i' ri, ^^ 5r ^Zm. if r r^ jsrci rcrçç [i y/ \ % ifx v\: ■^ >^ \ ^ â ~ y^ ^^L, ^ Jrl l!^ Z(i '^ ,((^ c Li' ( L iL ((C c 0 z' 21 Cl «Chaisi-ies ■^Vesi.iky ^ARÏÏÏTTP TKUSTril'-.TC OW TBIK t.AlIÎOIlATOIK"i'„ aSOO-ntDSO IPaSÎBSlENTElt» BY HalS SOK TCB THIE MtAJRIÏSE IBUJI-OeïKCAI^ iLABCBIRATOireY I^IBRARY m RECHERCHES 1/ j7 " si;it FA FAUNE LITTORALE DE BELGiaiJE, P.-J. VAiN BENEDElN. I)(1C| len sciences et eu métlecine, prolessciii- à l'Université eutliolique de Luuviiin, le Bfcique, ofiieiei' de l'urdrc de Léopold, lauréjt de l'Institut de France (Académie des sciences), membre cor- niembrc de lAeadéniie royale esnntlanl de l'Institut impérial de France (Académie des sciences) , de l'Académie des sciences de Berlin, Munie , de l'Académie des sciences naturelles de Californie, de l'Inslitutdes Pays-Bas, de l'Académie des scienciSr de Meltpellier, de la Société linéenne de Londres, de la Société des sciences îles Indes néerlandaises à Batavia, de laïlciété philomatique de Paris, de la Société des naturalistes de la Prusse rhénane à Bonn, de la Société impérile et royale des médecins à Vienne, de la Société des sciences 4 Harlem, de la Société linéenne de Bor- dcaui.membre honoraire de la Société zoologique de Hambourg, membre correspondant de la Société impériale des scili(4s naturelles de Cherbourg, de la Société royale des sciences à Liège, de la Société paléonlologique de Belgiqil, de la Société des sciences médicales et naturelles de iMalines, de'la Société de médecine et île la So- ciâÈ bojiniqne d'Anvers. POLYPES. BRUXELLES 11. IIAMZ, IMPRIMKIIH DK L'ACADÉMIE ROYALE DE IIELCIQIE l'^wwr/j/(fl d'aujourd'hui seront répar- ties demain dans des familles peut-éire très-éloignées les unes des autres, 8 INTRODUCTION. et ce beau genre, en apparence l)ien assis, aura le sort de tant d'autres, qui n'étaient connus que par un seul âge. Il est évident que l'étude de ces animaux est dans une période de transi- tion. Les tubulaires et les campanulaires ne doivent pas former des groupes distincts des médusaires cryptocarpés ; ces familles doivent, au contraire, être fondues les unes dans les autres; mais, pour que l'on puisse bien juger de leurs affnn'tés réelles et de leurs rapports véritables, la plupart d'entre elles sont encore trop peu étudiées, surtout sous le rapport embryogénique. . Le travail que nous avons l'bonneur de communiquer aujourd'bui a pour but de combler quelques-unes des lacunes que nous venons de signaler, et de faire connaître les polypes qui fréquentent les côtes de Belgique dans les diverses pliases de leur évolution. Pour rendre, avec toute leur ricbesse de ton, la délicatesse et la fra- gilité de formes qui distinguent ces organismes, nous avons eu recours au crayon et au pinceau; les descriptions les plus soignées ne valent souvent pas un simple croquis. Les naturalistes (jui n'ont pas étudié ces êtres en vie ne se font pas une idée de leur élégance et de leur beauté. C'est que les méduses sont vraiment, sous plusieurs rapports, les oiseaux ou les papillons de la mer, comme les polypes sont les fleurs de l'Océan, et les uns comme les autres réunissent à la richesse et à la variété des formes, le coloris le plus brillant et le plus varié. On ne trouve ni plus d'éclat ni plus de magnificence dans les colibris, ces diamants du règne animal, que dans les coraux et les madré- pores. Ils luttent de beauté et d'élégance avec les plus belles productions de la nature, et il serait téméraire d'affirmer que le fond des bois ou la surface des prairies est plus richement émaillé de fleurs que le fond de l'Océan. Et non-seulement les madrépores sont étalés isolément sur le roc comme les orchidées sur un tronc d'arbre , mais on voit ces fleurs animales s'as- socier de mille manières diverses pour former ici des guirlandes et des festons, là des corbeilles et des groupes au milieu de superbes parterres. INTRODUCTION. 9 Il y a au fond bien peu de dilïérence entre ces deux règnes : dans le règne animal, les fleurs se délachenl des tiges pour mener une vie libre et vaga- bonde, tandis que, dans le règne végétal, les fleurs ne quittent pas la terre, et se flétrissent après avoir répandu leur parfum et leur semence. Plusieurs naturalistes se sont déjà occupés des polypes qui bantent les côtes de Belgique et de Hollande, surtout aune époque où ces singuliers organismes n'attiraient guère Tattention des savants; mais tous ces natura- listes sont de leur époque : comme le botaniste cbercbait à compléter sa flore, le zoologiste cbercbait à compléter sa faune, et il se bornait, à cet effet, à enregistrer les formes nouvelles que le hasard lui faisait découvrir. Les re- chercbes embryogéniques surtout ne pouvaient être le but, aussi longtemps que Ton n'avait en vue que l'élaboration de l'inventaire. En 1760, Laur.-Tbéodor. Gronovius publia, dans les sida Helvetica\ sous le titre de : Observaliones de animakuUs aliquol marinae aquae inna- tantibus alque in liiioribus belgicis obvits, une notice fort intéressante, accom- pagnée d'une plancbe représentant fort bien le Ci/iUppe pileus,ime ioVie petite méduse, et, sous le nom de Ilijdra, un tubularien diflicile à déterminer. Dans le volume V des mêmes Acla Helvetica, le même Gronovius publie, dans sa cinquième centurie, Animaliuin bdgkorum observatorum- , après les crustacés, les vers et quelques mollusques, les noms de quatre méduses et de deux beroë. Basler, dans son introduction "', après avoir fait mention de la découverte de la nature animale du corail et des prétendues plantes marines (1762), parle, comme s'il écrivait aujourd'hui, des voies diverses par lesquelles la nature procède à la multiplication de ces organismes inférieurs. Verwonde- rhuj rvaardig , ja onbegrijpelijk zt'jn de verscheide ivegen, die de natiiur ter ' Basileae, 1700, vol. IV, p. 33. •'- Id., 17G2, vol. V, p. âSÔ. ^ Naluiirh. uj/lxpnnning , \H)'-2, p. 7. 10 INTRODUCTION. voorleeUnge dcr clieren inslaat, dit-il, « Les divers chemins que suit la na- ture dans la niulliplicalion des animaux sonl dignes d'altenlion, même incom- préhensibles. » Puis il cite quelques particularités qui les rendent dignes, sous tous les rapports, de rallenlion des naturalistes, et il engage ceux qui en trouvent Toccasion de poursuivre ces investigations sur des animaux vivants dans le voisinage de la mer. On peut bien les conserver en vie un certain temps en renouvelant Teau de mer, dit-il, mais ils finissent par mon- rir, faute de nourriture. On voit que Baster connaissait les aquarium. Baster a décrit et figuré les principales espèces de sertulaires, de campa- nulaires et de tubulaires de nos côtes; les alcyons, les actinies, le cydippe pileus et plusieurs méduses; on peut même dire, tous les animaux inférieurs de nos côtes, à l'exception des microscopiques. De 1773 à 1778, L. Bomme a publié trois notices ' concernant des po- lypes et des animaux marins qu'il a observés i\ XWq de Walcheren. Sous le nom de Groole incarnaat polij'p, Homme décrit et figure la Tubularia cala- maris. Slabber ■' n'a pas décrit autant, mais tout ce qu'il a fait connaître et figuré est encore aujourd'hui fort reconnaissable. 3Ion savant confrère et ami Van der Hoeven a publié dernièrement la détermination des espèces figurées par Slabber, et j'ai été heureux de pouvoir lui fournir quelques notes sur ce sujet. Pour ne parler que des Polypes, Slabber a observé le Callianyra hexa- (jona, qui n'a plus été vu depuis; il a observé les méduses de la Cainpanit- laria dichotoma, la Diiiema, que je lui ai dédiée, la Thaumantkis opuha- loïdes, YOceania coccinea ou la Tavris ncfjlecta deForbes et la Rliiz. perla. Il n'a étudié que des polypes libres. Il est probable que Slabber péchait au petit filet en pleine mer, méthode « Zeemi-sche verhand., 1771 , II'" deel, biz. 277; ib., 1773, 111''= dcci, biz. 283; «6., 1778, VPded, blz. 557. ^ JValuurkunde verhistig. Haarlem, t778. INTRODUCTION. il préconisée depuis par J. Millier pour l'élude des larves d'écliinodermes, et qui a donné de si beaux résultais. L'année même où a paru noire travail sur les campanulaires et les lubu- laii-es, M. Wcslendorp a publié ses Recherches sur les polijpiers flexibles de la Belrjifjue '. L'auteur n'a eu en vue que de faire connaître les polypiers, n'ayant pu réussir, ajoiitc-t-il, à trouver la plupart de ces êtres à l'état vivant '-. En 184^3, 31. Westendorp a publié une première livraison de ses Poly- piers flexibles de la BeUjique , contenant des échantillons en nature •'. La même année, nous avons pii])lié un Mémoire sur les campamdaires de la côte d'Ostemle \ C'était un phénomène tout nouveau alors de voir des polypes engendrer des méduses. Peu de temps avant, Sars et V. Siebold avaient vu des œufs de méduses produire des polypes. Une véritable révo- lution couvait sous ces mots. Plus préoccupé des idées erronées qui régnaient dans la science que de la détermination même des formes que nous avions sous les yeux , nous prîmes les petites méduses des campanulaires pour de jeunes polypes. Peu de temps après, nous publiâmes notre Mémoire sur les lubidaires , et les méduses y furent encore considérées comme un âge embryonnaire '\ Nous sommes heureux de reprendre aujourd'hui ces mêmes questions. Vingt années de recherches ont modifié bien des idées. Parmi les naturalistes qui ont le plus contribué à étendre nos connais- sances sur les polypes de la mer du Nord , nous devons citer avant tout Sars, pour les côtes de Norwége; sir John Graham Dalyell, pour les côtes d'Ecosse; ' Annales de lu Soc. médico-diirurtjicale de Bruges, t. IV, d84ô. - Ibidem. '' Polijpiers flexibles de la Belgique. Courtrai, 1833, in-4°. * Mém. de l'Acad. roy. de Belgique, t. XVIJ. ^ Ibidem. 12 INTRODUCTION. Forbes, ie rév. Hincks, le prof. AUman, Slrelhill Wrighl, pour les côles d'Angleterre. C'est évideDimenl aux naluralistes anglais que Ton doit les plus importantes découvertes qui ont été faites sul* ce sujet, et ces découvertes sont principalement dues à la grande extension qu'ont pris les aquarium dans ce pays. Nous avons eu pour but, dans ce travail, de faire le relevé des divers ani- maux de cette classe qui visitent les côtes de Belgique, en mentionnant éga- lement ceux que des circonstances beureuses peuvent jeter sur nos plages; c'est ainsi que nous faisons mention des Pennatules et des Gorgones, que nous n'avons jamais eu l'occasion d'observer dans nos eaux, mais que des natu- ralistes étrangers ont étudiées dans d'autres régions de la mer du Nord. Nous avons fait précéder l'énumération des animaux de quelques rechei-- ches bibliographiques et de l'exposé de l'état actuel de nos connaissances relatives aux polypes, tant sous le rapport physiologique que sous celui de leurs affinités zoologiques. C'est ainsi que nous avons divisé le travail en deux parties: la première, traitant des généralités et embrassant la classe cnlière; la seconde, comprenant l'énumération des espèces que nous avons étudiées et les recherches anatomiques ou embryogém'ques auxquelles elles ont donné lieu. RECHERCHES L'HISTOmË NATURELLE DES POLYPES OUI FRÉQUENTENT LES CÔTES DE BELGIQUE. PREMIÈRE PARTIE. POLYPES EN GÉNÉRAL. § L — Composition des colonies. Nous croyons nécessaire de placer, en lêle de ce Mémoire, noire manière (l'envisager une colonie de polypes el les phases d'évolution par lestjuelles elle passe. Il faul s'entendre sur les noms à donner aux organes et aux individualités, et distinguer les stades morphologiipies qui caractérisent cliaciue âge. Sur une tige de campanulaire, je trouve, au bout de chacpie branche, une clochette el, dans cette clochette, un corps charnu très-mobile, entouré 3066G li RECHERCHES triiiie couronne de lenlacules qui lantôl s'élalo élégammenl, lanlôt se relire brus(|ucmenl dans sa loge et qui porle une bouche au sommet d'un mam- melon. La clocliclte avec son contenu est-elle un organe et l'animal a-t-il ainsi une bouche au bout de chaque branche, ou est-ce un individu distinct? Nous disons que c'est un animal distinct, quoiqu'il ne vive point séparément, et nous lui donnons le nom de Pobjpule. 3iais, à l'origine de certaines bran- ches, se montrent des loges, fermées au bout, un peu plus grandes que les autres et dans lesquelles se développent des méduses ou quelquefois des œufs : ce sont des capsules qui sont destinées en tout cas à la reproduction. Quel est leur signification physiologique ou morphologique? Cette masse charnue, tout en n'ayant ni bouche ni tentacules, est un polypule de la même valeur que le précédent; mais, par suite de sa destination spéciale, devant servir à la reproduction, il a une forme complètement différente. Le premier est un polypule nourricier, le second est un polypule propagateur. Dans les flancs de ce dernier, dans cette capsule d'une forme particulière, naîtra un nouvel animal d'une forme toute différente et qui affectera les allures d'une méduse. Elle deviendra libre et représentera l'espèce sous un aspect tout différent, aspect qui ne semble môme pas avoir quelque chose de commun avec les ancêtres. C'est la forme sexuelle de la campanulairc; c'est le dernier terme de cette évolution. L'animal est complet comme le papillon parmi les insectes. C'est l'opposé de l'embryon , et nous le désignons sous le nom de Télcon ' qui a été proposé dans le temps par M. Laurent. Ce téléon ne se développe pas toujours complètement; maison tout cas, qu'il soit arrêté dans son développement ou qu'il en parcourre régulièrement toutes les phases , il est ou mâle ou femelle et le produit sexuel apparaît toujours. C'est ici que de nombreuses difficultés surgissent pour interpréter sage- ment ces phénomènes. Nous avons été longtemps sans les comprendre. Au- jourd'hui il n'y a plus de doute possible. Chaque genre a fourni son contingent pour l'inlerprètalion véritable de ces curieuses et énigmatiques évolutions. Ce téléon, dans certains genres ou certaines espèces et même certains sexes, ' Le TvU'on représenle la forme sexuée. SIR L HISTOIRE A' ATURELLE DES POLYPES. li' lie sV'panouil pas jiis(|irà la (îii; il s'arrête en chemin; les derniers allrihuls (le Faninial parlait ne se monircnl pas; il y a arrêt de développement. C'est le papillon qui ne quille pas son habit de chrysalide. Le téléon est arrêté et atrophié à la moitié ou aux trois quarts de son évolution. Dans d'autres cas le téléon se développe encore moins; le temps d arrêt s'est déclaré plus tôt; ses formes sont encore beaucoup moins complètes et la nature véritable de cette ébauche d'animal se reconnaît à peine. Enfin , dans quelques cas, ce ieinps d'arrêt se déclare encore plus tôt, avant même qu'il n'y ait ébauche, et tout l'animal sexué est réduit à la forme d'un sac, sans aucune apparence d'organes particuliers. Ce sac est en tout cas l'homologue de la méduse complète comme de la méduse ébauche. Pour lui donner un nom qui rappelle sa signification, nous proposons le nom iVAtrop/u'on pour ces formes incomplètes. Nous avons dit plus haut que les organes sexuels en tout cas se dévelop- pent; ou, si on aime mieux, le produit sexuel, c'est-à-dire, les œufs ou les spermatozoïdes apparaissent toujours. II en résulte que ce produit sexuel pa- raîtra dans la capsule des campanulaires quand le téléon s'atrophie, et qu'on le trouvera dans les individus libres quand ils s'épanouissent complètement. Le papillon peut rester toute sa vie chrysalide ou même chenille, et les organes sexuels se développent comme si l'évolution avait été complète. On peut en voir un exemple dans différentes campanulaires. Ces variations ne se montrent pas seulement dans les formes génériques ou plutôt spécifiques; on les voit même dans les formes sexuelles. Ainsi, dans la même espèce, le mâle deviendra téléon complet, se détachera pour vivre librement, tandis (pie la femelle restera attachée à la colonie, sans forme et sans ornements. Ses œufs étaient déjà complets et même fécondés; elle n'a plus besoin de se parer pour attirer le mâle. Ce n'est toutefois pas toujours la forme femelle qui est sautée; dans quelques cas la femelle se développe au contraire seule et le mâle n'est qu'un airophéon. On voit de la même manière des papillons dont la femelle reste chenille, et dont le mâle seul est ailé; n'est-ce pas du reste le cas dans ce singulier insecte connu de tout le monde sous le nom de cer Itiisanf. La femelle reste toute sa vie à l'état de larve, sans prendre ni ailes ni autres attributs d'insecte coléoplère, tandis que le mâle k; recherches a Ions les caraclères de son ordre. Si le mâle ne se développait pas plus que la femelle, le naUiraliste serait sans doute fort embarrassé pour lui désigner nne place dans la série. Il en est de même des polypes qui ne se développent pas complètement. Nous ne craignons pas de dire qu'en nous plaçant à ce point de vue, toute Phisloire des polypes devient claire et simple jusque dans les détails les plus cachés et les moins apparents. C'est donc ici que Ton trouve, dans toute leur évidence, les exemples les plus manifestes et les plus remarquables des arrêts de développement. Toute- fois ces arrêts ne frappent ni les familles ni les genres , mais seulement les espèces. On peut dire que toutes les nuances ont été réalisées dans la sup- |)ression de ces formes sexuelles. Sans porter atteinte à l'existence de l'espèce, la dernière forme sexuelle pouvait être sautée complètement dans les deux sexes et elle l'a été. L'espèce n'est connue dans ce cas qu'à l'état de maillot, si je puis m'exprimer ainsi. L'animal n'est jamais complètement dépouillé de ses langes. Dans d'autres cas l'un des sexes est supprimé, ici le mâle, là la femelle. Ou bien l'évolution de l'atrophéon arrive jusqu'à un certain terme; le jeune animal atteint presque l'adolescence; les organes essentiels de l'âge adulte et complet ont fait leur apparition. La décrépitude arrive avant terme, et les organes sexuels ne se développent pas moins complètement dans un corps llètri avant l'âge. Comme dans le premier cas, cette atrophie peut frapper les deux sexes à la fois, ou bien l'un ou l'autre sexe séparément. Le développement se fait enfin régulièrement, le lélèon devient complet, aussi bien le mâle que la femelle; on peut dire que c'est le développement normal; mais cette évolution n'a pas toujours lieu ainsi pour les deux sexes, Qt l'on voit tantôt les femelles atteindre seules ce terme de leur évolution, tantôt le mâle seul atteint la forme de téléon. Enfin une dernière complication survient, et ce n'est pas la moins extraor- dinaire. L'animal s'est régulièrement développé en prenant tous les attributs de la forme sexuelle; c'est un téléon complet : il produit des œufs ou des sper- matozoïdes. On s'attend à le voir au dernier terme de la vie. On se trompe. Au lieu de se flétrir, le mâle comme la femelle poussent des gemmes; le jeune gemme devient directement semblable à la mère, tandis que ses œufs doivent SUR L'HISTOIRE NATURKLLE DES POLYPES. 17 parcourir loiites les phases de l'cvoliUion. La reproduction agame succède à la reproduction sexuelle. Nous réunissons ici dans un tableau toutes ces variations, que nous grou- pons en (juatre catégories, dans chacune desquelles nous citerons les exemples connus. Dans la première catégorie, nous plaçons les atrophions complets dans les deux sexes : nous en trouvons des exemples dans ïlljjdracûiiia echi- nala, VHydmciinia pol/jtieus^ Agas- siz; yHydraciinia fucicola , Sars; le Cardylophora lacuslris, Allman; la Coryna squainala et la Syncoryna lis- leri. La seconde catégorie comprend ceux qui sont frappés d'arrêt vers le milieu du terme de leur évolution. Les pre- miers sont réduits à de simples sacs, ceux-ci sont des demi-méduses et elles donnent leur produit sexuel avant d'êlre séparées complètement. La Cani- panularia dkhotoma, les Tubularia coronala eiindivisa, la Syncoryna ra- mosa, la Coryna [liijdraclinia] ambala, Wagner sont dans ce cas. Les exemples que nous venons de citer sont ceux qui montrent le même, arrêt de développement dans les deux sexes. Mais dans celte catégorie nous comprenons encore ceux dont le mâle, seul est atrophié, par exemple, VEu- dendrhim ramosuni , Van Ben.; VEu- fV)mj)an!//n)m(/i(/(0(oma. a.Logefomelle.aiulébul; dcndrium raCCniOSUVI , CaVoHni ; la b. Lopte femelle au dernier lerme de son développemeiil; , . ^ i. . nr-r i ,. Loge mâle. Vcunuria, Cavohni; \ Eiicoryna ele- Hydractinia echinata. i8 RECHERCHES ffaris, Leidig, elc; ou bien ceux qui onl la femelle alrophiée, comme VHy- (Iractinia cornea, Sars; la Coryna mirabilis, Agassiz; ou la Coryna y ra- vala, Slreth. Wright. - ■ ' La troisième catégorie comprend les espèces dont les léléons se déve- loppent régulièrement et ne deviennent généralement sexués qu'après leur séparation du polype mère. Les exemples les plus remarquables que'nous puissions citer sont : la Campanularia r/elalinosa; la Tuhtdaria Duniorderii , la Sarsia mirabilis, Agassiz; les Sijncoryna cleodora' , Gegenbaur; Sarsit , Lovèn; Sicnyo, Du Jardin. Ou bien le mâle seul se développe en léléon complet, comme dans la Coryna mirabilis d'Agassiz; la Pudocoryna (liydraclinia)' cornea , Sars; 1"%- (Iractinia de Lovèn, des côtes de Bohnsliin; ou bien la femelle seule devient complète, comme dans les Eudendrium ramosum. Van Ben.; confertiwi, Strelh. Wright, et capillare, Jos. Aider. Enfin, dans une quatrième et dernière catégorie sont ceux (|ui, devenus téléons complets et sexués, devienjionl gennnipares après avoir été sexipares; même le mâle, après avoir donné des spermatozoïdes, se met à engendrer, comme la femelle qui a donné des œufs, par voie gemmipare. Nous cite- rons comme léléons digénèses, la Bouyainvilliu medi- (erranea, Rusch; Cyleis talrasiylu, Souk.yei; 1/ y bocodon prolifer, Agassiz; Eleufheria divholomu, Quairefages; Sfaaro/j/iora laciniala, Agassh; Sarsia prolifcra , Rusch. Dans ces méduses digénèses, on voit des gemmes appa- raître à la base de cba(|ue cirrhe. Il est à remarquer aussi que ces gemmes se développent : 1° sur les pa- rois externes de Teslomac ou plutôt du pédoncule dans \q Sarsia cjemmi fera, la Cylheis telraslyla, la Lizzia, elc. ; 2" sur les parois internes, de manière que les embryons tombent dans la cavité de l'eslomac dans la Gcryunia pro- boscidialis d'après Krohn el VOEgiitela proliféra d après Gegenbaur; 3" le long des canaux gastrovasculaires, à la même place où apparaît souveni l'ovaire, dans le Slaurophora laciniala d'Agassiz, la Thaamanlias ; i" à la base des cirrhes ou au bout des canaux gastrovasculaires, là où ils s'ouvrent SUR L'HISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. 19 clans le canal circulaire, dans le Sarski proliféra de Busch et de Forbes; T////- hocodou proliféra d'Agassiz, etc.; o" enfin les gemmes surgissent au milieu de Pombrelle dans VEleuiheria dicholoma de Quatrefages. ■ L'animal adulte peut se présenter sous quatre formes ou plulùl dans quatre conditions différentes; la dernière est celle où, tout en prenant la robe de l'animal adulte, il ne donne naissance qu'à des gemmes, c'est-à-dire à une progéniture sans concours de sexe, et ces gemmes sont pédonculaires, gastro- vasculaires, cirrbaires ou dorsaires, selon leur situation sur le manubrium, le long des vaisseaux, sur les cirrhes ou sur le dos. Dans quelle région du corps des polypes les téléons se développent-ils babi- luellement? Dans les régions les plus diverses, comme nous allons le voir. Le téléon apparaît au-dessus ou à l'aisselle de la couronne tentaculaire, si elle est unique, dans les genres dadonèmc , coryne, syncocyae, cory- inorphc, pennaire cl tubulaire. Il apparaît au-dessous des tentacules dans les Hydractinies et les Euden- drium. 11 se montre enfin sur le tronc dans le Perigonimiis de Sars , le Cordy- lophora et le Corydeiidrium. Nous le répétons : les petites méduses qui se détacbent librement d'une colonie de campanularide ou de tubularide sont semblables, sous le rapporl morpbologique et physiologique, aux autres méduses connues, décrites et étudiées depuis longtemps. Quant à nous, il n'y a aucun doute à cet égard. Nous avons cru, en voyant paraître ces petites méduses en I8ii , qu'elles représentaient la forme larvaire, le jeune âge de la colonie polypiaire; mais nous avons bien vite remarqué que les méduses sont, au contraire, le stade sexuel de ces colonies animales. Mais, à côté de ces campanulaires médusiparcs , il y a des espèces qui ne montrent jamais des méduses complètes, mais bien des avortons qui se flé- trissent avant d'être épanouis et libres. Ces avortons engendrent, avant de se séparer de la mère , les uns des œufs ou des embryons , les autres , appar- tenant au sexe mâle, des filaments spermatozoïques. Ce sont des méduses arrêtées pbysiologiquenient dans le cours de leur développement. 20 RECHERCHES La Campanularia , éUidiéc par Lovèn, se trouve dans ce cas. D'autres espèces sont frappées encore plus tôt d'un arrêt de développe- ment dans le cours de leur évolution. La méduse n'a pas encore ses organes propres qui la fassent connaître; elle n'est qu'un simple sac sans appendices extérieurs, et les organes sexuels se développent dans son intérieur, comme si la méduse s'était épanouie. C'est l'embryon ou le premier rudiment de l'être qui engendre, et les enfants descendent d'une mère (|ui n'a pas vu le jour. Au lieu de méduses sexuelles, la colonie porte des ovisacs ou des sper- matosacs. Quelques auteurs refusent l'individualité à ces méduses, qu'elles devien- nent complètes ou non ; c'est contre cette erreur d'interprétation que nous ne pouvons assez nous élever. Les avis semblent fort partagés, et dans les deux camps se trouvent des noms trés-autorisés. Nous dirons toutefois que la manière de voir que nous partageons gagne tous les jours du terrain. Ce que nous prétendons, c'est que les méduses forment des individualités qui doivent occuper le même rang que les individus des classes supérieures. Une méduse mâle ou femelle est l'analogue d'un oiseau ou d'un mammifère, quand même elle engendre avant d'avoir les caractères propres de son groupe. La femelle des lampyres (vers luisants) n'est pas moins un insecte coléop- lère que le mâle, et certaines cbenilles ne sont pas moins des insectes lépidop- tères, quoiqu'elles ne prennent jamais les ailes et les caractères du papillon. La chenille s'arrête dans son développement et engendre sous cette forme. Nous n'avons depuis longtemps plus de doute sur la nature des petites méduses , aussi bieji que sur la nature des polypes qui constituent les colo- nies. Ce sont autant d'individualités, les premières, sexuées, les dernières, agames, mais prolifères. Il y a cependant une diversité très-grande d'opinions dans la science. Il parait bien que Lesueur s'était déjà prononcé sur la nature polyzoïque des siphonopbores, et que cette opinion avait été partagée encore par d'au- SLR LHISTOIRE INATURELLE DES POLYPES. 21 Ires; niais le premier qui la tlcfeiul avec vigueur est Rutl. Leuckart , profes- seur à Giessen. Il a exprimé celle opinion d'abord dans les Gelehrle Anzeigcn de Goltingue, en 1847, el c'est grâce Èi ses travaux que la nature poiyzoïque est généralement recoiniue et admise. Tous les naturalistes n'ont pas immédiatement partagé l'avis de Leuc- kart , et parmi les adversaires les plus déterminés nous croyons devoir placer MM. Kolliker et surtout Huxley, (jui a décrit, dans la Ray Society, les hy- drozoaires océaniques (|u'il a observés à bord de la RaUiesnahe , pendant les années 18/j-() à 1850. Que les léléons se délacbent ou non, ce sont, pour le savant professeur de l'Ecole des mines de Londres, de simples organes, et s'ils deviennent libres et flottants comme des méduses, ils reçoivent le nom de zoïdes. M. J.-R. Green a fait, en 1858, un rapport à l'Association britannique sur l'état actuel de nos connaissances relativement aux médusidées britanni- ques, et, à la manière dout ce savant s'exprime, il semblerait que toute une catégorie de méduses ne serait que des zoïdes reproducteurs de diverses hydres. Il y aurait donc des méduses et des polypes, et ces derniers auraient quelquefois une ressemblance avec les autres sous leur forme reproduc- trice. Ce n'est pas aiusi (pie nous envisageons ce phénomène. Il faut rompre complètement ici avec le passé. Tout ce qui est méduse peut avoir passé par la forme polypoïde, comme tout batracien anoure peut avoir passé par la forme lélard; mais, comme il y a des têtards qui conservent leur forme embryonnaire et ne prennent pas la robe adulte, il y a des méduses qui ne prennent pas la robe sexuelle : elles passent toutes les phases de la vie sous les formes agames préparatoires, et les formes sexuelles sont sautées. ... / shall consider the animal , noi as a sexaal polype, but us a free and independeiil extension of ihe polypury ; not as the product of the allernate yeneralion, in which the parent is a zoophyte , the chikl an aealeph , the grand child a po/yp ayain , and so in cudless succession ; but as a neiv phase in the continued developinent of the zoophyte..., dit 31. Sirelhil! Wright'. ' Oliscrval. Juh lSa7, p. 10. 2^2 RECHERCHES C'est la même opinion que M. le professeur Huxley a exprimée en 1859. Il y a toutefois des naturalistes anglais qui ne partagent pas cet avis : nous voyons, par exemple, que M. Cready, dans le premier volume de EUlol So- ciety, 1 859 ', regarde les siphonophorcs comme des colonies polymorphiques. Il importe de s'entendre également sur les noms à donner aux diverses parties d'une colonie; comme Agassiz Ta proposé, on peut nommer Hijdra- rium, une colonie de polypes; Medusarium , une colonie de méduses, et Hydromedusan'am, une colonie complexe et hétérogène, et on peut con- server le nom de polypier à la partie généralement solide, calcaire ou chiti- neuse qui se conserve dans les collections, et qui est au polype ce que la coquille est au mollusque. On est généralement d'accord sur les diverses parties du corps des mé- duses : ainsi le mot ombrelle désigne la partie supérieure en forme de disque; manubrium , le pédoncule flottant; cirrhes, les fdaments qui bordent l'om- brelle, et tentacules ceux qui garnissent le pédoncule. Nous adoptons également le nom de neuiatocyste proposé par M. Milne Edwards, pour ces organes que l'on a tour à tour nommés corps urticants, capsules, vésicules, acicules et spicules fdifères, cellules à fil spiral, filets pêcheurs, guides, batteries urlicantcs, lasso-cell, etc., etc. Nous ferons remanjuer, en passant, que ces organes ne sont pas des attri- buts exclusifs des polypes, qu'ils se trouvent chez les mollusques, par exemple dans les Éolides et les Pleurophyllidies, tandis qu'ils manquent dans les Do- ridés, les Tritomadés et les Phyllidies -. On a proposé également de désigner sous un nom diflerent le pôle de l'animal où se trouve la bouche, et le pôle opposé où se trouve l'anus, quand il existe. On a dit face proximale (Huxley et Hinckx ) et face dislale, on pôle actinal et pôle abactinal (x\gassiz); ne serait-ce pas plus simple de dire pôle buccal et pôle anal ? Quant aux mots d'aclinostome pour désigner la bouche des actinies , de malacostome, pour celle des mollusques, et d'arthroslome, pour celle des animaux articulés, nous ne voyons pas grande utilité à cet emploi, d'autant * Gi/mi)oplUulmati( of Charlesloii Ilarbor. - Bergli, Vtdenskabct. middel., 1860, p. 309. Copenhague, 1801. SIR LHISTOIRK AATURKLLP: DES POLYPES. 23 plus <.\iw les vues ihéoriquos qui ont diclé ces dénoininalions sont loin d'èlre adoptées. Il est inutile de faire remarquer l'iniporlance d'une bonne enlenlc entre les zoologistes sur quelques-unes de ces grandes questions; les descriptions seront complétemenl diiïérentes selon la manière de voir du naturaliste. En elTel, celui qui ne voit dans une méduse de campanuiaire qu'un organe de la colonie, ne peut se servir des noms qu'emploie celui qui la considère comme un animal sexué adulte. C'est une grande ot belle (pieslion que celle de savoir si une colonie est sim|)le ou composée. D'un côté, par une sage interprétation, tout rentre dans la disposition régulière et normale; de l'autre côté, au contraire, c'est un fait exceptionnel jeté sur la route de l'embryogénie des polypes; tout est simple et intelligible, ou embarras et mystère. Une question du plus liant intérêt est celle des liomoiogies. Il n'y en a pas de plus grosse d'actualité. Dans ces derniers temps, le professeur Alleman ' Strethill Wright, Victor Carus, Leuckart et Gcgcnbaur - s'en sont surtout occupés. Si l'on jette les yeux sur une Coryna squamala chargée d'nnifs ou de spermatozoïdes, ce produit sexuel est logé entre la peau externe et la peau interne, sans que l'une ou l'autre subissent quelque modification. (Hiufs ou s|)eiinal07.oùli's se ilevelopiwiil eiiue la peau cxleinc fl la iieau inlcnip. Dans quelques genres on voit cette peau s'allonger, puis prendre une forme s|)héri(pie, s'étiangler légèrement à la base, et des tubercules sur- gissent au milieu. On reconnaît, sous cette forme, une méduse en voie de formation. Les organes sexuels se développent, comme dans le cas précé- ' On cordijUiphoru. * Ami. a. uuKj. mit. hlsL, vol. 8. .Uii;., IStil , p. 120. 24 RECHERCHES dent, entre les deux peaux, ainsi que nous le montre la Tubnlaria coronatu. Dans la plupart des polypes la méduse devient complèle, et, à cet effet, elle n'a besoin que d'étendre la peau dans divers sens, et de donner de Fexten- sion à la cavité générale qui charrie le suc nourricier. Dans ce dernier cas, le pro- duit sexuel apparaît encore exactement de même entre les deux peaux, soit autour du pédoncule, soit le long des canaux gastro- vasculaires. Qu'on me pardonne d'attirer enfin l'atten- lion sur un point d'anatomie fort important et qui, à en juger par les écrits de quelques zoologistes, n'est pas bien compris. Je veux parler des tentacules des polypes, et de leur intérieur. De tous les polypes véritables, dans l'ancienne acception du mol, les seuls tentacules creux et en communication di- recte avec l'estomac sont ceux des hydres. Les tubulaires, les campanulaires, les cir- rhes marginaux minces des méduses sont pleins. Ceci est fort important pour juger la (|uesIion des homologies aussi bien que la OEufs se déveloiipanl .mUio Ios deux peaux. question dCS affinités . Ne peut-on pas dire qu'une méduse est un polype palmé, c'est-à-dire, dont les canaux gastrovasculaires sont unis par une membrane? qu'un Clénophore est une méduse, dont les bords de l'ombrelle se soudent autour de l'orifice de la bouche, et dont les canaux gastrovasculaires se chargent de lamelles vibratUes? Les hydres sont de vraies méduses non palmées; les actinies et gorgones sont des méduses dont le manubrium est rentré et la cavité gastro- vasculaire plus étendue; enfin les éponges sont des polypes à leur dernier degré de simplicité , dont la bouche ne porte plus de tentacules et dont la cavité digestive s'anastomose avec celle des voisins. SUR LUISTOIKK NATURELLE DES POLYPES. 2S § IL — EMliRYOGÉ^'II:. ] . Jfision'f/ue. — Comme l\'inl)i vogénie joue un rôle exlrêmemeiit im- porlanl dans l'histoire de ces animaux, et qu'elle intéresse au plus haut point les zoologistes qui s'occupent de la systématisation, nous passerons en revue les pi-incipales découvertes qui ont été faites dans ce champ si récemment exploré. En 1829 et 1835, Sars ' publie ses deux remarquables Mémoires dans lesquels il décrit les genres Snjpliisloma et Sirobila, genres qu'il reconnut bientôt après n'être autre chose qu'un état transitoire d'une méduse en voie de développement. En eiïet, dans ce dernier Mémoire, il aflirme déjà que le Sci/pliisloma n'est qu'une forme transitoire, et dans les archives de Wieg- mann -, il annonce que son genre Sirobila n'est qu'un jeune âge de la Mé- dusa aurita, et qu'il espère en donner la démonstration à la réunion des naturalistes à Prague. Il avoue, dans ce même article, avoir réussi à poursuivre tout le dévelop- pement de la Medma aurita et de la Cijanea capillata, et que ces déve- loppements présentent la plus complète concordance " l'un avec l'autre. De son côté, M. Th. V. Siebold lit des observations sur la Médusa aurita, découvrit le sexe mâle, reconnut les premières phases planulaire et scyphis- lomaire de leur développement, et constata, de son côté, cpie les strobiles et les scyphistomes ne sont que des états transitoires '*. Le résultat des observations faites par ces éminents naturalistes sur la côte de Norw'ége et dans la Baltique s'accordèrent parfaitement, et l'histoire du développement des polypes fit par ces découvertes un pas immense. MM. Dalyell, Reid, et tant d'autres, parmi lesquels nous pouvons nous ' Bktiug til Soëdyrenes nalurhistoriv , 1829, cl Beskrivelser 183^. — Beitrurje zur XaUircjescliiclite der Seetliiere. Bergen, 1821). — Bescreib. mid Bcobavhtungen eiiiiger merk- wurdiqen oder neuai im illeevc an der Bergenschen Kiisle lebciidm Tliivrc. Bergen, ISôii. - Wiegmaiin's Arclitv , mol, mars, [).i^06. ■' Ibid., ISVI, p. 10. * Ueher Médusa aun'la, neuesle Schriften, 1859, p. 34. 26 RECHERCHES citer nous-mème, oui confirmé pleinement ces intéressantes observations, qui formeront époque clans l'histoire de l'embryogénie comparée. Ces faits parurent si extraordinaires à quelques naturalistes, qu'il ne leur fut presque pas possible de les accepter franchement avec leur interprétation. .Nous en voyons qui, comme Ehrenberg, crurent devoir prendre les Sirobila pour des Lucernaires '. Peu de temps après ces brillantes découvertes de Sars el V. Siebold sur les acalèphes, l'attention fut attirée sur quelques polypes hydraires. M. Lovèn, do Stockholm, ouvrit la voie par son Mémoire sur le développement et les métamorphoses des campanulaires el des syncorynes. M. Nordmann écrivit, peu de temps après, à M. iMilne Edwards, qu'il venait de constater la mobi- lité des campanulaires dans leur jeune âge. J'observai, de mon côté, vers la même époque, des campanulaires à Ostende, et je vis apparaître leurs mé- duses. Je cherchais à combattre l'inlerprélalion d'Ehrenberg el de Lovèn, qui voyaient des mâles el des femelles dans les polypes mêmes. Du Jardin publia en même temps ses recherches sur quelques méduses écloses chez lui, et regarda, avec raison, les petites méduses naissant de (ubulaires, comme des méduses véritables. H eut seulement le lorl de donner un nom au polype qui les avait engendrées. Je reconnus, peu de temps après, (|ue l'inlerprétation de Du Jardin est la seule véritable, el les polypes ne pouvaient plus dès lors former une classe distincte des acalèphes. En ISiS, dans une introduction à mon Mémoire sur les bryozoaires, je crus devoir réunir en une seule classe les anlhozoaires, les alcyonaires et les médusaires, sous le nom de polypes. Mon ami R. Leuc- karl proposa, peu de temps après, pour les mêmes animaux, le nom de cœlentérés, qui est généralement accepté aujourd'hui. Les luniciers et les bryozoaires, que j'avais laissés dans cette même classe, ont été placés peu de temps après dans les mollusques ^. Les polypes Cténophores onl été également l'objet de travaux suivis dans ces derniers temps. ' Aialephcn des lotlicii Meeres. - Iterherchcs sur l'uiiul., la pln/siot. cl l'emhri/ogênii; Midhr's Archiv , 1850, p. 41)8. * Zeits fiir Wiss. Zoologie, 1857, vol. IX, p. 23i. '■' Report afthe Briti.sh Association, 184G. 28 RECHERCHES naliiralisle met la main sur ces lornies élhérées que le soufllc fait dispa- vaîlre. Tout était problématique dans ces animaux, jusqu'au jour où on les a cou- sidérés comme des colonies flotlantes, formées d'individus de formes diverses agissant dans un but commun. C'est surtout Leuckart qui a, un des pre- miers, soutenu cette théorie. Les travaux les plus remarquaiiles sur ce sujet sont dus, dans ces dernières années, à MM. Huxley ', Rud. Leuckart 2, C. Vogt ', A, de Quatrefages '*, W. Busch", Kolliker "^j Gegenbaur ', C. Clans '^, Keferslein et E. Ehlers''. Celle élude des polypes semble véritablement un sujet inépuisable. A peine Th. Hincks '" a-t-il reconnu la forme polypiaire des Éleuthéries, découverts par A. de Quatrefages ", que M. Krohn confirme ce résultat, et ajoute encore quelques faits complètement imprévus '". Rrohn a eu l'occasion d'observer journellement des Éleuthéries à Nice, pendant le mois de mai. Cavolini a vu des embryons ciliés dans les gorgones; nous en avons vu ' Report of llie 21 iiieet. Bril. Assoc. Ipswicli, 18"j| ; Traits, sect., p. 78; Muller's Arcliiv, 18S1, p. 380; Llnn.soc.Ann.ofnat. hisL, 2""' sér., t. IV, 1849, p. 207. ^ GoUing. gelehrt. Aiizelycn, 1847, p. I1>I7; Ueber deii Bail lier l'hysalien uiul Slphuno- phoreii; Zeiis. fur Wiss. ZuoL, vol. III, p. 189; Ann. se. nul., 3""' sér., t. XVIII, 1852, p. 20i; Zur nuhurn Kenlniss (1er Siphonophoren von Nizza, Archiv. fur Naturgeschichte, 1834. ' Acl. sue. Iielvét. des se. nat., ô?""" session. Sion, 1832, p. 158; Zeils. fur Wiss. ZooL, vol. III, 1852, p. 322; Ann. se. nat., ô"" sér., t. XVIII, 1832, p. 273; Sur les Siplwnophores de la mer de Niée, Miiji. de l'Institut genevois, 1. 1. '» Mém. sur l'orcjunisation des PhijsaUes , Ann. se. nat., 1834, t. II, p. 107; Comptes rendus, l. XXXIX, p. 2, Journal de l'Institut, 1834, n" 1072. ■' Beolmeliluiiyen ueber Anatomie und Ëntvnckelu/ig. Berlin, 1831. '' Die Scltuyniinpulijpen nder SipJionopliorcn von. Messina. Lei|)/,ig, 1833. ' Gegenbaiir, Kolliker iwul II. Millier, Bericht iibùr ein. in 1/erbsle 1832... et Neue Beilriuje zur nuh. Kenln. d. Siphonophoren; Zeit. f. Wiss. ZooL, vol. IV et V; Nov. ael. nul. çiirios., vol."27, 1859; leones Zootoniicae de Victor Carus, pi. II et III. " Ueber Phi/sophora liydrostutieu. Lei|)/.ig, I8(i0; Zeils. fur nat. Wiss. ZuoL, vol. X. '■> Ueber die Siphonophoren von Neapel und Messina. Gôtiing. Naehrichten , 1860, 13 aug-, n° 23. '" On ClaruteUa, a new genus of corynoid polypes , Ann. and Mag. oi" nat. iiist., l'eb. I8GI. " Mémoire sur l'Éleulhérie diehotome, An.n. des se. nat., 2""' sér., t. XVIII. '"- Beobachtungen ilber den Bau und die forlpflanzung der Eleutheria , TrosrheVs Archiv, 1861, p. 137. SIR L'HLSÏOIRE NATURELLE DES POLYPES. 29 dans les sorlulairos. I^acazc Dulhiers vionldo complcler ces observations par des recherches d'un haut inlérèl sur le corail. Les cori)S ciliés les plus cmieux sont ceux observés par Allman sur le Dicori/ne conferla : c'est une gaine Icnlaculée, couverte de cils vibraliles, (|ui porte deux œul's, comme le S|)ermatophore porte des spermatozoïdes '. Les spermatozoïdes que Carier '^ avait cru observer d'abord chez les spon- gilles ne sont d'après ses propres observations que des cellules ciliées isolées '. Toutefois, l'existence des spermatozoïdes dans les spongilles a été mise hors de doute depuis par Lieberkuhn, qui a vu en même temps leurs œufs avec les vésicules germinatives et le vitellus *. Ces œufs produisent d'abord des embryons non ciliés , d'après ce con- sciencieux observateur, et l'on voit surgir ensuite des cellules conliocliles; puis apparaissent des aiguilles siliceuses, et seulement après se montrent les cils vibratiles. Grâce à la présence de ces cils, les embryons à cette époque se meuvent librement, et nagent comme tous les jeunes polypes. ' 2. Le sexe des polypes. — On est aujourd'hui généralement d'accord sur la dioïcité des polypes en général. Cependant, à en juger d'après le Beroë rufescens , que Will a étudié, les sexes sont réunis dans ces Cténo- phores^ Les autres polypes, à quelques exceptions près, semblent avoir les sexes séparés. Cet isolement des sexes s'étend mémo jusqu'aux colonies. Cavolini en avait déjà fait l'observation sur des sertulaires '' et, en 1843, Krohn ' a été conduit au même résultat. Il y a plus : Steenstrup a vu des colonies de coryne se répandre comme une mousse sur des corps étrangers '^ et, d'après * Ann. liai. Iiist., I8(il. p. Kil). 5 Carter, Zoosperma iit SpoiigiUn , Ann. or wr. iiistorv, 1854. 5 Trou-lii'Vs Juhresh(ri(Iit , 18'i8, p. 12ô. '' Zcits. fur Wiss. zoologie, I80G, p. 307. ^ Beroe tergestinae, pi. I, fig. 22. '' Cavolini. ^ Einig, Bcinerli. und lieohacliL itiier die Geschlechtsverhdltnisse , bel deii .Serlularinen. .Muller's .4iicniv., 18V3. p. 174. * Uitters. uLerdas Vurh. d. Heniiiipltrodilismus. Grcifswald, 1846, p. 67. 50 RECHERCHES la couleur des capsules, il pouvait reconnailre à dislance à quel sexe appar- tenaient ces légions. Si l'on observe une colonie quelconque, soit de canipanularide soit de tubularide, on est tout surpris de voir que tous les téléons qui en descendent sont du même-sexe. Ce sont des pieds dioïques, pour parler le langage de la botanique. Il eùl été fort difficile de faire cette observation sur des colonies qui engendrent des léléons complets et libres, mais elle est facile à faire sur des colonies à téléons imparfaits, qui produisent les œufs ou le sperme sur place. Mais s'il en est ainsi de ces bydroméduses, peut -on admettre qu'il en soit de même des pieds de sirobila , des discopboresP II faut attendre les observations, et celles-ci probablement se feront attendre longtemps, puis- qu'il faudrait conserver en vue les méduses depuis leur séparation jusqu'à leur développement complet, pour décider cette question. Les liydres jusqu'à présent nous présentent un exemple de la réunion des deux sexes sur un pied. Les colonies des sipbonophores semblent ne pas se trouver dans le même cas. Les individus comme les colonies sont dioïques. Vogt a vu en effet seu- lement des colonies mâles de YAbijla pcntmjona pendant son séjour à Nice, et il regarde également comme mâle VAbyla observée par R. Leuckart dans les mêmes parages ', Kolliker assure toutefois avoir vu les organes sexuels, c'est-à-dire les mâles et les femelles, réunis dans une seule colonie chez sept espèces différentes de sipbonophores. Voilà au moins ce que nous voyons dans le Mémoire qu'il a fait en commun avec Gegenbaur et II. 3Iuller "■. Les polypes subissent-ils l'influence des saisons? Y a-t-il pour eux aussi une époque de rut? On s'est demandé bien souvent si les campanulaires, comme les autres polypes, avaient une époque pendant laquelle la multiplication ou la fécon- dation s'effectuait régulièrement. Comme on a rarement l'occasion d'étudier ces animaux en hiver, puisqu'on ne visite les côtes, dans le Nord surtout, qu'à commencer du printemps, l'opinion que la fécondité de ces êtres est sou- * Zui- nii.hant Kntiiliiiss (1er Siplio/iophoren , Arciiiv. fur Xatuik;., 1834, j). 'i"). - ZeiU. fur Weiss. zool., vol. IV, p. ôlC. (1853.) SIR LUISTOIRP: naturelle des polypes. 