•mtf> ■— ^ ^' i. ^gassn. PEUX RAPPORTS SUR LES POISSIONS FOSSILES Mt-fii^i'^ ? OF COMPARATIYE ZOÔLOGY, AT HARVARD COLLEGE, CAMBRIDGE, MASS. jFountieïi ti;D pcîbate suftscrîptfon, m 1861. DR. L. DE KONINCK'S LIBRARY. No. ^^ ('"]'/■ RAPPORT SUR LES POISSOIVS FOSSILES DECOUVERTS EN ANGLETERKE. (Extrait de la 4'"^ livraison des Recherches sur les Poissons fossiles.) PAR C. ^%a^»\). NEUCHATEL , IMPRIMERIE DE PETITPIERRE ET PRINCE, 1853 ^ k 4-">r^ i "^ * .«»* mz'Aj^ùsi^ RAPPORT SUR Ï.ES POISSONS FOSSILES DÉCOUVERTS EN ANGLETERRE. Connaissant déjà près de 600 espèces de poissons fossiles^ que pour la plupart j'ai déjà décrites et fait dessiner , et quoique je fusse convaincu que Ion finirait par dé- couvrir avec le temps un bien plus grand nombre d'espèces , je croyais être en droit de penser que mon ouvrage était très-avancé lorsque je me suis rendu en Angleterre au mois d'août passé , dans l'intention de soumettre le résultat de mes recherches à l'épreuve de quelque nouvelle découverte ; mais le nombre des espèces et des genres nouveaux que je viens d'y observer, est si considérable , que je me retrouve main- — A — tenant, pour ainsi dire, au commencement de mon travail, près de succomber sous le poids du fardeau que je me suis imposé , et pressentant le moment oîi les espèces fossiles que je connais déjà, se perdront au milieu de celles dont on peut attendre maintenant la découverte. Car pour celui qui est habitué à tenir compte des asso- ciations naturelles entre les êtres organi- sés, de leur distribution géographique, de leur co-existence dans certaines localités, il est des faits qui, recueillis accidentelle- ment, semblent ne pouvoir rester isolés. Telle est la découverte d'un grand nombre de fragmens qui attestent Fexistence de beaucoup de genres et d'un nombre inap- préciable d'espèces échappées jusqu'ici à nos recherches. Si l'on ajoute à ces considé- rations celle du petit espace sur lequel ces recherches ont été faites, l'imagination la plus active n'est pas en état d'aller au de- vant de tout ce que nous avons encore à attendre de l'investigation des contrées ou les paléontologues n'ont pas encore péné- — ^ — tré, et même de fouilles plus soigneuses dans les localités les mieux connues. Le nombre des espèces nouvelles que j'ai déterminées récemment en Angleterre, s'élève à environ ^So, appartenant à toutes les formations géologiques, et provenant de localités très-différentes, mais surtout des terrains d'Angleterre dont l'âge géo- logique, connu si exactement, m'a four- ni de nombreux points de comparaison avec les terrains du Continent , en confir- mant les rapports appréciables qui existent entre les espèces d'une même époque, et que l'on reconnaît jusque dans les espèces encore inédites. J'ai eu la satisfaction de voir ainsi se confirmer tous les résultats généraux que j'avais énoncés précédem- ment dans la préface de mon ouvrage, dans le Bulletin de la Société Géolo- gique de France, dans le Jalirbucli de Leonhard et Bronn, et à la réunion des naturalistes à Breslau en i833. — Malgré cette effrayante accumulation de maté- riaux, je continuerai a publier régulière- — 6 — ment et le plus rapidement possible, les objets les plus intéressans que j'ai obser- vés ; me réservant , pour ne pas prolon- ger à l'infini ma publication , de faire con- naître dans des mémoires particuliers les espèces qui n'ont qu'un intérêt local ou pu- rement zoologique. Un aperçu exact des sources auxquelles j'ai puisé tant de choses nouvelles, ne peut manquer d'intéresser les naturalistes du Continent , qui , malheureusement pour eux et pour les progrès de la science , ne con- naissent pas assez les ressources scienti- fiques qu'olïre l'Angleterre. A la suite de ces indications, j'entrerai de nouveau dans quelques détails sur l'ensemble de mes re- cherches. Je voudrais, par ces communica- tions, encourager les géologues à faire de soigneuses recherches sur la position géolo- gique des fragmens de poissonsfossiles qu'ils pourront trouver, et qui perdent si souvent tout leur intérêt parce qu'on ignore leur origine ; car ce sont surtout ces travaux particuliers, qui pourraient avancer la cul- — 7 — ture du champ que j'ai entrepris de dé- fricher ! — A Londres, le Musée Britannique m'a offert plusieurs espèces de poissons fossiles très-intéressantes, provenant pour la plu- part d'OEningen^ de Glaris, de Lyme-Regis et de Sheppy . Les premières faisaient partie de la collection de feu le docteur Ammann de Schaffliouse ; j'y ai retrouvé les origi- naux des figures que m'avait communiquées Cuvier. M, Kœnig m'en ayant facilité l'exa- men avec la plus grande obligeance, j'ai pu reconnaître que le grand poisson désigné à la page 22 du vol, i , est un grand exem- plaire de mon Tinca furcata ^ et non point le Leuciscus œningensis. Parmi les pois- sons de Glaris , il y a une magnifique espèce nouvelle du genre Fistularia, M. Graym'a aidé à comparer les espèces des Indes les plus remarquables que possède le Musée , et en particulier les dessins de Hamilton- Buchanan et du général Hardwick , auquel je dois aussi une superbe mâchoire du Rlii- na Ancylodon figurée dans la Zoologie des -^ 8 — Indes. C'est surtout à la complaisance de M. Grav, que je dois encore d'avoir pu disséquer un très-beau Lépidoste du 3Iusée Britannique, conservé dans l'esprit de vin. La Société Géologique de Londres est une de ces institutions qui, organisée sur les bases les plus libérales, favorise de son in- fluence tout ce qui peut contribuer, même indirectement, aux progrès de la science. Je dois en particulier aux vues larges et gé- néreuses du Président et des membres du Conseil de cette Société, d'avoir pu faire à Londres un travail qui, sans l'appui et l'au- torisation d'une association aussi consi- dérée , serait devenu impossible , et qui même n'a point d'antécédent dans l'iiistoire des sciences naturelles. Trouvant épars dans tous les musées des trois royaumes une quantité prodigieuse de documens nouveaux et importans pour mon ouvrage , j'étais embarrassé sur la manière d'en tirer le meil- leur parti ; il me paraissait surtout presque impossible de faire dessiner, dans les peti- tes villes ou dans les parcs isolés , les pièces — 9 — les plus importantes que j'y trouvais, as- sez bien pour pouvoir les reproduire dans les planches de mes Recherches. Mais telle est la libéralité des savans anglais , que tous ceux dont j'ai examiné les collections, même les directeurs de tous les musées pu- blics que j'ai visités (j'ai examiné en tout 63 collections), ont consenti à me lais- ser emporter tous les exemplaires qui me paraissaient pouvoir jeter quelque nouveau jour sur les poissons fossiles. A la demande de M. le professeur Buckland, M. Gree- nough , maintenant président de la Société Géologique, et MM. Sedgwick, Murchi- son et Lyell , m'ont en outre procuré l'as- sentiment de la Société pour déposer tous ces trésors dans un appartement de Som- mersethouse. Là, M. Lonsdale, conserva- teur des collections de la Société, m'a aidé à ranger les 2000 exemplaires de poissons fossiles que je rapportais, et que j'avais choi- sis, sur environ 5ooo pièces, en parcou- rant l'Angleterre et une partie de l'Ecosse et de l'Irlande. Une pareille faveur est ines- — 10 — timable, surtout quand on pense à la diffi- culté qu'il y a de transporter des objets aussi fragiles , et dont la perte serait in é- parable. Si les naturalistes qui font des travaux particuliers, savent ne pas abuser de ces facilités , elles deviendront à l'avenir de plus en plus faciles à obtenir , et il en résul- tera des avantages réels pour la science. Quant à moi, il m'a été très-précieux de pouvoir compléter les caractères de plu- sieurs espèces nouvelles, par la comparai- son directe de différens fragmens épars dans plusieurs collections, et de constater l'exis- tence d'un grand nombre d'espèces qui sou- vent seraient restées douteuses à la vue de fragmens trop incomplets. De cette ma- nière, j'ai encore pu choisir pour mes des- sins les pièces qui en donnaient l'idée la plus exacte, et achever mes descriptions d'après toutes les autres plaques. M. Din- kel, l'artiste qui a dessiné la plupart des planches originales des llecherches sur les poissons fossiles , se trouA e maintenant à — il — Londres, occupé à peindre tous les exem- plaires qui m'ont paru indispensables pour compléter mon livre. Dès qu'il sera plus avancé dans son travail, je retournerai à Londres pour comparer ses dessins avec les originaux, avant de renvoyer ceux-ci à leurs propriétaires. Dans la collection de la Société Géolo- gique, que M. Lonsdale a parcourue avec moi , j'ai trouvé un grand nombre de poissons fossiles de différentes localités de TAngleterre : entr'autres , de nombreu- ses géodes de Gamrie, des poissons des schistes de Caitlmess, du Calcaire