher de la quadrature des courbes en- core incommensurables , et propose lui- mème quelques formules d’approximation. 4°. M. Menard nous a donné un troisième mémoire sur la communication du mouve- ment et les circonstances les plus gené- rales qui accompagnent le choc. C’est un précis des élémens de la dynamique, 5e. J'ai eu l'honneur de vous offrir un essai sur les trombes ou chüûtes d’eau ven- tilatrices. Une trombe de forge est un cylin- dre creux qui appuie sur une cuve renversée | ‘ | (7) sur un réserMoir. Une colonne d’eau qui se Drécipite délMle cylindre, vient tomber et se briser sur une pierre placée dans le centre de la cuve. Il résulte de cette collision un dégagement de l'air atmosphérique contenu dans l’eau, lequel est suffisant pour suppléer à des soufflets de forge, et donner un cou- rant continu. J’ai décrit en détail les trombes des mines de plomb de Saint-Sauveur, dans les Cévennes, les seules que j'aie vues. Parmi les travaux de la société sur la chimie, nous avons déjà la satisfaction de pouvoir offrir le résultat de quelques-uns des essais qu’elle a faits pour répéter et vérifier des expé- riences qui sembloient importantes. Un chi- miste étranger avoit annoncé que de l’ammo- niaque, traité avec de l’oxide de plomb , don- noit du nitrate d’ammoniaque. Le chimiste théoricien apperçoit d’un coup-d’œil de quelle importance il étoit d'assurer ce fait pour ajouter une nouvelle démonstration aux théories proposées par MM. Cavendish et Bertholet ; l’un , sur la formation de l'acide nitrique ; l’autre, sur celle de l’ammoniaque. MM. Brongniart, Vauquelin et Seguin ont répété et periectionné même lexpérience , en mettant l'acide en contact à un degré de + (78) : température tres-élevé , et il-slest formé une grande quantité d'acide nit et de ni- trate d’ammoniaque. On avoit avancé que les sulfates de potasse et de soude étoient décomposables par le gaz hydrogene ; MM. Brongniart et Seguin ont répété cette expérience par divers pro- cédés, elle s’est trouvée dénuée de fonde- ment. M. Schurer avoit annoncé que l'acide sulfurique distillé sur loxide de man- ganese, s’y oxigénoit, et y acqueroit la pro- priété de dissoudre l’or. Pour reconnoitre ce rapport de l'acide sulfurique avec l’oxi- gene, MM. Vauquelin et Bouvier ont distillé de l’acide sulfurique sur de loxide noir de manganése, à l'abri du contact de la lu- micre, qui pourroit dans ces circonstances, intervertir l’ordre des affinités; mais ils n’ont obtenu que de l'acide sulfurique et de.Pair pur sans combinaison. Il restoit dans la cornue un sulfate de manganèse coloré, et avec un exces d'acide. Nous rappellerons encore ici les expé- riences sur la composition de l’eau, répétées par MM. Seguin et Vauquelin , réunis à M. de Fourcroy. Quoique ces expériences dispendieuses n’aient pas été faites au sein (79) de la socicté L M. Seguin nous a fait jouir du fruit de ses travaux, en nous invitant à les suivre, et en nous en apportant les ré- sultats. Il falloit enfin répondre, sans laisser de réplique , aux chicanes des partisans du phlogistique, sur la formation de l’eau par l'hydrogène et loxigène gazeux, en compo- sant de l’eau parfaitement pure, sans acidité, et qui fût le total précis du poids des prin- cipes composans. Pour y parvenir, il falloit se servir de gaz tres-purs. L’air vital, dont on s’est servi, a été retiré du muriate sur- oxigené de potasse; la combustion a été con- tinuée avec beaucoup de lenteur pendant huit jours et huit nuits: 25,589 pouces cubes de gaz hydrogène ont été brûlés avec 12,457 pouces cubes d’air vital réduits à 28 pouces de mercure de pression, et dix degrés de dilatation ; jamais, dans une ex- périence chimique aussi délicate, les don- nées du calcul ne se sont trouvées plus exactement en rapport avec la pratique. La somme Lotale des gaz brülés pesoit, d’après le calcul, 12 onces 4 gros 49 grains ; et l’eau, formée dans le récipient par leur De tion , s’est trouvée du poids de 12 onces 4 ( 80 ) gros 42 grains. L’eau étoit parfaitement pure sans acidité ; sa pesanteur spécifique étoit la . même que cdile de l’eau distillée. Tous ces faits ont été constatés par la présence d’un grand nombre de témoins , et par le rapport détaillé qu’en ont donné les commissaires nommés par Pacadémie des sciences. L’on peut établir que lon a presque acquis la certitude physique que 100 parties d’eau sont composées de 85,665 d’oxigène et de 14,557 d'hydrogène. Pour bien connoitre les manipulations et appareil nécessaire pour la composition de Peau, il faut connoitre les procédés em- ployés pour mesurer la dilatation, l’expan- sion et la pesanteur des fluides. L'article air de PEncyclopédie chimique de M. de Mor- veau renferme ces détails. M. Seguin en a donné l’analyse à la société. On desireroit que l’auteur de l'Encyclopédie méthodique eût ajouté à son travail sur les gaz, quel- ques données sur la dissolubilité de leau dans les gaz; on pourroit craindre encore que l’eau se dissolvant dans les fluides , sui- vant leur nature , dans des proportions iné- gales, sous des pressions et à des tempé- ratures égales, l’on n’eût pas encore déterminé d’une sms tm nt OR ne nd Émis Ê D un dE PR —. mr ait Vrai Enr (8r.ÿ d’une manière exacte le poids relatif des principes constituans de l’eau. Les signes sont les gages de nos idées, et lorsque le génie a découvert quelques vérités importantes, il cherche à les assurer par des expressions bien définies qui circonscrivent sa pensée, analysent ses véritables priricipes, fixent d’une maniere assurée les limites entre ce qu'il sait et ce qu'il ne sait pas. Nous possédons déjà quelques fragmens d’une langue bien faite, dans les ouvrages des uaturalistes, des mathématiciens et de quel- ques métaphysiciens modernes. On a tenté d'appliquer cette méthode analytique à la langue de la chimie; toutes les expressions de sa nomenclature moderne sont d’une élégante précision, et portent bien l’em- preinte des idées qu’elles représentent ; mais la définition exacte de plusieurs d’entr’elles n’est pas encore arrété. M. Brongniart en propose quelques-unes dans une dissertation sur les mots, acide, alkali, terre, etc. Sui- vant lui, un acide est tout corps qui est combiné ou supposé combiné avec l’oxigène, au point de rougir ou de décolorer les tein- tures bleues végétales ; un a/kali, tout corps qui verdit certaines teintures bleues végétales; F ( 82) une £erre, Un corps non décomposé , incom- bustible, ni acide ni alkalin. Ces définitions offrent une idée des mots qu’elles caracté- risent, qui dérange un peu la classification reçue par l’étendue d'expressions de quel- ques-uns; mais M. Brongniart fait sentir que, lorsque l’on ne connoît pas précisé- ment la nature des choses, il vaut mieux distribuer leurs signes par une méthode ar- tificielle, que de leur laisser des notions qui n’ont point de caractère différenciel. On pourroit peut-être reprocher à ceux qui se livrent aujourd’hui à létude de la chimie, de trop négliger la lecture des an- ciens chimistes. On y rencontre souvent des faits qu'ils ont connus sans les évaluer, mais sur lesquels les lumières se réfléchissent avec un nouvel éclat. Homberg fut un de ces praticiens qui approcherent le plus de la précision des physiciens de nos jours; M. Guilbert nous a présenté l’analyse d’un de ses mémoires, sur l’évaluation des quantités exactes des sels volatils contenus dans les acides connus de son tems. En décrivant Varéomètre de Homberg, l’auteur est con- duit à détailler l’histoire de tous ceux dont on s’est servi en physique depuis cetauteur. (83) Homberg déterminoit la pesanteur spécifique des liquides, en les pesant successivement dans un vaisseau d’une capacité connue. Muschem- broëk, Vallet, Farenheit, MM. Deparcieux, Baumé et Charles ont évalué la pesanteur spécifique, en plongeant des corps solides , sur lesquels étoit gravée une échelle qui détermine leur quantité d'immersion, et le volume du fluide qu’ils déplacent. Il résulte des observations de M. Guilbert, 1°. que les aérometres les plus parfaits sont ceux de Fareuheit et de M. Charles ; 2°. que le procédé mécanique le plus sûr pour vérifier la marche d’un aérometre, consiste à le com- parer avec les résultats de la balance hydros- tatique. M. Vauquelin a lu sur la chimie, dans lesdifférentes séances de ce semestre, 1°. Un mémoire sur l'analyse de la casse ; la plupart des chimistes connoissent cette dissertation, qui a été insérée dans les an- nales de chimie. 2. Une traduction de la dissertation de Bergman sur l’antimoine. Ce métal a été tellement tourmenté par la cupidité des al- chimistes qui s’étoient imaginés qu'il receloit le principe de l'or, que dés le.tems de F2 ( 84) Paracèlse , la pyrotechnie lui avoit déjà fait subir presque toutes les altérations et toutes les combinaisons qu’il est susceptible d ee er. °. M. Vauquelin nous a donné une ana- iSË d'un ouvrage intitulé : Sinthesis ox1- gent, par M. Schurer. C’est le tableau de toutes les découvertes de la chimie moderne. 4. Des observations sur le suc laiteux qui par sa coagulation, forme le caoutchouc, ou gomme élastique. Elles ont été faites con- jointement avec M. de Fourcroy ,.et ce pro- fesseur en a donné les détails au public, dans la dernière séance de la société d’agri- culture. Le suc qui forme le caoutchouc, découle de plusieurs arbres dans les Indes orientales ; son origine est presque aussi obs- cure pour les naturalistes, que son analyse a été pénible pour les chimistes. Un procédé simple et peu coûteux , par lequel on pour- roit recouvrir nos vètemens de cette espece d’émail flexible, seroit une découverte des plus heureuses pour l’humanité. Ne pour- roit-on pas extraire cetie substance des sucs laiteux des euphorbes, des figuiers de nos contrées ? car la nature n’est jamais exclusive dans les productions végétales qu’elle accorde L'ONU ( 85 ) à un climat. Toutes ces questions sont in- téressantes pour le chimiste. Nous possédons, dans la collection de ce semestre, deux mémoires sur la chimie vé- gétale, et un troisième sur la chimie ani- male, par M. Bouvier : le premier traite de la formation de lacide prussique par l’action de lacide nitrique sur les matières végétales. L’oxigène dans l'acide nitrique est uni par des liens si foibles avec son principe acidi- fiant, que ce dernier n’est en quelque sorte qu'un véhicule qui sert à le transporter sur presque toutes les bases qu’on lui présente. M. Bouvier a distillé successivement de l’a- cide nitrique foible sur de la racine de cochlearia armoraciæ , sur la semence de moutarde et sur du bois de gayac; tous les produits dans le récipient ont indiqué la présence de l'acide prussique par sa colora- tion en bleu par les oxides de fer: il est donc à présumer que le radical de lPacide prussique forme un des principes consti- tuans de presque tous les végétaux. L’auteur termine son mémoire par l’analyse de la ra- cine de cochlearia à feu nud; il résulte qu'elle contient, 1°. les cinq principes com- ‘muns à tous les végétaux, qui sont 1hy= F5 ( 86) drogène , l’oxigène, l'azote, le carbone et la chaux ; 2°, du soufre; 5°. un sel magnésien ; 4°. du sulfate de chaux ; 5°. du phosphate calcaire ; 6°. de la potasse ; 7°. de l’oxide de fer. Le second mémoire de M. Bouvier ren- ferme lanalyse du fucus hélmintocorton. Les moyens d'analyse ont été, 1°. la lixi- viation à l’eau froide, à l’eau chaude, et dans la dissolution de potasse , lesquels ont donné du muriate de soude et une grande quantité de gélatine que l’eau froide dilatoit pro- digieusement avant de lui faire perdre sa coagulabilité ; 2°. apres la combustion de cette gélatine, il est resté de la chaux et du carbonate de chaux ; &°. la combustion du résidu insoluble dans l’eau et dans les alkalis. Ses cendres étoient un mélange de sulfate calcaire, de magnésie, de phosphate calcaire et de silice. Cette analyse de l’he/minto- corton , par ses résultats, détermine aux yeux du naturaliste la place de la nombreuse famille des fucus dans ‘le règne végétal; tandis que, par quelques produits singuliers, elle fait entrevoir au chimiste l'espoir de faire des découvertes intéressantes sur les productions marines , qu'ils monc presque pas encore observées. (87) Dans un troisième mémoire, M. Bouvier traite de la coraline. Les zoophites, que l’on a long-tems regardés comme des pierres végétales, sont enfin reconnus pour des amas d'animaux microscopiques, qui forment, par leur transpiration, l’habitation calcaire qu’ils peupient. L'analyse chimique vient à l'appui de cette opinion. M. Bouvier a trouvé les principes combustibles de la coraline formés par de la gélatine et par une matière vraiment animale, analogue au blanc d'œuf, que M. de Fourcroy a fait connoitre sous le nom de substance albumineuse. Le sque- lette pierreux est presqu'entièrement cal- caire. Un charlatan vendoit avec profusion dans Paris, et très-chèrement, une liqueur qu’il désignoit sous le nom de régénérateur uni- versel. L'auteur du précédent mémoire nous en a donné l’analyse; on n’a pas toujours le bonheur d’être trompé aussi grossièrement en médecine. Le régénérateur , qui faisoit la fortune de son inventeur, étoit de l’eau de Seine, et quelques gouttes d'acide sulfu- rique. De pareils succès doivent encourager les partisans de l'exercice libre de la mé- decine. F 4 ( 88 ) M. Bouvier nous a encore communiqué un mémoire sur les procédés usités dans le département du Calvados, pour extraire le sel des eaux de la mer. Les sauniers de cette partie des côtes de la ci-devant province de Normandie, conduisent, l’été, l’eau de la mer dans des réservoirs , sur le fond des- quels est étendu un mélange de sable et de marne. Ils font évaporer successivement plu- sieurs couches d’eau sur ce mélange , et lorsqu'il est bien impregné de sel , ils le lessivent par une nouvelle quantité d’eau marine, qui filtre à travers cette terre, se sature completement, et va se rendre pure et limpide dans un puits, d’où on la retire pour la faire évaporer sur le feu dans des vaisseaux de plomb. Avant que lévapora- tion ait desséché complètement, on retire le liquide, qui précipite de beaux crystaux de sel marin, et on laisse écouler le résidu, qui entraine avec lui tous les sels déliques- cens qui souilloient sa pureté. Ce procédé est supérieur à tous ceux que l’on emploie pour la fabrication du sel marin dans le nord de l’Europe, et dans le midi de la France. Ce dernier mémoire de M. Bouvier doit ( 89 ) étre rangé dans les collections de la société, parmi les recherches dont elle s'occupe, sur les arts et métiers. On peut placer dans la mème classe un autre mémoire de M. Bron gniart, sur l’émaillage. Ce dernier renferme la description de tous les procédég connus dans cet art, et l’auteur n’y parle que d’après ses propres essais. L’art d’émailler est l’art d'appliquer des couleurs vitrifiées sur des métaux. ‘Fous les principes colorans sont des oxides métalliques. Mais loxigene étant le principe colorifique de ses substances , il en résulte que lorsqu'on les a fait mordre sur un métal par la fusion, l’oxigène, ce principe mobile, placé entre deux bases qui peuvent le recevoir, se dépose sur elles sui- vant l'équilibre de ses affinités; les oxides s'alterent, les couleurs se pervertissent , ou leur vivacité s'éteint. De-là vient que l'effet des émaux au feu est toujours incertain ; de-là vient que lor, le moins oxidable de tous les métaux, est le plus sûr à l’émail- lage , ensuite l'argent, puis le cuivre. Le fer est intraitable, il dénature toutes les cou- leurs. D’autres métaux, plus fusibles que les émaux, ne peuvent les recevoir. Cepen- dant l’auteur a fait des essais assez heureux (90) sur lémaillage du fer , du cobalt et de Fétain. . s Je dois actuellement rendre compte des travaux de la société sur l’histoire na- turelle. M. Millière, correspondant, nous a fait parvenir vingt-quatre pieces d'histoire natu- relle. Cette coilection , recueillie dans la ci= devant province du Dauphiné , offre une suite de crystaux de roche et de schorls dé- composés en partie en asbeste et en amian- the. M. Millicre prétend prouver ainsi la transformation du schorl en amianthe, et sa collection en offre une preuve séduisante; mais la nature a des passages qu'on peut interprèter de plusieurs manieres. Le schorl, sous sa pâte siliceuse, enveloppe l’argile et la magnésie, élémens de lamianthe ; et tout nous démontre que dans les minéraux , ik existe un dissolvant inconnu, mais très- universel , qui peut dissoudre la silice sans attaquer les autres terres. Ces dégénérations apparentes de la terre siliceuse en argile, avoient déjà égaré le célebre Buffon, plus poëte que philosophe, dont le génie brillant, souvent séduit par les erreurs de son imagi- nation, parvint si rarement à la vérité, EN) trop simple pour le faste de ses expressions. J'ai eu l'honneur de donner à la société des observations sur Pline. Il paroïit que cet auteur compiloit plus qu’il n’observoit. Ce- pendant ïl a été, avee Empedocle, une des premieres victimes de la passion de l'histoire naturelle, qui depuis a fait bien d’autres martyrs. Je vous ai offert aussi le résultat de mes recherches sur les animaux microscopiques des environs de Paris, pendant le courant de l'été dernier. Jen ai découvert quarante ou cinquante espèces, que J'ai décrites et observées. Si l’on demande de quelle impor- tance peut être cette étude pour le natura- liste, je répondrai : Si vous ne considérez que les masses , la somme totale de matière organisée qui compose celle de tous ces êtres infiniment petits , mais répandus sur tout le globe , surpasse de plusieurs centaines de fois la masse de matière vivante qui com- pose lespèce des éléphans. Si vous examinez ensuite les phénomènes de leur vitalité, quelle variété de moyens, de forme, de mouvement ! Les uns meurent et ressus- citent au gré de l’observateur ; les autres se reproduisent en divisant leur corps à l'infini : (92) ceux-ci peuplent les germes de la vie, et dans ceux-là la nature semble surprise dans son secret, par le regard de l’homme. Sous des enveloppes diaphanes , à travers des animaux transparens , on découvre les lois de la cir- culation , les mouvemens de la digestion, les mysteres de la reproduction : ici s’offre le passage de l’iusecte au coquillage; là, celui du végétal à l’animal, et dans le sein des mers une multitude d’animalcules im- perceptibles composent des coraux , des ma- drepores , des gorgones , et simulent un passage du végétal au minéral. Enfin, ces êtres imperceptibles, placés dans l'intervalle de tous les regnes, semblent être des liai- sons insensibles, par lesquelles la nature a réuni toutes ses grandes masses. Le printems est le tems le plus favorable pour les obser- vations du micrologue; il est indifférent alors pour observer, d'appliquer le micros- cope sur telle eau stagnale ou telle infusion, toutes les parties de la nature semblent vi- vantes et agitces par des sensations : c’est alors que l'observateur passe des nuits déli- cieuses à déterminer et à suivre les protées , les volvox , les brachions, les vorticelles, dont j'ai trouvé beaucoup d'espèces dans ce ( 93 ) pays. lei je dois rendre hommage à un des plus profonds observateurs, je veux parler d'Otho Muller, il a décrit et distingué par des différences, plus de trois cents espèces d’animalcules ; toutes ses observations sont de la plus exacte vérité. Il est pour les ani- maux microscopiques, ce que Linné est pour le reste de la nature. Il me reste à rendre compte des ouvrages qui nous ont été communiqués , sur l’ana- tomie, la physiologie, la thérapeutique et . agriculture. Je commencerai par ceux qui traitent des deux premieres sciences que j'ai nommées. Nous possédons dans les collections de ce semestre plusieurs observations sur l’anato- mie pathologique. M. Bellot nous a fait le rapport de l’ou- verture de deux cadavres. Le premier étoit un enfant mort d’une cachexie sérense. L’au- teur termine ses observations par des ré flexions sur l'utilité des scarifications dans les cas où le tissu cellulaire est infiltré. Le second cadavre étoit celui d’un homme mort à la suite d’une carie qui avoit détruit la seconde vertebre cervicale. Les symptômes de cette carie avoient été d’abord, une dou- (94) leur vive dans Ja partie postérieure du çou, ensuite une douleur vive de tête dans la partie frontale; enfin la paralysie du bras droit, laquelle a été bientôt suivie de la mort. M. Vié nous a fait le rapport de l’ouver- ture du cadavre d’une femme morte de la rage. Ces cas sont rares, et il n’est point prouvé que les observations n’en soient pas dangereuses. Les parties solides ne se sont pas offertes sous des apparences bien différentes de leur état physiologique ; une partie de l'estomac étoit gangrénée , mais cette cir- constance n'est pas particuliere à l’hydro- phobie ; en général on peut dire qu’il y a peu de maladies qui laissent moins de traces de sa violence sur les sujets qui en sont la victime. M. Dumas nous a fait parvenir une obser- vation sur l’ouverture d’un enfant né sans anus. Le sujet étoit mort trois jours après sa naissance, le rectum étoit entierement _calleux et dévié. Un être aussi mal organisé ‘ne pouvoit résister long-tems à l’essai de la vie, sans les secours de la chirurgie. Elle a quelquefois tenté avec succès, dans ces cir- constances, de pratiquer dans le bas-ventre une issue artificielle aux excrémens. On pourroit bien ici faire à la médecine ce re- Ds. Te (95) proche tant de fois répété, qu’elle n’est que l’art de prolonger une existence pénible et humiliante. La société avoit demandé que l’on répétàt les expériences du docteur Garden, sur l’asphixie. MM. Bellot, Vié, Silvestre et moi, avons été nommés pour cette commis- sion. Nos expériences ont été faites sur un grand nombre d'animaux. Je vais en pré- senter les principaux résultats : 1°. L'ous les animaux à sang chaud, de la grosseur d’un chien épagneul, ont été asphixiés complètement cinq minutes apres leur immersion sous l’eau, et beaucoup plu- tôt dans le gaz acide carbonique. 2 L'ouverture des animaux asphixiés nous a présenté les phénomenes suivans : les veines et le cœur étoient pleins de sang d’une couleur foncée ; il y avoit peu de sang artériel d’un rouge vif, nous croyons cette observation importante : l'estomac n’étoit point rempli d’eau , tous les autres viscères paroissoient dans leur état naturel. 5°. Nous avons fait beaucoup d'expériences pour reconnoitre si l’eau entroit dans les poumons des’animaux qui se noient ; enfin, en les noyant dans différentes eaux colorées (96) ou blanchies avec de la craie, nous nous sommes assurés qu'elle y parvenoit. 4. L'ivritabilité se conservoit dans cha- que partie musculaire en raison de son vo- lume spécifique. L’oreillette droite étoit la dernière partie du cœur qui conservoit ses mouvemens. L’électricité étoit le plus puis- sant excitateur de Pirritabilité. 5e, Nous avons injecté de l’eau, de acide carbonique, du gaz nitreux directement dans les poumons par lopération de la broncho- tomie, et nous n'avons jamais pu venir à bout d’asphixier completement un animal , Veau étoit absorbée rapidement par les pou- mons. Cette force d’absorbtion des poumons est considérable et se continue même après la mort de l’animal. Ge. On a avancé que des animaux tués avant d’être plongés sous l’eau, n’en absor- boient point dans les poumons : nous avons répété cette expérience , elle nous a paru vraie. 7°. On avoit avancé que la température des animaux s’élevoit de quelques degrés au moment où ils périssoient asphixiés ; ce fait est faux. $ 8. Les injections de fumée, les lavemens d’oxicrat , Le 1 . LA (‘972 d’oxicrat, les fricuions salines , nous ont ‘ paru de foibles moyens curatifs dans les cas d’asphixies ; la méthode de suspendre les noyés par les pieds est meurtrière. La saignée, les commotions électriques et une chaleur vive répandue sur toute la surface du corps, nous ont semblé les meilleurs remedes dans ces circonstances. Mais nous pensons qu’en général lasphixie est un moyen très-rapide d’anéantir completement les forces vitales. Si l’on me permet actuellement de propo- ser une théorie sur la cause des phénomènes de l’asphixie, j’observerai qu'il est à présu- mer que l'air pur qui pénètre continuelle- ment dans les poumons est le principe de la circulation du sang, en lui communiquant la propriété d’irriter le cœur et les artères ; soit que l’oxigene se combine directement avec lui, soit qu’il ne serve qu’à débarrasser le sang veineux de la grande quantité de car- bone et d'hydrogène qui le surcharge, ainsi que M. Seguin pense l’avoir démontré. Lors- que les fonctions de la respiration sont sus- pendues, le cœur nest plus irrité par la présence du sang qui a perdu sa propriété; il ne se contracte plus, ne remplit plus G ( 98 ) les artères; le système veineux se r’engorge, et tout mouvement vital cesse. On s’appercevra de quelle importance est le travail d’une société qui s'occupe à répé- ter des expériences en physique, lorsque l’on reconnoitra qu'il s'y introduit souvent des erreurs sous les autorités les plus respec- tables. Linné et plusieurs naturalistes célè- bres avoient avancé que les hirondelles pou- voient passer l’hiver sous la glace, et que leur sang versé dans une palette ne s’y coa- guloit point à la température de atmosphere. Ce dernier fait s’est trouvé faux, apres plu- sieurs expériences répétées devant la so- ciété. M. Seguin nous a lu plusieurs mémoires sur les effets de la respiration et sur la cause de la chaleur animale; ils ont été depuis publiés. M. Audirac avoit communiqué à la société une dissertation sur le mème sujet; j'aurai occasion de parler des principales opinions qu'il renferme, en rappelant dans un instant à vos regrets, le souvenir de cet ami. Dans un mémoire sur la chlorose, M. Vié distingue deux causes opposées de cette ma- pen D DEF T d ( 99 ) ladie. Elle peut dépendre d’un état de spasme ou d'un état d'atonie des solides, chacun demande un traitement distinct; pourquoi donc induire en erreur le praticien , en dé- signant sous un seul nom spécifique deux maladies contraires ? La funeste methode de classer par les symptômes actuels, est une des principales causes de la lenteur des pro- grès en médecine. M. Vié nous a encore communiqué un mémoire sur l’homme, con- sidéré physiquement dans ses quatre âges. Dans un moment où l’on s’avance peut- être par la véritable route vers la découverte du principe de l’irritabilité, il est important de bien faire connoiître les propriétés de cette faculté des corps vivans et de la dis- tinguer de la sensibilité; c’est ce que jai fait dans plusieurs observations que j'ai eu l'honneur de vous communiquer. L’irritabi- lité est cette propriété par laquelle une partie musculaire se contracte lorsqu'elle est irritée. La sensibilité est cette qualité par laquelle un corps recoit des sensations; le nerf ne se contracte pas lorsqu'il sent, et un muscle ne sent pas toujours lorsqu'il se con- tracte; le spasme est un exces de sensibilité, et l’atonie son défaut; l’éretisme, l'excès G 2 ( 100 ) | d'irritabilité ; le relâchement, son état d’é- puisement. Bien loin que lirritabilité et la sensibilité soient la même faculté, j'ai dé- montré que dans les corps vivans, l’une s’accroissoit presque toujours en détruisant l’autre; j'avois présumé encore que lirrita- bilité existoit dans quelques fluides vivans. C’est à cette cause que Jj’attribuai la coagula- tion du sang, celle du blanc de l'œuf, celle de la lÿmphe ; je rapportai également à la destruction de lirritabilité dans les fluides vivaus par un violent excitant, cette putri- dité qui s’y développe lorsqu'on a introduit une substance tres-àcre. M. Dumas, dans un mémoire adressé à la société sur l’effet des cantharides, présente une autre opinion. Nous allons en offrir lana- lyse. L'auteur démontre d’abord par une suite d'expériences que les cantharides mélées avec la lymphe, le sang, la bile, le suc gastrique, putréfient rapidement ces fluides. Les hu- meurs des animaux empoisonnés par la mème substance, lui ont présenté le même état d’altération. Il attribue ces effets à l’ac- tion d’un levain purement chimique. M. Dumas développe ensuite la théorie de Stoll sur les dégénérations humorales, et remarque ( 101) que les observations en médecine ont dé- montré que l’usage des cantharides favorise beaucoup la dégénération bilieuse ; il en con- clut que l’usage des vésicatoires préparés avec la poudre de ces insectes, doit étre dan- gereux dans les affections de ce genre, ainsi que dans les maladies putrides ; il cherche quelqu’autre excitant topique qui puisse les suppléer dans ce cas, et il propose alors les sucs d’euphorbe, de pirêtre, et l’acide mu- riatique oxigené. M. Dumas nous a encore fait parvenir un de ses ouvrages qu’il a publié, en le dédiant à la société ; sensible à ce témoignage de son estime, elle a desiré qu’il en restât un rap- port dans ses collections; MM. Bellot et Berlinghieri ont été chargés de le faire. Cet ouvrage renferme la discussion de plusieurs questions proposées à M. Dumas par Puni- versité de Montpellier, pour concourir à une chaire de professeur dans son sein. Quels que soient les succes de l’auteur dans cette université , il aura toujours ajouté beaucoup à sa réputation par un semblable ouvrage. M. Bellot nous a lu dans plusieurs séances un mémoire fort étendu sur les secrétions. G 3 ( 102) Par organe secréteur, on désigne tous les visceres connus généralement sous le nom de glandes qui servent à faire la séparation de quelque humeur dans le corps : tels sont le foie, le pancréas, les glandes proprement dites, etc.; on pourroit encore les désigner sous le nom d’organe de seconde digestion, puisqu'ils servent à élaborer des substances déjà en partie animalisées. L'ouvrage de M. Bellot peut être divisé en trois parties essentielles; la premitre renferme l’anatomie des glandes ; dans celle-ci on doit remarquer sur-tout les observations délicates que lPau- teur fait sur la situation des glandes ; il dé- montre par leur position qu'aucune d'elles ne peut être suffisamment comprimée, pour que ses secrétions et ses excrétions puissent s'opérer mécaniquement; opinion qui avoit eu de grands partisans depuis Boerhaave ; la seconde partie renferme l’histoire des diffé- rens fluides vivans dont chaque glande fait la secrétion, c’est-à-dire l'analyse chimique, et l'exposé physiologique de toutes les fa- cultés, des humeurs animales. M. Bellot rassemble ici toutes les découvertes des chi- mistes modernes sur les principes consti- tuans du sang, de la bile, du chyle, du lait, (:165.) de la graisse, du sut gastrique, de la sueur, des urines; les autres humeurs ont été peu analysées. Dans l’analyse du sang, M. Bellot a rappellé les belles découvertes de M. de Fourcroy sur l'existence de la bile dans le sang, que ce chimiste en aextrait toute formée par un procédé simple et ingénieux ; il regarde aussi la matiere fibreuse du sang comme la matiere des muscles, et comme la substance essentiellement irritable ; c’est ce principe qu'on pourroit désigner avec exactitude sous le nom de chair coulante. Le même pro- fesseur a porté le flambeau de lanalyse sur divers états pathologiques du sang ; celui des scorbutiques est chargé d'hydrogène, la partie fibreuse ou irritable y est décomposée, le sang inflammatoire est dans un état con- traire , 1l est trop oxidé; le principe irri- table est dans un état de spasme, si je puis m'exprimer ainsi. M Bellot a joint à l’exposé de toutes ces belles découvertes encore peu connues, le détail de celles de M. Lavoisier, sur l'influence de la respiration dans l’éco- nomie animale ; celles de M. Hallé, sur lal- tération des alimens et du chyle. Ce médecin considère l’oxigène comme sans cesse agissan t sur les sucs alimentaires dans tout le cours G 4 (104) | de leur circulation; il les altère de plus en plus en détruisant graduellement l’hydro- gène et le carbone, jusqu’à ce que le prin- cipe azotique prédomine suffisamment en eux pour qu'ils soient assimilés aux subs- tances animales. Toutes ces idées sont su- blimes ; puissent les génies féconds qui por- tent la lumiere sur la physique des corps vivans, poursuivre la route qu’elles ont ou- verte ! Un jour nouveau éclaire la médecine; par eux, cet art de conjectures va devenir une science exacte, et ceux qui ne furent que l’objet de notre admiration , deviendront les bienfaiteurs de l'humanité. J’omets beaucoup de détails intéressans pour rendre compte de la troisième partie de l’ouvrage de M. Bellot; il y discute les différentes opinions que l’on a proposées pour expliquer le mécanisme de la secrétion ét de lexcrétion des humeurs dans les glandes, et se fixe à celle de Bordeu, cet homme de génie, bien moins estimé dans sa patrie, que parmi les étrangers dont les jugemens toujours équitables font pressentir ceux de la postérité. Bordeu pensoit, d’après les anciens , que chaque organe avoit une sorte de sensibilité qui lui étoit particuliere, ( 105 ) et de même que chaque sens n’est affecté que par certaines qualités de la matiere, telle que la vue par la lumiere, l’ouie par Île son, le goût par la saveur; ainsi chaque organe in- térieur ne peut être affecté que par une espèce de fluide, le cœur par le sang, le foie par la bile, les reins par l'urine, et ainsi des autres. Cette idée est belle par sa simpli- cité : on voudroit que ce füt la vérité ; mais il paroït que ce n’est point à la sensibilité, qui ne suppose aucun mouvement, que l’on doit attribuer les fonctions des glandes, puisque la plupart sont insensibles, mais a Virritabilité, principe de tout mouvement dans l’économie animale, et qui se modifie dans les glandes suivant la nature des fluides qui doivent les irriter et les mettre en action. M. Berlinghieri nous a donné l’histoire d'une maladie éruptive qui a présenté dans tous ses périodes les mêmes symptômes que la petite-vérole : cependant les deux sujets sur lesquels il la observée avoient déjà été attaqués de cette dernière maladie, et le premier n’avoit pas même couru les risques de la contagion. M. Berlinghieri présume d’a- pres ces faits qu’il y a des fièvres d’éruption que ( 106 ) Fon peut aisément confondre avec la petite- vérole, qui est une maladie exotique , et qui ne peut se produire spontanément dans nos climats. Le même membre a présenté à la société deux mémoires sur la théorie des fièvres. Dans le premier, M. Berlinghieri réfute celle de Cullen. Les anciens avoient sur la fièvre des idées bien différentes des nôtres; ils lui avoient élevé des temples , et ce ne fut pas la crainte qui y placa des autels. Ils re- gardoient la douleur fébrile comme un com- bat, et un effort de la vie contre les causes de mort et de destruction de la matiere ani- mée. Toutes les idées qu'ils s’étoient ainsi formées sur les opérations de la nature étoient douces et consolantes pour l’homme, parce que des dogmes attristans ne leur avoient point encore présenté l'humanité comme une espèce coupable, que la douleur n’attaquoit que pour la punir. M. Cullen ne s’est point élevé, dans sa théorie sur la fièvre, à la hauteur des opinions des anciens. Il regarde la fièvre comme une alternative de foiblesse et de force accidentelles, qui ne pro- duit qu'un désordre dans l’économie ani- male. Suivant lui , l’accès de froid est un CR “re E (107 ) état de foiblesse du cerveau et des organes intérieurs ; l’acces de chaleur, un état de force produit par l’état précédent, et résultat de la réaction du spasme des organes exté- rieurs. M. Berlinghieri s’attache à démontrer, 1°. que dans les fièvres, le froid n’est pas toujours la cause productrice de la chaleur, puisqu'elle existe souvent sans avoir été pré- cédée par le frisson ; 2. que la foiblesse du cerveau et des organes intérieurs n'existe point dans le frisson : il cite à cette occasion des exemples singuliers de fièvre qu’il a ob- servés, ils n’avoient qu’un paroxisme de froid sans chaleur, et ils étoient produits par une irritation portée sur l'estomac ; 5e. l’auteur du mémoire démontre qu’un état d’atonie ne peut pas produire un état de spasme. Il multiplie ici les preuves pour détruire cette opinion , soutenue par un grand nombre de physiologistes : il cite à cette occasion plusieurs observations qu'il a eu occasion de faire en Italie, où il a pra- tiqué la médecine. Ces victimes que le luxe d’un des beaux arts a condamné dans leur jeunesse, à une insensibilité morale, par- venues à un âge avancé, périssent ordinaire- ment par une insensibilité physique qui ( 108 }) * gagne successivement toutes les parties de leur corps, jusqu’à l’anéantissement total d’une existence qui a trompé les vues de la nature. Dans ces périodes singuliers d’atonie progressive que l’auteur a observée plusieurs fois , il n’a jamais remarqué qu'il en füt ré- sulté ni spasme ni convulsion. Dans le se- cond mémoire, M. Berlinghieri traite des causes éloignées de la fièvre ; Cullen en dis- tingue trois , la contagion des corps vivans, les miasmes de l’atmosphere, et le froid, d’où, suivant le médecin anglais , résulte une pu- tridité et un affoiblissement dans le corps vivant qui, selon lui, est toujours la cause prochaine de la fievre. L'auteur démontre, 1°. que des miasmes ou une contagion ne produisent point de putridité dans les hu-. meurs vivantes, qui n’en sont pas Suscepti- bles, ni par conséquent ce relàèchement que M. Cullen prétend en être la suite; 2°. que le froid ne fait pas naître la fievre par une vertu sédative. Ensuite M. Berlinghieri pré- sente lui-même une théorie sur les fievres; suivant lui, l’acces de froid est un effort de la nature contre une humeur qui irrite l'estomac ; lorsque cette humeur, par l'effort mème de la vie, est passée dans la circula- (109), tion , alors elle irrite le cœur et les vaisseaux, d’où résulte l’accès de la chaleur, qui chasse enfin par, les pores de la peau ce principe délétère. Lorsqu'on examine les causes or- dinaires des fièvres intermittentes , leurs moyens curatifs, les symptômes des accès dans leurs deux paroxismes , on est frappé du concours de preuves quise réunissent en faveur de cette opinion. C’étoit sans doute l'effet du quinquina et de tous les toniques contre les fievres intermittentes, qui avoit déterminé M. Cullen à les attribuer toutes au principe de relàchement. L'auteur du mémoire s'attache à démontrer que le quin- quina n’est qu’un altérant des humeurs. Il termine son ouvrage par donner plusieurs conseils pour son administration : ils sont le fruit de la pratique de l’auteur dans la Toscane , où il a exercé la médecine. Ce beau pays, placé sous le climat le plus doux de l'Italie, est infesté toute l’année de fièvres intermittentes. Les mémoires qui ont été communiqués à la société sur l’agriculture , sont : 1°. Un mémoire sur les moyens de rendre utiles à l’agriculture les curés de campagne, par M. Guilbert. ( 110 ) 2. Un autre mémoire sur l’utilité des co- chons, et sur l’art de les engraisser , par le mème auteur. Ces deux dissertations ont été lues à la société d'agriculture. M. Silvestre nous a communiqué un mé- moire sur l’art des arrosemens; il renferme la description d’un charriot qui n’appuie que sur une roue placée dans son centre , et qui supporte un tonneau garni vers sa partie inférieure de tuyaux qui distribuent l’eau d’une maniere uniforme et sur une grande étendue. L’usage de cette machine doit être appliqué à la culture des jardins potagers connus sous le nom de Marais. M. Silvestre nous a lu un autre mémoire sur la culture du mais dans les différentes contrées où l’usage de cette plante utile s’est introduit. Nous possédons dans nos collec- tions les rapports de presque toutes les séances de la société d’agriculture : nous avons eu soin de faire assister régulièrement quelqu'un de nous à chacune d'elles. MM. Guilbert , Bouvier et Silvestre se sont ac- (115 ) quittés successivement de cet emploi. Qw’il me soit permis de rendre hommage à cette société bienfaisante , composée des plus illustres amis de la patrie et de l'humanité, et d'exprimer ici notre reconnoissance sur la liberté dont elle nous a fait jouir d'assister à toutes ses séances particulières. Elles ont été pour nous une source d'instruction sur les connoissances les plus véritablement utiles aux hommes réunis en société ; nous y avons vu Part de faire le bien avec de foibles moyens, et de la manière la plus avan- tageuse, porté à un haut degré de perfection, et uni à l'adresse la plus ingénieuse et la plus touchante pour engager les autres à le faire. Peut-être les sociétés savantes de la capitale cesseront bientôt de s’isoler du pu- blic, ainsi qu’elles l’ont fait jusqu’à présent dans presque toutes leurs séances ; alors nous nous empresserons de jouir de cet avantage, et notre société remplira parfaite- ment le but de son institution. Une nouvelle association littéraire s’est for- (#07) mée depuis peu, sous le nom de société d'Histoire naturelle. C’est aux pieds d’un monument que des naturalistes francais, élevoient à la gloire du célébre Linné, qu’elle a pris naissance. Les plus zélés par- tisans de ce grand homme, rassemblés pour lui rendre cet hommage de reconnoissance et d’admiration, ont voulu perpétuer une rencontre aussi heureuse, par une réunion plus durable et par des travaux utiles. M. Brongniart, l’un des membres de cette so- ciété , nous a, jusqu’à ce moment, rendu compte de ses séances. Je terminerai le rapport des travaux de la société, par une annonce qu’elle desire rendre publique. Quelque tems après la première séance du dernier semestre, un anonyme a fait parvenir à la société une somme de deux cents livres, en lui imdi- quant qu'il desiroit qu’on formât de cette somme le prix d’un mémoire, dont le sujet: seroit proposé par la société; il demandoit que l’on n’admit au concours que les membres qui (345) qui la composent. Cette dernière clause a élevé bien des discussions ; l’estime particu- lière qu’on montroit dans cette circonstance à la société, la touchoit beaucoup, mais elle auroit souhaité que le concours fût plus étendu et que toute personne püt sy présenter; enfin, elle a pensé qu’elle devoit respecter des intentions généreuses, à la source desquelles elle ne pouvoit remonter; et les membres ont choisi à la pluralité des voix, cette question à discuter : « Déterminer, » par l’examen des espèces de végétaux qui » croissent spontanément, quelles sont les » plantes utiles qu’on peut cultiver avan- » tageusement? » La société en adressant ses remercimens à l'inconnu qui lui a fait re- mettre ce prix, et qui lui annonce plusieurs présens semblables pour l'avenir, se croit obligée d'annoncer qu’elle ne recevra plus désormais que ceux dont on Jui permettra de rendre le concours public. Bien loin de vouloir profiter des avantages que lui pré- sentent une générosité si noble et si mo- H (u4) deste, elle se propose au contraire de la rendre dans la suite encore plus avanta- geuse aux sciences, en augmentant ces Prix par des contributions particulières de ses membres. La douceur de cultiver les sciences au sein de l'amitié, le bonheur d’acquérir pour nous, et de communiquer à nos con- citoyens des connoissances utiles , seront toujours le seul but de nos travaux et leur plus flatteuse récompense. fun … ait (Tab } REG E KR CITES SUR LA VIE ET LES OUVRAGES DE M HOWARD. Par M. Ricue, secrétaire de la société, Messieurs, LE sujet de quelques-uns des ouvrages de M. Howard, n'appartient pas entière= ment aux sciences dont la société s’occupe; mais j'ai cru que l’on verroit avec plaisir le nom de cet ami de l’humanité, réumi à ceux des autres hommes illustres qui ont contribué au progres de l’esprit humain, et sur lesquels vous m'avez demandé des re- cherches. M. Howard s’est livré à un genre de bienfaisance dont il a donné le premier l'exemple; quelques circonstances de sa vie fixerent la sensibilité de son cœur sur le sort des malheureux que renferment les pris H 2 ( 1:16) sous, et depuis ce tems il ne fut plus occupé que de leurs maux. Avec un grand amour pour le bien, il eut de grands talens pour le faire; il parvint à réveiller l'attention du gouvernement anglais sur l’état de ses pri- sons; elles étoient la plupart affreuses lors- qu’il commença à écrire; et il eut le bon- heur, avant de mourir, de voir s’opérer une partie des réformes qu'il avoit proposées. Peut-être ne tarderont-elles pas à s'étendre jusqu’en France; et puisse l’exemple de ses vertus et de ses travaux former parmi nos concitoyens, des hommes qui cherchent à l’égaler ! M. Howard est né dans le comté de Maid-Lessex en 1724; pendant toute sa jeu- nesse, il fut d’une constitution délicate que sa sensibilité naturelle rendoit encore plus chancelante , car il est bien dangereux pour un corps foible de renfermer une ame trop sensible. Propriétaire d’une fortune assez considérable, dont il avoit hérité de son père, il épousa à l’âge de vingt-huit ans, Mistriss Sarah Lardin; cette femme étoit beaucoup plus âgée que lui et d’une santé encore plus délicate; mais elle lui avoit prodigué pendant quelques années qu’il ne de dt en | | (119 habita sa maison, des soins et des attentions qui lui inspirerent tant de reconnoissance et d'amour, qu'il la forca malgré la dispro- portion de leur âge , à s'unir à lui; elle possédoit une fortune dont il disposa en faveur de ses parens. Sa femme survécut peu d'années à son mariage; lorsqu'il la perdit, il remplissoit les fonctions de ministre de la religion protestante à Monington ; il sacrifia une partie de sa fortune à bâtir un temple, et à fonder un presbytère pour sa secte. M. Howard fut toute sa vie très-attaché à ses principes religieux. La prédestination étoit un des dogmes qu’il avoit adoptés; elle lui donna toujours au milieu des dangers que sa vertu lui fit courir, cette intrépidité que produit la certitude d’un sort inévitable. Lorsqu'on lui demandoit de quelles précau- tions il usoit pour se garantir de l'infection des hôpitaux et des prisons qu'il visitoit chaque jour; pendant qué je passe ainsi ma vie, répondoit-il, je n’appréhende au- cun mal. Un régime uniforme et une grande sobriété, furent les seuls préservatifs qu’il mit en usage pour échapper à la contagion des maladies auxquelles il s’exposoit. En 1755, le tremblement de terre de 3 ( 118 ) Lisbonne, fixa les regards de l’Europe sur cette capitale; le cri des malheureux appe- loit M. Howard vers cette ville infortunée. IL partit malgré les efforts et les conseils de ses amis, qui craignoient pour lui les dangers de là guerre allumée alors entre la France et l'Angleterre. La corvette sur laquelle il se trouvoit, fut prise par un armateur fran- çais, et il fut conduit prisonnier de guerre à Brest; il souffrit beaucoup pendant sa dé- tention, et il avoue lui-même que c’est à la dureté avec laquelle on le traita dans nos prisons, que nous devons les recherches et les travaux auxquels il s’est livré le reste de sa vie. Apres avoir obtenu sa liberté, il visita les prisonniers de guerre en France et en Angleterre ; il vit ces malheureuses vic- times des querelles particulieres des rois, confondues avec les criminels par la plus profonde misère. Il est bien étonnant que la solde de ceux qui supportent des fers pour leur patrie, soit moindre que celle qu’on leur accorde lorsqu'ils la servent en liberté; dans la dernière guerre, la France ne faisoit parvenir à chaque matelot prisonnier, que deux sous pour sa subsistance journalière; il faut espérer que dans la suite elle fera de (119) plus grands sacrifices pour consoler des fran- çais de la perte acccidentelle d’une liberté dont ils connoissent aujourd’hui mieux le prix. Depuis l’époque dé sa détention dans nos prisons, l’histoire de la vie de M. Howard, n'est plus que celle des efforts continuels qu'il fit pour rendre meilleure la condition dés prisonniers. C’étoit sur leur sort qu'il avoit tourné toute la sensibilité de son ame; il parcourut d’abord Pltalie en visitant les hôpitaux et les prisons; il en a donné la description dans un ouvrage particulier. Il n’est pas de contrée en Europe où les insti- tütions charitables et les édifices publics soient eñ plus grand nombre; en général, les prisons y sont saines et les hôpitaux bien maintenus. Parmi ces dérniers, ceux de Flo- rence méritent sur-tout d'être remarqués ; les prisonniers ne sont malhéureux qué dans la Savoie et le Piémont, où le gouvernement les oublie. De retour en Angletérré, M. Howard épousa Mistriss Hariet qui mourut quelques années après, en lui laissant un fils qui vit encore ; il approchoiït alors de la quarantieme année de sa vie; il fut nommé à la charge H 4 ( 120 ) de, shérif dans le comté de Bedfort: cette place lui donnoit des facultés pour remplir sesivues bienfaisantes et pour examiner de près les malheurs des prisonniers. Il com- méhiça dès ce tems à parcourir les hôpitaux, les prisons, les bridewels, ou maisons de correction de l'Angleterre; il y consacra dix années de sa vie. JE a composé son ouvrage sur les maisons de force et les hôpitaux, particulièrement dans le dessein de décrire ceux de son pays; on voit qu'il s’y occupe sur-tout à éclairer le gouvernement anglais sur les abus qu’il y a remarqués; ces détails composent eux seuls une partie beaucoup plus considérable de son ouvrage , que celle qu'il y a réservée pour donner une idée de tous les autres établissemens publics dans ce genre qu'il avoit vus dans toute l’Europe. Le philosophe peut jetter quelquefois un regard de sensibilité sur l'humanité entiere, mais il doit avant tout s’occuper de sa pa- trie, et tâcher de lui devenirutile. M. Howard cependant ne borna pas ses voyages à l’in- térieur de l'Angleterre, il parcourut succes- sivement l'Irlande, la Flandre, la Hollande, l'Allemagne, la Suisse et la France. Ce fut au terme de ses voyages qu'il publia son ( 222 ) livre intitulé : Etat des hôpitaux, des pri- sons et des maisons de force de l Europe. Cet ouvrage est le fruit des plus pénibles et des plus longs efforts de bienfaisance et d’hu- manité. Son auteur pour parvenir à rassem- bler les connoissances qu'il renferme, fut obligé de pénétrer daus tous les cachots, et jusques dans les retraites les plus inacces- sibles du despotisme. Les dispensateurs des lettres de cachet en France, virent avec effroi la description dé- taillée de l’intérieur de la bastille, dans un tems où l’on croyoit encore qu’il ne pour- roit jamais pénétrer dans ces horribles de- meures , que les victimes qu’on y ensevelis- soit. Le plan qu'il en a donné est de la plus grande exactitude, et auroit pu servir à diri- ger ceux qui l'ont conquise. En général toutes les descriptions d'Howard que j'ai pu véri- fier , ont ajouté à l'estime et au respect que doit inspirer son ouvrage; il a dit la vérité dans toute sa pureté, dans sa plus vénérable simplicité. Le ministére de France ne lui pardonna pas cependant d’avoir dévoilé ses secrètes horreurs ; et dans un voyage qu'il fit à Paris, apres la publication de son livre, il eût passé le reste de ses jours à la bastille, ( 122) si lPambassadeur d'Angleterre ne lavoit pas fait échapper à sa tyrannie. Que le cœur d'Ifoward dût frémir délicieusement, lorsque dans les derniers jours de sa vie, en parcou- rant le. fond du nord de l’Europe, il entendit s’écrouler ce monument du despotisme sous des mains qui reprenoient leur liberté. La dernitre édition de l’ouvrage de M. Howard, renferme la description détaillée de la plus grande partie des prisons de l’'Eu- rope et de toutes celles de l'Angleterre, il y traite des hôpitaux , des maisons de force, et même souvent des maisons publiques d’édu- cation , avec là même étendue; cest le re- cueil d’un amas de faits très-précieux. Les résultats les plus généraux que nous pour- rions en déduire, exigeroient encore trop de développement, pour être renfermés dans le précis que nous offrons dans cet instant. En général, Pon y voit que dans chaque gou- vernement , le nombre des criminels que renferment les prisons, quels que soient d’ailleurs les religions ou les climats, est toujours proportionnel à la bonté des loix qui les régissent; l’on y voit qu’il n’est point de pays où le droit des gens ne soit violé, envers les prisonniers, par les souffrances ( 125 ) de la contagion auxquelles ils sont exposés, car la loi n’a jamais prétendu condamner le coupable emprisonné, à une autre peine qu’à celle de la perte de sa liberté; enfin, l’on voit dans les cachots de tous les pays, le criminel se préparer à de nouveaux délits, par l’exemple de ses complices, et par l'effet d’une inaction meurtriere pour lui et à charge à la société. M. Howard attribue la fievre des prisons, espèce de peste des plus féroces, à l’oisiveté forcée dans laquelle sont plongés les prisonniers, parce qu'il a vu que dans les cachots les plus infects et les plus mal-sains, cette maladie n’étoit point connue, lorsque le prisonnier peut faire de l’exercice. Les bras des malfaiteurs présentent une masse de force que la société pourroit re- cueillir et diriger vers son utilité; et il n’y a que les galères, et un petit nombre de maisons de correction en Europe où lon ait profité de ces avantages. L'on a confondu trop souvent trois classes de prisons que l’on devroit isoler pour le bien de la société et pour prévenir la cor- ruption ; les unes doivent être pour le crime, les autres pour le vice et la débauche, et les troisièmes pour le débiteur que lon peut ( 124 ) forcer à s'acquitter. Il est encore une autre classe de prisons qui n'offre que l'exemple d’une cruauté inutile, je parle de ces prisons religieuses, où l’on ensevelit pour toujours la honte des fautes de la foiblesse et de linexpérience; quelques-unes sont en France d’une atroce sévérité. Il faut espérer que des loix nouvelles dirigeront leurs forces contre le crime du corrupteur , et pardonneront le malheur d’un sexe qui commence si rarement par être coupable. Les détails que M. Howard nous a laissé sur les hôpitaux ne sont pas tous consolans pour l’humanité. L’on a demandé #sices éta- blissemens n’étoient pas plus nuisibles qu’u- tiles à la société : le tableau de l’état actuel du plus grand nombre ne résoudroit pas la question en leur faveur. Il en existe , tel par exemple que l'Hôtel - Dieu de Paris, dans lesquels il périt presque un quart des malades qui y cherchent un asyle; mais lors- que l’on examine les causes de cette éton- nante dépopulation , l’on reconnoit qu’elle dépend plutôt des défauts dans lexécution que du vice dans l’institution. Et, en effet, dans quelques maisons de santé mieux ad- ministrées , la probabilité de la mort est (13: ) beaucoup moins effrayante. Dans l’hôpital d'Edimbourg, par exemple, d’après des cal- culs faits dans les dernières années, sur vingt-neuf malades qui s’y retirent, il n’en meurt qu’un seul. L’en peut même assurer qu'un jour les hôpitaux perfectionnés, de- viendront les seules asyles où la médecine pourra réunir le plus grand nombre de pro- babilités qu’il est possible d'obtenir en fa- veur de la guérison des malades. L'ouvrage dont nous offrons quelques idées, forme un recueil précieux pour parvenir à ces décou- vertes. Cependant la publication des ouvrages de M. Howard, le bruit de ses voyages, de ses vertus, les réformes continuelles qu’il faisoit adopter au gouvernement, étendoient chaque jour sa réputation. La ville d'Edimbours, où il séjourna quelque tems, jalouse de posséder cet homme rare, voulut lui donner le droit de bourgeoisie. Cet honneur, jadis si grand au sein d’un peuple libre, aujour- d’hui si ridicule dans des pays où l’on n’a point de patrie. Dans le même tems on proposoit à Londres une souscription pour élever une statue à M. Howard ; elle avoit déjà produit une somme considérable , lors- ( 126 ) qu'il fut averti des honneurs qu’on lui des- unoit; sa sévere modestie en fut offensée, il s'ÿ opposa avec force. N’ai-je donc pas en Angleterre, écrivoit-il d’un pays étranger, un seul ami qui s'oppose à l’exécution d’un pareil dessein ? I] publia successivement deux lettres pour ses souscripteurs , dans lesquelles il les prioit de retirer leur argent ou de souffrir qu'on le fit servir au soulagement des malheureux : ses amis et ses admira- teurs furent obligés de céder à sa résistance opiniâtre ; la plus grande partie de la somme que l’on avoit déposée fut distribuée dans le sein de quelques familles indigentes de Londres , et l’enthousiasme public qu’avoit produit ses vertus et ses talens, fut encore un bienfait pour l'humanité. À l’âge de soixante ans, M. Howard forma de nouveau le projet de parcourir l’Europe pour compléter ses recherches sur les pri- sons et sur les hôpitaux. Il commença son voyage par la Turquie, et il étoit parvenu jusqu’à la partie la plus septentrionale de la (427) Turquie d'Europe, lorsqu'il fut attaqué d’une fievre maligne à Cherson , nouvel établisse- ment de l’impératrice de Russie sur la Mer- Noire. Il gagna cette maladie épidémique en donnant ses soins à une jeune femme atteinte du même mal, et que Feffroi de la contagion avoit fait abandonner. Il en mourut au mois de janvier 1700 : c’est ainsi qu’il périt victime de son attachement pour les malheureux et de son. amour pour l'hu- manité, qu'il servit sans relâche pendant trente années de sa vie. Il a laissé un grand exemple de patriotisme, et il a fourni de grandes lumières au gouvernement anglais pour perfectionner le régime de ses hôpi- taux et de. ses prisons. La plupart de ses écrits renferment beaucoup de détails inu- tiles pour le plus grand nombre des lecteurs, mais nécessaires alors pour éclairer sur des abus. Lorsqu'il commença à écrire, les ca- chots de l'Angleterre étoient les plus affreux de tous ceux de l’Europe: La législation criminelle de cette contrée: s'est beaucoup: ( 128 ) perfectionnée depuis dans cette partie par les soins d'Howard. La France n’a pas en- core songé à faire des réformes dans cette partie de son administration, qui est très- vicieuse; il faut espérer que le gouvernement s’en occupera bientôt : les loix, après avoir aflermi la liberté du citoyen , tourneront leurs regards sur ceux qu’elles en ont privé. L'on se souviendra qu’ils sont hommes, qu'ils n’ont uniquement perdu , parmi les droits attachés à ce titre y que le pouvoir d’être libres ; l’on se rappellera que la so- _ciété est obligée de leur assurer une exis- tence exempte de douleur , et d’éloigner d'eux tous les germes de contagion physique et de corruption morale; enfin, que des cri- minels sont encore citoyens, et qu’elle leur doit l'exécution de la loi. L'on doit éloigner d’eux tout pouvoir arbitraire, je n’en excepte pas même celui de leur faire grace: ce droit de violer la loi, accordé à un seul homme, en est toujours une infraction ; il n’est per- mis à personne d’enfreindre la loi, même à ( 129 ) à celui dans les mains duquel elle a remis l'exécution de son pouvoir. J’ajouterai même qu'il est dangereux de livrer à celui qui se trouve le plus puissant après elle, les moyens d’être trop aimé. Si l’on veut accorder des graces , qu’on les répande sur ceux qui partagent les malheurs du crime sans en être coupables. En Hollande, les enfans que les loix ont privés de leurs peres sont nourris et élevés aux dépens de la républi- que. Ce bel établissement n’existe dans au- cun autre état, et il devroit être imité par- tout; des innocens rendus orphelins et mi- sérables par la constitution civile d’un pays, doivent rester à sa charge. En poursuivant, j'entrerois dans des ré- flexions qui nvéloigneroient de mon sujet. Aujourd’hui, lorsqu'un citoyen éleve sa voix sur le bien de létat, il a de la peine à se taire, parce qu’il peut espérer de ne pas faire des réflexions inutiles; il sent même qu’il est de son devoir de déclarer ses sentimens sous un gouvernement qui consulte l’opi- I ( 150 }) nion publique dans son administration, il doit dans toutes les questions importantes se hâter d'ajouter sa voix, quelque foible qu’elle soit, à celle des hommes qui, sans intérêt particulier, sans préjugés pour d’an- ciennes opinions pernicieuses, sans trop d’en- thousiasme pour toutes les nouveautés qu’on n’a pas essayées encore , ne cherchent et n'aiment véritablement que le bien de la pa trie. (E45 0.) NOU ET TO 'E SUR LA VIE DE M. AUDIRAC, Par M. Ricur, secrétaire de la société. Mrssicurs. ON m'accusera peut-être de rappeler mal= ä-propos le nom de M. Audirac aux regrets de ses amis. Nous nous sommes interdit tout éloge entre nous , mais j'oppose à la décisiori générale l'intention particulière de chacüi de ceux qui m'ont prié de consigner dañs nos collections quelques souvenirs de ce membre, dont ils connoissoient le mérite: Je crois donc qu’il est de mon devoir d’en occuper quelques instans l’assemblée qui nous écoute; lamitié peut se taire, mais l'estime doit se publier et braver les regrets: Le peu de souvenirs épars que je vais re= cücillir sur un ami à qui je fus tendremeñit 1 3 (11320) attaché, sont liés à ceux des plus heureux instans de ma vie. Je l’ai connu dans le cours de nos études à Montpellier. Le choix qu’il faisoit de ses amis et léloge que ceux-ci faisoient de lui, me le firent remarquer. Ce fut dans ce tems-là qu’il publia une disser- tation sur la respiration. Elle renfermoit» outre les connoissances répandues alors sur ces matieres, le détail de plusieurs expé- riences particulières qu'il avoit faites avec V’infortuné Pilatre du Rosier. Ce hardi phy- sicien avoit osé respirer plusieurs gaz que Von croyoit délétères. En se plongeant dans lacide earbonique, il s’étoit appercw que ce fluide avoit une action sur les organes exté- rieurs, et les asphixioit en quelque sorte en diminuant leur sensibilité ; c’est depuis ce tems que M. Audirac avoit présumé que l'organe de la peau respiroit et aspiroit en quelque sorte l’oxigene de l’atmosphèere. 