ART 47 7 mix r A LE RL RAT: 72 ’ A: nu Th LP L Le L: 4 L ve ” DR re mr PR ñ à He rx ai Va Lo: MEMOIRES PRÉSE NTÉS PAR DIVERS SAVANS A L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES DE L'INSTITUT DE FRANCE. : 10 | | à ma w ab p La r CHTIN 4 Pa ER : sit Eh De "+ st à." } ; n é dr » à è L LA : L L 0 Ù dv ù de PUR CET sit. d | ; es de me “dut Fi: Le Bu is MÉMOIRES PRÉSENTÉS PAR DIVERS SAVANS À L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES DE L'INSTITUT DE FRANCE, ET IMPRIMÉS PAR SON ORDRE. SCIENCES MATHÉMATIQUES ET PHYSIQUES. TOME QUATRIÈME. PARIS. BACHELIER, IMPRIMEUR-LIBRAIRE POUR LES MATHÉMATIQUES, QUAI DES AUGUSTINS, N° 55. 1833 TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE TOME IV DES SAVANS ÉTRANGERS. Nouverces expériences sur le frottement, faites à Metz en 1851, par Arraur Morin, Capitaine d'artillerie... . . Recnercues anatomiques et physiologiques sur les hémiptères, accompagnées de considérations relatives à l’histoire na- turelle et à la classification de ces insectes, par M. Léox Düuroune ARE PE LAS ETES ON RENE Mémoire sur l'équilibre intérieur des corps solides homo- gènes, par. MM. Lamé et Crapevron. . . . . . . . . + Powre à comprimer les gaz, exécutée d’après la théorie qui a obtenu en 1829 le prix de mécanique fondé par M. de Moxryox. Mémoire présenté par M Tnirorier. NouveLres expériences sur le frottement, faites à Metz en 1832, par Arraur Morts , Capitaine d'artillerie. . . De quelques effets extraordinaires que la foudre à produits sur le Paquebot le New-Yorck, par Wiciram Scoresey. FIN DE LA TABLE, ERRATA. Nouvelles Expériences sur le Frottement, par M. Morin. (Premier Mémoire. ) Page 121, ligne 16, 0,06253 KaV kil., Zisez 0,06253 KaV* kil. Recherches anatomiques sur les Hémiptères , par M. Léon Page 143, ligne 18, 157, 161, 168, 204 241, 251, 278, 293, 302! 320, 339, 340, 356, 374, 377; 196 16, 29, 1 9; 25, E 17; 10, 26, 19; 2, 30, 29; 4, Dufour (1). canaux afférens lisez ovata late viridis l’ancholie après celle-ci un tube charagues à un seul commun globe antérieur inhabilité filiformes cuisses supérieures sept ligamens longues vulves lisez vulves dans cette femelle nullement circonscrits déduction canaux efférens ovata læte viridis l’ancolie après celle-ci vient un tube charagnes à un tronc commun lobe antérieur inbabileté fusiformes cuisses postérieures supprimez sept longues valves valves dans le saçde cette femelle nettement circonscrits diduction (1) « Ce travail de M, Léon Dufour, admis en avril 1830 au concours des prix » Montyon, fut couronné cette même année. Depuis cette époque il était resté dé » posé au secrétariat de l’Institut. Ainsi c’est le Mémoire original de 1830 qui se » trouve aujourd’hui soumis au jugement du public. » RECHERCHES ANATOMIQUES ET PHYSIOLOGIQUES LES HÉMIPTÈRES, ACGOMPAGNÉES DE CONSIDÉRATIONS RELATIVES A L’'HISTOIRE NATURELLE ET A LA CLASSIFICATION DE CES INSECTES. + Savans étrangers. Le, AT7 THOMSON “ RECHERCHES 7 ANATOMIQUES ET PHYSIOLOGIQUES LES HÉMIPTÈRES. DE CONSIDÉRATIONS RELATIVES A L'HISTOIRE NATURELLE ET A LA CLASSIFICATION DE CES INSECTES ; PAR M. LEON DUFOUR, Docteur-Médecin de la Faculté de Paris, Correspondant de l’Institut (Acad. des Sciences), Chevalier de la Légion-d'Honneur ; Correspondant de l’Aca- démie royale de Médecine, de la Société Philomatique, de celle d'Histoire naturelle ; de la Société Linnéenne de Bordeaux, de celle de Médecine de Toulouse, de celle des Sciences médicales de la Moselle, de celle de Botanique de Ratisbonne ; membre de la Société Entomologique de France, etc. @ cd turrigeros Elephantorum miramur humeros , taurorumque colla, et truces in sublime jactus : tigrium rapinas, leonum jubas, quum » rerumnalura nusqUam magis ; Quam in minimis, tola sit Quapropter quæso, ne nostra légentes, quoniam ex his spernunt mulla, etiam relata fastidio, damnent, quum in contemplatione naturc nihil possit videri supervacuum.» Puinn Nat Hist. lib. XI, cap. 2 INTRODUCTION. Ce n'est pas seulement à rechercher et à connaître les productions naturelles qui, par leur grandeur, sont à la portée facile de ses sens, que l’homme avide d'instruction doit consacrer ses soins et ses loisirs ; il trouvera des sujets tout aussi dignes de son culte dans les êtres qui, par leur petitesse, occupent les derniers degrés de l'échelle orga- 17.. 132 RECHERCHES nique, et semblent défier son attention. Le gigantesque baobab, la prodigieuse baleine, l’éléphant massif, l’or- gueilleux wir sapiens, n’ont pas plus coûté au créateur que l’impalpable byssus, le goujon , le lombric et la pu- naise. Les uns comme les autres sont l’objet constant de ses soins conservateurs ; les uns comme les autres déploient aux yeux du naturaliste des merveilles sans nombre, tous ont de justes droits à nos investigations et à notre étude. Les insectes hexapodes sont partagés en deux grandes divisions, d’après la structure de leur bouche. Les uns, munis de mandibules et de mâchoires mobiles , sont appe- lés broyeurs ou mächeurs ; les autres, destinés à sucer des alimens liquides au moyen d’un bec ou d’une trompe, sont désignés, par opposition aux premiers, sous le nom de suceurs. Les coléoptères , les orthoptères, les névrop- tères , les hyménoptères , etc. , appartiennent à la première division , tandis que les hémiptères, les lépidoptères , les diptères , etc. , se rangent dans la seconde. J'ai déjà, dans un travail assez considérable sur l'anatomie des coléop- tères , soumis en 1822 au jugement de l’Institut, qui l’a accueilli favorablement , et dans quelques Mémoires par- ticuliers, publié mes recherches sur l’organisation viscé- rale d’un grand nombre d'insectes broyeurs (1). J’ai aussi fait connaître, dans des écrits insérés dans divers Journaux scientifiques , l'anatomie de plusieurs insectes suceurs (2). Je viens présenter aujourd’hui et les résultats de mes (1) Recherches anatom. sur les Carabiques etsur plusieurs autres Coléopières (Annales des Sciences nat., par MM. Audouin, Brongniart et Dumas, 1824— 1825 — 1826). — Sur les Scolies et autres hyménoptères (Journ. de Phys., sept. 1818). — Sur les Zabidoures ( Annales des Sciences nat., 1828). — Sur le Scorpion (Journ. de Phys., 1817). (2) Recherches anatom. sur la Népe et la Ranatre (Ann. génér. des Sciences phys. de Bruxelles, 1820).—Sur l'organe digestif de quelques Diptères (Journ. de Phys., 1820).— Sur les Cigales (Annales des Sciences nat., 1825). — Sur l'Hippobosque (Ib., 1825). SUR LES HÉMIPTÈRES. 133 nombreuses dissections sur les Hémiptères , et quelques considérations physiologiques , en attendant que je puisse successivement offrir sur les autres ordres d’Insectes un semblable travail, et préparer ainsi de solides matériaux pour un ouvrage qui embrassera l’ensemble de l’organisa- tion , tant extérieure qu'intérieure, de tous les Insectes en général. Fidèle au plan que J'ai déjà adopté en pareille matière , je suivrai dans l’exposition anatomique des Hémiptères le cadre entomologique le plus récent de M. Latreille, faisant partie de la nouvelle édition (1829) de louvrage important ayant pour titre, le Règne animal, etc., par M. le baron Cuvier. Mes dissections me confirment de jour en jour l'excellence de cette classification et son ad- mirable harmonie avec les caractères fournis par les vis- cères. Il n’a fallu rien moins que le savoir profond , la rare perspicacité de notre illustre entomologiste, pour avoir prophétisé en quelque sorte, dans l'établissement de ses familles naturelles, les analogies anatomiques qui leur corr espondaient. C'est un trait de génie auquel je m'estime heureux d'offrir un hommage, en le confirmant par des preuves matérielles. Dans ce travail comme dans ceux que j'ai déjà publiés sur l'anatomie des Insectes , je me suis imposé une réserve extrême quant à l’établissement de principes trop géné- raux. « Nos erreurs, comme l’a sagement écrit M. Destutt de Tracy, dérivent de notre trop grande précipitation à généraliser, et de notre ardeur à tout réduire en prin- cipes. » Sans m'écarter néanmoins des bornes de la pru- dence et de la circonspection , j'ai pensé que les recherches entomologiques multipliées auxquelles je me suis livré avec persévérance pendant un fort grand nombre d’an nées, m'autorisaient à grouper celles de ces recherches qui se 134 RECHERCHES rapprochaient par des analogies constantes, et à les signa- ler à l'attention, J'ai d’ailleurs donné au travail actuel, ainsi que l'indique son titre, une direction différente de celle que j'avais adoptée jusque alors , puisque non-seule- ment je décris la forme et la structure matérielles des organes, mais Je cherche à me rendre raison du but vital de ces organes, à connaître leurs fonctions, à en exposer , en un mot, la physiologie. Dans cette double étude pleine d’aitraits, J'ai été frappé de voir que les parties constitu- tives des divers appareils organiques des Insectes , de ces petits êtres relégués si loin dans le vaste tableau de Pani- malité, se retrouvaient avec la même destination physio- logique , avec le même nom que dans les animaux qu’une organisation plus compliquée, et considérée comme plus parfaite , a placés au premier étage, dans celui-là même qui s’est établi le suprème dominateur de tous. Cette admirable conformité d'organisation entre des êtres si distans dans l'échelle zoologique ne devient-elle pas un puissant motif d'encouragement et de satisfaction pour le zootomiste qu'un esprit de philosophie dirige dans ses difi- ciles investigations ? C'est là un des plus beaux côtés sous lesquels on puisse envisager l’'Entomotomie. Les mêmes raisons qui ont dirigé plus spécialement mon étude vers la recherche des analogies organiques ont aussi commandé ma sobriété pour les innovations terminologiques. La si- militude des fonctions, quelles que soient la forme et la structure des organes qui y président , et la classe à laquelle appartiennent les animaux, doit entrainer, suivant nous, celle de la nomenclature. On sert d'autant plus eflicace- ment la science qu’on la hérisse moins de difficultés, et que l’on fatigue moins la mémoire et l'esprit de ceux qui s’y adonnent. Personne n’est plus pénétré que moi de lim- portance des noms, et Linnæus a dit avec raison, dans SUR LES HEMIPTÈRES. 135 son immortelle Philosophie botanique : Nomina si nescis, perit et cognitio rerum. Mais sans prétendre ici infirmer les travaux des savans qui ont créé de nécessaires dénomi- nations pour des choses qui en manquaient ou qui en avaient d'insignifiantes, je me plais à répéter qu'il faut être fort circonspect dans cette création. Toutefois, malgré ma sobriété , je n'ai pu me dispenser d'employer quelques termes nouveaux Ou spéciaux , et J'en fixerai la significa- tion, la valeur, dans les généralités qui précéderont la description des appareils organiques. Malgré les diflicultés et souvent les dégoûts qu’entraine la dissection des Hémipières, J'ai la satisfaction de pré- senter un ensemble de faits anatomiques bien constatés sur des espèces assez nombreuses, appartenant non-seule- ment à toutes les familles établies dans cet ordre, mais à presque tous les groupes génériques. Il est permis de prévoir que le temps n’est pas très éloigné où l’on pourra, dans le cadre méthodique des [nsectes, accompagner l'expression des caractères purement entomologiques de celle des traits fournis par l’organisation viscérale. Cette corrélation, cette harmonie réciproque entre l'extérieur et l'intérieur, entre la physionomie et la splanchnologie, formeront sans con- tredit la base la plus solide d’une classification vraiment philosophique. M. Latreille en a fait un heureux essai dans son dernier ouvrage, quant aux grandes divisions. Je me hasarderai, à la fin de mon travail, à encadrer dans un tableau les traits anatomiques distinctifs des Hémiptéres, soit pour les sections et les familles, soit pour les genres et même un certain nombre d'espèces saillantes. Comme je suis profondément pénétré de la vérité de ce vieil adage : Ærrare humanum est , je tiens à signaler d’une manière non équivoque les espèces sur lesquelles J'ai porté le scalpel, afin que les savans qui se livreront à de sem- 136 RECHERCHES blables. investigations puissent à bon droit ou confirmer les faits que énonce , ou redresser mes erreurs. Il importe avant tout qu'on ne trompe point la science, et que la vérité paraisse dans tout sen jour. J’ai donc cru indispen- sable, non seulement de donner pour chaque espèce un signalement aphoristique avec une courte synonymie et quelques détails descriptifs lorsqu'ils devenaient absolu- ment nécessaires, mais encore de faire précéder l'exposition anatomique par quelques considérations sur les formes extérieures , ainsi que sur les habitudes des familles, des genres et des espèces. Ces considérations , qui tendent à mettre en regard et le but et les moyens de l'organisme, doivent relever aux yeux du naturaliste l'importance réci- proque des caractères fournis par l'Entomologie et par l'Anatomie ; elles inspirent aussi un intérêt mieux senti pour l'étude des Insectes. L'organisation splanchnique des Hémiptères, et en géné- ral celle des Insectes suceurs, est plus rapprochée du type simple que celle des Coléoptères et des Insectes broyeurs ; en sorte que dans une classification qui aurait pour base l'anatomie, ou qui serait fondée sur la prééminence des actes de l'organisme, ils doivent être placés plus loin des Coléoptères qu'on ne l’a fait dans les cadres entomologi- ques les plus récens. Je pense donc que, dans la méthode naturelle, il convient de leur assigner un rang immédia- tement après, et non avant les Hyménopteres. Pour peu que l’on réfléchisse à la supériorité de l'intelligence et de l'industrie des insectes de ce dernier ordre sur ceux qui forment l’objet de mon travail actuel, on se convaincra de la justesse de mon assertion. Quoique les travaux monographiques de Wolf, de Stoll, de Schellenberg, de Fallen et de quelques auteurs , aient pour but spécial l'illustration des Hémiptères, il n’en SUR LES HEMIPTÈRES. 137 est pas moins vrai que cet ordre d'insectes se trouve un des plus négligés, des plus arriérés, soit pour la connaissance des espèces , soit surtout sous le rapport de leurs mœurs, de leurs habitudes et de leur genre de vie. À en juger par leur organisation viscérale, et celle-ci met le physiologiste à méme d’en déduire des actes ou des fonctions que l’ob- servation directe n'a pas encore constatés , 1l nous reste- rait beaucoup à apprendre pour compléter leur histoire naturelle. Ce n’est point ici le lieu d’énumérer les ser- vices que l’Anatomie peut rendre à l'Entomologie, tant pour la distinction positive des sexes que sous beaucoup d’autres points de vue; je les signalerai à mesure qu'ils se présenteront en traitant des espèces. Pour éviter des répétitions superflues, toujours fasti- dieuses quand il s’agit de simples détails d'anatomie, je ne décrirai d’une manière circonstanciée que les viscères du genre principal de la famille. Celui-ci devient alors, sous le rapport de son organisation, le type des autres genres. Il ne restera ensuite à signaler que les particularités ou les nuances anatomiques propres à chacune des espèces dissé- quées. J’ai en portefeuille une surabondance de matériaux descriptifs et de dessins dont la réunion était indispen- sable pour constater les analogies ou les identités anato- miques ; mais Je n'ai point jugé à propos d'en grossir mon livre pour peser inutilement sur la science, et c’est pour acquit seul de ma conscience que Je les conserve inédits. Les zootomistes se sont peu occupés jusqu’à ce jour de l’organisation viscérale des Hémiptères ; il n’est parvenu à ma connaissance aucun ouvrage spécial sur cette matière, et mes recherches auraient au moins sous ce rapport le faible mérite de la nouveauté. Swammerdam a consacré dans sa Bible de la nature un article, mais fort incom- plet, sur l'appareil générateur de la Nèpe et de la Ra- 4. Savans étrangers. 13 138 RECHERCHES natre (1), et j'ai moi-même publié, il y a dix ans, l’ana- tomie détaillée de ces deux Hydrocorises (2). Ramdohr, dans son excellent Traité sur l'organe digestif des In- sectes, a décrit celui de plusieurs Hémiptères ; mais il s'est exclusivement borné à ces organes {3). Ïl est bien ficheux que ce savant entomologiste n'ait pas étendu ses recherches aux autres appareils org ganiques. M. Marcel de Serres, dans quelques Mémoires où il s’est imprudem- ment complu à a généraliser, n'a émis que des notions fort vagues sur la splanchnologie de ces insectes (4). Enfin j'ai publié assez récemment les résultats de mes dissections sur les Cigales (5). Tels sont les antécédens de l’ouvrage que je présente aujourd'hui; tel est, je crois, l’état actuel de la Science sur l'anatomie des Hémiptères. La marche que je suivrai dans l’exposition de mes re- cherches entomotomiques sur les Hémiptères, différera peu de celle que je me suis déjà tracée dans mon travail relatif aux Coléoptéres. Ainsi Je vais examiner successivement, d’abord les appareils organiques qui président aux use tions principales , puis quelques organes spéciaux. Je con- sacrerai donc un premier chapitre à l'appareil digestif, en y adjoignant le #issu adipeux splanchnique ; Un second à l’appareil génital ; Un troisième à l'appareil respiratoire ; Un quatrième à l'appareil sensitif; (1) Des Scorpions aquatiques aïlés (Collect. acad. , tome V, page 146). (2) Voyez ci-dessus la note 2. (3) Abhand lung uber die Verdauungs sverkzenge der insecten (1811).— Je dois à l'extrême Ni geance de mon ami le docteur Jourdain, aujourd’hui Médecin en chef de l'hôpital militaire de Phalsbourg, la traduction de cet ouvrage. (4) Observations sur les usages des diverses parties du Tube intestinal des insectes; — Sur les usages du 'aisseau dorsal. (Annales du Muséum d'Histoire natureile de Paris, 1813.) (5) Voyez ci-dessus la note 2. SUR LES HÉMLPTÈRES. 139 Un cinquième à l'organe odortfique. Un sixième à ce qu’on appelle vaisseau dorsal. Mais avant d'aborder la description de ces appareils organiques , Je vais, ainsi que Je me le suis proposé plus haut, commencer la revue de la classification actuelle des Hémiptères , en me permettant quelques observations critiques , et Je la continuerai au fur et à mesure que l’ex- position successive des viscères nous mettra à même d’en dérouler le tableau. Je me suis déja expliqué sur la place respective que doivent occuper les Hémiptères dans le cadre général des insectes. M. Latreille les partage, d’après la structure de leurs ailes , en deux grandes sections , les Æétéroptères et les ÆHomoptères. Cette division, parfaitement naturelle sous le rapport de la construction extérieure, de la phy- sionomie et du génre de vie de ces insectes, Bet aussi légi- timée par l’organisation viscérale. SECTION PREMIÈRE. HÉTÉROPTÉRES. Leur bec naît du front, et les étuis ou hémélytres , le plus souvent membraneux à lextrémité, sont demi- coriaces dans le reste de leur étendue. D’après la consi- dération de leur genre de vie, et celui-ci n’est qu’une con- séquence de l’organisation , M. Latreille les divise en deux familles seulement, celle des Géocorises et celle des Æy- drocorises. Le désir de simplifier, par des réductions, la classifica- tion des animaux, entraîne souvent à violer les rapports naturels, en cumulant dans une même enceinte des genres fort étonnés de leur rencontre. M. Latreille me paraît avoir encouru ce reproche dans la formation de la famille des Géocorises , telle qu'il l'a établie dans son der- TO 140 RECHERCHES nier ouvrage (1); il était bien plas rapproché des vrais principes d’une généalogie naturelle des Hémiptères dans son Genera, publié plus de vingt ans auparavant (a). Sans m’engager ici dans des discussions qui seraient hors de mon sujet, je pense que les familles établies dans les Hétéroptères par mon respectable et savant ami, doivent être converties eu tribus, lesquelles se subdiviseraient en groupes naturels qui fonderaient à juste titre des familles. Je n’entreprendrai point cette réforme, qui, je le répète, n’est pas de ma compétence actuelle , et je suivrai le cadre déjà adopté. Toutefois je crois qu'une troisième famille (ou tribu, suivant moi) doit être comprise dans la section des Hétéroptères, et trouver sa place naturelle entre celles qui existent déjà. Cette nouveile famille, dont j'indique- rai plus bas les caractères , s'appellera , en adoptant pour sa dénomination les mêmes bases que pour les autres, les Amphibicorises. FAMILLE PREMIÈRE. GÉOCORISES. Les Géocorises ou Punaises terrestres comprennent des Hémiptères que Linnæus avait placés dans son genre Cimex, et qui, entre autres caractères, sont remarqua- bles par l'odeur plus ou moins forte et tenace qu'ils exha- lent. Des traits nombreux, fournis soit par la configura- tion extérieure, soit par la diversité du genre de vie, soit enfin par l’organisation viscérale, autorisent à établir dans cette tribu plusieurs groupes génériques naturels qui peu- vent constituer des familles. (1) Le Règne animal, etc. Nouv. édit., 1829, tom. V. (2) Genera Crustac. et Ins. ; 1807, tome III. SUR LES HEMIPTÈRES. I GENRE IL. SCUTELLERA, SCUTELLÈRE. EsPècE 1. SCUT. NIGRO-LINEATA, Latr., Gen. Cr. et Ins., T. II, + ei p+ 113. — Panz., Faun., fasc. 1, fig. 2. La Ponaise sramoise. Geoffr., ins. Par., tom. [, p. 468. Rubra thorace lineis sex , scutello quatuor nigris ; abdomine maculis marginalibus punctisque per sex lineas ordinatis , nigris. Latr., 1. c. Hab. in umbelliferis. Long. 4 lin. Parüe coriacée des hémélytres rouge, et la membra- neuse noire. Ailes enfumées , avec la nervure marginale rouge. Région dorsale de l'abdomen très noire. Obs. Il est douteux que cette espèce , bien figurée par Panzer, soit la même que celle de Linnæus et de Fabri- cius, qui, d'après ces auteurs, aurait trois raies seulement à l’écusson , et le fond de l'abdomen jaune. CHAPITRE PREMIER. APPAREIL DIGESTIF. La digestion est la fonction principale de tous les ani- maux en général, puisqu'elle sert à la conservation de l'individu. Aussi les organes qui l’exercent doivent-ils être placés en première ligne pour létablissement des grandes coupes ou divisions qui servent à grouper ceux de ces ani- maux qui ont entre eux des ressemblances de conforma- tion générale et de genre de vie. Elle consiste, dans le plus petit des Hémiptères comme dans l’homme, à intro- duire dans le corps. des substances alimentaires prises au dehors, et qui par le jeu , l’action successive des diverses parties de l'appareil, sont convenablement élaborées, puis converties en deux parties dont l’une est destinée à répa- rer, à entretenir le corps, et dont l’autre, réduite à l’état d’excrément, doit être rejetée comme inutile. 142 RECHERCHES Quoique les Hémiptères aient tous pour bouche un bec articulé , destiné à extraire par succion les liquides dont ils se nourrissent , ils présentent néanmoins entre eux de grandes différences , et pour la nature de l'aliment qu'ils prennent, et pour leurs habitudes. Ainsi les uns vivent de sucs végétaux de diverses qualités, les autres pompent les humeurs d'animaux de classes différentes ; 1l en est de tout-à-fait sédentaires, et il y en a qui sont d’une grande locomobilité ; ceux-ci circulent au grand air, ceux-là se cachent dans les lieux obscurs ; quelques-uns vivent cons- tamment dans l’eau, quelques autres , véritables amphi- bies , ont une vie tantôt aquatique , tantôt aérienne; enfin, on en voit qui séjournent à l’état de larve sous la terre, tandis qu'à celui d'insectes parfaits ils sont exclusivement habitans de l’air. Toutes ces modifications dans les habi- tudes entraînent des nuances correspondantes d’organi- sation, ou, si l’on veut, des conditions organiques parti- culières président à chacune de ces différences dans le genre de vie. Qu'on ne s'imagine point que les insectes dont J'essaie l’organographie, encore qu'ils soient destinés à ne prendre qu'une nourriture liquide , aient pour bec une simple pompe aspirante où un sucoir proprement dit. Ne faut-il pas , pour puiser cette nourriture, vaincre la cohésion des tissus organiques qui la contiennent ? L'infecte punaise, la cigale, ne sont-elles pas obligées de percer, de déchirer le derme animal et la fibre végétale pour s’abreuver de leurs sucs? Leur bec est donc un composé de lames acérées et tranchantes, d’instrumens piquans et perforans. Ce n’est point encore toul. La nature, aussi ingénieuse pour les formes que conséquente pour le fond, ne renonce Jamais d'une manière brasque et absolue au type de sa création. Ainsi, non-seulement vous retrouvez dans le bec des SUR LES HEMIPTÈRES. 143 Hémiptères des pièces constitutives qui ont des traits d’a- nalogie avec les mandibules et les mâchoires des insectes broyeurs, mais vous rencontrez des espèces dont les pattes antérieures sont parfaitement comparables par leur forme, leur structure et leurs attributions, aux mandibules les mieux organisées de quelques insectes carnassiers, notam- ment à celles de plusieurs Arachnides. Ces pattes sont destinées à saisir une proie vivante, à la déchirer, à la tri- turer. La Phymate, la Naucore et autres Hémiptères qui vivent de rapine, sont dans ce cas. Si la salive ne servait qu'à ramollir, à délayer les alimens introduits dans la bouche, ainsi qu'on le dit en parlant des grands animaux, on n’en verrait pas la nécessité dans les Hémiptères , puisque ces insectes vivent exclusivement de liquides : cependant ils sont tous pourvus de glandes salivaires bien caractérisées ; celles-ci sont situées non dans le voisinage de la bouche, mais généralement suspendues dans le thorax. Leurs canaux afférens s'ouvrent à l’origine de l’œsophage, et il n’est pas rare qu’il existe des bourses destinées à tenir en réserve la salive. Le tube digestif des Hémiptères est un organe musculo- membraneux, constamment placé, ainsi que celui de tous les insectes en général, au-dessus du système nerveux rachidien et de l'appareil générateur, et au-dessous du cordon appelé vaisseau dorsal ; il est aussi en rapport plus ou moins immédiat avec des lambeaux ou des lobules du tissu adipeux splanchnique. Sa longueur varie suivant les familles et les genres; il est rare qu’elle ne dépasse pas une fois au moins celle de tout le corps de l’insecte, et le plus souvent elle l’excède de quatre, de cinq, de six et même de dix fois. Dans son trajet de la bouche à l'anus, cet or- gane se fléchit ou se reploie en circonvolutions plus ou moins nombreuses ; il présente des dilatations ou des 144 RECHERCHES poches, quelquefois des anastomoses ; enfin il offre dans ses diverses parties des modifications de texture relatives aux fonctions à remplir. Dès sa sortie de la tête, il s’en- gage entre les deux cordons nerveux qui naïssent du'gan- glion cérébral, et qui lui forment comme un collier. Il s'accompagne de branches et de rameaux trachéens plus où moins multipliés, qui non-seulement lui forment des brides pour le maintenir en place, mais qui pénètrent son tissu et en activent la vitalité. Deux tuniques principales composent la texture de cet organe , l’une externe, l’autre interne. Je n'ai point cons- taté l'existence d’une troisième tunique intermédiaire, que Ramdohr attribue à tous les insectes, et qu'il appelle f/o- conneuse. La tunique externe est contractile et muscu- leuse , formée de deux plans de fibres, l’un longitudinal, l’autre annulaire; elle est toujours lisse et glabre à l'exté- rieur, c'est-à-dire que Jusqu'ici je n'ai jamais observé dans aucune espèce d’Hémiptère ces villosités où papilles qui hérissent certaines parties du canal alimentaire de quel- ques familles des Coléoptères, spécialement des carnassiers. La tunique interne qui représente la muqueuse digestive des grands animaux est très délicate, lisse, pellucide, et il n’est pas toujours facile de la mettre en évidence. On voit que cette texture est conforme au but physiologique que doit remplir l’organe. Il est facile de se convaincre par les vivisections, non-seulement des mouvemens vermicu- laires et péristaltiques qui résultent de l’action combinée des deux plans de fibres, mais des divers modes de con- traction qui tous tendent à mêler, à ballotter les ingesta, à leur imprimer une direction tantôt progressive, tantôt rétrocessive, qui, d’une part, favorise la formation et la séparation du chyle pour l'acte nutritif, et qui, de l’autre, procure l’expulsion du résidu excrémentitiel de la digestion. SUR LES HEMIPTÈRES. 145 Si on ne voulait envisager la division du canal digestif des Hémiptères que sous le point de vue physiologique , on n’y établirait en général que deux portions distinctes : l’une, commencant à la bouche et se terminant immédia- tement après l'insertion des vaisseaux hépatiques , serait destinée à recevoir, à élaborer les matériaux alimentaires , à leur donner les conditions propres à être employés pour l'acte nutritif; l’autre comprendrait depuis l’insertion biliaire jusqu’à l'anus, et servirait exclusivement à con- tenir le superflu de la nutrition ou les excrémens. Mais dans l'esprit qui a dirigé mes recherches, il me paraît plus convenable de procéder à cette étude par l'examen combiné des caractères anatomiques et des fonctions. La première poche du canal de la digestion est une di- latation de l’œsophage, qui, par sa comparaison avec celle de plusieurs oiseaux, doit porter le nom de jabot; elle n'existe pas dans tous les Hémiptères, et elle est plus ou moins prononcée suivant son degré de plénitude. Une contracture annulaire, siége d’une valvule, la sépare de la poche suivante. C’est dans le jabot que séjournent d’abord pendant un certain temps les alimens; c’est là qu'ils subissent, par leur combinaison avec la salive, une pre- mière élaboration digestive, un commencement d’anima- lisation. Aucun Hémiptère ne m'a offert de gésier comme on en voit dans les Orthoptères et dans plusieurs familles de Coléoptères. La liquidité de la nourriture des Hémip- tères leur rendait parfaitement inutile cet organe de tri- turation. Dans mon travail anatomique sur les Coléoptères , j'ai désigné la portion du tube digestif qui suit le Jabot, et qui se continue jusqu’à l'insertion hépatique, sous le nom de ventricule chylifique ; d’après ses attributions physio- logiques. Elle correspond, et par sa position et par ses 4. Savans étrangers, 19 146 RECRERCHES fonctions, au duodénum et à l'intestin grêle des grands animaux. Cette dénomination est pareillement applicable aux Hémiptéres. Toutefois cet organe n’a pas des limites aussi faciles à déterminer dans la plupart de ceux qui appartiennent à la section des Homoptères, où le canal digestif présente des anastomoses fort singulières. Quoi qu'il en soit, la matière alimentaire en passant successi- vement dans les diverses poches ou les différentes flexuo- sités du ventricule chylifique, et en obéissant aux mou- vemens péristaltiques de celui-ci, s’y combine soit avec le liquide hépatique, soit peut-être aussi avec quelques humeurs sécrétées par les parois mêmes de l’organe, et c’est là qu’elle revêt les qualités qui la rendent propre à l'assimilation. Le ventricule chylifique forme dans les Héiéroptères près des quatre cinquièmes de la longueur totale du tube digestif, et il débute par une dilatation, une poche cons- tante plus ou moins boursouflée, à parois plus épaisses, plus contractiles, où les ingesta séjournent un certain temps, et qui m'a paru mériter le nom particulier d’esto- mac. 1 est généralement moins long et à tuniques moins épaisses dans les Homoptères. Dans quelques genres de la tribu des Géocorises , le ven- tricule chylifique présente vers sa terminaison une confi- guration et une texture particulières qui semblent consti- tuer un organe, et que J'examinerai bientôt. J'ai réservé la dénomination d’intestin à cette portion seule du canal alimentaire qui est destinée à recevoir les matières excrémentitielles. Il suit immédiatement le ven- tricule chylifique, et se termine par l'anus; il est fort court dans les Hétéroptères, comparativement au reste du tube digestif, et se présente sous la forme d'une poche ovale, turbinée ou conoïde. Dans les Hydrocorises , il offre en SUR LES HÉMIPTÈRES. 147 L général un renflement latéral plus ou moins prononcé, qui jouit des attributions de la vessie natatotre des poissons , et qui doit porter ce nom. L’intestin des Homoptères est beaucoup plus long et plus grêle que celui des Hétéroptè- res , et souvent reployé sur lui-même. L'organe hépatique ou biliaire existe dans tous les Hé- miptères , à l'exception de ceux de la familledes Aphidiens, qui ne m'en ont pas offert le moindre vestige; il consiste, ainsi que celui des insectes des autres ordres, en un certain nombre de vaisseaux ordinairement très déliés, filiformes , d’une texture très délicate et fragile, plus ou moins variqueux et repliés, insérés à l'extrémité posté- rieure du ventricule chylifique ou à l’origine de l'intestin. Ces vaisseaux, essentiellement sécréteurs, sont destinés à verser dans le canal alimentaire, pour le complément de l'acte digestif, un liquide de nature biliaire, ou vert, ou jaunätre, où brun, où violet, rarement incolore. Il n’y en a Jamais plus de quatre, et leurs insertions ont toujours lieu sur une seule portion du tube digestif. Cet organe présente dans les Hémiptères quelques modi- fications que Je vais signaler rapidement. Dans les premiers genres des Géocorises , il n'y a que deux vaisseaux hépa- tiques, sous la forme de deux arcs diversement reployés, et ils s’implantent par quatre bouts distincts à un réservoir utriculiforme , une véritable vésicule biliaire. Dans d’autres genres de cette même famille, il y a quatre de ces vaisseaux flottans par un bout, et il n'existe point de vési- cule biliaire. Les Amphibicorises ressemblent, pour leur organe hépatique, aux Géocorises de la première division, tandis que les Hydrocorises ont deux vaisseaux biliaires à quatre insertions, et point de vésicule. Les Homoptères sont dépourvus de vésicule biliaire; il y a quatre vaisseaux hépatiques distincts et flottans par un bout dans les Ci- 19.. 148 RECHERCHES gales; ils se réunissent par paires dans quelques Fulgo- relles. Ces vaisseaux sont très courts et rudimentaires dans la Psylle, ils ont dans la Dorthésie la forme de deux anneaux implantés par un col commun fort court. Telle est l'exposition sommaire de Pappareil digestif des Hémiptères. Je vais maintenant aborder la description spéciale des nombreuses modifications qu'il présente dans les diverses coupes génériques établies dans cet ordre d'in- sectes; el à cet effet J’examinerai dans des articles séparés , 1°, le tube alimentaire avec les vaisseaux hépatiques ; »°. les glandes salivaires; 3°. le tissu adipeux splanch- nique. ARTICLE PREMIER. Du tube alimentaire et des vaisseaux hépatiques. L'intimité des connexions anatomiques du tube alimen- taire et des vaisseaux hépatiques , leur dépendance physio- logique réciproque, lavantage qu'il y a de suivre sans interruption leur concours simultané pour l’accomplisse- ment de l’acte digestif, enfin le désir d'éviter des longueurs et des répétitions, m'ont déterminé à ne point exposer ces deux organes dans deux articles séparés , comme Je l'ai déjà fait ailleurs. Quant aux glandes salivaires, quoique concourant à la même fonction, elles forment néanmoins un appareil isolé, un système à part, un organe en quelque sorte détaché, qui réclame une étude et des considérations spéciales. Le canal digestif de la Scutellera nigro-lineata n’a que trois fois environ la longueur de tout son corps, et les divers replis qu'il forme sont maintenus par des trachées capillaires assez lâches, L'œæsophage est court, grêle comme un cheveu à son origine; ilse renfle ensuite en un véritable SUR LES HÉMIPTÈRES. 149 jabot oblong ou conoïde, plus où moins apparent suivant certaines conditions digestives , et logé dans Le mésothorax. Une contracture brusque et circulaire, siége d’une val- vule calleuse, sépare le jabot du ventricule chylifique ; celui-ci est dilaté dans son tiers antérieur en un sac allongé, bosselé, comme boursouflé, surtout vers son origine, et rempli d’une masse alimentaire qui n’est point un liquide, mais une pulpe dont la couleur varie suivant les sucs végétaux qui servent à la nourriture de l’insecte. Ce sac boursouflé est un véritable estomac qui occupe une partie du métathorax et de la cavité abdominale; il dégénère en arrière en un tube grêle, filiforme, semi-diaphane , flexueux ou replié sur lui-même , comparable à l’intestin gréle des grands animaux. Ce tube, dans sa position na- turelle, a un de ses replis qui passe sous l'estomac. Il se termine constamment en arrière par une poche ovoide ou elliptique de même texture que lui, et n’offrant ni à son origine ni à sa terminaison aucune trace de valvule. Cette seconde poche gastrique renferme une pâte analogue à celle de lestomac, mais plus élaborée, et ordinairement d'un jaune vert : une espèce de col tubuleux, de peu de longueur, la termine en arrière. À partir de ce col, la portion du tube alimentaire com- prise entre ce point et la vésicule biliaire est occupée par un organe fort singulier, constant dans les individus d’une même espece, et qui n'offre rien d’analogue dans les autres ordres d'insectes. Cet organe, qui mérite de fixer notre attention , paraît exclusivement propre à certains Géoco- rises , tels que les Scutelléres, les Pentatomes et quelques espèces du genre Coré. D'autres Cimicides, malgré qu'ils aient avec ces derniers des affinités très marquées , soit sous le rapport des caractères entoinologiques, soit sous celui des mœurs et du genre de vie, en sont néanmoins 150 RECHERCHES entièrement dépourvus, ainsi que nous le verrons plus bas. Dans la Sc. nigro-lineata, cet organe se présente sous la forme de quatre semi-boyaux grêles, pellucides, mar- ués en travers de petites raies blanchätres, ou mieux de plissures parallèles ; ils sont plus ou moins tordus en spi- rale sur eux-mêmes et autour d’un axe fictif; ce qui leur donne de la ressemblance avec une torsade d’épaulette militaire. Ces semi-boyaux sont maintenus plus ou moins rapprochés en colonne par une membrane intercalaire , d’une minceur et d’une pellucidité qui la rendent presque imperceptible. Comme je lai déjà dit, ils prennent nais- sance au col qui termine en arrière la seconde poche gas- trique, et cette origine a lieu brusquement par un bout arrondi et saillant ; ils se terminent de la même manière, immédiatement avant la vésicule biliaire. Une tunique fort mince et translucide forme leur enveloppe extérieure. Les plissures transversales, qui sont plus où moins sail- lantes suivant quelques conditions relatives sans doute à l’acte digestif, semblent autoriser à présumer une dispo- sition intérieure valvulaire ou cloisonnée. Soumis à une forte lentille du microscope, on voit ramper à leur surface une grande quantité de trachéoles ; circonstance qui con- tribue à donner de l'importance physiologique à cet organe. Malgré des investigations attentives et fréquemment réitérées sur ce point délicat d'anatomie entomologique, Je ne saurais disconvenir que je suis loin d’être fixé sur la structure intime et surtout sur les fonctions de ces cordons semi-tubuleux. Ces plissures s’ouvrent-elles dans Pinté- rieur du canal alimentaire par des orifices linéaires 1m- possibles à constater ? cela ne paraît pas improbable. De nouvelles dissections plus adroites ou plus heureuses, SUR LES HÉMIPTÈRES. 1hi celles surtout qui s’exerceraient sur des Cimex exotiques d’une grande taille, pourront sans doute résoudre un jour ce problème entomologique. En attendant, et sans rien préjuger sur la solution de celui-ci, je me servirai pour désigner cet organe du terme provisoire de cordons val- vuleux. Ceux-ci, quoique nullement microscopiques, paraissent avoir échappé aux recherches de M. Marcel de Serres, à en juger par la description incomplète qu'il donne du Cimex nigricornis, insecte qui appar tient au genre Pen- tatome, dont toutes les espèces à ma connaissance ont cet organe , et par l'exposition des caractères anatomiques qu'il assigne à l’ordre des Hémiptères (1). Ramdohr, dans son Traité sur les organes digestifs des insectes, mentionne ces cordons valvuleux sous la déno- imination assez insignifiante d'estomac de punaise (V'an- zen Magen ) ; 11 les considère aussi comme des demi-tubes réunis entre eux latéralement par une membrane lâche, de manière que leur ensemble représente un canal qua- drangulaire. Suivant cet auteur, ils seraient composés de deux ordres de faisceaux musculaires : les uns, qu'il appelle transversaux , se continueraient sans interr uption sur la membrane renhediaicen les autres, semi-annu- laires, seraient raides et repliés (2). Mes observations directes ne m'ont pas encore mis à même de confirmer celles de Ramdobhr sur ce point. L’intestin de notre Scutellère, ou la portion du canal digestif qui renferme les excrémens, consiste en une grande poche ovale, arrondie ou conoïde, contenant un (1) Observations sur les diverses parties du tube intestinal des insectes, p. 88 (1813). Observations sur les usages du vaisseau dorsal, etc., p. 176. (2) Ouvrage cité, p. 189 (1811). 152 RECHERCHES liquide excrémentitiel jaunätre, et se rétrécissant en arrière pour se terminer à l'anus. il peut être comparé indifféremment ou au colon, où au cœcuin, ou au rectum des grands animaux. J'ai souvent vu soit des Scutellères , soit des Pentatomes que l’on irritait, lancer par l'anus, comme moyen défensif, le liquide stercoral, qui du reste m'a paru inodore. L'organe hépatique de la Scutellère et celui des genres voisins, consiste en vaisseaux sécréteurs et en un réser- voir ou vésicule , destiné au séjour de la bile. Les vais- seaux biliaires ue sont qu'au nombre de deux , un pour chaque côté; mais ils s’insèrent au réservoir par quatre bouts distincts, et chacun d'eux forme ainsi une anse dont les nombreuses flexuosités sont souvent inextricables et agglomérées à la partie postérieure de l'abdomen; leur longueur égale quatre ou cinq fois celle de tout le corps de l’insecte. Ils sont simples, c’est-à-dire non ramiliés, semblables au fil le plus délié, remarquables par leur couleur d’un vert plus ou moins foncé, qui passe au bleu ar la macération. Cette couleur est entièrement due à humeur biliaire qu'ils renferment , car leurs parois sont pellucides et d’une texture si délicate , si fragile, qu'il est très diflicile de les dérouler dans leur intégrité. En appro- chant de leur insertion à la vésicule, ces vaisseaux sont entièrement décolorés et diaphanes. La vésicule biliaire est une poche membraneuse , translucide, ovalaire ou arrondie ; elle s’abouche, presque sessile où par un col peu distinct, à l’origine et sur le côté de l'intestin. C’est vers son fond et latéralement que s'insèrent deux à deux les vaisseaux hépatiques. Le réservoir de la bile communique directement avec la poche intestinale qui renferme les excrémens , et on peut en le pressant faire refluer dans cette poche le liquide SUR LES HÉMIPTÈRES. 153 qu'il contient. Cette disposition anatomique de l'appareil biliaire dans les Géocorises est peu favorable, il faut en convenir, à l'explication physiologique de sa fonction, et on serait excusable de considérer cet appareil comme un organe spécial des sécrétions excrémentitielles , ou comme un organe urinaire. Une semblable méprise deviendrait d'autant plus facile pour l’entomotomiste, que celui-ci aurait borné ses dissections aux Scutellères et aux Penta- touies, Hémiptères dans lesquels l'existence des cordons valvuleux peut en imposer pour des vaisseaux biliaires. Mais lorsqu'on a étendu ses recherehes aux autres genres, on se convainc que les cordons valvuleux disparaissent entièrement , tandis que l’appareil hépatique est constant dans tous. N’est-il pas possible d’ailleurs que cette com- munication directe entre la vésicule biliaire et l'intestin ne soit qu'apparente ? Et si l’on fait passer, lorsque la vie est éteinte, le liquide de l’une dans l’autre, doit-on en iuférer que les choses se passent ainsi lorsque l’insecte jouit de toutes les prérogatives de l’existence et de la santé? Et qui nous dit encore que cette transfusion, opérée par pression, n'est pas simplement le résultat de la rupture de quelque valvule ou soupape intérieure qui, dans l’exer- cice normal des fonctions, force le liquide à refluer dans le ventricule chylifique? Au reste, la nature, dont les ressources sout infinies, sait atteindre un même but par des moyens trés différens ; et nous croyons avoir mis notre amour-propre à couvert en appliquant à ces cas le nom d’anomalie. Reconnaissons donc ici, comme dans beaucoup d’autres circonstances, la nécessité de multiplier les faits, et de les constater sévèrement avant de nous élever à l'établissement de principes ou de règles. / . ; - Savans étrangers. 20 154 RECHERCHES Esrèck 2. SCUT. MAURA. Tervra maura. Fabr., Rhyng., p. 156. Obtuse ovata, ferrugineo vel testaceo-cinerea ; antennis sub lamina prothoracis recipiendis ; scutello utrinque puncto subcalloso albido (vel nullo) ; capite lineolis duabus impressis subparallelis ; tibiis tetragonis brevissime spinulosis. Hab. in graminosis , cerealibus præsertim. Long. 4 1/2 lin. La Sc. maure se rencontré communément sur les épis de froment , dont elle pique et suce les grains encore tendres. Elle varie beaucoup pour les nuances de sa cou- leur, et il est présumable que les espèces décrites par Fabri- cius, sous les épithètes de hottentotta, nigra et peut-être picta , ne sont que des variétés d’un seul et même type. ‘Obs. Les antennes et les flancs du prothorax de cet insecte ont une structure remarquable qui a échappé à Pobservation des entomologistes , et qui doit le faire placer sinon dans un genre nouveau, du moins dans une division particulière du genre, avec la Se. maroccana Fabr. Le bord antérieur et interne de ces flancs est détaché en forme de lame arrondie, et recouvre entièrement, dans le repos, l'insertion des antennes. Lorsque l’animal est surpris, ces derniers organes, insérés beaucoup plus en arrière que dans la Sc. rayée, disparaissent en s’enfoncant sous la lame en question, et vont se coucher à côté l’un de l'autre contre le rostre, dans la rainure du sternuim. Le premier article des antennes est plus aliongé que dans d’autres espèces, aminci vers sa base et légèrement arqué, ainsi que le second , pour se prêter à à retraite de l'organe dans la coulisse sternale. J'observerai aussi que la partie coriacée ou opaque des hémélytres est bien moins étendue que dans la Sc. rayée ; ainsi qu'on peut s’en convaincre par la figure que j'en donne. ne dissections soigneuses et répétées ne m'ont fait SUR LES HÉMIPTÈRES. 155 découvrir dans l'appareil digestif de la Sc. maure qu'un seul trait qui peut devenir sous ce rapport un caractère distinctif comparativement à l'espèce précédente. Ce trait est fourni, comme nous le verrons plus bas, par la glande salivaire. Quant au tube alimentaire et à ses annexes, ils n'offrent avec ceux de la Sc. rayée aucune différence appréciable. GENRE I. — PENTATOMA, PENTATOME. Olivier, qui créa ce genre sur l'existence de cinq articles aux antennes, y avail compris le précédent. Les Penta- tomes ne différent effectivement des Scutellères que par un écusson moins grand, qui ne recouvre point les hémé- lytres, et ne se prolonge pas jusqu’au bout de l’abdomen. Ils se nourrissent aussi des sucs de divers S végétaux. Espèce 1. PENT. GRISEA4. Latr., Mist. nat., etc., T. XII, p. :92 Cruex Griseus. Fabr., Rhyng., p. 171. — Panz., fasc. 33, fig. ro. Ovata , supra obscure grisea ; thoracis angulis obtusis, anticis brevissime unidentatis ; abdominis marginibus albido maculatis ; corpore subtus pallidiori punctis nigris orbiculatis adsper SO ; verre spina acutissima antice P1 oducta. Hab. freq. in cultis. Long. G lin. Quatrième et cinquième articles des antennes mi-partis blancs et noirs; le troisième souvent blanchätre à sa base. Membrane des hémélytres ordinairement marquée de points brunätres. Ecusson blanc sale à sa pointe, et deux points noirätres avant celle-ci. Le canal digestif du P. gris ne présente pas quant à sa longueur, au nombre et à la forme de ses dilatations, ainsi qu'à sa structure générale, de différence essentielle avec celui que je viens de faire connaître dans la Scutellère rayée ; ainsi il serait superflu d'en consigner ici la des- 202. 156 RECHERCHES cription. Je me bornerai à exposer les modifications sui- vantes. Les cordons valvuleux ont ici une couleur rosée très marquée, qui passe souvent au rougeàtre; ils sont un peu plus gros que dans les Scutellères, et leur extrémité postérieure offre un renflement de forme olivaire, souvent décoloré ou mème blanchätre, et qui, dans certains cas (rares à la vérité), s’efflace entièrement. Les vaisseaux hépatiques ont une couleur vert-de-gris ou vert-émeraude très prononcée , et ne difièrent point, non plus que la vésicule biliaire, de ceux du genre précédent. Espèce 2. PENT. JUNIPERINA. Latr., 1. c. Cu. sunirerinus. Lin. — Fabr., |. c., p. 167. — Panz., fasc. 33, fig. 16. La Puxaise verte. Geoffr., ins. Par., [, p. 164. Ovata flavo-virescens , nigro impresso-punctata ; thoracis mutici hemelytrorumque margine externo tenui, pedibusque flavis ; antennis tarsisque rufescente-rubris ; spina ventrali antice producta. Hab. in hortis graminosisque. Long. 5 lin. Commun dans nos contrées (Saint-Sever ; Landes), où le genièvre est très rare. Région dorsale de l'abdomen très noire, avec une fine bordure jaune. Membrane des hémélytres d’un blanc diaphane, comme vernissée. Bord externe noirâtre en-dessous. Ecusson le plus souvent jau- natre à sa pointe. Le canal digestif du P. du génevrier est organisé comme celui du P. gris; mais les cordons valvuleux sont blan- châtres et non renflés à leur bout postérieur. SUR LES HEMIPTÈRES. 157 Espèce 3. PENT. DISSIMILIS. Cru, pissimiuis. Fabr., 1. c., p. 167. — Panz., fasc. 35, fig. 15. Ovata, supra viridis , subtus , antennis pedibusque rubro- Jerrugineis ; thorace inermi; abdominis dorso atro-violaceo ; hemelytrorum membrana fumoso-ænea. Hab. freq. in hortis. Long. 5 lin. D'un vert un peu obscur, couvert de points enfoncés, noirs. La couleur rougeätre des antennes, des pattes et du ventre, S’affaiblit beaucoup par la dessiccation. Ailes en- fumées. Quelquefois les pattes d’un jaune päle, avec les tarses ferrugineux. Région de l’anus souvent de cette dernière couleur. Son tube alimentaire, les cordons valvuleux et l’appa- reil hépatique ressemblent à ceux du P. du génevrier. Esrèce 4. PENT. SMARAGDULA. Cim. suaracDuzus. Fabr., 1. c., p. 167. Ovata , late viridis , antennarum articulis 3° apice 4° 5°que rufo sanguineis ; thorace mutico ; scutello basi punctis tribus flavis, alioque atro immerso utrinque; abdominis dorso con- colori, ventre carinato; segmentis abdominalibus utrinque dente nigro minuto armatis. Var. torquata. — Thoracis capitisque tertia parte antica albido flavescente. Cim. torquatus. Fabr., 1. c., p. 166. Hab. satis freqg. in hortis Galliæ merid. occid. (Saint- Sever). Long. 6 lin. Corselet et abdomen avec une légère bordure jaunätre. Tarses avec quelques poils roussâtres. Membrane des hémélytres et ailes diaphanes. Obs. Je l'ai fréquemment trouvé accouplé avec le Cim. torquatus Fabr., et cette variété fort remarquable est indépendante du sexe. J'ai aussi rencontré à la fin de 158 RECHERCHES l'automne des individus de cette même espèce, dont la couleur verte était devenue d’un gris rougeätre ou rouillé. Le conduit digestif du P. émeraude et ses annexes ne différent point de celui de l’espèce précédente. Les bour- souflures de l’estomac sont seulement beaucoup plus pro- noncées que dans les autres Pentatomes , et rappellent celles qui caractérisent la poche gastrique de la Sangsue. Espèces 5. PENT. BACCARUM. lLatr. Cim. baccarum. Fabr. , 1. c., p. 172. — Panz., fasc. 33, fig. 20. Ovata , grise0-vIresCens , nigro-punctata ; thoracis mutici dimidia parte postica hemelytrorumque corio (in vivo) rubes- centibus ; membrana basi macula fusca ; scutelli apice albido ; abdominis lateribus maculis bifidis nigris ; antennis albo- annulatis , tuberculo radicali extus subspinoso. Hab. freq. in hortis, graminosis , etc. Long. 5 lin. Hémélytres en-dessous d’un rouge sanguin vif, pointillé de noir. Son canal alimentaire ne diffère de celui du 2. gris que par l’incoloration des cordons valvuleux, qui sont diaphanes et non renflés à leur bout postérieur. Espèce 6. PENT. ORNATA. Latr. Cru. onnarus. Fabr., 1. c., p. 172. — Panz., fasc. 35, fig. 21. La Punaise RouGE pu cnou. Geoffr., ins. Par., [, p. 460. Ovata, atro ruboque varia, capite, antennis, pedibusque atris ; hemelytrorum membrana atra , albido tenuiter margi- nata; capitis margine elevato. Hab. freq. in cruciferis oleraceis. Long. 4 1/2 lin. Son organisation intérieure présente plusieurs particu- larités que nous exposerons en passant en revue les divers appareils. La longueur de son tube alimentaire surpasse un peu plus de quatre fois celle du corps de Pinsecte ; ainsi il a SUR LES HÉMIPTÈRES. 159 plus d’étendue que celui des autres Pentatomes. Cet or- gane ne présente du reste, dans sa configuration et sa structure , aucune différence bien remarquable. Les cor- dons valvuleux sont plus gros , plus turgescens , moins tordus et moins rayés en travers que dans les précédens Géocorises. Leur couleur est variable; le plus souvent ils sont d’un blond pâle, avec leur bout postérieur d’un jaune vif, renflé en olive comme dans le P. gris. J'ai trouvé parfois ces cordons entièrement Jaunes. Les vaisseaux hépatiques ne sont point ict colorés en vert. Espèce 7. PENT. ACUMINATA. Latr. , Gen. Cr., IL, p. 115. Æuta acuminaTA. Fabr., 1. c., p. 189. — Panz., fasc. 32, fig. 17. LA Punaise À TèTE LONGUE. Geoffr., 1, p. 473. Ovato-elliptica , antice attenuata , dilute flavescens, supra nigricanti longitrorsum lineata ; antennarum articulis ultimis rufo-sanguineis ; abdominis dorso atro margine flavicanti. Hab. in graminosis. Long. 3 1/2 lin. Rien dans la configuration et la structure du canal digestif qui s'éloigne du type générique. Les cordons val- vuleux sont blanchäâtres, très variqueux, et non renflés au bout. Espèce 8. PENT. APARINES. Nob. Enessa marGiNaTa. Fabr., L. c., p. 154.—Panz., fasc. 35, fig. 14. Ovato-rotunda, griseo-ferruginea; clypeo rotundato integro; thoracis lateribus dilatato-rotundatis subreflexis macula an- tica albida ; scutelli apice, abdominis maculis lateralibus antennarumque annulis albidis ; pedibus albis nigro-punctatis; ventre æneo-maculato. Hab. in Galio aparine (Saint-Sever). Long. 5 lin. Ce Pentatome se trouve plus spécialement sur le gra- teron (Galium aparine Län.), dont il pique et suce les fruits. Cette particularité, qui est un trait essentiel dans 160 RECHERCHES l’histoire naturelle de cet insecte, justifie la dénomination spécifique par laquelle J'ai remplacé celle de Fabricius, qui n'exprime qu ‘un caractère vague. Panzer, qui l’a très bien figuré, mais qui sans doute ne l’a vu que dans un état de dessiccation , dit à tort que les taches sont jaunes. Membrane des hémélytres d’un gris bronzé relevé de ner- vures rameuses. Une grande tache bronzée quadrilobée à la base du ventre dans la femelle; une large plaque de cette couleur dans le mâle. Le tube alimentaire de la P. du grateron ne diffère pas de celui des espèces précédentes. La portion filiforme qui succède à l’estomac est seulement un peu moins longue : je la trouve remplie, ainsi que la seconde poche gastrique, par une pulpe verdätre. Les cordons valvuleux sont blan- châtres ou semi-diaphanes, avec leur bout postérieur tantôt d’un jaune vif, tantôt incolore, peu ou point renflé. Les vaisseaux hépatiques sont verdâtres. L’intestin ren- ferme une pâte stercorale d’un Jaune orangé. » GENRE IL. — COREUS, CORÉ. Aux caractères génériques exposés dans les divers ou- vrages d’Entomologie , J'ajouterai que dans toutes les espèces soumises à mes dissections , le troisième et le qua- trième segment dorsal de l'abdomen présentent au milieu de leur bord postérieur un lobe plus ou moins arrondi, logé dans une échancrure correspondante du segment qui le suit. J’ajouterai aussi que l’étude de la configuration du bout de l'abdomen, dans les deux sexes, peut fournir d’excellens caractères divisionnaires. Ainsi, dans les nom- breuses espèces de ce genre, il est un groupe caractérisé par l'abdomen tronqué en arrière et entier dans ies mäles, dentelé ou lobé dans les femelles. Ce groupe naturel, par sa construction et sa physionomie , et qui pourrait cons- SUR LES HÉMIPTÈRES. 161 tituer un genre propre, comprend les C. marginatus chloroticus, sulcicornis, quadratus, scapha, spiniger, etc. Les Côrés habitent, comme les Pentatomes, diverses plantes , et se nourrissent de sucs végétaux. Espèce 1. COREUS MARGINATUS. Fabr., |. c., p. 192. La Puxaise À Bec. Geoffr., ins. Par., [, p. 446. Rufo-fuscus obscurus , punctato-scabriusculus; capite inter antennas bicuspidato ; antennis rufo-ferrugineis ; articulo primo crassiori subtriquetro scabroso ultimoque obscurioribus ; thoracis lateribus dilatato subreflexis, angulis obtuse spi- nosis ; abdominis lateribus dilatatis, elevatis, acutis ; hemely- trorum membrana fusco-ænea ; femoribus scabroso-denticu- latis. Hab. in dumetis, hortis, etc. Long. 6 lin. Le Coré bordé habite diverses plantes, mais plus spé- cialement la ronce et l’ancholie. C’esten juillet que l’accou- plement a lieu. Nous venons de voir que le trait le plus distinctif du tube alimentaire des Scutellères et des Pentatomes est d’avoir quatre cordons valvuleux qui précèdent la vésicule biliaire. Dans les Corés, que M. Latreille a eu le tact de placer immédiatement après les Pentatomes, ces cordons existent encore, mais au nombre de deux seulement , et il est digne de remarque qu'après ce genre et l’Alyde , qui n’en est qu’un démembrement, cet organe disparaît; que même quelques espèces de Core et d’Alydes en sont tout-à-fait dépourvues. Dans le Coré bordé, le canal de la digestion a la même longueur respective, la même configuration et la même structure générale que celui des Pentatomes. Le jabot est conoïde, souvent presque insensible lorsqu'il est vide et contracté. L’estomac éprouve les mêmes variations que le jabot: il est parfois si dilaté par les alimens, que ses bour- ne Savans étrangers. 21 162 RECHERCHES souflures s’effacent , et si c’est par de l'air qu'il se trouve distendu, ses parois müsculo-membraneuses paraissent d’une extrême minceur, translucides et comme scarieuses. La seconde poche gastrique est un renflement sphéroïdal ordinairement adhérent , par d’imperceptibles trachéoles , au conduit tubuleux qui le précède : elle renferme une bouillie rougeâtre ou jaunâtre. Le col qui sépare cette poche des cordons valvuleux est beaucoup plus long que dans les Pentatomes. Comme je l'ai déjà dit, il n’y a que deux de ces cordons au lieu de quatre. Dans leur position naturelle, ils forment diverses flexuosités, et représentent une fraise élégante, une sorte de mésentère; ils sont dia- phanes, et rayés de blanc en travers. L’intestin ou le sac stercoral est plus développé que dans les Géocorises pré- cédens , et rappelle la vessie natatoire de quelques insectes aquatiques ; il déborde de beaucoup l'insertion de la vési- cule biliaire , et contient un liquide excrémemtitiel d’un brun sanguinolent, que linsecte fait jaillir: par Panus lorsqu'on linquiète. Les vaisseaux hépatiques sont évi- demiment au nombre de quatre, repliés, entortillés, et remplis non d’une bile verte comme dans les Pentatomes, mais d’une humeur blanchätre opaque. Ces vaisseaux ont un bout borgne, flottant, plongé dans le tissu adipeux de la partie postérieure de l'abdomen , tandis que par l’autre bout ils s’insérent isolément par paires, de chaque côté de la vésicule biliaire. Celle-ci est un sac membraneux , ova- laire, transversal, implanté sur le milieu de la longueur de l'intestin, et sessile, c'est-à-dire dépourvu de col. SUR LES HEMIPTÈRES. 103 Espèce 2. Cor. cHLOroTICUS. Nob. | 1 Oblongus supra cum antennis rufo-ferrugineus , subtus cum edibus flavo-virescens ; thoracis angulis posticis brevissime subacutis ; hemelytrorum membrana ænea venoso-striata ; pedibus inermibus , tarsis pallide rufis. Hab. in buxo , myrto Galliæ merid. Long. 5-6 lin. J'ai rencontré le Coré chlorotique soit en Espagne, soit dans la Provence, soit enfin aux environs de Saint-Sever (Landes). Il est en -dessus d’un roux ferrugineux assez vif, qui s’affaiblit par les progrès de la dessiccation. La couleur du dessus du corps finit aussi par devenir d’un blanchatre sale, et les pattes roussissent. La tête et le premier article des antennes n’offrent ni épines ni aspérités. L’abdomen de la femelle se termine par six dents obtuses; celui du male est entier. Le €. chlorotique doit se ranger dans la même division que le €. carré. Il a des rapports avec le €. insidiator Fabr. (Coqueb., Illustr., tab. 19, fig. 6); mais il en diffère surtout en ce que les angles postérieurs du corselet de ce dernier se prolongent en une épine bien marquée. Le canal alimentaire de notre Coré ne présente, quant à la configuration et à la structure de ses diverses parties , aucune différence avec celui du C. bordé. La même des- cription peut s'adapter aux deux espèces. Espèce 5. COR. QUADRATUS. Fabr. 1. c., p. 109. — Mas. COR. RHOMBEUS ep. *11b: — Femina. Depressus glaber, supra griseo - testaceus subtus pallide flavescens ; capite inter antennas in acumer producto ; anten- narum articulo prümo triquetro, obscuro, terminal Jusco ; thoracis margine dilutiori subserrulato, angulis posticis sub- acutis ; abdomine dilatato rhomboideo ; hemelytrorum mem- brana griseo-ænea ; pedibus simplicissimis flavo-pallidis. Hab. in pratis dumetisque. Long. 4 1/2 lin. La longueur de son tube digestif ne surpasse pas plus de 21.. 164 RECHERCHES trois fois celle de son corps; il ressemble du reste à celui du C. bordé. L’estomac renferme une pulpe alimentaire blanche, et la seconde poche gastrique une jaune. Les cordons valvuleux sont diaphanes. ÿ Esrèce 4. COR. NUG4X. Latr., Hist., T. XII, p. 207. La PunaISE BRUNE, A ANTENNES ET PATTES PANACHÉES. Geoffr., ins, Par., I, p. 449. Ovato-oblongus , supra planus antice attenuatus obscure æneus impresso-punctatus ; Capite inter antennas producto bifido ; scutelli apice extimo , abdominis maculis lateralibus , antennarum pedumque annulis albidis. Hab. in hortis pratisque. Long. 5 lin. Antennes et pattes légèrement velues. Dernier article des antennes allongé, cylindrique, glabre, ou tout au plus velouté. Obs. Ce Coré, par son corselet horizontal et rétréci en avant, ainsi que par la forme des articles de ses antennes, et par la structure générale de son corps, pourrait à bon titre former un genre distinct. Il ne rentre dans aucune des divisions établies par MM. Lepelletier et Serville (Encycl.) pour faciliter la détermination des espèces. La longueur de son tube alimentaire égale quatre fois celle du corps. L’estomac est allongé, très boursouflé, comme froncé, rempli d’une pulpe blanche. La seconde poche gastrique était allongée et non ellipsoïdale dans les individus, en petit nombre, que J'ai disséqués : peut-être cette configuration était-elle accidentelle. 11 ÿ a une paire de conduits valvuleux, blanchâtres. Les vaisseaux hépa- tiques sont presque diaphanes. La vésicule biliaire est ovalaire, sessile. L’intestin est une poche plus ample et moins allongée que celle du C. bordé. . SUR LES HÉMIPTÈRES. 165 Espèce 5. COR. HIRTICORNIS. Fabr., 1. c., p. 198. — Pauz., fasc. 92, fig. 17. Oblongus , depressus , supra fusco-rufescens, subtus palli- dus, villosus hispidusque ; capite utrinque antice unidentato ; antennis hispido-scabris , articulo terminali nigro cylindrico acuto; thoracis lateribus serrato-spinosis ; abdominis apice emarginato-bidentato; femoribus posticis scabris subtus ad apicem inæqualiter serrato-spinosis. Hab. in graminosis . dumetis , etc. Long. 4 lin. Ocelles ferrugineux , saillans. Membrane des hémé- lytres roussâtre, avec les nervures rameuses. Abdomen profondément échancré à son extrémité dans les deux sexes; sa région dorsale d’un jaune rougeûtre, avec sa base noire. Pattes velues ; jambes plus pales. Le C. hirticorne a le même genre de vie que le C. bordé, et sa structure extérieure n’a présenté aux entomologistes aucun trait saillant qui düt les autoriser à l’en séparer génériquement. Cependant son organe digestif présente un caractère négatif fort singulier , c’est l’absence complète des cordons valvuleux : on n’y en découvre aucun vestige. C’est encore là une de ces exceptions bizarres, une de ces anomalies dont la nature mystérieuse semble vouloir en- traver notre tendance à lui imposer des lois. Du reste , à cette exception remarquable près, le tube alimentaire de ce Coré est organisé sur le même plan que celui du €. bordé. Seulement cette portion du ventricule chylifique qui dans ce dernier est le siége des cordons valvuleux, est ici moins longue, et la poche stercorale est moins développée. Obs. Le Cor. scabricornis de Panzer (fase. 99, fig. 21), qui a l'abdomen échancté à son extrémité, et la même structure générale que le, €. hirticorne, dont il est d’ail- leurs bien distinct comme espèce, doit être aussi, suivant 166 RECHERCHES toutes les apparences , dépourvu des cordons valvuleux du ventricule chylifique. Esrèce 6. Cor. PAnzErI. Nob. Cor. crassicorniS. Panz. , fasc. 02, fig. 18, non Fabr. Oblongus, griseus, subpubescens ; capite antice utrinque breviter unidentato ; antennarum articulo terminali elongato- Jusiformi obscuriori ; scutello apice albido obtuso subcochleato; hemelytris fenestratis ; membrana alisque albo - diaphanis ; abdominis marginibus nigro-maculatis, pedibus nigro-punc- tatis. Hab. freq. in hortis pratisque. Long. 3 lin. Ocelles roussätres, distans, assez gros. Corselet trapé- zoïdal, un peu déclive en avant, marqué de points enfon- cés noirs. Obs. Cette espèce, avec le €. capitatus de Panzer (fasc. 92, fig. 13), qui n’est point celui de Fabricius; avec le €. magnicornis de Fallen (Monogr., p. 59), avec le C. capitatus de Fabricius, avec les C. errans et clavicornis du même auteur, et peut-être avec les deux espèces mentionnées ci-dessus , devra par la suite consti- tuer un genre nouveau. Le C. de Panzer a un appareil digestif organisé comme celui du €. hirticorne. Les cordons valvuleux du ventri- cule chylifique manquent absolument. GENRE IV. — 4LYDUS, ALYDE. M. Latreille n'avait considéré dans son Genera Îles Alydus de Fabricius que comme des Corés à corps étroit et allongé, et, dans cette circonstance, il avait pressenti l’organisation viscérale de ces insectes. Ce savant, qui depuis jugea que ce genre devait être décidément adopté, le placa par mégarde après les Zygées, dans la première édition du Règne animal. Plus tard il ne manqua pas de SUR LES HEMIPTÈRES. 167 saisir la filiation naturelle des 4lydes , et dans la nouvelle édition de ce dernier ouvrage (1829) il leur a assigné leur véritable rang immédiatement après les Corés, et avant les Lygées. Le canal alimentaire des deux espèces d Alydes sou- mises à mon scalpel va nous offrir , relativement aux cordons valvuleux, une observation ARE à à celle que nous ont déjà fournie les Corés. Ces cordons existent dans l’une de ces espèces, et ne se rencontrent pas dans l’autre. Ces deux Alydes doivent, sans aucun doute, être placés dans deux genres distincts, comme on peut s’en convaincre par l'étude comparative des caractères anatomiques et entomologiques. EsPèce 1. ZLYDUS GERANII. Nob., fig. 16. Subvillosus, supra fusco-æneus impresso-punctatus ; tho- racis hemelytrorumque margine tenui, puncto minuto calloso in thoracis margine postico , scutelli apice extimo , abdominis- que maculis lateralibus albidis ; antennarum articulis inter- medis, tibüisque , exceptis apicibus rufo-pallidis ; tibiis posticis arcuatis subferrugineis ; abdominis dorso sanguineo ; heme- lytrorum membrana subænea ; femoribus posticis res oN Et aculeis 4 vel 5 armatis. Hab. in geraniüs , in hortis pratisque. Long. 5 lin. Tête offrant dans les individus bien frais des traits ou raies longitudinales rougeätres. Ocelles assez gros , rubis. Premier article des antennes noir ; le second et le troisième d'un roux pale, avec l'extrémité noire; le dernier un peu plus long que le précédent , cylindrique, d’un roux obscur. Bec roussätre > n'atteignant pas la troisième paire de pattes. Corselet presque carré, et en plan légèrement incliné. Un point calleux blanthâtre au milieu de son bord postérieur. Aïles semi-diaphanes. Premier segment dorsal de l’abdo- men noir, les autres rougeâtres , avec un point noir un 168 RECHERCHES peu saillant à droite et à gauche de chacun d’eux; le troi- sième et le quatrième ont, comme dans les Corés, un lobe arrondi. Ventre d’un gris roussâtre, avec les stig- mates noirs. Quelques points et une raie latérale obscurs dans le mäle. Premier article des tarses brun, plus long que les deux autres ensemble. Deux petites pelottes sous les ongles. Tibias postérieurs cambrés, surtout dans le mâle , fauves, avec leur base et leur extrémité noires ; ils se terminent par une pointe saillante. Cuisses postérieures amincies vers leur base, armées en-dessous tantôt de quatre , tantôt de cinq épines crochues , et, entre les dernières de celles-ci, de petites aspérités ou dentelures. L’Alyde du géranium diffère de V4. calcaratus de Fabricius. Son tube digestif a, lorsqu'il est déployé, trois fois la longueur de tout le corps de l’insecte. L’œsophage est capillaire, droit, semi-diaphane, avec une teinte rou- geâtre, et s'implante brusquement sur l'origine du ven- tricule chylifique, sans aucune trace de jabot. L’estomac est allongé , plus où moins boursouflé, blanchâtre , occu- pant le métathorax et la base de la cavité abdominale. Il est suivi d’un tube filiforme , flexueux et replié sur lui- méme , présentant avant sa terminaison le renflement ellipsoïdal que j'ai désigné sous le nom de seconde poche gastrique; après celle-ci un tube assez court , parfaitement nu, c’est-à-dire sans aucune trace des cordons valvuleux. L'appareil hépatique ressemble à celui du €. bordé. Les quatre vaisseaux biliaires sont diaphanes, assez gros, et ne paraissent point variqueux. La vésicule est sessile à l’origine et sur le côté de la poche stercorale ou intestin. Celui-ci ne déborde pas sensiblement à sa naissance la vésicule biliaire, mais il a assez d’ampleur, et dégénère en arrière en un conduit tubuleux qui s'ouvre par l’anus. SUR LES HÉMIPTÈRES. 169 Esrèce 2. ÂLY DUS APTERUS. Nob. fig. 18. Apterus , linearis, glaber, nigro-æneus ; hemelytris abdo- mine duplo brevioribus membrana destitutis, impresso-punc- tatis ; thoracis hemelytrorum abdominisque lateribus albidis ; pedibus inermibus , tarsis antennarumque annulis duobus pallidis. Hab. in graminosis Galliæ merid. occid. (Saint-Sever). Long. 5 lin. Tête de la largeur du corselet, marquée sur le vertex d’une ligne médiane enfoncée. Ocelles très rapprochés. Antennes fort grêles, insérées sur une apophyse du front, en avant des yeux. Premier article tout noir, conoïde, le deuxième et le troisième blanchâtres au centre, le dernier cylindrique, allongé, roussätre. Bec ne dépassant point la seconde paire des pattes. Corselet de la largeur de l'abdomen , fortement ponctué dans sa moitié postérieure. Écusson en triangle allongé et pointu. Hémélytres obli- quement taillées en biseau à leur extrémité. Abdomen canaliculé par le relèvement de ses côtés; sa bordure blanche, formée par la saillie de la membrane souple qui sépare les segmens dorsaux des ventraux. L’Alyde aptère exhale comme le précédent une odeur spéciale un peu acescente. Il s’accouple au mois de mai. La femelle est plus grande que le mâle, et, dans une ges- tation avancée , son abdomen est énormément distendu et comme fusiforme , avec une large bordure blanche formée par le dédoublement dont je viens de parler. Son canal alimentaire a un peu moins de longueur que celui de l'espèce précédente. Il offre du reste la même conformation, la même structure générale, avec cette différence très essentielle que la vésicule biliaire est pré- cédée par deux cordons valvuleux disposés comme ceux du Coré bordé, et d’une teinte rosée ; ces cordons sont jé , + Savans étrangers. 