L eque ol/ Bibl: ccard sculp X.Ma a 2 v D d a « vd 4 © DIVISION VARINE CAS. 1963 RECHERCHES SUR L'ORGANISATION VERTÉBRALE DES CRUSTACÉS. DES ARACHNIDES ET DES INSECTES. | IMPRIMERIE DE J. TASTU, RUE DE VAUGIRARD, Ne 36. 45] RCS ZE | RECHERCHES SUR L'ORGANISATION VERTÉBRALE , DES CRUSTACÉS, DES ARACHNIDES ET DES INSECTES. | PAR J, B. ROBINEAU-DESVOIDY, DOCTEUR EN MÉDECINE. ORNÉ D'UNE PLANCHE REPRÉSENTANT PLUSIEURS FIGURES POUR SERVIR À L'INTELLIGENCE DU TEXTE. LL % Animal , naturä semper consimili ,organis semper diversis; in Semet ip5o solo totum continetur. * PARIS COMPÈRE JEUNE, LIBRAIRE-ÉDITEUR , RUE DE L'ÉCOLE DE MÉDECINE, N. 8. 1828 À À PRE, ad ed AL a SN RES En ee A MON MAITRE, ÉTIENNE GEOFFROY SAINT-HILAIRE, DONT LES OUVRAGES DE PHILOSOPHIE ANATOMIQUE ONT FONDÉ UNE NOUVELLE ÉCOLE | POUR LES ÉTUDES DE L'ORGANISATION ANIMALE, CELLE DE L'ANATOMIE TRANSCENDANTE. Te duce , miles ego. J.-B. ROBINEAU-DESVOIDY, D. M: + bin p" \ ALL ED 1 RME EUR 1e) A UN ARE atyutlhe & { A INTRODUCTION. A mon ami Raspail. Saint-Sauveur ( Yonne), 25 décembre 1825. Mon AM1r, Je me rends au conseil de plusieurs personnes * qui daignent me montrer de l'intérêt ; je retire mon Manuscrit de la Commission nommée par l Académie des Sciences , et je le fais imprimer avec la plus grande célérité. Je me berce tou- * Divers motifs pourraient m'empêcher de publier cette lettre en totalité : je ne doute même point que plusieurs personnes n’en fassent une arme contre son auteur. Voici ma seule réponse : Comme citoyen, je dois défendre mes droits ; comme citoyen lésé, je dois signaler l'arbitraire et l'intrigue , lors même que je ne songe point à m’en venger ; comme naturaliste, je dois exposer franchement le résultat de mes recher- 4 II jours de la douce illusion que Messieurs les Commissaires, après avoir vérifié les plus petits détails de cet ouvrage, leus- sent honoré d’un rapport favorable. Mais je quitte le séjour de Paris, et le temps, ainsi que plusieurs autres motifs puissans, me pressent. La seule lecture de ces z2ou- velles études a heurté et froissé plus d’une opinion ombrageuse : peut-être même a-t-on craint que j'aie observé la vérité. Dans notre siècle, et dans nos conditions personnelles, il ne faut point se dissimuler le péril que lon court à ex- ches et de mes études. Il est ériste pour moi d'avoir à confondre les petitesses de l'autorité et les cabales de la nullité avec les considérations supérieures qui font l’objet de cet ouvrage. Le même chapitre dévoilera des injustices que je voudrais éterniser, et des travaux in- : tellectuels qui vivront dans la science, si je ne me suis pas trompé. Puisse l’exemple de noire génération ser- vir de leçon à la jeunesse présente et future, lui ap- prendre que le seul rèvne des lois est favorable au dé- veloppement de nos facultés , et la persuader que l'ob- servation des choses de la nature est le gage le plus as- suré du bonheur, de la vérité et de la dignité indivi- duelle ! III poser librement sa manière de penser, je ne dis pont sur la nature de cer- taines choses qui passent pour reli- gteuses et philosophiques, maïs sur la simple organisation de l’antenne d'une Ecrevisse ou d’une Mouche. Il existe des oreilles si singulièrement prédisposées, que les seuls mots de Anatomie les affec- tent de vibrations convulsives; tant elle est redoutée, cette science qui a le positif pour objet. Dites sérieusement que le corps du vieillard contient plus de molé- cules calcaires que celui de l’homme adulte : mille personnes charitables vont de suite crier au matérialisme ! en at- tendant que d’autres individus, enflam- més d’un zèle encore plus ardent, lancent le mot d’afhéisme *. Autrefois on eût * Le matérialisme est une doctrine de fait , une loi générale de la nature dans ses opérations. L’aihéisme ne repose jamais que sur une opinion individuelle. Il n'existe donc aucun rapport entre eux. La charlata- nerie, l'ignorance et le fanatisme possèdent seuls le privilége de faire concorder ces deux mots. IV débuté par ce dernier refrain; mais les temps, pour n'être pas entièrement chan- gés, ont, par bonheur, subi d’assez for- ies modifications. Tous deux nous en sommes des exemples vivans ; tous deux nous avons déjà payé le droit de nous énoncer avec franchise. Je ne mettrai point nos deux positions sur les plateaux de la même balance. Jai à me plaindre; vous éles victime. Si quelques hommes dans leur propre imté- rêt vous conseillent un pardon généreux, vous disent qu'il faut jeter un voile épais sur le passé, rappelez-leur ces jours de funeste mémoire où, contraint de fuir le beau ciel de votre patrie, vous quittâtes votre famille, vos amis, et vous vintes sur les bords de la Seine apprendre que vous étiez dépouillé de votre honorable profession. Alors on s’inquiétait peu que le désespoir devint une ressource pour vous. Plus tard, et également sous le ciel du Midi , j’éprouvai à mon tour qu’on peut 4 être coupable pour la manifestation des idées les plus simples et les plus triviales. L'École de médecine de Paris venait d’é- ire cassée : en vertu de l’ordonnance royale et d’une licence de l'Université, _ j'étais allé soutenir mes examens et ma thèse à la Faculté de Montpellier. Cette thèse, composée à la hâte, et copiée dans les différens chapitres de Thénard et de Thompson, énumérait les élémens chi- miques du corps humain. Le professeur Anglada eut le loisir et le plaisir de la censurer et de la disséquer à son aise. Sa signature le rendit caution de la pureté de mes principes. Le doyen Lordat, si chatouilleux en ces matières, s4 prompt méme à soupconner au-delà de l’inten- Lion, y apposa l'autorité de son nom; il l’envoya lui-même chez lImprimeur. Déjà la robe de candidat flottait sur mes épaules, déjà j'avais traversé la salle de réception et je montais les degrés de la tribune; l’Huissier s'approche tout-à- coup, et me dit de passer dans la salle VI du Conseil où lon me signifie que cette thèse, gui légalement n’était plus la mienne, éveillait enfin les soupçons de la Faculté, et qu’on en appelait à une as- semblée générale des Professeurs pour décider sur son sort. On venait de la trouver attentatoire aux saines doc- trines et méme à la sureté politique de lP Ecole. Je me contentai d'exposer que cette mesure avait lieu de me surpren- dre, mais qu’elle ne me regardait en rien, puisque la responsabilité retombait sur le Censeur et sur le Doyen. Bientôt l’Im- primeur me fit savoir que le Procureur du roi, anticipant sur la délibération des Professeurs réunis, venait de faire arrê- ter les exemplaires soumis au tirage. Les Professeurs de la noble Faculté de Mont- pellier, au lieu de réclamer contre cette injure faite à eux tous dans la personne de leur Doyen et deleur Censeursubdélésué, adoptèrent unanimement les conclusions préliminaïres du ministère public... Bref, je soutins une seconde thèse. La Faculté VII de Montpellier avait fait imprimer et avait jugé convenable d'arrêter la pre- mière ; elle devait au moins payer les frais d'impression de son inconséquence : la délicatesse lui conseillait ce procédé, si la raison ne lui en faisait pas une obli- gation. Je payai les dépenses des deux thèses ! Dans ces circonstances, laspect si douloureux du tombeau de Narcissa me criait que j'en étais peut - être quitte à bon marché! Je rentrai dans les foyers paternels : long-temps j'attendis mon diplôme de Docteur. Vaine attente ! une décision du conseil de l'Université m’en privait* : une justice tardive m’a enfin été rendue. Mais moi, indépendant par ma position sociale, par mon caractère, par mon édu- * Et l’on voudrait me faire garder un criminel si- lence! Outre que je me réserve le droit des peursuites légales, j'espère porter mes plaintes au sein de l’As- semblée nationale, et demander publiquement l’exé- cution des lois, au sujet des deux actes arbitraires que je signale. + VIIL cation, par mes principes, on na vu dans l’antichambre d’un Prêtre attendre le moment de réclamer mes droits! Mon séjour à la campagne et des études poursuivies pendant plusieurs an- nées m’avaient mis à même de prétendre à quelques succès dans les sciences zoo- logiques. J’osai me hasarder sur la scène : on applaudit à mes efforts ; on m’aida des plus honorables encouragemens. Peut- être j'aurais dù m’en tenir à la première épreuve ; je me connaissais un Cœur exempt de toute ambition, je n’apparte- nais encore à aucune de ces Écoles qui se disputent la prédominance des facultés intellectuelles , je pouvais tranquillement me borner au cercle en apparencesi étroit d'idées et de travaux que je venais de me tracer. Mais nous ignorons de combien de pas un premier pas doit être suivi. D'ailleurs, pourquoi chercherais-je à m'en imposer ? Le murmure si flatteur des encouragemens reçus, l’aiguillon sti- mulant de la louange, le plaisir d’annon- IX cer des opérations nouvelles de lesprit, firent battre mon cœur de mouvemens pressés, et me jetèrent tout-à-coup sur un théâtre signalé à la fois par les triom- phes les plus sublimes et par les chutes les plus fameuses. Je rédigeai mes Re- cherches sur l’organisation vertébrale des Crustacés, des Arachrudes et des Insectes. J’en lus les principaux résultats devant le premier tribunal du monde savant, l'Académie des Sciences. J’agissais avec une candeur et une sécurité dignes des mobiles qui m'inspiraient. Dans mon ame et conscience je croyais avoir raison. Je ne tardai point à soupçonner que sous des aperçus grossiers d'anatomie, j'avais imprudemment soulevé quelques-unes de ces questions qui nourrissent les pré- jugés superbes de l’homme , et qui le flattent d'autant plus qu’elles s’envelop- pent d’une mystérieuse obscurité. Le mot moral et le mot zatellectuel échap- pèrent une seule fois de mes lèvres. Aus- = € sitôt un Membre de l'Académie (M. Cau- chy, Palgébriste) réclama la signification positive de ces termes dans ma bouche. T1 usait de son droit. Me justifier était très-facile, lorsque le Président répendit que cette manière de procéder n’était pas dans les usages de l’Académie : & Quant » aux assertions énoncées, je ne doute » pas, ajouta-t-il d’une voix claire et » élevée, que la Commission n’en fasse » une prompte justice ! » Cette boutade d’un Académicien n’ex- cita d’abord que mon sourire. QÎl ne s’a- » git pas, me disais-je, de proclamer » qu'on fera prompte justice de mon tra- » vail ; il s’agit de la faire : c’est le point » difficile. Je sais tout ce que ce projet » rencontrera d'obstacles à surmonter et » tout ce qu'il exige d’études. » Je ne pouvais donc que sourire de la condam- nation prématurée de M. Brongniart. Bientôt des réflexions plus sérieuses me ramenèrent à de sinistres pressenti- mens. Düt-on m’accuser d'homme ai- Xi stonnaire, fantasque où mélancolique, je vais décliner mes divers motifs de frayeur. Jusqu'à ce jour, je ne me figurais point que le President d’une assemblée put exercer d’autre pouvoir que celui de maintenir les réglemens établis : je ne Jui croyais le droit d'aucune influence di- recte sur l'opinion des autres Membres. Je me trompais. Dans cette circonstance, le Président de l'Académie ne s’est point contenté d’émettre son opinion person- nelle sur un ouvrage déjà soumis à une Commission , il a semblé lui signifier la marche à suivre, peut-être il Jui a dicté la nécessité de la proscription. Mon ima- gination ainsi frappée se créait mille fan- tomes que les souvenirs du Midi venaient animer d’une vie redoutable, et qui me remplissaient de terreur. Le passé ne me rasSurait point contre lavenir. Parmi mes nouveaux juges $iége peut-être un de mes anciens juges de l'affaire de Mont- pellier !.. Ni la haute sagesse de l’Acadé- mie, ni le respect dû à ses décisions, ni XII la bienveillance éprouvée de plusieurs de ses Membres, ne purent me soutenir; j avais presque regret de mes travaux, et honte d’avoir voulu les faire connaitre. Que j'étais simple de m’entretenir dans ces craintes! Si mes travaux méri- taient quelque attention, sij’avais observé quelque chose de nouveau, je n’avais pas un besoin forcé de l'opinion personnelle de quelques Académiciens pour prouver que j'avais raison. Le jugement du pu- blic me restait : c’est à lui que j'en ap- pelle aujourd’hui. D’après ce court exposé, ce même pu- blic m’épargnera-t-il les reproches d’im- prudence et de maladresse qu’encourt presque toujours l'Écrivain qui a la sotte prétention de se mettre lui-même en jeu ? Mais la faute ne doit point retomber sur moi : elle apparuent tout entière à ces personnes qui, accablées du fardeau de leur nullité, s’arrogent le droit de lim- pertinence et de l'oppression. Tous deux, et beaucoup d’autres avec nous, nous XIITI sommes de notre siècle. Nous marche- rons, parce qu'aucun obstacle physique ou moral ne peut désormais nous arré- ter, si nous sommes dans la bonne voie ; le flot qui nous supporte ne saurait re- culer. On peut nous entraver quelques jours, quelques mois , mais on ne nous étouffera point. Je dirai à ces honnêtes inquisiteurs : € Si vous étiez absolument » destinés à poursuivre les facultés in- » tellectuelles de vos semblables, il vous » fallait naïitre dans des temps plus pros- » pères. Aujourd'hui votre vocation est » manquée. Ecrasez quelques douzaines » de ces hommes qui ont linsolence de » ne pas vous révérer, vous, vos doctri- » nes et vos coteries, vous n’aurez rien » fait, tant qu'il vous en restera un seul » à opprimer ; et certes, vous ne vous » glorifierez jamais d’un pareil triomphe. » La génération actuelle fournira sans » cesse des individus que leur position » sociale et que la dignité de leur carac- » tère mettront au-dessus de votre fureur. XIV » Vos coups pourront les atteindre: ils » n6 les blesséront point. Un jour vous » serez peut-être les premiers à parler de » générosité : vous n'aurez pas assez de » voix pour élever les doctrines que vous » n'avez pu ensevelir, vous n’aurez pas » assez de flatterie pour eapter l'oubli » bienveillant des hommes nouveaux ; et » vous ferez tout cela pour ne point voir » devotre vivant s’écroulerléchafaudage » de vos réputations usurpées, ou plutôt » pour garder vos places! » Les places, les honneurs sont dans notre société la plus douce et la plus di- gne récompense de l’homme éminent par ses lumières, ainsi que par ses talens. Leur possession devrait indiquer uue su- périorité réelle, ou du moins un mérite incontestable. Moi, dont la liberté d’opi- nions n’est enchainée par aucun lien ser- vile, je pense qu'ils ne sont pas toujours réparüs au plus méritant. J'ai la triste conviction que plus d’un emploi est exer- cé par des hommes qui n’eussent jamais XV osé le disputer de face dans un con- cours. Qu’en est-il résulté ? L’intrigue, la médiocrité et même la nullité se met- tent sur les rangs; elles seules engloutis- sent et absorbent tout. D'avance elles se lisuent entre elles; d'avance elles se par- iagent les dépouilles qui ne leur étaient point destinées. Ce sont d’ignobles Vau- tours, de lâches Corbeaux qui se repais- sent de la proie de l’Aïgle absent ou bles- sé; car la jalousie, la médisance, la ca- lomnie les précèdent et les accompagnent incessamment, et éloignent les person- nes qui ont des droits véritables. Les pla- ces et les honneurs, dans la distribution actuelle des récompenses scientifiques, ne font donc pas toujours l’homme capable : trop souvent ils ne dénotent que lin- trigant. Encore si le mal ne dépravait que des hommes antérieurs à nous, et qu’une longue expérience de révolutions mit à même de soumettre la dignité de la scien- ce aux caprices ambitieux des diverses XŸI politiques , nous pourrions nous en pren: dre à linfortune des temps écoulés ; mais la jeunesse actuelle est infectée. Les poi- sons signalés circulent plus âcres dans plusieurs des membres qui la composent : semblables à ce virus affreux qui ne mé- nage le père que pour mieux consumer les enfans, l’intrigue et ambition dévo- rent plusieurs de ces jeunes adeptes avec une ardeur inconnue même par leurs de- vanciers. Îls sont à peine entrés dans la vie, et déjà ils exigent les priviléges réser-- vés aux seuls cheveux blancs. Places, digni- tés, honneurs , ils ont faim et soif de tout; ils se sont tout partagé. Leurs vœux an- ucipent sur la mort d’un ami, d’un pa- rent pour s'emparer de son emploi. S'ils viennent sur leur chemin à rencontrer un condisciple qui cherche à sortir du néant , ils l’y replongent aussitôt, car ils sifflent, ils piquent et ils enveniment leur piqüre, comme la Vipère. Les blessures les plus cuisantes sont la récompense as- surée de ceux qui les ont poussés. XVIL Cette fraction de nos jeunes Contem- porains n’aime à prôner qu’elle-même : malheur à la voix qui chercherait à se faire entendre. Pour mon compte person- nel, jene doute pas que ceslignes ne soient traitées de déclamations, ainsiquemes RÀe- cherches anatomiques ont d'abord été axées de réveries. Ainsi, révertes pour les travaux de fait; matérialisme, pour les ré- sultats qu’on entre; déclamations, pour les pages qui les consignent: voilà leurs armes favorites. Il faut même s’estimer irès-heureux lorsqu'ils n’ont pasrecours à d’autres moyens ; mais ce n’est pas à vous que J'apprendrai ces sortes de choses. Veut-on les forcer de s’expliquer fran- chement sur le compte de leurs rivaux ? Les oblige-t-on de convenir que ces ri- vaux n’ont pas toujours tort ? [ls en con- viennent; € mais, ajoutent-ils d’un ton » perfide, ilne faut pas le dire tout haut, » car ce sont de mauvaises tétes !» Mon ami, ils ne voient pas qu'ils font eux - mêmes notre plus bel éloge et leur plus b XVII sanglante saure. Un Prêtre aussi me trai- tait de mauvaise tête, lorsqu'il me refu- sait mon diplôme ; dernièrement on me traitait encore de mauvaise tête, pour avoir avancé que l'Écrevisse odore avec son nez ; aujourd’hui j'expose plusieurs faits nouveaux d'anatomie, je suis encore une mauvaise léle. Jose dire qu'on a commis un acte arbitraire envers moi, je suis une bien plus mauvaise léle en- core ! Vous aussi, on vous traita de mauvaise téte, chaque fois que vous fites une de vos belles découvertes. C’est une mauvaise téte ! I y a vingt ans que je m’entends faire ce reproche; je ne sache point qu’on l'ait jamais adressé à plusieurs de ces personnes qui en sont si libérales envers les autres. Est-ce que par hasard ce reproche serait un éloge ? Pour moi, je suis résolu de le mériter tout le reste de ma vie. lis disent encore : « Ce travail peut » rénfermer quelque chose de bon ; mais » sa rédaction et sa lecture manquent XIX » de formes : dès-lors il n’en faut plus » parler. » J’ai été long-temps à com- prendre le sens de ces paroles. Un adepte m'en donna une longue explication qu’on peut réduire à ces termes : On ne doit jamais trouver fausse une théorie annon- cée par tel savant; on doit toujours trouver fausse une vérité découverte par tel autre savant. Quand on croit avoir rencontré une vérité, il ne faut jamais se Papproprier , ni la regarder comme son bien ; mais ilest essentiel de l'adapter nécessairement à telle ou telle théorie antérieure, afin que le règne du Maitre se consolide et se perpétue. Il n’est pas non plus inutile de communiquer son manuscrit à certaines personnes de la co- ierie, afin qu’elles puissent le saisir dans ious ses rapports, vous prouver que toutes vos assertions sont fausses, dus- sent-elles vous les démontrer vraies cinq ou six mois plus tard. Alors vous aurez eu le mérite du dévouement. Surtout n’élevez jamais aucune réclamation : ce B* XX serait outrager publiquement les habi- iudes de la coterie. Il ya également nécessité de proclamer que tout ce que ces individus appellent leurs découvertes est leur véritable pro- priété, et qu’ils n’ont rien volé aux Auteurs allemands ou anglais, quoique le utre des chapitres, l'exposé des sujets et des résultats , quoique tout , jusqu'aux cen- timètres et millimètres, prouve le pla- glat le plus manifeste. Mais si leurs adver- saires produisent quelque travail nou- veau, important ou non, l’on doit crier de tous ses poumons que ce travail vient d’outre-Rhin , ou qu’il est importé de par-delà l2 Manche. De plus, un profond respect pour les moindres paroles échappées à la coterie, des égards sans fin , des paroles miellées, une admiration fortement exprimée, des cajoleries et des flatteries envers les me- neurs , sont de la dernière rigueur. Mon ami, l’ingrate nature ne jugea pas à propos de nous gratfier de ces XXI admirables qualités. Nous ne parvien- drons donc pas! Je crains beaucoup ce malheur pour vous.Îl est certain pour moi, qui ai la bonhomie de retourner dans les champs qui me virent naître, pour y couler une vie obscure et tranquille. Je n’ai fait que passer contre le vestibule de la science : j’en ai assez vu pour pou- voir écrire ces lignes, qui certainement ne compromettent pas la vérité. Mais nous devons sagement prendre notre parti. Si la nee m’eüt semblé plus noble, moins abreuvée de dégoüts, j'eusse pu aspirer à une carrière plus brillante. Je préfère la paix à de viles tracasseries. Ce n’est point en poursui- vant des places et des honneurs que je chercherai à en imposer à mes rivaux: c’est en continuant et en doublant mes travaux, c’est en observant cette nature si riche et si peu connue ; c’est surtout en essayant de déployer à leurs yeux un caractère moral qui montre le plus souve- rain mépris pour ceux qui n’ont fait ou qui XXII ont voulu me faire du mal, et un dédain ironique envers des triomphateurs que je ne daignerai pas même poursuivre de mes sarcasmes. Ne rendons point le mal pour le mal: payons nos offenseurs d’une vengeance plus digne de nous. Que notre aspect, que notre nom prononcé devant eux , les fasse rougir. Nous, méprisons- les; et surtout disons-leur nous-mêmes que nous les méprisons, afin qu’ils n’en doutent pas. Ils ont voulu nous opprimer! Peut- être nous pouvons être utiles à notre patrie par nos travaux, par nos lumières, par notre énergie intellectuelle. Travail- lonsÿ c’est la manière la plus noble de leur faire sentir l’énormité du crime qu’ils pensèrent commettre en nous choi- sissant pour victimes. Ah! si la plupart d’entre eux daignaiïent jeter un arrière- coup d’œil sur leur point de départ, s'ils pesaient bien les diverses chances qui leur donnèrent l'autorité, ilsnes’expose- raient point aux accusations de l'avenir, XXII is se verraient sur un terrain toujours nouveau et toujours prêt à engloutir ceux qu’il supporte. Par l’enchainement suc- cessif et rapide de circonstances qu’il ne nous est point donné de prévoir, lOnde Populaire, que pour mon régime habi- iuel je savoure à longs traits, peut aussi me soulever quelque jour pour réclamer les droits du faible et de l’opprimé!.. Pourquoi ces clameurs remplies d’amer- tume ? Jeune homme à lame de feu et à la tête récalcitrante, n’oublie point ces mois : & La force eut raison de t’in- » quiéter ; la plainte est nécessairement » coupable. Ainsi tais-toi. » Taisons-nous donc devant ces hautes considérations. Concentrons notre bile dans nos entrailles. Mais, Ô mon ami, qui saurait nous défendre le rire et la moquerie sur certains petits objets qui nous environnent ? Puisque les choses sé- rieuses nous sont interdites, examinons si notre ironie ne trouvera point sujet à la moindre expansion. La carrière est en- XXIV core belle à fournir : il nous reste un large terrain devant les yeux. Pourtant entre les mille ridicules du jour, je n’en saisirai qu'un seul en rapport direct avec nos sciences et nos études. Je parle de cette petite coalition (que le vulgaire nomme coferte), unie par les liens du sang, par les mêmes prétentions, et formée par le nombre trois : Numero Deus impare gaudet. Les Triumvirs de Romese partageaient l'empire du monde, les Triadelphes de Paris sont plus modestes dans leurs dé- sirs. Ils ne veulent que des places, que des honneurs, que des lauriers : certes, une pareille ambition est très-louable. Mais ces places, ces honneurs, ces lau- riers , ils les veulent pour eux seuls : dé- fense au prochain d’y prétendre. On in- sinue qu'ils ont passé bail avec la Renom- mée pour qu’elle n’eut à proclamer que le sublime de leurs travaux. L’exploita- tion spéciale des sciences naturelles fut, dit-on, pour eux l’objet d’un contrat XXV dûment rédigé et enregistré parmi les curieuses clauses de leur acte d’associa- üon. L’un d’eux régna sur la Chimie; l’autre s’appropria la Botanique, pen- dant que le troisième se réserva l’autorité dans la Zoologie. Tous trois devaient se servir de cautions réciproques. Le Chimiste prouvait les découvertes du Botaniste qui à son tour exaltait et le Chimiste et le Zoologiste. C'était un concert d’éloges à fatiguer les oreilles les plus fortement constituées. On daigna par la suite , et pour bonnesraisons, s’ad- joindre, à titre d’insirumens, quelques jeunes gens capables detravailler en con- science. Le domaine de la science ainsipartagé en trois lots, ne tarda point à porter les nouvelles productions dont on avait ré- solu de l’enrichir. Le point culminant da travail de ces trois Puissances intellec- tuelles fut de rapporter toutes les opéra- tions de la nature à l’unité moléculaire. Alors on consulta le microscope. En peu XX VI d'années, combien il dévoila de choses merveilleuses , et dont nous autres igno- rans ne nous serions jamais doutés! Il donna la mesure exacte et incontestable de la molécule chimique; par malheur, je me suis laissé dire que cette même molé- cule mesurée de nouveau à Berlin, venait de donner des résultats différens des résul- tats obtenus à Paris. D’autres incrédules, qui s'occupent sérieusement du sujet, ont encore essayé de me faire naître des dou- tes sur la forme et la mesure rigoureuse de ces fameux globules du sang, qui ont fait tant de bruit, et qui ont valu à l’un de leurs historiosraphes l'honneur d’é- clairer les consciences d’une Cour d’as- sises. Bientôt l’ombre de Leuwenoëck est évoquée. On réveille chrétiennement ses Animalcules spermatiques sas blesseren rien les lis de lapudeur et de lareligion. Leuvenoëck pensait que ces Animal- cules peuvent être les Animaux supérieurs eux-mêmes en relief. Erreur de la part du XXVII Hollandais! Ces Animalcules constituent des êtres bien autrement merveilleux. L’Homme n’est point digne de se suffire à lui-même dans le grand acte de la re- production : il a besoin d’un agent inter- médiaire, qui soit d’une essence plus pure, c'est-à-dire , moins matérielle. La science de Linné et de Tournefort nous apprend que l’Abeille se charge quelque- fois de porter le pollen des fleurs mâles sur les stiymates de la femelle. De même, les destinées de la race humaine reposent sur la Monade spermatique, Animal d’au- tant plus digne de notre admiration, qu'il ne voit jamais la lumière, qu’il est infini- ment petit, et de la texture la plus déli- cate. Dans les secrets réservoirs où la na- ture prétendit le dérober à nos regards, il ne se doute point que l’Horme Pa au- dacieusement choisi pour la continuelle survivance se son espèce *. Îls sont donc * Cet animalcule serait le rudiment du système ner- veux : ainsi l’animal commencerait par un nerf, qui ne serait lui-même qu'un autre animal ; ainsi les nerfs #s XXVEIII bien coupables les malheureux qui con- tractent des maladies susceptibles de le faire disparaitre ! Car, écoutez bien, races présentes et futures, en tuant cette Mo- nade , vous assassinez votre postérité. Le Triadelphe Chimiste, qui venait dese permettre cette légère excursion zoologi- que, avait forcé son collègue de la Zoolo- gle à renoncer aux visions du microscope. À peine ce dernier, d’arlleurs assez versé dans la science du parasitisme , daigna- t-1ls’en servir pour faire connaître les mer- veilles dissimulées dans l’organisation de l’Achlysie et de la Nicothoë. Mais la loupe Jui prêta le miroir diaphane de sa lentille engendreraient bientôt le tissu cellulaire, que jusqu'ici on croyait primitif ; puis ils engendreraient les mus- cles , les vaisseaux et la presque totalité des tissus. O vous, bienheureux Lordat , dont la plume gasconne- nous prouva si dévotement qu’une trinité de puissances occultes et égales entre elles préside au fameux principe vital de Barthez, et vous aussi, monsieur Turpin, père dénaturé du Micropyle , père de la défunte Globuline; père de la Tigelline , enfant mort-né, reconnaissez vos maîtres, et taisez-vous devant notre génération. Aux Triadelphes la palme de la jongierie ! XXIX qui, aidée des ressources de l’imagina- tion , nous apprit une foule de choses très-curieuses par elles-mêmes et par leurs résultats inévitables. L’Entomologie sut enfin que le cor- selet d’un Insecte (non compris les ailes ) offre trois segmens, composés de plus de quarante pièces distinctes, que des noms grecs vinrent à jamais mettre hors de doute. L’idiôme grec nomma encore les pièces diverses des aïles. On acquit la conviction que les Crus- tacés et les Arachnides ont un corselet. Mais ce qui, «à cette époque, enleva l'admiration , fut l’étonnante découverte que ces divers Ærimaux n'ont pour les pièces solides aucun rapport avec les Animaux supérieurs. Chacun de leurs segmens peut à son gré développer des appendices qui en bas consutuent les pates, en devant les antennes, les mà- choires , et en haut les ailes. Les Crustacés eux-mêmes ne possè- dent plus les organes des sens. Leurs XXX longues antennes ne représentent que les moustaches du Rat ou de la Fouine *, Je m’arrête devant l’énumération de tant de titres qui assurent la solide gloire de notre siècle. Mon ami, il ne faut pas épuiser à la fois tous les degrés de notre admiration. La Botanique réclame éga- lement notre surprise et nos extases. Je me suis quelquefois endormi sous l'empire des illusions les plus fantasti- ques; des rêves plus fantastiques encore venaient agréablement bercer mes es- prits : mon sommeil était le bonheur; et lorsque mes yeux essayaient enfin à s’ou- vrir, je refusais de me prêter à la vue de la lumière, je voulais rentrer dans mon assoupissement, et prolonger ces * Je passe sous silence et le pénis du Hanneton mâle coupé dans le vagin de la femelle, et l’entrecroise- ment des cordons nerveux de la cantharide au niveau du mésothorax, et plusieurs autres tours de gobelet que ce maigre successeur de Comus se permet de temps en temps devant l’Académie et devant le bon public. RXT rêves délicieux. Chaque fois que je pense à l’auteur du Mémoire sur la fécondation des végétaux, je le mets ainsi à ma place. Il croit avoir observé ce qu'il a rêvé, il prolonge son rêve; et il a raison sous tous les rapports. Combien je l’es- time heureux de pouvoir rêver aussi long-temps! Une triste réflexion vient seule empoisonner la continuité des jouis- sances que je lui suppose. Ce Naturaliste mavait-il pas les yeux éveillés, lorsqu'il entreprit d'écrire un rêve qui ne réflé- chissait que des observations zoologiques antérieures ? Les granules polléniques touchaient de trop près aux animalcules spermatiques pour qu'il ne vint pas à bout de les animer. Un microscope plus raffiné nous valut ce dernier perfectionnement. Si l’art de POptique fait encore quelques pas, je suis certain que ce jeune homme assistera , lui présent et voyant, au spec- tacle «le la formation de la molécule élé- mentaire. Mais contentons-nous des mi- racles du moment :ils peuvent suffire aux XXXf1 plus rudes exigences de la curiosité. Avant ce Botaniste, et malgré ses dé- négations, vous nous aviez déjà appris par quelles lois le pollen se forme dans l’anthère. À lui seul était réservée la gloire immense de suivre les granules à leur sortie, de les voir s'appliquer amou- reusement sur le stigmate, dont au be- soin ils perforent la membrane ou l’en- veloppe extérieure. Dans Pardeur de leurs caresses , ils se déploient en longs pénis, ils absorbent les granules femelles, impa- uens des délices du voyage : ils partent. Une colonne solide, compacte, qui n’est perforée d'aucune route, s’oppose à nos pélerins. Vains obstacles! 