recueil DE VOYAGES D E M *- THE VEN O T, DEDIE' AV ROT, A PARIS, Chez Estienne Michaliéï ruë S. jaques à l’Image S. Paul. M. DC, LXXxiJ. Avec Privilège die Roy < SUITE DU RECUEIL; o v DEcouverte dans l’ Améri- que Septentrionale par le P. Marquette Jefuite. Carte de la Découverte de la Terre de lèlmer. Am ballade des Mofcovites à Pékin, 8c Découverte des Pais qui font entre la Mofcovie 8c la Chine. Carte de la Route d’Abel Tafman autour de la Terre Aullrale. Nouvelle maniéré de Niveau. De prendre Hauteur , De mefure univerfelle. Et autres Problèmes > qui fervent de Suplément à l’art de Navigation. Avec l’Hiltoire naturelle de l’Ephe- niere. A V I S ; ’Envïe de connoiftre le monde nous eft naturelle , elle a efté du goût de tous les fiecles, de elle a fait l'ambition de plufîeurs de leurs plus grands hommes : Auffi nous voyons que prefque toutes les Nations ont eû des Géographes ; les Perfans de les Ara- bes en ont eû autant que les Grecs ôc les La- tins ; & la Géographie de la Chine eft aulîï exadle que celle que les Grecs & les Romains nous ont laiiïee. Il y avoit eû tant de deferi- prions du monde au temps d’Augufte, que Strabon commence la fienne par des exeufes de ce qu’il écrivoit fur une matière dont tant d'ha- bHes gens qu'ils nomment avaient écrit. Ptolo- mée trois ou quatre fiecles après Strabon fait les mefines exeufes ■ comme fi ce fujet eût déjà efté epuifé dés ce temps: Mais les grands voya- ges qui le font faits depuis nous ont découvert une étendue du monde plus grande que celle que les Grecs , les Romains &c les Orientaux nous ont décrite. Nous fçavons par leur moyen que les anciens ont prefque toujours efté trompez dans ce qu'ils nous ont rapporté des lieux où leurs Empires ne s eftoient point étendus, de nous ne devrons pas moins de con- noifiànces & de découvertes à ces voyageurs^ â 2 qu’à tous ceux qui les ont précédée , fi nous comptons l’étendue des découvertes qu'ils ont faites dans le monde 8c dans l’hiftoire de la na- ture , ce font ceux qui nous ont defabufez de 1 erreur où S. Auguftin a efté avec beaucoup de grands 8c de laints perfonnages , que la partie de la terre au de-là de noftre Tropi- que n avoir pas pû eftre peuplée apres le dé- luge univerfel. C'eft de ées voyageurs que nous avons appris que la Zone Torride dt une des plus déiicieufes parties de la terre, & des plus peuplées d'hommes & de toutes for- tes d animaux. Beaucoup de gens de Lettres fe font exercez fur Y autre difficulté que ces voyages ont fait naître , 8c fur l'origine des peuples qu'ils ont découverts dans l'A~ merique. Mais il fe trouve que ceux qui y ont travaillé ne fe font point fervis dune preuve qui eft peut- eftre convainquante, tou- jours eft-elle plus propre pour réfoudre cette difficulté , que toutes les autres qu'ils ont ap- portées : Et c:efl par cette raifon principale- ment que jay inféré dans le quatrième volu- me de ce recueil l’Hiftoire des Mexicains par figures , d où je la tire. (Dans ces figures ou Hifloires les années font marquées d'une maniéré particulière aux peu- ples de la hante Afie,auxChinois,aux Tartares, 8c à ceux du japon . Je ne fçay point d’autres peuples que ceux-là qui ayent compté leurs années par cycles : Et comme cette manier6 eft fubtile , èc que les Américains d’aujour- d’huy qui la pratiquent font fort greffiers , iî y a beaucoup de raifon de croire que ces peuples font venus d’une autre nation, & d’un autre païs que celuy qu’ils habitent, comme ces meffnes Hiftoires nous le mar- quent j/& apparemment de cette partie d’A- fie où on pratique cette manière fi fabule de compter les années. On me dira d’abord que l’on ne fe fç au- roit imaginer comment ces peuples auraient pû traverfer toute la grande mer du Sud, & Faire une navigation fi longue : Mais ceux à qui cette obje&ion fait peine ne fongent pas aux changemens qui peuvent arriver au Glo- be de la terre , ni à la facilité du trajet de la terre de jezo dans l'Amérique Septentriona- le, ils n’ont peut-eftre pas fait refiedion que la terre flotte dans un milieu fluide , que l’eau qui fait une partie de fon globe doit toujours eftre terminée par une furface fpherique , & qu’il ne fe fçauroit faire de fi petit change- ment à la pofition du centre de ce globe, que le mefine changement n’arrive à propor- tion à la fiirface de î’eaü qui fe doit tou- jours tenir également diftante de ce centre, Sc eflre tantoft plus & tantoft moins conve- xe ou courbée félon que ce centre en eft plus éloigné ou plus proche. Si-bien que fi l’on fuppofè que par quelqu’un de ces change- gemens qui arrivent à la terre par des trem- blemens , par des écroulemens 8c par des feux fouterrains,ce centre approche d’un codé delà furface de l’eau de io thoifes,la courbure de la iurface de l’eau changera prefque en la mefine proportion , 8c augmentera du codé duquel ce centre le fera rapproché : tellement que Peau qui battoit auparavant le pied d’une fa- laize ou codé de mer haute de 9 thoifes* apres ce changement la pourra couvrir toute entière, 8c les païs qui feront derrière, s’ils 11e font pas plus hauts que la falaize. Ainfi ces païs qui edoient auparavant dix thoifes plus haut que la mer , fe trouve- ront inondés fous l’eau. De femblables inondations peuvent avoir feparé la par- tie Septentrionale de l9 Amérique , de la haute Àfie, 8c y avoir fait les détroits qui font au Nord du Japon, ils peuvent avoir abîmé l’Atlantide de Platon avec les païs dont parle Clement Alexandrin , 8c depuis la Groenknde que le Roy de DannemarcK cherche inutilement il y a long-temps. Par là il fe fut des valçes ou il y a eu des monta- gnes , 8c des montagnes fe peuvent élever dans les valées & dans les plaines. Le moin- dre changement de ce centre peut faire ces renverfèmens qui paroiflènt fi grands aux hom- mes à caufe de la préemption où ils fonta ide régler le grand & le petit fur la mefq:- re de ce qu'ils peuvent faire , &c la duree du temps par la durée de leur vie : Ileftvrayque ces changemens ne font rien en comparaifon de la grandeur du diamètre de la ' terre ; car il n'y a point de proportion de dix thoifes y que nous avons prifes pour exemple à tant de pnilliers de thoifes , que la terre a de diamètre. Mais ce feroit trahir la vérité que de s'en tenir là, & de dire feulement que ce chan- gement a pu arriver. Il n’efl: que trop vray qu'il eft arrivé plufieurs fois , & il y a peu de païs où on ne trouve quelques preuves , & ou Ton n'en voye 4es effets tres-faciles à reçonnoiftre. Lucrece,Ovide, Strabon & Pline les ont remarque^ , Ôc ont parlé de vaillèaux , d'an- cres , de coquillages, & de dépoüilles de poif- fons marins que l'on a fou vent vu avec éton- nement for les montagnes. Cependant les gens de Lettres en ont efté rechercher d'autres caufes qui ne fatisfont perfonne, & qui ne les auraient pas apparamment fotisfaits eux-mefines s'ils s'eftoient donné la peine d'examiner la chofê fur les lieux. Mais fans renvoyer fort loing ceux de nos François qui voudroient s’en éclaircir, ils peu- vent voir à une lieue de Paris au-delfous deè murailles du Parc de Monfieur du Harîay Procureur General du Parlement de Paris ^ 6 des effets fort evidens d’un de ces grands changemens. Je puis faire voir des lits de toutes ces differentes elpeces de coquil- les que la mer nourrit , ôc beaucoup de ces dépouilles , ôc de ces os de poi fTons qui ne fè trouvent point ailleurs que dans l’O- cean ; ce qui eft une preuve convaincante qüe la mer qui en eft maintenant éloignée d’environ quarante lieues , s’eft autrefois étendue jufques-Ià , la Seine eft entrée en là place, 8c Ton tient quelle a cinq pieds de pen- te fur chaque lieue depuis Paris jufqu à la mer. Il y a bien des confèquences importantes à en tirer, non feulement pour la connoiflànce de la terre, mais auffi pour la Chronologie du monde : Car quoy-que Ton ne puiflè pas dire |uftement en quel temps fembjables lits & changemens fe font faits , il eft cepen- dant vray que den trouver deux ou trois au- defiiis les uns des autres , comme on les voit, fous les fondemens de quelques Villes qui ont efté pofez il y a plus de trois mille ans , font autant de bonnes preuves qu’il s’eft fait bien des changemens dans la terre que fhiftoirc n’a pas marquez , qu’il y en a qu’elle na pu marquer , ces grandes innondations entraînant en mefine temps 8c l’Hiftorien 8c la fcene , ou le theatre des aétions qu’il doit décrire. Et fur tout , que l’opinion des Septantes, & du Martyrologe Romain fur l’âge du mon- de , eft plus vray-fêmblabîe que celle des Ra- bins qui ne le font pas fi vieux que les autres , c'eft une grande matière à reflexions-, quanta prefent ce m’eft allez de faire voir la facilité de la tranfmigration des peuple.s de l’Afie en r Amérique, Cette Hiftoire des Ameriquains devoit eftré fuivie d’une découverte faite dans F Amérique Septentrionale par le Pere Marquette Jeluite f 8c le fieur Joliet, curieufe par plufieurs railons, mais principalement à caufe qu’elle nous donne connoiflânce de quelques pais de l’Amerique Septentrionale qui font depuis le 41 degré juC quesau 33, & qu’elle peut épargner à l’avenir aux natios voilures duNord lapeine d’aller cher- cher par le Nord-Oüeft un paiïàge à la Chine, puifque ces derniers voyageurs ayant fait ïèpt à huit cens lieues à travers les terres prefque tou- jours à l’Oüeft depuis QuebeKjufques àla gran- de riviere où ils s’embarquèrent , 8c la Baye d’Hutfon eftant prefque fous le mefme méridien que Quebeic , quand il y auroit un paiïàge au bout de cette étendue de terre il n’y auroit pas de prudence à l’aller chercher , ni entrepren- dre de naviger auffi long-temps fous un cli- mat où diverfes tentatives ne nous ont déjà que trop appris que les eaux y font fort long-temps glacées , fans que l’on puiflè s’aflù- rer du temps auquel les glaces commencent , ni quand elles finilïcnt. L’Àmerique ivavoit point efté connue , di i avoir efté oubliée au temps des Romains, ils ne fçavoient rien de toute cette grande éten- due de païs depuis les rivières du Vezer tk du Danube , jufques à la Chine , 3c encore au- jourd'huy nous ne connoiffons de ce cofté-là que jufqùes à la Mofcovie, tout ce qui eft depuis la Mofcovie jufques à l'Amerique eft demeuré jufques à cette heure iriebnnü. C’eft un de ces vuides que les Géographes n'ont pu remplir, 3c ou pour couvrir leur ignoran- ce ils ont peint des viftons de diables que jfon voit goffèment reprefentez en cet endroit dans la plufpart de leurs cartes. Le voyage de l'Ambaiïadeur dè Mofcovie que je donne icy, nous apprend que dans une route de prés d'un an il ne trouva qu'une feule ville où il ne vit que deux fnaifons dè brique ■ cette relation nous apprend encore le nom 3c le cours du Fleuve Irtis, qui eft un des plus grands Fleuves du monde, puifqûe cet Ambafladeur le fiiivit toujours l'efpace de fix mois : cependant il eft fi inconnu , que la plufpart des cartes ne le marquent point , & que celles qui le marquent le marquent mal Nous fçavons encore par le moyen de ce Mofcovite, que toutes les Villes qui font à l'Eft de la riviere de JeniKlfé jufques au Pro- montoire Tabin, font toutes fuppofees ; mais pour en détromper le monde envoicy une au« o tre convidiott. C'eft que ces mefines Villes dans les mefines cartes font encore employées dix ou douze degrez plus bas en dedans de la muraille de la Chine , que ces Cartes fup- pofent à 55 degrez, & que les Relations de cï Recueil la mettent au 42, & une mer au Nord de la muraille qui couvre cette étendue de pais ; où l’on avoit fuppofë un autre Cathay que la Chine : Ainfi cette erreur fi énor- me dans les Cartes , vient principalement de la fauiîê pofition de cette muraille , au delà de laquelle il n’y a que des Hordes’ de Tartares qui ont vécu de tout temps fous des tentes , & qui ont une fi grande averfion à fe renfermer dans des maifons , que lors qu’ils en rencontrent & qu’ils s’y arreftent , ils en abbattent autant qu ils peuvent les murailles, paice qu ils n en peuvent ioufKir la contrainte. > Avoir toujours l’odeur d’une cuifine ou dune écurie , quelquefois toutes les deux enfemble, demeurer en mefme lieu auffi bien î’Efté que l’Hyver , ne voir que d'un cofté, & cela par un trou : Il n’y a que des Barbares Iqui le puiifent fouffrir, me difoit un jour un Ambafladeurd’un Camdes Tartares. Ce voyage nous aprend encor que la relation qu’on en avoir donnée auP.Kircher eft faufle, car il en marque la route le long des bords de la mer Cafpienne par un chemin qui eft en effet le plus court , mais tout-à-fait diffe- rent du véritable. 5 IO La plufpart ont crû que la terré qui eft aü Sud de l’Ifle de Java eftoit attachée aux autres terres qui font vers le Pôle Antarctique , 8C qu’on a découvert au Sud du détroit de Ma- gellan : mais la route du voyage d’Abel Taf- man, marquée par des points dans la Carte en- jointe , nous fait voir que c’eft une Ifle qu’il a tournée toute entiefe.J’ay mefine quelques fi- gures & veües de cette Ifle ou terre Auflrale qu’il a découverte , & que je donneray un jour avec les autres Relations de cette partie du monde. A ces connoiiïànces que je tire des voyageurs j’ay ajouté, 1°. La conftruétion d’un Niveau' plus facile & plus exaéfc que ceux dont on J s'eft lèrvi jufques à cette heure. 2». Une maniéré de prendre hauteur fur mer, lors mefine qu’on ne peut pas la pren-: dre avec les inftrumens ordinaires. 3°. Une nouvelle maniéré de réfoudre le Problème de la meflire de la terre. 4°. Une melure univerlèlle, & un nouveau moyen de la tranfmettre à la pofterité,que j’ay tiré de l’ouvrage des abeilles , après avoir veü les plaintes que fait Villalpandus , de Filan- der , d’Agricola, & de quelques autres Au- theurs qui l’avoient précédé , fur ce que dans un mefine Traitté ils ont rapporté diverfement une mefine mefure , & qu’un Anglois fait la mefine plainte de Portius , de Ciaconius qui Il ont écrit depuis Villalpandus fur ce mefine fujet des mesures , & de ce Villalpandus auffi qui s’eftoit plaint le premier du peu d’exaéti- tude des autres. II faut que j ajoute icy à la defcription du Niveau , qu’il eft auffi bon de quatre pou- ces , que s’il eftoit beaucoup plus long, com- me le font prcfque tous nos ouvriers. . QH'il n’eft point neceflàire , comme h plufpart ont cru , que la Bulle d’Air foit au milieu ? 8c que dans toutes ces pratiques dé la conduite des eaux 8c d’ Architecture • toutes les fois que la Bulle d’Air eft en repos 3 fans toucher aux extremitez, l’inftrumenteft de nu veau , lors mefme qu’elle n’eft pas au milieu. Que le foin d’enfermer le Niveau dans une boette pour le mettre à couvert du vent , eft inutile ; car le mouvement que le vent donne à la boette pafle auffi au Niveau 5 qu’il faufc toujours mettre par cette mefine raifon fur un heu ftable , Sc que la lunette avec des filets à fon foyer, eft pour pointer plus j iifte. 5°. Une obfervation de la déclinaifon d® i Ayman faite l’année 1269. 6 ?* Une ligne meridiene tracée à Iffy, 8c fur une roche qui eft au haut de la bruiere de Bure où l’on devoit creufer un Obfervatoire peur noftre Aflemblée ; cette bruiere eft prefque dans une mefine ligne entre les tours de. NoftrerDame de Paris ? & de l’Eglife de la ville de Mante, 12. Relations de ce Recueil y imprimées jujques a cette heure. PARTIE PREMIERE. Relations . TP\ Es Coiàques , avec la vie de Kmielnifid, tiiee d un manulcrit des Tartares du Crm«e5 des Nogais, des Circalîès 8c des A ballas 3 par Jean de Luca. De la Colchide ou Mengrelie. Irif&rmatione dellaCieorgia diPietro dellaVdle> tirée d’im manufcrit, avec l’Oraifon fune- oie de Sitti Maani la femme , qu’il recita îuy-mefrne. Voyage d’Antoine Jemqnfon au Cachay. Extiait de la Relation de TAmbaffade que les Hollandois envoyèrent en i6$6 8c 1657 au Tartare , qui elt prefentement Mai lire de la Chine, Relation de laprifè de 1 Ifle Formoia par les Chinois, le 5 Juillet 1661. Relation de la Cour du Mogoî par le CapR raine Hauxins. Mémoires de Thomas Rhoë Ambafladeur du Roy d Angleterre prés du Mogol, traduits du Recueil Anglais de Purchas. f oyage d'Edouard Terry aux Etats du Mogol, traduit du Recueil de Pürchas. >efcription des Plantes & des Animaux des Indes Orientales , pat Cofmas, Monachos, autrement Indopleuftes. es Climats Alhend & Allènd do, la Géogra- phie d’Abulfeda. .dation des Antiquitez de Perlèpolis , tra- duite d’Herbert. ommencement d’un Livre des Chaldéens de Bailora , autrement appeliez les Chrétiens de S. Jean, écrit en caraéteres tres-anciens non encore vus en Europe, avec l’alpha- bet de ces melines caraéteres , & une Car- te Arabe du pais. dation des Royaumes de Golconda,Tannaf- fan , Arecan , par Wilhem Methold Prefi- dent de la Compagnie Angloilè. dation de Floris Villiamfon du Golfe de Bengale. dation du Royaume de Siam par Schouten, traduit de l’Hollandois. •yages aux Indes Orientales de Bonteieouë, traduit de l’Hollandois. couverte de la Terre Auftrale, traduite auflî '5 * Hollandois , avec une Carte de cette cinquième partie du Monde. utier des Indes Orientales par Aleixo da J otta , traduit d’un mamifcrit Portugais. fcription des Pyramides d’Egypte, par Jean •areaves, traduite de l’Anglois. AVis dun des Fadeurs de la Compagni Hollandoifefur le commerce des Indes Autre avis fur le commerce du Japon. Le Routier d’Alaixo da Motta, traduit du Poi tugais. Carte Portugaife de la Carrera, ou Navigatio des Indes Orientales. Veuës des principales coftes des Ind^sOriei taies. Le Voyage de Beaulieu. Trois Relations des Ifles Rhilipines. Relation du Japon. Martyrs du Japon. Relation de la découverte de la terre de Te o Flora Sinenfis , ou defcription des Plan; & Fleurs de la Chine, leur manière de cultiver , avec les figures des Plantes. PARTIE III. AMbaffade de; Holîandois à la Chine. Route du Voyage des Amballade- Holîandois à la Chine. Grammaire de la Langue des Tartarcs Mog' Rapport que les Direfteurs de la Compas Hollaudoife des Indes Orientales ont fan l’état de leurs affaires aux Indes, en l’an 16 . >2 PARTIE IV. L'Indien, ou Portrait au naturel des Indiens, par Dom Joan de Palafos Evêque de la Puebla de los Angles. Relation des voyages du fleur Acarete fur la Riviere de la Plitte , & delà par terre jufques au Pérou & au Potofi Voyage à la Chine des Peres Grueber & d’Or- ville. ~le mefine en Italien. La Science morale des Chinois , ou le fécond livre de Confulïlus , traduit de la langue Chinoife par le Pere Introcetta. Hiftoire dd la Haute Ethiopie écrite fur les lieux par le Pere Manuel d’Almeïda le- fuite , extraite Sc traduite de la copie Por- tugaife du Pere Balthazar Tellez. Remarques fur les Relations d?Ethiopie de» Peres Jeronimo Lobo & de Balthazar Tellez, Iefuites. Relation du Pere Jeronimo Lobo de l’Em- pire des Abyflins, des fburces du Nil, de Licorne, 8c c. Découverte de quelques païs qui font entre l’Empire des Abyffins&la code de Melinde, Relation. du Voyage du tZaïd ou de la Thebaï-. de fait en 1 668 par les Capucins Mtffionnau naires en Egypte. 