11 a depuis étayé cette opinion de beaucoup de preuves qu'il tiroit, soit de l'expérience chimique, soit des observations patholosi- ques de l’état de la peau dans différentes maladies du poumon. Il a présenté sur cet objet plusieurs mémoires à la société. Ên effet, on conçoit que le sang qui circule tr ( 153 dans un corps vivant, sous des tégumens au moins aussi poreux que les pellicules du poumon, et plongé dans l’oxigène de l’at- mosphère, doit absorber par tous les points de sa surface ce principe , avec lequel il a une affinité puissante. La société des sciences de Montpellier avoit proposé dans ce tems, pour question d’un prix, de déterminer quelle étoit la nature du principe de la chaleur? M. Audirac con- courut , et ileut le plaisir de recueillir cette courqnne académique , avant de sortir des examens de l’université qui l’adoptoit. Les découvertes sur la chaleur étoient alors peu nombreuses. Black, Cullen, et Crawford avoient seulement ouvert la route. Appuyé sur ces foibles données, M. Audirac proposa quelques hypothèses, dont plusieurs se sont trouvées depuis conformes à des vérités re- connucs par l'expérience. Dans la seconde partie de ce mémoire, il développoit une théorie sur la chaleur animale. Parmi quelques vérités, il faut convenir qu'il y méla des opinions insou- tenables; mais son esprit fut ici séduit par son cœur. Il vouloit adopter dans toute leur étendue les principes d’un professeur auquel P3 ( 154 il étoit trés-attaché; je veux parler ici de M. de Grimaud. Je ne puis poursuivre sans m’arrêter un peu sur le souvenir de cet homme de génie, mort encore jéune, avec lequel M. Audirac fut étroitement lié. Le public jugera lui-même M. de Grimaud, lorsque tous ses ouvrages, que ses disciples annoncent, auront paru. Mais il n’évaluera pas toute l’utilité dont il a été à lPuniver- sité de Montpellier , pendant le tems qu’il y a professé, et ce n’est que par les regrets de ses disciples qu’il pourroit apprendre de quel avantage il fut à ceux qui aimoient l'étude de la médecine. Eloquent en public, mais simple, doux même jusqu’à la timidité en particulier, il craignoit autant les con- tradictions que les fausses amitiés que l’on rencontre si souvent dans la société de tant de savans. C’étoit parmi ses éleves qu’il cher- choit ses amis; son choix faisoit leur éloge ; il avoit composé sa société d’un getit nom- bre d’entre eux, et M. Audirac fut un de çeux qu’il préféra. Je me souviendrai tou= (H:r3hh) jours des momens de réunion de cette so- ciété, où je fus admis quelquefois. La douce sensibilité du maître, la gaité franche et vive de son disciple et de son ami en fai- soient les charmes. C’étoit-là qu’on appre- noit à aimer l'étude, que lon s’attachoit assez à elle pour y trouver dans la suite une ressource contre: les ennuis et les chagrins de la vie. C’étoit-là qu’on disoit tout ce que l'on sentoit, encouragé par l’épanchement de tous les cœurs. Il vient un tems où lon ne sent plus avec la même pureté, avec la même tranquillité ce bonheur et cette douce effusion des sentimens du cœur. Ce n’est plus après avoir traversé un passé que l’on regrette, et oùl’on a laissé une partie de ce qui nous étoit cher ; ce n’est plus en nous avançcant vers un avenir dans lequel on craint de perdre ce qui nous reste de bon- heur; ce n’est plus, dis-je alors, qu'on peut si bien jouir du présent, si bien $e confier à lui. Le souvenir de ses pertes resserre un cœur prèt à s'épancher. FT 4 ( 1356 ) M. Audirac a laissé plusieurs mémoires dans nos collections, sur diverses observa- tions qu'il avoit recueillies pendant un voyage qu'il fit en quittant Montpellier. L'une de ces dissertations renferme l'analyse des eaux de Barrèege. C’est dans ces eaux thermales qu'il fit ces observations singu- lieres sur des poissons et des amphibies qui ÿ conservent toujours un degré de tempéra- ture inférieur à celui du fluide dans lequel ils vivent. ‘Ces faits, qui contrarient les théories chimiques actuclles , firent présu- mer à M. Audirac que la température des corps vivans dépendoit d’un principe parti- culier qui ne pouvoit être expliqué par les loix des affinités. Il soutint cette opinion à son retour à Paris, dans une dissertation qu'il eut occasion de faire paroïitre sur la chaleur animale. Il avoit composé ce dernier ouvrage pour être aggrégé au collége de mé- decine de la faculté. C’est dans le même tems qu'il se réunit à notre société ; il fui, «ans les commencemens de son institution, (157) un de ses plus ardens collaborateurs. I nous avoit déjà communiqué un grand nombre de mémoires et d'observations en médecine et en physiologie, lorsqu'il fut obligé de s’éloi- gner. Les fonctions de médecin, qui Parra- choient à ses amis de la capitale, en le livrant à la pratique de la médecine, nous faisoient espérer que sa correspondance deviendroit encore plus précieuse pour nous. Il sy li- vroit depuis quelque tems, lorsque tout-à- coup la nouvelle inattendue de sa mort vint nous frapper d’étonnement et de douleur. Il a laissé un ouvrage sur la respiration, qui contient un grand nombre d’observa- tions sur l’anatomie comparée et sur la phy- siologie. Il renferme une suite d’expériences sur les couvées artificielles , et sur la respira- tion des oiseaux dans les enveloppes de l'œuf. Ce qu'il nous en avoit annoncé, nous fait regretter qu’il n’ait pas eu le tems de les publier. Je nai parlé ici de M. Audirac, que ( 158 ) dans les tems où je l’ai connu. Je ne Pai jamais vu dans le sein de sa famille, avec la plupart de ses amis. La douleur dans laquelle sa mort les a plongés, m’anunonce que mieux instruit, j'aurois beaucoup à ajou- ter à son éloge. Mais lorsque d’heureuses cir- constances, l’estime, la conformité des goûts rassemblent deux amis dans la première viva- cité de la jeunesse, ils ne songent, lorsque le sort les réunit, qu’à partager leurs peines ou leurs plaisirs présens; ils s’imaginent qu’ils auront toujours le tems de se confier ce qu'ils ont été, ce qu'ils sont avec Îles autres , et ce qu’ils doivent être dans le cours d’une longue vie qu’ils croient devoir passer ensemble. J'ai assez connu M. Audirac pour l’estimer et l’aimer tendrement, mais il me reste encore à regretter de ne lavoir pas connu davantage. Quand le sort vient nous arracher des objets qui nous sont chers, chaque jouissance négligée nous coûte un regret; il m'est pas d’instans donnés aux ( 139 ) douceurs de lamitié qu’il ne semble alors qu’oh eût pu mieux remplir encore; tout, dans ces cruels momens, accroit l’amertume de la douleur, lame déchirée se replie sur tout ce qui lui reste de cher, elle frémit de s'être composé un bonheur si fragile: l’on s’accuse d’imprudence d’avoir mis son bon- heur dans l’amitié. Faudroit-il donc s’isoler pour jouir d’un bonheur tranquille? faut-il n'accorder qu’une estime froide au mérite qui nous entraine vers lui, craindre de se laisser séduire par les qualités les plus ai- mables de l’esprit et du cœur? Mais je m'oublie sur ma propre douleur; pardonnez- le moi, chacun de nous en eût fait autant en parlant de l’ami qu'il regrette. Je ne voulois qu’effleurer ces souvenirs, car ce n’est qu’en éloignant le souvenir du chagrin, qu'on peut le vaincre; ce ne sont point les réflexions qui le guérissent, elles irritent, elles agrandissent la blessure du cœur , et lorsque l’on s’est bien tourmenté par de (140 ) vains projets, par d’inutiles efforts de phi- losophie, on est enfin forcé de sortirshors de soi-même pour chercher du soulagement, et dans ces instans on est encore trop heu- reux de trouver auprès de soi des amis qui nous attachent, et sur lesquels on puisse rejetter les sentimens d’estime et de ten- dresse que nous avoient inspirés ceux qui ne peuvent plus être que les objets d’un sou- venir douloureux. (400) RAD PO RTT D'ES:TRAVAUX DINEWN ELA « SOCIÉTÉ PHILOMATHIQUE, Pendant l'annee 1791. Par M. Sizvesree, secrétaire de la société. Messieurs, Avanr de commencer l'analyse des tra- vaux des membres de la société, pendant l’année 1791, je crois devoir mettre sous vos yeux la marche de son existence sociale, dont les principes et le but,ont été déve- loppés dans nos précédentes séances de se- mestre ; je dois vous rappeller d'un côté, les membres dont lacquisition a augmenté sa consistance et ses lumieres; de l’autre, ceux (142) dont l’éloignement de Paris lui a fait perdre des coopérateurs précieux, mais dont elle conserve encore une amitié qui ne s’éteindra jamais. Pardonnez au plaisir que je trouve à vous rappeller cette espèce de gloire et ce vrai bonheur. Tous ceux qui sont venus dans votre sein chercher des connoissances nouvelles, ÿ ont trouvé cette douceur, cette complaisance pourchacun, etcette justice pour tous , qui vous les a attachés pour toujours. Vous regrettez MM. Menard et Vacca- Berlinghieri, que des voyages éloignent de vous; Fiche qui vous est si cher, Riche, qui le premier établit vos séances, et qui remplissoit si dignement l'emploi que vous avez depuis .daigné me confier, est parti malgré vos pressantes sollicitations, malgré les prières d’une famille justement alarmée du délabrement de sa santé; rien n’a pu le retenir, l'amour de la science , le desir de recueillir des connoissances utiles à sa patrie l'ont entrainés, et lui ont fait braver la for- tune même qui sembloit s'offrir à lui pour récompenser ses utiles travaux; il l’a exprimé plus d’une fois, Messieurs , le chagrin de vous quitter étoit un des plus vifs qu'il éprouvät, et l'espoir de serrer encore dans (143) vos bras cet excellent ami peut seul calmer les vôtres. Pour éloigner un moment ces idées pénibles, je vous rappellerai le nom des membres qui cette année se sont asso- ciés à vos travaux, MM. Marsillac, Robil- lard et Lucas, pour les diverses branches de Vart de guérir; MM. Garnier, Lair, Bon- nard , Coquebert et Chappe, pour les sciences physiques. Vous avez aussi acquis pour cor- respondans MM. Fabricius, Blavier, Moras, Lussignol, Chaussier, Dorthes et d'Andrada; la plupart jouissent d’une réputation qu’ils ont justifiée par les travaux qu’ils vous ont fait parvenir. Vous avez voulu leur être utiles, et placés dans le lieu de l’Europe où toutes les nouvelles scientifiques semblent naître ou aborder, vous vous êtes chargés d'en rédiger tous les mois un bulletin qui seroit envoyé à tous vos correspondans, et contiendroit l’annonce des nouvelles décou- vertes dans les sciences et arts que votre société cultive, leurs applications, et la mar- che de ces sciences, enfin l’exposition som- maire des travaux que vous avez entrepris, travaux qui indiquent ceux de toutes les sociétés savantes de Paris ; et c’est un hom- mage que vous vous plaisez à leur rendre (144 )/ ici, elles vous ont ouvert leurs séances, et pour ainsi dire associés à leurs occupations : plusieurs membres choisis par vous ont assisté constamment aux séances de l’aca- - démie des sciences, à celles des sociétés de médecine, d'agriculture et d'histoire natu- relle , et les rapports qu’ils vous en ont pré- sentés vous ont fait suivre ces sociétés vers le grand but de leur institution, et profiter des lumières qu’elles s’occupent constam- ment à accroitre et à répandre. S'il n’eût été permis de vous présenter l’analyse de ces rapports, ce résumé sans doute eùt été susceptible d’un bien grand intérêt; mais vous avez regardé la condescendance de ces corporations savantes comme une confidence dont. le secret vous étoit tacitement recom- mandé, et vous n’avez pas voulu les priver d’une portion de la gloire qui leur appar- tient, pour les découvertes et les médita- tions des membres qui les composent, en faisant connoître leurs principaux résultats. Je me bornerai donc à sous rappeler qu'un des objets qui ont le plus servi à notre ins- truction, est la collection de ces rapports, qui toutes les semaines ont été régulière- ment présentés à nos séances. La RÉ es nd (RAD La difficulté de comprendre tous également les mémoires de tout genre qui vous étoient of- ferts, vous a fait chercherun moyen de reunion qui remplit encore plus directement le but principal de votre institution, et initiät la société entière dans les sciences que chaque membre cultive en particulier. Les cours ou séances destinés aux élémens des sciences, vous out paru le meilleur moyen d'y par- venir ; {ous vos associés se sont offerts, cha- cun dans sa partie, et déjà vous avez com- mencé à professer les mathématiques , la physique et l’anatomie; bientôt s’ouvriront des cours de chimie et de zoologie, et peut- être aureævous l’avantage d’avoir les premiers, à Paris, traité cette derniere partie suivant le système du premier des nâturalistes. L’abondance des matières me force à vous parler long-tems. Vos travaux sont multi- pliés. N’étant pas, comme les sociétés royales, destinés à apprécier le mérite des ouvrages qui vous sont étrangers, vous avez dù cher- cher dans votre propre instruction un autre genre d'utilité. J'ai divisé cette analyse en plusieurs bran- ches, que j'ai rangées sous différens titres afin de moins fatiguer attention et d'éviter, K. ( 146) s’il est possible , l'embarras résultant d’une foule d'objets différens qui passent aussi rapidement sous les yeux, et quine selient pas par un enchainement de rapports im- médiats. Voyages. Vous avez senti, Messieurs, de quelle importance des voyages bien faits pouvoient être pour l’avancement des sciences et des arts ; vous saviez que c’étoit le grand moyen d'instruction dont se servoient les anciens, nos maitres en plus d’un genre. Vous vous êtes dit souvent que, pour un grantt peuple, le seul moyen de surpasser ses voisins , étoit de se mettre au niveau de chacun en parti- culier , et de se comparer successivement à tous sous tous les rapports. Si vos facultés eussent répondu à vos vues, vous auriez consacré une grande partie de vos fonds à soutenir etencourager des voyageurs instruits et laborieux chez les nations étrangères, pour apprendre d'elles à tirer de notre mère commune tout le parti qu’une application antique et constante dans les diverses bran- ches de culture et d'emploi, leur avoient ( 147) indiqué. L'or vous a manqué pour exécu- ter ce grand projet, et le zele de vos coopé- rateurs pouvoit seul y suppléer. Vos archives renferment les relations de plusieurs voyages relatifs aux sciences, que leurs auteurs ont entrepris par le seul desir de concourir à vos vues, et d’être utiles à leur patrie; mais vous avez pensé que la connoissance de votre pays, de ses travaux , de ses ressources, de son sol, de ses manufactures et de ses usages en tout genre ne vous étoit pas moins utile à posséder, pour pouvoir appliquer à chaque canton les connoissances qui lui sont les plus convenables, et qui seroient acquises chez l'étranger. Ainsi, tandis que M. Bron- gniart voyageoit en Angleterre et faisoit des observations sur l’histoire naturelle et les travaux de ce pays, M. Blavier par- couroit les départemens septentrionaux de la France, et rédigeoit un rapport très- détaillé sur les mines et manufactures des ci-devant provinces de Normandie et de Bre- tagne. Indépendamment de la description qu’il vous a faite des arts qui y sont le plus en usage , tels que ceux des fabricans de dentelles à Argentan, de draps à Louviers, d’épingles à Laigle et à Moulins, du verrier K 2 (148) à Nonan, il vous a fait connoîitre les di- verses exploitations de charbon deterre, les causes d'erreur et l'ignorance des proprié- taires normands à cet égard; enfin les su- perbes travaux de M. Broëlman dans les mines de plomb tenant argent d'Huelsoët, de Poulaowen , et de Beigory. Son mémoire pourroit être considéré comme un extrait de l'Art du Mineur, dans lequel on trouve tous les procédés, toutes les machines mises en usage, et dont plusieurs mêmes ont été perfectionnées par M. Blavier. M. Bouvier parcouroit à pied la plus grande partie des départemens méridionaux de la France, et les dangers nombreux qu’il a courus n'ont point rallentison zele pour les observations ; il s’est particulièrement occupé de l’économie rurale, des diverses cultures, des instrumens aratoires , des produits ou emplois particuliers à chaque canton; il a vu l’extension des desséchemens et défriche- mens, précurseurs sans doute des immenses travaux qui restent à faire dans ce genre, et qu'il a indiqués en partie. Il a noté des améliorations dans plusieurs cas; enfin il a joïnt à ces notices des caisses pleines de morceaux de minéralogie pour compléter ( 149) l’histoire géologique du pays qu’il a traversé. Il nous a donné aussi des détails sur lex- ploitation des mines de cuivre de Saint-Bel et Chessi, département de Rhône et Loire, et sur plusieurs autres objets d'agriculture et de chimie, dont je parlerai dans leurs divisions respectives. Enfin, vos correspondans vous secondent dans vos projets; M. Dandrada est mainte- nant en Hollande, et son zèle et son amitié vous laissent espérer des travaux intéressans sur ce peuple industrieux ; il doit traverser V’Allemagne, le Danemarck, la Suede, la Pologne, la Russie, et par-tout le souvenir de la Société Philomatique Kaccompagne , et assure à cette société des faits nouveaux dignes de cet excellent observateur. Economie rurale. M. Guilbert vous a donné deux mémoires fort étendus sur la description topographique du canton de Montlhéry. 11 observe que les propriétés étant tres-divisées, en sont beau- coup mieux entretenues ; les terres de ce pays rapportent tops les ans, et elles ont presque triplé de valeur depuis trente années, quoi- K 5 ( 150 ) que les cultivateurs n’en tirent pas encore tout le parti possible. Ils ne’ récoltent ni treffle, ni sainfoin, ni pommes de terre; leurs semailles sont trop tardives, et leurs instrumens aratoires pourroient étre encore perfectionnés. Il seroit à desirer que tous les cantons de la France fussent décrits avec le même soin que celui de Montlhéry, ces matériaux seroient d’une grande utilité pour le travail que le gouvernement vient d’en- treprendre sur le cadastre général. Le même auteur vous a rappellé l’avan- tage des ruchers, et la nécessité de chercher à étendre leur culture. Dans un moment où des craintes sur un renchérissement exor- bitant du sucre, ont paru fondées ; il est utile sans doute, de tourner ses vues vers une production de nos climats, qui rem- place en partie cette denrée devenue néces- saire, et qui par la récolte de la cire seule, diminueroit nos importations de plusieurs millions. Presque tous nos départemens con- viennent aux mouches à miel, dans les mé- ridionaux elles trouvent de la nourriture une grande partie de l’hiver, dans ceux du nord elles hibernent. M: de Broval vous a communiqué plu- (SES T0) sieurs observations sur les diverses manieres de cultiver la vigne dans le département de la Haute-Marne. | M. Bouvier a rapporté de son voyage, une suite de mémoires sur l’agriculture des divers départemens qu'il a parcourus; il a observé le sol, les produits et leur emploi; il a indiqué plusieurs améliorations que ses connoissances agricoles et chimiques, l’ont mis à portée de découvrir. La plus grande partie des terres ne sont pas assez fumées ; dans plusieurs cantons, le chaume est leur seulengrais ; peu de prairies artificielles, de là trop peu de bestiaux, et c’est à ce cercle vicieux dont nous ne pouvons pas encore nous arracher, qu'est due la marche lente de lart agricole, Il semble cependant que les efforts multipliés des hommes éclairés, vont être couronnés de quelques succès. M. Bouvier a remarqué des défrichemens de bruyeres dans le département de la Côte- d'Or. Il a vu le mais assez répandu dans celui de Rhône -et - Loire. {1 nous invite à l'admiration pour la culture des environs de Grenoble et des Alpes dauphinoises; tous les terreins sont employés , le fumier se monte à dos de mulet sur des montagnes K 4 (2) | élevées; et les habitans qui n’ont souvent que cinq mois pour semer et récolter, sem- blent se roidir contre l’inclémence des sai- sons, et vouloir forcer la nature à leur être libérale. J'ai eu occasion de faire la même observation dans les montagnes de la Savoye; c'est là que les cultivateurs savent mettre tout à profit, et que la nécessité produit la plus active industrie. Dans le département de l'Ardeche, il n’a vu cultiver que du sei- gle, encore reste-t-il tréize mois sur terre, depuis celui d'août jusqu'en septembre ; les départemens voisins ont étendu la culture du mürier et de l’olivier; dans celui de l'Hérault, les habitans d’Aiguemortes nour- rissent en grande partie leurs bestiaux avec la clematis flammula , qu’ils font sécher, et divisent en paquets d’une livre, méthode qui Ôte à cette plante sa qualité vénéneuse, et la rend salubre et agréable pour les ani- maux. Le croton tinctorium y est aussi fort abondant, et c'est avec ce croton que les habitans font le tournesol en drapeau, qu’ils laissent ensuite passer en Hollande, sans qu’on sache précisément pour quel usage, mais que les Hollandais nous revendent sû- rement avec grand avantage, soit qu'ils s’en (155, ) servent pour faire le tournesol en pain ; soit, comme il est plus probable, qu’il leur serve dans plusieurs autres manufactures. Dans le département de l’Aude, où le chanvre n’est pas commun, on fait de la grosse toile avec l'écorce du genista hispanica. Les friches y sont encore considérables ; lorsqu'un habi- tant veut en mettre en valeur, il plante au | milieu d’un champ une branche de buis, et personne n'ose toucher au terrein qu'il s’est limité, quel que soit son espace. Il est curieux de voir quelques-uns de ces départemens éloignés, mieux cultivés que l'Isle de France même. Dans celui des Pyré- nées orientales, M. Bouvier a vu aupres de Perpignan les agriculteurs faire communé- ment deux récoltes sur leur terrein ; apres celle du bled, on sème au mois de juin, des haricots , du millet, des pois, où même du mais; on détourne le ruisseau le plus voisin pour arroser les plantes qui sont en état d’être recueillies en automne et rem- placées sur-le-champ par le bled ou le seigle ; la luzerne y est coupée quatre fois par année. Nous avons fait part dans un de nos bulle- tins, d’une méthode assez curieuse, usitée dans ce pays pour faire grossir les artichauts, (154) qui naturellement y viennent longs et peu volumineux ; les habitans fendent la tige en quatre, ils insinuent deux petits fragmens de roseau, pour empêcher les parties de se rejoindre et faire circuler la sève dans une plus grande circonférence, ce qui augmente considérablement la grandeur du réceptacle, qu'on sait être la seule partie comestible de ce végétal. Dans un mémoire particulier sur les vi- gnes et prairies du département de l’Arriége, M. Bouvier vous a confirmé l'utilité de her- ser les vieilles prairies en automne; il ob- serve que les plantes qui les composent en grande partie, étant stoloniferes, forment autant de marcottes qu’elles souffrent de divisions par la dent de la herse, et par con- séquent fournissent autant de tiges nou- velles. M. Marsillac vous a donné un mémoire sur la récolte et la préparation de lorchis, vulgairement appelé satyrion ; sa racine con- tient une grande quantité de substance ami- lacée , que nous tirons à grands frais des Indes, sous le nom de salep. Cette plante vient sans culture si abondamment dans nos départemens méridionaux, que l’auteur croit (12551); qu'en prélevant les frais de récolte et de préparation, on pourroit se procurer, sur le lieu, sa fécule à sept à huit sous la livre, tandis que nous la payons huit et neuf francs dens nos ports. Il ne faut arracher la plante que lorsqu'elle à donné des semences. Pour la préparer, on se contente de laver dans plusicurs eaux les bulbes dépouillées de leur enveloppe, ensuite les faire bouillir pendant quelques minutes et sécher deux ou trois jours de suite dans un four d’où le pain vient d’être retiré. Lorsqu'elles sont bien durcies, elles peuvent se conserver sans alté- ration pendant plusieurs années. Quand on veut s’en servir, on les réduit en poudre, on verse peu-à-peu un liquide bouillant sur cette farine, déjà délayée dans une petite quantité d’eau froide. M. Marsillac affirme né pas connoitre de substance alimentaire qui , sous un aussi petit volume, contienne une aussi grande quantité de sucs nutritifs. Cet aliment est très-salubre, et l’heureux essai que l’auteur et son père en ont fait sur trois prisonniers condamnés au mauvais pain, et qu’un dépérissement total sembloit conduire au tombeau , ne doit laisser aucun doute sur les qualités précieuses de cette (266) racine , qui peut soutenir la concurrence av ec celle que nous retirons des Indes orientales, et qui devient une nouvelle ressource offerte à l’industrie nationale. L'amour de sa patrie a inspiré au même auteur un mémoire sur les moyens de na- turaliser en France l’érable à sucre d’Amé- rique. L’érable blanc, acer pseudo platanus, rend un suc qui séché présente des crystaux aussi beaux que le suc de cannes, suscepti+, ble d’être également raffiné, préféré même par les confiseurs anglais. Les arbres qui rendent le plus de suc sont ceux qui croissent sur les montagnes couvertes de trois à qua- tre pieds de neige: on le recueille depuis le mois de novembre jusqu’à la fin de février; chaque arbre donne environ cinquante à soixante pintes de suc, qui rendent cinq à six livres de sucre brut et trois de sucre ! raffiné. Les terreins situés au nord de la France, et particulierement les montagnes des Vosges presque toujours couvertes de neige, offrent un fonds très-conivenable à la culture de l’érable à sucre. M. d’Andrada vous a fait part de plu- sieurs essais pour la fabrication économique des chapeaux; il a fait usage du poil de ( 157 ) lapin , du résidu de la soie, du chanvre préparé à la manière de Suisse, du tipha- latifolia , de la sumauma de parä, du bom- bax ceïba et du coton, mélés dans diverses proportions; les chapeaux qui réussirent le mieux furent ceux qui étoient composés de moitié poil de lapin et moitié tipha préparé, ou un tiers de poil, un de soie, et un de sumaumma. L'auteur a décrit la maniere de préparer et d'employer ces substances, qui rendent les chapeaux d’un tiers et même de moitié moins chers que ceux qu’on fabrique à la maniere ordinaire, M. Riche vous a rendu compte d’une obser- vation que nous avons faite en suivant en commun plusieurs expériences d'agriculture dans un terrein près Paris. Seize ou dix-sept espèces de plantes furent surprises par une gelée tardive ; en vain nous couvrimes la couche de paille et de fumier peñdant plu- sieurs nuits, elles périrent toutes, excepté un quarré de solanum melongena, qui n’avoit été recouvert qu'avec un panier fait de treillage dosier. M. Riche a vu garantir des espaliers de la gelée de mars en les cou- vrant ainsi de baguettes d’osier espacées, qui rompent la violence du vent sans inter- ( 158 ) cepter l'air libre et la lumière, si utiles aux jeunes plantes, et qui les laissent toujours environnées d’un fluide, mauvais conducteur de la chaleur , qui n'étant point agité, pro- duit moins d’évaporation et par conséquent de réfroidissement. On avoit avancé que les grains semés avant leur maturité produisoient des plantes hâtives : on avoit même indiqué ce moyen pour se procurer du fourrage en peu de tems. J'ai répété cette: expérience, et les semences qui n'étoient pas müres n’ont pas même germé. _ J'ai eu lhonneur de vous offrir aussi le résultat de quelques expériences sur l'effet des sels employés comme engrais. J'ai mis dans plusieurs pots de la terre mélée avec du.sel marin et du sel de nitre; dans d’au- tres, les plantes étoient seulement arrosées avec de l’eau impregnée de ces sels, et j'ai vu à plusieurs reprises qu'ils faisoient périr les germes et arrétoient l’accroissement des plantes. J'ai répété cet été ces expériences en grand, en employant les sels à différentes doses sur différentes pièces de terre, et je me suis convaincu de leur funeste influence. Il est donc plus que probable que si l’on a (459 ) observé de bons effets pour les prés £ur- tout, du séjour de Peau de la mer sur les terres, c’est plutôt aux parties animales et végétales qu’elle dépose, qu’au sel dont elle est chargée que cette amélioration est due. Histoire naturelle. Dans un mémoire sur Vhibernation , M. Fabricius vous a fait observer que tous les animaux des pays froids, à l’approche de lhiver , rentrent dans leurs habitations souterraines ou s’ensevelissent dans les neigés, pour se garantir d’un froid trop rude; ou plutôt la nature ne leur donnant plus à cette époque la nourriture abondante qui leur est nécessaire, leur fournit les moyens de s’en passer. Ils restent ainsi cinq où six mois entiers , trainént une vie presqu'im- perceptible, sans nourriture, et presque sans circulation ; leur seul soutien est dans leur graisse propre; qu'ils consomment peu-à-peu pendant cet assoupissement. Cette propriété est également accordée aux plantes dont les feuilles tombent à l’approche de lhiver, et dont la sève reflue tous les ans vers la racine. ( 160 ) L'auteur croit que tous les animaux sont susceptibles d’hiberner ; les vers terrestres , les insectes en larves, et même à l’état de papillons , les abeilles , tous les amphibies, excepté ceux de l'Océan; les hirondelles, plusieurs espèces de quadrupèedes , comme la chauve-souris, les loirs, le hérisson, l’é- cureuil, et même les brebis en Islande et aux Orcades restent pendant tout lPhiver sous la neige et parmi les broussailles sans prendre de nourriture : il cite aussi des exemples d'hommes qui, dans les montagnes de Norwège er de Suisse, ont été ensevelis sous la neige avec leurs maisons, et ont reparu apres plusieurs mois d’hibernation. Le caractere et les vastes connoissances de ce celchre naturaliste nous defendent de révoquer en doute un fait qu'il allèoue, sur-tout lorsqu'il ne répugne point à la raison, et qu'il n’est étonnant que par sa nouveauté. M. Riche vous a donné des considérations sur les êtres naturels réguliers , classés par leurs parties intérieures. L'auteur réduit à quatre les causes du mouvement primitif des corps: ce sont l'attraction, Paffinité, lirritabilité er la sensibilité ; ces quatre causes ( 161) causes réunies par des combinaisons bis naires, ternaires et quaternaires, dans une plus ou moins grande intensité , embrassent la chaine entière des êtres, depuis la pierre brute et inerte jusqu'aux oiseaux, que l’au- teur regarde comme doués de la sensibilité la plus exquise , fondant la plus ou moins grande étendue de cette faculté sur la pré- dominance du système nerveux dans lani- mal. Ces causes lui servent à établir sa classification physiologique. Il considère que l’action de l’attraction, combinée avec l’affi- nité, produit les crystaux qui proviennent tous de parties intégrantes similaires accrues par une superposition de parties solides et angulaires , premiere différence tranchante avec les autres règnes, qui sont composés de parties dissimilaires fluides et solides ar- rondies. L’irritabilité et la sensibilité vien= nent se combiner aux premieres causes pour donner l'existence aux diverses classes de végétaux et d'animaux; mais anatomie ne considérant les corps organisés qu’apres la privation de la vie, il a fallu trouver des caractères intérieurs qui pussent les faire distinguer à cette époque. M. Riche a observé que les crystaux sont composés de fibres L ( 162) parallèles longitudinales réunies en lames par une crystallisation secondaire, et qui forment tous les polygones par leurs juxta- positions. Jl trouve un système vessiculaire réuni au système fibreux dans les végétaux ; enfin un système de premiere digestion re- marquable se joint aux fibres et aux vaisseaux dans le règne animal: cet organe est d’au- tant moins étendu dans les animaux, qu'ils se rapprochent plus de la plante. L'auteur classe les êtres naturels suivant le nombre et l'étendue de leurs organes, en commencant par ceux qui en ont le moins, et allant ainsi du simple au composé. Il vous a offert aussi un système des lar- ves, qu’il a divisé en huit classes et rangé dans un ordre nouveau. Il a joint ses dé- couvertes particulières à celles du célébre Bergman, et des autres naturalistes qui se sont occupés de cette partie intéressante. Le méme auteur a donné la description complète de lichneumon hemipteron , espèce nouvelle, dont le caractère différenciel est ich. alis dimidiatis. Cet insecte est remar- quable en ce qu’il fait un passage entre les ichneumons ailés et les ichneumons aptères ; il a des rudimens d’écailles qui lui sont inutiles pour le vol. k (165 ) 1l existe aussi de lui dans vos collections le rapport d’un mémoire sur les ressorts des lépidoptères et des diptères, qui vous a été envoyé par M. Deloche. Cet enthomo- logiste a vu avec M. Giorna, que tous les sphinx et une grande partie des phalènes avoient à la naissance de l'aile inférieure, une espèce de corne sur laquelle s’appuie l'aile, une boutonniere ou anneau recoit cette corne ou fulcrum ; les mâles seuls ont l’an- neau et l'appui, les femelles n’ont que ce dernier. L’auteur a découvert de plus un ressort commun à tous les lépidopteres et considérable dans les sphinx ; ce ressort joue le principal rôle dans le mouvement des ailes. M. Riche, dans le rapport que nous vous avons donné de ce mémoire, vous a fait observer qu'il pouvoit, par l’ins- pection seule de la grandeur de ces parties , faire juger la position naturelle des ailes d’un lépidoptère desséché ; point essentiel pour sa détermination. Ainsi, dans le bom- bix pavonia fab. ou grand paon, l’écaille, relativement à la grosseur de l’animal , a bien moins d’étendue que dans les sphinx; et dans les papillons de jour qui relèvent leurs ailes sur le dos, on n’apperçoit que les ru- L 2 ( 164 ) dimens de cette écaille, qui, si elle eût été étendue , auroit empêché le renversement complet des ailes. Le ressort tres-élastique, observé par M. Deloche, semble être des- tiné à communiquer le mouvement à aile, qui sans lui seroit borné au ploiement et déploiement d’un éventail; il en conclut que le mécanisme du vol de ces insectes, est celui d’un levier de la premiere espèce, dont la puissance est cette partie qu’il a nommée ressort ou potentia. Le point d’ap- pui est le /ulcrum , et la base de l'aile est le poids qu'il s’agit de faire mouvoir. M. Dandrada, Fun de vos correspondans, vous a lu un mémoire sur le crotalus hor- ridus , ou serpent à sonnettes; il réduit à moins d'+ la totalité des reptiles venimeux qu’on connoîit ; le crotalus horridus lui- même, suivant les expériences de l’auteur, n’a de dangereux que sa première morsure, dans laquelle il épuise presque tout le venin de ses mâchoires ; les serpens venimeux perdent leurs crochets à chaque mue, et ils ne sont plus dangereux que quelque tems apres. Le même auteur vous a communiqué des observations sur l’ambre gris; les licux où (: 1651) se trouve cette substance, et son analyse lui font penser que c’est une espèce de bi- tume sousmarin propre aux climats chauds ; que tantôt il est rejetté sur le rivage où il se durcit, tantôt il est avalé par les baleines et les cachalots qui ne peuvent le digérer, et dans l’estomac desquels on le trouve sou- vent. L'auteur combat l'opinion de M. Swediaur, qui pense que lambre gris est un excrément de ces cétacées. L’extrait du porte-feuille de M. Fabhé Dicquemare, et un mémoire particulier de M. Berlinghieri, nous ont fourni plusieurs observations surles Albinos; M. Berlinghieri cite M. Bussi médecin milanais, comme ayant ouvert un éliophobe, et n’y ayant trouvé aucune apparence de reticulum mal- pighianum qu’on croit étre le siége de la couleur; la cornée de l'œil étoit mince, la prunelle couleur de rose et très-blanche ; la coroïde aussi tres-blanche étoit gorgée d’un sang presqu'incolore. M. Berlinghieri croit avec plusieurs autres naturalistes que les Albinos ne sont point une variété constante dans l’espèce humaine; ils naissent quel- quefois de parens blanes et plus souvent de nègres. À Milan, il y a une famille dans la- L 3 ( 166 ) quelle ikest né plusieurs éliophobes, pendant un tems où leur mère faisoit un usage con- tinuel et immodéré du lait ; après avoit changé de nourriture, elle a eu des enfans de la couleur ordinaire. M. Riche vous a donné un mémoire sur des observations zoolithologiques faites aux environs de Paris ; il a étendu ses retherches depuis Chaumont dans le département de l'Oise, jusqu’à Grignon , petit village qui se trouve à quelques lieues de Versailles ; il a reconnu que le même banc de fossiles s'étendoit dans lun et l’autre endroit; il y a trouvé des coquilles semblables, et croit que ce banc se retrouve encore en Ahgleterre. Il vous a montré plusieurs de ces coquilles, dont on ne retrouve plus aucun analogue vivant ; presque toutes celles de la collection n’ont leurs analogues que dans les deux Indes. Des argiles d’une forme régulière, obser- vées à Argenteuil , ont fait le sujet d’un mé- moire qui vous a été communiqué par M. Romain Coquebert. De grandes fentes verticales partagent le banc et le traversent dans plusieurs sens; les deux parois de chaque fente sont fendillés à leurs surfaces ( 167 ) et divisés en petits rectangles, dont les côtés sont horizontaux et verticaux ; si l’on détache plusieurs de ces prismes rectangulaires, on observe sur la face verticale contre laquelle ils étoient placés, des compartimens sym- métriques tres-remarquables ; on apperçoit ordinairément sur chaque rectangle , des stries concentriques, qui près du bord ont une figure approchante du quäarré, mais dont les angles s’'émoussent en s’éloignant des bords et prennent une forme elliptique ou circulaire. Ce qui frappe sur-tout au pre- mier coup-d’œil, est une calotte sphéroïde, quelquefois convexe et plus souvent concave, qui occupe constamment le milieu de chaque rectangle, et par laquelle il est adhé- rent à la face verticale du banc; toutes les fentes sont couvertes d’un enduit d’oxidé de fer plus ou moins épais; ces divisions sont toutes evidemment produites par des retraits successifs et uniformes. L’auteur qui a promis l’analyse chimique de ces ar- giles singulières, dit qu’elles servent beau- coup à la manufacture de porcelaine d’An- goulêmé, qu’elles contiennent du pechstein, et probablement aussi de la magnésie. M. Bouvier nous a donné une description L 4 ( 168 ) de la fontaine brûlante qui est située prés de Grenoble, et qui depuis 1400 ans présente une flamme qui s'élève souvent à 5 ou 6 pieds, et répand une lumière éclatante à plus d’une demi-lieue; l’eau de cette fontaine est ordinairement à la température atmos- phérique, elle n'a aucune saveur et ne con- tient aucune substance étrangère qui puisse servir à alimenter la combustion. Il est dif- ficile de trouver la cause de ce phénoméne; M. Bouvier croit que le gaz hydrogène qui brûle en cette circonstance est produit par la décomposition de l’eau dont l’oxigene est attiré par un sulphure qui passe lentement à l’état de sulfate. Les terres environnantes sont argilleuses, et le banc voisin du lieu qui produit ce phénomène, est schisteux et contient des pyrites. Mathématiques et Physique. M. Romain Coquebert vous a donné, 1°. une méthode de construction graphique , pour mettre en perspective un genre de sur- faces courbes. Après avoir démontré diffé- rens théorèmes utiles pour son objet, il ( 169 ) donne la solution générale de ce problème, qui est un des plus intéressans de la géo- métrie des projections ; -il passe ensuite aux applications , où il détermine la projection des solides de révolution. 2. La solution de cette question. ($7 par chacun des points d'un plan, on mène une ligne droite, que ce systéme de lignes soit assujéti à une loi quelconque, chaque ligne aura toujours quatre de ses voisines placées dans un méme plan avec elles. Ce théorème avoit déjà été démontré analytiquement par M. Monge, mais il n’y avoit pas encore de démonstration purement géométrique. M. Bonnard a résolu la question suivante : Un cône droit sur lequel on a tracé les sec- tions coniques étant développé sur un plan, déterminer sur ce plan l équation des cour- bes qui sont Le développement de ces sections. Pour parvenir à son but, l’auteur compte les abcisses sur un arc de cercle parallèle à celui formé par le développement de la cir- conférence de la base ; les ordonnées sont des. droites qui partent toutes d’un point fixe qui est le sommet du cône. M. Bonnard trouve leur valeur d’après l'inclinaison du plan coupant ( 170 ) Étant donnés deux solides dont on con- noisse l'équation et la position, déterminer sur lun d'eux la projection de la courbe résultante de l'intersection de l’autre solide, et d’un plan dans lequel on suppose l'œil du spectateur. M. Lair, auteur de la solu- tion de ce probléme, l’applique ensuite à la gnomonique , et finit par donner une méthode de calculer un cadran sur la sur- face d’un cône. Pour résoudre la question suivante : Trouver la loi des exposans et celle des coefficients de la variable dans une série provenue d’une fonction fractionnaire quel- conqué. M. Lair suppose successivement que la variable s’évanouisse ; après avoir fait les opérations convenables, il démontre que les exposans de la variable dans la série, doivent former une progression arithmétique, ayant pour raison le plus grand commun diviseur de tous les exposans de la variable dans la fonction fractionnaire; il prouve que l’on pourroit par la même méthode dé- montrer la loi des coefficients, et tl finit par indiquer la marche qu’il faudroit suivre pour connoitre cette loi des coefficients , de ma- nière qu’on püt trouver celui d’un terme (171) quelconque de la série, sans avoir besoin des précédens. M. Broval vous a présenté la détermina- tion de la surface engendrée par une ligne droite assujétie à passer continuellement par un point fixe, et à raser constamment une courbe quelconque dont on a l'équation. IL a essayé de rendre raison de l’ascension de Ja sève dans les arbres ; il suppose que les vaisseaux seveux venant à éprouver lac- tion de la chaleur se dilatent, et que chacun des petits vuides qui se forment alors font les uns sur les autres l'effet des syphons , en commencant par ceux des racines, qui en- lèvent à la terre les sucs nourriciers. M. Garnier vous a présenté deux solu- tions de la proposition suivante : Trouver en coefficients d’une équation , la somme des premières puissances, des quarrés, des cubes, etc. des racines de cette équation. L'auteur parvient à sa premiere solution par le moyen de lanalyse ordinaire : en faisant usage des différencielles logarithmi- ques, le problème se trouve résolu d’une maniere beaucoup plus simple ; mais il n’a que très-peu développé cette seconde mé- thode , parce qu'il ne s’est proposé cette (172) question que pour remplir, dans la traduc- tion qu'il faisoit alors de l'introduction à lanalyse, une lacune que le célebre Euler y avoit laissée, Dans un mémoire fort étendu, sur la force de l’homme et les efforts dont il est capable lorsqu'il est employé à mouvoir des ma- chines, le même auteur a ajouté des déve- loppemens aux travaux de Lambert , Daniel Bernoully, et à ceux que M. de Prony vient d'insérer dans son ouvrage. Au moyen de plusieurs formules, il parvient à trouver la relation qui doit exister entre la vitesse de l’homme qui marche, le poids de son corps et de son fardeau, la pente de la route, pour que cet homme fasse le plus de chemin possible avant d’épuiser ses forces; il dé- termine ensuite la vitesse qui en résulte, et le tems pendant lequel homme sera capable de supporter cet effort. T'rois d’entre vous se sont chargés de don- ner l’analyse du premier volume de Parchi- tecture hydraulique de M. de Prony ; M. Me- nard a rendu compte de la statique, M. de Broval de la dynamique, et M Garnier de l'hydrostatique: ce dernier vous a dejà fait connoitre la seconde partie, qui ne paroit (175) point encore. L'avantage qu'il a eu de faire des notes pour faciliter aux commençans l'intelligence du premier volume , et qu'ils trouveront à la tête du second, la mis à portée de vous faire jouir plutôt d’un ou- vrage qui a pour but d'appliquer directe- ment les mathématiques aux arts, et qui à ce titre seul mériteroit la reconnoissance des savans et des artistes. Je vous ai rapporté plusieurs expériences relatives à l’action électrique de la chaleur ; elles vous ont prouvé que son intensité augmentoit la qualité conductrice des corps regardés comme iioélectriques , expression qui comme nous l'avons remarqué , ne peut être absolue, tous les corps conservant cette propriété de transmettre l’électricité , et la distinction n'étant établie que par le plus ou le moins, distinction que la diffé- rence de température peut faire disparoître. Je vous ai rappelé aussi les expériences que j'ai faites sous vos yeux pour recon- noiître l'influence de l'électricité artificielle sur la végétation; elles ont prouvé que lac- célération étoit nulle, soit que Pélectricité füt positive ou négative , et qu’elle füt appli- quée à l’instant du développement des ger- (174) mes , à celui de la croissance, ou à celui de la floraison et de la fructification. J’ai remar- qué au contraire, que son application cons- tante faisoit sécher et maigrir les plantes par l'excès d’irritabilité qu’elle exercoit sur elles. Ces expériences ont été répétées pen- dant six mois consécutifs à deux reprises différentes, et lélectricité a été fournie par des machines mises en action pendant sept à huit heures par jour. J'ai joint à ce mé- moire des preuves que plusieurs physiciens célebres qu'on cite comme partisans de cette influence, ont une opinion contraire à celle qu’on leur attribue. Chimie. Parmi les nombreux mémoires de chimie, je vous rappellerai celui de MM. Vauquelin et Fourcroy, sur l’examen des larmes et du mucus des narines ; les auteurs ont vu que lune et lautre de ces substances étoient composées à-peu-pres des mêmes principes, de phosphate de chaux et de soude, de sel marin , d’eau, et d’un mucilage particulier qui y est tres-abondant. L’humeur des lar- mes est transparente , inodore, salée, plus (175) pesante que l’eau distillée, elle verdit les papiers bleus d’une maniere solide, ce qui indique la présence d’un alkali fixe à nud, elle laisse déposer des crystaux cubiques. Exposée à la chaleur, elle bout et est ré- duite en une matiere seche jaunâtre du 0,04, de son poids ; l’eau en dissout une quan- tité d'autant plus grande que l’humeur est plus fraiche ; les alkalis la dissolvent en to- talité, même dans l’état de sécheresse ; l’acide muriatique oxigèné la coagule en flocons blancs indissolubles dans l’eau , comme cette matière épaissie à l’air; l’acide perd dans ce cas son odeur et ses propriétés, ce qui prouve qu’il n’agit qu’en cédant son oxigène, ainsi que le fait lair atmosphérique. Un des moyens dont M. Vauquelin s’est servi pour obtenir abondamment l'humeur nasale, est l’action de l'acide muriatique oxigèné ; l'effet en est extraordinaire et méme effrayant, il resserre subitement les sinus sphéroïdaux frontaux, et les arrières fosses nasales, et fait éternuer à plusieurs reprises en produisant l'écoulement d’une liqueur tres-limpide ; les éternuemens sont quelquefois si répétés qu'une sueur abondante coule sur le corps de celui qui en fait l'expérience. M. Vau- ( 176 ) quelin en a par ce moyen recueilli jusqu’à deux onces en une demi-heure ; l’état de contraction dure pendant plusieurs heures ; l'humeur alors est épaissie , elle tombe par masses considérables , et si la vapeur d’acide muriatique oxigené a pénétré plus avant, la poitrine s’échauffe, une toux périodique s'établit, et souvent la fievre et un mal de tête sourd qui influe même sur les idées et les embarrasse pendant plusieurs jours. M. Chaussier vous a communiqué sur le même sujet plusieurs observations qui sont à l'appui de celles de M. Vauquelin, qui vous a présenté aussi l’analyse de la li- queur spermatique de l’homme : ce produit étonnant qui par sa majestueuse destination a donné lieu à tant d’hypothèses et a fourni des faits aussi curieux à l’attention des na- turalistes, sembloit ne devoir pas échapper à l'analyse chimique ; mais des préjugés que nous blâämons toutes les fois qu’ils ont pu arrêter la marche des sciences, et le peu d'avancement de l’ancienne chimie animale, sont sans doute causes de l’ignorance où l’on étoit sur les substances qui la constituent. Sa saveur est âcre et irritante, elle est plus pesante que l’eau distillée, elle se solidifie lorsqu'on (177) . dorsqu’on lagite dans un mortier , et verdit fortement les papiers teints de mauve ou de violette; elle précipite les sels calcaires et les dissolutions métalliques ; ce qui indique la présence d’un alkali à nud ; cette substance a la singulière propriété de devenir plus li- quide lorsqu'elle est exposée à l'air, effet qu’on avoit attribué à tort à l’humidité de l'atmosphère, puisque loin d'acquérir alors un poids plus considérable, deux gros mis en expérience ont diminué de trois grains dans les vingt premieres minutes ;. elle se liquéfie aussi promptement, quoique d’ail- leurs privée de tout contact avec l’air, et quel que soit l’état hygrométrique de lat- mosphère. Au bout de trois ou quatre jours, elle dépose des crystaux de phosphate de chaux qui sont à quatre pans , terminés par des pyramides allongées à quatre faces, de la grandeur d'environ üne ligne, quelque- fois on y trouve des lames rhomboïdales et des octaëdres. La pellicule blanche qui se forme à la surface du liquide s’épaissit et substitue l'odeur de franchipane à l’odeur fade qu’elle exhaloit ; enfin elle devient sèche et cassante comme de la corne en perdant les 0,9, de son poids. La chaleur accélère sa M ( 178 ) liquéfaction , et alors elle ne se coagule point ; il reste dans la cornue un charbon léger qui brûle facilement et laisse une cen- dre tres-blanche : lorsqu'elle est fraiche, elle n'est dissoluble dans l’eau qu'après sa liqué- faction , et l'acide muriatique oxigené la pré- cipite sous forme de flocons blancs ; les alka- lis la dissolvent facilement ; les acides la dissolvent sans qu’elle soit précipitée par les alkalis, et vice versd, excepté l'acide muriatique oxigené, qui au contraire la coagule en flocons blancs indissolubles dans l'eau. Enfin, les expériences multipliées et délicates de M. Vauquelin lui ont donné cette proportion des principes constituans de la liqueur spermatique, Dean: 0er 42.7 TE Be LUE dis SC 00:00; De“rucilasen assis. Line ii 0,00; De phosphate calcaire. ........,. 0,04, 1,00, On éprouvoit depuis long-tems la diff- culté de déterminer les quantités propor- tionnelles de nitre, de sel marin , et d’eau- mere contenus dans les salpètres bruts que les loix obligent de porter à la régie. Autre- fois on en jugeoit par le coup-d’œil et la (179) dissolution du nitre mis sur les charbons ardens. La derniere méthode, adoptée et approuvée en son tems par l’académie, étoit beaucoup moins arbitraire ; cependant on s'étoit appercu , particulièrement en 1789 et 1790 , qu'il y avoit de grandes diffé- rences entre le produit de lPessai et celui que donne le raffinage. M. Vauquelin nous a rendu compte des travaux qu'il a faits, conjointement avec les commissaires de l’aca- démie royale des sciences, pour remédier à ces inconvéniens qui sont d’une importance majeure pour la régie; les commissaires ont senti qu’une des principales causes d'erreur étoit dans les différences de température que produisoient les sels en se dissolvant. Dans les essais qui avoient servi à former les tables, ces sels avoient été portés à un haut point de dessication, tandis que ceux fournis par les salpétriers, sont desséchés au bain de sable à une chaleur incapable d’en- lever toute leur eau de crystallisation. On sait que les substances salines pourvues de cette eau, absorbent du calorique, et par conséquent produisent du froid en se dis- solvant; on sait aussi que ces mêmes subs- tances salines desséchées , développent au M 2 ( 180 ) contraire du calorique, et que cette pro- priété est d'autant plus marquée, qu'ils sont plus privés d'humidité. Un grand nom- bre d'expériences faites pour déterminer ces proportions et rectifier les tables, a donné des résultats satisfaisans , d’après lesquels cette matiere est parfaitement éclaircie. M. Vauquelin vous a fait connoiître aussi quelques observations qu’il a faites sur l'or, dans ses combinaisons chimiques; il vous a donné de nouvelles preuves de sa dissolution - dans l'acide nitrique seul, vous a parlé de la grande affinité de son oxide pour lacide muriatique, et des sels triples encore incon- nus qui résultent de laddition des alkalis fixes ; il a vu que le précipité pourpre de Cassius, tenoit à l’état de dissolution de Pétain et à sa préparation récente; pour que l'or se précipite, il faut que létain se dis- solve dans l'acide, qu’il enlève au premier métal une portion de son oxigene, et que par conséquent il n’en soit pas lui - même saturé. Pour prouver cette assertion , M. Vauquelin a essayé de substituer du sulfate de fer récemment préparé, qui a donné également un précipité pourpre et une cou- leur d’ochre à la liqueur surnageante. ’ ( 181 ) M. Vauquelin vous a donné trois autres dissertations chimiques; dans la premicre, il examine le calcul des poires; ses expé- riences lui ont démontré que ces corps durs qu’on appelle ordinairement des pierres , ne sont qu'une matière ligneuse, mélée d’une petite quantité de fécule semblable à l’ami- don et ne contiennent rien de pierreux. La seconde renferme plusieurs faits qui tendent à prouver que le fer de l'ile d’Elbe est dû à la décomposition du carbonate de fer, par une chaleur souterraine ; cette même substance soumise à un feu violent dans une cornue de grès, après avoir donné beau- coup d'acide carbonique et un peu d’eau, a pris une couleur bleue-noirâtre, conservant sa premiere forme, et ayant perdu depuis 50 jusqu’à 356 par quintal; l’auteur.en infère que lile d’'Elbe a jadis été volcanisée. Dans la 5°. il observe une pétrification de glandes surrérales d'un chat adulte et coupé des sa jeunesse; cette substance à l’analyse lui a offert À de la masse en carbonate de chaux, et l’autre ; en phosphate caleaire ; les parties environnantes mavoient souffert au- cune altération. On peut en conclure avec l’auteur, que ce fait confirme l'opinion des M 53 ( 182) physiologistes, qui pensent que ces glandes surrénales ne sont nécessaires que dans les premiers tems de la vie, et qu’elles devien- nent ensuite indifférentes à léconomie ani- male, dans laquelle elles forment comme un corps étranger lorsqu'elles restent dans les animaux adultes. M. Vauquelin vous a aussi communiqué des recherches qu’il a faites avec M. de Four- croy, pour connoitre la concentration et la pureté des acides minéraux le plus en usage dans les arts chimiques; leur pesanteur spé- cifique et leur aptitude comparée à se satu- rer d’alkali , sont les moyens les plus usités. Mais ces méthodes sont défectueuses lorsque ces acides sont mélés entr’eux, ou qu'ils tiennent en dissolution des substances ter- reuses ou métalliques. Les auteurs indiquent les réactifs à employer pour reconnoitre ces divers mélanges; leurs expériénces les ont portés à conclure que moins les acides étoient concentrés, plus ils présentoient d'avantage à l'acquéreur ; fait qui tient à l’affinité de l’eau pour lacide ; cette affinité augmentant en raison de la plus grande proportion de ce dernier, accroît le dégagement du calorique ét diminue la pesanteur relative du liquide. ( 183 ) M. Bellot a lu quelques observations sur le principe colorant du sang ; il croit que la coloration n’est pas due uniquement au fer qui s’y trouve contenu, et que si l’on a vu souvent ses préparations donner de l’inten- sité à la couleur du sang, c’est plutôt comme tonique que par les parties métalliques qu’il lui fournit. Cette hypothese auroit besoin d’être appuyée par des faits, et l’auteur vous promet des expériences de pratique qui éclaireront ces deux opinions. M. Bouvier a donné à la société un mé- moire sur la mine de fer d’Allward, et la maniere d'en retirer le métal; il y a joint la description de la manufacture d’acier de Rives, qui se trouve aussi dans le départe- ment de l’Isère. On se contente de marteler long-tems la fonte d’Allward en la faisant rougir à plusieurs reprises, et la plongeant sur-le-champ dans l’eau. L'auteur observe que cette préparation ne suffit pas pour faire combiner au fer une proportion suffisante de charbon pour la formation d’un bon acier. M. Brongniart vous a donné l'analyse de l'ouvrage de M. Faujas, sur la manière d’ex- traire le goudron du charbon de terre, et de se servir du procédé de M. Pfeffer, pour pré- M 4 ( 184 ) parer les cuirs avec l’eau stiptique, produit de sa distillation. M. Lamotte vous a fait part comparativement de la méthode du lord Dundonald, qu’il a été à portée d’ob- server sur les lieux. Les fourneaux sont pla- cés au pied d’une terrasse qui contient une grande auge pleine d’eau et enfoncée dans la terre; c’est dans cette auge que les pro- duits viennent se rendre à travers un tuyau de fer recourbé, qui est adapté à la partie supérieure du fourneau. Ce fourneau est construit en brique, et de distance en dis- tance on y ménage des ouvertures qu’on ferme à volonté, à mesure que la flamme s’éleve ; c’est ainsi qu’on garantit le charbon de son entière combustion. Les divers pro- duits se séparent dans l’eau par couches, et on les obtient avec des robinets placés à différentes hauteurs. Ce sont, l’huile de pé- trole, un beau vernis, beaucoup d’ammo- niaque, et deux espèces de goudron, dont le plus épais sert au carénage des vaisseaux et à beaucoup d’autres usages économiques. Le charbon’ reste purifié, et ila perdu neuf vingtièmes pendant l'opération. Vous atten- dez le rapport des expériences que vous avez demandées à ce sujet. ( 185 ) Physiologie. MM. Marsillac et Vié vous ont donné deux mémoires sur la génération des ani- maux. Le premier , tirant ses principaux argumens de la formation des mulets et des monstres, croit, avec les anciens, que le mélange des deux semences, en raison de leur quantité et de leur qualité respectives, est la cause de la formation des parties physiques et du développement des incli- nations de tous les êtres organisés : le second partage, avec la plupart des modernes, l’opi- nion de la préexistence du germe dans lovaire; lun et l’autre s'appuient du rai- sonnement et de l'expérience, mais cette question difficile n’est point encore décidée, _et les expériences de Spallanzani , que la société a répétées, n'ont point encore écarté le nuage épais qui couvre cette fonction de l'économie animale. Pour favoriser ce grand travail, M. Bellot a donné un extrait détaillé du bel ouvrage de Rœsel sur les grenouilles. M. Parmentier, au nom du docteur Sim- ( 186 ) mons, vous a engagé à vérifier un phénomène qu'on avoit annoncé à ce dernier ; il s’agis- soit d’une femme habitant Paris, qui buvoit une voie d’eau par jour. MM. Brongniart et Bellot, vos commissaires, et plusieurs autres de vos confrères ; lui en ont vu boire une fois quatorze pintes en dix heures; et l'ayant depuis examinée à plusieurs reprises, ils ont pu attester la vérité de l’observation. M. Seguin vous a lu plusieurs mémoires, résultat des belles expériences qu’il a faites avec M. Lavoisier sur la respiration , la transpiration et la digestion. Vous connois- sez la scrupuleuse exactitude des auteurs ; ils ont trouvé: - 1°. Qu'un animal plongé dansair vital, dans l’air atmosphérique ou dans un mé- lange d'air vital et de gaz hydrogène, dans le rapport d’un à trois, ou enfin dans tout autre fluide respirable, s’y trouve prompte- ment mal à son aise lorsqu'on n’absorbe pas le gaz acide carbonique qui se forme, et qui peut être jusqu’à la huitième partie du volume total. 