1l la traversent d’une extrémité à l’autre avec autant d’ai- sance que les antiques Fées de nos villages traversaient les murailles des apparte- mens les mieux fermés. Pour eux, il ne s’agit point de savoir si le passage est pos- sible ou non : il s’agit d’arriver au Micro- pyle, à cette mystérieuse galerie, reniée et abjurée par son Inventeur, et qui XXXIIT doit les conduire à la molécule qu’ils vi- vifieront. Mais ce voyage éprouvera quel- ques longueurs , et nos amoureux feront plusieurs haltes. Mon ami, j'ai également besoin de re- prendre haleine ; je m’arrête aussi : au- irement je craindrais que l'exposé de tant de merveilles ne me fit passer pour un homme encore plongé dans le som- meil. Je ne m'étonne point si l’Académie des Sciences décerna la couronne à ce jeune Botaniste. Cette même couronne à la main, il ne lui manque plus que de solliciter un brevet d'invention auprès du ministre de lintérieur ; il Pa double- ment mérité : {7 ériumpho suo riden- dum et subsannandum. Sans doute nous devons un grand res- pect à la chose jugée : mais il n’est peut- être point défendu d'examiner un juge- ment porté par Académie des sciences , qui n'est pas toujours infaillible. Sans en- trer dans aucun détail fastidieux, je me € XXXIV contenterai des deux observations sui- vantes. Si l’Académie a récompensé l’au- teur qui a vu passer les globules polléni- ques à travers les styles et le micro- pyle, elle a couronné un roman. Mais si elle a voulu couronner celui qui eut l’honneur de découvrir la formation du pollen et d'en dévoiler la théorie, la couronne, vous le savez , à Ras- pail, n’est point parvenue à sa véritable adresse. | Les Triadelphes ont pu émettre leurs théories sans rire. [ls en ont même im- posé à une partie de ces demi-savans, ou plutôt d’amateurs qui sont toujours rem- plis de foi pour tout ce qui est nouveau, et qui n’ont d'oreilles que pour écouter les annonces extraordinaires. Mais tout le monde n’est pas nécessairement armé de la même bonne volonté. Moi, entre autres, je me déclare inaccessible à la croyance de ces sublimes vérités. Non-seulement je doute : j'ai encore l’audace de nier : bien plus, je suis aussi effronté dans mes XXXVY démentis que les Triadelphes le furent dans leurs œuvres. Jai tort sans doute de ne pas croire. L’avenir me prouvera que je suis décidé- ment un oôstiné , un entélé, voire même un z2alvetllant. Je végéterai obscur dans mon village : eux ne tarderont point de siéger sur les banquettes veloutées de l’A- cadémie. À leur tour, ils prononceront en dernière instance sur les travaux des hérétiques et des relaps. Ce brillant ave- nir leur est réservé. Mais moi, par l’effet de mon mauvais caractère, j’obéirai en- core à ma destinée, et j'écrirai en gros- ses lettres sur l'acte de leur réception : Le roman est un art qui fait des immortels. Oui, mon ami, je continuerai d’obéir à ma destinée. Elle m’ordonne le mépris pour les méchans : elle me dicte l'ironie contre les hypocrites et les cafards : elle me pousse aux éclats du gros rire contre l'intrigue , la cabale, la petitesse, ligno- rance , l'envie, et contre les ligues de la £c* XXXVI médiocrité qui à toute force veut s'élever. Cette même destinée me força de me li- vrer à l'étude de la nature, et d’y trouver mon bonheur. Mais 5 à 3 5 À cp È = a = Sel s 2 8 < s Ë = Ë£ © 5 2 8 € 5 El 4 à FOG >) d A £ < A | = ASSES. É Ë © ÊuS Ë = ) Ë Ê (Es £ E E au | 5 2 SUASSES Ë Ë © FRA ERA Ë à Es Ë 5 à FE Ë 2 ë © EME ÉNE o Ë Ë PA 7 5 < 7 Fe 7 PE RE EEE à SMS SE ë ë F 5 © 3 F 8 a ———— ——— — | ——— | ; Des Branches Forment lap-| Forment Uncœuret des Porno ; S renl A an qui Forme le bord | Forme la par. I Forme les | Forme les Forme 5 = < [psreil®masti-les cinq paires|| Forme Servent \ Rlinatre |Prr CRUSTAC NAREONS communi- Six postérieur ||tie médiane AUS aulntenves exté-lanténnes inté-|le pédonculel por je PURE Cateur et res-| es ten el ; E pere Jes es De DCS Osigésation. [Tuentavee le du test du test aus ricures, rieures optique. pirloire Line EI la pince: | PrO81es sion squat) développée: |ldéveloppée, || ertèbres LE | La RSS ER —— 2 Forme la Forme Extéricures | Postéricures Quarante- G. SQUILLE Id. Onze 1d. presque tota-|une partie de Id. Jd Id. Id. Id. eUaples à Ja[auxinträ-buc- Id Nulle. 1d. Développées. Id. TA, deux 1 la bouche: préhensions® |reales, verlèbres a L Un vaisseau [Branchies aux Derrière le Forme los Forme le o ent à G. POLYPHÈME Six. o o °. o c É ; {| Ces ciag vertèbres servent à Ia pré- Qui dorsal pattes Î test deux palpes test Beni eteconoiens | Ja Q vertèbres. jt à ANCHIGASTRES. | Un vaisseau || Branchies Forme les ESS BRANC Et ue na Tree. k 6 _. Fe Poe les an tn eu D # * 5 Organes de locomotion, de préhension | Td = S Trente-une (Gn. Isorones, Lat.) : | rabdome teunes donculés. GED EE : 9 vertèbres ER | SRE Un cœur |Des preumo- 5 : : Apte L F 5 Forme Fe ptes 3: 1 IDES et deux vais-| branchies o. 0 o 0 o. Forme le Id, 0. 0 0. Forme Forme à Très- 0 ARACHNID RS Es mandibules a les pales. | es pinces, | ion. | développées L G PICNOGONIDES. ; : ë : 2 x Rudimen- || Forme les |, édeneulel 0 > : à Ce na yerebrs votes La | à 2 Douze (Ce NYNPHON) taire. pinces. piques progression. vertèbres, = SrpRe [Unsvaiseau || Respiration Formelles Forme Forme Tr ERYTHREIDES. dorsal trackéale o °. @ o: 0. ° Des 0 C G 0° les palpes. |) les pinces. Id. 14. C ° Sanre Le Dent = PSN ES En |. | ER 270 Doure ACARIDIENS 1d. Id. o Kormeles o. 0. Id. Servent à la progression o. ° à 1 b e u mandibules b { Alla)progression-}} : Habes vertèbres. PARASITES. 1. Id, Forme les an-| Sérvent R Nombre : AR A b b fa. 0. o 0. 0 o Id. Id. Id. rare. indéterminé fennes. Ê do vertèbres. | ——— — | — ——— MYRIAPODES o e ° o N'existe pas || 77 J4 Id Id @ ® Es FREE) es etmeges [La première |Pates indé] à, ü NE à > ) eus b a k b s premières | les sécondes orme ja lèvre. nics. FRS £s Foi Quatre véritables vertèbres locomotrices GE JULACES- o °. o: °° 14, LCE 1a. 14: 14. 0: GREEN Les autres vertèbres géminées et indé œ G quinze = F terminées. vertèbres. _ Es SRE Forme. ; E = me | Formelalèvre Apres. Ste. THYSANOURES. ë 2. 0. o. o. Id. 14. 7 74. e- o. ce rer o. , ie , INSE S. | ORDRES. NSECTE MÉTAMORPHOSES. LANVES, £ Ailes Ailes HÉMIPTÈRES, Existent® | Ecstéricures. |lantéricures. à 5 ORTHOPTÈRES. Id. Id. Jd, Presque semblables à Incomplètes. T'koeLe parfaite | | NÉVROPTÈRES: I. Id. 14 Absentes Id, Les COLÉOPTÈRES: élytres. l'abdomen et l'anus. ® | Forme les yeux. } {Forme le Libre. | { Forme les mandibules: } | Un Vaisseau dorsal | | Respiration trachéale. | | atrompe des Lépidoptéres. | 3 | Formeles michoires | | Trompc des Diplères. | | Forme la lèvre inférieure. | { Forme les/antennes. | Fr. Ailes LÉPIDOPTÈRES. û Be étre À 'Aptes à ln locomotion terrestre. | Urürmeat 1 Trompe des Hyménoptères mellifères. | { (Nalle ourudimentaire, rarement développée. | ° o ° 0 o Complètes: Dis MALE HYMÉNOPTÈRES: T1. = * : o. % SA À É : Y'°2 î harpe di st ner" ” ne Li di 2 a N f s : 1" = 2 AR Co 1 ee ms ee ge © Le au De der dr PA D THE Jr recul" mie y Le COTE Mdr ME te parte ere ras ver Lnmeiit =: È ? LA Li & À È De 4 Le mai fees cn 11 perte fé rer tre 2 hr cents Ge al Es ER | NME TSLTE n 0 , rh POREE SD dome nl ia, Eat. iomatos à ve MOULE PTE E | "UU È Fat L 2 6 rogn ua soft ; age 218 ( 89 ) ORGANES D'AUDITION ET D'OLFACTION DES CRUSTACÉS HOMOBRANCHES. ( Estrait d’une communication faite à l'Académie des Sciences, }) le 5 février 1827.) « JE croyais que MM. Milne-Edwards et V. Audouin avaient borné leurs intéres- santes recherches au seul appareil circu- latoire des Crustacés. Mais dans la der- nière séance de la Société d'Histoire natu- relle , ils ont annoncé la découverte d’un organe qu'ils présument être celui de l’ol- faction sur ces Animaux. Ils sont même entrés dans quelques détails à ce sujet. Comme je m'occupai, il y a plusieurs an- nées, de recherches sur les organes appen- diculaires des Animaux articulés, je crois aussi avoir découvert cet organe sur les Crustacés. » Les Insectes hexapodes offrent à la par- tie antérieure de la tête et entre les yeux un appareil solide , annelé, mobile, fili- (9) forme, qu'on nomme les antennes. Les Crustacés homobranches, et notamment l'Écrevisse , ont ce même appareil. Ils en ont en outre un autre plus développé sur les côtés de la tête, et qu'on nomme les grandes antennes. Je ne sache pas que la zoologie ait encore bien détermine la nature de ces organes qui, selon moi, conduisent à de hautes solutions d’ana- tomie comparée, ainsi que je vais briè- vement l’exposer. » L'appareil de l’audition se trouve tout- à-fait extérieur ; devenu organe de scru- tation, de vigilance et de tact, il ne pré- sente plus que les premiers rudimens de l'organe de l’ouïe, rudimens décrits par Scarpa, et qui aboutissent à une mem- brane extérieure non perforée. La base de ce nouvel appareil est formée par les di- verses pièces solides : mais il ne tarde point à s’allonger davantage, et à ne plus montrer qu'un filet cartilagineux et an- nelé. Un renflement nerveux envoie de chaque côté un filet à ces appendices exté- rieurs. > Deux autres nerfs se rendent aux yeux : re autres nerfs se rendent directement (91) aux antennules ou petites antennes. Pour moi, ces antennules par leurs nerfs, par leur position et par leur organisation, sont les véritables antennes des Insectes hexa- podes; ce sont les véritables organes de l'olfaction. Sur l'Écrevisse et le Homard, à la face supérieure de l’article basilaire de ces organes se trouve un canal qui com- munique à l'extérieur. Ce canal est oblique de dehors en dedans, d'avant en arrière, et un peu de haut en bas. Il passe sous une lame recouverte à l'extérieur d’une mem- brane ciliée, contractile, susceptible de fermer hermétiquement l'ouverture exté-. rieure, et qui empêche ainsi de distinguer la véritable place de cet organe. Ce canal conduit dans l’intérieur de l'article basi- laire où se trouvent des lames ou feuilles cartilagineuses superposées , tapissées par le nerf dont j'ai parlé, et par une mem- brane. Il correspond encore avec le reste de l'antenne qui finit bientôt par se ter- miner en filets cartilagineux. L'appareil ici indiqué est pour mot l'organe de lol- faction. » En résumé, les véritables Crustacés dif- férent des Insectes par la présence des ) » (9 ) deux appareils antennaires, dont l'extc- rieur représente les organes de l'audition, et dont l’intérieur, analogue des antennes des Insectes, représente les organes de l'olfaction. On doit remarquer que les seuls articles basilaires sont solides, tandis que leur long filet terminal est cartilagineux. » En conséquence, je propose de nommer les appendices extérieurs des Crustacés antennes auditives, et leurs appendices internes antennes olfactwes. De cette ma- niere on énoncerait de suite l'origine pri- mitive de ces deux appareils. » (93) Srft Appareil buccal du Palinurus vulgaris, Fabr. Les vertèbres buccales forment chez les Crustacés cet appareil intérieur de poches stomacales et de pièces masticatoires, qui , depuis long-temps, a attiré l'attention des Zoologistes, mais qui n’a pas encore été ex- pliqué d’une manière satisfaisante, quoi- que M. Geoffroy y ait annoncé un larynx, un hyoïde, et plusieurs autres pièces. Cet appareil mérite des études d'autant plus sérieuses, qu'il n'appartient qu'aux Crustacés décapodes des auteurs, et que les autres séries finissent par n'en plus offrir aucun vestige. Jusqu'à ce jour, il ne pouvait point être expliqué, ni même compris, parce qu’on l’étudiait toujours sur le Homard ou sur le Poupart, qui n’offrent que des pièces confon- dues les unes avec les autres, et souvent in- distinctes. Tant que j'ai fait usage de cesseuls Animaux, je suis resté dans une incertitude et dans un dépit d'autant plus faciles à con- ( 94) cevoir, que là se trouvait un des principaux problèmes du travail que je poursuivais. Enfin la nature elle-méme m'arracha à toute irrésolution. Je parvins à rencontrer un Crustacé qui non-seulement leva tous mes doutes, mais encore qui me permit de prononcer avec certitude sur la nature de chacune des nombreuses, pièces de cet ap- pareil. La Langouste ( Paünurus vulgaris , Fab.) prouve de la manière la plus. irré- cusable , que cet appareil se compose de la réunion de cinq vertèbres, qui ne, sont que les vertébre pharyngiale, vertèbre cricéale, vertebre thyréale, verièbre arythénéale; et vertèbre liyoïidienne des Animaux supérieurs. Les: substances alimentaires, coupées et dépecées par les polergaux. de la vertèbre maxillaire, entrent et s'accumulent dans une large poche membraneuse, analogue à celle qu'on observe sur les Oiseaux pêcheurs: elles y sont pêle - mêle disposées en. dépôt. Au fond de cette poche se trouve un appareil solide , formé par la vertèbre pharyngienne, qui, avec des pièces masticatoires tout-à-fait semblables à celles qu'on observe sur la plu- part des Poissons, reprennent les alimens ei leur font subir l'épreuve d’une seconde ( 95 ) mastication. Ces alimens s'appuient alors sur le basial , dont le sommet recourbé derrière et devant les empèche de pénétrer dans la seconde poche. Lorsqu'ils sont ainsi appuyés et retenus, les polergaux agissent latérale- ment sur eux par déchirure et par trituration. L’Animal rejette ensuite au-dehors les par- ties les plus grossières, et ne laisse arriver dans la seconde poche que des parties plus nutritives, mais qui ont encore besoin de nouvelles actions mécaniques. La vertèbre criceale, déjà employée à la mastication dans plusieurs Poissons, fait suite à la vertebre pharyngiale, et lui suc- cède aussi dans la continuité des mêmes usages. Mais comme elle opère sur des subs- tances plus disgestibles, elle n'a pas besoin d'être armée de pièces aussi solides. La poche qu'elle forme avec sa membrane est également moins ample. La disposition particulière de ces deux vertèbres et de leurs pièces fait qu'elles exer- cent leur action par un mouvement oblique de haut en bas, et d’arrière en avant. De la veriebre criceale les alimens passent dans la vertèbre #hyréale, où ils subissent de nouveaux frottemens par une compres- (96 ) sion latérale : ils ne peuvent s'y accumulér en quantité, et bientôt ils passent dans l’in- testin en remontant vers le sommet de la vertèbre. Ici un nouvel ordre de fonctions a réclamé un nouvel ordre d'organisation. L’Animal doit aussi avoir une respiration intérieure, quoique branchiale. Il possède un organe qui n'est propre qu’à cette fonction; en un mot, il offre un larynx branchial formé par la vertèbre arythenéale, accessible aux seules molécules respiratoires , et où les alimens ne doivent point pénétrer. Les choses se passent de la manière suivante : Les arthroméraux de la vertèbre thyréale se développent du bas de cette vertèbre en deux lames cartilagineuses soudées à leur base , libres dans leur moitié apicale ou su- périeure , et qui remontent vers lorifice pilorique de cette vertèbre. A l'endroit où ces lames deviennent libres , il se trouve un intervalle, un espace latéral entre elles et la membrane fibreuse extérieure. On conçoit aisément qu’un corps, qui passerait de cet espace entre les lames arthrocérales et la membrane extérieure, parviendrait facile- ment dans la vertèbre arythénéale. Mais ( 97 ) l’air seul ou l’eau doivent pénétrer par ces passages. Dans l'acte de déglutition , les deux lames arthrocérales rapprochent leurs sornmets l’un contre l'autre, et forment ainsi un canal que les alimens sont obligés de suivre, tandis que la membrane extérieure se presse exactement autour de ce canal et se. moule sur lui. Ainsi la vertebre arythénéale ne contribue nullement à la mastication, ni à la dégluti- tion. Ses diverses pièces sont ramassées sur elles-mêmes. Mais ses arthrocéraux donnent attache à un tissu fibro-cartilagineux déjà signalé, tres-développé ici, qui, parti d’un des bords de leur surface, se contourne à lextérieur de la vertebre, y forme un ap- pendice, une sorte de corne, une poche, puis se replie sous lui-même et vient s’atta- cher à l’autre bord des arthrocéraux. Cette sorte de poche , creuse dans son intérieur, est entièrement tapissée de lamelles bran- chiales, propres à agir sur le liquide qui a pu pénétrer entre les lames arthrocérales- thyréales et la membrane extérieure. Il est aisé de concevoir que, dans le repos, les lames arthrocérales-thyréales étant abais- sées dans le corps de leur vertèbre, il s'éta- 7 | (98 ) blit un courant direct entre la vertebre ary- thénéale et le liquide extérieur. Cette vertebre arythénéale, par le déve- loppement demi-circulaire des fibres cartila- gineuses de ses arthrocéraux autour d’un cartilage spécial et adhérent aux arthrocé- raux, nous donne l’idée la plus juste des demi-cerceaux cartilagineux des bronches sur les Animaux supérieurs. Il est impossible de se méprendre sur l'identité de ces tissus. Bien plus, percez le sommet de cette poche branchiale, faites-en sortir les branchies qu’elle contient dans son intérieur pour les attacher à son extérieur, Je soutiens qu’on aura de sulte un poumon. Mais quels peuvent être la cause et le ré- sultat de cette respiration intérieure? Est- “elle nécessaire à l’Animal? Je suis certain que l’eau pénètre dars cet organe : mais comme il n’est tapissé que de lamelles bran— chiales filamenteuses , serrées et très-denses, ne pourrait-il pas servir à la respiration aérienne de l’Animal, quand il se trouve hors de l’eau ‘. 1 Ce poumon branchial communique avec les vais- seaux du cœur par un #rou pratiqué dans une bran- (99 ) M. Geoffroy a démontré que la majeure portion de l'appareil laryngé des Animaux supérieurs est employée, sur les Poissons, à porter les organes respiratoires. Ici le même fait a lieu : mais la respiration bran- chiale {( qui se fait par d’autres organes ex- térieurs.), au lieu d'employer à l’intérieur les quatre vertèbreslaryngées, n’en emploie plus qu'une , ‘la derniere de l'appareil, la vertèbre arythénéale. . En peu de mots, nous sommes sur ce der- rüer passage où la respiration se montre en- core dans des appareïls internes, mais où elle s'exécute davantage par des organes externes : nous sommes sur un point qui touche directement aux Poissons. Après la vertèbre arythénéale, mais en devant, on remarque la vertèbre hyoïdienne, étendue sur la face inférieure de cet appareil, et contribuant, par le jeu de ses diverses pièces , à celte sorte de déglutition qui fait passer les alimens de la première poche dans la seconde. Ses diverses pièces sont bien dis- che des polergaux thyréaux. — J'ai dû noter cette observation, qui montre que le sang doit arriver di- rectement dans cet appareil. SI ( 100 ) nctes: le basial est en arrière; et les appen- dices arthroméraux et arthrocéraux se diri- gent en devantet en dehors; des boursouffle- mens membraneux et ciliés leur correspon- dent dans l’intérieur. Il résulte de cet exposé, que l’apparel buccal interne des Crustacés supérieurs cor- respond exactement au nombre des vertebres laryngees des Animaux supérieurs. n'entre pas dans mon plan de montrer les rapports que ces vertèbres ont entre elles selon les diverses classes des Animaux. Il suffit de la certitude que, sur les Crustacés, elles servent principalement au jeu de ss mastication et de la déglutition. 6 aox D S IL. Déterrmunation et descripäon des cinq vertèbres et des diverses pièces ver- tébrales de l’apparal buccal du Palinurus vulgaris, Fabr. L'appareil buccal ou masticateur des Crus- tacés se compose de sept vertèbres; je ne parle point ici des deux premières, qui sont extérieures et qui représentent la vertèbre labiale et la vertèbre maxillaire des Ani- maux supérieurs. Le genre Palinurus ( Langouste ) est peut- être le seul, parmi les Crustacés , qui laisse nettement distinguer les cinq vertèbres buc- cales intérieures , avec chacune des diverses pièces qui les composent. L’orifice buccal est suivi d’un sac mem- braneux qui forme une poche où l’Animal accumule les substances alimentaires que les vertèbres suivantes doivent soumettre à la mastication. Cette poche buccale correspond exacte- ment à la poche d’approvisionnement qu'on remarque en arrière de la bouche des Oi- (Vro2 y seaux pêcheurs ; elle occupe plus ou moins d'espace suivant son ampliation. Elle fait la tête de l'appareil buccal interne, se trouve en rapport avec le dessous du test, avec la face interne des vertèbres sensoriales anté- rieures, et avec la face interne des verté— bres post-buccales. En devant elle se con- tinue avec la vertèbre labiale , la vertèbre maxillaire, et la première vertebre post- buccale; en arrière, elle se termine par la vertèbre pharyngéale, et son bas est formé par la vertèbre hyoïdienne. Cette poche est entièrement composée de fibres membra- neuses qui se croisent en {ous sens. Après cette poche vient l'appareil buccal solide, formé par la série de cinq vertèbres, dont trois supérieures et deux inférieures. Les trois vertèbres supérieures sont : la vertèbre pharyngeale, la vertèbre cricéale, et la verteébre éhyréale. Les deux vertèbres inférieures sont, en devant , la vertèbre hyoïdienne, et en ar- rière la vertèbre arythénéale. Chacune de ces vertèbres forme un seg- ment à part et également composé de neuf pièces solides, qu'il n’est pas difhcile de dis- tinguer. | ({ 503 } Vertèbres buccales supérieures. I. VERTÈBRE PHARYNGÉALE. R.-D.(Fig. 3-3bis.) Cette vertèbre, située à la partie antéro- supérieure , est la plus considérable de cet appareil. Elle est surtout utile à la mastica- tion. Elle correspond aux pieces osseuses et dentelées qu'on à signalées à la voûte du crâne et dans la bouche des Oiseaux, des Poissons et des Reptiles. Elle forme une sorte de demi-arc, qui tendrait à embrasser le pourtour de l’appa- reil,. mais qui n’en embrasse réellement que la moitié supérieure; convexe à la face ex- terne, elle est concave à la face ‘interne. Le basial , soudé avec les polergaux , forme l'espèce de test ou de plaque solide qu’on aperçoit d'abord; les polergaux de forme triangulaire s'étendent sur les côtés; mais le basial se poursuit en dedans, au bas, en ar- rière, puis se recourbe en dedans et en avant à son sommet, qui se soude au som-— met du basial cricéal. Dans son trajet, ce premier basial s’est incrusté en dedans d’une ( 104 ) substance fibro-cartilagineuse, qui donne lieu à de fortes rides dentiformes ; ce basial forme aussi une portion de la voûte de la vertèbre pharyngéale ; par son sommet re- courbé en dedans, il empèche les alimens de passer dans la seconde vertèbre, et il fournit à ces alimens un point d'appui pour être triturés par les arthroméraux. Les costaux sont deux petites tiges cylin- driques situées entre le basial et les poler- gaux. De l'angle postérieur et inférieur de cha- que polergal , part une pièce solide, d’abord assez grêle, qui augmente en épaisseur à mesure qu'elle s'avance en arrière et en bas; elle tend à se rapprocher de celle du côté opposé. Arrivée contre le sommet recourbé du basial , cette pièce forme une tête qui, à l'intérieur , s’incruste d’une substance fibro- osseuse, propre à déchirer. Cette pièce est l’arthroméral; \a position, la forme et le jeu des deux arthroméraux, ont pu avec raison les faire comparer à deux mâchoires. L’arthroméral laisse entre lui et le basial un espace triangulaire, rempli par une mem- brane fibreuse, tout-à-fait analogue à celle qui forme la poche. ({ robr Lorsque l'arthroméral a formé la tète qui s'appuie sur les côtés du sommet du basial , et qui ferme la première poche buccale, il semble pénétrer dans la seconde poche par un prolongement ou une tige interne, laté- rale, toute garnie de dentelures cartilagi- neuses : mais cette tige est formée par l'ar- throcéral soudé avec l’arthroméral. Ainsi, la premiere poche buccale est d’a- bord formée par une vaste membrane fi- breuse, et par la vertèbre pharyngeale : bientôt nous verrons la vertèbre hyoïdienne s'y joindre. IT. VERTÈBRE CRICÉALE. R.—D. (Fig. 4.) La seconde vertebre buccale supérieure concourt à la formation d’une seconde po- che moins ample que la première. Ses pièces sont exactement celles de la vertèbre pharyngéale, mais elles offrent quel- ques différences dans leur forme et dans leur position. Cette vertèbre est la vertèbre cricéale des animaux supérieurs; elle acquiert son maxi- mum de développement sur les Crustacés. Déjà, sur les Poissons, quelques-unes de ( 106 ) ses pièces sont employées à la mastica- tion. À l'extérieur, cette vertebre laisse entre elle et la vertèbre pharyngéale, un inter- valle , un vide triangulaire. | Le basial s'avance aussi en bas et en de- dans ; il vient souder son sommet au sommet recourbé de la vertèbre pharyngéale, mais ce basial se développe davantage vers le haut, où il se prolonge latéralement en deux branches écartées qui le font paraître four- chu. Les costaux, extrèmement petits, sont si- tués vers le sommet de chacune de ces bran- ches. Les polersaux, tout-à-fait latéraux, et situés sous les costaux, ne sont que des la- mes solides, que des parois qui correspon- dent aux bords latéraux du basial, et qui donnent attache aux membranes. Les arthroméraux forment la tige , un peu disposée en $, qui part extérieurement de la tête arthromérale de la vertèbre précé- dente , s’'avance latéralement en arrière jus- qu'à l'angle inférieur des polergaux thy- réaux. Cette pièce est solide à l'extérieur, mais à l'intérieur elle offre une lame fi- ( 107) breuse, comme papillaire, qu'on retrouve à toutes ces vertèbres. Sur quelques Crustacés, sur le Pou- part, etc., cet arthroméral offre, à l’inté- rieur, plusieurs points solides et dentelés; cet organe , tout-à-fait analogue à l’arthroméral pharyngéal, est seulement un peu moins développé. Les arthrocéraux partent du sommet des arthroméraux et forment une tige convexe en dehors, qui se contourne sur les côtés et en dessous de l'appareil buccal pour venir se terminer vers le sommet des arthromé- raux et des arthrocéraux hyoïdiens ; à l’aide de ses arthrocéraux, on peut dire que la vertèbre cricéale exécute un cercle autour de l'appareil buccal. A l’intérieur, ces ar- throcéraux fournissent une lame membra- neuse, papillaire, branchiale, plus déve- loppée que celle des arthroméraux. Une membrane fibreuse, analogue à celles déjà mentionnées, s'étend du basial de cette vertèbre au basial de la vertèbre thyréale, et d'un arthroméral à l’arthroméral op- posé. | Üne membrane semblabe remplit l’espace triangulaire entre les arthroméraux et les ( 108 ) arthrocéraux de cette vertèbre, et les ar— throméraux hyoïdiens. Cette vertebre sert encore à la mastica- tion, mais sur des substances plus élaborées, moins grossières ; sa face interne et la mem- brane qui s'attache aux bords de ses diverses pièces, forment une seconde poche stoma- cale, moins ample que la premiere. III. VERTÈBRE THYRÉALE. R.