22 170 RECHERCHES variqueux ou plissés en travers. Les vaisseaux hépatiques ont une couleur verte assez intense , et sont assez gros, vu l'étroitesse de linsecte. La vésicule biliaire est presque carrée et insérée sessilement sur le côté de l’origine du sac stercoral. GENRE V.— PYRRHOCORIS , PYRRHOCORE. Le Cimex apterus de Linnœæus a une physionomie, une structure et des habitudes qui en forment une espèce en quelque sorte isolée dans le genre des Zygées, où Fabricius et la plupart des auteurs l'ont compris. Aussi Rodhe , dans une thèse sur une nouvelle classification des Hémiptères, soutenue en 1814 , sous la présidence du pro- fesseur Fallen , à Lund, a-t-il créé pour cet insecte un zenre nouveau , sous la dénomination de Pyrrhocoris. In- dépendamment des traits entomologiques dont l’absence complète des ocelles est le principal, l’organisation viscé- rale de cet Hémiptère justifie sa séparation comme genre propre. MM. Lepelletier et Serville, auteurs de l’article Salde de l'Encyclopédie méthodique, n’ayant pas sans doute connaissance de la thèse précitée, ont compris le Cimex apterus dans le genre Æstemma ; tandis que M. Latreille, tout en conservant ce dernier genre dans la nouvelle ot du Règne animal (1829), mentionne dans les Lyrgées le Géocorise dont il est ici question. Espèce 1. PYRRHOCORIS APTERA. Lyeæus aprerus. Fabr., 1. c., p. 227. La Punaise ROUGE Des JarDINs. Geoffr., 1. c., E, p. 440. Aptera , ovato-oblonga , glabra , atro rubroque varia ; tho- racis macula transversa atra; hemelytris abdomine dimidio- brevioribus subtruncatis macula rotunda, puncto, margine scutellari apiceque tenut, atris; femoribus anticis in utroque sexu subtus minute tridentatis. Hab. freq. in malvaceis. Long. 3 1/2 lin. Cet insecte a l'habitude de se réunir en sociétés assez SUR LES HEMIPTÈRES, 171 nombreuses , en véritables troupeaux. Il vit spécialement sur diverses malvacées , dont il pique les capsules ; il n’exhale, quand on le manie, aucune mauvaise odeur ; il s'accoupie au commencement de juin. Geoffroy et quel- ques autres auteurs ont rencontré des individus de cette même espèce pourvus d'ailes. Je possède aussi dans ma collection un individu male ailé, pris dans le midi de l'Espagne; ces ailes sont parfaitement propres au vol, et d'un gris un peu bronzé, avec des nervures canaliculées. Outre cela, les hémélytres se terminent par une portion membraneuse tout-à-fait noire , avec des nervures rele- vées. La larve a le même genre de vie que linsecte parfait ; mais il n’est pas rare de rencontrer ses troupeaux dans les lieux abrités du grand jour, tels que sous les tas de plantes pourries , les écorces d'arbres, etc. Le canal digestif de la Pyrrhocore est un peu plus long que celui des Géocorises précédens , puisqu'il surpasse cinq fois la longueur du corps; il présente d’ailleurs les mêmes dilatations , comme l’indiquent les figures qui accompagnent mon travail; mais les cordons valvuleux n’y existent point, l’organe hépatique y revêt des traits particuliers que j’exposerai bientôt, et l'intestin ou la poche stercorale y est encore plus ample que dans les Penta- tomes. Dans quelques circonstances, le tube filiforme qui suit l'estomac offre distinctement, au microscope, des fibres transversales ou annulaires, excepté à un petit étrangle- ment qui précède la seconde poche gastrique. Cette struc- ture, qui n’est pas toujours sensible, est exprimée dans l’une des figures. La portion du tube alimentaire qui, dans les Scutel- léres et les genres voisins , est le siége de ces cordons val- vuleux dont les fonctions sont encore un mystère, est fort remarquable dans la Pyrrhocore , par l'existence de 22., 172 RECHERCHES plusieurs appendices vésiculaires latérales, plus où moins prononcées suivant certaines conditions. Ces vésicules , qui ont aussi été mentionnées sous cette méme dénomina- tion par Ramdohr (1. c., p. 193), sont situées vers l'extrémité postérieure du tube : on les prendrait au pre- nier coup d'œil pour de simples caroncules de la mem- brane musculaire du conduit digestif, mais leur organi- sation utriculaire et membraneuse est mise en évidence par les verres amplifians. Elles sont en nombre variable ; mais ordinairement on en compte six ou sept, et leur disposition n'offre rien de symétrique. Dans quelques cir- constances favorables , elles sont ovoïdes , distendues ; dans d’autres je les ai trouvées tellement affaissées ou ratatinées, qu’il aurait été difficile d'en soupconner l'existence si des dissections antérieures ne les eussent évidemment cons- tatées. Dans certains cas fort rares je n’en ai rencontre qu’une seule de chaque côté, mais un peu plus développée. Ne faut-il pas considérer ces utricules comme le rudiment, le vestige d’un organe qui a disparu? Ne sont-elles pas ici le simulacre imparfait et fugitif des cordons valvuleux ? Enfin leur- forme , leur texture, leur isolement, ne semblent-ils pas devoir fortifier l’idée émise plus haut, que ces derniers ne sont peut-être que de longues valvules celluleuses ? Dans les Géocorises dont nous venons d'étudier l’ap- pareil biliaire, il n'existe qu’un seul réservoir hépatique, et celui-ci s’abouche à l’origine et sur le côté de la poche des excrémens. Dans la Pyrrhocore il y a deux vésicules biliaires sphéroïdales , insérées l’une à droite, l’autre à gauche de l’extrémité postérieure du ventricule chylifique, justement entre les utricules vestigiaires de celui-ci, et un léger bourrelet circulaire, indice d’une valvule que je nommerais presque iléo-cæcale. Il n’y a pour chacun de SUR LES HÉMIPIÈRES. 175 ces réservoirs Sphéroïdaux qu’un seul vaisseau biliaire, quoique celui-ci y ait deux insertions bien distinctes et séparées. Les replis de ce vaisseau sont agglomérés à la partie postérieure de la cavité abdominale, et tellement entrelacés d’imperceptibles trachées, qu'il faut une pa- tience éprouvée pour les dérouler sans les rompre, Ce vaisseau a un aspect variqueux, une texture fragile, et il renferme une humeur d’une teinte verdâtre. GENRE VI — ZLYGÆUS, LYGÉE. Ce genre, établi par Fabricius, a été beaucoup restreint dans ces derniers temps. Ce nom est plus spécialement affecté aujourd’hui à quelques Géocorises longilabres, à corps ovale-oblong, à antennes filiformes de quatre articles insérées à la partie inférieure des côtés de la tête, à deux ocelles saillans placés entre les yeux, à pattes simples, à crochets des tarses garnis d'une pelotte profondément bilobée, etc. Ils paraissent se nourrir du suc de diverses plantes. Esrèce 1. LYG. LAGENIFER. Nob. Oblongus , rubro nigroque varius ; thoracis lateribus ma- culaque dorsali lageniformi rubris ; hemelytrorum Jascia transversa punctoque in margine scutellari nigris, membrana obscure nigra basi maculis tribus albis ; ventre punctis utrin- que quatuor antennis , scutello pedibusque nigris. Rarissime in floribus (Saint-Sever). Long. 6 lin. Il ressemble entièrement, pour sa forme, au L. equestris Fabr.; mais il est plus grand que lui, et autrement coloré, Il exhale une odeur point désagréable d’éther acé- tique : sa couleur noire est légérement saupoudrée de cendré. Dessus de la tête occupé par une grande tache rouge profondément et étroitement échancrée au devant. Dos du corselet offrant , comme l'indique la figure 23 ci- 174 RECHERCHES jointe, une tache rouge représentant un vase élégant , une sorte de bouteille qui reposerait sur un pied, et dont le gouleau se terminerait par un évasement transversal. Région dorsale de l'abdomen rouge, avec cinq points noirs sur chaque bord latéral ; la ventrale ayant de chaque côté une série longitudinale de quatre points noirs, avec le bord antérieur des segmens noir au centre et sur les côtés. Région pectorale du corselet marquée à droite et à gauche de trois grandes taches rouges. Aïles blanchâtres, avec la nervure extérieure rouge. Il y a trente ans que je découvris pour la première fois ce.rare {ygée aux environs de Saint-Sever. Je viens d'y en rencontrer un individu que J'ai sacrifié à l'anatomie, à cause de sa taille ; c'était une femelle. Le conduit alimentaire du Lygée lagénifire égale, quand il est déployé, quatre fois la longueur de son corps. l’œsophage, capillaire à son origine, et d’une texture diaphane , ne m'a point paru se dilater en un jabot distinct. Le ventricule chylifique commence par un esto- mac boursouflé, allongé, blanchâtre, d’un tissu mou et expansible , occupant une partie du thorax et de l’abdo- men. Cet estomac dégénére, en arriére, en un tubefiliforme replié sur lui-même, d’une couleur jaunäâtre; avant sa terminaison à la vésicule bilaire, il présente un renflement ovalaire, de forme variable. Une sorte de col fort court sépare brusquement cette seconde poche gastrique de la vésicule biliaire. Celle-ci, dans son état de plénitude, est assez grosse, presque globuleuse, remplie d’un liquide limpide; elle recoit de chaque côté deux insertions des vaisseaux hépatiques. Ces derniers, d’abord atténués , puis plus gros et comme variqueux, sont incolores, extrême- ment repliés sur eux-mêmes; ils ne forment pour chaque côté qu'une seule anse à double insertion. Un petit col SUR LES HÉMIPIÈRES. 199 fort court, mais assez distinct, unit la vésicule biliaire à la poche excrémentitielle , et cette union ne m'a point paru latérale. L’intestin est un sac dilaté, conoïde , renfer- inant un liquide fécal d’une couleur obscure. Esrèce 2. LyG. HYosCr AMI. Fabr., 1. c., p. 218. — Panz., fasc. 70, fig. 21. La Ponaise ROUGE 4 CROIX DE CHEVALIER. Geoffr., |. c., p. 441. Ovato-oblongus , rubro nigroque varius , pubescenti-sub- villosus ; capitis vertice rubro ; thoracis margine antico ma- culisque duabus subbilobis nigris ; scutello rubro basi nigro; hemelytris rubris macula media margineque scutellari nigris; membrana immaculata æneo-diaphana; ventre rubro punctis nigris triplici serie; antennis pedibusque nigris. Hab. in pratis, hortis , etc. Long. 4 lin. Le canal digestif de ce Lygée a la plus grande analogie de longueur, de configuration et de structure avec celui de l'espèce précédente, et je serais obligé de me répéter de point en point si Je voulais en exposer la description. GENRE VII — CAPSUS, CAPSE. C'est aussi Fabricius qui a fondé cette dénomination générique , adoptée par M. Latreille pour des Géocorises longilabres distincts des précédens, non-seulement par la gracilité brusque des deux derniers articles des antennes, par la villosité de celles-ci, par Pabsence d’ocelles, par des pattes grèles et très fragiles, mais par un caractère saillant fourni par la structure de l’organe génital externe des femelles; c’est l'existence d’un oviscapte logé dans une rainure longitudinale des derniers segmens ventraux de l'abdomen , oviscapte analogue à celui qui est propre aux Cicadaires. MM. Lepelletier et Serville (Encycl. méth.) ont aussi signalé ce caractère, mais sans entrer dans des détails. J'exposerai ceux-ci à l’article des organes génitaux. 176 RECHERCHES Indépendamment de ces traits, Je remarque dans toutes les espèces de Capsus soumises à mon observation, que l'extrémité de la portion coriacée de l’hémélytre forme une pièce triangulaire, séparée du reste par un pli transversal ou une articulation propre, qui lui permet des mouvemens spéciaux ; cette pièce est assez brusquement déclive en arrière. La partie membraneuse des hémélytres ne pré- sente qu'une seule nervure placée en arc vers sa base. Une figure rend sensibles ces caractères génériques, qui n’ont point été saisis par les entomologistes. Enfin j'ajouterai que dars ce genre, ainsi que dans le suivant, il ya dans les deux sexes sept segmens stigmatifères à la région ven- trale de l'abdomen. Les Capses habitent tous sur les plantes, sont agiles, et assez prompts à s'envoler. Espèce 1. C4PSUS TRICOLOR. Fabr., |. c., p. 246. — Panz., fasc. 03, fig. 20. La Puxaise sArRANÉE. Geoffr., 1. c.,.[, p. 444. Ovatus, ater rufusve , glaber, nitidus , punctatus ; thorace antice impunctato , hemelytris Race apicali coccinea ; membrana nigra basi macula albida; antennarum articulis duobus nt pallidis. Hab. in hortis , urtica dioica præsertim. Long. 3 lin. Ce Capse est fort commun en été dans nos jardins. Sa couleur est très variable : les mâles sont plus souvent noirs, et les femelles roussätres ; il est des individus qui ont le corselet noir, avec une bordure rousse. Les pattes sont roussâtres , avec les cuisses en grande partie noires. Le tube digestif du Capse tricolor a environ trois fois la longueur du corps de l’insecte, L’œsophage ne m’a pas paru se renfler en un Jabot; malgré cela je suis loin d’ex- clure l'existence de celui-ci , attendu que je l'ai bien clai- SUR LES HÉMIPTÈRES. 277 rement vu dans les Miris. L'estomac est allongé, bour- souflé , rempli d’une pulpe alimentaire le plus souvent Jjaunâtre, quelquefois orangée. Dans les divers individus que J'ai disséqués je n’ai point rencontré à la suite de l'estomac, ainsi que dans la plupart des Géocorises pré- cédens, un tube filiforme, long et replié sur lui-même, mais un renflement irrégulièrement ovoïde, séparé de lui par un étranglement. Une autre dilatation, analogue à la seconde poche gastrique des Pentatomes, suit immédia- tement ce renflement. J’observerai que les étranglemens placés sur le trajet du ventricule chylifique ne présentent dans leur structure aucun indice de valvule; circonstance qui peut bien rendre variables le volume, la configura- tion et même l’existence de ces renflemens. Quoi qu'il en soit, la dernière dilatation s’amincit en arrière pour $a- boucher latéralement à l’origine du véritable intestin. Celui-ci ressemble, pour sa forme et sa grandeur, au ren- flement qui le précède ; il contient un liquide’ excrémen- titiel brunâtre , et s’atténue en arrière pour aboutir à Panus. L’organe hépatique de ce Capse est fort différent de celui des Hémiptères dont J'ai précédemment exposé l’ap- pareil digestif, et se rapproche au contraire beaucoup de celui de la Punaise des lits, comme nous le verrons plus bas. 11 n’y a ici aucune trace de réservoir ou de vésicule biliaire. Les vaisseaux hépatiques, que J'ai été assez heureux pour dérouler complètement malgré leur extrême fragilité, sont au nombre de deux seulement, un pour chaque côté. Ils sont longs, grêles, fort repliés, d’une teinte verdâtre, et variqueux, excepté en approchant de leur point d'insertion ; ils s’implantent par quatre bouts distincts, nen pas à l’origine de l’intestin lui-même, comme un examen superficiel pourrait le faire croire, 4. Savans étrangers. 23 175 RECHERCHES mais tout-à-fait à l'extrémité de la portion tubuleuse de la dernière poche ventriculaire. GENRE VIII. — AIRIS, MIRIS. Le caractère le plus saillant qui distingue les Miris des Capses, c’est que leurs antennes sont insensiblement atté- nuées de la base à la pointe, et très glabres. Espèce 1. MIRIS CARCELII. Encycl. méth., T. X, p. 325. Ovato-oblongus ater glaber, thoracis marginibus (posteriori excepto) scutellisque apice rubris; hemelytris rubris maculis duabus ovatis distinctis membranaque atris ; pedibus simpli- cibus , abdominis margine rubro. Hab. in hortis, pratis frequens (Saint-Sever). Long. 4 lin. V’ariat in utroque sexu thorace rubro maculis duabus atris. Espèce commune dans nos contrées, sur diverses plantes, rencontrée aussi dans lAnjou par M. Carcel. Ventre tantôt tout-à-fait noir, à l’exception de lanus, tantôt marqué d’une raie latérale rouge. Cuisses postérieures quelquefois rougeûtres à leur base. Toutes ces variations indépendantes du sexe. L’organe de la digestion de ce Miris, quoique formé sur le même plan que celui du Capse, présente néanmoins quelques légères différences. Ainsi l’'œsophage , presque capillaire à son origine , se renfle ensuite en un jabot oblong assez marqué. Au lieu du grand renflement ovoïde, qui dans l’espèce précédente suit l’estomac, cette portion du ventricule chylifique forme ici une courbure ou une anse cylindroïde. La seconde poche gastrique est séparée de celle-ci par une coarctation assez brusque. L’intestin est un sac ovale, conoïde. Les vaisseaux hépatiques sont au nombre de quatre, flottans par un bout, et insérés iso- lément par l’autre à l'extrémité du ventricuie chylifique. SUR LES HEÉMIPTÈRES. 179 Espèce 2. Miris NANKINE4. Nob. Ovato-oblongus, niger, thorace scutello, hemelytrisque testaceo-nankineis ; membrana maculaque ad scutelli basim atris ; femorum basi abdominisque lateribus rufis. Hab. in pratis , ericetisque (Saint-Sever). Long. 4 lin. Le Miris nankin a la forme et la grandeur du précé- dent : il est plus rare. Esrèce 3. Miris COCCINE14. Nob. Ovato-oblongus niger , thorace , scutello hemelytrisque coccineis ; membrana maculaque ad scutelli basim atris ; abdominis lateribus anoque rubris. Hab. in pratis (Saint-Sever). Long. 4 lin. L'appareil digestif du Miris écarlate et du Miris nankin ne diffère en rien de celui du Airis de Carcel. GENRE IX. — PHYMATA, PHYMATE. M. Laireille créa le premier ce genre d'Hémiptères, et le nom de Phymata qu'il lui imposa fut arbitrairement changé en celui de Syrtis par Fabricius. Une structure singulière et bizarre, une physionomie hétéroclite, ren- dent ces Géocorises fort remarquables. On n’a encore ren- contré qu'une seule espèce de ce genre en Europe, et c’est celle qui a été soumise à mes investigations anatomiques. Quoique connue depuis long-temps, elle a été mal étu- diée, comme on va le voir. Avant tout j'observerai que l’organisation viscérale de la Phymate, celle surtout de son appareil salivaire, con- lirment pleinement la place assignée à ce genre par M. Latreille à la suite des Airis et à la tête des Acanthia primitifs de Fabricius. Ces caractères anatomiques, et l'existence de deux articles seulement aux tarses, four _ 24. 180 RECHERCHES nissent des raisons légitimes d’ériger en une famille dis- tincte les genres Phymata , Tingis, Aradus et Cimex. Les auteurs se répétant les uns les autres , et sans doute induits en erreur en invoquant la loi de l’analogie , ont avancé que les tarses des Phymates étaient composés de trois articles. Il n’y en a réellement que deux, au moins dans l'espèce européenne: le premier est petit, fort court, difficile à mettre en évidence parce qu'il est caché par les poils qui garnissent l'extrémité tarsienne du tibia; Île second très long, cylindroïde , se termine par deux cro- chets ou ongles simples, médiocrement arqués, dépourvus de pelottes. Les pattes antérieures sont ravisseuses , c’est-à-dire conformées de manière à exercer la préhension sur une proie vivante; ce qui fait présumer que ces Hémiptères font la chasse à de faibles et petits insectes qu’ils sucent. Ces pattes, courtes et robustes, sont, ainsi que le dit M. Latreille , en forme de serre monodactyle de Crustacés ; elles se composent 1°. d’une hanche de deux articles, dont celui qui se fixe au corps est bien plus long, cylin- droide, garni à son bord inférieur d’aspérités , tandis que le second , fort petit, s'implante sur la face interne de la cuisse , près de l’extrémité postérieure de celle-ci, et non tout-à-fait à son bout : ce mode d’articulation à pivot donne une grande latitude aux mouvemens; 2°. d’une cuisse élargie en raquette triangulaire, hérissée à son bord supérieur d’aspérités qui correspondent à celles du premier article de la hanche. A la faveur de cetie struc- ture, la cuisse, en se contractant sur la hanche, saisit et serre fortement une proie entre ces aspérités , pour la rap- procher du bec. Le bord antérieur de la cuisse est taillé en biseau tranchant, et se termine inférieurement par une dent pointue; 3°. d’une pièce en forme d’ongle ou d’ergot SUR LES HEÉMIPTÈRES. 181 long et arqué, qui tient lieu de tarse et de tibia , et qui dans la rétraction se couche sur le côté interne du bord antérieur de la cuisse, en formant la pince avec la dent qui termine ce bord; ainsi cet ongle n'est recu ni dans une rainure ni dans un canal, comme on l’a avance. Le bord correspondant de la cuisse est, ainsi que je l'ai dit, taillé en biseau, et cette conliguration est très propre à favoriser l’acte préhensif. Dans notre Phymate il y a un écusson distinct, trian- gulaire, pointu, qui n’est nullement un prolongement du corselet , ainsi que le prétendent quelques auteurs. Espèce 1. PHYMATA CRASSIPES. Latr. SYRTIS CRASSIPES. Fabr., 1. c., p. 121. — Panz., fasc. 23, fig. 24. La Punaise 4 PATTES DE cRABE. Geofir.,l. c,, I, p. 447. Fusco-rufescens , subtus cum antennis pedibusque pallidior ; capite supra plano scabriusculo apice bifido ; antennarum articulo terminali elongato cylindrico-subfusiformi ; thoracis dorso bicarinato, illius abdominisque lateribus dilatatis re- flexis, dentatis; abdomine utrinque ad basim albido ; tibüs tetragonis asperulis. Hab. in graminosis sepibusque. Long. 3 1/2 lin. Cet insecte, rare dans nos contrées, vole avec agilité, et n’exhale, quand on lirrite, aucune odeur appréciable. Le canal alimentaire de la Phymate crassipède n’a pas plus de deux fois et demie la longueur de son corps. L’œsophage, capillaire dès sa sortie de la tête, se dilate ensuite en une portion conoïde qui ne m'a pas paru dis- tincte du ventricule chylifique par une coarctation. Celui-ci est allongé, replié, boursouflé, à peu près d’un même diamètre dans toute son étendue, c’est-à-dire sans distinction ni d'estomac, ni de portion filiforme, ni de seconde poche gastrique. Les vaisseaux hépatiques , inco- 182 RECHERCHES lores, très entortillés , et non sensiblement variqueux , sont au nombre de deux, s’abouchant par quatre inser- tions isolées autour de lextrémité postérieure du ventri- cule chylifique. L’intestin destiné au séjour des matières fécales est une poche dilatée, conoïde, amincie en arrière pour la formation de l'anus. GENRE X. — 4RADUS , ARADE. Ce genre, institué par Fabricius et maintenu par M. Latreille, est des plus naturels. Les espèces qu'il ren- ferme sont remarquables par la dépression, la minceur de leur corps, ce qui leur permet de s’insinuer sous Îes écorces des arbres morts, où elles passent leur vie ordi- nairement réunies en sociétés. Il paraît qu’elles s’y nour- rissent de petites larves. Un caractère assez saillant paraît avoir échappé aux entomologistes, ou aura été mal apprécié par eux; c’est que les Æradus, ainsi que les Phymates et la Punaise, n'ont que deux articles aux tarses. Les figures que j'en donne suppléeront à de plus amples détails sur ce point. Esrèce 1. ZRrADUS AV ENIUS. Nob. fig. 56. An Z.-£2#r1s? Fabr.,lc., p. 110. Ovatus, planissimus , fusco-piceus , lævis , muticus; capite antennis , thoraceque nigris; hemelytris homogeneis , subave- niis , nigro-fumosis ante basim pallidis ; antennarum articulis duobus primis ovato-turbinatis ; scutello apice rotundato ; alis subnullis. Hab. sub arborum cortice (Saint-Sever). Long. 1 1/2 lin. Espèce fort singulière , qui doit même faire modifier dans les auteurs l’expression des caractères habituels du genre. Corps encore plus plat que celui de la Punaise des lits, comme membraneux. Tête munie d’un col fort court, mais distinct, offrant au-devant des yeux une SUR LES HÉMIPTÈRES. 183 petite saillie tronquée pour l'insertion de l'antenne. Bec plus court que la tête. Bord antérieur du corselet présen- tant un léger relief plus luisant , festonné en arriere. Hémélytres dépourvues de partie membraneuse , par conséquent de texture homogène, et n’ayant qu’un vestige de nervure à leur base seulement. Ces deux traits parais- sent exclusivement propres à notre espèce. Ailes blanches, fort petites, rudimentaires. Dernier segment de l’abdo- men entier dans la femelle, échancré, et muni d’une pièce conoïde obtuse dans le mâle. Les larves ont une couleur ferrugineuse , et sont couvertes de points et de taches noirs arrondis, de diverse grandeur, disposés symétriquement en séries longitudinales. Le conduit alimentaire de l’Ærade sans nervures a une longueur qui ne surpasse pas trois fois celle de son corps. L’œsophage , d’une ténuité plus que capillaire, est droit, assez long, et ne m'a offert aucune trace de l'existence d’un jabot. Le ventricule chylifique, brusquement dis- ünct de l'œsophage par sen gros calibre, est simplement cylindroïde et uni dans cette portion que J'ai désignée, dans Îles autres Géocorises, sous le nom d'estomac. Un renflement ellipsoiïdal où irrégulier, mais toujours placé sur le côté, par l'effet de l’inflexion de l'organe, est séparé de cette première poche gastrique par un étranglement marqué, et s’amincit en arrière pour recevoir aussitôt l'insertion des vaisseaux hépatiques. L'intestin, ou la partie du tube digestif qui succède à cette insertion , est propor- tionnellement plus long dans l’{rade que dans les autres Géocorises ; il débute par une portion plus grêle, qui, avant de se terminer à l’anus, présente un léger renflemernt. Les vaisseaux hépatiques présentent dans l’Ærade une disposition toute particulière dont je n'ai encore ren- 13/4 RECHERCHES contré aucun exemple dans les Hémiptères que j'ai dissé- qués ; ils sont gros, vu la petitesse de l’insecte, blanchätres ou diaphanes et très variqueux dans la plus grande partie de leur étendue. Il ne m'est pas bien démontré s'ils sont au nombre de quatre flottans par un bout, ou de deux seulement sous la forme d’une anse très repliée, parce qu'il m'a été impossible de les déployer dans leur intégrité. On concevra sans peine les difficultés de la dissection d’un insecte mince comme du papier, et qui n'a qu’une ligne et demie de longueur. Ce que je puis affirmer, c’est que de chaque côté ces vaisseaux se réunissent deux à deux en un conduit commun assez long, nullement variqueux, qui par son diamètre se confond avec le tube digestif, où il s’insère. Aussi ce tube paraît-il en cet endroit comme partagé en trois branches égales. GENRE XI — CIMEX, PUNAISE. Esrèce 1. CIMEX LECTULARIUS. M. Latreille a consacré avec raison l’ancienne dénomi- nation de Cimex à la seule Punaise des lits, que Fabricius a placée dans son genre Æcanthia. Je ne vois pas sur quel fondement quelques auteurs ont avancé que cet insecte n’était pas d'origine européenne, et qu'il avait été intro- duit dans notre vieux continent après la découverte de l'Amérique : on va même jusqu'à assigner les années 1666 ou 1670 comme l’époque de son introduction en Angleterre par des vaisseaux venus du Nouveau-Monde. Que lAn- gleterre n'ait connu qu'alors la Punaise, que quelques contrées septentrionales de l'Europe aient l’avantage de ne pas la posséder encore , ainsi que le dit Fallen dans sa Monographie des Cimezx de la Suède, je ne le contesterai point; mais la connaissance de la Punaise des lits est aussi antique que celle du Pou et de la Puce. Non-seulement SUR LES HÉMIPTÈRES. 189 Dioscoride en parle, ainsi que l’a observé M. Latreille, mais il n’est pas permis de douter qu’Aristote n’ait voulu désigner cet insecte, lorsque, dans son Histoire des ani- maux ,ila dit (lib. V, c. xxxr) : Quæ ex numero insecto- rum non carne vivunt, sed carnis vivæ humore aluntur, ut pediculi, pulices, cimices, hæc, etc. Cette désignation de trois insectes essentiellement domestiques et parasites de l'espèce humaine ne confirme-t-elle pas pleinement mon assertion ? Il manquait au complément de l’histoire naturelle de la Punaise de mettre au jour les merveilles de son organi- sation intérieure. Malgré les dégoûts d’une: semblable dissection, je crois être parvenu, sinon à remplir com- plètement, du moins à beaucoup diminuer cette lacune. Avant de me livrer à l’exposition viscérale de cet in- secte, Je consignerai ici une observation assez curieuse. Aa commencement d'avril 1826 J'avais placé dans un verre bien clos un certain nombre de punaises adultes pour les disséquer. Vers la fin de ce même mois il en restait encore trois. Je scellai exactement le verre qui les renfermait, et je l'abandonmai dans an coin de mon labo- ratoire. Au mois d'avril 1827, c'est-à-dire après un an révolu, Je retrouvai ces trois punaises vivantes et assez agiles. De ce fait on‘peut tirer la double conséquence que l'existence des punaises, sous l’état d’insectes parfaits, peut se prolonger au-delà d’une année, et que ces Hémipières peuvent supporter, sans périr, une privation complète de nourriture pendant plus d’un an. Le tube digestif de la Punaise des lits est trois ou quatre fois plus long que son corps. L’œsophage, court et capil- laire, dégénère imsensiblement en un jabot conoïde peu marqué. Le ventricule chylifique débute par un estomac oblong, plus ou moins boursouflé, le plus souvent rempli 4. Savans étrangers. 24 186 RECHERCHES d’une pulpe alimentaire sanguine. Vient ensuite un tube grêle intestiniforme, flexueux ou reployé, qui, avant l'in- sertion des vaisseaux hépatiques ; fait une circonvolution sur lui-même. Dans ce trajet il présente quelques légers renflemens très variables; mais on ne retrouve plus ce sac ellipsoïdal, cette seconde poche gastrique qui s’observe constamment dans les Pentaiomes, les Corées et les genres voisins. La portion du canal digestif destinée au séjour des matières excrémentitielles est remarquable par son ampleur; c’est un sac pyriforme plus ou moins distendu par une pâte stercorale d’un brun sanguin. À son origine il recoit un peu latéralement le ventricule chylifique, et il se rétrécit en arrière en un tube fort court qui s'ouvre à l'anus. Les vaisseaux hépatiques s’insèrent par quatre bouts isolés et bien distincts tout-à-fait à l'extrémité postérieure du ventricule chylifique. J'ai déjà dit plus haut qu'ils ont la plus grande analogie avec ceux des Capses. Tous mes efforts , toute ma patience, ont échoué pour déployer sans les rompre ces fragiles canaux sécréteurs et conducteurs de la bile. N'y en a-t-il que deux en forme d’arcs entor- tillés , dont les deux bouts rapprochés vont s'implanter au canal digestif, ou sont-ils au nombre de quatre, dont une extrémité est libre, fermée et flottante? c'est ce que l'observation directe ne m'a pas encore démontré. Quoi qu'il en soit, ces vaisseaux ont une capillarité beaucoup moins fine que ceux de la plupart des insectes de cette taille; ils sont blanchâtres, et ne m'ont point paru vari- queux. Il n’y a point de vésicule biliaire. GENRE XIL — REDUVIUS, RÉDUVE. Les Réduves sont organisés de manière à vivre de ra- pine : ils font la chasse à d’autres insectes qu'ils sucent. SUR LES HÉMIPTÈRES. 137 Ils ont , à cet effet, un bec court, conique, très piquant; des pattes assez robustes, terminées par des ongles cro- chus, et dont les antérieures ont souvent des organes par ticuliers de préhension, sous la forme de pelottes spon- gieuges. Espèce 1. REDUVIUS STRIDULUS. Fabr., 1. c., p. 268. — Encycl. méth., pl. 373, fig. 37-40. Ater, nitidus, subvoillosus ; thoracis lobo antico lineola dorsali impressa; hemelytrorum corio rubro, margine interno maculis duabus atris , membrana nigro-fumosa basi macula magna aterrima; abdomine rubro, ano nigro; tibüs anticis apice incrassatis subtus subspongiosis. Hab. in agris subque plantis exsiccatis in sylvis. Long. 5 lin. Lobe antérieur du corselet offrant dans les individus récemment métamorphosés quatre raies dorsales, glabres, noires sur un fond grisätre, dont les latérales sont bifides. Écusson largement triangulaire, pointu, avec un relief en forme d’Y. Ailes enfumées, avec les nervures costales rougeâtres. Cuisses antérieures renflées, cambrées. Les tibias antérieurs de cet insecte ont une conforma- tion et une structure qui méritent une description parti- culière; ils paraissent avoir une grande ressemblance avec ceux du À. guttula Fabr., à en juger par la fig. 21 du fascicule 1or de Panzer. Je ne connais pas ce dernier Hémiptère , que M. Latreille rapporte à son genre /Vabis. Ce tibia, dans notre Réduve , se renfle insensiblement d’arrière en avant. Quand on l’examine en-dessus avec une forte loupe, on voit que son extrémité antérieure présente un lobe arrondi , légèrement déprimé , c’est-à- dire placé un peu au-dessous du niveau du corps du tibia. Ce lobe, qu’un examen peu scrupuleux croirait distinct du tibia par une articulation, donne insertion dans le milieu de son disque au tarse. Le dessous de l’extrémité 24. 188 RECHERCHES renflée du tibia présente une véritable paume ou pelotte, qui , au microscope, est revêtue d’un duvet serré, disposé comime les crins d’une brosse ou bien plutôt comme le tissu d’un velours. Cette texture, qui à la simple loupe semble spongieuse, est très favorable à l'acte préh@psif; elle s’observe aussi aux tibias intermédiaires, inais d’une manière beaucoup moins prononcée. Les tarses antérieurs de notre Réduve ne semblent composés que de deux articles; sil en existe un troisième, ce que la plus. forte loupe ne démontre pas, il a une petitesse rudimentaire. _Les antennes du Réduve stridulant présentent une structure singulière, sur laquelle les entomologistes ont gardé le silence, à l'exception de M. Latreille, qui en a dit quelque chose. Cette structure se rencontre aussi, mais d'une manière moins prononcée , dans d’autres espèces de ce même genre. Le troisième article offre à son insertion avec le second un renflement sphéroïdal aminci en avant et en arrière, et parfaitement glabre, tandis que le reste de l'antenne est velu. Cette espèce de rotule ou de condyle pourrait être facilement prise, par un œil peu attentif ou peu sévère, pour un article distinct; mais une forte loupe, et surtout le microscope, font reconnaître évidemment que son col antérieur n’est qu’une continua- tion de la troisième pièce de l’anteane. Le second et le quatrième articles ont aussi à leur base un renflement glabre, mais infiniment moins prononcé. L'existence de ces condyles, qu'il faut regarder sans doute comme un perfectionnement de l’organisation, a pour but essentiel de favoriser la variété des mouvemens de antenne, et de se prêter ainsi à l'exercice plus étendu de ses fonctions comme organe tentaculateur. Lorsqu'on saisit ce Réduve, il fait entendre un cri particulier, une stridulation qui lui a valu son épithète SUR LES HÉMIPTÈRES. 199 nominative. Ce bruit est produit par le froissement répété du cou contre l'ouverture correspondante du corselet. Le tube alimentaire de cet insecte présente une grande analogie de configuration et de structure avec celui de la Punaise des lits, et confirme ainsi l'identité qu'il y a entre ces deux Géocorises, sous le rapport de leur genre:de vie. On sait qu’ils se nourrissent l’un et l’autre en sucant les animaux. La longueur de ce tube n'excède pas plus de trois fois celle de son corps. L’œsophage se renfle en un jabot conoïde souvent peu prononcé. L’estomac est une dilatation oblongue, boursouflée, remplie d’une pâte ali- mentaire blanchatre ou jaunätre; il est suivi d’un conduit filiforme , replié sur lui-même, et sans aucune trace d’une seconde poche gastrique. Après l'insertion des vaisseaux hépatiques , on voit une valvule annulaire mar- quée extérieurement par une coarctation; puis vient la poche des excrémens, qui est ample, conoïde, et rétrécie en arrière pour aboutir à l’anus. Les vaisseaux biliaires sont moins longs et un peu plus gros que ceux de la plupart des autres Géocorises ; ils sont diaphanes, peu ou point variqueux, et au nombre de deux seulement, s’abouchant par quatre implantations distinctes autour de l'extrémité postérieure du ventricule chylifique, immédiatement avant la valvule qui sépare ce dernier de lintestin proprement dit. “spèce 2. REDUF. PERSONATUS. Fabr., |, c., p. 267. — Panz., fasc. 28, fig. 22. La Ponaise-Moucur. Geoffr., 1. c., 1, p. 436, pl. o, fig. 5. Fusco-nigricans villosus ; scutello acutissimo ; hemelytris homogeneis s. totis coriaceo-membranaceis. Hab. sæpius in domibus. Long. 7-8 lin. Cet insecte, quoique mentionné dans presque tous les ouvrages d’Entomologie, est peu commun et assez mal 190 RECHERCHES décrit. Il est surprenant que les auteurs de notre époque n'aient point signalé un trait organique fort remarquable, fourni par la texture de ses hémélytres, et qui n'avait point échappé à Geoffroy. La portion membraneuse de ces étuis, malgré l’assertion contraire de Rodhe (x) et la figure de Panzer, est tout-à-fait nulle, et leur consistance est homogène dans toute leur étendue. L'organisation du canal digestif et de l'appareil biliaire du Réduve masqué ressemble à celle de l'espèce précé- dente, et mes observations sur ce point confirment celles de Ramdohr, qui a décrit et figuré ces organes (2). Je ferai seulement la remarque que, dans le petit nombre d'individus que j'ai disséqués , l’œsophage était capillaire jusqu'à l’origine du ventricule chylifique, c’est-à-dire qu'il n’y avait pas de jabot. GENRE XII. — NABIS, NABKIS. Ce genre, fondé par M. Latreille sur un démembre- ment des Réduves, diffère de ces derniers par l'insertion des antennes, qui est plus essentiellement latérale ; par la longueur du bec, qui atteint la troisième paire des pattes ; par l’absence de cou à la tête, enfin parce que le corselet n’est pas bilobé. Les Nabis vivent de rapine ainsi que les Réduves. Espèce 1. NABIS DORSALIS. Nob., fig. 55. Testaceo-rufescens , glabra , oblonga ; alis nullis ; hemely- tris concoloribus abdominis longitudine ; abdomine supra atro; femoribus anticis crassioribus ; tibüis anterioribus subtus mi- nutissime biserrulatis. Hab. in granunosis haud infrequens ( Saint-Sever ). Long. 2 1/2-3 lin.| Espèce nouvelle, essentiellement distincte du ÆVabis (DEL NC. (2) L: c:, p. 193, tab. XXII, fig. 5. SUR LES HEMIPTÈRES. 191 cendré d'Olivier (Encycl., n° 2). Sa couleur est d’un roux pâle, testacé, à l’exception des yeux et de la région dorsale de l'abdomen , qui sont noirs. La tête a un peu de noir sur le vertex , et deux petites lignes enfoncées qui partent d’entre les yeux, lisses. Yeux très saillans, arrondis. Bec roussätre, grêle, dépassant un peu l’origine des der- nières pattes. Antennes très lines, presque de la longueur du corps. Corselet cylindroïde, mais un peu dilaté dans son tiers postérieur, marqué d’une ligne médiane noirâtre. Écusson triangulaire parfois d’une teinte obscure. Hémé- lytres avec des nervures assez prononcées et une cellule bien marquée; leur portion membraneuse courte, avec des nervures simples. Ailes absolument nulles. Dos de l'abdomen noir luisant , avec les bords roussatres. Segment anal conico-triangulaire , débordant les hémélytres, et un peu velu. Pattes d’un roux pale. Cuisses antérieures plus grosses, conoïdes, légèrement comprimées, garnies à leur bord inférieur d’un duvet très fin, serré, moelleux, sen- sible à une forte loupe. Tibia antérieur armé en-dessous d’une double rangée de petites dents microscopiques brunâtres. Tarses de trois articles distincts, velus en- dessous. Deux ongles simples, noirs, sans pelotte. Une petite pointe sternale bien saillante entre les origines des pattes antérieures. Le tube alimentaire du ÂVabis dorsal diffère peu de celui des Réduves. Le jabot est à peine sensible : une valvule annulaire le sépare de l’estomac; celui-ci est allongé, boursouflé. La portion tubuleuse qui le suit est moins étendue que dans le genre précédent. Les vaisseaux hépatiques sont semi diaphanes , très variqueux, fort en- tortillés. La poche stercorale est fort grosse, et avant de se terminer à l’anus dégénére en un conduit tubuleux. 192 RECHERCHES GENRE XIV. — PELOGONUS. M. Latreille fonda, il y a plus de vingt-cinq ans, le genre Pelogonus sur un hémiptère découvert aux en- virons de Bordeaux, par M. Dargelas , aujourd’hui direc- teur du Jardin botanique de cette dernière ville. Malgré l'ancienneté de cette date et la description parfaite qu’en a donnée le savant professeur de Paris, cet insecte est peu connu de la plupart des entomologistes , et la science réclamait qu'on en donnât une figure exacte. J'ai cherché à remplir cette lacune. Dans son Histoire naturelle des crust. et des ins. (1805), M. Latreille rangea cet hémiptère dans la famille des Cimicides et le comprit dans le genre Æcanthia, qui correspond aux S'alda de Fabricius. Mais, dans son Genera (1807), il le placa, non sans doute sans quelque hésitation, en tête de la famille des Hydrocorises, sous le nom générique qu'il porte aujourd’hui. Enfin, dans son dernier ouvrage, publié en 1829, et faisant partie de la seconde édition du Règne animal, par Cuvier, il a cru devoir exclure le Pelogone de la famille des Hydrocorises ; et revenant à la première inspiration de son tact entomologique , il a de nouveau replacé ce genre dans sa trop immense famille des Géocorises. Si l’on soumet à une étude attentive la structure exté- rieure , l’organisation viscérale, et les habitudes des genres Leptopus, acanthia et Pelogonus, on verra que ce petit groupe d’hémiptères riverains doit constituer une famille propre, dont la place naturelle est à la fin de la tribu des Géocorises, et à laquelle on pourrait peut-être ad- joindre le genre exotique Galgulus. Les caractères génériques exprimés dans le Genera de M. Latreille (tome IIT, page 142), sont parfaitement SUR LES HÉMIPTÈRES. 193 conformes à ceux que j'ai moi-même observés, à l’ex- ception d'un seul trait relatif à la longueur des tarses. Je dois redresser ici une erreur qui n’est peut-être qu’une inadvertance , mais qui est répétée par tous les entomo- logistes. Contre l’assertion de mon illustre ami, les tarses des pattes intermédiaires ne ressemblent point à ceux des pattes postérieures; ils présentent au contraire la plus grande conformité de structure avec les tarses an- térieurs. Ainsi, les tarses antérieurs et intermédiaires sont beaucoup plus courts que les postérieurs, et des deux articles qui les composent , le premier ou le basi- laire est d’une extrême briéveté. Ces nièmes articles, dans les pattes de derrière, sont grêles, longs compa- rativemeut aux précédens, bien distincts et presque égaux entre eux. Les figures grossies que je donne des trois pattes mettent en évidence ces caractères et dissiperont toutes les incertitudes. Le Pélogone diffère surtout de ses congénères l’Æcan- thia et le Leptopus, par la longueur de son bec, qui dépasse les insertions des pattes postérieures , et par ses antennes plus courtes que la tête, insérées et abritées sous les yeux. Espèce 1. PELOGONUS MARGINATUS. Lat., fig. 58. Ovatus, obtusus, supra nigro-fuscus opacus, subtus cinereo- plumbeus subsericeus; capite æneo transversim subtiliter striato; thoracis lateribus antice marginato-subreflexis lutescenti sub- pellucidis, margine postico macullulis tribus, elytrorumque margine externo basilari tenuiter lutescentibus ; elytris homo- geneis cinereo-albicante macullulatis; pedibus testaceo rufis, Jemoribus obscurioribus. Hab. ripas herbosas Galliæ meridionalis et Hispanie. Long. 2 lin. Le Pélogone est essentiellement riverain, et Je suis 4 + Savans étrangers. 25 194 RECHERCHES porté à croire qu'il se nourrit en suçant des animalcules. Il court assez vite et se dérobe en sautant, à la main qui veut le saisir. Il commence à paraître en avril, et on le trouve encore en novembre. Il exhale, quand on l’irrite, l’odeur spéciale des punaises. Considéré sous le rapport de la géographie entomologique, c’est un insecte qui habite la zone méridionale et subméridionale de l'Europe, ou en d’autres termes, la zone de l'olivier et celle du maïs. Comme je lai déjà dit, M. Dargelas le découvrit le pre- mier aux environs de Bordeaux; M. Latreille l'indique à Brive, qui est déjà moins méridional que Bordeaux ; je le trouvai assez abondamment, en 1806, sur les bords du Gardon, tout près du pont du Gard (Hérault ) ; il n’est pas rare sur les rives de lAdour et des ruisseaux marécageux de Saint-Sever ( Landes) ; et je l’ai rencontré en Espagne, soit sur les bords de l’'Ebre en Arragon, soit sur ceux du Francoli en Catalogne. Enfin, je ne serais pas surpris, vu qu'il Cohabite fréquemment avec le Tridactylus variegatus, qu’on le découvrit aux envi- rons de Lyon, où M. Foudras a observé ce dernier orthop- ière, sur l’histoire duquel il a publié des détails pleins d'intérêt. La larve du Pélogone, un peu moins grande et plus arrondie que l’insecte parfait, a la même structure géné- rale que ce dernier, aux élytres et aux ailes près, dont il n'existe aucun vestige. Elle habite sous le sable humide, au milieu des racines, mais on la force à paraître à la surface du sol, en pressant celui-ci avec les pieds, comme pour lHétérocère et le Dryops. Elle ne saute point; sa couleur est noirâtre, mais fréquemment salie par le sable ou la terre. Je n’apercois aucune trace des ocelles, et les yeux n'offrent point l’échancrure qui caractérise ceux de l’insecte ailé. Le bord antérieur de la tête, un peu SUR LES HEMIPTÈRES. 195 en forme de museau , a des cils raides , un peu réfléchis en haut, formant un véritable râteau. Ce trait, exclusive- ment propre à la larve, annoncerait, si l’observation directe ne me l’avait pas déjà appris, qu’elle a l’habitude de se terrer ou de vivre dans des clapiers. Les bords du thorax sont Jaunâtres, dilatés, planes et non réflé- chis. Les tarses des pattes postérieures ne sont ni aussi grêles ni aussi longs que ceux de linsecte parvenu à sa dernière métamorphose; ils sont aussi gros et à peine un peu plus longs que ceux des autres pattes. Par son appareil digestif, le Pélogone présente quel- ques traits qui rappellent celui des Amphibicorises et des Hydrocorises; mais il en offre de plus nombreux et de plus essentiels qui lui revendiquent une place dans les Géocorises. Son tube alimentaire a une longueur qui égale un peu plus de deux fois celle du corps de l’insecte. L’œsophage, d’une ténuité capillaire, traverse les deux premières parties du thorax. Le ventricule chylifique, brusquement distinct de l’œsophage, débute dans le métathorax par un renfle- ment oblong, d’une configuration variable suivant son degré de plénitude , tantôt en forme de calebasse, tantôt plus ou moins boursouflé, Bientôt après qu'il est parvenu dans la cavité abdominale, il dégénère en un conduit filiforme reployé en anse ou flexueux; et avant sa ter- minaison , indiquée par l'intersection des vaisseaux hépa- tiques , il offre constamment une petite dilatation ovalaire. J'ai toujours rencontré dans ce ventricule une pulpe ali- mentaire blonde, homogène, et ses parois, observées à la loupe, présentent un pointillement particulier plus ou moins apparent, suivant quelques conditions digestives qu'il est diflicile de préciser. Ce pointillement semble produit par des glandules ou des cryptes nichés au-dessous 29e 190 RECHERCHES de la tunique externe de l'organe. Les vaisseaux hépati- ques, blanchätres, très déliés, variqueux, ou plutôt très finement flexueux, forment deux grandes anses diverse- ment reployées, implantées par quatre insertions distinctes autour du bourrelet, souventeflacé, qui termine en arrière le ventricule chylifique. La premiére portion ou la portion grêle de l'intestin est courte, et s’insère, ainsi que dans les Notonectes, sur le côté d’un cæcum plus ou moins dilaté. Ce dernier s’atténue insensiblement pour se ter- miner à l'anus. FAMILLE SECONDE. LES AMPHIBICORISES. Les Hydromètres de Fabricius, qui renferment les genres Aydrometra , Velia et Gerris de M. Latreille, démentent par leur genre de vie aquatique ou du moins amphibie , le nom de Géocorises imposé à la famille dans laquelle notre célèbre entomologiste les a compris. Leur physionomie, la forme ailongée de leur corps, qui est raide, formé de tégumens durs et fragiles, leurs pattes longues et fort grêles, qui leur servent de rames , leurs habitudes et surtout leur organisation intérieure ou viscé- rale, me semblent réclamer en leur faveur l'établissement d’une famille particulière qui, comme je l'ai déjà dit, se trouverait intermédiaire entre les Géocorises et les Hydro- corises. Cette famille avait d’abord été créée en 1804 par M. Latreille, sous le nom de Plotères (Rameurs), dans son Histoire naturelle des Crustacés et des Insectes. Plus tard, dans son Genera (1807), cet auteur se contenta de placer ces ‘insectes dans une section de sa famille des Cimicides. Enfin, tout récemment (1829), il leur a assigné un rang à la fin de la nombreuse famille des Géocorises. SUR LES HEMIPTÈRES. 197 GENRE XV. — GERRIS, GERRIS. Aux traits caractéristiques assignés à ce genre par M. Latreille, j'en ajouterai un assez remarquable , fourni par la structure des antennes , et dont J'ai déjà produit un exemple à peu près semblable en parlant du Reduvius stridulus. Avec le secours de la loupe, on aperçoit entre la seconde et la troisième pièce de l'antenne, un article supplémentaire fort petit, mais bien distinct, qui, soumis au microscope, paraît turbiné et glabre, tandis que le reste de l’antenne, sous le même verre amplifiant , est velu. Un semblable article, mais à peine apparent et rudimentaire, s’observe aussi entre la troisième et la der- nière pièce de l’antenne. Les figures qui accompagnent mon travail complètent ma description. Les Gerris nageant sans cesse à la surface des eaux, saisissent, au moyen de leurs pattes antérieures, les petits insectes, et sont ainsi carnassiers : les males sont plus petits que les femelles souvent d’un tiers. MM. Lepelletier et Serville ont avancé une assertion contraire à l’article Gerris de l'Encyclopédie méthodique (tome X, p. 266). Lorsque j’exposerai mes recherches sur les organes géni- taux de ces insectes, Je prouverai par des faits anatomi- ques que ces entomologistes ont été induits en erreur. Espèce 1. GERRIS CANALIUM. Nob., fig. 50. CIMEX NAJAX, Var. ÆPTERA. Deg. (ex Latreille). Omnino aptera (adulta); supra fusco-olivacea, oculo ar- mato æneo-pubescens , antennis pedibusque concoloribus ; subtus sericeo-argentea ; abdominis apice in dentem validum acutissimum utrinque producto. In rivulis, canalibus (Saint-Sever). Long. 5-6 1/2 lin. Il n'est mentionné ni dans Fabricius ni dans la plupart des ouvrages d’Entomologie ; il est plus grand que le 198 RECHERCHES G. paludum. C'est peut-être de cette espèce que Geoffroy a entendu parler lorsqu’à la suite du G:. lacustris il a dit: « Ge qu'il y a de plus singulier, c'est qu'il s’'accouple » souvent avant que d’être parfait , n'ayant encore ni ailes » ni étuis. » (Mist. Ins. Par., I, p. 463.) La dissection de cet insecte prouve, comme on le verra, qu’il est complè- tement aptère dans toutes les époques de sa vie. Le tube alimentaire du Gerris des canaux présente, lorsqu'il est étendu, une longueur triple de celle de tout son corps, et ses flexuosités sont maintenues en place au moyen de brides trachéennes fort déliées. L’œæsophage, d’abord capillaire, se renfle insensiblement en un jabot conoïde peu prononcé. Le ventricule chylifique a des parois assez épaisses , et lorsqu'on les déchire, les lambeaux se recoquillent comme dans les tissus qui jouissent d’une certaine élasticité. Il débute, ainsi que dans la plupart des Hémiptères précédens, par un estomac boursouflé, en grande partie logé dans le thorax, et rempli tantôt d’une pulpe alimentaire d’un rouge marqué, comme si cet insecte se nourrissait de sang, tantôt d’une pâte d’un jaune pâle ou cannelle. En pénétrant dans la cavité abdominale, l'estomac dégénère en un tube filiforme et lisse, qui rétro- grade pour former une anse constante. Une seconde poche gastrique ovale-oblongue termine , comme dans les Pen- tatomes et genres voisins , la portion tubuleuse du ventri- cule chylifique dont elle est séparée par un petit étrangle- ment. L’intestin proprement dit est une poche oblongue et conoïde. L'appareil hépatique des Amphibicorises ressemble , par la présence d’une vésicule biliaire bien distincte, à celui des premiers genres de la famille des Géocorises. Les vaisseaux sécréteurs de la bile sont au nombre de deux, diaphanes , assez gros, le plus.souvent lisses, parfois un SUR LES HÉMIPTÈRES. 199 peu variqueux ; ils forment chacun une anse à nombreux replis, les uns s’avançant jusqu'à l’estomac, les autres s’'agglomérant autour de l'intestin. Ils s'implantent par quatre bouts distincts, un peu rétrécis , les uns au-dessus, les autres au-dessous d’une vésicule biliaire, globuleuse, sessile, pellucide, qui semble comme interposée entre la LUE poche gastrique et l'intestin, et que l’on croirait un renflement de l’une ou de te de ces portions du tube digestif. Espèce 2. GERRIS PALUDUM. Latr., Gen., III, p. 183. G. LACUSTRIS ejusd., ib. Supra fusco - olivacea , subtus sericeo-cinerea ; thorace utrinque in tuberculum prominente ; abdominis margine elevato rufescente; segmento dorsali ultimo utrinque in dentem pro- ducto ; pedibus nigro-piceis ; hemelytris nigro-fumosis , nervis prominulis fusco -olivaceis , metathorace subtus unituber- culato. Hab. in rivulis, fossis , lacubus. Long. 5 lin. Indépendamment des traits énoncés dans ce signale- ment, le Gerris des marais offre à la partie antérieure du corselet une petite ligne médiane roussätre parfois presque effacée. Le bord externe du thorax présente aussi à la loupe un peu de cette dernière couleur; mais c'est un caractère fort peu saillant. Dans nos individus, les pattes, surtout les cuisses, ont une couleur livide, et l’anus n'est point roussatre. J’ai apporté dans les investigations anatomiques rela- tives à cette DCE les mêmes soins que pour la précé- dente, et je n'ai pu trouver dans son appareil digestif qu'une légère différence dans la glande salivaire , dont je parlerai ailleurs. Ainsi tout ce que J'ai dit sur le tube alimentaire et les vaisseaux hépatiques du G. des canaux 200 RECHERCHES est applicable sans restriction à ces mêmes organes dans le G. des marais. Ramdohr a aussi décrit et figuré le canal du G. lacus- {ris ( L)3 il ressemble parfaitement à celui des deux espèces que J'ai disséquées. Il a seulement représenté l’estomac sans aucune trace de boursouflures; il le dit très lisse, ce qui sans doute est accidentel, et il donne le nom de pilore à ce que j'appelle vésicule biliaire. GENRE XVI — VELIA, VÉLIE. C’est M. Latreille qui a institué ce genre, parfaitement naturel, aux dépens de quelques espèces d'Hydromètres de Fabricius. Les J’élies , au lieu de nager par saccades à la manière des Gerris , marchent ou courent sur la sur- face des eaux tranquilles ombragées , et se nourrissent, comme ces derniers , en sucant de petits insectes. La com- position de leurs antennes a aussi beaucoup d’analogie avec celle de ces mêmes organes dans les Gerris ; car avec le secours de la loupe on reconnaît un petit article supplé- mentaire entre la seconde et la troisième pièce, ainsi qu’on peut le voir dans les figures que je donne de cet insecte. Les tarses des Vélies sont de trois articles distincts, garnis en dessous d’un duvet trés fin, serré, disposé comme celui du velours, et imperméable ; ce qui donne à ces insectes la faculté de se tenir et de courir sur l’eau sans se mouiller. (1) L. c., p. 195, tab. XXIII, fig. 1 SUR LES HEMIPTÈRES. 201 Espèce 1. Ÿ/ELIA CURRENS. Fig. 65. — Latr., Gen. Cr. , II, p. 133. HyprOMETRA CuRRENS. Fabr., 1. c., p. 259. — Coqueb., [lust. ; tab. x1x, fig. 1 1 (mediocr. ). Aptera, nigro-subænea ; thorace maculis duabus anticis sericeo-argenteis ; abdominis marginibus fulvis nigro-punc- tatis ; ventre fulvo ; maris femoribus posticis incrassatis biden- tatis serrulatisque. Hab. in fontibus umbrosis (Saint-Sever). Long. 4 lin. Tête offrant à la loupe une légère rainure médiane, Corselet marqué de points enfoncés, dont quelques-uns forment une série transversale tout près de son bord anté- rieur. Base dorsale de l'abdomen avec quelques reliefs, dont un médian, bien plus prononcé dans la femelle que dans le male, semble représenter un écusson. Abdomen en gouttière, offrant dans les individus mâles bien con- servés une tache oblongue, d’un blanc nacré, sur le bord latéral de chaque segment : ces taches ne paraissent point dans la femelle , parce que les rebords tranchans de l’ab- domen s’inclinent l’un vers l’autre ; ce qui rend la région dorsale bien moins large dans ce sexe que dans l’autre. Bords de l’abdomen roussätres , avec une petite tache triangulaire noire à l'angle de chaque segment : ces bords se terminent en arrière en pointe. Dans l’échancrure limi- tée par ces deux pointes est placée une pièce dépendante de l'appareil génital, et plus grande, plus saillante dans le mâle que dans la femelle. Ventre fauve, avec une bor- dure noire. Pattes assez robustes, d’un fauve plus ou moins obscur. Cuisses postérieures du male grandes, renflées , armées en-dessous de deux dents pointues, sur- saillantes, et de très petites dentelures ou aspérités sen- sibles à la loupe; celles de la femelle simples et sans dents. Jambes postérieures du mâle garnies vers leur extrémité 4 - Savans étrangers. 26 202 RECHERCHES de quelques légères aspérités. ‘Farses. de trois articles , dont le premier beaucoup plus court; le dernier tronqué obliquement pour l’insertion des ongles. La Vélie vagabonde vit en sociétés assez nombreuses dans les fontaines rurales ombragées; elle n’est pas rare aux environs de Saint-Sever (Landes ). Les larves sont noirâtres, et vivent en commun avec les individus adultes. Leur abdomen se termine en pointe, et ses bords à peine palifiés ne dépassent pas le niveau de la région dorsale. On observe une petite tache rousse sur le milieu du premier segment de l’abdomen. Le dessous de-celui-ci est d’un gris pâle, avec une rangée de taches noires sur les flancs. J'ai eu de fréquentes occasions d'étudier et de disséquer les deux sexes de cet Amphibicorise, et Je ne vois"pas sur quoi se fondent MM. Lepelletier et Serville ( Encycl. méth., t. X, p. 780) pour regarder l’Aydrometra aptera de Fabricius comme le mâle de son #. currens. Je les crois deux espèces bien distinctes. Le canal digestif de la Vélie ressemble beaucoup pour sa longueur, sa forme et sa structure, à celui des Gerris. Le ventricule chylifique , observé à une forte loupe, pré- sente dans toute son étendue un pointillement particulier qui fait présumer l'existence de cryptes dans l'épaisseur de sa tunique. La vésicule biliaire est moins développée et les vaisseaux hépatiques sont plus sensiblement vari- queux que dans le genre précédent. L’intestin est gros, dilaté, turbiné , rempli d’une pulpe excrémentitielle brunâtre. FAMILLE TROISIÈME. LES HYDROCORISES. M. Latreille, dans ses derniers ouvrages , a restreint à une seule et même famille les Hémiptères qui:vivent SUR LES HÉMIPTÈRES. 203 habituellement dans le sein des eaux, soit à l’état de larves, soit à celui d'insectes parfaits, et il leur a donné la dénomination significative d’Aydrocorises où Punaises d'eau. En étudiant, d’après les principes de la méthode naturelle, les formes, les habitudes et organisation des genres compris dans ce groupe, on se convaincra, Je pense, de la nécessité de le convertir en tribu ou en sec- tion , et de revenir à la première idée de l’illustre fondateur des familles des insectes, qui , dans son Précis des carac- tères génériques, en 1795, avait réparti ces Hémipteères dans deux familles séparées, l’une composée des genres Ranatra et Nepa; Vautre renfermant les Vaucoris, Notonecta et Corixa. Cette même distribution a été adoptée en 1814, sans qu’on en ait indiqué la source pri- mitive, par Rodhe (/. c., p. 14), qui a désigné la pre- mière famille sous le nom d’Æydrocorides , et la seconde sous celui de Vaucorides. M. Latreille, dans la nouvelle édition du Æiègne animal, en 1859, a saisi bien mieux encore la filiation naturelle des Hémiptères aquatiques. Il a régénéré, sans les circonscrire définitivement, deux familles qui ne sauraient manquer d’être regardées comme légitimes : l’une, les Népines, comprendra les genres Galgulus, Naucoris, Belostoma, Nepa et Ranatra ; l’autre, les Nocroxecrines , sera formée des 'Corixa , Notonecta et Plea. GENRE XVIL — VNAUCORIS, NAUCORE. Les Naucores , par leur structure extérieure, leurs habi- tudes et leur organisation viscérale, forment un genre intermédiaire entre les Nèpes et les Corises, et semble- raient justifier la fusion de ces divers genres en une seule famille; cependant le plus grand nombre des traits ento- mologiques leur revendiquent plus légitimement une 20:. 204 RECHERCHES place à à la tête des Néprines. Ces Hémiptères aquatiques , munis d’un bec très piquant et de pattes antérieures ravis- seuses, sont insectivores; ils sont plus voraces que la plupart des autres Hétéroptères cohabitans de Peau , et ils paraissent être supérieurs à ceux-ci en courage et en force. J'ai souvent remarqué que placés dans un même bocal avec des Notonectes, des Corises et diverses larves, ils finissaient par les dévorer toutes. Ils supportent facilement la captivité pendant plusieurs mois. On les voit rarement à la surface de l’eau , comme les Corises et les Notonectes, et ils ne rampent point dans la vase, comme les Nèpes et les Ranatres. Ils se tiennent au éilieu des charagues , des conferves et autres plantes touffues, pour y chasser leur proie. Les espèces ailées quittent Ur enD le soir leur demeure aquatique et s’envolent, soit pour poursuivre les petits insectes dans les airs, soit plutôt pour rechercher une localité plus appropriée. Les pattes antérieures des Naucores offrent une structure fort singulière, et c’est leur trait anatomique extérieur le plus caractéristique. Qu'il me soit permis d'en offrir 1ci une figure et une courte description (fig. 75). Ces pattes ne sont ni natatoires ni ambulatoires; elles ont par leur configuration une ressemblance frappante avec les mandi- ‘bules de quelques Arachnides, notamment des Mygales, ou avec les pieds-mächoires des Crustacés , et elles doivent avoir les mêmes fonctions, c’est-à-dire servir à saisir, à déchirer leur proie, à la broyer en quelque sorte pour la rendre plus propre à être dévorée par la succion. Elles manquent absolument de tibia et de tarse proprement dits, et se composent 1° d'une hanche conoïde, bien moins grosse que celle des autres pattes, articulée ou plutôt implantée par son sommet sur la base de la cuisse, de manière que celle-ci peut exercer des mouvemens SUR LES HEMIPTÈRES. 20h d'opposition vague et de circumduction ; 2° d’une cuisse large , ovalaire, comprimée d'avant en arrière, dépourvue de cette pièce intermédiaire qu'on désigne ordinairement sous le nom de trochanter, et dont le bord inférieur, un peu tranchant, est garni d’un duvet fort court, disposé en brosse; 3° enfin d’un ongle corné très simple, aussi long que la cuisse, légèrement arqué, assez robuste, sus- ceptible d’une opposition bornée, c’est-à-dire du seul mouvement de flexion et d’extension, et destiné, en se couchant sur la crête duvetée de la cuisse, à former pince avec celle-ci, pour exercer la préhension. Je renvoie à l'explication des planches ce qui concerne les autres pattes des Naucores. Esrèce 1. N'AUCORIS APTERA. Nob. N. Macurara. Fab., 1. c., p. 110. La Naucore. Geoffr., Ins. Par. , 1, p. 474, pl. 1x, fig. 5. Aptera livido-virescens capite punctis macululisque fuscis ; thorace maculis quatuor longitudinalibus aliaque antica dor- sali subbiloba , fuscis ; hemelytris homogeneis abrupte in apicem obtusum attenuatis. Hab. in aquis stagnantibus. Long. 4 lin. Geoffroy a évidemment confondu cette espèce avec la suivante, et quoique dans l’exposition des traits généri- ques il ait parlé de l'existence des ailes, je pense avec M. Latreille que la Naucore qu'il a décrite et figurée est notre NV. aptère. Celle-ci ne diffère pas seulement de la N. cimicoïde par l'absence des ailes, les cinq taches du corselet et une plus petite taille , elle s’en distingue encore par la texture et la forme de ses hémélytres. Ces dernières sont dans la ÆV. aptère , homogènes dans toute leur éten- : due , et terminées en pointe arrondie, tandis que dans Vespèce suivante elles sont membraneuses dans leur tiers 206 RECHERCHES postérieur , et largement tronquées à leur extrémité. La vue: comparative des figures qui représentent les hémé- lytres de ces deux espèces, suppléera à d’autres détails descriptifs. » Le canal digestif de la N. aptère a une longueur triple de celle de tout le corps de l’insecte, et des brides tra- chéennes nombreuses, fort déliées, le maintiennent en place. L'œsophage se renfle à peine vers sa terminaison. L’estomac est oblong , boursouflé, variable pour sa forme, rempli d’une pulpe alimentaire blanchätre, et logé dans la cavité thoracique. Il est suivi d’un tube filiforme, reployé en une anse constante qui se termine par une seconde poche gastrique ellipsoïdale. Les parois de ces diverses parties du ventricule chylifique sont assez épaisses, et présentent à la loupe un pointillé particulier, plus ou moins prononcé suivant certaines conditions. Ces points , soumis à ure forte lentille du microscope , font naître l’idée de cryptes logés au-dessous de la tunique extérieure de l’organe ; ils sont parfois d’une couleur brunâtre, mais souvent aussi incolores. Une portion assez gréle d’intestin succède à l’insertion des vaisseaux hépa- tiques , et est suivie d’une poche turbinée très dilatable, tantôt brunâtre, tantôt diaphane, suivant qu'elle ren- ferme ou non des excrémens. Cette poche, comparable au cæcum, est fort remarquable par l’existence, à sa base, de deux oreillettes ou espèces de caroncules que j'ai tou- jours rencontrées dans un état d'affaissement , ridées, ratatinées, et terminées par un filet presque impercep- tible, qui est peut-être un ligament. Il n’est pas impro- bable que ces oreiliettes se gonflent par des gaz au gré ou suivant les besoins de l'animal, et font l’oflice de vessies natatotires. Les vaisseaux hépatiques de la Naucore sont capillaires, “SÛR LES HÉMIPTÈRES. 207 blanchätres ou diaphanes, entortillés autour de l'intestin, et d’une texture très fragile. Je les ai cependant déroulés dans leur intégrité, et je me suis convaineu qu’il n’y en a que deux; mais ils s'implantent par quatre bouts distincts autour de l’extrémité postérieure du ventricule chyli- fique. D’après cela on voit qu’ils ont la forme d’un arc diversement replié. Il ‘ny a aucune trace de vésicule biliaire. 6 EsrÈce 2. N'AUC. CIMICOIDES. Fabr., 1. c., p, 110. — Latr., Gen. Cr., IL, p. 146. — Panz., fase. 95, fig. 16. Alata livido-virescens ; thorace maculis duabus magnis transverso-quadratis epunctis minimis fuscis; hemelytrorum membrana late truncata ; alis magnis albo-lacteis. In aquis stagnantibus. Long. 6 lin. Le tube alimentaire de cette espèce n’a offert à mes investigations aucune différence essentielle avec celui de la précédente ; J'ai seulement reconnu que la première poche du ventricule chylifique, ou l’estomac, au lieu d’être simplement boursouflée à son origine , présente des étranglemens nombreux et irréguliers qui lui donnent un aspect bizarre. Les dessins qui représentent l'appareil digestif des deux espèces rendent superflue toute des- cription. GENRE XVII. — RANATRA, RANATRE. Esrèce 1. RAN. LINEARIS. Fabr., 1. c., p. 119. — Panz., fase, 09", fig. 15. LE ScorPION AQUATIQUE A cORPS ALLONGÉ, Geoffr., Î. c., I, p. 480, tab: xxfiesnx: C’est la seule espèce de ce genre qui existe en Europe, et elle est trop connue pour insister sur sa description. 208 RECHERCHES - Elle rampe au fond des eaux, dans la vase ou au milieu des plantes aquatiques ; elle est carnassière, et se nourrit de petits insectes qu’elle suce après les avoir saisis avec les tenailles de ses pattes antérieures. J'ai publié en 1820 (Ann. gén. des Sciences phys. de Bruxelles, 7° vol.) lAnatomie , avec figures, de la Rana- tre et de la Népe. Je vais la reproduire ici, mais avec des additions et des changemens importans qui résultent des nouvelles dissections auxquelles je me suis livré depuis cette publication. Le tube alimentaire de ces deux Népides a deux fois la longueur de leur corps. L’æsophage grèle , lisse et d’une texture musculo-membraneuse, est tout d’une venue. Il est parfois jaune orangé, ou même d’un rouge sanguin bien prononcé; ce qui déperd du liquide alimentaire qu'il renferme. Le ventricule chylifique est brusquement dis- tinct de l’œsophage et par sa grosseur et par sa texture. Tantôt dilaté dès son origine en un renflement sphéroïdal, ainsi que Je l'ai souvent observé dans la Nèpe; tantôt cylindroïde, il dégénère insensiblement en un long tube filiforme reployé ou flexueux. Cet organe, dont la lon- gueur surpasse deux fois celle de tout le reste du canal digestif, est remarquable par laspect pointillé ou gra- nuleux de ses parois. Celles-ci semblent, à l’œil nu, comme finement réticulées; mais avec le secours des verres am- plifians, on reconnaît que ces points saillans sont des glandules ou des cryptes nichés dans leur épaisseur. Cette texture glandulaire m'a paru plus prononcée et plus uni- formément répandue dans la Ranatre que dans la Nèpe. Ce dernier insecte a aussi plus habituellement le ven- tricule chylifique terminé par un léger renflement ova- laire. L’intestin se distingue surtout du ventricule pré- cédent par la texture de ses tuniques, qui sont lisses , SUR LES HÉMIPTÈRES. 209 cet Me sourrtes de cryptes glanduleux. Sa première portion est droite , assez courte, cylindroïde ou rarement bosselée au dehors, parfois d’une teinte jaunâtre. Elle s’'abouche latéralement dans un cæcum très dilatable, destiné à remplir les fonctions de vessie natatoire , comme dans le Dytique, Y Hydrophile et autres insectes aqua- tiques. Ce cæcum, que l’on pourrait aussi bien appeler un rectum, Varie pour sa forme et son développement : il s'atténue un peu en arrière pour se terminer à l’anus. Il m'a présenté dans la Népe des différences fort remar- quables de couleur, dont je ne saurais m'expliquer la véritable cause. Tantôt je l’ai rencontré très ample et plein d’un liquide incolore; tantôt dans un état de vacuité, il était d’un rouge briqueté très foncé; enfin, à diverses reprises, J'ai trouvé cette vessie d’un noir de charbon profond avec de très légères stries transversales. La figure que j'en donne exprime ce trait. Les vaisseaux hépatiques des Népides sont au nombre de deux seulement, implantés par quatre insertions dis- tinctes autour de la terminaison du ventricule chylifique, immédiatement avant la valvule annulaire qui sépare celui-ci de l’intestin. Chacun d’eux forme donc une grande anse dont les flexuosités, lâächement enchevêtrées avec les ramifications trachéennes , s’enlacent autour du canal digestif. Ils sont lisses, c’est-à-dire non variqueux , tantôt blancs , tantôt diaphanes et d’une texture délicate. GENRE XIX. — NEPA, NÈPE. Espèce 1. N. CINEREA. Lin. — Fabr., 1. c., p. 107. — Panz., fasc. 05, fig. 14. LE SCORPION AQUATIQUE À corps OVALE Geoffr., |. c., 1, p.481. Il serait encore superflu de décrire cet insecte qui + Savans étrangers. 