. BOUN» «« CÜWJS

S.iranŸMAM S7

r^e’^^^Mag^s de M. ^Thevenot, Jgdje

Paris, 168^

excessively rare volume preceded the large collection by tbe same Edi- ter ; it contains lhe original aceount of Marquette and Joliet’s Discovery of the Mississippi, with lheir map (of which Mr. Rich published a facsimile m London). A. Tasman’s Discovery of New Holland, with very large and scarce map, &c. ; this copy has also the large sheet of the ‘‘Terre d’Jel- mer, which Camus had only seen in one copy.

recueil

DE VOYAGES

DE

T H E V E N O T.

A PARIS,

Chez Estienne Michallet ruë S. Jaques à i’Image S. Paul.

M. DC. i-X XXI. '

Av^c Privilège du Roy^

SUITE DU recueil

O V

DECOUVERTE dans rAmeri- que Septentrionale par le P. Marquette Jefuite.

Carte de la Découverte de la Terre de lélmer.

Ambaflade des Mofcovites à Pékin, & Découverte des Païs qui font entre la Mofcovie & la Chine.

Carte de la Route d’Abel Tafman autour de la Terre Aullrale.

Nouvelle maniéré de Niveau.

De prendre Hauteur ,

De mefure univerfelle.

Et autres Problèmes , qui fervent de Suplément à l’art de Navigation.

Avec THilloire naturelle de l’Ephc- fïiere.

* Envié de connoiftre le inonde nous eft naturelle ^ elle a eflé du goût de tous les fiecles, 6c elle a fait Tambicidh de pluüeurs de leurs ' plus grands hommes : Aullî nous voyons que pteEque toutes les. Nations ont eu des Géographes 3 les Perfans & les Ara- bes en ont autant que les Grecs & les La- tins ; & la Géographie de la Chine eft auflî exadte que Celle que les Grecs 6c les Romains nous ont laillèe. Il y avoir éû tant de defcri- ptions du inondé au temps d'Angufte^ que StraUbn commence fienhe pair des excufes ce qu’il écrivoit fiir une matière dont tant d’ha- biles gens qu’ils noinment avoient écrit. Ptolo- mée trois ou quatre fieclés après Strabon fait les mefînés exculès , comme fi ce fujet eût déjà efté epuifé dés ce temps; Mais les grands voya- ges qui le font faits depuis nous ont découvert une étendue du monde plus grande que celle que les Grecs , les Romains & les Orientaux nous ont décrite. Nous fçavons par leur moyen que les anciens ont prefque toüjonrs efté trompez dans ce qu’ils nous ont rapporté de$ lieux leurs Empires ne s’eftoient point étendus, 6c nous ne devrons pas moins de con- noift'inces & de découvertes à ces voyageurs^

f tVl7* !y^f/

Â0

qu’à tous ceux qui les ont précédez , fi nous comptons l’étendue des découvertes qu’ils ont faites dans le monde & dans l’hiftoire de la na- ture, ce font ceux qui nous ont defabulez de l’erreur S, Augullin a efté avec beaucoup de arands & de faints perfonnages, que la partie de la terre au de-là de noftre Tropi- que n’avoit pas cftre peuplée après le dé- luge univerfel. C’eft de ces , voyageurs que nous avons appris que la Zone Torride eft une des plus délicieufes parties de la terre, & des plus peuplées d’hommes & de toutes for- tes d’animaux. Beaucoup de gens de Lettres fe font exercez fur l’autre difficulté que ces voyages ont fait naître , SiC fiir 1 origine des peuples qu’ils ont découverts dans l’A- merique. Mais il fe trouve que ceux qui y ont travaillé ne fe font point fervis d’une preuve qui eft peut- eftre convainquante, tou- jours eft-elle plus propre pour réfoudre cette difficulté, que toutes les autres qu’ils ont ap- portées : Et c’eft par cette raifon principale- ment que j’ay inféré dans le quatrième volu- me de ce recueil l’Hiftoire des Mexicains par figures , d’où je la tire.

Dans ces figures ou Hiftoires les années font marquées d’une maniéré particulière aux peu- ples de la haute Afie,auxChinois,aux Tartares, & à ceux du Japon. Je ne fçay point d’autres peuples que ceux-là qui ayent compté leurs

5

ânnées par cycles t Et comme cette manière eft fubtile, & que les Américains d’aujour- d’huy qui la pratiquent font fort groffiers , il y a beaucoup de raifon de croire que ces peuples font venus d’une autre nation , §c d’uiT autre pais que celuy qu’ils habitent, comme ces mefines Hiftoires' nous le mar- quent , & apparemment de cette partie d’A- Mc on pratique cette maniéré fi fubtile de compter les années. -

On me dira d’abord que l’on ne fe fçau- roit imaginer comment ces peuples auroient traverfër toute la grande mer dit Sud, & faire une navigation fi longue : Mais ceux à qui cette objection fait peine ne fongent pas aux changemens qui peuvent arriver au Glo- be de la terre , ni à la facilité du trajet de la terre de Jezo dans l’Amerique Septentriona- le , ils nom peut-eftre pas fait refleéiion que la terre flotte dans un milieu fluide , que l’eau qui fait une partie de Ion globe doit toujours eftre terminée par une futface fpherique , & qu’il ne fe fçauroit faire de fi petit change- ment à la pofition du centre de ce globe, que le mefine changement n’arrivé à propor- tion à la furfacc de l’eau qui fé- doit tou- jours tenir également diftante de ce centre, & eftre tantoft plus & tantoft moins conve- xe ou courbée félon que ce centre en eft plus éloigné ou plus proche. Si-bien que fi l’oa

fiippofè que par quelqu’un de ces change- gemens qui arrivent à la terre par des trem- blemens , par des écroulemens &c par des feux fouterrains^ce centre approche d’un cofté de la fiirface de Teau de lo thoifes, la courbure de la furface de Teau changera prefque en la mefine proportion, ëc augmentera du cofté duquel ÇQ centre fe, fera rapproché : tellement que l’eau qui battoir auparavant le pied d’une fa- laize ou cofté de mer haute de 9 thoifes, apres ce changement la pourra couvrir toute entière, ëc les païs qui feront derrière, s’ils ne font pas plus hauts que la falaize^

Ainfi ces pais qui eftoient auparavant di% thoiles plus haut que U mer , fe trouve- ront inondés fous l’eau. De ftmblables inopdacions peuvent avoir feparé la par- tie Septentrionale de l’ Amérique , de la haute Afie, & y avoir fait les détroits qui font au Nord du Japon, ils peuvent avoir abîmé l’Atlantide de Platon avec les païs dont parle Glcment Alexandrin , Sc depuis la Groenlande que le Roy de Dannemarc^ cherche inutilement il y a long-temps. Parla il le Elit des valées ou il y a eu des monta- gnes , Sc des montagnes fe peuvent élever dans les valées Sc dans les plaines. Le moin- dre changement de ce centre peut faire ces renverfemens qui paroiftent fi grands aux hom- mes à çaufe de la préfoîmptioii ils font.

de realer le grand & le petit fur la rnefu- re de ce qu’ils peuvent faire , & la durçe du temps par la durée de leur vie î II eft vray que ces kangemens ne font rien en eomparailon de la grandeur du diamètre de la terre ; car il n’y a point de proportion de dix thoiles , que nous avons prifes pour exemple a tant de milliers de thoifes , que la terre a de diamètre.

Mais ce feroit trahiir la vérité que de s en tenir , & de dire feulement que ce chan- ecinent a m arriver. U n eft qv^^ qu il eft arrivé plufîeurs fois , & il y a peu de païs on ne trouve quelques preuves , & Ton n’en vpye des effets très- faciles à reconnoiftre.

Lucrèce , Ovide , Strabon & Pline les ont remarquez, ôc ont parlé de vaifleaux , can- cres , de coquillages , & de dépouilles de poi - Tons marins que 1*011 a fouvent vu avec éton- nement furies montagnes. Cependant les gens de Lettres en ont efté rechercher d autres cauies qui ne fitisfont perfonne, Sc qui ne les auroient pas apparamment fatisfaits eux-mefmes s ils S'eftoient donné la peine d’examiner la choie -fur les lieux.

Mais fans renvoyer fort loing ceux de nos François qui voudroient s -en éclaircir , ils peu- vent voir à une lieue de Paris àu-deflbus des murailles du Parc de Monfieur du Harlay Procureur Çeneral Parlement de paris ^

des effets fort evidens d’un de ces grands çhangemens. Je puis faire voir des lits de

les que la mer nourrit , & beaucoup de ces dépouilles , & de ces os de poilTons qui ne fe trouvent point ailleurs que dans l’O- cean ; ce qui eft une preuve convaincante que la mer qui en eft maintenant éloignée' d’environ quarante lieues ^ s’cft autrefois éten4uë jnrques-là , la Seine eft entrée en la place, Sc Ton tient qu’elle a cinq pieds de pen- te lur chaqiie lieue depuis Paris jufqu à la mer.

Il y a hien des confèquences importantes à cil tirer 5 non feulement pour la connoiffance de la terre,, mais aulli poiu* la Chronologie du rnondç : Car quoy-que Ton ne piiifîe pas dire jqftement en quel temps lémblables lits & changemens fe font faits ^ il eft cepen- dant vray que d’en trouver deux ou trois au^ dellùs les uns des autres , comme on les voit, fous les fondemens de quelques Villes qui ont cfté polezil y a plus de trois mille ans, font autant de. bonnes preuves qu il s’eft fait bien des changemens dans la terre que Thiftoirç ii’a pas marquez , qu’il y en a qu’elle n’a marquer, ces grandes innondations entraînant en mefine temps Sc l’Hiftorien & la Icene , ou le theatre des aétions qu’il doit décrire.

Et fur tout, que l’opinion des Septantes, & du Martyrologe Romain fur Tage du mon-

de , eft plus vray-fcmblable que celle des Ra- bins qui ne le font pas fi vieux que les autres , c’eft une grande matière à réflexions -, quant à prefent ce m’eft aflèz de faire voir la facilité de la tranfmigration des peuples de l’Afie en r Amérique. . _

Cette Hiftoire des Ameriquains devoir eftré fuivie d’une découverte faite dans l’Araerique Septentrionale par le Pere Marquette Jefuite , & lefieurjoliet, curieufe par plufieurs raifons, mais principalement à caufe q^u’clle nous donne connoilîànee de quelques païs i’Ameriqite Septentrionale qui font depuis le 41 degre juC quesau 33, & quelle peut épargner à l’avenir aux natios voifines duNord la peine d’aller cher- cher par le Nord-Oüeft un palïàgeala Chine ^ puifque ces derniers voyageurs ayant faitlèptà huit cens lieues à travers les terres prefque tou- jours àl’Oüeft depuis QuebeKjufques àla gran- de riviere ils s’embarquèrent , Sc la Baye d’Hutfon eftant prèfqùe fousde meCne méridien que QuebeK , quand il y àùroit un paflàgc an bout de cette étendue de terre il n y auroit pas de prudence à l’aller chercher, di entrepren- dre de naviger aufli long-temps fous un cli- mat où diverfès tentatives ne nous ont déjà que trop appris que les eaux y font fort long-temps glacées , lâns que l’on puiflè s’alïù- rer du temps auquel les glaces commencent , ni quand elles finiirent.

8 ^

L*Amcrique n avôit point efté connnë , ou avoit efté oubliée au temps des Romains, ils ne fçavoient rien de toute cette grande éten- due de pars depuis les rivières du Vezer & Danube, jufques à la Chine, & encore au- jourd'huy nous ne connoiirons de ce cofté-Jà que jufques à la Mofeovie, tout ce qui eft depuis la Mofeovie jufques à TAmerique cft demeuré jufques à cette heure inconnu. C'eft un de ces vuides que les Géographes ifont pu remplir, & ou pour couvrir leur ignoran- ce ils ont peint des vifions de diables que Ton Voit gôfîèmcnt reprefèntez en cet endroit dans la plùlpart de leurs cartes.

Le voyage de fAmbaflàdeür de Mofeovie que je donne icy, nous apprend que dans Une route de prés d\ih an il ne trouva qu’une feule ville ou il iie Vit qüe deux maifons de brique ; cette relation nous apprend encore ie nom de le cours Fleuve Irtis , qui eft un des plus grands Fleuves du monde, puifque cet Ambaflàdeur le fiiivit toujours Telpace de fix mois : cependant il eft fi inconnu , que la plufpart des cartes ne le marquent point , & que celles qui le marquent le marquent mal;

Nous fçavons encore par le moyen de ce Mofeovite, que toutes les Villes qui font à l’Eft de la riviere de JeniKifé jufques au Prô- inontoire Tabin , font toutes fuppofées ; mais four en détromper le monde en voicy une au- tre

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ire eoiîYidion; Ceft que ccs mefines Villes dans les mermes cartes font encore employées dix ou douze degrez plus bas en dedans de la muraille de la Chine , que ces Cartes iup- pofenc à 55 degrez, de que les Relations de ^ 3 Recueil la mettent au 41, & une mer au Nord de la muraille qui couvre cette étendue de pais ; Ton avoir fuppoié un autre Cathav que la Chine : Ainfi cette erreur fi éiiorl me dans les Cartes ^ vient principalement de la fauife pofition de cette muraille , au delà de laquelle il ify a que des Hordes de Tarcares qui ont vécu de tout temps fous des tentes , ^ quî ont une fi grande averfion à fe renfermer dans des rnaiions , que lors qifils en rencontrent de qu’ils s’y arreftent , ils en abbattent autant qu’ils peuvent les niuraiileSj parce qu’ils nen peuvent IbiÆir la contrainte.

Avoir toujours fodeur dune cuifine ou d’une écurie , quelquefois toutes les deux enfemble, demeurer en mefine lieu auffi bieii l’Efté que THyver , ne voir que d’un cofté^ de cela par un trou : Il n y a qne des Barbares qui le puiflènt fonlFrir , me diibit un jour un Ambaflàdeur d’un Cam des Tartares.

Ce voyage nous aprehd encor que la relation qu’on en avoic donnée au P. Kircher eft fauile, car îî en marque la route le long des bords de la mer Cafpienne par un chemin qui elt en cfîèt le plus court mais tout-à-fait dilR- rent du véritable; ê

La plufpart ont crû que la terre qui eft ait Sud de rifle de Java cftoit attachée aux autres terres qui font vers le Pôle Antarélique, Ôc .qifon a découvert au Sud du détroit de Ma- gellan : mais la route du voyage d’Abel Taf. man, marquée par des points dans la Carte cy- jointe , nous £iic voir que c’eft une Ifle qu’il a tournée toute entière. J’ay meflne quelques fi- gures ôc veües de cette Ifle ou terre Auftrale qu’il a découverte , & que je donneray un jour avec les autres Relations de cette partie du monde.

A ces connoiflànces que je tire des voyageurs j’ayajoùté, i®. La conftrudion d’un Niveau plus facile Ôc plus exad que ceux dont on s’eft lervi jufques à cette heure.

1^, Une maniéré de prendre hauteur fiir me.r', lors mefine qu’on ne peut pas la pren- dre avec les inftrumens ordinaires.

3®. Une nouvelle maniéré de réioudre le Problème de la meiure de la terre.

4^. Une mefure univerièlle^ & un nouveau moyen de la tranfinettre à la pofterité^^que j ’ay tiré de l’ouvrage des abeilles ^ apres avoir veu les plaintes que fait Villalpandus , de Filan- der , d’Agricola , & de quelques autres Au- theurs qui l’avoieiit précédé , fur ce que dans un mefmcTraitcé ils ont rapporté diverfemenc une mefme mefure, ôc qu’un Anglois fait la mefine plainte de Portius , de Ciaconius qui

n

ont écrit depuis Villalpandus jfiir ce mefine fujet des meiures , & de ce Viilalpandus auflî qui s eftoit plaint le premier du peu d’exadi- tude des autres.

II faut que j’ajoute icy à la defcription du Niveau 5 qu’il eft auffi bon de quatre pou-^ ces , que s’il eftoit beaucoup plus long, com- me le font prefque tous nos ouvriers.

Qu'il n’cft point neceflàire , comme la j plufpart ont crû , que la Bulle d’Air foit au milieu, Sc que dans toutes ces pratiques de la conduite des eaux^ & d’Architeâ:ure -, toutes les fois que la Bulle d’Air eft en repos , (ans toucher aux extremicez, l’inlbrument eft de ni- veau, lors mefîne qu’elle n eft pas au milieu. Que le foin d’enfermer le .Niveau dans une boette pour le mettre à couvert du vent , eft inutile ; car le mouvement que le vent donne à la bo*ctte pafTe auffi au Niveau , qu’il faut toû)ours mettre par cette mefine raifon fur un lieu ftable , Sc que la lunette avec des filets à fon foyer, eft pour pointer plus jafte.

5°. Une obfèrvation de la déclinaifon de FAyman faite l’année ii6^.

6®, Une ligne meridiene tracée à IlTy, & fur xine roche qui eft au -haut de la bruiere de Eure Ton devoir cteiifer un Obfervatoire pour noftre Aftemblée ; cette bmicïe eft prefque dans une mefme ligne entre les tolirs dé. NoftrerDame de Paris ^ 6c de l’Eglife de ia ville de Mante.

erlieil , imprimées, ues à cette heure.

E PREMIERE.

Relations.

Es Coiaques , avec la vie de KmielnifKi, tirée d’un manufcric des Taitares du Crime, des Nogais, des Circaiïés & des Abaiîas , par Jean de Liu^a, la Cokhide bu Mengrelie.

dellaG eorgia dtPietro dellaVaUe^ tirée d’un manuicrit, avec l’Oraifon funè- bre de Sitti Maani fa femme, qu’il récita -njefine.

d’Antoine JenKjnion an Cathay. la Relation de rAmbaiîade que les is envoye|:ent en \6^G Bc 1^57 au Tartare, qui eft preientement Mailtre de la Chine.

Relation de laprift de Tifle Fprmofi par les Chinois, le 5 Juillet

Relation de la Cour du Mogpl pat le Capi- taine Haiixins.

Mémoires de Thomas Rhoe Ambaifideur du Roy (d’Angleterre prés du Mogol, traduits du Recüeii Anglois de Purchas.

Voyage d’Edpaard Terry aux Etats du MogoL

traduit du Recueil de Purchas. ^ |

Uefcription des Plantes Sc des Animaux desl—ï^ |

Indes Orientales , par Cofmas, Monachos, ;

autrement Indopleuftes. . ,

Les Climats Alhend & Alfend de la Gex)gra-X^-^3ô ]

phie d’Abulfeda, , '

Relation des Antiquités de Perfepolis , tra^30 ^ ' -j

duite d’Herbert. tL |

Commencement d’un Livre des Chaldeens ;

Baflora , autrement appeliez les Chrétiens ^ de S. Jean, écrit en caraéteres tres-anciensee-,^ûtric. | non encore vûs en Europe, avec l’alphabet | bet de ces mefines caraéleres , & uneCar^^Q i

te Arabe du pais. p i

Relation des Royaumes de Golconda^Tannaf-rl 15^ |

fari , Arecan J par Wilhem Methold Prefi^ ^

dent de la Compagnie Angloife.

Relation de Floris Villiamron du Golfe de fy ' '

Bengale.

Relation du Royaume de Si^mpar Sahouten^^Xjr^J^^ traduit de l'EIollandois. - .

Voyages aux Indes Orientales de Bont;eKoiic?, f -49 traduit de rHodandois. \}(yrkCaj^»ir ' v

Découverte de la Terre Auftrale; traduite anffi . de rHol|andois , avec une Carte de ceite^^ çiuquiéme partie du Monde.

■Routier des Indes Orientales par Aleixo )

Motca , traduit d’un manufe rit Portugais.

Defeription des Pyramides d*Egypte 5 par Jean

Greave^^ U'aduite TAnglçis,

la Chine. |

apon

en C4. àt,

la Chine,

I \ à Faitenrs de la Compagjnie^

f Je Hollandoifefur le commerce des Indes

(U'

OvteiiMü?

filtre avis fur le commerce du Japon. ^ ^

Le Routier d’AIaixo da Motta, traduit du Por- ^

tugais.

Carte Portugaifè de la Carrera, ou Navigation des Indes Orientales.

Veues des principales coftes des Indes Orien- tales.

J-e Voyage de Beaulieu. kùueA4. fm \hicj) Tro:s Reiacions des Ifles Philipines.

h\t

I-

I- ^

Martyrs du Japon.,

. _|^^I^tion de Ta découverte de la terre de lefb.

^ ^hicnfîs , ou defeription des Plantes

^ i r & Fleurs de la Chine, leur maniéré de lès

. cultiver, avec les figures des Plantes. _ >

ia^f ^ie^éraMjtxcU oAA. 'Jehu ,

Mbaflade des Hollandois ^

Route du Voyage des Ambaiiaaeuiî» Hollandois à la Chine. ^

Grammaire de la Langue des Tartares Mogols. <

" Rapport que les Directeurs de la Compagnie , Hollandoife des Indes Orientales ont foit de rétatde leurs afFaircs aux Indes, èn l’an 1^64.

H^él> Cf[Lg^^(Ul/) ^tÜ/)C LcLL4^ .

I ils Uhin^A^e Æ/HUOHCïJc Cui { fVlLÙ^y(f?e

AhicJlicfiî

Takmla,

Nattons (jiu ont des chovaux, et des cAameawx J

Maioi

OtrtcAcâsi

Td . Æitchtsi

Terres jnkabitees

dl Moni-fterea

des monts

Aganakali' Moyy/^erM^ ils ontdes fii/^ .

Æanttir

Cat^uackvi

Illinois

ATttnréensac

*Puans

cuutre

Carte de la des^oanjerte- ie. l'an l6^3.dans lAmes^ujiL A eptentrvorLole^ .

Lac de ÆicJiLganu ou. lllinou

iMÉMÉi

*5

PARTIE IV.

^ J ^

Indien, ou Portrait au naturel des Indiens, | par Dom Joan de Palafos Evêque de la Puebla de los Angles.

O

Ih

Relation des voyages du fîeur Acarcte lût»' ^ la^Riviere de la Pktte , & delà par terre jufques au Pérou & au Potofi.

Voyage à la Chine des Peres Graeber Sc d’Or- ' - « vilte. Je î^oitvmjL^

le mefine en Italien,

La Science morale des Chinois , ou le lèconc! livre de Confuffius, traduit de la langue Chinoife par le Pere Introcetta. €h Uttn aore U

Hiftoirc de la Haute Ethiopie écrite Hir I

lieux par le Pere Manüel d’Almeïda le- ôntdu*»- Hiite , extraite & traduite de la copie Pbr— tugaife du Pere Balthazar Tellez. ^

Remarques fur les Relations d’Ethiopie des I- /.

P^eres Jeronimo Lobo & de Balthazar Tellez 5 lefuitcs.

Relation du Pere Jeronimo Lobo de l’Em-l—g' pire des Abyllîns , des lôurces du Nil ,

Licorne, &t.

Découverte de quelques païs qui font entre (-4.

1 Empire des Abyflîns & la coftede Melinde®

Relation du Voyage du Zaïd ou de la Thebaï- e rait en 1668 par les Capucins Miflïonnai, 1 - b.

suaires en Egypte,

J^àD\rucurov^2c4 {/cuj^ \tru Jai/e ^ ^ ^ : >v* -

hlahvi^. 9q CkreUcù^ kP 9^ ùtr^f %f\âAioru. ^

I 'i 4 J 4^ULf .

Hiftoire de l’Empiré Mexicâiii reprefeiitée par figures.

Relation du Mexique , avec THiftoire de la Nouvelle Efpagne 5 par Thomas Gages,

VO-yage & découverte du P. Marquette & S*^Joliiet dans rAmerique Septentrionale. Amballade des Mofeovites à la Chine^ ou voya- ge de Mofxou à Pequin par terre^ traduit du Mofeovite,

î)ifcours fur TArt de la Navigation , avec quelques Problèmes pour y fervir de fup- plément.

Supplément de f Hiftoire naturelle de l’Ephe- mere.

Extrait du Privilège du Roy,

PA R grâce & Privilège du Roy, donné à Paris îe huitième Juin i66i. Il eft permis à G i r a R ® Garnier de faire imprimer un Recuetl de dt er^ fes KeUttons Voyages curteux ^ contenant en un ou plufieurs volunîcs , conjointement ou /èpnré- jnent , pendant le temps de vingt années : Avec deffen- lès à tous autres d’en rien imprimer , vendre ni diftri- huer 5 ni aucune Carte ni figure , fous quelque prétexté que ce foit , fans fon confentement, fous les peines por^ çces dans ledit Privilège.

Achevé dûmprimer four U fremiere feU le <f Seftemhre jûSi»

' tes Exemplaires^ ont elle foHrnis^

1 JaAu èe ^ '

2 à'^ioAic^ cU Ç Cu. ^ \ %

3 ^4^ Hfif/JÙ ^ ^ Hl-^erxf.y .

Q hdCfôlum

1

DECOUVERTE

DE QUELQUES PAYS

ET NATIONS

t)E .

X' A M E R I Q TJ E

SEPTENTRIONALE.

lE m’ern^barqiiaÿ avec le Sieur jjQlieÉ, quj àvdit efté choi/î pour 'Conduire cette entreprife le treize May 1^75, avec cinq àii^ jtres François fur deux Canots avec un peu de bled d Inde & quelques chairs bouGannées pour l'oiice piovifion, i biiaydit cule foin de cirer des Sauvages tout Ce qui s efldit pii tirer de lumières de ces pays 5 d avoir inefiiies

trace une Carte fiir leur récit , les rivières y

A

M

!"

I

eftoient marque , rums de vent que

nous devions «avetfer ^ le

fo celte J' f

fut celle de la Folle ■'peuples , aufquels

riviere peut depuis plufieuts

nous avons ptefche ^ ».^^ plufieuts bons

années j aum sy ^ portent

années , ^ doV.t üs portent

Chietiens. trouve fut leur terre,

le nom , .‘J, , „„! croît naturellement

eft une forte d herbe qurcr^^

dans les petites rr j-gp^aeeux : Eîfo oft

vafe, &uans^® celle qui croît parmy nos bien lèmblable a. q - qgs tuyaux notiez bleds , les

d'efpace enefpace , montant )uf-

mois de ]mn , fj deux pieds envi-

qu’à ce qurls geluy

rota, le g'^'^'^^^Yais utae fois plus long,, de nos a^ome , s ^ abondante,

aulfr la farme tan g. ^

Voicy comme les qg

préparent P°^'^ ^ois de cette récolté.