51 miso à la périoilicili' csl généralomcnt admise, et la plupart des naturalistes ne doutent pas (pie Tété seul soit favorable à leur fécondité. Les cainpanulaires, ou, pour parler avec plus de précision, la Camjuinu- lariagelatiiwsa n'est pas soumise à celte règle générale. Cet hiver-ci encore, nous avons reçu, au mois de décembre et de janvier, des colonies médusi- pares qui ont continué à donner des méduses à Louvain, en (piantilé non moins grande qu'en plein été. Ces méduses ont fort bien vécu pendant trois semaines à peu près, et, au bout de ce temps, je n'en ai plus aperçu. Plusieurs faits militent en faveur de l'opinion qu'il y a une périodicité dans l'apparition des méduses. Dans les aquarium, nous avons vu les scyphistomes slrobiler pendant plu- sieurs années à la même époque. Nous avons vu de même certaines méduses microscopiques a|)paraitre pendant deux ou trois ans dans le même mois. Nous citerons en particulier les Cladonema. La Serlularla cupressiiia fleurit, (pi'on me permette cette expression , au mois d'avril ou de mai. Mais nous avons vu aussi la Campanularia ydalinosa , avec des capsules pleines de méduses, à toutes les époques de l'année, même en décembre et en janvier. D'un autre côté, M. Kirchenpauer a remarqué que les campanulaires ont leurs capsules vides dans l'arrière-saison. N'y aurait-il pas là une différence entre les animaux qui subissent, à l'embouchure des fleuves, l'influence de la température des eaux intérieures? Pendant plusieurs années de suite, nous avons vu apparaître dans les aquarium les mêmes petites méduses en quantité considérable, puis di.spa- railre complètement jusqu'à l'année suivante. C'est même celle présence dans les aquarium qui nous rend compte de ces apparitions si brusques et quel- (luefois si imprévues de légions de méduses pendant un temps généralement assez court. C'est au printemps que nous voyons apparaître, sur nos côtes, plusieurs espèces que nous n'apercevons plus pendant le restant de l'année. Will pense que les Cténophores vivent plus d'une année, el que leur accroissement est fort lent. Il a vu VEuchaiis mulllcornis en aussi grande abondance au commencement de décembre que dans le courant du mois 32 RECHERCHES d'aoïU , i|uoic|uc la poule se fût effectuée déjà depuis deux mois et demi. Ces animaux sont-ils annuels? Nous le croyons du moins à l'état sexuel. Nous n'avons jamais pu conserver des méduses microscopiques d'une année à l'autre, et nous croyons même que la vie est assez éphémère dans la plu- pari d'entre eux. I. OEnfs. — Ce qui nous a surtout frappé dans le cours de nos recher- ches sur la reproduction des vers, c'est l'infinie variété de forme et de gran- deur (|ue présentent leurs œufs, notamment ceux qui proviennent des vers parasites. Nous voyons tout le contraire dans les reufs des polypes. A l'ex- ception des hydres et de quelques autres genres, les œufs de ces animaux sont toujours fort petits, avec des enveloppes minces et transparentes, sans appendices et de forme sphérique. Il suffît qu'ils soient dans l'eau pour que le vitellus se transforme en blastoderme à la suite du fractionnement de sa masse et l'embryon se couvre régulièrement de cils vibratiles. Autant il y a de la variété dans les œufs et dans les embryons des vers, autant il y a de l'uniformité dans ceux des polypes. L'éclosion a été observée dans presque tous les groupes de cette classe , si pas dans tous. Le fractionnement est en général rapide. Il s'achève en moyenne au hou! de trente heures. Ce fractionnement est total, et tous les tubercules se divi- sent simultanément. La division du grand noyau qui précède le fractionnement est presqu<; toujours facile à observer, parce que les globules vitellins sont peu visibles. On ne voit guère de membranes autour des masses fractionnées. Vers le troisième jour, l'embryon est ordinairement couvert de cils et il nage librement dans l'eau, sous une forme ronde ou ovale. Gegenbaur a fait des observations suivies sur des œufs fécondés de Physo- phorcs, de Diphi/es, de Lizzia et d'autres genres. Nos observations ont porté particulièrement sur des œufs de Cyanea , de Campanularia, et de Sertuluria. 1!. Planule. — On a été, pendant quelque temps, dans le doute sur la SUR LHISTOIRE NATURELLK DES POLYPES. 33 question de savoir si les œufs de méduses ordinaires donnaient bien nais- sance à une forme ciliée, puis à une forme polype, et s'il existe là un cercle régulier d'évolution embryonnaire. La méduse est bien la forme sexuelle, mais s'ensuit-il que les embryons ovariens doivent nécessairement passer par la forme polypiaire avant de devenir méduses? c'est-à-dire que la méduse ne puisse, pendant quelcpies générations bomogones, engendrer d'autres mé- duses, avant de produire de nouveau des formes bétérogones '? Cette ques- tion n'en est plus une. Le cercle complet a été étudié avec tout le soin néces- saire, et on peut dire que les méduses en général subissent aussi régulièrement leur génération bétérogone que d'autres parcourent les phases ordinaires de leur métamorphose homogone. Sur cette question les naturalistes ont aujour- d'hui leurs apaisements; mais il n'en est pas moins vrai (pie plusieurs de ces polypes dérogent à la règle générale. Ainsi, dans les Cténophores cette première période de développement n'existe véritablement pas, et les cils locomoteurs de l'âge embryonnaire sont les mêmes que ceux qui lui serviront plus tard à l'état adulte. Dans les autres polypes l'embryon est toujours intégralement cilié : sous la forme d'une Paramécie il nage librement et fait choix, au bout de quel- ques jours, de gîte pour sa progéniture. L'embryon dépouillé de sa robe ciliée ou de sa mère poilue, si on aime mieux, s'épate à l'un des pôles, s'élargit en forme de disque et prend la forme d'un cachet; le manche, très-court d'abord, s'allonge rapidement, et le sommet s'ouvre bientôt pour former la bouche. A peu de différence près, ce phénomène se passe de même dans les divers ordres, avec cette différence seulement que le disque, qui doit servir de base à la colonie, est d'autant plus large, que la colonie est plus nombreuse et le polypier plus développé. Comme nous l'avons déjà dit, cette phase du développement est sautée chez quelques-uns, et l'embryon, sans avoir été cilié, devient directement polype. Nous n'avions pas compris d'abord ce phénomène; les Tubularia coronata, et indivisu en offrent un curieux exemple; ces polypes avaient paru engen- ' Muller's Arcliiv, 1831. ôi RECHERCHES drer des gemmes mobiles. C'est une erreur d'inlerprélalion qui a été par- tagée aussi par J. Muller. Le professeur Aliman a sigualé un cas bien remarquable de reproduction, dont nous avons déjà parlé plus haut '. Un polypule sans tentacules et sans bouche porte des téléons atrophiés, formés d'endolhèque et d'ectolhèque, et entre ces deux membranes se développe, chez le mâle comme chez la femelle, un corps de forme ovale, à deux tentacules, cilié sur toule la surface, et qui renferme des œufs chez la femelle, des spermatozoïdes chez le mâle. L'eclolhèque crève à Tépoque de la maturité, et le produit cilié, chargé d'œufson de sperme, nage librement. Celte gaine ciliée sexuelle à quoi correspond-elle? Est-ce une planule, est-ce un téléon ? Nous croyons que c'est une planule anoi'male, du moins sous le rapport physiologique. Sous le rapport morphologique, c'est un léiéon ou gonophore. Pour nous rendre compte de la valeur de ce curieux téléon, comparons- le à celui de la Tubularia coronata. Dans celte espèce le léiéon engendre comme ici un œuf; de cet œuf on voit naître directement un polypule, et on s'accorde à voir dans cette formation direcl(! la suppression de la phase planulaire. Le polypule se dépose où le courant le conduit, pour former une nouvelle colonie. Ici nous voyons de même un œuf, mais il est entouré d'une gaîne ciliée. Ne fallait-il pas à ces œufs ou à ces germes un moyen de locomotion propre, puisque ces dicorjjncs ne vivent qu'à de grandes profon- deurs et que les courants nécessaires pour le transport y font défaut. Celle gaîne ciliée représenterait pour la ilkonjne la phase planulaire ou ciliée et remplirait le même rôle. Mais sous le rapport morphologique, celle gaîne précède l'œuf, et la peau ciliée est aniérieure à la formation de l'embryon. Dans ce sens, la gaîne sexuelle descend du téléon, et le léiéon a engendré, par voie agame, un autre téléon complètement dilTérent de lui. En définilive, l'œuf produit le polypule, celui-ci le téléon et le léiéon pro- duit à son lour une forme différente, qui fait fonction do planule, dont la phase est supprimée. * Notes on llie liijdruld Zoophytes, A.\'.\. nat. iiist. .uc, I8CI , vol. VIII, ]i. 108. SUR L HISTOIRE NATURELLE DES POL'iPES. 35 III. Scyphisloines. — C'est peiulanl celle période qirapparaissoiil les ten- tacules. Ces tentacules surgissent régulièrement autour de la bouche. Ils sont d'abord au nombre de quatre, (|uel([uelois de six, et se multiplient dans un ordre déterminé. Il n'y a que les Cténophores et Éponges qui ne prennent point ces organes de préhension. Les premières observations sur la multiplication des tentacules dos polypes sont de Berlhold *. M. Hollard a étudié plus lard leur mode d'apparition chez les actinies -. MM. iMilne Edwards et llaime ont fait à leur tour des recherches intéressantes sur le même sujet"', et nos observations sur les actinies s'accor- dent parfaitement avec ces dernières. Enfin, les dernières recherches sont dues à .M. Agassiz fils. M. Gegenbaur n'a pu voir la formation de la seconde couronne de tentacules des tubulaires *. INous n'avons pas fait iion plus celte observation sur des embryons, mais nous avons assisté à leur apparition dans les jeunes tubu- laires qui naissent au bout des tubes dont les tètes ont été flétries. Quand la première rangée, la couronne inférieure, a pris à peu près son développe- ment, un cercle de petits bourgeons s'élève autour de la bouche, et forment bientôt la seconde couronne caractéristique de ces beaux polypes. IV. Slrobila. — Au bout d'un nombre déterminé de générations agames, une nouvelle catégorie de polypes surgit, et cette nouvelle catégorie est ou hétérogone ou homogone; cette reproduction nous donne la clef de divers phé- nomènes, qu'il faut suivre pas à pas pour bien les comprendre : c'est la géné- ration médusipare, c'est-à-dire celle qui va donner le jour à la forme sexuelle. Dans les polypes supérieurs, les scyphislomes, quel que soit leur degré de parenté avec les méduses, sont toujours les mêmes; ils ont la même taille, une bouche et un tube digestif régulièrement conformés, et des bras longs et rélraclils, qu'ils engendrent des stolons agames ou qu'ils produisent des téléons méduses. • Beitrage zur Anal, und Phi/siulogic , 1831, j). 12. - Études sur l'organisation des actinies. Tlièse jiour le doctorat en se. nat. Paris, 1848. ' Hist. nat. des coraltiaires, vol. I, p. i'j et pi. .1'', (ig. ô. * Loc. cit., ]). 45. 36 RECHERCHES iMais insensiblenienl des diflérences surgissent , el Ton peul jusqu'à un cer- tain point s'en rendre compte. Ceux qui vivent isolés, en ermites, doivent bien pourvoir eux-mêmes à leur entretien, avoir des bras el une bouche |)0ur se nourrir; mais ceux, au contraire, qui vivent en cénobites, par suite de la division possible de la besogne, ne doivent pas tous se nourrir : la bouche et les bras peuvent impunément disparaître quand ils ont d'autres fonctions à remplir. Les voisins mangeront pour eux. On trouve, sous ce rapport, des passages très-curieu\ : dans l'hydractinie, que M. Sars a découverte en Italie, les médusipares ont quelques bras de moins (|ue les autres, et ont encore une bouche; l'hydractinie de nos côtes n'a plus ni bras ni bouche, quand elle doit pourvoir à la reproduction médusaire. M. Gegenbaur représente une hydraclinie avec des tentacules véritables, à côté d'un individu sans tentacules, mais chargés tous les deux de cap- sules sexuelles •. Quant à la question de savoir si le scyphistome qui a strobilé engendre de nouveau plus tard des méduses el des stolons, nous ne sommes pas à même d'y répondre pour le moment. Nous dirons seulement que nous en avons observé dans ce but, et que nous croyons avoir vu des stolons poindre de leurs lianes. Nous n'oserions toutefois allirmer que les mêmes individus pro- duisent une seconde fois des méduses. Nous ne savons quel est le terme de la vie de ces l'oimcs agonies. Nous avons disposé des scyphistomcs dans nos aquaiium pour étudier jusqu'au bout leur développement el les phénomènes de la strobilation, niais d'autres travaux ont détourné noire attention et nous ont fait perdi'e de vue ces inté- ressantes recherches. Nous avons vu plus haut que, dès l'année 1829, M. Sars a ouvert la période des recherches qui a eu pour résultat la connaissance des phases curieuses de l'évolution des polypes; el au moment où le célèbre professeur de Christiania surprenait les dernières transformations des scyphistomcs en sirobiles el des strobiles en méduses, M. V. Siebold, qui a attaché son nom à tant de grandes découvertes dans le domaine des animaux inférieurs, reconnut les premières phases infusoriformes de ces mêmes méduses. * Gegenbaur, Veigl. AauUmi., p. 114, fig. lo. SUR L'HISTOIHE NATURELLE DES POLYPES. 37 De 1829 à 1833, M. Sars découvre les scyphislonies et les slrobiles, et, dans le printemps de 4837, il reconnail leur parenté et leur filiation. En 1829, 31. Sars fait connaître l'animal auquel il donne le nom de slrobile ', et qu'il croit dilTérenl de celui auquel il imposa ensuite le nom de scyphislome. Je n'ai pas encore observé comment se détacbe le premier de tous ces anneaux, disait Sars d'abord; mais il ne me paraît pas improbable, ajoute- t-il, qu'il tombe comme un polype ordinaire, qu'il se fixe de nouveau pour parcourir les mêmes pliases de développement et ([u'il se partage ensuite de la même manière -. Quant au capitule, j"ignore ce qu'il devient, écrit-il dans une lettre adressée à l'Académie des sciences, datée du 2/i. juillet 1837 "'. Sars a consigné la nouvelle de l'identité des strobiles et des méduses dans une lettre à Wiegmann , que ce savant a insérée dans ses archives \ Il avait reconnu cette identité par une série de recherches instituées dans le printemps de 1837. C'est en 1839 que le savant observateur de Christiania découvre les pre- mières phases du développement, et (|u'il observe le cycle complet de leur évolution ". Depuis la publication de ces belles recherches, deux naturalistes anglais, sir J.-G. Dalyell et 31. Reid se sont occupés du même développement, et leur résultat s'accorde parfaitement avec celui obtenu par le naturaliste norvé- gien. Le 10 juin 1849, M. De Sor écrit de Boston une lettre à 31. 31ilne Edwards sur le développement ou la génération médusipare des polypes hydraires ". Plusieurs points importants, qui semblaient décidés, sont de nouveau mis en (piestion. 11 est vrai que, aux yeux de beaucoup de naturalistes, il restait encore de l'incertitude sur plus d'une (lucstion essentielle. ' Bklray til Soedi/rem's iiahir //islorlc, ])[). 17-:2(>. "^ Ann. franc, d'analomie , 1838, vol. 2, p. 84. ^ Comptes rendus, 1857, li-^sein., p. 98. " * Zar EnlicickeluiKj's fjesiliiclile der Mt)ll\isl;en und Zoophtjlen, Wiegjh>n's .\iiciiiv, 1837. vol. 1 , p. 40C. !" Wiegmann S Anliiv, Ann. se. nat., 1811 , vol. 10, p. 333. « Ann. se. nat., 184'J, vol. 1:2, p. -H)'t. 38 RECHERCHES D'après M. De Sor, les polypes scyphislomes, au lieu de se diviser en seg- ments comme le prélend M. Sars, engendrent au contraire, des bourgeons, el ce sont ces bourgeons, nés dans le voisinage de la bouche, (|ui devien- nent méduses. Ce phénomène aurait donc une signification toute diffé- rente. Au mois de juillet 1856, à la réunion des naturalistes Scandinaves à Christiania, M. Sars a lu une notice sur ce sujet, et croit trouver la source de l'erreur de M. De Sor dans l'état du polype médusipare, dont M. De Sor aurait pris la nouvelle couronne tenlaculaire, développée après Tapparilion des méduses, pour la couronne ancienne et primitive. Mes observations sont entièrement d'accord , dit M. Sars, avec celles de MM. Dalyell et Reid. Je suis certain, ajoute-t-il, qu'il n'y a pas d'erreur de mon côté, et la divergence d'opinion s'explique en admettant que M. De Sor a pris la base du scyphistome après la génération médusipare, pour le scy- phistome complet. Le strobile se forme-t-il par scission ou une espèce de métamorphose d'un individu en plusieurs, ou bien les segments de méduses d'un strobile ne sont- ils que l'effet d'un bourgeonnement, d'une prolificationp En d'autres termes, le scyphistome se ti-ansforme-t-ii comme Sars l'a dit, ou le scyphistome pro- duit-il, comme l'a dit M. De Sor, des méduses par voie gemmipare? M. Gegenbaur a cherché à élucider cette question ' ; il a montré les diffi- cultés qui s'élevaient contre la théorie de Sars; il penche évidemment pour la simplicité de la théorie de M. De Sor, mais sans observations directes on ne peut, trancher une pareille question. H fallait suivre des yeux la transfor- mation du scyphistome et marquer d'heure en heure les changements qu'il présente i)endant cette évolution. C'est ce que nous avons fait. M. Gegenbaur croit pouvoir concilier l'opinion de M. Sars avec celle de M. De Sor, à l'aide de quelques observations faites par Dalyell. Le scyphistome, après avoir donné des méduses et abandonné son cercle do tentacules, continuerait à vivre, et de nouveaux tentacules surgiraient. D'après cela, M. De Sor aurait vu des scyphistomes avec une nouvelle rangée ' Zttr Lehrevom Generatioimveeltsel.... Wiu-zbourg, 1854, p. 7. SLiR LIIISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. 39 (le lenlacules. Los choses se passonl en oflel ainsi, mais les scyphyslonies de i\L De Soi' n'étaient pas, eroyons-nous, dans le cas que Ton suppose ; ces scy- phislonies avaient bien réellement engendré des méduses comme M. De Sor dit l'avoir vu. C'est une chose assez curieuse que les premières observations que nous avons faites sur ce sujet, et que nous avons conservées longtemps en porte- feuille, étaient entièrement favorables à l'opinion de AL De Sor. Èvidem- ■iiient , des scyphislomes engendrent des méduses qui apparaissent à la bouche entre le cercle des tenlacules, et que le polype sendjie vomir de sa cavité digeslive. Pour ma part, je considérais la question comme tranchée, et, je l'avoue, j'avais été jusqu'à supposer, pour me rendre compte du phénomène, que ■>L Sars avait pris pour une division du corps du scyphislome, l'apparition de la pile des méduses qui avait peut-être fait crever la peau pour se déve- lopper plus aisément. Ce sont ces observations qui m'avaient fait parler, comme je l'ai fait, dans un discours que j'ai prononcé dans une de nos séances publiques, sur la perpétuation des animaux inférieurs. Depuis, j'ai eu Toccasion de voir de nouveau mes scyphistomes produire des méduses, et, cette fois, c'est 3L Sars qui a raison. C'est vérilablement le corps du scyphislome lui-même qui s'élrangle à des dislances régulières; la couronne de tenlacules est portée par le segment terminal, et le pédicule montre au-devant de lui toute la pile de méduses sans avoir lui-même aucune a])parence de tenlacules. Comme il arrive bien souvent dans les sciences d'observation, ce n'est pas dans la conslalation du fait qu'il y a erreur, mais bien dans son appréciation. Ce sont souvent les lacunes qui conduisent à des rapprocbemenis erronés. Voici, maintenant, les points sur lesquels noire allcnlion a parliculiè- remenl porté : 1° Que devient le segment Icrnu'nal qui porte la couronne îenlacuiaire du scyphislome? 2" Que deviennent ces tenlacules? 3" Le capitule, après la naissance des méduses, conlinue-t-il à vivre? 40 RECHERCHES 4" Y a-t-il dans ce cas foinialion triinc nouvelle couronne de tentacules? 5" Ce pied de strobile, transformé de nouveau en scyphislonie, engendre- t-il encore de la même manière ? G" Quel est le terme de la vie des scyphislomes? Le segment terminal du slrobile, d'abord sensiblement différent des autres parla présence des tentacules, se rapproche d'eux sous le rapport de la forme à mesure que le développement s'effectue; les bords s'échancrenl, les tenta- cules s'épaississent, tombent ou sont absorbés, et le premier segment ou la première méduse, au moment de sa libération, ne diffère guère des autres qui vont suivre. Nos observations s'accordent donc parfaitement avec celles de sir J.-G. Da- lyell et M. Reid. Les méduses ne sont pas au milieu du cours de leur développement, que le capitule se sépare de plus en plus nettement, et des tubercules, faiblement accusés d'abord, se dessinent de plus en plus nettement, s'allongent et for- ment, avant la séparation de sa dernière progéniture, une véritable couronne tentaculaire. Les tentacules du segment terminal sont absorbés en même temps que d'autres se développent au capitule. La disparition de ces tentacules n'a pas lieu d'une manière irrégulière, comme on pourrait le croire, il y a de l'ordre dans cette retraite : ceux (|ui sont placés au sommet de chaque lobe, à l'endroit où surgit la capsule senso- riale disparaissent les premiers; leur aspect change dans un moment donné et ils deviennent plus blancs et moins transparents; dans un individu que nous représentons, il ne reste plus de ces tentacules caducs qu'un petit fragment, sous forme de bouton, qui semble avoir perdu toute apparence de vigueur («). Les autres sont encore assez longs, et saisissent, comme avant, la proie au passage. 11 n'y a jusqu'alors aucune apparence de tentacules à découvrir au capitule. Le segment se sépare-t-il au bout libre , et les ten- ïelt'on ou seiïnieiu terminal avec « i i* • . -i i* • i un.eutacuiecaduc;„.Descirrhes ^''«ules d.sparaisscut-ds pour faire pbce au premier ont luis leur place. téléou médusoïdc, de manière que la base du sîro- SUR L'HISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. 41 bile continuant à vivre, montre de nouveaux tentacules sur son bord anté- rieur? (Sars, Dalyell, Gegenbaur.) Ou bien le capitule pousse-t-il des téléons niédusoïdes, comme des bour- geons qui sortent de la boucbe, et les tentacules persistent-ils tout simple- ment après la parturition des gemmes? Nous avons vu le polype avec ses tentacules montrer le téléon au-devant de lui, de manière à admettre Texplicalion de M. De Sor; mais plus tard, nous avons vu, également bien, les choses se passer exactement comme Sars, Dalyell et Reid Font observé. Voici, en effet, ce qui se passe : Les tentacules du segment antérieur s'atrophient sous les yeux de Tobser- vateur, et Ton peut dire que de jour en jour et même, à la fin, d'heure en heure, ils subissent des changements. Dimanche 6 mars, un strobile, qui ne montre encore qu'un corps faible- ment segmenté, présente, autour de la bouche, une couronne de tentacules étalée comme dans le scyphistome le plus vivace. Ils ne présentent pas de différence avec les tentacules de ces derniers. Sur l'avant-dernier segment, on commence à apercevoir les échancrures caractéristiques de la formation des téléons, tandis que le bord du segment terminal ne nous montre rien de semblable; aussi nous demandons-nous dans ce moment : le segment antérieur va-l-il se détacher pour aller vivre de nouveau quelque part comme scyphistome, ainsi que l'a supposé d'abord M. Sars, ou bien ce segment va-t-il se métamorphoser? Lundi , rien de particulier n'est survenu , si ce n'est que les tentacules se rapetissent comme si l'animal ne se trouvait pas dans un milieu favorable. Les autres scyphistomes sont cependant majestueusement étalés à côté d'eux, ce qui démontre que l'eau ne laisse rien à désirer. Le lendemain, les tentacules deviennent sensiblement plus gros et plus courts, et la plupart d'entre eux montrent sur une partie de leur longueur des nœuds véritables. Le bord libre du strobile commence à montrer des échan- crures. On ne saurait dire cependant si ce segment terminal deviendra aussi une méduse, d'autant plus qu'il est beaucoup plus volumineux que les autres. Le 9 mars, mercredi suivant, les tentacules perdent considérablement de leur vitalité; c'est à peine si quelques-uns d'entre eux s'étalent encore. On 6 42 RECHERCHES commence à remarquer les feslons des bords qui indiquent la véritable nature du (éléon. Jeudi malin, il y a une modification sensible, mais c'est surtout l'après- midi qu'il ne peut plus y avoir de doute : les tentacules occupent une situation régulière sur le bord de Pombrelle; du fond de chaque échancrure qui sé- pare les lobes il part un tentacule encore assez long, tandis que du milieu de chaque lobe, précisément à l'endroit où la capsule sensitive va surgir, il en part un autre, mais qui est très-court, en partie resserré à la base et prêt à se détacher ou à disparaître par absorption. Aussi ces organes ne ressem- blent plus guère à ces bras vigoureux et si singulièrement rélracliles des scyphistomcs polypes. Il y a ici un phénomène de métamorphose compliqué de mélagenèse. Si le dernier segment, surtout celui qui comprend la bouche et les ten- tacules, se modifie de manière à ce que ces organes deviennent ceux de la méduse même, nous n'avons pas affaire à une génération agame ordinaire, mais à une espèce de métamorphose : c'est en effet le corps du syphistome lui-même qui se segmente et se façonne en une pile de rondelles qui devien- dront des téléons. Cela ne doit donc pas tant nous étonner, si dans les échino- dermes nous voyons une partie du tube digestif de la mère scolex faire partie intégrante de la fille astérie ou oursin, et la ligne de démarcation entre les métamorphoses et les métagenèses n'est pas toujours aussi nettement établie qu'on l'a supposé. A côté d'hydractinies régulièrement organisées, on voit des individus chargés de méduses mâles ou femelles, mais celles-là n'ont plus ni bouche ni bras et elles ont droit à l'assistance générale. Les autres doivent faire la pèche pour elles. On reconnaît cependant encore facilement les individus chargés de cette nouvelle fonction, et l'on remarque même chez ceux qui en sont chargés des tentacules rudimentaires et atrophiés. C'est ce qui donne la forme d'un chou- (leur à quel(|ues-uns d'entre eux. Si maintenant nous jetons les yeux sur les individus médusipares descam- panulaires, des loges plus grandes que les autres, placées à l'aisselle des bran- ches, contiennent des polypes qui sont sans aucune communication avec l'ex- térieur et dans lesquels on ne voit ni bouche ni bras pour saisir la proie. A les SUR L'HISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. 43 voir on ne dirait morne pas que ce sont des polypes. On dirait une dépen- dance charnue de la coninuniaulé. Une élude comparative nous montre donc clairement, en passant par tous les degrés intermédiaires, que les clochettes à méduses des campanulaires, qu'on a désignées sous des noms si divers, ne sont autre chose que des polypes téléopares sans bouche et sans tentacules. Ceci nous explique également la nature de la loge des serlulaires, dans lesquelles par consé(|iienl nous ne devons voir que des polypes incomplets, chargés de la reproduction médusipare. De ces sertulaires nous sommes natu- rellement conduits aux hydres. Voilà donc une troisième sorte d'individualité, qui nous explique un phé- nomène non moins remarquable de la forme sexuelle et complète. Comme nous avons vu un arrêt de développement dans les polypes agames, nous trouvons un arrêt s'emblable dans les méduses sexuées. El ici encore nous trouvons toutes les nuances qui nous permettent de suivre le phénomène pas à pas, de manière à porter la conviction dans tous les esprits. La Cmnpanularia gelalinosa montre dans ses loges des méduses com- plètes, qui puisent d'impatience pour jouir de leur liberté, et que l'on a enre- gistrées sous le nom de Obelia. A côté de cette campanulaire, une autre espèce qui présente avec elle assez d'analogie pour qu'on ait pu les confondre l'une avec l'autre, montre encore dans ses clochettes des méduses en voie de formation , mais qui ne devien- nent jamais libres et complètes. Elles sont frappées d'un arrêt de développe- ment au milieu du cours de leur évolution. Aussi la méduse, tout en étant arrêtée dans son évolution, n'en continue pas moins à engendrer le produit sexuelle mâle ou femelle qui doit disséminer au loin l'espèce. Les Campanu- laria cUcJiotoma, genkulala et d'autres, étudiées par MiM. Lovèn et Schulze, sont dans ce cas. Les larves sortent ciliées de leur mère atrophiée. On recon- naît encore, dans cette dernière méduse, l'ombrelle, les cirrhes marginaux et les principaux organes. Mais voici que l'arrêt de développement frappe à un âge moins avancé. C'est à peine si le jeune animal a la forme globuleuse et s'il existe un tout premier rudiment de cirrhes; l'animal sexuel est réduit à un sac qui ne donne pas moins naissance à des œufs ou à des spermatozoïdes. U RFXHERCHES Enfin , il y a un degré moins avancé encore dans cet arrél de développe- ment : il n'existe aucune apparence de forme particulière, aucun cirrhe ou tentacule ne surgit pour trahir sa signification ; tout ^anima^ est une capsule, et cette capsule ne pourrait avoir d'autre signification que celle d'un organe, si on ne l'éludiail par voie d'analogie. Nous trouvons la Tubularia coronata dans l'avant-dernier cas; l'hydrac- tinie lactée et les hydres d'eau douce dans le dernier. La capsule qui renferme les organes sexuels correspond donc bien, quel que soit son degré d'évolution, à la méduse complète et sexuée. Il n'y a pas le moindre doute à cet égard. Nous avons depuis longtemps exprimé cette opinion, qui est partagée aussi par MM. Leuckart et Gegenbaur. Le développement par toutes les phases : planule, scyphistome et strobile, a été observé dans les principaux types de discophores acraspcda; outre les Médusa aurila, Cyanea capilUua, cltrysaora, cephea, cassiopwa borbonka, Agassiz s'est assuré que 1'^ urelia flavidida présente exacte- ment les mêmes phénomènes. Le téléon continue-t-il toujours son développement après la séparation du strobile, ou a-t-il atteint son épanouissement Aurélia /iavi., Bd. IV, p.527. 5 Loc. cit. , p- 7. '* BcobaclitKfigeniiber den Bau der Eletitheria. îuVi, Ï861. ' m RECHERCHES provenus d'une même mère deviennent complets et adultes par des voies complètement différentes: les gemmigènes se formant directement, les ovi- gènes engendrant des polypules agames et ceux-ci seulement des téléons sexués. Le téléon et la planule, sont frères et soeurs, mais la pelite-fdle seule du dernier prendra la forme de son grand-oncle. Il est assez remarquable que, dans ces reproductions agames, toutes les régions du corps peuvent devenir le siège d'une activité prolifique. Les ovaires au contraire ont seulement leur siège le long des canaux gastro-vasculaires, ou autour de Testomac. Nous pouvons répartir les divers modes de gemmiparilè, d'après le siège, en cinq catégories : La première comprend ceux qui montrent les gemmes le long des canaux, Slaurophore laciniata. La seconde comprend les Thaumantias mullicirrhata et lucida, qui por- tent des gemmes à la place des ovaires. La troisième présente les gemmes sur le pédoncule dans la Sarsia gem- mifera. La quatrième catégorie se distingue par les gemmes qui apparaissent sur le bord de l'ombrelle, ou au bout des vaisseaux gastrovasculaires : Sarsia proliféra. La cinquième montre les gemmes au milieu du disque , comme les Eleu- iheria. En résumé donc , dans la famille des océanides , nous voyons la Lizzia octopunclata, la Cijtheis blondina et tetrasiyla (Souleyet) ' et hpusiUa ~, Sarsia gemmifera, Sarsia proliféra, Thaumantias lucida, Thaumantias midti- cirrliata, Staurophora laciniata, Bougainvillea mediterranea , nailre direc- tement de bourgeons sans parcourir les stades ordinaires d'évolution^; la ' Voyage de la Bonite. Zoophytes, pi. Il, fig. 4-15. 2 Keferstein et Elilers. GôUing. gel. Nachridilc. Août, 1860. ' Il y aurait encore développement direct d'après Gegenbaur dans les deux familles, des Traehynemèdcs et les OEgénides. Dans cette dernière famille, ce développement direct a été étudié par J. Mullcr, qui cite aussi la Polyxemia leucostyla? parmi les méduses à développe- ment direct. SUR L'HISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. 55 Lizzia debalia, et la Lizzia KolUkeri, au contraire, passer par toutes les phases morphologiques, et la Lizzia nov., Spec., observée par Claparède, naître directement d'un œuf ordinaire , si ce n'est pas un gemme. La BoiKjainvillea (Gegenbaur) , la Turris neglecta (Gosse) , la Cladonema (Krohn), VEleuthcria (Krolin) , sont au contraire des polypes de la même famille , qui subissent régulièrement toutes les métamorphoses. Les derniers, les éleuthéries, naîtraient même, ainsi que nous venons de lë dire, directement de la mère ou du père, par voie agame, quand ceux-ci ont procréé déjà par les voies ordinaires. Dans la famille des Equorides, la Cunina proliféra se développe aussi directement par voie gemmipare; ce polype peut sauter des phases de son développement, aussi bien celui qui provient d'un œuf que celui qui est engendré par gemme. Il y a en effet des polypes chez lesquels la période sexuelle ou niédusi- forme est supprimée. Tous les sertulaires sont dans ce cas. Il en est de même chez quelques-uns de la période infusoriforme ou planulaire. Les Tubularia coronata et indivisa nous en fournissent un exemple remarquable. Gegen- baur en a déjà fait la remarque ^ La période sexuelle est également sup- primée dans cette espèce, et l'œuf, au lieu de donner naissance à un être cilié, donne naissance directement à un polype tubulaire. Nous avions pris d'abord ces tubulaires pour des bourgeons mobiles, et J. Muller avait partagé cette opinion. Mais si l'on considère que d'autres cap- sules produisent des spermatozoïdes comme Rathke l'a démontré le premier, il est évident que ce ne sont pas des gemmes, mais bien des œufs qu'engendrent ces sacs. g III. — Rapport entre les échinodermes et les polypes. Les échinodermes et les polypes appartiennent-ils, comme M. Agassiz le prétend , à un seul et même type ? Il existe plusieurs dénominations qui désignent les types rayonnes. D'abord le mol zoophyte, adopté par Cuvier, fut introduit, d'après de Blainville, au ' Gegenbaur, Zi(r ie/ire, p. 42. 56 RECHERCHES sixième siècle par Scxlus Empiricus et par Isidore de Séville, pour indiquer principalement les polypes composés. Plus lard, dans la première édition de son système des animaux sans vertèbres, Lamarck proposa la dénomination de radiaires. Puis de Blainville introduisit le nom d'actinozoaires, parce que le nom de zoophytes peut induire l'esprit en erreur, dit-il, en faisant sup- poser que les holothuries ou les oursins ont réellement dans leur nature quelque chose qui les rapproche des végétaux. Le mol phylozoa, proposé par Ehrenberg, n'a aucun avantage sur le mot zoophyte. Plusieurs zoologistes, à l'exemple de Cuvier, conservent les mollusques comme embranchement de la même valeur que les vertébrés, et ils sont en- traînés ensuite à conserver les zoophytes ou radiaires comme quatrième embranchement du règne animal. D'après eux, les polypes doivent nécessai- rement occuper les rangs inférieurs de cet embranchement radiaire, et les échinodermes doivent constituer les radiaires supérieurs. En d'autres termes, les polypes, les acaléphes et les échinodermes appartiennent, d'après eux, à un seul et même type. C'est dans ce sens que s'exprime M. Agassiz, dans son histoire naturelle des Etats-Unis : The typs of RacUata sliould be divided info three classes, ihe polypes, the Acalephs and the Echinoderms. C'est l'avis de plusieurs zoologistes distingués. Ainsi Eschscholz place également les acaléphes comme classe distincte entre les échinodermes et les polypes (zoophytes), tout en avouant qu'il ne trouve d'autres caractères pour séparer les acaléphes des polypes, que la mobilité des uns et la fixité des autres, il est vrai, ajoute ce savant, qu'il est peu régulier de baser l'éta- blissement d'une classe sur le genre de vie , mais puisqu'ils ne nous offrent pas d'autres caractères dislinclifs, il faut bien recourir à celui-là. Cet aveu d'Eschscholz justifie complélement ceux qui réunissent les aca- léphes et les polypes en une seule et même classe. On ne peut procéder ainsi sans s'exposer aux plus graves erreurs. Ne trouvant pas de différences organiques d'une importance réelle, Eschscholz n'aurait pas dû séparer ces animaux, et mettre les deux classes sur le môme rang que les échino- dermes. M. Agassiz trouve dans le partage de la bouche et de l'estomac des SUR L HISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. 57 actinies la preuve de la biiatéralilé de leur structure ; mais il n'y a , dans ces animaux rayonnes, d'après 31. Hollard, qu'un détail d'organisation réclamé par une nécessité physiologique, et qui n'a pas la valeur qu'Agassiz est incliné à lui attribuer. Le type rayonné se prononce de plus en plus, dit iM. Hollard , à mesure que, des premiers échinodermes, on descend vers les polypes. Les acalèphes sont rayonnes en tout et à toutes les époques de leur vie , dit avec raison ce savant '. Les radiaires sont divisés par 3131. 31ilne Edwards et Haime en trois classes : les échinodermes, les acalèphes et les polypes; mais ce mode de distribution ne représente pas, disent avec raison ces auteurs, la série des modifications introduites par la nature; il existe seulement deux types de radiaires, caractérisés par le mode de développement aussi bien que parla structure, et c'est par conséquent en deux groupes que ce sous-embranche- ment doit être partagé : l'un comprend les échinodermes, l'autre les acalè- phes de Cuvier, les polypes hydraires et les polypes coralliaires. Ces derniers ont entre eux , ajoutent-ils , une parenté étroite et doivent èlre réunis dans une division particulière^. C'est cette séparation ou cet isolement des échino- dermes d'un côté , et la réunion des autres en un second sous-embranche- ment qui représente, d'après nous, la véritable nature de ces êtres. C'est l'avis, pensons-nous, de la plupart des zoologistes, à l'exception d'Agassiz, qui ne peut voir dans la réunion des polypes et des acalèphes en une seule classe , qu'une exagération de leurs affinités ^ Quels sont les rapports entre les échinodermes et les autres radiaires aca- lèphes et polypes? Il nous parait évident qu'il faut séparer d'abord les échinodermes, puis réunir les acalèphes et les polypes dans un second groupe de la même va- * Monographie analomiqiie du genre Aclinia, Ann. des se. natur., vol. XV, l8ot , p. 275. - ffist. natur. des Coralliaires , vol. I, p. ô. ^ / hold , however, tliat the precedings remarks are sufjicient to shotv ihat il is an exagéra- tion of their afjlnilies to unité, the polyps and acalephs in one and the same great division under the naine of coelenterala ; Agassiz, Acalepeis , p. 40. ... We hâve in actinia and in médusa the tijpes of tno distinct classes, p. 41 . . . And thaï the analomical différences exhi- bited bij the Echinoderms do nol justify us in considering theni as a distinct types, p. 41. .. Echius being, as il were, a tnedusa, the soft disk of wliich is charged u-ith limeslone pur- ticles, p. 4 1 . 8 §8 RECHERCHES leur. C'est le seul moyen de ne pas méeonnailre les affinités naturelles. Les échinodermes appartiennent à un type à part, tant par les caractères tirés de la forme, que par les différences d'organisation et de développe- ment. Nous admettons volontiers que le sphéromère de tout radiaire peut être comparé l'un à l'autre, et que ce sphéromère correspond au zoonite de l'ar- thropode ; mais le zoonite de l'arthropode correspond aussi à la vertèbre du premier embranchement, et ces deux derniers embranchements ne peuvent être fondus l'un dans l'autre. Le radiaire échinoderme a du reste presque toujours un sphéromère impair, et présente la division quinquennaire, tandis que les autres radiaires mon- trent toujours la division quaternaire. Jetons les yeux sur les belles observations de J. Muller sur les échino- dermes en voie de développement, et comparons-les avec les acalèphes et les polypes; il n'est personne qui ne soit frappé de la différence qui se manifeste dès le principe, et qui se poursuit à travers tous les âges. A l'état adulte certes, on ne confondra pas une méduse et un échinoderme, et à l'état embryonnaire on s'y trompera encore beaucoup moins. Il y a même de remarquable que le caractère radiaire ne se développe intégralement qu'à l'âge adulte chez les échinodermes, tandis qu'il existe à tout âge chez les autres. Ceci va même à l'encontre des principes généralement admis, de l'infériorité du caractère radiaire sur le caractère bilatéral; si, à un âge quelconque l'animal devait dévier de son type rayonné, a priori il n'est personne qui n'eût dit : si un animal radiaire peut être symétrique à une époque de sa vie, cela ne peut être qu'à l'époque de son développement complet. "^ Une seule larve que J. Muller rapporte à YAsteracanthias lenuispinosus aurait pu, à cause de sa forme, être prise pour une jeune méduse; mais elle se distingue des jeunes méduses en ce qu'elle se meut, formant des cercles, par un mouvement cilié, et rien ne rappelle les mouvements de systole si remarquable de ces dernières. Peut-être Agassiz invoquera-t-il en faveur de l'opinion que nous combattons, la découverte d'une larve observée à Nice, la Polyxenia leucoslyla, Will, et SUR LHISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. 59 que J. Millier représenle clans son atlas à côté des Bipinnaria '. Mais celte larve n'est qu'une jeune méduse. Voici comment J. Muller résume lui-même ses observations : Toutes les larves d'éohinodermes se développent d'après un type commun, une sorte de modèle idéal. Chez toutes, il existe une frange ciliée bilatérale, qui s'étend sur les deux faces du corps et se rejoint sur la face ventrale, à l'aide d'une bandelette Iransverse supérieure cl d'une bandelette transverse inféi'ieure '. Et ce n'est pas que J. Wullor ne songe pas aux affinités qui peuvent exister entre les échinodermes et les acalèphes, puisqu'un peu plus loin il fait remar- quer lui-même l'analogie des larves d'asiéries avec les larves de méduses. — La métamorphose d'une larve polypoïde en méduse n'est pas plus compli- quée que la mélamorphose d'une larve d'échinaster en astérie, dit-il; mais la méduse, pendant cette période, se donne des bourgeons et se divise on strobile, de manière que la métamorphose se complique de phénomènes de génération. L'échinaster ne subit qu'une simple mélamorphose. Je crois inutile de m'élendre plus longuement sur une comparaison entre le développement des échinodermes et des autres radiaires; j'ajouterai seulement (jue partout, dès le début, se montre, après l'apparition de la larve bilatérale, chez les uns, la division cpiinquennaire des échinodermes, et chez les autres, la division quat(;rnaire des polypes. La larve de méduse que J. Muller a figurée à côté des Bipinnaria, montre déjà le nombre quatre et huit. De tous les échinodermes, ce sont bien les holothuries qui se rapprochent le plus, par leur développement, des polypes et des acalèphes. Et cependant, ' UeberJie Larvcn iinde d. Melam. d. Huluthiirien uiul Astericn. Berlin, pi. Vll, fig. 9-tl. Ann. des se. NATUR.; vol. 20, p. 277. 2 Die Wesenheit der Echinodermcn licyt uiisser der radiàren Gestalt luul Eintheilung in der Verkalkunrj des Perisoms vtid mancher iinwrcr Tlicile, in ilirer eigeiilhiimliclicn Mcluinor- plwsc und, vor ullern, in ihren amhidumdea Bildiingen, den von. einem eigenlliiunlichen System von innerlich wimperuden Ctuiiileu Schivellbarer saugfïischen Die Larven der Ecliinodcrinen liahcn ntir liilalcrule Si/nnneirie intd siiid noch ohne s])iir der radialvn Anlacje, bei ihreiH Krcisen durch wimpi'rbeu-efjuny ist ancli das eine Ende constant voratisgerichtet. J. Muller, L'eber d. D. d. Echinodermcn , 18oi, pag. 4. 60 RECHERCHES si nous consultons les dernières olîservalions de MM. Danielsen et Koren % dont le résultat s'accorde sur tous les points principaux avec les recherches de J. Muller et Krohn , nous voyons Fénorme différence qui sépare ces ani- maux. Ces savants admettent quatre stades dans le développement de ces radiaires , et certes dans ces stades on ne trouve rien qui puisse faire soup- çonner seulement que ce sont des animaux d'un même type. De chaque stade la jeune holothurie peut passer à l'état d'échinoderme. Le premier stade pré- cède la forme d'une Auricularla; J. Muller ne l'a pas observé. Pendant le second stade, l'holothurie a une forme tout à fait bilatérale et porte des franges latérales ciliées. Le jeune animal a la forme d'un ver avec des ban- delettes ciliées circulaires, qui le fait ressembler à une larve d'annélide, disent ces savants. Pendant le dernier stade, apparaissent les tentacules, les bandelettes ciliées se flétrissent, et la jeune holothurie ne se meut plus qu'en rampant. Agassiz dit avoir vu apparaître chez des polypes cinq tentacules, dont un est placé entre deux paires semblables, ce qui indique dans les anthozoaires une symétrie bilatérale -. Ce n'est pas ce que nous avons observé, de notre côté, et les polypes proprement dits, pas plus que les scyphistomes, ne nous ont offert un mode d'apparition semblable. Les tentacules se développent généralement par quatre, ou comme dans les actinies, par six ou leur mul- tiple, et cette apparition ne s'accomplit pas autrement dans les autres groupes. En cela nos observations s'accordent avec celles de la plupart des naturalistes qui se sont occupés de cette question. Agassiz s'en prend à Kolliker pour prouver que les siphonophores sont de véritables acalèphes hydroïdes et non des polypes comme il l'entend. Nous ne pensons pas que Kolliker ait jamais eu la pensée de rapprocher les siphonophores plus des polypes proprement dits que des acalèphes. Agassiz a parfaitement raison d'invoquer l'exemple de polymorphisme, fourni par les hydractinies, pour démontrer leurs affinités avec les siphonophores, mais nous ne voyons pas que Kolliker ait eu tort. La communauté de la * Fauna liUoralis Norwegiae, p. 51. 2 Lectures, p. 45. SUR L HISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. 61 pliysalie est lorincc non do polypes agrégés, dit Agassiz, mais d'hydroïdes agrégés. Celte digression montre suiïisamment, à notre avis, que M. Agassiz défend une thèse difficile; la défense est plus simple et plus facile quand on est dans la bonne voie. La comparaison entre la structure des uns et des antres est-elle plus favo- rable à cette théorie? Ce qui sépare surtout nettement les échinodermes des polypes, c'est que les premiers ont toujours un li(iuide nourricier propre, les derniers jamais; et indépendamment d'une cavité périgasirique close, comme nous l'avons déjà dit plus haut, les échinodermes possèdent encore un appareil vascu- laire. Aucun polype ou acalèphe ne nous montre des vaisseaux véritables. La plupart des échinodermes ont un tube digestif à parois propres, et cet ap- pareil est toujours à deux orifices; les autres ont communément leur tube digestif creusé dans le tissu même de l'animal, sans parois propres, et pres- que toujours avec un seul orifice. L'échinoderme a le tube digestif libre et des canaux qui llotlent dans la cavité du corps; les autres radiaires ont une cavité creusée dans les tissus, comme les canaux gastrovasculaires, et jamais ils n'ont une cavité distincte pour le fluide nourricier. Les organes sexuels s'ouvrent généralement au dehors par un ou plusieurs canaux chez les échinodermes, tandis que chez les autres la ponte a lieu par déhiscence , et l'évacuation s'elTcclue par la bouche. La reproduction des échinodermes est exclusivement sexuelle; elle est di- génétique dans les autres. L'embryon des échinodermes est binaire au début, radiaire seulement à la fin; l'embryon ou les embryons des polypes et des acalèphes sont toujours radiaires. Enfin, tous les échinodermes se ressemblent, à peine exisle-l-il des diffé- rences sexuelles. Les autres présentent, au contraire, les formes les plus diverses, et sont souvent hélérogones dans les sexes ou dans le cours de leur évolution. A ces caractères d'organisation et de développement, on peut encore ajouter 62 RECHERCHES les différences qui existent dans le genre de vie des uns et des autres. Ainsi les polypes vérilables sont fixés en général et réunis en colonies, tandis que les échinodermes sont pour la plupart mobiles et isolés; et ceux des polypes qui se meuvent ont, les uns des cercles de cils vibratiles, comme les Cténo- phores, les autres des mouvements de systole et de diastole, comme les mé- duses, ce que l'on n'observe dans aucun écbinoderme. Entre les échinodermes et les autres radiaires il y a un hiatus. Les acalè- phes et les polypes passent insensiblement des uns aux autres. Les échinodermes ne nous semblent donc pas appartenir au même type que les autres radiaires; ils ne représentent pas dans leur répartition natu- relle la forme supérieure des radiaires, et surtout, dans le cours de leur évo- lution, à aucune époque, ils ne correspondent aux formes précédentes. En d'autres termes, les polypes et les acalèphes ne ressemblent pas du tout à des embryons d'échinodermes frappés d'arrêt de développement, et on ne peut pas dire que jamais l'échinoderme ait une apparence de polype ou d'acalèphe. Si les échinodermes sont isolés, les polypes et les acalèphes se fondent souvent les uns dans les autres pour former des colonies. En résumé, le sous-embranchement des polypes occupe le même rang que celui des échinodermes, et nous voyons un étal inférieur dans les éponges, un état plus élevé dans les coralliaires, un autre plus élevé encore dans les hydraires, puis dans les discophores cryptocarpes et enfin dans les Cténo- phores. Si les échinodermes appartenaient au même type que les polypes, on devrait passer ensuite de ces derniers aux holothurides ou aux échinides, mais il y a là, comme nous l'avons dit, un hiatus véritable, qui démontre que les échinodermes ne sont pas des polypes supérieurs. § IV. — La classe des polypes. Depuis Cuvier, les acalèphes et les polypes forment deux classes distinctes. Ces classes doivent-elles être maintenues? Existe-t-il entre elles des diffé- rences pareilles à celles qui nous ont porté à isoler les échinodermes? Cette ([uestion nous semble avoir été décidée le jour où l'on a démontré que les jeunes acalèphes ont tous les caractères des polypes, et ceux-ci les caractères des acalèphes. SUR LHISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. 