27 2LO RECHERCHES est aussi commun que la Ranatre et qui aîles mêmes habitudes et le même genre de vie qu'elle. GENRE XX. — CORIXA, CORISE. Ce genre, fondé par Geoffroi et débaptisé arbitrai- rement par Fabricius, qui l'a appelé Sigara, se compose d'Hémiptères aquatiques carnassiers fort remarquables par la structure insolite et hétéromorphe de leurs pattes. Celles-ci semblent destinées, les antérieures à la préhen- sion, les intermédiaires à une sorte d’ambulation dans l'eau , et les postérieures uniquement à la natation. Je vais consacrer quelques lignes à lexposition de cette structure, qui me paraît avoir été incomplètement dé- crite et mal figurée par les auteurs. Les pattes antérieures sont fort courtes, comparati- vement aux autres, et insérées si près de la tête, qu’on les prendrait volontiers pour des mandibules ou des pieds-mächoires. Elles paraissent, en eflet, remplir la double fonction de ces derniers. La cuisse, de forme cylindroïque, tient au thorax par une hanche fort courte, sans la pièce intermédiaire appelée trochanter. Le tibia, pour aiusi dire rudimentaire ou vestigiaire, est représenté par un article dont la forme et la brièveté rappellent la rotule ou genou des pattes des arachnides. Le tarse, d’une seule pièce qui égale en longueur la cuisse, est arqué et entiérement dépourvu d’ongle; mais il est organisé de manière à saisir, à retenir, à déchirer une proie. Convexe en dehors et concave en dedans, il est garni sur ses deux * bords de longues soies cornées , raides et un peu arquées, qui représentent , surtout celles du bord inférieur, une sorte de peigne à longue pointes parallèles. Outre cela, la face interne du tarse est divisée, suivant sa longueur, en deux plans ou facettes, par une fine arète armée aussi SUR LES HEMIPTÈRES. ti d’une série de soies courtes, serrées, raides et droites, qui doivent produire leffet d’une scie. Ajoutons pour le complément du mécanisme ou de la fonction de ces pattes, que les deux tarses, agissant de concert, forment, par leur connivence, en même temps une cage et une pince dont la faculté préhensive s'exerce avec d’autant plus d'énergie que ces membres sont courts et assez robustes. Les pattes intermédiaires sont plus longues, plus minces que les deux autres paires, et d’une configuration ordi- naire, c’est-à-dire composées d’une hanche, d’un tro- chanter, d'une cuisse, d’un tibia, d’un tarse et d'ongles. Elles sont garnies de piquans entremélés de poils rares. Leur tarse, d’une seule pièce cylindrique et allongée, se termine par deux ongles aussi longs que lui, presque droits , grêles , faibles, rapprochés et même contigus dans l’état de repos , susceptibles de s’écarter au gré de l’insecte. Ces pattes paraissent surtout destinées, en s’accrochant aux Corps environnans, à fixer l'animal lorsqu'il veut ou guetter ou dévorer sa proie. J'ai souvent observé les Corises suspendues entre deux eaux sur un support, à la faveur des ongles des tarses intermédiaires, et main- tenues dans leur équilibre horizontal par les mouvemens insensibles des pattes postérieures, qui alors faisaient à la fois l’oflice et de balanciers et de nageoires. J'ai bien constaté aussi dans ce cas, que les pattes intermédiaires et les antérieures concourent à exercer. la - progression lorsque l’insecite est immergé. Les pattes postérieures sont, comme Je lai dit plus haut, essentiellement natatoires. La cuisse est glabre, à l’exception de quelques petites aspérités près de son extrémité tibiale. La jambe, plus courte qu’elle , présente plusieurs séries longitudinales de spinules et quelques poils fins. Mais c’est le turse qui mérite plus spécia- 27. 212 RECHERCHES lement notre attention. Il constitue véritablement une rame et une nageoire; il est aplati, lancéolé, formé de deux pièces, dont la terminale, bien plus courte, est tout-à-fait dépourvue d'ongles; il est garni, soit sur ses bords, soit sur son disque, près de ceux-ci, de franges ou de barbes fines, souples, serrées, susceptibles de s’étaler largement dans l’eau, et plus longues, plus fournies au bord inférieur qu’au supérieur. Ce dernier, indépen- damment de ces franges natatoires, est armé de petits piquans. Olivier et M. Latreille décrivent les antennes de la Corise comme composées de quatre articles. L'examen scrupuleux que j'en ai fait, soit à la loupe, soit au microscope, ne men a mis en évidence que trois, dont le premier court, cylindroïde; le second allongé, conoïde; le troisième ou le terminal grêle, subuliforme. Ces articles, soumis au foyer d’une forte lentille, parais- sent velus. Espèce 1. CORIX 4 STRIATA. Latr., Hist. nat. Ins., t. XII, p. 280. SIGARA STRIATA. Fabr. , 1. c., p. 104.—Panz., fasc. 50, fig. 23. La Corse. Groffr., 1. c., I, p. 478, pl. 9, fig. 7. Testaceo-flavescens, thorace lineis nigris transversis, sub- tilissimis; divisis vel subanastomosantibus ; hemelytris nitidis, signaturis nigris numerosissimis sub lente flexuoso-reticulatis. Hab. in aquis stagnantibus. Long. 5 lin. Le canal digestif a, dans la Cortise, tout au plus deux fois la longueur du corps de cet insecte. Des trachées d’une ex- trême finesse le pénètrent et lui forment des rênes qui le maintiennent dans sa position. L'œsophage est capillaire et se prolonge jusque vers le milieu du thorax. Il n’y a aucun indice de l’existence d’un jabot. Si, en appro- chant de sa terminaison, l'œsophage se renfle insensi- SUR LES HEMIPTÈRES. 213 blement, il est facile de se convaincre, avec le secours de la plus faible lentille du microscope, que ce renfle- ment n’est du qu’à une plus grande épaisseur de la tunique externe seule; car la cavité linéaire du tube qui forme son axe a d’un bout à l’autre le même diamètre. L’estomac, inégal et boursouflé à son origine, est en grande partie logé dans la cavité thoracique et a parfois une teinte verdâtre. Il n’est pas immédiatement suivi, ainsi que dans la Vaucore, d’un tube filiforme distinct; il diminue insensiblement de diamètre, et présente ordinairement , avant l’insertion hépatique, un renflement ovalaire qui rappelle la seconde poche gastrique des Géocorises, mais qui, dans quelques conditions, est entièrement effacé. Un léger bourrelet circulaire, un peu calleux, termine en arrière le ventricule chylifique et est l'indice d’une valvule intérieure; il est suivi d’une portion intestinale grêle et droite dont les tuniques sont bien plus épaisses que le reste de l'organe; ce qui rend sa surface un peu inégale et ridée. J’observe que la face inférieure de cette portion d’intestin est creusée d’ (Use gouttière médiane assez profonde. Elle s’'amincit en arrière pour s'implanter sur la base d’un sac stercoral ou cæcum assez ample ; je dis s'implanter, parce qu'il n’y a pas un abouchement bout à bout, et que le point d'iusertion, débordé en avant par le sac en question, paraît latéral. Ce cœcum, qui dans la Corise ainsi que dans quelques genres voisins, me parait devoir remplir les fonctions de vessie natatoire a un volume et une configuration variables : il présente à son origine une ou deux boursouflures distinctes; quand il est bien distendu il a une forme arrondie , et se termine en arrière en un tube cylindroïde dont l’ouverture exté- rieure est l’anus. Les vaisseaux hépatiques de la Corise forment deux 214 RÉCHERCHES anses longues et flexueuses qui sinsèrent, par quatre bouts isolés, immédiatement avant le bourrelet valvulaire qui termine en arrière le ventricule chylifique. Ces vais- seaux, d’une texture fragile, sont ou lisses ou repliés en festons, ou très variqueux, suivant certaines conditions. De fines trachéoles les retiennent appliqués sur les parois du tube alimentaire. Ils sont tantôt d’un blanc de craie, tantôt d’un gris blanchätre, suivant le degré d'élaboration de la bile. La portion par laquelle ils s’implantent autour du ventricule chylifique est, dans une étendue de quel- ques millimètres, sensiblement plus grêle que l’autre, et toujours diaphane. Les figures expriment ce trait par- ticulier. Espèce 2. COR. HIEROGLYPHICA. Nob., fig. 85. Testaceo-flavescens ; thorace lineis nigris subtilissimis, transversis , simplicibus; hemelytris cinereo-pallidis nitidis signaturis nigris ; irregularibus, interruptis , subconcatenatis- que ; Larsis posticis concoloribus. Hab. in aquis stagnantibus (Saint-Sever). Long. 2 lin. L1 Elle est plus petite que la Corise rayée (striata. Latr., Hist. t: XII, p. 289) qui se trouve dans les mêmes eaux. Fond du corselet d’un gris cendré un peu argenté, tra- versé par neuf lignes noires parallèles. Mouchetures des hémélytres ressemblant, à la loupe, à des caractères hiéro- glyphiques noirs. L'examen comparatif des figures qui re- présentent les hémélytres de cette espèce et de la Corise rayée, mettra suffisamment à méme d'apprécier leur diffé- rence spécifique. L'appareil digestif de la Corise hiéroglyÿphique ne m'a rien présenté qui ne confirme ce que J'ai dit sur l'espèce précédente. [@s: SUR LES HÉMIPTÈRES. oT GENRE XXI. — NOTONECTA, NOTONECTE. Les Notonectes, que Geoffroi a appelées Punaises à avirons , à cause de la forme et de l’usage des pattes pos- térieures, sont des Hémiptères aquatiques qui de tout temps ont fixé l’attention des entomologistes par leur attitude singulière dans l’eau. Elles nagent sur le dos , de manière que le ventre est supérieur ou tourné en haut, et c’est cette singularité que Linnæus a si bien exprimée par le nom , d’étymologie grecque, qu'il leur imposa. Une région dorsale relevée en dos d’âne ou en carène arrondie , ‘et revêtue d’un velouté qui la rend imperméable, des franges fines et nombreuses qui garnissent soit les pattes posté- rieures, soit les bords de l'abdomen et du thorax, soit enfin, en double rangée, une légère crête médiane de la paroi ventrale , et qui s’étalent ou se ploient au gré de linsecte , comme de véritables nageoires, favorisent et cette attitude en supination , et la prestesse des mouvemens na- tatoires de la Notonecte. Puisque la nature, qui semble souvent se faire un jeu de produire des exceptions bizarres qui attestent l’immensité de ses ressources , avait con- damné cet animal à passer sa vie dans une posture ren- versée , il fallait bien , pour le maintien de son existence, qu’elle lui donnât une organisation en harmonie avec cette attitude; c’est aussi dans ce but que la tête est forte- ment. inclinée sur la poitrine; que les yeux , de forme ovalaire, peuvent exercer la vision en haut et en bas ; que les pattes antérieures , ainsi que les intermédiaires, agiles et arquées, uniquement destinées à la préhension, peuvent se débander en quelque sorte, à la faveur des hanches allongées qui les fixent au corps, et accrocher solidement leur proie avec les griffes robustes qui terminent leurs tarses. Pour ne point grossir ces pages, je renvoie à l’ex- A16 RECHERCHES plication des figures quelques détails de structure relatifs aux pattes postérieures et à l'abdomen. Les Notonectes sont, dans tous leurs états, des insectes essentiellement carnassiers ; et quand on les saisit sans précaution , ils font avec leur bec des piqüres fort doulou- reuses. Ils sont très inhabiles à la marche, et lorsqu'on les place hors de l’eau , sur le sol, on les voit toujours sauter par saccades irrégulières. Esrèce 1. NOT. GLAUCA. Lin. — Fabr., 1. c., p. 102. — Panz., fasc. 3, fig. 20. La Grande Puxaise À aviross. Geoffr., 1. c., [, p. 476, pl. 9, fig. 6. Capite, thorace pedibusque luteo-virescentibus nitidis ; scu- tello atro , opaco ; hemelytris nunc griseo-luteis, nunc nigro- ferrugineis plus minusve rufo-maculatis. Hab. in aquis stagnantibus. Long. 6 lin. Le tube alimentaire de la /Votonecte a la plus grande ressemblance de conformation et de structure avec celui des Naucores, et il présente, comme dans ces dernières, quelques variétés accidentelles de configuration. Sa lon- gueur dépasse cinq fois environ celle du corps de l’insecte. L’œsophage se renfle insensiblement en un jabot conoïde peu marqué. Î’estomac forme une dilatation allongée, plus ou moins déprimée et boursoullée, d'un blanc Jau- nâtre : il a des parois assez épaisses; il est suivi d’un tube filiforme plus long que lui, flexueux ou replié, d’un aspect pointillé, terminé par uu renflement brusque, globuleux, assez gros (au moins lorsque l'organe est dans des condi- tions digestives favorables ), après lequel a lieu l'insertion hépatique. Une anse intestinale d’un diamètre égal au tube filiforme dont je viens de parler, mais nullement poin- tillée, succède à cette dernière insertion, et en est séparée SUR LES HÉMIPTÈRES. 217 par un léger bourrelet. Cette anse s’insère latéralement à une poche cæcale plus ou moins développée, et destinée à devenir au besoin une vessie natatoire : celle-ci dégénère en un conduit tubuleux qui s'ouvre à l'anus. Les vaisseaux hépatiques de cet insecte n’offrent pas de différence appréciable avec ceux des Corises; ils sont amincis un peu avant leur insertion, et une forte lentille du microscope met en évidence leur texture variqueuse. Ils sont ordinairement blanchätres ou semi diaphanes et très grêles. La description que Ramdohr nous a laissée du canal digestif de la Votonecte glauque (1. c., p. 195, tab. xxrm, fig. 4, 5) s'accorde assez avec la nôtre; mais cet auteur ne fait point mention du renflement globuleux très remar- quable qui termine le ventricule chylifique; ce qui tient sans doute à ce que les individus disséqués par ce savant entomotomiste avaient subi quelque jeûne prolongé. La figure qui représente cet organe est défectueuse sur plu- sieurs points. SECTION IL HOMOPTÉERES. M. Latreille comprend dans cette section les Hémip- tères dont le bec naît de la partie inférieure de la tête, dont les hémélytres , le plus souvent en toit, sont homo- gènes, c’est-à-dire partout demi membraneux et d’une texture analogue à celle des ailes. Ils diffèrent autant des Hétéroptères par leur physionomie, leur genre de vie et les caractères entomologiques , que par leur organisation viscérale. FAMILLE QUATRIÈME. LES CICADAIRES. Cette famille , que M. le professeur Duméril a désignée sous le nom de Collirostres, à raison de la position de leur /, ; %+ Savans étrangers. 28 218 RECHERCHES bec, me paraît devoir être convertie en une tribu. Quoi- que les insectes qui y sont compris se nourrissent tous exclusivement du suc des végétaux, quoiqu'ils se ressem- blent et par leur structure générale et par leurs habitudes, ils offrent néanmoins , soit dans les caractères purement entomologiques, soit dans leur organisation viscérale, plusieurs traits qui militent en faveur de leur séparation en un certain nombre de groupes naturels. Ces groupes ont été parfaitement saisis par M. Latreille; mais ils doivent constituer des familles particulières. Il y aurait alors trois de celles-ci, savoir : les Procigales ou Cigales chanteuses, les 7° uloorelles et les Cicadelles. J’ai publié dans les Annales des Sciences naturelles, en 1825 , mes recherches anatomiques sur quelques-uns de ces insectes. J’en reproduirai ici l’extrait, afin de ne point laisser de lacune importante dans mon travail . et J'y ajouterai ce que l'observation directe m'a appris depuis lors, soit sur ces mêmes Cicadaires, soit sur plusieurs autres genres ou espèces dont J'ai fait la dissection. PROCIGALES. GENRE XXII. — CZCADA, CIGALE. Les Cigales proprement dites sont des insectes dont les auteurs les plus anciens ont fait mention, et qui ont acquis une certaine célébrité par leur chant ou plutôt par le son rauque et monotone, la stridulation qu’elles font entendre pendant les ardeurs de la canicule. Toutefois, malgré cette célébrité, leur histoire naturelle est encore enveloppée de beaucoup d’incertitudes , et il reste à con- firmer par des observations positives plusieurs faits con- signés dans les ouvrages qui traitent de ces insectes. Ainsi il serait intéressant et même utile d’être fixé sur le degré de confiance qu'il faut accorder à ce passage d’Aristote SUR LES HEMIPTÈRES. 219 (ist. anim. , Gb. V, cap. xxx) où il dit, en parlant des nymphes des Cigales, qu'il appelle Tettigometra : Gustu suavissimcæ sunt antequam cortex rumpatur. Ex plus bas, à l’occasion des Cigales elles-mêmes : Æt ante coitum mares suaviores sunt; & Coùtu feminæ, quippe quæ ova candida gustu habeant grata. Les Cigales étaient donc chez les anciens Grecs un mêts recherché ! Et non-seule- ment ce mets n’est plus usité aujourd’hui, mais nous ignorons la manière dont ils lapprêtaient. Les savans que le Gouvernement a envoyés en Morée sous la direction M. Bory de Saint-Vincent, pour en explorer les produc- tions naturelles et les monumens antiques , pourront peut- être fixer nos incertitudes à ce sujet. Les Cigales sont des insectes essentiellement habitans des contrées chaudes , et encore faut-il que celles-ci soient plus ou moins peuplées d'arbres, ainsi que l'avait très bien observé Aristote. Elles ne sauraient vivre là où cette double condition ne se rencontre point. Esrèce 1. CICADA ORNI. Lin. — Panz., fasc. 50, fig. 22. CIGALE DE MOYENNE GRANDEUR. Réaum., Mém., t. V, p. 151, pl. 16, fig. 7. La Cicare panacnée. Geoffr., 1. c., 1, p. 420. Nigrescens griseo-pulverulenta ; prothoracis tergo lineolis nigris impressis variegato; mesothorace supra littera M resu- pinata , rufo-testacea notato; segmentis abdominalibus rufo- marginatis ; hemelytris margine interno punctis sex nigris cum maculis quatuor interioribus anastomosantibus. Hab. in pinetis quercetisque Gallie merid. Long. 1 poll. La Cigale de l’orne est l'espèce la plus commune dans ie midi occidental de la France, où il n’existe pas un seul pied d’orne ; elle est surtout excessivement répandue dans 28... 220 RECHERCHES les forêts de pin maritime qui abondent entre Bayonne et Bordeaux. Il est permis d'élever des doutes sur lassertion répétée dans plusieurs livres, que les piqüres faites par cette Cigale à l’arbre dont elle porte le nom, déterminent l’'é- coulement de la manne. Son tube alimentaire a une longueur bien plus consi- dérable que celui des Hémiptères hétéroptères , puisqu'elle égale environ dix fois celle de son corps; il se reploie par conséquent en de nombreuses circonvolutions. Il est d’une texture fort délicate. L’œæsophage se dilate insensi- biement en un Jabot peu prononcé. Le ventricule chyli- fique débute constamment par un estomac courbé en anse, à parois minces, lisses et diaphanes , dilaté à droite en un petit cul-de-sac latéral, et s’abouchant du côté opposé dans une poche oblongue plus ou moins boursouflée , soutenue par un ligament suspenseur fibro-membraneux , tantôt plissée, ratatinée, tantôt lisse ou simplement lobée , suivant son degré de plénitude. Cette poche dégé- nère en arrière en un tube intestiniforme très replié , qui égale en longueur la moitié de tout le canal alimentaire, pointillé de jaune ou de blanc, allant se dégorger dans la poche elle-même, à côté de l'insertion hépatique. Cette disposition insolite du ventricule chylifique qui se dégorge dans lui-même, en constituant un cercle complet , forme le trait le plus caractéristique de l'appareil digestif des Cicadaires. L’intestin proprement dit naît du cul-de-sac de l'estomac, et présente à son origine un bourrelet vai- vulaire; il est filiforme, diversement reployé , et se dilate avant sa terminaison à l’anus, en une poche stercorale constante , à parois musculo-membraneuses. Les vaisseaux hépatiques sont au nombre de quatre, très entortillés , variqueux, diaphanes et fragiles; flottans SUR LES HÉMIPTÈRES. 291 par un bout, ils s’insèrent isolément par l’autre entre le cul-de-sac de lestomac et l'embouchure de la portion intestiniforme du ventricule chylifique. Espèce 2. CICADA PLEBE14. Lin. TerriGoniA PLEBEIA et T. FRaxINI. Fabr.,l. c., p. 40. La crane Creaze. Réaum., ins., t. V, p. 151, pl. 16, fig. 1-G Nigra, thorace variegato ; elytris, alis abdomineque supra immaculatis operculis magnis. Oliv., Encycl. méth., n° 33. Celle-ci reconnaît plus spécialement pour patrie la zone des oliviers. Son tube digestif n'offre aucune différence appréciable avec celui de l’espèce précédente. Le professeur Meckel , d’après un article consigné dans l'ouvrage de Ramdohr (1), s’est aussi occupé de la dissec- tion de cette même espèce ; mais il a donné une description bien incomplète de son organisation viscérale. Il attribue à la portion récurrente du ventricule chylifique (qui est pour lui l’intestin) la faculté de sécréter une humeur spé- ciale pour la digestion , et il parle de l'existence de six vaisseaux biliaires, qui très positivement ne sont qu'au nombre de quatre. FULGORELLES. L'étude de l’organisation viscérale des Fulgorelles, à laquelle je n’ai eu occasion de me livrer que lorsque Jj'a- vais déjà disséqué un assez grand nombre de Cigales pro- prement dites et de Cicadelles, est venue me fournir une nouvelle preuve de la circonspection qu’il faut apporter dans l'établissement des règles générales , surtout dans une science qui, ainsi que l’Entomotomie, peut être consi- (1) Ramdobr, L. c,, p. 201.—Meckel, Beytr. z. verz. Anat. Heft, 1, p.71, tab. I, fig. 1. 222 RECHERCHES dérée comme étant encore au berceau. Tous les insectes de la grande famille ou plutôt de la tribu des Cicadaires , soumis Jusque alors à mes vivisections, étaient remarqua- bles par la complication de leur canal alimentaire, dont une portion récurrente s’'abouche à l’estomac de manière à former un cercle complet, et dont le tube intestinai proprement dit a une origine insolite. Cette organisation singulière, ces connexions bizarres, dont l'explication physiologique n’est pas peu embarrassante, semblaient d'autant plus propres à devoir constituer un trait commun à toutes les Cicadaires, que Je les avais constatées dans les plus grandes Cigales comme dans les plus petites Cica- delles ; mais le scalpel porté dans les viscères des Fulgo- relles a démenti cette :nvocation , en apparence fondée , de la loi d’analogie. Ces derniers insectes occupent dans le cadre entomolo- gique de M. Latreille une place intermédiaire aux Cigales et aux Cicadelles. Mais si, comme il est permis de le croire , les grandes Fulgores exotiques, telles que les l. laternaria et candelaria, ont un tube alimentaire organisé sur le même plan que celui de notre F°. europæa, et si dans la classification on accorde à la considération de lPappareil digestif la valeur qu’il mérite, il faudra donner aux fulgores la prééminence sur les Cigales, et les placer en tête des Collirostres ou Cicadaires. GENRE XXII. — FULGORA , FULGORE. Esrèce 1. F. EUROPÆ4. Fabr., 1. c., p. 5. — Panz., fasc. 20 , fig. 16. Fronte conica, corpore viridi, alis hyalinis reticulatis. Fabr. , I. c. Hab. in pratis, sepibus. Long. 41/2 lin. Le conduit digestif de la F'ulgore européenne n’a guère SUR LES HEMIPTÈRES. 223 plus de trois fois la longueur de tout le corps de l’insecte; il est d’une texture délicate et fragile comme celui des autres Cicadaires. L’æsophage se dilate en un jabot plus ou moins marqué, à parois pellucides. L’estomac forme une poche ovalaire dont les boursouflures sont assez pronon- cées, et qui est logée dans le thorax. Un ligament sus- penseur assez fort, et d'apparence charnue, se fixe d’une part à l'endroit où l'estomac dégénère en un conduit tubuleux, et de l’autre dans la tête ; ce ligament , qui s’at- ténue en avant, peut en imposer pour le cordon ou vaisseau dorsal , mais en est bien distinct. Le tube filiforme qui succède à l'estomac, et qui, suivant moi, fait partie du ventricule chylifique, au lieu d’être récurrent et dirigé en avant ainsi qu'on le voit dans les Cigales, se fléchit en une anse latérale allongée dont les branches , rapprochées et presque partout contiguës, sont maintenues en place par d’imperceptibles vaisseaux aérifères. Après l’anse en question, le tube digestif, sans changer de diamètre ni de texture, recoit les conduits biliaires, et presque immé- diatement après se renfle en un cæcum oblong, plus ou moins rempli d’une pulpe excrémentitielle verdâtre, et qui s’atténue en arrière pour se terminer à l'anus. Les vaisseaux hépatiques s’insèrent, comme je viens de l’insinuer, un peu avant la poche stercorale ; il y en a quatre ‘très simples, moins longs et plus grêles que dans les Cigales, jaunatres et variqueux , excepté près de leur origine, où ils sont unis et diaphanes, comme c’est l’ordi- naire. Îls se dirigent en arrière, et leur bout flottant se perd dans le tissu adipeux qui avoisine le cæcum et les organes génitaux. Leur implantation ventriculaire est parfaitement distincte et à nu; elle a lieu latéralement et par paires rapprochées. 224 RECHERCHES GENRE XXIV.— CIXIUS, CIXIE. Espèce 1. C. 5 - CosTATUSs. Nob. Niger, glaber, thoracis dorso lineis 5 elevatis, oculorum orbita , prothorace pedibusque testaceo -variegatis ; hemely- tris griseis, nervis subtiliter fusco-punctatis, abdominis segmen- tis rufo tenuiter marginatis. Hab. in pratis siccis. Long. 2 1/4 lin. La Cixie à cinq côtes a toute la structure et la physto- nomie de la €. nerveuse, mais elle est plus petite qu’elle et en est très distincte comme espèce, soit par les cinq lignes longitudinales saillantes de son corselet, soit par la teinte grisatre des hémélytres. Je ne la trouve point men- tionnée dans les ouvrages d’entomologie qui sont à ma disposition. Le canal alimentaire de la Cixie ressemble parfaitement, et par sa structure et par sa configuration, à celui de la Fulgore européenne; en sorte que la description de l’un s'adopte de point en point à celle de l’autre. Les vaisseaux hépatiques, d’un jaune soufré , très vari- queux et comme articulés, sont au nombre de quatre, ainsi que dans la Fulgore; mais ils présentent cette parti- cularité, en quelque sorte générique , qu'ils se réunissent deux à deux, avant leur insertion au ventricule, en un col bien distinct, assez long, diaphane et lisse. GENRE XXV. — ISSUS, ISSUS. Espèce 1. ISSUS COLEOPTRATUS. Fabr., 1. c., p. 99. Cicapa cocroprrara. Panz., 1. c., fasc. 2, fig. 6. ( Optima.) La Cicaze sossur. Geoffr., 1. c., [., p. 418, n° 7. Griseo pallide virescens, hemelytris abdomine longioribus apice rotundatis medio subgibbosis, inter nervos nigro-reticu- latis, puncto distincto nigro in medio alioque subsuturali no- tatis; alis nervoso reticulatis. Hab. in pratis, dumetis. Long. 3-3 1/2 lin. Il y a entre le canal alimentaire de l’/ssus et celui des SUR LES HEMIPTÈRES. 225 Fulgorelles précédentes une conformité vraiment admi- rable, ainsi que le prouve suffisamment la figure que j'en donne. Les vaisseaux hépatiques n’ont pas un col distinct comme dans la Cixie ; ils ressemblent à ceux dela Z'ulgore. CICADELLES. Je répéterai, relativement aux Cicadelles, ce que j'ai déjà avancé en parlant des Fulgorelles, sous le rapport de leur classification. C'est que l’organisation de leur appareil di- gestif les rapproche plus des Cigales proprement dites que des Fulgores, et conséquemment les Cigales doivent être colloquées après les Fulgorelles et avant les Cicadelles. GENRE XXVI. — CENTROTUS, CENTROTE. Esrèce 1. C. CORNUTUS. Fabr., 1. c.,p. 19, Panz. , fasc. 50, fig. 19. Le »eriT Drague. Geofir., L. c., 1, p. 423, pl.0, fig. 2. T'horace bicorni nigro postice subulato longitudine abdo- minis , alis fuscis. Fabr., 1. c. Hab. in sepibus salicetisque. Long. 5 lin. Cet insecte sauteur, remarquable par sa construction bizarre , est trop connu pour que J'insiste sur sa des- cription. Le Centrote cornu a un tube alimentaire dont la con- figuration et la structure générales ont une grande analogie avec celui de la Cigale. Cet organe est proportionnellement aussi long, et les diverses parties qui le constituent offrent entre elles le même mode de connexion. La seule différence bien appréciable qui existe, c’est qu'au lieu de l’anse gas- trique des Cigales, le Criisote n’aqu'une poche fort cour rte; mais celle-ci a également un cul-de-sac latéral, et elle / . Savans étrangers. 29 220 RECHERCHES s'abouche de la même manière soit à l’œsophage, soit à la portion renflée du ventricule chylifique, soit à l'intestin proprement dit. Les vaisseaux hépatiques ne diffèrent pas non plus de ceux de la Cigale par leur nombre, leur forme, leur couleur et leur insertion. GENRE XXVIL — LEDRA, LÉDRE. Espéce 1. L. AURITA. Fabr.,].c., p. 24. — Panz., fasc. 50, fig. 18. Le cranD Drasce. Geoffr., 1. c.,[, p. 423, pl.9, fig. 1 Griseo,viridirubroque variegata punctata; capite semi-rhom- boideo , carina in medio lineari et tuberculo utrinque; thorace utrinque in auriculam rotundatam crenatam dilatato ; scutello apice elevato ; hemelytris nervosis subpunctatis. Hab. in pratis. Rarissima. Long. 7 lin. Le canal digestif de la Zèdre a nne longueur un peu moindre que celui des C igales, auquel il ressemble du reste par la délicatesse de sa Fa et ses connexions insolites. L’œsophage se dilate en un jabot oblong bien prononcé, séparé de l'estomac par un étranglement. Le ventricule chylitique débute par un estomac qui, au lieu d’être courbé en anse comine dans les Cicadaires chanteuses, est placé à la file du jabot, allongé, droit, ridé ou boursouflé, d’une couleur jaunäâtre rouillée. Il est suivi d’un conduit tubu- leux intestiniforme reployé, plus ou moins pointillé, allant par une portion récurrente s’aboucher à la partie inférieure de l'origine même de l’estomac, de manière à former, ainsi que dans les autres Cicadelles, un cercle complet. L’'intestin naît tout prés de cette derrière embouchure. Il est très grêle, fort délicat, délié comme un fil, proportion- nellement moins long, moins replié que celui de la Cigale, SUR LES HÉMIPTÈRES. 227 etrempli d’une pulpe excrémentitielle blanchâtre opaque. Il se renfle à peine avant sa terminaison à l'anus. Les vaisseaux hépatiques, au nombre de quatre, sont dune fragilité désespérante pour l’anatomiste. Ils sont diaphanes, moins variqueux que ceux des Cigales, mais ayant le même mode d'insertion ventriculaire. GENRE XXVIIL. — CERCOPIS, CERCOPE. Espèce 1. C. SANGUINOLENT A. Germ. Mag., 1818, p. 44. Cicapa sanquinozenra. Lin. (excl. syn.) Atra, nitida, punctata; glabra, subnitida; hemelytro singulo macula oblonga in margine scutellari, altera ante medium , rotundata discoidali, fasciaque pone medium transversa sub- sinuata, rubris ; abdominis dorso lateribusque , femorum apice tibiarumque basi rubris. Hab. in graminosis Galliæ meridionalis. Long. 4 1/2 lin. Jusqu'à présent J'avais toujours pensé, avec la plupart des entomologistes, qu'il fallait rapporter à cette espèce les figures de Panzer, (fasc. 33., fig. 12), et de Geoffroi ( pl. 8, fig. 5); mais M. Germar regarde ces dernières comme appartenant à sa C. vulnerata, et croit que l’es- pèce linnéenne en est distincte; je me soumetsà sa décision. Le canal digestif de la €. sanglante a, lorsqu'il est déployé, environ cinq ou six fois la longueur de tout le corps de l’insecte. Il à la plus grande ressemblance de configuration et de structure avec celui de la Zèdre. L’es- tomac est une dilatation oblongue, diaphane, plus ou moins boursouflée. Le conduit tubuleux filiforme qui lui succède , est d’abord jaunatre ou pellucide, non pointillé; il se distingue ensuite sondainement, et peut-être par une valvule circulaire interne, d’une autre portion également filiforme, un peu plus grosse, récurrente , d’un blanc mat pointillé; couleur qui semble due à une sorte de pulpe 20.. 228 RECHERCHES chimeuse. Cette distinction, quoique constante, n’est pas toujours facilement mise en évidence. Ce tube ventriculaire se comporte comme celui des Homoptères précédens, c’est- à-dire qu'il remonte vers l'origine de l’estomac, où il s’a- bouche en s’amincissant un peu. {’intestin proprement dit ne diffère point de celui de la Zèdre. Les vaisseaux hépa- üques , pareillement au nombre de quatre, flottans par un bout, sont diaphanes et tellement variqueux , excepté dans le voisinage de leur insertion, qu'on les croirait tordus en spirale. Ils accompagnent et entourent l'intestin comme dans la Cigale. GENRE XXIX. — _ZPHROPHORÆ, APHROPHORE. M. Germar a imposé cette dénomination générique à un petit groupe de Cicadelles compris dans les Cercopes de M. Latreille. Des jambes postérieures à deux ergots, deux ocelles distincts, placés sur le vertex, et une carène médiane linéaire sur la tête et le corselet, en forment les traits extérieurs les plus caractéristiques. Leurs larves, qui habitent sur les plantes, ont la singulière faculté de sécréter une humeur écumeuse au milieu de laquelle elles vivent. C’est cette habitude qui leur a valu le nom d’Æphrophore , qui signifie porte-écume, et celui de baveuses, sous lequet les jardiniers les connaissent. Espèce 1.4. SPUMARIA. Germ. Cercopis spumaria. Fabr.,1. c., p. 95. La Cicave senaune. Geoffr., [., p. 416. Grisea, nigro-impresso-punctata, hemelytris nigrescentibus maculis duabus lateralibus albo-hyalinis; abdomine nigro dorso rufeccente. | Hab. in hortis, pratis , etc. Long. 4. lin. Le conduit alimentaire des Æphrophores est encore SUR LES HÉMIPTÈRES. 229 formé sur le même plan général d'organisation que celui des Cicadelles précédentes. Comme dans mon travail pré- cité sur l'anatomie des Cigales, j'ai aussi publié la descrip- tion de l’appareil digestif de l Aphrophore écumeuse, je me dispenserai de la reproduire ici, et jy suppléerai avanta- geusement pour la science par celle de l'Æphrophore des SES Eseèce 2. ZPHROPHORA SALICINA. Cicapa salicina. Gmel. in Lin. Syst. nat., ed. 13, p. 2100. Crcapa spumariA saurois. Deg., ins. 3, p.180, n° 2. (ex Gmel.) Griseo-testacea, subvirescens, unicolor, subtiliter impresso- punctata ; hemelytro singulo pone medium puncto discoidali pallide Jlavescente vix distincto ; abdomine nigro , Segmentis margine rufescentibus, pedibus rufescentibus. Hab. frequentissime in salicetis (St-Sever). Long. 4 lin. Elle a la forme, la grandeur, la physionomie, et tous les traits génériques de l’Æphrophore écumeuse ; mais elle en est très distincte comme espèce. Les hémélytres ont une couleur grise testacée, verdâtre, uniforme. La loupe y dé- couvre de très petits points calleux jaunâtres qui donnent naissance à un poil fort court, et l’œil nu en aperçoit un plus grand et constant , placé un peu au-delà du milieu sur la nervure médiane, mais peu apparent. Les ailes, à peine enfumées, ont les nervures noires. Cette espèce, omise dans les ouvrages de Geoffroi, de Fabricius, d'Olivier et de M. Latreille, n'avait pas échappé, à ce qu'il paraît, aux recherches de de Géer. Elle est ex- trêmement commune dans nos saussaies. Le canal digestif de l’Æphrophore des saules ressemble beaucoup à celui de la Cercope, et conséquemment à celui des Cigales propres. Sa longueur ne dépasse pas plus de quatre ou cinq fois celle de tout le corps de l’insecte. Aus- 230 RECHERCHES sitôt après avoir franchi le prothorax, l’œsophage se dilate en un jabot assez ample qu’une contracture bien marquée sépare de l'estomac. Celui-ci ne m’a offert aucune trace ni du bourrelet en godet ni de la poche particulière ridée ou boursouflée que J'ai signalés dans lÆphrophore écumeuse. Cette première poche gastrique est une dilatation simple, de forme variable, à parois translucides, qui dégénère insensiblement en arrière en un long canal filiforme plus ou moins flexueux ou reployé qui rebrousse chemin, en un mot, qui devient récurrente pour aller s’aboucher dans l'estomac. Ce canal, dans ce trajet circulaire , n'offre pas partout la même organisation. Sa première portion, ou celle qui succède immédiatement à lestomac, présente constamment dans une certaine étendue un peu plus de grosseur, une texture plus délicate, et, ainsi que dans le Cercope, un pointillé particulier qu'on serait tenté de re- garder comme formé par des cryptes muqueux nichés dans l'épaisseur de ses tuniques. Cette portion pointillée est sé- parée par un léger bourrelet, indice présumé d’une valvule annulaire, d’une autre portion lisse, unie, plus déliée, à parois peut-être plus denses, allant s’insérer brusquement ou plutôt s'implanter dans l’estomac, non loin de l’origine de celui-ci. Vis-à-vis cette implantation, mais sur un côté opposé, naît l'intestin proprement dit, sous la forme d’un tube plus grêle que le canal précédent, lisse, imponctué, qui , après quelques flexuosités, se termine par une poche excrémentitielle oblongue qui précède l'anus. Les vaisseaux hépatiques de notre Æphrophore ont la plus grande ressemblance , soit par leur texture, soit par leur mode d'insertion, avec ceux de la Cigale. Ils frappent l’œil de l’entomotomiste par leur couleur d’un brun chocolat violacé , et par les festons réguliers que leurs bords offrent à la loupe, excepté à leur origine où ils sont incolores et SUR LES HÉMIPTÈRES. 231 lisses. IL y en a quatre bien distincts, mais tellement en- tortillés autour de l'intestin, qu’il est difficile de les dérouler sans les rompre; flottans par un bout qui est fermé, ou, comme on dit, borgne, ils prennent naissance par l’autre, à côté de l’origine de l'intestin. FAMILLE CINQUIÈME. LES PSYLLIDES. M. Latreille, dans son Genera, en 1807, avait fondé une famille distincte des Psyllides avec les genres Psylla et Livia. 1] avait parfaitement jugé alors, d’après la struc- ture extérieure , les habitudes et le genre de vie de ces insectes, qu'ils devaient constituer un groupe isolé et bien circonserit formant la chaîne d'union et de sépa- ration entre les Cicadelles et les Pucerons. Get illustre entomologiste, trop facilement entraîné depuis par des idées de réduction, a compris, en 1829, ces mêmes insectes dans la famille des Aphidiens, à la tête desquels il s’est contenté de les placer. La situation et la forme de leur bec, la composition de leurs antennes, leurs ocelles, leur métamorphose, la structure de leurs pattes, propres à sauter, enfin leur organisation splanchnique, revendiquent à juste titre le maintien ou le rétablissement de la famille naturelle des Psyllides, en lui conservant, dans le cadre entomolo- gique, la place qui lui.a été assignée par M. Latreille. GENRE XXX. — PSYZLA, PSYLLE. . Geoffroi, qui le premier institua ce genre aux dépens de quelques Chermes de Linné, y a compris des insectes @ssez dissemblables entre eux, pour autoriser l’établisse- ment de nouvelles coupes génériques, lorsqu'on se don- nera la peine de les soumettre à une étude spéciale com- parative. 232 RECHERCHES Espèce 1. PsYLLA FICUS. Latr., Hist. nat., t. XII, p. 579. La Psvice pu riquier. Geoff., Ins. Par. , I, p. 484, pl. 10, fig. 2. Le Faux Puceron ou rieurer. Réaum., Mém., t. IIE, p. 351, pl. 29, fig. 17 — 24. Cuermes ricus. Lin. — Fabr., 1. c., p. 306. Nunc virescens, nunc subtestacea ; antennis villosis cras- siusculis articulo ultimo minuto emarginato bisetoso; ocellis rubicundis; hemelytris diaphanis, nervis distiche ciliatis; tibiis posticis apice uno latere serrato-pectinatis; scutello bispinoso; metathorace subtus utrinque unicuspidato, unguibus antenna- rumque apice atris. Hab. in ficu carica. Long, vix 2 lin. On voit, par ce signalement , que cet insecte, quoique connu et décrit par plusieurs auteurs, avait été peu sévè- rement étudié; il varie par sa couleur, et ces variations sont indépendantes du sexe : tantôt il est entièrement vert, et tantôt d’un roux pâle ou livide, avec le ventre verdâtre. Parmi les individus verts, il en est qui ont la région dorsale de Pabdomen très noire, et d’autres dont le tergum du thorax est marqué de taches roussâtres. Les antennes, constamment d’un roux obscur, et for- tement hérissees de poils noirâtres , sont d’une épaisseur uniforme dans toute leur étendue ; l’insecte les tient diri- gées en avant et un peu divergentes. Elles sont composées de dix articles bien comptés, cylindroïdes, à l’exception du premier qui est plus gros, plus court, plus ou moins arrondi ; et du dernier, qui, en quelque sorte rudimen- taire, est fort petit, un peu comprimé, échancré en avant, avec une soie divergente et raide aux pointes de l’échan# crure., Le troisième article est le plus long de tous. Les yeux, assez grands, saillans et brunätres, sont tout-à-fait latéraux et distans. Les ocelles, au nombre de trois, dont SUR LES HÉMIPTÈRES. 233 un derrière chaque œil, et le troisième au-dessous de l’échan- crure du front, ressemblent à de très petits rubis. Le pro- thorax est fort étroit, presque linéaire. L/extrémité posté- rieure du métathorax, ou l’écusson, est constamment ter- minée par deux pointes distinctes , un peu relevées, qui, au premier coup d'œil, semblent appartenir à l’abdomen, qu’elles débordent un peu. La partie de la région sternale du métathorax, que M. Audouin désigne sous le nom d’épi- mère, est large, et se termine en arrière par un stylet particulier, spiniforme, dont les auteurs n’ont point parlé, et qui doit servir soit à produire, soit à favoriser l’ac- tion de sauter. Ce caractère s’observe aussi dans la Psylle de l'aune, qui est d’ailleurs une espèce trés distincte de celle du figuier. Les pattes sont ou verdätres ou roussâtres ; mais les ongles, ainsi que les quatre ou cinq dents de peigne acérées et unilatérales qui s’observent à l’extré- mité tarsienne du tibia, sont noirs. Ce dernier trait , qui n’est point mentionné dans les ouvrages, n’est pas étranger à la production du saut. Le bec de notre Psylle n’est point placé, comme l’avancent la plupart des en- tomologistes, précisément entre les pattes antérieures , mais en arriere de cette double articulation, comme l'avait très bien observé Geoffroy. Les hémélytres ou ailes su pé- rieures dont je présente ici une figure très exacte, sont diaphanes, avec queiques mouchetures noirâtres à leur bord supérieur ou interne, et parfois une teinte brune qui accompagne quelques nervures. Je renvoie à l’expli- cation des figures ce qui concerne ces dernières, qui sont bordées de barbes ou de cils couchés fort remar- quables. Cet insecte n'est pas rare sur le figuier; il se tient habituellement soit à la face inférieure des feuilles, soit le long des jeunes pousses, qu'il suce pour sa nourriture. 4 + Savans étrangers, 30 534 RECHERCHES Il y demeure presque immobile, mais il se dérobe en sautant avec prestesse aussitôt qu'on cherche à le saisir avec les doigts. Il commence à paraître vers la fin de mai, etson en trouve encore d’accouplés vers la mi-octobre. Je suis porté à croire que dans cet intervalle de temps il se produit plus d’une génération. Les plus grands individus acquièrent à peine deux lignes de longueur. Il serait superflu d’insister sur la description de la larve, que notre inimitable Réaumur a fait connaître avec son exactitude accoutumée. J’ajouterai seulement à ce qu'il en a dit, que ses antennes sont d’une seule pièce et velues en-dessus. La dissection de la Psylle s'accompagne de difficultés incroyables; et je suis forcé d’avouer que, malgré une patience cent fois éprouvée, 1l me reste encore quelques doutes, quelques incertitudes sur son organisation vis- cérale. Dans tous les animaux en général, c'est à ia tête que l'appareil digestif prend naissance. La Psylle, avec un petit nombre d’autres insectes , forme une exception re- marquable à cette règle : sa tête n'offre aucune trace ni de bouche, ni de sucoir. Nous venons de voir que son bec est situé sous le thorax, un peu en arrière de lar- ticulation des pattes antérieures; c’est donc de ce point que part son tube alimentaire. La configuration singu- lière, les connexions insolites de ce dernier organe, ne sont pas moins faites pour exciter notre surprise et notre embarras, que celui de la Cigale et des Cicadelles. L’œso- phage a une si grande ténuité, il est si démesurément long, si diaphane, si fragile, qu'il se dérobe le plus souvent aux investigations les plus attentives, et J'avais déjà disséqué plus de vingt individus , que Je désespérais de pouvoir me fixer positivement sur sa direction et ses SUR LES HÉMIPTÈRES. 235 rapports; mais enfin J'ai eu la rare satisfaction de le voir dans toute son intégrité. Plus délié qu'un cheveu, il se porte, d’un trait, depuis l’origine du bec jusque vers le tiers postérieur du corps; là il s’insère à un renflement plus ou moins prononcé, qu’à raison de sa position J'ai long-temps cru faire partie de l’intestin proprement dit, et qui doit cependant porter le nom d'estomac. Celui-ci paraît effectivement postérieur à une autre portion du canal digestif qu'il précède dans les autres insectes; en sorte que, dans la Psylle, la plus grande partie de l'organe alimentaire semble avoir éprouvé ur renversement de haut en bas ou plutôt d'avant en arrière. 1/estomac. ou cette première poche gastrique où s’abouche l’œso- phage, dégénère en un tube court, plus ou moins bour- souflé, ployé sur lui-même, qui se dirige d’arrière en avant pour se continuer en un anneau ou collier qui représente la portion récurrente des Cigales. Cet anneau, dont les parois sont minces, lisses et pellucides, forme la partie la plus grosse, la plus apparente de tout Pappareil digestif. Le microscope y découvre cà et là des espèces de mouchetures blanches qui ne sont que des flocons alimentaires coagulés, contenus dans sa cavité. L'une des deux moitiés de cette anse annulaire , et J'ai toujours trouvé que c'était la gauche, s’amincit un peu en arrière pour recevoir les vaisseaux hépatiques. Immédiatement à côté de l'insertion gastrique de l’œsophage, par consé- quent tout près de Porigine de l’estomac, naît l'intestin proprement dit, conduit tubuleux très délié, capillaire, qui se porte en arrière, et ne m'a présenté aucune EL - tion appréciable. Je n'ai encore rencontré dans aucun insecte des vais- seaux hépatiques aussi courts que ceux de la Psylle. ils sont en quelque sorte rudimentaires, et annoncent JU 236 RECHERCHES d'avance que cet organe cessera d'exister dans des insectes voisins, mais placés plus bas dans léchelle animale. Nous verrons bientôt qu’en effet les Pucerons n'offrent aucun vestige d'appareil biliaire. - Cette considération , qui a beaucoup de valeur dans la classification anato- mique, devrait peut-être engager à placer les Psyllides immédiatement avant les Aphidiens proprement dits, et à donner la prééminence sur elles à la Dorthésie, où nous allons trouver un organe hépatique bien mieux carac- térisé. Quoi qu'il en soit, les vaisseaux biliaires de la Psylle sont, malgré leur briéveté, assez gros et très apparens. Il y en a quatre bien distincts, assez distans lun de lautre, insérés séparément et en quelque sorte implantés à nu sur cette portion de l'anneau ventri- culaire, qui est un peu atténuée. Leur insertion a lieu d’une manière irrégulière, c’est-à-dire qu'elle ne se fait pas, comme dans les autres insectes, sur une même ligne circulaire : l'inspection des figures rend cette disposition patente. J’ai rencontré ces vaisseaux le plus souvent d’un jaune plus où moins foncé, quelquefois d’un vert éme- raude dont l'intensité est variable. Ils sont variqueux, comme festonnés, et leur bout libre et borgne est assez obtus. GENRE XXXL — DORTHESIA, DORTHÉSIE (1). C’est avec beaucoup d’hésitation que M. Latreille, dans son dernier ouvrage (1829), a conservé la Dorthésie par- mi les Gallinsectes, et il termine l’article qui la concerne en disant que cet insecte est plus voisins des Pucerons que des Cochenilles. Ses tarses, d'un seul article et ter- minés par un seul crochet, la rapprochent sans doute (r) Genre isolé. SUR LES HÉMIPTÈRES. 237 de ces derniers; mais le nombre des articles des antennes, la locomobilité constante des femelles, et l'absence de toute muiation considérable de forme, l’en éloignent beaucoup. Ces derniers caractères, un bec court placé dans lentre- deux des pattes antérieures, et quelques traits de son organisation splanchnique, lui donnent de l’analogie avec les Psyllides. Mais des viscères qui ont un degré de plus de perfection que ceux de ces dernières, et surtout le développement de l'organe hépatique, semblent lui reven- diquer, dans le cadre entomologique, une place avant la Psylle, ainsi que je viens de le faire remarquer à l’article de celle-ci. Toutefois Je pense que, dans l’état présent de la science, la Dorthésie forme un genre isolé qui ne saurait encore être incorporé dans les familles établies, et qui, par des découvertes ultérieures, pourra sans doute constituer un groupe particulier. Il paraît que les yeux de la Dorthésie ont éludé les investigations des divers entomologistes qui ont décrit cet insecte, car il n’en est point fait mention dans leurs ouvrages. Ces organes de la vue consistent en deux bou- tons saillans, oblongs, oliviformes, lisses, c’est-à-dire non réticulés , placés sur les côtés de la tête, un peu en arrière de l'insertion des antennes. Celles-ci sont fili- formes, dirigées habituellement en avant, et composées de huit articles seulement, cylindroïdes , dont le premier est plus gros et plus court que les autres. Les tarses ne sont très positivement formés que d’un seul article, et celui-ci se termine par un ongle unique modérément arqué. Le bec est court, assez gros, obtus, hérissé de quelques poils, placé entre les articulations des pattes antérieures. Îl n’y a point d'oviscapte. 230 RECHERCHES Espèce 1. DORTHESI14 CHARACIAS.Bosc.— Latr. Gen. Cr. et Ins., t IL, p. 173. Coccus caracias. Dorth., Journ. de Phys. (1785). — Oliv., Encycl. méth., Cochenille, n° 19. Coccus pusrus. Fabr. — Panz., fasc. 35, fig. 21 (bona). Femina. — Aptera, lamellis niveis ceraceo-amylaceis nunc squamiformibus seriatim imbricatis, nunc in caudam saccifor- mem crassam retusam sulcatam coadunatis eleganter obtecta ; pedibus antennisque nudis fusco-piceis. Hab. in euphorbia characias, rubo, urtica, geranio, etc. Long. 2 1/2 lin. Tout le corps de cet insecte est enveloppé , cuirassé par une substance d’un blanc pur, d’un aspect semblable à l’'amidon, d’une consistance concrète , solide , analogue à celle de la cire, glabre et nullement cotonneuse ni du- vetée , élégamment disposée par lamelles ou écailles d’iné- gale longueur, mais symétriquement rangées, que l’on peut enlever sans blesser l'animal. La région dorsale offre quatre séries de ces lamelles, dont les extérieures, plus longues, se contournent un peu en approchant de la par- tie postérieure. La tête est abritée par deux tubercules conoïdes de cette substance. La queue, dont la longueur surpasse celle de tout le corps, est un grand sac obtus, tronqué, que l’on peut détacher tout d’une pièce. Elle est cannelée en-dessus, unie en-dessous; et dans les fe- melles fécondées elle renferme un duvet cotonneux où sont déposés les œufs. Les pattes sont nues et brunâtres, ainsi que les antennes, et la loupe y découvre des aspé- rités qui sont de petits poils raides. L’enveloppe de la Dorthésie lui donne une forme et une grandeur qui sont loin de représenter celles de son propre SUR LES HÉMIPTÈRES. 250 corps. Panzer l’a bien figurée avec son test ou sa cuirasse. Le dessin (fig. 102) que j'offre de cet insecte dépouillé de celle-ci, pourra servir à compléter son histoire; son corps n'a pas alors plus d’une ligne et demie de longueur. Il est arrondi, légèrement déprimé sur les côtés, et composé de dix segmens (sans y comprendre la tête) qui imitent des st à transversales. Les cinq premiers sont un peu plus larges que les quatre suivans. Le dernier est enchassé dans une large échancrure de celui qui le précède, et est percé d’un trou qui doit être ou la vulve ou l’anus. L’en- veloppe cutanée de cet insecte est roussätre, et, soumise au foyer du microscope, elle paraît toute couverte de très petites aspérités qui servent à fixer les lamelles du test. Toutes mes recherches pour découvrir un mäle de la Dorthésie ont été infructueuses jusqu’à ce jour. J'attacherais un grand prix à la connaissance et surtout à la dissection de ce sexe, que Dorthès et, d’après lui, Olivier, disent dépourvu de bec, par conséquent con- damné à ne point prendre de nourriture. Il est permis d'élever des doutes sur cette assertion. Lorsqu'on pratique sur le dos de cet insecte une légère incision qui n'intéresse absolument que la cuticule, on voit s'échapper une humeur noiratre qui, dans l’eau, se convertit en une pulpe incohérente d’un gris vert. Celle- ci m'a semblé logée entre la peau et une membrane sous-jacente péritonéiforme assez épaisse et d’un tissu comme spongieux. On peut présumer que ce dernier est l'organe essentiellement sécréteur de la matière du test , laquelle, après avoir été convenablement élaborée, est transmise au dehors ou exsudée par les pores de la peau, qui la modèlent en même temps. L'appareil digestif de la Dorthésie a bien plus d’analogie avec celui des Cicadelles et de la Psylle qu'avec celui 240 RECHERCHES des Pucerons, et je répète encore ici que le développe- ment de son organe hépatique lui donne , dans la méthode naturelle, la prééminence sur la Psylle. Son tube ali- mentaire naît, comme dans cette dernière, entre les insertions des pattes antérieures, où se trouve le bec. Il est proportionnellement plus long que celui des Pucerons, et s'il était déployé il aurait environ trois fois la longueur du corps de l’insecte. 1° æsophage, bien plus court que celui de la Psylle, est à son origine d’une ténuité plus que capillaire. Îl m'a paru ensuite à peine renflé en un jabot oblong. Il s’'abouche brusquement à un estomac d’abord dilaté, puis se continne en un tube grêle comme un fil, à parois minces et pellucides , se courbant pour revenir en sens inverse de sa première direction, en un mot, récur rent, et allant se terminer, par une insertion à nu, non loin de son origine, de manière à former un cercle complet. l'intestin proprement dit, naît, comme celui des Cigales, de l'estomac lui-même, par une implantation brusque vis-à-vis du point où se termine la portion récurrente du ventricule chylifique. Il est d’abord grêle comme un cheveu , assez long, et va s’in- sérer sur le côté et presqu'à l'extrémité postérieure d’une poche en cul-de-sac, oblongue, semblable à la vessie natatoire de quelques insectes aquatiques. Cette bourse cæcale, que J'ai trouvée remplie d’un liquide excrémen- titiel clair comme de l’eau, dépasse de beaucoup, par son extrémité borgne et arrondie, l'insertion de lintestin grêle, puis elle s'amincit en arrière pour aller se terminer à l'anus. L'organe hépatique de la Dorthésie a une configuration, un développement et un mode d'insertion qui lui sont propres, et qui forment un des traits remarquables de son organisation viscérale. Lorsqu'on fait l'ouverture SUR LES HÉMIPTÈRES. o4t de l’abdomen par la région dorsale, c'est le premier viscère qui se présente au scalpel, et il égale presqu’en grosseur le tube alimentaire lui-même. Il consiste en deux vaisseaux biliaires, grands comparativement à la taille de l’insecte , variqueux , comme entrecoupés d'espace en espace, de couleur blonde ou roussâtre, reployés cha- cun en une anse ou plutôt en un anneau qui se prolonge jusqu’à l'extrémité postérieure de l’abdomen, aboutissant tous deux à un seul commun, fort court et décoloré, qui se fixe vers le milieu de la portion récurrente du ven- tricule chylifique. On voit que ce dernier siége d'insertion s’observe aussi dans la Psylle, et cette considération ana- tomique justifie le rapprochement de ces deux genres d'insectes dans le cadre entomologique. FAMILLE SIXIÈME. LES APHIDIE NS. En abordant l'histoire anatomique des Pucerons, de ces insectes que les prodiges de leur fécondité innée et en quelque sorte virginale, et de leur génération vivipare, ont rendus célèbres; de ces insectes qui ont exercé la sagacité, la patience des Leeuwenhoek, des Bonnet, des Réaumur, des Lyonet, et tout récemment encore de M. Duvau (1), on s’écrie avec Pline, Rerum natura nusquam magis quam in mintmis tota est ! Il était en effet réservé à ces êtres qui, par leur petitesse, leur obscurité, et surtout leur conser- vation difficile pour les collections , semblaient voués au mépris ou à l'indifférence, d'attirer, de fixer l’attention soutenue des plus graves observateurs, et de dévoiler au zoologiste les phénomènes organiques les plus singuliers, les problèmes physiologiques les plus irrésolubles. (1) Nouvelles Recherches sur l'Histoire naturelle des Pucerons (présentées à l’Académie des Sciences, 1825). + Savans étrangers. 31 242 RECHERCHES Je répéterai ici ce que J'ai déjà dit, à l’occasion des Psyllides, que les Æphidiens doivent, dans un cadre ento- mologique basé sur les rapports naturels , constituer une famille parfaitement distincte de la précédente, ainsi que M. Latreille l'avait d’abord établie dans son Genera.Foute- fois, on n’y comprendra point le genre Thrips, qui, d’après les observations de M. Siraus, devra peut-être rétrograder vers un autre ordre d'insectes. GENRE XXXIL — 4PHIS, PUCERON. Malgré tout l'intérêt qu'ont inspiré les Pucerons aux scrutateurs de la nature, il est vrai de dire qu’on s’est plus occupé à étudier leurs mœurs , leur genre de vie et leur mode de propagation , qu'a déterminer rigoureusement leurs nombreuses espèces, et à y établir de nouveaux gen- res que semble réclamer l’état actuel de l’entomologie. Je partage, sous ce rapport, le sentiment de MM. Lepeletier et Serville, auteurs de l’article Puceron, dans l’'Encyclo- pédie méthodique. Les espèces, sur lesquelles J'ai plus spécialement dirigé mes investigations anatomiques, sont les suivantes : Espèce. 1. ZPHIS ROSÆ. Lin. Le Puceron pu rosier. Réaum. , Mem., t. LE, pl. 21, fig. 1-4. Ovato-oblongus, antice attenuatus, virescens ; abdomine bicorniculato ; corniculis elongatis subteretibus nigris ; appen- dice anali ovato-oblongo virescenti; antennis setaceis corpore longioribus ; alis diaphanis. Hab. in rosæ summitatibus. Long. 1 lin. Espèce 2. ZPHIS PAPA ERIS.Fabr., Ent, syst. IV , p. 218. Ovatus nigro-carbonarius opacus, antennis pedibusqu& pal- lidis ; antennis setaceis corpore longioribus ; abdomine bicorni- culato, corniculis concoloribus teretibus ; appendice anali sub- clavato, alis diaphanis costa virescenti. Hab. in papavere somnifero, blito vulgari, etc. Long. 1 lin, SUR LES HEMIPTÈRES. > ES sÈ Esrèce 3. ZPHIS LONGIPES. Mihi. Ovatus , niger, obscurus, glaber, nudus ; antennis piceis sex articulatis corpore brevioribus; articuloultimo exciso-subulato ; prothoracis dorso plano transverso utrinque impresso ; rostro thorace vix longiore ; abdomine bituberculato; ano inermt, pedibus piceo-nigris, tibiis posticis longioribus arcuatis : alis maculis duabus magnis atris subfenestratis. Hab. in summitatibus quercus tauzin et quercus roboris. Long. 1 1/2 lin. Ce n’est ni |. quercus, ni V4. roboris des auteurs. Esrèce 4. ÆPHIS PINI MARITIMÆ. Mihi. Ovatus nigro-obscurus, plus minusve albo-farinosus , vil- losulus ; antennis sex articulatis corpore brevioribus ; rostro corporis fere longitudine ; metathoracis dorso trituberculato ; pedibus posticis longioribus ; alis diaphanis costa obscure vi- rescenti. Hab. in summitatibus pini maritimæ. Long. 1 1/2. lin. [est distinct de V4. pini de Linnæus, figuré par Pau- zer( fase. 05. fig. 17. ) ; mais il pourrait bien se rapprocher de V4. pineti. Fabr., Ent. , syst. IV, p. 219. Cette espèce, ainsi que la précédente, rentre avec les A. piceæ, pini, populeti, de Panzer, et autres analogues, dans la seconde division judicieusement établie par M. La- treille , dans son Genera, et qui peut être convertie en un genre propre. Les Pucerons, ordinairement réunis par sociétés, par troupeaux , ou , pour parler plus correctement, par tribus, s’établissent sur les sommités tendres des plantes, ou sur les feuilles des arbres. Ils y enfoncent leur bec et y puisent les sucs végétaux les plus subtils. Quelques-uns d’entre eux , inoculant sans doute dans le tissu végétal quelque humeur äcre spéciale, y déterminent des irritations nu- 31... 244 RECHERCHES tritives, des excroissances, des espèces d’hypertrophies qui prennent des formes plus ou moins constantes, le plus souvent caverneuses ou vésiculaires. L'appareil digestif des Pucerons présente une exception fort remarquable, unique, suivant moi , je ne dis pas seu- lement dans l’ordre des Hémiptères, mais même dans la classe entière des insectes; c’est l’absence absolue des vais- seaux hépatiques. Ce trait négatif forme le caractère ana- tomique le plus distinctif de la famille des Aphidiens. Et qu'on ne s’imagine point que la petitesse de ces animaux soit un obstacle à la découverte des conduits sécréteurs de la bile. Dans les nombreuses autopsies entomologiques auxquelles je me suis livré, J'ai très souvent mis en évi- dence cet organe dans des insectes du double plus petits que les Pucerons. Il en est même parmi ces derniers qui ont une taille très favorable aux dissections , tels que le Puceron longipèede, celui du pin maritime, celni du sau- le, etc. Ramdohr (1), qui a décrit et figuré le canal alimen- taire d’un Puceron du pommier, ne fait non plus aucune mention de l'appareil biliaire de cet insecte. Enfin , ce qui me semble une preuve assez solide de la non-existence de cet organe, cest que dans les Psylles, qui précédent les Pucerons dans le cadre entomologique, les vaisseaux hé- patiques offrent déjà une dégénération très marquée, et sont réduits à un état rudimentaire. Le tube alimentaire des Pucerons a environ trois fois la longueur du corps de l’insecte, et forme par conséquent dans sa position naturelle plusieurs circonvolutions. L'œæso- phage a une ténuité plus que capillaire, et son insertion à l'estomac est le plus souvent brusque, c’est-à-dire qu'il y (1) Æbhandlung über die Verdaungs w erkzeuge der Insecten, p. 198, tab. xxvr, fig. 4. SUR LES HÉMIPTÈRES. 245 paraît implanté. Cette dernière poche gastrique se présente sous la forme d’une dilatation plus ou moins prononcée, suivant certaines conditions digestives, et peut-être aussi suivant les espèces. Je l'ai constamment trouvée ovoide ou turbinée dans les Pucerons du rosier et du pavot, tandis qu'elle est à peine sensible dans le P. longiptde, et dans celui du pin maritime. L’estomac dégénère ou se continue en un conduit tubuleux filiforme, reployé, rempli d’une pulpe blanchätre homogène. Ce tube, avant sa terminaison à l'anus, se renfle de nouveau en un cæcum oblong constant, que J'ai très souvent trouvé plein d'une humeur excré- mentitielle limpide. La texture du tube digestif des Pucerons est musculo- membraneuse, fort délicate, et cet organe est lisse à l’ex- térieur, c’est-à-dire dépourvu de papilles et de villosités. FAMILLE SEPTIÈME. LES GALLINSECTES. GENRE XXXII — COCCUS, COCHENILLE. . Je n’ai point, relativement aux Grallinsectes, d’obser- vations anatomiques qui me soient propres; mais pour ne point laisser dans mon travail une lacune importante, jemprunterai au traité intéressant de Ramdohr, sur les organes digestifs des insectes (1), ce qui concerne le tube alimentaire de la Cochenille de l'aune.(Coccus alni. Lin.) Cet organe a la plus grande analogie de forme et de texture avec celui des Pucerons. Sa longueur égale trois fois celle du corps de l’insecte. L’œæsophage est court et capillaire. L’estomac présente d’abord un renflement ova- laire, puis dégénère en un tube filiforme reployé. Une dilatation allongée que l’auteur désigne sous le nom d’in- (4) L. c., p. 198, tab. xxvi, fig. 2-3. 246 RECHERCHES testin gréle, succède au tube précédent, et se termine par un rectum moins gros que lui, marqué deplis transversaux. Ainsi que dans les Pucerons, il n’existe dans cette Co- chenille aucune trace de vaisseaux biliaires. ARTICLE II. Des Glandes salivaires. Quand on inquiète ou qu'on irrite un Hémiptere, avec le soin d'examiner attentivement son bec, on voit se pré- senter à l'extrémité de celui-ci une gouttelette d’un liquide incolore et inodore qui est une véritable salive. J’ai déjà, dans des écrits publiés à diversesépoques, signalé l'existence, jusqu'alors peu ou mal connue, d’un appareil organique propre à la sécrétion de la salive, dans un grand nombre d'insectes d'ordres différens. Ainsi on le trouve, sous une forme simplement rudimentaire, dans quelques familles des Coléoptères, notamment dans les Mélasomes, les Taxi- cornes , les Trachélides , les Rhincophores et les Aphidi- phages. Il est bien mieux conditionné dans les Orthoptères., les Hyménoptères, les Diptères, les Lépidoptères et plu- sieurs Aptères. Mais c’est surtout dans la plupart des Hémiptères que l'appareil salivaire revêt les caractères propres à un organe essentiellement sécréteur, puisqu'il se compose 1° de glandes proprement dites, où s'élaborent les matériaux primitifs de la sécrétion ; 2° de conduits ex- créteurs destinés à verser dans la bouche, ou à l’origine de l’œsophage, le liquide sécrété; 3° enfin le plus souvent de réservoirs ou bourses pour le séjour et la conservation de celui-ci. Ramdohr (1) a consacré, dans les généralités de son (1) Ir cp, 9/fel'suiv: SUR LES HÉMIPTÈRES. 247 ouvrage précité, un paragraphe à lappareil salivaire des insectes, et1l l’a décrit aussi à l’article qui concerne chaque espèce; mais Ce savant entomotomiste a, dans la plupart des cas, incomplètement vu cet organe, et mal saisi, je pense, les attributions des diverses parties qui le consti- tuent. C’est ainsi que dans les Cimex, il désigne sous le nom de réservoir ou vésicule l'organe que je regarde comme sécréteur et que j'appelle glande, tandis que les véritables réservoirs sont simplement qualifiés par lui de vaisseaux salivaires. Les glandes salivaires des Hémiptères ne sont point tou- jours, comme celles des animaux des classes supérieures , situées à la tête dans le voisinage de la bouche. Disposées de chaque côté du tube alimentaire, et suspendues par leurs canaux excréteurs, elles occupent la cavité du thorax et atteignent même quelquefois celle de l’abdomen. Ce n’est point dans la bouche qu’elles versent le produit de leur sécrétion, puisqu'il est reconnu que ces insectes n’ont pas de cavité buccale; mais bien à l’origine de l’œsophage, de manière que la salive se mêle aux alimens soit à leur passage , soit dans le jabot, lorsque celui-ci existe. La configuration et la texture de cet appareil présentent , suivant les familles et les genres, des différences ou des modifications dans l'exposition desquelles je vais entrer. La Scutellère rayée a une paire de glandes salivaires situées , une de chaque côté, dans la cavité du thorax, où elles sont libres, en quelque sorte flottantes, et maintenues seulement par des trachées et les conduits excréteurs. Chacune de ces glandes est un corps, une espèce de sachet assez grand comparativement aux organes sécréteurs des insectes en général. Sa forme est irrégulière, mais bien circonscrite et assez élégante; sa couleur d’un blanc opa- loïde ou semi diaphane, sa texture vésiculeuse en appa- 248 RECHERCHES reuce, mais celluleuse à l’intérieur; sa consistance calloso- gélatineuse, sa surface lisse, son enveloppe formée par une membrane pellucide assez épaisse. Cet organe sécréteur, plus ou moins déprimé, est bilobaire, c’est-à-dire formé de deux lobes , lun antérieur, l’autre postérieur, adossés et sans doute communiquant ensemble par leurs bases tronquées, d’où partent les conduits excréteurs. Le lobe antérieur est simple, terminé en avant en une pointe ob- tuse semblable à un doigt de gant, dilaté en arrière, et plus ou moins sinueux sur un de ses bords latéraux. Le lobe postérieur, plus grand que le précédent, est dilaté en avant et divisé sur ses côlés en plusieurs digitations al- longées semblables à des boyaux borgnes. De ces digitations les unes sont simples, les autres inégalement bifides. Cette glande offre à la loupe une surface élégamment brodée par des ramifications trachéennes qui partent d’un tronc com- mun, divisé en deux branches pour chacun des lobes de l'organe. Les conduits excréteurs sont au nombre de deux pour chaque glande salivaire, un pour le lobe antérieur, un autre pour le postérieur. Ils ont la finesse d’un cheveu. Leur insertion a lieu à la surface inférieure de l’organe , à l'endroit où les deux lobes de celui-ci s’adossent. De cette double insertion isolée ils vont s'ouvrir à l’origine du tube digestif de l’insecte. Ils sont l’un et l’autre du même dia- mètre, de la même structure; mais celui qui appartient au lobe postérieur est infiniment plus longet fléchi en nom- breux festons, ordinairement accolés contre la paroi in- férieure du canal alimentaire. Ces conduits, dans leur marche en grande partie récurrente, accompagnent d’une fine trachée. Lorsqu'on les soumet à une forte lentille du microscope pour en étudier la structure intime, on recon- naît qu'ils sont essentiellement constitués, ainsi que la SUR LES HÉMIPTÈRES. 249 plupart des canaux excréteurs des insectes en général, 1° par une enveloppe où tunique extérieure assez épaisse , quoique pellucide, et d’un tissu contractile; 2° par un tube inclus extrêmement délié, qui forme l'axe du conduit et qui, à la simple loupe, parait d'un blanc nacré, quoiqu'il n'appartienne certainement pas à une trachée. De chaque côté de l’origine de l’œsophage , on trouve dans la Scutellère une bourse ou réservoir salivaire sous la forme d’un boyau borgne, grêle comme un fil, blanchôtre, flottant par un bout , plus ou moins replié, mais assez mie lorsqu' il est dér ones pour atteindre la cavité Adérnsele, Ce réservoir est placé au-dessous des glandes salivaires et du canal digestif, de manière qu’il faut enlever ces derniers organes pour le bien voir dans sa position naturelle, La petitesse de toutes ces parties ne m'a point permis de cons- tater par l'observation directe le mode de connexion de ces bourses avec les conduits excréteurs de la salive. Indépen- damment de cette paire de réservoirs salivaires Élifoémcss J'ai, dans quelques dissections, cru reconnaître l’existence d’une seconde paire, mais excessivement courte, débordant à peine le contour de la tête, et placée plus près de la ligne médiane du corps. Je n'ai point acquis sur ce point d’ana- tomie le degré de certitude nécessaire pour oser l’exprimer dans les dessins annexés à montravail. Mais je suis d'autant plus porté à croire à l'existence réelle de cette seconde paire de bourses salivaires, qu’elle se rencontre plus développée dans des genres très rapprochés de la Scutellère, comme on le verra bientôt. La glande salivaire de ia Scutellère maure, quoique iormée sur le même plan que celle de la précédente espèce, présente néanmoins dans sa configuration un trait bien tranché qui confirme ce que j'ai dit plus haut, relativement à la possibilité de séparer génériquement cet insecte des Le Savans étrangers. 32 390 RECHERCHES autres Scutellères. Le lobe antérieur de cette glande est profondément divisé jusqu à sa base en cinq ou six digita- tions simples et d’ inégale longueur. Le postérieur est aussi partagé en lanières, mais na nombreuses, plus grêles, et dont quelques-unes sont bifides. Les conduits excréteurs et les bourses salivaires sont comme dans la S'eutellère rayée: Dans les diverses espèces du genre Pentatome dont j'ai fait la dissection , l'appareil salivaire offre, à peu de chose près, la même structure , la même organisation que celui des Scutellères. La diférene la plus appréciable est relative à la forme de la glande proprement dite. Le lobe postérieur le celle-ci ne présente des digitations que dans la Penta- tome du grateron , placée par Fabricius dans son genre Edessa : encore ces digitations sont-elles fort courtes et disposées, ainsi que l’indiquela figure, au nombre de trois de chaque côté de la base de ce lobe. Celui-ci est très simple dans les autres espèces, mais tantôt dilaté à sa base et ierminé en une queue plus ou moins allongée, comme dans les P. grise, rufipède, du genévrier, des baies, et ornée ; tantôt cylindroïde d’un bout à l’autre, et semblable à un boyau, ainsi qu'on le voit dans les P. émeraude et dissemblable. Du reste, cette configuration présente encore quelques légères différences, suivant certaines conditions difficiles à déterminer. Quant aux conduits excréteurs ou efférens , ils sont absolument les mêmes que dans le genre précédent. Les bourses salivaires sont évidemment au nombre de deux paires dans les P. rufipède et des baïes , et d’une seule dans les autres espèces. Les bourses les plus internes, les plus rapprochées de l’axe du corps, sont plus courtes que les autres, ordinairement droites, et prolongées jusqu’à l’ori- gine de la cavité abdominale. Elles m'ont paru d’une même venue, cylindroïdes dans la première de ces deux espèces, SUR LES HÉMIPTÈRES. 