RAPPORT GÉNÉRAL (DES TRAVAUX SOCIÉTÉ PHILOMATHIQUE

D'É PARIS.

Le premier Rapport de la Société philoma- thique, depuis le premier janvier 1792 jus-

qu’au 23 frimaire an 6 , se trouve aux mêmes adresses,

RAPPORT GÉNÉRAL

DE RS 'TRAVAUT DE LA SOCIÉTÉ PHILOMATHIQUE D'E°-.P AR TS: : Depuis le 23 Here an VI jusqu’au 30 znivose an VIT ; PAR LE CITOYEN SILVESTRE , SECRÉTAIRE DE CETTE SOCIETE : | SOUL OV . DE L’'ÉLOGE DU C*" BRUGUIÈRES,

par le citoyen Cuvrer;

Brps cezvr D 'ECKHERL, Par le citoyen Mrrzrrx.

POAUR IS,

BAUDOUIN, Imprimeur deJ’Institut national, place du Carrousel,

Fucus, libraire, rue des Mathurins.

P'RAI REA LA N°: VE

L Le à

LISTE ALPHABÉTIQUE

DES MEMBRES

D'E DL A

SOCIÉTÉ PHILOMATHIQUE

DEN PI A RSS

Az '3o' nivose an VIT.

LES CIT.0 Y'ENS

k

tan professeur de physique aux écoles centrales, rue du Regard, n°. 810.

AzIBERT, médecin, membre de plusieurs sociétés sa- vantes, rue de Savoie , fauxbourg Germain, no 23.

BarzzeT, inspecteur des mines, rue de l’Université, n°. 293.

BerTHozzer, membre de l’Institut national, hôtel de la monnoie. (Actuellement en Egypte.)

Bzravier, ingénieur des mines, rue du Regard, n°. 805.

Bosc, administrateurs des hospices, rue des Mäcons, n°, 407.

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LL 2

v)

Bourtron-LAGRANGE ; professeur de physique aux écoles centrales, à l’école polytechnique.

Bouvier, pharmacien, carrefour de la Croix-Rouge.

Bnronçxianr, ingénieur des mines et professeur d’his- toire naturelle aux écoles centrales, rue St.-Marc, nm. 4e

Cnarre, ingénieur.télégraphe , quai Voltaire près la rue du Bac,

Cnartaz , membre de l’Institut national, rue des Jeûüneurs, n°. 16.

Coqusserr ( Antoine }, de la société d’histoire natu- relle de Paris, rue de l’Egalité , n°. 1.

CoqueserT (Charles), membre du conseil des poids et mesures, professeur d'histoire aux écoles cen- trales , rue de Tournon, n°, 5.

Cuvier , membre de lInstitut national, professeur d'histoire naturelle aux écoles centrales, au museum d'histoire naturelle. ,

Dancer, membre de l’Institut national, à la monnoie.

Dausenton, membre de l’Institut national, au mu- séum d'histoire naturelle.

Dsscorits, ingénieur des mines, rue de Bourgogne, n°. 407. (Actuellement en Egypte.)

Dirrox, véirficateur-général des poids et mesures, quai d'Orsai, n°. 24.

Ducnésne, rue de l’Éperon, n°. 2.

Dunamez fils, inspecteur des mines, rue Belle- Chasse.

Duméniz, prosecteur d'anatomie à l’école de méde- ‘cine, rue de Fleurus, n°. 1238.

Devizrars, associé de l’Institut national, rue Tra- versière-Honoré, n°, 24.

Fourcrov, médecin, membre de l'Institut national, rue des Bourdonnais, n°. 354.

! Grorrroy , professeur au muséum d'histoire naturelle. (Actuellement en Egvpte.)

Griier-LaumonrT, associé de l’Institut national, membre du conseil des mines, rue de l'Université, n°. 293.

Hazzé, médecin, membre de l’Institut national, rue Pierre-Sarrasin, n°. 15.

Hauy, membre de l’Institut national, au conseil des mines , rue de l’Université, n°. 293.

Jumerin , médecin, rue St.- Dominique, n°. 1050.

LacéPèDe, membre de l’Institut national, professeur au muséum d'histoire naturelle, rue des Petits-Au- gustins.

Lacrorx , membre de Fnstitut national, professeur de mathématiques aux écoles centrales , rue Gären- cière , n°. 1065.

Lamarcr, membre de l’Institut national , professeur au muséum d'histoire naturelle.

Larrey, chirurgien, à l’hospice du Val-de-Grace.

Lastryris, membre de plusieurs sociétés savantes, rue de la Planche.

LereBvre, membre du conseil des mines, rue de l'U- niversité ; n°, 293.

Lecrevre , membre de l’Institut national et du conseil des mines , rue de l’université,

Leroy, membre de l’Institut national ;, aux galeries du Louvre.

Léveirré , membre de plusieurs sociétés savantes, rue

neuve des Petits-Champs, n°. 490.

Vi]

Lucas, médecin, :

Mrené , ingénieur des mines, rue Martin, n°. 27.

Muizzix , professeur d'histoire aux écoles centrales ; conservateur à la bibliothèque nationale ; rue de la Loi.

Moxce ; membre de l’Institut national, à l’école po- lytechnique (actuellement en Égypte).

Moreau, membre de plusieurs sociétés savantes ; sous= bibliothécaire, à l’école de médecine.

Prowy, membre de l’Institut national, directeur de l’école des ponts et chaussées, rue de Grenelle. Ricmarp , membre de l’Institut national ; rue Copeauy, mo. 251. | RogizrarD, chirurgien , membre de plusieurs sociétés

savantes , aux Invalides.

Sizvesrre , membre de plusieurs sociéiés savantes nationales et étrangères , aux galeries du Louvre. Tonxez1Er , garde du cabinet des mines, rue de

l'Université , n°. 293. TremErY, ingénieur des mines, rue Tiroux, n°. 900. Vauquezix, membre de l’Institut national, inspec- teur des mines, rue de l'Université , n°. 293. VenTenaT, membre de l’Institut national ; l’un des

conservateurs ; à la bibliothèque du Panthéon.

ee

LISTE ALPHABÉTIQUE DES ASSOCIÉS CORRESPONDANS

DE

LA SOCIÉTÉ PHILOMATHIQUE,

Au 30 nivose an VII.

LES CITOYENS

Big ,; naturaliste, correspondant du muséum d'histoire naturelle de Paris ; à Abbeville.

Bartnès, associé de l’Institut national, médecin , à Narbonne.

Berror, médecin , à Abbeville.

Brxon , médecin, à Calais.

BEerLiINGKIERtT , professeur de physique, à Pise.

Bior , professeur de mathématiques à l’école centrale de Beauvais.

Brocn , médecin et naturaliste , à Berlin.

Borssez , ingénieur pour la navigation intérieure , à Genève,

x

FoxxArD, ingénieur de la marine, à Arnay.

Boucner , professeur d'histoire naturelle, à Abbeville.

Broussoner (Victor), professeur de médecine, à Montpellier.

Baurzey, médecin, à Fontainebleau,

Civaxires , naturaliste , à Madrid.

CnanTRANs, naturaliste , à Besançon.

Cnaussrer , professeur de chimie et d'anatomie à l'é- cole polytechnique.

D'Axprapa, naturaliste, au Brésil. :

DseaxpauLze, naturaliste , à Genève.

Domas, professeur d'anatomie, à Montpellier.

Dovvrer, associé de l’Institut national, à Hargicourt, près Moni didier,

Fassrrcius, professeur d'histoire naturelle et d'écono- mie rurale, à Kiel. Ne,

Fasronr, directeur du cabinet d'histoire naturelle à Florence. di Li

Faivses, chirurgien, à Besançon.

Fismer , bibliothécaire de lécole centrale, à Mayence.

Grorrrox ( Villeneuve), naturaliste ) à Villeneuve, près Soissons. ve ï

Gzrcror, officier d'artillerie , à Vanloo.

Gosse, naturaliste et physicien, à Genève.

Hecur fils, chimiste , à Surasbourg.

HermANx, professeur d'histoire naturelle, à Stras. bourg. à

IxGEvERSEN , naturaliste , à Copenhague.

Jurixe , chirurgien ct naturaliste ; à Genève.

Kocr , médecin, à Bruxelles.

Lain , ingéniear-constructeur de hi marine, à Au- zxonnc.

#4 as à

Lasarre, physiciens, à Semur.

Larreizre , associé de l’Institut national de France, à brives.

Lussiexor , pharmacien, à Beaumont-sur-Oise.

Macquarx, professeur d'histoire naturelle à l’école centrale de Fontainebleau.

ManTinez , naturaliste , à Chambery.

Martaeyx, chimiste, à Anvers.

Marureu , chimiste , à Nancy.

MevarD, naturaliste, à Rouen.

Meza1ize, chimiste , à Rouen.

Mrritere, naturaliste, au muséum d'histoire natu- rel'e de Paris.

MozarD , physicien, consul à Philadelphie.

Nicozas , chimiste , à Nancy.

Noez , naturaliste, à Nancy.

Owexs, physicien, en Irlande.

Ramsourc , maître de forges , à Serillv.

Reimanus, médecin et professeur d'histoire naturelle, à Hambourg.

RernwarT, chimiste, à Amsterdam.

Scassr , physicien , à Gènes.

SENNEBIER , naturaliste , bibliothécaire ; à Genève.

Smeisser, minéralogiste, à Hambourg,

TeDpenar, professeur de mathématiques à l’école cen- trale du &épartement de l'Aveyron , à Rhodès.

Teurère, ingénieur des bâtiinens civils de la marine, à Rochefort.

Trourrror, professeur d'histoire naturelle, à Nevers.

Usrenrte , professeur de botanique, à Zurich,

Vazror, physicien et médecin, à Pise.

xij

Vaxmows, associé de l’Institut ; professeur de chimie à l’école centrale de la Dyle , pharmacien, à Bru- selles.

Vrczagss, professeur d'histoire naturelle , à Grenoble.

Vizzemer , professeur d’histoire naturelle, à Nancy,

RAPPORT GÉNÉRAL

DÉESME R'ANV'A U'X DR "TA

SOCIÉTÉ PHILOMATHIQUE

DE PARIS,

Depuis le 25 frimaire an VIT jusqu'au 30 nivose an VIT.

Par le citoyen SrrvEsTREs, secrétaire de cette société.

CiToYens,

Vous avez déja commencé la dixième année de vos travaux, et loin que dans un aussi long espace de temps, pendant lequel le zèle pour les sciences, et l’amitié vous ont tenu lieu de tous les autres moyens, vous ayez paru fatigués de productions ou

À

»

(2) d'assiduité ; votre société , plus solidement assise et plus brillante qu’elle m'a jamais été, paroît multiplier ses forces en Les em- ployant, et l’on pourroit, ce semble , lui appliquer cette épigraphe : vires acquirit eundo.

Votre bulletin plus connu acquiert tous les jours de nouveaux souscripteurs; l’échange que vous en avez fait avec divers journaux de sciences vous a procuré presque tous ceux de ce genre qui sont français, et plusieurs étrangers.

La fixation du nombre de vos membres a donné un nouveau prix à votre choix : la mort n’a heureusement enlevé aucun d’entre eux ; un seul, le citoyen Pajot-Descharmes, forcé dese fixer dansun département, a passé au nombre de vos correspondans, et sa place, ainsi que les deux qui restoient vacantes à l’époque de votre dernière séance d’anni- versaire , ont été remplies par les citoyens Lacepède , Moreau et Chaptal.

Vos correspondances se sont soutenues avec activité, soit avec les sociétés savantes affiliées , soit avec les associés particuliers; vous avez reçu au nombre de vos corres- pondans les citoyens Decandaule, Barthès,

C2.)

Noël(de Rouen), Mathieu (de Nanci) et Bois- sel. Les mémoires qu’ils vous ont fait passer ont enrichi vos archives , et cette année de vos travaux ne vous a pas acquis moins de droits à l’estime publique , que les années précédentes dont j'ai déja eu l'avantage de vous rendre compte.

Je vais essayer de remplir la nouvelle tâche que vous m'avez imposée , en met- tant sous vos yeux le sommaire d’une par- tie de ce qui s’est passé à vos séances. Des rapports particuliers sur divers mémoires qui vous ont été envoyés , des extraits d’ou- vrages nouveaux, français et étrangers, des expériences , et les résumés des séances de toutes les sociétés savantes de Paris, qui ont été lus à vos assemblées successives , ont encore servi à augmenter l'intérêt de vos séances et à completter le cercle de votre propre instruction. Si, au lieu de dépouiller vos archives, je lisois les procès-verbaux de vos assemblées , je vous présenteroïs Pana- lyse des séances de l’Institut national, des sociétés d'agriculture , d'histoire naturelle, de médecine , médicale d’émulation , les extraits des procès-verbaux des séances des sociétés savantes de divers départemens,

À 2

(4)

et vous auriez alors sous les yeux un cadre vaste qui renfermeroit l’ensenible de tous les efforts du génie français pour le perfec- tionnement des sciences, pendant cette an- née. Mais je me bornerai à tracer l’histoire de vos propres travaux , et cette entreprise ! déja au-dessus de mes moyens, suflira en- core à votre gloire.

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(a) M'ÉMOTRES

CE NA R. À U' x:

LE citoyen Albert vous a lu un mémoire sur le danger et sur l’utilité des systèmes dans l’étude des sciences naturelles. Il s’est occupé principalement à distinguer les sys- têmes, enfans d’une imagination exaltée, qui ne sont appuyés d'aucune expérience positive, et auxquels il faut craindre de donner confiance , d’avec ceux qui sont fon- dés sur des généralités, appuyés par des observations et des expériences multipliées ; ceux-ci servent éminemment à diriger dans l’étude des sciences et à favoriser leurs pro- grès. C’est de ces derniers qu’un de nos plus grands écrivains a dit : « On a beau s’éle- » ver contre les systèmes, c’est par eux que » nous avancçons ; Cest par eux que les » pas sont doublés dans la carrière des sciences. » |

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Le citoyen Moreau vous a présenté une 52 À 35

(6)

description topographique et médicale de Nantes : il a décrit avec soin la position de la ville , la nature de l'air, des eaux, du sol et de toutes ses productions ; il s’est occupé de l'état civil, des professions , du genre de vie des individus, des usages et de la population ; enfin, il s’est étendu sur les hôpitaux, sur les maladies les plus ha- bituclles, et particulièrement sur l’épidé- mic cruelle qui s'est fait sentir dans ce pays depuis brumaire jusqu’en germinal an 2.

Le citoyen Charles Coquebert vous a donné un mémoire sur la force et la régn- larité des marées depuis le soixante - cin- quième jusqu’au quatre-vingtième degré de latitude, On avoit répété dans les deux En- cyclopédies françaises , sur l’autorité de d'Alembert, que près des pôles et à la Jati- tude de soixante-cinq degrés, le flux et reflux n’est pas sensible. Le citoyen Coquebert, d’après ses propres observations et l’asser- tion de plusieurs voyageurs géographes, a reconnu que lislande , traversée dans son milieu par le soixante-cinquième degré, à sur toutes ses côtes des marées régulières qui sont au moins de trois mètres et qui vont jusqu’à cinq dans les syzigies. On trouve

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sur les côtes de Ja Norwège, depuis le soi- xante - troisième degré jusqu’au soixante- onzième , des marées également fortes et régulières ; celles du Cap-Nord sont de trois mètres environ ; le long des côtes septen- trionales de la Sibérie, elles s'élèvent d’un mètre ou un mètre et demi, et de deux sur celles du Spitzberg placé entre le soixante- dix- septième et le quatre-vingtième degré de latitude. Ces faits, joints à d’autres ob- servations rapportées par le citoyen Coque- bert, suffiront sans doute pour empêcher de reproduire par la suite une erreur que d'Alembert a puisée dans une dissertation du P. Cavalleri sur la cause des marées; dissertation qui avoit été couronnée par Vacadémie des sciences en 1740.

Le même membre vous a lu un mémoire sur un monument ancien qu'il a observé près de Trie , département de POise, et qui paroît avoir été un autel des Druides, ainsi que tous ceux qu’on voit dans différens en- droits de l'Europe occidentale, le culte des Druides a été en vigueur. Il est formé de trois grosses pierres placées verticale+ ment , sur lesquelles une plus grosse cet posée dans une situation un peu inclinée ,

À 4

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d'où ces autels avoient tiré le nom de Crom-lech. Ce monument y est conservé en son entier ; il sert encore d’objet de supersti- tion pour les habitans des environs, qui lui attribuent une vertu curative, et qui font passer leurs enfans malades par un trou pra- tiqué probab'ement pour cet usage, dans la pierre du fond de ce monument. Il est très- remarquable que la même opinion et la même pratique se retrouvent dans quelques parties de la Grande-Bretagne.

Le citoyen Noël vous a lu un mémoire sur l'antiquité de la pêche de la baleine par les nations européennes. Il paroît d’après ses observations qu’on attribue mal à pro- pos aux Basques les premiers essais dans ce genre , et que les pêcheurs du Nord ont sur eux une grande priorité, qui peut remon- ter même jusqu’au neuvième siècle, tandis que les Basques ne se sont occupés de cet objet que vers le quatorzième ; il paroît aussi que dans’ le commencement de la pêche de ces animaux , on les trouvoit fré- quemment sur nos côtes: lorsqu'on s’oc- cupa à les pêcher, ils se retirèrent vers le Nord, les Basques furent en effet les premiers à les poursuivre jusqu’au Groën- land et même au Spitzberg.

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Sciences physiques et mathématiques.

LE citoyen Lacroix vous a lu des réfle- xions sur des élémens de géométrie qu'il s'occupe à rédiger : il s’est proposé de sup- pléer à quelques détails qui manquent dans la plupart des traités élémentaires, de don- ner un tour nouveau aux démonstrations relatives au passage du commensurable à l’incommensurable , et à celui des lignes droites aux lignes courbes , afin de conser- ver l’ordre naturel qui demande que l’on considère d’abord les lignes , ensuite les sur- faces , et enfin les solides.

Le même membre vous a donné un sup- piément à la théorie des solutions particu- lières des équations différentielles. Lors- qu’une équation différentielle du premier ordre, contenant trois variables , ne satisfait pas aux conditions d’intégrabilité, elle ne sauroit être le produit de la différentiation d’une seule équation primitive ; mais elle peut toujours être considérée comme le ré- sultat de l'élimination de trois constantes entre deux équations primitives à trois va-

riables. Si l’on fait varier ces constantes,

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et que l’on égale à zéro l’ensemble des termes qui résultent de cette variation dans les deux équations prèmitives dont on vient de parler, on satisfera encore à l'équation différentielle proposée , ct on aura pour la représenter quatre équations que l’on pourra souvent réduire à trois en y introduisant une fonction arbitraire. Ces trois-ci forment un système d'équations qui donneun nombre infini de solutions de l'équation différen- tielle proposée. Il est à propes de remar- quer que la variation des constantes fait connoître aussi les so/ztions particulières , à trois variables, que peut admettre cette équation différentielle, en sorte que les deux équations primitives à trois constantes se comportent à l’égard de la précédente comme de véritables zrtésrales complètes.

Le citoyen Lamarck vous a lu un mé- moire sur l'influence de la lune sur lPat- mosphère terrestre ; il croit que l’attraction réciproque de la lune et de la terre, qui cause le flux et reflux périodique de la mer, doit en causer un continuel dans l'air at- mosphérique déplacé sans cesse par les po- sitions différentes de ces corps. D’après de nombreuses observations sur les effets de

( (ui)

cette influence dans les variations de l’at- mosphère , le citoyen Lamarck a déterminé les principes suivans : 1°. c'est dans l’élé- vation et l’abaissement de la lune au-des- sus ou au-dessous de l'équateur qu'il faut chercher les causes des effets régulièrement variés qu’elle produit sur notre atmosphère ; 20, les circonstances déterminables qui con- courent àaugmenter ou diminuer l'influence de la lune dans ses différentes déclinaisons, sont les apogées et les périgées de cette pla- nette , ses oppositions et ses conjonctions avec le soleil , enfin les solstices et les équi- noxes. Il a observé que pendant les qua- torze jours la lune restoit dans l’hémis- phère boréal de notre planette , les vents qui règnent principalement sont de sud , de sud-ouest et d'ouest; le mercure est peuélevé dans le baromètre , le temps est ordinaire- ment pluvieux , et c’est plus particulièrement dans cette circonstance qu'on voit naître des tempêtes et des orages. Le contraire de ces observations arrive lorsque la lune est dans l’hémisphère austral. Il a trouvé tou- jours au moins les £ de ses observations d'accord avec les principes qu'il a établis, et il s’est mis en état de prévoir plusieurs

(22) \ des causes qui ont pu modifier ces effets dans quelques circonstances.

Le citoyen Due-Lachapelle vous a lu un mémoire sur un mouvement diurne régu- Ber, remarqué dans l’atmosphère par le moyen du baromètre ; il a observé pendant plusieurs mois le baromètre constamment ascendant à sept heures du matin, descen- dant à deux heures et demie du soir, et ascendant à dix heures et demie. Quelques observations faites aux environs de minuit fui font présumer que le baromètre éprouve encore une dépression vers cette heure-là ; il croit qu’on peut appercevoir la cause de ces mouvemens dans les variations hygro- métriques de l'air, dans l’action de la cha- leur ou dans celle de l'attraction solaire sur Fatmosphère : il s’est engagé à faire de nouvelles recherches pour connoître la cause ‘de ces variations, et les déterminer avec une exactitude plus rigoureuse.

Le citoyen Fourcroy vous a lu un mémoire sur le brouillard observé à Paris dans les journées des 22 brumaire an 6 et 22 bru- maire an 7 ; il a observé que ces brouil- lards avoient tous deux été analogues dans leur nature: au lieu d’être | comme la plu-

\

(13 )

part des autres brouillards, composés d’une vapeur sèche et homogène , ceux-ci avoient le caractère d’eau sous forme de vapeurs vessiculaires (suivant l’expression de Saus- sure), dont les gouttelettes étoient d’une extrême finesse ; elles se réunissoient en flocons ou globules aglomérés, et étoient suspendues dans un fluide transparent elles rouloient lentement et se précipitoient sensiblement vers la terre , elles se conden- soient alors en gouttes plus grosses ; cette vapeur avoit une odeur analogue à celle de quelques fumées âcres, les yeux et même la peau du visage en étoient légèrement affectés. Ce météore, observé en l’an 7, n’a présenté de différence avec celui observé en l’an 6, que dans sa durée qui n’a été que d’environ deux heures, tandis que le premier en a duré près de douze.

Le citoyen Prony vous a communiqué le projet d’une nouvelle balance barométrique. Cet instrument est composé d’une balance ordinaire, au fléau de laquelle on adapte un tube barométrique dans lequel le mer- cure fait équilibre des deux côtés dans l’état initial ; mais lorsqu'il survient une variation dans l’atmosphère , la hauteur du

f

(14) mercure Change , et pour conserver cet équi- Éb:e on est obligé de mettre dans le bassin de I: balance, placé du côté le mércure a baïssé , un poids double de celui qui cor- respond à l’absence du mercuré qui a passé à l’autre extrémité. Les différentes quantités de ces poïds remplacent les mesures linéaires qu'on emploie ordinairement dans les obser- vations barométriques , et elles donnent beancoup plus de précision à l’observation. Vous avez reconnu dans la constrnction projettée de cet instrument des détails précieux qui lui donnent des avantages sur ceux du même genre, qui sont décrits dans les mémoires de l'académie de Pétersbourg. Le citoyen Dillon vous a communiqué la description d’une nouvelle balance pour l’ajustage et la vérification des poids : il à cherché particulièrement à déterminer le moyen de diminuer le temps considérable qu’on est obligé d'employer pour faire ces observations avec exactitude , sans affoibbr la sensibilité de la balance ; cette longueur de temps est très-préjudiciable, sur-tout daus les vérifications de poids, qui exigent un grand nombre d'opérations successives. Au lieu de placer le contean à égale dis-

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tance des extrémités du fléau, ainsi que cela se pratique ordinairement, ïl le fixe dans une boîte à coulisse, garnie d’une vis de pression , qui peut s'arrêter à volonté sur le fléau, en sorte que la balance peut devenir balance ordinaire , ou balance à leviers inégaux ; des deux extrémités du fléau , l’une est garnie d’une aiguille pour faire connoître sur un arc la longueur des oscillations du fléau ; l’autre se trouve pla- cée entre deux petites bascules , qui sont chacune garmies d'un plateau, et qui tré- buchent au moindre effort. Les plateaux peuvent être placés à une distance arbitraire du point de suspension, au moyen de petites boîtes semblables à celle qui porte le fléau du coutean. L'usage de cette balance donne au citoyen Dillon une grande économie sur le temps, et beamconp de facilité et de pré- ciston dans ses opérations : elle peut servir également pour la vérification des mon- noïes et pour celle des nouveaux poids, qu’il æ eu principalement en vue dans ses re- cherches. f

Ee même membre vous a communiqué aussi une lettre qu’il se proposoit d’adres- ser à MM. Wiebeking et Kronkè à Darms-

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tadt, en réponse à la critique des travaux de Cherbourg, qu’ils ont insérée dans le prospectus de la nouvelle architecture hy- draulique , dont ils annonçoient la publi- cation. Le citoyen Dillon, qui a eu occa- sion d'observer avec soin ces travaux , prouve aux rédacteurs de l’article critiqué qu'ils n’en ont qu’une connoissance super- ficielle ; il développe les difficultés que La nature avoit mises à cette construction, et que le'génie du citoyen Cessart avoit su vaincre. Îl avoit projetté une digue à cinq kilomètres en pleine mer , dans un endroit la mer est très-agitée , elle a de douze à dix-huit mètres de profondeur ; et cette digue , formée de quatre-vingt rochers fac- tices du poids chacun de trente-trois muil- Lions de kilogrammes, s’élevoit au-dessus des plus hautes eaux, et en empêchant les vaisseaux ennemis de pénétrer dans la rade, devoit procurer un calme suffisant aux bâ- timens nationaux qui y mouilleroient. Les moyens ingénieux et hardis dont le citoyen Cessart s’est servi pour faire déposer sur place ces masses immenses, commandoient Vadiniration , et leur succès justifoit cette vaste entreprise , lorsque des considérations

étrangères

(17) étrangères à notre sujet ont fait suspendre ces travaux qu’il avoit commencés. Mais une des caisses , restée debout depuis douzé ans malgré la violence des flots, atteste la solidité de ouvrage.

Plusieurs physiciens après Priestley, Walsh et Deluc , avoïent avancé que lélectricité ne passoit pas dans le vide parfait, et quel- ques-uns en inféroient avec Priestley que toute substance conductrice de l'électricité devoit nécessairement contenir le phlogis- tique uni à quelque base. Le citoyen Tre- mery , examinant cêtte proposition , Vous à lu un mémoire dans lequel, après avoir considéré que c’est an simple écartement des molécules du fluide électrique qu’on peut attribuer les différences que les étincelles présentent en passant à travers des couches d'air de densités inégales , et que ce passage s'exécute d’autant plus facilement que cette densité est moins considérable , il observe ensuite que pour penser que le fluide éléc- trique ne se répand pas nécessairement dans l’espace vide , il faudroit ne pas recon- noître que ce fluide n’est retenu à la sur- face du corps que par la résistance que l'enveloppe idio-électrique présente, et qu'il

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y est fixé par une affinité chimique ou par une attraction élective, ce qui est contraire à la théorie que le citoyen Coulomb a éta- blie sur des expériences nombreuses, qui lui ont rigoureusement démontré que ce fluide agissoit uniquement par son activité répul- sive. Des expériences délicates et irrécusa- bles qu'il vous a détaillées , ont prouvé d’ail- leurs au citoyen Trémery que l'électricité passoit très-bien dans le vide le plus par- fait qu'il fût possible de produire.

Le citoyen Lacroix vous a donné com- munication d’une lettre relative à une ex- périence répétée à Londres par Cavendish , pour donner à l’aide de corps d’un volume et d’une densité bien connue la mesure de l'attraction réciproque des molécules de la matière. Il a employé pour cet effet une balance de torsion analogue à celle dont le citoyen Coulomb se sert dans les expériences de l'électricité , mais le bras de sa balance avoit huit pieds de longueur, et portoit à ses extrémités de petits globes de fer et de : cuivre , dont l’attraction pouvoit se mesu- rer facilement en approchant d’eux des boules de plomb d’un pied de diamètre. Cavendish , en comparant ce mouvement

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avec celui qu'imprime la pesanteur , a con- clu que la densité du noyau terrestre de- voit être à celle de l’eau comme 55 à 1; résultat qui s'accorde avec l'opinion de New- ton , qui pensoit que la densité moyenne de notre globe devoit être cinq à six fois plus grande que celle de Peau.

Le citoyen Haüy, après vous avoir rap- pelé de vive voix dans une de vos séances, les expériences à l’aide desquelles on con- noît l'étendue des vibrations excitées sur le monocorde par les divers tons de la mu- sique , vous a annoncé qu'un savant alle- mand nommé Chladny avoit imaginé d’ob- server les effets des sons sur les surfaces vibrantes. Le citoyen Haüy, sur cette indi- cation , a répété devant vous diverses ex- périences, en tirant des sons avec un ar- chet sur des plaques diverses de différentes formes , et recouvertes de sciure de bois ; et il vous a fait observer que la vibration des sons fait prendre à cette poussière des formes régulières et constantes dans tous les tons.

M. Humboldt vous a lu un mémoire sur les moyens de pérfectionner l’analyse exacte de l’atmosphère. Il a trouvé que

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(20 ) ni le phosphore, ni le sulfure de po- tasse me peuvent servir à absorber complet- tement l’oxygène , et que le gaz mitreux dé-

couvre encore jusqu'à -2 dans ies résidus des gaz analysés: il suit de ces faits que le gaz nitreux est le meilleur moyen d'analyse qui soit entre les mains du physicien , sur- tout depuis qu’à l’aide du sulfate de fer, M. Humboldt a trouvé le moyen de déter- miner la quantité d’azote que le gaz nitreux peut contenir. Il a de plus caloulé un ta- bleau qui sert à réduire les degrés de l’eu- diomètre de Fontana en millièmes , d’où il a pu évaluer les plus petites variations dans la pureté de l’atmosphère ; et d’après un très-grand nombre d’expériences , il à vu que l’air atmosphérique , au lieu de con- tenir entre vingt-sept et vingt-huit centièmes d'oxygène, ainsi que Lavoisier l’avoit énon- , balance entre vingt-trois et vingt-neuf centièmes.

Le citoyen Miché vous a lu un rapport sur plusieurs expériences qu’il a faites avec le pyromètre de Wedgvood ; il a établi les moyens dont il s’étoit servi pour répéter ces expériences, et a dressé un tableau des différences qu’il avoit observées, et qu

VX) fui ont prouvé que cet instrument étoit d’un. usage peu avantageux dans la pratique. Il: a trouvé que les résultats n’étoient presque: jamais comparables, et que ce pyromètre ne pouvoit pas être employé avec certitude dans les opérations des arts qui exigent un degré de feu déterminé.

Le citoyen Baïllet vous a lu des réflexions: sur un fait récemment indiqué par le citoyen: Pictet, qui a reconnu que lair pressé dans. la machine de compression, produit, lors- qu'il s'échappe, un froid considérable, et que même l’eau qu’il peut contenir se dé- pose: en glace sur le robinet. Jars avoit observé il y a quarante ans, dans les mines de Schemnitz en Hongrie, un fait analogue qui est resté oublié et sans ex- plication. Il a vu la machine, dite à eau et air, inventée par M. Hoell:,, d’où l'air, comprimé par une colonne d’eau de quarante mètres de hauteur, sortant avec. vitesse quand on ouvroit le robinet, dépo- soit des cristaux de glace sur les corps qu’on opposoit à son passage. Le citoyen Baillet, aprèsavoir rapproché ces deux faits, explique Pun et l’autre, en observant que l'air a

perdre une grande portion de son cale- B 3

(22) rique lorsqu'il à d’abord été comprimé ; et que, lorsqu'il reprend en sortant son premier volume, il doit absorber le calo- rique des corps environnans, et même de l’eau qu'il tenoit en dissolution, et qu’il abandonne alors à l’état de glace.

Le citoyen Hassenfratz a lu un mémoire sur la dénomination de la ‘science qu’on nomme optique ; il a observé que ce mot, qui signifie vision, n’est qu’une sous-division de la science générale de la lumière, qu’on pourroit nommer photologie ; que le mot optique pouvoit suffire pour les anciens, qui n’avoient considéré que la vision ou la perception des objets; maisque les travaux des sayans modernes ayant étendu les rap- ports de cette science, il faut un nom qui puisse embrasser les phénomènes de la lumière elle-même et ceux de la vision. Il vous a proposé une nouvelle division des branches de la science de la lumière, à l’aide de laquelle tous les phénomènes observés pourront être classés naturelle- ment.

Le citoyen Baillet vous a lu des obser- vations pour servir à la description de l’art du fabriquant d’aiguilles à coudre : il vous

( 23 ) a dit qu’on avoit fait autrefois des aiguilles à Paris et dans plusieurs autres endroits de la France ; maïs il paroît que la cherté de la main - d'œuvre a toujours causé la chûte de ces manufactures. La Prusse , l'Allemagne et l'Angleterre sur-tout four- nissent à la consommation de l’Europe : quelques fabriques se trouvent aussi en d’autres lieux. Le citoyen Baillet a tiré la plupart de ses renseisnemens des manu- factures d’Aix-la-Chapelle, qui fournissent beaucoup à Paris et quelquefois même à Londres. Il faut pour la fabrication des aiguilles, du fil d'acier, des meules pour appointer, de l'huile, de la toile et di- verses substances pour polir, des papiers d’une composition particulière pour enve- lopper les aiguilles et les préserver de la rouille. L'auteur a divisé les quatre-vingt et quelques opérations qué chaque aiguille exige , en Cinq séries: 1°. Conversion du fil d’acier ‘en aiguilles brutes ; 20. Trempe et recuit des aiguilles brutes; 30. Polissage des aiguilles ; 40. Triage des aiguilles polies; 5°. Mise en paquet et affinage des aiguilles. Parmi la multitude d’opérations qui, cha- cune entre les mains d'ouvriers exercés et B 4

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toujours les mêmes, se saccèdent avec beatw- coup de vivacité, on est porté à admirer sur-tout l'adresse avec laquelle des enfans marquent les, aiguilles, c’est-à-dire pra- tiquent en deux coups de poinçon le trou de leur tête. Ils sont tellement exercés, qu'ils se font un jeu de percer avec um poinçon le cheveu le plus fin et de faire passer un autre cheveu au travers. Un autre objet de la fabrication des aiguilles excite aussi l'admiration, c’est le polissage. Dans cette opération , on compensé la lon- gueur du temps qu'il faut employer par la multitude d’aiguilles sur lesquellesil porte. Avec la même machine, qu'un seul homme dirige et qu'un courant d’eau fait agir, om polit à la fois dix à quinze millions d’aiguilles. Le citoyen Baillet n’a négligé dans sa des- cription méthodique aucun des procédés qui peuvent assurer le succès de la fabri- cation : une partie de ces procédés nous étoit inconnu, et il est probable que ce travail facilitera l’établissement de manu- factures qui, rivalisant avec les étrangers, pourront contribuer à diminuer l’exporta- Honde notre numéraire.

Chimie et arts chimiques.

Les citoyens Adet et Chaptal vous ont donné des mémoires sur les différences qui existent entre l’acide acétique et lacide acéteux. Le premier avoit établi, d’après des expériences, que ces deux acides ne dif- féroient pas par les proportions de l’oxigène, mais uniquement par un degré plus grand de concentration que l'acide acétique doit à la perte qu’il a faite de l’eau en se com- binant avec les oxides métalliques ou les alcalis ; il a essayé inutilement de sur- oxigéner l'acide acéteux ou de désoxigéner l’acide acétique ; enfin il a cru pouvoir établir qu’il n’existoit point d’acide acéteux , et que la seule différence qu’il y ait entre l'acide acétique retiré de l’acétate de cuivre, et celui retiré du vinaigre, dépend de la moindre quantité d’eau que contient le pre- mier. Le citoyen Chaptal a tiré d’autres con- clusions de ses expériences ; il a reconnu tou- jours dans l'acide acétique , quoique ramené au degré de concentration de l’acide acéteux, une odeur et une saveur plus piquantes, une action dissolvante des terres et des

(26) oxides métalliques beaucoup plus puissante. Des expériences nouvelles lui ont fait penser que la différence qui existe entre ces deux aëides provient de ce que l’acide acétique contient une moindre quantité de carbone que l'acide acéteux.

Le citoyen Perès vous a écrit qu’il avoit déja apperçu une grande partie de ces faits, et qu'il les avoit consignés dans le journal des pharmaciens de Paris.

Le citoyen Vauquelin vous a communi- qué deux mémoires sur un nouvel acide métallique qu'il a trouvé dans le plomb rouge de Sibérie : des expériences lui ont prouvé que cette substance différoit de tous les autres minéraux connus, qu’elle avoit la faculté de colorer en rouge ou orangé toutes ses combinaisons salines et terreuses: celte propriété , et celle de donner avec les métaux des couleurs belles et variées , lui à fait donner le nom de chrôme ; sa réduction s'opère par le charbon seul à un feu violent, et le traitement avec l’acide nitrique réforme l'acide chrômique. Pour devenir acide , le chrôme absorbe les deux tiers de son poids d’oxigène. Cet acide pourroit fournir au peintre en émail des

( 27) couleurs solides. Le citoyen Vauauelin Pa déja reconnu depuis, dans la nature, dans un oxide verd de plomb, et dans plusieurs autres substances.

Dans l’analyse qu’il vous a donnée du rubis, il a trouvé l’acide chrômique du plomb rouge dans la proportion de 4 Z; mais il n’y a pas reconnu la silice que Klaproth avoit annoncée ; il a conclu que le rubis est une espèce de combinaison saline d’acide chrômique et d’alumine , dans laquelle la base surabonde beau- coup.

Le même membre a découvert dans le Beril une terre nouvelle : ses propriétés la rapprochent de l’alumine ; mais elle en diffère en ce que le sel qu’elle forme avec Vacide sulfurique ne ressemble point à Palun; que ses affinités sont différentes, notam- ment qu’elle précipite l’alumine de l’acide nitrique.

Le citoyen Vauquelin voüs a donné aussi une analyse de la dioptase : il a trouvé

celte pierre composée, 1°. de 28 parties Z de silice; 20. 28 57 de cuivre oxidé ; 3°. 42 5

100

de carbonate de chaux. Le même membre vous a communiqué

(28 ) l'analyse de deux pierres, connues d'abord sous le nom commun de zéolithes, et que le citoyen Haüy a séparées depuis d’après leurs caractères physiques et leur structure ; il a conservé à l’une le nom de zéolithe, et il a donné à l’autre celui de stilbite. Le

citoyen Vauquelin a trouvé dansla première,

30 46 190 1007

silice 50 , alumine 29

100

, Chaux 9 eau 10; dans la stilbite, 1l a trouvé, silice 52, alumine 17 &, chaux 7, eau 18. Il a re- marqué que plusieurs de ces pierres, lors- qu’elles étoient réduites en poudre, présen- toient le singulier phénomène de verdir le sirop de violette, soit qu’elles continssent ou non de la potasse : telles sont la stilbite, la leucite , la topaze de Saxe et celle du Brésil, et même le quartz cristallisé.

Le même membre vous annonça qu’il avoit trouvé dans l’émeraude le chrôme et la terre nouvelle qu’il avoit déja décou- verte dans le Beril ; 1l vous a donné aussi V’analyse de la chlorite pulvérulente qui contient, silice 26, alumine 18 22, ma- gnésie 8, oxide de fer 43, muriate de soude ou de potasse 2, eau 2 : résultat qui diffère de tous ceux qu’a donnés jusqu'ici l’analyse des chlorites. Le citoyen Vauquelin attribue

(29 )

cette différence plutôt à la nature de la terre même, qui paroît n'être qu'un mé- lange, qu’à l’inexactitude des opérations.

Il vous a donné aussi le résultat de ses recherches sur le principe extractif des végétaux qui, jusqu'à présent, avoit été mal connu. De nombreuses expériences faites sur les extraits lui ont prouvé que ces substances sont très-complexes ; que, parmi les matières salines qui accompagnent l'extrait proprement dit l'acide acéteux, les acétites de potasse, de chaux et d’am- moniaque sont les seules qui s’y trouvent constamment ; que l’extractif est composé de carbone , d'hydrogène , d’oxigsène et d’azote ; que la propriété des extraits, d’at- tirer l'humidité de l’air , est due principa- lement à la présence de l’acétite de potasse, ainsi que la plupart de leurs propriétés médicinales. |

Le même membre. vous a lu un mémoire sur lanature des excrémens des poules, etcelle des coquilles de leurs œufs, comparée avec la nourriture qu’elles prennent. La quantité de carbonate de chaux qui se forme dans l’ovi- ducte des poules , ne se retrouvant pas dans leurs excrémens, doit exister dans leurs

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urines. L'auteur a observé que, dans le temps de la ponte, les poules qui mangent alors considérablement rendent des excré- mens secs et privés presqu’entièrement de la matière crétacée qui les accompagne ordinairement. Voulant connoître d’où pou- voit provenir le carbonate de chaux qui sert à la formation des coquilles et celui qui entre dans les excrémens des granivores , il a analysé d’abord les semences dont elles se nourrissent ; il n’a trouvé dansla cendre de V’avoine que 39 parties de phosphate de chaux et 61 de silice pure. Il a nourri pendant plu- sieurs jours une poule ayec de l’avoine, et en recueillant exactement les œufs qu’elle a pondus et ses excrémens, il a trouvé 210 décigrammes de carbonate de chaux produits en huit jours, tandis qu’il n’en existoit pas un grain dans l’avoine analysée.

Le même membre , avec le citoyen Four- croy , a fait l’analyse d’une concrétion gou- teuse sortie naturellement des doigts d’un homme dont les membres sont entièrement déformés par la goute, et dont les doigts ont la forme d’une grosse poire; ils ont “reconnu que Cétoit de lPurate de soude mêlé d’une assez grande quantité de matière

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animale. Les auteurs ont rendu justice à M. Tennant, qui déja avoit reconnu que les con- crétions arthritiques étoient une combinaiï- son d'acide lithique ou urique et de soude.

Les mêmes membres vous ont lu un mé- moire sur l’analyse des calculs de la vessie. Jusqu’alors on n’avoit reconnu que l'acide urique dans cette substance. M. Pearrson y avoit trouvé du phosphate calcaire , les citoyens Fourcroy et Vauquelin y ont re- connu quatre nouvelles substances. Ils re- gardent les pierres de la vessie comme pouvant être formées d’acide urique, de phosphate de chaux, d'urate d’ammoniaque, de phosphate ammoniaco - magnésien , d’oxalate de chaux et de silice. Ces diffé- rentes substances, d’après leur présence ou leur abondance dans les calculs, forment les différentes espèces de pierres qu’on rencontre dans la vessie humaine. D’après les essais qu'ils ont faits pour dissoudre ces différentes pierres, ils ont vu que toutes ces substances se dissolvoient dans des acides ou dans des alcalis tellement affoiblis par l’eau, qu’ils n’avoientplus la saveur que de la plus légère limonade ou lessive ; ils pensent en conséquence qu’on pourra parvenir à

is

(32) dissoudre les calculs dans la vessie même , et que par l’examen des matières contenues dans les urines on arrivera à reconnoître la nature de la pierre de la vessie et l'espèce de remède qu'il convient d'employer pour la dissoudre ou retarder son accroissement.

Le citoyen Fourcroy, en suivant cet im- portant travail, a fait un mémoire sur l’histoire chimique et médicale de l’urine humaine, dans lequel il a déterminé toutes les substances salines qui sont contenues dans cette excrétion ; mais il a observé qu’il y existoit une substance particulière vingt fois aussi considérable que toutes les autres réunies, et qui méritoit de faire objet d’un mémoire particulier qu’il se propose de vous communiquer.

Le citoyen Lasteyrie vous a lu un mé- moire sur la manière de fabriquer les alca- razzas ou vases de terre très-poreux, dont on se sert en Espagne pour rafraîchir l’eau que l’on veut boire. Ces vases sont composés d'environ un tiers de terre calcaire, un tiers d’alumine , un tiers de silice, et d’une très- petite portion de fer ; après avoir divisé et détrempé cette terre, on la pétrit avec un vingtième de sel marin; et lorsqu'elle

a

29

99

a acquis une consistance suffisante, on la met sur le four et on donne ensuite aux vases qui en proviennent une demi-cuisson : c’est à cela et au sel marin qu’on y a ajouté qu'ils doivent leur porosité. L’eau que l’on conserve dans ces vases s'infiltre peu à peu à travers leurs parois, et cause par son évaporation continuelle un refroidisse- ment considérable. Ils sont d’un grand üsage en Portugal et en Espagne, ils ont été apportés par les Arabes : on s’en sert aussi dans les Indes Occidentales et dans une partie de lAfrique. La terre propre à leur fabrication est très-commune en France, et la variété de leurs usages économiques pourroit inviter à en établir quelques manulactures.

Le citoyen Pajot-Descharmes vous a com- muniqué une observation sur la porosité du laiton fondu ou coulé. Un armurier, s’occupant de la composition d’un fusil à vent, crut qu'en faisant usage du cuivre jaune allié de zinc, ou laiton coulé pour récipient, J’air pourroit être plus fortement comprimé, à raison de la ténacité des parties du métal et à aussi de lépaisseur qu’il avoit donnée aux parois de son récipient ;

C

(34) mais lorsqu’après avoir comprimé l’air dans le fusil, il eut cherché à en faire usage, il s’apperçut qu’il étoit bien éloigné d’aveir tout le ressort qu’il croyoit lui avoir im- primé: voulant s'assurer sil n’y avoit pas quelque défaut à son récipient, il le plongéa dans l’eau ; mais en faisant jouer la pompe de compression , il vit les parois extérieures du réservoir de métal, se tapisser d’une

quantité considérable de bulles d'air qui

vinrent crever à la surface de la liqueur : alors il ne douta plus de la porosité du laiton coulé, et renonça à son emploi pour cette fabrication.

Le même membre vous a écrit qu’il avoit trouvé le moyen de laminer les glaces, et d'en souder les fragmens de manière que la soudure n’étoit pas apparente. Je me borne en ce moment à citer l’annonce de cette belle découverte , pour laquelle l’auteur demande en ce moment un brevet d'invention, et sur laquelle vous attendez des détails plus circonstanciés.

(235}) F, s Economie rurale.

Lx citoyen Charles Coquebert vous a donné la description d’une méthode de cul- ture qu'il a vu pratiquer avec succès dans le Holstein. Les fermiers de ce pays ne paient les propriétaires que par le travail, et environ la moitié du terrain leur est ac- cordée pour frais de culture. La portion cultivée pour le compte du propriétaire est divisée en onze parties égales entourées chacune d’une haïe vive de noïsetier, et d’un fossé qu’on récure tous les onze ‘ans, à mesure que l’on récèpe les haies. De ces onze enclos, cinq sont toujours cultivés en céréales ; cinq autres sont abandonnés aux plantes spontanées qui les couvrent etservent de pâture; enfin un autre reçoit les prépara- tions nécessaires pour être mis en culture. Chacun des enclos passe successivement par ces différens états. Celui dont les jachères ont étélevées, porte l’année suivante dusarrasin, sans aucun engrais ; on le fume ensuite pour y semer du seigle ; la troisième année, il donne de l’avoine ; la quatrième , du seïgle; et la cinquième, une seconde récolte d’a-

Cia

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voine ; le tout sans nouvel engrais. On l’abandonne ensuite pendant cinq ans aux herbes spontanées. Ce système de culture, approprié sur-tout à la nourriture des va- ches, ne peut convenir que dans un pays la population est peu nombreuse, le climat favorise la production spontanée des graminées , et enfin le beure trouve un débit facile, et forme un des principaux objets de l’économie rurale. Le citoyen Coquebert vous a donné cet article pour contribuer à une collection de descriptions de cultures locales qu’il est utile de former, tant afin de pouvoir comparer ces méthodes entre elles, et les approprier convenable- ment au sol que l’on se propose d’amé- nager, que pour pouvoir classer systéma- tiquement ces méthodes ; et faciliter par les observations des voyageurs.

M. Humboldt vous a lu un mémoire . sur l’absorption de l’oxigène par les terres simples, et sur son influence relativement à la culture du sol. L’alumine, la baryte et la chaux humectées, mises en contact avec l’air atmosphérique, n’y laissent plus que l’azote pur. Il regarde ces terres comme les meilleurs agens eudiométriques. Il a vu

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en outre , ainsi que l’avoit déjà observé le docteur Ingenhouz , que la terre végétale absorboit l’oxigène Il pense avec raison que ces observations bien constatées peuvent jeter un grand jour sur les opérations de l’agriculture : elles font entrevoir que c’est sur-tout l’action de l’oxigène de latmos- phère qui fertilise la surface de la terre. M. Humboldt établit qu'un terrain est d'autant plus fertile qu’il est plus acidi- fiable |, ou qu’il présente plus d’oxides à bases doubles ou triples ; ces oxides étant infiniment plus faciles à décomposer par les racines'des plantes, que l’eau et l’acide car- bonique : enfin il pense que l’eau se décom- pose dans lhumuns et les terres mêmes, et que l'hydrogène se combinant alors au car- bone , il se rapproche de cet état huileux dans lequel il est propre à la nourriture des végétaux.

Le citoyen Lasteyrie vous a lu un mé- moire sur la dévastation des bois en France, et sur les remèdes qu’on veut y apporter. Un voyage qu’il a fait l’année dernière dans vingt-deux départemens l’a mis à portée de sonder à cet égard des plaies sur lesquelles on fixe à peine ses regards, soit parce qu’on

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ne les croit pas réelles , soit parce qu’on les croit incurables. Il:a vu que par-tout ; si l’on n’y apporte un prompt remède , les grandes communes manqueront du bois nécessaire à leur consommation, et qu’un grand nombre d'usines ou manufactures se verront forcées d'interrompre leurs travaux. Ce west pas seulement à l’avidité des propriétaires qu’il faut attribuer ces maux : l’insouciance des communes, le peu d'encouragement qui; jusqu'à ce moment, avoit été donné à la culture des arbres, et, plus que tout cela encore , les dégâts commis par les bestiaux, et sur-tout par les chèvres dont le nombre s’est augmenté dans une proportion ef- frayante, sont les principales causes.de cette dévastation. Le citoyen Lasteyrie:eroit que des encouragemens pour les cultivateurs de bois , et sur-tout une garantie pour les pro- priétaires , seroient le vrai moyen.de re- mettre cette culture au niveau de nos besoins: il insiste sur-tout pour que les communes et les gardes champêtres soient responsables des dégâts de ce geure, commis sur leur terri- toire, et pour qu’ils soient obligés d’en in- demniser les propriétaires.

Le même membre vous a donné la descrip-

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tion d’une machine destinée à réduire les os en poudre, età les mettre en état de servir à l’engrais des terres. Cette machine est en usage dans le département du Puy- de-Dôme ; elle est mise en action par le moyen de l’eau : lés os y sont réduits en poudre, de la grosseur à- peu - près de la sciure de bois. L'auteur de la description en a tracé le dessin à Thiers, lon fa- brique une très - grande quantité de cou- teanx ,; et l’on emploie les rosnures de manches à cet usage. L’engrais des os ré- duits en poudre est très-recherché dans le pays, et on observe que les os qui n’ont pas subi d’ébullition donnent un engrais plus actif. Le citoyen Lasteyrie pense qu’il seroit ntile que, dans différentes parties de la France, et sur-tout à Paris 1} se perd une si grande quantité d'os, on établit des moulins propres à les réduire en poudre, et à procurer ainsi à l’agriculture un nouvel engrais. |

Le inême membre vous a présenté une poudre extraite des bulbes d'orchis, et qui comparée avec le salep du commerce ne présente aucune différence, si ce n’est que la poudre qui provient des bulbes d’orchis est

C 4

(40) un peu plus blanche. Il seroit à desirer qu'on pût parvenir à cultiver les orchis, pour en obtenir une récolte avantageuse, et plus facile qu'elle ne lest dans létat sauvage ces plantes ne peuvent que très- difficilement être recueillies.

Le citoyen Lasteyrie a mis sous vos yeux des échantillons de laine d’Espagne , pro- venant de moutons naturalisés à Gronzo en Suède depuis 1779. Cette laine paroît ne pas avoir dégénéré ; elle donne une nou- velle preuve de la possibilité d'introduire avec succès dans les pays froids l'espèce pré- cieuse de moutons à laine frisée.