1 6 Hiftoire de l’Empire Mexicain reprefentée pat figures. Relation du Mexique , avec l’Hiftoire de la Nouvelle Efpagne , par Thomas Gages. VOyage 8c découverte du P. Marquette &c SrJolliet dans T Amérique Septentrionale. Ambaffade des Mofcovites à la Chine, ou voya- ge de Mofxou à Pequin par terre, traduit du Mofcovite, Difcours fur l’Art de la Navigation , avec quelques Problèmes pour y fervir de fup~ plément. Supplément de l’Hiftoire naturelle de l’Ephe- mere. Extrait du Privilège du Roy . P A r grâce & Privilège du Roy, donné à Paris îc huitième Juin 1661. Il eft permis à Girard Garnier de faire imprimer un Recueil de dt , er~ [es Relations Voyages curieux , contenant > en un ou plufieurs volumes , conjointement ou (c paré- ment , pendant le temps de vingt années : Avec deften- fès à tous autres d*en rien imprimer , vendre ni diflri- buer 5 ni aucune Carte ni Figure , fous quelque prétexte que ce foit , (ans fon confentement, fous les peines por tées dans ledit Privilège. déche-vc fotiY h * frcm/cts Jod» le $ Septembre tCfli» tes Exemplaires ont eflé fournis. "(ro//k Otontanta, Ahlaficch? »99 Æ monte Tahcnla Unes JHatoi Otatcfiassi , Nations ijs) AL e te lu] i R . ÆiteAisifM, Terres Jnkabitées des tTLonts Mans vp cria, ils ont deS'jùeils ) 10 nation, fer Æanitv mines ■ © Cacha uachsria, ! Illinois Nlaartcnsac * Puons ctiutrc. CstPTE de, la decouverte, te, l 'an 1673). d^ens t 'Ameruju rte§ de Natiops cjui s’y font rapiafïees ; de$ P Amérique Septentrionale. j Miamis , des Mafkoutens , & des KiKabeux : Les premiers font les plus civils , les plus liberaux & les mieux faits ; ils portent deux longues mouftaches fur les oreilles qui leur- donnent bonne grâce ; ils patient pour guer- riers , & font rarement des partis fans fuccez ; ils font fort dociles & écoutent tout ce qu'on veut leur dire , & ont paru fi avides d’enten- dre le P. Alloues quand il les inftruifoit , qu’ils luy donnoient peu de repos mefrne pendant la nuit. Les Mafcoutens & les KiKabeux font plus groflïers, &femblent des payfans en com- paraifon des autres. Comme les écorces à faire des Cabanes font rares en ce pays , ils fe fer. vent de joncs , qui leur tiennent lieu de mu- raille & de couverture. La commodité de ces Cabanes de jonc eft grande , ils les mettent en paquets & les portent où ils veulent pen- dant le temps de leurs chaires. Lorfque je les vifitay je fus extrêmement confolé de voir une belle Croix plantée au mi- lieu de ce Bourg , & ornée de plufieurs peaux blanches , de ceintures rouges , d’arcs & de flè- ches que ces bonnes gens avoient offerts au grand Manitou ; c’eft le nom qu’ils Ruinent à Dieu , pour le remercier de ce qu’il avoir eu pitié d’eux pendant l’hyver , leur donnant une chalïè abondante. Je pris plaifir de voir la fituation de cette fioureade. Elle eft belle & diverti liante ; cas A üij § Découverte dmï d'une éminence fur laquelle elle ell placée ori découvre de toutes parts des prairies à perte de veuë , partagées par des boccages & bois de haute fuftaye • la terre y eft très bonne & i*end beaucoup de bled d'Inde , les Sauvages rama déni quantité de prunes & de rai fin s. Nous ne fuîmes pas plûtofl: arrivez que nous afiemblâmes les anciens Monfieur Joliet ôc moy. Je leur dis , qu'il eftoit envoyé de la part de Monfieur nofire Gouverneur pour dé* couvrir de nouveaux pays , ôc ino nde la part de .pieu pour les éclairer des lumières du laine Evangile ; qu'au refte le Maiftçe fouverain de nos vies vouloir eftre connû de toutes les Na- tions, Ôc que pour obéir à les volontez je ne craignois pas la mort , à laquelle je m'expofois dans des voyages fi périlleux ; que nous avions belbin de deux guides pour nous mettre dans noftre route : nous leur filmes un prelent en les priant de nous les accorder , ce qu'ils fi- rent très civilement, ôc mefme voulurent au® lions parler par un prelent , qui fut une natte pour nous fervir de lit durant noftre voyage. Le lendemain, qui fut le 10 Juin , deux Mia~ mis qu'jjgf nous donna pour guides s'embar- quèrent avec nous à la veuë d\in grand monde, qui ne pouvoir allez s'étonner de voir fept François feuls en deux Canots oler entrepren- dre une expédition fi extraordinaire & fi fia«* ^rdeufc, î Amérique Septentrionale . f Nous (bavions qu a trois lieues de Maficou- Cens eftoit une Riviere qui fe décharge dans celle de Mifîiffipy. Nous fçavions encore que le Rum de vent que nous devions tenir eftoit TOüeft-fur rOiieft; mais le chemin eft fi par- tagé de Marais & de petits Lacs , qu il eft aifé de s'y égarer 5 dautanc plus que la riviere qui y mene eft fi chargée de folle avoine qu’on a peine à en reconnoiftre le Canal j c'eft en quoy nous avions befoin de nos deux Guides : auffi nous conduifirent-ils heureufement jufqu’à un porrage de deux mil fept cens pas 5 3c nous ai- dèrent à tranfporter nos Canots pour entrer dans cette riviere , apres quoy iis s’en retour- nerenc, nous laifTans feuls en ce pays inconnu entre les mains de la Providence, Nous quittons donc les Eaues qui vont jufi- qu’à Qnebec 3 à cinq ou fix cens lieues d’icy , pour prendre celles qui nous conduiront défor- mais dans des Terres étrangères. Avant que de nous y embarquer nous commençâmes tous une nouvelle dévotion à la Sainte Vierge im- maculée que nous pratiquâmes tous les jours, Ipy adreflans des prières particulières pour met- tre fous fa protedion 3c nos perlbnnes 3c le fuccez de noftre voyage ; 3c apres nous eftrc encouragez les uns les autres nous montâmes en Canot. La Riviere fur laquelle nous nous embar- quâmes s’appelle Mefcoufin * elle eft fort lar« I o Découverte dans ge, fbn fond eft du fable qui fait diverfes bat- tures, lefquelles rendent cette navigation tres- difficiie j elle eft pleine d’Ifles couvertes de vignes. Sur le fond paroiflènt de bonnes ter- res , entremeflées de bois , de prairies , de co- teaux. On y voit des noyers , des chefhes , des bois blancs , & une autre efpece d’arbres dont les branches font armées de longues épi- nes, Nous n’avons veu ny gibier ny poiflbns 9 mais des Chevreuils & des Vaches en grande quantité. Apres avoir navigé trente lieuës,nous apperçumes un endroit qui avoir toutes les apparences de Mines de fer : De fait, un de nous qui en a veu autrefois afleure que celles que nous avons trouvées font fort bonnes $ç tres-abondantes • Elles font couvertes de trois pieds de bonne terre , allez proche d’une chaiD ne de rochers , dont le bas eft couvert de fort beaux bois. Apres une navigation de quarante lieues fur cette mefme route , nous arrivâmes à lembouchûre de noftre Riviere , & nous nous trouvâmes à 42 degrez & demy d’éleva-* tion -, Nous entrons heureufement dans Miffif. fipy le 17 Juin , avec une joye que je ne puis exprimer. Nous voila donc fur cette Riviere fi renom- mée dont j ay tafehé de remarquer atreiitive- ment toutes les fing laritez. La Riviere de Miflîffipy tire fon origine de divers Lacs qui font dans les pays des Peuples du Nord $ ello r Amérique Septentrionale . n cft. étroite à fa décharge de Mificous , fon cou- rant qui porte du collé du Sud eftant paifible ; à la droite on void une grande chaifne de montagnes fort hautes ? ôc à la gauche de bel- les terres entrecoupées d'Ifles en divers en- droits. En fondant nous avons trouvé dix- neuf brades d'eau , fa largeur eft fort égale , elle a quelquefois trois quarts de lieuës. Nous fui- vions doucement fon cours qui va au Sud ôc au Sudeft jufqu au 41 degré d'élévation. C’eft icy que nous nous appercevons bien qu'elle a tout changé de face ; il n'y a prefque plus de bois ny de montagnes 5 les Ifles font couver- tes de plus beaux arbres , nous ne voyons que des Chevreuils ôc des Vaches , des Outardes & Cygnes fans ailles , parce qu'ils quittent leurs plumes en ce pays. Nous rencontrons de temps en temps des poilîons monflrueux , un defquels donna fi rudement contre noftre Ca- not, que je crûs que ceftoit un gros arbre qui Falloit mettre en pièces : Un monftre qui avoir une tefte de Tygre , le nez pointu comme ce- luy d'un Chat fauvage , avec de la barbe , des oreilles droites élevées en haut $ la telle étoic grilè , le col noir. Nous n en vifmes pas da- vantage. Quand nous avons jetté nos rets à Feau, nous avons pris des Ellurgeons , ôc une efpece de poilfon extraordinaire : il reflcmble à la Truite , avec cette différence quil a la |tieule 3 les yeux ôç le fiez plus petits , qu'il ïz Découverte âdn$ a proche du nez une arrête faite comme uni bufque de femme large de trois doigts , lon- gue d’une coudée , au bout de laquelle eft un rond large comme la main ; cela l’oblige fou- vent en fautant hors Peau de tomber en ar- riéré. Eftant defcèndus jufqu au 41 degré 28 minutes 5 foivant le mefme rum , nous trouvons que les Ccçqs d’Inde ont pris la placé du gi- bier , & les PifiKious , ou Bœufs fàuvages , cel- les des autres beftes. Nous appelions les PifiKious Bœufs fàuva- ges ? parce qu’ils font fort fèmblables à nos Bœufs dôme itiques ils ne font pas plus longs,, mais ils font plus d’une fois plus gros & plus corpulens : nos gens en ayant tué un 5 treize perfbnnes avoient bien de la peine à le re- muer : ils ont la tefte fort greffe > le front large & plat , d’un pied & demy entre les cornes , qui font toutes fèmblables à celles de nos Bœufs, mais elles font noires & plus gran- des ; ils ont fous le col comme une grande fa- le qui pend au bas , & fur le dos une bolïe af- le z élevée ; toute la tefte , le col Sc une partie des épaules font couvertes d’un grand crin com- me celuy des Chevaux , c’eft une hure longue d’un pied , qui les rend hideux , & leur tom- bant for les yeux les empefehent de voir devant eux : le refte du corps eft reveftu d’un gros poil frifé , à peu prés comme celuy de nos Mou- tons * mais bien plus fort & plus épais , il tom- T Amérique Septentrionale. i) î>ê en Efté , & la peau devient douce comme velours : c’eft pour lors que les Sauvages em- ployeur leurs peaux pour leur faire des rcbbes qu’ils peignent de diverfes couleurs. La chair & la graille des Pifucious eft excellente, & fait le meilleur mets de leurs feftins : au relie ils font tres-dangereux , il ne fe palTe point d’année qu’ils ne tuent quelques Sauvages , quand on vient les attaquer , ils prennent s’ils peuvent un homme avec les cornes , 1 enlevent en 1 air, puis ils le jettent contre terre , le foulent des pieds & le tuent. Si l’on tire de loin fur eux de l’arc ou du fnzil , il faut fi-toft apres le coup fe jetter à terre & fe cacher dans l’herbe : car s’ils apperçoivent celuy qui a tire , ils courent apres & lé vont attaquer : comme ils ont les pieds gros & allez courts iis ne vont pas bien ville , % ce n’eft lorfqu’ils font irritez , ils font éparts dans des prairies comme des troupeaux, j’en ay veu une bande de quatre cens. ÎSSous avançons toûjours , mais comme nous ne f ça von s où nous allons , ayant fait déjà plus de cent lieués fans avoir rien découvert que des belles & des oyleaux , nous nous te- nons bien fur nos gardes -, c’eft pourquoy nous ne faifons qu’un petit feu à terre fur le foie pour préparer noftre repas , & apres fouper nous nous éloignons de terre le plus que nous pouvons & nous allons palier la nuit dans nos Çatjots , que nous tenons à l’ancre fur b ri* î4 découverte dans viere al îèz loin des bords , ce qui n’empefclié point que quelqu’un de nous ne foie toujours en fentinelle de peur de furprife. Allant par le Sud & Süd-fiir-î’Oüeft, nous nous trouvons à la hauteur de 41 degré & jufqu’à 40 degrez quelques minutes en partie par le Sud-Oüeft, apres avoir avancé plus de foixante lieues de- puis noftre entrée dans la riviere , fans rien découvrir. Enfin le vingt-cinq Juin nous apperçûrnes fur le bord de l’eau des pilles d’hommes , & ün petit fentier allez battu qui entroit dans Une belle prairie , nous nous arreftâmes ; Ôt jugeant que c’eftoit quelque chemin qui con- duiloit à quelque Village de Sauvages , nous inifmes refolutiôn de l’aller réconnoiftre. Nous aillons donc nos deux Canots fous la garde de nos gens , leur recommandant bien de ne le pas laillèr furprëhdre ; aptes quoy Mon fi eut Joliet & moy entreptifines cette découverte 4 allez hazardeufe pour deux hommes feuls , qui s’expoiènt à la dilcretion d’un peuple barbare & inconnu. Nous luivons en filence ce petit lèntier , & apres avoir fait environ deux lieues, nous defcctuvrifines un Village lut le bord d’une riviere , & deux autres fur un cofteau , écartez du premier d’une demie lieüe: Ce fut pour lors que nous nous recommandafines à Dieu de bon cœur , & ayant imploré fon fe- cours , nous paflàmes outre fans dire décôuU £ Amérique Septentrîonaîé . îf verts 5 & nous vinfmes fi prés que nous en- tendions mefine parler les Sauvages. Nous crûmes donc qu’il eftoit tenas de nous décou- vrir par un cry que nous pouffâmes de toutes nos forces , en nous arreftant fans plus avan- cer. A ce cry les Sauvages fortent prompte- ment de leurs Cabanes, &c nous ayant proba* blement reconnu pour François , fur tout voyant une rojg^e noire , ou du moins n’ayant aucun fujet d’apprehender , puilque nous n é- tions que deux hommes & que nous les avions avertis de noftre arrivée -, ils députent quatre Vieillards pour nous venir parler , dont deux portoient des pipes à prendre du tabac, bien ornées & bien empanachées de divers pluma- ges ; ils marchoient à petit pas , & élevans leurs pipes vers le Soleil , ils fèmbloient luy prefen- ter à fumer , fans neanmoins dire aucun mot* Ils furent allez long-tems à faire le peu de chemin depuis leur V iilage jufqu’à nous : En- fin nous ayant abordé , ils s’arrefterent pour nous confiderer avec attention : je me rafleu- ray voyant ces ceremonies , qui ne fe font par- my eux que pour les amis , ôc bien plus quand je les vis couverts d’étoffe , jugeant par là qu’ils eftoient de nos Alliez. Je leur parlay donc le premier. Je leur demanday qui ils é- îoient : Ils me répondirent qu’ils eftoient îli* nois , & pour marque de paix ils nous prefen- soient leurs pipes pour périmer* Enfuite ils lé Decouverte dan$ Sious invitèrent d'entrer dans leur Village, ou tout le peuple nous attendoit avec impatien- ce. Ces pipes à prendre du tabac s'appellent en ce pays des Calumets. Ce mot-Cy eft mis tellement en ufàge , que pour eftre entendu je feray obligé de m'en fervir 9 ayant à en par- ler plufieurs fois. A la porte de la Cabanne où nous devions eftre receu eftoit un Vieillard ^pqui nous atten- doit dans une pofture allez furprenante , qui eft la ceremonie qu'ils gardent lorsqu'ils reçoi- vent des Etrangers. Cet homme eftoit debout & tout nud , tenant fes mains étendues 8c éle- vées vers le Soleil , comme s'il eût voulu le défendre contre fes rayons , lefquds nèan^ moins palFoient fur fon vilage entre fes doigts t Quand nous fûmes proche de luy, il nous fit ce compliment ; Que le Soleil eft beau, Fran- çois, quand tu nous viens vif ter : tout noftre Bourg t'attend , tu entreras en paix dans tou- tes nos Cabanes. Il nous introduifit dans là fienne , où il y avoit une foule de monde qui nous dévorait des yeux , 8c qui cependant gardoit un profond filence. On entendoit feu- lement ces paroles , qu'on nous adreftoit de tems en teins 8c d'une voix balle , Que voila qui eft bien, mes Freres, que vous nous vifi- te z. Apres que nouseufmes pris places , on nous fit la civilité ordinaire > qui eft de nous pre- fenter /’ Amérique Septentrionale. t'y îênter des Calumets. Il ne faut pas les refuler, fi on ne veut palfer pour ennemy , ou du moins pour incivil ; pourveu qu’on faiîè femblant de fumer Ç’eft allez. Pendant qiie tous les An- ciens petunoient apres nous pour nous hono- rer , on vint nous inviter de la part du grand Capitaine de toits les Ilinois , de nous tranfi. porter en la Bourgade , où il vouloir tenir Confeil avec nous. Nous y allafines en bonne compagnie : car tous ces peuples qui n’avoienc Jamais veu de François chez eux ne fe laf- foient point de nous regarder , ils fe couchaient fur l’herbe le long des chemins , ils nous de- vançoient , puis ils retournoient fur leurs pas pour nous revoir t tout cela fe faifoit fans bruit & avec les marques d’un grand re/peék qu’ils avoient pour nous» Eftant arrivez au Bourg du grand Capitaine* nous le vifines a 1 entrée de là Cabane au mi- lieu de deux Vieillards , tous trois debout ÔC nuds , tenans le Calumet tourné vers le Soleil, il nous harangua en peu de mots nous félici- tant de noftre arrivée ; il nous prefenta enfui- te Ion Calumet, & nous fi ft fumer en me fine teins que nous entrions dans fit Cabane , où nous receufines tontes les carefiès ordinaires. . Voyant tout le monde afièmb.lé & dans le filcnce , je leur parlay par quatre prcièns qüè je leur fis : Par le premier je leur difois , Que tous marchions en paix pour vifitex les Na- B ig Découverte dans lions qui eftoient fur la riviere jufqu’à! la mer ï Par le fécond , je leur declaray que, Dieu qui les a créez avoir pitié d'eux } puis qu apres tant de tems qu’ils l'ont ignoré il vouloit fe faire connoittre à eux j que j’eftois envoyé de fa part à ce delTein, que c’eftoit à eux de le re- connoiftre & de luy obéir : Parle troifiéme , Que le grand Capitaine des François leur fai- foit fçavoir ,que c’eftoit luy qui mettoit la paix par tout , & qui avoir dompté les Iroquois; Enfin , par la quatrième nous les prions de nous donner toutes les connoiflances qu’ils au- roient de la mer , Sc des Nations par le {quel* les nous devions palier pour y arriver : Enfui- te dequoy le Capitaine mit le petit Efclave prés de nous & nous fit un prefent , qui eftoit un Calumet tout myfterieux , dont ils font plus d’eftat que d’un Efclave. Il nous témoignoit par ce prefent l’eftime qu il faifoit de Monfieur noftre Gouverneur fur le récit que nous luy en avions fait ; Et par le troifiéme, il nous pria de la part de toute fa Nation de ne pas pal- fer outre , à caufe des grands dangers où nous nous expo fions. Je répons , que je ne craignois pas la mort', & que je n’eftimois point de plus grand bonheur que de perdre la vie pour la gloire de Dieu. C’eft ce que ces pauvres peu- ples ne peuvent comprendre. Le Confeil fut fuivi d un grand feftin , qui confiftoit en quatre mets , qu’il faloit prendre Septentrionale. 19 met tomes leurs façons/ Le premier fuc un grand plat de bois plein de Sagamité 5 ceft à dire *de cette farine de bled dinde 3 qu’on fût bouillir avec de beau qu’on ailàifonne de graif fc : Le Maiftre des Ceremonies tenant une cuilliere pleine de Sagamité me la prefénta à la bouche par trois ou quatre fois ? ü finie mefme à Monfieur Joliet. Enfuiteil fit paroi tre un fécond plat où il y avoit trois poifions* il en prit quelques morceaux pour en o fier les arreftes 3 êc ayant foufflé deiîus pour les ra- fraîchir , il nous les mit à la bouche comme l’on donne la bequée à un oifean* On apporte pour troifiéme fervice un grand Chien qu’on venoit de trier 5 niais ayant appris que nous îi’en, mangions point 3 on le retira de devanr nous j Et le quatrième fut une^piece de bœuf Fauvage dont on nous mit à la bouche les mot» ceaux les plus gras. Apres ce feftin 3 il fallut aller vifiter tout le Village 5 qui eft bien de trois cens Cabanes. Pendant que nous marchions par les rues , un Orateur haranguoit Continuellement 3 pour obliger tôut le monde à nous voir fins nous eftre importuns : on nous prefentoit par tout des ceintures 3 des jarretières & autres ouvra- ges faits de poil d’Ours^ou de Bœufs Etuvages t Ce font là toutes les tarerez qu’ils ont. Nous conchafines dans la Cabane du Capitaine 5 &Ie lendemain nous prifines congé de îuy , promet- B' ij Dkouvèrtt dans tant de repaflèr par fon Bourg dans quatre Lu^ nés : il nous conduifit jufques dans nos Ca- nots , avec prés de fix cens peiTonnes qui nous virent embarquer , nous donnant toutes les marques qu ils pouvoient de la joye que nôtre vifite leur avoit caufée. Avant de quitter le pays des Ilinois , il eft bon que je rapporte icy ce que j ay reconnu de leurs coutumes & de leurs façons défaire* Qui dit Ilinois , c eft comme qui diroit en leur langage 5 les hommes • comme fi les autres Sauvages auprès d’eux ne paiïbient que pour des belles : auffi faut-il avoiier qu ils ont un air d humanité que nous n avons pas remar- qué dans les autres Nations que nous avons veues fur noftre route ; le peu de lejour qiie j’ay fait parmy eux ne m’a pas permis de pren- dre toutes les connoiflances que j’aurois fou- haitté de toutes leurs façons de faire. Voicy ce que j’en ay remarqué. Ils font divilèz ers plufieurs Bourgades , & quelques-unes affez éloignées de celles dont nous parlons , qui s’appellent Peroüarca, ; c’eft ce qui met de la différence dans leur langue , laquelle tient de l’Algonquin , de forte que nous nous enten- dions bien les uns les autres : Leur naturel eft doux & traitable , ils ont plufieurs femmes, dont ils font très jnloux , ils les veillent avec un orand foin, ils leurs coupent mefmes le nez ou fes oreilles quand elles ne font pas fages ; j'eq, t Amérique Septentrionale. il 3iy veu plufieurs qui poitoient les marques de leur infidélité. Ils ont le corps bien fait , ils font leftes & adroits à tirer de Tare ; ils fe fervent auffi dé füzils Y qu’ils achètent des Sau- vages nos alliez qui ont commerce avec nos François ; ils en ufent premièrement pour donner de répouvante par le bruir & la fumée à leurs ennemis qui n en ont point l’ufage 8c n’en ont jamais veu , pour eftre trop éloignez . vers le Couchant, ils font belliqueux 8c fe ren- dent redoutables aux peuples éloignez du Sud & de rOiieft 5 où ils vont faire desEfclaves^ ctefquels ils fè fervent pour trafiquer , les ven- dant chèrement à d'autres Nations pour d’au- tres marchandifes. Ces Sauvages fi éloignez chez qui ils vont en guerre n’ont aucune con-, noifîance des Europeans * ils né fçavent ce que c’eft ny de fer, ny de cuivre , & nont que des couteaux de pierre, Quand les llinpis partent pour aller en guerre , il faut que tout le Bourg en foie averti par un grand cry qu’ils font à la porte de leurs Cabanes le loir & le matin avant que de par-. î]r 5 les Capitaines le diftinguent des Soîdrts par des écharpes rouges qu’ils portent , elles font faites de crin d’Ôurs , ou de poil de Bœufs fauvages, avec allez d’induftrie , donc il y a grande quantité à quelques journées du Bourg* îls vivent de chafîe . quLeft abondante en ce pays ^ & de bled d inde 5 dont ils font toù- %t Decouverte dans Jours une bonne récolté ; auffi n'ont-ils jamais fouffèrt de famine : ils fement auffi des fèves Sc des melons qui font exceilens , fur tout ceux qui ont là graine rouge ; leurs citrouilles ne font pas des meilleures , ils les font fecher au Soleil pour les manger pendant l'Hyyer 8c le Printemps ; les Cabanes font fort grandes , elles font couvertes & pavées de nattes faites de joncs ; ils trouvent toute leurs vaiflelles dans le bois 3 8c leurs cuillieres: dans le tell des Bœufs ? dont ils fç a vent fi bien accommo- der le crâne , qu’ils s’cn fervent aifément pour manger lent fagamité. Ils font liberaux dans leurs maladies , 8c çroyent que les medicamens qu'on leur donne coperent à proportion des prefens qu'ils font à leurs Médecins, Ils n'ont que des peaux pour habits : les femmes font veftpés fort modeftement & dans une grande bien-féance, au lieu que les hommes ne fe met- tent pas en peine de fe ïkn Couvrir. Jenefçay par quelle fuperftition quelques llinois , auffi bien que quelques Nadoüeffis, citant encore jeunes -prennent Phabit de femme qu ils gar- dent toute leur vie : il y a du myftere , ca^ ils ne fe marient jamais 3 8c font gloire de s.a- baiiîit à faire tout ce que font les femmes -, ils vont pourtant en guerre mais ils ne peu- vent fe fèrvir que de la maifiie 8c non pas de Parc de la flèche, qui font les armes pro- pres pouf les hommes y ils affilient à toutes les t tdfrnerîqtte Septentrionale. 