6.> Ce sont les polypes hydraires qui offrent ce dernier phénomène. Siilïil-il de faire des acaièphes de ces derniers pour conserver les autres en une classe à part? D'après Agassiz, on doit retirer encore des polypes proprement dits les Tubulata et les Rurjala de 31ilnc Edwards et Haimc, et il ne reste plus alors (pic les actinies, les gorgones, etc. La (pieslion se réduit alors à ceci : ces polypes ne seront-ils pas mieux placés dans un même groupe, avec les hydraires et les acaièphes, qu'en les laissant à pari? Cela n'est pas douteux pour nous. jNous avons proposé celte fusion en 184.5, en conservant pour eux le mol de polypes; plus tard, Leuckart a exprimé la même pensée, mettant en avant le mot de coelentérés. La question de savoir si les polypes véritables, les anthozoaires, forment une classe à part à côté des acaièphes, comme Cuvier les avait compris, ou si ces animaux doivent être réunis, comme le sont, par exemple, les batra- ciens urodèles et anoures; cette question nous paraissait tranchée depuis longtemps. Dans le beau livre sur ces radiaires délicats, publié récemment par Agas- siz ', ce savant distingué démontre que cet accord est loin d'exister entre les naturalistes, que pour lui les aflînités de ces classes se bornent à un bon voisinage et ne vont pas plus loin ; la plupart des naturalistes d'aujourd'hui ont tort, d'après lui, de vouloir fondre les deux classes de Cuvier en une seule. Nous sommes fort surpris de voir des naturalistes distingués combattre cette opinion, dit Agassiz ^ : ...il is an exagération oftiœir affinities to unité the POLYPS and acaleps in one and ihe same great division. Qu'il existe une grande différence entre les méduses provenant des hy- droïdes et les autres discophorcs, cela résulte clairement de ce fait, ajoute- t-il ensuite, que Eschscholtz les a divisés depuis longtemps en deux groupes : les cryptocarpes et les phanérocarpcs; distinction que Forbes a confirmée en les nommant Gijmnoj)IilaliHata et Steganophtalmata , et Gegcnbaur Craspe- data et Acraspeda. ' Agnssiz, Xul. iiist. unit. States, vol. III, p. 40. -' 11,1(1. 64 RECHERCHES Les hydroïdes ne sont pas plus un groupe dislincl d'animaux que les larves des insectes, dit-il encore à la même page, et ils ne peuvent pas plus être unis aux polypes que les larves d'insectes avec les vers. Mais si , dans certains lépidoptères, les chenilles ne prennent pas la forme adulte, que les organes sexuels se développent pendant Tâge larvaire, et qu'il existe toutes les nuances intermédiaires entre la larve frappée d'arrêt de développement et la larve qui accomplit régulièrement son évolution, i! faudra bien inscrire ces che- nilles dans le groupe des lépidoptères. Je dirai ensuite : pour preuve que les méduses des hydraires sont bien de véritables méduses, c'est que les espèces connues sous leur dernière forme seulement ont toutes été inscrites à côté d'elles, et qu'elles présentent la même composition anatomique que les autres. Que les discophores, nés directement ou de strobiles, présentent des différences avec les discophores nés de tubulaires ou de campanulaires, il n'y a rien qui doive étonner, pas plus que de trouver des dilTérences plus ou moins fondamentales entre ces derniers et les zoan- thaires. Les vers, comme classe, sont dans les mêmes rapports avec les crustacés et les insectes, dit Agassiz, que les polypes avec les acalèphes et les échi- nodermes. Nous différons complètement d'opinion ici avec le savant auteur de l'histoire naturelle des États-Unis. Les vers ne forment pas l'échelon infé- rieur de l'embranchement qui comprend les crustacés et les insectes : leur mode de développement et leurs caractères anatomiques le prouvent sufli- samment. Jamais, à aucune époque de la vie embryonnaire, un jeune articulé ne présente les caractères d'un ver. Si plusieurs larves d'insectes ressemblent aux vers, si les chenilles et les asticots ont le corps allongé et arrondi, c'est simplement une ressemblance de forme extérieure , mais sans affinité réelle. Les ampliioxus ont été confondus aussi avec les mollusques, et les myxines avec les vers; mais personne ne songe plus aujourd'hui à retirer ces singu- liers êtres de la classe des poissons. Nous l'avons déjà dit ailleurs, qui a jamais cherché la signification des caractères embryonnaires des insectes et des crustacés dans les vers? A-l-on jamais cherché l'homologie des appendices articulés dans les soies des Ché- topodes? Non, les vers doivent former un groupe à part, autant par leur SUR LHISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. fis slrucliire que par leur développenieul, et les crusiacés forment, dans rem- branchement des articulés, réchelon le plus bas, comme les poissons for- ment la classe la plus inférieure des vertébrés. M. Agassiz semble s'appuyer sur les caractères embryonnaires pour sé- parer les acalèpbes des polypes; nous invoquerons ces mêmes caractères pour démontrer le contraire, et, si un auteur inconnu s'était exprimé comme M. Agassiz, nous eussions été tenté de croire que toutes les belles décou- vertes sur les embryons des écbinodermes lui avaient échappé. Nous avons comparé plus haut ces deux types en voie de développement, et nous avons vu que ces animaux appartiennent vraiment à un seul et même embranche- ment; les familles représentent comme autant de formes embryonnaires per- manentes , depuis les éponges jusqu'aux acaléphes les plus élevés. II en est de même de l'organisation, et ici nous pourrions même laisser parler Agassiz lui-même, pour montrer la complète identité typique de tous les appareils dont ils sont doués. Silice ail Polijps can easily be reduced to the type of actinia , as well as ail acalephs to that of Equorea and ail Echinoderms to that of Echinarach- nius or of aster ias , il musl be admitled that the plan of structure is the same in ail thèse animais, dit Agassiz. Ce qui reviendrait à ceci : si tous les insectes peuvent être réduits au type d'un diptère, et tous les poissons osseux à celui d'un percoïde, il faut bien admettre que le plan de structure est le môme dans tous ces animaux. Nous sommes persuadé que notre savant confrère a incomplètement exprimé sa pensée en écrivant ces lignes. Quel nom donner à ce groupe ayant la même valeur que les échinodermesP Nous avons proposé, en 1845, le nom de Polype; M. Leuckart a proposé depuis celui de Coelentérés. Nous avons pensé que l'un des deux noms, Polypes ou Acalèphcs, devait absorber l'autre. Le nom tVAcalèphes a pour lui l'ancienneté; mais il n'y en a que quelques-uns qui sont véritablement acalèpbes, tandis que presque tous sont polypes, les uns constamment, les autres temporairement. Combien y a-t-il d'acalèphes qui ne passent pas par ces premières formes agames, ([ui sont les formes définitives du grand nombre? 66 RECHERCHES SUR L HISTOIRE NATURELLE, etc. Les méduses appartiennent à la classe des polypes, comme les cirrhipèdes apparliennenl aux crustacés et les bryozoaires aux moiluscpies. Les méduses représentent les formes supérieures de leur classe, les autres les formes in- férieures. Si réellement les coralliaires devaient former une classe à part, s'ils étaient autant séparés des acalèphes que ceux-ci le sont des échinodermes, la classe entière des polypes se réduirait aux actinies et aux gorgones, c'est-à-dire aux Zoanthaires et aux Cténocères. Il nous semble plus conforme aux vrais principes de la zooclassie de les réunir, puisque nous trouvons entre eux , outre les affinités réelles, des transitions véritables. Du reste, M. Agassiz lui-même nous fait connaître un fait de la plus haute importance, nous semble-t-il, et dont la découverte lui revient : il s'agit de la structure du MiUepora alicornis Lamk. On s'attendait à trouver ces ani- maux conformés comme les coralliaires, et ils présentent, au contraire, la structure des hydraires; d'où il résulte que ce millepore devient un aca- lèphe. !l faudra donc faire des acalèphes de tous les genres voisins, et ils sont nombreux. Ne vaut-il pas mieux les fondre en une seule classe , puisque tous sont polypes dans l'ancienne ou la vraie acception du mot, au moins une partie de la vie? A l'exception des Cténophores, tous ont passé par l'âge polypiaire et un grand nombre ne le dépassent pas. Les Pocillopora, les MiUepora, les Seriatopora et tous les congénères devraient même passer parmi les acalèphes , les Tabulala comme les Ru^ gosa, et les acalèphes deviendraient, dans ce cas, un des plus anciens types des époques géologiques. Si le mot cœlentéré doit l'emporter sur celui de polype, on verra bientôt disparaître cette dernière dénomination de la zoologie. Les polypes par ex- cellence sont les hydres d'eau douce, qui sont devenues des cœlentérés; les polypes composés sont aujourd'hui les bryozoaires. Les polypes flexibles de Lamouroux sont également des cœlentérés , et les actinies ou les polypes charnus, comme les gorgones, sont des coralliaires. Il n'y aurait donc plus de polypes proprement dits dans le règne animal. DEUXIÈME PARTIE. RECHERCHES SUR L'HISTOHIE NATURELLE DES POLYPES QUI FRÉQUENTENT LES CÔTES DE BELGIQUE. CTÉNOPHORES. Baster, Natuiirk. uitspaimingen; Ilaarlem, 17C2. GnoNovius, Acla lielvetica, t. IV cl V, 17ll"2. MiLNE Edwards, Ann. se. nalur., 2= sér., t. XVI. WiLL, Honte Tergestinae. Frey et Leuckart, Untcrsuchung , p. 39. KoLuv.m,Zeilschri['t fur Wiss. Zool., vol. IV, p. 518. Gegenbaur, 5«K(/îe« ùher Organisation und Sijstemalik der Ctenophoren ,TROsai£Vs Arceiiv, d856. Agassiz, Contributions to the natural hislory of'the United States of America; Boston, 1860, et Itlustrated Catalogue of'the Musmm uf comparative zoology; Cambridge, 18G5. Il n'y a que quelques années, des naUiralisles se demandaient encore si les polypes Cténophores étaient bien des radiaires, et s'ils ne devaient pas plutôt prendre place parmi les mollusques. Cette opinion, d'abord exprimée par Blainville, dans son Manuel d'actinolofjie\ a été reproduite par M. Quoy, dans le Voyage de l'Astrolabe ', et par M. Vogt , dans ses lettres sur la zoologie "'. Au sujet de ce rapprocbement, M. Milne Edwards fait remarquer, dans un ' Manuel d'actinologie, p. G; Tabi.eal', p. 110. 2 Voyaqe de rAslrolahe ; Zooloc.\e, vol. IV, p. ôC. ^ Zoolog. Briefe; Francfort, 1851, vol. 1, p. 254. 68 RECHERCHES . travail iiUéressanl sur les acalèphes, que les affinités entre les mollusques et les zoophytes sont plus grandes qu'on ne ladmel généralement, et que, pour mettre la classification en harmonie avec les vrais principes d'une méthode naturelle, il faudrait peut-être rapprocher plus qu'on ne l'a l'ait, les mol- lusques et les zoophytes '. Nous sommes parfaitement de l'avis du savant pro- fesseur du Muséum. Grâce aux travaux de quelques naturalistes modernes, surtout de M3I. Milne Edwards, Kolliker, Gegenbaur, Leuckart et Agassiz, l'organisation des Cténophores est fort bien connue aujourd'hui, et s'il existe des affinités avec les mollusques, il est évident qu'ils ne sont pas moins conformés d'après le type polype. Les cydippes, par exemple, sont construits sur le même plan que les animaux de leur classe en général. En effet, que l'on rapproche les bords de l'ombrelle d'une méduse et que l'on soude ces bords autour de l'orifice de la bouche, en enfermant les canaux gastro-vasculaires , on n'a qu'à étaler les côtes ciliées à la surface dans la direction des canaux, pour en faire un Cténo- phore. D'un autre côté, que l'on isole les canaux gastro-vasculaires en les lais- sant libres et sans membranes entre eux , et on réalisera un polype proprement dit. Que l'on fasse rentrer le manubrium des méduses dans l'ombrelle, et que l'on multiplie les canaux gastro-vasculaires, et l'on obtiendra un vrai actino- zoaire. Enfin, en supprimant les canaux, et laissant les cavités digestives en communication dans les divers individus d'une colonie, on en fera un spon- giaire. D'après les observations de Fr. MûUer, les Cténophores sont des animaux rayonnes, mais au lieu d'être rayonnes par quatre, ils le sont par deux -. Ce sont deux sphéromères réunis , pour me servir des expressions d'Agassiz. La science n'est en possession que d'un petit nombre d'observations sur le développement de ces polypes, mais elles nous suffisent pour juger (le l'importance de leur embryogénie. Le Cydippe pileiis a été observé depuis 1846, par M. Priée '; les embryons, d'après ce savant, prennent de ' Ann. des scienc. nat., 1841 , 2" sér.,t. XV, p. 207. ^ Fritz ihû\ci% Siu- la prétendue symétrie bilatérale des Cténophores, Anciiiv. fur .NATURr.., "27' ann., p. 320. ^ Prite, lieports of llie liritish association, 1840. SUR L'HISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. 69 bonne houro la forme des adultes, el avant réclosion ils sont déjà recon- naissables. Depuis lors, M. Gegenbaur ' a fait quelques observations sur un cydippe el la Sicyosoma rulilum, qui pourrait bien, d'après 3L C. Semper, être une forme récurrente. Peu avant son départ pour les îles Pbilippincs, M. €. Semper '^ a communiqué le résultat de ces rechercbes sur le développement de VEucharis undliconiis, qui viennent corroborer les observations de M. Priée. Dans celle notice intéressante, M. C. Semper a étudié avec soin le fractionnement de la masse vitelline, la formation du blastoderme el de la cavité digestive, enfin l'apparition des lamelles ciliaires. Du reste, J. MiUler et Rolliker avaient déjà vu, cbacun de leur côté, que les jeunes béroës se développent directement el ne subissent pas de morphoses bétérogoniques ''. Enfin , une observation de E. Forbes , sur le Berôe cucumis , s'accorde encore complètement avec ces assertions : Ed. Forbes a vu de jeunes cilio- grades sur des individus adultes, el qui sont probablement sortis d'œufs. Ce sont, selon toute apparence, des jeunes qui viennent d'éclore *. Ce groupe ne comprend qu'un petit nombre d'espèces visitant nos côles; la plus commune est le Cydippe pileus. Nous ajouterons comme espèces propres à nos parages la Callianyra hexagona, observée par Slabber " à Middelburg, el le Berôe ovatus, vu par Basler, dans le port de Zierikzee. Cydippe pileus. Gronovius est le premier qui fasse mention de cette espèce. Il en donne un dessin Irès-reconnaissable et une description forl exacte. Il doit la connais- sance de celle espèce à un ami, qui Ta recueillie en 1757. Il ne la trouve ' Gea;enbaur, Organ.ii.Syst. (L Ctenophoren , Arciiiv. fur naturgeschichte, 1856. '■' Ueber die Enhvickeluiig (1er Eucharis midticornis, Zeits. f. Wiss. zoologie, Bd. IX, -1837, p. 234. ■^ Zeils. fur Wiss. Zoolog., 1854, p. 370. * Journal de l'Institut, mars 1830. " Natuurk. verhtst., p. SG, pi. VII, fig. 5 et 4. 70 RECHERCHES pas mentionnée dans Linné , et il la rapproche avec raison des béroës décrits par Fr. Marlens, dans son voyage au Spitzberg '. Baster a vu le même béroë, qui se trouve en abondance, dil-il, au mois d'avril sur nos côtes et pénètre même dans le port. C'est ce que nous voyons aussi à Ostende. L'animal auquel Slabber a donné le nom de béroë lisse, Gladde berue, n'a rien de commun avec les béroës véritables. Les deux longs appendices qu'il porte sont deux cirrhes des bords de l'ombrelle; il n'a point de côtes ciliées. C'est une méduse de la grosseur d'un grain de colza , dont il sera question plus loin sous le nom de Dinema Slabberi. Slabber s'est mépris sur l'insertion et la nature des deux cirrhes. Gronovius, Uitg. Verhand., t. III, p. 464, pi. XXVI, fig. 1-3. — De animakulis aiùfuot mai: aquae innalant. alq. in littor. belgicis obviis, Act. helv., t. IV, p. ô,j, pi W fig. 1-5. Baster, iVa/uMrA;. uitspanningen , p. 143, pi. XIV, fig. 5, G et 7. Bruguière, Encyclopédie (cop. de Baster), pi. XC, fig. 5, 4. Bosc, Vers, pi. XVIII, fig. 2 (cop. de Basler). EscBSCHOLTZ, Syst. der Acaleph., p. 24. Lesso.n, Sur les Béroïdes , Ann. se. nat.. S""" sér., vol. V, p. 255. GuÉRiN, Iconug., Règne anim., Zoophytes, pi. XVII, fig. \ (cop. de Basler). Graxt, Ti-ansact. Zool. Soc., vol. I, pi. II, p. 9. — Règne animal ilhistré, Zoophytes pi. LVI, fig. 2. Tous les ans, les pêcheurs qui jettent leurs filets dans le port et l'arrière- port d'Ostende prennent, depuis le mois d'avril jusqu'en juin, une quan- tité prodigieuse de petites sphères transparentes comme le cristal, et offrant à la pression des doigts une très-faible résistance. On dirait des cryslallins doués de vie et de mouvement. Sortis de l'eau, on les voit se fondre complè- tement et c'est à peine s'ils laissent quelque trace de leur présence : ce sont des Cydippe pileus. Baster avait déjà fait la même observation sur leur apparition périodique. ' Ce nom de Béroë, une des filles d'Oceanus, a été donné vers le milieu du siècle dernier, par Brown, dans son histoire naturelle de la Jamaïque. (Brown, The civil and nat. hist. of Jamaïca; London, in-fol., 1736.) SUR L HISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. 71 Parmi les auteurs qui se sont le plus occupés de ces curieux animaux , nous devons citer, avons-nous vu, Grant el surtout MM. Milne Edwards, Leuckarl et Gegenbaur. M. Milne Edwards a donné une belle anatomie d'un béroïdc nouveau de la baie de Nice, qu il a dédié à M. Lesueur. Ce savant reconnaît dans le genre Lesueuriaim système nerveux bien distinct, et un point oculiforme qui est, sans aucun doute, le même que dans le cydippe. Nous avons Jongicmps conservé l'espoir d'étudier leur développement, leur anatomie ne laissant que fort peu à désirer; jusqu'ici cette occasion ne s'est pas présentée, et nous doutons même qu'elle se présente encore. Description. — Le corps est divisé en huit compartiments établis par autant de côtes; ces divisions existent à la surface, el dans l'intérieur el sont toutes de même. Du côté de la bouche, les côtes s'arrêtent à une certaine distance el se terminent en pointe ; du côté opposé, elles s'étendent presque jusqu'à l'orifice postérieur, ou du moins continuent par un filament. Comme nous l'avons déjà dit, en dessous de chaque côte s'étend un vaisseau qui est en commu- nication directe avec le réservoir. Chaque côté présente à sa surface des lamelles vibratiles placées sur une ligne, el qui sont dans un mouvement continuel. Elles agissent avec une grande régularité et ressemblent parfaite- ment aux planchettes d'une roue de bateau .à vapeur. Ces lames fonctionnent comme des cils vibratiles. Si l'on soumet au microscope une rangée de ces organes vibratils , on reconnaît une série de lames déchiquetées irrégulièrement au bout, el dans lesquelles le mouvement persiste après la séparation complète de l'animal. Nous n'avons remarqué aucune trace de cellule ou d'organisation dans ces lames. A leur base on distingue un pédicule sur lequel la lame semble se mouvoir, el là aussi nous voyons des cellules agglomérées. Nous croyons aussi avoir remarqué tout à la base de ces lames des cils vibratiles de la dimension habituelle. Si on laisse cet animal quelques instants en repos, on voit s'étendre en 72 RECHERCHES arriére deux filamenls très -longs et qui dépassent même plusieurs fois la longueur du corps. On voit qu'il cherche à se fixer à l'aide de ces fila- ments. Ces organes, à Tétai de repos, sont cachés dans une gaîne si,tuée à droite et à gauche du canal digestif. Celte gaîne est en communication avec l'appareil chylifique. On la reconnaît facilement à travers les parois, parce qu'elle est seule opaque au milieu de tous ces tissus transparents. Une ouverture arron- die livre passage à ces appendices. Chacun de ces organes consiste en une longue tige très-mohile, et qui donne naissance sur toute sa longueur à des filaments aussi trés-contractiles ; ces derniers sont situés à peu près à égale distance les uns des autres. A un fort grossissement, cet organe ne montre que des cellules qui, en se dila- tant, allongent l'amarre ou la raccourcissent, en se contractant. A la hase de la tige principale on aperçoit dés points coloriés comme des plaques de pigment. Cette description est conservée en portefeuille au moins depuis quinze ans. Quelle est la position vérilahle de ces animaux : faut-il les représenter la bouche en haut ou en bas? les deux cirrhes sont-ils étendus en avant ou flottants en arriére? Si on consulte l'attitude habituelle des cydippes, on voit en effet l'orifice de la bouche dirigée en avant et les cirrhes flotter comme des amarres. Ensuite, cherchant à les homologuer avec les polypes véritables, ils prennent la même position. A dire vrai, en les rattachant aux méduses, il faudrait les renverser; mais les méduses mêmes doivent être placées la bouche en avant, et non la bouche en dessous, comme elles se tiennent habituellement. Il est vrai que l'appareil de relation se place au pôle opposé de la bouche, ce qui du reste se voit encore dans bien d'autres classes. Au milieu de cet animal globuleux , mince et transparent , on voit en avant un organe tubuleux , creusé dans son milieu , s'ouvranl en avant et en arrière et dont l'opacité des parois contraste avec tous les autres organes : c'est la cavité digestive. La bouche , qui est située en avant et au milieu, varie constamment dans sa SLR L HISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. 73 forme; les lèvres sonl forl prolracliles et s'allongent quelquefois pour former un entonnoir; ou bien elles se rapprochent, tout en se raccourcissant, et constituent une ouverture en forme de croix, dont la figure varie encore selon le degré de contraction ; ou bien encore la bouche s'oblitère par le rapprochement complet des lèvres. A son entrée on ne distingue point de traces de cirrhes ou d'appendices; par extension, les bords peuvent tout simplement représenter une trompe, comme nous en voyons dans quelques mollusques gastéropodes. La cavité digestive a dans sa longueur quatre replis longitudinaux que Ton aperçoit fort bien à travers les parois. Ce sonl des replis semblables à ceux que Ton aperçoit dans le canal intestinal de plusieurs animaux , dont le but est d'augmenter la surface, et de faciliter par conséquent l'absorption. Quand la bouche est largement ouverte , on voit directement ces replis séparer cette cavité en quatre compartiments distincts. Des cils vibratiles recouvrent ces replis dans toute la longueur. En abandonnant quelques cydippes très-vivants dans de l'eau de mer noircie par la sépia ou le carmin , nous n'avons vu pénétrer dans l'intérieur qu'une très-petite partie de celte matière colorante. Nous avons été assez longtemps sans pouvoir nous assurer si cet a|)pareil s'ouvre aussi en arrière, ou s'il est terminé en cul-de-sac; nous avons fini par nous convaincre que cette cavité débouche dans le grand réservoir qui la suit, et y verse des globules qui entrent dans le torrent circulatoire. Celte cavité de l'estomac s'ouvre, en effet, comme M. Leuckart et d'autres l'ont vu depuis longtemps , dans un véritable réservoir d'irrigation dont nous allons parler tout à l'heure, réservoir qui débouche ensuite au dehors, au pôle opposé à la bouche, sans que cet orifice ail en aucune manière le rôle d'organe défécateur. Cet orifice correspond aux orifices observés dans plusieurs médusaires, et représente plutôt l'entrée d'un appareil aquifère, entouré de cils vibratiles. Lorsqu'on examine ces animaux pour la première fois, on ne dislingue, malgré la grande transparence des tissus, que l'appareil de digestion et l'ap- pareil latéral des cirrhes ; tout le reste semble rempli d'eau. 3Iais quand ces organes sont bien connus, on finit par découvrir un véritable appareil 10 7i RECHERCHES crirrigalion qui se ramifie dans tout Tintérieur. Il y a au fond une grande analogie avec l'appareil circulatoire que M. Milne Edwards a fait connaître dans le genre Lesueuria, mais dans ce cydippe il nous semble plus facile à comprendre. Le fond de l'estomac s'ouvre, avons-nous dit, dans une cavité ramifiée (]ui a tous les caractères d'un réservoir. Ce réservoir donne naissance, à la hauteur du cul-de-sac de l'estomac, à deux troncs qui se rendent vers l'organe particulier qui loge les cirrhes; de là ce canal continue et s'ouvre dans les deux tubes qui lui livrent passage; ils sont ouverts sur le côté et établissent par là une communication avec le milieu ambiant. Les deux troncs, provenant du réservoir, montrent, sur leur trajet, deux autres branches qui se subdivisent à leur tour; les huit rameaux qui en résultent se dirigent directement vers la périphérie , se placent en dessous des huit côtes et se trouvent par là le plus près possible des lames vibra- liles. Ces vaisseaux s'efïllent en avant et en arrière, et nous ne les avons pas vu donner naissance à des branches plus fines qui pussent s'anastomoser. Aussi nous croyons que tout l'appareil circulatoire se réduit à la disposition (|ue nous venons de signaler. A vrai dire, M. Milne Edwards a observé dans d'autres animaux de cette famille que les huit canaux longitudinaux s'anastomosent entre eux en avant, et communiquent là avec d'autres canaux qui se rendent au réservoir commun, d'où résulte un mouvement circulatoire régulier, complet. Nous n'avons pas remarqué celte disposition dans le cydippe qui nous occupe. Nous n'avons point vu les huit canaux communiquer entre eux ou avec un autre tronc; nous nous figurons au contraire que ces canaux se terminent aux deux extré- mités de la même manière. Nous n'entendons aucunement mettre nos résultats en opposition avec ceux de M. Milne Edwards; le savant professeur du Muséum a eu recours aux injections, et il n'y aurait rien d'extraordinaire que ses moyens d'investiga- tion lui eussent révélé des dispositions qui ont échappé à un examen ordi- naire. Le liquide qui remplit cet appareil est incolore et transparent comme de SUR L'HISÏOIKE NATURELLE DES POLYPES. IH l'eau. Il coiilient des globules anondis, (jui pennelleul de suivre le couranl. Une simple loupe sullil pour distinguer les vaisseaux et les mouvemenls du liquide. Il n'y a point de traces de cœur et point d'apparence de contraction dans les vaisseaux; aussi le mouvement du liquide aquoso-sanguin est très-irrégu- lier. Il varie avec les contractions générales du corps; on le voit tantôt complètement immobile, tantôt se mouvoir en avant ou en arrière et se rendre quelquefois avec plus ou moins de force dans les vaisseaux. Nous n'avons pas remarqué non plus de cils vibratiles dans les vaisseaux; ce n'est qu'à l'entrée du réservoir que nous en avons reconnu. M. Grant accorde à ces animaux un système nerveux qu'il représente comme un collier complet. C'est même au sujet de ce système qu'il a composé le travail qui est inséré dans les Mémoires de la Société zoologique de Londres. Nous sommes au regret de ne pouvoir corroborer ces observations. Voici ce que nous avons remarqué : il existe à la partie postérieure ou inférieure du corps , à côté de l'orifice aquifère , un organe qui a déjà été signalé par plusieurs naturalistes. Il consiste en une vésicule unique, au milieu de laquelle on aperçoit un noyau opaque, qu'on distingue à la simple loupe. Au microscope , le noyau consiste en petites cellules ou globules fortement serrés les uns contre les autres. Nous n'avons pu distinguer des filets aboutissant ou partant de cette vési- cule, et il ne nous paraît guère douteux que cet organe ne soit l'analogue des organes marginaux des méduses. Nous n'avons rien vu qui ressemble à un collier nerveux. D'ailleurs, aucun naturaliste ne semble avoir confirmé ces observations, ni Milne Edwards, ni Will, ni Leuckart, ni Agassiz. Agassiz leur dénie même toute trace de système nerveux. Ces recherches n'ont donc rien fait connaître de plus. J. Millier nous a assuré avoir observé sur de jeunes individus un gan- glion multilobé, situé à côté de l'otolillie et fournissant des filets nerveux aux côtes. Il a vu également, comme Leuckart, l'otolithe se mouvoir dans sa capsule, mais avec beaucoup de lenteur. Loin d'avoir trouvé l'occasion d'étudier le développement des cydippes, nous n'avons même pas été assez heureux de nous procurer des individus 76 RECHERCHES ayaiil leurs organes sexuels développés. Il est possible que celle apparilion ii'ail lieu que dans Tarrière-saison. Heureusemenl d'aulres onl pu combler celle lacune. Wili a fait connaître , par ses recherches sur les animaux de l'Adrialique, que les béroë sont hermaphrodites, et que les organes sexuels sont situés le long des canaux d'irrigation. C'est la même place qu'occupent les organes sexuels des médusaires. Les Cténophores, jouissant de toutes les facilités de locomotion comme les Médusaires, il y a lieu de s'étonner que les sexes soient réunis dans ce premier groupe de polypes et séparés dans l'autre. J. Millier a vu des Cténophores très-petits ayant déjà la forme des adultes, et il en tirait la conclusion que ces animaux ne subissent ni métamorphose ni mélagenèse. Les belles recherches de iM. C. Semper et quelques observations que nous avons eu l'occasion de faire dans ces derniers temps confirment pleinement ces suppositions. Nous avons vu dans plusieurs cydippes un némaloïde agame logé dans le grand réservoir, mais il ne nous a pas été possible de le déterminer; il doit évidemment continuer son évolution ailleurs. Dans d'autres, nous avons vu en outre un beau scolex de cestoïde qui, à son tour, était couvert de dis- lomes. 11 faudrait savoir à quels animaux ces cydippes servent de pâture, pour chercher chez eux ces mêmes vers sexués. Au dislome, nous avons donné le nom spécifique de minuta. Callianyra hexagona Escholtz. Zeshoekice BEROË, SlaLLci', ;V«(((»>7r. uilspanii., p. liO, pi. Vil, lîg. 5 et 4. Celte figure de Slabber a été reproduite dans V Encyclopédie méthodique, par Bruguiére, sous le nom de Beroë hexagona, pi. XC, fig. 5. Dans le Dictionnaire des sciences naturelles, cette même figure porte le nom de Callianare triloptère, et le nom de Janire hexagone, dans le Règne animal illustré. Beudij ovatus Baster. Celte espèce a été observée d'abord par Baster, qui la dit très-commune SUR L'HISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. 77 sur la cote et même dans le port de Zierikzee , pendant le mois d'avril. Nous n'avons pas reconnu encore ce Clénophore. Evito.NDE BEiioË,Baster, .VatuitrI:. tiilspann., pi. XIV, lig. 5, p. 143. Beroë ovata, Gronovius, Acta lielveticu , t. V', p. 581. SIPHONOPHORES. Il n'est pas bien constaté que des siphonophores aient été vus dans la mer du Nord, et si par hasard on avait constaté leur présence, ce ne serait en tout cas que d'une manière accidentelle. D'après Sars, il faudrait cependant excepter Y Agalmopsis elegans Sars, (|u'il a observé vers la fin de septembre et au commencement d'octobre par- tout autour des Iles Féroé '. Autour des mêmes îles Sars a vu, en outre, deux espèces nouvelles de dipliyes : Diphyes Iruncala Sars, et Diphyes biloba Sars. Il avait cru d'abord que ces diphyes appartenaient à une même espèce ". DISCOPHORES. C'est le groupe le mieux représenté. Cy.\nea capillata. .Straal-Qual, Slabbcr, Nuluur. nUspann., t. II , p. Cô, pi. V, fig. 1. — Van Beneden, La strobilulion des Scij})liistomes , Bull. Acad. r. de Belgique, 2"'=scr., t. VII, n° 7. Celte grande et belle espèce, aussi remarquable par sa forme que par ses cirrhes et sa taille, ne se montre guère par bandes sur nos côtes. Du moins nous n'en avons jamais observé que des individus isolés. ' Sars, Fauna littoralis Norwegiœ, pp. 41 et 43, pi. VII. 2 Ibid., pp. 41 et 43, pi. VII. 78 RECHERCHES Il est assez rare d'en trouver qui ne soient complètement développés. — Quand ils paraissent, ils ont habituellement tous la même taille. Nous n'avons vu qu'une seule exception sous ce rapport. Nous avons observé, au mois d'avril, un individu qui n'avait pas plus de quatre centimètres de diamètre. Nos pécheurs, dit Baster, qui prennent le Kabilyauw non loin du Rif, près de Jutland, voient souvent par un temps calme et serein, une grande quantité de ces méduses, dont quelques-unes atteignent jusqu'à deux pieds de diamètre. Ces pêcheurs assurent tous qu'ils aperçoivent constamment, en dessous de ces méduses, une quantité de jeunes poissons, des Gadus morrinia [lenyelies) , Gadus carbonarius [Kooltjes), Gadus wglefmus [Schelvisjes) , qui se mettent sous ces méduses à l'abri de l'attaque des grands poissons , jusqu'à ce qu'ils aient atteint environ trois pouces de longueur '. Nous avons retiré des œufs d'une femelle, pendant le mois de septembre, et nous avons pu voir distinctement le fractionnement du vitellus. Des scyphistomes ont surgi dans notre aquarium, qui ne contenait pas plus d'un litre d'eau, peu de temps après le dépôt des œufs. Ces scyphis- tomes sont même restés en vie pendant plusieurs semaines dans un verre à montre. On voit par là qu'ils ont la vie très-tenace. Nous avons déjà fait connaître les principaux résultats de ces observations. Quelques-uns de ces scyphistomes sont restés assez longtemps en vie. Nous les nourrissions régulièrement. Ils sont carnassiers et très-voraces. Appendus à un corps solide, leurs cirrhes, pleinement étalés, font fonction de fdet qui arrête tout animalcule sur le passage. C'est comme une toile d'arai- gnée dressée pour les mouches. Aussitôt qu'un petit crustacé ou un ver est louché par le scyphistome, les bras l'enlacent et la proie paralysé est portée à la bouche par les mêmes cirrhes qui ont servi à l'ar- rêter. On les voit s'attaquer à des proies qui ont plu- sieurs fois leur volume. Nous avons vu des vers vi- vants, des Capilella capilata entre autres, saisis par deux scyphistomes à la fois , et tous les deux dévorer Deux scyphistomes avalant uii ^ " . , cnpiieiia capitaïa. Gu mcmc tcHips uuc partie du ver. • Baslev, A'atuursk. nitspaiin., part. II, pag. 60. SUR LHISÏOIRE NATURELLE DES POLYPES. 79 Dans quel ordre les bras se développent-ils? Nous avons vu le plus souvent six tentacules surgir sinuillanément autour de la bouche, et entre chacun d'eux paraît ensuite successive- ment une seconde couronne (|ui en élève le nombre à douze. On en voit ensuite seize, puis ce nombre augmente tou- jours. Nous avons pu suivre tout le développement de strobiles que nous avons vus surgir dans un a(|uarium dont les Scyphistonio nionliant le . . , . , , i • i • mode d'aiipaiitioii dos objels , auisi quc Icau, n avaient pas ete renouvelés depuis ''™^- trois ans. Deux de ces strobiles étaient unis par la base; l'un était un peu plus âgé que l'autre. Voici ce qu'une observation attentive nous a fait connaître : Un slrobile «, pi. I, fig. l, formé de sa base et de onze segments, montre le 6 mars quelques restes des bras sur le bord du segment terminal, tandis qu'au pédicule il n'y a aucune trace de ces organes. Il y a une gradation entre les divers segments, de manière que celui qui est terminal, ou le plus âgé, a les lobes avec ses capsules sensorielles complètement développés, tandis que le segment opposé ou le plus jeune, montre seulement des échancrures indiquant la place des lobes. Le pédicule de ce strobile est conligu à un autre slrobile un peu moins avancé b et dont l'étude comparative n'est pas sans intérêt. On peut con- clure de leur adhérence qu'ils sont nés l'un de l'autre par voie gemmipare , c'est-à-dire par stolons. Il en résulte que le scyphistome, qui a donné des stolons, comme celui qui en provient, peuvent également se slrobiler. Ce second strobile montre un assez grand pédicule, sans aucune apparence de bras, puis huit segments en voie de formation, dont le dernier, ter- minal, porte les longs bras, en tout semblables à ceux des scyphistomes, ainsi que la trompe. Aucun des segments ne montre encore dans ce second strobile de traces d'échancrure pour la formation des lobes. Le 7 mars, les derniers débris des bras de a ont disparu, et les derniers segments s'approchent de leur maturité. Le strobile 0 a beaucoup changé au bout de vingt-quatre heures; les bras 80 RECHERCHES (lu segnienl terminal ne s'étalenl plus en lanières, el nionlrenl des renfle- ments ou des nœuds sur leur trajet; le dernier segment est encore plus volumineux que les autres, et les échancrures qu'on découvre à la base des bras n'indiquent aucunement qu'il se métamorphose. Rien n'indique qu'il s'apprête à une séparation et à la continuation de la vie de scyphistome. Les autres segments qui suivent commencent à s'échancrer régulièrement pour prendre la forme de méduse. Le 8 mars, le strobile a montre sur le bord de son pédicule les premiers rudiments d'une nouvelle couronne de bras; ils sont encore très-courts et surgissent successivement dans un ordre déterminé. Les uns sont déjà un peu plus longs que les autres. Pendant la nuit la première méduse s'est détachée. Le strobile b présente un vif intérêt : les bras du segment terminal se raccourcissent encore plus, les nœuds deviennent plus volumineux et le bord libre commence à s'échancrer régulièrement, comme dans les autres seg- ments. On s'aperçoit même que ces échancrures sont régulièrement formées d'après l'insertion des bras. Une nouvelle méduse s'est détachée le 9 mars du premier strobile et une autre encore est prête à la suivre. Les tentacules du segment basilaire ont gagné en longueur. Le strobile ressemble à une robe à volants élargie surtout à la base par un luxe de crinoline. Le strobile b change sensiblement d'aspect; les bras perdent presque toute leur mobilité et semblent se flétrir sur le dernier segment. Les lobes commencent à se dessiner nettement. Le segment basilaire montre en avant un rebord qui est l'indice de la formation d'un nouveau segment. Avant le soir, deux nouvelles méduses se sont détachées du strobile a, de manière qu'il n'en reste plus que sept. Jeudi matin, 10 mars, le strobile a a perdu encore deux méduses, et les tentacules ont sensiblement gagné en longueur. Le strobile b s'est notablement allongé ; des segments nouveaux ont surgi , de manière que leur nombre s'élève à onze, comme il était dans le stro- bile a. La disposition des bras est très - curieuse , comme on peut le voir SUR LHISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. 81 dans la figure ci-jointe , qui représente les deux slrohiles à cette période de leur évolution. Ces bras se résorbent très-régulièrement : ceux qui se trouvent au fond de Téchancrure des lobes, à la place qu'occuperont les capsules de sens, disparaissent les premiers et sont en effet sensiblement plus courts que les autres. La résorption s'opère sous les yeux de l'observateur. Il ne reste plus, le 11 mars, que quatre méduses. Le segment basilaire montre des bras presque aussi longs que ceux qu'il avait d'abord, et qui sont d'une longueur fort inégale. Le strobile h montre distinctement ses onze segments et les bras du milieu des lobes du segment terminal sont complètement résorbés, sauf un dernier vestige qu'on découvre encore sur un des lobes. Le strobile rt montre, le 12 mars, encore trois méduses; les tentacules du segment basilaire ont notablement gagné en longueur. Le strobile h ne possède plus sur le segment terminal que quatre ou cinq bras courts et flétris, partant du fond des échancrures interlobaires. Il s'est formé encore un nouveau segment aux dépens de la portion basilaire, ce qui élève le nombre de segments à douze. Le strobile a ne porte plus que deux méduses, le 13 mars, et toutes les deux sont développées de manière à pouvoir se séparer prochainement. H 82 RECHERCHES Les bras du capitule se sont encore toujours allongés ; on dirait que ce sont les bras primitifs. Le strobile b se compose maintenant de quatorze segments; le dernier a perdu complètement ses bras et ressemble tout à fait aux autres. Le capitule n'en montre pas encore de nouveaux. II ne reste plus, le 14. mars, qu'une seule méduse à l'un des strobiles et l'autre afïecte la forme d'un long feston , presque également large à ses deux bouts. Le strobile a a donné, le 13 mars, toutes ses méduses. La portion basi- laire a les bras aussi longs et aussi nombreux qu'avant la strobilation. H n'y a pas de différence dans la mère avant et après la parturition des méduses. Le strobile b cbange notablement : les derniers segments s'élargissent et ne sont pas loin de prendre leur élan. Pour la première fois nous voyons des rudiments de bras sur la mère scypbistome. On voit qu'ils correspondent à la division quaternaire; on en compte huit. Le 16 mars, le strobile a s'accroît et prend le même volume que ses voisins ; il étale comme eux ses bras pour saisir la proie au passage. Le strobile b est prêt à donner la première méduse. Le 17 mars, je suis parti de bonne bcure ; je ne doute pas que la première méduse ne soit née pendant la nuit. Elle puisait fortement la veille au soir. Le 22 mars, ce strobile a jeté toutes ses méduses, à l'exceiilion de deux qui ne larderont pas à suivre les autres. Le 23 mars, le strobile est redevenu scypbistome; toutes les méduses se sont détachées et nagent librement dans l'aquarium. Pendant plusieurs mois, j'ai toujours tenu en vue ce même scypbistome qui avait complètement strobile, dans l'espoir de le voir strobilcr de nou- veau l'année suivante. Un accident l'a détruit. 11 résulte de ces observations : 1» Que le corps du scypbistome se segmente lui-même pour devenir strobile ; 2° Que le segment terminal ne se sépare pas avec les bras, comme on l'a supposé, pour continuer ailleurs la vie de scypbistome; 3" Que les bras s'atropbient et se résorbent sur le dernier segment ; lk° Que tous les segments deviennent des méduses semblables et sexuées; SUR L HISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. 83 5" Que lafornialion des segments a lieu successivement, et qu'il en appa- raît même quand les derniers segments sont déjà assez avancés; G" Que les méduses se détachent des slrobiles en six ou sept jours; 7" Que le capitule acquiert des bras pendant que les segments adhèrent encore ; S" Qu'on ne trouve pas de dilTérences entre la mère scyphislome qui s'est stroi)ilée et le capitule qui a repris ses bras ; 9" Qu'un scyphislome, après avoir donné un stolon, peut encore seslro- biler; 10° Que les méduses ne sont pas seulement la progéniture de la mère scyphistome, mais aussi la Iransformaùon de sa substance. H y a métamor- phose et mélagenèse à la fois ; 1 1° Que les méduses n'ont pas toutes une origine exactement semblable , puisque le premier segment seul a porté des bras, qui se sont résorbés, et que sa trompe est celle de la mère, qui doit en faire une nouvelle. Il reste les points suivants à élucider : I. Que devient le nouveau scyphistome après avoir slrobilé? Hecom- mence-t-il? li. Les mêmes scyphistomes produisent-ils des mâles et des femelles ou n'engendrent-ils que des individus de l'un ou de l'autre sexe ? III. Dans cette dernière supposition, existe-t-il des différences entre les scyphistomes qui engendrent des mâles et ceux qui engendrent des femelles? Nous ne pouvons répondre à ces questions par des observations directes; nous ne savons même si on pourra jamais le faire. Nous énoncerons simple- ment ici notre avis. Nous pensons que les scyphistomes continuent à vivre après avoir strobilé, et qu'à la saison suivante ils engendrent de nouveau des méduses. Ceci est basé sur celte observation , que nous avons vu des strobiles apparaître dans un aquarium au moins trois années de suite et engendrer des méduses , sans que l'eau ou les objets eussent été renouvelés pendant ce temps. Nous suppo- sons que les mêmes animaux ont donné ainsi des méduses pendant plusieurs années. Sans cela, il faudrait admettre que des scyphistomes sont restés pendant au moins trois ans à l'état latent. U RECHERCHES Quanta l'hypothèse des slrobiles exclusivement mâles ou femelles, nous n'avons à alléguer que la preuve Ih-ée de l'analogie. Nous doutons qu'il soit jamais possible de poursuivre les mêmes méduses jusqu'à l'apparition de leurs organes sexuels pour distinguer les mâles des femelles. A la troisième question, nous répondrons que nous ne voyons aucune ditïérence entre les slrobiles et que, chez eux comme chez les campanulaires et les lubulaires, les colonies des deux sexes sont semblables. Rhizostome de Cuvier. — Rhizosloma Ciwierii Lamk. M. MIlne Edwards, Règne animal illustré, pi. XLIX. — Kefeiistein , Unters. iiber nic.il. Setlhinre, Naciirichten; Gotling, ft'b., 1802; p. 64. Cette grande et belle espèce, reconnaissable à sa couleur bleu de coupe- rose, vient très-irrégulièrement sur la côte d'Ostende. Son apparition ne correspond point à telle ou telle saison. Nous en avons vu souvent en quantité pendant toute l'année, mais jamais nous n'en avons vu autant que l'hiver dernier, pendant les mois de novembre et de décembre. La plage en était littéralement couverte à chaque marée. On sait que le nianubrium de ces belles méduses est très-développé, el qu'il porte pour ainsi dire deux étages de cirrhes qui donnent un aspect par- ticulier à l'animal. Ces cirrhes sont si nombreux que la surface des organes qui les portent ont un aspect chevelu. Ces organes sont généralement allongés et étroits, mais il y en a aussi qui sont aplatis et assez larges, avec le bord garni de fdaments comme un peigne à dents molles; on voit même le liquide se mouvoir dans la portion élargie. Quatre canaux principaux partent de la cavité de restomac. Vers le milieu de leur longueur, ils sont coupés à angle droit par d'autres canaux circulaires. M. Milne Edwards a donné une magnifKiue figure d'un rhizostome injecté, dans le Règne animal illuslré de Cuvier, Zoophvtes, pi. L. Tout autour du bord de l'ombrelle, il existe quatre capsules sensoriales correspondant aux quatre vaisseaux droits. On peut les voir facilement â SUR VHISTOIRE i^ATLlRELLE DES POLYPES. 