Le même membre a lu aussi un mémoire sur la culture du souchet tuberculeux, cy- perus esculentus, Lin. On le cultive prin- cipalement dans le royaume de Valence. Ses tubercules se mangent crus ; ils ont quelques rapports, pour le goût et pour la forme, avec l’amande de la noisette. Il est nécessaire d’arroser cette plante et de la butter, lorsqu'elle est parvenue à une certaine hauteur. Le citoyen Lasteyrie la cultivée avec succès aux environs de Paris; il en recommarde la culture sur-tout pour les départemens septentrionaux , les

(41) amandiers ne croissent pas. Les tubercules du souchet peuvent être employés à faire un orgeat presque aussi bon que celui qui est fabriqué avec des amandes.

Le citoyen Larrey vous a lu un mémoire sur une épizootie qui a régné l’année der- nière en Italie ; il a observé qu’elle s’est fait sentir plus particulièrement dans les pays plats et marécageux. Les animaux qui étoient attaqués périssoient en très- peu de jours, et cette maladie avoit fait les ravages les plus funestes ; il en attribue la cause aux fatigues que les chevaux et les boœufs ont éprouvées pour le service des armées et la culture des terres, et à l'extrême chalenr qui s’est fait sentir à cette époque. Le ci- toyen Larrey est parvenu à guérir plusieurs arimaux attaqués de cette maladie, par des saignées dans le premier moment de son invasion , des lavemens appropriés, et des boïssons salines et acidulées.

Le citoyen Faivre vous a envoyé aussi un mémoire sur une épizootie qui a régrié avec force aux environs de Besançon et dans les départemens du Haut et Bas-Rhin.

La société des sciences de Montauban vous a fait passer un mémoire du citoyen

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Fonfrède sur la taille de la vigne. L’autear a rapporté plusieurs expériences tendantes à prouver qu'il est au moins inutile, si mème il n’est pas nuisible de tailler, dès la première année, des jeunes plants qu’on destine x devenir des ceps : il a vu que ceux qu'il n'avoit pas taillés étoient plus forts et plus vigoureux que ceux qui avoient été taillés dès la première année.

Enfin le citoyen Daquin, professeur à Fécole centrale du département du Mont- Blanc , vous a écrit que le propriétaire d’une truie, voulant sauver un des trois petits qu’elle avoit mis bas, et dont elle avoit déja dévoré deux, imagina de le fairenourrir par une chèvre. En donnant quelques soins & cette nourriture, elle a parfaitement réussi, et cet exemple peut être appliqué à d’autres cas analogues ou semblables.

mt. sc at tome

(45 ) HISTOIRE NATURELLE. Minéralogie.

Le citoyen Lefebvre vous a rapporté des observations sur l’état des aitérissemens qui ont lieu le lons de la vallée de la Somme. Il en résulte que ces aitérissemens forment quatre bancs, à partir du fond de la vallée jusqu'aux plaines supérieures. Ces bancs se retrouvent toujours à des hauteurs corres- pondantes et parallèles. La nature de ces

errains est crayeuse , à bandes de cæiloux, et le fond de la vallée est occupé par des lits de tourbe. L’auteur croit que ceite dis- position constante des coteaux le long de la Somme atteste la présence des eaux dans le lit du fleuve, et leur retraite subite à quatre époques différentes. Il a obeervé aussi dans les vallées de l’Anti et de la Canche des phénomènes analogues, et il croit que si l’on doit attribuer au mouvement général des eaux autour du globe, de l’est à l’ouest, le délaissement de la mer d’un côté, et son

envahissement sur les rivages opposés, qui

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a lieu peu-à-peu et sans discontinuité, ce phénomène ne seroit pas suffisant pour ex- pliquer ceux de la géologie, si on n’avoit recours à d’autres grands mouvemens subits qui ont eu lieu à diverses époques, dont les causes nous sont inconnues jusqu'à présent, mais dont ïl existe un grand nombre de preuves, sur-tout dans les faits observés sur les bords de la‘ Somme.

Le citoyen Tonnelier vous a donné des détails sur quelques productions du départe- ment de l'Yonne, et particulièrement sur la commune de Celleri, dans laquelle une seule famille est en possession d’exercer l’art de tailler les pierres à fusil. Il a donné des dé- tails sur la pratique de cet art et sur le gis- sement du silex pyromaque et des substances qui l’accompagnent : il y a joint des obser- vations sur la position géologique et les produits économiques de la vallée dans la- quelle cette commune est située, et des montagnes environnantes.

Le citoyen Lelièvre vous a donné la des- cription d’un fossile nouveau trouvé entre Mauléon et Lybarins, département des Basses- Pyrénées. Cette substance avoit été mal-à- propos confondue avec une autre pierre

(43) qui se trouve dans les mines d’étain d’AI- tenberg, appelée, par le citoyen Lametherie, Léucolithe : mais l'examen et l'analyse de ces deux substances ont prouvé au citoyen Lelièvre qu'elles différoient beaucoup entre elles. Celle de Lybarins pèse 2,55 ; elle

contient 60 parties de silice, 24 d’alumine,

et 10 de chaux ; tandis que celle d’Altenberg pèse 3,5, et contient 37 de silice, 53 d’a- lumine, et 3 de chaux. L’une devroit en conséquence être rangée dans Îles pierres alumineuses , et l’autre dans les silicées. Le citoyen Lelièvre propose de donner à celle de Mauléon le nom de dypire.

Le même membre vous a lu une note sur un oxide de fer en paillettes brillantes, d’un rouge noirâtre, qui recouvre les mines de fer nommées hématites. Cet oxide de fer pour- roit, par son aspect, être confondu avec V’oxide de manganèse : mais l’essai au cha- lumeau prouve que cette poussière brillante appartient à la variété de mine de fer nommée Eïsenram. Le fer colore toujours en noir le verre de borax, tandis que le manganèse lui donne une couleur violette. Cette variéte de fer oxidé brun vient de la mine de Sem,

près de Vic-de-Sos.

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Le même membre vous a fait part de la découverte récente qui avoit été faite en France du sulfate de strontiane. Ce minéral a été trouvé d’abord dans la glaizière de Bouvron , près de Toul , département de la Meurthe , par le citoyen Mathieu de Nanci. Cette même substance a depuis été trouvée abondamment à Ménil-Montant: et un exa- men plus approfondi des divers morceaux qui avoient été déposés dans les cabinets, sous le nom de spath pesant , dont les cris- taux différoient par leur forme primitive, ‘ont été reconnus par le citoyen Gillet pour des cristaux de sulfate de strontiane.

Le citoyen Gillet vous a montré, dans une de vos séances, des portions de bois passées en partie à l’état de charbon végétal, renfermées entre des couches de houille, au milieu desquelles elles avoient été trou- vées. Il vous a apporté aussi une agathe onix, à trois couches bien distinctes, qu’il a trouvée à Champigny , près de Paris, et qu’il a fait tailler.

Le même membre vous a lu des obser- vations sur le gissement et la forme des replis que l’on remarque dans certaines couches de substances minérales, et parti-

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culièrement dans celles de houille. 11 vous a exposé ses conjectures sur l’origine de. ces phénomènes, qui avoient été observés par plusieurs séologistes : mais les divèrses explications qu'ils en avoient données ne pouvoient être adaptées à toutes les cir- constances. Le citoyen Gillet pense que dans plusieurs cas, ces couches encore à l’état de mollesse, glissant sur un plan incliné, ont pu rencontrer des obstacles dans la partie inférieure ; et pressées par les couches supérieures , elles ont été con- traintes de se replier sur elles-mêmes , et de se recouvrir dans plusieurs sens, à di- vers endroits. Il explique ainsi naturelle- ment les dispositions singulières que pré- sentent les couches de houille dans le nord de la France, ces recouvremens successifs s’observent assez fréquemment.

Le citoyen Hauy vous a annoncé qu'étant parvenu à polir un morceau de soufre natif transparent , il a trouvé que ce cristal avoit une double réfraction très-forte , eu égard à la densité de cette substance, dont la pesanteur spécifique n’est guère que double de celie de l'eau ; ce qui s'accorde avec les résultats de Newton sur les puissances ré- fractives des corps inflammables.

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Le même membre vous a lu un mémoire sur les différences qu’il a remarquées dans les caractères physiques et géométriques de la dioptaze, avec l’émeraude dans le genre de laquelle on l’avoit placée. Le nom de dioptaze qu’il lui a donné vient de ce que les joints naturels sont visibles à travers le cristal par des reflets très - vifs et parallèles aux arêtes du sommet, lorsqu'on fait mou- voir ce cristal à la lumière.

Le citoyen Girod-Chantran vous a envoyé un mémoire sous le titre de Conjectures sur la conversion de la chaux en silice, déduites de différentes observations faite dans les départemens du Doubs, du Jura, et de la Haute-Saone. I] a appuyé ses rai- sonnermens à cet égard sur un grand nombre d'échantillons qu'il vous a envoyés, et qui militent en faveur d’une opinion qui compte déjà beaucoup de partisans recommandables parmi les minéralogistes instruits.

Le même sayant vous a envoyé aussi une note sur un granitin qu'il a trouvé à Novillars près de Besançon , et qui manifeste la propriété électrique lorsqu'il est forte- ment chauffé. Il attribue cette propriété à la pierre de corne qu’il contient ; et il croit

qu'il

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qu'il en pourroïit être de cette substance, par rapport à l'électricité, comme des diffé- rentes mines de fer par rapport au magné- tisme ,.et qu’on trouvera que toutes les pierres de corne sont susceptibles de produire de l'électricité à des degrés de puissance dif- férens, comme on 4 reconnu que toutes les mines de fer, l’oxigène n’étoit pas trop abondant, étoient des aimans à diffé- rens degrés d’énergie.

Botanique.

Le citoyen Bosc vous a envoyé d’Amé- rique la description complette d’une plante aquatique qui a été consacrée par Gmelin, au professeur Villars, sous le nom de i4- larsia aguatica. Cette plante , qui est de la pentandrie digynie, a une corolle mono- pétale , dix nectaires, point de style, une capsule ovée à une seule loge ; elle se rap- proche beaucoup du #enianthès , dont elle ne paroît différer que par le nombre de ses nectaires , dont le second rans même est peu apparent ; elle croît dans les eaux peu profondes : ses fleurs s’épanouissent successivement pendant l'été ; aussitôt que

D

(59 )

la fécondation est opérée , le péduncule qui s’étoit relevé pour gagner la surface de l’eau, se recourbe de nouveau ; de sorte que la capsule se développe et mûrit sous l’eau. La plante est souvent la proie d’une chenille qui la dévore, et dont on ne connoît pas encore l’insecte parfait.

Le même membre vous a envoyé la des- cription et le dessin de /’Aeritieria tinctorum. Cette plante est de la triandrie monogynie. Ses racines , ainsi que ses semences , don- nent, par la simple infusion , une teinture rouge analogue à celle de la garance. Mais cette teinture est fugace , et on n’en fait aucun usage aux environs de Charles-Town, elle se trouve ordinairement. Cette plante appartient à la famille des yridées ; elle a beaucoup d’affinité avec /’argolosia de Jus- sieu ; mais elle en diffère par le nombre de ses étamines.

Le citoyen Berlinghieri avoit envoyé , au nom du citoyen Cayetan-Savi, profes- seur d'histoire naturelle à Pise, un mémoire qui avoit pour objet la description d’une rose que l’auteur regardoit comme nou- velle, et qu’il appeloit rosa acutifolia ; l'observation exacte a prouvé au citoyen

Cor) Ventenat que cette plante n’est pas nou: velle ; elle est citée par Linnéus, sous le nom de rosa caroliniana , et elle est cultivée de- puis long-temps au jardin des Plantes, ainsi que sa variété, qui est à feuilles aigües.

Le citoyen Ventenat vous a lu aussi la description d’une plante du Pérou, qu'il a trouvée parmi celles qui ont été rapportées du voyage de la Peyrouse : il en avoit d’a- bord fait un genre particulier ; mais s’étant apperçu que les auteurs de la flore du Pérow avoient décrit ce genre, il a adopté lenom de lardisabala, qu'ils lui ont donné ; il en à donné la description complette, et il a fait connoître les caractères essentiels de cette plante , qui lie ensemble deux familles de Jussieu , les Â/enispermes et les Anones.

_ Le même membre vous a lu un discours sur l’étude de la botanique. Il s’est proposé, dans cette dissertation, 1°. de prouver que Vétude des rapports naturels a occupé dans tous les temps plusieurs célèbres botanistes ; etilacité, à l’appui de cette assertion , Ce- salpin, Laurenbers, Maurison, Ray, Magnol, Burckard, Adrien Van-Royen, Guettard , Scopoli, Gerard, Jean Gmelin | Haller ; Bernard de Jussieu, Adanson , Linnéus lui-

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même , etc., etc. 20. ; de rechercher quels sont les organes des plantes , qui, par leur universalité et par les considérations les plus importantes qu'ils fournissent , méritent d’être préférés dans l'établissement des ordres naturels. Il a donné la solution de plusieurs problèmes botaniques proposés dans le 2e: nera de Jussieu, et il a tracé un tableau, dans lequel la valeur des diverses considéra- tions de chaque organe est exprimée! par des nombres ; 3°. d'examiner si. la. dispo- sition des ordres naturels, selon une série continue , est parfaitement confornie au plan de la nature, et il a présenté l’ordre dans lequel il lui paroît que les familles de- vroient être rangées conformément à cette vue. Ce discoursdoit paroître à la tête de Port vrage que le citoyen Ventenat se propose de publier incessamment sur la botanique.

Le citoyen Decandaule vous a lu un mé: moire sur les plantes maritimes, relative-+ ment à leur anatomie et à leur physiologie ; il a considéré successivement les structures diverses de leurs parenchymes ; leur singu- Lère fructification et leur organisation in- terne ; ila estimé lesquantitésde gaz oxigène

ORNE CNE,

(53 ) qu’elles étoient exposées sous l’eau aux râyons du soleil, et enfin quelle étoit la nature de la substance aériforme qui étoit contenue dans les vésicules de celles qui sont chargées cès excroissances.

Le même correspondant vous a donné un autre mémoire sur quelques genres de la famille des siliculeuses , et notamment sur un genre nouvéau qu'il a cru dévoir faire dans cette famille”; il l’a nommé Serne- biera ; et il en a reconnu deux espèces.

Le citoyen Decandaule vous a donné aussi une notice sur la reticwlaria rosea qui croît au mois de prairial, sur les vieux troncs coupés et humides. Cette réticulaire est d’un rosé vif, d’une forme arrondie et régulière ; elle diffère des autres espèces connues par sa couleur et par la saison on la trouve.

Il vous a lu «encore un mémoire sur les lichens , et principalement sur l’espèce de nutrition particulière à ces plantes. .Il a divisé les lichens en trois elasses, suivant la manière dont ils se nourrissent; les uns à l'extérieur, les autres par un ca- nal intérieur, d’auires enfin suivant ces deux modes réunis. Il s’est servi d'eaux

colorées pour reconnoître la position des D 3

(54) organes de la nutrition de ces plantes, par la succion qu’elles exercent sur ces li- quides.

Le citoyen Dumeril vous a lu des ré- flexions sur une dissertation latine de Vit- terrings , relative aux changemens que la force vitale des vaisseaux fait éprouver aux humeurs dans le règne organique. L'auteur a cherché à prouver que lascension de la sève se fait dans les plantes par irritabilité, et non par un mouvement semblable à celui des liquides dans les tuyaux capillaires ; il a établi que la secrétion des humeurs dépen- doit principalement de la manière d’agir des vaisseaux sur les liqueurs : toutes leshumeurs secrétées changent de nature , suivant l’état de santé ou l'espèce de maladie de divers corps organiques. Il pense aussi que la terre vé- gétale contient une certaine portion d’hu- meur propre à la nourriture de chaque plante, et il attribue à cette disposition l’o- bligation sont les agriculteurs d’alterner leurs cultures : il rapporte les observations qui tendent à prouver que le suc de cer- taines plantes, secrété par la racine , est nuisible à celles qui sont cultivées aux en- virons ; il attribue à cette cause Le danger

L n a dt os

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du voisinage de l’ivraie pour presque toutes les plantes utiles ; celui de la serratula ar- vensis pour l’avoine , de l’ezphorbia pe- plus et de la scabiosa arvensis pour le lin, de l’erigeron &cre pour le froment, de la spergula arvensis pour le sarrasin, de l’Z7u- ula helenium pour la carotte , etc. Le citoyen Vauquelin à rapporté , à l'appui de ces observations , qu’il a souvent remarqué que , dans les champs de Jin, la partie aui environne les euphorbes étoit maigre et petite.

Le cit. Alibert vous a lu des considéra- tions physiologiques sur le fruit du coignas- sier. Son principal objet étoit de rechercher les causes du principe acerbe et astringent de ce fruit. En comparant scrupuleusement ses organes avec ceux de la poire, il n’y a trouvé d'autre différence que dans la quan tité de pepins, qui est beaucoup plus consi- dérable dans le coing ; il présume que le suc de la végétation est employé en tota- lité à la nutrition des pepins, et que la partie sucrée, ainsi attirée vers la graine pour y former le mucilage qui y est contenu , ne se répand pas dans la pulpe du fruit.

Le citoyen Girod - Chantran vous a en-

D 4

(56 )

core envoyé plusieurs mémoires conte- nant des observations microscopiques sur les bisses, conferves et tremelles; ila décrit avec soin plusieurs espèces nouvelles ; il a établi que plusieurs maladies des végétaux qui at- taquent les tiges, les feuilles et les fruits, étoient causées par la réunion de myriades d’animalcules, dont ila fait connoître les espèces et les singulières habitudes.

Le citoyen Boucher vous a envoyé une dissertation sur le si/erne-amena , qui a été confondu par plusieurs auteurs avec le cz- cubalus maritimns ; il a cité les passages des divers auteurs qui ont commis cette er- reur , et il a donné les caractères ét la synonymie qui conviennent à ces deux plantes.

Le même correspondant vous a envoyé un mémoire sur le pois qu'il nomme à bouquet, et qui a pour particularité une tige com- primée et épaissie dans sa partie supérieure, sa largeur surpasse celle du doigt : ce qui le fait différer essentiellement du pisum umbellatum des anciens botanistes.

Le citoyen Boucher vous a envoyé aussi la description d’une maladie qu’il a observée sur l’orme , et qui étoit due à une sérosité

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blanchâtre qui se coaguloit à l’air , et dont la saveur sucrée attiroit un grand nombre d'insectes ; il a trouvé que cette maladie avoit des différences marquées avec toutes celles du même genre observées jusqu’à ce jour , et il pense qu’il faudroit essayer si cette liqueur n’annonce pas qu’on pourroit retirer du sucre de l’orme, ‘comme on en ob- tient de l’érable.

- Le citoyen Trouflot vous a donné un mé- moire sur l’orchis bifolia , il a exposé dans le plus grand détail la synonymie et les caractères de toutes les parties de cette plante ; il a ajouté des notes sur la possi- bilité de sa culture et sur ses usages écono- miques ; il a fait suivre ce mémoire de consi- dérations sur la monographie des orchidées, et d’un tableäu générique des caractères essentiels des cinq genres qui composent cette famille.

Je vous ai soumis un mémoire sur les dif- férentes espèces de maladies des plantes, et sur les causes auxquelles chacune peut être attribuée. Ce mémoire n'étant que le résumé d'un travail beaucoup plus considérable ; je me suis étendu plus particulièrement sur la nature et les causes du charbon et de la carie

(58 ) qni attaquent nos plantes céréales, et que des expériences microscopiques répétées me font regarder comme des plantes parasites , ainsi que l'ont peusé Bernard de Jussieu , Aymen, et Bulliard.

Enfin le citoyen Ventenat , dans plusieurs de vos séances, vous a fait connoître le bel ouvrage du citoyen Desfontaines sur la flore atlantique ; celui de Stringen sur la synonymie des plantes citées par les an- ciens ; et l’ouvrage de Cavanilles sur les plantes d’Espagne. Les extraits qu’il vous a donnés de ces divers ouvrages ont depuis été insérés dans le Magasin Encyclopédique, an 6 et an 7.

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Zoologie.

Le citoyen Lamark vous a lu un mémoire sur la conchyliologie. Il a observé que cette

science étoit peu avancée, quoique Lster , Gualteri et \’Arsenville s'en fussent occupés avec succès, et que Linneus eût établi pour la distribution des coquilles , d’excellens principes ; mais occupé de son immense tra- vail, il n’a pu connoître et décrire tous les genres de cette classe. Quoique Brugueres ait fait dans l'Encyclopédie des corrections

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et des additions essentielles aux genres éta- blis par Linneus , il n’en a porté le nombre qu’à 61. Le citoyen Lamarck a cru devoir ajouter 55 genres nouveaux : ce qui fait à présent 114 genres bien désignés et carac- térisés d’une manière précise. Il pense que non-seulement , dans l’état actuel de la science , peu de ces animaux sont cou- nus , il faut considérer les coquilles pour les divisions systématiques ; mais que , dans le cas même tous ces animaux seroient connus, comme ils conservent difficilement leur forme naturelle et leurs caractères, il croit que la méthode artificielle devroit encore porter sur les coquilles, comme pré- sentant des caractères inaltérables, et pou- vant seule être rapportée aux restes fossiles des animaux de cette classe.

Le même membre vous a lu ur mémoire sur les sepia, qu’il a cru devoir diviser en trois genres particuliers, sous le nom de seches, calmar et poulpes , et qu’il a dis- tingués principalement par la nature ou l’ab- sence de l’os spongieux qu’on remarque dans la sèche commune ; il a établi que l’es- pèce de poulpe qui répand une forte odeur de musc, et qui étoit connue des anciens

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naturalistes , est en effet le mollusque que lon trouve dans le nautile papyracé; mais ce n'est pas l'animal même qui a formé cette coquille : ce poulpe s’y loge comme le cancer Lernardus s'établit dans d’autres co- quilles qui n’appartiennent pas à son es- pèce.

Le citoyen Cuvier vous a lu un mémoire sur les ossemens fossiles de divers quadru- pèdes. Il a eu pour objet de reformer avec ces ossemens des squelettes complets , autant qu’il lui a été possible , et de les comparer avec les espèces analogues qui habitent le globe, pour en déterminer les rapports et les différences. Il a porté ses recherches sur Vanimal appelé mammouth, dont les os et les défenses viennent de Sibérie , et qui est une espèce voisine de l’éléphant d’Asie; sur Panimal des bords de POhio, qui porte aussi enom de mammouth, quoiqu'il diffère beau- coup du précédent ; sur celui dont les dents, teintes par le cuivre, fournissent les tur- quoises ; sur une espèce d’hippopotame ; sur un rhinocéros à crâne alongé, que l’on trouve en Sibérie ; sur l'animal du Pa- ragnai , dont le squelette est conservé à Madrid; sur celui dont on trouve les dé-

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pouilles dans le margraviat de Bareuth, en- fin sur ceux de Verone , de Maëstricht, etc. ; aucun de ces animaux n’a d’analooue vi- yant; et le citoyen Cuvier, d’après l’inspec- tion de ces espèces, croit pouvoir assurer, 19. qu'il n'est pas prouvé que les animaux du midi aient autrefois vécu dans le nord; 2°. qu'il a existé dans toutes sortes de pays des animaux qui n’y vivent plus aujourd’hui, et qui ne se retrouvent même nulle part dans les pays connus.

Le même membre, dans un second mé- moire, ayant examiné un plus grand nom- bre des ossemens qui se trouvent dans le gypse de Montmartre , a reconnu qu'ils n'ap- partenoient pas à un animal du genre du chien, ainsi qu’il Pavoit pensé ; maïs qu’ils proviennent de trois espèces, qui appartien- nent à un genre nouveau, qu’on peut placer dans l’ordre des pachydermes, etpresqu’ésa- lement rapproché du rhirocéros, du tapir et du cochon. Ces espèces diffèrent beau- coup par leur grandeur, La première éga- loit au moins le cheval , la seconde appro- choit du cochon, et la troisième n’étoit guère au-dessus du lièvre.

. Le citoyen Cuvier a rapporté qu’une

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femme ayant apperçu une espèce de petite queue rougeñtre qui sortoit d’un œuf de poule, est venu lui montrer cet œuf au Mu- séum d'Histoire naturelle. A son ouverture, il a trouvé un caillot de sang de la grosseur du pouce et de la forme d’un tétard, auquel appartenoit ce prolongement extérieur 3" il vous a fait remarquer que des apparences semblables avoient pu faire croire des gens inattentifs à la production de reptiles dans certains œufs.

Le citoyen Geoffroy vous a donné un mé- moire sur les manchôts ; il vous a fait ob- server qu'ils avoient quelques rapports avec les phoques et les cétacés. Au lieu d’ailes, ils n’ont que des pièces osseuses semblables à des nageoires, et les rudimens de plumes qui les revêtent ressemblent assez à des écailles ; ils ont, comme les phoques, les pieds situés à la partie la plus postérieure du corps. Il résulte de la conformation de leurs jambes, que les manchôts marchent autant sur le tarse que sur le reste du pied ; tandis que tous les autres oiseaux ne s’ap- puient que sur les doigts.

Le même membre vous a donné des con- sidérations sur le phénicoptère ou flamand,

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(63 )

ce genre si singulier par la forme du corps de l’animal , celle de ses pattes, et sur-tout par celle de son bec. Il vous a décrit une nouvelle espèce, dont les pennes des aïles, et Le bec, sont noirs ; elle est beaucoup plus petite que le phénicoptère des anciens : il y a joint la phrase caractéristique du phé- nicoptère du Chili, décrit par Molina.

Le citoyen Latreille vous a donné “un mémoire sur les faucheurs; il a présenté dans ce mémoire des vues neuves sur l’or- ganisation de ces animaux , sur leurs habi- tudes et les espèces qu’il lui a été possible de découvrir en France. La position des organes sexuels est très -singulière : en pressant fortement sur une pièce située entre les pattes , immédiatement au-dessous de la bouche , on fait saillir en avant dans les mâles, un corps assez dur, presque conique , et dans les femellés un tuyau comprimé, long et membraneux. La disposition de leurs trachées, l'organisation des yeux, la dispo- sition de l'ovaire, et la structure des pattes lui fournissent une foule d’observations neuves et piquantes, Enfin il rapporte que ces animaux s’entré-dévorent entre eux, et qu’ils ont pour ennemie une espèce de mitte

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qui se tient fixée à leur corps par le bec seulement , et une espèce de gordius , dont le citoyen Latreille a tiré différens individus du ventre d’un faucheur cornu, et dont l’un avoit jusqu’à deux décimètres de longueur; il a reconnu et décrit dix espèces de ces animaux.

Le même membre vous a donné un mé- moire sur une nouvelle espèce de psylle qu’il a trouvée sur le jonc articulé. On ignoroit avant lui à quels insectes les espèces de galles qu’on trouvesur cette plante donnoient naissance. Les métamorphoses de cet ani- mal. sont les mièmes que celles de la psylle du figuier, décrite par Réaumur; les œufs sont pédiculés; la monstruosité occasionnée par ces insectes ressemble parfaitement à une bâle très-volnmineuse de graminées.

Le même membre vous a donné des ob- servations sur la larve de la rephidie ophio- psis, et sur les caractères de ce genre et les organes sexuels du mâle de la raphidie ophiopsis. Il vous a donné aussi un mé- moire sur la {famille des ‘araignées mi- neuses; il a trouvé des caractères com- muns aux araignées qui habitent un terrier tapissé de toile et fermé par un opercule

sim st à ot dité

(65) fixé par un ligament ; il rapporte à cette famille trois espèces qu’il a eu occasion d’ob- server , l’araionée maçonne , laraignée de Sauvages, et l’araignée nommée 7idu- lans par Fabricius : il décrit ces espèces et fait connoître leurs nids,

Dans une autre circonstance , le citoyen Latreille vous a décrit aussi une nouvelle espèce d’araignée qu’il appelle araionée ha. bile ; elle appartient à la famille des araï- gnées loups. Elle élève au-dessus d’un trou de quelques centimètres de profondeur et vertical, une espèce de cône en soie recou- vert de poussière au - dehors , et propre ainsi à tromper les regards.

La société des sciences de Montauban vous a fait parvenir une observation du ci- toyen Bénédict Prevot, sur les araignées des jardins. Lestoiles qu’elles tendent laissent entre leurs fils des espaces vides , assez larges pour que les petits insectes puissent y passer; le citoyen Prevot a observé que les fils circulaires de ces toiles sont enduits d’une matière visqueuse, tandis que les fils rayon- nans ne sont point englués : aussi l’araignée marche-t-elle toujours sur ces derniers, tan-

dis que les insectes qui veulent passer à E

(66) travers les mailles, se trouvent pris à la glu.

Le citoyen Daudin vous a donné un mé- moire sur un nouveau genre de coquilles bivalves , nommé cyrtodaire ; ce genre ne diffère des solens et des zz7yes que par sa charnière dépourvue de dents et de faus- settes, mais qui est bossue et saillante; il a indiqué cette disposition par le nom de cyrtodaire , composé de deux mots grecs qui veulent dire charnière bossue.

Le même citoyen vous a lu successive- ment trois mémoires : le premier sur la di- vision des animaux en genres, en espèces, et

en variétés ; il l’a fait suivre d’observations

sur le genre des merles ; il a cherché à éta- blir dans ce mémoire quels étoient les ca- ractères qui devoient former les genres, ceux qui convenoient aux espèces, Ceux qui ne pouvoient appartenir qu'aux variétés , et enfin ceux qui, trop fugaces, tels que certaines couleurs dans les oiseaux, ne de- voient pas être considérés par les natu- ralistes.

Dans un second mémoire, il a rectifié le genre des demifins s#otacilla ; il a trouve dans les caractères extérieurs et dans les

PE

(67) | mœurs des éspèces qui ont été rangées dans ce genre, et qui sont au nombre de plus de 180, des caractères suffisans pour for- mer cinq genres, savoir, les farwvettes, les traguets , les fiouiers, les roitelers et les Aochequeues. | vous a donné aussi une note sur des espèces qu’on peut ranger dans Pordre du phitotome, que Molina a indiqué dans son histoire naturelle du Chili, comme très-voisin des genres /oxia et frinoilla de Linneus.

* Le citoyen Brongniart, chargé par vous de rendre compte de ces divers mémoires du citoyen Daudin, a développé dans son rap- port des vues nouvelles sur la classification des animaux : il a cherché principalement à déterminer quelles étoient les bases qu’on devoit suivre pour établir les espèces et les variétés dans les animaux et les végétaux ; il a pensé qu’on pouvoit regarder comme espèces tous les êtres qui, présentant des différences sensibles et sur-tout caractéri- sables |, se maintiendroient constamment les mêmes sous nos yeux pendant une longue suite de générations ; il propose de regar- der comme variétés tous ceux qui ne pré- sentcroient que des différences légères de

É'2

( 68 ) grandeur, de villosité, de couleur même , lorsque ces différences éprouveroient des changemens sous nos yeux au bout de quel- ques générations.

Le citoyen Lacépède vous a donné la description de deux espèces de poissons car- tilagineux, encore inconnus aux naturalistes: il nomme l’une de ces espèces , raie tuber- culée. Cet animal a les dents très-obtuses , et présente d’ailleurs des tubercules pointus ou aiguillons très-forts sur le corps et sur la queue : il paroît devoir être placé entre la /ymme et la sephen, et le caractère spé- cifique qui la sépare tant de l'aigle , de la pastenague et de la lymme , que de la se- phen et de toutes les raies inscrites dans le troisième sous-genre de cette famille, est la présence et le nombre des tukercules émaillés et très-durs, d’où elle a tiré son nom. Cette raie, qui avoit à peu près quatre décimètres de longueur, vit dans les mers voisines de Cayenne. La seconde espèce qui vous a été décrite par le citoyen Lacépède, est un squale qu’il nomme pointillé, et qu'il placera dans le premier genre de cette fa- mille, entre le Squale très-grand'et le Squale glauque : le caractère. distincüf de cette

(69 ) espèce consiste en de petits points blancs, semés sous le corps et sous la queue ; Ya couleur de la partie inférieure de Panimal est plus foncée que celle de la partie supé- rieure.

Le citoyen Antoine Coquebert vous a douné la description d’une nouvelle espècede mouche qu'il appelle à huit points ; elle vit ensociété ; elle tientétendues de grandesailes à bandes roussâtres, et leur donne tantôt un mouvement de vibration, tantôt elle les place à recouvrement l’une sur l'autre et en cache son abdomen : cette mouche est sur - tout remarquable par son allure, elle marche de côté et avec assez de lé- géreté.

Le citoyen Fischer vous a donné la des- cription d’un nouveau genre de ver intestin qu’il a trouvé dans la vessie natatoire d’une truite. Son corps est rond et transparent, sa tête fendue, sa queue pointue; la fissure de la tête se prolonge en dessous jusqu’à la bouche, qui est une ouverture divisée par une cloison lamelleuse. On distingue au travers de la peau les intestins et sur- tout l’ovaire , qui est noir et tordu.

Le citoyen Dumeril a lu un mémoire sur

E 5

(70) propagation des insectes. Il a observé que quoique le nombre des mâles semble pro- portionné à celui des femelles, cependant la polysamie est naturelle aux deux sexes ; dans quelques genres dont les individus se réunissent en famille, il y a des femelles stériles destinées à l’éducation des nouveaux nés ; dans d’auires, les œuis éclosent dans le ventre de la mère, et le jeune insecte ne voit la lumière que lorsqu'il a subi une méta- morphose : l’état parfait paroît être destiné seulement à l’amour , les individus périssent peu de temps après l’accouplement et la ponte. Presque tous les insectes ont des moyens d’annoncer le moment de leur jouissance : les /aps et les pimélies attirent le mâle, en produisant du bruit à l’aide d’une brosse de poils roides située sous leur ventre ; les wrillettes , en frappant leur tête sur le bois; les sauterelles, en faisant raisonner leurs élytres ; d’autres insectes , tels que les zaupins, la fulgore, des sco- lopendres , le ver luisant , appellent le mâle par la lumière qu’ils produisent; enfin, les cantharides , les capricornes, les sta- plilins, quelques punaises et les carabes répandent , les uns une odeur suave, et

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(71) les auires une odeur désagréable pour nos organes, mais qui avertit les mâles de leur présence.

Le même membre vous a donné un mé- moire sur les espèces hybrides ; il croit que plusieurs de ces espèces nouvelles ont été formées par l’accouplement d’autres espèces plus éloignées : il a été témoin plus d’une fois de ces accouplemens ; il a vu réunis le ywelolonta. horticola , de Fabricius, avec le cétonia stictica, du même auteur, et il croit qu’on peut regarder le céronia Airta comme une espèce hybride provenant de cet accouplement : il a trouvé aussi une espèce intermédiaire entre le zzelolonta villosa et le vuloaris de Fabricius, qu’il croit devoir rapporter à une semblable origine.

Le même membre vous a annoncé qu’il avoit trouvé sur le corcelet de la mouche apiforme une patte surnuméraire articulée. 1 vous a lu aussi la description d’un gucpier composé entièrement de terre, au lieu du carton fabriqué ordinairement pour cet usage par les suêpes cartonnières ; il a fait la. description ‘de linsecte qui lhabite , d’après les débris de différens individus qui étoient

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(72) dans cette masse ; il a trouvé l’apis cordata comme parasite dans ce guépier.

Le citoyen Boucher, d’Abbeville, vous a envoyé un mémoire sur le gordius aqua- ticus et sur un ver parasite des insectes ; il a établi les différences qui existoient entre le premier et les tœnia : il a trouvé le second dans le corps d’un bupreste, dans lequel il occupoit la place de tous les viscères qu'il sembloit avoir dévorés. Î

Le même correspondant vous a envoyé aussi des observations sur le lumbric marin (lumbricus marinus , Lin.). Ce ver est sur-tout abondant à l’embouchure de la Somme : il habite Le sable humide que la marée baigne et découvre alternativement. Ce lumbric est d’une grande utilité pour les habitans du département du Nord : c’est J’amorce dont on se sert pour la pêche d’un grand nombre de poissons, et c’est un objet de commerce pour les habitans du Crotoy, qui s'occupent de cette recherche, et qui en vendent jusqu’à Dieppe. Le citoyen Boucher a observé des différences très- sensibles dans ces vers , et pense que ces différences pourroient suffire pour en cons- tituer trois espèces : il croit même qu’on

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devroit en faire un genre particulier, à cause du peu d’analogie qu'il a avec le lumbric terrestre. Il vous à marqué qu’il avoit vainement cherché à tirer parti pour la teinture de la liqueur âcre et colorée que rend cet animal. La couleur jaune qu’elle donne est très-fugace , et Le citoyen Boucher pense qu’on pourroit tirer un meilleur parti d’une liqueur pourpre, que répand avec abondance une très - grosse limace , qui est commune dans la Médi- terranée, et qu'on voit particulièrement dans le port de Cette.

Le citoyen Duchesne vous a lu des ob- servations sur l’icthyolosie de Bloch. Après avoir rendu justice au mérite de cet ou- vrage , tant à cause de la clarté des descriptions, que de leur exactitude en général, et du soin que l’auteur a pris pour réunir les synonymies des auteurs anciens et modernes, et pour répandre dans son ouvrage les observations historiques et critiques les plus instructives , le citoyen Duchesne vous a fait observer que ce bel ou- vrage n’étoit pas exempt d’imperfections. Bloch a donné souvent le même nom à deux genres, de classes même différentes;

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a donné aussi le même à .des genres et

à des espèces diverses. Le citoyen Duchesne-

auroit desiré qu’au lieu d’être rangés nu- mériquement , les genres fussent classés suivant un ordre méthodique, et que l’au- ieur eût rendu cet ouvrage plus complet, en décrivant un plus grand nombre des espèces connues , tandis qu'il n’en a pas cité la moitié. Ces défectuosités font mieux sentir l'importance d’une nouvelle icthyologie , et le citoyen Lacépède, votre collègue , s'occupe d’un ouvrage qui die promet de satisfaire les savans à cet égard.

Le citoyen Jurine vous a lu des obser- vations qu’il a faites sur les chauve-souris ; particulièrement pour reconnoître si un autre organe peut remplacer en partie celui de la vue, lorsque ces animaux en ont été privés accidentellement. Il à observé que les chauve-souris, après avoir été privées de cet organe , n’avoient presque rien perdu de leur activité et de leur adresse à éviter en volant les obstacles qui pouvoient s’op- poser à leur passage, au lieu que l’obtu-

ration de loue les rendoit inhabiles à tout exercice et les faisoit bientôt périr. Les opérations anatomiques ont appuyé ses XPÉ-

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riences : l’appareïil de l’organe de l’ouïe occupe dans ces animaux presque la moitié de la tête, tandis que l’œil n’en constitue qu’une infiniment petite partie. Il a ajouté la description de deux insectes qu’il a trouvés sur les chauve - souris. L'insertion d’un extrait étendu de cet intéressant mémoire dans le journal de physique nous dispense d’entrer dans des détails plus circonstanciée à son égard.

Anatomie et physiologie.

Le citoyen Cuvier vous a communiqué le résultat des recherches qu'il a faites sur l'anatomie des coquillages bivalves. IL s’est occupé particulièrement à reconnoîire leur système nerveux , leur circulation , leur respiration et leur génération.

Relativement au systéme nerveux, il a observé que le cerveau étoit placé sur la bouche ; un anneau médullaire entoure l’œsophage ; de chacun de ses côtés naît un cordon nerveux qui règne le long du corps et va derrière les branchies et près. de l’anus se réunir pour former un ganglion, très - considérable, d'où partent plusieurs

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paires de néris. La circulation s'opère par an cœuret des vaisseaux qui, injectés, ont paru former trois couches distinctes, dont Ja plus superficielle est un réseau très-fin qui occupe toute lPétendne du manteau. La respiration se fait par quatre feuillets disposés parallèlement entre les deux lobes du manteau et les valves de la coquille. La multitude de vaisseaux qui sont con- tenus dans ces feuillets aboutissent à un grand trou qui se rend à l'oreillette du cœur , et le citoyen Cuvier croit que ces vaisseaux ouverts à l'extérieur absorbent du dehors une portion du fluide ambiant. Enfin il a vu, ainsi que Poupaït l’avoit déja observé, que les branchies des moules étoient remplies de petits grains semblables À des œufs dans les mois de fructidor et de vendémiaire, et qu’on trouvoit, en frimaire, en quantité prodigieuse à l’état de petites moules , dont on distinguoit au micros- cope les valves et le mouvement.

Le même membre vous a lu un mémoire sur les vaisseaux sanguins des sangsues, et sur la couleur rouge du liquide qui y est contenu ; il a remarqmé que ce liquide ne se trouvoit pas dans le canal intestinal

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ainsi quil devroit être s’il provenoit du sang sucé par l'animal ; mais que c’étoit un véritable fluide nourricier contenu dans les vaisseaux , et y circulant au moyen d’un mouvement alternatif de systole et de dias- tole. Ces vaisseaux forment quatre troncs principaux , dont deux latéraux, un dorsal et un ventral. Les deux premiers sont d’un ordre différent que les derniers ; les deux vaisseaux latéraux vont d’un bout du corps à l’autre, et se joignent par des branches qui forment un réseau qu'on apperçoit à l’aide de l'injection ; le vaisseau dorsal et le ventral ne forment point de réseau : ils se subdivisent en branches alternatives et obliques. Lorsqu'on ouvre une sangsue, on produit toujours une grande effusion de ce sang dont la couleur est à peu près semblable à celle du sang artériel des gre- nouilles. Cette découverte a déterminé l’auteur à chercher une nouvelle dénomi- nation pour la classe des animaux dits à sang blanc, dont la sanssue forme un genre, et qui n’est probablement pas le seul qui doive présenter cette singulière exception.

Le citoyen Cuvier vous a lu aussi un mémoire sur les organes de la voix dans

(7) les oiseaux. Il a établi d’abord, d’après sa propre expérience, que, pour obtenir un son dans un tuyau, il falloit qu’il y eût à l’origine de ce tuyau ur corps mince ou anguleux susceptible de vibrer, ou de briser l'air et de le mettre en vibration ; il a observé ensuite qu’il ne peut se former de son dans la trachée-artère des mammi- fères , et que ce n’est qu’à la glotte que se trouvent les conditions nécessaires ; maïs que dans les oiseaux il y a à la réunion des bronches deux lames membraneuses qui forment une véritable glotte. Il a montré, à l’aide d’un grand nombre d’expériences, que l'intensité, le grave et l’aisu des sons produits par les ciseaux, proviennent de la forme et de la longueur de leur trachée, et de l'ouverture de leur larynx supérieur. Il a donné des applications de ses prin- cipes, en comparant les sons produits par la voix , dans plusieurs espèces , avec la forme de leur trachée , et il a produit des effets analogues avec des instrumens à vent, en substituant aux corps de re- change ordinaires, d’autres corps d’une plus ou moins grande étendue. Son mémoire contient aussi la description anatomique

(79) des organes de la voix dans un très-grand nombre d'oiseaux.

Le citoyen Léveillé vous a fait connoître des observations anatomiques qu’il a faites sur le poulet considéré dans l’état de fœtus. Il s’est occupé particulièrement du foie, de ses vaisseaux et de la faculté contrac- tile des muscles dans les animaux qui n’ont pas encore respiré. Le foie du poulet qui n’a pas encore respiré est divisé en deux lobes égaux , etson volume est proportionné à celui du corps de l’animal, tandis que dans les fœtus des mammifères le foie est proportionnellement beaucoup plus consi- dérable. Il attribue cette différence à l’ab- sence de la veine ombilicale dans les oiseaux. La vésicule du fiel dans le poulet qui n’est pas encore éclos contient une bile épaisse d’un verd foncé, tandis que dans les qua- drupèdes l'humeur contenue dans la vési- cule du fiel est limpide , transparente et peu colorée. Le citoyen Léveillé croit que ces différences tiennent au mode particulier de la nourriture de ces deux sortes de fœtus. Celui des vivipares vit et se déve- loppe à l’aide du sang artériel de sa mère, qui contient fort peu de bile ;le fœtus des

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ovipares, au contraire, reçoit sa nourriture de la substance du jaune : ce fluide est reçu dans la veine porte, et de dans le foie ilest élaboré, comme si l’animal jouissoit de ses organes gastriques. D’après ces observations, l’auteur croit que la vési- cule du fiel du fœtus des vivipares ne con- tient pas de bile, au lieu que celle des ovipares en contient de véritable.

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MR L''DE CU CR I R.

Médecine.

Le citoyen Hallé vous a lu un mémoire sur l’histoire de l'hygiène. Il a considéré sur-tout les époques l’art a fait de véri- tables progrès. Il fixe la première époque entre Hippocrate et Sanctorius ; la seconde à Sanctorius , qui le premier osa appeler de la doctrine des anciens à l’expérience; la troisième , au renouvellement des sciences physiques en Europe ; et la quatrième, à la découverte des fluides aériformes et à l’éta- blissement de la chimie moderne. Il consi- dère , à toutes ces époques, l'hygiène pu- blique ou l’art de conserver la santé des hommes réunis en société, soit par rapport à la législation , aux usages ou à la police publique, et l'hygiène privée ou l’art de conserver l’homme considéré individuelle-

ment. Ce mémoire vous a présenté des re- EF

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cherches précieuses sur l'éducation physique, la gymnastique, les habillemens , les établis- semens d'humanité, ceux de préservation des maladies contagieuses , et ceux de cor- rection ; sur les maladies des soldats; sur l'influence des constructions des villes et des campagnes, et sur celle de leur exposition ; sur la santé des citadins et des cultivateurs. Ce mémoire a été inséré dans l'Encyclopédie méthodique à l’article hygiène.

Le citoyen Albert vous a lu une disserta- tion sur la colique de Madrid. Il a eu prin- cipalement pour objet de prouver que les maladies parfaitement analogues ne doivent pas se traiter de la même manière dans des climats différens : la colique de Madrid , maleré son identité parfaite avec la colique du Poitou, ne cède pas aux mêmes moyens, et la méthode drastique employée à lhospice de la Charité de Paris a été très-nuisible aux habitans de Madrid. Le citoyen Alibert a exposé à la suite de ce mémoire des ré- flexions sur le caractère particulier de la médecine des Espagnols.

Les citoyens Alibert, Fourcroy et Hallé

63 ). vous ont fait successivement des rapports sur le traitement d’un homme couvert d’une espèce de lèpre , qui a été sensiblement sou- lagé par les frictions de ponimade oxisénée ; à mesure que les parties galleuses étoient frottées, elles perdoient les croûtes qui les couvroient, et les démangeaisons très-fortes que le malade avoit éprouvées précédem- ment étoient adoucies. Il vous a été fait plu- sieurs rapports successifs satisfaisans sur les effets de ce remède dans cette circonstance.

Les citoyens Alibert et Dumeril ont conti- nué lesexpériences sur les médicamens admi- nistrés en frictions, dont je vous ai entre- tenu à votre dernière séance d'anniversaire. Plusieurs enfans chez lesquels les viscères du bas-ventre étoient considérablement engor- gés , ont été purgés par la rhubarbe et la scamonée unies au suc gastrique de chouette et adninistrées par la voie des frictions. Un autre enfant de trois ans, qui éprouvoit des symptômés qui faisoient craindre pour lui une hydropisie de poitrine, a rendu une grande quantité d'urine par l'usage de fric- tions faites avec la sci/le suspendue dans du suc gastrique de chien , et inçorporée avec

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de la graisse de porc. Les commissaires ont aussi administré le gzinquina de cette ma- nière, et ce moyen'a prévenu l’accès de fièvre chez quelques malades, et l’a diminué ou changé chez d’autres. Ils se proposent . de continuer des expériences dont le com- mencement donne déja des résultats si satis- faisans.

Le citoyen Faivre vous a envoyé aussi un mémoire sur l’effet de l’opium et du muriate sur-oxiséné de mercure administrés en fric- tion dans le traitement des maladies véné- riennes 3 il rapporte avoir guéri, par ce pro- cédé , une exostose qu’il avoit tenté vaine- ment de réduire par des remèdes intérieurs , que d’ailleurs la délicatesse de la malade ne lui permettoit pas de continuer.

Chiruroie.

Le citoyen Swediaur vous a donné la re- lation d’une conception extra-utérine ob- servée à Londres par William Tumbull. Dans la plupart des faits de ce genre cités par les auteurs , le développement du fœtus s'est opéré dans les ovaires ou dans les

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trompes des Fallope; on ne connoissoit pas d'exemples le fœtus eût pris son accroïsse- ment naturel dans l’abdomen sans être atta- ché à aucune partie de la matrice ou de ses appendices. Dès le commencement de la grossesse du sujet dont il est question dans cette note, la menstruation s'arrêta ; dans le huitième mois la malade éprouva des dou- leurs violentes accompagnées d’une évaeua- tion sanguine, l’orifice de la matrice étoit alors fort dilaté ; vers le troisième mois de la gestation elle fut prise subitement d’une colique violente et d’un vomissement de ma- tière stercorale qui ne céda à aucun médica- ment. À l’ouverture du cadavre on trouva dans l'abdomen un fœtus femelle parfaite- ment bien formé ; il étoit enveloppé par les intestins de la mère ; le placenta étoit extrè- mement mince ; il adhéroit par des ramifica- tions très-petites au péritoine, à l’estomach, au foie , aux intestins, au mésentère , au mé- socolon, enfin à toutes les parois de l’ab- domen.

Le citoyen Larrey vous a donné un mé- moire sur une désorganisation de plusieurs viscères du bas-ventre produite par un coup

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de pied de chéval sans solution de continuité à la peau ; le sujet qui en fut frappé ressentit une douleur aiguë et déchirante dans tout le bas-ventre ; cette douleur s’augmenta , | occasionna des vomissemens, et enfin la mort du malade au bont de quinze heures. À l'ouverture du cadavre on a trouvé une portion du colon transverse échymosé, la vésicule du fiel pleine et distendue , une por- tion du foie engorgé, le mésocolon divisé, et la seconde courbure du duodénum dé- chirée en partie; il y avoit épanchément de matière alimentaire et de sang.

Le même membre vous a rapporté qu’il venoit d'opérer une fille d'environ vingt- cinq ans dont les parties génitales étoient imperforées : la peau continuoïit sur le pubis, et laissoit seulement un trou pour le passage des urines; elle n’avoit point encore eu de règles. Le citoyen Larrey a ouvert la peau extérieure qui couvroit le pubis , et a mis à découvert les parties naturelles de la femme.

Le citoyen Pajot Descharmes vous à lu une notice sur l'effet des substances alka- lines employées dans le traitement de cer-

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taines fistules lacrymales ; il a été porté à multiplier ses recherches à cet égard , ayant observé que l'application d’un linge nouvel- lement arrivé du blanchissage et encore im- prégné de substances savonneuses , avoit suffi pour faire disparoître à plusieurs re- prises les symptômes de cette maladie ; il a répété plusieurs fois cette espèce de traite- ment, qu'il vous a annoncé lui avoir par- faitement réussi.

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(88 ) RÉSUMÉ GÉNÉRATI.

Il me reste à terminer ce résumé déja étendu , par un rapprochement sommaire de toutes les parties, qui puisse présenter d’un coup-d’œil leur ensemble et le soutien qu’elles se sont mutuellement donné.

Dans Les sciences physiques et mathéma- 11ques.

De nouveaux élémens de géométrie , un supplément à la théorie des solutions par- ticulières des équations différentielles; l’in- fluence de la lune sur l’atmosphère terrestre reconnue et déterminée ; un mouvement diurne remarqué dans cette même atmos- phère d’après de nombreuses observations barométriques ; des remarques sur la nature de brouillards en quelque sorte périodiques; de nouveaux moyens powr perfectionner J’analyse exacte de l'atmosphère ; une nou- velie division des différentes branches de l'optique ; le passage prouvé de l'électricité dans le vide le plus parfait ; la description d'une nouvelle balance barométrique ; celle d’une autre balance ‘aussi nouvelle pour l’ajustage et la vérification des poids et

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monnoies ; des réflexions sur les travaux de Cherbourg , sur les nouvelles expériences de Cavendish pour déterminer l'attraction des molécules de la matière ; des observations sur les formes données aux corps légers par les sons obtenus de surfaces vibrantes ; des expériences pour démontrer l'insuffisance du pyromètre de Wedgvood; lexplication de la glace produite par la dilatation de V'air sortant de la machine de compression ; enfin la description de l’art du fabriquant d’aiguilles vous ont été successivement pré- sentés.

Dans la chimie et les arts chimiques.