25 Jongleries & à coures les Dances foîennelles qui fe [ont en l'honneur du Calumet , ils y chantent, mais ils n’y peuvent pas dancer \ ils font ap- peliez au Confeil , où Ton 11e peut rien deci^ der fans leurs avis v enfin la ptofeffion qu’ils font d’une vie extraordinaire les fait palier pour des Manitous , c’eil à dire de grands ge^ nies, ou perfonnes de confequence. Il ne relie plus qu a parler du Calumet* Il n’elt rien parmy eux ni de plus myfterieux ni de plus recommandable , on ne rend pas tant d’honneur aux fceptres des R ois qu ils luy en rendent, il femble ellre le Dieu delà paix & de la guerre , l’arbitre de la vie Sc de la mortj c’eft allez de le porter fur foy & de le faire voir pour marcher en affeuranceau milieu des ennemis , qui dans le fort du combat mettent bas les armes quand ils les montrent 2 c’eft pour cela que les Ilinois m’cn donnèrent un pour me lervir de fàuvegarde auprès des Na-* lions par lefqueîles je devois palier dans mon voyage. Il y a un Calumet pour la paix & un pour la guerre ; ils s’en fervent encore pont terminer leurs diffetens 3c pour affermir leurs alliances, ou pour parler aux Etrangers, Il eft compofé d’une pierre rouge polie com« me du marbre , 3c percée d’une telle façon qu’un bout fert à recevoir le tabac, 3c l’autre s^enclave dans le manche , qui eft un ballon de deux pieds dç long , gros comme une canne '* ' B ni'i %4 Decouverte dans ordinaire 8c percé par le milieu ; il eft embeî- ly de la telle 8c du col de divers oileaux,dont le plumage eft tres-beau ; ils y ajoutent auftï de grandes plumes ronges, vertes, 8c d'autres couleurs- , dont il eft tout empanaché y ils en font eftat particulièrement , parce qtfils le re- gardent comme le Calumet du Soleil ; 8c de fait , ils le luy prefcntent pour fumer quand iis veulent obtenir du calme , on de la pkiye, ou du beau temps. Ils font fcrqpule defe baigner au commencement de l'Efté , ou de manger des fruits nouveaux qu apres lavoir danfé. En voicy la façon. La dance du Calumet , qui eft fort célébré parmy ces peuples 5 ne fe fait que pour des fhjets confiderables ^ quelquefois c'eft pour af- fermir la paix , ou fè réünir pour quelque gran- de guerre ) c'eft d autres fois pour une réjouïL fanee_ publique s tantoft on en fait honneur à une Nation qu'on invite d y aftïfter , tantoft ils sen fervent à la réception de quelque per- fonne confiderable , comme s'ils youloient luy donner le divertilfement du Bal ou de la Co- médie y l'Hyver la ceremonie fc fait dans une Cabane, l'Efté c'eft en raze campagne. La place étant choifie, on l'environne tout à l'entour d'ar- bres pour métré tout le monde à l'ombre de leurs feüillages , pour le défendre des chaleurs du So- leil ; on étend une grande natte de joncs peinte de diverfes couleurs au milieu de la place y elk îl Amérique Septentrionale. tf fett comme de tapis pour mettre deffus aveô honneur le Dieu de celuy qui fait la Danfe j car chacun a le fien , qu'ils appellent leur Ma- siitou j c'elt un ferpent , ou un oyfeau ou une pierre , ou choie femblable , qu'ils ont relvé ên dormant , & en qui ils mettent toute leur confiince pour le fuccez de leur guerre 5 de leur perche & de leur chaffé- prés de ce Ma- nitou ,& à la droite , on met le Calumet en l'honneur de qui fe fait la fefte , 8c tout à l'entour on fait comme un trophée, & on étend les armes dont fe fervent les guerriers de ces Nations , fçavoir la malfue , la hache d arme , Tare , le carquois & les flèches. Les choies eftant ainfi difpofées & l’heure de la Dance approchant , ceux qui font nom- mez pour chanter prennent la place la plus honorable fous les feüillages ; ce (ont les hom- mes & les femmes qui ont les plus belles voix# & qui s’accordent parfaitement bien enlem- ble; tout le monde vient enfuite le placer en rond fous les branches 3 mais chacun en arri- vant doit làluër le Manitou , ce qu'il fût en petunant Sc jettant de fi bouche la fumée fur luy, comme s'il luy prelèntoitde l'encens- chacun va d’abord avec refpeéf prendre le Calumet , Sc le foutenant des deux mains , il le fait dancer en cadence , s’accordant bien avec Pair des chaulons $ il luy fait faire des figures bie hf- ferentes ? tantoft il le fait voir à toute 1 ~ i-, lê Decouverte dan i blée Üe tournant de coïté & d’autre ; aprei cela , c luy qui doit commencer la Dance pa- roift au milieu de l’aflemblée , & va d’a*. bord , & tantoft il le prefente au Soleil 9 comme s’il le votiloit faire fumer 5 tantoft il l'incline vers la terre , d’autresfois il luy étend les aides comme pour voler , d’autres fois il l’approche de la bouche des affiftans y afin qu’ils fument, le tout en cadence ; Sc c’efë comme la première Scene du Balet, La fécondé confiée en un O ombat qui fe fait au fon d’une efpece de tambour , qui lue-* cede aux chaulons , ou mefne qui s’y joi- gnant , s’accordant fort bien enfemble : le Danseur fait ligne à quelque guerrier devenir prendre les armes qui font fur la natte , Se l’invite à fe battre au fon des tambours; ce-* luy - cy $,’a£proche , prend l’arc Sc la flèche 5 avec la hache d’armes , & commence le duel contre l’autre , qui n a point d’autre défenlè que le Calumet. Ce fpeètacle eft fort agréa- ble , fur tout le faifant toujours en cadence ; car l’un attaque, l’autre fe deffènd ; l’un por- te des coups , l’autre les pare ; l’un fuit , l’au- tre !e poiirlliit , Sc puis celuy qui fuvoit tourne vilage Sc fait fuir fan ennemy ; ce qui fe pafle lî bien p r mefure Sc à pas comptez Sc au fon réglé d^s voix Sc des tambours , que cela pourroit palier pour une allez belle entrée de Ballet enFrance, La troifléme Scene confifte V Amérique Septentrionale . 27 ën un grand Difcours que fait celuy qui tient le Calumet , car le Combat eftant fini fans lang répandu , il raconte les batailles où i\ s’eft trouvé, les viétoires qu’il a remportées ; il nomme les Nations , les lieux &: les Captifs qu'il a faits ; & pour recompenfe celuy qui préfide à la Dance luy fait prefent dîme belle robe de Caftor , ou de quelqu’autre chofe , 8c l’ayant receu il ya prefenter le Calumet à un autre , celui-ci à un troifiéme , & ainfi de tous les autres , jufques à ce que tous ayant fait leur devoir , le Prefident fait prefent du Ca- lumet mefme à la Nation qui a efté invitée à çette Ceremonie , pour marque de la paix éter- nelle qui fera entre les deux peuples. Voicy quelqu’une des Chanfons qu’ils ont coûtume de chanter , ils leur donnent un cer- tain tour qu’on ne peut allez exprimer par la J^otte , qui neanmoins en fait toute la graçe. jttfinabani ,nîrtahanî ,ninaham nanl onge» Nous prenons congé de nos Ilinois fiir la fin de Juin , vers les trois heures apres midy , nous nous embarquons à la veuc dé tous ces peuples , qui admiioient nos petits Canots,, *£ Découverte dans naen ayans jamais veii de ièmblablês. Nous dépendons fuivant le courant de la riviere appellée Pekitanoni , qui fe décharge dans Mifliffipy venant du Nord-Oüeft , de laquelle jay quelque chofe de confiderable à dire , apres que j'auray raconté ce que j’ay Remarqué fur cette rivierè. Paflànt proche des rochers allez hauts , j’ y apperceus un Simple qui nra paru fort ex=> traordinaire ; fa racine eft femblable à de pe- tits naveaux attachez les uns aux autres par de petits filets qui ont le goût de carottes , de cette racine fort une feüille large comme la main , épaiffè d'un doigt , avec des taches ; au milieu de cette feuille naiflent dsautres feüil- Jes toutes femblables aux placques qui fervent de flambeaux dans nos fales , &: chaque feüille porte cinq ou fix fleurs jaunes en forme de clochettes. Nous trouvâmes quantité de meures auflï grofles que celles de France , & un petit fruit que nous prifines d'abord pour des olives* mais il avoir le goût d’orange ; & un autre fruit gros comme un œuf de poule 5 nous le fen- difmçs en deux , 8ç il y parut deux feparations s dans chacune defquelles il y a huit ou dix fruits enchafiez , ils ont la figure d'amande & Ibnt fort bons quand ils font meurs , l'arbre nean-\ moins qui les porte a tres-mauvaife odeur , Sc là feüille reflèmble à celle du noyer. Il A • ' V Amérique Septentrionale. i<-} trouve auffi dans les prairies un fruit fembla- bie à des noifettes 5 mais plus tendres , les feüi les font fort grandes &t viennent d'une ti~ te , au bout de laquelle eft une telle fembla- le à celle d’un tourne fol > dans laquelle tou- tes ces noifettes font proprement arrangées : elles font fort bonnes cuittes de crues. Comme nous eoltoyons des rochers affreux pour leur hauteur de pour leur largeur , nous vifmes fur un de ces rochers deux Monftres en peinture , qui nous firent peur d’abord, de fur lefquels les Sauvages les plus hardis n’ofent ar~ refter long-temps les yeux, ils font gros com- me un Veau , ils ont des cornes à la telle comme un Chevreiiil * un regard affreux ^ des yeux rouges , une barbe de Tygre 5 la face a quelque chofe de l'homme , le corps couvert d’écaille , la queue fi longue qu’elle fait tout le tour du corps , paifant par-delfus la telle , de retournant entre les jambes elle fe termine en queue de poilîon y le verd, le rouge de le noir font les teintes ou les couleurs qui le compofent: Au relie ces deux Monllres font fi bien peints, que nous ne pouvons pas croire qu’aucun Sau- vage en foit fauteur 3 puifque les bons Pein- tres en France auroient peine à fi bien faire, de d’ailleurs ils font fi haut élevez fur le ro- cher , qu’il eft difficile d’y atteindre commo- dément pour des Peintres, Comme nous nous entretenions fur cet 3 o Ibè couverte datif Monftres , voguans paifiblement dans une bet le eau claire 8c dormante , nous entendifmes îe bruit d’un rapide dans lequel nous allions tomber : je n’ay rien veu de plus affreux • un embarras de gros arbres entiers , de branches , d’Iletes flottantes 5 fortoient de l’emboucheure de lariviere de PeKitanoni avec tantd’impetuo- iité * qu’on ne pouvoit s expofer à palier au travers fans grand danger ; l’agitation en eftoit telle , que leau eneftôit toute boüeufe & ne pouvoit s’épurer* Pekitanoni eft une rivière confiderablé , qui venant aiïèz loin du cofté du Nord-Oiieft fe décharge dans Miffiflipy-, plufîeurs Bourgades de Sauvages font placées le long de cette rivière : j’efpere par fon moyen Faire la découverte de la mer Vermeille ou Golfe de Californie* Nous jugeons bien par îe Rüm de vent que tient le Milïïffipy , que fl elle continue dans la mefine route, qu'elle a Fa décharge dans le Gol- fe Mexique* Il feroit bien avantageux de trou- ver la rivière qui va à la mer du Sud vers la Californie ; & c’eft , comme j’ay dit , ce que i’efpere de rencontrer par la Peititaiioni, fuivant le rapport que m’en ont fait les Sauvages , defquels j’ay appris qu’en remontant cette ri- vière pendant cinq ou fix journées , on trou- ve une belle prairie de vingt ou trente lieues de long , il faut la traverfer allant au Nord- Oüeft j elle fe termine à une petite riviere fur I ' Amérique S eptentrionale. 3 1 laquelle on peut s’embarquer , mettant pas dif- ficile de tranfporter les Canots par un auffi beau pais que cette prairie. Cecte fécondé riviere a fon cours vers le ôur-Oüeft pendant dix ou quinze lieues , apres quoy elle entr dans un petit Lac 5 qui eft la fource d’une autre nvierè profonde 5 laquelle va au couchant , où elle le jette dans la mer. Je ne doute point que ce ne doit la mer Vermeille , 5c je ne defèfperepas d’en faire un jour la découverte , ii Dieu m’en fait la grâce 5c me donne la iànté , afin de pouvoir publier l’Evangile à tous les peuples de ce nouveau monde , qui ont croupy fi long- temps dàns les tenebres de l'Infidélité* Repre- nons noftre route 3 apres nous eftre échapez comme nous pûmes du danger d’eftre emportez par ce rapide ou torrent* Apres avoir fait environ vingt lieuë's au Sud* & un peu moins au SuJ-£ft,nous nous trouvons à une riviere apellée Onaboufidgou, dont l’em- boucheure eft au 36 degré de latitude. Avant que d’y arriver nous paftons par un lieu redouta- ble aux Muvages 3 parce qu’ils ettiment qu’il y a un Manitou , c’eft à dire un Démon ? qui dévoré les paflans ; 5c c’eft dequoy nous me- naçoient les Sauvages qui nous vouloient dé- tourner de noftre entreprife. Voicy ce Démon: C’eft une petite ance de rochers3haute de vingt pieds , où lè décharge tout le courant de la $iviere * lequel eftant repouftë contre celui qui 3* î)é couver te dam le fuit 5 Sc an elfe par une Ifle qui elf proche^ 1 eau elf contrainte de paflèr par un petit canal* ce qui ne le fait pas fans un furieux combat de toutes ces eauës qui rebroüflènt les unes fut les autres , & fans tin grand tintamarre , qui donne la terreur aux Sauvages qui craignent tout , mais cela n’empefche pas de palier arriver a Ouaboulkigou. Cette riviere vieht des Terres du Levant 3 où font les peuples qifoii appelle Chuoüanons en li grand nombre, qif eii lin quartier on compte j niques à vingt- trois Villages quinze en un autre , alTez prés les uns des antres; Us ne font nullement guer- riers , ce font peuples que les ïroquois vont chercher pour leur faire la guerre fans aucun fujet -y ôc parce que ces pauvres gens ne fça- vent pas fè défendre 3 ils le lailîent prendre & emmener comme des troupeaux , Sc tout ïnnocens qu'ils font , ils ne lailïènt pas de refo fèntir la barbarie des ïroquois * qui les brû- lent cruellement; Un peu au-delîhs de cette riviere dont je viens de parler font des Falailès 5 où nos Fran* Ç°is ont apperceu Une Mine de fer qu'ils ju<* gent tres-abondante. U y en a plufieurs veines 5 & Un lit d'un pied de hauteur : on en voit de grands morceaux liés avec des cailloux; Il s’y trouve d’une ter- re gtalîè de trois fortes de couleurs , de pour- prée , violette, & rouge, l'eau dans laquelle ëi\ j te P Amérique Septentrionale. 33 îaVe prend la couleur de fang. Il y a auffi d’un fable rouge fort pefant 3 j’en mis fur un aviron qui en prit la couleur ii fortement que l’eau he la pût effacer pendant quinze jours que je m’en fervois pour nager. C’eft iey où nous commençons à voir des cannes 3 ou gros rofeaux 3 qui font fur le bord de la riviere \ elles ont un verd fort agréable > tous les nœuds font couronnez de feuilles lon- gues 3 étroites 8c pointues : elles font fort hau-u tes 5 8c en ïî grande quantité que les Bœufs fauvages ont peine à les forcer. Jufques à prefent nous n’avons point efté incommodez des Maringciiins 3 mais nous en- trons comme dans leur paï’s ; voici ce que font les Sauvages de ces quartiers pour s’en dé- fendre ï Ils élevenc un échafaut qui n’eft que dé perches5&: par confequent peu fermé ôc à jour* afin que la fumée pafîe au travers faifant du feu défiais 8c chaiïe ces petits animaux qui né la peuvent jfbufffir ; on fe couche fur les per- ches 3 au - deffiis defquellef font des écorces étendues contre la pluye , 8c réchafaut leur fert contre les chaleurs exceffives 8c infupportables de ce pays 5 car on s’y met à l’ombre à l’efta- ge d’embas 5 8c on s’y garantit des rayons du Soleil prenant le frais dû vent , qui palfe li- brement au travers de cet échafaut. Dans le rnefme deffein nous fufmes con- tins de faire fur l’eau une efpe’ce de Cabane C \ Decouverte dans avec nos voiles pour nous mettre à couvert des Maringoüins de des rayons du Soleil. Comme nous nous huilons aller en cet eftat au gré de Teau , nous apperceufmes à terre des Sauvages armez de fuzils , avec lefquels ils nous atten- doient^je leur prefentay d'abord mon Calumet empanaché, pendant que nos François fè met- tent en deffènfe , & attendoient à tirer que les Sauvages euffènt fait la première defeharge $ je leur parlai en Huron,mais ils ne répondirent pas un mot , ce qui me parut nous déclarer la guer- re y ils avoient neantmoins autant de peur que nous , de ce que nous prenions pour lignai de guerre eftoit une invitation qu’ils faifoient de 4iou s approcher pour nous donner à manger. Nous débarquons donc & nous entrons dans leurs cabannes où ils nous prelentent du bœuf fauvage & de Fhuile d’Ours , avec des pru- nes blanches , qui font excellentes -, ils ont des fuzils, des haches , & deshoiies* des coufteaux, de la ralàde , des bouteilles de verre double, ou ils mettent leur poudre -, Ils ont les cheveux longs de fe marquent à la façon des Iroquois, les femmes font veftuës de coiffées comme des Hurones ; ils nous a fleurent qu’il n’y a plus que dix journées jufques à la mer , qu'ils achetoienr les eftoffes des Europeansxjuieftoient du cofté de l’Eft ; que les Europeans avoient des Images & des Chapelets, qu’ils joüoient des inftru- ments , qu’il y en avoir de faits comme moy f F Amérique Septentrionale , 35 8c qu’ils en eftoient bien receus : cependant je ne vis perfonne qui me paruft avoir receu aucune inftruétion pour la Foy 5 je leur en don- nay ce que je pus avec quelques Médaillés^ Ce$ nouvelles nous animèrent 8c nous firent prendre 1 aviron avec une nouvelle ardeur^ Nous avançons donc 8c nous ne voyons plus tant de prairies 5 parce que les deux coftez de la riviere font bordez de hauts bois ; les ormes 5 les cottonniers 8c les bois blancs y font admirables pour leur grolTeur & hauteur ; la quantité de bœufs fauvages que nous en- tendions meugler nous fit croire que les prai- ries font proches ; nous voyons aufïi des Cail- les for le bord de l'eau 5 nous avons tué un pe- tit perroquet qui avoit la moitié delà telle roiu ge5lautre moitié & le col jaune3&: tout le corps verd. Nous eftions defcendus proche de $$ degrez d élévation , allant prefque toûjours, vers le Sud , quand nous apperceufines un Vil- lage for le bord de Feau nommé M itchigameaj Nous eufmes recours à noftre Patronne 8c à. noflre Conductrice la Sainte Vierge immaciu lée, & nous avions bien befoin de Ton affi, fiance ; car nous entenailmes de loin les Sau-, vages qui s'ammoicnt au combat par leurs cris continuels ; ils eftoient armez d arcs , de flè- ches , de malliies , de haches & de boucliers s ils fe mirent en eftat de nous attaquer par terre & par eau , une partie s’embarquent dans C i| 3«- T) e couverte dans de grands canots de bois 5 les uns pour mon-? ter la riviere, les autres pour la defeendre, afin de nous couper chemin & nous envelop- per de toutes parts - ceux qui ëftoiént à terre alioient Sc venoient comme pour commencer l’attaque ; en effet deux jeunes hommes fe jetr tent à l'eau pour fe venir faifir de mon canot % niais le courant de beau les ayant contraint de reprendre terre , Fun d'eux nous jetta fà niafluç qui pafla par dellus nous fans nous toucher ; j avois beau leur montrer le Calumet leur faire figue on gefte* que nous ne ve- nions pas en guerre , baüarme cpntinuoit tou- jours , & bon fe preparoit déjà à nous percer de flèches de toutes parts a quand Dieu tou- cha foudainement les cœurs des Vieillards qui eft oient fur le bord de beau , fans doute par la veuë de noftre Calumet qu'ils mavoient pas3 bien reconnu de loin , mais comme je ne cef- fjis de le faire paroiftre ils en furent toucher Sc arrefterent l'ardeur de leur jeuneflè , Sc mef- me deux de ces Anciens ayant jetté dans noftre Canot comme à nos pieds leurs arcs Sc leurs car?, quois pour nous mettre en affurance,ils y entrè- rent & nous firent approcher de terre, où nous dcbarquafmes , non pas fans crainte de noftre part. Il fallut au commencement parler par geftes, parce que perfonne n’entendoit rien des fix langues que je fçavois. Il fe trouva enfin un Vieillard qui parlpit un peu llinois ; Nous F Amérique Septentrionale. 37 leur fjfmes paroi fixe par nos prefens que nous allions à la mer: Ils entendirent bien ce qu® nous leur voulions dire , mais je ne fçay s'ils concourent ce que je leur difois de Dieu &des choies de leur fàlut , c’efl une femence jettée en terre qui fructifiera en fon temps. Nous îfeufraes point d’autre réponfe, finon que nous apprendrions tout çe que nous demandions en un grand Village nommée Axamfca,qui n’eftoit qu â huit ou dix lieues plus bas : Ils nous prefènterent de la (agami té & du poiftbn , & nous pa (Dîmes la nuit chez eux ayec aflez d’in-, quiétudes. Nous nous embarquâmes le lendemain de grand matin avec noftre Interprète, un Canot dû eftoient dix Sauvages alloient un peu de- vant nous. Eftans arrivez à une demie lieue 4e Aicamfca , nous vifînes paroiftre deux Ca- nots qui venoient au devant de nous : celuy qui y commandoit eftoit debout , tenant en main le Calumet , duquel il faifoit plufieurs geftes félon la couftiime du pays ; il vint nous joindre en chantant agréablement &nous don- na à fumer , apres quoy il nous donna de la lagamité , & du pain Fait de bled d’Inde , dont nous mangeafïnes un peu , enfuite il prit le devant , & nous ayant fait figne de venir dou- cement apres luy. On nous avoit préparé une place fur féchaffaut du Chef des Guerriers ; il eftoit fort propre & tapilfé de belles natte» 3 § Découverte dans de joncs fur lefquelles on nous fit afleoir l ayant autour de nous les Anciens , qui eftoient les plus proches apres les Guerriers, & enfuiie tout le peuple en foule : Nous trouvafmes la par bonheur un jeune homme qui enten- doit l’Ilinois beaucoup mieux que Flnterprete que nous avions amené de Mitehigamea ; ce fut par fon moyen qu« je parlay d abord à toute cette allèmblée par les prefens ordinai- res: ils admiroient ce . que je leur difois de Dieu & des Myfteres de noftre lainte Foy , ils, faifoient paroiftre un grand defir de nous rete- nir avec eux pour les pouvoir inftruire. Nous leur demandafmes enfuite ce qu’ils fçavoientde la mer ; ils nous répondirent, que nous n'en eftions qu'à dix journées : que nous aurions pû faire ce chemin en cinq jours : qu'ils ne connoilïbient pas les Nations qui Thabitoient , à caufe que leurs Ennemis les empefchoient d'avoir commerce avec ces Eu- ropeans ; que les haches , coufteaux 5 rafades que nous voyons leurs eftoient vendus en par- tie par des Nations de l’Eft , 8c en partie par une Bourgade d’Ilinois placée à rOiieft , à quatre journées de là ; que ces Sauvages que nous avons rencontré qui avoient^des fufils , eftoient leurs ennemis , lefquels leur fermoient le pafiàge de la mer , 8c les empefchoient d’a- voir connoiftance des Europeans , 8c d’avoir aveç eux aucun commerce ; qu’au refte mm t Amérique Septentrionale . 3^ fiôtis expofions beaucoup de palier plus outrera eau fe des courfès continuelles que leurs enne- mis font fur la riviere , qu’ils courent conti- nuellement. Pendant cet entretien on nous apportoit continuellement à manger dans de grands plats de bois , tantoft de la fagamité , tantoft du bled entier , tantoft d’un morceau de chien : toute la journée fe palla en femblables feftins. Ces peuples font allez officieux & liberaux de ce qu’ils ont , mais ils font miferables pour le vivre , n’ofans aller à la challè des Bœufs là uvages à caufè de leurs ennemis. U eft vray qu’ils ont le bled d’Inde en abondan- ce , qu’ils fement en toute làifon ; nous en vifines en melme temps qui eftoient en matu- rité , d autres qui ne failoient que poulïer , Sc d autres qui eftoient en lait; de forte qu’ils fement trois fois 1 an : ils le font cuire dans de grands pots de terre qui font bien faits : ils ont aufli des allie ttes de terre cuite dont ils fe fervent à divers ulàges. Les hommes vont nuds , portent les cheveux courts, on& le nez Sc les oreilles percez pour y mettre d$ la raflàde ; les femmes font veftues de mé- chantes peaux , no lient leurs cheveux en deux treflès qu’elles jettent'derriere leurs oreilles , Sc n ont aucune rareté pour le parer : Leurs, feftins font fans nulle ceremonie „ ils prefèn- Cent aux invitez de grands plats dont chacun 4° JbècouverPe dam mange à diféretion , & fe donnent les reftes les uns aux autres : leur langue eft extrême» ment difficile , ôc je ne pou vois venir à bout d'en prononcer aucun mot , quelque ef- fort que je puffe faire : leurs Cabanes , qqi font frites d'écorce , font longues & larges $ ils couchent aux deux bouts , élevez de deux pieds de terre 5 ils y gardent leur bled dans de grands paniers faits de cannes , ou dans des bourdes greffes comme des demy ban- ques à Ils ne fçavent te que c'eft que le Caftor5leurs irichcffes confiffent en peaux deBoeufs fauvagesi Ils ne voyent jamais de neige chez eux , & ne connpifient fHyver que par les pluyes, qui ÿ tombent plus fondent qu'en Efté : Nous n'y avons point mangé d'àutres fruits que des mê- lons d eau -, s'ils fçavoient cultiver leur terre, ils en auroient de toute forte* Le foir les Anciens firent un Cônfeil fecret* dans le deifein que quelques-uns avoient de nous caffer la telle polir nous piller, mais le Chef rompit toutes ces menées ^ il nous en- voya quérir pour marque d'une parfaite aflu- rance , il danla le Calumet devant nous de la façon que j'ay defcrit cy-deffiis , & pour nous ofter toute crainte il nf en fit prefent. Nous fifmes Moniteur joliet Sc moy un au- tre conleil pour délibérer fur ce que nous aurions à faire 5 fi nous pafferions outre , oit fi noiir nous I* Amérique Septentrionale. 