Septembre , qu ^j-^vets de ces champs de

ils vont en Cano pggoügnt les épies dans

la Folle Avoine Iseï , le grain

le Canot a mefuie qu ^ jg^,g

tombe aifément ® ^ ^ j^gteoyer de la paille,

r Arnericfûe Sfftmtnènaïe. ils le hiectent fecher à la fumée fiir gril de bois fous lequel ils font ton petit feu pradant quelques jours ^ & lorfque î'aVoinc eft bien feiche , ils la mettait dans une peau en forme de poche , laquelle ils enfoncent en terre dans un trou fait à ce deffein , puis ils la pillent avec les pieds tant que le grain s’étant feparc de la paillé ils le vannent aifément ^ apres quoy ils le pillent pour le réduire en ferine ^ ou mefine fans eftre pile ils le font cuire dans f eau , qu’ils al^ifenncnt avec de la graifïè , & de cette façon on trouve la folle avoine prefo que auffî bonne que le ris , quand on n’y met point de meilleur alfaifonnementi Je racontay à ces Peuples de la Polie Avoi- ne le delfem que j’avois d’aller découvrir ces Nations éloignées pour lés pouvoir inftmire des myfteres de noftre fainte Religion, ils erj furent extrêmement forpris , & firent tout leur poffible pour m’en difîiiader: Ils me xeprefon- terent que je rencontrérois des Narions qui tie pardonnent jamais aux Etrangers , aurquels ils calïènt la tefte fans aucun llijet ; que-la guerre qui eftoit allumée entre divers Peuples qui eftoient fur noftre route nous expofoit à Un danger manifefte d'eftre enlever par des bandes de guerriers qui font toûjours en cate-. pagne ; que la grande riviere eft très - dangé-* reufe quand oh n*en fçait pas les endroits •qu’elle eftoit pleine de monfttes efE-oyableS

A q

4 DècouveHe dani

qui devoroient les hommes & les Canots tou^ enfèmble ; qu’il y a mefine un Démon qu’on entend de loin qui en ferme le palïàge & qui abyfme ceux qui ofent s’en approcher ; enfin que les chaleurs font fi exceflives qu elles nous caufesroient la mort infiiilliblement»

Je les remerciay de ces Bons avis j mais je leur dis que je ne les pouvois pas fuivre , puilqu’il s’agilïbit diilnlut des âmes, pour IcC- quelles je ièrois ravi de donner ma vie 5 que je me môquois de ce Démon prétendu j que nous nous defïèndrions bien de ces monftres marins , & qu'au refte nous nous tiendrions fur nos gardes pour éviter les autres dangers dont ils nous menaçoient. Apres les avoir lait prier Dieu & leur avoir donné quelques in- ftruétions , je me feparay d’eux , & nous eftant embarquez fiir nos Canots , nous arrivâmes^ nos Peres travaillent utilement a la con^ verfion de ces peuples. ^

Cette Baye porte un nom qui n a pas une fi mauvaiiè explication en la langue des Sauva- ges ; car ils l’appellent plutoft la Baye Salée, que des Puans , quoy que parmi ei^ ce foit prelque la mefine choie, C eft aufli le nom qu’ils donnent à la mer j ce qui nous a obligé à faire de tres-exades recherches pourdécour vrir s’il n’y avoir pas en ces quartiers quel- que fontaine d’eau iàlée, comme il y en a au pais des Iroquois , mais nous n’en avons point

V Amérique Septentrionale. f

«frouvc. Nous jugeons donc cju’on luy a donné ce nom à cauîe de quantité de vafe Sc de bpuë qui s’y rencontre , d’où s’élèvent con- tinuellement de méchantes vapeurs qui y eau-, fent les plus grands & les plus continuels, ton- nerres que j'aye jamais entendu,

La Baye a environ trente lieues de profon - deur, & huit de large en ion commencement: cette largeur va toujours fe retréciflànt juC ques dans le fond , il eft aifé de remarquer la marée , qui a fon flux & reflux réglé pref- que comme celuy de la mer. Ce n’eft pas icy le lieu d’examiner fi ce font des vrayes ma, rées , fi elles ibnt, caufées par des vents ; s’il y a des vents qui ibnt les avant-coureurs de la Lune ou à fuite , lelquels par conlèquent agitent le Lac & luy donnent comme fon flux & reflux toutes les fois que la Lune monte fiir l'Orilon ; Ce que je puis dire de certain eft: que, quand l’eau eft bien calme, on la voit ai- fément monter & defeendre fuivant le cours de la Lune , quoy que je ne nie pas que ce mouvement ne puiflè eftre caufé par des vens qui palïànt fur le milieu du Lac font que les bords croiffent & décroiffent de la façon qu’il paroît à nos yeux.

Nous quittâmes cette Baye pour entrer dans[| la Riviere qui s’y décharge ; Elle eft très, belle en fon. embouchure , & coule doucement ^ eh© #ft pleine d’Outarde* , de Canards ,

A iii

^ T)èci)uv€rte dans

Cereelles, & d’autres oyfeaux qui y font attL irez par la folle avoine, dont ils font fort frians^ Quand on a un {^eu avancé dans cette riviere, on la trouve très -difficile, tant à caufe des çoucans que des rochers qui coupent les Ca- nots & les pieds de ceux qui les trament , lut K>ut lorfque les çauës font baffes, Nousfran^ chifmes par tout heureufement ces rapides ; & en approchant des MafKoutens,ou delà Nation du Feu , j’eus la curipficé de boire des Eauës minérales de la rivière qui n eft pas loin de cette Bourgade, Je pris auffi le tems de recon. Boitre un Simple , qu un Sauvage qui en fçait le iecret a enfeigné aup. Alloues : Sa racine fcre contrôla morflire des Serpens , Dieu ayant voulu donner ce reniede contre un venin qui eft très frequent en ce pays. Cette fort chaude , ôc a un goût de poudre quand on J’écrafe fous la denc« H friut la mâcher & la mettre fur la piqueurc du Serpent , qm en a une fi grande horreur qu’il s-enfuit mefme de celuy qui en a efté frotté : Elle prodint plu- fîeurs tiges hautes d’un pied , dont la feuille eft un peu longue & la fleur blanche , & re - femble à la giroflée/ Jen mis dans mon Ca- not pour Texaminer.

C’eft icy le terme des découvertes qu ont faits les François, & iis n’ont pas encore paf- plus avant. Ce Bourg eft compofe de trois forces de Nations qui s’y font ramaflees 5 des

T Amérique Septentrionale. j

Miamis , des Maficoutens , & des KiKabeux : Les premiers font les plïîi civils , les plus liberaux & les mieux faits ; ils portent deux longues mouftaches fût los oreilles cjui leuE donnent bonne grâce ; ils paflént pour guer- riers, & font rarement des partis fans fuccez } ^Is font fort dociles & écoutent tout ce qu ou veut leur dire , ont patû fi avides d’enten- dre le P. Alloues quand il les inftruifoit qu’ils luy donnoient peu de repos mefine pendant la nuit. Les Maicoutens & les K'Kabeux lont plus groffiers, & lemblent des paylàns en com- paraifon des autres. Comme les écorces à faire des Cabanes font rares en ce pays, ils le 1èr- vent de joncs , qui leur tiennent lieu de mu- raille & de couverture. La commodité de ces Cabanes de jonc eft grande , ils les mettent en paquets & les portent ils veulent pen- dant le temps de leurs chafics.

Lorfque je les vifitay je fus extrêmement confolé de voir une belle Croix plantée au mi- lieu de ce Bourg , & ornée de plufiçurs peaux blanches , de ceintures rouges , d’arcs & de flè- ches que ce? bonnes gens avoient offerts aii grand Manitou ; c’eft le nom qu’ils donnent à Dieu , pour le remercier de ce qu’il avoir eu pitié d’eux pendant l’hyver , leur donnant une ehalTe abondante.

Je pris plaifir de voir la fituation de cette Bourgade, Elle eft belle Sc divertiffante ; car ' A iiij

s T>kouverte dan$

d’une éminence fur laquelle elle eft placée ori découvre de toutes parts des prairies à perte de veiië , partagées par des boccages & bois de haute fuftaye ; la terre y eft très bonne de rend beaucoup de bled d’Inde , les Sauvages ramaiïènt quantité de prunes & de raifins. Nous ne fufines pas plutoft arrivez que nous aflémblâines les anciens Mpnficur Joliet & inoy. Je leur dis , qifil eftoit envoyé de la part de Monfieur noftre Gouverneur pour dé- couvrir de nouveaux pays , $c ftioy de la parc de Dieu pour les éclairer de^ lumières du laine Evangile ; quau refte le Maiftre fouverain de nos vies vouloir eftre connu de toutes les No- tions, de que pour obéir à les volontcz je ne craignois pas la mort , a laquelle je m’expofois dans des voyages fi périlleux ; que nous avions bclbin de deux guides pour nous mettre dans noftre route : nous leur fifînes un prelent cçi les priant de nous les accorder 5 ce qu’ils fi- rent très civilement, de mefinc voulurent aufS nous parler par un preftnt ^ qui fut une natte pour nous fervir de lit durant noftre voyage.

Le lendemain, qui fut le 10 Juin ,deux*Mia- mis qu’on nous donna pour guides s embar- quèrent avec nous à la veuë d’un grand monde, qui ne pouvoir alTèz s’étonner de voir fept François leuls en deux Canots bftr entrepren- dre une expédition fi extraordinaire & fi fia- ^afdeufè.

V Amérique Septentrionale.

Nous fçavions qu'à trois lieues de Mafkôu- tcns eftoit une Riviere qui fe décharge dans çelle de Milîillîpy, Nous fçavions encoie que le Rum de vent que iipus devions tenir eftoiç rOüeft-fur rOueft; mais le chemin eft fi par- tage de^ Marais & de petits Lacs , qu’il eft aile de s y.cgarer , daurant plus que la riviere qui y mepe eft fi chargée de foiIe avoine qu’ôn a peine à en reconnoiftre le Canal ; c’eft en quoy nous avions befoin de nos deux Guides : aufli pous condiiifirent-ils heureufèment jufqu^à un porrage de deux mil fept cens pas , & nous ai- dèrent a tran(port;er nqs Canots pour encrer dans cette riviere , apres quoy ils s'en retour^ t^erenr , nous laifTans feuls en ce pays inconnut entre les mains de la Providence,

Nous quittons donc les Eaiiës qui vont jufl qu à Quehec , a cinq pu fix cens lieucs d’icy , pour prendre celles qui nous conduiront defor- rnais dans des Terres étrangères. Avant que de nous y embarquer nous commençâmes tous une nouvelle dévotion à la Sainte Vier«e im- maculée que nous pratiquâmes tous les jours ^ Ipy adreirans des prières particulières pour metn tie fous fa protection Ôc nos perfbnnes Sc le fîîccez de npftre voyage ; & apres nous eft te encouragez les uns les autres nous montâmes çn Canot.

La Riviere fiir laquelle nous nous çmbar- quâmçs s’appelle Mefeoufin 3 elle eft fort lar^

imsÊ^sMÊm

f O T} è couverte dans

ge, fbn fond eft du fable qui fait diverfês bat- tures, lefquelles rendent cette navigation très, difficile 5 elle eft pleine d’Ifles couvertes de vignes. Sur le fond paroiflTent de bonnes ter- res , entremeflées de bois , de prairies , de co- teaux. On y voit des noyers , des chelhes, des bois blancs , & une autre efpece d’arb^^^s dont les branches font armées de longues épi- nes* Nous if avons veu ny gibier ny poiflbns ^ mais des Chevreiiils & des Vaches en grande quantité. Apres avoir navigé trente lieiics^nous apperçûmes un endroit qui avoir toutes les apparences de Mines de fer : De fait, un de nous qui en a veu autrefois affeure que celles que nous avons trouvées font fort bonnes & très -abondantes Elles font couvertes de trois pieds de bonne terre , afîez proche d une chaif- îie de rochers 5 dont le bas eft couvert de fore beaux bois. Apres une navigation de quarante lieuçs fur çette mefme route , nous arrivâmes à rcmbouchûre de noftre Riviere , & nous nous trouvâmes à 41 degrez & demy d éleva^ tien ; Nous entrons heureufement dans Miffîi- frpy le 17 Juin , avec une joye que je ne puis exprimer.

Nous voila donc fur cette Riviere fi renom, mée dont j’ay tafehé de remarquer attentive- ment. toutes les fing laritex. La Riviere de Miffiffipy tire fon origine de divers Lacs qui font dans les ^ays des Peuples du Nord j elle

r Amérique Septentrionale. tt

efl: étroite à fa décharge de Mifîcous , Ton cou- rant qui porte du cofté du Sud eftant paifible ; à la droite on void une grande chaifne de montagnes fort hautes , & à la gauche de beK les terres entrecoupées d'ifles en divers en- droits^ En fondant nous avons trouvé dix-neuf bralles d'eau , fa largeur eft fort égale , elle a quelquefois trois quarts de lieiies. Nous fiii- vions doucement fon cours qui va au Sud 8c au Sudeft jufquau 41 degré d'élévation. Céft icy que nous nous appercevons bien qu’elle a tout changé de face ^ il n’y a prefqiie plus de bois ny de montagnes , les Ifles font couver- tes de plus beaux arbres , nous ne voyons que des Chevreuils & des Vaches , des Outardes Sc Cygnes fans aifles , parce qu’ils quittent leurs pluihes en ce pays. Nous rencontrons de temps en temps des poilïbns monftrueux , un defquels donna fi rudement contre noftre Ca^ not , que je crûs que c’eftoit un gros arbre qui l’alloit mettre en pièces : Un monftre qui avoir une tefte de Tygre , le nez pointu comme ee- luy d’un Chat fauvage , avec de la barbe , des oreilles droites élevées en haut^ la tefte étoie grife , le col noir. Nous n en vifines pas da- vantage. Quand nous avons jette nos rets k l’eau, nous avons pris des Efturgeons , êc une efpece de poiflbn extraordinaire : il reflembte à la Truite , avec cette différence qu’il a la gueule ^ les yeux ^ le nez plus petits qu’il

ii Décofivêrte dani

a proche du nez une arrête faite comme une bufque de femme large de trois doigts , lon^ gue d'une coudée , au bout de laquelle eft un rond large comme la main ; cela l’oblige fou-* vent en lautant hors l'eau de tomber en ar^ riere. E fiant defcendus jufquau 41 degré 18 minutes , fuivant le mefme rum , nous trouvons que les Coçqs d'Inde ont pris la place du gi-* bier , & les Pifijcious , ou Bceufs fàuvages ^ cel- les des autres beftes.

Nous appelions les Pifixious Bœufs {àuva-* gcs 5 parce qu'ils font fort ftmblables à nos Bœufs domeftiqucs ; fis ne font pas plus longs, mais ils font plus d'une fois plus gros & pins çorpulens : nos gens en ayant tué un , treize perfonnes av oient bien la peine à re-f muer : ils ont la tefte fort grolfe , le front large & plat , d'un pied & demy entre les cornes , qui font toutes lémblables à celles de nos Bœufs, mais elles font noires & plus gran- des j ils ont fous le col comme une grande fa^ le qui pend au bas , & fur le dos une boilè afo ièz élevée; toute la tefte, le col ôcune partie des épaules font couvertes d'un grand crin com- me celuy des Chevaux ,, c'eft une hure longue d'un pied , qui les rend hideux , & leur tom- bant iur les yeux les empefdient de voir devant eux : le refte du corps eft reveftu d'un gros poil frifé, à peu prés comme celuy de nos Mou-, lops , mai$ bien plus fort 6^ plus épais tom^

tAmenquè Septentrionale. ij? bc en Efté , & la peau devient douce comme velours: c’eft pour lors que les Sauvages em- ployent leuts peaux pour leur faire des robbe^ qu'ils peignent de diverfcs couleurs. La chair èc la graille des PifiKious eft excellente, &: jfàit le meilleur mets de leurs feftins : au rcfte ils font très, dangereux , il ne le pafle point d année qu'ils ne tuent quelques Sauvages , quand on vient les attaquer , ils prennent s'ils peuvent un homme avec les cornes , l'enlevent en l'air, puis iis le jettent contre terre , le foulent des pieds & le tuent. Si Ton tire de loin fur eux de Tare ou du ftîzü ,il faut fi-toft apres le coup le jetter à terre & fe cacher dans l'herbe : car s'ils apperçoivent ccluy qui a tiré , ils courent apres èc le vont attaquer : comme ils ont les pieds gros & allèz Courts iis ne vont pas bien vîfte , fi ce n'eft lorfqu'ils font irritez ; ils font éparts dans des prairies comme des troupeaux^ j'en ay veu une bande de quatre cens.

Nous avançons toujours , mais comme nous ne Içavons nous allons , ayant fait déjà plus de cent lieués fans avoir rien découvert que des beftes & des oylèaux , nous nous te-, nons bien lur nos gardes ; c’eft pourquoy nous ne failbns qu'un petit feu à terre fur le loir pour préparer noftre repas , & apres louper nous nous éloignons de terre le plus que nous pouvons & nous allons palier la nuit dans nos Çaçots 5 que nous tenons, à l'ancre fur la ri^.

T) Couverte àafit

Vierc aflet loin des bords , ce qui n’cmpefcfe point que quelqu'un de nous ne foit toujours enfentinelle de peur de furprife^ Allant par le Sud & Sud-fur-rOüeft, nous nous trouvons à. la hauteur de 41 degré & jufqu’à 40 degrez quelques minutes en partie par le Sud-Oüeft^ apres avoir avancé plus de foixante lieues de- puis noftre entrée dans la rivière , fans rien décoilvrir.

Enfin le vingt-cinq Juin nous apperçûmes fur le bord de Teau dés piftes d'hommes, 5^ ün petit fentier allez battu qüi entroit dans hne bellè prairie , nous nous arreftàmes ^ ôC jugeant que c'eflôit quelque chemin qtii con- duifoit à quelque Village de Sauvages , nous prifïnes refolatiôn de Tallcr recohnoiftre. Nous iaiflbns dont nos deuï Canots > fous la gardé de nos gens , leur recommandant bien de ne fe pas lailîèr furprèndre ; apres quoy Monfieut Joliet 3c moy entreprifines cette découverte^ ailéz hazardeufe polir deux hommes fculs , qui s’expofent à la difcretion d'un peuple barbare & inconmn Nous fuivons en filence ce petit fentier , 3c apres avoir fait environ deux lieuës, nous defcouvrifines im Village fût bord dhine riviere, & deux autres fur un côfteail ^ écartez du premier d*une demie lieue : Ce fut pour lors que nous nous recommandafmes à Dieu de. bon coeur , & ayant imploré fon le- 'Cours , nous palîames outre faiis eftre décou-

ai ^AîÉenqîte ^éptenttionaîi, if tttts J & nous vinfmes fi près que nous en^ tendions niefme parler les Sauvages* Nous crûmes donc qü’il eftoit tems de nous décou- vrir par un cry <jue nous pouflâmes de toutes nos forces , en nous arreftaut fans plus avan^ cer* A ce cry les Sauvages forcent prompte* ment de leurs Cabanes ^ & nous ayant proba^^ blement reconnu pour " François , fur tout voyant une robbe noire, ou dumoinsn ayant aucun {üjet d appréhender , puifque nous n e- tions que deux hommes & que nous les avions avertis de noftre arrivée -, ils députent quatre Vieillards pour nous venir parler , dont deux portoient des pipes à prendre du tabac , bien ornées & bien empanachées de divers pluma- ges ; ils marchoient à petit pas , & élevans leurs pipes vers le Soleil ^ ils fembloient luy prefon- ler à fumet , fons neanmoins dire aucun mot* Ils furent aflèz long-tems; à faire le peu de chemin depuis leur V iilage jufqu’à nous : EU’* fin nous ayant abordé , ils s artefterent pour nous confiderer avec attention : je me ralfou- ray voyant ces ceremonies , qui ne fe font par- my eux que pour les amis , & bien plus quand je les vis couverts d'étoffo , jugeant par qu ils eftoient de nos Alliez. Je leur parlay donc le premier* Je leur demanday. qui ils é- toient : Ils me répondirent qu’ils eftoient lli* nois, & pour marque de paix ils nous prefen- j;Qknt leurs pipes pour petuner Enluite ife

Tiècouvene dans

noüs invitèrent d’entrer dans leur Village , olï tout le peuple nous attendoit avec impatien- cCi Ces pipes à prendre du tabac s’appellent en ce pays des Calumets. Ce mot-Cy eft mis tellement en ufage, que pour eftre entendu fèray obligé de m’en fetvir , ayant à en par- ler plufieuts fois.

A la porte de la Oabatine nous devioris eftre receu eftoit un Vieillard , qui nous atten. doit dans une pofture alTèz /urprenante , qui eft la ceremonie qu’ils gardent loriqu’ils reçoi- vent dès Etrangers. Cet homme eftoit debout & tout nud , tenant fes mains étendues & éle- vées vers le Soleil , comme s’il eût voulu défendre contre fes tayoïfs , lefquels nean- moins pallbierit fur fbn vilàge entre les doigts ï Quand nous fûmes proche de luy, il nous fit ce compliment ; le Soleil eft beau , Fran- çois, quand tu nous viens viuter ; tout noftré Bourg t’attend , tu ehtreras en paix dans tou- tes nos Cabanes. Il nous introduifit dans fîenne , il y avoir une foule de monde qui noüs devoroit des yeuX , & qui cependant gardoit un profond filence. On entendoit feu- lement ces paroles , qu’on nous adrelîbit tems en teins & d’une voix balle , Que voilà qui eft bien , mes Freres , que vous nous vifi- tez.

Apres que nous eufines pris places , on rtoiis fit la civilité ordinaire , qui eft de nous pre-

fêntcr

PÀfnerique Septentrionale. \ ^ îènter des Calumets. Il ne faut pas les refufer, ü on ne veut palier pour eiineiny j ou ciu moins pour incivil 5 pourveu qu’on falïè femblant de ftïmer c eft 'allez. Pendant que tous les An« ciens petunoient apres nous pour nous hono- rer , on vint nous inviter de la part du grand Capitaine de tous les Ilinois ^ de nous tranf. ^rter en Bourgade , il vouloir tenir Gonleil avec' nousï Nous y allalînes en bonné compagnie : car tous ces peuples qui n’avoient jamais veu de François chez eux ne le laf- ïoient point de nous regarder, ilsfe coachoienc lur 1 herbe le long des chemins ^ ils nous de- vançoient , puis ,ils retournoient fur leurs pas pour nous revoir : tout cela fe faifoit fins brmf& avec les marques d’un grand relbedt qu lis avoienc pour nousi -

Eftant ariivez au Bourg du grand Capitaine' BOUS le vifmes à. 1 entrée de fa Cabane au mil heu de deux Vieillards , tous trois debout & nuds , tenans le Calumet tourné vers le Soleil; Il nous harangua en peu de mots , nous felicil tant de noftre arrivée ; il nous prelenta énltii- te Ion Calumet, & nous fift. fumer en mefme tems que nous entrions dans fa Cabane , nous receulînes toutes les careires ordinaires.

Voyant tout le monde alîemblé & dans filence je leut parlay par quatre prelèns qüë je leur fis .; Par le premier je leur difois , Qiig nous marchions en paix pour vifiter les Naw

ig t)è couverte dahs

lions CjUi eftoient fur la rivière julqu’a la inér^ Par le fécond , je leur declaray que Dieu qui les a créez avoir pitié d'eux, puisqu’apres tant de tems. quMs font ignoré il vouloir fe faire coriDoillre à eux j epue j eftois envoyé de fa part à ce delT in, que c’eftoit à eux de le re- connoiftre & de luy ob ir ; Par le troifiéme , Que le grand Capitaine des François leur fai- foit fçavoir ,que c’eftoit luy qui mettoit la paix par tout , & qui avoir dompté les lioquois; Enfin , par la quatrième nous les pridns de iious donner toutes les connoillànces qu ils au» roient de la mer , & des Nations par leftjuei» les nous devions palîèr pour y arriver : Enfui» te deqnoy le Capitaine mit le petit Elclave prés de nous 8c noils fit un pieltnt , qui eftoit ün Calumet tout myfterieux , dont ils^ font plus d’eftat que d’un Efclave, Il nous témoignoit par ce prelent l'eftime il faifoit de Monfieut noftrc Gouverneur fur le récit que nous luy en avions fait ; Et par le troifiéme, il nous pria de la part de toute fa Natiorude ne pas paf- lcr outre , à cau(e des grands dangers ou nous nous expofions. Je répons , que je ne craignois pas la mort, 8c que je n’eftimois point de plus grand bonlrnir que de perdre la vie pour la gloire de Dieu. C'eft ce que ces pauvres peu- ples ne peuvent comprendre.

E- Confiai fut fuivi d un gt'and feftin , qui cenfiftoit en quatre mets , qu’il faloit prenare

/’ Amefuiûe Septe'nirioHale', 1 9

àVèc toutes leurs façons. Le premier fût un grand piac de bois plein de Sagamicé , c’eft à dire de cecte farine de bled d’Inde , qu’on fait bouillir avec de l’eau qu’on alîàifonne de grait le : Le xM.aiftre des Ceremonies tenant une cuilliere pleine de Sagamicé me la prefenca à la bouche par trois ou quatre fois , il fit le melme à Monfieur Joliec. Enfuite il fit parois tre un fécond plat il y avoir trois poilîbnSj il en prit quelques morceaux pour en oller les urrefteS ^ & ayant loufllé deflus pour les ra- ftaichir , il nous les mit à la bouche comme 1 on donne la bequée à un oileam On apporté pour troifiéme fervice un grand Chien qu’on Venoic de tuer , mais ayant appris que nous n en mangions point , on le retira de devant nous j Et le quatrième fut une piece de bœuf làuvage dont on nous mit à la bouche les mor- teaux les plus gras.

Apres ce feftin , il fallut aller vifîcer tout le Village ^ qui eft bien de trois cens Cabanes. Pendant que nous marchions par les rues , un Orateur harariguoit continuellemenf , pour ôbliger tout .le monde à nous voir fins nous eftre imporcuris : on nous prefentoic par tout des ceintures, des jarretières & autres ouvra- ges f uts de poil d’Ours,bu de Bœufs f uvages Ce font tontes les raretez qu’ils ont. Nous couchafines dans la Cabane du Capitaine , & le lendemain nOus prifmes congé de luy , prdmet-

B ij

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Dècouvêrte dam

tant de repaflèr par fon Bourg dans quatre Lu- nes : Il nous cbnduifit jufques dans nos Ca- nots , avec prés de fix cens perfonnes qui nous virent embarquer , nous donnant toutes^ les marques- qu’ils pouv oient de la jqye que nôtre vifite leur avoir caufée.

Avant de quittet le pays des Ilinois , il eft bon que je rapporte icy ce que j ay reconnu de leurs coutumes & de leurs façons de faire.

Qm dit Ilinois , c’eft comme qui diroit en « leur langage ,les hommes ; comme les autres . Sauvages auprès d’eux ne pairoient que pour des beftes : auffi faüt-il avouer qu’ils ont un air d huiMnicé que nous n avons pas remar- qué dans les autres Nations que nous avons veuçs fiir no lire route ; le peu de fejour que j*ay fait parmy eux ne m’a pas permis de pren- dre toutes les connoiflances que j’aurois iôu- haitté de toutes leurs façons de faire. V oicy ce que j’en ay remarqué. Ils font divifez en plufieurs Bourgades , & quelques-unes affez éloignées de celles dont nous parlons , qui s’appellent Peroüarca ^ c eft ce qui met de la différence dans leur langue , laquelle tient de r Algonquin , de forte que nous nous enten- dions bien les uns les autres : Leur naturel eft doux ôe traitable , ils ont plufieurs femmes dont ils font très jaloux , ils les veillent avec un grand foin, ils leurs coupent mefines le nez ou ies oreilles quand elles ne font pas (âges 5 j

%

f Amérique Septentrionale. ii

ây veu plufieurs qui portoient les marques de leur infidélité. Ils ont le corps bien fait , ils font leftes ^ adroits à tirer de l’arc ; ils fe fervent auffi de fuzils , qu’ils achètent des Sau- vages nos alliez qui ont commerce avec nos François j ils en ufent premièrement pour donner de l’épouvante par le bruir &rla fu;née à leurs enuemis qui. n’en ont point l’ufage 8c n’en ont jamais veu , pour eftre trop éloignez vers le Couchant, ils font belliqueux &fe. ren- dent redoutables aux peuples éloignez du Sud 8c de rOüeft , ils vont faire des Efclaves, delquels ils le fervent pour trafiquer , les ven- dant chèrement à d’autres Nations pour d’au- çres marchandifes Ces Sauvages fi éloignez chez qui ils vont en guerre n’ont aucune con- noiflànce des Europeans -, ils ne fçavent ce que c’eft ny de fer , ny de cuivre , & n’ont que des couteaux de pierre.