Magné- sien , du Lias de Lyme-Regis , de Portland , de nombreuses dents du Mountain-Lime- stone, de Stonesfîeld, de Tilgate, du Gault, de la Craie et du Crag , de belles défenses du Lias, des vertèbres, des dents et des fragmens de poissons de Slieppy. La plu- part des originaux des planches publiées dans les Trans. de la Soc. par MM. Sedg- wick, Murchison et de la Bêche, s'y trou- vent réunis. J'ai remarqué encore une -^ 12 — superbe collection de poissons tertiaires, recneillis par S. A. le duc de Northampton à Radusa en Sicile , et des dents de Squales et de Raies provenant de Carriban-Cliff aux Indes, et indiquant un terrain tertiaire. La pièce la plus remarquable de cette col- lection est certainement une espèce de Raie provenant de Solenhofen, et qui constitue nn genre nouveau. M. Lonsdalem'a encore communiqué 5 de la part de M. Martin, un superbe exemplaire du Lepidotus Fittoni^ d'après lequel non-seulement j'ai pu com- pléter les caractères de cette espèce, mais j'ai dû encore étendre les caractères du genre ; et de la part de M. Auldjo , plusieurs exemplaires de Pjcnodus Rhombus de Torre d'Orlando près de Naples, qui, d'a- près leur réunion sur de petites plaques, fontpenser que les individus de cette espèce ne vivaient pas isolés. Le Musée des Cliirurgiens de Londres , maintenant sous la direction du savant et modeste M. Clift, est, comme cliacun sait, l'une des plus belles collections d'anato- ~ 15 — mie comparée qui existe ; il contient une série de dents de poissons très-instructive , que M. Ovvcn a eu la complaisance de me faire voir. Le Musée du Service uni de TArmée et de la Marine contient quelques poissons fossiles de Monte-Bolca, du Connecticut^, de Durham, et un CyMiim macropomum de Fargile de Londres , très-intéressant en ce qu'il a été trouvé dans les docks de Sainte-Catherine. M. Greenougli possède des renseignemens très-détaillés sur la col- lection de feu Cortesi: je regrette infini- ment de n'avoir plus eu le temps de les exa- miner avant de quitter Londres. La jolie collection de M'*'*" Murchison contient plusieurs poissons fossiles d'un grand intérêt, entr'autres : une tête de Dapedium complètement détachée de la roche, et sur laquelle on peut parfaitement bien étudier les os du crâne ; de plus , une tête de Sauroïde du Lias^ encore indé- terminée, une belle série de dents de Squales et de Myliobates du Crag de SufFolk, et — 14 — de grandes dents d'Hybodus et de Psam- modus de TOolithe. La collection de M. Murcliison contient, en fait de poissons fossiles , des choses très-remarquables et d'un haut intérêt scien- tifique : entr'autres, de nombreux exem- plaires des schistes d'OEningen , d'Aix, de Seefeld, de Gamrie et de Caithness, d'au- tant plus précieux qu'ils proviennent des mêmes gisemenssur lesquels M. Murchison a publié 5 seul ou conjointement avec MM. Sedgwick et Lyell, des mémoires géolo- giques importans. Cependant ce sont ses recherches sur les terrains de transition , sur leur subdivision en plusieurs étages distincts, et sur les différens fossiles qu'ils contiennent, qui ont excité le plus ma cu- riosité ; parce que j'ai trouvé enfin chez lui une masse considérable de poissons d'une époque à laquelle on allait jusqu'à refuser des traces d'une classe qui y revêtait pour- tant un caractère particulier, déjà appré- ciable d'après les fragmens découverts jus- qu'à présent. L'étude minutieuse de ces — 15 — poissons deviendra nécessairement le point de départ 5 pour apprécier définitivement les progrès du développement de toute cette classe , depuis sa première apparition dans les eaux qui recouvrent la surface du globe. — Parmi les espèces du vieux grès rouge 5 je citerai en particulier, comme les plus intéressantes, les Cephalaspis Ljellii^, Llojdiij, Lewisiij et le Gyrolepis maxi- mus y parmi celles de la Grauwacke , les Onchus Murcliisoni j etc. Chez M. Lyell, j'ai vu les plus beaux Cephalaspis Ljellii que je connaisse, et sans lesquels je n'aurais, je crois, jamais re- connu pour ce qu'ils sont, les fragmens de ce genre que l'on trouve le plus ordinai- rement. En effet, les tètes détachées de ces poissons ressemblent plutôt , à cause de la position de leurs yeux et du prolongement de leurs parties latérales^ à des écussons de Trilobites ou à des bivalves ouvertes , qu'à des têtes de poissons. Les exemplai- res de M. Lyell proviennent du vieux grès rouge d'Ecosse, et ont été trouvés à Glam- — 16 — mis en Forfaishire. J'ai vu aussi chez M. Lyell une belle série des poissons ter- tiaires qu'il a recueillis en Sicile, mais que je n'ai pas encore pu déterminer, et plu- sieurs dents intéressantes de Pycnodontes et d'Hybodontes de l'Oolitlie de Malton et du Forest-Marble de Shawford, envoyées par M. Bovserbank. La collection de M. Stokes, qvie j'ai eu le plaisir d'examiner avec MM. Fitton et Broderip , est surtout riche en zoophy- tes ; mais elle contient aussi beaucoup de poissons fossiles remarquables , en particu- lier un fort bel Aspidorhjnchus acutiros- tris de Solenhofen, le même dont il existe un dessin dans le portefeuille des poissons fossiles de la bibliothèque de Cuvier, plu- sieurs autres espèces rares de Solenhofen, entr'autres un Leptolepis dubius avec des Cololithes, et une espèce nouvelle de Belo- nostomuSj, voisine duBelon. Munsteri, une nouvelle espèce de Teti^agonolepis ^ et une grande quantité de dents détachées, en par- ticulier des Psammodus de Bristol, des — 17 — Pjcnodontes de Dundrey, et des Mjlio- bates dont le gisement n'est pas connu. M. Daniel Sharpe m'a aussi remis une esxfece àe Mjliobates de Sheppy, d'autant plus intéressante 5 que les clievrons dentai- res ont conservé leur position naturelle sur les os de la mâchoire, qui sont aussi con- servés. C'est le premier exemplaire que j'aie vu dans un état de conservation aussi par- fait. M. Yarrell, président de la Société Zoo- logique de Londres, m'a fait remarquer dans sa collection de poissons d'Angleterre, plusieurs espèces méconnues des natura- listes. Il va publier un ouvrage fort inté- ressant sur l'ichthyologie de son pays. MM. W. Jardine et Selby , qui ont lu à la réunion d'Edimbourg un mémoire plein d'intérêt sur les Salmonidés indigènes , m'ont encore appris à en connaître plusieurs espèces et variétés qui ne se trouvent pas sur le continent. Dans ma i'^ livraison, à la page i4 du ,^mc yqI ^ jg demandais s'il ne serait pas — 18 — possible que les mâchoires de Stonesfield , décrites comme des Didelphes , appar- tinssent à la classe des poissons. Mais après en avoir i^u moi-même et examiné très- soigneusement plusieurs, je renonce com- plètement à cette idée 5 que quelques autres antécédens m'avaient suggérée pour faire disparaître une anomalie encore inexpli- cable. Ce sont bien des mammifères , mais il me parait hasardé de les envisager comme des espèces du genre Didelphis. L'exemplaire delà collection de M. Brode- rip est devenu classique par la description qu'il en a publiée ; il y en a plusieurs autres au Musée d'Oxford, et un au Musée de Yorck. La beauté de la collection de coquil- les de M. Broderip est trop remarquable pour que je n'en fasse pas mention en pas- sant : chaque espèce y est représentée par une série de variétés de tous les âges, et dans tous les états de développement pos- sibles. M. le docteur Richardson, de Chatam, l'auteur delà Faune boréali-américaine, a — 19 — poussé l'obligeance jusqu'à m'apporter lui- même à Londres une espèce nouvelle de Lépidostée, provenant du lac Huron. A Oxford, M. le professeur Buckland m'a fait voir très-en détail le riche Musée qu'il a fondé et qu'il a si rapidement agran- di. On y trouve des fossiles de toutes les parties de l'Angleterre, surtout des osse- mens d'animaux vertébrés, en particulier les mammifères de Rirkdale, sur lesquels lesReliguiœ diluvianœ ont jeté nnjonr tout nouveau , et les reptiles des terrains oolithi- ques, dont M. Buckland a encore augmenté le nombre par ses travaux. Parmi les nom- breux poissons qui s'y trouvent, j'ai re- marqué les types de plusieurs genres nou- veaux , et un plus grand nombre encore d'espèces inédites. Les plus intéressans sont des têtes de grands Scombéroïdes de Slieppy , qui ne peuvent pas être rapportés aux genres déjà établis, un nombre im- mense d'écaillés, de dents et de fragmens de squelettes de Stonesfield, parmi lesquels j'ai découvert plusieurs espèces que je ne — ^0 — connaissais point, et complété les caractères de celles dont j'avais précédemment re- connu l'existence, d'après le petit nombre d'exemplaires de ces fossiles qui existent sur le continent. Sous le nom d'Iclithvodo- rulithes, 3131. Buckland et de la Bêche dé- signent ces grands rayons de nageoires que 1 on a pris jusqu'ici pour des défenses de Balistes ou de Silures, mais qui appar- tiennent à des aenres éteints de la famille des Cestr AGIOTES Ag. 11 y en a un très- grand nombre au 31us8e d'Oxford, prove- nant de toutes les formations antérieures à la craie. 