Trois chimistes se sont occupés à déter- miner les différences qui existent entre les acides acétiques et acéteux; une nouvelle substance qui cotore le plomb rouge, le rubis et l’'éméraude a été reconnue. Une terre nouvelle, des analyses de la dioptase, de la stylbite, de l’éméraude ; des recher- ches sur la nature de l’extrait dans les vé- sétaux, sur les causes de l& formation de la matière crétacée dans les œufs de poules ; des expériences sur la nature du calcul des souteux; une classification chimique de

(9°) toutes les pierres de la vessie ; l'espoir fondé de trouver des remèdes contre cette terrible maladie, et l’analyse exacte de toutes les parties constituantes des urines ou de celles qui leur sont accidentelles.

Relativement aux arts chimiques, vous avez reçu la description des procédés pour fabriquer les vases espagnols propres à ra- fraîchir l’eau ; des considérations sur la po- rosité du laiton fondu , et enfin l’annonce d’un procédé pour laminer et pour souder les glaces. |

En économie rurale.

On vous a donné des mémoires sur une méthode de culture pratiquée dans le Holstein; sur la dévastation des bois en France; sur l’influence de l’oxigène pour la fertilisation des terres; sur une machine propre à réduire les os en poudre ; sur l'emploi des bulbes d’orchis comme salep , et du souchet tuberculeux à la place des amandes. On vous a présenté aussi des échantillons de laine d’Espagne naturalisée depuis long-temps en Suède ; plusieurs mé- moires sur les épizooties et sur la culture de la vigne.

(91) En minéralogie.

Vous avez reçu des observations sur les attérissemens de la vallée de la Somme, sur les replis observés dans certaines couches de houille ; une description du département de l'Yonne , de plusieurs fossiles nouveaux, tels que le dippyre ; un oxide de fer, et le sulfate de strotiane de France ; des mémoires sur les différences caractéristiques de la dioptase et de l’éméraude ; des conjectures sur la conversion de la chaux en silice ; enfin sur la propriété électrique reconnue dans plusieurs pierres, et la double réfraction dans le soufre cristallisé.

En botanique.

La description de plusieurs espèces nou- velles d'Amérique septentrionale et méridio- nalé ; des considérations sur les plantes ma- rines ; sur la nutrition des lichens; sur un genre nouveau dans la famille des silicu- leuses; sur l’effet de la force vitale des vais- seaux dans les règnes organiques; sur les causes de la saveur acerbe du coing; sur les conferves, les orchis, èt une classification méthodique des diverses maladies des vé- gétaux.

(92) En zoologie.

La description de divers ossemens fossiles ; un système de conchylhologie ; des observa- tions sur différentes familles d'oiseaux ; nn mémoire sur les faucheurs ; plusieurs sur d’autres espèces d'insectes, et notamment d'araignées ; de nouvelles espèces dans l’or- dre des vers et des poissons ; des réflexions sur l’icthyologie de Bloch, et un mémoire

sur lPimportance de diverses organes dans les chauve-souris.

En anatomie et physiologie.

Des recherches sur l’anatomie des coquil- lages bivalves ; sur des vaisseaux sanguins reconnus dans les sangsues ; sur l'organe de la voix dans les oiseaux ; sur les fonctions du poulet considéré dans l’état de fœtus.

Dans l’art de guérir.

Des dissertations sur l’hygiène ancienne et moderne ; sur la colique de Madrid; sur l'effet de l’opium dans les maladies véné- riennes : des rapports sur le traitement d’une

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espèce de lêpre; sur l'emploi des purgatifs et fébrifuges administrés en frictions ; sur une conception extra-utérine singulière ; sur la désorganisation des viscères du bas- ventre sans solution de continuité à la peau ; sur l’emploi des substances alkalines dans le traitement des fistules Jacrymales.

Enfin dans les mémoires généraux.

Une exposition des dangers et de l'utilité des systèmes; une description topographique de la ville de Nantes et de ses environs ; des observations sur l'effet des marées à une haute latitude , sur un monument des Druïdes, et sur l'antiquité de la pêche de la baleine.

Si maintenantnous traçons à grands traits le tableau des progrès que l'esprit humain a faits cette année dans les sciences physiques et naturelles; si nous jetons un coup-d’œil] sur les travaux qui ont mérité de faire épo- que dans le monde savant, soit par la géné- ralité des applications de leur utilité, soit par la perfection ils ont porté certaines connoissances , soit par les vérités nouvelles

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et importantes qu'ils ont développées , soïît enfin par le germe des grands résultats qu’ils faisoient espérer, vous verrez par-tout le nom de vos membres contribuer éminem ment à assurer une supériorité glorieuse à votre patrie; et en admirant ce vaste en- semble de connoïssances acquises dans une seule année, votre société pourra se dire avec satisfaction: ef quorum pars mugna Jui.

En physique , Pachèvement de la mesure de l’arc du méridien compris entre les pa- rallèles de Dunkerque et de Barcelonne ; de belles expériences pour déterminer la nature et les effets du fluide galvanique ; l'influence de l’oxigène reconnue dans la culture des terres : en chimie , des expériences nom- breuses et méthodique qui font concevoir la possibilité de résoudre la pierre dans la vessie et de détruire les concrétions arthri- tiques; l’art de convertir le fer en acier {ondu; celui de fixer sur la porcelaine des couleurs inaltérables au feu : En histoire naturelle , un traité de zoologie ; une ichthyologie complette ;j une Flore du mont Atlas; un nouveau système de mi- néralogie ; un manuscrit sur toute la con-

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chylologie, suffiroient sans doute pour faire regarder cette année comme une des plus remarquables dans l’histoire des sciences. On se souviendra que c’est à cette époque mémorable que le capitaine Baudins a rap porté un muséum d'histoire naturelle pres- que entier de son long et périlleux voyage autour du monde; que le citoyen Olivier arrive aussi chargé d’objets nouveaux et la mémoire remplie des connoiïssances les plus curieuses recueillies dans des contrées les naturalistes n’avoient jamais pénétré. On n'oubliera jamais non plus que cette année même on à conçu et exécuté un projet qui peut contribuer par la suite à influer d’une mavière sensible sur la politique de l'Eu- rope, en changeant la situation des plus importantes colonies françaises : ce vaste plan, qui n’avoit pas encore eu d’exemple, et d’après lequel on a transporté en un même moment dans un pays plongé dans l'isno- rance et la superstition, une nation pres- que entière des hommes les plus éclairés dans tous les genres, et qui vont en quelque sorte faire voir àces peuples étonués , quels progrès ont faits dans les mains des Euro- péens les lumières qu'ils leur ont autrefois

(96 ) transmises , et recueillir les vestiges de nos premières connoissances dans leur propre berceau.

Par-tout, cette année, le génie de l’ins- truction a semblé prendre un nouvel essor ; et comme s’il étoit jaloux de devancer celui de nos guerriers, il accélère sa marche, il est par-tout avec lui; une découverte des- tructive faite pour assurer nos succès, est précédée ou suivie par une découverte salu- taire qui tend à améliorer les hôpitaux ou à soulager les infortunés. On n’oubliera pas que si cette année même le feu dévorant est devenu inextinguible dans la main d’un physicien , cette année aussi les ouvrages du vertueux Rumpfort ont été publiés ; ses expériences sur Péconomie des subsistances, sur celle des combustibles, ses établissemens pour la nourriture et l’occupation des pau- vres, pour l’extirpation de la mendicité, ont été connus ; le tribut de reconnoissance que l'humanité doit à ce génie bienfaisant est sans doute dans l’imitation de ses vertus.

Pour la première fois la France a vu, cette année, tous les chefs -d’œuvres de son industrie réunis dans une même en- ceinte ; c’est une espèce de compte rendu de

(197) ses moyens; elle a wu que dans tous les genres elle étoit en état de se suffire à elle- même , et qu'un seul de ses regards pouvoit assurer la supériorité à toutes ses manufac- tures. ;

Cette année aussi a vu former des sociétés d'agriculture dans un grand nombre de dé- partemens ; une nouvelle société semblable dans Paris même, au centre de toutes les lumières et sous les yeux du gouvernement: déja leurs premiers pas ont été marqués par d’utiles travaux. L'agriculture , le premier de tous les arts pour nous sur-tout, relative- ment à notre position géographique, a plus qu'aucun autre, besoin des secours de tous les hommes éclairés ; il est notre première , notre véritable richesse , par - tout il ?doit attirer les regards : aussi le gouvernement y donne-t-il, en ce moment , une attention particulière ; les réunions d'agriculteurs sont encouragés, et le Directoire lui-même prend soin de faire rédiger sous ses yeux et publier chaque décade, un bulletin qui non-seule- ment porte sur tous les points de la Répu- blique, et jusque dans les chaumières , les lois et les actions héroïques des guerriers français, mais qui y répand encore des ins-

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(98) tructions sur les procédés les plus utiles des arts et de l’économie rurale.

Telleest, citoyens, l’apperçu de vos tra- vaux pendant l’an 6, et de l’état dessciences au commencement de votre nouvelle année ; les preuves que vous avez données de votre zèle ne me permettent ni de vous engager à continuer ces travaux avec la même activité,

ni de douter que vous ne remplissiez ce de-

voir que vous impose le grand exemple que vous vous êtes donné à vous-mêmes.

(99) NOTICE BIOGRAPHIQUE

SUR BRUGUIÈRES,

Lue à la Société Philomathique dans sa séance générale du 30 nivose an VI.

D'ART E CN CUINVEER.

Ces

C'est une malheureuse conformité que celle qui existe entre l’homme que la société a perdu cette année , et celui dont elle eut à célébrer la mémoire dans sa dernière séance générale.

L'un et l’autre, après avoir passé plusieurs années à observer la nature, et à recueillir ses productions dans des climats éloignés et parmi des peuples barbares, ont péri au

moment même ils croyoient déja revoir G 2

; ( 100 ) lcurs amis et leurs compatriotes, et jouir avec eux des fruits de leurs fatigues et de leur courage.

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Jean-Guillaume Bruguières , docteur en médecine de la faculté de Montpellier, membre de la société des Sciences de cette ville, de la socicté d'Histoire naturelle de Paris et de la société Philomathique, associé non résident de l’Institut national de France, naquit à Montpellier, vers 1759. Son père, qui vit encore, et qui y exerce la chirurgie, voulant assurer à son fils un état utile à sa fortune , lui fit étudier la médecine et prendre ses degrés. Maïs , à coté de la médecine, le jeune Bruguières trouva l’his- toire naturelle ; et de toutes les choses que ses maîtres lui enseignèrent , il ne goûta que celle-là. Entraîné par les attraits enchan- teurs qu’elle lui présentoit , il négligea un art dans lequel il n’appercevoit que le spec- tacle douloureux et sans cesse renouvelé des maux de l’humanité ; le plaisir de soulager les souffrances des malheureux ne lui pa- rôissoit qu'une compensation incertaine ; il étoit trop jeune alors pour connoître V'in-

. midi

Cao ) fluence des consolations morales et des paroles rassurantes du médecin ; et son ame étoit encore trop sensible pour croire qu’il suffit, dans ce senre, de la bonne volonté pour absoudre les fautes.

L'école de Montpellier étoit alors la seule en France l’histoire naturelle fût ensei- guée , dans toutes ses parties, d’une manière qui correspondit à l’état auquel cette science étoit parvenue. Le respectable Gouan y pro - pageoït, par ses leçons et par son exemple, la méthode sévère de Linné, qui se trou- voit éclipsée à Paris et ailleurs par léclat des ouvrages de Buffon : non pas que veuille dire par que Buffon n’étoit pas un naturaliste exact; je sais, au contraire, que ses ouvrages sont même plus vrais, plus soignés sur les. faits que ceux, de Linné : mais le vulgaire ne possédoit pas alors assez de connoïssances pour y distinguer ce genre de mérite. Ebloui par la magnificence des draperies, il Wappercevoit pas que le grand peintre ne les avoit appliquées que sur le nud le plus correct ; et le troupeau servile des imitateurs, ne saisissant que la manière, sans pouvoir s'emparer du génie, crut voir l’histoire de la nature dans des exclamations

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stériles sur ses ouvrages ; crut suppléer aux vues utiles par des hypothèses brillantes , et aux faits réels par des descriptions pom- peuses , à peu près comme d’autres imita- teurs, par une erreur opposée , crurent de- venir les émules de Linnéus , par cela seu- lement que leurs ouvrages étoient ennuyeux.

Ces deux sortes d’imitations se sont propa- gées jusqu'à nos jours ; mais il n’y a que l’une des deux qui ait réussi en France, la réputation des ouvrages dépend , pour l’or- dinaire, des femmes et de quelques gens de lettres, qui croient pouvoir juger des sciences positives , parce qu’ils ont combiné quelques idées générales de métaphysique.

Heureusement , Buffon lui - même avoit préparé la chûte de ce mauvais genre ; les faits les plus exacts , les vues les plus saines, les rapports les plus justes entre les êtres, saisis par lui et revêtus d’un style enchan- teur, animés par le feu de la plus noble et de la plus brillante imagination , ont été répandus par-tout, ont été, pour aimsi dire, empreints dans tous les esprits. Quiconque écrit sur la nature, trouve aujourd’hui un public préparé, qui ne se laisseroit ni éblouir ni tromper , et qui ne souffre les ornemens

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(:263 ) que sous la condition de ne point porter atteinte à la vérité, et de n’en point res- treindre le développement. Cela est sur-tout vrai depuis que lillustre continuateur de ce grand homme a su, par un art admi- rable , laisser appercevoir la marche rigou- reuse de sa méthode, sans nuire aux charmes de son style , ni à la beauté de ses tableaux.

Bruguières a toujours su tenir, dans ce genre, un juste milieu; il a toujours éga- lement évité la profusion d’ornemens d’une école!, et la sécheresse magistrale de Pautre : il n’a mis dans ses ouvrages que des faits vrais ; mais il les y a mis tous, sans écarter ceux qui n’entroient point dans les carac- tères de sa méthode. C’est ce que nous ver- rons mieux dans la suite : continuons l’his- toire de sa vie.

Son père , mécontent de ce qu’il appeloit le peu de prévoyance de son fils, crut pou- voir le fixer et le faire penser à lutile , en le mariant , quoique très-jeune.

Ilse trompa encore. Bruguières n’avoit que trois mois de mariage lorsqu'il échappa , pour ainsi dire , aux embarras et aux plai- sirs de l’hymen , et accourut à Paris pour s’y occuper de botanique ; et, ce qui étoit

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. (104) plus singulier encore dans un nouveau marié , si la réaction de l’arnour des sciences, comprimé par son père, ne l’expliquoit et ne l’excusoit même en quelque sorte ; ül s’embarqua peu de temps après pour aller aux terres Australes.

C’étoit en 1773 ; Louis XV vivoit encore; Deboyne étoit ministre la marine. Il fit adopter au Conseil le plan d’une expédition destinée à continuer les découvertes com- mencées dans la mer du Sud : elle fut com- posée de deux bâtimens, et commandée par le capitaine de vaisseaux Kerguelin.

On a prétendu , dans le temps, que les découvertes géographiques n’étoient que le but apparent de cette expédition, et qne son but véritable étoit une raïson de com- merce entre le ministre et le commandant, ou que du moins ils sacrifièrent dans cette occasion l'intérêt général à leur intérêt parti- culier. Ce n’est pas à nous qu'il appartient de porter un jugement sur cette inculpation. Kerguelin n'est mort que depuis peu de de temps : il a prétendu avoir été victime de persécutions injustes ; et même il a été réhabilité depuis la révolution, et employé pendant quelque temps comme adjoint de

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( 105 )

Ja commission de la marine. Ce qu’il y a ce- pendant de sûr, c’est qu'à son retour , il fut accusé, par un de ses officiers, d’avoir tout fait pour augmenter à son bord le nombre des malades, afin d'avoir plus de prétextes de revenir aux endroits le commerce étoit lucratif; d’avoir perdu ainsi la moitié de son équipage , tandis qu’il ne mourut que deux hommes sur sa conserve ; d’avoir refusé de descendre dans des terres nouvelles qu’on avoit apperçues ; et en gé- néral , d’avoir exercé sur ses subordonnés la tyrannie la plus cruelle. Il fut, en effet, condamné par un conseil de suerre à la perte de son grade , et à vingt ans de prison : mais il faut observer qu’alors Louis XV étoit mort ; Deboyne n’étoit plus ministre; et son successeur étoit peut-être bien aise de faire rejaillir sur lui le vernis défavorable qu'une pareille affaire pouvoit produire.

Quoiqu'il en soit, Bruguières, appelé en témoignageau procès, nevoulnt point charger celui auquel il avoit été soumis ; mais il ne dis- simuloit pas à ses amis les souffrances qu'il avoit endurées pendant ce voyage : tant il est vrai qu’il est bien difficile de faire réussir ces alliages bizarres de science et de disci-

( 106 )

pline militaire, l’on voit, d’un côté, l'habitude de donner carrière à ses pensées, de ne se conduire que d’après les inspira- tions de son esprit, et de n’estimer les hommes que selon leur mérite réel ; et de Vautre, la prétention d’une obéissance aveu- gle, et celle d’une soumission extérieure , accompagnée de toutes les apparences d’un respect intérieurement senti.

On avoit chargé le duc de Crouiï des arran.- gemens de détail relatifs à cette expédition ; Bruguières lui fut présenté par MM. de Jussieu oncle et neveu , et agréé pour partir en qualité de botaniste.

Le voyage dura deux années. On alla d’abord au Cap, puis à Madagascar, et à Flsle-de-France: on découvrit une terre dans le sud de cette dernière île ; mais le com- mandant refusa d’y descendre , sous prétexte que son équipage étoit en trop mauvais état. La perte ne fut pas bien grande, si, comme tout l’annonce, cette terre de Ker- guelin est lamême que celle retrouvée depuis par Cook en 1776, et nommée par lui l’Zs/e «de la Désolation. Ce nom seul indique que ce m’étoit guère la peine d’y descendre. Bruguières, pendant ce voyage, recueillit

PER PE

(107) beaucoup de plantes rares et plusieurs ani- maux inconnus , dont il a depuis décrit quelques-uns dans des ouvrages périodiques, C’est à lui que l’on doit le genre de Langaha, adopté depuis par notre confrère Lacépède dans sa belle Histoire des Serpens. Bruguières observa sur-tout avec soin les animaux de la classe des vers, les mollusques et. les zoo- phytes, si communs et si développés dans les mers de la zone torride ; et c’est qu’il jeta les fondemens des connoïssances qu’il acquit depuis dans cette partie, si peu cul- tivée en France avant lui.

Il lui arriva, dans une des deux relâches qu'il fit à Madagascar , une aventure assez singulière , dont il aimoiït à plaisanter avec ses amis. On sait que les peuples à demi civilisés qui habitent les côtes de la mer des Indes et les îles de la mer du Sud, soit nègres , soit malais, ont la coutume d'offrir leurs filles aux étrangers. M. Meiners pré- tend même que cette coutume appartient à toute la race mongole et nègre. Ce sont sur- tout les blancs qui obtiennent la préférence dans ces sortes de sacrifices ; on les invite , on les prie : aussi celles qui ont eu le bonheur d’appartenir à quelque Européen sont-elles

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beaucoup plus recherchées lorsqu'il s’agit de les marier définitivement à un de leurs com- patriotes ; et les excellens partis sont celles qui en ont eu plusieurs. |

Lesanthropologistesontbeaucoupraisonné sur une méthode si opposée à la nôtre ; et ils l’ont regardée comme un aveu tacite de la part de ces peuples, de la supériorité de notre race sur la leur. Toujours faudroit-il reconnoître qu'ils ont sur nous d’autres avantages ; car on dit que ces filles si faciles deviennent d’une fidélité inaltérable lors- qu’elles sont épouses.

Quoi qu'il en soit, le roi du pays offrit sa fille avec tant d’instanceet de si bonne grace à notre voyageur , qu'il ne put refuser une bonne fortune si inopinée. Son dessinateur eut la fille du premier ministre. On unit les deux couples avec les cérémonies d'usage en pareil cas : on donna à chacun d’eux une tente-et des gardes. L’envie de plaire d’une part, la douceur et les graces naturelles de l’autre , donnèrent à cette nnion des charmes qu'on ne lui supposeroit pas ; et elle fut plus heureuse que beaucoup de celles dont nous sonimes témoins : il est vrai qu’elle ne dura que huit jours, au hont desquels il fallut

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( 109 ) rentrer sous le joug de la discipline et de la civilisation.

Il ne sera pas inutile de rapporter une anecdote de ce même voyage, qui montre quel prix ces hommes attachent à ces sortes de faveurs de la part des blancs. Quelques mauvais traitemens avoient irrité les natu- rels contre les Françaïs : n’espérant pas pou- voir se venger sur ceux qui étoient réunis au port, et protégés par leur artillerie, mais sachant qu’un officier et deux autres per- sonnes se promenoiïent dans l’intérieur des terres , ils les poursuivent, les atteignent, les entourent, et menacent de les tuer. L’ot- ficier , sans défense, n’a d’autre ressource que de demander au chef des assaillans s’il a une fille , et de s’offrir de la prendre pour sa compagne. Dès cet instant, toute animo- sité cesse, et un ennemi acharné devient pour lui un allié fidèle et un ami tendre.

Bruguières avoit sur ce voyage un manus- crit curieux, et qui seroit d'autant plus intéressant , que le peu de succès de cette expédition empêcha le gouvernement d’en publier la relation. Ce manuscrit se trouvera peut-être encore parmi ses papiers ; et il est vraisemblable qu'il n’y a plus aujourd’hui de

( 110 ) considération personnelle qui puisse en em- pêcher l'impression.

De retour en France au mois de septembre 1774, et après avoir passé neuf mois à Paris avant de pouvoir obtenir du gouvernement une foible indemnité, il retourna à Montpel- lier , il resta plusieurs années sans inter- ruption : il y continua ses études particu- lières. Il rangea et décrivit les plantes qu'il avoit rapportées de son voyage ; il en prépara la relation. Le chancelier de l’université , Barthès, l’avoit engagé à faire à sa place le cours de botanique, et lui avoit fait espérer de faire revivre pour lui la charge de dé- monstrateur de cette science ; Bruguières fit aussi quelques démarches pour être envoyé en Corse , afin de s’y occuper de l'histoire naturelle de ce pays : mais il mettoit trop peu de suite à ces sortes d'entreprises pour y réussir. Des spéculations relatives à une mine de charbon de terre qu’on venoit de décou- vrir aux environs de Montpellier , l’occu- pèrent pendant quelque temps : maïs il exis- toit pour lui une sorte de fatalité, qui, dès les premiers pas qu’il tentoit vers la fortune , le ramenoit invinciblement dans la carrière des sciences. Les fouilles faites à cette occa-

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sion avoient mis au jour des pétrifications et des fossiles curieux : ces objets rallumèrent l'imagination de Bruguières ; il sentit com- bien leur étude suivie pouvoit jeter de lu- mières sur les révolutions de la terre; il laissa la houille qui l’auroit peut-être enrichi, mais qui ne lui auroit rien appris, et ne rêva plus que fossiles. Il décrivit, non-seule- ment ceux qu'il venoit de trouver, mais encore tous ceux que les cabinets de Montpel- lier lui offrirent ; il les fit dessiner dans une vingtaine de planches qui existent peut- être encore dans ses papiers ; et c’est avec ces provisions qu'il vint à Paris pour la troisième fois, sur la fin de 1781, dans l’in- tention d'y continuer ce travail, et de l’y publier.

Tout autre que lui ne se seroit peut-être pas hasardé à un déplacement sur une pa- reille ressource; et les sens habitués à calculer toutes leurs actions, et à ne rien entreprendre dont le résultat ne soit prévu , le condamne- ront sans doute : mais dans la vie privée, comme à la guerre et dans la politique , il y a quelquefois moins de danger de s’aban- donner aveuglément à sa fortune, que de vouloir la maîtriser. Un savant pauvre est

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à peu près perdu dans les départemens, tandis qu'à Paris, il trouve en abondance des sujets sur lesquels il peut travailler, et des moyens de tirer un parti utile de ses travaux.

Bruguières sentoit cette différence de situation d’une manière douloureuse. Zci il faut tout tirer de soi, écrivoit-il en 1778 à son ami Jussieu , et n’attendre d'autrui que la critique : encore trop heureux lorsqu’elle est fondée , et qu’elle peut par conséquent étre utile. Il avoit été reçu de l’académie de Mont- pellier en 1776. Il avoit à Paris des con- noissances nombreuses parmi les savans ; il devoit espérer d'y trouver des ressources , et il en trouva en effet.

Notre respectable confrère Daubenton voyant que personne à Paris n’étudioit mé- thodiquement la classe d’animaux à laquelle Linnœæus a donné le nom de vers, s’étoit proposé de s’en occuper, et s’étoit même engagé à rédiger cette partie pour l’Ency- clopédie méthodique. Il avoit besoin de quelqu'un qui se chargeñt de faire les ex- traits nécessaires, et en général de tous les détails trop minutieux pour que son âge

et

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et ses autres occupations lui permissent de s’y livrer. Son ami Broussonnet, qui étoit aussi de Montpellier , lui procura la con- noissance de Bruguières; mais, lorsque ce- lui-ci rapporta au citoyen Daubenton les premiers échantillons de son travail, il se trouva qu’il avoit tout fait. Au lieu d’ex- traits informes et sans liaison , il présenta un ouvrage complet, dont toutes les parties étoient également soignées, et ses pro- pres idées et ses propres observations sur- passoient en nombre et en importance ce qu’il avoit tiré des autres. Le citoyen Dau- benton, trop riche de son propre fonds pour vouloir s’attribuer le travail d’autrui, et n’approuvant pas d’ailleurs entièrement la marche et les idées de Bruguières , lui abandonna la continuation de l’ouvrage ; et celui-ci en a composé en effet les deux demi-volumes qui existent, et qui, quoi- qu'ils n’aillent que jusqu'au C, suffisent pour lui assurer une réputation durable. On lui a reproché d’être trop diffus: et en effet on sent en le lisant que s’il n’a- voit pas travaillé à la feuille, il se seroit moins étendu ; mais c’est un défaut com- mun à la plupart des ouvrages faits de H

( 114) cette manière ; et il faut avouer que si son style est un peu traînant, on en est bien dédommagé par la plénitude de ses des- criptions , qui ne laissent rien à desirer sur les objets dont il traite. Quel mérite n’avoit- il pas pour les Français, en leur faisant connoître tous les travaux des étrangers sur des matières peu étudiées parmi-nous, et en leur dévoilant les richesses contenues dans leurs propres cabinets ? Il a doublé et triplé les espèces de certains genres ; il a mieux déterminé les caractères de plusieurs genres, et il en a établi beaucoup de nou- veaux. Il perfectionnoit cette dernière par- tie à mesure qu'il travailloit, et on trouve dans les planches dont il a dirigé les des- sins , un nombre assez considérable de genres qui n'étoient point dans le tableau qui précède le dictionnaire. Le citoyen Lamans , qui avoit été d’un grand secours à Bruguières dans ses travaux , a suivi ses vues ; il a exprimé les caractères des genres représentés dans ces planches, et dont Bru- guières n’ayoit laissé que les noms; mais quoiqu'il eût le droit de s'approprier un travail qui étoit bien à lui , puisqu'il a été obligé de le refaire, et que d’ailleurs les

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premières bases en ont été prises dans sa collection , il a préféré le consacrer à la mémoire de son ami, en lui attribuant tous les genres qu’il a ainsi restitués d’après ces planches. Elles ne vont, pour les coquilles, que jusqu’à la fin des bivalves. Il avoit aussi dirigé celles qui concernent les diffé- rens ordres de vers morus et les échino- dermes. Ce n’est que dans cette dernière classe, et dans celle des testacés qu’il a pu donner beaucoup de figures nouvelles, parce que nos cabinets sont très-pauvres en vers nus. C'est sans doute aussi la raison qui l'empêcha de donner à sa méthode géné- rale toute la perfection desirable. Cepen- dant les ordres des vers intestins et des chinodermes, qu’il a établis le premier, sont très-bons. Il n’y a que son ordre des vers mollusques qui comprend des espèces disparates ; mais-alors on étoit peu fami- liarisé avec ces animaux , et quoiqu'il exis- tât des descriptions anatomiques de quel- ques-uns, elles ne formoient point un en- semble , et sur-tout elles n’avoient point été faites avec des vues de naturaliste. Bruguières avoit entrepris , avec les'ci- toyens Lamarck, Olivier, Haüy, et avec H.2

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notre défunt confrère Pelletier, un jour- nal d’histoire naturelle , dans lequel il a inséré plusieurs mémoires intéressans sur les fossiles, sur différens coquillages nou- veaux, €t sur quelques antres objets. Ce journal, qui auroït pudevenir précieux pour les sciences , fut arrêté avant la fin de la première année , en partie par la révolu- tion du mois d’août 1792, qui lui enleva des souscripteurs, et en partie par le dé- part de deux des auteurs, les citoyens Bruguières et Olivier.

Il est peut-être honteux que la France, si riche en grands naturalistes et en belles collections d'histoire naturelle, n’ait au- jourd’hui aucun recueil périodique consa- cré à cette science, tandis qu’en Allemagne, les collections sont rares et pauvres, les princes ne font point faire de voyages, les moyens d’instruction sont en géné- ral presque nuls, il y a dans ce moment une vingtaine de journaux sur cet objet seul, uniquement dus à la patience invin- cible des écrivains de ce pays, et à l'amour des classes moyennes pour l’étude et pour les occupations honnêtes.

Je crois que cette différence tient à la

(Cr17) trop grande facilité que les naturalistes de la capitale ont de consulter les objets eux- mêmes : cela leur rend les descriptions par- ticulières peu nécessaires ; ils n’attachent de prix qu'aux idées générales et aux ou- vrages qui embrassent des sujets étendus ; -et par cette conduite ils privent de tout secours les hommes des départemens, dont les recherches pourroient être utiles, si des monographies bien faites leur servoient de matériaux : par cette conduite, dis-je, ils concentrent la science entre eux ; ils éta- blissent une barrière qui l'empêche de se répandre ; ils enfouissent les immenses col- lections que Paris renferme; et, par une inconséquence bizarre , au lieu de solliciter des secours pour publier ce qu’on a acquis, ils engagent le gouvernement à des dépenses beaucoup plus considérables, pour aller chercher au loin des choses neuves, qui viennent s’entasser ayec celles que l’on a déja , et périr ensemble dans la même obscu- rité. Il est peut-être une autre cause de cette insouciance des naturalistes de cette ville pour les objets de détail. La facilité de se livrer au plaisir , les charmes des sociétés aimables dans lesquelles:ils vivent , sont des H 3

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appâts qui ne leur laissent de temps que celui qu’ils veulent absolument consacrer à leur gloire, et il faut avouer que des des- criptions isolées, des discussions minutieuses n’y mènent point. Aussi Bruguières avoit-il su de bonne heure éviter ces écueils. Moœ destement retiré dans un fauxbourg au voisinage du jardin des plantes, il passoit quelquefois plusieurs semaines de suite sans sortir, uniquement occupé de son travail, ne connoissant de délassement que celui de varier ses lectures. ‘Il poussoit même l'a- mour de la retraite à l'excès, car il venoit très-rarement à la société d'histoire natu- relle , dont il étoit cependant l’un des fon- dateurs ; et son exemple, imité par quel- ques autres membres, a un peu contribué à arrêter , au premier cahier , la publica- tion des mémoires de cette société inté- ressante , en quoi, certes , nous avons quel- ques reproches à leur faire: car comment les sociétés savantes pourront-elles subsister, si, de ceux qui les composent , les uns n°y viennent point parce qu’ils sont gens de plaisir, et les autres parce qu'ils sont tra- vailleurs ? Cette indolence , cette immobi- lité physique , jointe à beaucoup de viva-

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cité dans la tête et dans l'imagination, al- téra jusqu’à un certain point la santé de Bruguières. Quoiqu'il n’eût guères que qua- rante ans , il étoit devenu lourd et replet, et il ne pouvoit endurer des fatigues con- sidérables. Aussi ses amis furent-ils très- étonnés lorsqu'ils surent qu'il se disposoit à faire un voyage en Orient. En effet, ce voyage a achevé de détruire sa santé , et c’est sans doute à cause de l’affoiblissement qui en a été le résultat, qu'il 4 succombé si vite à sa dernière maladie. Il a même essuyé des incommodités si fréquentes et si continues , qu’il a été réduit, pendant une grande partie de ce voyage , à une inaction presque complète. Cependant l'importance de cette expédition ne me permet pas de la passer sous silence , et je vais en rapporter les principaux faits, d’après le récit qu'a bien voulu m'en faire le compagnon et l’ami de Bruguières, le citoyen Olivier.

Le célèbre et malheureux Roland déter- D le conseil exécutif provisoire qu’on venoit d'établir dans les premiers momens de la République , et qui étoit composé de la réunion des six ministres ; à ordonner ce voyage, qui n'avoit d’abord pour but

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que de faire connoître les parties les plus reculées de l’empire ottoman , sous les rap- ports de l’histoire naturelle, du commerce, des arts et de politique. Chacun des mi- nistres donna à nos voyageurs une instruc- tion particulière , relative aux objets de son département. Partis de Paris le 16 bru- maire de l’an premier, ils passèrent trois ou quatre mois à Toulon et à Marseille, soit pour prendre les renseignemens néces- saires au but de leur voyage, soit pour attendre un navire convenable , et ils ne purent être rendus à Constantinople que le > prairial. Ils deyoient encore y être retar- dés : l'ambassadeur de France, Descorches, n’érriva que deux mois après eux. Il igno- roit leur mission , et fut obligé de deman- der en France des ordres à leur égard.

Le gouvernement , occupé alors de tant de manières , oublia quelque temps nos voyageurs, et les laïssa assez embarrassés , quoique leurs amis d'ici , qu’ils instruisirent de leur position , sollicitassent à diverses reprises en leur faveur. Cependant ils ne restèrent pas oisifs. Descorches leur donna quelques secours , et leur permit de visi- ter les environs de Constantinople ; la

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Troade , et quelques-unes des isles de l'Ar- chipel. Les observations les plus curieuses et les plus importantes sur ces contrées cé- lèbres, sur leurs productions, sur leurs monumens ; des plans de leurs villes, de leurs ports, de leurs rades , ont été le ré- sultat de ces excursions. Bruguières ne s’oc- cupoit que de l’histoire naturelle. Le ci- toyen Olivier s’étoit chargé des autres par- ties ; et nous devons nous attendre à de grandes richesses pour les sciences et pour l’érudition , lorsque les circonstances lui permettront de publier la relation de ce voyage.

Après avoir visité l’Archipel et séjourné quelque temps à Candie, ils se rendirent en Egypte. Des observations politiques, qui ont été bien employées depuis , les y occu- pèrent en même temps que les observations physiques. Le citoyen Olivier y fit aussi un grand travail sur cette horrible maladie que l'Egypte vomit de temps en temps sur le reste de l’empire turc, et qui se distingue d’une manière si affreuse parmi les fléaux qui affligent la nature humaine. Il nous pro- net un ouvrage neuf et complet sur la peste. Dans ce temps-là , les Mammelucs,

(ioe ) qui gouvernoient absolument l'Egypte , exer- çoient contre les Français les plus grandes vexations : elles ont été punies depuis d’une manière digne de la nation qui en avoit été la victime ; mais alors les Français étoient bien éloignés de croire qu'ils pour- roient porter si loin leurs armes victorieuses. L'ambassadeur ne vit d'autre moyen de soustraire le consul et les négocians à la tyrannie des beys, que de leur ordonner de venir à Alexandrie se mettre sous la pro- tection des caravelles du Grand-Seigneur. Il écrivit en même temps à Bruguières et à Olivier que tout étoit disposé pour qu'ils pussent entreprendre leur voyage d'Orient, et qu'ils n’avoient qu’à revenir à Constan- tinople pour se concerter avec lui. Le mi- mistre des affaires étrangères Desforgues Favoit autorisé à fournir à tous leurs be- soins ,-mais sans leur fixer de traitement déterminé. Ils partirent. d'Alexandrie le 11 floréal, et arrivèrent à Constantinople après quarante-huit jours de navigation. Il faut quelquefois deux mois pour faire cette route en été , tandis qu’en hiver on peut la faire en huit jours, parce qu’alors les vents soufflent du sud: Durant cet inter-

A{11923/) valle ; Descorches avoit été rappelé, et rem- placé par Verninac. Les voyageurs obtin- rent de la part de celui-ci tous les agrémens et toutes les facilités possibles, maïs sur- tout l’avantage inappréciable pour des na- turalistes de pouvoir parcourir en süreté, et à l'abri d’un caractère respectable , la Perse, ce pays si riche et si neuf pour les sciences , dont les guerres civiles conti- nuelles écartent depuis si long - temps les étrangers , et dont il eût même été dange- reux pour eux de franchir les frontières sans les circonstances extraordinaires qui les favorisèrent. On peut juger d’après cela de leur impatience pour entreprendre ce voyage. Cependant ils furent arrêtés par léur dévouement aux intérêts de la France, et par leur desir de contribuer à lui concilier l'affection de Porte Ottomane. Ils se con- duisirent même dans cette circonstance avec une générosité remarquable dans d’autres que dans des Français, et qui ne fut ré- compensée qu’à la turque. La Porte proje- toit de faire construire à Constantinople un bassin sur le modèle de celui de Toulon ; des Arméniens qui avoient appris que les deux voyageurs avoient découvert dans

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l’Archipel une carrière de pouzzolane , vin- rent leur offrir trente mille piastres pour en apprendre la position sous le sceau du secret. Ils étoient sûrs de ne pas perdre leurs avances , puisque d’un autre côté ils exi- geoient du gouvernement turc une somme double, pour lui révéler cette découverte unportante ; mais nos voyageurs aimèrent mieux s'ouvrir directement à la Porte: ils retardèrent leur voyage de Perse pour aller dans les îles de Santorin , de Milo et de V’Argentière , y présider aux fouilles , etils envoyèrent de la première plusieurs sacs d'excellente pouzzolane à Constantinople. Ils surent même résister à une nouvelle ten- tation , d’autant plustforte que la pitié s’y unissoit à l’intérêt. Les habitans de Santo- tin , prévoyant que cette carrière , qui, sous tout autre gouvernement | seroit devenue pour leur île une source de prospérité , al- loit au contraire devenir une nouvelle cause de vexations,, attendu que les Turcs ne man- queroient pas de la faire exploiter aux dé- peus de l’île, s’assemblèrent et envoyèrent leurs chefs chez l’évêque latin, nos voyageurs étoient logés, pour leur faire des offres considérables , à condition qu'ils

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déclareroient s'être trompés dans leurs es- pérances. Les deux Français s’y refusèrents Ils passèrent plusieurs mois à ces occupa- tions ingrates ; et cependant, tout ce qu’on a pu obtenir pour eux de la Porte, en- core seulement à leur retour de Perse, a été une somme de deux mille piastres, équi- valente à-peu-près à quatre mille francs.

Les trois îles, sur-tout celle de Santo- rin , sont très-remarquables comme volca- niques , et le citoyen Olivier nous rapporte des observations très-précieuses sur elles.

Enfin , après s'être débarrassés de ce der- nier empêchement, nos deux voyageurs s’embarquèrent pour la Syrie ; ils arrivèrent à Barut, qui est l’ancienne Beryte, le 14 vendémiaire de l’an 4.

Ils visitèrent les ports de Tyr et de Sidon, dont la petitesse ne répond guère à l’éten- due du commerce dont ils furent autrefois le centre, et ils se rendirent à Alep par Lataquié , l’ancienne Laodicée. Ils se joi- gnirent, à Alep, à une caravane qui al- loit à Bagdad par la Mésopotamie, c’est-à- dire par Ourfa , Merdin et Mosul. A leur arrivée à Bagdad, cette grande ville étoit dans l'agitation ; le pacha étoit très-malade.

(126) Deux médecins qu’il avoit fait venir de Perse l’avoient déja condamné. Comme À cette extrême frontière de l’empire , la surveil- lance du divan est à-peu-près nulle, cha- cun intriguoit pour le remplacer ; la subor- dination n’existoit plus, et les Arabes pro- fitoient de ce relâchement pour piller avec plus d’audace sur toutes les routes. Le ci- toyen Olivier rétablit le pacha en trois jours. Tout rentra dans l’ordre ; le kiaia ou le vice-pacha seul paya , quelque temps après, de sa tête les efforts qu'il avoit faits pour succéder à son maître. On pense ai- sément qu’un tel début leur concilia la fa- veur du pacha. Aussi s’empressa-t-il de leur fournir ce qui étoit nécessaire à leur voyage, et 1l leur donna des lettres de recomman- dation pour les ministres du roi de Perse. Is partirent de Bagdad le 27 floréal an 4, et après avoir traversé du sud au nord la partie occidentale de la Perse, ils arri- vèrent à leran, qui en est la nouvelle ca- pitale, le 13 prairial. Cette ville est située à cent lieues au nord d’Ispahan, et à qua- rante lieues à l’est de Casbin ; sa distance de Bagdad est de deux cent cinquante lieues. On sait que depuis la mort de l’usurpateur

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Nadir-Schah, que nous connoissons davan- tage sous son premier nom de Thamas-Kou- li-Kan, la Perse est livrée à des guerres civiles interminables, et aux brigandages continuels de chefs qui s'égorgent succes- sivement. Lors de l’arrivée de nos deux voyageurs, Aga-Mehemet-Kan, étoit par- venu à réunir presque toutes les provinces sous sa domination. C’est le même qui s’est fait connoître en Europe par le massacre qu’il fit, après avoir pris Téflis en Geor- gie, de tous les négocians russes qui s'y trouvoient, massacre qui détermina la Rus- sie à lui faire une guerre dans laquelle elle est parvenue à s'emparer de presque toutes les côtes méridionales de la mer Caspienne. Il avoit fixé sa résidence à Téran, parce qu'il sy trouvoit au milieu de sa tribu, et qu'il y jouissoit de plus de sûreté que dans tout autre lieu.

C’étoit auprès de lui que nos deux voya- geurs étoient dépêchés. Il ne nous est pas permis de révéler ici l’objet de leur mission ; la politique a des secrets qui ne peuvent | paroître au grand jour que lorsque leur pu- blication n’intéresse plus que l’histoire : mais je devois indiquer comment deux simples

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naturalistes ont pu parcourir paisiblement ce pays barbare ; il étoit beau d’ailleurs de montrer, d’une part, la République fran- çaïse encore naissante , influant déja jus- qu'à un certain point sur la politique d’un empire avec lequel la France n’avoit pas eu de liaisons depuis Louis XIV ; et de l’autre, deux philosophes , deux simples observa- teurs de la nature , chargés des plus grands intérêts de leur pays, et ne pouvant réus- sir dans leur négociation qu’à l’aide de cette même science qui sembloit y avoir si peu de rapport.

La cour n’étoit pas à Téran , lorsque nos deux voyageurs y arrivèrent. Méhémet étoit parti pour le Corasan, afin d’achever la con- quête de la Perse par cette province, la seule qui lui résistàt encore , et que tenoit Scharock-Schah. Le gouverneur de la ville leur laissa la liberté d’attendre le roi à Téran, ou d’aller le joindre dans le Cora: san. Voir le Corasan, ce pays qu'aucun na- turaliste n’a encore visité, et qui fournit cependant un si grand nombre de produc- tions à nos pharmacies; ce pays monta- oneux, Si voisin de cette fameuse bosse de Tartarie , la pépinière des hommes ! On juge

aisément

(129 ) aisément à quel point nos voyageurs de- voient le desirer ; mais la santé de Bruguière, menacé d’une dyssenterie dès Bagdad, et qui, en général , avoit toujours souffert depuis qu'il avoit quitté la mer, les en empêcha absolument , d'autant plus qu'il auroit fallu traverser le Masanderan, pro- vince chaude et marécageuse , qui borde la mer Caspienne au midi, et dont l’air est

dangereux , même pour les gens bien por-

5 tant. Ils allèrent se loger dans le village de Tegritsch , dans le voisinage de la ville, aw pied du mont Albourg, afin d’être plus libres dans leurs travaux, et ils y attendirent l’ar- rivée du roi, qui eut lieu le quatrième jour complémentaire de l’an 4. Ils obtinrent de son ministre Adji-Ibrahim deux audiences les 1 et 2 vendémiaire suivant : elles eurent, relativement à l’objet politique , tout le suc- cès qu’on pouvoit espérer ; et, quant à l’ins- truction, elles procurèrent à nos deux voya- geurs la connoïssance d’un homme instruit et actif, secrétaire d’Ibrahim, qui ne leur laissa rien ignorer de Phistoire de Perse et des troubles qui ont agité ce malheureux pays depuis quarante ans. Le citoyen Oli- vier, qui a encore recueilli d’autres docu- 1

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mens sur cet objet, se propose de publier incessamment cette histoire. On sait qu’il n'y a point en Orient d’ambassade perma- nente : les envoyés s’en retournent aussi- tôt qu'ils ont rempli l’objet de leur mis- sion. Nos deux Français reçurent donc leur audience de congé le 12 vendémiaire. Ils prévoyoient d’ailleurs les nouveaux troubles qui n’ont pas tardé d’éclater. Méhémet a été assassiné , à ce qu’on croit par l’instiga- tion d’un de ses généraux, qui n'ayant pas réussi à lui succéder , s’est réuni depuis à Baba-Khan son neveu, et à son ministre Ibrahim. Ils règnent aujourd’hui dans le nord ; mais le midi ne reconnoît pas leur autorité : les nouvelles publiques nous ont même parlé depuis peu de nouvelles révoltes, qui ont peut-être déja mis fin à ce pouvoir usurpé.

Les deux Français revinrent par Ispahan, ils séjournèrent un mois. Cette ville, au- trefois l’une des plus grandes du monde, est à peu près ruinée aujourd’hui ; mais on voit encore les traces de son ancienne splen- deur. Les ruines du palais des sophis an- noncent qu’il surpassoit celui de Versailles en étendue, et montrent que les arts n’é-

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toient point négligés en Perse avant ses malbeurs actuels.

Bruguière fut sur le point de perdre la vie sur les frontières de la Perse, s’il n’eüt été secouru par son compagnon de voyage. Son cheval ayant glissé dans un chemin en pente , étoit tombé avec lui dans un fossé. Des voleurs, qui suivent, dans ces pays-là, toujours les caravanes pour profiter des occasions qui peuvent se présenter, mais sur-tout pour assaillir les traîneurs, ne man- quèrent pas de fondre sur lui. Le citoyen Olivier , averti par ses cris, retourne à eux et les attaque ; mais ses armes lui manquent dans ce pressant besoin , sans doute parce que la poudre étoit trop humide. Il est lui- mème abattu d’un coup sur la nuque ; et lorsqu'il commence à reprendre connois- sance , 1l apperçoit au loin les voleurs, qui emportoient ses pistolets, son fusil et son turban. Cependant le pacha Curde, qui pré- side aux frontières, ayant été averti de ce délit, parvint à recouvrer ses effets , et les lui renvoya à Bagdad. »

Bruguière demeura six mois malade dans cette dernière ville, ou plutôt son indolence naturelle ayant trouvé un prétexte dans son

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affoiblissement , il fut impossible, pendant tout ce temps-là, de le faire partir. Le ci- toyen Olivier , impatient de rendre compte de sa mission , fit pour cela mille efforts inutiles ; il tâcha cependant d'employer ce long espace, et il y prépara les matériaux de son voyage. Il y exerça la médecine ; et, indépendamment de l’aisance que cela. leur procura à l’un et à l’autre, il parvint à connoître les mœurs domestiques des ha- bitans, beaucoup mieux qu’on ne l’a fait jus- qu'ici. Il a même, sur l’intérieur des harems, des détails très-neufs et très-intéressans.

Enfin Bruguière ayant consenti à partir. dans une litière portée par des chameaux, nos deux voyageurs traversèrent le désert, et arrivèrent à Alep, après soixante-cinq jours de marche. Ils s'embarquèrent à La- taquié pour l’île de Chypre, qu’ils traver- sèrent sans accident , quoique dans la sai- son la plus mal-saine de ce pays si mal-sain. De-là ils se rendirent à la côte de Carama- nie, et ayant traversé l'Asie mineure, ils arrivèrent à Constantinople à la fin de ven- démiaire an 6. |

Cette dernière partie de leur voyage n’est pas la moins curieuse, L'intérieur de l’Asie

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mineure est très-peu fréquenté par les Eu- -ropéens. Entre autres observations intéres- santes que nos voyageurs y Ont faites , ils y ont trouvé tous les fruits que nous cul- tivons en Europe , dans leur état sauvage.

Ils employèrent plusieurs mois à réunir leurs caisses, dont une partie étoit à Cons- tantinople , une autre à Lataquié, et une troisième à Scio. Il en est même resté en Egsypte jusqu’à ce jour. La mort de l’am- bassadeur Aubert-Dubavet les retarda en- core. Enfin ils quittèrert la capitale de empire ottoman le 11 prairial, arrivèrent à Athènes le 17 , y passèrent dix-sept jours, examinèrent tous ces lieux si peu étendus, et cependant si célèbres dans l’histoire des hommes, Marathon, Eleusis, Mégare, Sa- lamine, etc. traversèrent l’Isthme de Co- rinthe, s’embarquèrent sur le solfe de Lé- paute., et arrivèrent à Corfou le 26 mes- sidor ; après avoir touché à Céphalonie , à Jihaque , et à Parga en Epire. Il étoit temps qu'ils arrivassent sur un territoire français ; car, à cette même époque, Bonaparte des- endoiït en Egypte, et, quelques jours plus tard, les objets acquis pendant six années de, courses et de travaux continuels , saisis

EL $

(154)

“par les Turcs, auroient à jamais été perdus pour nous et pour les sciences. Malheureu- sement le citoyen Olivier ne réussit pas de même à conserver son compagnon et son ami. Le dépérissement de la santé de Bru- guière augmentoit à vue d'œil : étant dé- barqués le 23 fructidor à Butrento , ils ar- rivèrent à Ancône le deuxième supplémen- taire. Le malheureux Bruguière y fut atta- qué d'une fièvre maligne qui l’emporta presque subitement le 11 vendémiaire de Van 7. Il laisse une épouse et trois enfans sans fortune ; mais le gouvernement ne per- mettra pas sans doute que la famille d’un homme qui a sacrifié sa vie au bien public devienne la victime de son dévouement. Le citoyen L’Héritier vient de consacrer la mémoire de Bruguière un nouveaw genre de plante , sous le nom de brmguiera. L’es- pèce dont ce genre est formé a été trouvée par Brusuière lui-même dans les rochers de Madagascar , lors de son voyage dans la mer des Indes. C’est un arbre de moyenne grandeur. Son caractère générique, qui est très-remarquable, consiste en ce que les éta- mines sont élargies et ressemblent à des pé- tales , et que les anthères sont assises sur le milieu du disque de ces faux pétales.

(0235)

NOTICE HISTORIQUE

Sur Joserx - Hrcairne Eckner , garde du cabinet d’antiquités de Vienne.

FAR ALES MTLELN:

CiToYEens,

LE nom de la société philomathique in- dique suffisamment qu'aucune des sciences qui servent à la culture de l'esprit humain ne lui est étrangère ; et, quoique les con- noissances physiqueset mathématiques soient l’objet plus spécial de ses travaux, en ins- tituant une classe d’antiquités , elle a voulu prouver qu’elle accueilloit aussi ceux d’éru- dition, et qu’elle en reconnoissoit l’utilité.

L'étude de l’antiquité et celle des sciences physiques ont plus de rapports entre elles qu’on ne l’imagine.

L4

( 136 )

L’érudit, en combinant les passages des classiques et les monumens, en tire des résultats et des conséquences qui nous ins- truisent de l’état primitif de chaque science et de ses progrès ; le physicien et le natu- raliste apprennent à l’érudit à vérifier la possibilité des faits physiques dont il trouve des détails dans les auteurs anciens , à dé- terminer les objets qui y sont décrits, et enfin à l’archæologue à bien connoître la naiure des substances employées par les ar- tistes , et rapporter aux espèces connues les êtres figurés sur les monumens.

Cet heureux accord des sciences physiques et historiques a été complétement démontré par les savans écrits de Bochard, de MM. Schneider, Schreber, Beckmann, Boettiger, Veltheim , et par le dernier ouvrage publié par M. Sprengel sur les antiquités bota- niques (1).

On ne trouvera donc point étrange que je vienne entretenir la société philomathique

(1) Jai donné un extrait étendu de ce bel ouvrage dans le Magazin Encyclopédique, année IV , tom. II, pag. 29.

(137)

d’un savant qui ne s’est occupé toute sa vie que des aniiqnités. On s’en étonnera d’au- tant moins, quañd on verra que la méthode qu'il a introduite dans cette science a beau- coup de rapport, par la manière de classer les objets, avec celle des naturalistes, et qu'il est le réformateur de la science numisma- tique, comme Linnéus a été celui de lascience de la nature.