85 r«'il nu. On dirait des grains de sable jaune doré, enchâssés dans un lobe membraneux. Autour de chaque otolilhe, on voit des replis réguliers, d'une forme con- stante et quelques fdets, peut-être nerveux, qui y aboutissent. En tout cas, cet organe de sens est fort bien protégé. Les ovaires ont une teinte rosée qu'on distingue à travers l'épaisseur du corps. Chaque ovaire se compose d'un corps frangé, qui s'étend tout autour de la cavité de restomac ; il nous a paru formé d'un feuillet double, au milieu duquel apparaissent les œufs. Nous avons vu des œufs à leur début ne montrer encore que les vésicules germinatives. Nous n'avons pas observé le fractionnement du vitellus; mais nous avons vu le vilellus s'organiser en embryon cilié, s'allonger ensuite et s'effiler, puis décrire dans leurs mouvements des tours de spire comme des embryons de mollusque. Nous n'avons pas suivi plus loin ces Planula. Ces observations ont été faites au mois de septembre. Chrysaora hyoscella Esch. Synoni/mic. — Chuysaora hvsoscei.la, Esch. — — Esch. Sijst., p. 79 , t. VII, fig. ± Cyanea chrysaora, Cuv., R. un. illiistr. Zoopli., pi. XLVII. Urtica marina, Borlase,pl. XXV, lig. 7-12. Chrysaora cyglonata , Pérou et Lesueur. Nous avons souvent observé cette belle espèce , à Ostende , pendant l'au- lomne. Les cirrhes, au nombre de vingt-quatre, sont remarquables parleur exces- sive extensibilité. On voit un cordon vésiculeux logé dans une gaine, et sur le trajet duquel on aperçoit quelques vésicules gonflées et d'autres affaissées. Il ne nous reste aucun doute que ce ne soit dans la contraction de ces vésicules que réside le mouvement de ces cirrhes en longueur, en brièveté et même en direction. • Les Chrysaora hyoscella de grande taille seraient hermaphrodites, d'après Slrelhill Wright, tandis que les individus plus petits seraient unisexuels 86 RECHERCHES par suite de la suppression, tantôt de l'appareil mâle, tantôt de l'appareil femelle '. On compte huit vésicules sensitives; elles occupent la place d'un cirrhe. Le nombre de festons sur le bord de l'ombrelle est de trente-deux. Ceux-ci sont colorés en brun; les vésicules sensitives ont une teinte jaunâtre. Au milieu de l'ombrelle, on distingue des lignes colorées toutes superficielles qui rayonnent autour du disque. Il y a quatre appendices assez longs et plus ou moins frangés. On voit en dehors autant de bouches, et puis une cinquième au centre de la tige. Les ovaires étaient chargés de planules en voie de développement. Nous en avons vu de très-peu avancées qui tournaient sur elles-mêmes, et d'aufi-es qui nageaient librement aussitôt qu'on les dégageait de leurs enveloppes. Nous avons observé cette espèce au mois de septembre. Aurélia cruciata Linn. GEK.RtiisïE Zef.-quai, , Bastcr, Natiiurk. uilspann., p. 142, pi. XIV, fig. 3-4. Différentes fois déjà, nous avons trouvé cette espèce en abondance sur nos côtes. Nous en avons observé une année, au mois de juillet, pendant trois semaines, une quantité prodigieuse. Elle est assez longtemps reconnaissable par suite de la consistance de ses tissus. Nous avons semé des œufs fécondés de cette espèce, dans notre aquarium, ^^ le 8 mai. Le 21 du même mois, nous trouvons des scyphis- i A/ ; ' '} tomes, qui ont les uns six cirrhes autour de la bouche, les autres ^~ // huit. Quatre jours après, nous en voyons qui jettent des stolons et dont les cirrhes se sont développés en nombre et en longueur. Le 30 du même mois, nous comptons seize cirrhes fort extensi- bles, et la bouche complètement formée en trompe. On voit les scypiiisiome, cloisous daus l'intérieur. ' Ann. idtd Mu(j. of iiat. Hisl. SIR LHISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. 87 Aurélia aurita. Cyanea AiTiiiTA, Cuvicr, lUgiic animal ilhtsti-é, pi. LVI. Geoorde zee-qual, HouUurjn, XIV, p. 415, pi. CXll, fig. 2. Celle espèce visite régiilièrenienl noscôles, mais on ne la voil nulle pari en si grande abondance (|iic dans la Baltique. La mer en fourmille vérita- blement pendant l'été. Quehjucs auteurs ont cru que c'est la seule espèce de la Baltique. M. V. Siebold a fait connaître depuis l'existence de la Cyanea vapillata, qu'il a rencontrée près de Dantzig. Geryonopsis Forbesii Van Ben. ( Planche 111, liy. 1-7.) La méduse que nous faisons connaître ici est une vraie géryonidée par le développement de son manubrium, et c'est de la Geryonopsis delicalala de Forbes qu'elle se rapproche le plus. Nous avons même cru que c'est celte même espèce que Forbes a pochée sur la côte sud de l'Angleterre. Une autre méduse des côtes de Shetland, pêchée par Forbes et Goodsir, qui n'a pas reçu de nom, diffère par ses cirrhes plus longs et plus nombreux, et par quelques autres particularités '. Il n'est pas impossible que celte méduse de Shetland appartienne à l'espèce de nos côles; nous la dédierons à l'illustre auteur de tant d'ouvrages remarquables, dont tous les amis de la science regrettent si profondément la perte. N'est-ce pas la même espèce que MM. Frey et Leuckarl ont observée à Helgoland, et qu'ils indiquent avec doute sous le nom de Geryonia pellucida '. Il faudra voir aussi si la Thaumantias muUicirrata n'est pas la méme^. C'est une des plus gracieuses espèces que l'on puissq^ voir. Nous l'avons observée un jour du mois d'avril , nageant librement dans le réservoir d'une dos huîtrières d'Ostende. Le corps est d'une transparence parfaite. On dirait une ombrelle en cristal. ' Forbes, Bril. nak. mediisae, p. 40. "- Beitiiuje p. 158. ^ Sars, Beskrivelser , p. 20, pi. V, lig. 12. 88 RECHERCHES L'ombrelle est assez fortement bombée, et le manubrium dépasse la moitié de son étendue, son bord est garni d'une soixantaine de cirrbes comparative- ment peu extensibles. Ces cirrbes sont tous semblables ; à la base ils sont un peu élargis et se touchent de manière qu'il n'y a pas de bord libre. On voit distinclement le canal circulaire charrier son liquide incolore et granuleux. Nous n'avons pas vu de capsules sensoriales. Le manubrium est terminé à son. extrémité libre par des cirrbes mem- braneux formant des franges autour de la cavité de la bouche. Ces franges sont d'une mobilité de formes très-grande. Nous les avons représentées, mais il est diflicile d'en donner une idée exacte à cause de leur extrême délicatesse. Ces franges ne sont pas transparentes et hyalines comme le corps de l'animal ; leur opacité l'ait contraste avec le reste du corps. On voit à travers l'ombrelle les quatre canaux gastrovasculaires, mais au lieu de naître directement du fond du manubrium, ces quatre canaux nais- sent le long des parois de cet organe, et on les aperçoit distinctement jusqu'à la naissance des corps frangés. C'est une disposition qui mérite d'être signa- lée. Le Tima flavilabris , figuré par Eschscholz, montre ces canaux beau- coup plus développés. Il est à remarquer que noire animal est adulte, puisque les organes sexuels sont développés '. Nous n'avons vu que le mâle. Les testicules sont assez volumineux et se développent sur chacun des quatre ca-naux parlant de l'estomac. Ils élaienl pleins de spermatozoïdes , sauf un seul , qui venait d'êlre vidé au moment où nous avons pris l'animal. ThAUMANTIAS CVMBALOIDES Aut. Le 13 juillet 1768 Slabber pécha une petite méduse de la grandeur d'un noyau de pêche; il s'extasia devant sa beauté de forme et d'organisation. Au moment même où il la prit, l'acalèphe avait avalé un poisson; la tète était encore hors de la cavité digestive , et il put aisément reconnaître l'appareil de la digestion. Cet animal est très-bien décrit et figuré, comme tout ce que nous a légué cet habile observateur. Toutefois des organes ont élé impar- ' Eschscholz, Syslemde Acaleph., pi. VllI, 11g. 3. SUR LHiSTOIHE NATURELLK DES POLYPES. 89 failcnienl observés, et comme personne depuis ne semble avoir retrouvé cet animai , on ignore encore (luelques-uns de ses véritables caractères. La cavité gastrique est dépourvue de tout appendice labial , et se termine en des- sous par quatre prolongements llollants qui conslituent le manubrium. Slabber le compare à une sonnette. C'est à tort, à notre avis, que plusieurs naturalistes ont pris cette figure de Slabber connue inexacte, et prétendent (pie ce dessin a été fait d'après la T/iaitmaiilias liemisp/ierica. Slabber a représenté, dans cette occasion comme dans toutes les autres, les objets avec la plus scrupuleuse exactitude. Ce n'est pas comme on l'a dit a bad ■représentation of T. heniisp/wrica. Syiio)ii/mie. — Oce.\m\ cvmb.vloïdea? Pcron et Lcsuciir, Tableau des caracl., p. 340. TiiAUJiANTHiAS CYMiiALOÏDEA , Esclisclioltz , S(y.s(. ikr Acaleplicii , p. 102. Belgelykende kwal, Slabber, Natmirk. verlusl., p. !t9, pi. XII, fig. 1-3. — Encyclop. mélhod., pi. XCIII, fig. 2-4. Nous n'avons observé celte espèce qu'au mois d'août. L'animal est complètement transparent et on ne voit, quand il nage, qu'une croix formée par les canaux gastrovasculaires. Dans son état babiluel, cette méduse nous a offert une forme un peu diffé- rente de celle que Slabber a figurée; son ombrelle est plus élargie, moins élevée, et par là ressemble moins à une sonnette de table. La cavité gastrique est assez spacieuse. Il n'y a qu'une seule bouche, située au milieu du manu- brium. Cet appendice se divise en quatre branches très -contractiles, que Slabber n'a point observées, soit que son exemplaire fût mutilé, soit qu'il fût dans un état de contraction forcée. La forme et la grandeur de la bouche varient à cause de la grande con- Iractilité des organes qui la conslituent: nous l'avons observée largement ouverte. Dans un exemplaire placé sur le dos , elle avait pres(|ue une forme carrée; quelquefois aussi nous l'avons vue circulaire et formant une croix grecque. Cette cavité gastrique peut en grande partie s'effacer et se rappro- cher de la forme que nous voyons dans les équorées. De la cavité gastrique, on voit partir quatre cordons assez larges, qui se rendent en ligne droite au canal circulaire qui entoure le bord du disque. 12 90 RECHERCHES Vers le milieu de chacun de ces canaux esl appendu un organe formanl des replis, el qui se détache ensuite pour constituer un appendice flottant. C'est comme un intestin adossé au vaisseau gastrique. Au microscope, on reconnaît dans les parois el dans Pintérieur de cet organe des cellules adossées les unes contre les autres, montrant fort distinc- tement leur noyau et leur nucule. Nous ignorons si ce sont des œufs ou des spermaloc) stes en voie de développement. Nous n'avons pu les observer assez longtemps pour nous en assurer. Dans l'espace compris entre les quatre canaux , les parois de la cavité gastrique sont teintes en rouge , comme la base des appendices. La circulation esl très-distincte : on voit un liquide chargé de globules assez réguliers, se mouvoir dans lïnlérieur des quatre canaux, el se rendre de là sur le bord du disque dans le canal circulaire. Dans quelques appen- dices nous avons vu aussi le liquide du canal se rendre dans Fintérieur des cirrhes qui bordent le disque. Nous ne pensons pas que le liquide puisse se répandre au dehors, par le bout de ces appendices, du moins à l'état normal. Les grands appendices qui ornent le bord du disque sont au nombre de vingt-quatre. Ce nombre ne correspond pas exactement avec celui qui esl indiqué, mais il y a eu probablement erreur dans rénumération. Au bout de chaque canal droit on voit un de ces appendices; puis on en distingue cinq entre ces premiers, ce qui élève le nombre à vingt-quatre. Ils sont exlraordi- nairement contractiles el peuvent s'étendre fort loin. La base esl renflée el de couleur rougeâtre. Comme nous l'avons dit plus haut, nous avons vu le liquide pénétrer dans son intérieur, mais nous ne l'avons pas observé jusqu'au bout de l'appendice ; il nous a paru cependant qu'ils sont creux dans toute leur longueur. Dans l'intérieur nous avons observé des cils vibratiles à la base. Sur toute l'étendue on aperçoit des nématocystes. Entre ces longs appendices on en voit un certain nombre de petits et de fort irréguliers, dont les formes varient surtout à cause de leur grande con- tractililé. Les capsules de sens sont assez volumineuses et au nombre de huit. On voit dans chacune d'elles un liquide transparent, au milieu duquel se trouve une cellule plus grande que les autres et de couleur brune , adossée à une SUR L'HISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. 9i cellule transparente. De chaque côté sont logées trois autres vésicules plus petites et transparentes , serrées les unes contre les autres. Ne sont-ce pas des organes qui font fonction à la fois d'ceil et d'oreille? Thaumantias iiemispiieuica O.-F. Millier. Le même jour que nous avons observé les Thaximantias cymbuloïdes dans Parrière-port d'Ostende, nous avons observé une autre petite méduse, trans- parente comme le cristal, ayant vingt-quatre cirrhes marginaux fort longs et très-rétractiles, s'entortillant les uns dans les autres, de manière à simuler un fdet. Nous croyons que c'est la même méduse que O.-F. Miiller a décrite et figurée sous le nom de Médusa hemisplierica. Sijnonymie. — ? Thaumantias hemispherica, Eschscholtz, Syst. d. acalcpli., p. 103. ? Encyclop. method., pi. XCIII, fig. 8-11. ? — Frey et Lcuckart, 5ej7rngie...., p. 1.58. ? Médusa hemispherica, Millier, Zool. dan., pi. Vil. OcEANiA DANicA? Pcron et Lcsueur, Tableau des caract., p. 348. Cette espèce a la grandeur d'un fort noyau de cerise. Le corps est vraiment hémisphérique et le bord de l'ombrelle porte vingt- quatre cirrhes longs et fort rétractiles également développés. Ils sont tous légèrement renflés à leur base. Il n'élait pas possible de les séparer les uns des autres. Mesonema henleana. iEQL'OREA HENLEANA, KôU., Frcy ct Lcuckart, Beilrage ztir Keiiln., p. 138. Nous avons observé cette espèce aux mois d'août et de septembre sur la côte d'Oslende, et quelquefois en assez grande abondance. Une équorée de la côte d'Amérique [jEquorea dilata Esch.) semble avoir assez de ressemblance avec cette espèce, et sans la présence des cirrhes buccaux et le petit nombre de canaux gaslro-vasculaires, on serait tenté de les réunir. L'animal présente la forme d'un disque légèrement bombé; il est hyalin. 92 UECHERCHES tout à fait incolore; le bord de rombrelle esl garni loiil autour de lila- menls trop nombreux pour être comptés. Ces filaments sont tous de même l'orme, également gros à leur base et à leur sommet; sous ce rapport ils diiïèrent des appendices que Ton trouve ordinairement chez les animaux de cette classe. Ils ne peuvent guère s'allonger. Leur situation est très-régulière; ils sont serrés à leur base les uns contre les autres, et nous ne trouvons pas dans cette acalèphe les capsules sensilives qui garnissent habituellement le bord marginal du disque. Ces filaments appendiculaires sont pleins et dé- pourvus de cils. Le dis(|ue en dessus est lisse et uni. En dessous on voit flotter une membrane attachée circulairement au centre et circonscrivant une cavité qui occupe un peu plus du tiers du diamètre du disque : c'est la cavité gastrique. Elle n'est point creusée dans la substance même du disque, et disparaîtrait entièrement avec la bordure membraneuse dont nous venons de parler. Celte membrane circulaire pend en dessous du discpie et finit brusquement comme l'ouverture d'un tube. Les bords ne peuvent point se rapprocher de manière à clore cette cavité, aussi Teau entre et sort librement en tout temps. Tout autour de celte cavité circulaire on découvre, à la base de la bor- dure, à son point d'insertion sur le discpie, des ouvertures de canaux droits disposés en forme de rayons à la face inférieure de l'ombrelle. Ces canaux ne sont pas anastomosés entre eux ; le liquide qui circule dans rintérieur doit revenir sur ses pas pour se renouveler. Nous n'avons pas vu d'organes sexuels. La bordure membraneuse qui circonscrit la cavité gastrique est garnie, sur son bord libre ou son bord inférieur, d'appendices très-mobiles et très-va- riables en longueur. C'est sur leur présence que Eschscholtz a établi le genre Mesonema. Ce sont des équorées avec des filaments marginaux sur le bord de la cavité gastrique. Ces appendices ou cirrhes se conlraclenl et s'étalent, en montrant dans leur longueur comme dans leur diamètre une infinité de modifications. C'est au mois de septembre, en IS/tS, que nous avons observé cette espèce pour la première fois ; depuis nous Pavons vue à la même époque à dilTérenles reprises, quelquefois en grande abondance sur la plage, mais sans y avoir distingué d'autres organes que ceux que nous venons de signaler. SUR LHISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. 95 OcEANiA G;î:dii (Océanie de Gaëile.) Plusieurs espèces de ce genre sont fort incomplélemenl décrites ; nous ne doutons cependant pas, d'après les caractères indiqués par les auteurs, que locéanie de Gaëde n'ait échappé aux recherches des naturalistes, et nous croyons cette espèce réellement nouvelle pour la science. Le nond)re des cir- rhes cl des canaux, la disposition de la cavité gastrique et la taille la dis- tinguent suffisaiument des océaniés connues. Nous avons vu celle espèce en quantité prodigieuse, pendant une haute marée, dans Tarrière-port, près de récluse de Slykens. Il y en avait un si grand nomhre qu'un sceau d'eau pris au hasard pour un a(|uarium , en renfermait des centaines. C'était au mois de septembre. Ces méduses ne nous semblent pas avoir subi leur évolution complète, el elles portent encore les traces, au milieu du disque, de leur récente séparation du strobiie. Elles ont la grosseur d'une aveline. Le corps est d'une transparence complète. Le manubrium seul est opaque et a une teinte rougeàlre. Le disque est un peu plus élevé qu'il ne l'est com- munément. Son bord est garni de douze cirrhes fortement extensibles, tous de même longueur et placés à la même distance les uns des autres. Pendant la contraction , on les voit s'enrouler en tire-bouchon. Les capsules de sens sont fort simples : on en voit régulièrement deux entre les cirrhes; elles ne sont formées que d'une simple cellule renfermant un noyau; elles sont incolores et on ne voit aucun mouvement dans leur inté- rieur. Ce nombre deux est la règle entre les cirrhes, mais cependant on en voit (pielquefois trois ensemble , el quelquefois seulement une. La cavité gastrique a les parois assez épaisses; la bouche est divisée en plusieurs lobes que nous n'avons pas comptés exactement. A la surface du disque, celle cavité se prolonge par un pédicule, qui pourrait bien n'appar- tenir qu'au jeune âge et disparaître plus tard. On voit, en effet, souvent des l)rolongements semblables au moment où les jeunes méduses se séparent. 9i RECHERCHES OcEANiA SANGUINOLENTA. — Océaiiie sanguinoleute. Kermin beroë, Slabber, Naturk. Verlust., p. 110, pi. XIII, fîg. 5. OcEANià SAKGUiNOLENTA ? Pcron et Lesueur, Tableau des caract., j), 347. Celle espèce a été observée par Slabber, à Middelburg. LizziA ocTOPUNCTATA Sars. C'est dans des Lizzia que Sars a vu eh premier lieu ce phénomène curieux cl imprévu d'une méduse adulte produisant, non des organes sexuels, mais des gemmes qui se transforment directement en de nouvelles méduses. IJ a observé également ce phénomène dans le Thaumanlias muUicirrata , et le célèbre observateur de Christiania a même pensé qu'il pouvait être commun ù toute la famille des Océanides. Celte singulière reproduction a été observée depuis par un grand nombre de naturalistes, et sur des genres fort divers. C'est au mois d'avril ISi? que nous avons vu, pour la première fois, ces Cytels à Ostende, au milieu de tubulaires et de campanulaires. La même année Forbes signalait cette remarquable espèce sur la côte d'Angleterre , et lui assigna sa place dans le genre Lizzia , qu'il avait créé en 1846. Si/nonjjviie. — Cyteis octopunctata, Sars, Beskrivelser o(j Jagttag, p. 28, pi. VI, fig. 14, a-g. ; yViegmaiin's Arcltiv, 1837, p. 400; Fuuna lill. Norvegia, p. 10, pi. IV, %. 7-13. HiPPOCRENE OCTOPUNCTATA , Forbcs, AiiH. of iiut. lu'st., vol. VII, p. 84 (1841). BouGAiNviLLEA ocTOPu.-vcTATA , Lcsson , Aculèplies, p. 292 (1843). Lizzia octopii:vctata, E. Forbes, Brit. naked.-eyed Médusa. London, 1848, p. 64, pi. XII, fig. 5. Nous trouvons cette intéressante espèce assez communément, au printemps, à Ostende. Nous avons toujours vu les parois de l'estomac chargées de gemmes. Un individu s'est retourné sur lui-même, de manière que le manubrium est couvert de gemmes. Nous avons vu sortir de l'estomac des crustacés et des navicelles. SIR 1;HTST01RE WTIRELLE des polypes. 9?) ClRCE HYALINA Vail BcM. Celte petite méduse a de la ressemblance, au premier abord, avec la Lizzia ociojnmctata de Sars, mais elle porte huit vaisseaux gastrovasculaires au lieu de quatre, et elle n'a pas de gemmes sur le manubrium. Ce nombre de vaisseaux nous oblige en même temps de la placer dans im autre genre, et, sans connaître d'une manière certaine la situation des organes sexuels, nous ne pouvons nous empêcher de la placer dans le genre Circe. Nous ne connaissons (pie le téléon. Il est probable que c'est une tubulaire quelconque qui produit celte espèce. Elle a la même taille, la même forme et la même transparence que la Lizzia octopunclala de Sars; mais, outre la différence dans le nombre de canaux et Fabsence de gemmes sur Pestomac , chaque groupe de cirrhes est au moins de trois et quelquefois de quatre. Dans la Lizzia octopunclala, ils sont de trois et quelquefois de deux, jamais de quatre. Elle a une forme hémisphérique; tout le corps est hyalin , à l'exception de l'estomac et des cirrhes tentaculaires. On distingue à la surface huit côtes qui correspondent aux canaux gastrovasculaires. Au bout de chaque côte on voit un gros tubercule un peu opaque, eu égard à l'excessive transparence du reste du corps , et sur chacun d'eux s'élève un groupe de cirrhes très-rétractiles. Nous n'avons pas vu d'organes de sexe. Le haut de l'estomac est divisé en lobes très-mobiles, et l'animal pourrait au besoin les montrer au dehors et s'en servir comme d'une trompe. Rien n'est coloré dans cette méduse. LUCERNAIRES. Keferstein, Gattung Luceruuria, Zeit. f. Wiss. Zoologie, vol. XII, p. \ , pi. I. C'est 0. Fr. Millier qui a découvert les Lucernaires. Ce sont des animaux dont les affinités semblent bien douteuses, à voir la place qu'on leur a tour à tour assignée. Cuvier en fit d'abord des acalèphes fixes et les rapprocha des 96 RECHERCHES acliiiiesolcleszoanlhes. Celte opinion semble encore parlagée par MM. Milne Edwards et Haime. Lamarck en fit des acalèphes mollasses, de Blainville el Ehrenberg, des polypes voisins des actinies. Erey et Leuckart les placent parmi les anlhozoaires '. C'est aussi l'opinion de Sars, qui reconnaît cependant qu'ils se rapprochent des acalèphes par les organes sexuels. Huxley, Allman el Keferstein en font de véritables acalèphes, et ce dernier en fait un ordre à part à côté des Acrospeda et des Craspedola , sous le nom de Lucernariada. Johnston place aussi les lucernaires à côté des actinies dans un seul et même groupe. Il cite trois espèces observées sur les côtes d'Angleterre : Luceriiaria fascicularis Flem. — aurkula Aut. — campanulula Lamx. La lucernaire est un scyphislome en permanence; c'est sans doute ce que Agassiz a voulu exprimer en comparant une figure de scyphistome, de slrobile et de jeune téléon avec un lucernaire. D'après Keferstein, c'est une méduse en arrêt de développement. Le genre Carduella de Allman est voisin des lucernaires '. Les lucernaires sont des polypes du Nord plutôt que du Midi : on les trouve, d'après Sars '', sur la côte du Groenland sous le 65°, et même en Norwége jus- qu'au 70° près de Nardôe; Keferstein * en a observé plusieurs espèces sur la côte de Normandie, et Quoy et Gaimard l'ont reconnu dans la Méditerranée '". LUCERNARIA AURICULA Mùll. MiiLLER, Zool. Dun , l. IV, p. 55, pi. CLII, fig. l-ô. M. Meyer nous a fait voir, à Hambourg, des points oculaires à la base des tentacules. Ce polype arrive accidentellement sur nos côtes et peut-être, comme tant d'autres, plus communément qu'on ne le pense. ' BeitriUje , p. 9. -' Allman, Quarlerly Journal of microscopical Science. April, 1860. ■■ Fmnia liltorulis Norvegiae. . . , p. 20 , pi. 5. ' Gutlintj iXachridilen , 1862, ii° 4 , p. 61. ■• Voyage de l'Astrolabe de Dumont dUrville. SUR LHISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. 97 Mailland cite la Lucernaria mirkula, la même que Ot. Fr. Hliiller a observée et décrite, au Veerscheyal (côte de Hollande). Nous no Tavons jamais observée, mais il ne nous parait pas douteux qu'on la découvrira sur nos côtes. Metlenheimer a péché une lucernaire à Helgoland, qu'il croit former une espèce nouvelle '. Sars cite les espèces suivantes de la côte de Norwége : Lucernaria quudricornis iMiilI. — auricula Ralhkc (non Fabricius). — cyathiformis Sars. Ce dernier doit évidemment former un genre à part. Keferstein a observé, à Saint-Vaast, la Lucernaria ocloradiata, et la Lu- cernaria campanulata Lamk. TUBULARIDES. Historique. — Des travaux remarquables ont été publiés, dans ces der- nières années, sur ce curieux groupe de polypes; nous donnons ici l'énumé- ration de ceux que nous connaissons : KoLLiKER, Zeils. /'. wiss. Zoologie, 1855, p. 500. JosHUA Ai.Diiu, A notice of soine new geiieru and species of british hgdroid Zoophytes , A^n. AND MAC. NAT. HisT., iiovcmbre 1850. JosiiuA Aldeu, a catalogue of the Zoophytes of Northumberland und Durham , Newcasti.e- upon-Tyne, 1857 (genres Vorticlava, /fijdractinia, Coryne, Eudendriinn, Tubularia, cory- morpha). ' Abhand. senck. nul. Gesels., ISîii. 13 98 RECHERCHES Allman, On the structure of ilie reproductive organs in certain lujdroid Polypes, Phocee». OF THE Rov. SociETv. Session 1857-58. Chbist. LovÉM, Till utvickeUngen of hydractinie7i. (Sur le développement des Hydraetinies), Bl'llet. Acad. se. DE Stockholm , -1857, p. 507. Prof. Allman. Observât, on the morphol. of the reprod. org. in the hydroid Polypes. (Euden- drium ramosum.) T. Stuethill Wright, Observations on brit. Zoophytes. Edi>'d. New phil. .lounNAL; neic séries. July 1858. T. Stiiethill WniGHT, Observations on brillsh Zoophytes. Eur.\n. New puil. Joijii.mal; new séries. Janv. 1859. A ftevieiv of the slate of our knowledge of the brilish Tubuluriadae, Rotal phys. SoriETV of Ed^'ourgh. Sars, Oni ammesloegten corymorpha Forh. Vidensk. Se/.s/i. Christiania, 1859. Allman (genres Hydructinie et Pudocorygne), Akn. nat. hist., 1859, p. 51. Rév. Thom. Hincks, A Monograph on the british Hydrozoa, Jos. Alder, Ann. ofnat. hist. April 1862, Tymsch club transactions. Rév. Thom. Hincks, on Clavatella, Ann. and Mag. nul. hist. Febr. ISfil. Claparède , Beitruge zur fauna der schottischen Kiiste, iieber geschlechtliche Zeugung von Qual- len, Zeit. f. wiss. zoolog., vol. X, 1800, \). 401. Rév. Thom. Hincks, Catalogue of the Zoophytes of South Devon and South Cormvall, Ann. AND Mag. nat. hist. Novembre 1802, p. 300. Rév. TiioM. Hincks, On the production of similar-gonozoids by hydroid Polypes, belonging to différent gênera. Ann. nat. hist. Décembre 1802, p. 459. V.-L. Gosse, Description of Peachia hastata, Trans. of the Linnean Soc, vol. XXI, p. 267. Coucii, Cornish fauna. InviNE, Catalogue of those found in Dublin hay, Nat. hist. review, 1. A. Agassiz, On Arachnuctis brachiolata..., Journal Bost. Soc. Nat. Hist. Febr. 1803. Rév. Thom. Hincks, On some new british hydroids , Ann. nat. hist. Janv. 1803, p. 43. Claparède, Zur Entwickdung der Tubuluriaden, Beobacht. ub. Anat. u. Entrvickelungsg. Wirbe.U. Thiere. Leipzig, 1803, in-fol. Prof. Allman, Notes on the hydroida, Ann. nat. hist. Janv. 1803, p. 1. Henry James Clarck, Tubularia nol Parthenogenous , The american journal of science and ARTS, vol. XXXVII. January 1804. Alf. JIerle, Norman, on vndescribed british Hydrozoa, A'ctinozoa and Polyzoa, Ann. nat. HIST. Juin 18G4, p. 182. Prof. Allman, Note.... gcn. and spec. oftubularian and campantdarian hydroids..., Ann. mag. of nat. hist. Jiiny 1804, p. 57. En publiant, il y a vingt ans, notre RIcmoire sur les campanulaires, les observations d'Ellis et de Cavolini non-seulement n'étaient pas comprises, mais elles avaient à peine attiré l'attention de quelques savants. Nous avons été le premier à signaler que ces naturalistes, Ellis surtout, avaient vu le commencement de la forme médusaire. Du Jardin a reproduit ce que nous SUR L'HISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. 99 avions dit à ce sujet. Ce dernier avait en portefeuille, depuis longtemps, des observations sur ces polypes, et c'est la connaissance de mon travail qui l'a décidé à livrer ses recherches à l'impression. II n'est pas douteux que plusieurs naturalistes observateurs du siècle der- nier n'aient connu, comme Ellis et Cavolini, la phase médusaire des polypes, mais ils n'ont pu donner à ce phénomène ni son rang ni son importance. De Jussieu parle de mamelons ou grains ronds, de couleur rouge, attachés à un pédicule au-dessus des premières cornes (tentacules) , et dont il avoue ne pas connaître encore l'usage'; Donati a vu des hydatides rondelettes, très-petites, moitié transparentes, jaunâtres, au bas du ventre de quelques polypes ; le lieu où elles se trouvent et leur figure lui font croire (jue ce sont des œufs du polype ^. Baster a fait la même observation : il a vu sur les plus grands des tubu- laires, au mois d'octobre et de novembre , des vésicules arrondies, attachées à leur base , jusqu'au nombre de sept ou huit, à une seule branche '. Depuis Baster, on n'a plus guère fait d'observations importantes sur les animaux de cette classe ; c'est tout au plus si quelques naturalistes se sont occupés du polypier. Aussi, quand il fut annoncé en 1842 que les polypes deviennent méduses et les méduses polypes, il y eut parmi les zoologistes une explosion de sentiments divers, et plusieurs d'entre eux ne voulaient voir dans ces résultats que le fruit d'observations hasardées. Peu de temps après la publication de mon Mémoire sur les campanu- laires, j'en ai publié un autre sur les tubulaires, et dans ces deux publications les polypes sont envisagés de la même manière, c'est-à-dire que la forme adulte et sexuelle est considérée comme le jeune âge et non comme l'animal arrivé au terme de son développement complet. C'est le téléon que je prenais pour l'embryon. Nous avons reconnu depuis que nous interprétions mal les phases d'évo- lution de ces animaux, et nous l'avons reconnu déjà dans plus d'une cir- constance. ' Mémoires de l'Académie , 1742, p. 297. - Histoire naturelle de la mer Adriali'jae, p. 49. •' Ba.slcr, A'atuiirk. iiilspaiin., p. 34, pi. III, fig. 2-4. 100 RECHERCHES Depuis longtemps, avant la publication même de nos recherches sur les cesloïdes, nous avons reconnu que la phase médusaire est le dernier terme, et non, comme nous l'avions cru d'abord , le premier de leur évolution. Il y a des tubularides qui engendrent des méduses et d'autres qui ne pro- duisent que des avortons à divers degrés de développement, c'est-à-dire des atrophions. Mais ces atrophions, tout en étant frappés d'arrêt de développe- ment, tout en conservant, selon les genres, les uns la livrée du premier âge, les autres celle de l'enfance ou de l'adolescence, n'en produisent pas moins des spermatozoïdes ou des oeufs; ils sont mâles ou femelles sous l'apparence d'une capsule. Ce développement plus ou moins avancé de Tatrophion dépend -il de circonstances extérieures, ou de la nature de l'espèce? Du Jardin pensait que l'apparition d'une méduse complète ou incomplète est subordonnée aux circonstances extérieures , et nous avons vu d'autres naturalistes, comme M. Claparéde, pencher fortement de ce côté. D'après le savant naturaliste suisse, le même animal pourrait, en effet, engendrer, selon les circonstances extérieures , des formes médusaires ou des polypes ^ Nous ne le pensons pas. Lorsque nous eûmes publié le résultat de nos premières recherches sur ces polypes, un jour nouveau commença à luire sur ces organismes, mais plus d'un point restait obscur et entouré de mystère. Parmi ces points obscurs se trouvait la question de reproduction sexuelle de chaque espèce. Selon les circonstances, une espèce donne-t-elle des méduses complètes ou incom- plètes, ou peut-on s'appuyer sur ce caractère de l'évolution pour distinguer les espèces de tubulaires entre elles? Pour le moment, nous croyons pou- voir répondre, comme nous l'avons déjà dit, que chaque espèce engendre constamment l'une ou l'autre forme et se reproduit de la même manière. Jusqu'à présent, nous avons vu toujours les espèces franchement médu- sipares donner des méduses complètes, les autres des formes plus ou moins atrophiées. Les travaux ultérieurs décideront si nous nous sommes trompé. ' Claparéde, Zei(s. /«)• IFtss. Zoo/o(/., vol. X, p. 404. SUR L'HISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. 101 Joli. Millier, en 1853, eut roccasion de voir des tiibiilaires véritables, avec des capsules pleines de spcrnialozoïdes; mais il ne pouvait découvrir de femelles, m'écrivail-il. Il considéra ces tubulaires comme des colonies d'in- dividus, avec des bourgeons libres dans les capsules ^ C'est la Tubularia coronata qu'il a observée. La capsule, comme nous le verrons plus loin, est l'individu sexué, c'est-à-dire le téléon, qui représente l'animal adulte et complet. Pendant les mois d'août et de septembre de la même année, M. Kolliker a vu des embryons mobiles de campanulaires se développer dans les cap- sules, les quitter pour mener une vie vagabonde et se fixer ensuite dans un lieu convenable; mais il n'a pas vu, dit-il, des tubulaires méduses. Ces em- bryons me rappellent, dit M. Kolliker avec beaucoup de raison, les Aruch- nactis albida de Sars. On ne connaît pas précisément la durée de la vie des tabulaires pendant leurs diverses phases d'évolution , mais on a vu déjà , et nous en avons fait l'expérience, des tiges de tubulaires et de campanulaires vivre plusieurs années dans des aquarium, sans que le pouvoir de reproduction agame sem- blât toucher à son terme ou diminuât même de puissance. Il n'en est pas de même des tubulaires méduses. Nous n'avons jamais pu en conserver long- temps, même celles qui venaient de naître sous nos yeux. Dans les plantes comme dans les animaux, la vie est généralement longue et la ténacité grande, dans les individus agames; éphémère et délicate, au contraire, dans les individus sexués. L'analogie entre la méduse et la fleur se confirme de plus en plus. Je dis que non-seulement la durée de la vie est longue et la ténacité très- grande pour les formes agames , mais il n'est pas rare de voir des tubu- laires dont toutes les tètes, ou plutôt les individus agames sont tombés, repousser de nouvelles têtes; quelquefois même au bout de plusieurs mois, on voit de nouveaux individus, avec tous les caractères de leurs prédéces- seurs, sur des tiges anciennes. • Colonien von Individu en mit innern Knospen {fret in den Capseln) sehr liiiiifig. (J. Mill- ier, lettre du 4 janvier iSSi.) 102 RECHERCHES Nous avons eu roccasion de faire quelques observations sur des tubulaires conservés dans Taquarium , qui , après avoir perdu leurs polypes , ne con- tinuent pas moins à vivre par le sarcosarc. Tubulan'a coronala , nées dans l'aquarium au bout de tiges flétries. Si on ne prend pas les plus grands soins en détachant les tubulaires de leur gîte naturel, toute la tète, c'est-à-dire le polype, se flétrit et tombe, et il ne reste que les tiges telles qu'on les voit après une complète dessiccation. La vie n'est pas éteinte cependant. Baster avait déjà fait cette observation que les têtes, qu'il prenait pour tout le polype, tombaient très-facilement, et il en avait conclu que les têtes et les tubes sont des êtres difterenls, vivant les uns sur les autres. En replaçant ces polypes dans des conditions favo- rables, soit dans un aquarium, soit dans la mer, au bout de quelques jours on voit la partie molle de l'intérieur du tube s'élever sous forme de bouton, dépasser la hauteur du tube, se renfler légèrement et montrer bientôt, vers le milieu du renflement, une première couronne de tentacules. Il en appa- raît une vingtaine à la fois. Ces organes s'allongent et se développent com- plètement avant qu'une nouvelle rangée apparaisse. La nouvelle tubulaire a d'abord les caractères des Eiuleiulriuni. Plus lard apparaît de la même manière la seconde couronne de tentacules tout autour de la bouche, formant un second verlicille, et dès ce moment le caractère propre des tubulaires apparaît. SUR L'HISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. 103 Ce sont ainsi de nouvelles lubulaires développées sur des tiges anciennes, Tubulaires nées au bout de liges flétries. c'est-à-dire, qu'au bout du sarcosarc, a repoussé une nouvelle tète, comme dans la grenouille il repousse un doigt ou une patte, si Fun ou l'autre de ces organes est coupé. Nous avons vu un tube unique, comme une des figures ci-dessus l'in- dique, qui n'avait porté qu'un seul polype, se bifurquer et donner même naissance à deux individus distincts. Des tubulaires sans tête, placées dans un aquarium au mois de mai, por- taient de nouvelles tètes avec tous leurs tentacules au milieu du mois de juin. Nous devons faire remarquer aussi que les nouvelles têtes comme les nouveaux tubes qui se développant dans les aquarium, n'ont pas la vigueur de ceux qui se développent en pleine mer, et nous y voyons une preuve de l'influence qu'exerce le milieu ambiant sur le calibre du polypier. Ne trouverait-on pas dans cet appauvrissement des nouveaux polypes, en des tiges plus grêles et des formes plus délicates, l'explication de la pro- 104 RECHERCHES « duction de (luelques formes voisines dont on a fait des espèces distinctes? Il est évident que si ces tiges avec leurs polypes ne naissaient pas sous nos yeux de l'ancien sarcosarc, l'on serait tenté de les regarder comme des espèces distinctes. M. Kirchenpauer a fait quelques observations fort curieuses sur les tubu- laires qui apparaissent sur les bouées, à remboucliure de TElbc, et qu'il ré- partit en quatre régions : dans la première, qui est en pleine mer, il trouve la Serlularia argentea, YEchinus esculenlus et VActinia mescmbryanthemum; dans la seconde section, les bouées se couvrent de Tubularia coronala, cala- maris, et larynx, de jeunes astéries et de Campanularia gclatinosa; dans la troisième région des Tabidan'a larynx, mais seulement dans les profon- deurs, jamais sur les bouées, et la fin de la région des moules; les Cordylo- phores apparaissent dans la quatrième région, la plus éloignée de l'embou- chure, en même temps que les balanes {Balanus crenatus). On peut donc dire que les Cordylophores caractérisent la dernière région, les moules la fin de l'avant-dernière, les tubulaires, la seconde et la Serlu- laria argentea la pleine mer ou la première. Genre TUBULAIRE. Ce genre est parfaitement caractérisé par les deux verticilles de tentacules ainsi que par la place que les méduses, téléons ou atrophions, occupent en dedans des tentacules inférieurs. La méduse est sphérique, et porte quatre cirrhes également développés. Mais ce n'est pas toujours un téléon complet qui se développe ; dans cer- taines espèces, c'est un téléon avorté, c'est-à-dire un atrophion qui contient tantôt des embryons, tantôt des œufs ou des spermatozoïdes. Il y a en effet , d'après les espèces , des différences fort grandes dans le mode de reproduction ; et c'est ici surtout que l'on voit combien on a tort de ne voir que des organes dans ces formes médusaires avortées. El si on s'est mépris sur la véritable signification de ces diverses formes , on ne s'est pas moins trompé en prenant de jeunes tubulaires libres pour des formes génériques nouvelles. C'est une erreur qui a été commise par plusieurs naturalistes. SUR L'HISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. i05 Le genre Arachnactis de Sars n'est autre chose qu'une jeune lubulaire, née dans une mère méduse, frappée d'arrêt de développement; c'est-à-dire une jeune tubulaire, provenant d'un atrophion. Si nous ne nous trompons, cet Arachnactis est le jeune âge de la Tubidaria coronata. M. A. Agassiz a trouvé à Nahant (Massachusetts) un polype flottant qu'il rapporte au genre Arachnaclis de Sars. Il l'a observé comme le savant natu- raliste norwégien , au commencement de septembre. Ce polype est très- commun dans ces parages, dit 31. Agassiz, et tous les soirs il en prenait en quantité en péchant au petit fdet. Cet animal n'a que quatre tentacules , et il ressemble, dit le savant natu- raliste, à la larve de VAsteracanlht'on berylinus. Il nage le gros du corps en avant; les tentacules sont couverts de cils vibratiles, et ils ne sont pas rétrac- tiles ; ils ne peuvent que se replier. Depuis longtemps on s'accorde généralement à ne voir, dans ce genre Arachnactis de Sars, que déjeunes tubulaires. En est-il de même de V Arach- nactis brachiolata d' Agassiz? Nous sommes fort disposé à le croire. La forme singulière que M. Busk a décrite sous le nom de Dianthca nobilis est également, selon toute probabilité, une jeune tubularide; nous en dirons autant encore du Nereus hydrachna de Tilesius; Job. Midier l'avait déjà soupçonné. M. Claparède a péché à Saint- Vaast, dans un petit filet, déjeunes tubulaires qu'il suppose appartenir à la Tubidaria indivisa. Il croit avoir vu l'embryon se fixer par la partie du corps qui représente la bouche et les tentacules buccaux surgir du côté opposé. Par consé- quent, les tentacules devraient se porter en avant après avoir été dirigés en arrière. M. Claparède pense que Dalyell a vu le même phénomène sur la Tubu- laria indivisa. Nous croyons qu'il y a erreur de sa part; la bouche apparaît au pôle opposé. Parmi les travaux les plus récents sur le développement des tubulaires, il faut citer un travail du professeur Henry-James Clark, qui annonce la découverte des œufs véritables dans les tubulaires, et qui se prononce pour l'existence d'un type unique dans les polypes hydroïdes. 14 106 RECHERCHES Une autre note, qui a pour objet l'élude d'un animal de ce groupe, sort de la plume du professeur Allman, d'Édimi)Ourg; elle est insérée dans les Annals of nalural history du mois de juillet, et c'est un travail fort intéressant. M. Kirchenpauer a vu les Tabularia coronala et calamaris se développer sur les bouées de l'embouchure de TElbe, dans la seconde région où ne vit plus la Sertuluria argentea. Des trois espèces de ce genre qui habitent nos côtes, la Coronala, qui est la plus commune, porte des atrophions et peut être considérée, jusqu'à un certain point, comme ovo-vivipare; la deuxième, la Tabularia cala- maris, et la troisième, la Tabularia Dumorderii , produisent l'une et l'autre des téléons complets. TUBULARIA CORONATA. (Planche IV.) 11 n'est pas douteux que celte espèce ne soit celle que Baster a observée et dont il donne plusieurs figures (pi. H, fig. 3, et pi. HI, fig. 2 à i). Ce consciencieux naturaliste a observé des individus vivants, et comme les têtes tombent au bout d'un court séjour dans l'eau de mer, il a pensé que ces têtes et les tubes qui les supportent n'appartiennent pas à un même animal : {...dat de polypus en de corallina tubularia, dat is hel pypje daer hy in- woont, Iwee versclieide lichamen zyn... que le polype et la coralline tubu- laire, c'est-à-dire le tube dans lequel il vit, sont deux corps différents) '. Baster a bien vu les corps médusiformes à la base des tentacules, et il en a vu sortir de jeunes polypes; mais il les prend, comme on le pense bien; pour des œufs. Abildgaard" a vu et dessiné la même espèce; il prend, comme Baster, les pédicules médusipares pour des ovaires et représente un jeune polype. C'est encore le même polype que MM. Koren et Danielsen ont eu sous les yeux, et dont ils ont vu les capsules donner naissance à de nouveaux ' Basier, JVatinirk.vitspami., i" part., p. 5ô, - Fuuna Danica, pi. CXLI. SLR L'HISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. 107 individus libres. Ils ont même vu éclore deux individus dans une seule cap- sule. Ils n'ont pas reconnu de spermatozoïdes, disent-ils; tandis que Krolin en a observé dans la Tubularia indivisa et Rathke dans la Coryna squa- ntata. M. Gegenbaur croit avoir observé le même polype dans la i^léditcrranée. Il décrit la formation de l'œuf de la Tubularia coronata, à queUpies légères différences près, comme nous l'exposons ici, et il prétend que l'évolution des œufs des tubulaires a lieu de la même manière. Le professeur Allman a fait les mêmes observations sur la Tubularia co- ronata. Synonymie. — Incarnaat poLvrus, Baslcr, NaVuurk. idlspann., 1" pai't., pi. Il, fig. 3 et 4, et pi. III, fig. 2-4. Tubularia coronata, Abildgard, Zoolof). Van., pi. 141, p. 25. Tubularia larynx, Koren et Danielsen, Nyt magazin fur natiirvidenskaberne. Christiania, 1847. Isis, heft III, 1848, p. I9'J, pi. II. Tubularia gracilis Johnslon. Tubularia , Gegenbaur, Zur Lehre vom Gencrationswecltsel , pi. I, lig. 10-14. Tubularia coronata , D' Allman , On llie structure nf ihe rejiroductive organa in certain hydroid polypes. Proceed. of the roy. Soc. Session 18.57-58. M. Kirclienpauer établit la Tubularia larynx, comme espèce distincte, tandis que M. Sars pense qu'elle est identique avec la coronata que nous avons décrite. Celle espèce se développe avec une très-grande rapidité le long de la côte, dans les eaux peu profondes, sur les corps solides, pieux, fascines, débris de navires, etc., que la mer recouvre à chaque marée. Nous en avons vu, déve- loppées en grand nombre, sur des fascines qui étaient à sec pendant la marée basse des vives eaux. Cette tubulaire est une des plus remarquables et des plus instructives à cause de son mode de reproduction. Les téléons apparaissent par grappes , mais ils ne parviennent jamais, pensons-nous, jusqu'à leur développement complet; c'est un vrai atrophion très-voisin de l'état de sporosac. Le seul caractère propre qui Irabissc sa nature médusaire est la présence des quatre cirrhes rudimentaires entre lesquels le produit sexuel mâle ou femelle d08 RECHERCHES s'échappe. Ces atrophions sont développés au même degré pour les deux sexes. Des opinions très-diverses ont été exprimées au sujet de la signification de ces atrophions ; voici comment s'exprime le professeur Allman : In the présent species, dit-il, the embryo is not the resull of a transfor- mation of the entire ovum; puis il ajoute : the embryo ilself is cleveloped on an entirely différent plan froin that of the sertularidans. Le savant natu- raliste d'Edimbourg a raison, à son point de vue, mais en prenant l'atro- phion pour une partie de l'ovaire, il n'est pas possible qu'il se rende compte des phénomènes. M3I. Koren et Danielsen ont vu comme moi des capsules donner naissance à de nouveaux individus libres, et ils en ont vu jusqu'à deux dans une cap- sule; mais ils prennent les capsules elles-mêmes, si je les ai bien compris, pour de jeunes individus. C'est 31. Krohn, je crois, qui a le premier reconnu le sexe mâle. MM. Koren et Danielsen n'ont pu découvrir des individus de ce sexe. Merhviirdig ist es jedoch, disent ces savants, das ivir bestamUy Eyer und niemals Spermatozoen fanden , ivelche doch M. Krohn, bey Tubularia indivisa und Rathke bey Coryna squamata imhrgenomen haben. Il y a eu une année que, pendant tout le mois de juillet, nous n'avons observé que des colonies mâles, et qu'il nous a été impossible de trouver des femelles, du moins parmi celles qui portaient des grappes de méduses. Les femelles avaient-elles pondu leurs méduses alors? Cela n'est pas impossible, d'autant plus que les femelles sont communes pendant tout le mois d'avril et une grande partie du mois de mai. Il est inutile de donner la description du mâle ou de la femelle, puisque l'une et l'autre ne consistent que dans un simple sac, portant â son pôle libre quatre tubercules correspondant aux quatre cirrhes des méduses. Il n'existe aucun autre organe. L'alrophion mâle renferme dans son intérieur un sac qui recouvre le bulbe rouge de la cavité commune comme une calotte, et se remplit com- plètement de spermatozoïdes. A leur maturité ceux-ci s'échappent par un orifice situé au milieu des quatre cirrhes. L'évacuation a lieu par conséquent, comme chez les méduses adultes. SLR LHISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. 