11 y a également une très-grande quantité de dents détachées de tous ces pois- sons, et des Squales et des 31yliobates de l'argile de Londres. Les exemplaires en- tiers qui s'y trouvent, proviennent surtout du Calcaire magnésien, du Calcaire portlan- dien et du Lias de Lyme-Regis 5 il y en a même plusieurs espèces nouvelles. — Dans la masse de Coprolithes que 31. Buckland a recueillis, et qui proviennent de diffé- rentes formations , entr'autres de la houille , — 21 — du Lias et de la Craie, j'ai reconnu les écailles de plusieurs espèces de poissons contemporains des grands Sauriens et des poissons voraces de qui ces coprolithes pro- viennent. — 31. Buckland m" a aussi com- muniqué, de la part de 31. Fiesher, une espèce nouvelle de Phoîidopliorus , trouvée dans rOolithe ferrugineuse , près de Nor- thampton. — Cependant, la plus grande obligation que j'aie à 31. Buckland, est de m'avoir accompagné dans tout mon voyage d'Angleterre, de m'avoir fait remarquer les points les plus interessans pour la géologie , et de m'avoir conduit chez tous les géologues qui possèdent des poissons fossiles, et dans tous les musées de province oh il savait que l'on en conserve. Sans lui je n'aurais pro- bablement pas vu la moitié des collections que nous avons visitées ensemble, et je n'aurais surtout pas pu recueillir des ren- seignemens aussi précis sur le gisement des fossiles qu'elles contiennent. Les collections de Sir Philippe Egerton à Oulton-Park, et de Lord Cole à Flo- — 22 — rence-Goui t, sont des plus importantes pour l'étude des poissons fossiles, à cause du grand nombre d'espèces qu'elles contien- nent ^ et qui proviennent de toutes les loca- lités où l'on a déjà trouvé des ickthyolitlies. Il n'y a sur le Continent que la collection du comte de Munster et celle du Musée de Paris, qui les égalent. Les espèces qui se trouvent réunies dans les collections des deux amis Anglais, sont à-peu -près les mêmes ; car ils se sont ordinairement par- tagé les plaques correspondantes des espèces qu'ils ont pu acquérir. Lord Cole en possède cependant un plus grand nombre. Outre les nombreuses espèces des localités anglaises les plus intéressantes que ces deux collec- tions contiennent, j ai surtout été surpris d'y rencontrer des espèces nouvelles de Solenliofen, et encore plus les types de six genres nouveaux et une douzaine d'espèces inédites des schistes de Claris, dont je n'avais trouvé aucune trace dans les col- lections suisses les plus considérables. Les autres proviennent en particulier de Malthe, — 25 — de Newbury en Amérique , d'OEningen^ de la molasse suisse, des lignites de Bonn, du calcaire de Steinheim, de Radusa en Sicile, de Monte-Bolca, de Slieppy, de la craie de Mastriclit, de lient, d'Amérique et de Quedlimbourg , de Tilgate et d'IIas- tings, de Purbeck, de Targile de Shotover, de Stonesfield, de Boulogne-sur-Mer, du Lias de Lyme-Regis, de Seefeld, du Mu- sclielkalk et du grès bigarré d'Allemagne ; du Zechstein d'Eisleben et d'Ilmenau, de la houille de Saarbruck et de Munster- Ap- pelle et du Mountain-Limestone de Bristol. La réunion de l'Association Britannique pour l'avancement des sciences à Edim- bourg, y avait amené une affluence de sa- vans et d'amateurs, dont le nombre s'élevait à près de deux mille. Pour un habitant du continent , une assemblée aussi nombreuse était un spectacle tout nouveau; aussi le souvenir qui m'en est resté vivra-t-il tou- jours dans mon esprit. Si j'avais à faire l'histoire des travaux de cette Association , je devrais dire , que mieux qu'aucune autre, — 24 — elle remplit le but qu'elle s'est proposé, tant par Fimpression de ses transactions, que par les recherches qu'elle suscite ou qu'elle encourage. — Mais je reviens aux poissons fossiles. L'Association Britannique a décidé de s'occuper à l'avenir de ces or- phelins, en votant toc guinées pour encou- rager les travaux qui seraient faits en An- gleterre sur ces fossiles ; un Comité nommé pour diriger ces recherches, et composé de MM. Murchison , Sedgv^ick et Buckland, a cru qu'une grande partie de cette somme trouverait son meilleur emploi à faire des- siner les poissons fossiles d'Angleterre qui m'ont paru nouveaux, et que je me pro- pose de décrire à part. Les collections d'Edimbourg m'ont of- fert des nouveautés bien extraordinaires, provenant surtout des carrières de Burdie- House, qui sont devenues un terrain clas- sique pour la géologie. En décembre i833, M. le docteur Hibbert a lu à la Société Royale un mémoire concernant le calcaire de Burdie-House, et tendant à démontrer , 2^ que les couches de ce calcaire ( qui forme une des assises inférieures de la formation houillère des environs d'Edimbourg), dif- fèrent essentiellement du calcaire carboni- fère ordinaire 5 dont l'origine est évidem- ment marine, et qu'elles forment un dépôt particulier d'origine lacustre ou fluviatile. Les premiers fossiles caractéristiques qui ont été découverts dans cette localité , sont des plantes semblables à celles que l'on trouA e dans la houille : un poisson ayant l'apparence des poissons d'eau douce, une dent parfaitement bien conservée , sembla- ble à celles des crocodiles, des coprolithes assez nombreux, et surtout une immense quantité de petits fossiles ressemblant beau- coup aux Cypris Faba. Une pareille décou- verte intéressait vivement la géologie, et devait encourager à de nouvelles recher- ches ; aussi la Société Royale, aidée du zèle de son secrétaire perpétuel, M. Robison, a pris dès-lors des mesures propres à em- pêcher la dispersion de fossiles aussi pré- cieux , et à assurer aux sciences la propriété — 26 — . définitive du résultat des fouilles faites dans ces carrières. M. Robison a mis en par- ticulier beaucoup de soin à conserver jus- qu'aux moindres fragmens significatifs, et à les rapporter autant que possible aux gran- des pièces desquelles ils s'étaient détachés. C'est ainsi que s'est formée la belle collec- tion de la Société Royale, qui s'enrichit encore tous les jours de quelque pièce nou- velle. — De son côté, 31. le docteur Hib- bert poursuivait ses belles découvertes et ses intéressans travaux, et enregistrait au fur et à mesure les nouvelles espèces de fos- siles qui reparaissaient au grand jour. Les cahiers de Janvier et d'Avril de lEdini- hiir^li new philosop. Journal ^ contiennent des détails très-intéressans sur les fossiles qui ont successivement été trouvés , et sur leur gisement, ainsi que plusieurs figures des dents extraordinaires que Ton a dé- couvertes, et qui proviennent d'un ani- mal de taille gigantesque. Enfin, dans une des séances de la Section de Géologie de l'Assoc. Brit. , réunie à Edimbourg en sep- — 27 — tembre dernier, 31. Hibbert a donné un résumé détaillé de toutes ses découvertes ^ duquel il résulte que le calcaire de Bur- die-House contient une grande variété de plantes, de petits entosmostracés et de pe- tites coquilles, plusieurs poissons inédits , et des ossemens, des dents, des écailles et des coprolithes d'animaux gigantesques. Parmi les poissons dont la collection de 31. le docteur Hibbert contient aussi de beaux exemplaires, on remarque : une es- pèce de Pal œojiis eus dil^Y^elée par 31. Hibbert P. Robisoni j, remarquable par sa forme élancée et la ténuité de son corps ; le type d'un nouveau genre, voisin des Palaeoniscus et des Platysomus, que j'appelle Euryno- tus crenatiLS j parce que le bord postérieur de ses écailles est crénelé (c'est à 31. le Prof. Jameson que je dois les plus beaux ex- emplaires de cette espèce ) ; une troisième espèce qui appartient au genre Pygopte- riiSj, et qui a reçu le nom de P. Bucklancli. Quant aux Iclithyodorulithes de cette loca- lité, ils sont si différens de ceux que l'on — 28 — connaît déjà, quils doivent constituer un genre particulier sous le nom de Gjra- cantliusformosus. Mais le genre le plus re- marquable de cette localité est sans con- tredit le Megalichthjs Hibberti. Il repose sur l'existence de dents énormes , coni- ques et légèrement comprimées, dont les plus grandes ont au moins deux pouces et demi de long, qui sont entièrement recou- vertes dune couche de bel émail encore éclatant, et qui ont à leur base de grosses rides longitudinales, semblables à celles que Ton observe à la base des dents de riclithyosaurus platyodon , du Lophius pis- cator et du Lepidosteus Spatula. Avec ces dents Ton a trouvé des écailles aussi grosses que celles des crocodiles, et différens os de la tête qui proviennent certainement du même animal. La position de cet animal extraordinaire parmi les vertébrés , a paru un moment douteuse ; M. le docteur liib- bert croyait pouvoir ranger ces fragmens dans la classe des reptiles; mais après un mûr examen, j'ai embrassé à