2°. Qu'un animal qui consomme ordinai= rement par heure cinquante pouces d'air vital, placé dans la partie inférieur d’un ( 187 ) mélange de cent vingt pouces d’air vital et d'autant de gaz hydrogène , peut y vivre pendant une heure, lors même qu’on n’ab- sorbe pas le gaz acide carbonique qui se dégage pendant ce tems. 5°. Que le même animal peut vivre pen- dant quelque tems dans une quantité suffi- sante d’un mélange de dix-neuf parties de gaz azote et d’une d'air vital, pourvu que pendant ce tems on entretienne ces mêmes proportions. 4°. Qué les animaux n’altérent pas dans un tems donné une plus grande. quantité: d'air vital lorsqu'ils respirent dans un vo- lume quelconque d’air atmosphérique , que lorsqu'ils le font dans un égal volume com- posé de cent quarante-quatre parties de gaz hydrogène et de cinquante-six d’air vital ; que par conséquent le gaz hydrogène mélé avec de Fair vital dans la proportion de soixante-douze à vingt-huit, ne joue pendant certain espace de tems aucun rôle dans la respiration. 5°. Que le gaz acide carbonique a sur Péconomie animale une action prompte et délétère, et qu’il produit sur la peau, lors- ( 188 }) qu’il est en suffisante quantité , une déman- geaison trèes-marquée. 6°. Que la consommation de l'air vital dans les poumons n’est pas proportionnelle au nombre des inspirations. 7°. Que les animaux consomment une plus grande quantité d’air vital lorsqu'ils ont pris des alimens que lorsqu'ils sont à jeun, consommation dont le maximüm répond au moment du plus grand travail de la di- gestion. 8°. Que la quantité de gaz azote dans l'air expiré est semblable à celle qui existoit dans Pair inspiré. g°. Qu'un homme d’une complexion moyenne et d’une bonne santé peut vivre; sans éprouver d’incommodité, dans un mé- lange de neuf parties de gaz azote et d’une d'air vital, pourvu toutefois qu'on entre- tienne toujours les mêmes proportions et qu'on absorbe le gaz acide carbonique à mesure qu’il s’exhale. 10° Que dans la fleur de l’âge, un homme bien portant altère par heure douze cents pouces d'air lorsqu'il se trouve dans un mi- heu dont la température est de vingt-quatre Von | à vingt-six degrés , et qu'il n’a point pris de nourriture depuis onze ou douze hêures. Dans ces expériences, faites en présence de plusieurs physiciens célèbres, les résidus ont été analysés par le moyen d’un éudiomètre phosphorique imaginé par M. Seguin , et dont l'exactitude est telle, qu’il n’y a pas l'erreur d’un -=--. M. Vauquelin vous a communiqué des observations qu’il a faites sur la respiration des insectes et des vers. Quelques physiolo- gistes avoient avancé que ces insectes respi- roient d’une manière opposée à celle des animaux à sang chaud , et qu’ils expiroient de l'air vital. M. Vauquelin a vu que leur respiration ne differe que par les organes chargés de cette fonction qui, comme on sait, sont situés chez ces animaux sur la surface du corps , et affectent différentes formes dans les diverses espèces. Les animaux qu’il a soumis à ses expériences , sont la sauterelle verte , grillus viridissimus ; Va limace jaune, limax flavus ; et le limacon des vignes , helix pomatia. La sauterelle à vécu trente-six heures dans huit pouces cubes d’air commun ; elle respiroit cinquante à cin- quante-cinq fois par minute. Lorsqu’elle-y ( 190 ) est morte, l'air éteignoit les bougies, même après avoir été lavé à l’eau de chaux. Le gaz hydrogène sulluré asphixia sur-le- champ un animal de la même espèce. Une limace a vécu quarante-huit heures dans douze pouces d'air atmosphérique, apres avoir absorbé la presque totalité d’oxigene qui s’y trouvoit; l’helix pomatia, ou lima- con des vignes, a vécu quatre jours dans douze pouces cubes d’air atmosphérique; V’air vital étoit absorbé en totalité, le phos- phore n’y brüloit plus du tout, et le résidu contenoit de lacide carbonique. L'auteur remarque dans cette occasion que l’animal ne forma point la pellicule transparente que font les limacons lorsqu'on les laisse long- tems sans manger : c’est probablement pour se préparer à hiberner; car, comme le re- remarque M. Vauquelin, il est un tems de l'année où ils n’exercent aucune de leurs fonctions vitales ; ils épaississent leur oper- cule, s’enfoncent dans la terre et y restent engourdis jusqu’à ce que le printems venant leur donner une nouvelle nourriture, leur fasse briser leur opercule, et reprendre une nouvelle vie. 1] résulte aussi de ces expé- riences , que les vers consomment à-la-fois (191 ) moins d'air vital que les animaux à sang chaud, et qu'ils s’approprient plus exacte- ment les dernières molécules de gaz oxigène ui s’y trouvent, d’où M. Vauquelin pré- sume qu’on pourroit en faire usage dans les essais d’eudiomeétrie. MM. Berlinghieri, Robillard, Brongniart et moi, vous avons fait un rapport détaillé sur les expériences que nous avions tentées, relativement à la génération des grenouilles, d’après celles de Spallanzani. La plupart de ces expériences ont été répétées sur la rana esculenta de Linneus, grenouille commune de Lacépede. Dans l’accouplement de cette es- pèce, le màle passe ses pattes antérieures sous les aisselles de la femelle, etvient les rejoindre sur $a poitrine, en y appliquant la carnosité rugueuse de ses pouces; il y reste si solide- ment fixe, que pendant tout le tems de cet accouplement qui a varié sous nos yeux, depuis la durée d’un jour jusqu’à vingt, aucune action extérieure ne peut lui faire lâcher prise, pas même l’amputation de quelques-unes de ses extrémités. Pendant tout ce tems 1l ne fait aucun mouvement, et paroit attendre linstant, ordinairement ( 192 ) trés-rapide de la ponte, pour arroser les œufs de liqueur séminale. 1°. Des femelles séparées du màle, après plusieurs jours d’accouplement, ont pondu des œufs stériles ; 2°. Nous avons mis des calecons de taf- fetas aux mâles accouplés, et les œufs pondus par les femelles pendant lPaccouplement, sont également restés stériles. Ces expé- riences prouvoient suffisamment que la fé- condation n’avoit pas lieu par les pouces rugueux du mâle, ainsi que quelques natu- ralistes l’avoient pensé, Nous tirâmes ensuite des portions d'œufs de l’uterus de femelles accouplées et non accouplées, et tous ceux qui furent humectés avec de la liqueur extraite des vessicules sé- minales des mâles furent fécondés, quoi- que la semence eût même été dans quelques circonstances mélée à de l’urine ou à d’au- tres substances liquides en assez grande proportion. .Cette liqueur séminale, ainsi que celle des salamandres, des carpes, des chiens, contient toujours des animaux mi- croscopiques. Mais nous avons jusqu’à pré- sent tenté infrüctueusement la fécondation artificielle sur ces autres espèces d’animaux. Les (195 ) Les œufs pondus par les grenouilles sont formés d’un point noir de la grosseur d’un grain de millet, et environnéide plusieurs cercles d’une substance blanchätre et trans- parente, qui a la consistance de la glu. Au bout de quelques jours, le point noir prend une figure allongée, eL présente déjà lappa- rence d’un petit tétard. Spallanzani qui a fait à-peu-près ces mêmes observations, en avoit inféré que le point noir est l’animal lui-même, qui n'attend pour se développer, que lirritant qui imprime le mouvement à son cœur, et qui est la liqueur séminale du male; mais en observant avec attention la transformation des têtards en grenouilles, on peut remarquer, 1°. que les pattes déjà développées dans intérieur de la mem- brane, en sortent en percant cette peau, lorsqu'elles ont pris certain accroissement ; 2°. que la queue ne tombe point tout d’un coup, mais qu'elle se détruit à mesure que les pattes postérieures prennent de l’accrois- sement ; 5°. qu’en enlevant avec soin la pel- licule extérieure des tétards, on retrouve une grenouille parfaite. On peut donc re- garder avec M. de Lacépede, le tétard comme un véritable œuf, qui ne contenant point N ( 194 ) la substance utile à la nourriture du jeune individu, est percé des trous nécessaires pour qu'il la prenne au - dehors, et dont l’enve- loppe qui lui tient lieu de coquille, tombe couche par couche et par un procédé qui est particulier à cette famille d'animaux. Les physiologistes sont depuis long-tems d'accord sur la manière dont les animaux à sang chaud absorbent loxigène dans l'acte de la respiration; mais ils ne le sont pas également sur lespèce de respiration des poissons. J'ai cherché à jetter quelque jour sur cet. objet, par des expériences dont je vais rappeller les principales. 1°. Des poissons mis sous différens réci- piens entierement remplis d’eau, et qui ne pouvoient avoir aucun contact avec l'air de l'atmosphère, ont péri en dix-huit ou vingt heures, apres avoir cherché vainement à s'élever à la surface du liquide. 2°. D'autres poissons mis également sous des récipiens dans lesquels j’avois fait passer un peu d'air atmosphérique, ont vécu quel- ques heures de plus; l'air étoit vicié par l'acide carbonique. 5°. Des poissons exposés dans un bocal de verre rempli d’eau, et couvert d’un dia- (195) phragme de gaze claire qui les empêchoit de monter à la surface de l’eau, ont aussi péri; mais lorsque le diaphragme a été mis à fleur d’eau, et que les poissons ont pu ve- nir le soulever pour respirer librement, ils ont continué à vivre, quoiqu'ils éprouvassent du mal-aise. 11 suit de cette expérience, 1°. que la combinaison naturelle qui peut se faire de l'air avec l’eau, ne suffit pas à l’en- tretien de la respiration chez ces animaux, ainsi que quelques naturalistes lavoient pensé; 2°. ayant mis du sulfate de fer bien crystallisé dans l’eau qui avoit servi à l’ex- périence, et dans celle qui la veille avoit servi à remplir les récipiens ; le précipité bien plus abondant dans cette dernière, me démontra qu'il ÿ avoit eu une soustraction d'air considérable dans celle qui avoit con- tenu les poissons. 4. Ayant substitué du gaz oxigène à l'air atmosphérique que j'avois laissé sur l’eau dans le récipient , les poissons vécurent plus long-tems, et l'examen ultérieur de ce gaz oxigene, me prouva qu'il avoit été converti en acide carbonique qui éteignoit les bou- gies, rougissoit la teinture de tournesol et précipitoit l’au de chaux. N 2 ( 196 ) 5. Ayant fait entrer plusieurs poissons dans un bocalsur lequel j’avois laissé du gaz nitreux, les animaux éprouvérént des con- vulsions violentes; aussi-tôt qu'ils eurent touché la surface, ils se débattirent avec force et moururent en moins de trois mi- nutes, tandis que d’autres vivoient assez bien dans des eaux gazeuses, lorsqu'ils pou- voient venir respirer l'air atmosphérique à la surface. Il paroit suivre incontestablement de ces expériences, que la respiration chez les pois- sons , se fait d’une manière analogue à celle des animaux à sang chaud, c’est-à-dire par l'assimilation de loxigene ; il paroït que les particules d’air contenues dans l’eau se dé- gagent dans les ouies, par la chaleur, l’af- finité, et la forte pression qu’elles éprouvent, et que l’animal vient puiser à la surface un: nouvelle vie, lorsque l’eau ne contient plus assez de portions d’air pour servir à sa res- piration ; ce qu'il répète plus ou moins sou- vent, à raison de la force de son organisa- tion, et de la proportion de chaleur néces- saire à son existence. Cette théorie peut en- core être appuyée par ces deux observations; 1°. que des poissons ont continué à vivre, ( 197) lorsqu’ayant été mis dans un bocal, et sous un diaphragme, j'ôtois de tems en tems ce diaphragme et les laissois venir à la surface; 2. que lorsqu'on n’a pas soin de casser la glace des étangs, les poissons y meurent; ét que lorsqu'on y fait une ouverture, ils s’y présentent en foule comme pour ranimer par une libre respiration leurs forces lan- guissantes. Anatomie. La perfection où l’anatomie humaine sem- ble avoir été portée dans ces derniers mo- mens, vous a fait d'autant mieux apperce- voir le peu d’exactitude des travaux entre- pris sur lanatomie comparée; vous avez apprécié importance de cette étude, et plu- sieurs de vos membres ont fait des recher- ches curieuses à cet égard. MM. Brongniart et Robillard vous ont fait remarquer les différences organiques et miologiques qui existent entre l’homme et le singe. Ce tra- vail leur a montré aussi l’utilité de porter leurs recherches sur plusieurs espèces du méme genre; car si dans le sémia capucina ils ont trouvé les deux fléchisseurs communs des doigts, dont les tendons peuvent être N°5 * (085) facilement conduits séparément jusqu’à la portion musculaire comme dans l’homme, ils ont trouvé ces fléchisseurs réunis d’une maniere inséparable dans le simia cynoce- phalos. Dans cette derniere espece , le ten- don d'Achille arrivé au calcaneum se divi- soit en deux lames, dont l’interne s’atta- choit à cet os, et la superficielle alloit for- mer l’aponévrose plantaire, tandis que dans le szmia capucina ce tendon s’attachoit en- tièrement au calcaneum ; mais le muscle solaire, toujours musculeux , l’accompagnoit à sa face interne, et tandis que la portion moyenne s’attachoit au calcaneum, Jes deux latérales alloient former l’aponévrose plan- taire; enfin, dans cette espece, les intestins étoient par-tout d’un volume égal, et dans le simia cynocephalos on remarquoit de gros intestins et des intestins grêles. M. Brongniart s’est réuni avec M. Bellot pour vous présenter des observations sur un squirre au pylore joint à un état carcino- mateux du foie: ce squirre avoit un aspect semblable à celui du lard; il étoit environné de points noirâtres et ulcérés, ainsi que la tunique interne de lestomac ; le foie, du poids excessif de huit à dix livres, offroit (199 ) tant à l'extérieur qu’à l’intérieur une grande quantité de globules jaunes et sanguino- lens. L’aspect de ce foie étoit ie même que celui dont M. de Fourcroy a fait mention dans le troisième volume des 4nnales de - Chimie, et dont le sujet avoit été soumis long-tems à la putréfaction. M: Guilbert a fait un rapport trèes-dé- taillé de la mème maladie, observée sur un autre sujet. - M. Bellot vous a fait part de plusieurs observations sur un hydrophobe mort à l'hôpital de la Charité, sur une phtysie pul- monaire sans aucune trace de suppuration dans les poumons, et sur une tumeur avec crépitation , située le long du cordon sper- matique droit. L'ouverture du sujet de la premiere observation ne présente de parti- culier qu’un engorgement considérable des vaisseaux du cerveau , l’estomac étoit rétréci vers le pylore, et la trachée artère contenoit beaucoup d’écume. IL n’est peut-être pas inutile d'observer ici que M. Corvisart, mé- decin et professeur distingué de Paris, qui faisoit cette ouverture le 15 octobre 1704 , s’est blessé en brisant une des côtes dé ce cadavre; il s'est cautérisé environ une heure N 4 ( 200 }) après, eLil a été parfaitement guéri de sa blessure au bout de huit jours, sans aucun accident postérieur. La seconde observation n’est qu'une con- firmation de la maladie que de Haën a dé- crite sous le nom de phtysie pulmonaire sans suppuration. La tumeur qui fait le sujet de la troi- sième avoit été occasionnée par l’adhérence d’une portion de l'intestin r/eum au péri- toine, et par l’inflammation, suivie bientôt de la rétention des matieres stercorales que cette adhérence avoit occasionnée , et qui fusant à travers les lames du tissu cellu- Jaire, s’étoient répandues jusques dans les bourses et avoient déterminé la crépitation qui se faisoit remarquer sur le cordon sper- matique. . M. Bellot vous a donné ‘un mémoire sur le mouvement musculaire ; ilappuie par des observations et des expériences nouvelles l'opinion qu’avoient Haller et Pringle, que ce mouvement est dù à lirritabilité du système nerveux. Le méme auteur vous a donné aussi le rapport d’un anévrisme à la crosse de l'aorte, et des détails sur une phtysie pulmonnaire (207 ?) ét sur l’ouverture du sujet qui en avoit été attaqué. Il a citgaussi l'ouverture d’une femme qui ne 0 grosse que d’un mois, à en juger par le volume de sa ma- trice , et dans une des trompes de laquelle on a trouvé un fœtus long de quatre pouces, bien formé, et qui tenoit à sa mère par un cordon très-court. M. Robillard vous a lu sept mémoires re- latifs à la section que nous traitons en ce moment. Dans le premier, il décrit avec exactitude la forme , la structure et les va- riétés des poumons dans les différens âges et dans plusieurs classes d’animauf: Dans le second, il donne l'anatomie des visceres de la poule. Il s’est attaché princi- palément à rechercher le mécanisme de la digestion dans cet animal; il a eu soin d’in- diqüer aussi, d’après la structure des parties de la génération , comment on pourroit ten- de la féconder artificiellement. Le troisième contient des observations sur des plaies .occasionnées par deux coups d'épée, dont l’un pénétroit dans la poitrine avec lésion des poumons dans un sujet; dans l’autre ; lépée avoit traversé l'aorte ‘méme. ( 202 ) Les quatrième et cinquième exposent l'observation d’une luxatien du pouce de la main, et d’une autre ied avec issue de l'astragale à travers la peau. Enfin , les six et septième donnent la description d’une maladie occasionnée par uu dépôt considérable au foie , et d’une hernie de la membrane interne de la vessie. M. Vié vous a rapporté l'observation d’un calus formé dans la vessie, autour d’une épingle noire , avec laquelle un homme avoit voulu se sonder lui-même. Il vous a donnésaussi des détails sur une fracture de la crètegde l'os des iles, dont il vous a décrit la réduction et le pansement. M. Lucas vous a lu un mémoire sur l’ana- louie de la maladie occasionnée par l’endur- cissement du tissu cellulaire et une constric- tion du même tissu par l'air extérieur dans un enfant nouvéau-né. Les deux maladies se présentent avec les mèmes symptômes. L'auteur a guéri parfaitement l'enfant sujet de ce rapprochement, par l'usage des bains de lait tiède et des frictions sèches. Il vous a communiqué aussi l'extraction qu'il a vu faire par M. Gersy, d’une tête de veau qui avoit séjourné pendant deux ans ( 205 ) dans la matrice d’une vache, et qui s’y étoit dépouillée de ses tégumens au point de ne plus présenter que le système osseux, M. Vauquelin vous à apporté un cœur monstrueux ; il pesoit deux livres et avoit dix pouces de hauteur sur six de large; les valvules sigmoiïdes étoient entièrement ossi- fiées, ce qui peut avoir contribué à l’énorme accroissement du ventricule gauche, et à l’origine des palpitations et des étouffemens dont le malade se plaignoit depuis long-tems. Votre collection présente plusieurs autres observations de MM. Vié, Brongniart et Robillard, sur des maladies du cœur; elles ont été jusqu'à ce moment incurables , et paroissent avoir été communes cette année. M. Riche a donné l’anatomie détaillée de l'espèce de couleuvre appellée coluber natrix. M. Guilbert vous a fait le rapport de l’ou- verture d’un sujet mort de la phtysie pul- monaire ; il a lu aussi un extrait des opus- cules anatomiques et physiologiques de Metzger. M. Vicq-d’Azir nous a mis par ses ouvrages , en état de nous passer du tra- vail intéressant de cet auteur. Enfin, je vous ai fait part de l’obsefçation de deux enfans monstrueux qui sont main- , ( 204 ) tenant déposés dans le cabinet de M. Sue; . le premier est venu à terme, n’ayant ni tête, ni poitrine, ni bras, mais une seule :extré- mité,bien conservée, avec les parties infc- rieures. au «diaphragme, les vaisseaux et les nerfs qui leur appartiennent. Le second sujet venu à sept mois environ, n’a ni cerveau ni moélle épinicre, ses ver- tébres ne sont pas même percées ;,il possede cependant toutes les autres parties du corps, les vaisseaux et les nerfs qui en dépendent. Ces deux observations sembleroient prouver que les nerfs ne prennent pas naissance dans le cerveau, mais vont au contraire s’y réunir comme dans un centre commun. Médecine pratique. Le traitement d’un malade attaqué de Vépilepsie, a donné occasion à M. Vié de faire des recherches sur cette singulière ma- ladie. Le sujet de sa premiere observation, est un jeune homme attaqué du mal siphil- litique, qui but par mégarde un demi-verre de dissolution de muriate oxigèné de. mer- curé, ou subiimé corrosif. Soit que l'épi- lepsie soit due au poison qu'ila pris, ou au ( 30h ) progres de-la maladie siphilitique, il éprouve des palpitations de cœur continuelles, qui quelquéfois sont suivies d’acces épileptiques, . dont la première époque date de l'instant où. il a bu la dissolution de sublimé cor- rosif. | L'auteur dans une thèse qu'il vous a dé- -diée sur le même objet, examine les. eflets de l’électricité dans le traitement de cette maladie ; il, fonde les dangers de cette! mé- thode, sur les accidens auxquels elle a sou- vent. donné lieu , et: qui vous ont été, con- firmés par les ouvertures dont M. Audirac et lui vous ont donné des détails. Dans un des mémoires qu'il vaus a lus, M. Marsillac examine l’influence de la: mé- decine sentimentale et de la thérapeutique morale; il observe les altérations variées plus, ou moins sensibles que les passions produisent sur l’économie animale. Sa propre expérience l’a convainn qu’on pourroit les appliquer dé concert avec les médicamens, à la guérison des maladies, en opposant une affection douce et modérée aux mouvemens désordonnés d’une maladie inflammatoire, ouen combattant une maladie de langueur par des affections vives. 11 présente plusieurs ( 206 ) faits de pratique à l'appui de sa théorie, M. de la Salle, l’un de vos correspondans, . a donné sur ce sujet, deux ouvrages de génie; Fun est /a Balance naturelle ; Yautre, La Mécanique morale; ces deux ouvrages neufs, fruits d’une méditetion profonde, aidée de l'observation constante, mériteroient d’être plus connus de ceux sur-tout qui se livrent à l’art de guérir. M. Marsillac vous a parlé aussi de l’in- fluence des narcotiques dans la petite-vérole. Sur cinq enfans attaqués de cette maladie, et pour le traitement desquels il à fait cons- tamment usage des narcotiques, aucun ra éprouvé de fièvre secondaire , tandis que deux autres enfans différemment traités, ont eu une fièvre secondaire tres-décidée. 11 conseille-ce moyen de prévenir cette fièvre qu'il ne croit pas essentielle à la petite- vérole. M. Marsillac a aussi observé de tres-bons effets de l’usage du camphre dans les mala- dies chroniques, inflammatoires, siphilli- tiques et nerveuses. Les naturels Indiens s’en servent sans addition de mercure , pour guérir les maladies vénériennes. Il observe que le /aurus camphora , dont les sucs ( 207 ) concrets nous viennent du Japon ou de Sumatra, se trouve également naturalisé dans l’Amérique septentrionale. Le même auteur vous a donné des obser- vations sur cinq laboureurs mordus et at- teints de la rage ; les frictions mercurielles, les pilulles de Béloste, et un large vésica- toire appliqué sur le lieu de leurs blessures, déciderent la guérison de quatre d’entr’eux ; un seul qui refusa de se soumettre au même traitement, mourut de la rage, tandis que ses compagnons étoient en pleine convales- cence. Il vous a fait part aussi d’une manicre de déterminer avec précision les différens caracteres du pouls. Sa méthode consiste à peindre avec des figures artérielles, la dila- tation , le dureléébenent) la vitesse, l’inter- mittence, ou les différences accidentelles auxquelles ils sont sujets; et par le moyen d’une montre qui divise chaque minute en 240 tems égaux, l’auteur juge et exprime par écrit combien de tems emploie chaque pulsation , ou chacune de ses parties. M. Riche, qui avoit eu le même projet, s’étoit servi d’une écriture musicale ; il avoit pris pour point de départ la vibration d’une ( 208 ) corde, qui donnoit sous le doigt la pulsa- tion d’un homme d’un âge mûr et d’une bonne: santé ; la vitesse et l'élévation du pouls étoient exprimées par la valeur et la position des notes. Vous avez de lui Pessai d’un systéme na- turel des maladies. Ce travail offre une elassi- fication nouvelle qui les divise en genres ct en espèces , avec leur diagnostic et leurs trai- temens généraux. Voulant traiter son sujet d'apres la seule expérience, il considere le mode de traitement le plus positivement in- diqué, et le prend pour caractere générique, d'apres ce principe: Que toutes les mala- ladies qui se guérissent par les mémes moyens sont d'unemémenature, etque celles qui exigent un traitement différent sont d’une nature différente. M classe également les passions maladives dont la durée jette les individus dans des altérations physiques plus ou moins graves. Son départ pour la recher- che de M. de la Peyrouse, nous a privés de la fin de ce travail. M. Guilbert vous a lu une dissertation latine sur une nouvelle maniere de s'opposer à plusieurs genres d'infection, et de neutra- liser les miasmes putrides. Il regarde, avec M. | ( 269 ) M. de Fourcroy, l'acide muriatique oxigèné comme un des plus puissans anti-septiques , et pense qu'ilseroit d’un grand secours dans toutes les maladies contagieuses. Plusieurs observations le portent à croire que l’acide muriatique oxigené, mélé avec le virus va- riolique dans l’économie animale, le ren- droit sans action. Dans une seconde dissertation latine , il cite plusieurs effets avantageux du muriate calcaire, employé dans les obstructions mé- sentériques. Ce médicament est recommandé par MM. Leroy, de Fourcroy, et plusieurs autres praticiens qui l’ont employé avec succès. M. Bellot vous a lu plusieurs observations sur diverses maladies qu’il a suivies. A celle d’un volvulus causé par le rétrécissement et linvagination de plusieurs parties du canal intestinal , il a joint l’histoire de cette sin- gulière maladie, et l’observation qu’en ont fait plusieurs médecins célebres. II a vu em- ployer les drastiques avec succès dans ces circonstances. Le même auteur vous a fait le rapport d’une affection rhumatisante que M. Corvisart a O ( 210:) guérie en deux jours par l'application du moxa. Il vous a aussi donné trois mémoires fort étendus sur les maladies qui ont régné à la Charité de Paris pendant le trimestre d’oc- tobre de l’année 1790. Ce travail fait suite à ceux du mème auteur, sur les maladies qui ont précédé cette époque. Les plus gé- néralement répandues pendant ce tems, ont été catharrales et bilieuses, très-peu ont été inflammatoires. Un tableau d’observations météorologiques acccompagne et complète ce rapport. M. Berlinghieri vous a offert des considé- rations sur le scorbut. Il combat par des rapprochemens et des observations, les opi- nions de plusieurs médecins, particulière- ment celles de Lind et de Milmann, sur les causes de cette maladie. MM. Riche et Berlinghieri vous ont fait le rapport des thèses qui vous ont été en- voyées par MM. Dorthes, Berthe et Viga- rous, thèses qu'ils ont soutenues pour le concours d’une chaire de professeur à Mont- pellier. Le premier rapporteur a analysé aussi la (CT) corona flora Monspeliensis de M. Victor Broussonet ; comme ces ouvrages sont ims primés, je ne m'arrêterai pas à vous en en- tretenir. Il est tems d’ailleurs, Messieurs, de ter miner une carrière déjà trop longue, qui leût été pourtant bien davantage encore, si j'eusse voulu rappeler tous vos travaux, et en donner une analyse complète. La plupart; suivant l'institution de la société, consistent en traductions, extraits d'ouvrages de tout . genre, dont la lecture vous à instruits et in= téressés, et dont le rapport ici n’auroit fait que rappeler des choses déjà connues, et fa tiguer l'attention des auditeurs soutenue pendant un aussi long résumé. Je m'estimerai heureux si ce que j’en ai cité a pu donner une juste idée de votre amour pour les sciences, et du zele que vous avez mis à accroître leurs progrès en augmens tant votre instruction particulière. Je serai certain , Messieurs , de vous avoir acquis l'estime des savans qui m’écoutent, et d’avoir mérité l’indulgence de l'assemblée qui nous honore de sa présence. FIN. (tata) Nora. L’Administration centrale du département de la Seine, ayant bien voulu autoriser en l’an 8, l'impression à ses frais, des premiers rapports généraux qui ont été faits à la Société Philomathique , a égale- ment autorisé celle des notices suivantes, qui ont été communiquées à cette Societé, après avoir été lues au Lycée républicain et à celui des Arts. (t215) ga du D EAN ee À) HS à ha à DR ODIE SC Le RAUNe A D D'ANTOINE - AucusTiN PARMENTIER, Fait au Lycée des Arts, par le citoyen SILVESTRE, le 7 Juillet 1793, et commu- niqué à la Société Philomathique. « Ux des travaux les plus remarquables du Lycée des Arts, un de ceux qui le caracté- risent et le distinguent de tous les établisse- mens contemporains , est d’avoir osé le pre- mier rendre de leur vivant une justice écla- tante aux bienfaiteurs de l'humanité, et de- vancer la génération future en se rendant interprète de la bienveillance générale. Cette récompense qu’il accorde aux talens, la plus douce pour les cœurs sensibles et vertueux, est peut-être le moyen le plus puissant de former des grands hommes: en appréciant leurs anciens travaux, elle semble leur en O 3 ( 214 ) commander de nouveaux, et la patrie, ac- coutumée à répandre des larmes sur la tombe des hommes qu’elle a perdus, lors- qu'elle entend le récit de leurs services; apprendra sans doute avec une douce émo- üon ce qu'elle a droit d'attendre encore de l’homme utile qu’elle vient d'apprécier. Si ne jamais faire de mal à ses semblables est le premier devoir de l’homme en société, leur faire du bien est sans contredit immé- diatement le second. Plusieurs routes peu- vent conduire à ce but important ; mais parmi les moyens qui lui sont donnés, le sage se défend sur-tout de ces occupations métaphysiques dont le résultat incertain semble offrir d’heureux effets , et dont l'expérience détruit les combinaisons. Les sciences exactes au contraire, ont des don- nées certaines, et s’avancant d’une marche assurée, guidées par le flambeau de l’expé- rience, elles procurent à l'esprit humain une nouvelle lumière et conduisent à pas lents mais sûrs , à des résultats heureux pour tous les hommes et dans tous les tems. Parmi ces sciences, l’économie rurale, qui sait assurer à l’homme sa subsistance, est la plus esti- mable comme elle est la plus utile, et ceux 6 215:) qui se sont dévoués à la perfectionner ont mérité au plus haut degré l'attention sou- tenue des gouvernemens, et lestime de tous les amis de l’humanité. Parmi les hommes précieux qui se sont adonnés à cette carrière pénible, il en est un qui par ses vertus et ses grands travaux semble de- voir attirer plus particulierement les regards de cette assemblée, et obtenir des témoignages d'estime du directoire du Lycée des Arts. Antoine - Augustin Parmentier, né en 1757, à Montdidier, dans le département de la Somme, s’est livré de bonne heure à des travaux utiles; il a pu des l’âge de dix-huit ans servir sa patrie, et commencer une car rière qui n'a depuis présenté qu’une série non interrompue de services et de bienfaits. Envoyé dans les armées comme pharmacien en 1757, il a fait les guerres d’Allemaone, et prisonnier cinq fois, tandis qu'il pro- diguoit ses soins aux victimes de ce fléau dévastateur, sa captivité est devenue une école dont il a su tirer un nouveau parti pour le bonheur de son pays. À cette époque il à fait connoissance avec Meyer, et sous cet homme justement célebre, il a puisé des connoissances dont il a enrichi O 4 ( 216 ) ' nos arts chimiques, Resserré pendant long- temps dans une prison étroite, nourri seu- lement de pommes de terre et d’eau-de- vie de genievre, il a formé le projet de mul- tiplier en France ce premier comestible dont il a été à portée d'apprécier l’excellence, et dont il a depuis répandu lusage en détrui- sant les préjugés qui s’opposoient à son in- troduction. C’est ainsi que jeune encore, il développoit déja son génie bienfaisant et observateur; cest ainsi qu’il savoit rendre ses malheurs mêmes utiles à son pays et à l'humanité. Revenu en 1762 à Paris, il a obtenu dans un concours brillant une place d’apothicaire-major des invalides, et c’est à cette époque qu'il a commencé une carriere chimique, qui par ses ouvrages et ses décou- vertes, mériteroit de nous arrêler, si nous n’étions appellés impérieusement par ses travaux agricoles, qui n’ont d’abord été que ses délassemens, et qui des-lors l'ont envi- ronné de l’estime et de la reconnoissance publique. . L’académie de Besançon avoit en 1771, proposé cette question intéressante : Quels sont les végétaux nourrissans, qui dans les temps de disette peuvent remplacer les (217) alimens ordinaires ? Après avoir considéré chimiquement quelle étoit la matière nutri- tive des farines, et avoir reconnu que l’ami- don seul pouvoit servir à cet usage, il a indiqué un grand nombre de végétaux dans lesquels cette substance se trouvoit abon- damment contenue, quoiqu’on n’y eût pas même encore soupçonné son existence. Ce mémoire qui a remporté le prix de l’académie de Besancon, et qui répandu dans toute la France a trouvé par-tout des appréciateurs, offre des détails intéressans sur la culture et les diverses préparations des grains et des racines qui sans étre comparables au fro- ment, notre aliment par excellence, peuvent présenter une nourriture capable de nous faire supporter plus patiemment les tems affreux de la disette. Les pommes de terre, ce végétal précieux, presque la seule production du nouveau monde, qui n'ait pas fait couler des larmes ou du sang, cultivées en Europe depuis pres d’un siècle, avoient déjà changé l’agricul- ture d’un pays voisin de la France, et lui avoient procuré en peu d'années une abon- dance qui avoit éminemment influé sur sa po- pulation et sur son commerce: elles couvroient ‘(218 ) déjà de vastes champs en Angleterre, en Italie et en Allemagne, tandis qu'à peine introduites en petite quantité dans que- ques-uns de nos départemens , on s’attachoit par des efforts multipliés à les repousser de notre sol. En vain, la faculté de médecine répondoit de leur salubrité, il falloit les immenses travaux du citoyen Parmentier, il falloit son exemple, pour détruire la mal- veillance et confondre l'erreur. Considérant ce végétal sous toutes ses formes, il a dans plusieurs mémoires , exposé son analyse chimique et ses produits avantageux , il a prouvé que loin de contenir un principe malfaisant, cétoit un des alimens les plus salubres ; que par leur abondance et la fa- cilité de leur culture, les pommes de terre étoient une ressource certaine pour le pauvre cultivateur, et une source de prospérité pour la France, dont elles assuroïient inva- riablement la subsistance et le commerce naturel. En 1775, 1l publia dans ses additions aux récréations chimiques, dont il donna la tra- duction, et dans les notes qu’il ajouta à la chimie hydraulique de Lagaraye, ses vues et ses expériences sur les champignons, et sur ( 219 ) eelles de nos plantes indigènes qui peuvent fournir une fécule bleue, comparable à lindigo. En 1974, à la suite d’un voyage entrepris dans plusieurs départemens, pour connoitre la cause de la mauvaise qualité du pain, il Va reconnue dans le peu de soins accordés à la préparation des grains qui sont destinés à la mouture, et particulitrement aux moyens de pratiquer cette opération, qui doit une partie de la perfection qu’elle ac- quiert encore tous les jours aux travaux de Parmentier ; il a démontré les avantages de la mouture économique ; il a combatu l’an- tique usage, et en perfectionnant la qualité de la farine ,il a prouvé que ce procédé augmentoit son produit d’un sixième; son avis aux bonnes ménagères sur la meilleure maniere de faire leur pain , et son traité sur la perfectibilité de la meünerie et de la bou- langerie en France, ont apporté des chan- gemens remarquables dans les aneiennes et vicieuses pratiques. Le premier fut enlevé avec enthousiasme, et traduit dans plusieurs langues; il prépara le beau travail que le citoyen Parmentier publia bientôt après sous le titre de Parfait Boulanger ; ouvrage ( 220 } estimé, qui devroit être classique pour tous les hommes qui se livrent à cet état. De nombreuses observations et expé- riences sur les maladies des grains, lui ont fourni les matériaux d’un mémoire qu’il a publié en 1775; il y a distingué celles de ces maladies qui pouvoient être contagieuses, et indiqué pour, les éviter ou les détruire, plusieurs moyens qui depuis ont été utiles aux travaux postérieurs entrepris Sur ce sujet. » : Dans la même année, un écrivain célébre répand avec profusion un mémoire sur lin- salubrité prétendue des eaux de la Seine ; il réunit tout ce qui pouvoit avoir été dit sur ce sujet , change en preuves les assertions et les soupcons, et forme un corps d’ou- vrage qui jette l’allarme parmi les habitans de Paris et inquiète le gouvernement. Par- mentier, armé de la raison et de l’expé- rience, combat avec avantage ces futiles dé- clamations ; il prouve par l’analyse, par des essais muitipliés, et par des autorités res- pectables , que la Seine offroit une eau très- salubre, et ilrend ainsi la confiance à tous ses concitoyens. Il semble destiné à la rendre cette con- ( 227:9 fiance dans les subsistances de premicre nécessité, en, combattant les paradoxes les plus désastreux. Le même auteur des Annales politiques, apres avoir condamné les eaux de la Seine , entrainé par un esprit ami des choses nouvelles, veut prouver à la France entiere que le pain est le plus dangereux de ses alimens, qu’il est un poison lent, ré- sultat d’un présent fait par la nature dans sa colère. Il seroit piquant sans doute de rappeller comment il a été possible d’ap- puyer une semblable opinion, et de mon- trer le citoyen Parmentier toujours exact dans ses assertions, détruisant les fausses considérations présentées par M. Linguet, et établissant toute la supériorité du fro- ment, et les avantages qu'il obtient pour la nourriture, par la panification. Mais la multitude de ses travaux connus ; nous force à presser notre marche, et les faire passer sommairement sous vos yeux, c'est vous rappeller en partie leur mérite. La supériorité du pain que mangent au- jourd’hui nos soldats, est due aux soins pa- triotiques du citoyen Parmentier; il a par une suite d'expériences, démontré que le son qui y entroit jadis en assez grande pro- + ._ (222) portion, ne contenoit aucune partie nutri= tive et nuisoit à sa fabrication; ses remon- trances éclairées ont fait bannir cette per- nicieuse pratique, et le pain de nos troupes réunit aujourd’hui tous les avantages de bonté à ceux de salubrité. En 1778, il a publié une analyse des bleds et des farines. En 1779, en faisant connoitre un procédé pour faire du biscuit de mer avec la pomme de terre, sans aucun mélange de farine, ül a offert aux habitans des campagnes, une forme de plus, pour rendre cet aliment plus substantiel, et le faire survivre au tems et aux intempéries de l’atmosphere. En 1780, son traité de la châtaigne a donné une histoire complète de l’arbre pré- cieux qui la fournit, et de toutes les prépa- rations dont le fruit est susceptible. En 1781, trois de ses mémoires ont mé- rité toute l'attention des cultivateurs; le premier, sur la préférence qu’il falloit donner au commerce des farines sur celui des grains ; le second, sur une méthode facile de con- server les grains et farines ; le troisième, sur les différentes préparations qu’il est possible de faire avec l’amidon des pommes de terre, EE ——" Lx 00 ( 223 ) pour suppléer le sagou, le salep, et plusieurs autres fécules d’un prix assez considérable, En 1782, il a fait paroïtre un traité sur les moyens de prévenir la disette. En 1783, un autre mémoire sûr la culture et les usages de la patate; d’après son ins- truction , celte racine commençoit déjà à s’acclimater à Toulouse et à Montpellier ; le froid de 1789 a tout détruit. On prépare en ce moment les moyens de pren Er cette culture intéressante. NUL En 1784, un mémoire très-détaillé sur + mais, sa culture et ses divers usages, a rem- porté un prix à l’académie de Bordeaux. En 1785, et sur l'invitation des États de Languedoc, il a publié un ouvrage très- considérable sur les avantages que la pro- vince pouvoit retirer de ses grains, consi- dérés sous les rapports de l’agriculture, du commerce, de la meünerie et de la bou- langerie ; il en a donné depuis un abrégé qui a été répandu dans les campagnes méridio- nales de la France. Depuis 1786, où il a publié son grand traité sur la culture et les usages des pommes de terre, de la patate et des topinambours, il s’est occupé de la rédaction d’une maison (224) rustique en 8 volumes n-16, dont six ont déjà paru; cet ouvrage précieux qui em- brasse toute l’agriculture, et ne contient que des faits et des pratiques éprouvées, a été destiné spécialement à rappeller à la dou- ceur et à l'utilité des travaux champêtres, les femmes qui habitent la campagne, sans avoir encore osé goûter ce bonheur ; le style simple de ce traité qui fait partie de la bibliothèque des dames, le cadre heureux dans lequel l’auteur l’a enfermé, lui assure un succès et une utilité qui seront sa ré- compense la plus douce et la mieux méritée. S'il paroit étonnant de voir toutes les années du citoyen Parmentier, marquées par un nouvel ouvrage, il ne lest pas moins sans doute de voir son génie bienfaisant , marquer aussi toutes les époques désastreuses de notre agriculture par un nouveau bien- fait, comme si la nature qui semble lavoir choisi pour un de ses ministres chéris, l’eût chargé de réparer les maux partiels et pas- sagers, nécessaires sans doute à l'harmonie universelle, et lui en eût elle-même indi- qué les remedes. En 1784, les insectes qui ont ravagé le Poitou; en 1785, l'extrême sécheresse qui a ( 325 ) a brülé tous les fourrages, là grêle de 1788, le froid mémorable de 1789, ont excité le zèle du citoyen Parmentier, et lui ont ins- piré des instructions et des vues utiles qui ont été répandues dans les campagnes par ordre du gouvernement. Il existe dans les collections une foule de mémoires qu’il a rédigés en commun avec d’autres savans , tel que celui sur les diffé- rentes espèces de lait et leur analyse, qu’il a fait conjointement avec le citoyen Deyeux ; un mémoire sur les moyens de rendre les bleds mouchetés propres aux semailles et à la fabrication du pain ; une instruction sur le mais, considéré comme fourrage; un tra- vail sur les plantes utiles dans les arts, et qu’il seroit possible d’acclimater en France. Mais il est tems d’arrèter une énumération de travaux que des développemens pour- roient seuls rendre intéressans et mettre en état d'apprécier. Le citoyen Parmentier, comme nous avons déjà eu occasion de le faire remarquer, ne s’est pas borné à dicter des préceptes, il a distribué tous les ans , des graines de plantes potagères, dont la culture qu’il avoit sui- vie, lui garantissoit la bonté; il a cultivé P ( 226 ) en grand la betterave champèétre; plusieurs espèces de choux comme fourrages; des espèces particulières de carottes et d'oignons; il a prouvé par l’expérience que les orchis qui fournissent le salep en Orient perdoient leurs avantages par la culture, et que leurs racines devenant fibreuses n’offroient pres- que plus de substance amilacée ; il a tiré de ses essais la conséquence générale, que les plantes bulbeuses dont les racines servent à la nourriture, doivent être semées dans des terres médiocres, où la sève ne se por- tant pas avec force à l'extérieur comme dans les bonnes terres, ne donne pas une trop grande étendue aux tiges et aux feuilles, aux dépens des racines. Il a appliqué cette observation à la culture des pommes de terre; il en a pendant vingt années cultivé et répandu onze variétés constantes ; il en a couvert des terreins arides que la charrue n’avoit jamais sillonés. L'agriculture fran- caise conservera long-tems le souvenir de cette fameuse expérience de la plaine des (227 ) Sablons, qui destinée jusqu'alors à des évolutions militaires et condamnée à la sté- rilité, fut couverte en trois mois, de feuilles, de fleurs, et de fruits, qu’elle dut aux soins actifs du citoyen Parmentier. Enfin, des cours publics dé meünerie et de boulangerie l'ont occupé long-tems. Parcourant souvent di- vers cantons de la France, pour y établir les bonnes méthodes, il est devenu le point central d’une correspondance rurale très- étendue, et consulté sur tous les objets d'économie , il obtient tous les jours de nouvelles preuves de la confiance de ses concitoyens ; mais tout entier au bien qu'il s’est constamment occupé à faire, il a né- gligé sa fortune, et déjà il est parvenu à un âge avancé, sans autre bien que la cons- cience d’une vie laborieuse et utile; à peine revenu de deux voyages dans lesquels il a parcouru presque tous les départemens de la France pour surveiller les hôpitaux mi- litaires ; il est prèt à retourner encore pour se livrer à ces pénibles fonctions. Il seroit P 2 ( 228 ) tems enfin que le public élevant la voix en sa faveur, le tiràt de l’oubli dans lequel sa modestie le laisse languir, et l’environnät des récompenses que la patrie reconnois- sante doit à ceux qui l'ont bien servie, et dont la couronne civique du Lycée va de- venir les prémices. ( 229 ) NOR EL" CG: ES SUR LA VIE ET LES OUVRAGES DES D L'V EUR S S'AUV'AEN S ETC) OUMOM:E S'HD'EL EL TRES, Lues au Lycée républicain, le 29 Messidor an 6, par le citoyen SILVESTRE, et communiquées à la Société Philomathique. Ciroyens, CuaquEe année de l'existence du Lycée républicain a été marquée par de nouveaux efforts des administrateurs, tendans à com- pléter le cercle de linstruction qui y est donnée. Cette vue constante de bien public a été poussée à tel point, que presqu'aucune partie des connoissances humaines n’a été étrangère à cet utile établissement. Dans ces dernieres années malgré les circonstances les plus difficiles, le génie de IE ( 250 ) l'instruction se trouvant ici comme dans son sanctuaire, $’est sans cesse roidi contre les obstacles renaissans, et a fini par se montrer supérieur à tous les évèenemens ; des branches d’une grande importance ont été ajoutées aux anciennes, telles sont les cours d'Histoire naturelle dans tous ses rap- ports; celui des Arts ét Métiers ; ceux d'É- conomie rurale ; de Géographie - physique ; de Grammaire philosophique; de langue allemande, et de Morale; en sorte que le . Lycée présentoit une des. universités du monde les plus complètes pour l’instruc- tion, et dans laquelle le choix des profes- seurs annoncoit une supériorité décidée sur toutes celles connues. Le magnifique tableau des connoiïssances humaines qui compose Venseignement donné au Lycée, lui a pro- curé des relations continuelles avec tous les hommes qui se sont fait un nom dans les sciences et dans les lettres; ils ont tous con- tribué plus ou moins immédiatement à pers fectionner cette instruction, soit en profes- (23r) sant eux-mêmes, soit en fournissant des matériaux ou des exemples aux professeurs. Cette contribution utile a des droits à la reconnoissance du Lycée; et comme dans les anciennes Républiques, cette reconnois- sance éloit toujours exprimée publiquement envers les hommes célebres, arrachés par la mort à leurs concitoyens qu'ils avoient bien servis. Le Lycée se considérant un moment comme un point central pour la république des lettres, a cru devoir acquitter cette dette sacrée, et ajouter encore cette année une nouvelle branche à ses travaux, en jettant quelques fleurs sur la tombe des littérateurs et des savans, qui à ce titre seul sembloient appartenir à son institution. | . Parmi ces hommes recommandables qui sont morts pendant la dernière session de Lycée, l’administration a particulièrement distingué les citoyens Bayen, Pelletier, Riche, Deleyre, Nivernois et la citoyenne Joly ; elle n’a chargé de faire une courte notice P 4 (35%) historique qui püt servir à rappeller aux souscripteurs assemblés, leurs intéressantes productions, et présenter une partie des droits que leurs travaux et leurs talens leur avoient mérités à la reconnoissance nationale. (: 288») N NAOTE/T' CE Sur le Citoyen BAYEN. Pierre Bayen, célebre chimiste, est un de ceux qui à plus juste titre, semble devoir fixer le premier vos regards. Né à Chälons, (département de la Marne), en 1725(1);il parcourut rapidement et avec succes ces pre- mieres études dont on occupoit alors trop long-tems la jeunesse, mais qui réduites dans de justes limites, feront cependant toujours une des bases les plus solides de l'instruction publique. Il passoit tous les instans de ses récréations à visiter les ate- (1) Resté orphelin dès son enfance, il reçut de sa sœur, plus âgée que lui de douze années, les premières connoissances ; elle développa en lui avec un soin particulier , le germe des vertus qu’il a pra- tiquées toute sa vie. Dans sa vieillesse même , il ne parloit jamais sans attendrissement de tout ce qu'il devoit à cette sœur chérie. ( 254 ) liers des ouvriers ; le fondeur, le menuisier, le charron, le forgeron, le potier, le tein- turier , recevoient tour-à-tour ses fréquentes visites. Il apprit de bonne heure à entendre les artisans et à parler leur language. Natu- rellement porté à la réflexion, il eut bientôt besoin d'occuper son génie de l’étude des sciences ; et la chimie encore dans le chaos des incertitudes , des préjugés, et de l'erreur, lui parut la carriere la plus propre à porter le flambeau de la vérité. Mais il sentit de bonne heure que des expériences exactes répétées et comparées entr'elles, pouvoient seules guider d’un pas sûr ; aussi renfermant en lui-même ses apperçus, il voulut con- noitre toutes les ressources de son art, et méditer long-tems sur ses découvertes avant de les offrir au public. L'habileté qu’il acquit dans l’art de la pharmacie, le fit nommer avant lâge de trente ans, pharmacien en chef de l’armée d'Allemagne , pendant la guerre de sept ans. Ce fut à son retour à Paris, en 1776, qu'il s’occupa sérieusement d’un grand ouvrage qui seul eût suffi à faire sa réputation. Il avoit commencé d’abord, de concert avec Venel et par ordre du gouvernement ; lana- ’ (255) lyse de toutes les eaux minérales de la France. Ce fut ce travail qu'il reprit seul à son retour de l’armée. Il publia successive- ment d'excellentes analyses des eaux de Bar- règes, de Bagnères, de Luchon, et ce pre- mier ouvrage pouvoit déjà servir de modèle à tous ceux de ce genre. Les fonds ayant manqué pour suivre cette utile entreprise , il quitta les Pyrénées, et se livra tout entier à l’analyse de divers minéraux qu'il avoit rapportés de ses voyages. Il donna successi- vement plusieurs mémoires intéressans sur les marbres, les serpentines, les porphyres, les ophites, les granits, les schistes argilleux et le jaspe, qu’il analysa par des procédés nouveaux qu’on croyoit n'avoir aucune action sur plusieurs de ces substances. Jusqu’alors Bayen avoit été regardé comme un homme savant et exact; bientôt il parut comme un homme de génie et servit émi- nemment à préparer cette révolution qui a illustré la chimie , et lui a assigné sa place parmi les sciences exactes les mieux appro- fondies. Il avoit communiqué depuis long- tems à quelques amis, des doutes sur l’exis- tence du phlogistique de Stahl. L’habitude ét l'autorité de cet homme célebre avoient ( 236 ) fait désaprouver ses observations; il se tut, et ne présenta plus son opinion qu’appuyée du secours de l'évidence. Ses travaux sur les précipités de mercure, le conduisirent à re-* connoitre que loin que les métaux perdissent un de leurs principes en passant à l’état d’oxides, ils se combinoient au contraire alors avec une certaine quantité d’air à la- quelle étoit due Faugmentation de leur poids, leurs couleurs, et leurs diverses pro- priétés. La synthèse et l’analyse lui démon- trérent cette vérité, et les appareils ingénieux qu'il imagina, le mirent à même de déter- miner quel étoit le poids de cette subs- tance additionelle dans divers oxides. Cette découverte fut un trait de lumière pour les autres chimistes modernes; Lavoisier sur- tout, formant de ce premier appercu , la base d'une foule d'expériences neuves et brillantes, fut un des principaux fondateurs de la théorie des pneumatistes, qui maintenant ne trouve plus gueres de contradicteurs. Les travaux de Bayen sur les précipités fulminans, son beau traité sur l’étain dans lequel il a démontré que l’arsenic entroit dans les ustensiles de ce métal en trop pe- tite quantité pour être nuisible, et que le ( 237) plomb seul qui sy trouve allié en grande Proportion, peut être dangereux ; l’applica- tion qu’il ‘a faite de la magnésie retirée abondamment des schistes, aux fabriques de sel d’epsom et de sedlitz que nous ti- rions de létranger; laddition qu'il a faite de l’alkali pour favoriser la cristallisation de l'alun; enfin, ceux qu’il avoit préparés et dont il n’avoit pas encore publié les résultats, lorsque la mort est venue l’arracher aux sa- vans qui le regrettent , le placeront au pre- mier rang parmi les chimistes les plus cé- lébres. Cet esprit de méditation qu'il avoit montré dés sa jeunesse, ne le quitta jamais; il appercevoit promptement , mais $e défiant de son jugement, il laissoit mürir ses idées, et cette lenteur à produire, si souvent re- commancable, est peut-être le seul défaut qu'on pût reprocher à Baÿen (1). Assaiili (1) I ne publia rien avant sa quarantième année , et il sembloit que sa modestie eût besoin d’être appuyée d’un autre nom dans la publication de ses ouvrages, quoiqu'il se chargeât presqu’en totalité des travaux auxquels il sembloit ne faire que par- ticiper. (288 ) . vers la fin de sa vie, d’une maladie longue et tres-douloufeuse, il souffroit avec patience des maux auxquels des chagrins domestiques et la perte de plusieurs amis intimes vinrent encore ajouter. Sa maladie empira sensible- ment, et quoique la force de son caractère et d’une bonne constitution, ne lui eussent point fait quitter ses travaux et les devoirs de sa place jusqu’au dernier moment, il succomba enfin dans les douleurs les plus violentes, et perdit la vie dans le mois de Pluviôse de l’an 6. Son caractère ferme et incorruptible le laissa jouir toute sa vie d’une réputation de la plus intacte probité, il eùt été révolté de l’idée d’accepter un présent; le mérite seul servoit de recommandation auprès de lui, et la connoissance approfondie qu’il avoit acquise des hommes, lui donnoit le rare avantage de démêler sans peine l'artiste instruit et laborieux, du charlatan et de l’in- trigant. 11 eut sur-tout, ce coup-d'æil du énie, qui substitue sans effort les routes FA 1 ( 259 ) les plus simples aux travaux compliqués des hommes inférieurs; il s’attacha à simplifier les instrumens de chimie et Les compositions pharmaceutiques, et à remplacer les plantes exotiques par celles du pays. 1l avoit formé le projet de faire sur cet objet un ouvrage qui eût été bien précieux pour les arts. Ses premieres études variées l’avoient préparé à recueillir une foule d'observations qui ren- doient sa conversalion instructive et très- agréable, utile sur-tôut aux artistes et aux manufacturiers dont il avoit éclairé un grand nombre de procédés par une saine théorie. Son esprit étoit orné par la lecture des anciens auteurs, et une mémoire excellente ne lui avoit presque rien laissé oublier des études de sa premiere jeunesse. Resté garçon, il vivoit le plus souvent à l'auberge, il y étoit entouré de jeunes gens qui s’assem- bloient autour de lui, et l’écoutoient avec avidité ; on eût cru voir Platon entretenant ses éleves au Portique. L'institut national a consacré ses regrets sur la perte de ce savant ( 240 ) distingué, dans un éloge que le citoyen Lassus a prononcé dans la séance publique du 16 Germinal de la même année; et le citoyen Farmentier , de concert avec le citoyen Malatret neveu de Bayÿen, ont réuni les matériaux de ses ouvrages, qu'ils font imprimer en 2 volumes, et qui seront pré- cédés d’un éloge de ce savant, qui a été pro- noncé à la Societé de Médecine, par le citoyen Parmentier. NOTICE (241) NO: De LC SUR LA VIE ET LES OUVRAGES Du Citoyen PE LL EAMER: Bertrand Pelletier, Vun des hommes qui suivit avec le plus de succès les traces de Bayen, nâquit à Bayonne en 1761. Fils d’un chimiste qui avoit été élève du fameux Rouelle, il se consacra à la chimie, qui devoit un jour tenir de lui une partie de ses progres. Il porta dans l’étude de cette science, l’aptitude qui lavoit distingué dès sa plus tendre jeunesse , où il passoit des nuits en- tières à s'occuper de ses travaux. Paris de- vint nécessaire à son instruction, il y fut recu dans le laboratoire du citoyeñt Darcet, et devint bientôt digne élève de ce celebre chimiste qui lui confia à l’âge de 22 ans la pharmacie de Rouelle. 