Quand les llinois partent pour aller en guerre , il finit que tout le Bourg en foit averti par un grand cry qu’ils font à la porte de leurs Cabanes le foir & le matin avant que de par- tir ; les Capitaines fe diftinguent des Soldrts par des écharpes rouges qu’ils portent , elles, font fixités de crin d’Ours , ou de poilde-Bœufs fiîuvages , avec allez d induftrie ^ donc il y a grande quantité à quelques journées du Bourgs Ils vivent de chalfie , qui eft abondante en ça pays , & de bled d’Inde j dont ils font toù-»

Découverte dam

jours une bonne récolté ^ auffi n’ont- ils jamais:'" ibuffèrt de famine : ils fement auffi des fèves 6c des melons qui font excellens , fur tout ceux qui ont la graine ronge leurs citrouilles ne font pas des meilleures , ils les font fecher au Soleil pour les manger pendant THyver le Printemps; les Cabanes font fort grandes, elles font couvertes 5c pavées de nattes faites de joncs ; ils trouvent tpute leurs vaiffielles dans le bois , 5c leurs cuillieres dans le teft des Bœufs , dont ils ivent fi bien accommo- der le crâne , qu’ils s en fervent aifément pour manger leur fagamité. ils font liberaux dans leurs maladies , 5c çroyent que les medicamens qu’on leur donne opèrent à proportion des prefens qu’ils font à leurs Médecins. Ils n’ont que des peaux pour habits : les femmes font veftiiës fort modeftement 5c dans une grande, bien-féance, au lieu que les hommes ne fe met- tent pas en peine de îe rien couvrir. Je nefçay par quelle fuperftition quelques llinois , aiiflî bien que quelques Nadoüeffis , eftant encore jeunes prennent l’habit de femme qu’ils gar- dent toute leur vie : il y a du myftere , car ils’ ne fe marient jamais, 5c font gloire de s’a- baiffir à faire tout ce que font les femmes ; ils vont pourtant en guerre , mais ils ne peu- vent fe fervir que de la maffiie 5c non pas de Parc 5c de la flèche , qui font les armes pro- pres pour les hommes ; ils ^ffiftentà toutes les

%4- 'Découverte dans ordinaire & percé par le milieu ; il eft erobÆ ly rie la telle & du col de divers oilèaux,dont le plumage cil tres-beau j ils y ajoutent auffi de grandes plumes rouges, vertes, & d’autres couleurs , dont il eft tout empanaché ; ils en font cftat particulièrement , parce qu’ils le re- gardent comme le Calumet du Soleil ; & de fait , ils le luy prelèntent pour fumer quand ils veulent obtenir du calme, ou de la pliiye, ou du beau temps. Ils font fcrupuie de le baigner au commencement de l’Ellé , ou de-manger des fruits nouveaux qu’apres l’avoir dànlé. En voicy la façon.

La dance du Calumet , qui eft fort célébré parmy ces peuples , ne fe fait que pour des fujets confiderabies ; quelquefois c’eftpourafi. fermir la paix, ou le réünir pour quelque gran- de guerre ; c’eft d’autres fois pour une réjouïf- fince publique .. tantoft on en fait honneur à une Nation qu’on invite d’y affilier ', tantoft ils s’en fervent à la réception de quelque per- fonne conlîderable, comme s’ils vouloient luy donner le divertillèment du Bal ou de la Co-» medie ; l’Hyver la ceremonie le fait dans une Cabane, l’Ellé c’eft en raze campagne. La place <^Cant choifîe^on l'environne tout à Tentoiir d'ar- bres poTu* métré tout le monde à l'ombre de leur^ feuillages , pour le défendre des chaleurs du So- leil ; on étend une grande natté de joncs peinte de diveriès couleurs au milieu de la place ÿ elle

V Amérique Septentrionale. fêrt comme de tapis pour mettre deflus avec honneur .le Dieu de çeluy qui fait la Danfe ; car chacun a le fien ^ qu’ils appellent leur Ma- nitou, c’eft un ferpent , ou un oyfeau , ou une pierre , ou chofè fèmblable , qu’ils ont reivé en dormant , & en qui ils mettent toute leur confi ince pour le fuccez de leur guette , de leur pefche de leur chairé prés de ce Ma^ nitou,& à la droite , on mec le Calumet eu ^honneur de qui fe fait la fefte , & tout à 1 entour on fait comme un trophée , èc on écen4 les armes dont fe fervent les guerriers de ces Nations , fçavoir la mairuë , la hache d’arme j, lare , le carquois ^ les flèches.

Les chofes eftant ainfi dilpofées & l’heure de la Dance approchant , ceux qui font nom-r mez poïir chanter prennent la place la plus honorable fous les feüillages ; ce font les hom- mes & les . femmes qui ont les plus belles voix^ Sc qui s’accorefent parfaitement bien enlem- ble; tout le monde vient enfuite fe placer e^ rond fous les branches , mais chacun en arri- vant doit fàluër le Manitou , ce qifil fait en petnnant Se jetcant de fh bouche la fumée fur luy, comme s il luy prefentoit de l’encçns- chacun va d’abord avec refpeâ: prendre le Calumet , & le foutenant des deux mains , il le fait danceç en cadence , s’accordant bien avec l’air des chanfons j il luy fait faire des figures bien difp ferentes^ tantçfl: il le fait voir à toute iaflèm-

jtô ' DhouverM dani blée fe tournant de codé & d’autre apre^ cela , Cf luy qui doit commencer la Dance pa- roift au milieu de Taflemblée , & va d’a« bord , & tantoft il le prefente au Soleil , comme s^’il le voulait faire fumer , tantoft vers la terre ^ d antresfois il comme pour voler , d’au ’approche de la bouche des affiftans , afin qu’ils fument, le tout en cadence j & c’ comme la première Sccne du Baler.

fécondé confille en un Combat qui de tambour , qui f , ou mefne qui s*y joi- fort bien enfernble : le quelque guerrier de venir font fur la natte , des tarnboiirs ;

Tare & la flèche , commence le

courre l’autre , qui iva point d’autre défen que le Calumet, Ce fpedtacle eft fort agréa- ble , fiir tout le faifmt toujours en cadence 5 \ n attaque, l’autre fe deffènd v Tun por-» coups , l’autre les pare ; Tun fuit , l’au- tre le pourfiiit , & puis celuy qui füvoit tourne vidage & fait fuir fon ennemy ; ce qui fe pafle fi bien par mefiire 6c à pas comptez Sc aa fbn réglé des voix & des tambo-^’ S , que cela ponrroit paflèr pour une aflèz belle entrée de Ballet enFrançe» La troifiéme Scene çonftfte

V Amérique ^ Septentrionale. rj

m un grand. Difcours que fait celuy qui dent le Calumet , car le Combat e liant fini fans fàng répandu , il raconte les batailles il s’eft trouvé, les viéloires qu’il a remportées ; il nomme les Nations, les lieux & les Captifs qu'il a faits ; & pour recompenfe celuy qui prélîde à la Dance- luy fait prelent d’une belle irobe de Caftor , ou de quelqu autre cbofe , & l’ayant receu il va prefenter le Calumeç à un autre, celui-ci à un troiiiéme, ^ainfidetous les autres , jufques à ce que tous ayant fait leur devoir , le Prefident fait prefent du Ca- lumet mefme à la Nation qui a efté invitée à cette Ceremonie , pour marque de la paix éter- nelle qui fera entre les deux peuples.

Voicy quelqu’une des Chanfons qu’ils pnç coutume de chanter , ils leur donnent un cer- tain tour qu’on ne peut allez exprimer par la Nqtte, qui neanmoins en fait toute la grâce»

^ nlnahânî , ninaham nani ongei,

Nous prenons conge de nos Ilinois fur la fin de Juin , vers les trois heures apres midy , nous nous embarquons à la veuc tous ces peuples , qui admiioient nos jpetits Canots,

a8 lyècouvêrte ddn$

H*en ayans jamais veu de (emblablesj

Nous dei^endons fui vaut le courant de la rivière appellée Pekitanoni , qui fe décharge dans Milïïffipy venant du Nord-Oücft , de ^ laquelle j'ay quelque chofe de confiderable à dire , apres que ^^auray raconté ce que j’ay remarqué fur cette rivière,

Paflànt proche des rochers alîèz hauts , j’y apperceus un Simple qui m’a paru fort ex^ traordinaire fi racine eft femblable à de pe- tits naveaux attachez les uns aux autres par de petits filets qui ont le goûr de carottes, de cette racine fort une feüille large comme la main , épailFe d’un doigt , avec des taches ; au milieu de cette feüille naüTent d’autres feüil- ies toutes fèmblables aux plaçques qui fervent de flambeaux dans nos fales , & chaque feüille porte cinq ou fix fleurs jaunes en forme de clochettes.

Nous trouvâmes quantité de meures auffi grollès que ce lles de France , & un petit fruit que nous prifiiies d’abord pour des olives, mais il avoit le goût ♦d’orange ; & un autre fruit gros comme un œuf de poule , nous le fen- diimes en deux , & il y parut deux feparations , dans chacune defquelles il y a huit ou dix fruits enchaflez , ils ont la figure d’amande & font, fort bons quand ils font meurs , l’arbre nean- moins qui les porte a tres-mauvaife odeur , & feuille rellèmble à celle du noyer. Î1 jfq

P Amérique Septentrionale. trouve auflî dans les prairies un fruit f rnbla-. b'e a des noifèttes, mais plus tendres , les feuilles font fort grandes & viennent d’une ti- ge , au bout de laquelle eft une telle fembla- bie à celle d’un toumefol , dans laquelle tou- tes ces noifettes font proprement arrangées: elles Ibnf fort bonnes cuittes & crues» Comme nous coftoyons des rochers affreux pour leur hauteur & pour leur largeur , nous vilînes fur un de ces rochers deux Monllres en peinture , qui nous firent peur d’abord, & fur lefquels les Sauvages les plus hardis n’ofent ar» relier long-temps les yeux, ils font gros com- me un Veau , ils ont des cornes à la telle cbmlne un Ghevreüil , un regard affreux , deis yeux rouges , une barbe de Tygre , la face a quelque choie de l’homme , le corps couvert d’écaille , la queue fi longue qu’elle fait tout le tour du corps i palïànt par-delfus la telle, & retournant entre les jambes elle fe termine en queue de poilfon ; le verd , le rouge & le noir font les teintes ou les couleurs qui le compolènt: Au relie ces deux Monllres font fi bien peints, que nous ne pouvons pas croire qu’aucun Sau- vage en foit raiitenr , puifque les bons Pein« très en France auroient peine à fi bien fiurc, & d’ailleurs ils font fi haut élevez fur le rOf. cher 5 qu’il eft difficile dy atteindre commo^ dénient pour des Peintres. iÇoinme nous nous eaçrecenion^ ffir ce^

30 Decouverte dans

MonFtres , voguans paifiblement dans une bel- le eau claire 6c donnante , nous entendifn^es le bruit d*un rapide dans lequel nous allions tomber : je n^ay rien veu de plus affreux ; un embarras de gros arbres entiers , de branches , d’Iletes flottantes , fortoienc de Temboucheure de lariviere de PeKitanoni avec tantd impetuo»

fité , qu’on ne pouvdit s’expofer à palier au ^ J taaicationen eftoit

O

travers fans grand danger ;

telle 5 que Teau en eftoit toute boüeufe 6c ne pouvoit s’épuren Pekitanoni eft une riviere conflderable ^ qui venant allez loin du cofté du Nord-Oüeft fe décharge dans Miffiffipy plufieurs Bourgades de Sauvages font placées le long de cette riviere : j’efpere par fon moy faire la découverte de la mer Vermeille ou Golfe de Californiei

Nous jugeons bien pair le Rum de vent que tient le Miflîffipy , que fi elle continue dans k mefine route, qu'elle a fa décharge dans le Gol- fe Mexique.il feroit bien avantageux de trou- ver la riviere qui va à la mer du Sud vers la 6c c’eft 5 comme j’ay dit , ce que er parla PeKitanoni,fuivant rapport que m’en ont kit les Sauvages , :juels j’ay appris qifen remontant ccrte ri- re pendant cinq ou fix journées , on trou- une belle prairie de vingt ou trente lieues de long J il faut la traverfer allant au Nord- Oüeft * elle fe termine à une petite riviere fur

VArnerîquè Septentrionale, 31 laquelle on peut s'embarquer , n’eftant pas dif- ficile de tranlporcer ies canots par un auïli beau pais que ^ette pcanieiCettc fécondé rivière a fo:. cours vers le >ur-.Oüeft pendant dix ou quinze lieues , apres quoy elle entr dans un petit Lac ^ qui eil la lource d’une autre riviere profonde , laquelle va au couchant , elle fe jette dans la mer. Je ne doute point que ce ne ibit la mer Vermeille , & je ne defèfperepas d’en faire- un jour la découverte ^ fi Dieu m’eu fait la grâce îSc me donne la fànté , afin de pouvoir publier l’Evangile à tous les peuples de ce nouveau monde, qui ont croupy fi long- temps dans les tenebres de l’Infidélité. Repre- nons noftre route ^ apres nous eftre échapez comme nous pûmes du danger d’eftre emportez par ce rapide ou torrent*

Apres avoir fait environ vingt lieues au Sud, & un peu moins au SuJ-Eft,nous nous trouvons à une riviere apéllée Ouabouficigou, dont l’em- boùcbeure eft au 36 degré de latitude. Avant que d’y arriver nous pafibns par un lieu redouta- ble aux Sauvages, parce qu’ils e (liment qinï y a un Manitou , c’eft à dire un Démon , qui dévoré les paflèins ; & c’eft dequoy nous me-» nacoient le^ Sauvages qui nous vouloient dé^ tourner de npftre entreprifè. Voicy ce Démon ; C’eft une petite ance de rochers,haute de vingt pieds , décharge tout le courant ^de la çiviere , lequel eftaut repoullé contre celui qui

31 Tikotivefte dans

le fuit J & arrcfté par une Ifle qui eft prochéj' l’eau eft contrainte de paflèr par un petit canal* ce qui ne le fait pas fans un furieux combat de toutes ces eaues qui rebroiillènt les unes fur ^es autres , & lans un grand tintamarre , qui donne la terreur aux Sauvages qui craignent tout ^ mais cela n'empelche pas de palier arriver à Ouaboufkigou* Cette riviere vient des Terres du Levant , (ont les peuples qifon appelle ChiioUanons en li grand nombre^ qif en im quartier on compte jufques à vingt, trois Villages 6c quinze en un autre , aflez prés les - uns des autres ^ Ils ne font nullement guer- riers , ce font peuples que les Iroquois vont chercher pour leur faire la guerre fans aucun fujet ; & parce que ces pauvres gens ne fça- vent pas fe défendre , ils fe lailïent prendré & emmener comme des troupeaux , & iiinocens qu'ils font, ils nelailfent pas de fontir la barbarie des Iroquois , qui les brû- lent cruellement.

Un peu au-dellus de cette riviere dont je viens de parler font des Falailes , nos Fran- çois ont apperceii une Mine de fer qu'ils ju- gent tres-abondante.

Il y en a plufieiirs veines , & un litd’im piect de hauteur : on çn voit de grands morceaux liés avec des cailloux* Il s'y trouve d’une ter- de trois fortes de couleurs , de pour- s>lette & rouge, l'eau dans laquelle ôm

U

1*

t Amérique Septerltrionale. 5^ iaVe prend la couleur de langi II y a aullï d’un feble rouge fort pefant ^ )’en mi? fur un aviron qui ’en prit la couleur li fortement que l’eau ne la pût effacer pendant quinze jours que je m’en ièrvois pourmagei%

C’eft icy nous commençons à voir des cannes , ou gros rofeaux , qui iônt fiir le bord de la riviere j elles Ont un verd fort agréable , tous les nœuds font couronnez de fetUlles lon- gues., étroites & pointues î elles font fort hau- tes, & en li grande quantité que les Bœufs fauvages ont peine à les forcer.

Jn^ues à prefont nous n’avons point efté incommodez des Maringoüins , mais nous en- trons comme dans leur païs 5 voici ce que font les Sauvages de ces quartiers pour s’en dé- fendrejîllsélevent un échafaut quin’eftquede perches, &■ par confeqnent peu fermé & à jour* afin que la fumée paffe au travers faifànt d«. feu delïùs & chaffe ces petits animaux qui ne la peuvent foufïrir ; on fo couche for les per- ches , au-defliis defquelles font des écorces étendues contre la plu^e , & l’échafaut leur fort cofitre les chaleurs exceffives & infupportables de ce pays j car on s’y met à l’ombre à l’efta- I ge d embas , & on s y garencit des rayons du Soleil prenant le frais du vent , qui paffe li- brement au travers de cet échafeuti

Dans le mefme delTèin nous fufines con- trains de faire fur l’eau une efpec# de Cabane

c

Découverte dans

avec nôs voiles pour nous mettre à couvert <îes Maringouins & des rayons du Soleil. Comme nous nous laiffons aller en cet eftat au gré de l’eau, nous apperceufines à terre des Sauvages ^ armez de fuzils , avec lefquels ils nous atten- doient ; je leur prelèntay d'abord mon Calumet empanaché, pendant que no^ François fc met- tent en delFenfe , & attendoient à tirer que les Sauvages euffent fait la première defeharge ; je leur parlai en Huron,mais ils ne répondirent pas un mot , ce qui me parut nous déclarer la guer- re j ils avoient neantmoins autant de peur que nous , & ce que nous prenions pour fignal de guerre eftoit une invitation qu’ils faifoient de nous approcher pour nous donner à manger. Nous débarquons donc & mous entrons dans leurs cabannes ils nous prefentent du boeuf làuvage & l’huile d’Ours , avec des pru- nes blanches , qui font excellentes -, ils ont des fuzils, des haches , & des hoües , des coufteaux, de la rafade , des bouteilles de verre double, ils mettent leur poudre -, Ils ont les cheveux longs & fe marquent à la façon des Iroquoisj les femmes font veftuës & coiffées comme 3es Hurones ; ils nous afleurent qu’il n’y a plus ejue dix journées jufquesàla mer , qu'ils achetoienr les eftofE'S des Europeans quieftoient du cofte de l’Eft J que les Europeans avoient des Images & des Chapelets , qu’ils joüoient des itiflru- m’ents , qu’il y en avoit de fûts comme moy ,

t Ametlque Septentrionale. 35 & qu’iis en eftoijent bien receus : cependane je ne vis perfbnne qui me paruft avoir receu autüne inftrudion pour la Foy , je leurenrdon- nay ce que je pus avec quelques Médaillés.

Ces nouvelles nous animèrent & nous firent prendre l’aviron avec une nouvelle ardeur. Nous avançons donc & nous ne voyons plus tant de prairies , parce que les deux coftez de la riviere font bordez de hauts bois ; le$ ormes , les cottonniers & les bois blancs y font admirables pour leur grollèur & hauteur : la quantité de boeufs fauvages que nous en- tendions inetigler nous fit croire que les prai- ries font proches ; nous voyons auffi des Cail- les llir le bord de Peau ; nous avons tué un pe- tit perroquet qui avoir la moitié delà telle rou., ged’autre moitié & le col jaune, & t-outle corps verd. Nous elliona delcendus proche de degrez d’élévation , allant prefque toujours vers le Sud , quand nous apperceufines*un Vil- lage fur le bord de Peau nommé M itchigameaj Nous eufines recours à noftre Patronne & à noftre Conduélrice la Sainte Vierge immacu- lée , & nous avions bien befoin de fon alïi-^ fiance ; car nous enténdifmes de loin les San- vages qui s animoicnc au combat pat* leurs crii continuels ils eftoieht armez d’arcs , de flè- ches 3 de mallües ^ de haches & de boucliers^ ils fe mirent en eftat de nous attaquer par terre & par eau , twie partie s’çnfbarquent

C ij

Découverte dam

de gmnds canots de bois , les uns pour moni ter la riviere, les autres pour la defcendre^ afin de nous couper chemin & nous envelop- per de toutes parts ^ ceux qui eftoient à terre alloient & venoient comme pour commencer 4’attaque ; en effet deux jeunes hommes le jc^ tent à Teau pour fe venir fàifir de mon canot, mais le courant de l’eau les ayant contraint de reprendre terre, Tun d’eux nous jetta . maiîiië qui paffà par ddîiis nous . làns nous toucher ; j’avois beau leur montrer le Calumet & leur faire ligne on gefte que nous ne ve- îiions pas en guerre , rallarme continuoit toû- jours , & ron fe préparait déjà à nous percer de flèches de toutes parts , quand Dieu tou- cha foudainement les cceiirs des Vieillards qui eftoient fur le bord de l’eau , fans doute par îa veuc de noftre Calumet qu’ils ifavoient pas bi n reconnu de loin , mais comme je ne cef- Ibis de* le faire paroiftre ils en furent touchez &: arrefterent fardeur de leur jeiineflè , & mef. me deux de ces Anciens ayant jetté dans noftre Canot comme à nos pieds leurs arcs & leurs car- quois pour nous mettre en affurance^ils y entrè- rent & nous firent approcher de terre, oûnous debarquafmes , non pas làns crainte de noftre part, il fallut au commencement parler par geftes, parce que perlbnnen’entendoicrien des lix. langues que je fçavois. Il fe trouva enfin lVf\ Vieillard quiparloit un peu Jlinois 5

f Apfierique Septentrionale^ 3^

îeur fifines paroiftre par nos prefèns que nous allions à la mer : Ils entendirent bien ce que lions leur voulions dire , mais je ne fçay s'ils conceurent ce que je leur difois de Dieu & des cbofes de leur falut , c’eft une femence jettée en terre qui frudifiera en fpn temps. Nous n’eufines point d’autre réponfè, finon que nous apprendrions tout ce que nous demandions en un grand Village nommée AKamfca,qui n’eftoit qu’à huit ou dix lieues plus bas : Ils nous preiènterent de la fàgamité & du poilibn , & nous palîàfines la huit chez eux avec affez d’in- quiétudes.

Nous nous embarquâmes le lendemain de grand matin avec noftre Interprété, un Canot eftoient dix Sauvages alloient un peu de- vant nous, Eftans arrivez à une demie lieue de AKamfca , nous vifines paroiftre deux Ca- nots qui venoient au devant de nous : celuy qui y commandoit eftoit debout , tenant en main le Calumet , duquel il faifoit plufieurs geftes félon la couftume du pays ; il vint nous joindre en chantant agréablement &nous don- na à fumer , apres quoy il nous donna de la fàgamité, & du pain fait de bled d’Inde , dont nous mangeafines un peu , enfuite il prit le devant , & nous ayant fait figne de venir dou- cement apres luy, On nous avoir préparé une place fur l’échaffàtit du Chef des Guerriers ^ il eftoit fort propre ^ tapilfé de belles natt^

Découverte dans

de joncs fur lefquelles on nous fit afieoir ^ ayant autour de nous les Anciens , qui eftoient les plus proches apres les Guerriers, & enfuite tout le peuple en foule ; Nous trouvahnes par bonheur un jeûné homme qui enten- doit l’ilinois beaucoup mieux que riïiterprete que nous avions amené de Mitehigamea ; ce fut par fon moyen que je parlay d’abord à toute cette aflèmblée par les prefèns ordinai-. res : ils admiroient ce que je léur difbis de Dieu & des Myfteres de noftre fàinte Foy , ils failbient paroiftre un grand défit* de nous rete- nir avec eux pour les pouvoir inftruire.

Nous leur demandafmes enfuite ce qu’ils fçavoientde la mer , ils nous répondirent, que nous n’en eftions qu’à dix journées : que nous aurions pu faire ce chemin en cinq jours : qu’ils ne çonnoiflbient pas les Nations qui riiabitoient , à caufe que leurs Ennemis les empefehoient d’avoir commerce avec ces Eu- ropeans ; que les haches , coufteaux , rafades que nous voyons leurs eftoient vendus en par^ tie par des Nations de TEft , & en partie par une Bourgade dllinois placée à l’Oüeft , à quatre journées de ; ces Sauvages que nous avons rencontré qui avoient des fufils , eftoient leurs ennemis ,lefquels leur fermoienc le paflage de la mer , & les empefehoient d a^ voir connoiflance des Europeans , & d’avoir avec eux aucun commerce \ qu’au refte nous

t Amérique Septêntriofiak. 39

hôus expofions beaucoup de pafler plus outre,à caufe des courfès continuelles que leurs enne- mis font fur la riviere ^ qu ils courent conti- nuellement*

Pendant cet entretien on nous apportoit continuellement à manger dans de grands plats de bois , tantoft de la fàgamité , tantoft du bled entier , tantoft d’un morceau de chien ; toute la journée fe palîa en femblables feftins*

Ces peuples font allez officieux & liberaux de ce qu’ils ont , mais ils font mifèrables pour le vivre ^ n'ofans aller à la challè des Bœufs fauvages à caufe de leurs ennemis* Il cft vray qu’ils ont le bled dinde en abondan- ce 5 qu’ils fement en toute faifon ; nous en vifines en mefiTie temps qui eftoient en matu- rité^ d’autres qui ne faifbient que poullèr, & d’autres qui eftoient en lait 5 de forte qu’ils fement trois fois Tan : ils le font cuire dans de grands pots de terre qui font bien faits ; ils ont aum des affiettes de terre . cuite donc ils fc fervent à divers ufages. Les hommes vont nuds, portent les cheveux courts , ont le nez & les oreilles percez pour y mettre de la rallàde ; les femmes font veftues de mé- chantes peaux, nolient leurs cheveux en deux trefles qu’elles jettent derrière leurs oreilles , A: n’ont aucune rareté pour fo parer : Leurs feftins font fans nulle ceremonie , ils prefèp- fent aux invitez de grands plats dont chacun

40 ï)è couverte dans

lïiange à difcretion , & fe donnent les refte^ les uns aux autres : leur langue eft extrême-^ ment difficile , & je ne pouvois venir à boifè d’en prononcer aucun mot , quelque efi- fort que je pulïe faire : leurs Cabanes ^ qui font faites d’écorce , font longues & larges 5 ils couchent aux deux bouts , élevez de deux pieds de terre 5 ils ÿ gardent leur bled dails de grands paniers faits de cannes 3 ou dans des bourdes groiîès comme des demy bari- ques.

Ils ne feavent ce que c’eft que le Caftordeurs richefles confident en peaux de Bœufs fauvagess Ils ne voyent jamais de neige chez eux , & ne connoiflent THyver que par les pluyes , qui y tombent plus fouvent qu’en Efté : Nous n’y avons point mangé d’autres fruits que des me- lons d’eau \ s’ils fçavoient cultiver leur terre, ils en aurpient de toüte forte.

Le foir les Anciens firent un Confeil fecret, dans le defiéin que quelques-uns avoient de nous cafièr la tefte pour nous piller ^ mais le Chef rompit toutes ces menées , il nous en-* voya quérir pour marque d’une parfaite affii- rance , il danfa le Calumet devant nous de la façon que j’ay deferit cy-ddîlis , & pour nous ofter toute crainte il m’en fît prefent.