Ce savant , dont l’Europe pleure la mort encore récente, est Ecxuezr , garde du ca- binet des antiques de l’empereur, à Vienne. Sa perte est la plus grande que la science des médailles ait pu faire depuis celle de l'illustre Barthélemy.

Joscrn-Hizaine Ecknez est nc en Autri- che, le13janvier 1737 à Entzesfeld sous Enns, son père régissoit les biens du comte de Sinzendorf. Il se distingua de bonne heure par son amour pour l’étude pendant ses humanités, et par ses qualités morales. Il acquit promptement les connoissances fon- damentales dans la langue latine, la litté- rature et l’histoire.

Il entra le 17 octobre 1751 dans l’ordre des jésuites à Vienne, Il recommença ses

(.138 )

humanités à Léoben en Styrie, et il ajouta à ses connoissances celles de la philosophie, des mathématiques , de la théologie, des langues grecque et hébraïque. Il commença dès-lors à donner une idée de son éduca- tion classique par la composition de deux odes sur le mariage de Joseph IT, et de Joséphine de Bavière en 1765 (1).

De retour à Vienne en 1766, il enseigna le latin au Theresianum ; puis à Steyer en Autriche sur Enns, dansl’école impériale des cadets, la grammaire et la réthorique.

Il enseigna, depuis 1768 jusqu’en 1771, la poésie et l’éloquence dans le gymnase de FUniversité de Vienne. Plusieurs écrivains qui honorent l'Allemagne sont sortis de son école , entre autres le célèbre Alxinger (2), qui fut un de ses disciples les plus recon-

QG) Odæ duæ, quum Josephus H et Josepha Bavariæ princeps muptiis jungerentur. Viennæ Austriæ ; 1765 , 49. d

(2) J'ai donné dans le Magasin Encyclopédique , année III , tom. VI, p. 57, une notice sur Jean- Baptiste Alxinger ,; un des premiers littérateurs de l'Allemagne. On y verra combien il avoit d’attache-

ment et de reconnoissance pour son respectable maître,

(RS 9N) noissans et les plus chéris ; il avouoit qu’il lui étoit redevable d’une grande partie de ses talens et de ses succès.

L'étude des médailles étoit, dès cette épo- que, l’occupation favorite d’Eckhel; il lui don- noit tout le temps que lui laissoient les devoirs de sa place.

Il fit profession dans son ordre en 1770; et après la mort de son illustre maître le

sarde du cabinet de

père Khell, il eut la g

médailles des jésuites.

Ce fut vers cette époque qu'Eckhel com- mença à se faire connoître dans le monde littéraire , mais par des écrits étrangers à la science dont il devoit un jour poser les vrais principes, et reculer les limites. Il pu- blia en 1768 un poëme allemand sur le dé- part de la princesse Marie-Charlotte (1), et en 1770 un discours sur le voyage de -Soseph en Italie (2). Je n'ai jamais vu ces deux écrits, dont je ne connoiïs que le titre. Ce fut à peu près dans le même temps qu'il

(1) Gedicht auf die Abreise I, K. H. Marien Char- lotten, Erzherzogin von OEstreich, zen. 1768, in-8°.

(2) Rede auf die Reise Josephs IT in Italien eben- das. 1770 , én-00,

( 140 ) publia une explication grammaticale: des prophéties d'Hagée.

Après avoir muni sa mémoire. de con- _noissances littéraires nécessaires à ses études, Eckhel brèloit du desir de les perfectionner par des voyages ; l'Italie, vers laquelle se tournent toujours les regards d’un antiquaire, excitoit sur-tout sa vive curiosité.

Il obtint en x772 d’être envoyé à Rome, et partit au mois d'août. Son goût pour le vrai beau, l’étendue de ses connoïssances, la solidité et la sagesse de son, érudition, la noblesse et la franchise de son caractère, lui concilièrent l'estime et l’amitié des plus célèbres savans de l'Italie, et principalement de MM. Lanzi, Marini et Oderici.

Edmond Cocchi, garde du cabinet de Florence , eut avec lui de fréqmens entre- tiens sur les médailles. Eckhel-lui fit con- noître ses idées nouvelles sur la numrisma- tique, et sa méthode de classer lesmédailles, dont je parlerai. bientôt. Cocchi en sentit toute l’importance ; et comme son ame, inac- cessible aux préventions d’une basse jalousie, n’étoit sensible qu'aux progrès réels de la science qu'il chérissoit, il, présenta au grand duc l’antiquaire viennois, et Léopold I le

(141) chargea de ranger son cabinet d’après som nouveau système: ce qu'il exécuta avec au- tant de succès que de célérité.

Léopold avoit recommandé Eckhel à sa mère Marie-Thérèse : à son retour , et après la destruction de l’ordre des jésuites, il fut nommé en 1774 directeur du cabinet des médailles, et professeur d’antiquités.

Denis | qui avoit succédé à AAel] dans sa place de bibliothécaire , remit à Eckhel les papiers de son maître. Celui-ci examina avec soin ses notes et ses empreintes, pour enrichir le savant et précieux ouvrage qu’il projetoit dès-lors de publier.

En 1775 , parut ce recueil intéressant de médailles anecdotes (1), il disposa les médailles selon le système qu’il s’étoit formé, et dont il est temps de rendre compte.

Parmi les amateurs qui forment des col- lections, il en est qui s’attachent particu- lièrement à quelques suites : lParrangement

(1) Numi veteres anecdoti ex museis cæsareo vin- dobonensi , Florentino magni Ducis Etruriæ, Granel- liano nunc Cæsareo, Vitzaiano , Festeticsiano , Savor-

guano Veneto , aliüisque. Wiennae Austriæ , 1775 , 4°.

(142) de ces suites particulières n'offre aucune difficulté, la disposition des collections gé- nérales en présente davantage.

L'usage ordinaire est de distribuer les médailles, d’après le module et le format, dans chacune des suites. On place d’abord les médailles autonomes par ordre alpha- bétique et selon les métaux ; celles des rois, selon le module et le métal; les fa- milles romaines et les impériales, selon le module et le métal. Quelques-uns y joignent les médailles coloniales ; d’autres en forment des suites particulières : les médaillons et les contorniates font encore des suites à part.

Cette disposition est celle qui a été adoptée par les maîtres de la science, et dans les plus riches cabinets. On sent cependant combien elle est gênante , puisque, pour avoir la série des événemens, il faut chercher dans vingt cases différentes pour parcourir , dans toutes les suites, tous les modules et tous les métaux; et que l’ordre alphabé- tique, en séparant les médailles d’un même pays, rapproche celles des villes les plus éloignées. Aïnsi PanricaPée, dans la Tau- ride , se trouve auprès de Paxorma en

(143 )

Sicile, et de Papuos dans l’île de CAypre.

Pellerin est le premier qui ait apperçu combien une pareille distributiou étoit éloi- gnée de l’esprit philosophique qui doit servir de base à la théorie de toutes les sciences. Il a distribué ses médailles de villes suivant les contrées auxquelles elles appartiennent, et ce rapprochement lui a fourni des expli- cations qu'autrement il n’eût jamais trou- vées; mais il n’a pas encore porté sa méthode assez loin: il s’est contenté de grandes di- visions géographiques. Ainsi il a misensemble toutes les médailles d’une même contrée, puis il les a rangées selon l’ordre alphabé- tique, sans avoir égard à la province de cette contrée à laquelle ces médailles ap- partiennent ; il a anssi séparé des médailles de villes celles des rois et @elles des colonies.

Eckhel a senti l’inconvénient de ces diffé- rentes méthodes, ou plutôt il a vu qu'il n’y avoit point de méthode; il a reconnu, avec Pellerin, qu'il étoit aussi ridicule de distri- buer les médailles selon leurs métaux ou leurs modules, que d’arranger les plantes selon leurs qualités; ou d’après la durée de leur tige, de les distribuer en herbes, en arbustes et en arbres,

(144)

La méthode est le fil d'Ariane qui doit nous conduire dansle labyrinthe dessciences. Sans la méthode, les plus belles connoïissances ne sont qu’une routine , que l’on possède plus ou moins bien, selon qu’on a une mémoire capable d’embrasser un plus ou moins grand nombre d’objets et de les retenir ; mais c’est la méthode qui change l’empirisme , qui n’est que le résultat de l'habitude et de l'expérience , en théorie : résultat heureux de la réflexion et de la combinaison des idées sur les objets soumis à notre observation.

La méthode est donc aussi utile dans la numismatique que dans les diverses parties de l’histoire naturelle.

À l’aide des caractères d’une substance naturelle , caractères tirés des dents pour les mammifères , des organes de la bouche pour les insectes, des nageoires pour les poissons , des organes sexuels pour les plantes, etc. on peut déterminer à quelle classe, à quel ordre , à quel genre, à quelle espèce appartient chaque individu que l’on rencontre. À l’aide des caractères d’une mé- daille, caractères tirés de son métal, ‘de sa fabrique , de son style, de sa forme, de son ‘z pes de son inscription , on peut

déterminer

( 145 )

déterminer à quel peuple , à quelle ville, à quel roi, à quel empereur on doit la rap- porter. C’est l'étude de ces caractères qui forme la théorie de la science ; et la mé- thode numismatique est aussi nécessaire pour la recherche et la classification des médailles , que la méthode botanique, pour l’investisation et la classification des plantes.

Linnéus, en soumettant toutes les par- ties de l’histoire naturelle à un arrangement systématique , a mérité le titre de réfor- mateur de cette science’: le savant Eckhel, en soumettant la numismatique à une dis- tribution méthodique mieux combinée, est digne des mêmes éloges et du même honneur. Voici l’ordre qu'il a suivi dans l’arrange- ment du cabinet de l’empereur à Vienne, ordre qu’il a fait connoître dans la descrip- tion qu’il a publiée de ce muséum, et qu'il a suivi dans l’ouvrage dont nous rendons compte.

Il forme de toutes les médailles antiques deux grandes divisions.

10. Les médailles des villes, des peuples et des rois.

2°. Les médailles romaines.

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( 146)

Les médailles des villes sont rangées se- lon le systéme géographique: il sous-divise encore les médailles ainsi disposées , selon les provinces dont la réunion formoit chaque état; et les villes qui composoient chacune de ces provinces sont ensuite rangées alpha- bétiquement.

La suite chronologique des roïs est placée après la suite géographique des villes qui étoient soumises à leur domination.

Quelques érudits séparoïent autrefois les médailles coloniales dont l'inscription étoit grecque, de celles dont l'inscription étoit latine. Hardouin est le premier qui les aït réunies. Eckhel joint toutes les coloniales aux autonomes, pour former une série plus complète des médailles des villes. Cette ré- forme est celle qui a le plus trouvé d'obstacles parmi les savans : cependant elle est abso- lument essentielle ; et on sentira combien elle est fondée, si on veut faire attention que le revers de ces médailles a toujours plus de rapport à l’histoire de la ville qui les a fait frapper , qu’au prince dont la tête est représentée sur la face.

Pellerin avoit fait une suite à part des mé- dailles des îles; Eckhel les réunit aux con-

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trées dont elles étoient les plus voisines, parce qu'il observe qu’elles ont suivi les mêmes procédés et les mêmes règles pour frapper leurs monnoies.

Quant aux monnoies romaines , Eckhet suit une autre marche ; il les sépare en monnoies consulaires et en monnoies impé- riales.

Les monnoies consulaires sont celles qui ont été frappées sous les consuls, et qu’on appelle aussi des familles romaines, parce qu’elles nous offrent la suitedes plus illustres maisons de Rome. Il est impossible de leur donner un arrangement systématique , soit chronologique ou autre, sans se livrer à une foule de conjectures plus incertaines les unes que les autres: ainsi, il les dispose d’après larègle ordinaire, selon l’ordre alpha- bétique des noms de famille.

On a rangé les médailles impériales de différentes manières: les uns, selon l’ordre alphabétique du revers; mais cetordre alpha- bétique ne pouvoit être d’aucune utilité pour l’histoire, il n’y jettait aucun jour: d’autres ont adopté l’ordre chronologique, et c’est le plus grand nombre, mais d’après des idées différentes.

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Occo et Â7ezzobarba ont pris pour base de leur arrangement les fastes romains ; mais ils se sont livrés à trop de conjectures en voulant faire entrer dans cet arrangement des médailles qui n’offroient aucune indi- cation précise. Eckhel a conservé de cet arrangement ce qui lui paroissoit certain, et il a rejeté le. reste,

Le seul inconvénient qu'offre cette dis- tribution, c’estqu’elle oblige à refaire presque tous les cartons à médailles des anciens ca- binets; mais cet inconvénient est bien léger auprès de l’immense utilité de la méthode.

L'ordre géographique et l’ordre chrono- logique ainsi adoptés jettent le plus grand jour sur l’histoire; et la connoïssance de la numismatique elle-même en reçoit de grands accroissemens.

On peut, de cette manière, étudier , rela- tivement à chaque contrée, dans la suite de ses médailles, les noms de ses provinces et de ses villes, la chronologie de ses princes, les différens caractères des langues qui y ont été en usage ; démêler son degré de misère ou de prospérité, par la richesse ou la pauvreté des métaux sur lesquels ces mon- noics sont frappées ; suivre la naissance ,

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les progrès et la chûte des arts, le style du dessin et le goût de la nation, par la forme des figures ; connoître les noms de ses dif- férens magistrats, ses grands hommes, ses cérémonies, ses jeux et ses fêtes, les objets de sa vénération et de son culte, et une foule de particularités nécessaires pour la parfaite intelligence de son histoire.

Ce fut donc d’après ces principes qu’Eckhel distribua ses médailles anecdotes. Outre les notes qu'il avoit apportées d'Italie, il avoit encore trouvé dans le cabinet de Vienne un grand nombre de médailles inédites, malgré les peines infinies de Jamerai Duval, de Froelich et de KAel/. Eckhel les distribue d’après sa méthode, et les décrit avec la justesse et la précision qui lui sont propres. Son ouvrage est divisé en deux parties. La première est précédée d’une préface, dans laquelle Pauteur rend compte des voyages nuinismatiques qui lui ont procuré les ri- chesses qu’il décrit ; elle offre ensuite les médailles anecdotes c’est-à-dire inédites ou mal expliquées, de toutes les contrées de l’Europe.

La seconde renferme les médailles de l’ Asie et de l’Afrique , et enfin celles douteuses

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[2600 9

et incertaines. Eckhel n’a décrit dans cet ouvrage qu'un très-petit nombrede médailles des familles ou des empereurs frappées à Rome. Le texte est accompagné de XVII planches qui renferment un grand nombre de médailles figurées avec une grande fidé- lité, genre de mérite aussi rare qu'important.

Cet ouvrage, qui réunit des connoissan- ces si transcendantes , porta la réputation d'Eckhel au plus haut degré. Il fut bientôt suivi d’un autre, dans lequel il fit une appli- cation encore plus étendue de sa méthode. Ce futle Caralogue du cabinet de Vienne (1); disposé comme il avoit fait celui de Florence. Entièrement occupé des devoirs de sa place, il n’avoit rien négligé pour augmenter la riche collection qui lui étoit confiée ; il y réunit la suite des médailles de villes de M. Ilgner et la suite impériale d'argent du comte Ariosti.

Il ne laïssoit jamais échapper l’occasion d'acquérir ou d’obtenir par des échanges

(Gi) Catalogus Musei cæsarei vindobonensis numo- rum veterum, distributus in partes If, quarum prior monetam urbium ; populorum, regum ; altera Romano-

rum complectitur. Vindobonae 1779, vom. IF, fol.

(HRôx ))

les médailles isolées qui manquoieut à sa collection.

Ce catalogue, dédié, comme louvrage précédent, à l’impératrice Marie-Thérèse , n’avoit d’abord été fait que pour l'usage du cabinet, et n’étoit point destiné à l’im- pression, parce qu'Eckhel avoit décrit les médailles les plus rares et les” plus inté- ressantes -dans ses Numi anecdoti ; mais sa publication parut nécessaire , et offrit un ensemble que n’avoit pas le catalogue de Khell, ni celui de Froelich, parce que quelques suites essentielles manquoient alors à ce cabinet. ;

Dans Pétat Eckhel Va publié, il dit qu'aucun autre cabinet de l'Europe ne peut lui être comparé, si ce n’est celui de France, qui est parvenu à un tel point de richesse , qu'aucun laps de temps, qu'aucun moyen pécuniaire ne peut donner l'espoir de lat- teindre.

Eckhel n’a fait graver à la suite de cet ouvrage que huit planches, sur lesquelles il a figuré seulement les médailles inédites ou mal connues dont il n’avoit pas parlé dans ses num anecdoti. À la fin de sa préface, il se justifie des imputations du célèbre Pel-

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(252 D

lerin, Ce numismatiste , au-dessus de tout éloge, s’étoit plaint assez amèrement, dans la préface de ses volumes vrr et virr, et plus encore dans ses additions aux neuf volumes , de ce qu'Eckhel avoit relevé quel- ques-unes de ses erreurs. Son amour-propre, un peu susceptible, l’accusa d’avoir recherché, avecune satisfaction maligne, les fautes qu’il avoit pu faire , et de lui en avoir attribué qu'il n’avoit pas commises. Il ajouta : « Ce qui » porte les critiques à exercer ce métier, » ivest le plus souvent qu’une basse jalousie, » qui fait distiller de leur plume le venin » dont leuramour-propreestinfecté ». Eckhel. repousse avec dignité un reproche si peu fait pour lui, et si éloigné de la douceur de ses mœurs et de son caractère. La numisma- tique, dit-il avec raison , est d’une telle difficulté, que les hommes les plus célèbres et les plus habiles y peuvent commettre des erreurs, sans qu’elles doivent rien faire pré- sumer contre l'étendue et la solidité de leur instruction. Quelquefois celui qui publie de nouveau une médaille l’a mieux lue, parce qu’il a possédé un exemplaire plus complet. Quant à l’imputation d’avoirrelevédes fautes qui n’existoient pas, Eckhel appuie ses éri-

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tiques sur des raisonnemens et des preuves, et il finit par rendre un témoignage éclatant aux connoissances du respectable, savant, et vertueux Pellerin. Il donne ensuite une notice historique sur le cabinet de Vienne.

De 1779 à 1786, Eckhel ne publia rien; mais il fit paroître, dans le courant de cette dernière année, un premier recueil de mé- dailles anecdotes contenant celles qu’il avoit déterminées et décrites depuis la publica- tion de ses Nzmi anecdoti (1). Elles y sont rangées comme dans le premier ouvrage. Ce recueil est accompagné de 10 planches : il n’a point eu de suite.

Ce fut encore en 1786 qu’il publia une monographie numismatique, dans laquelle il fait l'application de sa méthode. C'est une description des médailles d’Antioche de Syrie (2), présentée comme un essai de critique numismatique. Il expose, dans la préface de ce petit écrit, le plan de lou- vrage immense qu’il préparoit alors, et qui

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(1) Sylloge I numorum veterum anecdotorum the- sauri cæsarei. Vriennae ; 1786, ën-4°. (2) Descriptio rumorum Antiochiæ Syriæ, sive spe-

cimen artis criticæ numariæ. Ÿiennae ; 1766.

(154 ), devoit donner à la science une forme abso- lument nouvelle.

L'année 1787 vit paroître un petit Traité élémentaire de numisinatique à l’usage des écoles (1). C’est une esquisse légère, dans laquelle il cherche plutôt à inspirer du goût aux jeunes gens pour cette science , qu’à les y initier. Il en explique d’abord les premiers principes , et présente six planches des mé- dailles de différent genre, choisies parmi celles qui offrent les particularités les plus curieuses.

Quoiqu'Eckhel s’appliquât plus spécia- lement aux médailles, toutes les parties de lantiquité lui étoient également fami- Hières; et la délicatesse de son goût égaloit Fétendue de son érudition. Il en donna une preuve dans son Explication des pierres gra- vées du cabinet de Vienne (2); ouvrage magnifique , dans lequei 1l fait connoître les morceaux les plus importans de cette

(1) Kurzgefasste Anfanssgründe zur alten Numis- matik, Ven. 1767; én80.

(2) Choix de pierres gravées, du cabinet impérial des antiques, représentées en quarante planches. #4 Vienne , en Autriche , 1788, 1#-fol.

(5517) riche coliection. Depuis qu'Eckhel en étoit sarde, elle avoit été enrichie, par ses soins, de celle du cabinet du duc de Lorraine et de celle que Pon gardoit depuis un siècle dans le château d’Ambras en Tyrol. Eckhel n’a fait entrer dans ée recueil que les pierres distinsuées par leur grandeur ou par leur sujet. Le texte peut être proposé pour mo- dèle à tous ceux qui entreprennent des travaux de ce genre. Il n’a point imite ces antiquaires qui veulent tont expliquer et tout ramener à dés sujets de mythologie on d’histoire, et qui néplisent les beautés de Part, ni ceux qui ne s'occupent que des beautés de l’art sans s'inquiéter de ce que les monumens offrent d’intéressant pour l’in- tellisence de la fable ou de Phistoire : gar- dant un juste milieu entre la prolixité de Beger et la sécheresse de Gravelle. Ses des- criptions sont courtes et précises, claires et suflisantes ; et cependant on y trouve une foule de remarques judicieuses et neuves, . des résultats qui ne pouvoient être appercus que par un homme d’une érudition aussi sage, d’un goût aussi sûr, et qui possédoit au plus haut degré toutes les parties de larchæologie. Il a écrit cet ouvrage en

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( 156 )

françois, en s’aidant des conseils de son ami le baron de Loccella, dont il sera bien- tÔt question.

Nous ayons dit qu'Eckhel avoit donné en 1766, dans la préface de son mémoire sur les médailles d’A ntioche, le plan du grand Ouvrage qu'il préparoit sur la science des médailles. Le premier volume parut en 1792, sous le titre de Doctrina numorum (1)51et le huitième et dernier a été publié cette année. Il avoit dans ses Num: anecdoti , dans son sy//oge, dans le catalogue des mé- dailles de Vienne, fait application de son Système aux médailles qu’il avoit à décrire ; mais il n’ayoit pas soumis toute la numis- matique à ce nouvel arrangement ; C’étoit une entreprise immense : plusieurs anti- quaires avoient déja eu le projet d’une his- toire générale des médailles, et y avoient renoncé. Rasche l’avoit accompli; mais son ouvrage immense, et qui est le fruit d’une application et d’une patience infatigables, a la forme d’un dictionnaire. I] ne peut donc servir à fixer les préceptes de la science ;

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(1) Doctrina!lnumorum veterum. Vindobonae , 1792-

1708 , vol. octo. in-40.

(257) il est d’ailleurs rempli d’une foule d’erreurs et de choses inutiles.

Comme l'esprit philosophique et d’ana- lyse opère toujours d’après le même mode de raisonner, quelle que soit la science à laquelle il s'applique, Eckhel a fait un sys- tème général des médailles, comme Linnéus a composé un système de la nature. Son livre est distribué d’après sa méthode, dont nous avons déja donné l’analyse. Il place en tête de l’ouvrage et de chacune de ses classes, des généralités qu’on peut appeler la philosophie numismatique , et comparer à la philosophie botanique du Naturaliste suédois, parce qu’elles contiennent les règles principales, la connoissance des termes, l'indication des principaux caractères, la littérature et la critique de la science. Eckhel ne fait pas entrer dans le système Îui-même toutes les médailles connues, mais seulement celles qui méritent quelque attention. Il y joint l'indication des ouvrages elles sont le mieux figurées et décrites, et il ajoute le plus souvent à sa propre description une explication plus détaillée, qu’il sème d’une infinité de traits neufs et piquans, relatifs à la géographie, à la chronologie, à la my-

(158 ) thologie, aux lettres, aux arîs et à l'his- toire. Chaque partie est terminée par des tables amples et bien faites, qui facilitent les recherches.

Eckhel a donc rendu le service le plus important à la science, en la soumettant, dans son ensemble, à un arrangement phi- losophique et régulier, et en réunissant les notions les plus exactes et les plus certaines en un corps de doctrine. Cette vaste entre- prise exigeoit à la fois des connoissances immenses dans toutes les parties de l’éru- dition, une étude approfondie des médailles, un jugement sain, une grande précision dans les idées, l'éloignement de tout esprit de système , l'amour de la raison et du vrai, et une extrême clarté dans le style. Aucune de ces qualités n’a manqué à cet habile an- tiquaire. Sa méthode a teHement eu lassen- timent de l’Europe savante, qu’elle sert de base à tous les ouvrages que Pon publie au- jourd’hui sur la science des médailles, et à toutes les dispositions de cabinets. Elle a, sur le système botanique de Linnéus, l’avan- tage que, n'étant pas fondée comme lui sur des caractèressecondaires, elle ne peut éprou- yer de changement que relativement à quel-

(159) ques médailles mal interprétées. Elle sera toujours susceptible de corrections et d’amé- liorations; mais elle restera constamment la même dans ses bases et dans ses formes.

On voit quel trésor de connoïssancks devoit avoir amassé celui qui a été capable de si grands travaux. Aussi étoit-ilresardé comme l’oracle que devoient consulter tous ceux qui avoient quelque difficulté à proposer ou à résoudre. 11 possédoit les principales langues anciennes et modernes, et corres- pondoit avec les savans les plus célèbres de l'Europe.

Les traits que je viens d’esquisser suffisent pour faire apprécier Eckhel comme savant. J'y joindrai encore quelques détails qui fe- ront chérir ses qualités sociales. C’estun bon- beur pour l’ame honnêteetsensiblede pouvoir respecter l’homme qui nous force par ses talens à l’admirer.

_ Eckhel étoit distingué par l'élévation de son caractère, sa touchante simplicité, sa noble franchise. Il ne donnoït son opinion qu'après l'avoir profondément réfléchie, Fé- nonçoit avec réserve , reconnoissoit ses er- reurs avec modestie , et les corrigeoïit avec docilité. Il préféroit le doute au paradoxe,

( 160 )

et ne recherchoit que la vérité. Il n’étoit pas prompt à donner son amitié, mais elle étoit solide et durable ; il aimoit ardemment sa patrie, lui étoit entièrement dévoué. On pourroit citer ‘une foule de traits de sa gé- nérosité et de son désintéressement. Celui- ci suffira pour le faire apprécier sous ce rapport.

Jleyrenbach donnoiït à Vienne des leçons de diplomatique gratuitement , parce que ce cours m’étoit pas fondé par le gouverne- ment. Eckhel apprend que la pauvreté de Heyrenbach le contraindra d’abandonner cet enseignement, dont lui-même sent l’impor- tance pour l'instruction de la jeunesse ; il le force d’accepter la moitié de ses appointe- mens. Heyrenbach en a joui jusqu’à sa mort, arrivée en 1779, et ce fut Eckhel qui se montra le plus sensible à sa perte.

Cet homme vertueux, modeste et sensible, ce savant si digne de nos regrets, fut atteiñt d’une maladie inflammatoire le 16 mai 1798 (20 prairial de lan 6, de notre ère républicaine), chez le baron de Loccella , philologue célèbre par ses connoissances dans la langue grecque, qu’il étoit allé visiter. Son état devint tout-à-coupsi fâcheux, qu’il

(161 )

ne put être emporté , et mourut le lende- main dans la maison, et entre les bras de son ami, à l’âge de 66 ans.

Sa mort a répandu le deuil dans la ré- publique des lettres. Les divers journaux de l’Europe ont retenti des regrets qu’elle ‘a causés. L’éloquent panésyriste de Winck- helman , l’illustre Heyne, lui prépare un éloge qui sera certainement digne de son sujet. ‘Toutes les nations lettrées ont honoré la mémoire d’Eckhel. La France seuie a paru insensible à la perte de-cet homme célébre à non qu’elle n’estime et ne chérisse le savant en ce genre partout il se trouve, mais parce que les lettres anciennes et les diffé rentes partiesde l’érudition ySontaujourd’hui peu cultivées.Il appartenoit à la société phi- lomathique de soustraire notre patrie au re- proche qu’un semblable oubli lui pourroit attirer. Je regarde Comme glorieux pour moi d’avoir été son organe.

L

job les a 5j:

DE SL À

TIR Le

Contenues dans Le Rapport , général des

travaux de la Société Rhias à

que ;

depuis le 23 frimaire an VI jusqu’au 39 aivose de l’an VII de la République.

A

Acrprs acétique et acé- teux. Différences qui existent entre ces deux acides, par les cit. Chap- tal, Adet et Perès, pa- ges 25 et 26. re

ADEeT et Cnarraz (les cit.). Mémoires sur les différences qui existent entre l'acide acétique et l'acide acéteux. 25.

AGATE-Oonix , trouvée à Champigny près Paris, présentée par le cit, Gil- let. 46.

AGEnNs eudiométriques.

nn

Terres simples, regardées comme les meilleurs a- gens eudiométriques , par M. Humboldt. 36. ArGuirzres à coudre. Des- cription de l’art du fa- bricant d’aiguilles à cou- dre, parle cit. Baillet.22.

ArcAraAzzAs. Manière de fabriquer les vases po- reux dont on se sert en Espagne pour rafraichir Peau, par le cit. Las- teyrie. 32.

AzrBERT (le cit. ). Mé- moire sur le danger et

CDD)

l'utilité des systèmes dans l'étude des sciences naturelles. 5. Consi- dérations physiologiques sur le fruit du coïgnasier. 55. Dissertation sur la colique de Madrid. 82. Avecles citoyens Fourcroy ét Hallé, Rap- port sur le traitement d’une espèce delèpre par les frictions de pommade oxigénée. 82. Avec le cit. Dumeril, expé- riences sur les médica- mens administrés en fric-

tions. 83. ANIMALCULES , considé- rés comme cause de

plusieurs maladies des végétaux, par le cit, Girod Chantrans. 56.

ANrmaAux ( division, des, en genres, espèces et va- riétés), par le cit. Dau- dis. 66.

APIS CORDATA trouvée comme parasite dans un guêpier , par Le Citoyen

l Duneril , 72.

| ARAIGNÉES des jardins.

Observations sur la glu qui enduit leurs toiles, par le citoyen Bénédict Prévost. 65.— Habiles, nouvelle espèce décrite

ar le citoyen Latreille. 65. Mineuses ( Mé- moire sur la famille dés), par le cit. Latreille, 64.

ArpDIsABALA. Plante nou- velle décrite par le cit, Ventenat., 51.

ART du fabricant d’aiguil- les à coudre, décrit par le cit. Baillet. 22.

ArtMosPHèrE£e. Mémoire sur les moyens de. perfec- tionner l’analyse de l’at- mosphère, par M. Hum boldt. 19. Mémoire sur un mouvement diur- ne régulier observé dans l’atmosphère au moyen du baromètre , par le cit. Duc-la-Chapelle, 12.

Avorxe. Analyse dela cen- dre de l’avoine,par le cit. Vauquelin. 30. c

AuTer ancien des Drui- des observé près Trie, département de l'Oise, par le cit. Charles Co- quebert, #7. Are

B

BarzreT. (le cit.),, Rés flexions sur les causes de la glace produite par la dilatation de l'air qui sort d’une machine. de compression. 21.— Des- cription de l’art..du, fa- bricant d’aiguilles à cou- dre. 22. és

Bazegirne ( Mémoiré sur antiquité de la pêche de la), par les nations eue ropéennes ( cit, Noël ).8.

L 2

( 164 )

BaLAnce barométrique nouvelle, proposée par le cit. Prony. 13. Nou- velle pour l’ajustage et la vérification des poids, par le cit. Dillon. 14.

Benepicr Prevosr. Ob- servation sur la glu qui enduit les toiles des arai- gnées des jardins. 65.

Benrz, terre nouvelle re- connue dans le Béril, par le cit. Vauquelin. 27.

Bots passé à l’état de char- bon végétal, présenté par

Ve cit. Gillet. 46. Mc- moire sur la dévastation “des bois en France, par le cit. Lasteÿrie. 37,

Bosc (lecitoyen).Descrip- tion de l’Aeritier'a tinc- forum. 50. Descrip- tion du v//larsia aqua- ice. 49.

Botanique. Discours sur étude de la botanique, par le citoyen Ventenat, 52.

Boucuer (le cit.). Mé-

moire sur le pois à bou- quet. 56. Mémoire sûr une maladie de l’or- me. 56.— Mémoire sur le gordius aguaticus et sur un ver parasite des insectes. 72. Obser- vations sur les caractères et les usages du Lumbric Marin. 72,

Broxonrant (le citoyen).

Rapport sur les carac- ières qui doivent servir à établir les espèces et les variétés dans les ani- maux. 67.

Brourzrarp observé à Pa- ris le 22 brumaire an 6 etan 7, par le citoyen Fourcroy. 12.

BruGuIiÈèREs ( Notice bio- graphique sur le cit.), par le citoyen Cuvier. 99-

Burees du souchet tuber- culenx employées à faire de l'orgeat, par le cit. Lasteyrie. 41.

C

Caxrrax-Savr (le profes- s£eur) enyoie une rose qu’il regarde comme nou- veile. 49.

CazcuLs de la vessie ana- lysés par les citoyens Fourcroy et Vauquelin. Dre

CARBOXE. Proportion du carbone reparde par le citoyen Chaptal comme Ja différence qui existe entre l'acide acétique et l’acide acétenux. 25.

CariE. Mémoire sur les diverses maladies des

lantes, notamment sur le charbon et la carie, par le citoyen Silvestre.

37.

160")

Cnamrreny. Note sur les agates - onix trouvées à Champigny près Paris, par le citoyen Gillet. 46.

Carrar et ADEeT (les cuoyens }. Mémoires sur les différences qui exis- tent entre l'acide acé- tique et l'acide actteux. 23.

Cargo. Mémoire sur di- verses maladies des plan- tes, notamment sur le charbon et la carie, par le cit..Silvestre. 57.

CHauve-souris. (Observa- tions sur importance de l'organe de l’ouie dens les), par le cit Jurine. 74.

Cuaux. Probabilité de la convérsion de la chaux en silice ; par le citoyen Girod-Chantrans. 43.

Currsounc. Réponse à une critique des travaux de Cherbourg, par le cit. Dillon. 15.

Cuèvres. Observations sur Pallaitement des petits d’une truie par une chè- vre. 42. Considérées comme la principale cau-

e de la dévastation des forêts en France. 38.

CHroMEe. Acide métailiqne nouveau , reconnu dans plusieurs substañces rmi- nérales , par le cit. Vau- queliu. 26,

Cirrroparnrr. Nouveau genre de coquiiles bival- vés décrit par le cit. Do- din. 66.

CorGxassiER ( considéra- tions physiologiques sur le fruit du), par le cit. Alibert, 55.

Corique. Dissertation sur la colique de Madrid par le cit. Alibert. 82.

ConcEerrionN extrà - uté- rive observée à Lonüres per le cit. Swediaur. 64.

ConxcHvLroLoGiE (Mémoi- re sur la), parle cit. La- marck. 58.

CoxcréTion arthritique analysée parles cit. Vau- quelin et Fourcroy. 30.

Coxrerves et Tremelles (Mémoire sur les), par le citoyen Girod-Chan- tran. 56.

CoouEesEnT ( Antoine ). Description d’une neu- velle espèce de mouche, qu'ilappelleähuit points.

CoquerenrT ( Charles. ). Mémoire sur un ancien autel des Druides, 0h- servé près Trie, dépar- tement de l'Oise. 7e Pescription d’une mé- ihode de culture en usage dans le Holstein. 35. Mémoire sur la force-et la régularité des marées depuis Le 65° jusqu’au

E"3

( 166 )

Bo* degré de latitude.

CoquirrAGesbivalves(Re- cherches sur l'anatomie des), par le cit. Cuvier. TI.

CoquirrEs des œufs de poules, comparées par Panalyse avec la nourri- ture qu’elles prennent, par le citoyen Vauque-

© lin. 20,

Curture en usage dans le Holstein, décrite par le citoyen Charles Coque- bert. 35.

Cuvien (le citoyen ). Mé- moire sur les ossemens fossiles de divers quadru- pèdes. 60. Mémoire sur les ossemens qui se

‘tronvent dans le gypse de Montinartre. 61. Note sur un caillot de sang trouvé dans un œuf de poule. 62.—Recher- ches sur l'anatomie des coquillages bivalres, 5. -— Mémoire sur les vais- seaux sanguins des sang- sues. 76.— Mémoire sur l’organe de la voix dans les oiseaux. 77. No. tice biographique sur le citoyen Bruguières. 99.

D.

Daquix (le cit ). Obser- vations sur l’allaitement

des petits d’une truie par une chèvre. 42.

Daunix(le citoyen). Mé. moire sur un nouveau genre de coquiiles bi- valves qu'il appelle cyr- todaire. 66.— Mémoire sur la division des ani maux en genres ; es- pèces et variétés, 66.— Observations sur le genre des merles. 66. Mé. moire sur le genre des demi-fins ou #otacilla. 66.

Decanpaure (lecitoyen). Mémoire sur l’anatomie et la physiologie des plantes maritimes. 43, Mémoire sur quelques genres de Ja famille des siliculeuses , et en par- ticulier sur le senne- biera. 53. Mémoire sur la reficularia rosea. 53. Mémoire sur ia nutrition des Laichens. Ho:

Drzcox (le citoyen). Des- cription d’une balance nouvelle pour Pajustage et la verification des poids. 14. Réponse à une critique des travaux de Cherbourg. 15.

Diorrase. Différence ob. servée entre les carac- tères de la dioptase et de l’émeraude, par le

; ä Ne citoyen Haüy. 48,

(167)

Analyse de la dioptase , par le citoyen Vauque- lin. 27.

Dypire, nom d’un fossile nouveau trouvé entre Mauléon et Lybarins, par le citoyen Lelièvre. 45.

Duc-La-cnAPrezre (le ci- toyen). Mémoire sur un mouvement diurne régu- lier observé dans lat- mosphère au moyen du baromètre. 12.

Ducnesxe (le citoyen). Observations sur l’icthyo- logie de Bloch. 73.

Dumeriz (le citoyen). Réflexions sur les chan- gemens que la force vi- tale des vaisseaux fait éprouver aux humeurs. 54. Mémoire sur la propagation des insectes. 69. Mémoire sur Les espèces d'insectes hy- brides. 71. Note sur une patte surnuméraire articulée, trouvée sur le corselet de la mouche

apiforme. 71. Des- Te 4 NE cription d’un guëpier

composé de terre au lieu de carton. 71. Avec le cit. Alibert, expé- riences sur les médica- mens administrés en fric- tions. 83.

Fcxmez ( Notice histo- rique sur), par le ci- toyen Millin. 135.

ErecrricrTÉ. Mémoiresur le passage de l'électricité dans le vide parfaits par le citoyen Tremery. 17°

EMERAUDE contient du chrome et la terre nou- velle reconnue dans le Béril par le citoyen Vau- quelin. 28.

Excraïs. Os réduits en poudre employés pour l’engrais des terres. 39.

Ep»rzootiEe. Mémoire sur une épizootie qui a régné l’année dernière en Ita- lie, par le citoyen Lar- rey. 41. Mémoire sur une épizootie qui a régné aux environs de Besan- çon, par le cit. Faivre. 41.

Equarions différentielles. Supplément à la théorie des équations différen- tielles, par le cit. La- croix. 9.

Esrèces , rapport sur les caractères qui doivent servir à établir les es- pèces et les variétés dans les animaux; par le ci- toyen Brongniart. 67.

Exosrose guérie par les frictions d’opium et de muriate suroxigéné de mercure, par le citoyen Faivre. 84.

Exrrarr des végétaux ana- lysé par le citoyen Vau-

quelin. 29. L 4

( 168 )

F,

Farvre. Mémoire sur une épizootie qui a régné aux environs de Besancon,

© 41. Mémoire sur l’ef- fet de l’opium et du mu- riâte suroxigéné de mer- cure adminisirés en fric- tions dans le traitement desmaladiesvénériennes. 84.

Faucneurs (Mémoire sur les), par le citoyen La- treille. 63.

Frsener (le citoyen). Des- criphion d’un nouveau genre de ver intestin trou- dans la vessie nala- toire d'une truite. 69.

Fisvure lacrymale. Notice sur l’effet des substances alcalines dans le traite- ment des fistules lacry- males 86.

Forrus. Observations ana- tomiques sur le poulet considéré dans l’état de fœtus. 70.

Foxrrèpe, Mémoire sur la taille la visne. 42. Fossires. Mémoire sur les ossemens fossiles de di- vers quadrupèdes, par le citoyen Cuvier. 60.

Fourérox (le cit.) Mé- woire sur le brouillard observé à Paris le 22 bru- maire ans 6 et 7. 12.

A vec le citoyen Vauque- lin, donne l’anal yse d’une concrétion gou teuse. 30. Avec le cit. Vauque- Lin, donne un mémoire sur l'analyse des calculs dela vessie. 31.— Donne un mémoire sur l’hisioire chnique et médica'e de l'urine humaine. 32.— Avec les citoyens Hallé et Alibert, rapport sur le traitement d’une es- pèce de lèpre par les fric- tions de pommade OxiI= génée. 02.

Fricrrons.Expériences sur les médicamens adminis- trés en frictions par les citoyens Alibert et Du- méril, 63.—Mémoire sur l'effet de Popium et du muriate suroxigéné de mercure administrés en frictions par le citoyen Faivre. 84.

Ce

Guorrroy (le cit.). Mé- moire sur les manchots et leurs rapports avec les phoques et les céticés. 62. —Considérations sur le phénicoptère ou fla- maud. 62.

Géomérrie.Reflexionssur des clémens de gévmé- trie, par le.cit. Lacroix.

VE

( 169 )

Girrer (le citoyen) pré-

- sente du bois passé à l’état de charbon végétal. 46. Montre dté agates onix trouvées à Cham- pigny près Paris. —Ob- servations sur la forme des replis de certaines couches minérales. 46.

GinoD-cHANTRANS (le cit.) donne un mémoire sur la conversion de la chaux en silice. 48.— Note sur un granitain qui a la propriétéélectrique. 48. Mémoire sur les con- ferves, tremelles, et sur plusieurs maladies des végétaux. 56.

Gzace. Réflexions sur les causesdela glaceproduite par la dilatation de l’air qui sort d’une machine de compression, par le citoyen Baillet. 21.

Gzaces. Moyen de laminer et de souder les glaces, par le citoy en Pajot Des- charmes. 34.

GorDius aquaticus. ( Mé- moire sur le) , par le citoyen Boucher. 72.

GRANITAIN qui a la pro- priété électrique, par le cit. Girod - Chantens. 48.

Guëprer ( Description d’un) composé de terre au lieu de carton, par le citoyen Duméril.

19,

7 0

H

Harré. (le cit.) Mémoire sur l’histoire de l'Hygiè- ne. 81. Avec les cit. Fourcroy et Alibert, rap- port sur le traitement d’une espèce de lèpre, par des frictions de pom- made oxigénée. 82.

Hassexrnarz. (lecit.) Mé- moire sur la dénomina- tion de la science qu’on nomme optique. 22e

Haux. (lecit.) Expérience sur les formes constanies données à une poussière fine, par les vibrations semblables des plateaux de verre qwelle recouvre. 19: Annonce qu’un morceau de soufre poli a présenté une double ré- fraction. 47. Mémoire sur les différens caractè- res de la dioptase et ceux de l’émeraude. 48.

HERITIERIA rUzm , décrite per le cit. Bosc. 50.

Horsrerx, Méthode de cul- ture en usage dans le Hi:lstein , décrite par le cit. Charles Coquebert. DE

HumurozpT. pe sur les moyens d e perfection- ner l’anaiys se exacte de: l'atmosphère. 19: Mie

TINCTOS=

( 170 )

moire sur l'absorption de Poxigène par les terres simples. 36. Terres simples regardées comme les meilleurs agens eu- diométriques. 36,

Hysrine. Mémoire sur des espèces d’insectes hybri- des, par le cit. Duméril, 7 1.

Hycièxe , (Mémoire sur l'histoirede l’) par le cit. Hallé. 81.

J

Icruvoezocre de Bloch.Ob- servations sur cet ouvra- ge, par le cit. Duchesne. 73.

Ixrcuence de la lune sur l'atmosphère terrestre , reconnue par le cit. La- marck. 10.

Ixsteres, (Mémoire sur la propagation des) par le cit. Duméril. 69.

Jurinxe. Observations sur l'importance de l’organe de l’ouïe dans les chauve- souris. 74.

L

Laceràpe. (le cit.) Des- cription de deux espèces nouvelles de poissons car- tilagineux. 68.

Lacroix. (le cit.) Ré- flexions sur des élémens

de géométrie. 9. Supplé- ment à la théorie deséqua- tions différentielles. 9.— Observations sur les ex. périences de Cavendish , relatives à l'attraction ré- ciproque des molécules de la matière, 18.

Laine D'EskAGNE natura- lisée à Gronzo en Suède, par le cit. Lasteyrie. 40.

LarTon fondu. Mémoire sur la porosité du laiton fondu, par le cit. Pajot- Descharmes. 33.

Lamarcr. (le cit.) Mé- moire sur l’influence de la lune sur l’atmosphère

* terrestre. 10. Mémoi- re sur la conchyliologie. 58. Mémoire sur les Sepra, divisées en trois genres nouveaux. 59.

Lanrey. Mémoire sur une épizootie qui a régné l’année dernière en Ita- lie. 41, Mémoire sur une désorgenisation des viscères du bas-ven- tre sans solution de con- tinuité à la peau. 65. Opération d’une fille de vingt - cinq ans, dont les parties génitales étoient imperforées. 85.

Lasrerye. (le cit.) Mé- moire sur la manière de fabriquer les alcarazzas. 32. Mémoire sur la dévastation des bois en

(aga )

France. 37. Descrip- tion d’une machine pro- pre à réduire les os en poudre. 39. Mémoire sur l’emploi des bulbes d’orchis réduits en pou- dre au lieu du salep. 39. Mémoire sur les mou- tons à laine d’Espagne, naturalisés à Gronzo en Suède, 48. Mémoire sur la culture du souchet tuberculeux. 40.

LaTreiLzLe. (le cit.) Mé- moire sur les faucheurs. 63. Mémoire sur une espèce de psylle trouvée sur le jonc articulé. 64. Mémoire sur la larve de la raphidie ophiopsis et sur les organes sexuels du mâle de cet animal. 64. Mémoire sur la famille des araignées mi- neuses. 64. Descrip- tion d’une nouvelle es- pèce d’araignée qu’il ap- pelle habile. 65.

Lerrgvre. (le cit.\ Mé- moire sur les atterrisse= mens de la valiée de la Somme. 43,

Lerrèvræ (le cit. ): Des- cription d’un fossile uou- veau trouvé entre Mau- léon et Lybarins. 44. Note sur un oxide de fer en paillettes brillantesqui recouvrent certaines hé-

‘matites. 49, Mémoire

sur le sulfate de stron- tiane trouvé eu France. 46. | LèPRE, (rapport sure trai- tement d’une espèce de) par les frictions d’une pommade oxigénée. 82. Léverzzé. (le cit.) Obser- vations anatomiques sur le poulet, considéré dans l’état de fœtus. 79. Licsexs, (Mémoire sur la nutrition des) par le cit. Decandaule. 53. Limaces qui habitent les bords de la Méditerrance et qui fournissent une li- queur pourpre reconnue par le cit. Boucher. 72. Luxe. Mémoire sur l’in- flueuce de ia lune sur l’at- mosphère terrestre, par le cit. Lamarck, 10. Lyganins. Description d’un fossile nouveau trou-. entre Mauléon et Ly- barins. 44.

M

Mammourx, (recherches sur les os fossiles du) par le cit. Cuvier. 60.

Mancnors, comparés aux phoques et aux cétacés , par le cit. Geoffroy. 62.

Mantes. Mémoire sur la force et la régularité des marées , depuis le 65€ jusqu’au 80° degré de ia-

(172)

titude, par le cit. Char- les Coquebert. 6.

Manrrimes. Mémoire sur les plantes maritimes, par le cit. Decandaule, 53.

Mauzéon. Description d’un fossile nouveau trou- v@entre Mauléon et Ly- barins, par le cit. Leliè- vre. 44.

Mépicamexs, (Expérien- céssur les) administrés en frictions. 83.

M£enrLes, (observationssur le genre des) par le cit. Daudin. 66.

Micné. (le cit.) Mémoire sur les anomalies obser- vées dans l’emploi du py- romètre de Wedevood,. 20,

Murzix. (le cit.) Notice historique sur Eckhel. 135.

MonwtrMARTRE. Mémoire sur les ossemens qui se trouvent dans le gypse de Montmartre, par le cit. Cuvier. 61.

Moreau.(le cit.) Descrip- tion topographiqueetmé» dicale de Nantes. 5.

Moracrzra. Mémoire sur le genre des demi-fins ou Motaciila, par le cit.

> Daudin. 66.

Movucne à huit points, es- pèce nouvelle décrite par le cit. Antoise Coque-

bert. 69,

N

Nantes. Description topo- graphique et médicale de Nantes , par le cit. Mo- reau. 6.

Norr. (le cit.) Mémoire sur l'antiquité de la pêche de la baleine par les na- tions européenres, 8.

[e)

Our de poule. Note sur un caillot de sang trouvé dans un œufde poule, par le cit. Cuvier. 62.

Orseaux. Mémoire sur l’or- gane de la voix dans les oiseaux, par le cit. Cu- vier. 77.

Orrum et muriate suroxi- géné de mercure adminis- trés en frictions par le cit. Faivre. 64.

OPTrique. Mémoire surune nouvelle dénominationde la science qu'on romme optique, par le cit, Has- senfratz. 22.

Orcuis. Poudre extraite des bulbes d’orchis, com- parée au salep, par le cit. Lasteyrie. 30.

Orcais bifolia , (Mémoire sur l’)et les autres orchi- dées, par le cit. Trouflot.

57.

OnrGrar.Bulbes du souchet tuberculeux employées à faire de l’orgeat. 41.

(use )

Os. Description d’une ma- chine propre à réduire les os en poudre, par le cit. Lasteyrie. 39.

Ossemexs. Mémoires sur les fossiles de divers qua- drupèdes, par le cit. Cu- vier. 60.

Oxipe de fer en paillettes brillantes, qui recouvre certaines hématites, par le citoyen Lefèvre. 45.

Oxrsèxe. Son influence

relativement à Ja culture

ï du sol, observée par M. Humbolit. 36.

LS

ParoT-DrscHanMes ( le citoyen ). Observations sur la porosité du laiton fondu. 33. Moyentde laminer et de souderles glaces. 34. Notice sur l'effet des substances al- ‘calines dans le traitement des fistules lacrymales. 86.

ParaGuay.: Mémoire sur les os fossiles de l'animal

du Paraguay, par le cit.

_ Cuvier. 60.

Parties génitales. Opéra- tion d’une fille de vingt- cinq ans dont les parties génitales étoient imper- forces, par le cit. Larrey. 86.

PATTE surnuméraire arti- culée trouvée sur le cor- selet de la mouche api-

foune ; par le citoyes Duüméril. TA «

Pêcne. Mémoire sur l’an- tiquité de la pèche de la baleine , par les na- tions curopéennes ; par le citoyen Noël. 6.

Perins. Quantitéde pépins du coignassier considérés comme cause du principe acerbe de ce fruit, par le cit, Albert. 55.

Pzenès (le cit.) indique les différences qui existent éntre Pacide acétique et l'acide acéteux. 26,

Fnévicoprène (Considé- rations sur le}, par le citoyen Geoffroy. 62.

Prcnre de corne, recon- nue pour avoir la pro- priété électrique , par le cit. Girod - Chantrans. 48.

Prenres à fusil. Détail sur la taile des pierres à fusil, par le cit. Ton- nelier. 44.

PLanres: Mémoire sur di - verses maladies des plan- tes, notamment sur le charbon et la carie, par le citoyen Silvestre. 57.

Pors. Mémoire sur les pois à bouquet, par le citoyen Girod-Chautrans. 56.

PonuMmapDs oxigénée. Rap- port sur Île traitement d’ure espèce de lèpre par les frictions de pommade oxigénée, par'es citoyens

(174 )

Alibert , Fourcroy et Hallé.

PorosiTé. Mémoire sur la porosité du laiton fondu, par le citoyen Pajot-Des- charmes. 53.

Pourxs. Mémoire sur la naiure des excrémens des poules, et des coquiiles de leurs œufs, par le citoyen Vauquelin. 29.

Pourer. Observations ana- tomiques sur le poulet considéré dans l’état de fœtus. 79:

Pourpre (liqueur, couleur de), produite par une limace qui habite les bords de Ia Méditer- ranée, par le citoyen Boucher. 72.

Preny (le citoyen). Pro- jet d’une nouvelle ba- lance barométrique. 13.

Psyrie, nouvelle espèce trouvée sur le jonc ar- ticulé, par le cit. La- treille, 64.