-D. ( Fig. 5.) Cette vertèbre, située derrière la cricéale, sert encore au passage et à l'élaboration des alimens. Mais ses pièces affectent des dispo- sitions assez modifiées. Elle forme une troisième poche, un peu élevée, comprimée sur les côtés, et mem braneuse vers son sommet postéro-supérieur. En arrière, elles’ouvre dans le tube intesti-— nal; en devant, elle communique avec la vertèbre arythénéale. Le basial, très-petit, consiste en une lame osseuse, un peu allongée sur le bord supé— rieur et antérieur de la vertèbre. Toujours sur ce même bord, mais plus en arrière, les costaux forment deux pièces ( 109 ) ovyalaires, allongées, qui donnent attache à la membrane de cette vertebre. Les polergaux sont les deux larges pièces qui, des costaux, descendent latéralement jusqu'à la vertebre arythénéale. Minces, aplatis , ils font l’office depièces pariétales. Arrivés entre la vertebre hyoïdienne et la vertebre arythénéale, ils donnent deux an- gles remarquables : l’un saillant, qui se joint au sommet de l’arthroméral cricéal; l’autre, plus aplati, qui recouvre le basial hyoïdien, et s'avance jusqu’au sommet des pièces ary- thénéales. Cette dernière portion de la ver- icbre est percée d’un trou qui se rend dans l’intérieur de la vertèbre arythénéale. Mais les arthroméraux , nés de la base des polergaux, descendent le long du sommet de la verièbre. Arrivés aux arthroméraux hyoïdiens, ils se replient tout-à-coup en for- mant un coude, et ils viennent rejoindre le sommet de leurs polergaux. Ils laissent alors entre eux et leurs polergaux un intervalle membraneux. Ces pièces, à leur face interne, ont aussi une petite lame membraneuse, boursoufilée et ciliée. Les arthrocéraux, peu développés pour la matière osseuse, s’enfoncent dans la ca- (:z10 ) vité stomacale et y forment chacun une large lame cartilagineuse, ciliée, analogue à toutes celles déjà mentionnées, mais qui formentici un appareil très-important. Ces lames se soudent vers le bas, forment une cloison à la partie postérieure de la vertèbre : arrivées contre l'orifice pylorique ; elles se séparent, se dirigent en arrière. Les arthroméraux se laissent voir vers le sommet et sur le haut de la vertèbre, dans la membrane quiforme la poche dilatable de cette même vertèbre, et qui se termine dans l'intestin. Entre les lames cartilagineuses des arthro- méraux et la paroi externe de lappareil digestif, cette vertebre oflre de chaque côté une coulisse, un intervalle qui se prolonge dans l’intérieur de la vertebre arythénéale, en sorte que ces deux vertèbres communi- quent directement ensemble. Mais la sou— dure des arthrocéraux vers le bas empêche les alimens de passer dans la vertebre sui- vante, et leur formeun conduit qui les dirige dans l'intestin. Cette vertébre a pour usage de former une troisieme poche stomacale, de communiquer avec l'intestin et avec la vertèbre arythé- néale. (Sax à Des vertèbres inférieures. IV. VERTÈBRE ARYTHÉNÉALE. R.-D. (F9. 6.) J'ai déjà exposé que l'appareil buccal offre des vertebres supérieures et des vertè- bres inférieures. J'ai décrit les trois vertèbres supérieures qui servent à la mastication, et j'ai indiqué comment la vertèbre thyréale communique dans la vertèbre arythénéale , qui la suit immédiatement, mais qui lui est réellement inférieure, parce que l'appareil buccal éprouve ici une conversion sur lui- même. Ainsi cette vertebre est réellement infe- rieure à la vertèbre thyréale ; elle est aussi moins étendue. Le dastal, tout-à-fait comprimé, consiste en une petite pièce transverse, qui offre les costaux au-dessus de ses angles: Ces costaux sont eux-mêmes un peu surmontés par les polergaux, qui ne sont plus icique des pièces aplaties, étendues sous la branche inférieure des arthroméraux-thyréaux. Les arthroméraux, assez semblables aux polergaux, sont pareillement étendus en long (12) sous leurs polergaux; quelquefois on leur distingue plusieurs pièces. Mais les arthrocéraux qui naissent contre chaque angle latéral du basial, sous les cos- taux et derrière les arthroméraux, ne con- sistent chacun qu'en une petite tige osseuse, qui se contourne de dedans en dehors. Ici paraît un organe tout-à-fait nouveau, et qui mérite toute notre attention. Les piè- ces arythénéales ont pris pour point d'appui les arthroméraux-thyréaux, qui se sont rap- prochés en bas. Les pièces arythénéales se sont développées un peu én dedans et en dehors, de manière à laisser entre elles un intervalle qui s'évase d'autant plus. qu'il s'éloigne davantage des arthrocéraux-thy- réaux. Rappelons-nous que ces arthrocéraux- thyréaux fournissent une large lame carti- lagineuse. Ici cette production des arthro- céraux-arythénéaux acquiert un haut degré d'importance. | | De chaque arthrocéral nait donc une pa- reille lame cartilagineuse , qui d’abord se porte sous le basial , se réunit à la lame opposée etforme une cloison, un diaphragme entre Chaque arthrocéral, ainsi qu'entre le basial et les arthrocéraux-thyréaux. Cette (11431) lame cartilagineuse prend ensuite deux di- rections : l’une qui longe ie milieu de l'in- tervalle entre les diverses pièces solides de la vertèbre jusqu’au basial hyoïdien; Pautre qui suit la direction de son arthroceral, et, comme lui, se contourne en dehors. Au bord inférieur de la lame intervallaire naît en- suite un tissu particulier formé de fibres car- tilagineuses jaunâires, qui se portent aussi en dehors en se contournant et en adhérant à la lame cartilagineuse et contournée de l’arthrocéral. Ce tissu, ainsi contourné en forme de corne, vient se terminer au bord inférieur des arthroméraux. Au moyen de la cloison établie entre le basial de cette vertèbre et le dessous des arthroméraux-thyréaux, il résulte que la vertèbre thyréale ne peut plus communiquer dans la vertebre arythénéale que par deux. ouvertures latérales à cette cloison, et qui pénètrent dans l’espece de corne formée par les points d'attache différens du tissu carti- lagineux des arthrocéraux. J'ai dit plus haut que cette communication enire les deux ver- tèbres n’a lieu qu'au moyen d’un intervalle entre les arthrocéraux-thyréaux et la mem- brane externe de l'appareil buccal ; en sorte : 8 (1#40) que si l’Animal resserre à la fois cette mem- brane et ses arthrocéraux - thyréaux , il devient impossible à aucun corps, même à Vair, de pénétrer de la vertebre thyréale dans la vertèbre arythénéale. Il ne peut donc pénétrer que de l'air ou de l’eau dans cette vertébre arythénéale qui est un véritable larynx. Les deux espèces de cornes fibreuses attachées à ces arthrocéraux sont du même tissu que les bronches des Animaux superieurs. Ce sont de véritables bronches, mais qui ne s'ouvrent point dans des poumons ; ce sont des bronches à une seule ouverture. L'intérieur de ce larynx offre un conduit par où l'air et l'eau pénè- trent ; il offre plusieurs lames entièrement ciliées et comme velues, tout-à-fait analo- gues à des branchies. Ici il ne s'exécute encore qu'une respiration branchiale, mais qui est intérieure el non extérieure. V. VERTÈBRE HYÉALE Ou HYOÏDIENNE. R.-D, (Fig. 7.) Située à la partie äntéro — inférieure de l'appareil buccal, cette vertèbre est suivie de la vertébre arythénéale. La disposition (, tua ) de ses pièces la fait aussitôt comparer à la vertèbre hyoïdienne des Animaux supé- rieurs ; c'est-à-dire , elle offre sa base en arrière , tandis que ses appendices s'ouvrent en avant sur l’orifice buccal. Le basial est une petite lame en carré long , qui fait suite aux arthrocéraux-arythé- néaux. Sur les côtés de chacun de ses angles antérieurs on voit deux petites pièces osseu- ses, qui sont les costaut. Les polergaux , projetés en devant du basial, dans l'intervalle des arthroméraux, consistent en deux lames qui se soudent par leur bord interne. Les arthroméraux sont les pièces les plus développées de cette vertebre; ils forment deux tiges cylindriques, qui, parties des costaux, s'avancent vers l’orifice buccal en se rapprochant un peu l’une de l’autre, et viennent se terminer contre le sommet des arthroméraux cricéaux. À leur face interne, ces pièces supportent un fort boursoufflement mermbraneux , ainsi que leurs arthroceraux, qui consistent à l'extérieur en deux tiges encore plus grêles , et longeant l'étendue des arthroméraux sous lesquels elles sont si- ; tuées. s* ( 116 ) Il ne serait donc pas difficile de rapperter ces pièces à celles que M. Geoffroy nomme sur l’hyoïde des Animaux supérieurs. Cette vertèbre hyoïdienne ne peut avoir d’autres usages que de coopérer à la déglu- tition, ou à l’expulsion des alimens de la premiere poche dans la seconde. Alors elle meut le sommet de ses arthroméraux de haut en bas, de dehors en dedans, et d'avant en arrière. On doit remarquer que toutes les pièces solides de cet appareil buccal ne sont ainsi distinctes que parce que le jeu spécial et le mécanisme journalier de chacune de ces pieces les empêchent de se souder. Je ne pense pas qu'on puisse rien objecter à la détermination rigoureuse que je donne de ces vertèbres. Je ne pense pas non plus qu'on puisse me contester leur jeu ni leur usage. On me recherchera sans doute sur quelques détails : mais je déclare que je ne dois répondre que par l’orgueil du silence aux personnes qui nieront l'identité , le nom- bre et la détermination de ces mêmes ver- tèbres. { 117 ) I. ETUDE DU GENRE SQUILLE ET DES GENRES VOISINS. { Je donne ici l'étude très-importante de ces genres, qui doivent former une classe immédiatement après les Crustacés et avant les Entomostracés. ) G. Squiree. Squilla. 1. Branchies situées aux vertèbres ab- dominales. 2. Les trois vertèbres sensoriales pos- térieures formant la carapace et devenues organes buccaux. 3. Les trois autres vertèbres senso- riales tout-à-fait antérieures et formant des appendices séparés. 4. La vertèbre labiale et la vertèbre maxillaire comme sur les Crustacés. 5. Les vertèbres buccales NUIRE en dehors. 6. Les vertèbres post-buccales re- jetées plus loin. 7. Les vertèbres locomotrices déve- ( 118 ) loppées à part, n'étant plus sous le test, et ayant amené le développement des vertèbres dorsales correspondantes : en sorte que la Squille offre dix-huit vertè- bres abdominales, tant supérieures qu’in- férieures , au lieu de treize. VERTÈBRES DORSALES. Ce genre offre cinq vertèbres dorsales de plus, qui correspon- dent aux cinq vertebres locomotrices. Ces cinq vertèbres sont tout-à-fait analogues aux six suivantes, mais leur basial est très-petit; la première parait presque n'avoir que des rudimens. Les vertèbres dorsales offrent ceci de par- ticulier , que le bastal est supérieur et forme un petit arceau transversal, ayant les ex- trémités terminées par les costaux, tandis que l’arceau inférieur est très-développé , et formé dans son milieu par les polergaux soudés, qui sur leurs côtés portent les ar- throméraux et les arthroceraux, également soudés entre eux et avec les polergaux. Le Squilla glabriuscula, Lamk., offre un singulier caractère; sur ces ‘vertèbres les basial et les costaux ne se sont pas dévelop- (119) pés, on n'aperçoit que le tissu membra- neux qui aurait dû les sécréter. Les poler- gaux forment alors les principales pièces des vertèbres. VERTÈBRE OLFACTIVE. Basial antérieur ; costaux inférieurs et soudés ; polergaux pa- raissant perforés, réunis aux arthroméraux qui,avec les arthrocéraux , se continuent en un filet cylindrique que terminent des filets fibro-cartilagineux dont le nombre varie selon les espèces. VERTÈBRE oPTiQuE. Basial petit, situé au— dessus du basial olfactif; costaux petits , su- périeurs et soudés ; polergaux latéraux, ocu- lifères. VERTÈBRE AUDITIVE. Située entre la ver- tébre optique , et en dehors de la vertèbre gustale; elle est inférieure par sa base et latérale par ses appendices. Basial petit, in- férieur, contre la poche buccale; costaux antérieurs au basial et postérieurs aux cos- taux olfactifs ; polergaux latéraux au basial et aux costaux, assez développés. Ils don- nent naissance, en, dehors, aux arthromé- ( 120 ) raux qui se terminent en une longue palette aplatie , et en dedans, aux arthrocéraux fi- liformes, pluriarticalés, terminés par un filet. VERTÈBRE GUSTALE. C'est la plus impor- tante du genre; elle acquiert ici son plus haut développement;elle devient la bouche. Située entre la vertèbre optique et la ver- tèbre sonore; basial supérieur, allongé et triangulaire; costaux situés sur les côtés antérieurs et supérieurs du basial, et for- mant entre les yeux une lame de protection ; polergaux latéraux au basial et aux costaux, descendant former les parois latérales de la bouche ; arthroméraux et arthrocéraux sou- dés ensemble et avec les polergaux, formant la paroi inférieure et le bord buccal de cette poche solide. VERTÈBRE sonore. Très-étendue ; elle re- couvre la bouche, forme presque toute la carapace; ses pièces sont divisées en long et accolées les unes contre les autres. Basial assez petit, postérieur ; triangulaire, envoyant devant lui et sur le milieu du test les deux costaux soudés ensemble, qui s'é- (rar) tendent jusqu'au basial gustal; les poler- gaux forment les deux lames latéro-longi- tudinales qui, accolées contre les costaux, se poursuivent jusqu'à l'angle postérieur du test, et se soudent avec les bords de la ver- tébre motile. Les arthroméraux et les ar- throcéraux sont soudés entre eux, et avec cette dernière vertèbre. VERTÈBRE MOTILE. Postérieure au test, si— tuée entre les pièces appendiculaires de la vertèbre sonore; ses pièces sont tres-indis- tincies sur la plupart des espèces; mais sur le Squilla raphidea, Fabr., je distingue, en arrière et au milieu, un tres-petit basial; sur les côtés antérieurs du basial, deux cos- taux qui, dans leur intervalle antérieur, re- coivent le basial sonore; sur les côtés pos- térieurs du basial, deux polergaux qui se soudent avec les arthroméraux sonores , et qui montent le long des costaux motiles. Je distingue les arthroméraux situés au som met des costaux et des polergaux, enclavés entre les costaux, le basial et les poler- gaux sonores : ils sont de formetriangulaire. Les arthrocéraux, encore plus antérieurs que les arthroméraux, sont un peu plus Kurt) allongés , et enclavés entre les polergaux sonores. Il résulte de cettedisposition, que les deux vertèbres (la vertèbresonore et la vertè- bre motile)sont enclavées l’une dans l'autre. VERTÈBRES BUCCALES. Ici la bouche formée par la vertèbre gustale et la vertèbre sonore, a expulsé les vraies vertèbres buccales des Crustacés. _ Le bord antérieur de la bouche est formé par la vertebre labiale, et ses parois latérales par la vertèbre maxillaire dentiforme, et munie d’un palpe. La partie postérieure de cette bouche est formée par les vertèbres buccales des Crus- tacés, expulsées au dehors, serrées les unes contre les autres, et devenues organes de tact et de préhension. Elles forment une pre- miere enceinte autour de la bouche. VERTÈBRES POST-BUCCALES. L'expulsion au dehors des vertèbres buccales, a forcé les vertèbres post-buccales de se développer plus en arrière et encore plus en dehors. Il en est résulté une seconde enceinte autour de la bouche et des vertèbres buccales ; ces vertébres sont très-serrées, les deux pre- ( 123 ) mieres ne sont pas complètes, mais les trois dernières, plus développées, viennent avec leurs arthrocéraux former trois paires de disques, surmontés d'un crochet mobile pour saisir et retenir la proie. VERTÈBRES LOCOMOTRICES. Ces vertèbres offrent ceci de particulier, que la première fournit deux longs appendices en forme de bras, qui s'étendent en avant du corps; son basial est sous les vertèbres post-buccales ; ses costaux forment la base des bras; ses po- lergaux en forment le manche, et ses ar- throméraux la lame ( en la comparant à un couteau ouvert ). Les arthrocéraux consti- tuent la pièce terminale dentelée, pectinée. La seconde vertèbre locomotrice, eu égard à l’excessif développement de la première, n'offre à peine que les rudimens de ses pie- ces arthromérales et arthrocérales. Les trois vertèbres suivantes sont comme sur les Crus- taces, VERTERRES ABDOMINALES. Ces vertebres res- semblent en tout à celles des Crustacés, mais les arthroméraux et les arihrocéraux portent des lames branchiales. (124) VERTÈBRE NATATOIRE. Les diverses pièces de cette vertebre sont bien distinctes. Le genre Coronide s'explique comme le genre Squille. Le genre Ericth a sa carapace formée sur- tout par la vertèbre motile. La vertèbre motile prédomine sur les gen- res Phyllosôme et Alime; mais ces deux genres offrent d’autres caractères sur les- quels je reviendrai plus tard. ({ 225 ) III. LES BRANCHIGASTRES. R.-D. (Classe.) Branchigastria. (Majeure portion des Cr. Isopodes. ) Jetons un rapide coup-d’œil sur les Ani- maux de cette section, et nous nous de- manderons ensuite comment on a pu les confondre ou les joindre avec les vrais Crus- tacés. 1°. Les branchies sont situées sur des la- mes étalées sous chaque vertèbre abdomi- nale. | 2°. Les pièces, qui forment les cinq vertè- bres dorsales et les cinq vertèbres abdomi- nales, sont ordinairement confondues en- semble. 3°. L'absence totale d’une carapace, et le développement des vertèbres post-buccales, devenues organes de locomotion, ont né- cessité l'existence de sept vertèbres dorsales correspondantes, qu'on n'observe jamais sur les vrais Crustaces. 4°. Point de carapace, parce qu'aucune des vertèbres sensoriales {postérieures n'existe. ( 126 } 5°. Iln’y a que deux vertèbres sensoriales antérieures : l’olfactive «et l'optique. L’ol- factive offre l'existence bien prononcée de ses arthroméraux et de ses arthrocéraux, d'où l'on a conclu, mais à tort, que ces Animaux ont deux paires différentes d’an- tennes. (Du moins c’est ce dont je crois être sûr d’après l'inspection des individus que je possede. ) 6°. La vertèbre auditive n'existe pas. 7°. Les sept vertèbres buccales manquent totalement. 8°. On ne compte que sept paires de ver- iébres locomotrices, maisil y en a réellement dix. Les deux premières forment la lèvre supérieure et les mâchoires, tandis que la troisième n’est que rudimentaire; il reste encore sept paires pour que l’Animal puisse se mouvoir et surtout s’accrocher. Il est évident qu'ici les cinq vertèbres post- buccales de mes Crustacés sont devenues organes de mastication, de préhension et de locomotion. Il existe à peine quelques ves- tiges de la vertèbre anale. Ainsi, différences essentielles dans la na- ture et la position des organes respiratoires ; (rar) différences probables dans le mode de cir- culation; différences notables par l'existence des vertèbres dorsales qui correspondent aux vertèbres locomotives , par l'absence des trois vertébres sensoriales postérieures, de la vertèbre auditive, des sept vertèbres buc- cales, par le plus grand développement des vertèbres post-buccales, dont deux opèrent la mastication. Certes , je viens de présenter une réunion de caractères assez imposans pour me Croire dans l'obligation d'établir une nouvelle classe. ( 128 }) IV. LES ENTOMOSTRACÉS. Muller. (Classe.) Entomostracea. Les Animaux de cette classe sont différens des Crustacés par un trop grand nombre de caractères essentiels pour qu’il soit possible de les confondre. Comme je ne connais encore que les dé- tails de quelques genres, je donne ces mê- mes détails; mais je ne donne point les ca- ractères spéciaux et constans de la classe, je ne les connais pas. Toutefois, je préviens qu’on lui a rapporté une foule d'Animaux qui doivent nécessairement former de nou- velles classes. G. PoLyPHÈME. Branchies portées sur les arthroméraux des vertébres locomotrices. Le test est formé en totalité par la vertè= bre optique. Le basial et les costaux forment la crête médiane. Les polergaux forment les deux larges pièces latérales. ( 129 ) Les arthroméraux forment la majeure partie de la lame inférieure. Les arthrocéraux forment l’espece de crête située sur le milieu de la lame infe- rieure , et en devant de la bouche. VERTÈBRE ULFACTIVE. Située avant les ap- pendices locomoteurs, elle forme les deux palpes ( des auleurs ) par ses arthroméraux et ses arthrocéraux. Ses autres pièces sont peu développées. VERTÈBRE AUDITIVE. Située derrière la ver- tèbre optique, et soudée aux vertèbres dor- sales, elle laisse assez bien distinguer ses diverses pièces. Elle offre à peu près la même disposition que les verièbres dorsales. VERTEBRES DORSALES. Ces six vertèbres for- ment une seconde carapace, un test pos- iérieur ; elles sont toutes soudées ensemble et protégent les organes inférieurs. Les pièces basiales et costales forment la crête médiane ; les polergaux forment les pièces latérales; les aréhroméraux ne paraissent composés que d’un seul article, et les arthro- ceraux sont à peine rudimentaires. 9 (4600 ) VERTÈBRE COCCYGIENNE. Elle forme un ap- pendice cylindrique qui se prolonge en un long filet. VERTÈBRES LOCOMOTIVES. Ces cinq verte- bres ont leurs polergaux munis de dente- lures et d'aspérités, pour opérer la masti- cation, et dilatés en forme de disques. Les arthroméraux forment les organes locomo- teurs; les arthrocéraux rudimentaires sur les deux vertèbres postérieures. VERTÈBRES ABDOMINALES. Leurs polerg'aux sont dilatés en larges lames ou feuillets. Les arthroméraux et les arthocéraux, peu dé- veloppés, se distinguent sur la ligne mé- diane de ces lames. Ainsi ce genre n'a point de vertèbres sen- soriales postérieures , point de vertèbres buc- cales, point de vertèbres post-buccales, et son test est formé par la vertèbre optique. | G. LIMULE. La vertèbre optique forme le quart anté— rieur du test, dont les trois quarts posté- rieurs, ou la presque totalité sont formés ( 14% ) par les polergaux de la vertèbre auditive, qui se développent en arrière, et déjettent sur les côtés les arthroméraux et les arthro- ceraux soudés ensemble. La vertèbre offactive offre le développe- ment distinct de ses arthroméraux et de ses arthrocéraux; les arthrocéraux se terminent en un filet bifide. Cette vertèbre est située contre la bouche. Un grand nombre d’appendices locomo- teurs que je n'ai pas étudiés. ( 139 ) ARACHNIDES. Latr., Lam., Cuv. IV. MYRIAPODES. V. JULACÉS. VI. THYSANOURES. I. AR ACHNIDES. VII. PARASITES. il. ERYTHROIDES. TITI, ACARIDIENS : ( 69 ) CHAPITRE VIIL ARACHNIDES. Cuv., Dumér., Lam., Latr. ON comprend dans cette classe plusieurs sections d'Animaux si différentes pour l’or- ganisation et les mœurs, qu'un jour nos descendans seront surpris, ou de notre igno- rance, ou de l’excessivement mauvaise for- mation de nos cadres zoologiques. Je ne ferai pas ici ressortir tous les vices de cette classification : le simple exposé de ma théorie sera plus éloquent que toutes les paroles imaginables. Pourtant la marche à suivre était bien simple. Des Entomostracés aux Insectes Dip- téres la nature avait étendu la longue ligne de toutes ces prétendues Arachnides, pour lier et unir ce qui, dans nos traités actuels, paraît si dissemblable. Mais, il faut le dire hautement , la plupart (134) des auteurs, à force de vouloir , ou trop géné- raliser,;‘ou trop spécialiser , ont fini par con- fondre ensemble les Étres que la nature 9 . . « . f Ê s'était complue à différencier par des carac- ières aussi positifs que faciles à saisir. ( 135 ) I. ARACHNIDES. R.-D. ( Classe. ) A rachnele Point de vertèbres dorsales. Deux seules vertèbres sensoriales ; l'optique et l’olfactive. Point de vertèbres buccales ni post- buccales. x Les cinq vertèbres locomotrices ; la première devenue organe de tact. Circulation plus ou moins composée. Respiration par des pneumo-branchies ou par des trachées. Arrivés aux Entomostracés, nous avons vu disparaître toutes les vertèbres buccales et post-buccales, ainsi que la plupart des ver- tébres sensoriales. C'est précisément à ce point qu’il faut adapter ma classe des Arach- nides. Gardons-nous bien surtout de Îa confondre avec celle des Parasites, qui com- prend des Animaux plus composés, et qui fait la suite naturelle des Insectes. Les Arachnides, les Acaridiens, les Ery— ( 136 ) throïdes ne nous offriront jamais ni vertèbres dorsales, nivertèbres sensoriales postérieures. Il serait inutile de les y chercher. Comme les Squilles, la plupart des Arach- nides ont encore une circulation distincte et qui communique directement avec les organes de la respiration. Mais seules entre tous les Animaux, là plupart des Arachnides possèdent des orga- nes respiratoires spéciaux, que M. Latreille nomme Pnreumo — Branchies. Ce sont des trachées , ouvertes sous l'abdomen , qui con- duisent l’air dans de petites poches munies de petites lames saillantes et vasculaires. Le seul caractère constant des Arachnides est d’avoir deux mâchoires formées par la vertèbre olfactive, avec les cinq vertèbres locomotrices des Crustacés décapodes. C’est l'existence de la vertèbre olfactive qui distingue éminemment cette classe. Cette vertébre ne s’observe plus surles Erythroïdes, ni sur les Acaridiens; et certainement d’au- tres caracteres plus importans les séparent des Entomostracés. | Mais les Arachnides forment une classe bien supérieure pour la perfection des prin- cipaux organes, ceux de la respiration dont (137) j'ai déjà parlé, et ceux de la circulation, le cœur envoyant des vaisseaux aux pneumo- branchies. | Mais ce mode de respiration n'appartient pas à toutes les Arachnides. Les Phalangides et les Pseudo-Scorpions continuent de res- pirer par des trachées bicordonnées. Ainsi la respiration et la circulation ne peuvent pas être prises pour bases princi- pales des caractères de cette elasse. Ce qui, au premier coup-d’œil, distingue une Arachnide , c’est la vertebre optique étendue en test sur le tiers antéro-supérieur du corps, et formant des yeux variables pour leur nombre et leur position. Elle se _ soude en arrière avec les costaux réunis des dernières vertèbres locomotrices. Son test empêche le développement des costaux des premieres de ces vertèbres. Sous ce test optique se développe la ver- tebre offactiwe qui, par ses arthroméraux et ses arthrocéraux, forme deux irstrumens propres à saisir et à tuer la proie, puisqu'ils sont percés au sommet, et traversés par un canal vénénifère. ( Ce sont les mandibules des auteurs. ) On demandera peut-être pourquoi cette (. 