109 Nous appelons Jemclles les atrophions dans lesquels se monlrenl déjeunes inbulaires sous Tapparence de bulbilles. Toul autour du pédicule rouge, à la même place où se forme le testicule dans les mâles, apparaissent de même Jeunes tul)iilaires. un ou plusieurs œufs. Ces œufs se montrent sous la forme d'un sac, et leurs bords, en se rapprochant, les font ressembler à une calotte grecque. Bientôt les bords se découpent, et des becs apparaissent tout autour; on les voit surgir au nombre de six, de dix ou de douze; ces becs s'allongent ensuite, devien- nent des rayons, et le jeune animal, vu de face, a, sauf le nombre de rayons, l'aspect de VAsterias papposa. Après cela, les rayons continuent à s'étendre, prennent la forme d'autant de lanières, se gonflent ensuite légèrement au 110 RECHERCHES bout, et la jeune lubulaire prend une forme parliculière qu'elle conservera jusqu'à sa mise en liberté. Nous avons vu quelquefois à côté de la jeune tubulaire, des œufs destinés à former de nouvelles générations. Chaque atrophion peut engendrer ainsi plusieurs jeunes tubulaires. Dans ce développement, une période de révolution est entièrement sautée : c'est la première période />/«/a/fo«Ve; tandis que la dernière, ou la période téléonaire, n'est sautée qu'aux trois quarts. On reconnaît le téléon à sa place et à ses cirrhes. A la naissance, ces polypes ont communément douze bras, qui sont con- formés comme les tentacules des (ubulaires adultes. Nous en avons vu aussi venir au monde portant seulement six bras. La ressemblance est Irès-grande entre ces polypes et les Éleulhéries de M. de Quatrefages, sauf les tentacules qui ne sont pas ramifiés. Cette jeune tubulaire, devenue libre, est le jouet des vagues et des courants. Elle n'a aucun moyen de locomotion. Abandonnée ainsi pendant quelque temps, elle se dépose et se fixe si elle rencontre un corps solide; peu importe si c'est une pierre, du bois ou un corps vivant. Le jeune animal se fixe par sa base; puis, le corps s'allonge un peu, de nouveaux tentacules apparaissent entre les autres, et après trente-six heures, nous avons déjà compté quatorze tentacules. Nous ferons remarquer que nous avons observé, avec un soin particulier, les tentacules d'un grand nombre de jeunes tubulaires, et que nous en avons trouvé 4., 5, 6, 8, 10, 12 et même 24. Au bout de trente-six heures de vie libre , nous avons vu débuter la seconde couronne tentaculaire autour de la bouche, et là aussi nous avons vu d'abord quatre tubercules apparaître simultanément, puis cinq et succes- sivement jusqu'à seize. Il ne reste plus au polype qu'à s'étendre et à engendrer, par voie agame, quelques générations autour de lui, pour former les touffes de colonies que l'on trouve attachées aux corps marins. SUR L'HISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. Hl TuBUL.vniA cALAMARis Pallas. Les tubes du polypier sonl simples et droits, tortueux au bout et irrégu- lièrement ramifiés à la l)ase; ils forment toujours des toulïes. Le téiéon est porté sur un pédicule court. Il liabite toujours de grandes profondeurs. J'ai trouvé une jolie espèce d'Eudendrium étalée sur ce polype. Triiii.ARiA INDIVISA, JInmiTierv, Qiialevli/ journal of Diirroftcopical science , 18u2. — Slretliill Wright, Observai, oh brit. Zoophijtes, 1838, p. 8. — Allraan, A nu. of nul. hist.; july, 1839, p. 48. TuiiULARiA CALAMARIS, Kirehciipaiici', Die See Tonnen, p. 15. Van Bcnedcn, Recherches sur Veinbnjoijénie des lubulaires, pi. IV, p. 88. M. Strethill Wrigbt a fait des observations intéressantes sur la circulation dans les tiges, et le professeur Allmana étudié avec le plus grand soin la nature des téléons et leur valeur morphologique. De jeunes tubulaires ont été pris par M. Claparède dans un petit filet à Saint- Vaast, et sont rapportés à la Tubularia indivisa. M. Claparède pense, comme nous l'avons déjà dit, que l'embryon se fixe par la partie qui repré- sente la bouche, et que les tentacules buccaux surgissent au côté opposé à celui par lequel ces jeunes polypes s'attachent. Il en résulte que les ten- tacules véritables changeraient de direction dans le cours de leur dévelop- pement. Cela nous paraît fort douteux, et nous nous demandons s'il ne faut pas rapporter ces embryons plutôt à la Tubularia cownata? Tubularia Dumortierii V. B. Van Beneden, Recherches sur l'embryogénie des lubulaires, pi. V, p. 92. Cette belle et élégante espèce, que nous avons dédiée à notre savant con- frère et ami, B. Du Mortier, est aujourd'hui une des mieux établies. Elle vit plus ou moins isolée sans jamais former de touffes, et produit des téléons médusaires complets qui se détachent et continuent leur évolution à l'état de liberté. H 2 RECHERCHES Nous n'avons rien à ajouter aux observations qui sont consignées dans notre Mémoire sur les tubulaires. Nous caractériserons ainsi cette espèce : Tubes du polypier isolés, grêles, rarement ou peu ramifiés; polypule proportionnellement grand; téléons sphériques complets , portés sur un pédi- cule court. On la trouve sur les flustres et les halodactyles , comme sur la carapace des crabes. Les naturalistes anglais Pont observée sur leurs côtes. Il est inutile de faire remarquer que les figures 23 , 24 et 25 de la pi. V sont les derniers termes de révolution ; les figures suivantes ne font aucu- nement la suite '. Genre EUDENDRIUM. Ce genre, créé par Ehrenberg pour la coralline tubuleuse d'Elli's, est généralement adopté. Le polype agame n'a que la couronne inférieure de tentacules, le téléon a quatre cirrhes doubles, les tiges sont ramiflées et très- irrégulièrement annelées. Caractères. — Polypules à une seule rangée de tentacules, s'élevanl jus- qu'à seize et irrégulièrement étendus; le corps en forme de massue; les capsules téléolbèques médusipares insérées sur les tiges qui portent les po- lypes ; les liges sont légèrement annelées , à leur base surtout. Les téléons sont hémispliériques, ont quatre faisceaux de cirrhes doubles et quatre palpes simples à Torifice de la bouche. EUDENDRIUM RAMOSUM. (PI. VI et vu.) Cette espèce a acquis récemment un haut degré d'importance. On la con- naît dans ses diverses périodes d'évolution, pour ne pas dire dans toutes. ' Mémoires de l'Académie royale de Bruxelles, tome XVII. SUR L HISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. 115 Le polypier recouvre souvent, comme une mousse, le Iialodaclyle dia- phane, bryozoaire si exlraordinairemenl commun sur nos côtes, et s'y mêle avec un grand nombre d'autres polypes. Nous avons depuis longtemps reconnu la méduse avec ses quatre fais- ceaux de cirrhes bifides et ses quatre taches de couleur à la base de chacun d'eux. Ces méduses sont-elles loutes femelles et les mâles ne restent-ils pas atrophiés sous une forme particulière? N'est-ce pas une colonie mâle que nous avons représentée dans notre Mémoire sur les tubulaires, pi. VU, fig. 2? Ces questions restent à résoudre, et leur histoire ne lardera pas, nous en sommes persuadé, à être complète. Ce qui semble venir singulièrement en aide à cette supposition, c'est que Cavolini a vu deux sortes d'œufs sur une Sertularia (Ewlendrium) racemosa de la Méditerranée, et ces deux sortes d'œufs, c'est-à-dire ces capsules sexuelles, sont portés sur des pieds différents; les capsules femelles sont médusiformes et enfilées, tandis que les mâles sont réunies en grappe et affec- tent une forme toute difîérente. V Eiidendrium capillare, dont M. Allman vient de faire le genre Corym- bogonium à cause des capsules mâles, fournit également des motifs à l'appui ' de celte supposition. Cette espèce, qui n'a rien de commun avec la nôtre de la mer du Nord, a été étudiée aussi par M. Sars. M. Gegenbaur n'hésite pas à identifier une espèce de la Méditerranée avec notre Eudendrium ramosum, et complète les observations que nous avons publiées dans notre Mémoire sur les tubulaires. M. Gegenbaur a observé un point rouge formé à la base de chaque cirrhe, et il signale la présence de palpes à l'orifice de la bouche; nous avons vu ces palpes dans ces derniers temps. Le savant professeur de Jéna a vu des méduses mûrir sur pied, et il en a trouvé d'autres en mer (|ui différaient à peine par la taille; il se demande si ces léléons ne continuent pas leur évolution après la séparation de la co- lonie, et si, avec l'apparition des organes sexuels, ne correspondent pas des » Ailler, Catal. of Zoopli., 18;j7, pi. I, Gg. 9-12; Allman, Ami. of mit. Irist., 18G1, p. 171. 45 H 4 RECHERCHES modifications dans leurs appendices marginaux '. Il pense, comme Forbes, que cette méduse est une Lizzia ^. La figure que M. Gegenbaur a publiée dans le grand atlas de Carus et dans son analomie comparée' complètent sa description. Nous y voyons une colonie médusipare qui ressemble en effet, sous plusieurs rapports, à notre espèce, mais que nous croyons cependant ditïérente surtout par les polypules. Il a représenté un polype agame complètement épanoui , avec une couronne de tentacules entièrement renversée, comme nous n'en avons jamais vu dans la mer du Nord. Nous n'avons pas vu non plus d'individus ayant comme celui de M. Gegenbaur un aussi grand nombre de tentacules. M. Gegenbaur a raison de croire que cette méduse n'est pas complète en se détachant de la colonie; elle continue régulièrement son évolution, et en prenant des cirrhes et des palpes elle se présente sous un nouvel aspect. Notre confrère M. d'Udekem m'avait signalé une méduse, que je croyais nouvelle pour notre faune, mais d'après les recherches de M. Stret. Wright celte petite méduse n'est autre chose que VEudendrium ramosum des auteurs. En effet, d'après M. Stret. Wright, la méduse présente, au bout de quelque temps, tous les caractères des Bougainvillia , et, au lieu de deux cirrhes à chaque anastomose du canal gastrovasculaire avec le canal circulaire , il s'en développerait bientôt six qui ont chacun leur tache oculaire. M. le professeur Allman a observé cette espèce in the harbour of Derry- quin, on the kenmare River, county Kerry , au mois de septembre. Il l'a étudiée avec soin à ses deux phases de développement, polype et méduse, et ajoute une note dans laquelle il annonce que M. Stret. Wright a vu cette méduse se transformer en BougainviUea et qu'elle a montré ses organes sexuels. Il y a quelques années, étant sur le point de publier ce travail, feu J. d'Udekem, notre regretté confrère, m'écrivit qu'il avait trouvé le polype de la petite méduse qui avait paru si inopinément dans son aquarium. Vous voyez • Zur Lehrev. Generationswechsel , p. 13. 2 A Monograph ofthe British naked- eyed Meihisue, 1848, p. !ïl. ^ Vict. Carus, Icônes Zootomicue. Leipzig, 1857, et Cari Gegenbaur, Griiml Ziigc d. Ver- gleiclienden Analomie. Leipzig, 1839, p. 94, fig. 14. SUR L'HISTOIRK NATURELLE DES POLYPES. US par la figure, dit-il, que mon polype est probablement le même que celui que vous désignez sous le nom (ÏEuclendrium ramosum; M. Stret. Wright pourrait donc bien avoir raison, ajoutait-il. Smionijinie. — Eudendrium iumosu.v , Vaii Benedcn, ftecli. sur l'cmhr. des tiibiilaires , \A. Vil. p. 98. — Strct. Wriglit, Observations on Britisli Zooplujles, Tue Edinb. new. PHiL. JOURN. July 4837, vol. VI, pi. II, fig. 8-9. Atractvlis uepeins, Slrct. Wright, Observai, on British Zoophytes, The Eoinb. NEW PHILOS. jouuNAL. Janv. ISol), pi. I, llg. 4-3. B0UGA^NVILLEA BlUTANIVICA, ForbcS. Médusa acilia, Dalycll. EuDE.NDRiuM HAMosL'M , pfol'. Allmaii , Addïlioiial observalions on llie AJurpliology of ihe reproductive organs in Ihe hydroid polypes. EuD. RAMOSUM, Johnston, Brit. Zooph., 2" éd., p. 4G, pi. V, fig. 1-3. TuBULARiA TRicuoÏDEs, Pallas , Lizzici Forbes Monogruphy of tlie naked-eyed medusae, 1848, p. 31. M. Hincks ^ admet aussi le genre Alractylis comme synonyme de Euden- drium ramosum. Ce genre est placé à côté des Eudendriiim nimosum Linné, Capillare Aider et Insigne Hincks. Habitat. — On trouve les colonies sur toutes sortes de corps solides du fond de la mer qui ne viennent pas d'une très-grande profondeur. On en voit sur les coquilles abandonnées, sur des carapaces de crabes, mais plus communément sur des colonies de bryozoaires, particulièrement les halodac- tyles qui sont si communs. Nous voyons avec élonnement que M. Kirchenpauer n'a jamais rencontré ce polype sur les bouées à Tenlrée de l'Elbe. Il se développe partout avec une abondance extrême le long de nos côtes. Nous croyons que, dans plus d'une circonstance , cet Eudendrium a été pris pour la Tubidaria larynx. Description. — Les polypes agames présentent tous les caractères des Dinema : leurs tentacules occupent un seul verlicille et varient en nombre et en longueur dans leur attitude ordinaire. Nous en comptons communément de huit à douze. Les tiges qui les portent, au lieu d'être lisses et unies, sont " A7in. ol ma. hisl., vol. VIll, p. 159, 1861. il6 RECHERCHES plus ou moins anneléesà leur origine comme dans les campanulaires, mais moins régulièrement. La méduse, en se délachant, a huit cirrhes placés sur quatre mamelons marginaux , et à la base de chaque cirrhe se trouve un organe de sens. La bouche est entourée de quatre palpes simples, terminés en pelotes spiculi- fères. On aperçoit distinctement les quatre canaux gaslrovasculaires. Celle méduse continue son développement et change complètement sa physionomie dans le cours de son évolution : chaque faisceau de tentacules , au lieu de deux, présente à la fin six cirrhes, et chaque cirrhe a son point oculaire; les palpes se ramifient de même, de manière que la bouche est entourée, à la fin, de quatre palpes restées simples à leur base, mais ramifiées en quatre à leur extrémité. EUDENDRIUM PUDICUM. (PI. VIII, lîg. l-"2.) ' synonymie. — Trichydra pudica, Slret. Wright, Observ. on Brit. Zouph., Edinb. new peulosoph. journal; ncw séries. Juny 1838, p. C, pi. III, fig. 1. Nous décrivons ici un polype bien remarquable, que nous avons vu appa- raître brusquement dans nos aquariums, recouvrant des Ulva ou des co- quilles abandonnées, et qui a disparu tout d'un coup. 11 est d'une extrême ténuité et ses longs lenlacules, qu'il tend comme des piquants, le font aisément distinguer de tous ses congénères. La colonie est étalée très-irrégulièrement à la surface de diverses plantes ou coquilles, et de dislance en dislance s'élèvent des polypes à des inter- valles Irès-irréguliers. La communauté a sous ce rapport beaucoup de res- semblance avec les Campanularia. Le corps du polype est d'une ténuité excessive quand il est complète- ment épanoui; il n'y a qu'une très-légère différence entre le corps du polype et la lige qui le porte, et la ligne de démarcation entre eux serait souvent difiicile à établir. Il est en général assez transparent et complètement inco- lore. SUR L HISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. H7 Les tentacules ne sont coinparativcmenl pas moins grêles que le corps; ils dépassent celui-ci en longueur; pendant le repos, ils se tiennent roides comme des soies. Les tentacules de droite et de gauche sont placés dans le même plan que le corps et lui donnent l'aspect d'une croix. Il n'y a (ju'un seul cercle de tentacules, mais ils alternent de manière qu'une moitié se dirige surtout en avant, l'autre au contraire en dehors ou un peu en arrière. Le nombre de ces organes varie dans divers individus, mais ils sont en tout cas peu nombreux; nous en avons le plus communément compté cinq. Les tentacules se contractent, non à la manière des hydres, comme on pourrait le supposer au premier abord, mais à la manière des campanulaires et des tubulaires , c'est-à-dire en se rétrécissant sans se fondre dans la masse du corps. Comme dans ces derniers polypes, les tentacules sont pleins, contrairement à ce qui se voit chez les hydres, qui les ont régulièrement cloisonnés et armés de distance en distance de spicules meurtriers. Le bulbe buccal s'élève encore au milieu des tentacules, et ne présente de remarquable que les spicules qui garnissent toute sa surface. Nous n'avons rien pu distinguer dans le contenu de la cavité digestive. Au premier aspect, on croirait ces polypes entièrement nus, mais en les examinant avec soin, on finit par découvrir autour des tiges rampantes une gaine mince et transparente, qui s'étend même en grande partie autour du corps du polype, comme on peut le voir dans notre dessin. Il y a donc un véritable polypier, mais le polype n'occupe tout au plus que la moitié de la loge quand il est complètement épanoui. Malgré toute la patience que nous avons mise à les poursuivre, il ne nous a pas été donné de découvrir des loges à méduses ou des individus sexués. Nous ignorons donc les caractères de leur forme adulte. •Cet animal, en tant que nous le connaissons, appartient -il à quelque genre connu? Malgré sa singulière physionomie, il doit se rapporler ou aux hydractinies ou aux eudendrium, par la disposition de ses tentacules; mais, comme la colonie est formée de tiges rampanles et irrégulières, donnant dos branches à polypes, et que ceux-ci occupent une loge en entonnoir qui les 118 RECHERCHES niel plus ou moins à Tabri, c'est des eudendriuni qu'ils se rapprochent le plus. Ces observations étaient faites depuis longtemps, quand nous avons reçu, par rexlrême obligeance de 31. Aider, une notice de M. T. Stret. Wright, d'Edimbourg, ayant pour titre : Observations on Bnlish Zoophyles , et dans laquelle nous avons trouvé la description de la Trichydra pudica que nous croyons identique avec notre tubularide. M. Stret. Wright lui trouve une grande ressemblance avec les hydres d'eau douce. Il a compté de quatre à douze bras, selon leur âge, et for- mant un seul cercle. Il a connu leur polypier, mais pas plus que nous il n'a eu l'occasion d'observer la forme médusaire. Enfin M. Slret. Wright, après en avoir fait d'abord une campanulaire, a érigé ce polype en genre nou- veau , à cause de la disposition de ses tentacules , et il le place sous le nom de Trichydra, dans les Corynides de Johnston. Nos observations s'accordent fort bien avec celles de notre confrère d'Edim- bourg, sauf sur le point principal, qui lui a fait ériger ce polype en genre. A notre avis, les tentacules se disposent exactement comme dans les campa- nulaires, les serlulaires et tant d'autres, en étalant une moitié en avant sous forme d'entonnoir et une autre moitié sous la même forme, s'adossant au précédent. ftlais si nous n'adoptons pas le genre, il est de toute justice que le nom spécifi(|ue que iM. Stret. Wright lui a donné soit conservé, puisqu'il a publié sa notice avant nous. J'avais depuis longtemps sous les yeux deux lubulaires peu faciles à dis- tinguer l'une de l'autre, et qui ressemblaient beaucoup à VEudendriiim race- mosiim. En les observant avec soin , nous avons vu que l'un et l'autre pro- duisent des téléons médusaires, mais les téléons de l'un ont huit cirrhes, sont excessivement petits, tandis que les téléons de l'autre n'ont que deux cirrhes très-longs et que la taille a au moins le double. SUR L'HISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. 4fî> Genre SYNCORYNA. (PI. V.) Ce genre a été élabli par Ehrcnberg sur un polype confondu jusqu'alors avec les corynes ; Johnston a proposé plus tard le nom de Ilermia. Les polypes ont plusieurs rangs de tentacules épars et également longs, tous terminés par des boulons. Le téléon est sphérique et porte quatre longs cirrhes; il naît entre les ten- tacules. Le polypier est pergamcnlacé fort mince, très-irrégulièrement ramifié, étendu sur des corps solides morts ou vivants. Les Syncoryna pusillu ', Sarsii- et Listeri^, se développent complètement jusqu'à la forme médusaire; la Sjjncoryna ramosa * au contraire comme la Syncoryna glandulata ^ ne produisent que des atrophions. Il en est de même de la Syncoryna (coryne) fnuicosa, que le rév. Hincks représente dans son catalogue des zoophytes du Soulh-Devon et South-Cornwall ^. Syncoryna fusilla. (PI. V, ng..i.) Van Beneden, Recherches sur l'embryogénie des ttibutaires, p. 93, pL VI, fig. 1-10. Il serait difficile de dire si celte espèce diffère réellement de la Syncoryna decipiens de Du Jardin. Nous avons trouvé le téléon nageant librement dans l'aquarium au mois de juillet; il a une forme gracieuse, point de palpes buccaux, et quatre longs cirrhes marginaux. ' Van Beneden, Mémoire sur les lubulaires , p. 93, pi. VI, fig. f-10. 2 Faiina lilloralis lYorvegiœ , tab. I, fig. 1-6. ^ Van Beneden, loc. cit., p. 96, pi. VI, fig. 11-12. * Act. Acad. nat. cttrios., vol. X, part. II, pi. X.XXIII. ^ Ilassall, Atin. and Mag. of nat. hisl., vol. VII, pi. VI, fig. 2. 0 Ann. Mag. of nat. hist., vol. VIII, 1861, p. 158 , pi. VI, fig. o-6. 120 RECHERCHES Syncoryna LisTERii Vaii Ben. (PI. V, (îg. 3.) Les polypes ont trois rangs de tentacules, médiocrement développés; le polypier est corné, annelé assez régnlièrement dans presque toute sa lon- gueur et ramifié. Les léléons sont de forme sphéricpie et apparaissent à la hauteur du ver- ticille inférieur; ils portent, pensons-nous, également quatre cirrhes. Nous supposons que Lister a vu seulement les mâles, qui se présentent comme des atrophions. Syncoryna i.isTEUii, Van Beneden, Mémoire sur les Tuhulaires, [A. VI, lig. \ \-\'i. CoRYNE LisTEiui, Phil. trciiiscict., 1854, pi. X, fig. 3. CoRïNE RASiosA, Joiilislon, Brilis. Zooph., pi. VI, fig. 4-7. — — Ilinck's Catalogue..., A.nn. nat. hist., I8G1 , p. lo8. Nous l'avons trouvé sur des moules et sur les halodactyles. This species is a chamcleristic Soulli-Devon form, dit M. Sir. Hincks. Sur nos côtes de Belgique , on ne la voit que de temps en temps et jamais en grande quantité. Syncoryna Johnstonh Van Ben. (Pl.V, Uy. 1-5.) Les tentacules sont au nomhrè de douze, placés sur trois rangs, s'étendant pendant le repos de manière à dépasser la longueur du corps; le corps est légèrement hrunâtre. La colonie est très-irrégulièrement ramifiée et rampante : on voit souvent des tiges droites et longues s'élever à peu de distance en dessous du corps des polypules. Le polypier même est transparent, d'un jaune doré plus ou moins tortueux. Nous avons trouvé cette espèce sur des écailles d'huîtres, mais on la voit plus souvent toutefois sur des feuilles de fucus. Nous avons été longtemps sans connaître cette espèce autrement que sous sa dernière forme médusaire, et cependant nous n'avons jamais manqué de la distinguer des autres, chaque fois que le téléon est tombé sous nos yeux. SUR L'HISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. 121 Syncoryna Lovenii Van Ben. Le polype. — Le corps fort allongé el les tentacules forment de (iiiatre à ein(| cMages; ils sont nombreux, puisqu'on en compte jusqu'à vingt, mais ils ne sont pas longs et ils alternent. Le corps présente vers son milieu des stries l'ouges. La colonie est ramifiée, non rampante, et des branches se montrent à des dislances assez régulières sans être jamais tortueuses. Le polypier est trans- parent, mince et d'un jaune doré. C'est aussi sur des co(piilIes d'huilres que nous avons observé cette espèce. On ne peut la confondre avec d'autres à cause de la disposition de ses tentacules en étages, ce qui lui donne un aspect particulier. On compte quatre et cinq étages, et l'on voit distinctement quatre tentacules à chacun d'eux. Le corps se rapproche de celui de la Coryna sessilis. Genre CORYNE. C'est un des genres le plus anciennement établis. C'est Gartner (jui l'a pro- posé à la fin du siècle dernier, après un voyage fait en Angleterre. Si nous examinons les espèces de ce genre sous le rapport des phases de leur développement médusaire, nous trouvons : la Coryna squamala dans les deux sexes à l'état d'atrophion complet; les Coryna gravala et nnrabilis à formes médusaires incomplètes, dans ce sens, que le produit sexuel se répand avant la séparation ou la mise en liberté des bourgeons; la Coryna frilil- laria à l'état de téléon complet, puisque l'accroissement continue après la mise en liberté des gemmes, et que les organes sexuels ne se développent pas avant la séparation. La Coryna squamata n'était encore que fort imparfaitement connue, quand nous avons publié nos Recherches sur les tubulaires. Il n'en est plus de même aujourd'hui : on connaît le polype mâle et femelle dans toutes les phases de son évolution. La génération sexuelle apparaît par grappes immédialemeni au-dessous des i(i 422 RECHERCHES tentacules inférieurs. Les deux sexes sont à Télal d'alropliion complet. La forme méilusairc est réduite à l'état d'un véritable ovisac. Notre Mémoire sur les tabulaires est accompagnée d'une planche (pi. VHI) qui représente une colonie mfde. Costa Uathke que l'on doit la découverte des spermatozoïdes '. Depuis 1833, M. Wagner a vu les œufs -, dans une espèce de l'Adriatique, Coryna aculeata, mais qui est plutôt une hydractinie, comme Sars en a déjà émis l'avis. M. Stret, Wright parle de polypiers (|u'il a observés dans de nouvelles espèces de ce genre, tandis que la plupart des auteurs s'accordent à en refuser à celles que l'on connaissait. Il est possible qu'il en existe un, mais qu'il soit réduit à une ténuité tellement grande qu'il n'en reste pour ainsi dire rien après la décomposition de l'animal. On fera bien, en tout cas, de ne pas tenir compte de cette absence de polypier pour caractériser les genres. Nous avions cru également que les hydraclinies en étaient dépourvues, mais leur absence est, ici comme ailleurs, plutôt relative que réelle. La Coryna mirabilis AWgass'vi ' présente la plus grande ressemblance avec la Coryna gravala de M. Stret. Wright; mais ce dernier savant n'a connu qu'un seul sexe, tandis qu'Âgassiz a vu les mâles et les femelles*. Ce sont des léléons médusaires qui, à la différence des téléons ordinaires, deviennent sexuels avant leur séparation. La ressemblance entre ces deux espèces va si loin, que toutes les deux représentent un polype sans tentacules, chargé d'un téléon. CORVNE SQUAMATA MiUlcr. ConYNE SQiMMATA, lliiil. \\ x\'^nn\.P ludvom. Iiîsl. générât., pi. I, 11g. I. — — Rallike, liemerkiingen.... Ericlisou's Archiv , 1844, p. l5o, pi. V, fig. t-6. — — Th. Stret. Wright, Observations on hrit. Zuopliijtes, Edinc. new piiilo^^. JOiiRN. Jujy, 1837. Ci.AVA siiLTicoiiMS, 0' Alhiiaii, On tlie slruclure of Ihe rcprod. orij. in cerl Injd. poL, Proceed. OF THK R. Society, 1857-58. — — J. Leidy, Joit.n. Acad. nat. se. Piiii.aiiei.pii., \o1. III, IS.jII. * Bemerkiingen iiber tlie Corijne stiiiiniiala , Emiicuso.N s Aii<:niv, 1844. — IhiiL, 1833, Heft. III. ^ Agassiz, loc. cit., pi. XVII, lig. 15-10, représente les téléons femelles; fig. 11-12, les téléons mâles. * Loc. cit., pi. VII, fig. 5, sont deux téléons femelles. SUR L HISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. 123 Cette coryiie se trouve souveiil sur les Fucus, surtout le Fucus vesicu- Idsus. Elle paraît habiter une grande étendue : Rallike l'a observée dans la Bal- tique, Ot. Perd. Millier dans le Skagerrack, M. Steenslrup, aux îles Farii, MM. Aider et Slret. Wright et d'autres sur les côtes d'Angleterre, M. J. Leidy, aux Etals-Unis, Rhode-lsland et nous, sur les côtes de lîelgique. Depuis la publication de notre Mémoire sur les tubulaires, nous avons eu Toccasion d'étudier des colonies femelles; comme dans les colonies mâles, les atrophions sont fort sim- ples, sans aucun organe extérieur, et réduits exacte- ment à l'état de sac. Toute la capsule ne consiste que dans une saillie de l'endoderme et de l'ecto- derme, et un œuf qui se développe entre les deux. La couleur ainsi que le volume de la capsule dépendent uniquement des œufs qu'elles renferment , comme l'indique la figure ci-jointe. Outre l'espèce ordinaire, M. Stret. Wright fait con- naître trois nouvelles espèces des côtes d'Angleterre, sous les noms de Clava repens, Clava membranacca et Clava cornea. On connaît déjà depuis plusieurs années la Coryna frilillaria de la côte d'Islande, observée par 31. Steenstrup, et M. Stret. Wright a fait connaître tout récemment encore une autre belle espèce sous le nom de Coryna gravata, voisine de la Miiabilis observée par M. Agassiz sur les côtes des Étals-Unis. Genre CORDYLOPHORE. — Cordylophora Ailman. Coryne squnmain avec un u'ul complet. Nous consignons ici le résultat de quelques observations que nous avons eu l'occasion de faire sur des cordylophores de Schleswig. Les cordylophores ont été découverts par Ailman dans les environs de Dublin; nous avons douté quelque temps de leur existence hors de l'eau douce. La découverte récente des cordylophores à l'embouchure de l'Elbe, sur les 124 RECHERCHES bouées, semble intli(|iier (jue ces polypes, (oui en étant (Feau douce, vivent cependant dans une eau saumâtre. On les trouve seulement sur les bouées, dit M. Kircbenpauer, qui forment les limites des eaux de l'Elbe. Les bouées qui portent des polypes marins et qui sont placées plus loin, ne sont jamais couvertes de coi'dylophorcs. Ce genre renferme deux espèces, si tant est que les polypes vus en Angle- terre sont les mémos que Retzius a vus à Stoekbolm : la première est connue sous le nom de : CoRDYLOPHORA LACusTRis Allman. Synonymii'. — Allman, Sur l'unatomle et Ut phi/siohxjic du cordylophora , Soc. nov. de Londhes, IG juin ISjo, JouPaN'A!. i.'I.NSTiTiiT, 1835, p. 598. Allman, Ann. ofnat. histor., vol. XI, ser. :2, pi. VI; Corilylopharii lacustris. Tliom. Hincks, Fusilier noies on hrilish Zoopin/tes, Ann. a.nd Mac. nat. iiistoiiï. Maich, 1853. .\llman , Pkilosoph. transacl ions , ISÎJô, p. ôfi7. Kircbcnpnncr, Die Seclonnen (1er Elbmunihrjifi; ll.inibourg, l8Gîi, in-4", p. 15. Les Cord} lopbores ont été observés aux environs de Dublin d'abord, aux environs de Londres ensuite, puis dans le Schleswig, dans les environs de Stockholm' (Retzius), et enfin à l'embouchure de l'Elbe, sur les bouées qui servent d'indicateurs pour la navigation. Ce genre si remarquable, que l'on a vu dans des localités si diverses, depuis la découverte qui en a été faite, a été l'objet de quelques observations de notre part, qui ne nous semblent pas dénuées complètement d'intérêt. Nous avouons volontiers que, pendant fort longtemps, nous avons douté de l'existence d'un tubularide d'eau douce, et nous avons profité de l'offre qui nous a été faite par M. Sempcr d'étudier ce curieux genre. Du reste, depuis la publication du beau Mémoire de Allman, il n'existait plus dans notre esprit aucun doute à ce sujet. ISous avons reçu deM.Semper, avant son départ pour les îles Philippines, des Cordylophores vivants de Schleswig, que nous avons pu conserver pcn- ' Le pi'ofcsseur.Mlman m'informe, dans une lellre datée du 11 déeenibre 1838, que ReUius lui a fait connaître l'existence îles Cordylophora dans l'eau douce, près de la ville de Stocktiolm. SIU LlllSTOlKK NAÏIKELLE DES POLYPES. 12o ilaiil (juclque temps. Ils nous onl permis de faire t]uei(pics observations que nous consignons ici. Nous avons reçu quelques colonies en automne et nous avons pu les conserver en vie jusqu'au mois de novembre ou de décem- bre. Les polypes onl dis|)aru alors. Nous avons laissé Teau qui les contenait en repos pendant tout l'hiver, et au mois de mars suivant de nouveaux Corclijlophom ont i-eparu au bout des tiges comme dans les Tubulaires. Quelques tiges ou tubes se sont attachés aux parois du bocal , et il a sulli d'une toute petite partie de cœnosarque dans le tube, pour engendrer de nouveaux cordylophores. La plus grande partie de ces tubes étaient entièrement vides, au point qu'on voyait parfaitement à travers les parois. Une très-petite partie de la lon- ifueur contenait encore de la masse charnue commune. Des têtes de cordylophores ont même poussé vers les deux extrémités, et les tentacules ont pris leur développement complet comme dans les tubulaires. Un des phénomènes les plus curieux de la reproduction agame est celui-ci : une branche avait été coupée à sa base et dans la masse, et au m^ bout de quelque temps elle avait poussé, indépendamment des // nouvelles tètes qui se trouvaient à l'extrémité supérieure, une tète ( ^ i/ également à sa partie inférieure. Il n'est pas rare aussi de voir la 1 1 /W' même niasse s'étendre dans un tube abandonné et de continuer ly/ son évolution, de manière qu'une tige morte redevient le siège f d'un polype vivant. En plaçant des daphnées dans de l'eau qui contient des cordy- lophores, on est tout surpris de voir au bout de peu de temps, quand ceux-ci sont bien épanouis, ces fougueux crustacés se dé- battre entre les bras des polypes et perdre bientôt tout mouve- ment indiquant l'intention de reprendre leur liberté. On les voit coidyiopiiore. commc paralysés dans leur cara[)ace solide. Ce qui n'est pas moins curieux, c'est de voir des nais en lutte avec ces polypes, et quoique la vie soit bien tenace dans ces vers, on les voit cepen- dant rapidement succomber et passer dans la cavité digestive du polype. Nous en avons vu qui n'étaient qu'à moitié avalés, et dont une partie passait suc- 126 RECHERCHES cessivemenl dans la cavité digeslive, pendant que Tautre partie se débattait à l'extérieur. Nous les avons vus avaler également des planaires vivantes. Ces tubulaires sont donc des animaux très-voraces. M. Kirchen paner en a observé une espèce nouvelle sur les bouées à Teni- boucbure de TEIbe, qu'il désigne sous le nom de Conhjlophora alhicoki. CoRDYLOPHORA ALBicoLA Kirchcnpauer. Cette espèce a été trouvée par M. Kirchenpauer sur les bouées à Tem- bouchure de TEIbe. M. Rircbenpaucr n'a pas vu de capsules pour la repro- duction , ce qui dépend sans aucun doute de l'époque do l'année à laquelle il a étudié ces polypes. Genre DICORYNE. Dans son catalogue' M. Aider signale, sous le nom (ÏEudendriurn, un nouveau polype, vivant sur. les vieilles coquilles de Buccinum undalum et de Fusus antiquus , que nous croyons identique avec le polype que nous signalons ici. Nous n'avons observé que les polypes agames, mais M. Aider a été plus heureux ; il a vu des téléons mâles et des femelles, et il a constaté chez eux un mode de reproduction dont on ne connaît pas encore un second exemple. Nous l'avons observé sur les tiges de Tubularia indivisa; plusieurs fois nous avons trouvé ces tiges envahies par VAplydium. DlCORYNA CONFERTUM. Synonymie. — Eudendrium confeutum, Aider, Catidogice of Zoophijles...., 1857. DicouYNA STiiicTA, Alliuan, 0)i thc hijdroïd Zoophytes , An.n. and mac.nat. hist., vol. VIII, 18(;i, p. IG8. L'animal a douze tentacules assez forts, qui sont, comme le corps du polype ' A calaluçjue of llte Zoophytes of iXorthuiiiberland and Durltam, Tuansact. or thi; Tiivji- siDENATURAL. Fiddchtb. Newcaslle iipon Tyra, |8o7, p. 15, pi. I, fig. S-8. SUR LHISTOIHE rSATURELLE DES POLYPES. 127 ot sa lige, d'un jaune irocre. La colonie n'est pas arborescente. Elle rampe el forme un réseau. Chaque polype vil seul au bout d'une branche isolée. Ce polype habite de grandes profondeurs. Nous ne Pavons pas vu dans la dernière phase de son évolution. Allman a vu des individus des deux sexes, el il nous fait connaître un mode de reproduction par planule tout nouveau. Un gonophore , pour me servir de son expression , donne naissance à un corps cilié, portant deux tentacules ; ce corps est tantôt femelle, et montre deux œufs très-développés dans son intérieur; tantôt il est mâle, et ne ren- ferme que des spermatozoïdes. Il nage librement grâce à ses cils. Ces corps ne son! pas franchement des planules, puisqu'ils sont sexués : ce ne sont pas non plus des léléons véritables, puisqu'ils descendent de léléons et que ceux-ci n'ont point le corps couvert de cils vibraliles. Genre DINEiMA. , Il est reconnu, dans toutes les classes du règne animal, que les espèces se rapprochent d'autant plus entre elles qu'on les examine à un âge moins avancé. A l'âge adulte seul appartienncnl souvent les attributs sjK'cilîques comme les attributs sexuels. Dans ce genre, nous trouvons un exemple re- marquable auquel ce principe est applicable. Nous avions pendant longtemps étudié des Euclendriiim ramosum ; nous croyions parfaitement connaître celle espèce si commune sur nos côtes , lorsqu'un beau jour nous voyons éclore des méduses de deux formes complètement différentes, provenant de colonies que nous avions regardées jusqu'alors comme identiques. Il existe des diffé- rences, mais elles nous avaient échappé, et nous avions confondu deux polypes complètement différents sous leur forme médusaire. Ces polypes, ipie nous avions confondus, sont : VEudendrium ramosum et le Dinema de Slabber. Quelques naturalistes avaient toutefois reconnu que ces j)olypes ne sont pas semblables, el, avec une grande perspicacité, ils leur avaient imposé des noms spécifiques propres. Slabber, après avoir décrit el figuré sa charmante espèce de callianyre 128 ' RECHERCHES [Callianyra hexagona , pi. VII, fig. 3-4), parle, dans la onzième partie de son intéressant livre, d'un béroë (p. 89 , pi. II , fig. 1-2), qu'il appelle Gladdc ùeroë, en le comparant au callianyre. H le trouva dans ses filets le 8 juillet 1768. Il a la grosseur d'un grain de colza. Sa cavité stomacale, que Slabber a fort bien reconnue, ainsi que les quatre canaux qui en partent, ont une couleur jaunâtre, tandis que la teinte générale tire sur le bleu. Les deux cirrbes s'allongent considérable- ment, dit-il, et il resta ébahi la première fois qu'il vit ces organes se dérouler. Il pense qu'ils s'étalent quand l'animal va à la chasse. Il a vu aussi que le cercle peut se resserrer à volonté. Slabber n'a trouvé cet animal décrit nulle part, et nous pouvons en dire encore autant aujourd'hui. Il est inutile de faire remarquer que cette petite méduse, loin de ressem- bler à des béroë, comme le nom de Slabber semble l'indiquer, ressemble plutôt aux médusaires, et que les deux appendices flottants, qui ont dans les Cténophores une origine complètement différente de celle de ces prétendus béroë, ne dilTèrent pas moins par leur structure que par leur composition. Ce sont toutefois ces appendices qui ont trompé Slabber sur les aflînilés. Ed. Forbes pense que les deux figures de Slabber (pi. II, fig. 1 et 2) re- présentent la Saphenia dinema '. Nous ne croyons pas que ce soit le même animal que Forbes décrit sous ce nom; indépendamment de la taille qui diffère, Forbes parle de vingt- quatre tentacules courts et incolores placés entre les deux longs cirrbes. Nous n'avons rien vu de semblable dans notre espèce. Entre les deux cirrhes on ne voit que deux autres rudiments de cirrhes correspondant aux canaux gastrovasculaires. En 1855 nous fûmes fort surpris de voir naître une petite méduse de colonies A^Eudendritim , qui jusqu'alors nous avaient toujours donné des méduses à huit cirrhes au lieu de deux. En examinant les polypes de plus près, il devint bientôt évident que nous avions sous les yeux des polypes très-difTérents entre eux par leur forme médusaire, mais Irés-semblables, au eontraiie, par leurs formes agames. ' Forbes, Brit. Nak. eyed Medusae, p. 9:.>. SUR L'HISTOIHK fNATUHKLLE DES POLYPES. ^29 Nous avions depuis longlenips ol)sen'é celle méduse microscopique, que nous avions trouvée en assez grande abondance, au mois de mai, dans notre a(|uarium, mais sans en connaître Torigine. Nous ne lui avons pas vu d'or- ganes sexuels. Le léléon que M. Stret. Wright a figuré depuis sous le nom iVEudendriuui /ntsillum, présente avec celte espèce la plus grande ressemblance, par les deux longs cirrhes, rabsence de polypes, etc.; mais les polypules diiïèrenl nolablement entre eux, surtout par la communauté ', La Sijncorijna deodorae de Gegenbaui" ressemble beaucoup aussi à celte espèce, par sa méduse au moins; mais Thydrier est complètement dilTérent. Celle espèce se rapproche plutôt, cpioique de la Médilerranée, {[(^.VEuden- drium sessih's de Stret. Wright. Cette syncoryne de Gegenbaur a les tentacules épars et sans boulons, ce qui justifie le nom de Si/ncori/ne. On entrevoit déjà que des formes niédusaires fort semblables vont pro- venir de genres différents établis jus(|u'à présent sur la forme agame, et (|u\in remaniement complet sera nécessaire le jour que toutes ces espèces seront connues dans leurs diverses phases d'évolution. Nous sommes encore loin de cette époque. Sous le nom iYAtrcictylis pnUiala, M. Stret. Wright a décrit tout récem- ment un polype qui , à l'élat de léléon , présente avec le genre Ditiema une grande ressemblance. Il est à noter toutefois que le savant naturaliste anglais a vu des appendices surgir entre les deux longs cirrhes '". Comme il faut bien donner un nom à cette curieuse forme de méduse , à cause des deux longs cirrhes, nous proposons de lui donner le nom géné- rique de Dineina. Les polypes agames ont tous les caractères des véritables Eudendrium, c'est-à-dire qu'ils ont un seul cercle de tentacules disposés en verticille , étalés dans toutes les directions et fort rétracliles. Le polypier est faiblement développé et sans anneaux. Les léléons naissent le long de la tige; ils portent deux longs cirrhes fort ' Eudendrium pxsillitm , Stret. Wiiglit, Oliscrv. un lliit. Zoopinjl , .Ni:\v l'iiii.. .Iiirii.v. Jiily 1857, pi. Il, fig. 8-!). - Aini. et Mmi. Xal. lusl.. IS(il . p. 1-29. i7 130 RECHERCHES rélracliles el deux autres riidimentaires. Des palpes simples enlourenl Porifice de la bouche. DlNEMA SlABBERI. (PI. IXelX.) Synonymie. — Gladdh Beroë, Slabber, lYatiturk. verlustig., pi. Il, fig. I et 2. OcEANiA MiCHOscoi'icA, Pcroii et Lesueui', Tahlmu des caractèr...., pag. 5M. OcEANiA jiicnoscopiCA, Lcsson , Acalèplies, pag. 521. EuDENDRiuM RAMEUM, îohnstOTi , Bvit. Zoophytes , '2' éd., pag. A'i, pi. V, lig. \-± TuBUi.ARiA RAMEA, PhIIbs, Elencluis, pag. 83. Takidg pyp-corallyn. nat. Hisl. ilr planl-Dicren, door Boddaert, p. 102. Tumii.AiiiA RAHOSA, JohnstOH. Transact. Tew Soc, vol. H, p. 255, pi. X. Johnslon doute encore de la valeur réelle de celle espèce, puisqu'il dit, p. 4.6 : It is possible this may be a state of E. ramosum, but ils arborescent charncter, and ihc complexness of its striicltire, are so remarkabie that i hâve ivillinylji foUoived the example of Pallas , who lias given a description of the species in hit usual accurate and expressive style. VEudendrium ramosum est le même sur nos côtes el les côles de Sicile, d'après Gegenbaur. VEudendrimn racemosum , observé par Cavolini el Krohn, dans le golfe de Naples, el par M. Gegenbaur à Messine, est-il encore le mêmep Nous en douions, surtoul pour le dernier, donl Cavolini nous fait con- naître les méduses incomplètes. Le polype agame a de cinq à dix tentacules sur un seul rang. On ne voit ce premier nombre que sur les jeunes individus. Le polypier est ramifié el n'offre pas les anneaux de l'espèce précédente. Il forme aussi une touffe chevelue sur divers corps, surtout sur le halodactyle. La méduse est assez grande relativement à la précédente. Elle nait, comme elle, le long de la lige. Les inférieures sont les plus âgées. Il y a quatre canaux droits qui parlent de l'estomac pour se rendre au canal marginal, mais ce n'est qu'au bout de deux de ces canaux que naissent les longs cirrhes. Au bout des deux autres canaux, il se trouve seulement un mamelon. 11 n'y a pas d'yeux. La bouche est sans tentacules au moment où la méduse se détache. Le développement est le même. SUR L HISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. 131 J'ai leiui des méduses de ces deux espèces en vie, pendant quatre se- maines, sans avoir vu apparaitre les organes sexuels. Je les ai perdues après cela. J'en avais des centaines de l'une et de l'autre espèce pèle-mèle dans un vase dont l'eau se renouvelait nuit et jour et se trouvait constanmient en mou- vement. La méduse que nous avons trouvée libre dans l'aquarium au mois de mai était toute transparente ; la cavité de l'estomac était seulement teinte de rouge, ainsi que la base des cirrbes. Nous n'avons pas vu d'organes sexuels. Des palpes simples occupaient l'orifice de la bouche. Genrk h YDR ACTINIE V. Ben. Los polypes agames sont nus, et couverts, à leur base seulement, d'un polypier mince et délicat, souvent imperceptible; les tentacules ne forment (|u'un seul verticille; les polypes qui engendrent la forme médusaire n'ont généralement pas de tentacules '. Les téléons apparaissent vers le milieu du corps ou en dessous des tentacules, et sont sessiles. Ils ne se développent généralement pas jusqu'à la forme médusaire. Nous étions loin de songer, en 1841 , en établissant ce genre Hydraciinie , que peu d'années plus lard ces polypes seraient signalés sur des points aussi éloignés les uns des aulres que le sont la mer du Nord, la Méditerranée et les côtes des États-Unis d'Amérique. Partout ils se sont présentés sous des formes particulières, qui leur ont valu les noms les plus singuliers. Presque ei\ même temps, Philippi propose pour eux le nom générique de Disnwr- pliom -; A. de Quatrefages, celui de Synhi/dra '%• Hassall et Sars, iVEchino- cliorium* et de Podocoryna'' . Dans le Règne animal illustré de Cuviei-, 1'%- ' Nous disons (jénéralement , parce que Gegenbaur vient dobscrver des individus i^éiié- riiteurs dans la Méditerranée, avee teutaeules et sans tentacules, VerijL AnuUtm., p. 'J4, ilg.lS. -' Wieqmann's Arcliiv, 1842, tab. I, p. 37, fig. 2-3. ■" AiiiKiles (les sciences iiatm-eUes, 2' série, 1843, t. XX, pi. VIII-IX. ' Ami. and Magaz.ofnat. hist., vol. VII, p. 371, pi. X, lig. !J. ■ Fauna tiltoralis Norveyiav; Clirisliania, 184(1, p. '(•, pi. l-Il. .\ug. Kndin, L'ebcr Podoco- rijiiit . TiioscHEi.'.s Ancinv, I8;jl , p. 2(i3. 152 RECHERCHES druciiii/e o!?l |)Iacce dans le genre Corijitc '. C'est sous le même nom générique que R. Wagner a signalé une espèce [Coryna aculeu(a) de TAdrialique ". Sais, qui avait dc'jà consigné ses intéressantes observations sur les hydrae- linies dans sa Fmma tilloralis Norvegiae, a fait de nouvelles observations sur ce même genre pendant son voyage sur les bords de la Méditerranée, et nous n'avons pas été peu surpris de le voir dislinguer deux nouvelles espèces dans le golfe de .\ai)les : Tune, qui est identique avec la Podoconjini cartwa de la mer du Nord ''; l'autre portant le nom de Podocoryna fuckola; celle-ci diffère surtout de la première par les tentacules qui, quoique moins nom- breux, ne couronnent pas moins les neutres comme les autres, et par les atrophions complets dans les deux sexes. Dans une note, M. Sars l'ail connaître une autre espèce encore de la mer du Nord , qu'on trouve sur les liges du Tuindaria indivisa, habitant à 30 ou /i-0 brasses de profondeur, et qu'il appelle Podocoryna inhulariae *. Des sept espèces que nous comptons aujourd'hui dans ce genre, trois sont de la mer du Nord, une de la Méditerranée, une de l'Adrialicpie, une de la Baltique et une des côtes des Étals-Unis. Une espèce, l'Ecliinala, qui semble à la fois, d'après Leidy, habiter la mer du Nord et les côtes des États-Unis (Rhode-lsland). La Fucicolu de la Méditerranée, la Polyelina des États-Unis et ÏËchinala de la mer du Nord, produisent des atrophions. Les deux espèces ÏAculeala de l'Adrialique et la Curnea de la côte de Norwége se déve- loppent, au contraire, jusqu'à la forme médusaire. La première, toutefois, dont nous ne connaissons que la femelle par R. Wagner, devieni sexuelle avant sa séparation et ne devient guère téléon libre; la seconde offre cette autre particularité, que la femelle seule est un alrophion complet, et le mâle, au contraire, send)le devenir téléon libre et complet. La Synhydra pai'asile est sans doute synonyme de VHydractinia echinata. Nous ne connaissons pas l'âge sexuel des nouvelles espèces que nous fai- sons connaître, si ce n'est de l'espèce observée par .M. Lovèn. Le savant profes- seur de Slokholm regrette de n'avoir pu poursuivre plus loin le développemenl ' Rkjiii; animal illustir, Zoopuïtes, pi. LXIV, fig. 2. C'est mu- des (iijuiTs de Quatrefages. •^ Isis, 185,-), Hcll III, ])!. XI, |). 'i.jd. "' Sars, /or. cit., p. 3ÎJ. * Ib., |). 