11 avoit déjà pus Q (24) blié plusieurs mémoires sur l’acide arsenique, le phosphore, et diverses dnalyses dans les- quelles il avoit développé beaucoup d’ins- truction et de sagacité. Parmi ses travaux les plus importans, on peut compter les belles expériences sur le phosphore qu'il a consignées dans cinq mémoires consécutifs, et à l’aide desquelles 1l est parvenu à unir le phosphore à toutes les substancés métal- liques. Le peu ‘de terns consacré à cette notice, ne permettroit pas de présentér ici l'analyse de tous les mémoires intéréssans dont Pelletier fut auteur ; ceux qu’il a don- nés sur de nouvelles préparations pour le savon, sur l’affinage du métal des cloches, sur les propriétés du muriate d’étain dans la teinture, sur les cendres bleues dont il a arraché la composition aux Anglais qui en faisoient un objet d'exportation assez consi- dérable, ses expériences, sur les préparations de la colle-forte, la fonte du platine, et la décomposition du sel marin, méritent plus articulièrement d’être citées, par l’avantage P , 5 (245) qu'elles ont procuré aux arts chimiques qui nous sont le plus immédiatement utiles. Pelletier, comme tous les vrais savans, préféroit la gloire à la fortune; lors de sa découverté de la préparation des cendres bleues, üun négociant lui offrit d'acheter cette composition , mais il préféra Phonneur du travail, et se hâta d’en faire jouir ses compatriotes, en donnant publiquement conuoissance de ses procédés. Dés l’âge dé trente ans, il fut admis à remplir une placé vacante dans l’académie des sciences de Paris, et il suffroit à son éloge de dire qu’il n’y fût point au-dessous des Lavoisier , Foureroy ; Berthollet et Darcet, ses collégues dans cette partie: ]l fut souvent chargé par le gouvernement, de riksiohé importantes; membre du bureau de consultation des arts ét métiers, com- missaire des poudres et salpètres, membre de la commission ét ensuite du conseil de santé; sa tête suffsoit à tous ses travaux, Q 2 ( 244 ) et malgré la délicatesse de sa complexion, et la multitude de ses occupations, on peut dire que jamais il ne manqua à son devoir. Lorsque le génie de la liberté électrisant les sayans les plus illustres de la France, eût réuni, pour professer dans une même école, des hommes dont un sçul eût suffi pour assurer sa réputation, lorsque l’éta- blissement de l’école polytechnique eût ras- semblé pour une même institution, les Lagrange , Laplace , Fourcroy, Guyton, Berthollét , Monge, Prony , Vauquelin , Hassenfratz, le nom de Pelletier eût manqué à cette réunion; il y fut appellé et y pro- fessa pendant les deux dernières années de sa vie, avec cet esprit de méthode et de précision qui caractérisoit tous ses ouvrages. Mais sa foible santé ne résista pas à tant de travaux , déjà fortement altérée par les va- peurs métalliques et charbonneuses, par celles sur-tout d’acide muriatique oxigèné auxquelles il s’étoit imprudemment exposé. (245 ) Une précaution oubliée avoit déja pensé lui faire perdre la vie pendant ses nom- breuses recherches sur le phosphore et sur toutes ses combinaisons ; cet accident con- tribua aussi à déterminer la phtisie pulmo- naire dont 1l fut attaqué. Il n’en continua pas moins ses recherches chimiques pendant sa longue maladie; naturellement mélanco- lique et accablé par la douleur , il sembloit se ranimer lorsqu'on lui présentoit quelques produits intéressans de son art. Enfin, il s’éteignit à l’âge de trente-six ans, et à l'instant même où il s’occupoit encore à préparer une expériente. Un seul trait peut servir à. faire cofhoiître la bonté de son cœur. Pendant sa dernière maladie , il pro- jettoit de faire un voyage dans le midi de la France pour rétablir sa santé; il avoit réservé quinze cents francs pour cet usage; un artiste de mérite et père de famille, éprouve un pressant besoin de secours, il ne les réclame pas envain aupres de Pelletier, Qi 3 ( 246 ) qui lui fait le sacrifice de douze cents francs, et ajourne ainsi le projet de voyage sur lequel il comptoit pour son rétablissement. Les citoyens Pelletier son frère, et Sedillot son beau-frère, ont élevé un monument durable à sa gloire, en faisant imprimer ses mémoires, qu'ils ont fait précéder d’une notice historique sur sa vie et ses trayaux. ( 243.) NOT, ErC: SUR LA VIE ET LES OUVRAGES Du Citoyen DELEYR E. La vie des hommes célébres est, pour qui sait la lire, l’école de morale la plus instructive ; leurs vertus présentées dans tout leur jour, et leurs erreurs dévoilées, montrent l’influence que les unes et les autres ont eue sur le bonheur de leur vie privée, et sur celui des êtres qui les approchoient, Ces deux considérations sont le but unique qu’il convienne également à tous les hommes d'envisager. Le philosophe dont J'ai à vous entretenir en ce moment, fut toujours bien- faisant et probe; mais sans doute il ne vit pas toujours juste, car il fut constamment malheureux. Alexandre Deleyre, né en 1726, à Portetz pres Bordeaux, commença sa vie par éprou- ver ‘des malheurs; traité avec une dureté ( 248 ) excessive par un premier instituteur, il alla au collége. des Jésuites, qui reconnurent bientôt en lui des dispositions peu com- munes, ils chercherent à se l’attacher. On sait assez quelles études approfondies, les chefs de cet ordre exigeoient des jeunes gens dans lesquels ils remarquoient de grandes dispositions , et le goût du travail. A quinze ans, le jeune Deleyre, cédant à leurs sollici- tations prit lhabit de novice; son ame ardente déjà dévorée par une sombre mélan- colie, s’étoit livrée à des idées exagérées sur les dogmes enseignés par la religion catho- lique ; les châtimens destinés aux méchans, obsédoient son imagination; il se voyoit sans cesse au milieu de l'enfer; il s’aigrissoit encore par de longues pénitences, on le trouva un jour prosterné dans la campagne au pied d’une croix, devant laquelle il avoit passé vingt-quatre heures. L’étude approfondie des anciens auteurs, et des lec- tures varices, lui fournissant d’utiles ré- flexions le guériment, et à vingt-deux ans il quitta les Jésuites qui firent de vains efforts pour l'arrêter, À son arrivée à Paris, à l’âge de vingt- quatre ans, ses goûts le rapprocherent de ( 249 Montesquieu, d'Alembert, Diderot, Rous- seau et Duclos; et plein des idées de ses illustres anis, il Commenca sa carrière lit- téraire par une analyse de la philosophie de Bacon Cet ouvrage justement célebre au- quel il travailloit quatorze heures par jour, acheva de développer en lui des idées fortes, ét cet enthousiasme pour la vérité qui ne Va jamais quitté; cependant abandonné à lui-même et privé du nécessaire, il fut obligé d'accepter une place de secrétaire de l'ambassadeur à Vienne; mais ne pouvant bientôt supporter cette espèce de servitude, il préféra l'emploi de bibliothécaire du prince de Parme, à lPéducation duquel Condillac le jugea digne de coopérer; mais un abrégé de Phistoire d'Angleterre, qu’il fit pour cet objet, et dans lequel il inséroit déjà des vues républicaines, lui fit perdre les bonnes graces de lillustre auteur du cours d’études, sans le priver de son estime. Deleyre lui- même ne cessa d'admirer et de louer le ta- lent supérieur de l’abbé de Condillac; ce fut en général une de ses vertus les mieux ca- ractérisées, jamais il ne connut la vengeance, et lorsqu'il devint puissant, il sut pardonner et même faire du bien à ceux qui lui avoient nui. ( 250 ) Revenu en France en 1768, après l’édu- cation du prince de Parme, il fit le 19° tome in-4 de l'Histoire des Voyages; ce volume qui contenoit un résumé de ceux faits au Groenland, au Kamtschaca, en Sibérie, en Laponie, et chez les peuples qui habitent le long des côtes de la mer glaciale, est re- marquable sur-tout, par le style concis et phi- losophique qui le rendit supérieur à tous ceux de cette collection, et fit dire au littérateur qui a professé pendant dix ans, d’une manière si brillante dans cet établissement (1), «que » pour faire connoître ce volume, il faudroit » le transcrire tout entier ». Il avoit perdu Thomas, l’un de ses intimes amis, et le besoin de parler de cet homme célebre qu’il avoit particulièrement connu, lui fit prendre la plume; il écrivit sa vie, ou plutôt une dissertation sur ses ouvrages , dans laquelle on trouve un grand nombre de traits frappans d’éloquence, de vérités, et de pensées fortes. Deleyre fut député à la Convention; et il vint apporter sur un plus grand théâtre, les mêmes vertus qu’il avoit toujours prati- quées, et des opinions de liberté qu’il n’a- — (1) Le Lycée républicain, (:855) voit pu dissimuler dès le commencement de sa carrière; il parla et écrivit peu, mais il se montra toujours rigide observateur de ses principes. Son stoicisme et sa fermeté ne se démentirent point. Lors de la mort du repré- sentant Ferraud, comme on vouloit l’empé- cher de rentrer dans la salle d’assemblée, il vit la hache levée sur sa tête; frappez, dit-il, je suis représentant du peuple, je dois mourir à mon poste. Il poussoit à l’extrème la sévérité des principes; lors de la démoné- tisation des papiers, il conservoit dans ses mains plus de deux cent mille francs qu'il n’avoit pas voulu convertir à des époques avantageuses : J’ai contribue à faire la loi, disoit-1l, on ne me verra pas l’enfreindre. De tous les amis de Rousseau , Deleyre fut presque le seul pour lequel il conserva de l’estime, quoiqu'il le brusquât souvent. Deleyre avoit en effet beaucoup de ressem- blance avec le philosophe de Genève ; comme lui il étoit d’une simplicité et d’une probité sévères, mais comme lui il n’aimoit pas les hommes, et comme lui il ne fut pas heureux. Il avoit souvent des accès de mélancolie si violens, que sa famille croyoit devoir éloigner ses armes. 11 peut paroitre curieux (:2b2}) de lire les premieres lignes d’un testament qu'il fit en 1772. « La France, où je suis né, est tombée de la corruption des mœurs sous le joug du despotisme; la nation est trop aveugle et trop lâche pour vouloir et pour pouvoir en sortir ; le gouvernemene devient odieux et finira par la tyrannie. Au sentiment des maux publics, se joint dans mon ame une raison puissante de desirer la fin de mes peines secrètes; tout ce que j'ai vu dans mon siècle seroit capable de me faire mépriser les hommes, si je ne craignois de rejetter sur eux les torts de mon carac- tère, qui sont ceux de la nature; enfin, que ce soit ma faute ou celle d'autrui, je ne puis plus supporter mon existence : j'ai pourtant chéri la vertu, je crois n’a- voir fait de mal à personne, pas même à mes ennemis; J'ai toujours cherché les gens de bien et fui les méchans ; ce pen- chant joint à la reconnoissance, est le nœud de toutes mes Miaisons et de mes relations avec le peu de personnes que j'ai fréquentées. Je n’aime point à trouver en autrui la cause de mes dégoûts pour la vie; si j'espérois y être encore utile, je la ((2B6€) » regretterois; en un mot, de quel côté que » je m'envisage, tout m'invite à desirer la » mort. Comme je ne sais si j'aurai la pa- » tience de lattendre, ni le courage de la » hâter, j'explique ici mes dernières vo- » lontés..,..» Deleyre vécut encore vingt-quatre années depuis cette époque; la culture des lettres, la douceur d’une compagne aimable et ins- truite, et l’éducation de ses énfans, dimi- nucrent un peu sa mélancolie ; il s’occupoit beaucoup de poésie, sur-tout dans ses der- niers momens ; il a laissé des pieces fugi- tives tres-agréables, et une imitation en vers de Lucrèece, dans laquelle il avoit substitué les systèmes démontrés des philosophes mo- dernes, aux réveries que le poëte latin a débitées en vers magnifiques. Appellé aux comités d’instruction pu- blique, il s’occupa particulièrement de l’édu- cation nationale; il dirigea en partie les écoles normales, et présenta à la Convention un projet d'éducation publique qui renferme des idées précieuses à recueillir. Son style épistolaire étoit sur-tout remar- quable; Thomas disoit d’une lettre qu'il lui avoit écrite à l’occasion de son Æssai sur ( 254 ) les éloges, que cette lettre valoit seule un bon livre. Sa longue maladie m’avoit point affoibli sa tête; il aimoit toujours avec passion à parler de littérature et de philosophie. Comme il ne croyoit point à la médecine, on ne put jamais lui faire prendre aucun rémède contre le cathare qui l’obsédoit ; le citoyen Cabanis son ami, étoit le seul médecin qu’il voulût recevoir, et comme il ne per- mettoit jamais qu'il lui parlàt de ses maux physiques, la convérsation éteit le seul charme que ce savant aimable püt y apporter. Ji paroît qu’il ne croyoit pas sa mort aussi prochaine, et cette catastrophe fut un coup inattendu pour sa famille, qui étoit loin de’ la prévoir; elle lui étoit sincerement atta- chée, et elle conservera long-tems encore le souvenir de ses vertus. ( 358 ) NOÉ CE SUR LA VIE ET' LES OUVRAGES Du Citoyen NIVERNOIS. L’éroce de Nivernois est naturellement lié à celui de Deléyre, qui lui devoit le bon- heur dont il eût pu jouir dans le monde, puisqu'il tenvit de lui sa femme et ses pre- miers emplois ; la mäin secourable que Ni- vernois lui avoit tendue dans ses malheurs, ne cessa jamais de lui être ouverte. Nous pouvons donc commencer l'éloge de ce vieil- lard respectable par un trait de sa bienfai- sañce, et la suite formera une chaine non interrompue de taléns et de vertus. Louis - Jules-Barbon Mancini Nivernois, naquit en 1716; une constitution tres-délicate re lui permit pas de suivre long-tems la carrière des armes dans laquelle il étoit en- tré à l’âge de seize ans; il se retira avant même d’avoir obtenu le grade de maréchal- de-camp. Il se livra sérieusement alers à ( 256 ) l'étude de la diplomatie, et fut successives ment envoyé à Rome, à Berlin et à Londres. Il se conduisit dans ces différentes missions, de maniere à faire respecter l'ambassade et chérir l'ambassadeur. 1l y recut de grandes marques de distinction ; les sociétés savantes de Berlin et de Londres, s’empressèrent de se l'associer. Frédéric sut estimer en lui Fhorame public et rechercher l’homme d’es- prit; l'intimité qu'il eut pendant cinq mois avec ce prince, le mit à portée de bien con- noitre son caractère qu’il traça de main de maitre, et dans lequel il paroit n'avoir MIS ni exagcration ni flatterie. Apres la guerre de sept ans, il fut envoyé à Londres pour traiter de la paix avec l’Au- gleterre ; les nombreux obstacles que ce traite éprouvoit, furent levés par lui. La politique de lord Chatam ue tint pas contre le genie de Nivernois, et la paix (1 ) fut conciue en 1703. Ce fut la dernière de ses ambassades ; il se livra ensuite particulierement aux lettres , et le peu de pieces que sa modestie lui permit CAROL PTE TE ARRET ETES (1) La France considéra alors cette paix comme un grand bienfaite Le] de tit" ce. cmt ( 257 ) de laisser paroître, le montrérent digne du siècle qui lavoit précédé, et d’un petit nombre de ses contemporains. Voltaire après avoir fait l’éloge des poésies du duc de Nevers, disoit que son esprit et ses talens s’étoient perfectionnes dans son petit-fi's. L’envie a toujours respecté son caractère, et ila passé pour l’homme le plus aimable, dans un tems où lamabilité étoit comptée pour quelque chose. Nivernois résista jusqu’à l’âge de quatre- vingts ans à publier ses ouvrages; enfin, comme il le dit lui-même, on perd à cette époque la force de résistance , comme toutes les autres. se laissa persuader, et consentit à laisser imprimer le recueil de ses fables ; plusieurs d’entr’elles avoient dejà attiré une grande affluence aux séances de l'académie francaise, dont il étoit membre depuis l’âge de vingt-neuf ans ; elles y avoient été recueil- lies avec avidité et répandues dans plusieurs ouvrages périodiques. Ïl ne suivit pas les traces de Lafontaine; il fut sans doute resté au-dessous de son modele; son génie lui traca une nouvelle route, et souvent il égala ce premier de nos fabulistes. Son recueil en fournit de nombreux exemples qu’il seroit R ( 258 ) trop long derapporter ; deux des plus courtes et des plus jolies suffiront pour en rappeller l'idée. LE CAVALIER, LE VILLAGEOIS ET LE PIÉTON. Ux villageois, assis sur son baudet, Faisoit chemin en paisible posture ; Un cavalier monté sur un genet, Passe au galop. Oh ! charmante voiture ! Dit le manant; et moi, que fais-je à Dieu, Pour que sa rigueur me condamne À ne pouvoir changer de lieu, Qu'au marcher tardif de mon äne? Disant ces mots, le fermier dépiteux, Arrive au pied d’un atlas raboteux. Un homme à pied, pauvre homme de corvée, Grimpoit ce mont, et grimpant chanceloit, La tête basse, et l'échine courbée Sous le fardeau qui Faccabloit. Pour le fermier, il fit sa traversée Joyeusement; le mont lui parut doux; Bien assis qu'il étoit, et croisant les genoux, Sur son baudet, il se croyoit en plaine, Il ne sentit point les cailloux, Passa sans voir le piéton hors d'haleine, ( 259 ) Et ne songeant qu'à l'Andaloux Dont il avoit la tête pleine, Telle est notre façon de voir; Incessamment chacun songe et resonge Aux biens qu'il desire d’avoir, Et le mal d'autrui n’est que songe. Cette fable offre encore une autre vérité ; Tout homme est ce fermier, sur son âne monté. Autour de nous, sur des chevaux d'Espagne, Sont de plus grands, que l'on croit plus heuteux, Ne regardons Jamais que ceux Qui grimpent à pied la montagne, Nous rendrons toujours grace aux dieux, DEPOT LT A Aa MEN RE STE DEEE CE REZ LE LIÈVRE ET LE LOIR. Après un hiver des plus froids, Qui péndant nombre de semaines, De neige et de glaçons avoit couvert les plaines, Un vieux Lièvre étoit aux abois, On étoit en Avril, et déjà la nature Se ranimoit, reprenoït ses attraits ; On voyoit poindre la verdure. Notre pauvre affamé, de guérêts en guérèts, Salloit taînant pour chercher sa pâture, R 2 ( 260 ) Et par la bonne nourriture Renouveller son embonpoint perdu. Près de à sébattoit un animal dodu, Qui sembloit arriver du pays de Cocagne; C'étoit un Loir fraîchement descendu Du haut d’un arbre en la même campagne, Ami, lui dit le Lièvre morfondu, Que le bonheur vous accompagne! Mais, dites-moi, comment avez-vous fait Pour éviter la détresse commune ? Ami, répond le Loir, cette bonne fortune M'arrivera toujours; et voici mon secret. Quand le mauvais tems nous menace, Aux actifs imprudens j'abandonne la place; Au sein d’un arbre creux, je me mets à l'abri; J'y dors pendant l'hiver, sans crainte de disgrace ; Et je ne reparois jamais que quand le soleil chasse Les frimats qui vous ont maigri. Cet animal n'est pas trop bête, Et dans un cas pareil, plus d’une bonne tête En quelqu'asylè obscur a su s'aller nicher. Mais Dieu garde nos républiques De ces tems facheux et critiques, Où le sage aime à se cacher ! Une foule d’autres fables de ce recueil, frappent aussi par l'élévation et la simplicité ( 261 ) du récit, le naturel du dialogue , la justesse et la beauté de la morale: telles sont l’Jercule aveugle ; le Poirier et l’Epine ; le Mouton , le Porc et le Corbeau; le Chien battu ; les Deux Sceptres ; la Tour quarrée ; les Vents; la Maison et l Architecte ; le PU roquet et le Chat, etc., etc. Nivernois s’etoit de bonne heure formé le style par l'étude des anciens auteurs et des plus estimés d’entre les modernes ; on à de lui des imitations d’Anacréon et d’Horace, et de quelques poésies italiennes ; imitations charmantes et dont le goût nest qu'à de Il seul. Il à traduit l’Ægricola de T'acite (419) le premier, le deuxième et le damEns livres des Métamorrhoses d’Ovide ; Richar- det ; l’Essai sur l Homme de Pope ; le qua- trième livre de Milton, et d’autres morceaux de prose et de poésies anglaises; maïs rien ne —————_—_—_—_—_——_—_—_—_————— (1) Rien n’est plus propre à former le style d’un écrivain, que des traductions soignées, où le tra- ducteur cherche à égaler l'original; il est peu de bon littérateur qui n'ait dû une partie de la cor- rection de son style à ce fréquent exercice. Il est pour l'esprit ce que la lutte étoit pour le corps; elle lui donne de la souplesse et de la fermeté. LS ( 262 }) fait mieux connoitre son talent pour l'imi- tation que celles qu'il a faites des épisodes de Nisus dans Virgile, et de Médor dans l’Arioste. On sait que l’Arioste imita Jui- même le pote latin , que Cloridan est Nisus, que Médor est Euriale; et il est curieux de voir avec quelle flexibilité de poésie, Niver- nois a rendu dans un même sujet, les beautés propres à deux muses différentes l’une de l'autre. Sa dissertation sur l’élégie qu'il fit à vingt- sept ans, et les exemples qu'il donna, prou- vent qu'il avoit étudié avec fruit ceux des anciens qui ont mamié avec tant de grace, ce genre de poésie; mais pour y réussir, dit Boileau, C’est peu d'étre poëte, il faut étre amoureux. Nivernois l’étoit, mais il fut constant dans son affection, et la maitresse qu'il célébra sous le nom de Delie, ce fut sa femme. Jamais il ne profana sa muse en chantant un objet indigne d'elle. La poésie ne fut pas la seule carrière qu’il parcourut avec succes; il a laissé 8 volumes de mélanges de littérature, qui prouvent un goût délicat ; une rarc probité dans les affaires ; (1268; ) une philosophie sans orgueil; une sensibilité modérée par la sagesse, et un esprit exercé dans presque tous les genres; poésie et prose, littérature et morale; il ÿ a, comme il le dit lui-même, des essais de tout (1 ). IL s’étoit préparé long-tems avant d'entrer dans la diplomatie ; il reste de lui deux mémoires sur les négociations de Loménie et de Jeanin , morceaux précieux, où l’on voit indiqué comment il se proposoit d’agir ; dans une lettre sur l’usage de esprit dans les af- faires, il s’exprimoit ainsi : «Les dépêches » de d’Ossat, de Jeanin, et de Temple, » montrent à-la-fois un esprit sage et pro- » fond autant que délié, aussi bien qu'une » ame droite, noble, honnête et courageuse, » qui ne déguise, qui ne pallie rien, et qui » sait employer la dextérité, sans intrigues » et.sans artifices. Voilà, ajoute-t-il, les » modeles qu'il faut choisir et étudier; car » la bonne foi n’est pas moins nécessaire » aux nég gociateurs que Fhabileté ». (1) On voit qu'il n’avoit pas uniquement écrit pour cette société choisie, confidente de ses travaux littéraires ; il avoit étudié les anciens en présence de la postérité, seuil moyen de n'être pas au - dessous d’eux et d'arriver jusqu'a elle. R 4 ‘( 264 ) Dans la même lettre il examine les qua lités qu’un administrateur doit avoir : «Deux » choses, dit-il, lui sont nécessaires; consi- » dération et bienveillance, il est perdu sans » cela; et ces deux choses ne s’obtiennent » que par la dignité sans hauteur, et l’'amé- » nité sans foiblesse..... La pédanterie est » lesprit des sots, et les esprits légers met- » tent la facilité à la place de l’aménité ». Puis en achevant le parallele de l’adminis- trateur et du négociateur : « À Jun, conti- » nue-t-il, il faut un génie plus vaste; à » l’autre, un esprit plus souple; à tous deux » une étude approfondie des hommes et des » affaires ; une fécondité inépuisable d'idées, » pour ne jamais manquer de ressources ; » une parfaite maturité de jugement, pour » ne se tromper ni dans la conception et » la rédaction des plans, ni dans de choix » et l'emploi des moyens; enfin, une vigi- » lance infatigable sur soi-même, sur son » maintien, sur ses paroles, et jusques sur » son silence ». Ces fragmens semblent propres à faire connoitre Nivernois comme négociateur ct comme citoyeu ; nous y voyons aussi qu'il lioit toutes ses études sérieuses au desir d’être EE (* 2651) utile à son pays Voici comme il s'exprime à ce sujet dans une autre lettre sur l’usage de lesprit dans la solitude. « Il me semble, dit-il , que c’est un défaut » assez ordinaire dans notre siecle, et peut- » être dans notre nation plus qu'ailleurs, » d’ambitionner la sorte de réputation qui » n’est pas faite pour nous, et de négliger » celle que nous devrions ambitionner; il » faudroit au contraire combiner sérieuse » ment nos études avec nos devoirs, eLane » pas les régler avec moins d'attention sur » nos forces, c’est-à-dire selon la nature et » la portée de notre esprit ». Parmi les œuvres de Nivernois, on dis- tingue encore deux lettres; l’une, sur Pétat de courtisan ; l’autre, sur la maniere de se conduire avec ses ennemis; un mémoire Sür la religion des Chaldéens ; des dialogues pi- quans entre plusieurs grands hommes ; de tres - bonnes réflexions sur Horace et ses imitateurs, et d’autres non moins bonnes sur Alexandre et Charles XII. L'auteur d’Anacharsis étoit son ami, le même âge, les mêmes goûts, les mêmes vertus les unissoient ensemble ; lorsque nous le perdimes il y à trois ans, Nivernois fut ( 266 ) le premier à jetter des fleurs sur sa tombe. Il composa son éloge sous le titre modeste d'Essar. Ce vieillard aimable conserva jusqu’à ses derniers momens , cette singuliere facilité de pensée et de composition qu’il s’étoit acquise dans plusieurs genres. On sait que pendant sa détention qui dura quatorze mois, il étoit continuellement occupé, soit à Lerminer sa traduction de Richardet, soit à continuer celle de l’Arioste qu’il avoit en- treprise. Il a fait pendant ce tems plusieurs fables et des chansons agréables pour ses compagnes d’infortune. 11 ne paroissoit ni inquiet ni affligé; aux heures de ses délas- semens, il jouoit an palet avec les autres prisonniers, sans distinction de talens et d'état; il ne parloit jamais des malheurs publics, et ceux qui lui étoiïent particuliers n’altéroient point la tranquillité de son ca- ractere. Il paroit que les chagrins les plus vifs qu'il éprouva , furent la perte successive et tres-rapprochée de deux femmes qu’il avoit épousées consécutivement et de deux de ses enfans. Par une singularité assez bi- zarre, il avoit véeu cinquante-un ans avec sa première femme, et ne conserva la se- (367.9 conde que cinquante-un jours. Il ne lui res- toit qu'une fille, la citoyenne Brissac, ab- sente pour cause de maladie , et dont il avoit le malheur d’être séparé depuis long-tems. Il est probable que ses chagrins intérieurs avancérent sa fin, qu'un régime sévère. au- quel il s’étoit astreint, pouvoit éloigner à légal de celle de Fontenelle, avec lequel il avoit plusieurs traits de ressemblance. Il con- serva sa tranquillité jusqu’au dernier mo- ment. T'out le monde connoit la lettre et les vers qu'il adressa au citoyen Caille, son médecin, le jour de sa mort. Il ÿ témoignoit le desir de mourir dans ses bras, et ce vœu fut exaucé, car il ferma les yeux pour tou- jours, au moment où le citoyen Caille aidoit à le transporter sur son lit. Ainsi finit à quatre-vingt - deux ans , ce philosophe aimable, qui passa sa vie à faire des heureux, et qui dût sans doute l'être lui-même, si la conscience d’une ame pure peut contribuer au bonheur. 11 est probable qu'il avoit eu son caractère en vue dans les vers qui terminent une de ses plus jolies fables, celle de /a Mort et du Vieillard ; il fait dire à ce dernier : De l'heure où vous deviez venir, Je n'eus jamais aucuge inquiétude ; ( 268 ) Jamais crainte de l'avenir Ne m'aitroublé; ma seule étude Fut de prendre le tems comme il vient ; d'en jouir Sans passion ct sans sollicitude , Emportement ni repentir. J'ai pris de tout avec mesure , Et je n'ai de rien abusé; Toujours le corps sain, l'ame pure, Je n'ai jamais, à la nature, Rien demandé ni refusé, EnsNs PARLE Dis MA TL ÉLRE S Contenues dans les Rapports généraux des travaux de la Société Philomathique , depuis son établissement jusqu’au 1° Janvier 1792. Âcipes. Dissertation sur les mots acide, alkali, et terre, par le citoyen Brongniart. page 81. — Minéraux. Observa- tions sur la concentra- tion et la pureté des acides minéraux , par les cit. Fourcroy et Vauquelin. 181. — Ni- treux. Expériences de M. Milner, pour for- mer de l’acide nitreux , en faisant passer de l'ammoniaque dans un tube de fer rougi et rempli de manganèse, par les citoyens Seguin, uquelie et Silvestre. 214 — Nirique. Expé- ÂGRIGULTURES riences sur la formation de l’acide nitrique et sur celle de l’amimonia- que , par les cit. Bron- gniart , Vauquelin et Seguin. 77. — Prus- sique. Mémoire sur la formation de l'acide prussique, par l’action de l'acide nitrique sur les substances végétales, ar le cit. Bouvier. 85. — Sulfurique. Expé- rieucessur l’oxigénation prétendue de l'acide sul- furique par l’oxide de manganèse, par les cit. Vauquelin et Bouvier. 78. Mémoire (270) sur les moyensde rendre les curés de campagne utiles à l’agriculture , par le cit. Guilbert. 109. — Observations sur les abus qui s'opposent aux progrèsde l’agriculture, par le cit. Silvestre. 22. Azsinos. Mémoire sur les Albinos , par le citoyen Berlinghieri. 165: ALIMENS. Mémoire sur les qualités que la coc- tion donne aux alimens de l’homme , pour être digestibles, par Le cit. Brongniart. 53. Am8rEe. Mémoire sur l’ambre gris, par le cit. d’Andrada. 164. Ammo nr AQU E+Expé- riences sur Ja forma- tion de l'acide nitrique et sur celle de l’ammo- niaque , par les citoyens Brongniart, Vauquelin et Seguin. 77. ; AxpRAbA ( le citoyen d’° ). Essais sur la fabrication économique des cha- peaux. 156, Mé- moire sur le crotalus horridus ; ou serpent à sonneLles. 1644=- Mém. sur l'ambre gris. 164, Ancine. Histoire d’une angine épidémique ob- servéé à Saint-Cyr, par le citoyen Audirac. 57. AnyriMoixe. l'raduction de la dissertation de Bergmann , sur l’anti- moine, par le citoyen Vauquelin. 83. Anus. Rapport sur l’ou- verture d’un enfant né sans anus, par le cit. Dumas. 04. ArRGiLze Mémoire sur des argiles d’une forme réguliere, observées à Argenteuil, par le cit. Romain Coquebert.166. ArRosEmEN Tr. Mémoire sur l’art des arrosemens , par le citoyen Silvestre. 110. ArTÉRIEL. Extrait de l’ou- vrage de Robinson, sur l'opposition du systême artériel et du systéme cellulaire , par le cit. Audirac. 35. Aspuix1E. Expériences sur l’asphixie, par les cit. Bellot, Vié, Riche et Silvestre. 0b. Arrracrion. Mémoire sur la théorie de Fat- traction et de lop- tique de Newton, par le citoyen Ménard. 95. Awuprrac. (le citoyen ). Mémoire sur les com- binaisons de la chaleur. 15. — Description des bains de Cotteret. 13. = Extrait de l’ouvrage de Robinson, sur l’op- position du système ar- # ( 2791) tériel et du système cel- lulaire. 35. — Essai sur la chaleur animale. 55. — Plan d'expériences sur la physiologie. 56. — Dissertation sur les jempéramens classés d’a- rés la mméthede de Stalh. 57. — Extrait du Mémoire de M. Vou- lonne , sur la médecine expectante et agissante , 37. — Histoire d’une angine épidémique ob- servée à Saint-Cyr. 37. - - Notice sur la vie du citoyen Audirac , par le citoyen Riche. 151. B BazAnce naturelle. Ou- vrage sur la balance na- turelle, par le citoyen Lasalle, 200. Bayen. Notice sur la vie et les ouvrages du cit. Bayen, par le citoyen Silvestre. 2. Bézrer. Dissertation sur le bélier , traduite des améiités académiques de Linné, par le cit. Riche. 26. Bezzor. Mémoire sur la silualion des viscères dans la cavité de l’abdo- men. 29. — Mémoire sur la nutrition. 50. —— Mémoire sur la sangui- fication. 35. — Traduc tion des Primæ Lin- neæ d'Haller. 55 — Mémoire sur la rage et sur son traitement, 58. — Rapport sur l’ouver- ture de deux cadavres. 95. — Expériences sur l'asphixie. 95. Mé- moire sur les secrélions. 101. — Observations anatomiques sur un hy- drophobe. 199. — Ob- servations sur une phti- sie pulmonaire , sans suppuralion. 200. — Mémoire sur une tu- meur avec Crépitalion. 92. — Mémoire sur le mouvement musculaire 200. — Rapport sur un anévrisme à la crosse de l'aorte. 200. Rapport sur un fœtus trouvé dans une des trompes de la matrice. — 201. Ob- servations sur un yo/- vulus causé par le rétré- cissement du canal in- teslinal. 209.— Rapport sur une affection rhu- malisinte, guérie par l'application du moxa. 209. — Observation sur le principe colorant du sang. 189. — Extrait de l'ouvrage de Rœsel ,sur les grenouilles. 185. — Observations sur une funmne qui boit une voie BouLANGER. ( 272) d’eau par jour. 166. Ber1inGuiEnri(le citoyen). Histoire d’une maladie éruptive qui présente les symptômes de la pe- tite-vérole. 105. — Mé- moire sur la théorie des fièvres. 106. — Mé- moire sur les Albinos. 165.— Expériences re- hatives à la génération des grenouilles. 191. — Considérations sur les causes et le traitement du scorbut. 200.— Rap- port de diverses thèses. des cit. Dorthes, Berthe et Vigarous. 210. ‘Buancuimenr. Expérien- ces sur le blanchiment des toiles, par lacide muriatique Ooxigéné par les citoyens Vau- ae Brongniart et ilvestre. 17. BLavienr( le citoyen ). Voyage en Normandie et en Bretagne. 147. Boisson. Observations sur une femme qui boit une voie d’eau par jour, ar les cit. Brongniart et Bellot. 186. | Description de l’art du boulanger, par le c. Brongniart. 23. Bownanp. Solution d’un problème de mécani- que. 169. Bourxow. Notice sur les recherches de M. Bour- non, relativement à la lithologie des environs de Saint - Etienne en Forez , par le citoyen Silvestre. 13. Bouvier. Expériences sur l’oxigénation pré- tendue de l'acide sulfu- rique, par l’oxide de manganèse. 78. — Mé- moire sur la formation de l'acide prussique, par l'action de l'acide nitrique , sur [es ma- uères végétales. 85. — Analyse du Fucus hel- mentocorton. 86. — Analyse de la coraline. 87. — Analyse d’une liqueur connue sous le nom de Régénérateur universel. 87. — Mé- moire sur les procédés usités dans le Calvados, pour extraire le sel des eaux de la mer: 88. —— Voyage dans les dépar- temiens méridionaux. 148 et 151. = Mémoire sur les vignes et prairies du département de lPAr- riége. 154. — Descrip- tion de- la fontaine brû- lante, située pres de Grenoble. 168. — Mé- moire sur la mine üe fer d'Allward. 183. Broncxrarr ( le citoyen ). Expériences sur le blan- chiment ( 273 ) chiment des toiles, par l’acide muriatique oxi- géné. 17. — Descrip- tion de l'art du bou- langer. 25. — Mémoire sur les qualités que la coction donne aux ali- mens de l’homme, pour être digestibles. 39. — Expériences sur la for- mation de l'acide ni- trique, et sur celle de Vammoniaque. 77. — Expériences sur la dé- composition des sulfates de soude et de potasse, par le gaz hydrogène. 78. — Dissertation sur les mots acide, alkali, et terre. 81. — Mé- moire sur l’émaillage. 89. — Observations sur l’art d'extraire le gou- dron du charbon de terre. 195. — Voyage en Angleterre. 147. — Observations sur une femme qui boit une voie d’eau par jour. 186. —— Expériences relatives à la génération des gre- nouilles. 191.— Mémoi- res sur les différences organiques et myologi- ques, quiexistentenire l'homme et diverses es- pèces de singes. 197. — Observations sur un squirre au pylore, joint aun état carcinomateux du foie. 198. BrovaL (le citoyen) Mé- moire sur l'emploi et les avantages des mé- thodes analytiques et sinthétiques dans les mathématiques. 8. -— Extrait de la mécanique analytique du citoyen Lagrange. 8. — Essais sur l'application de la niécanique aux corps organisés. 7 4. Obser- valions sur la manière de cultiver la vigne dans le département de la Haute-Marne. 150. —- Observations sur la cause de l'ascension de la sève dans les arbres. 171. — Analyse de la dynamique , partie de l'architecture hydrau- lique du cit.Prony.172. _- Solution d’un pro- blème de mathémati- ques. 171. C CAcHExIE séreuse. Rap- port sur l'ouverture d’un enfant mort d’une cachexie séreuse, par le citoyen Bellot. 93, Cazcuz. Examen du cal- cul pole » par le citoyen Vauquelin. 181. CarenDrier. Projet de ca- lendrier pour les agri- S (274) culteurs et les natura- listes, par le citoyen Riche, 26. Cazorique. Mémoire sur les moyens de déter- miner le zéro réel du calorique , par le cit. Seguin. 18. Campnre. Mémoire sur l'emploi du camphre, dans le traitement de diverses maladies, par le citoyen Marsillac. 206. CanTHarines. Mémoire sur l'effet des cantha- rides, par le citoyen Dumas. 100. CaourcHouc. Observa- tions sur le suc laiteux du caoutchouc, par les citoyens Fourcroy et Vauquelin. 84. Carie. Rapport sur l’ou- verture d'un homme mort à la suite d’une carie qui avoit détruit sa seconde vertebre cer- vicale, par le citoyen Bellot. 93. Casse. Mémoire sur l’ana- lyse de la casse, par le citoyen Vauquelin. 83. CxzLuzaire. Extrait de l'ouvrage de Robinson, sur l'opposition du sys- téme artériel et du sys- téme cellulaire, par le citoyen Audirac 55.— Méinoire sur l’endur- cissement du tissu cel- lulaire , par le citoyen Lucas , 202. Cerce. Essais sur les pro- priés du cercle, sur a quadrature de lel- lipse , et sur son appli- cation au problème de J’anomalie, par le cit. Menard. 76. Cnazeur. Mémoire sur les combinaisons de la chaleur , par le citoyen Audirac. 35. — Expé- riences relatives à l’ac- tion électrique de la chaleur , par le citoyen Silvestre. 173. . Cnareaux. Essais sur la fabrication économique des chapeaux, par le cit. d'Andrada. 156. Cuarre ( le citoyen ). Ex- périences sur la décom- osition de l’eau par Pétincelle électrique. 10. , Carson de terre. Obser- vation sur lart d’ex- traire le goudron du charbon de terre, par les citoyens Brongniart et Lamotte, 183. Cuariré. Mémoire sur les maladies qui ont régné en 1790 à la Charité de Paris, par le citoyen Bellot. 210. Czassrricarion. Considé- ration générale sur la ( 275) classification des êtres naturels, par le citoyen Riche. 26. Cocnow. Mémoire sur l’u- tilité des cochons, et l’art de les engraisser , par le citoyen Guilbert. 110. Cocrion. Mémoire sur les qualités que la coction donne aux alimens de l’homme, pour être di- gestibles, par le cit. Brongniart. 33. Cour. Notice sur un cœur monstrueux, du poids de deux livres, par le cit. Vauquelin, 203. — Mémoire sur les maladies du cœur, par les citoyens Vié, Bron- gniart et Robillard. 203. CoQuirraces. Exposition du nouveau systême de Bruguières sur les co- quillages , comparé avec ceux de Linné et d’A- danson , par le cit. Geof- froy. 24.—Mémoire sur les parties externes des animaux, des coquilla- ges , parle c. Riche. 26. CorazziNe. Analyse de la coralline, par le cit. Bouvier. 87. Correrers. Description des bains de Cotterets, par le citoyen Audirac, 13. Coureuvrr. Mémoire sur l'anatomie du coluber natrix, par le citoyen Riche. 205. CrorTazus. Mémoire sur le crotalus horridus , par de cit. d’Andrada. 164. CrorTon sebiferum. Ob- servations sur les pro- priétés émétiques et dangereuses du croton sebiferum par Île cit. Vauquelin. 17. Coquesertr ( Romain, le citoyen ). Mémoire sur des argiles d’une forme régulière observées à Argenteuil. 166 — Mé- thode de construction graphique, pour mettre en perspective un genre de surface courbe. 168. — Solution d’un pro bléme de mathémati- ques. 169. D Darrres. Analyse du traité de Poupart , sur les dar- tres, par le cit. Vié, 57. Dereyre. Notice sur la vie et les ouvrages du citoyen Deleyre , par le citoyen Silvestre. 247. Dérôr. Description d’une maladie occasionnée par un dépôt au foie, par le cit. Robillard. 202. S 2 ( 276 ) Dicesrion. Expériences sur la respiration , la transpiration et la di- pen » Par le citoyen eguin. 186. Dumas( le citoyen }. Rap- port sur l'ouverture d’unenfantné sansanus. 04- — Mémoire sur l’ef- _fetdes cantharides. 100. — Dissertations pour le concours d’une chaire de professeur à Mont- pellier. 1o1. ÉLecrrornore. Notice sur une électrophore papy- racé, par le citoyen , Silvestre. 11. Emuzzace. Mémoire sur l'émaillage , par le cit. Brongniart. 89. EnGrais. Expériences sur l'effet des sels employés comme engrais par le . citoyen Silvestre. 158. É»ée (le citoyen del). Essais sur la vie et les ouvrages de l'abbé de l'Epée, par le citoyen E . Riche. 39. EÉp»rversie. Recherche sur l'épilepsie, par le cit. . Vié, 204. Eragre. Mémoire sur les Éau. Expérience sur la décomposition de l’eau , par l’étincelle électri- que, par les, citoyens Chappe et Silvestre. 10. — Expériences sur la composition de l’eau par les citoyens Fourcroy , , Seguin et Vauquelin. ÆLEcTRIGITÉ. Expériences pour reconnoitre l'in- fluence de l'électricité artificielle dans la végé- tation, par le citoyen Silvestre. 173. — Effet de l'électricité dans le traitement de l’épilep- sie , par les citoyens . Vié et Audirac. 205. EvecrriQue. Expériences relatives à l’action élec- trique de la chaleur, par le cit. Silvestre. 173. moyens de naturaliser en France l’érable à su- cre, par le cit. Marsil- : lac. 150. ÉrinceLzLesélectriques. Expériences sur la dé- composition de l’eau par l’étincelle électrique , par les citoyens Chappe et Silvestre. 10, — Ex- périences sur la forma- tion de l'acide nitreux, par l’étincelle électri- que, par les citoyens Vauquelin , Riche et , Silvestre. 11. Êrres naturels. Considé- rations sur les êtres na- turels réguliers , classés par leurs parties inté- ( 277 ) rieures ; par le citoyen Riche. 160. Euniomirre. Eudiomètre phosphorique du cit. Seguin. 180. F Fasricrus ( le citoyen ). Mémoire sur l’hiberna- tion des animaux. 150. Féconparion. Fécondation artificielle des œufs de grenouille, par les cit. Brongniart, Robillard, Berlinghieri et Silves- tre. 102. Femme. Mémoire sur une femme qui boit une voie d’eau par jour , par les citoyens Brongniart et Bellot. 186. Fer. Expériences ten- dantes à trouver les causes de la formation du fer de l'ile d’'Elbe, par le cit. Vauquelin. 181. Mémoire sur la mine de fer d'Allward, par le cit. Bouvier. 183. Fièvres. Mémoire sur la théorie des fièvres, par le citoyen Berlinghieri. 106. Fosrus. Mémoire sur la circulation du sang dans Je fœtus, par le citoyen Vié. 28. — Rapport sur un fœtus trouvé dans une des trompes de la matrice , par le citoyen Bellot. vor. Force. Observations sur un squirre au pylore, joint a un état carcinomateux du foie , par les citoyens Brongniart et Bellot. 198. — Mémoire sur une maladie du foie, par le citoyen Guilbert. 199: Fonraine. Description de la fontaine brülante, située près de Greno- ble ;, parle cit. Bouvier. 168. Force. Mémoire sur la force de l’homme, et les efforts dont il est capable, lorsqu'il est employé à mouvoir des . machines, par le cit. Garnier. 172. Fourcroy. Extrait d’un Mémoire sur l'analyse du quinquina de Saint- Domingue. 14. — }:x- périences sur la com- position de l’eau. 78. = Observations sur le suc laiteux du caout- chouc. 84. — Examen chimique des larmes et du mucus des narines. 174. —Observationssur la concentration et la pureté des acides miné- raux. 192. FrRacrure. Détail sur une fracture de la tête S 3 ( 278 ) de l'os des îles, par le citoyen Vié. 202. G Garnier ( le citoyen ). So- lution d’un problême de mathématiques. 171. — Mémoiresur la force del’homme,etles efforts dont il est capable, lors- qu'il estemployé à mou- voir des machines, 172. — Analyse de la partie hydrostatique de l'ou- vrage du cit. Prony, sur Parchitecture hy- draulique. 172. GÉnéraTion. Mémoire sur la génération des animaux, par les cit. Marsillac et Vié. 185. — Expériences relati- ves à la génération des grenouilles ; par les cit. Berlinghieri , Robil- lard , Brongniart et Sil- vestre. 191. Gxorrroy ( le citoyen }. Exposition du nouveau systéme de Bruguières, sur les coquillages , comparé avec ceux de Linné et d’Adanson. 24. Gzanpes. Examen chimi- que d’une pétrification des glandes surrénales d’un chat, par le cit. Vauquelin. 181. Goupronx. Observations sur l’art d’extraire le goudron du charbon de terre , par les citoyens Brongniart et Lamotte. 195. Graines. Essais sur les se- mis de graines , avant leur maturité, par le citoyen Silvestre. 157. Grenouizze. Extrait de l'ouvrage de Ræsel , sur les grenouilles, par le citoyen Bellot. 155. — Expériences relatives à la génération des gre- nouilles, par les cit. Berlinghieri , Robil- lard, Brongniart et Sil- vestre. TOI. Grew. Exposé des décou- vertes de Grew, sur l’anatomie des plantes, par le citoyen Riche. 26. Guisserr. Description du nerf sciatique , sur le plan du traité du doc- teur Joerdens. 27. — Description des cavités de la poitrine et du bas- ventre , ouvertes par derrière, d’après Lud- wig. 27. — Mémoire sur les secrétions en gé- néral, 20. — Plan d’ex- périences sur la physio- logie. 56. — Analyse de l'ouvrage de Morgagni, sur le siége et la cause des nildiése Sc ( 279 ) Observations sur un mémoire relatif a la lu- mière , par le père Mal- lebranche. 75. — Ob- servations sur un mé-— noire de Homberg, re- latif aux sels volatils, contenus dansles acides. 82. — Mémoire sur les moyensde rendre les cu- rés de campagne utiles a l’agriculture. 109. — Mémoire sur l'utilité des cochons et l’art de les engraisser. 110. — Description topogra- phique du canton de Montlhéry. 149. — Mé- moire sur l’avantage des ruches et l’extension de leur culture. 150. — Mémoire sur une mala- die du foie. 199. —Rap- port sur l'ouverture d’un sujet mort de la phtisie pulmonaire.203. Mémoire sur les moyens de neutraliser les miasmes putrides. 208. — Observation sur l'emploi du muriate calcaire dans les mala- diesmésentériques.209. H Hizrenr. Traduction d’une partie de lou- vrage de Haller , intitu- lé: Prima Linneæ phy- siologicæ, par le cit. Bellot. 35. Hecmenrocorron. Ana- lyse du fucus Helmen- tocorton, par le citoyen Bouvier. 86. Hernie. Description d’une hernie de la membrane interne de la vessie, par le citoyen Robillard. 202. Herscez. Notice sur le grand télescope de M. Herschel. 9. HiserNATION. Mémoire sur l’hibernation desani- maux ; par le citoyen Fabricius. 159. Hovrarn. Recherches sur la vie et les ouvrages de M. Howard, par le cit. Riche. 115. HyprRAULIQUE. Analyse du 1° volume de l’archi- tecture hydraulique du citoyen Prony , par les citoyens Menard , Bro- val et Garnier. 172. HyprorHo8E. Observa— tions anatomiques sur un hydrophobe, par le citoyen Bellot. 199. J Icuneumon. Description de l’ichneumon-hem;p- teron, par le cit. Riche. 162. Insecres. Observations sur SL ( 280 ) la respiration des in- sectes et des vers, par le citoyen Vauquelin. 189. Jarnin. Dissertation sur la culture des jardins de botanique, par le citoyen Riche. 26. L LacranGE ( le citoyen ). Extrait de la mécanique analytique du citoyen Lagrange, par le cit. Broval. 6. Laïn ( le cit. ). Solution de plusieurs problèmes de mathématiques et de mécanique. 170+ Lamorre( le citoyen ). Expériences deW alker, sur les refroidissemens artificiels. 12. — Obser- vations sur la méthode de Dundonal , pour extraire le goudron du charbon de terre. 184. Larmes. Examens chimi- ques des larmes et du mucus des narines , par les cit Fourcroy et Vauquelin. 147. Lanves. Exposition d’un système des larves des insectes , par le citoyen Riche. 162. Lépiporrères. Rapport d’un mémoire sur les lépidoptères et les dip- tères , par le citoyen Riche. 163. Lrruovocre. Notice sur les recherches de M. Bour- non, sur la lithologie des environs de Saint- Etienne en Forez, par le citoyen Silvestre. 13. Lucas. Mémoire sur l’en- durcissement du tissu cellulaire. 202. — No- tice sur lJ’extracüon d’une tête de veau qui avoit séjourné deux ans dans la matrice d’une vache. 202. Lumière. Observations sur un mémoire du père Mallebranche , relauf à la lumière, par le cit. Guilbert. 75. Luxarion. Observations sur des luxations du pouce de la main et du pied , avec issue de l’as- tragale à travers la peau. 202. Lyonwner. Recherches sur la vie et les ouvrages de Lyonnet, par le citoyen Riche. 26. ‘ M Macuine pour l’arrosage des jardins potagers, par le cit. Silvestre. 110. Maïs. Mémoire sur la cul- ture du mais, par le citoyen Silvestre. 110. ( 281) Marais. Analyse de l’ou- vrage de Morgagni, sur le siége et la cause des maladies, par le citoyen Guilbert. 58 — Essai d’un systémenaturel des maladies, par le citoyen Riche. 2083 — Mé- moire sur les maladies qui ont regné en 1790, à la Charité de Paris par le citoyen Bellot. 210. Maronnier d'Inde. Avan- tages qu’on pourroit re- tirer des fruits du mar- ronnier d'Inde, par le citoyen Silvestre. 22. Manrsizzac ( le citoyen ). Mémoire sur la récolte et la préparation de l’orchis ( satyrion ). 154. — Mémoire sur les moyens de naturaliser en France lérable à sucre, d'Amérique. 156. — Mémoire sur la énération desanimaux. 185. — Mémoire sur l'influence de la méde- cine sentimentale et de la thérapeutique mo- rale. 205. — Mémoire sur l'influence des nar- coliques, dans le trai- tement de la petite-vé- role. 206. — Observa- tions sur l’emploi du camphre dans le traite ment de diverses mala- dies. 206. — Observa- tions sur le traitement de plusieurs individus attaqués de la rage. 207. — Exposé d’une méthode pour détermi- ner les différens carac— tères du pouls. 207. Marrinez (le citoyen ). Mémoire sur une nou velle maméere d’enlever les provisions d’une ru- che. 24. MarnémaTiques. Mé- moire sur l’emploiet les avaniäges des méthodes analytiques et sinthéti- ques dans les mathéma- tiques , par le citoyen Broval. 8. Marrice. Description ana- tomique de la matrice de la chatte avec son fœtus, par le citoyen Vié. g. 28. — Rapport sur un fœtus trouvé dans une des trompes de la matrice, par le citoyen Bellot. 207. Mécanique. Extrait de la mécanique analytique du citoyen Lagrange, par le citoyen Broval. 8. — ‘Essai sur l’applica- tion de la mécanique aux Corps organisés , par le cit. Broval. 74. — Ouvrage du citoyen Lasalle, sur la méca- nique morale. 206. — X ( 282) Solution de plasieurs problèmes de mathé- maliques et de méca- nique , par les citoyens Coquebert, Bonnard, Lair et Garnier. 169, 170 et 171. Mépecine. Extrait du mé- moire de M. Voulonne, sur la médecine expec- tante et agissante, par le citoyen Audirac. 57. — Sur l'influence de la médecine sentimentale et de la thérapeutique morale , par le citoyen Marsillac. 205. Mevarp (le citoyen ). Mé- moire sur la théorie de l'optique et de l’attrac- tion de Newton. 75. — Essai sur les propriétés du cercle, sur la qua- drature de l’ellipse , et sur son applicauon au problème de l'anomalie. 76. — Mémoire sur la communication du mouvement, et les cir- constances les plus géné- rales qui accompagnent le choc. 76. Analyse de la statique, partie de l'architecture hy- draulique du citoyen Prony. 172. Mewsrruez. Mémoire sur le flux menstruel, par le citoyen Vié. 50. MésenTériQues. Obser- vation sur l'emploi du muriate calcaire dans le traitement des maladies mésentériques , par le citoyen Guilbert. 209. MÉTÉOROLOGIE. Projet d'expériences sur la mé- téorologie, par le cit. Riche. 9. Mérnonre. Mémoire sur l'emploi et l'avantage des méthodes analyti- ques et sinthétiques , dans les mathématiques, par le cit. Broval. 8. Mrasmes. Dissertation sur les moyens de neutrali- ser les miasmes putrides. par le citoyen Guilbert. 208. Macroscoriques. Observa- tions sur Îies animaux microscopiques des en- virons de Paris , par le citoyen Riche. 91. Mrurière ( le citoyen ). Observation sur la trans- formation du schorl en amianthe. 90. Monsrre. Rapport sur deux enfans mons- trueux, par le citoyen Silvestre. 203. MoraAzr. Mémoire sur l'influence de la méde- cine sentimentale et de thérapeutique orale , par le citoyen Marsillac. 205. Mouuns. Description de ( 283 ) différens moulins à bras etàa pédales, par le cit. Riche. 8. Mouvemenr. Mémoiresur la communication du mouvement et les cir- constances les plus gé- nérales qui accompa- gnent le choc, par le citoyen Ménard. 76. — Mémoire sur le mouve- ment musculaire, par le citoyen Bellot. 200. Moxa. Rapport sur une affection rhumatisante , guérie par l’application du Moxa, par le cit. Bellot. 209. Mucus des narines. Exa- men chimique des lar- mes et du mucus des narines, par les cit. Fourcroy et Vauquelin. 174. Muscuzarre. Mémoire sur le mouvement muscu laire, par le citoyen Bellot. 200. N NarcorTiQuEe. Mémoire sur l'influence des narcoti- ques dans le traitement de la petite - vérole, par le citoyen Marsillac. 206. Nerres. Description du nerf sciatique , sur le plan du traité du doc- teur Joerdens, par le citoyen Guilbert. 27. Niverwois. Notice sur la vie et les ouvrages du citoyen livernois , par le citoyen Silvestre. 255. Nurririow. Mémoire sur la nutrition , par le cit. Bellot. 304 O OrPrique. Mémoire sur la théorie de l'optique de Newton, par le citoyen Ménard. 75. On. Observations sur l'or dans ses combinaisons chimiques, par le cit, Vauquelin. 180. Orcmis. Mémoire sur la récolte et la prépara- tion de l’orchis sati- rion, par le citoyen Marsillac. 154. Oxicine. Sinthesis oxige- nil, experimentis COn- Jirmata , par le citoyen Schurer. - Analyse de l'ouvrage intitulé : Sin- thesis oxigenit, par le citoyen Vauquelin. 84. P Pazzas. Extrait du voyage de M. Pallas en Sybérie, par le citoyen Silvestre. 3. ( 284 ) ParmenTiER. Rapport sur les travaux du citoyen Parmentier, par le cit. Silvestre. 213. Peuverier. Notice sur la vie et les ouvrages du cit. Pelletier, par le citoyen Silvestre. 24r. Perir (le citoyen). Mé- moire sur la méthode anglaise de former les prairies. 22. — Extrait d’un ouvrage anglais de geans Le Reid , sur la phtisie. 36 Pérriricarion. Examen chimique d’une pétrifi- cation des glandes sur- rénales d’un chat, par le citoyen Vauquelin. 181. PuysroLoGre. Plan d’expé- riences sur la physio- logie, par les citoyens Guilbert et Audirac. 36. Puuiste. Extrait d’un ou- vrage anglais de Reid, par le citoyen Petit. 36. — Observations surune phtisie pulmonaire sans suppuration ,; par le citoyen Bellot. 200. —- Rapport de l’ouverture d'un sujet mort de la phuisie pulmonaire, par le citoyen Guilbert, 209. Pierre. Observation d’une pierre formée dans la vessie, autour d’une : PLAIES. épingle noire, par le citoyen Vié. 20°. Pissenzir vulgaire em- ployé à la nourriture des vers à soie, par le citoyen Silvestre. 22. Observations sur des plaies occasionnées par des coups d'épée, par le citoyen Robil- lard. or. Pranres. Observations sur des plantes , dont la transpiration est véné- neuse, par le citoyen Silvestre. 22. — Lisser- tation sur l'habitation des plantes, par le cit. Riche. 26. Puive. Observations sur les ouvrages de Pline, par le citoyen Riche. OL. Poires. Examen du calcul des poires, par le cit. Vauquelin. for Poissons. Mémoire sur la respiration des poissons, par le citoyen Silvestre, 194. Porrrinr. Description des cavités de la poitrine et du bas-ventre , ouvertes ar derrière, d’après mur y par le cit. Guilbert. 27. Pouzes. Anatomie des vis- cères de la poule, par le citoyen Robillard. 201. ( 285 ) Pouzs. Exposé d’une mé- thode, pour détermi- ner , a l’aide d’une mon- tre , les différens carac- tères du pouls, par le citoyen Marsillac. 207. {dem , par la vibration des cordes d’instrumens de musique , par le cit. Riche. 207- Poumons. Mémoire sur les poumons , considérés dans les différens âges, et dans les diverses classes d'animaux, par le citoyen Robillard. 201. Prairies. Mémoire sur la méthode anglaise, de former des prairies , par le citoyen Petit. 22. — Mémoire sur les vi- gnes el prairies du dé- partement de l’Arriége, par le citoyen Bouvier. 154. Prix proposé par la So- ciété, pour déterminer, d’après l'examen , des végetaux spontanes , quels sont ceux qu’on peut cultiver utilement.” 119 Q Quinquina. Extrait d’un mémoire du citoyen Fourcroy , sur l'analyse du quinquina de Saint- RÉFROIDISSEMENT. Domingue, par le eit. Vauquelin. 14. R Race. Mémoire sur la rage et sur son traite ment ,; par le citoyen Bellot. 58. — Rapport sur l'ouverture d’une femme morte delarage, par le citoyen Vié. 94. — Observations sur le traitement de plusieurs individus attaqués de la rage, par le citoyen Marsillac. 207. Expé- riences de Walker, sur les réfroidissemens arti- ficiels, par le citoyen Lamotte. 12. RÉGÉNÉRATEUR universel. Analyse d’une liqueur connue sous le nom de régénérateur universel, pe le citoyen Bouvier. Te Respirarion. Expériences sur la respiration , la transpiration , et la di- gestion , par le citoyen Seguin. 186. — Obser- vation sur la respiration des insectes et des vers, ar le citoyen Vauque- fn. 189. — Mémoire sur la respiration des poissons , par le citoyen Silvestre. 194. ( 286 ) Fucne. ( le citoyen ). Pre- mier rapport des tra- vaux de la Société. 1". — Description de diffé- rens moulins à bras et à pédales. 8. — Projet d'expériences sur la mé- téorologie. 9. — Expé- riences sur la formation de l’acide nitréux, par l’étincelle éléctrique. 11. — Recherches sur la vie et les ouvrages de Lionnet. 26. — Ex- posé des découvertes de Grew, sur lanatomie des plantes. 26. — Mé- mioire sur les parties ex- ternes des animaux , des coquillages. 26. — Considérations généra- les sur la classification des êtres naturels, 26. — Dissertation sur lPha- bitation des plantes, d’après la méthode de Linné. 26. — Disserta- tion sur le bélier, tra- duite des aménit. aca- dém. de Linné. 26. — Projet de calendrier pour les agriculteurs. 26. — Dissertation sur la culture des jardins de botanique. 26. -— Dis- Sértation sur l'influence de chaque sens dans la génération. 56. — Essai sur la vieet les ouvra- ges de l'abbé de l'Épée. 39. — Essai sur les trombes ou chûtes d’eau ventilatrices. 76. -— Ob- servations sur les ou- vrages de Pline. gr. — Observations sur les ani- maux microscopiques des environs de Paris. 91. -—- { xpériences sur lasphixie, 95. — Re- cherches sur la vie et les ouvrages de M. Ho- ward. 115. — Notice sur la vie du citoyen Audirac. 131.— Moyen de garantir les plantes de la gelée, par des treillages. 157. Considérations sur les êtres naturels réguliers, classés par leurs parties intérieures. 160. — Ex- position d’un systême des larves des insectes. 162. — Description de Vichneumon hemipte- ron. 162: == Rapport d’un mémoire sur les ressorts des lépidoptères et des diptères. 167. — Observations zoolitho- logiques faites aux envi- rons de Paris. 166. —— Mémoire sur l’anatomie du coluber natrix. 203. — Méthode pour déter- miner, par le moyen des instrumens à corde, les caractères du pouls. 207. — Essai d’un sys- { 287) tème naturel des mala- dies. 208. -— Rapport sur diverses thèses des citoyens Dorthes, Ber- the et Vigarous. 200. Aanalyse de la corona floræ Donspeliensis. 211. Raumarisme. Rapport sur une affeciion rhuma- tisante , guérie par l’ap- plication du moxa, par le citoyen Bellot. 209. Rosizzarn. ( le citoyen ). Mémoire sur les pou- mons, considérés dans les différens âges et dans les diverses classes d’ani- maux.201.-- Anatomie des viscères de la poule. 201. —-— Observations sur des plaies occasion- nées par des coups d’é- pée. 201. — Observa- tions sur des Juxations du pouce de la main et du pied , avec issue de l’astragale à travers la peau. 202.— Lescrip- tion d’une maladie oc- casionnée par un dépôt au foie. 202. —- L'es- cription d’une hernie de la membrane interne de la vessie. 202. Rucue. Mémoire sur une nouvelle manière d’en- lever les provisions d’uue ruche, par le cit. Marunel. 24. Rucuer, Mémoire sur l’a- vantage des ruchers, et l'extension de leur cnl- ture, par le cit. Guil- bert. 150. S Sazer , fécule de l’orchis (satyrion ), subtituée au salep, par le cit. Marsillac. 154. Saze ( le citoyen de la ). Ouvrage sur la balance naturelle et sur la mé- Canique morale. 206. Sazrêrre. Méthode pour reconnoître les quan— ütés de nitre, de sel marin et d’eau - mère, contenus dans les salpé- tres bruts, par le cit. Vauquelin. 178. SANG. Mémoire sur la cir- culation du sang dans le fœtus , par le citoyen Vié. 28. —- Observation sur le principe colorant du sang, par le citoyen Bellot. 183. SANGUIFICATION. Mémoire sur la sanguification, par le citoyen Bellot 55. ScHorz. Mémoire sur la transformation du schorl en amianthe, par le citoyen Millière, 90e Scuurer. ( le citoyen ). Sinthesis oxigenit ex- perirmentis confirmata. 10. ( 288 ) ScorsurT. Considérations citoyen Guilbert. 8». sur les causes et le trai- SELS. Mémoire sur les tement du scorbut , par le citoyen Berlinghieri. 210. Secrérion. Mémoire sur lessecrétions en général, par le cit. Guilbert. 29. — Mémoire sur les se- crétions , par le citoyen Bellot. 101. Secuin ( le citoyen ). Mé- moire sur les moyens de déterminer le zéro réel du calorique. 18. — Expériences de M. Milner pour former de l'acide nitreux, en fai- sant passer de l’anmo- niaque dans un tube de fer rougi et rempli de manganeése. 21e ——— Expériences sur la for- malion de lacide ni- trique et de l’ammo- niaque. 77. — Expé- riences sur la décompo- sition des sulfates de soude et de potasse , par le gaz hydrogène. 78. — Expériences sur la composition de l’eau. 78. — j'xpériences sur la respiration , la trans- piration ei la digestion. 186. Sez volatil. Observation sur un mémoire de Homberg, relatif aux sels volatils contenus dans les acides, par le procédés usités dans le Calvados, pour extraire le sel des eaux de la mer ,; par le citoyen Bouvier. 88. — Expé- riences sur l'effet des sels eniployés comme engrais, par le citoyen Silvestre. 158. Sens. Lissertation sur l’in- fluence de chaque sens dans la génération, par le citoyen Riche. 56. Sive. Observations sur les causes de l’ascension de la sève dans les arbres, par le citoyen Broval. 171. Sirvesrre. (le citoyen ). Expériences sur la dé- composition de leau, par l’étincel'e électri- que. 110.— Notice sur un électrophore papi- racé. 11.— Expériences sur la formation de l’a= cide nitreux par l’étin« celle électrique. 11: — Mémoire sur la forma- tion des volcans et sur leursdifférens produits. 12.— Extrait du voyage de Pallas en Sybérie. 13. — hotice sur les recher- ches de M. Bournon, sur la lithologie des en- virons de Saint-Etienne en lorez. — Expé- riences sur le blanchi- ment ( 289 ) ment des toiles, par l’a- cide muriatique cxigé- né. 17. — Expériences de M. Milner, pour former de l'acide ni- treux , en faisant passer de l'ammoniaque dans un tube de fer rougi et rempli de manganese. 21. — Observations sur les expériences de M. Ingenhouz , relatives aux Végélaux. 21e — Observations sur la nourrilure des vers à soie ; sur différentes plantes dont la transpi- ration est vénéneuse ; sur l’emploidesfruitsdu maronnier d'Inde ;surle mémoire de la Société d'agriculture; sur les abus qui s'opposent aux progrès de l’écononue rurale. 22. Expé- riences sur l’asphixie. 95.— Mémoire sur l’art des arrosemens. 110. — Mémoire sur la culture du maïs. 110. -— Moyen de garantir les plantes de la gelée , par des treillages. 157. — Essai sur les semis de graines avant leur maturité. 158. — Expériences sur les sels employéscomme engrais. 158. — Expé-— riences relatives à l’ac- tion électrique de la chaleur. 175. — Expé- riences pour reconnoî= tre l'influence de l’élec- tricité artifiieile dans la végétation. 173. — Experiences relatives à la génération des gre= nouilles. 191. — Mé- moire sur la respiration des poissons. 104. — Rapport sur deux en- fans monstrueux. 203 — Rapport sur les tra- vaux du citoyen Par- mentier. 215. — Notice sur la vie et les ouvra= es du citoyen Bayen. 253. — Notice sur la vie et les ouvrages du cit. Pelletier. 241.—} otice sur la vie et les ouvra= ges du citoyen Deleyre. 247. -— Notice sur la vie et les ouvrages du cit. Fivernois. 255. S1NGE. Némoire sur les différences organiques et myologiques , qui existent entre l’homme et les diverses espèces de singes, par le, cit. Brongniirt. 107. SPERMATIQUE. Analyse de la liqueur spermatique de l’homme , par le cit. Vauquelin. 