138:) vertèbre est plutôt l’olfactive que toute autre. Cette question n'est pas très-difficile à ré- soudre. Cette vertèbre se développe toujours sous la vertèbre optique, et jamais en arrière comme les autres. En outre, le genre Ga- léode offre souvent sur elle le filet cartila-' gineux , déjà signalé aux antennes des Crus- tacés. Sur le genre Nymphon, cette même vertébre est placée immédiatement entreles yeux et l'organe buccal. | La bouche s'ouvre entre cette vertèbre et la première vertèbre locomotrice des Astaciens. Je n’ai jamais pu signaler au- cun organe solide dans cette bouche. Mais M. Savigny, plus heureux et plus patient, y a retrouvé les vestiges des vertebres post- buccales du Homard et du Crabe. Après cette bouche, la première vertèbre locomotrice des Astaciens forme ici, à l’aide de ses arthrocéraux, deux longs bras, désignés sous le nom de palpes, et qui, sur les Ara- néides mâles, portent les organes de la copulation. La réunion des arthroméraux et des arthrocéraux de cette vertebre forme les deux pinces du Scorpion. Cette vertebre, qui naît derrière le test optique, ne me paraît pas avoir des costaux développés. ( 139 ) Les quatre vertebres locomotrices posté- rieures des Astaciens forment les quatre paires d’appendices locomoteurs des Arach- nides. Ces quatre vertèbres , assez pressées vers le sommet, semblent se souder ensemble a l’aide de leurs costaux, qui se soudent également avec le test optique, et qui alors paraissent former une sorte de petit test : et voilà ce qu’on a nomme le corselet des Arachnides/! On doit signaler ici la portion basilaire de la deuxième de ces vertèbres qui sert à la mastication, en formant deux petites lames avancées et dentelées sur les bords, tandis que les polergaux de la première vertèbre (des palpes) sont plus groset hérissés d’aspé- rités, comme on l'a déjà vu sur les Poly- phêmes. Sur les Scorpions, le basial, devenu organe actif de mastication, peut entière- ment se diviser en deux pièces. La première vertèbre abdominale de ces mêmes Animaux forme les deux peignes par ses arthroméraux qui peuvent demeurer articulés. Les poler- gaux &@e leurs vertèbres abdominales con- tiennent les organes respiratoires : les cos- taux forment le dos de chaque vertèbre. (140 ) Les Prexoconines. Latr., Lam. ( Tribu.) Les Animaux de cette section appartien- nent réellement à la classe des Arachnides, quoiqu'ils semblent s'en écarter sous plu- sieurs points de vue. Ils se composent d'es- pèces aquatiques qui représentent assez bien les Ranâtres des Hémiptères , et qui doivent respirer par une ouverture anale. Leur bouche consiste en un petit tube cy- lindrique, perforé en son milieu, qui peut- être recèle quelques organes masticateurs , mais qui peut-être aussi ne sert qu’à pratiquer le vide et à faire la succion. Je n'ai jamais vu les genres Picnogonon et Phoxichle; mais j'ai particulièrement étudié le genre Nymphon, dont je donne ici l’exacte description. Il m'a fourni les plus précieux renseignemens. Ce genre prouve d’une manière décisive que les Arachnides n'ont point de vertèbres dorsales. Il offre le développement successif et par segmens cylindriques des diverses vertèbres qui composent son corps. Il est encore très-utile à étudier en ce qu’il démontre que c’est la vertèbre olfactive (141) qui forme les mandibules des Arachnides; car cette même vertèbre est développée en pinces , afin qu'il ne nous reste pas le moin- dre doute à cet égard. On peut encore dis- tinguer sur ce genre les rudimens de la ver- tèbre auditive. G. Nympuon.. Latr., Lam., Savig. Corps filiforme, dont tous les segmens sont placés successivement à la suite les uns des autres. 4. La vertèbre optique forme le sommet du segment antérieur de l’Animal. Les yeux sont portés sur un petit pédicule. 2. La vertèbre offactive , qui occupe le milieu de ce segment antérieur, fournit deux appendices bien développés, pluriarticulés, terminés par un crochet. ( Ce sont /es man- dibules des auteurs. ) 3. Sous la vertèbre olfactive, un peu avant le tube buceal , paraît la vertèbre auditive qui ne fournit que deux appendices très-petits. C'est peut-être le seul vestige de cette ver— tèbre qu’on puisse saisir dans la classe des Arachnides. 4. La bouche est formée par un petit tube (142) avancé, cylindrique, ouvert dans son mi- lieu, et qui ne m'a laissé distinguer nul organe masticateur. 5. Après ce tube viennent cinq vertèbres munies d’appendices locomoteurs : ce sont les cinq vertèbres locomotrices des Crustacés astaciens. Ici, comme sur presque toutes les Arachnides, la première deces vertebres dé- veloppe ses pièces arthrocérales et fournit deux appendices palpiformes. L'abdomen ne consiste qu’en un tube cylindrique extrèmement petit. DIVISION DES ARACHNIDES. L Respiration par des pneumo-bran- chies. Circulation plus composée. À. Organes des filières contenus dans Pabdomen. LES ARANÉIDES. B. Point de filières à labdomen. LES SCORPIONIDES. C. Respiration par l’anus. Corps effilé. Les PICNOGONIDES. ( 145 ) IT. Respiration trachéale. A. Corps divisé en trois segmens dis- tincts. Les PSsEuDO-ScoRPIONS. B. Segmens du corps confondus. LEs PHALANGIDES. ( 144 ) IT. ERYTHRÉIDES. R.-D. (Classe. ) Erythreide. Respiration trachéale. Une seule vertèbre sensoriale ; l’op- tique. Organes de mastication et de tact formés par les deux premières vertèbres locomotrices. Cette classe comprend une série d’Ani- maux qui démontre clairement Îes anoma- lies et les inconséquences de la distribution zoologique actuelle. On ne s'est point contenté de placer ces Animaux parmi les Arachnides, on les a en- core confondus dans la même série que les Ixodes et les Cheylètes; mais ils offrent des caractères qui en font une classe spéciale , intermédiaire aux Acaridiens et aux Arach- nides. Ces Animaux, outre l'absence des vertèe- bres dorsales et des trois vertebres senso- riales postérieures , n’ont ni vertèbre audi- tive, ni vertèbre olfactive, ni vertebre la- (145) biale, ni vertèbre maxillaire ; ils ne possedent que la vertèbre optique. Ils diffèrent donc beaucoup des Acaridiens, qui ont la bou- che formée par la vertèbre labiale et la ver- tèbre maxiliaire. Les Arachnides offrent la vertèbre olfactive. | La vertèbre optique est peu développée. L'absence des quatre vertèbres mention- nées forme un vide, un intervalle entre les appendices de la préhension et les yeux : au milieu de cet intervalle se trouve l'orifice de la bouche. Il en résulte que ces Animaux ne possèe- dent plus que les cinq vertèbres locomotrices des Crustacés décapodes. La première de ces vertèbres ( lés mandi- bules\ fournit, à l’aide de son arthroméral, un organe propre à saisir et à tuer la proie; il est en crochet cu en pince. On y voit en outre un appendice mobile, palpiforme, formé par l’arthrocéral : cette vertèbre re- présente la paire de mâchoires des Insectes broyeurs. La seconde de ces vertèbres ( lèvre infé- rieure des Insectes ) fournit deux arthrocé- raux allongés, palpiformes, qui constituent les palpes des auteurs. 10 ( 146 ) Enfin les trois autres vertèbres donnent des appendices propres, soit à la locomo- tion terrestre, soit à la locomotion aquati- que selon les espèces. Sur ces Animaux, la singulière conforma- tion de l'abdomen semble occuper presque tout le corps. Sur les Hydrachnes les costaux se soli- difient , se soudent et forment une sorte de test. (147) III. LES ACARIDIENS. R.-D. (Classe. ) Acaridi. Respiration trachéale. Point de cœur. Une seule vertèbre sensoriale; l’op- tique. Bouche formée par la vertèbre labiale et la vertèbre maxillaire. Les cinq vertèbres locomotives, dont la première est organe de tact. Rarement six pates. Rarementlanon-existencedela bouche. Sous le nom d’Acaridiens , on a encore placé parmi les Arachnides un grand nom- bre , d’Animaux qui, non-seulement n'ap- partiennent point à cette classe, mais qui, comparés entre eux, renferment des classes différentes ( les Acaridiens et les Érythrei- des ), ainsi que le plus simple examen suffit pour le prouver. La nouvellé classe d’Animaux que je dési- gne sous le nom d’'Acaridiens, suit immédia- tement celle des Parasites, dont elle ne dif- 10* ( 145 ) fère essentiellement que par l'absence de la vertèbre olfactive, et par le développement différent des organes qui constituent la bou- che. En effet , la vertebre olfactive, ainsi que la vertèbre auditive, a tout-à-fait disparu, il n'en reste pas le moindre vestige; la ver- tèbre optique parait même avoir déja subi des modifications telles, que plusieurs au- teurs ont avancé, mais à tori, que ces Ani- maux n'ont point d'yeux : ceux-ci existent toujours , souvent même ils sont tres-déve- loppés sur les côtés; souvent aussi on a de la peine à les distinguer. Le basial de cette vertèbre forme la dé dorsale du premier segment ( ou de la téte) de l'Animal. La vertebre Zabiale ( labre des Insectes) est très-développée; elle forme deux tiges ou lames latérales qui, réunies à une autre lame inférieure, constituent l'appareil buc- cal de ces Animaux ; cette lame inférieure est elle-même formée par la vertebre maxillaire ( les mandibules ), dont les appendices sont aussi soudés et très-peu développés. La première vertèbre /ocomotrice des Crustacés astaciens ( les machotres des Insec- tes ) donne ici la paire d’appendices qu'on ( 149 ) désigne sous le nom de palpes. Sur les Chey- lètes, les pièces appendiculaires de cette vertèbre forment deux forts appendices ter- minés en pinces. La seconde vertébre locomotrice des Crus- tacés astaciens forme ici ce que les auteurs nomment la première paire de pates : elle correspond à la lèvre inférieure des Insectes. Les .irois autres vertebres locomotrices correspondent aux pates des Insectes et aux trois dernières paires de pates des Ecrevisses. Il est inutile de rappeler que ces Ani- maux n’ont point de vertebres dorsales. Mais cette classe peut offrir des modifica- tions qu’il importe de signaler. A mesure que les Animaux qui la composent devien- nent plus petits, ils semblent aussi avoir be- soin d’une organisation moins compliquée ; ils perdent alors les deux premieres vertè- bres locomotrices ( méchoires et lèvre 1nfé- rieures des Insectes ), sur les Caris et les Leptes ; la bouche même paraît ne plus exis- ter sur les Astômes. Il ne faut donc point s’en laisser imposer par l’absence de ces or- ganes. | Elle ne renferme également que des Ani- maux parasites. ( 150 ) IV. LES PARASITES. R.-D. ( Classe. ) Parasitæ. Point de métamorphoses. Respiration trachéale. Deux vertèbres sensoriales ; l'optique et l’olfactive. Bouche formée par la vertèbre labiale et la vertèbre maxillaire. Cinq à trois vertèbres locomotrices. Les Naturalistes ont toujours été partagés d'opinion sur la véritable place de ces Ani- maux; les uns les rangent à la suite des In- sectes, les autres en font des Arachnides. Les Parasites ne sont pas des Insectes, parce qu'ils ne subissent aucune métamor- phose, et parce qu'ils ne possèdent point les trois vertebres sensoriales postérieures ; mais aucun de leurs caractères ne peut en faire des Arachnides. L'étude approfondie des Insectes nous montre que pour les mâchoires et la le- vre inférieure, leur bouche est formée (57, ) par les deux premières vertèbres locomo- trices des Crustacés astaciens. Ces mêmes Insectes renferment une section qui, par des nuances insensibles, mais que l'œil ne tarde point de signaler, nous améne directe- ment à nos Parasites ; ce sont les Diptères coriaces, également Parasites, et organisés de telle façon, que sans leurs ailes et la forme de leur bouche, il serait souvent im- possible de n’en pas faire des Poux ou des Ricins. Nos Parasites ont de véritables antennes; ils ont une bouche formée par le labre et les mandibules des Insectes; ils ne peuvent donc rester parmi les Arachnides. Dans ma méthode, ils forment une classe qui suit immédiatement les Insectes par les Diptères coriaces. Les caracteres que je vais leur assigner ne laisseront aucun doute à cet égard. La vertebre optique forme, par son basial et ses costaux, la plaque solide qu'on voit sur le dos du premier segment, et qu'on nomme la féte de l’Animal. Les yeux sont situés sur les côtés, et plus ou moins en ar- rière. La vertèbre olfactiwe est représentée par + (To) deux filets antennaires, situés sous les yeux et en devant de la vertébre optique; sur certaines espèces , ces antennes forment deux forts appendices, terminés chacun par un crochet. La bouche se compose des mêmes pièces que celle des Insectes, mais ces pièces sont moins nombreuses; déjà les Diptères coriaces nous amènent à ce résultat. Ici la bouche est fermée en avant par une lèvre supérieure, peu développée, qui est la vertebre Zabiale, et par deux pièces laté- rales qui représentent les branches de la vertebre mazxillaire. | (M. Latreille a vu, dans l'intérieur de cette bouche , des petites pièces solides, mo- biles pendant la succion. Je ne prononcerai point sur leur véritable nature, mais je dois prévenir qu’elles appartiennent à l'appareil post-buccal des Crustacés astaciens. ) La plupart des Parasites n’offrent plus, ou ne semblent plus offrir que trois paires d’appendices locomoteurs, correspondans à ceux des Insectes ; mais il n’est point diffi- cile, sur le Aicinus melas, de distinguer deux petits segmens, portant chacun deux appendices également très-petits. Ce sont les (837) deux premieres vertèbres locomotrices des Crustacés astaciens, c’est-à-dire les deux vertèbres qui forment les mâchoires et la lèvre inférieure des Insectes. Ces deux pièces d’appendices sont probablement les méchoi- res observées par M. Saviony. C’est ainsi, et seulement ainsi, qu'on doit expliquer l'organisation appendieulaire de ces Animaux, qui respirent par des stigma-— tes, qui n'ont pas de vrai corselet, et dont l'abdomen est susceptible de se laisser gon- fler par des liquides. Ils conduisent directe- ment aux Acaridiens, autres Parasites, mais plus rapprochés des vrais Arachnides. Je ne dois point quitter ces Animaux sans remarquer que le second segment de la lo- comotion, ou le segment intermédiaire, est ici moins développé que les deux autres sewmens. C'est précisément le contraire de ce qui a lieu sur les Insectes, où ce même segment acquiert de grandes dimensions afin de pouvoir supporter les appendices de la locomotion aérienne. (154) V. MYRIAPODES. R.-D. ( Classe.) Myriapodeæ. Respiration trachéale. Point de vrai cœur. Point de vertèbres dorsales. Point de vertèbres sensoriales posté- rieures. Les trois vertèbres sensoriales anté- rieures. Bouche composée de cinq vertèbres. Nombre véritable d’appendices loco- moteurs. Je me suis souvent demandé quel rapport a jamais pu exister entre ces Animaux et les Arachnides ; il a fallu, de Îa part des Natu- ralistes, une forte dose de bonne volonté pour se prêter aussi long-temps à cet ordre de distribution. Ces Animaux ont la bouche tres-compli- quée, puisqu'elle est formée de la réunion de cinq vertebres. On leur distingue aussi ( 155) les trois vertebres sensoriales antérieures, et l'on n’a pas craint de les mettre dans la classe des Arachnides. Ces Animaux ont encore un caractère qui aurait dû a jamais les faire séparer des Arach- nides ; le nombre de leurs segmens est in- défini. Sous ce point de vue on pourrait dire qu'ils sont aux Arachnides ce que l’ordre des Ophidiens est aux Reptiles. Mais la compa- raison ne serait pas exacte; les caractères des Reptiles offrent tous les caractères attribués à leur-classe, tandis que les Myriapodes n’ont aucun de ceux attribués à la classe des Arachnides. Plus j'examine ce sujet, plus je m'étonne de la légèreté qui préside à la distribution zoologique. Les Myriapodes n’ont de commun avec les Arachnides que d’avoir des yeux, encore sont-ils différens, et de ne posséder aucune vertebre dorsale. Chaque segment de leur corps est com- posé d’un large basial, sur les côtés duquel se trouvent les polergaux avec l'ouverture stismatique et les pièces arthromérales qui forment les appendices de la locomotion. Les arthrocéraux , peu développés, sont re- ( 156 ) foulés en devant, sur les côtés et au-dessus du segment, dont le dos est formé par la réunion des costaux. Il ne faut chercher, sur ces Animaux, au- cun vestige des vertèbres sensoriales pos- térieures. Ainsi que je l’ai dit, les trois vertèbres sensoriales antérieures existent, mais la ver- tèbre auditive n’est pas toujours manifeste, elle est souvent soudée. La vertèbre optique forme le dessus du premier segment ou de la téte de l’Animal, tandis que-la vertèbre olfactive forme le devant et les côtés de cette tête, jusque contre la bouche. La bouche se compose ainsi : 1°. La ver— tèbre labiale, qui en forme la paroi anté- rieure ( lèvre supérieure ), et qui est un peu dentelée ; 2° la vertèbre maxillaire ( mandi- bules ) à appendices garnis de dentelures, et souvent cachée par la vertebre labiale. 3°. La premiére vertèbre locomotive des Crus- tacés astaciens ( {es mdchoires des Insectes ), forme ici l'organe qu'on nomme /a lèvre in- térieure, et qui offre des palpes. 4°. La se- conde vertèbre locomotrice des Crustacés astaciens ( lèvre inférieure des Insectes ) forme ici une autre lêyre intérieure , qui offre éga- (197) lement des palpes. 5°. La troisième vertèbre locomotrice des Crustacés ( première parre de pates des Insectes ) forme ici cet appareil qu'on nomme la lÆvre extérieure, qui est très-développée; son basial est dentelé en devant, ses arthroméraux forment deux cro- chets propres à saisir et à tuer. On a donc ici une bouche très-compliquée, et qu'il im- porte de signaler. Ces Animaux ont la faculté d'augmenter avec l’âge le nombre de leurs segmens, car à leur naissance on ne leur en compte que quelques-uns. Quelle place doivent-ils occuper? Ce point paraît assez difficile à résoudre. 1°. On ne peut les confondre avec les Crus- tacés, soit pour la respiration, soit pour le nombre et la nature des segmens vertébraux. 2. Leur mode de croissance et le nom- bre de leurs seomens les distinguent notam- ment des Insectes qui subissent des méta- morphoses. | 3°. Ils n’ont de commun, avec les Arach- nides, que l’absence totale des vertèbres dorsales. | Mais les Entomostracés, par le genre Li- mule, qui possède un très-grand nombre ( 158 ) d’appendices locomoteurs , nous indiquent clairement la place qu’il convient d'adopter. La composition de la bouche des Myria- podes nous ramène encore à cette opinion. Je place donc mes Myriapodes à côté des Limules, et je trouve une quadrupledivision zoologique. 1°. Le rameau quise poursuit en donnant les Entomostracés inférieurs; 2° le rameau qui donne les Crustacés isopodes; 3° la division qui fournit les Arachnides; 4? la division qui fournit mes Myriapodes qui, suivis des Julacés et des Thysanoures, éta- bliront un cordon entre les Crustacés et les Insectes, et où les Versetles Annelides vien- dront peut-être apporter des points de cor- rélation. ( 159 ) VI. LES JULACÉS. R.-D. ( Classe.) Julaceæ. Respiration trachéale. Point de vertèbres dorsales , ni de ver- tèbres sensoriales postérieures. Les trois vertèbres sensoriales anté- rieures. Bouche formée par trois vertèbres. Quatre vraies vertèbres locomotrices. Nombre indéterminé de vertèbres gé- minées et locomotrices. Ces Animaux, malgré leur affinité avec les Myriapodes, forment une classe particu- lière qu’il importe de saisir, si l’on veut fidè- lement suivre le plan adopté par la nature. Ils diffèrent des Myriapodes par plusieurs caractères essentiels : 1° ils n’ont que trois vertèbres dans la composition de leur bou- che; 2° ils ont quatre vraies vertèbres loco- ( 160 ) motrices ; 3° leurs vertèbres postérieures, en nombre très-variable, sont géminées. La vertèbre optique, la vertèbre olfactive, sont bien développées; à peine quelques ves- tiges de la vertèbre auditive sur les plus grosses espèces. Voici la composition de la bouche : 1° la vertèbre labiale, qui forme le labre ; 2° la vertèbre maxillaire, qui est latérale ( Les mandibules ) et souvent soudée avec la ver- itèbre labiale; 3° la première vertèbre loco- motrice des Crustacés astaciens ( première lèvre interne des Myriapodes, méchotre des Insectes ) forme ici l'organe désigné sous le nom de lèvre inférieure. Cette vertèbre est ainsi composée : le basial sur la partie médio- postérieure; les costaux denticulés antérieu- rement; les polergaux tout-à-fait posté- rieurs , et donnant naissance aux arthromé-— raux qui, au lieu de former des palpes effilés, se sont dilatés, et qui fournissent les arthrocéraux peu développés. | Les quatre premières vertèbres de la loco- motion représentent les quaire vertèbres locomotives postérieures des Crustacés as- taciens. Les organes de la génération appar- tiennent au segment qui les suit. ( 161 ) Toutes les autres vertèbres, en nombre indéfini , sont géminées, c'est-à-dire que cha- cune d'elles est formée de la réunion de deux vertèbres complètes; ce qui a fait dire aux zoologistes que chaque segment offre deux paires de pates. TI ( 162 ) VII. LES THYSANOURES. R.-D. (Classe.) Thysanourc. Point de métamorphoses. Deux vertèbres sensoriales antérieures: l'optique et l’olfactive. Bouche formée par la vertèbrelabiale, la vertèbre maxillaire, et les deux pre- mières vertèbres locomotrices des Crus- tacés astaciens. Trois vertèbres locomotrices. Appendices spéciaux pour la saltation. Si ces Animaux subissaient des métamor- phoses, ils seraient de véritables Insectes. Ils en offrent tous les principaux caractères. Ils forment une classe bien naturelle, qui conduit des Insectes aux Myriapodes. Ils ont deux vertèbres sensoriales anté- rieures : l'optique et l’olfactive. Sur les genres les plus parfaits, la bouche est absolument composée des mêmes pièces que celle des Insectes. La vertèbre labiale ( 163 ) pour le labre; la vertèbre maxillaire pour les mandibules ; les deux premières vertèbres locomotrices des Crustacés astaciens pour les mâchoires et la lèvre inférieure : tout ceci a lieu sur les Insectes. Nous avons vu que la bouche des Myria- podes se compose de cinq vertébres , tandis que celle des Julacés n’en offre que trois. Les trois vertèbres locomotrices des Thy- sanoures correspondent exactement à celles des Insectes, c’est-à-dire aux trois vertè- bres locomotrices postérieures des Crustacés astaciens. | Ainsi il est impossible d'éloigner ces Ani- maux de la classe des Insectes. Mais il faut bien se garder de les confondre avec eux. Ils correspondent à une branche qui par- tirait de la tribu des Cicadaires. Tousles Thysanoures n’ont pas une bouche aussi parfaite que celle que je viens de men- tionner. Le labre et la lèvre inférieure man- quent sur plusieurs genres. Les appendices de saltation qui distin- guent ces Animaux sont formés par les pièces arthromérales des vertèbres postérieures de leur corps. £E ( 164 ) CHAPITRE IX. CLASSE DES INSECTES. Sous quelque point de vue que nous con- sidérions les classes des Insectes , nous n’au- rons jamais assez d’admiration pour les contempler et pour les étudier comme ils le méritent. La Puissance qui prit plaisir à or- donner leurs tribus, à multiplier à l'infini leurs genres, leurs espèces et leurs individus, à leur assigner des mœurs toujours diffé- rentes, et toujours en harmonie avec leur organisation , est au-dessus de toutes les puissances que notre imagination peut se figurer. | Ici il faut se taire devant l’immensité des créations et des résultats. Vouloir hasarder une opinion, c'est presque avoir la certitude qu'on veut émettre une sottise. Jusqu'à ce jour leur étude est un abime sans fond. Plus nous les observons, plus \ ( 65°) nouslestrouvons inépuisables pourlenombre et la diversité. Les ressources de la nature dans leur création sont si prodigieuses , que nous n’avons pas assez d'espace dans notre intelligence pour pouvoir les soupconner. Il faut que des preuves journalières viennent sans cesse nous rappeler les limites étroites de nos idées, et l'infini de la cause forma- trice. Gloire donc aux hommes laborieux qui ne craignent pas d'aborder l'Entomologie en face, et qui ont résolu de la poursuivre jusque dans ses moindres détails ! Je suis encore jeune; mais je crois déjà avoir acquis assez d'expérience pour déclarer que cette science doit marcher dans de nou- velles voies, si on veut la faire parvenir à une perfection que ni nous, ni nos plus proches descendans n’aurons le bonheur d'admirer. Si l’on se figurait tout ce que la connaissance d’une seule race exige d’études primitives, de soins, de persévérance et de talent d'observation! Nous ne nous en faisons pas même une idée. Que m'importe l’habit d'un Insecte , si j'ignore ses relations avec les autres Êtres, si même je ne connais point la texture de cet habit ? ( 166 }) Les Insectes, envisagés sous le rapport de la classification , constituent la classe la plus uaturelle et la mieux tranchée que nous ayons établie en zoologie. Plusieurs méta- morphoses à l'état de jeunesse, trois vertè- bres locomotrices à l’état parfait, ordinaire- ment deux vertèbres sensoriales pour la respiration aérienne, la respiration trachéale, forment un ensemble de caractères constans et faciles à saisir. Mais notre surprise et notre admiration doivent redoubler, lorsque nous songeons que tous ces Animaux sont toujours formés avec le même nombre d’élémens vertébraux, avec les mêmes vertèbres, et qu'ils ne diffè- rent entre eux que par le developpement relatif et la disposition de ces vertèbres. Aussi les ordres , dans lesquels ils sont ré- partis, me paraissent assez naturels pour que je n'y touche point pour le moment. Un jour je soulèverai plusieurs questions a leur égard. Ces Animaux présentent, en effet, une foule de modifications qui n'ont point été ou qui ont été mal saisies , et qui vont acquérir de l'importance. Je me bor- nerai ici à l’exposé rapide des principaux caractères , et je signalerai des différences ( 167 ) d'organisation qu’on ne leur accordait point. Comparésentre eux, ils sont formés sur un modèle identique. Mais envisagés pour le nombre et la nature des vertèbres, ilsmmon- trent des différences peu importantes pour les résultats philosophiques, mais que nous devons nous empresser de saisir, précisé-— ment à cause de leur existence. La même définition vertébrale ne peut s'étendre à tous ces Étres : ainsi la majeure partie d’entre eux manquent de vertèbres dorsales qui certainement existent sur la plupart des Orthoptères et sur les Cicadaires. La même définition vertébrale ne peut pas non plus s'étendre aux divers états des In- sectes. Ainsi la larve d’une Mouche, d’un Charanson, d'un Papillon, n’a point de ver- tèbres locomotrices aériennes, tandis que ces mêmes vertèbres existent déjà sur les larves des Libelles, des Criquets, des Sau- terelles , de la plupart des Hémiptères. Cer- taines larves, comme celles des Blattes, ont même des vertèbres dorsales. Ces considérations m’amènent à placer les Insectes sur la même ligne que les Crustacés, mais quelques degrés plus bas, parce qu'ils ne montrent réellement plus un pareil nom- (ab bre d’élémens vertébraux : mais ils sont su-— périeurs aux Entomostracés et aux Arach- nides. J'ai annoncé que les vertèbres dorsales manquent ordinairement sur les Insectes. Elles sont remplacées par les costaux et les arthrocéraux des vertèbres abdominales. Mais les Insectes ont un appareil qui leur appartient en propre, et qui leur procure l'avantage de la locomotion aérienne. Cette locomotion s'exécute à l’aide de la dilatation membraneuse des arthroméraux et des ar- throcéraux des deux vertèbres sensoriales postérieures, qui sont la vertèbre motile et la vertèbre sonore. Ces mêmes pièces existent pour la vertèbre gustale; mais comme elles sont moins développées et ordinairement atrophiées, on ne s’est guère donné la peine d’en tenir compte. Ainsi le test des Crustacés forme les or- ganes de la locomotion aérienne des Insectes. - Les trois vertèbres de ce test sont ici soudées avec les vertèbres de la locomotion terrestre et aquatique. Æ elle est la véritable origine des ailes des Insectes : il ne faut pas la chercher ailleurs. Sur les Cigales et sur un grand nombre ( 169 ) de Diptères, la vertèbre sonore est rappelée à sa fonction primitive (ce qui sera bientôt l'objet d’un travail particulier ) : la vertèbre motile des Diptères nous fait déjà songer au cervelet des Animaux supérieurs. Les Insectes n’ont que deux vertèbres sen- soriales antérieures : la vertèbre optique or- dinairement très-développée, et la vertèbre olfactive qui n’est plus qu’un organe de tact, mais susceptible d'acquérir des perfections inattendues. La vertèbre optique fournit les singuliers prolengemens cornés qu'on observe sur la tête des Scarabéides; ces prolongemens sont dus au développement des arthroméraux et des arthrocéraux. Ils n'appartiennent qu’à des Insectes herbivores ou coprophages. La vue est l'organe de sens qui prédomine sur ces Animaux. Je n’ai encore pu leur signaler aucun ves- tige de la vertèbre auditive. Les Insectes sont encore d’une infériorité plus marquée pour ce qui concerne les ver- tèbres de la mastication. Ils ont un appareil buccal parfois très-compliqué, mais qu’on doit toujours rapporter aux quatre mêmes vertèbres. (170 ) La premiere, qui forme le labre, est la vertèbre labiale des Crustacés. La seconde, qui constitue les mandibules, est la vertèbre maxillaire des Crustacés. La troisième , qui constitue les mâchoires, est la première vertèbre locomotrice des Crustacés. La quatrième, qui forme la lèvre infée- rieure, est la seconde vertébre locomotrice des Crustaces. Ainsi les Insectes ne