liiiii iiii 12 a ") J5 8. c ^H RECUEIL DE VOYAGES ET DE MEMOIRES. U ^ -I I I f '" — ■«—-—■ RECUEIL DE VOYAGES ET DE MEMOIRES, PUBLIÉ ^ y , rT- • — i.^<:x^i*-<7 PAR LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE. TOME PREMIER. DE L'IMPRIMERIE D'ÉVERAT, RUE DU CADRAN , N- i6. MDCCCXXIV. AVANT -PROPOS. En publiant la première partie de son Recueil de Voyages et de Mémoires , la Société de Géographie doit exposer les vues qui ca- ractérisent la nature de cette Collection. Organe de ses intentions, je me trouve heureux de pouvoir dire qu'en répétant ici quel- ques-unes des idées que j'avais émises, dans diverses propositions relatives à cet objet , je ne fais que résumer l'opinion devenue générale dans une réunion d'hommes aussi distingués. La Géographie embrasse les sujets les plus intcressans et les ma- tières les plus arides. Elle est l'image du globe terrestre , semé de montagnes sauvages et de plaines riantes , partagé en déserts et en pays cultivés. Ici l'imagination et le sentiment éprouvent les émotions les plus vives et les plus douces ; là , une froide rai- son s'ouvre péniblement des routes épineuses , mais non pas tou- jours ingrates. De là le sort si différent des ouvrages qu'on publie sur la géo- graphie. Si quelquefois les agrémens, réunis au savoir, assurent un succès mérité , plus souvent la multitude prodigue ses suf- frages à des productions très-frivoles, tandis que des travaux im- portans ne trouvent pas même un éditeur, parce que leur nature scientifique n'en promet pas un débit proportionné aux dépenses considérables qu'ils nécessiteraient. Remédier à ces inconvéniens était naturellement un des plus nobles buts de la Société de Géographie. C'est pour protéger, pour A u encourager les entreprises au-dessus des forces d'un individu , que les associations sont nécessaires, etmcmc indispensables. En géo- graphie, ce sont les voyages lointains, l'impression des écrits scien- tifiques et la gravure des cartes à grand point , qui exigent de fortes dépenses, et qui demandent des secours extraordinaires. Les hom- mes éclairés et bienveillans qui ont contribué à former notre Société , voient aujourd'hui dans le commencement de la publi- cation du Recueil des T^ojages et des Mémoires, un premier ré- sultat de la protection qu'ils accordent aux sciences géographi- ques. Mais comme cette première partie du Recueil se trouve remplie par un seul morceau , d'une nature tout-à-fait spéciale , nous avons cru devoir indiquer ici tous les genres de travaux qui pourront entrer dans les volumes suivans , et développer les prin- cipes qui doivent présider à leur rédaction. Augmenter la somme des connaissances positives , soit par l'ob- servation personnelle des faits nouveaux , soit par la discussion des observations antérieures , dûment vérifiées ; tel doit être le caractère général de toute publication d'écrits , faite au nom de la Société de Géographie. Ce principe va droit au fond des choses ; il n'exclut aucune forme d'ouvrage ; il ne repousse aucun genre de travail, aucune méthode de recherche, aucun mode de publication; il n'exclut que le faux ; il ne repousse que l'inutile ; il promet les encoura- gemens de la Société à tout ce qui peut contribuer aux progrès de la science. Les travaux, spécialement propres à entrer dans notre Recueil, se divisent naturellement en deux grandes classes , les Relations et les Mémoires; les premières , fruit du courage des voyageurs ; les seconds , fruit de l'étude des savans. Tous les deux ils ont lui titre à la bienveillance de la Soc i( te de Géographie , dès que leur ni publication peut augmenter la masse des connaissances acquises et des vérités démontrées. Au premier rang se présentent ces relations scientifiques où un voyageur exact , sévère , consciencieux , a réuni des observa- tions neuves et importantes , sans les alonger par ces détails inu- tiles et par ces ornemens étrangers que réclame le goût de la mul- titude. Un itinéraire , un vocabulaire , constituent souvent le mé- rite d'une relation , aux yeux du monde savant. Quelques gran- des et belles cartes suffisent pour renfermer le résultat d'un voyage étendu et mémorable. Mais nous avons des éditeurs dont le premier soin est de retrancher ou de réduire ces objets , qu'ils ne savent pas apprécier. Qu'un voyageur ne livre plus ses manus- cints à des spéculateurs qui les dénaturent au détriment de la science ! La Société est là pour lui en faciliter la publication. La perfection où est arrivé à Paris l'art de graver des cartes géographiques , nous permettra de présenter les objets qu'on nous aura confiés , avec l'exactitude et l'élégance dignes de leur mérite intrinsèque. L'universalité de la langue française aidera même les savans étrangers à obtenir toute la célébrité due à leurs travaux. Nous espérons que cette seule indication suffira pour animer le zèle de beaucoup de voyageurs savans , qui , riches de cou- rage , ^e^^ennent chargés du butin des contrées lointaines ; mais qui , moins riches de patience , ne veulent pas subir les peines et les embarras inséparables de la rédaction littéraire et de la pu- blication typographique de leurs matériaux. Ne laissez plus , leur dirons nous , les résultats de vos recherches vieillir dans un stérile oubli. Voici un temple hospitalier ; venez-y apporter vos offran- des , y inscrire vos noms , et y suspendre vos trophées. Une seconde classe d'ouvrages offre moins d'éclat, au pre- mier abord; mais elle n'est pas moins digne de tout l'intérêt de la Société. IV Il est, dans les bibliothèques, d'anciennes relations inédites qui, sous le rapport de l'histoire de la Géographie, méritent d'être mises au jour , mais qui demandent d'être accompagnées d'éclaircissemens , de commentaires et d'autres accessoires criti- ques et Bibliographiques- Un morceau de ce genre est la Rela- tion de Marco Polo , imprimée dans ce volume , d'après un ma- nuscrit de la bibliothèque du Roi , contenant beaucoup de cha- pitres inédits , et offrant des variantes remarquables. L'Intro- duction qui précède cette Relation expose plus amplement les motifs qui en ont déterminé la publication. Les cclaircissemcns, les notes , les commentaires que ce texte a fait naître ou pourra faire naître , seront publics dans un des volumes suivans. Quelle vaste et féconde carrière s'ouvre ici à des savans de plus d'une classe! combien de recherches de géographie, de philo- logie, d'histoire, ne doivent pas se rattacher à l'explication d'un voyage qui , plus que tout autre , a contribué à mettre en activité le génie entreprenant de Christophe Colomb et à porter la pensée de l'Europe au-delà des limites de la géographie ancienne ! Plu- sieurs travaux de ce genre sont déjà préparés au sein de la Société: ceux qui lui seront présentés par des personnes étrangères ne recevront pas un accueil moins honorable. Un troisième genre de Relations , propres à être publiées dans notre Recueil , résulte de l'universalité actuelle de la civilisa- tion , qui multiplie sur beaucoup de points du globe une classe d'observateurs, distincts à-la-fois de celle des voyageurs propre- ment dits , et de celle des savants de cabinet, classe dont la haute importance pour les progrès de la science mérite de fixer toute notre attention. Les voyageurs ont tracé des sillons de lumière autour du globe ; mais entre ces sillons il reste de grands espaces encore V couverts de ténèbres plus ou moins épaisses. Quelques-uns de ces espaces ne seront connus que grâce à des expéditions hasardeuses ; mais d'autres peuvent aujourd'hui être décrits par les habitans eux- mêmes , et décrits bien plus exactement et plus facilement que par des voyageurs envoyés de loin et n'y faisant qu'un séjour temporaire. Les exemples se présentent en foule à quiconque a réfléchi sur ces matières ; les Etats-Unis , les Amériques Espa- gnole et Portugaise , les Indes Britanniques , toutes les colonies Européennes renferment un grand nombre d'objets intéressans , et un nombre non moins grand d'observateurs à poste fixe , qui , mieux qu'aucun voyageur, peuvent décrire ces objets. La Société a espéré qu'en répandant des questions , elle pourrait stimuler le zèle de ces observateurs ; et déjà quelques résultats , obte- nus par cette voie , ont accru les matériaux destinés à notre Recueil. Au sein même de l'Europe , n'est-il pas des contrées , des villes, des monumens, qui échappent à l'œil du voyageur, à l'éru- dition du géographe , mais que les hommes instruits , établis sur les lieux , s'empresseront de décrire , pour, obtenir une place dans notre Recueil. La France elle-même renferme, dans son heureuse enceinte , plus d'une merveille ignorée : elle possède des élc- mens de prospérité que la statistique et la géographie physique doivent révéler à l'administration et au public. Un simple fait de géographie peut exciter l'esprit patriotique à des entreprises de la plus haute utilité, peut ouvrir des routes nouvelles à l'in- dustrie , ou faiie naître sur un rivage lointain des empires nou- veaux ; mais, limité même aux détails les moins brillans, le goût des recherches de statistique produit tous les jours des résultats avantageux pour l'état comme pour la société. La Société de Géographie , en consacrant des prix spéciaux aux relations des- criptives de la France , a cru remplir à-la-fois un devoir envers la science et envers la patrie. M A l'égard des Mémoires, il ne serait pas possible d'en spc'cifier tous les genres : qu'il nous soil seulement permis d'exposer ici deux vues générales qui ont reçu l'approbation de la Commis- sion Centrale. Les Mémoires les plus utiles dans l'état actuel de la géogra- phie , sont ceux où l'on s'attache à établir solidement des faits nouveaux, ou à élaircir, par une critique philosophique, quelque grand principe de la science. La géographie physique est encore remplie de lacunes et encombrée de préjugés , d'erreurs , qu'un esprit lumineux peut faire disparaître à force d'études et de re- cherches. Toutes les autres branches de la Géographie offrent également des parties , oîi un mémoire , conçu dans le véritable esprit de la science , peut produire des résultats non moins importans que ceux d'un voyage. Une érudition dirigée par de grandes vues , et qui se fraie des routes nouvelles , peut même préparer des entreprises glorieuses ; et même lorsqu'elle ne fe- rait qu'effacer des erreurs anciennes, elle est encore la puis- sante et indispensable alliée de la science positive. Ainsi , qu'au- cune classe de travaux ne soit exclue du rang de nos Mémoires ; c'est le principe que nous prescrit la raison elle-même. INous avons encore formé le vœu de voir régner une sorte d'unité de direction dans les Mémoires ; vœu difticile à réaliser , que nous devons néanmoins rappeler sans cesse. Pourquoi les sciences ont-elles si long-temps retiré , de tant d'écrits individuels ou collectifs, moins de résultats que rénormc masse de tant de volumes n'en semblait promettre au monde ? C'est que les efforts des savans ont long-temps manqué d'une direction uniforme et raisonnée. Ici , on voyait des esprits su- périeurs , en marchant chacun par son chemin , laisser entre eux d'immenses lacunes ; là , des esprits communs s'arrêtaient immobiles au point où leur chef d'école les avait placés. Nulle idée de la marche progressive , infinie , illimitée , de l'esprit hu- main; nulle idée de cette association des êtres pcnsans, qui subs- titue à la force individuelle toute la puissance de l'espèce. C'était au hasard qu'on se soutenait , qu'on se contrariait. Aujoin'd'hui , quel heureux changement s'est opéré à l'égard des sciences ma- thématiques et physiques ! elles suivent une impulsion commune , elles marchent en ordre , en ligne , comme un corps d'armée , à la contjuète de la vérité. Il n'en est pas encore tout-à-fait de même à l'égard des sciences historiques ; cette moitié du monde savant n'est pas encore entièrement sortie des ombres du chaos. Là , trop souvent encore, la critique flotte incertaine entre les vraies et les fausses méthodes; l'amour des hypothèses dédai- gne l'étude des faits ; l'esprit de parti , sous toutes ses formes variées , repousse la recherche libre et la pensée indépendante ; une paresse orgueilleuse néglige les communications les plus né- cessaires et ignore les travaux publiés dans d'autres lieux , dans d'autres langues; enfin , la marche de la science présente le spec- tacle d'une oscillation souvent rétrograde. Placée sur les confins des sciences mathématiques et des doc- trines historiques , la Géographie doit naturellement participer aux biens et aux maux dont nous venons de tracer la peinture. C'est à la Société de Géographie qu'il appartient d'imprimer à cette science un mouvement plus uniforme , plus rapide , plus décisif, en un mot plus analogue à la marche actuelle des sciences exactes et des sciences naturelles. C'est en proposant des sujets de prix , choisis avec discernement et avec des vues d'ensemble ; c'est en dirigeant une correspondance déjà très-étendue ; c'est en publiant une série de questions relatives aux lacunes les plus urgentes de la géographie , que la Commission espère signaler d'avance aux auteurs qui voudraient lui présenter des Mémoi- res, la route qu'ils devront suivre pour établir entre tous ces travaux une liaison toujours utile , même quand elle resterait imparfaite. Vllt Car dans toutes nos tentatives pour donner au Recueil des Mé- moires une direction uniforme et scientifique , il ne nous faut jamais oublier que les sciences , et particulièrement la Géogra- phie , sont constamment dans une marche progressive : leur but n'est jamais complettement atteint , parce qu'il recule et s'agran- dit en raison même des efforts que nous faisons pour l'atteindre ; au moment même où la persévérance comble une lacune dans les sciences, le coup-d'œil du génie en signale d'autres plus grandes encore. Que de siècles n'exigerait pas le seul achève- ment parfait d'une seule branche de la géographie physique! Ce globe périra peut-être avant d'être complettement décrit Nous nous arrêtons. C'est à l'expérience , au zèle des mem- bres de la Société de Géographie , c'est à la bienveillante coopé- ration des savans , qu'il appartient de développer , de rectifier , d'agrandir ces idées , que nous n'aurions pas eu la hardiesse de présenter à la tête de cette collection si elles n'avaient pas paru, à plusieurs reprises, réunir les suffrages de la Société. M\lte-Brun. VOYAGES DE MARCO POLO. PREMIÈRE PARTIE. INTRODUCTION, TEXTE, GLOSSAIRE ET VARIANTES. f.di). M INTRODUCTION AUX VOYAfxES DE MARCO POLO. Si nous comparons aux travaux commencés dans le moyen âge les monumens géographiques des temps modernes , les progrès de la navigation, l'agrandissement du monde connu, et cet échange habituel de richesses, d'industrie, de lumières , mises en circulation autour du globe , nous admirons ce développement des arts et de la civilisation , et nous élevons notre siècle au-dessus des âges précédens , sans apprécier à sa juste valeur tout ce cju'ont fait nos devanciers. Le point où. nous nous plaçons pour les juger explique notre ingratitude envers eux. Nous mesurons l'intervalle que nous avons franchi , et nous ne sommes frappés que de nos avantages. Mais en reportant notre pensée à l'époque de ces anciennes entreprises, aux dif- ficultés qui les environnaient, aux efforts qu'elles exigè- rent nous devenons alors plus justes envers nos guides, et nous leur rendons la gloire qui leur appartient. Marco Polo, qui a précédé dans la carrière tous les voya- geurs modernes, fut jugé pendant plusieurs siècles avec d'autant plus de sévérité qu'aucun autre observateur ne venait constater l'exactitude de ses découvertes. Les routes qu'il avait parcourues en Asie s'étaient , pour ainsi dire, xii fermées derrière ini : les vastes solitudes de la Tartane n'étaient traversées par aucun européen; et lorsqu'à la fin du quinzième éiècle, le goût des voyages et des découver- tes vint à se ranimer , ce ne fut plus par les mêmes routes que Ton parvint ^aux extrémités 4e l'Asie : la navigation ouvrait une plus libre voie 5 et la terre ^ devenue acces- sible sur tous les points de ses rivages, pouvait être ex- plorée de tous les côtés h-la-fois. Il était naturel de préférer, entre des pays éloignés, ce nouveau mode de communications. La politique et le commerce y trouvaient un égal avantage : les Puissan- ces pouvaient envoyer leurs flottes partout où elles avaient des terres à conquérir ou des alliés à défendre : les négo- cians établissaient leurs systèmes d'échanges entre les di- verses contrées; et les richesses de chaque pays, sembla- bles au cours de ses fleuves , s'écoulaient par une pente insensible jusqu'aux rives des mers , pour se répandre ensuite sur les différens points du globe. Tout concourait donc à faire abandonner les longs voya- ges de terre que des hommes entreprenans avaient au- trefois tentés ; et en cessant de suivre leurs traces , on perdait de vue la fidélité des descriptions qu'ils avaient faites. Plus ils s'étaient écartés des peintures communes, plus on doutait de leur véracité. Les relations qui s'apjili- qnaient à des êtres inconnus étaient mises au nombre des fables. Il semblait que toutes les parties de la terre dussent être peuplées d'une manière uniforme ; et fou bornait les variétés de la création à celles que Ion avait sous les yeux. xni Ne nous étonnons point de la défiance qu'ont fait naître quelques-uns des récits de Marco Polo. Le doute est un hommage rendu à la vérité : il montre que la raison hu- maine ne procède que par des conséquences rigoureuses , et n'admet que des notions enchaînées l'une à fautre. Mais il faut encore attribuer cette incertitude h l'état im- parfait des connaissances d'un siècle. L'ignorance fait sou- vent ranger dans la classe du merveilleux les phénomènes qu'un âge plus éclairé aurait admis sans étonnement , et qu'il aurait expliqués par les lois de la nature. Et comment n'aurait-on pas pris le change sur quelques- unes de ces relations ? On était même induit en erreur par finsuffisance du langage. Non-seulement les observa- tions étaient incomplètes et les faits demeuraient obscurs : on manquait d'expressions pour les expliquer, et l'on se servait du nom des objets connus, pour en peindre d'au- tres qui n'avaient avec eux que de faibles analogies. Ainsi des êtres nouveaux se trouvèrent confondus avec ceux que les voyageurs avaient déjà observés. Leur description ces- sait de s'accorder avec les noms qu'ils avaient reçus ; et l'on regarda comme imaginaires plusieurs familles d'ani- maux ou de plantes , qui , pour être adoptées , n'avaient besoin que d'une plus exacte désignation. Marco Polo joignit à la peinture des objets qu'il avait sous les yeux quelques traditions locales sur les pays qu'il n'avait pas visités ; et ce supplément, qui a souvent rendu ses relations plus instructives, y mêle aussi quel- quefois l'erreur et la vérité. Sans doute il était difficile de séparer cet alliage : la fable est née dans les régions XIV de l'Orient : ses allégories y dénatureul l'histoire ; elles ont passé dans le style habituel ; et les récits qu'un voya- geur ne peut faire que sur la foi d'autrui, portent quel- quefois cette empreinte de merveilleux. On la remar- que encore plus dans les commentaires ou dans les ex- traits , qui défigurent avec le temps le texte ])rimitif de ses relations. L'infidélité ou la négligence des copistes devait être une autre source d'erreurs. Nous avons cessé de reconnaître les personnages et les lieux dont les noms étaient altérés ; elles notions d'histoire, de chronologie, de géographie, sont devenues plus confuses à mesure que les méprises des écrivains se sont multipliées. S'il est impossible de porter aujourd'hui la lumière sur toutes les questions que le temps et les hommes ont obscur- cies , nous avons du moins , pour nous guider dans nos re- cherches, c[uelques secours dont nos devanciers étaient pri- vés. D'autres voyageurs modernes nous ont peint la plupart des contrées que Marco Polo avait parcourues, leurs produc- tions , leur degré d'industrie, et les traits distinctifs qui caractérisent encore leurs habitans. Ces descriptions ont souvent confirmé les témoignages de l'illustie Vénitien ; elles ont rectifié ou éclairci quelques passages des rela- tions qu'il nous a laissées. C'est surtout en géographie que cet examen critique de- vient nécessaire. Il convient de vérifier si la situation actuelle des lieux et des peuples s'accorde avec celle qui leur est assignée par Marco Polo; et cette élude se divise XV en deux parties , celle qui s'attache à la terre elle-même , celle qui tient aux établissemens que les hommes y ont formés. Ces deux branches de la géographie , l'une phy- sique , l'autre poHtique, sont essentiellement distinctes et peuvent être séparément analysées. Nous n'avons point assez de documens sur la topographie de l'Asie ancienne pour être sûrs qu'elle n'a éprouvé aucun changement sensible. Le système et la direction de ses chaînes de montagnes sont toujours les mêmes ; mais ses régions centrales renferment dans leur enceinte de vastes déserts de sable, abandonnés à toute la fureur des vents. Ces plaines mouvantes , bouleversées quelquefois comme la surface des flots , n'ont sans doute gardé ni leur place ni la même étendue : elles ont pu ensevelir des cités, découvrir d'anciens tombeaux, détourner le cours de (es rivières qui se perdent encore dans les sables. Lorsqu'on voit ces du- nes immenses s'avancer dans les plaines par un mouve- ment progressif, combler les vallons, se soulever, se dis- perser dans les airs , oîi les vents les roulent devant eux comme d'impétueux tourbillons, quelle puissance humai- ne retiendrait sur le même sol les cités, les Ibrêts, les générations des êtres vivans ? Les historiens de la Chine ont quelquefois remarqué sur le plateau de la Tartarie ces désastreux phénomènes ; et l'on peut s'expliquer ainsi la difficulté de retrouver au- jourd'hui quelques-uns des sites indiqués par Marco Polo. Mais cette obscurité est surtout le résultat des révolu- tions qtl'a éprouvées la géographie politique. Les établis- semens des hommes ont varié sans cesse : les peuples ont XVI changé de demeures : plusieurs d'entre eux tlisparais- saient ; d'autres ont pris leur place : les conquérans ont ra- vagé la terre 5 les législateurs en réparent les pertes. Par- tout on reconnaît l'action du temps qui vieillit ou rajeunit les institutions et les peuples. Dans cette suite fugitive d'événemens , il faut sans cesse ramener son attention vers les établissemeus d'une seule époque , replacer sur' la carte toutes les dénominations contemporaines, ne s'aider de la géographie des différens siècles que pour bien connaître celui de iNIarco Polo. C'est alors que toutes les cartes du moyen âge doivent être étu- diées , qu'il est nécessaire de les comparer entre elles , et de s'appuyer du secours de l'histoire et de celui des lan- gues, pour vérifier ou retrouver la situation des peu- ples , pour reconnaître leurs noms que la différence des idiomes a souvent dénaturés , pour rendre enfin à l'Asie du moyen âge son véritable aspect. Sans vouloir nous engager ici dans ime carrière de dis- cussion qui doit rester ouverte aux lecteurs , cherchons à rendre sensible la liaison des faits qui ne sont souvent in- diqués que d'une manière sommaire dans les relations de Marco Polo 5 et pour mieux faire apprécier les services rendus à la géograpliie , au commerce , aux sciences par le voyageur Vénitien , offrons quelques aperçus généraux sur l'état social de l'Asie et sur la difficulté de ses commu- nications avec l'Europe , avant le siècle où il parcourut ces vastes régions. Les anciens avaient établi entre les rives de l'Indus et la INléditerranée des relations de commerce régulières ; et XVII l'on employait, pour les favoriser, la navigation des mers et le cours des fleuves. L'Inde envoyait ses navires dans la mer Rouge et dans le golfe Persique : les habitans du ri- vage en recevaient les richesses , pour les transporter sur le Nil ou pour remonter l'Euplirate. D'autres communi- cations s'établissaient entre le lit de l'Euphrate et les ports de Syrie : chaque branche de commerce était abandonnée aux peuples des pays cju'elle traversait: les Européens ve- naient recueillir, sur le littoral, tous ces tributs étrangers; et ces routes intermédiaires , où les mêmes objets chan- geaient de mains plusieurs fois , faisaient arriver aux na- tions occidentales les productions de l'Orient, sans que les peuples qui les envoyaient et ceux qui les recevaient fus- sent à portée de se connaître. Le commerce de l'Europe avec l'Asie ne fut pas cons- tant dans sa direction; mais le système descommunica- tions resta le même ; et quand les richesses du midi de l'Asie remontèrent l'Indus, pour arriver ensuite, avec les eaux de fOxus , dans la mer Caspienne ; quand ces rela- tions se prolongèrent jusqu'à la mer Noire , soit à la fa- veur de l'Araxe et du Phase , dont les sources se rappro- chaient, soit par la navigation du Volga et par celle du Tanaïs , qui ouvrit une nouvelle issue au commerce du moyen âge, les marchandises circulèrent dans tous ces canaux; mais l'isolement des peuples éloignés fut égale- ment remarquable. Les relations avec l'Asie n'amenaient pas un commerce d'échange : les marchandises des Indes, les pierres précieuses, les perles, les épiceries, n'étaient payées en Europe qu'avec de l'or; et ces rapprochemens XVIII que font naître entre difFérens peuples les combinaisons de leur industrie et la facilité de pourvoir mutuellement à leurs besoins n'existaient pas encore entre l'Orient et rOccIdent. Ces rapports se modifièrent dans le moyen âge, et les manufactures des républiques d'Italie inondèrent le Le- vant de leurs productions ; mais la plupart des entrepôts qui les reçurent étaient placés sur la rive des mers , où les navigateurs et les caravanes se rendaient de différens points. Ce commerce , attiré spécialement vers les In- des , n'avait pas fait les mêmes progrès dans d'autres directions , et les Européens n'étendaient pas au-delà de l'Oxus leurs relations avec le centre de l'Asie. Ces derniè- res régions où étaient situés Khotan , Kerklang, Kashgar et le royaume de Juthlam , avaient elles-mêmes perdu leurs liaisons habituelles avec la Chine depuis qu'elles étaient occupées parles Tartares. Les déserts et les mon- tagnes de l'Asie formaient ainsi, entre fOrient et l'Occi- dent , une large barrière : d'immenses forêts s'étendaient du Pont-Euxin à la mer Glaciale : toutes les communica- tions par le centre des continens se trouvaient fermées ; et les peuples d'Occident n'avaient que des idées confu- ses et ne recevaient qae des récits fabuleux sur les j)ays où leurs armes et leur commerce n'avaient pas pénétré. Les grandes nations qui s'élevaient, sans avoir de rela- tions entre elles, vers les deux extrémités de fanrien con- tinent, faisaient également des progrès vers la civilisation ; mais elles ne suivaient pas une marche uniforme. L'opi- nion^ les idées religieuses, variaient dans leur direction. XIX Le goût, les principes du beau, les arts d'imitation, ne pouvaient pas être semblables dans des pays où les hom- mes n'ont pas les mêmes traits , où les productions de la nature sont différentes , où l'esprit s'exerce sur d'autres objets de comparaison. Des situations si diverses plaçaient , pour ainsi dire , dans un monde nouveau le voyageur qui avait quitté l'Eu- rope pour se transporter aux extrémités de l'Asie : tout avait changé autour de lui : les nations n'étaient plus les mêmes. Partout se retrouve le type originel de l'homme; mais l'exercice et la mobilité de la pensée le modifient sans cesse; et l'être le plus intelligent devient aussi le plus di- vers dans ses mœurs , dans son langage, et dans toutes les institutions qni appartiennent aux différens degrés de l'é- tat social. Quel contraste avec les pays civilisés offraient alors les sauvages plaines de la Tartarie, à travers lesquelles de nouvelles communications allaient s'ouvrir! Des peu- ples nomades s'y multipliaient obscurément ; et leurs tribus, souvent réduites à changer de lieu pour subsister , furent long-temps isolées et indéjîendantes. Enfin des chefs ambitieux les réunirent : le temps les accrut, il les rendit formidables; et tandis que des institutions réguliè- res se développaient dans les contrées d'Europe et d'Asie que baigne l'eau des mers ou que favorise un ciel plus doux , tout le centre de l'ancien continent se peuplait de nations inquiètes et belliqueuses. Les guerres qu'elles se firent entre elles ou qu'elles portèrent hors de leurs pays devinrent un fléau pour le monde entier : ou n'apprit à c XX les connaître que j)aiieiiis ravages. Les grandes migrations qni s'étaient succédé , depuis la décadence de l'Empire Romain jusques dans la barbarie du moyen âge , se renou- velaient encore; et ces régions méditerranées , où la civi- lisation ne pénétrait point , destinaient à l'Asie de nou- veaux maîtres. A l'époque du voyage de Marco Polo, les plus récen- tes de ces conquêtes étaient celles de Gengis-Ran. At- taché d'abord au service d'Ung-Ran, dont les Tartares Mongols étaient devenus tributaires , il avait acquis toute la faveur du monarque, et l'avait consen'ée pendant dix- huit ans ; mais des rivaujc le calomnièrent ; le souverain lui retira sa confiance; et Gengis-Ran, qui n'était encore connu que sous le nom de Témugin, fut obligé de l'uir pour sauver sa vie. Alors il parcourt les hordes Tarta- res , et les excite à refuser à Ung-Ran leurs tributs accou- tumés, à secouer le joug , à devenir à leur tour une puis- sance. Bientôt il marche à l'ennemi : une grande bataille est livrée : Ung-Ran périt à la tête de ses troupes qui sont tail- lées en pièces ; et les nombreuses conquêtes de Gengis- Ran suivent de près cette expédition. Déjà tous les peu- ples tartares lui sont soumis : il règne sur tout le centre de l'Asie , où la dynastie des Tartares Mongols est fondée; et quand ce vaste héritage est partagé entre ses fils , l'un d'eux succède à sa souveraineté : l'autorité du Grand Ran ne cesse pas d'être reconnue , et les états des princes de sa famille restent dans sa dépendance. Ce lien de suzeraineté rendit les communications né- cessaires entre les différentes parties de l'Empire. Les routes dirigées vers l'Europe n'avaient d'abord sei'vi qu'au passage des armées conquérantes : elles facilitèrent quel- ques échanges de commerce. Des relations d^intérèts, de voisinage, de besoins, s'ouvrirent entre les pays c[U^elles traversaient : plusieurs cités s'élevèrent dans ces régions où l'on avait jeté quelques semences d'industrie^; et ces premiers germes de civilisation firent espérera la Tartarie un meilleur avenir. Cependant les villes qui s'établissaient étaient encore séparées les unes des autres par de longs déserts. La sécu- rité des voyageurs diminuait à mesure qu'ils s'éloignaient de ces grandes enceintes ; et ils étaient exposés aux in- cursions des Tartares. La plupart de ces nations avaient conservé les habitudes de la vie nomade : des familles er- rantes parcouraient les campagnes avec leurs troupeaux , poursuivaient dans les bois les animaux sauvages , épiaient le passage des étrangers , et convoitaient leurs dépouilles. Ces entraves , qui gênaient les communications du com- merce , ne permettaient de le faire que par caravanes ; et le même usage subsiste encore. Il fallait attendre, dans quelques villes, qu'un assez grand nombre de voyageurs y fut réuni , pour continuer sa route avec sùi'eté. Les épo- ques de départ étaient ordinairement fixées ; mais des ac- cidens imprévus obligeaient de diflférer encore , et pro- longeaient d'une manière indéterminée le cours des voyages. , ,,,i., ,, .r-, ir - Souvent la chute des neiges, le débordement des fleu- ves , la profondeur des sables ou des marais interrom- XXII paient les communications. Ici l'empreinte de cfuelqties pas indiquait à peine la route qu'il lallait suivre ; là on reconnaissait la trace des hommes , par la dégradation des forêts ou par les ruines des anciennes habitations. Quand les fleuves étaient rentrés dans leurs lits , quand le fléau de la guerre avait passé sur d'autres régions , alors les cara- vanes se remettaient en marche ; elles rencontraient de nouveaux obstacles , dont la patience et le temps pou- vaient seuls triompher ; et l'on arrivait , après plusieurs années de fatigue , au terme d'un voyage où le courage et les forces avaient été sans cesse mis à l'épreuve. Dans les pays que Marco Polo a traversés , toutes les difficultés qu'il avait eu k vaincre se retrouvent encore : elles se sont même accrues depuis que les habitans du centre de l'Asie ont cessé de reconnaître un seul souve- rain. Le temps a consumé la plupart des villes ; les rou- tes qui les unissaient sont rompues ; les vestiges de cul- ture qui apparaissaient par intervalle ont disparu sous les sables du désert ; et chaque pas arrête , par un nouvel obstacle, celui qui traverse ces régions désolées. La rencon- tre des hommes , qui dans les pays civilisés ranime la con- fiance du voyageur et lui promet des secours , devient ici pour lui un sujet d'effroi. Souvent les caravanes op- posées qui ont à traverser la même plaine s'observent mu- tuellement d'un regard incpiiet, et s'arment de part el d'autre , comme si elles avaient à se mettre en défense contre des ennemis. On serre les rangs de son escorte , on excite la vitesse de ses chevaux , on s'aborde , on se xxni croise , on se fuit avec la rapidité de l'cclair ; et dans des routes si périlleuses l'homme seul a paru redoutable. Après les obstacles qui naissent de l'embarras des com- munications , si le voyageur peut avancer avec effort vers le terme de sa route, d'autres difficultés l'attendent : une politique ombrageuse , inhospitalière, lui ferme l'entrée de cet empire du Mangy, oii Cublay Ran n'avait pas craint d'admettre les étrangers. Dans le treizième siècle , plusieurs routes pouvaient conduire les Occidentaux vers le Grand Kan des Tartares. Plan Carpin, envoyé près de lui, en 1246, par le Pape Innocent IV, traversa le Tanaïs et le Volga , passa au nord de la mer Caspienne, suivit les limites septentrionales des régions qui occupent le centre de l'Asie , et se dirigea vers le pays des Mongols, où Gaiouk, fils d'Octay et petit-fils de Gengis-Ran , venait d'être proclamé souverain. Il ne ren- contra aucune ville : toutes avaient été détruites. Les Tar- tares vivaient sous la tente ; l'élection du monarque s'était faite au milieu des camps; et Caracoron était la seule ville qui fût quelquefois sa résidence. Lorsque Rubruquis , chargé par Saint Louis d'une mis- sion pour les Tartares Occidentaux, se rendit ensuite vers le Grand Ran, sa route fut à peu près la même. Il avait passé des bords du Volga jusqu'au voisinage de Caracoron, au milieu des rigueurs de l'hiver. Il revint pendant l'été, en suivant plus au nord une direction parallèle. Ces missionnaires n'avaient séjourné dans aucun lieu , et n'avaient eu ni la facilité, ni le loisir d'observer en XXIV détail les contrées qu'ils parcouraient. Quels travaux , quels établisseraens auraient pu frapper leurs regards? Cette nation , toujours sous les armes et n'ayant aucune habitation fixe , n'occupait que des pays pauvres ou dévas- tés, et n'offrait d'autre spectacle qu'elle-même. Les en- voyés qui parcoururent, vers cette époque, les différen- tes tribus des Tartares, furent donc réduits à peindre leurs mœurs , leur religion , leurs habitudes guerrières : ils indiquèrent à peine leurs premiers pas vers la civili- sation. Une seule branche d'industrie est rappelée par Rubruquis. II avait retrouvé à Caracoron un Français, dont les ouvrages en orfèvrerie étaient remarquables. Ce Français, que les Tartares avaient enlevé comme prison- nier de guerre , à Tépocpie de leurs incursions sur le Da- nube , avait été transporté au fond de UAsie. Son habi- leté dans son art devint sa sauve-garde. Placé sous la protection du Grand Ran , il se rendit utile aux mission- naires que le Roi de France envoyait dans cette contrée ; et Rubruquis reçut de lui la plupart des notions qu'il pu- blia sur la Tartarie. Des relations de commerce plus régulières commençaient à se mêler aux longs projets de voyage entrepris dans cette direction. L'empire du Cathay obéissait aux Tartares, et ses richesses attiraient les regards des autres peuples. Les produits de son industrie étaient portés vers fOccident à travers les déserts du centre de l'Asie. Plusieurs villes, dispersées dans ces immenses solitudes , telles que les Oasis que Ton rencontre au milieu des sables , offraient XXV aux caravanes quelques points de réunion et de repos. On arrivait ainsi sur les frontières de la Perse, où régnait une autre branche de la dynastie des Mongols ; et ce coninierce se rattachait, par d'autres lignes de communi- cation, à celui de l'Arménie, des rives de l'Euphrate et des Échelles de la Méditerranée. Ces routes , plus méridionales que celles de Plan Carpin et de Rubruquis, furent celles que la famille de Marco Polo suivit trois fois à travers la Tartarie. Son premier trajet de Boccara à Cambalu, son retour à Saint- Jean- d'Acre, et ce troisième voyage où Marco Polo accompa- gnait son oncle et son père, furent entravés par de nom- breux obstacles j mais ces lenteurs donnaient le temps de mieux connaître l'Asie ; et Marco Polo , prenant soin d'examiner, dans chaque contrée, les animaux, les plan- tes , les autres productions qui lui étaient propres, s'atta- cha surtout k celles qui, par leur valeur ou leur utilité, pouvaient être un objet de commerce. Ce voyageur étend ses observations sur les arts, moins pour en développer les procédés, que pour en faire connaître les résultats. Il in- dique les différeus tissus que l'on fabrique, les ouvrages de broderie, les progrès dans l'art de travailler les mé- taux. S'il touche à des pays sauvages, il parle des ani- maux qui fournissent les pelleteries les plus belles. S'il arrive aux régions où l'on recueille les épiceries , il en nomme les différentes plantes; mais il donne peu de des- criptions. Le fruit ou Técorce de ces végétaux étaient seuls appréciés dans le commerce j et les voyages entre- pris pour remonter à la source de ces richesses n'avaient XXVI pour but que d'en faciliter la circulation et de la diriger vers l'Europe. En parcourant les relations de INIarco Polo, on reconnaît partout qu'il appartient à un pays commerçant et mari- time. Il sait que ses observations sur l'industrie et la navigation des différens peuples intéresseront d'une ma- nière spéciale les Vénitiens ; et ce grand objet d'utilité publique n'est jamais perdu de vue dans ses relations. Les itinéraires qu'il indique ne sont pas régidièrement tracés et enchaînés l'un à l'autre : mais on reconnaît dans ces documens dispersés les routes qu'avaient déjà suivies les anciens, les communications que l'on ouvrit ensuite à trdvers l'Arménie et la Perse , celles cjui s'établirent au nord du Palus Méotides et de la mer Caspienne , celles qui coupaient en plusieurs sens le plateau de la Tartarie , et c[ui firent pénétrer les Européens jusqu'aux rivages de l'Asie Orientale. Si nous avons abandonné presque toutes ces commu- nications intérieures , n'oublions pas les avantages qu'elles assurèrent autrefois au commerce de l'Europe. Venise pou- vait diriger ses expéditions avec plus de certitude en con- sultant les relations de Marco Polo. Le commerce qu'elle faisait avec llnde par la voie de l'Egypte reçut de nou- veaux accroissemens. Le cours du Tanais et celui du Volga furent plus habituellement suivis par les Génois , devenus maîtres de la Chersonèse Taurique. Trébizonde et Layazza ouvrirent aux productions de l'Arménie deux routes différentes ; et le siècle qui s'écoula entre Marco Polo et les sanglantes expéditions de Tamerlan (ut mar- XXVII que par de plus fréquentes relations entre l'Europe et la Tartarie. Mais ici d'autres sujets d'observation nous sont offerts : les voyages de Marco Polo ont changé de direction et de but. Ce n'est plus une famille de négocians Vénitiens, que les intérêts da commerce ont conduite jusqu'au nord de la Chine : ce sont les envoyés ou les officiers du Grand Ran des Tartares. Les missions qu'ils ont à remplir, les témoi- gnages de confiance qu'ils reçoivent de Cublay-Kan , étendent leurs vues, attachent leur attention à d'autres objets, et les font entrer dans des questions de gouverne- ment et d'histoire, que Marco Polo a rappelées dans son ouvrage , et qui lui donnent plus d'intérêt et de variété. Pour mieux entendre cette partie de ses relations , il peut être utile de retrouver ici l'abrégé de quelques événemens dont l'Asie fut le théâtre pendant le cours des voyages de Marco Polo. Ces fragmens historiques sont trop disper- sés dans ses narrations : leur rapprochement fera mieux saisir la liaison qu'ils ont entre eux. Les Tartares, divisés sous plusieurs chefs qui recon- naissaient tous la suprématie de Cublay-Kan, se parta- geaient, ainsi que nous l'avons remarqué , les régions cen- trales de l'Asie. C'était en Circassie, au nord du Pont- Euxin, et sur les rives du Volga et du Tanaïs, que rési- daient les Tartares Occidentaux : ils obéissaient alors à Barka, et formaient, vers l'Europe, les avant-postes de cette nation conquérante. - Ou connaissait, sous le nom de Tartares du Levant, ceux f£ui occupaient les provinces situées à l'orient et au midi de la mer Caspienne. Houlagou , frère de Cublay Kan, était leur chef; et ce prince, d'abord fixé sur la rive droite de l'Oxus , ne franchit pas le fleuve pendant la vie deBatou-Ran, de ce chef des Tartares Occidentaux, qui avait fait trembler TEurope; mais après sa mort, qui eut lieu en laSS, Houlagou attaqua les Ismaéliens, et détruisit la puissance du Vieux de la Montagne, cjui les gouvernait. Il fit la guerre à Barka , dont les Ismaéliens avaient reçu des secours; et après avoir fait périr toute la race de leur chef, il tourna ses armes contre Bagdad, où le cahfat fut détruit. D'autres nations Tartares étaient répandues au midi et à l'orient des monts Altai, qui séparent aujourd'hui la Tartarie Indépendante et la Sibérie. Les unes étaient placées sous les ordres de Caydu-Ran, issu de la lignée impériale de Gengis-Kan ; les autres, plus voisines du lac Baïkal, avaient Nayan pour monarr|ue, et conservaient une partie de l'héritage d'Ung-Ran , que nos légendes occidentales ont fait connaître sous le nom de Prêtre Jean, et que les peuples du moyen âge ont considéré comme le promoteur du Christianisme dans les régions de fOrient. Deux Puissances colossales, les Sarrasins et les Tarta- res, étaient, à cette époque, la terreur des autres peu- ples. Les Sarrasins , dont les principales forces étaient en Egypte , avaient étendu leurs conquêtes vers l'Occident jusqu'à l'Océan Atlantique : tout le iNord de l'Afrique leur obéissait. En Europe, ils étaient maîtres des plus riches provinces de l'Espagne; ils étendaient leurs courses dans la Méditerranée ; ils en occupaient plusieurs îles et en mena- çaient tous les rivages. L'Arabie, les autres régions qui s'étendentà l'occident de l'Euphrate, leur étaient soumises. C'était par cette frontière qu'ils étaient voisins des Tar- tares , dont la domination s'étendait sur une grande partie de l'Asie ; et les chocs furent souvent terribles entre deux Puissances qui pouvaient mettre en mouvement des forces si formidables. Les croisades des Européens pouvaient opposer une digue aux irruptions des Sarrasins ; et toutes les relations du temps font présumer que Cublay-Kan rechercha dans cette vue l'amitié des Occidentaux. Les guerres sain- tes ne soulevaient plus la masse de l'Europe entière ; mais elles armaient encore un puissant monarque. Louis IX était alors le héros de la chrétienté ; et sa valeur, sa justice, ses hautes vertus, que l'épreuve de l'adversité fit briller d'un nouvel éclat, avaient étendu sa renommée jusqu'aux extré- mités de l'Asie. Ce prince eut des relations avec le Grand Ran des Tartares, comme Charlemagne en avait eu avec le Calife des Sarrasins ; etCublay-Ran suivitcette négociation déjà commencée par son prédécesseur. Les ennemis des Sarrasins devenaient ses alliés : il confia, en 1266, au pè- re et à l'oncle de Marco Polo, une mission près du pape , et leur remit des lettres pour le Roi de France et pour les autres monarques de la chrétienté. Lorsqu'on voit, à la même époque , une nouvelle croisade se préparer sous la bannière de l'orifiamme, lorsqu'on voit les Tartares ces- ser de menacer l'Europe, et n'avoir en Occident que les XXX Sarrasins pour ennemis , on peut croire , en comparant les dates et en rapprochant les faits, que quelques-unes de ces expéditions avaient été concertées. Les Sarra- sins étaient attaqués sur différens points , en Afrique , en Portugal j en Espagne, dans les îles de la Méditerra- née ; mais le principal but des croisades était de les affai- blir en Syrie : c'était là qu'on avait besoin d'auxiliaires. Depuis longtems les nations conquérantes se précipitaient en foule vers l'occident de l'Asie , vers ces régions déjà si célèbres par les révolutions et la chute des plus anciennes monarchies. Les armées de l'Europe y étaient accourues sous les drapeaux de la Croix : les Turcomans , les Tarta- res , s'y étaient jetés tour-à-tour 5 et les Sarrasins en dispu- taient également la domination aux Européens qui cher- chaient à y relever le trône de Jérusalem, et aux successeurs de Gengis-Kan. Les soudans étaient maîtres d'une partie de la Syrie; ils attaquaient l'Arménie, et menaçaient la Perse, qui résistait à leurs armes, mais que leur religion commençait à subjuguer. Tant qu'il y eut entre les Sarrasins et les Tartares quel- ques pays à ravager, ces états intermédiaires subirent les premières dévastations ; mais lorsque les deux peuples ne furent plus séparés , les hostilités devinrent plus san- glantes et les expéditions plus désastreuses. Cependant ces guerres qui occupaient , sur les rives de l'Euphrate , les lieutenans et la famille de Cublay - Ran , ne le détournèrent point d'une importante conquête , déjà entreprise au fond de l'Orient par ses prédécesseurs. XXXI La Chine était partagée en deux vastes régions , le Catliay et le Mangi : l'une comprenait les provinces du Nord , l'autre celles du Midi. Depuis plus d'un siècle , le Cathay obéissait aux Tartares Nieut-Ché, qui l'avaient envahi ; mais les Tartares Mongols leur en avaient ensuite enlevé la souveraineté, et ils avaient soumis cette contrée à leur domination , avant que Cublay-Ran montât sur le trône. Les vainqueurs n'étant plus séparés de la Chine méridio- nale , dirigèrent alors contre elle toutes leurs forces j et Cublay-Ran , après avoir consacré à l'affermissement de sa puissance les premières années de son règne , entreprit la conquête du Mangi. Il la commençait avec une armée jusqu'alors invincible; mais cet empire était immense : des batailles ne suffisaient point pour le réduire ; la guerre en- traînait un grand nombre de sièges; et l'art d'attaquer les places était peu connu des Tartares : les fleuves qui , pendant la paix , sont des moyens de communication, de- venaient des lignes de défense contre l'ennemi : la capi- tale ne fut prise qu'en 1276; il fallut quelques années de plus pour achever la réduction du Mangi , et la dynas- tie des Songs fit place à celle des Tartares Mongols. Durant cette expédition militaire , la cité de Sayanfu, assiégée depuis trois ans , ne fut prise que par l'industrie des Vénitiens. Les machines de guerre, que la famille de Marco Polo fit construire, lancèrent dans la ville des pierres d'un si énorme poids, que les habitans, effrayés de la ruine des premiers édifices, ouvrirent leurs portes XÏXII aux Tartares. L'emploi de ces armes desidge, pet-fectibn- nées au fond de rOccident sous le règne de Philippe Auguste, était encore inconnu aux extrémités de l'Orient : mais la guerre a bientôt propagé ses découvertes , et Cu- blay-Kan ne négligeait aucun moyen de vaincre. ■> La conLjuète de la Chine entraîna bientôt ce monarque dans d'autres guerres ; et son entreprise contre le Japon, désigné dans les*voyages de Marco Polo sous le nom de Zipangu, ne fut marquée que par les désastres de sa flotte. Ses vaisseaux, assaillis par une tempête, périrent presque tous : les vents ne ramenèrent en Asie que quelques débris de son armée 5 le reste fut jeté sur le rivage des îles , et tomba sous les coups des habitans. Mais sur les frontières méridionales de la Chine , les armes de Cublay-Kan furent plus heureuses. Ses troupes de terre y pénétraient , tandis que ses flottes en parcou- raient le littoral. Le Tunquin, la Cochinchine, le^Pégu, furent soumis h ses armes , et se reconnurent tributaires •: les mêmes forces assuj étirent le Thibet et les pays qui séparent le cours du Gange des fleuves de l'Asie Orien- tale. Ce règne offrit un phénomène remarquable. On voyait le souverain d'une grande partie de l'Asie commander à- la-fois à ses nations les plus civilisées et à celles qui sor- taient à peine de la barbarie , encourager ici les arts de la paix et maintenir ailleurs toute l'activité guerrière , amollir les peuples vaincus et déchaîner contre d'autres états ses armées victorieuses. Les progrès vers la civili- xxxiii satioa étalent sans cesse contrariés par les mœurs primi- tives j et le contact de ces tribus ignorantes et belliqueuses avfec une nation paisible et policée n'opéra point la Insiort des deux peuples. Les Taitares conseryèrent leurs ; Mt mes , leurs coutumes , au milieu des nouvelles conquêtes ; néanmoins ils respectèrent les usages des vaincus : ils empruntèrent une partie de leurs jouissances, protégèrent l'exercice des arts qu'ils ne cultivaient point , et se cru- rent intéressés à maintenir la prospérité de l'Empire qu'ils avaient soumis. Le Grand Ran des Tartares partagea en neuf gouverne- mens le territoire du Mangi. Trois provinces furent confiées à ses fils : les autres le furent à :Sès principaux of- ficiers ; et Marco Polo fut chargé , pendant trois ans , de remplacer un de ces gouverneurs. Un emploi si élevé le mettait à portée de bien connaître tous les ressorts de l'administration et toutes les ressources de l'empire. Il en décrit une partie dans son ouvrage. Il fait connaître le sys- tème monétaire adopté dans les états de Cublai-Khan, où des monnaies d'écorce étaient généralement répandues, et où l'or, l'argent, les coquillages, les pains de sel, étaient les signes et les moyens d'échange usités dans plusieurs pro^ vinces. Il rappelle les travaux entrepris pour ouvrir des com-' munications entre toutes les parties de l'Empire. Ici, l'on a creusé des canaux , qui unissent entre eux les grands fleu- ves, et prolongent la navigation intérieure. Là, des routes partent de la capitale et divergent comme autant de rayons vers les pays éloignés Des habitatipnss'élèvent cle distance en dislance ; des relais y sont prêts pour les courriers et XXXIV pour les envoyés que le Grand Kan a chargés d'une mission, ou qui se rendent auprès de lui. Des barques sont placées pour le passage des fleuves. Cublay-Ran ordonne que les routes soient plantées d'arbres , ou soient jalonnées, dans les déserts stériles , par des bornes de pierre , qui en mar- quent la direction ; il veille aux besoins des contrées qui furent dévastées par quelques fléaux; il fait distribuer des provisions aux pauvres de sa capitale. Plus de vingt mille enfans étaient exposés chaque année : il les fait recueillir; on les élève par ses soins ; les riches qui n'ont pas de fa- mille en adoptent une partie ; les autres orphelins sont at- tachés à son service ou à ses armées. Les impôts sur le commerce forment la principale partie des revenus du Grand Ran. D'autres tributs lui sont re- mis, dans les principales fêtes de l'année, parles Grands qui viennent lui rendre hommage. Des chevaux , de ri- ches étoffes , des pierres précieuses , tout ce c{ue le dé- vouement ou l'ambition peut offrir au souverain , soit en témoignage de zèle, soit pour attirer ses regards, augmente ses ressources , pendant la guerre, ou contribue à l'éclat de sa cour. Le monarque répand , à son tour , les trésors qu'il a reçus ; et cet échange de services et de libéralités , que l'usage maintient, devient le premier lien de l'obéis- sance et du pouvoir. En peignant les mœurs de la cour de Cublay-Ran , Marco Polo rappelle aussi celles de tous les peuples Tar- tai-es. La chasse est le premier plaisir de cette nlation guer- rière. Ils dressent les faucons et les autres oiseaux de proie à poursuivre les animaux plus l'aibles. Des meutes nom- XXXV breuses attaquent les sangliers, les ours et les cerfs. Tan- tôt on fait la guerre aux lions et aux tigres ; tantôt ou les élève à combattre d'autres bêles sauvages. Les chameaux portent les bagages des camps. On introduit dans les ar- mées les éléphans qui sont enlevés à l'ennemi ; et le sou- verain emprunte des peuples qu'il a vaincus les moyens d'augmenter ses forces. •&' Les éloges donnés à Cublay-Ran par Marco Polo purent être quelquefois l'expression de sa reconnaissance : il ju- geait favorablement le bienfaiteur de sa famille : peut-être il ferma les yeux sur les défauts du monarque dont il exal- tait les qualités et les vertus; néanmoins on retrouve, à travers la louange, une suite d'observations fidèles, c[ui ont été confirmées depuis par les récits des voyageurs et par les annales de l'Asie. C'est surtout h la capitale du Cathay et à celle du Mangi que s'arrêtent les descriptions de Marco Polo. A Clémenfu, il fait remarquer toutes les habitudes d'un peuple con- quérant ; a. Quinsay , toutes celles qui tiennent aux arts de la paix. Cette dernière ville est assise au bord d'un grand fleuve , et coupée par de nombreux canaux. Un lac s'étend dans l'intérieur ; des barques y circulent sans cesse : toute l'industrie de l'Empire du Mangi se peint dans la capitale ; et l'on y voit un peuple amolli par les plaisirs de la paix , regrettant une indé])endance qu'il n'a pas su maintenir, cherchant tour-à-tour à secouer le joug, pu à gagner ses vaincjueurs , et conservant l'espérance de s'affranchir s'il peut civihser ses maîtres. XXXVI Cublay-Ran , après avoir conquis un État florissant , s'attacha surtout à ne pas en épuiser les richesses, 11 fa- vorisa les relations du commerce , et les dirigea vers les provinces du midi , qui étaient plus industrieuses et plus fertiles , vers les îles à épiceries , vers les rivages de la Cochinchine et de la presqu'île de Malaca. INIarco Polo fut même chargé d'une mission pour ces contrées; et les no- tions qu'il recueillit sur la navigation des mers orientales devinrent la principale cause de son retour en Europe : elles déterminèrent Cublay-Ran à lui permettre d'accompa- gner par mer jusqu'en Perse les ambassadeurs de ce royau- ine, qui desiraient avoir un guide dans leur navigation. Cette dernière partie des voyages de Marco Polo devint pour lui une source d'observations nouvelles. D'autres productions s'offraient à ses yeux. Ce n'étaient plus ces pelleteries variées, qui sont la richesse des forêts du Nord , ces tissus d'or et soie , chefs-d'œuvre de l'industrie des Orientaux , ou ces vases fragiles dont l'émail est or- né des [)lus vives peintures. Une nature féconde a couvert de précieux végétaux les rivages et les îles de la mer des Indes. Le vin est remplacé par le suc d'un arbre : le palmier donne son lait ; l'arbre h pain nourrit les ha- bitans ; ils s'enivrent des feuilles du bétel , se raffraichis- sent avec la gomme du mastic , augmentent par des sti- nndans variés la saveur de leurs alimens. Tout ce qui peut aiguilloner et flatter le goût abonde dans ces climats , est recherché par tous les peuples , et se répand surtout