Pyromèrre. Mémoire sur

- les anomalies observées dans l’emploi du pyro-

- mètre de Wedgwood, par le cit. Miché. 20.

R.

Rarrp1e opxiopsis (Obser- vations sur la larve de la), par le citoyen La- treille, 64

Ra1e tuberculée. Nouvelle espèce de poisson çarti-

lagineux , décrite par le citoyen Lacépède. 68, RérrAcT:iox double, ob- servée dans le soufre na- tif par le citoyen Haüy.

Ts

Rerezrs observés dans dif= férentes couches miné- rales par le cit. Gillet. 46.

RerrcuzantAa rosea (Mé- moire sur la), par le cit. Décandaule. 53.

Rosa acutifolia, regardre comme espèce nouvelle par le professeur Caye- tan-Savi. 5:.

Rugrs considéré comme une combinaison saline d'acide chromique et d’alumine, par le cit.

Vauquelin. 27. S.

SanGsuEs. Mémoiresur les vaisseaux sanguins des sangsues, par le citoyen Cuvier. 76. ;

SENNEBIERA. Mémoire sur le genre Sennebiera, par

le citoyen! Decandaule.

59 J

SoxrrA. Mémoire sur les sèches, par'le citoyen Lamarck. 59." 152

SrcrCuLEUSEs ( Mémoire sur quelques genres de la famille des), par le

- citoyen Decandaule. 53.

Sizvesrre (le citoyen ).

Mémoire sur diverses ni a-

(175)

ladies des plantes, no- tamment sur le charbon et la carie. 57.

Somme. (Mémoire sur les attérissemens de la vallée de la), par le citoyen Lefebvre. 43.

Soucuer. Mémoire sur la culture du souchet tu- berculeux , parlecitoyen Lasteyrie. 49.

SourRE natif transparent offre une double réfrac- tion, parle cit. Haüy. 47.

SQuALE pointillé, nouvelle espèce de poisson car- tilagineux décrite par le citoyen Lacépède. 68.

SricgiTe. Analysede cette pierre par le cit. Vauque- lin, 26.

STrRONTIANE. Note sur le sulfate de strontianetrou- en France par le cit. Lelièvre. 46.

Sysrime. Mémoire sur le danger et l'utilité des systèmes dans étude des sciences: naturelles. 5.

Swepraur (le citoyen). Relation d’une concep- tion extra-utérine obser- vée à Londres. 64.

Es

Terres simples regardées comme Jes meilleurs agens eudiométriques , par M. Humbolät. 36.

Tonxezier (le citoyen). Mémoire sur les produc-

tions du département de l'Yonne. 44. TorocraPntEe. Descrip- tion topographique et médicale de Nantes, par le citoyen Moreau. 5. Tremerx (le citoyen). Mémoire sur le passage de l'électricité dans le vide parfait. 17. Trourror. Mémoire sur l’orchis bifolia et les autres orchidés, par le citoyen Trouflot. 57. Truïe. Observations sur allaitement des petits d’une truie par une chèvre, par le citoyen

Daquin. 42. Es

UraATe de soude reconnu dansune concrétion gout- teuse, par les citoyens Fourcroy et Vauquelin. 36.71:

Urine htimaine. Mémoire sur l’histoire chimique et médicale de l’urine humaine, par le citoyen Fourcroy. 32.

V.

Varsseaux. Réflexions sur les changemens que la force vitale fait éprouver aux humeurs. 54.

VARIÉTÉS. Rapport sur les caractères qui doivent servir à établir les es- pèces et les variétés dans

(176 )

les animaux, jar le cit. Brongniart. Oo ss I Vauquezix (le citoyen ). Mémoire sur l’acide mé- tallique qu’il a trouvé dans le plomb rouge de Sibérie. 26.—trouve que le rubis est une combi- naison saline d’acide chromique et d’alumine. 27.—reconnoîit une terre nouvelle dans le Béril. 27.— donne l’analyse de la dioptase, 27—celle de la zéolithe et de la stil- bite. 286.— Mémoire sur le principe extractif des végétaux. 29.,— Mé- moire sur la nature des excrémens des poules. 29.— Avec le citoyen Fourcroy, donne l’ana- lyse d’une concrétion goutteuse. 30. Ayec le citoyen Fourcroy , donne un mémoire sur l'analyse des calculs de la vessie. 31.

Vécéraux ( maladie des)

occasionnée par les ani- malcules, par le citoyen Girod-Chantrans. 56.

VexrexaT (le citoyen ). Description de l’ardiza- bala, espèce de plante nouvelle, 51.—Discours

FLN MDTE

VrGNE.

sur. l’étude de la bota- nique. 52.æExtraits des ouvrages de Desfon- taines ; Stringen et Ca-

vanille. 58.

Ven intestin (nouveau gen-

re de) trouvé dans la vessie mnatatoire d’une

truite, par le citoyen Fischer. 69.

VisrAnTESs (surfaces). Ob-

servations sur les formes données aux corps légers par les sons obtenus des surfaces vibrantes , par le citoyen Haüy. 19.

Mémoire sur la taille de Ja vigne, par le citoyen Fonfrède. 42.

VizLarsrA aquatica (Des

cription de la), par le cit.

Bosc. 49.

Viseëres. Mémoiresurune

désorganisation des vis- cères du bas-ventre sans solution de continuité à

la peau. 85.

Voix. Mémoire sur l’or-

gane de la voix des oiseaux, par le citoyen Cuvier. 77.

Z.

Zéorrrne. Analyse decette

pierre, par le cit. Vau- quelin. 26.

L'OA'QETEReB: LE;

RAPPORT GÉNÉRAL DEiSAT. RCA: AS TUE

DE LA

SOCIÊTÉ PHILOMATIQUE

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RAPPORT GÉNÉRAE. D'ÉFSD'R AV AUX

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SOCIETE PHILOMATIQUE DE uE A RTS Depuis le 30 nivôse an VIT, jusqu'au 2@œ frimaire an VITI ; PAR LE CITOYEN SiLVESTRE, SECRÉTAIRE DE CETTE: SOCIÉTÉ : SUIVI De l’Éloge du citoyen Charles BORDA Ps par le citoyen LACROIX ; De l’Eloge de M'. BLOCH, par le citoyen ANTOINE COQUEBERT, Et de la Notice historique sur le cit. PI A 3 par le citoyen SILVESTRE.

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De l’'Imprimerie de R. JACQUIN rue I 2 , Nazareth , n°. 131.

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LISTE ALPHABÉTIQUE

DES MEMBRES

D EVE A

SOCIÈTÉ PHILOMATIQUE D'ELE A RTS

Au 20 frimaire an VIIIS

RUES MC MINONT)EUNIS

ÂAper, professeur de physique aux écoles centrales , rue du Regard, n.° 810

ALIBERT, médeein , membre de plusieurs sociétés savantes, rue de Savoie , fau- bourg Germain, n°. 25.

BAILLET , inspecteur des mines, rue de l’Université , n°, 293.

BERTHOLLET, membre de l’[nstitut natio- nal , hôtel de la monnoie,

v) ,

BICHAT , médecin.

BLAVIER, ingénieur des mines, rue du Regard, n°. 805

Bosc, de la société d’histoire naturelle de Paris , rue des Macons, n°. 4o7.

Bourc£Lon-LAGRANGE, professeur de phy- sique aux écoles centrales, à l'école polytechnique.

BOUVIER, pharmacien, carrefour de la Croix-Rouge.

BRONGNIART ,ingénieur des mines et pro- fesseur d'histoire naturelle aux écoles centrales , rue St.-Marc, n°. 14.

BUTET , professeur de physique , rue des Fossés-Mr.-le-Prince.

CHAPTAL , membre de l’Institut national, rue des Jeüneurs, n°. 16.

"€OQUEBERT ( Antoine}, de la. société d'histoire naturelle de Paris, rue de l'Esalité ,\n°.2.

€COQUEBERT MONTBRET, membre du conseil des poids et mesures, professeur d’his- toire aux écoles centrales, rue de Tour- non, n°. 5.

CUVIER, membre de l’Institut national ; professeur d'histoire naturelle aux écoles

vij centrales, au Muséum d'histoire natu- relle.

DaARCET , membre de l’Institut national , à la monnoie. |

DauDIN, de la société d’histoire naturelle, rue neuve du Luxembourg , n°. 21.

DESCOTILS, ingénieur des mines, rue de Bourgogne, n°. 407.( Actuellement en Égypte. )

DILLON , vérificateur-sénéral des-poids et mesures, quai d’Orsai, n°. 24,

DUCHESNE , rue de l’Éperon, n°. 2. :

DUHAMEL fils, inspecteur des mines, rue Belle-Chasse.

DUuMÉRIL, prosecteur d'anatomie à l'école

de médecine ,.rue de Fleurus, n°, 1238.

FourRcCROY , médecin, membre de l’Institut

: national , au. Muséum d'histoire natu- relle,

GEOFFROY, professeur au Muséum d’his- toire naturelle. ( Actuellement en É- gÿpte. )

Gilet - LAUMONT, associé: de l’Institut national, membre du conseil des mines, rue de l’Université , n°: 293,

vi

HALLÉ, médecin, membre de l’Institut national, rue Pierre-Sarrasin, n°.:13.

HAUY , membre de l’Institut national , au conseil des mines, rue de l’Université, n°. 2953. 10

JUMELIN ; médecin, rue St.-Dominique ; n°. 1020.

LACÉPEDE , membre de l’fnstitut national , professeur au Muséum d'histoire natu- relle , rue des Petits-Augustins.

LACROIX , membre de l’fnstitut national, professeur de mathématiques aux écoles centrales, rue Garencière , n°. 1085.

LAMARX, membre de l’{nstitut national, professeur au Muséum d'histoire natu- relle. de }

LARREY, chirurgien, à l’hospice du Val- de-Grace. HUO

LASTEYRIE, membre de plusieurs sociétés savantes , rue de la Planche.

LEFEBVRE | membre du conseil des mines, rue de l'Université , n°. 203.

LELIEVRE, membre de l'institut national et du conseil des mines, rue de l’Uni- versités h°::203

LÉVEILLÉ membre de plusieurs sociétéd

| | jx - savantes ; rué neuve dés Petits-Champs , n°. 490.

LucAS, médecin.

MICHÉ , ingénieur des mines, rue Martin ; n°. 27.

MILLIN, professeur d'histoire aux écoles centrales,conservateur à la bibliothèque nationale, rue de la Loi,

MONGE, membre de l'Institut national , & l’école polytechnique.

MOREAU, membre de plusieurs sociétés savantes, sous-bibliothécaire, à l’école de médecine. à

OLIVIER, membre de l’fnstitut national.

PRONY , membre de l’Institut national, di- recteur de l’école des ponts et chaussées, rue de Grenelle.

RICHARD , membre de l’institut national , rue Copeau, n°. 2b1.

ROBILLARD , chirurgien , membre de plu- sieurs sociétés savantes, aux Invalides.

SILVESTRE , membre de plusieurs sociétés savantes nationales et étrangères , aux galeries du Louvre , n°. 27.

TONNELIER, garde du cabinet des mines, rue de l'Université, n°. 293,

> à TREMERY ,ingénieur desmines, rue Tiroux; n°. gO0. VAUQUELIN, membre de l’Institut national> - inspecteur des mines, rue de l'Univer- sité, n°. 203. VENTENAT, membre de l’Institut national, l’un des conservateurs, à la bibliothèque du Panthéon,

LISTE ALPHABÉTIQUE

ASSOCIÉS CORRESPONDANS D'AE TA SOCIÉTÉ PHILOMATIQUE D EPA RSE:S:.

Au 20 frimaire an VIII.

NE 'SMCIMMONSE NS,

BarzLon , naturaliste, correspondant du muséum d'histoire naturelle de Paris, à Abbeville.

BARTHES, associé de l’Institut national, médecin , à Narbonne.

BELLOT , médecin , à Abbeville.

BENON , medecin, à Calais,

xi]

BERLINGHIERI, professeur de physique ; à Pise.

B1OT, professeur de mathématiques à l'é- cole centrale de Beauvais.

BOISSEL, ingénieur pour la navigation in- térieure.

BONNARD, ingénieur de la marine, à Arnay.

BOUCHER, professeur d’histoire naturelle, à Abbeville.

BROUSSONET ( Vicior }, professeur de mé-

decine , à Montpellier.

-BRULLEY , médecin, à Fontainebleau. CAVANILLES, naturaliste, à Madrid. CHANTRANS , naturaliste , à Besancon.

HAUSSIER, professeur de chymie et d’a-

natomie à l’école polytechnique. D’ANDRADA, naturaliste, au Brésil. DECANDAULE, naturaliste, à Genève. DumaAS, professeur d’anatomie , à Mont-

pellier. DUPUGET, associé de l’Institut national, à

Hargicourt, près Montdidier.

FABR?ICIUS; professeur d’histoire naturelle

et d'économie rurale, à Kiel,

xiij ÉABRONI, directeur du cabinet d'histoire naturelle, à Florence. FAIVRES, chirurgien, à Besancon. FIsHER , bibliothécaire de l’école centrale ; à Mayence. GEOFFROY ( Villeneuve ), naturaliste, à Villeneuve, près Soissons. GILLOT, officier d’artillerie, à Vanloc. Gosse, naturaliste et physicien, à Genève. HECTA fils, chimiste , à Strasbourg. HERMANN , professeur d'histoire naturelle, à Strasbourg.

INGEVERSEN, naturaliste, à Copenhague.

JURINE, chirurgien et naturaliste, à Genève

KocCKk ,inédecin , à Bruxelles.

LaAIR, ingénieur-constructeur de la ma- rine , à Auxonne.

LASALLE, physicien, à Semur.

LATREILLE, associé de l'Institut national.

LUSSIGNOL, pharmacien , à Beaumont-sur- Oise,

MACQUART, professeur d'histoire naturelle à l’école centrale de Fontainebleau.

MARTINEL , naturaliste , à Chambery.

MATHEY, chimiste , à Anvers,

\

x)v

MATHIEU, chimiste, à Nancy.

MENARD , naturaliste , à Rouen,

MEZAIZE, chimiste Rouen.

MY£LIERE , naturaliste , au Muséum d’his- toire naturelle de Paris.

MOZARD, physicien, commissaire des re- lations extérieures à Philadelphie.

NiCOLAS, chimiste , à Nancy.

NOEL , naturaliste, à Rouen.

OWENS, physicien, en Irlande.

RAMBOURG , maître de forges, à Serilly.

REIMARUS, médecin et professeur d’his- toire naturelle, à Hambourg. L

REINWART, chimiste, à Amsterdam,

RICHERAND, médecin,

SAVIGNY , naturaliste. ( En Égypte. }

Scassr, physicien, à Gênes.

SENNEBIER, naturaliste, bibliothécaire à Genève.

SMEISSER , minéralogiste, à Hambourg.

J'EDENAT , professeur de mathématiques à l’école centrale du departement de l'Aveyron, à Rhodès.

TEULERE, ingénieur des bâtimens civils de lamarine ,àRochefort,

XV

TROUFFLOT, professeur d'histoire natu- relle, à Nevers.

USTERIE, professeur de botanique, à Zurich;

VALLI, physicien et médecin, à Pise.

VANMONS , associé de l’Institut , professeur de chymie à l’école. centrale de la Dyle ; à Bruxelles.

ViILLARS, professeur d’histoire naturelle , à Grenoble,

VILLEMET, professeur d'histoire naturelle, à Nancy.

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RAPPORT GÉNÉRAL

DIERSRREREANV AU

DATE À

SOCIÉTÉ PHILOMATHIQUE

D 2E 4 PLA ERA IS

Depuis le 30 nivôse an VIT, jusqu'au 20 frimaire an VIII.

Par le Citoyen SILVESTRE, Secrétaire

de cette Société,

LITO YTNS,

UN des caractères les plus certains de {a bonté des institutions , est dans leur constante stabilité ; sous ce rapport, votre Société doit penser qu’elle est organisée d’une manière avantageuse , puisque onze

À

(2) ans d'existence n’ont pu altérer cette crga- nisation , Ou apporter le moindre change- ment à vos travaux.

Dans le rapport général que nous vous avons présenté en lJ’an VI, nous avons déjà cherché à reconnaître quelles étaient les principales causes de cette stabilité, et nous les avons trouvées, dans l'amitié qui unissait tous les membres , et dans l'objet des occupations qu’ils avaient em- brassées. En eflet, les sciences et les arts dont la société s’occupe , ont pris, depuis quelques années sur-tout, une marche rapide et sûre, qu’ils doivent à l'exactitude des principes sur lesquels ils ont été basés; et c’est envain que la barbarie semblait avoir conjuré pour éteindre ce faisceau de lumières ; cette base s’est aggrandie , tous les faits nouveaux, jugés au creuset de l'expérience exacte, se rattachent naturel- lement à la masse générale qui devient tous les jours plus imposante et plus assu- rée ; malgré les changemens politiques et £es efforts de l'ignorance et du charlata- nisme qui ont voulu retarder la marche des arts , les découvertes s'accumulent, la

(5)

masse des lumières s’accroit , Tesprit humain se perfectionne sous ce rapport ; sans être arrêté par les entraves qu’on lui oppose, comme on voit le globe ter- vestre lui-même , étranger en quelque sorte aux bouleversemens qui sillonnent sa surface , suivre la marche invariable qui lui a été tracée par la nature.

Il est sans doute intéressant pour homme qui s’occupe des arts, de suivre pas à pas ces progrès, de connaître les sources qui les alimentent et les produi- sent , et la société philomatique, devenue un point central d'instruction par les nom- breux et utiles travaux de ses membres; par ses correspondances multipliées , et par les rapports qu’on fait dans son sein des travaux de toutes les sociétés savantes, doit plus qu'aucune autre chercher à se rendre compte des faits nouveaux qui accélèrent les progrès des connaissances. Aussi, chacun des rapports qui lui sont faits annuellement, sous ce point de vue, peuvent-ils devenir utiles à l’histoire, en servant de table des matières raisonnée d’une grande partie des faits nouveaux

2

(4)

tœui ont aggrandi le domaine des sciences physiques et naturelles.

L'année qui vient de s'écouler depuis votre dernière séance d’anniversaire , n’a pas été moins que les précédentes féconde en heureux résultats, des membres dis- dingués, teis que les citoyens Olivier , Bichat et Daudin, ont été appelés dans yotre sein; vous vous êtes associé des correspondans recommandables par une réputation justement acquise, tels que les citoyens Fabroni, Cavanilles, Wassali, Buniva, Broussonet ( Victor ), Richerand et Savigny. Parmi les matériaux qui font partie de vos archives, on peut remarquer sur-tout les mémoires suivans,

MÉMOIRES

GÉNÉRAU X:

Le citoyen: Duchesne vous a lu un mé- moire sur les systèmes et sur lesprit de système ; il a expliqué ce qu'on devait entendre par le mot système, qui sui- vant lui, est sinonime avec celui de thé- orie, et qu’il faut bien distinguer de celus de conjecture: Il & considéré qu’un sys- tême est un assemblage d'idées, ou de choses liées les unes aux autres par des rapports immédiats, une série de consé- quences tirées des causes. aux effets et des eflets aux causes, une progression d'analogies toujours existantes pour arri- ver à une démonstration, à un corps de doctrine, à une classification; par l’enchai- nement des faits et des probabilités. Un système hier suivi est l’accord des con- jectures et des réalités, des hypotèses et des faits, de la théorie et des preuves,

(6)

des opinions et de la vérité. Ces travaux qui ont été concus sous ce point de vue, par plusieurs hommes de génie, ont eu l'avantage d'indiquer les limites et les divers objets d'étude des sciences qu’ils embrassaient , et de fixer l’état de ces sciences à l'époque ils ont été formés.

Lecitoyen Dillon vous a donné un mé- moire sur le DEVAKH ou coudée du nilo- mètre; c'est une mesure qui existe en Egypte depuis un temps immémorial, elle était liée à un vaste système métrique, fondé sur la connaissance de la longueur duméridien dont elle était la 72 millio- nième partie, ou la 4oo°, partie du stade. La détermination exacte de cette me- sure pouvait donc jetter un grand jour sur le degré d'instruction des peuples an- ciens , de ceux même (suivant le célèbre Bailly ), antérieurs à tous les peuples sur lesquels l’histoire nous a transmis des dé- tails. Aussi plusieurs voyageurs instruits, tels que Gréaves, le Roi ect., n’ont pas négligé de vérifier ce fait important. Le citoyen Dillon, ayant eu occasion de se procurer une copie fidelle de cette

ah th à 2

CT Em

Gr

mesure, l'a comparée au mètre modèle du bureau des poids et mesures, et il à trouvé qu’elle en est exactement les cinq neuvièmes,

Le même membre vous a donné Île ta- bleau de la proportion des anciennes me- sures du département de la Seine , com- parées aux mesures républiçaines, tableau qu'il a redigé conjointement avec les ci- toyens Vauquelin et Coquebert. On trouve dans ce tableau la valeur, em nouvelles mesures, de toutes celles de l’an- cien système en usage dans l'étendue de ce département; savoir : les mesures de lon- gueur, desolidité pour les bois de chauffage, de capacité pour lesliquides , les grains et les matières sèches, et enfin les poids. La plupart de ces rapports étaient déjà connus par les travaux exécutés antéri- rieurement par la commission. temporaire des poids et mesures; mais eomme elle m'avait pas toujours opéré d’après les éta- ons originaux, elle avait annoncé deg résultats qui ne se sont pas trouvés par= faitement conformes à la vérité. Tels sont ceux de la pinte et du boissoau ; la,

(8)

tommission aväit cru que la contenance du boisseau était de 6;0 pouces cubes, et celles de la pinte de 48 pouces cubes, d’après l'opinion générale, et quelques ac- tes de l'ancien gouvernement: l'expérience a prouvée que le boïsseau contient 655,78 pouces cubes, et la pinte 47,98 pouces cubes. Un autre fait remarquable qui est résulté de ce travail, c'est que dans une étendue de quatre à cinq miriamètres quarrés, qui est celle du département de a Seine, il y avait cinq espèces d’arpents, sept de pintes , deux de boïsseaux ect.très- différents entre eux, puisqu'il y en avait dont le rapport était jusqu’à celui der à 2.

Le citoyen Dillon vous a Îu aussi un mémoire sur Îla manière de vérifier les nouveaux poids et amnesures, contenant l'analyse des principes qui ont servi de base à cette partie du système métrique; on trouve dans ce mémoire l'indication d’un nouveau micromèire pour évaluer facilement des dixièmes ou centièmes de millimètres, des expériences sur l’allon- gement des mètres en bois produit par l'humidité qu'ils absorbent suivant leur

(9) qualité, d’autres pour savoir quelles sont les meilleures graines qu’on peut em- ployer pour vérifier les mesures de capa- cité en bois;-les erreurs dont les résultats dans les pesées peuvent être affectés par rapport au défaut d’une sensibilité par- faite dans les balances ; enfin, des re- cherches pour avoir des balances telles qu’on connaisse par une seule opération, si les erreurs qu’elles peuvent occasionner sont dans les limites fixés. L'auteur a fait voir comment, au moyen de nu- méros appliqués aux mesures modèles, et des registres du bureau de vérification, on peut toujours connaître le degré d’exac- titude de chacune de ces mesures , de facon à opérer, avec ces mesures modèles, comme si l'on était pourvu des vrais éta- lons ; enfin , l’auteur a rendu compte des nombreuses expériences qu'il à faites pour déterminer avec exactitude les pesanteurs spécifiques des alliages formés d’étain et de plomb , expérience d’un genre assez difficile , et d’où il est résulié quelques faits nouveaux sur la dilatation des mé- taux dans les alliages, et surles moyens

(19)

de fabriquer ces mesures avec exactitude:

Le citoyen Coquebert (Charles ), dans un mémoire qu'il vous a lu sur la quan- tité d’or et d'argent qui grossissent chaque année la masse du numéraire en Europe, vous a offert le tableau du produit des mines de ces deux métaux dans les dif- férentes parties du monde. Suivant lui, on peut évaluer à un poids de vingt mille kilogrames {a quantité d’or qui entre annuellement dans le commerce de l’Europe, et celle de l’argent à celui de cinq cents mille kilogrammes. Il estime que les quatre cinquièmes de cet or et les six septièmes de cet argent, proviennent de l'Amérique. Le kilogramme d’or valant environ trois mille francs, et le kilogramme d’argent deux cents francs. Il paraît que le numéraire s’augmente- en Europe d’environ 160 millions de francs chaque année, ce qui fait un franc par tête d'individus, le nombre des habitans de cette partie du monde pouvant être supposé aussi de 160 millions; et si l’on admet que la portion qui revient annuel- lement à chaque individu dans le numé.

DEN

raire total , soit de cent francs, il s’en suivra que, dans l’espace d’un siècle, la masse des métaux précieux sera doublée, et par conséquent le prix des choses sera également porté au double; ou ce qui est la même chose la valeur réelle de l'or et de l’argent sera réduite à moitié de ce qu'elle est maintenant. D’après Ia proportion relative de cesdeux métaux, il semblerait quela valeur de l’or devrait être vingt - cinq fois plus considérable que celle de l'argent, tandis qu’elle nest réellement en Europe que de 15 à 1. Mais la quantité d’argent convertie en ustenciles, l'exportation de ce métal pour les Indes et la Turquie, l’usage plus fré- quent des monnaies d'argent, enfin le haut prix de l'or qui le met au-dessus de Ia fa- culté du plus grand nombre des acheteurs; sont les causes principales de cette déprét ciation.

Le même membre vous a communiqué aussi des observations sur un mémoire du célèbre Haller, relatif à l’évaporation de l'eau salée , et qui se trouve imprimé parmi ceux de l'académie dessciences, année 1764

(12)

Haller propose dans ce mémoire de sou mettre l’eau des salines, après sa concen- ration, à l’évaporation spontanée par l’air ou le soleil, dans des auges bassins; et il démontre qu’on peut se promettre un entier succès de cette méthode même pour le climat de la Suisse; d’après les. expé- riences exactes sur la quantité. d’eau qui s’évapore dans les différens mois de l’an- née. Mais lorsque ce grand homme veut entrer dans le détail des frais qu’occa- sionnerait un bassin d’évaporation propre à fournir un million de livres de sel par an , il tombe dans une erreur de calcul tellement forte, qu’elle fait cette dépense cent fois moindre qu'elle ne serait dans la réalité; le citoyen Coqueberi à cru devoir re- lever cette inadvertence parce qu’à l’abri d’un nom aussi justement révéré , elle pourrait avoir des conséquences funestes, Le citoyen Gillet-Laumont a appris à la société, qu'il avait déjà eu occasion de faire la même remarque, et qu’il l'avait consignée dans ‘des mémoires sur les sa- lines, antécédemment remis au gouver- nement,

1139 2 oo oo 9 SCIENCES PHYSIQUES

ET MATHÉMATIQUES.

LE citoyen Lacroix vous a lu, cette année, deux mémoires; l’un, sur la trans- formation que subissent les courbes ira- cées sur une surface développable, lors- qu’on vient à l’étendre sur un plan ; il contient des formules, aux moyens des- quelles on passe de l'équation de la courbe tracée sur le plan, à celle qui lui répond, lorsqu'elle est appliquée sur la surface développable , et réciproquement.

Dans l’autre , il a présenté des ré- flexions sur le dessin des cartes géogra- phiques, par rapport à la configuration des chaînes de montagnes et des grandes vallées , sur les diverses projections qu’on emploie à la construction de ces cartes : il en a fait connañire une nouvelle pro- posée par feu M. de Lorgna, et dans laquelle les différentes résions conservent les mêmes rapports de surface qu’elles ont sur le globe,

(1x4)

Le citoyen Biot vous a lu, cette année, deux mémoires ; le premier, a pour objet les diverses intégrales dont est susceptible une même équation aux différences finies. 11 a montré les analogies que quelques- unes de ces intégrales ont avec les solu- tions particulières des équations différen- telles , et les caractères qui les en distinguent; il a donné des moyens ana- lytiques pour les obtenir , et des consi- dérations géométriques pour les exprimer ; enfin , il a relevé un paradoxe , avancé sur ce sujet par feu Charles, dans les mémoires de l'académie des sciences , année 1788.

Un second mémoire du citoyen Biot concerne l'application du calcul intégral des équations aux différences mélées,à une classe de questions géométriques dans lesquelles on compare les propriétés des courbes relativement à des points infi- niment proches, avec celles qui ont lieu pour des points placés à des distances finies. Cette application est précédée de considérations générales sur la rature et la formation des équations aux diflérences mélées.

C:5)

Depuis long-tems on avait senti la né- cessité d'appliquer aux différences ni- veaux , mesurées par le baromètre, des corrections relatives aux variations de température. Les formules , que Duluc et Tremblay ont données pour cela, sup- posent que les changemens de densité qu'éprouve l'air à différentes tempéra- tures, sont proportionnés aux variations du thermomètre ; cependant , il est re- connu que les fluides élastiques se dilatent d'autant plus qu’ils sont déjà dilatés : le citoyen Prony ayant déduit des ex- périences des citoyens Guyton et Prieur sur la dilatation des gaz élastiques par l'effet de la chaleur, l'expression analy- tique de cette dilatation, l’introduit dans celle des densités de l’air aux différens points de l’atmosphère , et tire de-là de nouvelles formules pour calculer les dif- férences de niveau par les variations du baromètre.

Le même membre vous a donné un mé- moire sur la poussée des terres et sur l’é- paisseur des murs de revêtement; cet ouvrage , dont l’objet est très-important,

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offre de nouvelles formules l’on tient compte du frottement et de la cohésion des terres, en sorte qu’elles conviennent aux différens dégrés de ténacité et de di- vision qu'on peut remarquer en elles, de- puis la duretéjusqu’à la liquidité parfaite; elles sont ainsi susceptibles de s'appliquer à la pression des fluides. L'auteur a consi- déré séparément la partie de la poussée qui ne tend qu’à faire glisser horisonta- lement les revétemens, et celles qui tend à les renverser.

ARTS MÉCHANIQUES.

Le citoyen PBaillef vous a donné Ia des- cription de trois manières principales de faire jouer les mines sous l’eau.

La 1'°. est celle usitée dans quelques mines de la République, quand la profon- deur d’eau est de 15 à 18 décimètres; elle consiste essentiellement dans l’emploi d’un

iuyau

(17.9 tuyau de fer blanc qu’on introduit dans le trou de mine, et dans lequel on charge la mine selon le procédé ordinaire.

La 2°. est proposée par le citoyen Baiïllet pour les cas l’eau qui recouvre le ter- rein, n’est profonde que de quelques décimètres. Elle exige 1°. une cartouche goudrennée , garnie d’une baguette de bois creuse { aussi goudronnée ), qui s’é- lève au-dessus de l’eau, et est destinée à recevoir la mèche et à porter le feu; et 2°, un tampon de bois qui est creusé lon- gitudinalement en forme de cannelure, pour glisser sur la baguette et que l’on fait entrer de force dans le trou de mine.

La 3°. est celle pratiquée à Carlscrouwn; elle est remarquable en ce qu’au lieu de bourrer sur la charge, on employe une tige inflexible chargée d’un pied à son ex- trémité supérieure , et terminée en bas par un coin qui s’applique exactement sur un autre coin semblable, renversé et fixé à la base supérieure de la cartouche.

Cette méthode simple qui parait encore ignorée des mineurs francais, servirait

B

Er) bien utilemént à débarasser nos rivières des rochers qui en gènent la navigation, à creuser nos ports , et à rendre nos rades plus commodes et plus sûres.

Le même membre vous a exposé dans une auire mémoire les inconvéniens de la nomenclature actuelle des machines à vapeurs : nomenclature qui exige qu'on se serve prèsque toujours de périphrases quand on veut spécifier la machine dont. on parle ; il vous a proposé de la préci- ser et de la fixer à l'avenir, en appellant 1°. machines à vapeur et à air, celles l'air extérieur a accès , ‘et 92°. machines à vapeur celles la vapeur seule est admise ; dans cette seconde espèce, il nomme machines à vapeur intermittente celles qu'on a appellées machines à feu à simple eflet, et machines à vapeur conti- nue, celles qu’on appelle machines à feu à deux coups ou à double eflet.

Le citoyen Dillon vous a I un mé- moire sur l'utilité de la pouzzolane ; dans les constructions hydrauliques ; Vitruve et plusieurs autres auteurs anciens avaient déjà parlé de son avantage, résultant de

(ro)

la propriété presqu’exclusivé qu’elle à, de prendre promptement une très-srande consistance dans l’eau. Le citoyen Dillon qui s’est occupé de cet objet , dans ‘un voyage en italie, en Hollande, et dans l’intérieur de la France, a vu que chez nous, on ne tirait pas tout le parti pos- sible de cette substance que nous possé- dons dans plusieurs endroits de noîxe territoire; il a, dans son mémoire, rap- pellé tous les avantages qu’on doit 5e promettre en Femployant; il a tracé la méthode exirémement simple qui est en usage en Italie; enfin , il a indiqué la plupart des cas l'emploi de la pouzzo- dane abrégerait considérablement les cons- tructions hydrauliques, sans nuire à leur solidité, ce qui produirait nécessairement une grande économie dans la dépense.

Le citoyen Miché vous a communiqué des réflexions sur les avantages qu'il y aurait à donner un nom particulier au mètre quarré, qui est la mesure la plus en usage dans les constructions ; il a ob- servé que dans la pratique, on est dans l'incertitude sur la valeur des fractions

23 Æ

(20 ) de cette mesure, et qu’ainsi on doute si le décimètre quarré est la dixième partie du mètre quarré , ou bien un quarré dont un décimètre est le côté. Vous avez pensé que cet avantage ne serait pas suflisant pour provoquer un changement à la loi, et qu’on peut détruire l’ambiguité en di- sant dans un cas le dixième du mètre quarré , et dans l’autre le décimètre

quarré-

PART SAR OVUTE. CHF RE SECRET se

Le citoyen Tremery vous a lu des obser- vations sur un thermomètre et un baro- mètre àindex, nouvellement composés par Keith Écossais. Il vous a fait voir , que le ba- romètre qui est du genre de ceux àcadran , et qui consistait dans un tube recourbé , ouvert dans une de ses extrémités, et ter- miné supérieurement par un cylindre horisontal qui sert de cuvette, avait de plus que les autres de ce genre, un dé- faut remarquable; c’est que les colonnes d’élévation ou d’abaissement ne pouvant jamais être égales dans un cylindre , les

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variations qui opèrent une angmentatiom ou une diminution dans le cylindre supé- rieur horisontal qui sert de réservoir , ne produisent pas des résultats proportion- nels dans le tube d'observations. Le iher- momètre à index , rempli en partie d’al- cool et de mercure, indépendamment de Fa difficulié insurmontable de‘le construire comparable , à cause de fa précision qu’il est nécessaire de metire dans le calibrage des tubes respeciifs, présente un incon- vénient plus grave encore dans emploi simultané de deux substances , car Îa condensation de ces deux matières étant dans des :rapports inégaux:, il arrive que leur marche est toujours inégale et quei- quefois même contraire, et que les index ne sé: trouvent pas élevés ou abaissés des quantités nécessaires; ce qui met l’obser- vateur en défaut. 1l'a-ajouté: que cette invention n’était pas nouvelle ;: que: le theatrum machinarum en fourn issairplu- sieurs exemples , et que d’Osembray , Cumming, Courgecles et Changeux avaient déjà fait des météréographes qui présen aient les mêmes dispositions,

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Ta physique, cette partie importante de vos travaux, n’est sans doute pas cette année la plus riche en faits nouveaux. Mais: onpeut remarquer ; avec peine, qu’elle ‘est en ce moment très-peu cul- tivée à Paris. Il serait à desirer que la so- ciété fit de plus grands efforts pour donner une, nouvelle: impulsion à cette science aimable , dont les branches variées offrent uue multitude d’objets divers ; et. qui pourtant ; présente si: peu d'amateurs et “le vraïs savans ; tandis que les mathé- matiques -et la chymie, qui forment, en quelque sorte les' deux extrémités -du chainon qu’elle occupe ; ont un si grand sombre de, partisans (célèbres: On ne peut attribuer ce refroidissement pour la phyr sique en France, qu’à l’empire: de la mode, et peut-être à:Popinion:des pérsonnes peu initiées quitpensent'qu’on-ne peut faire des expériénces et des découvertés: qu'à grands frais et avec de nombreuses :ma+ chines.: la multitude des appareils ne sert pourtant en général qu’à attirer dans les cours les regards des auditeurs peu atten- üfs; elle est de peu d'importance pour

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ceux à qui la théorie a démontré d’avance les résultats de l’expérience; pour appuyer cette vérité, il suflit d’observer que deux des physiciens , qui dans ces derniers temps, ont le plus contribué à faire faire des progrès à cette science , les c°"s, Hauy et Coulomb n’ont qu’un très-petit nombre d’instrumens , ét une fortune irès-bornée.

E:H Y MI EF:

Nousavons, dans notre dernier rapport, exposé les inductions curieuses que le citoyen Cuvier avait tiré de l'examen des os fossiles des anciens animaux; le citoyen Vauquelin a analysé eeux qui sont eox- tenus dans les couches de plâtre de Mont- martre , il à trouvé qu'ils étaient com- posés de phosfate de chaux en grande proportion, d’un cinquième: environ de sulfate de chaux et de carbonate de chaux, et d’un dixième d’eau; ils contiennenters. core de la gélatine. la terre- qui enve- loppe les os fossiles, contient plus de moitié de carbonaie- de chaux, un pew de sulfate de chaux, et une assez grande quantité de silice mélée d’alumine.

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L'expérience avait déjà confirmé les appercus de Veuton sur l’éminente com- bustibilité du diamant, mais les prodnits de sa combustiom n'ayant pas encore été receuillis, on n'avait apprécier ce qu’ik devenait en passant à l’état aériforme. Le citoyen Vauquelin vous a fait connaître les expériences faites sur ee sujet par le citoyen Guyion, et celles que depuis il à répétées lui-même ; cet examen ienté avec toute l'exactitude que peuvent fournir les moyens employés par la chymie moderne, leur ont prouvé que le diamant était le carbone pur; et qu'il passait à l’état de gaz acide carbonique par l’oxigène qu'il absorbait en grande quantité dans sa com- bustion. Ces résultats curieux sont une découverte piquante et imprévue qui doit étonner l'observateur lorsqu'il considère combien cette matière simple est rare dans la nature, tandis que ses composés y sont si généralement répandus sous forme d’a- cide carbonique, de plombagine, de char- bon fossile, et autres matières analogues.

Le citoyen Vauquelin vous a commu- niqué aussi des expériences sur le sul-

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fure sulfuré de soude , découvert et exa- miné par le citoyen (haussier dans les fabriques l’on décompose le sulfate de soude en le chauffant fortement avec du charbon et du fer , 11 a reconnu une grande partie des propriétésénoncées par ce chy- miste, et particulièrement que l’eau de baryte n’occasionnait aucun précipiié dans sa dissolution; mais il pense que ce sel n’est point un sulfure de soude, mais un sulfite avec excès de soufre. Les ex- périences qu’il vous a détaillées pour ap- puyer son opinion, vous ont paru con- cluantes ; mais il en résulte toujours que c’est un nouveau genre de sel dont il est curieux d'étudier les propriétés.

Les expériences de Lowitz sur les congellations artificielles, avaient été, par leurs étonnants résultats, un objet de doute pour les chymistes francais; le citoyen Vauquelin vous a rapporté les expériences qu'il avait faites à ce sujet, tant a l’école polythecnique qu’à celle de Mines, avec les citoyens Fourcroy et Guyion, et dans lesquelles ils sont par- venus avec facilité, à faire congeller le

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mercure , l’ammoniaque, les acides nitri- ques et muriatiques et l’éther sulfurique, en.employant le muriate calcaire à la dose. de quatre parties contre trois de neige. Il a détaillé les phénomènes qui avaient été observés dans ces opérations , ainsi que l’action singulière de ce mélange frigori- fiqué sur les substances animales ; et le ré- sultat de ces nouveaux moyens a ajouté divers faits curieux à l’histoire de la chymie.

Le citoyen Fabroni vous a lu un mé- moire sur la fermentation vineuse et l’é- iherification, il a observé que la fermen- tation vineuse pouvait se faire en petit, et qu'elle avait lieu dans le vuide comme dans l’air ; les conditions nécessaires pour cette fermentation sont du sucre et du gluten ou du mucilage qui en contienne le produit de cette fermentation est du vin et non de l’alcool. il s'est assuré par expé- rience que l'alcool n'existait pas dans le vin , mais qu’il se produisait par la cha- leur nécessaire à la distillation de ce prin- cipe ; ayant mis une partie d'alcool,

?

avecquatre-vingt-dix-neuf de vinet ayant

ter)

agité ce mélange, il a séparé entièrement cet alcool par une addition sufisante d’al- kali caustique et il n’en à pas obtenu une soute de plus qu'il n’en avait mis; il a observé que le mout du raisin contenait du gluten avant la fermentation vineuse et qu’il n’en contenait plus après, et que le vin, lorsqu'il contenait assez de mucilage pouvait passer à la fermentation acide quoique parfaitemeut abritté du contact de air. M. .Fabroni regarde le mucilage comme un des principes végétaux Îes plus oxigenés. Il attribue la saveur fade de ce corps à son excès d’oxisénation et apporte.en preuve l’acide muriatique oxi- gené qui est bien moins sapide que l'acide muriatiqne ; il a vu aussi que l'alcool n’é- tait point. nécessaire à la production de l’éther, puisqu'il a obtenu ce liquide oûo- rant par la distillation de l'acide acétique sur l’acide benzoïque.

Le même-associé vous a lu un mémoire dans lequel il établit d’après des expérien- ces, que la lumière et la saveur sensibles lorsqu'on mét en contact deux métaux sur la langue, ne tiennent point à l'électricité

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mais dépendent d’une action chymique. 1 a vu que le contact de divers métaux soit dans l'eau soit à l'air accèlerait leur oxidation. Il à remarqué que l’action con- ductrice ne s’étendait pas au-delà de six à sept mètres, et que les phénomènes n’a- vaient pas lieu entre ious les métaux, tandis que l'électricité se propage à des distances indéfinies et agit avec toutes les substances métalliques. II pense que Voxide , et les cristaux salins qu’il obtient dans ce cas, tiennent à uneopération chy- mique à laquelle on doit attribuer les sen- sations qu’on éprouve sur la langue et sur l'œil, et il lui attribue ce stimulus mistérieux qui opère les mouvemens con- vulsifs de la fibre animale dans une grande partie des expériences galvaniques.

Lecitoyen Bouillon-la-Grange vous a fait connaître un ouvrage qu'il a publié, et qui est intitulé manuel d’un cours de chymie: il consiste principalement dans une énu- mération détaillée et méthodique des expé- riences à faire dans un cours de chymie complet , et dans la description claire et suffisante quoique concise de ces expérien-

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ces. L'auteur à suivi l’ordre du cours de chymie fait à l'école polythecnique par le citoyen Fourcroy. Il a donné des figures faites avec soin, des appareils inventés par les chymistes modernes pour apporter dans leurs expériences cette exactitude qui a fait faire des progrès si rapides à la chy- mie. 11] à réuni dans son ouvrage les dé- couvertes les plus récentes et les procédés les plus perfectionnés.

Le même membre vous a donné une dis- sertation sur le sirop mercuriel dit de Belet ; Bayen avait déjà reconnu que la liqueur fondamentale de ce sirop n’était autre chose que du mercure dissous dans de l'acide nitrique auquel on avait ajouté de l'alcool ; quelquefois on substitue l'acide acéteux à l'acide nitrique , mais les différentes préparations que les phar- maciens donnent à ce remède changent quelquefois ses propriétés, et d’ailleurs le mercure qui sen précipite souvent, donne aux portions de la liqueur une action inégale. Le citoyen Bouillon-la-Grange a donné les procédés les plus surs pour pré- parer cette composition pharmaceutique ;

(50) mais comme il est très-diflicile que le ni- rate de mercure ne se décompose pas dans ce mélange, l’auteur a indiqué les réactifs à l'aide desquels on pouvait s'assurer de son existence dans la liqueur.

Le citoyen Girod-Chantran vous a en- voyé un mémoire dans lequel il établit que la nielle, maladie des bleds , n’existe pas dans le germe de la semence , mais quelle est dûe à des animalcules qui s’at- tachent aux grains et contre la propaga. tion desquels le chaulage avait une puis- sante influence. Il a reconnu dans la nielle une acide particulier qui rougissait les teintures bleues végétales ; cet acide n’est point volatil et on peut l'obtenir con- centré par la distillation , il forme avec la chaux et avec l’ammoniaque un sel insoluble , caractère qui le distingue de l'acide phosphorique ; ïl décompose le carbonate calcaire ; combiné avec la po- tasse il donne un sel qui cristallise en petites aiguilles , qui est deliquescent , et qui a une saveur amère. Le résidu de cette matière après la séparation de l'acide, donne en brülant une odeur de corne qui

(31) contribue suivant lui à prouver l’anima- lité de cette substance.

Le citoyen Van Nôorden vous à envoyé de Rotterdam des observations sur la pro- prieté du charbon pour absorber les gaz à la température atmosphérique. Le docteur Rouppe a poussé cet examen beaucoup plus loin qu’on ne l'avait encore fait, il a non seulement déterminé la quantité de cha- que gaz qu’un volume de charbon pou- vait absorber, mais aussi il a reconnu que certains mélanges de gaz qui ne se com- binent point à l’état élastique s’unissaient dans le charbon en vertu de la pression que l'afhnité exercait sur eux; que par exemple un mélange d'hydrogène et d’oxi- gène formait de l’eau, que du gaz azote et du gaz oxigène fournissaient de l’acide nitreux , qu'enfin de l’hydrogène et de l'azote donnaient des traces d’ammonia- que .Ces faits expliqueront beaucoup de phénomènes appercus par les chymistes et dont ils ne connaissaient point la cause; ils rendront raison par exemple de la for- mation de lammoniaque et de l'acide russique lorsqu'on fait rousir un mélange

(32) de charbon commun avec de la potasse ; ce qui avait fait dire à quelques chy- mistes que la potasse contenait de l’hydro- gène et de l'azote.

AR TSUNCEHYMEIOUES-

RE SE

Nous avons annoncé dans notre dernier rapport que le citoyen Pajot-des-Charmes avait trouvé le moyen de laminer les gla- ces, et d'en souder les fragmens de manière que la soudure n’était presque pas appa- rente. Depuis, ce citoyen vous a adressé des glaces de différentes qualités compo sées de plusieurs fragmens qu’il était par- venu à réunir et à souder avec une telle solidité que la glace se brisait plutôt à côté de la soudure que dans cet endroit même. Par ce procédé porté à sa perfec- tion on pourra obtenir une glace d’une assez grande valeur en réunissant des mor- ceaux sans prix. Comme pour completter la soudure , il faut chauffer les glaces et les laminer, ces nouvelles opérations ont

| en

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en outre l'avantage de décolorer les glaces d'une teinte désagréable , de faire dis- paraître une grande partie des bouillons qui les altèrent ; enfin on peut par le laminage augmenter l'étendue d’une glace et par conséquent son prix lorsqu'elle a une suflisante épaisseur.

Le citoyen Chaptal vous a donné un mémoire sur l’art du dégraisseur d'étoiles. Il à fait remarquer que les réactifs de- vaient être aussi variés que les substances qui peuvent tacher ou être tachées, ce qui peut donner une idée de leur nombre et des soins et des connaissances que doit avoir celui qui les emploie. I a donné dans un grand détail les moyens de res- tituer sur les étoffes les couleurs enlevées par les taches ou les réactifs eux-mêmes : ét il a montré que cet art très-peu connu méritait de tenir une place distinguée parmi les autres arts chymiques,

Le blanchiment du coton auquel le citoyen Bertholet avait appliqué avec succès l’acide muriatique oxigené n’était pas généralement pratiqué par ce procédé dans toutes les manufactures, parce qu’il

C

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n’était pas par tout également économique et qu’il exigeait des précautions auxquelles il était difhcile d’accoutumer les ouvriers. Le citoyen Chaptal a fait connaître un nouveau procédé dans lequel le coton pas- sant successivement d’une lessive alkaline dans une chaudière d’une forme parti- culière acquerait en peu de temps un grand dégré de blancheur ; elle est plus écono- mique que la première, et est aujourd’hui assez généralement répandue dans le midi de la France elle a été apportée du Levant et on la conserve encore comme un secret. Le citoyen Chaptal pense qu'on pourrait appliquer avec succès cette mé- thode au blanchissage des fils de lin et de chanvre.

Le citoyen Vauquelin vous a lu un mé- moire sur la qualité des poteries et le ré- sultat de quelques analyses de terres et de poteries communes , il a remarqué que quatre choses pouvaient influer sur la qualité des poteries. 1°. La nature ou la composition de la matière ; 2°. La préparation qu’on lui fait subir 3°. Les dimensions qu’on donne aux vases. 4°. La cuisson qu’on fait subir à ceux-ci, Les

LE

&lémens de la plus part des poteries sont la silice , l’alumine , la chaux et quel- quefois un peu de fer. Leur qualité ne diffère que par la proportion de ces sub- tances qu'il faut employer en raison de l'usage auquel on destine les poteries, ainsi que par la cuisson , les dimensions et les vernis ou couvertes dont la fusibi- lité doit se rapprocher autant qu'il est possible de celle de la matière puisqu'il y a combinaison intime. li à donné l’ana. lyse exacte dés creusets de hesse, des cap- sulesde porcelaine,et descylindres pyromè- triques de Wedgvood ; et comme :il est sur-tout nécessaire de faire connaître aux fabricans les matières qu’ils emploient, il a donné aussi l’analyse du kaolin brut, du kaolin lavé, du petunt-26 et de la porcelaine des cornués.

_ Le même membre vous a lu des réfle- xions sur la décomposition du muriate de soude par l’oxide de plomb; phénomène qui avait été mal expliqué jusqu'ici. Ses expériences lui ont démontré que le sel obtenu dans ce cas est un muriate de plomb avec excès d’oxide, et que c'est

2

(36 )

enraison de l’afinité du muriate de plomb pour cet excès d’oxide , que l’oxide de ce métal décompose le muriate de soude lorsqu'on en met suflisamment pour que cette afhnité auxiliaire puisse avoir lieu. Ila vu que le muriate de plomb n’était pas le seul sel de ce genre qui eut la proprieté d’absorber un excès d’oxide , le sulfate et le nitrate de ce métal jouissent également de cette propriété.

Le citoyen Hassenfratz vous a commu- niqué un mémoire sur les procédés par lesquels on retire l’antimoine de ses mines. Il à recherché particulièrement pourquoi on se servait de tartre brut , ou tartrite acidule de potasse pour dés’oxider l’anti- moine oxidé gris , et fondre ce métal ; il s’est assuré que ce sel était nécessaire dans ces opérations , et que tous les autres flux occasionnaient la vaporisation de l’anti- moine, sa combinaison avec les susbtan- ces vitrifiables. Sans chercher à expliquer comment ce sel agissait dans cette cir- constance ; il a tiré la conséquence que les flux variés que les anciens chymistes employaient pour retirer les métaux des

CS 7

mives qu’ils fondaient , avaient dans beau- coup de circonstances, une influence qui n’a pas encore été déterminée, et qui mé- riterait l'examen des chymistes modernes,

Le renouvellement nécessaire des mesu. res d'étain qui servent pour le vin, le vinaigre, et plusieurs autres liqueurs, exi- geaient que l’on s’assurât 1°. du dégré de pureté que l’étain devait avoir pour servir à cet usage, sans exposer la santé des ci- toyens. 2°. D’un moyen facile de recon- naïre le titre de l’étain sans déformer les vases qui en sont fabriqués. Le ei- toyen Coquebert vous. à communiqué le travail intéressant que le bureau des poids. et mesures, réuni à plusieurs chymistes. célèbres , avait fait sur ce sujet. L’expé- périence leur a prouvé que l’on pouvait permettre l'alliase du plomb. avec Pétain pour les vases destinés à contenir du vi et du vinaigre, à la proportion de IS à 18 pour cent, et qu'il n'y à point d’in- convénient à craindre pour la santé, dans l'emploi des vases faits avec cet alliage. La pesanteur spécifique était sans doute la manière la plus sure de reconnaïtre-

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la proportion de ces deux métaux dans les vases qu'on voulait conserver intacts ; mais, comme dans leur mélange , ces deux métaux augmentent de volume, et qu’ils ont réellement une pesanteur spécifique moindre que celle que donnera le calcul ; les commissaires ont dressé une table de la pesanteur spécifique de ces deux métaux alliés, pour les cas qui se pré- sentent le plus ordinairement dans le com- merce , et d’après laquelle on peut juger en pesant un vase dans l'air et dans l'eau, des proportions de plomb et d'étain qui entrent dans sa composition.