3(). en noie. SIR L'HISTOIKE INATIUKLLE DES l'OLYPES. f.l.l tie ses curieuses hydraclinies; mais il n'a, à noire avis, rien à regretter : les mâles ne continuent pas longtemps, sans doute, leur existence libre, el portent tous leurs attributs au moment de leur séparation , tandis (|ue les femelles ne semblent même pas devenir libres et complètes. En effet, les hydraclinies observées par M. Christian Lovèn, sur les cotes de Bohusian (Norwége), ont des individus prolifères plus courts que les au- tres, qui partent des bourgeons au-dessous des tentacules demi-rudimentaires. (]es bourgeons deviennent des méduses avec huit cirrhes marginaux, et pa- raissent appartenir aux Sarsia parmi les Océanides. Les méduses abandonnées à elles-mêmes perdent, au bout de deux ou trois jours, de leur vitalité, et M. Christian Lovèn a vu les femelles se letourner complètement, et montrer dès ce moment une activité plus grande dans le iléveloppement des œufs el des ovaires. Ce phénomène est le môme, croyons-nous, qui s'observe dans toutes ces petites méduses nées en pleine mer et tenues en captivité dans un aquarium. M.Stret.Wright divise les individus hydractinies en : ï" AUinenlanj polyps ; 2" Reproductive poUjps ; 3° Spiral pobjps ; i" Sessile (jeneralive sacs of tlie polypari/; ^'' Teiitacidar poii/ps. l\ nous semble que les deux premières catégories mentent seules d'être conservées ici. Ils accomplissent les deux grandes fonctions qui entretiennent la vie '. Quelques auteurs avaient pensé (|uc le poly- pier des hydractinies est interne, el (pi'il ne cor- respond pas avec celui des polypes hydraires. H aurait nécessairement fallu , dans ce cas, retirer les hydractinioft de ce dernier groupe. Par des observations suivies, M. Stret. Wright a prouvé ([u'il n'en est rien, que le polypier des hydracti- nies est, au contraire, extérieur, et en tout sem- blable à celui des tubulaires el des campanu- D'ajin-s SUol. Wilylil. lalrCS ". ' Slret. Wriglit, Ann. May. nul. Itisl. Aug. I8(il , p. 152. - .inn. Miig. iiat. Itisl. Aug. 18GI , p. 151. N v: iU RECHERCHES Hydractima echikata. Les polypes aganies sont dïm blanc lactescent; les inàles et les femelles portent des Atroplnons : les premiers, de couleur blanche avec le support jaunâtre; les seconds, rougeàtres ou rosés. Ils s'étalent le plus communément sur des coquilles du genre Buccinimi ou Nalica, et laissent à la surface de ces coquilles, après leur disparition, une croûte brune fort rugueuse, que l'on a prise pendant fort longtemps pour un polypier bryozoaire. Il est à remarquer que cette espèce de nos côtes n'a jamais de téléon mé- dusaire; c'est un Atrophioa complet. La Podocoryna carnea, au contraire, (|uc Sars a observée sur la côte de Norwége, a les femelles complètement atrophiées, comme dans notre hydractinie, tandis que les mâles prennent tous les caractères d'une méduse complète '. L'espèce de la Méditerranée, (pie Sars a nommée H. fucicola, a également les deux sexes en alroplnov complet. Sijiwnipiiic. — Hydractina lactea et nosiiA, Van Beneilen, Bullelins de l'Acudémiv royale de Bruxelles, I. VllI, 1841; Van Beneden , Recherches sur V embryogénie de.s Tubutdires, Mém. de l'Acad. koy. de Bbuxelees, t. XVII, p. 104, pi. IX (I84ô); Van Beneden, Sur les genres Eleulhérie et Sijnhydre, Bull, de l'Acad. nov. DE Belgique, I. XI, 1844. Snrs, Bidrug lil Ktindskalien om Middelhavets littoral- Faiinu; Xvt. Magaz., vol. IX. Christiania, ISoCi, p. ôo. Hydractima EcinNAXA, Leidy, Journ. Acad. Se; Philadelph., vol. III, 18.j^. Hydractinia EcuiNATA, Ailmann , On the structure of the reproduction orguns in certain hydroid polypes. Proceed of the roy. Society. Session 1837-38. Hydractinia echinata, Slrel. Wright, The Edinb. new philos. Journ., newserien. Apiil 1837. Hydractinl^ lactea, Cari Gegcnbaur, Grundziige der vergleichenden Anatomie. Leipzig, 1839, p. 94, fig. 13. Chr. Lovèn , Till Utvickeiing... {Suv le développement des hydracliuies. ) Of versigt of kong. Ventenskap. Akad. fordhandl., 1837, p. 303. Stokholni, 1838; V. Siehold, Zeit. fïir Wiss. Zool., 1830, tab. XIV. Nous adoptons sans dillicullé le nom spécifique de Echtnalu , non pas à cause du principe que ce nom a été donné avant les autres, mais parce que ' Faami liltoralis Norvegiae, ["' Lief., pi. 1. (ig. II-IG, et pi. II, %. 3-M. SUR L'HISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. LirJ les noms donnés depuis sont moins propres. Il esl impossiljle de consej'ver loHJonrs el avec justice le nom le plus ancien. Celui qui, le premier, a bien reconnu cl bien délerminé les affinités d'une espèce ou d'un genre, peut seul prétendre à voir conserver le nom qu'il lui a donné. Hydractinia lactea. L'bisloire du développement des hydractinies est très-instructive pour l'in- telligence des animaux de cette classe. On voit d'abord que cha(|ue colonie, comme on l'a reconnu généralemeni aujourd'hui, est mâle ou femelle, et que les individus préposés à la généra- lion médusipare diffèrent des autres par l'absence de bouche et l'état rudi- mentaire des tentacules. Nous ferons remarquer toutefois que l'espèce méditerranéenne que Sars a nommée Fuckola, a des tentacules, mais ils sont moins nombreux, el Ge- genbaur donne même une figure qui représente les deux sortes de polypules médusiparcs et neutres avec des tentacules. La méduse est frappée d'un arrêt de développement; elle reste à l'état d'ovisac ou de spermisac comme dans les hydres, et ne montre même aucune apparence de cirrhes. C'est un atrophion complet. Nous pouvons citer cepen- dant la Carnea de Sars, dont la femelle est complètement atrophiée, tandis que le mâle prend la forme d'une méduse complète. Les colonies portent, les unes des individus dont la progéniture médusaire est rougeâtre el déteint sur toute la masse; ce sont les femelles. C'est le vitellus rouge des œufs qui donne cette couleur. D'autres colonies portent des gemmes médusaires jaunes : ce sont des mâles. La masse spermalozoïdale est d'un blanc mat comme toujours; la couleur jaune provient du diverlicule stomacal qui le pénètre. Nous avions cru d'abord que ces différences de couleur, qui se répétaient régulièrement et dans des conditions absolument identiques, que ces diffé- rences, disons-nous, étaient spécifiques. La méduse ainsi est réduite à sa plus simple expression. Elle reste sous sa première forme embryonnaire de sac. Nonobstant, les œufs se forment dans 136 RECHERCHES son inlérieur cl retendue des sacs méduses varie selon leur dimension. Dans chaque sac on trouve une demi-douzaine d'reufs. Ces œufs sont fort intéressants. L'enveloppe externe est fort mince et déli- cate; en dessous on voit une masse énorme de vitelius rouge et au centre de ce vitelius loge une vésicule de Purkinje, qui en renferme très-distinctement deux autres. C'est ce que nous avions signalé, quand nous avons parlé pour la première fois de ces polypes. Les méduses mâles ne renferment qu'une poche unique pleine de liqueur .spcrmalozoïdale. M. Sars, dans ses recherches sur la faune littorale de la Méditerranée, signale celte espèce dans le golfe de Naples; elle affecte exactement les mêmes caraclères qu'il lui a reconnus dans le Nord '. On voit quelquefois les actinies se scinder, et un seul animal porter en apparence deux bouches et deux couronnes de tentacules. Voici un exemple analogue : Nous avons vu un polypule neutre, au milieu de toute une colonie étendue sur la coquille d'un buccin, fendu vers le milieu du corps et divisé en deux tètes à couronne, exactement semblables l'une à l'autre. HVDRACTINIA SOLITARIA VaU BcU. (PI. XI, Og. 9-11 ) Ne connaissant point la phase médusoïde , nous ne pouvons chercher les caraclères génériques que dans le polype. Nous ne voulons pas créer un nom générique nouveau; quoique l'animal ne rentre complètement dans aucune coupe génériipie connue, il est voisin des hydraclinies, tout en vivant à peu près solitaire; et il ne peut se placei" convenablement dans les Euden- driwn, dont il a cependant les tentacules; il ne possède qu'un rudiment de polypier mou. Du reste, il est probable qu'entre les hydraclinies elles Eiulen- (Irium, il doit y avoir des passages insensibles. Ce n'est qu'à l'aide d'uhe forte loupe qu'on peut distinguer cet intéressant polype. Les hydraclinies ordinaires , ' Sars, Bidrag lil Kitndskuben om Middclhavcls HlloraJ-Faiina,... iVvr Macazyn.... \o\. !J; ('tu isliimia, 184G, pag. 7)5. cl Gcgcnbaiir, Inc. rit. SUR [.HISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. 157 s'observent à fd'il nu, et ont ini plateau hérissé de pointes qui manque ici. VHydracliniu solilaria est d'un blanc mal. Quand le corps et les tentacules sont entièrement épanouis, ils sont l'un et l'autre d'une délicatesse extrême: à la loupe, les tentacules font l'effet de chapelets de verre, dont les grains tiennent ensemble par un fd invisible. Pour bien les représenter à un faible grossissement, il faut seulement quelques amas pointillés de distance en dis- lance. Les tentacules sont placés sur un seul rang, mais ils alternent comme dans tous ces polypes. Les supérieurs forment une couronne de bras très-longs, tandis que les inférieurs constituent un cercle de bras courts. Il faut les étudier avec beaucoup de soin pour reconnaître une différence dans leur insertion. Nous avons vu des tentacules en nombre variable et, comme on le com- prend bien, puisqu'ils sont séparément contractiles, chacun d'eux a une lon- gueur très-variable. Nous en avons vu dont le nombre de tentacules s'élevait à six, sept ou huit, d'autres à dix et onze; nous n'en avons pu compter au delà. Au milieu de la couronne tentaculaire, le corps s'allonge en pyramide, et la bouche se montre au sommet. Cette pyramide est fort mobile et prend comme dans l'hydractinie la forme d'un pain en anneau.' La cavité digestive fait Un prolapsus et la surface interne devient en partie extérieure. Nous n'avons pas vu d'organes sexuels; autour du corps linéaire on voit des mucosités qu'on peut considérer comme un polypier rudimentaire. Nous l'avons trouvé sur une huître et une ascidie attachée à celle-ci. Hydractinia tenuissima Van Ben. Ce polype, dont nous ne connaissons également pas la forme médusoïde, vil isolé sur des huîtres et des ascidies, et se fait remarquer par la longueur extraordinaire comme par la ténuité de ses tentacules. Ils sont placés sur un seul rang. Nous en avons compté dix. Nous avons perdu ce charmant polype pendant les chaleurs , avant d'avoir complété nos observations. 48 138 RECHERCHES Hydkactinia inceuta Van Ben. Sans pouvoir dire par quels caractères celte espèce se distingue de VHydrac- tinia ienuissima, nous ne doutons point cependant qu'elle ne soit distincte. — Ceux qui éiudierontavec le soin nécessaire les phases complètes de leur évolu- tion trouveront sans doute facilement les différences dans la forme méduse. Nous en avons trouvé sur des huîtres, qui portaient en même temps des corynes. CLADONEMA. Nous avons été assez heureux de découvrir cette superbe espèce sur nos côtes et de suivre pas à pas le mode de formation des singuliers cirrhes qui garnissent le bord des ombrelles des téléons. C'est le 12 mai 1842 que Dujardin a vu la première fois ces cladonèmes Sl]R L'HISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. I.ID dans un vase d'eau de nier rapportée de Sainl-Malo, dans lequel depuis huit mois il observait des stauridies '. iM. Krolin a retrouvé ces polypes à Messine en très-grande quantité : il a mis des mâles et des femelles en présence, il a vu des embryons ciliés sortir des œufs, et de ceux-ci il a vu naître les stauridies qui engendrent à leur tour les méduses ^. Gegenbaur décrit la Cladonema de Sicile, et, à en juger par les cirrhes ( cin siarkeres Nesselknopfdien silzl am ende jedcs Tentaheldslehens ) , la couleur jaune de la partie inférieure du corps et par la taille qui n'est que de trois lignes, ces cladonèmes ne sont probablement pas les mêmes; les nôtres n'ont qu'un millimètre ^. MM. Keferstein et Elilers paraissent avoir observé déjà que les cirrhes des cladonèmes sont d'abord simples et indivis , et que les ramifications ne paraissent qu'à la fin de leur développement *. Cladonema radiatum Duj. (Planche XU.) Caractères. — Le polype agame a une seule rangée de tentacules inégale- ment développés comme dans les hydractinies. Le corps est nu et sans polypier. Le téléon est sphérique, avec huit faisceaux de cirrhes, dont deux sont droits et terminés par une ventouse et le troisième fort long, ramifié sur son trajet, complètement noueux , et effilé aux bouts. Les organes sexuels se dé- veloppent dans les parois de l'estomac; il y a cinq appendices simples, glo- buleux et spiculifères au bout entourant la bouche. Stjnomjmiv. — Cladonema radiatum, Dujardin, Sur un nouveau genre de Médusaires , Ann. DES se. NAT., vol. XX, 184Ô, p. 370. — Développement des méduses et des po- lypes Injdraires , Ann. des se. nat., 3° sér., t. IV, novembre 184S. — Comptes rendus del'Acad. des se., t. XVI, 1843, p. 1 152, Institut, XI, 1843, p. 17t, Froriep's Notizcn, vol. 37, 1846, p. 49. ' Uujardin, Ann. se. nat., 1843, vol.X.X, p. 371. ' Krohn, IJeher die Brut des Cladonema radiatum, und dereu Erilmckelung zuni Slauri- diiiin, Muli.er's Ancmv, 1833, p. 422. ■"■ Gegenbaur, Vers, ein Syst. d. Medusen, Zeits. fub Wiss. Zoolog., vol. VllI, 1856, p. 230. * Krohn, Beobacht. iiher den Buu der FAeutheria, Troschel's Archiv, 1861, p. 170. HO RECHERCHES Synom/mie. ^Krolm , Ucber einige niedere Tlikre , p. ■157, et Veher die Brut des Cladeiionni radiatum vnd deren Entwickelvng zuni Stauridium , Muller's Archiv , 1 853 , p. 420. Ci.ADONEJiA RADUTUM, GegenbauT, Versuch eines Systèmes der Medusen, mit Be- screibung...., Zeits. fur Wiss. zoolog., 18dG, vol. VIII, p. 230. Kcferstein et Ehlers, Zoologische Beitrage, 1801 , p. 86. Hincks, On Clavatella, Ann. akd mag. nat. hist.; feb. 1 861, p. 8. Celle espèce s'élendrait donc depuis la mer du Nord et la Manche justiue sur la côte de Sicile. Rien n'est gracieux comme un cladonème , nonchalamment étalé au milieu de son bassin , fuyant devant quelque danger imaginaire ou réel , ou solide- ment tapi par ses ventouses pour résister au courant, pendant qu'il étale soigneusement ses longs cirrhes dans toutes les directions. On peut rester des heures entières en contemplation devant ces organismes infimes, qui sem- blent moins solides qu'une bulle de savon, et qui se conservent cependant en dépit des vagues, des chocs et des tempêtes. Le Cladonema est véritablement amarré et projette ses filets au milieu du courant, sans crainte d'être entraîné. Le corps est parfaitement sphérique, transparent comme du cristal, légè- rement pointillé à sa surface et montrant un point rouge de brique à la base de chaque faisceau de cirrhes. Au milieu du rouge est logé un point noir lui- sant comme une perle qui correspond aux yeux. Quatre canaux parlent de l'estomac et se bifurquent près de leur origine pour se rendre aux huit faisceaux. La cavité de l'estomac est terminée par cinq pelotes de spicules. La longueur de l'animal est d'un millimètre. Strobile. — Nous avons été fort longtemps sans pouvoir découvrir le slro- bile et les polypules de cette remarquable espèce. Il naissait constamment des méduses dans l'aquarium et nous ne pouvions découvrir les tubulaires. A la fin, nous en avons aperçu sur une coquille de Bitccinum tindatuin vide, qui se trouvait au moins depuis deux ans dans le même aquarium. Le polypule présente quelque différence avec celui que Dujardin et M. Krohn ont observé. Nous ne lui trouvons , en effet, qu'un seul verticille de tentacules, SIR L'HISTOIRE NATURELLE DES POIAPES. iil cl ces tcnlacules ne soiil point disposés en croix. Le coi'ps est fusilorme cl, comme dans les liydraclinics, dont par parenthèse il a tous les caractères, les tentacules ne forment qu'une seule rangée; mais, quand le polypule est com- plètement étalé, alternativement un tentacule s'érige pour former un enton- noir avec ses partenaires, et un autre s'élève perpendiculairement sur le corps. Ce qui semblerait confirmer que l'espèce des côtes de Sicile n'est peut- être pas la même que celle de la 31anche et de la mer du Nord, c'est que Gegenbaur a vu toute la partie inférieure du corps d'un jaune pâle, tandis (|ue le corps est tout à fait incolore dans notre Cladoiiema. Die unlerflache des Korpcrs ist schivach gelMich (jefdrbl , dit-il '. Il donne ensuite un bouton à chaque cirrhe, tandis que les deux cirrhes, peu rélractiles, ont seulement un bouton au bout, et le téléon atteindrait trois lignes de longueur alors que le nôtre ne dépasse pas un millimètre. Ces tentacules sont fort simples, rétractiles comme dans les hydractinies, terminés comme une épingle par un bouton et n'ont guère la même longueur. Leur nombre également varie sans doute avec l'âge. Nous avons trouvé dans leur verticille tantôt six tentacules, tantôt sept. Ces polypules sont si petits, qu'ils ne dépassent pas les monticules des hydractinies ordinaires, qui forment si souvent une croûte brune sur les buccins ou d'autres coquilles. Comme le résultat de nos observations ne s'accorde pas complètement avec ceux de Dujardin et Krohn, et que nous n'avons vu nailre ni les poly- pules des œufs de cladonèmes, ni les téléons de ces polypules, nous avons affaire à un animal différent, ou notre bydrier n'est pas celui qui engendre ces méduses. Des observations ultérieures décideront cette question. En découvrant ces méduses, au commencement du mois de juin, nous étions loin de nous douter que nous avions des Cladonema sous la main : il est vrai, il existe huit faisceaux de cirrhes, ayant chacun un œil noir à sa base, mais le long cirrhe ne présente pas de ramifications sur son trajet, et son aspect est noueux jusqu'au bout. Nous avons été surpris plus tard de voir ce cirrhe principal dans cha(|ue faisceau se bifurquer sur son trajet, puis continuer et s'allonger sans perdre son premier aspect noueux; du 28 au ' Versiichein. Sijst. d. Medus., pag. :230. 142 RECHERCHES ;}0 juin, ce cirrlie, pendant l'expansion, dépasse cinq à six lois le diamètre du corps, et de nouveaux fdanienls ont paru sur son trajet. Je compte jusqu'à trois branches qui ont surgi ainsi par une espèce de bourgeonnement, ce qui donne à chaque cirrhe quatre filaments. Ce n'est pas, comme on l'a dit, par dichotomie, qu'ils se divisent, et nous ne voyons pas comment on a pu sous ce rapport les rapprocher des éleuthéries. On voit donc la méduse se com- pléter et achever son évolution après la séparation de son hydrier. Les deux autres cirrhes ne changent pas et remplissent, dès le début, le même rôle; ils sont toujours de longueur inégale, non noueux, peu rétrac- liles et terminés chacun par une ventouse. Ces ventouses sont déjà toutes formées quand le cirrhe noueux est encore simple ou sans division. Nous avons été frappé, en voyant les intéressantes observations de M. Hincks, sur les éleuthéries, que M. Krohn vient de confirmer par des observations faites à Nice; nous avons été frappé, disons-nous, de voir que, dans ces polypes aussi, les cirrhes ne se terminent pas également par des pelotes à nématocystcs; que l'un des deux seulement se termine de cette ma- nière '. Nous croyons devoir en conclure que, dans ces polypes comme dans les cladonèmes, un des cirrhes sert d'amarre, tandis que l'autre sert à la pêche. Nous avons continué à observer ces cladonèmes, pour nous assurer sur- tout du mode d'apparition des organes sexuels et des changements qui surviennent dans les formes et le genre de vie après la ponte des œufs. Les parois de la cavité digestive, qui étaient lisses et unies d'abord, se gondent vers la fin du mois de juin, quand les cirrhes sont complets, et ce gonflement est concentré vers le milieu de l'organe. H s'élève quatre émi- nences arrondies d'abord, pointues ensuite, qui affectent la forme d'un bonnet de prêtre. Ces éminences logent les organes sexuels dans leur épais- seur. Leur couleur est d'un blanc mat. Nous n'observons rien d'autre jus(|u'au milieu de septembre. L'animal continue à nager et à se nourrir, suspendu tantôt à la surface de l'eau, tantôt attaché aux parois, étalant les huit longs cirrhes ramifiés comme un vaste réseau. C'est vers le 15 septembre que nous découvrons un amas d'œufs, au ' Hincks, On ClavuliUa , A>'.\. of nat. history; fcb. 18GI. — Ivrolin , Beubiichl. ùber den liuu und die Fortp/luitzuiig der Ekutheria, Trosciiei/s Archiv, I8C1, p. 157. SIR L HISTOIRE NATURELLE DES POLYI'ES. \17> nombre au moins trune centaine, au fond du vase, el qui liennenl ensemble par une matière visqueuse (ju'on n'apercoil que quand on veut en saisir. Ces œufs sont parfaitement sphériques el ne possèdent qu'une seule enve- loppe. On ne distingue i\i\\n\ vitellus incolore, finement granuleux et trans- parent comme le chorion qui Tentoure. Ces œufs mesurent 0'"'",20 de diamètre. Le 23 septembre, les organes sexuels sont complètement dégorgés, et les cladonèmes n'ont encore rien perdu de leur vitalité à la fin du mois d'octobre. Nous nous attendions à les trouver bientôt flétris après la ponte des œufs. Nous les avons vus encore au mois de novembre, mais depuis ils n'ont plus reparu. M. Krohn a vu depuis longtemps les œufs de cette espèce, qui paraît com- mune à Messine. Il a réuni des Cladonema des deux sexes, et, peu de temps après, il a vu également des œufs au fond du vase; mais au lieu de les trouvei- agglomérés au nombre d'une centaine, il les a aperçus dispersés, complète- ment isolés ou par groupes de deux ou trois. Il reste à savoir, comme nous l'avons déjà fait remarquer, si nous avons étudié le même animal. Nous sommes parfaitement d'accord avec Dujardin et M. Krobn, sur le lieu et le mode d'apparition des organes sexuels dans l'épaisseur des parois de la cavité de l'estomac. D'après Dujardin, les cladonèmes sont voisins des océanies, des tliau- mantias et des cyteis. C'est la même place à peu près que Gegenbaur leur assignait, en 1856 : entre les Cyteis, les Zanclea et les Chrysomitm. Une affinité plus réelle encore est celle qui rapproche les cladonèmes des éleuthéries , affinité qui paraît avoir été aperçue déjà par Gegenbaur ', et que M. Krohn semble également reconnaître '. En 1861, M. Hincks s'exprima, dans son intéressant travail sur Téleu- (hérie,de la manière suivante : The Elculheria of de Quatre fages , iJiere fore, is the reproductive zooid of a corijnoid polype , and probably of a second species of CUwatella ....There is no trace of medusan siructurc in the reproductive bud ^. I Ziiits. fïir Wiss. Zoologie, Mil. VIll, p. 250. • Kroliii, Trosrhers Airliiv, 18(11, p. 17(1. '^ llincks, Oii the reproduction of Cliivnlcltu , p. S. lU RECHERCHES Ce qui n'ajoute pas moins à la ressemblance entre les éleuthéries et les cladonèmes, c'est que les éleuthéries, d'après Krohn, ont la bouche dirigée en bas, comme les cladonèmes, pendant qu'ils sont amarrés. M. Claparède a observé une éleuthérie qui appartient peut-être à une autre espèce, puisqu'il ne lui a vu qu'un seul bouton terminal au bout des bras, au lieu de deux, et que, au lieu de six bras, il en a observé huit. Le savant naturaliste de Genève fait remarquer, comme AI. Krohn, que le sys- tème gastrovasculaire des éleuthéries rapproche ces animaux des méduses. Il paraît que ces organes avaient complètement échappé aux naturalistes qui s'en étaient occupés. W. Claparède a vu, en outre, des jeunes provenant de gemmes; les observations de Krohn lui ont donné l'assurance que ces jeunes ne provenaient pas d'œufs. CAMPANULARIDES. R. E. GiiANT, Sur les moineiiienls spontanés des œufs des Campanulaires , etc., An.w se. natimi., t. XIII, 18!28. lIuxLEV, Philosophiral Transactions , part. II, 1849. De Son, Lettre sur la génération inédusipare des Polypes liydraires , A^^i. se. nat., t. XII, p. 204,1849. ' SeHULTZE, Ueher die mânnlichen Geschleclitstheilc der Campamilariu (jeniculuta , Miii.i.En's Aii- tHiv, 1830, Ileft. I, p. 33, pi. I. Rcv. Thom. HiNeKs, Notes on the reproduction of the Campanulariadae, Ann. and. mag. of nat. HisT.; aug. 18 52, p. 81. MiJiMERï, Quarterbj Journal of microscopicul sciences, 1852. Rev. Thoh. Hincks, Furlher notes on British Zoophytes. — Canipan. parvula. — Campan. culi- culata, Ann. nat. hist.; mars 18o3, 2'' ser., v. II. Thompson, On the cliaruclcr of the sertularian Zoophytes, Report on the 22 Brit. Associât.; London, 1853, p. 78. .-Xllman , On tlie universality ofa medusoiad structure in the reproductive (jemmue on the Tulm- larian and sertularian Polypes, Report on the 22 Brit. Association; London, I8o3, p. 70. KoLLiKER, Entw. Tubul. und Campan., Zeits. f. w. Zool., vol. IV, p. 500. Gekenbaur, Zur Lehre von Generationsirechscl ; Wiirzbonrg, 18S4. LovÈN, Méin. Acad. roy. de Stockholm, Wiegmann's Archiv, 1857, p. 521, Ann. des se. nat., 2" sér., vol. XV, p. 170, Journ. de l'Instit., n° 410. Rev. Thom. IIincks, Notes on Brit. Zoophytes, Ann. and mag. of nat. hist.; fév., 1835. SllR L'HISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. liî> JosiiUA Alueh, A Xolice of soute iieir (jciteni and apt-civs of hritisli liijdroid Zûophyles, A^N. AND M\G. OF NAT. HisT.; noveinbi'c iS'M. Saiis, Uidrmj til Kiindskalieii oin .Midilellun-els Littoral -j'aunci , RvIsebeiiiaerhniiKjiT fni Itulieii , Nyt Magazin F. NATUii., vol. \ ; Clirisli.iiiia, I8;j(i. Gegenbaur, dans Victor Caiujs, Icônes Zootonicae ; Leipzig, 18u7, pi. II, lig. 1,i>, ô. Ai.L.MAN, Oh Ihe structia-c of the ri'produclive oi-gans in certain hydroid Polijpvs {Laom.edea /lexiiosa H Campditiilariii calicidiitu) , Phocei-d. of tue roy. Society. Session 18;i7-,58. — Addit. observations on the morpUoloijt] ofllie reproductive organs in the hydroid Polypes. T. Stret. Wright, Description ofneir Protozoa., Edinb. new phii.. .lounx.; Eilinbiirg, avril I8;j8. — Campanul. Johnstonii. T. SmET.'WMGnT, Ohsei-ration on Bril.Zoophy les, E\)\m.KE\\\'H\L.iovi{y. New se7-ies;jan\.\H^9. Ilev. Thom. Hincks, yi calaloyue of llic Zoophytcs of south Devon and soulh Cormvall , Ann. NAT. iiisT.; scptcmltre I8GI, p. 2-)8. C'est à peu près à la même épo(|uc que Lamarck étal)lil le genre Campu- milaire, et Lamouroux les genres Laotnedea et Chjtia ; les Clijliii compre- naient les canipanulaires rampantes, les Laomedea celles qui ne le sont pas. Nous avons préféré, à l'exemple de Lamarck, le nom de canipanulaires, (|ue les tiges rampent ou non, et des faits observés récemment ont démontré, en effet, combien la distinction de Lamouroux était sans importance et peu fondée. On peut rendre les Laomedea, Clt/tia à volonté, en les laissant dans les aquarium se développer le long des parois. Du sommet des branches, en effet, s'élèvent des tiges rampant le long des parois du vase, et qui donnent de distance en distance des branches isolées, portant une clochette isolée au bout de chacune d'elles. Le temps est venu de tenir compte aussi des méduses ou de la forme adulte dans la caractérisation des genres, et il faudrait même lui accorder le pas sur la forme agame, si dans beaucoup d'espèces elle n'avortait pas régu- lièrement. CAMPANULAIRES. Généralités. — Les ancieimes divisions étant établies uni(|uemenl sur les caractères des colonies des formes agames et des parties chitineuses , sans tenir compte des formes sexuelles ou des téléons, il faudra nécessairement 19 446 RECHERCHES éliiblir loul aulremenl les coupes génériques. La Campanularia volubilis, avec SCS quatre cirrhos à Tàge adulte, ne peut évidenimenl plus rester dans le même genre avec la Caiiipaitularia f/claliiiosa. Il faut tenir compte de Fétat adulte. La diiîiculté est plus grande si la l'orme médusaire n'apparait pas. Du reste, les anciennes divisions de Laomedea et Caiiipanuluria , d'après la forme rampante ou droite de la colonie, ne peuvent être conservées, comme nous venons de le dire, puisque nous avons vu des Laomedea ramper sur les parois des acpiariums comme des stolons, et donner ensuite des tiges droites de distance en distance. Le même animal se transformait, selon les circon- stances extérieures, de Laomedea en Campanularia. Mais existe-t-il réellement une dififérence essentielle entre les Tabulaires et les Caiiipanulaires? Les colonies, comme les méduses, offrent-elles des différences caractéris- tiques, de manière à pouvoir conclure du polype à la méduse et de la méduse au polype? N'y a-t-il pas un passage réel de l'un de ces groupes à l'autre? A voir les méduses, et surtout leurs cirrhes, ne dirait-on pas que ces genres des deux familles sont mêlés ? D'après Gegenbaur ^ les méduses des canipanulaires auraient seules des ololillies, et les organes sexuels paraîtraient le long des canaux; les méduses des tubulaires, au contraire, n'auraient que des taches pigmentaires, ce qui est tout différent, et les organes sexuels parailraient dans l'épaisseur des parois de la poche stomacale. Pour la répartition des sexes, il est évident que ce sont les petites méduses seules qui sont sexuées, que les polypes nourriciers ou médusipares sont agames; mais il est fort remarquable que chaque colonie ne porte que des in- dividus d'un seul sexe, comme Cavolini l'avait observé déjà au siècle dernier. On peut dire qu'il y a des colonies mâles et des colonies femelles, comme chez les tubularides connues il y a des méduses mâles et femelles. Les mêmes espèces se multiplient-elles toujours de la même manière, ou la reproduction varie-t-elle d'après les circonstances extérieures? En d'au- tres termes, un polype qui engejidre des méduses complètes engendre-t-il < Gegenbaur, ISii'i , p. 20. SUR LHISTOIUE NATURELLE DES i»OLYI>ES. d47 dans certains cas des méduses frappées d'an-èt de développeineiilP Deux espèces voisines, la Campamdaria gelutinosa ella Campunuluria dicholoma, toutes les deux très-communes sur nos côtes, ne nous ont oiïert avec certitude que : Tune, des méduses complètes qui se détachent librement et nagent en puisant dans Teau jusqu'à ce que leurs organes sexuels se développent; Tautre, que des méduses atrophiées et incomplètes, (pii ne se détachent que très-iinpar- l'aitement, mais dans lesquelles on reconnaît le produit sexuel avant la sépa- ration. Ce sont surtout ces dernières qui ont permis de reconnaître (|ue les diiTérentes méduses, qui proviennent d'une même colonie, sont d'un même sexe : ainsi les colonies elles-mêmes n'engendrent les unes que des mâles, les autres que des femelles. Une fois que nous sommes assuré que la même espèce pioduil ou ne produit pas de méduses complètes, qu'elles se présentent de même dans les diverses conditions, nous avons une base importante et qui n'est pas sans présenter un grand intérêt. Si nous plaçons d'abord à la suite les unes des autres, les campunulaires à lige érigée ou les Laornedea , nous voyons d'abord la Campamdaria yelati- nosa donner une méduse complète avec ses nombreux cii-rhes et sa forme de sonnette. L'espèce suivante, la Cawpamdaria dichotonia, ne donne plus que des demi-méduses, si l'on peut s'exprimer ainsi; à demi formées, ces méduses sont frappées d'arrêt de développement, ne se détachent pas pour porter au loin leur semence ou leurs spermatozoïdes, et périssent attachées à la loge qui leur a donné le jour. Trois autres espèces sont dans le même cas : la Campamdaria flexuosa, la Campamdaria genicidata el la Campamdaria f/racdis Sars. Une dernière espèce, la Campamdaria laccrala Hincks, ne donne plus même une demi-méduse; elle s'arrête tout au début, quand elle n'a encore que la forme d'un sac, mais la progéniture sexuelle mâle ou femelle ne se déve- loppe pas moins dans celle méduse capsule, pour la dissémination de l'espèce. Si maintenant nous plaçons en série les campanulaires rampantes, ou les clyties, nous obtiendrons, sous le rapport du développement médusaire, une série parallèle. En léte se présente la Campamdaria volubilis. (]ui donne une 148 RECHERCHES charmanlc iiK-duse à qiialre longs cirrhes, et complétemenl différente de la précédente; la Campunuluria Gegenbaurii , Sars, donne une méduse sem- blable, pourvu qu'elle ne soit pas nominale; la Campamdaria volubiliformis- de Sars ne produit pas de méduse. Il manque jusqu'à présent la forme inter- médiaire, c'est-à-dire des méduses arrêtées au milieu de leur cours. Aussi longtemps que la nature incomplète de certains téléons, arrêtés dans l'intérieur de leur capsule même, n'avait pas reçu sa véritable signification, il n'était pas possible de se rendre compte de la présence d'œufs ou de sper- matozoïdes dans les capsules médusipares. Leur présence s'explique fort bien maintenant. Les méduses naissent-elles dans les capsules au moyen d'œufs ou ne sont- elles que le produit d'une génération agamep J'ai partagé le premier avis dans mon Mémoire sur les campanulaires. J'avais été induit en erreur par les œufs qui se forment dans les méduses avortées. Il n'y a plus de doute aujourd'bui; partout les méduses naissent par voie d'agamie. C'est le blas- toslyle, correspondant à un polype atropbié, qui produit les méduses. Chez les hydractinies, c'est un individu qui ne diffère des autres que par l'atro- phie des tentacules et l'absence d'une bouche propre. Y a-t-il dans les campanulaires un phénomène correspondant à celui delà slrobilation des méduses supérieures? Nous ne le croyons pas : la jeune mé- duse qui nait dans la capsule le long du blaslostyle, n'est pas le résultat d'une segmentation du polype lui-même; le polype ne cède aucun de ses propres organes à sa progéniture; la jeune méduse naît par gemmation comme le polype lui-même dont elle descend. Si les campanulaires forment un groupe naturel, leurs formes adultes et sexuelles se ressemblent-elles? Sont-elles toutes représentées par une forme médusaire à l'état de téléon? Nous venons de voir que non; qu'il y a sous ce rapport une diversité très-grande : des espèces ont le téléon réduit à l'état de sporosac, comme la Campmmlaria lacerata, sans aucun organe extérieur, et sont à l'élat d'alrophion complet; d'autres se développent à demi, comme la Campanularla dicholoma, et le téléon engendre avant sa séparation; d'autres enfin accomplissent loule leur évolution; les téléons deviennent libres, ils prennent la forme médusaire, leurs organes sexuels ne se développent qu'après leur séparation, les polypules se ressemblent génériquement entre eux, mais SUR L HISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. li!) les (éiéons tlevienneiU dissemblables. La Cainpanutaria (jelatinosa diffère par son léléon d'une manière assez notable de la Campanularia volubilis. Dans lontes ces espèces, les mâles el les femelles se ressemblent-ils à Télal de téléon? Nous n'avons pas encore vu des différences sexuelles dans les campanularides comme nous en avons observé dans les tubularides; nous n'oserions assurer que cela provient de ce que l'attention n'a pas été assez fixée sur ce point. Il ne nous parait pas douteux (|uc plusieurs auteurs ont confondu des espèces différentes, et que beaucoup de descriptions ne se rapportent pas intégralement au même poIy[)e; c'est évidemment là une cause d'erreurs graves, que sou- vent il n'est pas possible d'éviter. Il est possible que, si Pallas vivait encore, il aurait de la peine lui-même à rapporter aux espèces qu'il a établies les polypes de nos collections. Nous représentons ici, vus au même grossissement, les calices des diverses espèces de campanulaires vivants, que nous avons eu l'occasion d'étudier: 1. Ccmprinularia ijelalinosa. 2. — dirliuloma. 5. Campanularia lacerata. i. — tennis. \m RECHERCHES 8. 10. 5. Campamilaria aijringa. 6. — elongatu. T. — indéloiniint'c. S. — Huxuosa ' 9. Campamilaria volubilis. 10. — geniculata. 11. — p.e.ruosa. SUR LHISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. !5I CAMPANULAniA GELATINOSA. Les auleurs ne désignent évidemmenl pas la même espèce sous ce nom , el on peut dire qu'il règne une certaine confusion dans les livres. Nous avons remonté aux sources pour débrouiller celte synonymie. Linné adopte le nom de Gelalimsa de Pallas, et, pour ce grand observa- teur, (pii a visité lui-même nos côtes, la Campamilaria gelatinosa y est une espèce commune, ayant jusqu'à un demi-pied de longueur, portant de grandes branches autour de la lige, naissant la plupart au même point, les infé- rieures souvent les pins longues el diminuant insensiblement vers le som- me! ; ce polypier forme un buisson. Les grandes branches forment presqu'un angle droit avec la tige et montrent des rameaux alternes qui sont souveni fourchus. Il nous semble que cette description est évidemment faite d'après la grande espèce médusipare de nos côtes, et non d'après la Campamilaria dichototna des auteurs anglais. Il peul y avoir du doute au sujet de différentes espèces; celle que nous appelons C. (/elatinosa, est-ce bien elle qui mérite ce nom? M. Ellis a vu la Sea thrcad carolline, représentée de grandeur naturelle et grossie, pi. XXXVIII, fig. 3, produire de jeunes polypes vivants, se développer dans des vésicules et déployer dans un ordre circulaire les griffes qui parlaient de leurs têtes. Il a en vue la Campanidaire dicholome des auleurs; ces polypes, en effet, se rapprochent seulement de la forme méduse et ne se détachent pas de leur mère. Ce caractère permet aisément de dis- tinguer cette espèce. Si M. Ellis a vu la C. cjekuinosa, ce n'est évidemmenl pas celle qu'il a représentée ici. M. Kirchenpauer, qui a fait une étude spéciale des campanulaires (|iii recouvrent les bouées à l'entrée de l'Elbe, fait remarquer que l'espèce (|ui nous occupe affecte trois formes différentes, qu'il considère comme trois variétés : la première est celle figurée par M. Johnslon, pi, XXVI I, fig. i ; la seconde variété est celle que j'ai figurée dans mon Mémoire, pi. I, iig. 1 ; la troisième variété, rumosissima , est représentée par 1\L Ellis, pi. XXWIII, fig. 3. 152 RECHERCHES Le savant sénateur de Hambourg fait remarquer en même temps que le polv|)ier de cette espèce est toujours plus foncé en couleur, quand il vient des profondeurs que quand il s'est développé près de la surface. C'est en observant un autre animal, que la toute petite méduse, la Médusa marina, est tombée sous les yeux de Slabber '. Il avait, sans aucun doute, des campanulaires dans son bocal, et il ne s'est pas douté de l'origine de ces méduses; c'est de la même manière que je les ai vues la première fois en 1842. Pallas cite déjà cette espèce comme abondante sur la côte, en Hollande, formant des bottes roulées ensemble et qui sont devenues inextricables. Il n'est personne qui, après avoir visité Ostende, ne se rappelle ces paquets de polypiers entremêlés comme des crins que les vagues roulent sur la plage. Celle abondance de la Campanularia (jelaùnosa a été signalée non-seule- ment par Pallas en Hollande, mais également par Johnston, sur les côtes d'Ecosse. Les filets des pêcheurs, qui vont le long des côtes, en sont souvent remplis. M. Kirchenpauer l'a trouvée tout aussi abondamment à l'embou- chure de l'Elbe, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur des bouées. Medlsa marina, Slabber, Xat. veriusl., \t. 70, pi. IX, (ig. 5-8. — Encyclopédie méthodique , pi. XCII. Rcv. Tliom. Ilincks, On tlie reproduclion of thc campuindariades , An.n. |mag. \at. hist. ; aug. 18j2,p. 83. Ellis, Corail., lab. 12, fig. u, A. Sertlt.aria i.oxGissiMA , Zcedrued , Pallas, Eleiiih. -oopli., Ili), trailiict. de Boddaerl, not. I, vol. l, p. 149. L'espèce que Pallas a désignée sous le nom de Campanularia longissinia , et dont les auteurs ont fait la Campanularia dicholoma, n'est vraisembla- blement qu'une Campanularia gelatinosa mutilée. M. Aider la considère tou- tefois comme une espèce distincte. Celte espèce se trouve souvent sur la plage à Ostende, entremêlée d'aulres campanulaires, de sertulaires et de plumulaires qui ont roulé ensemble poussés par la marée. Ces amas de polypiers sont souvent entremêlés de débris de coquillages. ' \uluurk. Verhist., \i. 70. SUR L'HISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. 1S3 CaMPANULARIA GELATINOSA. (PI. XIV, ny. Il-li.) Celte espèce se distingue : 1" Par la colonie à l'étal de scolex , qui atteint jusqu'à un pied de hauteur; 2° par la longueur des branches relativement au t^jnc; 3° par la grandeur, la forme et la terminaison des cloches qui n'ont pas de dentelure; 4" par le polype, dont les tentacules seuls et la trompe sortent de la cloche; 5° par le nombre de tentacules, qui est de vingt, et qui sont longs et forts; 6° enfin par le développement plus ou moins complet de la méduse dans l'intérieur de la loge. Nous renvoyons à notre Mémoire sur les Campanulaires ', dont les deux premières planches ainsi f|ue les figures 2 et 6 de la planche II se rapportent à celte espèce. Des méduses de cette espèce , abandonnées dans mon petit aquarium , ont donné naissance, en moins de quinze jours, à de nouvelles colonies de polypes. Le calice ou l'hydrothèque, pour me servir de l'expression de M. Huxley, a-l-il les bords découpés ou les bords unis? Nous l'avons toujours trouvé uni chaque fois que notre attention a été fixée sur ce point. Nous savons fort bien qu'il règne une diversité d'opinions à cet égard; selon quelques-uns, les calices peuvent être tantôt découpés, tantôt unis et, dans diverses cir- constances, il peut être difficile de distinguer les bords; nous croyons en tout cas devoir les considérer comme positivement unis. M. Kirchenpauer a fait des observations fort intéressantes sur ce sujet, dans son Mémoire sur les Seetonnen de l'embouchure de l'Elbe. Et si dans une seule et même espèce on trouve des variations assez grandes dans les calices, comme dans leur pédicule , les variations dans les capsules à téléons ou à atrophions ne varient pas moins, d'après les observations de M. Kirchen- pauer. Les tentacules ne forment qu'un cercle uni(pie, mais ils sont toujours ' Académie roijulv de Bruxelles, I. XVII . 1845. 20 iU RECHERCHES placés sur une double rangée et allernent entre eux. Le polype étant com- plètement épanoui et en repos, les deux rangs s'étalent dans une direction différente : les internes sont droits el forment un entonnoir, tandis que les externes, plus courts, se recourbent en deliors et dirigent leurs bouts libres en sens opposé des premiers. Cette disposition produit l'effet d'une double couronne tenlaculaire. M. Tb. Hincks dit avoir trouvé toujours les méduses avec seize tentacules ' ; nous les trou- vons, au contraire, au nombre de vingt. Les capsules médusipares se développent- elles pendant toute Tannée, ou bien exisle- t-il , dans ces polypes comme dans les plantes, une époque pour la floraison? A en juger par les serlulariens, la formation des capsules pro- lifères n'a lieu qu'au printemps, et pour quel- ques espèces peut-être pendant l'été. 31. Coste a eu l'occasion de mettre cette campanulaire vivante sous les yeux de l'Académie des sciences. Voici comment il s'est exprimé : « J'ai pensé, dit le savant académicien (séance du 12 avril 1848), que l'Académie ne verrait pas sans intérêt un fait curieux, bien connu des natu- ralistes, mais qui prouve combien il sera facile, par des moyens artificiels, de se procurer dans les laboratoires des sujets d'étude sans être obligé d'aller les cbercber sur les bords de la mer. » Les naturalistes savent que certaines espèces de polypiers marins , les campanularidées, par exemple, produisent des larves dont l'organisation est analogue à celle des méduses. Voici, dans un bocal, un rameau vivant de Laomedea dichotoina (Johnslon) , qui m'a été expédié de Bruxelles par M. Scbram, secrétaire De ce rameau se délacbeni, par milliers, des embryons médusiformes, qui nagent par bancs dans l'eau de mer où ils sont Campanulaxia gclaliiwsa épanoui. ' Th. Ilincks, A un. Mag. Nat. Iiixl., 18"J:2, p. 8u. SIR LHISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. im susptMulus. Le phénomène de la roprodiiclion , commencé en Belgicpie dans les aquariums de la Société d'horlicullurc, se poursuit à Paris dans les viviers salés du collège de France, où l'on peut en suivre toutes les phases. » Il résulte de ce passage, qu'aux yeux de M, Coste ces petites méduses ne sont que des larves , qui ressemblent seulement aux méduses par leur orga- nisation. C'était l'opinion que Nordmann avait exprimée et que j'avais égale- ment défendue dans mon Mémoire sur le Campanulaires de la côté d'Oslende. Si celte question de la nature de ces méduses paraît encore douteuse pour quelques naturalistes, les nouveaux faits décident définitivement ce point en litige. Les petites méduses engendrées par les campanulaires et les tubulaires sont de véritables méduses, comme les rhizostomes, les océanides, etc.; el, ce qui le prouve, c'est qu'elles ont les organes sexuels développés comme les grandes , et que les sexes sont répartis sur deux individus distincts. Ces pe- tites campanulaires, en eft'et, sont mâles ou femelles. J'ai eu déjà plusieurs fois l'occasion de m'en assurer, el j'ai vu les organes sexuels déjà développés sur des méduses avant leur mise en liberté. J'ai pu m'assurer aussi que toutes les méduses provenant d'une colonie sont du même sexe, de manière qu'il y a des colonies mâles et des colonies femelles, comme il y a des plantes à fleurs mâles sur un pied et des fleurs femelles sur l'autre. Aussi la séparation de polypes et de méduses ou acalèphes n'est plus pos- sible, el, depuis 1847, nous avons proposé de fondre ces deux classes en une seule , en lui conservant le nom de polypes. M. Coste pourra avoir dans son aquarium, quand il le voudra, des scy- physlomes ou scolex de méduses véritables , et il pourra s'assurer que ces animaux croissent et se développent comme les polypes en général. H résulte de l'observation de Sars, <|ue le scyphystome se segmente, se désagrège, et, par une sorte de fissiparité, se divise en segments médu- saires. Nos observations s'accordent parfaitement avec celles du célèbre Nor- wégien. Nous avons vu des polypes (scyphystomes) donner des méduses, et ces méduses se sont détachées exactement comme dans les campanulaires. Depuis, de nouveaux polypes ont paru par voie de stolons, pour engendrer de nouveaux téléons. Cette formation de stolons de polypes (homogénésie) 136 RECHERCHES a lieu par l'extérieur, comme dans les hydres , tandis que la génération de méduses (hétérogénésie) a lieu par strobilation. Les tentacules du polype scyphistonie ne tombent donc pas avec le segment supérieur médusaire du slrobile, mais disparaissent par absorption. Entre ces polypes il n'y a de diiïérence que la présence ou l'absence d'un polypier, et quelques légères nuances dans l'agrégation des individus polypes, puisque, dans les campanulaires et les tubulaires, ces individus restent agrégés pour former des colonies, tandis ipie, dans les méduses véritables, les polypes, tout en provenant de stolons, se détachent de l'individu mère pour aller vivre librement. M. Coste paraît étonné que le phénomène de la reproduction ait commencé en Belgique dans les aquariums de la Société d'horticulture; ce phénomène de la reproduction a commencé à Ostende et a continué à Louvain, à Bruxelles et à Paris. Campanularia dichotoma. (PI. XV, llg. 1-4.) Linné, si je ne me trompe, a introduit le nom dichotome, qui a été cause de bien des erreurs; c'est d'après des polypiers incomplets el sans comparaison suffisante avec les espèces entre elles, qu'il a cru pouvoir se servir de ce nom trop significatif. Les auteurs citent comme synonymes la Serlularia longisshna de Pallas et Ia5ea tliread coralline d'Ellis; Pallas et Ellis sont probablement les pre- miers auteurs qui ont observé ces polypes. iMaintenanl s'il est vrai aussi que tous les auteurs rapportent à la même espèce celle dont il est question ici, les figures d'Ellis, pi. XII, n" 18 a, A, ainsi que pi. XVHI, fig. 3, cette dernière surtout, renfermant des méduses incomplètes attachées à leur pédi- cule, il est évident que le mot spécifique de dichotoma doit rester à Tespèce non médusipare. Elle est figurée dans notre Mémoire sur les Campanulaires, pi. H, fig. 1 m b' , sous le nom de Camp, geniculala. SUR LHISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. 