chez les nations civilisées. La terre, revêtue d'une si riche paru- re dans ces contrées équinoxiales , renferme aussi de non- XXXVII veaux trésors dans son sein. La topaze , l'améthiste , l'é- meraude , s'y tiouvent confondues avec les saphirs de Cey- lan , avec les diamans de Golconde , avec les rubis des montagnes où le Gange prend sa source. La perle se pè- che dans les parages de Ceylan et d'Ormuz. Tous ces pro- duits de la terre et de la nier sont portés sur d'autres ri- vages : le commerce de l'Inde s'étend comme une chaine immense entre les Etats de Cublay-Ran , les rives du golfe Persique et de la mer Rouge , les côtes de l'Afri- que et de Madagascar. Marco Polo trace juscju'à cette île la navigation des Asiatiques du moyen âge. Il observe, à plusieurs reprises et dans les différentes parties de ce trajet, le phénomène des moussons, qui tantôt fentraîne vers les contrées qu'il veut parcourir, tantôt l'oblige à suspendre^ pendant plu- sieurs mois , le cours de son voyage. Il ne va point jusqu'à Madagascar; et des rives del'Indus, il rentre dans le golfe Pei'sique : mais il apprend qu'en faisant voile vers cette îlp , les vaisseaux naviguent beaucoup plus rapidement qu'à leur retour , et qu'ils seraient emportés vers le midi par un courant encore plus impétueux , s'ils, s'avançaient au-delà de Madagascar. Cette remarque peut expliquer par cjuels motifs les an- ciens navigateurs ne parvinrent pas à découvrir la pointe rnéridionale de l'Afrique. Quelques épreuves avaient sans doute fait connaître que les bâtimens entraînés au midi de Madagascar n'avaient rencontré aucune terre dans cette direction , et qu'un immense abîme était ouvert devant eux] Ceux qui échappèrent aux périls de cette navigation , xxxviii et que la mousson du printemps put ramener vers les Indes , découiagèrent les voyageurs qui auraient pu tenter les mêmes hasards. Le siècle des grandes dé- couvertes maritimes n'était point encore arrivé ; et si les moussons permettaient de s'éloigner des côtes , et favorisaient quelques expéditions plus aventureuses , elles livraient en même temps à de nouveaux périls les vais- seaux qu'elles emportaient vers le sud à travers un Océan sans limites. Les procédés de la navigation, et les différentes formes de bàtimens, connus des Asiatiques, sont indiqués dans les relations de Marco Polo. S'il décrit le lac de Quinsay , ou les fleuves et les canaux qui traversent le Mangi , ce sont des bateaux larges et sans carène , qui glissent sur les eaux et traversent les bas - fonds. Les vaisseaux qui se rendent des rivages de l'Empire dans la mer des In- des , portent quatre mâts et neuf voiles ; ils ont un double pont pour les logemens des passagers , et peuvent recevoir jusqu'à trois cents hommes d'équipage. Les na- vires d'Ormuz prennent moins d'eau ; la forme en est plus légère ; ils n'ont qu'un màt et une voile ; et ces em- barcations dont les pièces ne sont assemblées que par des liens d'écorce se brisent quelquefois dans le cours de la navigation. Marco Polo nomme plusieurs parages de la mer des In- des d'où l'on n'aperçoit plus l'étoile du nord, qui servait de guide aux mariniers. Il désigne les lieux où elle reparait, ceux où elle s'élève plus ou moins sur l'horizon , et il donne ainsi l'indication approximative de quelques lati- XXXIX tudes. Nulle part il ne fait mention de la boussole. Ce silence porterait à croire que les Orientaux n'en connais- saient pas encore l'usage ; quoique plusieurs traditions leur aient attribué cette découverte , dont les peuples d'Occident ont également fait honneur à un habitant d'Amalfi. Avant de terminer ses relations maritimes, Marco Polo arrête un instant notre attention sur ces îles où les habi- tudes'de la pèche séparent, pendant une partie de l'an- née , les hommes et les femmes : il peint les embùclies que les pirates dressent aux navigateurs dans les mers du Guzurate ; il décrit les parages de Socotora , où la pêche de la baleine occupait alors un grand nombre d'hommes. Dans cette partie de son Ouvrage , on retrouve quel- ques traditions fabuleuses sur des objets qu'il n'avait pas observés lui-même. Il fait planer au midi de Madagascar cet oiseau Rue , dont il exagère la force , et dont l'im- mense envergure surpasse celle du Condor, qui toutefois a pu servir originairement de type à cette description. Les merveilles du Nord répondent à celles du IMidi. C'est dans cet air brumeux que les griffons dressent leur vol , et fondent sur leur proie. Les ténébreux hivers des ré- gions boréales sont représentés comme une nuit éternelle : des hordes vagabondes viennent y dépouiller les habitans : la misère de ces pays sauvages ou la crainte d'y pénétrer les rend inaccessibles j et la crédulité en a fait le pays des monstres , dans un temps où les récils merveilleux étaient adoptés sans examen. xr. Mais de ces traditions invraisemblables, qui! rappelle sans les garantir , IMarco Polo revient aux événemens historiques des derniers temps qu'il a passés en Asie. Ses longues navigations étaient terminées ; il revoyait la Perse pour la seconde fois , et il ne s'attache plus à la description des pays qu'il a traversés , mais il donne à ses tableaux une nouvelle vie , en mettant encore en scène les peuples qui les habitaient. A cette époque , on commençait à réunir les Annales des Tartares , qui jus- qu'alors avaient été négligées ou dispersées. Marco Polo profite de son séjour en Perse , où l'on suivait cet impor- tant travail, pour s'instruire des principaux faits. On voit dans son ouvrage Caidu-Ran , dont les États occupaient le nord de la Tartarie , porter successivement ses ar- mes vers le Cathay contre Cublay-Ran , et vers la Perse , où ses troupes sont taillées en pièce par Argoun , l'un des successeurs d'Houlagou. Ici commence le récit des combats livrés par Argoun , pour concjuérir et défendre sa couronne. Ce prince veillait à la sûreté des frontières lorsqu'Abaga , son père , mou- rut. II fut devancé sur le trône par Acomat, son oncle ; il devint même prisonnier de guerre de son compétiteur ; mais un parti s'étant déclaré en sa faveur dans l'armée qui venait de le vaincre , le prisonnier fut reconnu pour sou- verain , et Acomat , forcé de fuir devant lui , fut pour- suivi et mis à mort par ses ordres. Argoun lui-même n'existait plus quand les ambas- deurs qu'il avait envoyés à Cublay-Ran revinrent en Perse avec la famille de Marco Polo. Deux autres frères d'Aco-. mat s'élevèrent successivement au trône, et il ne fut oc- cupé qu'en I2g4, par Ghazan-le-Victorieux , par ce prince que l'Orient compte encore au nombre de ses monarques les plus célèbres. Après avoir retracé les révolutions politiques de la Perse, Marco Polo rappelle les guerres des Tartares d'Occident , celles qu'ils soutinrent contre Houlagou, et les dissentions qui éclatèrent entre eux sous le règne de Toctai. Ces événemens étaient ceux qui devaient intéresser le plus vivement ses contemporains. L'Europe voyait, dans les guerres et dans les révolutions qui déchiraient alors l'Empire des Tartares , un principe de sécurité pour elle- même. Ses farouches ennemis tournaient enfin contre eux les armes qui l'avaient dévastée. L'histoire de ces nations turbulentes n'était que celle de leurs guerres; et Marco Polo, frappé de ce terrible spec- tacle , termine son ouvrage après l'avoir décrit. Ces der- niers documens répauflent de nouvelles lumières sur les annales du moyen âge : ils augmentent le nombre des faits, et donnent les moyens d'éclaircir l'obscurité de quelques passages antérieurs. Marco Polo s'explique souvent par lui-même. Il dé- veloppe ce qu'il n'avait d'abord qu'indiqué : en revenant sur les mêmes faits, il les présente sous un nouveau jour; et malgré cette espèce de désordre qui règne quelquefois dans des récits, interrompus et repris tour-à-tour, on re- trouve l'occasion d'en ressaisir le fil lorsqu'on craignait de l'avoir perdu. En rappelant les principaux événemens du siècle et des pays où il vécut , ce voyageur ne suit pas l'ordre cliro- nologitfue des faits : souvent il les présente d'une ma- nière isolée ; mais une saine critique peut les classer et en saisir l'enchaînement. Son ouvrage est une source fé- conde , où tous les savans peuvent puiser des obser%'ations analogues à la nature de leurs travaux ; et cette relation , quelque incomplète qu'elle soit, nous aide à remplir, en histoire , en géographie , et dans l'étude des hommes et de la nature , un grand nombre de lacunes. Les voyages publiés par Marco Polo ne renferment sans doute qu'un précis de ce qu'il avait observé, et la plii])art des développemens n'y sont plus 5 mais on les croyait alors moins nécessaires ; et lorsqu'on écrivait sur des événemens contemporains , la concision paraissait permise. Un seul mot réveillait de nombreux souvenirs : le lecteur rétablis- sait par la pensée la liaison des faits; il achevait les obser- vations commencées ; et dans un âge où l'art d'écrire était peu connu , où celui de l'analyse l'était encore moins , il se contentait d'un ouvrage qui excitait son attention par la nouveauté et la variété des récits. L'intérêt qui fît alors accueillir les relations de Marco Polo ne semble-t-il pas se ranimer aujourd'hui ? Les regards des savans se tournent vers les pays que ce voya- geur a parcourus; et jamais les langues de l'Orient, ses hautes antiquités , ses usages , ses religions , son histoire , ne furent étudiés avec plus d'ardeur. Soit que l'on s'at- tache aux régions cjui sont encore révérées comme le berceau de nos connaissances , soit qu'on remonte vers ces contrées , où le commerce et la civilisation , trans- plantés quelquefois comme sur une terre étrangère, n'ont fleuri que par intervalle , on retrouve encore , clans cha- cun de ces pays , les traces de Marco Polo ; et l'Asie semble attendre qu'un nouveau voyageur , visitant ses régions les moins connues, soulève le dernier voile qui les couvre, et puisse un jour écrire sur le frontispice de son ouvrage : Marco Polo fut mon guide ; j'ai reconnu ce qu'il avîrit indiqué ; il fut sincère dans ses récits 5 mais un siècle plus éclairé lui manquait. Nous croyons^devoir completter nos observations par quelques-unes de celles que nous mîmes sous les yeux de la Société de Géographie , lorsqu'elle se proposa de pu- blier cet ouvrage. Ces remarques sont personnelles à la famille de Marco Polo , ou applicables à l'édition que nous faisons paraître. Le commerce , qui était la source de la prospérité des Vénitiens , avait attiré à Çonstantinople , vers l'année i25o , Nicolao et Malteo Polo. Tous deux $e rendirent, en 1256, près du Kan des Tartares, qui occupaient les rives du Volga ; mais la guerre qui survint entre ces peu- ples nomades les obligea l'un et l'autre à quitter précipi- tamment les états de Barka, où ils s'étaient arrêtés ; et ils passèrent h Boccara, vers le sud-est de la mer Caspienne. Leur commerce les retint pendant trois ans dans cette contrée : ils étudièrent la langue et les mœurs des Tar- tares , et se décidèrent ensuite à se rendre près de Cu- blay - Ran , dont la souveraineté s'étendait sur la plus grande partie de l'Asie. XIIV Leur départ de Venîse n'avait précédé que de quelques mois la naissance de INIarco Polo ; et lorsqu'ils revinrent daus leur patrie, après vingt ans d'absence, ce jeune Vé- nitien , qui avait perdu sa mère dès le berceau, connut sa famille pour la première fois. Les deux voyageurs de- vaient retourner en Asie : Marco Polo voulut les suivre. Leurs récits enflammaient son imagination : il ne crai- gnait pas les périls, et il aspirait à la renommée. Ce pé- nible voyage dura trois ans ; et les Vénitiens ne parvinrent que sur la fin de 1274^ Clémenfu, où Cublay-Ran se trouvait alors. INIarco Polo fut attaché au sei-vice de ce monarque : l'aisance de ses manières , l'activité de son es- prit lui avaient concilié une faveur , qu'il justifia par son zèle et par sa fidélité : l'âge développait son expérience : les intérêts de l'Empire ou les grands voyages occupèrent les plus belles' années de sa vie ; et quand il reparut en Eu- rope , en 1 295 , après avoir parcouru les îles et les rivages de la mer des Indes, il attira toute l'attention des occi- dentaux sur des régions qu'aucun européen n'avait obser- vées avant lui. Marco Polo ne jouit pas long-temps du repos qu'il pou- vait espérer. Quelques mois après son retour , la guerre éclata entre Venise et Gènes. Lamba Doria parut dans l'Adriatique avec une flotte génoise , qui vint menacer l'ennemi jusqu'à l'entrée de ses lagunes. Mais Venise eut bientôt armé une escadre de quatre-vingt-dix galères , dont Andréa Dandolo eut le commandement. Marco Polo obtint l'honneur de servir à bord de cette flotte , et d'ex- poser ses jours pour la défense de sa patrie, qu'il venait XLV d'illustrer par ses découvertes : on le chargea de comman- der une galère; et, lorsque les Vénitiens perdirent la ba- taille de Curzola, où la plupart de leurs vaisseaux furent pris ou détruits, Marco Polo, dont la galère était au pre- mier rang , fut grièvement blessé , et tomba , ainsi que Dandolo lui-même , au pouvoir du vainqueur , qui le conduisit à Gènes , comme prisonnier de guerre. Sa détention dura quatre années ; mais ce malheur mit le sceau à sa célébrité. Les Génois l'admiraient , et re- cueillaient avidement ses récits sur des contrées jusqu'a- lors inconnues. Il n'avait pas encore rédigé sa relation : tous les matériaux cju'il avait rassemblés se trouvaient à Venise ; il les fît venir, les mit en ordre , et fît écrire sous ses yeux l'Histoire de ses voyages , par un citoyen de Pise qui partageait sa captivité. Cet ouvrage fut bientôt répandu; on en multiplia les copies, les abrégés, les traductions : il circula de toutes parts. Plusieurs éditions des Voyages de Marco Polo ont paru depuis long-temps ; mais toutes n'ont pas été faites d'a- près les mêmes manuscrits. La première édition ne fut imprimée que deux siècles après les relations origina- les ; et , dans ce long intervalle , les copies avaient éprouvé de nombreuses altérations. Ces variantes passè- rent dans les éditions faites en différens lieux. On fut em- barrassé du choix ; et , quoique Tusage de l'imprimerie eût fait négliger la lecture des manuscrits , les savans re- connurent la nécessité de les consulter encore , pour re- trouver le texte primitif. Cette recherche entraînait cependant de nombreuses difficultés; car on attribuait à IMarco Polo lui-même quelques-unes des différentes rédactions de ses voyages. Elles ne se contredisent point , et le fond de l'ouvrage est toujours le même ; mais souvent l'ordre est interverti , et les proportions ont changé : le style est plus ou moins concis, et l'on remarque des omissions ou des supplé- mens. Il semble que l'auteur, revenant à plusieurs repri- ses sur ses narrations^, ait voulu les perfectionner, et les completter par des développemens successifs. Si la relation la plus étendue porte tous les caractères de l'authenticité , elle doit être considérée comme la plus instructive , et le monde savant est intéressé à la connaître. C'est pour répondre à son attente que la Société de Géogra- phie se détermine à publier un manuscrit de la biblio- thèque royale, dont on n'a fait, jusqu'à ce moment , au- cune édition. Nous en avons comparé l'étendue avec celle des autres manuscrits de nos dépôts littéraires , et avec les éditions qui ont paru en plusieurs langues , telles que l'édition italienne de Ramusio , la traduction espagnole, imprimée à Saragosse eu 1601, la traduction française de i556, celle qui fait partie de la Collection de voyages publiée par Bergeron , et l'édition anglaise que M. Marsdeu a fait paraître en 18 18, et qu'il a enrichie des plus précieuses observations. L'examen des savantes Dissertations de S. Em. le cardinal Zurla a suppléé aux exemplaires que nous ne pouvions avoir sous les yeux ; et nous avons remarqué que le riianuscrit vénitien de la Bibliothèque Soranzo , et le manuscrit de Florence , XLVII connu sous le nom de Millione, étaient, de même que les autres éditions , beaucoup plus abrégés que celui de la Bibliothèque Royale. Les chapitres supplémentaires qui terminent cet ouvrage répandent, il est vrai^ moins de lumières sur la géographie que sur l'histoire j mais l'étude de la terre serait incomplète et stérile, si on n'y mêlait pas celle des ])euples qui l'habitent. Les annales des nations qui ont changé la face de plusieurs contrées peuvent seules en expliquer les révolutions géographi- ques ; et quelle Puissance opéra plus de changemens dans la situation de l'Asie et de l'Europe du moyen âge , que les Tar tares, qui avaient détruit la plupart des villes , ren- versé les limites des royaumes , et aboli jusqu'à la trace des peuples qu'ils avaient rencontrés? La langue employée dans notre manuscrit lui donnait à nos yeux un intérêt de plus. Elle nous a rappelé celle de nos ancêtres , celle que l'on parlait en France dans le cours du quatorzième siècle. Cette langue s'était introduite dans une partie de l'Italie , depuis la conquête de Naples par Charles d'Anjou, en laôS. Elle avait été plus anciennement étendue en Orient , par l'effet des croisades et par l'établissement successif des princes fran- çais à Jérusalem , à Antioche , à Tripoli , et jusques dans les murs de Constantinople. On la comprenait dans les ports de la Méditerranée qui étaient en communication avec la France ; elle était propre à répandre au loin la connaissance des Voyages de Marco Polo ; et nous pouvons considérer ce manuscrit français comme une ancienne tra- duction de la relation originale. SLVIII Une discussion s'est élevée sur la langue dont l'auteur avait iait usage , et la diversité des traductions qui pa- rurent à la même époqp^ie a jeté sur cette question quel- que obscurité. Gènes et Venise n'avaient encore que les grossiers éléments de celte langue belle, féconde, har- monieuse, que le Dante enrichissait et douait de toute sa force , où Pétrarque sut trouver Fexpression des sen- timens les plus tendres , et que Boccace assouplit à tous les tons dans ses narrations aussi vives qu'élégantes. Le Dante florissait k cette époque ; mais ses deux grands émules littéraires n'avaient pas encore paru. Les auteurs avaient conservé l'usage d'écrire en latin ; ce fut même en cette langue que Pétrarque et Boccace publièrent leurs premiers ouvrages. Ils comptaient moins sur le nouvel idiome qu'ils perfectionnaient et qui devait faire un jour la gloire de l'Italie , que sur celui dont Rome ancienne leur avait laissé l'héritage. Le latin entrait dans le système général des études; il occupait tous les hommes qui cherchaient à se régler sur les grands modèles. Mais Marco Polo doit-il être considéré comme écrivain? Rien n'est classique dans son ouvrage; on n'y voit aucune trace de cette érudition littéraire dont les auteurs du temps aimaient à se parer. Il raconte avec naïveté , et dans le style le plus simple , tout ce qu'il a vu. Élevé sans doute comme sa famille , dans la profession du commerce , il ne rechercha point l'illustration des let- tres , qui étaient alors moins cultivées à Venise qu'au cen- tre de ritalie ; et nous sommes portés à croire que ce voya- geur écrivit sa relation dans sa propre langue. Il n'est point XI.IX probable qu'une longue absence ait pu la lui faire oublier. Marco Polo avait, dans le cours de ses voyageis, étudié plusieurs langues d'Asie ; elles lui étaient devenues assez familières pour l'aider à remplir avec suCcès les missions qui lui furent confiées ; mais ces premières impressions d'uue langue apprise dès l'enfance, et développée au milieu des jeux , des études , des passions de la jeunesse , ne s'effa- cent jamais de la mémoire. D'autres signes ont pu momen- tanément en prendre la place ; d'autres pays ont accoutu- mé l'oreille à de nouveaux sons ; mais au moment du re- tour dans la patrie , avec quelle rapidité les anciens sou- venirs se réveillent ! Si l'on regarde alors comme nouveaux les objets dont on fut long-temps éloigné , et si les locu- tions dont on perdit l'usage ne se représentent que d'une manière confuse , bientôt ce voile se déchire ; la langue négligée si longtems revient à la pensée j elle s'enrichit des mots nécessaires pour peindre toutes les images dont on est frappé : ce vocabulaire se rétablit dans sa pureté , dans son étendue ; on se retrouve , sans interprète , en relation avec ses vieux amis , avec ses concitoyens, et l'on jouit de la patrie tout entière. Qui sait même si l'occasion de parler la langue natale ne se présente pas souvent au milieu des plus longues absen- ces ? Les voyageurs la réservent pour exprimer leurs se- crets, ks exilés pour peindre leurs peines. N'est-ce pas ainsi qu'ils écrivent leurs pensées dans la solitude ; qu'ils s'adressent au Ciel; que, jetés loin des routes communes, et de la, société de leurs semblables , ils se rendent compte de leurs propres impressions.-* On peut connaître et par- 1er plusieurs langues; maïs rendu h. soi-mcme, on pense dans sa langue maternelle; souvent même on l'étenfl, on la fortifie par ces méditations solitaires ; et les pages les plus animées , les plus élocpientes , ont été quelquefois écrites au milieu des déserts. Quelle que soit l'opinion des philologues sur la véri- table langue dont Marco Polo fit usage , les manuscrits qui remontent vers l'époque où sa relation parut semblent être les plus dignes de confiance ; et ce qu'ils ont d'informe et d'irrégulier dans le style , leur donne un caractère de vérité , cjue les corrections d'un éditeur feraient dispa- raître. Aussi nous croyons devoir publier avec fidélité le texte de ce manuscrit. En recourant k des formes modernes, nous ôterions à la traduction première le ton de simplicité qui distingue ce vieux langage ; et si nous cherchions à concilier entre eux ces deux âges de notre littérature, par l'emploi d'un dialecte intermédiaire, qui conservât les tournures anciennes et se bornât à rajeunir les mots trop vieillis , cette prétention au langage que parlaient Mon- taigne et Amyot ne satisferait ni les amateurs des chro- nifpies originales , ni ceux de notre langue perfectionnée ; elle défigurerait l'ouvrage que l'on veut connaître ; elle lui ôterait , sans le faire passer dans notre siècle , le ca- ractère de celui où il parut. Ce ne serait pas d'ailleurs ime entreprise facile que d'emprunter le langage d'Amyçt. Les tours et les mots qu'il emploie sont adaptés les uns aux autres : ils for- ment un ensemble systématique , que l'on ne pourrait pas décomposer sans en détruire l'artifice et le charme. Une partie des expressions de cet âge n'appartient plus aux temps qui l'ont précédé ou qui l'ont suivi -, et ce se- l'ait un effort auquel nous ne devons point prétendre , que de retrouver , sans confusion d'époques , ces ancien- nes formes de notre langue , et de la faire rétrograder de deux siècles , pour remonter plus aisément vers son ori- gine. En reproduisant dans cette édition toutes les irrégula- rités du style, devait-on se montrer également fidèle aux imperfections de fortliographe? Les opinions, sur ce point, se sont partagées. Ici Ton pensait que le système d'écriture le plus informe peut néanmoins se plier à quel- ques règles , que l'orthographe des mêmes mots ne doit pas varier sans cesse , et que si cette diversité aug- mentait les difficultés de la lecture et répandait plus de confusion dans l'ouvrage , il conviendrait d'adopter une seule forme et de ne pas s'en écarter. Là on s'élevait contre une telle rectification. Quels guides pourrait - on suivre pour reconnaître les véritables signes, et sur quels motifs établirait-on ses préférences et ses choix ? Les indécisions de l'orthographe semblaient tenir aux embarras d'une langue qui n'était pas encore fixée ; et l'on croyait devoir les respecter, puisqu'elles caractérisaient mieux l'ancien- neté du manuscrit. La dernière opinion a prévalu , mais l'exécution en était pénible : nous n'avons point osé prendre la charge d'un travail si nouveau pour nous : il fallait être exercé à œ genre d'étude ; et l'estimable éditeur d'un ancien manus- crit du Roman de la Rose , s'est chargé de suivre l'im- G pression du texte français de Marco Polo , d'en éclaircir les passages obscurs par quelques notes marginales , et d'y joindre un glossaire, où il explique les mots entièrement proscrits par l'usage. Pour faciliter, par un moyen de plus , l'intelligence de ce vieux langage , nous faisons imprimer , à la suite du texte français , un manuscrit latin , encore inédit , qui a])partient à la Bibliothèque Royale. Ces deux ouvrages ne sont pas traduits l'un de l'autre; mais ils s'accordent pour le fond des pensées : le latin renferme une partie des mêmes supplémens j il en constate l'authenticité par son propre témoignage. Ne cherchez pas dans cette version l'élégance et la pureté du style. Le latin du quatorzième siècle ne rappelle point celui des grands écrivains 5 les mots de leur langue sont con- servés 5 mais elle a perdu son harmonie ; l'esprit et le mou- vement ne l'animent plus. D'autres mots barbares sont venus s'affilier à la langue des maîtres du monde : le goût a disparu , les règles s'oublient ; et au milieu de cette crise du moyen âge , oii des langues nouvelles tendent à se former , le latin qui dégénère emprunte une partie de leurs locutions; il unit , par un bizarre mélange, les caractères de la vieillesse et de l'enfance ; il n'a plus sa virilité ; et toutefois il consei-ve , dans sa dégradation , quelques traits de son ancienne tnajesté. Le volume que nous publions est terminé par un ta- bleau comparatif, oii sont indiquées les variantes des noms de lieux et des noms propres , cités dans les voyages de un Marco Polo. Dix manuscrits et l'excellente édition de Ra- musio ont été consultés j et l'on a rapproché les uns des autres tous les noms applicables aux mêmes objets ; afin que les hommes éclairés, qui ont entrepris des recher- ches historiques ou géographiques sur le texte de Marco Polo, fussent à portée de choisir entre ces variantes ^ et de reconnaître les dénominations véritables. Le travail de la Société de Géographie est commencé : elle doit le suivre dignement 5 et pour completter par un second volume l'édition des Voyages de Marco Polo , elle s'adresse, à tous les savans qui se sont occupés de l'Asie du moyen âge. Géographes ! naturalistes ! navigateurs ! historiens ! vous êtes tous appelés à prendre part à cette entreprise. Vos remarques sur toutes les questions qu'il est utile de résoudre seront reçues avec reconnaissance : elles seront honorablement citées ; et les nombreuses re^ cherches qu'aura fait naître la publication de cet ouvrage pourront lui donner un nouveau prix. La Société de Géographie ne s'écarte point de son but en consultant les annales des siècles passés ; car la science dont ellei veut étendre les progrès embrasse tous les temps. Plus le moyen âge est obscur, plus il faut y ré- pandre de lumière 5 et si la Géographie est un des flam- beaux de fhistoire , c'est un devoir pour nous de le porter sur tous les points. Que des voyageurs , aussi éclairés qu'intrépides , par- courent la terre et les mers j fassent de nouvelles con- quêtes et reculent les bornes du monde , ils occuperont LIV en gt^ographic le premier rang ; mais les hommes attaclie's à la retraite, et voués à de paisibles études, peuvent aussi prétendre aux découvertes 5 le passé a ses régions inconnues ; c'est au savant à les explorer. On pourrait désirer que le même plan de recherches fut appliqué aux grands voyages publiés en différens siè- cles , et que les relations de leurs auteurs fussent offertes aux amis de la science comme autant de sujets d'études et d'observations. Cette suite de travaux, qui se lieraient aux plus importantes époques de l'histoire, et qui s'éten- draient jusqu'à nos jours , peindrait avec fidélité la marche et l'enchaînement de nos connaissances. Il fallait dans cette vaste carrière poser une première borne : elle s'élève au milieu du treizième siècle. La terre découvrait alors sa surface. Marco Polo parut , et le génie des voyages prit avec lui un nouvel essor. Nous commen- çons par son ouvrage la série de nos publications : la Géographie lui devait cet hommage. ROUX. *v^\v^v^^vvv^v»vvvVV»v^^^v\\vv^v^vvv\\^\v^v\^vv^vvv^VsVV^vw^^v\•v^vvv»vv\vv\■v^vv^\'VvA^^VVvvvv\^^\^^Vl'.vvv\\vvvv^^v■.A VOYAGE MARC POL. CHAPITRE I". Ci comanccnl le lobriqe de cest livre qui est appelle le divisemeat dou monde. Seingnors enperaor, et rois, dux ctmarquois, cuens , cheva- liers et bargions, et toutes gens qe volés savoir les déverses je- nerasions des homes et les devei^sitcs des déverses région dou monde , si prennes cestui livre et le feites lire , et chi * trovercs « m. toutes les grandismes mervoilles, et les grant diversités de la grande Ilarminie et de Persie et des Tartars et Indie, et des maintes autres provinces , si con notre livre voz contera por or- dre apertemant , si come messer March Pol saj.es et noble ci- laiens de Yenece raconte , por ce que à sez iaus meissme il le voit. ÎNIcs auques hi ni a qu'il ne vit pas : mes ill cnfcndi da homes citables et de vérité. Et por ce metreron les chouscs veue por veue, et l'entendue por entandue, por ce que noire livre soit droit et vertablcs sanz nulle mensonge ; et chascuns que cest livre liroie ou boiront , le doient croire , por ce que toutes sunt chou- ses vertablcs. Car je voz fais savoir que puis que notre sire Dieu pasme * de sez mainz Adam noire premier père jusque à cestui «Pctiit. ( o point , ne fu cristienz , ne païens , ne Tartar , ne Yndiens, ne niil/. homes de nulle generasion que tant scust ne cherchasl de les dé- verses partie dou monde et de les grant mervoilles come cestui messirc Marc encherce et soi. El por ce dit-il à sol meisme que Irop seroil grant maus se il ne fcist mètre en ccritui'c toutes les granz mei'voilles qu'il vit et qu'il hoï por verilcs, por ce que les autres jens que ne le virent ne sevent , le sachent por cest livre. Et si voz di qu'il dcmora à ce savoir en celles déverses parties et provenccs bien vint et sis anz , lequel puis demorant en le » l'ri'on. charthre* de Jene, fisl retraire toutes cestes chouses à messire Rus- tacians de Pise que en celle meissme chartre estout , au tens qu'il avoit 1298 anz que Jezu eut vesqui. CHAPITRE II. Cornent meser INicolao el meser ^lafco se partirent «le Gostanlinople por cer- cher dou inonde. Il fu voir que au tens que Baudoin cstoit enpei'aor de Gostan- tinople, ce fu aies i2.'5o anz , mesirc INicolao Pol que père me- sire March estoit et messire Mafeu Pol que frère meser Nicolau cstoit, cesti deus frères étoient en la cité de Gostantinople, qui i estoient aies de Vencse con leur merchandie : nobli et sajes et por- veant estoient san faille; il ont conseil enlr'aus, et distrent qu'il vuelent aler en la mer greingnor por gaangncr et por fer leur profit, etadonc achatoent plusorz joiaus et se partirent de Gos- tantinople in une nc's, et s'en aient en Soldadie. CHAPITRE III. Cornant messcr Nicolao et messer Mafeo se partirent de Soldadie. Et quant il furent demoiré en Soldadie, auques il distrent que il hiront encore plus avant, et que voz en diroie ? il se partirent (3 ) de Soldadie, et se mistrcnt en chemin et chevauchen tant qu'il ne trcvenl aventure que amcnlovoir face , qu'il furent venu à Barca Caan que sire esloit d'unfi partie de Tartar , qui cstoit à celui point à Bolgara et à Sara. Ccslui Barchn fist grant honore à mcsser Nicolau et à mcsscr Mafeu et moût ot grant Iccsse de leur venue. Les deus frers li donnent toutes les joiaus qu'il avoient aportés. Et Barch le prist mult volentiers, et li plcient outre mesm-e. Il en fait leur doner bien deus tant qc les joiaus ne va- loient. Il les cnvoia à parer en plosor parties, e furent mont bien pares. Et quant il furent demorés en la tere de Barca un an , adonch sordi une ghere entre Barca et Alau , le sire des Tartar dou levant. Il ala le un contre le autre con tout lor effors. Il se conbatirent enscnle et hi ot grant maus de gens et d'une parte et d'autre; mes au dereain la venqui Alau. Et por l'achaison de celle bataille e de celle ghere , nulo home ne poit aler per che- min qui ne fust pris , et ce cstoit deverz dont il estoient venu ; mes avant pooient-il bien aler. Et adonc les deus frei's distroient entr'aus , puis que nos ne poons retorner à Gostantinople con notre mercaandie, or alon avant por la voie dou Levant , si po- rons retorner au taes'se *. Hz s'aparoillent et se partirent de Ba- ? g,, „ cara.e s'en aient à une cite qui avait à nom Ouchacca qui estoit la tin dou reingne dou sire dou Poncnt. Et da Oucaca si parti- rent et pasent le flum de ïigri et alerent por un dczcrt qui estoit loue dix et sept jornce. Il ne trovexit villes ne castiaus , for seu- lement Tartars con lor tentes qui vivoient de lor bcstes. CHAPITRE IV. Cornant les deux fiers passent un dezerl, et vernirent à la cité de Bucara. Et quant il ont passé cel dezert , adonc furent venu à une cité kl est apellé Boccara , moût noble et grant. La provence avoit aussi à nom Bucara. En estoit roi un que avait nom Barac. La cite' estoit la meior que fust en toute Persie. Les dons frers, quant ( i ) il furent vinu à ccst cité , ils ne posircnl plus aler avant ne lor- ner arcre, et por ce hi demoient trois anz. Et endcmentîer qu'il hi demoroicnt , adonc hi vint un mcssajes d'Alau le sire dou Le- vant qui aloit au grani sire de tous les Tartars Ve avoit à nom Cublai. Et quant ces messajes voit mcsser INicolao et mcser Mafeo, il na grant mervoille, por ce que jamès ne avoient veu nul latin en celle contrée. Il dist al deus frers : Seingnors, fet-il, se vos me volés croir, vos en aurés grant profit et grant honor. JaQS deus frers li distrcnt que il le créeront voluntier , por coi elle soit chouse que il le pcusent fair. Le mesajcs lor dit : Sein- gnors, je voz di que le grant sire des Tartarz ne vit unques nul latin , et a grant desider et volunté de veoire , et por ce se voz volés venjr avec moi jusque à lui , je voz di qu'il voz verra molto voluntcr, et voz fira grant honor et grant bien, et pores venir sauvemant avec moi sanz nul engonbramcnt. CHAPITRE V. Comanl les deus frers trcvcnt les mcsajes au grant Kaan. Quant les deus frers ont cntandu ce que ccst mcsajes lor avoit dit, il apresta elz et distrcnt que il vont voluntcr avechlui. Et atant se mestrent à la voie con cest mcsajes et alcrent un an por tramontane et por grec avant que il fussent là venu , et trovent grant mcrvoillcs et di-vcrses coses, lesquclz ne vos con- teron ci , por ce que mcssicr March fil de meser Nicolau que toutes cestes choses vit, ausint le voz contera en cest livre avant apertcmant. CHAPITRE M. Cornant les deus frers vcndrcnt au grant Kaan. Et quant mesere Nicolau et mesere Mafeu furent venu au grant selngnor , il les leceut honorablemente et fait elz grant ( ■'> ) joie et gran feste. Il a moût grant Ic'esse de lor venue. Il les demande de maintes coscs : primermant de les emperaors, co- rnant il mantent lor segnorie et lor tere in justice , et cornant il vont à bataile et tous leur afer; et après lor df^mande des rois et des princes et d'autres baron. CHAPITRE VII. Cornant le grant Kaan demande as deus fiers des afer des Cristicnz. Et après lor demande de meser l'Apostoille et de tous les fais de le Yglise romane, et des tous les costumes des Latin. Et mes- sere Nicolau et meser Mafeu lui distrent toute la vérité de chas- cun por soi bien et ordrc'cmant et sajement, come sajes homes qu'il estoient, ke bien sivoient la lengue de Tartarz et la Tarta- resce. CHAPITRE VIII. Cornant le grant Kaan envoie les deus frers por ses mesajes à l'Aposloille de Rome. Et quant le grant sire que Cublal Kaan avait à nom, qui estoil scingnor de tous les Tartarz do monde , et de toutes les pro- vinces et rengnes et région de celle grandisme partie do sccle , ot entendu tous les fais des Latin , si come les deus frers li avoicnt dit ben et apertemant, il li plet outre mesure. Il dit à soi racisme qu'il envolera mesajes à l'Apostoile. Et adonc prie les deus frers que il ailcnt en ceste mesajcrie cum un de sez baron. Il li répondirent que il firont tôt son commandamant con de lor segnor lige. Adunc le grant sire fait venir devant soi un de sez baron qui avoit à nom Cogalal, et li dit qu'il vuclt qu'il aille avec les deus frers à l' Apostoil. Celui le dit : Sire , jeo son votre home, e sui por fair tôt votre commandamant à mun poïr. Après ce le grant sire fait faire sez chartre en langue torques por envoler à (6) l'Apostoil, et les baille as deus frères et à son baron , et a lor en- chargé ce ke il vuelt qu'il (lient por sa part à l'Apostoille , et sa- * L'ambassade chics que cnlc chartrc se contenoit et en la bastrece qu'el il oites *. enfelldrer"' H Hiandoit dcsant à l'Apostoile que il li deust mander jusque à cent sajes homes de la cristiene loy , et que encore seusent les sept ars , et qe bien seusent despuer et mostrer apertamant à les ydules et à ks autres conversation de jens , que tout autrament et toutes les ydres qu'il tient in lor maisson et adorent , sunt coses de diables , e ke bien seusent monstre clermant por raison, qe la loi cristiene est meior ke la lor. Encore encharge le grant sire as deus frers qu'il li deussent apo'rter de l'olio de la lanpe que ard sor le sepoucre de Deo en Jérusalem. En tel mainere con vos avez oï se contenoit en l'ambaxc'e ke le grant sire envoie à l'Apostoile por les deus frers. CHAPITRE IX. Cornant le grand Kaan doue as deus frères la Table d"or des commanderaens. Et quant le grant sire ot enchargés as deus frers et à son ba- ron tôt l'ambaxée k'el mande à l'Apostoille , il fait lor doner une table d'or en laquel se contenoit ke les trois messajes en toutes les pars que il alaissent lor deust cstre donnée toutes les mcssion que lor bazongnoit et chevalz et homes por lor escordre de une terre ad autre. Et quant messer Nicolau et mcser Mafeu et l'autre mesajes furent bien apareliés de toutes les chouscs ke lor estoient beisoz, il pristrent conjé au très grant sire, puis montent à chevalz et se mistrent à la voie. Et quant il furent chevauchiés auquant , adonc lo baron tartar que avec les deus frers aloit, chéi amalaides, et no puet seuir la voie et remese à une cité. Et quant meser Nicolau et meser Mafeu virent que celui estoit amalaides , il le lairent et se mistrent à la voie ; et voz di que il estoient servi et honores en toutes les pars où il (.7 ) aloient de toute ce qu'il savoient commander. Et c|uc voz en di- roie? il clievachercnl tantpor lor jornée ke il furent venu à Laias, et voz di qu'il hi poinent alcr trois anz , et ce avint por ce k'il ne pooient toutes foies chevaucher por le mans tens , et por les nois* et por les fluns qui estoient gitans. *Mciges. CHAPITRE X. Cornant les deus fiers vcndreiil à la cile d'Acri. Et de Laias se partirent et s'en aient ad Acri, et hi joingent dou mois d'avril aies 1 260 ans de l'ancarnasion Jczucrit , et tro- vantquemes'er l'Apostoile estoit mort. Et quant ÎSicolau et meser Mafeu ont trovc Ice l'Apostoile estoit mort que avoit à nom ( Cle'- ment IV) il alerent à un sajes clercs ki estoit légat por le Yglise de Rome en tout le rengne d'Égiptc. Il estoit home de grande auto- rité , et avoit à nom Teald de Plaienze. Il 11 distrent l'ambasce por coi le grant sire des Tartarz les envoie à l'Apostoille. Et quant le Icgat ot entendu ce ke les deus frers li avoient dit , s'in a grant mei-vo~ie , et li senble que ce soit grant bien et grant honor de la crestenté. Il dit as deus frers ; Seignors , feit-il , voz vee's que l'Apostoille est mort , €t por ce vos covendra sofrir juscjue tant ke Aposloille sera. Et quant pape seroit , voz porois faire votre embascce. Les deus frers que bien voient ke le légat disoit vérité , distrent que endementier ke Apostoille sera apelcs , il vuelent aler à Venisse por veoir lor mesnie. Et adonch s'en par- tirent d'Acri et s'en aient à Negrcponte , et de Negrepont se par- tirent en une nés , et najerent tant k'il furent venu. Meser Nicolau treuve que sa famé estoit morte , et les remès un filz de douze anz que avoit à nom Marc , et ce fut celui Marc de cui cestui livre paroile. Meser Nicolau et meser Mafeu demorent à Venese encor deus anz por atendre ke Apostoille fust. ( 8 ) CHAPITRE XI. Cornant les deus frères se partirent de Vcnese por reîorner au granl Kaan , e menèrent avec elz Marc scz filz nicser Nicolao. Et quant les deus frères ont tant atandu con voz avc's oï, et il voient que Apostoille ne se fasoit , il distrent que desormès po- roicnt-il tropo demorer por retorncr au grant Kaan. Adonch se partirent de Venese et moinent avech elz Marc son filz et s'en aient tout droit ad Acri , et lii trovcnt le légat que desoure voz ai contez. Il parolcnt con elz de ccstc cosos assez , cl U demandent conjc d'alcr en Jérusalem por avoir de l'olio de la lanpe de Crist , de quoi le grant Can li avoit prie'. Lo legaut donc elz conjé qu'il doient aler. Adonc les deus frères se partirent d'Acri et aient en Jeruzalem , et ont de l'olco de la lanpe don sepolcro de Crist. Il s'en .retornent au légat en Acri , et li distrent : Sire , puis que nos ve'on que Apostoille n'est , nos volun retorner au grant sire , por ce que tropo avim'tlemorc. Et meser lo légat que des grcin- gnor sire de toute la Yglise de Rome estoit, dist elz , puis ke vos voles retorncr au grant sire , il me plcl bien. Adonch fist sez lec- trcs et sa embasce por cnvoier au ^rant kan , et tesmonge co- rnant mcsiere Nicolao et meser Mafeu estoient venu por faire sez embasce ; mes por ce ke Apostoille n'estoit , ne l'avoient pu faire. CHAPITRE XII. Cornant les deus frères aient à rApostoille de Rome. '/ . ' ' Quant les deus frères ont eu les letres dou légat , et il se partirent d'Acri et se mistrent à la voie por retorner au grant sire , ils aient tant qu'il furent venu à Laias , et quant il furent là venu , il ne dcmore gueircs que cestu Icgat fut esleu apostoille , et s'apcloit pape Gregor de Plaience. Les deus frefs en ont grant (9 ) léesse , et après ce ne dcmore gucircs ke un messajes vint à Laias por part do légat qui esloit csleu pape , à mcser Nicolau et à me- sere Mafeu , et lor mande disant que se il n'esloient ale's , qe il deuesent à lui torncr. Les dcus frcrs oni de ce grant joie , et distrent que ce firont-il voluntcr. Et que voz en diroi ? Le roi d'Armonie fist armer une galée as dcus fi'crcs , et les envoie ao légat honorcemant. CHAPITRE XIII. Comant les dcus frères et Marc vindrent à la cité de Clemeinfu là ù le grant Kaan cstoit. Et quant il furent venu ad Acri , il s'en aient à mcser l'apos- toille , et se humilcnt moût ver lui. Mcser raposloille les reccut honorcemant et lor donc sa benesion , et fait lor joie et feste. Adonc l'apostoile done'e à meser Nicolau et meser Mafeu deus frères prechéors qc bien cstoient les plus sajcs que en tute celle provence fuissent L'une avoit nome frer Nicolau de Yicense, l'au- tre avoit nome frère Guilielme de Tripule. Il donc elz brevilejes et carte et sa enbasce de ce qu'il voloit mander au grant kaan. Et quant meser Nicolau et meser Mafeu et les deus frères prescéor ont receu les brevdccs et le carte et l'ambaxae de mcser l'apos- toille , il se font doner sa benedicion , puis se partirent tuit , e quant e com elz March le fd mesere Nicolau. Il s'ennalent tôt droit à Laias. Et quant il furent là venus , adonc Bondocdaire qe soldan estoit de Babclonie vent en Arminie con grande host , et fait grande domajcs por la contrée ; et ceste mesajes furent en aventure d'estre mors. Et quant les deus frers prescaor virent ce , il ont grant dotance d'aler plus avant. Adonc distrent que il ne iront mie. Il donent à mesere Nicolau et à mesere Mafeu tous les brevilés et cartlie k'il avoient , et se partirent d'elz et s'en aient avec le mcstre deu temple. ( lo ) CHAPITRE XIV. Cornant les dcus frcrcs cl Mardi aient. Et mesere Nicolau cl meser Mafcu et March le filz ISicolau se mistrent à la voie et chevauclient tant et de ver et d'esté k'el furent venus au grant kan que adonc estoit à une cité k'estoit apclé Clemeinfu , qe moût estoit riche et grant , et ce que il trovenl en la voie ne voz firon mciicion , et porce qe noz le voz conteron en notre livre avant tout per ordre. Et si sachiés que il poinent à aler bien trois anz et dimi , et ce fu por les voies et por le pluie et por les grant fluns , et por ce qe il ne poicnt che- vaucher de yver como d'estié , et il voz di por vérité que quant le grant can soie que •mesere Nicolau et meser Mafeu vcnoienl, il envoie sez mcsajcs contr'aus bien quarante jornée , et moult furent servi et honores de tuit. CHAPITRE XV. Cornant les deus frcres et Marc ( qui ) se partirent d'Acri ( trovenl ) le £;raiit Kan en palais. Et que voz en diroie ? Quant mesere Nicolau et meser Mafeu et Marc fiu'ent venu en celle grant cité , il s'en aient au mestre palais là où il treivent le grant kaan à moût grant conpagnie de barron. Il s'enjenoilent devant lui et se humilient tant con il plus puent. Le grant kaan les fait drecer en estant et les receuthono- rablemant , ctlor fait grant joie et grant feste , et moût les de- mande de lor estrc et cornant il l'avoient puis fait. Les deus frers li distrent ke il l'ont moût bien fait , puis que il l'ont treuvé sain et haitiés. Adonc li prézentent les breviles et les letres qe l'apostoille le envoie , desquelz il ot grant Icesse , puis li bailent le saint olco de cui il fist grant joie, et le tient moût chier. Le grant Kaan , quant il voit March qi estoit jeune bachaler , il demande ( •> ) ki est. Sire , fait mcser Nicolao , il est mon filz et vostre home. Bien solt-il venu, fait-il le grant Can. Et por coi voz firoie lonc cont ? Sachiés tout voiremant qe moût fu grant la joie et la feste ke fait le grant kaan et toute sa cort de la venue de ccste mesajcs , et molt cstoient servi et honores de tuit. Il dcmorent en la cort et avoicnt honor sor les autres baronz. CHAPITRE XVI. Coinant le grant Kan envoie Marc por scz mesajcs. Or avint que March le filz messer Nicolao enprant si bien le costume de Tartars et lor langajes et lor lettres , car je voz di tout voiremant que avant grament de tens , puis qu'il vint en la cort dou grant segnor , il soit de langajes et de quatre letros , et scriture. Il estoit sajes et provéanz outre mesure e molt li voloit grant bien le grant kaan por la bonté k'il véoit en lui e por le grant valor. Et quant le grant kaan voit ke March estoit si sajcs , il le envoie mesajcs en une tere que bien hi poine aler six mois. Li jeune bazaler fait sa enbasée bien et sajemant , et por ce qu'el avoit veu et hoïplusors fois que le grant kan , quant les mesajcs k'il mandoit por les diverses parties dou monde , quant il retor- noient à lui et li disoient l'anbansée por coi il éloit aies , et ne li sa voient dir autres novelcs de les contrées où il estoient aies , il disoit elz q'il estoient foux et non saichant , et disoit que miaus ameroit hoïr les noveles et les costumes et les usajcs de celle estrajes contrée qu'il ne fasoit oïr celz por coi il li avoit mand('. Et Marc ke bien savoie tout ce , quant il ala en celé mesajarie , toutes les manières et tûtes les stranges chauses qu'il avoit , mettoit son entent por coi il le seust redire au grant Kaan. ( '2 ) CHAPITRE XVII. Cornant Marc lorne de sa niesajaric ci renonse au grant kaan. Quant March fu rctornc de sa mesajarie , et s'en vait devant le grant kan et li renverse toute le fait por coi il estoit alc's et ravoitachcve'e moult bien ; puis li dit toutes le novilcs et toutes le coses qu'il avoit vcuz en celc voie si bien et sajemant qe le grant kan et celz tuit qe l'oient , en unt grant mervoie et distrent en- tr'aus, se ccst jeune vif por aajes, il ne puet falir qu'il ne soit home de grant scnz et de grant valor. Et que voz en diroie ? De cest messajarie en avant fu appelé le jeune meserc Marc Pol, et ensi le apelara desormès nostrc livre-, et ce est bien grant raison , car il estoit sajes et costumes. Et por coi voz firoie-je lonc conte ? sa- chics tout voiremant ke messcr Marck demore avec le grant kan bien dix et sept anz , et en tut cest terme ne fint d'aler en mesa- jerie : car legrantkaan , puis hil voit que messierMarc li aportoie si novclcs des tûtes pars et que achevoit si bien toutes les bizongnes por coi il l'cnvicit , il por ccst raison toutes les bones mesajerie et le longaincs toutes donnoit à mcser Marc , et il achevoit molt bien la beisongne , el li savoit dir maintes novitcs et maintes cs- tranges chouscs, et le grant kan li plasoit tant l'afer de meser Marc qe il le voit grant bien et li fasoit si grant onor , et le tenoit si près de soi qe les autres baron en avent grant enoie. Or ço fui la raison por coi mcser March sez plus de celcs couses de celle contrée que nulz autres home, qu'il cherce plus de celés estrangcs parties ke nulz omes keunqes nasquist , et encore qu'il hi mettoit plus son entent à ce savoir. CHAPITRE XYIII. Cornant mcser Nicolao c niescr Mafeo e mcser Marc demandent conjé au kan. Et quant messere ISicolau et meser Mafeu et meser March furent demorez avech le grant kan tant con voz avés oï, il dis- ( i3) %k;nt enlr'aus q'il voloicnt rclourncr en lor contrée. Il deman- dent plusors fois parole au grant kaan , et l'en prient moût doucement; mes les grant kan les amoit tant et li tenoit si vo- lunticrs enter lui q'il ne lor donoit paruile por ren dou monde. Or avint que la raine Bolgara, que famé Argon estoit le sire dou Levant , se morut , et celé roine laisse por sien testamente ke nule dame ne peuse seouir en sa chaire ne estre famé d'Ar- gon se ne fust de son legnas. Adonc Argon prist trois sez ba- ronz liquelz avoient à non ensint : le primer Oulatai , le scgont Apusca , le titres Coja. Il les envoie au grant kan con moût bielle conpagnic , por coi il deuest envoiere une dame que fust dou lingnas de la roine Balgana sa famé que mort estoit. Et quant les trois baronz furent venu au grant kan , si li distrent lo por coi il estoient venu. Le gi-ant kan les reccut honorable- mant , elz fist joie et fest , puis mande por une dame ke avoit à non Cogatra , qe estoit dou legnage à celle roine Balgana qui estoit gcune de dix sept anz , moût bien et avenant. Il dist as trois baronz ke ceste dame estoit celle qu'il vont querant. Celz distrent que ce plet lor bien, et atant meserMarc torne de Ynde por moût déverses mer , et conte maintes noveles de celle con- trc'e. Et les trois baronz que unt veu mescr ÎNicolau et mesere Mafeu et mesere Marc qui estoient latin et sajes, adonc distient entr'aus qu'il -vuelent k'il ailent con elz por mer. Il aient au grant kaan et li demandent en grâce que il li deust envoier por mer , et qu'il mandest avec elz les trois latin. Le grant kan que tant amoit cesti trois , çome voz ai contc's , à grant envie fait elz celle grâce et donc congi as trois latin qu'il alaisent auvech celz trois baronz avec ccle dame. ( '4 ) CHAPITRE XIX. Ci devise comment meser Islcolao et mcser Mafco et meser Marc se partirenl dau giant Kan. Et quant le grant Kan voit que mesere Nicolau c mesere Ma- feu et meser March se doient partir , iUes fait venir tnit et trois devaVit soi et lor donc dcus tables con comandamant qu'il fuis- sent franc por toute sa tcre et là ouques il ailarent deusent avoir la despense por elz et por lor menc'c , el cncharge elz cnbasce a l'Apostoille et au roi de France , et au roi d'Espagne et aus autres roi de crcstenée ; puis fist aparoillcr quatorze nés , les- quels avoit chascune quatre arbres et maintes foies aloient à douze voiles , et voz poroie conter bien conmant , mes por ce que trop seroit longaine matere , ne le voz mento^Tai à cestui point. Et quant les nés furent aparoilk's , les trois baron et la dame , et mcser Nicolau et meser Mafeu et meser IMarc pristrent conjé au grant kan , et se rccogcnt en les nés à moût grant gent , (Dcus.) et le chan fist elz doner la spcnce por dix* anz. Et qe voz en dii-oi ? Il se mistrent en la mer et najerent bien trois mois , tani k'il -N-indrent à une ysle qui est ver midi , ki a nom Java , en laquel ysle a maintes mcrvelies couses , Icsquelz voz conteroi en ceste livre. Puis se partirent de cel isle, et voz di qu'il najerent por mer de Jndie bien dix huit mois avant ke il fuissent venus là où il voloient aler , et trovcrent maintes grant mervoiles qe encore le voz conteron en cel livre. Et quant el furent là venu , il trovent qe Argon estoit mors , dont la dame fu doné à Cazan le filz Argon ; et voz di san fail que quant il cntrarent es nés , il furent bien six cent persones sanz le marincrs , tuit morurent for solcmant dix huit. Il treuventke la seingnorie d'Argon tenoie Chiato. I les recomandent la dame , et firent toute lor enbasée et lor mcsajarie. Et quant mesier ÎSicolao et meser Mafeu et mesere Marc ont faites toutes la bizonge de la dame et les me- ( i5) sajerie ke le grant kan lor avoit encliargiés , il pristrcnt conjé el se partirent et se mistient à la voie , et si sachiés tout voira- mant qe Achatu donc à celz trois mesajcs dou grant kan , ce furent meser Nicolau et. mesere Mafeu et meser Marc , quatre table d'or comandamant, les dou de gerfaus et le une de lion , et l'autre estoit plaine , ke disoient en lor letre qe cesti trois mesajes fuissent honorés et servi por tout sa tcre conme son cors meesme et qe chevalz et toute despense et toute escorte fuisent lor doné. Et certes ensi fa fait , car il ont por tôt sa tere chevalx et des- pense el toutes couses bizognables bin et largcmant : car je voz di san faille qe maintes foies lor estoit donés deus cens homes à chevalx et plus et moin selon que buçongnoit por lor escordre por aler séur de une tere ad autre , et ce estoit bien bizonz por ce que Acatun'estoit lige scingnor, et por ce les jensn'estiroient* * N.> s'abste de fer maus ausi com il ieistent se il ausent seingnor lige. Et encore voz di un autre chouse ke bien fait à mentovoir por le onore de ccst trois mesajcs. Car je voz di tout voiramant qe meser INIafeu et meser Niolao et meser Marc on si grant segno- rie con jeo voz dirai , car sachie's ke le grant Kan se foit * tant * Fioit. de lez* et lor voloit si grant bien qu'il lor fie la roine Cocacin et encor fie sa * fille au roi dou Mangi , qu'il le deusent mener ad * La. Argon le sire de tous le Levant , et il ensi le font , car il le moinent por la mer , ensi con je voz ai contés en ariens , con tantes jens et con si grant despense. Et si voz di qe cest deus grant dames cstoient en la manaies de cesti trois mesajes , car il le fasoient sauver -et guardcr , ce ele fuissent lor files , et les dames que moût estoient jeune et belle , tenoient cesti trois por lor pcre , et ensint les obeient. Et cesti trois les mestrent en les mainz de lor baron. Et si voz di con toute vérité que la roine Cocacin que feme à Casan est, que orendroit rengne son baron. Casan et elle vuelt si grant bien as mesajes qu'il n'est chouse que elle ne feisse par elz , come sien pères meesme. Car sachiés ke quant cesti trois mesajes se partirent de elle por retorner en lor ( i6 ) païs , que ele lerme de pi lie' por lor departiment. Or voz ai contes une chouse ke bien fait à loer , quant à cesti trois mesajes furent afie's tiel deus dames por mener à lor baron de si longaine par- tie. Or voz laieron de ce , et voz conteron avant. Et que voz en diroie .