leur égard — 29 — une autre opinion, à laquelle j ai aussi ra- mené M. Hibbert : c'est que ces fossiles pro- viennent d'un poisson d'une famille qui ne comprend que deux genres dans la création actuelle, dont les représentans peuplaient surtout les mers qui recouvraient la terre avant la déposition des terrains crétacés^ famille que j'ai appelée celle des Sauroïdes, à cause des nombreux rapports que ses res- sortissans ont avec les reptiles de Tordre des Sauriens. Dans l'ouvrage que M. Hib- bert va publier sur la géologie des environs d'Edimbourg, il donnera de fort jolies figu- res de tous ces fossiles. Je me suis étendu un peu plus sur les fossiles de Burdie-House que sur ceux des autres localités, parce que leur organisation particulière a soulevé des questions d'une grande importance pour la géologie et pour la science des fossiles ; les discussions qui se sont engagées à ce sujet, sont de na- ture à faire époque dans l'appréciation des caractères de la vie organique que révè- lent les fossiles à différentes époques géolo- giques. — 50 — . La collection de M. le docteur Hibbert renferme aussi de beaux poissons fossiles deCaitliness, d'Asliford en Derby sliire , de Monte-Bolca, de Menât, et des dents de Foolitlie de Malton et de Slieppy. Outre les Eurjnotus déjà indiqués plus haut, M. le professeur Jameson possède plusieurs autres espèces de Burdie-House , une tête de Cephalaspis du vieux grès rouge, très-remarquable en ce que c'est la seule que j'aie vue recouverte de toutes ses belles écailles perlées, et une plaque de ces grosses écailles du vieux grès rouge de Fifesliire que M. le docteur Fleming a décrites et figurées dans VEdimb, Journal of IS'at, et Geogr. SiencCj, n° i, il J ^ aussi au Musée d'histoire naturelle de l'Uni- versité quelques poissons fossiles de 3Ionte- Bolca. M. le docteur Traill m'a communiqué une superbe collection de poissons fossiles des îles Orkney, sur le gisement desquels il a lu un mémoire intéressant à la Section de Géologie. Quelques-unes des espèces — 51 — qu'il a trouvées sont les mêmes que celles que 3IM. Sedgwick et Murchison ont repré- sentées dans leur Mémoire sur les Schistes de Caithness ; cependant la plupart de ces espèces sont nouvelles, et constituent même plusieurs genres nouveaux, dont le plus sin- gulier est certainement le Cheirolepis au- quel je donne le nom de M. Traill. Je dois également à M. Traill une belle collection de poissons de la Guyane, parmi lesquels j'ai trouvé plusieurs genres dont je désirais depuis long-temps faire la dissection. Lord Greenockm'a appris à connaître plu- sieurs espèces de la houille que je n'avais point encore rencontrées. Il a découvert à New-Haven près d'Edimbourg, dans la formation houillère, un gîte de géodes de fer carbonate, qui la plupart renferment pour noyau des poissons fossiles ayant les plus grands rapports avec ceux du Hunds- riick, mais parmi lesquels j'ai remarqué des espèces inédites. J'ai encore trouvé chez lui plusieurs fragmens et des écailles très- bien conservées du Megaliclithrs j, prove- — 32 — nant de la houille même des environs d'E- dimbovirg. M. Léonard Horner m'a aussi fait part de pièces intéressantes de poissons , trouvées dans la houille d'Edimbourg, et en par- ticulier de rayons de nageoires de forme complètement arrondie, qui m'étaient in- connus. M. Jameson Torrie m'a communiqué un beau choix de poissons de Caithness, de Gamrie, d'Autun, de Torre d'Orlando, de Monte-Bolca, d'Aix et de Sinigaglia , parmi lesquels j'ai trouvé des exemplaires qui m'ont servi à compléter les caractères de plusieurs espèces que je connaissais déjà. — Chez M. Copland j'ai vu une collec- tion semblable, dans laquelle j'ai remar- qué un beau Mesogaster sphjrcenoides de Monte-Bolca. Cette espèce paraît fort rare, car je n'en connais encore que trois plaques. M. le docteur Rnight, d'Aberdeen, m'a fait un très-bel envoi d'ichthyolithes de Gamrie, parmi lesquels j'ai trouvé une es- pèce nouvelle et de fort beaux exemplaires Ot> — de celles que j'avais déjà vues de cette lo- calité. M. le professeur Johnson ;, de Duiliam, m'a remis un très-bel exemplaire de Pla- tjsomus du calcaire magnésien. A Wallington, le musée de Sir John Trevelyan m'a paru très-remarquable ; il contient surtout une collection magnifique de coquilles et d'échinodermes. Parmi les poissons, j'ai trouvé im bel exemplaire du Poljodon Folium^ des SjngnathuSj, des Lophius et des Ostracion curieux, des mâ- choires et des dents séparées de différens genres. M. Walter Trevelyan m'a encore communiqué de beaux exemplaires des pois- sons de New-Haven , de Durliam , des dents du Lias, de Stonesfîeld et de Sheppy, parmi lesquels se trouvent des espèces non dé- crites. La collection des plantes fossiles du Mu- sée de Newcastle sur Tyne, est l'une des plus importantes qui existent ; elle comprend surtout des originaux de la Flore fossile An- glaise de MM. Hutton et Lindley. M. Hut- — 54 — ton 5 qui s'occupe principalement de Ta- grandissement de la collection et de la réunion de toutes les pièces qui peuvent éclairer et compléter l'histoire des espèces dont on ne connaît encore que des frag- mens , y a réuni tout ce que les immenses mines des environs ont produit jusqu'ici de plus remarquable. Parmi les poissons que possède le Musée ^ on remarque de grandes écailles de Megaliclithjs de Bur- die-House , des rayons de Gyracanthus ^ des poissons de Caitliness , et plusieurs beaux exemplaires de ceux du calcaire ma- gnésien d'East-Tliickley. M. Witham, deLartington, l'auteur des Reclierclies sur la structure interne des vé-, gétaux fossiles, possède dans son joli mu- sée la plus belle collection de poissons fos- siles du calcaire magnésien qui existe. Ce sont, pour la plupart, les originaux des belles planches qui ont été publiées par M. Sedgwick dans son Mémoire sur les re- lations géologiques du Magnesian Limes- toiie. — M — A la demande de 31. Buckland, M^^' Anne Surtees, de Mainsforth, a eu l'obligeance de m'envoyer aussi les plus beaux fossiles qu'elle possède de cette formation. Le Musée de Witby est important pour l'étude des fossiles en général , à cause de la grande quantité d'objets précieux qu'il contient ; les poissons fossiles qui s'y trou- vent, sedistinguenten particulier. M. Young y a réuni plusieurs espèces du Lias que je ne connaissais point encore, entr'autres un Lepidotus et un P achj connus ^ remarqua- bles par leur état de conservation parfaite , mais surtout des fragmens gigantesques d'un poisson qui surpassait certainement par sa taille tous ceux dont on a découvert jusqu'ici des traces : ce sont des os de la tête 5 en particulier un os frontal de plus d'un pied de long, et des arcs branchiaux brisés , avec des fragmens de nageoires; on n'a pas encore trouvé les dents de ce géant marin. Les autres ichthyolithes sont de Monte - Bolca ; il y a aussi beaucoup de Pycnodontes et à^Hjbodontes de l'oolithe — 56 — de Maltoii. Le poisson indiqué à page 82 du 2"''' vol. comme une espèce douteuse de PalœoniscuSj d'après la pi. 16, fig. 7 et 8 (i"^^ édition) de la Géologie de Yorckshire de M. Young, est leLepidotus mentionné ci- dessus et considérablementréduit. M.Henri Belcher^ M. Ripley et M. Young m'ont en- core communiqué plusieurs beaux exem- plaires de leurs collections particulières. Le Musée public de Scarborough, confié aux soins de M. Williamson , contient aussi de beaux poissons du Lias des environs : ce sont les mêmes espèces qu'à Witby; il y a également des dents de l'oolithe de Malton et de l'argile de Speeton. Dans sa collection particulière , M. le docteur Mur- ray en possède aussi plusieurs , et surtout un Tetragonolepis de Barrow sur la Soar. M. Beane a aussi plusieurs espèces intéres- santes du Lias et du calcaire magnésien , mais surtout de beaux morceaux du grand poisson de Witby. Le Musée d'Yorck, sous la protection du révérend M. Vernon Harcoiu t, s'étend tous — 57 -^ les jours par les soins de M. le professeur Phillips. Je ne connais pas de collection qui soit mieux disposée pour faciliter l'étude. Il contient beaucoup de poissons fossiles, parmi lesquels il y en a plusieurs remar- quables, surtout du Lias de Witby et de Barrow, de Swanage, de Bedfordsliire, du calcaire magnésien , de Clarence Railway , et de la formation houillère. Parmi les frag- mens on remarque de belles mâchoires de Slingsby, des dents de Toolithe de Mal- ton , de Fargile de Speeton , de la craie de W iltshire et de l'argile de Sheppy . — Dans sa collection particulière, M. Phillips pos- sède un poisson remarquable d'une couche ammonitifère de Halifax, de belles séries de dents de Stonesfield, de l'oolithe d'At- ford et de la craie de Wiltshire. — M. J. AUis m'a aussi communiqué un beau pois- son de Portland , des vertèbres et des dents de l'argile de Speeton, et un ichthyodoruli- the