possèdent ni vertè- bres buccales internes, ni vertèbres post- buccales. Leur appareil de mastication est composé par les deux premières vertèbres des Crustacés. Plusieurs genres, et notam- ment un grand nombre de Lépidoptères diurnes, ne laissent pas le moindre doute a cet égard. Quelques naturalistes avaient déjà énoncé cette opinion. IL en résulte que ces Animaux n'ont plus que les trois dernieres vertèbres locomo- trices des Crustacés pour leur locomotion terrestre ou aquatique. Les vertèbres abdominales existent tou-— jours, mais leurs pièces, presque toujours confondues , ne se disjoignent guere que pour former l'appareil génital des mâles, ou 191 ) l'appareil de l'oviducte des femelles, ou di- vers autres instrumens. Ces vertebres abdominales méritent notre attention sous plusieurs points de vue que je ferai connaître plus tard. La nature se complut à varier les instru- mens buccaux des Insectes. Chaque ordre présente une disposition particulière qui dé- sormais doit servir à le caractériser. Ainsi la lèvre inférieure forme la trompe des Hymé- noptéres; les mâchoires forment celle des Diptères : les mandibules constituent celle des Lépidopteres; tandis que l'association de ces vertèbres forme les bouches si com- pliquées des Insectes broyeurs et coupeurs. Ces organes buccaux sont susceptibles d'acquérir une perfection de sensibilité ex- quise, surtout lorsqu'ils forment des lames ou des tubes allongés, qu’on désigne sous le nom générique de trompes. (172) K Jer. CONSIDÉRATIONS SUR LES AILES DES INSECTES. (Extrait d’un travail mânuscrit. ) Je ne donne ici que l'extrait des princi- pales généralités que comporte ce sujet si vaste et si compliqué, qu'il exige un travail spécial, dont je m'occupe depuis quelques années, et qui fera connaître les véritables différences existant entre les divers appendi- ces de la locomotion aérienne des Insectes , appendices qu'on nomme improprement les ailes. I] nous fournira une foule de nouveaux caractères pour établir des divisions solides parmi ces Animaux. D’après ma manière de considérer les organes, les ailes des Insectes sont formées par les trois vertebres qui constituent le test des Crustacés, et elles représentent les trois vertèbres sensoriales postérieures des Ani- maux supérieurs. Ce n’est pas ici le lieu de revenir sur cette opinion manifestement dé- montrée pour moi. Le plus léger coup-d'œil prouve que Île (1282) corps ( le basial, les costaux et les polergaux) des ailes dites antérieures et des ailes dites postérieures, est formé des mêmes élémens et presque de la même manière que les corps des vertèbres du test des Crustacés. Il suffit d'examiner les Blattides, les Cimicides, les Mantides, pour ne conserver aucun doute à cet égard. Les arthroméraux et les arthrocéraux du test des Crustacés restent donc seuls à em ployer. Ils forment la portion ou les por- tions qui servent au vol; ils forment les ailes. Comme ils entrent de différentes manières dans la composition et dans la formation de ces ailes, il en résulte une étude nouvelle des ailes. Cette étude nous donnera une dé- finition exacte de ces organes; elle précisera des caractères déjà employés pour classer ces Animaux. Ainsi les mots de Coleoptere , de Dipière, d'Hyménopière pourront rester dans la science : mais il deviendra nécessaire de leur adjoindre une nouvelle signification provenant d'idées et d'observations nouvelles. Jusqu'à présent on ne les avait définis que d'après des aperçus grossiers et extérieurs : maintenant on les jugera d’après leur orga- nisation même. CE74 ) Les ailes des Insectes, envisagées sous ces points de vue , pourront être employées comme caractères de grande importance. Quand on saura que l'aile d’un Hyménoptère n'offre pas la même composition que celle d’un Orthopière, on se trouvera sur un ca- ractère d'autant plus précieux , qu'il sera essentiellement organique. Car, il ne faut pas nous faire illusion, les races innombrables des Insectes doivent d’abord être classées d’après les mœurs de leurs larves. Si l’on s’obstine à les distribuer d’après la figure passagère de leur être par- fait, les organes buccaux nous fourniront des caracteres très-importans , mais en même temps si trompeurs , qu'ils nous conduiraient sur des classes tout-à-fait différentes, ainsi que Fabricius en fit la triste expérience. Cet inconvénient s'applique plus particulière ment à la théorie aujourd'hui adoptée : un des principaux avantages de celle que je propose, est de montrer que les organes buccaux varient , non-seulement selon les classes des Animaux articulés, mais encore selon les ordres de chaque classe. La nature voulut que tout Animal articulé eût les mêmes organes pour cette même fonction : ( 179 ) mais elle fit exécuter cette fonction par des vertèbres ou appareils vertébraux différens selon les races. Parmi les Animaux articulés, les seuls In- sectes possèdent des ailes à l’état parfait : seuls ils peuvent se soutenir dans l'espace atmosphérique. Les organes qui leur don- nent ce privilége, doivent donc représenter leurs principaux caractères, leurs vrais carac- ières d’Insectes, ceux qui les constituent ce qu'ils sont, et qui ne doivent appartenir à aucune autre classe : de même que, parmi les Animaux supérieurs , les Oiseaux seuls ont des ailes, de même parmi les Animaux articulés, les Insectes ont un système d’or- ganes qu'on ne trouve que sur eux. Rien de plus simple que ia composition de ces organes locomoteurs. Nous savons que les arthroméraux et que les arthrocé- raux des Animaux inférieurs se fractionnent davantage à mesure qu'ils agissent sur le monde extérieur. Les antennes et les pates des Crustacés le prouvent de la manière la plus évidente. Le même fait s'observe sur les vertèbres sensoriales postérieures des Insectes. Chaque fractionnement arthroméral ou (176 ) arthrocéral s’allonge ; les fraciionnemens , au lieu de s’ajuster bout à bout, se placent a côté les uns des autres, et se trouvent réunis entre eux par une substance membra- neuse, à peu près comme le membre tho- racique des Cheiropteres. Il en résulte une surface susceptible de soutenir l'Animal sur l'air, en même temps qu'elle peut lui résister et le fendre par l'épaisseur de son bord an- térieur. Pour des raisons faciles à concevoir et à exprimer , les deux vertèbres sensoriales postérieures (la sonore et la motile) portent seules des organes de locomotion. Si je vou- lais m'exprimer dans le langage ordinaire, je dirais que les Insectes n'ont qu’une ou deux paires d'ailes situées sur les côtés du mésothorax et du métathorax, ou du seul mésothorax. Une cause queje ne dois pas omettre, c'est que, presque toujours, l'aile qui dirige le vol appartient au métathorax ( vertèbre motile). Celle du mésothorax peut être d’une complète inutilité : elle peut cependant être nécessaire à cette fonction, comme les Dip- tères le démontrent; mais le vol est alors gouverné par un autre organe. L’aile posté- ( 177) rieure est l’aile essentielle ; l'aile antérieure ne fait réellement que l'aider, quoique sou- vent elle paraisse jouer , et que même elle joue le rôle principal. Ce ne fut point le hasard qui plaça ces organes de locomotion dans l'endroit où ils se trouvent. Ils appartiennent précisément à la vertèbre motile, à cette vertèbre qui, selon moi, correspond à la vertèbre céré- belleuse des Animaux supérieurs ; ils appar- tiennent à la vertèbre d'éguilibration. On a essayé bien des théories pour expliquer leur présence. Chacune de ces théories ne peut s'appliquer qu'à certains genres. Personne n'avait encore soupconné la nature et le prin- cipe organique de ces appendices. Les Insectes, d'après ma doctrine, de- vraient avoir douze ailes, ou six paires de chaque côté; l'arthroméral et l’arthrocéral pouvant former chacun une aile complète , comme je le démontrerai. Il n’en est pas ainsi : l'étude de ces différences donne lieu aux courtes observations que je vais exposer. Pour le moment je fais abstraction de la vertèbre gustale (le prothorax ) pour m'oc- cuper des choses les plus évidentes. Les Orthoptères offrent sans contredit les 12 TT = je OUT Ve PA ( 178 ) ailes les plus composées ; les arthroméraux et les arthrocéraux des vertebres sonore et motile y sont développés dans toutes leurs pièces, ainsi qu'on le voit sur les Blattides, les Mantides, etc. Ils sont soudés ensemble, et forment une large aile dont la portion arthromérale est la plus solide et la plus coriace. Les Névroptères marchent sur les mêmes considérations alaires. C’est peut-être ici le lieu de rappeler que les Orthoptères et les Névroptères ne doivent former qu'uneclasse, ainsi que Linné l'avait d'abord arrêté. Les caractères tirés des organes buccaux parai— tront d’une bien faible importance, si l'on veut bien faire attention que les ailes, les larves , l'ensemble de l'organisation et des mœurs n'établissent aucune différence réelle. Quoique les larves, les métamorphoses et les habitudes soient à peu près les mêmes sur les Hémiptères, nous n’en pouvons point tirer une semblable conséquence. Ces Insectes sont suceurs : des-lors ils ont reçu une orga- nisation buccale adaptée à ce genre de pré- hension alimentaire. En outre, leurs appen- dices de locomotion aérienne ne marchent plus sur les mêmes considérations. L'Insecte (179 ) Hémiptère est surtout puissant par le cor- selet, dont les pièces solides atteignent le plus grand développement. Le basial, les costaux et les polergaux des ailes se soudent ensemble, prennent une assez grande exten- sion, et forment les vastes scutums que l'on remarque Sur ces Animaux. Ces élémens ou ces pièces ainsi soudées peuvent même envahir la totalité de l'Insecte, et former une tente solide, une carapace, qui logera et protégera tous les autres organes , et qui servira encore de domicile aux enfans de la femelle. La Cochenille , le Kermès nous offrent ce fait. Il est certain que les ailes de la plupart des Hémiptères sont formées par la réunion des arthroméraux et des arthrocéraux, ainsi qu'on le voit sur les Fulgores et les Cimicides. Mais plusieurs des Insectes de cet ordre ne tardent pas d'offrir des différences essentielles à noter et tout-à-fait caractéristiques. Je parle ici des Hémiptères séridules. Sur les Cigales, les ailes antérieures ( vertèbre so- nore sont formées par les seuls arthromé- raux, comme sur les Diptères. Les arthro- céraux se prolongent en une pièce qui passe au-dessus des ailes postérieures, et vient 12* { 180 ) gagner le scutum, imitant ainsi le cuilleron d'une Mouche, tandis qu'une autre pièce rejoint le dessus de l'abdomen et concourt à former la caisse de stridulation. Les ailes pos- térieures ( vertèbre motile) sont formées par les seuls arthroméraux mobiles, pendant que les arthrocéraux se prolongent sous l’ab- domen en une large lame qui cache la mem- brane sonore. Il résulte de cette disposition que, sur ces Insectes, les arthroméraux et les arthro- céraux sont disjoints , parce que ces derniers sont appelés à une autre fonction que celle du vol. En même temps il est facile de s’as- surer que les’pièces qui concourent le plus éminemment à la formation de la stridula- tion appartiennent plus particulièrement à la vertèbre sonore. Ce sont ces mêmes pièces qui donnent lieu à la stridulation des Cri- quets et des Sauterelles ; mais elles affectent alors une autre dispositionet elles sont libres. Les Coléoptères ont leurs ailes antérieures ou leurs élytres formées par les seuls arthro- méraux. Rarement les arthrocéraux sont apparens, et alors ils n’offrent que la forme d’un petit cuilleron, ainsi qu'on le voit sur les Hydrophiles, etc. Les ailes postérieures (181) sont uniquement formées par les arthrome- raux de la vertebre motile. Le contraire a lieu sur les Hyménoptères qui n'ont les arthroméraux de la vertebre sonore que rudimentaires , et figurés par une pièce encadrée sur le dos du corselet et au-devant de l'aile. Cette aile est formée par les arthrocéraux. Je pense queles arthro- céraux forment l'aile postérieure, comme sur les Coléoptères. On observe à peu près la même disposition sur les Lépidoptères , c'est-à-dire que les ailes antérieures, malgré leur excessif déve- loppement, appartiennent aux seuls arthro- céraux de la vertebre sonore. Les arthromé- raux existent dans la plupart des cas; ils constituent cette pièce isolée, antérieure à l'aile, et qu'on nomme l’aile du prothorax , l'aile antérieure, l'hypoptere, etc. Les ailes postérieures appartiennent aux arthrocé- raux. Les Diptères n’ont que deux ailes anté- rieures formées par les arthroméraux de la vertèbre sonore. Sur les races qui ont le vol puissant, les arthrocéraux viennent s’y join- dre. Alors ils constituent ces pièces membra- neuses, superposées, soudées à l'aile, et (wie à qu'on appelle les cuillerons. La vertèbre motile n'offre ni arthroméraux , ni arthro- céraux développés ; mais elle est munie de deux organes généraux, correspondans aux arthrocéraux, qu'on désigne sous le nom de balanciers, et qui feront le sujet de la disser- tation suivante. Maintenant on peut juger que les idées reçues sur les appendices de la locomotion aérienne des Insectes étaient complètement erronées. Je me flatte que cette nouvelle doctrine sera bien accueillie de tous les Zoologistes qui s'occupent sérieusement du sujet, et qui se trouveront à même de le juger. Pour moi, je la regarde comme un de mes plus beaux titres entomologiques. Nous avons vu que les appendices, si im-— proprement appelés les ailes des Insectes, ne sont que les arthroméraux et les arthrocé- raux de la vertèbre motile et de la vertèbre sonore ( métathorax et mésothorax des au- teurs ). Il me reste à parler de la vertèbre gustale ( prothorax ) de ces Animaux. Tous les Entomologistes sont d'accord sur lexistence du prothorax : mais la plus grande dissidence règne sur les appendices de ce prothorax. Comme rapporter les opi- ( 183 ) nions d'autrui, lorsqu’on veut les combattre, est de nos jours le gage presque assuré d'une inimitié personnelle, je garderai encore le silence sur ce sujet. Le prothorax ( vertebre gustale ) des In- sectes reconnaît les mêmes lois que tout appendice vertébral quelconque , et que les deux vertèbres, la sonore et la motile, en par- ticulier. Mais ses élémens arthroméraux et arthrocéraux , par suite d'avortemens sur lesquels il est inutile de m’étendre, ne se dé- veloppent qu’en un très-petit nombre de cas, et quelquefois dans des dimensions tout- à-fait exiguës. Je ne connais aucun Insecte qui s’en serve pour la locomotion aérienne. Quelques auteurs prétendent que les Xénos et les Stylops les font servir à cet usage; d’autres le nient. Comme je n’ai point vu les pièces du procès, et comme probablement je ne les verrai jamais, je ne prononcerai pas. Mais il est certain qu'on peut s'assurer de l'existence de neuf élémens soudés ou séparés de cette vertèbre sur chacun des ordres des Insectes. Les Coléoptères en fournissent une preuve sans réplique. Le genre Zcrocinus ( Céram- byciens) ne laisse aucun doute sur le basial, ( 184 ) les costaux et les polergaux de cette vertèbre, quoiqu'ils soient soudés. Les arthroméraux y sont évidens, séparés, mobiles ; les arthro- céraux sont le plus souvent soudés. Cette vertèbre est encore manifeste et facile à distinguer sur la plupart des Orthop- tères, comme sur les Mantides, les Blattides. Une espèce de Blatte { enregistrée au Muséum de Paris, sous le n° 5) est tout-à-fait sem- blable au genre Æcrocinus pour le prothorax; mais les arthroméraux et les arthrocéraux , quoique distinctset saillans, sont soudés avec les pièces voisines. Les Hémiptères marchent absolument sur les mêmes conditions. Sur la plupart des races Îles arthroméraux se développent en arrière. J'ai découvert sur le prothorax d’un grand nombre de Lépidoptères , plusieurs pièces squamiformes, mobiles, qui sont ies arthro- méraux et arthrocéraux non développés. Ces faits seront détaillés dans un Mémoire spécial. Je ne suis pas encore parvenu à distinguer d'une manière manifeste ces pièces, dans le sens qu'elles sont mobiles, sur les Hyme- noptères. Cependant elles y existent très- (: 285,) évidentes , ainsi que je le démontrerar. Elles forment les épaulettes. Elles jouent le même rôle sur les Diptè- res. Dans ma Monographie des Culicides (Mémoires de la Société d'Histoire naturelle de Paris), j'ai annoncé, figuré et décrit ces pièces qui, sous forme de tiges cylindriques, sont détachées et mobiles sur mon genre Psorophore, dont elles forment un des prin- CIpaux caractères. Ces citations suffiront pour me faire com- prendre, parce qu'il est facile de vérifier les faits indiqués. Les bornes de cet ouvrage m'empéchent de m’étendre. Je termine cet extrait en citant les Ful- gores, les Mantides pour le développement des arthroméraux et des arthrocéraux de la vertèbre optique. ( 186 ) \ IL. OBSERVATIONS SUR LES BALANCIERS DES DIPTÈRES. (Extrait d’un Mémoire lu à la Société d'Histoire naturelle de Paris, le 23 mars 1827.) Les naturalistes actuels ignorent absolu- ment l’usage de deux petites tiges mobiles, cylindriques, terminées en bouton, et qui sont constantessurles Insectes diptères. Pour- tant, dès l'enfance de la science, on leur avait donné un nom, on les avait désignés d'aprés l’idée qu’ils pouvaient représenter le cylindre équilibriste d’un funambule. De-là l'expression de balanciers, halteres. Bientôt on jugea que destiges si frèles et si peu consistantes ne pouvaient nullement rem- plirla fonction qu'on leur assignait. On aban- donna l’idée première, ou pour mieux dire on avoua une ignorance complète sur leur véritable distinction, ainsi que sur leur origine. Il y a quelques mois, je confiai l’introduc- tion manuscrite de mon Traité des Myodai- res à M. le comte Amédée de Saint-Fargeau. 187 ) Au milieu des innovations que j'y essaie sur l'Anatomie extérieure de l'être muscide, il fut surpris de mon silence sur la nature des balanciers : alors il me rappela une coutume en usage parmi les écoliers des villages du Dauphiné, et qui lui avait été racontée par M. Carcel; il m'exhorta à m'assurer de la réa- lité du fait avancé. Selon ce récit , une Mou- che privée de ses balanciers n’était plus apte au vol. Ce digne naturaliste ne voyait qu’un fait ; 1l ne soupçonnait point de quelle im- portance immense ce fait pouvait se trou- ver. À peine la nouvelle saison me procura-t- elle le moyen de faire cette expérience si simple, et qu'on disait si décisive, que je me mis en quête de Diptères. J’arrivai aux ré- sultats positifs que je vais exposer, et que tout le monde peut obtenir aussi bien que moi. Tout Diptère auquel on enlève les balan- Ciers ne peut plus voler; en vain un vio- lent effort musculaire le lance encore dans Vair, il ne peut plus s’y soutenir; il retombe aussitôt, et il retombe presque toujours en faisant des culbutes, c’est-à-dire en tour- noyant plusieurs fois sur lui-méme ; le plus ( 185 ) souvent 1l lui arrive alors de tomber sur le dos. C’est inutilement qu'il essaie ensuite de reprendre son essor; il n’est plus capable que d'opérer des sauts analogues à ceux qu'il fait après l'ablation de ses ailes. Ordinaire- ment il ne tente même plus de s'envoler, il reste comme frappé de son impuissance : on peut alors diriger sa marche à volonté ; ce n’est plus qu'un insecte esclave, attaché à la terre, et incapable de la locomotion aérienne. Il paraît connaître le prix des or— ganes perdus, car ses pates postérieures pas sent souvent dessous ses ailes, comme pour dégager les balanciers. Si l’on n’ôte qu'un seul balancier , l’Ani- mal peut encore prendre un essor, mais il ne vole plus que d’un côté, tandis qu'il tend à tomber de l’autre côté. Il tombe bientôt, et l’on acquiert aisément la conviction qu'il a perdu le moyen de s’équilibrer. L'extraction des cuillerons ne produit point ce résultat; l'abdomen, perforé en di- vers endroits, n'empêche pas l’Insecte de voler, ainsi qu'on eût pu le soupçonner. Les balanciers sont-ils donc de véritables organes d’équilibration? Les expériences ci- ( 189 ) iées , le tournoiement de l’Insecte, son im- possibilité de s’équilibrer, l’avulsion d’un seul de ces organes, ne me paraissent pas laisser de doute à cet égard. Je me suis assuré que le bourdonnement de l’Insecte survit à cette opération. Quand les balanciers sont détruits, l’In- secte devient aussitôt timide, incapable de voler; il n’ose plus s'aventurer dans l'air, et s’il a le malheur de l’oser , une prompte chute vient aussitôt l’avertir de l'inutilité de ses efforts. Quand on opère sur les petites espèces, souvent l’agonie et la mort surviennent sur- le-champ. _ Ainsi nous sommes nécessairement rap- pelés à l’idée de tiges de suspension, et nous devons affirmer ( chose rare dans l'étude des sciences naturelles ) que ce qui n'était d'abord qu’une simple hypothèse, qu’un jeu de l'esprit, se trouve maintenant con- verti en réalité. Mais ce fait amène un résultat immense dans la série de l'organisation zoologique. Depuis quelques années je savais que les ailes postérieures des Insectes se rapportent à la vertèbre cérébelleuse des Animaux su- ( 190 ) périeurs ; le docteur Flourens venait de trouver que le cervelet sert à l’équilibration de leurs mouvemens; de nouvelles expé- riences arrivent à la démonstration de cette Opinion; tout-à-coup les Animaux articulés nous offrent ce fait, ils nous l’offrent avec l'organe spécialisé; ils nous l’offrent de la manière la plus Son e Mille ac- tions de remerciemens à M. Carcelet Amédée de Saint-Fargeau, qui m'ont mis sur la voie de ces recherches et de ces applications! (:r9 11) Ç HEL. OBSER V ATIONS SUR LES ORGANES BUCCAUX DES INSECTES SUCEURS. { Extrait d’un Mémoire manuscrit communiqué à l’Académie des Sciences en juin 1825. } Mes études sur plusieurs classes des Ani- maux articulés, m'ont mis à même, depuis quelques années, de rencontrer une théorie d'organisation assez différente des théories adoptées ou recommandées de nos jours. Mon intention n’est pas encore de la rendre publique, parce qu’elle exige des dévelop- pemens trop étendus , et qu’elle me conduit chaque jour à des résultats que j'étais d’a- bord loin d’avoir prévus. Mais diverses cir— constances m'oblisent aujourd'hui de me prononcer , malgré moi,sur les organes buc- caux de quelques ordres d’Insectes, et en particulier sur ceux des Insectes suceurs. Je prends donc la liberté de communi- quer à l’Académie les principaux résultats obtenus sur les ordres des Diptères, des Hyménoptères, des Lépidoptères et des Hé- miptères, déclarant que je suis disposé à (192) entrer, pour ces mêmes organes seulement, dans les plus grands détails, s’il plaît à quel- ques membres de les désirer ‘. 1°. Il n'est pas exact, ainsi qu’on l’a établi les années dernieres, de professer que les diverses parties de la bouche sont, à quel- ques exceptions près, zdentiques sur les di- verses sortes d’'Insectes. 2°. Il y a autant d'organisations spéciales de bouches qu'il y a d'ordres d’Insectes suceurs. 3°. La même organisation buccale peut subir et subit un très-grand nombre de mo- difications dans les diverses séries du même ordre. 4°. Une étude plus approfondie prouve que les organes de la bouche de ces Insectes sont composés de pièces plus nombreuses et plus compliquées qu'on ne l’admet jusqu’à ce jour. Sans entrer dans aucun détail de spécia- lité, je me bornerai à énoncer les principes suivans. 1 Plus tard je donnerai au public tous les détails de cette théorie appliquée à l’Entomologie des environs de Paris. Ici je ne dois donner que des résultats faciles à constater. ( 193,) I. La érompe ( promuscis) des Hy- ménoptères est formée par la lèvre infé- rieure : les mâchoires, les mandibules et lelabre étant très-distincts, et ne pouvant laisser aucun doute à cet égard. Je ne suis d'accord que sur ce seul fait, facile à cons- tater, avec les théories admises aujour- d’hui. IL La rompe ( proboscis) des Dip- ières est la trompe la plus compliquée des Insectes suceurs, parce que plusieurs sont essentiellement zoophages. La gaine est formée par les mâchoires ordinaire- ment tri-articulées, solides ou membra- neuses , et le plus souvent terminées par des palpes manifestes. Cette gaine peut être environnée à sa base par la lèvre inférieure , qui lui forme ainsi une enve- loppe extérieure plus ou moins longue, plus ou moins solide, et dont les palpes sont très-apparens. La gaine, formée par les mâchoires, contient dans son intérieur deux, quatre, et même 57% filets, qui ne sont que les différentes 13 (194 ) divisions des mandibules. Elle offre toujours à sa partie supérieure une lon- gue pièce filiforme et de recouvrement, qui est le /abre. UT La spiri-trompe (spiri-lingua ) des Lépidopières n'offre plus que des rudimens extrêmement petits, mais très- précieux, des diverses pièces de la lèvre inférieure et des mâchoires, avec deux ou quatre palpes plus ou moins apparens. Cette spiri-trompe, dans sa perfection , est essentiellement formée par les mandibules, excessivement allongées. Sur quelques espèces, cette trompe est à peine rudimentaire ; alors le labre, qui ordinairement forme une pièce basilaire, peut ne pas exister, et les deux mandi- bules, restées libres, forment deux pe- tits canaux ou conduits séparés. IV. La trompe ou le rostre (rostrum) des Hémiptères n'offre ordinairement 1 Il faudra changer cette dénomination tout-à-fait impropre. ( 199 ) que des vestiges obscurs de la lèvre in- férieure. Elle est formée par les mâchot- res qui renferment les mandibules re- présentées par deux ou quatre filets égaux. Le labre est très-court. C'est avec ces principes si simples que la nature a formé cette prodigieuse variété que lon remarque dans les bouches des ordres des Insectes suceurs. ._ Si ces principes sont exacts, il en résulte la nécessité de changer les caractères d’or- dres des Insectes pour les organes buccaux; il en résulte la nécessité plus grande encore de changer les caractères et les noms des pièces qui constituent les divers genres, mais ces détails ne doivent point m'occuper pour le moment. T3 ( 196 ) $S IV. OBSERVATIONS SUR LES INSECTES COLÉOPTÈRES. (Mémoire lu à la Société d'Histoire naturelle de Paris en août 1827.) La classe si nombreuse, qui comprend les Animaux dits articulés ou irvertebrés, est loin d'offrir des résultats satisfaisans, lors- qu'on l’envisage d’après les théories ac- tuelles de l’Anatomie. De grands travaux ont déjà été entrepris à ce sujet. Je n’estime pas qu'ils aient encore atteint le but désiré, parce que leurs auteurs me semblent presque toujours avoir travaillé sous l'inspiration d'une idée générale préconçue, à laquelle ils ont vainement essayé de rattacher di- verses séries de faits et d'organes qui ne pouvaient avoir aucune analogie entre eux. En un mot, je ne pense pas qu'on ait réel- lement étudié ces Animaux pour eux-mêmes, mais seulement pour les attacher, les unir tant bien que mal à des lois observées sur d’autres Ordres et à des principes qu’on vou- lait absolument trouver universels. Mon in- ( 197 ) tention n’est pas ici de traiter de ces hautes questions, afin d'examiner jusqu'à quels écarts l'imagination du zoologiste mème le plus sévère peut parvenir, lorsqu'il entre- prend de juger sans l'examen le plus ap- profondi. Je voudrais appeler les regards sur un principe d'une importance presque nulle en lui-même, d'une attaque très-facile, mais que l'usage qu’on en a fait a consacré dans la science, et, par conséquent, rendu difficile à combattre, parce que tous les Ento- molopistes (et ici par Entomologistes, jen'en- tends point les Zoologistes ) s'y sont fixés comme à la seule ancre possible de salut. Aussi, les obstacles propres au sujet que jaborde , la solidité universellement re- connue des principes admis dans la section des Animaux dont j'ai l'honneur d’entre- tenir la Société, m'inspire un sentiment de crainte que la force méme de la vérité a beaucoup de peine à me faire surmonter. Quoi qu'il en soit, j'en appelle au jugement du public; il prononcera si j'ai tort, ou si jairaison. Trop heureux si en dernier ré- sultat je puis être de quelque utilité à une science dont les vrais principes, transmis par le génie d’Aristote et reproduits par Linné, ( 198 ) ont de nos jours reçu des développemens étendus, souvent philosophiques, et quel- quefois bizarres. Mais pour donner une idée de la posi- tion où je m'engage, il me suffira de dire que, l'an dernier, dans un travail sou- mis au jugement de l’Académie, je m'é- tais totalement dispensé d'entrer dans au- cun détail d'organisation ou de définition. Là, pouvait être le péril; on m'a reproché cette omission. Seulement j'avais avancé, sans avoir l'apparence