■' quant les trois mesajes furent parti de Cocatu , il se mistrent à la voie et cavachent tant por lor jornce ke il fu- rent venu à Trepisonde , et de Trepesonde s'en vindrent à Goslantinople , s'en vindrent à Negrepont et de Negrepont à Venese , et ce fu as mil deus cens quatre vingt quinze anz de l'ancarnasion de Crist. Or puis que je voz ai contez tôt le fat * Commencerai- dou proleguc cnsi con VOZ avés oï, adonc cometerau* le livre. CHAPITRE XX. Ci devise de la pitele Arménie. Il est voir qu'il sunt deus Harmenies , une grant et une pitete. De la pitete en est sire un rois que mantent bien la tere en justice , et est sout-post au Tartar. Il hi a mantes viles et mantes cas- tiaus , et hi a de toutes chouses en grant abundanze ; encore est tere de grant solaze de tute cazes et de bestes et d'osiaus ; mes si voz di k'ele n'est pas saine provence , mes enferme duramant. Et ansienemant les jentilz homes estoient vaiiant et prodomes d'armes ; mes horendroit sunt il chctif et ^àJz , et ne ont nulle bonté , for qu'il sunt buen bevéor. Encore hi a sor la mer une ville ki est apellé Laias , laquai est de gran mercaandie : car sachics tout voiremant qe toutes le speseries et les dras de * Euphrate. Fralerc * se portent à ce ^i\\e , et toutes autres chier coses , et les marcaandies de Venese et de Jene et de toutes pars hi vinent et l'acatent. Et tous homes et mercans ke \-uelent aler en fra- terre , prenent lor voie de ceste ville. Or voz avon conté de la pitete Ermine , et après voz conteron de Turcomanie. ( 17 ) CHAPITRE XXI. Ci devise de la provence de Totcomanie. En Turcomanie ha trois jenerasion de jens : ce sunt Turco- mams que aliient Maomct et tenent sa loy , et siinl simple jens et ont brut lengajcs. Il demorent en montagne et en landes là où il savent qui haie buen pasquor , por ce qe il vivent de bestiaus. Et voz di qu'il hi naisent buen chavalz Turcomam et bon mul de erant vailaiizc. Et les autres jens sunt armin et erezois * que mes- * Armcniins ti Icemant demorent com aus en viles et en casteus , et vivent de mercaandie et d'ars. Car sachie's que il hi se laborent le souran tapis dou monde et li plus biaus ; il ist laborent encore dras de soie cremosi et d'autres color moût biaus et riches et de maintes autres causes , ausint les sien nome cité est le Como , Casserie , Sevasto, et encore hi a maintes autres cités et causteus, lesqualz ne voz conterai , por ce ke trop feroic longaine materie à mentovoir. Il sont post au Tartar dou levant , et cil hi met sa scgnorie. Or laison de cest provcnze et parleron de le grant Arménie. CHAPITRE XXII. Ci devise de la grant Arménie. La grant Arménie est une grant provence. Elle comance d'à une cité ki est apelé Arzinga , en laque! se laborent les meilior bocaran ke soit au monde , et hi a les pius biaus bangnes et les mciliors d'eive surgent que soient au scicle. Les jens sunt Armin et sunt homes do Tartar. Il hi a manies castaus et cités. Les plus nobles cités est Arzingal que arceveschue ; l'aulres sunt Argiron et Darzizi. El est moût grant provence, et voz di ke le este hi demorent toute le hosle dou Tartar dou Levant, por ce ke en ceste provence ha moût bon pasquor l'esté as bcstcs , et por ce 3 ( i8) que dcmorent le Tartar con lor bestes restée , mes riiivcr ne i dcmorent pas por la giant fioidure de la nois q'en i a outre mesure , dont les bestes n'en poroi vivere. Et por ce se parti- rent le Tartar l'inver, et s'en vont es Icu chaut, là e trovent grant erbes et buen pasquor por les bestes ; et encore voz di ke en cest grant Erniinie est l'arche de Noé sor une grant mon- taigne. Elle confine dcver midi en ver levant con uno roiames qui est apele's Mosul , kc sunt jens cristienz. Ce sunt Jacopins et Nestorins desquclz voz en conterai en avant. Dever tramontane confines con Jorgiens desquelz voz en parlerai encore avant. Et à ceste confine dcver Jorjcns ha une fontane ke sorze oleo en grant abundancc , si que cent nés hi kargent à une foies , mes il n'est pas bon à manger , mè il est bon à ardoir , et à ongev les * Clmmeaui. giamiaus * por la rogne et por le farborcs , et vienent les homes de moût loingne por cesto olio , et lot la contrée environ ne ardent autre olio ke cest. Or laison de la grant Harmenie ^ et voz conteron de la provence de Jogies. CHAPITRE XXIII. Ci devise dou rois des Giorgiens et de lor afere. En Jorgienie a un roi qi est apelés par tout tens Davitmelic , que veut à dir en fransois Davit roi , et est sotpost au Tartar, et ansienement tuit les rois de celé provence nasoicnt con un sein- gne d'aigle sor l'aspale destrc. Il sunt belle jens et vailant d'armes, et bon archier et bon conbateor en bataie. Il sunt cristicns et de la loy Grezois. Les chevoil portent peitct à mainere de clergés , et c'est la provence kc Alexandre ne poit paser quant il vost aler au ponent, por ce que la vie est eslroit etdotose : car de l'un lés est la mer , et de l'autre est gran montagne que ne se poent ca- Vole. vaucher. La vie * est moût estroit entre la montagne et la mer , et dure cest estroit vie plus de quatre liegues , si ke pou homes ( 19) tendront le pas à Lout le monde. Etcefol'acaxonporcoi Alexandre ne poet passere , et voz di ke Alexandre hi fit fermer une tore et hi fist une fortèze por coi celle jens ne poesent pasere por venir sor lui , et fu apcllc la port dou fer , et ce est le leu que le livre Alexandre conte cornant il enclouse les Tartarz dedenz deiis montagnes , et ce ne fu pas voir qu'il fuissent Tartar , mes furent une jens qui esloient apeilés Comain et autres jenerasion assez : car Tarlarz n'éloient à celui tens. Il hi a viles et caustaus ase's , et ont soie en granl abondanze , et hi si laborent dras de soie et dras dorés les plus hiaus kc homes veise unqucs. Il a les meillor aslor dou monde. Il a de toutes couses habundanzc et vivent de mercandie et de labor. La provence est toute plcne de grant mon- tagne et d'eslroit pas et de fort , si ke je voz di , qe les Tartar ne postrent unques avoir tout entermantla segnorie. Encore hi a un moncster de nonain ki est apelé Sant Lionard qui a une tel mer- vaie con je voz contera. Sachiés q'il hi a un grant lac d'eve qui vent d'une montagne de joste le yglise de Sant Lionard , et en celé eive ke vent de celé montagne en tout l'an ne se trove nul peson ne pcitct ne grant , for tant seulmant ke le primer jorno de quaresme commencent à vinir, et venent cascun jor de carcsme jusque à saba sant , ce est la vigille de pasche , et en tout cest termene i se trcvent peison asez ; mes en toutes les auti-es tens de l'an ne s'en trovent mie. Et encore voz di qe la mer que je voz ai conta , qui est juste la montagne est appelé la mer de Gle- vcshelan , et zire environ sept cent miles, et est longe de tous mer bien doze jornée , ethi met de denz le flu d'Eufrautes et maites autres flus, et est tout environée de montagne et de terre: et novelemant les marchians de Jene najerent por cel mer , car il n'ont mis leingn où il najerent , et d'iluech vint la soie ke est apellé gelle. Or voz avoz contés de les confm d'Arménie dever tramontane , or voz volun conter de le autre confin qe sunt entre midi et levant. ( 20 ) CHAPITRE XXIV. Ci (levisL- dou roiauim.' de Mosul. Mosul est un grant roiamcs qu'il habitcnl plusors jencrasioii (le jens lesquclz voz deviserai orendroit. Il lii a une jcns ki est apellé arabique orent Maomct. Encore hi a un autre génération de jens ke tent la loy cristianc , mes non pas selone qe commande l'église de Rome , car il failenl on plusors couses. Il sunt apelés Neslorin et Jacopit. Il ont patriarche ke l'apelent Jatolie et ces- tul patriarche fait arcevcscheve et vescheve et abcs et tout * Piclais. ploies * et les envoie por toutes pars en Yndie et au Cata et en Baudac, ausint con fait l'Apostoille de Rome. Et si voz di ke toit les cristians qe voz en trovrés en toutes cestcs parties que je voz ai contes sunt Nestorin et Jacopit, et tout les dras de soie et dorés que sunt apellés mosulin se font iluec. Et encore voz di qe les grandisme mcrcaanz que sunt apelés mosulin que apor- tcnt les grandisme quantités de toutes chères espices , sunt de ceslui roiaumes desoure. Et en les montagnes de cest rengne demorent jens ke sunt apelés Card , que sunt de cristiens Nes- torin et Jacopit , le une partie sunt Sarain que aorent Maomet. Il sunt prodomes et mauveise jens , et robent voluntere les mer- caant. Or laison dou roiames de Mosul et voz parleron de la gran cité de Baudac. CHAPITRE XXV. Ci devise cornant la grant cité de Baudach fui prisse. Baudac est une grandissime cité là ù il est le calif de tous les * Chef. sarain dou monde , ausinl corne à Rome est le sciés* de tous les cristiens dou monde , et por mi la cité passe un flun moût grant et por ce hi flun poit bon aler en la mer de Yndie , et hi aient cl ( 2. ) virent les mercaant con lor mcrcandics, et sachie's ke le flun est lonc de Baiidac à la mci- d'Endie bien dix huit j ornée , e les mercaans qe vuelent aler en Yndie vont par cel flun jusque à une cite qui a non Chisi, et d'ilucc entrarent en la mer de Yndie. Et encore voz di ke sor cel flun entre Baudac et Chisi à une gran cité que a non Basera , et tout environ la cité por les bois naisent les meior dattal dou monde. En Baudac se laboient de mantes faison de dras dorés et de soie. Ce sunt nassit et nac et cremosi et de déverses maineres laborés ii bestes et ausiaus moût richemant. Elle est la plus noble cité et la greingnor que soit en toit ccle parties. Et si sachiés voiramanl qe au calif de Baudac se treuve le greingnor trczor d'or et d'argent et de précs pre- sioses qe jamès se trevast à home , et il dirai cornant il fui voir que entor i255 anz que Crist nasqui , le grant sire des Tartarz (jue Alau avoit à non , qe fu frère au granl sire que orendroit règne , asenble une grandisme host et vent sor Baudac , et la prist à force , et ce fu bien gran cose , por ce que en Baudac avoit plus cent mille chevaliers sen* les homes à pié ; et quant il oit prise , il trove au calif une tor toute plene d'or et d'argent et d'autre tesor , si que jamès non fu veue tant aune fois en un leu. Quant il veoit cest grant tezor , il n'a grant merveie c mande por le calif et fait venir davant lui, puis 11 dit: Calif, fait-il, por coi avois-tu amassé tant tesor , que douis - tu fair ? or ne savois-tu que je estoie ton nemi et que tes vencrit sourc con si grant host por toi déserter ? Quant tu ce savoie, por coi ne prcis- tu ton tesor et l'aust donés à chevaliers et à soldaer por toi dé- fendre et ta cité ? Le calif ne li responde ren , por ce cju'il ne savoit qfe deust dir. Et adonc Alau li dist : Calif, puis qe je voi qe tu amc tant le tesor, et je le te voi douer à mangere le tien meesme. Adonc fist prendre le Calif et fe lo mètre en la tor dou tesor, et comnande que nulle couse li soit donc à manger ne à hoir. Et puis li dit : Calif , or menue * de tesor tant con tu vou- * Mange dras puis qu'il te plaît tant , car jamès ne menueras autre cose ke ( 22 ) de cest tesor : après ce l'a elaisc en la tor là o il morut à cliief de ►Mieux. quatre jors. Et por ce seroit maus* valut au calif qu'il ausse doné son tesor à les homes' por défendre sa tcre et scz jens ke il fuse mors con toutes sez jens et deserités. Et de cesui calif en avant ne oit puis calif. Or voz diron de touns , et bien est - il voir que je voz poroi bien avoir dit de lor fait et de lor costu- mes ; mes por ce ke seroit trop longaine materie , voz ai abrivics mon dit , et por ce voz conteron autres couses grant et merv ei- osc si con voz pori oïr. CHAPITRE XXYI. Ci devise de la noble cité de Toris. Toris est une grant cité qui est en une provence qui est apelcs Yrac , en laquel a encore maintes cités et maint caustaus ; mais por ce ke Toris est la plus noble cité de celle provence , voz con- terai de son afar. Il est voir que les homes de Toris vivent de mcixandies et d'ars , car il i se laborcnt maintes dras à or et de soie et de grant vaillance. La cité si en si bucn leu ( que ) de Yndie et de Baudac et de Mosul et de Crcmosor et de maintes autres leus hi vient les mercandics et ilucch vienent maint mercant latin por acater de cheles mercandies ke hi venent des estrangcs païs. Et encore hi se acatent de pères presioses qe in grant abun- dance ici trove. El est cité que moût hi font grant profit les mercant mandant. Il sunt jens de poch afer et sunt moût meslée de maintes maineres jens. Ilha Armi, Nestori et Jacopit et Girogian et Persian et hencore lii a homes qui aorcnt IMaomct , et ce sunt le pueplc de la cité que sunt apelés Tauriz. La vile est toute muroné entor des biaus jardinz et de delctable plen de maint fruit et bucns. Les sarain de Toris sunt moût mauveis et des- loiaus. ( 23 ) CHAPITRE XXVII. De la grant entraile qe avint en Baudach cl de la montagne. Et encore voz volun conler une grant mervoie qe avint entre Baudac etMosul. Il fu voir ke aies 1275 anz de Tincamasion de Crist avoit un calif en Baudac qe volent moût grant maus as cristians , et jor et noit pcnsiut cornant il peuse tuit les cristianz de sa terc fer retorncr au sarazin , se ne que il les peust tuit fer mètre à mort, et de sez se conseioittozjorzcumsezregislesctcum sez casses , car tuit ensenble voloient grant maus à cristienz , et ce est couse véritable que tuit les Saracindou monde vêlent grant maus à tuit les cristianz do munde. Or avint que le calif con les sajes que enter lui estoient , trevent un ponte tel con je voz dirai. Il trevent qe en une evangclie dit que se il fuse un cristiens que aucse tant de foy quant il est un gran de sénevé que por sa prière kc il feise à son sognor Dieu , il firoit jonger* deus mon- «joindre. tagnes ensenbles. Et quant il ont ce trovc , il ont grant Ic'csc , por ce que il distrent que ce estoit couse de fer torner les cristianz sarazinz ou de meter les à mort tuit ensemble. Et adonc le calif mande par tuit les cristiez Nestorin et Jacopit que en sa tere estoient que moût furent grant quantité'. Et quant il furent devant le calif venu, il lor mostre cel evangelie et le fait lor lire , et quant il l'ont leu , il demande se il estoit ensi vérités. Les cris- tiens distrent que voiramant estoit -il vérité. Donc diles-vos fait le calif , que un cristienz que aiisse tant de foy quant est un gramans de sénevé , que por sez prier qe il feisse à son Dieu , il firoit jungere deus montagnes ensenble. Ce don nos Aoirrc- mcnte , feit les cristiens. Donc vos metrai-jc un parti davant, fait le calif, puis que voz êtes tant cristians, bien en doit avoir en- tre voz que aie une pou de foy ; dont je voz di , ou vous ferés remuer celle montagne que voz la véés , et lor monstre un mont que près estoit, ou je voz firai tuit morir à mala mors: car se ( 4) voz ne le faites mouvoir , adonc mostrerez voz ne aies poil de fov- Je voz firai tuit occire , o vos rctourncrcs à la nostre bone loy qe Maomct nostre profie nos donc , et autres foy et estre saives , et à ce faire vos donc rcspit de ci à dix jors. Et se à celui terme ne Taures fait, ouz farai tuit mètre à mort. Atant ne pa- role plus le calif et donc conje' à crislians. CHAPITRE XXVIII. Cornant les cristiens ont grant paor de ceke le calif lor avoil dil. Et quant les Cristians ont entendu ce qc le calif lor avoit dit , il ont mult grant ire et grant paor de morir , mes toutes foies il avoient bone sperance en lor criator que les aidera de cest granl pcrilz. Il furent à consoil tuit les sajes christiez qui estoicnt les proies , car il avoit vcsqucvé et arceveschcvc et preste ascz. Il ne poient prendre cunsoil for que prier lor scgnor Deu que por sa pieté et merce conseie en cest fait , et qu'il les escampe de si cruel mort comc le calif lor faroit faire se il ne firont ce que in lor demande. Che vos en diroie ? Sachiés voirmant que les cristicnz estoicnt tout jor et tutc noite en oracion et prient dévo- tement le savaor do ciel et de la tere qe il por sa pieté le deuese aider de cest grant perilz là où ils sunt. En cest grant oracion et en cest pregeres furent les cristianz huit jors et huit noitcs , mases et fcmes , pitct et grant. Or avint que endemcnticr que il estoicnt en ceste oracion , qu Fangcl ven en vision pour mesajes de Deu à un veschevo qe moût estoicnt home de santé vite II dit o ves- * Créature, chcvo : Or tc vais à tel cralantur* que a un iaus** , et à celui diix's ke la montagne se mue , e la se muara mantenànt. Et de ceste chabitier vos dirai que home il estoit et saive. Or sachiés de voir ïJeùnoli. qu'il estoit home molto onest et moût cast. Il dczjunoit* et ne fasoit nul peca. Il aloit toz jorz à la glisc et à la messe. Il donoit chascus jors du pan c]ue il avoit por Deu. Il estoit home de si ( 25) bone mainerc et de si santé vite , que le ne troyase un meior ne près ne lonse. Et si vos dirai une couse que il fist que lu en dist qe il soit bon borne de bone foy et de bone vie. Il fu voir qe il avoit plusor foies oï lire en sant vangelie qe disoit qe se le iaus te scandalizot à pechcre , ke tu le doit traire de la teste ou auvo- cher le , si q'el no te faza pechere. Avint qe un jorno à la maison de ccst zabater vent une bclla do femene por achater zabate , le mcstre li n'ose voir la gamba et le pc per veoir quelz zabate li fuissent bonez. Et adonc se fait mostrere la jamba et li pé , et la femene li mostre mantinant ; et san faille elle estoit si belle la jambe et le pé , ke de plus biaus ne demandes ; et quant le mestre qui estoit si bon comme jeo vos ai dit, ai vcu la jambe et le pé à ceste feme , il en fu tôt tenté por ce qe les iaus le voient volun- ter ; il lase alere la feme , et ne li vost vendre le ziulant , et quant la feme en fu aies , le mcstre dist à son mesme ; bai ! des- loiaus et traites , à cui penses-tu ? certe je en prenderai grant vangance de mes iaus ke me scandalizent , et adonc prent tout mantinant une pitete macque et la fait moût ague , et se done por me le mi* des iaus en tel mainer q'il se le crevo dedenz la teste , » Milieu. si k'el nou vi jamcs. En tal maineie con voz ara oï , cest zabater se gaste le un des iaus de la teste , et certe il estoit bien santissme home et bon. Or retornerom donc à nostre materie. CHAPITRE XXIX. Cornant l'avision vint à l'evesque qe la proierc dou zabater foit. , Or sachiés quant ceste avision fu venue plusors foies à cel ves- chevé , ke il deust mander por cel zabatero et qe celui por sa prier fara mover la montagne , cestui veschevo le dit entres les autres cristians tout le fait de l'avision que li estoit avenu por tantes foies. Et les cristiens tuit l'otrent fuissent venir davant elz cel zabatier , et adonc le firent venir , et quant il fu vinu il dis- ( 2G ) tient qe il volent qc il doie prier le segnor Deu q'el deust fair movcr la montagne , et quant cest zabaler oï ce qe le veschevé et les autres cristians li disoient , il dit qu'il n'est pas si bon home ke Dame ne Deu feisse por so preier si grant fait. Les cristiens le prient moût dolcemant ke douese fair ccle prière à Dieu. Et qe vos en diroie ? Il le prient tant ke il dit qu'el fara lor volunté , et fira celle prière à son criatore. CHAPITRE XXX. Conianl la prière dou crislicnz fist moverc la montagne. Et quant le jor dou termene fo venu , les christiens se lèvent bien por maitin et masles et fcmcs , pitet et grant. Il aient à lor église et cantent la sainte mese , et quant il ont canté et fait tout le servise dou nostre sire Dieu , il tuit enscnble se mcstrent à la voie à alere en plain de ccle montagne et portant la crois dou savator davanl elz. Et quant il furent tuit les cristiens venus en cest plain qui estoient bien cent mille , il se mistrent davant la crois de nostre Sire. Le calif hi estoit à si grant motitudine de Saracin qe ce estoit mervoie qui estoient venu por occir les cris- tiens , car il ne croient mie ke la montagne se remuase , e les cristienz tuit piteti et grant avoient grant paur et grant doute ; mes toutes foies avoient bone sperance en lor criator. Et quant toutes ccstes gens Cristienz et Sarasin estoient en cel plain , adonc le zabalcr s'cnjenocle devant la crois et tent sez mainz ver le cel , e prie moult son salvator que cel montagne se doie movoir et que tant cristienz come iluec sunt ne morisoit à maie morte. Et quant il oit fait sa preier , il ne demore mie guiers que la mon- tagne conment à deruiver et à mover ; e quant le calif et les Sarazin vient ce , il nont grant mei-x oie , et plusor s'en torncnt cristienz , et le calif mesme se fist cristienz , mes ce fut celée- * Au col. mant , mes qe il morut il se treuve une croxe à cuil * ; dont les (27 ) Saracin ne sevolent * es roube des autres calif , mes le mistrent «Ensevelissent. en autre leu. Encel mainere alaceste mervoile come il avés oï que la loi que lor profete Maomet a lor donc comande qe tout le maus qu'il puent faire à toutes jens qe ne soient de lor loy et tout ccl qe il puent lor tolir , n'en unt nul pechic's , et por cest couse foroient-il moût maus , se ne fuse por la segnorie ; ettuitcs les autres Saracin dou monde se mantinent en ceste mainere. Or laison de Tauris et ( Baudac et) conmenceron de Persie. CHAPITRE XXXI. Ci comance de la granl provence de Persse. Persie est une grandisime provence , laquale ansienamant fu mut nobles et de grant afer ; mes orcndroit les hont destruite et gasté les Tartarz. En Persie est la cité qui est apclé Sava de laquel se partirent les trois mais quant il vindrent ahorer Jesu- crit. En ceste cite' sunt soveliz les trois mais en trois sepouiure moût grant et bêles , et desor la scpouture a une maison quare's et desourc n'ont nuit bien curés et est le une juste l'autre. Les cors sunt encore tuit entières et ont chuoilz * et barbe. Le un avoit * ciievem. à nom Bcltazar , le autre Gaspar , le terzo Melchior. Mesere Marc demande plusor jens de cel cité de l'estre de ces trois mais , mes nul ne i ot qu'il en sause dire rein for qu'il disoient qu'il cstoient trois rois que ansienamant i furent soveliz , mes il en apristrent ce qe je vos dirai. Trois jornée plus avant trovent un caustaus qui est appelés Cala Atapcristan qe vaut à dir en fransois castiaus des les aoraor do feu , et ce est-il bien vérité ; car les homes de cel castiaus aorent le fu , et vos dirai por coi il les aorent. Les homes de cel castiaus dicnt qe jadis ansienemant lor trois rois de celé contrée aloient aorer un profete qui estoit nés et aportent trois ofert , or , encens et mire , por connoistre se celui profet estoit dieu ou rois tercine ou mine : car il dient se * Sor il. ( 28) il prant or qu'il est roi tereinc , et se il prient encens il est dieu ," et se il prient mire qu'il est mire. Et quant furent venu là où l'enfens estoie nés , les plus jeune de cesti trois rois s'en vait lot seul por vcoir l'enfant et adonc l'en trêve qu'il estoit senblable à soi mcesme , car il scnhloit de son aages et de sa faison. Adonc oisi * hors moût mervillat , et après il , ala le autre que estoit de mezme aages , et tout ausi le senble corne à le autre de sa faison et de son aages et encore oissi hors tout csbaYs ; puis hi ala le tierce que de greingnor aajcs estoit , et tout ausint li avint come à les autres deus , et encore oissi hors moût pensif, et quant les treois rois furent tuit et trois enscnble , il dit le im à le autre ce qu'il avoient veu , et de ce se font-il moût grant merveie et distrent que il hiront tuit et trois à une fois. Adonc s'en aient tuit enscnble devant l'enfant , et treuvent de l'imaje et de le aajes qu'il estoit , car il ne avoit que treize Jors. Adonc le aorent et li ofrent le or , et le encens et la mire. L'enfant le prist toites et * Boiie. trois les ofcrtcs. Adonc puis donc lor l'enfant un busel * cleus ; les trois rois Se partirent por retomer en lor contrée. CHAPITRE XXXII. Ci devise de trois magis que vindrent aorer Dieu. Et quant il ont chevauches auques Jorncc , il distrent qu'il volent vcoir ce que l'infant avoit lor donc. Adonc aurcnt le busel et il troveut dedens une picres. Il se font grant mcravoie qe ce puet estre. L'enfant l'avoit lor donc en senifiance qu'il fuissent ferme come pieres en la foi qu'il avoient conmcncé , car quant les trois rois virent que l'enfant avoit prcse toutes et trois les ofertes , il distrent qu'il estoit dieu et roi tcrestre et mire , et por ce que l'enfant soit qu'estes trois rois unt cel foy , doneelzla père en sinifiancc qu'il fuissent feniie et costant à cel que il croient. Les trois rois pristrent cel percs , et la gotent in un puis : ( 29 ) car il ne savoicnt pas por coi la piere fo lor donc , et tantost que la piere fo getée en puis , descendi dou ciel un feu ardant et vient tout droit à puis là où la piere avoit gitee. Et quant les trois rois virent cest grant morvoille , il en devicncnt tuit esbaïs et furent repentu de ce qu'il avoient la piere gitée , car bien voient que ce estoit grande senifiance et bone. Il pristrcnt maintenant de cel feu et le portorent en lor païs , et le mistrcnt en une lor gliese molt belle et riclie , et toutes fois le font ardre et l'aorent corne Dieu , et tuit lor sacrifice et holocast qu'il font cuient con cel feu. Et sel avenist alcune fois qe le feu s'astutas* , il vunt à les autres * s'cieignit. que cel mcesme foy ticncnt , et aorcnt le feu ausi , et se font doner de lor feu que ait en lor yglisc et tornent à aprendre le lor feu , ne jamès ne l'aprennerent se no fost de cel feu qe je vos ai contés , et vont pour trever de cel feu mantes fois dix jornëes. Por ces raison que je vos contes aorent le feu cclz de celle contrée , et vos di qu'il sunt manies jcns et toute ccste chouse content , et distrent celz dou chastcl à mesicre Marc Pol et tout ensint est vérité , et encore vos di que le une des trois mais fu de Saba, et le autre de Ava , et le terz dou castel que Je vos ai dit que adorent le feu. Or vos ai contez cestui fait bien aconpimento , et après vos contirai de maites autres cités de Persie , de lor fait et de lor costumes. CHAPITRE XXXIII. Ci devise de huit roiarnes de Perse. Or sachiés que en Persie a huit roiarnes, por ce qu'el est gran- disme provence , et si le voz conterai por lor nom. Tuit le premier roiarnes dou conmencement a nom Casum. Le segond ke dever midi est appelés Cardistan. Le terz est apelés Lor. Le quart Cielstan. Le quint Istanit. Le séisme Cerazi. Le septisme Soucara. Le octisme Tunocan qui est à l'esue de Persie. Tuit cesti roiarnes sunt dever medi , for le un sol Levant , c'estée ( 3o ) Tucoan qui est près à l'abre seul. En ccsti roiames a maint Mans destrer et maint emoincnt en Yndie à vendre , et sachics qu'il sunt chevaus de grant vailanze , car il vendent le un bien dcus cens libres de tornis , et tous les plusors sunt de ceste vailance. Encore hi a asne li plus biaus dou monde que bien vaut le un trointe mars d'argent , car il sunt grande coreor et bien portant « i.amhle. à l'anblaurc*. Les gens de cesti roiames moinent les cavaus que je voz ai dit jusque à Chisi et à Curmosa qe sunt deus cité que sunt sour la rive dou mer d'Yndie , et iluec trovent les mercant que les acatent et les moinent en Yndie , et la li vendent si cher cum je voz ai contes. En cestes roiames a de maites cruel jenz et homisidiaus , car il se ocient tout jor ensenble , et se ne fust por doute de la scgnorie , ce est del Tartar do Levant , il faroient grant maus as mercaante mandant. Et por tout la segnorie ne laisent-il mie qu'il ne facent elz domajes plusors fois. Car se les merchaant ne sunt bien aparoille's d'armes et d'arc , il les oc- cient et maumenent malemanl. E voz di san faille que il tinent tuit la loy Maomet lou profete. En la cité ha mercaans et homes d'ars ascz que vivent de mercandies et de labor , car il font dras ♦ Coton. doré et dras de soie de toutes fassionz. Il hi naist banbace * asez. Il ont abunndance de forment et d'ors et de milio et de pani et de toutes blait et de vin et de toutes fruit. Or laLson de cesti roiames et voz conteron de la grant cité de Jasdi tout son afer e son costumes. CHAPITRE XXXIV. Ci devise de la cité de Jasdi. Jasdi est en Persie mesme, moltbone cité et noble et de grant marchandies. Il se laborent maint dras de soie que s'apeles Jasdi que les merchant les portent en maintes pars por fer lor profit. Il aorent Maomet et quant l'en s'en part de ceste tiere (3. ) por alcr avant , il chevache sept jorm'e toute plaine , et n'i a for que en trois leus habitasion là où Yen peust herbogier. Il hi a maint biaus boscet que se puent bien chavacher. Il hi a main- tes chicbaion de bosccs. Il ha pernis * et quatornis asez , et les * Perdrix. merchant que por iluec chevauchent , en prencnt grant seulas. Il hi a encore asne savajes moût biaus , et à chief de ceste sept j ornée se treuve un roiame que est apellé Crennan. CHAPITRE XXXV. Ci devise dou raiame de Creman. Crerman est un rengne en Perse mesme et ansiene, so seingnore l'oit por hereditajes ; mes puis que le Tartar le conquistrent , ne vait pas la segnorie por hereditajes , mes hi mande le Tartar celui sire qu'il vult. En cest règne naisent les pieres que l'en apele torchiose , et hi in a en grant habundance , car il les tre- vent en les montagnes , car il le escavent dedens la roche. Et encore ont vene d'acier et d'ondanique assez. Il se laborcnt de tuit harnois de chevalier moût bien. Ce sunt frain et selle et speronz et espce et arc et carcas et tous lor armeine selonc lor uzances. Et les dames et damoiseles labourent moût noblemant de aguigle sor dras de soie de tous colors à bestes et à osiaus et a moutes autres ymajes. Elle laborcnt les cortines des barons et des granz homes si bien et si veamant qe c'est una grant mer- voille à véoir , et coltres et coisin et horeiler laborent ausi moût sotilment. Et en les montagnes de cest pa'i's naisent les nieilor fauchonz et les miaus volant dou monde , et sunt menor que faucon pellcrin , et sunt rojes en pis et desout la coc entre le cuisse , et si voz di q'il sunt si volant dismizuréemant qu'il ne est nul ausiaus qe devant li puise cscamper por voler. Et quant l'en s'empart de la cité de Crennan , il chevauche sept jomée , toutes fois trovant castiaus et villes et habitassion assés , et hi a trop buen chevaucher et de grant soûlas : car il hi a venesion ( 3a ) assez etpernis en abundancc. Et quant l'en ha chevauchés sept jor- née por cest plan , adonc trcuve une grandissime montangne et desendant , car ben chevauche deus jornée toutes foies au déclin , et toutes foies treuvent de maintes faison de fruit en habundance. Ansiencment il havoit habitassion , mes orcndroit ne n'i a il mie, mes il hi demorent jens con lor bestiaus paisant. Et de la cité de Crerman jusque à cest descese , ha si grant froit de yver que à poine eschanpe ben portant à sez dras et à sez pannes. CHAPITRE XXXVI. Ci devise de la cité de Comadi. Et quant l'en ha descendu celle deus jornc que je voz ai dit , adonc trêve une grandisme plaingne et ao comenzamant de cel plain a une cite qe est apelcs Camandi que Jadis fu grant cité et noble à mcrvoille ; mes orendroit ne est pas si grant ne si bone : car Tartarz d'autre paYs les ont domajés plusor foies. Et voz di qu'il est celle plaingne moût chaue. Et la provense de coi vos co- mison hore est apellé Reobarles. Sien fiiiit sunt datarl et pome de paraïse etpistac et autres fruit, lesquelz ne sunt en nostre leu froit. Et en ceste plaingn a une generasion d'oisiaus que l'en apelle francolin que sunt dévisse à les autres francolins des autres païs , car il sunt noir et blance mesleemant , et les pies et les becho ont rouges. Les bestes sunt ausi di^^sée , et voz dirai des hué primeramant. Les buef sunt grandismes et sunt tuit blance come nois. Le poi il ont petitet et plain , et ce avient por le caut leu. Il ont les coi'nes cortes et groses et non agues. Entre les spaules ont un ziub reont haut bien deux paumes. Il sunt la plus belle chause dou monde à veoir. Et quant l'en le vuelt char- gier , il se coucent ausint con font les siamiaus ; et quant l'en le a chargiés , il se lèvent et portent lor chargies moût bien , car il sunt forte outre mezure. Il ha mouton grant com asne , et ont (33) la coe si grosse et si large que bien poisse trente livres. Il sunt moût biaus et gras , et sunt buen à manger. En ceste plaingne a plusor casliaus et viles que ont les mur de tere liantes et groses por défendre s elz des Caraunas. Ce sunt Bcrouicrz que vont co- rantles païs, et por coi s'apellent Caraonas , po ce ke lor mère sunt esté indiene, et lor père par tartarz. Et cest gens quant il vuelcnt corer les païs et rober , il font por lor cncantcmant pour evre diablotique tout le jor devenir oscur, si que l'en ne voit loingne se pou non, e ceste oscurité font durer sept jornée à lonc. Il sevent moût bien les païs ; il chevauchent quant il ont faite la scurité le un de joslc l'autre , et sunt bien dix mille tel fois , et tel fois plus , et tclz foiz moin , si qu'il prennent tout le plan dont il vuelent rober , si que tuit celz que il trovent en les pleines ne poent excanper ne homes , ne bestes , ne couses qu'il n'cstoient prises. Et puis qu'il ont pris les homes, il occient les velz* , et les jeunes enmoinent et les vendent pour * ^ '"" sers et pour esclaif. Les lor roi est apellés Nogodar, e cestui Nogodar alla a la cort de Ciagati qui estoit frère charnaus au grant Can bien cum dix mille homes de sa jcns et demoroit o * lui * ^'■'' por ce que scn oncle estoit et moût grant sire , et atant qu'il demoroit ho lui, Nogodar se pense et fist grant félonie, e voz dirai comant. Il se parti d'à son uncle Ciagatai ke en la grant Aiminie estoit, et s'en fui bien cum dix mille homes de se gens qe moût estoient cruelz et fellonz , et s'en passe por Badasian et por une proverice que s'apelle Pasciai et por un autre provence qe a à nom Chesciemur et ellau perdi maintes des ses jens et de ses bestes, por ce ke les voies estoient estroites et mauveses ; et quant il unt toutes ceste provence pisté , il entrent en Yndie en lo confin à une provence qui est apellés Dilivar. Il pristrent une noble cité que a à nom Dilivar et demore en celé cité et pro le règne qu'il tolli à un roi que avoit à nom Asidiu soltan que moût estoit grant et riche , et iluec demore Nugodar cum sez jens et no a douté de nclui. Il fait ghere à tous les autres Tartarz que 5 (34) einiioa son reiiignc demorcnt. Or voz ai contés de ceste plaigne et de les gens que font fer la souri té por rober , et se voz di que mcssier Mardi mecsme fu tel corne pris da celle gens en celle oscurilé ; mes il cscampc à un castiaus qui est apellcs Canosalmi , et de sez conpains furent pris asez , et furent vendus et de tielz mors. Or voz conteronz avant des autres cliouscs. CHAPITRE XXXVII. Ci devise de la grant déclinée. Il est voir que ceste plaingne dure dever midi cinq jornée , et à chief cinq jornée l'en trouve un autre clinée que convept que l'en aille pur un déclin vingt miles et est moût mauves voie , et hi vienent des mauves homes que robcnt , et por ce est doteuse voie. Et quant l'en a descendue ceste clinée , il Ircuve un autre plain molt bels et est apellés le plain de Formose. Il dure deus jornée de lonc. Il hi a bielles riveres et datai , asez hoisiaus ; hi a fran- culin et papagaus et autres oisiaus que ne sunt senblable as nos- tres. Et quant l'en a chevauchés deus jornée , il treuve la mer Osiane , et sour la rive ha une cité que est apelés Cormos , lequel a port , et voz di que les mercaant hi vienent de Yndie con leur nés, hi aportent de toutes especeries et pieres prcsieuses , et perles et dras de soie et dorés , et dcns d'olifant et maintes autres mer- candies , et en cel cité le vendent à les autres homes que puis la portent por tute universe monde , vendant à les autres gens. Il est ville de moût grant merchandies. Elle a sout soit cités et causlians assez. Elle est chief dou règne. Le roi a à nom Rue- medan Acomat. Il hi a grandisme chalor , car le solei hi est moût chaut et est enferme tcre , et se aucun mercaant d'autre païs hi morent , le Roi prent tout son avoir. Et en ceste tere se fait le vin de datai et con autres espiccs asez et est moût bucn. Et quant les homes le boivent que n'en soient costumés de hoir , il se fait ( 35) molt aler desoiit et purge tout ; mes puis il fait bien et 11 donc charn asez. Les homes ne uzcnt nostre viandes , por ce que c'il menuent pain de forment et char, il chaient amalaides. Et por estre sains ils menuent datai etpeison salée:ce sonttoins; et encore menuent ci voles , et por demorer sains uzent ceste viandes qe je voz ai dit. Lor nës sunt mont mauves et ne perisent asez por ce qu'eles ne sunt clauc'e cum agu de fer, mes sunt cuisie de fil que se fait de l'ascoi-ce de les nocces*d"Yndie , car il la font macérer et devient * Noi: come sette de crine de chevas ; puis en font fil et en cieusent les nés et ne s'agaste por Tcive sause de la mer , mes hi dure asez. Les nés ' ont un arbres et une voillesctun timon, etneuntcuverte ; mè quant il les ont chargés , il couvrent la mercandies con cuir ,et de sor le merchapdie, puis qu'il ont cuverte , hi metent les cavaus qui portent en Yndie à vendre. Il ne ont fer por feragus, etpor cefont peron de ling et cuisievrcnt de fil. Et por ce est grant pcrilz à najere en celé nés , et voz di qu'il enoient maintes, por ce que la mer d'En- die fait grant tempeste plusor foies. Les jens sunt noir et aorcnt Maomet. Et d'esté demorent le gens pas en le cités , car il hia si grant chalor qu'il hi morent tuit, mes vos di qu'il vont dehors à lor jardinzlacui il a rivière et ague assez , et por tout ce n'eschanpe- ront se ne fust ce que je voz dirai. Il est voir qe plosoi's foies de l'astée vent un vent d'enver le sablon qui est environ cel plain , qui est si caut dcsmesuremant qu'il ociroit l'orne , se ne fust ce qe les homes tantost qu'il voient que cel chaut vienet , il entrent en l'eive, et en cest mainere eschampent de cel chaut vent. Et encore voz di qu'il seminent lo forment et le orze et les autres blés dans mois de novenbre , et le ont rccoilli por tout mars , et ausint devient de tute les fruit , car il se finent et couplent dou mois de mars , ne ne troverés nul herbes sor la terre for les datai que durent jusque a un mois de may , et ce avent por le grant calor que tout sèche. Et des les nés voz dirai qu'il ne sunt pas enpcccée , mes l'oingnent d'une olio de peison. Et voz di qe qiiant les homes moururent ou femes , il en font grant duel ; et si voz di qe les (36) liâmes plangcnl lor mors bien quatre anz , puis k'il est mort ongne jor au moin une fois , car il se raenglent con lor parcns et con lor voisinncs et font grant plorer et grant criere et grant regrater le mors. Or vois laison de cesle cité et ne voz contaron de Endie à cestui point , car voz bien le conterai en nostre livre avant , quant tens et leu sera ; mes mo l'ctornerai por tramontaine por conter de celle provence , e retorncron por un autre voie à la cité de Crerman que je voz ai contés , por ce que en les contrés dont je voz voil conter ne se puct aler sciio da ccste cité de Crcman , et voz di qe le roi Maimodi Acamat dont nos partîmes orc , est homme de ccst roi de Crerman , et en retorner da Cremosa à Crerman a moût biaus plain , et abundanze de viandes. Il hi a maint bangn chaut, iili apernis asez et grant mcrchiés, fruit et da- tai hi a assez ; li pain de forment qui est si amer que nul en puet mangier se ne en est costumés , et ce avent por ce que.l'eive hi est amer ; les bagnes que je vos ai dit desoure , sunt d'eive sur- gent moût chaut , et sunt moût buens à maltcs maladies et à ron- gncs. Or voz vucil comevoir de les contrée che je voz nomerai e * Devers, mon livrc devir * tramontaine et horés cornant. CHAPITRE XXXVIII. Cornant l'en ala part sauvaje conirée. Quant l'en s'en part de Crerman , il cheuvauche bien sept jornée-de moût ancuise vie, et voz dirai comant. Il hi a trois j ornée que l'en ne treuve river se pou non , et celle que l'en trouve est sause et verde come herbe de pré , et est si amer qe nulz se poroit sofrir à hoir, et se l'en en bcust une gouse , il le firoit alcr desout plus de dix fois , et encore dou sal que celle eive fait , celui que en menuast un petitet graveus , il le firait ausi moût descorre desout ; et por ce les homes qui por illuec vont , portent com clz cive por hoir. Les bestcs en boivent à grant (37 ) force et por grant soif , et si vos di que l'eive les font descorcr outre mesure. Et en ccst toute trois j ornée ne a nulle habitaison , mes est tout dezcrt et grant scccetéc. Bcstcs ne i ont por ce que il ne i trovcront à manger. A chief de trois jornée trovon un autre leu que dure quatre jornëe que ausint est dezert toute sèche , et l'eive est aussi amer , et ne est arbres ne bestes for che asne solemant. Et à chicf de cest quatre jornée tinisce le reingne de Crerman , et trovon la cité de Cobinan. CHAPITRE XXXIX. Ci devise de la grant cité noble de Cabanat. Cobinan est une grant cite. Les gens aorent Maomet. Il hi a fer et accr et ondaniquc asez, ethi s'i font mireor d'accer moût biaus et grant ; et ilucc se fait la titue qui est moût bone as iaus. Et encore hi se fait le spodio, et voz dirai cornant il se font. Il prenent une voine de tcre que est bone à ce faire ; il la morent en une fornace de feu ardan , et desus la fornace a graticule de fer et le fum et le humidor qui oisse de celle terre et si prent à la graticule dcl fer , ce est tutia , et cel que de celle terre remest cl feu est spodio , et or laison de cest cité et alon avan. CIIAPITPxE XL. Cornant s'en ala por un dezert. Et quant l'en se parte de cest cité de Cobian , l'en vait por un dczcr bien huit jornée , en quel a grant secchté , et ne i a fruit ne arbres , et les eive hi sunt ausi amer et mauveises , et aporte tout ce qe a bisogne por mcngier et pour hoir for l'eive que le bestes boivent à grant anvie. Et à chics de ceste huit jornée l'en treuve une provence qui est apelés ïonocaiu. Il hi a cité et chaus- tiaus asez, et est en le confinnes de Persie dever tramontane, et hi ( 38) a une grandisimcplainf^ne en lequel est l'arbre seul que les crislicns appellent l'arjjre scclie , et vok dirai cornant il est fait. 11 est moul graiit et niout gros , sez foilles sunt de l'une part vers est de l'aulre blancc. Il fait noci sciihiale as noci de caslaingne , mes ne ia dedens rien. 11 est fort ieing cl est jaune corne bus, et ne a nul arbres après à plus de cent miles , for che d'une part que y a près arbres à dix miles. El iluec dienl ceiz de celle con- tn'c que fu la bataille entre Alixandre et Dayrc. Les viles et les caustaus ont grande abundancc de toutes cbouses bones et bêles, car le païs esl trop bien conpasionés , ne trop caul ne trop fredo. Les jens aorcnt luit Maomel. Il bi a belle jens propemant, les femes i sunl belles oulre mesure , et de ce nos partiron et vos conteron d'une conlrre (jue est apcUé Milecl là o le vielle de la Montagne soloit dcmorer. CHAPITRE XLI. Ci devise dou Vicl de la IMontagnc cl de ses ascsinz. Muleclc esl une conln'e là où le viel de la Montagne soloit de- morer ansiencmanl. Mukelc vaut à dire Desaram. Or vos con- terai tout son afer solonc que je meser Marcb oï la conter à plu- sors homes. Le viel étoit apcUé en lor Icngajes Alaodin. Il avoit fait fer entre ilens montagnes en une vale le plus grant jardin cl les plus biaus kc janu^'s fusl veu. 11 lii a de tous buen fruit dou monde , et qui avoit fait fer les plus belles maisonz et les plus biaus palais que unques fuissent veu : car il cstoient dorés cl porirait de toutes les belles coses dou monde. Et encore hi avoit lait faire conduit (jue por lel coroit vin et por tel lait, et por tel mel et por tel eive. 11 bi avoit dame et damesseles les plus bielles dou monde , lesquels scvent soner de luit enslru- mrnti cl cbanlcnt et calorcnt miaus (pie autres femes, et fasoit le Vick entendre à sez homes que cel jardin esloit paraïs, cl por (39 ) ce l'avoit faite en tel maincrc que Maomet ne fist entendre h les Sarain que cela que vont en parais hi aront belles fcmcs tant quant il voudrcnt à lor voluntôs , cl que hi trevercnt flum de vin et de lail cl de nicl cl d'eivc , et por ce avoit fait fer cel jardin scnblahlc au |)aiaïs (juc Maomet avoit dit h Sai'ain , et les Sarain de celle contrée cioicnt \oireniant que ccl jardin soit parais. Et en ccsl jardin ne inlroit nul homes jamcs for sole- mant cclz que il voloil fer asisim. H avoit un castiaus à l'cnln-e de cel jardin si fort (qui;) ne doutroil home don inonde , et por autre part ne se pooil entrer que por iluec. Les vielz tenoit o lui en sa cort tuil les jovenes de doz anz en vint de la contrée. Ce estoien t cclz q>ic scubleient eslre homes d'armes , lesquelz savoient bien por oïr dir solonc que Maomet lor profetc dist el/, (juc le pa- rais cstoit fait en tel maner con je vos ai contés, el ensi croienl-il voiramenl : e que vos en diroie ? Li vielz en fasoil mètre de ccsti jeune en cel paraVs à quatre et à dix et à vingt sclouc que il vo- loil eu cesl maiiicre , car il l'aisoil elz doner licvi'ajcs [tor hxjuel il s'adormoit matin et puis les i'alsoit prendre et mener en cel jardin et les faisoil desveiller. CHAPITRE XLII. Cornant le Viel de la Montagne fait parfet cl obicnt se/, ascsinz. Et quant les jeunes estoient desvoillés et il se Irovcnl laiens et il voient toutes cesles couses que je vois ai dit, il croient estre en paraïs voieramanl, el les dames et les damcselcs demoi'oient tout jor con elz sonant el canlanl cl faisant grant soûlas , el en fa- soient à lor voluontés , si que cisti jeune avoient tout ce cpie il voloienl, et jamès por lor voluntcs ne istront de laiens, e le viel tient sa corte rnoul belle el gianl , et demore moût nobleinant , el fait creire à cel seiq)le jcns d('s montagnes (jiie entre lui sunt qu'il est profele et casi croicnt-il voiraniaut. E quant le vel en (4o) vull aucun por envoler en aucun Icu e faire occire aucun home, il fait doncr le bcvraje atant corne il li plet ; et quant il sunt en- dormi , a il fait prendre en son palasio. Et quant cesti jeune sunt desveilles et il se trovent en cel caustiaus el palais , il s'en font grant meraveie et n'en sunt pas lies , car del paraïs dont il ve- noicnt por lor voluntés n'en s'en fuissent-il jamès partis. Il aient mantinant devant li vicus et se humelent moût ver lui come celz que croient que soit grant profete. Le vielz le demande dont il vienent , et celz dicnt qu'il vienent dou paraïs et disoient que voirament en celle paraïs come Maomel dist à nostri ancesor lor content toutes les couses qu'il hi trovent, et les autre que ce cent et en avoicnt esté , avoient grant voluntc d'aler el paraus et avoientvolunté demorir,por coi il hi posent aler , et moutdesi- rolent ccl jor qu'il hi ailcnt, et quant le vielz ^"uelt faire occir un grant sire , il fait aprover de sien asciscin celz que mcior cs- toient. Il envoie plosors ne grantment longe environ soi por les contrée et lor comandent qu'il ocient ccl homes. Celz vont mantinant et font le commandamant lor segnor, puis retoment à cort celz que escanpent ; car de telz hi a que sunt pris et morli puis qu'il ont occis le home. CHAPITRE XLIII. Cornant les asasin se afaitcot à mal fore. Et quant il sunt torné à lor seingnor que escanpé sunt , il li dient que il avoient bien achevé la bizognc. Li vielz fait elz grande j oie et grant feste, et bien savoit celui qe avoit fait greignor ar- demant : car il avoi mandé darere chascun de scz homes por coi il li seusent dir lequel est plus ardi et meior à ucir homes. El quant le vielz voloit fair occir aucun segnor ou aucun aotro homo , il prennoit de cesti sien asciscin et les envoie là où il vo- loit , et lor disoit qu'il les voloit mandere en paraïs , et qu'il ala- ( 'i- ) sent occire le tiel homes, et se il morisen qe tant toslo ira en paraïs; celz que cest estoit lor conmandés por le vielz le fasoient moût Yolunter plus que couse qe il peussent faire , et aloient et fasoient tout ce que le viel lor conmandoit. Et en ceste mainere ne escanpoit nul home que ne fust ocics quant le viclz de la Mon- tagne voust. Et si voz di tout voirament que plosors rois et plu- sors barons li fasoient treu et estoient bien con lui por dotance que il ne li feissc occire. Or vos ai contes de le afcr dou viclz de la Montagne et de sez asescin , or vbz conterai cornant il fut des- truit et por cui. Et encore voz vuoil dir une autre chouse que je avoi laissé de lui : car je voz di que cest vielz qui estoient so- topost à lui et tenoient toute sa mainere et sez costumes et le un envoie e les parties de Domas , et le autre envoie en Cordistan. Or laison de ce et venion à sa destrucion. Il fu voir qe entor aies 1262 anz qe avoit que Crist avoit nasqui , Alau les sire des Tar- tars dou levant qe soit toutes ccstcs mauveis chouse qe cest \ielz faisoit , il dit à soi meesmc qu'il le fara destraere. Adonc prist de sez baronz e les envoie à cest caustiaus con grant gens , et asaient le caustiaus bien trois anz qe ne le postrent prendre, et ne l'au- sent jamcs pris tant con ils aussent eu que mengier ; mes à chief de trois anz il ne ont plus que mangier. Adonc furent pris et fu ocis le vielz que avoit à nom Alaodin , con tute sez homes , et de cestui viel jusque à ceslui point ne i ot viel ne nul ases- cin , et en lui se fenit toute le segnorie et les maus que les ^delz de la Montagne avoicnt fait jadis ansincmant. Or voz laison de cest matière et aleron avant. CHAPITRE XLIV C! devise de la cité de Sapuigan. Et quant l'en se part de cest caustiaus, l'en chevauche par biaus plain et por bcle vallée et por belle costeres là où il a biaus her- 6 ( 42 ) bajcs e bon pascor , et fruit asez et tic toutes coses en grant abundance , et les ost hi demorent voluntieres por le grant plantée qui hi estoient , et cest contrée durent bien six jomces , et hi a ^-illcs et caustiaus, et les homes aorent Maomct. Et silcune foies trouve ben désert de soixante miles et de cinquante es- quclz ne i se trove eive , mes couvent que les homes les portent avec elz. Bcstes ne boivent jusque atant qu'il ne sunt cussi de cel désert et venus as leu où il trovent eive ; et quant l'en a chevauchés six Joniée tel che je vos ai contés , adunc treuve l'en une cité qui est apcllé Sopurgan. Elle est ville de grant plantée de toutes couses , et vos di qui hi a les meior melon do monde en grandisime quantité , qu'il les font sécher en ceste mainere ; car il les trincent tous environ si con coroies, puis les metent au soleil et li font sécher et devienent plus douce qe mcl , et voz di qu'il en font mcrcandic et li vont vendant por la contrée environ à grant plantée , et hi a veneison de bestes et de ausiaus otre mesure. Or voz lairon de ceste ville et voz conteron doun autre cité qe Bak a nom. CHAPITRE XLV. Ci devise de grant e noble cité de Balac. Balc est une noble cité et grant , et jadis fu asez plus nobles et plus grant : car les Tartarz et autres gens les ont gasté et do- majés, car je voz di qu'il hi ot jadis maint biaus palais et maintes bcilles mason de marbres, et encore hi sunt destruite et gastée. Et si voz di qe en ceste cité prist Alexandre à feme la file de Dayre. Solonc qe lor disoit de celle cité , les gens aorent Maomet. Et si sachiés qe jusque à ceste cité dure la tere dou sire des Tar- tars do Levant , et à ceste ville sunt le confm de Persie entre Grec et Levant. Or voz laison de ceste cité et cnterron à conter d'un autre pais qe s'apelle Dogana. Quant l'en s'en paît de ceste cité ( 43 ) qe je voz ai contés , il chevauche liien doze jornec entre Lo- vant et Grec que l'en ne treuve nulle abitasson , por ce que les jcns sunt toutes fuies as montagnes en forlresce por paor des maies jens et des les hostes qe moût fasoicnt elz domajes. Et voz di qu'il hi a aiguë asez , veneison asez , et des leon hi a encore. Viande ne hi treuve l'en pas en tout ceste doze jornée , mes con- vient qe celz que pour illuec vont, portent la viande avec elz por lor chevaus et por lor meesnie. CHAPITRE XLVI. Ci devise de la montagne dou SaJ. Et quant l'en aies ceste doze jorne'e , il treuve un caustiaus qe est apelli's Taican , là ù il a grant mcrchés des blés , et est en moût belle contre'e et les sien montagnes dever midi sunt mult grant et sunt toute sal et tout la contrée environ trointe jornée vienent por cel sal Ici est le meior do monde. Il est si dure qe ben n'en pout prendre seno con grant pigon de fer; et voz di qu'il est en si grant abundance qe tout.le monde en aurent asez jus- que à la fin dou scile. Et quant l'en s'en parte de ceste cité, il ala trois jornée entre Grec et Levant , toites foies trouvant bielle contrée là où l'en trove abitasson asez et planteust de fruit et des blés et de vignes. Les (jens) orentMaomet ; il sunt mauves jens et mortu- riés. Il demorent mult en bercarie , car il boivent volunter , car il ont moût bon vin cuet ; il ne portent en lor chief rien for une corde lunge dix paumes et la s'environent en lor teste. Il sunt moût buen chazaor et prenent venesion assez et ne ont autres vcslimens for che le pelles des bestes qu'il prenent; in celles cocent et s'en font vestimens et causemant , et caschun sevent concier les pelés de bestes qu'il prenent. Et quant l'en a aies trois jornée , l'en treuve une cité qe est appelés Scascm , qui est au cuens , et les sien au- tres cités et caustiaus sunt es montagnes, et por mi ceste cité passe ( 44 ) un flum auques grant. Il a maint porches spin , et quant les ca- zaors les vêlent prendre et il le mètrent les chen soure, les por- ches s'acoilent toutes cnscnble , puis jeté le spinc qu'il a sor son dos et por lecosté sor les kiens , et les en navrent en plosor leus. Geste Scasunen est une grant provcnces , et a langajes por soi et le vilan ke ont lor bestiames demorent ex montagnes, car il hl font belles abitasion et grant, car il i font cavernes et le puent faire legcrmant por ce les montagnes sunt de tere. Et quant l'en s'en part de cest cité que je voz ai dit desoure, l'en ala trois jornée que ne Irove abitasion nulle, ne à mangier , ne à hoir; mes les mandans la portent cum elz , et à chicf de trois jornée treuve l'en la provence de Balasian et voz deviserai de son afer. CHAPITRE XLVII. Ci devise de la grant provence de Balasian. Balascian est une provence que les gens aorent Maomet et ont langajes por clz. Il est grant roiames et seroit por hereditajes, ce est que de un lingnajes sunt desendu dou roi Alexandre et de la fde del roi Dayre le grant sire de Persie, et encore s'apelcnt tuit celz rois Zulcarnem en sarasin lor langajes que vaut à dire en fraiisois Alixandre por le amor dou grant Alixandre. En cesle provence naiseul le picres presioscs que l'en appelle balasci que sunt moût belles et de grant vailance , et naisent en le roces des montagnes , et voz di qu'il font grant cavernes et montagnes et vont moût sout, ausi cum funt celz que cavent la voine de l'ai- gent, et ce est en une prope montagne que est apellée Sighinan, et encore sachiés que le roi les fait caver por lui , ne nul autre home ne i poroit aler à celé montagne por caver de celz balasci que ne fost mort maitinant. Et encore il dl qu'il en poine la teste et l'avoir se nul entrasse aucun de son roiames , car le roi envoie por sez homes as autres rois et as autixs princes et grant ( 45) seingnorz , à cel por treu et à cel por amor , et encore en fait vendre por or et por arjcnto. Et ce fait le roi por ce que sez ba- laxi soient chier et de grant vailance come il sunt : car se il en laisast carer as autres homes et porter par le inonde , il s'en ctraierent* tant qu'il ne seroient si cher ne de si grant vailanze. * Exuaiiait. Et por ce hi a mis si grant paine le roi por quoi nul n'en traie nul sanz sa paroulle. Et encore sachics de voir que en cest meisme contrée en une autres montagnes se treuvcnt les picres desquelz l'en fait le azur , et ce est le plu fin azur et le meior qui soit où monde , e les pieres que je voz ai dit de coi l'en fait l'azur est voinc que naist en montagnes come autres voines. Et encore voz di qu'il hi a montagnes de quoi l'en treuve voine desquelz traient argent à grant plantée. Il est moût froide con- trée et provence. Et encore sachiés qu'il y naisent moût buen chavalz et sunt grant coreor et ne portent fer en lor pies , et si vont por montagnes toz jors. Encore hi naisent en celle mon- tagnes fauchons sacri que meut sunt buen et bien volant. Et au- sint hi naisent les faucons lanier , venesion et chachionz de bestes et d'ausiaus. Hi a grant plantée forment , ont buen orze , ont sancz escorze ; olio ne ont d'oliAC, mes il le font de suzimau et de noce. E ceste roiame ha maint estroit pas et maint forti leu , si qu'il ne ont doutée que nulles gens hi pcusent entrer por lor daumages , et lor cités et lor caustiaus sunt en grande monta- tagnes en fortisme leùs. Il sunt buen arcliier et bon cazaor , et la greignor partie vestent cuir des bestes , por ce qu'il ont grant charestie de draz , et les grant dames et les gcntilz portent braies tel con je voz dirai. Hil hi a de telz dames que en une bi'ac , ce sunt les muandes de jambe, metent bien cent brace de toile bausin , et de tel hi a que in metent quatre vint , et de tel soi- xante , et ce font elle por mostrcr (je aient grose natege , por ce qe lor homes se dcletcnl en groses fcmes. Or voz avun di de cest roiame et en laiseron atant , et voz conteron d'une déverse gens qe sunt ver midi longe de ceste provenze dix jornée. (46) CHAPITRE XLYIII. Ci devisé de la granl provcnce de Basian. Il est voir qe dix jorncc ver midi loingne da Balascian à une provence qe s'apelle Pasciai et ont langajes por elz. Jens sunt ydulcs que aorcnt le idrcs. Il sunt brune jens , ils savent mult de incantamant et des ars diabolitique. Les homes portent à lor oreiles cerchiaus et bocles d'or et d'argent et de perles et de pieres presioses assez. Il sunt molt malisieuse jens et sajes de lor costumes. Ceste provence est molt caut Icu : lor viandes est chars et ris. Or laison de ceste , et voz conteron doun autre •Loin. provence que est longe * de ceste sept jorncc ver iscelot qc a nom Chesinmur. CHAPITRE XLIX. Ci devise de la provence de Cliesmur. Kesimur est une provence que encore sunt ydoles et ont Icn- gajes poT soi. 11 scvent tant d'incantamant des diables qe ce est mervoie : car il font parler as ydres , il font par incantamant canger les tens, et font faire le grant oscurite. Il font por l'in- canter et por senz si grant chouses q'el ne est nulz que ne le vist qui le poust croire. Et si voz di qe il sunt chief des autres ydoles , et de lor descenderent les ydres et de ceste leu poroil l'en aler à la mer de Endie. Il sunt brun et maigri , les femes sunt moût belles selonc famés brunes. Lor viande est chars et ris. Elle est temprée terre que ne i a trop chaut ne trop froit. Il hi a cite's et caustiaus assés. Il ont boschajes et dezers et tant fortissimes pas , qu'il no ont dotée de nelui , et mantinent por elz mesmes : car il ont lor roi que mantienent la justisie. Il ont hermitcs solone lor costumes, qe demorent en lor hermilajcs , et (47 ) font grant astiaence de mangicr et de boir et sunt moût cast de loxurie et se gardent otre mesure de nun fer pechiés qe con- tre lor foi soit. Il sunt tenu de lor jens moût saintes, et voz di qu'il vivent por grant aajes , et le grant astmence qu'il font de no pécher font-il por l'amor de lor ydres. Et encore ont abaïe et monester asez de lor foi , et le coral que de nostre tere s'aporte , po vende plus en celé contrée qe en autre. Or voz lason de ceste provences et de cest parties , et ne iron avant por ce qe se nos alaisomes avant , nos cnti'eronmes en Yndie , et je ne i voil entrer ore à ccstui point , por ce que au retorner de nostre voie , vos conteron toutes les couses d'Ynde por orde , et por ce retornei-on à nostre provence ver Baldasciam , por ce que d'autre partie ne poron aler. CHAPITRE L. Ci devise de grandisme flun de Badasian. Et quant l'en se part de Badascian , l'en ala douze jornée entre Levant et Grec sor por un flum qui est do frère au seingnor de Badasciam , là où il a chaustians et habitasion asez. Les gens sunt vailans et orent Maomct. Et à chicf de doze jornée treuve- l'en une provence ne trop grant , car elle est trois jornée por toutes pars, et est appelles Yocau. Les gens aorent Maomet et ont langue por elz , et sunt prodomes d'armes. Non est seingnor que vaut à dir en langue franzois cuenz , et sunt post au seingnor de Badausiam. Il ont bestes sauvages asez et veneion et chachaion de toites faites. Et quant l'en se part de ce leu , ala trois jor- née por Grec, toutes foies pormontagnes, etmonte-l'cn tant ([ue l'en dit que cel est le plus aut leu deo monde. Et quant l'en est en cel haut leu , adonc treuve un plan entre deus montagnes en quel a u flum moût biaus-; et hi a le meillor pascor dou monde : car une magre beste hi devent grasse en dix jors. Il hi a grant abondance de toutes sauvagines. 