Nous fifines Monfieur Joliet &moy un au- tre confeil pour délibérer fur ce que nous aurions à faire j fi nous pafTerions outre , ou fi nous

noLi^

^ Amérique Septentrionale. ^s.t

nous contenterions de la delcouyerté qüe nous avions faite i

Après avoir attentivenaent confideré que nous n’eftions pas loin du Golfe Mexique, dont le baflîn eftant à la hauteur de 31 de- gré ^o minuttes, nous ne pouvions pas en eftrô efloignez plus de deux ou trois journées , qu’in^ dubitabiement la riviere de Miffiffipi avoir fa defcharge dans la Floride au Golfe Mexique & non pas du collé de l'Eft dans la VirHnie dont le bord de la mer eft à 34 degrez que nous avons paffé fans eftre encore néant- moins arrives: à la mer, ny auffi du collé rOüell à la Californie , poutee que nous de- vions pour cela avoir nollre route à l’Otieft ou à 1 Oüell-Sud-Oüell, & nous l’avions toû- joiirS- au Sud. Nous confiderafines de plus que nous nous expoferions à perdre le fruit de nollre voyage , duquel nous ne pourrions donner aucune connoilïànce , fi nous allions nous jetter entre les mains des Efpagnols , qui lans doute nous auroient du moins retenus pri- fonniers} outre cela nous voyions bien que nous nellions pas en ellat de refiller à des Sau- vages alliez des Europeans , nornbreux & ex- perts à tirer du fuzil, & qui infeftoient conti. nuellement le bas de cette rivierejqu’enfin nous avions^pris toutes les connoilîànces qu’on peut fouhaitter dans cette découverte, foutes ces raifons nous firent conclure pour le retour qujF

D

^.1 Decouverte dam

nous declarafines aux Sauvages , & pour le- quel nous nous preparafines après un jour de repos, ^

Apres un mois de navigation, en defcen- ' dant fur Miffiflipi depuis le 24 degré jufques au 34 , & plus , & après avoir publié l’E- vangile autant que j ’ay aux Nations que j’ay rencontré , nous partons le dix- lept Juillet du Village des AKamfca pour retourner fur nos pas. Nons remontons donc le Miffiflipi, qui nous donne bien de la peine à remonter (es courans ; il eft vray que nous le quittons vers le 58 degré pour entrer dans une autre rivière qui nous abrégé de beaucoup le che- min, & nous conduit avec peu de peine dans le Lac des Ilinois.

Nous n’avons» rien veu defemblable à cet- te riviere nous entrons , pour la bonté des terres , des prairies , des bois , des Bœufs, des Cerfs, des Chevreüils , des Chats fauvages, des Outardes , des Cygnes , des Canards , des Perroquets & mefmes des Caftors ; il y a quantité de petits Lacs & de petites rivières. Celle fur laquelle nous navigeons eft large & profonde, paifible pendant Ibixante-cinq lieües; le Printemps & une partie de l’Efté on nefait de tranfport que pendant une demie lieue. Nous y trouvâmes une Bourgade d’ilinois nommée KurlKa,compofé defoixante quatorze Cabanes -, ils nous y ont très bien receus , & ils m’ont

/" Amérique Septentrionale. 43

obligé de leur promeccre que j"y retôurnerois pour les inftruire. Un des Chefs de cette Na- tion avec la jeuneiîè nous eft venu conduire jufques au Lac des Ihnois , doi\ enfin nous nous fommes rendus dans la ^ Baye des Puants fur la fin du mois de Septembre d’oti nous eftions partis vers le commencement du mois de Juin.

Quand tout le Voyage n’auroit valu que le filuc d'une ame, j^eilimerois toutes mes pei- nes bien recompenfées , Sc c*eft ce quej'ay fujet de préfumer ; car lorfque je recournois nous paflames par les liinois de Peroüacca , je fus trois jours à leur publier les myfteres de noftre Foy dans toutes leurs Cabannes , apres quoy comme nous nous embarquions, on m'ap- porta au bord de Peau un enfant moribond que je baptifay un peu avant qu'il mouruft ^ par une providence admirable, pour ic làluc de cette ame innocente.

F I N.

\ EXPLICATION DE LA CARTE DE LA DEcOWERTE DE LA TERRE D’IELMER K j au de-U de la Nouvelle Zemhle , & des routes four faffcr far le Nort *

au Jaf on , À la chine, ^ aux Indes Orientales,

t

H , U T ut les deux routes de la Navigation des Indes Orientales par le Cap de bonne Efperance par les I ' Détroits qui font au bout de l’Amerique Méridionale, les Hollandois ont tenté celle de Waygats & de 1 5*. A'iglois celle des Détroits de Davis , & d'Hudfon par le Nordoeft. Les

ho landois eftoient rebutez de leur colle , orfque Cornelis lelmerfen Kok , ayant trouvé la mer ouverte au delà de la pointe la plus Orientale de la nouvelle Zemble marquée L , il s’hazarda d’y naviger , & reconnut la colle J de la Terre-ferme^ qui refuyoït au Sureft jufques au 75. degré , marquée M, qu’il nomma Terre d’ielmer Il Les Entrepreneurs de cette Découverte y envoyerrent d’autres Vailfeanx l'année 1669. ds me parlèrent de leur deflein de palier par au Nort des Terres d’Iezo , que j’ay décrites dans mon premier Volume , 8c qui font marquées dans cette Carte par les lettres D, B , G , I j ôc d’encrer par le Détroit de UriesI dans les Mers du Japon & de la Chine.

Feu Monfieur de Wit Penfionnaire d’Hollànde elloit perfuade, que le palTage feroit plus facile en s’élèvent jufques fous le Pôle ; fa raifon elloit, que par leSi, & 8}. degré l’on avoir des herbes & des animaux , qui paiuènc fur les coftes de Spitzbergue , Ôc que ces quartiers eftans pins temperez que les codes de la nouvelle Zemble , on poiirroit éviter par les glaces , qui font caufes des grands froid, quel’on y foufFre , 8c qui ont toû- jours empêché le bon fuccez de ces entreprifes : mais je n’ay jamais feavoir de luy comment il prétendoit que Ion s y put fervir de la BoulTolle : car fous le Pôle la BoulTolle ne marque que le Sud 8c le Nord , 8c la ma- niéré de fçavoir 1 EU 8c 1 Oeil par les horloges , 8c la vcué du Soleil é(l trop incertaine pour y bazarder la vie de tout un équipage, 8c le fuccez d’une /emblable eritreprife.

-UM

V O Y A O E

D' ü K

i AMB ASSADEVR

QjJ E

AeTMAR DE moscovîe;

ENVOYA PAR TERRE

A L A CHINE

l’ A N N E*E 1653.

Et ^ Ambaflàdeur partit de la Ville de Tobol en Syberie au mois Mars 1^53 3 ctpres quatre femaines & trois jours de navigation fur la rivière ^ Irtis , qui fe rend dans TObi , il arri- va à la Ville de Tara le ving-fèpticmejiiillec: il eh partit le premier A oiift, & arriva le dix- feptiéme Septembre à Belou Today , c’efl: à di- re aux Eaüés Blanches j il y fut quatre femai-

^ Il s’^appelloit Saedor JacoyVhs potcoof» ^ Bile sjî mat placée ditn^ quelqtiss

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nei pôur attendre des Guides & des beftés fomme que le Prince Ablai luy devoir four- nir. -U enVpartit le quinze Octobre avec cin- quante Chevaux éc quarante Chameaux que ce Prince luy avoir envoyés ; Apres huit jours de marche il arriva à un lieu nommé Calbafin ; il ji’y trouva qu’une grande maifon prelque rui- née : de il fut à LouKaragay , qui en eft à deux journées, il gagna après les hors de la petite fiviere HenKutia,qui eft à une journée de Lou- Karagay ; elle vient d’entre des Rochers , & Ce va perdre dans l’Irtis. A main droite en remon- tant la riviere Irtis, eft l’habitation d’un ^ Laba, ou Preftre KalmucK , qui a quelques mailbns de pierre liir l’autre rive de l’Irtis. Ce Laba vit de la culture de la terre , il a à fon fer- vice des Buchares : l’on cultive en cét en droit du bled , de l’orge , du millet Sc d’autres grains.

Le zi ^ Novembre l’Ambaftàdeur arriva à la réfidence du Prince' A blay : Ses Sujets de- meurent fous des huttes bâties de brique,ils ont toutes fortes de beftiaux & de grains. Ce Prince fiifoit donner tous les mois à l’Am- baflàdeur , & à ceux de fuite , pendant qu’ils furent , trente ^ Kaepen de bled & d’orge ,

^ Peut-eflre

^ ou> 'Décembre , félon les \u>(fes.

S eft m foiàs de ftaranre livres.

tînq Kaepcn de farine de froment moutons & dix chevreaux,

Lb z7 le Prince envoya fbn Frere vers 1* ballàdenr , pour voir les prefens duTzaar ou Grand Duc de Molcovie*

JLe 27 Décembre l’Ambailàdcnr fut porter au Prince Ablai les prefens de Sa Majefté T2saarienne > il demeura deux jours àfà Cour, & apres avoir paffé quatre mois & dix jours, dans fes Eftats^il prit avec luy fon Ambairadeur & ils arrivèrent enfemble le troifléme Avril ^ apres douze jours démarché , à une petite rU viçre nommée BefKa^qui prend fa fouice en- tre des rocbers & va fe perdre dans flrtis. Le Prince Ablai fait cultiver la terre proche de cette riviere , & il y a meime fait bâtir quel- ques maifons de pierre par des Ouvriers que le Grand Chain luy a envoyez du Cathay,

Le trentième Janvier rAmbalIadeur quitta le Prince Ablai pour continuer fon voyage 5^ ëc apres qi^torze jours de marche il arriva à*, la réfidence du Prince Kol. A quatre jour- nées de eft une petire ville nommée Kol ^ oii il ne remarqua que deux maifons baftie^ de briques habitées pat de^ Prefties Kak

mUGKS,

A cinq journées de la Ville de Kol eft le grand Laç, nommé en langue Kahnuque ^ Kiûl-.

Le Pais ^ort^ hUâ ^ àu> \ des pois ^ autres

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bas ; la riviere Irtis le traverfe. Apres que rAmbaflàdeur eut marche huit jours au-delà de ce Lac , le longderirtis ^ il entra dans les Terres d’un f Taitla Mogpl.

Deux jours apres il arriva au Pays duTaitfa IrdeKulu , qui demeure avec fes Sujets fous des tentes dreifées le long de Tlrtis : Apres fept jours de marche , toujours entre des Ro- 'çhers , il entra dans le païs d’un Taitfi KaR rnucK appelé SnruKtaKon^,oû la riviere Irtis prend fon origine , à un lieu nommé Bulugam , qui eft la réfidençe de ce Taitlà. De aux Terres du Taicfa Sudbiligenia Mogol , il y a vingt-deux journées de chemin , qui fe fait par des montagnes fort hautes. Le Païs qui dépend du Taitia Semfi , auffi Mogol en eft à huit journées de chemin ; il y a trois autres journés de jufqiies aux Terres du dernier Taitfa Mo- gol 5 nommé Dobrona : car du Païs que pof- îede ce Prince , jufques aux frontières du Ca- thay , il ne refte que quinze journées de chemin<.

Tous ces Princes KalrpucKs & Mogols ha- bitent fous des tentes qu’ils tranfportent ça Sc quand ils veulent changer de demeure.

L’AmbalPideur employa deux mois à aller, depuis les frontières du Cathay jufques à h

^ Taitfa , en Prince. Vay parlé à

Mofco à un Prince Kalmuci^ appelle Taitfa AÜadois. ë Dans C Original Mofcoy lie larda^ula^

^ Surate dans V original Mofco vtte^

ville de KoKotam , qui eft la première des Vilks ^ui rencontre de ce cofte ; il fouflfrit dans ce chemin de montagnes très hantes , tenues parles Mogols & par les KalmucKS , de gran- des incommoditez ; il fut meftne contraint de s’arrefter des deux ou trois {emaincs en quel- ques endroits faute de vivres & d*eau qu’il faU loit porter pendant le voyage. Comme TAm- balîàdeur fut à dix journées au deçà de Ko- Kotam, ir fit fçivpir fon arrivée au Gou- verneur afin qu’il luy envoyaft des vivres & des chevaux , fuivant la. coutume de la Chine ; mais le Gouverneur s’en exeufà , fur ce qu’il n’en avoir aucun ordre du g Grand Cham fon Maî- tre j rAmbaiïâdeur ne lailïa pas depalïeroih îre , apres avoir demeuré huit jours à Koicotam, il en partit le 21 Janvier avec deux Mandarins que le Gouverneur Iiiy donna pour le conduire à la Ville Capitale du Cathay nommée Canr*^ balu. ^ '

La Ville de Kokotam eft fermée d’une mu^ raille faite de terre Sc flanquée de tours de brique ; il y en a fix plus grolïès que les au- tres , dans lefquelles font percées les portes de la Ville , fermées chacune de deux battans de bois de chefhe , couvers de plac ques ^e fer,

8 Le Prince Alâaàois m'a dit y que le Grand Cham ejl maintenant Maiflre de la Chine > appelle Mu^aly par tous les Tartares > 0* Mogols »

9 Ü)

L’Amhaflàdeur ne remarqua aucune piece d’arJ lillerie fur ces tours ny aux coftezdes fix portes de la Ville. Il vit dehors & dedans la Ville plufieurs Pagodes baftis de briques vernies, comme auffi quantité de boutiques bafties de pierre , fur le derrière defquelles les marchands font logez. Tout le trafic te fait en Lalas *», qui valent un peu plus de trois onces d’argent fin : Jes petites denrées fe troquent contre le tabac & le thé. Ces boutiques eftoient fournies' de toutes fortes d’étoffes defoye, de Damas, de Satins , de taffetas , de toiles de cotton teintes de diverfcs couleurs &c.

La terre y produit toutes fortes de grains , 6c les Forets les fournilfent de bois,

L Ambaflàdeur partit de Kokotam le ii Jan- vier pour aller à la Ville de Kapty qui en eft a douze journées , c’eft la fécondé Ville du Cathay qu’il rencontra fur fa route. Plufieurs Princes Mogols qui ont fecoüé le joug d’au- tres Princes de leur Nation , & qui fo font en- gagez au fervice du Grand Cham , campent dans l’efpace du pays qui eft entre ces deux Villes J ils n’ont point de demeure arreftée, non plus que les autres Princes de leur Nation.

L’Ambaffadeur eftant donc arrivé le dix Février proche la Ville de Kapty , il fit fça- voir au Gouverneur venue & luy fit deman-, der dçs vivres ^ dçs bçftes de Comme j il s’ex-.

cufa fur ce qu’il n’en avoir point d’ordre du Grand Chain Ton Maiftre, & qn’il en écriroir à la Cour. ^

La Ville de Kapty eft entre ces hautes ro- ches fur lefquelles la muraille de la Chine eft élevée^ cette muraille eft bâtie de pierre , elle a trois brallès de haut & la moitié autant de lar- ge ; elle eft défendue & flanquée par des tours de bricque éloignées de plus de cent braflès leé uns des autres ; en quelques endroits les tours font fur la muraille^ en d’autres il s’en faut dix braflès qu’elles ne touchent à la muraille elle s’étend depuis la Ville de Suktfey croift la Rhubarbe , jufques fur le bord de la Mer , à ce que me dirent les Katayens j les Bûchâ- tes , & les Kalmucks.

Dix jours apres que le Gouverneur eut écrit au Grand Cham fur le fujet de l’Ambaflâdeur , lordie vint de luy donner les chofes dont il auroit belbin. Il partit de Kapty le 21 Février avec deux Mandarins envoyez par le Grand Cham pour le conduire à ^ Cambalu , il arriva apres fept jours de marche , dans cette marche il paflà par dix-huiP Villes bafties de pierre ou de bricque;il y vit peu d’armes à feu, mais feulement quelques petits canons de fer, quelques Ibldats avec des fuzils & des picaues / il y remarqua des ponts de pierre bâtîs fort proprement.

^ ‘l^ans la v^rjîon L^tim Gaumt»^

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Lès gens de quelque confideration ont un ou deux valets qui les fuivent 3c qui leur por- tent un parafol ou un bafton doré , mais les Gouverneurs , les Princes & les Gens de mar- que vont en litières portées par quatre ou par huit porteurs : Ton crie devant eux nem toec ^ c’eft à dire. Attendez un peui Le troifiéme Mars i656.PAmbâiIàdenr eftant arrivé à une Wurft ou demie de la Villë de Cambalu Càpitale du Cathay, deux Man- darins Ty vinrent recevoir , Tun eftoit Tartare 3c Pautre Chinois ^ tous deux Prefidens du pre- mier T ribunal de ia Chine Jls conduihrént d’a- bord T Amballàdëiir dans. un Pagode, ils luy firent fervir du Café & du Thé. Leurs Pagodes font bâtis à Thohneur & à la mémoire de leur Talemana, qui vivoit anciennement dans ce Pa= gade , & qui pafle auprès d’eux pour leur Dieu. Apres ce fegale les deux Mandarins ebmman- iferent à l’Ambafladeur de le mettre à genoux^ & d’incliner la telle devant le Pagode , luy di- fant inclinez-vous devant noftrè Roy \ l’Am- ballàdeur refufa de le faire , & leur dit que ce ii’eftoit pas coutume en fon pais de s’in- cliner de la forte & de fe mettre à genoux ayant le bonnet fur la telle. Us prefenterent à l’AmbalTadeur du Thé boüilly avec du beurre dulaiél de vache,lui difantque cette boiiron luy téoit envoyée de la parc du Roi;L’ Ambaffadeur

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eiir dît , qu'il éftoit Carefiiie ^ & que félon fa Religion il ne pouvoit pas boire.

ï. Ainballàdeur reniarqua fous la première porte de la V ille de Gambalu ^ il païlà, trois petits Canons de fonce longs d’une aune dc demie : Il en vit encore deux autres de mcfme longueur un peu plus avant dans la Ville* Apres avoir marché plus de trois Wnrft dans la Ville ^ il arriva a la maifoii qu on luy avoic préparée ^ elle n’avôit que deux chambres, elles eftoient tendues de tapis faits de racines d’herbes.

Pendant que rAmbairadeur fut en la Ville de Çambalu j Ton luy donnoit tous les jours par Tordre du grand Chàm , pour nourritu« re, un mouton^ deux poilîons, trois plats de fiirine , prés d’une livre de Thé , deux plats ris ^ & environ une pinte d’eaü de vie* Pour fès gens ^ ils avoient de la chair de boeuf, chacun du ris , & deux tailees d’eau de vie.

Le quatrième Mars le Confeil envoya quérir les prelens du Tzaar ; rAmbalîàdeur refufa de les donner , & dit que. l’on n en ufoic pas ainfi dans Cour , que Ton n'y donnoit les Let- tres ny les prefens qu’au Prince mefîiie , au temps de l’ Audiance ^ & que le Grand Charn ne la luy pouvoit pas refufet. Ces Envoyer répondirent, que fi cette coutume fegardoità- la Cour du Tzaar , il n'en eftoit pas de mefme en celle du Cathay ^ qu'un Prince ne pouvoir

pas prétendre d'établir des loix dans lés Etats des antres , & enfin qu ils eftoient envoyez pour apporter les prefens. Le refus que l’Am- balladeur fit de les donner n’empefcha pas que ces gens ne les emportallent ; ils dirent à T Am- baflàdeur , que le Grand Cham lui donneroit audiance , 6c qu il luy prelèntcroit luy-mefme la Lettre du Tzaar. Cliques jours s'eftant palfez 5 Ton vint quérir rAmbafiàdeur pour aller prefenter la Lettre du Tzaar au Confeil, ce qu il refufa encore ^ il ajouta , quil cftoit envoyé au Grand Cham , & non à Ton Conftil.

L'on mit après rAmbafiàdeur dans une au- tre maifon , ou il y avoir quatre chambres femblables à celles de fon premier logement*

Le dixiéme Ton envoya quérir par diverfes fois rAmbafladeurpour aller au Confeil pre- jfenter la Lettre du Tzaar : Il continua dans fon premier refus ; que cela eftoit contre fon or- dre ^ 6c qu'il ne s^'en pourroit jamais juftifier auprès du Tzaar fon Maiftre. Quelques jours après Ton rapporta à rAmbafiàdeur fes pre- ftns , à caufe , difoient-ils , quil ne s eftoit pas voulu mettre à genoux , Sc qu il n avoir pas voulu prefenter au Confeil la Lettre du Tzaar: Ils ajoutèrent, que non feulement les Anibalîàdeurs étrangers ne voy oient point rEmpereur de la Chine , mais que les Chi- nois mefines fes Sujets ne le voyoient point, êc qifil ny avoic queles principaux Seigneurs

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^ païs qui lepûflènt voir*

Je ne fçaurois dite au jufteçomment la Ville Cambalu eft grancfe , parce que 1 on nenous permit pas ^ de fortir de noftre Logis durant lefejour que nousyfifines ; je n’en fçayquece que m’en ont dit les Mogols 3c les Cathayens, qui tiennent qu’elle a quarante wurfts ou huit lieues de large , & autant de long.

Les principales marchandifts qui fe trou- vent à Cambalu font des brocards relevez d’or & de toutes fortes de figures , comme fleurs, dragons , fèrpens & autres ^ f on y fait auflî des fatins , des veîoux., des tapis Sc d’autres étpfîes de Soye ; L'argent , les pierreries & les perles y font apportées du païs ^ de Karatfei , autrement nommé le vieux Cath^y pat ceux du païs : Il y a de Cambalu au païs de îCaratfei deux mois de chemin ; iis difent qifil efl: bien plus grand que le nouveau Cathay, & que Ton trouve beaucoup de fourrures de Marthes Zibelines, de Renards, de Caftors & de Tygres.

Leurs maiïbris font bâties de pierre & cou- vertes de tuiles colorées ; fort petites 8c fort baflès , fi ce n eft le Palais dy Grand Gham s Il eft fort élevé , fpacieux , & peint de diver- fts couleurs , le haut du toiâ: eft doré y cc

TîisU'-hof rna dit que rpn ne dormait aux Mofeo^ %'îte< la hbortc de foriir du logis ^ a caufe de Uurmm*^ ^ai-fe' conduite.

Feut-ejîre I^àfa'katai^

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Palais eft fermé dtme muraille de brigué ou font percées ciiog portes gui ne s*ou- vrent que très rarement , & font toûjoïirs bien gardées par des foldats..^ H eft fermé d un fofîc plein d’eau ^ reveftu de grolîès pier- res , avec un pont auffi de pierre à chaque porté. Proche de chacun de ces ponts eft dref- fée une haute colonne de pierre blanche hau^ te de fix brallès , fiir laquelle font gravez des caraéteres Chinois. Il y a une grande place devant le Palais, les courtifms s'afièmblent trois fois tous les mois pour faire la reveren- ce au Prince.

tes Cathayens feftent toutes les nouvelles lunes., & arborent ce jour -là dans les mes plu- fieurs étendards de Banderolles. Ce jour-là tous' les grands Seigneurs & Officiers de l’Empire viennent richement vêtus dans la place qui eft devant le Pa}ais; ils S'affifent chacun felonfon rang : Apres avoir efté a/Iîs une heure ou envi^ ron,il ffirt du Palais un Officier du Grand Cham, qui leur commande à tous de' sincHner vers le Palais , ce qu ayant fait ils fe raflîfent , en- viron une heure après le mefine ( fficier re- vient Sc tous les aiitres s’inclinent derechef, PO fficier retourne une autre fois, ils s’incli- nent pour une troifiéme fois ; cét Officier leur donne à chacun un billet écrit qu ils reçoivent avec grande fbûmifîîon ; ces Seigneurs oftent apres les habits magnifiques donç ils eftoienç

parez & s^en retournent chez eux : Le Grand Cham a aiiffi vingt-lîx Elephans que Ton a alrcoûcumez à s’incliner devant Iiiy. ^

Les ‘Cathayens affedrent de mettre fur leurs. EabitSjfur les toifts de leur$maiions, leurs Pa- godes,de enfin par tout des reprelen tâtions de Serpens de Dragons,

Leur pais produit toutes forces de faiits en grande abondance 5 ils ont du poivre , du cloud de girofle, de la mufeade , du gingembre , du benjoim ,du thé Sc des ^ Badianes,

La terre y porte a ffi de routes fortes de grains, il y en a mefine d nne efpece que Ton recüeille deux fois 1 année ^ pour du feicrle je n*y en vis points Les rués des Villes du C^^thay font pa- vées de grandes pierres , & ont des deux codez des conduits tombent les immondices des maifbns. 1

Dans le Catliay à ce que me dirent les Ca- shayens , il ify a point d’autre grande riviere que celle nommée Chatul qui vient de la Bu- charie & perd dans la mer. Ils ajoûtent que cette riviere ne palf^ pas loin de la Ville de Cambalu, que les Hdllandois remontent de la mer avec leurs va' fléaux cette riviere , & qtio fbn embouchure eft fort dangereufé pour les vaif féaux. Les gens du pais nous dirent auffi qif il y ^vait à Cambalu un étang dont Beau eft rouge ,

^ C*efi uti efpece fr^h ^ui a ejiê d,écrh. datp, ^

& que Ton y pefche du poilîbn qui paroift de la mefiTie mefme couleui* , mais que la chair ncn eft pas r»uge. Sur le fujet du Grand Cham qdi gouvernoit pour lors la Chine , ils me dirent: quhi eft oit Tartare de Nation , qu'ancienne- ment la Chine eftoit gouvernée par un Roy Chinois, que depuis trente ans les Tartares avoient conquis la Chine, que Dai-Beghamy regnoit lors que les Tartares s*en rendirent les inaiftres ^ qu il pendit de defelpoir , que fon petit-fils luy furvccut, qu’il fut tranfporté par les confiiens du Roy fon grand- pere dans fan^ den Cathay : Le pais ainfi abandonné demeu- ra en proyc aux Tartares qui font toujours gouverné depuis ; il eft refté fort peu de Ca- thayens naturels en la Ville de Cambalu , 5c ceux qui y demeurent font tenus dans un grand efclavage

Tous les Offiders du Grand Cham font Tar^ tares de Nation , tons bien armez ^ les armes au contraire font défendues aux Gachayens , fous de grandes peines.

Les Cathayens, audi bien les hommes que les femmes , font d’une ftature & d’une beauté médiocre. Celle des femmes confifte à avoir le pied petit , elles fo les forment de la forte dés leur jeunelîè ; elles portent des habits courts avec des manches fort larges , ils ont les cheveux épais. L’habit des hommes eft une vefte fort longue , ils la ferment par delfous

le bras gauche avec deux boutons. Les habits du commun peuple fonr de couleur obfcure , n?aisles perlonnes de. qualité en ont de diver- fes couleurs tres-vives. Ils fe couvrent la tefte d'un petit bonnet à Textreinké duquel eft une houppe de foye , en "efté ils ont de petits cha-*. peaux ; les femmes Cathayennes portent leurs cheveux comme les Tartares ; les Cathayens adorent des Idoles faites de terre , de bois &c d'autres matières^ les unes dorées , les autres ar- gentées 5 ou peintes de diverfès couleurs ^ ils les gardent dans leurs Pagodes , ils vont la nuit les adorer , & font brûler devant des chandelles de cire ou de fuif ; leurs cloches dont ils ont - très peu , font de fonte & de fer.

Ils mangen|C de tout indifféremment , des grenouilles , des tortues & des chiens , dont la chair fe vend publiquement dans les boutû c]iies.

Les Tartares font belles , ont le pied de la grandeur ordinaire, & font habillées de mefo me que les femmes Kalmuques , leur habit traifne jufqifà.cerre, les hommes "y font en ge- neral vêtus de noir ou de quelque autre cou^ leur brune , ils ont la mefine croyance & la mefiTie Religion que les Cathayens.