4* nous contenterions de la delcouverte que nouà avions faite. Après avoir attentivement confideré qué nous n’eftionS pas loin du Golfe Mexique, dont le baffin eftant à la hauteur de 31 de- gré ^.o minuttes , nous ne pouvions pas en eftré efloignez plus de deux ou trois journées , qu’in- dubitablement la rivière de Miffiffipi avoit là defcharge fcans la Floride au Golfe Mexique 8c non pas nu cofté de l’Eft dans la Virginie, dont le bord de la nier eft à 34. degiez que nous avons pafl'é fins eftre encore néant- moins arrivez à la mer, ny aufli du cofté de rOiieft à la Californie , pource que nous de- vions pour cela avoir noftre route à l’Oüeft: ou à 1 Oüeft-Sud-Oüeft, & nous l’avions toû- jours au Sud. Nous confiderafmes de plus, que nous nous expoferions à perdre le fruit de noftre voyage , duquel nous ne pourrions donner aucune cônnoiflànce , fi nous allions nous jetter entre les mains des Eipagnols , qui fans doute nous auroient du moins retenus* pri- ionniers; outre cela nous voyions bien que nouà n'eftions pas en eftat de refifter à des Sau- vages alliez des Eüropeans , nombreux & ex- perts à tirer du fuzil , & qui infeftoient conti- nuellement le bas de cette tivierejqu’enfin nous avions pris toutes les connoiftànces qu’on petit fouhaitter dans cette découverte. Toutes ces raifons nous firent conclure pour le retour que 4i Decouverte dans nous declarafmes aux Sauvages , & pour le« quel nous nous preparafmes après un jour de repos. Après un mois de navigation , en defcen- Z dant fur Miffiffipi depuis le 24 degré jufques pzjy& ^ au 34 , 3c plus , 3c après avoir publié 1*E- vangile autant que j ay pu aux Nations que j’ay rencontré , nous partons le dix- fept Juillet du Village des Aicamfca pour retourner fur nos pas. Nons remontons donc le Miffiffipi, qui nous donne bien de la peine à remonter fes courans \ il eft vray que nous le quittons vers le 38 degré pour entrer dans une autre riviere qui nous abrégé de beaucoup le che- min , & nous conduit avec peu de peine dans le Lac des llinois. Nous n'avons rien veu de femblable à cet- te riviere 011 nous entrons , pour la bonté des terres , des prairies , des bois , des Bœufs, des Cerfs , des Chevreüils , des Chats Étuvages , des Outardes , des Cygnes , des Canards , des Perroquets de mefines des Caftors ; il y a quantité de petits Lacs 3c de petites rivières. Celle fur laquelle nous navigeons eft large 3c profonde, paifible pendant foixante-cinq lieües; le Printemps 3c une partie de l'Efté on nefait detranfport que pendant une demie lieue. Nous y trouvâmes une Bourgade d’Ilinois nommée , KuilKa,compofé de foixante quatorze Cabanes ; ils nous y ont très bien receus , & ils m'ont /' Amérique Septentrionale. 43 obligé de leur promettre que j’y retourneras pour les inftruire. Un des Chefs de cette Na- tion avec la jeunellè nous eft venu conduire jufques au Lac des Ihnois , d’où enfin nous nous fommes rendus dans la Baye des Puants fur la fin du mois de Septembre d’où nous eftions partis, vers le commencement du mois de Juin. Quand tout le Voyage n’auroit valu que le fiiuc d’une ame, j’eflimerois toutes mes pei- nes bien recompenfées , & c’eft ce que j’ay iujet de .préfumer ; car lorfque je retournois nous paflâmes par les Ilinois de Peroiiacca , je fus trois jours à leur publier les myfteres de noftre Foy dans toutes leurs Caktnnes , apres quoy comme nous nous embarquions, on m ap- porta au bord de l'eau un enfant moribond que je baptiiay un peu avant qu'il mouruft , par une providence admirable, pour le falut de cette ame innocente. F I N. f / VOYAGE D’ U N A MB ASS A DE V R QJJ E LETZAAR DE MOSCOVIE ENVOYA p‘iVR TERRE A LA CHINE A N N I 653. Et * Ambafïadeur partit de la Villa de Tobol en Syberie au mois de Mars 1653 ; apres quatre femaines & trois jours de navigation fur la nviere b Irtis > qui fe rend dansl’Obi, il arri- va à la Ville de Tara le ving feptiéme Juillet: 11 en partit le premier Aouft , & arriva ledix- feptiéme Septembre à Belou Woday , ceft à di- re aux Eauès Blanches 5 il y fut quatre femai- a B s 'appelloit Saedor Iacoyvits Eoicoof, b Elle eftmd flam dans quelques Cartes, iies pour attendre des Guides èc des beftes dé Tomme que le Prince Ablai luy dévoie four- nir. Il en ^partir le quinze Octobre avec cin- quante Chevaux & quarante Chameaux que ce Prince luy avoit envoyés : Aj*es huit jours de marche il arriva à un lieu nommé Calbafin ; il n’y trouva qu’une grande maifon prefque rui- née ; de là il fut à LouKaragay , qui en eft à deux journées, il gagna après les bors de la petite riviere HenKutia, qui eft à une journée de Lou- Karagay ; elle vient d’entre des Rochers , & le Va perdre dans l’Irtis. A main droite en remon- tant la riviere Irtis, eft l’habitation d’un c Laba, ou Preftre Kalmucs , qui a quelques maifons de pierre lue l’autre rive de 1 Irtis. Ce Laba vit de la culture de la terre , il a à fon fer- vice des Buchares : l’on cultive en cét en droit du bled , de l’orge , du millet 8c d autres grains, . , Le 2z a Novembre l’Ambaffadeur arriva a la réfidence du Prince Ablay : Ses Sujets de- meurent fous des huttes bâties de brique,ils ont toutes ferres de beftiaux 8c de grains. Ce Prince faifoit donner tous les mois a TAm- baflàdeur , & à ceux de fa fuite , pendant qu’ils furent là , trente e Kaepen de bled 8c d’orge , « PeM-eftre Lama . â 0if, ‘J)ecembre , félon les 7 \w(fe$. * g jjÇ^acp eft fsn poids de quarante livres* 1.' . î; cinq Kaepen de farine de froment % vingt moutons & dix chevreaux. - Le 27 le Prince envoya fon Frere vers Y Am* baflàdeur pour voir les prefens duTzaar ou Grand Duc de Mofeovie* Le 27 Décembre l’Ambafladenr fut porter au Prince Ablai les prefens de Sa Majefté Tzaarienne 5 il demeura deux jours à fa Cour* Sc apres avoir paffé quatre mois & dix jours dans fes Eftats,il prit avec luy fon Ambalfadeur Sc ils arrivèrent enfemble le troifiéme Avril * apres douze jours démarché, à une petite ri- vière nommée Befica , qui prend fa fource en- tre des rocbers 8c va fe perdre dans Finis, Le Prince Ablai fait cultiver la terre proche de^ cette riviere , & il y a mefme fait bâtir quel- ques maifons de pierre par des Ouvriers que le Grand Cham luy a envoyez du Cathay* Le trentième Janvier FAmbaflàdeur quitta le Prince Ablai pour continuer fon voyage ^ 8c apres quatorze jours de marche il arriva à k réfidence du Prince Kol. A quatre jour- nées de là eft une petire ville nommée Kol % ou il ne remarqua que deux maifons bafties de briques habitées, par des Preftces. Kal- mucKS. A cinq journées de la Ville de Kol eft le grand Lac, nommé en langue Kalmuque , Ki ftU Le P aïs ftortf des pois & autres hgumes^ ‘ '4 . . bas ; la riviere Irtis le traverfe. Âpres que l’AmbalIadeur eut marché huit jours au-delà de ce Lac , le long de Tlrtis , il entra dans les Terres d’un f Taitla Mogol, Deux jours apres il arriva au Pays duTaitfa ïrdeKulu , qui demeure avec fes Sujets fous des tentes dreflees le long de llrtis j Apres fèpt jours de marche 3 toujours entre des Ro- chers 5 il entra dans le païs d’un Taitià KaL -mucK appelé SuruKtaitonh3oi\ la riviere Irtis prend fon origine , à un lieu nommé Bulugan > quieft la réfidence de ce Taitfa, De là aux Terres du Taitla Sudbiligenia Mogol , il y a vingt-deux journées de chemin , qui fe fait par des montagnes fort hautes. Le Païs qui dépend du Taitla Semli , aulîl Mogol en eft à huit journées de chemin ; il y a trois autres journés de là jufques aux Terres du dernier Taitfa Mo- gol 5 nommé Dobrona : car du Païs que pof- fede ce Prince , jufques aux frontières du Ca- çhay , il ne relie que quinze journées de chemin. Tous ces Princes Kalmucics & Mogol s ha- bitent fous des tentes qu’ils tranfportent ça ÔC là quand ils veulent changer de demeure. L’Ambalfrdeur employa deux mois à aller depuis les frontières du Cathay jufques à la f Taitfa , en Ifalmnc^ , fignifie T rince. Vay parlé 4 Mofco à un Prince Kalmnc^ appelle Taitfa Aldadois , g Dans P Original M;ofcon>i te larda^la, 5 Surate mon (laps f original Mofco vite , 5 ville de KoKotam , qui eft la première des Villes qui fe rencontre de ce cofté là ; il fouffrit dans ce chemin de montagnes très hantes , tenues par les Mogols & par les Kalmucics , de gran- des incommoditez ; il fut mefme contraint de s'arrefter des deux ou trois femaines en quel, ques endroits faute de vivres & d’eau qu’il fah loit porter pendant lé voyage» Comme l’ Am. baflàdeur fut à dix journées au deçà de Ko- Kotam, il fit iç avoir ion arrivée au Gou- verneur afin qu’il luy envoyait des vivres & des chevaux , fuivant la coutume de la Chine ; mais le Gouverneur s’en exeufa , fur ce qu’il n’en avoir aucun ordre du g Grand Cham fon Maî- tre j 1 Ambalïàdeur ne laiflà pas de paiïèr ou- tre, apres avoir demeuré huit jours à KoKotam, il en partit le ii janvier avec deux Mandarins que le Gouverneur luy donna pour le conduire à la Ville Capitale du Cathay nommée Gam- ba! u. La Ville de KoJcotam eft fermée d’une mu- raille faite de terre & flanquée de tours de brique ; il y en a fix plus groflès que les au- tres , dans lefquelles font percées les portes de la Ville , fermées chacune de deux battans de bois de cheihe , couvers de plac ques de fer. g Le Prince Aldadots m'a Ht, que le Grand Cl,am,qJ efi maintenant Matflre de la Chine , eft appelle Mural, par tous les tartans , & Mogcls, A a iij é V Ambafïadeur ne remarqua aucune piece d ar- tillerie fur ces tours ny aux coftezdes fix portes de la Ville. Il vit dehors 6c dedans la Ville plufieurs Pagodes baftis de briques vernies , comme aulïi quantité de boutiques bafties de pierre , lur le derrière defquelles les marchands font logez. Tout le trafic fe fait en Lalas qui valent un peu plus de trois onces d argent fin : les petites denrées fe troquent contre le tabac & le thé. Ces boutiques eftoient fournies de toutes fortes d’étoffes de loye ? de Damas , de Sa tins 5 de taffetas 3 de toiles de cotton teintes de diverfes couleurs , Scc. La terre y produit toutes fortes de grains a & les Forets les fourniffent de bois. L'Ambaffadeur partit de Kokotam le u Jan- vier pour aller à la Ville de Kapty qui en eft à douze journées 5 c’eft la féconde Ville du Cathay qu’il rencontra fur fa route. Plufieurs Princes Mogols qui ont fecoüé le joug d au-** très Princes de leur Nation , & qui fe font en- gagez au fervice du Grand Cham 3 campent dans l’efpace du pays qui eft entre ces deux Villes j ils n’ont point de demeure arreftée, non plus que les autres Princes de leur Nation. L'Ambaffadeur eftant donc arrivé le dix Février proche la Ville de Kapty , il fit fça- voirau Gouverneur fa venue & luy fit deman^ 4er des vivres des belles de Comme •> il s’ex^ cufa fur ce qu’il n’en avoir point d’ordre du Grand Cham Ton Maiftre, & qn’il en écriroir à la Cour, La Ville deKapty eft entre ces hautes ro- ches fur lefquelles la muraille de la Chine eft élevéej cette muraille eft bâtie de pierre, elle a trois * braflès de haut & la moitié autant de lar- ge ; elle eft défendue & flanquée pat des tours debricque éloignées de plus de cent braflès les uns des autres ; en quelques endroits les tours font fur la muraille, en d’autres il sien faut dix braflès quelles ne touchent à la muraille • elle S’étend depuis la Ville de Suktfey où croift la Rhubarbe, jufques fur le bord de la Mer, à ce que me dirent les Katayens, les Bûchai res , & les Kalmucks, Dix jours apres que le Gouverneur eut écrie au Grand Cham fur le fujet de l’Ambaflâdeur , 1 ordre vint de luy donner les chofes dont il auroit befoin. Il partit de Kapty le 11 Février avec deux Mandarins envoyez par le Grand Cham pour le conduire à * Cambalu, où il arriva apres lèpt jours de marche , dans cette marche il paflà par dix-huit Villes bafties de pierre ou de bricquejil y vit peu d’armes à feu mais feulement quelques petits canons de fer* quelques foldats avec des fuzils & des picques \ il y remarqua des ponts de pierre bâtis fort proprement. * Vans la Vïrfion Latine Gaunas, i Les gens de quelque confideratibn ont uii ou deux valets qui les fuivent & qui leur por- tent un parafol ou un ballon doré, mais les Gouverneurs , les Princes & les Gens de mar- que vont en litières portées par quatre ou par huit porteurs : l’on crie devant eux nem toec , c’eft à dire. Attendez un peu. Le troilîéme Mars 1 6$6,l’Ambalîàdeur eftant arrivé à une Wurft ou demie de la Ville de Cambalu Capitale du Cathay , deux Man- darins l’y vinrent recevoir , l’un eftoit Tartaré & l’autre Chinois , tous deux Prefidens du pre- mier Tribunal de ia Chine.Ils conduifirent d’a- bord l’AinbalTadear dans un Pagode, où ils luy firent fervir du Café & du Thé. Leurs Pagodes font bâtis à l’honneur & à la mémoire de leur Talemana, qui vivoit anciennement dans ce Pa- gade , & qui pafle auprès d’eux pour leur Dieu. Apres ce regale les deux Mandarins comman- dèrent à l’Ambaflàdeur de fe mettre à genoux, & d’incliner la telle devant le Pagode , luy di- fant inclinez-vous devant noftre Roy ; l’Am- ballâdeur refofa de le faire , & leur dit que ce n’eftoit pas la coûtume en fon pais de s’in- cliner de la forte & de fe mettre à genoux ayant le bonnet fur la telle. Ils prefenterenr à l’Ambafladeur du Thé boiiilly avec du beurre du laid de vache,lui difantque cette boiflon luy téoit envoyée delà part du Roi;L Ambafladeur ^ Q ïeür dit , qu il eftoit Cafefmé , <5c que félon la Religion il ne pouvoit pas boire. I. Ambalîàdeur remarqua fous la premiers porte de la Ville de Cambaîu , où il pallà, trois petits Canons de fonce longs d’une aune 8t demie : Il en vit encore deux autres de mefinè longueur un peu plüs aVant dans la Ville. Apres avoir marché plus de trois Vfurft dans la Ville , il arriva à la maifon qu’on lu y avoie préparée • elle n’avoit que deux chambres, elles eftoient tendues de tapis faits de racine! d’herbes. Pendant que l’Ambafîadeur fut en la Ville de Cambahi , l’on îuy dônnoit tous les jours par 1 ordre du grand Cham , pour là nourritu- re , un mouton, deüx poilfons , trois plats de farine , prés d’une livré de Thé , deux plats dè ris , & environ Une pihte d’eau de vie. Pour fes gens , ils avüient de la chair de bœuf, chacun du ns , & deux tailles d'eau de vie. Le quatrième Mars le Conlèil envoya quérir • les prefens du Tzaar ; T Ambalîàdeur refufa de les donner , & dit que l’on n’en ufbit pas àinfr dans la Cour , que l’on by dbnnoit les Let- tres ny les prefens qu’au Prince mefine . au temps de l’Audiance , & que le Grand Chatn ne la uy pouvoit pas refufet. Ces Envoyez répondirent, qtte fi cette coutume fe gardon à la Cour du Tzaar , il n’en choir pas de incline en celle du Gathay ; qu’un Prince ne pouvoit IO pas prétendre ^ d’établir des loix dans les Etats des autres , & enfin qu’ils eftoient envoyez pour apporter les prefens. Le refus que l’Am- baflàdeur fit de les donner n’empefçha pas que ces gens ne les emportaflent ; ils dirent à l’ Am- ballàdeur 3 que le Grand Gham lui donnerôit audiance , & qu'il luy prefenteroit luy-mefme la Lettre du Tzaar. Quelques jours s ’e fiant partez , l’on vint quérir l’Ambafladeur pour aller prefenter la Lettre du Tzaar au Confeil , ce qu'il refufa encore ; il ajoûta , qu’il eftoit envoyé au Grand Chain , & non à fon Confeil. L’on mit après l’Ambartàdeur dans une au- tre tnaifon , où il y avoit quatre chambres femblables à celles de fon premier logement. Le dixiéme I on envoya quérir par diverfes fois l’Ambafladeur pour aller au Confeil pre- fenter la Lettre du Tzaar • Il continua dans fon premier refus ; que cela eftoit contre fon or- dre 3 ôc ou’il ne s en pourroit jamais jufiifier auprès du Tzaar fon Maiftre. Quelques jours après l’on rapporta à l’Ambaflàaeur fes pre- fens , à caitfe , difoient - ils , qu’il ne s’eftoit pas voulu mettre à genoux , & qui! n’avoit pas voulu prefenter au Confeil la Lettre du Tzaar : Us ajoûterent , que non feulement les Ambaflàdeurs étrangers ne voyoient point TEmpereur de la Chine , mais que les Chi- nois mûmes fes Sujets ne le voyoient point , ,§c qu’il n’y avoir que les principaux Seigneurs ïf iu païs qui le pûflent voir. Je ne fçaurois dire au jufle comment la Ville de Cambalu eft grande , parce que 1 on ne nous {)ermit pas k de fortir de noftre Logis durant efejour que nous y filmes ; je n’en fçay que ce que ni en ont dit les Mogols & les Cathayens, qui tiennent quelle a quarante wurfts ou huit lieues de large , &c autant de long. Les principales marchandilès qui fè trou- vent à Cambalu font des brocards relevez d’or & de toutes fortes de figures , comme fleurs,, dragons , ftrpens & autres ; Von y fait aufli des fatins 3 des veloux 3 des tapis & d’autres étoffes de Soye ; L’argent ? les pierreries & les perles y font apportées du païs 5 de Karatfei 5 autrement nommé le vieux Cathay par ceux du païs : Il y a de Cambalu au païs de Karatfei deux mois de chemin ; ils dilent qu’il eft bien plus grand que le nouveau Cathay, & que Ton trouve beaucoup de fourrures de M arrhes Zibelines, de Renards,de Caftors & de Tygres» Leurs maifbns font bâties de pierre & cou- vertes de tuiles colorées < fort petites & fort bafles , fi ce neft le Palais du Grand Cham 2 U eft forr élevé , fpacieux 5 de peint de diver- fe$ couleurs , le haut du toiét eft doré V ce 1 ’Mieu-bofm'a dit que l'on ne dormoit pas aux Mo fia - vite* la liberté de finir du logis, à çaufi de leurman* vaife conduite. Feut-ejlre $ comme il eftoit fur le point defon retour, deux lettres pour Mofcou,â l'u- ne cachetée , l'autre ouverte. Enfin nous partîmes de la Ville de Cam- balu pour retourner en Mofcovie , le qua- trième Septembre 1 6 $6* * nous allafines d’a- bord à la Ville de Kapty & nous eufines en- cores plus à fouffrir au retour qu'en ve- nant , parce que l'hyver approchoit Sc que nous trouvions fort peu de vivres de de fourrages a tthuhoffm parle dans fa Relation de l' Ambaffade des Hollandais a la Chine > qui ejl dans la trotfiéme Partie du %'ïueil. * ( année che% les %uffes commence au mois de Septem* hre% 'Dans la TraduCHon Latine 716 f. fur les chemins ; la pîufpart de nos chameaui 3c de nos chevaux moururent de faim & de foif , ou demeurèrent enlèvelis dans la neige > de forte que nous fumes contraints d’en achep- ter d'autres fort chèrement. Les Catayens nous avoient marqué un autre chemin que ce-* luy que nous avions fuivi en venant , entre le pais des Mogols 3c celuy des Bucares : Enfin apres avoir fouffèrt mille incommoditez , nous arrivafines au pais du Prince Ablay après fix mois de marche le trente*uniéme Juin de 1 an- née 1656 , 3c de là à la Ville de Tobol- Nous avons employé trois ans & cinq mois dans noftre voyage, F I N, Extrait du Privilège du PA r grâce & Privilège du Roy , donné a Paris le huitième juin 1661, Il eft permis a G ira RB Garnier de faire imprimer un %ecuetl de dtverfes Relattcns Vojages curteux, contenant^ c. en un OU plufîeurs volumes, conjointement ou feparement , pen- dant le temps de vingt années : Avec deffenfès a tous autres d’en rien imprimer , vendre ny diftribuèr • ny aucune Carte , ny Figure, (bus quelque prétexte que^ce foi t , fans fon confentement , fous les peines porter dans ledit Privilège, EXPLICATION DE LA CARTE DE LA] dPCOWERTE DE LA TERRE D'IELMER , au de -U de la Nouvelle Zemble , & des routes pour paffer pur le Nort au Japen , à la chine, & aux Indes Orientales. ' . o” Ut ut les deux routes de la Navigation des ïndes Orientales par le Cap détonné Efperanee , ou pat les Détroits qui font au bout de l'Amérique Méridionale, les Hollandois ont tenté celle de Waygats , Sc de la nouvelle Zemble, par le Nort; & les Anglois celle des Détroits de Davis , & d’Hudfon par le Nordoed. Les Hollandois eftoient rebutez de leur collé , lorfque Cornelis Ielmerlèn Koïc , ayant trouvé la mer ouverte au delà ■de la pointe la plus Orientale de la nouvelle Zemble marquée L , il s’hazarda d’y naviger , & reconnut la code de la Terre-ferme , qui refuyoit au Sureft jufques au 73. degré , marquée M, qu’il nomma Terre d’ielmer. Les Entrepreneurs de cette Découverte y envoyerrent d’autres Vailîeaux l’année, 1669. üs uie parlèrent de leur deflein de pafler par là au Nort des Terres d’Iezo , que j’ay décrites dans mon premier Volume, & qui font marquées dans cette Carte par lés lettres D, B , G , I ; & d’encrer par le Détroit de UriesI , dans les Mers du Japon & de la Chine. Feu Moniteur de Wit Peniîonnaire d’Hollande eftoit perfuadë , que le partage feroit plus facile en s’élèvent jufques fous le Pôle ; fa raifon eftoit, que par le8i, & S), degré P on avoir vû des lietbes & des animaux , qui paifiènt fur les codes de Spitzbergne , Sc que ces quartiers edans plus temperez que les codes de la nouvelle Zemble , on pourroit éviter par là les glaces , qui fonc caufes des grands froids quel’on y foudre , & qui ont toû- „ .jours empêché le bon fuccez de ces entfeprifes : mais je n’ay jamais pû fçavoiL' de luy comment il prétendoit que l’on s’y pût fervir de la Bouffolle : car fous le Pôle la Bouiïollc ne