179. Squirre. Observations sur un squirre au pylore, par les citoyens Bron- gniart et Bellot. 108. Sucre. Mémoire sur les moyens de naturalisex T ( 290 ) en France l’érable à su- ‘'T'orocrapuiz. Description cre d'Amérique , par le citoyen Marsillac. 156. SuzrFaTes. Expériences sur la décomposition des sulfates de soude et de ee par les citoyens rongniart et Seguin. 78. Surrace. Méthode de cons- truction graphique, pour mettre en pers- pectve un genre de sur- faces courbes, par le cit. Romain Coquebert. 163. Sysérie. Extrait du voyage de M.Pallas en Sybérie, par le citoyen Silvestre. 14: gi M T'anrarix. Analyse du ta- marin du commerce, Fe le citoyen Vauque- in. 17. Tézescorr. Notice sur le grand télescope de M. Herschel. 9. Tempéramenr. Disserta- tion sur les tempéra- mens, classés d’après la méthode de Stalh, par le citoyen Audirac. 37. Tuises. Rapport de dis verses theses des ci- loyens Dorthes, Berthe et Vigarous , par les citoyens Riche et Ber- linghieri. 210, topographique du ecan- ton de Monilhéry, par le citoyen Guilbert. 149: TRANSPIRATION. Expé- riences sur la respira- uon, la transpiration, et la digestion, par le citoyen Seguin. 186. Tromses. Essais sur les trombes ouchütes d’eau ventilatrices, par le ci- toyen Riche. 76. Tumeur. Observations sur une tumeur, avec crépitation , par le cit. Bellot. 200. U Uzccires. Analyse rai- sonnnée de l'ouvrage de Bell, sur le traite- ment des ulcères, par le citoyen Vié. 37. V Vauquezin. ( le citoyen ). Expériences sur la for- mation de l'acide ni- treux , par l’etincelle électrique. 11. -— Ex- trait d’un mémoire du citoyen Fourcroy , sur l'analyse du quinquina de Saint-Domingue. 14. Observations sur les propriétés émétiques et dangereuses du croton sebiferumm. 17. —— Ana lyse du tamarin du com- perce, 174 + Expé- ( 291 ) riences sur le blanchi- ment des toiles , par l’a- cide muriatique oxi- géné. 17.— Expérience de M. Milner, pour former de l'acide ni- treux , en faisant passer l’ammoniaque dans un tube de fer rougi et rempli de manganèse. 21. — Expériences sur la formation de l’acide nitrique et de l’ammo- niaque. 77. —— Expé- riences sur l'oxigéna- tion prétendue de l’a- cide sulfurique par l’o= xide de manganèse. 78. —- Expérience sur la composition de l’eau. 78.— Mémoire sur l’a- nalyse de la casse. 83. —— Traduction de la dissertation de Berg- mann , sur l’antimoine, 83. — Analyse de l’ou- vrage du citoyen Schu- rer, intitulé : Sinthesis oxigenir. 84. Observa- tions sur le suc laiteux du caoutchouc. 84. — Examen chimique des larmes et du mucus des narines. 17/4. Analyse de la liqueur sperma- tique de l’homme. 156. -- Méthode pour recon- noître les quantités de nitre, de sel marin et d’eau-mère , contenues dans les salpêtres bruts. 178. -— Observations sur la respiration des insectes et des vers. 180. — Observations sur l’or dans ses combinaisons chimiques. 180. — Exa- men du calcul des poi- res. 181 — Expériences tendantes à prouver les causes de la formation du fer de l’ile d’Elbe. 181, —— Examen chimi- que d’une pétrification des glandes surrénales d’un chat. 181. — Ob- servations sur la con- centration et la pureté des acides minéraux. 182. — Notice sur un cœur monstrueux du poids de deux livres. 203. Veau. Notice sur l’ex- traction d’une tête de veau qui avoit séjour né deux ans dans la matrice d’une vache, par le citoyen Lucas, 202. VécGéraTion. Expériences pour reconnoitre l’in- fluence de l'électricité artificielle dans la vé- gétation , par le cig. Silvestre, 173. VéroLE. (petite-). Mé- moire sur l'influence des narcotiques dans le traitement de la petite- vérole, par le citoyen Marsillac. 206. — His- ( 292 ) toire d’une maladie éruptive, qui présente les symptômes de la petite - vérole, par le ciloyen Berlinghieri. 109. Vers. Observations sur la respiration des insectes et des vers, par le cit. Vauquelin. 189. Vié (le citoyen ). Des- cription anatomique de la matrice de la chatte avec son fœtus. 28. — Mémoire sur la circu- lation du sang dans le fœtus. 28. — Mémoire sur le flux menstruel. 50. — Mémoire sur la génération, 35 et 185. — Analyse raisonnée de l'ouvrage de Bell, sur le traitement des ul- cères. 57. — Analyse du traité de Poupart, sur les darires. 57. — Rapport sur l'ouverture d’une femme morte de la rage. 94. — Expé- riences sur l’asphixie. 99. — Mémoire sur la génération desanimaux. 1595. — Observation sur une pierre formée dans la vessie, autour d’une épingle noire. 202. — Détails sur une fracture de la tête de l’os des âles. 202. — Recherches sur l’épilepsie. 204. — Effets de l'électricité dans le traitement de Pépilepsie. 205, Vicnes. Observations sur la manière de cultiver la vigne dans le dépar-" tement de la Haute- Marne, pär le citoyen Broval. 150. Viscines. Mémoire sur la situation des viscères , dans la cavité de Pab- domen , pal le citoyen Bellot. 2 Vozcax. Mémoire sur la formation des volcans, et leurs différens pro- duits, par le citoyen Silvestre. 12. Vozvuzus. Observations sur un volvulus, causé par le rétrécissement du canal intestinal, par le citoyen Bellot. 209. Voyace. En Angleterre, par M. Brongniart. 147. — En Normandie et en Bretagne, par le cit. Blavier. 147:— Dans les départemens méridio- naux , par le citoyen Bouvier. 148. Z Zéro. Mémoire sur les moyens de déterminer le zéro réel du calori- que, par le eitoyen Seguin. 18. ZoorrrHoLociEe. Observa- uons zoolithologiques, faites aux environs de Paris , par le citoyen Fiche. 166. Fin de la T'able. RAPPORT GÉNÉRAL DNENSMRUR AUV, AUX DE LA SOCIETÉ PHILOMATIQUE DE NP AIRES, RAPPORT GÉNÉRAL D. ES SR. À EL UE DE LA SOCIÉTÉ PHILOMATIQUE DES UBS'AUFEE NES" Depuis le premier Janvier 1792, jusqu'au 23 Frimaire de l'an VI de la République. PARCIES CITOYEN SIENNE SR: SECRETAIRE DE CETTE SOCIÉTÉ. SUIVI DE L’'ÉLOGE DU C*. RICHE, Par le Citoyen CUVIER PNEUS EPL US. CHEZ FUCHS, rue des Mathurins, Hôtel de Cluny, N° 334. An six de la République Francaise ( 1798 ). NU HO DE tenant né 224 out 6 H2* 3 Le Sr = 1 ÿ n Ÿ ; Cors us î PACS EN Er Ur Le b ‘ î h PANCENENTE EE SNA % A n” r .d l NT ARBRE OR re Lave | RE , ; ; CU ren lei Re L ? ù L22 + CE sd fe DES QUE Pa He ÉaN-S LE #4 el #l »- à " L, id ’ » k LISTE ALPHABÉTIQUE DES MEMBRES DE LA SOCIÉÈTÉ PHILOMATIQUE DE PARIS, L À DET. Albert. Baillet. Berthollet, Blavier. Bosc. Bouillon la Grange. Bouvier. Brongniart. Chappe. Coquebert ( Antoine ). Coquebert ( Charles ). Cuvier. Darcet. Daubenton. DescotiN. Dillon. Duchesne, Au premier Germinal, an VI. Duhamel fils, Dumeril. Duvillars. Fourcroy. Geoffroy. Gillet. Hallé, Hauy. Jumelin. Lacroix. Lamark. Larrey. Lasteyrie. Lefebvre, Telièvre. Le Roy. Lcveillé. Lucas. (res) : agts Miché. | Robillard. Milln. Silvestre. Monge. Tonnelier. Pajot Descharmes. Tremert. Prony. ds Vauquelin. Richard. Ventenat. » LISTE ALPIHAPETIOQUE DES ASSOCIES - CORRESPONDANTS Dr LA SOCIÉTÉ PHILOMATIQUE D'EVP ARTS Banron , à Abbeville, Bellot, à Abbeville. Benon, à Calais. Berlinghieri, à Pise. Biot, à Bauvais. Bloch, à Berlin. Bonnard, à Arnay. Boucher, à Abbeville. Brulley, à Fontainebleau. Chantrans, à Besançon, Chaussier, à Dijon. D'andrada, au Bresil. Dumas , à Montpellier. Dupuget, à Amiens. Fabricius, à Kiel. Faivre, à Besançon. Fischer, à Lupsic. Geoffroy ( Villeneuve }, à Fimes, Gillot , à Vanloo. Gosse, à Genève. Hecht, à Strasbourg. v. Hermann, à Strasbourg Jurine , à Genêve. Kock, à Bruxelles. La Salle, à Saumur. Lair, à Besançon. Latreille, à Brives. Lussignol, à Beaumont sur Oise. Macquart,à Fontainebleau. Martinel, à Chamberry. Mathey , à Anvers. Mezaise , à Rouen. Mozard, à Philadelphie, Nicolas, à Nancy. Owens, en irlande. Rambourg, à Sérilly. (2) Reimarus, à Hambourg. Troufflot , à Nevers. FeinwWart,à Amsterdam. Ustérie, à Zurich. Scassi, à Gênes. Valli, à Pise. Sennebier, à Genéve. Vanmons, à Bruxelles, Smeisser, à Hambourg. Villars, à Grenoble. Tedenat , à Saint-Genrez. Willemet, à Nancy. T'eulère , à Rochefort. Er RRS LOT A Page 5, ligne 16. Le citoyen Bonnard, atc.; depuis l'impression de ce rapport , la Société a appris de le citoyen Bonnard n'étoit point mort ainsi qu'on le lui avoit rapporté , il réside à Arnay. Pag. 26. lig. 5, de calcul (lisez) du calcul. Pag. 27. lig. 7, travailler (lisez) travaille. Pas. 29. lig. der., courrois (lisez) courroies. Pag. 70. lig. 16, il (lisez) ls. à Pag. 45. big. 12, (elfacez ) ou du carboniate d'amo- nique. à | Pag,. 111. lig. 25, oiseaux de proie de nuit, (lisez) diurnes. Pay. 136. lig. 15, des crouttes (lisez) avec des crouttes. Pas. 13-. li. 16, pouvoit (lisez) pourroit. Pag. 140. Lg. 4, de la méme (lisez) avec la même. Pay. 163. lig. 4, mermon (lisez) muimon. À 1e 2 : FAMRT . S PA S Pag. 289. lis. 14; Vauquplin (lisez) F auquelin. Pag. 240. lig. 28, hirsurus (lisez) hirsulus. ag. 247. lig. 5, moncon (lisez) maïmon re enrneee RAPPORT GÉNÉRAL DE SxTiR; A VMa.U: X D\'E" E SOCIÈTÉE PHILOMATHIQUE, D\E 7 P'A'R TS: Depuis le premier Janvier 1752 jusqu'au 23 Frimaire de l'an VI de la République. Par le Citoyen Sirvesrre, Secrétaire de de cette Société. EE Cirovens, Vous m'avez chargé de mettre sous vos yeux l'analyse de vos travaux depuis le commencement de l'année 1762; mais avant de vous donner lecture de cet ouvrage étendu par la multitude de faits saillans qu'il va vous rappeler, je dois vous pré- senter rapidement quelques vues relatives à la marche de votre institution sociale ; vous À Ha pourrez porter sur votre conduite privée le même coup-d’œil de satisfaction que vous vous plairez, sans doute, à jeiter sur le ta- bleau des progrès que les sciences et les arts ont faits dans vos mains. Vous verrez avec intérét quel esprit de conduite vous a fait résister au torrent dévastateur qui entrainoit les matériaux dispersés du temple des arts; et comment votre société de- meurée seule , ressembloit à ces monumens imposants qui s'élevant au milieu des déserts arides d'un pays jadis florissant, ont sur- vécu aux ravages du temps et de la bar- barie, et sont restés comme des témoins vivants, du haut point de perfection où les sciences et les arts ont été portés dans ces brülantes contrées. Pendant l'intervalle qui s’est écoulé entre la destruction de cette académie célèbre qui avoit illustré la nation françoise par un siècle de travaux, et sa réorgani- sation sous une forme nouvelle, qui ne promet pas de moins grands avantages, votre société modeste et libre, se sou- tenant par ses propres forces, n'ayant au- cune grace à attendre , devant tous ses succés à sa constance et au zèle de ses membres; (5) marchoit en silence vers son but unique. Elle a vu un moment les destinées de la France savante confiées à ses soins, et sans s'enorgueillir de ce précieux dépôt, elle a senti qu'il falloit préférer au vain hon- neur d'attirer les regards, celui de con- courir utilement et avec certitude aux pro grès des arts qui seront toujours la base la plus assurée de la prospérité publique. Forts de votre simplicité et de votre mo- destie , vous n'avez profité d'aucun moment favorable pour obtenir des secours pécu- niaires , augmenter votre crédit, ou faire donner à vos membres des places lucratives, Animés dun véritable patriotisme, vous ayez toujours donné au gouvernement tout ce qui dépendoit de vous, et n'avez jamais rien reçu de lui ; ainsi sur la demande suc- cessive des comités de salut public et de divers ministres , VOUS avez nommé des com- missaires pour faire partie des commissions longues et gratuites du bureau de consul- tation des arts et métiers, du jury des armes , et de plusieurs autres travaux par- ticuliers. Un des plus puissants motifs de votre sta- bilté se trouve dans le peu de changements À 2 (4) que vous avez faits à vos réolements ; quel- ques - uns indispensables se sont opérés avec l'assentiment unanime, tels que l'im- pression de os bulletins forcée par l'aug- mentation de vos correspondants , et suc: cessivement leur mise en souscription, qui multiplioit vos moyens d'étendre la con- noissance des découvertes que vous vous occupiez à réunir ; telle que la fixation du nombre de vos membres, (1) dont vous craigniez que le trop grand accroissement ne nuisit à l'association en afloiblissant l’in- timité qui lui avoit donné naissance; l'amitié, cette affection tendre qu'on a pù Comme tous les autres sentiments du cœur , com- parer avec raison à la chaleur d’une flamme pure dont l'extension affoiblit l'in- tensité , l'amitié dis-je l'a soutenue, et comme si ce premier sentiment devoit as- surer sa durée , les savans qui après s'être réunis à vous, ont suivi vos travaux, l'ont tous partagé. Je m abstiendrai de faire aucun éloge des membres que vous avéz acquis depuis nm QG) La liste des membres et correspondans de la société est imprimée à la suite de ce rapport. (5) l'époque du dernier rapport général et pu: blic qui vous a été fait à la fin de 17091; il me suffira de vous les rappeller pour vous montrer les colonnes inébranlables sur les- quelles sont maintenant appuyées la gloire et ia durée de votre association. Il est pénible pour moi de ‘ne plus trouver sur cette liste des noms que l'es- time et l'amitié rendoient chers à vos cœurs , mais que la mort a arrachés à vos travaux. Vous regrettez deux jeunes collaborateurs qui avoient partagés vos premiers efforts, et dont les connoissances et l'activité ont contribué aux charmes de vos premières séances; le citoyen Bonnard l'un d'eux, n'a fait pour ainsi dire que paroitre au milieu de vous, mais la douceur de sen caractère aimant a laissé des regrets sentis de sa perte à tous ceux qui l'ont connu, les mémoires quil vous a donnés sur di- vers objets de physique et de mathématiques transcendantes annoncoient un savant plus formé qu'on ne l’est communément à l'âge de vingt ans qu'il avoit, lorsque la mort l'a enlevé à ses amis et à la société. Le citoyen Vié à-peu près 7 méme ÂÀ (6) âge, a été un de vos fondateurs ; un désir de s'instruire qu'il portoit jusqu à la pas- soin , lui avoit fait embrasser avec ardeur toutes les parties de l'art de guérir auquel il s’étoit livré. Presqu'abandonné à lui- même, sans recevoir aucun secours de pa- rens peu fortunés , il étoit obligé de par- tager son temps entre quelques opérations chirurgicales qui servoient à sa subsis- tance , et l’étude approfondie de la théorie et de la pratique dans les auteurs anciens et modernes. il vous a donné une suite de mémoires intéressants de médecine pure et de médecine philosophique, sur la géné- ralion , sur les dangers de la communica- Lion du virus pour les enfans nourris à la mamelle, sur la chlorose, sur l'épt- lepsie, sur l'influence de l'éducation sur la santé, sur la sangrène ; vous a donné un grand nombre de rapports d'ouvertures de cadavres , d'observations de maladies dans les Hôpitaux, de traductiens et d’ex- traits d'ouvrages étrangers; il fut un des plus consiants à exécuter cette partiede vos règlements, qui consiste à répéter les expé- riences capitales et encore douteuses ; il consacra souvent avec vous des jours et des (7° nuits à ce travail si agréable par l'épanche- ment continuel des sentiments de l’amitié, et les communications réciproques des con- noissances acquises; enfin , le jeune Vié appellé par le gouvernement à remplir une place de chirurgien dans les hôpitaux de l'armée, fut obligé de se livrer presqu'en- tiérement à la pratique; l'ardeur de perfec- tionner ses connoissances ne le quittoit pas, excédé pendant le jour de pansemens réi- térés déjà au-dessus de ses forces , il pas- soit une partie des nuits à consuiter les au- teurs et à mettre par écrit ses réflexions ; Son tempéramment quelque bien constitué qu'ilfut céda enfin à ce travail forcé, il fut pris d'une maladie inflammatoire qui l'enleva en peu de temps à ses amis et aux sciences. Parlerai-je de vos regrets sur la perte de Lavoisier et de Vic-d'Azir: ces deux savans illustres associés à vos travaux vous ont communiqué plusieurs des leurs; Leur éloge est dans toutes les bouches, leur souvenir est dans tous les cœurs , et si j'osois parler ” de leurs droits à la reconnoissance publique, entrainé par la grandeur de mon sujet, par le sentiment profond dont il m’affecte, peut- être cette séance consacrée au rapport de A 4 (8) vos travaux seroit remplie par l'expression de nos regrets sur la perte de ces deux sa- vans évalement recommandabes, et dont la mo:t a pu étre regardée comme une ca- lamité pour les sciences et pour l'humanité. Lavoisier, dont les découvertes feront une des plus brillantes époques de: sciences phy- siques , avoit le bien rare avantage de pos- séder un génie aussi familier avec les con- ceptions les plus relevées des sciences exactes, qu'avec les grands résuliats des opérations d'économie politique; s’il a passé pour un des savans les plus illustres, on doit le regarder comme un des administrateurs les plus sages et les plus éclairés ; on peut ajouter que l'amour de son pays qu'il por- toit au plus haut degré ne lui fit amais perdre de vue les droits de l'humanité con- sidérée en général et en particulier ; par ses sys mes d'administration, il préparoit le bosheur public assuré par des opérations fruits du calcul, de l'expérience , et de la méditation; et dans sa conduite particulière, le malheu+eux isolé trouvoit encore près de lui un sûr asyle contre l'indisence. Vic d''zyrna pas moins illustré une car- rière moins bnill.nte , mais non moius uule; G 91) philosophe prefor d, savant aima'l=, écri“ vain pur et éléart il a réveillé en France le scût du e science qui v étoit pen pra- tiqnée, sc'ence d'nne immense étendue, . dont son géuie seul sembloit àcette époque pouvor tracer les divisions, et dont il a rem- pli quelques cadres e: dévelopnant une précisionaussiscripuleusedanslesmoindres détails, qu'il avoit montré une conception vaste dans letracédu plan «tdanslinvention desmoyens. Vic d'\zyrn étoit pas moins ha- bile écrivain que savant estimable ; la profon- dear et ia justesse de ses pensées , la richesse de ses expressions, son style soutenu, varié, et si bien approprié aux divers sujets qu'il a eu à traiter, doivent le faire mettre à côté de Puflon Rouseau Voltaire et Bailly les plus grands écrivains de ce siècle, dont il ne craint pas le parallèle. La oisier ! Vic d'Azyr ! -Mortels vertueux qui avez si bien servi. otre pays, qui tous deux par des genres d: mort différents avez éré sicrilés sur le seuil méme du temple de la gloire, vous qu'un sort meilieur devoit atiendre, vos noms réuni$ suffiroient pour Bonorer le siècle qui vous a produits, (10) et le sol qni vous a vu naïtre, recevez les regrets et les hommages d'une société qui a su vous apprécier de votre vivant, et qui s'ennorgueillit de voir vos noms révérés décorer la liste de ses collabo- rateurs. Si Pelletier n'eut pas autant de célébrité que Vic-d'Azyr et Lavoisier , ses travaux furent peut étre plus utiles encore à la so- ciété , et sous ce point de vue sa mémoire ne nous est pas moins chère que celle des membres illustres dont je viens de vous entretenir ; ce savant estimable ne se dis- tingua pas par des inventions brillantes, mais par un zèle infatigable pour éclairer la chymie; lorsque Pelletier avoit saisi un sujet il le retournoit sous toutes ses faces, il ne le quittoit plus qu'il ne fut convaincu, et sa conviction pouvoit servir de certitude. Ii fut plusieurs fois victime de son abandon entier à une seule occupation , absorbé dans ses travaux, une précaution oubliée pensa lui faire perdre la vie pendant ses nom- breuses recherches sur le phosphore et sur toutes ses combinaisons. Attaqué d'une phtisie pulmonaire , il continua toujours à (ar) travailler pendant sa longue maladie, et enfin il s'éteignit dans le moment méme où il préparoitencore uneexpériencechimique. Les progrès quil a fait faire à la chimie et aux arts chimiques vous sont connus, il vous a donné plusieurs de ses mémoires et se plaisoit à venir fréquemment se délasser au milieu de vous de ses travaux Gpiniâtres, et jetter un nouvel intérêt dans vos discus- sions. Après avoir payé tribut à l'admiration que nous devons à la mémoire des hommes :1l- lustrés par d'immenses travaux , quil nous soit permis aussi de donner quel- ques larmes à la tendre amitié ; ces larmes étoient de joie, lorsqu'il y a peu de temps vous conçuies l'espoir de serrer Riche dans vos bras; après sept ans de sé- paration , après les maux que nous avions réciproquement soufferts, qu'il eut été doux d'épancher avec lui nos pensées , de parler ensemble dés dangers que nous avons courru sur des mers crageuses dont nous avions comme par miracle évité réciproquement les écucils ; une mort funeste l’attendoit à son retour , il n’a pu embrasser ses parents, il n’a pu revoir ses amis, la société sur- (12) tout qu'il chérissoit à si juste titre; mais il ne m'appartient pas de vous entre- tenir de lui, je laisse à une, plume plus capable de vous détailler ses droits à votre estime comme savant, le soin de vous faire connoitre aussi ceux qu'il avoit sur vos cœurs comme ami; bientôt le citoyen Cu- vier va vous parler de sa vie savante et privée, et rendre à sa mémoire le tribut d’éloges que son cœur franc et bon, son zèle pour l'étude des sciences , et son attache- ment constant à la société lui ont mérités. Pour éloigner ces idées pénibles , je vous occuperai un moment de l'état de vos cor- respondances; elles se sont fort étendues , etont serviéminemment à votre instruction. Depuis que la formation de l'institut natio- nal en relevant le zéleet l'espoir de tous les amis des sciences et des arts, avoit ajouté à votre utilité en recevant de vous une grande partie des matériaux de l'édifice im- posant qui s'élevoit à la gloire du nom fran- cais, vous n'avez cessé de vous faire rendre compte par vos commissaires des travaux de cette illustre assemblée; vous avez en- voyéégalement descommissaires aux séances de toutes les autres sociétés savantes de “ (1359 Paris , telles que la société d'histoire natu- relle, la société de médecine et la société médicale d'émulation ; la société phylotec- nique, celle du point central de Paris. celles d’émulation de Rouen, d'histoire naturelle de Bordeaux , d'agriculture et arts de Bou- logne sur-mer se sont aussi empressées de corespondre avec vous. Parmi les correspondans isolés que vous avez acquis depuis cette époque, vous en comptez un grand nombre dont les noms connus avantageusement dans les sciences physiques et naturelles promettoient de nombreux et utiles travaux; ils n'ont pas trompé votre attente, vos procès-verbaux et vos archives attestent les avantages précieux de leur association. Plusieurs de vos membres et correspon- dants ont augmenté votre bibliothèqueetvos collections; le citoyen Millière vous a en- voyé des minéraux du département de la Côte-d'Or; les citoyens Bosc et Romain Coquebert vous ont donné des insectes et des oiseaux; Riche vous avoit envoyé une belle collection de plantes et quelques oiseaux du Cap ; le citoyen Marsillac vous a donné (14) un ouvrage qu'il a rédigé sur Guillaume Penn; le citoyen Dutrône un précis sur la canne à sucre; le citoyen Millin sa minéra- logie homérique ; le citoyen Berthont sa tra- duction des principes de minéralogie de Werner; le citoyen Lasteyrie sa traduction de l'essai de Berthold sur les moyens d'étendre les recherches des voyageurs; enfin, M. Bloch les six premiers volumes de son ouvrage sur l’histoire naturelle des poissons, Tant de moyens n'ont pas été perdus pour la science, et la tâche honorable que vous m'avez imposée est si grande que j'ose à peine entreprendre de la remplir ; le résumé général que vous m'avez demandé semble devoir fixer la mesure de votre utilité pen- dant le long intervalle qui s’est écoulé depuis votre dernière séance d'anniversaire; vous n'auriez pas craint de paroitre sous ce point de vue, si vous eussiez eu un interpréte qui d'une main assurée eut osé saisir les résul- tats des progrès que vous avez fait faire aux sciences , en faire d'heureux rapproche- ments, et présenter un ensemble qui vous montrat sous votre véritable jour. Trop foible pour tenter une semblable entreprise , ___—— (15) je me suis contenté de réunir les matériaux de ce travail, animé de la juste crainte de parler moi-méme j'ai préféré substituer sans cesse vos découvertes à mes réflexions, je me suis borné à faire un dépouillement de vos archives , à réunir dans un ordre mé- thodique les faits nombreux qui y sônt con signés, et je vais vous en offrir une espèce de table raisonnée qui suffira j'espére pour vous rappelier les principaux objets qui ont mérité votre attention dans le cours de Vos séances. (16) MÉMOIRES GÉNÉRAUX. Le citoyen Milin vous a donné l'essai d’un systéme général des connoissances bumaines suivant lesarts auxquels elles ont donné naissance; ce tableau est rangé à la manière des naïuralistes, parclasses , orûres, genres, espèces et variétés ; il a rapporté tous les arts à six opérations de l'esprit : 2magination, imitation, mémoire, calcul, expérience, et observation; les sciences forment les ordres de ces diverses classes, les arts en font les genres espèces et variétés. Vous avez reçu plusieurs mémoires sur les travaux faits jusqu'à ce jour relativement à l'uniformité des poids et mesures; le ci- toyen Brongniart, dans un premier, vous a fait connoitre les motifs qui avoient fait prélérer pour unité le quart de la circonfé- rence du méridien à celle de l'équateur, et à la longueur du pendule ; l’académie des sciences proposa en conséquence le quart du méridien pour unité réelle, et la dix miilionième partie de cet arc pour l'unité usuelle de mesure , et elle choisit pour unité de... (17) ‘de poids celui d'un volume d'eau distillée, pesée dans le vuide à zéro de température; elle a nommé plusieurs commissions tant pour établir rigoureusement les bases qu'elle a choisies , que pour en déduire les appli- cations ;, et déterminer les rapports qui se trouvent entre les nouvelles et les anciennes mesures. Le citoyen Dillon , l'un de vos membres, a vérihié avec une exactitude scrupuleuse la véritable contenance des anciennes me- sures de capacité en usage à Paris, qui avoit été mal connue jusqu'alors ; il a établi les rapportsexacts entre ces mesures de capacité et les nouvelles. Le citoyen Charles Coquebert a lu une no: tice sur les poids et mesures de la Chine qui sont en progression décimale.Ilvousa fait part de la comparaison quiaété faite au conseil des poids et mesures, par les soins du ci- toyen Reth, des poids et mesures de Cons- tantinople apportés par l'ambassadeur turc , avec celles de la république francaise : ces poids et mesures, qui sont divisés décima- lement rendent, à très-peu de chose prés, les poids et mesures des anciens romains ; B (38) le citoyen Reth fait observer qu'il est na- turel de penser que les empereurs ont transporté à Bizance les mesures de l'an- cienne capitale de leur empire. et que les turcs , qui étoient en petit nombre et peu éclairés, ont laissé subsister celles qu'ils ont trouvé en usage. Le méme membre vous a 1]n un mémoire sur la meilleure forme à adopter pour les poids du commerce ; il vous a montré plu- sieurs modèles de différents auteurs, et par- ticulièrement celui dont il a concu la pre- mière idée, et qui a été adopté par le conseil dés poids etmesures ; dans celui-ci l'unité est formée de plusieurs parallél:pipèdes diviseurs les uns des aûtres dans des proportions dé- cimales, et qui peuvent étre aisément rap- prochés en un seul parallélipipède. Ia luaussiun mémoire sur les toiles d’Alle- magne,qui font une des branches les plus con- sidérables du commerce de ce pays; ilaétabli la comparaison des fabriques al'emandes avec les nôtres , et ila fait voir que nous pour- . rions soutenir la concurrence avec avantage, en occupant de ce travail plusieurs de nos dépariemens intérieurs et montueux, et en encourageant Les individus qui se livrent à Ca0) la multiplication et à l'emploi des matières premières. Eufin,le mémemembre vous a lu desconsi. dérations sur l'étendue et la populat on de la Franceenl'anV,etparticulièrementsurl'aug- mentation de puissance qu'elle devoit jusqu'a: lorsäsesconquétespendantlaguerreactuelle, 11 suit de ces recherches , que le territoire de la république est augmenté de 12,82,000 d'arpens(23,209lieues quarrées), et quesa po- pulatior s’est accrue de 3.686,000 aimes; son état en l’an V étoit d'environ 30,000,000 d'habitans sur 30,000 lieues quarrées , elle renferme donc environ 118,000,000 d'ar- pens, qui répartis à 50,000.000 d'habitans feroient un peu moins de quatre arpens par tête ; il a divisé ensuire la France en dix ré- gions, etila observé que la popula ion est trés différentesuivantles différentesrésions, dans celle du Nord-Est il n’y auroit par téte d’individu que deux arpens un tiers, et dans la répion du Sud il y en auroït cinq un tiers. Il a aussi exposé à la société les avantages du plan d'association pour l'assurance des risques du feu, adepté avec succès depuis un grand nombre d'années dans le pays d'hannovyre. ‘ B 2 ( 20 } Le citoyen Duvillars vous a lu un mémoire sur les avantages et le plan d'établissement d'une caisse d'épargne ; il vous a observé que les marchandises brutes et ouvrées for- mant les véritables richesses nationales, le gou:ernement à le plus grand intérét à les accroître, en favorisant l'économie rurale et les manufactures ; il a trouvé un moyen d'augmenter les fonds qui leur sont néces- saires, en y destinant les épargnes accumu- lées qui souvent restent sans produit dans la main des particuliers jusqu'à ce qu'elles soient suflisamment accrues, et qui sou- vent aussi sont dilapidées par eux, par ce qu'ils n’en voyent pas d'emploi assez direct et assez sûr ; il a considéré le travail comme un révenu ‘iager qui ne dure que pendant la force de l’âge , et il a fait sentir la néces- sité de suppléer à ce revenu lorsqu'il a cessé; l'économie qu'il appelle la seconde provi- deace du genre humain , lui paroïit le moyen Le plus assuré de prolonger et de répartir éga- lement cette faculté, et il a établi par des calculs exacts fondés sur les tables de mor- talité, l'espoir des rentiers dans la nouvelle association qu'il a proposée. Le citoyen Teulère , ingénieur des bâti- a — (270) ments civils du port de Rocñefort et votre Correspondant, vous a envoyé un mémoire sur la construction de l’ancienne tour de Cordouan et les restaurations qu'il a faites à ce phare situé à l'embouchure de la Gi- ronde, et l’un des plus beaux de l'Europe; les commissaires que vous avez chargés de vous rendre compte de ce mémoire , ont re- connu que les chansemens qui sur les des- sins et sous la direction du citoyen leulére, avoient été faits à la construction de cette tout lors de sa restauration , en 1788, lui ont donné une solidité à l'épreuve des ou- ragans les plus violens. Le citoyen Swediaur vous a envoyé une notice sur la manière dont les naturels d'An- gole trouvent les dents d'éiéphant qui sou- vent dans le commerce portent l'empreinte du feu ; ils se rendent dans les endroits qu'ils supposent avoir été fréquentés par ces ani- maux et dans lesquels ils espérent trouver des dents qu'ils pensent s'être détachées spontanément ; comme l'herbe est ordinai- rement fort haute ils y mettent le feu , et lorsqu'elle est consumée il leur est facile d'appercevoir les dents parmi les cendres: A est possible que quelques-unes soient B 3 , ( 22 ) restées ainsi sur laterre, peut étre pendant plusieurs siècles On ne met aucune diffé- rence dans le commerce entre ces dents ainsi trouvées et celles qu'on appeile vi- vantes parce qu'elles ont été détachces de l'anumal par le chasseur. Mathématiques. Le citoyen Prony vous a denné des for- mules nouveiles pour déduire le rapport des axes de la terre, de la lo: sueur des arcs du méridien, dont l'amplitude céleste est connue. ; Jusqu'à ce jour on n'employoit à cet usage que le rapport de deux degrés éloignés , en considérant de petits arcs d'ellipse de l'ampliude d'un degré, comme des arcs de cercle décrits avec le rayon de courbure correspondant au point qui les partageoit en deux paries ésales; cette meéthcde qui n'est comme on voit qu'approximalive , avoit en outre l'inconvénient de rapporter des évaluations tres délicates à de petites mesures. Le citoyen Prony a employé da s le ca cul la longueur totaie des ai cs mesurés; il parvient à expriner le quarré de l'excen- ( 23%.) tricité, par une suite ordonnée suivant les puissances d'une quantité trés-petite, qui est la différence entre le rapport des lon- gueurs gécdésiques des deux ares et celui de leurs amplitudes célestes ; il a appliqué ses formules à la bissection, par l'observatcire de Paris, de l'arc du mériien cox:pris entre les parallèles de Greenwich et de Mont- Jouy , près de Barcelonne ; qui vient d'étre mesuré récemment pour serv à la détermination de l'unité fondamentale des poids et mesures; il a joint à son mémoire une table à double entrée, très étendue, qui donne à vue les divers rapj'orts des axes qui peuvent résulter de ces mesures ; Pour lesquelles on connoît d'avance la limite des plus grandes erreurs possibles. Le méme membre vous a fait un rapport sur un Mémoire qui VOUS a été adressé par la société de Boulogne’sur-mer, relative- ment à la trisection de l'angle. Tous les géomêtres savent aujourdhui que ce pro- bléme est de l'espèce de ceux qui, par leur nature, ne sont pas susceptibles d'une so- lution géométrique. Le citoyen Prony vous a fait observer que la solution que l'auteur en avoit donnée avoit pu l'induire en erreur, B 4 (24 ) parce que graphiquement elle est sensiblé* ment exacte lorsque l'angle à diviser n'ex- cède pas un angle droit, mais s'il eut ap- pliqué son procédé à des angles très obtus, le compas seul lui auroit fait connoître que sa méthode étoit sensiblement défectueuse. Le citoyen Prony a établi géométriquement le point d'erreur de la démonstration , et a rédigé les observations que vous vous êtes proposé d'adresser en réponse à la société de Boulogne, Le même membre vous a donné connois- sance de plusieurs ouvrages qu'il a publiés ; il vous a annoncé ; 1°. que le second volume de son architecture hydraulique contenoit la description détaillée des machines à feu , le calcul de leurs effets , et un essai sur la recherche des loix de la dilabilité des fluides élastiques, et de la force expansive de la vapeur de l’eau et de celle de l’alchool à di£- férentes températures. 2°,Ilvousa donnéla traduction qu'il a faite du mémoire publié par le général Roy sur Ja mesure dela base de Hounslowheath,cette base a été mesurée pour servir aux opéra- tions géodésiques faites en Angleterre à l'instar de celles qui ont eu lieu pour la Co5) confection de la carte de la France: leg triangles observés par le général Foy ont été joints à ceux de la France parles citoyens Legendre Cassini et Mechain , afin de dé- terminer les positions respectives des ob- servations de Paris et de Greenwick. 5°. Un traité de la méthode directe et inverse des différences , qui contient le re: cueil des leçons données à l’école polytec-: nique sur cette matière pendant la première année de son établissement. Le citoyen Lacrcix vous a communiqué des éclaircissemens sur un passage de la méchanique analytique de Lagrange, relatif à la rotation des corps; il vous à denné aussi des observations sur le nombre des fonc: tions arbitraires dans les intégrales des équa- tions à différences partielles. Le citoyen Lacroix vous a donné aussi, 1°. uneidée des essais de géométrie qu'ilapu- bliés sur les plans et les surfaces courbes, et dans lesquels ii a donué les élémens de la sté- réotomie, C'est à dire de la partie de la géo- métrie qui a pour objet la recherche des intersections des plans et des surfaces courbes. 2°. L'exposé du premier volume d'un il ( 26 ) éraité du calcul différentiel qu'il a publié; ce volume contient une introduction sur le développement des fonctions en séries, la théorie de calcul différentiel , les applica- tions analytiques, une théorie complette des courbes et des surfaces courbes, et forme la première partie d’un traité complet de calcul différentiel et intégral. 6°. Le méme membre a publié une nou- velle édition des élémens de l'algèbre de Clairaut, avec des additionsquicomprennent l'extrait de tout ce qui a paru de plus impor- tant sur cette branche des mathématiques ; cette édition est précédée d’élémens d’arith- métique, rédigés, en partie, parle citoyen Biot, professeur de mathématiques à l'école centrale du département de l'Oise, et votre correspondant. Le mème citoyen Biot a envoyé un mé: moire qui a pour objet de montrer la théorie des soiutions particulières des équations dif- férentielles sous un nouveau point de vue, en [a faisant dépendre , pour le cas où il ne s'agit que de deux variables, de la théorie des surfaces courbes. Méchaniques Le citoven Paillet vous a lu une notice sur üne machine à polir le maïbre avec la- quelle on polit à la-fois quatre ou cinq cents Ca:reaux, par un mouvement de rotation; cetie machine est nuise en mouvement par une roue hydraulique, et elle estexécutée ei travailiée avec succes à Liége; elle est bien supérieure à celle décrite dans les mé- muires de lacademie qui n'a qu'un mou- venent de va #twient: la machine de Liége fait mouvoir en meine-temps vingt-quatre lames de scies destintes à scier des blocs de marbre. Le cioyen Ernest Coquebert vous a fait observer. quil y avoit une ma- chine à-peu pres sembiabie , décrite dans le voyage de Linnæus en Gothlard. Le cioyen Romain Coquebert vous a lu un mémoire sur la portée des bois, rédigé par le citoyen Aubert de Petithouars; l'au- teur a remarqué quune pièce de bois qui plie a ses fib:es comprimées du côté concave et allonsées du côté opposé, elle est au moment de se ronpre quant la fibre a recu tout i'ailongement dont elle est susceptible, (28 ) et pour chaque pièce d'une section pareille ; cet allonsement extréme,est du à une cour- bure constante au point de rupture, quelque soit d'ailleurs la longueur de la pièce; le citoyen Aubert a comparé la résistance d'une pièce de bois posée par ses extrémités sur deux appuis, avec celle d'une pièce indé- finie qui repose sur ‘une suite d'appuis, et qui prend nne courbure alternativement tournée en haut et en bas; il a remarqué qu'il y avo t un grand avantage dans la pra- tique lorsqu'on pouvoit conserver la pièce dans toute sa longueur , en la faisant RE sur plusieurs appuis, Le citoyen Bailtét vous a donné le projet d'A établissement ù une éeule machine à à feu pourroit battre toute la:monnoie néces- saire à la France; l’auteur a disposé le mé. chanisme de cette machire à feu de manière à transformer le mouvement vertical du piston en un mouvement de rotation , afin de pouvoir faire tourner les cylindres pour faminer le métal, soulever les moutons pour couper les flaons, et faire osciller les balan- ciers destinés à frapper les pièces ; il a in- diqué aussi des moyens neufs pour placer les flaons entre les coins : il vous a p2ru que (29 } son projet auroit été susceptible d'être exé- cuté avec avantage, s'il étoit démontré qu'il fut utile de borner la fabrication des mon- noies à une seule ville pour toute la répu: blique. Je vous ai fait connoître un instrument nouveau imaginé par le citoyen Montu, qui réunit les avantages desinstrumens à touches et de ceux qui sont à cordes ; il joint l'en- semble harmonique des premiers aux sons prolongés et mélodieux des seconds il a cinquantehuit cordes, dont la plus basse est à l’unisson de l’us du degré le plus grave du clavecin à grand ravalement, et la plus haute donne le Za le plus aigu du méme clavecin ; un archet sans fin qui tourne à l'aide d'une roue mise en mouvement par une pédale fait raisonner la corde à mesure que la touche la détermine à s'élever vers Jui ; le musicien peut, à l'aide d’une pièce de bois que le genou fait mouvoir, accroiire la pression donnée et l'intensité des sons, ce qui augmente les moyens d'influer sur les vibrations et par conséquent de varier son expression. Le citoyen Gillet vous a donné la des- eription d'une machine à fendreles courrois (30 ) de cuir, imaginée par le citoven Rotli, seli-r; cette machine est composée d'un cylindre de bois, mobile sur son axe, et d'un couteau très tranchant de méme lon- gueur ; pour égaliser et diviser une courroie, on la fait passer entre le cylindre et le cou- teau qui la divise suivant la distance qu’on a ménagée entre eux ; On peut parvenir à égaliser parfaitement et à diviser en deux et méme trois épaisseurs , à volonté, les cuirs en usage pour la sellerie. Physique. Le citoyen Hauy vous a rendu compte des moyens dont le citoyen Lavoisier et lui se sont servis pour mesurér le poids d'un pied cube d'eau ; ils ont pris un cylindre creux, de cuivre jaune , dont il ont cherché les dimensions à l’aide d'une machine cons- truite par lé citoyen Fortin , et qui a l'avan- tase de mettre l'observateur à portée de comparer avec beaucoup de précision des longueurs qui ne diffèrent entre elles que d'une très petite quantité; ils ont réuni en- suite les différentes dimensions de plusieurs cylindres qu'ils ont calculés dans différentes (31) | hypothèses , d'après lesquelles ils sont par: venus au méme résuitat jusqu'au dix mil: lième de ligne ; pesant ensuité le cylindre hydrostatiquement , et faisant lés corree- tions nécessaires tant à cause ce là conden- sation du métal qu’à cause de là qualité de l'eau qu'ils avoient employée, ils sont par- venus à Bxer le poids du décimétré cube de l’eau distilléé à dix-huit mille huit cent quarante un grains , où deux livres cinq gros quarante neuf grains, et le poids du pieds cube à six-cent quarante-cinq mille cent quatré-vingt prains Où soixante-dix livres six-cens neuf grains. Le citoyen Hauy vous a donfé une obser- vation sur la dilatation de l'eau ; pour éga- lisex le litre rempli d'eau distillée avecle Kilo- gramme, la commission des poids et mesures avoit cru nécessaire d'ajouter vingt-trois grains pour récompenser la perte que l’eau fait de son poids dans l'air, et dix grains pour l'augmentation de la température , il suivoit de là, qu'elle avoit trouvée que l’eau se dilatoit d'environ 9,00053 de son volume depuis le terme de sa plus grande contrac- tion jusqu à dix degrés de Réaumur , tandis que suivant Réaumur et Nollet la dilatation (352) de l'eau depuis o jusqu'à quatre-vingt déerés est de 0,037 de son volume, ce qui, en prenant le huitième de cette dilatation, don: neroit une quantité beaucoup plus considé- rable que celle énoncée par la commission des oi et mesures, mais les sayvans qui la composoient ont trouyé moyen de con- cilier ces deux résultats en considérant que les dilatations de l'eau ne sont pas propor- tionnelles aux augmentations de chaleur, mais qu'elles s’acroissent dans une propor- tion beaucoup plus grande , ensorte que celles-ci étant supposées uniformes les pre- mières sont représentées par les ordonnées d'une courbe qui croissent sur-tout rapide- ment aux approches du terme de l'eau bouiilante. Le même membre vous a donné des ob- servations sur le mètre ou l'unité usuelle des mesures linéaires républicaines ; il con- sidère principalement dans ce mémoire que le metre physique est une quantité bien dé- terminée, qui n'est point susceptible des variations que subissent les métaux qu'on emploie pour faire les étalons ; il observe” que la mesure fixée par la nature à trois pieds onze ligues “5 a été étalonnée sur la toise (33) toise de fer de l'académie des sciences à ‘treize degrés de température, et qu'on a ramené la longueur de cette niesure à la température de dix degrés qui est moyenne pour notre climat ; il résulte des expériences qu'il a faites sur les quantités de dilatation, qu'un mètre de cuivre s'alonge ou se rac- courcit d'environ +; de lignes, et un mêtre de fer d'environ ,%, à mesure que la tempé- rature monte ou descend d'un degré , ei que le mètre représente exactement l'unité de mesure lorsque la température est à dix degrés. Le citoyen Berlinghieri vousavoit annoncé que M. Vassalli avoit trouvé une méthode pour avoir des aimans artificiels dont les pôles se tournoient constamment et invaria- blement vers les pôles du globe, et qu'on pouvoit les appliquer pour trouver les lati- tudes. Le citoyen Tremery vous a fait voir dans un rapport, que cet aimant , de forme elliptique , devoit étre considéré comme composé de deux aimans dont les pôles semblables seroient tournés du même côté; il a prouvé que ces pôles exerceroient l'un sur l'autre une action qui tendroit à diminuer inégalement la force de chaque aiguille, G (34) par conséquent l'état de stabilité ne pour- roit exister, et l'instrument indiqueroit une plus ou moins grande variation ; il a prouvé que quelque fut la forme qu'on donnât aux aimans artificiels, ils seroient toujours su- jets à des variations , mais que lors même qu'il seroit possible d'en avoir un sans dé. clinaison , il ne pourroit étre d'aucune uti- lité pour déterminer les latitudes des dif- férenslieux, à moins qu'on ne supposât que la force aimantée est invariable , et que l’ac- tion magnétique exercée sur tous les points du globe est constante et égale pour les mémes latitudes. Le citoyen Lacroix vous a lu un précis historique sur l'asironomie physique, dans lequel il a rappellé les diverses tentatives qui ont été faites pour perfectionner les méthodes, il a présenté la série des idées qui ont dirigé les géomètres dans leurs travaux, il a cherché à faire connoitre, autant qu'il a été possible, indépendamment des notions dé mathématiques transcen- dantes, la nature des recherches des géo- mètres sur le systéme du monde, les moyens qu'ils ont employés pour surmonter les dif- ficultés qu'ils ont rencontrées, et enfin ce (55 ) qu'il faudroit ajouter à leurs procédés de calcul pour en fixer le degré d'approxima- tion d'une manière précise , et constater le véritable état de la science par rapport aux phénomènes que peut produire l'attraction mutuelle des corps célestes. Le citoyen Chappe vous a rendu compte successivement de ses premières expé- riences, et de la suite des travaux par les- quels il est parvenu à porter le télégraphe au point de perfection ou vous le voyez aujourd'hui ; d’abord on a douté de ses dé- couvertes, bientôt après son établissement, on a prétendu en trouver l'indication dans plusieurs ouvrages anciens; l'expérience a déjà fait justice de la premiére assertion, le temps la fera de la seconde , et la gloire de cette invention restera à son auteur et à la nation à laquelle ilen a fait hommage. Le citoyen Berlinghieri vous a le premier fait connoitre les expériences intéressantes de Galvani sur les grenouilles , elles sont maintenant trop connues pour que je m'ar- rête à vous parier de ces premières indica- tions , dont vos commissaires ont constaté l'exactitude ; plusieurs d'enire eux ont suivi aussi Les expériences de ce genre faites à C 2 (56) Paris par Valli, plusieurs de vos membres sont de la commission de l'institut qui fait dans ce moment encore des recherches sur cette singulière propriété , dans l'examen de laquelle on observe fréquemment des phé- nomènes nouveaux dont on ne peut rap- porter l'ensemble à aucunes connoissances antérieurement acquises. Parmi les expé- riences particulières qui nous ont été rap- portées, le citoyen Larrey en a le pre- mier fait une sur l'homme; ayant amputé une jambe, il a disséqué le nerf poplité dont il a isolé le tronc jusqu'aux plus petites branches, enveloppant ensuite le tronc de ce nerf avec une lame de plomb, après avoir mis le corps des muscles voisins à décou- vert, il a vü qu’en touchant d'une main l’armure de plomb avec une pièce d'argent, et de l’autre les muscles avec unepièce du méme métal, il produisoit des mouvements convulsifs très forts qui agissoient sur la jambe et même sur le pied. Le citoyen Chantran vous a fait part du phénomène que l’on observe dans l'expérience où di- vers métaux sont mis en contact après avoir été appliqués sur les deux surfaces de la langue, il a observé particulièrement que Fr? (37) le volume et la nature du métal employé, influoit beaucoup sur l'expérience. Le citoyen Reimarusd'Hambourgvousaen- voyéune note surles moyens de remédier aux accidens qui arrivent aux ballons aréosta- tiques ; il a proposé de soutenir leur équateur par un cercle d’unematiére solide, élastiqueet légère comme la baleine , afin que si l'air inflammable s’en échappoit le corps con- servät tou ours un volume suffisant pour retarder sa chüte. Le citoyen Jumelin vous a fait connoître un instrument inventé par le citoyen Ba- chelier qu'il appelle 1conostrophe, de la pro. priété qu'il a de renverser les objets à la vüe, cet instrument est un prisme dont deux surfaces font entre elles un angle depuis soixante-douze jusqu’à quatre-vingt- dix degrés, il se monte de manière à étre porté comme les luneites ordinaires , il est trésutile pour les graveurs qui étant oblisés de faire des copies à contre sens de leurs originaux peuvent s’en servirpour remplacer le miroir, : M. Humboldt conseiller des mines de Prusse vous a écrit qu'on avoit'augmenté considé- C 3 (38 ) rablement les effets de la poudre dans les mines , en laissant un espace entre la bourre et la poudre, on est parvenu à ce résultat en partant de l'observation con- nue qu'un fusil crêve lorsque la bourre ne touche pas exactement à la poudre; le fait annoncé par M. Huimbold com- muniqué au conseil des mines lui a paru d’un assez grand intérêt pour projetter des expériences qui sans doute éclaireront sur l'utilité de ce procédé. Le citoyen Hallé vous à lu un rapport sur un ouvrage que le citoyen Clavelin à fait sur la Caminologie, cetouvrage fruit de vingt ans detravail, contient une multitude d'ex- périences variées qui jettent un nouveau jour sur les phénomènes principaux de la statique de l'air et du feu, l'auteur est par- venu à déterminer à l’aide du calcul et de l'expérience, les proportions respectives de toutes les parties des cheminées ; il a trouvé le moyen de peser à la balance, et la force d’ascension de la fumée dans le tuyau, et la force affluante de l'air; et c’est à l’aide de cette balance qu'il combine ses appa- reils suivant les différentes proportions des tuyaux, ou qu'il en change les dimensions. (39) Chymie. Le citoyen Fourcroy vous a lu un mé- moire sur l'esprit recteur de Boërhave, arome des chymistes modernes , ou prin- cipe de l'odeur des végétaux, il a prouvé que ce n'étoit pas un corps particulier ayant des propriétés génériques et constantes dans tous les végétaux , comme la fécule, le mu- queux et les autres principes immédiats ; il a établi qu'il n'y a pas de principe partr. culier qu'on puisseregarder comme arome, que ce qu'on a nommé ainsi, est uu liquide aqueux ou alcoolique , chargé d'une plus ou moins grande quantité d’un ou de plusieurs principes immédiats des végétaux qui y sont dissous; d'après cet exposé , il a classé les principes odorants en cinq genres, auxquels il a donné des caractères tranchés et faciles à saisir , et 1l les a divisés ainsi qu'il suit ; 1°. les odeurs ou esprits recteurs extratifs ou muqueux, 2°. les esprits recteurs hui- leux fixes , 3°. les esprits recteurs huileux volatils , 4°. les esprits recteurs aromatiques et acides , 6°. les esprits recteurs hydro-sul- fureux, Ses recherches l'ont conduit à re- qu (40 ) contoiître dans les huiles volatiles des pro- priétés qu'il peut étre utile de considérer pour la pratique des arts ; il a tiré de la fa- culté de l'eau pour dissoudre en plus ou moins grande quantité, toutes les huiles essentielles suivant leurs qualités et sa tem- pérature , un procédé simple et économique pour préparer les eaux distillées aroma- tiques ; il lui suffit de jetter dams de grandes masses d'eau pure, quelque gouttes d'huile volatile, d’agiter quelque-temps , et de laisser reposer ensuite pour éclaircir la liqueur et séparer la portion d'huile non: dissoute. Les citoyens Fourcroy et Vauquelin , vous- ont lu un mémoire sur l'urine du cheval ; une analyse exacte de cette excrétion , leur a prouvé qu'elle contenoit une grande quan- tité de binzoate de soude combiné avec une substance huileuse voisine des résines; l'acide nitrique a précipité de sa dissolution alcoolique, des crystaux blancs soyeux d’une subtance encore inconnue : l’urine de cheval est composée de'o,o11 de carbonate de chaux tenu en dissolution par l'acide car- bonique, de 0,009 dé carbonate de soude, de 0,024 , de‘binzoate de soude, de*o,009 , de muriate de potasse, de 0,007 d'une ma- (420) tiére animale ou végétale particulière, et 0,940 d’eau et de mucilage ; elle ne contient point d'acide lithique, et sa composition laisse l'espoir de trouver dans un acide af- foibli un lithontriptique contre la pierre contenue dans la vessie des chevaux, ce qu'il paroît presqu'impossible d'espérer encore pour la pierre de l’homme. Les mêmes membres vous ont lu un mé- moire sur l’action de l'acide sulfurique con- centré sur les substances végétales et ani- males ; on avoit observé qu'une matiére végétale sèche plongée dans l'acide sulfu- rique y prenoit une couleur noire el sem- bloit s’y dissoudre; on avoit attribué cet effet à la décomposition de l'acide sulfurique dont on croyoit que l’oxigène s'unissoit à l'hydrogène de la matière végétale pour former de l'eau , et précipitoit la matière charbonneuse ; cette explication ne pouvoit convenir, puisque l’acidesulfurique employé reste sans altération; en examinant avec pius de soin qu'on ne l’avoit fait jusqu'ici ce qui se passe dans l'action de ces corps les uns sur les autres, les citoyens Fourcroy et Vauquelin se sont convaincus que l'acide sulfurique étoit trés-affoibli et que la ma- (42) tière charbonneuse n'étoit que suspendue, Faddition seule de l’eau en diminuant la densité du liquide occasionnoit sa précipi- tation; la liqueur leur a fourni par la dis- tillation de l'acide acéteux , mais le poids de cet acide et celui du charbon précipité ne répondoient pas à la quantité de matière vé- gétale employée, ils en ont conclu qu'outre l'acide du vinaigre il s’étoit encore formé de l'eau. Les auteurs trouvent la cause des changements qu'éprouve la matière vé- gétale , dans cette grande affinité de l’acide sulfurique pour l'eau , affinité qui en né- cessite la formation, et qui changeant l'équi- libre des forces que les divers principes de la substance végétale exercent les uns sur les autres , les oblige à se combiner dans des proportions différentes , il suit de-là que lorsqu'on emploie des ma- tières humides , ou qu'on se sert d’acide étendu d’une certaine quantité d’eau , la matière végétale ne doit éprouver et n'é- prouve en effet aucune altération. Dans le produit de l’action de l'acide sulfurique sur les matières animales, on trouve de plus, la formation d'une quantité 3» d’'ammoniaque qui est due à la combi- ( 43 ) - naison de l'azote avec l'hydrogène, prin- cipes qui se rencontrent ensemble dans ces substances. Les mémes membres ont lu un mémoire sur l'action de l'acide sulfurique concentré sur l'alcool, et sur la formation de l’é- ther ; les chimistes qui avoient voulu ex- pliquer la formation de l'éther, l’avoient at- tribuée à la décomposition de l'acide sul. furique dont ils supposoient que l'oxigène se portoit sur les éléments de l'alcool, les citoyens Fourcroy et V auquelin en obser- vant ce quise passe dans cetteopération, et particulièrement que pendant tout le temps de la formation ce l’éther il ne se dégageoit pas d'acide sulfureux et que l'acide sulfurique y restoit sans altération, ont cru devoir chercher une autre cause de ce phénomène ; il l'ont trouvée , dans l’af- finité prédisposante de l'acide sulfurique pour l'eau dont il détermine la formation; d'où il suit que. cet acide exerce sur les oxides végétaux une action inverse de celle qu'il opère sur les matières métalliques dont il détermine l’oxidation par la décomposi- tion de l’eau ; ils ont établi que l’éther est de l'alcool plus de l'oxigène et de lhy- (44) drogène , la quantité de carbone qui se sé- pare dans l'opération étant proportionel- lement plus grande que celle des deux autres principes employés à la formation de l'eau. La théorie des auteurs sur la formation de l'éther est confirmée par l'état auquel passe l'alcool dans sa distillation avec les alkalis fixes et caustiques , dans laquelle on observe à-peu-près les mêmes phénomènes que dans son mélange avec l'acide sulfurique: Les mêmes membres ont donné un mé- moire sur les moyens d'obtenir la baryte pure et sur les propriétés de cette terre , il suffit de metire du nitrate de baryte dans une cornue et de chauffer jusqu'à ce qu'il ne se dégage plus de gaz, il reste au fond dela cornue une matière grise, boursouflée, c'est la baryte à son plus grand degré de pureté , sa dissolution dans l’eau est âcre, elle décolore les couleurs bleues végétales ; cette terre, dans cet état, paroît ne différer essentiellement de la strontiane que par ses propriétés vénéneuses, et par la couleur rouge que donne le muriate de strontiane à la flamme de l'acool dans lequel il a été dissous. Les citoyens Fourcroy et Vauquelin vous (4 ) ont lu un mémoire sur les causes de la dif: férence qui existe entre l'acide phospho- rique retiré du phosphate de chaux par l’a- cide sulfurique, et celui qu’on obtient par la combustion du phosphore, les propriétés particulières qu’on remarque dansle premier sont dues à une grande quantité de chaux qui ne peut lui être enlevée par aucun acide, mais dont les alkalis démontrentla présence, ils ont completté la décomposition du phos- phate acidule de chaux en versant dans sa dissolution du nitrate de plomb , ou du car- bonate d'ammoniaque. Les mêmes membres vous ont commu: niqué aussi des expériences sur les déto- nations de plusieurs combustibles par le muriate suroxigèné de potasse; trois parties de ce sel réduit en poudre fine broyées avec une de souffre dans le même état , ont dé- tonné avec force et en répandant une flamme d'un rouge vif lorsqu'elles ont été frappées par un marteau sur une enclume ; le méme mélange a brülé avec une flamme blanche dans l'acide sulfurique concentré. L’addition d'une demie partie de charbon a augmenté la force de la détonvation. Le zinc, lanti- moine , le fer , le bismuth et l'arsenic mélés (46) avec ce sel ont également détonné. Le sucre, l'amidon, la gomme, et toutes les autres substances végétales , bien divisées ont pro: duit le même effet. Les sulfites, les nitrites, les phosphites, et tous les sels végétaux qui ne sont pas saturés d'oxigène détonnent également avec le muriate suroxigèné de potasse. Ces expériences ont donné de nou velles preuves de la propriété éminemment comburante de ce sel , qui tient sans doute au peu d'adhérence de l'oxigène dans sa composition ; elles font voir en méme-temps . l'identité qu'il y a entre la combustion opérée par le choc, et le contact d'un corps en- flammé. Le citoyen Vauquelin vous a annoncé qu'il avoit vérifñié l'assertion de Klaproth qui n’avoit point trouvé d'arsenic dans l'ar- gent rouge quil avoit analysé, il résulte de ses expériences que l'argent rouge n’est mi- néralisé que par l’antimoine le soufre et l'oxigène qui s'y trouvent le plus commu nément dans-les propor ions suivantes; d'argent 56 à 60, d’antimoine 16 à 18, de soufre 11 à 14, d'oxigène 8 à 10, (47) . Le même membre a fait avec le citoyen Hecht des expériences sur le schorl rouge de France analogue à celui de Hongrie que Klaproth a reconnu pour un oxide métal- lique cristallisé mélé d'un peu de silice et d'alumine; les expériences des deux chy- mistes françois ont confirmé les assertions de Klaproth, et ont prouvé que le schorl rouge trouvé dernièrement par les citoyens Miché et Cordier dans les environs de Saint- Yriez , est le même oxide métallique auquel Klaproth a donné le nom de Titanium. Le méme membre vous a communiqué une observation sur une cristallisation formée dans un mélange d'huile de romarin et d'une dissolution d'or, il a apperçu dans le fond du vase des grouppes d’aiguilles transparentes qui formoient des prismes à quatre pans terminés par des pyramides à quatre faces, cette matière étoit cassante et avoit la saveur de l'huile de romarin ; les différentes expériences auxquelles il l’a soumise , n'ont pu lui faire prononcer sur sa nature , il a reconnu seulement que ce n'étoit pas du camphre