251 et très distinctement atténuées, vers leur insertion, en un col capillaire dans la seconde. L'appareil salivaire des Corés a la même couleur, la même organisation intime que celui des Géocorises précé- dens; mais il offre dans quelques espèces des modifications de forme assez remarquables pour être mentionnées. La glande dans le C. bordé est formée de trois lobes au lieu de deux. Le plus postérieur de ces lobes est profondément divisé en cinqdigitations inégales , antérieur en deux : l’in- termédiaire, simple et allongé, est légèrement renflé dans son milieu. Il n’y a cependant que deux conduits efférens ; ce qui fait présumer que le lobe intermédiaire est con- fluent par sa base avec l'un des autres. Le plus long de ces canaux n'est pas uniformément capillaire et fléchi en nom- breux festons comme celui des Scutellères et des Penta- tomes ; il est sensiblement renflé dans une assez grande étendue de sa partie moyenne et atténué à ses deux extré- mités. Il a du reste la même structure intérieure, et le tube inclus ne partage point le renflement de sa gaîne ou enveloppe contractile. Les figures qui accompagnent mon texte dispensent d’autres détails. Ce Coré a deux paires de réservoirs salivaires longs, filiformes, plus ou moins accolés au canal digestif, et quelquefois ayant une teinte vert-pis- tache, surtout les plus rapprochés de l'axe du corps. La glande salivaire du €. chlorotique à le globe anté- rieur simplement fourchu, le postérieur divisé sur un seul côté seulement en plusieurs digitations simples ou bifides, l'intermédiaire allongé, renflé vers le milieu, fusiforme. Dans le €. folätre, la forme de la glande qui sécrète im- médiatement la salive se rapproche plus de celle des Pen- tatomes que de celle des espèces précédentes. Elle n’est composée que de deux lobes, lun et l'autre très simples ; mais elleest proportionnellement plus courte et plus grosse 292 202 RECHERCHÉS que dans la plupart des autres Géocorises. Les canaux efférens ressemblent à ceux du €. bordé. Je n’y ai reconnu qu’une seule paire de réservoirs salivaires qui sont filifor- mes et assez longs pour pénétrer dans la cavité abdominale. En décrivant le tube digestif du €. hirticorne, nous avons vu qu'il manquait des cordons valvuleux qui carac- térisent celui des autres espèces du même genre. Cet insecte va nous offrir aussi dans son appareil salivaire des traits qui le distinguent des autres Corées. Il y a pour chaque côté deux glandes, mais accolées l’une à l’autre , et sans doute confluentes. Chacune d'elles est formée de deux lobes comme dans les Pentatomes. Le lobe antérieur , bien plus court que le postérieur, est divisé, pour l’une des glandes, en deux digitations oblongues, etsimplement échancrées en cœur pour l’autre. Le lobe postérieur est très simple. Il n’y a que deux canaux eflérens pour cette double glande; ce qui suppose leur confluence. Je n’y ai apercu qu'une seule paire de bourses salivaires filiformes, atteignant la base de l’abdomen. Dans les 4lydes, les glandes où se prépare la salive sont plusgréles, plusallongées que dans les Gréocorises précédens, mais d’ailleurs d’une texture parfaitement analogue. Elles sont doubles pour chaque côté dans l4. du géranion, et triples dans 4. aptère. Leur contiguité, leur adhérence, me font soupconner, ainsi que dans le C. hirticorne , qu'elles confluent ensemble. Considérées isolément , elles différent peu par leur configuration de celle des Pentatomes. Le lobe antérieur est plus court quele postérieur; Pun et l’autre sont très simples et terminés en pointe. Les conduits ex- créteurs ressemblent à ceux des Corées, c’est-à-dire que le plus long est renflé vers le milieu. L’4. du géranion à deux paires de bourses salivaires filiformes, dont l’une, plus longue, pénètre dans l'abdomen. , = ] SUR LES HÉMIPTÈRES. 293 La glande salivaire de la Pyrrhocore est double pour chaque côté; mais les deux corps qui la constituent sont en partie superposés, et Je les crois confluens par le point de leur contact. Chacun d’eux a un lobe antérieur et un lobe postérieur; mais la grandeur relative de ceux-ci est inverse de celle des autres Géocorises. Le lobe antérieur est le plus long; il est très simple. Le postérieur est brièvement trilobé dans lun de ces corps et arrondi dans l’autre. Il y a deux couduits excréteurs uniformément capillaires, comme ceux des Pentatomes, mais moins longs, moins flexueux quedans ces derniers.On ne rencontrequ’une seule paire de bourses salivaires , et elles sont filiformes. L’organe sécréteur de la salive ne se compose dans le Lygée lagénifère que d’une glande à deux lobes pour chaque côté. Mais ces lobes ont une figure et une disposi- tion particulières. L’antérieur est transversal, cylindroïde, et semblable à un grand bourrelet; le postérieur est partagé en deux digitations principales, dont l’une est simple et plus grande, et l’autre bifide. Les conduits efférens res- semblent à ceux des Pentatomes. Celui du lobe postérieur est fort long, fléchi en très nombreux petits festons, et uni- formément capillaire. Les réservoirs salivaires sont fili- formes, et il y en a un seul de chaque côté. La glande salivaire du Zygée de la jusquiame diffère de celle de l'espèce précédente, et ressemble plutôt à celle des Corées. Elle se compose d’un corps glandulaire, analogue pour saconfiguration à celuides Pantatomes;etd'unautreal- longé, simple, accolé et parallèle au côté du premier. Ce- lui-ci a son lobe antérieur simple, et le postérieur unilobé à sa base. L'appareil salivaire présente dans les Capsus, les Miris , les Phymata , une disposition, une forme particulières qui constituent un des traits anatomiques les plus distinctifs de ces genres. 254 RECHERCHES Dans le Capse tricolor, il y a pour chaque côté, d’abord une glande d'une configuration et d’une texture analogues à celles des Géocorises que nous venons d'examiner, puis une seconde glande distincte de la précédente. La première se compose de deux lobes très simples, dont le postérieur est plus long. Les conduits excréteurs sont capillaires , et celui du grand lobe a plus de longueur que l’autre, sans en avoir autant que dans les Zygées. La seconde glande n'est pas toujours facile à mettre en évidence, à cause de sa petitesse, de sa diaphanéité et de sa position. C'est un corps d'apparence vésiculaire, d’une seule pièce, pellucide, ovale-oblong ou réniforme, suivant son degré de turges- cence , fixé, en quelque sorte collé, au moyen de brides trachéennes, à la face inférieure et latérale de l'estomac. Un conduit eflérent capillaire s’insère près de son bout anté- rieur, mais un peu latéralement, et va s'ouvrir, en cô- ioyant l’œsophage, vers l’origine de celui-ci. En étudiant au microscope la texture de ce conduit, on se convainct qu'elle a la plus grande analogie avec celle de tous les vaisseaux excréteurs des autres glandes salivaires, C’est-à- dire qu'il renferme un axe tubuleux à bords parfaitement parallèles. C’est surtout ce mode d’organisation qui m'a déterminé àconsidérer ce corps vésiculiforme plutôt comme une glande que comme un réservoir. Ce Capsus est-il pourvu de bourses salivaires , et doit-on considérer comme telles deux corps oblongs et d’une teinte verdâtre, places un de chaque côté, à l’issue de la tête ? Ces corps ne sont- ils que de simples sachets adipeux ? J'avoue que je ne me trouve pas suffisamment éclairé pour décider la question. Dans le Miris de Carcel on trouve, ainsi que dans le Capsus, deux glandes salivaires distinctes pour chaque côté. L'une est conformée comme celle des Pentatomes, ainsi qu'il est facile de s’en convaincre par l'inspection des fi- pa SUR LES HÉMIPTÈRES. 255 gures. Les lobes qui la constituent sont simples, et le postérieur, prolongé en une sorte de boyau plus ou moins boursouflé, est le plus souvent courbé en hamecon. L'autre se présente sous la forme extérieure d’un sac ou d’une utri- cule diaphane, ovalaire , un peu contractée vers son mi- lieu comme certaines calebasses. Un filet trachéen , pres- que imperceptible, le suspend par son petit bout à l’extré- mité postérieure de la glande précédente. Les connexions insolites des conduits excréteurs de ces deux glandes en forment le trait anatomique le plus caractéristique, et rendent leur dissection d’une extrême difhiculté. Celui du lobe antérieur de la glande principale est, comme d’ordi- naire, plus long que l’autre; il se renfle insensiblement dans une assez grande étendue de sa partie moyenne, comme on le voit dans l’un des canaux efférens des Corées. Il se dirige d’abord vers la tête, et un œil peu attentif croirait qu'il y pénètre ; mais il se réfléchit sur lui-même, rebrousse chemin et va s’aboucher dans un sinus commun dont Je parlerai bientôt. Le conduit excréteur du lobe postérieur de cette même glande est uniformément ca- pillaire et se porte en arrière pour s'ouvrir dans le sinus. Celui de la glande supplémentaire ou utriculiforme s’im- plante brusquement à son gros bout, est fort, court, capillaire, et se dégorge aussi dans le sinus en question. Celui-ci, dont je n'ai encore rencontré aucun exemple dans les autres insectes, est formé par la réunion, la confluence de cinq conduits destinés à l’excrétion du fluide salivaire, savoir : deux qui partent de la glande principale, un qui vient de l’autre glande, et deux qui naissent du sinus même et sintroduisent dans la tête pour verser la salive dans la bouche. Je n'ai point reconnu de bourses salivaires. L'appareil salivaire de la Phymate a beaucoup d’ana- 256 RECHERCHES logie avec celui du ÆMiris, et justifie, comme je l'ai déjà dit ailleurs, la place assignée à ce genre par M. La- treille. Il y a aussi deux glandes de chaque côté. La glande principale est allongée, cylindroïde, grêle comme un fil; son lobe antérieur est court et très obtus, le pos- térieur est fort long; leurs deux conduits excréteurs sont, contre l'ordinaire, égaux entre eux et remarquables par leur briéveté. L'autre glande , ou la supplémentaire, a l’ap- parence d’une vésicule conoïde ; elle est collée contre l’es- tomac, où elle est principalement fixée par un filet tra- chéen qui termine la pointe acérée de la glande. Le conduit excréteur est très simple et s’insère latéralement avant son extrémité antérieure, pour se porter ensuite directement dans la tête. La petitesse de l’Aradus avenius ne m'a pas mis à même de constater par l’observation directe l'existence de son organe sécréteur de la salive; mais il est permis de présu- mer qu'il doit avoir beaucoup d’analogie avec celui du genre suivant. L'organisation de lappareil salivaire de la Punaise des lits, quoique ne démentant point par certains traits celle des genres avec lesquels elle est groupée, offre cependant une configuration qui lui est propre. J’ai distinctement reconnu, pour chaque côté, deux glandes, dont l’une ou l’autre pourrait être, non sans quelque apparence de raison, prise pour un réservoir. La glande principale, du moins celle qui, par sa position, repré- sente l’organe que J'ai désigné sous cette dénomination, est un corps ovoïde , simple , c'est-à-dire sans distinction de lobes ou de pièces conniventes, tout-à-fait saillant à l'ouverture œsophagienne de la tête et paraissant sessile. Ses parois pellucides laissent apercevoir à la loupe une humeur intérieure avec une nuance roussâtre ou ambrée. SUR LES HÉMIPTÈRES. 257 Son bout antérieur, légérement atténué, se termine par un col ou canal excréteur fort court qui à son entrée dans Ja tête se divise aussitôt en deux branches capil- laires comme lui. Cette bifurcation qui est, à propre- ment parler, le vestige des deux conduits efférens qui caractérisent l'organe salivaire des Pentatomes et autres Géocorises , ne vient-elle pas confirmer la dénomination de glande principale que l’analogie m'a fait donner à ce corps? Ne nous fournit-elle pas une des nombreuses preuves de la marche graduée de la nature dans les changemens de forme et de texture des organes ? Il est nécessaire, pour mettre en évidence les deux branches en question , de briser avec précaution le crane de l’in- secte et d’en enlever les fragmens. L’exiguité de toutes ces parties rend cette dissection des plus délicates. Toute- fois, avec le secours d’une forte lentille du microscope, je me suis assuré que la structure du col et de ses branches ressemblait à celle des canaux excréteurs des autres Hé- miptères , c’est-à-dire qu'ils sont formés d’une tunique extérieure contractile, et d’un tube inclus strié en travers et plus où moins nacré. La seconde glande salivaire de la Punaise des lits se présente sous la forme d’une capsule sphérique ou ovoïde que son extrême petitesse et sa pel- lucidité ne rendent sensible qu’à un œil exercé, armé d’une forte loupe. Pour la découvrir, il faut arracher avec soin la tête de la Punaise, après avoir préalablement ouvert et écartelé le corselet, car la glande est logée dans lin- térieur de ce dernier. C’est sans doute à son degré de plénitude qu’il faut attribuer la différence de sa confi- guration, que J'ai trouvée le plus souvent globuleuse, mais quelquefois ovalaire. Dans tous les cas elle renferme un liquide absolument incolore, crystallin. Le canal déférent est un filet d'une ténuité presque imperceptible,  + Savans étrangers. 99 258 RECHERCHES qui, d’une part, s’insère brusquement à la glande, et, de l’autre, va, en longeant l’œsophage, s'enfoncer dans : la tête. L'appareil salivaire du Réduve stridulant a plus d’ana- logie avec celui des Capses qu'avec celui des autres Géo- corises. Îl consiste aussi en deux paires de glandes d’une forme plus ou moins allongée. Le lobe postérieur de la glande principale surpasse cinq ou six fois en longueur son lobe antérieur. Il est droit où courbé, simplement renflé à sa base ou diversement boursouflé, susceptible, en un mot, de quelques variations accidentelles dont j'ai représenté quelques-unes. Deux conduits excréteurs , courts, égaux entre eux, non flexueux et uniformément capillaires, naissent de l’entre-deux des lobes, mais à la face inférieure de l'organe. Ces conduits, le plus souvent contigus ensemble, prennent leur origine (au moins lun d'eux) à une petite dilatation arrondie qui paraît dépendre du lobe postérieur. Un ligament d’une ténuité plus que capillaire s'attache au bout du petit lobe, et s’insinuant dans l’intérieur de la tête, sert à fixer tout l'organe. Ce ligament, dont je n'ai point encore fait mention dans les Géocorises précédens , se rencontre néanmoins dans plusieurs d’entre eux. La seconde paire de glandes sali- vaires est plus rapprochée de l’axe du corps que la pre- miére. C'est un corps d'apparence utriculaire à parois pellucides et fort délicates, tantôt fusiforme, c’est-à-dire ventru dans son milieu, tantôt très allongé et presque cylindroïde, ce qui dépend de son plus ou moins de tur- gesceuce. De fines et nombreuses trachéoles le fixent , le collent, pour ainsi dire, contre la paroi inférieure de l’es- tomac; en sorte qu'il faut être très exercé dans les Im- vestigations de ce genre pour le découvrir et le dégager de ses liens. Elle n'a pas de connexion avec la précédente, SUR LES HÉMIPTÈRES. 259 et on n’y reconnaît aucune trace de lobe. Un conduit excréteur, plus long que ceux de la glande principale, mais du même diamètre et de la même texture, s’insére brusquemert, non à l’urie de ses extrémités, mais latéra- lement vers son tiers antérieur. Il pénètre dans la tête à côté des précédens, et J'ai été assez heureux pour le poursuivre, sans le rompre, jusqu'à son embouchure dans le pharynx. L'organe salivaire a, dans le Pélogone, une contigura- tion et une structure qui n'offrent qu'une faible analogie avec celui des familles voisines. 11 consiste, pour chaque côté, en une glande proprement dite et en un réservoir. ° La glande, ou l’organe essentiellement sécréteur, est formée par une agglomération de six sachets subvésiculeux, presque diaphanes , dont quatre, groupés au centre, ressemblent à des boursouflures sphéroïdales. Le cin- quième est antérieur, ovale-oblong; et le sixième, plus allongé que le précédent, forme à la glande une espèce de queue. De la partie inférieure de l'organe partent, comme dans les Cimex, deux conduits efférens dont la finesse, bien plus que capillaire, ne m'a pas empêché de constater l'existence, et qui, beaucoup plus courts que ceux de la plupart des Géocorises, se dirigent sans flexuosités vers l’oriftice de lœsophage. 2° Le réservoir salivaire est une sorte de boyau comme suspendu à la partie postérieure de la tête et qui dépasse la glande par sa longueur. Ses parois minces et pellucides lui donnent l'aspect vésiculeux; sa forme allongée varie suivant son degré de plénitude; ilest parfois renflé à son bout flottant , et plus étroit vers sa partie moyenne; il pénètre dans l’arrière-bouche par un col d’une grande ténuité. L’organe destiné à la sécrétion salivaire va nous pré- senter, dans les Amphibicorises , quelques traits qui con- 3. 260 RECHERCHES courent avec ceux fournis par les autres appareils orga- niques, à légitimer leur établissement en une famille par- ticuliére. Il se compose, ainsi que dans plusieurs des genres précédens, de deux paires de glandes dont l’une pourrait bien n'être qu’un réservoir. Examinons-les dans les Gerris. La glande principale ou externe, celle qui, par sa situation dans le thorax, sa couleur opaloïde, sa structure vésiculeuse et sa configuration générale , res- semble à celle de la plupart des Céoberiees que Je viens de décrire, est formée de deux pièces contiguës par leurs bases et sans doute communiquant ensemble. La pièce antérieure est simple, renflée à sa base et terminée par un prolongement grêle, capillaire. La postérieure est divisée assez profondément en deux lobes conoïdes inégaux, prolongés aussi en longs filets tubuleux, déliés comme un cheveu. Dans le Gerris des canaux le filet qui termine le plus grand de ces lobes se courbe ordinairement en sens inverse de sa première direction et se porte d’arrière en avant vers la tête. Immédiatement après sa courbure il se divise en deux. Dans quelques circonstances plus rares, car Je ne l'ai encore observé qu'une seule fois, ce filet ne se courbe point, et ses branches se portent en arrière Jusqu'à la cavité abdominale. Malgré tout le soin que Jai mis dans mes investigations, Je n'ai pu découvrir qu'un seul conduit excréteur ou efférent à cette glande, Comme ce fait est insolite, je n’ose point le donner pour incontestable. Ce conduit est capillaire, court, com- parativement à celui des Pentatomes, et naît du point de contiguité des deux pièces de la glande à la région infé- rieure de celle-ci. La seconde glande salivaire des Gerris consiste en un groupe ou agglomération arrondie d’utri- cules, les unes ovales, les autres sphéroïdes , sessiles, diaphanes, remplies d’une humeur visqueuse : ces utri- SUR LES HÉMIPTÈRES. 261 cules sont au nombre d’une vingtaine environ. Deux conduits eflérens parfaitement distincts, plus déliés qu'un cheveu, partent du milieu des utricules et appartiennent sans doute à deux grappes confondues. Ces conduits pénè- trent dans la tête en passant entre l’œsophage et le canal excréteur de la glande principale. Je n'ai que des notions anatomiques incomplètes sur l'appareil salivaire de la Yélie. Sa glande salivaire m’a paru bilobée en arrière ainsi que celle des Gerris, et elle ne m'a offert non plus qu'un seul conduit excréteur. Quant à la seconde, elle présente des différences avec celle du genre précédeut. Elle est essentiellement formée d'une grosse bourse ovalaire couronnée en avant par quelques utricules arrondies , et elle se dégorge dans le pharynx par deux canaux excréteurs. L'organe qui préside à la préparation de la salive présente , dans les Hydrocorises , une structure plus com- pliquée, un degré de plus de perfection que celui des Géocorises et des Amphibicorises. La glande salivaire des Vaucores est une grappe de granulations arrondies ou ovales, sessiles, très serrées entre elles, et d’un blanc opaloïde. Elle est oblongue dans la NN. cimicoide, plus courte, plus ramassée dans la N. aptère. Elle présente en avant un petit lobe dis- ünct, pareillement granulé, qui rappelle celui des Géocorises ; et en arrière, un simple renflement ovale plus ou moins prononcé suivant certaines conditions. Les granulations de ce dernier sont beaucoup moins saillantes que dans le reste de la glande. Deux conduits efférens , courts et capillaires, partent d’entre les lobes de celle-ci pour se-rendre à l’origine du tube digestif. On retrouve dans les Naucores de véritables réservoirs salivaires ana- logues à ceux que J'ai fait connaître dans les Pentatomes 262 RECHERCHES et les Corés. I n’y en a qu’une seule paire ; ils se présen- tent sous la forme de deux bourses allongées plus ou moins cylindroïdes , collées, à la faveur de fines tra- chéoles, contre les parois postérieures du canal alimen- taire , et atténuées en avant en une sorte de col capillaire. El y a dans la Vèpe et la Ranatre une glande salivaire de chaque côté. Elle consiste , ainsi que celle de la Vau- core, en une grappe formée de granulations sessiles , arrondies , semi diaphanes et fort pressées. Cette grappe, qui occupe l'intérieur du thorax, paraît simple au pre- mier coup d'œil; mais une dissection attentive y recon- naît deux grappes d’une même texture et communiquant ensemble, dont l’une, bien plus petite et antérieure, ne semble qu’une appendice de l’autre, et se termine en avant par un ligament d'une extrême ténuité qui se fixe dans l’intérieur de la tête. Dans la Ranatre la grande et la petite grappe semblent confluentes à endroit de leur contiguité, et il part de ce point un conduit excréteur qui ne tarde point à se diviser en deux branches. Dans la /Vèpe la grappe appendiculaire est bien distincte de la principale. Son extrémité postérieure émet un tube excréteur assez court, mais bien sensible, qui débouche dans la grande grappe. Celle-ci envoie à l’origine du bec deux conduits efférens dont le plus externe part d’un renflement sphéroïdal , lisse et simple. Il y a dans ces Hydrocorises deux paires de réservoirs pour la salive. L'une, filiforme, plus ou moins adhérente aux parois du canal digestif par d’imperceptibles trachées, est beau- coup plus longue que lautre, pénètre jusque dans la cavité abdominale et se fait remarquer par une grande dilatation ellipsoïdale vers son milieu. Elle a proportion- nellement plus de longueur dans la Aanatre que dans la Népe. L'autre paire de réservoirs, placée tout-à-fait au-des- SUR LES HÉMIPTÈRES. 263 sous de lœæsophage, a la forme de deux bourses cylin- droïdes-obtuses , membraneuses , blanches dans le pre- mier de ces insectes, d’un jaune citron pâle dans le second. La glande salivaire de la Corise ressemble bien plus à celle des Pentatomes qu'à celle des Hydrocorises. Il n'y en a qu'une pour chaque côté, et elle ne se compose point de granulations agglomérées en grappe; elle con- siste, ainsi que dans la FRERE des Géocorises, en deux pièces ou lobes adossés par leurs bases et très simples. Le lobe antérieur est moins grand que le postérieur : l’un et l’autre sont assez gros et très obtus. Deux conduits efférens, courts et capillaires, naissent de la rainure transversale qui sépare les deux lobes, mais à la face inférieure de l’organe. J’ai trouvé dans cet insecte une paire de réservoirs salivaires plus rapprochés de l'axe du corps que les glandes. Chacun d'eux est une vésicule sphéroïdale remplie d’une humeur limpide, et suspendue à un col tubuleux plus délié qu’un cheveu. L'appareil destiné à la sécrétion salivaire présente dans la Notonecte une configuration et une structure particu- lières. On éprouve ici, comme dans les Réduves et autres Géocorises voisins, un véritable embarras pour la dé- nomination respective de la glande et du réservoir, à cause de la ressemblance de ces deux parties. Un certain tact acquis par l’entomotomie pratique autorise seul la préférence du nom que J'impose à chacune de ces der- nières. La glande salivaire, ou l’organe auquel je donne cette dénomination, fondée surtout sur la texture du conduit efférent, se trouve placée, contre l'ordinaire, plus près de l’axe du corps que le réservoir. Elle est plus grande et plus facile à mettre en évidence que ce dernier ; sa forme est conoïde, allongée, plus ou moins effilée en arrière suivant son degré de turgescence; elle se ter- 264 RECHERCHES mine en avant par une sorte de tête tantôt sphéroïdale, tantôt semblable à une crosse. Celle-ci est séparée de la portion conoïde par un étranglement, un véritable col; mais il n’y a pas ici, comme dans les glandes salivaires des Géocorises, adossement , par leurs bases, de deux pièces ou lobes distincts : aussi n’y a-t-il qu'un seul conduit efférent. Les deux glandes convergent l’une vers l’autre par leurs extrémités eflilées. Celles-ci se terminent par un ligament propre d’une excessive capil- larité, et les deux ligamens se réunissent en un tronc com- mun qui se fixe vers le milieu de l’estomac. La tête de la glande émet, par sa partie antérieure, un conduit excréteur capillaire assez court, et celui-ci, que j'ai long-temps cru se porter directement à l’origine du bec, va s’aboucher, ainsi que des dissections récentes (juillet 1829) me l'ont très positivement démontré , dans le réservoir dont je parlerai bientôt. Ce conduit, soumis au foyer de la lentille microscopique, présente la structure propre aux canaux excréteurs des glandes salivaires en général. Ainsi il se compose d’un tube inclus dans une enveloppe contractile. Toutefois ce tube inclus pourrait échapper à des investigations peu attentives, soit à cause de la finesse et de la translucidité de l'enveloppe, soit parce qu'on ne lui observe point les stries transversales qui le caractérisent ordinairement. Le réservoir salivaire de la ÂNotonecte a toutes les apparences d’une véritable glande. If est plus petit et surtout plus court que l’organe sécréteur dont je viens de donner la description. Il est comme enseveli au milieu du tissu adipeux qui garnit la région pharyngienne de l’insecte et ne déborde point la tête. Si, dans la figure qui accompagne mon texte, le réservoir est en entier mis en évidence, c’est qu'il a fallu pour cela violer sa L \ | SUR LES HEMIPTÈRES. 265 situation naturelle et ses rapports. Ce qui lui donne une grande ressemblance avec une glande, c’est qu’il est formé de deux pièces ou de deux lobes contigus par leurs bases, mais distincts. Le lobe antérieur est petit, globuleux ; le postérieur oblong, conoïde ou parfois ventru. Deux conduits capillaires s’insèrent dans l’entre-deux des lobes; l’un est le canal excréteur de la glande qui vient apporter dans le réservoir le produit de la sécrétion pour y être élaboré; l’autre, qui ne présente point au microscope le tube inclus qui caractérise le premier, est un peu moins délié et s'enfonce dans la tête. Dans la Cigale l'organe essentiellement sécréteur de la salive consiste, pour chaque côté, en une paire de glandes arrondies, formées par l’agglomération d’une vingtaine environ d’utricules subdiaphanes , ovoïdes, oblongues ou allongées. Ces glandes, placées en arrière l’une de l’autre, mais bien séparées, communiquent en- semble par un conduit intermédiaire d’une teinte jaune qui aboutit à leur centre. La glande antérieure à des utricules plus allongées que l’autre et uniformes. Dans sa situation naturelle elle est presque entièrement logée dans le crâne de l’insecte. Il m'a fallu violer cette situation pour la mettre en évidence dans la figure que J'en donne. Les utricules de la glande postérieure sont inégales entre elles, celles du centre étant plus courtes, plus arrondies que celles du pourtour. Malgré des recherches fréquem- ment réitérées avec le secours des verres amplifians, Je n'ai point été assez heureux pour confirmer l’existence du conduit par lequel la glande verse le produit de sa sécrétion dans la bouche. Dans mon premier travail sur l'anatomie de la Cigale, j'ai décrit ce conduit comme s'unissant avec celui du côté opposé pour former un col commun de dégorgement. A + Savans étrangers. 34 266 RECHERCHES Au milieu de l'appareil salivaire on rencontre de chaque côté de la tête un boyau filiforme, à parois fragiles et pellucides , ayant, lorsqu'il est déroulé dans son intégrité, la longueur de tout le corps de l’insecte. Dans mes recher- ches antérieures sur ce même sujet, J'avais, à tort, pris ce boyau pour le réservoir de la double glande que je viens de décrire, et J'avais mal saisi son origine et ses connexions. Mieux servi aujourd'hui par une plus grande habitude des dissections délicates , J'ai clairement reconnu que ce boyau, dont plusieurs replis sont renfermés dans le crâne, aboutissait à une très petite glande logée dans la. profondeur de la tête et composée d’une douzaine envi- ron d’utricules arrondies. De cette glande part un conduit excréteur d’une finesse plus que capillaire et ayant la struc- ture propre à ces sortes de canaux, c'est-à-dire offrant un tube inclus. Ce conduit, que J'ai positivement constaté, s’unit avec son congénère du côté opposé, et le col com- mun qui résulte de cette union va s'ouvrir à l'origine du bec. On serait tenté de comparer ce petit appareil salivaire de la Cigale aux glandes sublinguales des grands ani- maux. Chacune des glandes salivaires de la Z'ulgore se pré- sente sous la forme d’un filet tubuleux se prolongeant usque dans la cavité abdominale, et garni, sur un de ses côtés, d’utricules ovalaires diaphanes, peu pressées entre elles et disposées en une seule série longitudinale. Ce filet tubuleux m'a paru dégarni d’utricules un peu avant son entrée dans la tête. Je n’ai point découvert de réser- voir salivaire, et je sens le besoin de nouvelles dissections pour avoir des notions positives sur cet appareil. Les glandes de la sécrétion salivaire de l’/ssus m'ont paru avoir moins d’analogie avec celles de la Fulgore qu'avec celles des Cicadelles. Dans le petit nombre d’indi- SUR LES HEMIPTÈRES. 26; vidus que J'ai pu soumettre au scalpel, je n'ai reconnu, pour chaque côté, qu’un seul petit groupe arrondi, et sans doute sessile, d’utricules sphéroïdes transparentes. Dans la £èdre, je ne vois non plus qu’une seule grappe salivaire arrondie, mais assez longuement pédicellée composée de sept à huit utricules ovalaires diaphanes. J’ai été à même de saisir avec assez d’exactitude la forme et la structure de lorgane salivaire de la Cercope sanglante, pour pouvoir en offrir et la description et la figure. Cet organe, compliqué et difficile à mettre en évidence, diffère beaucoup de celui des Cicadaires précédentes. On y distingue un corps glandulaire, deux conduits eflérens et plusieurs réservoirs. Le corps glan- dulaire placé au centre de l'appareil rappelle, par sa texture et sa configuration générale, celui de quelques Géocorises, notamment des Pentatomes. Il est assez grand, de forme à peu près triangulaire, légèrement déprimé, semi diaphane ou opaloiïde, divisé en deux pièces contigués, l’une antérieure, très petite, simple, ovale; l’autre postérieure, beaucoup plus grande, com- posée de boursouflures irégales plus ou moins arron- dies. Les deux conduits efférens ou excréteurs sont d’une ténuité capillaire et s'insèrent à la face inférieure du corps glandulaire, dans la ligne de contiguité des deux pièces ou lobes qui le constituent. L'un, celui qui paraît appartenir à la pièce antérieure, est fort court ; l’autre, qui semble destiné à la pièce postérieure, se fléchit en plusieurs festons où zig-zags. Ils se dirigent tous deux vers l’origine du bec, et leur structure est analogue à celle des conduits excréteurs ordinaires des glandes sali- vaires ; C'est-à-dire qu'ils offrent intérieurement un axe tubuleux, d’un blanc nacré à la loupe simple, et strié en travers au microscope. Les parties de cet appareil VE 2 268 RECHERCHES salivaire que J'ai mentionnées sous le nom de réser- voirs, Sont un certain nombre (peut-être huit seule- ment) de tubes filiformes blanchâtres, bien plus longs que Île corps glandulaire, flottans par un bout, insérés par l’autre, soit en-dessus, soit en-dessous de la glande centrale. Ces tubes pourraient tout aussi bien être regardés comme des vaisseaux sécréteurs ou destinés à transmettre au corps central les matériaux pour la fabrication de la salive. Nous retrouvons dans l'appareil salivaire de l4phro- phore le même plan d'organisation que dans la Cercope, ainsi qu'on peut s’en convaincre par un coup d’œil com- paratif jeté sur les figures qui les représentent. La seule différence remarquable qui existe, c’est que les tubes, que J'ai désignés , avec quelque hésitation , sous le nom de réservoirs, sont ici bien plus courts que dans la Cercope, et comme terminés en massue. Les zootomistes seuls, ceux surtout qui se livrent avec ardeur à la dissection difhcile des petits insectes, savent apprécier la satisfaction que pro- cure la découverte de ces analogies d'organes dans les gen- res d’un même groupe. Je n'ai point mis clairement à découvert l'organe sécré- teur de la salive dans la Psylle, malgré de nombreuses dissections dirigées vers ce but; mais J'ai reconnu dans la cavité thoracique des granulations arrondies assez dis- ünctes, semi diaphanes, qui, suivant les apparences, se rat- tachent à cet appareil. La Dorthésie, dont l’organisation viscérale a plusieurs traits de ressemblance avec celle de la Psylle, m'a offert, de chaque côté de l’origine du bec, quatre ou cinq sphérules blanchätres qui m'ont paru at- ténuées en un col propre et qui vraisemblablement consti- tuent la glande salivaire. Je n'ai pas été plus heureux dans mes investigations re- SUR LES HEÉMIPTÈRES. 269 latives à l'appareil salivaire des diverses espèces de Puce- rons soumises à mes dissections; je n’y en ai pas reconnu la moindre trace. ARTICLE Ill. Du tissu adipeux splanchnique. Les viscères renfermés dans les trois cavités splanchni- ques des Hémiptères, c’est-à-dire dans l'abdomen , le tronc et la tête, sont entourés, plus où moins immédiatement, par une pulpe graisseuse dont l'abondance varie et sui- vant les régions du corps, et suivant les conditions aux- quelles se trouvent soumis ces animaux. Mais c'est surtout dans la cavité abdominale qu’elle se trouve en plus grande quantité. J'ai déjà signalé dans d’autres ouvrages sur l’anatomie des insectes, l'existence de cette pulpe graisseuse dans tous ces invertébrés en général, et J'ai fait connaître le rôle important qu'elle joue dans l’acte nutritif. Lorsqu'on la délaie dans l’eau pour en mieux saisir la contexture, on reconnaît, avec le secours de la loupe, qu’elle se compose de grumeaux, ou mieux de sachets de figure très poly- morphe, remplis d’une graisse très fine et délicate. Mais ces sachets ne sont pas simplement déposés , isolés, abandon- nés en quelque sorte dans les cavités; ils sont constam- ment en rapport avec des ramifications trachéennes , c’est- à-dire avec le seul organe véritablement circulatoire des insectes. Quand on saisit et qu’on soulève le tronc aérifère qui se distribue à ces sachets, ceux-ci y demeurent sus- pendus sous la forme de grappes, de guirlandes ou de gue- nilles. Les rapports immédiats et constans de ces utricules adipeuses avec un lacis, un canevas de trachées, arinon- cent une destination fonctionnelle incontestable. Je les considère donc comme de véritables réservoirs où les élé- 270 RECHERCHES mens adipeux peuvent être déposés, et repris ensuite par imbibition, pour servir ainsi à la vutrition. Mais ce but vraiment organique et vital n’exclut pas un autre usage accessoire de la pulpe graisseuse, qui par son interposition entre les viscères et leur enveloppe tégumentaire entretient une lubréfaction nécessaire, ralentit les secousses brusques, et s'oppose à des tiraillemens qui pourraient nuire à l'exer- cice normal des fonctions. L’abondance de cette pulpe n'a paru proportionnée au degré d’é énergie vitale des insec- tes et à la faculté qu'ils ont de pouvoir supporter plus ou moins long-temps la privation des alimens. En appliquant celte considération aux insectes ailés , on trouve que les Coléoptères se placent en premiére ligne pour la quantité du tissu adipeux , puis viennent les Orthoptères , ensuite les Hémipières, les Névroptères, les Hyménoptères, les Diptères , les Lépidoptères (1). Je STARS ici, relativementaux Hémiptères, une obser- vation que J'ai Aa consignée dans mon travail sur l’ana- tomie des Coléoptères; c'est que les individus que lon rencontre dans l’arrière-saison présentent beaucoup plus de pulpe graisseuse que les autres. Dans le mois de novem- bre J'ai souvent disséqué des Pentatomes dont la majeure partie de la cavité abdominale était remplie par deux (1) C’est aux dépens de cette pulpe graisseuse que se nourrissent les larves qui vivent dans les cavités splanchniques de divers insectes. J'ai déjà fait connaître dans les Annales des Sciences naturelles (1. X , 1829) celles de deux Diptères du genre Ocyptera, que l’on rencontre, l’une dans la Pentatoma grisea, l'autre dans la Cassida viridis. Depuis lors j'ai trouvé aussi dans l’ab- domen de la Scutellera maura une larve qui appartient au même genre de Diptères , mais j'ignore si elle est d’une espèce différente. Enfin la dissection du Reduvius stridulus m'a également fait découvrir dans ses entrailles une larve apode plus petite, plus allongée que les précédentes, mais fixée de même au stigimate pectoral : je la crois d’un Diptère , mais peut-être d’un autre genre que l’Ocypière. SUR LES HÉMIPTÈRES. 271 énormes guirlandes de granulations adipeuses suspendues aux trachées. Les organes digestifs, réduits alors à une espèce d’inaction , étaient presque entièrement dépourvus de pulpe alimentaire. N’est-on pas autorisé à penser que quelques-uns de ces Hémiptères, éclos tardivement, fran- chissent l'hiver dans des réduits à l'abri de l’air, de la lu- mière, en un mot, de tous les agens d’excitation ; qu'ils s’alimentent aux dépens de cette graisse lententent reprise par imbibition; enfin que, semblables aux marmottes, ils. hibernent (tr)? Le tissu adipeux splanchnique des Hémiptères n'est pas toujours exclusivement constitué par les sachets dont je viens de parler ; il se présente parfois sous la forme d’une membrane fort mince, pellucide, enveloppant l’ensemble des viscères à la manière d’un péritoine. Dans la famille ou la tribu des Géocorises, les Scutel- lères et les Pentatomes ont une pulpe adipeuse assez abon- dante comparativement aux autres Hémiptères. Elle est formée de sachets ovalaires ou arrondis, le plus souvent blanchätres, quelquefois d’un vert ou foncé ou glauque, comme dans les Pentatoma juniperi et baccarum, rare- nent presque diaphanes , ainsi qu'on le voit dans la P. or- nata. Les utricules adipeuses sont en bien moindre quan- (1) Voici un fait cbservé postérieurement à la rédaction de cet article et qui résout d’une manière affirmative la question d’hibernage. Vers la fin de no- vembre 1829 j'incarcérai deux individus de la Pentatoma grisea dans un verre où j'avais mis du papier chiffonné pour leur servir d’abri. Je plaçai le verre dans un lieu exposé à l'air. Pendant les froids rigoureux de cet hiver où le thermomètre de Réaumur descendit, à Saint-Sever, lieu de ma résidence, jus- qu'à onze degrés et demi au-dessous de zéro, j’allai visiter mes prisonniers ; je les trouvai vivans, mais dans un état d’inaction absolue, engourdis et dans une véritable léthargie. Aux premiers jours de mars 1830, c’est-à-dire trois mois après leur incarcération dans un vase où il n’y avait aucune espèce de nourri- ture, leur torpeur se dissipa peu à peu, et ils reprirent leur agilité ordinaire. 272 RECHERCHES tité chez les Corés et les Ælydes; blanchâtres dans les C. marginatus et quadratus , d'une teinte verdâtre dans le C. chloroticus, semi translucides dans le C. nugax, presque nulles dans le C. kirticornis. Le Lygœus lageni- fer ne m'a offert pour tissu adipeux qu’une toile pellucide péritonéiforme , tandis que celui du Z. kyosciami consiste en granulations blanchätres ou jaunâtres. La Pyrrhocore présente une pulpe adipeuse blanche, grumeleuse, abon- dante. Remarquons en passant que cet insecte est aptère et par conséquent d'un genre de vie moins actif, moins lo- comobile que les genres qui lavoisinent. On trouve dans son prothorax , tout près de la tête, des sachets oblongs ou allongés , disposés symétriquement , qui peuvent en impo- ser à des yeux peu exercés, pour des bourses salivaires. Cette pulpe est rare dans les Miris, insectes qui voltigent beaucoup. Elle ne consiste dans la Phymate, qu'en un pe- üt nombre de guenilles membraniformes de couleur opa- loïde. Celle de la Punaise des lits ne se rencontre guère que dans les flancs de la cavité abdominale, et en petite quantité. Enfin celle du Reduvius stridulus , insecte d’un genre de vie assez sédentaire, est blanche, abondante, se déploie tant en-dessus qu’en-dessous des viscères en une espèce de toile épiploïque qui voile ces derniers, et est enchevêtrée de trachées. Le tissu adipeux splanchnique des Amphibicorises (Ger- ris, Velia )est remarquable par sa couleur jaune et sa tex- ture épiploïforme. Il s'étale comme un tablier sur la por- tion abdominale du canal digestif. Dans la V’élie j'ai trouvé ce tissu Jaune dans le mâle, et blanc dans la fe- melle. L'intérieur du corselet offre une pulpe graisseuse assez abondante. Les Hydrocorises ont un tissu graisseux fort peu abondant. Celui de la Æèpe et de la Ranatre consiste SUR LES HÉMIPIÈRES. 273 soit en une toile pellucide qui tapisse la paroi intérieure de la cavité abdominale, soit en sachets grumeleux ré- pandus çà et là. Ces derniers sont dans la Vaucore tantôt diaphanes, tantôt d’un jaune pâle, mais toujours rares; grisâtres dans la Corise, plus nombreux à lorigine du tube alimentaire; jaunâtres dans la Votonecte, et tout aussi peu abondans. La pulpe adipeuse splanchnique est fort rare et d’une extrême délicatesse dans les Hémiptères de la section des Homoptères , insectes qui, comme on sait, ont un genre de vie tout aérien , et usent d’une nourriture légère et peu substantielle. Dans les Cigales on trouve quelques sachets graisseux d’une teinte glauque, dans la partie postérieure de la cavité abdominale, et plusieurs rameaux trachéens de celle-ci sont aussi enveloppés d’un fourreau de graisse. Mais indépendamment de ces sachets, une dissection adroite met en évidence une toile péritonéale qui revêt les parois intérieures de l’enceinte viscérale. Le tissu adipeux est presque nul dans la Psylle. J'ai rencontré habituellement, en partie dans le thorax et en partie dans l’abdomen, une espèce de bourbillon ou de grumeau assez grand , d’un Jaune vif, et au bout de l’ab- domen quelques lobules , mais blanchätres. Une pulpe graisseuse, formée de grumeaux arrondis, s’observe aussi dans la Dorthésie : elle est à peine apparente dans les Pucerons. CHAPITRE SECOND. APPAREIL GENITAL Les Hémiptères ont, ainsi que les autres insectes, des sexes distincts qui procèdent à la reproduction par un accouplement. Si, dans une classification entomologique u 4. Savans étrangers. 35 274 RECHERCHES qui aurait pour base l'anatomie, les organes digestifs four- nissent des caractères de première valeur pour l’établis- sement des tribus et des familles, ceux de la génération n'offrent pas moins d'importance et de solidité pour la distinction des genres et des espèces. Les entomologistes paraissent avoir entièrement négligé l'étude de la configuration et de la structure du bout de l'abdomen des Hémiptères, dans le signalement de leurs traits génériques. Cette étude, qui s'exerce sur des pièces externes, dépendantes des organes de la génération dans les deux sexes, est cependant féconde en caractères aussi solides que faciles à explorer, ainsi qu’on le verra par les recherches auxquelles je me suis livré sur ce point. Afin de procéder avec un ordre convenable à l’exposi- tion des diverses parties constitutives de l’appareil repro- ducteur, j'examinerai, dans deux articles séparés, les or- ganes générateurs du mâle et ceux de la femelle. ARTICLE PREMIER. Organes générateurs mâles. Les uns sont destinés à préparer, à élaborer les élémens fécondateurs ou le sperme; les autres à conduire, à émettre la liqueur prolifique dans lacte copulateur. Dans les pre- miers sont compris les testicules avec les conduits déférens et les vésicules séminales; dans les seconds, le canal éja- culateur, la verge et V'armure copulatrice. C’est encore ici un exemple remarquable de conformité de composition organique entre l'appareil générateur mâle des Hémiptères et celui des grands animaux. Je vais développer les traits fonctionnels ou physiologiques de cette ressemblance. Les organes qui, par l'effet d’une vitalité élective toute mystérieuse, ont pour fonction spéciale de séparer le sperme SUR LES HÉMIPTÈRES. 270 de la masse humorale, de le sécréter, en un mot, portent et doivent porter, dans l’homme comme dans la punaise, le nom de testicules. Dans les Hémiptères , ainsi que dans la plupart des grands animaux, ils sont binaires ou doubles. Situés à demeure dans la cavité abdominale, le plus sou- vent à sa base, quelquefois à son extrémité, toujours au- dessous des viscères digestifs, ils sont, comme tous les or- ganes qui ont une haute importance vitale , en contact avec un grand nombre de vaisseaux aérifères. Ceux-ci non-seu- lement s’épanouissent, à leur surface, en élégantes bro- deries, mais ils s’insinuent entre les parties qui constituent la glande et pénètrent leur tissu. Tantôt chaque testicule ne consiste qu’en un seul corps indivisé, et tantôt il résulte de la connivence , de la réunion de deux ou plusieurs gaines que J'ai cru devoir désigner sous le nom significatif de capsules séminifiques. Le nombrede celles-ci varie suivant les familles et les genres, mais il est constant dans les in- dividus d’une même espèce. Dans quelques Hémiptères , le testicule est enveloppé d’une tunique propre ou testiculaire, membraniforme, comparable à la tunique albuginée des grands animaux; dans d’autres il est tout-à-fait à nu. La forme et surtout le volume de ces glandes sont sujets, dans le même individu, à quelques variations qui dépen- dent de leur turgescence séminale, et qui pourraient alors en imposer à des yeux peu exercés. Lorsque le testicule, dans son état d’orgasme génital , a préparé une quantité surabondante de liqueur prolifique, celle-ci est transmise, hors de cette glande, dans des ré- servoirs spéciaux , par un Canal particulier, appelé conduit déférent du testicule ou cordon spermatique. Ce conduit se rencontre dans tous les Hémiptères. Dans les uns il naît brusquement de l'organe sécréteur; dans les autres il n’en est qu'une dégénération insensible. Sa longueur 35; 276 RECHERCHES varie beaucoup, suivant les familles et les genres. Elle peut égaler seulement celle du testicule ou la surpasser un grand nombre de fois. Dans quelques cas, ses flexuosités s’agglo- mérent en un peloton constant, qu’un scalpel adroit arrive à dévider complètement, et qui peut porter le nom d’épididyme, par analogie avec une agglomération sem- blable qui s’observe dans les Mammifères. La liqueur spermatique , immédiatement séerétée par le testicule, est, comme Je viens dele dire, transmise par le conduit déférent dans des réservoirs particuliers. Ceux-ci sont les vésicules séminales : le sperme est destiné à y subir, soit par son séjour, soit par une filtration répétée dans des canaux multipliés, soit enfin par la vitalité de ces organes, et peut-être aussi par son mélange avec d’autres humeurs, une nouvelle et dernière élaboration qui lui fait acquérir la qualité fécondante ou prolifique. Ces mêmes réservoirs, ce même but physiologique, se retrouvent dans les animaux les plus élevés de l'échelle organique, comme dans nos petits Hémiptères. Les vésicules séminales de ces derniers, toujours placées entre les testicules et le canal éjaculateur , sont tantôt de longs boyaux filiformes assez rares’ et reployés, tantôt des vaisseaux courts et très nom- breux, tantôt enfin, comme dans l’homme, des poches membraneuses assezconsidérables. Elles sont plus ou moins développées , plus ou moins apparentes, suivant leur degré de turgescence ou leur opportunité générative; mais leur nombre et leur configuration ne varient point dans les individus d’une même espèce. Le canal éjaculateur est l'aboutissant, le tronc des diverses parties que je viens de mentionner. Cest lui qui livre passage au sperme lorsque celui-ci est convenable- ment élaboré, et que des conditions génératives favorables sollicitent son excrétion. Sa forme et sa longueur varient SUR LES HÉMIPTÈRES. 2gr dans les Hémiptères , suivant les genres. En général il est bulbeux dès son origine, et cette portion bulbeuse est digne de toute l'attention du physiologiste qui se livre à l'étude comparative des animaux et à la recherche de la théorie des analogues. Les parois sont épaisses, fermes, presque élastiques, susceptibles d’une contractilité propre à remplir la fonction qui lui semble dévolue; et qui consiste à lancer, à projeter, à éjaculer, en un mot, la liqueur prolifique pendant le coït. Mais, indépendamment de cette fonction, n'est-il pas permis de croire que ce bulbe peut avoir aussi celle de sécréter quelque liqueur spéciale qui se combine avec le sperme; et, sans violenter l’invocation à la loi de l’analogie , ne relrouvez-vous pas ici un organe comparable à la glande prostate des grands animaux ? Tout l'appareil générateur mâle se termine dans les Hé- miptères , comm, dans tous les animaux en général, par le pénis ou la verge. Cet organe, qui dans les quadrupé- des sert et à l’excrétion du sperme et à celle de urine, est dans les insectes exclusivement destiné à s’introduire, pour l'acte copulatif, dans le vagin de la femelle, et à y éjaculer la liqueur séminale pour la fécondation. Il est habituel- lement renfermé dans la cavité abdominale, dont il occupe l'extrémité, et il n’en sort que pour l'exercice du coït. Pour le mettre en évidence hors du temps de ce dernier acte, il faut exercer sur l’ensemble des pièces plus ou moins cor- nées qui en sont le réceptacle, et dont je parlerai bientôt, nne compression expulsive graduelle : alors on le voitsaillir sous l'apparence d’un corps grêle comme un fil, blancha- tre, mou et flexible. Dans quelques conditions généra- tives , favorables, J'ai même constaté l'existence bien posi- tive d'un vestige de gland comme bilobé. Autant que Jai pu m'en convaincre en cherchant à prendre la nature sur le fait, je suis porté à croire que la 278 RECHERCHES verge des Hémiptères , ainsi que celle des autres insectes , n’est point susceptible d'acquérir complètement, pendant orgasme génital, cette raideur désignée sous le nom d’érection. Mais la nature, toujours conséquente dans ses productions , toujours admirable dans la diversité des moyens qu’elle emploie pour atteindre un même but, a su obvier à cette espèce d’inhabilité à l'érection : un appareil en quelque sorte mécanique a été donné à tous les insectes, pour rendre exécutable l’acte important de la fécondation; c'est cet appareil qui porte le nom d’armure copulatrice. Diverses pièces la composent , et présentent, suivant les genres et les espèces, des différences que j'indiquerai plus bas. Les unes sont habituellement visibles à l'extérieur ; les autres appartiennent à la verge elle-même, et l’accom- pagnent lorsque le coït doit avoir lieu. Les pièces externes de l’armure copulairice des Hémiptères sé trouvent placées tout-à-fait à l'extrémité de l'abdomen, tantôt à la région ventrale et tantôt à la dorsale. Elles sont , en général, d’une texture analogue à celle des tégumens du corps, mais sou- vent plus dures encore. Elles constituent un ensemble ré- iractile, c’est-à-dire susceptible de sortir en tout ou en partie de sa position ordinaire, et d’y rentrer ensuite. Des muscles assez nombreux obéissent, à cet effet, à la volonté et aux besoins de l’insecte. Ces pièces, par leur configuration, paraissent avoir pour but principal de saisir, d’accrocher, de fixer les parties externes de organe générateur femelle, pour laccomplissement du coït. Les pièces copulatrices propres à la verge, forment, à cet organe, une gaîne, un véritable fourreau, j'allais dire un prépuce, d’un tissu assez consistant, mais qui ne l’est pas uniformément, de manière à ce qu'il puisse jouir d’une certaine flexibilité. Ce fourreau, lors de la copulation, s’introduit en partie dans la vulve, et facilite SUR LES HEMIPTÈRES. 279 ainsi l’intromission complète du pénis dans ie vagin. L’accouplement des Hémiptères et des insectes en géné- ral n’est point instantané, comme dans l’espèce humaine et la plupart des mammifères. Semblable à celui du Chien, il est permanent pendant un certain temps. Le mâle et la femelle, ainsi que dans ce dernier quadrupède , sont placés horizontalement, bout à bout, par le partie postérieure du corps, et restent liés dans cette attitude jusqu'à ce que l'acte fécondateur ait été complété. On a voulu expliquer par l’absence des vésicules séminales dans le Chien, la nécessité de la durée de son accouplement; il faudrait chercher pour les Hémiptères une autre solution, car ces insectes sont pourvus de réservoirs spermatiques très développés ou fort nombreux. Au lieu de destiner, comme je l’ai déjà fait dans d’autres ouvrages de cette nature, un paragraphe particulier à lexamen isolé de chacune de ces parties dans les diverses espèces, il m'a paru plus convenable, pour abréger et sim- plifier mon travail, d'exposer l’ensemble de l'appareil gé- nital male dans chacun des Hémiptères soumis à mes re- cherches anatomiques. GÉOCORISES. Scutellera nigro-lineata.— Le sexe mâle de cette espèce se reconnaît extérieurement à ce que la région anale, vue en-dessous, présente une exCavation semi circulaire ou parabolique, et deux paires de saillies ou d’apophises, le tout formé par l’armure copulatrice. Les testicules, fixés tout-à-fait à la base de la cavité ab- dominale, sont constitués par deux glandes assez grandes, fort remarquables par ieur couleur d’un rouge vif, en partie obliquement croisées l’une sur l’autre dans leur situation naturelle, le plus souvent en forme de massue ovale-oh- 280 RECHERCHES longue et obtuse, plus renflées dans certains cas de turges- cence séminale. La couleur rouge ou cinabre de ces organes appartient exclusivement à une membrane fort mince et d’un tissu peu résistant qui forme sa tunique testiculaire ou albuginée. On voit plusieurs trachéoles étaler sur ce fond de pourpre d’élégantes arborisations nacrées. Quand on a dépouillé le testicule de sa tunique colorée, on met à nu son parenchime, qui est une pulpe blanchâtre, homogène, visqueuse, plus ou moins compacte, suivant son degré d'élaboration. Cette pulpe, soumise aux investigations microscopiques les plus réitérées, ne m'a offert aucune trace de capsules ou de vaisseaux séminifiques. Ce testicule est unicapsulaire. Je ferai, à ce sujet, uneobservation qui prouve combien il est nécessaire en entomotomie de multiplier les recher- ches, soit pour constater la texture de certains organes, soit pour saisir les analogies ou les transitions d'orgauisa- tion. En juin 1828 je disséquai un individu de notre Scutelltre, dont les testicules, très développés par l'effet d’une turgescence spermatique considérable , étaient dé- colorés à leur extrémité libre; et celle-ci offrait évidem- ment la trace, ou plutôt un faible trait de plusieurs divi- sions ou lobes peu marqués, ainsi que le témoigne la figure que J'en donne. Or, s’il est permis d’en appeler à la loi de lanalogie, on voit dans ce cas l'indice, le vestige de l’orga- nisation des testicules de plusieurs Géocorises, dans lesquels ces organes sécréteurs du sperme sont, ainsi que nous le verrons plus bas, composés de plusieurs capsules parfaite- ment distinctes. Le conduit déférent du testicule n’est que la continuation de l'extrémité postérieure de cet organe. Revêtu comme lui d’une tunique rouge, il est filiforme , plus ou moins flexueux, environ deux fois plus long que le testicule lui- SUR LES HEMIPTÈRES. 281 même, et formé intérieurement par le même parenchyme pulpeux blanchâtre. Îl va se perdre dans le groupe des petites vésicules séminales, par un mode de connexion qu'il m'a été impossible de constaier. Les vésicules séminales sont de deux sortes : les unes, fort petites et très nombreuses, se confondent pour chaque côté en un groupe qui parfois semble bilobé. Ce sont des tubes fins et courts, libres et fermés par un bout, réu- pis par l’autre, d’une manière inextricable, vers un centre commun. Îls ont une texture fort délicate. J’ai souvent observé que les plus antérieurs étaient d’un blanc mat, et les postérieurs diaphanes. Les autres vésicules séminales sont bien différentes des premières, et se nent par leur conformation de celles des grands animaux. Il n’y en a pour chaque côté qu’une seule, sous la forme d’une poche membraneuse, ovalaire, assez And remplie d’un sperme plus ou moins limpide. Elles recoivent, par un mode d'insertion que l’exiguitéet l’extrème délicatessedes parties, ne m'ont pas mis à même de reconnaître positivement, les autres vésicules séminales et les conduits déférens ; puis elles dégénèrent en arrière en deux cols tubuleux qui s’a- bouchent au canal éjaculateur. Le canal éjaculateur, beaucoup plus court que le con- duit déférent, présente, dès son origine, un renflement ovoide ou ovalaire, et s’'amincit en arrière pour pénétrer dans l’appareil chutes L'armure copulatrice est une pièce cornée, à peine ap- parente, au bout inférieur de l’abdomen, dans l’état de repos. Elle a une forme à peu près carrée, échancrée en avant et en arrière. Les angles de l’échancrure antérieure servent d'attache aux faisceaux musculeux qui font mou- voir l’'armure; ceux de la postérieure forment une saillie obtuse garnie de quelques cils, et dans l’intervalle de ces 4 + Savans étrangers. 36 282 RECHERCHES angles il y a au milieu une lame courte, bifide; puis, de chaque côté de celle-ci, un crochet en forme de spatule uni-épineuse au bord interne. Sc. maura. — Son appareil générateur male offre des différences tranchantes avec celui de la Sc. nigro-lineata et confirme l'observation que J'ai déjà émise, en parlant de la Structure extérieure de cet insecte, sur la nécessité d’é- tablir pour lui une division particulière dans le cadre des espèces, ou de l’ériger en genre propre. J'observe , relativement à la différence extérieure des sexes, que la région anale ne présente en-dessous qu’une plaque d’une seule pièce en forme d’écusson , à peine dé- primée, arrondie en avant, largement tronquée et légère- ment échancrée en arrière, constituée par l’armure copu- latrice. Les testicules, bulbeux et arrondis à leur base, sont en- suite brusquement rétrécis en une sorte de bec allongé, cylindroïde, que J'ai toujours rencontré comme flétri et ridé. Dans leur position naturelle ils sont contigus et op- posés par leurs bases respectives. Ainsi que ceux de la Sc. rayée, ils sont revêtus d’une tunique testiculaire rouge, et ne présentent intérieurement qu'une pulpe homogène blanche, amorphe. Les conduits déférens ont aussi une enveloppe rouge. Ils sont grêles, à peine de la longueur du testicule, et confluent en arrière en un réservoir arrondi formant le bulbe du canal éjaculateur, et où. viennent s’'aboucher, comme dans un sinus commun, les vésicules séminales. Celles-ci, au nombre de cinq bien distinctes, mais fort difficiles à isoler, sont filiformes, diaphanes, fragiles , très repliées et flottantes par un bout. Leurs nom- breuses flexuosités sont parfois , surtout dans’ la condition opposée à la turgescence spermatique, si déprimées et si contigués , qu'elles semblent constituer une membrane où SUR LES HEMIPTÈRES. 283 la loupe a de la peine à saisir la trace de leur existence. De ces cinq vésicules séminales, deux s’insèrent de chaque côté du réservoir arrondi, dont je viens de parler, et la cinquième ou l’impaire s’implante vers le milieu du bord antérieur de ce réservoir, tout près du point où confluent les conduits déférens. Elles sont toutes d’une grosseur à peu près égale, mais l’impaire est un peu moins longue que les autres, et l’antérieure des paires latérales est la plus longue. Leur insertion a lieu par un bout un peu eflilé. Le canal éjaculateur débute, comme je l'ai déjà dit, par une dilatation arrondie qui sert de réservoir aux conduits dé- férens et aux vésicules séminales. 11 devient ensuite brus- quement grêle comme un fil, blanchäâtre, fort court, et va, en passant sous l'intestin, pénétrer dans l’armure copu- latrice. Cette dernière est une pièce cornée et rétractile dont la configuration et la structure diffèrent beaucoup de celles de la Sc. rayée. Elle présente en-dessus une légère excavation, dont le milieu est cccupé par une espèce de soupape ovale-oblongue qui se relève pour le passage de la verge, et qui est flanquée à droite et à gauche par un crochet copulateur. Les figures qui accompagnent mon texte, me dispensent d’autres détails descriptifs. Pentatoma dissimilis. — Le mâle diffère de la femelle par une plus petite stature, et parce que le dernier segment de l’abdomen a une large échancrure, arrondie et pro- fonde, et est concave en-dessus pour loger l’armure copu- latrice. Les testicules ne diffèrent guère que par la forme, de. ceux des S'cutellères. Placés comme eux sous les viscères de la digestion , et fixés à la base de la cavité abdominale par de nombreuses brides trachéennes, ils forment deux corps tantôt ovales, tantôt oblongs, suivant leur degré de turgescence ; le plus souvent étranglés vers leur base et se 20. 284 RECHERCHES regardant par celle-ci. La tunique testiculaire qui les revêt est aussi fortement colorée en rouge orangé ou en écarlate, et parcourue par des broderies vasculaires. Quoi- qu'ils ne présentent extérieurement aucune trace de divi- sion, on reconnaît néanmoins, en les disséquant avec soir, que chacun d’eux est comme formé par un faisceau de capsules séminifiques allongées dont je n’ai pu déterminer le nombre, parce qu’elles sont confondues. Ces capsules ont une enveloppe propre, lavée de rouge, qui m'a paru le dédoublement de la tunique testiculaire, et J'ai bien re- connu que de fines trachéoles s'insinuaient entre elles. Le sperme qu’elles renferment est blanchätre. Le conduit dé- férent, filiforme, rouge, et bien plus long que le testicule, est à son origine collé contre la base de celui-ci, qu’il dé- borde un peu comme un bourrelet. Il se fléchit en une dou- ble sinuosité, et va s’insérer à la naissance du canal éja- culateur, en se rapprochant de son congénère sans s'unir à lui. Avant cette insertion il présente un petit renflement oblong, décoloré, précédé d’une légère centracture. Les vésicules séminales sont fort compliquées, et il faut une patience éprouvée pour mettre en évidence leur disposition et leurs connexions. On peut les diviser en trois ordres. On en voit d’abord une impaire fort considérable sous l'aspect d’un vaste sac transversal, le plus souvent réni- forme, quelquefois bilobé, suivant certaines conditions génératives. Ce sac, plus ou moins rempli d’une humeur limpide, visqueuse, cache en grande partie les autres vésicules. Celles-ci sont tubulaires, disposées en arbus- cules ramifiés qu'il n’est pas facile d'isoler. Les antérieures, plus courtes, plus petites, plus nombreuses , plus inextri- cables, ont leur insertion aux conduits déférens, dans cette légère contracture que J'ai dit précéder un renflement ter- minal de ceux-ci. Elles forment, pour chaque côté, un fais- LA \ } SUR LES HÉMIPTÈRES. 285 ceau à plusieurs branches aboutissant à un tronc commun, court et étroit. La liqueur séminale qu'elles contiennent est blanche, opaque, et n'a paru plus élaborée. Les vési- cules tubulaires postérieures sont constituées par un groupe bien plus simple de conduits, dont quelques-uns sont divisés en une ou plusieurs digitations. Elles s’im- planient, par un pédicule commun fort court, de chaque côté du bulbe du canal éjaculateur, et sont pleines d’une humeur spermatique limpide. Le canal éjaculateur se renfle, dès son origine, en un bulbe allongé, claviforme, d’une consistance comme calleuse, et sensiblement courbé. Ce bulbe recoit à son bout antérieur les deux conduits dé- férens; un peu au-dessous de ce bout s’abouche le grand sac séminal ; et de chaque côté, vers sa partie moyenne, a lieu l'insertion des vésicules tubulaires postérieures. Le canal en question devient filiforme après le bulbe, et pénêtre sous le rectum pour s’enfoncer dans l’armure de la verge. Celle- ci est une capsule cornée, courte, arrondie, avec une échan- crure semi lunaire en arrière. P. smaragdula. — Une configuration du segment anal de l'abdomen, à peu près analogue à celle de la P. dissi- milis, distingue dans cette espèce le mâle de la femelle. Observons seulement qu'ici l’échancrure a ses angles moins arrondis, qu’elle est garnie intérieurement d’une légère villosité, et que le segment où elle est pratiquée offre en- dessous et en arrière une fossette particulière. L'appareil génital male à la plus grande conformité d’or- ganisation avec celui de l’espèce précédente. Voici les seules différences, et elles ne tiennent point à la structure in- time. 1° Le testicule est ici plus obtus, comme tronqué ; les trachées qui s’étalent à sa surface y présentent des branches rapprochées et presque parallèles qui imitent des galons d'argent. 2° La tunique testiculaire est d’un roux 286 RECHERCHES pâle et non rouge. 3° Les vésicules séminales, insérées au conduit déférent, sont moins nombreuses et très entortil- lées. 4° Celles implantées sur le bulbe du canal éjaculateur sont plus loyrgues, disposées sur un même plan et terminées par une extrémité eflilée. 5° Enfin le bulbe du canal éjacu- lateur est moins prononcé, moins calleux et non sensible- ment courbe. P. grisea. — On reconnaîtra le male à ce que l’armure copulatrice, logée dans le dernier segment de l'abdomen , présente, vue en-dessous, une dépression semi lunaire dont les angles sont obtus, brièvement velus, et dont la ligne intermédiaire a une petite échancrure médiane et quelques inégalités peu marquées. Quoique cet insecte se rencontre fréquemment dans nos contrées , quoiqu'il soit le premier Géocorise qui appa- raisse au printemps, puisque dès les premiers jours de mars il me fournissait ordinairement l’occasion de re- prendre mes investigations anatomiques, javais vainement cherché, pendant plusieurs années consécutives, à le dissé- quer dans des conditions favorables à l'étude de ses or- ganes mâles de la génération. Dans les diverses saisons où les autres Pentatomes offraient ces organes dans un état de turgescence spermatique plus ou moins prononcé, je trouvais constamment les testicules de celle-ci ratatinés , flétris , déformés , sans parenchyme appréciable, et les vési- cules séminales vides, affaissées , inextricables. Ce n’est que tout récemment, en novembre 1829, que J'ai enfin pu constater d’une manière positive la forme et la structure de l'appareil génital male de la P. grisea. J'en ai tiré la con- séquence assez naturelle que l’accouplement de cette espèce a lieu beaucoup plus tard que celui des autres Géocorises, et à l'époque dont je viens de parler. On peut aussi, sans trop hasarder, tirer cette autre conséquence que, puisqu'on SUR LES HÉMIPTÈRES. 287 rencontre cet insecte à la fin de l'hiver avec les organes génitaux flétris, c’est que vraisemblablement il franchit cette saison et qu'il hiberne. Ses testicules, mollement assis sur une couche épaisse de grumeaux adipeux blancs, et d’un rouge éclatant re- haussé de broderies nacrées, ressemblent irait pour trait à ceux de la P. dissimilis. Je puis en dire autant des coni- duits déférens, des vésicules séminales et du canal éjacu- lateur; en sorte que la description de toutes ces parties serait un véritable double emploi. P. ornata. —- Cest encore ici le même plan d’organi- sation pour l'appareil génital male. Le seule différence an peu remarquable que n'ait fournie son étude consiste dans une forme plus oblongue du testicule, qui dans quelques cas de turgescence spermatique, est dénudé, à son extré- mité, de sa tunique rouge, et présente alors la trace de deux capsules séminifiques accolées, dont l’une déborderait un peu l'autre en longueur. Le canal éjaculateur débute par un bulbe ovale. P. aparines. — On ne saurait disconvenir que cette Pentatome revêt une physionomie différente de celle des espèces précédentes, et nous allons trouver dans l'organi- sation de son appareil male de la génération quelques traits particuliers qui sembleraient déposer en faveur du senti- ment de Fabricius, qui a placé cet insecte dans son genre Edessa. Les testicules ont aussi une tunique propre, d’un rouge vif, couleur qui se communique parfois aux fines arbori- sations trachéennes épanouies à leur surface. Ils sont ova- laires, obtus à leur extrémité libre, qui, dénudée lors d’une exubérance séminale , offre lindicede plusieurs digitations, et rétrécis en arrière, pour se relever ensuite en une espèce d'apophise ou de talon d'où naît le conduit déférent. 288 RECHERCHES Toutes mes tentatives pour isoler les capsules séminifiques que la irace des digitations précitées pourrait faire soup- conner, ont été entièrement infructueuses : les dissections les plus soigneuses ne m'ont démontré, dans le testicule, qu'une pulpe prolifique homogène où l'œil, armé des plus foris verres amplifians, n’a pu découvrir ni gaîne ni dia- phragme. Ces apparences de digitations incomplètes ne sont donc, aux yeux du zootomiste habitué à étudier la marche graduelle de la configuration et de la texture des organes dans les divers êtres de l'échelle animée , que de simples vestiges, des indices précurseurs, l’ébauche, en un mot, d’une organisation plus compliquée, plus parfaite peut-être. Les conduits déférens sont rouges, filiformes, flexueux, de moyenne longueur. Un peu avant leur insertion au canal éjaculateur, insertion qui a lieu tout-à-fait au bout antérieur de celui-ci, leur couleur rouge s’efface. Les vésicules séminales sont tellement développées dans l'état de turgescence, qu’elles recouvrent presque entière- ment les testicules. 11 y en a de deux ordres : les unes, au nombre de trois, ont la forme de grandes vessies ovoides , à peu près égales entre elles, à parois minces et pellucides, remplies d’une liqueur transparente; les autres sont vas- culaires où tubulaires , diaphanes ou opaloïdes, la plupart rameuses , d’une texture si délicate, si fragile, et tellement enlacées avec les trachéoles , que leur déroulement complet est impossible. Des trois vessies séminales, lune, centrale et quelquefois comme échancrée, s’abouche d'une manière sessile à l’origine supérieure du canal éjaculateur; les deux autres sont latérales, atténuées en arrière en un col qui m'a paru s’insérer de chaque côté de la vessie centrale, mais à sa face inférieure. Les vésicules séminales vasculaires constituent pour chaque côté un groupe de conduits tu- SUR LES HÉMIPTÈRES, 289 buleux, ramifiés en arbuscule, dont les branches sont en- tortillées. Elles s’implantent de part et d'autre par un tronc commun, près de l’extrémité du col des vessies latérales. Mais, Adépendémment de ces vésicules vasculaires ra- meuses , il y en a de chaque côté de la face inférieure de la vessie centrale, au tour du point d'insertion des conduits déférens , quatre ou cinq supplémentaires fort petites , sim- ples, très difficiles à mettre en évidence, et qui sont là comme collées. Le canal éjaculateur est fort court, ren- flé dès son origine et à peu près droit. L’armure copulatrice a la plus grande ressemblance de forme et de contexture avec celle de la Scutellera maura. Elle présente une échan- crure semi lunaire, excavée, au centre de laquelle est une pièce ovalaire en forme de soupape, destinée à se relever pour le passage de la verge. Coreus marginatus. — Les Corés, ainsi que plusieurs des genres qui les suivent dans le cadre entomologique , vont confirmer, par la structure de leurs organes sécréteurs du sperme, la réflexion que je viens d'émettre relativement aux vestiges ou ébauches de ces parties, comme signes précurseurs d’une organisation qui doit se perfectionner dans des espèces plus élevées dans léchelle. Le mâle se reconnaît extérieurement à ce que l'extrémité de l’abdomen est largement tronquée et entière. Les testicules du C. marginatus, placés pour ainsi dire à nu, à la base de la cavité abdominale, sont composés chacun de sept capsules séminifiques ee distinctes , al- longées , d’un jaune orangé vif, disposées le plus souvent sur un même plan, en un Pied flabelliforme, déprimé et confluent, ou soudé en arrière pour la formation du con- duit déférent. Ces capsules, d’une texture un peu raide, sont, dans quelques circonstances, reployées sur elles- mêmes , de manière à représenter une double rangée; mais 4. Savans étrangers. 