que l'on dit de Dudley, et qui m'était inconnu. — 58 — L'Institution philosophique et littéraire de Leeds possède un très-joli musée, dans lequel on remarque deux têtes de poissons fossiles de la plus grande beauté , et le tronc du poisson qui portait la plus grosse de ces têtes. Celle-ci a environ un pied de long; tous les os du crâne, de la face et de l'appareil hyoïde sont visibles et re- couverts 5 comme les grandes écailles du tronc, d'un émail finement pointillé. Ces pièces m'ont paru identiques avec les frag- mens du Megalichthjs Hibberti que j'avais vus quelques jours auparavant à Edim- bourg. M. John Phillips en avait envoyé à M. Cuvier des dessins qui se trouvent encore dans le portefeuille de ses dessins de poissons fossiles. M. Randyl, à Stockton, m'a communi- qué de beaux exemplaires des Palœoniscus du calcaire magnésien. M. Pease, de Dar- lington, a bien voulu aussi me confier les siens. M. le révérend Denison, à Oxford, m'en a également envoyés de la même for- mation, qui sont très-bien conservés, ainsi — 59 — qu'une belle tête d\ine espèce encore in- connue de Slieppy. Lord Fitzwilliam a eu l'obligeance de me faire voir lui-même, à Wentworth, quelques plaques d'un grand Lepidotus de Loftus : c'est la même espèce que l'on a trouvée à YVitby et à Scarborough. A Manchester, M. le docteur Holme m'a fait voir de beaux exemplaires de Pala?o- niscus du Zeclistein. M^^*" Baker , de Northampton , a bien voulu m'envoyer les beaux poissons fossiles qu'elle possède dans sa collection. Il existe une belle lithographie du plus parfait de ces exemplaires, que j'avais vue à Paris chez M. Cuvier : c'est le Lepidotus Gigas de Nine-Churches, le même qui s'est trouvé dans le Lias du Wurtemberg. Les autres sont des espèces nouvelles. Dans le Muséum de M. Weaver, à Bir- mingham 5 il se trouve un magnifique Tetra- gonolepis j, constituant une espèce nouvelle. Ce fossile unique, qui est la propriété de M. Greaves, a été trouvé à Stratford sur Avon. — 40 — M. Stricklaiid m'a fait remettre un très- beau choix de poissons de Portland, en exemplaires à-peu-près parfaits; l'une des espèces est mon Lepidotus minora l'autre une espèce inédite du genre Microdon^ qui ne s'est encore trouvée qu'à Solenhofen, et tout récemment en fragmens à Stones- fîeld. Les fragmens incomplets ne sont pas encore déterminés. Dans le musée de M. Crosthwaite, àlles- wich, j'ai au une demi-mâchoire très-sin- gulière d'un poisson du Mountain-Limes- tone, qu'il ne m'est pas encore possible de rapporter à un des genres que je connais. A Liverpoolj MM. Parker etTinné m'ont donné divers objets d'histoire naturelle aux- * quels j'attache beaucoup de prix, et sur les poissons de la Guyane des renseignemens fort intéressans. Au Musée de cette ville, il y a un superbe Gasteronemus rliombeus de Monte-Bolca. Dans le Musée de la Société Royale de Dublin, M. Scoiiler m'a fait voir les origi- naux des figures qui accompagnent les Mé- — Ai — moires de MM. Graydon et Bozza sur les poissons de Monte-Bolca, insérés dans le gme y^j jgg Transact. de FAcadémie Irlan- daise^ p. 281 et suiv. Ce sont : le Gastero- nemus rlioraheus ^ le Mjripristis homopte- rygms j, le Sparnodus elongatus j et un poisson composé d'une tête de Sparnodus ovalis et du corps d'un Lichia prisca, — Au Musée du Collège de la Trinité , il y a aussi plusieurs beaux poissons de Monte- Bolca. — M. Macartney m'a fait voir la collection anatomique de l'Université, où l'on remarque de beaux squelettes. — Dans le Musée du Collège des Chirurgiens , il y a aussi une belle collection de squelettes, et surtout ceux de quelques poissons rares. Ce que j'ai vu de plus intéressant dans les musées de Dublin, c'est un grand nom- bre de Cervus megaceros ^ avec des bois gigantesques, et même plusieurs squelettes parfaitement complets de cette espèce. Ces fossiles sont assez communs dans ce pays, pour qu'on les voie quelquefois figurer comme ornement à l'entrée des parcs, ou — 42 — même comme enseigne au dessus de la porte des tavernes. Pendant mon séjour chez Lord Cole, à Florence Court , j'en ai également vu plusieurs. Quant à sa collection de pois- sons fossiles, elle est indiquée à la page 45. — Dans sa collection particulière ^ M. Scou- 1er possède quelques poissons rares du ter- rain houiller d'Ecosse , qu'il a bien voulu me communiquer. — Je ne saurais trop me louer de la libéralité , de l'obligeance et de la prévenance des savans irlandais. En arrivant à Bristol , je ne connaissais encore que quelques fragmens de poissons fossiles du Calcaire de Montagne, que j'a- vais vus chez M. Cuvier . Je désirais surtout voir les fossiles d'une formation peu con- nue sur le Continent, et qui me paraissait devoir en contenir beaucoup, d'après quel- ques échantillons de roche que j'avais vus ailleurs. Mon attente n'a pas été trompée. Le Musée de l'Institution philosophique de Bristol , fondé par Miller , renferme mainte- nant les belles collections de cet infatigable naturaliste, et par conséquent les exem- — 45 — plaires originaux de toutes les planches de son ouvrage sur les Crinoïdes. Parles soins assidus de M. Stutchbury , secrétaire de cette institution 5 et de M. le docteur Hiley, le Musée s'étend encore tous les jours; il ren- ferme surtout de magnifiques séries des fos- siles que l'on trouve dans les terrains sur lesquels repose Bristol et ses environs. En fait de poissons, j'y ai trouvé plusieurs es- pèces et même des genres nouveaux du cal- caire carbonifère (Mountain-Limestone), mais seulement leurs dents et les rayons épineux de leurs dorsales ; ils appartiennent à la famille des Cestraciontes, On y re- mraque aussi une immense quantité de frag- mens, provenant d'une espèce de brèche osseuse qui se trouve sous les couches infé- rieures du Lias; parmi ces fossiles il y a des espèces nouvelles , mais plusieurs m'ont paru identiques avec celles du Reuper que M. Alberti a recueillies en Wurtemberg. Les autres poissons du Lias sont de lar- ges plaques , portant plusieurs rangées de dents A^Acrodiis et A^Hybodiis de Lvme- _ 44 — Régis. Il y a aussi beaucoup d'Hybodontes et de Pyciiodontes, ainsi que d'Iclithyodo- rulithes , de la ai ande Oolithe et de Stones- (ield 5 et des dents , des palais de Raies , et des têtes de Shepp}^ L'Institution doit à M. le docteur Fox un superbe exemplaire d'une espèce nouvelle de Tetragonolepis du Lias blanc de Banwall, et à MM. Ma- tliCAV Wriglit, Esq., et William Glayfield, Esq. 5 de beaux exemplaires d'iclitliyodoru- litlies du Lias et de la bouille de Dudley . — M. J. N. Sanders a fait hommage à l'Insti- tution d'une Raie fossile ^ qui est certaine- ment l'une des plus remarquables décou- vertes faites dans le Lias de Lyme-Regis. M. Riley a très-bien décrit cet animal sous le nom de Squalo-Rajaj et lui a assigné sa véritable place parmi les poissons car- tilagineux. M. Grant, prenant , d'après la description de M. Riley , le prolongement du museau pour des mâchoires , pense que c'est plutôt un reptile. Mais l'examen at- tentif que j'en ai fait me permet d'assurer que c'est un genre particulier de la fa- — 45 — mille des Pxaies, différent de tous ceux qui existent maintenant. Il est fâcheux que le nom de Squalo-Raja indique des affinités exagérées avec les Squales; il conviendrait peut-être mieux de lui donner le nom de Spinacorh inus , Dans la collection particulière de M. Ri- ley 5 j'ai observé de belles dents de la craie et de Sheppy. La collection de M. Cumberland est aussi très-riche en poissons fossiles; j'y ai re- marqué plusieurs espèces nouvelles , que M. Cmnberland a bien voulu me confier pour les faire dessiner, entr'autres des pois- sons du Lias de Lyme-Regis, de Bath, de Hastings, de la craie et de Sheppy. Parmi ces derniers il se trouve des plaques de plusieurs rangées de dents, qui constituent un genre nouveau; M. Cumberland m'en a donné un dessin qu'il avait fait lui-même. M. Johnson possède aussi une très-belle collection de fossiles, dans laquelle on re- marque des poissons superbes, dont plu- sieurs sont inédits : tels sont , un Microdon, — 46 — de Purbeck, un Pholidophorus de Bath, plusieurs mâchoires complètes à^Acrodus et à^Hjbodus ^ et de très-grands Tetra- gonolepis du Lias ; enfin des dents et des ichthyodorulitlies du calcaire carbonifère. Après avoir trouvé à Lyme-Regis tant de fossiles de toutes les classes du règne animal , et des plantes si curieuses ^ on pou- vait s'attendre à découvrir un plus grand nombre de poissons lorsque l'on s'en occu- perait. Cependant le résultat de ces recher- ches surpasse toute attente : à Lyme-Regis même, j'ai vu dans la collection de Mlle. E. Philpot trente-quatre espèces nouvelles de poissons du Lias de cette localité seule- ment, dont plusieurs appartiennent à des genres nouveaux ; sans compter toutes celles que j'avais déjà vues dans