marque que le Sud & le Nord , Sc la ma- niéré de fçavoir l’Ed Sc l’Oed par les horloges , Sc laveuë du Soleil edtrop incertaine pour y hazarder la vie de tout un équipage, Sc le , fuccez d’une femblable entreprife. DISCOURS SW .L'ART . ■' De la U N A V I G A T I G K Avec quelques Problèmes peuvent iùppîéer en partie qui manque à un Arc G né cd Taire», PROBLEMES. I- Donne t la confîrucHm d’un Niveau fins portatif, , plus facile à faire & à employer 3 & plus exact que tous ceux dont on s'efi fervi jttfqu’ù, cette heure , A* Prendre hauteur plus exactement fur 'Mer, Ion mefmêque l'on ne voit pdf l'Horizon 3 & que le vent empêche de fe fervir des Jnftrumens ordinai- res. III. Rendre plue exactement la valeur d'un Degré en nos lieues ou mefures , & par la refondre le Problème de la me f ire de la Terre.. I V. Fixer la valeur de ces lieues ou me- ' fur es , en forte que les autres Hâtions (f la pofieritè les puiffent entendre. Faciliter l obfervation des Longitu- des. œsn’ESÏ avec beaucoup de juftice, ce me femble , que l’on fe plaint < de la plulpart des Gens de Lettres , ïb i =1111 des fiecles pailèz , & du mauvais ■* ufage qu’ils ont prefque toujours fait de leur temps. Peut- on s’empêcher de s’en plaindre toutes les fois que l’on fè trouve dans les lieux où l'on conferve le fruit de leurs veilles , & que l'on voit dans nos plus grandes Bibliothèques des faces entières occupées par un nombre infini de Commentaires fur Ariftote, un pareil nombre de Sommes,de queftions deT heo- logie fcholaftique,& de réfolutions de Cafiiiftes, autant de livres de Droit, trois ou quatre mille Chymiftes, une fois autant dé Médecins ? Ne faut-il pas avoüer que de tous les hommes des fiecles paflèz , il n’y en a point qui ayent plus mal employé leur temps que ceux qui ont fait profelÊon des Sciences. Ils ont voulu faire croire qu’ils l'employaient tout entier à la recherche de la vérité, à met- tre le repos dans l’elprit des hommes , à leur rendre la polfellion de leurs biens plus tran- quille, & aies guérir de leurs maladies : Cepen- dant il fo trouve qu’il n’y a point de nations plus tranquilles que celles qui n’ont point, de livres de chicane , ni de peuples qui joüiftènt d’une plus grande fanté , & qui ayent des re- mèdes plus feurs contre les maladies, que ceux qui n’ont point de Médecins. Mais lî nous avons tant de fojet de nous plaindre de ceux qui fe font appliquez avec il peu de fruit à ces Sciences ou à ces Etudes, il n’en eft pas de même de ceux qui onr *ulci- ve les Arts ; car il eft confiant qu’ils y om fait de grands progrès , 8c qu’ils les ont portez à un degré de perfection fort élevé au-deflus de ce qu’ils eftoient dans leurs commencemens. L’Art de la Navigation qui en doit eftre ici l’exemple , a toujours efté pratiqué par des gens aulïï groffiers que nos Sçavans de pro- fefîïon ont crû eftre iubtils : cependant ces gens de Mer , ces gens de peu de difcours , & ©acore moins d’application à l’étude , font A ijj 4 parvenus à un degré d exactitude qui les a fait admirer de tout le mondé : & les Navi- gateurs de noftre fiecle doivent eftre fort fiu tisfaits de leurs anceftres 5 6e compter pour bon lemploy quJiis ont fait de leur temps toutes les fois qu'ils’ entreront en compte fur ce qu ils ont trouvé dans leur fucceffion d’ex- periences & d'enfèigncmens. -a Nous voyons que les anciens Navigateurs n ofoient perdre de veuë les côtes 5 &c que lors qu il falloir faire canal , c'eft à dire perdre la terre de veue , ils ont efté réduis quelquefois à fè fervir de moyens auffi grollîers 3 que ce- lui de mettre dans leurs vaifleaux des pigeons & de les laifter aller pour regler leur naviga- tion félon leur vol 5 & trouver par là les terres d'où les pigeons avoient efté apportez. Dans ces premiers temps fun de ces anciens Pilotes pour avoir ofé faire canal, & ayoir navi- gé par un mouflon ou vent fixe qu'il avoit obfervé jufques à un port des Indes où ce vent le portoit 5 paflà pour un des plus grands hom- mes de fon temps. Ce vent mdfne fut connu depuis fous le nom de ce Pilote. Cependant cette entreprifè qui pafla alors pour la plus grande & la plus difficile que l’on eût encore hazardée , eft aujourd'hui une des plus faciles qui fè rencontrent dans l'Art de la Navigation. Ce Recueil de voyages en donne foüvent des exemples , principalement dans le Routier d Amotta,& dans l'TnftruCHon pour la route des Indes Orientales ; car Tune 3c l'autre de ces piè- ces nous apprennent que lors qu'on a rencontré ces -mouflons, c'eft k dire ces vents fixes qui du- rent toute une fiiifpn entre les deux Tropiques, la route fe fait fans que l'on change les voiles. Les obfervations des Pilotes ont efté bien plus loin , elles nous apprennent le lieu où l'on doit trouver ces vents félon les différais temps de 1 annee , 3c nous connoiflons fbuvent le lieu de la terre où nous fommes par la veüe de ce que la fonde nous a apporté du fond de la Mer, Les décbnaifons de l'Annan dont ils ont tenu régi lire , nous marquent en beaucoup de ren- contres la longitude ; & il efl vray de dire que ces gens nous ont donné aujourd’hui des routiers & des inftru&ions fi exa6tes?que ion fait le tour de la terre avec moins de danger qu'il n'y en avoit autrefois à traverfer la Mer Mediterra- née. Nous devons ces connoiflàncës & ces avantages aux écrits utiles, & aux obfervations exactes des Navigateurs des fîecles paffez. La Géographie & beaucoup d'autres Arts fe font perfectionnez de même, & on auroit fait un femblable progrès dans les Sciences fi on y voit employé de la mefme forte les expérien- ces & les obferavations. Mais la plùfpart des Sciences, comme nous les avons maintenant, & leurs fy fie mes , ne font qu un pur jeu de 1 efpnt de l'homme qui natu- A üj tellement fuit la peine de raîfbnner jufte de /trouver de véritables préceptes , & d en tirer les confequenccs de mefine, toujours prefl d'admi- rer fon ouvrage, ôc de foutenir avec beaucoup d'opiniâtreté ce qu'il a avancé fans fondement. JDans les Arts au contraire , lors que l'ou- vrier a mal raifonné , & qu'il vient à mettre en pratique un faux raifonnement , il en eft convaincu auffi-toft par le mauvais fuccés de ïà bcfbg ne, Sc corrigé par le dommage qu'il tn a fouffërt. Si les Navigateurs enflent imi- té les Médecins & les Philofophes, & qu'ils îc fuflent arreftez à ces raifonnemeiys qu'ils font il y a fi longtemps , nous fèrions encore tous d accord de l'impoffibilité de traverfèr la Zone Torride , nous condamnerions comme herctiques ceux qui aflureroient le contraire , & qu'il pût y avoir des hommes au-delà de la ligne. Semblables raifonnemens nous au^ roient privez de toutes ces belles & utiles con- noillances du nouveau monde plus grand que celui que les anciens ont connu ; ainfMa moi- tié de la terre feroit encore dans le cahos où 1 ignorance des fiecles paiïèz l’avoit laiflee. Si les Médecins avoient imité les Naviga- teurs, 6c qu'ils euflent continiié les remarques Sc les obfervations que leurs premiers fonda- teurs avoient commencé de faire , nous au- rions une fiiite d'hiftoire des maladies déplus de deux mil ^n$ , & les remedes de trente. fïeclcs , car il y à autant de temps que Ion a commencé à confacrer dans un Temple les inferiptions des remedes dont on avoir tiré du fccours dans les maladies , & fondé ainfi cette Medeeine experimentale que les dogmes mal établis , & la foulle éloquence des Mé- decins qui font venus après, nous ont fait perdre j tellement qu’ils font encore aujour- d huy dans l’état où ils fe plaignoient d’eftre vers le temps d’Augufte. * D’avoir trop de pa- roles , & point de Remedes. Ceux qui ont parlé de bonne foy de la Phy- sique ou de 4a Medeeine, ont confeffé cette ncceffité de faire des expériences & des ob- fervations pour y fçavoir quelque chofe. Def- cartes l’avoüe par tout où il a occafion d’etj parler , tout le monde en eft maintenant per- fuadé , St c’eft à quoi devroient s'occuper principalement le grand nombre de Gens dû Lettres qui fuivent aujourd’hui fa Philofophie* autrement il ne nous fera pas plus utile d’a- voir beaucoup de Commentateurs de Défi cartes & de GâSeady , qu’il nous a peu lervi julqu à cette heure d’avoir employé tant da fiecles à commenter les fyftemes d’Epicure , de Platon & d Ariftote : Enfin douze ou quinze cent Traitez fur la caufe de la fièvre & fur ia méthode de la guérir, n’ont fèrvi julques à cette heure cju’à faire craindre cette ma- ladie , que le Chinchinna des Indiens , & mjg | yiit vérin, fuperejje , deejfe medeud^fcienMm. méthode contraire à celle des Médecins , gue~ rit prefque toujours. Ce fut fur de femblables réflexions que plufieurs perfonnes unies enfemble par l’a- mour de la vérité , & par le deflèin de tra- vailler à l'avancement des Sciences & des Arts , quittèrent la- méthode des anciens dé leurs fy ftemes , pour s’appliquer entièrement à faire des obfervations & des expériences, comme à Tunique moyen -de réüfïïr dans un û bon ddfeim C'eft fur ce fondement que TA ITemblée qui s'eftoit formée chez Moniteur de Mont- mort, a travaillé les deux dernieres années quelle s’eft teniie chez moi $ ce temps fera conté un jour pour bien employé lors que les obfervations & les expériences qui ssy font faites feront données au public* Après avoir fait uü recueil & ün efpece d'inventaire de ce que nous trouvons de biens effectifs 'dans îa ftccefïïon des Gens de Let- tres des fiecies paflez , & dans les écrits des autres nations , après avoir veu par là com- bien Ton a avancé dans chaqqe Art , TAlïèm- blée devoir s'appliquer à poufler plus avant fès connoiflànces , à fuppîéer ce que l’on trouverait manquer à la perfection des Arts. . Les Navigateurs n’ont point trouvé juf. ques ici de moyens de prendre exactement hauteur lors que T Horion n’eft pas libre, ou que que le vent les empêche de fe fervir de leufs îmtrumens, car leurs inftrumens fuppofentla veue de 1 Horizon 3> & que le grand vent n en empeche point 1 uiàge. Je propoferay ici une Machine nouvelle que J ay trouvée il y a quatorze ou quinze ans avec laquelle on remedie aflurément à ces inconveniens OÜ tombent tres-fouvent les Pilotes , principalement lors qu’ils navieent entre les Tropiques & les Pôles ; car avec cette Machine qui eft fort fimple l’on pein prendre hauteur lors même que les broüiüa empêchent la veiie de l’Horizon, & que îes plus glands vents leur oftent la liberté de fe lervir de la Baleftrille & des autres Inftru rrïrr ï? donnay dans ce Afehrrï h defcnP«°n, lors que nolTre avTc ouel fUbfift°U encore> & je l’inlereray ici Cvf '^ remarques que les fautes que j ay vu fane quelquefois à ceux qui s’en fer vent ont rendu noires, q l“ B ÏO PROBLE'ME PREMIER. Donner la conftruBion d'un Niveau plus portatif , pln-s facile à faire & d em- ployer , dr plu* exaB que tou s ceux dont on $ efi fervi jufqud cette heure . IL s’eft fait quelques nouvelles découver- tes dans l’Allemblée pour l’avancement des Arts, qui seft tenue chez Monfieur Thevenot, qui peuvent eftre d’un grand ufage, principa- lement pour les Bâtimens , pour la conduite des Eaux , & pour la Navigation. L’armement des Flottes des Indes, la jon&ion des Riviè- res & les grands bâtimens que l’on entre- prend maintenant , ont fait croire que c eftoit le temps de rendre publique une choie qui peut eftre utile à ces entreprifes , & qui avoit efté propofée dans cette Ailèmblée il y a déjà quelque temps , Sc depui; à la Société Royale d’Angleterre, & à l’Academie del Ciment o de Toicane. C’eft un Inftrument où l’air enfermé avec quelque liqueur fait un Niveau, mais qui a ces avantages fur tous ceux dont on s’eft fervi iufques à cette heure. i. On le trouve plus juftc que les autres, car il n’y a point de Ci petite inclination qu’il ne faife connoiftre. Iî 2. Il e(t d’ailleurs d autant plus feur pour la pratique, que les changemens de l’air, le fec , l’humide & le vent qui altèrent les au- très Niveaux , ne peuvent en façon du mon- de corrompre fa juftefle. 3. La main de l’ouvrier n’eft point occu- pée à le tenir lors qu’il s’en feit. 4. L’on employé moins de temps à s’en fèrvir, qu’à fe fervir des Niveaux ordinaires ; ce qui eft fort confiderable dans une pratique que les ouvriers font obligez de recommen, cer fi fouvent. La conftrudfcion en eft auffi plus aifée que celle des autres Niveaux. On choifit un tuyau de quelque matière tranfparante ; un canon de verre par exemple, dont les CGftez foient parallèles ; d’un diamettre qui puiflè re- cevoir le petit doigt , & qui foit environ fept ou huit fois plus long que large. On le fer- me par un bout, & on y met quelque liqueur. L’efprit de vin y eft fort propre, parce qu’i! ne fait point de fediment , 5c qu’il ne g le ja- mais. On laifie du tuyau environ un peu moins de vuidc qu’il 11’a de diamètre ; on le bouche après , ou on le feelîe par le feu. Lors qu’on s’en fert 6c qu’on l’applique fur le plan que l’on veut examiner , Pair oui y eft enfermé monte aufli-toft vers la partie du plan la plus élevée, & demeure fans mou- vement 1ers que le plan eft horizontal, & B ij n cela toujours avec la mefmc juftefle, quelque temps qu il falîè. Ce Niveau d'air qui donne Fhorizon avec tant de juftefle, donnera par-confequent la perpendiculaire fur l'Horizon , & tous les difïèrens angles , fi vous y ajoutez les divi* irons fur lefquelles il les puillè marquer. f PROBLEME IL Prendre hauteur plus exactement fur Mer y lors mefne que l’on ne voit pas /' Hori- zon , & que le vent empêche de fe fer- yir des lnjlrumens ordinaires . C'E s T robfervation de la hauteur du Pôle qu’eft principalement fondé l'Art de la Navigation, & le plus admirable Pro- blème que Pefpric humain ait réfolu , qui eft de pouvoir conduire un Vailïeau en tel lieu du monde où l'on puiife naviger fans avoir jamais fait le voyage. Les Nations les plus fçavantes dans PArt de la Navigation fe fervent pour prendre hauteur , d’Inftrumens avec iefquels il faut voir en même temps l'Horizon 8c FAftre , ou fon ombre : Lors qu'ils ne voyent point i! Horizon, ils ne s'en peuvent fervir , ce qui arrive fort fouvent : & quand ils le voyent , îa réfradion les trompe toujours, & fait pa- raître l’Horizon plus haut qu’il n^eft en effet. On fçait trop ee que peut la réfradion , pour s’arrefter à le prouver par les témoignages des Hollandois dans la nouvelle Zembla, des Anglois dans leurs découvertes vers le Nord- Oeft , 8c par celui de nos François qui ont veu fouvent fur terre le mefme objet , tanroft plus haut , tantoft plus bas , 8c qui ont l’experience que les refradions font encores plus grandes fur mer que fur terre , & qu elles changent fi fi diverfement , félon les différons temps & les différons lieux , qu’on n’en fçauroit don- ner de réglé. L’Arbaléte commune , le Quar- tier dont fe fervent les Anglois , & enfin tous les Inftrumens qui fuppofent la veuc de l’Ho- rizon, font fujets à ces deux défauts , aufquels on n’a pu trouver jufques ici de remede : car lors qu’on voit l’Horizon ils le fuppofent plus haut qu’il n’eft en effet, comme je viens de dire,&ils font inutiles quand on ne le voit pas. Le Niveau d’air nous donne une maniéré de fuppléer ce qui manque de ce cofté-là à un Art fi neceflaire , puifqu’eftant appliqué fur les Inftrumens des Mariniers , ou ce qui eft encores mieux , fur une équaire dont une des branches foit divifée en 45 degrez , foit que le Ciel foit fèrein ou couvert , il marque toi*î jours exadement l’Horizon, Car avec un Tnftrumcnt d’une conftrudtîon fi fimple & fi aifée Ton évite le changement des Marteaux , de le doute ou on eft toujours qu’ils foient à angles droits. Et pour les Di- vifions , on a crû à propos de les faire avec du fil de fer ou de quelqif autre métal pafle par «ne même filiere ; car ces fils font égaux par leur conftru&ion , & étant tournez fur une aiguille comme on fait la cannetille , ils don- neront les Divifions plus petites & plus juftes qu'aucun Divifèur d’Inftrumens de Mathéma- tique le puiffè faire -, & cela avec une grande épargne de temps & de dépenfe. Il y a enco- re cet avantage, que par le moyen de ces Di- vifions que l’on peut mettre dans un afîèz petit volume, un Navigateur peut porter de très- grands Inftrumens par tout, & s’en fervir dans des occafions de neccffité ,dont on ne voit que trop d’exemples dans les voyages de long cours : car foit qu’on étende ces fils ou can- netilles fiir une Réglé ou fur un Cercle , elles les divifent de même en partie fi égales , & fi Ion veut fi petites & fi juftes , que je ne crains point d’avancer 5 que fi l’on fait jamais en Europe des Inftrumens pour les Oblerva- tions Agronomiques aufïï grands que ceux qui ont efté faits en A fie, cette maniéré de Divifion ne doive eftre preferée à toutes les autres qui ont efté pratiquées j triques à pre~ fent. tl y d’autres maniérés encores plus juftes de prendre hauteur & de faire la plufpart des au- tres obfervaticns celeftes , en le lavant d’une lunette avec de s filets à fon foyer 5 car fi vous la pointez au Zenit par le moyen du Niveau, elle vous peut faire voir prefques à toutes les heures de la nuit quelque Etoille qui en apro- ehera ; & connoillànr la declinaifon de cette Etodle par les T ables , & là diftance du Ze- nit par le moyen des filets de la lunette , vous avez la hauteur lans autre calcul ; & quand mefine une petite diftance comme celle-là Ce prendroit par eftimation , elle ne li ra jamais fi fautive que les înftrumens des Mariniers, qui ne leur donnent point la Hauteur de nuie à une précifion plus grande que de vingt-cinq à trente minutes. La Hauteur fe peut encore prendre par deux Etoilles veuës à l’Horizon ou fous le mefine Azimut , ou lors qu’elles font au Mé- ridien & proche de l’Horizon ; mais comme ces maniérés Irppofent une plus grande con- noiflànce du Ciel que celle des Mariniers or- dinaires , ce n’eft pas ici le lieu de s’y éten- dre , la choie eftant d’ailleurs allez claire à ceux qui connoilfent le Ciel pour l’entendre fur la feule propofition que j’en fais ici. Ce peu de lignes avec la figure fuffiront fins doute au deftèin qui les a fait écrite, qui eft d’enftigner feulement la pratique de ce lé Niveau & de ces Divifions : Les exemples que l’on en a donnez ici pour Ja Navigation Sc pour la conduite des Eaux , s’étendront ai- fément à l’Architeéfcure & aux autres Arts. Pour ce qui eft de la théorie & de l’effet de l’air enfermé avec l’eau dans un même tuyau, il a efté examiné ailleurs pat la même per- forine à l’occafion de l’eau qui monte dans la branche étroite du fiphon. Et l’on fe re- met à la donner au public , lors que beaucoup d’autres pièces faites dans cette même AfTem- blée feront en état d’y paroiftre. PROBLE' ME III. Rendre plus exactement la valeur d’un Degré en nos lieues ou me fur es , & par- là rè foudre le Problème de la mefure de la Terre. LA latitude ou hauteur prilè avec l’Inftru- ment que je viens de dire , ou obfervée lans Infiniment dans le Ciel par le moyen des Etoi- les ou des Planètes fait connoiftre combien Ton a avancé vers l’un ou l’autre Pôle du monde ; mais le Navigateur devroit fçavoir en-* cores combien un degré du Ciel luy vaut de lieues fur la Terre, c’eft à dire fçavoir la gran- deur de la Terre. L'Antiquité s’eft fer vie de diverfes 17 diverfes obfervations pour venir à bout de ce Problème: la plus fameufe eft celle du Cali- phe Almamoun de la maiTon des Abailydes , je îa rapporteray icy comme je l’ay traduite *dü texte Arabe des Prolegomenes de la Géogra- phie d’AbuIfeda; car la tradudion que j’en ay faite, Sc que l’on a veuë à la telle du difcours de la meliire de la Terre, n’eft pas entière. Les grands Cercles de la Terre font divifez en trois cent ioixante parties , comme ceux que nous imaginons dans le Ciel. Ptolomée auteur de l’Almagefte , avec plufieurs autres des Anciens }a obier ve qu’une de ces trois cens foixante parties ou degré, vaut foixante-huic milles & deux tiers de mille fur terre. Ceux qui font venus depuis eux ont voulu s’en éclaircir par leur propre expérience ; car s’é- tant aflemblez par 1 ordre d’Almamoun dans les Plaines de Seniar, ils prirent enfemble la hauteur du Pôle, fe féparerent après en deux troupes, l’une s’avança vers le Septen- tnon , & l’autre vers Midy, allant le plus droit qu il leur fut poffible , julques à ce que l’une des troupes eût obfervé le Pôle Septentrional plus elevé d un degré , & que l’autre au con- traire l’eût trouvé abaiilé d’un degré. Ils (b railèmblerent enfuite à leur première ftation pour confronter leurs obfervations ; il parut que l’une des troupes avoir Compté <6 mil- les deux tiers pour un degré , & l’autre feu- i8 lement $ G milles : Ils convinrent de pren- dre la plus grande mefure de 5 6 milles deux tiers. T ellement qu’entre cette obfervation & celle des anciens il y a dix milles de différen- ce ; car les anciens faifoient le degré plus grand de dix mille* que les modernes ne le font ; cependant il y en a encore qui aiment mieux fuivre le calcul des anciens. Mais il faut auffi remarquer que les cou- dées , les milles 8c les parafantes des anciens font des mefures differentes de celle d aujour- d’huy , & que le pouce eft une mefure commu- ne aux uns &aux autres, car ils conviennent fur le fujet du pouce, 8c îuy donnent la lon- gueur de fix grains d’orge mis à cofté iïin de f autre ; mais les anciens ont fait la coudée de 32 pouces, que les modernes ne content que pour 24 ; ainfi le mille des anciens qui vaut trois mil coudées de 32 pouces chaque coudee, eft égal à celuy des modernes qui contient quatre milles coudées de 24 pouces chacu- ne ; & la différence que Tony trouve n eft que dans le nombre des coudées que l’antiquité a confiderées autrement que ceux de noftre iîecle. CefUà le fens des paroles d’Albufeda. Le peu de fuccés des entreprifes que les an- ciens ont fait pour venir à bout de ce Problè- me, 8c le fouhait de tous les Mathémati- ciens , mefme de nos François qui y ont tra- vaillé depuis peu 5 8c avec plus d’exafti- *9 tude que les autres nations , m’ont fait cher- cher une plaine plus étendue que celle de Seniar, de Paris à Amiens , de Londres à Yorcx:, de Bergenpfom àLeyden, ôc que toutes les autres diftanc'es dont on s’eft fervi jufques à