Le citoyen Duhamel fils vous a envoyé un mémoire sur les fabriques de noir de fumée provenant de la houille, qui sont en activité dans le département de la Saare ; la houille des mines de la rus- chulte, qu'on emploie pour cette fabri- cation , est d'une nature un peu collante, et peut être regardée comme une bouille sèche. C’est en réduisant cette houille à l’état de coak, qu’on obtient le noir de fumée , par des procédés qui sont d'une grande simplicité ; et quoique cette subs-

(39) tance ne soit pas d’un einploi très-consi= dérable , cependant celui qu’on en fait dans divers arts , pour le goudronage des cables , la graisse des voitures, l’im- pression, etc. peut faire considérer comme un avantage de lobtenir aussi des mines de houille , tandis que nous sommes obligés d’y sacrifier des substances végétales en assez grande quantité. C'est sur-tout dans les lieux l’on à besoin de fabriquer le coak , dans ceux la houille a peu de débouchés , et elle est à vil prix à raison de sa grande abondance , que ce travail est utile ; et l’on peut regarder la connaissance de ces procédés , comme une nouvelle conquête faite sur l’industrie

nos VOISINS.

ÉCONOMIE RURALE. PSE 2 ——

Le citoyen Chaptal vous a Ïx un mé- moire sur l’usage du cautère actuel, dans une maledie du châtaignier ;, cet arbre forme , sur plusieurs points de. la France,

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la ressource de l’agriculteur ; il vit long- tems, mais malheureusement son tissu ligneux s’altère en plusieurs circonstances; il se ramollit, tombe en poussière ; il se forme peu à peu dans le cœur de l’arbre une cavité, qui s’aggrandit par les progrès de la décomposition, de telle manière qu’à la fin le tronc ne présente plus qu'une écorce, qui trop faible pour soutenir le poids des branches et résister aux secousses des ouragans , ne pout plus assurer son existence. Le citoyen Chaptal a vu que, dans lesCevennes, les habitans arrêtaient les progrès de cette maladie, en enflam- mant de la bruyère et autres végétaux combustibles dans la cavité même , jusqu’à ce que la surface füt complètement char- bonnée: il arrive très-rarement que l’arbre périssepa r leflet de cette opération , et l'on voit constamment ce remède sus- pendre l’action de la carie. En comparant les effets du cautère actuel sur le corps animal dans des dégénérations analogues, on appercoit un nouveau rapprochement entre les maladies qui affectent les êtres organiques des deux règnes vivaus ,

(41) et entre les remèdes par lesquels on peut les combattre.

Le citoyen Boucher vous a envoyé un mémoire contenant des expériences, re- cherches, et observations sur les ormes. Ces arbres sont fréquemment attaqués d’ulcères qui à la longue en font périr un grand nombre : Duhamel avait déjà pensé que cette maladie devait être attri- buée à une pléthore de la sève ; et le citoyen Boucher vient par de nombreuses expériences de constaier ce fait, et de reconnaître le remède qu’il faut appliquer à cette maladie. Il a remarqué que l’ui- cère local n’attaque jamais l’arbre du côté du nord , mais presque toujours du côté du midi; il agit principalement sur les ormes plantés dans les terreins marécageux, et à proximité des rivières. Pour guérir les arbres attaqués, le citoyen Boucher perce chacun d’eux avec une tarrière qu’il insère dans l’ulcère même ; il adapte à ce trou un tuyau qui pénètre environ à trois centimètres de profondeur , et favo- rise ainsi l'écoulement surabondant de la sève qui s'arrête ordinairement au bout

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d’une ou deux fois vingt-quatre heures ; alors la plaie se sèche et se guérit: Pline, Columelle et Palladius avaient déjà cité ce moyen simple comme employé par les anciens, mais il n’était plus pratiqué de- puis long-tems. Le citoyen Boucher a com- pletté ces observations, en donnant l’ana- lyse exacte de la sève de cet arbre, et en prouvant qu'il n’est point étranger à lEu- rope , ainsi que quelques auteurs l'ont avancé.

Le citoyen Bosc vous a donné la notice d’un voyage qu’il a fait dans les mon- tagnes de la Galice. La partie la plus élevée de ces montagnes forme un plateau le froid ne permet qu’une culture très-circonscrite , mais les habitans développent une industrie agricole remar- quable. Les vents qui perpétuellement balaient ces cantons, joints à l'humidité constante qui y règne, oblige les culti- vateurs à élever la terre qui doit porter le grain, et à lui donner toujours l'aspect du midi; pour y parvenir, ils n’employent que laraire à oreilles transposables , à la base du manche de laquelle ils attachent un

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petit fagot de genêt d’environ un mètre de long. La jerre relevée par l'oreille est aussitôt applatie par le fagot, qui,en se recourbant, lui donne une inclinaison de 20 ou 30 degrés sur l’horison, et forme un sillon toujours fort bien aligné.Le grain est semé avant le labourage, les champs ontun coup-d’œil de propreté et de régu- larité tel qu’on ne le retrouve que dans les jardins les mieux tenus. Le seigle, l'orge et les navets paraissent être les principaux objets de culture de ce plateau, dans le- quel il n’y a pas de prairie artificielle. Il serait à desirer que dans les ierreins froids et sablonneux , et même dans toutes les terres légères, on employât cette méthode dont la culture tirerait de grands avan- tages,

Le citoyen Lasteyrie vous a lu un mé- moire sur les causes qui influaient sur la beauté des laines ; il a établi que ce n’est pas la transumance qui produit en Es - pagne de si heureux effets à cet égard ; mais qu’on les doit sur-tout à l'abondance et au choix de la nourriture dans ious les tems.

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Le citoyen Coquebert vous a lu sur le même sujet un mémoire dans lequel ik expose, qu’il ne croit pas qu’on doive at- tendre cette amélioration uniquement du croisement des races, et de l’introduction des bêtes à laine étrangères ; mais qu’on pourrait la devoir sur-tout aux soins mul- tiphiés, et à l’attention de bien choisir les alliances entre les moutons indigènes.

Le même membre vous a donné un mémoire sur ka véritable origine du san- darac et de Ia gomme arabique, qui sont un des articles importans du commerce du royaume de Maroc et du Sénégal, L’arbre qui produit le sandarac, est un thuya; ses branches se couvrent de vessi- cules transparentes qui contiennent la ré- sine, et sur lesquelles on la récolte dans. Jes mois de l'été. L’arbre qui fournit la gomme arabique, est le mimosa nilotica. Le voyageur qui lui a fourni ces observa- tions, assure que jamais cette gomme ne se trouve dans la terre au pied des arbres, ainsi qu’on l'avait pensé ; mais que les petites pierres, la terre ou autres corps étrangers , qu'on y trouve quelquefois mélés, sont un effet de la fraude.

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Je vous ai communiqué des considéra- tions sur la nécessité d’enseigner l’éco- nomie rurale dans les écoles publiques ; je vous ai exposé qu’en ce moment l’éco- nomie rurale était en France , ce qu'ont été toutes les sciences avant d’avoir été méthodiquement enseignées ; c’est-à-dire, un assemblage de quelques faits avérés, d’un plus grand nombre méconnus de la plupart des praticiens, et d’une foule de préceptes, de pratiques, de résultats ab- surdes propagés par l’empyrisme et trop connus de tout le monde. Ce n’est que lorsqu'on aura élevé l'agriculture au rang d’uf art par l’enseignement public, que ses bases seront établies, et qu’elle pourra être mise au nombre des connaissances exactes; ce n'est que lorsque les vérités théoriques auront été répandues parmi les hommes même étrangers à cette pro- fession , et que l'exemple aura été mis sous les yeux de ceux qui l’exercent, que l'on pourra compter sur des progrès réels. Ces progrès seront d’autant plus rapides, que les professeurs seront plus éclairés et plus persuasifs, et qu’ils auront pour unique

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but : 1°. de former de l'économie rurale un art complet, fondé sur une pratique positive , éclairée par une saine théorie ; a. de donner des connaissances exactes et de bons exemples aux praticiens: 5°. d'inspirer aux gens du monde le goût de cette occupation, et de les pénétrer de l'avantage qu'ils trouveront à consacrer des capitaux suflisans à leurs entreprises agricoles.

HISTOIRE NATURELLE.

MINÉRALOGIHIE.

Le citoyen Hauy vous a donné une no- tice sur un échantillon trouvé dans le Groënland et envoyé de Copenhague par M. Abildgard qui avait reconnu quil était composé d'alumine et d'acide fluori- que. Cette pierre ressemble un peu à la chaux sulfatée de Lagny : réduite en frag- mens minces, elle devient hydrophane dans l'eau ; elle entre en fusion à la simple flamme d'une bousie , et coule facilement

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au chalumeau. La manière dont elle se divise semble indiquer pour sa forme pri- mitive un octaëdre rectangulaire à trian- gles isocèles. Le citoyen Abilgard Jui avait donné le nom de Cryolithe: dans le systéme du citoyen Hauy , elle tire de sa composition le nom d’alumine fluatée.

Le méme membre vous a donné un mé- moire sur l’arragonite de Werner : cette substance se présente dans la nature sous la forme de cristaux en prismes hexaëdres d’une couleur violette ; la phosphorescence que donne la poussière, lorsqu'elle est jettée sur des charbons ardens, les avait d'abord fait prendre pour du spath cal- caire combiné avec l'acide phosphorique ; mais Klaproth qui les a analysés, n’y ayant trouvé que de la chaux carbonatée , les avait classés dans cegenre. Le citoyen Hauy a observé que leurs cassures présentaient des différences très-remarquables, ainsi que la mesure de leurs angles ; il a dé- terminé exactement les lois de leur struc- ture, et a reconnu leur forme primitive, qui diffère beaucoup de celle de 13 chaux carhonatée, Ces différences, jointes à celles

(48) de la dureté et de la pesanteur spécifique, lui ont fait penser qu’il y avait dans la composition intime de l’arragonite quel- ques principes essentiels sur lesquels la chymie n'avait point encore eu de prise.

Le citoyen Lelièvre vous a lu un mé- moire sur le feld-spath vert qu’on trouve en Sibérie , dans le gouvernement de Binski; il est en filons dans du granit compact, quoique feuilleté ; sa couleur verte est plus ou moins foncée, sa pesan- teur spécifique est de 2,56; il se fond au chalumeau en un émail blanc et bulleux, et ne colore pas le verre de borax. Le citoyen Vauquelin qui en a fait l'analyse, a trouvé sur 100 parties de cette pierre ; silice 62,83 , alumine 17,02, chaux 3, oxide de fer Fr, potasse environ 13.

Le même membrevous a fait connaître la lépidolite, pierre trouvée par l'abbé Poda, dans les montagnes primitives de la Mol- davie, et qu’on avait d'abord prise pour de la zéolite. On ne connaît point cette pierre cristallisée; elle est composée de paillettes brillantes assez solidement agglu- tinées, variant entre le blanc argentin ,

le

(49 } violet ét l’améthiste. Le citoyen Vau- quelin, qui en a fait l'analyse après Kla- proth, y a trouvé environ un cinquième de potasse qué ce savant n'avait pas ap- percue. Le nombre des pierres dans les- quelles on a déjà trouvé récemment la po- tasse, font penser au citoyen Lelièvre qu'on pourrait former une division de pierres en alkalifères, comme on en à formé une en acidifères.

Depuisla découvertede l’acide du chrome, dansle plomb rouge, auquelona reconnu les : propriétés de donner des couleurs brillantes à plusieurs minéraux , on avait desiré trou- ver cette substance assez abondamment pour l’'employer dans les arts. Le citoyen Vau- quelin vous à annoncé que le citoyen Pon- üer, correspondant du conseil des mines avait trouvé en grande quantité, dans le département du Var, une substance qui avait été d'abord regardée comme de la blende brune , dont elle ne diffère en effet dans ses caractères physiques que par une pesanteur spécifique beaucoup plus con- sidérable. Cette substance, analysée par le citoyen Vauquelin, à été reconnue pour

D

(50) un chromaté de fer qui contient sur 100 parties 6 3 d’acide chromique et 36 de fer. Cette decouverte intéressante laisse aux artistes l'espoir de pouvoir multiplier les essais avec cette matière qui leur promet d’heureux résultats.

Le citoyen Tonnellier vous a lu sur les volcans quelques observations que lui ont fourni plusieurs échantillons qui existent dans la collection du conseil des mines ; il a fait voir que souvent on a regardé, comme étrangères aux volcans, des subs- tances qui incontestablement leur doivent leur origine : c’est ainsi que l'on a décrit, sous le nom de saphirs et loux-saphirs , des fragmens arrondis de verres volca- niques qui n’ont rien de commun que la couleur avec le quartz bleu et la télésie bleue; jaspes , des verres volcaniques opa- ques verts, qui ressemblent à la variété de jaspe, connue sous le nom de pierre à lancette , et que l’on trouve en Ecosse et sur-tout au Groënland ; éponges pétrifiées des verres volcaniques filamenteux, imi- tant très-bien ces productions marines par leur tissu et par leur couleur.

(se)

Il résulie de plusieurs exemples cités par le même auteur , que l’on a rapporté aux volcans la formation de plusieurs subs- tances qui ont une toute autre origine ; que l’on a pris, par exemple , pour un verre volcanique blanc ( production extré- mement rare), un quartz qui s’est déposé en forme de gouttes mammelons sur la lave près de Francfort , et que l’on 2 attribué à l’action du feu l’état de charbon dans lequel se trouvent des boïs qui ont été ensevelis par des laves boueuses, quoique cet état ne soit qu’une décom- position lente, semblable à celle qu'ont éprouvée les bois que l’on retire d’un tuf volcanique , dans lesfcarrières de Pleit, à trois lieues d’Andernach.

Le citoyen Coquebert vous a lu une no- tice sur la pierre de miel , honigstein des Allemands, nommée ainsi à cause de sa couleur ordinaire ; cette pierre , rare dans les cabinets , est tendre et fragile; elle cris- tallise toujours en octaëdre , qu’on peut faire dériver de la forme primitive du diamant par une loi très-simple de dé- croissement : sur 100 parties , elle en con-

2

(52)

tient 90 de carbone pur. Ces différentes

considérations ont fait penser au citoyen

Coquebert que , dans un arrangement

méthodique des minéraux, le honigstein

devait être placé parmi les substances com- © bustibles, dans le genre du carbone, im-

médiatement après le diamant.

Le citoyen Baillet vous a lu un mémoire sur les accidens qui ont été observés jus- qu'ici dans les substances minérales dis- posées par couches. Il les à divisées en deux classes; les uns qui sont particuliers à chaque couche et qui par cela même paraissent comtemporains de la formation de ces couches , les autres qui sont com- muns à toutes les couches parallèles qui composent la masse d’un terrein, et qui paraissent ainsi n'avoir eu lieu que pos- térieurement à la formation de ces cou- ches, 11 range dans cette seconde classe “entre autres accidens, les plis, les retours et les ondulations des couches , qui tantôt n'ont qu'une petite étendue , et tantôt se prolongent à de grandes distances, et at- teignent les plus grandes profondeurs. 11 en cite des exemples nombreux pris dans

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les montagnes de pierres ollaires, de gneis, de schistes argilleux , et de pierre calcaire, dans les couches de grès granitiforme, de poudingue même, de houille et de minerais de fer. Il y a joint aussi le dé- placement ou le rejet d’une portion des couches, et il vous à rapporté l’observa- tion remarquable d’une veine de houille. descendue de vingt mètres de hauteur au niveau d’une autre veine inférieure à la- quelle elle paraissait alors appartenir.

BOF AUNUMO DE

Le citoyen Ventenat vous a lu un mé- moire sur une monographie du tilleul : l’Europe et sur-tout l’Amérique paraissent ètre jusqu’à présent les seules parties du globe le tilleul croisse spontanément. Les. botanistes n’en connaissaient que trois espèces, le citoyen Ventenat en a décrit six, savoir: deux d'Europe , confondus dans le tilia europæa, mais. parfaitement distinctes et déterminées par plusieurs

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caractères , sur-tout par la forme et la substance du fruit ; quatre d'Amérique, dont deux nouvelles. Celle que le citoyen Ventenat nomme à feuilles rondes, pré- sente plusieurs avantages qui lui feront sans doute obtenir la préférence pour lV’ornement des jardins; ses feuilles plus épaisses et plus charnues résistent mieux aux chaleurs de l'été; elles procurent par leur situation verticale un abri impéné- irable aux ardeurs du soleil. La blancheur de leur surface inférieure, le vert sombre de leur surface supérieure et la couleur dorée des fleurs forment un contraste qui charme la vue ; ses fleurs sont aussi plus nombreuses que dans les autres espèces; elles exhalent une odeur plus suave et elles durent plus long-tems. Le citoyen Ventenat a terminé sa monographie par des observations générales sur la culture du tilleul , sur le terrein qui lui convient, et sur les avantages qu'on peut retirer de toutes ses parties.

Le méme membre vous a donné l'extrait d'un ouvrage en 4 volumes in-8°, intitulé Tableau du règne végétal, selon la méthode

C5) de Jussieu. Dans son discours prélimi- naire, il s’est attaché à prouver que les plus célèbres botanistes se sont occupés de l'étude des rapports naturels; ïl a passé en revue, d’une manière anato- mique et physiologique, tous les organes des plantes, afin de déterminer ceux qui, d’après leur présence plus constante et leurs usages plus importans , méritent d’être préférés dans les classifications. Il a fait suivre ce travail d’un dictionnaire de botanique, et de la description et des caractères des classes, familles, et dela plus grande quantité des genres connus, dont le nombre s'élève dans cet ouvrage à deux cents de plus qu'on n'en trouve décrits dans Linnæus. Toutes les connaissances modernes , et en particulier celles du ci- toyen Ventenat ont servi à rectifier et à perfectionner la description et le classe- ment de ces genres; une table analytique, au moyen de faquelle on peut facilement arriver à la détermination d’un genre dont on cherche le nom, termine cet ouvrage , l’un de ceux qui peut servir le plus efi- cacement à faire faire des progrès à Îa

(56) botanique et à en faciliter l’étude. Le ci- ioyen Ventenat vous a annoncé aussi qu’en faisant des recherches sur les champignons, pour la continuation de l’ouvrage de Bul- liard , il a eu occasion d’observer qu’en coupant toutes les têtes d'une tiouffle de: Vagarieus edulis , elles s'étaient repro- duites spontanément , d’où il oroit pou- voir établir que non-seulement cette es- pèce se reproduit de grains, mais aussi par drageons comme beaucoup d'autres | végétaux.

M. Cavanilles, que la société s’honore. de compter au nombre de ses correspon- dans, lui a envoyé la description de plu- sieurs genres de plantes qui doivent faire partie de son 5°. volume des plantes indi- gènes de l’Espagne, et dans lesquelles on remarque principalement le louriera dont il a décrit les différentes espèces , et le. selliera. I1 lui a annoncé, en lui envoyant ces descriptions, qu’il va commencer un ouvrage intitulé Annales de l'histoire natu- relle, etc. qu’il fait par ordre et aux frais du gouvernement; M. Proust est chargé de la partie chymique, MM. Crojen ei

(57) Garcia Fernandès de la minéralogie, et M. Cavanilles de ce qui regarde la bota- nique.

Le citoyen Girod-Chantran a continué ses observations microscopiques sur les bysses, conferves et tremelles ; toutes sem- blent prouver que ces productions sont des demeures d’animaux; il à suivi en détail la reproduction et le développe- ment de ces polypiers; il attribue ésale- ment aux animaux microscopiques la plu- part des maladies qu’on observe sur les végétaux.

Le citoyen Boucher vous a envoyé un mémoire. sur la conferve gélatineuse. Cette plante habite les fontaines ; elle adhère aux pierres, même aux débris des végé- taux, à-peu-près comme les fucus; les ulva, et'se divise en beaucoup de ra: meaux qui sont portés vers le courant; toute la ‘plante est enduite d’une gelée transparente qui fait qu’elle échappe des doigts, lorsqu'on veut la tenir: elle con- serve même une sorte dezmouvement re- tractile qui pourrait faire soupconner qu'elle appartient au vègne animal, Le

G58 9

citoyen Boucher n’a pu découvrir d’ani- maux microscopiques , mais il craint que cela ne soit à la faiblesse de ses ins- trumens : au reste, il pense qu'il faut laisser cette plante dans la classe des conferves Linnæus et Dillenius l’avaient déjà rangée, et que c'est à tort que les professeurs Weiss et Roth en ont fait une chara; il pense aussi que des observations plus mul- tipliées pourront la faire passer avec beau- coup d’autres conferves dans la elasse des zoophites.

Le docteur Rafn, savant danois, a fait parvenir à la société le résultat d’expé- riences qu’il a suivies pendant plusieurs années, d'après lesquelles il conclut que le charbon, soit végétal , soit animal, a une influence marquée sur la nouriture des végétaux. 11 annonce que l’acide carbo- nique produit exactement le même effet que le charbon de hois. Il a employé plu- sieurs substances propres à dégager le gaz oxigène et l'acide carbonique, afin de re- connaître leurs effets sur la végétation : de tous les mélanges dans lesquels il a essayé de semer, aucun ne lui a paru préférable

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à une quantité de charbon, de terreau et de sable à parties égales, arrosés avec une eau remplie d’animaux infusoires qu’il obtient facilement en mettant du lin tremper dans l’eau qu'on destine aux ar- rosemens. Les rappures de corne, sont après les animalcules infusoires ce qui favorise le plus la végétation, le charbon tient le troisième rang; il a constaté les eflets dangereux du sel marin dans ce cas.

Z'O0'0'LNO G FE:

RE

Le citoyen Cuvier vous a communiqué des observations sur quelques mollusques qu’il a été à portée d’observer, notamment le clio borealis , hélix haliotoidea, et l’ani- mal du Dulla aperta. L'examen des carac- tères exterieurs et anatomiques du clio, Jui a prouvé qu’il appartenait vraiment à l'ordre naturel des gastéropodes, quoi- qu’il n’eut pas un pied sous le ventre, ca- ractère extérieur de cet animal. L’hélix

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haliotoidea est du nombre des mollusques qui paraissent d’abord dépourvus de co- quille, et qui cependant en recèlent dans l'épaisseur de leur manteau , elle est sans adhérence comme l'os de la sé- che, mais les viscères se moulent dans sa spirale: l'animal du Bulla aperta est dans le même cas, sa coquille est tout à fait cachée dans le manteau , il ne diffère des applisies que par le caractère pierreux de cette substance, et parce qu’il n’a pas les quaire tentacules de ce genre. L'auteur conclut de ses observations que la distinc- tion établie entre les mollusques nuds et les mollusques testacés , est purement ar- tificielle , et ne consiste souvent que dans la différente épaisseur de leur peau. Il remarque à l’appui de son opinion que les limaces ordinaires. ont elles-mêmes une plaque pierreuse dans l’épaisseur de la peau coriace, qui leur tient lieu de man- leau.

Le ciioyen Brongniart vous a lu un mémoire sur une classification naturelle des reptiles; il a observé que la plupart des naturalistes qui s'étaient occupés de

(61) cette classe d'animaux, ne les avaient rangés que sur des méthodes artificielles, dans lesquelles ils s'étaient servis de ca- ractères extérieurs tranchés, mais d’une moindre importance que ceux qui pour- raient être tirés de l’organisation et de l'habitude de ces animaux. D’après ces considérations, il a divisé les reptiles en quatre ordres qui sont distingués par des caractères nombreux et importans. Le premier, qu'il désigne par le nom de chelonien , renferme les tortues ; dans le second , qui renferme les genres qu’il nomme sauricus , il range les crocodiles, iguane , dracon , stellion , gecko, camé- léon, lézard , senique, chalcide ; ces ani- maux ont deux oreillettes au cœur , et pondent des œufs à coquilles dures et cal- caires; ils ont des pattes et des écail- les sur le corps. Le troisième ordre, les reptiles ophidiens ou serpens ; ils n’ont qu’une oreillette au cœur, point de ster- num , une verge double , une coquille molle à leurs œufs, et point de pattes. Le quatrième ordre, les batraciens, contient Îles crapauds, raines, grenouilles , et sala=

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mandres ; ils n'ont point de côtes , la peaw nue et des pattes ; ils n’ont point d’accou- plement réel , les œufs éclosent dans l’eau, les petits qui en sortent ont des branchies et se rapprochent des poissons , près des- quels ces animaux doivent être placés dans l’ordre naturel.

Les recherches du citoyen Dumeril en anatomie comparée, lui ont fourni des observations très-curieuses sur une mé- thode nouveile de classer naturellement les animaux. Il a remarqué que la der- nière phalange de leurs doigts affectait une forme constante dans chaque ordre naturel , ensorie que d’après l’inspection de ce petit os seul, sur un animal soit fossile soit nouvellement décharné , on pouvait reconnaître non seulement la fa- mille, mais souvent même le genre de l'animal auquel l’os a appartenu. Il a donné un grand nombre d’applications de cette observation , en présentant des échantillons et des figures à l’appui, et a terminé son mémoire par un résumé en forme de tableau des diflérens caractères qu’on peut tirer de cette partie qui paraît

(63) de si peu d'importance au premier ap percu.

Le citoyen Daudin a lu le discours pré- liminaire d’un traité élémentaire et com- plet d’ornithologie, dont le premier vo- Îume doit vous être présenté à cette séance. Ce traité comprendra les principales ob- servations faites jusqu’à ce jour sur les oiseaux, avec l’exposé des recherches qui restent encore à faire pour mettre cette science au même degré de perfection que les autres parties de l’histoire naturelle.

Dans un mémoire particulier sur quel- ques oiseaux, il a cru devoir faire deux espèces, des calaos à bec plissé, parce que celui qui a sept ou huit plis est plus petit que celui qui n’en a que quatre ou cinq, et qu'il est le seul qui n’ait pas le bec denté en scie. Il a décrit des espèces nou- velles de perroquet, de lorio ; ila séparé d’avec les corbeaux, l’oiseau nommé chou- ca chauve par Buflon, et en a formé un genre nouveau voisin des cottingas et des tyrans , sous le nom de chauvar ; il a réuni dans un genre particulier le tallapiote et le picucule de la Guyanne, et en a décrit

(64) une nouvelle espèce, sous le nom de fal-: lapio à long bec.

Le même membre vous a donné aussi un mémoire sur les genres taret et fistu- lane, dans lequel il a eu pour but de prouver que les caractères qui leur ont été assignés par les naturalistes, ne sont ni suflisans ni exacts. Il a rétabli le carac- tère propre à chacun de ces genres ; il a décrit, sous le nom spécifique de fistulane groupée , une espèce nouvelle de ce genre qu'il a trouvée fossile à Bênne, près Pont- Chartrain ; il a remarqué que les pholades teredula et hians de Gmelin sont les val- ves de deux fistulanes dont le tube est inclus dans la pierre, et y adhère for- tement.

Le citoyen Antoine Coquebert vous a fait connaître et a depuis imprimé la 1r°, décade d’un ouvrage qui contient les fi- gures, coloriées d’après ses propes dessins, des insectes que M. Fabricius a observés et décrits comme inédits dans les collec- tions de Paris ; il y a joint les phrases, les descriptions et la synonimie de ce na-

turaliste, Ces planches serviront à éclaircir des

(65) des descriptions quelquefois insuffisantes pour déterminer l'espèce que l’auteur a eu en vue. Elles multiplieront et perpétueront d’ailleurs des objets qui peuvent ne plus se retrouver. Il est a desirer que l’auteur puisse continuer cet utile recueil.

Le citoyen Latreiile vous a donné 1a description d'une espèce d'abeille dont Réaumur avait observé l’industrie sans in- diquer les caractères. Cet animal tapisse l’intérieur de l'habitation qu'il destine à ses petits, de morceaux de péiales de fleurs de coquelicots ; il appartient , suivant le citoyen Latreille qui vient de l’observer aux environs de Paris , à la famille des abeilles coupeuses de feuilles, remarqua- bles par leurs lèvres supérieures allongées, et leurs mandibules fortement dentées. Les mâles. ont des dentelures à la partie postérieure du. corps, et les femelles ont le dessous de l'abdomen très-soyeux : le citoyen Latreille soupçonne que l’apis lagopoda de Linhé est le mâle de cette espèce. Le nid est formé de neuf à dix portions de pétales plus nombreuses dans le fond, la pâtée qu’il renferme est un

E

(66 ) miel d’un brun foncé et d’un goût aci- dule.

Le citoyen Latreille vous a donné aussi la description et l’histoire d’un insecte des environs de Paris, qui nourrit ses petits d’abeilles domestiques, et qui n’est pas un des moindres fléaux de ces animaux pré- cieux; il est de Fa famille des guêpes et appartient au genre philante de Fabricius. La femelle de cette espèce que le citoyen Latreille nomme apivore, creuse dans les terreins sablonneux exposés au levant une galerie peu inclinée de la longueur d’en- viron un tiers de mètre ; elle va saisir ensuite sur les fleurs, les abeïlles qu’elle tue , et les transporte au fond de son trou pour nourrir ses larves qui sont au nombre de six à dix. L'auteur a vu sur une lon- gueur de 20 à 24 mètres plus de quatre- vingt femelles, d’où on peut juger du tort irréparable que cette ennemie fait aux xuches. 11 faut pour les détruire ébouler au printems les terreins coupés perpen- diculairement qui paraissent criblés de trous , afin de faire périr les larves et les

nymphes.

C7 9

Le même membre vous a donné la des= cription d'une espèce de fourmi origi- naire de Cayenne, qu’il appelle fongueuse à cause de la nature de son nid, qui res- semble au premier coup d'œil à l’amadou. Le citoyen Lamark a reconnu que ce nid était formé avec le coton d’une espèce de fromager bombax glabosum d'Aublet. Le citoyen Latreille présume que cette matière dont les nègres se servent avec succès pour arrêter les hémoragies , rend les nids de ces fourmis plus imperméa- bles dans un pays les pluies sont très-abondantes. Il a reconnu dans cet animal un caractère essentiel qui avait échappé à Fabricius, et qui consiste dans V’écaille du pédicule terminé par une pointe fine et aigue.

Il vous a lu aussi un mémoire sur 12 vrillette striée et sur la manière dont elle produit le son qu’elle fait entendre; ce n'est point la larve qui cause ce bruit, mais l’insecte parfait, que le citoyen La- treille a vu frapper sur le bois sec avec ses mandibules, et dans l'instant suivant il a entendu dans l’intérieur du bois un

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bruit semblable lui répondre ; d’où on peut conclure que ce bruit est le prélude des amours de ces petits animaux,

Le citoyen de Loche de Turin, vous a envoyé quelques observations sur les insectes. Ces observations ont pour objet la nature et la marche du sang des in- sectes, dans leur état de larves et dans l’état parfait ; diverses expériences lui ont montré l'effet produit sur les animaux parfaits , par l’amputation de quelques parties des larves. Il à trouvé aussi une substance analogue à une espèce de vernis dans les derniers anneaux du lampyris italicus. Celle de ses observations qui pa. raît la plus singulière a rapport à la gé- nération des abeilles ; il a remarqué que les ouvrières pondaient des œufs de faux bourdons en très-srande quantité, quoi- qu’il n’y eût aucune reine dans la ruche.

Il vous a envoyé aussi un autre mé- moire sur les nuées de papillons qui ont paru aux environs de Turin, en mai 1798. 11 a observé que ces nuées sont dues à plusieurs espèces de lépidoptères ; qu’elles affectent dans leur marche une forme cons-

(69) tante ; et ik à lié la naissance simultanée de cette multitude d’insectes, à des obser- vations météréologiques qu’il a été à portée de répéter.

Dans notre dernier rapport nous avons déjà annoncé un mémoire intéressant du citoyen Jurine , sur le genre du monocle; il vous a envoyé un nouveau mémoire sux une autre espèce de ce genre, qu’il ap- pelle monocle castor, à cause de la ma- nière dont la femelle porte ses œufs réunis dans une large poche qui ressemble un peu à la queue du castor; ayant asphixié et rendu ensuite l'existence à différens individus de cette espèce, il a remarqré que ce n’est pas le cœur, mais le canal intestinal qui conserve le plus long-tems son irritabilité et la reprend le plus vite. Les habitudes qu’il a observées dans ees petits animaux, dont il a décrit les carac- ières , sont bien faites pour fixer l’aiten- tion des naturalistes sur des êtres qui au premier abord en paraissent si peu susceptibles.

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ANATOMIE

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Le citoyen Cuvier vous a donné ur mémoire sur les différences des cerveaux, considérés dans tous les animaux à sang rouge, Les observations anatomiques et les comparaisons multipliées qu’il a indiquées, laissent entrevoir certains rapports entre es facultés des animaux et les proportions des parties communes de leur cerveau ; ainsi, la perfection de leur intelligence paraît d'autant plus grande que l’appen- dice du corps cannelé qui forme la partie supérieure des hémisphères est plus volu- mineux : l’homme a cette partie plus épais- se, plus étendue et plus repliée que les autres espèces; à mesure qu’on s'éloigne de l’homme , elle devient plus mince et plus lisse. Les parties du cerveau se recouvrent moins les unes les autres, elles se déve- loppent et semblent s’étaler davantage en longueur ; il parait même que certaines

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parties prennent dans toutes les classes un développement relatif à certaines qualités des animaux ;les tubereules quadrijumaux antérieurs des carpes, qui sont les moins carnassiers des poissons, sont plus gros à proportion, comme ceux des animaux mam- mifères qui vivent d'herbe.

Le citoyen Cuvier vous à donné aussi un mémoire sur l’organisation de quel- ques méduses; celle qui a particulière- ment fixé son attention avait été connue de Réaumur , mais elle n’est point décrite dans le Linné de Gmelin. Cet animal a la forme d’un champignon ,et se termine inférieurement par huit feuilles triangu- laires et dentelées qui ont à chacune de leurs dentelures ( qu’on peut porter au nombre de huit cents ) de petits trous par lesquels l'animal tire sa nourriture, et d’où naissent de petits vaisseaux qui se réunis- sant ensemble, vont aboutir à l’estomac. L'auteur s’est servi pour cette anatomie d’une injection de lait qu'il a coagulé ensuite par le moyen du vinaigre ; toute autre matière aurait déchiré la substance selatineuse de l’animal. Le citoyen Cuvier

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établit que la méduse est de tous les ani- maux connus celui qui ressemble le plus aux plantes, par la multiplicité de ses bouches, ou des pores par lesquels elle pompe sa nourriture. Mais comme toutes les méduses n'ont pas la même organisa- tion , et que plusieurs d’entr’elles ont une bouche simple et très-grande , il laisse à celles-ci le nom de méduse , et fait de celle qu'il a observée un genre particulier, sous le nom de rhizostome ( bouche ra- cine }..

Le même membre vous a rendu compte des expériences qu’il a répétées avec le citoyen Dumeril , pour constater celles qui avaient été faites par M. Rafn sur des grenouilles et des salamandres, à l'effet de découvrir le mécanisme de la respira- tion. Cet auteur avait reconnu que dans les animaux à sang chaud les poumons n'avaient pas , comme on l'a cru , une force expansive qui leur fut propre ; mais que c’est l’action du diaphragme à laquelle on n'avait pas fait assez d'attention qui met tout en œuvre; mais comme la gre- nouille n’a point de diaphragme, M.Rafn

(75) avait observé qu’une petite membrane, par le moyen de laquelle cet animal ferme sa bouche hermétiquement , en remplit les fonctions ; en sorte que lorsqu'on force ces animaux à tenir leur bouche ouverte ils meurent faute de respiration.

Le citoyen Lair a lu un mémoire sur les combustions humaines qui paraissent spon- tanées ; l’auteur a réuni plusieurs faits dont il a été témoin aux citations de divers au- teurs qui attestent ce singulier phénomène ; dans quelques cas les sujets ont été entië- rement consumés , dans quelques autres il restait seulement plusieurs deleurs par- ties que la flamme n’avait pas dévorée, tandis que les corps environnans, quoique très-combustibles n’avaient pas été atta- qués par le feu. L'auteur remarque parti- culièrement que toutes les personnes qui ont éprouvé cet accident étaient fort adon- nées aux boissons spiritueuses, et il a re- connu que c'était le gaz hydrogène pro- venant de ces liqueurs qui s’unit au corps graisseux et le dispose à éprouver cette terrible décomposition.

Le citoyen Buniva vous a donné le

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détail des expériences curieuses qu’il a faites sur l’injection du sang délayé dans les cadavres et dansles animaux vivans;il a reconnu que dans le premier cas , le sang injecté pénétrait dans les plus petits vais- seaux, bien au-delà de ceux dans lesquels la partie rouge est exclusivement conte- nue pendant la vie, en sorte que ce sang injecté a transudé par-tout, même à la surface de la peau; au lieu que dans un animal vivant , il n’a pénétré dans au- cune des parties il n’est point admis naturellement pendant la vie, d’où 1} con- clut que ce n’est point comme on le croyait autrefois, par la disproportion du calibre des vaisseaux, mais par l'effet d’une ré- sistence dépendante de la vie , que le sang, du moins sa partie rouge 5€ trouve excluedes plus petites ramifications vasculaires. Ces expériences jettent aussi un nouveau jour sur les causes des ma- ladies, connues sous le nom d’échimoses spontanées.

Les citoyens Wassali et Buniva vous ont lu le résultat de leurs recherches, relati- vement à quelques animaux microscopiques

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qu’on regardait comme propagateurs de différentes maladies contagieuses ; ils ont multiplié leurs observations sur un grand nombre de substances naturelles et d’in- fusions, et ils ont conclu que c'était à tort que plusieurs auteurs anciens et mo- dernes avaient attribué aux animalcules microscopiques la faculté contagieuse la vitalité. Ces expériences soignées doi- vent concourir à détruire une erreur ac- créditée, et c’est une espèce de service d’une grande utilité à rendre aux sciences naturelles.

Le citoyen Dumeril vous a Iu un mé- moire sur une espèce d’articulation dans laquelle le mouvement des os s'exécute à l’aide d’un ressort; cette articulation singulière a été observée sur les pattes d’une cigogne et d’autres oiseaux de Ia famille des échassiers. L’os de la cuisse se termine inférieurement par une poulie très-profonde , dont les deux tiers anté- rieurs logent la rotule et des glandes synoviales ; les condilles portent sur les os de la jambe, et terminent cette poulie: sous le perronier ou l’externe, est pra-

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tiqué une Yainure dans laquelle est recue et glisse l'extrémité fémorale du perroné qui est plus haut que l’autre os de la jambe: le condille interne plus large porte sur le tibia ; l'os perroné n’est qu'un filet gréle appliqué et mobile sur le ti- bia ; un fort Jligament situé dans l’inté- rieur de l’articulation du genou maintient rapprochée son extrémité fémorale contre cet os; c’est à la disposition de ce genre d’articulation qu’on doit rapporter la fa- culté qu'ont les cisognes de rester lons- tems sur une seule patte en tenant l’autre fléchie et souvent suspendue à angle droit , celle de porter le pied en avant en même tems que la jambe,et de tenir leurs pattes étendues en arrière dans le vol, pour contrebalancer le poids de la tête supportée par un très-long col.

Le citeyen Bichat vous a communiqué un ouvrage sur lesmembranes. Après avoir donné des considérations générales sur les membranes, l’auteur les divise en simples aui n’ont que des rapports indirects avec les parties voisines , et composées qui sont le résultat de la réunion de deux ou trois

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des précédentes ; il examine aussi particu- lièrement quelques membranes de classe in- certaine comme les tuniques des artères, la rétine , la piemère , et celles qui se dévelop- pent accidentellement comme la pédicule des cicatrices , les tuniques des kistes, etc. Les détails qu’on trouve dans cet ouvrage, la manière claire et préeise dont ils sont exposés, les procédés nouveaux, les ex- périences ingénieuses, les considérations et les découvertes plus importantes sur l’organisation , la vie, lesusages, et les af- fections maladives de chacunes des mem- branes ne peuvent qu'ajouter à la réputa- tion de l’auteur.

À RT'DE GUÉRIR.

: Le citoyen Hallé vous a communiqué la notice d'une observation singulière qui semble prouver l'influence de la lune sur le corps humain. En177$ , une femme âgée de quarante - trois ans, à la suite d’une grande frayeur éprouva pendant quelques

(78) jours beaucoup de difficultés dans la res- piration ; elle ne pouvait avaler , et avait même de l’horreur pour l’eau ; des maux aigus dans le dos et dans la poitrine lui faisaient pousser des cris douloureux ; la respiration prenait enfin la plus grande accélération, et l'accès qui durait en tout deux jours était entrecoupé par de vio- lentes attaques de suflocations et de défail- lances alternatives qui duraient deux heures. L'accès passé, la malade jouissaït d’une parfaite santé, qui durait dix ou douze jours, au bout desquels l'accès re- prenait, quoiqu'il n’eût été provoqué par aucune cause apparente. Dom Antonio Franseri, médecin espagnol, qui visitait la malade , soupconna que le retour des paroxismes avec cette régularité périodique pouvait être l’efflet de l'influence de la lune: il reconnut que tous les accès pré- cédaient constamment la nouvelle et la pleine lune, et il vérifia cette observation pendant vingt-un ans consécutifs. Pendant ce tems, le mal qui n’a point éprouvé de variations däns ses époques , en à éprouvé quelques-unes dans l’intensité de ses symp-

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tômes. M. Franzeri a publié l’histoire de cette maladie à la fin de l’an 4 (1796), et l’accès correspondant aux lunaisons a fini en lan 6(:798), ainsi qu’il vient de l'écrire au citoyen Hallé ; ce qui donne en tout à la maladie une durée de près de vingt-quatre ans. Dans les derniers tems et lorsque la maladie commenca à se calmer, la malade continua d’être ex- trèémement affectée dans les rencontres des éclipses solaires ou lunaires ; enfin, on doit remarquer que vers la fin de cette maladie périodique , l’œil gauche de la malade s’est affecté, et que la maladie ne s'est tout-à-fait dissipée , qu'après la for- mation complète d’une cataracte. Il faut aussi observer que les retours des règles, jusqu’à l’âge de quarante-sept ans qu'elles ont cessé , n’ont eu aucune coïncidence régulière avec les accès ; et que , lors- qu’elles se rencontraient avec l’un d'eux, elles étaient suspendues par son arrivée , et reprenaient, après sa cessation, pour durer le nombre de jours accoutumé. La nature seule a opéré la guérison de cette violente maladie, contre laquelle on n’a

( 80 ) employé de remèdes que pendant le cours de la première année; cette dame devait sans doute à cette prudente conduite de jouir, à l’âge de soixante-sept ans, d'une santé d'ailleurs parfaite qui semblait lui promettre encore une longue vie.

Le citoyen Alibert vous a donné un ou- vrage sur les fièvres connues sous la déno- mination de malignes , et une histoire complète de ce genre de maladies funestes dont l’art nédical est parvenu à connaître les causes et à arrêter complètement les progrès; il a décrit successivement huit variétés principales de ces fièvres, sous des noms qui indiquent leurs symptômes les plus dominans. 11 regarde le quinquina comme le spécifique le plus puissant contre ces maladies , et 1l termine son ouvrage par un exposé des moyens curatifs auxi- liaires:, qui varient suivant les syÿmpiômes de chacune de ‘ces variétés.

‘Le citoyen Moreau vous a lu des obser- vations sur différentes maladies la gué- rison desquelles les ressources pharmaceu- tiques n’ont point! concouru. Il propose

comme moyens de suppléer à l’action de plusieurs

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plusieurs médicamens, les effets analogues et quelquefois plus puissans des différentes aflections morales ; il indique les traite- mens moraux de plusieurs maladies , et les eflets singuliers de quelques pratiques superstitieuses , dans la guérison de di- verses maladies, et principalement dans celles des affections nerveuses. Des consi- dérations particulières sur la consomption lui font regarder cette maladie comme une aflection du système nerveux; il a terminé son mémoire par des vues sur les moyens de guérison de la consomption, d’après la connaissance de la nature de cette maladie.

Le citoyen Dumeril vous a fait un rap- port, sur l’ouverture qu’il a faite d’une femme morte subitement, et qu’on avait cru être empoisonnée ; il paraît que cette mort était due à la rupture de l'aorte, causée par l’abondance des boissons spi- ritueuses et l’excès des plaisirs de l’amour. Il à rapporté aussi, qu’en examinant le poumon d'un coq étique , il avait trouvé un grand nombre d'animaux du genre acarus ; or, il est irès-rare de voir des

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animaux de cette espèce vivre dans l’inté- rieur du corps des animaux à sang chaud,

Le citoyen Richerand vous a fait con- naître un cas particulier d'anevrisme qui n'avait pas encore été appercu par les médecins. Cette tumeur est formée par du sang arteriel , épauché aux environs d’une artère malade ; ce sang n’est pas contenu dans l'artère dilatée comme dans l’ane- vrisme vrai, ni infiltré au loin dans le tissu cellulaire du membre , comme lors- que par l’ouverture d’une artère il arrive un anevrisme faux primitif, ou par infil- tration; il n'est pas non plus renfermé dansune poche unique , comme dans l’ane- vrisme faux consécutif , ou circonscrit ; enfin , le sang ne passe pas dans une veine, comme dans l'anewrisme variqueux : c’est une infiltration circonscrite du sang dans le tissu cellulaire, espèce particulière d'a- nevrisme qui tient le milieu entre les ane- vrismes faux primitifs et consécutifs. Pour opérer cette maladie, on fait une longue et profonde incision sur le trajet de l’ar- ière présumée malade, on la met ainsi à découvert, et on pratique des ligatures

(85) au- dessus et au - dessous de la portion affectée.

Le citoyen Sarrazin vous a fait commu- niquer un mémoire sur l'emploi de l’oxi- gène dans la cure du tétanos; il l’a été dans plusieurs cas de symptômes très = graves de cette maladie, soit en donnant l’acide nitrique étendu d'eau en boisson, soit en faisant faire des frictions sur l'ab- domen du malade avee de la graisse for- tement oxigénée. Il a observé que les bons eflets de l'emploi de l’oxigène dans cette maladie et dans certaines affections ner- veuses, ont lieu principalement quand il y a disposition à la paralysie.

Le citoyen Thibout vous a fait commu- niquer une observation sur une fraction spontanée de la cuisse, suivie d’un ramo- lissement presque général de tous les os avec carie et complication de tumeurs. cet accident eut lieu à suite de plusieurs chutes que la inalade fit sur le genou; elle vécut dix mois dans cet état, et mourut enfin, épuisée par de longues souffrances. L'ouverture de son cadavre a moniré que Vartère crurale avait un diamètre moins

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considérable , et que ses parois avaient augmenté d'épaisseur ; qu'une partie des os du bassin et du fémur étaient convertis en une substance gélatineuse, au milieu de laquelle on n’appercevait plus que quel- ques parcelles osseuses, que les muscles qui environnaient le fémur avaient dis- paru ou au moins se trouvaient changés en une espèce de tissu cellulaire épaissi.

Tel est , citoyens, l’abrégé des princi- paux articles qui ont fait partie de vos travaux et qui ont enrichi vos séances; eur nombre et leur importance , sommai- rement indiqués, vous assurent que vous n'avez rien négligé pour remplir honora- blement la tâche que vous vous étiez imposée, malgré les occupations adminis- tratives de plusieurs de vos membres, et les difficultés sans cesse renaissantes qui, dans ces derniers 1ems, ont mis obstacle à l’extension de l'instruction et à la for- mation des établissemens utiles.

On peut penser avec raison que la si- tuation politique de la France, qui se présente sous un aspect plus favorable, va fournir des moyens nouveaux d’accé-

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lérer les progrès des sciences et des arts ; sur lesquels est essentiellement fondée la prospérité de l’État, et de faire prendre une marche plus rapide et plus assurée à l'instruction publique. En effet, le Gou- vernement, éclairé sur les véritables inté- rêts de la nation, ne sera pas étranger à cette idée simple et vraie , qu'une des vues les plus essentielles d'administration, est d'employer toutes les ressources du sol et de l’industrie des habitans d’un pays; 1°. à diminuer la masse de l’exportation du nu- méraire ; 2°. à augmenter le plus possible celle de son importation , car la balance du commerce en faveur des états, constitue leur richesse et établit en général le degré de leurs lumières; il sentira donc qu’il faut, par tous les moyens possibles , attirer l’argent de l'étranger, et empêcher la sor- tie du nôtre. Or , il est nécessaire que ce résultat ne soit point à la coaction, mais il faut qu'il découle de la nature et de la disposition des choses.

Nous nous étendrions trop ici, si nous voulions indiquer tous les objets d'art et d'instruction qui mériteraient de fixer l’at-

(86) tention du gouvernement sous ce point de vue , et cette indication trop longue yesterait peut - être encore incompleite ; mais parmi les principaux, on peut comp- ter l’établissement d’une université de de- grés supérieurs, dans laquelle toutes les branches seraient philosophiquement en- seisnées pour perfectionner l’éducation de la jeunesse ; en sorte que si la paix r'ouvrait les portesde la France, les pères de famille n'envoyassent plus , comme par le passé, leurs enfans dans les universités étrangères pour completter leur instruction ; en eflet, pourquoi laisserions- nous à nos rivaux cet avantage que nous pouvons si facile- ment leur ravir , puisque nous avons des hommes et des matériaux qui peuvent as- surer notre supériorité ? Espérons que le collèse de France, cet établissement formé depuis long-tems, et qui a passé tout en- tier à travers les orages de la révolution, sera le noyau auquel il suffit de rattacher des professeurs célèbres , et de joindre l’enseignement de quelques parties négli- gées , telles que le commerce , les arts et métiers , l’économie rurale, les beaux arts,

(87) la géographie physique, les antiquités et les langues vivantes ; pour lui rendre sa réputation chez l'étranger , et son utilité pour nous.

Un autre établissement non moins utile, le Conservatoire des arts et metiers ,semble attendre la main de l’administrateur, pour prendre un degré de consistence, qui con- tribuera à la gloire nationale et au per- fectionnement des arts et manufactures, en propageant la connaissance des procé- dés et des machines utiles, et en réunis- sant la collection de tous les produits de l’industrie et du commerce , comme le Muséum d'histoire naturelle réunit tous ceux de la nature.

L'accroissement de nos manufactures et de nos atteliers qui sera à cet établisse- ment , les besoins sans cesse renaissans de l’art funeste que nous sommes oblisés d'exercer depuis dix années, enfin lécou- lement effrayant de notre numéraire pour des matières premières , que notresol pour- rait abondamment fournir , fera sans doute aussi jeter les regards sur l'exploitation des mines et les travaux de l’agriculture,

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On à répété jusqu'à satiété que le sol de la France recèle des minéraux plus que suf- fisans pour ses besoins , et une pareimonie mal entendue, a toufours empéché le gou- vernement de jetterunregard vivifiant sur cette branche importante de la richesse publique ; par une bisarerie inconcevable, on laisse exporter chaque année quarante millions de notre numéraire, pour éviter de consacrer trois cent mille francs à Pad- ministration des mines. Il faut espérer que ce résultat sera enfin apprécié comme il mérite de l'être, et déterminera à prendre des mesures pour éviter ce fieheux incon- vénient.

Enfin l’agriculture , ce premier desarts, languit et reste toujours dans le même état de faiblesse et d'inertie, malgré.des écrits qu'on ne cesse de publier pour son amélioration ; il faut donc croire que la marche du gouvernement , à cet égard, est défectueuse, et que c’est seulement par l’exemple et l'instruction directe qu'il pourra opérer quelques changemens avan- tageux, et donner uneimpulsion favorable à l’économie rurale, On répète souvent que

( 89 ) dans les pays l’agriculture est le plus en vigueur , le gouvernement se borne à laisser agir l'intérêt des propriétaires ; mais outre qu'il s’occupe sans cesse à répandre officiellement des lumières , il faut bien remarquer que cet intérêt est déjà depuis long-tems éclairé ; on sait que l’emploi de forts capitaux à cet art , peuvent seuls en obtenir de grands produits, et cette vérité reconnue et pratiquée enrichit les propriétaires et le gouvernement , en aug- mentant la masse des matières premières et celle des impositions possibles : ici l’im- pôt écrase le cultivateur ; sa terre est mal entretenue ; la race de ses animaux ne se perfectionne et ne, s'étend point , et loin qu'il veuille appliquer des capitaux à des entreprises qui ne lui produisent déjà au- cun bénéfice , et qui augmentent ses em- barras, il ne cherche qu’à se défaire de ses propriétés rurales, le moins désavanta- geusement possible, pour échapper à un impôt onéreux et à des vexations de tous genres. Or ce dégoût des propriétés rurales fait baisser leur valeur , et cette valeur peut étre regardée comme la mesure d’un

(9 ) bon gouvernement et de la prospérité des états.