37 290 RECHERCHES ce n’est là qu’une exception, un accident. Le conduit dé- férent naît brusquement du testicule: ilest blanc , d’abord grêle et filiforme, ensuite dilaté en un renflement ovoïde ou oblong, suivant son degré de plénitude, et e terminant par un conduit tubuleux qui va s’insérer, isolément de son congénère, à l’origine du canal éjaculateur. Les vésicules séminales n’offrent point dans les Corés ce nombre, cette diversité, cette complication, qui caractérisent celles des Géocorises précédens. Elles se réduisent à un ou deux ré- servoirs très simples, mais susceptibles de varier dans leur forme et leur volume, suivant certaines dispositions géné- ratives. La principale est une grande vessie centrale, pres- que globuleuse quand elle est pleine, tantôt diaphane, tantôt opaloïde, selon le degré d'élaboration de la liqueur spermatique qui la remplit. Elle est accolée par un de ses côtés à une autre vessie allongée qui la déborde et la couronne, et que sa diaphanéité dérobe quelquefo:s aux investigations. Le canal éjaculateur est court, filiforme, flexueux. L’armure copulatrice n’est point ici, comme dans les Pentatomes , une pièce logée dans une écüancrure du dernier segment de l'abdomen. Ce segment est, comme je l'ai dit, tronqué eu arrière, simple et entier. Cest à sa face ventrale et non dorsale qu’est placée l’armure. Celle- ci est une sorte de boîte cornée, ovalaire, légèrement con- vexe en-dessous, plane en-dessus. Sa base , qui est sa partie antérieure, est noire et plus dure, recouverte, à l'endroit où elle recoit le canal éjaculateur, par une coiffe cornée, membraneuse, formée de deux paneaux. Sa surface plane est grisatre, membraneuse ou scarieuse, couverte, au mi- croscope, d’un duvet couché, blond. La verge, doni j'ai procuré l’exsertion en comprimant d’une manière expul- sive l’armure , est grande, comparativement à la taille de l’insecte. Elle est cylindroïde et charnue. Os lui reconnaît SUR LES HÉMIPLÈRES. 201 une sorte de prépuce dont le bord libre est finement cilié, et un gland bien marqué , comme bilobé. C. hirticornis. -— En parlant de l'organe digestif de cet insecte, J'ai déjà signalé l'exception remarquable qu'il formait, sous ce rapport, dans le genre Coré. Les signes extérieurs qui caractérisent les sexes le placent aussi dans une exception ; car, à l'opposé de la plupart des autres espèces, l'abdomen du male est profondément échancré à son extrémité, et les angles de l’échancrure se prolongent en une dent saillante qui dépasse de beaucoup une partie intermédiaire, bombée en-dessous, et bordée de quatre tres pelits festons arrondis. Les testicules ressemblent à ceux de l’espèce précédente. Les sept capsules séminifiques qui le constituent forment un éventail proportionnellement plus petit, plus arrondi et Jjaunatre. Le canal déférent est plus court, et peu après sa naissance, il se renfle subite- ment, mais moins que dans le €. marginatus. Je n'ai su reconnaître qu'une seule vésicule séminale, grande, en forme d’utricule bilobée. Ab dus Geranii. —- Dans le male, le dernier segment ventral de l abdomen présente une ne et profonde échan- crure arrondie, qui décrit les trois quarts d’un cercle, et dans laquelle est logée armure de la verge. Les testicules de cet Alyde se composent aussi de sept capsules séminifiques, allongées, rangées en un faisceau flabelliforme tronqué, d’un beau rouge-carmin à l'extérieur, contigués entre elles dans toute leur longueur, et soudées en arrière. Le conduit déférent est blanc, plus court que le testicule, et représente une massue dont le gros bout serait à sa naissance. 1] s'engage bientôt sous la vésicule séminale,et,avant des’insérer un peu en arrière de l’origine du canal éjaculateur, il se confond avec son congénère en un tronc commun fort court, en une sorte de bulbe. ova- 37e 292 RECHERCHES laire. Il n’y a, comme je viens de le faire pressentir, qu’une seule vésicule séminale dans cet insecte ; mais elle est fort grande et remplie d’un liquide prolifique diaphane. Elle est placée au centre de l’appareil génital , dont elle recouvre une bonne partie. Elle paraît oblongue et convexe quand on l’envisage dans sa situation naturelle; mais, si on la renverse sur le côté, on se convainct qu'elle est comprimée et réniforme. Ce n’est qu’en opérant ce déplacement qu’on peut constater ses connexions avec les autres parties de l'appareil. Le canal éjaculateur, d'abord renflé à son ori- gine, puis filiforme, a peu de longueur et s’insère par une sorte d’enchatonnement dans l’échancrure de la vésicule séminale. En s'introduisant dans l’armure copulatrice, il s'accompagne d’un organe particulier et festonné, d’une glande des sécrétionsexcrémentitielles, dont je parlerai ail- leurs. L’armure copulatrice est ovale - arrondie, cornée comme à l'ordinaire, et enfoncée, ainsi que Je lai dit plus haut, dans l’échancrure du dernier segment ventral de l'abdomen. Elle paraît composée de deux pièces articulées ou enchatonnées l’une dans l’autre. La plus antérieure de celles-ci, et en même temps celle qui n’est point visible à l'extérieur dans l’état d’inaction, est glabre, lisse etarrondie. L'autre, apparente, même dans l’insecte mort, est velue, légèrement trilobée en arrière et terminée vers son milieu par deux pointes cornées , à peine arquées, couchées dans l’état de repos, mais susceptibles de se redresser et de servir de erocbets lors de l’acte reproductif. A. apterus.— J'ai déjà, en traitant du tube alimentaire des 4lydes, fait ressortir la différence considérable qui s’ob- serve, sous ce point de vue anatomique, entre les deux espèces soumises à mon scalpel. L'étude comparative de leurs organes de la génération confirme encore celte différence , et autorise à penser que ces deux Géo- SUR LES HÉMIPTÈRES. 203 corises méritent d'être placés dans deux genres dis- tincts. Le bout postérieur de l'abdomen du mäle de 4. ap- terus présente, vu par-dessus , comme deux excavations séparées par une pointe épineuse centrale , dépendantes de larmure copulatrice. L’organe spécial de la sécrétion du sperme a ici une configuration différente de celui de l 4. geranii, quoiqu'il soit composé du même nombre de cap- sules séminifiques, c’est-à-dire de sept. Mais celles-ci , au lieu d’être rangées sur un mêmé plan horizontal, sont réu- nies en un faisceau ovale, conoïde, qu'enveloppe pareille- ment une tunique testiculaire rouge. Une dissection adroite peut isoler ces capsules séminifiques les unes des autres, et les étaler en étoile, ainsi que les représente une des figares que j'en donne. On voit alors que ces capsules sont blan- ches, eflilées aux deux extrémités, et renflées au milieu, c’est-à-dire à peu près filiformes. Dans quelques cas deturges- cence séminale, le faisceau testiculaire laisse apercevoir à l'extérieur la trace des capsules qui le composent. Les con- duits déférens, un peu plus longs que dans l’espèce précé- dente, et blancs, ont le même mode d'insertion au testicule et se terminent en arrière par un bulbe oblong. La vésicule séminale est unique et a la plus grande ressemblance avec celle del 4. geranii. Pyrrhocoris aptera. — Le bout de l'abdomen du male laisse à découvert, en-dessous, une portion convexe et lisse de l’armure copulatrice, marquée d’une rainure ou coulisse transversale que domine un léger rebord supérieur fort brièvement duveté. Nous allons retrouver dans les parties essentielles de l'appareil génital maie de la Pyrrhocore le même plan d’or- ganisationque dans les Corés, mais avec des différences et des modifications qui peuvent être regardées comme des / CHE 294 RECHERCHES traits génériques. Les testicules , au lieu d’être rouges , sont blancs ou semi diaphanes, et le plus souvent d’un aspect nacré. Les sept capsules séminifiques qui constituent cha- cun d'eux, sont allongées , contiguës, mais bien distinctes et disposées en un éventail élégant. Les conduits déférens sont filiformes et s’'insèrent brusquement au testicule, comme le pédoncule au calice d’une fleur. [ls s’'amincissent un peu en arrière avant de s’aboucher isolément de chaque côté de l’origine du canal éjaculateur. On ne retrouve pas ici cette grande vésicule séminale, unique , qui caractérise les Alydes. I y a, vers la terminaison de chaque conduit déférent, une vésicule ovalaire, sessile, diaphane, qui pa- raît boursouflée comme si elle était formée par l’agglo- mération et la soudure de plusieurs utricules arrondies. Le canal éjaculateur est assez court; il débute par une sorte de tête arrondie ou de bulbe, et s’amincit ensuite comme un fil pour pénétrer dans l’armure copulatrice. Celle-ci est une pièce arrondie, noire, une sorte de capsule cornée, enchässée en grande partie dans le dernier anneau de l’abdomen , et articulée avec un demi-segment bordé de rouge, qui en recouvre une portion en-dessous. Ce demi-segment , qu’on pourrait croire, au premier coup d'œil, dépendant de la paroi ventrale de Pabdomen , est entraîné, par une compression expulsive, hors du corps, à la suite de la pièce copulatrice principale. La face inférieure de cette dernière est convexe, très lisse, glabre, luisante et sans aucune trace de division. Sa face supérieure, entiè- rement abritée dans l’état de repos, sous la dernière plaque dorsale de l'abdomen, est horizontale, déprimée, garnie d’un court duvet dans son contour, et on observe, vers son milieu, deux petites pièces cornées, noirätres , lan- céolées, contiguës, mais distinctes par une rainure mé- diane, et dont les pointes sont dirigées en avant. Ces pièces, SUR LES HEMIPTÈRES. 205 susceptibles d’un mouvement de bascule sur leur base, paraissent destinées à Jouer un rôle de préhension dans l'acte copulatif. C’est un peu en avant de leurs pointes que la compression expvulsive fait saillir la verge dans linsecte vivant. Capsus tricolor. — Les Capses présentent dans la forme coinme dans la structurede leursorganes générateurs mâles des traits qui les distingaent parfaitément des genres pré- cédens. Le mâle se reconnaît à ce que l’extrémité de son abdo- men est formée dans une assez grande étendue, tant en dessus qu’en-dessous, par une seule pièce conoïde très ob- tuse, appartenant à l’armure copulatrice, convexe en- dessous, et sans aucune trace de division. Les testicules forment de chaque côté de la base de la cavité abdominale une glande 2ssez grosse, ovale, conoïde, qui rappelle celle de l4/;dus apterus. Cette glande, d’une teinte vert- jaunâtre plus ou moins foncée, est maintenue en place par de fines trachéoles , et offre extérieurement les traces linéaires de leur composition intime. Quand on cherche à constater celle-ci, on reconnaît que chacun des testicules est essentiellement constitué par un faisceau, non de sept, mais bien de huit capsulesséminifiques , allongées, cylindroïdes, unies entre elles par un tissu adipeux et tra- chéen, et susceptibles, sans beaucoup de difficultés, d’être isolées les unes des autres. Le conduit déférent, d’une fi- nessé capillaire et un peu plus long que le testicule, est à peu près droit. Les vésicules séminales ont une forme très différente de celle des Hémiptères que nous venons d’exa- miner, et quiserapprochedecelledeces réservoirs du sperme dans les Coléoptères. Il y en a une paire pour chaque côté. Elles sont filiformes, cylindriques, flexueuses, souvent même contournées, dirigées en arrière de l'appareil, plus 206 RECHERCHES ou moins contigués où adossées dans leurs flexuosités , blanches ou opaloïdes , remarquables par une texture d’une certaine raideur. Je n'ai pu constater leur mode de con- nexion avec les conduits déférens. Le canal éjaculateur, qu'il n'a été impossible de mettre en évidence, doit être excessivement court. L’armure copulatrice, dont J'ai déjà dit quelque chose en parlant des signes extérieurs qui caractérisent les males, est une espèce de cornet couoïde ou turbiné, grand, noir, brièvement velu, qui recèle la verge. À la partie supérieure de son extrémité, est une légère dépression arrondie, où l’on découvre quelques pe- ütes aspérités et une pointe saillante , conoïde, un peu arquée, servant de crochet copulateur. Miris carcelii. — Le mâle des Miris se reconnaît exté- rieurement, ainsi que celui des Capses, à la configuration du bout de l'abdomen, qui est d’une seule pièce obtuse , convexe en-dessous , et offrant en-dessus une légère dépres- sion où se trouvent et l’anus et l'ouverture qui donne issue à l’organe copulateur. Les testicules ont ici la même grandeur, la même forme conoïde que ceux du Capse. Ils sont revêtus d’une tunique adipeuse d’un vert émeraude, ct ressemblent au premier aspect à deux pelotons de graisse. Ce qui les distingue sur- tout de ceux de l’espèce précédente, c’est qu'ils ne sont composés que de sept capsules séminifiques allongées , au lieu de huit. Le conduit déférent est capillaire, mais infi- niment plus court que le testicule. Les vésicules séminales sont de deux ordres; il yen a de chaque côté une paire fort analogue à celles des Capses, c’est-à-dire tubuleuses, ver- niformes , assez raides, arquées de manière queleurs bouts flottans regardent en arrière, et sont presque partout con- tigus. Indépendamment de ces vésicules , on en trouve une impaire , sous la forme d’une vessie Dance arrondie, SUR LES HEMIPTÈRES. 297 assez grosse, placée au milieu de l'appareil, et au-dessous de laquelle s'engagent les conduits déférens. Je ne me sens pas suflisamment éclairé sur ce corps intermédiaire, qui pourrait bien être aussi le bulbe du canal éjaculateur. Aradus avenius.— La forme et la composition des or- ganes génitaux mâles de ce Géocorise diffèrent sensiblement de celles de ce même appareil dans les Hémiptères que nous venons d'examiner, et justifient ce que J'ai dit à l’ar- ticle de la Phymate, sur la nécessité de constituer en fa- mille quelques genres qui, avec celui-ci, forment un groupe naturel. L’abdomen du male de notre 4radus se termine par un mamelon obtus, noir, assez gros, placé dans une échan- crure du dernier segment dorsal, et flanqué à droite et à gauche par un très petit lobe saillant qui fait partie des pièces copulatrices. Les capsules séminifiques , qui constituent le testicule, ne m'ont paru qu'au nombre de cinq seulement, réunies en un faisceau. Mais la dissection de ce petit insecte s’ac- compagne de tant de difficultés, que je ne saurais avancer une assertion positive sur ce point d'anatomie qui semble faire une exception spéciale. Ce testicule n’est point enve- ioppé par une tunique colorée, et les capsules dont il se compose sont oblongues, fusiformes, blanchâtres, assez semblables, pour leur disposition, au calice d’une fleur dont les divisions seraient un peu conniventes. Le conduit déférent est plus long que le testicule, droit, blanchätre. Il débute par une sorte de bulbe qui semble résulter de la soudure des capsules séminifiques; puis il s’'amincit, pour se renfler ensuite brusquement et pour recevoir, en cet endroit, une vésicule séminale filiforme, flexueuse, flot- tante, blanche, insérée à son côté externe. Les conduits déférens s'engagent au-dessous d’une dilatation intermé- ; 2Q 4. Savans étrangers. 38 208 RECHERCHES diaire et ovalaire qui peut être considérée comme un bulbe très developpé du canal éjaculateur. Cimex lectularius. -— Le caractère extérieur qui dans ce puant insecte distingue le mâle, est fourni par le dernier segment dorsal de l'abdomen, qui est plus saillant, plus détaché, plus velu que celui de la femelle. Le testicule est un faisceau de sept capsules séminifiques bien distinctes, ovales-oblongues, diaphanes ou blanchàä- tres, contiguës , tantôt disposées sur un même plan flabel- liforme, tantôt comme doublées sur elles-mêmes et re- présentant deux rangées. Cet organe est, pour ainsi dire, à nu; il n’est revêtu d'aucune tunique bien marquée. Le conduit déférent est d'abord grêle, capillaire ; il se renfle ensuite brusquement en un gros boyau allongé, conoïde, rempli d’un sperme plus blanc, plus compact. Avant leur insertion au canal éjaculateur, chacun de ces conduits recoit une vésicule séminale de forme ovoïde, oblongue, au bout antérieur de laquelle s'implante un arbuscule à rameaux divergens, capillaires et diaphanes , qui peut être considéré comme un autre ordre de réservoirs du sperme, à moins qu’on ne les regarde comme des vaisseaux chargés de quelque sécrétion spéciale. Le canal éjaculateur, fort diflicile à mettre en évidence, paraît très court, et débute par un bulbe ovalaire qui résulte de la confluence des deux conduits déférens. Reduvius stridulus. — L'organisation deson appareil géni- tal male se rapproche de celle dela Punaisedes lits, mais elle en diffère génériquement. Le testicule se compose de sept capsules séminifiques blanchâtres, allongées, terminées en pointe, disposées en un fai$ceau élégant flabelliforme. Le conduit déférent est capillaire, de la longueur au moins du testicule. Je n'ai aperçu de chaque côté de l'appareil qu’une seule vésicule séminale filiforme, flexueuse, subalée. SUR LES HEMIPTÈRES, 299 Je renvoie à l’article des organes générateurs de la fe- melle, ce qui concerne Îes signes extérieurs distinctifs des sexes. Pelogonus marginatus.— L'appareil mâle de la généra- tion va nous offrir, dans le Pélogone, une formeet une struc- ture qui éloignent cet insecte des autres Géocorises, et justi- fient les réflexions que nous avons émises relativement à la nécessité de le colloquer dans une famille particulière avec l’Acanthiaetle Leptopus. Le dernier segment dorsal de l’ab- domen du mäle se distingue de celui de la femelle en ce qu'il est formé de trois pièces à bouts très obtus, qui le font paraître faiblement trilobé. De ces pieces, les latérales dé- passent un peu l'intermédiaire, et sont bordées d’un léger duvet. Cette dernière est bilabiée pour le passage de la verge. L’organe que j'appelle testicules dans le Pélogone, pour- rait tout aussi bien être regardé comme les vésicules sémi- nales, et celles-ci, à leur tour, pourraient être prises pour les véritables testicules. J'avoue même qu'il serait difficile de produire des raisons solides pour justifier la préférence de la dénomination. {l me reste encore à moi-même des doutes, de l’incertitude sur ce point. Toutefois, guidé par mes nombreuses dissections d'insectes, je me suis déter- miné à imposer le nom de testicule à cette partie de l’ap- pareil génital qui, par sa composition, se rapprochait davantage de l'organe sécréteur du sperme, dans les au- tres Géocorises. Dans tous les cas, l'erreur, s’il y en a, ne saurait entrainer aucune conséquence physiologique sérieuse. Les testicules , placés à la partie postérieure de la cavité abdominale, et suflisamment distans l’un de l’autre, ne consistent pas, comine ceux de la plupart des Hémiptères précédens, en une série flabelliforme de capsules spermi- fiques égales entre elles, mais en une sorte de frange pres- 384 300 RECHERCHES que unilatérale, que les verres amplilians démontrent être composée de douze à quinze capsules séminifiques plus ou moins diaphanes et d’inégale longueur. Les unes, vers la base de lorgane, sont courtes, ovalaires ou arrondies; les autres, bien plus longues que les premières, qu’elles dé- bordent, sont filiformes, flexueuses ou droites; le canal déférent est assez court. Les vésicules séminales , situées loin des testicules, tout-à-fait à la base de l'abdomen, se présentent , pour chaque côté, sous la forme de deux tubes diaphanes roulés en spirale, confluens en arrière en un conduit fin comme un cheveu , fort long, replié en quatre ou cinq grandes flexuosités assez constantes, presque con- tigués au testicule. Ce conduit se renfle avant de recevoir le canal déférent. Le conduit éjuculateur est un peu plus long que ce dernier, et cylindrique, AMPHIBICORISES. Nous allons trouver dans la configuration et la texture de l'appareil reproducteur male des Hémiptères Amphibi- corises, plusieurs traits anatomiques bien prononcés qui viennent à l'appui de mon opinion sur le rétablissement de cette famille naturelle d'insectes. Gerris paludum. — Indépendamment de la taille, qui est sensiblement moindre dans le male, le dernier des segmens ventraux stigmatifères de l'abdomen, celui qui , de chaque côté, se termine en pointe, présente au milieu une petite échancrure semi circulaire qui n'existe point dans la femelle. Entre les deux pointes en question, il y a dans le mâle trois pièces ou petits anneaux supplémentaires visibles en-dessous , et deux seulement dans la femelle. La seconde de ces pièces, enchatonnée dans ia première, est arrondie, un peu bombée, et fait partie de l'armure copu- latrice. La dernière ou la terminale est fort petite. J'observe SUR LES HEMIPTÈRES. 3ot aussi que le tubercule roussâtre placé au centre de la région sternale du métathorax, est plus grand et comme formé par la réunion de deux saillies dans le male. Le G. cana- lium n'offre pas, dans le male, la petite échancrure semi cir- culaire dont je viens de parler. Les testicules de cet insecte sont en quelque sorte à nu et libres dans la cavité abdominale, où ils sont retenus vers la base de celle-ci par quelques brides trachéennes , rares et fort déliées. Chacun d’eux consiste en une paire de cap- sules séminifiques oblongues, cylindroïdes, et contigues latéralement l’une à l’autre. Le conduit déférent naît, non de l'extrémité postérieure de ces capsules, comme c’est l'ordinaire, mais du milieu de leur longueur et du bord par lequel elles se touchent. Ce conduit est formé en cet endroit par la confluence de deux cols excessivement courts. Il est d’abord capillaire, puis il présente une dilatation oblongue, constante, d’un blanc opaloïde, redevient en- suite capillaire, se fléchit pour se renfler de nouveau et s'unir enfin avec son congénère pour la formation du canal éjaculaieur. Toutes mes investigations pour la découverte des vésicules séminales dans les deux espèces de Gerris soumises à mon scalpel, ont été sans résultat positif, Ces réservoirs , destinés au séjour et à élaboration de l'humeur prolifique, manquent absolument dans ces insectes , ainsi que dans la Vélie; en sorte que ce caractère négatif forme un des traits saillans de l’organisation viscérale des Am- phibicorises. Au reste ; il est fort probable que les vésicules séminales sont représentées dans les Gerris par la double dilatation et les inflexions du conduit que j'ai appelé dé- férent. Il est facile de concevoir que ces dernières condi- tions peuvent remplir le but physiologique attribué aux vésicules séminales ordinaires. Dans cette supposition qui, je le répète, n’est pas dénuée de probabilité, il faudrait 302 RECHERCHES réserver le nom de conduit déférent seulement à ce coi, d’une extrême briévete, qui sert à dégorger directement le sperme du testicule dans le conduit à double renflement. Le canal éjaculateur est assez court, presque diaphane. L’armure copulatrice est un étui corné, ovoïde, noir, lui- sant , assez gros, échancré en avant, pointu et légèrement velu en arrière. En le comprimant , on faitsaillir en-dessous de sa pointe postérieure unc espèce de fourreau charnu d’où sort un petit filet blanchätre qui est la verge. Velia currens. - J'ai déjà signalé, dans la description de cet insecte, les différences extérieures qui caractérisent les sexes. Dans ie mâle les cuisses supérieures sont bien plus renflées, avec des dents et des dentelures en-dessous ; l'abdomen présente dans l’échaucrure qui le termine une pièce assez grosse, saillante, dépendante de l’armure co- pulatrice, et qui ne s’observe point dans la femelle. Son appareil reproductif male a une grande analogie d'organisation avec celui des Gerris, mais il en diffère aussi par quelques traits qui ont de la valeur comme ca- ractères génériques. Ses testicules , au lieu d’être composés de deux capsules séminifiques, comme dans le genre pré- cédent , sont simplement formés chacun par un seul sachet oblong, cylindroide, blanchätre, obtus à son bout anté- rieur, terminé en arrière par un prolongement subuli- forme, une scrte d’appendice vermiculaire. Ces organes sécréteurs de la semence reposent, presqu’à nu, sur le tissu adipeux splanchnique qui revêt la paroi ventrale de la cavité de l'abdomen. Le conduit déférent prend brus- quement naissance , comme dans les Gerris, vers le milieu de la longueur du testicule. Il est fort long d’abord, de la ténuité d'un cheveu, puis dilaté en un renflement oblong qui simule le testicule lui-même; 1l redevient ensuite ca- pillaire, se fléchit, et va s’insérer isolément de son congénère SUR LES HEMIPTÈRES. 303 à l’origine du canal éjaculateur. Je ne rencontre pas plus de traces de vésicules séminales dans la Félie que dans les Gerris, et dans l’une comme dans l’autre , les renflemens et les inflexions du conduit déférent semblent en tenir lieu. Le conduit éjaculateur, plus long que dans le genre pré- cédent, débute par un bulbe arrondi, s’amincit ensuite insensiblement en arrière, et après quelques légères flexuo- sités, s'engage dans l’armure copulatrice. Celle-ci est for- mée de deux pièces principales cornées, dont la postérieure, très courte, arrondie, velue et noirâtre, s’enchâsse dans lantérieure qui est plus grande et représente une portion de cylindre. La pièce postérieure forme, avec unesemblable placée au-dessous d'elle, un orifice bilabié qui , par la com- pression expulsive de l’armure, donne issue à un fourreau de consistance parcheminée qui renferme la verge. HYDROCORISES. Naucoris aptera. — Les testicules de cet Hémiptère se font remarquer parmi les autres viscères abdominaux par une couleur Jaune foncé tranchante. Celle-ci est exclusivement propre à une tunique mucoso-adipeuse qui, dans la situation naturelle de l'organe, en masque et la configuration et la structure intime. Un faisceau trachéen assez considérable, qui s’épanouit à la face inférieure de ces glandes, fixe chacune d'elles à la base de la cavité abdominale. Quand on dépouille les testicules de leur enveloppe extérieure , on voit qu'ils se composent chacun de quatre capsules séminifiques blanchätres, allongées, bien distinctes les unes des autres, insérées isolément, par une sorte de col tubuleux, à l’origine du conduit déférent. Mais, indépendamment de ces quatre capsules qui forment le corps du testicule, on découvre, 30/4 RECHERCHES à l’aide d’une dissection soigneuse, sur la convexité d’üne anse du conduit déférent, tout près de la naissance de celui-ci, trois autres capsules séminifiques ovales- oblongues, fort petites, en quelque sorte rudimentaires, et assez difficiles à mettre en évidence parce qu'elles sont aussi cachées sous la tunique Jaune. Ces petites capsules , qui sont de véritables vestiges, complètent. numérique- ment les sept dont se compose le testicule de lautre espèce de Vaucore dont je parlerai bientôt. On voit qu'ici, pour me servir de l’expression vieillie de Leibnitz, la nature ne fait pas de saut, la transition est graduelle, et peut-être trouvera-t-0n, dans quelque genre voisin des Naucores, des testicules exclusivement formés par quatre capsules séminifiques. Le conduit déférent est filiforme, flexueux, et enveloppé d’une gaîne jaune sem- blable à celle du testicule. Les vésicules séminales sont, contre l’ordinaire, en nombre impair, et agglomérées en un paquet très difficile à démêler. Il ÿ en a trois , savoir : une de chaque côté, et la troisième au centre. La vésicule latérale se fait remarquer par une dilatation considérable, utriculiforme, sphéroïdale , remplie d’un liquide sperma- tique diaphane. Cette utricule reçoit l'insertion du conduit déférent qui lui correspond , un peu avant sa confluence avec sa congénère, pour la formation du canal éjacula- teur. Par son bout antérieur elle se continue en un long boyau filiforme, blanc, très replié, borgne, et flottant par un bout. Ce boyau pourrait être d'autant plus facile- ment pris pour une vésicule séminale particulière, que son insertion au renflement utriculaire se fait au centre de celui-ci et d’une manière brusque. La troisième vési- cule séminale, ou l’impaire, est tubuleuse, filiforme, sem- blable au boyau de la précédente; elle s’insère à l’origine et à la face inférieure du canal éjaculateur. Ce dernier SUR LES HÉMIPTÈRES. 309 présente à son début un renflement, un bulbe oblong, puis il devient grêle comme un fil. L’armure copulatrice de cette Naucore est fort compli- quée. Elle se compose de plusieurs pièces cornées mo- biles, susceptibles de former la pince, et destinées à saisir, à accrocher les parties génitales externes de la femelle, pour l’accomplissement de l'acte reproductif : je vais essayer d’en donner la description. On observe d’abord à la face dorsale de larmure deux espèces de paneaux couchés à côlé l’un de l’autre et susceptibles de s'éloigner et de se rapprocher au gré de l’animal Ces paneaux , égaux entre eux et de texture cornée, sont traversés vers leur milieu par un petit trait blan- châtre, moins consistant, qui semble le diviser en deux articles et permettre un mouvement obscur. L'article terminal, ovale-tiangulaire, est garni à tout son bord interne et dans une grande partie de l’externe, de cils assez raides. Le basilaire est glabre. Lorsqu'on a enlevé ou écarté ces paneaux, on découvre deux crochets princi- paux, inégaux entre eux, croisés l’un sur l’autre dans l'état de repos, et articulés sur les angles antérieurs du dernier segment dorsal de l'abdomen. De ces deux cro- chets, l’un, unidenté au-dessous de son extrémité, est hérissé sur un de ses bords de cils ou de piquans dirigés en arrière; l’autre se termine par une lame en demi-fer de flèche obtus. C'est au-dessous et un peu en arrière de cette dernière que j'ai vu saillir par la compression un corps ovale-oblong , charnu , rétractile, qui m’a paru être ou le pénis ou le fourreau qui le renferme. N. cimicoides. — Cette espèce, que quelques traits eutomologiques bien prononcés distinguent de la A. ap- tera, en diffère encore bien davantage quand on examine comparativement leurs organes mâles de la génération. He, Savans étrangers, 59 306 RECHERCHES Chacun de ses testicules se présente sous l’apparence d’un sachet ovalaire en raquette ou oblong, suivant son degré de turgescence séminale, n’offrant extérieurement aucune trace de division. Une tunique adipo-membraneuse blan- châtre ou d’une teinte verdâtre, forme l’enveloppe de sept capsules séminifiques dont le testicule est essentiellement composé, Ces capsules sont égales entre elles, allongées, diaphanes ou blanches, suivant le degré d'élaboration de l'humeur prolifique, diversement reployées ou contour- nées, et plus ou moins boursouflées. IL n’est pas rare qu'elles aient à leur base un renflement particulier, séparé du reste de la capsule par un léger étranglement, et plein d'un sperme plus blanc; mais ce trait est loin d’être constant. Le conduit déférent, bien plus long que celui de la N. aptera, puisqu'il égale trois fois la longueur de tout le corps de l'insecte, offre àsson origine une dilatation, un sinus où débouchent les capsules sémini- fiques. Après cette dilatation, il est fort délié et presque capillaire dans l'étendue de deux à trois lignes, puis il acquiert assez brusquement un calibre plus prononcé, et il se replie en nombreuses circonvolutious. Il est tout- à-fait nu, et non enveloppé, comme celui de lespèce pré- cédente, par une gaîne analogue à la tunique testiculaire. Diaphane dans sa partie antérieure, il est rempli dans le reste de son étendue par un spermie d’un blanc nacré. IL débouche, par une implantation brusque, à la partie inférieure et postérieure des vésicules séminales. Celles-ci ont beaucoup d’analogie avec celles de la AV. aptera, ainsi qu’on peut s'en convaincre en jetant un coup d'œil comparatif sur les figures qui accompagnent mon texte; mais je n'ai pu en découvrir qu'une seule paire, et elles correspondent aux latérales de l’espèce précédente. Il n’y en a point d’impaire. Elles se renflent en arrière en SUR LES HEMIPTÈRES. 307 une grosse utricule ovoïde et sont filiformes par ailleurs. Le canal éjaculateur ressemble à celui de la NV. aptera ; il commence par un bulbe allongé et se termine par un tube filiforme qui pénètre dans l’armure copulatrice. Cette derniére, fort différente de l'espèce précédente, se compose, 1° de deux pièces latérales falciformes, obtuses, velues, coriacées , mobiles sur leur base ; 2° d’une plaque intermédiaire en forme de lozange, coriacée, velue, paraissant commune au dernier segment dorsal de l’ab- domen et à l’'armure copulatrice; 3° enfin, d’une espèce de dard corné mobile, dont la pointe, dirigée en arrière, est en lancette acérée, et qui paraît être l’étui spécial de la verge. Ranatra linearis. — Chacun de ses testicules se pré- sente extérieurement sous la forme d’un corps oblong blanchâtre, aminci en avant, prolongé en arrière en une sorte de talon arrondi, enveloppé d’une tunique mucoso- adipeuse non colorée qui en masque la texture intime. Cet organe est essentiellement composé de l’agglomération de cinq capsules séminifiques fort longues, filiformes, très repliées sur elles-mêmes, et renflées à leur origine en un bulbe ovalaire. Le conduit déférent est fort long; il est grêle comme un fil de soie pendant une certaine étendue, soit après sa naissance, soit avant sa termi- naison ; mais il présente vers son milieu un renflement cylindroïde qui semble le résultat d’une agglomération. Du moins l’œil attentif distingue la, dans quelques con- ditions génératives favorables, des replis intestiniformes pour le déroulement desquels toute ma patience a échoué. Cette agglomération me paraît remplacer les vésicules séminales où constituer un épididyme, et mes présomp- tions sur ce point s'étaient avec avantage d’une dispo- silion presque analogue dans la Mèpe; disposition que 39:: 308 RECHERCHES j'ai parfaitement mise en évidence. Le canal éjaculateur est aussi délié que le conduit déférent à son origine, mais moins long que lui. L’armure copulatrice est un étui membrano-corné, oblong, muni de chaque côté d’une pièce palpiforme, d’un seul article, recourbée en crochet à sa pointe et mobile sur son point d'insertion. La verge est capillaire, et quand on détermine forcé- ment son exsertion, elle paraît enveloppée d’une sorte de fourreau d’un tissu mou. Nepa cinerea. — I y a déjà plus d’un siècle et demi que Swammerdam a, le premier, décrit et figuré l’ap- päreil génital mäle de cet insecte, qui est l’un de ses Scorpions aquatiques ailés; et ses recherches, quoique in- complètes, témoignent hautement de l'exactitude de ce profond observateur. Les testicules de la Nèpe se présentent de chaque côté de l'abdomen sous la forme de deux corps distincts, blan- châtres ou subdiaphanes, de configuration et de grandeur variables suivant leur état de turgescence séminale. Ils sont essentiellement constitués par l’agglomération de capsules spermifiques filiformes ; très longues, tantôt renfermées dans une enveloppe comme adipo-membra- neuse, sorte de tunique vaginale ou, si l’on veut, de scrotum où rampent et que pénètrent des ramuscules trachéens fort déliés; tantôt presqu’à nn. Ce dernier état est celui où ces organes sont turgescens. Ainsi 1l y aurait en apparence, dans chaque individu, deux paires de testicules. Mais si l’on dégage ces capsules spermifiques des trachées et des lambeaux adipeux qui les maintien- nent pelotounées, et si lon déroule soigneusement leurs circonvolutions, on se convainct qu'il y a deux capsules dans l’un de ces corps testiculaires et trois dans l’autre. Il n’est pas rare, surtout dans les individus où les testicules SUR LES HÉMIPTÈRES. 309 sont très développés et à nu, que ces agglomérations pré- sentent extérieurement la trace de leur composition inté- rieure. Ainsi l’une, qui est un peu plus petite, parait bilobée, et l’autre semble se partager en trois lobes. La figure qui accompagne mon texte représente les tes- ticules de la Vèpe dans une condition remarquable de turgescence spermatique, et avec les lobes dont il vient d’être question. Chacune de ces capsules séminifiques a ane longueur qui égale au moins celle de tout le corps de l’insecte, et avant leur confluence pour former le conduit déférent , elles offrent, dans le cas de l'aptitude à la copu- lation, un renflement plus ou moins prononcé. C’est prin- cipalement dans les mois d’août et de septembre qu'on les observe ainsi. Ce sont ces renflemens, qui sont nuls ou ef- facés hors de la condition de pléthore le que Swam- merdam appelle des corps glanduleux, et qu'il a grossiè- rement représen tés. Le conduit déférent du testicule, lorsqu'on le dévide en entier , est grêle, filiforme, plus ins que tout le corps de linsecte; mais, dans son état hatiel , il présente bientôt après sa naissance un paquet oblong ou allongé, formé par l'entortillement, l'agglomération spirale des replis de ce conduit. C’est un véritable épididyme semblable à ceux que j'ai déjà signalés dans plusieurs Coléoptères , notam- ment dans les Carabiques , le Dytique, etc. Il n’y a qu'une seule paire de vésicules séminales dans la Vèpe. Aussi grèêles, mais bien plus courtes que le con- duit déférent, elles consistent, pour chaque côté, en un simple boyau, en partie engagé dans le paquet épididymi- que. Leur insertion aux conduits déférens a lieu à l’en- droit où ceux-ci s'unissent pour la formation du canal éjaculateur. Celui-ci, que Swammerdam désigne sous la dénomination de racine ou corps nerveux de la verge, est 310 RECHERCHES court, et de même diamètre que le conduit déférent. L'armure copulatrice, plus grosse et plus courte que celle de la Ranatre, consiste extérieurement en une espèce de capsule ovalaire cornéo-membraneuse, commune à la verge et au rectum. Arrondie en avant, où de forts muscles la fixent aux segmens abdominaux, elle est légèrement con- vexe à sa face supérieure qui est duvetée, marquée d’une raie blanchätre, médiane, et terminée en arrière par un prolongement obtus. Vers le milieu de chacun de ses côtés se voit, sous la forme d’un appendice, une petite tige d’une seule pièce, brune, cornée, terminée par une pointe fortement courbée en hamecon. Ce crochet copulateur, habituellement collé contre l'enveloppe extérieure que je viens de décrire, y est inséré par une articulation qui lui permet quelques légers mouvemens d’écartement. Mais, indépendamment de cette armure extérieure, il y à en dedans de celle-ci un étui allongé, essentiellement propre à la verge de linsecte; la partie antérieure ou basi- laire de cet étui est formée par deux paneaux susceptibles de quelques mouvemens d'expansion. Il se termine en arrière par deux lames glabres , légèrement spatulées, con- niventes à leur extrémité, de manière à former la pince ou le forceps. Au-dessous de cet étui est le fourreau spécial de la verge, roussâtre , tubuleux, corné, présentant près de son extrémité un renflement sphéroïdal, terminé par un bec court, percé d’un trou rond et béant pour le passage du pénis. Corixa striata. -— Ses testicules, dans l’état de turges- cence spermatique où Je les observai en mai 1828, étaient énormes, vu la grandeur de l’insecte, et remplissaient presque toute la capacité abdominale. [ls se présentaient sous la forme de deux faisceaux ovales, conoïdes, blancs, presqu'à nu, c’est-à-dire dépourvus de tunique adipo- SUR LES HEMIPTÈRES. SIT membraneuse, composés chacun de sept capsules sémini- liques allongées, cylindrico-conoïdes , assez semblables à des gaines ovigères , infécondes, faciles à isoler et à étaler, à cause de la rareté des trachéoles et du tissu adipeux. Ces capsules, bordées chacune d’une fine trachée, se terminent par un petit filet capillaire, sorte de ligament suspenseur qui leur donne encore plus de ressemblance avec une gaine ovigère. Le conduit déférent, bulbeux à son origine , est ensuite filiforme et plus long que le testicule. Je n’ai point d'observations assez précises sur les vésicules séminales, le canal éjaculateur et Varmure copulatrice, pour entre- prendre de les décrire. C'est une lacune que je me propose de remplir plus tard. Notonecta glauca. -— Son appareil génital mâle a une organisation très différente de celle des Hydrocorises dont Je viens d'exposer l'anatomie; et il est nécessaire, pour s'en faire une idée exacte, de l'étudier aux diverses phases de la vie de l’insecte; car il subit une espèce de métamor- phose à l’époque marquée par la nature, pour l’acte de la reproduction. Ainsi, au commencement du printemps, lorsque la /Votonecte n’a point encore ressenti l'aiguillon qui sollicite le rapprochement des sexes, le testicule, dont la vitalité générative est encore endormie, est fort difficile à reconnaître , à cause de sa petitesse. C’est alors un corps blanchätre, comme affaissé , d’une forme indéterminée, prolongé en arrière en un talon court et obtus, partagé en avant en deux filamens tubuleux tantôt simplement flexueux ou ployés, tantôt roulés en spirale, soit en dedans, soit en dehors. Ces filamens, d’une consistance un peu raide et comme élastique, sont d’un blanc nacré luisant ; ce qui en imposerait à des yeux peu attentifs, pour deux troncs trachéens. Dans le mois de juillet, époque de l’ac- couplement des Notonectes, l'organe spécial de la sécrétion 312 RECHERCHES du sperme ne se présente plus avec laspect que je viens de décrire. Chacun d’eux consiste en deux gros cordons arrondis, saillans, turgescers, semi diaphanes, contournés en spirale, connivens en arrière pour la formation du conduit déférent. Lorsqu'on ouvre ou qu’on déchire avec circonspection cet organe , dans le but d’en constater la composition intérieure, on ne retrouve point ces capsules séminifiques, plus ou moins faciles à isoler, qui caracté- risent les testicules des genres précédens. Ici la texture intime est bien autrement compliquée , et n’est point facile à mettre en évidence. Ce que Je vais dire sur ce point dé- licat d'anatomie, est le résultat de dissections faites au mois de mai 1825, sur des individus dont les testicules n'étaient point dans des conditions propres à l’acte copu- latif. On reconnait alors, à la faveur des verres amplifians, que l’intérieur de ces organes est composé de conduits capillaires , fibrilliformes, longitudinaux , d’un aspect nacré, rayés, Striés ou rugueux en travers, et en nombre indéterminable. Ces conduits se continuent jusque dans les deux filamens tubuleux qui terminent en avant le tes- ticule , et en suivent les flexuosités. Une bonne loupe suflit pour constater cette texture fibrillaire. Celle-ci est exclu- sivement propre au testicule, et cesse brusquement à la naissance du conduit déférent. J'ai cru remarquer que les conduits fibrilliformes se réduisaient à quatre, un peu avant cette naissance, et qu’alors ils perdaient leur aspect ridé. Quand on soumet à une forte lentille du microscope une des fibres constitutives dont je viens de parler, on y apercoit des espèces d’étranglemens ou de cloisons comme dans les filamens des conferves articulées. Cette texture compliquée et vraiment remarquable des testicules de la Notonecte, texture qui s’accommode à l'explication du but physiologique de cette glande, ne semble-t-elle point au- SUR LES HÉMIPTÈRES. SL9 ioriser à regarder cet insecte comme un peu supérieur à ses congéneres, pour le degré de son organisation ? Le conduit déférent du testicule de notre Hydrocorise estun cordon fort grêle, presque capillaire, d’une longueur qui surpasse quatre ou cinq fois celle de tout le corps de l'insecte, d’un aspect blanc satiné, d’abord simplement flexueux, puis roulé sur lui-même en anneaux spiroïdes , lâches, et s’accompagnant dans ces circonvolutions d’une vésicule séminale de même diamètre, et qui lui est ad- hérente. On compte quatre paires de vésicules séminales. De celles-ci, trois dirigées en avant ressemblent à des boyaux filiformes, flottans et fermés par un bout, semi translucides , irrégulièrement boursouflés, flexueux ou reployés , et deux fois plus longs que le corps de l’insecte. Elles vont s’insérer isolément à l’origine du canal éjacu- lateur. La quatrième paire, bien plus grêle, plus consis- tante que les précédentes et nullement boursouflée, est , comme Je l'ai dit plus haut, accolée à la moitié postérieure du conduit déférent, dont elle suit les boucles spiroïdes. Le canal éjaculateur, ou le tronc de tout l'appareil génital, est cylindroïde, un peu courbé, blanchätre, à peine de la longueur du tiers de l'abdomen, plus gros et surtout plus compact que les vésicuies séminales. Il débute par un bulbe ovalaire où s’insèrent ces dernières et les conduits déférens. L’armure copulatrice de la Notonecte, une fois dégagée de quelques pièces ou appendices ahdominaux, ciliés et barbus, est un corps de texture cornée, brun - luisant , oblorg, cylindroïde , un peu arqué, garni d’un léger duvet à son extrémité postérieure. Celle-ci est obtuse et offre à sa face inférieure une espèce de panneau mobile. Une com- pression expulsive, exercée sur le corps de l’armure , fait saillir, entre le bout de celle-ci et le panneau dont je viens À + Savans étrangers. 4o 314 RECHERCHES de parler, une partie molle trilobée qui m'a paru devoir être le fourreau de la verge. Vers le milieu de la convexité de l’'armure pend une pièce palpiforme, d’un seul article allongé, pubescent et pale, dont j'ignore l’usage. CICADAIRES. €icada orni. — La forme et la texture des organes gé- nitaux mâles établissent , entre les Cicadaires et les familles précédentes, des différences aussi tranchantes que celles qui sont fournies par les caractères extérieurs ou entomo- logiques. Les testicules de la Cigale sont situés vers le milieu de la cavité abdominale, sous le paquet des viscères digestifs. Dans la condition favorable à la production du sperme, ils consistent en deux grappes arrondies (une pour chacun ) contigués, et presque confondues entre elles, composées chacune d’une centaine au moins de petites capsules séminifiques ovoïdes, blanchâtres, disposées par glomérules, qui s'abouchent à un axe tubuleux ramifié. Le conduit déférent naît du centre de l'organe. Il est grêle, filiforme, reployé sur lui-même, et deux fois aussi long que tout le corps de l’insecte. Il n’y a qu'une paire de vési- cules séminales; elles sont tubuleuses, filiformes, aussi longues que le conduit déférent , et enlacées avec lui dans leurs circonvolutions. Elles recoivent ce dernier avant de devenir confluentes pour la formation du canal éjaculateur. Celui-ci, bulbeux à son origine, devient ensuite grêle comme un fil, et se fait remarquer par une texture ferme, comme élastique. L’armure copulatrice est un étui corné, ovalaire, composé de deux pièces principales, unies par une articulation ginglymoïdale ou en genou. La plus an- térieure de ces pièces est oblongue, arrondie aux deux bouts, et creusée en-dessus pour recevoir le rectum et le canal éjaculateur. L'autre, plus dure et plus noire , placée SUR LES HEMIPTÈRES. 315 au-dessous de la précédente , se termine par deux forts cro- chets arqués, dirigés en bas. La verge sort d’entre ces derniers. C’est un filet cylindrique, disposé à se contourner en spirale, marqué de stries annulaires, et dont l'extrémité offre le vestige d’un gland. FU LGORELLES. Îssus coleoptratus. — C’est la seule espèce de la famiile des Fulgorelles dont j'aie pu étudier appareil générateur. Le mâle se distingue extérieurement de la femelle, en ce que la région anale est recouverte par une plaque ovale- oblongue, au milieu de laquelle on apercoit une dépression particulière où se trouve une petite pièce en forme de soupape. Les testicules se font remarquer à l'instant par la couleur rouge de la tunique adipo-mermbraneuse qui les revêt, et qui rappelle celle des Pentatomes. Situés à ia base de la cavité abdominale , sous les viscères de la diges- tion, ils consistent extérieurement en deux glandes ovoides , assez grosses dans l’état de turgescence, fixées par de rares trachéoles et quelques filets nerveux imperceptibles. Si Pon cherche, en les dépouillant de leur enveloppe, à constater leur structure intime, on reconnait que chacun des tes- ticules est essentiellement constitué par un groupe d’une vingtaine environ de capsules séminifiques allongées, pointues, semi diaphanes, qu'un scalpel adroit peut étaler en étoile comme une fleur. Ces capsules convergent en arrière, en un même point, pour la formation du conduit déférent. Celui-ci naît soudainement du bout postérieur du testicule, 1! est d'abord grêle comme un fil, puis il semble enfiler un peloton ovalaire, revêtu aussi d’une tunique rouge, et parcouru par une rainure longitudinale. Au pre- mier apercu, on prendrait ce peloton pour un testicule supplémentaire, analogue à celui qui caractérise la Vau- ho. 316 RECHERCHES core apttre; mais le scalpel dissipe cette illusion, et l’on se convainct qu'il est formé intérieurement par une agglo- mération des replis du conduit déférent lui-même; enfin que c’est un véritable épididyme. C’est à la saillie d’un de ces replis qu'est due la rainure extérieure dont je viens de parler. Le conduit déférent redevient filiforme à sa sortie du peloton épididymique, et va s’insérer à la base et en- dessous de la vésicule séminale correspondante. Il n’y a qu'une paire de vésicules séminales , et dans leur situation naturelle, elles se cachent presque entièrement sous les testicules. Elles sont grêles comme un fil, diaphanes, fort longues, reployées en plusieurs circonvolutions, que leur fragilité et les trachéoles imperceptibles qui les enlacent, rendent fort difficiles à dérouler intégralement. Je me suis assuré que chacune d'elles a quatre fois la longueur de tout le corps de l’insecte. Leur bout flottant est arrondi, et par l'extrémité opposée elles sont à peine atténuées. Le canal éjaculateur n’a pas la sixième partie de la longueur d’une vésicule. Il est filiforme, mais avant de pénétrer dans l’ar- mure copulatrice, il se renfle légèrement en un bulbe ovalaire. CICADELLES. Aphrophora salicina. — Le mâle se reconnait à son abdomen, terminé par une pointe conoïde , un peu com- primée, velue, armée de chaque côté de sa base d’un très petit crochet corné. Chacun des testicules, organisé à peu près sur le même plan que celui de la Fulgorelle précé- dente, mais sans enveloppe adipo-membraneuse, est formé d’un faisceau assez lâche et presqu'à nu, d’une vingtaine environ de capsules séminifiques, bien distinctes, ovales- oblongues, semi diaphanes, obtuses et arrondies en avant, atténuées en arrière en un col délié par lequel elles con- vergent pour s'aboucher au conduit déférent. Ce dernier, SUR LES HEMIPTÈRES. 317 d’une longueur vraiment démesurée, puisqu'il égale sept à huit fois celle de tout le corpsde l’insecte, est fort reployé sur lui-même, d’une ténuité partout capillaire, d’un blanc nacré , et d’une consistance un peu élastique lorsqu'il est bien rempli de sperme. Il y a deux paires de vésicules sé- minales , et elles sont longues, tubuleuses, filiformes , re- ployées sur elles-mêmes. L'une, l’interne, moins longue que l’autre, présente à son extrémité un renflement courbe en crosse, où s’insère brusquement le conduit déférent. Ce mode d'insertion, au bout flottant de la vésicule, et non, comme c’est l'ordinaire, à sa base, m'avait fait hésiter sur la dénomination qu’il fallait donner à ce boyau tubuleux. Je l'avais d'abord regardé comme la continuation du con- duit déférent; mais sa position, sa ressemblance avec l’autre vésicule, et le changement soudain de diamètre au point de connexion, ont déterminé ma préférence. Au reste, ce trait anatomique est peut-être particulier au genre Æphrophore; car Je l'ai rencontré semblable en tout dans lAphrophora spumaria. V’autre vésicule séminale, ou l’externe , est plusieurs fois fléchie sur elle-même, blan- che et sensiblement plus grosse dans sa moitié postérieure, plus grèle et diaphane dans lantérieure. Son bout flottant est renfléen une utricule sphéroïdale., Le canal éjaculateur est court, renflé en un grand bulbe cordiforme qui recoit, de chaque côté de sa partie antérieure, la tige commune aux vésicules séminales. PSYLLIDES. Psylla ficus. — L'organisation des viscères générateurs mâles de la Psylle justifie pleinement ceque J'ai déjaavancé relativement au rétablissement et au maintien de la famille des Psyllides. Le mäle se distingue extérieurement de la femelle par la configuratiou du bout de l’abdomen, qui 318 RECHERCHES présente deux crochets bien détachés, noirâtres, durs, gla- bres; l’un supérieur, l’autre inférieur, susceptibles de s’écarter et de se rapprocher comme les branches d’une pince, par le jeu des segmens abdominaux sur lesquels ils sont articulés. On les distingue difficilement lorsque l’insecte les tient pressés l’un contre l’autre. Le crochet supérieur est plus long, à peine arqué, cylindroïde, et sa pointe aiguë est dirigée en arrière et un peu en bas. L’in- férieur est obtus, à peu près droit, légèrement renflé en massue. C’est dans l'entr'ouverture des segmens qui sup- portent et meuvent ces crochets, que se trouvent et l'anus et l’orifice qui donne issue à la verge. Dans presque tous les Hémiptères dont je viens d’exposer Panatomie des organes males de la génération , les capsules séminifiques du testicule, lorsqu'il y en a un nombre dé- terminé, sont impaires. Dans la Psylle,il en est autrement. Les testicules, situés vers le milieu de la cavitéabdominale, se composent chacun de quatre capsules séminifiques seu- lement. Ces capsules, Lout-à-fait à nu, c’est-à-dire dépour- vues de tunique testiculaire, sont allongées, conoïdes, pointues , tantôt droites, tantôt fléchies ou contournées, réunies en un faisceau lâche, et remplies d’un sperme plus ou moins diaphane, ou comme moucheté. Le conduit déférent nait du point où les capsules séminifiques con- vergent par leur base. Il est d’une finesse, d’une pellu- cidité, qui échappent souvent à l’œil armé de la plus forte loupe. Il m'a été impossible de constater son mode d’in- sertion avec les vésicules séminales. Celles-ci, au nombre de deux seulement , se présentent sous la forme de vessies ovalaires, diaphanes, situées en' arrière de tout l'appareil, et susceptibles d’un plus ou moins grand développement, suivant l’état de turgescence séminale. Elles deviennent considérables, au moins dans quelques individus, à lé- SUR LES HÉMIPTÈRES. 319 poque de l’accouplement. C’est dans cette condition que je les dessinai en octobre 1829. Au-dessus et entre ces vésicules séminales, on trouve deux corps ovoïides, fort remarquables par leur couleur jaune-orangé, et sur la dénomination desquels je n’ose point me prononcer. Leur couleur, leur forme, leur po- sition , leur texture apparente, me firent d’abord présumer que c’étaient les testicules; mais la découverte tardive de ceux-ci, parfaitement bien caractérisés, me jeta dans l'in- certitude où Je me trouve encore. Ces corps, constans pour leur existence , et invariables pour leur forme, leur gran- deur, leur couleur, sont contigus et peut-être adhérens par leur bord interne, qui répond à la ligne médiane du corps de l’insecte. L'espèce d'enduit ou de pigmentum jaune qui les recouvre , disparaît par une macération prolongée, et alors ils se présentent sous l'apparence utriculaire, de manière que Je suis plus porté à les regarder comme une seconde paire de vésicules séminales. ’ Nota. Je me vois obligé de répéter ici mes regrets de n’avoir pas été à même de disséquer des individus mäles de la Dorthésie. Ceût été pour moi une véritable bonne fortune que de porter le scalpel dans leur appareil de la génération ; mais ces insectes ont éludé jusqu'à ce jour toutes mes perquisitions réitérées. Je sens vivement l'importance de cette lacune. ARTICLE IT. Organes générateurs femelles. L'appareil génital femelle des Hémiptères se compose en général, 1° de deux ovaires; 2° d’un oviducte ; 3° d’une glande sébifique de l’oviducte; 4° de diverses pièces vul- vatres plus ou moins externes 5° enfin des produits de la fécondation, qui sont le plus RAT des œufs, rarement des petits vivans. 320 RECHERCHES Les ovaires sont situés dans la cavité abdominale, au- dessous du paquet des viscères digestifs. [ls consistent, ainsi que ceux des insectes en général, en deux faisceaux semblables, composés chacun d’un certain nombre de boyaux tubulés, destinés, dans les espèces ovipares, à la formation , au développement, au séjour des œufs. Je désigne ces boyaux sous le nom de gaïnes ovigères. Celles-ci remplissent le même but physiologique que la matrice des quadrupèdes. Lorsque la fécondation a eu lieu, on les trouve partagées, suivant leur longueur, par des étranglemens successifs d'autant plus prononcés que la gestation est plus avancée, et qui interceptent des cellules ou des loges toujours monospermes, c’est-à-dire ne ren- fermant jamais qu'un seul germe ou un seul œuf, Dans l’état de ‘virginité elles n’offrent aucune trace d’étran- glemens. Le nombre des gaïînes et des loges est cons- tant dans les individus d’une même espèce, mais il varie suivant les familles et les genres. Ces gaînes peuvent être uni ou multiloculaires. Le sommet ou l’extrémité antérieure de la gaîne ovigère est formé par un corps d'apparence charnue, compact, c’est-à-dire non vésiculeux, dont la configuration est dif- férente suivant les genres. Cet article terminal est d’ordi- naire fixé, suspendu au moyen dun filet propre d’une grande ténuité, qui mérite le nom de ligament suspen- seur. Les sept ligamens suspenseurs convergent en un ligament commun qui va s'implanter dans le thorax. Ce corps charnu se rencontre constamment dans les ovaires de tous les insectes en général. Dans les divers écrits qui ont précédé celui-ci, J'ai gardé le silence sur ses fonctions, parce que Je ne me croyais pas suflisamment éclairé, et le petit nombre d’entomotomistes qui se sont occupés de l'appareil génital des insectes n’y ont porté qu’une atten- SUR LES HÉMIPTÈRES. 3921 ton fort superficielle. Je suis peut-être plus à même aujourd'hui de m'expliquer sur les attributions physiolo- giques de ce corps, que je n’hésite point à qualifier du nom d'organe. Je le considère comme le réceptacle des ovules ou germes imperceptibles des œufs, et je propose pour lui la dénomination d’ovulaire. Par sa position, ses rapports, ses fonctions, peut-être même sa texture, il présente , sui- vant nous, la plus grande analogie avec l'ovaire des qua- drupèdes. Dans les femelles vierges, où les gaines ovigères n’offrent point encore la trace des loges, l’ovulaire est très prononcé, souvent même plus développé que dans la con- dition contraire. Les gaines ovigères qui constituent chaque ovaire s’a- bouchent souvent en arrière dans un réservoir commun qu'on peut appeler calice. Celui-ci est plus où moins marqué, suivant l’époque de la gestation et la quantité d'œufs à terme qu'il contient. Ordinairement il se termine par une portion tubuleuse d’une longueur variable à la- quelle J'ai donné le nom de col de l'ovaire. Les deux cols confluent ensemble pour la formation de l’oviducte. L'oviducte est un canal ou conduit commun aux deux ovaires , dont ii est pour ainsi dire le tronc. Il est destiné soit à livrer passage aux œufs à terme pour être pondus, soit à faire l'office du vagin dans le coïit. Il varie pour sa forme et sa longueur, et il n’est pas toujours facile de le mettre en évidence. J'ai désigné ailleurs sous le nom de glande sébacée, et je désigne aujourd'hui sous celui, plus approprié, de glande sébifique de l'oviducte, un petit appareil sécréteur qui fait partie de l’organe génital femelle de tous les in- sectes ovipares en général, et qui est constamment im- planté sur le trajet du canal éducateur des œufs. Je lui attribue, avec Swammerdam , la fonction de sécréter une 4. Savans étrangers. AT 322 RECHERCHES humeur sébacée spéciale, destinée. lors de la ponte, à enduire les œufs d’un vernis qui en durcit la coque et les prémunit ainsi contre les outrages du temps. Dans mon travail sur lanatomie de l’Aippobosque (Annal. des Sc. nat., 1825, t. VI), j'ai combattu avantageusement, ie pense, l'opinion qui tendait à faire considérer cet organe comme une poche simplement copulatrice. La position de cet appareil, qui dans ce Diptère pupipare est placé tout-à-fait en avant de la matrice, par conséquent hors de la portée du pénis du male, est un argument sans réplique. Les Hémiptères vont nous en offrir un autre tout aussi solide; car dans les Pucerons, qui sont décidément vivi- pares, et chez lesquels, par conséquent , un appareil orga- nique propre à sécréter un vernis pour les œufs eût été superflu , la glande sébifique manque absolument. Je comprends sous la dénomination générique de pièces vulvaires un ensemble de plaques ou d’écailles plus ou moins étroitement articulées au voisinage de la vulve, extérieures, ou susceptibles de se produire au dehors au sré de l’insecte. Les unes forment la vulve proprement dite; d’autres consistent en de simples crochets qui favo- risent l’acte copulatif; enfin il en est qui constituent un instrument assez compliqué, destiné à introduire les œufs dans un milieu plus ou moins résistant , et on a désigné cet instrument sous le nom d’ovrscapte. Ces pièces établis- sent, par la diversité de leur configuration et de leur développement , des différences saillantes dans les familles et les genres des Hémiptères. Les produits de la génération sont bien plus diversifiés pour leur nature et leur configuration dans les Hémiptères que dans aucun autre ordre d'insectes, et il nous reste encore beaucoup à acquérir sous ce rapport. Dans la plu- part ces produits sont des œufs, mais les Pucerons, comme SUR LES HÉMIPTÈRES. 323 rs on sait , sont vivipares dans toute la valeur de ce terme, et la Dorthésie, comparable en quelque sorte à la Sarigue, porte dans un sac attaché à son corps sa progéniture, jusqu’à ce que celle-ci soit en état de pourvoir d’elle-même à sa subsistance. Cet insecte semble donc intermédiaire aux ovipares et aux vivipares. Quant aux œufs, ils ont des formes extrêmement variées et parfois élégantes. Ainsi il en est de ronds, d’ovales , d’allongés, de peintus, de tron- qués; quelques-uns ont a un de leurs bouts des soies dont le nombre est déterminé; plusieurs s’ouvrent par des opercules réguliers , tantôt en segment de sphère, tantôt plats ; il y en a de glabres et de velus, de jaunes, de bron- zés , d’irisés , etc. Mais n’anticipons point sur des détails qui concernent les espèces. Par les mêmes motifs que J'ai exposés à l’article des organes males de la reproduction, je vais décrire, à l’occa- sion de chaque espèce, l’ensemble des parties qui consti- tuent l'appareil génital femelle. GÉOCORISES. Scutellera nigro - lineata. = La région anale de la femelle, vue en-dessous, présente un espace non stigmati- fère formé exclusivement par l’ensemble des pièces vul- vaires. Cet espace est arrondi et bombé en avant, déprimé, tronqué et un peu dilaté en arrière. Îl se compose de sept écailles étroitement appliquées les unes contre les autres, comme une mosaïque, douées d’un mouvement peu étendu, mais bien sensible sur l’insecte vivant. De ces pièces, deux sont en avant, deux en arrière, et trois intermé- diaires. Les pièces antérieures forment par leur réunion la portion bombée dont je viens de parler. Ce sont deux espèces de panneaux, larges, semblables entre eux , con- tigus à la ligne médiane du corps, dans l’état de repos, 1e 324 RECHERCHES et susceptibles, lors du coït ou de la‘ponte, de s’entr'ou- vrir et de présenter une fente plus où moins béante. Voilà une véritable vulve dont les panneaux représentent exactement les grandes lèvres. On observe même dans cette espèce une villosité bien marquée en dehors de celles-ci, une sorte de mont de Vénus. Les deux pièces postérieures, aussi d’une configuration uniforme, sont triangulaires, pointues, placées à droite et à gauche de Vanus. Je les crois destinées à favoriser, par la saillie facultative de leur pointe acérée, l’acte copulatif. Quant aux pièces intermédiaires, un examen peu scrupuleux les regarderait comme ne formant qu’une seule plaque dont le bord postérieur présente dans son milieu une échan- crure assez profonde qui correspond à l’anus. Les angles de cette échancrure sont obtus, à peine recourbés en crochet, et une bonne loupe y aperçoit des aspérités. Ces angles sont les bouts, l'extrémité des pièces latérales, et le sinus correspond à une plaque médiane dont le bout libre est noir et rude comme les angles. Cette plaque médiane m'a paru formée de deux articles habituellement contigus. Ces pièces jouent sans doute un rôle actif dans la copulation; mais, sans forcer les rapprochemens, ne trouvons-nous pas dans cette portion tégumentaire qui sépare lanus de la vulve, l’analogue du périnée des Mammifères? Qu'il me soit perinis de rappeler à cette occasion, le principe de l'unité de composition orga- nique si savamment discuté par M. Geoffroi de Saint- Hilaire. Si je suis entré dans quelques détails sur la structure curieuse de l’appareil vulvaire de la $c. rayée, c’est que j'ai voulu, pour abréger mon texte, que cette description servit de type pour les espèces et les genres analogues ; en sorte que je n'aurai plus, en abordant ce même article SUR LES HÉMIPTÈRES. 325 dans ces derniers, qu’à signaler les modifications ou les différences. Les ovaires de notre Scutellère consistent en deux fais- ceaux conoïdes , composés chacun de sept gafnes ovigères, assez courtes, colon lorsqu'on É étudie de un état de gestation avancée. Les ovulaires sont allongés, cy- lindroïdes ou légèrement renflés en massue. Les sept Higa- mens suspenseurs des gaînes ovigères, parfaitement dis- tincts les uns des autres, convergent en un seul lien com- mun qui va s'implanter, avec son congénère, dans le thorax de l’insecte. L’oviducte est court et cylindroïde. La glande sébifique se compose, 1° d’un organe essentiellement sécré- teur en forme de tête arrondie blanchâtre, munie d’une espèce de col fort court qui en est le conduit efférent; ° d’un réservoir ovale-oblong, pareillement blanchätre, d’une texture charnue, d’une consistance comme calleuse ; 3° enfin d’un canal excréteur grêle qui sert de pédicelle au réservoir , et qui s’insère sur le trajet de l’oviducte. J’expo- serai plus bas, à l’article de la Pentatome grise, ce qui est relatif à la structure intime , à la disposition intérieure de toutes ces parties. Se. maura.— L'appareil vulvaire de cette espèce est fait absolument sur le même plan que celui de la précédente, et se compose du même nombre de parties. J’observe seu- lement que les lèvres ou panneaux de la vulve sont bea ucoup moins bombés et presque glabres; que les pointes des pièces postérieur es se croisent un peu réciproquement , et que la plaque médiane des pièces intermédiaires est entièrement cachée par les latérales. Les ovaires et le nombre des gaïnes ovigères sont les mêmes que dans la $c. rayée; mais nous allons trouver dans quelques dépendances de l'appareil génital femelle, des traits anatomiques qui établissent entre ces deux Géo- 326 RECHERCHES corises des différences non-seulement spécifiques, mais peut-être génériques , comme Je l'ai déjà insinué en parlant des organes mâles de la génération. L’oviducte est court, dilaté, et de chaque côté de son origine, ou plutôt à la ter- minaison de chacun des cols des ovaires, il y a une espèce de collerette ou de manchette formée par de nombreux petits tubes courts, blanchätres ou semi diaphanes, la plupart simples, disposés en franges. Ces vaisseaux tubu- leux, d’une petitesse qui ne permet point d'en saisir les connexions , sont sans doute chargés d’une sécrétion par- ticulière lors de la ponte. Peut-être aussi ne sont-ils là que come vestiges d’un organe qui peut exister mieux con- ditionné dans d’autres genres d'Hémiptères voisins de notre Scutellère. Au lieu d’une glande sébifique, conformée comme celle de la Scutellère rayée, on observe ici, de chaque côté de l’oviducte ; une poche vésiculaire, arrondie ou ovalaire, suivant son degré de plénitude, fixée au moyen d’un col fort court, et remplie d’une humeur limpide. On rencontre quelquefois ces poches vésiculaires vides, affais- sées, déformées; elles ressemblent alors à des caroncules ou oreillettes , et prennent une teinte blonde. Sur le disque même de l’oviducte, on observe un organe pyriforme blan- châtre, qui dégénère en arrière en un col bien distinct, au moyen duquel se fait son insertion. Cet organe corres- pond au réservoir de la glande sébifique de la précédente espèce, et, étudié à la loupe par sa face inférieure, on reconnaît dans son intérieur , à travers son enveloppe , un corps globuleux d’une nuance obscure, vraisemblablement une espèce de sac interne, dont le canal excréteur aurait , dés son orféine, deux petites dilatations. Les œufs de la Sc. maure sont globuleux, glabres, ran- sés en séries contigués, sur le support où ils ont été pondus, et ils sont proportionnellement plus gros que ceux deslà SUR LES HÉMIPTÈRES. 357 Sc. rayée. Is ont, soit quand ils sont encore renfermés dans les gaînes ovigères, soit quand ils viennent d'être pondus, une couleur vert-émeraude. [ls s'ouvrent par un opercule en forme de calotte sacerdotale, et la circonscrip- tion de celle-ci est marquée’ par une rangée circulaire de très petits points blancs qu'une bonne loupe découvre facilement. Les petites Scutellères, quand elles viennent d’éclore, sont d’un noir bronzé obscur. Pentatoma grisea. — Les pièces vulvaires sont aussi au nombre de sept, mais sensiblement plus développées, moins serrées entre elles, plus distinctes que dans le genre pré- cédent. Les lèvres de la vulve sont velues, déprimées plutôt que convexes. Les pièces postérieures ou celles qui flan- quent l'anus, nullement inclinées lune vers l’autre et bien plus grandes que dans les Scutellères, sont carénées dans le milieu et se terminent par une pointeen épine, velue, qui fait saillie au-delà du dernier segment dorsal de l’ab- domen. Les plaques latérales des pièces intermédiaires sont bien, moins obliques que dans les Géocorises précédens, et leur extrémité dépasse , sous la forme d’une dent velue’, le bout de l'abdomen. La plaque médiane est bien distincte eten carré long. On reconnaît visiblement qu’elle est formée de deux articles, dont le basilaire, plus large, est en partie caché par les lèvres de la vulve. Chacun des ovaires de notre Pentatome se compose, ainsi que celui de la plupart des espèces de ce genre soumises à mes investigations anatomiques, de sept gaines ovigères bi ou triloculaires , dont la forme, la texture et la disposition sont les mêmes que dans les Scutellères. Les ovulaires sont ovoides-pointus. Les cols des ovaires se terminent par une collerette frangée , semblable à celle de la S'cutellire maure, mais un peu plus développée. L’oviducte est dilaté, ova- laire. La glande sébifique se compose des mêmes parties 328 RECHERCHES essentielles que celle de la Scutellère rayée, et je vais, comme Je lai promis, me livrer à l'examen de sa texture intime. Avant d'exposer celle-ci, il est bon de se rappeler que la Pentatome grise, ainsi que la plupart des espèces de ce genre et des genres voisins, en pondant ses œufs, non-seule- ment les fixe, au moyen d’une colle ou d’une gomme noire, sur le support , mais qu'elle les enduit d’un vernis imper- méable, gris de perle, irisé ou métallique. Ce vernis n’existe point dans les œufs renfermés dans l’ovaire, quoique par- venus à terme. Ceux-ci sont alors Jaunätres et paraissent plus grands qu'après avoir été pondus. La collerette frangée serait-elle l'organe qui sécrète spé- cialement la gomme noire qui colle les œufs sur leur sup- port, et la glande sébifique serait-elle celui qui fournit les vernis qui les enduit? C’est une double question que Je w’oserais pas résoudre définitivement, quoique j'incline pour l’aflirmative. Quoi qu'il en puisse être, l’organe , qui dans l'appareil sébifique paraît plus essentiellement sécréteur, se présente sous la forme extérieure d’un bouton ou plutôt d’un gland pédicellé situé à l'extrémité du réservoir, et penché, couché sur lui. Ce gland, ovalaire, avec un bourrelet assez prononcé à sa base, qui imite la cupule de ce fruit, ressemble, au premier aspect, à cause de la pellucidité de son tissu, à un corps utriculaire. Mais un examen plus attentif fait recon- naître que ses parois sont charnues, épaisses, d’une con- sistance presque calleuse; et on distingue au travers, à la faveur de la loupe, un axe intérieur d’une nuance plus obscure, qui n’atteint pas tout-à-fait le bout du gland. Si, après une macération de quelques heures, on cherche à constater par la dissection la structure intime de ce gland sécréteur, on trouve que son axe est une capsule centrale SUR LES HÉMIPTÈRES. 