d'y attacher le moin- dre intérêt, que la trompe de deux genres de Diptéres offre des palpes inférieurs, dont le nombre peut s'élever jusqu’à quatre. On nia le fait, et l’on eut raison, parce qu’il renversait les idées actuelles sur la com- position de la trompe de ces Insectes; mais il n’est pas facile de lutter contre les faits. Je n'avais point rêvé ces palpes; je les avais vus et décrits. Aussi les ai-je retrouvés sur un grand nombre de Diptères; et, quoi qu'on en puisse dire, ma première ob- servation subsiste, et j'ose espérer que plu- sieurs autres subsisteront après elle. Pour envisager nettement mon sujet, j'ai dû faire abstraction d’une foule oisive de ( 199 ) détails, et me placer de suite sur le point de vue le plus élevé. Aussi mes opinions pour- ront-elles paraître avoir quelque chose de hardi : mais loin de moi l’idée de déprécier ces Maîtres célèbres qui nous ont pénible- ment ouvert et frayé la carrière. Leur admi- rateur et leur élève, je ne puis que lessuivre, quoique ne partageant pas toutes leurs manières de voir. Linné trouva dans Aristote les divisions et jusqu'aux dénominations des ordres qu'il rappela dans l’'Entomologie. Il conserva aux Insectes recouverts de deux ailes en étuis, le nom de Coléoptères, qui leur avait éte im- posé par le naturaliste grec. Linné s’appuya ensuite sur les formes diverses des antennes pour caractériser ses principales coupes ; mais on ne tarda point à s’apercevoir des inconvéniens et des obstacles de ce système établi d’abord dans l'unique but de réunir ensemble une longue série d'Étres de la même famille. Cette trop grande simplicité de caractères généraux, qui ne dérivaient que des antennes, amena la confusion parmi tant d’Animaux de formes et de mœurs si différentes, et montra la nécessité d'étudier tous les appareils d'organes et tous les or- ( 200 ) ganes en particulier. Ce qui arriva pour les étamines de la Botanique advint également pour les antennes des Coléopteres. À cette époque, Réaumur et Degéer, in- terrogeant et surprenant la nature dans ses opérations mêmes, iracaient la véritable marche à suivre et reproduisaient les divers instrumens qui servent à la préhension ali- mentaire , à la digestion, à la sensibilité, à la locomotion, à la génération et aux diffé- rens arts des Insectes. Ils rassemblaient les, matériaux d'un solide édifice. Fabricius trouva son système des organes de la bouche dessiné et gravé. Il n’eut qu'a en rassembler les diverses parties pour éta- blir cette méthode qui, d'abord élevée jusqu'aux nues, bientôt n’occupa plus que le rang secondaire et même tertiaire, auquel elle est désormais condamnée. Cet Entomo- logiste ne soupconna pas même ce que les bouches, étudiées avec tant de soin, pou- vaient renfermer de philosophique; et, comme si toute véritable lumiere entomolo- gique dût venir de la France, il laissa à grande de les étudier sous de nouveaux points de vue. Fabricius changea le nom de Coléopteres en celui d’'E- M. Savigny la gloire si ( 207 leuthérates, et, dans son Systema Entomo- logiæ, 1775, il se contenta d'ajouter trois nouvelles subdivisions antennaires aux trois déjà établies par son maître, dont il suivait la méthode sur ce point. Mais des l’année 1772, l'Histoire abrégée des Insectes qui se trouvent aux environs de Paris, par Geoffroy, docteur-régent de la Faculté de médecine de cette ville, avait amené des modifications plus ou moins heu- reuses dans l'étude de l’'Entomologie. Cet ouvrage fut généralement applaudi et ap- prouvé par les naturalistes français et étran- gers. Fabricius, auteur d'un système, se refusa presque seul à l'adoption du système français, et c’est peut-être ce qu'il a fait de mieux dans l'intérêt de la Science. La plus grande influence de Geoffroy s'é- tablit à l'égard des Insectes Coléoptères. Par une réunion singulière de circonstances, son système servit de point de support à de célèbres théories zoologiques, quoiqu'il ne s'appuyât lui-même que sur des bases tout-à-fait fragiles et presque fantastiques. Geoffroy avait besoin, je ne dis pas de ca- ractères, mais de signes extérieurs pour classer ses Insectes à étuis; il crut s’aper- (2021) cevoir que les uns ont cinq articles aux tar- ses, tandis que les autres n'en ont que quatre, trois et même deux. Il en signala une grande série qui en offrent cinq aux quaire pates antérieures , et quatre seule- ment aux deux postérieures. Il crut décou- vrir, dans ces proportions numériques d’ar- ticles tarsiens, un moyen suffisant d'établir une classification , et il n’hésita point à le faire; mais ce n’était pas le beau temps de la Zoologie ; et encore une fois, cet auteur ne chercha qu’un système d'étude plus facile. Il ne se doutait ouère que Bonnet de Ge- 8 nève allait s'emparer de ses fréles tarses, pour prouver et consolider les divers éche- lons d’une théorie superficielle, et qui ne servit peut-être qu'à faire perdre un temps précieux à des Naturalisites d’un mérite in- contestable. Schæœffer, en Allemagne, adopta la mar- che systématique de Geoffroy. Dans ces pre- miers tâtonnemens de la Science, on ne lui demandait que des signes généraux exté- rieurs, susceptibles d'être appréciés par tous les Entomologistes. Si quelques genres d’un abord difficile et plus soigneusement étudiés vinrent bientôt mettre un peu de confusion ( 203 ) par l'incertitude numérique de leurs arti- cles tarsiens , on résolut de s’en rapporter à certaines conventions. Olivier marcha sur les traces de Schæffer. Par ses descriptions d’un très-grand nombre d’espèces exotiques et par un travail spécial sur cet ordre d’Insectes, il assura et affermit le système de Geoffroy, qu'il fut désormais défendu d'abandonner. Ainsi, la science de l'étude des Coléop- tères reposait sur la plus minutieuse et la moins naturelle des bases. Il fallait compter ious les divers petits articles des tarses. Mais que diraient aujourd'hui les Entomolopgistes, si l’on avançait que les Insectes n’ont réel- lement ni pates, ni ailes, dans la signification rigoureuse de ces mots? Si on leur rappeiait que les Grecs et qu'Aristote avaient déjà fait cette distinction, et que même ils avaient donné un nom spécial aux ailes actuelles des Insectes ? Alors il faudrait changer et la défi- nition et le nom de ces divers appendices; mais ici j'iadique un autre ordre de difficul- iés plus relevées, et qui ne doivent pas encore être soulevées. Je me contenterai de dire que la Terminologie des Insectes, Arachnides et Crustacés, doit être entièrement refaite. (204) En nommant ailes, pates , tarses, les divers appendices locomoteurs des Insectes, on avait comparé ensemble des objets es- sentiellement distincts, on avait nommé des objets inconnus d’après leur similitude ou leur analogie avec des objets bien connus et déterminés. Il fallut donc, bon gré mal gré , adopter ces ailes, ces pieds et surtout ces tarses, comme bases et fondemens de la classification des êtres les plus nombreux en genres et en espèces. La Zoologie générale, qui n'avait encore pu descendre dans l’or- ganisation de ces Animaux , adopta les idées des Entomologistes , qui se trouverent ainsi jouir d'une gloire qu'ils n'avaient ni cher- chée ni méritée. Mais les hommes qui s'adonnèrent de bonne foi à l'étude de la nature, ceux qui voulurent jeter un coup-d’œil perçant sur les Coléoptères ainsi classés, virent aussitôt la fragilité et les inconséquences de ce sys- tème, et peut-être ils regrettèrent la marche plus simple de Linné. Les habitudes, les formes , les proportions, les teintes se trou- vaient dans un désordre difficile à imaginer. Tout était confondu. On put douter que l'Entomologie devint janrais susceptible (: 2i0b4) d’être placée parmi les sciences exactes. Geoffroy avait occasioné cette nouvelle espèce de confusion. Deux membres de l’A- cadémie essayèrent de remédier au mal au- tant que cela fut en leur pouvoir. Je parle de MM. Duméril et Latreille, dont les tra- vaux coïnciderent en même temps. Ils ju- gèrent que l'Entomologie devait prendre une extension plus grande , et marcher, comme la Botanique et plusieurs autres parties de la Zoologie, sur un plan analytique. Alorsles grandes divisions furent établies. Les Co- léoptères parurent chacun dans des sections qui rappelaient leurs mœurs et divers points d'organisations analogues. Ils purent déjà offrir à l'esprit des résultats satisfaisans , et faire concevoir l'espérance de l’ordre natu- rel. M. Duméril, qui ne travaillait que sur l'ensemble de la Zoologie, ne dut s'occuper que des sections générales. Mais M. Latreille pénétra dans tous les replis du sujet ; il in- terrogea toutes les organisations et s’en ren- dit un compte sévère. Il fut en état de pu- blier ces familles et ces tribus naturelles qui, quoique disposées dans un ordre purement systématique , resteront à jamais les plus so- lides fondemens de la véritable Entomologie. ( 206 ) Comment se fait-il que les eflorts de ces deux Naturalistes n’ont pas amené pour les Coléoptères l’ensemble d'une méthode na- turelle , et qu'ils n’ont mis de l’ordre que dans les sections ? Ils ont suivi le système de Geoffroy. Ils ont pris le nombre des articles tarsiens pour pre- mier point de départ. Il en est résulté des sections qui renferment, et des tribus Phyto- phages, et des tribus Carnivores : même plu- sieurs genres, et notamment les Nitidules, sont formés d'espèces Floricoles et d'espèces Créophiles. Il suffit de jeter les regards sur l'important Catalogue de M. le comte Dejean pour s'assurer d’une foule d'anomalies et d’incertitudes auxquelles il serait nécessaire de remédier. Toutefois M. Latreille, dans son Genera Crustaceorum et Insectorum , 1806, déclare dans une phrase aussi remarquable par sa concision que par ses expressions, qu'il est impossible de classer naturellement les Co- léoptères d'après le nombre ascendant ou descendant des articles tarsiens. 4räiculorum tarsorum progressio numerica decrescens in methodo naturali non admittenda. \ était donc persuadé ne travailler que d’après une (207 ) méthode de convention ; en un mot, d’après un système. Il ne m’appartient pas de vous rappeler tout ce que ce mot système renferme de contraire à la philosophie des sciences naturelles. Alors M. Latreille ne paraissait point soupconner qu'on pût élever des doutes sur’le nombre même de ces articles tarsiens, incapables de conduire à une méthode natu- relle , et néanmoins conservés par lui pour une série naturelle d’Insectes la plus nom- breuse pour les genres, mais d’une classifi- cation litigieuse et incertaine. Series naturalis Animalium numero generum major, ligiosa, incerta. Tom. I, pag. 172. Je cite ces paroles du chef actuel des Entomologistes, parce qu'elles prouvent les diverses difficultés que je n’ai point manqué et que je ne manquerai pas de rencontrer. Dans le Dictionnaire d'Histoire naturelle, édition de Déterville, M. Latreille supprime les Dimères, chez lesquels il a reconnu, à l'aide d’une forte loupe, une organisation tarsienne plus composée que celle qu'on leur supposait. Il n’est peut-être pas inutile de dire que les Dimères sont les Coléoptères de la plus petite taille. Dans son dernier ouvrage général , publié (2080) en 1526, ce célèbre Entomologiste désespère encore d'arriver à une méthode naturelle. Non-seulement il y rétablit les sections des Coléopteres Dimères, mais il admet encore celle des Monomères , récemment établie par M. Fischer, sur un seul genre et sur une seule espèce tout-à-fait exiguë. Mais je dois dire que les Entomologistes allemands placent cet Insecte parmi les Pentameres. Ainsi maintenant l'on a six sections. Peut- être va-t-on bientôt en proposer une sep— tième pour un Insecte rapporté du Cap-Vert, qui, pentaméré à ses deux jambes exté- rieures, est, dit-on , hétéroméré aux quatre postérieures. Certes, il a autant de droits qu'aucun autre pour exiger aussi une dis- ünction spéciale. Ne devra-t-on pas encore établir une section spéciale pour ce genre de Coléoptères aquatiques, qui n’offre que trois articles aux tarses antérieurs ? Rappelle- rai-je ces Oxytèles, ces Omalies, qui semblent n'avoir que trois ou quatre articles tarsiens, et que la force des analogies a contraint de laisser parmi les Brachélytres? Pourtant ils devraient former une section bien distincte: car, lorsqu'on s'est décidément engagé dans une marche analytique quelconque, il faut ( 209 ) vouloir en subir toutes les conséquences , et ne pas se retrancher derrière des exceptions qui se renouvelleraient à chaque pas. Mais puisque la force des analogies à contraint à quelques concessions , comment se fait-il que les Trogossitaires n'aient pas été placées à la suite des Lucanides, dont elles offrent la plupart des caractères ? Je dirai plus : com- ment les a-t-on mises parmi les Tétramères ? Certes, si jamais Insectes furent évidemment pentamérés, ce furent ces mêmes Trogossi- taires. J'en dois dire autant des Priones. Cependant M. Latreille émet déjà des mo- difications, sinon dans ses conclusions, du moins dans quelques-unes de ses manières de voir. La Parandre semblæoffrir cinq articles distincts aux tarses. Tous ses autres caractères la classent naturellement auprès des Céram- byciens, réputés Tétramères. Aussi plusieurs Entomologistes, entre autres M. Duméril, ne lui assignaient qu'une place incertaine. M. Schoënner ne craignit pas de la mettre dans une section différente de celle des Cé- rambyciens. M. Latreille, dans l'Ouvrage précité, s'élève contre cette innovation. Il déclare qu’on né saurait éloigner la Parandre des Tétrameres longicornes , «chez lesquels, 14 EUR » dit-il, la base du dernier article tarsien » forme quelquefois un petit nœud ressem- » blant à un article, mais sans mouvement » propre.» Ainsi M. Latreille admet déjà que certains Longicornes peuvent être pentamé- rés : mais il ne l'admet que pour cette faille; il ne l’admet que pour une des familles où le quatrième article tarsien peut paraître moins développé; encore veut-il que cet article ne soit pas mobile. Il continue donc à placer la Parandre, reconnue Pentamère , avec les Tétraméres. Mais la force des gé- néalogies naturelles l’oblige bientôt à une plus forte concession : quelques lignes plus bas, il écrit que l’ordre naturel exige de rapporter aux Tétameres certains Hétéro- mères qui, tels que les Salpingues et les Rhinosymes, appartiennent, par un plus grand nombre de rapports, à la famille des Rhyncophores. Ainsi de ses propres mains il ébranlait vio- lemment ce système qu’il n'abandonna point, mais qu’il montrait si susceptible d'attaques. Je rappelle ces dernières opinions de mon maitre , parce que j'ai pu aussi parvenir aux mêmes aperçus, et avoir cherché à leur don- ner une plus grande extension. Au reste, je (Sr) dois déclarer que ma méthode était faite et rédigée avant la publication du dernier ouvrage de M. Latreille, dont je me fais ainsi gloire d'appeler l'opinion en témoi- gnage de quelques-unes de mes observa- tions. Tel était l'état de la science, lorsque mes penchans personnels, favorisés par le séjour dans des campagnes riches en Plantes et en Insectes, me portèrent à étudier les êtres zoologiques qui m'entouraient, et au milieu desquels j'étais appelé à passer mon exis- tence. La Botanique fut l’obiet de mes pre- mières observations. Les Insectes s'y ajoutè- rent bientôt comme un complément néces- saire à celui qui veut connaître la destination primitive des végétaux, et les accords qui existent entre les deux règnes organisés. Je croyais le système entomologique appuyé sur des bases si positives , que je dus Île prendre pour guide. Je n'avais que des carac- tères extérieurs à constater , bien qu’en moi- même je ne pusse concevoir comment la na- ture avait renfermé le secret de sa marche dans les seules modifications d'organes aussi peu importans que les tarses et leurs articles. Aussi ma surprise fut extrême, lorsque je | 14* f 2527) m'’aperçus être dans une contradiction avec mes livres et avec mes yeux. Je comptais ordinairement cinq articles tarsiens, là où les autres n'en admettaient que quatre, trois, et même deux; et pourtant j'avais la certi- tude d'observer les mêmes especes. Mais je m'expliquai bientôt ce qui en avait imposé à mes prédécesseurs; et en même temps je m'imaginai qu'à l’aide d'une grande réunion de matériaux, je pourrais par la suite en tirer quelque parti. Chaque jour je collectionnai des Insectes. Je notai soigneusement leurs diverses loca- lités, les Plantes qui pouvaient les nourrir, les époques de leur apparition. Je décrivis scrupuleusement tout ce que les organes ex- térieurs de chacun d'eux me permirent desi- gnaler. En deux mots, je recommençai l’é- tude des Coléoptères, comme si personne ne les eût traités avant moi. Je parvins aux résultats dont je vais avoir l'honneur de vous entretenir le plus succinc- tement possible. Chaque Plante, suivant sa famille, doit nourrir une, deux, et souvent trois espèces déterminées et différentes de Coléoptères. Il en résulte une étendue lon- gue, immense, mais nécessaire pour qui veut LS) approfondir le sujet ‘. Les Coléoptères phy- tophages se divisent en plusieurs sections, selon leur organisation et leurs habitudes. Quand l’Animal à l’état parfait et à l’état de larve dut vivre sur le même végétal, il recut les conditions de cette nécessité. Les ailes ne lui sont alors que d’un usage secondaire: elles peuvent même disparaitre. Il passe la majeure partie de son existence cramponné après une tige ou une feuille. Alors ses articles tarsiens sont devenus or- ganes de support : ils se sont dilatés, et gar- nis de petits crochets en forme de pelotes, qui leur servent à se fixer. Mais ces pelotes peuvent ne pas occuper tous les articles, ni toujours les mêmes articles. Ordinairement elles ne se développent que sur les trois pre- miers; et par une loi souvent observée en Anatomie, leur développement entraîne presque toujours l’atrophie, et quelquefois la presque disparition de l’article suivant. Le dernier est toujours développé, parce qu'il est armé de deux forts crochets termi- * Je puis annoncer que ce travail est prêt pour la majeure partie des espèces qui vivent sur les végétaux de Paris. ( 214 ) naux. Il en résulte que les premiers articles tarsiens peuvent paraître seuls développés. Mais avec un peu d’attention on ne tarde point à reconnaître la vérité, et à signaler les articles qu’on a prétendu ne pas exister. Sur une foule d'espèces on peut les observer a l'œil nu. La série de ces Insectes doit être et est la plus considérable de l’ordre. Elle est peut-être plus grande que le reste de Vordre. Mais tous les Coléopieres, dont les larves vivent dans les végétaux, ne sont pas à l'état parfait dans l'obligation de vivre aux dépens d'un végétal déterminé. Ils peuvent errer dans le monde extérieur, et avoir ap- pétit de la liqueur miellée ou des pétales des fleurs, ou même des feuilles. Alors leurs ar- ticles tarsiens se sont moins dilatés, ils se sont allongés , et peu à peu les pelotes fi- nissent par disparaître. Ceux-là peuvent donc ètre des Pentamères parfaits, c'est-à-dire, sur lesquels le quatrième article ne sera ni atrophié, ni soudé avec le cinquième. Ce sera mème lui qui portera les brosses. On observe un autre fait sur ceux qui à l'état parfait ne sortent des conduits creusés dans les arbres par leurs larves que pour se livrer à l'amour, et qui ne fréquentent pas ( #%5:) les fleurs, tels sont les Bostriches et les Sco- lytes. Ils n’ont pas d'articles tarsiens dilatés; ils n’en eussent fait aucun usage. Tous leurs articles sont filiformes, mais le premier s'a- trophie souvent, parce que le second s’al- longe plus que les autres. Ce fait tient à la nature de leurs habitudes, et surtout à celle de leur dernière métamorphose. Ce premier article est soudé avec le second; mais souvent aussi ils sont entièrement libres. Ce fait m'a conduit à l'explication des Co- léoptères hétéromères : sur leurs espèces an- thophiles, il est souvent aisé de distinguer ce premierarticle dans l'articulation même. Mais cela devient presque toujours impossible sur les Ténébrionites, qui sent ordinairement aptères , et ont des tarses non dilatés, plus propres à la marche. | On objectera que les espèces de nœuds dont je fais si volontiers de véritables ar- ticles, ne sont que des nodosités réelles, non susceptibles d'être rapportées à la destination que je leur assigne. Je me contenterai de répondre que je me suis tant de fois assuré de la mobilité de ces articles sur un grand nombre d’espèces dif- férentes , qu’il m'est impossible de conserver ( 216 ) le moindre doute à cet égard. Cette même objection ne serait encore d’aucune impor- tance, si la mobilité de ces articles n'avait pas lieu et s'ils étaient soudés : car il suffit de prouver que primitivement ils ont dû exister séparés, pour faire tomber l’opinion de leur décroissance numérique, et par conséquent pour faire cesser l'usage de mots qui n’expriment plus la vérité. Les races, qui sont destinées à vivre dans l'eau, ont leurs articles tarsiens en rames ou en avirons , aptes à fendre cet éiément. Quel- quefois ces articles sont dilatés sur les mâles qui s’en servent pour se cramponner sur les femelles. Les races coprophages n’ont que des tar- ses filiformes, peu propres à la marche. Ils sont sacrifiés à un développement particulier des cuisses et des tibias, qui doivent creuser le sol. Le même fait s’observe pour les tarses des Coléoptères botanophages, qui fouillent la terre ou des substances terreuses, pour y déposer leurs œufs. Parmi les races zoophages, les espèces fixées à demeure sur les végétaux, ont les premiers articles tarsiens dilatés; telles sont les Coccinelles. (! 6) Parmi mes Nécrophages, les Nécrobies ont aussi les tarses garnis de pelotes, parce que la plupart vivent sur les végétaux. Lorsqu'un insecte Coléoptère botanophage doit s’'accoupler sur les végétaux, et qu'il n’a point de pelotes tarsiennes, la nature y supplée par deux forts crochets bifides pla- cés au bout du dernier article, quile tiennent fortement attaché et même suspendu pen- dant toute une journée, sans qu'il se fatigue. Les Cantharides se trouvent dans ce dernier cas. Le Hanneton n’a pas ces mèmes crochets bifides, mais il a trois autres petits crochets a leur base. Ainsi l’on pouvait tirer un parti tres-avan- tageux des diverses modifications des tarses d'après les habitudes des Coléoptères. Ils pouvaient réellement mettre sur la voie d’une marche plus naturelle; mais il fallait préalablement les rapporter à une unité de iype qui détruisit les fausses idées qu’on n'avait pas craint d’en tirer pour la progres- sion zoologique. Il fallait rapporter leurs diverses modifications aux mœurs même des Insectes; et dès-lors on devait bien se gar- der de les admettre comme base et comme nécessité d’une classification générale. ( 218 ) Lorsque des études et des observations multipliées m’eurent fait rejeter tout-à-fait ces tarses et leurs articles comme principaux signes caractéristiques, il me devint facile d'opérer une foule de rapprochemens déjà jugés indispensables , et de soupconner une classification qui me parut plus méthodique et plus naturelle. Je soumets cette classifica- tion à votre jugement. Elle ne renferme que les Coléoptères des environs de Paris; mais il sera très-facile d'y rapporter les Coléop- tères exotiques. Je dois prévenir que n’employant que des caractères extérieurs‘, je n'établis peut-être aucun caractère principal essentiel entre les races botanophages et les races carnassières. Les caractères extérieurs ne peuvent être que secondaires : la première et la véritable base d'une bonne classification zoologique doit être tirée des organes internes. Une plus haute anatomie, celle des appareils di- gestifs dont l'organisation entraine les mœurs des races, nous éclairera sur ce point. À : Le tableau de cette classification, présenté à la Société d'Histoire naturelle de Paris, fera partie d’un autre ouvrage spécial. (219) l'anatomie intérieure seule appartient Île droit de fournir les grands caractères zoolo- giques. Déjà M. Marcel de Serres, dans un Mémoire excellent, nous a dévoilé les diffé- rences qui existent entre l'appareil digestif de quelques Coléoptères herbivores et celui de quelques Coléoptères carnassiers. Ces différences sont du plus haut poids, et me forcent d'attendre. M. Léon Dufour poursuit sur le même sujet des recherches de la plus grande importance, et qui promettent des ré- sultats positifs. Ce travail n’est pas encore public. Là devront se trouver les vrais signes caractéristiques des diverses séries des Co- léopteres , qui, semblables aux Oiseaux , ne pourront jamais être véritablement classés d’après les seuls signes extérieurs. Aucun ca- ractère extérieur ne peut m'indiquer pour- quoi la Trogossite oula Parandre ne déchirent pas les chairs aussi bien que le Bouclier et le Nécrophore. Ces vrais caractères de distinc- tion doivent être pris dans une organisation plus profonde et plus élevée. L'Entomologie setrouve icisous la dépendance immédiate de l’Anatomie et dela Zoologie, soit spéciales, soit générales. Mais celui qui voudra classer les genres des Coléoptères selon l’ordre le plus DAEAT (.220.3 naturel , devra recourir à une étude trop négligée, et qui pourtant peut seule con- duire au but désiré : je veux parler de l’é- tude des larves. Le Coléoptère botanophage à l’état parfait n’est point dans la plénitude de son rêle; il n’est plus que l'individu des- tiné à perpéluer sa race. Ce n’est point lui que la nature mit en rapport direct avec les végétaux. C'est sa larve qui les perfore, les ronge, les coupe, les détruit. Elle seule nous indique la marche et le plan de la nature dans les créations entomologiques. L'organisation de ces larves diffère essen- tiellement selon leurs mœurs. On ne confon- dra jamais la larve d’un Carabe avec celle d'une Criocère. Aussi, pour avoir négligé cette importante considération, est-on tombé dans des écarts d'autant plussinguliers, qu'ils étaient plus faciles à signaler. Quoique je ne paraisse pas faire usage des caractères des larves dans ma classification, il suffit du plus léger coup-d’œil pour s'assurer qu’elles en sont la base primitive et principale. Ces considérations s'adressent surtout aux Zoologistes qui demandent à s'appuyer sur de grands points d'organisation. Les Ento- mologistes de profession, absorbés par la ( 397 ) fatigue et la minutie des détaiis, de tout temps habitués à ne juger les individus que par les vèêtemens, et enrayés dans la voie des traditions, pourront s'étonner qu'on vienne leur indiquer une autre marche à suivre. Il leur en coûtera sans doute de renoncer à l'importance , et surtout au nombre des articles de ces prétendues pates qui furent l’objet de tant d’études et de tant de dis- cussions. Mais il leur restera encore d'amples sujets de consolation. Si les organes de la bouche , si ceux des ailes et ceux des pates perdent de leur importance première dans l'ordonnance générale des Coléoptères, ils demeurent d’une nécessité absolue pour l'établissement des genres; et des-lors les D diverses forines des articles tarsiens , anten- naires et palpaux, réclament impérieusement laide de la loupe. Loin de rejeter les divers secours de leurs plus petits détails, je serai le premier à les exiger et à les faire intervenir, parce que c’est dans ces combinaisons sans fin de formes toujours identiques et toujours variables des Insectes, que la nature nous dévoile le fonds le plus inépuisable de son immensité. | Cette classification, que j'ai l'honneur de (32219 vous proposer, est loin d’être parfaite : mais il me semble qu'il ne sera pas très-difficile de remédier à la plupart de ses imperfec- tions. Je la propose, non pour qu'on soit dans l'obligation de l’adopter , mais pour qu’on daigne au moins considérer les Coléoptères d’après des points de vue plus rationnels et plus élevés. Je la propose pour mettre fin à ces dénominations de Trimères, Tétramères, Hétéromères, qui ne peuvent plus rester, parce que l’Anatomie exige un langage sé- vère, et qui ne puisse jamais faire concevoir l’idée de l'erreur. Je la propose, parce qu’un ordre d’'Animaux aussi nombreux et aussi compliqué que celui des Coléoptères ne doit pas être classé d’apres des caractères aussi peu importans que ceux qui viennent de vous être signalés. (#25 ) CLASSIFICATION DES INSECTES D'APRÈS LES LARVES, LES AILES ET LES BOUCHES. A. Métamorphoses incomplètes. 1. Larves constituées à peu près comme l’Insecte parfait.— Ailes formées par les ar- throméraux et les arthrocéraux réunis.