quoique M. Proust ait dit en avoir trouvé dans plusieurs huiles volatiles. ' (48) Le citoyen Vauquelin vous a donné aussi l'analyse de la sa/so/a soda , il a prouvé par une expérience simple que la ‘soude pré- existe à la combustion de cette plante ; in- fusée dans l'eau elle a fourni par l'évapo- ration une quantité sensible de carbonate de soude. Les autres expériences auxquelles ila soumis ce végétal lui ont prouvé qu'il avoit une grande analogie avec les subtances animales, puisqu'il donne de l'acide prus- sique , une matière huileuse très-voisine de la cire ordinaire par l’acide nitrique , et qu’il fournit beaucoup d'ammoniaque à la dis- tillation , il pense qu'il seroit possible d’ex- iraire avec avantage des soudes du com- merce lessivées , la magnésie , par le moyen de l'acide sulfurique ; enfin que ce végétal diffère des autres , en ce qu'il ne contjent ni chaux, ni potasse, et qu'iln'en conserve réellement que les parties ligneuses. Le même membre vous a donné l'analyse de la sommite, pierre ainsi nommée du lieu où elle se trouve, et qui ne s’est encore ren- contrée que parmi les productions volca- niques ; il a trouvé qu'elle étoit composée de 46 parties de silice, 49 d'alumine, L) + (49 ) 2 de chaux, 1 d'oxide de fer; 11 vous a donné aussi l'analyse d'une pierre qui avoit été regardée par quelques naturalistes comme du sulfate de baryte, et par quelqu'autres comme du carbonate de chaux, il a trouvé qu’elle n'étoit ni l’une ni l’autre de ces substances , mais une com: binaison des carbonates de chaux, de fer, de manganèse, et de baryte. Les citoyens Vauquelin et Hecht vous ont fait un rapport sur la nature chymique d'une espèce de brique légère appellée brique flottante, et qui vous avoit été adressée de Florence par l'ambassadeur de la république françoise ; Fabroni qui avoit fait l'analyse de cette substance avoit an- noncé qu'elle contenoit une grande pro- portion de magnésie ; Vos commissaires n'ont rien vu de semblable dans l'analyse qu'ils vous en ont présentée , ils ont trouvé cette pierre composée de 72 parties de silice, 12 d’alumine , 1 de fer, 6 d’eau; Le citoyen Vanmons vous avoit adressé D (50) | le résultat d'une expérience dans laquelle, en faisant fondre de la potasse caustique avec des oxides métalliques , et particulié- rement avec de l’oxide de mercure, il an- nonçoit avoir constamment senti ne odeur nitrique , d'où il avoit conclu que la potasse avoit l'azote pour principe constituant. Les citoyens Vauquelin et Hecht invités par vous à vérifier cette assertion , n’ont rien vu de semblable , ils ont remarqué que l'oxide de mercure se réduisoit sans qu'il se dégageät une seule bulle de gaz oxigène , lorsqu'ils employoient une cormue de verre blanc, mais alors la liqueur prenoit une couleur verte qui par son exposition à l'air passoit au violet ; il se formoit ensuite un dépôt brun qu'ils ont reconnu pour du manganèse; la potasse contenoit une certaine quantité de silice ; ils en ont conclu que l’oxigène du mercure avoit passé dans le manganèse à mesure que ce dernier avoit été dissout par la potasse qui avoit attaqué la cornue; pour confirmer cette explication ils ont ré- pété l’expérience dans une cornue de por- celaine, le gaz oxigène s'est dégagé, la ma- tière n'a point changé de couleur. Dans ces deux expériences la potasse n’avoit éprouvé (51) aucune altération dans sa nature intime ; et ils vous ont fait observer qu'en suppo- sant même qu'il se formit de l’acidenitrique, il resteroit nécessairement combiné avec la potasse, à moins qu'une température très- élevéé ne leréduisit en ses éléments, c'est- à-dire en gaz oxigène et en gaz azote. «Les citoyens Vauquelin et Brongniart chargés par vous de vérifier l’assertion de Valli que le gluten du froment et la fibre animale , traités par l'acide acétique se change , le premier en fecule, le second en gélatine , et que la farine est une des subs- tances alimentaires qui contient le plus de phosphate de chaux, ont trouvé au contraire que le gluten et la fibre animale triturés dans l’acide acéteux, s’y dissolvent très-bien, et qu'après y avoir séjourné, quelques gouttes d'alkaliles font reparoître avec toutes leurs propriétés , ils ont trouvé aussi que la farine ne contenoit que 84 grains de phos- phate calcaire par livre. MM. Tennant et Pearson avoient an- noncé qu'ils étoient parvenus à obtenir du charbon ,en décomposant le carbonate de chaux à l’aide du phosphore; vous avez chargé les citoyens Brongniart, Vauquelin D 2 (52) et moi de répéter cette expérience; le ci- toyen Brongniart vous a lu à ce sujet un mémoire sur la théorie des différentes af nités de l'oxigènesavec le charbon , le phos- phore, et aveeles-acides phosphoriques et carboniques.unis aux alkalis ;,et il a, prouvé la possibilité de l'expérience annoncée, par les physiciens anglois ; peu de temps après, vos, commissaires vous ont, présenté surie assez grande quantité de charbon.obtenue de la décomposition des carbonates de chaux et de soude par le phosphore. . Le citoyen Brongniart a répété à, l'une de vos séances les expériences que léscitoyen Benedict Prevot de Montauban à -faites:suy les moyens de rendre sensibles à {la vueles émanations des corps odorants. Ces. expé- riences tendent à prouver que tous les corps odorants s'entourent d'un atmosphère de fluide élastique qui se dégage avec force.! Le citoyen Bouillon la Grange: veus:a communiqué un mémoire sur le'camphre et l'acide camphorique , il a recarnu que le camphre étoit un huile volatile rendue concrète par le carbone , que l'on pouvoit en le distillant avec de l’alumine dans une cornue , obtenir séparément le carbone et (55) l'huile volatile, et que le camphre traité avec l'acide nitrique donnoit un acide dif- férent de tous les acides végétaux connus. Le méme membre vous a donné connois- sance d'un mémoire qu'il a lu à l'institut sur l'analyse du liége et la nature de l'acide particulier qu'ilena retiré à l’aide de l’acide uitrique ; il a obtenu aussi de cette subs- tance une matière résineuse qui a beaucoup d’analogie avec la cire végétale par sa mal- léabilité. | Le citoyen Bouillon la Grange vous a lu aussi un mémoire sur l'analyse du séné de la patthe cassia senna de Linneus. Un grand nombre d expériences sur les feuilles de ce végétal qui est d'un fréquent usage: en médecine ont prouvé à l'auteur que son analyse différoit peu de celle du quinquina ; il croit qu'il en sera de même de toutes les substances végétales sèches, qui traitées par les mêmes procédés donneront des résultats semblables , et que les végétaux à l’état li- gneux se comportent de la méme manière lorsqu'ils sont traités par les mémes réactifs, ensorte qu'une seule analyse de cette espèce bien faite, peut servir de modéle à toutes les autres analogues, D3 (54 ) Quant à ia manière d’émployer le séné, le citoyen Lagrange conseille de le faire infuser toujours à froid, et d'éviter de le joindre avec des acides, des teintures, et des eaux spiritueuses qui changent la nature de ce médicament, en oxigènant le principe qu'il appelle savonneux , et qui le rappro- chent par-là de la nature des résines; cette al- tération le fait agir tout différemment sur l'économie animale , il donne alors des co- liques violentes sans purger, et auparavant il purgeoit sans douleur. Le citoyen Collet Descotils vous a donné l'analyse de la staurotide de Bretagne, pierre connue précédemment sous le nom de croi- sette; cent grains de cette pierre ont donné à l'analyse, 48 de silice, Ao d'alumine, 95 d'oxide noir de fer, 05 d'oxide de manganèse , 1 de chaux, le citoyen Descotils a observé que si la granatite citée par le citoyen Laméthérie, dont les formes cristallines paroissent les mêmes que celles de la staurotide a donné des différences trèssensibles à l'analyse (55) qu'en a faite iegleb, c'est qu'il croit que la pierre éprouvée par ce chimiste n’est pas la granatite mais une espèce de grenat vert. Î Le même membre vous a donné l'analyse qu'il a faite de la ceylanite ; cette substance qui cristallise en octaëdre régulier et qui est d'une dureté suffisante pour rayer le quartz se trouve parmi les tourmalines roulées de Ceylan. Il résulte des expériences du citoyen Descotils qu'elle est composée de 68 parties d'alumine, 12 de magnésie, 2 de silice, 16 d'oxide de fer ; l'auteur en a conclu 1°. que l’alumine, la magnésie et l'oxide de fer peuvent se combiner assez intimément pour acquérir une dureté plus considérable que celle du quartz ; 2%. que ces trois substances ne se servent pas toujours réciproquement de fon. dant , puisque la ceylanite. est parfaitement infusible. Le tallite ou schorl vert du Dauphiné n'avoit point encore été analysé, on con- noissoit seulement l'analyse d'un autre schorl vert, qui par sa forme et sa situation | D4 (56) différe de celui-ci, c'est le Zillarthite de Lamétherie dans lequel Bergmann avoit trouvé seize parties de magnésie. Le citoyen Descotils dans l'analyse qu'il a faite du tallite n'a point trouvé cette terre, ilen a donné le résultat suivant; silice) 49/47 207 alumine: :,.51..: 27, chanxGto ass 41 oxide de maganèse 59, oxide de fer . +. 17. Le citoyen Lamark a lu plusieurs mé- moires consécutifs sur les molécules essen- tielles des composés , sur l'invariabilité de leurs formes, et sur l'unité ou l'identité de leur nature. Il a établi comme princive,;que tous les corps naturels homogènes étoient composés de molécules intégrantes parfai- tement similaires, qui restent toujours sem- blables tant quele nombre, les proportions, et l'arrangement des principes qui les com- posent restent les mêmes, que l'agrégation de ces molécules constitue les masses sen- sibles des corps, que dans l'acte de leur combinaison , il y a désunion des principes des molécules intégrantes , que la combi- naison une fois faite, les composés forment (57) de nouveaux corps homogènes dont les mo- lécules intégrantes ont des formes particu- lières et. constantes ainsi que leurs com- posants ; et que l’agrépation seule peut donner lieu à l’hétérogénéité des corps. Il a conclu de ces assertions , qu'il n'existe point de composés binaires et tertiaires ainsi que l'ont avancé les chimistes modernes, et que les résidus ou les produits des opé- rations chimiques ne sont point contenus dans les matières que l’on soumet à l'analyse. Le citoyen Lacroix vous a lu le résultat d'expériences qu'il a commencées sur l’ana- lyse de l’eau de neige; ik a observé que le fluide élastique qui s'échappe de la neige fondante ne contient que vingt-trois parties de gaz oxigène. Le citoyen Leliévre vous a donné con- noissance d'un rapport fait au comité de salut public sur l’éxtraction de la soude du sel marin ; il a fixé votre attention sur les procédés par lesquels on retire à Javelle la soude du sulfate de soude , au moyen du fer réduit en petites parties ; sur celui employé par les citoyens Leblanc et Dizé par lequel le sulfate de soude est décomposé au moyen du charbon et de la craie, et sur celui qui (58) est inventé par les citoyens Malherbe et Attenas et qui consiste à décomposer im- médiatement le muriate de soude au moyen du sulfate de fer; ce dernier moyen a paru très-avantageux à cause de la grande abon- dance des pyrites qu'on pourroit employer à cet usage. Les citoyens Lacroix et Chantran vous ont adressé un mémoire sur l'analyse chi- mique de quelques conferves ; ces subs- tances traitées à l'appareil pneumatochi- mique ont donné de l'acide carbonique, du gaz hydrogène carboné , et de l'huile empy- reumatique très âcre ; brülées à l'air libre, les conferves ont donné plus d’un tiers de leur poids de cendres qui ont produit une très-petite quantité de carbonate de potasse, mais beaucoup de muriate de soude; quelques-unes ont donné aussi de l'ammo- niaque et un peu de fer attirable à l'aimant. Les citoyens Lacroix et Chantran ont cru avoir tiré de leurs analyses une nouvelle preuve de l'animalité de ces substances. Mais les citoyens Vauquelin et Coquebert les ayant répétées sur votre invitation, en ont tiré une conclusion différente ; les mu- riate et sulfate de potasse qu'ils ont trouvés ( 50 ) abondamment dans les cendres des con: ferves , ainsi que les produits de leur distil- lation , les portent à croire que ce sont de véritables végétaux ; la petite quantité d'am- moniaque obtenue nest pas étrangère à l'analyse des autres végétaux. Ils établissent comme propriétés constantes des produits de ces deux règnes, que les matières ani- males en donnent toujours à nud qui ver- dissent les couleurs violettes , et les subs- tances végétales en donnent qui les rou- gissent toujours. Le citoyen Cazalet chimiste de Bordeaux a communiqué à la société l'observation suivante ; ayant rempli d'eau distillée un tube de fer de verrier à l'extrémité duquel il avoit placé un robinet, il prit du verre fondu avec ce tube et laissa couler quelques gouttes d'eau qui se réduisant en vapeur formérent un ballon qu'il scellasur le champ hermétiquement. En débouchant ce ballon dans l’eau, le liquide auroit semblé devoir le remplir entièrement , mais le citoyen Ca- zalet a remarqué qu'il existoit une grande quantité de fluide élastique ; ce fluide exa- miné se trouva être composé de gaz oxigène et de gaz hydrogène , d'où il paroît naturel de ( 60 ) éonclure que la chaleur du verre en fusion a suffi pour décomposer l'eau dans ses principes constituants. Arts Chymiques. Le citoyen Vauquelin vous a communi- qué une méthode nouvelle de dédorer le cuivre. Il s’est servi d'acide nitrique à vingt- quatre dégrés, saturé de mercure, il a cou- vert de mastic des graveurs , les parties du cuivre qui n'étoient pas dorées; en plongeant les lames de métal dans la dissolution, le mercure se dépose sur la surface , etse com- binant à l'or il coule en globules au fond du vase, ce qu'on accélère en brossant la surface. L'amalgame d'or ramassé et bien lavé à l’eau de fontaine, se distille dans une cornue de grès, le mercure passe, et l'or reste presque pur au fond de la cornue. Le méme membre vous a indiqué un pro- cédé nouveau pour faire très promptement l'éthiops martial. Il a mélé exactement deux parties de fer en poudre fine à zéro d’oxi- gène, avec une partie d'oxide rouge de fer, ( safran de mars astringent ) ; 1] achaufté pendant deux heures ces deux substances ( 62:}\ réunies dans un creuset couvert; il en eêt résulté une masse du pius beau noir qui s’est réduite facilement en poudre. À l’occasion d’un mémoire dans leque} on avoit proposé plusieurs moyens de con- server l’eau dans les voyagess de long cours, et notamment d'agiter violemment l'eau gâtée , et de lui combiner une grande quan- tité d'air atmosphérique; le citoyen Vau- quelin vous a annoncé qu'un particulier s'étoit servi avec succés. du lait dé chaux dont il enduisoit les tonpeals et qui:se changeant en Saghongse ca!cairé empéchoit la putréfaction. Le même membre vous a faitun ‘rapport des expériences qu'il a répétées pour véri- fier:le procédé indiqué parile crroyen Cadét de Vaux; pour purifier:Jla mélasse. Il .con- siste à faire dissoudre cette substancésdans leau en,y.mélant un quart de son :péids de charbon en poudre: grossière , on passe Ja liqueur à la chausse aprésiqu'elle a bouilli une heure ; le citoyen Vauquelin a vw qu'en la laissant.en contact aveéde charbon ‘penñ- -dant plusieurs jours; elles'amélioroit dayan- tage. On. fait -ensuite évaporer la liqueur dans une bassine et lessyrop ne conserve ( 62) plus qu'une saveur douce qui ne différe de celle du syrop de sucre que par un léger goùt de caramel. Le citoyen Vauquelin at tribue cet effet à la combinaison de la po- tasse qui est contenue dans le charbon avec l'acide qui est en excès dans la mélasse : il n'a pas pu obtenir un résultat aussi satisfai- sant en employant la chaux ou l'alumine. Le citoyen Gosse l'un de vos correspon- dants vous a lu un mémoire sur un'nouveau moyen qu'il a imaginé pour préserver les ouvriers des dangers qu'ils courrent en s'oc- cupant de dorures en or moulu. Ce citoyen avoit déjà remporté un prix en présentant un projet pour le même objet; il avoit pro- posé de réunir les vapeurs dans la cheminée d'un fourneau qui communiquoit au dehers, l'expérience lui a montré que l'är'froid re- fouloit ces vapeurs, et n'en diminuoit pas le danger, il établitaujourd’huisaconmuni cation dans unechambre qua est à la méme température que l'attelier ; l'avantage de ce nouveau procédé est constaté of un ns de plusieurs mois & Genève. : 345: Le citoyen Pelletier vous sommabsliliste des expériences qu'il a faites à Reuilly pour retirer Le cuivre du‘métal des cloches. Après tt tatin (65) avoir essayé différents procédés , il s'est ar. rêté agcelui d'oxider le métal lui-même. I} a obtenu communément par ce moyen, de soixante-cinq à soixante-neuf livres de cuivre pur par cent pesant de métal de cloches. Ces expériences se sont faites à plusieurs reprises sur une quantité de trois milliers. Le citoyen Lefebvre vous a annoncé qu'ayant acheté des cuillières sous le nom d'étain , leur usage avoit donné à sa famille des coliques violentes qui l'ont déterminé à faire l'examen de leur composition. IlLest résulté de ses expériences que c'étoit un mélange de soixante dixparties d'étain, vingt de plomb et dix de cuivre. Il attribue parti: culièrement au plomb les mauvais effets qu'il a observés , et il a ajouté des consi- dérations sur les dangers d'employer ces métaux alliés pour ustenciles de cuisine. Le citoyen Seguin vous"a communiqué les procédés dontils'estservi pour perfectionner le tannage des cuirs, il a donné dans cette occasion des preuves des: avantages :im- menses d'une saine théorie appliquée aux arts chymiques , on étoit parvenu en Angle terre par des tatonnements à perfectionner les procédés connus, mais plusieurs points (64 ) de perfection y manquoient encore, et la routine seule dirigeoit les tanneurs L. 4 j et leur faisoit employer des années äàtanner un cuir. Le citoyen Seguin a reconnu que dans l'opération du tannage , un principe du tan soluble dans l'eau se combinoit à la partie gélatineuse de la peau, et cessoit alors d'être soluble dans ce liquide; il a vu alors que le tan luiméme n'étoit pas utile, mais que l'eau dans laquelle il avoit sé- journé et qui étoit saturé de ce principe, pouvoit servir au même usage ; à cette dé- couverte qui facilite le transport de la ma- tière tannante en la reduisant à un petit volume, il a joint des procédés chymiques nouveaux pour accélérer la préparation des peaux, et la combinaison du principe tan- nant. Il est résulté de son travail qu'il est parvenu à tanner des cuirs forts en quinze ou vingt jours, quelquefois même en six ou huit: et les cuirs à empeigne en moins dé quatre jours. Cette économie considé- rable dans le temps et dans les procédés, a fait de l'art du tannage un art nouveau dont les citoyens Lelièvre et Pelletier ont rendu au comité de salut public le compte le plus satisfaisant , et dont l’auteur fait un , emploi (65) emploi avantageux dans une grande mauu- facture qu'il a établie à Sèvres. (1) Le citoyen Giroud vous a fait un rapport sur les divers procédés employés pour le charbonnage de la tourbe. On emploie or- dinairement la suffocation et la distillation. Ce dernier procédé plus dispendieux jusqu’à présent est beaucoup meilleur pour désin- fecter la tourbe ,‘diminuer le déchet, et re- cueillir les produits. Le citoyen Giroud vous a fait connoître un fourneau inventé par le citoyen Blavier qui paroïît aussi bon et beaucoup plus économique que la vaste cornue de tôle employée par le citoyen Thorin. Le citoyen Giroud a trouvé dans les produits de la distillation de la tourbe un savonule d'ammoniaque dont il a dé- gagé une grande quantité d'ammoniaque à l’aide de la chaux, et dont il pense qu’on pourroit faire un usage avantageux dans la fabrication du muriate d'ammoniaque. Le citoyen Baillet-Belloy vous a fait part du procédé employé dans les forges de La- marche près Namur pour améliorer le fer, et empêcher qu'il ne soit cassant à froid. (1) Voyez bulletin des sciences, an IV n°. 45 E ( 66 ) Ce procédé consiste à jetter une demie pelletée de carbonate calcaire réduit en poudre très fine sur la loupe au moment où elle est formée, et a la tenir exposée ainsi au vent des'soufilets pendant quelques instants avant de la porter sous le marteau. Cette castine produit un prompt effet sur la loupe , elle épure le fer et le débarasse de la sidérite ou phosphure de fer qui le rend cassant à froid. Le citoyen Lelièvre vous a fait connoître un procédé observé à Moutiers par le ci- toyen Nicolas sur un moyen de favoriser la cristallisation du sel marin à l'air libre. Il consiste à faire couler sur des cordes fixées perpendiculairement, de l'eau concentrée à vingt huit ou trente degrés: on fait par- venir cette eau ainsi concentrée dans une auge de bois de sapin qui règne sur toute la longueur du bâtiment de graduation qui a environ deux cents cinquante pieds d'é- tendue, cette auge percée de distance en distance laisse couler l'eau sur des cordes qui ont trois ou quatre lignes de diamètre. L'opération continue les trois mois d'été, pendant lesquels on retire deux fois le sel qui a formé ordinairement autour des cordes (67) un cylindre d'environ deux pouces et demi de diamètre. Chaque abaitue produit dans cet établissement trois à quatre mille quin- taux de sel très blanc et d’une excellente qualité. Nous vous avons donné quelques détails sur un procédé employé par la citoyenne Masson pour refondre le papier écrit et im- primé. L’acide sulfurique étendu d’eau dont elle se sert pour enlever l'encre du papier écrit, a déjà été employé. Quant à la re- fonte du papier imprimé, elle le met par feuilles macérer pendant douze heures dans l’eau de rivière , ensuite elle décante l’eau, exprime le papier , et le met sur le feu dans de nouvelle eau pour en faire une pâte claire. Elle fait dissoudre dans cette eau deux livres et demie de potasse par rame de papier, et remue le tout pendant une heure d’ébulli- tion. La liqueur devient noir et épaisse, et perd sa saveur alkaline; la pâte après avoir été lavée à grande eau devient sus- ceptible d’être portée à la cuve et de former un papier très-blanc qui a conservé tout le nerf nécessaire, ainsi que nous l'avons cons- taté à la manufacture d'Essone , où ces ex- périences ont été répétées sous nos yeux. E 2 ( 68 ) Le citoyen Girod Chantran vous a com- muniqué une expérience tendante à prouver la propriété antiseptique de la bière. Il a mis de la viande chargée de larves de mouches dans un vase qui contenoit une certaine quantité de bière , cette liqueur se chargea d'une odeur infecte , et après sa décantation , la viande se trouva assez réta- blie pour faire du bon bouillon, et pour ne conserver aucune saveur desagréable ; plu- sieurs autres expériences de ce physicien ont concourru à lui prouver la vertu anti- septique de cette boisson. Le citoyen Bouvier vous a lu un mémoire sur les procédés employés pour retirer l'huile de cade, du juniperus oxiacantha, et sur les différences de cette huile avec celle de gabian avec laquelle on la confond dans le commerce. Cette huile est en usage pour guérir les maladies cutanées des animaux. Le citoyen Lasteyrie vous a communiqué un mémoire sur la couleur jaune , éclatante et d'un teint solide qu'il a retiré du bo/etus hirsutus de Bulliard. Ce bolet trés gros , croit communément sur les noyers et sur les pommiers. Pour obtenir la couleur qu'il con- tient dans presque toutes ses parties, il suffit «| ( 69 ) de le piler et d’en faire bouillir la pulpe dans l'eau pendant un quart d'heure; sa couleur peut être variée par les mordants, elle produit le plus d'effet sur la soie, qui acquiert une couleur d'un jaune d’or écla- tant lorsqu'elle a ensuite été passée Pi le savon noir. Le citoyen Hauy vous a communiqué un moyen dont il s’est servi avec succès pour conserver aux pétales d'un grand nombre de fleurs séchées leur couleur naturelle. 11 suffit de les plonger quelques moments dans l'alcool ; leurs couleurs s'y affoiblissent , et reprennent peu ‘de temps à près toute leur vivacité qu'elles conservent ensuite pour toujours, ainsi que l'expérience le lui a prouvé depuis dix années sur les fleurs de diverses plantes notamment des »10/a odo- rala, geranium sanguineum ; €t vici@ dumetorum. E 3 ( 70) HISTOIRE NATURELLE, Généralités. LE citoyen Daubenton vous a envoyé un mémoire sur la classification des êtres orga- nisés , il examine si tous les êtres organisés qui passent poùr étre des végétaux ou des animaux , ont les caractères essentiels à ces deux règnes. Il pense que les moisissures, les lichens , les champignons, les truffes et les conferves ne sont pas de véritgbles plantes, il propose d'en faire une classe à part ; il propose aussi de faire une section particulière dés insectes et des vérs qui pré- sentent dans leur économie de très grandes différences avec les quadrupèdes vivipares, les cétacés, les oiseaux, les quadrupèdes ovipares, les serpents et les poissons qu'il regarde comme possédant seuls les carac- tères propres aux véritables animaux. Le citoyen Brongniart vous a lu un mé- moire sur la manière d'enseigner l'histoire naturelle à des jeunes gens qui ont peu de notions dans cette partie. Il propose ure méthode contraire à celle que les natura- Cu) listes ont adoptée jusqu'à présent pour l’en- seignement. Au lieu de commencer par des divisions générales , et de chercher à mettre dans la tête des élèves des caractères com- muns, il leur fait observer et étudier des espèces isolées, et les leur fait rapprocher ensuite par eux mêmes, afin d'en former successivement des genres, des ordres et des classes. Le citoyen Antoine Coqnebert vous a lu un mémoire sur l'importance de l'art du dessin, dans l'étude de l’histoire naturelle, il fait sentir l’uulité de bonnes figures en rappellant la confusion qui vient de la mul- titudede planches vicieuses qu'onrencontre dans les ouvrages d'un grand nombre denatu- ralistes ; il voudroit qu'une société de savants et d'artistes s’occupäi à faire un bon ouvrage complet dans ce genre, ou au moins à con- tinuer celui qui a été entrepris par des ar- tistes célèbres, et dont les dessins sont dé- posés à la bibliothèque du musœum d'his- toire naturelle. Le citoyen Cuvier vous a [u une disser- tation sur l'usage et la formation des méth@gies | enhistoire De UE Il aobservé queles êtres qui se ressemblent le plus par certains points E 4 , (72 ) importants et généraux conservent cette ressemblance dans les points de tous les ordres inférieurs ; il en a conclu que la bonté d'une méthode en histoire naturelle E doit tenir au meilleur choix dans la subor. dination des caractères , c’est a-dire à l’im- portance de certaines propriétés par rapport à toutes celles qu'on peut remarquer dans Ja description complette des individus. Lais- sant de côté les caractères qui tiennent à l'organisation et à la locomobilité et qui séparent les règnes de la nature, il n’a con- sidéré d'abord que les caractères généraux qui servent à ditinguer les animaux entre eux. Il a trouvé que les propriétés du sang formoient ceux de la plus haute importance et qui se rencontrent en première ligne dans toutes les classes qui sont naturelles, soit d'abord par rapport à sa composition , soit ensuite par rapport aux organes qui servent à sa température et à sa circulation. Il a placé Les caractères de troisième importance dans l'état de l'embryon relativement au placenta; il a distingué les mammifères dot le placenta reste en communication avec la mère jusqu'à la naissance du fœtus, d'avec les oiseaux dans lesquels il est séparé (75) de la mère bien avant cette époque ; aprés ces fonctions qu'il a appellées végétatives parce qu'elles ne dépendent ni du sentiment ni de la volonté et qu'elles sont communes aux animaux et aux végétaux. Il a placé les caractères qu'on peut tirer des fonctions particulières aux animaux et qui tiennent aux sensations , au mouvement et à la digestion. (74 9 HISTOIRE NATURELLE, Minéralosie. Lx citoyen Gillet vous a lu un mémoire sur la cause de quelques phénomènes ob- servés dans les volcans, il a établi son opinion sur la manière dont ils prennent naissance et surtout dontils sontalimentés, il regarde les volcans comme le plus souvent remplis de matières liquides et pâteuses en fermentation ; il pense que ce n’est qu’à une certaine hauteur que les gaz qui se dégagent de ces matières se mélent avec l'air pur, s'erflamment et produisent les feux qui ac- compagnent les éruptions ; c'est par la sura- bondance du gaz inflammable que les déto- nations sont occasionnées , et l’auteur at- tribue la communication qui existe entre les volcans à la continuation de la boue sou- terraine qui les unit entre eux. Le même membre à fait un rapport détaillé sur les recherches faites à Nanterre près Paris par le citoyen Moniotte pour trouver delahouilie; ce citoyen a fait quatre fouilles dans des endroits peu éloignés les RE ———————"—"î—ûî——eaens PERS ES (751) uns des autres, la première a été arrêtée à 50 pieds par une carrière à plâtre ; lase- conde à 33 par une source abondante au milieu des sables mouvants, le citoyen Mo- niotte a prétendu avoir trouvé à cette pro- fondeur quelques morceaux de charbon qui ont été déposés à la municipalité de Nan- terre ; la troisième à 66 pieds à la descente du Calvaire,où il s'étoit trouvé du bois pyÿ- riteux appellé parlextracteur, charbon saus vage: la quatrième à 17 pieds par les sables mouvants. Il résulte de ces ‘observations qu'il n'y a point encore eu de bon charbon trouvé dans ces quatre fouilles, et qu'il est peu probable qu’elles puissent en fournir ; que celles du citoyen T'ubeuf à Saint-Ger- main arrétées dans les craies à 100 pieds au dessous du niveau de la Seine n'ont pas été plus heureuses, ainsi que celles suivies à Chatou jusqu'à 180 pieds au-dessous du méme niveau par le citoyen Thouvenel d'après les renseignements de Bleton. Le citoyen Gillet a lu aussi un mémoire sur l'extraction de la tourbe dans le dépar- tement de la Meurthe , il suit des sondages nombreux qu'il y a fait faire qu'il y existe une très-srande quantité de tourbe en état (76) d'être extraite, il porte à 24,000 toises cubes les tourbièresnationales,età 94,000l'étendue de celles qui appartiennent à divers parti- culiers. Il pense que la tourbe mélée dans la proportion des trois quarts avec le bois, Pourroit aisément étre employée dans la plupart des manufactures. Le citoyen Gillet a fait aussi connoître à la société la découverte qu'il a faite d’une source formant des dépôts analogues à ceux de Saint Philippe en Tescane. Cette source est située dans les carrières de pierre cal- caire , dites les caves de la savonière à trois lieues de Tours département d'Indre et Loire, la source en sortant du banc dépose sur un rocher incliné, un albâtre calcaire souvent ondé, quelquefois revétu de petits cristaux en prismes droits hexaëdres , le dépôt est un carbonate calcaire très-fin et d'une blancheur éclatante qui ne le cède pas, au plus beau marbre de Carrare; le bassin dela source se couvre de pellicules calcaires, qui lui ont fait croire que la chaux pouvoit y être à l'état caustique dissoute par l'eau de la source, et ne se combinoit qu’à sa surface avec l'acide carbonique de l'at- mosphère ; äl ne doute pas que par des l CAT moyens analogues à ceux employés aux bains de SaintPhilippe, on ne pût couler dans les caves de savonières des bas reliefs imitants le plus beau marbre. Le même membre a donné des rensei- . gnements sur l’oxide de manganèse connu sous le nom de pierre de Périgueux , il ne se trouve qu'à huit lieues de cette com- mune particulièrement au hameau du Saquet, cette substance est répandue en petits morceaux dans les terres labourées et dans les vignes, pour l'obtenir en plus grande quantité on fait des fouilles de quelques pieds de profondeur dans ure terre argilleuse jaunätre mélée de beaucoup de jaspe jaune , tendre lorsqu'il est nouvelle- ment tiré de la terre, très-dur et prenant un beau poli lorsqu'il est sec, quelquefois parsemé de dendrites noires, formées par le manganèse ; on l'y trouve en rognons à- peu-près de la même manière que les mines de fer de transport. Le lieu où se trouve cette mine est élevé et situé au passage du calcaire au gneiss. Tout ce qui l’environne du côté du nord eb du couchant est de gneiss , le terrain calcaire le borne au midi ; il paroit que le manganèse affecte le plus (78) souvent cette positiont intermédiaire entre le pays secondaire et le pays primitif. Il a fait aussi connoitre à la société des morceaux de granit apportés du Hartz par M. Ingersen , et dans lesquels le feld spath a la propriété magnétique. Ces granits ont un aspect terreux, unê couleur rougeâtre, ils paroissent en grande-partie composés de feld spath et de quartz, avec des points bruns, et portent quelques taches de rouille. Pour vérifier facilement la propriété nou- velle de ce feld spath on en fait flotter des fragmens sur l’eau , alors si on approche du petit corps flottant un barreau aimanté il se dirige vers l'extrémité du barreau qu’on lui présente; mais dans le cas où le pôle du barreau auroit le méme nom que celui le plus voisin du petit corps , ce dernier se retourne et vient s'approcher par le pôle de nom différent ; si l’on retourne le barreau le petit morceau flottant se retourne aussi, ce qui prouve qu il est lui même un aimant. Le citoyen Gillet a fait remarquer à la so- ciété qu'aucun des feld spath qu'il a exa- minés sous ce point de vue, n'avoit cette propriété ; il a observé celle d’être attirable à l'aimant dans quelques fragments de la ( 79 ) pierre de Labrador, mais ils n’avoient point les deux pôles. Le méme membre a donné une notice sur des dépôts considérables de pierres cal- caires qu'il a trouvées dans les départements de la Chärente et de la Dordogne, ces pierres ont la forme de celles auxquelles on donne le nom d’oolites. Le citoyen Gillet attribue leur formation au roulement qui leur a Été communiqué par le choc des eaux de la mer et des grands lacs, qui leur ont imprimé un mouvement semblable à celui qu'on donne à la poudre à canon dans sa granulation. Il à trouvé quelques-unes de ces masses d'oolites calcaires, passées à l'état d'oolites siliceuses , passage qu'on peut induire aussi de l'observation c'es subs- tances calcaires , gypseuses, et siliceuses, qui pour les environs de Paris , se trouvent à Saint Ouen, Passy, et Champigny. Le citoyen Hauy vous a donné la descrip- tion de la gemme orientale, c'est l'espèce qu'on appelle communément rubis, saphir, ou topaze d'orient, suivant sa couleur rouge, bleue, ou jaune ; il est trés-rare de trouver cette gemme avec une forme nette- ment prononcée; aussi n'ayoit-on jusqu'ä ( 80 ) présent aucune description fidèle de ses cristaux. Le citoyen Hauy en a décrit quatre variétés en joignant à l'indication des formes, les résultats de la théorie sur les loix de la structure. Îl appelle orentale primitive celle qui a la forme d’un prisme hexaëdre régu- lier, sa couleur est lésèrement jaunûtre ; orientale allongée celle dont la forme est un dodecaëdre formé de deux pyramides droites hexaëdres , appliquées base à base; orientale mineure qui différe de la précé- dente en ce que ses pyramides sont plus courtes; etor/entale ennéagône, c'estl'orien- tale allongee incomplette vers ses sommets, et dans trois angles solides extrêmes qui sont remplacés par de petits triangles iso- cèles disposés alternativement , ce qui rend les bases ennéagônes. Le même membre a donné des observa- tions sur les pierres appellées hyacinthe et jargon de Ceylen ; Klaproth venoit de prouver l'identité de nature qui existe entre le jargon et l'hyacinthe de Ceylan dans laquelle il a trouvé une proportion de soixante-trois à soixante-dix pour cent de terre zirconienne ; le citoyen Guiton avoit démontré l'existence de cette même terre dans les hyacinthes de France (51) France. Le citoyen Hauy a ajouté à ces preuves chimiques celles tirées des carac- tères physiques et géométriques , etila con- clu que l'hyacinthe et le jargon ne doivent plus étre regardés que comme de simples variétés de couleurs et de formes d'une es- pèce unique qui sera appellée zrcon du nom de la terre qui y domine. L'analyse chymique avoit déjà conduit à penser que le titane sczorl rouse de Hongrie et celui de France étoient de la même espèce; le citoyen Hauy est parvenu à l’aide de la division mécanique et du calcul à prouver que le titane de Hongrie et celui de France sont la méme substance, et qu'ils ne peuvent différer que par des anomalies légères et accidentelles. Les minéralogistes avoient regardé comme une espèce particulière de mine de fer qu'ils ont nommée aimant, celle qui a les deux pôles magnétiques ; Delarbre, Romé de Lisle , et Girod Chantran avoient observé la même propriété dans quelques autres espèces de mine de fer, mais on avoit lieu d’être étonné qu'elle restât particulière à quelques mines de ce métal, le citoyen F (82) Hauy, en choisissant une aiguille qui n’avoit qu'un assez léger degré de vertu , semblable à celles dont on garnit les petites boussoles à cadran , a fait de nombreuses expériences dans lesquelles il a constaté que toutes les mines de fer avoient la propriété magné- tique, les cristaux de l’île d'Elbe , ceux du Dauphiné, de Framont, de l'ile de Corse etc., repoussoient tous un des pôles de la petite aiguille par le même point qui attiroit le pôle opposé; il résulte de ses expériences, que tous les morceaux de fer enfouis dans la terre qui n'abondent pas trop en oxigène, sont des aimants naturels qui varient seu- lement par leurs dégrès de force; en consé- quence l'aimant ne doit point former une espèce en minéralogie. Le citoyen Brongniart a donné lecture d'un mémoire sur les signes caractéristiques à donner aux substances minérales , il a ap- pliqué des types simples à chacune des grandes divisions de cette classe, et il a désigné les espèces et variétés par des addi- tions particulières à ces signes, ensorte qu'ils présentent une division systématique fort analogue à celle adoptée pour la science minéralogique , et dont la fécondité des va- (85) riations possibles surpasse celle des êtres naturels connus de ce règne. Le même membre ‘vous a lu des frag- ments d'un voyage qu'il a fait aux Alpes, dans lequel il a inséré des observations sur l’histoire naturelle et économique de ces contrées, etsur les mœurs de leurs habitans; il a appuyé ses descriptions d'échantillons quiont contribué à confirmer sonopinionsur l'origine de plusieurs roches qui composent cette chaîne de montagnes, particuliérement sur celle d'un pouding porphiroïide qu'il regarde comme primitif, c'est à dire, d'une formation contemporaine de la cristallisa- tion des montagnes qu'on appelle primi- tives; ces poudings sont en bancs per- pendiculaires alternés de bancs de schistes micacés sans aucun mélange de roches étrangères; il a remarqué que dans leur composition les angles du schiste sont à peine émoussés , tandis que ceux du quartz quia comparativementune dureté si grande, ont presque toujours l'air d'avoir été roulés. Le citoyen Berthout a lu des observa- tions sur la formation des cartes minéralo- giques ;il a proposé de substituer des noms de minéraux à ceux des communes sur les in Pa ( 84) cartes, à placer ces noms dans leur vraie position géographique , à les indiquer par abréviation d’après un système minéralo- gique, au lieu d'employer des signes pour les désigner; et enfin à mettre dans des no- tices marginales des renseignements exacts sur la position locale et le gissement de ces minéraux. Lecitoven Bailletvousaproposélesmoyens suivants d'exploiter sans danger les veines de houilles sujettes au feu grisou : 1°. Le courant d'air doit étre rapide, afin quela masse d'air soit la plus grande qu'il est possible , relativement à la moffète qu'elle charie. 29, Il doit passer à la taille méme, afin de lécher, pour ainsi dire, la surface de la veine. 30. Z/ doit suivre cette taille de bas en haut et non de haut en bas, comme dans les mines du Hainault afin d’emporter plus sûrement la moffète qui par sa légéreté spécifique, tend à s'élever. 4°. I doit, lorsqu'il a parcouru la lar- geur de la taille, et qu'il est Chargé de mof- fète, sortir de la mine par le chemin le plus court, et ne point passer dans les galeries où | (85 ) l’on est obligé d'entretenir des lumières pour le service des zercheurs. 69. Enfin 7 doit étre resserré dans des voies dont les parotïs soient bouchées herrrié- 1 . À GA tiquement, afin qu'il ne puisse se diviser et s'écarter de la route qui lui est tracée. Le même membre a lu une notice sur l'enfoncement subit d'une grande étendue de terrein près Liége dans le département de l’'Ouite ; cet enfoncement a eu lieu sur une étendue de six à sept cents pieds en lon- gueur , et de trois à quatre cents en largeur ; il a produit un arrachement à pic d'environ cinquante pieds sur toute sa longeur. Le citoyen Baillet attribue cet affaissement à d'anciennes exploitations de houille qui ont été faites dans les environs, quoiqu'on n’en voie plus de restes dans cette vallée au-des- sous du niveau de la Meuse. _ Le citoyen Coquebert vous a là la des- cription d'un voyage qu'il a fait à Audou- ville , canton de Cournay; il s’est attaché particulièrement à donner la description topographique du pays, des détails sur l'agri- -culture qui y est pratiquée et sur les arts que les habitans exercent ; il a rappellé le FN3 (86) polissage des verres à lunettes qui est par- ticulier à ce pays, et qui a lieu par le moyen d’un sable qui y est fort commun ;ila décrit aussi la maniére dont les habitans font ce beurre qui jouit d'une si grande réputation. Le même membre vous a Iù un mémoire sur les carrières de pierres à meules qu'il a eu occasion de visiter dans la commune des Molières département de Seine et Oise. Ces carriéres très-anciennement exploitées, le sont peu dans ce moment, il a ajouté aux procédés indiqués par Guetiard pour l'extraction des pierres à meules , que dans le canton des Molières, un massif de sable placé au-dessous du banc supérieur d'ar- gile dans lequel se trouventles pierres meu- lières, donnoit la facilité de se débarasser. des eaux en poussant les puits jusquà cette couche sabloneuse. Le citoyen Coquebert a trouvé aux environs de ces pierres, des nids de silice blanche presque pure, et dans laquelle l’analyse n'a démontré qu'un cin- quantième d’alumine ; cette silice précipitée de sa disselution dans la potasse par l'acide muriatique, a donné des globules transpa- rents et calcédonieux assez considérables, mais qui n'avoient point de forme régulière. | (1871) Les droits dont jouissoient les habitants de cette commune, et les priviléges uniques qui leur étoient accordés dans le douzième siècle et qui en faisoient une espèce de répu- blique , sont une preuve de l'importance que le gouvernement mettoit alors à l’ex- traction des pierres à meules. Le même membre à lu dans plusieurs de vos séances des parties de la traduction que le citoyen Ernest Coquebert son fils a faite du voyage suédois de Linneus en Wer- trogothie , en Ofland et Gothland. Les citoyens Lelièvre et Gillet vous ont lu des rapports sur les voyages que les ci- toyens Picot et Ramond ont faits dans les Pyrénées pour parvenir au Mont Perdu ; ces naturalistes ont reconnu que ces montagnes sont calcaires au lieu d'étre granitiques comme la plupart des hautes chaînes al- pines ; le Mont-Perdu lui-même le plus élevé de cette chaine, est entiérement composé de calcaire compact dans lequel on recon- noit divers fragments de coquilles ; ils ont ainsi ajouté une nouvelle certitude aux faits que les citoyens Gillet et Brongniart avoient déjà rapportés sur une partie de ces montagnes. F4 (58) Le citoyen Blavier vous a lu un mémoire sur la minéralogie du bassin houillier qui rérferme (Commune d’Armes , Saint- Chaumond et Rivesdegier , et sur la nature des collines granitiques qui l’environnent; il a joint à ce mémoire des observations sur les aciéries, fonderies , usines, carrières et autres établissements contenus dans ce bassin et aux environs. Le citoyen Macquart a lu une notice sur la pierre à laquelle le citoyen Lamétherie a donné le nom d’asbestoïde, et quise trouve au bourg d'Oisan dans le ci-devant Dau- phiné. Cette pierre est d’un vert tendre, elle se présente sous la forme de filaments qui Jui donnent l'apparence de l’asbeste dont elle est souvent accompagnée, mais dont elle diffère par l'oxide de manganèse qui entre dans sa composition. Le résultat des expériences que le citoyen Macquart a faites avec le citoyen Vauquelin leur a prouvé que l'asbestoïde est composée de 47 partie de silice, 11, 3 de chaux, 7, 3 de magnésie, 20 d'oxide de fer, et 10 d'oxide de manganèse. Le citoyen Duhamel a donné une obser- vation sur un filon extrémement poli qu'il ( 89 ) a observé dans les Pyrénées'orientales. Saus- sure, Lapeyrouse, Dolomieu et Dietrich avoient déjà remarqué cette propriété dans plusieurs substances minérales ; la roche observée par le citoyen Duhamel servoit de salbande à un filon de pyrite cuivreuse dans les mines de Cascastel ; le travail qu'on a fit sur ce filon , a mis à découvert cette roche qui dans une étendue de vinot mètres sur 2 : présente une surface dans le même plan, et du poli le plus parfait; la pierre qui la compose est d’une nature argilleuse et siliceuse , la partie polie semble un espèce de vernis ou d’émail qui se laisse détacher en écailles très-minces. Le même membre a lu un mémoire sur la formation de quelque brèches, il a ob- servé que si la nature emploie souvent de grands moyens pour les former, tel que les ruptures occasionnées par de violentes se- cousses , les grandes submersions , etles dis- solutions pierreuses qui les réunissent en s'insinuantentreleurs débris, souventaussiles intempéries natureiles de l'atmosphère suf- fisent pour user et diviser quelques pierres, les réduire à un état pâteux et les réunir ( 90 ) ensuite sans le secours d'aucune matière étrangère. ï Le citoyen Gillot vous a envoyé un mé- moire sur la structure de l'hyacinte cruci- forme, la forme sous laquelle se présente cette substance est celle d'un faux prisme à quatre pans héxagônes, surmonté par un sommet tétraëédre à facesrhombes, les arrêtes du prisme sont remplacées par des angles rentrants, sa molécule intégrante paroit ètre un tétraëdre ; il résulte de la stracture _de cette subtance qu'elle forme une espèce bien distincte dans le règne minéral comme l'avoit déjà présumé le citoyen Hauy , et la manière dont elle se divise sembie indiquer quelle n'est point une mâcle. Le méme membre a lu une observation sur un spath fluor cubique de Buxton en An- gleterre, l'analyse a prouvé que cette subs- tance étoit un fluate calcaire, mélé d'argile ferrugineuse, la forme cubique qu'elle af- fecte es: due au fluate calcaire, et l’on peut dire de ces cristaux qui sont toujours isolés, qu'ils sont au spath fluor ce que le grès cris- tallisé de Fontainebleau est au spath cal- caire, à la différence près de la matière (91) hétérogène , qui d'un côté est l'argile et le fer , et de l'autre la substance quartzeuse. Le citoyen Millin a lu sur la topaze des anciens , une dissertation en partie extraite d'un mémoire de M. de Born contenu dans les actes de la société de Bohéme; il suit de ses observations particulières et des pas- sages comparés de différents auteurs que la pierre que nous nommons aujourd'hui to- paze portoit le même nom chez les Grecs, qu'elle a été nommée chrysolite par Pline, et que la topaze de Pline étoit une pierre verte dont on avoit fait quelques statues. Le même membre a lu une dissertation sur la nature et l'existence des anciennes sardonix d'une grossear considérable, qui ont été employées à faire des camées; il a combattu l'opinion de M. Welthein qui regarde ces grandes sardonix comme fac- tices, il a établi les causes qui ont pu faire perdre de vüe les carrières qui les fournissoient aux anciens, et qu'il présume être situées dans l'Inde; il a témoigné le desir que la société de Calcuta fit des re- cherches sur les gites de cette substance précieuse , mais pour prononcer plus posi- tivement encore entire son opinion et celle (92) de M. Welthein, il a proposé à la société de nommer des commissaires pour examiner la nature de la grande sardonix, et parti- culièrement de la couche blanche qu'on regarde comme factice, et répéter le pro- cédé indiqué par Caylus pour produire un effet semblable sur les cornalines. Les ci- toyens Fourcroy, Gillet, Millin et Desco- tils qui ont été nommés commissaires vous ont déjà fait sur cet objet un premier rapport, d'où il paroit résulter que ces substances ne sont réellement pas un produit du feu. -Le citoyen Girod Chantran vous a adressé des observations sur une cristallisation de stéatite, les cristaux qui sont d’une couleur jaunâtre sont des rhomboïdes terminés p une seule pyramide, ensorte qu'ils ont ne faces, ces cristaux fondent facilement au chalumeau , il conservent leur couleur jaune ; l'analyse a prouvé au citoyen Chan- tran qu'ils contenoient un peu moins de silice, et un peu plus de magnésie que leur matrice. Le citoyen Tonnelier vous a lu une ob- servation sur une forme nouvelle de cristal de roche ; c'est un prisme héxaëdre d’une parfaite transparence , surmonté d’une py- (93) ramide hexaëdre tronquée très prés de Îa base ; la face héxagône qui termine la py- ramide naissante est terne , et présente de très-petites cavités; le citoyen Tonnelier pense que pour expliquer cette forme se- condaire qui n'a été citée par aucun auteur, il suffit de supposer qu'un corps étranger pressant le cristal lors de sa formation a mis obstacle à son entier développement, en arrétant les loix de décroissement dans les lames qui tendoient à completter la pyra- mide héxaëdre ; qu'ainsi il n’est pas néces- saire de recourir à d’autres loix de struc- ture que celles que le citoyen Hauy a fait connoître dans son mémoire sur le cristal de roche, inséré parmi ceux de l'académie des sciences. Le même membre a trouvé à Saint-Julien de Sault département de l'Yonne, une va- riété de carbonate calcaire cristallisé qui a fourni au citoyen Hauy une application cu- rieuse de sa théorie des loix auxquelles est soumise la structure des cristaux; ce spath calcaire a quelque analogie avec le métasta- tique, c'est celui auquel il a donné le nom de spath calcaire paradoxal. Le citoyen Bosc vous a lu des observa- (94 ) tions sur la cristallisation de la glace , il a vérifié celles quiavoient précédemmentservi à établir que la glace cristallisoit communé- ment en octaëdre équilatéral ; il a observé un grand nombre de cristaux de deux lignes de hauteur; il a vu sur les bords de la Seine que la glace brisée étoit formée en cristaux grouppés qui présentoient l'image de prismes semblables au retrait des argilles, ou aux formes basaltiques. (9) HISTOIRE NATURELLE, Partie Botanique. LE citoyen Ventenat vous a lu la des- cription d'un genre nouveau auquel il a donné le nom de furcræa, et sous lequel il a rangé deux espèces qu'il a nommées Jurcraea gisantea et furcræa cubensis, ces deux espèces avoient été jusqu'à présent rapportées au genre agavé, mais des carac- tères saillants approuvés par plusieurs bota- nistes , et notamment par les citoyens Jus- sieu , Desfontaines , et Lamarck, ont déter- miné le citoyen Ventenat à en faire un genre particulier. Il a donné ensuite une description complette du furcraea sisanteaæ que l’on doit regarder comme une des plantes les plus intéressantes et peut-être la plus belle qui existe dans la famille nombreuse des liliacées. (1) Le même membre a lu un mémoire sur l'anthirrinum ; a décrit plusieurs espèces nouvelles de ce genre qu'il a trouvées dans l'herbier du citoyen Jussieu: Il a présenté de nouvelles observations sur le pe'oria; (21) Voy. bull. des sciences, n°. 18, an 179. (56) cette monstruosité ou superfétation n'est pas seulement propre à différentes espèces du genre mufflier ou linaire ; Leers l’a ob- servée également sur des fleurs de violette, et le citoyen Coquebert l’a remarquée aussi sur un pied de melarrpyrum silvaticum. Le citoyen Ventenat a lu aussi une dis- sertation sur le genre phallus ; Linneus n'avoit fait mention dans ses ouvrages que de deux espèces de ce genre, Gmelin en avoit indiqué dix parmi lesquelles :l s’en trouve plusieurs qui ne sont pas congénères, comme le Phallus fungoides. Le citoyen Ventenat en décrit treize espèces qu'il a divisées en deux sections, la première ren- ferme les espèces dont le pédicule est nud, et la seconde celles dont le pédicule est volvacé ; la première section a été sous-di- visée en chapeau adhérent dans toute son étendue, et chapeau adhérent seulement au sommet ; la seconde a été également di- visée en chapeau pourvu d'ombilic, et cha- peau dépourvu d'ombilic. Ila donné le nom de phallus tremelloides et phallus crassipes à deux espèces qui ont été trouvées aux environs de Paris près Pontchartrain , et de phallus indusiatus à celle qui aété apportée de (97) de la Guyanne hollandoise par le citoyen Vaillant père , et dont la forme élégante et les couleurs éclatantes et variées , pré- sentent un tableau agréable par la prodi- gieuse quantité des individus qui croissent dans le même terrein. À l’occasion de plusieurs arbres précieux apportés en l'rance des îles Moluques , le citoyen Ventenat a donné des détails sur le canelier laurus cinnamomum , le géro- flier cari'phyllus aromaticus et l'arbre à pin artocarpus incisa. Il s'est particulière- ment étendu sur l histoire naturelle et éco- nomique de cette dernière plante quin’avoit pas encore été vue vivante en France. Le citoyen Charles Coquebert vous a lu un mémoire sur les plantes que les anciens employoient pourempoisonner leurs flèches; la plupart des historiens ont négligé de les faire connoiître ; il a trouvé dans des ou- vrages rares et étrangers que le veratrum album , l'helleborus viridis , et l’aconyturn lycoctonum étoient celles dont ils se ser- voient le plus habituellement pour cet usage. Le même membre a communiqué à la société les observations faites par le citoyen Fomain Coquebert et lui sur une espèce de G (98 ) conferve qui n’avoit pointencore été trouvée en France; c’est celle que Muller a repré- sentée dans la /ora danica et qu'ilanommée conferva jugalis. Les citoyens Coquebert ayant ramassé cette conferve dans les envi- rons de Paris ont constaté à l’aide d'un ex- cellent microscope de Naïrne et Blunt qu'il y a dans cette espèce des filets mâles et femelles, que ces filets se réunissent par un véritable accouplement, que les globules contenus dans les filets mâles passent dans l'intérieur des filets femelles , que par cette réunion il se forme dans ces derniers filets, des graines ousil'on veut des œufs qui re- produisent l'espèce , premier exemple dans le règne végétal d'un mode de reproduction absolument analogue à celui que nous offrent les animaux. (1) j Le même membre vous a annoncé quil avoit trouvé dans le cours de l'été dernier la plante nommé /obelia urens; 1°. tout auprès de Versailles dans le bois qui touche au petit Montreuil, 2°. dans les routes qui vont du pavilion du Buttard à la fontaine de Marotte, cette plante n'avoit point en- core été indiquée aussi près de Paris. ——— — (1) Voy. bull. des sciences, n°. 30. (99 ) Les citoyens Hallé , Cels et moi vous avons communiqué une suite d'observations sur l’hedisarum gyrans ; (1) cette plante cu- rieuse dont les follioles ont un mouvement oscillatoires et continuel , est originaire des bords du Gange, et très-commune à l’île de Sainte-Croix, elle a été décrite par Linneus fils, et depuis par le citoyen Broussonet ; nous avons joint des observations particu- lières , à celles qui avoient été rapportées par ces naturalistes , et nous sommes par- venus à déterminer les habitudes de ces follioles, dans la figure qu'ils décrivent , dans la durée de leurs mouvements, dans leur périodicité et dans les circonstances qui peuvent avoir de l'influence sur eux; en général leur accélération paroit suivre assez constamment la raison directe de la chaleur et de | humidité. La connoissance exacte de la classification et de la reproduction des plantes criptogames étoit encore peu connue des naturalistes; le citoyen Jngenhouz avoit le premier soup- çonné l’animalité de quelques unes d’entre elles , mais il étoit réservé au citoyen Girod Chantran de prouver par une multitude (1) Voy. bull. des sciences, n°. 