Mais terminons, par une dernière ob- servation, ces réflexions peut-être déjà trop étendues. On peut en général, pres- que toujours reprocher aux Français de la parcimonie pour les choses utiles, et de la prodigalité pour cclles qui fugitives comme les modes, n’ont que la valeur du moment; il serait bien important de prou- ver que cette inculpation ne doit pas être dirigée contre le caracière national. Dans presque tous les projets d’établissemens nationaux et particuliers, la construction des bâtimens le plus souvent inutiles , en- lève les capitaux qui étaient destinés à les former, et les entrepreneurs se trouvent ruinés avant d’avoir commencé à metire leurs projets à exécution. Il est pourtant de fait avéré ,quece ne sont pas les monu- mens d'architecture qui assurent la gloire des gouvernemens , mais ceux qu'ils élè- vent pour le perfectionnement de l'esprit humain et le soulagement de l’humanité souffrante, Quel est l'homme éclairé qui ne s'ailligera pas, lorsqu'il songera que les dé-

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penses occasionnées dernièrement à Paris, par la restauration iuutile d’un seul bâti- ment national, eussent sufb, pour établir le Conservatoire des arts et metiers, com- pletter une Université de degrés supé- rieurs, donner une impulsion décisive à Vémission de nouveaux poids et mesures, enfin créer des établissemens d'humanité sur le modèle de ceux de Rumpfort et d'Howard , monumens impérissables , et qui se présentent sous la main de l'admi- nistrateur pour lui offrir une gloire dura- ble et facile,

( gz )

RARE RER PERTE TUE NAT TRES HET (OU OEE TON MONET ED APRES EU

ÉLOGE ‘HISTORIQUE

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JEAN-CHARLES BORDA,

MEMBRE DE L'INSTITUT NATIONAL,

à Dax, département des Landes, TON 1707,

Par le Citoyen LACROIX , l’un des membres de la Société.

MR ASSEMBLÉS pour nous entretenir des progrès que les sciences ont faits pendant l’année qui vient de s’écouler , les pertes qu’elles ont éprouvées appellent nos re- grets ; et nous devons nous empresser de payer un juste tribut de reconnaissance à la mémoire de ces hommes précieux, que la mort a frappés au milieu des plus

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jmportans travaux. La Société philoma- tique, dont les fondateurs n’ont eu pour but, dans leur réunion, que de mettre en commun les connaissances qu'ils avaient acquises chacun en particulier , de s’ex- citer au travail par l’émulation, et d'en adoucir les fatigues par les charmes de V’amitié , ne doit pas se borner à jetter des fleurs sur la tombe des membres qu’elle a perdus ; tous ceux qui cultivent les sciences avec succès , à quelque corps qu’ils appartiennent , de quelque pays qu’ils soient, ont droit à ses hommages, puisque par le vœu de son institution, elle s’est enrichie du fruit de leurs veilles.

La physique, l'astronomie et toutes les branches de l’art nautique , rappelleront long-tems, à ceux qui s’en occupent , le souvenir de Borda , qui eut d’ailleurs une si grande part à la détermination des bases du nouveau système métrique. Si, malsæré les preuves victorieuses que Fontenelle a données de l'utilité des sciences les plus transcendantes, il fallait encore défendre cette utilité, l’exemple de Borda sufhrait pour en réduire les adversaires au silence,

( 94 )

Faire passer sous vos yeux le tableau des recherches qui ont rempli la vie de cet homme dévoué à l’utilité publique , c'est enflammer le zèle qui vous anime pour tout ce qui peut contribuer aux pro- grès des sciences; rélever l’importance des services qu’il a rendus à Ja société, c’est se rendre l'interprète de votre gratitude envers celui qui fut le bienfaiteur de ses concitoyens.

Un goût dominant pour les mathéma- tiques entraîna Borda dans la carrière des sciences , et les premiers pas qu'il y fit lui méritèrent les suffrages de Dalembert. Ce jeune homme ira certainement très-loin, dit-il à celui qui le lui avait présenté ; je voudrais que sa position le portât à songer à l'académie : ce sera à coup sûr un excel- lent sujet. Ces espérances furent pleine- ment réalisées ; etsi Borda parut abandon- ner lesmathématiques pures, pour se livrer, exclusivement à leur application aux sciences physiques, il donna des preuves non équivoques du talent qu’il avait pour les recherches les plus épireuses de la géométrie transcendante. Je vous parlerai

(95) en premier lieu de l'écrit il a développé ce talent, afin de ne pas interrompre l’ana- lyse de ceux qui concernent les mathéma- tiques appliquées.

Le problème desisopérimètres que lenom des Bernoulli, et les différens qu’il occa- sionna , rendirent fameux dès son origine, n'avait cessé depuis d'occuper Euler, leur il- lustre disciple, qui paraissaitavoir épuisé la matière, en combinant toutes les circons- tances qu’elle pouvait offrir. Une simple question de géométrie, la détermination de la courbe qui, sous un périmètre donné, renferme la plus grande surface , ou pro- duit , en tournant autour d’un axe, le corps du plus grand volume, était devenue entre ses mains l’objet d'un ouvrage étin- celant de génie. Lagrange, doué du sen- timent profond de l'ordre, et de l’élésance qui n’est autre chose que l’ordre porté ax plus haut degré d'évidence et de perfection, remarqua que la méthode d’Euler, quelque ingénieuse qu’elle fut, manquait de cette uniformité et de cette simplicité qui sont les caractères de la méthode naturelle : car il y à aussi une méthode naturelle

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dans lessciences abstraites , celle qui réunit par les faces les plus analogues le plus grand nombre d'idées. Il créa le calcul des variations, par lequel on résout dans le sens le plus étendu, toutes les questions il s'agit de trouver des courbes qui jouissent de quelques propriétés de maxima ou de minima.

Cette découverte fixa, dès qu’elle parut, l'attention de tous les géomètres , et fit oublier à Euler lui - même vingt ans de travaux , couronnés par les plus grands succès et par l'approbation de tout ce que l'Europe comptait alors d'hommes en état d'apprécier le mérite des recherches ma- thématiques ; renoncant à cette partie de ses titres à la gloire, il devint le com- mentateur de Lagrange , à peine sorti de l'adolescence , mais déjà l’un des plus grands géomètres de son siècle. Jamais, dit Condorcet , le génie ne reçut et ne rendit un plus bel hommage. Il est remar- quable que le problème qui, soixante ans auparavant , divisa deux frères, dont une conformité de talens devait resserrer les liens, fut le sceau de l’amitié constante

qui

(97) qui honora réciproquement deux illustres rivaux.

Borda parut avec distinction au milieu de ces grands hommes, et donna du pro- blème qui les occupait une solution, qui vint augmenter le prix du sacrifice d’Euler. Empressé de faire jouir le public de sa découverte , et peut-être ébloui un mo- ment par la fécondité de son calcul, Lagrange negligea d’en discuter les prin- cipes avec assez de soin; l'application de ce calcul à des questions délicates sur brachystochrône, fit naître des doutes dans l'esprit de quelques géomètres. Pour les lever, Borda reprit de nouveau le problême, et montra qu'avec des modifications con- venables , la méthode d’Euler pouvait être étendue à tous les cas qu’embrassait celle de Lagrange , donnait aussi ces équations singulières qui appartiennent aux limites des expressions intégrales dont on cherche le maximum ou le minimum. Il remarqua de plus que les équations de ce genre, rapportées dans le premier mémoire de Lagrange , n'étaient pas complètes. Les principes qu’il employa, déduits immé-

G

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diatement de la considération des courbes, premier objet de ces recherches, parais- saient plus propres à peindre ce qui se passait dans la solution , que le calcul des variations, fondé sur une manière aussi délicate que nouvelle de comparer les grandeurs.

Je sens qu'entraîné par l’attrait du sujet, je me suis peut-être trop arrêté sur une question purement mathématique ; mais j'ai pour excuse l’importance de cette ques- tion qui à fait naître un nouveau calcul. Il s’agit ici de l’époque de notre siècle , l'analyse a jeté le plus grand éclat, par la rapidité avec laquelle se sont suc- cédées les découvertes les plus importantes ; et c’est à cette époque que Borda, se place au rang des géomètres les plus distingués, par un mémoire qui ne présente point à la vérité la science de calcul qu’Euler a dé- veloppée dansses nombreuses productions, ni l'élégance qui caractérise les travaux de Lagrange, maïs qui contient l'examen scrupuleux et sévère d’une question dont tous les détails exigent, pour être saisis, Vattention la plus soutenue et la saga-

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cité la plus exercée. Le calcul des va- riations, perfectionné par son inventeur, devait nécessairément prévaloir sur la mé- thode de Borda; mais celle-ci, qui fut en quelque sorie le creuset s’épura le pre- mier, est encore étudiée avec plaisir et profit par ceux qui veulent connaître à fond l’esprit de l’analyse.

En reprenant l’ordre chronologique des travaux de Borda , nous trouvons qu’en 17b6, il présenta à l’Académie des sciences; sur le jet des bombes, un mémoire qu'elle jugea digne d’être imprimé dans le recueil des savans étrangers ; il était alors officier dans les chevaux légers, et remplissait en même items les fonctions de maître de mathématiques dans ce corps; malgré la dissipation qui fut de tous les tems le ca- ractère de la jeunesse francaise, et plus particulièrement de celle qui suivait la carrière des armes , Borda:sut faire aimer de ses disciples la science austère qu'il professait. Son admission à l’académie, qui eut lieu dans la même année, devint la récompense de ses premiers succès, et l’excita à en mériter de nouveaux.

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11 faut ensuite redescendre jusqu’à l’an- née 1763, pour trouver le premier mémoire qu'ait publié Borda ; ce n’est pas qu’il eût suspendu le cours de ses travaux pendant un aussi long intervalle ; jamais au con- traire il ne mena une vie plus active: il s’essayait alors sur la scène du monde, et cherchait l’état qui convenait le mieux à son caractère et à l'emploi de ses talens. Destiné par sa famille au barreau, il pré- Féra le service il espérait trouver des occasions de se livrer à son goût pour les mathématiques, dont l’art militaire pré- sente de fréquentes applications. Pour em- brasser cet art dans son ensemble , ils’at- tacha à la personne de l’un des généraux es plus estimés, et se trouva en 1757 à la bataille d'Hastinbeck, en qualité d’aide- de-camp de Mailleboïs,

Muni des connaissances générales sur es principes de la guerre, il passa dans le corps du génie, il fut admis sans examen; et pouvait-il y être soumis? puis- que son titre d'académicien le rendait Végal de son juge, qu'il surpassait déjà par l’étendue et la profondeur de son sa- voir en mathématiques.

{ 101 }

L'ordre du service l’appela dans un port: les objets dont il se vit entouré lui firent connaître le genre de méditations auquel 1a nature l’avait plus particulièrement des- tiné; pour répondre à ses inspirations, il commenca par l’interroger , et lui arracha une partie du secret qu’elle gardait depuis si long-tems sur la mesure de l'impulsion des fluides.

Il avait l'esprit trop pénétrant et trop juste , pour ne pas reconnaître combien étaient précaires les bases de la théorie que Newton avait données de la résistance des fluides , et que les lois que suit l’im- pulsion d’une infinité de particules de fluide , qui toutes frappent d’une manière différente une surface qui leur est opposée, ne sauraient s’accorder avec les règles simples de la théorie ordinaire: mais ne se pourrait-il pas faire que ces règles sim- ples approchassent beaucoup de la nature? Dans ce cas, les arts pourraient en profiter, et on gognerait du côté de la simplicité, ce qu’on perdrait du côté de la précision géométrique. I1 cherche donc à s'assurer par les faits, si la théorie ordinaire de

( 102 ) résistance des fluides s'éloigne beaucoup de da vérité , et si on peut l’employer sans de grandes erreurs dans la pratique des arts qui en dépendent.

Cette exposition du but de son travail, faite par ses propres expressions, montre combien il était supérieur à ces gens dont les écrits sont surchargés d’un luxe de science , voile de la médiocrité qui craint de se trahir.

Suppléant, par des dispositions ingé- nieuses , aux moyens étendus qu'auraient exigé ses expériences, et qui lui man- quaient, Borda fit voir que la résistance de l'air était proportionnelle au quarré de 12 vitesse du mobile , ainsi que le donnait la théorie ; il obtint la mesure exacte de celle qu’éprouve une sphère, et qui est un des principaux élémens de la détermination du mouverent des projec- tiles; il relégua enfin au rang des plus grandes erreurs, la supposition que l’inten- sité du choc des fluides , dans une direc- tion oblique , décroïssait comme le quarré du sinus de l’angle d’incidence.

C’est dans ce mémoire qu’on trouve l’ex- périence tant de fois citée, par laquelle

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un cube mu dans l’eau, perpendiculaire- ment à l’une de ses faces, et ensuite dans la direction de la diagonale de sa base, éprouva , contre le sentiment de tous les théoriciens, une résistance heaucoup plus grande dans le second cas que dans le pre- mier , le rapport étant celui de B = à 7.

Convaincu de la nécessité de recourir à l'expérience pour connaître la vraie me- sure de la résistance des fluides, il y revint en 1767.

Le mémoire il rend compte de ces dernières expériences est terminé par cette conclusion remarquable, la seule qu’on ait encore pu tirer des nombreuses tenta- tives faites pour assigner la loi de la ré- sistance oblique des fluides : la théorie ( de cette résistance ) ne donne que des rapports absolument faux > ces rapports s'éloignent de la vérité , et par conséquent il serait inutile et même dangereux de vouloir ap- pliquer cette théorie à l'art de construc- tion des vaisseaux. C’est augmenter l'édi- fice de la science, que de détruire ainsi les erreurs qui la dégradent. L'hydrody- nimique se réduirait à bien peu de chose,

( 104) si l’on en retranchait tout ce qui repose sur des hypothèses gratuites, et gagnerait beaucoup à cette suppression.

Les formules analytiques appliquées à la physique, lorsqu'elles ne répondent pas aux résultats de l’expérience, ne sont qu'un faste inutile propre seulement à nourrir la vanité de ceux qui en chargent eur mémoire , et à les éloigner des con- naissances solides qu’ils eussent tirées de l'observation atientive des phénomènes. C'est ce qui est arrivé dans l’artillerie : séduits par la facilité que présente la théorie du mouvement des projectiles dans la parabole , contens d'appuyer sur un corps de docirine la dignité de leur art, ceux qui en ont le plus perfectionné l’ap- plication, ont persisté à rejetter l'influence prodigieuse de l'air pour diminuer léten- due des portées (*). Des savans même » appelés à l'instruction des jeunes officiers, enseignaient encorc la théorie de Galilée, soixante ans après que NeWion et Ber-

(1) Cette influence va quelquefois jusqu’à réduire la portée au dixième de ce qu’elle serait dans le vide,

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noulli avaient montré qu’elle n'était qu’une abstraction mathématique qui ne. quadrait point avec les phénomènes.

Borda était appelé, par ses travaux précédens et par la nature de son esprit, à relever ces erreurs; c'est ce qu'il fit, dans un mémoire imprimé parmi ceux de l’académie en 1769. Le problème du mou- vement d’un corps dans un milieu résistant, fut résolu analytiquement par Jean Ber- noulli; Euler en donna de nouvelles for- mules plus propres au calcul que celles de Bernoulli, mais ni les unes niles autres n'étaient encore assez simples pour se prêter à des approximations directes.

Au lieu de lutter contre des difficultés qui paraissaient insurmontables, au moins dans l’état actuel de l’analyse, Borda cher- cha des hypothèses qui, sans trop s’écarter de la nature, fussent accessibles au calcul; cest dans ce choix que consiste le véritable talent des applications, et que triomphe la sagäcité. Borda fit preuve de l’un et de l'autre, en imaginant une expression dela densité de l'air, très-peu différente de celle que donne l’observation, et qui rend inté-

( 106 ) grables des équations rebelles à Euler lui- méme. Il justifia ensuite les résultats de ses formules par leur comparaison avec ceux de l’expérience.

L'ordre des matières nous a fait perdre celui des tems qui doit toujours être su- bordonné au premier , et nous avons passé deux mémoires publiés, l’un en 1766 et l’autre en 1768. Le premier a pour objet l'écoulement des fluides par les orifices des vases.

L’impossibilité de faire à chacune des molécules d’un fluide, dont on ignore d’ail- ieurs la forme, l’application des lois de

la mécanique des corps solides, a forcé les.

séomètres à chercher dans les phénomènes les plus simples et les plus généraux de lhydrostatique, des principes qui pussent convenir aux fluides considérés en masse , et s'exprimer analytiquement ; c’est ce qui a produit les équations des fluides, trouvées par Dalembert, développées et complétées ensuite par Euler. Avant cela , il fallait établir quelques hypothèses qui rappro- chassent le mouvement des liquides de celui des solides ; telle était celle l’on

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supposait que les tranches d’un fluide qui s'écoule par un orifice, descendaient tou- jours parallèlement à elles-mêmes jusqu’à cet orifice. L'erreur de cette supposition frappe d’abord les esprits les moins éclai- rés; ils jugent bien que long-tems avant d’être parvenus à l’orifice, les molécules fluides prennent pour s'en approcher des routes plus ou moins détournées , selon le point d’où elles sont parties. Une hypo- thèse plus naturelle conduit Borda à des résultats plus conformes à l’expérience , et lui fait voir , comme l’a prouvé la théorie rigoureuse des fluides , que le pa- rallélisme des tranches ne peut être admis que dans le cas l’orifice est très-petit. La contraction de la veine fluide , déjà mesurée par NeWton, et la résolution de plusieurs questions le fluide éprouve en un instant des changemens finis dans sa vitesse l’'occupent ensuite.

La théorie des pompes, si importante par son application aux besoins de la so- ciété, n'avait encore été discutée qu’im- parfaitement ; le mémoire de 1768 y est entièrement consacré , et Borda s'attache

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sur-tout à déterminer l'effet des étrangle- mens ou des contractions que les colonnes d’eau , qui se meuvent dans les pompes, éprouvent en traversant les passages des _Soupapes , circonstances qui diminuent beaucoup le produit que la théorie assigne aux pompes, et induisent en erreur ceux qui règlent les dispositions de leurs ma- chines d’après ce produit. Pour ne point substituer des formules sans objet à des calculs faux, l’auteur appuie les siennes du témoignage de l’expérience.

Ce mémoire , comme le précédent, re- pose sur le principe de la conservation des Jorces vives , si fécond entre les mains de Daniel Bernoulli, mais dont l’emploi exige toute la finesse qui formait le caractère propre du talent de ce géomètre, et que présentent les travaux de Borda ; et s’il fallait établir un rapprochement entre Borda et quelques-uns de ses contempo- rains, on ne pourrait le comparer qu’à Daniel Bernoulli, dont il suivit toujours les traces. Euler , lorsqu'il a tourné ses recherches vers la physique , a sou- vent sacrifié la vérité de l’hypothèse à

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l’élésance du calcul, et perdu de vue son sujet , pour s’enfoncer dans la profondeur d’une analyse toujourssavante, mais absolu- ment étrangère à l’objet qu’il s’était proposé d'abord. Au contraire, Daniel Bernoulli et Borda n'ont recours au calcul, que pour diriger l'expérience ou pour en déduire des résultats; et s'ils ne peuvent y faire entrer toutes les circonstances que présen- tent les phénomènes observés , ou toutes les causes qui concourent à leur produc- tion , ils distinguent avec une sagacité infinie, celles qu’on peut négliger de celles dont ïl faut nécessairement tenir compte, et par un tact dont jusqu à eux Newton seul avait offert l'exemple, ils établissent entre les effets des unes et des autres une compensation délicate , qui élude les difi- cultés insurmontables dont le calcul est presque toujours hérissé , lorsqu'on tente de l’appliquer aux questions de physique, sans qu'elles soient simplifiées par aucune abstraction.

Par cette esquisse, imparfaite sans doute, et plus encore par la connaissance que: vous avez des modèles que jai cités, vous

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sentez combien doit être rare le véritable talent des applications. Depuis la renais- sance de la physique , on compte à peine quelques hommes qui l’ayent possédé à un degré éminent. Cependant la plupart des gens du monde, portés indifféremment à l'admiration et au mépris , pour ce qu’ils ne comprennent pas, sont la dupe d’un mérite très vulgaire, qu’ils confondent avec ce talent. Semblables à ce bourgeois, dont Molière peint avec des couleurs si plaisantes et si vraies, l'engouement pour la simple nomenclature des choses les plus connues, et qui ne voit la science que dans les mots, ils sont émerveillés d’en- tendre parler le langage technique d’un art ou d’un métier qu'ils n’ont pas vu de près ; ils pensent que des termes aussi différens des mots usuels, doivent cacher des idées bien profondes , et les praticiens les confirment encore dans cette opinion, par l’eflet trop commun de la prédilection qui relève à nos yeux l'importance des détails dont nous nous somimes spéciale- ment occupés.

Mais le savant , qui distingue les fruits

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de la raison de ceux de la mémoire, cons vaincu qu’il n’existe pour les bons esprits qu’une seule langue précise , applicable à tous les arts, ne voit, dans les diverses questions qu'ils nous offrent, que des pro- blémes de physique ou de mathématique, qui peuvent toujours s’énoncer clairement en termes généraux, et dont la solution ne dépend alors que du genie de celui qui la tente.

Jusqu'ici nous n’avons considéré dans Borda, que le savant livré aux paisibles travaux du cabinet ; maïs il doit fixer également notre attention dans une car- rière beaucoup plus penible, celle de la marine , l'avait appelé le ministre Praslin , qui sut apprécier les services que toutes les parties de l’art nautique devaient attendre d’un géomètre tel que Borda: on lui donna , en 1767, le grade de sous-lieu- tenant de port.

La marine francaise , la première de l'Europe , lorsqu'elle était conduite par les Jean Rart, les Tourville , les Forbin , les Dugay-Troüin, tomba bientôt dans un état lauguissant ; par l'effet de cette incons-

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tance, seul défaut peut-être de la nation francaise, et qui dominait encore plus son gouvernement. Aucune des qualités qui peuvent faire briller l’homme de mer, soit dans les combats, soit dans les navigations savantes et périlleuses, ne manquent à nos compatriotes. Aucune nation ne porte à un plus haut degré, l'audace, l’activité , la pénétration ,et cette curiosité inquiète qui fait concevoir et exécuter des entreprises nouvelles , au mépris des travaux Jes plus pénibleset desdangerssans cesserenaissans. Mais ces qualités personnelles, dons pré- cieux de la nature, ne font obtenir que des succès éphémères , lorsqu'elles ne sont pas dirigées par desinstitutions bien médi- tées, et celles-ci ne sauraient être-portées au degré de perfection dont elles sont sus- ceptibles , que par une persévérance et une tenacité qui s’accordent peu avec le désoût que nous éprouvons pour tous les travaux, dont les résultats ne répondent point à la mobilité de notre imagination , et à la ra-

pidité de nos pensées. Le perfectionnement dela science navale en exige malheureusement beaucoup de ce senre

{ 1191) gente. C'est le tems qui crée par parties, et quisanctionne ensuite un bon systéme d’or: ganisation , première et unique cause des succès durables, et avec lequel on met à profit les talens les plus médiocres,

Excités par le gouvernement, qui pro- diguelesencouragemenset les récompenses à tout ce qui intéresse la navigation, les astronomes anglais ont dirigé sans cesse leurs recherches vers les progrès du pilo< tage , avec des moyens que les nôtres ne pouvaient se procürer; mais, malgré ces secours , ils n’ont fait qu’approprier, à l'usage de leurs marins, les découvertes des savans étrangers.

Si les géomètres francais et allemands, Dalembert, Clairaut , Euler et Mayer, n'avaient, en développant toutes les res- sources de l’analyse iranscendante et de l'astronomie la plus délicate, donné pres- que simultanément , aux tables de la June, une exactitude deux mille ans d’obser- vations n'avaient encore pu les porter , la perfection des instrumens anglais serait demeurée superflue.

Si Harrison parait avoir fait le premier

H

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des horloges , assez régulière dans leur marche pour donner les longitudes en mer , il a été bientôt imité et surpassé par Le Roy et Ferdinand Berthoud. Enfin même le modèle du Nautical almanach , d’un si grand secours aux navigateurs anglais, est à des astronomes français, Pingré et Lacaïlle , qui ne trouvèrent pas dans leurs pays les moyens de publier un ou- vrage aussi important.

Le gouvernement français parut ouvrir un moment les yeux sur les avantages que pouvait procurer à la marine le concours des savans et des navigateurs ; il ordonna quelques voyages pour l'essai des montres marines ; ceux de l’Jsis , de l’Enjouée , de la Flore, de la Boussole et de l’Espiègle. La mode de ces expéditions parut tellement établie, qu’un courtisan, par cet esprit d’nnitation , dont le but est presque tou- jours de justifier les vices des princes, mais qui fut louable cette fois, fit construire et équiper à ses frais l’ Aurore (1).

Nous ne devons parler ici que des expé- ditions auxquelles borda prit part ; ce sont

0

(F) Cowtanyaux,

CAD O0 celles qu'il fit sur la Flore et sur la Boussole.

Dans la première, commandée par Ver- dun de la Crenne, Borda , alors lieutenant de vaisseau, remplissait en même-tems, conjointement avec Pingré, les fonctions de commissaire de l’académie pour les obser- vations astronomiques et les expériences nautiques. La frégate parcourut successi- vement les côtes d’Espagne , celles d’Afri- que, jusqu’au Cap-Verd ; visita les Acores, les Canaries , les îles du Cap-Verd, les Antilles ; toucha aux îles Saint-Pierre et Miquelon ; passa sur le banc de Terre- Neuve, pour se porter en Islande, vint relacher ensuite à Copenhague, et rentra à Brest, après une campagne plus penible encore , par la variété des climats dans lesquels elle s'était passée , et par les tra- vaux nombreux que les fréquentes:elaches donnèrent à l'équipage et aux officiers, que par sa durée qui fut d’un an.

Les résultats nombreux d’une campagne aussi bien dirigée, sont consignés dans une relation, publiée en commun par les trois commissaires du gouvernement , et écrite

2

d ( 116) d'une manière qui laisse entièrement igno- rer ce qui appartient à chacun d'eux; mais le temps à levé le voile que la modestie de Borda avait jeté sur ses travaux : on sait aujourd’hui presque tout ce qu'il fit dans cette expédition. La formule qu’il donna pour dégager des effets de la parallaxe et de la réfraction, les distances apparentes de la lune au soleil et aux étoiles , opéra- iion fondamentale du calcul des longitu- des, suilirait seule , par son élégance et son utilité , pour faire la réputation d’un bhydrographe. En Angleterre le bureau des longitudes n’avait trouvé , pour suppléer à cette formule , d’autre moyen que de faire calculer, à grands frais, des tables aussi dispendieuses qu’incommodes par leur vo- lume, et dont l’usage ne demandait pas moins de tems que n’en exigeait d’un cal- culateur exercé|, le procédé prescrit par Borda , sur-tout en le supposant pourvu de 1ypes de calculs , semblables à ceux qu’on répanditen 1784, sur l’escadre d'évolution, commandée par d'Albert de Rioms.

La relation du voyage de la Flore ren- ferme un trop grand nombre de détails ;

( r17) pour qu'il soit possible d'en donner ici une idée ; la mesure exacte du Pic de Té- nériffle n’est pas un des moins intéressans, Les méthodes employées pour relever les côtes, fixer astronomiquement leur posi- tion, reconnaître et corriger les erreurs des cartes, font de cet ouvrage le meilleur traité de navigation que l’on puisse mettre entre les mains de ceux quien possèdent déjà les élémens. Il n’est pas moins recom- mandable par les notions économiques et politiques qu’il donne sur les pays que ses auteurs ont visités; mais il ne saurait plaire à cette espèce de lecteurs , dont l'attention ne peut être captivée que par des évènemens multipliés et romanesques, La Flore en éprouva cependant un qui pou- vait avoir des suites bien funestes. Quoi- qu’en pleine paix, et armée pour une expédition qui par son but devait inté- resser tous les navigateurs, obtenir d’eux sûreté et protection , ce bâtiment fut in- sulté à la hauteur de Terre-Neuve par la frégate anglaise le Nautilus. Le capitaine osa faire tirer à boulet sur la Flore, et envoya contre tous les usages, faire La

( m8)

visite des ordres donnés à l’état- major d’un bâtiment de guerre, qu’il ne pou- vait méconnaître pour ce qu’il était. Il eùt été facile à nos marins de faire re- pentir l'Anglais de son insolence; mais ils aimèrent mieux, pour conserver l’har- monie entre les deux nations , mépriser une injure, dont leur modération même faisait justice, puisqu'il n'aurait tenu qu’à eux des’en venger, en écrasant un bâti- ment beaucoup plus faible que celui qu’ils montaient; et le gouvernement français ne tira raison de l’insulte faite à son pa- villon , qu’en donnant quelques années après l’ordre de respecter le capitaine Cook, malgré la guerre allumée alors entre l’Angleterre et la France.

Le voyage de la Flore laissant encore quelque chose à desirer sur l'exactitude de la position assignée aux Canaries, Borda fut chargé d'une nouvelle expédi- tion pour ces îles: on lui donna le com- mandement de la Boussole, frégate à la- quelle on joignit l’Espiègle. À son retour, il fit paraître des îles Canaries et des côtes adjacentes , une carte qui joignait au mée

C119) rite de la perfection , celui d’une exécu- tion typographique dont on n’avait encore aucun modèle, On a trouvé dans ses pa- piers les observations qu’il fit dans ce voyage, mises en ordre , et prêtes à être livrées à l’impression.

Borda , élevé au grade de capitaine de: vaisseau , remplit avec distinction, sur la flotte commandée par d'Estaing , les fonc- tions de major-général. Ces fonctions , à la fois militaires et administratives , exi- gent de l’oflicier qui en est chargé une profonde connaissance de toutes les par- tes du service , la plus grande activité, l’ordre le plus sévère : il suit tous les détails de l'armement et de l’approvision- nement de la flotte; il veille à la répar- tition et à l'emploi de tous les moyens économiques et militaires; il fait passer tous les ordres aux différens chefs de di- vision; il dirige les signaux , dont le nombre est presqu'infini et sur lesquels la plus légère méprise peut compromettre le salut de l’armée. Qui pouvait mieux con- venir à cette importante place, qu’un savant accoutumé à passer sans cesse de

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la théorie à la pratique, et dont l'esprit mettait autant de rapidité dans ses com- binaiso»s que de finesse dans ses appercus.

Le fruit qu'il tira de cette campagne, ne se borna pas à l'honneur d’avoir sou- tenu, d’une manière digne de lui, le far- deau qu'on lui avait imposé ; mais ne per- dant aucune des occasions de remarquer ce qui pouvait contribuer à la perfection de son art, il sentit que les évolutions d’une armée navale ne pouvaient avoir un succès assuré, qu’autant qu’une parfaite similitude dans leur forme et leur grée- ment , donnerait à tous les vaisseaux une égale facilité et une égale promptitude à exécuter les mouvemens prescrits par le général 11 proposa donc à son retour de supprimer les vaisseaux de $o et de 64 canons, comme trop faibles pour entrer en ligne; de n'en construire que de trois rangs ({ le dernier éiant de 74 canons }); de les faire ious sur des dimensions pro- porlionnelles, qu'il fixa. Le ministre de- manda aux ingénieurs les plans d'un vais- seau de 74, réglés d’après ces dimensions, et Borda fut nommé juge de cette espèce

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de concours qui produisit d'excellens ré- sultats. L’uniformité qu’il établit aussi dans le gréement , a l’avantage de faci- liter les réparations et de procurer des rechanges à tous les bâtimens de guerre, quel que soit le port de France ils re- lâchent.

Borda fit encore les deux campasnes de 1700 et de 1781: la première, sur le Guer- rier , et la seconde, sur le Solitaire ; il eut à soutenir dans celle-ci un combat contre huit vaisseaux anglais, et ne se rendit qu'après une résistance opiniâtre. Il fut conduit en Angleterre, d’où il retourna en France sur sa parole.

Rendu à la vie sédentaire, mais n’é- prouvant pas le besoin de faire parler de lui, il travaillait beaucoup et publiait peu ; il n’a laissé qu’un petit nombre d'’é- crits, et ious sont marqués au coin du génie et de l'utilité.

Mayer qui fut en même tems un obser- vaieur exercé et un astronome savant en théorie, avait remarqué, dès 1767, qu'avec un cercle garni.de deux alidades mobiles, on pourrait ajouter à lui-même, autant

( 122 ) de fois qu’on le voudrait, un angle observé; on rendrait appréciables , en les répétant , des fractions qui par leur petitesse échap- pent aux sens, etenfin on atténuerait l’er- reur de la division, en la répartissant sur un grand nombre des points du limbe de l’ins- trument ; mais cette idée demeura stérile , jusqu’à ce que Borda s'en fut emparé pour la perfectionner en 1777. Dans cette année, fut construit le premier cercle de réflexion, supérieur à l’octant et ausextant, par l’exac- titude qu’il donne , sous des dimensions beaucoup moindres, et par les vérifica- tions dont il est susceptible ; et l'on püt alors regarder le probléme de la recherche des longitudes à la mer, comme presque complètement résolu. La lenteur avec la- quelle se propagea , parmi ceux qu’elle devait le plus intéresser, cette heureuse in- vention , ajoute aux preuves dejà trop multipliées de l'opiniätreté que met la routine à défendre l’empire qu’elle exerce sur tous ceux qui se livrent à la pratique des arts, et à repousser les nouveautés utiles. À peine , au bout de sept ans, comptait-on dans la marine militaire quel-

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ques jeunes officiers qui fissent usage du cercle de réflexion; la marine du commerce en ignorait jusqu’à l'existence, et traitait même de chimère la méthode employée avec tant de succès, pour la détermination des longitudes, sur la Flore ct dans les trois voyages de Cook.

En 1787, Borda publia la description et l'usage du cercle de réflexion , avec dif- férentes méthodes pour calculer les obser- vations nautiques. Cet ouvrage que tous les navigateurs francais auraient düù s’em- presser d'étudier n’eut pas encore l’effet qu'il s’en était promis.

L’instrument dont il venait d'enrichir la marine , prit encore dans $es mains une forme nouvelle, qui le rendit propre aux observations astronomiques faites à terre; conservant toujours un petit vo- lume , il atteignit une précision au moins égale à celle des plus grands quarts-de- cercles , faits par les meilleurs artistes de Londres, dont la supériorité dans ce genre de travail était reconnue depuis long- tems. Aussi n’était-ce rien d’avoir concu l'instrument, s’il ne s'était trouvé des

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mains assez habiles pour l'exécuter: et l'artiste qui mit la France en rivalité avec l'Angleterre, dans cette branche de l’in- dustrie, fut encore l’ouvrage de Borda.

L'art de construire les instrumens de mathématiques exigeant autant de cons- tance dans l'esprit que d’adresse et de flexibilité dins la main, convient mal au caractère français ; il est d’ailleurs si peu Tucratif, que l’ouvrier propre à le culti- ver avec succès, est réduit à se livrer à la fabrication des instrumens communs, pour se procurer des moyens d'exister. Un luxe frivole ,; absorbant presque toutes les facultés des gens que leur for- tune met à portée d'encourager lestalens, les détourne de ce goût que les Anglais ont pour les ouvrages exécutés avec pré- cision; aussi ne fut-ce que par ses propres moyens que Borda excita Lenoir à recher- cher une perfection , qui pouvait l’honorer inais non l’enrichir (r).

(x) Lenoir n'ayant pu se procurer Goo francs pour se faire recevoir maitre, les premiers cercles qu’il fit pour la miurine, ; s E " sous la direction de Borda , furent saisis par les syndics de la

communuuté des Ingenieurs en insirumens de Hk{CiHAtIQUES

(uns }

L'assemblée constituante , qui concut plusieurs projets dignes de la nation qui lui avait confé ses destinées , décréta l’u- niformité du système métrique, et d’après le vœu de l’Académie des sciences , choisit pour bases de ee système la longueur du quart du méridien, On ne la connaissait qu'à peu près et par des opérations pet d'accord entr’elles; mais un nouvel ins- trument et de nouvelles méthodes appli- quées à la mesure d’un plus grand arc devaient donner un résultat bien plus précis que celui qu’on avait adopté pro- visoirement : le succès a surpassé l’attente, quelle que fondée qu’elle fut. Si les obs- tacles de toute espèce qui semblaient de- voir arrêter à chaque pas les deux astrono- mes Delambre et Mechain, chargés de cette pénible opération, et les ressources qu'ils ont irouvées dans leur zèle et dans leurs lumières, leur assurent des droits impé- rxissavles à la reconnaissance de tous les peuples policés , la justice la plus sévère ne saurait refuser à Borda, qui procura un instrument aussi portatif qu’il était exact , une part dans ces droits ; mais il

( 126 ) a encore d'autres titres pour être associé à la gloire de cette entreprise, qui doit illustrer à jamais la nation qui l’ordonna, les savans qui l’exécutèrent et le petit nombre d'années qui sufhrent pour la terminer.

Il se chargea de mesurer de nouveau Ia longueur du pendule à secondes , et de comparer les étalons du mètre et de la toise. Son amour extrême pour la préci- sion, et les moyens aussi délicats qu’in- génieux qu'il savait créer pour y parvenir, brillèrent encore dans ces travaux qui l'occupaient tout entier , lorsque les fac- tions les plus atroces déchiraient le sein de la France et persécutaient sans relache tous ceux qui honoraient leur pays par des talens ou des vertus. La nature des travaux de Borda, si opposée aux passions qui nous agitaient alors , l'avait plongé dans une obscurité qui le déroba quelque items aux tyrans et à leurs satellites. Qu'avait en eflet de commun la recherche de vérités abstraites et l’estimation minu- Ueuse de quantités imperceptibles , avec l’exagération vraie ou factice qui semblait

(127 à

devenue le partage des têtes les plus froides comme des plus exaltées, Un effort généreux mais inutile qu'il fit avec ses collègues de la commission des poids et mesures , pour sauver la vie à l’un des plus illustres membres de cette commis- sion, le fit connaître de ceux qui ne par- donnaient à aueune espèce de mérite ; ils crurent cependant le punir assez en le privant de l’honneur de présenter à ses concitoyens les résultats de travaux, en- trepris pour la nation et par ses ordres , et pour lesquels il avait fait des avances pécuniaires très-considerables.

Les suites bienfaisantes du 9 thermidor rappelèrent Borda à des occupations qu’il n'avait interrompues qu’à regret ; ilacheva de remplir la tâche qu’il s'était imposée, mais il ne devait pas goûter la douce satisfaction de jouir des derniers résultats de l’opération à laquelle il avait si puis- samment coopéré. La mort vint nous l’en- lever, lorsque son zèle pour la propaga- tion des nouvelles mesures le portait à faire imprimer destables trigonométriques qu'il avait calculées avec le plus grand

( 128 )

soin, d’après la division du cercle en 400 parties égales. IL confia la revision des épreuves à Callet , mathématicien labo- rieux , à qui nous devons d'excellentes tables portatives de logarithmes; mais ce savant, conduit aux portes du tombeau par un travail au-dessus de ses forces, ne put suivre assez attentivement cette révi- sion ; il se glissa un grand nombre de fautes dans la première moitié de l’ou- vrage.

À peine Borda s’en fut-il appercu , qu’il donna ordre à l’imprimeur de détruire ces feuilles , et pour subvenir aux frais que cet accident devait entraîner, il avait arrêté, dans ses dernières dispositions, la vente d'un bien qu'il venait d’acquérir dans le lieu de sa naissance. Les sacrifices ne lui coûtaient rien , quand il s'agis- sait de l'avancement des sciences; il attachait plus de prix à l’exactitude de ses tables qu’à l’accroissement de sa for- tune, dans un âge l'on préfère ordi- nairement la fortune à tout.

Je ne vous ai point encore entretenu du caractère et des mœurs de Borda; mais

vous

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vous les connaissez déjà, si je vous ai retraté fidèlement ses 1ravaux. En exaliant son imagination, un littérateur peut peindre Ia vertu sans l’aimer et le bonheur sans jouir ;> mais lorsqu'on voit un homme courir la carrière des sciences avec au- tant de succès, sans rechercher la gloire et sans desirer l’éclat d'un grand nom, et que des travaux aussi attachans que mul- tipliés prouvent que sa vie,toujoursactive, ne fut point troublée par les passions, on doit être convaincu que cet homme prati- quait en silence la philosophie que tant d’autres étalent dans leurs discours et dé- mentent dans leurs actions.

avec une franchise austère, fortifiée par le genre de vie qu'il avait embrassé, Borda repoussait toutes les formules que l'usage a censacréesen faveur de ces êtres, qui n'ayant rien à prétendre de leurs sem- blables pour leurs qualités personnelles, e tigent impérieusement les égards de con- vention. Aussi, tous ceux qui ne recher- chaiïent sa société, que pour remplir Îe vide que laisse toujours l’oisiveté, ou seu- Jement pour s'énorgueillir de leur coim-

I

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merce avec un homme distingué par son mérite, étaient-ils éconduits sans ménage- ment. Il ne prodiguait pas les démonstra- tions d’amitié ni les offres de service, mais il s’attachait sincèrement à ceux qui lui paraissaient estimables ; il obligeait ceux qui méritaient de l’intéresser, et défen- dait avec chaleur la vérité et la justice. Son intimité était un sanctuaire duquel on ne s'approchait qu'avec réserve , l’on ne pénétrait que difficilement, mais l’on trouvait les charmes de la gaieté la plus aimable et la plus piquante, réu- nis aux vertus les plus austères.

C’est son amour pour la justice qui lui suggéra l’idée d’une nouvelle forme de scrutin , exposée dans les mémoires de Vacadémie pour 1784, et bientôt adoptée par cette compagnie pour ses élections. Il est facile de se convaincre que la ma- jorité absolue n'indique pas toujours le vœu réel d’une assemblée, lorsqu'elle doit prononcer une décision qui renferme plus de deux propositions simples, ou lors- qu'elle doit choisir entre plus de deux candidats, $’il y en avait trois, par exemple,

(T3 Tun de ceux qui n'auraient pas eu Îa majorité des suffrages pris à l’ordinaire , mais qui n'aurait été jugé le dernier en mérite par aucun votant, pourrait avoir, en faveur de sa prééminence, une proba- bilité plus grande que celui qui , en cb- tenant la majorité absolue, aurait été placé le troisième par tous ceux qui ne lui ont pas donné leur voix. De-là ré- sulte la nécessité d’établir dans chaque bulletin une comparaison entre tous les candidats. Le mode proposé par Borda pour faire cette comparaison est mathé- matiquement vigoureux , lorsque leur nombre n'excède pas trois ; Condorcet a montré qu'il pouvait induire en erreur, lorsqu'il s’en trouvait un plus grand nom- bre. Malheureusement toutes ces recher- ches sur les élections, qui paraissent au premier coup-d’œil devoir assurer le triom- phe de la justice, ne sont au fond que des spéculations brillantes mais inutiles , dont l'intrigue et les passions se jouent; comme la complication des ondes qui se propagent et se croisent en ious sens dans un fluide agité, échappe à l’analyse la 2

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plus délicate et la plus transcendante.

En eflet, pour que l'ordre assigné aux candidats, dans chaque bulletin, fût utile au but que s'était proposé l’auteur , il faudrait qu’il fût conforme au témoignage de la conscience du votant. Borda , qui se sentait capable de sacrifier ses affections aux devoirs rigoureux de l'équité, croyait qu'il en serait de même, sinon de tous les membres qui composent la société, au moins de ceux à qui l’honneur du corps dont ils font partie impose l'obligation d’être justes; mais des expériences mal- heureusement trop répétées ont prouvé le contraire. On en faisait l'observation à Borda ; il répondit : mon scrutin n’est fait que pour d’honnètes gens ; paroles qu’on ne saurait prendre à la lettre, car il faut faire grace au sentiment de préférence qu'inspire l’amitié , quel qu’injuste qu’il soit , parce qu’il est en même tems la source d’une infinité d'actions louables, et le lien le plus fort comme le plus doux de la société.

Cette rectitude d'esprit et cette sûreté de 1act que rien ne pouvait altérer, avait

L'E0% )

conduit Borda à porter des charlatans en général, un jugement qui à d’abord tout l'air d'un paradoxe. Il pensait qu’on les prise toujours trop ou trop peu; et que si les gens crédules leur accordent une confiance sans bornes, les gens éclairés les repoussent trop souvent sans les en- tendre. Il voyait dans les uns l’aveugle- ment de l’ignorance, et dans les autres l'envie de punir des succès faciles qui leur faisaient encore ombrage. À ces rai- sons , il ajoutait : que toute erreur mise au jour est une espècz de progrès dans la recherche de la vérité, si comme Île semble prouver l’histoire de l'esprit hu- main , il ne peut découvrir ce qui est, qu'après avoir épuisé toutes les combinai- sons absurdes.

La sévérité des objets dont Borda n’avait cessé de s'occuper , l’éloigna sans doute de la littérature ; maïs ce qui pourra sur- prendre ceux qui pensent que l’étude des sciences exactes dessèche l'imagination, le géomètre profond , le physicien scru- puleux, éprouvait tous les transports de l'enthousiasme à la lecture d’Homère.

(154)

Sa santé qui dépérissait sensiblement chaque année , s'était altérée au point de mettre presque tous les hivers sa vie en danger; mais supérieur à toutes les illu- sions comme à toutes les craintes , il voyait approcher sa fin sans rien perdre de la sérénité de son ame, et se regardant seule- ment comime prêt à partir pour un grand voyage, il mettait en ordre les travaux qu'il laissait imparfuits. Ceux qui l’occu- paient lorsqu'il termina sa carrière, ont eu pour objet la mesure de la longueur du pen- dule qui bat les secondes à Paris; un ther- momètre métallique qu'il avait imaginé pour éclairer la comparaison du mètre avec la toise, et décrit dans lerapport général des opérations exécutées pour l'établissement du système métrique , le magnétisme et la manière de mesurer l'intensité de la force magnétique par le nombre des oscillations que l’aiguille aimantée accomplit dans un items donné, enfin un grand nombre de recherches sur les réfractions astronomi- ques, contenant une expression générale de ces réfractions, qui s’est présentée aussi à Laplace , que Krampt a trouvée de son

{ 135) côté, et qu'il a publiée dans un ouvrage proclamé par l’Institut, en vendémiaire dernier.

Après avoir lutté contre la maladie, plus long-tems que ne semblait le permettre l’état désespéré il se trouvait, Borda succomba le 13 ventôse an 7. Il ne s’est point marié ; la culiure des sciences, et son attachement pour un petit nombre de parens et d’amis ont captivé toutes les facultés de son ame,

C:186 y

27 LD CEE D E

MONSIEUR BLOCH,

Lu à la séance publique de la Société Philomatique, le 20 nivôse de l'an 8, par ANTOINE-JEAN COQUEBERT, l’un de ses Membres.

Lorsoue je proposai de joindre quel- ques fleurs aux cyprès qui entourent la tombe du savant icthyologiste , dont, nous déplorons la perte, je ne présumais guère que cette société pût me charger d’une tâche aussi honorable ; enhardi cependant par sa bienveillance , je ressentis, en me soumettant à sa volonté, une satisfaction bien vive , de pouvoir, par un hommage public, rendre à la mémoire d’un homme

(137) célèbre, qui m’honora de son amitié, le tribut de ma reconnaissance, en présen- tant dans cette séance solemnelle , la série de ses glorieux travaux.

Marc-Éliezer BLOCH naquit à Anspach, en Franconie, dans le sein de cette nation commerçante et cosmopolite, dont l’exis- ience est un prodige toujours nouveau. Souvent persécutée , nous la voyons , im- mobile au milieu des révolutions, con- server parmi tous les peuples , ses mœurs et les lois qui lui furent dictées par le plus ancien des lésislateurs : Bloch en un mot était Juif.

Issu d’une famille indigente , son édu- cation fut d'abord très-négligée ; il était même parvenu à l'adolescence , sans avoir les notions ordinaires à cet âge; mais son esprit naturel sut dissiper les ténèbres qui l’obscurcissaient. Par un travail assidu etopiniâtre , il parvint à acquérir les con- naissances que l’infortune de ses parens lui avait refusée.

Placé chez un chirurgien d’Hambourg, il s’occupa d’abord de l’Anatomie ; les

( 138 ) progrès qu'il fit dans cette étude , ache- vèrent de développer le germe des talens qui l’ont rendu cèlèbre; ilse livra ensuite aux autres parties de la science d’Hippo- crate et se fit médecin.

La Médecine ne se borne pas unique- ment à l’art de guérir; ses rapports avec la physique conduisent nécessairement à l'étude de la nature: nous comptons un grand nombre de médecins parmi nos plus habiles naturalistes. Bloch sut allier à la pratique de son art, le goût qu’il avait pour l’histoire naturelle.

« Dans mes momens de loisir, a-t-il dit lui-même , au commencement de son ich- thyologie, » je m'occupe de l’étude de » l'histoire naturelle; j’observe avec at- » tention les objets qui me tombent sous » les yeux; je lis les principaux auteurs » qui en parlent; je compare ce qu'ils » en ont dit avec ce que je découvre, et » je tâche de pousser mes observations » au-delà de l’endroiït ils m'ont laissé ».

Qui ne reconnaît, dans cet exposé simple et naif, la modestie, compagne fidèle des

(139 )

vrais talens ? Il me semble voir ; et en- tendre encore notre illustre naturaliste, s'exprimer avec cette aimable candeur, qui rendait son entretien aussi attrayant qu’il était instructif.

Bloch cultiva d'abord toutes les parties de l’histoire naturelle; par ses recherches et ses correspondances , il était parvenu à se former, à Berlin, une collection pré- cieuse dans les trois règnes, laquelle jointe à une bibliothèque aussi considérable que bien choisie, était devenue un asyle con- sacré aux sciences, se réunissaient sou- vent les personnes instruites , qui y étaient attirées par ses connaissances et ses lu-

mières.

Quelqu’attrait qu'eut pour lui l’histoire entière de la nature , il se borna cepen- dant à culiiver quelques-unes de ses par- ties: celles dont l’étude avait une appli- cation plus directe avec son art, lui parurent d’abord mériter la préférence. Comme médecin, il avait souvent été té- moin des ravages que les vers intestinaux causent à l’économie animale ; il jugea

(140 ) nécessaire d'en faire une étude appro: fondie. Dans le 1ems qu’il s’occupait de ces recherches importantes, l'académie de Copenhague proposait , pour sujet de prix, la réponse à la question suivante :

Si la semence des vers intestinaux est innée aux animaux , ou si elle y entre du dehors ; et quels sont les remèdes qu'on peut leur opposer ?

11 semble que cette question n’avait été proposée que pour contraindre notre na- turaliste à publier ses observations; aussi ne tarda-t-il pas à se mettre au nombre des concurrens. Il répondit, par un mé- moire rempli de savantes recherthes, que 1a semence des vers intestinaux préexistait dans les animaux; quoique cette opinion, combattue dans cette société par l'un de nos plus habiles anatomistes ( le citoyen Dumeril ) , paraisse contraire aux lois générales de la nature, nous ne pouvons nous empêcher de dire que Bloch a sou- tenu la sienne, de manière à faire illu- sion. Nous allons exposer ici sommaire- ment ses preuves, pour fixer l'attention

POS 0 IT PE) +

(EAN) de cette assemblée sur l’une des plus im:

portantes questions de la physique ani- male.

Ilest généralement connu que ces vers, très-différens de ceux qui se trouvent dans les eaux ou ailleurs, n’existent et ne peu- vent exister que dans les animaux. La chaleur animale étant nécessaire à leur conservation, il paraît très - difhcile de concevoir comment ils peuvent passer d’un corps dans un autre.

D'ailleurs , il est très-certain que l’on a trouvé de ces vers, dans des fœtus ow dans des animaux nouvellement nés, et qui n'avaient encore recu d’autre nourri- ture que celle de leur mère. « Il faut bien, dit notre auteur,» que le germe ait déjà » existé dans le tendre embrion, ou qu’il » ait été développé avant lui ou peu de » items après ».

Mais ce qui doit encore augmenter notre surprise, C'est que ces animaux ne se trou- vent pas uniquement dans les intestins, l’on pourrait croire que les œufs, qu'ils produisent en très-grand nombre, auraient

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pu être portés par des cas fortuits ; les moutons particulièrement nous offrent l'exemple de vers trouvés dans le cerveau, dans le foie, et dans d’autres eridroits ils n’ont pu parvenir par aucuns des pas- sages extérieurs.