11 hi a grant moulitude de mou- (48) ton sauvages qe sunt grandisme , car ont les cornes bien six • Au moins, paumes , et ao * main quatre ou trois , et de cest cornes font le paslore grant escueles là o il mengiunt. Et encore les pastres de ceste cornes encludcnt les leus où il tienent lor bestes. Et por cest plain ala l'en bien doze jornce , et est apellée Pamicr , ne en toutes cestes doze jorne'e ne ha abitasion , ne herbages , mes con- vent qe les mandant portent les viandes come clz. Oisiaus ne i a nul por l'aut Icu et froit qe est ; et si voz di que le feu por cel grant froit ne est si cler , ne de cel color come en autre leu , et ne se cuient bien les couses. Or laison de ce , et il conteront encore des autres couses avant por Grec et por Levant. Et quant l'en est aies ces trois jornées que je vos ai dit , il convient qe l'en cha- vauchent bien quarante jornée entre Grec et Levant , toutes foies por montagnes et por couste et por valc'e , et passent maintes fluns et mantes dc'zers leus, ne en toutes cestes jornée ne ha habita- sion ne erbaiges , mes les manant convent que portent les viandes. Ceste contrée est appelles Belor. Les jens demorent es monta- gnes moût haut. Il sunt ydres et moût sauvajcs , et ne vivent for qe de chazhagions de bestes. Lor vestiment sunt de cuir de bestes, et sunt mauves jens duremant. Or laison de ceste contrée et vos conteron de la provence de Cascar. CHAPITRE LI. Ci devise do roiame de Cascar. Cascar fu Jadis roiamcs , mes orendroit est sont post au grant Kaan. Les jens aorent Maomet. Il hi a viles et chaustians assez, et la greingnor cité et la plus noble est Cascar ; et sunt aussi entre Grec et Levant. Ils vivent de mercandies et d'ars. Il ont moult biaus jardins et vignes et belles posesion. Il hi nait ban- Laxe asez. Et de ceste contrée isent mant mercant que ^oint por * Ayares. tout le mondc faisant mercandies. Il sunt moût escarse * jens et ( 49 ) misérables , car maus menjucnt et maus boivent. Et en cesle contrée demorent auques cristiens Nestorins qe unt lor yglise et lor loy , et les gens de la provcnce ont lengue por soi. Geste provence dure cinq jornéc. Or voz laison de ceste contrée , et voz parleron de Samarcan. CHAPITRE LU. Ci devise de la granl cité de Sanmarcan. Sanmarcan est une grandisme cité et noble. Les jens sunt cris- tiens et sarazins. Il sunt au neveu dou grant Can , et ne est pas son ami, mes plusors foies a nimisté cum lui. Elc est ver maistre; et voz dirai une grant mervoie que avint en ceste cité. Il fu voir qu'il ne a encore grament de tens que Cigatai le frère charnaus au grant clian se fist cristiens et estoit scingnors de ceste contrée et de maintes autres. Et les cristiens de le cité de Sanmarcan , quant il virent qe le seingnor estoit cristiens , il en ont grant leese , et adonc firent en celle cité une grant glicsc à le onor de Saint Johan Batiste , et ansi s'apelloit celle yglise ; il pristrent une moût belle pieres qe de saraisins estoit , et la mistrent por pilier d'une colone que en mi leu de le yglise estoit , et sostenoit la covrever. Or avint que Cigatai murut , et cjuant les sarazins virent qe celui estoit mort , et por ce qe il avoicnt eu , et avoient toutes foies grant ire de celle pieres qe estoit en le glise des cris- tiens , il distrent entr'aus qu'il vulent celle pieres por force , el ce pooient-il bien fair , car il estoient dix tant que les cristiens. Et adonc auquans des mciors saracin aient à le ygliese de Sanl Johant et distrent à cristiens qui estoient qu'il voloient celle pieres qe lor a voit esté. Les cristiens distrent qu'il les en volent tout ce qu'il vodront et laissast la piere , por ce qe trop siroit grant domajes de le yglise , se celle pieres s'en traisti hors. Les sarazin distrent qu'il n'en volaient or ne tesor , mes voloient lor 7 ( 5o ) plercs en toutes mainères. Et que voz en diroie ? La scngnorie esloit à ccl ne^cu ilou grant Chan : il font faire conmaiulamant as cristicns que de celui jor à deus jors dcusscnt rendre celle pieres as sarazinz. Et quant les cristicn ont eu ccl conmande- nicnt , il uni grant ire , et ne scvcnl qu'il dcusscnt faire. Or en a's-int tel miracles (corne) je vos conterai. Sachics que quant le mai- tin dou jor que la pieres se dovoit rendre fu venu , la colonne qe estoit sor la pieres , por la voluntcs dou nostre seingnor Jezu- crit se lioslc de la pieres, et se fait en aut bien trois paumes et se soslcnoit aiisi Lien con ce la pieres hi fust sout , et toutes foies de celui jor avant est ausi deraorc celle collune , et encore est-elle ensint , et ce fu tenu et encore est tenue un des grant mi- racle que avenisse au monde. Or vos laison de ce , et aleron avant et voz coutcron dune province que est appelles Yarcan. CHAPITRE LUI. Ci devise de la provcnce de Charcan. Carcan est une provence que dure de lonc cinq jornéc Les gens sunt de la loy Maomet, et crestiens Nestorinz bi a auques; hi sunt à cel neveu mcismc dou grant Chan que je voz ai contes desourc. Il ont grant babundance de toutes chouses. , mes por ce que ne i a cbouscs que face à mentovoir en nostre livre , et por ce laison de ce et voz conleron de Cotan. CHAPITRE LIV. Ci devise de la gianl proveucc de Colaii. Cotan est luie provence entre levant et grec , et est longue huit jornc'e. Il sunt au grant Cban. Les gens aorcnt tuit Maomet. Il hi a cités et causllaus assez. A la plus noble cité et celle que ( 5« ) est chief dou règne , est appelles Cotan : ce est le nom de la pro- vence. Il hi (a) abundancc de toutes couses. Il hi naist banbace assez. Il ont vignes et possesion de jardinz assez. Il vivent de marchandies et de ars. Il ne sunt pas homes d'armes. Or vos parliron de ce, et voz conteron d'une autre que a à nom (Pein ). CHAPITRE LV. Ci devise de la proveiice de Peiti. Pein est une provcnce qui est longe cinq jornce entre levant et grec. Les jens aorent Maomet et sunt ao grant Chan. Il hi a villes et chaustiaus assez , et la plus noble cité qui est chief dou reingne est appelés Pein. Il y a flum que i se treuvent pieres que l'en apelle diaspe et calcédoine. Assez il ont habundance des couses. Il y naist banbaucc assez. Il vivent de mcrcandies et d'ars ; et voz di qu'il ont un tel costumes con je voz dirai. Car quant une feme a un mari et il se part d'elle por aler en voiajes , et que doie demorer dci vingt jors en sus, la feme tant tost que son mari est parti por aler en voiajes , elle prant mari , et ce puet-clle bien faire por lor uzance. Et les hommes là ouques il aillent prenent famés ausint , et sachiés que toutes cestes pio- vences que je voz ai contés da Cascar jusque ci et encore alara avant , est de la grant Turchie. Or vos laison de ce et voz con- teron d'une provenze que est appelle Ciarcian. CHAPITRE LYI. Ci comancc de la provcnce de Ciarcian. Ciarcian est une provence de la grant Turchie entre grec et levant. Les jens aoient Maomet. Il hi a viles et chastiaus asez , et la mestre cité dou règne est Ciarcian. Il y a fluns qe moinent ( 52 ) (liaspes et cakcdon , Icsqualz porlenl à vendre au Cata , et no Eo oui. ne* grant profit , car il en ont asez et bones , et toute ceste pro- vence est sablun , et de Cotam à Pen est ausi sablon , et da Pen ici est encore sablon , et hi a niantes aiguës mauves et amères. Et encore hi a en plosors leus aiguës doces et boncs. Et quant il avint que hoste passe por la contrée, il que soient cncsus , il fuient con lor femes et con fils et con lor bcstcs entre le sablon deus jomée ou trois en leus où il savent que aie aiguë et qu'il pous- sent vivre con lor bestes , et si aoz di qe nulz poit apercevoir là o il soient aies, por ce qc le vent covre les voies dont il sunt aies de sablon , si que ne apcrt dont il soient aies et ne senble qe por iluec alast unques home ne beste , en celle mainere etschanpcnt de lor ennemis con je voz ai dit. Et ce il avint qe por iluec passe host qui soient ami , si fuient le bestes seulement , por coi il ne vellent qu'clcs soient elz tollues et mengies , car les hostes ne jwicnt chouscs qu'il prcndes. Et quant l'en s'en part de Ciarcian , il ala bien cinq jorncc por sablon , là où il a de mauvcissc aiguë et d'ameres , et on tel leu hi a des bones et douces , et ne i ha cosses que face à mentovoir en nostre Hato , et chief de cinq jor- nce trouve l'en une cité que est au chief dou grant dezert, là o les homes prenent les viandes por paser le dezert , et por ce laison de ce et voz conteron avant. CHAPITRE LVII. Ci devise de la cité de Lop. Lop est un grant cité cho est au chef dont l'en entre en le grant dezert qui est apellé le dezert de Lop , et est entre levant et grech. Geste cité est au grant Chan. Les jons aorent Maomet , et voz di que col que ATaclent paserc le désert se repousent en ceste Aàlle une semaine por reffrccher elz et lor bestes : à chief d'une semaine il prennent viandes por un mois por elz et por ( 53) lor bestes. Et adonc se parte l'en de cette ville et entrent l'en en désert , et voz di qu'il est longo selonc que l'en dit tant que en un anc alcrroit l'en au chicf , et là o il est moin large se poine à passer un mois. Il est toutes montagnes etsablon et valés, e ne i se trouve rein à mangier , mes jeo vos di que quant l'en est aies un jors et une noit, l'en trove cive deueres* mes iun aiguë * Do que peust avoir asez grant ]cns , mes cinquante ou cent hommes con lor bestes , et por tout le dezcrt voz couvent aler toutes loies un jorno et une nuit avant qe vos trovés cives. Et si voz di qe en trois leus ou en quatre treuve-l'en cive amer et sause , et toutes les autres sunt bones qe sunt entor de ^^ngt huit eives. Bestes ne oisiaus ne i a pas , por ce que il ne i trouvent à man- gier -, mes voz di que l'en hi trouve une tel mcrvoie con je voz conterai. Il est voir que quant l'en chauvache de 'noit por ccst dezert , et il aA'ient couse qe aucun reumangne et s'ezvoie de sez conpains por dormir ou por autre chouse , et il aticU puis aler por jungnire sez conpagnons , adonc oient parlere espiriti en mainiere qc scnblent que soient sez conpagnons , car il les ap- pellent tel fois por lor nom, etplosors foies les font devoier en tel mainerc qu'il ne se treuvent jamès , et en ceste mainere en sunt jà mant morti et perdu. Et encore voz di que jor meisme hoient les homes ceste voices de espiriti , et voz semble maintes foies que vos oies soner manti instrumenti et propemant tanbur. En ces maineres se passe ceste dezert et à si grant bannie con voz avés hoï. Desormès voz lairon dou désert , que bien voz avun dit tout l'afer , et vos conteron des provences que l'en treuve quant isti do dezert (54) CHAPITRE LVIII. Ci devise de la provencc de Tangut. Et quant l'en a chevauches cest troint jornée dou dezert que je vos ai dit, adonc treuve-l'en une cite' que est apellcs Sacion qui est au grant Kaan. La provcnce s'apelle Tangut. Il sunt tuit ydres. Bien est-il voir qu'il hiaaùqucs cristicnz Nestorin : et en- core y a Saracinz. Les ydres ont langajcs por elz. La ville est entre grec et levant ; il ne sunt jens qui vivent de merchandies , mes vivent dou profit des ble's qu'il recoient de la terc. Il ont maintes abayc et mant moster, Icsquelz sunt tuit plen de ydres de mainte faision , asquelz font grant sacrificie et grant honor et * Révère ce g^ant irruceenor*. Et sachies que tout les homes que ont enfanz , font norir un mouton à honor de le ydres , et à chief de l'an , ou en la fcste de sa indre, cil que ont nodrile mouton le moinent con lez enfanz devant le ydres et li font grant revestence et elz et lor enfanz ; et quant ont ce fait, il le font toit cuire, puis le portent devant fidre con grant révérence , et ilucc le laissent tant qu'il ont dit lor ofice et lor preier qe le ydre sauvent lor fdz , et dient qe le ydre menuient la sostance de la cars. Puis que il ont ce fait , il prenent celle cars que devant le ydre aroit esté , et la portent à lor maison ou en autre leu qu'il voilent, et man- dent por lor parens et le menuent cum grant révérence et à grant feste ; et quant il ont manjés la cars et il reculient les oses et le sauvent en arche moût sauvemant : et sachiés que tuit les ydules dou monde , quant il morurent , les autres font ardoir les cors. Et encore voz di que quant cesti ydres sunt portes de lor maison au leu o il doient estre ars entre voies en auquant leus, les parens dou mors ont fait emi la voie une maison de fust coverte de dras de soie et de dras doré. Et quant le mort est porte devant ceste mai- son si aornés, ils s'arestent cl les homes gitent devant le mors vin et ( 55 ) viandes assez , et ce font-il por ce que il dient que à tiel honor sera-il recevu en l'autre siècle ; et quant il est aportés au leu où il doit estre ars, ses parens font entaillier homes de carte de papir et chevaus et gamiaus et monete grant comc bizans , et toutes cestes couses funt ardoir avech le cors , et dient que en le autre monde le mors aura tant esclaif et tantes bestes et tantes moutons com il font ardoir de charte. Et encore voz di que quant le cors sunt porté à ardoir , tuit les stormenz de la tere vont sonant aunte* le cors. Et encore voz di d'oun autre chousse, que quant cesti ydres sunt mors , il mandent por lor astroHque et dient elz la nasion dou mort , ce est quant il nasqui , de quel mois et quel jorno etl'oire ; et quant les astroilique le a entandu , il fait sez cndevinaile por arz diabolique , et dit puis qu'il a fait sez ars , le jor que le cors se doit ardoir. E voz di que de tielz fait demorer que re Tard une semaine , et de tielz un mois , et de tielz six mois, et adonc convient que les parens dou mort les tegnent en lor maison tant con je voz ai dit : car il ne firoient jamès ardoir jusque atant que les endevinz lor dient qu'il soit bien ardoir. Endemenlier que le cors ne s'arde et demore en lor maison , le tenent en tiel mainere , car je vos di qu'il ont une cassic de table grosses un paumet , bien conjunte ensenble , tote enpointe noblemant , et hi metent le cors dcdcns , et puis le covrent de tielz draz et si ordre et con canfara et con autre autre espèces que le cors ne poute point à celz de la maison. Et encore voz di que les parens dou mors, ce sunt celz de la maison, ongne jor tant quant le cors hi demore, li font mètre table et hi metent viande da mangier et da hoir ausi con c'il fust vif, et le metent davant la cascio où le coi-s est , et le laisent tant corne l'en pensse avoir mengiers , et dient que s'arme menjue de cel viande. En tel mainer le tenent jusque au jor que il se vient à ardoir; et encore voz di qu'il funt un autre chouse , que plosors foies cesti endevi dient as parens des mors que il ne est bucn que il traient por la porte de la maisson le cors mors , et trovent caison ou de stalle * Devant. ( 56 ) ou d'autre choussc que soient encontre'e à celle porte , et adonc les pareas dou mors le funt traire por autre porte et maintes foies font rompir les mur , et d'iluec le funt trare , et tuit les ydules dou monde iront por la mainere que je voz ai dit. Or voz laison de ceste matière , et voz parleron d'autre cité que sunt ver maistre joste le chief de cest dezert. CHAPITRE LIX. Ci devise de la provcnce de Camul. Camul est une provence que jadis fu roiaumes. Il lii a villes et castiaus assez , et la mestre ville est appelle Camul. La provence est emi de deus dezert , car de l'une part a le grant dezert et da l'autre a un petit dezert de trois jornce. Les jens sunt tuit ydres et ont languajes por si. Il vivent dou fruit de la tere. ; car il ont des chuscs de mangier et du hoir asez, et en vendent as mandant que por illuec passent. Il sunt homes de grant seullas , car il ne entendent à autre couse for che à soner estromens et à chantere et à ballcr et à prendra grant délit à lor cors. Et voz di que se un forestcr li vient à sa maison por hei^bergier , il en est trop liés. 11 commande à sa feme qu'elle face tout ce que le forestier vuelt , et il se part de sa maison et vait à fer sez fait et demore deus jor ou trois , et le fostcr demore avec sa feme en la maison et fait à la vo- lunté et jue con elle en un lit ousi conce elle fusse sa feme, et de- morent en gran seulas. Et tuit celz de ceste cité et porvence sunt aimi de lor feme , mes je voz di qu'il ne le se ticnent à vergogne. Et les fcmes sunt bêles et gaudent et de soûlas. On avint que au tcns que Mongu Chan sire des Tartarz regnoit , adonc li fu de- n.unsiés cornant celz de Camid fasoient ensi avoutier lor femes as forestier , e cel Mogu mande elz comandant sont grant poinc que il ne deusent hcrbergier les forestiers. Et quant cel de Camul ont eu cest conmandemant , il en furent moût dolés , et adonc (57 ) furent à consoil , et consielent et font ce que je voz dirai : car il pristrent un grant présent et l'aportent à Mongu , et le prient que il le laisase fere les usanse de lor femes , que lor ancesteté avoient elz laisses , et li dient com lor ancesteté avoient dit que por le plaisir qu'il fasoient as forestières de lor famés et de lor cosses , qe lor ydres l'avoicnt à grant bien , et que lor blée et lor labor de tere en molteplio ascz. Et quant Mongu Kaan entendi ce , il dit puis que vos volés vostre honte et voz laies , et adonc con- sent qu'il faichent lor volunté , et voz di que toutes foies ont-il mantenée celle uzance , et mantincnt encore. Or laison de Camul et voz conteron des autres que sunt entre tramontane et maistre , et sachiés qe ceste provence est au grant Chan. CHAPITRE LX. Ci devise de la provence de Gincliinlalas. Ghinghintalas est une provence que encor est juste le dezert entre tramontane et maistre. Elle est grant seize jornée : elle est au grant Chan. 11 hi a cités et castians assez. Il hi a trois gene- rasionz des jens ; ce sunt ydres , et celz qe aorcnt Maomct , et cristiens nestorin. Et à le confin de ceste provence dever tramontane a une montagne en laquel a moût bone voine d'acer et d'ondanque. Et en ceste a montagnes meisme se trouve une voine de laquel se fait la salamandre , et sachiés que salamandre ne est pas besle corne ne* dit , mes est tes choses *^,^ con je dirai desout. Il est vérité que voz savés bien qe por natiu'c nulle bestes ne nulz animaus ne pout vivre en feu , por ce qe chaschu animaus est faitdes quatre alimens*. Et por ce que les jens ^ iVi,;,,,,.,,^ ne savoientraccrtance de la salamandre , ledisoienl en la mainere qu'il di encore que salamandre soit besle ; mes il ne est pas vérité , mes je le voz dirai orendroit , car je voz di q'ele ot un conpagnons qe avoit à nom Zurficar , un Turs que moût esloil 8 ( 58 ) sajes , qui demoroit trois anz por le grant Chan en celle piovence por fair traire celle salamandre et cel undanique et cel acer et toutes couses foies hi mande seingnor le grant Chan por trois anz por seingnoreicr la provence , et por fer la besogne de la salamandre , et mun conpains me dist le fait , et je meisme le vi. Car je voz di que quant l'en a cave des montagnes de celle voine que voz avés oï , et l'en la ront et dcspecc , elle se trent ensemble et fait file come lane. Et por ce quant l'en a ceste voine , il la fait sécher , puis la fait pislere en grant morter de covre , puis la fait lavere et remaint celle fille que je voz ai dit , et la terre gcte que ne vaut rien. Puis ceste files que est semblable à laine , la fait bien filere , et puis en fait fer toaille ; et quant les toaillcs sunt faites , je voz di qu'elles ne sunt mie bien blances , mes il la mettent en le feu et le hi laisent une peces , et la toaille devient blanche come noif. Et toites foies que ceste toaille de salamandre ont nulle sosure ou bruture , l'en la met en feu et la hi lasse une picze et devient blancc noif; et ce est la vérité de la salamandre que je voz ai dit , et toutes les autres chouses qe s'en dient sunt mensogne et fables. Et encore vos di que à Rome en a une toaille que le grant Chan envoie à l'Apostoille por grant présent , et por coi le saint suder de nostre seingnor Jezucrit hi fust mis dcdens. Or voz laison ceste provence , et voz conteron des autres provence entre grec et Levant. CHAPITRE LXI. Ci devise de la provence de Suclaog. Quant l'en s'en part de ceste provence que dit voz ai , il aia dixjornce entre Levant et grec. Et en toute ceste voie ne a abitasion se pou non , et ne i ha chouses que à mentovoir face en nostre livre ; et à chicf des dix jornée l'en treuve une pro- vence qe est apellcs Suctuir en laquelle a cité et castiaus assez, et ( 59) la mestre cité est apcUcs Suctin. Il y a cristians et ydrcs ; il sunt au grant Can , et la grant provcnce Jereraus * oîi ceste provence * geHeiali- est et ceste dcus que je vos ai contés en arriéres, est apellcs Tan- gut , et pro toutes les sien montagnes i se treuve le ribarbar en grant abondance , et ilucc l'acatent les mcrcaant et le portent puis por le monde. Il vivent du frout qu'il traient de la terre , mes de mercandies ne se travailent-il guieres. Or nos partiron de ci et vos conteron d'une cité que est apellcs Capicion. CHAPITRE LXII. Ci dit de la elle de Canpicion. Canpicion est une cité que est en Tangut meesme, que est moût grant cité et noble , et est chief e seingnorie toute la provcnce de Tangut. Les jens sunt ydres , et hi a de celz qe aorent Mao- met , et [encore hi a crislienz , et ont en ceste ville trois église grant et belles. Les ydres ont maint mostier et baie * selont lor * Abbayi- uzance. Il ont grandisme quantités de ydres , et si voz di qu'il en ont de celle que sunt grant dix pas ; tel est de fust , et tel de tere, e tel de pères, et sunt toute coverte d'or et evrée moût bien. Ceste grant ydre gigent* et plusor autres idres peitetes son * ni-.„n. envu-on celle grant , et senble qui li faichent humilité e révérence. Et por ce que je ne voz ai contés toites les fais des ydrCs , vos le voil conter ici. Or sachiés que les régules des les ydules vivent plus honestemant que les autres ydres. Il se gardent de luxurie , mes ne l'ont pas por grant pechiés , mes si voz di que se il treu- vent aucun home que aie jeu con femc contre nature , il conda- nent à mort. Et voz di qu'il ont l'ivier * ausi con nos avum les « lunain.-. mois , et ont alcun lunar qe tûtes les ydules dou monde ne occi- rent bestes ne osiaus. Por cinq jors ne menuierent chars que fuse ocise en celz cinq Jors et ccsti cinq jors vivent plus hones- temant que ne funt les jors autres. Il prenent jusque en trente ( 6o ) femes et plus el moin sclonc qu'il est riche et qu'il en puent te- noir , et les homes douent à lor fcmcs por loi- doaire bestiaus et * psclav.s. escalif * et monoie et selont son poir mes , mes si sachiés que la primera tent-il por la meior. Et encor voz di que se il voit qe aucune de sez fcmcs ne soit hone et que ne li place , il la pout bien cacer e fer à sa voluntc. Il prcnent le cousines por feme, et prenent la feme sun perc. Il ne lenent pecchics mant greu pechiés qc nos avun , car \\ vivent comc bcstcs , et por ce vos en laison atant , et voz conteron dos autres ver tramontaine. Et si voz di que mesier Nicolau et mcsier Mafcu et mesicr Mardi demorent un an en ceste cite por lor fait qe ne fa à mentovoir , et por ce nos partiron de ci et aleron seisante Jornée ver tramontaine. CHAPITRE LXIII. Ci devise de la cite de Ezina. Quant l'en s'en part de ceste cite de Canpicion , il chevauche doze jornce et trouve une cité qe est appelles Ezina qui est au chief dou dezert do sablon ver tramontaine , et est de la pro- vence de Tangut. Les gens sunl ydres ; il ont gamaus et bestia- mes assez. Il hi naiscnl fauchons lanier et sacri assez , et sunt moût honcs. Et il vivent don fructo de la terre et de bestiaus ; ne sunt homes de mercandie , et en ceste cité prant le viande por quarante jornéo. Car sachiés que quant l'en s'empart de cest cité de Ezina , il chevauche par un dezert por tramontaine quarante Jornée qe ne i a habitasion ne erberges , ne ne i demorent jens for Testée es valée , et en montagnes hi trouve l'en bien bestes sauvages asez , et asnc sauvajos hi a asoz. Ilil hi a bcstaics de pin assez , et quant l'en a rhovauchés quarante jornée por ceste dezert, il trouve une provence ver tramontaine et cirés quelz. ( 6i ) CHAPITRE LXIV. Ci devise de la cité de Caracoron. Caracoron est une cite que gire trois miles , lequel fu le primer cité que les Tartar ont quant il oisent de lor contrée , et voz con- terai dou fait des Tartarz et toutes les maineres cornant il ont sein- gnorie et comant il s'espandircnt por le monde. Il fui voir que les Tartars demoroient en tramontaine entre Ciorcia, et encel con- trée es grant plaingncs que ne avoit abitasion con de cités et de caustiaus ; mes il hi avoit ben pascor et grant flumes et aiguës assez. Il ne avoient seingnois , mes bien est-il voir qu'il fasoient rente au grant sire que estoit appelles en lor lengajes Unecan qe vaut à dir en franzois Prestor Johan , et ce fu le Prestre Joban de cui tout le monde en parolent de sa grànt segnorie. Les Tartars les donoient rente donge dix bestes le une. Or avint que il mul- tiplient moût. Et quant Prestre Johan vit qu'il estoient si grant jcnt , il dit qu'il li paroient nuire , et dit qu'il le partira por plosor contrée , et adonc hi envoie de sez baron por ce faire. Et quant les tartars oïrentce que Prestre Johan voloit lor faire , il en furent dulens , il se partirent tuit ensemble et aient por dezert leus ver tramontaine , tant qe Prestre Johan ne poit lor nuire , et estoient revel à lui et ne li fasoient nulle rente. Et ensi demorent auques de tens. CHAPITRE LXV. Cornant Cinchin fo le premer Kan des Tartars. Or avint que aies 1 187 anz les Tartars font un lor roi que avoit à nom en lor lengajes Cinghins Can. Cestui fui home de grant valor et de gran senz et de grant procsse , et si voz di que quant cestui fu esleu à rois , tuit les Tartars do monde que por celés ( 62 ) estranges contrée estoient espandu , s'en vindient à lui et le tc- noient à singncur. Et cestui Cinghis Can mantenoit la seingnorie bien afrançement. Et que voz en diroie ? Il hi vindrent si graiit moutitudene des Tartars que ce cstoit menoillc. Et quant Cinchis Can voit que il avoit si grant jcns , il s'aparoille con arc et con autres lor armeure , et vait conquistant por cels autres parties , et voz di qu'il conquistirent bien huit provences , mes ne fasoit elz nulz maus ne ne tollit elz lor cosses , mes les menoit ho lui por conquister des autres gens. Et en ceste mainere conquiste ceste grant moutitude de jens que vos avés oï ; et ceste jens quant il voient la bone seingnorie et la grant debonairté de cest segnor , il aloient trop volunter avec lui ; et quant Cinghis Can ot amasé si grant moutitude de jens que tout le monde courent , il dit qu'il vuelt conquister grant partie do mundc. Adonc envoie sez messajes au Prester Johan , et ce fu aies 1200 anz que avoit que Crist avoit nascu , il li mande qu'il vcl sa file prendre à feme. Et quant le Prester Johan oï ce que Cinghis Can li mande deman- dandt sa fde à feme , il le tint à grant despit et dit ; et conmant a grant vergoingne Cinghis Can de demander ma fde à feme ? Or ne set-il qe il est mes homes et mon sers? Or retorncs à lui et li dites que je firoie ardoir ma file que je le la donast à feme , et li dites por ma part que je li mant qu'il convenit qe je le met à mort si con traïtor et desliaus qu'il estoit contre son seingnor Puis dist as messajes qu'il se partissent mantinant devant lui et que jamès ne tornasent. Et quant les mesajes oïrent ce , il se par- tirent mantimant. Il alerent tant qu'il vindrent à lor seingnor , et li content tout ce que li mande le Prestre Johan que ne i fallent rien tout por ordre. ( 63) CHAPITRE LXYI. Cornant Cinchin Kan aparoie scz jcns por aler sor le Prestre Joan. Et quant Cinchins Chan oï la grant vilenie qe le Prestre Johan il mande , il en a si le cuer enfle qe pou qe ne li crevé dedcnz son ventre. Car je voz di qu'il estoit home de trop grant seingnorie. Il parole à cliief de pièce et dit si aut que tuit celz qe entor lui estoient qu'il ne vuclt jamès tenir la segnorie , se la grant vilanie que le Prestrer Joan li mande se il ne le hi venit * plus chieremant s veiulii qe jamès fuisse vendue villanie à home , et dit qu'il convint qe porchainemant il li monstre se il est son sers. Et adonc fait ses- mondre toutes sez jens et fait le greingnor aparoillemant que jamès fust veu ne oï. Il fait bien savoir au Prestre Johan qu'il se défende tant con el poet , et conmant il ala sour lui à tout soi efors. Et quant le Prestre Johan soit certainemant que Cinchin Chan venoit sor lui à si grant jens , il en fait gas et l'avoit por noiant : car il disoit que il n'estoient homes d'armes ; mes toutes foies il dit à soi meisme qu'il fira tout son poir , por ce que se il vient , qu'il le vêlent prendre et mètre à maie mort. Et adonc fait scsmundrc et aparoiller toutes sez jcns por mantes parties et estranges. Il fait bien si grant effors c'onque de greingnor ne host aspicte mes parler. En tel maineres con vos ave's oï, s'apa- roillent les unes gens et le autre. El por coi voz firoic-je lonc conte .'' Sachics tout voiremant qe Cinchins Chan con toutes sez jens s'en vint en un gradisime plain et biaus que Tanduc estoit appelle's qe estoit au Prestre Johan, et iluec mist son canp; et voz di qu'il estoient si grant moutitudine de jens que nulz poroit savoir le nombre : et iluec ot novellcs conmant le Prestre Johan venoit-il et not * joie , por ce que celle estoit belle plaingne et * En eut. large por largemant fer bataille. Et por ce atendoit-il iluec et (64 ) desiroit moût sa venue por mesler à lui. Mes atant laisse II contes à parlera de Cinchins Chan et de sez homes, et retor- neron au Prestre Jehan et as sez homes. m CHAPITRE LXVII. Cornant le Prestre Joan con scz jens ala à Tenconlre de Cinchu Can. Or dit li contes qe quant le Prestre Johan soit que Cinchins Chan con toutes scz jens venoient sor lui , il ala con toutes scz jens contre lui , et aient tant qu'il furent venu en cest plain de Tanduc , et iluech mistrent canp près à cel de 'l'angube Cingins Chan a vingt miles , et cascunes parties se repoussent por estre fresces et haiticrz le jor de la meslcc. En tel mainer con voz ave's hoï estoient le deus grandisme hostes en cel plain de Tenguc. Et un jor Cinchins Chan fait venir devant soi astronique qui estoient cristienz et sarazin, et conmande elz qu'il le seussent à dire qui doit vincre la bataille entre lui e le Prestre Johan. Le stroliche le virent por lor ars. Les saracin n'en li en sevent dir vérité ; mes les cristiens le hi mostrent apcrtemant , car il ont devant lui une channe et la trenchent por mi por luec , et puis mistrent le une d'une part et l'autre d'autre et ne l'a tenoit nelui , puis mistrent com à une part de la canne Cinchins Can , et à l'autre canne Prestre Johan et distrent à Cingins Can : Sire , or regar- dés cestcs cannes , et véés que ceste est votre nom , et l'autre est le nom dou Prestre Johan , et por ce quant nos auron fait nostre encantemant , celui que sa canne vendra sor l'autre , ven- cra la bataille. Cinchins Can dit que cel vuelt-il bien veoir, et dist à les astronique qu'il le li mostrent au plus tost que il porunt. Et adonc les astronique cristienz on le sallcrie , et legenl certes salmes et font lor enchantemant , et adonc la chane là où estoit le nom de Cinchins Can , san que nulle le tocha^t , se jont à (65 ) l'autre et monte sor celé dou Preslre Johan , et ce fui voiance tuti celz que illucc estoient. Et quant Cingin Can voit ce , il en ha grant joie , et por ce qu'il tieuvc les cristiens en virité , il fisl puis toutes foies grant honor as cristiens , et ks out por homes de vérité et ver tables, et ont puit toutes foies. CHAPITRE LXVIII. Ci devise de la grant bataille qe fo entre le Prcstre Joan e Cinchin Can. Et après ce deus jors s'armarcnt andeus les parties et se con- batirent enscnble durcmant et fu la grangnor bataille que fust jamès veue. Il hi oit gran maus et d'une part et d'autre ; mes au dereant venqui la bataille Cinchins Can , et fu en celle bataille hocis le Prcstre Johan , et de celui jor avant parde sa tere que Cinchin Can la ala conquislant tout jor, et si voz di que Cinchin Chan puis celle bataille rogna six anz , et ala conquistant maint castiaus et mant provinces ; mes à chief de six anz ala à un chas- tiaus qe avoit à non Cangui , et iluec fu fcru d'une sagite eu ge- noeilz et de celui coux morut , dont il fu grant domajcs , por ce^ qu'il estoit prcudomes et sajcs. Or vos ai divisé cornant IcsTartars ont premermant seingnor , ce fu Cinchins Can , et encore voz ai contes conmant il vinquircnt premercmant le Prestre Johan ; or voz vueil conter de lor costumes et de lor uzance. CHAPITRE LXIX. Ci devise des Cans qui régnent après la mort Cinquin Can. Sachié tuti voiramant qe après Cinchins Can fui seingnor Cui Can, le tierze Racui-Chan , le quart Alton Can , le quint Mongu Chan , le sexme Cublai Can qui est le greingnor e le plus poisant que ne i fu nul des autres ; car tuit les autres cinq fuissent ensem- 9 (66) ble , ne auront tant de poir cum cestui Cublai , et encore voz di, que tuit les cnperaor dou monde , et tous les rois de cristiens et de sarazin ne aont tant poir ne poroient-il fair tant corne cestui Cublai grant Chan poroit-il fair , et ce voz mostrerai en nostre livre tout apertamant. Etsagics de voir que tuit les grant saingnors que sunt estes descndue dou la lingner de Cinchins Can sont per- des à sovellir à une grant monlaingne qui est apellés Allai , et là unques les grant seingnors des Tartars muèrent , se il murisent cent jorne'e loinge de celle montagne , il convent que s'aportent illuec à scvellir , et si voz di un autre meravoie , que quant les cors de ccsti grant Cham sunt aportcs à celle montagnes et il soient loingne quarante jornée ou pius ou mis , toutes les gens qu'il encontrerent por les voies dont les cors sunt portes , sunt mis à l'espc'e por celz que le cors conduient, et dient , aies servir nostre seingnor en l'autre munde , car il cuidcnt voiramant que tuit celz qu'il ocient , doient alcr servir lo seingnor en l'autre monde, et ce meisme font-illes des chavauchz : car quant le sein- gnor muert , il occient tuit les meillors chevaus que le seingnor avoit; font ocire , por coi le seingnor l'ait en l'autre monde. Et sachics que quant Mongu Chan morut, plus de vingt mille homes furent occis qe encontrent le cors quant il se portoit à sevcler , et depuis que noz vos avuns commencics de Tartars , si voz en dirai mantes choses. Les Tartars dcmorent l'enver es plain et en leus chaut où il aie erbajes et ben pasquor (por) lor bestes, et l'astée demorent en froit leus en montagnes et en valcs, là oiî il treuvent eives et boschajes et pasquor por lor bestes. Il ont maison de fustet le covrcnl de fennes, et sunt reont, et le portent avec elz là ù ques il vont : car il ont lic's le verges des fust si bien et ordencemant , qu'il le puent porter lierement. Et toutes les foies que il tendent et drecent lor maison , la porte est toutes foies dever midi. Il ont pleuvait, charrcte coverte de feutre noir, si bien qe se il poust * tozjors, eive ne beingneroit nulle chouse que fust en la charete. Il la font mener et traire asbuef et à camiaus, et desus cestes carrete portent-il lor (67) feme et lor enfanz , et voz di que les dames achatent et vendent et ovrent tuit ce que à son baron et à se mesnie bezogne , car les homes ne se brient de nulle rienz for que de chacer et de fair des hostes et de hoiseller et fauchons ; il vivent cfe cars et de lait et de chacheson , et encore menuent des rat de faraon , qu'en i a en grant habundance par me les plaingne de sore et por totes pars. Il mcnjuent ben chars de cavaus et de chien et bovcnt lait de jumentcs. Il menuent de toutes chars , il se gardent que por rien dou monde ne cocheroit le un à la feme de l'autre : car trop l'ont por mauveis chousse et vilaine. Les dames sunt bones et loiaus ver lor baronz et font mult bien la bezongne de la masnc'e. Les ma- najes font en cet mainerc , car chascun puet prandre tantes foies * * femmes. con li plet , jusque en cent se ill a le pooir qu'il le peuse mante- noir , e les homes donent le doaiere à la mer sa feme , ne la feme ne donc rien à l'orne ; mes si sachiés qu'il ont por plus viables et por meior la primer sa feme que ne a les autres gens , por ce qu'il ont toutes femes con je voz ai contés. Il prenent lor cousine , et ( si) le père muert , le sien greingnor fil prent à feme la feme son peirc, puis qu'elle ne soit sa mer ; il prant encore la feme de son frère charnaus , se il muert. Quand il prenent feme font grant noses. CHAPITRE LXX. Ci devise dou dieu de Tartars et de lor loi. Et sachiés que la loi lor est tiel , car il ont un lor Diu que l'a- peles Nacygai , et dient que celle est Dieu tereine qe garde lor filz et lor bestes et lor blée. Il li font grant révérence et grant honor , car cascun en tenent en lor maison : car il font cest deu de freutre et de dras et le tenent en lor maison , et encore font la moillier de cest Dieu et sez filz. La moiere * metent de la senestre * r.pmi.se. partie , et les filz devant et le honorent assez. Et quant vienent à mangier , il prenent de la char grasse et noignent la bouche à cel ( ^») Dieu et à sa fcmc et as scz filz ; et puis pienent dou brod e Tes- pannent dehors la port de sa maison. Et quant il ot ce fait , il dient que lor Dieu et sa masnée ont 6u lor part. Après ce menjuent- il et boivent , car sUchiés q>i'il boivent lai de jumcnte. Mes si voz di qu'il la bcut en tel maincre k'cle senble vin blance et est bone à boire , et l'apellent chemins. Lor vestimes sunt telz : car lez riches homes vestent dras dorés et dras de soie , et riches pennes zebel- * rtfnards. lincs et ermiucs et vair et de voupes* moût richamant , et tout lor arnois sunt niout biaus et de gran vailance. Lor armes sunt arz et espce et mases , mes des arz s'aident plus que d'autres couses : car il sunt trop buen archier. En lor dos portent armcure de cuir de bufaf et de autres cuir coct que moût sunt fort. Il sunt buens homes en bataille et vailanz durcmant , et voz diron con- mant il se puent travailer , et plus que autres homes : car maintes foies, quant il a bezogne, il alara ou dcmora un mois sanz nulles viandes for que il vivra de lait d'une jumente et manjuera des carz de les chacboison qu'il prenent , et son chaval palsera des herbes qu'il treuvera , car il ne bizogne porter orz ne paille. 11 sunt moût hobient à lor seingnor, et voz di que quant il bcinzogne , il demoure toute la noite à chaval cum ses armes , et le chaval alera toutes foies paisant les erbcs. Il sunt celles jens au monde que plus durent travalle et maus , et main vêlent de despencc , et que miaus sunt por conquister terre et reingnes. Il sunt ordrée en cestc maincre que je voz deviserai. Sachiés que quant un sein- gnor des Tartar ala en ostc, el moine ho lui cent mille homes à chevalz. Il ordre son afer ensi con voz boires. Il fait un chief aogne dix, aognc cent, aogne mille et a ogne dix mille ; ne a que consilier que con dix homes et celz que est sire de dix mille homes ne ot que faire que con dix hommes , et celui que est seingnor de mille homes ne ot que con dix , et ausint celui que est seingnor de cent ne a que fer que cum dix. Ensuit con voz avés oï , respont chascun à son cbicf, et quant le seingnor de cent mille en vuclt mander aucun in aucuna parle, il conmandc (69) au chef de dix mille qui li donc mille hommes , et le chief de dix mille conmande au chief de mille qu'il li done sa parte , et le chief de mille conmande en chief de cent, et chef des cent con- mande au chief de dix qc chascun done parte de cel que les mè- nent des mille homes , et chaschuz sevent mantinant et les donent tant : car il est chascun hobedicnt à ce qu'il est lor comandé plus che jens dou monde , et sachics que les cent mille est apellé un tut , et les dix mille un toman , et les por milicr et por centencr et por desme. Et quant les hostes aient por fer auchune cosse , il soient en plain ou en montagnes, il mandent dousjornée avant deux cent homes pour excaregaites , et ausint dericres et de joste, ce est de quatre pars , et ce font-il por ce que l'ost ne peust estre asail qu'il ne le seussent. Et quant il vont en longe voie en ost , il ne portent noiant des arnois, caf il portent deux batajes de Cuir, là ù il metcnt lor lait qu'il boivent, et portent une petite pignate , ce est baratere là où il cuizent lor carz. Il portent une petite tende là où il demorent por la pluie. Et si voz di un autre chouse, qe quantilhamester, il chevauchentbiendixjornée, sainz nulle viandes et sanz fer feu ; mes vivent d'un sanc de lor cavau , car chascuns poinge la voie * à son cheval et boit d'un sanc. 1 1 ont en- core lor lait seccé, que estsaude comepaste, et de celle lait portent et en metent en l'aive et la moinent tant que celle laite se destruie et puis la boivent. Et quant il vienent à bataille con lor ennimis, il les vinqucnt en ccste maineres : car il ne s'en tornent ad honte de fuit, car il voit arcaor * là or cntor à lor ennimis. Il ont si cos- i tumc's lor cavalz qu'il se girent cha el ausitost con firoit un chien. Et quant l'en li cace et il vunt fuiant, il coubatcnt aussi bien et ausi fort come quant il sunt vis à vis con les inimis. Car quant il fuit plus tost , adonc se gire ariere con son arche , et fait grant coux de sajete et occit des chevax des ennemis , et encore des homes , et quant les inimis les creunt avoir dcsconfit et vencu et il ont perdu, car lor chevaus sunt occis et elles mecsme assez. Et quant les Tartarx véont q'il ont occis deus cavaus lor ennimis et archers. ( 70 ) des homes ausint , il se gircnt sor elz cl se sproyent si bien et si vaillanzment , qu'il desconfirent lor cnnimis et li vinquent , et en ceste mainere ont jà vencue maintes batailles et mantes gens. Tout ce que je voz ai contes sunt le vies et les costumes des droit Tartars ; mes je vos di que orcndroit sunt moût cnbatardi , car celz que usent au Cata se mantienent al les vies et à la mainere et as costumes des Ydres , et ont laisc lor loy , et celz que usent en Levant se ticnent à la mainere de Sarazin. Il mantinent la justice en tel manere con je voz deviserai. Il est voir qe quant uno homo * enlève, hicnblc * aucune peitlte chouse /que n'en doic , il li est doné sept bastonce , ou dix-sept , ou \"ingt-sept , ou trente-sept , ou quarante- sept , et in ceste mainere vait jusque trois cent sept , croisent toutes foies dix selonc qe il ha enblé et plusor en morent de ceste bastonée. Et se le home enjjle un chevaus ou autre chouse qu'il doie perdre persone , il est trinchiés por mi com spée si voiremant que se celui qe anble puct paier et vuclt doner neuf tant que cel que il a enblé , il cscanpe. Et cascun seingnor ou les autres homes marquer, qe Ont bestes assez , il font boUer * de son seingne ; ce sunt les chevaus et les jumentes et camiaus et bof et vaches et autres bestes groses , puis le laise aler paistre por les plaines et por les mons sanz garde d'orne , et s'ele se meslent le une con le autre , cascun rende la soe à celui de cui le segne est treuvc , les berbls et les moutons et les bech font-il ben gardere as homes. Lor bestiames sunt toutes grandismes et grases et belles outre mesure. Et encore voz dirai un autre merveliose usanze qu'il ont , que je avoie * oublié, dementique * à scrivre ; sachic's touti voirmant que quant il sunt deus homes que le un ait eu un filz masle e soit mort de quatre anz o quant il vuelt , et un autre home ait eu une file feme et soit encor morte , il font mariajes ensenble , car il donent la ferae morte à l'enfans mors por moiler et en font faire carte , puis celle carte ardent et le feme que vait en l'air , si dient que vunt à lor filz en l'autre monde , et qu'il le scvent et que se tenent à mari et à moier. Il font grant noisse et ne spandcnt cha et là , et dient (71 ) que ce vont à lor enfanz en l'autre monde. Et encore font un autre chouse , car il font epindre et portrairc en carte homes à similitude des eles , et chevaus et dras et bizanz et arnois , puis les font ardoir et dient que toutes celles couses qu'il avoient fait portrairc et ardre , auront lor enfans en l'autre monde. Et quant il ont ce fait , il se tenent por parens et mantienent lor parenté ausi bien con il fuissent \'if. Or vos ai montré et devisé aperta- ment les uzances et les costumes des Tartars ; non pas qe je vos ai contés dou grandismes fait dou Grant Can , ce est le grand sire des tous les Tartars , ne de sa grandisme enperiaus cort , mes je le voz conterai en cel livre quant tens et leu en sera : car bien sont mcrveiloses couses por mètre enn'escripturc. Mes desormès volun retorner à nostre conte en la grant plaingne où nos estion quant nos comcchames des fais des Tartars. CHAPITRE LXXI. Ci devise do plain de Bangu et des déverses costumes des jens. Et quant l'en s'en part de Caracoron e de Altai , là où il se metcnt les cors des Tartars, ensi con je vos ai contés en ariercs , il ala puis por une contrée ver tramontane que est apellé le plain de Baigu, et dure bien quarante jornée. Les jens sunt apellcs Mecri et sunt sauvaje jens. Il vivent des bestes , et les plusors sunt cerf, et voz di qu'il chavauchcnl les cerf.. Uzance et costumes ont come Tartars , con il sunt au grant Can. II ne ont bief ne vin ; l'esté ont venesion et chachaionz de bestes et d'ousiaus assez ; mes l'en yver ne i demore nulle beste ne osiaus por le grant froit. Et quant l'en alée quarante jornée , adonc trcuve-l'en le mer Osiane , et iluec il ont montagne, là o li fauchonz pèlerin ont lor nid. Car sachiés qu'il n'i a homes ne femes , ne bestes , ne osiaus for che une mainere d'osiaus que sunt apelcs barghenlac , desqeles les fauconz se passent. Il sunt grant come perdris ; il ont fait (70 hirondelles. Ics piés comc papagaiis , la coe corne rondiaus * ; il sunt moul vo- lant. Et quant le grani Kaan vuelt des fauconz ni de ces pellerin , il mande jusque là por elz. Et en l'isle que sunt encel mer environ naisent les jcrfaucz. Et si voz di voiramant qc ccste leu est tant ver tramontaine , que la stoille de Iramontaine remaint auques en deriere ver Midi. El encore voz di que les jerfauchcz que naisent en Fisle que je vos ai dit desouie , sont en si grant habundance que le grant Chan en ha tant quant il ne vuclt , et ne entendes que celz qc l'aportcnt de tere de cristiens as Tartarz , les portent au grant Chan , mes les portent au Levant ad Argon et à celz seingnors dou Levant. Or voz avon conté tout les fais des pro- vences de tramontane apertement jusque à la mer Osiane , et desormès en avant vos conteron des autres provences et retor- neron dusque au gran Kaan et rctorneron à une provence que nos avon escript en nostre livre , qui est apelc's Canpitui. CHAPITRE LXXIL Ci devise do grant roiames d'Erginul. Et quant l'en se part de cesl Cancipu que je vos ai conté , l'en ala cinq jornéc, esqueles a maint espiriti, lesquelz oit l'en parler le nuit le plosor foies. Et à chicf de cel cinq jornée ver Levant , l'en treuve un roiames que est apelés Erginul , et est au grant Chan et est de la gran provence de Tengut qe a plosors roiames. Le jens sunt cristienz nestorin et ydres , et celz que aorent Maomet, Il hi a cités asez , et la mestre cité est Ergigul. Et de ceste cité ver Iscioloc puet l'en aler es contrés dou Catai , et en ceste voie de scloc ver le contrée dou Catai , treuve une cité qui est apellés Fingui , et hi a villes et cités assez , et est de Tangu miesme et est au gran Can. Les jens sunt ydres et jens que aorent Maomet, et des cristiens. Il hi a auques huef sauvajcs que sunt grant corne olifanz et sunt moût biaus à voir ; car il sunt tout pelous for le dos , et suiit blanc , et noir. Le poil est lonc trois paumes. Il sunt si biaus que c'en est une mervoie à voir , et de cesti buef mesme ont domcsces assez , car il pristrent des sau- vajes et il funt alingner si qu'il en ont grandisme quantité , et bi charchent et laborent con elz , et voz di qu'il laborent deus tant et ont de force. Et en cest contrée naist i le meillor masco * et le * '""" plus finz que soit au monde. Et sachics ke le moscbe se trouve en cesle mainere qe je voz dirai. Sachiés tout voiramant que il est ne peitete beste de le. grant d'one gazelle , mes sa faison est tel. Elle a poil de cerf mol gros, les pies corne gacelle , corne ne a pas , coe a de gazelle , mes elle a quatre dens, deus desot et des Soure qe sunt lonc bien trois doics et sont soutil , et vunt le deus en sus et les deus in jus. Elle est belle besle , le moscresc treuve en ceste mainere : car quant l'en l'a prise il li treuve cubelie en mi sont le ventre entre le cuir et la char une posteums de sanc Icqel l'en la trince cum tout le cuir , et l'an Irait hors , et cel sanc est le moscée de coi vient si grant odor. El sachics que en ceste contrée en a en grant quantité , et si buen con je vos ai contes. Il vivent de mercandies et d'ars et ont habundance des blés. Et elle est la provence grant vingt-cinq jornée. Il hi a faizam grant deus tant que celle de nostre païs , car il sunl de la grant de paon, aucun pou moin. Il ont la coe longe au plus dix paumes , et bien ni a de neuf et de huit et de sept au moin. Il hi a encore des fai- zam qui sunt de la grande et de faisonz des nostres païs , des autres hoisiaus hi a de maintes mainere , de con moût belles pennes et bien colorés. Les gens sunt ydres et sunt gras et ont peitet nés , qevoilz * noir. Il ne ont barbe for qe quant poil en ■ Cl,cv greingnon. Les dames ne ont nul poil for que en chef, ne nulle autre part ne ont nul poil. Elle ont moût bien faites des toutes faisionz ; et sachiés qe il se deletent moût en luxurie et prennent femes assez , por ce que lor loy ne lor uzance ne lor contraire , mes en puet prandre toutes con el vuelent et qu'il ont pooir de tenoir. Et si voz di que se il a une belles femes et elle soit de vil 10 ( 74) Icingnages , si la prent por sa biauté un graiit Laronz ou un grant home à famé , et on done à sa mier arjcnt assez, selonc qe il sunt en acorde. Or nos partiron de sa et voz diron d'une autre pro- vence ver Leveint. CHAPITRE LXXIIL Ci devise do roiames de la provence de Egregaia. Et quant l'en s'en part de Erginul et ala ver Levant huit jornce , il treuvc une provence que est apellés Egrigaia où il lii a cités et castiaus assez ; et de Tengiit. La mestrc cité est apellc Calacian. Les jens sunt ydres, el hi a trois yglise decristicnz nestorin. Il supt au grant Tartar, el en cestc cité se font giambellot de poil de gamiaus les plus biaus que soient au monde et les meillors , et encore en font de laine blan : in ce en font de giambellot blance moût biaus etbuens, et en font grant quantité, et d'iluech les aporlent les mcrcant por maintes part et au Catai , en autres leu por mi le monde. Or isiron de ceste provence A'er Levant, que l'en apelle Tendue , et enterrora es les terres dou Prestre Johan. CHAPITRE LXXIV. Cl devise de la grant provence de Senduc. Senduc est une provence ver Levant (en) la coi il hi a viles et cas- tiaus assez. Il sunt au grant Chan , car les descendent dou Prestre Johan sunt au grant Chan. La mestrc cité est només Tendue. Et de ceste provence en est rois un dou legnages au Prestre Johan , et encore est Prestre Joban , son nom est Giorgio. Il tient la tere por lo grant Chan , mes nos pas tout celle