329 jaunâtre, opaque, d’un tissu fibro-membraneux. La tu- nique charnue, qui enveloppe cette capsule, adhère à toute sa surface, de manière qu’on ne peut point parvenir à l'en dégager complètement. C’est sans doute à cause de cela que la capsule paraît, au microscope, comme velue. Quand on poursuit cette dissection jusque dans le pédicelle, on découvre vers le milieu de celui-ci, qui offre le même tissu fibro-membraneux que la capsule elle-même, une sorte de godet ou de bourrelet circulaire, ayant la forme d’une virole enfilée par le pédicelle. Ce dernier doit être considéré comme un conduit efférent destiné à trans- mettre au réservoir l’humeur sécrétée. Le réservoir de l'humeur sébacée est un corps ellipsoïdal assez grand, muni d’un pédicule, revêtu extérieurement par un pannicule charnu , contractile, semi pellucide, plus ou moins ridé, inégal ou plissé, suivant son degré de dilatation. Cette première tunique musculeuse enveloppe un sac central, une vessie d’un tissu serré, blanchâtre, d’une consistance élastique, d’une surface lisse ou très fi- nement striée, peu ou point adhérente à l'enveloppe. Ea demi transparence des parois de cette vessie permet d’aper- cevoir dans son centre un axe linéaire sétacé d’une teinte brunâtre. Lorsqu'on isole ce dernier en déchirant l’enve- loppe, et qu'on le soumet à une forte lentille du micros- cope, on s’assure que c’est une tige tubuleuse de texture coriacée , renflée à son bout antérieur où s’insère le conduit efférent du gland sécréteur, et terminée à l’extrémité op- posée en pointe de lancette tronquée. Cette pointe s'engage dans l’origine du canal excréteur ou pédicelle du réservoir. Cest indubitablement par ce tube capillaire que se filtre peu à peu le vernis dont la Pentatome enduit ses œufs en se servant de sa pointe acérée comme d’un pinceau. La P. grise, en pondant,ses œufs, les dispose de manière 4. Savans étrangers. 42 330 RECHERCHES à ce qu'ils soient contigns , mais Jamais entassés. [ls ont une couleur gris de perle, une forme ovalaire ou plutôt en court cylindre, dont le bout collé sur le support est tron- qué, tandis que l’autre est arrondi en segment de sphère. Ce dernier, observé à la loupe, offre une ligne circulaire qui circonscrit une opercule en calotte. Celui-ci se détache lors de la naissance de la larve, et le limbe de l'ouverture est bordé de cils fort petits que le microscope met en évi- ‘dence, ét qui sont destinés à retenir le couvercle avant l’époque de la maturité de l’œuf. . P. Smaragdula. — L'appareil vulvaire ne présente, comparativement à celui de la P. grise, que de légères différences purement spécifiques. Les pièces sont un peu moins développées : les postérieures et les latérales des in- termédiaires ne forment point une saillie , et ne se termi- nent pas en une pointe. Les ovaires ont aussi sept gaines ovigeres chacun; mais ces gaines , dans l’état de fécondation , m'ont paru quinque- loculaires, et les ovulaires se terminent par un bouton en forme d'olive. L'appareil sébifique est organisé comme ce- lui de l’espèce précédente, mais avec quelques différences spécifiques que je vais signaler, et dont je produis les fi- gures. Le réservoir est un peu plus court, plus gros, et son conduit excréteur est légèrement bulbeux à son origine. L'organe chargé plus spécialement de la sécrétion se pré- sente sous l'apparence extérieure d’une sorte de caroncule irrégulièrement crénelée et presque sessile. Mais, par sa dissection, on trouve que cette partie incluse, qui a la forme d’un gland, est ici bien plus courte, tandis que la cupule, ou le bourrelet de sa base, est proportionnellement plus grosse que dans l'espèce précédente. Le conduit effé- rent de ce gland sécréteur ne n’a pas offert le godet ou la virole qui caractérise celui de cette dernière Pentatome. SUR LES HEMIPTÈRES. 331 {Quant au tube sétacé qui forme l’axe du réservoir, il est le même à peu près que dans la P. grise. P. baccarum. — Les seules différerices que j'aie observées dans l’examen comparatif de l'appareil génital femelle de ce Géocorise avec celui des précédens, sont des gaines ovi- gères bi ou triloculaires, et des œufs d’une forme ellip- soïdale, excisés et échancrés sur un côté. Ces œufs n’ac- quierent cette configuration que lorsqu'ils sont bien à terme; car, avant cette époque, tls paraissent simplement ovales dans la gaîne. P. ornata. — Les lèvres de la vulve sont ici plus grandes et plus convexes; les autres pièces ne forment point de saillie dentiforme, et la plaque médiane est évidemment composée de deux articles. Les diverses espèces de Penta- tomes que J'ai disséquées ont toutes sept gaines ovigères à chaque ovaire. La P. ornée fait seule une exception à cette règle : elle n’en a très positivement que six. Ces gaines ont du reste une conformation et une texture qui ne différent point de celles que je viens de décrire, ainsi qu’on peut s’en convaincre par l’inspection des figures. Le calice de l'ovaire est bien plus distinct que dans les Géocorises précédens. L’oviducte est dilaté et d’une forme ovalaire. Une double collerette frangée, presque confondue en une seule, le précède , et les vaisseaux tubuleux qui la constituent sont, les uns simples, les autres bi ou trifides. La glande sébi- fique, moins développée que celle de la P. grise, est d’ail- leurs organisée sur le même plan. Les légères différences qu'elle présente sont suffisamment exprimées par les figures. Les œufs de la P. ornée ont une forme et une struc- ture tout-à-fait élégantes. Rangés en séries pressées et con- tiguës, ils représentent de courts cylindres tronqués, et ne ressemblent pas mal à de petits barillets placés de- ho. : 332 RECHERCHES bout. Ils varient pour la couleur : souvent ils sont d’un noir plombé, uniforme d’un côté, tandis que de l’autre ils présentent dans le milieu une large bande transversale blanche, au centre de laquelle il n’est pas rare de voir un gros point noir qui imite la bonde du baril. L’opercule n’est pas bombée comme celui de la P. grise; il est plane, noir, avec un cercle autour et un point au centre blanc. Le contour de la coque, où l’opercule est enchassée, est bordé de cils courts, régulièrement espacés comme dans la péristome de l’urne de certaines mousses. P. aparines.— Les ovaires ont sept gaines ovigères, bi ou triloculaires; l’'ovulaire est en massue. Le réservoir de la glande sébifique est gros, sphéroïdal, et le conduit ex- créteur qui lui sert de pédicelle est grêle, capillaire. Le gland sécréteur est en forme de tête ovale-obtuse, et son axe intérieur, que la translucidité de ses parois permet d’apercevoir, est d’un Jaune safrané. Cette Pentatome fait sa ponte, vers la fin de juin, sur les tiges du grateron. Ses œufs, ovales-arrondis, sont remar- quables par le duvet court dont ils sont hérissés. Ils s’ou- vrent par une opercule en calotte, et le tissu de la coque, examiné au microscope , paraît réticulé comme celui des feuilles de quelques mousses. Coreus marginatus. -— La composition et la structure de l'appareil vulvaire des Corés, et en général des Géocorises, qui n'ont que quatre articles aux antennes, sont très diflé- rentes de celles de ce même appareil dans les genres précé- dens. J'ai déjà dit dans les généralités relatives à ces Hé- miptères, que dans plusieurs le bout de l'abdomen des femelles présentait ou des dents, ou des lobes, tandis que celui des mâles est tronqué et entier. Cet appareil dans le C. marginatus est logé, enchässé dans une échancrure profonde du dernier segment ventral de l'abdomen, et l'on SUR LES HÉMIPTÈRES. 333 voit dans un large sinus du segment dorsak correspondant, deux petits segmens supplémentaires qui n'existent point dans le mâle, qui par conséquent ne font point partie es- sentiellement constitutive de l'abdomen , et qui forment la table supérieure ou le couvercle de l'appareil qui nous occupe. Une disposition semblable s’observe dans les autres espèces que J'ai dit former avec le C. marginatus un groupe naturel. Les Corés femelles de cette division ont un ovis- capte peu développé et non apparent extérieurement. On ne compte que quatre écailles vulvaires dans le €. marginatus , au lieu de sept ou huit qui s’observent dans les Scutellères et les Pentatomes. Mais elles sont assez dé- veloppées, et disposées par pièces rapprochées; les anté- rieures, qui constituent les panneaux ou les lèvres de la vulve, sont relevées en une carène commune qui correspond à la ligne médiane du corps, età moitié engagées sous le der- nier segment ventral. Celui-ci est fendu longitudinalement dans son milieu, qui correspond directement à la vulve; mais la fente n’atteint pas tout-à-fait son bord antérieur ; elle s'arrête à une saillie transversale près de celui-ci. Cette fente, qui se rencontre aussi dans toutes les espèces du groupe dont Je viens de parler, sert lors du coït, mais sur- tout à l’époque de la ponte, à permettre la dilatation de la vulve. La portion des panneaux de cette dernière qui est ha- bituellement à découvert, a l'aspect pointillé, chagriné des tégumens généraux; l’autre est lisse, imponctuée, glabre. Les deux écailles postérieures, contigués par leur bord in- terne qui forme la ligne médiane du corps, présentent en arrière une grande échancrure angulaire, commune à toutes deux, et qui correspond à l'anus. Leur bord externe pré- sente vers sa base comme une petite pièce triangulaire qui s'avance parfois en une dent. Cette pièce , qui semble le vestige ou le représentant de celle qui dans les Géocorises 334 RECHERCHES précédens flanque l'anus, n’est ici qu'un repli, une dou- blure latérale du premier petit segment supplémentaire dont je viens de parler. Mais ce qu'il y a de fort remar- uable dans ce repli, c’est qu'il est stigmatifère ; en sorte que la femelle de cet insecte a une paire de stigmates de plus que le mâle. Les ovaires du €. marginatus ne différent que bien peu de ceux des S'eutellères et des Pentatomes. Is se composent chacun d'un faisceau de sept gaînes ovigires courtes, bilo- culaires, blanchätres dans les premiers temps de la fécon- dation , prenant une teinte orangée par les progrès de la gestation. Les ovulaires sont en massue allongée. Le col de l'ovaire est bien plus long que dans les genres que nous venons d'examiner. Il renferme quelquefois trois ou quatre œufs à terme, placés à la file. L’oviducte est court, dilaté à droite et à gauche dès son origine. La glande sébifique de ce Géocorise diffère beaucoup de celle des Pentatomes : je n’y ai reconnu que deux vaisseaux ou deux filets tubuleux, un pour chaque côté, peu déve- loppés, repliés sur eux-mêmes, d’un calibre à peu près semblable à celui des canaux hépatiques , offrant des ra- meaux courts, rares, inégaux , dont quelques-uns ne sem- blent que des bourgeons. Ces vaisseaux sont semi dia- phanes, avec un axe linéaire blanc. Mes recherches sur ce point sont sans doute fort incomplètes , car je n'ai pu encore mettre en évidence le réservoir de cet appareil. Les œufs sont remarquables par leur grandeur et leur configuration. Ils représentent un sphéroïde comprimé dans son contour, et tronqué d’un côté. Îls sont roussâtres, glabres, lisses, parfois irisés. A la loupe simple, ils parais- sent pointillés où finement chagrinés; au microscope, la coque présente un tissu aréolaire. SUR LES HÉMIPTÈRES. 335 C. chloroticus. — Même contexture de l'appareil vul- vaire que dans l’espèce précédente , seulement le repli latéral du premier petit segment abdominal supplémen- taire est ici plus développé et forme de chaque côté une dent prononcée. Les ovaires sont organisés comme ceux du C. marginatus €. quadratus. —- Appareil vulvaire et ovaires comme dans le Coré ci-dessus. C. nugax. — Le ventre de la femelle présente daus so: tiers postérieur une carène médiane qui n'existe point dans le male. Cette carène, limitée en avant par une légère protubérance, est pourfendue comme dans les Corés pré- cédens et recèle un oviscapte. Mais ce dernier commence ici à être un peu apparent à l'extérieur, car on l’apercoit au bout de l'abdomen, niché dans une coulisse entre les panneaux de la wulve. Je ferai ici une remarque qui n’est pas sans intérêt physiologique, c'est qu'à mesure que l’ovis- capte se perfectionne, le nombre des pièces constitutives de l'appareil vulvaire va en diminuant. C'est ainsi que dans les Scutellères et les Pentatomes, où on ne découvre encore aucune trace de cette espèce de tarriere, il y a sept ou huit plaques vulvaires; dans le groupe des Corés que j'ai si- gnalé plus haut , et qui présente un petit oviscapte caché, le nombre des plaques est réduit à quatre; enfin, dans le C.nugax, où cet instrument a acquis un degré marqué de perfection , il n'existe que les deux panneaux de la vulve, et encore sont-ils bien moins développés que dans les au- tres espèces. Cette décroissance graduelle est digne d’at- tention. Les ovaires du C. nugax ressemblent à ceux des Géoco- rises que nous venons d'examiner. [ls se composent de sept gaines ovigères biloculaires, et l'ovulaire qui termine celles-ci est ovale-conique très pointu. Les œufs sont 336 RECHERCHES oblongs, et je n’ai pas reconnu qu’ils fussent tronqués au bout. C. hirticornis. — Les pièces vulvaires sont encore ici au nombre de quatre, comme dans les espèces qui for- ment un groupe avec le €. marginatus; il y a aussi un petit opiscapte caché. C. Panzeri. — la configuration du bout de l’abdomen et la structure de l’appareil vulvaire présentent dans cette espèce el dans celles qui constituent le groupe générique dont j'ai parlé à l'article de sa description, des différences tranchées avec celles des autres Corés. Le seul trait exté- rieur distinctif des sexes est fourni par le dernier segment ventral de l'abdomen , qui est comprimé, saillant et caréné dans la femelle seulement. Mais ce segment n’est plus pour- fendu comme dans les précédentes espèces, et les plaques vulvaires ne sont plus en évidence à la paroi ventrale, et étalées. Tout l'appareil dont il est ici question est assez profondément enfoncé entre le segment dont je viens de parler et le dorsal qui lui correspond. Les gaines ovigères sont au nombre de sept pour chaque ovaire, et elles ne m'ont paru qu’uniloculaires. Mais la base de ces gaînes présénte dans cette espèce, ainsi que dans quelques autres, un gros bourrelet particulier, d’une consistance comme calleuse et d’une couleur obscure, dont les fonctions ne me sont point connues. Les œufs du €. Panzeri sont oblongs, cylindroïdes, obliquement tronqués à un bout. Alydus geranii et apterus. — On se convaincra par l'étude attentive de l'organe génital femelle des 4/ydes, non-seulement que dans le cadre entomologique ils doi- vent être colloqués après les Corés ; mais que si dans ces derniers on convertit en genres les divers groupes natu- rels que j'ai signalés, il faudra que les 4lydes suivent im - SUR LES HEMIPTÉRES. 337 médiatement la division générique à la tête de laquelle sérait placé le C. marginatus. Peut-être même qu’un exa- men sévère érigera en genre propre l’4lyde que j'appelle apterus. Le dernier segment ventral de Pabdomen des 4lydes est pourfendu comme dans la plupart des Corés, mais cette fente est beaucoup moins longue. Les panneaux de la vulve sont grands, velus en dehors, et suivis d’une autre paire de pièces qui termine le ventre. On voit de chaque côté de ces dernières un repli triangulaire fourni par l’un des seg- mens supplémentaires de la région dorsale. Enfin la com- position de l'appareil vulvaire est la mème que celle que J'ai décrite dans le €. marginatus. Les ovaires, que J'ai plus particulièrement étudiés dans l'A. apterus, ont sept gaines ovigères assez courtes, bilo- culaires; l’ovulaire est allongé, cylindroïde ; il y a un ca- lice assez marqué, et le col de l'ovaire est long comme dans le Coré que je viens de nommer. Les œufs non encore à terme, et observés dans les gaînes ovigères, sont d’un bleu lapis tranché; ils prennent une teinte châtain clair bronzé lorsqu'ils sont pondus. Ils ont une grosseur considérable vu l’étroitesse du corps de l’insecte; leur forme est celle des œufs du €. marginatus; mais au lieu d’avoir un côté simplement tronqué, ce côté est échancré ou excavé. Pyrrhocoris aptera.- On ne trouve dans la Pyrrho- core aucun vestige d'opiscapte , et cette considération, qui n’est point sans valeur, contribue à justifier sa sé- paration générique. Le bout de l'abdomen de la femelle présente comme une troncature un peu déprimée, occupée par les pièces vulvaires. Celles-ci sont au nombre de trois paires. Les panneaux de la vulve sont grands, de forme à peu près quadrilatère. La fente linéaire et médiane qui les sépare, et qui constitue la vulve proprement dite, est 4 + Savans étrangers. 43 338 RECHERCHES placée dans une fossette naviculaire. Deux autres plaques beaucoup plus petites suivent immédiatement les panneaux dont je viens de parler et s’engrènent avec le bord posté- rieur de ceux-ci. Elles sont à peu près triangulaires et ont leurs bords relevés. C'est au-dessus d’elles que s'ouvre anus. Enfin ces plaques anales sont flanquées à droite et à gauche par une autre pièce triangulaire. Sept gaines ovigeres quadriloculaires et fort longues composent chacun des ovaires de la Pyrrhocore. L’ovu- laire est conoïde-pointu. Le col de l'ovaire présente une dilatation constante qui tient lieu de calice. L'oviducte est renflé dès son origine. La glande sébifique consiste en un réservoir arrondi brièvement pédicellé, et pour chaque côté en un organe singulier, semblable à une fraise élé- gante d’une teinte jaunâtre. Je n’ai point de notions assez positives sur la structure et les fonctions de cet organe, pour entreprendre sa description. Lygœus lagemifer. —lL'appareil vulvaire des Lygées a bien plus de rapports avec celui des Corés qu'avec celui de la Pyrrhocore. Le dernier segment ventral de Pabdomen est pourfendu dans sa ligne médiane comme dans les premiers de ces Géocorises; ce qui est l'indice de la présence d’un oviscapte. L'ovatre se compose de sept gaines ovigères fort lon- gues, multiloculaires (à sept ou huit loges environ ). L’ovulaire est oblong, conoïde, pointu. Le col de lovaire est largement dilaté. La rer sébifique a de l’analogie avec celle des tai orues: mais je sens la nécessité Fe renouveler mes dissections pour être fixé sur cet organe. Les œufs sont ovales. L. hyosciami. — Les gaines ovigères ne sont ici que biloculaires, etelles se terminent par un ovulaire allongé. SUR LES HEMIPTÈRES. 339 Le col de l'ovaire est long et tubuleux comme dans le Coreus. Miris Carceli. — Les Miris et les Capsus vont nous présenter une organisation toute particulière de l’appa- reil générateur femelle, et comme cette organisation est commune aux deux genres, Je me bornerai à l’exposer dans lespèce dont il est ici question. La région ventrale de l'abdomen se compose, ainsi que je l'ai die ailleurs de sept segmens stigmatiféres, indé- pendamment des pièces qui constituent l appareilvulvair e. Cette région offre un trait anatomique distinctif dont j'ai déjà fait une simple mention, mais qui mérite de nous occuper un instant. Je veux parler de l'ovzscapte. Le long de la ligne médiane du ventre, à partir d’une petite gib- bosité située au centre de cette région , on voit une fente linéaire qui se continue Jusqu'à l'anus. Cette fente, sus- ceptble de s’élargir ou de se resserrer suivant la volonté ou les besoins de linsecte, est formée par les bords tranchans de deux longues vulves coriacées, parallèles, formant une gaïne ou espèce de coulisse qui loge l’ovis- capte. Dansles Airis et les Capsus, ainsi que dans les Co- reus, le dernier segment ventral stigmatifère (ici le sep- tième}), est divisé par une fente médiane, et la gibbosité centrale dont je viens de parler paraît appartenir spécia- lement au pénultième segment. Une grande pièce vul- vaire, un large panneau termine de chaque côté l’abdo- men et ne paraît qu’un dédoublement du dernier segment dorsal. L'oviscapte, logé dans la coulisse médiane, ne semble à la première vue qu’une simple tige plate et cornée, une lame tranchante à pointe aiguë; mais c’est un véritable sabre, pour me servir de Pexpression usitée pour désigner cet instrument dans quelques Orthoptères. Ce sabre, attaché ou plutôt articulé par sa base, un peu di- a 340 RECHERCHES latée, à la gibbosité centrale, est formé de deux longues lames ou vulves semblables, simplement appliquées Pune contre l’autre et susceptibles de s'entr’ouvrir, de s’écarter méme beaucoup à l’époque de la ponte. La composition de cet instrument annonce que les Miris et les Capsus doi- vent enfoncer leurs œufs soit dans la terre, soit dans les plantes. Les entomologistes gardent un silence absolu sur ce point intéressant de l’histoire naturelle de ces insectes. Il était réservé à l’anatomie d’éveiller leur attention, de provoquer leurs recherches relativement aux mœurs et aux habitudes de ces Géocorises. Chacun des ovaires des Miris et des Capsus est un fais- ceau allongé, non de sept, mais de huit gafnes ovigères, longues, tri ou quadriloculaires, terminées par un ovu- laire ovale-oblong. Le calice est peu marqué, et le col de l'ovaire présente un renflement ovoïde entièrement caché, ainsi que l’opiducte, qui est excessivement court, par la glande sébifique. Celle-ci forme par son développement, sa configuration et sa structure insolites, un des traits anatomiques les plus remarquables des Géocorises dont nous nous occupons , et autorise à présumer qu'elle a des attributions spéciales. Elle se compose d’un réservoir et d’un vaisseau sécréteur. Le réservoir est une grande vessie placée au centre de l’ap- pareil génital, à peu près carrée, avec ses angles arrondis , et dont les parois fibro-membraneuses sont pellucides. Il n'a été impossible de constater d’une manière positive le mode de connexion de ce réservoir, soit avec l’oviducte, soit avec le vaisseau sécréteur. En déchirant ses parois, J'ai toujours rencontré dans sa cavité un corps d’un blanc nacré, d’une consistance céracée, qui ne m'a offert aucune organisation. Ce corps ne m'a paru que de la matière sé- bacée concrète ayant toute l'apparence de l’adipa-cire. Le SUR LES HEMIPTÈRES. 341 vaisseau sécréteur entoure comme une guirlande le bord du réservoir, auquel il ne tient que par quelques rares tra- chéoles. Son tronc principal, grêle, flexueux et diaphane, émet à droite et à gauche de courts rameaux simples ou divisés, droits ou repliés. Ce vaisseau est tout-à-fait sim- ple dans le Capsus tricolor, mais fléchi en nombreux petits festons qui couronnent aussi le pourtour du réservoir. Cer- tainement les fonctions d’un appareil sébifique ainsi or- ganisé ne se bornent pas à enduire les œufs d’un vernis, et je ne serais point surpris quand on découvrirait que ces Géocorises forment à leurs œufs une enveloppe commune, une espèce de cocon analogue à celui des Mantis. Les œufs des Miris et des Capsus, que je n’ai Jamais vus pondus, et que je ne Juge que d'après ceux que j'ai rencontrés à terme dans le col de l'ovaire, sont allongés , cylindroïdes , tronqués à un bout et légèrement arqués. Phymata crassipes. —- Je n'ai point parlé des organes , , générateurs males de ce bizarre Géocorise, parce que je n'ai point encore trouvé l’occasion de me livrer spéciale- ment à son étude anatomique. Par la même raison, je ne suis pas plus avancé pour la connaissance de ces mêmes organes dans la femelle. C’est une lacune à remplir; mais je dirai deux mots sur les signes extérieurs qui servent à distinguer les sexes. Dans le mäle l’armure copulatrice est tout-à-fait infé- rieure et enchatonnée dans le centre du dernier segment ventral de l'abdomen. Elle y circonscrit un espace en ovale régulier , saillant, convexe, légèrement caréné dans la ligne médiane, et d’une texture analogue à celle du segment lui- même. La situation aussi inférieure de cette armure fait naître l’idée d’un mode d’accouplement différent de celui de beaucoup d’autres Géocorises. Dans la Phymate femelle, l'abdomen est tronqué net 342 RECHERCHES au même point de la région ventrale indiqué pour le male. Cette troncature, formée par les pièces vulvaires, est tout-à-fait indépendante du dernier segment stigmati- fère, et débordée par Paile que forment les parois abdo- minales. On n’apercoit dans cet insecte aucune trace d’o- viscapte; en sorte que, sous ce point de vue, la transition des Miris et des Capsus aux Phymata est des plus brus- ques. La composition , et surtout la disposition des plaques vulvaires, ne ressemblent plus à celles que J'ai décrites jusqu’à présent. Ces plaques sont au nombre de trois seu- lement, dont deux latérales etune médiane. Cette dernière, bien plus large que les autres, est glabre, lisse, triangu- laire, ei la pointe du triangle est dirigée en avant. Les latérales, étroites etobliques à l'axe du corps, sont couvertes d’aspérités. Dans tous les Géocorises précédens , la vulve, ou l’ouverture extérieure du vagin, est une fente placée dans la ligne médiane du corps, comme dans lespèce hu- maine, par conséquent longitudinale. Dans la Phymate, elle est transversaleet tout-à-fait antérieure. Cette direction insolite de la vulve confirme ce que je viens de dire relati- vement à la singularité présumée du mode d’accouplement et de la ponte des œufs. Elle est faite pour piquer la cu- riosité du physiologiste. Aradus avenius. — Au lieu du mamelon assez gros qui termine le ventre du mäle, on ne trouve dans la fe- melle qu’un très petit segment supplémentaire en carré- long transversal, débordant à peine le contour arrondi du bout de l'abdomen. La vulve, autant qu'il est permis d'en juger sur un insecte aussi petit et aussi plat, ne m'a point paru longitudinale, et est placée, je crois, tout-à-fait à l'extrémité de l'abdomen. Je ne vois d’autre pièce vul- vaire que le segment supplémentaire signalé plus haut, et l’on ne reconnaît aucun indice de l'existence d’un oviscapte. SUR LES HEMIPTÈRES. 343 Chacun des ovaires de l'Aradus ne m'a paru composé que de quatre gaines ovigères biloculaires. Les ovulaires sont ellipsoïdaux, pointus. Le col de l'ovaire est dilaté, et l’oviducte a une grosseur assez remarquable. Les œufs sont oblongs. Le nombre quaternaire des gaînes ovigères est si inso- lite dans les Géocorises, que c’est avec une extrême dé- fiance que J’avance ce fait. Cimex lectularius. —Les organes reproducteurs femelles de la Punaise des lits ont plus de rapports avec ceux des Corés qu'avec ceux des Miris et des Capsus. Les ovaires con- sistent en deux faisceaux obtus, presque arrondis, composés chacun de sept gaÿnes ovigères courtes, à deux loges. L’ovu- laire est gros, ovale-conoïde. Le calice de l'ovaire est bien marqué et dégénère en un col tubuleux de moyenne lon- gueur. L’oviducte est très court. Malgré les investigations les plus soigneuses, les plus réitérées, je n’ai pu reconnaître pour l'appareil sébifique que deux vessies, une pour chaque côté, ovoïdes ou globuleuses , pellueides, munies d’un col excessivement court par lequel elles s’insérent non sur l’'oviducte, mais au côté externe de chacun des cols tubu- leux des ovaires. Cette situation au-delà de l’oviducte ou du vagin, et ce nombre binaire, sont, il faut en convenir, bien peu favorables à l’opinion de ceux qui ne veulent voir dans l'appareil sébifique qu’une poche copulatrice. Les vessies dont Je viens de parler contiennent une ma- tière sébacée plus où moins coagulée. Elles sont compa- rables, à n’en pas douter, au réservoir des glandes sébi- fiques ordinaires. Mais, je le répète, je n’ai pu découvrir dans les nombreuses dissections que j'ai faites de cet in- secte, aucun vaisseau, aucun Corps particulier qui puisse représenter un organe sécréteur. La petitesse de celui-ci l’a-t-elle dérobé à mes yeux armés de verres amplifians à 344 RECHERCHES divers degrés, ou bien existe-t-il dans cette Punaise une anomalie relativement à ce petit appareil? Les parois de ces vessies seraient-elles chargées en même temps de sé- créter et de contenir l'humeur sébacée? Des entomoto- mistes plus heureux ou plus adroits que moi pourront éclaircir ces doutes. Les œufs de la Punaise des lits, lorsqu'on les observe encore enfermés dans les ovaires, et non à terme, sont ovales et gros. Mais quand ils sont pondus ou à la veille de l'être, ils ont une forme oblongue légèrement rétrécie vers le bout antérieur. Celui-ci présente un petit opercule arrondi, à peine convexe, qui couvre l’ouverture par la- quelle la larve doit éclore. Soumise à une forte lentille du microscope, la coque de ces œufs paraît toute couverte extérieurement de petites aspérités piliformes, destinées à favoriser leur adhérence contre les corps et les tissus où ils sont déposés. C’est surtout à la découverte et à la destruction des œufs qu'il faut s'attacher pour préserver des Punaises les lits. Reduvius stridulus. — Les pièces externes de l’appareil copulateur des Réduves se présentent avec une CoMmpo- sition et une structure particulières. La région de l’anus est noire dans les deux sexes, ainsi que Je l'ai exprimé dans le signalement de l'espèce, mais elle est convexe et ar- rondie dans le mäle, en saillie conoïde dans la femelle. L’armure copulatrice du mâle est enchatonnée dans le dernier segment ventral de l’abdomen (le sixième stigmatifère), et circonscrit un espace ovalaire mais pointu en arrière, de manière que sa pointe touche au bord anal du segment. La couleur et la texture de son tiers posté- rieur diffèrent de celles du reste de armure. On y re- connaît deux panneaux assez grands, triangulaires, d’un brun obscur, d’une consistance bien moins coriacée, rap- SUR LES HÉMIPTÈRES. 345 prochés ou contigus à la ligne médiane par leurs bords libres. Ces panneaux ressemblent à ceux de la vulve de plusieurs Géocorises femelles, et en imposeraient facile- ment à ceux qui n’étudient pas le scalpel à la main. Je présume que ces panneaux de l’appareil copulateur male forment la seule partie essentiellement mobile de Parmure, et c’est par leur entr'ouverture médiane que doit sortir la verge pour le coït. Rien de semblable ne s'est présenté dans les Géocorises précédens ; mais Je dois prévenir que ce trait singulier est peut-être simplement spécifique, car il ne se rencontre ni dans le À. personatus ni dans quelques autres espèces que J'ai examinées comparative- ment. La région anale de notre Réduve femelle est composée de plusieurs pièces vulvaires symétriquement rapprochées. La vulve s’apercoit à la ligne médiane, en avant de la saillie conoïde. Elle est formée par deux petits panneaux oblongs ou triangulaires, adossés à leur base à deux gran- des plaques l’une-à droite, l’autre à gauche. Par l’extré- mité opposée, c’est-à-dire en arrière, les petits panneaux vul- vaires forment avec une autre pièce anale du dos, une sorte de bec court et gros que je viens de mentionner sous le nom de saillie conoïde, et entre les mandibules de ce bec se trouve lanus. J’ai vainement cherché à découvrir un oviscapte, tandis que cet instrument conducteur des œufs est assez apparent dans les Vabis, genre qui dans le cadre entomologique suit immédiatement celui des Réduves. Les ovaires de notre Réduve se composent chacun de sept gaines ovigères qui ne m'ont paru que biloculaires. Les ovulaires ont la forme d’une massue oblongue; le calice est bien apparent, et le col de l'ovaire est un long conduit tubuleux ; l’oviducte est dilaté; la glande sébifique ne nest pas bien connue. 4. Savans étrangers, 44 sf 346 RECHERCHES Les œufs sont ovales, arrondis aux deux bouts, tandis que ceux du /Vabis dorsalis sont allongés, cylindroïdes, tronqués et même un peu évasés à une extrémité, et le con- tour de la troncature est rebordé, comme crénelé en dedans. Pelogonus marginatus.— Lorsque, dans le mois de sep- tembre, je me livrai à la dissection du Pélogone, je trouvai toutes les femelles vierges , ou du moins leurs ovaires n’of- fraient aucun indice de fécondation. Dans cet état , chaque ovaire est formé par un faisceau de sept gafnes ovigères d’une médiocre longueur, terminées par un bout obtus, et qui m'ont paru bi ou triloculaires. Chacune des gaines est maintenue par un filet assez long, d’une ténuité qui échappe même à la loupe. Ces filets convergent à un liga- ment suspenseur commun qui vase fixer, isolément de son congénère, dans l'intérieur du métathorax ; le col de l'ovaire est deux fois plus long que le faisceau des gaînes ovigères, et peu flexueux. La glande sébifique de l’oviducte consiste, 1° en un corps sécréteur vésiculeux, courbé sur lui-même de ma- nière à paraître orbiculaire au premier coup d'œil; 2° en un conduit efférent capillaire très replié sur lui-même, sept à huit fois plus long que le corps sécréteur, et s’insérant d’une part à l’un des bouts de celui-ci, de l'autre à l’ori- gine de l’oviducte ; ce dernier est d’une excessive briéveté. AMPHIBICORISES. Gerris canalium et G. paludum. — La composition et la structure de l appareil reproducteur femelle des Gerris confirment ce que ] ai déjà avancé relativement à la légiti- mité de la nouvelle famille des Amphibicorises. Je ne re- viendrai pas sur les signes extérieurs qui caractérisent le sexe femelle; ils sont ficiles à déduire d’après ce que J'ai exposé à l’article du mâle. SUR LES HÉMIPTÈRES. 347 Les opatres de ces deux espèces forment chacun un fais- ceau allongé de quatre gafnes ovigères seulement.Ce nom- bre constitue un trait caractéristique. Ces gaînes, qui ont la forme de longs tubes gréles, atteignent jusque dans la cavité prothoracique , etsont multiloculaires. J'y ai reconnu le plus souvent cinq ou six œufs fécondés, et tout autant de traces d'articles ou de loges à la suite de l’ovulaire. Ce- lui-ci est allongé, cylindroïde. Le ligament suspenseur commun des ovaires, c’est-à-dire celui qui résulte de la connivence de tous les ligamens propres des gaînes ovigères, se fixe dans les masses musculaires qui garnissent le con- tour occipital ou œsophagien de la tête. Cette insertion , que Jai bien constatée, est digne de remarque. Le calice de l'ovaire n'existe presque pas, et son col est fort court. Je ne trouve d'autre trace de glande sébifique qu’un corps ar- rondi ou obtusément carré, d’un tissu dense et serré, cachant entièrement l’oviducte. Ce corps n'est-il qu’un simple réservoir de l'humeur sébacée, et l'organe spé- cialement chargé de la sécrétion ? aurait-il éludé mes in- vestigations réitérées? Je n'oserais émettre un jugement définitif; mais la texture de ce corps me paraît propre à remplir le double but physiologique de sécréter cette hu- meur et de la tenir en réserve. Les œufs des Gerris sont allongés, cylindroïdes, non tronqués à un de leurs bouts. Au lieu de s'ouvrir par le décollement, la chute d’un opercule régulier, comme cela a lieu pour la plupart des Géocorises que nous venons d'examiner, ils se fendent, ou peut-être ils se déchirent longitudinalement dans leur tiers antérieur, et c’est cette fente que sort la larve. J'ai conservé dans des bocaux remplis d’eau et de mousses aquatiques des femelles pleines du G. paludum , et Je me suis assuré qu’elles pondent leurs œufs à la suite les uns des autres, mais non conti- h4.. 348 RECHERCHES gus ni serrés entre EUX, dans une espèce de bourre muci- lagineuse fixée sur des brins de plantes immergées. J'ai assisté à la naissance des larves, et J'ai quelquefois trouvé engagée dans la fente de l’œuf une fine membrane qui était sans doute l'enveloppe immédiate de la larve, ou qui revétait intérieurement la coque de l'œuf. Velia currens. — À l'article de la description de cet insecte J'ai fait connaître ses différences sexuelles exté- rieures. Quant aux ovaires et à leurs dépendances, ils sont organisés comme ceux des Gerris. HYDROCORISES. Naucoris cunicoides.— Ses ovaires forment deux fais- ceaux lâches et allongés, composés chacun de sept gafnes ovigères longues, tubuleuses, multiloculaires, c'est-à-dire à plus de six loges. L’ovulaire est allongé, comme fusi- forme, et terminé en pointe. Îl n’y a pas de calice distinct, mais le col de l'ovaire forme un canal tubuleux assez long destiné à contenir un certain nombre d’œufs à terme. L'oviducte, qui remplit sans doute aussi les fonctions de réservoir de la glande sébifique, est renflé et ovalaire. Les cols s’insèrent l’un à droite, l'autre à gauche de lextrémité antérieure de l’oviducte , de manière que celui-ci déborde un peu entre ces deux insertions. L'appareil sébifique de la Naucore ne consiste en appa- rence, ainsi que celui de la Ranatre, qu'en un vaisseau filiforme simple, plus où moins replié ou flexueux, inséré vers le tiers postérieur de l’oviducte. Comme ce dernier a une texture plus consistante, plus compacte que les oviductes ordinaires, il est bien possible qu'il y ait dans son épaisseur un réservoir pour l'humeur sébacée. Les œufs sont oblongs, cylindroïdes, un peu courbés, blanchâtres , très lisses, obliquement tronqués à leur bout SUR LES HÉMIPTÈRES. 349 antérieur. Cette troncature est circonscrite par un filet sursaillant; ce qui lui donne une certaine ressemblance avec l’ouverture de ces petites coquilles terrestres appe- lées Pupa. L’'oviducte de cette Naucore se termine par un oviscapte corné. Celui-ci est formé de deux tiges séparées et diver- gentes dans les deux tiers antérieurs, soudées dans l’autre tiers. Son extrémité postérieure, au lieu d’être pointue, est tronquée ou plutôt échancrée, et les angles de l’échan- crure sont en forme d’épine. Les bords externes de ces tiges sont armés de dents assez fortes, courtes, crochues, dirigées d’arrière en avant, de manière que cet oviscapte représente une double scie. N. aptera. — Les entomologistes savent combien il serait diflicile de distinguer cette espèce de la précédente, si on n'avait point recours à un Caractère négatif qui n'avait pas encore été signalé, je veux parler de l'absence des ailes. Mais aux yeux du zootomiste, Îes traits spécifi- ques sont nombreux et solides. Ainsi l'ovaire de la N. aptère n’est composé que de cinq gaënes ovigères, tout au plus quadri ou quinqueloculaires. L'ovulaire est ellipsoïdal- pointu..Les œufs sont ovales-obtus , nullement tronqués, et la texture de leur coque, examinée à une forte lentille du microscope, paraît réticulée, avec des mailles arrondies, traversées de raies ou de lignes parallèles, tandis que la coque des œufs de la AN. cimicoïde, soumise aux mêmes verres amplifians, n'offre aucune espèce de réticulation. J'ai conservé long-temps des V. aptères dans des vases pleins d’eau, et je me suis assuré qu’elles pondent leurs œufs vers la fin d'avril, en les collant contre des brins de plantes aquatiques. Ranatra linearis et Nepa cinerea. —- Les ovaires de ces Népides sont encore plus allongés que ceux des Gerris. 350 RECHERCHES Ils se composent chacun de cinq gaines ovigères longues, tubuleuses, multiloculaires, réunies en un faisceau très lâche, enlacé de quelques brides trachéennes. L’ovulaire est elliptique -obtus,oviforme, d’une grosseur qui surpasse de beaucoup le tube qu'il termine. Le col de lovaire est fort court, et n’est pas précédé d’un calice apparent. L’ovi- dncte a également peu de longueur. Il s'engage avec le rectum .dans un étui cornéo-membraneux composé de plusieurs pièces susceptibles de jouer les unes sur les autres. et se terminant par deux lames cornées contigués, lan- céolées, ciliées, qui constituent un oviscapte. : La configuration des œufs est un des traits les plus re- marquables de l’organisation de ces Népides. {ls se termi- nent en avant par des prolongemens sétiformes, dont le nombre varie suivant les genres , et qui ne sont bien ap- parens que lorsqu'ils sont pondus ou tout-à-fait à terme. Ces œufs dans la Ranatre sont allongés, terminés par deux longues soies seulement. Ceux de la Vèpe sont ovales ei couronnés par sept soies plus ou moins conniventes. Je renvoie pour d’autres détails au travail que j'ai déjà publié sur ces Hydrocorises en 1821. (Annal. gén. des Sc. Physiq. de Bruxelles. ) . Corixa striata. — L'ovaire de la Corise se compose de sept gaines ovigères liches, multiloculaires. Les loges, au nombre de plus de douze, sont courtes , rapprochées, moniliformes. L’ovulaire est ovale-arrondi et gros. Le col de lovaire est un tube allongé, tandis que l’oviducte est excessivement court. La glande sébifique consiste en un vaisseau sécréteur simple, court, et en un réservoir ar- rond , sessile, à parois charnues. Les œufs sont poudus cà et là sur les tiges immergées des plantes aquatiques. Ils sontsphéroïdaux, mais terminés en avant en pointe courte ou en un petit bec ; leur base, SUR LES HEMIPTÈRES. 357 par laquelle ils sont fixés, présente une espèce de bourrelet circulaire comme crénelé. Ceux de la C. hieroglyphique sont ovales-cblongs, pointus, mais fixés comme les pré- cédens. Notonecta glauca. — Les ovaires forment deux fais- ceaux allongés et liches, composés chacun de sept gaines ovigères fort longues et imultiloculaires. Ces gaînes ont plus de dix loges, et se terminent par un ovulaire ellip- soïdal-obtus. Le coi de l'ovaire est fort court , assez large, et serait plutôt un calice. L'oviducte a aussi très peu de longueur. La glande sébifique a une forme et une texture fort sin- gulières. L’organe chargé spécialement de la sécrétion est un bouton calloso-charnu , ovale-oblong, tronqué, et comme ombiliqué à son extrémité libre, et marqué un peu avant celle-ci d’une ligne annulaire d’un brun pâle. Il est maintenu en place par des brides trachéennes rayonnantes. Dans les individus vierges, où les gaînes ovigères n’offraient aucune trace de loges et étaient de simples tubes cylin- drico-conoide, cet organe sécréteur était pyriforme. Un conduit eflérent, d’une ténuité presque capillaire, et assez long, communique du bouton sécréteur au réservoir. Celui-ci est un sac membraneux , diaphane ou opaloïde , contourné en spirale, de manière que les tours de spire, en forme dedisques orbiculaires comme crénelés sur les bords, sont superposés et se débordent un peu les uns les autres. Cette disposition élégante donne à ce réservoir de la res- semblance, pour la configuration ; avec le fruit de certaines espèces de luzerne (medicago ). Les œufs de la Notonecte sont oblongs, cylindroïdes, non tronqués, jaunâtres. 352 RECHERCHES CICADAIRES. Cicada ornt. — La présence d’un oviscapte très appa- rent, occupant à peu près le tiers postérieur de la région ventrale de l’abdomen , et l’absence de l’appareil musical, servent à distinguer facilement les Cigales femelles des mäles. L’oprscapte, composé d’instramens tranchans et perforans fort curieux, a été décrit par Réaumur avec son exactitude accoutumée, dans le quatrième de sesimmortels Mémoires, du tome V. . Chacun des ovaires de la Cigale est un faisceau sphé- roïdal de soixante - dix à quatre - vingts gaïnes ovigères, autour desquelles s’'épanouissent de nombreuses et bril- lantes trachées. L’ovulaire est un bouton renflé en mas- sue. Le col de lovaire est assez long, cylindroïde. L’ovr- ducte est courbé en crosse d'avant en arrière, et en bas à l'endroit où s’insèrent les cols des ovaires. Si pour étudier la composition intime de l'ovaire de la : Cigale , on le dégage avec soin et de son enveloppe adipo- trachéenne et des ligamens propres qui maintiennent agglomérées les gaînes ovigères, on se convaincra que cet ovaire est décidément rameux, et que ces dernières y sont disposées par petits faisceaux. La figure que je donne de cette disposition rend superflus d’autres détails descrip- tifs. Les gaines ovigères sont biloculaires , et l’ovulaire est renflé en massue. Les vaisseaux sécréteurs de l'humeur sébacée sont au nombre de trois, et non de deux seulement, ainsi que Je l'avais cru d’abord. Ces vaisseaux , qui égalent en longueur la moitié du corps de l’insecte, sont des boyaux mem- braneux semi diaphanes, flexeux, floitans par un bout, Deux d’entre eux sont antérieurs et s’insèrent à côté l’un de l’autre, immédiatement après le point de confluence SUR LES HEMIPTÈRES. 353 des deux cols des ovaires, par conséquent à l'origine de l'oviducte et avant l'insertion du réservoir sébacé. Quant au troisième vaisseau, il est placé fort loin des deux autres, et bien en arrière de ce réservoir. Il s'implante vers la terminaison de l’oviducte, et ses fonctions sont peut-être indépendantes de l’appar ; sébifique qui le pr écède. C’est ce vaisseau que J'avais cru autrefois faire partie des glandes excrémentitielles qui existent dans les deux sexes de la Cigale; mais il est certain qu'il ne se rencontre pas dans le mâle, et il est plus que probable qu'il fournit, lors de la ponte, une humeur spéciale destinée à enduire les œufs. Les œufs, et je n'ai eu occasion de les observer que dans les ovaires , sont oblongs, cylindroïdes, blanchâtres. Malgré l'extrême fréquence de la Cigale de l'orne dans nOS forêts de pins maritimes, et malgré ma persévérance à à étudier son genre de vie et ses mœurs, je n'ai jamais été à même de constater les observations de Pontedera et de Réaumur, relativement à l'habitude qu'ont les femelles d’enfoncer, au moyen de la tarière ou oviscapte, leurs œufs dans des branches d’arbre (1). (1) Lorsque la Cigale s'envole du tronc d’arbre où elle est surprise, ou bien lorsque, déjà captive, on l’inquiète , elle lance, elle éjacule par le bout de l’abdomen un liquide excrémentitiel jaunâtre, une sorte d’urine. Prévenu déjà de l'existence d’un organe spécial pour la sécrétion d’un liquide sem- blable dans un grand nombre d'insectes, et notamment parmi les Coléop- tères, dans l’immense famille des Carabiques, je me livrai avec confiance à la recherche de cet organe dans les Cigales. Je découvris en effet, dans les deux sexes, de chaque côté, et un peu au-dessous du rectum, une glande granuleuse consistant en une agglomération peu serrée d’une cinquantaine ‘de sachets blanchâtres ou grisâtres. La configuration la plus ordinaire de ‘ceux-ci semble au premier coup d’æil être sphéroïdale; mais quand on ÿ gore une loupe scrupuleuse, on y en reconnait d’ovalaires, d’arrondis, l'irréguliers ou de non symétriques, et d’inégale grandeur. La plupart sont sessiles, mais quelques-uns semblent s’atténuer en une sorte de col fort / #. Savans ‘trangers. 45 354 RECHERCHES FULGORELLES. Cixius 5-costatus. — L’oviscapte est ici proportionnel- lement moins long et plus à découvert que celui de la Ct- gale. Indépendamment de ce trait caractéristique du sexe, les femelles de ce Cixius présentent, ainsi que celles de plusieurs autres Fulgorelles, à l'extrémité de l'abdomen, surtout à l’époque de la gestation, un paquet souvent assez grand non pas d’une bourre, ce qui suppose des brins entremélés ou enchevêtrés, mais de filamens . blancs comme la neige et superposés longitudinalement. Je présume, d’après ce qui se passe dans la Dorthésie, que les œufs sont pondus et couvés dans cet édredon. Je n'ai reconnu dans chaque ovaire du Cixius, que quinze à dix-huit gafnes ovigères à trois loges, dont l’ovulaire est en massüe allongée. L'ovaire a un calice bien marqué en forme de cupule, dégénérant en un col assez court. Je n'ai pu étudier qu'imparfaitement la glande sébifique. J'observe un réservoir assez volumineux, en cône tronqué, renversé ou turbiné, et deux corps ovalaires d’une con- sistance calleuse, semi diaphanes, destinés peut-être à la sécrétion du duvet blanc dont il vient d’être question. court. Quand on les observe dans une Cigale mâle, ils peuvent en imposer pour des capsules spermifiques du testicule, dont ils ont l'apparence et qu’ils avoisinent, mais un examen attentif dissipe cette illusion, et comme je J'ai déjà dit, ces granulations se retrouvent aussi dans la femelle. Le mode de connexion réciproque de ces sachets, leur conduit efférent, leur réservoir, ont éludé jusqu’à ce jour l’opiniâtreté de mes investigations. Cette glande a souvent pour axe un tronc trachéen dont les ramuscules semblent former un pédicelle à chaque sachet. Le conduit tubuleux que, dans mon premier travail sur l’anatomie de la Cigale, j'avais soupçonné être un réservoir de la glande excrémentitielle, n'existe que dans la femelle, et appartient positivement à l’appareil sébifique de l’oviducte. SUR LES HEMIPTÈRES. 355 En août 1829 je trouvai le mâle et la femelle accouplés. Ils étaient unis à la manière des chiens; et après les avoir séparés, je vis que l’extrémité de l'abdomen du mâle était comme saupoudrée du duvet blanc qui garnit la région anale de la femelle. CICADELLES. Ledra aurita. — 1] n’y a que dix à douze gafnes ovi- gères à chaque ovaire, et elles sont à trois ou quatre loges. L’ovulaire est ovale. Le coi de l'ovaire est assez marqué. L'oviducte présente deux renflemens. La glande sébifique se compose de deux vaisseaux sécréteurs longs, filiformes, reployés, et d’un réservoir ovale-oblong, pédi- cellé, c’est-à-dire terminé par un col grêle. Les œufs sont oblongs. L'ovaire de la Cercopis sanguinolenta est un faisceau court et gros d’une trentaine environ de gaïfnes oyigtres quadriloculaires. Celui de lÆphrophora salicina n’en a qu’une quinzaine, et elles ne m'ont paru que biloculaires. Dans l’une et dans l’autre les œufs sont oblongs et atté- nués à un bout. PSYLLIDES. Dorthesia characias. — Cet insecte a ses deux ovaires tellement rapprochés, qu'ils semblent coniondus en un seul. Chacun d’eux est un faisceau court, arrondi, com- posé de dix à douze gaïnes ovigères courtes et assez grosses, qui mont paru simplement uniloculaires. J’ai souvent reconnu au centre de ces gaînes étalées en rosette, des granulations ou vésicules que je présume n'être que des gaînes d’où les œufs sont sortis, et qui sont affaissées sur elles-mêmes. Observés dans des conditions favorables de 45 36 RECHERCHES gestation, peut-être trouvera-t-on que les ovaires sont composés d’un plus grand nombre de gaînes que celui que Je leur ai assigné. L’ovulaire est ovale -oblong. Je n'ai reconnu, pour l’appareil sébifique, qu’un réservoir ovoide , diaphane, rétréci en un col grêle, inséré sur l’oviducte. Les vaisseaux sécréteurs ont sans doute éludé mes recherches. Quoique j'aie eu occasion de disséquer des ovaires par- venus au dernier terme de la gestation , je n’ai Jamais rencontré dans les gaînes ovigères des petits emmaillottés ou des fœtus comme on les voit dans celles des Pucerons. Ainsi la Dorthésie est ovipare, tandis que le Puceron est décidément vivipare. En pondant ses œufs, qui sont ovales et blanchätres, elle les dépose au milieu de la bourre co- tonneuse qui garnit l’intérieur du sac caudal, dont jai donné la description; jy en ai compté une trentaine. Les petits éclosent successivement dans ce sac. Ils ressemblent à la mère pour le nombre et la conformation des parties; mais ils sont nus, c'est-à-dire qu'ils ne présentent aucune trace de ces écailles amylacées dont le corps des femelles adultes est caparaconné. Je présume que lors- que toute la couvée est née, les petits quittent leur re- traite, Le 15 juillet 1829 je trouvai une femelle dont le sac proligére présentait à son extrémité, en-dessus , une ou- verture assez large, irrégulière, par où je pense que les petits doivent sortir, et par où ils pouvaient peut-être aussi rentrer. Je n'ai point été à même de constater cette double présomption, qui établirait un rapport assez curieux entre la Dorthésie et la Sarigue; mais je trouvai dans cette femelle, dont je viens de parler, tous les petits bien vivans , assez agiles, et pas un seul œuf. Psylla ficus. — L'’abdomen de la femelle se termine SUR LES HEMIPTÈRES. 357 en un cône pointu, comprimé, à la face dorsale duquel on apercoit près de sa base un espace ovale, légèrement creusé, dont le fond est fermé par une membrane blan- che, une sorte de diaphragme où la loupe découvre cà et là quelques vestiges d’une bourre cotonneuse. Les ovaires paraissent confondus, comme ceux de la Dorthésie, en un seul peloton arrondi; mais il n’est pas diflicile de se convaincre que celui-ci est formé par la réunion de deux faisceaux que l’on peut séparer. Chacun de ces derniers se compose d’un nombre de gaines ovi- gères qu'il m'a été impossible de déterminer au juste, mais que j'évalue à une trentaine environ. Celles-ci sont uniloculaires, courtes , et comme sessiles. L'ovulaire, en massue oblongue, est tout-à-fait dépourvu de ligament suspenseur. Ce dernier trait négatif, qui lui est commun avec la Dorthésie et les Pucerons, annonce une filiation généalogique entre ces trois genres d'Homoptères. La brièveté des gaînes ovigères, et la circonstance d’être uniloculaires, par conséquent de peu de pesanteur, sem- blent bien justifier l'absence du ligament suspenseur dans la Psylle et la Dorthésie ; mais cette explication ne saurait être admise pour les Pucerons. Le col de l'ovaire de la Psylle est fort long , dilaté dans sa moitié antérieure, tubuleux dans la postérieure. L'ovr- ducte est bien distinct et assez grêle. J'ai reconnu, pour l'appareil sébifique, 1° une utricule assez grosse, ovoïde- cbtuse, diaphane, munie d'un col capillaire par lequel elle s’insère à l’oviducte , et comparable au réservoir de la glande sébifique de la Cigale ; »° du côté opposé à cette utricule, un corps (glanduleux?) ellipsoïdal , d’une texture différente du réservoir, d’une apparence spongieuse, d’une teinte jaunâtre, dont je n’ai pu clairement découvrir les connexions. Je soupconne que ce corps est une glande 358 RECRERCHES chargée de quelque sécrétion spéciale, lors de la ponte. Malgré ce qu'ont écrit Réaumur, Geoffroi, et tous les entomologistes postérieurs à ceux-ci, il reste encore beau- coup à faire pour compléter l’histoire naturelle de la Psylle du figuier. Vs ne nous ont rien dit des œufs de cet insecte; Je vais chercher à remplir cette lacune. A la fin d'octobre 1829, je disséquai des femelles très avancées dans la gestation, et dont les œufs, à en juger par leur grosseur, devaient être à terme. Je fus frappé de la confi- guration de ceux-ci. Ils étaient blancs, ovales - conoïdes, pointus par un bout, arrondis par l’autre, et munis au- dessous de ce dernier, d’un bec latéral assez prononcé qui leur donnait de la resserablance avec certaines cornues des chimistes. Sachant d'avance, contre le soupcon de Réaumur, que ces œufs étaient loin d’avoir une petitesse microscopique, Je me mis à scruter Journellement, pen- dant tout le mois de novembre, les feuilles et les sommités de l’arbre qu'habitaient ces insectes , sans pouvoir décou- vrir où ils les déposaient. Je redoublais avec d'autant plus de zèle mes perquisitions à ce sujet, que cette configura- tion singulière des œufs renfermés dans les ovaires piquait vivement ma curiosité et excitait mes conjectures relati- vement à la manière dont ils devaient être placés sur leur support. Enfin, en désespoir de cause, je revins encore à mes figuiers dans les premiers jours de décembre, lorsque ces arbres étaient tout-à-fait dépouillés de leurs feuilles ; je furetai plus scrupuleusement, avec le secours de la loupe, et J'eus la satisfaction de découvrir ces œufs tant désirés. C’est dans les éraillemens ou les fentes qui avoi- sinent les bourgeons, très rarement sur ceux-ci mêmes, qu'on les rencontre. Ils sont à nu, c’est-à-dire sans duvet ni coton qui les abrite, et disposés sans ordre, tantôt isolés, tantôt rapprochés. Ils sont couchés suivant leur SUR LES HÉMIPTÈRES. 359 longueur, de manière que le bec latéral n’est pas apparent et s'enfonce un peu dans l'écorce pour les fixer. Ces œufs, moins gros que dans l'ovaire, et d’un roux jaunâtre, ont à peine un tiers de ligne de longueur. Leur forme pré- sente quelques légères modifications exprimées par les figures que j'en donne. Leur bout pointu se terinine par un filet capillaire, presque aussi long qu'eux, et plus ou moins flexueux. Ce filet n'existe point dans l’œuf encore renfermé dans les gaines ovigères, et il est sans doute fourni, lors de la ponte, ou par la glande sébifique ou par le corps glanduleux dont j'ai parlé. C’est un fait bien digne d’admiration , que des œufs si petits et si nus soient en état de braver, pendant tout l’hiver, les rigueurs excessives du froid et de l’humidité, sans que le germe vital qu'ils recèlent en recoive aucune atteinte. APHIDIENS. Je suis forcé d’avouer que je n’ai point recueilli sur l'anatomie de l'appareil génital des Pucerons des maté- riaux Suflisans pour en donner une description en har- monie avec celle des insectes précédens. Les femelles sont, comme on sait, les unes vivipares, Les autres ovipares. La multiplicité de mes occupations ne m'a pas encore laissé le loisir de disséquer des individus de ces dernières, qui, d’après le témoignage des auteurs, sont immédiatement fécondées par un accouplement dans l’arrière-saison. C’est avec un regret vivement senti que Je laisse cette lacune, et Je prends l'engagement de la combler plus tard. La génération spontanée des Pucerons est un fait trop connu et rendu trop authentique par les expériences des Bonnet, des Degéer, des Réaumur, pour que j'en fasse ici l’objet d’un examen particulier. M. Aug. Duvau, dans ses intéressantes recherches sur ces insectes, publiées en 1825, 360 RECHERCHES prétend avec raison que cette découverte, qui date de 1740 à 1750, devrait former, dans l’histoire des sciences, une époque , comme 1665 est l’époque de la gravitation. Get observateur, dont la sagacité et l’exactitude rappellent celles des illustres naturalistes que je viens de citer, a repris, après une lacune de soixante ans, les expériences de Bonnet ; 1l les a confirmées par les siennes, et a obtenu une génération de plus que ce dernier; en sorte que dans le cours de sept mois, M. Duvau a pu constater onze gé- nérations spontanées en ligne directe. Nous venons de voir que dansla Psylle et dans la Dorthé- sie les deux ovaires étaient presque confondus en un seul paquet , mais qu ’avec un peu d’adresse on parvenait ce- pendant à à les isoler. Dans les Pucerons, du moins dans Îles vivipares , malgré tous les soins que j'ai mis à leur dissec- tion, Je n'ai point pu constater l'existence de deux faisceaux de gaïnes ovigères, et je me sens porté à croire qu'il n’y en a qu ’un seul. Ces gaînes ne nr'ont paru, dans le Puceron du rosier, qu'au ne de dix à douze en tout. Elles sont à cinq ou six loges, et, ainsi que celles des deux genres précédens, elles ne se terminent point par un ligament sus- penseur. Dans la gestation un peu avancée, la base de ces gaines, c’est-à-dire les loges les plus rapprochées de l'ovi- ducte, renferme de véritables fœtus bien caractérisés, où l'on distingue en avant deux points bruns qui représentent les yeux, et dont les pattes sont ployées contre le corps. Ces fœtus, lors de l'accouchement, arrivent à reculons à la vulve, de manière que leur derrière sort le premier , et la tête la dernière. Malgré des autopsies soigneuses, je n’ai jamais pu dé- couvrir dans les Pucerons vivipares le moindre vestige de la glande sébifique de l’oviducte. Si, comme je l'ai déjà avancé, ce dernier organe a pour fonction essentielle lors SUR LES HÉMIPTÈRES. 361 de la ponte, d’enduire les œufs d’un vernis particulier, on concevra son inutilité dans les Pucerons, qui mettent au jour des petits vivans. C’est ici que la dissection des Puce- rons ovipares serait devenue intéressante pour éclairer ce point de physiologie. CHAPITRE TROISIÈME. APPAREIL DE LA RESPIRATION. Depuis Malpighi on sait que les insectes, deshérités d’ane véritable respiration par les naturalistes de l’anti- quité, jouissent de cette fonction, et que celle-ci s'exerce chez eux au moyen de stigmates et de trachées. Les Hé- iniptères sont par conséquent dans ce cas. Les trachées ou les canaux aérifères se distribuent dans les diverses parties du corps, pénètrent tous les viscères , s’insinuent dans tous les tissus, soit sous la forme de vaisseaux ramifiés, soit sous celle de réservoirs utriculaires , et l'acte respiratoire devient ainsi une circulation d’air au moyen de laquelle ce fluide vital va se mettre en rapport avec les élémens nutritifs, et leur imprimer la condition nécessaire au but del’organisme. La seule circulation générale qui existe dans les insectes est donc celle de Pair; et M. Cuvier, dont l'opinion est et sera long-temps une autorité imposante, a eu raison d’avan- cer que toutes les fois que le sang ou l'humeur nutritive ne va pas chercher l'air, il faut que ce soit l’air qui aille le chercher. Payons encore ici un tribut d’admiration à cette unité de plan dans les lois qui régissent ces milliers de petits êtres, et dans celles qui gouvernent les animaux à organisation plus compliquée, et placés aux sommités de l'échelle. Dans les uns comme dans les autres la respira- tion consiste à inhaler de l'air atmosphérique, à lui sous- 4, + Savans étrangers. 46 362 RECHERCHES traire, par une opération de chimie organique, un principe indispensable à l'existence, et à l’exhaler ensuite par la même voie, comme impropre pour en introduire de nou- veau. Quoique parmi les Hémiptères les uns soient habitans de l’air, les autres aquatiques, et quelques autres amphi- bies, il n’y a cependant pour tous qu’un seul mode de res- piration : tous respirent l'air de l'atmosphère. Ceux qui se tiennent dans l’eau ne décomposent pas celle-ci pour en séparer ce dernier fluide ou quelqu'un de ses principes constitutifs ; aussi les voyez-vous venir souvent à la surface du liquide pqur humer Pair, ou bien, comme la plupart d’entre eux sont pourvus d’ailes, quitter le sein des eaux pour respirer dans latmosphère, On rencontre d’ailleurs dans tous les Hémiptères sans exception des stigmates et des trachées , et l’existence de ces deux organes entraîne comme conséquence rigoureuse la respiration de Pair en nature. Les stigmates ou les orifices extérieurs de l’appareil res- piratoire, comparables à la glotte des animaux à poumons, sont toujours binaires, c’est-à-dire disposés par paires sy- métriques , l’un à droite, l’autre à gauche de la ligne mé- diane du corps, sur des parties similaires. On peut les dis- tinguer en thoraciques et en abdominaux , suivant leur situation à l'un ou à l’autre de ces deux grands segmens du corps. La tête ne m'en paraît point pourvue. Les stigmates thoraciques ne diffèrent pas seulement par leur siége de ceux de l'abdomen, ils s’en distinguent sur- tout par une configuration et une structure particulières. Il n’y en a qu'une seule paire, et elle occupe cette région latérale et inférieure du thorax qui porte le nom de flancs de la poitrine. Leur structure me paraît avoir échappé aux recherches des zootomistes qui ont parlé de ces organes. Ils ne sont représentés par aucune des nombreuses formes SUR LES HÉMIPTÈRES. 363 décrites et élégamment figurées par le savant Sprengel (x). On ne saurait y rapporter les stigmates trématres de M. Marcel de Serres (2), quise composent de deux panneaux propres, cornés, mobiles, mis en jeu par des muscles spéciaux. Les stigmates thoraciques des Hémiptères, et en particulier ceux des Géocorises, n’ont que des bords em- pruntés aux pièces de la poitrine qui les circonscrivent; ils manquent du cerceau corné que M. Audouin appelle péri- trème. 11 n’est pas facile, dans les individus privés de la vie, d'en constater l'existence ; et dans linsecte vivant , il faut une attention soutenue, la loupe à l'œil, pour saisir les mouvemens bornés et obscurs de cette bouche respira- toire. Ils sont situés dans la ligne même de séparation du inésothorax et du métathorax, un peu en arrière de l’ar- ticulation des pattes intermédiaires. Les bords, presque habituellement contigus de ces deux segmens, forment les lèvres du stigmate. Ils peuvent s’entr'ouvrir, se refermer, et c’est ce hiatus étroit, cette scissure linéaire, qui cons- tituent l’ostiole pneumatique du thorax. Comme les soins conservateurs de la nature ne sont jamais en défaut, ces bords respectifs sont garnis intérieurement de cils courts, mais bien fournis, dont l’entre-croisement forme comme un fin tamis qui s’oppose à l’abord des atomes hétérogènes dont la présence pourrait offenser la délicatesse des trachées, et qui ne doune accès qu’au fluide subtil de la respiration. Les stigmates abdominaux des Hémiptères présentent, quant à Ton situation, une différence très remarquable avec ceux des Goléoptéres. Dans les insectes de ce dernier ordre ils sont placés à la région supérieure ou dorsale de (1) Gurt. Sprençel. Commentarius de partibus quibus insecta spiritus du- cunt.— Lipsiæ , 1815. (2) Observations sur les usages du vaisseau dorsal, ete., page 48. 46. 364 RECHERCHES l'abdomen, sur une membrane souple, mais résistante, interposée aux segmens coriacés du dos et à ceux du ventre, tandis que dans les Hémiptères ils occupent la région in- férieure ou ventrale, nichés dans le tégument coriacé lui- même. Quelques espèces du genre Ligœus , notamment le L. equestris, semblent faire une exception à cette règle; mais nous verrons plus bas que cette exception n’est qu’ap- parente. Le nombre des stigmates abdominaux n’est pas le même dans tous les Hémiptères, et il se trouve ordinai- rement en rapport direct avec celui des segmens qui cons- tituent essentiellement la paroi ventrale de l’insecte. Je dis essentiellement, parce qu’il ne faut pas comprendre parmi les segmens constitutifs de cette paroi, ceux qui, placés à la partie postérieure de l'abdomen , servent à caractériser extérieurement les sexes. Le plus souvent, il y a six paires de stigmates abdominaux ; mais il est des genres qui en ont moins , et d’autres qui en ont sept. Ils sont placés à droite et à gauche sur deux lignes longitudinales et parallèles, à peu de distance du bord externe des segmens ventraux. Ils sont en général fort petits, ronds, punctiformes, et peuvent être classés. parmi ceux que Sprengel appelle simplicissima , c’est-à-dire composés d'un trou ou ostiole nu , entouré d’un péritrème corné, Il y a peu d’exceptions à cette règle; ce- pendant les Nèpes nous en offriront une. On retrouve dans les Hémiptères, ainsi que je lai déjà fait pressentir, les deux espèces de trachées qui s’observent dans la plupart des autres ordres d'insectes, savoir : les trachées tubulaires ou élastiques, et les trachées utricu- laires ou membraneuses. Les premières, ainsi que indique leur doubie dénomination, sont des tubes divisés en rami- fications décroissantes, essentiellement constitués par un filet élastique roulé en spirale. Elles sont spécialement destinées à la transmission, à la circulation de l'air. SUR LES HÉMIPTÈRES. 365 M. Marcel de Serres, d’après ce dernier trait fonctionnel, les appelle aussi trachées artérielles. Les secondes, sous la forme de poches plus ou moins développées, sont dépour- vues du filet élastique dont je viens de parler, et jouissent d’une texture uniformément membraneuse, de manière qu’elles peuvent et se gonfler et s’affaisser. Elles paraissent avoir pour fonction de se prêter au séjour plus ou moins prolongé, sans doute aussi à la digestion de Pair, et l’auteur que je viens de nommer les désigne sous le nom de trachées pulmonaires. Ces deux sortes de vaisseaux aérifères ne se rencontrent pas indistinctement dans tous les Hémiptères, et leur présence simultanée ou l'absence de l’une d’elles fournissent des caractères anatomiques constans, et d’une grande valeur pour la distinction des familles et des genres. Mais, indépendamment de ces espèces de trachées, on rencontre dans le thorax de quelques Hémiptères, spécia- lement dans celui de la Vèpe et de la Ranatre, un appareil vasculaire trachéen particulier, un organe parenchyma- teux , circonscrit, Je dirais presque une ébauche de ponmon dont les entomotomistes n'avaient point parlé avant que j'en eusse consigué la description dans mon mémoire pré- cité sur ces Hydrocorises. J’y reviendrai à l’article de celles-ci. Dans le but de simplifier et d'abréger mon travail , je me dispenserai d'examiner dans deux articles séparés les stig- mates et les trachées , et je me bornerai à passer simple- ment en revue l’ensemble de l'appareil respiratoire dans les diverses familles ou tribus, et dans les genres qui les composent. GÉOCORISES. C'est un fait digne de remarque, que dans la tribu si 366 RECHERCHES naturelle des Géocorises, les genres dont les antennes sont composées de cinq articles, comme les Scutellères et les Pentatomes , présentent en même temps des trachées tu- bulaires et utriculaires, tandis que ceux qui, comme les Corés, les Ligées, etc., ont seulement quatre pièces aux antennes , n'offrent que des trachées tubulaires. Voyons si l’on peut se rendre raison de cette différence. Les trachées utriculaires , indépendamment des fonctions pureuient respiratoires , ont aussi pour but de diminuer Ja pesanteur spécifique du corps, par la faculté qu'ont les insectes de les gonfler d'air; et elles sont, d’après la remarque judicieuse de M. Marcel de Serres, l'apanage plus spécial des espèces qui ont besoin d’une force musculaire prépondérante pour exercer un vol plus étendu ou plus répété. Or, en examinant comparativement et la complexion, et la myo- logie, et les habitudes de ces diverses Géocorises , on se convaincra que cette dernière considération est parfaite- ment applicable au cas dont il est ici question. Ainsi les Scutelltres et les Pentatomes ont un corps épais et lourd, des tégumens durs et compactes, un sysième musculaire fourni et développé, un vol assez bourdonnant; circons- tances qui justifient la nécessité de poches pneumatiques pour la locomotion aérienne. Au contraire les Corés, les Lygées, les Arades, les Syrtis, etc., ont la plupart beau- coup de surface et peu d'épaisseur, un corps presque pa- pyracé, conséquemment très léger; des muscles grêles; enfin un concours de conditions qui rendent moins néces- saires où inutiles les vessies trachéennes. Je ne reviendrai pas sur les stigmates thoraciques des Géocorises, que J'ai fait connaître dans les généralités de l'appareil respiratoire. À en juger seulement par l'inspection des parties qui sont habituellement à découvert, on croirait que les Scu- SUR LES HEMIPTÈRES. 