cette heure pour ce deflèin. Je crois en avoir trouvé une qui y eft fort propre , car Ton y pourra mefiirer la diftance de plufteurs degrez Nord 3c Sud , Sc fans que le haut 3c le bas du terrain où la rencontre des bâtimens Sc des forefts empêchent Implication d’une mefure a&uelle. C’eft fur le Botenzée, Golfe que fait la mer Baltique en s’avançant dans les terres vers le Nord, & cela dans le temps que fes eaux font glacées , puifqu’iî eft des années où Ton pourra traverfer depuis Torn ville fituée au fonds de ce Golfe, juf- ques au ddïous du Parage de StoKolm , & quelquefois encore plus bas en fiiivant les côtes Orientales de la mer Baltique, jufques en Prude , 3c jufques à la Ville de Labio qui eft au Sud du Curish HafF, étendue qui fait une partie confiderable de la circonferance de la terre, 3c qui donne une plaine de quatorze ou quinze degrez , mais une plaine que Y on peut mefurer fans obftacles , 3c une ftuface dont on peut connoiftre la courbure. Il y a plus de quinze ans que j’ay communiqué cette penfée , 3c que j’aÿ excité un de mes amis qui eftpit alors en Spede de l’çxecuter ^ la C ij choCe m’a paru toujours tres-facile. Elle le paroiftra de mefme à tout le monde , fi l’on jette les yeux fur le plan que l’on a fait d’une partie de cette plaine pour repreiènter la mar- che des Troupes du Marquis de Brandebourg , qui partirent des environs de la Ville de Labio , & marchèrent Cavallerie , Infanterie , ■Artillerie & Bagage , firent en un jour douze grandes lieues d’Allemagne fur la glace , & fùrprirent les Suédois dans leurs quartiers. Ce plan qui eft public confirme encore la facilité que je fiippofe ; pour moy ce m’eft allez d’avoir donné cette veuc Sc la maniéré de réfbudre un Problème qui a exercé tant d habiles gens ; pour ce qui eft de l’executer , êc de faire mefurer cette grande étendue ; ce font de ces foins que les Romains appellent curas Regum. Ainfi en fe fèryant d’une aulïï grande bafe de treize ou quatorze degrez , ou d’environ 798840 thoifès Françoifes, l’on pourra venir à une plus grande précifion touchant la mefure de la terre , que l’on n’a pû faire jufques à cette heure, à caufe de la petiteflè des bafès fur laquelle on a établi jufques ici la réfolu- tipn de ce Problème. Par là nous pourrons déterminer le diamètre & la grandeur de la ter- re que les hommes habitent il y a fi long- temps fans la connoiftre, & nous fçaurons aflez exactement par cet ufige ce qu’un degré vaut II de nos lieues. La glace a encores d’autres avantages pour l’obfervation , comme je l’a- vois marqué avec beaucoup d’autres circon- ftances dans le mémoire que j’en envoyay il y a quelques années à un de mes amis en Suede à qui j’avois propofé de faire cette ob- lèrvation. PROBLEME IV. Fixer la valeur de ces lieues ou mefures, en forte que les autres Nations & la ÿofieritè les fuiffent entendre . CE ne fera pas allez d’avoir appris par cette obier vation combien un degré dans le Ciel vaut de lieùës ou d’autres menues fur la terre ; il faut encore fonger aux moyens de faire entendre quelles font ces indurés aux autres nations , & trouver quelque méthode aifée pour en tranfmettre la connoiflànce à la pofterité , afin qu’on ne tombe plus dans la melme ignorance où nous fommes mainte- nant des mefures de ceux qui nous ont pré- cédé ; & auffi de leurs poids , car la connoifla»- ce des poids peut dire tirée en quelque façon de celle des mefures. Ces gens de Lettres qui ont pris tant de foin de nous lailfer des penlées & des raifon- nemens inutiles , n’ont jamais travaillé férieu- fèment à nous tranfmettre une connoiflànce auffi necefïàire que celle des poids de des mefures : fi- bien que prefque par tout ou il eft parlé dans leurs livres de poids ou de ine- fùres 5 nous ne les fçaurions entendre. Les grains d’orge & les crins de cheval dont ils le font voulu fervir pour nous faire entendre leurs mefures (ont inégaux , Sc d’autant plus impropres à cet ufage , qu’ils font plus petits , qui eft cependant la raifon pour laquelle il$ s’en /ont voulu fervir. Gravius 3 comme on le voit dans la premiè- re partie de ce Recueil 5 a fait un voyage ex- près d’Angleterre en Egypte pour graver fur le tombeau de la plus grande des pyramides le pied de f©n païs ? perfuadé qu’il réfoudroit ainfi en mefine temps deux problèmes 5 celuy d’établir une mefure commune à ceux de fon fiecle 5 Sc de la tranfmettre à la pofterité. Il confideroit que ce tombeau ayant déjà du- ré plus de trois mil ans , Sc eftant encore fort entier , il pourroit conferver très long-temps ces mefures , & qu’ayant rapporté à cette mefiire ainfi gravée furie tombeau de cette pyramide , les mefures qui font aujourd’huy le plus en ufiige chez les autres nations ; comme il a fait dans un Traité particulier , par là il en conferveroit la connoiflance5les rendroit intelligibles à ceux de fon fiecle , & à toust les fiecles qui les doivent ftnvre,auffi long-temps au moins que dureroit le tombeau de la py- ramide. Sa penfée peut eftre utile 5 princi- palement aux Egyptiens tant que ce tombeau fera dans fon entier. Snellius avoit eu de- vant luy une femblable penfée 3 car il vou- loir établir cette mefure commune fur les rui- nes d’un fort que les Romains ont baty à l’ancienne embouchure du Rhin $ mais ces méthodes ne font pas generales 5 leur durée eft attachée à celle de ces ruines 9 de il faut que ceux des autres nations fortent de leur païs pour les apprendre. D’autres ont crû pouvoir faire la mefme chofe plus exa&ement par le moyen de la longueur d’un pendule , la différence de l’air y peut apporter du changement ; un pen- dule de mefme longueur va plus vifte en Hyver qu’en Efté 5 èc peut eftre autrement aux lieux qui font proche la ligne , qu’en ceux qui font avancez vers les Pôles , outre que cette méthode eft impliquée avec une pbfervation celefte 5 de que hors de l’Europe il y a fort peu de gens capables de faire femblables obiervations avec la juftellè ne- ceflaire 5 de que les plus habils s’y peuvent tromper , comme il eft arrivé à nos voifins , de comme on le voit dans l’obfèrvation d’Al! mamoun. Dans une entreprife que tan t d’efforts inutile 2+ ont rendue comme delèfperée, il m’eft venu dans l’efprit ? que peut-eftre l’on y réiilïïroit mieux en le fervant de quelqu’un de ces ou- vrages que nous d lions que les belles font par inftind; nous pouvons ce me femble fuppofer avec raifon que cet inftinéfc leur venant d’une caufe eternelle, il doit eftre toujours le melme & exempt de toutes ces varietez qui diftinguent tout ce qui vient des hommes. Entr autres exemples je trouvay que les cellu- les des abeilles de melme efpece , indurées dans le temps que les abeilles les bâtilïènt , font égales entre elles , & ayant depuis me- furé celles des environs de Paris , de la Ville de Leyden, de Florence, je n’y trouva^ au- cune différence ; & que fi l’on fuit les rangs lèlon lefquels les fonds, ou baies de ces cellu- les lônt dilpofées , l’on trouvera qu’un mef- me nombre de cellules donne toûjours la met me mefiire. Ainfi rapportant toutes les me- fures dont on le fert maintenant dans le mon- de , à celle des cellules des abeilles , la pofte- rité pourra par ce moyen les connoiftre tou- tes : Et cette mefure que je propolè icy lèra d’autant plus generale , qu’il y a des abeilles dans tous les endroits de la terre , auffi-bien aux lieux qui approchent des Pôles , qu’en ceux qui lont plus avancez vers la ligne : Et quoy-que je l’établiflè fur de la cire , rien ne m'empêche de croire qu’elle ne puilTe du- ret autant que ie monde, & qu’elle ne lois plus propre à ce delTein que le diafpre du tombeau fur lequel Gravius a marqué le pied Anglois, & plus ailée à entendre & à pratiquer que celle qui le peut tirer des vi- brations du pendule, jointes à une oblèrvation celefte, comme on la voulu faire en France & en Pologne. Mais auparavant que de l’é- tablir 5 je voudrais avoir pu comparer les ou- vrages des abeilles de lieux éloignez , du Cap de Bonne F.lperance & d’Egypte; par exem- ple, avec celles de la Molcovie & du Mexique, &c. Et fi elles fe trouvent par tout égales , cette mefiire lé pourra rendre commune à toutes les nations , 8c par Ion moyen l’on pourra tranlmettre la connoiflànce des mefures de hoftre fiecle, a la pofterité, qui eft ce que l’on cherche. Ce Problème s’étend aulîî à la con- soilïànce des poids , ce qui eft trop connu à ceux qui ont étudié cette matière pour l’expli- quer ici davantage. Je ne puis retenir dans la plume quelqües- ines des autres oblérvations que j’ay faites ur les abeilles , que la main de Dieu ne lé mit point mieux ailleurs que dans ces ou- vrages qui font faits par inftinét , que la Iruélüre des cellules des abeilles , qui eft :e qu’il y a de plus admirable dans tout :e que nous voyons de l’ouvrage des ani- naux, eft juftement ce qui n’a point elle te- O %6 marqué par Àldrouandus , par Mouffet 5 ni j par tous ces autres perfonnages de grande leéture 5 qui ont crû avoir traitté à fonds Fhi- j ftoire des abeilles , à caufe qu’ils ont ramaffé * tout ce que les anciens & les modernes en ont écrit, , Il eft confiant qu’il n y a que trois figures, régulières qui peuvent remplir l’efpace , c’eft j à dire pour parler plus intelligiblement, qui ] puiflent paver un efpace fans laiflèr de vuide entr’elles : Ces figures font le triangle qui a les collez égaux , le quarré & Fexagone : Les , abeilles pour bâtir leurs cellules , ont choifï : une de ces figures qui ne laifle point d’efpa- ce vuide &c inutile dans leur plan , mais ce n’efloit pas allez d’avoir cet égard pour ren~ J dre leur ouvrage parfait : Entre ces trois fi» J gures qui remplirent tout l’efpace, il y en a une qui contient avec cela plus d’efpace que 1 les autres , fans qu’il y ait plus de travail, c’eft | Fexagone ; qui n’ayant qu’autant de tour qu’un I triangle ou qu’un quarré , ne laifïè pas de j contenir plus d’efpace que l’un ou l’autre de I ces figures ; les cellules qu’elles élevent fur ce 1 plan fi-bien ménagé, ont la mefine perfeétion I de remplir exaélement Fefpace folide , &1 cTeflre de la figure qui contient le plus. Et j ainfi l’on peut démontrer que pour ces deux! égards de ne point perdre de place & d’eni^i pïoyer bien leur travail & leur terrain, elles fl 47 ont fait tout ce que l’étude de la Geometrie suroit pû enfeigner aux plus habiles ; & qu’il ne fe peut rien faire de plus parfait , en ce genre que ce qu’elles font. Il fe rencontre fort à propos pour confon- dre l’orgueil des Philofophes,quefur ce fait des figures folides qui remplilfent l’efpace folide où les abeilles ont fi-bien réiiflî , tous les Commentateurs d’Ariftote , auffi-bien les La- tins que les Grecs , fe font trompez , quoy qu’entre ces derniers il y ait eu des Mathé- maticiens. Ainfi l’on peut appliquer à ces ouvrières les vers que le Poète s’appliquoit à luy-mefme , & dire à leur honneur, ln terni Ubor , at ternis non gloria. Ou bien fouffrir qu’un Poète Perfàn s’écrie avec une licence ordinaire aux Poètes de fora païs , Que fi Archimede avoit examiné un ouvrage fi lurprenant , il fe ferok mordu les doigts d'admiration avec les dents de l’envie. problème v, faciliter l'obfervation des Longitudes , & de la dèclinaifon de l'Ayman. CE n’eft point aflez d’avoir perfeftionné la Navigation dans les quatre Problèmes préce.dens ; il ne fuffic pas à un navigateur d® D ii âS connoiftre tres-e*aâ:emetjt combien il a avait- cé de degrez lous un Méridien , ce que val- lent ces degrez en nos lieues terreftres ; i’en- tens combien la circonférence de la Terre con- tient de ces lieues, & combien ces lieues tnefmes contiennent de nos thoifes & de nos pieds. Il manque encore de connoiftre la Lon- gitude , c eft a dire combien l’on a avancé de • Prient à l’Occident : Problème que l’on cher- che il y a long- temps , & dans la folution du- quel toutes les nations du monde font inte- reftees ; car il eft vray de dire qu’une grande partie des Vaifïèaux qui fè perdent contre les cotes , ç’y perdent par l’ignorance de ce Pro- blème. Et un de ces habiles Pilotes Hollan- dois de la carrière des Indes Orientalles , me difoit il y a quelques temps à Amfterdam , que dans cette grande courte Eft & O eft que l’on feit depuis le Cap de Bonne Efperance j niques à Batavia. L’on fè tromperait très-fou- vent déplus de deux cent lieues, dans Peftime que 1 on fait de la Longitude , fi on ne corri- geoit Peftime de cette courte par les obier- Tâtions de la déclinaifon de PAyman. En effet nous navons point jufqu’à cette I heure d’autre tecours plus propre pour pren- dre la Longitude fur mer, que celuy d’obfer- ! ver la déclinaifon de PAyman, Les Routiers ; de Tellier , Damotta , & tous ces autres voya- ges que J'ay donnez dans les quatre parties : §■ ... 29 de ce Recueil 3 font remplis de ces obferva- dons : Mais la déclinaifon de l’Ayman a en- core bien des difficultez. L’on ne connoift pas encore afïèz les périodes de ce mouve- ment de l’Ayman qui s’éloigne de la ligne Meridiene , tantoft du cofté de TEft , tantofl le celuy de l’Oeft, & qui dans un autre temps fen approche : L’on ne fçait point aufîi pelle eft la pins grande déclinaifon en cha- pe lieu ; ainfi il eft prefque impoffibîe de aire un fyfteme de ce mouvement. Et fi je ne hazardois à en faire un fur le peu d’ob- ervations que nous en avons , ce feroit tom- >er dans le defaut dans lequel l’on fe plaint jue l’on tombe il y a fi long- temps de fe ier trop à fbn raifbnnement , & de décider ans avoir autant d’experiences qu'il en faut >our le pouvoir faire à propos : Mais la po- larité & ceux qui auront ramaflé d'autres ob- brvations pour établir les périodes de ces hangemens, me fçauront peut-eftre un jour [uelque gré des deux ob (ervations qui fui- ent, à caufè qu elles peuvent fèrvir à la con- Loilïance des périodes de la variation de l’Ay- nan pour les Longitudes , & a l’avancement le TArt de la Navigation. On a crû jufques à cette heure, que la dé- linaifon de l’ Ayman n’a commencé d’eftre ob- brvée que vers le commencement du dernier ecle : Cependant j’ay trouvé quelle variait |o de 5 degrez Tan né? , ceft dans un manuferic qui m’eft tombé entre les mains , avec ce ti- tre, Epijtola Pétri Adfigerii in fuper ratio - ttibns nature Magnetis. Il y a une remarque dans cette Lettre que la pointe de Teguille que Ton fuppofe marquer exactement le Nord, décline vers TQrient , & que par pluiieurs ob- fèrvations cette déclinaifon s'eft trouvée de 5 degrez. L’on voit encore que la plufpart des ehofes que Ton attribue à Gilbert , 8c qui luy ont donné la réputation de pere de la philo- fbphie de TAyman , eftoient fçeu’cs dés le treiziéme fiecle , cet Epoque de la déclinaifon de TAyman, qui avoir efté oubliée jufques à cette heure , fera fuivie d’une ©bfervation qui meriteroit bien d avoir efté faite dés ce premier temps , auquel Ion s’apperçeut que Teguille ne marquoit point precifément le Nord. Au Solftiee d'Efté de Tannée 1 66$ je tra çay une ligne Meridiene fur un plan fixe afin de fçavoir quelle eftoit alors la déclinai- fbn de TAyman , 8c eftre plus ailiiré à Tave nir de fes changemens. j’avois choifi pour ce dellein une maifon de campagne dans Ilîy, vil lage qui a Paris au Nord, 8c qui en eft éloigm dune bonne lieue : Cela fut fait par le moye; des ombres prifes le matin, &Taprés midy di jour du Solftiee d'Efté ; mais avec une circon- ftance remarquable, J en traeay une par cens nethode , & Moniteur Frenieîe une autre fur :ette mefme pierre : Elles fe trouvèrent toutes leux fi exactement paralelles 5 que nos autres Mathématiciens n’y remarquèrent aucune lifFerence. Ainiî nous demeurâmes perfuadez jue nous nous pouvions fier à cette obfer- ^ation , 3c tenir cette ligne Meridiene pour 3ien tirée. Ayant enfuite appliqué diverfes BouflToles à ^ :ette ligne Meridiene pour trouver la déchu laifon de l'éguille 5 nous vîmes qu'elle ne dé- :linoit point en ce tempslà. J'y ay appliqué depuis d'année en année les melmes Bouffb- es, & j'ay trouvé qu'en l'année 1664 l'c- guille déclinoit de plus d'un degré vers l'Oeil ; m 1667 plus de deux degrez ; en 1671 de deux 3c demi; &c l'année fuivante 1675 j’ob« fervay la déclinaifon d'environ deux de- grez 3c cinquante minutes , ou je l'obier- vay encore l’année 1677 fans y avoir remar- qué de changement ; en 1678 le mefme. Ce- la donna lieu à nos Mathématiciens de croi- re qu'aprés avoir efté ftationaire de la forte 5 elle retourneroit vers l'Eft : Cependant en l'année \68o je l’a trouvé au Solftice d'Efté de trois degrez 3>c demy , 6c la preiente année 1681 je n'y vois point de changement. Je communiquay cette obfervation dés l'an- née 1663. à nos Mathématiciens , à l'Aca^ demie del Ciment© de Florence. Je l'écrivis 32- à Meilleurs de Rawnlay & Oldenbourg , qui après s’eftre trouvez plufieurs fois à nos Af- femblez avoient établi en Angleterre celle qui fubfifte aujourd’huy fous le nom de la Société Royalle. Je trouve dans leurs réponles : Cependant il efl k obferver que voflre varia- tion de 8 degrés ( je crois qu’ils parlent de robfervation faite par O ronce) dans l'efpace d' environ 130 ans eft venue à rien 3 au lieu que la noflre qui ejloit de deux degrez > s* efl perdue dans l'efface d’environ 80 feulement , Jbfonfîeur Bourrough ayant trouve l'an 1580 la déclinai] on de 2 degrez 15 minutes 3 jMfonfeur Gonter l'an 1622 de 6 degrez 30 mi- nutes , & Adonfieur Ellibrand l'an 1633- de 4 degrez 16 minutes . l'efpere que nos Aief- fieurs feront auffi dans peu de temps une oh - fervation pour voir comment la variation fe trouve icy k prefent , la faifon eftant k cette heure propre pour cela . Ces obfervations font du nombre de celles qu’il nous importeroit fort que Ton eût faite iî y a long-temps ,* (k que ces gens de Lettres qui ont perdu tant de loifir à nous écrire leurs penfées 5 en euflent donné quelques momens à une étude fi neceflàire. F I N. LES HISTOIRES NATURELLES DE L’EPHEMERE ET DU CANCELLUS O U BERNARD L’H ERMITE Décrites 8c reprefentées par Figures par Mr Swammerdam , pour fervir de Suplément à ce qu’Ariftote 8c les autres en ont écrit } Tirées avec les Voyages freccdens du Recueil des Ouvrages de l’ Ajjem- blée y qui s'efl tenue citez Mr T H EVE N O T. ERRATA. AVIS, PAg * 9. li g, 6. cette étendue , adj. imaginaire. Découverte de T Amérique Pag. 4X- ^ f* 14 • ^feK, 42* ÂmbafTadedes Mofcovites fag. 6 lakas qui valent ef- facez h . P^g-, /ijr trois brafïees de haut , ‘verfion Latine 5 lifez. uînas plus minus I X , IV latus. Pag, 13, à la fin dans la Préface ajoâtez, dç la verfion latine Pag, 14, à la fin ils ont , Ufe^ elles ont. Df cours % Problèmes . Pag.\, l.i6. Médecins ,adj. je laiffe aux Théologiens à parler de la Scholaflique , pour les Cafuilies un inqui- fiteur de Madrid refufoit de nos jours la permiffion d’en impiimerjils enfeignent, difoit-il , Part de Pleytar centra U l.y de DUs , & la feule maxime de ne rien faire , ubifit fufhitiâ latentis malt, bien établie , eft plus feure & meil- leure pour la focieté civile , que tous leurs Livres. Pag. g fin , de la mefme force v li fez , de me P. 6, l z préceptes * Ufi^ principes. P» \j. I. 4> & bergen opzoèm , L & de, P. 18 l. Albufeda ,lif. Abulfeda. p. 30. L oubliée , Hf. ignorée. P. 31. /. 17. l’année fuivante , ajoute^ Xé'jz. P. 31. 1 . 10. de deux degrez , Uf. onze. P. 31,*/. U. Elibrand , Uf. Gelibrand. pin , à une étude , l â nous aprendre des faits , & â laider à la pofterité des obfer varions fi neceffaires. VEphemere . P. /. 