Les grands Seigneurs quand ils marchent par les rués fe font porter un parafol , on les voit accompagnez de pluheurs valets qui ont

chacun à h main un baftbn doré par le bout j une centaine d>imes , plus ou moins félon la qualité de la perfonne , le fuivent, & quand'-il paflè dans une rué tous ceux qui s’y rencon- trent à cheval doivent mettre pied à terre , ô& ne remonter que quand ils l’ont perdu de vcue.

Le bois eft ü rare au Cathay , qu'il en faut pour neuf ou dix fols toutes les fois que l’on veut faire cuire à mangerj

il vient en ce païs-là diverfes Nations é- îrangeres que le traficque y attire , François ^ Hollandois , Efpagnols , Italiens & autres , el- les y ont l’exercice de leur Religion libre i je vis mefmes dans les maifons de quelques uns de ces étrangers des Images de N.S JefusChrift^ de la Vierge , & des Saints j ces gens, ont converti un grand nombre de Cathayens à la Foy Catholique ; ils font établis dans le Cathay depuis plufieurs années , mais les Ca- thayens neFçavent pourtant pas quand ils y font entrez & d’oû ils font venus ; il y a aufïi aii Cathay plufîeurs Perfans qui y exercent libre- ment la Loy Mahometane ; on tient qu’ils y font entrez avec Ta:merlan , comme on le voit par leurs livres*

bu temps que nous eftions là,le grand Cham faifôit la ■> guerre avec le fils de l’Empereur du,

^ Tfota Je croy que c'efi plutofl Inquam , nuqaèl les Tartares faifoient U ^uem pour lors,

Cathay^

Cathay , dernier mort ; mais nous ne pûmes lç§voir s’il gouvernoit le vieux Cathay , quel- ques uns en doutent. ^ ^

L’année i<Jjjle 7. Juillet il arriva à Cambalu une Troupe de 28. Hollandois qui eftoient gartis, à ce que l’on nous dit, de leurs pa'.s avec trois vailFeaux fur chacun defquels il y avoir cent perlbnnes , 1 on adjoûtoit qu’il s’en eftoit perdu deux en chemin , & que des trois ccns^ hommes qui eftoient fur ces vaiflcaux il ne s’en eftoit fauvé que foixante & quinze , dont ces vingt-huit eftoient venus en Ambaflàde vers le grand Chain , que les autres eftoient emeurez fiir le vaillèau ; l’on ne leur permit pas de ibrtir de leur logis pendant qu’ils fu- rent a Cambalu ; c’eft pourquoy nous ne leur j^umes parler. Ces Hollandois envoyèrent à l’AmbalTadeur , comme il eftoit fur le point delbn retour, deux lettres pour Mofcou,» l’u- ne cachetée , l’autre ouverte.

Enfin nous partifmes de la Ville de Cam- balu pour retourner en Molcovie , le qua- Kiéme Septembre {6f6. * nous allafmes d'a- bord à la Ville de Kapty & nous eufmes en- cores plus à foufïrir au retour qu’en ve- nant , parce que l’hyver approchoit & que nous trouvions fort peu de vivres & de fourrages

parle d4ns fa Relation de l'Arnhafade des mUandots à U Chi,u , qui eft dans la troifiéme Partit dti^ %tcuetl ' ' -

* I année che^ les 'Ruffes commence atê mois [de Septem» bre^ la TraiuÙion Latine 71 ^

C

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fur les chemins ; la plufpart de nos chameaux & de nos chevaux moururent de faim & de foif , ou demeurèrent enfèvelis dans la neige j de forte que nous fumes contraints d’en achep- ter d'autres fort chèrement. Les Catayens nous avoient rnarqué un autre chemin que ce- luy que nous avions fuivi en venant , entre le pais des Mogols & ccluy des Bucares : Enfin apres avoir foufFèrt mille incommoditez , nous arrivafmes au païs du Prince Ablay après fix mois de marche le trente-uniéme Juin de 1 an» liée 1656 5 Ôc de à la Ville de Tobol- Nous avons employé trois ans ôc cinq mois dans noftre voyage,

F I N.

Extrait da Privilège du

PA R grâce &: Privilège du Roy , donné à Paris k huitième juin i66i. Il eft permis a Gi&akD; Garnier de faire imprimer un Xecuetl de druerfes Relations Vojages cuneux, contenant en un ou plufieurs volumes, conjointement ou feparément , pen- dant le temps de vingt années : Avec deffenlcs à tous ïîLUtres d’en rien imprimer , vendre ny ^diftribucr j ny aucune Carte, ny Figure, (o us quelque prétexté que ce (bit , fans ion confentement , fous les peines portées dans ledit Privilège.

irrüiiiani

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M:SPlieATION DES lettres, df la Eigan ÇmvjinUf

'Ji 'T E Niveau au^^uel on peut adjoufter 1 ^ lunette avec un cercle divifé par des fils mis au foyet du verre oculaire de là, lunette pour pointer plus exafteinent^^

B Le Niveau appliqué fur une réglé de maçon qui cft plus aifç & plus fecile à manier , que celuy dont ils fout fervy |ufqu% cette heure qui leur épargne du temps dans, une ope«r ration qu’ils pratiquent fouvent*

C Fils de métail paiTez par une filiere , ôç tournez aprçs fitr une mèche o aiguille en forme de canetille , lefquels étendus fur une ligne ou cerçlç , peuvent fervir à divifer exa. éfcêment toute fortes d’inftrumens, pour pren- dre Hauteur par les étoilles ^ pour fçavoir la diftançe d"un objet , par la grandeur de i’efpece raportée par la lunette , la grandeur véritable de l’objet étant connue , ^ pour beaucoup d^utrçs ufages.

DISCOURS

SUR L’ART

DE LA

N AV IG ATI O Kr,

Avec quelques Problèmes qui peuvent mppléeB: en partie ce qui manque à un Art ü ne- celïàire.

PROBLEMES.

i. Donner la eonfiruilion d'un Nimaà fins portatifs pim facile d faire ^ J employer y plus exaB que toua

ma dont on i'efi [etvi jufqu'd cette heure.

II. Prendre hauteur plus exaüement fut

MVV'UyU 'Ki , ' kl

2^erylon mefmeque ton ne voit pai t Horixon , Q" qtie le vent empêche de fe fervir des Jnjîrumens ordinai- res.

III. Rendre plta exaBementla valeur d'un Degré en nos lieues ou mejhres , ^ par foudre le Problème de la mefure de la Terre..

I V i Fixer la valeur de ces lieues ou me- fure s., en forte que les autres Mations ^ la pofierité les puijfent entendre.

V. Faciliter t obfervation des Longitu- des.

fyii4ii<iminnu<g

*EST avec beaucoup de juftice^ ce me fèmble , que Ton fe plaint de la plulpart des Gens de Lettres des liecles palïèz, & du mauvais ufage qu ils ont prefque toujours fait de leur temps. Peut-on s'empêcher de s’en plaindre toutes les fois que Ton fe trouve dans les lieux Ton conferve le fruit de leurs veilles , & que Ton voit dans nos plus grandes Bibliothèques des faces entières occupées par un nombre infini de Commentaires fur Ariftote, un pareil nombre de Sommes^de queftions deTheo- logie fcholaftique3& de réfolutions de Cafuifres, autant de livres de Droit , trois ou quatre mille

Chymiftes,une fois autant de Médecins ? Ne faut-il pas avoiier que de tous les hommes des-^fiecles pallez , il n'y en a point qui ayent plus mal employé leur temps que ceux qui ont fait profeflîon des Sciences. Ils ont voulu faire croire qu’ils Temployolent tout entier à la recherche de la vérité , à met- tre le repos dans lelprit des hommes ^ à leur rendre la poirefllon de leurs biens plus tran- quîlle, & aies guérir de leurs maladies : Cepen- dant il fe trouve qu il n’y a point de nations plus tranquilles que celles qui n’ont point de livres de chicane , ni de peuples qui joüifïènt d’une plus grande iàiité , ôc qui ayent des re- iiiedes plus leurs contre lès maladies, que ceux . qui n'ont point de Mede«ins,

Mais ü nous avons tant de lujet de nous plaindre de ceux qui fe font appliquez avec fl peu de fruit à ces Sciences ou à ces Etudes, il n'en eft pas de même de ceux qui ont culti- vé les Arts 5 car il eft conftant qu'ils y ont fait de grands progrès , & qu’ils les ont portez à un degré de perfeélion fort élevé au-delfus de ce qu'ils eftoient dans leurs commencemens.

L'Art de la Navigation qui en doit eftre ici l'exemple, a toujours efté pratiqué par des gens auffi groffiers. que nos Sçavans de pro- feffion ont crû eftre fubcils : cependant ces gens de Mer , ces gens de peu de difeours , & encore moins d application à l'étude , font

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parvenus à un degré d'exaéHtude qui les a fait admirer de tout le monde : & les Navi- gateurs de noftre fiecle doivent eftre fort fa. tisfaits de leurs anceftres ^ & compter pour bon lemploÿ qu'ils ont àiit de leur temps toutes les fois qu ils entreront en compte fur ce qu'ils ont trouvé dans leur fucceflion d’ex- periences & d'enfèignemens.

Nous voyons que les anciens Navigateurs n’ofbient perdre de veuë les côtes , & que lors qu’il fàlloit faire canal ^ c’eft à dire perdre la terre de veuë ^ ils ont efté réduis quelquefois à fe fèrvir de moyens auffi groffiers , que ce. lui de mettre dans leurs vailleaux des pigeons & de les laillèr aller pour xegler leur naviga- tion félon leur vol , Ôc trouver par les terres d'où les pigeons avoient efté apportez. Dans ces premiers temps fun de ces anciens Pilotes pour avoir ofé faire canal,& avoir navi- par un mouflon ou vent fixe qifil avoic obfervé jufques à un port des Indes ce vent le portoit , paflà pour un des plus grands hom- mes de fon temps. Ce vent mefine fut connu depuis fous le nom de ce Pilote. Cependant cette entreprife qui pafla alors pour la plus .grande Sc la plus difficile que Ton eût encore, hazardée^eft aujourd'hui une des plus fiiciles qui fc rencontrent dans l'Art de la Navigation. Ce Recueil de voyages en donne fouvent des e^semples , principalement dans le Roiuiet

d^AmottajSc dans llnflriidion pont la route des Indes Orientales ;carFune & l'autre de ces pié- tés nous apprennent que lors qu'on a rencontré ces mouflons^ c'eft à dire ces vents fixes qui du- rent toute une jfaifon entre les deux Tropiques, la route le fait finis que Ton change les voiles. Les obfervations des Pilotes onterté bien plus loin, elles nous apprennent le lieu Ton doit trouver ces vents félon les difierens temps de Tannée, & nous connoiiibns fouvCnt le lieu de la terre nous fommes par la veüe de ce que la fonde nous a apporté du fond de la Mer. Les déclinaifons de TAimàn dont ils ont tenu regiftre , nous marquent èn beaucoup de ren- contres la longitude j & il eft vray de dire que ces gens nous ont donné aujourd'hui des routiers &c des inftméHons exa6les,que Ton fait le tour de la terre avec moins de danger qu'il n'y en avoit autrefois à traverfer la Mer Medirerra- née. Nous devons ces connoilîànees & ces avantages aux écrits utiles, & aux obfèrvadons exaétes des Navigateurs des fîecles paflèz. La Géographie & beaucoup d'autres Arts fe font perfeâionncz de même , & on auroit fait un femblable progrès dans les Sciences fi on y voit employé de la mefme forte les expérien- ces Sc les obferavations.

Mais la plufpart des Sciences,comme nous les avons mwaintenant , & leurs fyftemes , ne font qu'un pur jeu de l'efprit de Thommequi natu-

A iij

rellement fuit la peine de raifoniier jiifte de srouver de véritables préceptes , & d’en tirer les confequences de mefiije, toujours preft d’admi- rer fon ouvrage, & de fbutenir avec beaucoup d opiniâtreté ce qu’il a avancé làns fondement.

Dans les Arts au çontraire , lors que l’ou- vrier a mal raifonné , & qu’il vient à mettre en pratique un faux railbnnement , il en eft convaincu aufli toft par le mauvais fiiccés de fa. befogne , & corrigé par le dommage qu’il en a foufîèrt. Si les Navigateurs eulTent imi- té les Médecins Ôc les Philofbphes^ & qu’ilg fe fliflènt arreftez à ces raifonnemens qu'ils font il y a il long-temps , nous ferions encore tous d accord de l’impofïibilité de traverfer la Zone Torride , nous condamnerions comme heretiques ceux qui afliireroient le contraire , Sc qu’il pût y avoir des hommes au-delà de ia ligne. Semblables raifonnemens nous au- roient privez de toutes ces belles Sc utiles con- noiflànces du nouveau monde plus grand que celui que les anciens ont connu ; ainfî la moi- tié de la terre feroit encore dans le cahos l'ignorance des lied es palîèz l’avoit lailfée.

Si les Médecins avoient imité les Naviga- teurs , & qu’ils euflènt continué les remarques & les obfervatioris que leurs premiers fonda- teurs avoient commencé de faire , nous au- rions une fuite d’hiftoire des maladies de plus de deux mil ans , & les remedçs de trente

fiecies, car il y a autant de temps que l’on ai commencé à conlàcrer dans un Temple les ïhlcriptions des remedes dont on avoir tiré du lècours dans les maladies , & fondé ainlî cette Medecine experimentale que les dogmes mal établis , & la fâullè éloquence des Mé- decins qui font venus apres, nous ont fait perdre ; tellement qu’ils font encore aujour- d’huy dans l’état ou ils fo plaignoient d’eftré Vers le temps d’Augufte. * D’avoir trop de pa- roles , & point de RemedeSi

Ceux qui ont parlé de bonne foy de la Pbÿ. fique ou de la Medecine, ont confelTé cettÊ nccelEté de faire des expériences & des ob- forvations pour y fçavoir quelque chofc. Défi cartes l’avoüe par tout il a occafion d’eiï parler , tout le monde en eft maintenant per- fuadé , êc c'eft à quoi devroient s’occuper principalement le grand nombre de Gens de Lettres qui fuivent aujourd’hui Philofophie* autrement il ne nous fera pas plus utile d’a- voir beaucoup de Commentateurs de Dell cartes & de Gaùêndy , ' qu’il nous a peu lervi julquà cette heure d’avoir employé tant de liecles à commenter les fyftemes d’Epicure , de Platon & d’Ariftote : Enfin douze ou quinze cent Trairez fur la caufe de la fièvre & lùr la méthode de la guérir , n’ont lèrvi julques à cette heure qu’a faire craindre cette ma- iadie , que le Chinchinna des indiens , & une

î l/lis nitrla fu^erejjs > deeffe medendi^fiieaMm.

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méthode contraire à celle des Médecins ^ gu^ir' lit prefque toujours.

Ce fut fur de femblables réflexions quj plufieurs perfonnes unies enfanble par l’a- mour de la vérité , ôc par le delïèin de tra- vailler à ravancemeiit des Sciences de des Arts, quittèrent la méthode des anciens ôc leurs fyftemes , pour s’appliquer entièrement à faire des obfervations & des expériences , comme à Tunique moyen de réüflîr dans un Il bon delfein.

C eft fur ce fondement que l’Alfemblée qui s'eftoit formée chez Monfieur de Mont- mort 3 a travaillé les deux dernieres années qifelle s’eft tenüe chez moi j ce temps fera conté un jour pour bien employé lors que les obfervations & les expériences 'qui s'y font faites feront données au public^

Après avoir fait un recueil & un elpece d'inventaire de ce que nous trouvons de biens efîeâifs dans la fucceflîon des Gens de Let- tres des fiecles paffez, & dans les écrits des autres nations , apres avoir veu par com^ bien Ton a avancé dans chaque Art , f Aflem- blée devoit s'appliquer à pouflèr plus avant fès connoilîànces, & à fuppléer ce que Ton trouveroit manquer à la perfeftion des Arts.

. Les Navigateurs n’ont point trouvé juf. ques ici de moyens de prendre exadement hauteur lors que fHorizpji n'çft pas libre , ou

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gue le vent les empêche de fe fcrvir de leurs inftrumens , car leurs inftrumens luppolènt la veue de l’Horizon , & que le grand vent n*en empêche point Tufige.

ici line Machine nouvelle qüe jay trouvée il y a quatorze ou quinze ans avec laquelle on remedie alHirément à ces inconveniens ou tombent tres-fouvent les Pilotes, principalement lors qu’ils navigent entre lés Tropiques & les Pôles ; car avec cette Machine qui eft fort fimple l’on petit prendre hauteur lors même que les broüillàrs empêchent la veüe de l’Horizon, & qüe lés Çlus grands vents leur oftent la liberté de le lervir de la Baleftrille & des autres Inftru^ mens ordinaires. J’en donnay dans ce temps^ 1% ‘^^^cription, lors que noftre Allemblee fubiîftoit encore, & je l’infereray ici avec quelques remarques que les fautes que i ay vu faire quelquefois à ceux qui s"en

vent ont rendu neceflàires.

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-y -^Tr tiiTffc

yfîmmamwmmahium

1o

PROBLE'ME PREMIER.

Donner la confiruBion d'un ITiveau flm fortatifj plti^ facile à faire & h em- ployer 3 é' fl^ exaB que tous ceux dont on s ejî fervi jafqu a cette heure.

IL s’eft fait quelques nouvelles découver- tes dans l’Allemblée pour l’avancement des Arts, qui s’eft tenue chez Monfieur Thevenot, qui peuvent eftre d’un grand ufage , principa- lement pour les Bâtimens , pour la conduite des Eaux , & pour la Navigation. L’armement des Flottes des Indes , la jonûion des Riviè- res , & les grands bâtimens que l’on entre-

{>rend maintenant, ont fait croire que c eftoit e temps de rendre publique une choie qui peut eftre utile à ces entreprifes , & qui avoit efté propofée dans cette Allèmblce il y a déjà quelque temps , & depuis à la Société Royale d’Angleterre , & à l’Academie dtl Ciment 0 de Tofcane.

C’eft un Inftrument l’air enfermé avec quelque liqueur fait un Niveau, mais qui a ces avantages fur tous ceux dont on s’eft lèrvi jufques à cette heure.

iV (^n le trouve plus jufte que les autres , car il n’y a point de fi petite inclination qu’il ne falïè connoiftre.

Il

2. Il efl: d’ailleurs d’autant plus fcur pour la pratique , que les changemens de l’air , le fec#, Thumide & le vent qui altèrent les au- très Niveaux , ne peuvent en façon du mon- de corrompre fa jufteflè.

3. La main de l’ouvrier n’eft point occu- pée à le tenir lors qu il s’en fert.

4* L’on employé moins de temps à s en fèrvir, qu’à fe fervir des Niveaux ordinaires ; ce qui eft fort confiderable dans une pratique que les ouvriers font obligez de recommen» cer fi fouvent,

5. La conftruétion en eft auflî plus aifée que celle des autres Niveaux. On choifit un tuyau de quelque matière tranfparante -, un canon de verre par exemple , dont les coftez (oient parallèles ^ d’un diametue qui puille re- cevoir le retit doigt , & qui foit environ fept ou huit fois plus long que large. On le fer- me par un bout , & on y met quelque liqueur, L’efprit de vin y eft fort propre , parce qu’il ne fait point de fédiment , & qu’il gele ja- mais. On laiflè du tuyau environ un peu moins de vuide qu’il n’a de diamètre on le bouche après , ou on le feelle par le feu.

Lors qu’on s’en fert & qu’on l’applique fur le plan que l’on veut examiner , l’air qui y eft enfermé monte auflî-toft vers la partie du plan la plus élevée , & demeure fans mou- vement lors que le plan eft horizontal

cela toujours avec la mefme juftelTe, quelque temps qu’il fallè.

Ce Niveau d’air qui donne l’horizon avec tant de juftefle, donnera par-confèquent la perpendiculaire fur l’Horizon , Sc tous les différons angles , fi vous y ajoutez les divi- fions fur lefquelles il les ^uiffè marquer.

P R O B L E' M E IL

Prendre hauteur flm exaBement fur Mer^ lors mefme que l'on ne voit pas l'Mori- x^n 5 ^ que le vent empêche de fe fer- vir des Injkumens ordinaires,

C’E s T fur Fcblervation de la hauteur du Pôle qu’eft principalement fondé l’Art de la Navigation , & le plus admirable Pro- blème que Telpric humain ait réfolu ^ qui eft de pouvoir conduire un Vaiflèau en tel lieu du monde Ton puifle naviger fans avoir jamais fait le voyage.

Les Nations les plus fçavantes dans l’Art de la Navigation fe fervent pour prendre hauteur , d’înftrnmens avQc lefquels il faut voir en même temps l’Horizon & l’Aftre , ou fon ombre : Lors qu’ils ne voyent point l'Horizon 3 ils ne s en peuvent fervir , ce qui

Arrive fort fouvent : & quand ils le voyent , la réfraftion les trompe toujours, & fait pa- foître THorizon plus haut qu'il n eft en effet. On fçait trop ce que peut la réfradlion , pour 6 arrefter à le prouver par les témoignages des Hollandois dans la nouvelle Zembla, des Anglois dans leurs découvertes vers le Nord- Oeft , & par celui de nos François qui ont veu fouvent fur terre le mefme objet , tanroft plus haut , tantoft plus bas , & qui ont Texperience que les refradions font encores plus grandes fiir mer que fur terre, ôc qu'elles changent fi diverftment , félon les difïèrens temps & les différons lieux , qu’on n'en fçauroic don- ner de réglé. UArbaléte commune , le Quar- tier dont fervent les Anglois , & enfin tous les Inftrumens qui fuppofent la veuë de THo- rizon, font fujets à ces deux défauts , aufquels on lia pu trouver jufques ici de remede : car lors qu on voit l'Horizon ils le fuppofent plus haut qu'il n'eft en effet, comme je viens de dire,&ils font inutiles quand on ne le voit pas.

Le Niveau d’air nous donne une manière de fupplécr ce qui manque de ce cofté-là à un Art fi nccellaire , puifqu'eftant appliqué fur les Inftrumens des Mariniers , ou ce qui eft encores mieux , fur une équaire dont u»e des branches foit divifée en 45 degrez , (bit que le Ciel foit ferein ou couvert , il marque toui jours exaâement l'Horizon.

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tawiP. miÆÆmmrMMimst^ÀH

Car avec un Infti'ument d’une conftruftîoii fi fimple & fi aifée Ton cvite le changement des Marteaux, & le douce on eft toujours- qu'ils foient à angles droits. Et pour les Di- vifions , on a crû à propos de les faire avec du fil de fer ou d*e quelqu’autre métal pafle par une même filiere -, car ces fils font égaux par leur conftruébion , & étant tournez fur une aiguille comme on fut la cannetille , ils don. neront les Divifions plus petites & plus juftes qu’aucun Divifeur d'Inftmmens de Mathéma- tique le puifiè faire ; & cela avec une grande épargne de temps & de dépenfè. Il y a enco- re cet avantage, que par le moyen de ces Di- vifions que I on peut mettre dans un allez petit volume, un Navigateur peut porter de très- grands Inftrumens par tout, & s'en fervir dans des occafions de necc flîcé ,dont on ne voit que trop d'exemples dans les voyages de long cours : car fort qu’on éterde ces fils ou can- îîctilles ftir une Réglé ou fiir un Cercle , elles les divifent de même en partie fi égales, & Il Ton veut fi petites & fi juftes , que je ne crains point d’avancer , que fi Ton fait jamais en Europe des Inftrumens pour les Obfèrva- tions Aftronomiques aiiflî gnnds que ceux qui ont efté faits en A fie, cette maniéré de Divifion ne doive eftrc préférée à tontes les autres qui ont efté pratiquées jufques à pre-* fent.

îl y d’autres maniérés encores plus jiiftes de erendre hauteur & de faire la plufj^art des au- tres obftrvaticBs celeftes , en le fervant d’une lunette avec des filets à fon foyer j car fi vous la pointez au Zenit par le moyen du Niveau elle vous peut faire voir prdcjues a toutes les heures de la nuit quelque t toilie qui en apro- chera 5 & connoilîànr la declinailbn de cette Etoille par les 1 ah’es , & fa diftance du Ze- ,nit par le moyen des filets de la lunette , vous avez^ la hauteur fins autre calcul ; & quand mefine une petite diftance comme a lie- prendroit par eftimation , elle ne f ra jamais îi fautive que les Inftrumens des Maiiaiers qui ne leur donnent point la Hauteur de nuit à une précifion plus grande que de vingt-cinq à trente minutes.

La Hauteur fe peut encore prendre pat deux Etoilles veuës à l’Horizon ou Ibus^^le mefine Azimut, ou lots qu’elles font au Mé- ridien & proche de l’Horizon ; mais comme ces maniérés fi ppofent une plus grande con- noiftànce du Ciel que celle des Mariniers or- dinaires , ce n’eft pas ici le lieu de s’y éten- dre , la chofe eftant d’ailleurs allez daire à ceux qui connoilfent le Ciel pour l’entendre fur la feule propofition que j’en fiis ici.

Ce peu de lignes avec la figure fuffironc iàns doute au delfein qui les a fait écrite, qui cft d’enlèigner feulement la pratique de ce

mmK»JfÉÆÊ9^1\}'MÊÏÀMÊà

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Niveau & de ces- Divifions : Les exemples que Ton en a donnez ici pour la Navigatio|i & pour la conduite des Eaux , s’étendront ai- fément â l'Architedure & aux autres Arts.

Pour ce qui eft de la théorie & de Teffet de Pair enfermé avec Peau dans' un même tuyau, il a efté examiné ailleurs par la même per- fohne à Toccafion de l’eau qui monte dans la branche étroite du fiphon. Et l’on fe re- met à la donner aii public , lors que beaucoup d’autres pièces faites dans cette même Aflem»- blée feront en état d’y paroiftre-

^ PROBLE'ME IIL

Rendre plus exaBement la 'âaleur d'un Degré en nos lieues ou me jures , ^ par réfoudre le Problème de la mefurt de la Terre.

La latitude ou hauteur pri(e avec l’Inftru- ment que je viens de dire , ou obfèrvée fans Inftrument dans le Ciel par le moyen des Etoi- les GU des Planètes fait connoiftre combien l’on à avancé vers l’un ou l’autre Pôle du monde ^ mais le Navigateur devroit fçavoir en- cores combien un degré du Ciel luy vaut de lieuës fur la Terre, c’eft à dire fçavoir la gran- deur de la Terre. L’Antiquité s’eft fer vie de

diverfes oblèrvations pour venir à bout de ee

Problème : la plus fameufe eft celle du Caü- phe Almamoun de la inaifon des Abaflÿdes , je la rapporteray icy comme je 1 ay traduite du texte Arabe des Prolégomènes de la Géogra- phie d’Abulfeda ; car la tradudlion que j’en ay faite, &: que l’on a veuc à la telle du dilcours de la mefurede la Terre, n’eft pas entière. Les grands Cercles de la Terre font divifez en trois cent foixante parties , comme ceux que nous imaginons dans le Çiel. Ptolomée auteur de l’AInjagefte , avec plulîeurs autres des Anciens,a obfèrvé qu’une de ces trois cens Ibixante parties ou degré, vaut Ibixante-huit milles Sc deux tiers de mille lur terre. Ceux qui font venus depuis eux ont voulu s’en éclaircir par leur propre expérience j car s’ë- tant aflemblcz par l’ordre d’AImamoun dans les Plaines de Seniar , ils prirent enfemble la hauteur du Pôle , fe fëparerent après en deux troupes , l’une s’avança vers le Septen- trion , & l’autre vers Midy’ allant le plus droit qu’il leur fut poflible , julques à ce que l’une des troupes eut oblèrvé le Pôle Septentrional plus élevé d’ un degré , & que l’autre au con- traire 1 eut trouvé abaifle d’un degré. Ils le rallèmblerent enfuite à leur premkre ftation pour confronter leurs oblèrvations ; il parut que l’une des troupes avoir compté ^6 mil- les deux tiers pour un degré , Sc l’autre fe^u-

lemént 5g milles : Ils convinrent de pren- dre la plus grande meflire de milles deux tiers. Tellement qu’entre cette obfervation êc celle des anciens il y a dix milles de difFeren- ce J car les anciens failbient le degre plus grand de d& milles que les modernes ne le font ; cependant il y en a encore qui aiment mieux fuivre le calcul dés anciens.