157 Capsules de Campanularia dichotoma. Nous reproduisons ici iino ligure nouvelle de la capsule à méduses. Cavolini a étudié deux espèces de campanulaires, qu'il nouime à lorl dichotoma et geniculata. Ces es- pèces de la côte de Naples sont pro- bablement différentes des noires. Quoiqu'il traite de chimérique ce que Ellis dit de l'ovaire, il repré- sente cet organe dans sa seconde espèce, flg. 3, pi. VIII, pourvu de jeunes médusiformes. Les tenta- cules sont rudimenlaires et seule- ment indiqués, c'est pourquoi il n'a pas aperçu la mobilité des em- bryons. Dans sa première espèce, les unifs étaient agglomérés dans un ovaire d'une colonie dont tous les individus avaient péri. Il n'y aurait rien d'étonnant qu'il eût eu sous les yeux tout autre chose que de jeunes campanulaires. Aussi la grande différence qui existe entre les recherches de ces deux bons observateurs disparaît complète- ment, et ne se trouve que dans l'interprétation des phénomènes, que chacun a donnée conformément à ses vues. Si/nonymie. — Laomedea dichotoma, Th. Sti-et. Wright, Ediiib. new phil. .Juiunal; janvier 1859. Laomedea dichotoma, Alman, Addit. observations on tlie Morphologij of tlie re- productive Organs in tite hydroid Polypes. Cette espèce se distingue : 1" parla colonie qui ne dépasse pas un demi- pied de hauteur; 2" par les nombreuses ramifications qui rendent la colonie touffue et la font ressembler, non à du crin, comme l'espèce précédente, mais à de la laine; 3" par chaque pédoncule qui est annelé à sa base et à .son sommet, élargi et un peu courbé au milieu; 4-° par les calices qui ont un quart de moins que dans l'espèce précédente, et par le bord qui est régu- 158 RECHERCHES lièrement découpé; S" par le polype qui a de vingt à trente tentacules, dont les inférieurs sont les plus courts, et qui ne sort pas de sa loge; 6° par la méduse qui ne devient jamais complète, et les organes sexuels mâles et femelles qui apparaissent avant leur séparation. Nous avons vu deux colonies. Tune mâle l'autre femelle, placées dans deux aquariums différents, projeter du bout des branches des jets semblables à des stolons, et qui donnent à la colonie un aspect chevelu. Il y a des jets du tiers de la longueur de la colonie sans aucune ramifica- tion. Là, où ses jets atteignent un corps solide, même le verre, ils s'attachent et semblent vouloir former de nouvelles colonies indépendantes de la colonie mère. C'est vers le milieu de mai que nous avons observé cette parti- cularité. Nous ne l'avons pas vue dans une autre espèce. Nous représentons ici une tige rampant le long des parois du bocal. Capsule isolée. \AlliA Une branche qui esl ilevcnue lampaiile le loni; des parois du vase. On trouve fréquemment dans les flaques d'eau , au milieu des brise-lames qu'on appelle kaleyen, des campanulaires sur les pierres et les coquilles qui tapissent le fond, lesquelles ont l'aspect d'une conferve et se couvrent souvent d'une quantité innombrable de diatomées : ce sont des colonies de cette espèce, qui n'atteignent pas les dimensions ordinaires de l'espèce. Ces flaques d'eau sont de précieux réservoirs pour les naturalistes qui veulent étudier ces intéressants polypes. On y trouve ordinairement des colonies de deux espèces distinctes, celle qui nous occupe et la suivante. SUR L HISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. 159 CaMPANULARIA GENICUr.ATA. Celle espèce, que Ellis et Pallas avaient remarquée d'abord, nous parail parfailomenl dislincle. Nous avions cru dans le principe que les polypes décrits sous ce nom n'étaient que de jeunes campanulaircs dichotomes; nous sommes convaincu du contraire aujourd'hui. La colonie est formée de tiges rampantes, faiblement ramifiées, desquelles s'élève, de distance en dislance, une lige en zig-zag, ordinairement d'un pouce de hauteur, qui est quelquefois bifurquée. Les clochettes sont assez courtes et larges; elles alternent régulièrement; le pédoncule qui les porte est court et se compose d'un petit nombre d'anneaux; le polype porte à peu près vingt-quatre cirrhes. Les loges médusipares sont placées à l'aisselle des pédoncules. Les méduses sont incomplètes. La Campanulaire (jénicnlée , figurée dans \ Allas du règne animal illuslrê, pi. LXVl, fig. 2, nous semble devoir se rapporter à une autre espèce très- voisine. Cette espèce a vingt-quatre tentacules. Le calice est très-large au sommet et court. La tige est forte et beaucoup plus large que celle des autres; elle est aussi plus régulièrement fléchie. On pourrait encore prendre pour caractère spécifique le repli que montre la tige. Laomedea gemculata, Th. Strct. Wright, Observations on Biil. Zoophijlcs, Ediinb. new philos. jouRN.; janvier, 1859, pi. II, fig. 15. Laomedea genicdlata and gelatinosa, Th. Hinks, Ann. and mug. nul. hisl.; aug. I8.'>2, ]). 85. Cette campanulaire est commune sur nos côtes; on la trouve sur des pierres, dans des flaques d'eau, au milieu des kaleyen, à Ostende; elle est très-répandue dans la Baltique; c'est elle que MM. Lovèn ' et Schuitze ont étudiée ^. Campanularia lacerata Johnston. (PI. XV, fig. 0-13.) Nous avions déjà depuis quelques années désigné cette campanulaire sous le nom de C. probosddea, mais nous ne doutons pas, depuis (|ue nous ' Wieçjman's Arcliiv, 1837. •■' Muller's Arcliiv, 1830. 160 RECHERCHES avons pu comparer quelques espèces que M. Aider a eu Tobligeance de nous envoyer, nous ne doutons pas, disons-nous, que ce ne soit Tespèce décrite par M. Hincks sous le nom de Laomedea lacerata , et avant lui par Jolinston, sous le nom de Campanularia lacerata '. Nous ferons remarquer en passant que la figure de M. Hincks ne représente cependant guère, avec une évidence suffisante, les particularités distinctives de ce curieux polype. C'est plutôt le polypier qu'il a observé. La tige principale, sans être vraiment rampante, n'est pas non plus érigée, et l'auteur des genres à tige droite ou grim- pante serait fort embarrassé sans doute, s'il était appelé à choisir pour cette espèce les Laomedea ou les Clylhia. Ce qui caractérise surtout ce polype agame, c'est que la cam- panule est portée sur un pétiole très-court, formé de cinq ou six anneaux, et qu'elle se termine par une espèce de Camp, lacerata. couverclc cu cutonnoir qui protège le corps du polype. Caractères. — Hydrier simple; campanules étroites et petites, portées sur un pédoncule très-court, formé de cinq ou six anneaux, terminées en avant non par un bord libre , mais par une bordure qui entoure et protège le corps du polype pendant l'élal d'épanouissement. Vingt - quatre bras. Planules se formant dans les capsules et arrêt de développement du téléon. La forme particulière de la campanule s'observe à tout âge. Synonymie.— CKUPxminRiii lacerata Jolinston, Bn'tisli Zoo- plnjtes, 2" édition. Laojiedea laceuata Thom. Hincks, Ann. and Miig. hist.; aug. 1832, p. 86. Laomedea laceuata Stret. Wright, Observations OH Britisli Zoophytes; Edinburgli, 1859, Edinb. NEW PHiL. Joi'RN.; janv. 18o9, pi. III. M. Slrel. Wright a donné une jolie et intéressante campaimiana laccraïa. planclic dc ccttc bcIlc cspèce; elle représente un h\- » A)in. and mag. ofnal. hist., 1852, p. 85. SUR L'HISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. 161 ilriei- màie avec de» capsules à divers degrés de maturité et des capsules femelles isolées avec leurs embryons. Cette campanulaire est évidemment distincte des deux autres : 4" Par la colonie qui n'est pas arborescente comme dans les précédentes; 2" par les pédoncules qui sont très-courts; 3° par les loges qui sont étroites, petites et terminées en avant par une longue poche; 4" par le polype, qui, bien épanoui, sort presque entièrement de la loge, ce qui Téloigne considérablement de tous les autres; 3° par les tentacules qui sont au nombre de vingt-quatre; 6° par le développement des organes sexuels dans la méduse avant la ponte. .Nous n'avons jamais vu ses cirrhes. La méduse reste à Tétai d'ovisac. M. Stret. W right ne leur accorde que quatorze ou seize tentacules; le corps, dit-il, s'étend le double de la largeur de la campanule, et le polype ressemble à celui de la C. syringa. Nous avons trouvé plusieurs branches de cette espèce , tlottant librement dans l'eau au mois de mai. La forme médusaire est sautée comme dans les précédents, et les embryons se développent avant la séparation ou avant la naissance de la mère. Nous avons vu se former plusieurs colonies de celte espèce, provenant de larves ciliées. Nous avons très-bien pu suivre tout ce développement. Les colonies femelles montrent des loges dans lesquelles les méduses sont frappées d'arrêt de développement tout au début de leur apparition, de manière que le proglottis ne dépasse pas la forme d'un sac. Il n'y a aucun rudiment de cirrhe à apercevoir. Après qu'elles eurent séjourné pendant quelques jours dans un aquarium, nous avons vu les larves ciliées et infusoriformes quitter leur berceau-mère el nager librement comme un infusoire , puis choisir un gite pour faire la base de la future colonie. A mesure que les cils se flétrissent, la forme ovale et régulière change, et le jeune animal s'étale à un de ses pôles, d'abord en s'élargissant sous forme de disque, puis bientôt en se découpant en languettes qui s'attachent comme des racines au corps solide qui les porte. En même temps qu'il s'étale ainsi à l'un des pôles et élève le corps resté libre, une mince pellicule surgit à la surface, le jeune animal semble logé dans une cage vitrée, et le polypier existe. 21 162 RECHERCHES C'est ainsi que l'aspect du polype agame est entièrement changé. Le côté libre du corps s'élève, en même temps que les racines en languettes, qui doivent iixer la colonie, s'étendent, pour élargir la base; le sommet s'ar- rondit, grandit de plus en plus, et le caraclère du polype surgit presque immédiatement. Le boulon de l'extrémité du corps augmente encore, le polypier devient plus distinct, un certain espace se montre même entre la masse charnue et l'étui, et cette nouvelle génération couvre les corps solides comme des bougies microscopiques dont le bout libre est terminé en bouton. ^ Puis une première séparation se montre : on commence à apercevoir le corps du polype et la tige qui le porte ; on distingue même déjà un commen- cement d'anneaux. Le bouton se fractionne à son tour; l'extrémité s'effile, le bouton se sépare en une partie grêle et une partie arrondie qui forme le sommet, et tous les caractères du polype campanulaire se trahissent avant même l'ap- parition des tentacules. Sur le bord du bouton s'élèvent maintenant des tubercules qui s'allongent, grandissent, ne sont encore qu'au nombre de douze, mais qui se multi- plieront à mesure qu'ils s'étendront en longueur. Le corps du polype s'est séparé de la tige charnue, en même temps que le bout de l'étui polypiaire a pris une forme ovale, puis s'est ensuite élargi à son sommet pour devenir une clochette qui a valu à tout le groupe le nom de campanulaire. Voilà la mère agame de la communauté. Campanclaria vERMicuLAKis Vau Bcu. Cetle espèce ressemble assez à la C. yeniculata , mais elle est en tout plus robuste, le calice est plus large, les anneaux pins nombreux et ses tiges ram- pantes et serrées sur les feuilles de Fucus vesiculosus, ne sont pas sans res- semblance avec un amas de vers qui auraient envahi la feuille. Le polype agame porte de quarante à quarante-quatre tentacules. Nous en avons eu en vie pendant trois semaines. A leur arrivée, aucune lige ne portait un animal vivant. SUR L'HISTOIHE NATURELLE DES POLYPES. 1()5 C.VMPANULAUIA SyRINGA Lillll. Synonymie. — Campanularia syringa, Vnn Bcii.. Mémoire sur tes Caiitpunulaires, pi. III, fiiç. It. — — Th. llinc'ks, .Yulcs on the reprod. of the Caïujiauiila- riades, Ann. mag. of nat. iiist.; aug. d852, p. 81, pi. III, lig. 1-5. Nous n'avons rien à ajouter à la description que nous avons donnée de cette espèce. La loge du polype tentacule est couverte d'un cône pendant la rétractation de ranimai, et les parois s'écartent pendant la protrusion; mais cette disposition, que nous ne connaissions que dans celte seule espèce, se reproduit également dans la Campa nularia lacerata, ainsi que dans la Cam- panulina tennis. M. Hincks a eu l'occasion de voir leur reproduction. Des capsules de forme ovale sans cercles, portées sur un pédicule de deux anneaux, donnent naissance à des planules isolées, sans que l'atrophion perde ses caractères primitifs de sporosac. La forme médusaire est complètement sautée. Campanularia exigua Sars. C'est encore une campanulaire que nous avions remarquée depuis long- temps, mais que diverses circonstances nous ont empêché de signaler plus tôt. C'est une espèce bien remarquable, et que M. Gegenbaur a reconnue dans la Méditerranée avec les mêmes caractères qu'elle présente dans la mer du Nord ^ iM, Gegenbaur en fait avec doute une espèce nouvelle. La colonie est composée d'un tronc principal qui porte souvent dès sa base des capsules médusipares assez grandes, ovales, allongées, et des loges fort larges pour les polypes nourriciers. Cette espèce est parfaitement distincte des autres. Nous trouvons seule- ment que l'hydrier est plus développé sur nos côtes, si nous en jugeons du moins par la figure donnée par iM. Gegenbaur. ' Voyez Aider, Cutcdog., p. 51; Luo)n. lungissima Pallas. iU RECHERCHES -v^ 1^ Campanularia exiytw. .Vous adoptons le nom iinpos(' par M. Sars, puisque M. Ge- genbaur n'en a point proposé. Sijnonymie. — Campanularia sp. nov., Gcgcnbaur, Ziir Lehre vom Generu- tiunsirerlt.sel , tatj. I, fig. 5-7. Laomedea Kxrr.uA , Sars, fî^/ray. . . Reisebemœrkniiujer fra Italien; Ciiristiania . 1857, p. 30. Hab. — Nous Favons trouvée sur nos cotes, mais pendant fort longtemps nous Pavons confondue avec la Campanularia (jelatinosa , dont elle s'éloigne cependant par des caractères fort importants. Caractères. — L'hydrier est érigé , et d'après Laniouroux , il ferait partie des vraies Laomedea. Il n'y a qu'une seule tige, sur laquelle sont implantées les loges des polypes agames et les capsules de la progéniture. Les capsules sont assez lar- gement ouvertes et prennent la forme d'un entonnoir. Les pédicules sont annelés et courts. On compte de six à sept anneaux dans chacun d'eux , et ils sont assez forts. Les cap- sules des polypes reproducteurs sont fort allongées, presque sessiles et dépassant à peine les autres loges en diamètre. Souvent plusieurs colonies se réunissent et forment un buisson assez épais, qui peut s'élever à la hauteur de deux pouces. Cette espèce n'est pas très-commune. Campanularia elongata Van Ben. Celte espèce est tellement petite qu'avec une bonne loupe ordinaire on la distingue à peine; elle nous avait longtemps échappé. Elle nous est tombée sous les yeux à la fin de nos recherches, en explorant le fond du bocal, qui contenait d'autres campanulaires avec la loupe de Brucke. Nous croyions d'abord que c'était une jeune Hydraclinia iti in uta . SUR LHISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. 165 La loge est extraordinairomenl longue et étroite, quelques anneaux, trois ou (juatre, se trouvent aux deux bouts du pétiole, qui est un peu renflé vers le milieu. Les tentacules sont au nombre d'une vingtaine. Ils n'ofl'renl rien de parti- culier. On distingue très-bien les cloisons dans Pinlérieur, et la composition annulaire au bout. Nous n'avons pas vu de loges à méduses. Nous ne trouvons aucune espèce qui s'en rapproche, cl l'on conçoit, (|u';i cause de sa petite taille , elle ail jusqu'ici échappé aux investigations des naturalistes. La Campamdaria elongala se dislingue : 4" Par la colonie trè^-peu ramifiée et formée de quelques individus seu- lement; 2" par les pédoncules qui sont excessivement allongés et grêles; ;r par les loges qui sont longues, étroites et à bords unis; 4" par le polype (|ui porte un proboscis très-long, mais ne se penche pas hors de sa loge; 5° par les tentacules qui sont excessivement longs. Genre CLYTHIA. Il 'serait bien plus facile de faire une histoire des médusaires à tous les âges , si l'on ne connaissait rien de ces animaux. On en connaît trop pour oublier complètement le rapport de leur organisation et de leurs affinités zoologiques. 11 faudrait pouvoir faire abstraction de la place et du nom que le polypule occupe dans la série zoologique, comme il faudrait pouvoir oublier le nom et les affinités de la méduse. Une campanulaire produira une méduse pareille à une lubulaire, et tout éloignés que sont les polypules entre eux, lestéléons pourront se rapprocher par leurs caractères; les affinités de ces derniers doivent évidemment prévaloir. Nous avons à parler ici d'une campanulaire, quand l'animal est en voie de développement, et d'une océanie, quand il a atteint le cours régu- lier de son évolution complète. 166 RECHERCHES Clythia volubilis. (PI. XIV, lig. 1-10.) Le téléon de la Camp, volubilis des auteurs n'ayant que quatre cirrhes complètement développés et quatre autres atrophiés, il est évident que nous ne pouvons la laisser dans le même genre que les autres campanulaires; aussi, pour ne pas créer un nom nouveau, conservons-nous celui de Clythia qui a été donné à quelques-uns d'entre eux, à cause de la disposition de leurs liges rampantes. Les campanulaires à tiges érigées étaient pour Lamou- roux des Laomedeu. Nous avons fait voir que ces genres, établis parmi les campanulaires sur la nature des tiges de l'hydraire, quand même les méduses ne nous en feraient pas une loi, ne peuvent être conservés, puisqu'on voit tous les jours, dans les aquariums, des tiges droites et érigées s'étaler, dans certains cas, comme des tiges rampantes, et changer complètement la physionomie et les caractères de la communauté. Dans ces dernières années cette campanulaire a été également l'objet des recherches de plusieurs naturalistes distingués. Ils l'ont vue, pour la plupart, sous sa dernière forme mèdusaire. J'ai vu un des premiers ce polype dans son état complet. Dès 1847 ^ je l'ai figuré sous son état de téléon, dans une notice sur la reproduction des animaux inférieurs. Dans une note sur la leproduclion des campanularidés, le révérend Thomas Hincks en donne une description, et fait connaître sa forme et ses principaux caractères. Cette espèce a été étudiée depuis fort longtemps dans sa forme agame; il en est question dans Boddaert, Linné, Fabricius et Rose, sous le nom de Seriularia volubilis et sous le nom générique de Clythia dans Lamouroux. Dans ces dernières années, elle est une des espèces que les auteurs ont étudiée avec une certaine prédilection. MM. Gegenbaur et Sars l'ont examinée avec beaucoup de soins dans la Méditerranée pendant que MM. Aider, Hincks, Strel. Wright et d'autres , en faisaient le sujet d'observations suivies sur * /iiilletiii de l'Âcad. royale de lietgkjiie, t. XIV, ii° 5, fig. 7. SUR L HISTOIRE INATURELLE DES POLYPES. 1(57 les côtes (rAnglelerrc. In some points, dit M. Hincks en parlant du téléon, // reminiled me of the madeeria figured in prof essor Forbes's monograph on the nahed-eyed médusa. .ALM. Stret. Wright, Aider et Dallas ont observé également le développement d'une eampanulairc , que nous rapportons à la Camp, volubilis. Les œufs de cette espèce, pondus par le téléon, ont engen- dré de nouvelles colonies '. Caractères. — La colonie est grimpante; les cloches sont grandes et dé- coupées sur leur bord libre; les loges à méduses sont cerclées sur toute leur longueur; les méduses se développent complètement dans les loges et la formation des organes sexuels est tardive. Les méduses n'ont que quatre longs cirrhes et quatre autres très-courts, avortés et situés entre les organes de sens. Celte espèce est figurée dans notre Mémoire sur les campanulaires , pi. III, fig. 7 et 8, mais pour Thisloire complète voyez la pi. XIV, tig. 1-10. Synonymie. — Seutularia volubilis, BoclJacrt, Natuurl. Iiist., vol. I, p. 153. Clythia volubills, Lamouroux, Pol. flex., p. 202. Campanularia volubilis, Lamàrck, Anim.s.verlèb., 2" édit.; Briix., vol. I, p. 1118. — — Van Bcncdcn, Mémoire sur les Campanulaires de la côte d'Ostende (1840), p. 56, pi. III, fig. 7, 8. —Un mot svr la reproduction des animaux inférieurs, Bull, de l'Acad. uoï. de Belgique, 1847, t. XIV, fig. 7. Camp. nov. spec, Gegenbaur, Zur Lehre vom Generations-Wechsel.... Wurzbourg, 1834 2. Camp. Gege.nbaurii , Sars, Bidrag lil Kundskahen om middelh. lilloral-fauna..., îVyt. Macazin fou natur., vol. IX; Christiania, 1836, p. 48. Campanularia volubilis, Th. Iliiicks, Notes on the reproduction of the Canipanulariades , Axn. and MAC. NAT. HisT. SEC. SER. ; aug. 1832, p. 84, pi. 111, fig. 5. Campa.nularia JoiiissTOjyi Th. Hincks, Gosse, T. Stret. Wright, Description of new Protozou ; Edinbiirgh, 1838, The Edinh. new phil. Journal, fiev,' ser.; april, 18.38, vol. VII, pi. Vil, fig. ô. — — AUinan, Add. observât, on the Morphologtj of the reprod. org. of ihe liydroid Polypes. ' .Stret. Wright. New Protozoa, 1838, p. 13. - La Campanularia volubiliformis Sars, Gegenbaur, Zur Lehre, pi. 1, lig. 8, appartieni à une autre espèce, qui est peut-être propre à la Méditerranée. 168 RECHERCHES Celte espèce est très-répandue et se développe avec profusion sur les côtes de Norwége comme sur les côtes d'Ecosse, sur les côtes de Belgique et de Bretagne comme dans la Méditerranée. Aussi se conserve-t-elle très-facile- ment dans les aquariums. Il ne lui faut que fort peu d'eau. Elle envahit comme une mousse les coquilles et les polypiers de divers ordres surtout des Serlularia, des Plumularia, et fixe son gîle partout où un corps solide se présente sur son passage. Nous en avons même observé, et assez souvent encore, sur les appendices sous-abdominaux des homards. Nous en avons vu pendant toute Tannée à tous les degrés de dévelop- pement. M. Aider pense que, sous le nom de Camp, volubilis, on a confondu plu- sieurs espèces, et que la campanulaire, décrite sous ce nom par Ellis, diffère de celle observée par Johnslon , aussi bien que de celle étudiée par M. Hincks et par moi; il en résulte, si les observations de noire savant con- frère se confirment, que chacun de nous a eu une espèce distincte sous les yeux, et qu'au lieu d'une seule clyihia, il faudrait au contraire en inscrire quatre dans le catalogue général des polypes. Pour le moment, nous ne pouvons nous rallier à cet avis, et nous ne pouvons même pas voir une espèce distincte dans la campanulaire que M. Gegenbaur a observée dans le golfe de Naples, et dont il a vu tous les âges. Si nous tenons compte de l'exécution un peu grossière des dessins, nous trouvons dans Miijdraire comme dans le léléon les mêmes caractères qui distinguent les individus de nos côtes. Avant de se prononcer définitivement sur cette question , il sera prudent croyons-nous, d'attendre que des observations faites sur la forme sexuelle sanctionnent ces distinctions. Sans oser rien préjuger , nous dirons que des différences souvent assez notables s'observent dans une seule et même espèce , aussi bien sous le rapport de la taille (|ue pour le nombre des anneaux et la forme des créneaux sur le bord du calice. Nous connaissons heureusement le cycle complet de cette évolution, et M. Lacaze-Duthiers nous a remis le résultat de ses observations, ainsi que (le fort beaux dessins, sur les principales phases de ces curieuses géné- rai ions. SUR LHISTOIKK NATURELLE F)ES POLYPES. IGî) Ces observations de notre savant collègue m'ont été communiquées dans une lettre, dont je reproduis on note les principaux passages '. Sur la tige rampante apparaissent des loges médusipares, c'est-à-dire des individus qui, au lieu de se nourrir comme les autres, et de pourvoir à leur entretien par des bras spiculifères et une bouche, se nourrissent aux dépens de la communauté et engendrent des méduses. Ces méduses deviennent complètes dans les loges. On en voit de tout âge, depuis le premier linéament gemmaire jusqu'à la méduse qui puise dans sa loge étroite pour en faire sauter les parois. Cette méduse est charmante et difîère complètement de celles qu'engen- drent les autres campanulaires. Le 14 juin, nous avons vu des capsules pleines de téléons complets, prêts à éclore , sur des appendices sous-abdominaux de homards venant directe- ment de Norwége. Dans une colonie, on en trouve ordinairement à tous les degrés de déve- loppement. Nous avons plus d'une fois donné naissance à des individus qui n'étaient pas encore à terme; mais, comme les autres, en sortant de la loge, ' » Dans une localité voisine ilo Saint-Malo, aux Hébiens , ]c ne pouvais faire puiser de l'eau de nier, inécril M. Lacaze-Dutliiers dans une lettre datée de I.ille le 5 avril 1856, sans y ren- contrer une petite méduse. Je pensais done qu'il me serait facile de voir et de trouver les cam- panulaires qui les produisent. .le plaçai dans le flacon une lame de fucus, qui m'avait paru chargée de campanulaires Je laissai la feuille en observation, et j'examinai le bocal deux fois ' par jour. Les quatre premiers jours , rien ne se produisit, mais au bout de ce temps une ascidie pondit un nombre considérable de têtards jaune orange , qui vinrent se fixer sur les parois du bocal. C'est en suivant la transformation de ces êtres si singuliers, que j'aperçus d'abord les petites méduses; ensuite les larves en forme d'infusoires. Les petites méduses se reproduisaient avec une rapidité extrême; j'en faisais la pêche deux fois par jour avec une pipette, et, quel- ques instants après, il en paraissait tout autant. Elles avaient paru depuis deux jours environ, quand, en regardant les ascidies, je reconnus qu'il y cn'avait de deux formes différentes. C'est alors que je remarquai ces grosses larves en forme de paramécies, d'un demi-millimètre et plus de long, qui tantôt rampaient contre les parois du vase, tantôt s'agitaient dans l'eau à la façon des anguillules; je vis ensuite ces larves s attacher aux |)arois du vase, devenir globuleuses, perdre leurs cils vibratiles, et bientôt présenter à leur centre une sorte de croix, dont les rayons à bords un peu irrcguliers avaient une teinte un peu différente de celle de la masse. Puis un prolongement s'éleva et s'avança vers l'intérieur du vase; enfin la cauipaiiulaire su dévelop])a. (i'estdu 13 au 2!) septembre que j'ai vu la germination de la larve. La même campanulaire nliondc sur toutes les côtes du littoral français. • 22 170 RECHERCHES ils déployèronl rapidemenl leur ombrelle , el leurs cirrhes ne lardèrent pas à s'éleiulro en longueur. Comme la chrysalide se secoue en prenant l'habit du papillon, la jeune méduse systole aussitôt qu'elle devient libre. La méduse a une forme toute différente de celle des autres espèces de campanulaii-es. Elle ressemble à une sphère à base tronquée. En effet, du côté où se trouve l'estomac, le corps est sphérique, et, à la naissance des appendices, il se coupe brusquement. Il s'éloigne par là aussi des tubu- laires. L'estomac est proportionnellement fort petit et jouit d'une grande mobi- lité. On reconnaît un mouvement circulatoire dans son intérieur, longtemps avant qu'il ne se soit détaché. On distingue très-bien ce mouvement à Ira- vers ses membranes , au milieu même de la loge. De l'estomac partent en dessus quatre branches qui se rendent en dehors à la base des appendices. Ici on voit distinctement la branche anaslomotique par laquelle s'établit une communication entre tous les canaux. Nous avons vu distinctement la circulation dans leur intérieur. Au milieu, entre les appendices, ce vaisseau se dilate légèrement et les globules s'y accumulent. Une membrane fort mince se trouve entre les différents appendices, et s'étend entre eux comme une peau sur un tambour. Cette membrane est pourvue d'une ouverture arrondie au milieu, par laquelle le liquide pénètre dans la grande cavité du corps. L'estomac peut s'ouvrir directement au dehors par ce diaphragme. La peau est hérissée sur toute la surface de petites pointes. Les appendices, au nombre de quatre, el correspondant aux (pialre vais- seaux, ne ressemblent d'abord qu'à des tubercules, mais peuvent prendre une Irès-grande extension quand l'animal est entièrement épanoui. Il peut atteindre jusqu'à dix fois la longueur du corps. Les organes des sens sont incolores, au nombre de huit. Ils consistent eu deux vésicules emboîtées l'une dans l'autre. Les œufs semés par les méduses éclosent de toutes parts dans les vases qui les renferment pendant quelque temps, et de beaux embryons à corps ciliés remplissent bientôt l'aquarium, décrivant des cercles mystérieux. Leiu- SUR L HISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. 171 corps est uni, allongé, un peu eflilé à l'un des bouts, légèrenienl arrondi à l'autre. Ils vagabondent comme une folle jeunesse dans cette première période. Mais bientôt toute la vie est dépensée , et le scolex cilié perd insensible- ment les poils mobiles qui le hérissent, et dont il n'a plus (|ue l'aire, dès qu'il a choisi le lieu où doit naître et grandir sa riche postérité. L'animal perd sa forme allongée, devient plus ou moins discoïde, s'étale comme un pain à cacheter, et du milieu du disque s'élève bientôt un tuber- cule qui est le futur polype. En même temps, une gaine mince et transparente a fait place aux cils, et quelle (]ue soit la simplicité de la forme, le jeune animal est déjà protégé par un |)olypier. L'animal a la forme d'une toupie renversée. Peu de temps après, ce plateau ou ce disque présente des échancrures au bord, se divise en lobes, et le pied de la colonie n'est pas sans ressem- blance avec certaines fleurs de crucifères qu'on aurait placées le pétiole en l'air. Le tubercule du milieu du disque prend la forme d'une lige, on dirait une bougie sur un plateau^ et quand cette lige est arrivée à une certaine hauteur, il se forme un boulon qui doit se transformer en polype. Mais celui-ci n'est pas encore formé, que déjà un nouveau gemme apparaît sur le côté, et, arrivé à une certaine hauteur, ce second genmie s'arrondit au bout comme le précédent, et se transforme presque simultanément en corps de polype. Après cela les tentacules surgissent, le polypier s'élargit autour du corps en forme d'entonnoir, l'orifice de la bouche apparaît et des polypes sur- gissent, qui vont engendrer par voie agame des colonies entières. Celte lige n'étant pas assez forte pour soutenir les générations qui se sui- vent, elle fléchit, se couche, devient rampante, et c'est de cette tige couchée, semblable à un rhizome, que naissent les nouvelles campanulaires qui s'élèvent perpendiculairement el monlrenl les loges à méduses à leurs pieds. M.Stret. Wrighl nous apprend que des méduses de Camp. Johnslonii, que 172 RECHERCHES nous rapporlons à la même espèce, placées dans un vase rempli d'eau de mer, avaient engendré de jeunes campanulaires au bout d'une semaine; elles étaient attachées au fond du vase. M. Hincks paraît avoir fait la même observation, en automne, à Pile de Man, et M. Dallas, d'Edimbourg, dit avoir vu la même campanulaire se reproduire dans un vase au printemps '. En toute saison, dit Stret. Wright, cette espèce produit des méduses. Genre CAMPA'NULINA Van lieiu (Planche XIII.) ■ Dans une notice intitulée : Un mot sur le mode de reproduction des ani- maux inférieurs, publiée en 1847 ^, nous avons désigné sous le nom générique de Campanulina , l'intéressant polype dont il est question ici. Depuis longtemps nous avions cru pouvoir compléter ces premières re- cherches. Sans ressembler entièrement à des campanulaires, c'est toujours de ces polypes que ce nouveau genre se rapproche le plus, même au premier coup d'œil , et c'est ce (jui nous a déterminé à lui donner le nom de Cam- panulina. On le trouve sur des coquilles, des pierres ou des plantes. Nos dernières observations sont faites sur des colonies entières qui ont surgi inopinément sur une feuille d'^/*'a latissima, dans un aquarium. J'ai aperçu les premières colonies vers la fin du mois de février, et déjà elles formaient des touffes fort épaisses. Il en a paru d'autres sur divers corps déposés au fond du vase , et successivement elles ont envahi diverses campanulaires. Ces Campanulina ont continué à se propager par gemmes jusque vers le milieu du mois de juin ; alors de grandes capsules ont surgi a côté des polypes, montrant de magnifiques petites méduses, d'un vert pâle, aussi belles de couleur que les plus belles émeraudes, puisant et se débattant dans leur étroite loge pour rompre les parois et prendre leur liberté. ' Sliit. NVright, Observ. on Biil. Zooph., I808, p. 13. - Bulletinfi de l'Acad. roy. de Belgique, t. XIV, n" 5. SLK LUISTOIKE NATURELLE DES POLYPES. 175 (]'esl une organisation excessivemenl curieuse, comme on peut le voir par la description (pii suit. Les longs bras des polypes, gracieusement étalés en deux cercles, la membrane transparente qui les réunit à leur base, la loge cylindrique, ainsi que les deux longs cirrhes, à l'âge proglottoïde , leur donnent, dans leurs deux formes, une physionomie toute particulière. Il y a peu de temps, W. Aider a retrouvé ce même animal, et il le décrit sous le nom de Laomedea amminata, ne connaissant pas la notice que favais publiée sur ce sujet. Ce savant a beaucoup contribué à étendre nos connaissances sur les animaux inférieurs des côtes britanniques ^ Enfin M. Stret. Wright a observé de son côté le même polype, pour lequel il conserve le nom de M. Aider et le fait connaître sous ses deux formes de hydrier et de téléon '. A la fin du siècle dernier, Slabber, au milieu de tant de belles observa- tions qui, pour la plupart, ne commencent qu'à être appréciées, fait men- tion d'une petite méduse sous le nom de Gladde, Beroe (Beroë lisse) qui a beaucoup d'analogie avec celle que nous décrivons ici , mais dont il n'a connu que la dernière phase d'évolution. Toutefois les couleurs ne s'accordent pas exactement : le Beroë de Slabber a le corps d'un bleu pâle , les cirrhes et les canaux sont d'un brun jaunâtre, tandis que notre petite méduse se dis- lingue par sa couleur du plus beau vert pâle '". Ayant affaire à un polype si complètement différent des autres par ses formes et ses allures, aux diverses époques de son évolution, nous n'avons pas cru devoir hésiter à l'ériger en genre. Le polype agame a les bras excessivement longs, réunis à leur base par une membrane transparente, formant deux cercles; le polypier est ramifié, Irès-irrégulier et rampant : les loges sont cylindriques et portent un cou- vercle en douves. Le polype sexué ou le téléon est sphérique, avec deux longs cirrhes dé- passant jusqu'à dix fois la longueur du corps, huit capsules sensitives et ' A catalogue of llie Zoupli. ojWnrlhuinberland , Tiia.ns. of the tvnes. natuh. field club.. 1857, p. .14, pi. 111, fig. ;j-8, et Ann. of nat. histor.; décembre 1857. ■î Observai, on Brit. ZoopL, Edi.nb. sew phil. Jodrn.; january , 1858, p. .■5,pl. 1 et II. ' 3 Slal)bcr, .Vatink: Verliislig, p. 89, pi. II, fig. 1-2. 174 RECHERCHES Torifice buccal bordé de quatre franges; il se développe dans une ii,rande loge cylindrique qui ne renferme qu'un seul individu à la fois. Campanulips'a tenuis Van Ben. (Planche XIII.) Synonymie. — Campaxllina te.nuis VaiiBciicden, Un mol sin- lu n-prodmiiou des unim. iii/h., BULLET. DE l'AcAD. nOY. DE BELGIQUE, t. XIV, n° D, fig. 6," 1847. Laomedea acumikata, J. Aider, A Cataloyue of ihe Zoopliytes , Tuansaciioxs tu THE TVNESiDE NATUIIAMSTS IIELD CLLB. NcWCasllc-UJjOlI- Tyne,d8S7. — — Description of threc neic britisli Zoophytes , Ann. and mag. OF >AT. HIST., scct. II, vol. 18, pi. XVI, fig. 5-8. — — Tliorn. Slret. Wright, Observations on britinh Zoophytes , pi. I cl II. Edinb. neu-. phil. Jour a. Jamiary 1838. Le polype, sans les bras, mesure à peu près deux millimètres de longueur comme eux; entièrement épanoui il peut atteindre, les bras y compris, de cinq à six millimètres. Le téléon a un millimètre de diamètre. Ces polypes se conservent fort bien dans les aquariums et n'exigent qu'un petit volume d'eau ; aussi se développent-ils dans des eaux peu profondes. Ils envahissent les coquilles des mollusques, la carapace de divers crustacés et les feuilles de plantes marines. La colonie est formée d'une tige rampante plus ou moins tortueuse, très- irrégulièrement ramifiée et de laquelle s'élèvent de distance en distance des pédoncules à polypes. Le polypier est fort mince et très-délicat. La loge du polype, ou clochette, est cylindrique, tronquée à sa base et terminée au sommet par des douves formant un couvercle conique qui abrite complètement l'animal. Les pédoncules présentent en gros les anneaux des tiges de campanulaires, mais ces anneaux sont si irréguliers, les replis se montrent dans un ordre si peu complet, que le souvenir seul des campanulaires peut les faire recon- naître. SrR LHISTOIRE NATURELLE DES POL^ PES. J75 La loge du léléon est également eylin(lri(iuo, li-ès-grande, ef dans chacune d'elles il ne se forme qu'un seul individu méduse. C'est encore une particu- larité fort remarquable à signaler. Description. — Le jeune polype naît par voie gemmipare au bout d'un pédicule dont le sommet s'élargit et se couvre d'un cercle de petits boutons : les tentacules futurs. Nous avons vu au sommet de ce polype en voie de déve- loppement, des vésicules allongées et transparentes, semblables aux vési- cules spiculigères qui couvrent les teniacules. Elles sont peu régulièrement placées. Le polype, entièrement épanoui, dépasse la loge à peu près de toute la lon- gueur du pédicule; aussi le corps prend-il alors la forme linéaire, le mamelon buccal devient saillant et conique, et une rangée de très-longs tentacules, au nombre de vingt-quatre au moins, projettent leurs stylets meurtriers à de très-grandes distances. Ces cirrhes sont d'une très-grande ténuité quand ils sont complètement étalés. Ils s'élargissent par la contraction. Les tentacules sont réunis à la base par une membrane très-fine et déli- cate qui éloigne nettement ces animaux des autres polypes. On peut dire que les tentacules sont palmés. Nous avons vu dans l'estomac d'un de ces polypes un heniipsilus entier encore vivant. Le lendemain, le nématode ne donnait plus aucun signe de vie. M. Aider ne leur donne que vingt tentacules. Nous en avons compté vingt- quatre sur nos dessins. On sait avec quelle facilité on peut se tromper sur le nombre. Ce qui nous étonne davantage, c'est que le savant naturaliste de Newcastle trouve de la ressemblance entre les tentacules et les bras des hydres. Nous ne pouvons partager cet avis. Les bras des hydres s'allongent en effet très-gracieusement, et montrent une certaine souplesse dans tous leurs mouve- ments, mais jamais ces bras ne s'étendent comme des piquants sous la forme d'un double cercle autour de la bouche ; ici , au contraire, quand le polype est parfaitement en repos, il allonge en effet ses tentacules outre mesure; mais, dans celte position, tous ces organes sont droits ou légèrement infléchis vers le sommet, en formant un entonnoir en avant et un second cercle un i7() RECHERCHES peu plus bas. Il est entendu que les cirrhes sont pleins comme dans toutes les campanulaires et tubulaires. Polype agame de CumpanuUna lenui-t Téléon. A côté de la loge à polypes , s'élève sans plan déterminé une logo le double plus grande, d'abord entièrement remplie de la masse commune, mais au milieu de laquelle surgit une méduse. Il n'y en a qu'une seule, et l'orifice SUR LHISrOIKE NATLRELLE DES POLYPES. 177 est loujours siUié dans la même direction que la bouche du polype agame. Celle loge prend une teinte d'un verl pâle d'émeraude qui lui est communiquée par la méduse. La méduse puise dans Tintérieur de sa loge; puis, quand elle est à peu près complète, la loge s'ouvre, l'animal devient libre, mais reste encore un certain temps attaché à son pédicule. Les pulsations continuent, puis, tout d'un coup, il se détache et va prendre librement ses ébats. La méduse est sphéri(|ue; la cavité stomacale peut s'ouvrir entièrement comme un disque, mais plus communément la cavité est plus ou moins close et divisée en quatre. De la base de l'estomac partent quatre canaux qui se rendent au vaisseau marginal, et par lesquels s'établit une communication entre le cercle marginal et l'intérieur des bras. Il n'y a que deux bras Irès-développés; les deux autres sont rudimen- taires; les premiers prennent une longueur excessive et atteignent au moins jusqu'à dix fois la longueur de la méduse. Entre chaque bras se trouve deux capsules auditives dont le nombre est par conséquent de huit. Chaque capsule consiste dans une double vésicule et un globule à contour net et dur dans l'intérieur. Ces capsules sont incolores et sessiles. Le diaphragme est fort distinct. Toute la surface du corps est couverte de spicules, mais ce sont particu- lièrement les bras qui en sont garnis sur toute leur étendue. Nous possédions depuis longtemps le dessin de cette méduse en poilefeuille avant d'avoir reconnu son origine. Nous l'avions trouvée entièrement déve- loppée, étalant les deux bras d'une manière extraordinaire. 23 178 RECHERCHES SERTULARIDES. Les seilularides ne diffèrent essentiellenieni des campanidarides que par les loges et les capsules qui sont sessiles; c'est la même organisation dans les deux groupes , avec cette différence seulemcnl , que l'on ne connaît pas de sertularide médusipare. Jos. Aldeu, a Cululogxe iif ihe Zoophyle-s itf Xurthunihi-iiuitd luiil Durlnim, Transact. of ihk Tynesid. xatir. field club, -1837. PnoF. Ai.LMANN, On the slructiire ofthc reproil. orfjans itf hijdroid jjnhjpes, Piioceed. of tue iioy. soc. Session 1 857-58. PnoF. Allmanx, On the reprodiict. org. of sertidaria lumarisca , Repert. brit. assoc; 28 mcct. 1858, p. 419, AfiN. NAT. HisT., vol. -ï, 1859, p. 258. — Adil. oliservut. on the morphoUnjij of ihe reprod. orgatis in, the reprod. Orgeats in the hijdroid polypes. Li.xDSTRÔM, G., Ont ittvecklingen of sertidaria piimila, oversigl k. vet. Akud. forh. Stockholm , 1853, p. 363, Bull, de l'Acad. r. de Suéde pour 1853; Stockholm, 1836. Alljian.n, On the occurrence ofamaebifonn protoplasui ...ainvng the hijdroideu, A.nn. nat. iiist., 1864, p. 205. Baster, Natxntrk. nilsp., pi. I, fig. 1-2. Van Beneden, /'« mot sur la reproduction des animaux inférieurs , Bulleti.ns de l'Acad. iiov. DE Belgique, 1847, vol. XIV, \" part., p. i49. Sertularia cupressina Linn. (Phnche XVI.) On ne peut guère trouver un animal présentant aussi compItMement la physionomie d'une plante que la serlulaire qui nous occupe ; et ce qui com- plète l'illusion, c'est que tous les ans, au printemps, ses branches se couvrent de tleurs et de fruits, qui ne sont des œufs et des embryons que pour le natu- raliste. Descriplion. — Chaque colonie se compose d'un tronc principal fixé au sol par une racine discoïde, tronc qui projette des branches latérales dans toute sa longueur. C'est vers le milieu de la hauteur que les branches sont les plus longues et ce sont elles aussi qui se chargent de capsules sexuelles. SUR LHISTOÏKK NATL'UELLE DES POLYPES. 179 La Sirtidaria cupressina esl fort abondante à Oslende. On la trouve à une certaine profondeur, non loin de la côte. Pendant les gros temps, on en voit régulièrement le long de la plage, au printemps surtout, et si on veut suivre les pêcheurs de crevettes (pii l'ont cette pèche de pied , on est sûr d'en trouver de frais et de propres à rétude. Le corps est fort protractile ; il dépasse pendant qu'il est épanoui la lon- gueur de la loge de toute son étendue, c'est-à-dire que le polype a presque tout le corps penché hors de la loge. Des deux côtés, on voit vers le milieu de chaque loge une lanière charnue, insérée d'une part aux parois du corps de l'animal, et d'autre part à la face inlerne des parois : ce sont des muscles rétracteurs. Plus bas , au fond, il y a encore deux autres lanières qui présentent une insertion sem- blable et jouent le même rôle dans la retraite. C'est par leur action que le corps du polype s'abrite complètement. Nous ne voyons pas d'organes pareils dans les campanulaires dont ces sertulariens sont cependant bien voisins. Chaque polype porte une couronne de vingt à vingt -quatre tentacules sur un seul rang, mais insérés alternativement en dedans et en dehors, comme dans les familles précédentes. Chaque tentacule est plein et porte plusieurs étages de némalocystes. Le corps de l'animal se termine en avant comme un pain de sucre placé au devant des tentacules et au sommet se trouve rorifice de la bouche. On ne voit pas de traces de cils vibratiles. Au fond de chaque loge, le tissu charnu continue d'un polypule à l'autre, et tous les individus sont mis en communication par un tissu commun. La cavité s'étend de même de chaque animal à tous ceux de la colonie, et c'est le mouvement circulatoire du liquide qui la remplit, que Cavolini avait déjà comparé à une circulation sanguine. Chaque colonie est mâle ou femelle. Sur certaines branches des colonies femelles, celles du milieu, s'élèvent, dans un ordre déterminé , des loges plus grandes que celles (|ui renferment des polypes agames et qui servent à la reproduction : ce sont les téléophorps , ou les gonophores de Allmann. 180 RECHERCHES Dans répaisseiir de la niasse charnue ou cœnosarc, se forme une capsule qui correspond morphologiquement au léléon ou à la méduse, mais qui con- serve toujours l'aspect primitif d'un sporosac. C'est dans son intérieur que se forment les œufs ou les spermatozoïdes, selon le sexe des colonies. Ces œufs présentent tous les caractères de véritables] œufs. Nous leur avons trouvé en effet, au milieu du vitellus, la grande cellule germinative, et, au centre, une autre vésicule correspondant à la vésicule de Purkinje. Dans celte serlulaire, on voit une demi-douzaine d'œufs dans chaque capsule. Ils sont fécondés par les spermatozoïdes d'une colonie voisine. Ces œufs gran- dissent assez rapidement, sortent de la loge tout en restant entourés de leur ovisac et font hernie au bout de la capsule. Ces œufs prennent une couleur rosée , et leur situation régulière fait nécessairement naître l'idée d'un po- lype en fleurs. Ces œufs réunis font penser aussi à la segmentation d'un œuf unique. Quand les œufs ont atteint leur complète maturité, le sporosac s'ouvre, et chaque œuf devient le Jouet des vagues. Il est nécessairement entraîné par le courant. Tous les œufs ne sont pas simultanément évacués de ce sac herniaire; ceux qui sont mûrs et ensuite pondus sont remplacés à leur tour par d'au- tres (pii viennent du fond de la capsule. H y a ainsi une succession dans les sacs herniaires, et les téléons sont étranglés vers leur milieu. Bientôt cette masse vitelline, qui forme tout l'œuf, est couverte de cils vibratiles, et le jeune polype nage librement, atïectant les allures et la phy- sionomie de cerlains infusoires , sauf l'agilité. Leurs mouvements, en elïet,sont fort lents. Quand on en voit plusieurs réunis, c'est plutôt par les changements de rapports entre eux que par une progression réelle, qu'on s'aperçoit de leur mouvement de locomotion. Nous ne les avons jamais vus quitter le fond. De rosés qu'ils étaient d'abord ils deviennent blancs. Le polype est à l'état de Planula. Il prend librement ses ébats à cette époque de son évolution , et il linit par faire choix d'un lieu convenable, où il va jeter les fondements d'une nouvelle colom'e. SUR L HISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. ^M La forme du jeune animal est peu variable à cet âge, et on ne saurait dis- linguer ni la famille ni le rang auquel il appartient. Tous les inouvemenls se réduisent à une natation régulière dans Tun ou l'autre sens, et la Plnnula glisse véritablement au fond de Teau. Le corps, de sphérique (pril était d'abord, prend ensuite la forme d'un cylindre, s'arrondit aux deux bouts, se resserre tantôt vers le milieu du corps, tantôt aux extrémités, jusqu'à ce que les cils vibratiles se flétrissent complètement à la surface : c'est le signe; (|u'il a fait cboix d'un emplacement. On voit ensuite un des pôles, celui par lequel il s'attache, s'élargir et former un disque qui donne à tout l'animal l'aspect d'un cbandelier. Puis le pied du chandelier ou le disque, pour s'étendre davantage et offrir une base plus large, s'élargit encore par des ramiflcations et modifie sa première physionomie. Ce disque continue à s'étendre, la peau se durcit à sa surface, une enve- loppe chitineuse surgit, et le jeune animal est protégé par un polypier. La tige s'élève verticalement à une certaine hauteur ; il se forme un étran- glement dans les parties molles, et l'indication du premier polypule devient évidente. De légers tubercules s'élèvent en cercle au bout du pôle libre; ces tubercules s'élèvent en s'étirant, une bouche se forme au milieu d'eux, une cloison plus ou moins complète sépare le corps du polypule de la masse com- mune, et le premier individu de la nouvelle communauté va bientôt s'étaler au fond de sa loge. A la hauteur de son corps, un tubercule s'élève, se remplit de masse commune , s'élargit et s'allonge , et un nouveau polypule , semblable en tout au premier, apparaît à côté de lui; la colonie se compose de deux indi- vidus. Toutes les autres loges se formeront de la même manière, affectant la même forme, se développant toujours à une place indiquée d'avance, jus- qu'à ce que la colonie entière ait sa physionomie propre. Il est inutile de pousser ces investigations plus loin; les seuls change- ments qui surviennent ensuite, c'est que, à l'époque des amours, des loges l)articulières se forment avec des polypules sans bouche et sans bras, et (jui sont de véritables propagateurs. On voit ces propagateurs apparaître au mois d'avril. 