9, la vafe , lif de fa nourriture. C l, . à eau Ce, Uf par cette raifon peut eflre. p.10 / Siramefdam , Uf Svvam rnerdam. p. io. obfervatiQn3^yiparticulantez. histoire NJ TVRELLE D £ L’EPHEMERE: "Ephémère qu’Ariftote a dé- crit , &: qu’il nomme ainfî à-caufè du peu de durée de ia vie , com- mence ordinairement à paroiftre aùx emboucheures du Rhin 5 & fur les eaux de la Meule, du Waal & du Lech , vers la Saint Jeam Mais quoÿ-que fôus cette figure d’un infe- été qui vole, fa vie ne paflè point quatre ou cinq heures , & qu’il meure fur les onze heures du foir après avoir pris cette figure environ à fix heures apres midi ; il eft vrai cependant qu avant d’eftte en eftat de prendre cette figu- re , il a vécu trois ans fous celle d’un ver qui fe tient toûjours aux bords de l’eau , dans des trous qu’il s’y eft creufé dahs la vafe , qu’il augmente félon qu’il augmente de corfiige , & qu’il creufe plus bas lors que l’eau vient à baiC* 0 for. En effet, fi l’on vient à fouiller dans h vafo vers le mois de Juin , on trouve les vers d’où viennent les Ephemeres , de differentes grandeurs , d’un , de deux &: de trois poulces y félon la diverfité de leur âge , & aufli de leurs elpeces. Il faut encores remarquer cette différence , qu’aux vers de la petite forte on ne voit au- cune apparence d’ailes ; au-lieu que dans les deux autres fortes elles font remarquables : mais fi vous les mettez les uns & les autres fin- un plan uni , leur petit corps n’y eftant point foûtenu,comme il l’eft dans leurs trous , ils ne peuvent marcher , 3c demeurent fur le dos fins fe pouvoir remettre^au-lieu que dans leurs trous ils font toute forte de mouvemens. Les Pefcheurs fo fervent de ces vers pour appafter leurs hameçons ; ils les attachent par la tête, qui eft la partie de leur corps la plus forte ; ils y vivent ainlï attachez jufques à deux jours , 3c font toujours en mouvement : ce qui fiifi qu’ils font fort propres pour forvir d’ap- pal^.On les peut garder quelque temps dans du table motiillé ; car j’ai confervé ceux de la plus grahde elpece quatre jours par ce moyen 9 3c ceux de la plus petite en ont duré huit. Lors que l’on a mis fur du papier noir, 3c que l’on a étendu fur fon dos ce petit infeébe, il eft mieux de l’ouvrir avec des cifeaux d’une pointe fort déliée , qu’avec la lancette 3 il en 3 fort une eau , qui eft fon fang , ce qui eft de mefine dam tous les infeétes , excepté le vers de terre dont le lang eft rouge: de fi Ton le done enftiite la patience de feparer la peau des parties qu'elle couvre , on trouve que celle de deflous eft fort mince de membraneufe ; de après l'a- voir oftée , l'on découvre les mufcles ; on y diftingue ceux qui pafsent avec leurs fibres droites d’une divifion du corps dans l’autre; on les diftingue d'avec les autres qui vont de travers , de encore une troifiéme efpece qui fert pour le movvement des oiiyes. Cette fé- condé peau a fes fibres , de lemble eftre atta- chée aux mufcles. Il y a une petite membrane fort déliée qui tient aux mufcles : je la prens pour la membrane du ventre , qui a au deftous d'elle la graille compofée de petites veffies fort déliées èc fort blanches , qui contiennent la véritable graille de l'Animal en forme d’une huile coulante. Lors qu'on regarde ces veffies on les prendroit pour lagraiffe mefine , mais le Microfcope fait voir qu'elles n’en font que les bourfes qui la contiennent. Tab. iv. Plus les animaux font jeunes , mieux on voit cette graillé; car elle eft femée çà de là fur leurs membranes3au contraire elles font ramaf- fées enfemble, dans les animaux qui font plus avancez en âge. L'on y remarque l'oefophage comme un petit filet, qui partant du bec vient à fermer la partie fuperiçqre de l'eftomac. A * n 4r l’endroit où il y eft attaché , il paroift un peu plus étroit : ce qui fe remarque auffi à la par. ne inferieure de l’eftomac B5 qui eft compofée d’une membrane fort fubtile avec de petits plis ou rides en dedans 5 fort unie par dehors, principalement lors quelle eft pleine de nour- riture , ou qu’on y a fait entrer de l’air par le moyen d’une petite pipe de verre : les veines ôc les arteres ne s’y peuvent pas diftinguer, à-caufe que le lang qui y coule , ne s’y fait re- marquer que par une couleur femblable à celle de l’eau. L’eftomac eft fourni de plufieurs petits ca- naux qui fèmblent des vaifleaux pleins de làng: ! mais quand on les examine avec le Microfco- pe , on trouve que ce font des branches des poulmons ou de la Trachée artere qui ft répan- dent dans Peftomac ôc dans toutes les parties intérieures ôc extérieures de l’animal. Les inteftins marquez A font de trois dif- ferentes ftruftures : le graîle marqué DD : celuy qui eft épais , marqué E : & le droit, marqué F. L’on voit en l’inteftin graîle des rides en forme de çroiftànt , femblables aux valvules qu’on oblerve dans Finteftin épais des hom- mes , qu’on a appellées par cette raifon val- ) vules annulaires : lï-bien que leurs jambes ! mefmes ôc leurs petits ongles ont de ces vail- î féaux qui y portent J air, L’inteftin droit F en a I aufll principalement à deux mufcles , qui fer- vent à le décharger de Tes excremens, La vafe qui luy fert de nourriture , tranfpa- roift au-travers de Ton eftomaç , & de fes in- teftins , & de tout le refte de Ton corps j mais mieux encore à l'endroit du dos qu ailleurs 5 De.là vient qu'il paroift à l'endroit dq dos de diverfès couleurs félon les differens change- mens qui arrivent à la couleur de la vafe , mais il 11'en paroift point du-tout dans cet in- feéte, ni dans les mouches , dans les vers qui font dans le bois , ni dans les vers à foye , &c dans beaucoup d'autres infeétes lors qu'ils fe trouvent fur le point de fe changer ; car en ce temps ils font tous tranfparens comme du ver- te 5 tellement que Ton peut voir le mouve- ment de leurs in teftins au- travers de leur peam Et au-lieu que les hommes & les autres ani- maux ri ont qu'une trachée artere,les poulmons de ces infe&es font compofez de deux tra- chées , dont les branches s'étendent en ferpen- tant à toutes les parties 5 comme la figure IV< les reprefente. La ftrudture des poulmons dans tous les infeétes que j ai connus, confifte en un nombre infini de petites parties roides & tournées en cercles en forme de petits anneaux, tellement jointes enfèmble par le moven d’une petite membrane, qu'ils peuvent aifément retenir l'air & le rapporter par toutes les parties du corps, a iij s Ce que j ai obfervé dans les vers à foye, me fait croire que lors que le ver de l’Ephe- mere quitte fa peau , la peau auffi qui couvre les poulinons , fe change en dedans j car j’ai remarqué dans les vers, à foye, que dans le peu de temps qu’il met à quitter fa peau extérieu- re , dans le mefine temps une centeine des branches des poulinons qu’il a dans le corps, compofez de petits anneaux , comme je les ai décrits ci-devant , fe dépouillent auffi de leur peau ou membrane. Je n’avancerois point une choie û incroyable , fi je n’en avois efté con- vaincu plufieurs fois par mes propres yeux. Je me fuis fort tourmenté pour découvrir dans le ver de l’Ephemere les ouvertures ex- térieures des poulmons ; ils n’en ont point dans le gofier ni dans la bouche, comme il ar- rive aux autres animaux ; ces branches des poulmons diminiient à-proportion de ce qu’ils approchent de la telle. Après l’avoir cherché long-temps , je croi que leurs ouvertures font âux collez de la poitrine, comme je l’ai veu dans les lauterelles, à-caufe que dans ces ani- maux les ouvertures font plus aifées à voir, qu’elles ne le font dans le ver de l’Ephemere, qui les a plus étroites à-caufe qu’il pafse fa vie dans l’eau ôc dans la vafe : dans les vers à foye il y a dix de ces ouvertures à chaque collé, I dont les deux dernieres ne fe voyent jamais mieux que lors que les vers changent de peau$ Câr elles font marquées de petits poils noirs, Mais ces poulmons fe voyant entièrement quelques jours après la mort de ces vers ; car dors le relie des entrailles eftant devenu noir, leurs poulmons qui font de couleur de perle- an d’argent , s’y remarquent aifément : outre qu’eftant d’une matière dure & ferme , ils ne aaroiilent pas fi longs que le refte, & confèr- ent plus long-temps leur figure. Leur poitrine pâroift toute tifsiie de petits /aifleaux entrecoupez : mais pour voir s’il y a le l’air dedans , il ne faut que les mettre dans me goutte d’eau , & les prellèr avec une épia* ;le : car par- là l’air caché fe fait aufïï-toft :onnoiftre par le mouvement qu’il fait dans eau. Ainfi , quand on les ouvre fous l’eau, &: ju’avec un cifeau Ton ouvre ces poulmons i animal vient aulîî^toft fur l’eau : ce qui amvd luffi à toutes les branches, Il y a encore un autre moyen de voir ces >ou!mons. C’eft lors que l’animal a efté feché: ar leurs petits vailfeaux les tiennent ouverts, .u- lieu que les autres parties ont perdu leur igureen fechant. L’infinité de ces vaillèaux qui >a(fent aux yeux de cet animal , eft très re- r arquable &fingulierej ’avois plufieurs autres ielfeins de ces vailfeaux , 6e de leurs oüyes * lue j’ai perdus. Je ne fçai point quel eft l\u ige de cette partie velue marquée SS , qui ;ft fous les premières oüyes qui ne font point. coupées. Je ne fçai s’il y en a de pareilles eil toutes les oüyes. Je ne fçai non-plus quelle communication les oüyes ont avec les poul- nions, ni celle que les poulmons ont avec tef tàeur marqué TT. Ainfi je ne puis rien ajoû- ; ter à ce que la figure nous rêprëfènte , fî ce ] n’eft que je n’y ai pas reprefenté toutes les ^ branches delà trachée artere qui vont au coeur, | 8c que de-peur de faire quelque confufioni dans le defïein , j’ai efté obligé d’eii couper ] beaucoup d’autres; Les parties qui font rCprefentées dans mes I figures , n’ont pas toutes la mefme proportion ; entr elles. J’ai crû qu’il éftoit mefme inutile de j les y réduire. Le cœur de cet animal eft placé cofnme ce- îuy des abeilles , des chenilles , & des vers de bois , au haut du dos , comme Malpigius la auffi diligemment reprefenté. Mais fuivant mes expériences, il ne conclud pas bien de-là qu’il y a plus d’un cœur dans le ver à foye. Je n ai veu le mouvement du cœur dans les femelles, que confufément* La moiielle de l’épine du dos eft fort admi- rable dans cet infèéte , aufli-bien que dans les autres que j’ai ouverts. Elle eft compofée d’on- ze renflemens. Le premier eft le cerveau * d’où Ton voit fortir les deux nerfs optiques ^ comme auffi les autres nerfs qui fè répandent dans lé corps , qui font plus forts à l’endroit des mufcles qui remuent les ailes, les oiiyes Ôc les nageoires. Lors qu'on les veut bien obier- ver dans leur état naturel, il faut foufter dans le corps de ranimai , principalement dans ce- luy du mâle 3 car étant enflé de la forte, on les voit au-travers de ia peau. Clutius prend pour leurs nageoires ce que je nomme leurs oiiyes 3 mais il le trompe. La mouelle du dos reçoit des branches de fartere des poulinons 5 qui portent aulîi au cerveau ôc aux nerfs un continuel rafraîchilfement. Je ne doute point que la mouelle ne reçoive auiïï des veines ôc des arteres 3 car j’ai veu clairement dans le ver à foye de petits vaiflèaux &c de pe- tites veines qui partaient du cœur, qui eftoient enduites d'une humidité colorée , fans pouvoir juger fi c'eftoient des veines ou des arteres. Les parties de la génération font aufîï aifées à voir dans le ver de fEphemere male, la veille du jour qu’il doit changer, qu'aprés qu'il a déjà changé. Elles reflèmblent à la laite des poiflons , les taupes 3c les couleuvres ont ces parties de mefine. Elles font pleines d’une hu- midité laiteufe, qui eftla'femence de l’animal, ôc reçoivent beaucoup de branches de l'artere des pou'mons. Dans ia derniere capacité du ventre il y a en* core deux autres parties qui lèmblent dépen- dre des vaiflèaux fpermatiques avec lefquels elles ont une ouverture comme un e: mais je n’ai ïO pû m’en éclaircir tout-à-fait, à-eaufe que les îlijets me manquoient pour le faire. Le changement de ce ver qui eft dans l'eau* en Ephemere qui vole, cil: fi fubit qu’on n’a pas le temps de le remarquer. Si on prend le ver- dans l’eau , on ne fçauroit dellèrrer la main fi promtement, que le changement n’en foit fait; à moins que d’y prefler un peu le ver à l’endroit de la poitrine ; car par ce moyen on le peut tirer de l’eau avant qu’il foit changé. Mais comment peut-on s’imaginer le dépliifement de fes ailes ; L’ Ephemere n’a point de mulcles ni de ces tendons au milieu , qui les pliflent & déplilfent * comme nous les avons remarquez en d’autres infeétes , & dans le Perce-oreille , qui couvre des ailes fort longues dans un petit étuy, où elles font fiartiftement pliftees, qu'on ne connoift pas qu’il y en ait. Le Perce- oreille par le moyen des mufcles & des tendons qui font placez au milieu de fes ailes , les re- plie en un moment, & les étend de-mefine. J’avois crû que cela fo pafioit de la mefine façon dans l’Ephemere : maintenant je croi pluftoft , que c’eft le fang , avec le fecours de l’air , qui eft le principal relient de ce change- ment. Auffi l’on y voit beaucoup de petits rameaux de la trachée artere par où l’air parte dans les ailes. L'effet de l’air eft principale- ment de roidir les ailes , Sc d’en faire fortir l’humidité : en effet , quand on coupe les ailes Il de l’Ephemere qui eft fur le point de changer, & qu’on les met dans un verre d’eau, peu de temps après elles le trouvent tout étendues, fans qu’il leur manque autre chofe que la fer- meté. J’ai plufieurs fois fait cette obfervation, & j’r appris par-là la maniéré dont les ailes s'ét .dent. remarquois dans l’eau , que les gros plis s’ i-alloient les premiers , & que par-là l’aile P trouvoit dans fa longueur naturelle: que les plis qui font félon toute la longueur de l’aile Pc déployent après , comme on le peut voir dans la Tab. VI. qui a efté faite après nature. L’autre figure qui marque les ailes pliées , a efté faite avec un Microfcope. Il y a d’autres infe&es dont les ailes fe dé- ployent d’une autre maniéré ; car elles font renfermées dans leurs étuis, & froncées de tout fens : c’eft par cette raifon auffi qu’elles met. tent plus de temps à fe déployer. Les Papillons ont les ailes encore autrement faites ; on n y voit point de plis , ni de ten- dons,^ de mufcles- elles font couvertes dune infinité de petites plumes couchées les unes fur les autres , &c qui fe dégagent fi admirable- ment lors que les ailes s’étendent, que ce fer oit la madere d’en écrire un Livre entier. On peut dire avec vérité ,que l’entendement & la rai- fon comprennent mieux , de touchent ( pour ainfi dire ) mieux Dieu dans, fes ouvrages , que 12 nous ne touchons les chofes materielles de nos mains, 8c que toutes ces maniérés font auffi incomprehenlîbles que l’ouvrier qui les a trouvées. L’Ephemere après eftre forti de Feau , com- me nous venons de dire, cherche un lieu où il fe puiffè mettre, & le dévétir d’une fine mem- brane ou voiie qui le couvre tout entier. Ce fécond changement fe palfe dans l’air: mais le premier changement qui s’eft fait fous leau, le défigure bien davantage ; car l’Ephemere y perd fes oiiyes , fi-bien qu’il n’en relie que quelques petites marques ou points au delFous. L’Ephemere perd auffi dans ce changement fes petites nageoires , fes dents ou mâchoires , la forme de fes jambes , Fétuy de lès ailes , 8ç fes queues : tellement qu’aprés ce changement il n’eft pas reconnoiffiable, Il eft impoffible de 1 obferver, à-caufè de la viflefïe avec laquelle la chofe fe pâlie lors quelle fe fait : on le peut bien obferver en le diflecant un moment avant que le changement fe falfe, ou en regardant avec foin cette petite peau , où l’on trouve les oiiyes qui y font demeurées ; F on y voit 8c les points 8c les petits trous où eftoient les oiiyes; les nerfs 8c les veines s’en détachent , comme un fruit meur tombe de fon arbre. Quoy-que la plufpârt des parties de l’Ephe- mere deviennent plus longues dans ce premier changement, fes cornes font néanmoins plus petites qu elles neftoient dans le ver. Le chan- gement qui arrive aux yeux , eft aufïï fort confiderable : dans le ver ils eftoient couverts d'une petite membrane unie 8c étendue com- me Talc ; & après ce dépouillement ils font compofez de plufieurs yeux qui font comme un petit rézeüil, les deux queues viennent une fois aufîi longues , 8c la queue du milieu dif- paroift tout-à-fait. J'ai trouvé jufqiies à fi x 8c fept mille de ces yeux dans de femblables infeéfces , dans d'au- tres je les ai trouvé femez par tout le corpsa comme dans les araignées 8c dans les fcorpionss mais il ne faut pas s’imaginer que ces yeux foient de la mefme ftrtidure que ceux des hom- mes 5 ou des autres animaux. Vous n'y voyez point d'humeurs , ce font de petits filets termi- nez par un hexagone, qui de l’autre bout vien- nent à aboutir au cerveau. Ainfi leur vifion fe doit faire autrement que la noftre : aux hom- mes c'eft la réunion des rayons vifiiels au fond de l’œil , qui la fait ; 8c dans les infeétes, ces petits filets nerveux efrant touchez diverfement par la lumière, en tranfmettent le fentiment au cerveau, comme je l’ai amplement décrit dans mon livre dès Abeilles. Le fécond changement fuit de fort prés le premier , 8c fe parte de la forte. L'Ephemere s'arrefte avec la pointe de fes petits ongles le plus ferme qu'il peut ; il luy prend un mouve- b iij *4 ment fèmblable à celuy du friffbn ; rfuflï-toft la peau qu’il a fur le milieu du dos s’éclate ; il tire après fès petites jambes , la pointe de les on- gles demeurant toûjours en mefine état , ôc at- tachée à la peau qu’il a quittée. Les ailes fo défont de leurs étuis , comme nous tirons nos gands quelquefois en les renverfant; 8c il ar- rive que ce renverfement de peau n’eftant qu’à demi-fait, l’Ephemere demeure comme pris, 8ç fans qu’on luy remarque aucun mouvement. F i G. V 1 1. Les queues en deviennent un tiers plus lon- gues qu’elles n’eftoient dans le premier chan- gement ; tellement que la queue 8c les jambes qui dans le premier changement eftoient ve- nues un tiers plus longues , croi lient encore dans celui-ci d’un autre tiers : Mais à-caufe que la queue eft compofée de petits anneaux, fon dépouillement eft plus remarquable que celui des jambes. On peut remarquer que les poils de la queue, qui eftoient unis dans le ver, font fepa- rez les uns des autres , 8c font devenus encore plus déliez dans l’Ephemere qui en eft forti. Après ce changement, l’Ephemere fe met à voler de tous fens : il fe tient quelquefois fur l’eau tout droit fur fà queue, en frapant fes ailes les unes contre les autres ; car là queue qui eft creufe 8c pleine de petits poils , le foûtient ai- fement fur l’eau , comme il arrive à beaucoup d’autres animaux qui demeurent long-temps fur la furface de l’eau avec un pareil fecours, & nommément à ces vers d où viennent les girofles mouches , &aux vers des vaches. Cet air ne demeure pas toujours attaché aux que ües de l’Ephemere. Lors qu’il en eft forti, ou qu’on les a fait fecher, en le preflant avec une épingle 5 ces petits poils fe réunifient en- fe mbleé Il y a encore une autre raifon qui les foü- tient fur l’eau: c’eft qu’ils ont une petite velîie pleine d’air dans le corps : car je ne voudrois pas afiiirer que leur eftomac fut plein d’air. Le mâle change deux fois ; 8c pour la fe- melle, je ne l’ai veu changer qu’une fois : de-là vient peut-eftre que la queüe de la femelle eft d’un tiers plus courte que celle du mâle; mais il a les yeux deux fois plus gros qu’elle, la cou- leur de fon corps plus tirant fur le rouge , 8c il a quatre appendices à fes queues , que l’on ne voit point dans la femelle, qui a plus de corps que le mâle : ce qui eft commun à tous les in- fèétes. Il ne fê fait point d’accouplement entre les Ephemeres : la femelle jette fes oeufs , que le mâle rend féconds en les couvrant de fa fe- mence. On ne peut pas dire qu’ils s’accouplent lors qu’ils font vers ; ils n’ont point le mouvement libre dans l’eau 3 s’ils ne font dans leurs petits i 6 erous ; Sc je ne fçai point d’infeéte qui s’accoü- ple avant fon dernier changement, je n’ai point veu que ceux-ci s accouplaflènc dans Pair, comme les Hannetons le font. La multiplication des Ephemeres eft admi- rable y mais celle des Limaçons l’eft encore davantage. Ils font tous mâles* & femelles. Je doute qu'il y ait des hermaphrodites parmi les hommes : je fç ai que parmi les Abeilles il y a des mâles Sc des femelles, Sc une troifiéme et pece „ qui n’eft ni mâle ni femelle : car ce qu’on appelle le Roy eft la femelle : & l’Abeille or- dinaire n’eft ni mâle ni femelle. Il en eft de~mefme des Fourmis ; Sc tous ces animaux qui ne changent point de place 5 ou qui vivent dans des écailles, doivent avoir une maniéré particulière de Ce multiplier : ce qui doit s’étendre auflï jufques aux arbres & aux plantes. L’Ephemere ne prend aucune nourriture dans les cinq ou fix heures qui bornent le cours de fa vie. Il f mble qu’il n’ait efté fait que pour Ce multiplier ; car lors qu’il eft en eftat de faire des oeufs , ou de jetter G t femence , il change fa figure de ver, Sc il meurt auflï- toft qu’il les a jettez. Le mefine arrive aux Papillons des vers à foye. La chofe iè paflè autrement aux Fourmis Sc aux Abeilles, dont la femelle, qu’on ap- pelle le Roi , jette environ fix mille œufs en *7 iin an : Il y à une efpece entre les Fourmis ôc les Abeilles uniquement occupée à élever les enfans de leur République : les maf- les au contraire qui ne font point chargez de ce foin , meurent fort peu de temps après qu’ils ont jette leur femences 5 ôc ceux qui ne meurent pas de leur mort naturelle , font mis en pièces par les autres Abeilles. En trois jours de terris on voit paroiftre, comme j’ai dit,& mourir toute l’efpece des Ephemeres: ils durent quelquefois jufques au cinquième jour, par la raifon de quelque changement ou maladie qui eft arrivée à, quelques-uns de leur efpece , qui les a empefchez de fe changer au mefme temps que les autres. Et comme ils ne changent pas toujours la veille de Saint Jean, mais quelquefois mefme quatorze ou quinze jours pluftoft ou plus tard , rien 11e m’empef- çhe de croire qu’il iie puiflè y avoir cette dif- férence de temps entre les premiers- venus &: les derniers * Les autres infeétes ontde-meime un temps marqué pour leur changement, qu’il eft impoflïble de retarder. J’ai éprouvé plu- fieurs fois qu’ils mour oient pluftoft que de manquer à Je faire ; ôc ces contraintes que je leur ai fait fouffrir pour ces expériences, m’ont appris beaucoup de chofes touchant l’anato- mie 3c la maniéré dont leurs parties fe plient Ôc fe déplifsent. Quoi-qu’il ait pafifé jufques ici pour confiant qu’il y a des animaux qui viennent de la coitu- ç ption, il faut dire néanmoins que les expérien- ces de ce fiecle nous ont appris qu'ils ont tous une mefme origine, ôc qu'ils viennent de leurs neufs. La femelle de lEphcmere , après eftre loi tic de 1 eau, s eftrê dépouillée, ôç avoir volé quelque temps, jette les œufs fur l’eau, qui ne fe peuvent voir diftin&ement qu’avec laide dun Microlcope fur du papier noir ou bleu. Quand le malle les a mouillez de la femence,ils defeen- dent 311 fond de l'eau, Je n'entreprendrai point de dire combien de tems ils mettent à s'cclorc: je n ai pas fait l'experience d'en amailer beau- coup , ôc d’en mettre dans de l'eau & de la vaze pour m’en éclaircir : Je fç ai feulement que fi l'on fouille quelque temps après dans la vaze, on y trouve ;de ces vers de differentes grandeurs , que j’ai décrit ci-devant , & qu’auf- ïi- toft qu'ils font forcis de leurs œufs, ils fe met- tent à travailler ëc à creufer leur maifons, tou- jours au bord del'eau,& enforte toutefois qu'ils, ne loient pas éloignez de fa llirface qu’ils puiflènt refpirer ôc remplir d'air cette grande quantité de poulmons,ou de branches de trachée artere quon voit en les diffecant. En effet, j'ai remarqué lors que je les ai tenus dans de l'eau ôc du fable, qu'ils fe tenoient plus volontiers près de la furface de l’èau , qu’au fond du labié: mais il ne faut pas que j'oublie à ce propos ce que j’ai remarqué fur les vers qui le mettent | dans les habits. J'ai trouvé qu’ils font leurs 1 maifbns des melmes matières dont ils le nour- | IJ riffent ; qirils portent ces maifons partout comme des limaçons ou des tortues ; qu’aipfî leurs logemens font rapides d'autant de matières & de couleurs qu’ils ont rongé de differentes étoffes * que leurs excremens font de mefine: Aufïï dans les excremens des infe&es Fon trouve de toutes les herbes dont ils le nourrif- fent ; & quand il a plu quelque temps , ces ex- cremens font des taches fur le linge , qu'il n eft pas aifê d’efter. Cela arrive auffi dans les hoc- tes des Apoticaires & des Herboriftes ■ & l’on prend fouyent ces excremens pour les graines des herbes que ces infèékes ont rongées» L’on peut tirer quelque ufiige de cette