Mais il faut aufli remarquer que les cou- ~ dées,les milles & les parafangues des anciens font des mefures diflèrentes de celle d’aujour- d’huy , & que le pouce eft une mefure commu- ne aux uns &c aux autres , car ils conviennent fur le firjet du pouce, 6c luy donnent la lon- gueur de lix grains d’orge mis a cofte 1 un de l’autre ; mais les anciens ont fait la coudee de .31 pouces, que les modernes ne content que pour 14 ; ainfi le mille des anciens qui vaut trois mil coudées de 31 pouces chaque coudee, eft égal à celuy des modernes qui contient quatre milles coudées de 24 pouces chacu- ne ; 6c la difFerence que l’on y trouve n'eft que dans le nombre des coudées que l’antiquité a coniîdcrées autrement que ceux de noftre lîccle. C’eft-là le fens des paroles d’Albufeda.

Le peu de fuccés des entreprifes que les an- ciens ont fait pour venir à bout de ce Problè- me, 5c le fouhait de tous les Mathémati- ciens , mefine de nos François qui y ont tra- vaillé depuis peu , 6c avec plus dexaébi-

ciide que les autres nations , m’ont fait cher- cker une plaine plus étendue que celle de Setor, de Paris à Amiens , de Londres à Y01XK5 de Bergenplbm à Leyden, & que toutes les autres .diftances dont on s’eft fervijulques à cette heure pour ce deflein. Je crois en avoir trouvé une qui y eft fort propre, car Ton y pourra mefùrer la diftance de plufieurs degrez Nord & Sud , & fans que le haut ^ le bas du terrain la rencontre des bâtimens & des forefts empêchent Tapplication d'une mefure aftuelle. C’eft fur le Botenzée, Golfe que fait la mer Baltique en s’avançant dans les terres vers le Nord , & cela dans le temps que fes eaux font glacées, puifqu'il eft des années Ton pourra traverfer depuis Torn ville fîtuée au fonds de ce Golfe , jiif. ques au ddfous du Parage de StoKolm, 8c quelquefois encore plus bas en fiiivant les côtes Orientales de la mer Baltique, jufques en Prufle , & jufques à la Ville de Labio qui eft au Sud du Curish Haff, étenduë qui fait une partie conliderable de la circonferancè de la

terre , & qui donne une plaine de quatorze ou quinze degrez , mais une plaine que Pon peut mefurer lans obftacles , & une furface dont on peut connoiftre la courbure. Il y a plus de quinze ans que j’ay commuhiqiié cette penfée , & que j’ay excité un de mes amis qui eftoit alors, en Suede de lexeuiter 5 la'

y

9»’ ’ias

chofê paru toûjours tres-facile. Elle le paroiftra de mefme à tout le monde , fi Vo^ jette les yeux fiir le plan que Ton a fait d’une partie de cette plaine pour reprefènter la mar- che des Troupes du Marquis de Brandebourg , qui partirent des environs de la Ville de Labio 3 & marchèrent Cavallerie , Infanterie , Artillerie & Bagage , firent en un jour douze grandes lieues d’Allemagne fiir la glace , ôc lürprirent les Suédois dans leurs quartiers.

Ce plan qui eft public confirme encore la facilité que fiippofe pour moy ce m’eft allez d’avoir donné cette veuc & la manière de réibüdré un Problème qui a exercé tant d habiles gens pour ce qui eft de l’executer, & de faire mefiîrer cette grande étendue ; ce font de ces foins que les Romains appellent Regum.

Ainfi en fe fèrvant d’une auffi grande bafe de treize ou quatorze degrez , ou d’environ 798S40 thoilès Françoifes, l’on pourra venir à une plus grande précifion touchant la mefure de la terre 3 que l’on n’a pu faire jufques à cette heurey à caufe de la petitefle des baies fur laquelle on a établi jufques ici la rélblu- tion de ce Problème, Par nous pourrons déterminer le diamètre & la grandeur de la ter- re que les hommes habitent il y a fi long- temps fans la connoiftre 3 & nous fçaurons allez exaâ:ement par cet ufage ce qu’un degré vaut

de nos lieues. La glace a encores d’autres -J avantages pour l’obÆrvation , comme je Ta- •?ois marqué avec beaucoup d’autres circon- flances dans le mémoire que j’en envoyay il y a quelques années à un de mes amis en Suede à qui j’avois propofé de faire cette ob- ièrvation.

PROBLE'ME IV.

Fixer la valeur de ce$ lieues ou mejures ^ en forte que les autres Isfations & l^ fofleritè les puiffent entendre.

CE ne fera pas aflèz d’avoir appris par cette oblèrvatioh combien un degré dans le Ciel vaut de lieues ou d’autres mekires fur la terre ; il feut encore fonger aux moyens de faire entendre quelles font ces mefures aux autres nations , & trouver quelque méthode aifée pour en tranfmettre la connoiflànce à la pofterité , afin qu’on ne tombe plus dans la mefme ignorance nous fommes mainte- nant des mefures de ceux qui nous ont pré- cédé ; &auffi de leurs poids ^ car la connoiflàn- ce des poids peut eftre tirée en quelque façon de ceüe des mefures.

Ces gens de Lettres qui ont pris tant de foin de nous laiflèr des penfées & des raifon-

*

! •*; '

nemens inutiles , n*ont jamais travaillé férieii- fèment à nous tranfmettre une connoiflànce aiiflî nccellàire <jue celle des poids & des^ mefiires : fi- bien que prefque par tout il eft parlé dans leurs livres de poids oti de me- fùres 5 nous ne les fçaurions entendre. Les grains d’orge & les crins de cheval dont ils fe font voulu fervir pour nous faire entendre leurs mefures font inégaux , Sc d’autant plus impropres à cet ufage , qu’ils font plus petits , qui eft cependant la railbn pour laquelle ils s’en font voulu fervir.

Gravius, comme on le voit dans la premiè- re partie de ce Recueil , a fait un voyage ex- ! ^ prés d'Angleterre en Egypte pour graver fur

le tombeau de la plus grande des pyramides i le pied de f©n pais , perfiiadé qu’il réfoudroit

I ainfi en mefme temps deux problèmes , ceiuy

i d’établir une mefure commune à ceux de fon

; fiecle , 3c de la tranfinettre à la pofterité.

11 confideroit que ce tombeau ayant déjà du- ré plus de trois mil' ans , & eftant encore fort entier , il pourroit conferver très long-temps ces mefures , Sc qu’ayant rapporté à cette mefure ainfi gravée fur le tombeau de cette pyramide , les mefures qui font aujourd’huy le plus en iifàge chez les autres nations * comme il a fait dans un Traité particulier , par il en conferveroit la connoiflànce, les rendroit intelligibles à ceux de fon fiecle, & à tous les

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iîecles qui lés doivent niivre,auin long-temps ' au moins que dureroit le tombeau de la py- ramide. Sa penfée peut eftre utile j princi- palement aux Egyptiens tant que ce tombeau fera dans fon entier. Snellius avoir de- vant luy une femblable penfée, car il vou- loir établir cette mefure communefùr les rui.

nés d’un fort que les Romains ont bâty à l’ancienne embouchure du Rhin ; mais ces

méthodes ne font pas generales , leur durée eft attachée à celle de ces ruines , & il fout que ceux des autres nations fortent de leur païs pour les apprendre.

D’autres ont crû pouvoir foire la mefoie chofo plus exaétement par le moyen de la longueur d’un pendule , la difFerence de l’air y peut apporter du changement ; un pen- dule de mefine longueur va plus ville en Hyver qu’en Efté , & peut eftre autremént aux lieux qui font proche la ligne , qu’en ceux qui font avancez vers les Pôles , outre que cette méthode eft impliquée avec une oblèrvation celefte , & que hors de l’Europe il y a fort peu de gens capables de foire fomblables oblervations avec la juftelfo ne- ceftaire , & que les plus babils s’-y peuvent tromper, comme il eft arrivé à nos voifins, Sc comme on le voit dans l’obforvation d’All mamoun.

Dans une entreprife que tant d’efForts inutils

rnnmmÊÊtiÊfairrsssÊam

14 ..

onc rendue comme defefperée, il m*eft venu dans Tefpritfque peut-eftre l'on y réüflîroit'* mieux en fervant de quelqu'un de ces ou- vrages que nous difons que les belles font par inftin6t ; nous pouvons ce me femble fiippofer avec raifon que cet inftindl leur venant d’une caufe eternelle, il doit eftre toujours le 'tuefine & exempt de toutes ces varierez qui diflinguent tout ce qui vient des hommes. Entr'autres exemples je trouvay que les cellu- les des abeilles de meCue efpecc , mefiirées dans le temps que les abeilles les bâtilîènt , font égales entre elles ^ & ayant depuis me- lîiré celles des environs de Paris , de la Ville de Leyden, de Florence, je n'y trouvay au- cune différence ; & que fi l’on fuit les rangs félon lefquels les fondi^ ou bafes de ces cellu- les font dilpofées , l'on trouvera qu'un mef. me nombre de cellules donne toujours la mef. me mefiire. Ainfi rapportant toutes les me- fures dont on fert maintenant dans le mon- de , à celle des cellules des abeilles , la pofte- rité pourra par ce moyen les connoiftre tou- tes : Et cette mefiire que je propolé icy léra d'autant plus generale , qu'il y a des abeilles dans tous les endroits de la terre , auflî-bien aux lieux qui approchent des Pôles, qu'ea ceux qui font plus avancez vers la ligne : Et quoy-que je l'établiflè fur de la cire, rien ne m'empêche de croire qu’elle ne puilfc du- rer

rèr autant que monde', & quelle ne foie plua^ propre â ce dcHein que le diafpre du ccshbeaii fur lequel Gravius a marqué le pied Anglôis, & plus aifee à entendre & à pratiquer que celle qui fc peut cirer des vi- brations du pendule^ jointes à une oblervation celcfte, comme on la voulu faire en France & en Pologne. Mais auparavant que de ré- tablir , je voudrois avoir pu comparer les ou- vrages des abeilles de lieux éloignez , du Cap de Bonne Eiperance & d’Egypte ^ par exeni- ple^avec celles de la Mofeovie Sc du Mexique^. &c. Et fi elles le trouvent par tout égales , cette mefure Ce pourra rendre commune à toutes les nations, & par fon moyen Ton pourra tranfmcttre la connoilTance des mefure s de noftre ficelé, à la pofterité, qui eft ce que Ton cherche. Ce Problème s’étend auflî à la con-^ noiffimee des poids , ce qui eft trop connu à ceux qui ont étudié cette matière pour Pexpli- quer ici davantage.

Je ne puis retenir dans la plume quelques- unes des autres ob fer varions que fay fiiites fur les abeilles, que la main de Dieu ne fe voit point mieux ailleurs que dans ces ou- vrages qui. font faits par inftinéi , que la ftruûure des cellules des abeilhs , qui eft ce qifil y a de plus admirable dans tout ce que nous voyons de fou v rage des ani- maux, eft juftemcnc ce qui rf a noint efte ic-

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marqué par Aldroiiandiis , par Moufftt , ni par tous ces autres perfonnages de gravide îefture , qui ont crû avoir traitté à fond? Thi- ftoire des abeilles ^ à caufe qu’ils ont ramairé tout ce que les anciens & les modernes en ont écrit.

il eft conftant qu’il n’y a que uois figures régulières qui peuvent remplir l’eipace , c’eft à dire pour parler plus intelligiblement, qui puiflènt paver un efpace fans laifler de vuidc entr’elles : Ces figures font le triangle qui a les coftez égaux , le quarré & l’exagone : Les abeilles pour bâtir leurs cellules , ont choifi une de ces figures qui ne laiflè point d’cfpa- ce vuide & inutile dans leur plan , mais ce n*eftoit pas aflez d’avoir cet égard pour ren- dre leur ouvrage parfait : Entre ces trois fi- gures qui remplirent tout Tefpace , il y en a une qui contient avec cela plus d'cfpacc que les autres , fans qu’il y ait plus de travail, c’ell l’exagone ; qui n’ayant qu autant de tour qium triangle ou qu’un quarré, ne laifiè pas de contenir plus d’eipace que l’un ou l’autre de ces figures ; les cellules qu’elles élevent fiir ce plan fi-bicn ménagé, ont la mcfme perfection de remplir exactement l’tTpace folide , & d’eftre de U figure qui contient le plus. Et ainfi l’on peut démontrer que pour ces deux égards de ne point perdre de place & d’em- ployer bien leur travail & leur terrain ^ elles

ont fait tout ce que Tétude de la Géométrie aurait enfeigner aux plus habiles ; & qu il ne ft peut rien faire de plus parfait, en ce genre que ce qu’elles font.

Il fe rencontre fort à propos pour confon- dre l’orgueil des Philofophes,quefnr ce fait des figures folides qui remplillent refpace (blide ou les abeilles ont fi-bien réüffi , tous les Commentateurs d’Ariftote , auffi-bien les La- tins que les Grecs , fe font trompez , quoy qu entre çes derniers il y ait eu des Mathé- maticiens. Ainlî l’on peut appliquer à ces ouvrières les vers que le Poëte s appliquoit à luy-mefme , & dire à leur honneur,

Ih tenui labor , at tennis non gloria.

Ou bien fouffrir qu’un Poète Per fan s’écrie avec une licence ordinaire aux Poètes de fon païs , fi Archimede avoit examiné un ouvrage fi fîirprenant , il fe ferok mordu les doigts d admiration avec les dents de l’envie.

PROBLE'ME V.

faciliter tobfervation des Zongitudes ^ de la déclinaijhn de ^ Ayman.

CE n’eft point affez d’avoir perfe6i:ionné la Navigation dans les quatre Problèmes prçcedens \ il ne fuffic pas à un navigateur d@

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a8

connoiftrc tres-e-xactemeut combien il a avan- cé de degrez fous un Méridien , ce que val- lenc ces degrez en nos lieues cerreftres *^j'en. tens combien la circonférence de la Terre con- tient de ces lieues ^ ôc combien ces lieues mefines contiennent de nos thoifes Sc de nos pieds. Il manque encore de connoiftre la Lon- gitude, c’eft à dire combien l’on a avancé de 1 Otient à rOccident : Problème que l’on cher-' che il y à long- temps , & dans la foliition du- quel toutes les nations du monde font inte- rdîées ; car il eft vray de dire qu’une grande partie des V^iilïcaux qui ft perdent contre les côtes 5 s y perdent par l’ignorance de ce Pro- blème. Et un de ces habiles Pilotes Hollan- dois déjà carrière des Indes Orienralles , me difoit il y a quelques temps à Amfterdam, que dans cette grande courfe Eft & Oeft que i 'on fait depuis le Cap de Bonne Efperance jafques à Batavia. L"on le tromperoit trcs-foii- vent de plus de deux cent lieues , dans l’eftime que Ton fait de la Longitude , fi on ne corri- geoit Peftime cette coune par les obfèr- vations de la déclinaifbn de PAyman.

En effet nous n’avons point jufqu’à cette heure d autre feconrs plus propre pour pren- dre la Longitude fur mer, que celuy d’obfèr- ver la declinaifon de l’Ayman. Les Routiers deTellier, Damotta, & tous ces antres voya- ges que j’ay donnez dans les quatre parties

de Recueil, fbnt remplis de ces pbferva- dons : Mais la déclinaifon de TAyman a en- core) bien des difEcultez. L’pn ne connoift pas encore aflèz les périodes de ce mouve- ment- de TAyman qui s’éloigne de la ligne Meridiene, tantoll du cofté de TEft, tantoft de celuy de TOeft, Bc qui dans un autre temps s’en approche : L’on ne fçait point aufli quelle eft la plus grande déclinaifon en cha- que lieu ; aiufi il eft prefque impoflîbîe de faire un fyfteme de ce mouvement. Et je me hazardoîs à en faire un fur le pevi d’ob- fervacions que nous en avons , ce feroit tom- ber dans le defaut dans lequel Ton fe plaint que l’on tombe il y a fi long- temps de Ce fier trop à fon railbnnement , & de décider fans avoir autant d’experiences qu’il en faut pour le pouvoir faire à propos : Mais la por fterité & ceux qui auront ramaffé d’autres obr ftrvations pour établir les périodes de ces changemens , me fçauront peut-eftre un jour quelque grc des deux obfèrvations qui fui- vent, à caufe qu’elles peuvent fèrvir à la con- noillànce des périodes de la variation de l’Ay- man pour les Lorçitudes , &c à ravancemene de l’Art de la Navigation.

On a crû jurques à cette heure , que la dc- clinaifonde l’Ayman n’a commencé d’eftre ob- fervée que vers le commencement du dernier liecle : Cependant j’ay prouvé qu’elle varioic

de J degrez l’an , c eft dans un maiiufcriE qui m’eft tombé entre les mains , avec ce. ti- tre, Epiflola Pétri Adjigerii in fuper jfiitig- nibus naturA Magnetis, Il y a une remarque dans cette Lettre que la pointe de l’eguille que l'on fuppofe marquer exadement le Nord, décline vers l’Orient , & que par plufieurs ob’ fervations cette déclinaifon s'eft trouvée de ^ degrez, L on voit encore que la plufpart des choies que l’on attribue à Gilbert , & qui luy ont donné la réputation de pere de la philo- fophie de l’Ayman , eftoient fçeuës dés le treiziéme fiecle , cet Epoque de la déclinaifon de 1 Ayman, qui a voit efté oubliée jufquesà cette heure , fera fuivie d’une obfervation qui meriteroit bien d’avoir efté faite dés ce premier temps , auquel l’on s’apperçeut que l’eguille pe marquoit point précisément le Nord.

Au Solftice d’Efté de l’année lôfîj je tra- çay une ligne Meridiene für un plan fixe , afin de fçavoir quelle eftoit alors la déclinai- fon de l’Ayman , & eftre plus allîiré à l’ave- nir de fes changemens. J’avois choifi pour ce deflèin une maifon de campagne dans Iflÿ, vil- lage qui a Paris au Nord , & qui en eft éloigné d’une bonne lieue : Cela fut fait par le moyen des ombres prifes le matin, &l’aprés midy du jour du Solftice d’Efté ; mais avec unecircon- ftance remarquable. J’en traçay une par cette

méthode , & Monfieur Frenicle une autre fut cere mefme pierre : Elles fe ttouverent toutes deux^fi exadement paralelles , que nos autres Mathématiciens n’y remarquèrent aucune différence. Ainfi nous demeurâmes perfuadez que nous nous pouvions fier à cette obfèr- vation, & jenir cette ligne Meridiene pour bien tirée.

Ayant enfuite appliqué diverfes Bouflbles à cette ligne Meridiene pour trouver la décli- naifon de l’éguille , nous vîmes qu’elle ne dé- 'clinoit point en ce tempslà. J’y ay appliqué depuis d’année en année les melmes Bouflb- les, 8c j’ay trouvé qu'en l’année 1664 l’c- guille déclinoit de plus d’un degré vers l’Oeft; en 16^7 plus de deux degrez ; en 1671 de deux & demi ; & l’année fuivante 167^ j’ob- lèrvay la déclinailon d’environ deux de- grez & cinquante minutes, je l’oblèr- vay encore l’année 1 6yy làns y avoir remar- qué de changement ; en 167S le mefme. Ce- la donna lieu à nos Mathématiciens de croi- re qu’aprés avoir efté ftationaire de la Ibrte , elle retourneroit vers l’Eft : Cependant en l’année 16S0 je l’a trouvé au Solftice d’Efté de trois degrez & demy , & la prefente année 16S1 je n’y vois point de changement.

Je communiquay cette obfervation dés l’an- nee 1663. à nos Mathématiciens , à l’Aca- demie del Cimento de Florence. Je l’écrivis

à Meffleiu'S de Rawnlay èc Oldenbourg , qui après s'eftre trouvez plufieiirs fois à nos^Af- femblez av oient établi en Angleterre celK qui liibfifte aiijoiird'hiiy fous le nom de la Société Royalle. Je trouve dans leurs réponfes : Cefendant il ‘efi k obferver ejue vojlre varia^ îîon de 8 degrez. ( je crois qu ils parlent de robfervation faite par O ronce ) dans l'efpacè d'environ 130 ans efi veniiè k rien , au lieu ejue U nofire cjui efioit de deux degrez , s' efi perdue da?is Vefpace d! environ 80 feulement^ JHonJîcur BourroUgh ayant trouvé l'an is8o la déclinaifôn de 2 degrez îS minutes , Monfieur Gofiter tan 1622 de 6 degrez so mi- nutes , & Mon fient Elhbrand tan 1634- de 4 degrez i6 minâtes. Vefpere ^ue nos Adejd Jîeurs feront aujfii dans peu de temps une ob- fiervaîion pour voir comment la variation fié trouve icy a prefient ^ la fia ifion efiant a cette heure propre pour cela.

Ces obfervations font du nombre de celles qu'il nous importeroic fort que 1 on eut fiice il y a long-temps } & que ces gens de Lettres qui ont perdu tant de loifir a nous écrire leurs penfées , en eiüïènt donne quelques momens à une étude fi necelïàire.

F I N.

LES HISTOIRES

NATURELLES

DE L’EPHEMERE ET DU CANCELLÜS

OU

BERNARD L'HERMITE

Décrites & reprefentées par Figures par Mr Swammerdam , pour fervir de Suplémcnt à ce qu’Ariftote ôc les autres en oqt écrit j

Tirées avec les VoyAges pecedens du Recueil des Ouvrages de l’ Ajjèm‘ hlée , ^ui s'ejl tenue chez.

W T H EVE N O T.

"^t^'t1w'''7iÉ'im rrrmii

t .

ERRATA.

P

AVI S^

Âg. 9'. îtg. 6. cette ëtenduê , imaginaire;

. D écouverte de l’ AmcHque ? *g, 41 14 . ^*7*^ 41,

Ambaffadedes Mofcovites *6. lahas qui valent ef- facezh. . . ,

Pa^. -7. % trois bradées de baut , verj^ûn Lame , Ufez, ulnas plus minus IX , I V latus. ^ , , r

Pag, 15. à la fin dans la Préface ajoutez dc la Vcrlion

Latine. ,

Pag. 14, à la fin ils ont, elles ont,

Dif cours , Problèmes.

Pag.'^. Ucàecms.adj, je lailfe aux Théologiens à parler de la Scholaftique , pour les Gafuiftes un Inqui- fiteur de Madsid refufoit de nos jours la permifTion d’en imprimerjils enfeignent, difoit-il , l’art de Plemr centra la hy de Dies , feule maxime de ne rien faire , uhfie Jufpitid latentis malîy bien établie , eft plus feùre & mcil^ îcure pour la focieté civile , que tous leurs Livres.

Pag. f, fin , de la mefmc force , Ufez , de P. é. f 2. préceptes , principes.

P. 17. l, 4f* ^ bergen opzoem , h & de,

P. 18 /. Albufeda Abulfeda.^ p. 30. l. T4. oubliée , lif ignorée.

P. 31 l. ij- l’année fui vante , ajoàte'}^^ 1^72,

P, 32. l* 10. de deux degrez , Uf , onze,

P. 32//. 12. Elibraiid , UC, Gelibrand. pin , à une étude , L à nous aprendre des faits , & à iaifler à la pofterité des obfervations fi ncceffaircs.

VEphemere.

P. J. l 9. la vafe , UC de fa nourriture.

p. C,l. . à caufe,//f par cette raifon peut eftre. *

p.to./ Siramefdam ,/if Swammerdain.

p, 2o.obreivation///particula.ritez,

ÜÉjBÉfc

mnmnmn^m,

histoire

naturelle

B E

NEPHEMERB:

’E P H É M £ qu Ariftote a dé- crit, & qu’il nomme ainfi à-caufe du peu de durée de vie , com- _ mence ordinairement à paroiftrC aux emboucheures du Rhin , & fur les eaux de la Meufe, du VVaal & du Lech , Vers la Saint Jean.

Mais quoy-que lèus cette figure d’uh infe- été qui vole, fa vk ne palî'e point quatre ou cinq heures , & qu*il meure fiir les onze heures du foir apres avoir pris cette figure environ à fix heures après midi ; il eft vrai cependant qu’avaht d ellre en eftat de prendre cette figu- re , il a vécu trois ans fous celle d’un ver qui fe tient toujours aux bords de Teau , dans des trous qu’il s’y eft creufé dans la vafe , qu’if augmente félon qu’il augmente de corlage , & qu il creufe plus bas lors que l’eau vient à baifi.

■gpmLMWioawwji u i w j^jaimmi i if u \^jj*j.^/a y\\f^\^M

1

fer. En effet, fi Ton vient à fouiller dans la vafè vers le mois de Juin , on trouve les vers d'où viennent les Ephemeres , de diffoi^entes grandeurs , d’un , de deux de de trois poulces , félon la diverlîcé de leur âge, & auffi de leur^ efpeces. /

Il faut encores remarquer cette diffèrencfe , qu’aux vers de la petite forte on ne voit au- cune apparence d’ailes-, au- Heu que dans les deux autres fortes elles font remarquables : mais fi vous les mettez les uns & les aimés fur un plan uni , leur petit corps n’y eftant point foûtenn,comme il l’eft dans leurs trous , ils ne peuvent marcher , êc demeurent fur le dps fans fe pouvoir remettre jau-lieu que dans leuts trous ils font toute forte de mouvemens.

Les Pefeheurs fe fervent de ces vers pour appafter leurs hameçons ^ ils les attachent par la tête , qui eft la partie de leur corps la plus forte j ils y vivent ainfi attachez jufques à deux jours , & font toûjôurs en mouvement : ce qui fait qu’ils font fort propres pont fèrvir d ap- paft.Onles peut garder quelque temps dans du fable moüillé ; car j’ai confervé ceux de la plus grande cfpece quatre jours par ce moyen , & ceux de la plus petite en ont duré huit.

Lors que l’on a mis fur du papier noir, & que l’on a étendu fur fon dos ce petit infeéfe, il eft mieux de l’ouvrir avec des cifeaux d’une pQÛitç fort déliée , qu’avec la lancette 5 il

fort une eau , qui cft fou fang , ce qui eft de mcfoe dans tous les inleétes , excepté le vers, de terre dont le lang; eft rouge: 3c fi Ton doue enfiiite la patience de ftparer la peau desparties qu'elle couvre ^ on trouve que celle de deflous eft fort mince 3c membraneufe j & après Ta- voir oftée , Ton découvre les mufèles on y diftingue ceux qui pafsent avec leurs fibres droites d’une divifion du corps dans Tautre; on les diftingue d’avec les autres qui vont de travers , 3c encore une troifiéme efpece qui fèrt pour le movvement des oüyes. Cette fé- conde peau a fes fibres , & femble eftre atta- chée aux mulcles. Il y a une petite membrane fort déliée qui dent aux mufcles : je la prens pour la membrane du ventre , qui a au defibus d’elle la graiffe compofée de petites veffies fort déliées 3c fort blanches , qui contiennent la véritable graillé de TAnimal en forme d’une huile coulante. Lors qu’on regarde ces veffies on les prendroit pour lagrailfe mefine , mais le Microfeope fait voir qu’elles n’en font que les bourfes qui la contiennent. Tab. iv.