que tenoit le Prestre Joan , mes aucune partie de celle. Mes si vos di que les grant Kaan toutes foies ont donéo de lor files et de lor parens à les rois que reingnent qui sunt dou lingnajcs au Prestre Johan. ( 7^ En ceste provence se trouve les piercs dont l'azur se fait , et hi ni a asez et boncs. Il hi a zamelloit de poil de gamaus moût bucns. Il vivent de bestiaumes et dou frout qu'il traient de la tere, et en- core hi si fait auqucs mercandies et ars. La segnorie est à Cris- tiens ensi con je voz ai dit ; mes hil i a ydrcs asez et homes qne adorent Maomct. Hil hi a une jenerasion de jens que sunt appel- les Argon , qe vaut à dire en françois Guasmul , ce est à dire qu'il sunt né dcl dcus générasions de la lengnéc des celz Argon Ten- due , et des celz reduc, et des celz que aorent Maomet. Il sunt biaus homes plus que le autre dou païs et plus sajes et plus mer- caant. Et sachie's que en ccste provence estoit le mestre seje dou Preslre Johan quant il scingnorioit les Tartars , et toute celles provenccsetreingnes environ, et encore hi demorént le sien des- ccndens/et cestui Jor que je voz ai només est dou lingnages dou Prestre Johan , si con je vos ai en conte dit , et est le soime sein- gnor depuis le Prestre Johan, et ce est le leu qe nos apellon de se enostre païs Gogo et Magogo ; mes il l'apellcnt Ung ctMungul, et en cascune de ceste provence avoit uncgenerasion de jens, en Ung estoient les Gog , et en Mungul dcmoroit les Tartars. Et quant l'en chevauche por cest provence sept jornée por Levant ver le Catai , l'en treuve maintes cités et castiaus, là où il ont jens que orent Maumet , et ydrcs et Cristienz nestori auques. Il vivent de mercandies et d'ars , car il se laborent dias dorés que l'en apelle nascisi fin et nach et dras de soie de maintes maineres ; ausint con nos avon les dras de laine de maintes maineres , au- sint il ont dras dorés et de soie de maintes maineres. Il sunt au grant Kaan. Il est une cité que est apellcs Sindacui , et en ceste ville se fait maintes ars de toutes chauses et arnois que beinzogne ad hostes , et es montagnes de ceste provence ha une leu que est appelés Ydifu , en quelz a une moût bonne argentiere en laquel se tra arigente asez. Il ont chachaion de bestcs et d'osiaus assez. Or nos partiron de ceste provence et cités , et alcron trois jor- née , et adonc treuvcron une cité que s'apele Ciagannor , en la- ( 76) quel a un gran palais qui est dou gran Kaan , car sachiés qc le grau Kan dcmorc à ceslc cité en cest palais voluntieres, por ce qe il hi a lac et rivièr assez , la où il deniorent ces nés assés , et en- core il hi a biaus plains, esquclz ont grues assez et faisanz et per- driccs assez , et de maintes autres faisonz d'ousiaus. Et per la bone oisiagion que hi a, le grant Kan hi demore voluntier et hi prent son solas , car il oizelle à gerfauc et à fauchon et prant osiaus assez à grant joie et à grant feste. Il lii a cinq maineres de grues lesquelz voz diviserai. L'une mainerc est toute noire corne corbiaus, et suntmout grant ; le autre mainere sunt toule blance, les eles ont moût belles , car por toutes les pennes ont plein de iaux reont con celz dou paon , mes sunt de color d'or moût resprendisant. Le chief ot vermpil et noir et blanze autour , e. sunt greingnor que nulle des autres assez. La tieze mainere sunt de la fasionz des nostre , et la quarte mainere sunt peitete , el ont es oreilles pennes lonc vermoilles et noire mou belles. La quinte maineres sunt toutes griges , les chief ont vermoiles et noires mou' bien faites, et sunt grandismes. Et après ceste cite a une valée en laquel le grant Kaan a fait fare plosor maisonnetes es- qucles il fait tenoir grandismes t]uantité.s de calors qe nos apei- lon les grant perdris. Il fait demorer à la garde de ces;i os'au< plusors homes , et hi nia si grant habundance que cesle est mer- voie à veoir , et quant le grant Kaan est et vient en ce e conir 'e, il a de cesti osiaus en grant habundance tant quant il en ' iie'.t. Et de ce parliron et alcron trois jornéc entre tramonlaine et grcch. CHAPITRE LXXV Ci devise de la cilé d C>;.ucla e do m^-ncioû paîa? dou ;^rai^t Kaii. Et quant l'en est parti de la cité que je vos ai només desoure , et l'en ala trois j ornée , adonc treuve l'en une cité qui est appelle ( 77 ) Ciandu , que le grant Clian que est et rengne et que a nom Cublai Kaan , la fist faire. Et en cestc cité hi fist i faire Cublai Kan un grandismes palais de marbre et des picres. Les sales et canbres sunt toutes dorés ; il est moût merveilosemant biaut et bien aurés , et de ceste palais se mure un mur que environe bien seize miles de tere esqueles a fontaines et fiums et plateries assez ; c le grant Can hi tcnt de toutes faites beslcs. Ce sunt cerf et dain et cavriul, por'dcnerà mangicr as gerfaus et as faucun que il tcnt en mue en cel leu que sunt de ce gierfaus , et il meisme les vait veoir en la mue ongne semaine une foies , et plusors foies le grant Chan vait por ccst praerie qui est enveronée de mur , et moine ho soi un leopars sor la crope de son cheval , et quant il velt il le laise alerc et prant un cerf ou dain ou chavriol , et les fait doncr as gerfaus qu'il tient en mue , et cel iait-il por son délit et por solax. Et encore sagiés que en un leu de celle praerie environe de mur a fait le grant Chan un gran palais qui est tout de channes, mes est endorés tout dedens et orverait * as bestes * Om et à osiaus moût sotilmant evrés. La coverairc est ausi toute de cannes envcrnigés si bien et si fort , que nules eives ne i poit nuire, et voz dirai come il est fait de channes. Sachiés de voir que celle channes sunt groses pluis de trois paumes , et sunt loue de dix pas jusqe à quinze. L"cn le trence parmi de un nod as autre , et adonc est fait un coup , et de ccstes channes que sunt groses et si grant que l'en en puet covrir maison et fer toute de chief , et cest palais que je vos ai dit desoure estoit tute de cannes , et si .l'avoit fet si ordrée le grant Kaan , qu'il le fasoit lever quant unques il voloit : car il le sostenoit plus de deus cent cordes de soie , et voz di que le grant Kaan demorent iluec trois mois de l'an , jung et jungnée et aost , et por ce il demore il de cest tens , qu'il ne a chaut e por le grant délit , et cesli trois mois que vos avés, tient le grant Caan le palais de channes fail , et tous les autres mois de l'an le tient-il deffait , et le a si ordréé que il le puet fer et deffcr à sa volunté , c quant il vient à les vingt huit 1» ( -■«) jors d'aost le grant Kaan se part de cest cité et de cest palais cha- sun an en ccstui jor, et voz dirai por coi. Il est voir que il a un raz de chevaus blance et de jumentes blances corne noif sanz nulz autres coleur , et sont grandissmcs quantité , ce est qu'il hi a plus de dix mille jomentes , et le lat de ccste jumcnte blance ne noz boire nulz, se ne celz que sunt dou Icngnages de l'enperio, ce est de legnages de grant Kaan. Bien est-il voir 'que un autre jenerasion de Jens en puet bien boir , ce fut appelles horiat , et cest honor donc elez Cinchins Can por une vitorie qu'il firrent con lui jadis. Et si voz di que quant cestc bestcs blances vont pa- sant , l'en fait elz si grant révérence que se un grant seingnor hi passast, ne paseroit por mi ceste beste , mes atendroit tant qu'eles fussent passé , ou il aleroit tant avant qu'il l'aroit passée. Et les astronique et les ydres ont dit au grant Chan que de cestc lait doie espandre cliascun an as les vingt huit jors d'aost por l'air et por les terres por coi les espirt en aient à boir, e les ydres espiri por ce que il li savent toutes sez couses , homes et femes , bestes, osiaus , blés et toutes autres chouses ; et d'iluec se part le grant Can , c vait à un autre leu. Mes si voz dirai avant une mervoille que je avoie demantiquc. Or sachiés que quant le grant Kaan * Brouillard, dcmoroît en son palais, et il fust pluie ou muslés * ou mautens ; il avoit sajes astronique et sajes enchanteor qui por lor senz et por lor enchantacion fasionent tous les nues et tous les maus tens hostcr desus son palais , si (je dcsus le palais n'i a maus tens et de toutes autres pars vait le maus tens. Cesti sajes homes que ce funt , sunt apellés Tebet et Quesmur. Il sunt deus gencrasion.s de Jens que sunt ydres. Il sevent d'ars diabolique e des encantc- mans plus que toz autres homes , et ce qu'il font il le font por ars de diable , et font croire «t les autres jens qu'il les font por grant santité et por evre de Dieu , et ceste jens meesme que je voz ai dit , ont une tel uzance con je vos dira : car je voz di que quant un home est jugiés à mor et soit mors por la scingnorie , il le prennent et le font cuire et le menjuent ; mes se il morust da f • ( 79 ) sa mort , il ne le mengicnt mie. Et saiés tout voirmant que cesti bacsi que je voz dis desourc que sevent tant des enchante- mant, font si giant mervoille con je voz dirai. Je voz di que quant le grant Kaan siet en sa mcslre sale à sa table qui est aut plus des huit coues * , et les coupes sunt emi le pavimentde la sale longe * Coudées de la table bien dix pas , et sunt plene de vin et de lait ou d'autres buen bevrajes , et ceste sajes encariteors que je voz ai dit desoure qe bacsi sunt només , il font tant por lor encantemant et por lor ars , que celés coupes pleiimes por lor meesme se lèvent le pavi- ment où elle estoient, et s'en vont devant le grant Can , san ce qe nulz ne les toucent , et ce font voiant dix mille homes , et ce est voir et vertables sanz nulle mensongne ; et bien voz diron les sajes homes de nigromansie , dient que se puet bien faire. Encore voz di que cesti bacsi , quant il vienent les festes de lor ydres , il s'en vont au grant Kan et li dient : Sire , la tel fcste vient de tel nostre ydre , et nome le nom de ccl ydre qu'il vuclt , et puis li dient : Voz savés , biau sire , qe ceste ydre suelt faire maus tens et domajcs de nostre chouses et des bestes et de blés , se elle ne ont ofert et holocast , et por ce vos préon , biaus sire , que vos nos faisonz doner tant moutonz qe aient le thef noir, et tant de onces * et tant leingne aloe et tant de tel cousse et tant de tel, por ce que nos peussions faire grant honor et grant sacrifice à nostre ydre , por ce qu'elles nos savent et nos cors e nostre bestes et nostre blés. Et ceste couses dient cesti bacsi as barons que sunt entor le grand Kaan, et à cclz qe ont bailie , et cesti li dient au grant Chan , et adonc ont tout ce que il demandent por honorificr la feste de lor ydres. Et quant cesti bacsi ont eu totes celés chou, ses qui ont demandé, il en font à lor ydres grant honor con grant chant et grant feste : car il les encensent de buen odor de toutes celles bones chouses cspices , et font cuire la cars et la metcnt devant les ydres et espandent del brod sa et là, et dient qe les ydres en prenent tant q'eles vuelt. En tel maincr font honor à lor ydres les jor de lor feste, char sachiés tout voiremant qe chascun Encens (8o) ydrcs ont feste en lor nomes corne ont les nos , car il ont gran- disme mostier et abaic , que je voz di qc il hi a si grant mosticr corne une pitete cité , csquelz a plus de dcus mille monain selonc lor costumes, qe vestrentplushonestemant que ne font les autres homes. Il portent le chicf ras e la barbe rase ; il font les grein- gnors fcstes à lor ydrcs con greingnors cant et con greignors luminaric qc jamès fose veuc. Et encore voz di qe cesti bacsi e moût entr'aus de tiaus que selonc lor ordre puent prandre mollier , et il ensi font , car il en prennent et ont filz asez. Et encore voz di qu'il est un autre mainere de religions qe sunt appcllc's sensi, qui sunt homes de grant astinence selonc lor costumes , et moinent si après vie con je voz conterai. Sachiés touti voiremant que il ne menuent en toute lor vie for qe scmule et canigle , ceste les corses qe rémanent de la farine dou forment, car il prcnent celle semule ce est canigle, et la metent en eive chaude,. et la hi lassent demorer auquant, puis le menuent. Il degiunent maintes foies l'an et ne mengicnt rien dou monde for (je cel cavigle qe voz ai contes. Il ont grant ydrcs et asez , et tel foies aorent le feu. Et voz di que les autres régules dient que ccsli (jue veut ensint grant astinence, sunt comc paterin, por ce qe il ne aorent en tel mainere les ydrcs con il font , mes a grant déférence entr'aus , ce est entre le une régule et le autre, cesti ne prencroicnt mollier por ren dou monde. El portent le chief et le barbe raise ; il portent vestimens noir et bloies de ca- nave, et se il fuissent de soie, il le portèrent de tel coleur con je » Naiies. voz ai dit. Il dorment sor les estives*, ce sunt boides ; il font la plus aspre vie qc homes dou monde. Lor moistier et lor ydrcs sunt toutes femes , ce est à dire qu'il ont toutes nons des femes. Or voz laison de ce , et vos contcron des grandismes fais et des mervoics dou grandisme scingnor des seingnors des tous les Tar- tai's , ce est le très noble grand Chan que Cublai est apclk's. (8i ) CHAPITRE LXXVI. Ci devise de toutes les fais dou grant Can qui orendroit règne , que Cublai Can esl appelés, et devise cornant il tient cort e cornant cl mantient ses jens en grant justice , et encore dit de sez afer. Or vos vueil comencier à contier en nostre livre tous les gran- dismes fait e toutes les grandismes mervoies dou grant Kaan que a orendroit règne , qe Cublai Kaan est apelez , que vaut à dire à nostre lengaje le grant scingnors , et certes il ha bien ceste nom à droit , por ce que cascun sache voiremant qe ceste grant Kaan est le plus poisant homes des jens et des teres et des trezor que unques fust au monde ne qe orendroit soit da Adam notre pri- mer père jusque à cestui point , et ce voz moslrerai-je tout aper-- tamant en nostre livre que ce est véritables chouse , si qe chascun sera content que il est le greingnor sire que unques fust au monde ne qe orendroit soie , et voz mostrai raison cornant. CHAPITRE LXXVII. Ci devise de la gran bataille ke fo entre le gran Can et le roi Naian son ongle. Or sachiés touti voirmant qu'il est de la dreite ligne enperiaus de Cinchins Kan , que droitcmant de ccl lengnajes doit estre le sire de tous les Tartars , et cestui Cublai Kan est le séisme grant Kan , ce vaut à dire qu'il est sesme grant seingnor de tous les Tartars. Et sachiés qu'il ot la scgnorie as i256 ans que avoit qe Crist avoit nasqu , et en celui an comance à reingner , et sachiés q'il ot la segnorie por son valor et por sa proece et por son gran t scnz, car ses parenz et sez frères la le defendoient; mes il por grant proesse l'ot, et sachiés qe droitemant venoit à lui por rai sonz la seingnorie. Il a qu'il comance à régner quarante deus ans 1 1 ( 82 ) jusque à cestui point qccore 1298. Il puctbicn avoir d'aajcs quatre vins et cinq anz. Et avant qu'el fust seingnor il aloit en est tout * capitaine, la nlosors foies. Il estoit prodomes des armes et buen chavcitains * ; mes puis qu'il fu seingnor ne ala en ost for che une foies , et ce fu aies 1286 anz et voz diiai por coi. Il fui voir que unque avoit à non Naian qe uncle estoit de Cublai Kaan, icui est jeune enfanz seingnor et sire de mantes terres et provences , si qu'il pooit bien faire quatre cent mille homes à chevaus : sez anccstre ansiene- mant sunt este sot le grant Kaan , et cestui mesme estoit ausi sont le grant Clian, mes cnsi con je voz ai contes, cestui estoit jeune enfanz de trointc anz : il se vit sî grant sire qu'il pooit bien mètre an canp quatre cent mille homes à ehcvaz. Il dit que ne voloit «enlèvera, cstre plius sout le grant Kan , mes dit qu'il les toudra* la sein- gnorie selon que poit. Adonc cestui jSaian mande sez mesajes à Caidu q>ii estoit un grant sire et poissant, et estoit neveu au grant Chan , mes si l' estoit révélés et li voloit grant maus. Il li mande qu'il aille sor le grant Kan de l'une part , et il vendra de l'autre por lui tollir la terre et la seingnorie , et cestui Naian dit qu'il li plet bien , et dit qu'il sera bien aparoillés con sa jens à cel terme qu'il avoient ordréé , et alera sor le grant Kan , et sachics qe cestc avoit bien de pooir de faire et de mètre au canp cent mille homes à chevaus. Et qe voz en diroie ? cesti deus baronz , ce sunt Naian et Caidu, s'aparoillent et fasoient grant amasemant des chevaliers et des homes à pies por aler sor le grant Kaan. CHAPITRE LXXVIII. Cornant le grant Kan ala encontre à Nayan. Et quant le grant Chan soit ceste chose , il ne s'en esbaï mie , mes ensi comc sajes homes et de grant vailanze, il s'aparoille con sez jens et dit qu'il ne vueltjamès porter coronc ne tenir terre, se il ne met à maie mort cesti dous traîtres et desloiaus. Et sachie's qe le grau Kaan fist tout son aparoillamant en dix , douze jors, si (83) preveemant que null en savoit rien for celz de son consoil. Il oit asenblc bien trois cent soixante mille homes à chevauz, et bien cent mille homes à pies , et por ce fist si poi de jens , por ce qe cesti furent de sez ost qui estoient près de lui , les autres sez hos- tes qe do ces estoient qe moût estoient grandisme quantité, estoient tantloingneen ostporconquisterteres en plusors parties , qu'il ne liporoit avoir euàtensetà Icu, car ce il ause* fait tout son cnfors, il firoit tant de chevaliers à chevaus con il voudroit si grant mou- titude qe ce seroit enposible chose à croire et à oïr. Et cest i deus * cent soixante mille homes à chevaus qu'il fist , furent ses faucho- ner et autres homes qui estoient entor lui. Et quant le grant Kan ot aparoillés ccste pou jens que je voz ai contes desoure, il foit voir à sez astronique ce il vincra ses enemis, et c'el il en vendra à buen chief. Et cel le distrent qu'il fira de ses enemis à sa volunté. Adonc le grant Can con toutes sez jens se mist à la vie et ala tant que en vingt jors vindrent en une grant plaingne , là où Naian cstoit con toutes sez jens que bien estoient quatre cent mille homes à che- valz. Il hi vindrent un jor moût maitin , et ce fu en tel mainere qe sez ennimis ne seuvent lien , por ce que le grant Kaaii avoit fait pi'andre si toutes les voies, que nulz pooit alcr ne venir que ne fustpris, et ce fu l'achison por coi sez ennimis ne soustrent lor venu. Et voz di qe quant cesti hi vingent , Naian estoit en sa tente con sa feme en lit et se solaizoit avec li , car il le voloit mou grant bien. CHAPITRE LXXIX. Ci conmance de la batala dou grant Kan et de Naian son ongle. Et que voz en diroiePquantl'aure dou jor delà bataille fuvenu, adonc aparut le graut Chan sor un tertres qui estoiet en la plain- gne. Là Naian estoit atendés, qe demoroient mult seuramant con celz que ne creoent por ren dou monde qe iluec venist nulles jens («4) por lor fer domajcs , et ce estoit l'achaison qe il demoroient à si grant seurté et ne fasoient garder lor canp , ne ne avoicnt nulle cscharagaite ne avant ne areres. Le grant Kaan estoit sor le ter- tres que voz ai contes , sor une bertreschc ordréc sor quatre leo- fans. Il avoit sor lui sa scingne si haut que bien pooit cstre veue de toutes pars. Ses jcns estoient tuit eschiert à trente mille , et environent tout le canp en un moment , et avech chas- cun home à cheval avoit un home à pie dcrere à la crope dou cheval con lance en main. En tel maincre con vos avcs hoï, estoit le grant Kaan con sez jens, atiré con scz csceles environ le canp de Naian por conbatre con elz. Et quant Naian et sez homes on veu le grant Kaan con scz jens environ lor canp , il en furent tuit esbaïs. Il corcnt as armes , il s'aparoilent roistaincmant et font lor eschicle bien et ordreement. Endementier qe andeus partes estoient aparoillés , qe ne avoient que dou fcrir , adonc peust l'en vcoir et oïr soner maint estroment et maintes channcs et chanter à autc vois : car sachics qe les uzances des Tartars sunt tielz, car quant il sunt atirc et aschiéié por conbatre , il ne for- çoicnt en la baitaile jusque atant qe les naccar ne sonent , ce sunt celz de lor cheveita. Et endementier qe les naccar ne sonent , adonc tous les plosors des Tartars sonent lor enstrumcns et chan- tent , et ce estoit le por coi le soner e le chanter hi estoit si grant e d'une part e d'autre. Et quant toutes les jens furent bien apa- roillics d'andcus pai'S , atant comcnccnt à soner les grant nacar dou grant Chan. Et tantost que les nachar conmancent à soner, atant ne font deleament, mes laisse corre les une jens vers le autre con ars et con cspce et con macque et pou de lances , mes les homes à pics avenent bien abalestre et autre armaures assez. Et qe voz en diroie 1 il conmancent la mesk'e moutcruele et felo- nest : or poit l'en vcoir voler sagites, car toit l'air n' estoit plien come ce il fuist pluie. Or poit bien vcoir chevaliers et chevaus mort caoir à la tere : il hi estoit si grant la grie et remoute , que l'en ne out le dieu tonant. Et sachiés que Naian estoit cristicnz (85 ) hateizicnz , et à ceste bataille avoit-il la crois de Crist sor la en- seingne ; et por coi voz firoie-je lonch conte? Sachiés tout voire- mant qe celc fu la plus perilieuse bataile et la plus dotouse qe Ja- mes fust veuc , ne à nostre tens ne furent tantes jens en un canp à bataille et propremant homes à chevaus. Il hi morurent tant homes et d'une part et d'autre, qe ce cstoit merv'oille à veoir. Elle dure cestc meslce dou maintin jusque à midi , mes au de- reain venqui la bataille le grant Kaan. Quant Naian et sez homes virent qu'il ne pooientplus sofrir, il se mistrent en fuie , mes ce ne vaut lor rien , car Naian fu pris et tous sez baronz et ses homes se rendirent cou lor armes au grant Chan. CHAPITRE LXXX. Cornant le grant Kan fîst oncire Naian. Et quant le grant Kan soit que Naian cstoit pris , il comande qu'il soit mis à mort , et adonc fu mort en tel mainere con je voz dirai : car il fu envclopc en un tapis , et illuec fu tant moine sa à là si estroitcmant qu'il se morut, et por ce le fist morir en tel mainere, que il ne vuelen que le sanc dou leingnajes de l'enperer soit espandu sor la terre , ne que le soleil ne l'air le voie. Et quant le grant Kaan ot vencu ceste bataille en tel mainere con voz avés hoï, tous les homes et les baronz (à Nayan si firent homage au grant Khan, et estoient de quatre contrées), et nomerai ceste quatre provencc : la primer fu Ciorcia , l'autre Zanli , la terce Bars- col , la quarte Sichintingui. Et après que le grant kaan ot ce fait et vencu ccst bataille , les generasionz des jens qui hi estoient , sa- racinz , ydres et juif et maintes autres jens que ne creoent en dieu , fasoicnt gas de la cruis que Naian avoit aportés sor sun gonfauz , et disoient contre les cristienz que i estoient : Vces cornant la crois dou vostre Dieu a aidiés Naian qui estoit cristienz ; il en fasoient si grant gas et si grant escherne*, qu'ele vindrent devant motjuene. ( 86 ) le grant Chan. Et quant le grant Cham oï ce , il dist maus à cclz que gas en fasoicnt devant elz, puis apclles mant cristienz qe il- luec estoient , et il comance à conforter et dit : se la crois dou votre Dieu ne a aidiés Naian , elle a fait grant raisonz , por ce qe elle est bone, ne devoit faire se bien non et droit. Naian cstoite desliaus et traitres que venoit contre son scingnors, et por ce est grant droit de ce qe li est avenu , et la crois dou vostre Dieu fist bien se elle ne l'aide contre droit ; por ce q'ele est bone couse , ne devoit faire autre qe bien. Les crisliens rcsponderent au grant Can : Grandisme sire , font il , vos dites bien vérités , car la crois ne vost faire maus ne desliautés corne fasoit Naian qe estoit traites et desloiaus contre son seingnors , et il a bien eu ce de qe elle estoit doingne. Tel paroles furent entre le grant Chan (et) les cris- tiens de la crois qe Naian avoit aportés sor sa insegne. CHAPITRE LXXXI. Cornant le grant Can se tome à la ci(é de Canbalu. Et quant le grant Kan ot vencu Naian en tel mainere con vqs avés oï , adonc se torne à la mestre cité de Canbaluc , et iluech demore à grant seulas et à grant feste , e le autre baronz qe rois estoit que Caidu avoit à nom , quant il oi qe Naian avoit esté des- confit et mort, il n'out grant ire e ne fit ost, mes avent grant doute et grant paor d'estre asi menés corne avoit esté Naian. Or avés entendu cornant le grant Kan ne ala qe ceste foies en oste , car en toutes sez autres bezongnes et hostes mandoit ses filz et ses baronz ; mes en ceste ne vost-il que nulz hi alast for qe il seulemant , por ce que trop il sembloit grant fait et mavès la sor- cuscance de celui. Or voz lairori de ceste matière e retorneron à contere des grandismcs fait des grant Kaan. Nos avon conté de quel legnages il fu et son ajes , or nos diron cel qu'il fist as baronz qe se portent bien en la bataille, et cel qu'il fist à celz ( 87 ) qui furent vilz et coard. Je voz di qe à celz qe bien se provent , celui qui estoit seingnor de cent homes , le fait seingnor de mille e li fait grant donemant de vaicelement d'argent et de table de comandemant de scingncric , car celui qe a seingnorie de cent table d'arjent, celui qe a seingnorie de mille table d'or, o voir d'arjent endore' , celui qe a seingorie de dix mille a table d'or à teste de lion : e vos dirai le posse* de ceste table : celz que ont sein- * poiis. gnorie de cent et de raille poisent saies cent vingt , et celle à teste de lion poisse saie deux cent vingt ; et en toutes cestes tables est escrit un comandemant , et dient por la force dou grant Dieu et dou la grant grâce que adonc anostre enperer, le nom dou chan soit boneoit* ; et tuit celz qe ne lo hobieVont soient mort et des- * bëni. truit. Et encore voz di qe tuit celz qe ont cestes tables ont encore brevilejes con escriture de tout ce qe il doient faire en lor sein- gnorie. Or voz avonz contés cesti fait , or nos conteron encore de ce mesme. Car je voz di qe celui qe a grant seingnorie de cent mille , ou qu'il soit seingnor d'une grant host jeneraus , cesti ont une table d'or que poise saie quatre cent , et hi a escrit letres que dient ensi con je voz ai dit desoure, c desout à la table est portrarc le lion , e desoure hi est himaginés le soleil e la lune. Et encore ont brevelejes de grant comandemans et de grant fait. Et cesti qe ont ceste noble table , si ont por comandemant qe toutes foies qu'il chevauce,ceau tantost que le grant Kan sera mort : il ha bien bolle et soel* d'em- pire , mes non pas sconpliemant come a le gran sire tant quant il vif. Or voz ai conto's et devisez des palais , or voz conterai de la grant vile dou Catai , là où ceste palais sunt , por coi fui faite , et comant il est voir que ilucc avoit une ansiene cité grant et noble qe avoit à non Ganbalu , que ce vaut à dire en nostre lengaje la cite dou seingnor, et le grant Kan treuvoit por sez aslro- niquc que ceste cité se devoit revelere et faire gran contraire contre l'enpier. Et por ceste chaison le grant Kaan fisl faire ceste cité de joslre celle qe ne i a qe un flum cmi , et fist traire les jcns de celle cité et mètre en la ville q'il avoit estoié, qui est apellé Taidu. Elle est si grant con je voz conterai. Elle est environ vingt quatre miles et est quarés , qe ne a plus de l'un quaré que de l'autre ; est murés des murs de teres que sunt grosses desout dix pas et haut vingt ; mes voz di qu'elle ue sunt pas si grosse desoure come desout, por ce qe toute foies dou fundemant en sus vcnoient s 'amincissant, mcrmant*, si quc desoure sunt grosses eutor trois pas. Elles sunt toutes merles et blances. Elle a douze portés, et sorchascunc porte a un grandisme palais et biaus , si (jiie en chascun quarés des murs a trois portes et cinq palais , por qu'il hi a par chascun cant en- core un palais , et cesti palais ont moût grant sale là o les armes (93) dé celz que gardent la cité demorent. Et si voz di que les rues de la ville sunt si droit et si large , que l'en voit de l'une part à l'autra, et sunt ordre'é si que chascunc porte se voit con les autres. Hi a mant biaus palais et niant hiaus herbergcs et maintes belles maisonz. Elle en niileu de la cité un grandisme palais en quel à une grant cloque , ce est canpane qe sone lanoit, qenulz ne aille por la ville depuis qu'ele aura soné trois fois , char puis que celle canpane a soné tantes fi>is con il ont ordréé , ne oze aler nulz por la cité for qe por beinzogne de feme qu'enfantent et por bein- zogne des homes mallaides, et celz qe por ce vont, convient qe il portent lumere ; et voz di qu'il est ordréé qe chascune porte soit gardée por miles homes , et ne entendes que il gardent por dou- tance qu'il aient de jens , mes le font por ennorance dou grant sire qe laiens dëmore , et encore qe il ne vêlent que les lairons feissent domajes en la ville. Or voz ai contés de la vile , desormès voz conteron comant il tent cort et de scz autres fait , ce est dou grant sire. CHAPITRE LXXXVI. Comanlle grant Kan se fait garder à douze mille ornes à ckevas. Or sachiés qe le grant Kaan , por sa grandesse , se fait garder à douze mille homes à chevalz , et s'apclent quesitam que vaut à dire en fransois chevaliers et feeiz dou scingnor , e ne le fait pas por doutance qu'il aie de nul homes. Ccsti douze mille homes ont quatre cheveintan , car chascu est cheveintan de trois mille , et cesti trois mille demorent en palais dou grant sire por trois jors et por trois noit , et menaient et boivent laiens. Et ensi qe quant il ont gardée cesti trois mille trois jors et trois nuit , adonc s'en vont , et puis vienent les autres trois mille , et gardent autres trois jors et trois nuit , et ensi font jusque à tant qu'il ont tuit gardés , et puis conmcnzcnt de rinchief, et ensi vait tout l'an. Et quant le grant Kaan tcnt sa table por aucune cort qe il face en ( 94 ) tal mainere : car la table au grant sire est moût aute plus qe lès autres. Il siet en Iramontaine si que son vix garde ver inidi et sa primer fcme siet de joste lui de le senestre partie ; et de la destre part auquc plus bas siéent sez filz au seingnorz et sez neveu et sez parenz qe sunt de l'eupcriel lingnages , si que je voz di qe lor chief vienent as pies dou grant sire. Et puis les autres baron siéent autres tables encore plus bas. Et ausint vait des femes , car toutes les femes as filz dou grant sire et de sez neveu et de ses parens seent de le senestre partie ausi plus bas , et après séent toutes les femes des baronz et des chevaliers , et séent ausi plus bas , et chascun sevent l'un leu o il doit soir por le ordremantdou seiugnor. Et sunt les tables por tel maincr qc le grant sire puet vcoir tuit , et ce sunt grandismcs quantité. Et deors de cest sale c menaient plus de quarante mille , car il hi ■s'ienenE maintes homes cornant grant présent , et ce sunt homes qe vienent d'e.strangçs pars con estranges choses; et de tiel hi a (jue ont en seingnorie et encore en vuelent , et cesti tielz homes vienent en cesti liclz jors quant le grant Kaan tient cort et fait noses. Et en milcu de ceste sale où le grant sire tient sa table , est une grant peitere d'or fin qe bien tient de vin corne grant botcl ; et environ ceste peitere , ce est en chascun chant e a une plus petiete. Et de celé grant vient le vin.au brevajes que sunt en celle mandre , se trait le vin ou le chier bevrajes que hi soit, et s'en enplent grant vernique d'or qe bien sunt tiel qc tienent tant vin que huit homes ou dix en avoienl assez , et se metent entres deus homes que siéent à table : un cl chascun de cesti deus homes hont une coppe d'or à maneque , et con celle cope prennent dou vin de cel grant vernique d'or , et ausint en ont entre deus dames un de celz grant et deus coupes comant ont les homes , et sachiés qe cesti vemiques et cestes chouses sunt de grant vailance , et voz di que le grant sire ha si grant vaizcllemant d'or et d'arjent, qe ne est homes que ne les veist qc les peust croire. Et sachiés qe celz qe font la creense au grant Kan des viandes et des bevajes, suntplosors baronz , et voz ( 9^ ) di qu'il ont fascée lor bauche et lor ncs ton belles toailles de soie et d'or, por ce que lor alaine ne lor fraor* ne venissent en les vian- * o.Kur. des et les bcvrajes dou grant sire. Et quant le grant sire doit boir , tous les estormens , que hi ni a grandismcs quantité de toutes faires conmenzent à soner , et quant le grant sire a sa coupe en main , tous lesbaronz et toutes les jens qe hi sont, s'enjenoillent et font seingnc de grant humilité. Etadonc boit le grant sire , et toutes foies quant lui boit se fait ensi con voz avés hoï. Des viandes ne voz di mie, por ce qecascundoit croire qu'il hi nia en grant habun- dance. Et si voz di qu'il ne i menjue nulz baronz ne nulz cheva- liers que ne moine se feme , et que ne i menuie cum les autres dames. Et quant il hont mcngiés elles tables sunt hostés , adonc hi vienent en celle sale davant le grant sire et devant toutes les autres jens, grandismes moutitudedesgiuc\der*etde tregiteoret * jongltuis de maintes plusors maineres des grant espirimens , et tuit font grant seulas et grant feste devant le grant sire, et incor en font les jens joie et molt en rient et seolacent. Et quant tout ce est fait, adonc se partirent les gens et chascun se torne à son ostel et à sa maison. CHAPITRE LXXXVII. Ci devise de la gran feste que fail le grant Kan de sa nativité. Et sachiés que tuit les Tarlarz font feste de lor nativité. Et le grant Kan fu nés à les vingt huit jors delà lune dou mois de seten- bre.Et en celui jor fait le greingnor feste qu'il font le chief de l'an , si con je voz le conterai après ceste. Or sachiés que le jor de sa ua- vité le grant Kaan se vestde noble dras à or batu; et bien douze mille baronz et chevaliers se vestent cum lui dou color et d'une mainere senblable à cel dou grant sire , non pas qe il soient si chier , mes il sunt dou color et dras de soie et dorés , et tuit ont grant zintur d'or. Et en cestes vestimcs done elz le grant sire , et si voz di que il hi a de telz de cesti vestiment que valent les pieres ( 96 ) presioscs et les perles qc soure hi cstoient , vailent plus de dix mille bizanz d'or , et de cesti tielz en hi a plusors. Et sachiés qe le grant Kan treize fois le an donc riches vestimens à celz douze mille baronz et chevaliers , et li vestement donne senblable ves- leure con lui et de granl vailance , et ce pocs veoir qe ce est gran- disme chouse , que ne est nulz autre seingnor au monde que ce peust faire ne mantenoir for che il seulemant. CHAPITRE LXXXYIII. Encore de la feste que le Can fait de sa nativité. Et sachiés que cest jor de sa nativité tous les Tartarz dou munde et toutes les provences et région qe de luitenenttere et régions, li funt grant présent chascun com est convenable à celui que l'aporte, et selonc que est ordréé. Et encore hi vienent maint au- t reshomes con granl présent, et ce sunt celz qe vuelent deman- der qe il lor donent aucune seingneurie. Et les grant sire a esleu douze baronz que donent le seingnerie à cesti tielz homes selonc qc a chascun s'afiert. Et en cestui jor les ydres et toz les cristienz et toz les Sarazin et toz les generasion des jens font grant orasion et grant progere à les ydres et à les lor dieu qu'il lor sauve lor sein- gnor , et qui li donent longe vite et joie et santé. En tel mainere con je voz ai contés dure celui jor la joie et la feste de sa nativité. Or voz l'aison de ceste que bien la voz avon contes , et voz diron d'un autre grant feste qu'il fait en lor chief d'an qui est appelle la blance feste. CHAPITRE LXXXIX. Ci devise de la grant fesle que fait le grant Can de lor chief de l'an. Il est voir qu'il font lor chief d'an le mois de fevrer- Et le grant sire et tous celz que sunt sotopost à lui, en font une tel feste (97 ) ton je voz conterai. Il est uzancc que le grant Kan con tout scz sajes se restent de robbe blanche , et masles et femes puis qu'il aient le pooir de fer lie ; et ce font-il por ce qe blance vesteurc senble elz beneurose et bone , et por ce le vcstcnl-il le chief de lor an , por coi tout la prennent lor bien et aient joie , et en ceslui jor toutes les jens et toutes les provences et regionz et reignes qe de lui tcnent teres et seingneuries li aportent grandismes présent d'or et d'argent et de pei'lcs et des pieres presieuses et de maint riches dras blances , et ce font-il por ce qe tout le an ait lor seingnor trezors assez , et que ait joie et leese. Et encore voz di qc les baronz et les chevaliers et tous les pueples se présentent les uns à les autres couses blances et s'acolent et se font Joie et feste , et ce funt-il por ce qe tout l'an prennent lor bien et que aient bone aventure , et encore sachics tout voiremant qe en ccs- tui jor prezentes au grant Kan an plus de cent mille chevaus blan- ces, moutbiaus et riches. Et encore celui jor hi vienent les sien leofant qe bien sunt cinq mille, tuit covers de biaus dras entail- liés à bestes et à osiaus, et chascun a sor son dos deus escring moût biaus et riches , et sunt plein de vaccUament dou seingnor, et des riches arnois por celle cort blance , et encore hi vienent grandissime quantité de gamiaus ausi covcrt de dras , et sunt chargés des chouses bezugnables as celé feste , et tuit passent por devant le grant sire , et ce est la plus belle viste à veoir que fust jamès veue. Et encore voz di qe le maintin de celle feste , avant qe les tables soient mises, tuit les rois et tous les dux et mar- chois et cuenz , baronz , chevaliers , astroniques , mires* , faucho- * me ner et maintes autres officiaus et regeor de jens et de teres et des host vienent en la grant sale devant le seingnor, et celz que ne hi chevent, demorent dehors le palais en tel leu que le grant sire les puet bien veoir. Et voz di q'il sunt ordréé en tel mainere. Tout primierent sunt sez filz et sez neveu et celz de son legnages enperiaus , après sunt les rois , et après les dux et puis toutes les ordres le une après le autre , ensi con il cstoit convenable. Et i3 ( 9» ) quant il sunt luil aseU's , cliascun lmi son Icu , adonc se lève un grant proies cl dit à haulc voz : Enclines et adore's , et tant tosl qe celui a ensi dit, il s'enclinent maintinant et metenl les front en tere et font lor orassion ver le seingnor et l'aorent ausi con ce il fust dieu. Et en Ici mainierc l'aorent por quatre foies. Il vont à un autel que moût est bien aornés , et sus cel autel a une table vermeille en laquel est ecrisl le non dou grant Kaan , et encore hi a un biaus encensier , et encensent celle table à Patel con grant révérence , puis s'en torne à son leu ; et quant il ont luit ce fait , adonc se font les prezent qe je voz ai contés qc sont de si gran- dissme vailance et si ricbes. Et quant les présent sunt tuit fait , e les grant sire a veue toutes cestes choses , adonc se metent les ta- bles , et quant les tables sunt mises , adonc s'asient les jens si or- dréemant con je vos ai contes autres foies : car le grant sire siet à sa aute table , et avec lui da la senestre part sa prunier feme , et nul autre ne i siet pas. Puis séent tous les autres en tel maine- res et si ordrccmant con je vos ai contés , et toutes les dames meisme sient da la partie de l'auperaice , ensi con je vos ai contes. Il tient table tout en tel mainere con je voz devisé ai Fautie foies. Et quant il ont mengiés , les joculer vienet et seulacent la cort ensi con vos boïstes l'autre foie , et après qu'il ont tout ce fait , chascun se torne à son ostiaus et à sa maison. Or voz ai devisé de la blance feste dou chief de l'an , or voz conterai d'oune no- blisime chouse que le grant sire a fait, que a ordrcé certes ves- timens à certes baronz por venir à scz ordrée festes. CHAPITRE XC. Ci devise des douze mille haroiiz que virent à les fesles. Or sachiés tuit voiremant que le grant sire a ordréé sien douze mille baronz que quecilain suut apellés , que vaut à dire les prosi- fiJèlcs. mcn feoilz * dou seingnor. Il a doné à cbascun treize robes , cbas- (99) cune de color devise l'une de l'anUe , et sunt aornés de perles et de pieres et d'autres riches choiises moût noblemant, et sunt de grandisime vailance. Il a encore doné à chascuns des ccsti douze mille baronz une ceinture d'or moût belle et de grant vai- lance, etenchore doné à chascun chausemant de camu laboré de fil d'arjent moût sotilmant qui sunt moût biaus et chieres : il ont tuit aorncmant si noble et si biaus que bien senble , quant il les ont A estu , que che chascun soit un rois ; et à chascune fcsle de les treize est ordrcé lequelz de cesti vestimenz se doit vestir. El ausi le grant sire en a treize scnblable à scz baronz , ce est de co- leur , mes il sunt plus nobles et de greingnor vailance , et un telz aornés a toutes foies se n'est d'un senblable con sez baronz. Or voz ai devisé des treize vestimens que ont les douze mille baronz da lor seingnor , que sunt entre tuit cent cinquante six mille ves- timent si cliier et de grant vailanze con je voz ai contés , que vailent si grant moutitude de trezor , qe a poinc se poroit contes le numbre sanz l'eccritures, et les causement qe ausint vailent tre- zor assez. Et tout ce a fait le grant sire por ce qe sez festes soient plus honorables et plus grant. Et encore voz dirai une chonse qui semble mervoille que auques fait à conter en nostre livre , char sachiés qe un grant lion est moine devant le grant sire, et le lion tantosto q'il le voit , se jeté à jecir devant lui , et fait scingnc grant humilité et senble qu'il le conoisse por seingnor. Il demore devant lui sanz nulle chacne , et ce est bien une couse que fait à mer- voille. Or voz laison de ceste couse et voz conteron de la grant chace qe fait faire le grant sire con voz oirés. CHAPITPxE XCI. Cornant le graii Kan a ordréé qc sez jcns li apporlenl de la venaison. Or sachiés de voir qe endementiers qe le grant sire demore en la cité dou Catai ces trois mois , ce sunt décembre et jever et ( lO" ) fcvrcr , il ha establi qe soixante jornee en\'iron là où il est, toutes jens doicnt chacer et ciseler , et est establi et ordrée' ce qe chascun seingnor de jens et de teires , qe toutes grant bestes corne sunt sengler sauvajes et cerf et daines et cavriolz et horscs et autres bestes li soient aportes , ce est à dire la greignor partie de celles grant bestes. Et en tel mainere chachoicnt toutes les jens qe je voz ai dit. Et celles bestes qu'il vuelent mander au grant sire , il font traire toutes l'enterailles dedent le ventre, puis le manlieiit sus les carrelbes et l'envoient au seingnors , et ce font cciz de trente jomce , et ce sunt grandisme quantité , et celz que sunt loin soi- xante jornee , no li envoient la charz , por ce qe trop est longue prépares, ^'oic ; mès il les envoient toutes les cuires afaités et concc's*, por ce que le seingnor en fait faire toutes sez beizognes de fait d'armes et des hostes. Or voz ai de\"iscs dou fait de la cace , et adonc voz deviseron de feres bestes qe le grant sire tient. CHAPITRE XCII. Ci devise de lionz e de leopars e de leus cerver que sunt afaîtés à prender bestes , et encore dit de gerfaus e de faucons e d'aulre osiaus. Enchère sachiés qe le grant sire a bien leopars ase^ qe tuit sunt bon da chacer et da prendre bestes. Il a encore bien grant quan- tité de leus cerver que tuit sunt afaités à beste prandre , et moût sunt bien à chachcr. Il ha plosors lyons grandisnies , greingnors asez qe celz de Babilonie. Il sunt de moût biaus poil et de niout « rayés, biaus colcor , car il sunt tout verges * por lonc noir et vcrmoil , et blance. Il sunt afaités à prandre sengler sauvajes etlesbuef sauvajes et orses et asnes sauvajes et cerf et cavriolz et autres bestes. Et si voz di qu'il est moût bielle cliouse à regarder les feres bestes qe les lions , qu'il les portent sus la cliarellie en une •'■ cage, cuble * , et ho lui a un chien petit. Il a encore grant moutitude aiglies qe sunt afailés à prendre leus et voupes cl dain et chavrion , ( loi ) et en prennent assez, mes celles que sunt afaités à prendre leus, sunt moût grandissmes cl de grant poisance : car sachiés qu'il ne est si grant leus qe escanpe devant celle aigle qu'il ne soit pris. Or voz ai devise de ce que voz aAcz oï , or voz vueil deviser cornant le grant sire fait tenir grandissime quantité' des buens chiens. CHAPITRE XCIII. Ci dit des deux frers qe sunt sor les chiens de la caze. Il est voir que le grant sire a deus baronz que sunt frères char- naus qe len a à non Baian , et le autre Mingan. Il sunt apellés cunici qe vaut à dire celz qe tienent le chien mastin. Chascun de cest frères a dix mille homes sont elz , et tuit les dis mille sunt vestu dou coleur, et les autres dix mille ount d'oun autre, ce est vermoil et hloie , et toutes les foies qu'il vont con le grant sire en chace , il portent celles vestimens que je voz ai contés , et en ceste dix mille en a dcus miles que chascun a un grant chien mastin , ou deus au plus , si que il sunt grandisme moutitudes. Et quant le grant sire vait à chace, adonc le un de cesti deus frères con sez dix mille homes et con bien cinq mile chicnz li vait de le une part , et le autre frer con les sien dix mille et con lor chienz li vait de l'autre. Il vont tuit jouste le un le autre auque loingne , si qu'il tienent plus d'une jornée ; il ne treuvent nulles besles sauvajcs que ne soit prese. Il est trop bielle couse à voire la chace et la mainere de celle chicnz et de celz chacheors : car je voz di que quant le grant sire chevache con sez baronz por mi le landes oiselant , adonc vécs venir de cesti chienz chachant sorses et cerf et autres bcstes et d'une part et d'autre , si qe moût est bille vistc à vcoir. Et adonc voz ai contés de celles qe tienent les chienz de chace ; or voz diron cornant le grant sire vait les autres trois mois. ( 102 ) CHAPITRE XCIV. Ci devise cornant le Caii vait eu cazc por prandre bcsles cl osiaus. Et quant le grant sire ha demoré trois mois en la cite que je voz ai nomé dcsourc , cl ce fii décembre et jcnvcr et fevrer , adonc se part de cest cité dou mois de mars , et ala ver Midi jusqe à la mer Hosiane qui hi a deus jornée. Il moine avech lui bien dix riiille fauclioner , et por ce bien cinq cent gerfauz et fauchon pèlerin , et lauchon sagri en grant habundance , et encore portent en grant quantité des hostor por oizeler en viver ; mes ne entendes qu'il le teingne tuit ho soi en un leu , mes il les part sa et la à cent et à deux cent et à plus , et ccsti oselent , et les greingnors parties des osiaus qu'il prennent aportent au grant sire. Et voz di que quant le grant sire vait oistelant cum sez ger- faus et con autre osiaus , il ha bien dix mille homes que sunt ordinés as deus as deux , et s'apellent toscaor , qe vient à dire en nostre lengue home qe demorent à garde , et il si font , car à deus à deus demorent sa et là , si qe bien tiencnt de tere asez et chascun a un reclan et un capiaus por ce qe il peussent clamer les osiaus et tenir. Et quant le grant sire fait geter sez osiaus , il ne est mester qe celz qe les getent aillent elz derieres , por ce qe les homes que je voz ai dit desoure que sunt sa et là , le gardent si bien qu'il ne poit aler nulle part que cesti homes ne ailent , et se les osiaus ont mester de secors , il le secorent maitinant. Et tous les osiaus dou grant sire et encore celz des autres baron/, ont une petite table d' arjent as pies , en laquel est écrit les nom de cui il est , et qu'il le tient , e por ceste mainere est le osiaus conneu tant tost qu'il est pris , et est rendu à celui de cui il est. Et se l'en ne set de cui , il est aporté à un baron qe est apellcs bularguei, qe vaut à dir le gardiens des couses qe ne treuvent seingnor , char je voz di qe se l'en trouve un chevaus , o une espée, ou un osiaus , ou autre couse , et il ne treuve de cui il soit, ( io3 ) si est portez maintinant à cestc baronz , et cil la fait prendre et garder. Et celui qu'il la Irové , se il ne l'aporte tant tost, il est tenu por larron. Et celz rje ont perdue les couses , s'en wmt à ccste baronz , et celui le a le la fait rendre tout mantinant. Et cestui baron dcmoire toutes foies en plus aut leus de tote Tost con son confanon , por qc celé qe ot perdues les chouses les voient crament , et en ceste maincrc ne se pocnt perdie nulle chouse qe ne soient trouvée et rendues. Et quant le grant sire ala ceste voies qc je voz ai contés propés à la mer Osianc , en celés voies poet l'en veoir maintes belles vistes des prendres bestes et osiaus , cl ne a seulas au monde qe ce vaile. Et le grant sire vait toutes foies sor quatre leofant là o il a une moût belle cbanbre de fust , laquel est dedens toute couverte de dras à or batu, et dehors est de cuir de lion covcrtc. Le grant sire il tient toutes foies douze gerfaus des mcillors q'il ait. Et encore hi demorcnt plusors baronz por lui faire seulas et conpagnie. Et si voz di que quant le grant sire alera en cest canbre sus le leofant , et des autres barons qe chavauchent environ lui li dient , sire , grues passent , et le grant sire fait descovrir lachanbrc dcsoure , etadoncvoitles "grues. Il fait prendre cdz gerfaus qu'il vuclent , et le laisse aler , et celz gerfaus plusors foies prennent les grues , et ce voit toutes foies en son lit , et ce li est bien grant soulase et grant délit. Et toutes les autres baronz et chevaliers chevauchent environ le scingnors. Et sachiés qe unqucs ne fu ne croi qe soit nulz homes qe si grant seulas ne si grant délit poist en cest monde con cestui fait , ne qe si en aust le poir de fer. Et quant il a tant aies qu'il est venu à un leu qe est apellés Cacciar modun , adonc treuve illuec tandu sez pavilonz , et de scz fdz et de sez baronz et de sez amie , qe bien sunt plus de dix mille mult biaus et riches ; et voz deviserai cornant est fait son pavilon. Il est si grant, la tende ià o il tient sa cort est bien si grant , qe hi dcmorent sont mille che- valiers , et cest tende a sa porte ver midi , et en ccsl sale dcmo- rent les baronz et autres jcns. Et un autre tende est qe se tient ( io4) con ceste , et est ver ponent , et en teste demore le seingnor. Et quant el -snict parler ad aucun , il le fait venir laiens , et dercr à la grant sale est une grant canbre et belle où dort le grant sire ; et encore hi a autres canbres et autres tendes , mes ne se tient pas cum le grant tende. Car sachics tout voiremant qe les deus sales qe je vozai contes et la cambre, sunt faites con je voz devi- aromaiique. serai. Chascune des sales ha trois collonncs de Icing d'especies* moût bien curés , puis sunt dehors toutes covcrte de cuir de lionz moût biaus , car il sunt tuit verglies de noir et de blanc et de vermeil. Il sunt si bien ordiné, que vent ne pluie ne i poient nuire ne fer doumajes. Et dcdens sunt toutes d'armines et de ierbelin. Ce sunt andeus les plus belles pennes et les plus riches et de greingnor vailance que pennes que soient ; mes bien est-il voir que la pelle de gebbeline tant qe soit à une robe d'ome , vaut bien la fin deux mille bczant d'or ; mes les comunes vaut mille bczant , et l'apellent les Tartara les roi des pclaines et sunt de la grant d'une fayne , et de cestes deus pelles sunt cestes deus grant sales dou grant sire ovrés et entaillés si sotilmant , qe ce est une mer- veille à voir. Et la canbre là où le sire dort qe se tient con les deus sales , est ausi dehors de coir de lyonz, et dedens de pelles giebeline etarmine, et est moût noblemant faite et ordenc. Et les cordes qe tienent les sales et la canbre sunt toutes de soie , et les sunt de si grant vailance , et tant costent cestes trois tendes , qe un peitet rois ne le poroit pager. Et environ cestes tendes ha et sunt toutes les autres tendes bien ordres et bien ascutés , et les amies dou seingnor ont ausi riches pavilonz. Et encore les ger- faus et les fauchon et les autres hosiaus et bestes ont tendes en grandismcs quantités. Et que voz en diroie ? Sachiés tuit voire- mant qe il hi a si grant jens en cest canp , qe ce estoit mervoie , car il senble bien qu'il soit en la meior cité qu'il aie : car de toutes pars hi sunt venus les jens , car ausi tient toute sa mesnée dehors ho lui , et mire et astronique et fauconierc et autres hofitiaus assez sunt ausi avec lui. Il hi sunt toutes chouses ausi ordencc- ( >o5 ) mant con hi a cmi sa meslre ville , et sachii's qu'il deiuore en ceste leu jusque aus trume voile , qe esl en celui leu cntor la pasque nostre de suresion , et en tout ccstui terme ne fine d'aler hoisei- lant à la canvicrc et prenoicnt gnies et cesnes et autres osiaus assez. Et encore les scz jcns que sunt expandut par plosor part environ , lui les apportent venesionx et osialasionz assez. Il hi demore cestui terme au grcingnor seulas et au grcingnor délit dou monde , qe no est home au monde- qc ne le veist qe le peust croire , por ce q'el est asez plus sa grandese et son afer et son délit qe je ne voz di. Et si vos di encore un atre chouse , qe nulz mercheans , ne nulz homes d'ars , ne nul villein ne osent tenir nul faucon ne osiaus da oslere, ne chien da chacer , et ce avent vingt j ornée environ le leu où le grant sire demore , mes en toutes autres provences et parties de sa tere puent bien chacer et fer à lor volunté des osiaus et de chiens. Et encore sachiés voircmant qe por toutes les tercs là o le grant sire a seingnorie, nulz rois, ne nulz baronz, ne nul homes ne osent prendre ne cacer lèvre, ne daine, ne cavriolz , ne cerf, ne de ceste tel maineres des bestes que molti- plient dou mois de mars jusqe ad otobre , et qi contre ce feis^ en seroit fait repentir duremant , por ce qe le seingnor le a ensi estabeli , et voz di qu'il est si hobéi son conmandamant , qe les livre et les daines et les autres bestes qe je voz ai nomes, vienent plusors foies jusque à le home, ne ne le touce , ne ne li fait nulz maus. En tel mainere con voz avc's oï demore le giant sire eu cestui leu jusque entor la pasche de resurcsion. Et quant il hi est tant demorés con vos avés hoï , adonc se part d'eluec à toutes sez jens et se torne tout droitemant à la cité de Canbalu por celle voie nieisme dont il cstoient venu , et toutes foies chazant el hoi-- sellant à grant seulas et à grant joie. i4 ( loG ) CHAPITRE XCV. Comanl le giant Kan lent gran cort et fait grari feste. Et quant il est venus à sa mestre vile de Cambalu , il dcmore en sou maistrc palais trois jors et ne plius ; il lient grant cort et ridie tables. Il fait grant joie et grant feste avech sez femes , car je voz di qu'il est merveilose chousc à veoir la grant solempnite qe le grant sire fait en ccst trois }ors. Et si voz di que en ccslc cité a si grant moulitudc de roaisonz et de jenz entré dedenz la ville et dehors , cjue sachiés qu'il hi a tant burs come portes , ce sunl doze que sunt grandismes , que ne est homes que peust contre le nobre , car assez plus jcns en celle l)urs que en la ville ; et en cesli burs dcmorent et herberjent les mercaant et tous autres homes qe hi vienent por lorbezognc , qe hi mènent en grandisme abun- dance , entre por le seingnor , et por ce qe la ville est en si boinc marche, qe les mcrcaans e les autres homes hi vienent por lor bezoingne ; et si voz di qe es les burs a ausi belles maisonz et fiusi biaus palais come en la ville , hors celz dou grant sire. Et i'ensevciisîi-iii. sachiés qc en la ville ne se soillcnt* nulz homes qe se more , mes se cl est ydres , si se porte au leu où doit cstre ars le cors , qui est dehors tous les burs. Et ausi avint des autres mors qcscsoillent encore dehors tous les buerz. Et encore voz di un autre chouse , qe dedenz la ville ne ossent demorer nulle feme pecherise : ce sunt femes dou monde qe funt sci-s'is à les homes por inonoi , mes voz di qu'clcs demorent es burs, et sachiés q'il hi ni a si grant moutitude, que nuls homes le poust croir , car je voz di q'cle sunt bien ■s'ingt mille que toutes servent les homes por monoi , et si voz di qe toutes hu sunt beinzognés por la grandisme quantités des mercaant et des foreistcr qe hi vienent et aient tout jors. Adonc poés veoir se il ha grant abundance de jens en Canbalu , puis qe les femes mondaines hi sunt tantes con je hai contés. Et sachics tuit voiremant qe en ceste ville de Canbalu vienent plus ( K'7 ) chieres chouscs et de grcingnor vailance , qe en nule cité dou mon- de. Et voz dirai quelz tout avant voz qe toutes les chieres chouses qe viencnt de Ydie*, Ce sunt pieres presiouses et perles et toutes »lude autres chieres chouses sunt aportés à cestcs villes. Et encore toutes les belles chouses et toutes les chieres qe sunt en le pro- vence dou Catai et de toutes autres provences hi sunt aporte's ausint. Et ce avint por le seingnors qui hi demore , et por les dames et por les baronz et por les grant habundanze de la mouti- tude de les jens des le hostes, et d'autres jens qe hi vienent por achaison de la cort qe le grant sire hi tienent. Et por ce qe je voz ai contcSj à ceste ville vienent plus chieres chouses et de grcingnor vailance , et les grcingnor quantités que en nulle >ille dou munde, et pul merchandieshi s'i vendent et achatent. Car saChiés de voir qe chascun jor hi entre en ceste ville plus de mille chiarrete char- gies de soie , car il i se laborent maint dras d'ors et de soie. Et encore ceste cité a environ soi plus des deus cens et loingn et près , lesquelz mènent les jens de restes villes à achater maintes chouses à ceste cité , et de luec Iiont les chouses qe a lor sunt beinzognabics , et por ce ne est grant chouse se en ceste cité de Canbalu vienent tantes chouses con je vos ai dit , et depuis que je vos ai dit ce mostre bien et apertamant. Or voz devisera dou fait de la secqe et de la monoi qe se fait en ceste cité meisme de Canbalu , et voz montreron cleremant comant le grant sire puet asez plus faire et plus despendre que je ne voz ai dit , ne ne voz dirai en ce livre raison comant. CHAPITRE XCVI. Cornant 1è grant Kân feit despendre carie por monoie. Il est voir que en ceste ville de Canbalu, est la sectjue* dou grant * 1,^,^1 j^ sire , et est establé en tel mainere qe l'en poet bien dir que le grant sire aitl'aqueimie* parfetement, et le voz mostrerai orendroit. Or l'ai monnaie. f lÉiiiiif. ( io8 ) îiadiU'S qu'il fait faire uiic tel monoie ctim je vor (dirai). Il lait prendre cscoi-sos d'arbres , ce est dis moricrcs que les vernies que font la soie nieiiuient lor frondes, et les bouées soutilijui est entre roscoi-ses et les fust de l'albre, et de ccles sotil luues fait fer cliartiv corne celle de papir et sunt toutes noires : et quant cesles charli-e sunt laites, il le fait trinchier en tel mainer. car il * moiiK, ç„ fijlt „„^, jHMite que vaut une nierule* de tornesel petit, et l'au- tre^ est de un tornesel encor jn^tit ; et l'autre est d'un mi gros d'arjent , et l'auti-e d'un ^i-os d'arjent que vaut un gros d'ai-jent de Venese, et l'auli^ est de deus gros , et l'autre de cinq gros , et l'autre' de dix gros, etlautix- d'un bezant. et l'autre de trois et ensi vait jusqu'en dix bezant , et toutes cestes châtre sunt scelles don seel dou grant sire , et en fait faire si grant quantité que tuit le trezor dou monde en paieroiL Et quant cestes chartre sunt fait en la mainiere qe je vos ai contes , il en fait faire tous les paiemant , et les fait despendre por toutes les provences et règnes et tere's là où il a seingnorie , et nulz ne l'ose refuser à poine de pai-dre Sii vie. Et si voz di que toutes les jens et regionz d'omes que sunt soûl sa seingnorie , prennent volunlior cestes chartre en jviieuiant , pai- ce que là ouques il vont , en font tout lor paiemant et de mere~handies , et de perles et de pieres presiouses , et d'or et d'ai-jent , toutes chouses en puent acliater , et font le paiement de le cartre' ke je voz ai dit , et si voz di qe la cartiv qe se met por dix bezant ne poisse |>as un. Et si voz di que plusors foies Tan vienent les meixhaant à plusoi"s ensenbles con perles et con pieres presieuses et com or et com aident , et com autres couses. Ce sunt dnis d'ors et de soie , et cesti mercant toutes de cestes chouses present au grant Kaan sirev Et le grant sire fait apeller doze sajes homes qe sor ce les chouses sunt exleu et que moût sunt sajes en ce fare ; il lor commande qu'il regardent celés chou- ses qe les merehaant ont aportés , et qu'il le faiceut paier de ce qe lor senble qe vailenl. Et celz doze sajes homes regardent celés chouses , et ce qe lor semble quele >"ailent les font j>aicr de celés ( I09 ) charte qc je voz ai contes ; et les merchaant le prenent moût vo- luntieres por ce qe il le metent puis en toutes les chouses qu'il achatent por toutes les teres do grant sire. Et si voz di sanz nulle faile qe piosors foies l'an les merchaant aportent tantes chouses que bien vaillent quatre zent miles bizant , et le grant sire les fait toutes paier de celes châtre. Et encore voz di que plusors foies l'an vait commandemant por le \i\e qae tuit celz qe ont pieres et perles et or et argent , le doient porter à la secque dou grant sire , et il le font et hi naportent ensi grant habundance qe ce est sanz nombre , et tuit sunt paies de charte , et en ceste mainere a le grant sire tout l'or et l'aijent et les perles et les pieres pre- sieuses de toutes sez teres. Et encore voz di une autre cousse qe bien fait à dire : car quant l'en a tenue ceste carte tant qu'eles en ronpent et qe se gastent , et il le porte à la secque , et il sunt can- gié as noves et fresches , si voiremant qu'il en lase trois por cent , et encore voz dirai une bielle raison qebien fait à conter en no- tre li^Tc , car se une home vuelt achater or ou arjent por fare son vaicelament ou sez centures et sez autres evres , il s'en vait à la secque dou grant sire et porte de celles charte et les donc por paiemant de l'or et de l'arjent qu'il achate dou seingnor de la secque. Or voz ai contés la mainere et la raison por coi le grant sire doit avoir et ha plus trésor que nulz homes de ceste monde , et si voz dirai une greingnor chouse , qe tuit les seingnor de sei- cle ne ont si grant richese corne le grant sire a solemant. Or vos ai contés et devisé tout le fait cornant le grant sire faite monoie de charte , or voz deviserai de les grant seingnorie qe de ceste cité de Canbalu oissent por le grant sire. ( iio ) CHAPITRE XCXYII. Ci devise de dozc Larouz que suni sor lolos fais don giaiit Kaii. Or siichios voiromaiil qn le {j;raiil siic a cslou dozc t;rainJisme liaroii/. , esqnt'lz lii a cdiiumi (]ii'il suii'ul sor Iules Icscliuusesbc/o- f^nablcs qc abesognont on Irciilc quatre provcnccs , el vos dirai lor mainicrc cl ior cslabliinciil. Je voz di touL prinieremaiil qe rcsli dozc baronz dcmorenl en un palais tledens la ville de Caii- balu , qc est moulgrant et l)iaus , et hi a plosors sales et mai- son/ , et chascunc provencc un jugic et maint cscrivcn qe dcmo- renl en cost palais , zascun en sa maison por soi. Et ccsl jugic et resl esciivan i font tontes les cliouses qe abc/.ogne à la iirovence à cui il sunt députe , et ce font por la volunlé el por le connnan- damanl des dozc baronz qc je voz ai dit. Et si sachiés tout voirc- mant qe cesti dozc barouz ont si grant scingnoric con je vos dirai , car il esliscnl les seingnors de toutes celés provcnccs qc je voz ai dit dcsourc. Et quant il les ont cslcu ticlz con lor senblc qc il soient buen cl sotisable , il le font savoir au grant sire , et le grant sire le confcrnie et 11 fait doner table d'or tel comc à sa scingno- ric convenable. Et encore sunt ccsli baron/, |)oi porvcoir où con- vicncnt (juc les liostes ailcnt, et les envoient là o il lor scnble , et cclc quantité qe il vuelent; mes toutes foies est à la seuc dou granl sire, cl ensi con je vos ai dites de ccl deus cliouses font-il de toutes les autres chouscs qe sunt besognables as tous les pro- vcnccs cje je Y07. ai contés. Et cesti sunt appelés scicng que vaut à dire la cort greingnor qe ne a et sor elz que le grant sire. Le palais où el demorent est ausi apellcs scicn , et ce est bien la grein- gnor seingneurie que soit en toute la cort dou grant sire : car il ont bien le pooir de fair grant bien à cui il vuelent. Les provcnccs ne voz conterai ore por lor nom , por ce qe je le voz conterai eu nostre livre apertenant, et laiseron de ce cl voz conteron con- manl les gran sire mande sez mcsajcs, e cornant il ont les cbc- vaus aparoilés por alcr. ( "I ) CHAPITllE XCXVIII. Cornant de la chi de Canbalu se portent plosors voies qe vont por niant provcnces. Or sacbiés por vérité qe de ceste vile de Canbalu se partent montes voies lesquel vont por maintes provenccs , ce est à dire qe le une vait à tel provinces, et ceste à tel , et toutes les voies sunt devises là où elle vont, et ce est moût sçue chouse. Et sachiés qe quant l'en s'en part de Canbalu por toutes les voies qe voz ai contes , et il est aies vingt cinq miles, adonc le mesajes dou graiit sire qe ccsle vingt cinq miles ont aies , il trovent une poste que s'apelent janb. en lor langue , et en nostre langaje vaut à dir poste de chevaus , et de chascune poste treuvent les mesajes un moût grant paleis et biaus, là où les mesajes dou grant sire herbcrgient , et cest erbergies ont moût riches lit, fornis des ricbes dras de soie , et ont toutes les couses qe as autres mesajes convient , et se un rois hi venist , si seroit bien, herbergiés ; et encore voz di que à ceste poste treuvent les mesajes bien quatre cens chevaus que le grant sire a stabli , qe toutes foies hi demorent et soient apa- roilk'spor sez mesajes quant il les envole en aucune part, El en- core sachiés que en toutes vingt deus miles ou ongnes trente sunt ceste poste que je voz ai dit , ce est en toutes les principaus voie que vunt à les provences qe je voz ai contés desoure. Et chascune de ceste poste treuvent les mesajes da trois cens chevaus à quatre cens, tuit aparoillés à lor comandcmant ; et encore hi treuvent si biaus palais con je voz ai contés là où les mesajes herberjent si richcmant con je voz ai devisé desoure. Et en ceste mainere vait por toutes les provences et rcingnes dou grant sire. Et quant les mesajes vont por desviables leus que ne i trouve ne maison ne herberges , si hi a fait faire le grant sire poste en chascun leu desviable et palais et toutes les chouses come ont les autres pos- tes , et des clicvaus et de arnois , mes ce sunt {)lus grant jomée : ( "2 ) car il sunt faites les postes à trente cinc miles , et tiel hi a à plus de quarante , et en ceste mainere qe vos avcs hoï vunt por toutes pars lesmesajcs dou grantsire , et hontherbergies, et chevaus apa- roilc's à ogne jornée , et ce est bien la greingnor autesse et la gran- dese greingnor qe aie ne baust onqucs nul cnperaors, ne nulz rois, ne nul autre homes teroine. Car sachics tout voircmant que plus de deus cent mille cbevaus demorent à cestes postes propemant por les sez mescjes , et encore voz di que les paleis suntplus de dix mille qe sunt ensi forni de ricbes arnois con je voz ai contes , et ce est chouse si merveilose et de si grant vailance, qe à poine se poroitbicn conter ne scrivrc. Et encore voz conterai una cause qe je avoit dementique , qe fait à nostre malerie qe je vos ai ore conte's. Il est voir qe entre le une poste et l'autre sunt ordreé ogne trois mile ha un chasaus , qe hi poit avoir entor quarante maison csquelz demorent homes à pie's qe encore font ceste mesajarie dou grant sire , et voz dirai cornant; il portent une grant centure toute pleine environ de sonaille , por ce qe quant il vont qc il soient oï de bien longe , et cesti vont toutes foies au grant gal- lon , et ne vont for qe trois moilles ; et les autres qe est à chicf des les trois miles qe bien de longe le oient venir , demorc tout aparoilles , et tant tost qu'il est celui venu il prant la chouse qu'il aporte , et prant une carte petite qe li donc l'escrivain , e se met corant , et vait jusque à le autre trois miles et fait ausi come avoit fait le autre. Et si voz di qe en ceste mainere ha le grant sire de cesti homes à pie- noveles des dix jornée en un jorno et en une noit. Car sachiés qu'il vont cesti homes à pics en un jor et en une noit dix jorne'e , et en deus jors et deus noit aportent noveles de vingt jorne'e, et ausi auroit noveles en dix jors et en dix nuit de cent jornée. Et si voz di qe cesti tielz homes aportent au sein- gnors plusors foies fruit de dix jornée en un jor. Et les grant sire à ceste tielz homes ne prant nul treu , mes fait lor doner dou sien et des chevaus qe je vos ai dit , qe sunt tant por les postes por les mesajes porter. Voz di tout voircmant qe le sire granl les ensi es- ( '-s ) tabli , car il dit qui est près à la tel poste la liel citt- , et il lail veoir quant chevalz puet tenoir por les mesajes , et l'en li dit cent, et il li est comandé qe il mètrent à la tel poste cent chevaus , puis fait veoir toutes les autres viles et chastiaus quant chevaus pnenl tenir et cclz qu'il puent tenir, et elz comande qu'il tiencnt à la poste. Et en tel maineres sunt ordene'e toutes les postes , si qe rien ne i met le grant sire, for tant seulemant qe les postes des leu desvoiablcs fait-il fornir de sez chevaus propcs. Et si voz di qe quant il est beinzonz qe mesajes de chevaus aille tostainemant por conter au grant sire d'aucune tere qe soit revelles , ou d'aucun haron, pu des chouses qe soient beizognables au seingnor , il che- vauchent bien deus cent miles en un jor, ou voir deus cens cin- quante , et voz mostrerai raison comant. Quant les mesajes vue- lent aller si tostainemant et tantes miles en un jor con je voz ai contés , il a la table dou gerfaus , en scnificance qe il vuelt aler tostainemant. Se il sunt deus, il se muent dou leu où il sunt sor deus buens chevaus fors et corant , il se bindent tout lor ventre, et lieu lor chief , et se metent le grant cors tant con il plus puent, et corent tant qu'il sunt venus à l'autre poste de vingt cinq miles , et adonc treuvent autre deus chevaus aparoilés , frcs et repouse's, et corant. Il montent tant tosto qu'il ne se repousent ne pou ne grant; et quant il sunt montés , il se metent maintinant tant com il puent dou cheval traire , et ne restent de corer tant qu'il sunt venus à l'autre poste , et ilucc treuvent les autres chevaus aparoil- lés, et il montent ausi crament et se metent (à) la voie. Et ensi font dusqe au soir : et en ceste mainere qe je voz ai contés vont ccsti tiel mesajes bien deux cent cinquante miles por aporter novelles au grant sire , et encore quant il beizogne vont-il bien trois cens, et cesti tielz mesajes sunt mont preziés. Or voz laison de ceste raison des mesajes que bien la voz avon monstre apartemant , mes desormes voz conterai d'oune grant bonté que fait le grant sire à sez homes par deus foies l'an. i i5 ( 114 ) CHAPITRE XCXIX. Cornant le gran Kan fait alderc scz jeiis quant l'ont sofcrt de blés e des beslcs. Or sachics encore por vérité' qe le grant sire envoie sez mesajes por toutes ses terres et reingncs et provcnccs , por savoir de ses homes se il ont ou domajes de lor blcs, ou por defaute de tens, ou por grillis , o por autres pestilence. E se il treuvent que au- chune jens aient eu domajes, et que ne ont Liées, il ne lor fait tollir le treu qc il doient doner celui an , mes i fait douer de sien blés , por coi il en allent à semener et à mengier : et ce est bien grant bontés deo seingnor. Geste fait faire Testée , et de yver fait faire tout autre tel à celz des bcstiames : car ce il treuvent un homes que scz Lestes soient mortes por mortailitcs qe soient lor Venues , il H fait doner de sez bestes et le fait aidier et ne li fait tolir treu en cel an. En tel mainere con voz avés oï aide et sos- tent le grant sire scz homes. Or vos ai devisé de ceste raison , et adonc voz devisci^ai d'une autre maitierc. CHAPITRE C. Cornant le gran Kan fait planter arbres por les voies. Or sachiés tout voircmant qe le grant sire ha ordréé celle mestres voies portant les mesajes, et les merchant et les autres jens vont , il hi a fait planter arbres joste les voies deus pas loingn se un da l'autre , et voz di qu'il sunt si grant qe bien se poet veoir de longe, et ce a fait faire le grant Kaan por ce que chascun voie les voies et qu'il ne desvoient : car vos troverés cesti arbres por descrs voies , qui sunt grant confort as mercant et as man- dant , et ce sunt por toutes provences et por tous reingnes. Or jloz ai contés des arbres de les voies, adonc voz dirai encore d'autre. (ii5) CHAPITRE CI. Ci devise dou vin qe les jens dou Kan boivent. Et encore sachics que la greingnor partie des jens de la pro- vence dou Catay boivent un tel vin con je voz divisera. Il font poison * de ris et co maintes autres boines espices , et si laborent en tel mainere et si bien qu'il vaut miaus à boir qe nul autre vin. * liolsson. Il est moût clcr et biaiis ; il fait devenir le home evre plus tost qe autre vin , por ce qu'il est moût chaut. Or laiseron de ce et voz conteron conmant les pieres s'ardent come buces. CHAPITRE CIL Ci devise d'une maineres des pieres qe s'ardent tome bucos. Il est voir qc por toutes la provcnce [de Calai a une mainere de pieres noires qe se cavent des montaingnes come voines , qe ardent come buces. Il mantienent les feu miaus que ne funt les leingnes. Et si voz di qe se vos le métrez en feu le soir et les faites bien à prendre , Je voz di qe toute la nuit tienent feu , si que l'en en treuve le maitin. Et sachiés qe por toute la provcnce dou Catai s'ardent celés pieres. Bien est-il voir qu'il ont leingnes asez , ce sunt buces ; mes il ardent de castes pieres ascz por ce qc gostent* main et sunt cspargnamant de Icngnes. Or voz ai contes de ceste chapitre , et desormes nos conteron d'oun autre capitre, ■ C0111..11. cornant le grant sire se porvoit qe les blées ne soient trop chiere. ( ii6 ) CHAPITRE cm. Cornant le gran Kan fait aiiicscr e reponJrc grani quantité des blés por secorer sez jcns. Or sachiés qu'il est vérité qc le grant sire , quant il voit qe de les blés soient en grant abundancc et qu'il en est grant merchiés , il en fait amasser grandisme quantité et le fait mètre en grant maison, et le fait si bien estudicr qu'il ne se gastent por trois anz ue por quatre , et entendes qu'il fait canane de toutes blés , Ce est forment et orce et mil et ris et panis et autres blés , et de cestcs blés fait amaser en grandisme moutitudc. Et quant il avint qe de les blés ne soient, et qe la charestie soit grant , adonc le grant sire fait traire bors de sez blés qe en a tant con je voz ai contés , et se la mesure se vendent un bczant , ce voz di forment , il ne fait doner quatre, et en trait tant hors qe tous en puet avoir; si qe cbascun a devise et abundancc des blés. Et en ceste mai- nere se porvoit si le grant sire , que sez homes ne puent avoir ca- restie ; et ce fait faire por toutes les terres là où il a seingnorie. Or voz ai contés de ce, et adonc voz conteron d'iin autre chapitre conmant le grant sire fait carité. CHAPITRE CIV. Comanl le gran Kan fait gran carité à sez jens povre. Puis que Je voz ai dit comant le grant sire fait faire devise à son pucples de toutes , or voz conterai conmant il fait grant cha- rité as povrcs gens qe en la vile de Canbalu sunt. Il est voir qe il fait eslirc maintes mcsnie de ville de Canbalu qe soient povres et qe ne aient qe mengier , et tiel mesnie sera six , et tiel huit et tiel dix et tiel plus et tiel moin. Le grant sire fait lor doner forment et autre blés por coi il aient que menuier , et ce fait faire à gran- disme quantité , et encore voz di qc tout celz qe vêlent aler por ( II? ) le pain dou scgnor à la cort , cl ne est dénie à nulz , mes en est donc à tuit cclz qe n'ont. Et sachlcs qe il en i aient chascun jor plus de trente mille , et ce fait faire tout le an , et ce est bien grant honte dou scingnor qe à peitet de sez povres pueples, et le pucple le a à si grant Lien qu'il le orent corne Dieu. Or voz ai dit de ce, et adonc nos diron d'autre et nos parliron de la cité de Canbalu , et cntreron dedenz le Catai por conter des grant chouse et riches que hi sunt. CHAPITRE CV. Ci coraance de la grant provence do Catay, e conleron do flun de Pulisanchi. Or sachiés que mesier March meisme le grant sire le mande por mesajes ver ponent , et se parti de Canbalu et alabien quatre mois de jornce ver ponent , et por ce voz contcron tout ce qu'il vit en celé voie alant et ^^gnant. Quant l'en s'en part de la ville et il est aies dix miles , adonc Irove un grant flum qui est apellés Pu- lisanghinz , lequel flus ala dusque à la mer osiane , et chi aient moutmerchanz con mercandies. Et desus cestflum a un moulbiaus pont de pièces : car sachiés qe pont n'a en tout le monde de si biaus ne son paroil , raison conmant; je voz di qu'il estlonc bien trois cens pas et large huit , car bien hi puet aler dix chevaliers le un juste l'autre. Il a vingt-quatre arch et vingt quatre morsles en Feivc, et est tout de marbre bis, moût bien e vrcs , et bien asetés. Il a de chascunz lés dou pont a un mur de tables de marbres et de coloncs si fait con je voz dirai. Il est fichés en chief dou pont une colonne de marbre , et desor la coione a un lion de marbi'e , et desus la coione en a un autre , moût biaus et grant et bien fait , et longe de ceste coione un pas et mi en a un autre tout ausi fait con deus lions , et de le une coione à l'autre est clous de lidjle de marbre bis, por ce qe les jens ne peussent cheoir en l'aivc , et en- sint vait de lonc à lonc , si qe bien est bielle chouse à vcoir. Or voz avon dit de ce&t biaus pont , et voz conteron de noves chouses. CHAPITRE CVI. Ci devise de la gran cité de Gigui. Et quant l'en s'en part de cest pont et il est ale's trointes miles por ponent, trouvant toutes foies bieles erberges et vignes et chans , adonc treuve une cité qui est apelc's Giogui , grant et bielc. Hi a maintes abaïe de \ dres ; il vivent de merchandie et des ars 11 hi si laborent dras de soie et doré et biaus sandal , et il bi a maintes herbergicries qe erbergient les mandanz.Et (juant l'en est parti de ceste ville et aies un mil , adonc treuve l'en deus voies (jue le une ala à ponent , et le autre à Sciloc. Celle dou ponent est dou Catai , et celle do Siloc* vait ver la grant provence dou Mangi. Et sachiés tout voiremant qc l'en chevauche por ponent por la provence dou Catai bien dix jornéc , et toutes foies treuve l'en maintes belles cités et maint biaus chastiaus de grant mer- candies et de grant ars, et biaus chans et biel les vingnes et do- mesces jens. IN'i a chouses qe à mentovoir face , por ce ne voz en diron rien, et adonc laiseron de ceste maitiere et voz conteron de un roiame que Taianfu est appelles. CHAPITRE CVII. Ci devise de roiame de Taïfu. Quant l'en a chavachc dix j ornée puis qu'il est parti de Guin- gui , adonc treuve un roiames qui est appelles Taianfu , et chicf de la provence. Ceste cité où nos somes venus qui est apelés Ta- nianfu qeest moût grant et biele, en laquel s'i fait grant mercan- dies et grant ars , car en ceste cité se fait grandismes quantités de arnois que bezognent à les hostes dou grant sii'e. Elle a main- tes belles vignes desquelz ont vin en grant abondanze. Et en toute la provence do Calai ne nait vin for que en ceste sculamanl , et (119) de ceste ville en vait por toute la provence. Il hi a encore grandi- sime quantité de soie : car il ont moriaus et vermes qc funt la soie en grant abundance. Et quant l'en s'en part de Taianfu , il chevauche bien sept jornée por ponent de mont belle contrée là ù il l'en il treuve villes et casliaus asez, là oii il hi s'i fait merca- dies et ars assez , et hi a maint merchant qe par montes pars fai- sant lor profit , et quant il a aies sept jornée , adonc treuve une cité qe est apellés Pianfu qe mont est grandissme et de grant vai- lance , en laqucl a mcrcaanz asez. II vivent de merchandie et d'ars. Il hi se fait soie en grant quantité. Or voz laieron de ce, et voz conteron d'une grandismc cité qe est apclés Cacianf ; mes tout avant noz diron d'un noble chastiaus qui est apellés Caicui. CHAPITPtE CVIII. Ci devise d'un caslel de Cayafu. Et quant l'en se part de Pianfu , et il ala por ponent deus jor- née , adonc treuve-l'en un biaus castel qui est apellés Cacianfu , lequel fist faire jadis un rois qe fu apellés le roi Dor. Et en ceste chastiaus ha un mont biaus paleis , en quel a une grandisme sale là où il sunt portrait à moût belles pointures tout les rois de celés provences que furent ansiencnïant, et ce est moût belle viste à voir. Et tout ce avoieat fait fer les rois qe en cel roiames avoient reingnés. Et de cest roi Dor voz conterai une bielle novelle que fu entre lui et le Prestrc Johan selonc ce que les jcns de celles contrée dient. Il fu voir , selonc qe celles jens dient , qe ceste roi Dor avoit ghere con le Preslre Johan et estoit en si forte leu , qe le Prestre Johan ne le pooit alie soure ne nuire ; il en avoit grant ire. Et sept valés do Prestre Johan il distrent qe il aporteront tout vif le i-oi Dor ; et le Prestre Johan dist elz qu'il le velt voluntier , et qu'il en saura lor buen gré se il ce font. Et quant le sept valz ont eu le conjé dou Pi-eslre Johan , il se parti- ( I20 ) rent tuit ensenb.c conpagnie d'escuiers , et s'en aient à ccst roi Dor et li distrent qu'il estoient venu por lui servir. Le roi dit clz qu'il soient li très bien venus , et qu'il fira elz honor et plaisir. En tiel mainore con voz avës hoï se mistrent les huit valez dou Prcs- tre Johan à servir le roi Dor. Et quant il hi furent demorés en- tor deus anz , il estoient mont amés dou roi por lor bien servir. Et que vos en diroie ? Le roi se fioit d'elz ausint con ce U tuit et huit fuissent scz filz. Or boires qc cesti mauveis vallés font , el ce avint por ce qe nidz se puet garder dou traïtor et desloiaus. Il fu voir qe ceste roi Dor s'ala desduiant con puo de jcns et hi es- toient cesli maveis treize vallc's. Et quant il ont pase's un flum qe est longn do palais qe je vos ai contés un mil , les treize valc's que virent que le rois ne avoit conpagnie qe contr'aus le peussent défendre , adonc distrent q'il pooient faire ce por coi il estoient venus: adonc mistrent main à l'cspéc , et distrent au rois : ou il alera avech elz , ou il le metront à morl. Le roi quant il voit ce il en a grant mcrvoille, et dit elz : et conmant, biaus fdz , et qe est-ce que voz dites , et où volés voz que je veingne ? voz ven- drés , font-il , dusqe à nostre seingnor le Prestre Johan , font-il. CHAPITRE CIX. Cornant le Presire Joan fisl praïuîre le roi Dor. Et quant le roi entent ce , il a si grant ire que poi se faut q'il ne muert de duel . et dît elz : ai mcrce , biaus filz , or ne voz ai-je honorez asez en mon ostiauB , et voz mes volés mètre en les mains de mes ennemis! Certes se voz ce faites , vos firés grant maus et grant desloiautés. Celz distrent qe il convent qe rensi soit. Et adonc le moinent au Prestre Johan , et quant le Prestre Johan le vit , il en a grant joie. Il li dit qu'il soit le maus venu. Celui ne rcs- pont , ne ne set que doie dire. Adonc conmande le Prestre Johan qe cest roi Dor soit mené dehors , et qu'il le feisent garder bes- ( 12. ) tes , et ce li faisoit faire le Prestrc Johan , por dcspir lui et por despiisier et monstrer qu'il estoit noiant. Et quant il ot gardé les bestes deus anz , il le se vait venir devant le Prestre Johan , et li fait doner riches vestimens et li fait honor. Et puis li dit : sire roi , or pués-tu bien veoir qe tu ne estoies homes de pooir gue- roier con moi. Certes , biaus sire , respont le roi , ce conois-je bien et qenoisoie toutes voies qe n'cstoit home qe peust contras- ter à voz. Et quant tu ce aroit , dit le Prestre Johan , je ne te de- mant plus : fois desormis te ferai sei'vis et honor. Adonc le Pres- ti'B Johan fait doner chevaus et arnois au roi Dor , et li donc moût belle conpagnic et le laise alcr. Et cestui se part et tome à son règne , et de cel bore en avant fu ses amis et son servior. Or laison de ceste matière et voz conteron d'autre matière. CHAPITRE ex. Ci devise dou grandisme flun de Caracoron. Et quant l'en s'en part de ceste chastiaus et il ala por ponent entor vingt miles , adonc treuve im flum qe est apelés Caramo- ran , que est si grant qe ne se puet passer por pont : car il est moût large et profunt , et ala Jusque à la mer Osiane , et sor cest flum a maintes cités et chastiaus, là oii il ha maint merchanz, cthi se fait grant merchandics. Entor cest flum por la contrée naist gengibre et soie en grant abundance. Il hi a si grant moutitude d'osiaus qe ce est mervoille : car l'en hi auroit trois fazan por venesian gros : ce est un aspre. que vaut pou plus. Et quant l'en a passé ceste flum et ala deus jornée por ponent, adonc treuve l'en une noble cité que est apellés Cacianfu. Les jens sunt tuit ydres , et encore sachiés qe tuit cclz de la provence do Catay sunt ydres. Il est ville de grant mercandie et des grant ars. Il ont soie en grant habun- dance. Il hi se font maint dras d'or et de soie de tous fasionz. Il n'i a chouse que à mcnlovoir face , et por ce nos pailiron de ci et i6 ( 122 ) aleron avant , et voz conteron d'une noble cité que est chief de rningne qe est appelles Quengianfu. CHAPITRE CXI. Ci dit de ta grant cite de Qcnginfu. Et quant l'en se part de la cité de Cancianfu qe dit vos ai de- soure , il chevache huit jornée por poncnt , toutes foies trovant maintes chastiaus et mantes cités de grant mercandics et des grant ars , et maint biaus jardis et biaus chans. Et encore voz di qe toute la contrée et la tere est plane de moriaus : ce sunt les arbres de coi les vermines qc funt la soie vivent de lor foies. Les jens sunt toutes idres. Il hi a chacrions asez de bestes et ve- nesionz de maintes faisonz d'osiaus. Et l'en a chevauché huit jor- née cnsi con je vos ai dit , adonc trouve l'en ceste grant cité et noble de Quengianfu qui moût est grant et biele , et est le chief do roiames de Qucgianfu que ansienemant fu nobles roiames et ri- ches et poisant , et jadis hi ot mant buens rois et vailanz. Et oreiidroit en est sire et rois le fil au grant sire, que Mangalai est apclés : car son per li a donc cel roigne et ne le a coronés roi , et le est ville de grant merchandies et des grant arz. II ont soie en grant quantité , il hi se laborcnt dras d'or et de soie de toutes mainere. liil hi se laborent de tous arnois que beizoigncnl à les hostes. Il ont des toutes chouses qe as cors d'omcsbcizongne por vivre en grant abondance et grant mcrchiés. La ville est à ponent et sunt ydres ; et dehors la ville est palais de Mangalai roi, qi est si biaus con je voz dirai. Il est en une grant plaingno là où il a flunz et lac et paul * et fontaine asez. Il a tout avant un mur moût gros et haut qc gire en^aron cinq miles tout merles et bien fait. Et en le mileu de cestmur est le palais, si grant et si biaus qe nul/, le poroit miaus deviser. Il a maintes bcics sales et maintes belles canbres toute portraite et painte à or batu. Ceste Mangalai ma- ( 123 ) nintient bien son roiames en grant justice et en grant droit et moût amés de sez jens. Les hostes demorent environ le palais et hi ont grant seulas de vencionz. Et atant noz partiron de ceste roiames que ne vos en conteron plus , et voz conteron d'une provence que est moût en montaingnes qe est apellés Cuncun. CHAPITRE CXII. Ci dit des confines que sunt entre le Calai e le Mangi. Quant l'en s'en part de ceste palais de Mangalai , il ala tiois jor- néc por ponent de moût biaus plain, toutes foies trovant villes et caustiaus asez , qe sunt homes qe vivent de mercandics asez et d'ars, et ont soie en grant habundancc. Et à cliief de trois j ors adonc trouve l'en grant montaigncs et grant vailles qc sunt de la provence de Cuncon. Hil ha por les mons et por les vaus cité et castiaus. Il sunt ydres et vivent de labor de tere et de boscajes et de venesion. Car sachics qu'il hi a maintes boucés là où il a plu- sors bestcs sauvajes. Ce sunt lyonz et ors et leus cerver et daiii et cavriolz et cers et autres bcstes asez , si que moût en prennent les jens des le contrée et moût en ont grant profit. Et en ceste mainere chevauche l'en vingt jornée : ce est por mons et por vaus et por boscés, toutes foies trovant villes et caustiaus et buen er- bergies là où les mananz sunt herbcrgiés aisément. Or nos par- tiron de ceste contrée et voz conteron d'une autre provence ensi con voz pores oïr desout. CHAPITRE CXIII. Ci devise de la provence de Acbalac Mangi. Et quant l'en a chevauché les vingt jornée des montaignes de Cuncun qe je voz ai dit desouie , adonc treuve-l'en une provence ( 1=4) qui est apelc's Acbalec-Mangi qe est toute plaingnc. Il hi a cite's et chasliaus ascz. 11 sont à ponent. Les jens sunt ydrcs ; il vivent de mercandies et d'ars. Et si vos di qe en cesle provence naise si grant quantité' de zengibre qe por toute la grant provence dou Catai s'espant, et en ont les homes de la provence grant profit et grant bien. Il ont forment et ris et autres ble's à grant plantée et grant merchc's, et moût est planteusse tcre de tous biens. La mestre cite est apelës Acmelcc INIangi qe vaut à dire le une de le confia dou Mangl. Geste plaingne dure des Jornc'e si biaus con je voz ai dit , et con tantes viles et castiaus , et à chief de deux jorne'e adonc treuvc-l'en grant mons et grant vaus et grant boschages asez. Ala bien vingt jornce por ponent trouvant villes et castiaus asez. Les homes sunt ydres. Il vivent dou fruit de la tere et de venaison et de bestiames. Il hi a lionz et ors et leus cerver, dain , cavriolz et cerf , et si hi a grant quantité de ccl bctivole qe font le monstre. Or nos partiron de ce contrée et vos conterondes autres, bien et ordéemant si con voz pores oïr. CHAPITPtE CXIV. Ci devise de la gran provence de Sindafu. Quant l'en a aies les ^^ngt jornée des montagnes qe je voz a dit desoure et por ponent , adonc treuve une plaingne et une pro- vence qe est encore de le coniin dou Mangi qe est apellc Sindin- fu , et lamestrecité a à non Sindinfu qe moutfujadisgrantetnobles, etmouthi a jàeu grant et riches rois en le gire en^Tron bien vingt miles ; mes orendroit est devisé en tel mainere con je voz deviserai. Il fui voir qe le roi de ceste provence , quant il >'int à mort , il laise trois filz , et adonc parti ceste grant ville en trois pars , à chaschune decest trois pars est mure por soi , mes toutes e trois sunt dedcns le murs de la grant cité , et vos di que tuite trois cesti filz à celui roi fu- rent rois , et chascun avoit grans terres et despcndrc asez , car lor ( 1^5) perc esloit moût poissant etriches. Et le grantKan prise cest roiame et déscrite cesti trois rois , et tient le reingne por soi. Et sachiés qe por mi ceste grant ville vait une grandisime flum d'aivc douce esquelz se preinent poisonz asez. Il est large bien dimi mil ; il est bien parfont ; il est si Ion qe vait jusque à la mer hosiane , qe hi a plus de quatre vingt jornée Jusque en cent , et est apellé Qiansui. Il ha sor ceste flum grandismes quantités de cite et de castiaus. Il hi a si grant naivcs, ce est si grant moutiludc, qe ne est cor d'ornes ne iaus qe ne le veises, qe pcust croire. Il est si grant la moutitude et la grant ahundance de les grant mercandie que les mercaant portent sus et jus por cest flum , qe ne est homes au monde qe ne le veisse qe le peust croir. Il ne senble flu , mes mer tant est large. Et vos dirai d'un grant pont qe est dedcns la ville de- sus cest grant flum. Le pont est tout de pieres , et est large bien huit pas , et lonc dimi mil , si con je vos ai dit que le flum est large. De lonc à lonc dou pont de chascun lés *, a colunne de mai-- » côté. bres , lesquelz colones soslincnt la covreures dou pont : car voz di qe le pont est covert de trop bielle covreure deleingne, tout portrait et pinte à riche pinture, et encore ha sus ceste pont main- tes maizonent , esquclz le font mercandics et ars asez , mes si voz di q'ele sunt de fust que se moincnt la maintine e se lievent le soir. Et encore hi est le coviereqe dou grant sire , ce est celz qe recevent la rente dou seingnor , ce est le droit de la mercan- die qe desus le pont se vendoient ; et voz di qe le droit de ccl pont vaut bien mil bezanz d'or. Les jens sunt toutes idres. Et de ceste cité se part l'en et chevauche cinq jornée por plain et por valée , et treve-l'en castiaus et casaus assez. Les homes vivent dou profit qu'il traient de la terre. Il hi a bestes sauvajes assez, lions et or- ses et autres bestes. Il vivent d'ars : car il hi se laborent des biaus sendal et autres dras. Il sunt de Sindu meisme. Et quant l'en est aies cinq jornée que je voz ai contés desourc , adonc trcuve-l'en une provence moût gaste qe s'apelle Tebet, et voz en trateron ci desout. ( 126 ) CHAPITRE CXV. Ci dit de la provence de Tebct. Après le cinq jornée que je voz ai dit , adonc entre-l'en en une provence qe est moût gaste : car Mongut Kaan l'a destruit por ghere. Il i a maintes villes et maint castiaus et casaus, tuit déro- chée et gastéc. Il hi a channes groses et grant merveliosemant , et voz deviserai cornant elles sunt groses qe voluent environ bien trois paumes , et sont louinges bien quinze pas. Elle ont de le un nod à l'autre bien trois paumes. Et si voz di qe les merchanz et autres mandanz qe vont por cel contrée la nuit, prenent de celcs chanes et en font feu , por ce qe quant elle sunt en feu , elle font bruit. si grant escrear et si grant escopier,|* qe les lions et les orses et les autres fieres bestes en ont si grant paur qu'il fuient tant con il plus puent , et ne s'acostercnt au feu por rien do monde , et cest tiel feu font les homes por garentir lor bestes de fieres bestes sau- vajes qe asez hi ni a por celle contrée et por celz pais. Et si voz dirai, por ce qe bien fait à dir, comant l'escopier de ceste canne so- nent à lonc et comant font grant temance , et que n'avint. Or sa- chics qe l'en prenne de ccste channe toutes vers, et les metent en feu des buccs , et ce sunt plusors. Et quant cestes channes sunt demorés auques en ceste grant feu , adonc se tort et se fent por mi , et adonc fait un si grant cscopie qe bien se hoie dis miles lune de noit, et sachiés qe celui qe ne est costumé hoYr , il en de- vient tout exbaïes, si orible chouse est à oïr ; et vozdi qe les chavaus qui ce ne ont onques hoï , quant il l'oie , il s'espaventent si duremant, qu'il ronpent cavcstres et toutes cordes de coi il sunt liées, et s'en fuient, et ce avint à plosors ; mes quant il ont cha- vaus qe sevent qe ce n'avoient onques hoï, il li fait bender les iaus et li fait cncavestrer toit les quatre pies en tel maineie qe quant il hoi le grant escopier de chanes , puis qu'il vuoillc ne puet. ( 127 ) Et encore si con je voz ai dit, les homes cscanpentla noit, et il et loi- bestes , des lions et des lonces et d'autres mauvaises bestes qe hi ni a en grant habundance. Et quant l'en a aies por ceste con- trée bien vingt Jornce , ne treuve-l'en erbcrgies ne vuandes , mes convient que il porte viandes por lui et por scz bestes toutes ces- tes vingt jornée , toutes foies trovant moût fieres et pesmes bes- tes sauvajes que sunt mont periliuse et da doter ; adonc treuve- l'en chastiaus et casaus asez, et hi a un tiel costumes de marier femes con je voz dirai. Il est voir qe nul homes prenneroit une pucelle à feme por rien dou monde , et dient qu'ele ne i vaillent rien se elle ne sunt usés et costumés co maint homes. Et por ce se n'espoisent in ticl mainere, car je voz di que quant les jens d'au- tres estranjcs païs passent por ccle contrée , et il ont tandu lor tendes por hcrbergies , adonc les vielles femes des chastiaus et des casaus mènent lor files jusque à cestes tendes , et cesti à vingt et à quarante , et à plus et à moin , et le donent à les homes por ce qu'il en faicent lor voluntés, et qu'il gigent con elles. Adonc les homes le prenent et si gaudent cun elles , et le tienent tant con il vêlent iluec , mes avant ne arieres ne les puent moiner. Et puis quant les homes ont fait à lor volunté d'eles et il se vêlent partir , adonc convient qe do ne à celle femes con cui il a jeu, aucune joie ou aucun seingn por celle que le puisse monstrer quant ille se vient à marier , q'elc a eu amant. Et en tel mainere cascune pu- celle convent que aie plus des vingt signaus à son cuel , por mos- trer que asez amant et asez homes sunt jeu cun li ; et celle qe plus ont soignaus et plus puent mostrer qe ont eu amant, et qe plus homes sunt jeu cun elle , celle est tenue meior et la prenent plus voluntier, et dient q'ele est plus grasieuse que les autres. Et quant il ont prises ceste tel feme , il le tienent chieres et ont por trop grant maus se le un tochast la feme à l'autre , et se gardent tuit de ceste couse moût. Or vos ai contes de ceste mariajes qe bien fait à dir, et en celle contrée auront bien aler les jeune de seize anz en vingt-quatre. Les jens sunt ydres et mauveisez dure- ( 128 ) mant, car il ticncnt por nul pèches le roubcr et le fer maus , e sunt les greingnor escaran et les greingnors robeor dou inonde. Il vivent de chace et de venesionz et des bestlaus et de son frut q'il traient de la tere. Et voz di tout voircmant qe en celle contrée a maintes bcstes qe faisent le monstre , et s'apcllent en lor langa- jes gudderi. Et cesti mavesi homes ont maint buen chiens qe en prencnt en grant abundance , et por ce ont dou mostre en grant quantité. Il ne ont monoie ne carte de celc dou grant Kan , mes de sel fonl-il monoie. Il vestent moût povremant , car lor vesti- mens sunt de pelles des bestes et de canevace et de bocorain , et ont langajes por elz , et s'apellent Tebet , et ceste Tebct est une grandisime provence , et voz en dirai brefment con voz pores oïr. CHAPITRE CXYI. Encore de la provence de Tebet inesme. Tebet estune grandisime provence qe lengajes ont por elles, et sunt ydrcs et confines con les Mangi et co mantes autres pro- vences. Il sunt maint grant laironz. Il est si grandisimes proven- ce qu'il hi a huit roiames et grandisme quantité de cités et de castiaus. Hil i a in plosors leus et flum et lac et mons, là où il se treuvent les or de paliolle en grant quantité. Il hi nast canele en grant abondance. Et en ccste provence s'espent le coraus , et hi est moût chier , car le metent au cuel de lor femes et de lor ydres * cameloi. por grant joie. Etencore voz di qe en ceste provence a gianbelot* assez et autres dras d'or et de soie , et hi naist maintes espèces qe unques ne furent veue en nostre paVs. Et encore voz di qu'il ont les plus sajes encan teor et les meior astroniqe selonc lor usanz que soient en toutes celles provences qe entor euz sunt : car il font les plus fere encantemant et les greingnor mervoiles à oïr et à veoirpor ars de diables, qe ne est pas buen à conlere en nostre livre , por ce qe trop se mervclieront les jens. Il sunt mau custu- - ( '29 ) mes ; il ont grandismes chenz mastin qe sunt grant come asnes et sunt moût buen à prendre bestes sauvajes. Il ont encore de plu- sors maineres de chiens de cace. Il ont encore que hi naisent moût buen f auchon lasnier, qe sunt volant et moût hoiselent bien. Or voz lairon de cest provence Tebet qe bien voz avon contés sommermant le fait , et voz parleron d'une autre provence qe est apellé Gaindir ; mes de ceste Tebet entende's qu'il est au grant Kan, e toutes autres reingnes et provenccs et reigionz qe en ceste livres sunt escrites sunt ausi au grant Kan , for seulemant celles provences qe sunt au commenzamant de nostre livre qe sunt au fil d'Argo, cnsi con je voz ai escrit, et por ce da celé provences en for toutes les autres que sunt escriptes en ceste livre sunt au grant Chan , et por coi voz ne les provences si l'entendes en tel mainere con je voz ai. dit. Or laison desormes de ccst mainere, et noz conteron de la provence de Caindu, CHAPITRE CXYII. Ci devise de la provence de Gaindu. Gaindu est une provence ver ponent , ne a que un roi. Il sunt ydres et sunt au grant sire. Il hi a cite's et castiaus asez. Il ont un lac là où se treuvent maintes perles ; mes le grant Kan ne velt qe nul l'en traie , por ce qe se il ne * feist trare tant quant l'en en i troveroit, il ne trairent tantes q'eles seroient molt viles et ne vaudroient noiant. Mes si voz di qe quant le grant sire en velt , il en fait bien traire por lui tant solamant , mes nul autre en po- roit traire qe non fust destruit dou cor ; et encore voz di qe il hi a encore montagne, en lequel troveroit-l'en d'une maineres de pcres qe l'en appelles turquies qe sunt moût bielles pieres en grandisime quantite's ; mes le grant sire ne laisc traire se non par son conmandemant. Et voz di qe en ceste provence a un tel cos- tumes de lor femes con je vos dirai : car il ne ont à vilanie se un 17 ( i^'îo ) forestier ou autre home l'a unis de sa feme ou de sa file ou de sa seror ou d'aucune femc qu'il aie en sa maison , mes l'ont à bien quant l'en just con eles, et dient qe por ce fait le lor dio et les lor ydres font miaus elz , et donent cics de les couses tenporaus en grant abondance, et por ce en font si grant largitc de lor l'c- nics as forestier con je voz dirai. Car sachiés qe quant un home de ceste contrée voit qe un forestier li vcigne à sa maison por er- berjer, ou qe il ne i vuoille erbcrgier et entrer en sa maison, tantost se oisse hors et comande à sa fcme qe au forestier soit fait tante sa volunté conpliemant, et adonc se vait sa voie |ou à son cans ou à sez vignes , et ne i torne dusque atant qe le fores- tier demore en sa maison. Et voz di qe maintes foies hi demore trois jors, et se jut où lit cun la femc de celui zaitif, et le fores- tier qui est en la maison fait cestui seingn pour montrer qu'il soit laiens : car il fait pendre son capiaus ou aucuns autre seingncaus, et ce est significance qu'il soitc laiens. Et le chcitif , tant con il voit celui sengnaus à sa maison, ne atorne mie, et ce font por toute ceste provencc. Et voz di qu'il ont monoie en tel mainere con je vos dirai. Sachiés qu'il a or en verge , et le poisent à saies , et se- lonc qe poise vaut ; mes ne ont monoie cungné cun estanpe , et la petite monoie voz deviserai qe est. Il prennent la sel e la font cuire et puis la gitent en forme , et est de le grant qu'il puet poi- ser entor de dimi-livre , et les quatre vint de ceste tiel sel qe je voz ai devisé vaut un saies d'or fin , et ce est la pcilit monoi qu'il despcndcnt. Il ont des besles qe font le monstre graudisime quan- tité, et les chaceor les prenent et en traient le mouscée en grant quantité. Il ont pcisonz asez ctbuens, et les traient dou lac qo je voz di , là oij se trêve les perles. Lyonz et leus cerver et orscs et dain et cavriolz ont asez , et osiaus de toites fasonz ont en grant abundance. Vin ne vigne ne ont ; mes font vin de forment et des ris com maintes espices , et est moul buen poizon. Et en ceste pro- vencc naisent garofol asez : car il est un arbre petit qe il fait que Liurier. 3 froudc comc orbcque *, aucune chouse plus longue et plus estroit. ( i3i ) IjC flor fait blanc peitet come le garoufle. Il ont encore gengibre en abundance et cannelle ausint et d'autres espices asez, qe ne vie- nent unques en nostre contrée , et por ce ne fait à mentovoir. Or noz'lairon de ccste cite , qe bien navon contc's ce qe bezogne , et voz conlcron de la contrée mcime en avant. Et quant l'en s'en part de ceste Gheindu , il en chavaucha bien dix jornée , il treuve chastiaus et casaus asez. Les jens sunt de celés meisme maincre et de ciaus meisme costume qe ceaus qe je voz ai contés. Il ont ve- nision d'ousiaus et de bestes asez. Et quant l'en est aies ceste dix jornée , adonc treuve-l'en un grantflun qe est apelé Brius , auquel se fenist la provence de Gheindu , et en cest flun se treuve grant quantité d'or et de paliole. Il hi a cannelle asez ; il vait en la mer Osiane. Or voz laison de cest flun , qe n'i a couse qe à conter face , et voz contcron d'une autre provence qui est apellés Cara- gian ensi con voz orrés. CHAPITRE CXVIII. Ci devise de la provence de Carajan. Quant l'en a pasé cest flum , adonc treuve-l'cn et entre en la pro- vence de Carajan qui est si grant qe bien bi a sept roiames. II est ver poncnt et sunt ydre et sunt au grant Kan : mes roi en est son fil qe a à non Escntemur, qe moût est grant rois et riche et poi- sant. Il mantient bien sa tere en grant justice , car il est sajes et preodouraes. L'en ala por ponent quant il se part dou flun qe je voz ai dit desoure, cinq jornée, trovant cités et castiaus asez, là o il naisent mult buen chavaus. Il vivent de bestiames et de profit qu'il traient de la tere. Il on Icngajes por clz et est moût grcf à entendre. A chicf de ceste cinq jornée adonc treuve l'en la mes- tre cité et celle qe est chief dou reingné, qe est apellés Jaci, que moût est grant et noble. Il hi a mei-chcanz et homes d'ars asez , les sunt des plosors maineres , car il hi a jens qe aorent Maomet * ail. ( i32 ) et ydres et pou cristiena qe sunt nestorin. Il hi a forment et ris asez , mes il ne menaient pain de forment por ce qe il est en celé provence enferme, mes menuient ris et font poison de ris con espèces qe molt et biaus et cicr , et fait devenir le home evrc ausi con fait le vin. Il ont monoie en tel mainere con je voz dirai, car il espendent porcelaine blance , celle qe se trovent en la mer et qe se metent au cuel des chienz , et vailcnt les quatre-vingt por- celaines un saie d'arjent qe sunt deus venesians gros; et sachies qe les huit saies d'arjent fin vailent un saies d'or fin. Il ont puis salmace desqel il font sal , et de cest sal vivent tuit celé de la con- trée , et voz di qe le roi en a grant profit de cest sal. Et si voz di q'eles ne curent ren se le un touce la fcme de l'autre , puisqu'il soit volunté de la feme. Or nos avon conté de cest rcingne , et voz contèron dou reingne de Caraian ; mes avant voz conterai une cousse que Je avoie dementique. Je voz di q'il ont un lac qe girc environ bien cent miles , cnquel à grandisime quantité de peison des meior dou monde. Il sunt moût grant de toute fai- son. Encore voz di qe il menuent la char crue de galine et de mouton et de buef et des bufal : car les povres homes se vont à la becarie , et prenent le feie crue tant tost con se Irai hors de la bestes , et le trence menu , puis lé met en la sause de l'aigle , et menuie maintenant, et ausi font de toutes les autres chars ; et les gentilz homes menuient encore la cars crue , mes il la font menussier menuemant , puis la metent en la sause de l'aigle * mes- lée con bone espèce , puis la menuient ausi bien con nos faison la coite. Adonc voz contèron de la provence de Caraian que je voz die desouie. CHAPITRE CXIX. Encore devise de la provence de Caraian. Quant l'en se part de la cité Chiaci, et aladix jornéepor ponent, adonc treuve-l'en la proYcnce de Caraiam , et la mestre cité dou ( i33 ) reingne est apellé Caraian. Il sunt ydres et sunt au grant Chan , et en este roi Cogacin qe filz est au grant Kan. En ceste pro- vence se treuve le or de paliole , ce est en flum ; et encore i se treuve en lac et es montagnes or plus gros qe paliole. Il ont tant or qe je voz di q'il douent un saie d'or por sex d'arjent. Et en- core en ceste provcnce s'espendent les porcelaine qe je voz con- tai desoure por monoi. Et voz di qc en celle provence ne se treuvent celles porcelaines, mes hi vienent de Yndie ; et en ceste provence naisent les grant colunbres et celés grant serpanz qe sunt si desmesurez, que tous homes en doient avoir meivoille, et sunt moût ydeuse chousc à veoir et à regarder , et voz dirai co- rnant elles sunt grant et groses. Or sachiés por vérité qe hi a de longues dix pas qe sunt groses, car elle girent environ dix pau- mes, et ceste sunt les greingnor. Elle ont dcus janbes devant près au chief , qe ne ont pies, for une ongle faite come de faucon ou come de lion. Les chief ha moût grant, et les iaus tielz qe sunt graingnor qe un pain; la boce si grant qe bien engloiteroit un home à une foies ; les dens a grandisme , et le est si desmesure- mant grandismes et fieres, qe ne est ne homes ne bestes qe ne les dotent , et que n'en aient paor. Et encore en sunt de mendres , ce est de huit pas et de cinq et de un. La mainere cornant elle se prenent est ceste. Sachiés qu'eles demorent sout tere le jor por le grant chaut, e la noit oisse hors por paschorer, et menue et pre- nent toutes les bestes qe puet atendi-e. Ele vait à boire es flum et en lac et à fontaiiïes. Elle est si grant et si peisant et si grose , qe quant elle vaint par le sablon ou per mengier ou por hoir , et ce est de nuit , ele fait si grant fousée en sablon , qu'il senble qe il soit voûtée * une bote de vin plene , et les chaceor qe propemant vont por celles prendre , metent un cnging nclles voies qu'il voient dont le coubabres sunt aies , car il fichent in tere , ce est en les voies de celés colubres , un pal,de leigne moût gros et fort , en quel pal a ficchés un fer d'achier, fait come un rasor ou come un fer de lance , et porte entor dou paume soure le pal, et le co- inule. ( i34) vre dou sablon, sic que la colubres ne le voit mie ; et de tielz pal/ et de tielz fera hi metent le caceor asez. Et quant la colubre on voir le sarpans s'en vient par mi celé voies où sunt cclz ferz , adonc hi fiert por si grant rondon , que les fers li entre por les pis et la fent dusque au beh, si que la colubre muert mantinant : et en teste mainera la prenent le caceor. Et quant il le ont prise , il le traient le fel dou ventre et le vendent moût chier : car sachics qu'il s'en lait grant mécine , car se une home est mordu de chien ara- * denier. bien, l'en le donc à hoir un pou le pois dou petit diner *, il est gucrl mantinant. Et encore quant une dame ne puct enfanter et a poinc et crie formant, adonc li donent de ccl fel dcl serpens un pou , et adonc la dame tantost q'cle a beu, enfant mantenant. La terce est qe quant l'en a aucune nasence et l'en hi met sus un pou de cest fel , et adonc est guéri en pou des jors. Et por cest achaions qe je voz ai dit, cest fel de cest grant serpent est tenu moût chier en ccl provences. Et encore voz di qu'il vendent la cars de cest serpent mult chier , por ce q'cle est mult bone à mangier et la menuent vobmtieres. Et si voz di que cest serpent se vait à les leu où les lions et les orses et les autres fieresbestes sauvajes font lor filz , et menue les grant et les petit se elle les puet ajoindre. Et encore voz di qe en cest provence naisent grant chevaus , et les portent en Endie à vendre. Et si sachiés qe il traent deus nod ou trois dclés de la coe , por ce que le qcval ne puesse mener la coe por douer à celz qui est sus ou quant il cort : car trop senble lor vilaine chouse quant le cheval cor et moine la icoe. Et encore sa- chiés qe ceste gens chevauchent lonc corne franchois, et ont armes corascs de cuir de bufal , et ont lances et scuz et ont balestres et » enveniment. aLtuisscnt * lous Ics quariaus. Et si voz di un autre cousse qu'il fa- soient avant que le grant Kan les conquist ; car se il avenisse que un biaus homes et un gentilz ou autre qe fust, qe ausse bone on- bre, vcnisti herbergier en la maison de un de cesti de ceste pro- * poison. vence , il l'ocioie de nuit ou por tousce * ou por autre chouse , si qe celui se moroit. Et ne entendes qe il le feissent por lor toUir ( «35 ) monoie , mes le fasoient por ce qe il disoient qe la bone unbre et la bone grâce qe celui avoit , et l'en sien senz et la soe ai-me remanoit en sa maison , et por ccsle raison en occient assez avant qe le grant Kan les conquistast. Mes puis qe le granl Kaan les conquistc, qe est entor trente-cinq anz , ne font celle malle aven- ture, por la doutance dou grant sire qe ne le laisse faire mie. Or voz avun contes des ceste provcnce , et voz conteron d'une autre contrée ensi con vos pores oïr. CHAPITRE CXX. Ci d«vi3e de graQ provence de Zardandan. Quant l'en s'en part de Caraian , il ala por ponent cinq jornée , adonch treuve-Fcn une provcnce qe s'apelle Ardandan , qe sunt ydres et sunt au grant Chan. La mestre cité de ceste provence est apellé Nocian. Les jens ont tous les densd'or, ce est qe chascun dens est covert d'or , car il font une forme d'or faire à la mai- nere de sez dens , et covrent les dens desout come celz desouie , et ce font les homes et nés les dames , et les homes sunt tuit che- valiers selonc lor usance , et ne font rien for qe aler en host et aler chazant et oselant. Les dames font toutes chouses et as autres honmes qu'il ont pris et conquisté qu'il ticnent por esclaif. Et cesli funt toutes lor beinçoingnes com les femes, et quant les da- mes ont enfantés et ont fait fil , il li lavent et envolupcnt en dras , et le baron à la dame entre en lit et tient l'enfant avesqe lui , et just en lit quarante jors qe'ne s'en licve for por neccsite beizoi- gnc , et tous les amis et parcns le vienent veoir et demorent con lui et li font joie et seulas , et ce font-il por ce qu'il dient qe sa feme adure grant fatic en porter l'enfant en son ventre , et por ce dien-il qu'il ne vêlent qe endure plus e^^el terme de quarante jor. Et sa feme tant tost qe a enfanté son fil, elle licve do lit et fait tute la bezogne de la maison, et seure et serve son baron en ( «36 ) lit. El mcnuicnt de toutes chars et cuite et crue. El menuenl ris tôt con chars et cum autre coussc selonc lor usancc. Il hoivont vin qu'il font de ris et con hones esjdrcs (je mont est hiicn. Lor monoic f'st or, et encore hi se cspcncnl les {jorcclaines. El si voz