ob- fervation pour la connoiffance des couleurs, & pour nous délivrer des incommodité^ de quel- ques animaux qui nous donnent de la peine ; les Taupes , par exemple, qui gaftent tant les prez &: les jardins , fe nourrirent de vers de terre, comme on le voit dans leur eftomac. Si avec de ces vers hachez vous meflez de larfè- nie Sc du fang de Taupe, qui fe tire aifément, en leur donnant un coup fur le mufeau , vous les frites mourir. Dans le temps que je travaillais à cette Hi~ ftoire, j’ai obforvé diverfes efpeces d’Epheme- res ; mais je n’ai point trouvé celle dont Ho- fenagel nous a lai lié le deflHn. J en ai trouvé une efpece fort petite fur la fin de l’Efté de l’année 1670. prés du village de Slôte, hors les portes d’Amfterdam je trouvay les champs couverts d’une infinité de ces petits Ephemefes qui lailfoient leur peau fur mon habit, & vo. loient enfuite vers l’eau. Je croi que le ver de cette petite efpece ne fait pas là demeure dans des trous & dans la vaze , mais dans des fonds de fable ou de pierre: auffi a-t-il la peau plus dure que les autres , & qui approche de la du- reté de celles des Crevettes : & quand vers le milieu de l’Eftë on cire des bords du Rhin ou du Lech quelque pierre , on y trouve beau- coup de ces petits vers , comme j’en ai trouvé J auffi fur les bords de la Loire & de la Seine , 1 ôc d’autres rivières de France. Je peux faire voir en un moment dans mon cabinet tout ce que j’ai rapporté ici de ees vers, & de l’Ephec mere qui en vient. Ceux qui compareront cette hiftoire de l’E- I phemere de Monfieur Sirammerdam avec i celle qu’en ont fait Aldrovandus , Jonfton , & Clutius , trouveront que l’on apprend plus en étudiant la nature , qu’en pallànt là vie fur les livres. Clutius , par exemple , nous donne l’Ephemere décrit par Dortmannus lùr la mé- moire qui luy en eftoit demeurée : Goudart en donne la copie lùr ce qu’il en a trouvé dans Clutius , & confelïe qu’il n’en a jamais veu; Noftre Académicien au contraire en rapporte plus d’oblèrvationluyfeul que tous les autres, j &c fuivant les maximes de là Compagnie ne rapporte gueres que ce qu’il a obfervé. I TABLE IV. FIG. I. L'EPHEMERE. Jÿ.T TaJÏv- TABLE II. FIGVRE I. A Le mâle qui a les jeux deux fois pim gros que la femelle. B Ses petites cornes Avec leurs articu- lations. C Les mâchoires dures comme des dents , avec lefquelles ils fouillent & creufent dans la terre. D Ses pattes . E Les boutons ou petits étuis oit font en- fermées fes ailes. ï Ses oujes qui font comme de petits mufcles & fourées d’une infinité de petits poils , toujours en mouvement , & qui fervent à rafraîchir le fang , comme les oujes des poijfons. G Ses trois petites queues velues avec leurs appendices. FIGVRE II. Les trous que le Ver de V Ephemere fe fait dans le vafe , oit il fe cache & fi nourït , les uns plus grands , les autres plus petits , & plus ou moins creux, fé- lon que l'eau monte ou baiffe. TABLE VL Comme fi s longues ailes , qui ejloient renfermées dans des étuis, fort petits , fe âéplijfcnt dans le premier changement , & s et en dent en longueur & en largeur, ïig. IIy III, & lp\ dans Xable III. elles font , repref entées comme elles font dans les étuis . table vil figvre i. Comment F Ephcmere fait fin fécond changement, ce qui fie pajfe plus lente- ment que l attire qu il a fait auparavant- dans l'eau. FIGVRE II. Le mâle qui tient encore â fit féconde peau y dont il ne s'eft pas tout à fait dé- pouillé. Tab&j, n FïG. I. La dtf(mS$^F^fBemere a quittée dans le changement eju il 4 fait ? i 'prés e sir e/or ti dej^t£ s TABLE III. A ^ Les poumons de l' Ephemere , ou plu- tôt deux trachées arteres compofées â*une infinité de petits anneaux' rotdes (fi tour- nés en fpirale , qui defcendent en fer ten- tant le long de fies cofiés , aujji bien dans le V er% que dans /’ Ephemere, (fi qui portent C air à toutes les autres parties de l’animal. B B Branches qui partent des troncs A A qui portent l'air au cerveau (fi aux nerfs, cc Autres branches qui vont aux mufcles de la poitrine >• E E Celles qui vont a la mette lie de l’épine du dos ; FF Celles qui vont aux parties fier mat i- ques du mâle , l’un de ces vaijfeaux , eft reprefente dans fa fituation (fi grandeur naturelle , Ion a dépeint plus grand que le naturel , celuy qui n'ejî pas dans fa Jî- tuation. G Celles qui vont aux oüyes de l' 'animal , la figure n'en reprefente que deux , les dix autres font coupées pour laifier •voir les dix nageoires de dejfcus R R. Celles qui portent l’ air à la graiffe, aux II'I membranes & à la peau de l’ Ephemere K K Les nerfs femblables a de petites £ions des deux coftés de la queue. Partie de l'inteftinum grêle. E Le cœur ou quelque partie analoque au coeur, f Ses apendices , comme elles font fituées , ce g G qui eft tres-remarquable dans ce fujet. Le commencement des appendices dans la h H poitrine , qui fortent de deux conduits â part. Les apendices que l'on a reprefentées fous les 1 1 lettres HH dans leur fituation naturelle, font reprefentées tout étendues fous les lettres 1 1 A iij UN des pieds de la quatrième paire , fi- guré à part plus grand que nature avec le vas génitale qui le perce. Les cinq articulations de la partie anterieure des pieds. A A Les inflexions du vafè génitale, i B B L’endroit où il fe tourne en ipirales, C Son extrémité. D L’endroit où le vas génitale perce la qua- trième paire des pieds. LE cœur. ^ Quatre vaifleaux, qui de la poitrine paf- B fent dans le cœur. Deux vaifleaux qui fortent du deffbus du q cœur. Quelques vaifleaux décharnés qui ce*,1‘î/s*1 — lient Je fang. Une de fes ouyes ou bronchiæ. La partie la plus époilïe des bronchiæ* t La diuifion de Touye en Tes lamelles. q La ligne blanche que Y on voit au milieu , n marque que les cartilages , le long defquels font les vaifleaux qui contiennent le làng , font en cet endroit plus époifles 8c plus blanches. T a i L £ VI. AA T E cerveau. ® ® jL/ Les nefs optiques dilatés. C du dosCOmmenCemenC de Ia moèIIe de réPine D f .^ premier gonflement ou nœud de la moelle xpinale avec les nerfs qui en fortent. * ^lncI aiures gonflemens femblables, * £es nerfs g1” fartent du tronc de la moelle ° Vautres nerfs qui fe croifent* H Partie de la coquille que l’on a biffée fur le nerf optique que 1 on voit paffer delfous 1 La tunique cornée. K Une fubftance femblable à de la gelée que l’on voit dans l'œil, fur les fibres piramidales , elle a la ligure d une exagone. L Les fibres pyramidales dans une fituatiôn contraire à la naturelle. M La partie noire des fibres pyramidales qui prend fon origine de la tunique Vuée. N La partie inferieure de ces' fibres de cou- leur brune. O O La partie du milieu de ces fibres qui eft plus claire. Partie de cette même fibre renverfée veuë avec un microfcope 3 qui groffiftoit d'avanta- ge 1 objet 5 avec fon fecours Ton voit que cha- que fibre eft compofée de plufieurs autres, chacune defquelles fibres eft encore compofée de petits globules réguliers. wws-ïm £ StcàËr LE CABINET DE Mi, SVVAMMERDA M, DOCTEUR EN MEDECINE, O U CAT ALOGUE De toutes fortes d’infettes , & de di~yer- fes préparations Anatomiques } que l’on peut dire être un fupplement tres-con- fiderable de l'Hittoire naturelle des Animaux. QU i n z je Boëtes de Mouches de di- vers païs. 14. B. de Papillons qui ne volent que de uit. 1 A z Le £abtnet 8. b. de Papillons qui ne volent que de jour. xo. b. de Scarabei, j. b. de diverfes maniérés de Nids que font les Infedes , tant grands que petits. i. b. d’œufs d’Infedes, differens en figure 8c en couleur. i. B. de Vers & de Chenilles, i. B. de Vcrues qu’on voit fur les arbres & fur leurs feuilles. i. b. de quantité de peaux que les Infodes quittent quand ils fe dépouillent. i. b. où les Infedes font dans l’état où ils fe trouvent lorfqu’ils fartent de leurs chry- fallis ou coques. î. b. de toutes fortes de chryfallis ou co- ques , ou font les trois ordres entiers , dont il a parlé dans fon Livre des Infedes, i. Nid à quatre étages , fait par des Cala- broni ou Mouches guefpes , haut de fîx poul- ces, & large de fept, bafty fur des colom- nes. /. b. de plufieurs fortes de Sauterelles, i. b. de Scarabei ou Efcarbots du Japon, & autres endroits des Indes. i. b. de Scorpions des Indes Orientales & Occidentales; la Scoîopendra 8c le Phalan- gium, qui eft la plus grande forte d’aragnées, 8c autres. de Air. Snvammerdam . 3 !. b. avec des Infectes aquatiques , à fça-* voirie Moucheron, la Punaife, 1 Efcharbor, le Scorpion de nier , le Pou d’une Balaine. Diverles fortes d ÂiePus de mer. Ét des ver- mifleaux qui demeurent dans des tuyaux , avec plufieurs autres. /. b d’Ephemeres , où Pon voit le ver tant mâle que femelle , avec la manié- ré dont il le dépoiiillent dé leur première deuxième peau , & toute Phiftoire de cet animal, qui ne vit que cinq heures * pendant lefqudles il naift , il étend fes mem- b es, eft jeune \ change deux fois fa peau, fait des œufs , jette des femences , vieillit 5c meurt. Comme xm peut voir dans Phiftoire imprimée chez,. ^olfang à Amfterdam en Hollandois, & dans la traduction que Pon :n imprime à Paris. r .b» où eft toute lanatomié d’un ver à foye» ni Ton démontré fon eftomach j les rameaux le Palpera arteria, la vefîca pneumarica, le ^enis les tefticules , les velîcules feminalcs, e cœur , les vaiffeaux qui contiennent la bye, POvarium > les vaiffeaux qui conden- sât la colle, qui fert pour coller les œufs. Un er â foye tout entier embaumé: de la manie- e comment la peau eft feparée du corps » Sans fon dépouillement , Pon y découvre les aurifications de Palpera arteria , qui dhan~ A ij 4 Le Cabinet gent mefmc en dedans le corps : avec beau- coup d'autres parties tres-curieufement ob- fervéès. x i . b. avec toute l’anatomie d’un Coiïiis , ou grand ver qui ronge le bois , & fe change en Scarabeus Naficornis : Ton y voit fa Nym- pha autrement chryfallide, ou cocquej & prcfque les mefmes parties du ver à foye. 88. Images ou figures au vif d’Infeétes étrangères, d’Afrique^TAmeriquejdu Japon» de divers quartiers des Indes Orientales* dé z^îr. Svuammerdant. y *§i *§ ?§{ f$ if$ <% f§t ®IVE Embryon mâle de trois mois > de mef- mc< a. Serpent entortillé, de mefme. 2 . Pouffins avec Y O varium , de mefme. Les filets du tefticule d’un rat , démeslez , embaumés de mefme. Toutes les parties d’un ver à foye , ainft qu’elles font pliées deflous fa peau dans le temps, qu’il eft fur le point de prendre la fi- gure de la Chryfallis ou cocque^ préparées de mefme. A ii j £ Le Cabinet Les VcrjnifTeaux de l’Ephemere, dont il a fait imprimer fhiftoire,qui s’imprimera en François. Le Chorion d un Cheval * qui eft de deux pieds de longeur 5c d’un pied 5c derny de lar- geur f dont les vaifFaux font remplis de cire , les veines d’une c/re rouge, 5c les arteres d'u- ne cire rougeâtre. Le Poulmon d’unHomnte, où l’afpera arteria, Parteria pulmonalis , la vena pulmonalis 5c Parteria bronchialis , font préparées : Pafpera arteria eft remplie de cire jaune, farreria pul- monalis d’une rouge » la vena pulmonalis , d’une rougeâtre. On voit dans lafuperfieie de Fafpera arteria la bronchialis, qui quoy ocelle foit extrêmement petite, eft remplie g iüiie couleur de feu : Sc par ce moyen on la découvre & dans les tuniques du poulmon, &dans celles des autres vaifteaux, car c’eft elle qui nourrit toutes les parties du poulmon. NotaCettc maniéré de préparer les parties eft admirable 5c a eftéinconnue jufques à cét heure. Mais ce qui eft le plus furprenant, c’eft qu'il n’y a aucune ramification de fafpera ar- teria , quelque petite qu’elle foit, qui ne fc voyer emplie de cire jaune, jufques au plus petites vcffieSeEn voicy la figure. ieMï, SHVAmerdam. 7 >era arteria, Ufte autre partie du poulraon d’un hom- me mais plus petite préparée de mefme , avec des cires de differentes couleurs. Le foye d’un chat, ou la veine porte cft préparée avec de la cire blanche , & la veine cave avec de la cire rouge, on y voit avec plai- de & admiration , comment ces vaifFeauxy font entremêlez. Une fquelette d’un embryon de fîx mois , ou les oflemens de l’oüye & le circuluj oflèus font préparez ,6c le meatus auditorius, qui eft encores en ce temps-là une membrane. L’on y voit encore les cartilages. Les boyaux ôc l’eftomach du mefme Em- bryon, fans que les inteftins y foient diffe« rents en grandeur. Tous les vaiiTeaux du foye du mefme Em- bryon y font feparés de leur parenchyme , collés fur du papier, 3c imbus d’une couleur A iiij B. fes VeJJies „ S Le Cabinet de pourpre ; la veflie du fiel s* y voit aiiffî. La matrice du mefme Embryon. Un Embryon d'un mois , confervé dans une gomme tranfparente , mais fes parties ne paroiflent pas fort diftinétcs. Un fquelete d’un Embryon de trois mois. Une autre fquelete d’un Embryon de trois mois . avec le chorion , l’atnnion 5c la placen- ta,, dont les plus petiçs vaifleaux, & leurs ra- mifications font feparée de fon parenchyme, les offemensduçraniumen font monftrueux. La veine porte du mefme Embryon, avec le folliculus fcllis jfeparés de leur parenchyme , collés fur du papier, 5c imbu d’une couleur de pourpre. L’eftomach du mefme Embryon, L’afpera arteria d’un chien. Les vaifleaux capillaires dans l’eftomach du fœtiis d’une vache , d’une couleur noire. Trois extremitez de la placenta d’un fœtus vivus , coloré de pourpre couleur de rofe, & collé fur des papiers. La tefte ou le cranium d’un babiroufle, anL- mal des Indes , moitié cerf moitié pourceau. L’épine du dos d’un oifeau, ou tous le* tendons du mufcule facrolumbus , font devc«- nus des os. La fquelete d’un Embryon de cinq mo is* ou la cia vieille du bras droit eft dé- ja tout en- de Mr Suvamwerd'ant. ^ ticrement os, ôc celle du bras gauche n’eft que membraneufe,ce qui eft une obfervation fort cuncufei Los fpongieux de l’oiiye d’un Eléphant* L’incus de l’oüye d’un Eléphant. Lorgane de l’odorat d’un oifèau Indien qu’on appelle laur-vogel. L'organe de l’odorat d’un cheval La fquelette d’une Tortue, ou toutes les futures font dentées, ôc c eft ce qui eft de plus çonfiderable dans cét animal. Une boëte avec quantité de dens,ou il y en a entr’autre une d’une vache de mer , qui découvre évidemment, que la croûte exté- rieur des dens, eft compofée d’une infinité de filets , qui font rangez comme ceux du ve- lours, d’où vient que la croûte extérieure des dents eft fi dure. Dans la me fine boëteil y e n'a une moindre*, ou iln y a que des dents d’hommes , depuis celles d un Embryon de fix mois^ jufques aux dents parfaites. Les commencemens des dents dans un Em- bryon d agneau,, les oflelets de l’oiiyc , & la fquelette d’un agneau. La mâchoire inferieure dun fœtus , ou on voit comment les dents fe pouffent l’une f au- tre. La fquelette d’un agneau qui neft pas ïo Le-- Cabinet* plus grand que. d’un doigt. Un agneau embaumé avec fa chair, i rois labyrintes.de 1 oiiye de 1 ’hona me avec' la cochlea, une route entiere^autre ouverte, Sc k troifiéme préparée* enforte que l’on y, peut voir lès, entrées. s tympan , la cochlea , les oilelets de 1 oiiye, & tout ce qui en dépend: comme aufli leftap es de forgane de 1 oiiie dame baleine. La fqiielette d’une Chauve- fouris , celle d un oifeaude Canarie -, 8c d’un autre oifeau nommé Colibri, un de rifle de Curaçao en- tier > avec fes plumes de couleur de fëu , 8c d un verd qui brille : c’eft le plus petit des oi- feau x connus. Le duétus thoracicus tour entier d’ un hom- me de quarenteans, avec fon commencement dans le mefentere , 8c fon infertion dans la Jivarication de laveine cave & de l’axillaire, remplis de cire blanche , &les veines de cire iouge. On y voit aufli comment les vaifleaux lymphatiques fe communiquent, avecle con- duit du chyle. Les artères dit tefticule d'un Taureau ; tant celles que 1 on appelle préparatoires, que cel- les qui entrent dans le tefticule mefme > rem- plies de cire yerte. Les vafa preparantia des tefticules d’un hom- uge. de fvf r. Stivttmmerdœm. n Pancréas de divers Animaux : dont le fuc n’eft nullement acide. Veficules feminales. d’un homme. Le clitoris avec les jambes , tant intérieu- res,qu’exterieurs 5comme il les a décrites dans Livre appeilé M irœcnlum natum, qui eft une Anatomie tres-exade des parties de laFemme. Plufieurs penes d hommes préparez par Mi\ SWammcfdam, les uns d’une maniéré, & lç§ autres d’un autre. Le pénis d’un herifon & celuy d’un chien Un Embryon de cinq mois , embaumé, ou ou 1 on voit les vaifiéaux vmbilicaires, le foye & les inteftins. La botirfe duChat qui porte la civette em- baumée tres-curieufement. LSvefiedu fiel d’un homme avec fen artè- res, remplies de cire rouge. Septpieres preh que carées, trouvées par Mr. Swammerdam, dans la velîcule du fiel d’un homme. Les ramaux de la veine porte , l’artere hé- patique, ôc les vaifïèaux du fiel . en leur fi- tuation naturelle , le tout rempiy de cire ; de forte qu on peut diftingucr la veine porte qui efl: d’une couleur rougeâtre, l’artcre ronge & les conduitsdu fiel jaunes, dont on voit les ramificationsqui s entortillent tantoft defius, tanroft defious. ' Une boè’te avec quantité de boyaux, tant *2 Le Cainnet d’hommes que d’autres animaux. Dans mefme boëte eft auffile proceflus peritonei ainfî qu il eft naturellement, <5e aufli comme il eft étendu dans une rupture , comme Mr. Swammerdam ia communiqué à MivSchra- der , qui en adonné la figure dans fon Livre des obfervatiôs d’Harveus réduites en ordre. Quatre rattez des veaux , préparées d’une maniéré differente , avec kurs vaifleaux & parenchymesdes vaifleaux font remplis de ci" re rouge & rougeâtre , & le parenchyme eft comme une éponge , &c. Les filets dont font compofez les cefticules, tant des hommes que des rats, en cette prépa- ration , on donne un corps à ces filets , fans que la figure fe change. Deux cœurs l’un d’un homme , & l’autre d’un veau , embaumez , & préparez à la ma- uiere de Mr. Stenon. Le foramen oval , en- cores un peu ouvert,, en un homme de trente deux ans. Quelques morceaux des bronchiæ ou oüycs de deux ou trois fortes de poiflons , remplies de cire. Les arteres du cerveau, préparées & feparées de leur parenchyme , à la maniéré ordinaire. Un petit morceau de la peau d’un fœtus , ou il a préparé les vaifleaux capillaires, qu’on trouve dans la cuticule, & qui font çaufe que dt Air. Suwammerd/tm. jj peau du foetus eft rougeâtre lorsqu’il vient au monde , la tuba d’un mouton. Le fonds, le col, les tubes ■& les arteres d une matrice , dont les arteres font rem* plies de cire rouge.Deux autres matrices,pre- parées à la maniéré ordinaire > &c. La matrice d une vierge ou font préparez les tubæ fallopianæ , les ïigamens, lavagmas & les veines avec les arteres, qui font rem- plies d’une cire rouge ôc rougeâtre : de forte qu’on petit voir les vaifleaux capillaires, plus déliez que des cheveux, tant dans le corps de la matrice, que ça & là dans fes membranes* On voit encore que lesveines ont leurs arteres* dans fovarium il y a quelques oeufs prépa- rez. La placenta uterina d une accouchée $ dont le funiculus umbilicalis* avec tous fes entor- tillemens eft entier, ou l’arteres & les veines , qui la compofent , font remplies d’une cire differente , qui a pénétré jufques auxextre- mitezde la placenta. Le funiculus eft long de feize poulces. Un autre placenta uterina , dont les arteres ôc veines font de la mefme maniéré remplies de cire, fans que le parenchyme en foit ôté* Neuf oeufs d une femme dont quelques uns ont encor leurs vaifleaux. Une tuba fallopiana 9 avec partie du muf-* * 4 Le Cabinet cuie d un homme, préparez d’ùn autre ma~ nierc. î/iie des placent ulæ d une vache, remplie de cire. Partie de lamnion d'un cheval, dcc. Le Rémora avec quelques autres .animaux. Des pouliiions de grenouilles , dont les arteres dans la partie convexe, Se les veines dans la partie concave,font remplies de mer- cure. Quelques grenouille, s embaumées. Vue boeté avec des écrevices très- rares. Le nid d’un colibri , avec fafquelette , & un autre aveefes plumes. VneboeteaVec plitfieurs chofes de mer* Vne autre boete avec des écrevices , de un kucre efpece de Rémora. Vne boete avec des Lézards volants aportés des Indes. Üne autre avec la Salamandre aquatique, 5c. autres chofes. Vne boete avec des éroilles de mer joul’ôn voit entr’autres la Stella arborefeens de rôii« delet. Vne autre avec des oeufs de divers oifeaax. Vne pareille avec quantité d’oeufs, ou il y a un nid de eotton , que des oifeaux des IndeS attachent au branches des arbres. Vne boete de diverses plumes de differentes Couleurs. de 2Wr. StiVAmmerdam. 15 Encor une boece avec des écreviflfes , ou il 7 a entr 'autres raretez un petit poiflon , que 1 on trouve fur les plus hautes montagnes. Vne boite avec des fueilles , donnes fi- bres font decou vertes, &feparées de leur pa- re ne hy me. r Vne boeteavec des fquclettes de grenoiiil- les, & quelques autres de leurs parties. Vne grande boete avec des coquilles diïïb- quees & anatomi fées de diverles maniérés u irrerentes , pour faire voir leur ihudlure fi- gure intérieure, & la diverfité de leurs entor- tiiiemens admirables. Quantité d œufs de limaçons de cette gran- deur o oo OOO, lefquels M. SWammerdam, a ure hors de 1 uterus,du limaçon vivipare. es parties'du Corail , fur des morceaux de verre,pour faire voir leur Urudure , fes bou- iescryftalhnes, comme on le, peut voir dans fa Lettre adre/ïee au Sr, Bocconi. Vn inje&ion d’eftain dans le poulmon d un agneau tres-curieufe , un autre ïnie&ion faite ans le pores , des rofeaux ou cannes d’Inde. dm,Vie^?Cte rVCC deS aiSulllons de mouches amief&iesvefies qui contienent le venin «de leurs aiguillons. i C’eft-Jà Je CataJogue des chofcs que il a ra- maüees , & d un nombre confiderable de préparations Anatomiques quil a faites en leize ans de temps. Le Cabinet* &c. t6 Oïü L k CE Cabinet de Air. Suvam mtr-dam , tire Jôn principal mérité de ce quil y a mit de Jôn indujlrie, de Je s préparations t- Anatomiques , ! celuy de JèuCdionJteur (on Perè, qui efl maintenant à vandre à^AmJler- dam ejl peut être un des plus grands qui fait en i Europe , il y avoit mis tout ce qui efl venu de plus curieux des Indes Orientales & Occidenta- les, dans l’efpace de cinquante ans f quil a employé à le faire .