Plus les animaux font jeunes , mieux on voit cette graillé; car elle eft fèmée çà & fur leurs membranes^au contraire elles font ramafi- fées enfemble, dans les animaux qui font plus avancez en âge. L’on y remarque l’œfophage comme un petit filet, qui partant du bec vient à fermer la partie fuperieure de l’eftomac. A

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iitàRnnnidMdii^

4

l’endroit il y eft attaché , il paroift un peu plus étroit : ce qui fe remarque auffi à la par- tie inferieure de l’eftomacB, qui eft coti^ofée d’une membrane fort fubtile avec de petits plis ou rides en dedans , fort unie par dehors, principalement lors qu’elle eft pleine de nour- riture , ou qu’on y a fait entrer de l’air par le moyen d’une petite pipe de verre : les veines & les arteres ne s’y peuvent pas diftinguer, à-cauiè que le lang qui y coule , ne s’y fait re- marquer que par une couleur femblable à celle de l’eau.

L’eftomac eft fourni de plulieurs petits ca- naux qui lèmblent des vaiflèaux pleins de làng: mais quand on les examine avec le Microfco-' pe, on trouve que ce font des branches des poulmons ou de la Trachée artere qui fe répan- dent dans l’eftomac & dans toutes les parties intérieures & extérieures de l’animal.

Les inteftins marquez A font de trois dif- ferentes ftrudures : le graîle marqué DD : celuy qui eft épais , marqué E : & le droit* marqué F.

L’on voit en l’inteftin graîle des rides en forme de croillànt , iemblables aux valvules qu’on obferve dans l’inteftin épais des hom- mes , qu’on a appellées par cette raifon val- vules annulaires ; fi- bien que leurs jambes mefines & leurs petits ongles ont de ces vaif. féaux qui y portent 1 air. L’inteftin droit F en a

audi principalement à deux mnfcles , qui fer- vent a le décharger de fès excremens.

î-a vafe qui luy fert de nourriture , tranfpa- roift au-travers de fon eftomac , Sc de fes in- ceftins & de tout le refte de fon corps ; mais mieux encore à fendroit du dos qu ailleurs : De.là vient qifil paroift à Tendroit du dos de diverfes couleurs félon les diffèrens change- mens qui arrivent à la couleur de la vafe , mais il n'en paroift point diu tout dans cet in- fède^ ni dans les mouches , dans les vers qui font dans le bois , ni dans les vers à foye, & dans beaucoup d'autres infcdes lors qu’ils £e trouvent fur le point de fe changer 3 car en ce temps ils font tous tranfparens comme du ver- te 5 tellement que Ton peut voir le mouve- ment de leurs inteftins au- travers de leur peau: Et au-Iieu que les hommes & les autres ani- maux n’ont qu'une trachée artere,les poulmons de ces infèdes font compofez de deux tra- chées, dont les branches s’étendent en ferpem tant à toutes les parties 3 comme la figure IV. les reprefènte,

La ftrudure des poulmons dans tous les infèdes que j ai connus^ confifte en un nombre infini de petites parties roides & tournées en cercles en forme de petits anneaux, tellement jointes enfemble par le moyen d’une petite membrane, qu’ils peuvent aifément retenir l’air & le rapporter par toutes les parties du corps.

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Ce que j’ai obfervé dans les vers à foye, me fait croire que lors que le ver de PEg^e- mere quitte fa peau , la peau auffi qui couVre les poulmons, fe change en dedans; car j’ai remarqué dans les vers à fbye, que dans le peu de temps qu’il met à quitter fa peau extérieu- re , dans le mefme temps une centeine des branches des poulmons qu’il a dans le corps, compofcz de petits anneaux , comme je les ai décrits ci-devant , ft dépouillent auffi de leur peau ou membrane. Je h’avancerois peint une choie incroyable , fi je n’en avois efté con- vaincu plufieurs fois par mes propres veux.

Je me fuis fort tourmenté pour découvrir dans le ver de l’Ephemere les ouvertures ex- térieures des poulmons ; ils n’en qnt point dans le gofier ni dans la bouche, comme il ar-

rive aux autres animaux ; ces branches des poulmons diminücnt à-proportion de ce qu’ils approchent de la tefte. Après l’avoir cherché long-temps , je croi que leurs ouvertures font aux coflez de la poitrine, comme je l’ai veu dans les fàuterelles , à-caufe que dans ces ani- maux les ouvertures font plus aifées à voir, qu’elles ne le font dans le ver de l’Ephemere, qui les a plus étroites à-caufe qu’il pafâe fi vie dans l’eau & dans la vafe : dans les vers à fbye il y a dix de ces ouvertures à chaque cofté, dont les deux dernieres ne fe voyent jamais mieux que lors que les vers cliangent de peau;

car elles font marquées de petits poils noirs.

Mais ces poulmons fe voyent entièrement qii^ques jours après la mort de ces vers ; car alors le refte des entrailles ellant devenu noir^ leurs poulmons qui font de couleur de perle ou d’argent, s’y remarquent aifément: outre qu’eftant d’une matière dure êc ferme , ils ne paroiilent pas fi longs que le refte, & confer- vent plus long-temps leur figure.

Leur poitrine parôift toute tifs lie de petits vailfeàux entrecoupez : mais pour voir s’il y a de Tair dedans , il ne faut que les mettre dans - une goutte d’eau ^ &c les preiîèr avec une épin- gle t car par-là l’air caché le fait aulli-toft connoiftre par le mouvement qu’il frit dans l’eau. Ainfi 5 quand on les ouvre fous l’eau , & qu’aved un cifèau f on ouvre ces poulmons ^ l’animal vient aufiî-toft fur l’eau : ce qui arrive aulîî à toutes les branches.'

Il y a encore un autre moyen de voir ces pbulmoiiSi C’eft lors que l’animal a eflé fechés car leurs petits vaififeaux les tiennent ouverts, au- lieu que les autres parties ont perdu leur figure en fechant. L’infinité de ces vailfeauxqui paifent aux yeux de cet animal , eft très re- irarquable &finguliere.|’avois plufîeurs autres; defièins de ces vailfeaux, de de leurs oüyes , que j’ai perdus^ Je ne fçai point quel eft ru-* fige de cette partie veliie marquée SS, qui eft foi]$ les premiete§ oUyes qui font point

coupées. Je ne fçai s’il y en a de pareilles en toutes les oüyes. Je ne fçai non- plus quelle communication les oüyes ont avec les pGiil- nions , ni celle que les poulmons ont avec le cœur marqué TT. Ainfi je ne puis rien ajoû- ter à ce que la figure nous reprefènte , fi ce n*eft que je n’y ai pas reprefenté toutes les branches delà trachée artere qui vont au cœur^ & que de-peur de faire quelque confufioii dans le delTein , j’ai efté obligé d’en couper beaucoup d’autres. .

Les parties qui font reprefentées dans mes figures 5 n ont pas toutes la mefme proportion entr'elles. J’ai crû qu’il eftoit mefme Inutile de les y réduire.

Le cœur de cet animal eft placé comme ce- luy des abeilles , des chenilles , & des vers de bois , au haut du dos , comme Malpigius l’a auffi diligemment reprefenté. Mais fuivant mes expériences, il ne conclud pas bien de-là qu’il y a plus d’un cœur dans le ver à foye. Je n ai veu le mouvement du cœur dans les femelles, que confufément*

La molielle de l’épine du dos eft fort admi- rable dans cet inleéfe , auffi- bien que dans les autres que j’ai ouverts. Elle eft compofée d’on- 2e renflemens. Le premier eft le cerveau , d’où l’on voit fortir les deux nerfs optique?, comme auffi les autres nerfs qui fe répandent dans le corps , qui font plus forts à l’endroit

des

des nuÆles qui remiient ies ailes, les oiiyes Sc nageoires. Lors qu’on les veut bien oblèr- ver dans leur état naturel, il fautfoufler dans ie corps de ranimai, principalement dans ce- luy du mâle ; car étant enflé de la forte, on les voit au-travers de peau.

Cliitius prend pour leurs nageoires ce que je nomme leurs oüyes ; mais il fe trompe. La moüclle du dos reçoit des branches de l’artere des pôulmons , qui portent auffi au cerveau & aux nerfs un continuel rafraîchilîèment. Je ne doute point que la moüelle ne reçoive aullî des veines & des arteres ; car j’ai véu clairement dans le ver à foye de petits vaifleaux & de pe- tites veines qui partoient du cœur, qui eftoient enduites d’une humidité colorée, fans pouvoir juger fi ceftoient des veines ou des arteres.

Les parties de la génération font auffi aifées à voir dans le ver de l’Ephemere mile, la veille du jour qu’il doit changer, qu'aprés qu’il a déjà changé. Elles rellemblent à la laite des poiflbns , les taupes & les couleuvres ont ces parties de mefine. Elles font pleines d’une hu- midité laiteufe, qui eftla femence de l’animal, Sc reçoivent beaucoup de branches de l’artere des pou'mons.

Dans la derniere capacité du ventre il y a en» cote deux autres parties qui ièmblent dépen- dre des vaifleaux fpermatiques avec lefquels elles ont une ouverture comme un e; mais je n’ai

à

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m’en éclaircir totit-à-fait, â-caufe que lel fujets me manquoient pour le faire. (

Le changement de ce ver qui eft dans l’eau^ en Ephemere qui vô!e,eft fi fiibit qu’on n’a pas le temps de le remarquer. Si on prend le ver dans l’eau , on ne fçauroit delîèrrer la main fi promtemcnt, que le changement n’en foit fait; a moins que d’y preffer un peu le ver à l’endroit de la poitrine ; car par ce moyen on le peut tirer de l’eau avant qu’il foit changé* Mais comment peut-on s’imaginer le dépliilèment de lès ailes ? L’ Ephemere n’a point de mulcles ni de ces tendons au milieu , qui les pliflènt & dépliilènt , comme nous les avons remarquez en d’autres infeftes , & dans le Perce-oreille , qui couvre des ailes fort longues dans un petit étuy, elles font fi artiftemeUt plilfées, qu’on ne connoift ps qu’il y en ait. Le Perce- oreille par le moyen des mulcles & des tendons qui Ibnt placez au milieu de lès ailes , les re- plie en un moment, & les étend de-mefine. J’avois crû que cela le paflbit de la mclme façon dans l’Ephemere : maintenant je croi

{ûûftoft, que c’eft le làng , avec le fecours de ’air , qui eft le pincipal reflbrt de ce change- ment. AuQi l’on y voit beaucoup de petits rameaux de la trachée artere par l’air pafle dans les ailes. L’elRt de l’air eft principale- ment de roidir les ailes , & d’en faire Ibrtir l’humidité : en efifèt , quand on coupe les ailes

de TEphemere qui eft fîir le point de changer^ qu’on les met dans un verre d eau , peu de temps après elles trouvent tout étendues, fans qu’il leur manque autre chofe que la fei% meté. J’ai plufieurs fpis fait cette obfèrvation, & j’ai appris par-là la maniéré donc les ailes s’étendent.

Je remarquois dans Teau , que les gros plis s’én-alloient les ptemiers , & que par-là l’aile trouvoit dans longueur naturelle: que les plis qui font félon toute la longueur de l’aile déployent après , comme on le peut voir dans la Tab, VI. qui a efté faite après nature. L’autre figure qui marque les ailes pliées ^ a efté faite avec un Microfeope.

Il y a d’autres infeéles dont les ailes le dé-p* ployent d’une autre maniéré ; car elles lont renfermées dans leurs étuis, & froncées de tout lèns : c’eft par cette raifon auffi qu’elles met- tent plus de temps à déployer.

Les Papillons ont les ailes encore autrement faites ; on n y voit point de plis , ni de ten- dons, ni de mufcles; elles font couvertes d’une infinité de petites plumes couchées les unes fur les autres , & qui fe dégagent fi admirable- ment lors que les ailes s’étendent, que ce forcit la matière d’en écrire un Livre entier. On peut dire avec vérité , que l’entendement & la rai- fon comprennent mieux , & touchent ( pour aijtîfi dire ) mieux Dieu dans fes ouvrages , que

DOI

MMeM

11

nous ne touchons les chofes materielles de nos mains, de que toutes ces maniérés font atj^ incomprehenfibles que rouvricr qui les a trouvées.

L’Ephemere après eftre forti de feau , com- me nous venons de dire, cherche un lieu il fe puillè mettre. Se (e dévêtir d’une fine mem- brane ou voile qui le couvre tout entier. Ce fécond changement fe paflè dans fair; mais le premier changement qui s eft fait Ibus Teau, le défigure bien davantage , car l’Ephemere y perd fes o-üyes , fil-bien qifil n'en relie que quelques petites marques ou points au défions. IfEphemere perd auffi dans ce changement fes petites nageoires , fes dents ou mâchoires , la forme de fes jambes ^ f étuy de fes ailes , Se fes queues : tellement qu’aprés ce changement il n’eft pas réconnoifiàble. Il eft impoflîble de Tobftrver, à-caufè de la viftelfe avec laquelle la chofe fe paflè lors qu'ellg fe fait : on le peut bien obferver en le diflècaht un moment avant que le changement fe fafle, ou en regardant avec foin cette petite peau , l’on trouve les oüyes qui y font demeurées ; Von y voit Sc les points Se les petits trous eftoient les oüycs; les nerfs Sc les veines s’en détachent , comme un fruit meur tombe de Ton arbre.

Quov-que La plufpart des parties de l’Ephc- mcrc deviennent plus longues dans ce premier changement, fes cornes, font néanmoins plus

.U.

petites qu’elles ireftoient dans le ver. Le chan- gement qui aU'ive aux yeux , eft auffi forç confiderable : dans le ver ils eftoient couverts d’une petite membrane unie & étendue com- me un Talc ; 6e après ce dépouillement ils font compofez de plufieurs yeux qui font comme un petit rézeüil J les deux quelles viennent une fois auffi longues ^ 8c la quelle du milieu dif- paroiil tout^à-feit,

J ai trouvé jufques à fix & fept mille de ces yeux dans de fembîables infeétes , dans d’au- tres je les ai trouvé Temez par tout le corps, comme dans les araignées 8c dans les fcorpions: mais il ne faut pas s’imaginer que ces yeux fbient de la mefme ftruéture que ceux des hom- mes, ou des autres animaux. Vous n’y voyez point d’humeurs , ce font de petits filets termi- nez par un hexagone, qui de l’autre bout vien- nent à aboutir au cerveau. Ainfi leur vifion ft doit faire autrement que la noftre: aux hom- mes c’eft: la réunion des rayons vifuels au fond de Tœil , qui la fait ; 8c dans les infeéfes^ ce$ petits filets nerveux efiant touchez diverfement par la lumière, en tranfmettent le fentiment aq cerveau , comme je l’ai amplement décrit dans mon livre des Abeilles,

Le fécond changement fuit de fort prés le premier , & fe pallé de la forte. L’Ephemere s’arrefte avec la pointe de fes petits ongles le plus ferme qu’il peut 5 il luy prend un mouve-

B iif

Î4

ment ftmblable à ceîuy du friflbn ; aufli-toft îa peau qu'il a fur le milieu du dos s'éclate ^ il tire après (es petites jambes , la pointe de fes on- gles demeurant toujours en mefine état , & at- tachée à la peau qu'il a quittée. Les ailes fe défont de leurs étuis , comme nous tirons nos gands quelquefois en les renver(ànt ; & il ar- rive que ce renverfement de peau n'eftant qu'à demi-fait, l'Ephemere demeure comme pris, & fans qu'on luy remarque aucun mouvement, Fig. VII.

Les queues en deviennent un tiers plus Ion. gués qu’elles n’eftoient dans le premier chan- gement; tellement que la queue & les jambes qui dans le premier changement eftoient ve- nues un tiers plus longues , croilîènt encore d^uis celui-ci d'un autre tiers : Mais à-caufe que la queue eft compofée de petits anneaux, (bn dépouillement eft plus remarquable que celui des jambes.

On peut remarquer que les poils de la queue, qui eftoient unis dans le ver, font fepa- rez les uns des autres , 3c font devenus encore plus déliez dans l'Ephemere qui en eft forti.

Apres ce changement, l'Ephemere fe met à voler de tous fens : il fe tient quelquefois fur l'eau tout droit fur queue, en frapant fes ailes les unes contre les autres ; car fa queue qui eft creufe & pleine de petits poils , le foûtient ai- fement fur Teau , comme il arrive à beaucoup

à

4 * J

d’auttes animaux qui demeurent long-temps fjjr la furface de l’eau avec un pareil lècours, & nommément à ces vers d’ou viennent les grolîès mouches , &aux vers des vaches. Cet air ne demeure pas toûjours attaché aux queües de l’Ephemere. Lors qu’il en eft fortij ou qu’on les a fait fecher, en le prelTant avec une épingle , ces petits poils fe réunilîcnt en- femblci

Il y a encore une autre raifon qui les foû- tient iur l’eau; c’eft qu’ils ont une petite vellîe pleine d’air dans le corps : car je ne voüdrois pas alliirer que leur eftomac fut plein d’air^

Le mâle change deux fois ; ôc pour la fe-^ melle,je ne l’ai veu changer qu’une fois : de-là vient peut-eftre que la queue de la femelle eft d'un tiers plus courte que celle du mâlej mais il a les yeux deux fois plus gros quelle, la Cou- leur de fon corps plus tirant fiir le rouge, Sc ai quatre appendices à fes queües , que l’on ne toit point dans la femelle, qui a plus de corps que le mâle : ce qui eft commun à tous les in- férés.

Il ne le fait point d’accouplement entre les Éphemeres ; la femelle jette fes œufs , que le mâle rend féconds en les couvrant de fc- mence.

On ne peut pas dire qu’ils s’accouplent lors qu’ils font vets^ ils n’ont point le mouvement libre dans I eau , s’ils ne font dans leurs petits

V'iilJALflVJUMKVJlIP IIM JU

l6

trous ; &: je ne fçai point d'infcde qui s accôil-^ pie avant ion dernier changement; je n’ai poiixt veu que ceux-ci s accouplailènt dans lair, comme les Hannetons le font.

La multiplication des Ephemeres eft admi- rable -, mais celle des Limaçons Teft encore davantage. Ils font tous mâles ôc femelles. Je doute qu’il y ait des hermaphrodites parmi les hommes : je fçai que parmi les Abeilles il y a% des mâles &dcs femelles, & une troifiéme ef- pece , qui n’eft ni mâle ni femelle : car ce qu’on appelle le Roy eft la femelle : & l’Abeille or* dinaire n’eft ni mâle ni ft melle.

Il en eft de^-mef ne des Fourmis ; 3c tous ces animaux qui ne changent point de place , ou qui vivent dans des écailles, doivent avoir une maniéré particulière de ie multiplier : ce qui doit s'étendre auffi juiques aux arbres & aux plantes.

L'Ephemere ne prend aucune nourriture dans les cinq ou fix heures qui bornent le cours de fa vie. Il f.mble qu'il n'ait efté fait que pour multiplier ^ car lors qu'il eft en eftat de faire des ceuft , ou de jetter ia femcnce , il change fa figure de ver, & il meurt aulli-toft qu'il les a jettez.

Le mefine arrive aux Papillons des vers à fbye. La chofe pafle autrement aux Fourmis ôc aux Abeilles, dont la femelle, qu'on ap- pelle le Roi , jette environ fix mille crufs en

.1/

it

bn ân ; Il y à une efpece entre les Fourmis 8c les Abeilles uniquement occupée à élever les anfans de leur Republique ; les mar- ies au contraire qui ne font point chargez de ce loin , meurent fort peu de temps après qu’ils ont jetté leur lèmences; &ceux qui ne meurent pas de leur mort naturelle , font mis en pièces par les autres Abeilles.

En trois jours de tems on voit paroiftre, comme l’ai dit,& mourir toute l’elpece des Ephemeres; ils durent quelquefois jufques au cinquième jour, pat la raifon de quelque changement ou maladie qui eft arrivée à quelques-uns de leur cfpcce , qui les a empefehez de fe changer au meltue temps que les autres. Et comme ils ne changent pas toujours la veille de Saint Jeaiij mais quelquefois mefme quatorze ou quinze

jours pluftoft ou plus tard ^ rien ne,mempef-

-L. J-

che de croire qu’il ne puillê y avoir cette dif- férence de temps entre les premiers- venus ôc les derniers; Les autres infedes ont de-meltne un temps marqué pour leur changement, qu’il eft impoffible de retarder. J’ai éprouvé plu- fieurs fois qu’ils mouroient pluftoft que de manquer à le faire ; & ces contraintes que je leur ai fait fouffrir pour ces expériences, m’ont appris beaucoup de chofes touchant l’anato- mie & la maniéré dont leurs parties Ce plient & fe deplirsent.

C^oi-qu’il ait palfé jufques ici pour conftant qu’il y a des animaux qui viennent de la eorru-i

iS

ption, il faut dire neanmoins cjucles expérien- ces de ce fiecle nous ont appris cju’ils ont tous uncmefme origine, & qu’ils viennent de leurs œufs. La femelle de l’Ephemere, apres eftre fortie de l’eau, s’eftre dcpoüillce, & avpir volç quelque temps, jette fes œufs fur l’eau, qui nefe peuvent voir diftindement qu’avec l’aide d’un Microlcope flir du papier noir ou bleu. Quand le mafle les a moiüllcz de fa femence,ils defeen- dent aufond de l’eau. Je n’entreprendrai point de dire combien de teins ils mettent à s’cclorc: je n ai pas fait 1 expérience d’en amallèr beau- coup , & d'en mettre dans de l’eau & de la vaze pour m en éclaircir ; Je içai leulement que fl l’on fouille quelque temps apres dans la vaze, on y trouve de ces vers de différentes grandeurs , que j’ai décrit ci-devant , & qu’auf- fi- toft qu’ils font fortis de leurs œufs,ils fe met- tent a travailler & a creulèr leur mailons,toû- jours au bord de l’cau,& enforre toutefois qu’ils ne foient pas éloignez de fafurfaçe , & qu’ils puiflènt rcfpirer & remplir d’air cette errande quantité de poulmons,ou de branches de trachée artère qu’on voit en les diffècant. En effet, j’ai remarque lors que je les ai tenus dans de l’eau & du fable, quils fe tenoient plus volontiers prés de la furface de l’eau , qu’au foncTdu fable: mais il ne faut pas que j’oublie à ce propos ce que j’ai remarqué fur les vers qui fe mettent dans les habits. J'ai trouvé qu’ils font leurs maifbns des mefînes maneres dont ils fe nour-

^9

rirtent ; qu’ils portent ces maifons par . tout comme des limaçons ou des tortues 5 quainfî leu!?s logemens font tapilïès d'autant de matières & de couleurs ^ qu ils ont rongé de differentes étojffcs y que leurs excremens font de mefme: Auffi dans les excremens des infeétes Ton trouve de toutes les herbes dont ils fo nourrif- font ; ôc quand il a plu quelque temps^ ces ex- çremens font des taches for le linge , qifil n’eft pas aifé d’oflcr. Cela arrive auffi dans les boc- tes des Apoticaires 6c des Herboriftes ; & l'on prend fouvent ces excremens pour les graines des herbes que ces infoéfes ont rongées.

L'on peut tirer quelque ufàge de cette ob» forvation pour la çonnoiflànce des couleurs, de pour nous délivrer des incommodité^^ de quel- ques animaux qui nous donnent de la peine les Taupes 5 par exemple, qui gaftenc tant les prez ôe les jardins , fo nourriffont de vers terre, comme on le voit dans leur eftomac. Si avec de ces vers hacher vous mefléz de Tarfe^ niç Sc du fong de Taupe, qui fe tire aifément, en leur donnant un coup for le mufeau , vous les faites mourir.

Dans le temps que je travaillois à cette HL ftoire, j'ai obfervé diverfes elpeces d’Epheme- res ; mais je n'ai point trouvé celle dont Ho- fcnagel nous a lailFé le ddïèin. J'en ai trouvé une efpece fort petite for la fin de l'Efté de Tannée prés du village deSlôte, hors les portes d'Amfterdam ; je troiiyay les champs

, k.'

ào

couverts d’une infinité de ces petits Ephemercs qui laiiToient leur peau fur mon habit, & vo- loient enfuite vers l’eau. Jecroi que le ver, de cette petite efpece ne fait pas fa demeure dans des trous & dans la vaze , mais dans des fonds de fable ou de pierre : auffi a-t-il la peau plus dure que les, autres , & qui approche de la du- reté de celles des Crevettes : & quand vers le milieu de l’Efté on tire des bords du Rhin ou du Lech quelque pierre , on y trouve beau- coup de ces petits vers , comme j’en ai trouyê auffi^ fur les bords de la Loire & de la Seine , éc d’autres rivières de France. Je peux faire voir en un moment dans mon cabinet tout ce que j’ai rapporté ici de ces vers, & de l’Ephe- inere qui en vient.

Ceux qui compareront cette hiftoire de l’E- phehaere de Monfieur Sirammerdam avec celle qu’en ont fait Aldrovandus , Jonfton, & Clutius , trouveront que l’on apprend plus en etudiant la nature , qu’en palîànt vie liir les livres. Clutius , par exemple , nous donna l’Ephemere décrit par Dortmannus fur la me. moire quiluy en eftoit demeurée : Goudart en donne la copie lur ce qu’il en a trouvé dans Clutius , Sc confelle qu’il n’en a jamais veuj Noftre Académicien au contraire en rapporte plus d’oblèrvationluyfeul que tous les autres, & lliivant les maximes de la Compagnie ne rapporte gueres que ce qu’il a obfervé.

F I M.

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WJ* ^

TABLE II.

FIGVRE 1.

A Le mâle cjui a, les yeux deux fois ^Im gros que U femelle.

B Ses petites cornes avec leurs urtîcu- Utions.

c Les mâchoires dures comme des dents , avec lefquelles ils fouillent creufent dans la terre.

D Ses faites.

E Les boutons ou fetits étuis ou font en~ fermées fes ailes.

ï Sef 0uj.es qui font comme de fetits mufcles élu fiurées d’une infinité de fetits foils , toujours en mouvement , & qui fervent â rafraîchir le fang., comme les ouyes des foijfons.

^ Ses trois f eûtes queues velues avec leurs affendices.

FIGVRE II.

Les trous que le Ver de l’Efhemere fe fait dans le vafe , il fe cache (J fi mûrit y les uns flus grands , les autres flus fetits y & flus ou moins creux, fi- lon que l'eau monte ou baijfi.

à

I rTï

table VL

Comme fes longues ailes , qui eJioienP refermées dans des étuis fin petits , Ce depLiJfint dans le premier changement & s et endmt en longueur UrJur,

Hig. Il, III, & Iv. dans U Xoble III. elles fint^ reprefentées comme elles font mns lés eiruih -

'TABLE vu

Comment l'Ephemere fait fin fécond, changement i ce qui fi pajfe plus lente \ ment que Eautre qtd il a fait auparavant dans l'eau. i

FIG V RE II.

Le mâle qui tient encore â fa fécondé peau, dont il ne s'efi pas tout à fait dé- P oui lié.

5

TÂBLE III.

A Les poumons de l'Ephemere , ou plu- tôt deux trachées arteres compofées d^une infinité de petits anneaux rotdes é' tour- nés en fpirale , c^ui defcendent en ferpen- tant le long de fis coflés , auffi bien dans le Fer y que dans l’ Ephemere qui portent

a air à toutes les autres parties de l’animal.