367 tellères, les Pentatomes et autres genres voisins mont que cinq paires destigmatesabdominaux ; mais une exploration plus attentive fera reconnaître qu'il y en a six bien dis- tinctes. Le premier des segmens de la région ventrale ne déborde que fort peu le limbe postérieur du métathorax, au-dessous duquel il se trouve en grande partie enchässé, de manière qu’on est obligé d’enlever ce dernier pour mettre en évidence le premier stigmate abdominal , qui est tout aussi grand que les autres. Dans la S'cutellera nigro-lineata, les stigmates abdomi- naux sont d’une extrême petitesse, punctiformes, noirs, placés chacun au centre d’une des taches orbiculaires noires, dont le ventre de cet insecte est parsemé; en sorte qu'il faut le secours de la loupe et une certaine habitude pour les découvrir. [ls ont une singulière ressemblance avec l’ostiole de quelques espèces de cryptogames du genre sphæria. Quant au système trachéen , en voici la disposi- tion. De chaque côté de la cavité abdominale on observe une série d’utricules pneumatiques ovalairesou sphéroïdales blanches, correspondant directement aux stigmates abdo- minaux , par conséquent au nombre de six, et communi- quant avec ceux-ci où plutôt en naissant au moyen d’un col fort court qui n’est qu’une trachée élastique capillaire. La première paire de ces utricules, ou celle qui est à la base de l'abdomen, est constamment plus grande que les autres, et s’engage en partie dans le métathorax. Tontes émettent de leur périphérie des troncs tubulaires qui vont épanouir leurs fines et nombreuses ramifications sur les viscères de la génération et de la digestion. Toutes ces tra- chées sont parfois revêtues d’une espèce de fausse mem- brane fournie par le tissu adipeux. Il n’y a dans la cavité abdominale de cette Scutelltère d’autres utricules tra- chéennes que les six paires que je viens de signaler, L'in- 368 RECHERCHES térieur du thorax ne m'a présenté que des trachées tubu- laires dont les branches principales sont pressées entre elles sur les masses musculaires qui gar nissent cette cavité. Les stigmates abdominaux de la Sc. maura sont des pertuis tout aussi petits que ceux de l'espèce précédente, mais pales ou jaunätres. Mais ses vaisseaux aériferes offrent des traits distinctifs de ceux de cette dernière, et il faut se rappeler à cette occasion, que j'ai déjà signalé, soit dans la structure de quelques parties extérieures, soit dans les organes génitaux ; des caractères qui pourraient autoriser à placer dans un sous-genre particulier la $eutellère maure. Quoi qu'il en soit, à la place occupée dans la Scutellère rayée par Six paires d’utricules pneumatiques, 1l n’y a dans la maure qu’un seul grand tronc trachéen de chaque côté de la cavité NA TA et de ce tronc, qui s’abouche par de fines radicules aux stigmates, partent des branches qui émettent des vésicules ovales beaucoup plus nom- breuses que celles dont je viens de parler, et qui n’affec- tent point une disposition sériale. Dans l’intérieur du inétathorax et dans un point correspondant justement à la base de l’écusson , il y a plusieurs utricules OPA ques plus ou moins contiguës, de couleur rouillée, qui, la faveur de diverses branches, s’anastomosent soit avec d’autres utricules prothoraciques, soit avec les grandes poches trachéennes de la base de l'abdomen. Ces utricules sous-scutellaires , qui existent aussi dans tous les Penta- tomes , et que je n'ai pas su découvrir dans la #. rayée, quoique je présume qu'elles doivent s’y rencontrer, ont une organisation particulière qui rappelle ces chanel de De ou de poumons que Jai signalées et décrites dans mes recherches anatomiques Mae Coléoptères lon- gicornes et sur les Népides. Elles émettent latéralement des espèces de franges, ou plutôt une bourre fine dont les LA AI SUR LES HEMIPTÈRES. 369 brins, observés au microscope, sont des vaisseaux trachéens rameux. Ces brins enchevétrés constituent un vestige de tissu parenchymateux dans les filtres duquel il est présu- mable que l'air est soumis à une sorte de digestion. Ces poches trachéennes métathoraciques méritent une étude particulière, intéressante sous le rapport physiologique, à laquelle je me propose de me livrer. Les stigmates abdominaux des diverses espèces du genre Pentatome soumises à mes investigations anatomi- ques, se présentent sous la forme de petits boutons orbi- culaires à peine saillans, enchatonnés dans le tégument, constitués par un péritrème cartilagineux dont le centre est ouvert, béant, parfaitement nu. Ces stigmates sont fixes, immobiles pendant l'acte respiratoire. Ils sont noirs dans le P. gris, et dans le P. du genévrier; d’un gris plombé dans le P. dissemblable ; d’un jaune pâle ou ver- dâtre dans le P. émeraude ; noirs et presque imperceptibles dans le P. orné, avec cette particularité que l’ostioleest situé sur le côté d’une légère éminence; fort petits, noirs et de niveau avec le tégument dans le P. acuminé; moins pla- nes, mais aussi petits et noirs dans le P. du grateron. Les trachées abdominales des Pentatomes ont la même forme, la même disposition que celles de la Scutellère rayée. Ainsi il y a six paires d’utricules stigmatiques, d’où pren- nent naissance des trachées élastiques en arbuscules. La dissection du métathorax met en évidence, ainsi que je viens de le dire à l’occasion de la Sc. maure , des bour- souflures trachéennes ferrugineuses qui s’anastomosent avec celles de l'abdomen et du prothorax. Dans les genres Coreus, Alydus, Lygœus, Pyrrhocoris, Capsus , Miris, Phymata, Cimex, Aradus, Reduvius, Géocorises qui différent surtout des S'cutellera et des Pen- tatoma, parce qu'ils n’ont que quatre articles aux anten- 4. Savans étrangers. 47 370 RECHERCHES nes, on n’aperçoit ni dans le thorax ni dans l’abdomen, au- cune trace de l'existence d’utricules pneumatiques. Toutes les trachées sont tubulaires ou élastiques, généralement remarquables par leur finesse et leur rareté. Les Réduves forment peut-être une exception, car Je crois avoir re- connu dans le métathorax du À. stridulus des boursou- flures trachéennes. Les stigmates abdominaux sont au nombre de six paires dans les diverses espèces du genre Coré, médiocrement petits, d’un gris plombé, et bienombiliqués dans le €. bordé; plus petits et d’une couleur analogue à celle des tégumens dans le C. ictérique; d'un gris roussâtre, et plus rappro- chés du bord externe dans le C. folätre ; très éloignés de ce bord dans le C. paradoxal; pales , mais bien exanthéma- tiques et occupant la portion dilatée de l’abdomen dans le C. carré ; également pales et punctiformes dans le C. Aër- ticorne ; de cette même nuance et du même diamètre, mais plus près du bord externe dans l’#lyde du géranium; presque contigus à ce bord dans 4. aptère. Ces spiracules ont une petitesse microscopique, sont colloqués sur un léger exanthème, et sont rouges dans la Pyrrhocore ; en forme de points saillans et rougeûtres dans le Zygée de la jusquiame. On les chercherait vai- nement, même à l’aide des verres amplifians, à la région ventrale de l'abdomen dans le Z. équestre. Cette espèce semble commettre une infraction à la loi générale. Ce- pendant les stigmates ne sont pas non plus situés aux seg- mens dorsaux. Il y a entre ces deux régions une lisière qui, dans le fait, n’est qu'un repli de la paroi ventrale, avec laquelle il est continu; et ce repli est séparé de la paroi dorsale par une strie ou ligne enfoncée. Ces stig- mates, d’une petitesse qui les dérobe presqu’à la loupe, occupent le milieu des intersections de la lisière. SUR LES HEMIPTÈRES. 371 Dans les nombreuses espèces des genres Capse et Miris , on compte à la région ventrale de l’abdomen sept seg- mens bien apparens, sans y comprendre celui ou ceux qui appartiennent à lappareil génital externe, et il y a sept paires de stigmates bien distinctes, par conséquent une de plus que dans les genres précédens. C’est un trait anatomique fort remarquable. Ces stigmates sont en forme de très petits points, placés dans une dépression et quel- quefois cachés par l’imbrication des segmens. La Phymate n'a que six paires de stigmates abdomi- naux. Îls sont tous six bien à découvert, blanchâtres, établis sur un exanthème assez marqué, à la partie interne, d’une empreinte linéaire qui sépare la portion dilatée de labdomen, de celle qui appartient essentiellement au ventre. Le même nombre de ces ostioles pneumatiques existe dans l’4rade, mais il faut la plus forte lentille du microscope pour les découvrir. Chacun d’eux est un pore rond , placé à une certaine distance du bord externe. Il ne faut point les confondre avec certains points saillans ou déprimés, assez symétriquement disposés à la région ven- trale, et visibles à la loupe. Ceux des Réduves, au nombre de six paires, sont petits, saillans, blanchäâtres, tous à découvert, placés tout près et en dedans d’une rainure linéaire qui sépare une lisière marginale de la région ven- trale. Dans les Vabis, les stigmates sont situés en dehors de la rainure dont je viens de parler, mais semblables du reste à ceux des Réduves. AMPHIBICORISES. Les stigmates abdominaux des Gerris et des Velia ont une petitesse microscopique, et sont fort difhiciles à consta- ter, à cause du duvet lustré, soyeux et ras qui revêt les té- gumens. [ls sont au nombre de six paires, placés iout près 4. 372 RECHERCHES du bord externe de la région ventrale, en dehors de quel- ques linéoles enfoncées. Leurs trachées sont toutes tubu- laires ou élastiques , d’une ténuité plus que capillaire, et peu nombreuses. Ces deux dernières circonstances, qui prouvent que l'appareil respiratoire des Amphibicorises est beaucoup moins développé, moins étenda que celui des Géocorises, prouvent aussi qu'ils respirent moins que ces derniers, qu’ils jouissent par conséquent d’une vitalité moins active. Ces insectes rameurs ont effective- ment un genre de vie assez paisible, assez monotone. Non-seulement on ne les voit pas souvent quitter la sur- face de l’eau ou sa rive, mais le théâtre de leur ambula- tion natatoire est fort restreint. Plusieurs d’entre eux sont aptères , et ceux qui sont pourvus d'ailes en font rarement usage pour s'envoler. Cette rareté, cette ténuité des vaisseaux aérifères des Amphibicorises, constituent un trait organique dont la valeur doit être appréciée dans une classification anato- mique. HYDROCORISES. Quoique ces Hémiptères soient habitans de l’eau , ainsi que l'indique leur dénomination; quoique parmi eux il en soit de constamment aptères, qui par conséquent ne quittent point l'élément qui les a vus naître, cependant ils sont tous pourvus de stigmates et de trachées , ils respi- rent tous l'air en nature. Leurs conduits aérifères appar- tiennent uniquement à l’espèce des trachées tubulaires ou élastiques ; ils sont d’une finesse extrême et peu abon- dans; en sorte que l'on peut dire des Hydrocorises ce que j'ai déjà avancé à l’occasion des Amphibicorises, qu’ils respirent moins que les Géocorises, qu'ils ont une locomobilité moins énergique. LA % r SUR LES HÉMIPTÈRES. 373 Le stigmate thoracique des Vaucores est placé dans l'articulation linéaire du mésothorax avec le métathorax. Cette fente ne présente extérieurement rien qui ressemble à un de ces orifices respiratoires; mais en désarticulant les deux segmens du thorax qui la constituent, il m’a semblé reconnaitre l'existence d’une sorte desoupape mem- braneuse blanchätre, dont chaque moitié, ou panneau, serait fixée au bord qui lui correspond. Les stigmates ab- dominaux de cet insecte sont au nombre de six paires , irès petits, ronds, punetiformes, beaucoup moins margi- naux que ceux dés Hémiptères que nous venons d’exa- miner. Lorsqu’en 1821 ( Annales générales des Sc. Physiq. de Bruxelles ) , je signalai la structure singulière des stigmates de la Vèpe, et la disposition curieuse d’un système tra- chéen spécial, renfermé dans le thorax de cet insecte, je ne dissimulai ni mon embarras pour l'explication physio- logique de la respiration dans ces animaux, ni le besoin vivement senti de renouveler mes echo entomoto- miques sur ce point. J’ai donc soumis de nouveau au scal- pel et au pinceau cet Hydrocorise, et je suis enfin parvenu à dissiper la plupart des incertitudes. Occupons-nous d’a- bord de faire connaître la forme, la position, la texture et la distribution générale de l'appareil respiratoire ; nous chercheronsensuite à Jeter quelque j Jour sur les attributions physiologiques des diverses parties qui le constituent. C’est un fait incontestable que la Nèpe et la Ranatre n’offrent aucune trace de l'existence de stigmates thora- ciques. Quant aux stigmates abdominaux , ils diffèrent consi- dérablement de ceux des autres insectes, et quoiqu'ils ne remplissent, ainsi que nous le dirons plus bas, aucune fonction dans l'acte respiratoire; quoiqu’ils soient, dans 374 RECHERCHES la force du terme, faux, postiches ou vestigiaires, leur grandeur, leur structure, méritent de fixer toute notre attention. Comme ceux des autres Hémiptères, ils occupent la face inférieure ou ventrale de l'abdomen. A Particle des généralités, nous avons dit que le nombre des paires de stigmates de l'abdomen était ordinairement en rapport direct avec celui des segmens essentiellement constitutifs de la paroi ventrale. Les Népides font une exception à cette règle; elles n’ont que trois de ces stigmates de chaque côté du ventre, quoique celui-ci compte six segmens distincts. Nous n’y comprenons pas les stigmates du siphon respi- ratoire, qui, nous le verrons plus bas, est indépendant des segmens propres de l’abdomen. Le premier, le second et le sixième (ou dernier) des segmens ventraux n’offrent, ni en dehors ni en dedans, aucun vestige de l'existence des stigmates. Le troisième, le quatrième et le cinquième, sont les seuls, et leur grandeur les rend aussi apparens à l’ex- térieur qu'à l'intérieur. Ils sont situés vers le tiers antérieur de chacun des segmens stigmatifères sur un point qui est à égale distance du bord externe du ventre et d’un pli linéaire longitudinal placé en-decà de ce bord. Les stigmates abdominaux de la Vèpe sont les plus grands de ceux que j'aie encore eu occasion d'observer dans les insectes, et malgré cette condition avantageuse pour l’ana- tomiste, ce sont ceux dont la structure m'a paru la plus difficile à bien déterminer. Ils ont une figure ovalaire un peu moins large en arrière qu’en avant, et leur bord in- terne , au lieu d'être convexe comme l’externe, est presque droit ou à peine échancré. Quoique nullement circonscrits, ils ne forment ni relief ni enfoncement notable, et sont, pour ainsi dire, de niveau avec les tégumens où ils siégent. Is n’offrent ni fente médiane, ni disposition valvulaire, ni cils, ni villosités. Ils sont essentiellement constitués par SUR LES HÉMIPTÈRES. 375 un diaphragme de consistance cornée, entouré d’une marge ou bordure peu ou point saillante dont l’organisation est très distincte de celle du disque, qu’elle paraît enchatonner, et se rapproche un peu de celle des tégumens. Ce dia- phragme stigmatique est partout d’une texture homogène, et, étudié à une forte loupe, il esten dehors d’un doré pâle, métallique, avec des points plus brillans. Ceux-ci, plus ou moins arrondis, mont paru tantôt creux, tantôt saillans, tantôt comme offrant une réticulation irréguliére, et je ne suis point encore parvenu à dissiper cette illusion d'optique. La plus forte lentille du microscope, dans les conditions les plus favorables, comme, par exemple, lorsque la lu- mière donne le plus de diaphanéité possible au diaphragme stigmatique, na représenté les points dont Je viens de varler, munis d’un contour demi transparent. Telle est la structure, au moins apparente, des faux stigmates abdominaux de la Vèpe, étudiés par leur face externe. Celle de leur face interne ou viscérale n'offre pas de différence appréciable, mais ils ne brillent pas de la couleur dorée qui se remarque au dehors. Une portion assez large, qui longe le bord externe de cette face, est abritée sous une lisière membrano-cornée, lisse et unie, qui en masque la texture. Cette lisière, bien visible au microscope, ne semble que le rudiment, le vestige d’un second diaphragme stigmatique. La première fois que je la découvris, je crus d’abord qu’elle n’était que le lam- beau accidentel d’une membrane qu’on pouvait supposer appliquée sur toute la surface interne du stigmate; mais observation directe, plusieurs fois réitérée, a laissé dans mon esprit la conviction que cette lisière n’était point le résultat d’un déchirement; et son bord libre, loin d’of- frir des dentelures ou des découpures, m’a constamment paru entier et uni. 376 RÉCHERCHES Chacun de ces faux stigmates intérieurs recoit à son bord antérieur et un peu interne un tronc trachéen assez considérable dont nous indiquerons plus bas et le mode d'insertion et l’origine. Le siphon qui termine en arrière l'abdomen des Né- pides, et la paire de stigmates placée à sa base, constituent le véritable, le seul appareil extérieur de la respiration dans ces insectes. Ce siphon respiratoire, et cette déno- mination physiologique est exacte, n’est point dans la Nèpe un de ces traits qui dans plusieurs insectes sont l’at- tribut de l’un des sexes : il existe, avec les mêmes carac- tères , dans le mâle comme dans la femelle. L’analogie qu'il semblerait d’abord offrir avec l’oviscapte des Zchneumons et celui de quelques Orthoptères n’est qu'apparente et se dissipe à l'épreuve du moindre examen. Ce siphon, délié comme une soie de porc, droit et assez raide, a la couleur et la consistance cornée du reste du corps. Il égale en lon- gueur l'abdomen de la Vépe. Il est formé par la conti- guité, l’adossement de deux tiges sétacées, canaliculées ou creusées en gouttière sur la face par laquelle elles s'adap- tent l’une à l’autre. Cette gouttière a ses deux bords garnis intérieurement de poils très fins. La base du siphon respiratoire est logée entre le dernier segment dorsal de l'abdomen et une plaque ventrale cor- respondante légèrement concave. Elle est indépendante des segmens constitutifs de l'abdomen , et ne tient à ce- lui-ci que par des muscles qui lui sont propres. Cette base intersegmentaire est formée par deux pièces semblables qui se continuent avec les tiges canaliculées. Ces pièces sont le siége des stigmates caudaux. Elles sont garnies de poils roussâtres , fins, longs, et plus ou moins couchés, abondans surtout à leur côté interne. En-dessous elles présentent une gouttière qui fait suite à celle de la tige SUR LES HEMIPTÈRES. . 377 canaliculée du siphon. Au point où celle-ci s'unit à la pièce intersegmentaire , il y a un léger coude dont le tissu plus flexible forme une demi-articulation qui favorise l’écartement , la déduction des deux tiges, lors de l’acte respiratoire. Les stignrates caudaux où du siphon respiratoire ont une configuration et une texture qui les font différer beau- coup de ceux qui siégent à l'abdomen. Ce sont là les véri- tables stigmates des Népides, les seuls orifices extérieurs qui servent à leur respiration. Il n’y en a qu’une paire. Chacun d'eux est situé à l’origine de la gouttière pratiquée à la face inférieure de la pièce intersegmentaire du siphon. Ce stigmate est fort petit, rond , orbiculaire, entouré d’un limbe ou cerceau corné brunäâtre. Il est béant, c'est-à-dire constamment ouvert. Mais cette forme, cette structure, sont, dans l’état ordinaire, masquées par un duvet abon- dant, couché sur le stigmate, et qu’il faut soigneusement enlever ou raser avec un fin scalpel, pour les mettre en évidence. Dans la description que nous venons de donner des stigmates faux et vrais de la ÆVèpe, nous croyons avoir suffisamment établi, par des preuves anatomiques, que les seuls d’entre eux qui donnent accès à l’air pour la respira- tion, sont ceux qui siégent à la base du siphon respiratoire. C’est donc à ces deux derniers orifices que commence l’ap- pareil des vaisseaux destinés à faire circuler le fluide at- mosphérique jusque dans les profondeurs des viscères et de tous les tissus. I nous reste donc à décrire cet appareil. Nous n’entrerons pas dans de minutieux détails sur les rameaux et ramuscules destinés à tel ou tel tissu. Une figure, que nous avons cherché à rendre exacte, y suppléera avantageusement. Disons d’abord qu’il y a une symétrie parfaite dans la distribution des vaisseaux aérifères , et que 4. Savans étrangers. 8 8 378 RECHERCHES le système trachéen résulte de la réunion par anastomose de deux moitiés en tout semblables. Les trachées, qui se distribuent dans l'abdomen et dans la tête, appartiennent toutes à l’ordre des trachées tubu- laires ou élastiques. Indépendamment de celles-là, il y a dans le thorax un petit nombre de trachées utriculaires , et une disposition particulière de quelques branches de ces vaisseaux qui constituent une espèce de tissu parenchyma- teux que nous avions signalé autrefois , et qui sera l’objet d’un examen spécial. … De chaque stigmate caudal part un tronc trachéen qui forme la souche, l'axe principal de Pappareil. Ce tronc suit les flancs des cavités abdominale et thoracique. Dans son trajet dans l’abdomen, 1l fournit six troncs secondaires assez courts, de chacun desquels naissent deux branches principales récurrentes , dont l’une, très ramifiée, se dis- tribue aux viscères abdominaux, et dont l’autre, simple et située profondément au-dessous de tous les organes, se continue avec sa congénère du côté opposé , et forme ainsi une arcade qui traverse l'abdomen. Cette arcade établit la communication des deux moitiés de l'appareil trachéen. Le premier , le cinquième et le sixième de ces troncs secon- daires, à partir du stigmate caudal, viennent se fixer non loin du bord externe des sixième, second et premier seg- mens ventraux de l'abdomen. Cette insertion a lieu sur des points qui dans la plupart des autres insectes pré- sentent des stigmates; mais ceux-ci sont effacés dans la Nèpe, et l’investigation la plus rigoureuse, aidée des verres amplifians , ny déni pas même le plus léger vestige de l'existence de ces ostioles pneumatiques. Le tronc s'in- sère là, à nu, sur le tégument ventral, etil n "y a aucune issue. Le ont. le troisième et le quatrième de ces troncs secondaires AHbutissettti comme nous l'avons déjà insinué SUR LES HÉMIPTÈRES. 379 plus haut, au bord antérieur et un peu interne de chacun des trois faux stigmates, et leur mode d'implantation, malgré des apparences trompeuses, est semblable à celui des précédens, Cette insertion trachéenne borgne, obturée ou en cul- de-sac, loin d’être une observation stérile, devient au con- traire pour nous un fait anatomique très significatif. C'est une de ces preuves ajoutées à cent autres, que la nature, dans l'immense série de ses productions, ne procède point par des transitions brusques , ne fait pas de saut , pour me servir du terme consacré. Ce n'est que graduellement qu’elle passe d’un mode d'organisation à un autre; et sans sortir de notre sujet, n'est-ce pas un fait bien digne de remarque que, sur les six stigmates abdominaux qui exis- tent dans les Hydrocorises en général, la Vèpe nous en offre trois simplement obturés , et trois entièrement effacés ou oblitérés ? Il est présumable que dans des genres voisins des /Vèpes qui ne nous sont point encore connus, où dont le scalpel n’a pas dévoilé la splanchnologie, on en trouvera où les faux stigmates seront remplacés par de véritables, ou auront tout-à-fait disparu, et d’autres où les insertions à nu des troncs trachéens secondaires aboutiront à des bou- ches respiratoires, ou dont ces troncs, à défaut de l’exis- tence de celles-ci, prendront une autre direction. Poursuivons la distribution générale de lappareil tra- chéen. Avant de franchir les limites de la cavité abdomi- nale, le tronc principal envoie un tronc secondaire simple et court à un sachet utriculiforme, visible à l’extérieur de linsecte, et situé près de l'angle postérieur et externe du métathorax. Il en fournit d’autres, soit aux sachets paren- chymateux que nous décrirons bientôt, soit aux pattes et aux ailes, et parvenu à la partie antérieure du prothorax, ce tronc principal se divise en un faisceau de branches qui 48. 380 RECHERCHES pénètrent dans la tête. Justement au-dessous du ganglion nerveux métathoracique, par conséquent au centre de ce compartiment du thorax, se trouve un sinus trachéen formé par la confluence de quatre grandes branches qui s'y rendent en sautoir. Ce sinus remplace dans le thorax les arcades trachéennes de l’abdomen, et devient, comme celles-ci, le moyen de communication entre les deux moitiés du système des trachées thoraciques. Nous allons maintenant passer à l’étude des trachées utriculaires et des tissus trachéens particuliers, dont j'ai indiqué le siège dans la cavité thoracique. : En promenant une loupe attentivement sur les divers compartimens du thorax de la Vèpe, dans le but dy dé- couvrir des stigmates, je ne tardai pas à constater, tout près de l’angle postérieur et externe de la région dorsale du métathorax, l’existence constante d’un petit sachet transversalement ovalaire, d’un blanc terne, d’une con- sistance souple , formant là comme un commencement de hernie, et marqué de quelques légères plissures diri- gées dans le sens de son petit diamètre. Les bords corres- pondans de la base de l’abdomen et du métathorax sont en cet endroit échancrés , et la scissure ou l’hyatus résul- tant de ces deux échancrures, est le siége du sachet. J’ai reconnu que dans certains cas celui-ci était plus saillant et utriculiforme, et que dans d’autres il paraissait au contraire affaissé , ridé, Je soupconnai alors que ces chan- gemens étaient sous l'influence de la fonction respiratoire, et les vivisections m'ont paru le confirmer. Nous avons déjà dit que ce sachet recevait une branche trachéenne assez considérable. Il parait même que cette dernière forme là une souche d’où partent les troncs trachéens destinés soit aux pattes intermédiaires et postérieures , soit aux ailes. Je présume que ce sachet peut servir à la LA \ SUR LES HÉMIPTÈRES. 381 Nèpe, ou pour favoriser le vol où pour gagner la surface de l’eau. Immédiatement au-dessous de l’écusson de cet Hydro- corise, on rencontre deux corps semblables, oblongs, placés à côté l’un de l'autre, et séparés seulement par la ligne médiane. Ces deux corps simples, et un peu plus gros à leurs extrémités, se font remarquer le plus souvent par une enveloppe lisse et d’un blanc satiné pres- que nacré. Fixés par leurs bouts à la face inférieure de la région scutellaire , ils sont libres entre ces deux points. Si on les arrache avec précaution, en les saisissant par leur centre, il n’est pas rare que leurs bouts entraînent une sorte de calotte brunatre et cornée qui se détache comme une épiphyse. Cette calotte est leur point d'attache propre. Quand on déchire ce corps, qui est d’une consistance très souple , on voit qu'il renferme une espèce de bourre ou de parenchyme que le microscope démontre formé par des ramuscules trachéens : on dirait un sachet rempli d’un tissu parenchymateux. Une forte trachée qui naît du tronc principal des vaisseaux aérifères , règne le long du bord externe de chacun de ces sachets, où elle est en partie en- chässée, et en sort par leur bout antérieur pour aller de nouveau confluer avec le tronc principal. Si l’on poursuit cette trachée dans l’intérieur du sachet, on se convaincra que c'est elle qui fournit tout le tissu parenchymateux qui le caractérise. Mais les branches qui forment ce dernier, ne naissent pas de toute la périphérie de la trachée. Une face du tronc de celle-ci est tout-à-fait à nu, et c’est celle- là qu'on apercoit le long du sachet. Lorsque cette trachée est débarrassée de l'enveloppe du sachet, et étalée, elle res- semble à un panache, ou à un plumet d’autruche, qui ne se termineraient pas en pointe. Les deux figures qui ac- compagnent le texte expriment cette disposition. Tel est 382 RECHERCHES l'état le plus ordinaire de ces deux corps sous-scutellaires de la Vèpe. Dans des conditions plus propres à nous révé- ler leur véritable texture, conditions rares à la vérité, mais qui se sont présentées deux fois dans le cours de mes nombreuses dissections de cet insecte, je me suis con- vaincu de leur organisation musculaire , au moins à l’exté- rieur. Le parenchyme trachéen se trouvant, dans ces con- ditions, moins pénétré d'air, la couleur d’un blanc satiné ou nacré disparaît, et au lieu d’une enveloppe lisse, J'ai distinctement reconnu, sous la forme de stries longitudi- nales, les rubans ou faisceaux musculeux grisätres qui se portent d’un bout à l’autre de ce corps. Dans la Ranatre les panaches trachéens existent presqu'à nu au milieu des masses musculaires du thorax. Dans leur position normale, les sachets sous-scutellaires de la /Vèpe se trouvent situés au-dessus de deux autres corps placés sur la table inférieure du métathorax, et en grande partie musculo-parenchymateux comme eux. Ces sachets métathoraciques recoivent aussi du tronc princi- pal des trachées une branche volumineuse; mais ils pré- sentent cette différence essentielle avec les précédens, qu’ils ont chacun deux utricules trachéennes plus ou moins dé- veloppées. l’une de ces utricules s'observe un peu avant le bout antérieur du sachet, où elle est un peu latérale; Vautre termine directement le bout postérieur, et pour peu qu’elle soit gonflée, elle pénètre dans la cavité abdominale. Ces utricules, soit qu'on les trouve dilatées par de Pair, soit qu'on les rencontre affaissées sur elles-mêmes, sont toujours formées par une membrane d’un blanc pur sans aspect satiné ou nacré. Elles me paraissent remplir lPof- fice de vessies natatoires, dans les cas rares où l’insecte, dé- pourvu de supports, est obligé de s'élever à la surface de Peau pour y respirer. SUR LES HEMIPTÈRES. 383 On rencontre encore dans le métathorax une paire d’u- tricules trachéennes, mais petites, oblongues , et indépen- dantes d’un tissu parenchymateux. La structure extérieure des animaux, leur genre de vie, leurs habitudes, doivent être, pour le scrutateur du but final de l’organisme,des considérations d’une grande valeur, qui, combinées avec celles fournies par la conformation , la texture intime, la position des organes, et les expéri- mentations, le mettent sur la véritable voie des solutions physiologiques. Examinons , d’après ces principes, la fonc- tion respiratoire de l’insecte dont je viens de décrire le stigmate et l’appareil trachéen. La grandeur et la structure insolites des faux stigmates de la /Vèpe, avant que je leur eusse imposé cette épithéte, et la coïncidence assez insidieuse des sachets parenchyma- teux du thorax, m'avaient autrefois, Je l’avoue, fait naître la pensée d’un mode spécial de respiration que J'inclinais à croire au moins semi branchial. Mais une étude sévère de cet insecte, tant sous le rapport de l'anatomie que sous celui de l’entomologie, m’a enfin placé dans le sentier de la vérité. Quoique la Vèpe soit un insecte aquatique, on n’aper- çoit dans sa structure extérieure, rien, absolument rien qui puisse la faire reconnaître pour un insecte nageur. Ses pattes glabres et arrondies ne sont propres qu’à l’'ambula- tion ou à la préhension; son corps plat, cuirassé et com- pact, gagne promptement le fond de l’eau , et ses tégumens habituellement salis par la boue, annoncent assez son habitude de ramper dans la vase. Aussi ces Hémiptères choisissent -ils pour leur habitation ordinaire les eaux tranquilles ou un fond vaseux où les plantes aquatiques abondent. À la faveur de ces dernières, ils peuvent grim- per pour se rapprocher de la surface du liquide, où on les 384 RECHERCHES voit émerger de temps en temps la pointe de leur siphon respiratoire, pour y puiser l'air atmosphérique. J'ai con- servé pendant plusieurs mois ces insectes dans des bocaux qui réunissaient les deux conditions dont je viens de par- ler, et J'ai pu ainsi étudier à loisir leurs habitudes. Je les ai vus passer des heures entières le bout du siphon à fleur d'eau, et le corps immergé, comme suspendu sur les plantes qui lui servent de support. J'ai été à même de constater alors, avec le secours de la loupe, le mouvement presque insensible de linhalation de air, et l'attention la plus soutenue ne m'a jamais décelé le moindre travail , la moindre action dans les faux stigmates. Cette observation cent fois répétée me donnait déjà la presque certitude que cet insecte respirait uniquement par le siphon caudal. Cependant Je voyais aussi la Vépe gagner le fond de l’eau et y demeurer long-temps , ou immobile en guettant sa proie, ou rampant pour l’atteindre. Une expérience déci- sive devait lever tous mes doutes. Il s'agissait de placer des /Vèpes dans l’eau, de manière à priver celle-ci du contact de l'air atmosphérique, et à mettre l’insecte dans la nécessité, pour le maintien de son existence, de retirer de l’eau même son élément vital, si la nature l'avait organisé pour cette opération de chimie animale. Je ren- fermai donc deux /Vèpes bien portantes dans un flacon assez large, rempli d’eau jusqu’au goulot, et hermétique- ment bouché, de manière à ne laisser aucune couche d’air entre le bouchon et le liquide. Voulant d’ailleurs respec- ter les autres habitudes de l’insecte, j’eus Le soin de laisser au fond du flacon et de la vase et des détritus végétaux; conditions favorables aussi aux animalcules dont les ÆVè- pes peuvent se nourrir. Au bout de deux heures de cette réclusion, ces insectes donnèrent des signes non équivo- ques de malaise et de souffrance. Après avoir vainement SUR LES HÉMIPTÈRES. 385 redressé leur siphon, on les voyait faire jouer, l’une sur l’autre , les deux tiges de celui-ci, les entr'ouvrir, les refermer, pour les tenir de nouveau écartées. Un vide considérable qui s’observait entre la région dorsale de l'abdomen et les élytres, témoignait de l’oppression ex- trême de l’insecte. Enfin, au bout de dix heures, les deux [Vèpes étaient mortes sans retour, et les branches du siphon demeuraient dans le plus grand état de divergence. Ja renouvelai deux fois cette expérience, et j’obtins le même résultat avec quelque légère différence pour l’heure de la mort. De tout ce que nous venons d'exposer sur l’appareil res- piratoire de la ÆVèpe, il résulte ce fait rigoureusement établi et nouveau pour la science, que cet insecte ne res- pire que par les stigmates du siphon caudal. L'appareil respiratoire des ÂMotonectes et des Corises s'éloigne beaucoup de celui des /Vèpes, et se rapproche davantage de celui des Amphibicorises, Les stigmates ab- dominaux , au nombre de six paires, sont fort petits, ronds, semblables à des points, et situés sur deux séries longitudinales , le long des côtés du ventre, un sur chaque segment. Les trachées de ces Hydrocorises sont toutes tubulaires et d’une finesse capillaire. On trouve aussi dans leur thorax une ébauche d’organe pulmonaire. Les trachées y sont disposées en rangées presque contigués; comme des tuyaux d'orgue, et il est possible, avec un peu d'adresse, de les détacher en un seul faisceau qui prend la forme d’un panache. CICADAIRES. La multiplicité de mes occupations m'a fait négliger, à mon vif regret, l'étude des orifices respiratoires dans les Hémipières de la section des Homoptères, et malheureu- 4+ Savans étrangers. 49 386 RECHERCHES sement je ne trouve point dans les auteurs de quoi sup- pléer à mon insuflisance sur ce point. Les stigmates abdominaux de la Cigale (C. orni), si- tués, comme ceux de tous les Hémiptères, à la région infé- rieure ou ventrale de l'abdomen, sont au nombre de six paires, une pour chaque segment, et disposés au côté interne d’une ligne longitudinale enfoncée, qui est une espèce de pli. Leurs ostioles m'ont paru dénués de péri- trème, et sont placés, un peu latéralement, sur un petit espace arrondi, blanchätre, peu ou point saillant, de texture analogue à celle des tégumens. Les Cigales sont pourvues des deux ordres de trachées, les tubulaires et les utriculaires. Les premières se distri- buent plus spécialement aux viscères abdominaux , et sont très fines. Celles qui sont affectées aux organes digestifs sont pour la plupart enveloppées d’un fourreau adipeux, tandis que la couleur nacrée brille de tout son éclat dans les trachées de l'appareil génital. La cavité thora- cique offre deux troncs aérifères assez grands, qui vivi- fient les glandes salivaires et pénètrent dans la tête. Les trachées utriculaires sont en général de fort petites bulles, les unes globuleuses , les autres polymorphes, plus ou moins groupées. On en trouve , avec cette dernière con- dition, sur la membrane péritonéale de l’abdomen et sur la surface des masses musculaires qui garnissent la poi- trine. Indépendamment de ces petites bulles, on voit une utricule conoïde plus grande de chaque côté de la cavité mésothoracique. Nous avons dit qu’en général les trachées utriculaires étaient d'autant plus nombreuses ou d’autant plus déve- loppées, que les insectes avaient un système musculaire plus puissant, une locomobilité plus énergique. A en ju- ger par leurs habitudes aéricoles et par l'ampleur de SUR LES HÉMIPTÈRES. 387 leurs ailes, on pourrait croire que les Cigales ont un vol fréquent , un genre de vie très actif, et on devrait être surpris alors du petit nombre de leurs utricules aérifères. Mais les naturalistes à portée d'observer les mœurs de ces insectes, se convaincront que, contre les apparences , ils ont des habitudes sédentaires. On les voit se tenir des heures, immobiles, comme collés contre les troncs ou les branches des arbres; et quand on les oblige à changer de place, ils le font par un vol peu prolongé et mou, c’est-à- dire non bourdonnent. APHIDIENS. L'insuflisance de mes instrumens amplifians ne m'a pas mis à même de constater l'existence des stigmates dans les Pucerons. Leurs vaisseaux aérifères appartiennent tous aux trachées tubulaires, et sont d’une finesse telle, qu’il faut le secours du microscope pour les reconnaître. Ce n’est qu'à une forte loupe et à un Jour favorable qu’on peut s'assurer de l'aspect nacré ou argenté de ces vaisseaux. Ils n'apparaissent que comme les brins les plus ténus de la soie. CHAPITRE QUATRIÈME. APPAREIL SENSITIF. Les insectes, tout privés qu'ils sont de colonne verté- brale et de cœur, recoivent, ainsi que les animaux du premier rang, des sensations, exercent des volitions, et un appareil particulier préside à ces deux actes de lor- ganisme , comme il participe à l’exercice de toutes les fonctions viscérales. Cet appareil, parfaitement circons- crit, est le système nerveux, et la nature ne s’est pas écartée, pour son organisation, du plan adopté générale- ment, car les insectes ont un cerveau, un prolongement 49. . 388 RECHERCHES rachidien , des ganglions et des nerfs, et ces diverses par- ties paraissent avoir les mêmes attributions physiologiques que dans les êtres les mieux organisés. Les auteurs de traités généraux sur les animaux, en parlant du système nerveux des insectes, n’ont eu en vue que celui de quelques grandes larves et des grands Co- léoptères ou Orthoptères ; personne, Jusqu'ici, n'avait fait connaître cet appareil dans les Hémiptères et autres in- sectes suceurs ; en sorte que dans leurs généralisations ils se sont laissé entraîner sur ce point à des erreurs inévi- tables. L’organe sensitif des Hémiptères est très différent de celui des Coléoptères. Au lieu d’avoir, comme ces der- niers, une série de huit à dix ganglions distribués dans les deux grandes cavités splanchniques, c’est-à-dire dans le thorax et l’abdomen, les Hémiptères n’ont que deux ganglions logés tous deux dans le thorax, et la seconde de ces cavités n’en a point. Mais le cordon médian ou ra- chidien se divise en plusieurs paires de nerfs très déve- loppés, dont les subdivisions se distribuent dans les vis- cères de la cavité abdominale. L’ensemble de cet appareil est parfaitement symétrique, c'est-à-dire qu'il fournit à droite et à gauche un même nombre de nerfs semblables, et qu'il est partageable, par une section médiane, en deux moitiés identiques. Ce peu de mots sur le système nerveux des Hémiptères est applicable, en général, à tous les insectes de cet ordre. Je n’ai point l'intention d’entreprendre une névrologie détaillée des familles et des genres ; travail qui exigerait de nombreux matériaux qu'il m'a été impossible de re- cueillir, et je me bornerai à l'exposition succincte de ce système, dans la Pentatome grise, la Nèpe et la Ci- gale. Le cerveau ou le ganglion céphalique de cette Penta- SUR LES HÉMIPTÈRES. 389 tome est arrondi, modérément convexe, mais non sphé- rique, d’une couleur grisätre, d’une texture fibreuse exté- rieurement , pulpeuse à l’intérieur. Il n’a présenté à mes investigations attentives aucune trace d’anfractuosités ni de division. Il fournit de chaque côté un bulbe assez dé- veloppé pour les nerfs optiques principaux , en avant et latéralement les nerfs optiques des ocelles, et en arrière l'origine du prolongement rachidien. La ténuité des nerfs qui se distribuent aux antennes les a sans doute dérobés à mes recherches ; mais de chaque côté du cerveau, en arrière du bulbe des grands nerfs optiques , le micros- cope m'a fait découvrir trois nerfs rapprochés, mais dis- tincts , qui prennent peut-être leur origine à la face infé- rieure de ce bord de l’encéphale, et que je suppose destinés aux diverses parties du bec. Chacun des grands yeux de la Pentatome (j'entends parler des yeux réticulés ou à facettes) recoit deux nerfs optiques rapprochés et contigus. Ces nerfs naissent tous deux d’un bulbe ovalaire fourni, comme je viens de le dire, par le cerveau , et séparé de celui-ci par une espèce de col. Ils se terminent du côté de l’œil par deux expan- sions arrondies , d’un aspect grenu ou papilleux, conti- guës, presque confondues ensemble , et remarquables par une couleur rouge violacée, sorte d’enduit que M. Muller appelle pigmentum (x). Ces expansions des nerfs optiques constituent de véritables rétines, et l'aspect papilleux dont J'ai parlé est sans doute produit par les cônes vitrés qui, d’après le savant professeur que je viens de nommer, (Gi) Recherches sur la physiologie comparée du sens de La vision ; par M. F. Muller, professeur à l’université de Bonn. — Leipsig , 1826.— Extrait sur les yeux et la vision des Insectes, des Arachnides , etc , inséré dans les Annales des Sc. nat., juillet, août, septembre, 1829. 390 RECHERCHES forment l'intérieur de l’œil des insectes. L'existence de deux nerfs optiques et de deux rétines pour un seul œil est un fait digne de remarque et qui me semble nouveau. Les nerfs optiques des ocelles ou stemmates sont sim- ples, d’une finesse capillaire d’un bout à l’autre, et pro- portionnellement plus longs que les précédens. Ïls pren- nent directement leur origine à la partie antérieure et latérale du cerveau, tout près du bulbe des grands nerfs optiques. Îls se terminent par une rétine arrondie, pareil- lement enduite d’un pigment rouge violacé, et qui m'a aussi paru papileuse. Le prolongement rachidien naît de la partie postérieure et moyenne du cerveau, dont il n’est que la continuation, et se termine, en se divisant en plusieurs troncs nerveux, vers le milieu de la cavité abdominale. A son origine il consiste en deux cordons fort courts et contigus qui émettent une paire de nerfs pour les muscles cervicaux et l’œsophage. Aussitôt après 1l est remplacé par les deux ganglions dont je parlerai bientôt, et qui rompent ainsi sa continuité. Il reparait à la suite du ganglion postérieur, sous la forme d’un cordon déprimé qui suit la ligne mé- diane du corps. À son entrée dans l'abdomen, il donne successivement naissance à quatre paires de petits nerfs récurrens, puis il semble se partager en quatre autres paires de troncs nerveux assez considérables, et rappro- chés à leur origine, qui vont épauouir leurs divisions dans les viscères de la digestion et de la génération. Les ganglions nerveux de la Pentatome ne sont qu’au nombre de deux, ainsi que je l'ai déjà avancé en parlant de l'appareil sensitif des Hémiptères en général. Ils sont tous deux renfermés dans la cavité thoracique, placés sur la ligne médiane, fort rapprochés l’un de l’autre, et sé- parés seulement par un étranglement peu prononcé. Ils SUR LES HÉMIPTÈRES. 391 ne se ressemblent ni par leur forme, ni par leur gran- deur, ni par le nombre des nerfs qui y prennent leur ori- gine. En considérant le segment du thorax auquel ils correspondent plus particulièrement, on peut désigner le plus antérieur sous le nom de ganglion mésothoracique, et le postérieur sous celui de métathoracique. Le premier est le plus petit, et d’une forme arrondie. Il fournit trois paires de nerfs dont les ramifications paraissent princi- palement destinées aux muscles des premières pattes, aux glandes salivaires et à l’origine du canal alimentaire. Le ganglion métathoracique est presque cordiforme. Il émet dix paires de nerfs qui se distribuent soit aux muscles nombreux qui meuvent les pattes, les ailes et les hémé- lytres, soit aux glandes salivaires , à l’estomac et à l’organe odorifique. D’après cet exposé du système nerveux de la Pentatome, on voit que le nombre des paires de nerfs de cet Hémip- tère, indépendamment du cerveau, du prolongement rachidien et des ganglions, se monte au moins à vingt- sept, savoir : Cinq au cerveau, neuf au prolongement ra- chidien, et treize aux ganglions. Le système nerveux de la Vèpe présente une différence essentielle avec celui des autres Hétéroptères et des Ho- moptères, c'est la distinction bien tranchée, la séparation parfaite des deux ganglions thoraciques. Le ganglion céphalique , lorsqu'on l’a dégagé des parois du crâne sans l’endommager, ce qui n’est pas toujours facile, apparaît avec une configuration, un volume peu en rapport avec ceux de la boîte qui le renfermait. Cette différence du contenu au contenant prouve, d’une part, que cet organe cérébriforme est très compressible; et, de l’autre, que lorsque la cause comprimante cesse, il ma- nifeste son expansibilité. Ce ganglion est formé de deux 392 RECHERCHES sphéroïdes largement confondus à la ligne médiane. Il se prolonge de chaque côté en un nerf optique renflé dans son milieu en un bulbe ellipsoïdal, et se termine par une rétine transversalement ovale, enduite d’un pigmen- tum d'un violet foncé comme pointillé. De la partie pos- térieure du ganglion céphalique partent deux nerfs ra- chidiens d’une excessive briéveté, formant un collier dans lequel est engagé l’œsophage. Le premier ganglion qui suit, ou le ganglion protho- racique , est assez grand , lenticulaire, arrondi, en partie engagé dans la tête, et en partie dans le prothorax. Il émet latéralement trois paires de nerfs principaux, et deux pro- longemens rachidiens établissent sa communication avec le second ganglion. Celui-ci, ou le ganglion métathoracique , est séparé du premier par tout l’intervalle du mésothorax. Il est ova- laire, et fournit sur ses côtés cinq paires de nerfs consi- dérables et quelques autres de moins importans. Il se pro- longe en arrière en deux forts cordons rachidiens. Ceux- ci, dans leur trajet dans l’abdomen , donnent naissance à plusieurs paires de petits nerfs, et en approchant de la région postérieure de cette cavité, ils se partagent en grandes branches qui se divisent et se subdivisent. La figure dira le reste. Le système nerveux de la Cigale , insecte qui , sous ce rapport, peut être pris pour type de la grande division des Homoptères, présente les traits généraux que j'ai assignés à l’ordre des Hémiptères ; mais il offre aussi, comparativement aux Hétéroptères, quelques modifica- tiGns qui exigeaient et une description et une figure spé- ciales. Cet appareil se compose, ainsi que dans les Hé- téropteres , d’un ganglion céphalique, de deux ganglions thoraciques, et d’un grand nombre de paires de nerfs SUR LES HEMIPTÈRES. 393 destinés aux viscères et aux divers tissus de l’insecte. Le ganglion céphalique ; ou le cerveau (quoique par sa texture il démente cette dernière dénomination), est formé par la réunion de deux lobes hémisphéroïdes sem- blables, qui , vus extérieurement , paraissent simplement contigus ; mais la rainure longitudinale et médiane qui semble les séparer n’est que superficielle. La partie an- térieure de chacun de ces lobes donne naissance au nerf optique principal, destiné aux grands yeux, au nerf ocu- laire. Ce nerf, pyramidal ou plutôt en forme de courte et grosse massue, vient embrasser le bulbe oculaire. Le bout de celui-ci , dégagé de dessous la cornée réticulée et ova- laire qui constitue l’œil extérieur, se présente sous l’aspect d’une lentille arrondie, dont la rétine semble, à l'œil nu, simplement pointillée d’un brun sanguin sur un fond gris, mais où une étude attentive, avec le secours d’une forte loupe, fait apercevoir une réticulation très fine dont les mailles sont des polygones arrondis. Entre les origines des nerfs oculaires, et un peu en-dessous de la ligne médiane qui forme la démarcation des deux lobes céphaliques, paît un nerf trifide, un véritable trépied , dont les bran- ches sont les petits nerfs optiques des trois ocelles, les nerfs ocellaires. La rétine du bulbe de ces yeux lisses est bor- dée d’un rouge vif, et le disque lenticulaire est lavé d’une teinte rosée pâle, avec un pointillement imperceptible. Du bout postérieur et un peu inférieur des lobes du ganglion céphalique, partent deux cordons nerveux rachi- diens assez courts, dont l’écartement forme une sorte d’anneau ou de collier dans lequel s'engage l’œsophage. Ces cordons fournissent, vers leur milieu, une paire de nerfs dont la distribution m'a paru se faire particulière- ment aux muscles destinés aux mouvemens de la tête. Les ganglions thoraciques de la Cigale, loin d’être dis- 4. Savans étrangers. 50 394 RECHERCHES tincts et séparés l’un de l’autre, ainsi que nous venons de le voir dans les Népides ; sont presque confondus en un seul, comme dans les Géocorises. À peine y reconnaît-on la trace d’une légère démarcation du ganglion antérieur, qui est arrondi et un peu échancré en cœur. L'ensemble de ces deux ganglions forme un corps oblong, profondé- ment situé au-dessous des masses musculaires qui gar- nissent la paroi inférieure du thorax, et en quelque sorte enchâssé, engaiîné dans un tissu fibreux comme aponévro- tique; ce qui rend sa dissection, son isolement complet, extrêmement difliciles. Le ganglion antérieur donne nais- sance à quatre paires de nerfs principaux, et le postérieur à six, sans y comprendre le double cordon rachidien qui est en arrière la continuation de ce ganglion. L’inspection de la figure qui représente le système nerveux de la Cigale suppléera pour le moment à des détails descriptifs sur la distribution de ces paires de nerfs. Les deux cordons ra- chidiens sont, vers leur origine, contigus et comme ad- hérens; mais en pénétrant dans la cavité abdominale, ils s’écartent plus ou moins l’un de l’autre, émettent dans leur trajet quelques paires de nerfs peu considérables, et parvenus vers le tiers postérieur de l'abdomen, ils se di- visent et se subdivisent pour envoyer des nerfs très nom- breux spécialement aux organes de la génération. CHAPITRE CINQUIÈME. ORGANE ODORIFIQUE. La nature, qui attache le même intérêt, les mêmes soins à produire qu'à conserver les espèces, n'a pas voulu que le faible devint, dans toutes les circonstances , la proie inévitable du fort. Elle a mis dans la distribution des armes destinées à l’attaque, à la défense ou à l’évasion , SUR LES HÉMIPTÈRES, 395 cette infinie variété, cette mesure calculée, qui témoignent en faveur de ses ressources conime de sa vigilance inépui- sable. Dans mes recherches sur l’anatomie des Coléoptères, j'ai fait connaître un appareil des sécrétions excrémenti- tielles qui forme un des traits saillans de l’organisation de certaines familles de ces insectes, notamment de celle qui est en tête de cet ordre, et qui est peut-être la plus nombreuse en espèces : je veux parler de la famille des Coléoptères carnassiers. Cet appareil, toujours binaire, et comparable en tous points à l'organe urinaire des qua- drupèdes , prépare, conserve et excrète une liqueur plus ou moins àcre que l'animal assailli ou menacé lance par des orifices placés près de l'anus, soit sous la forme d’une rosée imperceptible, soit par l'explosion avec bruit d’une fumée bien visible. " L'ordre des insectes Hémiptères, tout obscur qu'il pa- raît et tout négligé quil est, n’a pas été déshérité des sollicitudes de la nature sous ce rapport. Tout le monde connait l'odeur puante et caractéristique à laquelle les Punaises doivent vraisemblablement leur dénomination. Cette odeur, que linsecte exhale à volonté, est préparée dans l’intérieur du corps par un organe spécial dont la position et la structure diffèrent beaucoup de celles des Coléoptères, et que J'ai cru devoir désigner par le nom significatif d’organe odorifique. La faculté d'émettre une odeur plus ou moins exaltée appartient exclusivement à cette première section des Hémiptères que M. Latreille appelle des Æétéroptères. Je ne me Suis Jamais apercu, et aucun auteur à ma connais- sance n'a remarqué, que les insectes compris das la sec- tion des Æomoptères répandissent de l’odeur. Les Cimex de Linnæus, dont M. Latreille composé sa famille des Géocorises, sont les Hémiptères le plus 5o.. 396 RECHERCHES spécialement pourvus de l'organe odorifique; mais ce n’est que lorsqu'on les irrite, ou qu’ils se sentent menacés d’un danger, qu'ils exhalent l'odeur subtile et pénétrante qui leur est propre. Si l’on vient à surprendre, sans en être apercu, un de ces insectes, même d’entre les plus puans, comme la Pentatome grise, par exemple, et qu’on sen approche assez pour le flairer, on se convaincra qu'il ne transpire de son corps aucune mauvaise exhalaison. Mais pour peu qu'on le manie, on est aussitôt infecté par une vapeur invisible. Saisissez avec une pince la Pentatome en question, et plongez-la dans un verre rempli d’eau claire ; armez votre œil de la loupe, et vous verrez s’élever de son corps d'innombrables petites bulles qui, en venant crever à la surface du liquide, exhalent à l’instant cette effluve qui affecte si désagréablement l’odorat. Cette va- peur, essentiellement äâcre, exerce sur les yeux, quand elle les atteint, une action irritante très prononcée. Lors- qu'on tient entre les doigts un de ces insectes vivans, de manière à ne point boucher les orifices odorifères, et à diriger vers un point déterminé de la peau les fusées de cette vapeur, on verra qu'il en résulte une tache ou bru- nâtre ou rutilante que les lotions répétées n’enlèvent pas d’abord, et qui produit dans le tissu cutané une altération analogue à celle qui succède à l'application d’un acide minéral. Si, dans la dissection des Cimex dans l’eau , on s'attache à ne point porter le scalpel sur l'organe qui renferme l'odeur, celle-ci ne se fait que peu ou point sentir à l'opérateur. Mais si l’on fait à dessein une large incision à cet organe, on voit aussitôt s’en élever un glo- bule assezggros, qui, parvenu à la surface de l’eau , y crève et s'y divise en une myriade de gouttelettes dont l’odeur n’est plusséquivoque. Ces gouttelettes sont comparables à celles qui résultent du mélange d’une petite quantité SUR LES HÉMIPTÈRES. 397 d'huile fortement battue avec de l’eau. Toutes sont par- faitement orbiculaires, assez brillantes , et forment, pour me servir de l’expression vulgaire, des yeux plus ou moins contigus, mais bien circonserits, et ne se fondant pas en- semble. Je regrette que l’analyse chimique de cette huile animale ne vienne pas compléter ce que l'observation anatomique a pu nous en apprendre. Les Géocorises n’exhalent pas tous la même odeur. Celle- ci présente, soit dans sa qualité, soit dans son abondance ou son intensité , des modifications que Je ferai connaître. Il est même des espèces, en petit nombre à la vérité, chez lesquelles nos sens deviennent inhabiles à constater une odeur quelconque, malgré l'existence d’un organe destiné à la produire. ; Ce n'est pas à l'extrémité postérieure de l’abdomen , et près de l'anus, ainsi qu'on l’observe dans les Coléoptères, que se trouve relégué l’organe odorifique des Hémiptères , mais bien tout-à-fait dans le centre du corps de l’insecte. Cet organe est fort simple; il consiste en une bourse assez grande ( fort rarement en deux), placée à la base de lab- domen , immédiatement au-dessous des viscères digestifs, et couchée sur la paroi ventrale de cette cavité. Elle a une forme arrondie ou ovalaire, une texture en apparence membraneuse, une couleur le plus souvent d’un jaune plus ou moins orangé. Cette bourse est logée presque toute dans la cavité abdominale, mais son insertion a réelle- ment lieu dans la région pectorale du métathorax, tout près de l’union de celui-ci avec l’abdomen. Toutes mes recherches pour découvrir dans son voisinage des vais- seaux, des glandes, ou un appareil propre à la sécrétion de l'humeur oléagineuse , ont été vaines. Ainsi cette bourse serait en même temps un organe sécréteur par ses parois, et un réservoir. 398 RECHERCHES al Les orifices ou ostioles extérieurs qui donnent issue à l'odeur spécifique des Punaises sont placés sur la päroi pectorale externe du métathorax, justement entre les insertions des seconde et troisième paires de pattes. On découvre de chaque côté de cette région un pore, bien dis- tinct des stigmates, pratiqué sur une éminence qui dans la Pentatome grise et dans plusieurs autres de ce genre, ressemble à un bout de conduit tubuleux auquel on aurait fait une excision en bec de plume à écrire. Je vais exposer maintenant les différences qui s’obser- vent soit dans l'organe, soit dans l'odeur des diverses espèces d’'Hémiptères dans lesquelles j'ai eu occasion de les étudier. La Scutellère rayée répand au moindre attouchement une odeur bien prononcée. Sa bourse odorifique a environ une ligne et demie de largeur, une couleur jaune, une forme arrondie, comme divisée en deux lobes par une impression médiane produite par un nerf couché sur elle. On peut manier la Sc. maure sans qu’elle exhale une odeur sensible, et l’on ne parvient à développer celle-ci, et encore à un faible degré, qu’en irritant fortement ou en blessant cet insecte. Du reste, son utricule à odeur res- semble à celle de l’espèce précédente, à la couleur près, qui est ici d’un Jaune safrané. La Pentatome grise est un des Géocorises dont l'odeur est la plus puante, la plus exaltée , la plus prompte à s’ex- haler, la plus tenace. Sa poche à odeur est d’un jaune orangé. Les P. émeraude, du genévrier, des baies, du grateron, sont presque aussi puantes que la P. grise, et n'en différent point par leur organe odoritique. La bourse à odeur est d’un jaune pale dans la P. dissemblable. La P. ornée offre une singulière particularité, c'est que, malgré qu’on l’irrite, qu’on la blesse, qu'on la déchire, 1l SUR LES HÉMIPTÈRES. 399 ne s'échappe de son corps aucune exhalaison qui rappelle, même au plus faible degré, celle des Punaises. Dans mes investigations sur ce point, J'ai même cru y déméêler une odeur qui n’était point déplaisante. Je rappellerai à ce sujet que Fallen, dans sa monographie des Cimex de la Suède, observe que le Lygœæus pastinacæ répand odorem ferè gratum. Vu reste l'organe odorifique de la P. ornée existe comme dans les autres espèces, seulement la bourse, qui est d’un jaune safrané , est moins développée. Les Corés exhalent une odeur d’une qualité différente de celle des Peritatomes, mais il est bien difficile d'expri- mer cette différence. Dans le C. bordé et le C. chloroti- que, Vorgane odorilique ressemble à celui des Pentatomes ; mais dans le C. hirticorne Jai reconnu l'existence de deux bourses à odeur, arrondies, d’un orangé vif, munies chacune d'un petit col tubuleux. Cet exemple d’une bourse double est, jusqu’à ce Jour , isolé. Les deux Ælydes que j'ai disséqués répandent, quand on les touche, une odeur spéciale tirant vers l’acescence, et rappelant celle qu'exhale, parmi les Carahiques, le Chlæ- nius velutinus. Leur poche odorifique est assez grande, vu: la taille des 4/ydes, ovale-oblongue, jaune. Le Zygée porte-bouteille fournit, lorsqu'on lirrite, une odeur singulière et point désagréable d’éther acétique. La Pyrrhocore, pour bien qu’on l’inquiète, n’exhale au- cune odeur appréciable. Le Miris de Carcel répand une odeur sui generis où l’on démêle celle des fleurs du Hyacinthus racemosus. Sa bourse à odeur est pyriforme et d’un jaune vif. Le Capse tricolor affecte l’odorat de manière à rappeler l’odeur des feuilles du Groseiller noir. La Phymate m'a paru inodore. Je ne dis rien de la Punaise des lits dont tout le monde connaît la puanteur. LA 4oo RECHERCHES On retrouve encore dans le Réduve stridulant Yodeur du Chlænius cité plus haut. La vapeur exhalée par les Gerris a quelque chose d’al- calescent. L’odeur des Vaucores a quelque chose d’âcre. Celle des Corises rappelle les Pentatomes. La Notonecte émet une exhalaison vulvaire analogue à celle des grands Dy- tiques, mais faible. Je n’ai reconnu dans le métathorax de cet insecte aucun vestige d’organe odorifique, et Je ne serais pas surpris qu’il en fût entièrement dépourvu. L’odeur fétide dont je viens de parler est peut-être fournie par un appareil des sécrétions excrémentitielles qui a échappé à mes recherches, CHAPITRE SIXIÈME. DU CORDON DORSAL, APPELÉ VAISSEAU DORSAL. C’est ici, sans contredit, le point le plus problématique, le plus conjectural et le plus controversé de l'anatomie et de la physiologie des insectes. Quoiqu'il soit devenu l’objet de dissections ardues, d’expérimentations répétées et de sérieuses explications de la part de divers zootomistes tant anciens que contemporains , on se demande encore si ce cordon est un organe ou un simulacre d'organe sans fonction , un simple vestige. Dans les sciences exactes , l'application inconsidérée des termes peut entraîner des conséquences très funestes à leurs progrès. Les premiers observateurs qui se livrèrent à l'étude de l’organisation des insectes furent frappés des mouvemens alternatifs de contraction et de dilatation qui s’exécutaient le long de la ligne médiane dorsale de cer- taines larves rases. Les mots de sistole et de diastole, déjà consacrés pour exprimer des mouvemens analogues dans SUR LES HÉMIPTÈRES. 4ot le cœur des grands animaux, les séduisirent, et ils ne manquérent pas d'en faire l'application. La forme linéaire du cordon, qu'ils regardaient comme le représentant du cœur, leur fit préférer le nom de vaisseau dorsal à cette dernière dénomination. Ce terme de vaisseau entraïnait nécessairement l’idée d’un liquide contenu, et en même temps celle de circulation. Ainsi Malpighi et Swammer- dam regardérent le cordon dorsal des insectes comme un cœur ou une série de cœurs. Lyonnet ne le considérant pas comme un organe Ratios , dut lui donner d’autres attributions ; il lui supposa la faculté de fournir aux nerfs la substance qui leur est nécessaire. Notre illustre natura- liste, M. Cuvier, se contente de l’envisager comme un vestige de cœur qui ne remplit plus aucune des fonctions de cet organe. L’imagination de Comparetti y a vu une double circulation vasculaire. M. Marcel de Serres le décrit comme un canal presque cylindrique un peu rétréci aux deux extrémités; il prétend que l’humeur qu’il contient a constamment une couleur analogue à celle de la graisse, et 1l finit par le considérer comme l'organe essentiellement sécréteur de celle-ci. Enfin, tout récemment, M. Straus, faisant revivre avec ren l'opinion 4 Malpighi, veut que le cordon dor slsoitun cœur uniquement arté- riel, composé d’un certain nombre de chambres séparées par des valvules. Ces zootomistes ne paraissent pas avoir fait une étude comparative du cordon dorsal dans les divers ordres d’in- sectes , et la plupart se sont laissé entraîner à des générali- sations qui trahissent le défaut de faits assez nombreux et assez sévérement constatés; car les traits anatomiques et les attributions physiologiques qu'ils lui assignent ne sauraient cadrer avec les caractères propres au cordon dorsal des Hémiptères. fe Savans étrangers. 5x ho RECHERCHES Dans les insectes de ce dernier ordre, et plus spéciale- ment dans la tribu des Géocorises, le cordon dorsal ( dé- nomination assez significative de mon incertitude sur ses fonctions ) est fort remarquable, en ce qu’il est isolé, libre, excepté à ses deux extrémités, c’est-à-dire qu'entre celles- ci il na aucune adhérence, aucune connexion avec les tissus circonvoisins. Il est là comme une corde tendue d’un bout du corps à l’autre, et dans ce trajet il est dé- pourvu de toute espèce de ramifications ou de prolonge- mens latéraux. Il est situé le long de la ligne médiane du -Corps, sous les tégumens du dos, immédiatement au-dessus de tous les viscères, et couché plus particulièrement sur le tube alimentaire. Une couche adipeuse plus où moins marquée est ordinairement interposée entre lui et le tégu- ment dorsal. Il présente le plus souvent, surtout dans sa portion abdominale, la trace plus ou moins superficielle d’une rainure médiane qui semble le partager, suivant sa longueur, en deux moitiés égales; mais celte rainure s’efface entièrement par une macération même peu prolongée. Il n'est point cylindrique, mais plus ou moins déprimé, constamment plus-large dans sa portion abdominale, et atténué, aminci dans sa portion thoracique, qui elle-même s'élargit un peu en pénétrant dans la tête. Son point d’at- tache antérieur m'a paru avoir lieu au cerveau même, et le postérieur au voisinage de l'anus. J’ai plusieurs fois constaté que cette dernière extrémité du cordon dorsal présente plusieurs lanières ou radicules inégales d’une nature parfaitement semblable à celle du reste du cordon, et qui semblent destinées à la fixer. En arrachant avec précaution cette extrémité, on entraîne ces lanières. Ce cordon est ou semi diaphane ou grisâtre, quelque- fois d’une teinte jaunätre ou rembrunie; mais ces nuances sont variables dans le même individu , sans qu’il soit fa- SUR LES HÉMIPTÈRES. 403 cile de s’en rendre raison. C’est ainsi que dans le Coré bordé je lai trouvé tantôt d'un gris obscur, tantôt d’un brun violet, sans que la pulpe adipeuse environnante re- vêtit ces mêmes nuances. Sa texture est charnue, assez résistante pour ne point céder aux tractions modérées exercées en sens inverse; mais Les plus fortes lentilles am- plifiantes n’y ont décelé aucune disposition fibreuse, et je n'ai jamais pu y constater le moindre mouvement de contraction ou de dilatation, quelque attentif que j'aie été dans l’exploration de cette propriété vitale. Je n’ai su non plus y reconnaître ancune trace de canal intérieur ou de cavité, aucun indice de cloisons ou d’étranglemens. C’est un tissu partout homogène et identique; seulement, comme Je lai déjà dit, la portion abdominale de ce cordon présente une ligne médiane plus claire et un peu enfoncée. Dans la splanchnologie des insectes, l'abondance des trachées qui se distribuent dans un organe est la mesure de son importance fonctionnelle, comme dans les grands animaux la richesse vasculaire et nerveuse indique le degré de vitalité des tissus. J'ai donc mis un soin parti- culier dans la recherche des vaisseaux aérifères qui se portent au cordon dorsal des Hémiptères, et J'ai trouvé qu'ils y étaient fort rares. À peine apercoit-on cà et là quelques petites branches trachéennes qui rampent à la surface, et plus spécialement sur les côtés de ce corden; et Je n’ai point reconnu qu’elles en pénétrassent le tissu. Je n'ai pas été plus heureux pour y découvrir des rameaux nerveux. Je n'entreprendrai point de faire ici le parallèle, trait pour trait, des divers caractères anatomiques assignés par les auteurs au prétendu vaisseau dorsal des insectes , et de ceux que Je viens d'exposer pour le cordon dorsal des Hémiptères ; cette analyse comparative des détails m’en- Dee. 404 RECHERCHES SUR LES HÉMIPTÈRES. trainerait au - delà des bornes de mon travail actuel. Il sera facile de se convaincre des nombreuses et essentielles différences qui existent entre elles. S'il s'agissait maintenant de s'expliquer sur les attribu- tions physiologiques de ce cordon, Je dirais qu’une pra- tique de vingt années dans la dissection des insectes ne m'a fait reconnaître en lui aucun des traits qui sont propres n1 à un appareil sécréteur, ni encore moins à un organe circulatoire. Je me rangerais donc de l’opinion de M. Cuvier, en considérant ce cordon comme le simulacre d’un organe déchu de ses fonctions, en un mot comme un vestige anatomique, et je me bornerais, pour appuyer ma manière de voir, à émettre les deux considérations suivantes. 1° C’est un fait établi, je crois, en principe, que dans les animaux où il y a une circulation générale d'air, celle- ci remplace ou exclut la circulation générale du sang ou d'un liquide analogue. Ces deux systèmes cireulatoires simultanés sont incompatibles. Je m’abstiens d’énumérer les conséquences qui découlent naturellement de cette proposition ; elles sont par trop évidentes. 2° J'ai déjà avancé que, dans l’échelle entomologique, les Hémipières, comme insectes suceurs, avaient une organisation moins compliquée, moins parfaite que celle des insectes broyeurs. La considération du cordon dorsal vient à l’appui de mon assertion, car il est encore plus simple, plus grêle, plus rudimentaire chez eux que dans les insectes à mandibules. ESSAI D'UNE CLASSIFICATION ANATOMIQUE DES HÉMIPTÈRES. Ainsi que je l’ai annoncé dans les premières pages de mon travail, Je vais présenter dans un tableau raccourci et dans un style aphoristique, les traits les plus saillans des appareils organiques des Hémiptères soumis à mon scalpel. Ce tableau sera, autant que le permet l’état actuel d’une science à peine ébauchée, l'expression des carac- tères anatomiques comparatifs des insectes de cet ordre avec ceux des ordres qui l'avoisinent dans le cadre ento- mologique. Dans cette exposition succincte, J'ai placé les appareils organiques suivant l’ordre de leur valeur dans la classification anatomique. Je ne me dissimule point limperfection de ce travail, et, son titre m'excuse d’a- vance; mais Je cherche à en démontrer la possibilité. CINQUIÈME ORDRE DES INSECTES HEXAPODES. HÉMIPTÈRES. Appareil sensitif composé d’un cerveau de deux gan- glions seulement, placés tous deux dans le thorax; d’un prolongement rachidien et de plusieurs paires symétri- ques de nerfs. 406 RECHERCHES Appareil respiratoire formé de stigmates toujours placés à la paroi inférieure du corps, et de trachées ou tubulaires ou utriculaires, quelques - unes constituant une espèce de parenchyme pulmonaire; une paire de stigmates pecto- raux, quatre, six ou sept paires de stigmates abdominaux. Appareil digestif constitué, 1° par des glandes sali- vaires, tantôt en sachets bi ou trilobés, tantôt en utricules agglomérées en pelotons ou en grappes, avec des bourses ou réservoirs Salivaires plus où moins développés ; 2° par un tube alimentaire de longueur variable selon le genre de vie, dépourvu de gésier et de papilles extérieures ou villosités, offrant plusieurs dilatations plus ou moins cons- tantes, et dans quelques familles, une portion récurrente qui, en venant s’aboucher de nouveau au point de départ, forme un véritable anneau ou cercle ; 3 par un organe hépatique consistant en une ou deux paires de vaisseaux biliaires, toujours insérés sur une seule partie du canal digestif, soit immédiatement, soit par l’intermède d’une ou deux vésicules biliaires (organe hépatique nul dans les derniers Hémiptères ); 4° par un tissu adipeux splanch- nique plus ou moins abondant suivant le genre de vie. Appareil génital composé, 1° dans le sexe male, d’une paire de testicules uni où multicapsulaires, de conduits déférens plus ou moins repliés, de vésicules séminales variables pour leur nombre et leur configuration, d’un canal éjaculateur, et d'une verge enfermée dans une ar- mure copulatrice ; »° dans le sexe femelle, de deux ovaires, dont les gafnes ovigères, tantôt en nombre déterminé, tantôt innombrables, sont uni ou multiloculaires; d’un oviducte, dun organe sébifique ; d'un oviscapte : dans plusieurs genres, enfin d'œufs de configuration et. de structure très diverses. (Génération vivipare dans les Aphidiens. ) SUR LES HEMIPTÈRES. 