d'autres collec- tions, et que je retrouvais ici. Ne pou- vant rester que quelques jours à Lyme-Re- gis, Mlle. Philpot a bien voulu consentira me laisser emporter toutes les espèces qui entraient dans ma prochaine livraison, pour que je pusse les décrire en détail. Cette — 47 — collection m'a été d'autant plus précieuse, que Mlle. Philpot et Mlle. Marie Anning ont pu m' indiquer avec certitude quels sont les ichthyodorulithes qui correspondent aux différens types de dents. Avec cette clef j'ai pu atteindre d'importans résultats, et rapporter, dans les autres formations, les diverses formes de dents et de défenses les unes aux autres, en combinant toutes les associations déjà connues de ces fragmens. La collection de M^^'' Philpot contient en outre de très-belles dents de la craie de Penhay et de Wiltshire. Tout le monde sait que le Musée de M. Mantell , à Brighton , est une collection clas- sique pour la craie et la formation des Weal- den. Les soins minutieux que M. Mantell a donnés depuis bien des années à ses fos- siles , les ont rendus plus parfaits que tous ceux des autres musées; car souvent il est parvenu à les détacher entièrement de la roche dans laquelle ils se trouvaient, ou du moins à les produire en relief, en déta- — 48 -- chant toutes les matières solides qui recou- vraient les parties les mieux conservées de l'animal. Les belles planches qu'il a don- nées, dans ses ouvrages , d'un grand nom- bre de ces espèces , permettent de les citer plus utilement que celles qui sont entière- ment nouvelles ; il me paraît donc important de donner ici en note un tableau complet de tous les ichthyolithes de la partie in- téressante de l'Angleterre que M. Mantell a surtout exploitée. (*) C^) TABLEAU DES POISSONS FOSSILES DE LA CRAIE d'aNGLETEKEE. I. Ordre des Placoïdes. » Ptychodus ladssimus k^. — Mantell pi. 32, fig. 19. — Le- wes. — (Belgique.) — polfgjms Ag. — Mantell pi. 32, fig. 23 et 24. — Lewes. — (Belgique.) — mammillaris Ag. — Mantell pi. 32, fig. 29, 20, 18, 25. — Lewes. — (Belgique. — Quedlim- bourg. — Belluno.) — decurrens Ag. — Lewes. — (Quedlimbourg. — Belluno.) — altior Ag. — Mantell pi. 32, fig. 21 , 17, 27. — Lewes. Ce sont les Dindons des auteurs. -^ 49 — La collection de M. Mantell contient aussi le plus grand nombre d'espèces des Weal- den ; mais comme elles ne sont pas toutes figurées dans son ouvrage sur les fossiles de Tilgate, je me bornerai à dire qu'elles appartiennent aux genres Lepidotus , Pho- Il y a deux espèces de défenses dorsales de ces pois- sons, et une nageoire paire , figurées dans Mantell pi. 40, fig. 3. — PI. 39 et pi. 34, fig. 8. — Ce sont les soi-disant rayons de Balistes et de Silures. Galeus pristodontiis Ag. — Mantell pi. 32, fig. 12, 13, 14, 15, 16. — Lewes. —(Belgique. — Mastriclit. — Amérique septentr.) Notidanus microdon Ag. — Mantell pi. 32. fig. 22. — Lewes. Une défense dorsale de l'un de ces deux poissons, sous le nom de Balistes, avec vertèbres, dans Mantell pi. 33, fig. 5 et 6; et pi. 32, fig. 19. Lamna appendiculata Ag. — Mantell pi, 32, fig. 2, 3, 5, 6,9. — Lewes. — (Amérique septentr. — Bel- gique. — Mastriclit.) — acuminata Ag. — Mantell pi. 32, fig. 1. — Ibid. — Mantelliikg. — Mantell pi. 32, fig. 4, 7, 8, 10, 11, 26, 28. — Lewes. — (Amérique septentr.) — petite espèce nouvelle. — Grès vert, Maidstone. Odontaspis rhaphiodon Ag. — Lewes. — (Mastriclit.) Cet ordre est donc représenté par 5 genres, dont 1 éteint, contenant 12 espèces; les Ptycliodus, les Galeus et les Lamna sont très-répandus. 4 — m — lidophoius et Hybodus, qui caractérisent les terrains oolithiques. A la fin de cette éoumération, je crois devoir répéter que tous ces trésors se trou- vent maintenant réunis à Londres, dans un des appartemens de la Société Géologique, II. Ordre des Ganoïdes. Macropoma Mantellii Ag. — Amia lewesiensis Mantell pi. 38 , 37; et ses coprolithes pi. 9, fig. 5 — 11. — ■ Lewes. Sph^rodus mammillaris Ag. — Clayton près Brighton. Dercetis elongatus Ag. — Mursena lewesiensis Mantell pi. 40, fig. 2; pi. 34, fig. lOet 11. — Lewes. Cet ordre comprend trois genres éteints, avec trois espèces. — Il y a une autre espèce de Dercetis en Westphalie dans la Craie. — Le Macropoma est le plus remarquable de tous les poissons fossiles connus. A force de peine , M. Mantell est parvenu à mettre en évidence ses intestins , au bout desquels il a trouvé de gros coprolithes. III. Ordre des Cténoïdes. Beryx ornatus Ag. — Zeus lewesiensis Mantell pi. 34, fig. 6 ; pi. 35 et 36. — Lewes. — radians k^, — Lewes. — microcephalus Ag. — Lewes. Il y a d'autres espèces de Beryx dans la Craie de Westpha- lie et de Bohême , et des genres très-voisins dans les schistes de Glaris; en Angleterre, cet ordre ne compte que trois espèces dans un genre , dont on ne connaît qu'une espèce Tirante. ~ 5J — et que M. Dinkel ne les quittera pas avant d'avoir dessiné tout ce qu'il y a de plus parfait dans chaque collection. On conçoit que je n'ai pas pu prendre des notes suffi- samment détaillées sur toutes les espèces IV. Ordre des Cycloïdes. OsMERoiDES letvesiensis Ag. — Salmo lewesiensis Mantell pi. 40, fig. 1 ; pi. 33, fig. 12. Ecailles pi. 34, fig. 1 et 3. — Lewes. Enchodus halocyon Ag. — Esox lewesiensis Mantell pi, 44 fig. 1 et 2; pi. 33, fig. 2, 3, 4. — Lewes. — (Belgique. Mastricht. — Amérique septentr.) S aurocephalus lanciformis Harlan. — Mantell pi. 33, fig. 7 et 9. — Lewes. — (Amérique.) Saurodon leanus Hays. — Lewes. — (Amérique septentr.) Megalodon sauroides Ag. — Mantell pi. 42, fier, 1 — ,5; pi. 33 , fig. 8. — Lewes. Cet ordre renferme cinq genres éteints, avec cinq espèces. En Westphalie , il y a une espèce du genre Osmeroides ; et à Glaris on trouve des genres très-voisins, ainsi qu'en Bohême. L' Enchodus halocyon , le Saurocephalus et le Saurodon , sont très-répandus. — Il est à remarc|uer que le Sauroce- phalus, le Saurodon et mon Megalodon, ont été décrits comme des reptiles. Il y a donc en tout, clans la Craie d'Angleterre, 23 es- pèces référables à 14 genres, dont 13 appartiennent à 9 genres éteints, et 10 à 5 genres vi vans. Sur ces 23 espèces, 11 se trouvent aussi ailleurs dans la même formation géo- logique , comme on le voit par la citation des localités. — 52 — que j'ai vues ; je me suis contenté de décrire celles qui devront faire partie des pro- chaines livraisons, me réservant de complé- ter mes notes l'été prochain pendant un nouveau séjour à Londres. Ces renseignemens sur les nouveaux ma- tériaux que j'ai recueillis cette année, me conduisent naturellement à présenter en- core quelques considérations sur les travaux qui ont déjà été faits, et sur ce qu'il reste à faire pour avancer la science des poissons fossiles. Dans tous les temps, l'étude de l'Ich- thyologie a été beaucoup plus négligée que celle des autres branches de l'Histoire na- turelle. La difficulté d'observer les poissons dans leurs profondes retraites, et de recueil- lir des faits certains relativement à leurs mœurs et à toute leur économie animale, a rendu cette science moins attrayante que l'histoire des grands mammifères et des chantres des bois. Même les reptiles, si hi- deux et souvent si dangereux, ont trouvé plus d'amateurs que les poissons. Qui ne con- — 55 — naît l'attrait de rentomologie;, delà conchy- liologie? Au milieu de tant de richesses, les poissons sont restés perdus pour nous dans les vastes océans qu'ils habitent ; car le nombre de ceux qui sont décrits est bien pe- tit; et si la grande Icthyologie de MM. Cu- vier et Valenciennes nous promet la des- cription de 6 à 8000 espèces 5 nous avons à regretter que les volumes qui ont paru jus- qu'ici n'en contiennent pas plus d'un cin- quième. Et pourtant, malgré tant de diffi- cultés 5 que cette étude est entraînante , lorsque, après avoir fait les premiers pas dans la carrière, on parvient peu-à-peu à se mouvoir librement au milieu d'un monde encore inconnu qui promet de nous ré- véler tant de mystères sur les abîmes de l'Océan et sur les demeures inaccessibles des créatures qui l'habitent ! — Pour arri- ver à ce point, il est impossible de se con- fier à un des guides que nous possédons déjà, puisque les plus anciens ne nous font connaître que quelques espèces, et que les meilleurs d'entre les modernes nous -- 54 — abandonnent au milieu de la route. Il m'a donc fallu poursuivre mes recherclies en quelque sorte indépendamment de tout ce qui existe, pour rétablir l'équilibre entre les différentes brandies de Flclithyologie, et faire tout ce travail comme une simple introduction à l'examen des espèces fos- siles que je cherchais à déterminer; car on conçoit dès à présent , que les mémoires sur les iclithyolitiies publiés il y a seulement vingt ans , ne peuvent plus présenter de nos jours des résultats en rapport avec les connaissances qu'il est possible d'acquérir maintenant sur les