B B Branches qui partent des troncs A A qui portent l’air au cerveau eff aux nerfs, \

ce Autres branches qui vont aux mufcles de la poitrine ; *

E E Celles qui vont à la moùelle de l’épine du dos ;

Celles qui vont aux parties Jf ermati- ques du male , l’un de ces vaijjeaux , ejl reprefenté dans fa fituation ^ grandeur naturelle , Bon a dépeint plus grand que le naturel , celuy qui tief pas dans fa Ji- îuation.

Q Celles qui vont aux oüy es de V animal ^ la figure n’en reprefente que deux , les dix autres font coupées pour laifer

mir les dix nageoires de dejjotn R R.

^ Celles qui fanent l’air à la graijje, aux Hl membranes & à la peau de l’ Ephemere KK

Les nerfs femUahles à de petites vei- GG nés d’arq-att,

Âutres nerfs de mefme couleur , qui p p njont aux oüyes x r de l'anirrial.

La partie du milieu de ces canaux d’air qq qui paroijfent noirs en cet endroit , (f blancs tranjparens dans le refe.

Les cinq nageoires de ce coté qui font RR fourées de petits poils d’un jaune foncé 0^ doré.

üue petite plume composée de di ferons s s poils fous la première partie des ouïes -, je ne fçay fi cette partie fe rencontre fous les autres ouyes.

La moue lie d’ou partent les nerfs , qui yy font répandus dans tout le corps , 0- qui luy donnent le fentimenté- le movement.

Endroits ou la mcüelle efi foittenùe en fa place par des ligamens.

Les nerfs optiques qui partent ducer- Z 2 •veau , ou du commencement de la meùelle du dos , a l’endroit ou. cette mouelle com-

aniap

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i furoifire en forme de bamon. a a Xfx mufcles de la, poitrine qui remüAtt^ les jambes , lefquelles on void des nerfs qui viennent de la moiielle du dos. b b Autres mufcles qui remuent les ailes avec de pareils nerfs qui viennent de la- moue lie de l'épine du dos.

Deuic petites parties que je juge être les deux vniffeaux fpermatiques du mâle fans toutefois Pajfeurer. e L’inteflin droit.

V Artificieufe maniéré dont font plojées, les ailes i lorfqu^ elles font enfermées dans leur petit étuy cet artifce ne paroijl que dans le temps que l’ animal fait fn chan- gement.

FIG. II.

Foutes les parties que nom venons de décrire font reprefentées dans cette fi~ gun dans leur grandeur naturelle.

TABLE IV.

FIGVRE I, If IF, VII.

I L Bran ches de la trachée artere quipaf-

ti'-. . V.

vVt., >1/^-1 fri

Jènt À î’ovanum ou aux œufs ^i^ue l’ on voit Æw travers de la membrane , qui enferme les œufs.

Ces memes branches avec les œufs f g. N N VII. en forme de grappe de raifin.

Celles qui vont au cœur , dont je n’en o O ay mis que fort peu pour éviter la confufon.

Partie du cœur qui s’étend tout le Tt long du dos.

Les endroits le cœur eB le plus gonflé, xx

Les mufcles qui remuent les fix ouyes c c ^ les cinq nageoires , qui f%nt à chaque cofié de l’animal.

Les ceufs\ la fig. II. les reprejènte , S comme on les voit fans microfeope.

Les mufcles de l'inteflin droit , qui fer- 1 1 œent a l’ excrétion des excremens.

FI G. V.

Partie de l'œfiphage ou conduit par A vu la nourriture pajfe dans l’efiomach.

La bouche ou ouverture inf rieure de B î'eBomach , par la nourriture fi dé- charge dans les intefins. B

L’efiomach ou l’on void quelques peti- ^ tes brnehes ou parties de la trachée ar-

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tere, comme elles font marquées dans la première figure de^ la fixiéme table.

D L intefingraile qui efi comme un épan~ chement ou continuation de l'eftontaeh qui s’hrecit à^mefure qu'il defcend. * Ë L inteftin épais , ou l'on 'voit de lon^ gués lignes au dedans & au travers de U membrane qui U com^ofe. r L Intejl in droit avec fe s rides ^

G Valvules en forme de croijfant qui roijfent au dedans de intejl in gr ailé ^

FIG. VI.

Le cerveau ^ U moüe/le du dos les nerfs qui en fortent^ ^

FIGVRE lii^

' L utérus double ou œufs de l* Fphemere qui fottent fur la fur face de I eau , (jf* que le mUe couvre de fa femence : car entre ces animaux , lejpecc Je multiplie fans aucun accouplement.

FJGVRE III.

Ma ISO N d’une Chenille que j’infere icy à caufe qu’elle m’a paru merveilleu- fe : elle eft bâtie d’un grand nombre de petits bâtons longs , prefque tous femblables en grandeur ^ joints enfemble avec une colle fort déliée. Les trois premiers rangs de ces petits bâtons 5 qui font le fondement de cet admira- ble édifice , font deux fois plus gros & plus longs que les autres, II eft couvert par tout d’un tilTu épais & inimitable , femblable à une forte toile de lin ; par dedans , il eft tapifle ou enduit d’un duvet d’une façon tres-finguliere.

petites polies coînme une glace Sc plus entières que les autres , qui fe trouvent foiivent rongées par quelque efpece de ver. Ce que Ton appelle coquille dans les animaux de ce genre , eft à proprement parler leur peau. Rondelet qui la décrit, nous a voulu faire croire que cepoiffon qu*il appelle Bernard-rHermite,fe loi^" tou- jours dans les coquilles d’autruy , ôc qu’il n’en a point de propres , comme Ariftote l’avoit avancé: mais i h n’ont pas que le poiffon tient à la coquille à fendroit du fécond tour de fa fpirale , par des tendons qui durci Ifent comme ceux dès pieds des poulies , ces tendons ne tiennent à la coquille qu’en un point , s^ea détachent aifement, & Ton voit le jour au tra- vers, lorsqu’ils y font attachés ; ce qui a donné fujet à Terreur d’ Ariftote & de Rondelet , coquille du Cancellas eft la, véritable peau de Tanimal qui croît avec luÿ à inefure qiTil aug- mente corlage y ce qui arrivé auïïi àpk" lima- çons, à ceux-mêmes qui fe trouvent u fouvent dans les vignobles aux environs de Paris.

Cette coquille ^ eft couverte d’une perioft ou membrane , fi déliée que Ton ne Ten peut feparer qu’en mettant durant quelques jours la coquille tremper dans une leffive : car fi on k frotte après avec un peu d’eau forte, ce perioft ou membrane s’en fepare aifement ; il y a des coquilles elle eft alfez vifible, finis quô Ton Ce Serve de cette diligence.

^ Les cinq 'cercles ou tours de la fpirale,

® Ses yeux.

^ Ses petites antennes ou cornes avec des poils.

tàmtmhÊm

4

rœil.eft fort dure , la fuperieure au contraire eft tout à fait, tendre.

B B Ses cornes dont la figure ne vous reprefente pas ina! Tartifice,

C Le bras gauche.

D Le bras droit,

E E Les quatre pieds de devant, f F Les pieds d’après.

GG La quatrième paire de pieds dans laquelle il y a cela de confiderable , que ces jambes ou pieds à l’endroit marqué L , font percez par deux petits conduits ou canaux qui portent ou les œufs de la femelle , ou la femence du mâle,

H H Trois afitennes ou foyes divifées par de peti, tes articulations aufquelles les œufs font at;- tachés ou collés.

Le point auquel fe réunifient tous les ten-, dons des mufcles du corps du poilTon , qui tient toujours attaché à cet endroit de fk co- quille tellement qu’il ne la peut quitter.

s compq^ç de deux articulation^ iim- peu t coiîl

en dedans , & mettre à couvert fous fa queue. L'inteftinum reélum. q

Trois ofTélets teftacés avec leurs articula^ D d tions des deux codés la queue.

Partie de Finteftinum grêle, E

Le cœur ou quelque partie analoque au cœur, f Ses apendices ^ comme elles font fituées , ce g g qui eft tres-remarquable dans ce fujet.

Le commencement des appendices dans la h H poitrine ^ qui fortent de deux conduits â part.

Les apendices que Ton a reprefentées fous les 1 1 lettres HH dans leur fituation naturelle , font reprefentées tout étendues fous les lettres 1 1

A iij

6,

V,

Ak

BB

C

N des pieds de la quatrième paire , Ét guré à part plus grand que nature avec îe vas génitale qui le perce.

Les cinq articulations de fa partie anterieure ^es pieds.

Les inflexions du vafè génitale.

L’endroit il fe tourne en fpirales;

Son extrémité.

L’endroit le vas génitale perce la qua^ tricme paire des pieds.

Le coeur. , X A

Quatre vaiïTeaux, qui de la poitrine paC- ^ fent dans le coeur.

Deux vailFeaux qui fortent du deffbus du q cUeur.

Quelques vaifleaux décharnés qui contîen- ^ Uent le fàng.

Une de les ouyes ou bronchiæ. £

La partie la plus époilïe des bronchiæ, p La diuifion de Touye en les lamelles. q

La ligne blanche que Ton voit au milieu, n marque que les cartilages , le long defquels font les vaiïïeaux qui contiennent le fàng , font en cet endroit plus époilfes & plus blanches.

Table V.

s

T A B t E VI.

AA T E cerveau.

B B Les nefs optiques dilatés.

C Le commencement de la moelle de Tépine du dos.

D Le premier gonflement ou nœud delà moè'Ilc ipinale avec les nerfs qui en fortent.

E Cinq autres gonflemens femblables.

E Les nerfs qui partent du tronc de la moelle G D autres nerfs qui fe croifent- H Partië de la coquille que Ton a lailïee iur le nerf optique que l’on voit palTer dellbus. I La tunique Cornée.

K Une fubftance femblable â de la gelée que l’on voit dans 1 oeil, fiir les fibres piramidales , elle a la figure d’une exagone.

L Les fibres pyramidales dans une fituation contraire à naturelle. - M La partie noire des fibres pyramidales qui prend ion origine de la tunique Vuée.

; N I.a partie inferieure de ces fibres de cou- leur brune.

O O La partie du milieu de ces fibres qui efl: plus claire.

P P Partie de cette meme fibre renverfée veiic avec un microfcope , qui groflUfoit d’avanta- ge l’objet ; avec fon fecours l’on voit que cha- que fibre eft compofée de plufieurs autres, chacune delquelles fibres ell encore compofée de petits globules réguliers.

t

LE CABINET

b E Mr.

SVVAMME'RDA M, DOCTEUR EN MEDECINE , O XJ

CATALOGUE

De toutes fortes d'infeéles , de dlyer-^ fes préparations Anatomiques , que l’on peut dire être un fupplêment tres-con-. jiderable de l’HtSloire naturelle dés Animaux.

QÜi nzï Boctes de Mouches de di- vers païs.

14. B . de Papillons qui ne voient que de huit.

A

5 M .W- v m;' iw" jv^hwiw w.m.

1 LeQtihhet

8, B. de Papillons qui volent que de jour.

lo. B. de Scarabei,

B. de diverfcs maniérés de Nids que font les Infedes , tant grands que petits.

i. B. d’œüfs d’Infedes, differens en figure & en couleur.

I. B. de Vers & de Chenilles.

1. B. de Vcrues qu on voit fur les arbres & fur leurs feuilles.

I. B. de quantité de peaux que les Infeâes quittent quand ils Ce dépouillent;

1. B. les Infeébés font dans l’état ou ils fe trouvent lorfqu’îU fortent de leurschry- fallis ou coques.

1. B. de toutes fortes de ckryfallis ou co- ques, ou font les trois ordres entiers, dont il a parlé dans fon Livre dis Infeéles.

I. Nid à quatre étages , fait par desGala- bronif>u Mouches gijelpes , haut de fix poul- ces , & large defept , bafty fur des colom- nes.

/. B. de plufieurs fortes de Sauterelles,

I. B. de Scarabei ou Efearbots du Japon, & autres endroits des Indes.

I. B. de Scorpions des Indes Orientales & Occidentales ; la Scolopendra & le Phalan- gium, qui eft la plus grande forte d’aragnccs, & autres.

de M r. SM^ammeràam» i

i. B. avec des înfedles aquatiques , i fça- vou 'e Moucheron, U Punaife, l’Efcharbot, le Scorpion de mer , le Poû d’une Balaine. ©iyerfes fortes d Afellus de mer. Et des ver- miflèaux qui demeurent dans des tuyaux , avec plulîeurs autres.

/. B. d’Epheitières , oi\ I*on voit lever tant mâle, que feraêlle , avec la manié- ré dont il fe dépouillent de leur première Sc deuxieme peau, & toute l’hiftoire de :ét animal, qui ne vit que cinq heures , pendan^ lefquelles il naift , il étend fes mem- bres, eft jeûne j change deux fois fa peau, :ait des œufs, jette des Icmences , vieillit SC nèurt. Comme on peut voir dans l’hiftoirc mprimée chez wolfang à Amftèrdam en Hollandois^ & dans la tradudlion que l’on :n imprime à Paris.

I . B. eft toute l’anatomie d’un ver à foyei’ l’on démontré fon èftomach ; lestamcaux le rafpera arteriai lavefica pneutnatica, le >enis , les tefticules , les vefîcules feminales, e cœur , les vailTeaux qui contiennent la bye, l’Ovarium , les vailTcaux qui contien- lent la coIle,qui fert pour coller les œufs. Un èr à foye tout entier embaumé: & la manie- c comment la peau eft feparée du corps , lans fon dépoüillcnient , l'on y découvre les amifications de l’alpcrâ arteria, quichan-

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-T - -y ii¥ii 1ÏI itrnnTBÉTr ifir

4 Le Cabinet

gent mefme en dedans le corps : avec be^^

coujy d’autres parties tres-curieufemen^ ^o-

ierv^ées.

; ^ î . B. avec toute l’anatomie d’un Coffiis , ors grand ver qui ronge le bois , & fc change en Scarabeus Naficornis : l’on y voit fa Nym- pha autremèm chtyfallidc , ou socque , & prcfque les mefines parties du ver à foye.

88. Images ou figures au vif d’infeûes étrangères, d’Afrique, d*Amcrique,du Japon & de divers quarriers des Indes Oricntaless

Al

de S'ouammerdam.

5

WlVBfRS E s PARTIES BV Corps Ht^mam ^ ou d'autres Animaux embaumées^

a N Garçon âgé d’un mois , qui eftavec toutes fes entrailles dans une bouteille embaumé en un baume tranfparant , il eft depuis l’an i66^,

I. Embryon mâle de. fix mois a avec le funi-* cul us umbilicalb^ qui eft encor attaché aux corps , & à placenta , dont) les veines font remplies d’une couleur rouge ^ aufli;dansun baume tranfparent.

I. Embryon femelle de quatre mois, de mefmc.

I. Embryon mâle db trois mois, df tnef?

mcé

ir Serpent entortillé , de mefme.

1. Pouflinsavec TOvarium^ de mefmc. Les filets du tefticulc d’un rat , démeslez , embaumés de mefine.

Toutes les parties d’un ver à foyc, ainfi qu’elles font pliées deflbus fa peau dans le temps, qu’il eft fur le point de prendre la fi- gure de la Chryfallis oucocquej, préparées de mefmc*. A iij

i Le Cahlnft

Les Vcrmiffeaux de TEphemcrc, dont il a fait imprimer rhiftoire,quis’impnir^ . François.

Le Ghorion d un Cheval , qui eft de deux pieds de longeur & d’un pied & demy de lar- geur , dont les vailTaux font remplis de cire ^ les veines d’une cne rouge, & les artères d’u- ne cire rougeâtre.

le Poulmon d’unHomme^ou rafpcrà arteria, Farteria puhnonalis , la vena pulmonalis & Tartcria bronchialis , font préparées : l’afpeia arteria eft remplie de cire jaune, l’artcria puh monalis d’une rouge , la vena pulmonalis , d’une rougeâtre. On voit dans la fuperfîcic de lafpera arteria la bronchialis , qui quoy qu’elle foit extrêmement petite, eft remplie d une couleur de feu : & par ce moyen on la découvre & dans les tuniques du poulmon , & dans celles des autres vaifteaux , car c’eft elle qui nourrit toutes les parties du poulmon. NotaCette maniéré de préparer les parties eft admirable & a cftéinconnu’c jufques à cét heure.Mais ce qui eft le plus fui prenant, c’eft qu'il n’y a aucune ramification de l’afpera ar- tefia , quelque petite quelle foit, qui ne fc voyc remplie 4^ cire jaune, jufqucs au plus petites vcifies.Èn voiçy la figure.

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^ Le Caitnet

de pourpre : la vcflîc du liel s*y voit auflr.

La matrice du mefme Embryon.

Un Embryon d’un mois , confervé dans une gomme tranfparente , mais fes parties ne paroifTent pas fort diftinâes.

Un fquelete d’un Embryon de trois mois.

Une autre fquelete d un Embryon de trois mois , avec le chorion , Tamnion la placen- ta, dont les plus petits vaiflcaux> & leurs ra- mifications font ieparée de fon parenchyme , les oiremcnsducraniumcn font monftrucux.

La veine porte du mefme Embryon, avec le folliculus fcllis ,feparés de leur parenchyme , collés fur du papier, & finbu d’une couleur de pourpre,

L’eftomach du mefme Embryon.

L’afpera arteria d'un chien.

, Les vaifleaux capillaires dans reftomach du fœtus d’uAc vache , d’une couleur noire.

Trois extrcmitezde la placenta d’un fœtus viviis , coloré de pourpre couleur de rofe, & collé fiir des papiers.

La tefte ou le craniyim d’un babiroufîé, ani- mal des Indes , moitié cerf moitié pourceau#

L’épine du dos d’un oifeau, ou cous les tendons du mufculc facrolumbus , font deve- nus des os.

La fquelete d’un Embryon de cinq mois» pu la clavicule du bras droit cft dé-ja tout en-

de Mr Suvammerdam* ticremcnt os, & celle du bras gauche n’cft v]ue memhraaeufe,ce qui eft une obfervation fort curiciifci.

L’os fpongieux de Touye d*un Eléphants

L’incus de Toiiye d’un Eléphant.

L’organe de l’odorat d’un oifcau Indien qu'on appelle Jatir^vogel.

L organe de l’odorat d’un cheval.

La fquelette d’une Tortue , ou toutes les futures font dcntccs,& c'eft ce quieft de plus confidcrablc dans cét animal.

Une boëte avec quantité de dcns,ou il y en a entr’autre une d'une vache de mer , qui découvre évidemment » que la croûte exté- rieur des dens, eft compofée d'une infini de ^ filets , qui font rangez comme ceux du ve- lours, d’où vient que la croute extérieure des dents eft fi dure.

Dans la mefme boëtcil y e n a une moindre, ou il n'y aque des dents d’hommej , depuis celles d’un Embryon de fix mois, jufqucs aux dents parfaites.

Les commenccmcns des dents dans un Em- bryon d’agneau, les oflelcts de Toiiyc, & la fquelette d’un agneau.

La mâchoire inferieure d’un fœtus , ou on voit comment les dents fe poulfcnt l’une lau- trc.

La fquelette d’un agneau qui n’eft pas

® Le Cahimt

puis grand que d’un doigr.

Un agneau embaumé avec fa chair;

Trois labyrinrcs de Toiiye de l’homme x la cochJca, une toute enç|erejPaiure ouverte, Sc la troifiéme prcparéc| cnforce que l’on % peut voir ies entrées».

tympan , la. cpchléa:^ , lés ofielecs de 1 oüye, &,tour ce qui en dépend; comme auiÏÏ leftapes de lorgane de l^uied^ne baleine.

La Iquelette d’une Çj^^uv-e- four is> celle dr im oifeaude Çanarie , & d, nn autre ailéai; nommé Çolibri, un de rifle de^.C en- filer , avec les plumes de ^uleur de feu , &c d un verd qui brille ; c’eft le plus petit des*oi? fe.a U X connus.

Le duétus thoracicLiSvtout eritier d*" un hom- me de quarente ans> avec fon conimeneement dans le mefentere ,& Ton infertion dans la rivarication de laveine cave ôc de l’axillaire, remplis de cire blanche,. Ôcks veines de cire lQuge..On y voitauffi comment les yailTcaux dymphatiques fc conuîminquent,avccle coti^ duit du,ehyle.

Les arteres du teftieufo dfun Tàureauf tant celles que I on appelle pf eparatoires, qije cel- les qui entrent dansle tefticule mefint Pem- plies de cire verte.

Les vafapreparantia des tefticules d’un hom^ me , remplis de cire ro^ge.

de Stivamnserd^.m. tri

Pancréas de div^is Animaux ; dont le fuc tî’eft nullement acide.

Vefieules feminalcs d’un homme.

Le clitoris avec les jambes ^ tant interieu- fcs,qu extérieurs ^comme il les a décrites dans Livre appeilé tramlutn nmumy qui eft une Anatomie tres-exade des parties de laFemme

Plufieurs penes d'hommes préparez par Mr, S^ammcfdaim les uns d’une manière^ & les autres d’un autre.

Le pénis dhin hcrifon& ceîuy*^d’un chien

Un Embryon de cinq mois , embaumé, ou ou Ton voit les vailîèaux vmbilieaires, le foye & les in teftins .

La bourfe duChat qui porte la civette cm- baiimée tres-curieufement.

La vcjfiedii fiel d’un hoiAne avec fe:' artè- res, remplicsdecire rouge. Sept pieres prefi que carées, trouvées par Mr. Swammerdam/ dansla vcficulc du fiel d’un homme.

Les ramaiix de la veine porte , l’artere he-^ patique, ^ les vaiffèaux du fiel , en leur fi- tuation naturelle , le tout remply de cire ; de forte qu on peut diftingncr la veine porte qui eft d’une couleur rougeâtre, l’artcrc rouge ôc les conduits du fiel jaunes, dont on voit les ramificationsqui s entortillent tantoft defius, tantoft delTbuvS.

^ Une boëte avec quantité de boyaux, tant

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Le C/thmtt

d’hommes que d’autres animaux. Dam mehue boëte eit auflile proceiïtis peritonci ainfjc^u’ileft natur-ellemenc, & aiiflî comme; ileft étendu dans une rupture, comme Mr. S’W'ammerdam la communiqué à Mr.Schra- dcr , qui en adonné la figure dans Ton Livre des obier vatios d Harveus réduites en o-rdre-. Quatre rattez des veaux, préparées d’une maniéré differente , avec leurs vaiflcaux & parcnchyracsdes vailTeaux font remplis de ci- re rouge &^lrougeatre , & le parenchyme eil : comme une éponge , &c.

Les filets dont font compoiez les tefticulès, tant des hommes que des rats, en cette prépa- ration, on donne un corps à ces filets* fans que la figure fe change,.

Deux, cœurs lUn d’un homme, & l’autre d un veau , embaumez , & preparezià la ma- nière de Mr. Stenon. Le foramen oval * en- cores unpeu ouvert, en un k)mme de trente deux ans.

Quelques morceaux des bronchiat ou oiiyes de deux ou trois forces de poilibns , remplies de cire. ^

Lesarteres du cerveau, préparées & feparées de leur parçnchyme , à la manière ordinaire .

Un petit morceau de la peau d’un fœtus , ou il a préparé les vaiiTeaux capillaires, qu’on trouve dans la cuticule, & qui font caufe que

de Air. Suvéïfninerd^m. ij peau du foetus eft rougeâtre lorfqu’il vieri^ -au monde , la tuba d nn mouton.

Le fonds, le col, les tubes ôclcs artères d’une matrice, dont les arteres font rcra^ pliés de cire roiige.Deux autres nfiatrices,pre- paréesà la manière ordinaire, &c.

La matrice d'une vierge ou font préparez les tubæ fallopianæ , les ligamens, la vagina: & les veines avec les arteres, qui font rcm- fplies d’une cire rouge & rougeâtre : de forte qu'on peut voir les vaifleaux capillaires, plus déliez que des cheveux, tant dans le corps de la matrice, que ça& dans fes membraneso On voit encore que les veines ont leurs arteres, dans rovarium il y a quelques oeufs prépa- rez.

La placenta uterina d’une accouchée j dont funiculüs umbilicalis> avec tous fes entor- tillemens eft entier, ou l’arteres & les veines , qui la compofent , font remplies d’une cire differente , qui a pénétré jufques auxextre- mitez de la placenta. Le funiculus eft long de feize poulces.

Un autre placenta uterina , dont les arteres & veines font de la mcfitie maniéré remplies de cire, fans que le parenchyme en foit 6 té.

Neuf oeufs d’une femme dont quelques uns ont encor leurs vaifleaux.

Une tuba fallopiàna, avec partic'du muf

2 4 LtCnhinet

cuk d un homme, prcparez d*un autre ma.^

niere.

Une des placentulæ d’une vache, remplie de ci;:e.

Partie de lamnion d'un cheval ^ &c.

Le Rémora avec quelques autres animaux. Des pouJmons de grenouilles, dont les artères dans la partie convexe, & les veines dans la partie concave,font remplies de mer- cure.

Quelques grenouilles embaumées.

Vne boere avec des écre vices très* rares.

Le nid d’un colibri , avec fafquelctce , & un autre avec fes plumes.

Vneboeteavec plufieiirs choies de mer. Vne autre boete avec des écrevices > & un autre efpece de Rémora.

Vneboeteavec des Lézards volants aportés des Indes.

Une autre avec la Salamandre aquatique, & autres choies.

Vne boere avec des étoillcs de mer $ ou Ton voit entr’autres la Stella arborefeens de ron- delet*

Vne autre avec des oeufs de divers oifêaux. Vne pareille avec quantité d’oeufs, ou.il y a un nid de corron , que des oifeaux des Indes attachent au branches des arbres. ,

Vne boete de diverfes plumes.de differentes couleurs.

MrlSüi^àmineYddfn. i5

Encor une boe te avec des écrevifles > ou y a entr’autrcs rareteS: un petit poiflbn , que Ion trouve fur les plus hautes montagnes.

Vne boite avec des füèilles, dont les fi- bres font découvertes, &feparées de leur pa- renchyme.

Vne boétcavec des fquelettès grenouil- les, Sc quelques autres de leurs parties.

Vne grande boete avec des coquilles difle.* quées & anatomîfées de diverfeS maniérés differentes ^ pour faire voir leur ftrudure , fi- gure intérieure, Sc ladiverfité de leurs entor- tillemens admirables.

Quantité d’œufs de Irmaçons de cette gran- deur o O O OOO, Icfquels M. SVfammcrdam, a tiré hors de futerus^du limaçon vivipare.

Les parties du Corail , fur dés morceaux de verre,pour faire voir leur ftruiaure , fes bou- les cryftallines, comme on le peut voir dans fa Lettre adreflee auSr. Bpcconi.

Vn injedion d’eftain dans le poulmon d agneau tres-curieufe , un autre injeélion faite dans le pores , des rofeaux ou cannes d’Inde.

Vne boete avec des aiguillons de moûches àmiel,&lesvefies qui contienent venin !de leurs aiguillons.

C’cft-Ule Catalogue des chofes que il a ra- maffées , & d*un nombre confiderable de préparations Anatomiques qu il a faites en feize ans de temps.

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iS Le Cabinet > &e.

'CE Cabinet de Mr. Suvafn merdam , tire fin principal mérité de ce qu’il y a mis de fin indufiriey ü* fis préparations t^natomiques ^ celuy de feUfJHonfieur Con Pere^ qui ejî maintenant à 'vandre d^mfter^ dam ejl peut être un des plus grands qui fiit en l’Europe j il y avait mis tout ce. qui eêl venu de plus curieux des 1 ndes Orientales py Occidental les 3 dans tefpace de cinquante ans ^ qu’il a employé à le faire.