182 RECHERCHES J'ai pu garder des colonies ou portions de colonies en vie, el, au bout de six jours, je Irouvais souvent des enijjryons éclos, nageant librement au fond des vases. Voici les notes que j'ai prises : Le k mai. — J'ai placé un certain nombre de planulas dans un verre de montre avec des conferves, et ils étaient presque tous encore en vie au bout de vingt-quatre heures. Ils rampaient lentement sur le fond du verre. Quel- ques-uns avaient le corps un peu plus allongé. Puis j'ai placé le verre de montre avec les embryons au fond d'un acput- rium, en prenant toutes les précautions nécessaires pour que l'immersion ne les dispersât pas; le lendemain ils étaient encore bien portants. Le 5 mai. — J'observe un peu plus de vie. Quelques-uns d'entre eux sont plus allongés, et il y en a qui s'allongent assez notablement, puis se re- courbent à droite et à gauche comme une planaire, dont ils ont, du reste, complètement l'aspect. 11 y en a aussi qui ont pris une forme parfaitemeni sphérique, et qui, malgré leur immobilité, sont très-bien en vie. Ce sont des individus qui ont fait choix d'un emplacement, et qui vont jeter les fonde- ments d'une nouvelle colonie. Pendant quelques jours, on ne s'aperçoit d'aucun travail organique. — L'embryon cilié ne se mouvant plus, on ne sait s'il est encore vivant. Bientôt on dislingue ceux (|ui vivent encore par une sorte de boulon qui semble sortir du milieu d'un disque : c'est le commencement de la lige. Du 5 au 14 mai, ce bouton s'élève lentement, et, à mesure qu'il s'étend, une couche épidermique surgit, devient de plus en plus distincte, el con- stitue le polypier chilineux. Le 14 mai.^ — Je trouve un polype entièrement formé et montrant, sur le côté, le gemme d'où doit sortir un second polypule. Le polypier s'est plus nettement séparé au pied , et dans l'intérieur du disque d'adhésion on voit la partie molle se diviser plus nettement, connne des racines d'un arbre. SUR LHISTOIUK NATURELLE DES l>OLYPES. 183 Sertularia rugosa Linn. (PI. XVII, lig. 1-8.) Si/iiinti/mif.— LucERXE, Ellis, ConiUnes , p. 4^, |)I. XV, et, A, n" 23. Ellisia nuGOSA, Wcsicndorp, Iterherches sur les polypes flexibles; Hriii^i's, 1840 , p.22,pl. IX-XI. On le trouve Irès-communémenl sur les fluslres. Les liges soûl couehées et rampantes. Celte espèce a une physionomie particulière par la forme de ses loges, qui ressemblent à des barillets, et les capsules léléopbores; les unes comme les autres présentent des côtes et peuvent être comparées à des lanternes chinoises. Les capsules sont proportionnellement grandes. Les œufs qu'elles contiennent sont de couleur rosée. Les polypules sortent assez loin des loges. Ils ont la forme et les caractères ordinaires. Les tentacules sont au nombre de seize à vingt. Chaque loge est fermée par un couvercle à quatre côtes qui produisent en petit l'effet d'un pavillon chinois. Sertularia operculata Linn. Cheveu de mer, Ellis, Corallines..., p. 21, |)1. IIl, h, B. Cette jolie espèce n'est pas rare sur nos côtes. Elle s'attache à différents corps et les couvre comme une chevelure. Sertularia abietina Linn. Saim.n de mer, Ellis, Corallines , ji. 18, pi. 1, ii° 2, b, B. Cette espèce est fort commune. On la voit souvent sur les moules et les huilres. La colonie atteint de quatre à cintj pouces de hauteur. Des spirorhes se fixent souvent à sa surface. 184 RECHERCHES Les capsules ou léléopliores sonl très-simples, un peu plus longues que larges. Basler ne croit pas que ces polypiers soient l'œuvre des polypes. Seutil.vuia ARGENTE a Linu. Queue d'écubeuil, Ellis, Corallines , p. 20, pi. II, ii° 4, r, C Celte sertulaire est commune à Ostende. On la trouve sur toutes sortes de corps solides, même les moules et les huitres. Les colonies atteignent la hauteur de six à huit pouces. TiiOA HALEciNA Linu. (Planche XVIII.) AnnÊTE DE iiAiiENcs. Ellis, Essai.... corallines, pi. X. — — VanBcncden, Un mot sur la reproduction des animaux inférieurs, Bulletin de l'Acad. iioï. DE Belgique, 1847, vol. XIV, 1" part., p. 449. Quelques naturalistes ont douté tout récemment de Tcxactitude des ohservations d'Ellis sur le (lioa , comme on peut voir dans les notes de la seconde sertuiaria abietimi édition dc Lamark ; toutefois, nous pouvons con- firmer en tout point ce que cet habile observateur a avancé; et s'il n'a pas poussé ses recherches plus loin , c'est qu'il vivait à une époque où on com- mençait la confection d'un inventaire général, et où on ne cherchait encore dans l'organisation que des caractères distinctifs pour l'établissement des classes et des espèces. Cette espèce est fort commune sur nos côtes. On la trouve attachée à des coquilles ou des pierres, et la mer en rejette régulièrement après un peu d'agi- tation. Le polype agame ne pouvant s'abriter complètement dans sa loge, qui n'est pas assez spacieuse, on le trouve rarement Irais et intact pour l'étude. SUR L'HISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. 18S Le polypier est arborescenl et ramifié, et comme dans la Sertularia cupres- sina, ce sont seulement les branches latérales, vers la moitié de la hauteur de la tige, qui portent des capsules sexuelles. Ces loges sont placées les unes à côté des autres avec plus ou moins de régularité et dans la même direction. Un ,pédicule grêle , semblable à celui (jui porte les polypes, soutient les capsules; elles sont arrondies, sans piquants, avec les bords de l'ouverture découpés. Cet orifice n'est pas placé dans Taxe de la capsule. On compte généralement de quatre à cinq œufs dans chaque capsule. Les œufs sont blancs ou légèrement rosés. Ils renferment les vésicules germina- tives, que Ton parvient même assez facilement à isoler par une pression me- surée. Ce que nous avons vu de plus remarquable dans cette espèce , c'est que la loge qui produit les œufs produit quelquefois des polypules semblables à ceux qui se développent sur les branches ordinaires. Ce phénomène ne semble pas avoir d'autre signification que celle de polypules qui surgissent partout où il y a du cœnosarc en vie. C'est ainsi que des polypes nouveaux naîtront au bout d'une branche qui a perdu ses anciens habitants. C'est l'hydre qui engendre (le nouvelles hydres dans toutes les parties du corps. Chaque portion du corps prolifie. Nous ne croyons donc pas qu'il y ait dans cette disposition quelque chose d'analogue à ce que nous montrent certaines tubulaires, qui arrivent à une évolution presque complète, et engendrent des œufs sans avoir pris la forme sexuelle. Johnston a mal dessiné ce polype , à moins qu'il n'ait voulu figurer une autre espèce. Le corps du polypulc varie singulièrement de forme : il s'allonge ou se raccourcit selon les impressions qu'il reçoit du dehors, et diffère surtout des autres scrtulariens en ce qu'il ne peut s'abriter dans sa loge. Les tentacules sont au nombre de vingt ou de vingt-quatre, et se contractent de manière à simuler une couronne de boutons. Au milieu de la couronne tenlaculaire se montre un mamelon proboscidieu percé au milieu et formant l'entrée de la cavité digestive. 24 186 RECHERCHES En dessous des tenlacules, le corps est renflé et se rétrécit ensuite jusqu'à l'épaisseur de la lige polypiaire. Quoique ce polype ne s'abrîle point dans une loge, et qu'il soit constamment exposé à la violence des vagues et aux atta- (|ues de nombreux ennemis, nous ne remarquons chez lui aucune disposition qui le dislingue des autres genres de cette famille. Dynamena PUMiLA Liun. (PI. XVll.fig. 9-10.) I>!)naiiicnn pumila. CiiKNE DE MER, EUis, Corulliiies...., p. 23, pi. V, n° 8, a, A. — IJndstroni, Sur le développemenl du Serhilaria pumila, BuLLET. de i/Acad. roy. de Siède; Slokiiolni, 1856, p. ôCn. Cette espèce n'est pas très-rare. Nous l'avons souvent trouvée sur des Luminaria, et elle peut vivre, par conséquent, à de grandes profondeurs. On la voit aussi sur le Fucus vesiculosus. .... « Au mois de juin 1754, je découvris, » dit M. Ellis en parlant de cette espèce « (|ue les vésicules de la coralline Chêne de mer étaient ha- bitées par une espèce de grands polypes, qui parlaient du corps charnu, occupant le milieu de la lige droile et des branches, cl qui paraissaient ne faire qu'un tout avec lui '. » Nous avons eu l'occasion de voir ce polype complètement s'épanouir comme on peut le voir pi. XVII, fig. 10. Le corps qui est couvert de ce polype prend un aspect chevelu. Ellis , Corcdlines , p. 1 1 ii. SUR LHISTOIUK NATURELLE DES POLYPES. 187 Antennulauia amenmn.v Linn. On on trouve toujours sur la cote quand la mer a été agitée. — On voit des colonies d'un pied de lon- gueur, cl des toulïes de plusieurs pouces d'épaisseur. Nous n'avons pas réussi à en Irouvei- avec leurs polypes vivants. Plumularia falcata Linn. CoiiAi.i.iNi: A FALCILLK, Ellis , CoraUiiivs , pi. vil, ((, A, ii" 1 i. On peut dire que c'est une des serlulaires les plus communes à Ostende, et aussi une des plus faciles à reconnaître par sa tige spirale. La colonie a quelques pouces de hauteur. Pourvu que la mer ait rejeté quelques objets sur la plage, on est certain de rencontrer ce polypier painii eux. Plumularia cristata. CouAij.i.NE A COSSES. Ellis , CoraUvies , pag. 27, pi. Vil. h, li, ii 1^. Nous avons trouvé celte espèce sur des Fucus, mais très-rarement. Plumularia setacea. Ellis, Corallines, pi. XXXVIII, n° 4. La colonie ne dépasse guère un pouce de hau- teur. Nous ne Pavons observée qu'une seule fois; elle Plumularia crisiata. était étcuduc sur uuc racinc de Lam'nmria. 188 RECHERCHES ZOANTHAIRES. ORDRE DES ACTINIAIRES. Actinies. DoN'.xELi. , Fiirther observations on tlie power exerciled bt/ ihe Actiniœ ofoiir shores in killing their prey, An.n. .\at. hist. ; avril 18;j9, pag. 304. Rai'p, Ueber Polypen... Wcimar, 1829. Ehrenbehc, Die CoruUenthiere, Abhand deiî konigl. Acad. Berlin, 1852. HoELAiiu, Monoyr. anal, du cjenre Actinie, A.nn. se. nat., sér. III, l. XV, 1851. Mii.NE Edwards et Haime, Hist. nat. des Corail iair es , 5 vol. in-8". Paris, 18S7. Ratiike, Ztir Morphologie, pag. 1, pi. I, fig. 12. ÏEALE, On the anatomy of act. coriaceu, Leed's Transact. of tue philosoph. and lit. Society, vol. I. Delle Cn\\\E, Anim.senza vert , etc., Bull, scienc. nat., t. XVII, 470. Teale, Transuct. ofthc leeds philosoph. and litlerury Society, vol. I. R. Wagner, Archives de Wieymann, 485o. Jones, ToDD, Cyclop. ofanat. and physioL, II, 409. Sharpev, Todd, Cyclop. of anat. and pliys., I, G14. Dicquemane, Phil. Transact. abridg., XIII, 639. Harveï, Mag. nal. hist. n. s., 1 , 474. Blainville, Manuel d'Aclinologie. Paris, 1835. Carus, Comp. anat. Spix, Wagner, Icônes zootomicœ. Paul Gervais, Supplém. du Dicl. des se. natur., pag. îil, art. Actinie. Paris, 1840. Nous avons vu des actinies pondre des jeunes par la bouche avant l'appari- tion des tentacules, d'autres avec quelques-uns de ces organes. Ot.-Fr. Miiller dit également, comme Baster, avoir observé que ces animaux sont vivipares. Depuis longtemps 31. Hogg *, et sans doute bien d'autres, ont fait l'ob- servation que des fragments se détachent du pied de certaines actinies [Ac- linia plumosa surtout) , que ces portions de pied restent accolées aux parois * Qtiarlerly Jour, microscop. se, t. V, p. 258. 81K L HISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. 189 de raquariuin quand raclinic se déplace, el donnent ensuite naissance à autant d'actinies qu'il y a eu de fragments. Tous ceux qui ont observé des animaux marins dans des a(|uariunis ont été témoins de ce phénomène. Aussi ce n'est pas sans élonnemcnt que nous avons vu en Angleterre une discus- sion s'élever à ce sujet entre MM. Wright, Barrelt et Ilincks. Ce n'est, à notre avis, ni l'effet d'une gemmation, ni le résultat du passage d'œufs dans le pied de l'actinie : c'est une portion détachée de l'animal qui reproduit un animal complet, comme un fi-agment d'hydre reproduit une autre hydre '. La détermination des espèces d'actinies n'est pas facile : elles n'ont aucune partie dure et résistante, et la forme change constamment. Il y a non-seule- ment des différences fort grandes entre l'animal épanoui el l'animal contracté; mais même entre l'animal très-frais et vivace et l'animal malade et fatigué, des modifications profondes surgissent. Si on ajoute à ces difiîcultés les chan- gements sans fin de couleur, les diversités de forme et de nombre de tenta- cules selon l'âge, l'on n'aura encore (ju'une faible idée des changements que chaque espèce présente. AcTiNiA cocciNEA Ot.-Fr. Millier. (PI, XIX, lig. l-i) Synonymie. — Actinu coccinea, 0(.-Fr. Miillcr, Zooloijia danica, lab. LXIII, fig. 1-3. On la trouve assez souvent sur les grandes huitres [Oslrea hippopus). Elle habite par conséquent les profondeurs. C'est avec raison que Johnston admet, d'après Forbes, celle espèce dans sa seconde édition des Brilish zoophytes. Le nom de Coccinea, donné par Ot.-Fr. Millier, convient fort bien au plus grand nombre ; il y en a toutefois parmi elles qui sont pâles de couleur et jaunâtres. Cette espèce est parfaitement distincte et facile à reconnaître quand on l'a observée en vie. Elle présente des différences considérables, comparée à YActinia crassiconiis. Elle ne devient jamais aussi grande que la dernière. ' Vlnstilut, n" du 23 mars I8.j9 , p. 100. / u. ^ \i t> 'S 190 RECHERCHES Elle n'acquiert pas plus de deux ou trois centimètres de hauteur et autant à peu près de largeur. Le corps est cylindrique et tronqué aux deux bouts. Tout le corps, sauf les tentacules et les espaces intertenlaculaires, sont d'un beau rouge, et des tubercules blanchâtres, formant quelquefois des ran- gées régulières de haut en bas , recouvrent la peau. La surface du corps est ainsi légèrement bosselé. Les tentacules sont assez nombreux , gros et obtus comme certaines épines d'oursins, ne présentant aucunement ni cette grande flexibilité ni cette ex- trême extensibilité de quelques espèces. Ils sont annelés, c'est-à-dire mon- trant des cercles blancs et brunâtres qui alternent. On voit trois ou quatre cercles sur chaque tentacule. Tous ces appendices montrent à leur base des rayons noirs et jaunes qui convergent vers l'orifice de la bouche. Les tenta- cules de la rangée interne sont les plus gros ; ceux qui les entourent n'ont (|ue la moitié de leur diamètre et de leur longueur. AcTiNiA CANDIDA Ot.-Fr. MiUlei'. Synonymie. — Actinia candida, Ot.-Fr. Millier, Zool. daii., pi. Hli. — — M. Edwards, Coralliaires , vol. J, \). 2'(ii. Nous avons observé cette espèce vivante sur la grande huitre Pied de cheval et elle nous semble parfaitement distincte. Le corps est d'un jaune pâle un peu sale et tirant sur le gris. H est un tant soit peu strié longiludiualement. 11 présente de grandes variations do longueur et de diamètre. Il s'étend à la longueur de deux à trois fois le dia- mètre du pied, et souvent s'étrangle vers le milieu. Les tentacules sont très-nombreux, assez réguliers et serrés les uns contre les autres; leur longueur, comme leur grosseur, ne varie guère dans les cir- constances ordinaires. Ils forment une sorte de collerette autour de la bouche, quand l'animal est fatigué et légèrement contracté. Les tentacules sont blancs, assez transparents, offrant quelquefois une strie brunâtre longitudinale. Nous avons vu, à travers l'épaisseur de la peau, le liquide de la cavité générale circuler dans les tentacules. Le liquide mon- SIR LHISTOIRE iNATURELLK DES POEYPES. i»l tail régulièremont dans un sons, puis dcscondail avec la même régiilarilé en sens opposé. Ces tentacules peuvent acquérir le double au moins de la ionguenr (iu"ils ont habituellement. Autour de la bouche, des stries d'un jaune de soufre partent en s'iri-adianl vers les tentacules. Il n'y a certes pas de tubercules calicineux placés en dedans de la cou- ronne tenlaculaire, comme Ol.-Fr. Muller l'avait soupçonné. C'est sans doute un dessin peu achevé (|ui aura donné lieu à celte erreur. Celte espèce vit fort bien dans les aquariums. ACTINIA CRASSICORNIS. Zkesciiaft, Ba.stcr, .V(((»»(/,. iiilsjj., Ul''" dcci, [). 140, pi. XIII. Après VActinia plumosa, c'est la plus grande de nos espèces. Elle a les tentacules fort gros, ce qui lui a valu son nom spécifique. Cette espèce est commune sur nos côtes. On en voit de toutes les nuances , et nous ne pos- sédons pas d'animal à couleurs plus vives. On rencontre souvent plusieurs teintes sur un seul animal. On en voit de rouges, de brunes, de vertes, de blanches et d'oranges j souvent ce n'est qu'une partie du corps qui est colorée. On la trouve sur les pierres et les huîtres. Cette espèce est difficile à conserver au delà de quelques jours dans les aquariums ordinaires. Baster a vu cette espèce donner des petits vivants. Au jardin zoologique de Hambourg, on conserve cette espèce parfaite- ment en vie ; nous y avons vu un grand nombre d'individus qui étaient là depuis des mois. C'est que non-seulement l'eau est renouvelée dans ces a(|ua- riums, mais on injecte constamment de l'air pour remplacer l'effet des vagues. Nous ferons remarquer en même temps que l'on y fait une distribution de vivres pour ces animaux inférieurs comme pour les mammifères et les oiseaux, ("ihacun reçoit, à des intervalles réglés, sa pitance de moules ou de poisson. 19^2 RECHERCHES ACTINU PLUMOSA Ol.-Fl". Mull. AcTiMA PLUMATA, Ot.-Fr. Millier, Zoolog. danim., 111, pag. 12, lab. LXXXVIII, fig. 1-2. Cette espèce atteint jusqu'à un demi-pied de longueur. Elle a toujours des couleurs pâles uniformes; quelques fois elle est toute blanche. Ce qui la distingue surtout, indépendamment de la taille, ce sont les lobes qui entourent la bouche et le grand nombre de tentacules qui les recouvrent. C'est l'espèce qui vit le mieux dans les aquariums. On conserve plus faci- lement les jeunes que les adultes. VActinia plumosa est fort abondante sur notre littoral. C'est l'espèce que les pêcheurs trouvent le plus souvent sur la grande huître Pied de cheval. Les actinies, même les espèces ordinaires, sont, dans certaines circon- stances, gemmipares, mais ces circonstances sont difïïciles à apprécier. J'avais une Actinie de cette espèce en vie depuis un an. Je l'avais apportée très-jeune. Dans ces derniers temps , elle a bien mangé et elle s'est beau- coup développée. Elle s'est fixée elle-même sur les parois latérales du bocal, aussi haut que possible. 11 faut qu'elle incline le corps pour que les tenta- cules soient immergés. Un jour j'avais remarqué une languette poussée par le pied, coiiime si, en se déplaçant, elle avait laissé aux parois une partie effilée de son dis(|ue charnu. SUR LHISTOIKK NATIUKLLE DES POLYi'ES. 195 Mardi. — Il s'élèvo au milieu de la laugiielle une jeune actinie pourvue de deu\ rangs de tenlaculos; un rang interne, coniprenanl les })lus grands, au nombre de huit, alternant avec un rang plus petit placé en dehors, comme on le voit chez les polypes à deux rangs d'appendices. Mercredi. — La languette a entièrement disparu. Les individus se sont séparés. On ne pourrait soupçoimer sa filiation. L'aclinie-mère, qui a donné ce gemme, a pris, quchpies jours après, le caractère de VAclinia dkinthus dans la disposition des lobes tentaculaires. J'ai eu , dans le même aquarium , une actinie avec deux bouches , et à chaque bouche sa couronne ordinaire de tentacules. Les cavités digestives étaient en communication. Souvent, quand j'en nourrissais une, je voyais, au bout de peu de temps, l'autre évacuer le résidu. J'avais donné un jour une néréide à manger : elle était saisie avec avidité; une partie entre par une bouche, tandis que le ver se tortille et se débat par l'autre extrémité. Succes- sivement la néréide y passe cependant, et, quelques heures après, je vois l'autre bouche évacuer la peau avec les piquants. Je les ai vus très-jeunes ainsi, et je crois que, dès le principe, ce sont deux embryons soudés ensemble. Elles sont sœurs. • ACTIMA TROGLODYTES JohuSlOU. (PI. XlX.fig. 7.) Celle espèce vil cachée dans le sable; elle est commune sur nos côtes; elle se tient surtout au fond des flaques d'eau, au milieu des katei/eii. On en voit de toutes les couleurs. Elle vit très-bien dans les aquariums. AcTiNiA EQuiNA Linu. Pa.vudeschaft, Houttuyn, XIV, p. 275, n° I , pi. XIX, (ig. I. Cette espèce, de couleur brune lie devin, de la grosseur généralement d'une noix, se trouve en abondance dans la Manche, sur les côtes d'Angle- terre et de France, el se voit beaucoup moins souvent sur nos côtes. Elle a la vie très-ténace et résiste parfaitement dans les aquariums. Nous avons étudié de très-jeunes Aclinia equina, et pendant assez long- \U RECHERCHES temps nous avons porté toute notre attention sur le mode d'apparition des tentacules. Le résultat de ces recherches s'accorde parfaitement avec celui que 3131. Hollard et Milne Edwards ont obtenu il y a quelques années. Le premier cvcle de tentacules qui se forme est de six, et ces six tubercules, qui deviendront tentaculaires, sur- gissent à peu près simultanément. Six autres tentacules apparaissent ensuite pour former un second cycle en dehors du premier et alternant avec lui. A ces deux premiers cycles de six succède ensuite un troisième de douze tenta- cules, qui est suivi à son tour par un cycle de vingt-quatre et ainsi de suite. ACTINIA EFFOETA LinU. Deiidc soort van zEE-sciiM-TEN, Baslci', Nutiiiirlc. vitsp., 111" part., pag. 141 , pi. XIV, (Ig. 2. Nous avons trouvé celte espèce, très-facile à distinguer de toutes les autres par ses lignes pâles longitudinales, sur des huîtres. Elle n'est pas commune. Elle ne se conserve pas très-bien dans les aquariums. ACTINIA GEMMACEA Eli. et Sol. (PI. XlX.fig. 0-6.) Cette actinie habile surtout les grandes profondeurs. On la trouve quel- quefois en abondance sur des pierres, des coquilles ou d'autres corps solides. Elle présente un grand nombre de variétés. Le corps a de deux à trois centimètres de diamètre. L'animal est hémisphérique pendant la contraction, en forme de cylindre tronqué aux deux bouts pendant le repos. La surface du corps est couverte de tubercules, quelquefois disposés en ligne droite. Les tentacules sont assez massifs et couverts de marques arrondies pâles. La couleur est très-variable. Nous citons les deux polypes suivants, d'une famille toute distincte, non pour les avoir observés sur nos côtes, mais parce qiie nous avons eu l'occa- sion de les étudier en vie. SUR L'HISTOIRE NATURELLE DES POLYPES. 19S Balanophyllia uegia Wood. (PI. XIX, fig. 10-11.) ' i Le corps est d'un jaune orange. Les tentacules sont coniparalivement étroits, hérissés et terminés par de petites pelotes spiculifères. Ils sont placés irrégulièrement sur deux rangs. Nous avons reçu ce polype des côtes dWngleterre. Il vil fort longtemps dans l'aquarium. Cauyophillia SMrnin Slokes. (PI. XIX, (ig. 8-9.) Synonymie. — Cvathi.n.v Smithii, Duim. zooph., p. ^St, 184(i. — — Milne Edwards et Hainic. /!««. .se. /(((<., 5""= sér., t. IX, 1848. Nous avons observé ce polype assez longtemps, vivant dans nos aqua- riums; il provenait également des côtes d'Angleterre. Les tentacules sont sur deux rangs, mais très-irrégulièrement placés; ils sont tons terminés par un bouton spiculifère. L'animal est de couleur orange; le polypier grisâtre; il a la vie dure dans les aquariums. GORGONAIRES. Pennatulaires. Ot.-Fr. MiiLLER, Zoolmj. danica, 1788. Maitland, Fauna beUjii septentrionales; Lugduii. Bat., 18,)1. S.vRs (Asbjônison) , Fauna lit toi: Norvecjiae. Herki.ots, Pennatulides , Rydragen voor dierkunde; Amsterdam, 1838. Ce groupe si remarquable de gorgonaires n'a pas de re|)résentant sur nos côtes. Nous en avons cependant des espèces au nord (!t au sud , et l'une d'elles s'étend même des côtes d'Angleterre jusqu'à la parlie septentrionale i% HECHËRCHES de la NorAvége; on cite même une espèce, la Parayorgia arboreu, coninu; caractérisant la mer du Nord, avec un autre polype, le CaryophiUia Snti- thii, dont nous venons de parler '. Ot.-Fr. Millier cite la Goryonia pinnata de la côte de Norwége, partie septentrionale. Zool. dan., pi. CLill, pag. 37, IV" partie. Johnslon cite la même gorgone, d'après Mac Andrew et E. Forbes, du Sound ofSkye, British zoopiiytes, S*" édit., pag. 168, pi. XXXIII, fig. 1-3. La Cioryonia placonms est citée par Ellis, Corallines, pi. XXVII, a, n" d , des côtes de Cornouailles. La Goryonia anceps est signalée également par Ellis sur les côtes près de Margate et d'Irlande. Ellis, Corallines..., pi. XXVII, n° 2, 9. La Goryonia verrucosa se trouve avec la Goryonia placonms sur la côte de Cornouailles, Johnslon, Brilish Zoopiiytes, 2*^^ édit., p. 166, pi. XXXII, fig. 1. Nous ne citons ce groupe que pour mémoire, n'ayant jamais vu d'espèce de pennatulide dans nos parages. Il y en a cependant qui s'y rencontreront tôt ou lard. La Pennatiila phosphorea, entre autres, qui habite à la fois la mer du Nord et la Méditerranée, ainsi que la Pennahda (Lygus) nnrabilis, qui a été vue dans le Shayyer rack et à Flessingue '. Johnslon décrit trois espèces de pennatulidcs dans son Histoire naturelle des zoophyles britanniques. Sur la côte de Norwége il ne se trouve pas moins de sept espèces, dont cinq dans les parages de Bergen "' • 1. Pennalula phosphorea Linn. 2. — horealis Sars. 3. Viryularia mirabilis Midi. 4,. — Limnarchica Sars. 5. Pavonaria r/uadraHyularis Blainv. La Foliculina (/uadranyalaris de Pallas, est de l'île de Kerrera, côle d'Ecosse \ ' Miliie Edwards, Ilisluiiv ituUin-lle des Curulliaires , vol. III, |i. 403. •i Ot.-Fr. Miillcr, Zoo/, dan., |d. XI, Maillaïul [mina Belijii srpiciilrion., pp. 5(i et ;J7, Hri- klols pcniiatitlidvs... ■> Sars, Fuuna lilt. .Vorvegiac, p. 92. ■i Johnslon, Brit. Zuoph., 2' édit., p. 104, et Ilcrklots, Peimatuiides , p. 8. SUR LIIISTOIUE NATLUELLE DES POLYPES. Iî)7 La Virgularia y^anbenedeml , que M. Herkiots a bien voulu nous dédier, est établie sur un exemplaire ([ue nous avons reçu avee plusieurs objets de la nier du Nord, et nous ignorons si M. Herkiots a des motifs de croire cette espèce originaire d"Ainéri(|ue '. La Scijlaliiun Sarsii est établie par lAL Her- kiots sur des exemplaires portant sur Tétiquelle : mer du Nord. ALCYON AIRES. Si les espèces de ce groupe sont peu nombreuses dans nos parages; il est vrai de dire qu'il y en a une qui, par son extrême abondance, établit une large compensation : à une certaine profondeur, il n'y a pas un corps solide {|ui ne se couvre de Talcyon suivant, et les fdets des pêcheurs en sont souvent littéralement pleins; c'est par tombereaux qu'ils pourraient en recueillir. Alcyonium DiorrATUM Linn. OuDEMANSDUiMEN, Baster , Naluurk. uilsp., I, p. 27, pi. III, fig. 0-7. Cette espèce est tellement commune dans la mer du Nord , qu'il serait diffi- cile de retirer du fond, à une certaine profondeur, un corps solide quelconque sans y trouver de ces polypes. Nephtyv robust.x Van Ben. Nous avons trouvé cette espèce avec d'autres polypes et bryozoaires, (|ui avaient été recueillis dans la mer du Nord ; nous ne l'avons jamais vue sur nos côtes. Le Briaremn arborewn Linn ., qui atteint presque à la hauteur d'un homme, et le Briaremn grandi/loruiii Sars, vivent à la profondeur de 100 à 250 brasses sur la côte de Norwége -. ' Herkiots, PennutuUdes , p. 12. - .Sar.s, Faiiiia liitor. .Xorrcgiae, p. fi2 , pi. X, fig. 10-12. 198 RECHERCHES SUR L HISTOIRE NATURELLE, etc. Le Rhizoxenia jiliformis Sars, a élé trouvé une seule fois à une profondeur de 30 à 40 brasses à Manger ^ SPONGIAIRES. BowEUBA.NK, A monogvuph of Ihe In-itisli spongiitdœ (The Ray Society), in-8°; London, 1864. Ces animaux produisent des œufs et des sacs à fdaments spermatiques. Les embryons, au sortir de Tœuf, sont ciliés et nagent librement avant de se fixer sur un corps solide. Cbaque embryon forme le commencement d'une colonie, et toute cette progéniture d'une communauté est produite par voie gemmipare. Des colonies se forment aussi quelquefois par l'agglomération de plusieurs embryons. Dans chaque embryon il existe un tube membraneux qui se contracte et s'étale, et dans lequel le liquide de Textérieur pénètre, pour être ensuite évacué. Ce tube représente bien le tube digestif des polypes, mais un tube digestif sans tentacules. Les spicules constituent la charpente et représentent le polypier. On trouve également dans les éponges des expansions sous forme de fda- ments ou de massues, comme dans certains rhizopodes. M. Allman en a signalé de semblables dernièrement dans un Sertularien. Nous trouvons donc chez ces animaux tous les caractères des polypes, et, ce qui plus est, la transition des formes élevées aux éponges en apparence les plus dégradées. Les alcyonaires ont déjà plusieurs caractères des spongiaires et font évidemment la transition. Chalina oculata Bowerbank. Spongia oculata Linn. Cette espèce est fort commune sur nos côtes. On en trouve sur la plage, à toutes les époques de l'année. ' Sars. Fcmna littor. Norvegiœ, p. 65, pi. X, fig. 15. EXPLICATION DES PLANCHES. PLANCHE I. CyANEA CAl'll.LATA. Fig. J. Deux strobilcs, d'un nge difTérenl, attachés l'un à l'autre parle scyphistonie, observés le 6 mars. Le strobilc a montre onze méduses, que nous avons suecessivement vues naître: le 8 mars, n" I se détache; le 9 mars, il s'en détache trois le même jour, mais pas en même temps. Le 10 mars, n"" 5 et (i deviennent libres; le H mars, 7 et 8; le 12 mars, la neuvième; le 15, la dixième et, le 14, la onzième. Le pédicule n'a encore aucune apparence de tentacules, et ces mêmes organes sont presque com|)lé- temcnt absorbés au bout. On ne Aoit plus que des traces des anciens tentacules. Le strobile b est beaucoup plus jeune; les tentacules sont encore Irès-dévcloppés et entourent l'ancien orifice de la bouche. On voit huit téléons en voie de formation. Ces tentacules sont extraordinairemcnt variables; ils s'épaississent ou s'allongent et changent constamment d'aspect. n 2. Le même n" b, vu le 7 mars. Il n'y a que le bout libre du strobile qui soit figuré. Les segments ou futurs téléons se séparent pins nettement, les bords se découpent en festons et les tentacules s'épaississent en même temps qu'ils perdent de leur vitalité. » 3. C'est la première figure, observée le 9 mars au soir, c'est-à-dire trois jours plus tard. De grands changements se sont opérés dans les deux strobilcs. N° a montre d'abord des tentacules au pédicule, qui va continuer seul la \ie du scyphistome. Ces tentacules sont tous nés au bout de ces trois jours. Trois méduses se sont détachées de la communauté. Toutes les autres méduses sont plus nettement séparées les unes des autres. C'est surtout à cette époque du développement que ce strobile, qui systole déjà régulièrement, ressemble à une crinoline à Volants son- levée par le vent. Le strobile b est aussi beaucoup plus avancé; les anciens tentacules sont pres(]ue flétris, mais les nouveaux n'ont ])as paru encore. On compte le même nombre de segments, 8. WO EXPLICATION DES PLAÎNCHES. Fig. 4. Le sli'obile b, vu le 12 mars. 11 compte douze segments distincts dans sa longueur; nous n'en avons représenté que neuf. Le point le plus intéressant, c'est la présence (les derniers vestiges de tentacules appartenant à l'ancien scypliistome. Encore quel- ques heures, et il n'en restera plus aucune trace. Le dernier segment sera semblable aux autres, quoiqu'il ait porté les tentacules et la bouche de la mère scyphistome. Nous n'avons pas juge nécessaire de représenter le strobile a, qui porte ses trois derniers téléons. » 3. Le même strobile double , vu le 15 mars, c'est-à-dire qu'il est huit jours plus âgé que le n° 1; a et 6 sont les mêmes; a est muni de ses tentacules presque complets, mais il a donné tous ses téléons, à l'exception des deux derniers. Le strobile 6 est fort inté- ressant et a subi aussi de grands changements. Le !) mars on ne comptait que huit segments, et depuis le 9 il s'en est formé six nouveaux. Les derniers sont les pins âgés et ont suivi régulièrement le cours de leur évolution. Le téléon terminal a com- plètement perdu ses tentacules. PLANCHE H. CVA.NEA CAPII. LAÏ A. Fig. I. Les deux strobilcs figurés sur la planche précédente a cl b , à coté de deux scyphis- tomes, tous de grandeur naturelle. Le 13 mars a a déjà donné ses méduses, 6 |)as encore. Les tentacules flottent librement et font l'ollice d'un filet. On peut juger |)ar cette figure de la grande coiitractilité de ces organes préhenteurs. » 2. Le scyphistome « est le môine qui a donné toutes ses méduses , et 6 celui qui va les donner. Nous n'avons figuré que le dernier segment de b. » 5. Un scyphistome plus grossi, montrant une méduse qui est sur le point de naitre. » 4. Le même, sous un autre aspect. • 3. Méduse qui se détache. I- C. La même complètement détachée, vue de face avec ses capsules sensitives. » 7. La même , vue du côté du dos ou en haut, pour montrer sa forme gracieuse. » 8. Une jeune Cijanea caplUatii de grandeur naturelle, pêchéc en avril. » 9. Une capsule sensitivc. » 10. Les appendices de la jeune Cijanva à leur début. PLANCHE IH. GniiYONOPSis FoiiBESii Van Ben. Fig. I. Lanimal, vu de profil, de grandeur naturelle. Ce dessin est fait sur le vivant, coinuu' les suivants. » "1. Le même, vu un peu obliquement, inonlraiilses quatre testicules le long des caiiaiiv. » 5. Le même, vu d'en haut, montrant les mêmes organes. EXPLICATION DES PLANCHES. 201 Fig. 4. Le bord de lombrcllc, pour niontirr la disposition et surtout la continuité di-s cinlii's ruai'ginaux ainsi que le canal circulaire. » 5. Une des franges isolée. » fi. Un testicule plein, appendu à son vaisseau. PLANCHE in. LizziA ()(:topu>ctata Sars. Fig. 7. La méduse complète, vue de profil, montrant ses quatre canaux gastrovasculaires, ses gemmes autour de l'estomac et les faisceaux de cirrhcs dans un état de con- traction. • 8. La même, vue obliquement du côté de la bouche, montrant le diapliiagmc, l'estomac et ses gemmes, ainsi que les huit faisceaux de cirrhes. !). Un estomac isolé, montrant les cirrhes de la bouche et les gemmes en voie de déve- loppement. L'animal s'est retourné spontanément, de manière ipu' le manubrium et les œufs sont devenus externes. » 10. Un des cirrhes de la bouche isolé. » U. Un faisceau de cirrhes isolé, dans un ('tat de légère contraction. » \± Une jeune méduse sur le point de naître par proiilication, montrant d'autres gcnmics à sa base. » 13. Toute une grappe de gemmes à tous les degrés de développement. — D'après cette figure on peut juger de lu rapidité de leur multiplication. » 14. Circe hyalina Van Ben. ; on voit à côté l'animal de grandeur naturelle. PLANCHE IV. TlUULARIA COnONATA. Fis. I- Un bourgeon téléopare. 2. Un autre, un peu plus avancé. Un œuf apparaît. » ô. Le même , plus développé. » 4. L'embryon se dessine mieux. » a. Le mcnic, montrant les rudiments des tentacules de WUrophioii. » 6. Les quatre tentacules de l'atrophion sont presque développés. » 7. L'embryon dans l'intérieur est tout à fait distinct sous forme de disque échancré légè- rement sur les bords. — La capsule, ou atrophion, est à j)eu près complète. S. La jeune tubulaire est formée, et deux autres œufs s'aperçoivent à côté. » 1). La jeune tubulaire isolée. » 10. Une grappe d'atrophions niàles attachée encore à un tentacule. » 1 1. Un atrophion mâle isolé, (pii laisse échapper des spermatozoïdes. 26 202 EXPLICATIOIN DES PLANCHES. PLANCHE V. Fig. 1 . Syncorijiia Johnstoni. Un polyjjiile isok'-. i> 2. Une colonie du même avec de jeunes polypules. » 3. Un tentacule isolé. ï) 4. Syncoryna pusilla. Téléon Irouvé libre dans l'aciuarium. j) 5. Syncoryna listuri. Un polypnle isolé avec un téléon en voie de développement. » 6. Syncoryna Lovcnii. Colonie conijilète. » 7. Un polypule adulte isolé. » S. Un autre jeune, vu à un plus fort grossissement. PLANCHE VL ElDENDIUIM lUMOSUM. Fig. 1. Un liydrier fortement grossi montrant la véritable physionomie avec ses poly])ules et ses capsules de téléons. Le grand polypule est étalé et montre la tige qui le ])orte garni d'anneaux; l'autre tige porte au bout un polypule légèrement contracté et , deux capsules, dont l'inférieure est la ])lus âgée. On voit dans ce dernier la cavité commune en communicalion avec la cavité de l'estomac, les canaux gastrovascu- laires, les quatre palpes et le coraraeneement des cirrlies marginaux repliés à l'in- térieur. PLANCHE VIL EUDENDRIUM RAMOSUM. Fig. 1. Un téléon en voie de développement dans sa capsule. Il n'existe encore ni cirrlies ni palpes. » 2. Le même, un peu plus avancé, montrant ses cirrlies. » 5. Le même presqui; complet. » 4. Le téléon détaché, vu de profd. » 5. Le même , vu de face. » (j. Le même, vu à un plus fort grossissement. On voit distinctement : l'origine des canaux gastrovasculaires et leur communication avec le canal circulaire; les quatre palpes buccaux avec leur sommet pelotonné, mais simple; les huit cirrhes marginaux pou- vant s'étendre et portant cliacun de capsules de sens. » 7. Le lobe qui porte les cirrlies, vu en dedans. » 8. Le même, vu en dehors. PLANCHE VIII. ■1-2. EUDENOniL'H PUDICUM. Fig. 1. Polype, parfaitement épanoui, sur un Uha faiblement grossi. » 2. Une petite colonie, vue à un grossissement un peu plus fort. EXPLiCATIOrS DES PLArsCHES. 205 Ô-4. EUDENDHIIM CO.M'EIITLIM Altlt'l'. Fig. .". Une tige de Tiibiilaria indivisa, scrvnni de soutien à un Aplydium, sur laquelle sVtale VEudendvium roii/hittm. » 't. Le nu-mc. vu à lui plus fort grossissement. PLANCHE IX. DiNEMA Slabberi Vau Ben. Une colonie complète. On voit en a\aiit deux polypes complets entièrement épanouis; un peu en dessous, deux méduses en voie de développement; plus bas, deux jeunes polypes également épanouis, |)uis deux autres méduses, dont une est presque com- plètement développée. On voit les cirrhes repliés dans l'intérieur. PLANCHE X. DiNEMA Si.ABBEiii Van Ben. Fig. 1. Un bouton à méduse. " 2. Le même plus nvancé et dans lequel on reconnaît déjà la méduse future. • 5. Le même. » 4. On voit distinctement les canaux gastrovasculaircs et le pédicule stomacal. » u. La méduse est presque complète; les deux cirrhes sont encore enroulés. » G. La méduse libre ou le téléon avec ses cirrhes étendus. » 7. Le même téléon. » 8. Le même, vu du côté du dos pendant la contr.nction. » 0. Le téléon complet. » -10. Un téléon péché au petit filet. PLANCHE XL HïDRACTI.\IA ECHINATA. ( f-4 mâle; 5-9 femelle. ) Fig. 1 . Une colonie mâle. ■ 2. Un téléon mâle au début de son développement. . » ô. Le même im peu plus avancé. *» 4. Le même près de sa maturité. » j. Une colonie femelle. • fi. Un téléon (atropbion) femelle rempli d'œufs. » 7-8. Deux (Dufs en voie de formation. 20i EXPLICATIOrS DES PLANCHES. 10. Hydractinu tenuissima Nov. sp. Fig. 9. Une colonie, dont un individu est coraplétement épanoui, et deux autres légèrement contractés. Fig. 10. Un individu épanoui. « 11. Un autre contracté. 11-12. Hydractinia solitaria Nov. sp. PLANCHE XII. Cladonema hadiatu» Du Jardin. Fis. '• Téléon complet, entièrement épanoui avec ses cirrhes ramifiés. » 2. Deux faisceaux de cirrhes isolés. » 5. Téléon vu de profil, avec les cirrhes encore simples. » 4. Un autre téléon avec ses organes sexuels développés , les cirrhes ramifiés et complète- ment étalés, pendant que les cirrhes à ventouses se tiennent amarrés aux parois. !• 3-6. Bouche et spicules de profil et de face. » 7-8. Parois de l'estomac, vues de profil et gonflées par les œufs. PLANCHE XIII. Cajipa.numna tenuis V. Ben. Fig. 1 . Une colonie grossie, montrant : 1° a. Un polype parfaitement épanoui et en repos; les tentacules formen( une double couronne. 2° b. Un autre polype, également épanoui, mais dont les tentacules sont flottants, tels qu'on les voit quand l'eau est plus ou moins agitée. .5° c. Un polype ne montrant que la partie antérieure du corps avec tous ses tenta- cules recourbés en arrière, pour montrer la membrane qui les lie à leur base et la bouche ([ui s'ouvre en large godet. i° d. Une loge de campanulaire montrant un polype retiré. 3° e. Une loge de méduse montrant un individu en place presque entièrement déve- loppé. On distingue les principaux organes à travers les parois. G" /. Un bourgeon en voie de devenir polype. » 2. Trois tentacules isolés montrant la membrane qui les unit à la base; le tentacule du milieu est complètement épanoui, l'autre est contracté. » 3. La méduse devenue libre montrant ses deux longs cirrhes étalés. » 4. Le bord du cercle avec le tentacule rudimentaire et les deux capsules sensilives. » 3. La méduse vue d'en haut. ï (i. Parois de l'estomac et cirrhes marginaux. EXPLICATIONS DES PLANCHES. âOri PLANCHE XIV. Cami'amilaria volubilis. Kig. I. Einbr\ 011 libre ri tout, cilié. » !2. Le nièintî sous un autre aspect. » 15. Le iiiènie qui se fixe. » 4. Le même qui eoinmencc la forinalion d'une colonie. » a. Le même plus avancé. » 0. Le même avec deux polypes complets. 7. Outre le polype, une capsule s'est l'urméc. » 8. Le téléon mûr tic grandeur naturelle. " !). Le même un peu plus grossi. » 10. Le même plus Ibrlemcnt grossi, vu de profd avec les cirrhcs légèrement retirés. Campanulahia gelatinosa. Fig. H. Téléon dans sa capsule, montrant déjà les organes sexuels complets. » 12. Le même isolé et retourné, montrant au milieu la cavité de l'estomac, les quatre canaux droits et les ovaires. » 15. l'n (le ces ovaires isolé. PLANCHE XV. 1-4. Campanulahia uichotoma. a-13. Campanulahia lacerata. Kig. I. Campanulaire épanouie dans sa loge. » 2. Un atrophion femelle avec œufs. » 5. Un atrophion mâle avec spermatozoïdes. • 4. Spermatozoïdes isolés. Campaxulabia lacerat\ Hincks. Fig. 0. Un atrophion femelle avec planule. » 6. Une planule isolée et ciliée. ■ 7. Une autre un peu plus avancée. » 8. Une planule fixée par sa base; le polypier apparaît; elle a quarante-huit heures. » 9. La même un peu plus avancée, montrant le futur calice. » 10. La jeune campanulaire apparaît. » H. La même jeune campanulaire. » 12. La même dessinée deux jours plus tard; le calice est presque complet , mais il est encore fermé. » 13. Le polype est complet et épanoui dans sa loge. 206 EXPLICATION DES PLANCHES. PLANCEIE XVI. SEniULAIlIA CUPRIÎSSOÏDES. Fig. 1. Une colonie femelle de grandetir naturelle. » 2. Une loge montrant un polypule épanoui. » j. Un télcophore vu de faee, montrant les œufs dans le téléon. » 4. Le même, vu de coté, montrant des œufs plus mûrs, enfermés encore dans leur téléon. 5. Un tentacule isolé. (i. Un embryon cilié sous sa première forme. 7. Le même un peu plus avancé. 8. Le même encore plus avancé. 9. Un embryon qui vient de se fixe)'. » 10. Le même. H. Le même encore. 12. Le disque sest étendu, un polypule est formé cl un nouveau est en voie de formation. • 13. Le même montrant distinctement sa loge. t PLANCHE XVII. 1-8. SEirm.AiiiA RU(;os-(. Fig. 1. Une colonie. » 2. Une autre colonie avec téléopliore. » 3. Une loge montrant le polype épanoui. 4. Un polype isolé. » 5. Un tentacule isolé. » C. Le bout d'un tentacule, vu à un piu^; fort grossissement. » 7-8. Deux œufs du même. 9-10. DlNAMEiVA PUMILA. Fig. 9. Une branche avec deux loges à poly|)Cs. » 10. Une colonie avec polypes épanouis. PLANCHE XVIII. TllOA IIAt.ElINA. Fig. 1. Une colonie entière, vue à un faible grossissement. » 2. Une branche avec des loces. lAPLICATION l)i:S PLVP^CHES. 207 Fis- 3. Une iiiilrc hraiichc isolée niorilraiU des ))ol\ pcs ('iMiiouis el. des lo!;(.'s. » i. Une lojîc ou téléophoi'e avec deux polypes an boni. » a. Un polype dans sa loge. » fi. Un polype isolé. i 7. Un Icnlaciilc isolé. » S. Un léli'onhore avTo o'iil's. l'LANCIIK XIX. iMg- l-i. Adiiiid cocciticit. » 5-6. — ijcmmucm. Il 7. — lr()jtcs. !) 8-9. Caryophylliu Siiiitliii. » 10-11. lialaiiophyltid regia Wood. UN DE I/KXI'LICATIO.N DES l>L.\i\CIIES. PI. SI ^. ^'¥^, > ^A-A_ I ,iu-- V ^^' W' i\''.n 0 " V , '^M 'SU. ,--^"i^.',K Vu*- ,1 tyijle>isi/ûn aj I,j/i ffsrt^ Seycrey-'i^ ■^i'':-ii^' '. '•: ^ ■^ r> ^" c)' I --^^5 .-\- PL II I î^.,, f ■^•##4^ v-fî'v y; '/ s :i '^ tn. J^.JPaM^nêdôfz &£ ^ai. St. ^jIù7 p'':^t/ Sei'ôr^/ni^ JjtÂ.iJà^Àca^f Hf^y PI. III / .■:.-: -i'|v&,.^ 4. .---**-. \ -/ i tf A, ', T|- (A -■•■ ' ^ ..^ V_._. . / ^s.. ^ .p ri' ''^ " il ^ JO f f ^: 4. J2 «^"'\,>iii^t.^' - /S /-f '- ird/ti.ènear'fi ~a ^.ax. -iei jZtÂ.paj-i/. Seyér^yis" j^^.deJ'Acaa JuT}' PI. Illl .f*?;.. m. ■ '^f /. 3^ ■ - ,/ /à' 'k ,y ,nB^: .7 i <-' / •^U--' tf i 7 y^y.c?5f\-. >. ^1 ./' !-, /^ il o |. iî ... XV é -.il .M '*i ■/»- ^s^' ^ \'* ^ ■ A -' U '/ -1^' ''^ ■ i Pl.\lll a>. a^sî Mi*' 3 : ^ m 4 Tir — 'x^ ^ .0 0/ m \\ 'P f-^^ >'»y'' t/^! ^^• --«^° .^ . i/r S^reââK ajd ^ax. «/é.' r /C'^-S'-'^fwrgy/gs'J.'rÀ Je-J'Aca^.rîûy. M s.;,^. ° *?.«>■ " •* *i- . ^ V*"- \'^' V.*. e. y L PI. IX ^ ?.J.Pk/Z^^^0f2rl^ Jtât =^- PI.X *-.^ ■5?'. / ■ '- #. J 1 4 # (#^ ^>4 \ «-•■■ \ ,) ■f /t) .J ■^!; .%^ 7 -^jV P#: -t' ?J'.-kn .?»?*?> az' ^âi, .^Z. /,:' r^rff Seyerey/i^ ]jtJit£^âJ'Acsd.ÀJ) pi.xr. -' i ^/^ o . „_ '.!l*î-.'î 7 1 f **^% '■•■ /■? '^-> '., ■ fc' 'A À 1 < 1 i '"''-•s .0 \ ' ' '/ yà/73:7â^f7 au ^dt. a^. Seyerffy/:^ 2ii^ iie^'ÂcaÀ 7icy PI. XII s m ii^ '1 ,*ec'^ 6 « \ i ■<*., \i ..-,^'; r / a 4« .4 «1 \ -^ r I *^ a. ,tf ^'^ ^ / •'df!Ji^'!Me". ,:j :\t:.ae- '' ^eivnevris lîM :/ffj>u^ j'iù/. pi.xni K / V / 1 9: ^'P \ 9 F* ÀoJw y f* y 1 \-\ .. ;^ A -.•^-r'.Ç^- 5^îV' i V... f^' ^^ 'M S .' ta. '<^^ %' .>'^. -'.m-. m ^'■Si: ^•' 7 ^■Î5^, :^'»-*^ .î> # PI.XlIll ^^'' -m^ rs % .->' V «■«t /'.î 'i'î^Vf iCfft ^ysr^^^>^Ji6^ JeJ'AcaÀ. 7ù?y. ""i^'; ^.^ 3ïf*S '~îiL 7J /fl ,vV m H s 72 4% •% 4^ .:•, PI. XVI »?? ■^^^ # />' ^ •V yj -~'ïiï:-'. >>- /l ^ l kl 3sr:3St>1 ^S rttU. Jel. l.itÀ parâ'Seye'VYns'i!^ ieJ'AraJ.Ttcy. Pl.VVll. ^\ > i " "^ ^, .7^ \ ' i v.'. / " JC ' '^1 à' i /- m w : A f X ..-■'* .•' * » ■•--^>. ¥ /■■■ ... ifr.m. ,■■:■■ J ./ : . V •■■■-• ' - •M^;f'' ..... /h- •i _.. ■" .'j /,> l'J.l'knJensaûn aj. naz. iel. MicAjoariÂSeyensy/i^Jit/iJsL'ûrîâ.Ii:!}-. m 7 >* Vi ,1^ i' xi' y V ■^: /-. iimii "i^ry^-î^' ^=-;i*SîS:< 1^ ■m%. f0.- v>>!^~ y. ■•> .j" k .As t. ,1!) ,,,-,. ^,^v^ î X î § pi.xvin I*.Jld/i3snsaé^: âd 'd.t. ^2el_ Zjéi psr^ Severeyfhs- Mt^ hl'Ar^i J^^^ //^ fE» .'y V \'m %--^ y ■WÀ:^-'^ > -> s m- *>V, Itrj^^ •*•, .iSi»V i-^- -A. P. •> *■•:; {■ (/ ^- ■• ;ii: U \^ :y «^.-, ;^^ * *<'-^ \ 1?S^ 1 1 A. €i Ti â' liJ.'idM^ir^n -J. r.3.t. Jc- ys^:-.^ ■%- ■ mé S-"' " if i pi.xvini yy .{'i;£^- > :«. ^^>' i* I '^i' .#:*^-^^ - Ji^ Lit^ ^srffS^i-ere}'iS'M ieJATLi Âyy^