poissons vivans , dans les grands Musées d'Europe. > Cependant 5 de cet état de choses, et de la manière dont j'ai été obligé d'étudier les poissons vivans , pour les comparer avec les fossiles , il est résulté un grand avan- tage pour moi , c'est celui de l'indépendance de vues la plus complète sur les rapports assignés jusqu'ici aux poissons entre eux ; car le grand nombre de genres nouveaux découverts depuis le commencement de ce — 35 — siècle 5 indiqués pour la plupart dans k Règne animal de Cuvier, et qui ont dû être intercalés dans les cadres des familles naturelles de cette classe , a fait disparaî- tre tous les rapprochemens proposés par les anciens Ichthyologues. En revoyant leurs caractères, je suis arrivé à une classifica- tion qui diffère considérablement des di- vers arrangemens qui ont été proposés jus- qu'ici 5 et qui est basée sur des considéra- tions essentielles que l'on avait négligées. Il est incontestable , que l'un des carac- tères distinctifs de la classe des poissons est d'avoir une peau garnie d'écaillés de forme et de structure particulières. Cette enveloppe, qui protège l'animal au dehors, est, d'après toutes les observations que j'ai pu faire jusqu'ici, en rapport direct avec l'organisation intérieure de ces animaux et avec les circonstances extérieures au mi- lieu desquelles ils vivent. En sorte que, sous ce point de vue, les écailles acquièrent une grande importance et peuvent être en- visagées comme le reflet superficiel de tout — 56 — ce qui se passe à l'intérieur et à Texte- rieur du poisson. Aussi, en les examinant attentivement, j'ai trouvé que l'on pou- vait disposer les poissons dans des ordres beaucoup plus naturels que ceux qui exis- tent 5 lorsqu'on se laisse essentiellement conduire par la structure des écailles. De cette manière j'ai établi quatre ordres qui présentent quelques rapports avec les divi- sions d'Artédi et de Cuvier , mais dont Tun, complètement méconnu jusqu'ici , est presque exclusivement formé de genres dont on ne trouve les espèces que dans les cou- ches anciennes de l'écorce de notre globe. Ces quatre divisions sont : les Placoïdes ^ qui comprennent les poissons cartilagineux de Cuvier, à l'exclusion des Esturgeons; les Ganoïdes ^ qui comprennent plus de 5o genres éteints j, et desquels il faut rappro- cher les Plectognathes, les Syngnathes et les Acipenser ; les Cténoïdes j, qui sont les Acanthoptérygiens de Cuvier et d'Artédi, à l'exclusion cependant de tous ceux qui ont les écailles lisses, et en comprenant — 57 — avec eux les Pleuronectes ; enfin les Cjcloï- des^ qui sont des Malacoptérygiens sur- tout^ mais qui comprennent en outre toutes les familles exclues des Acantlioptérygiens de Cuvier, et dont il faut éloigner ses Pleu- ronectes, pour les reporter dans l'ordre pré- cédent. Pour bien comprendre les résultats gé- néraux que je puis présenter, il est néces- saire, je crois, de jeter un coup-d'œil sur les poissons vivans. On connaît maintenant environ 8000 es- pèces de poissons. De ce nombre plus des trois quarts appartiennent à deux ordres de cette classe, dont la présence n'a pas encore été découverte dans les terrains an- térieurs à la craie, savoir aux Cycloïdes et aux Cténoïdes ; en sorte qu'il n'y a abso- lument rien d'analogue dans toute la série des terrains secondaires, jusqu'au green- sand; tandis que l'autre quart est référable aux ordres des Placoïdes et des Ganoïdes, très-peu nombreux maintenant, mais qui ont existé seuls durant toute la période qui — 58 — s'est écoulée depuis que la terre a com- mencé d'être habitée , jusqu'au moment où les animaux du green-sand ont vécu. Cette juste balance dans les ordres de la classe qui nous occupe , est une chose très- remarquable ;, inconcevable même, mais in- contestable, puisque c'est une affaire de chiffres; et cependant ce n'est pas en grand seulement que nouspouvonsremarquer cette dispensation régulière des groupes : dans chaque ordre, dans chaque famille même, les genres reproduisent par leurs affinités des séries analogues , en sorte que les différences d'organisation deviennent des caractères distinctifs pour les époques géo- logiques, même dans les espèces que l'on verrait pour la première fois. J'ose mainte- nant affirmer ce résultat avec assurance, après avoir vu les conclusions générales que j'avais tirées de l'étude des fossiles^ cor- roborées par l'inspection de r>.5o nouvelles espèces trouvées dans les collections d'An- gleterre, sans que j'aie rencontré une seule exception sur 800 espèces que je connais — 59 — maintenant. Ces différences organiques es- sentielles ont surtout trait à la nature des tégumens et à la manière dont la colonne vertébrale se termine dans la nageoire cau- dale, c'est-à-dire, à la manière dont l'ani- mal est en rapport avec le monde extérieur qui Fentoure, et à la structure de Torgane essentiel de la loco-motion. Je les indiquerai succinctement maintenant, et j'énumérerai plus tard nominalement tous les poissons de chaque grande formation; car on con- çoit que je ne puis pas entrer dans beau- coup de détails , en présentant un tableau général. Pour apprécier à sa juste valeur Fétude des poissons en général , et des fossiles en particulier, il ne faut jamais perdre de vue la position de cette classe dans la série des animaux. Placés plus haut que les rayon- nés et les mollusques, ils présentent des particularités d'organisation plus nombreu- ses et sujettes à des différenciations plus grandes ; aussi remarque-t-on chez eux , dans des limites géologiques plus étroites , — Go- des différences plus considérables que chez ces animaux inférieurs . Nous ne voyons pas ^ dans la classe des poissons , des genres , ni même des familles, parcourir toute la série des formations avec des espèces sou- vent très-peu différentes en apparence , comme cela a lieu dans les zoophytes ; au contraire, d'une formation à l'autre cette classe est représentée successivement par des genres très-différens, référables à des familles qui s'éteignent bientôt aussi, comme si l'appareil compliqué d'une organisation supérieure ne pouvait pas se perpétuer long-temps sans modifications intimes , ou plutôt , comme si la vie animale tendait plus rapidement à se diversifier dans les ordres supérieurs du règne animal que sur ses échelons les plus bas. A cet égard il en est des poissons à-peu-près comme des mammifères et des reptiles, dont les espèces, peu étendues en général , appartiennent dans la série des terrains , à peu de dis- tance verticale , à des genres différens , sans passer insensiblement d une forma- — 61 — . tion à l'autre, comme on Tadmet géné- ralement pour certaines coquilles. C'est là un des faits les plus intéressans que j'aie observés; c'est-à-dire que je ne connais pas une seule espèce de poisson fossile qui se trouve successivement dans deux formations 5 tandis que j'en connais un grand nombre qui ont une étendue horizontale très-considérable. Cependant la classe des poissons présente de plus , pour la géologie zoologique , l'immense avantage de s'étendre à travers toutes les formations, et d'offrir dans une classe d'a- nimaux vertébrés un point de comparaison pour les différences que peuvent présenter , dans le plus grand laps de temps connu , des animaux construits en général sur un même plan, des animaux d'une classe qui compte déjà un aussi grand nombre d'es- pèces fossiles, référables pour la plupart à des types qui n'existent plus , et dont les affinités avec les espèces vivantes sont aussi éloignées que celles qui rattachent les Crinoïdes aux Echinodermes ordinaires y- — 62 — les Nautiles et les Sépia aux Bélemnites et aux Ammonites, les Ptérodactyles , les Ichthyosaures et les Plésiosaures à nos Sau- riens, les Pachydermes vivans à ceux qui habitaient jadis le bord des lacs des envi- rons de Paris ou les plaines de la Sibérie. Les poissons des terrains tertiaires sont ceux sur lesquels je m'étendrai le moins , parce qu'ils se rapprochent le plus des pois- sons vivans, et que leur étude peut être entreprise au moyen des ouvrages que l'on possède déjà sur l'ichthyologie. Cepen- dant , vu le nombre énorme des espèces vi- vantes desquelles ils se rapprochent, il est souvent très-difficile , dans leur état de conservation, de les identifier, ou plutôt d'apprécier exactement leurs caractères dis- tinctifs. Je dirai seulement, en général, que jusqu'à présent je n'ai pas trouvé une seule espèce qui fût parfaitement identique avec celles de nos mers, excepté ce petit poisson que l'on trouve en Groenland dans des géodes d'argile, et dont l'âge géolo- gique m'est inconnu. _ 65 — Les espèces du Giag de Norfolk, de la formation subapennine supérieure, et de la molasse, se rapportent la plupart à des genres communs dans les mers tropicales: tels sont les Platax, les grands Car cliarias, les