29. Le b ( 100 }) d'observations microscopiques que la plu: part des conferves et des bysses étoient de véritables polypiers à enveloppe végétale et que cette classe éloit naturellement un pas- sage qui unissoit les deux règnes des corps vivants. Un monde nouveau développé à yos yeux par ce laborieux naturaliste vous a vivement intéressé ; dans huit mémoires consécutifs, qui offrent une série non in- terrompue de découvertes nouvelles qu'il a faites dans l’espace de six années; il a ob- servé la naissance , les habitudes, et la re- production d’un grand nombre de conferves dont il a donné des figures exactes. Il a vu que plusieurs de ces conferves après avoir été desséchées , reprenoient l'existence lors- quon leur donnoit de l’eau nouvelle; il a remarqué comment les tubes entrelacés et réunis se remplissoient de globules de di- verses formes qui grossissoient et après avoir abandonné ces tubes acquéroient une exis- tence particulière, et dévoroient d’autres animalcules, ou en étoient dévorés. Quel- ques-unes sembleroient aussi pouvoir étre employées dans les arts ; d’une con- ferve qui a produit un vo/ox analogue au globator, et qu'il a nommé Zacustris , (107 ) il a retiré une couleur rouge approchante de celle de la cochenille ; il s’est servi de cette couleur pour enluminer la figure qu'il a donnée de cet animacule , et il présume qu'on pourroit aisément le multiplier au point de le rendre utile dans la teinture en grand. Quelques-uns tels que ceux de la conferva fontinalis lui ont présenté un phé- nomène singulier dans leur réunion en nombre déterminé immédiatement après leur naissance, et dans leur marche ainsi soutenue dans un ordre constant comme s'ils ne formoient qu'un seul animal. Dans l'un de ses mémoires, il a cherché à établir que les maladies des grains connus sous le nom de nielle et de charbon n'étoient occa- sionnées que par la réunion d’animalcules, dans lesquels il a remarqué un mouvement sensible. Il a indiqué aussi un de ces petits polypiers qui présente l'aspect d'un limon ferrugineux, mais que le microscope fait voir peuplé d'animalcules, qui brüié donne un résidu qui contient des particules atti- rables à l’aimant. Enfin il a examiné quel- ques-unes des maladies qui attaquent les feuilles et l'écorce de plusieurs arbres, et il croit pouvoir attribuer ces maladies à des. G 3 ( 102) myriades d'animalcules dont il a donné la figure et la description , et qui dévorent les organes des parties auxquelles ils s'attachent et obstruent la circulation des fluides. Sur le rapport des commissaires que vous aviez chargés d'examiner cet immense travail, vous avez cru devoir le communiquer à Pinstitut national, tant pour donner la pu- blicité nécessaire à ces observations cu- rieuses, que pour faire jouir le citoyen Chantran de la portion de gloire qu'il lui a méritée, en le soumettant à l'appréciation de juges aussi éclairés. Se mn. se D ns ( 103 ) HIS EOIRE NA TUREDLES Zoologie. Le citoyen Cuvier vous a communiqué l'extrait d'un mémoire qu'il a lu à l'institut sur les Rhinocéros , et dans lequel il a établi que les deux espèces connues de ces ani- maux ont l’une et l’autre, tantôi une, tantôt deux, quelquefois trois cornes , qu'ainsi on ne peut point les distinguer par ce carac- tère, mais seulement par le nombre et la position de leurs dents; le rhino- céros d'Afrique a vingt - huit dents toutes molaires , et celui d'Asie trente quaatre savoir vingt-huit molaires et six incisives. Il fait voir qu'il est plus que probable qu'il y en a encore deux espèces différentes des deux que l'on ne connoit bien que depuis quelque années , d’après les travaux de Camper et de Vicq-d'Azir ; il a montré aussi que les rhinocéres fossiles de Sibérie et d’Al- lemagne différoient essentiellement des quatre espèces qui vivent aujourd hui. Le même membre vous a communiqué un mémoire dans lequel il a fait voir que G 4 ( 104 ) les quadrupèdes unguiculés ont tous cinq doigts, quelque soit leur nombre apparent, et que ceux dont les pieds sont terminés en forme de sabot ont toujours trois ou quatre doigts. Le même membre a donné des détails sur un animal nouveau dont le squélette long de douze pieds et demi, et haut de six a été trouvé dans le sable à cent pieds sous terre près la rivière de la Plata; il a présenté les gravures des différentes parties de cetanimal qui viennent d'être envoyées de Madrid; en comparant les caractères qu'il a tiré de toutes ses parties avec celles des autres animaux dont il paroït se rap- procher , il résulte qu'aucun animal vivant ni fossile ne réunit ces caractères; le citoyen Cuvier en forme un genre particulier voisin des paresseux avec lesquels il a beaucoup d'analogie , et il lui attribue des caractères tirés de la forme des dents et des doigts. Ce mémoire lui donne oceasion de faire remarquer qu'aucun des quadrupèdes fos- siles qu'il a été à portée d'observer , n'a véritablement d'analogue actuellement exis- tant; cette observalion imporlante a été ap- puyée par les citoyen Geoffroy et Brongniart à pd A ( 10 ) dont le premier n'a trouvé dans l'examen qu'il a fait des nombreuses coquilles fos- siles du cabinet du citoyen Lamarck aucune espèce dont l'analogune parfait fut existant; et le second avoit fait la méme observa- tion sur les coquilles fossiles de Grignon. Le citoyen Cuvier a lu la description d'un mollusque ce l'ile de Bourbon dont il a cru devoir faire un nouveau genre et qu'il a nommé p#yllida ; il a observé que ce genre ne différoit de l'animal des patelles qu'en ce que ces derniers ont l'anus sur la tête, au lieu que celui du phyllida est en tube, et placé au côté droit, mais le pLyllidaestnud et les patelles sont revêtues d’une coquille; il a appellé l'espèce qui lui a servi à former ce nouveau genre pyllida borbonica, Le même membre a lu un mémoire sur une nouvelle espèce de guëpe cartonnière avec des observations sur l'espèce aneien- nement connue, il a remarqué que la guépe d'Amérique que Fabricius à nommée vespa nidulans a été mal décrite par Réaumur, et que cé savant naturaliste a pris et figuré pour la femelle et les mulets de cette es- pèce, un chalcis qui a beaucoup de rap- port avec le chalcis annulata de Fabricius ( 106 ) dont Ja larve se nourrit de celle des autres insectes. La nouvelle espèce de guépe car- tonnière estégalementoriginairedeCayenne, son travail est beaucoup moins parfait que celui de la cartonnière que Réaumur a fait connoitre , elle est d’un tiers plus grande que cette guépe à carton fin, elle est toute entière d'un noir brillant , le premier article de son abdomen est étroit et en forme de poire , le deuxième plus large que les autres a la forme d'une cloche, les ailes sont brunes; le citoyen Cuvier l’a nommée vespa tatua , du nom de £atou qui lui est donné par les habitans de Cayenne, et il l’a caractérisée ainsi : vespa talua, nigra nitida, alis fuscis, abdomine pedicellato. Les citoyens Cuvier et Geoffroy ont donné un mémoire sur les espèces d’éléphants, ils ont prouvé quil en existe au moins deux espices bien distinctes dont les crânes sont déposés au cabinet du musæum d'histoire naturelle ; le crâne de celui d'Asie est près d’un cinquième plus haut à proportion de sa longueur que le crâne de celui d'Afrique, et un caractère distinctif est que la coupe des lames verticales dont les dents mo- laires de ces animaux sont composées, pré- (107) sentent deslozanges dans l'éléphant d'Afrique et des rubans transversaux dans celui d'Asie; ils rapportent au genre des éléphants, l’ani- mal dont ont a trouvé les ossements et les défenses fossiles dans le Canada; ils ont ajouté que le m7ammouth dont on a trouvé les ossements en Sybérie et qu’on avoit tou- jours regardé comme un éléphant, quoique trèés-voisin de l'éléphant d'Asie en différe assez pour étre considéré comme une espèce distincte. Les mêmes membres ont lu divers mé- moires sur les orangs outans, le premier dans une description qu'il a donnée des di- verses espèces qui ont porté ce nom , a rec- tifié les erreurs qui ont échappé à cet égard à plusieurs naturalistes et voyageurs ; il a prouvé que les orangs outans sont de véritables singes qui ont beaucoup plus de rapports avec les animaux qu'avec l'homme auquel on se plait à les comparer; ila ter- miné ce mémoire par l’histoire particulière o OUËEI et l'anatomie comparée de l'orang roux de Bornéo. Le second à l’occasion d'un squélette tiré du cabinet du Stathouder et envoyé par V'urmbs , comme provenant d’un orang ou- ( 108 ) tan, a reconnu que sile manque de queue et [a longueur excessive des bras le rapprochoit de l'ourans outande Camperet des Grbbons; la forme de sa tête ressemblant à une moitié de pyramide, celle de ses dents, et la lon- gueur des canines lui assignoient presque le dernier rang dans cette famille et le rap- prochoient des espèces de quadrupèdes car- nassiers, Le citoyen Gecffroy dans la lecture d’un mémoire sur les animaux à bourse , genre didelphis de Linnæus, a rappellé que cans ces animaux [a matrice ne communiquoit pas dans le vagin par un simple trou, mais par deux canaux latéraux sémicirculaires , et que la verse du mâle est fourchue afin de pénétrer dans ces canaux; il a commu. niqué les observations faites par le doc- teur Home anglois, sur l'accroissement du col de la matrice à l'époque de, la fé- condation ; il a rappellé qu'aussitôt que la femelle avoit concu elle mettoit bas de petits étres à peine formés , qui avoient besoin de la poche que ce genre d'arimaux a dans la partie inférieure de son corps, Où les petits sont renfermés jusqu'à ce qu'ils puissent se passer de leur mère ; il a divisé ( 109 ) cette grande famille en quatre genres, dont il a donné les caractères distinctifs ; les dasyures, les didelphes , les phalangers , et les kanguroo ; il a décrit avec soin les quatre espèces dont le genre kanguroo est composé, en rappellant la synonimie et les observations données par différents auteurs, et qu'il a rapprochées et éclairées par la critique ; il a décrit le genre phalanger dont une seule espèce est citée dans les auteurs systématiques sous le nom de didel. plis orientalis, il en a reconnu et décrit sept espèces; il a observé aussi que ce genre fait l'intermédiaire et lie intimément les di- delphes et les kanouroo. 11 vous a fait re: marquer que le genre entier des didelphes ne se trouve qu'en Amérique, et les trois autres genres habitent, partie aux Indes, dans les moluques , et partie à la nouvelle Hollande. Le même membre a lu des observations sur les espèces du genre myrmécophage quil a divisé en deux genres nouveaux, l'un qu'il a formé du cochon du Cap, et qu'il a appellé oryctérop, mot qui est ana- logue à la faculté qu'il a de fouiller la terre avec une extrême facilité ; il a conservé à (110 9 l’auire genre le nom de myrmécophage, (fourmillier ) dans lequel il compte trois espèces , le myrmecophaga didactyla , le myrmecophaga jubata ete myrmecophaga tamandua , À réunit sous ce dernier nom les cetradactyla et tridactyla. Le méme membre a lu des observations sur les dents du tapir , plusieurs naturalistes se sont trompés sur l'espèce et le nombre des dents de cet animal en lui comptant dix incisives à chaque mâchoire et point de ca- nines , tandis qu'il n’a que six incisives et deux canines , ce qui le rapproche du genre cochon; l’auteur a cru devoir faire deux espèces de tapirs le zorr et le roux. Le méme, membre a lu une notice sur une nouvelle espèce de quadrumane ap- porté du Sénégal sous le nom de galago ; il n'a que deux incisives à la mâchoire su- périeure, et quatre intermédiaires rappro- chées par paires , ses tarses sont très allon- gés, il a de grandes oreilles nues; le ci- ioyen Geoffroy a cru devoir en faire un genre qui unit celui du tarsier à la famille des quadrumanes. Le méme membre a donné connoiïssance d'un mémoire dans lequel il a fait voir que (111) le simia mormon est le méme que le simia memon, les ayant examinés avec soin, il a reconnu que la couleur de leurs poils, la grosseur du corps, et la iongueur des canines sont des différences qui ne dé- pendent que de l’âge. Le citoyen Geoffroy a lu aussi une disserta- tion sur l'engourdissement du rat hamster muscricelus ; il s'estassuré que le zamster éprouvoit un véritable engourdissement , et que le sang de cet animal comme ce!ui des chauve-souris n'a que dix degrés de chaleur dans son état naturel ; il croit que le zamster renfermé dans son trou, y consomme promp- tement l'oxigène qui s’y trouve, et que lors- qu'il n'en-trouve plussuffisamment pour que la respiration suffise à la chaleur qui lui est nécessaire , sa graisse se solidifie, son sang se fige , ne circule plus, et l'animal perd le mouvement, jusqu'à ce que le printemps ramène une température plus douce et lui donne une nouvelle vie. Le même membre vous a donné une nou- velle division méthodique des oiseaux de proie de nuit, ila cherché à employer d'une manicre systématique les caractères dont se servent les fauconniers, etqui sontindiqués (112) par Buffon; les premiers qu’il appelle fau- cons proprement dit, ont une forte dent à chaque côté du bec et la seconde penne des aîles plus longue que toutes les autres; Les seconds n'ont aucune dentelure au bec et ils ont la troisième ou la quatrième penne des ailes plus longue; il a donné les sous- divisions de ces familles dans lesquelles il a trouvé moyen de ranger dans une disposition naturelle toutes les espèces du genre falco , qui jusqu'à présent avoient été fort mal disposées. / Le citoyen Duméril vous a lu deux mé- moires successifs sur quelques particularités qu'il a observées sur plusieurs insectes, et notamment sur des espèces, des genres opatre , carabe, ptine , meloë , trichie, za- leruque, criocère, chrisomele, casside , ce: cinelle, sylpha et sthaphilin ; il a exposé principalement les moyens de conservation que la nature leur a accordés, et l'adresse dont ils font usage pour éloigner leurs en- nemis soit en se cachant à leurs yeux, soit par le dégoût qu'ils savent leur inspirer ; il a passé en revue ceux qui sont propres aux différentes familles et ceux qui le sont à quelqnes espèces particulières; cesmoyens consistent (121969 consistent pour la plupart dans l’agilité des insectes, dans l’exudation de matières âcres, ou dans les substances dont ils savent s’en: vironner pour échapper aux yeux intéressés à leur destruction; ils contribuent émi- nemment à la conservation d'une classe d'animaux qui malgré sa foiblesse et sa petite stature, tient une place si considérable dans l'échelle des êtres organisés. Le même membre vous a lu des objec- tions contre quelques principes contenus dans l'ouvrage de M. Bloch sur la génération des vers intestinaux ; Ce savant avoit inféré de plusieurs observations, que ces animaux naissoient et se développoient dans le corps de ceux qu'ils habitent. Le citoyen Duméril a cru pouvoir rapporter leur génération a celle des autres corps vivants; il a établi les moyens par lesquels il seroit possible contre l'opinion de M. Bloch, que les œufs des vers intestinaux fussent transmis par l'intermède de l'air ou de l'eau d'un corps vivant daas un autre. Le même membre vous alu quelques ob- Ne = z servations sur le /wrnbric marin dont le ca- ractère spécifique est d’avoir des bouquets IL ( 124) de poils très sensibles disséminés sur toute la longueur du dos, cetanimal laisse exuder à la surface de son corpsuneliqueur onctueuse et jaunâtre dans laquelle le citoyen Duméril a cru reconnoitre une propriété tinctoriale, et qu'il $eroit aisé de se procurer abondam- ment. Cetteliqueur est siâcre, qu'elle cor- rode les mains des pécheurs qui n’ont pas le soin de se les frotter avec de la cendre extrêmement chaude, lorsqu'il vont le cher- cher dans le sable humide des environs de Treport , pour en amorcer les cordaux qu'ils#tendent aux merlans. On pourroit se procurer cette liqueur à bon mar- ché , parce que les pécheurs jettent celle qui a été dégorgée dans les pots où ils ont mis les lumbrics, après qu'ils ont employé ces vers. Le citoyen Fabricius dans un mémoire qu'il vous a donné sur la subdivision des papillons vous à fait observer que cette classe de Lépidoptères contient environ quinze cents espèces , qui pour la plupart ont été décrites et figurées, et que pourtant il n'est point de classe d'insectes dont la di- vision soit plus difficile et la détermination plus vague ; le besoin qu'il paroit avoir de (429) la figure et des habitudes des larves et des chrysalides pour assurer la bonté de sa sub- division la lui a fait proposer avec quelque doute, et seulement comme la meiileure qu'il ait pu trouver jusqu’à présent. Les citoyens Romain Coquebert et Bron- gniartayant observé que!a figure desstrombes adultes diffère beaucoup de celle de ces mêmes coquilles dans leur jeunesse, parti- culièrement par une goutière qui se forme alors dans toute leur longueur, ils ont pensé que le collier de l'animal qui habite cette coquille est muni d’une espèce de languette f'iforme, qui s'applique sur les spires, en laissant transuder de ses faces latérales un suc calcaire qui durcit et forme la goutiére au milieu de laquelle est logée cette lan- guette ; ils ont aussi insére dans ce mémoire la description de deux strombes fossiles voisins du strombus fissurella de Linnæus, ils ont donné à l’un qui se trouve à Cour- tagnon , et quelquefois à Saint-Germain, le nom de srombus fissura et à l'autre qui se trouve à Grignon, ceiui de strombus canalis. Le citoyen Girod Chantran vous a envoyé Hire . (116) une série d'expériences sur les causes qui rendent la uer lumineuse, il a vu que ce prénomène étoit dû à divers animacnles qui à différentes époques semblent suscep- tibles de métamorphoses, tous les réactifs capables de faire périr les animalcules, ont détruit la phosphorescence de l’eau qui dans son état naturel se conservoit lumi- neuse dans des vases, pendant un assez long espace de temps. Le méme correspondant vous a envoyé une observation sur la manière dont l'orvet onguis fragilis de Linnæus prenoit sa nour- riture ; il a vu plusieurs fois un orvet tenir transversalement entre ses mâchoires un ver de terre quil comprimoit en parcourant successivement tous les anneaux, de ma- nière à leur faire perdre tout mouvement; après avoir passé environ trois quart d'heure dans cette opération, il retournoit l'animal pour l’avalerdanssalongueur,etilétoitencore près de vingt minutes à l'a aler presqu'en- tier ; il n’est pas inutile d'observer que le citoyen Chantran ayant fait périr cet orvet il observa que le lendemain son corps com- mençoit à se corrompre quoique le ver quil C7) si avoit avalé n'eut éprouvé aucune altération semblable ; observation qui vient à l'appui de celles de Spallanzani sur la digestion des animaux à sang froid. Le citoyen Antoine Coquebert vous a donné un mémoire sur deux espèces d as- cidies qu'il a observées sur les bords de la méditerrannée , et qu’il n’a trouvé décrites dans aucun auteur systématique ; l'une qu'il appelle ascid'a sulcata est l'animal connu à Toulon sous le nom de Vichét, et qu'on mange habituellement assaisonné de vinaigre ou de jus de citron; l'autre qu'il appelle ascidia olandiformis à cause de sa figure qui ressemble à celle d'un gland, est d'une couleur d'un rouge éclatant. Le citoyen Cuvier à l’occasion de ce méméire a observé que les ascidies, sont les analooues nuds des testacées bivalves ; et que leurs enve- loppes extérieures corriaces, homogènes, et ‘sans organisation apparente, auxquelles le corps n'est attaché que par ses deux ouver- tures , remplacent la coquille. Le citoyen Jurine vous a envoyé un mé- moire très détaillé sur le monocle guadri« ; Ha ( 1126 ) cornis, il a ajouté des observations très-im- portantes à celies qu'on avoit déjà sur la figure, les organes, et les mœurs de ces ani- maux; il a vu que leurs formes varioient assez dans le cours Ge leur existenee pour avoir donné lieu aux naturalistes de faire plusieurs espèces du même monocle, exa- miné à différentes époques ; il a décrit leurs diverses transformations , leurs générations singulières, leurs pontes, leurs mues etleurs resurrections lorsqu'après avoir été dessé- chés, on leur rendoit l'eau dont on les avoit privés; il a observé que les plus gros monocles dévoroient les petits, qu'un seul accouplement suffisoit à plusieurs pontes, enfin que des parties de leur corps coupées avoient été remplacées de nouveau par la nature. Il a fait vivre des monocles dans divers liquides, tel que le lait étendu d’eau , la teinture d'indigoetc. ;ila remarqué qu'ils y souffroient au bout de peu de jours, quils se couvroient de flocons qui pre- noierit la couleur de la teinture , et qu'ils y périssoient en peu de temps si on ne les replongeoiïit dans l’edu naturelle. Des des- sius précieux, ouvrage de la fille du citoyen (119) Jurine, ont donné les formes grossies au microscope, des diverses parties et méta. morphoses des monocles , et le tableau des diverses fonctions qu'ils exercent : vous avez arrété que vous feriez connoitre ce mémoire intéressant à l'institut national, ‘ Le citoyen Latreille vous a envoyé deux mémoires ; le premier sur l’histoire de la puce , dans lequel il a joint ses propres ob- servations à toutes celles des auteurs qui l'ont précédé , il a prouvé que les organes de sa bouche lui assignoit une place parmi les antliata, quoique Fabricius lait rangée parmi les ryr20ta. Le second sur les £ermès ; après un résumé de ce que les voyageurs nous ont appris sur les espèces de ce genre qui habitent la zône torride, et qui y sont si redoutables par la destruction rapide qu'elles portent dans les bâtiments, et si étonnantes par leurs énormes constructions et leurs singulières habitudes; il observe que les £ermès font en quelque sorte la nuance entre les orthoptères ou ulonates de Fabricius, etles nevroplères ou cette partie des unopates qui contient les liZellules. Il a donné dans le plus grand détail les ca- H 4 (220-) ractères de ce genre , ainsi que ceux d’un genre voisin quil appelle psogue, et qu'il compose de linsecte dont la larve est connue sous le nom de poux de bois , et de onze autres espèces dont neuf avoient été confondues avec les £ermès ou les Lé- mérobes , et dont trois sont nouvelles. Il vous a été remis un mémoire rédigé à la Guyanne par le citoyen Guisan sur le gymnotus electricus ; après avoir répété les expériences connues sur ce poisson, il a observé que la propriété dite électrique ne survivoit pas aux battements du cœur, et que cet animal étant coupé en plusieurs parties , celle qui contenoit le cerveau et le cœur conservoit seule cette faculté. L’ob- servation la plus nouvelle qui ait été faite par le citoyen Guisan, est d'avoir apperçu le passage de la lumière dans l'instant de la commotion ; il a remarqué aussi les ai- grettes lumineuses que l'on voit souvent dans les expériences d'électricité. Le 9 ym- notus n'existe que dans les eaux douces et marécageuses , il est même souvent presqu'à sec; sa respiration est fréquente, il ne mange que les animaux vivants et (427) ce n'est que lorsqu'il peut les prendre ainsi - qu'il leur donne la commotion qui les abat. Cet animal a ordinairement quatre a cinq pieds quelquefois six de longueur, les gros individus peuvent aisément ren- verser un homme lorsqu'ils se jettent sur lui. ( 122 ) ÉCONOMIE RURALE. Le citoyen Charles Coquebert vous a donné la description d’une charrue dont le sep est bifurqué et armé de deux socs, elle est en usage dans la Prusse et la Fin- lande , et paroit étre originaire de l'inté- rieur de l’Asie septentrionale; cet instru- ment a de l’avantage pour le labourage des terrains pierreux et caillouteux. Le citoven Marsillac vous a écrit de Bou- logne-sur-mer , qu'un cultivateur avoit perdu tous les arbres fruitiers de son verger, excepté celui du milieu auquel étoit resté attaché par hasard, un bout de corde qui trempoit dans un baquet plein d'eau; il a remarqué que la glace étoit beaucoup plus épaisse dans ce baquet que dans ceux qui l'envi- ronnoient : cette observation contrarie les expériences d'après lesquelles plusieurs cul- tivateurs avoient Cru pouvoir prononcer que les cordes mises dans cette position ne ga- rantissoient pas les arbres de l'effet de la gelée. Je vous ai rendu compte dun mémoire que le citoyen Lardier a envoyé sur les ({ 185 ) avantages du sel marin considéré comme éngrais, il marquoit que dix ans d'expé- riencés lui en avoient démontré les bons effets, sur-tout pour les terres fortes. Je vous ai rapporté plusieurs expériences que javois faites sur ce sujet et qui paroissoient prouver au contraire que l'emploi du sel étoit aussi dangereux dans cette circons- tance qu'il étoit utile pour l’engrais des animaux auxquels on peut en prescrire le régime habituel avec certitude d'améliora- tion et de salubrité. Le citoyen Swediaur, vous a donné une note sur la récolte de la gomme arabique, il a découvert que la manière la plus ordi- aire dont on obtient les gros morceaux de cette substance est en creusant au pied des vieux arbres, particulièrement des #71m0o5s@ nilotica, et Sénégal; on trouve alors de grosses masses de gomme qui ont suinté des racines et qui se sont détachées de la base de l’aibre. Le citoyen Duméril vous a donné des ob- sérvations sur le pois maritime quil a exa- miné sur la digue naturelle de cailloux rôulés dé la pointe du Hourdeile départe- ment de la Somme. Cette plante est seule (124) sur cette partie de terrein, et on l'y ren- contre quelijuefois en si grande abondance qu'elle paroït y avoir éié semée , sa graine a une saveur analogue à celle du pois cul- tivé , il seroit possible d'utiliser ce terrein immense et abandonné, en cultivant ce lé- gume , ne fusse que pour la nourriture des animaux. Le citoyen Féricart Thury vous a commu- niqué une expérience à l'appui des nom- breuses tentatives que le citoyen Lancry a fait connoitre à la société d agriculture, sur les moyens de hâter la maturité des fruits; il a enlevé au priniems un anneau d écorce à trois pouces des branches d'un abricotier péche dont les fleurs commençrient à se d:velopper ; les fruits sont devenus plus gros et ont müri dix à douze jours avant aucun autre du même arbre, Le citoyen Varquelin vous a lu des ob- servaiions sur les u.cères des arbres; il s’est assuré que quatre onces de la sanie qui en découle, contient autant de potasse que sil avoit soumis cinq cents livres de bois à l'ex- périence , il pense que c'est en privant ainsi le bois de son alkali que cet écoule- ment le dispose à la pourriture. (125) Le citoyen Bosc vous a remis des confi- tures faites avec les bayes du vaccinium myr illus , d'après les procédés employés par les sauvages du Canada; ce procédé consiste à faire cuire les bayes dans un vase de fer, et à augmenter par la chaleur du four la dessication jusqu'à consistance solide. Ces confitures sont agréables au goût et peuvent étre abondamment fabri- quées dans quelques départemens. Les peuples du nord de l'Europe et de l'Asie ramassent en très-grande quantité les bayes du rabus arcticus ét rubus herbaceus, pour leur servir de nourriture végétale pendant l'hiver, mais ils neles font point dessécher, et se contentent de les enfouir en terre dans des vases d’écorce ; ce procédé pour- roit être aussi employé pour conserver les bayes du vaccinium mryrtillus; les vigne- rons qui en font usage pour colorer leurs vins les gardent ainsi plusieurs mois à la cave dans des vases bien fermés. Le citoyen Dellarocca qui est connu par: ticulièrement pour avoir essayé ici l'emploi des ruches en pierre dont on fait usage dans le Levant, vous a fait part d’un pro- cédé avec lequel il parvient à enlever la ( 126} cire qui reste ordinairement mélée au marc ; sa méthode consiste à enfermer la cire dans un sac de toile claire fixé au fond d’une bassine remplie d’eau , et exposée sur un feu doux, lorsque l'eau bout, la cire se fond et s'élève à sa surface ; il augmente ainsi le produit de la cire de quinze pour cent , et n'est pas obligé de se servir de la presse qui nuit à cette substance en la mé- lant plus intimément avec les matières étrangères qui la sallissent; c'est par un procédé à-peu-près semblable qu'on retire la cire de la Louisianne du myrica cerifera. Je vous ai rendu compte de la méthode du citoyen Bardon, pour soigner les abeilles; (1) sa manière de tailler les‘ruches est sur-tout particulière; non-seulement il enlève la portion des gâteaux de miel qu'il croit n'être pas absolument nécessaire aux abeilies , mais encore il choisit la partie la plus élevée dans laquelle le miel est souvent tellement épaissi qu'il ne peut plus servir à leur nout- riture : il parcourt avec soin les gâteaux, feuillet par feuillet, et il ôte les portions inutiles et sur-tout celles qui sont attaquées par les teignes ; jusqu à présent dans ce cas, (1) Voy. bull. des sciences, n°. 37. ( 127) les cultivateurs s’empressent de faire périr les abeilles lorsqu'ils s'apperçoivent du dégât assez à temps pour sauver quelques gâteaux de la voracité de l’insecte destructeur ; son procédé pour approvisionner les ruches n’est pas moins ingénieux , il consiste à attacher dans leur intérieur, des rayons pleins de miel à la place de ceux qui étoient vuides ou mal sains, et qu'il a enlevés : sa longue expérience lui a fait reconnoitre aussi l’ins- tant le plus favorable pour la sortie des es- saims, il force alors cette opération ; en re- tournant la ruche et la frappant légèrement il fait monter la mère abeille et l’essaim dans une ruche vuide dont il l’a couverte. Les détails que je vous ai donnés sur l’ou- vrage ingénieux d'Huber font concevoir fa- cilement le succès constant de cette opéra- tion ; cette méthode peut remplacer avec avantage celle des essaims artificiels de Schirac dont la pratique est répandue dans une partie de l'Allemagne. 74 (1282 ARTS DE GUEST IR Médecine. LE citoyen Hallé vous a fait un rapport sur une atrophie idiopathique simple, c’est- à-dire, sans maladie antérieure ou primitive et sans autre accident ou complication. Le sujet de cette observation étoit une jeune personne morte à vingt cinq ans, dans une maigreur considérable sans cause connue ; dès-l'âge de cinq ou six ans, elle avoit été cachectique , à sept elle éprouva uneamens- truation précoce qui ne dura pas, à quatorze ses règles commencèrent, et dès-l’âge de dix sept elles diminuérent progressivement jusqu'à vingt-un où elles cessèrent absolu- ment ; en même-temps elle maigrissoit con- sidérablement, et cet amaigrissement a aug- menté jusqu'à sa mort, quoique d'ailleurs elle remplit bien toutes ses fonctions et qu'on n'observät aucune augmentation dans ses évacuations ; elle finit sans éprouver autre chose que de la lassitude , de la foi- blesse, et de la propension au sommeil. A son ouverture la peau sembloit collée sur les (129) les os, le ventre étoit déprimé et touchoit presque la co'onne épiniaire; on ne trouva aucune apparence de graisse dans l'épiploon ni dans le mésentère ; après avoir levé la peau des aines , on y observa des filets blancs secs, semblables à des nerfs, avec des ren- -flements pareils à des ganglions nerveux. On s'est convaincu que c'étoit les vaisseaux lymphatiques qui avoient passé à cet état, la cavité de ces vaisseaux paroissoit com- plettement oblitérée, nulle autre part on n'appercevoit' les traces ordinaires de ces vaisseaux, On ne voyoit pas non plus celles des vaisseaux lactés; on n'a pu découvrir aucune cause de cette singulière ma'adie, si ce nest peut étre des affections doulou- reuses de l'ame iong temps continuées, et soigneusement dissimulées. Le même membre vous a fait un rapport sur une maladie observée dans un sujet qui a été reçu à l'hôpital Saint-Louis, le malade é'oit couvert de la tête aux pieds de tumeurs isolées et très-volumineuses semblables à ces loupes , le citoyen Hallé a trouvé que cet accident avoit du rapport avec une ma- ladie qu'il a déjà été à portée de suivre et dans laqueile ces tumeurs ont dégénéré I ( 130 } en ulcères analogues à ceux de l'éléphan- tiasis, Le citoyen Bellot vous a envoyé plusieurs mémoires sur diverses maladies qui ont régné en l'an II dans les hôpitaux de Laon et de Senlis, et particulièrement sur une hydro- pisie ascile qui avoit acquis rapidement un accroissement effrayant, et qui a disparu en quinze jours à Ja suite de l'application de deux larges vésicatoires aux cuisses, et de l'adminisiration d'un émétique composé de deux grains de tartrite d’antimoine unis à une demie once de sulfate de soude dans du petit lait; il a joint à ce traitement l'usage des pillules toniques de Bacher. Le même membre a envoyé aussi des observations sur la rage; il a regardé le savon comme préservatif et curatif des accidents causés par la morsure des animaux attaqués de cette maladie, il a cité plusieurs exemples de guérison dans lesquels l'application de l'eau de savon a été salutaire. Les citoyens Léveillé er Larrey vous orit fait des rapports sur l'emploi du muriate de baryte; le premier, dans le traitement d'un osteo sarcome survenu à la partie inférieure de la jambe d'un sujet chez lequel ce sel pris (131) intérieurément n’a produit aucun bon effet : le second vous a annoncé que ce remède n'avoit pas mieux réussi dans le traitement des tumeurs scrophuleuses ; un malade après en avoir pris pendant quatorze jours éprouva de violents maux d'estomac, une diarrhée opiniätre, et une fièvre qui ne diminua qu'après la cessation du remède, et qui le laissa dans une longue foiblesse. Le citoyen Larrey vous a communiqué l'extrait d'un mémoire lu à la société de mé- decine sur le dangers de couper les cheveux dans la convalescence des maladies aigues; il a rapporté plusieurs faits qui tendent à prouver que la soustraction des cheveux a causé la mort de plusieurs convalescents de maladies putrides , malignes et nerveuses; il a pensé que les cheveux comme organes propres, et par leur propriété non con- ductrice de la chaleur pouvoient servir émi. nemment à favoriser les crises que la nature dirige vers la tére, et empécher l'effet de l'action sédative de l'air. Le citoyen Alibert a lu un mémoire sur les odeurs, et sur leur emploi comme médi- caments ; il a cité plusieurs faits dont il a eu occasion d'être témoin, et qui prouvent ra (132 ) les rapports multipliés qu'il y a entre les odeurs et les différents états morbifiques du corps humain , particulièrement leur in- fluence sur les maladies histériques et celles de consomption, il a pensé que cet obet étoit digne des recherches des médecins et des philosophes, vous l'avez invité à en saisir de nombreux rapports, et à déter- miner à l'aide d'expériences répéiées, des bases fondées sur des effets constants et fréquemment observés. Le citoyen Berlinghieri vous a adressé trois mémoires extraits des ouvrages du doc- teur Chuarenti; le premier a pour objet des observations sur l'usage du suc gastrique dans les maladies de l'estomac. Le médecin italien a répété avec succès les expériences de Spallanzani et de Réaumur sur la diges- tion , il en à ajouté quelques nouvelles ; il a traité avec succès p'usieurs maladies d’es- tomac en faisant avaler à des doses diffé- rentes du suc gastrique de divers animaux; le second mémoire a rapport à la manière d'agir de l'opium sur l'économie animale, Chiarenti a cru d'après des expériences réitérées que l’opium n'agissoit pas à la ma- nière des émétiques ordinaires, et quil ne (:1539 produisoit d'effets que lorsqu'après avoir été combiné dans l'estomac avec le suc gas- trique , il étoit digéré et passcit dans la cir- culation. D'après cette observation, il a formé un mélange d'opium, de suc gas- trique et de pommade , il en a fait des fric- tions à la peau d'hommes et d'animaux, et il a obtenu par ce moyen les effets de l'opium prisintérieurement; de cette manière l'opium peut être administré aux malades*dont l'es- tomac est le plus délicat, et aux très-'eunes enfants. Chiarenti l'a aussi appliqué avec succès comme topique dans les maladies aigues , telles que la goutte, l'otontalgte* et même dans les 7aux de poitrine ; le troisième mémoire a pour objet de prouver que le suc gastrique est destiné par la nature à rendre beaucoup de substances capables d'être absorbées. Il a mélé avec le suc gas- trique de la scille, dela rhubarbe, du quin:- quina , et les frictions de ces mélanges ont produits les mêmes effets qu'on auroit ob- tenu de ces substances prises intérieurement. Plusieurs médecins italiens qui ont répété * ces expériences ont observé les mêmes faits, quelques-uns ont tenté de substituer la sa- live au suc gastrique , ils annoncent avoir 1 ES ( 154,) eu un succès égal, et croyent pouvoir en conclure que tous les liquides animalisés seroient dans le cas de donner aux médi- caments la modificatiôn nécessaire pour étre introduits par la peau. Vous avez chargé les citoyens Alibert et Dumér.1 de répéter ces expériences , et déjà ils s’y sont livrés avec zèle, ils ont administré plusieurs purgatifs par la voie des frictions, le quinquina a réussi par ce moyen dans le traitement des Sèvres quartes opiniâtres , la scille a guéri un enfant dont toutle corps étoit ædématé; ils continuent ces expériences , et croyent pouvoir annoncer que le suc gastrique n'in- flue en rien sur les effets des remèdes em- ployés, et qu'il peut être aisément suppléé par tout autre dissolvant. Le citoyen Reimarus voire correspondant ayant observé que l'extrait de belladone dissoute dans l’eau et appliqué dans l'œil produisoit une paralysie momentanée pen- dant laquelle la pupille se dilatoit extraor- dinairement, s’est servi avec avantage de ce proctdé pour préparer les yeux à l'opé- ration de la cataracte; la grande dilatation de la pupille fait que l'opération peut enta- mer la cornée et parvenir jusqu'à la cap- si pic dr da di DC iRl (135) | sule- du cristallin sans craindre de blesser l'iris. Le citoyen Van mons vous a fait parvenir un extrait des expériences faites par M. Watt en Angleterre sur l’action des gaz Sur le corps humain; il a particulièrement con- sidéré celle du gaz azote dans la phtisie , et sa propriété de calmer les douleurs des plaies; tandis que le gaz oxigène au con- traire augmente l'irritation que le contact de l'atmosphère leur fait ordinairement éprouver. , Le citoyen Chaussièr vous a adressé des observations sur un spécifique contre la rage qu'on vend à Paris et à Lyon sous le nom de remède d'Orrnskirk ; il remarque que ce remède a été employé il y a longtemps en Angleterre sous les yeux de plusieurs mé- decins célèbres , et toujours sans succés ; il a ajouté que sa composition est connue, c'est une préparation terreuse absorbante dont on trouve la recette dans les recherches du citoyen Andry sur la rage. Il croit que le seul moyen d'arréter la suite de cette maladie, est d'empêcher l'absorption du virus, en cautérisant la partie mordue, et 14 ( 136 ) en y entretenant une suppuration abon- dante. Le citoyen Benon vous a lu un mémoire sur les avantages de traiter les malailies vé- nériennes par le sublimé corrosif employé extérieurement en illinitions; il a été à portée de juger des bons effets de ceremède, particulièrement par le traitement qu'il a suivi avec succés sur une femme délicate qui étoit attaqrée d'une maladie vénérienne trèés-confirmée. Le citoyen Marsillac vous a lu un mé* moire s:r un homnie qui voulant innoculer ses deux enfants, soupoudra des tranches de pain beurrées des crouttes de cette ma- ladie; les enfants en mangèrent et en don- nèrent un morceau au chien de la maison, ils eurent une petite vérole bénigne et le chien au bout du quatrièmie jour eut une éruption variolique très décidée, le neu- vième les pustules furent en pleine matu- rité , se desséchérent et tombèérent ainsi qu'on l’observe dans cette maladie. Un au- teur anglois prétend avoir observé la même épidémie sur un troupeau de brebis, mais cet auteur n'auroitil pas confondu le cla- (137) veau et la petite vérole avec laquelle il a beaucrup d’analogie, À l'occasion de la traduction que je vous ai donnée d'un mémoire anglois sur l'in- fluence des hivers froids sur la santé, et dans lequel le docteur Héberden son auteur combat l'opinion ‘assez généralement ré- pandue que les hivers froids et secs sont salutaires ; je vous ai rapporté des résultats tirés des tables de mortalité de Paris com- parées avec la tenpérature de plusieurs années, qui confirment les observations de M. Héberden, et qui prouvent qu'il périt un plus grand nombre d'individus (sur-tout parmi les vieillards ) dans les hivers froids; et qu'on pouvoit même reconnoître la ri- gueur des hivers d'après l'inspection des tables de mortalité, et vice vers. Physiologie. Le citoyen Cuvier vous a [u un mémoire sur la circulation dans les animaux à sang blanc ; après avoir présenté un tableau des différentes combinaisons que la nature à établi à l'égard des organes de circulation dans les différentes classes d'animaux, il ( 138 ) observe que les animaux à sang blanc n’ont qu'un ordre de vaisseaux qui ne charient qu'une simple lymphe. Il s'appuie particu- lièrement sur les communications immé- diates de ces vaisseaux dans toutes les ca- vités du corps, et sur ce que le canal intes- tinal passant au travers dû cœur de plusieurs d'entre eux, il suffit que le chyle transude immédiatement dans le cœur pour que le corps s'en remplisse. . Le méme membre a lu un mémoire sur la manière dont il parcit que la nutrition se fait dans les insectes. Il a établi d’après le témoignage de plusieurs auteurs et ses propres observations que le vaisseau dor- sal des insectes n’est point un cœur, et qu'il n’a aucune branche qui puisse servir à la circulation. Il a constaté qu'il n’y avoit dans les insectes d’autres vaisseaux que les trachées, que le suc nourrissier traverse seulement le canal intestinal, et que toutes les parties ‘ont aïimentées par la simple im- bibition. Il a observé aussi que les organes secrétoires des insectes ne forment point des glandes solides comme on en trouve dans tous les animaux qui ont un cœur, mais qu'ils sont formés de tubes isolés et (139 ) spongieux ; qu'enfin toute l’organisation de cette classe d'animaux est disposée comme s'ils navoient ni Cœur ni vaisseaux sanguins. Le citoyen Hallé vous a donné connois- sance succes-ivement de deux ouvrages étrangers sur la respiration; dans le pre- mier, le docteur Godwin à fait de nom- breuses expériences sur les effets que pro- duisent sur les animaux vivants, la submer- sion ; la strangulation , et les diverses es- pèces de gaz nuisibles , il a donné une dé: finition précise du genre de maladie qui en résulte, et les meilleurs moyens de re- médier à ces accidents; enfin il a indiqué les différences caractéristiques qui peuvent faire distinguer l’asphixie de la mort. Dans le second qui peut faire suite au premier , il vous a rapporté que le docteur Venzies à l'aide de machines nouvelles et ingénieuses , ÉtOit parvenu à connoître avec exactitude la quantité d'air employée à chaque inspiration. Dans son premier ordre d'expériences, ce savant s’est servi de deux tubes perpendiculaires l’un à l'autre ter- minés par des réservoirs ; l’un de ces tubes étoit destiné à fournir l'air 4 la respiration, l'autre à l’expulser; pour rendre la résis- ’ ( 140) tence presque nulle , il a formé ces réser: voirs avec des allantoïdes de veau,et aadapté aux orifices intérieurs de ces tubes des sou- papes faites de la même membrane; l’autre moyen déjà employé par Boerrhaave con- siste à mettre le sujet de l'expérience dans une barique compleitement remplie d'eau; un rebord cylindrique environne l'ouverture par laquelle passe Le col ; dans ce cylindre l'élévation et l'abaissement de l’eau corres- pondans aux mouvemens de la poitrine donnent les moyens de calculer la quantité de ce liquide déplacé par l'inspiration, et par conséquent le volume d'air inspiré. La hauteur à laquelle s'élève l’eau est plus exac- tement calculée à l'aide d'un petit tuyau presque capillaire gradué, on défalque l'effet de l'attraction du verre. Le résultat d'un grand nombre d'expériences faités dans cette vue a donné quarante pouces cubiquees an- glais d'air à chaque inspiration, résultat déjà obtenu par Jurine au commencement de ce siècle, tandis que Godwin ne l'avoit évalué qu’à treize pouces cubiques et Bo- relli à vingt. Le citoyen Seguin vous a écrit à ce suet qu'il étoit trés-difhicile de déter- miner avec précision la quantité d'air qui ( i4r ) entre dans les poumons à chaque inspira- tion à cause des différences considérables de leur fréquence et de leur capacité ; il Ius paroît d'abord plus important et plus facile de déterminer la quantité d'air employé par la respiration dans un temps donné, c'est ce qu'il a fait avec exactitude cons jointement avec le citoyen Lavoisier. Le citoyen Vicq d'Azyr vous a donné communication d'un mémoire qu'il avoit Ju à l'académie des sciences sur la manière dont le jaune de l'œuf se comporte dans le ventre du poulet nouvellement éclos. Ce n'est qu'après le développement du cerveau, de la moëlle épiniaire , et du cœur, dans l'œuf, que paroit le système intestinal et gastrique auquel le jaune de l'œuf appar- tient, il communique par un pédicule avec le tube intestinal du poulet, sa capacité di- minue à mesure qu'il fournit de la nour- riture à l'embrion ; ce n'est que le septième jour après la naissance du poulet que le jaune réduit à une petite masse se retire tout à fait vers les reins , il paroit qu'il est absolument nécessaire à la conservation du poulet éclos, et qu'il continue à servir à sa subsistance pendant les premiers jours , (142) car le citoyen Vicq-d'Azyr l'ayant extirpé sur plusieurs poulets, ils moururent en peu de temps. Le même membre vous a communiqué des observations sur la génération des ca- nards , il paroit d'après ses observations ana- tomiques que les organes de la génération de cet animal diffèrent d: ceux des autres oiseaux , par l'appareil musculaire qui en- veloppe les vessicules seminales, par la ma- niére dont les canaux déférents s'ouvrent dans le cloaque à la base de la verge, en- sorte que cette verge paroit être plutôt un corps destiné à ouvrir le vagin de la fe- melle. pour y laisser pénétrer la semence, qu'un véritable conduit de cette liqueur ; enfin par la structure singulière du seul corps caverneux que l’on remarque dans la verge. Le citoyen Duméril vous a lu une dis- sertation sur l’organe de l'odorat, et sur son existence dans les insectes; ila prouvé par un grand nombre d'observations que c'étoit à tort que l’on avoit cru que cette classe d'animaux en étoit dépourvue; la structure des trachées de plusieurs d'entre eux, et particulièrement de ceux qui pa- (143) roissent attirés par les substances odorantes, donne à penser , qu'ainsi que dans les ani- maux à sang Chaud, les organes extérieurs de la respiration des insectes sont aussi les conduits des odeurs. Le citoyen Berlinghieri votre correspon- dant vous a envoyé un mémoire qui a pour objet des recherches sur les animaux à sang froid ; il a établi contre l’opinion de Martyn et de plusieurs autres physiologistes que cette classe d'animaux n’a pas la propriété de produire de la chaleur, il a décrit plu- sieurs expériences qu'il a faites à ce sujet sur des poissons , ét notamment sur le cy- prinus linca, Vous avez pensé que cette question méritoit détre examinée de nou- veau, et vous avez nomimé le citoyen Bron: gniart et moi pour faire des expériences sur ce sujet. Anatomie. Les citoyens Duüméril, Chaussier et Du - mas vous ont communiqué divers projets de nomenclature anatomique , le premier a basé son projet sur la terminaison des noms, il a pris pour ‘radical la dénomination de (14) l'os autour duquel se trouvent les parties ; et la désinence seule indique si le nom appartient à un muscle, à un artère, à une veine, à un nerf etc. La clas- sification et la nomenclature métho- dique présentées par le second ont offert de grands avantages sur celles adoptées jus- qu'à ce jour ; vous avez paru désirer plus d'uniformité dans les désignations. La nomenclature proposée par le citoyen Dumas qui différe peu de celle du citoyen Chaussier , est composée de noms que l’au- teur a voulu rendre descriptifs, et qui sont souvent formés de plusieurs mots qu il pa- roit difficile de retenir. Huit chapitres qui servent d'introduction à cet ouvrage vous ont paru traités avec clarté et précision, et remplis de vües philosophiques. Le citoyen l'Eveillé dans plusieurs rap- ports vous a fait part des recherches qu'il faites conjointement avec les citoyens Larrey et Duméril, pour vérifier l’obser- vation que le docteur Sœmmering profes- seur d'anatomie à Mayence a faite, sur la retine de l'œil humain, il.a vu une tache jaune située dans l'axe de l'œil. près de l'insertion du nerf optique, et qui a dans son ( 145 ) son centre une ouverture qui n'avoit pas été apperçue par les anatomistes. Le citoyen | l'Eveillié a reconnu cette tache et cetie ou- verture dans plusieurs sujets humains, il pense que leurs usages dont le docteur Sœm- mering ne fait pas mention, sont de modi- fier la lumière lorsque son impression sur la rétine est trop vive. Le méme membre vous a communiqué une observation qu'il a faite sur un enfant né sans ouverture à l'anus, et dont le rec. tum s'ouvroit dans la vessie; on avoit tenté vainement sur ce sujet de pratiquer un anus artificiel. Il vous a parlé aussi d'un fœtus de six mois qui n'avoit qu'un œil situé précisé- ment au- dessus du nez, cet œil offroit deux cornées transparentes séparées l’une de l’autre par la cornée opaque; il y avoit deux nerfs optiques, et l'on n'a découvert aucune trace de fosses nasales. Le citoyen l'Éveillé vous a rendu compte de l'ouverture d’un enfant de douze ans dans lequel il a trouvé le péricarde adhé- rent au cœur "et entiérement en suppura- tion ; cet enfant est mort à la suite de mou- vements convulsifs fréquents dans toute : K ( 146) l'habitude du corps, il souffroit beaucoup lorsqu' on le touchoit, Le même membre vousa fait aussi un rap- portsur l'ouverture d'une femme quiavoitété traitée pour maladie interne à l'Hôtel-Dieu de Paris, elle étoit grosse de huiimois, et l'ovaire du côté droitformoitune tumeurconsidérable dans l'intérieur de laquelle Je citoyen l'Éveillé a trouvé une 10ol/e grosse comme un œuf de poule, et un second fœtus bien conformé qui paroissoit avoir trois mois et demi; on distinguoit facilement ses divers membres, son placenta, et son cordon umbilical. Les citoyens Robillard et Larrey vous ont lu des observations sur des vices de confor- mation dans les voies urinaires; dans ceux décrits par le citoyen Robillard, les parties extérieures du sexe de l'enfant ne sont pas apparentes, les artères viennent se rendre au-dessus du pubis sur les parties latérales d'une tumeur de la grosseur d'un œuf de poule , et qui se gonfle lorsque l'enfant crie; les uretères dont les extrèmités se terminent en forme de mammelon se roidissent et alors l'urine en sort par un jet qui la porte assez loin. Le vice de conformation observé par Lcd, LPSC RÉ ER (1279 le citoyen Larrey portoit sur la forme des reins ; dans le sujet qu'il a vu à Toulon le rein droit avoit deux bassinets distincts, séparés par l'insertion des vaisseaux reinaux, et les entonnoirs qui venoient s'y rendre ne communiquoient point de l’un à l’autre; de chacun de ces bassinets naissoit un con- duit reino-vésical, dont l’un s'inséroit au lieu ordinaire des parois de la vessie, l'autre alloit s'ouvrir directement dans le canal de l'urétre. Le citoyen Hallé vous a donné la des- cription d'un fœtus extraordinaire dans le- quel le cerveau faisoit hernie à travers les os du crâne; du côté droit les côtes étoient séparées du sternum, le bras droit étoit formé de deux os bout-à-bout terminés par un seul doigt; la clavicule se trouvoit ar- ticulée avec l'humérus et le sternum ; ce fœtus n’avoit point de peau du ventre, tous ces viscéres inférieurs étoient hors de cette cavité , il n’avoit point de vésicule biliaire, et avoit une seule jambe. Le citoven Cuvier vous a dit à cette occa- sion avoir recu la description d'un sujet qui n'avoit nitête ni cœur, son Corps étoit par- tagé en trois lobes dont deux représentoient K 2 ( 148 ) les cuisses et les jambes et le troisième le tronc. Le citoyen Brongniart vous avoit déjà donné l'observation d'un enfant né sans tête, sans bras, sans cœur , sans poumons, sans estomac, et privé de plusieurs autres parties qui semblent essentielles au fœtus. Le citoyen Cuvier vous a lu un mémoire sur l’ouie des baleines , et vous a présenté l'os auriculaire de l’un de ces animaux ; cet os ne fait pas essentiellement partie du ciäne mais il est suspendu par des chairs et des ligaments; il a vu d stinctement dans un fœtus de baleine les canaux circulaires dont Camper avoit nié l'existence dans les Cétacées : il a ajouté à son mémoire un ta- bleau des caractères de l’oreille interne daus toutes les classes qui en sont pour- vues, d'où il résulte que la seule partie essentielle à cette organe est une espèce de gelée transparente dans laquelle le nerf acoustique paroît se résoudre. Le méme membre vous a lu un mémoire sur les narines des Cétacées ; il observe que la partie osseuse de la cavité des na: rines, traverse la tête presque verticalement, que le dauphin et le marsouin n'ont point de nerf o.factif et qu'il est probable d’après TT Te Se ( 149 ) la structure des os de la tête que ce nerf manque aussi dans les autres espèces. Le citoyen Cuvier vous a expliqué le mé- * canisme de la respiration et du rejet de l'eau par les narines dans les Cétacées ; cette fa- culté même lui a paru une preuve que le sens de l’odorat n'existe pas dans les narines, où le passage de l’eau feroit alors éprouver à l’annnal des douleurs insoutenables ; ilne “croit pourtant pas avec Hunter que ces ani- maux soient dépourvus d'odorat, il a dé- couvert entre l'œil, l'oreille et le crâne une partie muqueuse en forme de sac, qu'il re- garde comme le séjour du sens de l'odorat, et il présume que la trompe d'Eustache qui s'ouvre à la partie supérieure du nez et com- munique dans ce sac, sert en même temps de passage aux sons et aux odeurs. Le citoyen Cuvier vous a donné aussi «l'anatomie du grand limacon Lelix pomatre , le corps du limacon est divisé en trois ca- vités, la poitrine , l'abdomen , et la cavité de la génération ; le cœur est pyriforme et n’a qu'un ventricule, il sort de sa base un gros vaisseau qui donne d’un côté trois ou quatre ranufications au poumon, et de l'autre se rend au foie et aux organes de la nutrition, TT Ni 5 ( 150 ) les poumons sont formés par un réseau de vaisseaux très-nombreux souvent en fais- ceaux parallèles, les valvules qu'il a apper- çues au bas de la grande artère indiquent que dans la circulation, le sang est chassé du cœur dans les poumons , et non des pou- mons dans le cœur comme le pense Swa- merdam ; le foie est très volumineux, divisé en quatre lobes et une infinité de lobules, il répand par un canal fort gros une liqueur verdâtre dans les grosintestins, il a détaillé les parties singulières de la génération et particulièrement un dard quadrangulaire acéré et calcaire, que le limacon a la pro- priéié de reformer très promtement lorsqu'il en a été privé. Le citoyen Brongniart vous a lu un mé- moire sur l’anatomie qu'il a faite de plu- sieurs singes , $zmia cinocephalos, capu- cina, œthiops, memon, et sabea; il a com- paré la myologie de ces espèces entre elles, et avec celle de l’homme; il en a conclu que les singes ont un plus grand nombre de muscles que l'homme, que ces muscles sont plus charnus, souvent plus allongés , mais qu'en général les tendons et les apo- névroses sont bien moins considérables, que (1571) les muscles du bassin et des extrémités pos: térieures sont disposés de manière à s'op- poser dans les singes à la station verticale long temps continuée , mais que leur forme et leur disposition donnent au plus haut degré à ces animaux la faculté desauteret de grimper ; enfin que les singes se rapprochent beaucoup plus des animaux quadrupèdes par leur organisation musculaire que de l'homme. Le citoyen Latreille vous a envoyé des observations sur les organes de la généra- tion de l’iule applati (Juluscomplanatus L.) Le mâle a soixante pattes et la femelle soi- xante- deux. On remarque dans le mäle à la place des deux pattes qui manquent, deux crochets jaunes, clairs, et saillants, qui sont . accessoiresaux organes dela génération qui ne s'apperçoivent pas extérieurement ; dans la femelle, les mémes organes qui se dilatent seulement dans le coït sont cachés dans tout autre temps ; ces insectes s’accouplent ventre conire ventre. (152 3 Chirurgie. LE citoyen l'Éveillé a fait un rapport sur une nouvelle tentative de l'opération céza- rienne ; la femme qui en a été le sujet est morte à la Suite de cette opération. A la dissection du corps file citoyen lEveillé a trouvé l'ouverture de la matrice parfaite- ment parallèle à celle des téguments du ventre, ce qui semble contrarier l'opinion de plusicurs auteurs qui penscient que dans l'émission de }lerfant la matrice se retournoit. Le même membre vous a rendu compte de l'observation qu'il a faite d’une ané- isme à la crosse de l'aorte, il paroissoit une tumeur d'environ cinq pouces sur trois et demi au côté gauche de la poitrine, cette tumeur avoit des pulsations très fréquentes et semblables à un frémissement continuel , le pouls du côté de l'anévrisme étoit pres- qu insensible ; le malade expira bientôt suf- foqué par la quantité de sang épanché de la tumeur qui disparut à l'instant ; les muscles intercostaux avoient dégénéré en une subs- tance couëneuse, la troisième yraie côte étoit ; | (16%) entièrement détruite par la carie qui com“ mençoit déjà à attaquer la seconde et la quatrième. Le citoyen l'Evei!lé vous a fait remarquer qu'il est très-difficile de déter- miner la cause de cette maladie dont la fréquence semble augmenter depuis quelque- temps. Le méme membre vous a communiqué des'observations sur un tétanos survenu à la suite d'une plaie au doigt et dont il a suivi le traitement ; le malade pour éviter de tomber d’une échelle s'étoit accroché à un crampon: auquel il resta suspendu, et qui lui déchira profondément la parte an- térieure du doigt du milieu; la plie se _cicatrisa en peu de jours, mais bientôt des douleurs vives dans la face et les parois du bas ventre, le forcérent d'aller à l'hôpital ; le tétanos se déclara , les mâchoires étoient totalement fermées, les muscles droits durs tendus et saillants , le dos concave, la poi- .trine bombée; quand on touchoit au ventre les muscles du col entroient en contraction; le citoyen Pelletan le guérit en une ving- taine de jours par l'usage fréquent des bains, et par l'administration du laudanum. Le citoyen Eellot vous a fait part de l'ob- (154) servation d'un anus artificiel, venu à la suite d'une hernie crurale avec étranglement, cette hernie avoit commencée à paroitre depuis une année, un travail forcé la fit augmenter à tel point qu'elle ne fut plus réductible, et qu'enfin après dix jours de maladie , il se forma extérieurement dans l'aisne un trou qui donna passage à des ma- ticres fécales, quoique les déjections infé- rieures fussent toujours les mêmes; le sujet a continué d'exister malgré cette incom- modité. 7 Le citoyen Duméril vous a rapporté le résultat d'une expériencé qu'il vient de suivre; on avoit déjà observé que lorsqu’ac- cidentellement les os étoient luxés , il se re- formoit des cavités articulaires secondaires dans l'endroit où ils se touchoiïent, on a cherché à répéter artificiellement cette ex: périence ; après avoir luxé la cuisse d'un jeune chien etamputé l'extrémité du femur au dessous du trocanter, on a laissé aller l'animal; peu de temps après , on a observé à l'ouverture de son corps qu'il s’étoit formé une nouvelle: cavité articulaire; on croit pouvoir tirer de ce fait l'induction que dans le cas où la carie forceroit à l'extraction (255 ) d'une partie d'os dans l’homme , on pour- roit enlever la partie carriée, que la réunion des deux parties saines occasionneroit la for- mation d’une nouvelle cavité articulaire , et que le malade n’éprouveroit aucun autre in- convénient que la diminution du membre dans sa longueur. Le citoyen Larrey vous a lu l'observation d’une tumeur considérable dont la nature a été méconaue avant et après la mort du ma- lade. Des douleurs vagues de rhumatisme qui se fixèrent dans le genou furent l’origine de cette malade; une chüte sur la même partie qui fit éprouver un craquement dans l'articulation, mit le malade dans l’impos- sibilité de se relever, l’inflammation se ma- nifesta, et malgré les secours de la méde- cine le mal empirant toujours, le citoyen Pelletan qui regardoit cette maladie comme un spina ventosa g'°Pos2 l'amputation de la cuisse, quelques autres praticiens regar- dant la tumeur comme lymphatique déter- minérent à faire l'ouverture avec un trois quarts, ibsortit de deux trous qui furent faits, un gaz fétide et des matières sangui- nolantes, mais le sujet mourit le second (156 ) jour après l'opération; à l'ouverture on trouva le fémur près des condilles, divisé en fragments noirätres et rongé par la carie ; la moële noire , désorganisée; le périoste détaché en partie, les parties molles environnantes réduites en une subtance spongieuse dans laquelle plusieurs esquilles du fémur avoient pénétré. Le citoyen Lacroix vous a lu une obser- vation , sur une conception tubule, la ma- Jade ne reconnut qu'elle étoit grosse que par la supréssion de ses règles qui fut suivie cinq mois après de mouvements intérieurs, le fœtus cessa de remuer à sept mois, il survint une perte considérable, des douleurs et des accidents qui firent soupçonner aux citoyens Baudeloque et Lacroix une con- ception extra-utérine; à l'ouverture de cette femme qui mourut bientôt après, ils trou- vèrent dans une pochg formée par l'épi- ploon , le lisament large et la trompe de fallope confondus ensemble, un fœtus placé vers le côté gauche du ventre et dans l'attitude ordinaire, la matrice toit dans son état naturel, la dilatation de la trompe de failope où le fœtus avoit pris son aCCrois- . (157) sement s'étoit faite à un pouce de l'utérus, la peau et le tissu cellulaire de l'enfant avoient changé de nature, ils s’écrasoient sous le doigt et présentcient l'aspect de la graisse , ils ne différoient du gras des ca- davres du cimetière des innocens qu'en ce qu'ils ne donnoient point d'ammoniaque à l'analyse. . . (158) RÉSUMÉ GÉNERAL, Terminoxs enfin ce long résumé par un tablean rapide qui présente l'ensemble de vos travaux , qui réunisse les parties qui se sont mutuellement soutenues , et soit pour ainsi dire le sommaire du rapport général : En Mathématiques. Des formules nouvelles pour déduire le rapport des axes de la terre de la Jongueur des arcs du méridien , des observations sur la rotation des corps , sur les nombres des fonctions arbitraires dans les intégrales des équations aux différences partielles, un nou: veau traité de stéréotonnie, un ouvrage sur le calcul différenciel , un aut:e sur l’archi- tecture hydraulique, un traité de la méthode directe et inverse des dilférences, vous ont été présentés. En Méchanique. Les descriptions d'une machine à polir le marbre , d'une nouvelle machine hydrau- lique, d'un instrument appellé violon har- ’ (159 ) monique , d’une machine à fendre les cour- roies de cuir, enfin un théoréme sur la portée des bois, et un mémoire sur la conversion des mouvements circulaires continus, en mouvements rectilignes alternatifs ont été lus à vos séances. En Physique. Vousavezeu communication de mémoires sur les moyens employés pour mesurer le poids d’un volume donné d’eau, sur les ai. mants elliptiques sans variations ni décli- naisons, sur la mâture des vaisseaux, sur l'astronomie physique, sur les poids et me- sures républicaines , sur la dilatation de l'eau, sur le galvanisme, sur l'iconostrophe, sur des moyens nouveaux d'empécher la fumée, sur ceux d'augmenter les effets de la poudre dans les mines, enfin sur ceux de remédier à la chüte des ballons aréosta- tiques, et sur le télégraphe. En Chymie. Les analyses du séné, du liége, de la noix de Galles, de la sa/sola soda, de la sève du charme et de celle de la vigne, du schorl * ( 160 ) | rouge, de l'argent rouge, de la tallite., de la staurotide , de la sommite, de la ceyla- nite, de l'œil de chat, de l'eau de neige, des briques flottantes ; celles du gluten du froment , de l'urine du cheval, le ch:rbon enfin retiré du carbonate de chaux; la dé- composition dé l’eau par le verre en fusion; des mémoires sur les molécules intégrantes des corps, sur le phosphate calcaire, sur l'esprit recteur, le camphre, les odeurs, l'acide nitrique dans ses divers états, les moyens d'obtenir la baryte pure, le gaz ob- tenu par la distillation de l’éther sulfurique, l'action de l'acide sulfurique concentré sur les substances animales et végétales et sur l'alcool, vous ont été présentés. Dans les Arts Chymiques. On vous a communiqué des procédés nouveaux pour le tannage des cuirs, pour préserver les doreurs des vapeurs du mer- cure, retirer le cuivre du métal des c'oches, préparer l'éthiops martial, extraire l'huile de cade, relondre le papier imprimé, char- bonner la tourbe , employer dans les salines les bâtiments de graduation à cordes ; fabri- quer Ci6r} quer l'acier de rive, employer la castine pour la purification du fer, retirer d’un champignon une couleur nouvelle, et con- server celles des fleurs desséchées. En Histoire Naturelle. Des mémoires généraux sur la classif- cation des êtres organisés , sur la maniére d'enseigner l'histoire naturelle aux jeunes gens, sur l'importance de l'art du dessin dans cette science, .sur l’usage et la forma- tion des méthodes. ÆEn Minéralogie. Des mémoires sur les volcans, sur des recherches de charbon de terre dans les environs de Paris , sur les tourbes du dépar- tement de la Meurthe, sur l'exploitation des veines de houille à feu grisou, sur les signes et les cartes mintralogiques, sur le manganèse de Macon , sur la cristallisation de la glace, sur la formation de quelques bréches, sur la topaze des anciens, sur l’asbestoide, sur des sources format des dépôts calcaires, sur l'oxide de manganèse L ( 16e.) . de la Dordogne , sur de l'étain trouvé au bourg des Pieux et qu'on avoit prétendu annoncer une mine de ce métal, sur un feld-spath ayant les propriétés de l’aimant, sur les aimants naturels. L'exposition des formes nouvelles, de cristaux de stéatite, de cristal de roche, de l’hyacinte et du jargon de Ceylan, d'un spath fluor cubique de Buxton , de la gemme orientale ou télésie, del'hyacinte cruciforme, et de la molécule primitive de l'oxide de titanium. En Botanique. Un genre nouveau établi sous le nom de Jurcraea , une dissertation sur le genre phallus, des mémoires sur l'anthyrinum , sur des arbres des îles Moluques, sur les conferves les bysses et les tremelles, sur l'accouplement très-extraordinaire de la con- Jerva jugalis, sur la sève des arbres, sur les. plantes dont les anciens se servoient pour empoisonner leurs fléches , et sur l'hedisarum girans. (163) En Zoologie. = Des mémoires sur les quadrupèdes on- guiculés, sur le squélette d’un grand ani- mal inconnu, sur de nouvelles espèces d'élé- phant et de rhinocéros, sur les orangs outans, sur le genre mirmécophage, sur les animaux à bourses, sur le rapport naturel des oiseaux de proie diurnes , sur l'engour. dissement du harmester , sur le coïa pa- lago, sur le simia mermon, sur les chauves souris, sur la puce et les £ermès, sur une nouvelle espèce de guëpe cartonnière, sur des particularités et sur les moyens de con- servation observés dans quelques insectes , sur une nouvelle division des papillons, sur la nourriture de l'anguis fragilis, sur le gymnotus electricus , sur des espèces nou- velles d'astidie et d’autres mollusques À sur la formation de la coquille du sérombus fissurella , sur le mouocle quadricornes , sur les an maux qui rendent la mer lumineuse, et sur la génération des vers intestinaux. (164) En Economie Rurale. 