  • r loemant des espirili. Il espanent dou brod de la cliar et de celé bevrajes, et en- core ont encens elle Icfign aloc, et vont encen.sant ça et là, et font grant luminarie. El quant el a ensinl fait une [kjzi; , adonc cnchiet le un , el les autres le demandent se il est pardoné au inalaide , et s'il doit garir. Celui respont celc foi*y> e dit qu'il ne li «y^t encore pardoné , e q'il faicenl encore la liel couse, et adonc li sera par- doné. E celi la font maintinant, el l'espiriti respont, pois qe le ( i38 ) sacrifice et tous les couses sunt faites , qu'il est pardoné et qu'il guerra prochaincmant. Et quant il ont eu ceste réponse , et ont espandue et dou brod et des bevrajes , et ont fait grant luminaire et grant encensce , il dient qe l'espiriti est bien en lor part ; et adonc les magis et les dames qi ont encore cclz espiriti , menaient le moutonz et boivent les bevrajes à grant sculace et à grant feste, puis s'en tome chascun à sa maison , et puis qe tout ce est fait , le amalaides guerris mantinant. Or voz ai contés la mainere et les uzance de ceste jcns et cornant cesti magis sevcnt encanter les spiriti : or voz laieron de ceste jcns et de ceste provencc, et voz conteron des autres ensi con voz pores hoir. CHAPITRE CXXI. Cornant le gran Kan conquiste le roiaume de Minin e de Bangala. Or sachiés que nos avanames dcmentique une moût belle ba- taille qe fu en roiame de Vocian qe bien fait à nientovoir en ceste livre , et por ce la voz conteron tout apertamant cornant el avent et en quel mainere. Il fu voir qe aies 1272 anz de la carnasion de Crist , le grant Kaan envoie grant host en le roiame de Vo- cian et de Caraian por cui il fuissent garde' et sauvé , qe autres jens ne feisent lor domajes , car le grant Kaan ne i avoit encore mandé nulz de sez filz come el fist puis , car el en tlst roi Sente- mur qe esloit filz à son filz qe mort avoit esté. Or avint qe le roi de Mien et de Bangala ke molt estoit poisant rois et de tercs e de tesor è de jens , e cestui roi cun ceslui rois ne estoit sout le ' guères. grant Kaan, mes puis ne ala grarcient * de tens qe le grant Kan le conquiste et li toli andeus les roiames qe je voz ai nomes desoure. Et ceste roi de Mien et de Bangala, quant il soit qe le ost dou grant Kan estoit à Vocian , il dist à soi meisme qu'il est mestcr qe il hi aile lor soure à si grant jens qu'il les metra toit à mort, en tel mainere qe le grant Chan ne aura jamcsvolunté d'envoior ( i39 ) illucc autre osle; et adonc ccst roi fait moût grant aparoilemant , et voz deviserai quelz. Or sachiés tuit voiremant qe il et deus mille leofant moût grant , et fist faire soure chascun de cesti leu- fant un chastiaus de fust, mult fort et molt bien fait et ordréé por conbatre , et sor chascun chastiaus avoit au moin douze homes por combatre , et en tiel hi avoit seize , et en tel plus , et encore ot bien soixante mille homes entre à chevaus , et auquanz hi ni avoit à pies. Il fait bien aparoil de poisant roi et de grant com el es- toit : car sachiés q'ele fu bien host de faire un grant effors. E qe voz en diroie? Geste rois quant il ot fait si grant aparoil comme je voz ai contes , il ne fait demorance , mes tout mantinant se mete à la voie com toutes ses jens por aler sor les ost dou grant Kaan qe estoit à Vocian. Il allent tant qu'il ne treuvent aventure qe à mentovoir face, qe il furent venus à trois jornés près à les ost des Tartarz, et ilucc mist son camp por sojorner et por se pouser sez jens. CHAPITRE CXXII. Ci devise de la bataille qo fo entre Tost do gran Can e le roi de Mien. Et quant les sire des ost des Tartarz soit certainemant qe cest roi li venoit soure à si grant jens , il hi a bien doutée , por ce qe il ne avoit qe douze mille homes à chevaus, mes san faille il estoit moût vailanz homes de son cors et buen chevaitanz , et avoit à non Nescradin. Il ordre et amoneste sez jens moût bien. Il por- cace * tant con il pluspoit de défendre le païs et sez jens. Et por - s'efToïc coi vos firoie-jc lonc contcre P Sachiés tuit voiremant qe les Tartarz s'en vindrent tuit et douze mille homes à chevaus en le plain de Vocian , et iluec atendoient les ennimis qe venissent à la bataille, et ce font por grant senz et por bone cheviteme : car sachiés que de joste cel plain avoit un bois moût grant et plen d'arbres. En tel maincre con voz avés hoï atendoient les Tartarz les ennimis en cel plain. Or laison un pou à parier des Tartarz ( i4o ) qe bien en rclorneron porchaincmant , et parleron de les enni- mis. Or sachics tuit voirmant qe quant le roi de Mien fo sejorné auques con toutes sez host , il se partirent de luec e se mestrent à la voie , et aient tant qe il furent venus en plain de Vocian , là 0 les Tartarz estoient tuit aparoilcs , et quant il furent venus en cel plain près à les ennimis à un milier , il asete sez leofans e les castiaus et les homes desus bien armés por conbatre. Il ordre sez homes à chevalz et à pirs molt bien et sajemant corne saje rois qu'il estoit. Et quant il crt ordrcé et asetté tout son afer , il se mist à aler con tuit sa ost ver les ennimis , et quant les Tartarz les virent vinir, il ne font senblanl qe il soient de rien esbaïs, mes mostrent qe il sunt preuz et ardis- duremant : car sachiés senz nulle faille qe il se mistrent à la voie tuit ensendjle bien et or- drée'mant et sajemant vers les ennimis ; e quant il furent près à elz , et qe il ne avoit for que dou comencer la bataile , adonc les chevaus des Tartars , quant il ont veu les leofans , il espaoulent en tel mainere qe les Tartarz ne les poient mener avant ver les ennimis , mes se tornoient toutes foies arieres ; e le roi et sa jens con les leofans aloient toutes foies avant, CHAPITRE CXXIII. Ci (lit Je la bataille mesme. Quant les Tartarz ont ce veu , il en ont grant ire et ne savoient qe il deussent faire : car il voient cleremcnt se il ne puent mener lor chevaus avant , qe il ont dou tôt perdu ; mes il se esproitent moul sajemant , et voz dirai q'il firent. Or sachie's qe les Tartarz , quant il voit qe lor chevaus estoient si espaoutés , il desmontent tuit de lor chevaus et les mistrent dedens le bois et les atachent à les arbres ; puis mistrent les mains à les ars, et encongnent les sajetes et laisent aler à les Icofant. Il traient lor tantes sagitcs qe merveille , et furent les leofans ennaATCs duremant. Et les jens ( l/fl ) dou roi tiaiocnt encore à les Tartarz moût espcsemant et doné à elz moût dur asaut ; mes les Tartarz qe d'asez cstoient meillor homes d'armes qc lor cnnimis n'estoient , se defendoient mut ardiemant. Et qe voz aleroie disant ? sachics qc quant les leofans furent ensi ennavrés con je voz ai contes , luit les plusors , je voz di qe il setornent en fuie vers les jens dou roi, de si grant fraite qe il senbloit qe tout le monde se deust fendre. Il ne s'arestent jamès à les bois et lii se mestrent dedeiis et ronpent les chaustiaus et gastent et destruent toutes couses : car il aloicnt or çà or là por le bois , faisant trop grant fraite de temoure ; et quant les Tartarz ont veu qe les leofans s'estoient torné en fuie en tel mai- nere con vos avés oï, il ne font demorance, mes tout mantinant montent à chevalz et aient sor le roi et sus sa jens. Il conmencent la bataille à sajettes mult cruele et pesmes ; car le roi et sez jens se defendoient ardiemant. Et (quant ; il ont toutes le saites jetés et traites , il mistrent les mains à spée et à les maques , et se co- rent sors moût aspremant. Il se donoient grandisme coux ; hor peust-l'en veoir doner et recevoir d'espée et de maqes , or poit- l'cn veoir occire chevaliers et chevalz ; or poit-l'en veoir cou- per main et bras , bus et tests , car sachics qe maint en cheoccnt à la terc mors et navrés à mort. La crie et la nose hi estoit si grant qc l'en ne oïst le Dieu tonant. Les stors e la ba- taille estoit de toutes pars mot grant et pesmes ; mes si sachiés sanz nulle faille qe les Tartarz en avoient la meior partie , car de malc hore fo comencé por le roi et por sez jens , tant en fu- rent occis celui jor en cel bataille. Et quant la bataille fu durée jusque à midi passé , adonc le roi et sez jens cstoient si niaume- nés , et tant en cstoient ocissi , que il ne poient plus sofrir , car il voient bien qe se il hi demorent plus qui hi sunt tuit mors. Et por ce ne i vousistrent plus demorc , mes se mistrent à la fuie tant con il plus puent. Et quant les Tartarz virent qc celz s'es- toient torné en fuie , il li vont abataiit et chazant et ociant si malamant, qe ce estoit une pitié à veoir. Et quant il ont cliaciés ( i42 ) une pièces, il ne li vont plus caçant, mes aient por les bois por prendre de les leofans ; et si vos di qe il trinchoient les grant ar- bres por mètre devant à les leofant por coi il ne pensent aler avant ; mes tout ce ne valoit noiant qe pcussent prendre , me je voz di qe les homes mcisme dou roi qui estoicnt pris , le pre- noient, por ce qe les leofans a greingnorentendimant qe nul au- tres animas qe soit ; et por ce en pristrent plus de deus cens leo- fans , et de ccst bataille conmance le Kan avoir des leofans asez. Et tel mainerc ala ceste bataille con voz avcs oï. CHAPITRE CXXIV. Cornant Fen descende una gran desendue. Quant l'en s'en part de ceste provence qe Je voz ai conte' de^ soure , adonc comancc-l'cn à dcsendre por une grant desendue, car sacbiés tuit voiremant qe l'en vait bien deus jornc'e et dimi audichi , et en toute ceste deus jornéeet demi ne a couse qe à mentovoir face , for seulemant qe je voz di qe il hi a une grant place là où il se fait grant merchié : car tuit les homes de celé contrée vienent à ccl plaice , auquant jors nome , ce est trois jors la semaine. Il chanzoicnt or d'arjcut, et donent un saie d'or por cinq d'arjent , et chi AÏenenl les merchaant de moût longe par- tie , et çà vient l'or arjent con les or de cest jens ; et voz di qu'il en font grant profit et grant gaagne. Et les jens de celle contrée qe aportent lo or , nul ne poit aler à lor maison là o il demorent porlorfcrmaus, tant demorent en for leuet desvoiables,ne nul set là oij il demorent, por ce que nul hi ala for qu'elz, et quant l'en a desendue ceste deus jornée et demi , adonc treuve-l'en une pro- Tence qe est ver midi , et est à les confui de Yndie, Amien est apclés ; l'en ala quinze jornce por moût desviable leu , et por grant boscajes, là où il ha leofans asez , et unicorn asez et autres diverses bestes sauvajes; homes ne habltasion n'i a , et por ce noz ( 43) laison de ce boscajes , et voz conteron d'une estoire si con vos la pores oïr. CHAPITRE CXXV. Ci devise de la cité de Mien, Or sachics qe quant l'en est chevauche's les quinze jornée qe je vos ai contée desoure de si desvoiable Icu , adonc treuve-l'en cite qui est apellcs Mien , qui moût est grant et noble et est chief dou règne. Les jens sunt ydres et-ont langajes por eles. Il sunt au grant Kan , e den ceste cité a une si noble couse qe je vos dirai. Car il fu voir qe jadis ot en cest cité un riche rois et poisant ; et quant il vint à mort , il comandc qe sor sa tonbe , ce est sus son munu- ment , fuissent faites deus ter , une d'or et une d'arjent en tel mai- nere con je voz dirai : car le une tor estoit de belle pieres , puis estoit cuvert. Estoit le or gros bien un dois , en estoit si toute la tor cuverte qe ne senbloit qu'ele fust for d'or souleinant. Elle estoit aute bien dix pas et grosse bien tant con elle convenoit à l'autese , dont elle estoit. Desore estoit reonde , et tut environ le rcondcmant estoit ploine de canpanclle endorés qe sonoient tou- tes les foies qc le vent feroit * entr'aus; et l'autre tor qe desoure estoit d'arjent , et estoit tute senblable et en tel mainere fait corne celle dou l'or, et de celle grant et de celle faison. Et ce fait faire cel roi por sa grandese et por sa aime , et voz di q'eles estoient les plus bielles tors à veoir dou monde , et si estoient de moût grandisme vailance. Et si vos di qc ceste provcnce conquiste le grant Kan en tel mainere con je vos dirai. Il fu voir qe à la cort dou grant Kaan avoit une grant quantité de jocculer et des tregi- teor , e le grant Kan dist que il vuelt qe il ailent conquister la provence de Mien, dora * elz cheveitain et aide ; le giogoler dis- » .^ ç^, trent qu'il li velt volunter ; et adonc se mistrent à la voie con celz cheveintain et con cel aide qe le grant Kaan done elz. Et qe voz en diroie ? saquiés qe ccsti giocgoler con celés jens qe alerent con * fiappait ( i44 ) eles, .conquistentcclc provcnce de Mcnien. Et quant il l'ont con- quiste et il lurent venu à ccste noble cité, et il treuvent testes deus tors si belle et si riche , il en furent tuit merveilcs , et man- dent à dir au grant Kan là o il estoit, le convinancc de cestes tors et cornant elle estoient belles e de grandissme vailance , et t|e se il velt qu'il les deftiront , et li manderont le or et l'arjent. Et le grant Kan qe savoit qe cel roi l'avoit fait fer por sa arme e por coi l'en ausse remenbrance de lui depuis sa mort , il dit qe il ne voloit q'ele fuissent desfait , micmes dit qu'il vuclt qe demorent en tal mainere corne celui roi qe l'avoit fait faire le avoit ordrcé et es- tabli. Et ce ne fu pas mervoille , por ce qe je voz di qe nul Tartarz ne touche mie cousse d'aucun mort. Il ont Icofanz et buef sauva- jes grant et biaus , cerf, dain , cavriolz et de toutes faisonz des bestes ont-il en abundance. Or voz ai contes de cest provence de Mien , or voz lairon adonc et conteron d'une provence qe est apellé Bangala cnsi con voz oircs. CHAPITRE CXXVI. Ci devise de la cité de Bangala. Bangala est une provence ver midi qe as 1290 anz de la nati- vité de Crist , quant je March estoie à la cort dou grant Kan. Encore ne l'avoit pas conquistc ; mes toutes foies les hostcs et sez jcns hi estoient por conquister. Mes je voz di qe ceste pro- vence ont rois e lengajes por elz. Il sunt pesimcs ydres , ce en- tendez ydules. Ilsuntà les confins de Ynde; Ilhia maint escuiles, et d'ilucc les ont tuit les baronz et scingnors qe cntor celcs pro- vences ; sunt li buef si aut con leofant , mes ne pas si gros. Il coton. vivent de chars e de lait e de ris, il ont bonbace * asez. Il font grant mcrchandie , car il ont espi e galang.a et gengiber et succare et de maintes autres chieres espiccs. Il hi vincnt les ydres et hi achatent de les escuillies qe je voz ai dit, et esclaus hi arhalenl ( i45 ) ausi ascz : car sachiés qe les mcrchant achalent en cest provence esculieset esclaus asez , et puis les moinent à vendre por maintes autres pars. Or en cesle provence ne a autre couse qe à mentovoir face, et por ce noz en partiron et voz conteron d'une provence qui est ver Levant , et est apele' Cangigu. CHAPITRE CXXVII. Ci devise de la provence de Caigu. Cangigu est une provence ver levant ; il ha rois, les jcns ydules et ont langajes por elz. Il se rendercnt au grant Kaan et li font chascunz anz treu. Et si voz di que cest roi est si luxuros, qu'il a bien trois cens fème : car quant il ont aucune belle feme en la conlre'e , la prant à feme. Il se treuve en cest provence or asez. Il ont chieres espiceries de maintes afaires en grant habundance ; mes il sunt molt loingc dou mer , el por ce ne vailcnt guierc lor mercaandie , mes in i a grant merchiés. Il ont leofant ascz et autres bestes de maintes faisonz. Il ont venesionz asez. Il vivent de char et de lat et de ris, Il ne ont vin de vigne , mes le font de ris et de cspiccs molt bien. Les jens loutcs comunemanl masles et femes sunt toutes lor charz pintes en tel mainere don je voa dirai : car il se font por toutes lor chars pintures con agnilcs à lions et à drag et ausiaus et à maintes ymajes , et sunt fait con les auguiles en tiel mainere qe jamès ne ne vont. Et ausi le font au vix et ù cuel et au ventre et à les manz et à les janbes et por tout les cors , et ce funt por grant gentilise , e celui qui plus not de ceste poiture , s'en tinent à graingnor et à plus biaus. Or nos laieron adonc de cest provence , et voz conteron d'oun autre provence qe a à non Amu qui est ver levant. '9 ( i46 ) CHAPITRE CXXVIII. Cl devise de la provence de Ainu. Amu est une provence ver levant qe sunt au erant Kaan. Il siint ydules ; il vivent de bcstiames et dou profit TO la tcre. 11 ont langajes por elz. Les dames portent as jambes et es braces , bra- ciaus d'or et d'arjent de grandisme vailance , et les homes les por- tent ansi et mcilorz qe les dames, et plus il ont chevaus asez et buens, et le vendent grandisme quantité à les ydules que en font grant merchandic. Il ont encore trop grant babondancc de bufal et desbeuef e des vaches, por ce che trop est buen leus e de bone pasture. Il ont grant abundancc de toutes couses de vivre. Et sachics qe de cest Amu jusque à Gangigu qe dcrer est a quinze jornée, e Cangigu à Bangala qui est tierce provence en dericre a trente jornée. Or noz porteron de Amu , et aleron à une autre provence qe a à non Toloman qui est longe de ceste bien huit, jornée ver levant. CHAPITRE CXXIX. Ci devise de la provence de Toloman. Toloman est une provence ver levant. Les jens sunl ydules et et ont langajes por elz et sunt au grant Chan. Il sunt mult belles jens et ne sunt mie bien blanccs, mes brunz. Il sunt bien homes d'armes. Il ont cités assez, mes chastiaus ont-il grant quantité en grandismes montagnes et fortrcs. Et quant il morent, il font ardoir les cors et les oses que rémanent qe ne se poentardoir, il le prenent e le metent en archete peitete , puis les portent en grant montagnes et autcs , e le metent en grant cavernes pendue en tel mainere qe homes ne bestes les poit tocher. Il hi se treuve or asez. La monoie qu'il cspendcnt amenue est de porcelaine en ( i47 ) tel maincre cori je voz ai contes, et ausinc toutes cestes provcnces, ce est Bangalan et Emuginga et Aniu , espendent or et porcelaine. Il hi a mercheanz auques , mes celz qei sunt moût riches et por- tent moût en mcrcandics. Il vivent de chars et de lait et de ris e d'cspices moult huen. Or noz lairon de ceste provence qe n'i a autre chose qe à mentovoir face , et nos conteron d'une pro- vence qui est apellc Cugui ver levant. CHAPITRE CXXX. Ci dit «le la provence de Caigui. Cuigui est une provence ver levant, qe quant l'en se part de Toloman il ala douze jornc'e sor por un flumz là où il trouve viles et chastiaus assez ; mes il n'i a couses que à mentovoir face. Et quant l'en est aies douze jornce sor por ccst flum , adonc treuve-l'en la cité de Sinugul qe moût est grant et noble. Il sunt idules et sunt au grant Kaan. Il vivent de mercandie el d'ars , et si voz di qu'il font dras des scorses d'arbres , et sunt moût biau, et vcstent celz dras d'cstée. Il sunt homes d'armes. Il ne ont monoic for qe le charte dou grant Kaan qe je voz ai dit. Car je voz di qe desormès somes nos en les teres qe espendent les tartre dou grant Kaan. Il hi a tant lyonz pe nulz homes ne puet dormir la nuit deors de maison , carie lioriz le mengiroit mantinant. Et si voz di un autre chouse qe quant les homes vont por cest flun , et la nuit demorent aucun leu , se il ne dormerent bien Joinge de tere , les lionz les vont à elz jusqe à la barche , et en prant un home et s'en vait sa voie et les menue. Mes je voz di ke les homes s'en senvent bien garder, et voz di car il sunt grandissmes lionz et perilicus ; mes si sachics qe je voz dirai une mervoie : car je voz di qe en ceste contrc'e a chiens qe ont d'ardimanl qe vont asailir le lion , mes si vuelent estre deus , car sachiés qe un home et deus chienz occient un grant lyonz et voz dirai cornant. Quant ( i48) une home chevauche por chamin con ar e con sajete et con dcus chiens grandisnies et il avint que il treuA'e un grant lyonz , les quiens que sunt ardis et fors , tantost qe il voient le lyon , il corent sor lui moût ardicmant. Les lionz se gire ver les chien ; mes les chien tantost qu'il voient qe le lion s'en vait , il le corent derieres et le mordent à les cuisses ou à le cor , et le lionz se gire moût fieremant, mais ne les puet atandre, por ce qe les chienz se sevent ijicn garderc. Et qe voz en diroie ? Le lion doute moût por le grant rcmor qe font les quienz , et adonc se met à la voie por trover aucun arhre oii il se poisse apoier por monstre le vix à les chien. Et en ce qc le lion s'en vait, les chiens les vont toutes foies mordant derieres , et le lionz se gire or za , or là. Et quant l'en veit ce , il met main à son arc et li donc des sajete et une et deus et plus et tantes qe le lion chiet mort. Et en cestc maineres en occient maint , car ne se puent défendre à un home de cheval che aie deus huen chien. Il ont soie asez et mcrcandies de toutes faites en grant abundance , lesqueles se portent por cesle flunc en maintes pars. Et sachiés tout voirmant qe sus por cest flunz a lonz et encore douze jornce et treuve-1'en toutes foies cites et castiaus en grant hahundance. Les jens sunt ydolcs et sunt au grant Chan. Lor monoie sunt de charte, ce est la monoie dou seinenor. Il vivent de mcrcandies et d'ars. Et à chief de douze jornce, adonc treuve-l'en à Sindinfu de coi ceste livre enparole en arieres. Et de Sindinfu se parl-1'en e cheuauche bien soixante dix jornée por provences e por teres, Icsquiclz nos somes este' et l'avon escript e nostre livre en arieres. A chief de soixante dix jornce trouve-l'en Gingui là o nos sonmes est. Et da Gingui se part-l'en et ala quatre jornce trovant cités et castiaus' asez. Les jens sunt de grant merchandics e de grant ars. Il sunt idules et ont monoie dou grant Kan lor seingnor, ce est cartre. A chief de quatre jornée treuve-l'en la cité de Cacianfu qui est ver midi , et est de la pro- vence dou Chatai , et noz en conteron de ceste Cacanfu sa conve- nance ensi con voz porcs oïr. ( 49 ) CHAPITRE CXXXI. Ci devise de la cité de Cacianfu. Cacianfu est une grant cité et noble dou Catai , et est ver midi. Les jens sunt ydules et font ardoir lor mors. Il sunt au grant Chan et ont la monoic de carte. Il vivent de mercandies et d'ars, car il ont soie asez : il font dras dores et de soie et sendal en grant abondance. Geste cité ont cité et chastiaus asez sout sa scingnorie. Or nos partiron de ci et aleron avant por midi trois jornée , et voz conleron d'oune autre cité qe a non Cinanglu. CHAPITRE CXXXII. Ci devise de la cité de Cinaglu. Cianglu est encore une moût grant cité ver midi , est au grant Kan et de la provence dou grant Catai. Lor monoie est de carte. Il suntydres et font aidoirles cors mors. Et sachiés qe en ceste ville se fait lasal engrandissme quantité, et voz dirai comant. Il est voir qu'il prenent une mainere de tere qui est molt saumastre, e de ceste terre font grant nions , e desus cest mont gitent aiguës asez tant q'cle jue , et la metent en grant pot et en grant chau- dere de fer , e la font boïr asez , et adonc est le sal fait moût biaus e blance et menu. Et si voz di qe de ceste sal se porte por maintes contrées environ , et si en ont grant avoir. Or noz par- tiron de ceste cité qe ne i a autre chouse qe à mentovoir face , et nos conteron d'une autre cité qe est apellé Ciangli qui est ver midi et voz conteron de ses fais. C i5o) CHAPITRE CXXXIII. Cl devise de la cilé de Cinagli. Ciangli est une cité don Catai ver midi, est au grant Chan. Il sunt ydres , et ont monoic de carte. Il est longe de Cinanglu cinq jornc'e , et en cest cinq jornée se treuve viles et castiaus asez qe toutes sunt au grant Kan , et sunt teres de grant mercandies et sunt moût profitable au grant sire. Et sachic's qe por mi la cités de Ciangli vait un grant fliim et large por lequel se portent et en sus et en jus grandissmes quantité des mercandies de soies et d'especeries e de autres chieres couses. Or nos partiron de Cinagli que ne voz en conteron plus, et noz diron d'une autre cité qe est longe de ci six jornée ver midi , et est apellés Cundinfu. CHAPITRE CXXXIV. Ci devise de la cité de Candinfu. Quant l'en s'en part de Cinagli , il ala six jornée ver midi , et toutes foies trouvant cités et castiaus asez , et de grant vailance et de grant noLilité. Il sunt idules et ardent les cors mors. Il sunt au grant Chan et ont monoie de carte. Il vivent de mercan- dies et d'ais. Il ont de toutes couses de vivre en grant abundance; mes n'i a couses que à mentovoir face , et por ce nos diron de Condinfu :cst une grandisme cité, et jadis avant est grant roiames, mes les grant Kaan le conquiste por force d'armes , mes toutes foies voz di q'elc est la plus noble cité que soit (en) toutes celles contrée. II a grandisme mercheant qe font grant mercandies. Il ont si grant abundance de soie qe ce est mervoic ; maint biaus jardinz et deletables plein de toutes buens fruit ; et sacqiés tout voiremant qe ceste cité de Condinfu a sont sa segnorie onze cité ( i5i ) imperiaus , ce est à dire qe sunt noble et (de) grant vailance , car 11 sunt cité de grant mcrcandie et de grant profit : car elle ont soie outre mesure. Et voz di que as 1272 anz de la cai'nasion de Crist le grant Kan avoit mandé un sien baronz qe avoit à non Liitam Sangon à ceste cité et à ccste provence coi il la deust garder et sauver, e si doné à cestui Liitan quatre vingt mille homes àche- vaus à ceste garde faire ; et quant cestui Liitan fut demoré con cestcs jens en ccste provences , ensi come traites, panse de fer une grandissme deslaiauté , et hoïrés quelz. Il fu con tuit les sajes homes de toutes cestes cités, et consoille con elles qu'il se révélè- rent au grant Kan , et le font con la volunté de touti les pueplcs de la provence , car il se révèlent au grant Kaan e ne le obient de rienz. Et quant le grant Chan soit ce , il hi mande dcus sez baronz qe avoit à non Aguil et Mongatai et con eles envoie bien cent mille homes à chevaus; e porcoivoz firoielonc contPSachiés tout voiremant que ceste deus baronz con lor jens conbatirent con Litam que révélés s'estoit , et con toutes les jens qu'il puet ascn- bler, qe furent bien entorcent mille homes à chevaus et grandisme quantité des homes à pies. Mes tel fu l'avanture qe Liitan perdi la bataille et hi fu ocisi con maint autres. Et après qe Liitan fu descontit et mors, le grant Kan fist puis enAestier de tuit celz que avoient esté coupable à tiel traïment faire , e tuit celz qe hi se trovent coupable furent mis à mort cruelmant ,' et à tous les autres jens pordone, en hst clz nulz maus , et il furent puis bien leoilz toutes foies. Or nos partiron de ccste matière puis que nos le voz avon contée oïdenéemant , et noz conteron d'une autre contrée qe est midi et a non Singui. ( '52 ) CHAPITRE CXXXV. Ci devise de la noble cité de Singui. Quant l'en s'en part de Condinfu el ala trois jornée por midi, toutes foies treuvant cites et castiaus nobles et buens et de grant mcrcandics et de grant arz , et hi a caceisonz et venciçonz asez de toutes mainiercs. Il ont des toutes couses à grant plantée. Et quant l'en est aies ceste trois jornée , adonc treuve-Fen la noble cité de Singuimatu qe mont est grant et riche et de grant mer- candie et de granz arz, Il sunt ydres et sunt au grant Kan. Lor monoie ont de carte. Et si voz di qu'il ont un fluns dou quel il ont grant profit et voz dirai cornant. Il est voir qe ceste grant fluns vient de ver midi jusque à ceste cité de Singuimatu , et les homes de la ville cest grant fluns en ont fait dcus : car il font l'une moitié aler ver levant , et l'auti'e moitié aler ver poncnt : ce est qe le un vait au Mangi , et le autre por le Catai. Et si voz di por vérité qe ceste ville a si grant navile , ce est si grant quan- tité , qe ne est nul (je ne veisse qe peust croire. Ne entendes qe soient grant nés , mes clés sunt tel come besogne au grant fluns , et si voz di qe ceste naville portent au Mangi e por le Calai si grant abondance de mercandies qe ce est mervoille ; et puis quant elles revienent, si tornent encore cargics , et por ce est merveie- liosse chouse à veoir la mcrcandie qe por celle fluns se porte sus et jus. Or nos partiron de ceste Singuimatu , et voz conteron d'autre contrée , et est ver midi , et ce sera d'une grant pro- vence qe est apellé Ligui. CHAPITRE CXXXVI. Ci devise de la grant cité de Lingui. Quant l'en se part de ceste ville de Singui , il ala j)or midi huit jornée qe toutes voies treuve-l'en cités et castiaus asez qe ( i53 ) - moût sunt nobles et grant et riches c de grant mcicaiidics et de grant arz. Il sunt ydres et font ardoir lor cors mors , et sunt au grant Can. Lor monoie est de carte ; et à chief de huit jornee treuve-l'en une cite qe est apellcs Ligui ansi corne la provencc , et est chief dou reigne. Elle est moût noble cité et riches. 11 sunt homes d'armes. Bien est-il voir qu'il hi se fait grant mercandies et grant (ars). Il ont venesionz debestesedeosiausengranthabun- dance. Il ont de toutes couses da mangier à grant plantée. Il est encore sus le fluns qe je voz nomai desoure. Il ont navies grein- gnors qe les autres qe je voz contai , en lequel se portent maintes mercandies et chieres. Or voz laieron de ceste provence et cite , e vos conteron encore de autre novité : avant traicteron d'une cité qe est apellé Pingui qe moût est grant et riche. CHAPITRE CXXXVII Ci devise de la cité de Pingui. Quant l'en s'en part de la cité de Lingui , il ala trois jornée por midi , et toutes foies trove cités et castiaus asez et buens. Il sunt dou Catai et ydres , et font ausi ardoir lor cors , et sunt au grant Kaan , et ausint sunt les autres qe je voz ai contés en arierc. Lor monoie est de carte. Il hi a encore la meilor^venesion et de bestes et de osiaus qe soient en tout le monde. Il ont grant habun- dance de toutes les couses da vivre. A chief de cest trois jornée treuve - l'en une cité qe est apellé Pingui qe moût est grant et noble et de grant mercandies, et de grant arz. Il ont soie en grandisme abundance. Ceste cité est à l'entrée de la grant pro- vence do Mangi , et à ceste villes les mercant chargient les carretes de maintes merchandies et les portent en Mangi par plosors cités et castiaus. Il est cité que rent grant profit au grant Kan. Il n'i a autre cousse qe à mentovoir face , et por ce nos en partiron et voz conteron de un autre cité qe est apellé Cuigui qe est encore à midi. 20 ( i54) CHAPITRE CXXXVIII. Ci devise de la cité de Cingui. Et quant l'en se part de la cité de Pingui, il ala deus jornce por midi por moût belles contrée e devicioses des tous hienz là où il a venesionz asez des toutes maineres de bestes et de osiaus; et à chief de dcus jornce treuve-l'cn la cité de Cingui qe moût est giant et riche c de mcrcandies et d'ars. Les jens sunt ydres et font lor cors mors ardoir en feu. Lor monoie est de carte et sunt au grant Kaan. Elle a trop biaus plainz et bens chaus et ont grant abondance de forment e de toutes blces. Mes autres couses qe à mentovoir face n'i a , e por ce nos en partiron , et nos con- teron des autres teres avant. Et quant l'en s'en part de ceste ville de Cingui , il ala bien trois jornce por midi , là o l'en treuve bieles contrées et biaus castiaus et casaus et bielles gaagnaries de teres et de cans , venesionz et chaccionz ascz , et abondance de forment e de toutes blés. Il sunt ydres et sunt au grant Chan. Lor monoie ont de carte. Et à chief de ceste deus jornée treuve-l'en le grant flunz de Caramoran , chi vient de la terre dou Preste Joan qe moût est grant et large :car sachiés qe l'en est large un mil. Il est moût profund , si que bien hi pooient aler grant naves. Il hi a peisonz asez et grant. Il hi a en ceste flunz bien quinze mille nés qe toutes sunt dou grant Chan , por porter ses hostes à l'isle de la mer. Car je vos di qe la mer hi est près à cest leu une jornée , e voz di qe ceste nés vêlent chascune vingt marineres et portent entor quinze chevaus cum les homes et con lor viandes ; et a une cité deçà et une delà , ce est encontre le una à l'autra. La una a non Coigangui , e l'autra a non Caigui , qe le une est grant cité , et le autre est pi tête , et desormès quant l'en passe ceste flun , adonc entre en la grant provence de Mangi. Et vos conterai cornant ceste provence dou Mangi le conquiste le grant Chan. ( i55 ) CHAPITRE CXXXIX. Cornant le gran Kan conquiste la provence dou Mangi. Il fu voir qe la grant provence de Mangi en estoit seingnor et sire Facfur qe moût estoit grant roi e poisant des trezor e des jens et des terres , si que pou n'avoit au monde greingnor ; et certes n'en estoit nul plus riche e plus poisant se n'estoit le grant Chan. Mes si sachiés qu'il n'estoit homes vailanz d'armes , mes Sun délit estoit de fenmes , et fasoit bien à povres jens , et en sa provence ne avoit chevauz , ne n'estoient costumés de bataille ne d'armes ne des hostes , por ce che ceste provence dou Mangi est moût fortissme leu : car de toutes les cites sunt environce d'eive large et porfonde , si que ne i ha nulle cite qe ne aie environ eive large plus d'une balestrce e moût profunde , si que je voz di qe se les jens fuissent este homes d'armes , jamès ne l'aisent perdue. Mes por ce qe il n'estoient vailans ne costumes d'armes , la perderent-il. Car je voz di qe en toutes les cite's s'entre por pont. Or avente qe aies 1268 de l'ancarnasion de Crist, le grant Chan que orendroit reingne , ce est Cublai , hi mande un sien baron qe avoit à non Baian cinqsan , qe vaut à dire Baian cent oïlz. Et si voz di qe roi dou Mangi trovoit por sa astreunomie qu'il ne poit perdere son règne for qe por un horne qe ause cent oilz. Cestui Baian con grandisme jens qe le granl Kan li donc à qevaus et à pies , s'en vint au Mangi; puis ot grant quantité des nés qu'il portoient les homes à chevaus et à pics quant il abezongnoit. Et quant Baian fo venu con toutes scz jenz à l'entré dou Mangi , ce est à ceste cité de Coigangui là où nos sonmes ore , e de laquel voz contcron tout avant , il dit elz qe il se rendescnt au grant Kaan. Cclz respondcnt qu'il n'en firoit ren. Et quant Baian voit ce , il ala avant et treuve encore un autre cité , et encore ne savoit rendre , et il se met à la voie encore ( i56 ) avant et ce fasoit-il por ce qe'l savoit qe le grant Kaari mandoit dcriere lui encore grant host. E qe vos en diroic ? Il ala à cinq cites , ne nule ne poit prendre , ne nulle ne vost rendre. Or avint qe la séisme cité Baian la prist à force , e puis en prist un autre, et après la tercie, si qe je vos di qe avint en tel mainere qu'il prist douze cite's le une après l'autre ; et por coi voz firoie-je lune cont? Sachic's tuit voiremant qe Baian , quant il oit prist tantes cite's con je voz ai conlc's , il s'en ala tout droit à la mestre cite dou règne qe Quinsai est apellcs , la coi le roi e la raine estoicnt. Le roi, quant il vit Baian con sa host, il ha grant doutance. Il se parti de ccl cite' con maintes jens, et entre bien mille nés et s'en fui en la mer Osiane entre les yslcs. Et la raine qe remès estoit en la cité con grant jens , se porchachoit de défendre au miaus qu'il puet. Or avint qe la raine demande cornant avoit à non , et adonc li dit l'en qu'il estoit apellé Baian cent oilz. Et quant la raine oi qe cestui avoit à non cent oilz , tantost li fo à remcnbrc de l'astrolomie que disoit que un ome qe auessc cent oilz dovoit clz tolir lo reingne ; adonc la raine se rendi à Baian. Et après qe la roine fu rendue , toutes les autres cités et tout le reingne se renderent qe ja ne font nulle défense. Et ce fu bien grant conqest qe en toute le monde ne avoit nul roiame qe la moitié vausist de cesl : car le roi avoit tant à despendre qe ce estoit merveliosse couse ; et si voz dirai aucune des noblité iju'il fasoit. Sachiés qe chascun an fasoit norir bien vingt mille enfanz pcitet , et voz dirai comant ; en celés provences se getent l'enfanz tantost qu'il est nés , et ce font les povres femes qe ne le poent norir. Et le roi les fasoit tuit prendre et fasoit iscrivre en qel scngnaus et en quel planète il estoit nés , puis le fasoit nourir por maintes pars et por maintes leus, car il a norise en grant abondance. Et quant un riche home ne avoit filz, il aloit au roi et s'en fasoit doner tau com il voloit , et celés que plus les plasoiciil. Et encore le roi, quant l'enfanz e la pocele fuissent en ajcs de mariere , il donoit la poucelle à l'enfanz à feme , e lor donoit tant q'el pooient bien ( >57 ) vivre ; et en ceste mainere ongne an en alevoit bien vingt mille entre masles et femes. Et encore fasoit cestui roi un autre couse, qe quant il chevauche por aucune voie , et il avenist qu'il trovast deus bieles maison en aust une pitete , adonc le roi demande por coi celé maison est si peitet , e qe ne est si grant con celles autres, et s'en li disoit qe celle petite maison est à un poir * home qe ne *■ Pauvi a le poir qui le peuse faire , adonc conmande le roi qe celle maison peitete soit fate si belle et si aute come estoient celles deus que delés estoient. Et encore voz di qe cest roi se fasoit tûtes foies servir à plus de mille entre damoisaus et damoisielles. Il manlcnoitson reingne en si grant justice, qe nulz hi fasoit nul maus , et la nuit demoroicnt les maisons de les mercandies overlc, e ne i se trovoit nulle rien moin : car ausi pooit-l'en aler de nuit come de jor. Il ne se poroit dir la grant riqcsse qe en cest reingne est. Or voz ai conté dou reingne, or voz conterai de la raine. Fu moines au grant Kaan , et quant le grant sire la vit , il la fist honorer et servir chieremant come grant dame , mes do roi son baron en avint que ne ois* jamès de l'isle dou mer Osiane, si se * Sonii. mourut , et por ce voz lairon de lui et de sa feme e de ceste ma- tière , et en torneron à contier de provence dou Mangi et diron de toutes lor mainereset de lor costumes et lor faites bien et or- dréemant , ensi con vos porre's oïr apertemant , et nos comen- ceron dou conmenzamant , ce est d'3 la cité de Coigangui. CHAPITRE CXL. Ci devise de la cité de Coigangui. Coygangui est une mult grant cité e noble et riche qe est à l'entrée de la provence dou Mangi , et est ver Yseloc*. Les jcns sunt ydules et funt ardoir lor cors mors. Il sunt au grant Kan. Il hi a grandismes quantité des naives : car voz savés si con je voz ai dit , q'ele est sus le grant flum qe est apellés Caramoran. Et si Midi. ( i58 ) voz di qe en ceste cité vient en grandisme abondance de mercan- dies , por ce q'ele est les chief dou reingne de cel part : car main- tes cités hi font aportcr lor mcrcandics , por ce que les respan- dent por cel flum à maintes autres cites. Et encore voz di que en ceste ci lé se fait le sal , et en donent bien à quarante cités dont le grant Kaan en a de ceste cité grandisime rende , entre dou sal et dou droit de la gran mcrcandics qe hi se font. Or voz avun conté de ceslc cité , adonc nos en partiron et nos conteron d'une autre cité qe est apellés Pauchin. CHAPITRE CXLI. Ci dit de la cité de Panchin. Quant l'en se part de Cougangui , il ala ver Yseloc une jornée por une chaucic qe est à l'entré dou Mangi, et cestc chaucie est faite de moult belles pieres , et de jouste la chaucie et de le im lei et de l'autre ha eive, et en la provence ne se puet entrer for qe por ceste chaucie. A chief de ceste jornée treuve-l'en une cité qe est apclés Pauchin qe moût est bielle cité et grant. Il sunt ydules et font ardoir lor cors mors. 11 sunt au grant Kan. Lor monoie ont de carte. Il vivent de mercandies et d'ars. Soie ont en grant abundance ; dras de soie et dorés de maintes faisonz hi se font ascz. Des chouses de vivre ont à grant plantée ; mes autres couse ne i ha qe face à mentovoir , e por ce laieron de ceste , et voz parleron d'une autre cité qe est apellés Caiu. CHAPITRE CXLII. Ci dit de la cité de Caiu. Quant l'en se part de la cité de Panchin l'en ala por Yseloc une jornée. Adonc treuve-l'en une cité qe est apellés Caiu qe moul ( iSg) est grant et noble. Il sunt encore ydres et ont monoie de carte et sunt au grant Kan. Il AÏvent de mercandies et d'ars. Il ont grant abondance des couses de vivi-e; peisonz ont-il ultre mesure; checheionz et venesionz de bcstes et de osiaus ont-il grandismes quantités : car je voz di qc l'en hi auroit por un venesian gros d'arjent trois faisanz. Adonc noz partiron de ceste cité et voz conteron de un autre cité qe est apellés Tigui. CHAPITRE CXLIII. Ci divise de la cité de Tigui. Or sachiés qe quant l'en se part tle la cité de Cayu il ala une jornée trovant toutes foies casiaus asez et chans et gaaingneries, et adonc trenve une cité qe est apelés Tigui, qe ne est mie trop grant , mes plantcust est aile de tous bien tereine. Les Jens sunt ydres et ont monoie de carte et sunt au grant Can. Il vivent de mercandies et d'ars , car il se fait grant profit et grant gaagne de plosors merchandies , et est ver Yseloc. Il ont naives asez et venesionz de bcslcs et d'osiaus asez. Et en encore sachiés qe à le scnestre partie ver Levant, loinge de ci trois jornée, est la mer Hosiane , et dou mer Ociane jusque ci en tous les leus se fait les sal grandismes quantités , et hi a une cité qe est apellés Cingui que moût est gi-ant et riche et noble , et à ccst cité se fait tout le sal qe toute la provence en asez , et si voz di tout voircmant qe le grant Kaan en a grant rente et si merveliose , qe à poine le poroit croire se ne le veist. Il sunt ydres et ont monoie de carte et sunt au grant Kan; et adonc nos partiron de ce , et relorneroii à Tigui. Et encore noz partiron de Tigui qe bien voz en avon contés, et conteron d'une autre cité qe est apellés Yangui. ( i6o ) CHAPITRE CXLIV. Ci devise de la cité de Yangui. Quant l'en se part de Tingui , il ala por Yseloc une jornce por nioul belle contrée là où il a chastiaus et casaus asez , et atlonc treuve une noble cité et grant qe est apellés Yangui ; et sachiés q'ele est si grant et si poisant qe bien a sont sa seingnorie vingt sept cités grant et boincs et de grant mercandies. En ceste cité siet un des douze baronz dou grant Kaan , car elle est esleue por un des douze sajes. Il sunt ydres. Lor monoie ont de carte et sunt au grant Chan . et meser Marc Pol meisme , celui de cui trate ceste livre , seingneurie ceste cité por trois anz. Il vivent de mercandies et d'ars , car il i se font arnois de chevaliers et d'ornes d'armes en grandisime quantité : car je voz di tout voir- mant qe en ceste cité et epviron por s'apartinence demorcnt maintes homes d'armes. Il ne a autre couse qe à mentovoir face. Nos partiron de ci et vos conteron des deus grant provencc qe do Gâtai meisme sunt ; elle sunt ver Ponent , et por ce qe il hi a bien couse da conter , voz en conteron de elles tous lor costumes et lor usance , et conteron de le une avant qe est apellé Nanghin. CHAPITRE CXLV. Ci devise de la proveuce de Nanghin. Nanghin est une provence ver Ponent , et est dou Mangi meisme , que moût est noble provence et riches. Il sunt ydres et ont monoie de carte et sunt au grant Kan. Il vivent de mercan- dies et d'ars. Il ont soie en abundance. Il font dras dorés et de soie de toutes faisonz. Il ont grant plantée de toutes blés et des toutes couses de vi-vTc : car moût est planteuse provence. Il ont venesionz etchaceisson assez. Il font ardoir lor cors mors. Il ( i6i ) ont lionz assez. Il hi a maintes riches mercant qe moût en a grant ti'cu et grant rende le gran sire. Or nos partiron de ci , car ne a autre chousc qe à mentovoir face, et adonc voz conteron de les très noble cité de Saianfu que bien fait à conter en nostre livre, por ce que trop est grant fait son afer. CHAPITRE CXLVI. Ci dit de la cilé de Saianfu Saianfu est une cité et noble'que bien a sont sa seingnorie douze cité et grant et riches. Il hi se fait grant mcrcandies et grant ars. Il sunt ydres et ont monoie de carte , et font ardoir lor cors mors. Il sunt au grant Kan. Il ont soie asez et font dras doré et de maintes faisonz. Il ont veneionz et chazaionz asez. Elle a toutes les nobles couses qe à noble cité couvent. Et si voz di tout voire- mant qe ceste cité se tient trois anz depuis qe tout le Mangi fu rendu , et de toutes foies li estoit grant host dou grant Chan soure , mes ne i poit demorer for qe de le un lés et ce estoit ver traimontaine , car de toutes les autres parties hi estoit grant lac et porfond. Et le host dou grant Kan ne la poit ascier qe de celle part de traimontaine , et il avoient por toutes les autres pars viandes asez , et ce avoient por l'cive ; et si vos di qe James ne Taise eue se ne fust une cousse qe je vos dirai. Or sachiés que quant les host dou grani Kaan fu demorés à le scie* de cest cité trois anz et il ne la pooient avoir, il en avoient grant ire. Et adonc meser Nicolau et meser Mafeu et mesier Marc distrent : Nos vos trovcron voie por coi la ville se rendra maintensant ; et celz de Fost distrent qe ce volcnt-il voluntier. Et toutes cestes paroles furent devant le grant Kan , car les mesajes de celz de l'ost estoient venus por dir au grant sire cornant il ne poient avoir la cité por ascie , et qe la viande avoient por tel pars, qu'il ne la poient tenir. Le grant sire dist : Il convient que il se face en tel mainere 21 Siège ( i62 ) qe cel cité soit prise. Adonc distrent les deus frcres et lor filz Hicser Marc : Grant sire , nos avon aveke nos en nostre meanic homes qe firont tielz mangan qe gileront si grant pieres qc ccles de la cité ne poront sofrir , mes se renderont maintenant puis qe le mangan , ce est trébuche , aure laiens gitée. Le grant sire dit à meser Kicolau et à son frère et à son filz qe ce voloit-il moût volunticr , et dist qe il feisaent fere cel mangan au plus toslo qu'il poront. Adonc mcsere ISicolao e sez frères e son filz qe avoient en lor masnée un Alamamz et un Cristien Nestorin qe hou mcstre estoient de ce faire , lor distrent qe il fcissent deus mangan ou trois qe gîtassent picrcs de trois cens livres. E cesti deus en firent trois biaus mangan. -Et quant il furent fait, le grant sire les fait aporter dusqe à sez host qe à l'asie de la cité de Saianfu estoient , e que ne la poient avoir. Et quant les trabuc furent venus à l'osl , il les font drizer , et as Tartarz scnbloie la grcingnor mervoille dou monde. E que voz en diroic ? Quant les trabuc furent drccés et tandu , adonc jeté- le un une piere dcdenz la ville. La pieres feri es maisonz e ronpi et gaste toutes couses , e fist grant rcmor et grent temoute. Et quant les homes de la cité virent reste maie aventure qe jamcs ne l'avoient veue , il en furent si estais et si espuentés, qe il ne sevent qe U deusent dir ne fer. Il furent à consoil ensenble, e ne sevent prendre con- soil comant il de ceste treubuc poiscnt cscanper. Il distrent qu'il sunt touit mors se il ne se l'endcnt , et adonc pristrcnt consoil qu'il se renderont en toites mainieres , et atant mandent au sein- gnor de l'oste qu'il se volent rendre en la maincrcs qe avoient faiti les autres cités de la provence , et qu'il voloicnt cstre sout la seingnorie dou grant Kan ; et le sire de l'ost dit qe ce voloit-il bien. Et adonc les recevi, e ccle de la cité se renderent, e cel avent' por la bonté de mesere Nicolao e meser Mafeo e mesere Marc , e ce ne foi pas peitete cousse : car sachics qe ceste cité e sa provence est bien une des meior qe aie le grant Kan , car il en a grant rende e grant profit. Or vos ai contés de ceste cité cornant ( «63 ) ille se rendi por les trébuche qe fist faire meser Nicolau et meser Mafeu et meser Marc , or noz en laiion de ccsle matière et nosi conteron d'une cité qe est apellé Singui. CHAPITRE CXLYII. Ci devise de la cité de Singui. Or sachic's qe quant l'en se part de la cité de Angui et il ala por Yseloc quinze miles , adonc treuve une cité qe est apelés Singui. Ne est mie trop grant, mes ele est de grant naives et de grantmcrcandies. Il sunt ydres etsunt au grant Kaan. Lor monoie est de carte , et sachiés qe elle est sus le greingnor flum qe soit au monde , qe est apellés Quian. Il est large , en tel leu hi a dix miles, et en tel huit , et en tel six, et long est plus de cent jomée. Et por achaison de cet flum cest cité a moût graiidisme quantité des naves qui portent por ceste flun maintes couses et maintes mercandies , e por ce est ville de coi le grant Clian en a grant rende et grant treu. Et si voz di qe ceste flun A^ait tant longe et por tantes pars et tantes cités hi sunt soure , qe je voz di voi- remant qe por ceste flun ala plus naives e con plus chieres couses et de greignor vailance, qe ne vont por tus les flus de cristiens , ne por tout lor mer. Car je voz di qe je hi vi à cest cité bien * nés * <^''"i '"'' à une foies qe toutes najent por ceste flum. Or donc poés - vos bien penser puis que ceste cité qe ne est mie trop grant a tantes nés q+iant sunt le autres. Car je voz di qe cest flun ala por plus de seize provences , e si hi a sor lui plus de deus cens cités grant qe toute ont plus naives de ceste. Les nés les sunt coverte et ont un arbre , mes elle sunt de grant porter , car je voz di q'eles portent da quatre mille cantar jusque en douze mille de peis au conte de notre contré. Or nos partiron adonc de ci qe bien nos en avon conté le fait , et après nos conteron d'une autre cité qui est apelé Qucui ; mes avant vos voil conter une couse qe je avoie demen- ( iG4 ) tiqae , por ce qe bien fait à nostre livre. Or sachics qe tûtes les nés ne ont sarce de caneue , ior que il en ont bien form les arbres e les voiles , mes je vos di qu'ele ont le pelorce de canne con Icsquele se tirent les nés sor por cest flum. Et entendes qe cest sunt de les cannes groses et longes qe Je vos ai dit en ereres, qe bien sunt longes quinze pas. 11 le fendent e ligent le une con l'autre et le font longo bien trois cens pas, et est plus fort qe ne seroit de chavane. Or voz lairon de ce, e retorneron à Caicui. CHAPITRE CXLYIII. Cl devise de la cite Caigui. Caigui est une pitete cité et est ver Ysccloc et sunt ydrcs et au grant Kaan , et ont monoie de carte. Elle est sus le flun , et à ceste cité se recuile grandismes quantités des blés e des ris , et de ceste cité se porte jusque à la grant cité de Cambalu à la cort deou grant Kan por eive , ne entendes por mer , mes por flus et por lac , et sachiés qe de les blés che en ceste cité vient en vif grant partie de la cort don grant Kan. Et si voz di qe le grant Kaan a fait ordréé celles voies de Feive da ceste cité jusque à Canbalu , car il a fait grandisme fosée et large et porfund da le un flum à l'autre et da le un lac autre , et fait aler l'eive si qe sen- blcnt grant flun , et hi vont bien grant nés , et en ceste mainere se vait dou Mangi jusque à la cité de Canbalu ; et encore vos di que ausint se puent aler por tere : car jouste celles voies de l'eive vait la chaucie por tere , et en ceste mainere se poil aler c por eive e por tere come voz avés entandu. Et en mileu de -ceste flun encontre ceste cité ha une yseles de roches, en laquel a un mosticr de idres que hi a deus cens frères , et en ceste grant nioistier a grandismes quantités de ydules. Et sachiés que cesL nioistier est chief de maint autres moistier de ydules, qe est ausi come un ar- ( t65 ) cevesquene. Or nos partiron de ce et paseron le flum et vos con- teron d'une cité qe est apellés Cinghianfii. CHAPITRE CXLIX. Ci devise de la cild de Cingliianfu. Cinghianfu est une cité dou Mangi. Les jens sunt ydules et sunt an grant Kaan , et ont monoie de carte. Il vivent de mer- chandie et d'aïs. Il ont soie asez. Il font dras dorés et de soies de maintes faisonz. Il hi a riches mercant et grant. Il ont veneionz et chaceison de bcstes et de osiaus asez. Il ont grant plantée des blés et des chouses de vivre. Il hi a deus église de cristiens nes- torin , et ce avint dès 1278 anz de l'ancarnasionz de Crist en ça ; e voz dirai cornant il avint. Il fu voir qe unques ne i avoit eu moistier de cristienz , ne ncis en Dieu cristicnz jusque à 1278 anz, hi fu seingnor por le grant Kaan trois anz Marsarchis qui estoit cristienz ncstorin. Et cestui Marsarchis hi fist faire celle deus église , et de celés tens en cha , hi a englise que devant ne i avoit église ne cristienz. Or nos partiron de ceste matherie , et voz conteron d'une autie cité moût grant qe est apellés Cin- ghingui. CHAPITRE CL. Ci devise de la cité de Cingiggui. Quant l'en se part de la cité de Cinghinanfu , il ala trois jornée ver Ysceloc , toutes foies trovant cités et castiaus asez de grant mercandies et de giant ars. Il sunt tuit ydres et sunt au grant Kan , et ont monoie de carte. Et à chief de trois jornée adonc treuve-l'en la cité de Cinghingui que moût est grant et noble , et les jens sunt ydres et sunt au grant Kaan. Lor monoie est de carte. Il vivent de mercandie e d'ars. Il hi a soie asez. Il funt ( i66) dras dorés et de soie c de maintes faite. Il ont fchaêéionz ^t vcneieonz asez e des Lestes e de osiaus. Il ont graflt abondatice de toutes couses de vivre , car moût est planteuse tere. Et si vos dirai une mauvese chouse , qe cclz de celz cité firent e comanl il l'acatent chicremant. Il foi voir (je quant la provence dou Mangi se pris por les homes dou grant Can , et qe Baian en es- toit chief , il avint qe ceste Baian envoie une partie de sez jcns qe Alani esloient qe estoicnt cristienz à ceste cité por prandrc. Or avint qe cesti Alani la pristreiit et entrèrent dedens la cité et hi treuvent si buen ^^n qe il en beuent tant qu'il furent tuit evfiés , si qe se dormirent en tel mainere qe hil ne sentoient ne bien ne ttiaus. Et quant les homes de la cité virent qe celz qe l'avoienl pris estoient liel atornés qe il senbloicnt homes mors , il ne font delcament , mes tout maintenant en celle nuit les occirent tuit , qe ja un seul n'en escanpe. Et quant Baian le sire de la grant host soit qe celz de ceste cité avoient ocis sez homes si dcsloiau- tnent, il hi mande de seZ jfettS âsèi e la pristrent à force , et si vos di toit voiremant qe puis qu'il l'ont prise , qu'il li ocistrent à le Sfiée , et en tiel mainere con vos avés oi furent tant homes mors à ceste cité. Or noz partirOn de ci et alcron avant, et voz conteron d'une cité qe est apellé Singui. CHAPITRE CLI. Ci devise de la cité de Singui. Tingui est une tranoble cité et grant. Il sunt ydules et au grant Chan , et ont monoie de carte. Il ont soie grandisme quantités. Il vivent de merrandies et d'ars. Il font maint dras de soie por lor vestiment. Il hi a grant tnercant et riches. Il est si grant q'ele gire environ quarante miles. Il ha si grandismes quantités des jens que nulz eii poroit savoir le numbre : et si voz di qe se il fuis- sent homes d'armes , cel de la provence dou M angi il conquis- '( i67 ) trent tout l'autre munde , mes il ne sunt pas homes d'armes ; mes je voz di qe il sunt sajes mercant et sotil homes