— Les arthrocéraux prolongés jusque sur l’ab- domen chez les Cigales. — Bouche propre à sucer. — Levre inférieure soudée au corselet. — Les mâchoires forment une gaîne arti- culée où sont logés 2-4 filets représentant les mandibules. Le labre forme une gaine su- périeure. s HÉMIPTÈRES. 2. Larve constituée presque comme l’'In- secte parfait.—La vertèbre gustale plus pro- noncée que sur les autres ordres. — La ver- tebre sonore donnant lieu à la stridulation sur les Sauterelles. — Bouche propre à cou- per, déchirer, et formée de pièces très-déve- loppées. A cet ordre je joins la tribu des Libellu- lines. ( 294 ) ORTHOPTÈRES. B. Métamorphoses complètes. 3. Caractères des Orthoptères : larves sim- plement hexapodes, non constituées comme les Insectes. NÉVROPTÈRES. 4. Mêmes caractères. — Les arthroméraux de la vertebre sonore formant les élytres. — Bouche plus ou moins armée de pièces pro- pres à couper, déchirer. COLÉOPTERES. 5. Larves polypodes.—Bouche formée par les mandibules allongées et contourneées en trompe. LEÉPIDOPTÈRES. 6. Larves hexapodes ou apodes.— Bouche formée par la lèvre inférieure développée en languette. | HYMÉNOPTERES. 7. Larves apodes.— Les arthroméraux de la vertèbre sonore formant seuls les ailes. — Balanciers. — Bouche formée par les mà- gaine contenant les mandibules sous forme de deux, quatre et six filets. choires qui forment une rÈ ( 225 ) DiPTÈRES. 8. Bouche formée par les mandibules èn valves et les mâchoires en filets. CoRïIACES. 9. Bouche formée par le labre et Îles mandibules. — Point d'ailes. APTÈRES. ( La Puce.) FIN. EXPLICATION DE LA PLANCHE. Fig. 1. Test du GacaTa%a LÆvis. (Fabr.)( Grandeur = naturelle. ) Vertèbre gustale. I. Basial. IT — IT. Costaux. HI - III. Polergaux. IV - 1V. Arthroméraux. V - V. Arthrocéraux. V’ertébre sonore. a. Basial. Bb - b. Costaux. e-c. Polergaux. d - d. Arthroméraux. e -e. Arthrocéraux. Vertébre motile. 1. Basial. 2 - 2, Costaux. 3 — 3. Polergaux. 4 - 4. Arthroméraux. 5 - 5. Arthrocéraux. Fig. 1bis. Le même test vu sur le côté. HT - IV - V. Polergal, arthroméral et arthrocérak de la vertèbre gustale. d-e. Arthromcral et arthrocéral de la vertèbre so- nore. 3 - 5. Polergal et arthrocéral de la vertèbre motile. ( 227 ) Fig. 2. Test du THALASSINA SCORPIONIDES ( Lam. ) vu en dessus et de grandeur naturelle. V'ertèbre gustale. I. Basial. IN =UE Costaux. Bi — DIT. Polergaux. IV. Arthroméraux. V'ertébre sonore. a. Basial. b - b. Costaux. c-c. Polergaux. .Vertèbre motile. 1. Basial. 2 = 2, Costaux. 3 - 3. Polergaux. 4 - 4. Arthroméraux. 5 - 5. Arthrocéraux soudés. Fig. 3 = 35, - 4 - 5 - 6-7. Appareil buecal interne du PALINURUS VULGARIS. Fig. 3. Vertèbre pharyngiale. 1. Basial. 2 — 2, Costaux. 3 - 3. Polergaux. 4 - 4. Arthroméraux. 5 = 5. Arthrocéraux. Fig. 3%. Arthroméral et arthrocéral soudés de la ver- tèbre pharyngiale, et vus en dedans. _ Fig. 4. Wertèbre cricéale. 1. Basial. 2 — 2. Costaux. T'ES Polergaux. ( 228 ) 4 - 4. Arthroméraux. 5 — 5. Arthrocéraux. Fig. 5. Vertèbre thyréale (un peu grossie. ) 1. Basial. 2 — 2. Costaux. 3. Polergaux. 4. Arthroméraux. 5. Arthrocéraux. Fig. 6. V’ertébre arythénéale. 1. Basial. 2 = 2. Costaux. 3 — 3. Polergaux. 4 - 4. Arthroméraux. 5 - 5. Arthrocéraux. Fig. 7. Vertèbre hyéale ou hyoïdienne. 1. Basial. 2. Costaux soudés. 3 - 3. Polergaux. 4 - 4. Arthroméraux. 5 - 5. Arthrocéraux. Fig. 8. J’ertèbre maxillaire de l'ASTACUS MARINUS. 1. Basial. 2. Costal. 3. Polergal. 4. Arthroméral. 5. Arthrocéral. Fig. 9. Ailes postérieures, ou vertèbre motile d’une grande Blattide. 1. Basial. 2 — 2. Costaux. 3-3. Polergaux. À - 4. Arthroméraux. 5 - 5. Arthrocéraux. UREIL TACÉS, A | VOIDY, D. ORDRE NATUREL DES ANIMAUX ACTUELLEMENT NOMMÉS CRUSTACÉS, ARACHNIDES ET INSECTES, PAR J.=-B. RBROBINEAU-DESVOIDY, D.-M. A. Sans métamorphoses. B. Avec métamorphoses. 1 £ 8° cLasse. 1re CLASSE. ; - INSECTES. CRUSTACES. Respiration. trachéale. — Cinqyertèbressensoriales, dont les postérieures for= ment lesailes: — Bouche formée par quatre vertè- bres, lalabiale, la maxil- laire et les deux premières / Respiration branchiale. — \ Double circulation.—Ver- tèbres dorsales ; vertèbres sensoriales; vertèbres buc- calesetpost-buccales; ver- tèbres locomotrices et ab- dominales. vertèbreslocomotrices des Crustacés. HEMIPTÈRES. 22 CLASSE. 3° CLASSE. ENTOMOSTRACÉS. BRANCHIGASTRES. 5 Onruornènts, Les vertèbres sensoriales Plus de test, pue de vertè- RON Les vertè- pres puce CIS pue res buccales et postbuc- » « - « res postbuccales deve- ; ; cales n’existent plus, etc: . nues organes de préhen- NÉvRoPTËRES. . sion et de locomotion, û MYRIAPODES. JULACES. THYSANOURES. Chine . 11e CLASSE» 10€ CLASSE. ge CLASSE, © ACT ÈRE" Plus de vertèbres dorsales; Deux vertèbres sensoriales, DRE nres sensoriales: : trois vertèbres sensoriales. trois vertèbres buccales ; —Bouche formée parqua- 5 £ : ARACHNIDES; ; Cinq vertèbres forment la les'autres vertèbres gémi- tre vertébres ; trois vertè= Lérrmorrères. Respiration pneumo= bran= bouche. nées bres locomotrices: : chiale. — Un cœur et plu- sieurs Vaisseaux. == lus de vertèbres sensoriales , nn excepté celle de la vue et celle de l’olfaction , deve- \ nueorgane de préhension. : : Drprères. : be CLASSE. 6° cLasse. 7e CLASSE. c ÉRYTHREÉIDES. ACARIDIENS. PARASITES, Une seule vertèbre senso- Une seule vertèbre senso= | / Deux vertèbres sensoriales, Corraces. riale, Voptique.— Bouche formée par les deux pre= mières vertèbres locomo-. trices des Crustacés, riale, l’optique.— Bouche formée par la vertèbre la= biale et la vertèbre maxil= laire. — Cinq vertèbres locomotrices, l'optique et l’olfactive. — Bouche formée parla ver= tèbrelabialeetla vertèbre maxillure. — Cinq à trois vertèbres locomotrices. SDRESIPTÈRES: APTÈRES, sé. de, AS pc NES Ni VE Foi | r ste K de Pas CM re 2e) 521 ES Ou » a RAPPORT LES MYODAIRES DU DOCTEUR ROBINEAU DESVOIDY, LU DANS LA SÉANCE DE L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES ; LE 2 OCTOBRE 1826. D] L'Acanémre nous a chargés, MM. Latreille, Duméril et moi, d'examiner un travail sur les Myodaires ou sur les différentes espèces de Mouches, que lui a présenté M. le docteur Robineau Desvoidy, dans sa séance du 28 août dernier, et de lui faire con- naître le jugement que nous en aurions porté. C’est ce que nous allons faire avec: quelques détails, l’auteur n’ayant pu, par la nature même de son travail , en lire que quelques considérations. générales à l'Académie. Si, malgré les travaux nombreux qui se sont succédés depuis le commencement du dernier sièele jusqu'ici, l’entomologie est encore en général très-peu avancée, et appelle de toutes parts & _ des collaborateurs qui s'occupent spécialement de chacune des divisions plus ou moins tranchées qu’on y a établies, il faut con- venir qu'aucune de ces parties n’est peut-être dans une confusion aussi grande que l’histoire des Insectes hexapodes, que l’on dé- signe d’une manière tranchée par la dénomination de Diptères. En effet, leur histoire naturelle, proprement dite , est à peine avancée d’un pas depuis Réaumur et de Géer, c’est-à-dire depuis plus de soixante ans , et leur distribution méthodique, ainsi que la con- I | Ce (2) naissance et la distinction des espèces, est encore extrêmement peu complète, malgré les travaux de Fabricius et de MM. La- treille, Panzer, Fallen, et même de Meigen qui s’en est occupé d’une manière plus spéciale. C’est à remplir cette lacune que s’est consacré M. Robineau Desvoidy dans le travail étendu qu’il a soumis au jugement de l'Académie. Mais pour rendre ce juge- ment un peu digne de la confiance qu’elle a bien voulu nous ac- corder, qu’il nous soit permis de nous occuper un moment de ce qui avait été fait sur le même sujet , et des principes qui avaient servi de base pour la distribution méthodique des Mouches avant M. Robineau. Tous les Diptères communément , et, dansle langage vulgaire, réunis sous le nom collectif de Mouches, n'étaient , jusqu’à Fa- bricius, définis que par l'existence d’une seule paire complète d'ailes, car on regardait déjà les balanciers comme les rudimens de l’autre paire qui existe, à moins que d’avortement, dans tous les hexapodes. C’est ce que l’on voit très-bien dans les premières éditions du Systema naturæ jusqu’ en 1748, où le nombre des genres n est encore que de sept : Oëstre, Asile, Hippobosque ; Taon, Mouche, Cousin et Tipule. Il fut bientôt porté à treize, divisés én deux sections, toujours d’après la considération du même appareil. Geoffroy l’enlomologiste, qui introduisit dans la classification des Insectes la considération nouvelle du nombre des articles du turse, et une analyse plus détaillée de la forme des antennes, établit dans les Diptères à peu près le même nombre de genres que Linné. Il en créa cependant six nouveaux; savoir : Stra- tyomis, ou Mouches armées, dont l’histoire a été si bien faite par Réaumur, Stomoxe, Volucelle, Némotële ,,Seatops et Bi- bio; mais il n'admit pas les trois que Linné venait d'introduire ae la dixième édition de son Systema naturcæ. Ainsi, en les comptant, il n’y avait encore en 1762 , époque de la publication de l’ouvrage classique de Geoffroy, que seize genres dans tout l’ordre des Diptères, et ces genres étaient très-faciles à recen- naître. se See Mais bientôt arriva la célèbre innovation de Fabricius, qui, exagérant peut-être l'importance de l’appareïl de la bouche, (3) qu'il ne connaissait réellement pas, cependant, d’une manière philosophique , abandonna Les erremens suivis par ses prédéces- seurs , et distribua tous les Insectes d’après cette seule considé- ration" Les Diptères se trouvèrent convenablement réunis dans la classe des Antliata avec les mêmes subdivisions établies par à Linné. Le nombre des genres caractérisés par les différences dans l'appareil locomoteur de la bouche , et dans la. forme des anten- _ nes, fut de bonne heure augmenté, d’abord de quatre , puis enfin de sept, et porté par conséquent à vingt-trois. Dans la seconde édition de son Entomologie systématique ; publiée en 1795; le nombre des espèces connues n’était encore que d'environ sept cents. : C'est peu de temps après que commencéa à paraître dans la is) tribution des Animaux, et par conséquent en entomologie, l’éta- _blissement et la dénomination de Familles, que la botanique avait déjà depuis long-temps employées avec tant de succès. Blu- menbach suivait cependant encore le système de Linné , tandis que M. Cuvier combinait déjà ce système avec celui de Fabricius, qu’il eut même l'avantage d’avoir pour collaborateur dans cette partie de son ouvrage. C’est à MM. Latreille et Duméril qu'est due cette introduc- tion: le premier dans son Précis des caractères des Insectes, pu- _blié en 1796; le second dans les tableaux qui sont à la fin du premier volume des Leçons d'Anatomie comparée de M. Cuvier. M. Laitreille, dix ans après, développa son système entomolo- gique dans son AE Crustaceorum et Insectorum ; püis avec de nouveaux perfectionnemens, tirés de ses propres observations et de celles que Fabricius avait données par la publication de son Systema Antliatorum en 1805, dans ses Considérations générales sur l'ordre natureldes Crustacés, Arachnides et Insectes, publiées eñ 4810. Ilen résulta pour les Diptèrés, que les quatorze genres de Linné et de Fabricius furent élevés au rang de familles, sous des dénominations correspondantes ; d’où des Tipulaires, les Stratyomydes, les Taoniens, les Rhagionides ; les Mydasiens, les Asiliques, les Empides, les Anthraciens, les Bombyliens, les Vésiculeux, les Syrphies, les Conopsaires et les Muscides. Chacune de ces familles fat ensuite subdivisée en genres sur des 1* | CA). caracteres plus minutieux, de manière que dans cet ouvrage eñ 1810, le nombre des genres de Dipteres adoptés de Fabricius, de: Meigen, et créés par M. Latreille lui-même, fut porté à cent dix-sept pour tout l’ordre, et à vingt-huit pour la famille des Muscides , correspondant à peu près au genre Musca de Linné. Il n’est pasnécessaire de dire qu’à mesure qu’on eut besoïn d’ar- river à des caractéristiques de divisions génériques plus nom- breuses, on fut obligé de faire entrer quelquefois de nouvelles considérations ; mais surtout d’examiner de plus près, avec une loupe plus forte, les organes dont on devait tirer les caractères ;- en-mesurant surtout la longueur et la grosseur des articles de l’antenne. Jusque-là , les dénominations de familles étant tirées des noms génériques linnéens ou fabriciens, on avait toujours un fil pour F ee se reconnaître ; l’on pouvait en rester, pour ainsi dire, au point de la science que l’on voulait, et connaître le nom d’un Insecte. suivant l’un ou l’autre de ces auteurs, les seuls qui eussent donné un species complet. Mais outre le conflit qui résulta de ce que Fa- bricius et M: Latreilie, travaillant dans le même temps, et d’a- près le même principe, qu’il fallait établir des subdivisions dans les genres nombreux en espèces, furent souvent conduits chacun de son côté à l'établissement des mêmes genres , sous des dénomi- nations différentes, la confusion fut encore augmentée, parce que lon crut devoir äbandonner les noms de genre de Linné et de Fabricius pour l'établissement et la dénomination des familles, et les tirer de quelques points de l’organisation. C'est encore Vun de nous, M. Duméril, qui eut le premier cette idée ; et qui l’exécuta. à la fin de 1999, dans les tableaux qui font suite au premier volumeïdes Lecons d'Anatomie comparée de M. Cuvier, ct depuis, avec plus de détails, dans sa Zoologie analytique; en sorte que dans le même ordre, les familles établies par MM. La- treille et Duméril, me se correspondent plus, non-seulement dans leurs dénominations , mais encore dans leur composition. Dans la méthode de M. Drtnil: l’ordre des Diptères est divisé en cinq familles seulement ; tantôt d’après la‘ disposition des appendices buccaux, tantôt d’après la forme des antennes et même l'habita- tion; d’où les Sclérostômes, les ne dis di es Chétoloxes , les (5) Astômes, ét les Hydromyes. Ainsi, il fut assez difcile de remon - ter aux genres de Fabricius, et encore plus à ceux de Linné; et les avantages de la méthode naturelle furent à peu près perdus, à ce qu’il semble à votre rapporteur. Quant aux genres, M. Duméril * n’en augmenta que fort peu le nombre. Il adopta ceux de M. La- treille et ceux de la seconde édition de l’Entomologie systéma- tique de Fabricius. €: Cette dissidence entre les deux entomologistes qui ont eu pour but l'établissement des familles naturelles parmi les In- sectes , devint encore plus frappante quand M. Latreille, dans le volume du Régne animal de M. Cuvier, qu’il a rédigé, eut aussi abandonné les dénominations de familles qu'il avait formées avec les noms de genres de Fabricius, en eut créé d’autres tirés de quelque point de l’organisation. On peut dire qu’alors la confusion aurait été à son comble, suivant votre rapporteur, si les auteurs étrangers dansles Species qu’ils ont publiés dans ces dernierstemps». ne fussent pas revenus à la première marche de M. Latreille, qu'il serait-si important de voir adoptée d’une manière définitive. Sur ces entrefaites, en effet, les entomologistes allemands ne se bornant pas à des classifications’ sans spécialités, c’est-à-dire sans description des espèces, se ‘mirent à reprendre les travaux de | Fabricius en leur appliquant les principes de la méthode natu- -relle, en s’appuyant sur une étude approfondie des espèces de leur pays ou d'Europe. C’est, pour ne parler que de l’ordre d’in- sectes dont nous devons nous occuper, ce qu'ont fait Panzer, Wiedman, et surtout Fallen et Meigen. Ce dernier, en effet, dans son Æistoire systématique des Insectes à deux ailes d’Eu- rope, en 4 volumes in-8°, dont le dernier n’a paru qu’en 1824, a considérablement augmenté le nombre des genres de Diptères, puisqu'il le porte à près de quatre cents ; mais ses familles qui ne sont qu’au nombre de vingt-trois, concordent ässez bien avec Les ‘genrés de Fabricius, Malheureusement encore ces familles ne cor- respondent pas toujours à celles de M. Latreille, et encore moins à celles de M. Duméril. Toutefois, M. Meigen mous à fait con- naïtre près de quatre cents espèces de hlouches proprement dites, dont plus de trois cents font partie de son genre Tachina. Il a * aussi introduit, comme offrant de bons caractères , la disposition (6) des nervures dés ailes, dont Jurine a tiré un parti si avantageux dans les Hyménoptères. Sa Terminologie, imitée SES est aussi plus complète que däns aucun entomologiste. C’est une chose véritablemerit déplorable pour la sciénce que ces dissidences entre les entômologistes les plus estiméss et ce" pendant nous aurions besoin en ce moment d'un parfait accord , puisque M. Robineau Desvoidy, dans le travail qu’il a soumis au jugement de l’Académie, déclare qu’il ne s’est occupé que du genre | Musca de Fäbricius; cé sont donc à peu près les Muscides de M. Latréille et de M. Lamarek; mais encore faut-il en retrancher les genres Diopsis, Scenopina et Achias ? Ce ne sont pas noti plus exactement les Muscides de Meigen ; car sous les mêmes Jen GMnE | nations , les auteurs allemands ne comprennent point absolue ment les mêmes espèces, ét M. RobineaëMñe donne pas de défi= “nition de ses Myodairés. Nous savons cependant maintenant qu’il les définit surtout d’après le caractère de la larve, qui est com- plètement apode et même sans sr: outre kgs l'Insecte parfait n’à que deux soies au suçoir. Nous venons de voir que les organés dont les éntomolôgistes tiraient léurs caractères distineufs des Muscides, étaient essen- tiellement les antennes. M. Robineau ayant besoin d'arriver à la connaissance et à la distinction d’un nombre d’eéspèces quin-. tuple et sextuple de ce qu’on connuissait en France avant lui, à dû étudier ee grand genre d’une manière bién plus minutieuse. Il n’a cependant nullement observé leur organisation profonde, et plusieurs parties extérieures importantes ont même été négligées. L'une de celles qu’il a envisagées avec le plus de soin est la têle, et surtout Ja partie antérieure; il a étudié les différentes régions de la face, qu’il a dû définir avec rigueur autantque cela était possible, et par conséquent dénommer. Malheureu- sement ses dénominations ne concordent pas toujours avec celles données par* ses prédécesseurs , et entre autres avec celles d'Il- liger et de Mcigen, les seuls auteurs qui aient établi une termi- nologie des Diptères un peu complète. Un autre défaut de ses dénominations, c'est qu’elles ne sont plus simples, ce qui était. important, puisqu'elles devaient souvent être accompagnées d’é- pithètes caractéristiques , et qu’elles portent le nom d'os, qui \ | (7) convenait peut-être encore moins dans cetie partie de l’entomo- logie que dans tout 4 1 i M. Desvoidy a auss porté la plus grande attention sur la com- position de l’antenne , dont il regarde avec juste raison la soie comme la continuation, La proportion, la forme des trois arti- cles qui composent la partie basilaire, la direction , la longueur, la distinction, la proportion même des articles de la base de la _sûie, l’état nu, ou plus ou moins villeux de la partie inarticulée, ” sent étudiés avec un soin bien plus minutieux encore que dans Meigen lui-même ; et c’est en général sur la considération de cet . organe que la plupart des genres sont établis. La-considération des cuillerons ou de ces petits appendices arrondis, squamiformes, que l’on remarque à la racine posté- rieure de l'aile dés Mouches, est presque nouvelle ‘ et d’une grande ütilité dans leur classification proposée par M. Robineau : c'est même là-dessus que sont établies ses premières divisions. Quoique cet organe, qui paraît produire le bourdonnement dans ces animaux, mais dont l'utilité est encore inaperçue, s’efface dans la série par des nuances presque insensibles, il a fait l'heu- reuse remarque que leur développement est assez bien en har- monie avec les principales habitudes des Mouches : ainsi les es- pèces les plus actives , les plus grosses, les plus colorées, les : Mouches de haut vol ; si l’on peut employer cette expression, ont des cuillerons considérables, tandis qu’ils sont très- pelits et même rudimentaires ou nuls dans les espèces qui n’abandonnent pas le lieu où elles sont nées, où elles se nourrissent et se re- produisent. | M. Robineau a aussi aperçu avec la plus grande raison que le système de coloration des Mouckes indique assez bien le rapport naturel des espèces entre elles, mais en outre leur séjour babi- tuel ; qu’ainsi les espèces qui vivent à l’air libre, aux rayons du soleil, ont des couleurs bien plus vives que les espèces timides vivant à l'abri sur des champignons pourris : aussi s'est-il beau- coup servi de ce nouveau caractère daus sa distribution des tribus. _ Je dis presque, parce qu'en effet M. Latreille avait apercu qu'on pourrait s'en servir, et s’en est servi lui-même avec avantage. (8) La forme générale du corps des Mouches étant aussi en räp- port plus ou moins nécessaire avec la ce de vol, avec l’ha- bitude de pénétrer dans l’intérieur des corps dont Cltas se nour- rissent, ou de se tenir même dans l'intervalle des feuilles de Graminées aquatiques, n’a pas dû être négligée et avec raison. La termmaison de l'abdomen , dont les derniers anneaux, or- dinairement rentrés en tube de lunette, sont quelquefois cons- tamment sortis et assez solides pour constituer une espèce parti- culière de tarière , servant à la femelle pour déposerses œufs dans le tissu des corps organisés , a pu aussi fournir de bons caractères. Enfin, les lieux qu'habitent les différentes espèces de Mou- ches , l’espèce de corps organisés qui leur est pour ainsi desti- née pour nourriture à l’état de larve ou à celui d’insecte par- fait, ont aussi guidé M. Robineau dans l'établissement de ses familles et de ses tribus , et comme ces circonstances sont plus ou moins bien traduites par le système de coloration, par la gran- deur des cuillerons, la forme du corps, on conçoit que cette considération a pu être d’une grande utilité pour les espèces que leur petitesse permettait difficilement d’observer d’une manière un peu positive , et qu’il était cependant nécessaire de classer. * Telles sont les principales bases de la classification des Mou- ches proposée par M. Robineau, et dont il nous reste à donner l'extrait avant d’arriver aux conclusions. M. Robineau élève le genre Musca de Fabricius au rang d’or- dre sous le nom de Myopames(WMyodariæ), qu’il définit, comme il a été dit plushaut, d’aprèslacomposition dela trompe etla forme de la larve. Ne Cet ordre est ensuite partagé en dix familles, savoir : Les Calyptérées (-Calypteratæ) qui tirent leur nom du gfand développement du cuilleron , quoique dans les dernières espèces il diminue d’une manière très-sensible. Elles ont pour caractère essentiel la soie distinctement triarticuléé. M. Robineau com- prend dans cette famille les plus grosses espèces, celles que nous rencontrons journellement dans nos demeures, autour de ños habitations, qui volent et bourdonnent avec le plus de force, et qui sont le plus vivement colorées. Elles affectent des teintes d’un noir-brun , brunes ou métalliques. (9) La considération de la soié antennaire nue, ou plus ou moins velue , sert à partager cette famille en deux sections, dont la pre- mière est diviséé en sept, et la seconde en huit tribus, qui cOr— respondent quelquefois aux divisions génériques de Fabricius et de M. Latreille , et qui , alors, en tirent leur nom. Chacune de ces tribus ést en outre partagée en un nômbre'de genres qui ne monte pas à moins de deux cent vingt- quatre, d’après des caractères extrêmement minutieux, tirés prineipale- ment de la longueur proportionnelle du second et du troisième article de la partie basilaire de l'antenne. Les Macromydes (-Macromydæ ) , au nombre de dix-neuf gen- res, ont pour type le G. Echinomya de M. Duméril , ou le Musca gTossa de Linné. Elles sont remarquables par leur grosseur, par les poils dont elles sont hérissées, et surtout parce que le se- cond drticle des antennes est ordinairement plus long que letroi- sième , au contraire de ce qui a lieu dans les autres Mouches. Les Cyclémydes ( Cyclemydæ ) sont moins nombreuses, et ne forment que huit genres groupés autour du Musca zonata*de Fa- bricius. Elles ont le troisième article antennaire cylindriforme, ordinaïrement plus que double des deux autres, qui sont très- courts. Leur face’ est le plus souvent bombée. On ignore les” mœurs de leurs larves. Les Bombomydes ( Bumbomydæ ) forment seize genres, dont toutes les espèces paraissent nouvelles, etdont le Musca bi-cincta de Fabricius peut être le type. Le troisième article des antennes est un peu comprimé sur les côtés. Le front et la face ne sont plus bombés. Elles se trouvent dans les lieux secs , arides, expo- sés au soleil. Les Entomobies (Entomobiæ ), dont le principal caractère est d’avoir la face oblique, et de vivre, comme l’indique leur nom, aux dépens des autres. Insectes, et entre autres des larves de Lépidoptères nocturnes, ont pour type le Musca puparum de * Fabricius. M. Robineau en compte plus de deux cents espèces assez vivement colorées, et réparties dans quarante-sept genres, Celui à qui ildonne le nom d’Arabette vit aux dépens des Hymé- nopières. C’est à tort qu’on a écrit que ces Mouches ne déposent (10) qu'un seul œuf dans chaque larve, car il en a retiré douze indi- vidus d’une chenille du Grand-Paon. Les Ocyptérées ( Ocypteratæ ) , beaucoup moins nombreuses, ‘répondent au G. Ocyptera de Fabricius. Elles se distinguent principalement par la forme allongée et: cylindrique de leur corps , par. des teintes fauves sur les côtés de l’abdômen , et leur habitude de vivre sur. les plantes. Elles n’offrent que trois genres. | Les Gastrodées ( Gastrodææ ), caractérisées principalement par la largeur de leur ventre, dont on ne distingue que les pre- miers segmens, contiennent encore moins d'espèces, et deux seuls genres, dont l’un est le G. Tachina de Fabricius, ayant le Musca rotundata pour type. | Les Lépidomydes ( Lepidomydæ), qui terminent cette section, ne renferment qu'une vingtaine d'espèces, presque toutes nou- velles, réparties dans six genres. Par une singulsrité remar- quable, les espèces du G. Poëidia paraissent propres à Paris. Les antennes sont déjà raccourcies , les cuillerons de. grandeur moyenne, et le corps sub-arrondi et déprimé. | Les tribus qui composent la seconde section sont : Les Phasierines ( Phasianæ ) qui se groupent en dix genres autour du G. Phasia de Fabricius, adopté par Meigen, et qui comprend les Muscæ subcoleoptrata, crassipennis , etc., ete. Là tête est grosse et transverse. Les ailes sont maculées; le corps est déprimé, et l'abdomen hémisphérique. SE renferment les Mouches nobles de Gcoffroy. “Les Pherbellées ( Pherbellææ ), composées de six genres nou- veaux, dont l’un a peur iypé le Musca compressa de Fabricius » sont assez rapprochées des Ocyptérées ; mais les antennes sont plus longues ; le iroisième article est ordinairement cylindrique et beaucoup plus long que le second; la face est aplatie, et la soie au moins itomenteuse, C’est sur un genre de cette tribu , le G. Phorophylla, que M. Desvoidy a admis deux er de palpes inférieurs. Les Tomenteuses ( Tomentosæ ) qui PA ne contenir que des espèces nouvelles, divisées en cinq genres, ont pour ca- ractères les antennes plus courtes, verticales; la soie toujours CCE 7 tomenteuse ; le corps cylindrique, déprimé, avec des teintes mélangées de noir et de gris. Les larves sont ignorées. Les Macropodées (Macropodeæ), dont le nom indique le principal caractère, sont aussi formées d’ espèces pour la plupart nouvéllés, au nombre’ de trente-six, réparties dans. quatorze" genres. Leur face est comme écrasée ; leurs aïles sont trigones et épaisses. Elles se trouvent sur les Ombellifères des collines calcaires. Les Théramydes ( Theramydæ), moins nombreuses en gen- res, puisqu'il n’y en a que huit, renferment cependant plus d’es- . pèces, parce que sous le nom générique de Myophore sont pla- cées les nombreuses espèces voisines de nos Musca carnartia , vivipara , lardaria, si communes dans les champs. Elles se dis- ‘unguent principalement par des antennes un peu raccourcies, dofit le second article est comme gibbeux, et par leur corps à teintes grises en lignes ou.er plaques, — plupart ep être vivipares. Les Muscides ( Muscide ) forment la tribu la plus nombreuse en genres et en espèces. En effet, M. Robineau n’en caractérisé pas moins-de deux cents espèces réparties en quarante-quatre genres. Le Musca meridiana forme son G. Séygia. Le Musca alteralibis est le-type de son G. Pollenia ; qui en contient trente- quatre autres. Le Musca