4 Des mémoires sur l'agriculture du midi, sur une charrue à sep bifurqué, sur des effets de la gelée sur les arbres, sur l'ex- traction de la gomme arabique, sur la pu- rification de la mélasse, sur des ulcères des arbres, la culture du poix maritime, les confitures du vaccinium myrtillus, Vimpor- tation de la cochenille sylestre , l’accélé- ration de la maturité des fruits, l'éducation des abeilles et l'art de purifier la cire. En Médecine. Des mémoires sur une atrophie idiopa- thique, sur une ma'adie analogue à l'élé- phantiasis, sur la maladie du charbon, sur la guérison d’une hydropisie ascite, sur la petite vérole communiquée aux animaux, sur l'effet des gaz sur le corps humain, des odeurs employées comme médicaments, des hivers froids sur la santé, du suc de bella- done sur les yeux, de l'écorce du tulipier, de l’eau de savon contre la rage, sur l’em- ploi du muriaie de baryte dans le traite- (1659 ment de diverses maladies , sur le suc gas- trique employé comme dissolvant de l'opium et de divers autres remèdes. En Physiologie. Des mémoires sur la circulation des ani- maux à sang blanc, sur la nutrition dans les insectes, sur la production de la chaleur dans les animaux à sang froid, sur la géné- ration des canards et sur l'usage du jaune _ dans l’œuf, sur l'organe de l’'odorat dans les insectes , sur celui de la génération dans l'iule applati, des observations sur les ou- vrages de Godwin et de Menzies relative- ment à la respiration et à l'effet des gaz nuisibles sur les’animaux. En Anatomie. Diverses nomenclatures myologiques , des mémoires sur les narines des cétacées , sur l'ouie des baleïnes, sur l'anatomie comparée de divers singes, sur divers fœtus extraor- dinaires , sur un enfant trouvé dans l'ovaire, sur des vices de conformation dans les voies urinaires , sur un péricarde adhérent , sur L'5 ( 166 ) un trou environné d’une tache observée dans la rétine de l'œil humain , sur l'artère cé- hiaque, enfin sur l'anatomie du limaçon. En Chiru rate. Divers mémoires sur l'opération céza- rienne, sur une conception tubale , sur l’ac- couchement par les pieds, sur le danger du séjour prolongé du délivre dans la matrice, sur un anévrisme à la crosse de l'aorte, sur la guérison du tétanos, sur un anus arti- ficiel, sur une carie au fémur et sur des ex- périences relatives à la reproduction des os. Sur Les l’oyages. 11 vous a été lu des rapports de voyages aux Alpes, dans les Pyrennées, dans l'Amé- rique septentrionale, on vous a remis des , © ; mémoires sur le bassin houllier de Rives de Gier, sur les carrières des Molières, sur la mineralosie de Champignÿ, sur l’agricul- ture et les arts du canton de Gournay. (2677 Enfin dans les Mémoires Généraux. Il vous a été présenté un systéme général des connoïissances humaines, un mémoire sur l'étendue et la population actuelle de la France, un sur l'établissement d'une caisse d'économie , plusieurs sur l’uniformité des poids et mesures et sur la comparaison des poids anciens ouétrangers avec ceux adoptés pour la république, un sur le commerce des dents d’éléphant, un sur la construction de la tour de Cordouan, un sur le commerce des toiles d'Allemagne, un sur le meilleur plan à adopter pour une caisse d'assurance des risques du feu, un autre enfin sur les dangers de l'emploi des cuillères dites d'étain. Tel est citoyens le tableau abrésé de la carrière que vous avez parcourue pendant six années; l'abondance des matières dans un aussi long espace de temps m'a forcé à vous parler longtemps, encore atil faliu resserrer tellement les analyses de vos tra- vaux que je crains avec raison d’en avoir souvent donné une idée imparfaite; mais L 4 ( 168 ) la connoissance que vous en avez conservée m'a fait penser qu'il suffisoit de vous les indiquer sommairement pour vous en rap- peller l'idée exacte. Il est temps de terminer ce long rapport , et de céder enfin à la juste impatience que vous avez sans doute d'en- tendre parler dignement de l'ami que nous avons perdu. 0 8 ( 169 ) DE OCT D U GT OV. N (RIT CUVE Lu à la séance générale de la Societé Philomathique de Paris , le 23 Frimaire an VI. Par CG. CUrIER. À Cirovexs, Vous venez d'entendre combien d'hommes précieux aux sciences et à l'amitié, la so- ciété Philomathique , a perdus pendant les six dernières années ; elle a desiré qu'il fut fait dans cette séance une men- tion plus particulière du citoyen FRüiche, (170) lun de ses fondateurs, que la mort lui a enlevé dans ce sémestre. La plupart des hommes qu'elle regrette , ont joui pen- dant leur vie de la célébrité que leur ont valu leurs travaux ; ils appartenoient à des sociétés qui ont déjà rendu à leur mémoire le tribut déloges qui leur étoit dû ; la gloire de quelques uns étoit méme devenue populaire, et leur nom volant de bouche en bouche, ne peut rien acquérir des vains efforis d'un orateur. Riche, au contraire, ce confrère si ai- mable, cet ami si tendre, ce savant si la- borieux, cet esprit si vaste ; moins em- pressé de se faire une réputation précoce ; que d'en assurer la durée, avoit passé sa jeunesse à préparer les travaux de lâge mür ;il s'étoit ensuite dévoué à un voyage long et périlleux ; l'ardeur avec laquelle il se livroit à-ces soins y a mis un terme pré- maturé , et sa mémoire ne subsisteroit bien- tôt que dans le cœur de ses amis, s'ils ne s'empressoient de lui ériger un monument qui atteste en même temps etce quil étoit, et ce quil seroit devenu. Les matériaux de ce monument seront ses ouvrages mêmes; c'est Riche que vous Cp 9 allez entendre dans la plus grande partie de ce récit; ses manuscrits en font la base, et c'est surtout d'après ses journaux que je vous raCcConterai cette partie si intéressante de sa vie, où parcourant des espaces im- menses de mer, visitant desterres inconnues, il étoit sans cesse occupé de ses confrères ; il ne pensoit qu'à revenir au milieu de vous, et à vous apporter les preuves honorables du zèle avec lequel il avoit rempli sa mission. Cette sorte d'éloge doitétre bien puis- sante; vos cœurs seront sans doute plus émus en entendant les paroles de votre ami, en lisant les derniers caractères quil a tracés, qu'ils ne pourroient l'étre. par les fleurs d’une vaine éloquence. Dans ce triste devoir que nous venons lui rendre, nous l’aurons, pour ainsi dire, rappellé à la vie pour quelques instants ; nous l’entendrons , nous croirons le voir au milieu de nous ; heureux si nos vains ef- forts, pour nous jetter dans ses bras, ne nous rappelloient pas qu'il n’est plus qu'une ombre fugitive, ce LE ET En eanneme 2e ( 172) Claude-Antoine Gaspar Riche, docteur en médecine de la faculté de Montpellier , membre de l’académie des sciences de cette ville et de celle d'Edimbourg , de la société d'histoire naturelle de Paris et de la société philomathique, nâquit à Chamelay, près Lyon , le 20 août 1762, de N. Fiche, substitut du procureur général du Par- lement de Dombes. Il étoit fière cadet du citoyen Prony, secrétaire de la première classe de l'institut et l’un de nos plus il- lustres confrères. Il fit ses premicres études an collége de Touassay; c'étoit un établissement militaire où l’on donnoit aux jeunes gens une ins- truction plus variée que dans ces instituts anciens , dont le plan formé à une époque où nous étions encore barbares n’avoit point suivi l'esprit général du siècle dans ses per- fectionnements, et dans lesquels l'étude des langues et des lettres remphissoit seule les premières années de la jeunesse. Riche y prit le goût des connoissances réelles dont on lui avoit présenté les pre- mières bases, et ce goût prévalut sur les intentions paternelles et sur les attraits de fa AY ra (175) l'ambition. Son père qui le destinoit à la robe le mit à Lyon chez un procureur; il y tra- vailla quelques années , mais la mort de son père le rendit à la hberté et à ses inclina- tions. Il quitta précipitamment Lyon et vola à Montpellier pour se livrer entièrement à sa passion pour l'étude de la nature qui étoit alors en grande vigueur dans cette école. Uniquement rempli de cet objet il négligea tout le reste et arriva à Montpel- lier le 2 juillet 1784, sans avoir pris aucun arrangement pour y subvenir à ‘ses besoins physiques; mais madame Prony, dont l'époux étoit alors en Angleterre, eut pour lui des soins de mère qui lui épargnèrent les peines auxquelles son imprudence l’exposoit, et Riche en a ressenti une reconnoissance dont les tendres expressions ont été les dernières paroles prononcées sur son lit de mort. Ce premier trait nous fait déjà apperce- voir dans notre ami cette ardeur de volonté, cette patience du besoin et des souffrances qui caractérisent les ames fortes destinées aux grandes choses. Le besoin d’une occu- pation coniinuelle , produit par une activité exaltée , est le principal mobile de ces sortes d'esprits, et cette activité ne se contente (174) pas toujours d'une seule passion; celle de la gloire vient ordinairement la première ; celle là esttranquille , persévérante ; elle use par ses efforts mais non par ses jouissances, aussi si elle étoit seule n'épuiseroit-elle peut- être pas sitôt ce corps qui semble être l’ali- ment préparé par la nature à la flamme de noire activité. Mais ces ames privilégiées, destinées à jetter un éclat si vif, semblent avoir encore ce rapport avec les corps com- bustibies , qu'il ne faut qu'une étincelle pour y exciter de nouvelles passions. Ardent, vif et sensible , comme l’étoit Fiche, il ne pouvoit échapper aux tourmens de l'amour, il les éprouva avec violence, et leur effet, joint à celui de son ardeur pour l'étude, fut très-nuisible à sa santé. Il contracta dès-lors les germes de cette phtisie qui nous l'a enlevé au moment où il nous rapportoit les fruits de tant de travaux : mais si son cœur fut passionné il fut toujours noble et grand; il ne vit dans son amour qu'un nouvel aiguillon de se rendre digne de l'objet qui le lui inspiroit , et souvent dans ses travaux il étoit plus animé par l'image de celle à qui il esperoit les offrir que par la gloire qu'il en devoit tirer, ou (1919 plutôt cette gloire n’avoit à ses yeux d'autre prix que celui de le conduire à la main de son amie. Ce fût méme un des motifs qui lui fit entreprendre son voyage; où jy périrai, disoit il, où j'en rapporterai une réputation qui déterminera peut-être ses parents. Mais les évènements publics ont fait changer pen- dant son absence la fortune de ceux qui s’op- posoient à ses vœux, et il a eu à son retour la douleur d'apprendre que le chagrin et le malheur avoient fait périr celle pour laquelle il eût été si heureux de se sacrifier. Pendant un séjour de trois années à Mont: pellier, Riche s'appliqua principalement aux sciences accessoires à la médecine, et sur- tout à l'histoire naturelle et à la physique ; il y soutint plusieurs thèses, et surtout une sur la chimie des végétaux , pleine d'expé- riences ingénieuses ; il se distingua telle- ment que , au mois de mai 1787, l'académie des sciences de cette ville le fit son associé correspondant, par une dérogation expresse à ses réglements , qui lui défendoient d’ad- mettre aucun étudiant en médecine. Il fut reçu docteur, avec la plus grande distine: tion , en juin 1787. (176) Sa santé empirant toujours il fut obligé de se retirer dans sa famille, auprès de Lyon; le repos de l'esprit et du cœur, l'usage du lait et surtout les soins tendres et empressés de deux sœurs chéries , lui procurèrent quelque soulagement , et il se crut en état de venir continuer ses travaux à Paris. Les liaisons qu'il y forma avec des jeunes gens que l'identité des goûts et des carac- tères lui attachérent , et auxquelles cette société doit sa première origine ; les secours de tout genre qu'il y trouva, et surtout la noble émulation dont cette ville est le centre , lui donnèrent encore plus d’ardeur pour l'étude, généralisèrent ses vues, et à en juger par ce qui nous reste de lui, en auroient fait l'un de nos plus grands natu- ralistes, si le sort ne nous l’eüt enlevé trop- tôt. Les mémoires que les sociétés dont il étoit membre conservent encore dans leurs archives, portent l'empreinte d'un génie élevé qui embrasse dans toute leur géné- ralité les questions qui l'occupent et qui sait en appercevoir toutes les faces. C'est ainsi qu'il se montre surtout dans son mémoire sur la classification des êtres naturels par leurs parties truérieures ; et dans dans celui sur un systéme naturel des larves; on y voit en même-temps l'observa- teur laborieux qui n'étoit pas arrêté dans son travail par sa mauvaise santé, et qui. savoit consacrer aux ob'ets, en apparence les plus minutieux , tout le temps et toute l'attention dont ils étoient dignes ; tels sont ses mémoires sur les animaux microsco- piques et sur les coquillages pétrifiés des environs de Paris. On apperçoit dans d'autres ouvrages le physicien ingénieux, le métaphysicien pro- fond , l'écrivain élégant; mais presque tous sont perdus pour sagloire,parce que,emporté parla vivacité desonimagination,ilse donnoit à peinele soin de tracer complettement ses idées , et que dans beaucoup d’endroits on ne trouve que des abréviations dont lui seul avoit la clef. Les talents de Riche et ses qualités aï- mables luiconcilièrent particulièrement l’es- time et l'affection de. deux hommes les plus remarquables de notre siècle ; Fabricius et Vicqd’'azyr: le premier ne parle encore au- jourd'hui de sou ami qu'avec les expressions des plus tendres regrets; Vicg-d'Azvr l’as- socia à ses travaux , el doit à son assiduité M ( 178 ) une bonne partie de ce qu'il a publié dans l'encyclopédie méthodique; on peut même dire que sans ses secours il n'auroit peut- être pas entrepris un pareil ouvrage: plus anatomiste, plus physiologiste que Riche, il étoit beaucoup moins naturaliste , et ne connoissant point assez le tableau général des étres , il avoit besoin d'être guidé dans ce labyrinthe par un homme en état de lui indiquer à auelles espèces il devoit prin- cipalement appliquer son scapel. Le citoyen Daubenton l'avoit fait pour les quadrupèdes er les oiseaux, Riche le fit pour le reste ; c’est lui qui est l'auteur des tableaux méthodiques qui précédent l’ana- tomie comparée; celui où les êtres sont classés d'après leurs divers degrés de com- position, et ceux qui présentent les vers, et les insectes considérés sous divers rap- ports durent étre bien accueillis des natu- ralistes philosophes , et le furent en effet dans un temps où les idées sur lesquelles ils reposent n'étoient point encore familières. Nous avons encore aujourd'hui les brouil- Jons originaux de ces tableaux, écrits et corrigés de la main de: Fiche, “Aussi Vicqd’Azyr luirendit til toujours ( 179 ) une justice éclatante; il le loue plusieurs fois dans ses écrits, et il avoit coutume de dire que ce seroit lui qui le remplaceroit. Il étoit bien loin de croire alors que Riche le suivroit de si près dans la tombe. Cependant l'air de Paris ne se trouvoit point favorable à Riche ; sa poitrine lui cau- soit des souffrances que la certitude de leurs suites funestes aigrissoit encore; ses amis ne virent de ressource pour lui que dans un changement de climat, et ils saisirent l’occasion du voyage décrétée par l’assem- blée constituante , pour le déterminer à quitter cette ville. On sait en effet que l'air de la mer dans les pays chauds est un des remèdes les plus efficaces contre les mala- dies de poitrine , ou que du moins ilenre- tarde sensiblement la marche destructive. Ils ne balancérent donc pas entre l'espoir de le sauver et le plaisir de jouir de sa s0o- ciété pendant quelques instants, qu'une perte prochaine et prévue auroit rendus si douloureux. La France voulant se montrer la digne émule de l'Angleterre dans les entreprises qui ont pour objet l'accroissement des sciences et le bien être de l'humanité, avoit: M2 ( 180 ) envoyé Lapeyrouse dans la mer du sud pour y reconnoitre les terres que Mrs Cook n'’avoit pu visiter. Parti en 1785 il de- voit être de retour en 1793; trois années s'étoient écoulées et on n’avoit plus aucune nouvelle de lui depuis son départ de Bo- tany Bay. Il etoit bien probable, et la suite l'a fait voir, qu'il ayoit péri sur quelque rocher ou par quelque tempête ; mais. il étoit pos- sible aussi qu'il eut abordé sur quelque côte déserte , et qu'il attendit là les secours qu'un heurèux hasard lui présenteroit; l'humanité vouloit qu'on cherchät à s’en assurer, et. la gloire de la nation exigeoit qu'on en- voyàt une nouvelle expédition pour refaire ce que son malheur l'avoit empéché de ter- miner. La société des naturalistes le pro- posa à l'assemblée constituante, au mois de janvier 1701, et dans ces'premiers temps de la révolution , où tout ce qui étoit grand et beau étoit accueilli avec enthousiasme, ce projet fut applaudi par toutes les classes de citcyens. On destina à cctte expédition deux ga-, banes que l'on nomma la Recherche et l'Es, pérance ; d'Éutrecasteaux monta la pre- (181) miére en qualité de commandant en chef de l'expédition; il avoit sous lui d'Her- mini d'Auribeau, comme capitaine de pa- villon, Cretin, lieutenant, etc. iuon , Capitaine de vaisseaux , com- mandoit la Recherche ; il avoit sous lui Trobriart , lieutenant, etc. Le ministre de la marine, Thévenard, chargea la société dés naturalistes de lui pro- poser les personnes propres aux recherches relatives à l'histoire naturelle ; celui-ci in- vita ceux qui voudroient entreprendre ce voyage à venir s'inscrire dans ses répistres. On pense bien que les offres de Riche furent acceptées avec enthousiasme ; il fut agréé par le ministre, ainsi que les citoyens Labillardière, botaniste déjà célèbre alors par un voyage en Syrie, dont il avoit pu- blié plusieurs décades de plantes rares; Deschamps qui avoit été présenté à la so- ciété par le deputé Delatre, rapporteur du décret qui ordonnoit le voyage, et Blavier, minéralogiste; on ajouta le citoyen Lahaie, jardinier , et on eut soin que les aumôniers et les chirurgiens fussent des hommes au fait des sciences naturelles ; le citoyen Ven- tenat, frère de notre confrère, remplit la M3 ( 182 ) première de ces foncions sur la Recherche, et il se montra dans le cours du voyage an naturaliste trészèlé, l'aumônier de l'Es- pérance fut l'astronome Prerson; la Re- cherche avoit un astronome à titre, nommé Bertrand , mais s'étant fait débarquer au Cap, il fut remplacé le reste du voyage ‘ par un officier nommé de Rossel, Ce fut le premier juillet 1791 qu'ils furent instruits du choix du ministre. La société des naturalistes Jeur donna des instructions sur les recherches qu'ils avoient à faire; Ils en reçurent aussi de la société de médecine. Riche en particulier médita longtemps sur le plan qu'il devoit se faire , ce plan existe encore , 1l est extrêmement vaste, et il em- brasse de la manière la plus complette toutes les observations que l'on pourroit faire dans un pareil voyage, si on étoit secondé par les hommes et sur-tout par le temps; il prouve ä-la-fois l'étendue de l'esprit de son auteur, et son peu d'expérience sur les obstacles in- nombrables que l’on rencontre dans de sem- blables expéditions; aussi dit-il quelque part dans ses journaux qu'un voyage autour du monde n'est qu'un essai pour apprendre à voyager. ( 183) Nos voyageurs partirent de Paris le 2 sep: tembre; arrivés à Brest ils firent un accord par lequel ils se partageoient les trois règnes de la nature , de manière que chacun d'eux devoit seul recevoir, classer et décrire ce que les autres auroient pu recueillir dans le genre qui lui seroit échu. On appareilla le 28 septembre à midi ; : Labillardière et Deschamps s’embarquérent sur la Recherche, Blavier et Riche sur l'Es- pérance ; on mouilla à Saint Croix de Téne- riffe le 13 octobre; le général fit fournir aux naturalistes les guides et tous les autres se- cours nécessaires pour faire le voyage du Pic, mais les difficultés physiques en em- ‘ péchèrent plusieurs de terminer cette entre- prise; Riche et Blavier restèrent suffoqués encore bien loin du but, et le citoyen La- billardière fut le seul des gratre qui put par- venir au sommet. la publié une relation abrégée de ce qu'il y a observé. Le trajet de Ténériffe au Cap fournit à Fiche ün grand nombre de faits nouveaux concernant les poissons et les vers, et leur anatomie. ‘ Ce fut dans ce trajet que les naturalistes donnèrent les premières marques de mécon. M4 (184) tentement; plusieurs personnes de l’équi- page vouloient faire des collections parti- culières, et cet abus enlevoit à ceux qui étoient chargés spécialement de ce soin plu- sieurs objets qui auroient dû leur revenir. L'attention que le ministre avoit eue de choisir pour plusieurs des fonctions de l'ex. pédition, comme celles d’aumônier, de chi- rurgien, etc. des personnes versées dans lhistoire naturelle, afin de suppléer parlà : an petit sombre de celles qui étoient char- gées en titre de cette partie, fut une source de discorde ; Les naturalistes vouloient qu'on leur rapportät tout ce qui se recueil- lait; leurs émules qui auroient été privés des fruits qu'ils attendoient de ce travail se cachoient d'eux, cherchoient à leur ôter la connoissance de ce qu'ils découvroient ; de-là des jalousies et des altercations, telles qu'au Cap les naturalistes demandèrent à étre laissés à terre ; mais le citoyen Blavier persista seul dans cette résolution que sa santé lui rendoit d'ailleurs nécessaire. Ce fut le 17 janvier que l'escadre mouilla dans la rade du Cap. D'Entrecasteaux vou lant favoriser les opérations des naturalistes les fit loger à ierre aux frais du gouverne- ( 185.) ment; ik firent plusieurs excursions pendant un mois de séjour dans cette agréable re- lâche , et Riche envoya delà à la société d'histoire naturelle et à la société philoma- tique des mémoires forts instructifs ; et de nombreux herbiers. On conçoit cependant qu'un pays aussi peuplé et aussi souvent visité, par les européens, que le Cap, ne pouvoit lui fournir autant de choses nou- velles, que ceux presque inconnus qui fe- soient le but de l'expédition. On quitta le Cap le 16 Février ; on passa le 28 mars à la vue de l'ile d'Amsterdam, située, comme on sait, au milieu de Îa mer des Indes, à une distance presqu'égale du continent de l’Afrique et de celui de la nouvelle Hollande. Cette île vomissoit des nuages énormes de fumée, et on distin- guoit des bouches à feu d’une grandeur con- sidérable, mais toutes situées dans les ter- reins les plus bas; les flancs de la mon- tagne étoient escarpés et nuds; les arbres que d'anciens voyageurs y avoient décrits né s’y trouvoient plus; Riche concluoit de ces observations que l'ile avoit été formée par un ancien volcan et que les flammes qu'on y voyoient ctoient l'éruption d'un ( 156 ) Ô nouveau, dont les ravages aroient détruit la végétation produite sur les flancs du pre- mier ; il regrettoit que le vent et l'épaisseur de la fumée ayent empêché toute relâche et l'ayent privé de pouvoir vérifier ses con- Jectures. De-là l'escadre cingla droit vers la terre de Vandiemen qui fait la pointe la plus mé- ridionale de la Nouvelle Hollande, et ils mouillérent dans la baye des T'empêtes le >1 avril. Un séjour de plus d'un mois dans ce pays encore presque entièrement in- connu, mit les naturalistes à méme de faire des observations nombreuses etimportantes. Fiche en particulier fesoit de nombreuses promenades dans les terres ; il examinoit le terrein, les eaux, les foréts et les habi- tations, car les habitants eux mêmes avoient fui, et ce ne fut que raremerñt et comme par hasard qu'on put approcher de quelques- uns ; mais les débris de leur repas dans les- quels on trouva des ossements humains frai- chement décharnés, apprirent qu'ils étoient antropophages, et Riche vit là, à son grand étonnement , que l'homme nen est pas meilleur pour étre plus prés de l'état de nature. Ces peuples sont noirs et ont les (1879 cheveux crépus , mais leurs traits sont dif- férents de ceux des nègres d'Afrique, ils ne paroissent point avoir de proprittés, ils abandonnent leurs huttes avec autant de facilité qu'ils les construisent, ils ne pa- roissent les employer que lorsqu'ils viennent pêcher sur les côtes ; leurs grands arbres ne sont point propres à faire des pyrogues et ils n'ont que des bateaux d’écorce d’euca- lyptus, avec lesquels ils n’osent se hasarder au loin ; on sait aussi que leur pays ne pro- duit aucun de ces animaux qui pourroient aider les hommes qui auroient su les domp- ter, ensorte que la nature semble avoir con- damné ces malheureux Papous à une foi- blesse et une misère perpétuelle. Cette pointe de terre qui ressemble beau- coup à celle qui termine l'Afrique par sa forme générale , et qui en diffère peu par sa latitude, présenta encore à Riche des rapports frappants avec le Cap par sa litho- logie, ses roches et son sol ayant les mêmes, substances et des dispositions semblables. Mais ce fut sur-tout la mer qui lui fournit de nombreuses découvertes; la péche étoit abondante , il y assistoit tous les jours et il s'emparoit de tout ce que la ligne et la seine ( 188 ) lui présentoient de nouveau en poissons, en molusques, en coquillages ; non content de les recueillir , il lés disséquoit, il en dé- crivoit l'organisation, il fesoit des réflexions sur leurs rapports et sur leur physiologie, et cette portion de son journal contient beau- coup de faits neufs et piquants qui seront bien reçus des naturalistes. L'escadre quitta ce séjour intéressant le 28 mai 1792; elle traversa le détroit qui venoit d'être découvert par les citoyens Saint-Aignan, l'un de ses officiers et Beau- pié, ingénieurgéographe ; ce détroit mène de la baye des Tempètes à celle de l’Aven- ture ; l'escadre en reconnut les positions, y fit de grandes provisions de poissons salés, et comme on y jettoit l'ancre tous les soirs, les naturalistes purent y faire de nouvelles récoltes. Ce fut dans ce détroit que Riche reconnut une nouvelle cause de l’état lu- mineux de la mer dans une espèce non en- core décrite dedaphniatrès-phosphorescent. On tourna ensuite au nord est pour ga- gner la Nouvelle Caledonie, ir longue et étroite , située à quinze degrés à d'est de la Nouvelle Hollande , et presque parallèle aux côtes de cette grande terre; On en re- ( 189 ) : connut la côte occidentale qui ne l’avoit point été et qui est très périlleuse pour les navigateurs , par les nombreux récifs qui en défendent l'approche; la Recherche pensa même s’y perdre le 20 juin ; engagée entre des récifs elle tenta trois fois inuti- lement de virer de bord; ce fut d’Auribeau son lieutenant qui vint, tout malade qu'il étoit, commander la manœuvre qui la sauva en faisant réussir une quatrième tentative. On peut remarquer ici comme un trait du caractère singulier de cet homme, qui a été depuis si funeste à l'expédition , qu'il falltt que le chirurgien vint le solliciter plu- sieurs fois de monter sur le pont et l'assurer que cela ne l’incommoderoit point. I alloit laisser périr le vaisseau et s'engloutir avec, de peur de s’exposer à l'air en le sauvant. Ils perdirent de vue la Nouvelle Caledonie le 2 juillet sans y avoir pu aborder, quoi- qu'ils en eussent été assez prés pour en dis- tinguer les habitants ; ils se dirigèrent de-là vers les îles de l'Amirauté , situées au nord de la Nouvelle Guinée; des bruits vagues leur avoient annoncé qu'on y avoit vu quelques habits et quelques ustenciles Eu- ropéens, et ils pensoient qu'ils pourroient ( 190 ) y apprendre des nouvelles des navigateurs qu'ils cherchoient. Ils virent, en passant les îles de Salomon ou des Arsacides, et ils reconnurent la partie ouest de l'archipel de Bougainville ou des iles de la Trésorerie; ces iles sont situées à l'ouest de la Nouvelle Guinée; ils ne communiquérent qu'avec les habitants de l'ile Bouca , nommée ainsi par Bougain- ville, d'un cri que ces insuläires lui firent entendre. Ce sont des hommes très-basanés qui se barbouillent de diverses cou'eurs et se perdent les dents par l'usage du betel et de la chaux, Ils relâächèrent le 17 juillet au port Car- Leret, dans la Nouvelle Irlande; cet endroit étant beaucoup plus prés de la ligne que tous ceux que nos naturalistes avoient visité jusqu'ici; on s'attend bien qu'ils y trouvèrent un grand nombre de productions nouvelles, Fiche y décrivit sur-tout beaucoup d'ani- maux, des coquilles, objet d'autant plus précieux que nous n'avions jusqu'ici sur les espèces testacées de la Zône Torride, que les figures peu nombreuses d'Adanson, et celles peu fidelles de d’Argenville. Mais les pluies continuelles qu'on essuya (1291 9 empéchèrent les recherches à terre, et firent méme un grand tort à la santé de l’équi- page où le scorbut se manifesta de plus en plus , ce qui fut d'autant plus fâcheux qu'on ne trouva d'ailleurs en cet endroit aucune des provisions qu'on espéroit y trouver. On quitta le port Carteret le 24 juillet, et après avoir longé la côte sud de la Nou- velle Irlande, et quelques petites îles, on arriva le 28 aux iles de l'Amirauté. Les recherches qu'on y fit pour y trouver quelques débris de l'escadre de Lapeyrouse furent vaines. On communiqua librement avec les habitants; qui paroissent bons et paisibles ; on commerça avec eux ; ils vinrent méme sur Îles vaisseaux , nais on ne leur apperçut aucun instrument ni aucun habillement européen : le seul vêtement de ces-insulaires consiste dans l'espèce de co- quille nommée bulla ovum dont ils se gar- nissent le gland, et c'est une aussi grande honte pour eux de se défaire de cet or- nement que c'en pourroit être chez nous à une femine de paroître nue en public. On passa auprès de plusieurs iles situées à l’ouest des précédentes, et on doubla le 21 août le cap le plus nord ouest de la Nou- ( 192 ) velle Guinée, pour traverser la mer des Moluques et se rendre à Amboine , afin d'y refaire l'équipage épuisé par les fatigues d'une si longue campagne, et par les ma- ladies qui en étoient les suites. Pendant ce iraiet, Fiche qui n’avoit point trouvé dans les différentes relâches les se- cours qui lui auroient été nécessaires pour donner à ses recherches l'étendue et le suc- cés dont elles auroient été susceptibles, qui avoit été obligé d'aller seul à la chasse, sans aide pour tirer ni même pour rapporter le gibier, qui se voyoit enlever les plus beaux produits de la péche par les gens de l'équi- page , que la manie de faire des collections avoient tous saisis, écrivit au commandant une lettre fort détaillée, pour l'inviter à remédier à ces inconvénients et pour lui exposer les mesures que le but de l'expé- dition et l'esprit des décrets qui l'avoient ordonnée exigeoit de sa part. Il paroit qu’en général il n'y avoit pas une grande harmonie entre les officiers su- périeurs de l’escadre et les naturalistes ; les premiers ne trouvoient pas dans ceux ci cette subordination aveugle qui est encore plus nécessaire à la mer que dans les autres armées ; (1935) armées; d’ailleurs les naturalistes étoient ar- demment attachés au régime qui venoit de prévaloir en France lorsqu'ils en partirent; ils appartenoient à une société qui fesoit profession particulière de cet attachement et qui devoit son existence et son crédit à ce régime. Les officiers au contraire de- voient par leur naissance, leurs habitudes, leur état méme avoir plutôt de la propen- sion à le contrarier. Sans doute que cette diversité de senti- mens se manifesta dans les conversations ordinaires ; les officiers s’accoutumérent dès-lors à voir dans les naturalistes des ad- versaires ou même des ennemis; bientôt les chefs crurent y voir des espions; les de- mandes les plus simples excitoient leur mé- fiance, leur paroissoient des piéges destinés à servir dans la suite de chefs d'accusation contre eux. On ne sait que trop combien cet esprit de défiance et de jalousie régnoit dans notre ancienne marine; il a été plus d'une fois funeste à nos expéditions de guerre, et nous verrons bientôt combien il l'a été à celle-ci qui n'avoit que les sciences pour objet. D'ailleurs on sent que les deux genres de N (194) connoissances que cette expédition devoit procurer , ne pouyoient espérer un égal en- couragement de la part des chefs. Des ma- rins devoient s'intéresser bien d'avantage aux observations nautiques et astrono- niques, aux gisements des terres, à la levée des cartes dont dépend leur sûreté et celle de 1ons les navigateurs, qu'à des recherches d'histoire naturelle, qui ne leur paroissoient au plus propres, qu'à procurer quelques colifichets de plus aux collections qui ornent nos câbinets ; aussi les reläches , unique objet des vœux des naturalistes, con- trarioient-elles nécessairement les marins, qui n’en fesoient qu'autant que les besoins de leurs vaisseaux et de leurs équipages le commandoient. Quoiqu'il en soit de la justesse de ces observations, la réponse d'Entrecasteaux à Riche fut un refus formel et détaillé - de iou es ses demandes , accompagné de re- proches très-peu mérités sur la manière dont ils les avoit énoncées, et de la menace de faire imprimer sa letire immédiatement au retour en France. Riche fut réduit à déplorer une démarche qui avoit achevé de lui ôter Ja confiance d'un homme qu'il (195 ) respectoit réellement, ainsi qu'il le dit lui: méme ; il exprime d'une manière doulou- reuse ses regrets sur le peu de précautions que l'on avoit prises pour assurer dans tous ses points le succès de l'expédition, et il donne des avis bien salutaires aux natura- listes qui seroient tentés de s'engager dans de semblables voyages, et sur les choses et les moyens qu'ils doivent commencer par exiger s'ils veulent entirer quelque honneur. Ils arrivèrent à Amboine, Le 6 septembre 1792. On sait que cette île est le chef lieu des établissements hollandois dans les Mo= luques, et qu'elle est aussi célébre parmi les naturalistes, par la foule d'objets rares et curieux qu’elle leur a fournis, qu’elle peut l’étre parmi les hommes d'état par les richesses immenses que le commerce ex- clusif des épiceries a procurées à ses pos- sesseurs ; mais elle va bientôt perdre ces deux avantages ; la Nouvelle Guinée et la Nouvelle Hollande, mieux connues , vont nous envoyer en abondance les productions naturelles dont Amboine n'avoit que ce qui s'échappoit de ces deux grandesterres, ét on sait que malgré la vigilance des hollan- dois, les épiceries sont déjà transp'antées N 2 (196) dans les deux mondes. Ces révolutions, ces transports alternatifs de commerce et de puissance devoient exciter les réflexions d’un homme comme celui dont j'écris l’histoire ; aussi en a-t il fait de profondes et d’ingé- nieuses , et sur les causes de l’affoiblissement des hollandais , et sur les moyens de pros- périté que la nature offre à ce vaste con- tinent de la Nouvelle Hollande, où les euro- péens commencent à s'établir et où ils pour- ront fonder , avec le temps, des états aussi puissants que ceux de l'Amérique. Mais l'histoire naturelle reprenoit bientôt le dessus sur tout autre objet de méditation. Sitôt qu'on eut rempli toutes les formalités que prescrivit la défiance du commandant hollandais, Riche et ses camarades firent des excursions dans l'ile, sans se laisser zebuter par la chaleur extraordinaire, ni par les autres incommodités d'un pareil cli- mat , su:-tout dans un moment où le soleil étoit presque dans ce parallèle; aussi se irouvérent-ils bientôt tous plus ou moins ind'sposés, et Ventenat en particulier fut atiaqué d'une dyssenterie qui le mit en deux jours dans un état que tout le monde crut désespéré ; un effort heureux de la:nature C1072 dit Riche dans son journal, le ramena du bord de sa tombe, mais 1il resta en con- valescence pendant tout le temps de Îa relâche. Riche fait ici une peinture vive de toutes les diificultés dont les recherches d'histoire naturelle sont hérissées dans ses climats brülants, et il témoigne son ardente recon- noissance pour ceux des habitants d’Am- boine qui lui en ont allégé quelques-unes par leurs secours et leurs conseils; en effet les nombreuses observations dont il a en- richi son journal en cet endroit prouvent qu'il y a eu plus defacilités qu'ail'eurs ; elles roulent toujours principalement sur les ani- maux marins. Il se réservoit pour décrire à loisir en mer ou en Enrope les plantes et les insectes qui pouvoient se conserver ; il ne se doutoit guëères des empichements que le sort lui réservoit. Il donne l'anatomie complette du calao ( buceros ) qui manquoit aux naturalistes, et celle d’une nouvelle espèce de tortue qu'il appelle £estudo Am: dornensis. ; On quitta Amboine le 13 octobre, après vingt-huit jours de relâche, pour faire du côté du sud - ouest le tour de ce grand con- N3 (198 ) tinent de la Nouvelle Hollande , et sur-tout pour reconnoitre les côtes qu’on soupçonne joindre la terre découverte par Nuyts en 1672, à la terre de Vandiemen. On com- mença ce travail géographique au cap Lewrn ou des Lions, le point le plus occidental de la terre de Nuyts où on arriva le 5 décembre. On suivit la terre le plus près possible , et le 9 on se trouva dans la position la plus critique de tout le voyage; un violent coup de vent attaqua les vaisseaux et les engagea si dangéreusement dans les ressifs qui bordent cette côte, que le capitaine de l'Es- pérance, de l'avis de son conseil, ne vit d'autre ressource que de se jetter à la côte pour sauver au moins ce que l’on pourroit de l'équipage.'Le citoyen Legrand, enseigne à bord, aujourd'hui commandant la frégate lImmorialité, est chargé de piloter le vais- seau vers le lieu qui lui paroitroit le plus favorable pour ce dessein ; il monte au mât pour remplir ce triste devoir, et à force d'attention et de présence d'esprit il a le bonheur de conduire le bâtiment entre un ressif et une île de roche où il trouve un bon mouillage. Pendant ce temps la Re- cherche qui continuoit à tenir la mer a ses etude dre ali ve: 2 D d ( 199 ) voiles déchirées, ses écoutes brisées, :et 1l ne lui reste plus d'autre parti que celui qu'elle croyoit dé à embrassé par sa con- serve , de se jetter à la côte. Qu'on se re- présente sa joie, lorsqu'elle vit l'Esperance dans uu bon mouillage, qui l'invitoit par ses signaux à ven ir partager son bonheur ; il faut se représenter cette foule d’ Rens de considération et de mérite, qui au-lieu de venir, jouir dans leur.patrie ce la gloire si, bien méritée par tant de travaux, se voyaient prêts à pésir sur une côte déserte, pour se faire une idée de l'effet que dut pro- duire RD 4 jp D di PA de he Table des Cxt. Girod Chantran. 1OI. NUTRITION. Mémoire sur la manière dont se fait la — dans les in- sectes. I 38. O OCTAFDRE ÉQUILATÉ- RAI. Forme ordinaire de la glace cristallisée. 93- OpEurs ; Mémoire sur leur emploi comme médicaments. 131. OporaA T. Dissertation sur l’organisation de *— dans les insectes. 142. — Séjour du sens de l’odorat dans les cétacées. 149. Œaic HUMAIN. Observa= tions dulDocteurSæm- mering , sur la tache et l'ouverture décou- vertes sur la rétine de P— 144. — Fétus qui n’ayoit qu'un -— Situé au dessus du nez.145. Œur. Mémoire sur la manière dontle jeaune de l-— se comporte dans le ventre du pou- Matières. j 259 let nouvellement éclos 141. Oiseauxdeproiediurnes, Nouvelle divi ion mé- thodique des —11r. Ooi1rEs trouvées abon- damment dans les dé- partements de la Cha- rente et de la Dordo- gne. 79. — Siliceu- ses. Masse d’— calcai- res, passées à l'état d’— 70. Oprium. Manière d'agir de l— sur l’économie animale, 132. ORANG OUTANS.Mémor re sur les —- 107. ORGANES SÉCRÉTOIRES , desinsectesneforment point de glandes soli- des comme dans jes animaux qui ont un cœur. 138. Ormsxirk. Spécifique contre la rage, connu sousle nom de remède d’'— 235. ORVET. anguis fragilis de linneus. Observa- tions sur la manière dent cet animal prend sa nourriture. 1 16. OrxcTEeror.Nom donné R 2 260 à une espèce du genre mirmecophage , ci- devant nommé Co- chon du Cap. 100. Os oriculaire de Baleine, ne fait pas essentielle- ment partie du crâne. 148. OSTROSARCOME.Mu- riate de Baryte em- ployé infructueuse- ment dans le traite- ment d’un — 130. OutE des Baleines.. Mé- moire sur l— 148. OUvERTURE , observée dans la retine de l'œil humain, par le Doc- teurSœmmering. 144. -OvaAIRE. Fétus de trois mois trouvé dens l’— d'une femme grosse de huit. 146. Ox1E de Manganèse, entre dans la composi- uon d'une pierre ap- pellée asbestoida 83. — Végétaux. Action de j’acide sulfurique, concentré sur. les — 43. P PAPiER écrit et imprimé. Table des Matières. Moyen pour refondre le — 67. PapizLons. Mémoire sur la subdivision des — Midi PARALISIE MOMENTAN- NÉE produite par l’ex- trait de Belladone, dissoute dans l'eau, et appliquée dans l'œil. 134. PARTICULARITÉS obser- vées sur plusieurs in- sectes. 112. PareLzes. Différences entre le Phillida et l'animal des — 105. ParTrTue. Séné dela Cas- sia senna. Analyse du “PEARSON. a ob'enu du charbon en décompo- sant le carbonnate de chaux , à l’aide du phosphore. STE Peau, et tissu cellulaire d’un enfant quiprésen- toient l'aspect du gras des cadavres. 157. Peucerier. ( Cit. ) No- tice sur le — 10. — Expériences pour re- ürer le cuivre du mé- tal des cloches. 62. Table des Matières. Observation PELORIA. sur le —- 94. ” PERICARDE adhérent au cœur dans un enfant. 145. PETITE VÉROLE commu- niquée à un chien par les aliments. 1 36. PHaLrLus. Dissertation sur le genre — 95. Pointe, (St. ) Moyens employés dans les bains de —- pour cou- ler des bas reliefs. 77. PHosphATE , de chaux. Mémoire sur la difie- rence entre l'acide phosphorique retiré du — par l'acide sul- furique, et celui qu'on obtient par la combus- tion du phosphore. 45. — Acidule de chaux. décomposition du — 45. PHCSPHORESCENCE, de l’eau de la mer, dé- truite par les réactifs capabies de faire périr les animalcules. 116. Parisie. Action du gaz azote dans le traite- ment dela —- 135. Paxupa. Nom donné 265 à un genre de mollus- que de l’île Bourbon, 105. Picor. ( Cit.) Voyage dans les pyrennées , pour parvenir au mont Perdu. 86. Pierre. Analyse d’une ——- regardée par quel- quesnaturalistes, com- me du sulfate de ba- ryte, et par d’autres, comine du’ carbonate de chaux. 49. — De Labrabor. Fragment de --- attirables à l’ai- mant: 70. Pierres de Périgueux. Renseignement surlo- xide de Manganèze, connu sous le nom de -— 77. —- à meules. Mémoire sur les car- rières depierres àmeu- les de la commune des Molieres , départè- ment de Seine et Oise. 85. PLANTES que les anciens employoient pour em- poisonner leurs flèches 97 PLaTa. ( Rivière dela ) Squélette d’un animal R 3 262 inconnu trouvé dans le sable, près la — 104. Pois et MESURES. Mé- moire sur les — 16. Poins du commerce. Mé- moire sur la meileure forme à adopter pour les —- 18. Poips du pied cube d’eau distillée. 31. Poins MARITIME. Ob- servations sur le -— 123. Poissons. Expériences sur la chaleur des —- 142. Portriers. Le Cit. G:- rod Chantrans a prou- véquele. bisses et con- ferves étoient de véri- tabies -— aenveloppe végétale. 100. Ponres. Un seul accou- . plement dans les mo- * nocles, suffit à plu- sieurs -—— 118 Portée DEs Bois Mé- moire snr la —- 27. Porasse. L’azote regar- dé comme principe constituant dela—-50. —- Empleyée pour re- fondre le papier im- Table des Matières. primé. 67. —- Gonte- nue en grande quan- tité dans la sanie qui découle des ulcères des arbres. 1 24. PouoixG porphiroide , regardé comme primi- tif, 83. Pouzer. Mémoire surla manière dont le jeau- ne d'œuf se comporte dans le ventre du -—— nouvellement éclos. J141: PouriTurE du bois, due à la pertedeson alkali. 124. PRIVILEGES accordés dans le douzieme siè- cie aux habitans de la commune des Moliè- res. 86. Pronvy.( Cit. ) Formule nouvelle pour déduire le rapport des axes de la, terre de la longueur des arcs du méridien, dont l'amplitude est connue. 22. — Rap- port sur un mémoire relatif à la trissection de l’angle envoyé par la société de Boulogne sur mer. 23.—-Notice Table des Matières. sur le second volume de son architecture hydranlique. 24. --- Extrait ü la traduc- tion du mémoire pu- blié par le généralRoi, sur la mesure dela base de Hounslovvheath. 24.--- Traité dela mé- -thode directe etinver- se des différences. 25. Prousr ( M. } dit avoir trouyé du camphre dans plusieurs huiles volatiles. 47. PsoQuE. Nom d’un genre d'insectes , fait par le Cit. Latreille. 120. Puce. Mémoiresur la -— 119. PyrENNÉES. Voyage aux —- par les Gi. Picot et Ramond, pour par- venir au Mont-perdu. 86. Pyrires peuvent être employées avantageu- sement, vu leur abon- dance, à la décomposi- tion du muriate de sou- de, so. 263 QUADRUMANE. Nouvelle espéce de -— apportée du Sénégal, sous le nom de galago. 110. QUADRUPEDES FOSSILES. aucun des — n’a vé- ritablement d’analo- gue vivant. 104. —-- UNGUICULES. Mémoi- re sur les-—104. R RAGE. Observations sur Ja — 130. --— Obser- vations sur un spéci- fique contre la-- con- nu sous le nom dere- mèded’ormskirk. 1 35. Ramoxp. ( Cit. ) Voyage au Mont perdu, dans les Pyrennées. 26. RAT HAMSTER, 774$ cri- cetus. Dissertation sur l'engourdissement du — III. REyMARUsd'Hamboure. Note sur les moyens de remédier aux acci- dents qui arrivent aux ballons aréostatiques. 37.—- Emploi de lex- trait de Belladone, R 4 264 pour préparer les yeux a l'opération de la ca- taracie. 134. RESPIRATION. Ouvrage deGodvvin et de Men- zies , sur la — 130. RHiNocERos. Mémoire sur les ---103.—-fos- sile de Sibérie et d'Al- lemagne ,' différents de ceux qui vivent au- jourd'hui. 103. Ricee. ( Cit. ) Noticesur le —- 11.-—Eloge du -— 169. Rog1i£LARD. ( Cit. ) Ob- servations sur des vi- ces de conformartions dans les voies urirai- res. 146. Rome de Lise ( Cit. ) Observations sur les propriétés de plu- sieurs espèces de mi- nes de fer, nommées aimants. 81. Rota. ( Cit. ) Machine pour fendre les cour- roies de cuir. 30. RUBUS ARCTICUS. Bayes employées à la nour- - rirure des peuples du nord, pendant l'hiver. 2%: ë Table des Matières. RUCHEsen pierre, en usa ge dans le levant , es- sayées en France par leCit, Delarocca.1 25. S SALIVE , substituée” au suc gastriq2e par plu- sieurs médecins ita- liens, pour faire des frictions. 13 3. SALSOLA SODA. À nalyse de la —— 48, SANG BLANC. Mémoire sur la circulation dans les animaux à-— 137. SARDONIX. Dissertation sur la nature et l’exis- tance des anciennes-— d'une grosseur consi- dérable. 90. SAvON regardé comme préservatif et curatif des accidents causés par la morsure des animaux enrages. T 30 SAvOnIERES. Moyen que Von pourroitemployer pour couler des bas re- liefs dans les caves de 77. SAVONUEE D’AMMONIA- QUE trouvé dans les Table des Matières. produits de la distilla- tion de Ja tourbe. 6. SAUVAGES DU CANADA. Confitures faites avec desbayes de vaccinium myrtillus , d'après les procédés employés par les --- 125. SCHORLROUGEdeFrance. Expériences sur le —- 7: SEGUIN. ( Cit. ) Procédé pour perfectionner le tannage des cuirs. 63. —- Lettre sur la diff- culté de déterminer exactement Ja quan- tité d’air employée à chaque inspiration: 140. SEL MARIN. Rapport sur lextractionde la soude du - 57.-— Moyens observés à Moutiers , pour favorirer la cris- tallisation du —- 66. —- Considéré cornme engrais. 12). SÉNÉ DE LA PATTHE. Cas- sia senna de linneus. Analyse du— 53. SEP. Description d’une charrue, dont le -— est 265$ biffurqué et armé de deux socs. SEVRES. Manufacture pour le tannage des cuirs, etablieà —65. SIDÉRITE, ou phosphore de fer, enlevé au fer, pour l'application du carbonate calcaire , réduit en poudre, 66. SIGNES CARACTÉRISTI- QUES à donner aux substances minérales. 82. SILICE BLANCHE, trouvée par le Cit. Coquebert, aux environs des pier-- res à meules. 86. SILVESTRE. ( Cit. ) Rap- port général sur les travaux de la société philomatique, depuis ee 2 é Janvier1 7092, jusqu’en frimaire, an 6. 1. — Description d’un ins- trument nouveau qui réunit les avantages des instruments à tou- ches et de ceux à cor- des. 29. -— Présente une quantité de char- bon obtenu de la dé- composition des car- bonates de chaux et 266 de soude, par le phos- phore. $2. --- Détails sur un procédé em- Pur pour refondre e papier écrit et im- primé. 67. — Obser- vations sur l’hédisarurm gyrans. 99. — Expe- riences pour prouver les inconvénients du sel marin, «considéré comme engrais pour les végétaux. 123. -:- Rend compte dela mé- thode du Cit. Bardou, pour soigner les abeil- les. 126. -— Résultat tiré des tables de mor- talité sur l'influence des hivers froids sur la santé. 137. SIMIA MORMON est le mème que le SimMIa MEMON. III SINGES. Anatomie de plusieurs —- 150. SœMMERIXG. ( le Doct.) Découverte d’une ta- cheet d’une ouverture sur la rétine de l'œil humain, 144. SOMMITE. Analyse de la —— 48. Soupe. Rapport sur Pex- Table des Matières. action de la. du sel marin. $7. SOURCE fo;mant des dé- pôts analogues à ceux de Saint-Philippe en Toscane, 76. SPATH FLUOR. Mémoire sur le — de Buxton en Angleterre, 90. --Cal- caire paradoxal , va- riété de carbonate cal- .caire cristallisé, trouvé dans le département de l'Yonne , 93. SQUELETTE provenant du cabinet du Stathouder et regarde comme ce- lui d’un ourang ou- tan, 108. STATION VERTICALE. muscles disposée dans les singes de manière à s'opposer à la — long- temps continuée, 151. STAUROTIDE de Breta- gne. Analyse de la — 4. ae Observations sur une cristallisation de -- 91, STROMBES ADULTES. Ob- servation®sur la figure des — 115. STRONTIANE: En quoi Table des Matieres. elle diffère de la ba- TYLE , 44. SUBSTANCES MINÉRALES. Mémoire sur les signes caractéristiques à don- ner aux — 82. SuC GASTRIQUE. Obser- vations sur l'usage du -— dans les maladies de l'estomac, 132. — Destiné par la nature à rendre beaucoup de substances capables d’être absorbées par la peau, 133. SwEDIAUR. (cit.) Note sur la récolte de la gomme arabique, 123. -- Nc- tice sur la manière dont les naturels d’An- gole trouvent les dents d’éléphants, qui dans le commerce portent l'empreinte du feu. . Tage à double entrée qui donne à vue les diversrapports des axes de la terre d’après la longueur des arcs du méridien dont }’ampli- tude céleste est con- nue, 23. 267 TABLES DE MORTALITÉ. On pourroitreconnoi- tre larigueur des hivers d’après l’inspectiondes LATE TACHE observée dans la réune de œil hu- main, 144. TALLITE ou schorl vert de Dauphine, Analyse du -— 55. TAN (principe du) com- biné à la partie gélati- neuse de la peau cesse d’être soluble dans l'eau, 64. TANNAGE DES CUIRS. Pro- cédé pour perfection- ner le -- 63. Tapir. Observations sur les dents du -- 110. Tatou. Nom donné par les habitans de la Guy- anre à une guèpe car- tonnière, 106. TEÉLEGRAPHE.Rapport sur l'invention et l’exécu- tion du -- 35. TENNANT (cit.) a obtenu du charbon en décom- posant le carbonate de chaux à l’aide du phos- phore, SI. 268 TERMES. Mémoire sur les — 119. T£ÉTANOS. Observations sur un — venu à la suite d'un plaie au doigt, 153. TEULERE. (cit.) Mémoire sur les restaurations qu'il a faites en 1788 à la tour de Cordouan, 20. THorin. (cit.)Cornues de tôle employées pour le charboïnage de la tourbe, 65. THOUVENEL. (cit) Re- cherches pour trouver du charbon dans plu- sieur; fouilles aux en- virons de Paris , 75. TITANE de Hongrie. Le citoyen Hauy prouve que le titane de France est la mème substance que le —— 8r. TITANIUM. Nom donné par Klaproth au schorl rouge de Hongrie, 47. TOILES D'ALLEMAGNE. Mémoire sur les — 18. ToNKELIER. (cit.) Obser- vation sur une forme nouvelle de cristal de roche, 92.-- atrouvé Table des Marières. dans ledépartement de PYonne à Saint-Julien Desaut , une variété de carbonate calcaire cristallisé , 93. TOPAZE DES ANCIENS. Dissertation sur la — 90. TOPIQUE Opium em- loyé comme -- dans É maladies aïgues, I 39: TOURBE. Procédés em- ployés pour le char- bonnage de la — 65. — Mémoire sur l’ex- traction de la — dans le département de la Meurthe 75.— Mèlée avec du bois pourroit être employée avec avantage dans les ma- nufactures , 76. TRADUCTION d'un voyage suédois de Lin- neus en Westrogothie, 86. TREMERY. (cit.) Rapport sur les aimants arti- ficiels dont les pôles se tournent Constam- ment vers les pôles du globe , 33. TRISSECTION DE L'ANGLE, Table des Masitres. Rapport sur un mé- moire relatif à la —— 23. TUuMEURS isolées et très- volumineuses qui ont dégénéré en ulcères analogues à ceux de leléphantiasis | 129. -- Muriate de baryte employé inutilement dans le traitement des - {crophuleuses, 131. U. ULCERES DES ARBRES. Ob- servation sur les -- 124. URINE DE CHEVAL. Mé- -moire sur l’-- 40. V. VACCINIUM MYRTILLUS. Gonfitures faites avec es bayes du -- d'après les procédés employés par les sauvages du Ca- nada , 125. VAISSEAUX LIMPHA- TIQUES passés à l’état de filets blancs secs, semblables à des nerfs, L20. à VALLI. (cit.) Expériences sur les grenouilles 3 6. 269 - Le gluten de fro- ment et la fbre ani- inale traités avec l’a- cide acétique, 51. VANMONS. (cit.) Résultat d’une expérience d’a- près laquelle il conclut que la potasse a l'azote pour principe consti- tuant, 50, -- Extrait des expériences de M. Watt sur l’action des gaz sur le corps hu- main ; 135: Vassar (M.) Mérhode pour avoir des aimants aruficiels dontles pôles se tournent constam- ment vers les pèles du globe, 33. VAUQUELIN. (cit.) Mé- moires sur, l’urine du cheval, 40. — sur l’ac- tion de l'acide sulfu- rique concentré sur les substances végétaleset animales, 41. Sur les moyens d'obtenir la baryte pure, 44. Sur les causes de la diffé- renceentrel’acidephos- phorique reuré , du phosphate. de chaux par Pacide sulfurique 270 et celui qu'on obtient par la combustion du phosphore, 4$.-- Ex- périences sur les déro- nations de plusieurs combustibles par le muriate suroxigèné de potasse, 45.-- Vérifi- cation de l’assertion de Klaproth qui n’avoit pas trouvé d’arsenic dans Pargent rouge, 46. — Expériences sur le schorl rouge de France, 47. -- Obser- vations sur une cristal- Bisation formée dans un mélange d'huile de romarin et d’une dis- solution d’or, 47. — Analyse de la s:/sola soda, 42. — Analyse de la sommite , 48. -- Analyse d’une pierre regardée par quelques naturalistes comme le sulfate de bar yte et par d’autres commedu car- bonate de chaux, 40. —— Rapport sur une brique légère appellée brique flottante, 40. —— Rapport sur Passer- ton de Wall relative Table dès Matières. au gluten de fromenr et à la fibre animale traités par l'acide acé- tique, 31. — Présente une quantité de char- bon obtenu de la dé- composition des car- bonates de chaux et de soude parle phosphore 52.-- Preuve dela non animalité des confer- ves, $8.-- Nouvelle méthode de dédorer le cuivre, 60.-- Nouveau procédé pour faire promptementl'éthiops martial, 60. — An- nonce qu'un particu- lier s’est servi avec suc- cès du lait de chaux, pour conserver l’eau douce dans les voyages de long cours, ‘61. — Rapport sur un pro- cédé pour purifier la mélasse, 61. -— Obser- vations sur les ulcères des arbres, 124. ! VÉGÉTAUx. Mémoire sur le principe de-Po- deur dans les -- 30. VENTENAT. (ct.) Des- cription d'un genre nouveau auquel. : il Table des Mauières. donne le nom de fur- cræa 94. -- Mémoire sur Z'anthirrinum id. -- Observation sur le peloria idem. -- Dis- sertation sur le genre phallus, 9S. -- Dé- tails sur le cannelier , le géroffler, et l'arbrea pain , 96. VERRE EN FUSION, (cha- leur du) suffisante pour décomposer l’eau suivant le citoyen Ca- galet, 60. VERRES ( polissage des) à lunettes, particulier au Canton de Gour- nay, 85. VERSINTESTINAUX. Prin- cipes de M. Bloch sur la génération des — TT Vicxer. Espèce d’ascidie connue à Toulon sous le nom de — 117. Vico-d’AZYr. (cit.) No- ice sur le — 7. Mé- moire sur la manière dont le jaune d'œuf se comporte dans le ven- 271 tre du poulet nouvel lement eclos, 147. -= Ob:ervauonssur la gé- nération des canards, 142. Vi. (cit. )Noticesur le -— Fe VIGNERONS, conservent les bayes du vacciniurm myrtillus pour colorer leurs vins, 125. VOIES URINAIRES, Obser- vations sur des défauts de conformation dans les -- 146. Vorcanxs. Mémoire sur la cause de quelques phénomènes observés dans les volcans, 74. VoLvox. Analogue au globator nommé /4- custris tiré d'une con- ferve qui a donné une couleur rouge, 100. VOYAGES AUX ALPES. 82. —— A Audouville canton de Gournai, 85. WELTHEIN. ( M. ) Opi- nion sur les anciennés sardonix, 60. 6 C EC 272 Table des Matières. 7 ZIRCON, nom de la : terre qui domine dans “ZILLERTHITE. En quoi le Jargon et l'hya- elle diffère du ralite, cinthe, 81. 56. A LÉ RES D SR 7 MC. REX fee te LAC 25 D Fin de la Table des More uw : 1, *: CP CLX sv,