Myliobates à larges chevrons , etc. Dans les formations tertiaires inférieu- res , dans Targile de Londres , dans le cal- caire grossier de Paris, et à Monte-Bolca, déjà un tiers au moins des espèces appar- tiennent à des genres qui n^ existent plus^ Dans les tableaux comparatifs de tous les poissons que je publierai bientôt, j'indi- querai les noms des genres et des espèces fossiles de toutes les époques géologiques, en désignant également toutes les localités dans lesquelles on les a trouvés, et dans une colonne particulière les genres corres- pondans de la création actuelle. La craie a déjà plus de deux tiers de ses espèces référables à des genres qui ont entièrement disparu ; Ton voit même déjà apparaître quelques-unes de ces formes sin- gulières qui prévalent dans la série ooli- — 6A — thique. Cependant^ dans leur ensemble, les poissons de la craie rappellent plus for- tement le caractère général des poissons tertiaires , que celui des espèces de l'oo- lithe ; tellement même que n'ayant égard qu'aux poissons, dans un rapprochement général des formations géologiqvies , il me paraîtrait plus naturel d'associer la forma- tion de la craie et du grès vert avec les terrains tertiaires, que de les ranger dans le groupe des terrains secondaires. En des- sous de la craie , il n'y a plus un seul genre qui ait des espèces vivantes ; et même , ceux de la craie qui en ont, en compren- nent un plus grand nombre de fossiles. La série oolithique, jusqu'au Lias inclu- sivement, forme un groupe très-naturel et très-bien limité, qui doit comprendre aussi la formation veldienne , dans laquelle je n'ai pas trouvé une seule espèce référable même aux genres de la craie. Depuis cette époque, en descendant toujours, les deux or- dres qui prévalent dans la création actuelle ne se retrouvent plus , tandis que ceux qui — 65 — sont en minorité de nos jours se présentent subitement en très-grand nombre. Quant aux Ganoïdes , ce sont les genres à caudale symétrique que Ton trouve ici; et parmi les Placoïdes, ce sont surtout ceux à dents sillonnées sur leurs deux faces , et à grands rayons épineux, qui prédominent. Car il est certain maintenant, que ces grands rayons que MM. Buckland et de la Bêche ont appelés Ichthyodorulitlies^ ne provien- nent ni des Silures ni des Balistes, mais qu'ils sont des rayons de la dorsale des grands Squales, dont on trouve les dents dans les mêmes couches. En quittant le Lias pour passer aux formations inférieures , Ton observe une grande différence dans la forme de l'ex- trémité postérieure du corps des Ganoïdes. Tous ont la colonne vertébrale prolongée à son extrémité en un lobe impair qui at- teint le bout de la nageoire caudale ; et cette particularité s'étend jusqu'aux poissons les plus anciens. Une autre observation digne de remarque , c'est que l'on ne trouve pas ^ 66 — avant la houille de poissons évidemment carnivores, c'est-à-dire, munis de grosses dents coniques et acérées. Les autres pa- raissent avoir été omnivores, leurs dents étant arrondies, ou en cônes obtus, ou en brosse. On parviendra sûrement un jour à re- cueillir un grand nombre de faits relatifs aux mœurs de ces animaux et à leur organisa- tion intérieure. La découverte des copro- lithes nous permet déjà de reconnaître les êtres organisés qui faisaient la pâture des forbans des mers ; car dans leurs coproli- thes , qui sont assez nombreux dans les dépôts qui contiennent des poissons sau- roïdes, on découvre aisément les écailles des poissons qu'ils mangeaient, et quelquefois ces écailles sont déterminables. Même les intestins sont conservés dans quelques cas, par exemple, dans un exemplaire de Mé- galichthys , où l'on voit une portion de l'intestin; les paquets d'appendices pylo- riques et les bouts d'intestins des espèces de Leptolepis et de Thrissops de Solenho- — 67 ^ fen, connus sous le nom de Lumbricaria j ne sont pas rares dans les schistes de cette intéressante localité. Dans les poissons de la craie , on voit même ^ dans la collection de M. Mantell, des exemplaires de Macro- poma oii l'estomac entier est conservé, avec ses différentes membranes qui se séparent en feuillets. Dans un grand nombre de poissons de Sheppy, de la craie et de la série oolithique, la capsule du bulbe de Fœil est encore intacte; et dans beaucoup d'es- pèces de Monte-Bolcaj, de Solenhofen et du Lias, on voit très-distinctement toutes les petites lames qui constituaient les bran- chies. Il paraît cependant que la nature des roches contribue à conserver certaines par- ties plutôt que d'autres. C'est dans la série des dépôts inférieurs au Lias, que Ton commence à trouver les plus grands de ces monstrueux poissons Sauroïdes, dont l'ostéologie rappelle à bien des égards les squelettes des Sauriens , soit par les sutures plus intimes des os de leur crâne , soit par leurs grandes dents coniques o« — et striées longitudinalement, soit encore par la manière dont les apopliyses épineu- ses sont articulées avec les corps des ver- tèbres 5 et les côtes à l'extrémité des apophy- ses transverses. L'analogie qu'il y a entre ces poissons et les Sauriens, ne s'étend pas seulement au squelette : dans l'un des deux genres qui existent maintenant, j'ai trouvé une organisation intérieure des par- ties molles très-particulière 5 qui rapproche encore plus ce groupe des reptiles qu'il ne paraissait d'abord. Il y a en effet dans le Lepidosteus osseiis une glotte, comme celle des Sirènes et des reptiles salaman- droïdes, une vessie natatoire celhdeuse, avec une trachée-artère , comme le poumon d'un Ophidien. Enfin, leurs tégumens ont souvent une apparence si semblable à celle des Crocodiles, qu'il n'est pas toujours fa- cile de les distinguer. Le petit nombre des poissons trouvés dans les terrains de transition, paraissait ne pas permettre encore de leur assigner un caractère particulier. Cependant les es- — G9 — pèces de la collection de M. Murchison an- noncent déjà des types qui n'arrivent pas même jusqu'au terrain houiller. Ce qu'il y a de plus remarquable dans tous les poissons inférieurs à la série ooli- thique , outre leur analogie avec les repti- les, c'est, d'un côté, la plus grande unifor- mité des types, et de l'autre, la plus grande uniformité des parties d'un même animal entre elles- de telle sorte que souvent les écailles, les os et les dents sont difficiles à distinguer les uns des autres. S'il est déjà permis de hasarder quelques conjectures sur cet état de choses, tel qu'il se présente à nous maintenant, l'on est naturellement porté à penser que le principe de la vie ani- male qui se développe plus tard sous la forme de poissons ordinaires, de reptiles, d'oiseaux et de mammifères , est d'abord confiné entièrement dans ces singuliers poissons Sauroïdes participant en même temps des poissons et des reptiles , et que — 70 — ce caractère mixte ne se perd dans cette classe qu'à l'apparition d'un plus grand nombre de reptiles , comme nous voyons les Ichthyosaures et les Plésiosaures par- ticiper par leur ostéologie aux caractères des Cétacés de la classe des mammifères, et les grands Sauriens terrestres à ceux des Pachydermes qui n'ont été créés que beau- coup plus tard. L'on est ainsi conduit par l'observa- tion à ces idées de la Philosophie de la Nature qui nous ont fait pressentir un dé- veloppement organique et régulier dans tous les êtres créés, constamment en rap- port avec les différentes conditions d'exis- tence qui se sont réalisées à la surface du globe, à la suite des changemens qu'il a subis lui-même. D'après tous ces faits, je vois dans la série de toutes les formations géologiques deux grandes divisions, qui ont leur limite au grès vert. La première, la plus ancienne, — 71 — ne comprend que des Ganoïdes et des Pla- coïdes. La seconde, plus intimement liée avec les êtres actuels , comprend des formes et des organisations beaucoup plus diver- sifiées; ce sont surtout des Gténoïdes et des Cycloïdes, et un très-petit nombre d'espèces des deux ordres précédens, qui disparaissent insensiblement, et dont les analogues vivans sont considérablement mo- difiés. Ne trouvant pas dans les poissons de la première grande période des différences correspondantes à celles que nous obser- vons maintenant entre les poissons d'eau douce et les poissons marins, il me pa- raît que l'on va peut-être au delà des faits en admettant dans la série oolithique, et plus bas, des terrains d'eau douce et des terrains marins distincts. Je pense plutôt que les eaux de ces temps reculés, cir- conscrites dans des bassins moins fermés, ne présentaient pas encore les différen- ces tranchées que l'on remarque de nos jours. — 72 — Tel est le cadre aride d'une histoire du plus haut intérêt, pleine d'épisodes cu- rieux, mais bien difficile à raconter. L'ex- position des détails qu'elle renferme, sera la tâche de ma vie. '