Bloch savait qu’il était facile de lui ob- jecter que les œufs de ces vers pouvaient aussi avoir été portés dans ces organes, par des moyens qu’on ne peut déterminer avec exactitude ; c’est ainsi qu’il répond à cette objection. « En parcourant tout » le règne animal, nous observons que » les mères déposent toujours leurs œufs

s

aux endroits l’animal qui doit naïtre # trouve le plutôt sa nourriture. La nature » agirait-elle différemment à l'égard de » ces vers, et la sagesse du créateur qui » Îles a destinés pour cette habitation, » aurait-elle préféré y faire parvenir leurs » œufs par la voie indirecte de l’air, de la boisson et dela nourriture, que de les » placer dans le corps animal même, = comme dans l'endroit le plus sûr et le * plus propre à leur développement ? »

Notre auteur avait encore à répondré

(143)

à la seconde question : quels sont Les re- mèdes qu'on doit opposer aux vers intes- tinaux ©? Bloch, comme médecin, éclairé par la pratique de son art, et comme naturaliste, par les observations qu’il avait faites sur ces animaux, prouva que les recherches en histoire naturelle, sans avoir d’abord un but d'utilité bien re- connu donnent cependant par leur appli- cation quelquefois naissance à des résul- tats du plus grand intérêt ; il savait que ces vers adhèrent aux intestins par des crochets dont leur tète est armée; qu'ils s'étendent dans l’eau tiède, et se contractent dans l’eau froide; il en tira la conséquence, que pour obliger les vers à se détacher des intestins, il fallait d’a- bord recourir à des boissons abondantes d’eau froide , et leur faire succéder immé- diatement les purgatifs pour les expulser et les entraîner dans les déjections.

L'importance de ces dissertations a pu déterminer l’assentiment de l’académie de Copenhague , qui décerna le prix à son auteur; mais le traité complet sur les vers intestinaux, qu'il y a joint, a un mérite

.

( 144 )

beaucoup plus grand et plus réel aux yeux des naturalistes ; ils y trouvent ces ani- maux , rangés suivant une division mé- thodique très-naturelle, des descriptions exactes , jointes à des figures suflisantes pour l'intelligence du iexte, une syno- ninmie complète et un grand nombre d’es- pèces qui n'étaient pas connues.

Cene fut pas uniquement à cet ouvrage que Bloch dut sa première réputation ; il avait déjà envoyé plusieurs mémoires aux sociétés célèbres de l'Allemagne, de la Hollande et de la Russie, qui l'avaient admis dans leur sein. Le recueil de la société des amis de la nature, résidente à Berlin, contient un grand nombre de ses productions. On y trouve plusieurs de ses mémoires sur les poissons, et différentes dissertations importantes qui prouvent l’é- tendue de ses connaissances en histoire naturelle, comme celles de l’outarde , et de quelques oiseaux des marais ; de l’o- pinion vulgaire que l’organe de la généra- tion est double dans la raie et le requin; sur les poumons des oiseaux ; de l'origine

des

L (145)

des enfoncemens réguliers dans les pierres vitriformes; etc.

Mais son immortel ouvrage sur l’ichthyos logie acheva de mettre le comble à sa gloire , en Îe plaçant au rang de nos il- lustres naturalistes.

Les plus célèbres productions de l'esprit ainsi que les plus grands évènemens po- litiques , ont quelquefois leur origine à des circonstances qui paraissaient d’abord très-peu importantes. Tel fut dans son prin- cipe le sort de l’histoire générale des pois- sons de Bloch; äl nous en instruit lui- même dans l’avant-propos de son ouvrage.

« Le hasard me fournit, dit - il, une » occasion de m’appliquer à l'étude des poissons. On m’envoya une grande ma- »s rène, espèce de saumon , du lac Maudui; » j’ouvris mon Linné pour lire ce qu’il en » disait; mais je vis, à mon grand éion- » nement qu'il n'avait pas plus connu cette > marène que la petite marène, qui est » pourtant fort commune dans la Marche- » Electorale , en Silésie, en Poméranie et > en Prusse, Cette omission excita ma cu-

K

{. C146)

» riosité; et je cherchai dans le même » auteur les autres poissons connus dans » notre pays. Je trouvai aussi qu’il ne par- » lait ni de notre guster, ni de la gibèle, » espèces de carpes qui sont connues, non » seulement dans les provinces que je » viens de nommer , mais encore dans > toute l'Allemagne. Je remarquai aussi » que plusieurs poissons, sur-tout de ceux » qu’on range dans le genre des carpes, » n'étaient exactement déterminés n1 dans » Linné , ni dans Artedi, ni dans les an- » ciens ichthyologues ».

Ainsi, Bloch n’avait au commencement que l'intention d’ajouter à quelques genres, les espèces qui avaient été omises, ou de déterminer avec plus d’exactitude celles dont les descriptions ui paraissaient in- complètes. Mais en continuant ses recher- ches, il s’'appercut que cette partie de l’his- toire naturelle était encore bien éloignée d’avoir acquis ( malgré les travaux des il- lustres ichthyolowistes qui l’avaient pré- cédé ) toute son étendue et sa perfection: Il entreprit donc de réunir en un corps «l'histoire toutes les connaissances éparses

a. cr

0 ot. + fe Dr.

(247)

sur les poissons, en ajoutant celles qui Jui seraient particulières. Son plan ne fut pas de s’en tenir uniquement aux descriptions laconiques de nos auteurs, mais il voulut encore donner tous les détails qui peuvent en assurer la connaissance exacte , et join- dre à des détails anatomiques , tout ce qu'on peut savoir sur leur manière de vivre, leur utilité économique , et la partie de l’art de la pêche qui regarde chacune des espèces considérées séparément.

Il attribuait à l’absence des figures sur les poissons, ou au peu d'exactitude de celles qui avaient été publiées, le peu d'avancement de l’ichthyologie ; il se pro- posa , en conséquence, de ne traiter que des espèces dont il pourrait se procurer des dessins faits et coloriés avec exacti- tude ; il fit donc en quelque facon de l’iconographie des poissons , une des bases fondamentales de son entreprise.

Pour remplir un aussi vaste dessein , il ne voulut pas se borner à commenter froi- dement les auteurs ; persuadé que lascience : be NE ichthyologique ne se peut acquérir en-

2

(148)

ticrement dans le repos et l’ombre du cabinet , il sentit la nécessité de voir et de comparer un grand nombre de poissons ; il savait qu’il est beaucoup d’observations et de connaissances qu’on ne peut se pro- curer qu'en conversant familièrement avec les pécheurs. Ces motifs le déterminèrent à aller s'établir au milieu d’eux ; il y passa même plusieurs étés. C'était que rap- proché de la nature, il se livrait, sans contrainte , à l’étude qui avait pour lui tant de charmes ; c'était dans les barques mêmes de ces pêcheurs , entouré de leurs filets, qu'il vérifiait les caractères déter- minés par les auteurs, et qu’il traçait d’une main hardie ceux qui lui paraiïssaient les plus importans.

L'entreprise de Bloch et ses travaux étaient déjà connus avant qu’il mit au jour son ouvrage; son premier volume était à peine annoncé, qu il comptait déjà plus de trois cents souscripteurs, parmi lesquels on trouve les noms des hommes les plus considérés en Europe par leur savoir ou leurs places éminentes ; pour gatisfaire à l’empressement du public,

( 149 ) il en fit aussitôt cinq éditions , les unes en Allemand, et les autres en Francais.

_ Ceux qui n'estiment les ouvrages d’his- toire naturelle, qu’autant qu'ils leurs offrent un nouvel arrangement systéma- tique ou méthodique, verront peut-être avec étonnement qu’il n’a fait à cet égard aucune innovation. Bloch savait très-bien qu’il existe dans les poissons des parties négligées par les auteurs , et dont il aurait pu se servir : ‘les dents ,: par exemple, offrent par leur forme, leur nombre et leurs insertions sur les mâchoires, le palais, la langue, dans l’œsophage, beaucoup de considérations importantes. Mais notre au- teur, précédé par les illustres Artedi et Linné dans la carrière qu’il avait à par- courir, Jugea qu'avant d'abandonner Îa route qu'ils avaient tracée, il fallait joindre à un grand courage de profondes médi- tations et des observations multipliées ; et sans renoncer au dessein de créer un nou- veau plan systématique , il crut devoir diriger ses premiers travaux sur celui de Linné ; en effet, les branchies apparentes

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ou cachées , l’absence ou la présence de de quelques nageoires , leurs situations respectives présentent des coupes certaines et faciles à saisir.

La seule partie qui fixa plus particu- lièrement son attention et à laquelle il atiacha une grande importance, fut ce qu’il a nommé la branchie simple ; elle Jui paraissait pouvoir servir utilement à faire de nouvelles divisions et des séparations dans les espèces. Voici ce qu’il dit à ce sujet : « La plupart des poissons ont de » côté quatre ouies ou branchies, dont 5 chacune est composée d’une double » couche de frange ; mais il existe plu- » sieurs poissons quien ont une cinquième » quin’aqu’uneseule couche de ces mêmes » franges. Celle-ci n’a point d’arc osseux ; » mais elle s'étend au côté interne de » l’opercule antérieur , et est affermic jus- » qu’à son bord extérieur ». Bloch, après avoir multiplié les observations sur cette partie, la prend pour base d’une nouvelle classification , dont il nous donne une lé- gère esquisse ; il met dans la première classe les genres des poissons, dont toutes

{ 1517) % LU L les espèces ont cette branchie simple ; dans la seconde, ceux qui n’en ont pas, et dans la troisième enfin , les genres mixtes, ayant des espèces pourvues de cet organe et d’autres qui en sont privées.

Sila mort n’était pas venu surprendre notre illusire naturaliste, tandis qu’il se livrait particulièrement à ces recherches, et s’il y avait joint celles qu’il avait faites sur les tubercules qui bordent l’extrémité ou la superficie des arcs des ouies, et qui varient à l'infini quant à leur forme, nombre, grandeur, grosseur et consis- tance, peut-être serait-il parvenu à nous donner un nouveau système, dans lequel l'important organe de la respiration serait entré pour beaucoup dans la plupart de ses divisions.

Mais il n’a fait part de ses découvertes, que dans les derniers volumes de son ou- vrage, comme s’il avait eu l’intention de les léguer par une donation testamentaire à ceux qui voudraient continuer et mettre en œuvre ces importantes recherches.

Quoique nous puissions regretter que

( 150 )

Bloch n’ait pas fait l'application de toutes ses connaissances à l'établissement d’un systéme complet qui réunit, d’une ma- nière nouvelle , les nombreux poissons dont il traite dans son ichthyologie , il n’en est pas moins certain que nous n'avions encore sur cette partie de l’histoire natu- relle , rien d’aussi satisfaisant, d’aussi étendu et d'aussi complet. L’on trouve dans son histoire des poissons , outre une syno- nimie nombreuse en citations , exactitude dans les descriptions, fidélité dans les fi- gures, détails économiques intéressans , dix-neuf genres qu'il a établis, et cent soixante-seize espèces nouvelles.

Cet ouvrage, divisé en douze parties, comprend , particulièrement dans les trois premières, ces genres nombreux en es- pèces , incalculables en individus , qui fournissant aux riches un aliment recher- ché, offrent aux indigens une nourriture abondante , et sont pour les peuples ma- ritimes une source de richesses inépuisa- bles. Si les bornes de ce discours nous permettaient une analyse de ce que Bloch a écrit sur les carpes, saumons, harengs,

(ns y maquereaux, morues , raies, etc., quel intérêt il serait facile de répandre sur cette partie de son éloge ! que de détails instructifs, que de vues d’utilités écono- miques, que de caractères artistement dé-

terminés ! etc.

Mais c’est sur-tout dans les neuf der- nières parties , que l’ouvrage de Bloch offre le plus de choses nouvelles, et qu’il est le plus intéressant aux yeux des na- turalistes. Par ses recherches et ses cor- respondances aux Indes Orientales, sur les côtes de la Barbarie, et sur celles de Norwège, il est parvenu à nous faire con- naître un nombre considérable de poissons, aussi surprenans par leurs formes bisarres et extraordinaires , que par l’opposition des plus vives et des plus brillantes cou- leurs. Cette partie deson ouvrage acquicrt un nouveau prix , en ce qu’elle renferme un grand nombre de poissons de l’Amé- rique , extraits d’un manuscrit du fameux Père Plumier, minime francais, qui les avait décrits et figurés dans ses voyages, et quelques autres du Brésil, observés et

(154) points par Jean Maurice, Comte de Nassau- Siegen.

La gloire que Bloch venait d'acquérir par la publication de son immortel ou- vrage, aurait pu ralentir ses travaux; cependant son goût irrésistible pour l’ich- thyologie était aussi étendu que les ri- chesses de la nature sont inépuisables. Presque septuagénaire , il vint à Paris visiter les collections précieuses renfer- mées dans cette capitale ; nous l’avons vu parcourir avec empressement les Mu- sées, les cabinets des curieux, observer avec toute l’ardeur et l’activité d’un jeune naturaliste , décrire et faire dessiner tous poissons qu’il comptait joindre aux nom- breux matériaux qu’il destinait à com- pletter son ouvrage. ÿ

Mais son voyage avait encore un motif particulier ; fixé depuis l’âge le plus tendre dans son pays natal, il ne connaissait que la mer baltique, et n’avait pas encore vu l'immensité des eaux de l'océan ; il était bien juste , qu'après en avoir célébré les habitans d’une manière si glorieuse, Bloch qui avait peut-être le pressentiment

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(CE)

d'une mort prochaine , rendit enfin à l’empire des mers le tribut de son admi- ration. Pressé par ce desir, après avoir séjourné quelque tems dans cette capitale, et y avoir recu des sociétés savantes l’ac- cueil à ses rares talens, il partit pour la Hollande.

De retour à Berlin, sa demeure ordi- naire, il n’oublia pas les amis que l’amé- nité de son caractère encore plus que sa célébrité, lui avait faits à Paris. J'ai eu en mon particulier part à son souvenir, et plusieurs poissons des plus rares qu'il m'a envoyés, seront toujours à mes yeux, des gages certains de sa généreuse amitié.

Lorsque nous eumes la satisfaction de le voir dans cette Société et de le compter au nombre de nos collèsues, nous étions bien éloignés de croire que deux ans seraient à peine passés, que l’annonce de sa mort viendrait y porter le deuil; une santé brillante, exempte des infrinités d’un âge avancé, un caractère vif et en- joué semblaient lui assurer de longues années, qu'il aurait pu consacrer encore à l'étude de la nature... . . x

(156 )

Nous ignorons quelle fut sa dernière maladie; mais le séjour qu’il fit aux eaux thermales de Carlsbald , en Bohème, il rendit le dernier soupir , le 18 thermi- dor an 7 (6 août 1799 ), nous donne à penser qu’une maladie de langueur me- naçait ses jours depuis quelque tems.

Quant à sa dernière heure , elle fut sans doute celle d’un philosophe, d’un vrai naturaliste, qui ayant adoré perpé- tuellement l’auteur de la nature, par la comtemplation de ses œuvres, retourne avec sécurité vers celui qui lui a donné l’existence.

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NOTICE HISTORIQUE

SAUR D'ÉLCAEOUVUE NPA

Par le Citoyen SILVESTRE, Secrétaire de la Société.

UN poëte aimable de nos jours, (1) qui joignait aux graces du style une philoso- phie douce et profonde , disait qu’on ne pouvait se rendre vraiment utile, qu’en se donnant pour but unique un travail auquel on rapportait toutes ses idées et toutes ses recherches. Cette assertion est vraie sous tous les rapports, dans les arts, dans les sciences, dans les lettres : l’homme occupé d’un seul objet le rapproche ordi-

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(:) Bernard de Bonnard, mort à Semuwr en 1784.

(158)

nairement de sa perfection, et quelque soit le but de son entreprise il a bien mérité de sa patrie. C'est eng énéral, parce que tous les hommes veulent faire toutes les choses; qu’il y a tant de gens médiocres, et que l’esprit humain avance si lentement. Heureux l’homme de génie, dont le premier regard porte sur un objet qui tend au perfectionnement des arts utiles; plus heureux encore celui qui, semblable au philantrope recommandable dont nous allons vous entretenir , a eu pour objet de conserver des hommes pré- cieux à la société; si comme lui sur-tout il a réussi dans sa bienfaisante entreprise.

Philippe-Nicolas PIA naquit à Paris, le 15 sepiembre 1721 ; fils d’un père qui s'était acquis une grande réputation , comme pharmacien, et comme adminis- trateur éclairé des hôpitaux ; on lui doit le rare éloge d’avoir soutenu et même ajouté à cette réputation. Dans sa jeunesse beaucoup d'application, un goût marqué pour la solitude et le travail le rendirent bientôt capable d’embrasser l’état de son père, Il ne négligea aucune des parties

(159)

qui pouvaient concourir à lui faire pra* tiquer sa profession avec plus de distinc- tion , et l’art de guérir l’occupa sur-tout pendant long-tems. Nommé trèsjeune à la place de pharmacien en chef de l’hô- pital de Strasbourg, il trouva, dans l’in- souciance des Jeunes gens qui lui étaient subordonnés, des dificultés qui, le mettant dans l’impossibilité de faire le bien qu'il s'était proposé, le déterminèrent à donner sa démission; mais ses supérieurs eurent le bon esprit de la refuser , et forcé de rester à son poste , il déploya contre cette jeunesse indisciplinée la sévérité qu'ilavait d’abord voulu tourner contre lui-même, et, par une réforme hardie, il parvint à rétablir l’ordre nécessaire qu’il avait jusqu'alors été impossible d’obtenir.

La paix le rendit à sa famille, et il y donna une nouvelle preuve de sa sévère équité envers lui-même, en refusant la pharmacie de son père qui lui était dès- lors offerte, et en consacrant tout son tems à des travaux opiniâtres qui devaient le rendre digne de la posséder. Il le devint bientôt en effet, et le public accoutumé

( 160 )

à l'exactitude scrupuleuse du père, ne se repentit pas de la confiance qu’il continua à donner au fils, dont le talent et la sa- gesse avaient devancé les années , et qu’il ne cessa pas un instant de mériter pen- dant les vingt-quatre ans qu’il consacra à cetie occupation.

Mais son automne devait être marquée par des travaux d’un plus grand caractère. Nommé en 1770, à la place d’échevin de Paris , il s’ouvrit une nouvelle carrière qui fit bientôt oublier ses autres travaux, et lui assurant des droits bien fondés à la reconnaissance publique , le mit dans le cas de servir d'exemple à la postérité.

I1 existait de tems immémorial un pré- jugé barbare, d’après lequel il était dé- fendu sous des peines rigoureuses de tirer un noyé hors de l’eau, à moins que préa. lablement on eût averti un commissaire pour en dresser procès-verbal. Dans ce cas donc on se bornait à fixer le malheureux à un bateau, ou bien à sortir seulement une partie de son corps hors de l'eau jus- qu’à l’arrivée de l'officier public ; et lorsque

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par sa présence, il en avait autorisé l’ex- traction, on se perincttait alors quelques essais pour le rappeler à la vie; mais ces essais ne tendaient jamais qu’à constater la mort dunoyé, et souvent ils accéléraient eux-mêmes cette mort : ils consistaient, soit à le suspendre par les pieds pour lui faire rendre l’eau qu’on le supposait avoir avalée, soit à le rouler dans un tonneau qui par de violentes contusions achevaient de le faire périr. On se persuadait d’ail- leurs difficilement qu’un noyé retiré de l’eau sans connaissance , sans chaleur et sans poulx püt être rappelé à la vie.

Depuis long-tems les hommes instruits réclamaient contre une pareille insou- ciance et contre de semblables moyens; quelques physiciens, portant les lumières du dix-huitième siècle sur cet objet inté- ressant , avaient prouvé que la plupart des noyés n’avalaient dans ce cas qu’une très-petite quantité d’eau, qu’il n’en en- traitque très-peu dans les poumons, et que leur mort réelle ou apparente devait être seulement attribuée à l’absence de la res- piration ; les Hollandais furent frappés

L

( 162) avant nous de ces vérités , et quelques succès dans ce genre les déterminèrent à établir une société qui fit son unique oc- cupation de cette œuvre de bienfaisance, et qui fixa le traitement convenable contre cette espèce d’accident.

Peut-être que cette précieuse découverte eùüt été perdue pour la France , sans le zèle de Pia. Il jugea cet objet digne de son attention; et c’est d'après ses mémoires, ses sollicitations , ses expériences et ses recherches, que le bureau de la ville se détermina à former à Paris un établisse- ment en faveur des noyés. Ce n'était pas assez d’avoir donné la première impulsion, il fallait quelqu'un qui réunit les moyens et se chargeñt de l'exécution. Pia fut cet homme , et quel autre aurait eu assez de constance et de philantropie pour sur- monter les difficultés sans cesse renais- santes dont il fut environné !

Dans le nombre des secours qu'on admi- nistre aux noyés, on est souvent obligé de leur introduire de fair dans les pou- mons , et de la fumée dans les intestins ;

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es machines recommandées pour cet usage par différens auteurs ne réussissant pas toujours; Pia inventa de nouveaux appa- reils qui simplifiaient et assuraient l'opé- ration. Pour éviter de perdre un tems précieux à la recherche des objets néces- saires, il imagina de les réunir dans une seule boëte,et rédigea une instruction sim- ple et de la plus facile exécution , qui fut déposée avec sa boëte dans tous les corps- de-garde qui avoisinent la rivière. 1l éta- blit des surveillans pour cet objet dans tous les lieux de dépôt ; illes visitait lui- même tous les jours, faisait répéter aux agens les diverses opérations sousses yeux, et mettait à leur instruction l'exactitude la plus scrupuleuse et la plus suivie. I} entraînait le plus souvent possible les autres échevius et le prévôt des marchands dans ses visites journalières , et parvint à obtenir du bureau de la ville une mé- daille d'argent pour ceux qui étaient assez heureux pour rappeler un noyé à la vie.

Tant de soins ne furent pas perdus pour l’humanité ; dès les huit premiers mis, Pia parvint à rappeler vingt-quatre

2

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noyés à la vie, et il rédigea un ouvrage sur les succès obtenus par ces procédés.

Quelle jouissance pure dut éprouver cet Homme bienfaisant , lorsque pour la pre- mière fois, il sentit la chaleur renaitre daus un cadavre glacé ; lorsqu'il se trouva en quelque sorte créateur, et que nou- veau Promethée , il ralluma le flambeau de la vie dans une statue inanimée ; lors- qu'il vit couler les larmes de reconnais- sance d’une famille éplorée. Il fut sans doute payé de tous ses sacrifices; et ce moment de bonheur est la plus belle ré- compense promise à ses imitateurs.

Le bruit de ses succès, l'ouvrage qu’il publia à cette époque donnèrent naissance à une foule d’établissemens semblables en France et chez l'étranger, et fournirent à Pia une correspondance qui était un hommage continuel rendu à ses utiles travaux.

Ces témoignages étaient bien faits pour soutenir son zèle, si le sujet lui-même ne lui eut pas suffi ; mais plus de trois cents noyés rappelés à la vie, pendant l’espace

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de dix années dans la seule commune de Paris, soutenaient assez son courage.

Les Romains décernaient une couronne civique à quiconque sauvait la vie à un citoyen dans une bataille; une seule feuille de chêne accordée à Pia , pour chaque homme arraché à la mort , eut sufh à former sa couronne civique. Mais il n’eut point de couronne, et la conscience de ses bienfaits qui luien servait , vint ajouter à sa douleur par l'impossibilité il se trouva de les continuer.

Dès 1790, Pia vit qu’il n’était plus se- condé ; les visites qu’il continuait dans les corps-de-garde voisins de la rivière, ne produisaient plus aucun effet, ses obser- vations et ses reprimandes n'étaient plus écoutées; souvent méme elles étaient tour- nées en ridicule. Ses représentations ne furent point accueillies ; vainement il voulut encore soutenir de ses propres fonds son établissement de prédilection, il re- doubla de zèle, y consacra tout son terms et une grande partie de sa fortune; mais

( 166 )

les moyens lui manquèrent enfin, ilsuc- comba dans cette lutte pénible , et sa vie consacrée à l’inaction , ne fut plus qu’une longue suite de chagrins, dont une ma- ladie cruelle fut la suite. Il se vit à ses derniers momens privémême du nécessaire ; il fut obligé de se séparer de son vieux domestique, ancien compagnon de ses travaux , et ne trouva plus de soulage- ment que dans les vertus de son épouse qui joignait à une ame au-dessus du vul- gaire un attachement pour son mari, qui pénétrait d’attendrissement tous ceux qui venaient visiter ce vieillard respectable. Mais la mort enfin vint abréger ses souf- frances , et il passa, le 25 floréal an 7, à cet état d’anéantissement physique au- quel il avait arraché tant de victimes.

Pia avait un caractère froid et réfléchi, mais son cœur s’enflammait facilement pour la cause de l’humanité. Jusqu’à ses derniers momens , il fut occupé de son objet favori; il passait ses matinées en- tières à extraire les ouvrages étrangers qui avaient rapport au soulagement des

(167) noyés. Son livre ne le quittait jamais , il le relisait et le méditait sans cesse , et trouvait toujours quelque nouveau degré de perfection à y ajouter.

Pia était sévère dans son intérieur, il était dur pour lui-même et poussait à l’extréme l’économie dans ce qui ne regar- dait que lui; mais le produit de ces éco- nomies était consacré à des infortunés. On a reconnu après sa mort qu'il distri- buait, chaque mois régulièrement , des aumônes à quinze ou vingt personnes , et dans sa pharmacie les pauvres avaient toujours trouvé des secours gratuits.

La plus exacte probité ne serait pas un éloge dans un tems cette probite serait plus ordinaire; mais il n’est pas inutile aujourd’hui de dire que Pia, chargé de la construction de plus de trois mille ma- chines fumigatoires, loin d’en faire un objet de spéculation , consacrait gratui- tement ses soins à la surveillance de leur fabrication , et s'était arrangé de manière qu’il fut impossible de le soupconner même

( 168 ) d'y avoir d’autre intérêt que l'extension qu’acquéraient par-là ses procédés.

Une seule considération peut suffire à donner la mesure d’utilité de cet homme bienfaisant ; depuis qu’ila abandonné cette carrière pénible, personne n’a osé suivre ses traces ; les moyens pourtant ont été rétablis, plusieurs boëtes fumigatoires sont entretenues en ce moment par le bureau central, dans les divers corps-de-garde qui bordent la rivière; mais les citoyens qui les occupent et qui changent tous les jours me connaissent pas l'emploi de ces ma- chines ; quelques-uns en isnorent méme l'existence , d'autres ne rougissent pas d'employer pour leur usage le tabac et leau-de-vie destinés aux noyés, en sorte que souvent elles restent incomplètes. À l'instant le plus urgent, il faut chercher de nouveaux moyens, il faut attendre la présence souvent tardive de l’homme de l'art; malheur à l’imprudent ou à l’infor- tuné qui n'a pas su se se sufhre à lui-même au milieu des flots, les restes de sa vie encore un moment suspendus, s’éteignent

(169) | avec rapidité et vont se perdre dans l’é-

ternité.

Combien pourtant doit être soigneuse- ment préservée la vie des hommes, dont le sacrifice n’est pas absolument nécessaire à la patrie. O vous pères, instituteurs, voussur-tout mères tendres, qui connaissez si bien le prix des sacrifices longs et péni- bles qu’exige la première éducation de l’enfance ; vous patriotes éclairés qui avez médité sur les probabilités de la vie hu- maine, et qui savez combien peu d’hommes parviennent au moment de rendre service à la société , parmi cette multitude innom- brable d’êtres qui périssent presqu'avant d’avoir vécu; c’est à vous que Pia a légué son ouvrage, c’est vous qu'il charge en terminant sa vie, de suivre la carrière de bienfaisance qu’il a entreprise : votre route entière est tracée ; et s’il n’est pas donné à un seul homme de posséder son zèle et sesmoyens, qu’au moins des sociétés réunies fassent de ses travaux l’objet de leurs occupations, et que ses vertus ne soient pas perdues pour la patrie.

(170 )

Et toi, homme respectable , combien ton sort est digne d’envie; tu n’as cessé d’étre utile qu’en cessant d'exister ; tu meurs environné de tes bienfaits; la pos- térité te rendra justice , et déjà les familles nombreuses dont tu as séché les larmes, pleurent aujourd’hui sur toi, et béniront à jamais ta mémoire.

( 172.) RP

BA Da E

D'EPSSMNAS TL EURUE.S

Contenues dans le Rapport général des travaux de la Société Philomatique, depuis le 3o nivôse an VII jusqu'au 20 frimaire de l'an v 111 de la République.

A

ABEILLE. Description yen de donner une des caractères et des nouvelle impulsion habitudes de l’abeil- à l’agriculture, par le tapissière, par le le cit.Silvestre. 88. cit. Latreille. p.65. ALIBERT( lecit.)Ou-

ACARUS. Observa- vrage sur les fièvres tions sur des ani- connues sous la dé- maux du genre aca- nomination de ma- rus ,trouvésdansles lignes. 80. poumons d’un oi- ALUMINE FLUATÉE. seau, êI, Notice sur les carac-

AGRICULTURE. Mo- 1ières et les proprié-

(172)

tés de l’alumineflua- tée , par le citoyen Hauy. 46.

ANÉVRISME. Mémoi- re sur un Cas parli- culier d'anévrisme, par le c. Richerand. 82.

ANIMAUX MICROS- COPIQUES. Recher- chessurlacontagion attribuée àqueiques animaux IMICrOSCO- piques, par les cit. Vassali et Buniva. 74.

ANTIMOINE. Mémoi- re sur les procédés par lesquels on reti- re l’antimoine de ses mines, par le cit. Hassenfratz. 356.

BAOR1E. Rapport sur l’ouverture d'une femme morte de la rupture de l’aorte , et qu’on avait cru empoisonnée; par le cit. Duméril. 81.

APIVORE. Descrip- tion et histoire d’un

insectedu genre phi- lante qui nourrit ses petits, d’abeilles do- mestiques, par le cit. Latreille. 66. ARGENT. Mémoire

sur la quantité d’or

et d’argent qui gros- sissent chaqueannée lenumérairedel’iu- rope , par lecitoyen Coquebert-Monbret. 10. AÂARRAGONITE.Mé- moire sur l'arrago- nite de Werner, par le cit. Hauy. 47. ARTS ET METIERS. Ex- tension du conserva- toire des arts et mé- tiers, proposée par le cit. Silvestre. 87. ARTICULATION. Mé- moire sur uneespèce d’articulation dans laquelle le mouve- ment des os s’exécu- te à l’aide d’un res- sort, par le citoyen Dumeril. 72.

Lot ER, he,

(«987

B

BAILLET (lecitoyen). Description detrois manières principa- les de faire jouer ia mine sous l’eau. 16. Mémoire sur les inconvéniens de la nomenclature actu. elle des machines à vapeurs. 18. Mé- moire sur les acci- dens observés dans les substances miné- rales disposées par couches. 52.

BAROMÈTRE. Consi- dération sur l'effet de la température dans la mesure des hauteurs par le ba- romètre, par le cit. Prony. 15.

BELET. Mémoire sur le sirop mercuriel dit de Belet , par le c. Bouillon-Lagran- ge. 20.

BiCHAT( le citoyen) Ouvrage sur l’ana-

tomie et les usages de diverses membra- nesducorpshumain. 76.

BItoT ( le cit.) Mé- moire sur les diver- ses intégrales dont est susceptible une même équation aux différences finies. 14 Mémoire sur l’ap- plication du calcul intégral à une classe particulière de ques- tions géométriques. 1 4.

BLANCHIMENT. Pro- cédé pour le blan- chiment du coton par les lessives alka- lines, par le citoyen Chaptal. 34,

BLEDS. Mémoire sur la nielle, maladie des bleds , par le cit. Girod-Chantran.30.

BLOcH. Eloge histori- que de M". Bloch, par le cit. Antoine Coquebert. 136.

BorDA.Eloge histori-

(174)

que de Charles Bor- da, par le citoyen Lacroix. page 92.

Bosc le cit. ) Notice d’un voyagedansles montagnes de la Ga. lice. 42.

BOUCHER. Expérien- ces, recherches et observations sur les ormes.41.—Mémoi- re sur la conferve selatineuse. 58.

BOUILLON-LAGRANGE (lecit.) Manuel d’un cours dechymie. 28. Mémoire sur le sirop mercuriel dit de Belet. 28.

BRONGNIART (lecit.) Mémoire sur une classification natu- relle desreptiles. 60.

BUNIVA ( le cit. ) Ex- périences sur la pé- nétration du sang injecté dans les vais- seaux des cadavres. 74. Recherches sur la contagion at- tribuée à quelques

animaux mMICrOSCO =

piques. 74. C

CARTE. Réflexions sur le dessin des car- tes géographiques, par le cit. Lacroix. 15

CAVANILLES (le cit.) Description de plu- sicursgenresdeplan- tes. b6.

CAUTERE. Mémoire sur l'usage du cau- tère actueldans une maladie du châtai- panier, part Je rit: Chaptal. 39.

CERVEAUX. Mémoire sur les diflérences des cerveaux, consi- dérés dans tous les aniMaUX à sang rou- ge, par le citoyen CUVIEr. 70:

CHAMPIGNONS.Ob- servations sur la re- production sponta- née de l’agaricus e-

Cx78 )

dulis ,pax le citoyen Ventenat. b7. CHAPTAL. Mémoire sur l’art du dégrais- seur d'étoiles. p. 33. Procédé pour le blanchiment du co- ton par les lessives alkalines. 34.— Mé- moire sur l’usage du cautère actuel dans une maladie du chä- taignier. 39. CHARBON. Observa- tions sur la proprié- du charbon pour absorber les gaz à la température atmos- phérique, par lecit. Vanoorden. p. 31. —— Observations sur l'influence du char- bon végétal ou ani- malsurlanourriture des végétaux, par le docteur Rafn. 58. CHATAIGNIER. Mé- moiresur l’usage du cautère actuel dans uneinaladie du chà- taignier, par le cit.

Chaptal. 3a.

CHROME. Mémoire sur les propriétés de l'acide chromique , par le cit. Vauque- lin. 49.

CHYMIE. Manuel d’un cours de chy- mie, par le citoyen Bouillon - Lagrange. 26. $

COMBUSTIONSHU- MAINES. Mémoire sur les combustions humainesqui parais- sent spontanées, par le cit. Lair. 73.

CONFERVE. Mémoire sur la conferve gela- lineuse, par le cit. Boucher. 58.

CONGELLATION. Ex- périencessur lescon:- gellations artificiel- lés, par les citoyens Fourcroy , Guyton et Vauquelin. 95.

COQUEBERT ( Antoi- ne le cit.) Descrip- tion avec figuresdes insectes observés à

(176) Paris, par le cit. Fa- CoQuiILLE. Mémoire bricius. 64.— Éloge sur les genres Zaret

historique de M. Bloch. page 156. COQUEBERT - MON - BRET ( le cit.) Mé- moiresur laquantité d'or et d’argent qui grossissent “chaque année le numéraire de l’Europe. 10. Observations sur un mémoire de Haller , relatif à l’évapora- tion de l'eau salée. 11.—Expériencesur la quantitéd'alliage de plomb qui entire dans les mesures d’é- tain. 37.— Mémoire sur les moyens d’a- méliorer les irou- peaux indigènes par

et fistulane ; par le cit. Daudin. pag. 64. COTON. Procédé pour le blanchiment du coton par leslessives alkalines, par lecit. Chaptal. 34. COUCHES MINÉRALES Mémoiresur les acci- dens observés dans les substances miné- rales disposées par couches, par le cit. Ballet. 5o, COURBE. Mémoire sur la transforma- Uon que subissent lescourbeslorsqu’on vient à les étendre sur un plan, par le cit. Lacroix. 13

leur De Erente 44. CUVIER. Observa -

Mémoiresur l’ori- gine du sandarac et de la gomme ara- bique. 44. —Mémoi- re sur la pierre de miel, He des

AHénands:£ £

üonssur divers mol- lusques. 59. Mé- moire sur les diffé- rences des cerveaux, considérés dans tous Jes animaux à sang rouge. 70.— Mémoi-

re

UE ee SOS OO PE

(im)

re sur l’organisation de quelques médu- ses. 71 Éxpérien- ces pour découvrir le mécanisme de la respiration des gre- nouilles. 72.

D

DAUDIN(lecitoyen.) Discours préliminai- red’untraité d’orni- thologie.63.— Mé- moire particuliersur diversesespèces d’oi- seaux. 63.— Méimoi- re sur les genres f«- reé et fistulane. 64.

DEGRAISSEUR.Mé: moiresur l’art du dé- graisseur, par le cit.

Chaptal:-53:

DEVACKH. Mémoire

sur le devackh ou coudée du nilomë- tre , par le citoyen Dillon. 6. DIAMANT.Expérien- ces sur la combusti- bilité du diamant et

sur ses produits, par lecit. Vauquelin.24. DILLON ( le cit. re à noiresur le devackh ou coudée du nilo- mètre.6.— Tableau de la proportion des anciennes mesures du département de la Seine avec les me- sures républicaines. 7. Mémoiresur la manière de vérifier les nouveaux poids et mesures.ô. Mé- moiresur l'utilité de la pouzzolane dans: les constructions hy- drauliques. 18, DOIGTS. Cbserva- tionssur une classifi- cation naturelle des amimaux par la der- nière phalange de leurs doigts, par le cit. Duméril. 60. DUCHESNE ( le cit.) Mémoire sur les sys- têmes et sur l'esprit de système. 5. DuHAMmELifils(lecit.)

7

ES Jr

(178 )

Mémoite sur les fa- briques de noir de fumée provenantde la houille, dans le dép. delaSaare 58. DuMERIL ( le cit.) Observationssurune classification natu- relle des animaux par la dernière pha- langedeleursdoigts. Go. Mémoire sur une espèce d’articu- lation dans laquelle le mouvement des os s'exécute à l’aide d’un ressort. 75. Expériencespour dé- couvrir le mécanis- me de la respiration des grenouilles. 72. Rapport sur l’ou- verture d’une fem- me morte de la rup- ture de l’aorte, et qu'on avait cru em- poisonnée. 8 1.— Cb- servation sur desani- maux du genre aca- rus trouvés dans les poumons d’un oi-

seau. page 81. E

ÉCOLES PUBLIQUES. Considérations sur la nécessité d’ensei- gner | économie ru- rale dans les écoles publiques, par le c. Silvestre. 45.

ECONOMIE RURALE. Considérations sur la nécessité d'ensei- gner l’économie ru- rale dans les écoles publiques, par le c. Silvestre. 45.

ÉQUATIONS. Mémoire sur les diverses inté- grales dont est sus- ceptible une même équation aux diffé- rences finies, par le cit. Biot. 14.

ÉTAIN. Expériences sur la quantité d’al- liage de plomb qui entre dans les mesu- res d'étain, parle cit. Coquebert-Monbret

( 179)

page 37.

ÉTHÉRIFICATION. Mémoire sur la fer- mentation vineuse et l’éthérification, par lec.Fabroni. 26.

ÉVAPORATION. Ob- servation sur un mé- moire de Haller , re- lifàal'évaporation de l’eau salée, par lec. Coquebert Montbret 11

É

FABRONI( le cit.) Mé- moire sur lafermen- tation vineuse et l’é- thérification. 26. Mémoire sur la sa- veur produite par les métaux mis en contact. 27.

FELD-SPATH. Mémoi- re sur le feld-spath verd de Sibérie, par le cit. Lelievre. 48.

FERMENTATION. Mé- moire sug la fermen- tation vineuse et l’é-

thérification, par le cit. Fabroni. 26.

FIÈVRE. Ouvrage sur les fièvres connues sous la dénomina- tiondemälignes, par le cit. ÂAlibert. 80.

FOURCROY. Expéri- ences sur lesconsel- lations artificielles. 25.

Fourmi. Description de la fourmi fon- gueuse de Cayenne, par le cit. Latreille. 67.

G

GIROD - CHANTRAN ( le cit. ) Mémoire sur la nielle, maladie des bleds. 30. -— Ob- servations miCrOSCO- piquessur les bisses, conferves et tremel les. 358.

GLACES. Mémoire sur le laminage et le soudage des glaces , par le citoyen Pajot-

2

(K r6b)

des-Charmes. p. 32. GOMME ARABIQUE. Mémoire sur l’origi- ne de la gomme ara- bique , par le cit. Coquebert - Mont - bret. 44. GRENOUILLE. Expé- riences pour décou- vrir le mécanisme de la respiration des grenouilles, par les cit. Cuvier et Dumé- xil. 72"

H

HALLÉ( le c.) Obser- vations sur une ma- ladie singulière qui semble prouver l’in- fluence de la lune sur le corps humain. 77:

HASSENFRATZ(lec.) Mémoiresur les pro- cédés par lesquelson retire l’antimoinede ses mines, 36.

HauY (le cit.) Noti- ce sur les caractères

et les propriétés de J’alumine fluatée. 46 Mémoire sur l’ar- ragonite de Werner.

47-

INDEX. Observations sur les baromètreset thermomètres à in- dex, par le citoyen Tremery. 20.

INJECTION. Expéri- ences sur la pénétra- tion du sang injecté dans les vaisseaux des cadavres. 74.

INSECTE. Description

avec figures des in- sectes observés à Pa- ris , par le cit. Fabri- cius. ( cit. Antoine Coquebert. ) 64. Observations anato- miques sur diverses espèces d'insectes , par le cit. Deloche. 68.

INTÉGRALE Mémoi- resur les diversesin-

( 181)

tégrales dontestsus- ceptible une même

Éloge historique deCharle Horda, 92

équation aux diffé- LAINE. Mémoire sur

rences finies, par le cit. Biot. 14. Mé- moire sur l’applica- tion du calcul inté- gral à une classe par- ticulière de questi- ons géométriques , par le cit. Biot. 14.

J

JURINE (le cit.) Mé- moire sur les earac- tèresetleshabitudes du monocle castor.

page 69. L

LaAcrorx (le cit.) Mémoiresurlatrans- formation que subis- sent lescourbes, lors- qu'on vient à les é- tendre sur un plan. Aer Réflexions sur le dessin des cartes géographiques. 13.

les causes qui influ- ent sur la beautédes laines , par le cit. Lasteyrie. 43.— Mé- moiresurles moyens d’améliorerlestrou- peaux indigènes par leur croisement, par le cit. Coquebert - Monibret. 44.

LaAIRr (le cit.) Mémoi-

sur les combustions humainesqui parais- sent spontanées. 73.

LASTEYRIE (le cit.)

Mémoire sur les cau- ses quiinfluentsur la beauté des laines. 43

LATREILLE ( le cit })

Description des ca- actères et des habi- iudes de l'abeille ta- pissière. 65.— Des- cription et histoire d'un insecte du gen- re philante quinour- rit ses petits d’abeil- les domestiques. 66.

( 182 )

Description de la fourmi fongueuse, de Cayenne. 67. Mémoire sur Ja vril- lette striée. 67. LELIEVRE ( le cit.) Mémoire surle feld- spath vert de sybé- rie. 48.— Noticesur la lépidolite. 48. LÉPIDOZITE. Notice sur lalépidolite, par le cit. Lelievre. 48. LOCHE ( le cit. de) Ob- servations anatomi- ques sur diverses es- pèces d'insectes. 68. Mémoire sur des nuées de papillons qui ont paru aux environs de Turin en 1798. pag. 68. LUNE. Observation sur unemaladie sin- gulière qui semble prouver l'influence de la lune sur le corps humain, par le cit. Hallé. 77.

M

MALADIE. Observa- tions sur différentes maladies à la guéri- rison desquelles les ressources pharma- ceutiques n’ont pas concounru, par le cit. Moreau. 80.

MANUEL d’un cours de chymie, par le cit. Bouillon Lagran- re 20;,

MEDUSE. Mémoire sur l’organisation de quelques meduses, par’le 6. Cuvier.#r.

MEMBRANES. Ouvra- ge sur l'anatomie et les usages desdiver- ses membranes du corps Humain , par le cit. Bichat. 76.

MESURES. Tableau de la proportion desan- ciennes mesures du département de la Seine avec les mesu- res républicaines , par le cit. Dillon. 7.

L2

RE =

an,

(188)

MERCURIEL. Mémoi- re sur le sirop mer- curiel dit de Belet , par le cit. Bouillon- Lagrange. 28.

MÉTAUXx. Mémoire sur lasaveur produi- te par les métaux mis en contact, par le cit. Fabroni. 27.

METRE. kKéflexions sur les avantages qu’il y aurait de donner un nompar- ticulier au mètre quarré par le cit. Miché. 19.

MICHÉ(lecit.) Ré- flexionssurles avan tages qu'il y aurait de donner un nom pariiculierau mètre quarré 10.

MICROSCOPIQUES. Observations micros- copiques sur les bis- ses, conferves et tre- melles, par le cit. Girod-Chantran.Be8.

MI1NES. Description de trois manières

principales de faire jouer les mines sous l’eau , par le citoyen Baillet. 16 Con- sidérations sur l’im- portance de l'art des mines , par le cit. Silvestre. 88. MOLLUSQUES. Obser- va‘ions sur diverses mollusques , par le cit. Cavier, 50; MoONOCLE. Mémoire sur les caractères et les habitudes du m0o- nocle castor, par le cit. Jurine. 6g MOREAU (lecit.)Cb- servations sur diffé rentes maladies à la guérison desquelles les ressources phar- maceutiques n’ont poiut concouru. 80. MURIATE DE SOUDE. Réflexion sur la dé- composition du mu- riate de soude par l’oxide de plomb, parle c. Vauquelin. é

39.

(184)

N

NIELLE. Mémoire sur la nielle, maladie des bleds, par le cit. Girod-Chantran. 30.

NOIR DE FUMÉE. Mé- moire sur les fabri- ques de noir de fu- née provenant dela houille, départ. de la Saare, par le cit. Duhamel fils. 38.

O

ORMES. Expériences, recherches et obser- vations sur les or- mes, par lecitoyen Boucher. 41.

ORNITHOLOGIE. Dis- cours préliminaire d’un iraïté d'orni- thologie, par le cit. Daudin. 63.

OS. Observations sur une fracture de la cuisse suivie d’un ramolissement géné- ral des os , par le c.

Thibout. page 83.

OS FOSSILES. Analy- se des os fossiles con- tenus dans les cou- ches de plàtres de Montmartre, par le cit. Vauquelin. 253.

OXIGÈNE. Mémoire sur l’emploi de l’o- xigène dans le trai- tement du tetanos , par.le cit. Sarrasin. page 60.

P

PAJOT-DES-CHARMES (er eit ) Mémoire

sur le laminage etle

soudage des glaces. LE: 392,

PAPILLONS. Mémoire sur des nuées de pa- pillons qui ont paru aux environs de Tu- vinen 1796, par lec. Celoche. 68.

Pra. Notice histori- que. sur le cit.Pia,, pr le cit. Silvestre. pag. 157.

| ; ,

( 185 )

PIERRE DE MIEL. Mé- moire sur la pierre de miel honigstein des Allemands, par le cit. Coquebert- Montbret. 51.

PLANTES. Description de plusieurs genres de plantes par le.c. Cavanilles. 56.

PLOMB.Réflexionssur la décomposition du muriatedesoudepar l’oxide de plomb, par le c. Vauquelin. 35. Expériences sur la quantité d’al- liage de plomb qui entre dans les mesu- d’étain , par le c.Co- quebert - Montbret. O7:

POIs. Mémoire sur la manière de véri- fier les nouveaux poids et mesures , par le cit. Dillon. à.

POTERIES. Mémoire sur la qualité et l’a- nalyse des poteries par le c. Vauquelin.

page 34. POUSssÉE. Mémoire sur la poussée des terres et l'épaisseur des murs de revète- ment, par le citoyen Prony. 15. POUZZOLANE. Mé- moire sur l’utilitéde la pouzzolane dans les constructions hy- drauliques, par le cit. Dillon. 18. PRONY (le cit. )Con- sidérations sur les effets de la tempéra- ture dans [a mesure des hauteurs par le baromètre. p. 15.— Mémoiresur la pous- sée des terres et l’é- paisseur des murs de revêtement. 15.

R

RAFN ( le docteur.) Observationsur l’in- fluence du charbon végétal ou animal sur lanourriture des

( 186 )

végétaux. b8.

REPTILES. Mémoire suruneclassification naturelle des repti- les, par le cit. Bron- gniart. 6o.

RESPIRATION. Expé- riences pour décou- vrir le mécanisme de la respiration des grenouilles par les cit. Cuvieret Dume- ril. 70.

RICHERAND ( le cit.) Mémoire sur un cas particulier d’ane - vrisme, 42.

S

SANDARAC. Mémoire sur l’origine du san- darac, par le c. Co-

‘quebert - Monbret. 44.

SARRASIN ( le cit.) Mémoire sur l’em- ploi de l’oxisère, dans le traitement du tetanos. S3,

SAV EUR.Mémoiresur

la saveur produite par les métaux mis en contact, par le c, Fabroni. 27.

SEL. Observation sur un mémoire de Hal- ler , relatif à l’éva- poration de l’eau sa- lée , par le c. Coque- bert-Montbret..11r.

SILVESARE (IC CIE.) Considérations sur la nécessité d'ensei- gner l'économie ru- rale dans les écoles publiques p. 45. Proposition d'établir à Paris une univer- sité de dexrés supé- rieurs. 66 Exten- sion du conservatoi- redesariset métiers. 87.— Considération sur l’importance de l’art des mines. 88. Moyens de don- ner une nouvelle impulsion à l'agri- culture. 86. Noti- ce sur la vie et les ouvrages du cit. Pia.

Pl TC CT I LOS AT TETE

#

4

(:197+)

page 1b7.

Soupe. Observation sur lesulfure sulfu- de soude du cit. Chaussier, par le c. Vauquelin. p. 24.

SYSTÈME. Mémoire sur les systèmes et sur l’esprit de systè- me, par le citoyen Duchesne. 5. .

E

TEMPÉRATURE. Con- sidérationssur l'effet de la température dans la mesure des hauteurs par le ba- romètre , par le cit. Prony.

TETANOS. Mémoire sur l’emploi de l'o- xigène dans le trai- tement du tetanos, par le c. Sarrasin. 80

THIBOUT (le cit. )Ob- servation sur une fracture de la cuisse suivie d’un ramolis- sement général des

os. p. 83.

TILLEUL. Mémoire sur une monogra- phie du tilleul, par le cit. Ventenat. 53.

TONNELIER ( le cit.) Mémoire sur les ca- ractères de diverses substances volcani- ques. bo.

TREMERY (le cit.) Ob- servations sur les thermomètres et ba- romètres à index. 20

y

VANOORDEN ({lecit.) Observations sur la propriété du char- bon pour absorber les gaz à la tempé- rature atmosphéri- que. 31.

VAPEUR (machinesà) Mémoire sur les an- convéniens de la no- menclature actuelle des machines à va- peur, par le citoyen

Baillet, 18,

(. 188 )

VASSaLi( le cit.) Re- cherches sur la con- tagion attribuée à quelques animaux microscopiques. 74.

VAUQUELIN (le cit.) Analyse des os fossi- les contenus dans les couches de plà- tresde Montmartre. 23.— Expériences sur la combustibili- du diamantet sur ses produits. 24. Observations sur le sulfure sulfuré de soude du cit.Chaus- sier 24. Expéri- riences sur les con- gellations artificiel- les. 25. Mémoire sur la qualité et l’a- nalyse des poteries. 54.— Réflexionssur 1a décomposition du muriatedesoude par l’oxide de plomb. p. 355.— Mémoire sur les propriétés de l’a- cide chromique. 46.

VEGÉTAL. Fableaudu

règne végétal, selon la méthode de Jus- sieu , par le c. Ven- tenat. 54.

VENTENAT (le cit.) Mémoiresurune mo- nographie du tilleul p. 53.— Tableau du rècne végétal ,selon la méthode de Jus- sieu. b4.— Observa- tions sur la repro- duction spontanée de l’agaricus edulis. b6.

VOLCANIQUE. Mé- moire sur les Carac- tères de diverses substances volcani- ques, par le citoyen Tonnelier. bo.

VOYAGE. Notice d’un voyage dans les montagnes de la Ga- lice, par'le c. Bosc.

A2.

VRILLETTE. Mémoire sur la vriilettestriée par le cit. Latreille. 67.

(189) U risune université de degrés supérieurs, UNIVERSITÉ. Propo- par le cit. Silvestre. sition d'établir à Pa- page 86.

Fin de la Table des Matières.

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Pag. 4 et 74; Wassali , lisez Vassali. Pag. 8 lis. 6; a prouvée , lisez a prouvé.

Id.he#7; 4700 lisez 46,0. Pag. 31 dernière lig. acide russique, lisez acide prussique.

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