4o7 Appareil odorifique particulier à quelques familles d'Hémiptères, et s’abouchant au métathorax. Cordon dorsal consistant en un filet charnu simple, libre, excepté à ses deux extrémités, sans aucune trace de cavités ni d'étranglemens. SECTION L HAÉTÉROPTERES. Glandes salivaires formées le plus souvent de sachets bi, tri, ou quadrilobés, à lobes tantôt simples, tantôt divisés, munies de deux conduits efférens, dont l’un ordinaire- went plus long. Bourses salivaires dans plusieurs. Tube alimentaire n'ayant pas plus de trois ou quatre fois la longueur de l'insecte, pourvu d’un Jabot plus ou moins marqué, d'un ventricule chylifique dont la première dila- tation porte le nom d'estomac, d'un intestin proprement dit, ou sac siercoral toujours beaucoup plus court que le ventricule précédent. Deux ou quatre vaisseaux hépa- tiques avec où sans vésicule biliaire. Tissu adipeux splanchnique bien marqué. Testicules à nne, deux ou sept (rarement huit) capsules séminifiques plus ou moins allongées. Wésicules séminales tubulaires où utriculaires. Canal éjaculateur ordinairement court. Ovaires à quatre, cinq, sept ou huit gaines ovigères. Un appareil odori- Jique dans tous, constitué par une bourse sécrétrice qui s’ouvre à l'extérieur par un pore placé de chaque côté de la région pectorale du métathorax. FAMILLE PREMIÈRE. G£OCORISES. T'esticules à une ou sept (rarement huit) capsules sémi- nifiques. Ovaires à sept (rarement six ou huit) gaînes ovigères. Oviscapte nul dans les uns, apparent dans un petit nombre. OEufs operculés. 4oë RECHERCHES GENRE SCUTELLERA. Trachées en même temps tubulaires et utriculaires. Six séigmates abdominaux punctiformes. Le plus long des conduits eflérens des glandes salivaires très flexueux et uniformément capillaire. Quatre cordons valvuleux en- veloppant la dernière portion du ventricule chylifique. Une seule paire de vaisseaux hépatiques à anses. Une vésicule biliaire. Testicules unicapsulaires revêtus d’une tunique rouge. Deux sortes de vésicules séminales, les unes utriculaires, les autres tubulaires. Ovaires à sept gaines ovigères bi ou triloculaires. Espèce 1. Sc. nigro-lineata.— Six paires seulement d’utricules pneumatiques abdominales correspondantes aux stigmates. Lobe antérieur de la glande salivaire sim- ple, le postérieur digité. Deux vésicules séminales , utri- culiformes, et une quantité innombrable de vésicules tubulaires fort courtes. Espèce 2. Sc. maura. — Utricules pneumatiques en nombre indéterminé. Les deux lobes de la glande salivaire digités. Vésicules séminales au nombre de cinq, toutes tubuleuses, longues , filiformes. GENRE PENTATOMA. Les mêmes caractères que dans la Scutellera. Espèce 1. P. grisea. -— Les deux lobes de la glande sa- livaire très simples. Cordons valvuleux, avec une teinte rose, terminés en arrière par un renflement oliviforme. Une très grande vésicule séminale utriculiforme, et une quantité innombrable de vésicules tubulaires grêles et courtes. Cols des ovaires avec une collerette frangée. Esrèce 2. P. aparines. — Lobe postérieur de la glande salivaire, digité à sa base. Trois grandes vésicules sémi- SUR LES HÉMIPTÈRES. 409 nales utriculiformes, et une quantité innombrable de vésicules tubulaires courtes. Glande sébifique sphéroïdale. OEufs ovales- arrondis, briévement velus, à opercule en calotte. Espèce 3. P. ornata. — Six gaînes ovigères seulement à chaque ovaire. Oviducte gros et court, précédé d’une collerette frangée. OEufs en cylindre tronqué, à opercule plane, à péristome cilié. GENRE COREUS. Trachées toutes tubulaires. Six stigmates abdominaux punctiformes. Le plus long des conduits efférens de la glande salivaire renflé dans une grande partie de son étendue. Cordons valvuleux du ventricule ehylifique au nombre de deux seulement, ou nuls. Deux paires de vaisseaux hépatiques à bouts flottans. T'esticules com- posés de sept capsules séminifiques disposées en éventail. Une seule vésicule séminale utriculiforme fort grande. Ovaires à sept gaînes ovigères biloculaires. Esrèce 1. ©. marginatus. — Glande salivaire trilobée. Deux paires de bourses salivaires. Deux cordons valvuleux au ventricule chylifique. Conduit déférent du testicule renflé vers son milieu. Col de l'ovaire très allongé. OEufs en sphéroïde comprimé, tronqué latéralement. Un appa- reil des sécrétions excrémentitielles. Espèce 2. C. nugax. — Glande salivaire bilobée, à lobes simples. Deux cordons valvuleux au ventricule chy- lifique. Existence d’un oviscapte fort court, Espèce 3. C. hirticornis. — Glande salivaire quadri- lobée. Point de cordons valvuleux au ventricule chyli- fique. Esrèce 4. C. panzeri. - Idem. 4. Savans étrangers. 59 ro RECHERCHES GENRE 4LFDUS. Les mêmes caractères que dans le Coreus. EsPèce 1. À. geranii. —- Glande salivaire quadrilobée. Point de cordons valvuleux au ventricule chylifique. Une seule et très grande vésicule séminale utriculiforme. Tes- ticule flabelliforme de sept capsules séminifiques. Un ap- pareil des sécrétions excrémentitielles. Esrèce 2. 4. apterus. — Deux cordons valvuleux au ventricule chylifique. Testicule en faisceau conoïde de sept capsules séminiliques. GENRE PFRRHOCORIS. Trachées toutes tubulaires. Six stigmates abdominaux punctiformes. Glandes salivaires quadrilobées, avec les conduits efférens uniformément capillaires. Une seule paire de vaisseaux hépatiques à anse. Deux vésicules bi- liaires distinctes. Testicule flabelliforme de sept capsules séminifiques. Ÿ’ésicules séminales agglomérées, boursou- flées. Ovaire de sept gaines ovigères quadriloculaires.. Col de l’ovaire dilaté. GENRE LFGÆUS. Trachées toutes tubulaires. Six stigmates abdominaux. Conduits efférens des glandes salivaires uniformément capillaires. Une seule paire de vaisseaux hépatiques à anse. Une vésicule biliaire. Esrice 1. L. lagenifer. — Glande salivaire bilobée ; lobe postérieur divisé. Gaînes ovigères multiloculaires. Col de l'ovaire court et dilaté. Espèce 2. Z. hyosciami. — Glande salivaire trilobée, à lobes simples. Gaînes ovigères biloculaires. Col de l’o- vaire long. SUR LES HÉMIPTÈRES. ae GENRE CAPSUS. Trachées toutes tubulaires. Sept stigmates abdominaux. Glandes salivaires bilobées. Point de vésicule biliaire. Testicule en faisceau conoïde de huit capsules sémini- fiques. Conduit déférent capillaire. Deux paires de vési- cules séminales tubuleuses, filiformes , repliées. Ovaire composé de huit gaines ovigères. Un oviscapte bien mar- qué. OEufs allongés, tronqués. Glande sébifique com- posée d’un très grand réservoir utriculiforme, et d’un vaisseau sécréteur ramuleux. GENRE MJRIS. Ajoutez aux caractères du genre précédent : conduits efférens de la glande salivatre offrant un sinus à cinq branches. GENRE PAYMAT A. Trachées toutes tubulaires. Six stigmates abdominaux. Deux paires de glandes salivaires, Vune simple, l’autre bilobée. Conduits efférens fort courts. Une paire de vais- seaux hépatiques à anse. Point de vésicule biliaire. Point d’oviscapte. GENRE 4RADUS. Vaisseaux hépatiques réunis deux à deux avant leur in- sertion. Z'esticule formé d’un faisceau de cinq capsules séminifiques. Une seule paire de vésicules séminales. Quatre gaines ovigères pour chaque ovatre. GENRE C/ZMEX. Deux paires de glandes salivaires très simples, l’une à double conduit efférent excessivement court, l’autre à long conduit simple. Point de vésicule biliaire. T'esticule 52... h12 RECHERCHES flabelliforme, de sept capsules séminifiques. Conduit dé- férent renflé. Une paire de vésicules séminales utriculi- formes, terminées par un faisceau de tubes ramuleux. Canal éjaculateur court et dilaté. Ovaire de sept gaînes ovigères biloculaires. Col de lovaire tubuleux. OEufs pu- bescens, à opercule en calotte. Æppareil sébifique com- posé de deux utricules ovales. GENRE REDUVIUS. Deux paires de glandes salivaires, Vune à deux lobes et à deux conduits efférens courts, l’autre simple. Point de vésicule biliaire. Testicule Habelliforme de sept capsules séminifiques. Conduit déférent uniformément capillaire. Une seule paire de vésicules séminales filiformes, flexueu- ses. Opaire de sept gaînes ovigères biloculaires. Col de l'ovaire tubuleux. Oviducte dilaté. FAMILLE SECONDE. 4MPHIBICORISES. Trachées toutes tubulaires, très fines et assez rares. Deux paires de glandes salivaires, lune en sachet bilobé à un seul conduit eflérent , l’autre en utricules groupées, à deux conduits distincts. Une seule paire de vaisseaux hépati- ques à anses. Une vésicule biliaire. Testicules uni ou bicapsulaires. Conduit déférent inséré vers le milieu de la longueur du testicule. f’ésicules séminales nulles, rem- placées par des flexuosités et des renflemens du conduit déférent. Ovaire de quatre gaînes ovigères, longues et multiloculaires. OEufs oblongs, s'ouvrant par une fente longitudinale. GENRE G£RRIS. Lobes de la glande salivaire en sachet, terminés par des filets capillaires. Testicules bicapsulaires. Canal éjacula- teur de moyenne longueur. SUR LES HÉMIPTÈRES. 413 GENRE J’ELTA. T'esticules unicapsulaires, appendiculés. Canal éjacula- teur long, bulbeux à son origine. FAMILLE TROISIÈME. AYDROCORISES. Trachées toutes tubulaires et très fines, constituant dans quelques espèces une sorte de parenchyme pulmo- naire. Glandes salivaires tantôt en utricules agglomérées en grappes, tantôt en sachets bilobés. Une paire de vais- seaux hépatiques à anse. Point de vésicule biliaire. Une ou deux vessies natatotres. T'esticules à deux, cinq ou sept capsules séminifiques. Ovaires à cinq ou sept gaînes ovigères allongées, multiloculaires. GENRE NAUCORIS. Glandes salivaires utriculeuses , bilobées. Une paire de bourses salivaires allongées. Deux vessies natatoires. T'es- ticules à sept capsules séminifiques. Conduits déférens longs. Vésicules séminales les unes tubulaires, les autres utriculaires. Ovaire à sept gaines ovigères. Col de l'ovaire allongé. Un oviscapte. Esrèce 1. NN. cimicoides. — Testicule de sept capsules séminifiques allougées, égales entre elles. OEufs oblongs, obliquement tronqués à ieur bout antérieur. Espèce 2. IV. aptera.—Testicule de sept capsules sé- minifiques oblongues, dont trois fort petites, rudimen- taires. OEufs ovales non tronqués. GENRES N£EPA ET RANATRA. Deux sachets trachéens , comme parenchimateux, dans le thorax. Quatre paires seulement de stigmates abdomi- naux très grands, dont trois sont peut-être postiches. 414 RECHERCHES Glandes salivaires en grappes utriculeuses allongées, bilo- bées. Deux paires de bourses salivaires, dont l’une renflée vers son milieu. Cœæcum prolongé latéralement en une vessie natatoire. Testicules de cinq capsules séminifiques filiformes. Ovaires à cinq gaînes ovigères multiloculaires. OEufs terminés par des prolongemens sétiformes. Espèce 1. NV. cinerea. — Capsules séminifiques du tes- ticule, filiformes d’un bout à l’autre , et agglomérées, pour chaque côté, en deux pelotons. OEufs ovales, terminés par sept soies. Espèce 2. R.linearis.— Capsules séminifiques du testi- cule renflées à leur base et agglomérées en un seul fais- ceau. OEufs oblongs, terminés par deux soies. GENRE CORIXA. Six paires de stigmates abdominaux punctiformes. Une seule paire de glandes salivaires en sachets bilobés. Une paire de réservoirs terminés par une.poche globuleuse. T'esticule à sept capsules séminifiques allongées, subulées, agglomérées. Ovaire à sept gaînes ovigères. Esrèce 1. C. striata. — OEufs sphéroïdes subulés. Esrèce 2. €. hieroglyphica. — OEufs ovales -oblongs subulés. GENRE NOTONECTAÀ. Six paires de stigmates abdominaux punctiformes. Une seule paire de glandes salivaires en sachets bilobés, ayant des connexions directes avec les réservoirs. T'esticule à deux capsules séminifiques filiformes , plus ou moins roulées en spirale. Conduit déférent excessivement long et replié. Quatre paires de vésicules séminales filiformes. Ovaires à sept gaînes ovigères. OEufs oblongs. SUR LES HEMIPTÈRES. 415 SECTION IL HOMOPTÉRES. Trachées tubulaires et utriculaires. Glandes salivaires formées d’utricules agglomérées, d’où naissent des appen- dices (bourses?) filiformes. Tube alimentaire tantôt sous la forme d’un canal qui, sans interruption , se porte de la bouche à l'anus, tantôt ayant une portion récurrente qui vient s'implanter de nouveau au point de départ, et cons- tituer ainsi un anneau. Vaisseaux hépatiques tantôt au nombre de deux paires, à bouts flottans, tantôt à une seule paire annuliforme, tantôt nuls. T'esticule formé dans les uns par une agglomération de capsules séminifiques utriculiformes en nombre indéterminé, et tantôt constitué par quatre capsules sénunifiques distinctes. Ovatre com- posé d’un nombre indéterminé de gaînes ovigères agglo- mérées. FAMILLE QUATRIÈME. CICADAIRES. Deux paires de vaisseaux hépatiques à bouts flottans. Testicule formé par une agglomération de capsules sémi- nifiques, ovoïdes ou oblongues, en nombre indéterminée. Conduit déférent excessivement long. f’ésicules séminales toutes filiformes, très longues, reployées, peu nombreuses. Ovaire formé par une agglomération d’un grand nombre de gaines ovigères , bi, tri ou quadriloculaires. Un ovis- capte. GENRE C/CAD14. Deux grappes salivaires de chaque côté. Tube alimen- taire huit à dix fois plus long que le corps de l’insecte, ayant une portion récurrente qui forme un anneau. /ntes- tin proprement dit long et grêle. Une paire de vésicules séminales. Canal éjaculateur bulbeux à son origine. Ovaire 4106 RECHERCHES composé de plus de quarante gaînes ovigères biloculaires. Oviducte courbé en crosse, Oviscapte très développé. Ré- servoir de la glande sébifique fort grand. GENRE FULGORA. Une paire de glandes salivaires formées par un filet garni, sur un seul côté, d’utricules. Tube alimentaire n'ayant pas plus de trois ou quatre fois la longueur du corps de l’insecte, sans portion récurrente, annuliforme, mais coude latéralement. Testicule formé de capsules sé- minifiques oblongues, agglomérées en peloton. GENRE CZXIUS. Vaisseaux hépatiques réunis deux à deux avant leur insertion. Glandes salivaires en utricules agglomérées. Les autres caractères comme ci-dessus. GENRE ZSSUS, Vaisseaux hépatiques à quatre insertions distinctes. Les autres caractères comme dans le Crxius. GENRE ZEDRA. Une paire de glandes salivaires formées d’utricules ovoides agglomérées. Tube alimentaire cinq ou six fois plus long que le corps de l’insecte , ayant une portion ré- currente annuliforme. Dix à douze gaînes ovigères trilo- culaires, pour chaque ovaire. Réservoir de la glande sé- bifique pédicellé. GENRE CERCOPIS. Une paire de glandes salivaires, avec un grand nombre de bourses salivaires filiformes. Tube alimentaire comme dans la Ledra. Une trentaine de gaînes ovigères quadri- loculaires, à chaque ovaire. SUR LES HEMIPTÈRES. AU) GENRE 4PHROPHORA. Appareil digestif, comme dans la Cercopis. Une quin- zaine de gaînes ovigères, biloculaires à chaque ovaire. FAMILLE CINQUIÈME. PSYLLIDES. Bouche placée un peu en arrière de larticulation des pattes antérieures. Une paire de glandes salivaires formées par un petit nombre d'utricules sphéroïdes. T'ube alimen- taire à peine trois où quatre fois plus long que le corps de l’insecte, ayant une portion récurrente annuliforme. Quatre vaisseaux hépatiques excessivement courts, rudi- mentaires. T'esticule de quatre capsules séminifiques dis- tinctes. f’ésicules séminales utriculiformes. Ovaire formé d'un peloton de gaïnes ovigères nombreuses, unilocu- laires. OEufs munis d’un prolongement latéral en forme de bec. GENRE ISOLÉ. DORTHESIA. Bouche placée entre les articulations des pattes anté- rieures. Une paire de glandes salivaires à utricules rares et arrondies. 7'ube alimentaire trois fois plus long que le corps, ayant une portion récurrente annuliforme. Intes- tin grêle inséré sur le côté du cæœcum. Vaisseaux hépa- tiques formant deux colliers complets, insérés par un col commun. Opaire court, formé de dix à douze gaînes ovi- gères uniloculaires. O£'ufs pondus dans un sac fixé à la partie postérieure du corps de l’insecte où ils éclosent. 4. Savans étrangers. 53 418 RECHERCHES SUR LES HÉMIPTÈRES. FAMILLE SIXIÈME. APHIDIENS. Tube alimentaire à peine plus long que le corps de l'insecte, dépourvu de vaisseaux hépatiques, et sans portion récurrente. Génération vivipare. FIN. EXPLICATION DES PLANCHES DE L’'ANATOMIE DES HÉMIPTÈRES. ES > —— FIGURE I. PI.. Tête, appareil digestif, cordon dorsal et bout de l'abdomen fort grossis de la Scutellera nigro-lineata. aa, glandes salivaires avec les conduits excréteurs. bb, bourses salivaires déjetées sur les côtés pour être mises en évidence. c, première poche du ventricule chylifique ou estomac , précédée du jabot et de l'œsophage , suivie d'une portion tubuleuse fili- forme qui se termine par la seconde poche gastrique. d, cordons valvuleux du ventricule chylifique. ee, vaisseaux hépatiques s'abouchant à une vésicule biliaire. f, extrémité postérieure de l'abdomen d’un male. g, cordon dorsal dévié de sa direction naturelle. FIGURE 2. Portion encore plus grossie du tube alimentaire de ce même in- secte, pour mettre en évidence les cordons valvuleux du ventri- cule chylifique. a, seconde poche gastrique. b, cordons valvuleux au nombre de quatre. c, vésicule biliaire avec l’origine des vaisseaux hépatiques. d, intestin ou sac stercoral. FIGURE 3. Glande salivaire du mème insecte, vue par sa face inférieure, et considérablement grossie. 53. 420 EXLPICATION a, lobe antérieur de cette glande. b, lobe postérieur. c, trachée qui se distribue à la glande. d, conduit excréteur du lobe postérieur. e, conduit excréteur du lobe antérieur. FIGURE 4. Portion fort grossie du tube alimentaire de la Pentatoma grisea, pour mettre en évidence les cordons valvuleux du ventricule chylifique. a, portion filiforme de ce dernier organe. b, seconde poche gastrique. c, col de cette poche. d, cordons valvuleux au nombre de quatre. ee, portions des vaisseaux hépatiques, et vésicule biliaire presque affaissée , située au-dessous de l'organe. f, intestin ou sac stercoral. FIGURE 9. Intestin et vesicule biliaire de cet insecte vus en-dessous. La vési- cule est pleine et sphéroïdale. L'insertion des vaisseaux hépa- tiques y est brusque; celle de la vésicule avec l'intestin est en évidence. FIGURE 6. Portion considérablement grossie de l'extrémité postérieure d'un des cordons valvuleux du même insecte. On y voit les contrac- tures annulaires qui déterminent les valvules, le renflement olivaire, et sur un côté une portion membraneuse qui fait par- tie du tube alimentaire. FIGURE 7. Glande salivaire du même insecte considérablement grossie et vue par sa face inférieure. a , lobe antérieur. DES PLANCHES. + D A b, lobe postérieur. d, conduit excréteur du lobe antérieur. FIGURE 8 et O,. Glandes salivaires du même insecte vues par leur face inférieure, . t fournissant l'exemple de deux légères modifications dans la forme du lobe antérieur. FIGURE 1IO. Glande salivaire de la Scutellera maura, fort grossie, et vue par sa face inférieure. a, lobe antérieur. b, lobe postérieur. c, conduit excréteur du lobe postérieur. d, conduit excréteur du lobe antérieur. FIGURE 11. Glande salivaire fort grossie de la Pantatoma aparines. a, lobe antérieur. b, lobe postérieur. c, conduit excréteur du lobe postérieur. d, conduit excréteur du lobe antérieur. FIGURE 12. a, Hémélytre, et b, antenne, grossies de la Scutellera maura. FIGURE 13. PAT Tête, appareil digestif et extrémité de l'abdomen fort grossis du Coreus marginatus femelle. aa, glandes salivaires vues par-dessous avec les conduits excréteurs. bb, bourses salivaires au nombre de deux paires. c, portion tubuleuse et filiforme du ventricule chylifique, précédée de l'estomac, et suivie de la seconde poche gastrique. d, cordons valvuleux du ventricule. ee, vaisseaux hépatiques au nombre de quatre, s'insérant à une vésicule biliaire. 422 EXPLICATION f, intestin ou sac stercoral. FIGURE 14. tégion dorsale grossie de ce mème insecte, pour mettre en évidence les lobes médians des troisième et quatrième segmens. FIGURE 1. Glande salivaire du Coreus chloroticus fort grossie et vue par- dessous. a, lobe antérieur. b, lobe postérieur. c, conduit excréteur du lobe postérieur. d, conduit excréteur du lobe antérieur. FIGURE 16. Alydus geranii grossi. a, mesure de sa longueur naturelle. FIGURE I 7 Tête, appareil digestif et extrémité de l'abdomen fort grossis du méme insecte. aa , glandes salivaires avec leurs conduits excréteurs. bb, bourses salivaires au nombre de quatre. c, portion tubuleuse et filiforme du ventricule chylifique, précé- dée de l’estomac et suivie de la seconde poche gastrique. dd, vaisseaux hépatiques non entiers. e, sac stercoral. f; bout de l'abdomen. FIGURE 18. Alydus apterus grossi. a, mesure de sa longueur naturelle. b, abdomen d’une femelle avancée dans sa gestation. FIGURE 19. Tête, appareil digestif et extrémité de l'abdomen fort grossis de la Pyrrhocoris aptera. DES PLANCHES. 423 aa, glandes salivaires avec leurs canaux excréteurs. bb, bourses salivaires. ce, portion tubuleuse et filiforme du ventricule chylifique , précédée de l'estomac, et suivie de la seconde poche gastrique. dd, vaisseaux hépatiques. e, sac stercoral. FIGURE 20. Glande salivaire du même insecte fort grossie et vue par-dessous. . FIGURE 21. Portion considérablement grossie du tube alimentaire du même insecte. a, portion tubuleuse du ventricule chylifique. b, seconde poche gastrique. c, col de cette poche. dd, utricules vestigiaires. ee, vaisseaux hépatiques déroulés, avec les deux vésicules bi- liaires. J, sac stercoral. FIGURE 22. Tête et appareil digestif fort grossis du Ligæus lagenifer. aa, glandes salivaires avec leurs conduits ere bb, bourses salivaires. Cr Dion tubuleuse et filiforme du ventricule chylifique, précé- dée de l'estomac, et suivie de la seconde poche gastrique. dd, vaisseaux hépatiques déroulés , insérés à la vésicule biliaire. e, intestin ou sac stercoral. FIGURE 23. Région dorsale du corselet de ce mème insecte fort grossie, pour mettre en évidence un de ses traits spécifiques. FIGURE 24. Glande salivaire du même insecte, considérablement grossie et vue par-dessous. PL. II. 424 EXPLICATION a , lobe antérieur. b, lobe postérieur. c, conduit excréteur du lobe postérieur. d, conduit excréteur du lobe antérieur. FIGURE 25. Tube alimentaire fort grossi du Lygœus hyosciami. a, œsophage et jabot, b, estomac ou première poche du ventricule chylifique. c, portion tubuleuse de celui-ci. d, seconde poche gastrique et col qui la suit. ee, vésicule biliaire et origine des vaisseaux hépatiques. f, sac stercoral. FIGURE 20. Glande salivaire du même insecte fort grossie. a, lobe antérieur. b, lobe postérieur. c, conduit excréteur du lobe postérieur. d, celui du lobe antérieur. FIGURE 27. Tête et appareil digestif fort grossis du Miris Carcelü. aa , glandes salivaires avec leurs conduits excréteurs. b, estomac. c, seconde poche gastrique. di. vaisseaux hépatiques. e, intestin ou sac stercoral. FIGURE 28. Glande salivaire du mème insecte vue par-dessous, et considéra- blement grossie. a, lobe antérieur. > , lobe postérieur. C, Sinus des conduits excréteurs. d, bourse salivaire. & Qt DES PLANCHES. Le FIGURE 20. Tube alimentaire fort grossi du Capsus tricolor. a, estomac précédé de l’œsophage, et suivi de deux renflemens variables. bb, vaisseaux hépatiques. c , sac stercoral. FIGURE 30. Portion du tube alimentaire du même insecte considérablement grossie. a, seconde poche gastrique. bb, vaisseaux hépatiques non entiers. c, sac stercoral vu par-dessous , pour mettre en évidence le mode d'insertion latérale du ventricule chylifique, et celui des vais- seaux hépatiques. FIGURE 31. Glande salivaire du même insecte considérablement grossie et vue par-dessous. a , lobe antérieur. b, lobe postérieur. c, bourse salivaire. FIGURE 32. Bourse salivaire ? du même insecte beaucoup plus grossie. FIGURE 33. Hemélytre grossie du même insecte, pour servir à l'étude des ca- ractères génériques. FIGURE 34. PL. Tête et appareil digestif fort grossis de la Phymata crassipes. aa, glandes salivaires avec leurs conduits excréteurs fort courts. bb, bourses salivaires c, ventricule chylifique. dd, vaisseaux hépatiques déployés. e, sac stercoral. 4. Savans étrangers. 54 IV. 426 EXPLICATION FIGURE 34 bis. Patte antérieure du mème insecte fort grossie. FIGURE 39. Patte postérieure du même insecte fort grossie. FIGURE 36. Aradus avenius fort grossi. FIGURE 37. Mesure de sa longueur naturelle. FIGURE 38. Hémélytre et aile rudimentaire de cet insecte. l'IGURE 39. Patte antérieure fort grossie. FIGURE 40. Bout de l'abdomen du mâle. FIGURE 41. Larve fort grossie de cet insecte. FIGURE 42. Mesure de sa longueur naturelle. FIGURE 43. Tube alimentaire considérablement grossi du même insecte. a, œsophage. b, ventricule chylifique. c, vaisseaux hépatiques. d, sac stercoral. DES PLANCHES. 42 Le ] FIGURE 44. Tête, appareil digestif et bout de l'abdomen considérablement grossis du Cimex lectularius. aa, première paire de glandes salivaires. bb, seconde paire de ces glandes. c, estomac suivi de la portion tubuleuse du ventricule chylifique. dd, vaisseaux hépatiques non entiers. e, sac stercoral. J, bout de l'abdomen de la femelle. FIGURE 45, Glande salivaire du même insecte fort grossie et isolée, pour mettre en évidence la bifurcation des conduits excréteurs. FIGURES 46 et 47. Modifications de la seconde paire des glandes salivaires du même insecte. FIGURE 48. Tête, appareil digestif et bout de l'abdomen fort grossis du Re- duvius stridulus. aa, glandes salivaires, au nombre de deux paires, avec leurs con- duits excréteurs. b, portion tubuleuse du ventricule chylifique, précédée de l’es- tomac. ce, vaisseaux hépatiques déployés. d, sac stercoral. FIGURE 49. Première glande salivaire du même insecte considérablement grossie et vue par-dessous. a, lobe antérieur. b, lobe postérieur. ce, conduits excréteurs. FIGURE DO. Seconde glande salivaire de cet insecte considérablement grossic et vue par-dessous avec son conduit excréteur. Ge PL. 428 EXPLICATION FIGURE 51. Portion considérablement grossie du conduit excréteur de cette glande, pour mettre en évidence son tube inclus. FIGURE 2. Antenne fort grossie de cet insecte. a, rotule. FIGURE 53. Patte antérieure de cet insecte fort grossie et vue par-dessus. FIGURE D4. -Tibia et tarse de cette patte vus par-dessous. e, pelote en brosse. FIGURE 55, Nabis dorsalis fort grossi. FIGURE 96. : Mesure de sa longueur naturelle. FIGURE 57. Patte antérieure de cet insecte considérablement grossie. FIGURE 98. Pelogonus marginatus fort grossi. a, mesure de sa longueur naturelle. b, antenne. c, patte antérieure. d, patte intermédiaire. e, patte postérieure. FIGURE 58 bis. Tête, appareil digestif et bout de l’abdomen du Pelogonus mar- ginatus, considérablement grossis. a , Tète avec le bec dans un état d’extension forcée. DES PLANCHES. 429 bb, glandes salivaires. ce, réservoirs salivaires. d, première poche du ventricule chylifique. e, renflement de sa terminaison. J, cœcum. gg, vaisseaux biliaires. h, glande salivaire vue en-dessous. i, bourse salivaire. FIGURE 59. Gerris canalium, femelle très grossie. FIGURE 60. Mesure de sa longueur naturelle. FIGURE O1. Antenne de cet insecte considérablement grossie. FIGURE 62. Portion de cette antenne encore plus grossie. a, b, rotules ou articles supplémentaires. FIGURE 63. Un tarse de cet insecte considérablement grossi, pour mettre en évidence l'insertion des ongles ou crochets. FIGURE 64. Tête, appareil digestif et bout de l’abdomen du Gerris canalium considérablement grossis. aa , première paire de glandes salivaires. bb, seconde paire de glandes salivaires. c , estomac suivi d’une portion tubuleuse. d, seconde poche gastrique. ee, vaisseaux hépatiques déployés, et vésicule bilaire. f, sac stercoral. g, bout de l’abdomen de la femelle. PL. VIE: 430 EXPLICATION FIGURE 65. l’elia currens male fort grossi. FIGURE 66. Mesure de sa longueur naturelle. FIGURE 67. Antenne encore plus grossie. a, rotule. FIGURE 68. Patte antérieure très grossie. FIGURE 69. Patte postérieure du male très grossie. FIGURE 70. Abdomen de la femelle fort grossi. FIGURE 71. Glandes salivaires de cet insecte fort grossies. a, première glande. b, seconde glande. FIGURE 72. Tête et appareil digestif fort grossis de la Vaucoris aptera. aa, glandes salivaires. bb, bourses salivaires. e, estomac ou première poche du ventricule chylifique. d, portion tubuleuse de celui-ci. e, seconde poche gastrique. f, vaisseaux hépatiques déployés. 2 , sac stercoral, ayant à sa base les vessies natatoires. FIGURE 73. Tube alimentaire fort grossi de la Vaucoris cimicoides. DES PLANCHES. 457 a, œsophage. h, estomac singulièrement boursouflé, C, portion tubuleuse du ventricule chylifique. d', seconde poche gastrique. ee, origine des vaisseaux hépatiques. f, intestin grêle. g, sac stercoral, avec les vessies natatoires. FIGURE 74. Appareil salivaire grossi du même insecte. a, glande avec les deux conduits excréteurs. b, bourse salivaire. FIGURE 79. Patte antérieure grossie du même insecte. FIGURE 76. Patte postérieure du même. a, hanche avec les muscles. b, trochanter et cuisse. Celle-ci garnie au bord inférieur d’un duvet court et serré, et de deux rangées de spinules. €, tibia hérissé de plusieurs rangées longitudinales de piquans, et garni en-dessous de longs poils servant de nageoïire. Extrémité tarsienne du tibia comme pectinée par des piquans. d, tarse de deux articles allongés, presque égaux, garnis à droite et à gauche de longs poils ou barbes qui en font une véritable nageoire. . FIGURE 77° Ongles de ce même tarse longs, grèles, presque droits, concourant à la natation. FIGURE 76. Hémélytre grossie de la Naucoris aptera. Elle se termine en pointe mousse, est dépourvue de portion membraneuse, et d’une tex- ture coriacée uniforme. 43% EXPLICATION FIGURE 79. Hémélytre grossie de la Naucoris cimicoides. Elle est pourvue d'une portion membraneuse, et largement tronquée à son extré- mité. FIGURE 60. Aile grossie du même insecte. Elle est ployée comme dans le repos, et vue par-dessous. Îl n'y a que trois nervures. FIGURE BI. Tête et appareil digestif fort grossis de la Ranatra linearis. a, tète vue par-dessus et dans un état d'extension forcée. Bec de trois articles, nullement canaliculé en-dessus, servant de gaine au sucoir. À, sucoir considérablement grossi et dégagé de la gaîne. Il se compose de cinq pièces, et non de quatre seulement; savoir : deux à la base, plus courtes, plus larges, formant comme deux bractées engaînantes; deux autres sétiformes, canaliculées ; la ciuquième est la langue, sorte de stylet armé de dents dirigées en arrière. b, b, tendons cornés, ou tiges noires terminées par un faisceau de fibres musculaires, et destinées sans doute à mouvoir le sucoir. ce, glandes salivaires avec leurs conduits excréteurs. dd, bourses salivaires. e, ventricule chylifique. f, sac stercoral. g, vessie natatoire. hk, terminaison de l'intestin. iï, vaisseaux hépatiques déployés. FIGURE 82. Tête, appareil digestif et extrémité de l'abdomen fort grossis de la Vepa cinerea. a, tète dans un état d'extension forcée. bb, grappes salivaires. ce, bourses salivaires. d, ventricule chylifique , débutant par un estomac. DES PLANCHES. 433 e,inlestin. Jf, vessie natatoire, noirâtre. gg, vaisseaux hépatiques déployés. h, dernier segment de l'abdomen et siphon respiratoire. À , grappe salivaire plus grossie, pour mettre en évidence la texture granuleuse de la glande, les deux conduits excréteurs, et les deux bourses ovoïdes sessiles placées à Ja base de la grappe. B, petite bourse salivaire rétrécie en col en avant. FIGURE 93. PE. VIT Tête, appareil digestif et bout de l'abdomen fort grossis de la Corixa striata. a, tête vue en-dessous, Elle est concave, mince, en triangle obtus ; yeux grands, triangulaires, avec une rétine violette. bb, glandes salivaires. c, œsophage et jabot. d, ventricule chylifique, débutant par l'estomac. e, intestin. J, cœeum servant de vessie natatoire. gg, vaisseaux hépatiques déployés. k, bout de l'abdomen de la femelle. À, glande et bourse salivaires fort grossies. 1, glande. 2, bourse, B, portions de vaisseaux hépatiques considérablement grossies , pour mettre en évidence leurs flexuosités et varicosités. Dans l’une on a représenté la portion du vaisseau, qui, au voisinage de l'insertion au tube alimentaire, est plus grêle et non vari- queuse. C, antenne considérablement grossie, composée de trois pièces seulement, et non de quatre. FIGURE 84. Pattes très grossies du même insecte. a, patte antérieure. b, patte intermédiaire. ce, patte postérieure. 4. Savans étrangers. 55 _ Co Le EXPLICATION FIGURE 69. Corixa hieroglrphica fort grossie. FIGURE 80. Mesure de sa longueur naturelle. FIGURE 87. Hémélytre détachée et plus grossie de ce même insecte. FIGURE 88. Hémélytre détachée et fort grossie de la Corixa striata, Latr., pour l'étude comparative des mouchetures ou linéoles qui la distmguent de la précédente. . FIGURE GO. Tête et appareil digestif fort grossis de la Votonecta glauca. a, tète vue en-dessous et dans un état d'extension forcée. Elle est très largement ouverte, pour son articulation avec le thorax. Les bords de cette ouverture forment une saillie. Antennes dirigées en avant, courtes, de trois articles distincts. Bec de trois pièces. bb, glandes salivaires. ce, bourses salivaires. d, estomac ou premiere poche du ventricule chylifique. e, portion tubuleuse de celui-ci. f, seconde poche gastrique. g, vessie natatoire précédée de l'intestin. hh, vaisseaux hépatiques déployés. FIGURE 99: Modification de forme du tube alimentaire de cet insecte. L’esto- mac n’est point boursouflé, et la seconde poche gastrique est à peine marquée. FIGURE O1. Apoareil salivaire très grossi de cet insecte. D Üe DES PLANCHES. 435 a, glande. b, bourse. FIGURE O2. Portion de la même glande encore plus grossie, pour mettre en évidence l'insertion des conduits excréteurs. a, lobe antérieur. b, base du lobe postérieur. FIGURE O3. Portion considérablement grossie du tube alimentaire de cet in- secte, pour mettre en évidence l'insertion des vaisseaux hépa- tiques. a, seconde poche gastrique. bb, vaisseaux hépatiques non variqueux, dans le voisinage de leur insertion. Celle-ci a lieu en avant d’un léger bourrelet annulaire. C, intestin. FIGURE O4. Abdomen du même insecte, vu par sa face inférieure ou ventrale, afin de mettre en évidence et les stigmates et les barbes poilues qui servent de nageoires. Les trois derniers segmens ont une légère carène médiane, garnie à droite et à gauche de barbes. FIGURE O5. Patte postérieure de cet insecte grossie. a, hanche fort grande. b, trochanter. ce, cuisse garnie en-dessous d’une rangée d’aspérités. d, tibia hérissé d’aspérités noires, et garni en-dessous, ainsi que le tarse, de nageoires de barbes très fines. e , tarse de deux articles, allongés, presque égaux, et terminé par deux ongles longs, presque droits, fort gréles. FIGURE O5 , À. PL. VIII. Tête et appareil digestif médiocrement grossis de la Cicada orni. a, tête vue en-dessus, et dans une position horizontale forcée. bb, appareil salivaire. 50e 436 EXPLICATION c, œsophage ct Jabot. d, ligament suspenseur gastro-œæsophagien. e, anse duodenale du ventricule chylifique. f, cul de sac latéral de cette anse. g, poche du ventricule chylifique. h, prolongement intestiniforme de ce dernier. i, intestin. jjj , vaisseaux hépatiques. À, cœcuin. l, glandes excrémentitielles. m , dernier segment dorsal de l'abdomen du mâle. ñ, une glande excrémentitielle fort grossie. FIGURE O9, B. Portion considérablement grossie du tube alimentaire. a, œsophage. b, jabot. c, anse duodénale du ventricule chylifique. d, cul de sac latéral de cette anse. e, ligament suspenseur gastro-œsophagien. f, poche du ventricule chylifique, vue en-dessous, pour mettre en évidence les insertions des vaisseaux hépatiques , et celle du prolongement intestiniforme g. h, origine de l'intestin. i, vaisseaux hépatiques. FIGURE 05, C. Petite glande salivaire sublinguale considérablement grossie. FIGURE 95, D. Glandes salivaires considérablement grossies. FIGURE 09, E. Tête et appareil digestif fort grossis de l'Zssus coleoptratus. a, tète vue en-dessus; vertex large; point d’ocelles ; antennes in- sérées sous les yeux. DES PLANCHES. 437 bb, glandes salivaires. C, estomac. d, portion tubuleuse du ventricule chylifique, formant une anse à branches contigués. ee, Vaisseaux hépatiques. J, intestin. FIGURE O6. Tube alimentaire fort grossi du Cixius 5-costatus. a, œsophage. b, estomac. c, portion tubuleuse du ventricule chylifique, disposée comme celle de l’insecte précédent. dd, vaisseaux hépatiques. e , Intestin. FIGURE O7. Un vaisseau hépatique isolé et considérablement grossi du même insecte. FIGURE O6. Tête, appareil digestif et bout de l'abdomen fort grossis de l’4- phrophora salicina. aa, glandes salivaires. b, jabot. €, estomac ou première poche du ventricule chylifique. d, portion tubuleuse et récurrente de ce dernier. ee, vaisseaux hépatiques déployés. J; intestin. g, bout de l’abdomen femelle. FIGURE OO. Portion très grossie d’un vaisseau hépatique, pour mettre en évi- dence ses varicosités. FIGURE 100. Glande salivaire de ce même insecte considérablement grossie et vue en-dessous. aa, conduits excréteurs. PL. IX. 36 EXPLICATION ! FIGURE IOT. Glande salivaire du Cercopis sanguinolenta , vue en- dessous, et considérablement grossie. 1, glande proprement dite, ayant un lobe antérieur simple et un postérieur boursouflé. 222, bourses salivaires ? au nombre de huit. 5, conduits efférens. a, extrémité considérablement grossie d’une des bourses salivaires. b, portion extrêmement grossie d'un conduit efférent. FIGURE 102, Dorthesia characias femelle, fort grossie et dépouillée de son en- veloppe céracéo-amylacée. FIGURE 103. Mesure de sa longueur naturelle. FIGURE 104. Un œil considérablement grossi. FIGURE 10. Sac céracéo-amylacé, placé à l'extrémité de l’abdomen, et renfer- mant les œufs dans une bourre cotonneuse. FIGURE 106. Antenne de cet insecte grossie, composée de huit articles. FIGURE 107. Patte intermédiaire de cet insecte, fort grossie. ,; hanche conoïde courte. b, cuisse. c, tibia, avec quelques aspérités rares. d, tarse d’une seule pièce, allongée, terminée par un seul ongle allongé, presque droit. DES PLANCHES. 459 FIGURE 108. Appareil digestif fort grossi de cet insecte. aa , glandes salivaires. À , une ulricule isolée de la glande. b , rostre. c, œsophage. d, estomac. e, portion tubuleuse récurrente du ventricule chylifique. Jf, intestin grèle. g, cœCcum. hh, vaisseaux hépatiques. FIGURE 109: Vaisseaux hépatiques du même insecte, encore plus grossis a, portion tubuieuse du ventricule chylifique où se fait l'insertion hépatique. bb, vaisseaux biliaires , formant deux anses annulaires. FIGURE 110. Tête, prothorax, appareil digestif et extrémité de l'abdomen fort grossis de la Psylla ficus. a, œsophage. b, portion annulaire du ventricule chylifique. c, estomac, ou première poche c'e ce dernier. d, intestin. e, vaisseaux hépatiques. f, bout de l'abdomen de la femelle. g, portion récurrente du ventricule chylifique. FIGURE III. Hémélytre fort grossie de cet insecte. FIGURE I12. Aïle ayant à sa base une seule nervure discoïdale qui n’atteint pas son milieu , et à laquelle aboutissent deux antres nervures pres- que imperceptibles. PL. 440 EXPLICATION FIGURE 113. Patte postérieure fort grossie du même insecte. a, épimère terminé par une pointe épineuse. b, extrémité tarsienne du tibia , couronnée d’un côté par des dents. FIGURE 114. Tête, appareil digestif et bout de l'abdomen fort grossis de l'4phis papaveris. a, estomac. b, portion tubuleuse du ventricule chylifique. c, intestin. d, extrémité de l’abdomen. e, tête avec le vertex très large, et une petite apophyse derrière chaque œil. Antennes composées de sept articles principaux, dont les deux premiers sont courts, gros et noirs, et les autres longs et grèles ; l'avant dernier forme à son extrémité une petite saillie latérale; le dernier, qui est presque capillaire, paraît au microscope comme multi-articulé ou cloisonne. FIGURE 115. Portion du tube alimentaire de cet insecte, considérablement grossi. a, œsophage. b, estomac. c, portion tubuleuse du ventricule chylifique. FIGURE 116. Antenne considérablement grossie de lAphis longipes. FIGURE 117. Patte postérieure fort grossie de cet insecte. FIGURE 116. Appareil génital mâle fort grossi de la Scutellera nigro - lineata. aa ; testicules; celui de la gauche, ouvert à son extrémité pour mettre en évidence la pulpe spermatique qu’il renferme. DES PLANCHES. = + et bb, conduits déférens. ce, vésicules sémineles utriculiformes. dd, vésicules séminales tubuleuses. e, canal éjaculateur. f, armure copulatrice. FIGURE I 1G: Testicule du mème insecte dans un état de turgescence séminale particulière, et avec les trachées qui s’'épanouissent à sa surface. FIGURE 120. Appareil génital mâle fort grossi de la Scutellera maura. aa, testicules. bbbbb , vésicules séminales. c, portion de l'intestin. d, armure copulatrice. FIGURE 121. Portion encore plus grossie de ce même appareil. aa, conduits déférens des testicules. bbbb, vésicules séminales. c, bulbe du canal éjaculateur. d, canal éjaculateur. FIGURE 122. Appareil génital mle fort grossi de la Pentatoma dissimilis. aa , testicules. bb, conduits déférens. ce, grande et petites vésicules séminales. d', canal éjaculateur. e, armure copulatrice. J, portion du tube alimentaire. FIGURE 123. Portion considérablement grossie et déployée de ce même appareil, vue en-dessous. : aa, conduits déférens des testicules. bbb, vésicules séminales tubuleuses arbusculées. 4. S'avans étrangers. 56 442 EXPLICATION cc , autres vésicules séminales tubuleuses, insérées vers l'extrémité du bulbe du canal éjaculateur. dd, grande vésicule séminale utriculiforme. e, canal éjaculateur, débutant par un bulbe conoïde. FIGURE 124. Portion considérablement grossie et déployée de l'appareil génital mâle de la Pentatoma smaragdula. aa, conduits déférens des testicules. b, uu des groupes des petites vésicules séminales tubuleuses. c, un des groupes des grandes vésicules séminales tubuleuses. d, grande vésicule séminale utriculiforme. e, portion bulbeuse du canal éjaculateur. FIGURE 125. Appareil génital mâle fort grossi de la Pentatoma aparines. aa , testicules. bb, conduits déférens. ccc , vésicules séminales utriculiformes. dd, vésicules séminales tubuleuses agglomérées. e, armure copulatrice. J, portion du canal digestif. FIGURE 1206. Portion considérablement grossie du même appareil, vue en-des- sous, pour mettre en évidence le mode d'insertion des vésicules séminales, des conduits déférens et du canal éjaculateur. aa, conduits déférens. bbb, vésicules séminales utriculiformes. ce, origines des vésicules séminales tubuleuses. d, canal éjaculateur. FIGURE 127. Appareil génital mäle fort grossi du Coreus marginatus. aa , testicules. bb, conduits déférens. c, vésicules séminales. d, canal éjaculateur. DES PLANCHES. 443 ee, vaisseaux dépendant d’un organe des sécrétions excrémen- titielles. J, armure copulatrice et verge. g, Portion du canal digestif. FIGURE 126. Portion considérablement grossie de l’armure copulatrice de cet insecte. a, canal éjaculateur. b , pieces de l’armure. c, verge avec un vestige de gland et un prépuce cilié. FIGURE 129. Appareil génital mâle fort grossi de l’4lydus geranü. aa , testicules. bb, conduits déférens. c, vésicule séminale. dd, organe dépendant d'un appareil des sécrétions excrémenti- uelles. TL e, armure copulatrice. FIGURE 130. Portion considérablement grossie de ce mème appareil, vue de côté, pour mettre en évidence le mode de connexion de la vési- cule séminale avec les conduits déférens et le canal éjaculateur. a , conduits déférens. b, vésicule séminale. c, canal éjaculateur. FIGURE 131. Organe des sécrétions excrémentitielles du même insecte, considé- rablement grossi. FIGURE 132. Testicules considérablement grossis de l’4lydus apterus. a, testicule dont les capsules séminales sont groupées en un fais- ceau conoïde. b, le même, avec ces capsules étalées. c, conduit deférent. 56. PL. XI. 444 EXPLICATION FIGURE 133. Appareil génital mäle fort grossi du Pyrrhocoris aptera. aa, testicules. bb, conduits déférens. ce, vésicules séminales. d', canal éjaculateur. e, armure copulatrice. FIGURE 134. Appareil genital mâle fort grossi du Capsus tricolor. aa , testicules. b, conduits déférens. ce, vésicules séminales. d, armure copulatrice. e, portion du canal digestif. FIGURE 134, À. Testicule du même, avec les capsules séminifiques étalées. FIGURE 135. Appareil génital mäle fort grossi du Miris Carceli. aa, testicules. bb, vésicules séminales. ec, vésicule ? FIGURE 130. Appareil génital mäle fort grossi de l’Æradus avenius. aa, testicules. bb, conduits déférens. cc, vésicules séminales. d', bulbe du canal éjaculateur. e, armure copulatrice. FIGURE 137. Appareil génital mâle fort grossi du Cimex lectularius. aa , testicules. DES PLANCHES. 445 bb, conduits déférens. ce, vésicules séminales. d', canal éjaculateur. e, armure copulatrice. À , testicule dont les capsules séminifiques sont ployées sur deux rangs. FIGURE 137, À. Appareil génital mäle considérablement grossi du Pelogonus mar- ginatus. aa , testicules. bb, vésicules séminales. c, conduit éjaculateur. d', derniers segmens abdominaux du mäle. FIGURE 138. Appareil génital male fort grossi du Gerris paludum. aa, testicules. bb, conduits déférens ? et vésicules séminales. €, canal éjaculateur. d, armure copulatrice. e, portion du canal digestif. FIGURE 139. Appareil génital mäle fort grossi de la ’elia currens. aa, testicules. bb, conduits déférens et vésicules séminales. C, canal éjaculateur. d, armure copulatrice. FIGURE 140. Appareil génital mäle fort grossi de la Vaucoris aptera. aa , testicules. bb, conduits déférens. cec, vésicules séminales. d', canal éjaculateur. e, armure copulatrice. J, portion du canal digestif. PL. XII. 446 EXPLICATION FIGURE 141. Portion du mème appareil encore plus grossie, et vue en-des- sous, pour mettre en évidence le mode de connexion des vési- cules séminales et du canal éjaculateur. aa, portion des conduits déferens. bb , vésicules séminales latérales déployées. c, vésicule séminale intermédiaire. dd, renflemens utriculiformes des vésicules latérales. e, canal éjaculateur, débutant par un bulbe oblong. FIGURE 142. Testicule du même insecte, avec les capsules séminifiques étalées. a, capsules séminifiques principales. b , capsules séminifiques rudimentaires. c, portion du conduit déférent. FIGURE 143. Un des panneaux cornés et ciliés de l’armure copulatrice. FIGURE 144. Pièce principale de l'armure copulatrice du même insecte beau- coup plus grossie. ab, deux crochets très écartés ici, mais cachés l’un par l’autre dans l’état naturel de repos. e, pièce molle et charnue que l'on fait saillir par une compression expulsive, et qui est ou la verge ou le fourreau de celle-ci. d, pièce sous-jacente offrant en-dessus une paire de soies doubles, arquées , subuliformes, mobiles. e, pièce terminale de l'armure. ff, deux apophyses de celle-ci, où s’articulent les crochets a , b. FIGURE 145. Appareil génital male fort grossi de la Naucoris cimicoides. aa, testicules enveloppés de la membrane testiculaire. bb, conduits déferens. ce, vésicules séminales. DES PLANCHES. d, canal éjaculateur. e, armure copulatrice. FIGURE 145, À. + LS SI Testicule du même insecte, avec les capsules séminifiques déployées et à nu. a, ces capsules. b, conduit déférent. FIGURE 146. Portion de ce même appareil, vue au-dessous et déployée, pour mettre en évidence le mode de connexion des vésicules sémi- nales avec les conduits déférens et le canal éjaculateur. aa , conduits déférens. bb, vésicules séminales. cc, renflemnes utriculiformes de ces vésicules. d, canal éjaculateur. FIGURE 147, À. Appareil génital mâle considérablement grossi de la Vepa cinerea. aa , testicules dégagés de la tunique adipeuse, et dans un état de turgescence séminale. bb, conduits déférens. ce, vésicules séminales. d, canal éjaculateur. e, portion intestinale. J, armure copulatrice. FIGURE 147, B. Un testicule de cet insecte plus grossi et déroulé. a, capsules séminifiques. b, conduit déférent. c, vésicule séminale. d, canal éjaculateur. FIGURE 147, C+ Étui ou fourreau de la verge de cet insecte, grossi. considérablement aa, portions tronquées des conduits déférens des testicules. PL. XIII. 448 EXPLICATION b, portions tronquées des vésicules séminales. ©, canal éjaculateur. d, étui basilaire de la verge. e, lames spatulées. f, renflement sphéroïdal du fourreau propre de la verge. FIGURE 145. Appareil génital mâle fort grossi de la Ranatra linearis. a , testicule dans son état naturel. b, le même avec les capsules séminifiques étalées. c, vésicules séminales ? d, canal éjaculateur. e, armure copulatrice. FIGURE 1/49. Testicule de la Corixa striata, considérablement grossi, avec les capsules séminifiques étalées, et une portion du conduit défé- rent. FIGURE 150. Appareil génital mâle fort grossi de la Notonecta glauca. aa, testicules flétris ou non turgescens. bb, conduits déférens , l’un roulé en boucles, l’autre déployé. cecccc, vésicules séminales un peu flasques. dd, autre paire de vésicules séminales ordinairement engagées dans les circonvolutions du conduit déférent. e, Canal éjaculateur. f, armure copulatrice. g, portion du canal digestif. FIGURE 11. Un testicule du même insecte, considérablement grossi, dépouillé de sa tunique testiculaire, et dans un état de turgescence sper- matique très prononcé. FIGURE 192. Le même organe encore plus grossi, plus turgescent, pour mettre DES PLANCHES. 449 en évidence sa texture fibrillaire intérieure, et la manière dont se forme le conduit déférent. FIGURE 152, À. Appareil génital mâle fort grossi de la Cicada orni. a, testicules. bb, conduits déférens. cc, vésicules séminales. d, canal éjaculateur. e, portion de l'intestin. J, armure copulatrice. g, anus. h, verge. FIGURE 152, B. Un testicule considérablement grossi et mis à nu. a, capsules séminifiques. b, portion du conduit déférent. c, un groupe isolé et encore plus grossi des capsules sémini- fiques. FIGURE 193. Portion de l'appareil génital mâle fort grossi de l’4phrophora salicina. a, un testicule avec les capsules séminifiques étalées. À , une de ces capsules isolée. b, conduit déférent. cc, vésicules séminales. d, tige commune aux vésicules séminales. B, portions des conduits déférens et du canal éjaculateur. FIGURE 154. Appareil génital fort grossi de l’Zssus coleoptratus. aa , testicules. bb, conduits déférens et épididymes. cc, vésicules séminales. d, canal éjaculateur. } + _ Savans étrangers. 57 BL XIVe 45o EXPLICATION FIGURE 195. Un testicule du même insecte, dont les capsules séminifiques dé- pouillées de la tunique testiculaire sont étalées, et dont les replis épididymiques sont à nu. FIGURE 1906. : Appareil génital mäle fort grossi du Psylla ficus. aa, testicules avec les capsules séminifiques à nu. bb, conduits déférens. ce, vésicules séminales. d, armure copulatrice. FIGURE 157. Extrémité de l'abdomen de la Scutellera nigro-lineata femelle, fort grossie et vue en-dessous, pour mettre en évidence la forme et la disposition des pièces vulvaires. aa , dernier segment stigmatifère de la région ventrale. bb, portion de l’avant-dernier de ces segmens. c, ensemble des écailles qui constituent l'appareil vulvaire. 11, écailles antérieures constituant les panneaux ou lèvres de la vulve. 22, écailles intermédiaires. 35, écailles postérieures. 4, plaque médiane. FIGURE 158. Appareil génital femelle fort grossi de la Scutellera nigro-lineata. aa, ovaires avec les gaines ovigères groupées en faisceau. b, oviducte. c, glande sébifique. d, derniers segmens dorsaux de l’abdomen. FIGURE 199. Portion de l'appareil génital femelle fort grossi de la Scutellera maura. a, origine tronquée de six gaines ovigères. DES PLANCHES. A5x b, la septième de ces gaines entière. ce, poches vésiculaires appartenant à l'appareil sébifique. d, collerette de vaisseaux tubulaires, placée de chaque côté de l'origine de l’oviducte, — d* la même partie très grossie. e, oviducte sur lequel on voit la glande sébifique. J, glande sébifique détachée et considérablement grossie, à tra- vers les parois de laquelle on aperçoit un corps inclus. FIGURE 160. Gaines ovigères et œufs grossis de la Pentatoma grisea. a , gaine ovigère à trois œufs. b, gaine ovigère à deux œufs. c, œuf considérablement grossi. FIGURE 101. Diverses parties de l'appareil sébifique de cet insecte. a , la glande dans son état naturel, fort grossie. b, la même, avec sa tunique extérieure ouverte et renversée sur les côtés, de manière à mettre en évidence le réservoir. c, filet de l'axe de la glande considérablement grossi. dd, gland sécréteur. FIGURE 162. Gaine ovigère et glande sébifique fort grossies de la Pentatoma smaragdina. a, une gaine ovigère à six loges. b, glande sébifique. c, filet de l'axe de la glande considérablement grossi FIGURE 163. Glande sébifique fort grossie de la Pentatoma aparines. FIGURE 164. Appareil génital femelle fort grossi de la Pentatoma ornata. a, ovaire dans l’état naturel, groupé en faisceau. b, ovaire avec les gaînes ovigères étalées. 0% EXPLICATION & 45 c, calice de l'ovaire. d, collerette de vaisseaux tubulaires. D, ceux-ci isolés et plus grossis. e, oviducte et glande sébifique. E, cette dernière isolée et plus grossie. J, dernier segment dorsal de l'abdomen. FIGURE 165. Un œuf du même insecte, considérablement grossi. a, œuf ferme. b, œuf dépourvu d’opercule et vide. c, opercule détaché. FIGURE 166. Appareil génital femelle fort grossi du Coreus marginatus. a, ovaire dans l'état naturel, les gaines ovigères groupées en faisceau. b, ovaire à gaines étalées. ce, cols des ovaires. dd, vaisseaux sécréteurs de la glande sébifique. e, derniers segmens dorsaux de l’abdomen. J; portion d’intestin. g, œufs pondus. PE. XV: FIGURE 107. Abdomen fort grossi du Miris Carcelü , vu en-dessous, pour mettre en évidence les stigmates et la structure des pièces vulvaires. À, oviscapte détaché. FIGURE 168. Appareil génital femelle fort grossi de ce mème insecte. a, ovaire dont les gaines ovigères sont groupées en faisceau. b, ovaire à gaines ovigères étalées. c, glande sébilique. d, bout dorsal de l'abdomen. FIGURE 160. Portion tronquée et grossie d'un ovaire du mème insecte, pour . DES PLANCHES. 453 mettre en évidence le nombre et la disposition des gaînes ovi- gères. a, calice de l'ovaire. b, col de l'ovaire. c, œuf. FIGURE 170. Appareil génital femelle considérablement grossi du Cimex lec- tularius. aa, ligamens suspenseurs. bb, ovaires dans un état de gestation peu avancée, les œufs étant ovales et gros. ce, appareil sébifique. d, see segmens de l'abdomen. FIGURE 171. Un ovaire à terme, avec les gaines ovigères étalées et un œuf dans le calice. FIGURE 172. Gaine ovigère vierge ou infécondée. FIGURE 173. Un œuf pondu et grassi. FIGURE 174. Le même encore plus grossi, avec son opercule détaché. FIGURE 174, À. Appareil génital femelle considérablement grossi du Pelogonus marginatus. aa, gaines ovigères infécondes ou vierges. bb, cols des ovaires ou oviductes propres. c> Cvdecte commun. d, appareil sébifique de l’oviducte. e, derniers segmens abdominaux de la femelle. PL. XVI. 454 EXPLICATION FIGURE 175. Appareil génital femelle fort grossi du Gerris canalium. aa, ovaires à terme. b, glande sébifique. ce, bout de l’abdomen. d, portion d’intestin. FIGURE 176. Une gaîne ovigère du même insecte, isolée et à terme. FIGURE 1797. OEufs fort grossis du Gerris paludum , placés sur un brin d'herbe aquatique. a, une coque d'œuf d’où venait de sortir une larve de Gerris , avec une dépouille membraneuse à son ouverture. b, un Gerris grossi, immédiatement après sa naissance. FIGURE 170. Larve de ce Gerris considérablement grossie. Elle n'a apres sa naissance qu'une ligne et demie de longueur. La forme de son corps est ovale, elliptique, pointue en arrière. La iête et les antennes proportionnellement plus grosses que dans l'adulte ; l'abdomen couft, marqué de stries transversales qui sont l’in- dice de segmens: Les pattes postérieures, qui sont bien plus courtes que les intermédiaires, semblent insérées au bout de l'abdomen, parce que la région sternale du métathorax se pro- longe en arrière ; les tarses paraissent d’un seul article. FIGURE 170. Appareil génital femelle fort grossi de la Vaucoris cimicoïides. aa, ovaires très avancés dans la gestation. bb, cols des ovaires. ec, glande sébifique. d, oviducte. e, pièces vulvaires et copulatrices. J, oviscapte. DES PLANCHES. 455 8, le même, détaché et encore plus grossi. h, œuf très grossi. FIGURE 180. Gaine ovigère fort grossie de la Naucoris aptera. FIGURE 181. OEufs de cet insecte fort grossis, et pondus sur une tige aquatique. FIGURE 1682. Texture de la coque de ces œufs considérablement grossie. FIGURE 183. Appareil génital femelle fort grossi de la Ranatra linearis. aa, ovaires très avancés dans la gestation. bb , ligamens suspenseurs. cc, calices des ovaires. d, oviducie. e, glande sébifique. f, vessie natatoire et intestin. g, pièces vulvaires. k, anus. i, Oviscapte. k, pièce qui l'accompagne. l, œuf fort grossi. FIGURE 104. Appareil génital femelle fort grossi de la Vepa cinerea. a, un ovaire très avancé dans la gestation. b, ligament suspenseur. cc, calices et cols des ovaires; l’un est tronqué. d, oviducte. e, glande sébifique. f, vessie natatoire et portion d’intestin. g, pièce vulvaire et copulatrice. hk, anus. PE EXVIT, 456 EXPLICATION i, Oviscapte. Æ, œuf considérablement grossi, couronné par sept soies. FIGURE 185. Un ovaire fort grossi de la Corixa striata. a, gaines ovigères multiloculaires b , col de l'ovaire. c, oviducte. d, ovulaires. e, ligament suspenseur. ; FIGURE 166. OEufs considérablement grossis de cet insecte, placés sur un brin d'herbe aquatique. FIGURE 187. OEufs considérablement grossis de la Corixa hieroglyphica, placés sur un brin d'herbe aquatique. FIGURE 198. Appareil génital femelle fort grossi de la Cicada orni. aa, Gvaires dans un état avancé de gestation. bb, cols des ovaires, ou oviductes propres. c, oviducte commun, courbé en crosse à son origine. ddd, vaisseaux sécréteurs de la glande sébacée de l’oviducte. e, réservoir de cette glande. Jf, ligamens suspenseurs des ovaires. g, portion de l'intestin. k, dernier segment dorsal de l'abdomen. B, une gaine ovigere isolée. FIGURE 160. Portion considérablement grossie d’un des ovaires de cet insecte, étalée, pour mettre en évidence ses divisions ramifiées. FIGURE I 90. Appareil génital femelle fort grossi de la Psylla ficus. DES PLANCHES. 457 aa, ovaires très avancés dans la gestation. bb, cols des ovaires. c, utricule de l'appareil sébifique. d, corps appartenant peut-être au mème appareil. e, bout de l'abdomen de la femelle. FIGURE IOT . Gaïne ovigère considérablement grossie de la Psylla ficus. a, œuf à terme, tel qu'il était dans la gaîne, mais représenté de manière à mettre en évidence son bec. bc, œufs pondus. FIGURE 192. Tube alimentaire , ovaires et extrémité de l'abdomen considérable- ment grossis de l’Æphis rosæ. a, œsophage. b, estomac. c, portion filiforme qui se termine en arrière par une poche in- testinale. dd, ovaire où l’on distingue et des œufs et des fœtus. ee, appendices tubulés de l'abdomen. f, appendice anale. pe FIGURE 103. Corps de la Pentatoma smaragdina femelle considérablement grossi et vu par sa région inférieure, pour mettre en évidence les stigmates et les ostioles odorifères. aa, stigmates thoraciques. bb , ostioles odorifères. 1, 2, 5, 4, 5, 6, les six paires de stigmates abdominaux, La pre- mière paire n’est apparente que par une excision pratiquée à la lame du métathorax qui la recouvre habituellement. c, pièces vulvaires. FIGURE 1094. Paroi ventrale de l’abdomen de la Scutellera nigro-lineata , vue par sa face viscérale et fort grossie, pour mettre en évidence l'appareil respiratoire et la bourse odorifique. 4. Savans étrangers. 58 458 EXPLICATION a, bourse odorifique. 1, 2,3, 4, 5, 6, les six paires de trachées utriculaires prenant nais- sance aux stigmates. FIGURE 105. Une des tiges considérablement grossie et renversée du siphon respiratoire de la Vepa cinerea. a, Stigmate caudal et origine du tronc principal de l'appareil tra- chéen. FIGURE 204 (1). Cordon dorsal considérablement grossi de la Pentatoma grisea. a , extrémité céphalique. b, portion thoracique. c, portion abdominale. d, extrémité postérieure. FIGURE 20). Organe des sécrétions excrémentitielles considérablement grossi du Coreus marginatus. Cet organe existe dans les deux sexes, et est situé tout-à- fait au-dessous de l’appäreil génital et au bout de l’abdomen. a, vaisseau sécréteur aggloméré. b, le mème déployé. Ces vaisseaux, d’une finesse capillaire, et très fragiles, offrent ça et là quelques rameaux courts irréguliers ; ils sont souvent entremêlés avec les vaisseaux hépatiques, dont ils diffèrent sur- tout par leurs rameaux et leur extrême capillarité. ce, bourses ou réservoirs. Chacun des vaisseaux débouche en arrière dans une vésicule ovoïide ou oblongue, suivant son degré de plénitude, et les deux vésicules confluent en arrière pour s'ouvrir ou dans le rectum ou dans le voisinage de l'anus. (1) La disposition des dessins sur le cuivre a obligé de reporter à la PI. XVIII les n°* 196 et suivans. DES PLANCHES. 459 FIGURE 206. Deux espèces du genre Gregarina considérablement grossies, trouvées dans le tube intestirial de la Phymata crassipes. a, Gregarina elongata. Nob. b, Gregarina globosa. Nob. FIGURE 106. PL. XVIII. Appareil respiratoire très considérablement grossi de la Vepa ci- nerea. Toute la paroi dorsale du thorax et de l'abdomen est en- levée, pour mettre en évidence et les stigmates et les trachées. aaa, les faux stigmates vus par leur face interne, avec le tronc trachéen secondaire qui s’insère à leur bout antérieur. b, stigmate caudal ou du siphon respiratoire. Une portion de celui- ci est représentée détachée de l’abdomen et dans une position renversée, pour mettre en évidence ses orifices respiratoires et le tronc principal des trachées qui y prend naissance. (l’oyez PI. XVII, fig. 195.) cec, insertions borgnes et à nu des troncs trachéens secon- daires, correspondant aux 1°", 2° et 6° segmens ventraux de l’ab- domen. dddddd, deux trachées naissant du tronc secondaire, et destinées l’une aux organes , l’autre à former une arcade de communi- cation. e , sachet utriculiforme visible à l'extérieur et recevant du tronc principal une trachée particulière. f, trois trachées destinées aux ailes et élytres, aux pattes inter- médiaires et aux postérieures. g, sachet musculo-trachéen sous-scutellaire. 11 est représente ici déplacé de sa position ordinaire, qui devrait être immédiate- ment à côté de la ligne médiane du corps. Ce déplacement a pour but de mettre en évidence d’autres #achets qu’il recouvre ordinairement. » h, sachet musculo-trachéen et utriculaire méiathoracique. ü, Deux utricules appartenant au sachet précédent. ï, utricule trachéenne isolée. £, sinus trachéen central formé par la confluence de quatre tra- chées. 58. PL. XIX. 460 EXPLICATION L, trachée destinée aux pattes antérieures. m , faisceau de trachées destinées à la tête. n, portion de la tête. 0, portion de la patte antérieure. p;, portion d’hémélytre. q, portion des pattes, intermédiaire et postérieure. FIGURE 197. Un faux stigmate vu par sa face externe et fort considérablement grossi. FIGURE 198. Un faux stigmate vu par sa face interne et fort considérablement gross. FIGURE 109: Un sachet musculo-trachéen sous-scutellaire fort considérable- ment grossi. Son bout antérieur entier avec la calotte cornée où il s'insère; son bout postérieur déchiré de manière à mettre en évidence sa texture parenchymateuse. FIGURE 200. Trachée en panache fort considérablement grossie, formant le tissu parenchymateux du sachet précédent. FIGURE 201. Appareil nerveux considérablement grossi de la Pentatoma grisea. a, ganglion céphalique. bb, bulbes des nerfs optiques principaux. ce, rétines et nerfs optiques doubles des yeux à réseaux. dd, rétines et nerfs optiques des ocelles. ee, trois paires de Me naissant du ganglion céphalique et des- tinés aux diverses parties du bec. JF, une paire de nerfs naissant de l'origine du prolongement ra- chidien. gghh, nombreuses paires de nerfs naissant des ganglions thora- ciques. DES PLANCHES. 46: ü, quatre paires de nerfs récurrens, naissant du prolongement rachidien abdominal. jj, continuation de ce dernier. kk, quatre paires de nerfs terminant le prolongement rachidien. FIGURE 202. Appareil nerveux considérablement grossi de la Vepa cinerea. a, ganglion céphalique. bb, rétines et nerfs optiques. c, œsophage qui s'engage dans le collier du prolongement rachi- dien. dd, paires de nerfs qui naissent du ganglion prothoracique. ee, paires de nerfs qui naissent du ganglion métathoracique. fl, paires de nerfs naissant du prolongement rachidien. gg, paires de nerfs qui terminent le prolongement rachidien. FIGURE 203 (1). Appareil nerveux considérablement grossi de la Cicada orni. a, ganglion céphalique. bb, rétines et nerfs optiques des grands yeux. ce, rétines et nerfs optiques des ocelles. dd, paires de nerfs naissant des ganglions thoraciques. ee, paires de nerfs naissant du prolongement rachidien abdo- minal. ff, paires de nerfs qui terminent le prolongement rachidien et qui se distribuent principalement aux organes de la généra- tion. OR UT LS Re Se (1) Forez à la Planche XVII l’explication des n°* 204, 205 et 206. FIN DES RECHERCHES SUR LES HÉMIPTÈRES. L à e 7! } L EL GTR <0Tt tar ul e Fe 4 CAN ; natomie. des Hempteres. davans Ltrangerr ge 41. PIE il; L -6 | à L É il Léon Dulour Pinxit P.Dumenil Direx. ë ICS 1 : " ve / D - : Fig. 5 Scutellera nigro-lineata = Fig. 4-9 Pentatoma SrISCA . | AL Re Fe LE Se © ie. 10 et 12 DC. maura = lie nn Pent.aparines ; e ee) 3 — . A 4 () ? ” «. Ll Fe Anatomie des Hémipteres. : Javans Ltrangers age 262 PA. I. lg (AA AM P.Duménil Direxil Leon Dufour Pinxit. - . x À = { : j : ER ‘1e.13, 14 ( OPCUS mareinatus = Pre 19 ( Of. chlorotieus le 16,17 Alvdus L'EPATIL, © © 1 n © \ Mg. 18 A apterus = fie: 19- 21 Pvrrhocorts aptera. Anatomie des Fémiptéres dapans Litrangers lage L01 PAT LIT IT -.Æ a as Sn . Zig 29 Léon Dufour Pinxal : —————— = FA P.Duménil Diresit . ni * v » # : Li è : À ne . PERS . AE & one (Aa x nf > OSCIÉ fo. 27 20 \Miris careelri. À Fig. 2 -#é ie ULS ligenifer * IS: 29, 26 Lg hvoscrami | 19 D ce "a V à s D UN / DÈE PAR < . # 2er 20-59 Capsus tricolor. l'A Anatomie des Hémipteres Jd'avanr Ltrangers Page Lér PAEAIVE ÿ FER O7- I # l'ig. IE Léon Dufour Hinxit. Fe. 34 D 44 35 Phvmata crassipes- lis 56-45 Ara dus avenius A7 Ci INExX dec lularius - Fig. 48-54 Reduvius stridulus PDuménil Direxit. Anatomie des émiptères. J'avarr L'trangers Page Zü1 RATE er 7 RS ee Î 71 62 Pig. Or. U PE Fig. 56. l'A es 1 7 SE Leon Dufour Pinxt, P. Dumenil Divex!. U) ce Nabis Tec Pel ©? TES : Fig.55-57_! ADIS Dorsälise Fie 56 FC OONUS Marginatus ‘ = : F AVENE : =l'is.59-64 Gerris € analrum 2e 65-71 Velia Currens des Hémiptères . d'uvans Etrangers Page 46. P\NA. 17 - . | | 272 272 AL Pas 4 di % \ À Léon Dufour Pinx! D, Dumenil Direx! ns - à + _ Pig. 2e, 58 NAUCOPIS Aptera-fig 78-677 79080 NAUCOPIS Cimicoïdes . =Hno.Ôr Ranatra Linearis = Fig. 82 Nepa Cincrea J'wanr Etrangers Paye 461. PL-VN. _ Anatomie des Hémuptères. Fig. 90 SS es & > Fe & XX Haine WI ose Vtt Fened B/Zig.83) C Fig. 88.) Alig. 88.) Lig.95. À / ; 2 { d a » 7 fran 4 Fig. 85, 84 et 88 COTIXA striata. = Fig. 85-87 Cor. hicrowlyphica. D ’ - : SE -lig 69-95 Notonecta glauca. V.Dumenil Direxit. Anatomie des Hémipteres . Jd'avans Etrangers fage br. PILNU, Bg.95° À », Lig.96. i AT a b € d c d : Fig. 99 À : j . L Léon Dufour Pinxit ps Duménil Direxit Fo. 90 A 90 D'Cicada orni.=lo. 95 FE [ssus coleoptratus. (SE Ê "SU 1 j Fe 96.97 Cixius d-costatus. = fo. 98-100 Aphropho ‘A salicina. Anatouie des Hémipiéres. F ig. 102 Fig.101. J | fi | ; Pre uss: | ai | ! ? K liq. 12. Fig. 109. éon Dufour Pit, P. Duménil Divexit Fig. 101 ( ercopis Sano'uinolenta. - [107.102 - 109 Dorthesia characias - io. no -n5 Psvlla fcus. - Fo. 14,115 Aphis Papaveris. - lot. n6, nr \phis longipes. de | D = Se Anatomie des Hémiptères (RER J'avans Ltrangers fage 461. PL.X. ig.r20 Lig.228. | \ Q Lu Tr … { Le... ï P.Duménil Diet Léon Dufour Pinxil - « 1 : : a remets er PEN à Dissunilis Tie.:24 Pen. Fig. u8, n9 Seutcll GPA Nivrolineata Me. wo,1 D CUL.Maura ie 122, 129 | CnEaloma Dissimilis 1g. 124 Smaragdula Kg. 125, 126 Pent. Aparmes - Fig, 127, 120 Coreus Margimatus-fie 129-101 Alvd US Gerann-Mg 192 Ah d. ie # Aptlerus . 1% » Ÿ des Hemiptères : ; Javans Etrangers Paye 461. 2 172 207) L'ig 156. \ À ‘# DRE | _ Léon Dufour Pinxit P. Domenl Dirext + 133 Pvrrhocoris Aptera = Mig 154 C APSUS Ticolor-Fie 159 Miris Careelü =Mg. 136 Aradus Ave - nius Fig. 137 Cimex DER =M ig. 187 À. Pelosonus Marginatus = Fig. 58 Gerris Paludum = Fig 199 | “ : Velii Cur rens . TT UT ré et ” x à. Javans Etrangers Page 7, PI. XIL —— >» Lig. 141 CR : | PDaEnIDE RE | Fig. 140-144 Naucoris Aptera = lg. 145,146 Naucoris Cimicoides =Fig. 147 AB. C. Nepa Cinerea = Fig 148 Rana s -{ra Lincanis. . FOR ALT DU : mme LES ERECRL D à = y re “Ne NN .. Javans Ætrangers lage 461 VI XI L'Eg 153 Fig 158 A EN à L'ig 186 Léon Dufour Pinxit. P. Dumenil Direxit Ke. 149. (6 OPIXA Striata IUT 15012 Not Ooneeta Glauca re 152 À et B. Cica d & Orn =Rg. 199 Aphro , - UE Sr Ee 5 mm. pe D. " - phora Salieina 2 Fo 154,155 Issus Colcoptratus=le 156 | svlla Kicus. > - $ Anatonue des Heémipteres " : Javans Etrangers Jage 461. PL XW 2 En | 1 , | ve € 27. 197 Li 229 DE Dis = 4 Fig. 158 \ Lg 160 \ « . 4 A D, | [1/00 ne : en er {\\ -..æ | d- \ Z &* | Le d 2 ; 2 : 2: luy. 70 A lg. br ee Jo... d c dé) [22 ê Lig. 203 ère Z | /ig.160 l'ig. 104 liy. 205 « a k Cr SI Lu 1 € , ‘ &- Lt NT € 5 D Il d.- | d 14 Pan / | e | & ‘ Ve Leon Dufour Pinxit PDunenl Direxit -. à ) Fig. 157 108 Sc uteller la Nigro-lineata = lie 159 GE Maura Fe 166, 161 Pentaloma Grisea = le 162 | ent. Smaragdma=lig 163 Péht. Aparmes = ie 164, 165 l2 che. Ovnata = as 166 (@ Oo! EUS Mareinatus Leon Dufour Pinxit. lie. 167169 Mirvis Carccls c174 Cimex Lectulamus=Fig 174 A Pelogonus Mar ë \ 1É I ris Canalium le. 177 8 Gerris Paludum + ÿ « 7: * 2 ri À (RS : a L L1 P Dumenil Direxit. inerea Fes 1e. 184 Nepa ci rs Page 4 à angel ".% Javans Etr M] = Fig. 185. PA72 186 Il ieroglyphiea : st Cor. 7 Fig. 189 Ranat PA laincarms = Ê , , &-! DS A6 (COPIE Siriata = Pie 18 Fig 180182 Nau ©. Aptera > in B 18 Fe 179 Naucoris Cimicoides Lcon Dufour Pinuit - 17 Anatomie des Hémipteres J'avars Etrangers Pi age 461. PI. XNIL Fig. 188 / Fr NS Leon Dufour Pinxit - PDuménil Direxit Lie 188,189 C icada On = 12 190,191 12 svla Micus = Mig, 192 on Rosoe Kg 199 B entaloma Snarag dina lis. 19 4 Sc -uteller na Nigro- lineata = Fire; 199 Nepa Cinerea = Fire 204 Ib talon Grisea = Fig. 205 ( Où FOCUS Maroinatus = Las 206 Gr CSa l ina trouvée dans le Mb intestinal de la lè hvmata Crassipes. 2 € "4 PL XVIIT. J'avans Etrangers Page 461. Analomie des Hémiptères P Dumeml Direxit. L -200 Syst — Leon Dufour Pmait. LT L 4 « piratoire de la Nepa Cainerea. « eme res | )4 U _. F d'Oc _ La | ». ci Anatonne Ab Héniptères : PL XIX. Javans Etrangers Tage 461. anxit. Leon Dufour Pi <: J .* icada Orni. Li a-Fig.203 ( nerea 22N cpa ci Kg. 20 | i LJ | Fe 201 Pentato MA Grisea a 2# - LA 0 LL as Ja -=< ie e NE PTT “zu D Le L LAURE 1g , Mer TRE M Æ va Eee