vomitoria constitue le G. Calliphora. Dans celui qu’il nomme Chrysomya se trouvent la brillante Mouche César, et beaucoup d’autres espèces que les auteurs avaient jusqu'ici regardées ; peut-être avec raison, comme de simples variétés. Son G. Biomye contient une Mouche qui fatigue abtientent les gros quadrupèdes, et qu'il nomme d'cause de cela B. stimu- _lans. Enfin la Mouche, si commune dans nos habitations qu’elle en a reçu le nom de M. domestique , constitue avec neuf äutres espèces le G. Musca. Cette tribu se distingue de la précédente, principalement parce que le deuxième article äntennaire est tou- : jours sillonné, et que le corps n’est ni oblong, ni gris. L’anus des mâles n’est point non plus replié en un tube solide. La tribu des Aricines (._Aricin& ), beaucoup moins nombreuse en espèces ct en genres que la précédente, a déjà ses cuillerons (12) sensiblement diminüés. Elle a pour type le Musca testacea de Fa- bricius. Comme elle, toutes les espèces qui la composent offrentdes teintes fauves ou testacées ; l'abdomen est ordinairement ponctué ainsi que les ailes; le corps est cylindriforme, quelquefois dé- primé. Elles vivent souvent sur les végétaux attaqués-de carie. Les Gagatées ( Gagateæ ) font encore mieux le passage vers la familie suivante par leufs mœurs, par la diminution des euil- lerons, et mème de leur grosseur en général. Les espèces sont ordinairement noires, d’où les noms de WMelanophora, de Nigria, d’Afrella et même de Melania , qui devra être changé; parce qu'il est déjà employé dans une autre partie de la Zoologie, Le corps est cylindrique , la face presque supprimée par le grand dévelop- pement des régions optiques. Quelquefois le rca article des antennes est plus long que le troisième. La seconde rl des Myodaires porte le nom de Mésomydes (Mesomydæ), à cause de leur taille moyenne, et du moindre dé- veloppement des cuillerons. C’est une suite directe des deux der- nières tribus des Calyptérées, en ce que la grosseur diminue beaucoup, et. que le système de coloration est moins vif, plus étiolé. Du reste, nous ne voyons pas de caractères bien tranchés pour sa séparation. Aussi la première subdivision. en trois section® porte-t-elle sur trois degrés de développement du. cuilleron , et les autres sur la nudité ou sur le degré de villosité de la soie. IL en résulte cinq tribus. | Les Limoselles ( Limosellæ), évidemment irès-voisines des | Gagatées, sont cependant en général plus allongées. Leurs teintes sont plus grises, plus cendréés , et la soie antenniaire est ordinai- rement, villeüse. Elles vivent, comme l'indique leur nom; sur le bord de l’eau. Presque teutes les espèces de cette tribu, au nombre de plus de soixante, réparties dans quatorze genres, sont fou velles ; et se groupent autour du Musca punctata de Gmelin. Les Éleutherées (Eleutheratæ) ont encore les cuillerons assez larges; la soie antennaire est ordinairement nug. Du reste, cette tribu pourrait sans inconvénient être réunie à la précédente, d'au. tant plus qu’elle ne renferme qu’un petit nombre d'espèces, cinq pour quatre genres. | | La tribu des Chorellées ( Chorelleæ), qui.tire son nom de la (13) Mouche danseuse, M. Choræa de Fabricius , à cause de ses mou- vemens dans les airs, renferme un plus grand nombre d'espèces en général assez petites, de couleur cendrée ou grise. Les cuille- rons sont de moyenne taille : la soie est plus villeuse, et l’ab- domen des mâles est atténué et comme vide. Elle renferme vingt- quatre genres et plus de quatre-vingts espèces, presque toutes nou- velles, parmi lesquelles se trouve l’Anthomya pluvialis de M. La- treille. Les Hylémydes ( Hylemydæ ) commencent la seconde section de cette famille, dans laquelle les cuillerons sont irès-petits. C'est cependant encore le même aspect , le même système de éolo- ration et d'ailes, Le corps est un peu plus*cylindrique : le ventre des mâles n’est pas atténué; elles vivent surtout dans les bois, Enfin les Stigmatatées (Stigmatateæ) ont les cuillerons plus petits, toujours la même forme, les mêmes teintes , le même sys- _tème d’ailes. Mais la région frontale est plus développée ;'et ordi- bairement colorée en rouge. Cette tribu contientune soixantaine d’ espèces, réparties en vingt-un genres. - La troisième famille renferme toutes les espèces de Mouches en général assez petites, qui vivent dans les matières animales ou végétales en putréfaction, ce qu’indiquent la petitesse de leurs cuillerons , leur coloration pâle et le peu de consistance de leur corps. C’est de cette dernière particularité qu’a été tiré Le nom de Malacosômes (Malacosomæ). C'est peut-être dans cette famille que M. Robineau a fait le plus de découvertes en espèces. Il la divise en cing tribus. Les Pégomydes (Pegomydæ), ainsi nommées de leurs larves mineuses de feuilles, ont une très-grande analogie avec la der- nière section des Chorellées , dont elles différent spécialement par la forme quadrilatère du front et la petitesse des cuillerôns. Elles en ont encore davantage avec la tribu suivante par la coloration de la région frontale et celle des antennes à leur base. Ce sont ce- pendant des mœurs toutes différentes. Aussi le ventre des femelles est-il toujours pourvu d’une petite tarière. Toutes les larves mi- neuses dont Réaumur et de Géer ont fait l’histoire avec tant d’in- térêt appartiennent à celte tribu , qui contient huit espèces dis- posées en six genres: ‘ | (14 ) Les Scatophagines ( Scatophaginæ ), dont le nom indique l'habitude principale de vivre dans le fumier, et en général sur les matières organisées en putréfaction , ont pour type le Musca scybalaria de Linné et de Fabricius, si commun aux environs de nos villes. Cette tribu, qui ne diffère essentiellement de la pré cé- dente que parce que les espèces qui la composent déposent leurs œufs sur des débris organisés , et que les antennes sont un peu plus longues, a du reste les mêmes teintes, la mème forme de corps et d'ailes. Elle,est divisée en huit genrés, contenant trente- une espèces, dont plusieurs, sont nouvelles. Nous signalerons comme une découverte intéressante de l’auteur, celle qui , malgré l’arsenic dont on les a imprégnées, détruit les pièces desséchées de nos collections anatomiques. Nous noterons l'observation déjà faite dans d’autres parties de la Zoologie, que la Mouche jaune- velue, qui vit sur nos exerémens, est beaucoup: plus nombreuse et surtout plus grossé et plus velue autour des villes que dans les bois, et qu’ainsi-elle a aussi éprouvé l'influence de la société de. ar à La tribu des Mycétomydes ete) , qui tire également son noïh de son habitude de vivre dans les champignons, ést en- core très- -rapprochée des deux précédentes par l'aspect général. Mais la consistance du corps est encore plus molle : la soie anten- naire est toujours plus on moins villeuse : le ventre du mâle se replie constamment en dessous. Les antennes , distantes à Ja base, sont composées de trois articles distincts, dont Le dernier n’est jamais sphérique : enfin lès ailes sont souvent liturées. Parmi îes dix-neuf espèces que M. Robineau définit dans les huit genres de cette tribu , toutes à peu près sont nouvelles. La plus grosse et la plus remarquable est celle qui vit dans la truffe, et dont Réaumur n'avait connu que la larve. Les Térhénides (Terhenidæ) dont la dénomination indique la mollesse, et qui constituent la quatrième tribu, ont encore l’abdomen recourbé en dessous. Aussi ne diffèrent-elles des My- cétomydes , que parce que leur corps est encore plus resserré. Leur couleur est jaune de biseuit, etJeurs yeux sont purpurescens-Elles nese trouvent que dans les lieux ombragés, sur les feuilles des arbres et des plantes aquatiques. Ce sont:de pelites espèces de (15) Mouches assez nombreuses, jusqu'alors complètement négligées, que M. Robineau répartit dans quinze genres. boss Les Malacomydes (Malacomydæ), qui ont pour caractères distinetifs d’avoir les antennes courtes , avec le troisième article lenticulaire ou sphérique , le corselet brunâtre et le corps rou- geätre, sans que l'abdomen soit recourbé en dessous, quois que assez nombreuses ;, puisque M. Robineau en porte le nombre à plus d’une douzaine, réparties dans cinq genrés , sont toutes nouvelles, et se trouvent aussi dans les lieux ombragés et humides, quelquefois même dans nos appartemens. La mollesse de leur constitution les rend extrêmement difficiles à conserver dans les collections. * La quatrième unille porte le nom d’ Aciphorées (Aciphoreæ) s parce que le ventre de la femelle a ses derniers anneaux solides, non fétractiles, et qui, produisant l'effet de la tarière des Ten- thrèdes, sert à introduire les œufs sous l'épiderme des plantes, où leur présence fait naître des galles, Sans ce caractère, cette fa- mille serait artificielle ; car elle comprend desespèces de Mouches qui ont beaucoup de ressemblance avec les trois dernières tribus précédentes. Les ailes sont plus souvent bigarrées de fascies et de points noirs. Ce sont des Insectes essentiellement phytophages, à l’état de larves comme à l’état adulte. Chaque espèce est sou- vent fixée sur une espèce panñiculière de plante ; mais non pas toujours : ce qui, suivant l'observation de M. Robineau, a causé beaucoup de confusion dans les travaux des entamologistes. Il s’est efforcé d'établir solidement la distinction des espèces nombreuses de celte famille dans laquelle il n’a pu instituer de tribus, et qu'il répartit de suite en vingt-quatre genres, surtout d’après la consi- dération du péristôme. La cinquième famille ne renferme aussi qu’une seule tribu. Elle est désignée par la dénomination de Palomydes ( Palomydeæ), æarce que toutes les espèces qui la composent, vivent sur les plantes herbacées des marais. Ce sont toujours de petites Mouches à corps mou, sans cuillerons. Le corps plus ou moins oblong, les ailes étroites, quelquefois moughetées, les couleurs flavescentes annoncent ce groupe qu’il est assez difficile de définir comme fa- mille y autrement que par un ensemble de caractères, qui chacun (16) se retrouve dans une autre section. Cependant les genres qu’elle contient sont assez distincts, quoique nombreux; les entomolo- gistes avaient déjà établi les. G. Tetanocera, Lopntos » Sepedon et Dryctiae. M. Robineau en établit vingt-sept autres , ESRPiEe nant au moins soixante espèces. La sixième famille, celle des.Napéellées ( Napeelleæ), est beaucoup plus aisée à caractériser par la forme du front et de la face larges et développés, le péristôme carré, les antennes dis- tantes , horizontales , dont le troisième article tend à s’arrondir, la longueur des pates et les teintes d’un noir mat. À leurs deux états, elles vivent dans les éndroits humides et ombragés, sur les ‘substances animales et végétales en M Cette famille renferme deux tribus, | Celle des Napéelles (Napeellæ ) proprement dites offre -le troisième article des antennes cylindrique, et le corps d’un noir luisant, tandis que celui-là est sphérique ou lenticulaire, et ce- lui-ei d’un noir mat dans celle des Putrellidées ( Putrellideæ ). D'ailleurs , l'insecte parfait et sa larve, dans la première, se : trouvent sur les plantes aquatiques, au lieu que ceux de la seconde vivent de préférence dans les débris animaux. Parmi les cinquante et quelques espèces de Napéellées, partagées en onze genres par M. Robineau, l’on n'avait encore bien défini que celle qui forme le G. Ochtera de M. Latreille. Les Putrellidées , au nombre de soixante environ, réparties en douze genres, comprennent le Musca cellarum-des auteurs, et une foule de petites Mouches “qui vivent sur les excrémens. . 1 La septième famille porte le nom de Phy tomydes (Phytomydæ), M parce que les espèces qui la composent se trouvent sur les plantes, sans s’y donner de grands mouvemens. Aussi sont-elles M assez souvent sans euillerons. Leur corps est mou, allengé, quel-w quefois même filiforme, coloré de teintes métalliques: ce qui les 4 rapproche évidemment des Ophyres parmi les Calyptérées. Il s’en M trouve néanmoins quelques-unes dont le système de coloration W est plus pâle et plus étiolé. : Les différences assez nombreuses que ces Phytomydes présen- N tent, ont conduit M. Robineau à former quatre petites tribus. M Les Héliadées ( Heliadeæ), ainsi nommées parce qu'elles seu | (3.1 trouvent plus au soleil que les autres, ce qu'indique le poli de leur corps, orné de teintes brillantes noires ou dorées, ont le Musca aurata de:Fabricius pour type. n Les Myodines (Mryodinæ ) ne différent de la tribu précédente, ne par la plus grande longueur du troisième article antennaire, et par la soie ordinairement nue. C’est décidément cette tribu qui comprend la mouche de l'olivier, dont M. Robineau fait le | G'Elaimya. Les Thélidomyes ( Thelidomyæ), dont le corps allongé , très- filiforme , rappelle celui des Ichneumons, est porté sur de longues ‘pates, et terminé par une espèce de tarière sur les femelles. Le G. Calobate de M. Latreille en fait partie, ainsi que les Mouckhes tipulaires de Fabricius, réunies sous le nom générique de Cli- _ donies. + D: | Les Hydrellées (Hydrelleæ), aont Fe nom n’est pas tout-à-fait en rapport avec les habitudes, puisque la plupart vivent sur les fleurs, ont une forme de corps qui les rapproche des Thélido- myes et se groupent autour du G. Micropeza établi sur le Musca cynipsea de Fabricius. M. Robineau en signale une cinquantaine d’espèces, réparties dans dix genres peu distincts. La dénomination de Micromydes (Micromyde) imposée par © M. Robineau à la huitième famille, indique qu’elle renferme en général les plus petites espèces de Mouches. Elles le sont en effet Rs que nos épingles à Insectes lés plus fines, peuvent à peine sufhre à les piquer sans les détruire entièrement. Il la dé- finit d’après la briéveté des antennes, la petitesse du corps ordi- nairement noir ou flavescent , et parce que lé ventre de la femelle est terminé par quelques anneaux formant tarière. Toutes les larves sont granivores , et les femelles dépot leurs: œufs dans l’ovaire des fleurs. « Malgré la petitesse de'ces espèces, M. Robineau en a observé un assez grand nombre pour être obligé de les partager en six - tribus. Les Anthidulées etes) dont le principal caractère est d’avoir la région stemmatique très-développée, les ailes claires et le bouton des bälanciers arrondi, renferment une 2, ( 18 soixantaine d’espècés réparties dans seize genres. Le Musca sal- tatrix de Linné en est le type. | Les Pherbomydes (Pherarer dæ) , Qui ne forment qu’ün genre ‘contenant il est vrai, seize espèces, ont beaucoup de rapport avec les Anthidulées, mais leurs ailes ont cinq. à six nervures droites, et le bouton des balanciers est allongé. Leur système l’ailes est en effet a:scz particulier. | Les Anthidulinées (Anthidulineæ), dont le nom est ste un peu trop semblable à celui de la première tribu, n’en diffèrent en effet que parce que la région stemmatique n’est pas déve- loppée, et que leur teinte générale est plus flavescente; elles vi= vent aussi davantage dans les lieux bumides. M. Robineau en ca— ractérise une quarantaine d’ espèces réparties en douze genres. Les Herbellidées ( Herbellideæ), dont le nom indique l’ha- bitude de vivre parmi les herbes, et cependant sur les fleurs, ont le corps arrondi, assez brillant, les ailes élargies, souvent tri- gones, les cuillerons un peu développées, et la soie antennaire toujours nue, M. Robineau en compte environ trente espèces dis- tribuées dans une douzaine de genres. : ". Les Floridulées ( Floridulea ) ont les ailes moins s élargies ; le corps plus allongé, moins consistant, sans cuillerons. Quoique ‘M. Robineau regarde lui-même. son travail sur ce groupe de pe- tites Mouches comme encore fort incomplet, il n’en décrit pas moins une quarantaine d’espèces, dont il forme seize genres. Il pense que chaque espèce de plante en nourrit une espèce parti= culière, ce qui sans doute est un peu exagéré. D Les Ptéromydes ( Pteromydæ) , derniere tribu de cette famille, ont les ailes peu larges , mais plus longues que l'abdomen, ce qui fournit un caractère particulier. Elles ont, en outre, le corps efilé , en généralMibiratre, et le dernier article antennaire cylin- os ce qui les rapproche un peu de la tribu des Gagatées. Elles ne renferment que neuf espèces pour quatre genres.” La neuvième famille, établie par M. Robineau J porte le nom de Muciphorées (Muciphoreæ ); elle a plus de rapports avec les. Malacosômes qu'avec aucune autre famille, à cause de ses teintes flavescentes plus ou moins étiolées , et des espèces qui la compo- sent et qui se nourrissent de produits, soit animaux, soit végétaux, » 2 ( 19 ) | | en décomposition ; mais elle en diffère par la forme des antennes. Ces Mouches sont, en outre, beaucoup plus petites; le nom de Micromydes leur convenant tout aussi bien qu’à la famille pré- _ cédente. Elle comprend quatre tribus. Lés Dorinées ( Dorineæ), dont la plupart des caractères rap- pellent les Palomydes, mais qui s’en distinguent parce que la soie antennaire est plumeuse sur le dos seulement, et que le troisième article est lenticulaire. Elles renferment treize espèces distribuées en cinq genres, et comprenant le Tephry bo ANR de Fäbricius. Les Mongomydes (Mungomydæ), que la forme sante du troisième article des antennes , ainsi que la villosité de la soie ‘sur ses deux faces, distinguent des Dorinées , sont aussi plus molles, plus flavescentes ; elles vivent dans Îles St rpi UE ‘en décomposition.M. Robineau n en compte encore qu'une ving- taine d'espèces partagées en six genres; mais il suppose qu ’on en découvrira beaucoup d’autres; celle qui vit sur = pommes pourries est la plus g grosse. Les Gibbomydes (Gibbomy deæ ) sont aisément distinguées par la gibbosité de leur corselet, particularité dont leur nom a été tiré ; mais elles le sont également par la forme presque carrée de a face , par les cils frontaux fortement redressés en arrière, par les palpes sensiblement ciliés en bas, et par les ailes spinosules à la base de leur bord antérieur. Elles vivent , du reste, comme les autres Muciphorées , sur les matières organisées en dissolution : l’une dans le fromage (c’est le Musca putris caset de Linné), ure autre ‘aux dépens de nos collections entomologiques. On peut grouper toutes les Gybbomydes, dont le nombre est d’une ving- taine environ, autour du G. Phora de M. Latreille. M. Robineau . en propose huit. Les Mycénides (Mycenidæ), dont la découverte est due tout entière à M. Desvoidy, ne contiennent que quatre ou cinq €s- pèces réparties en. deux genres. Elles sont caractérisées d'une manière exclusive par la disposition de la soie antennaire, qui remonte sur le troisième article et qui s'implante presque à son sommet , ce qui les rapproche des Dolichopes. Elles ont le port NE : d'une Mouche avec des teintes noires, et elles vivent dans les champignons. Enfin, là dixième famille est celle des Céphalémydes (Cepha- lemydæ), qui ont la tête grosse, le dernier article antennairé styliforme et la bouche très-petite. Le type est le G. Pipunculus de M. Latreille, dont M. Robineau caractérise dix espèces, qui ont le corps cylindrique et noir, et qu’on prend sur les fleurs. On ignore totalement les mœurs des larves, et divers caractères por- tent à croire que cette section de TR n'appartient pas à l’ordre des Myodaires. Te Telle est l’analyse exacte , quoique trop brève malgré sa lon- gueur, du grand travail que M. Robineau a soumis au jugement de l’Académie, travail rédigé presque entièrement, et accom-* pagné de cinq cadres ou tableaux contenant toutes les éspèces de Diptères de la famille des Mouches observées et recueillies par ” lui dans une petite étendue du département de l'Yonne. Le nombre total de ces espèces est d’à peu près dix-huit cents; dont plus de quatorze cents sont nouvelles, ou du moins nouvel- lement définies, et parmi lesquelles REscphé à dix-huit genres pen sont exotiques. Vos Commissaires ont examiné avec attention l’ouvrage de M. Robineau, sans cependant avoir pu le fire sur tous les genres, et à plus forte “raison sur toutes les espèces, qui, étant dessé- chéces et pour la plupart extrêmement petites, ne pouvaient être analysées. Le nombre des espèces nouvelles leur a réellement, paru ex- trêmement considérable. Il se pourrait cependant que M. Des- voidy ne s'étant pas encore fait une idée un peu positive de l’es- pèce, qui n’est bien confirmée que lorsqu'elle est caractérisée par des différences appréciables dans l'appareil g générateur; ait con- sidéré de simples variétés de circonstances, c’est-à-dire de gros- seur, de villosité et de vivacité dans les couleurs, comme formant des espèces distinctes. | Quoi qu'il en soit, en considérant toutes ces espèces et en les rapprochant sous différens points de vue, M. Robineau a été conduit nécessairement à les grouper autour des espèces prinei- pales, ce qui a constitué ses familles et ses tribus, qui nous sem-= 4 Lt. Gé . (21) blent en général assez naturellés, mais quelquefois peu nette- ent caractérisées. La considération de la proportion des articles basilaires de l’antenné, ainsi que des articles distincts de la soie , la nudité _ ou lawillosité plus ou moins considérable de sa partie non arti- culée, ont servi à l'établissement des genres , qui nous sem- blent évidemment trop nombreux, d'autant plus qu'ils ne nous paraissent que rarement confirmés par des différences dans la structure des ailes et dans celles de la‘trompe, parties malheu- reusement un peu trop négligées dans le iravaik de M. Robineau. En étudiant, par exemple, un certain nombre de genres qui” constituent la première famille, celle des Calyptérées ,nous nous sommes convaincus qu'ils ne reposent, le plus souvent, que sur de très-légères différences dans la proportion du second et du troisième article antennaire. Quelquefois même le genre n’a pas le caractère de sa tribu. C’est une heureuse idée sans doute que d’avoir fait marcher de _ front les différences de classification des espèces avec celles de mœurs et d’habitudes, et d’avoir ainsi formé des familles , suivant l’espèce de nourriture, à l’état de larve ou à l’état parfait. Mais il faut craindre d’aller trop loin, et que la distinction des genres et même des espèces ne vint” à reposer seulement sur la dife- rence des plantes ou du séjour, et non plus sur celles de l’orga- _nisation. | | En général , toute la partie systématique nous a paru pécher par une trop grande multiplicité de coupes de premier, de se- cond , et même de troisième degré. Le nombre des genres, par exemple, est tel que, l’un portant l’autre, ils ne contiennent pas trois espèces. On conçoit que M. Robineau ait pu avoir besoin de cet échafaudage pour arriver à la destinatian d’espècés aussi nombreuses et aussi rapprochées ; mais il aurait dù peut-être en faire disparaître une parlie. “ : Du reste, les noms de famille, de tribus, et même ceux de genres, sont bien formés, courts et euphoniques. Il en est peu qui doivent être rejetés, parce qu'ils sont déjà employés dans d’autres parties de la Zoologie. Les moins bons sont souvent ceux qui sont tirés.de noms d'hommes plus ou moins célebres dans | (22) les sciences naturelles , et surtout en entomologie, parce qu'ils ne sont pas toujours brefs et faciles à prononcer. D'ailleurs, ils: offrent quelquefois le petit inconvénient d’allier le nom d'un homme distingué à une épithète désagréable. : Vos Commissaires ne regardent cependant pas le travail de M. Robineau , tel qu’il le leur a remis, comme terminé. | 1°. Parce qu’il n’a peut-être pas suffisamment circonscrit son sujet en le définissant nettement, ce qu’il ne pouvait faire qu’en donnant un tableau préliminaire des Diptères. 2°, Parce qu’il n’a pas fait précéder son travail d’une termino- logie un peu étendue, ce qui était d’une rigoureuse nécessité, quoique difficile. Il se serait alors rendu compte des deux paires de palpes inférieurs, qu'il admet dans les genres Phorophylle et Phyto. En effet, il aurait vu que tous les Diptères ont ces mêmes parties, mais seulement moins distinctes, et qu’elles constituent les lèvres de la trompe, l’apparence plus grande des quatre palpes étant sans doute due aux extrémités prolongées de chaque lèvre. Il aurait également vu que la considération des nervures des ailes, qu’il a négligées, et dont Meigen, au contraire , s’est servi avec beaucoup d’avantage, pourrait confirmer plusieurs de ses grandes divisions. Peut-être aussi aurait-il été conduit à em-. ployer la considération de la trompe, qui, bien analysée, nous paraît devoir fournir de bons caractères, quoique d’un difficile emploi. | | 3°. Parce qu’il n’a pas établi de synonymie avec les futeurs les plus récens, et qui se sont spécialement occupés du même sujet , comme Fallen et surtout Meigen, lacune diflicile sans doute, et peut-être peu importante en apparence , mais que nous l'invitons : fortement à remplir, d’abord par esprit de justice, ensuite pour ne pas embarrasser encore la science de noms différens imposés aux mêmes espèces, aux mêmes divisions. En voyant en effet que Meigen, par suite des:travaux de Panzer, de Fallen, de Wie- deman et dessiens, décrit près de trois cents espèces d'Allemagne, qui ne sont pas dans le Systema Antliatorum de Fabricius, il est impossible de croire que plusieurs de celies de M. Robineau ne formeront pas un double emploi. | 4°. Enfin, parce que M. Robineau est encore assez loin d’avoir (25 ) visité et étudié toutes les nestbns de Paris, ce qu'il serait très-important qu’il continuât ( car il a déjà commencé à le faire), afin que son travail largement basé sur l’observation complète et positive, faite sur.lewi want,.de nos espèces de France, puisse être étendu par une analogie bien conduite à toutes les éspèces re- cueillies dans les différentes parties du monde, et servît ensuite aux considérations philesophiques de FORT ERA géographique, et à la détermination définitive des espèces. Nous pouvons même assurer que M. Robineau, qui à dû nécessairement penser à ce travail, s’en occupe avec activité, et que déjà le nombre des es- pèces de Mouches, en y comprenant celles observées dans les collec- üons de Paris, monte à plus de trois mille. Vos Commissaires pensent aussi que dans la rédaction finale de son ouvrage , M. Robineau fera bien de proportionner son style au sujet, et de n’ambitionner dans un pareil travail que la clarté : et la simplicité des descriptions, et de ne donner qu’une analyse rigoureuse des faits pour les généralités qui leur ont paru quelque- fois un peu prétentieuses, défaut peu important, qui tient trop évidemment à l’âge de l’auteur pour ne pas être exeusé. Malgré ces légères critiques, qui sont même plutôt des avis pour le rendre plus complet, nous n’en regardons pas moins l’ou- ..vrage de M. Robineau comme d’une très-grande valeur intrin- sèque, par cela seul qu’il renferme l'observation et la distinction d’un nombre d'espèces de Mouches quatre à cinq fois plus consi- dérable que eelui que l’on connaissait dans les auteurs les plus récens , et ensuite comme indiquant une nature et une direction d'esprit, une persévérance et une patience d'observation malheu- reusement trop rares aujourd'hui en Zoologie, où il semble bien plus aisé de s'élever à des considérations générales avant même de connaître un petit nombre de spécialités. L’heureuse alliance que M. Robineau a pu faire des connaissances botaniques et en- tomologiques, c’est-à-dire, des plantes et des insectes qui vivent à leurs dépens, a aussi donné à son travail quelque chose de neuf, qu’il Se propose d’appliquer aux autres parties de l’entomologie qui en sont susceptibles. En conséquence, vos Commissaires vous proposent d'insérer le travail de M. Robineau dans le recueil des Savans étrangers, dont (24) ils le regardent comme très-digne. Ils vous proposent mème d'en faciliter et d’en accélérer la publication par tous les moyens qui sont à votre disposition. Sans cela, il est-à craindre que, ne trou- vant pas de libraire qui veuille en faire les frais, l’auteur ne voie cinq ou six années de recherches assidues perdues pour sa répu- tation , et qu’ainsi rebuté par un coup d'essai aussi malheureux, il ne continue pas ses travaux entomologiques, ce qui nous semble devoir être une perte réelle pour la science, comme pour la gloire de la France, ‘dont la zoologie est encore si peu avancée. LATREILLE. C. DUMÉRIL. D. DE BLAINVILLE, Rapporteur. Certifié conforme à l'original, Le Secrétaire perpétuel Conseiller-d’État, Commandeur de l'Ordre royal de là Légion-d Honneur, Le Baron CUVIER 22000 IMPRIMERIE DE J. TASTU , RUE DE VAUGIRARD n. 30. ? n SMITHSONIAN INSTITUTION ee NL ji In] 3 9088 RAS 8