de toutes ars , et si a grant filosofe cl grant mire naturel , qc moût stuent* * Étudient. bien nature , et si voz di tout volrmant qe en ccste cité a bien six mille pont de pieres qe bien hi paseroit por desout une galée et deus. Et encore voz di que en celés montagnes de ceste ville naist la leribarbar et gengibre en grant abondance , car je voz di qe por un vcnesiau gros aurest bien cjuarante livre de gengibre frès que moût est bucn. Et sachiés qe elle a sot sa scingnorle seize cité moût grant et de gran mcrcandies e de grant ars. Et sachiés qe le non de ceste cité qui est apellé Sugui, vaut à dir en franzois la Tere , et un autre cite que est près de ci est apellés le Ciel , et cesti non ont elles por lor grant nobilitc ; et voz conteron de l'autre noble cité qe le Ciel est apellcs. Or nos partiron de Cingui, et aleron à une cité qe est apellé Vugui. Et sachiés qe ceste Yugui est longo de Sugui une jornée. Elle est moût grant cité et boine et de grant mercandie e de grant ars ; c por ce que ne i a couse de novité qc à raentovoir face , nos partiron d'elle et voz con- teron d'une autre cité qi est appelle Yughin. Et ceste Yughin est encore une moût grant cité et noble. Il sunt ydres et au grant Kaan , et ont monoie de carte. Il i a grant quantité de soie et de mantes autres chicres mercandies. Il sunt sajes merchaant et sajes d'ars. Or nos partiron de ceste cité , et voz conteron de la ville de Ciangan. Or sachiés qe cesté cité de Ciangan est moût grant et riqe. Il sunt ydres et sunt au grant Kaan , et ont monoie de carte. Il vivent de mcrcandies et d'ars. Il hi se font sendal de maintes faisonz en grandisme quantité. Il ont veneionz et chaccisonz asez. N'i a autre chousc qe à mentovoir face , et por ce nos partiron de ce et aleroiL avant , et voz conteron des autres cités , et ce sera de la noble cité de Chesai qe est la mestrc ville dou roi de Mangi. * Moindre. ( iC8 ) CHAPITRE CLII. Ci devise de la noble citii de Quinsai. Quant l'en se part de la cite de Caingan , il ala trois jorncc là o il a maintes cites et maint chastiaus de grant nobilitc et de grant richece , que vivent de mercandies e d'ars. Il sunt ydules et sunt au grant Chan. Il ont monoie de carte. Il ont habundance de toutes couses da vire au cors d'oumes. Et quant l'en est ale's très jornce , adonc treuve-l'cn la trè nobilisimc cité qui est apcllé Quinsai , que vaut à dire en franchois la cité dou Ciel, et depuis qe nos sonmcs là venu , si voz conteron toute sa grant nobilitc , por ce que bien fait à conter, qe ce est san faille la plus noble cité e la mcilor qe soie au monde. Et adonc noz conteron de sez no- bilitc selonc qe la roine de ceste reingne mande por escript à Baian qe conquiste ceste provence , qe le deus mander au grant Kan , por ce qe il seuse le grant nobilitc de ceste cité , por quoi ne l'a feiste destruere ne gastcr, et selonc que en celle escripture se contenoit fu vérité , selonc ce qe je Marc Pol vit puis aperte- mantà mes iaux. Il se contenoit tuit primermant la cité de Quin- sai gie environ cent miles et ha douze mille pont de pieres , cl por chascun de ccsti pont , ou por la greingnor partie , poroit bien passer une nés por desout son arche , et por les autres poroient passer medre* nés. Et nulz se face merveille se il ha tant de pont, por ce qe je vos di qe ceste ville est toute en eve , et est environ de eve , et por ce convient qc maint pont hi aie por aler por toute la vie. Et encore hi se contenoit qe ceste cité avoit douze arz, de chascun mcstier une , et chascune arz avoit douze mille cstasion , ce est à dire douze mille maison , et en chascune cstasion avoil au moin dix homes , et ticl quinze , et tiel ti'ente , et tiel quara/ite ; et ne entendes pas tous mestres , mes homes qe font ce qe con- mandent le mestre , et tout ce beinzogne , por ce qe de ceste ci- ( i69) té se fornisent maintes autres cites de la provence. Il hi a tant merchaanz et si riches qe font si grant mercandies, qe ne est homes qe pcust dir la vérité , si démesurée couse sunt. Et encore voz di que les grant homes et lor femes et encore tous les chief de les estasion des ars qc Je vos ai contés , ne font nulle rien de lor main , mes demorent ausi deliemant et ausi netemant con se il fuissent rois. Et lor dames sunt ausi ausi moût déliés et angelique chouse. Et si voz di qu'il estoit establi por lor roi qe cascun doie faire les ars de son pcre , et se il auesse cent mille besanz, ne po- roit fair autre ars qe son père avoit fait. Et encore voz di qe de- ver midi a un lac qe gire environ bien trente miles, et tout envi- ron a maintbiaus palleis et maintes bielles maison, si merveillose- mant faites qe ne poroient estre miaus devisé e ne faites ne plus richemant , qui sunt de gentilz homes e de grant. Et encore hi avoit maintes abbaics et maint mouslier des ydrcs que moût sunt en grandisme quantité. Et encore vos di qe en mileu dou lac a deus isles en lesquelz a en cascuns un moût mervclios palais et riches , fait si bien et si arnocés* qe bien senblent palais d'enpe- * Or raors. Et quant l'en vuelt faire noses ou convit , il vunt à ceste palais, et là font lor noses et lor feste , et iluec treuvent toutes lesaparoillement qe bezongne auconvivie , ce est de vaicellemant et de tailleor et d'escueles. Il hi a maintes bieles maisonz en la ville et por toute la cité a et ça, et la grant tore de piercs là où les jens portent toutes lor couses quant por la cité se prent feu ; et sachiés qe moût sovent sa prent le feu en la ville por ce qe il hi a plosors maisonz de leingn. Et si vos di qe les jens sunt ydres et sunt au grant Kan , et ont monoie de carte. Il menjuent tûtes cars e de chiens e de toutes autres brutes bestes et autres ani- maus que por ren dou munde nul cristienz de sa ne menuierent. Et encore voz di qe en chascune des douze mille pont gardent dix homes por cascune nuit et cascun jors, c cesti sunt por gar- der la cité qe nul hi festi mauves couse , ne qc nul fuisse ardis de révéler sa ville. Et encore voz di un autre cousse , qe dedens la 22 ( 17°) ville a un mont enquel a desus una tor , c sus celle tor a une tabfc de lengn en laquel un homo la tient en main et hi donc dedens d'un maillet si qe bien se oie moût longe , et à ceste table sone toutes le foies qe le feu s'aprenl en la \ille ; ou se il avenist qe au- cune brie se foist en la cité , c tanlosl qe ce avient , celé table so- nent maintinant. Le grant Kan fait mont bien garder ceste ville et a grandisme jens , por ce q'ele est chief et seje de toute la pro- \ence dou Mangi , e por ce que en ceste cité a grant tczor et grant * En a. rente , na * le grant Kan si grant qe qui l'oist dir à poine le poroit croire. Et encore la fait garder le grant sire si bien et à tantes jens por doute que il ne se révèlent. Et saquics tuit voiremant qe ' Fit paver, cn ccste villc toutcs les voies en cnastra * qe de pieres e de maton tuit , et ausint sunt toutes les voies et les caucies de toute la pro- vence dou Mangi enastra qe si que l'en la puet chevaucher toute netemant et à chevalz et à pics. Et encore voz di qe en cest ville a bien quatre mille bagni. Ce sunt estuves là o les homes le pren- nent grant délit et hi vont plusors foies le mois, car il vivent moût netemant de lor cors. E si vos di qu'il sunt les plus biaus bagni e les meior et les greingnor qe soient au monde : car je vos di qe il sunt si grant qe bien hi se poient baingner à une foies cent homes ou cent femes. Et encore vos fais savoir qe vingt-cinq miles loinge de ceste cite est le mère Osiane entre grec et levant , et iluec a une cité qe est apellc Ganfu , et illuec a moût buen port et hi vient grandismcs navies et grandismesmercandics e de grand vailance de Yndic c d'autres pars; e de ceste cité au porta un grant flun dont les nés poent venir dusque à la cite, et encore vait ceste flun por autres pars plus longe qe à ces'e cité. Et encore voz di qe la provcnce dou Mangi le a le grant Kan partie en neuf pars, ce est à dir qu'il en a fait neuf grandismes rois , si qe cascun est grant roiame ; mes toutes foies entendes qe tuit cesti rois hi sunt por le grant Kan , et en ceste maincre qe il font chascun an la raison de chascun reingnc por soi as safators dou grant sire des le rende e de toutes couses. Et en ceste cité demore le un de cesti ( lyi ) neuf rois et seingnors (qui gouverne) plus de cent quarante cités grant et riches. Et si vos dirai en encore une couse de coi voz sercs moût merveiant, car je vos di qe en la prov en ce dou Mangi a bien mille deus cens cités, et en cascune a garde porl e grant Kan, si grant con Je vos dirai. Sachics tuit voiramant qe en chascune cité celle qe moin en a sont mille homes, e de tiels hi a qe est gardée de dix mille , et tielz de vingt mille , et tiel de trente mille , si qe bien sunt si grant ennonbrc qe à poine se poroit conter. Mes ne enten- des qe ccsti homes soient tuit Tartars , mes sunt dou Catai , e cesti homes qe ceste cités gardent , ne sunt tuit à chevaus , mes una grant parties à pies , car tuit sunt homes de les hostes dou grant Kan , et sonméemant vos di con tùte vérité qe Tafcr de la provence dou Mangi est si très grant couse e de richese e de rende e de profit qe na le grant Kan , qe ne est home qe l'oisse conter e ne le veisse qe le pcust croire , et à poine se poroit escrivre la grant nobilité de ceste provence , e por ce m'en tarai à tant, qe ne vos en dirai granlment desormès. Me si voz en dirai aucime couse encore , e puis nos en partiron. Or sachics qe toutes les jens dou Mangi ont tel uxance con je voz dirai. Il est voir qe tan- tost qe l'enfant est nés , le père ou la mcrc font scrivre le jor et le point e l'ore qu'il fo nés et en quel scingne et en quel planet , si qe chascun set sa nativité. Et quant aucun velt aler en autre part , por fer son viages , el s'en vait à les astroniqe et li dit sa nativité-; et cel lor dit se il est bouen l'aler en cel viages ou non, e maintes foies li destorbent de lor viages : car sachiés qe lor as- troniqe sunt sajcs de lor ars e de encantemant diabolice , si qe bien dient à les homes maintes couses asquelz il douent moût foies. Et encore voz di qe quant les cors mors sunt porté àardoir , tuite les parentes , femes et homes se vestent de caneva por dolor, e vont con les cors qe est portés , et moinent con lor estormens e vont cantant orasion de idules , e quant il sunt venu o le cors doit être ars , il s'arestent et font fare chevaus et esclaus masles et femes et camiaus et dras dorés en giant abundance, c toutes ( 'tO cestes couses font de carte. Et quant il ont tout ce fait , il font le grant feu et ardent le cors con ceste couses, et dient qe celui mors aura toutes celles chouses en l'autre monde vif de carte e d'osés et la monoie d'or ; e dient que tout le onor que il li font quant il s'arde , tout altcr tel le sera fait en l'autre monde por les lor diex e por le ydules. Et en ceste cité est la palais dou roi qe se fui qe seingnor estoit dou Mangi , qui est le plus biaus e le plus noble qe soit au monde , e vos en deviserai aucune coussc. Or sachiés qe le palais girc environ dix miles , et est murés cum autes mui'cs, toutes as quernaus , et dcdens as mures sunt maint biaus jardis con tuit les buens fruit qe homes seust deviser. 11 hi a maintes fontaines et plusors lac' là o il maint buen peison ; et en mileu est le palais moût grandissmc et biaus. 11 a une si gran sale et si belle, qe grandisme quantité de jcns hi porogent demorer et men- uiere à table. La sale est toute portraite et pointe à penture d'or, et hi a maintes estaltes et maintes bestes et hosiaus et chevaliers et dames et maintes mervoilles. 11 est moût bielle viste à garder , car en toutes les murs et en toutes covreoure ne poroit-l'en veoir che pintures à or. Et que voz en diroie? Sachiés qe je ne vos po- roie deviser la gran nobelité de cesti palais ; mes je a'Oz en dirai brefmant et sonméemant tout la virile , de voir qe cest palais a vingt sales toutes d'une grant et d'un paroil , et sunl bien si grant qe dix mille homes hi poroient menuier à table aaisemant , et sunt toute pointe a ovré d'or moût noblemant. Et si voz di qe ceste palais ha bien mille canbrcs. Ce sunt maison bielles et grant e de dormir e de mengier. Les frut et les pesciere vos ai contés. Et encore sachiés tout voiremant qe en ceste cité a cent soixante tomain de feu , ce est à dir cent soixante tomain des maisonz , et vos di qe le tomain est dix mille , et adonc dcvés savoir que sunt en sûmes mille six cent mille de maison , entre lez quelz ha grant quantité de riche palais. Il hi a une gliese à cri.stienz nestorin so- lement. Et depuis qe je voz ai dévissé de la cité-, si voz dirai une chouse qe bien fait à conter. Or sachiés qe tous les borzois de ( 173) ceste cite et encore de toutes les autres, ont un ticl costume et usance , car chascun a sor la porte de sa maisou escript son non et de sa feme et de sez filz et des femes sez filz, et de sez esclaus , et de tous celz de sa maisonz ; et encore hi est escrit quant qevaus il tient , et se il avint qc aucun en more , il font hoster son non ; et se aucun hi naist , si hi est ausi joint sez nons. Et en ceste mai- nere le seingnor de chascune cité sevent toutes les jens que il ont en lor villes, et ausi se fait por toute laprovence dou Mangi et de celé dou Catai. Et encore voz dirai une autre hielle mainere qe il ha. Car sachics qe tuit celz qe tienent herbergies e que her- bergientlesmandans, tuit celz qe en lor erbergienterbeigent, es- criventpor lor non etqueljor de quel mois hi erbergie , si tje por tout l'an poit savoir Icgrant Kan qui vaite qui vient por toute sa te- re.Etce est bien couse queafiert àsajeshomes. Orvozaidit deces- tes une partie , e desormès voz voil conter lagrant rende qe ceste cité con s'apartinence qui est de les neuf part le une dou Mangi. CHAPITRE CLIH, Ci devise de la grant rende qe le gran Kan a de Quinsai. Or vos vueil conter la grandissme rente que le grant Kaan a de ceste cité de Quinsai desoure, e de les teres qui sunt sout sa segno- rie qui est de neuf part , une de la provencc dou Mangi. Or voz conterai primcremant de la sal, por ce qe plus vaut à rente. Or sachiés tuit voiremant qe le sal de ceste ville rente chascun an crudemant quatre vingt tomain d'or, e chascun tamain est soixante dix mille saies d'or, que montent les quatre vingt tamain cinq millions et six cens mille saies d'or , que chascun saies vaut plus de un florin d'or, o de un duchato d'or , e ce est bien une merveiosse couse et grandismes e nombre de monoie , e depuis che je vos ai dit de la sel , or vos dirai de les autres chouses e mercandies. Je voz di que en ceste provences naist e se fait plus sucar qe ne fait ( iTi ) en tout le autre monde , e ce est encore grandissme rente ; mes je ne voz dirai de cascune couse por soi ; mes vos dirai de toutes especerie ensenble : car sachiés que toutes especeries rendent trois » Tiers, et très* por cent , et de toutes mercandies rendent ausi trois et très por cent. Et dou vim qu'il font de ris ont-il ausi grant rente , et des chai'bouz e des toutes les douze ars qe je voz di desoure , que ont chascune arz douze mille estasion. De cestes ars ont-il grandissmes rentes : car paient de toutes couses droit, e de la soie que ont si grant habundance est mont grandisme le droit. Et por coi vos liroie lonc conte? sachiés que de la soie se donc dix por cent , e ce monte desmesuré monoie , et mantes autres chouses hi a qe paient encore dix por cent , si qe jeo March Pol qeplusor foies hoï faire le conte de la rende de tous cestes couses, senz le sal conseetademant, por chascun an vaut deus cens dix to- > Millions main d'or que vailent quinze millemiaia* et sept cens mille , et ce est bien des plus desmesurée nobre de rente de monoie qe se hoïsl unque conter , e ce est de les neuf part le une de la provence. Or nos partiron de ceste cité de Quinsai qe bien nos en avon conté grant partie de touz sez fais , et aleron avant et voz conteron d'une cité que est apellé Tanpigui. CHAPITRE CLIV. Ci devise de la gran cité de Tanpigui. Quant l'en se part de Quinsai il ala une joruée ver Yseloc , tou- tes foies trovant maisonz et jardinz moût deletable , là oiî l'en treme des toutes couses de vi\Te en grant abundance. Et à chief de la jornée treuve l'en la cité que je voz ai només desoure qe est apellés Tanpigui qe moût est grant et bielle , et est sout Quin- sai. Il sunt au grant Kaan et ont monoie de charte. Il sunt ydres et font ardoir lor cors por la mainiere qe je voz ai dit desoure. Il vivent de mercandies et d'ars. Il ont grant habondance de toutes ( lyS) chouses de vivre. Il n'i a couse qc à meiitovoir face, et por ce nos partiron de ça e conteron de Yuigui. Et quant l'en se part de ceste cité de Tanpigui , il ala trois jorne'e ver Yseloc treuvant toutes foies cités et chasliaus assez moutbiaus et grant , là ù l'en treuve de tous bienz à grant plantée et grant merchics. Il sunt les jens idules et au grant Kaan , et sunt de la seingnorie de Quinsai. Il n'i a novité qe face à mentovoir. A chief de trois jornée l'en treuve une cité qe est apellé Vugui. Ceste Yugui est grant cité et sunt idules et sunt au grant Kan , e vivent de mercandies et d'ars , e sunt encore de la seingnorie de Quinsai. Ne hi a cousce qe nos volions mètre en nostre livre , e por ce aleron avant et voz con- teron de la cité de Ghingui. Or sachiés qe quant l'en se part de Vulgui, il ala deus jornée por Ysceloc, e toutes foies treuve villes et casliaus asez qe vos semble alar por une cité. Abondance ont de toutes couses. Il hi a les plus groses channes et les plus longes qe soient en tout cel païs : car sacliics qe hi a de channes que girent quatre paumes environ et lune sunt bien quinze passes. Autre couse ne hi a que fait à mentovoir , et à chief de deus Jor- née treuve l'en une cité qe est apellé Ghcngui qe moût est grant et belle. Il sunt au grant Kan et sunt ydres et encore de la sein- gnorie de Quinsai. Il ont soie asez. Il vivent de mercandies e d'ars. Il ont grant habundance de toutes couses de vivre. Et encore ne i ha chouse que face à mentovoir , et por ce partiron et aleron avan. Et quant l'en se part de la cité de Chengui , l'en ala quatre jornée ver Ysceloc , e toutes foies treuvant l'en cités et chastiaus et casaus asez et de toutes chouses de vivre en grant abondance, qe tuit sunt ydules et au grant Kan , et encore sunt de la seingno- rie de Quinsai. Il vivent de mercandies et d'ars. Il ont veneionz et chaceionz assez et de bestes et de osiaus. Il hi a lionz asez et grandismes et fieres. Il ne ont moutonz ne berbis por tout le Man- gi; mes il ont buef et vaces et hoc e cavres e porques asez. Et autre couse ne i ha que face à mentovoir , e por ce nos pailiron de ci et aleron avant e nos contaron d'autre couse. Et quant l'en ( 176) se parte de ceste quatre jorncc , adonc treuve l'en la cité de Cians- cian que moût est grant e bicl, et est sus un mont que parte" le flum, que le une moitié ala en sus e l'autre moitié en jus. Elle est encore de laseingnorie de Quinsai, et sunt au grant kaan et sunt ydulcs, et vivent de mercandies e d'ars ; mes n'i a couse qe à mentovoir face, por ce nos partiron de ci et aleron avant. Car sachiés tout de voire que puis que l'en se part de Ciansan il ala trois jors por moût belle contrée , là o il a cités et castlaus et cha- saus assez , là o il a mercaans et homes d'ars assez. Il sunt ydres et au grant chan , et encore sunt de la seingnorie de Quinsai. Des couses de vivre ont-il en grant abundance , checeionz e veneionz ont-il de bestes et de osiaus à grant plantée. Autre cousse qe à mentovoir face ne i ha, et por ce aleron avant. Et sachiés qe à chief de trois jornée trouve len la cité de Cugui qui moût est grant et bielle , e sunt au grant Kan et sunt ydres, et est la dcraine cité de la seingnorie de Quinsai , car de ce avant ne a que fere Quinsai , mes comance le autre roiame , ce est d'cles delez neuf part une do Mangi que est apellé Fugui. CHAPITRE CLV. Ci devise do roiame de Fugui. Quant l'en se part de la dreaine cité dou roiaume de Quinsai qe Cugui est apellés , adonc entre l'en en roiaume de Fugui , et ici comance et ala six jornée por Yseloc por montangnes e por valés, là où l'en treuve cité e castiaus et casaus asez. Il sunt ydres et au grant Kan , e sunt sont la segnorie de Fugui de cui nos avun conmencés. Il vivent de mercandies et d'ars. Il ont de toutes couses da vivre en grant abondance. Il ont veneionz e chaceionz asez de bestes e de osiaus. Il i a lionz asez e grans e fieres. Il ont gegibre et galanga outre mesure: car por un venesian gros auresc tant gegibre qe bien seroit quatre vint livres ; et unt un frut qe ( 177 ) senble zafaran , mes ne est mie , mes bien vaut autant come zafran por ovrc. Autres couses hi a encore. Sachic's qe il menuicnt de toutes brutes couses, e menuient ausi cars d'ome moût Aoluntieres puis qe il ne soit mors de sa mort, mes celés que sunt ocis de fer il le menuient tuit e le ont por moût bone carne , e les homes qe vont en les host e que sunt d'armes si se font atorner en tel mainere : car je vos di qe il se font reonder les chevelz , et en mi le vix se font enpindre d'azur come un fer de glaives. Il vunt tuit à pies for qe lor chevaitan. Il portent lances et espée , e sunt les plus cruelz homes dou monde : car je voz di q'il vont tout jors occiant homes et boivent le sang , puis le menuient tuit , e ce porcacent tout jor d'aler occir homes por boier le sang e por mangier le cars. Or vos laieron de ce e nos conteron d'autre couse : car sachics qe à le trois jornce de le six qe je voz ai dit desoure , treuve-l'en la cité Qenlifu qe moût est grant cité e noble, e sunt au grant Kan. Geste cité a trois pont des plus biaus e des meiors dou monde : car il sunt lonc bien un milier e large bien neuf pas, et sunt tuit de pieres e de colonnes de marbre. Il sunt si biaus c si mervelios qe grant tesor voudrent à fer le un. II vivent de mercandies et d'ars. Il ont soie asez. Il hi nasent gengibre et galenga asez. Il ont belles dames , et encore hi a une estrange cousse qe bien fait à mentovoir : car je voz di qe il hi a galine qe ne ont pennes , mes ont peaus come gâte et sunt toute noire. Elle font aussi oves come celle de notre païs et sunt moût bones à manger. Ne i a autre cousse que face à mentovoir , e por ce nos partiron et aleron avant. Et si voz di qe en l'autre trois jornée , ce est de le six jornée desoure , trouve - l'en encore maintes cités e inaintes castiaus là où il (a) mcrchaanz e mer- candidB asez et homes d'ars. Il ont soie asez st sunt ydules et au grant Kan. Il ont caceionz e veneionz asez. Il hi a lionz grant e fieres qc bien font damajes à les vianans * ; et au drean de ceste * Voragems. trois jornée à quinze miles treuve-l'en une cité qui est apelé Unqen qe hi se fait grandisme quantité de succar, e de ceste cité 23 ( 178 ) a le grant Kan tôt le succar qe il fait ovrer en se cort qe bien est tant qe vaut trczor asez. Autre chouse n'i a qc à mentovoir face, e por ce aleron avant. Et quant l'en se part de ceste cité de Unqen , il ala quinze miles , et adonc treuvc-l'en la noble cité de Fugui qui est le chief dou reingne , e por ce voz conteron de celles ce qe nos en savon. CHAPITRE CLVI. Ci devise de la cité de Fugui. Or sachiés qe ceste cité de Fugui est le chief dou reigne qe est apellé Choncha qe est de le une part des neuf de la provence dou Mangi, Et sachiés qe en ceste cité se fait grant mercandies et hi a maint mercaant et homes d'ars. Il sunt ydules et au grant Kan. Il hi demorent grandisme quantité d'ornes d'armes , car sachiés que hil hi demorent plusor hostes dou grant Chan , por ce qe par le païs maintes foies se révèlent cité e chastiaus , et celz de l'ost que demorent à ceste cité hi Yopt mantinant qu'il se révè- lent c la prenant et destruient , et por cest achaisons hi demorent plusors hosles dou. grant Kan en cest cité. E sachiés che por le mi de ceste cité vait un grant flun qe bien est large un mil , et en ceste cité se font maintes nés lesquelz najent por cel flum. Il font zuchar en si grant abondance qe nulz le poroit conter. Il hi se fait grant mercandies de perles e d'autres pieres presiose , e ce est por ce que les nés de Yndie hi viencnt maintes con maint merch^ant qe «sent en. les ysles de Endie ; et encore voz di que ces,te ville est près au port de Caiton en la mer Osiane ; et illuec vienent maintes nés de Indie con maintes mercandies , e puis de cest part vienent les nés por le granl flum qe je voz ai dit desoure jusque à la cité de Fugui , et en ceste mainere hi vienent chicres cousse de Indie. Il ont grant abondance de toutes cousses qe à cors d'omes Ijcizogne ))or vivre. Il ont biaus jardinz et deletables ( '79 ) con maint buenz fruit. Elle est si bone cité et si bien ordréé de toutes couses qe ce est mervoille , et por ce ne voz en conteron plus , mes aleron avant , et voz conteron d'autres couses. CHAPITRE CLVII. (À devise de la cité de Zantan. Or sachie's que quant l'en se part de Fugui , il pase l'en flun et ala cinq jornée por Yseloc , toutes foies trovânt cite's et cas- tiaus et casaus asez qe moût sunt noble et buenz , là o il a de toutes couses grant devisce *. Il hi a mons et valés et plainz. Il . R.chesscs ont grandismes boscajes là où il a maintes arbres de cel qe font la canfre. Il hi a veneionz et chareionz asez de bestes e de osiaus. Il vivent de mercandies e d'ars. Il sunt au grant Chan et sunt de la seingnoric de Fugui , ce est dou sien reingne. Et quan t l'en est aies ceste cinq jonie'e , adonc treuve l'en une cité qe est apellé Zaitem qe moût est grant e noble. A ceste cité est le port là où toutes les nés de Yndie vienent con maintes mercandies e chieres , e con maintes pieres'presieuses de grant vailance , e con mantes perles e groses e bonnes. E ce est le port dont les mer- canz dou Mangi , ce est tout environ cesle pari. A cest port vient et vait si grant abondance de mercandies e de pieres , qe ce est merveliose couse à vcoir , et de cest cité de cest port vont por toute la provence dou Mangi. Et si vos di qe por une nés de pevre qe aile ad Alexandre ou n'autre leu por estre portée en ter de cristienz , en vient à cest port de Alton cent : car sachiés qe cestui est le un des deus port au monde qe plus mercandies vient. Et .si voz di qe le grant Kan reçoit en cest port et en ceste ville grandisme droit, por ce qe vos fais savoir que toutes les nés qe vie uentde Inde, donnent de tûtes mercandies e de toutes pieres et perles donent dix par cent; ce est la dcsme part de toutes chouses. Les ne's tolent por lor loier , ce est le nol de mercandies soptil ( i8o ) trente por cent, et del pevre tollcnt quarante quatre por cent , et dou leingn aloe et de sandoint e de autre mercandie grose tolent quarante por cent , si qe bien donent le mercant entre le nol et droit dou grant Kan la monoic de tout ce qe il aportent , et por ce doit cascun croire qe le grant Kan a à ceste ville grandisime quantité de tesor. Il sunt ydules et sunt au grant Kan. Elle est terre de grant habundance de toutes couses qe à cors d'omes bezognes. Et encore voz di qe en ceste provence , en une cite qe est apellc' Tinugui , se font escuelle de porcellainc grant e pitct les plus belles qe l'en peust deviser. Et en une autre part n'en s'en font se ne en cest cité , et d'iluec se portent por mi le monde , et hi ni a asez et grant merchics , si grant qe bien en aurest por un vencsian gros trois escuelcs si belles qe miaus ne le scusent nul de'sdser. Et encore vos di qe celé de ceste cite ont langajes por eles. Or voz ai contés de ceste roiaume de Fugui qui est le une partie de les neuf, et si vos di qe le grant Clian en a ausi grant droit et ausi grant rente et greingnor qe ne a dou reingne de Quinsai. Nos ne voz avons contés des neuf roiames dou Mangi, mes qe des trois : ce sunt Yangui et Quinsai et Fugui, e de ce avés-voz bien entendu ; des les autres six uoz en sauron- mes encore bien contre ; mes por ce qe trop seroit loingaine matière à mentovoir , nos ent aleron atant , car bien voz avon contés dou Mangi et dou Catai e de maintes autres provences, et des jens e des bestes et de osiaus, e d'or et d'aijent e de pieres e de perles e des mercandies e de maintes autres couses , ausi con vos avés oï; et por ce qe nostre livre n'cstoit encore conpli de ce qe nos hi volun iscrivre , car il hi faloit toutes les faics de les Yndienz qe sunt bien couses de faire savoir à celz qe ne le savent. Car il n'i a maintes merveliosses couses lequelz ne sunt en tout les autres mondes , e por ce fait bien et est moût buen et profi- table à mètre en scrit en nostre livre. E le mestre le y me Ira tout apertamant ensin corne mcsicr Marc Pol le devise et dit. Et si voz di toit voirmant qe mesire Marc y demore tant en Indic e ( i8i ) tant en soit de lor afer c de lor costumes e de lor mercandies , qe apiertc mes ne fii homes que miaus en seuse dir la vérité ; e bien est-il voir qe il hi a de si merveliose couse , que bien estront mervilliant les Jens qe les oïrent. Mes toutes foies nés les miteron en escrip le une après le autre ensint corne mescr Marc le disoit por vérité , e conmcnzeron tout mainlinant ensi con voz pores oïr en ceste livre avant. CHAPITRE CLVIII. Ci coinance le livre de liidie , et divisera tote les mervoies qe il sunt e les mai- neres de jors. Or puis que nos voz avun contés de tantes provences tereine con vos avés oï, adonc nos laieron de tout celle matière, comen- ceron à entrer in Yndie por conter toutes les merveies couses que hi sunt , e noz conmenceron tôt primermant de les nés esqueles les mercaant qe vont et vient en Endie. Or sachiés que celés nés sunt faites en tel mainere con je vos deviserai. Je voz di q'eles sunt dou leingnc qe est apcllé ahbée * et de zapin. Elle ont une * Abies. covertc, e sus ceste coverte i a ben en toutes lesplusors soixante chanbre, qe en cascune poet demorer un mercaant aaizemant. Elle unt un timon et quatre arbres, et maintes foies hi gungcnt encore deus arbres qe se lèvent e metent toutes les foies qu'il vuelent. Elle sunt clauée en tel mainere , car toutes sunt dobles: te. est deus tables le une soure l'autre , e tout environ est doblé de une table soure l'autre , et sunt calqué e dehors e dedens , et sunt claués d'agu de fer. Elle ne sunt pas enpecé de pcce, por ce qe il n'en ont , mes les ungent en tel mainere con je voz dirai , por ce qu'il ont autre couse que lor scnble que soit miaus que peces. Car je voz di que il prenent la calcine e la neue trincé menue- mant , et le poistent meslée con un oleo d'arbres , e depuis qe il le ont poisté bien cestes trois couses ensenble , je vos di qu'el se tient corne veces*. E de ceste couse ongentle lor nés, e cest vaut bien «giu. ( i82 ) autant corne pcces. E si vos di que cestes nés vuelcnl deus cens marineres ; mes elle sunt si grant q'elle portent bien cinq mille ' Charges, esportes * de pevre e de tel six mille , et si vos di qe elle allent con a\Ton , ce est cum remes, et nuogent à cascun rcmes quatre mariner, et ont cestes ncs si grant barches qe bien perlent mille esportes de pe^TC. Mes si vos di qu elle moinent quarante mari- ner , e cestes vont arme's , et ancore plusors foies aydcnt à traire la grant nés. moinent deus cestes grant barches , mes le une est greignor qe le autre , et encore moinent de bataus pclis bien dix por ancre e por prendre des peison , et por fer les scrvise de la grant nés. E tuit cesti batiaus porte la nés liés dehors à sa couste, et encore vos di qe les deus grant barches portent encore batiaus. Et si vos di encore que quant le grant nés se vuelent adobcr , ce Ri^parcr. cst concer * , e que aien aies un anz , il la conceuent en tel mainere : car il clauent encore un autre table sour les deus tout en^^ron la nés, e adonc il ni a trois, et encore la calque et ongent, et ce est la conce qe il font , et à l'autre conce il claue encore un autre ta- ble , et en ccste mainere ^^lnt jusque à six tables. Or vos ai de\nsé les nés esquelz les merchant vont et vienent en Yndie , et adonc partiron de cest mainere des nés c vos conteron de Yndie , mes tout avant vos voil conter de maintes ysles que sunt en cest mer Osiane , là où nos sûmes ore , e sunt ceste ysles à levant , et nos conmenceronprimermant d'nne isleque est apellé Zipungu. CHAPITRE CLIX. Ci devise de l'isle de Cipingu. Cypungu est une isle à levant qui est longie de tere en aut mer mille cinq cens miles. Elle est moût grandismes ysles. Les jens sunt blances de bcles maineres e biaus. Il sunt ydules e se tienent por elz, e ne ont seignorie de nul autres homes, for qc d'eles meisme. Et si voz di qu'il ont or en grandismes abundance , por ( i83) ce qe le or hi se trovent outre mesure. Et si voz di que nulz home ne ti'aithor de celle ysle , por ce que nulz merchant ne autre home hi ala de la terre ferme , e por ce voz di qu'il ont tant or con jeo voz ai dit. Et si voz conterai une grant mervoie d'un palais dou seingnor de reste ville. Je voz di tout voiramant qe il ha un gran- disme palais les que est tout coverto d'or fin , tout en tel mainer corne nos covron nostre maison de plombe e nostre yglise , tout en tel mainere est cest palais covert d'or fin , qe ce vaut tant ch'à poine se poroit conter. Et encore vos di qe tout le pavi- mant de sez canbres qe asezhi nia, sunt ausint d'or fin bien gros plus de deus doies , et toutes les autres part dou palais , e la sale e les fenestre sunt ausint aorncs d'or. Je voz di que cest palais est de si desmcsurëc richesse , qe trop seroit grandisme meraveie qui peusse dir sa vailance ; et il ont perles en abondance , et sunt rojes, mous bielle e reonde e groses. Elle sunt de si grant vailance con les blances ; e plus il ont encore maiu'os autres pieres pre- sioses asez. Elle est riche isie que nulz poroit conter sa richesse. Et si voz di qe por la grant richesse qe l'en contoit au grant Chan , ce fui ccstui Culjlai qe ore reingne, qe en cest isIe avoit, il dit qu'il la voloit faire prendre , et adonc hi mande deus sez ba- ronz cum grandismcs quantité de nés con homes à chevalz et à pies. Le un de ccsti baronz avoit à no Abatan e l'autre Vonsani- cin. Cesti deus barons estoicnt sajes et vailanz. Et qc voz en di- roie? Il najerent da Zaitou e da Quinsai, e si mistrcnt en la mer et aient jusque à ceste isle e desenderent en tere, e prestrcnt desplain e des casaus asez , mes nulle cité ne chastiaus ne avoient encore pris, quant il avint lor une maie aventure tel con je voz deviserai. Or sachiés que entre cesti deus baronz avoit grant euxie e ne fai- soit le un por l'autre. Or avcnt un jor que le lune à tramontaine vent si fort , qe celz de l'ost distrcnt qc se il ne se partent qe toutes lor nés se ronperont. Et adonc montent tuit en lor nés e se partire de celle isle e se mistrent en la mer , et voz di qe quant il furent aies cntor quatre miles , adonc treuvent une autre ysle ( i84 ) ne trop grant , e cclz qe postrcnt monter celle isie escanpent , mes celz qe ne postrcnt monter ronperent à cel isle , e ce furent bien trente mille homes qe sus ceste isle escanpent , e ccsti se te- noicnt tuit mors et avoient grant doulor por ce qu'il voient qu'il ne poient escanper , e veoent qe les autres nés qe cscanpcs cstoient s'en aloient ver lor contrée ; et elle cnsi font qe je voz di q'elc na- jent tant qu'il s'en tomcnt en lor païs. Or laison de ccsti qe s'en sunt ale's , et noz retorneron à celz de l'isle qe mort se tenoient. CHAPITRE CLX. Cornant les jens dou grau Kan escampoie de la tempesle de la mcre e prislrent puis la cité de Lorc. Or sachiés que quant celz trente mille homes escanpés estoient sus l'isle , il se tenoient à plus que mort por ce qu'il ne voient en nulle mainere cornant il pensent escaper. Il avoient grant ire e grant doleur e ne savoient qe il douessent faire. En tel mainere con je voz di demoroient celz sus l'isle. Et quant le sire e les jens de la grant isle virent qe l'ost estoit si desbaraté et rote , e seurcnt de celz que escampés estoient sus l'isle , il en ont grant joie e grant leese , e tantost qe la mer fo abonace et coie, il entrent en maintes nés qu'il avoient por l'isle , e s'en aient tuit droit à l'isle e desmontent maintenant tuit en tere por prandre celz qui es- toient sus l'isle. Et quant celz trente mille virent qe tuit lor enni- mis estoient desendu à tere , e voient qe sus les nés ne estoient remès nulle jens por garder , il si come sajes jens, quant lor ene- mis venoient por elz prendre , il se tornent de l'autre part de l'isle, e se sproicient tant qe il vindrcnt à les nés de lor enimis et hi montent sus tout maintinant , e ce postrent-il bien faire legier- mant por ce qu'il ne treuvent qui lor le defendist. Et qe voz en diroie ? puis qu'il furent sus le nés il se partirent de cclc isle et s'en aient à l'autre ysele. Il desenderent en tere con les confalonz ( i8iî ) c con l'enseingncs do sire de l'islc s'en aient à la mcstre cite. Et celz que virent lor confalonz, cuidcnt voircmant que cesti fuissent lor jens ; il les laissent entrer dedens la vile , et celz que ne i trcuvent homes se vielz non , la prislrent et en chacent toutes jens hors , fors seulemant auquantcs bcles femes qu'il hi tienent por lor servir. En Ici mainere con vos avés oï pristrcnt celle cité les homes au grant Kan. Et quant le sire et les jens de le isle vi- rent qe il avoient perdu lor cité , e qc l'afer estoit aies en tel mai- nere , il voient morir de dolor. Il se tornent cum autres nés à lor ysle et firent asejcr la cite tout environ, si qe nul hi poroit entrer ne ensir sanz lor volunté. Et que voz en diroie ? Les jens au gran Kaan tindrent celle cité sept mois , et mult prochachoient et jor et nuit cornant il peussent fair savoir au grant Kaan reste afere ; mes tout ce ne vaut rien qe il le peussent faire. E quant il voient qe il non poient ce faire , il font pat con celz dehors e se rendirent sauve lor personc, en tel mainere qe il doient demorer tout lor vie, et ce fu à les 1269 anz de l'ancarnasion de Crist. Ensi ala l'afer con voz avés oï ; e le grant Kaan fist trencer la teste à l'un des baronz qe chaveitan estoit de cel ost , e le autre mande à l'isle où il fait destruer maintes jens , et iluec le fist morir ; e ce fist-il por ce qe il avoit seu qu'il estoient esproiciés maveismant en cel afer. Et encore vos di une moût grant mervoic , qc cel dcus ba- ronz pristrent en cel isle plusors homes en un castiaus , et por ce qe il ne s' avoient volu rendre , les deus baronz comandent qe il fuissent tuit mors , e que il fuissent à tuit tronche la teste , et il ensi fui fait , car à tuit furent tronches le teste for que à huit homes seulamant, et à ceste ne poient fer trancher la teste , e ce avenoit por vertu de picres qu'il avoient , car il avoient chascun une piercs en son braz dedens entre la cars e la pelle , si qe ne poroit dehors, e de ceste piercs estoit si encanté et avoit tel vertu, qe tant come l'en l'aust soure, ne poroit morir por fer. Et les ba- ronz que fu lor dit l'achaison que cel ne poient morii- por fer , il les font amazer con maque, e celz morurentmantinant, puis font- 4 ( i86 ) il traire de les bracc cel pieres e le tienent moul chier. Or ensint avint ceste estoire et cesle matière con je vos ai tlcvissé, ceste es- toire de la desconfiture de les jens dou grant Kaan , si en lairon atant et retomeron à nostre matière por aler avant de nostre livre. • CHAPITRE CLXI. Ci devise des iiiaineres des Ydres. Or sachiés que les Ydres dou Catai e dou Mangi e celz de ceste ysles sunt tuit d'une maincre , e voz di que cclz isles et en- core les autres hont ydres qe ont cliicf de bucf , e tel chief de porques , e tiel de chien , e tel de mouton , e tel de main- tes autres faisonz ; et de tielz hi a que ont un chief de quatre vix , e tiel ont trois chief, ce est le un corne il doit , e les autres deus un de chascunc cLspaulc , e tiel hi a que ont quatre main , e tiel que n'ont dix et de tiel que en unt mille ; mes cestes sunt les meior et où il ont greingnor révérence. Et les cristiens disoient elz por coi il fasoient lor ydres si devisécment : il l'espognent : nostres ancestres les nos iaisent et furent telz , et nos les lahon à nostre filz et à celz que vindrent après nos. Les fais de cestes ydules sunt de tantes deversite's et de tantes cures de diables, qu'il ne fait pas ;i mentovoir en nostre livre , por ce qe trop seroit mauves chouse à oïr por les cristienz , et por ce en laieron de cestes ydres , e voz conteron d'autres couses ; mes tant vos en dirai seulamant que je vuoil qe voz sachics que cesti ydres de cestes ysles, qu.nnt il pren- nent aucun homes que ne soit lor amis, se il ne se puet lachatci' por monoie , il convoie tuit sez parens e sez amis, et dit je vuoil qe voz veingnés mengier ho moi a mon astiaus, et adonc fait oc- cire le home qu'il a pris et le menuient con sez parenz , et enten- des qu'il le fait cuire, et ceste chars d'ome ont-il por la meiloi- viande qu'il pejjsent avoir. Or voz lairon de ce , e rctorneron à ( iSy ) nostrc matière. Or sachics que cesLe mer là où est ceste isle s'a- pellc le mer de Cin, qe vaut à dir le mer qui est encontre le Man- gi : car je voz di qe en langajes de celz de cest ysles vaut à dire Mangi, quant il dient Cin qe est à levant, et a selonc que les sajes pedot* dit, c le sajes mariner qe hi najent et que bien sevent la ■ f^'i' vérité, sept mille et quatre mille et quarante huit ysles, lesquelz s'abitent les plusors. E si voz di que in tûtes celles ysles ne naist nul arbres que ne en veingne grant odor e buen , et que ne soit de grant utilité , bien aussi grant corne le leingn aloe e grcingnor. Il ha encore maintes chiercs espices de plusors faites , et encore vos di que en cestes ysles naist le pevre blance come nois et encore dou noi r en grant abundance. Il est moût merveiloses couses la grant \ai- lance de le or et de les autres chieres chouses qe en cestes ysles sunt. Mes je voz di qu'elles sunt si longnes qc à grant anuie i se puet aler. Et quant les nés de Zaiton ou de Quinsai hi vont , il hi font grant profil e grant guain , e si vos di qu'il poinent à aler un an : car il vont le yver e tornent Testée , car les vent yci ven- tent for que de deus faites , le un que les porte et le autre que les^retorne ; e ce vente le une d'cstée e l'autre de yver. Et sachiés que ceste contrée estloinge de Indie grandisme cjuantité de voie. Et encore vos di que por qe je voz ai dit que ceste mer est apellc le mer de Cin , si voil-je que voz sachiés qe ce est le mer O-siane, mes l'en dit come diroit le mer d'Engletere e le mer de Rocelle, ausi dit l'en en celle contrée le mer de Cin et le mer île Indie e le tel mer : mes toutes foies tuit cesti nonz sunt dou mer Osiaue. Or desormes ne voz conterai plus de ceste contrée ne de cestes ysles, por ce qe trop desviable , et encore que nos ne i somes es- tes. Et encore vos di que le grant Kaan ne i ha que fer , ne ne li rendent treu ne riens , e por ce nos retorneron à Zaiton el d'iluec recomenceron encore nostre livre. ( iB8 ) CHAPITRE CLXII. Ci devise de la contrée de Cinaba. Or sachiés qe quant l'en s'en part dou port de Zaiton et naje por poiient , aucune couse ver Garbin mille cinq cens miles , adonc vient à une contrée qe est apellé Cianba, qe moût est riche terre et grant. Il ont roi por elz e lor propc lengajes e sunt ydres, et fait treu au grant Kaan de leofans chascun, e ne le rendoit au- tre couse for che leofans asez. E vos dirai comc cestui roi fait ceste treu au grant Chan. Il fui voir qe à les 1278 anz de l'ancar- nasion de Crist, le grant Kan envoie un son baron qe avoit à non Sogatu con maintes jens et à chevaus et à pies sor cest roi à Cian- ban , e commance à fer grant torte au reingne. Et le roi qe moût estoit de grant aajes, et encore ne avoit si grant poir de gens d'armes comc stoicntcelz dou grans Kan, ne se poit défendre en bataille chanpiaus , mes se dcfendoit es cites et en castiaus que moût estoient fort, si qu'il ni avoient doutance de nelen ; mes tous les plaingnes e les casaus estoient toutes gastéc e destruites. Et quant ceste roi voit que cestui li aloit ensi gastant e dcstruant soi roigne, il en a grant doleur. Il prant mantinant sez mesajes, e les mande au grant Kan con tel mesajarie con vos oïrés. Les mesajes s'esproicient tant qu'il furent venu au grant Kan , e li distrent : Sire , li roi de Cianban vos salue come à son seignor lige , e vos mande qu'il est homo de grant aajes , e qe lonc tens a tenu sun règne en pais , et vos mande qu'il vuelt estre votre ho- me, et voz velt rendre por treu chascun an leofanz e asez, e vos prie doucement et vos cric merci que voz votre baron et vestre jens qe destnient son reingne faites partir de sa tere. E tant se taientle mesajes que ne dit plus. Et quant le grant Kan ot oï ce * En. qe ceste viel roi li mande , il ni * a pitié; il mande tant tost à son baron et à sez jens qu'il se partissent de cel rcignc , e qu'il alaisent ( iSg ) en autre part por conquister tere , et cclz font le coiimandamant lor scingnor : car il se partirent crament et aient en autre parte. E cestui roi rent chascuns anz au grant Kan por treu vins leofanz les plus biaus e les greignor qu'il poit treuver en sa tere ; en tel mainere con voz avés oï devint cestui roi home dou grant Kan , e li fait treu de leofant sclonc qe voz avés oï. Or nos lairon de ce e voz conteron de l'afer dou roi e de sa tere. Or sachiés qe en ceste roigne ne se poet marier nulle belle dameselle qu'il ne la voie avant , e se il le plet, si la prcnt à feme , et se ne li plet , il li done monoie por coi elle puesse prandre à une baron. E si vos di qe à les i285 hi fui je Marc-Pol, et à celui tens avoit cestui roi trois cens vingt six filz entre masles e femes, qe bien en avoit plus de cent cinquante homes qui poient porter armes. En cel reigne a leofans en grandisime quantité. Il ont leingne aloe en grant abondance. Il ont maint boschés dou leingne que estapellés bonus * qe est moût noir , dou quel se font les escace e les cala- FMm manz. Auti-es couses qe face à mentovoir en nostre livre ne i ha, e por ce noz partiron de ci e aleron avant e nos conteron d'une grande ysle qe est apellé Java. CHAPITRE CLXIII. Ci devise de la grant isle de Java. Or sachiés que quant l'en se part de Cianban , et ala entre mi-- di et scelonc mille cinq cens miles, et adonc vient à une grandisi- me isle qe est apellé Java, qe sclonc qe les bucn mariner dient qe bien le scvent : ceste est la greingnor isle qe soit au monde qe bien gire environ plus de troi milia mUcs. Elle est au grant roi e sunt ydres et ne font treu à home dou monde. Ceste ysle est de moût grant richece. Il ont pevre e noces moscée et espi e ga- langa e cubebe e garofali et de toutes chères espicerie qe l'en jpeust trover au monde. En ceste isle vienent grant quantité de nés ( igo ) ede mercanz qe hi acalcntde maiiiLcs mcrcandics et hi font grant profit c grand gaagne. En ceste isle ha si grant trezor, qe ne est home au monde qe le peust contere ne dire. E si vos di qe le grant Kan ne la pot unques avoir por la longe voie e por la dou- tosse qui hi estoit à najer. E de ceste isle les mercant de Zaiton e dou Mangi ont ja moût grandismc trésor trait e traient encore tout l'or. Or voz ai contés de cest ysle e ne voz en dirai plus , mes nos conterons avant. CHAPITRE CLXIV» Ci devise de l'isle de Sardan e de celz de Candur. Et quant l'en se part de ceste ysle de Java et il naje entre midi et Garbin sept cent miles , adonc treve-l'en deus ysles, une grant et une meadir qe s'apellcnt Sondur et l'autre Condur. E de cestes ysles se part-l'en et ala por sceloc encore de cinq cens miles, et adonc treuvo-l'en une provence qe est apellé Lochac qe moût est grant e riches. Il hi a un grant roi et sunt ydres et ont langa- jes por elz. Il ne font treu à nelui , por ce qe il sunt en tel leu qe nul puet aler sor lor tere por mau fer: car se il i se peust aler, le grant Kan le soumeteroit tost sot sa segnorie. En ceste provence naist le bezi domesce en grandisime quantité. Il ont or en grant abondance , si grant qe nulz le peust croir qui ne le veist. Il ont leofant et chaceionz e venaionz asez, et de ceste reigne vont tou- tes les porcelaine qe s'espenent en toutes provences con jeo vos ai contés. Autre couse ne i a qe à mentovoir face , for qe je vos di qu'il est si sauvajes leu qe pou jens hi vont, et le roi mesmc ne velt qe aucun hi aille , ne nul saiche son trezor ne sa condi- sion. Or adonc nos partiron de ce et noz conteron avant d'autre couse. ( igi ) CHAPITRE CLXV. Ci devise de l'isle de Pentam. Or sachiés qe quant l'en se part de Locac et il ala cinq cent miles por midi, adonc treuve-l'en une isle qe est apellé Pentam que moût est sauvajes leu. Il ont tuit lorbois tuit de leingn de grant odor e de grant otorité. Or noz partiron de ce et aleron por mi cest deus isles entor soixante miles , et ne i a qe quatre pas d'eive , et convient qe les grant nés ( qui ) hi pasent , ausent le timon , por ce qe il tirent d'eive propos à quatre pas. E quant l'en a aies ceste soixante miles encore avant ver isloc entor trente miles , adonc treuve-l'en une isle qe est roiame et s'apelle Ma- lanir la cité e l'isle Pentam. Il ont roi et ont langajes por elz. La cité est moust grant e noble , et hi se fait grandisme mercan- dies de toutes couses et speices , car il hi nia en grant abondan- ce. Autre couse ne i a c'a mentovoir face , e por ce nos partiron de ci et aleron avant, et voz conteron de la pitele Java ensi con vos pores oïr. CHAPITRE CLXVI. Ci devise de l'isle de Java la moindre. Quant l'en se part de le isle de Pentam e l'en ala por ysceloc entor cent miles, adonc treuve le ysle de Java la menor ; mes si sachiés q'ele ne est pas si peitite q'ele ne gire environ plus de deus mille miles, e de ceste ysle voz conteron toute la virité. Or sachiés qe sor ceste ysle ha huit roiames et huit rois coronés en ceste ysle , e sunt tuit ydres et ont langajes por elles. Car sachiés che chascun des roiames ont langajes por eles. En ceste ysle a meut grandisme habundance de trezor e de toutes chieres espè- ces e leingn aloe et espi , e de maintes autres espèces que unques n'en viencnt en nostrc païs. Or vos voil conter la maineres de ( 192 ) toutes ccstcs jcns , cascunc por soi , e vos dirai primermaiil une cousse qe bien scnblera à cascun mervoilliose cousse. Or sachiés tout voirmant qe ceste ysle est tant à midi qe la stoille de tramon- taine ne apert ne pou ne grant. Or noz relorneron à la mainere des homes , e voz conteron tout avant dou rouiame de Ferlée. Or sachics qe en ceste reingne de Ferlée a chaions de mercaaiU saracins qe hi usent con lor nés, le ont converti à la loi de Mao- met, e cesti sunt celles de la cité solamant; mes celés des mon- tagnes sunt ticl como Lestes. Car je voz di tout voiramant qu'il menuient cars d'oumes e toutes autres cars e bonne e mauvase. Il aorent diverses couses ; car quant l'en se lieve le maitin , la pri- mcre couse qe il voient, celle aorent. Or voz ai contés de Ferlée , et après vos conterai do roiame de Basman. Et quant l'en se pari de ceste roiame de Ferlée et il entre en roiame de Basma : ceste Basma est roiames por soi , et ont lor langajes, mes il sunt jens qe ne ont nulle loi se ne comes bestes. Il se apcUent por le grant Chan , mes ne li font treu nul , por ce qe il sunt tant longe qe les jens dou grant Kan ne i porent aler ; mes il s'apellent tuit cela de l'isle por lui , et aucune foies li font présent de couses estran- ges. Il ont leofans sauvajes et ont unicornes asez qe ne sunt mie gueres moin qe un leofans : il sunt dou poul dou bufal. Les pies a fait come leofant ; il a un cor en mi la front moût gros et noir, et voz di qe il ne fait maus con sa langue ; car il a sus sa langue l'espine moût longues, si qe le maus qe il fait con langue. Il a le chief fait come sengler sauvajes , et toutes foies porte sa teste cnchine ver terre, e demore moût voluntiercs entre le bue et entre le fang. Elle est meut laide beste à veoir. Il ne sunt pas ensi come nos decadion et devizon qe dient q'ele se lai prendre à la poucelle , mes vos di qu'il est tout le contraire de celz qe nos quidion qe il Singes. fust. Il ont scingncs* en grandisme abundance e de maintes faizon deversemant faites. Il ont hostor tuit noir come corbiaus. Il sunt moût grand et oselent moût bien. Et si vos vuoil dir et faire co- noistre qe celz qe aportent les petit homes de Yndie , est grande ( -93 ) mensoingne et graiit deceverie : car Je vozdi qe celzqe cildientqe sunthomeS , se font en ceste ysle, e voz dirai comaint. Il est voir que en ceste ysle a une manière de singes qe sunt meut pitetes et ont les vix que senblent homes. Or les homes prennent cclz tiel singes e le pellent toute , et le laisent les poilz en barbe et à pe- terin , puis le font sécher e le metent en forme e l'adobent con canfaran e con autre couse en tiel mainere q'ele senblent qe soient esté home , e ce est une grant deceverie : car il sunt fait en tel mainere con voz avcs oï. Car en toute Yndie ne en autre pars plus sauvajes ne furent onques vcu nul si peitet homes corne celz senblent. Or ne voz conteron plus de ceste roiame , qe ne i ha autre couse que à mentovoir face , e por ce laieron de ce e voz conteron do autre roiame que est apellé Samara. CHAPITRE CLXVII. Ci devise do roiame de Samara. Or sachiés qe quant se part de Basma , il treuve le roiame de Samara qe est en ceste isle mesme en quel je meisme Marc Pol hi demorai por cinq mois por le tens qe ne nos lasoit aler nostre voie , et encore vos di qe la tramontaine ne part. Et encore vos di que l'estoilles dou meistre ne aparent ne pou ne grant. Il sunt ydres sauvajes et ont roi riches et grant. Il s'apellent encore por le grant Kan. Or ensi demorames nos cinq mois , nos desendimes des nés et feimes en terre chastiaus de fust et de busches , et en celz castiaus demorames por doutance de celz mauvais homes bestiaus qe menuient les homes. Il hi a peisons les meior dou monde. Il ne ont forment , mes vivent de ris. Il ne ont vin for tel con je devisarai. Sachiés tuit voiremant qu'il ont une mainere d'arbres desquel trenccnt les rames de cel arbres, e met-l'en un pot bien grant aou tronchon qui est remès à l'arbre , e voz di qe en un jor c en une noite s'cnple et est moll 25 ( «94 ) bucn vin da hoir. Les arbres sunt scnblables à petit datai et sunl quatre rainies trois cel en , et ont tant vins con je vaz ai dit «jui est moût buen. E si voz di une autre couse qe quant celz brece ne eetent plus vin, ele prant de l'civc et en gctent as pic's de l'arbres, cl après ne demore gramant qc les braccs gitent le vins, c voz di qu'il en i a de blance c de vermeille. Il ont grandismes quan- tité des noces de Inde moût groscs et bonnes e mauveisses. Il menaient de toutes chars e bones emauvesses. Or vos avon conté de cestc roiaumes, or vos en lairon e voz conteron de Dagraian. CHAPITRE CLXYIII. Ci devise dou roiamc de Dagraian. Dagroian est roiame por soi et encore ont lor langajes. Il sunt de cestc ysle et ont roi. Les jens sont moût sauvajes et s'apellcnt por le grant Kaan. Il sunt ydrcs e vos conterai tout avant un inout mauves costumes come je voz dirai : car sachiés tout voi- remant qe quant aucun d'elz ou masles ou femes chiet amalaides , et adonc mandent lor parens por les majus et font vcoir se le malaides doit guarier. Et ccsti magius por lor encantament et por lor ydres sevcnt se il doit guérir ou morir. Adonc les parens dou malaides mandent por ceste homes viencnte preinent lo mort * Suffofiuer. e li metcnt aucune chouse sor la boche, si qe il le font sofoger * , e quant il est mort, il le font cuire. E puis tuti les parens dou mort vienent et le mcnuicnt tout, e si voz di qu'il menuient encore • MoJ'iic. toutes les meroles* que sunt dedens les osse , e ce font-il por ce qe il ne vêlent qe en remagne aucune sustance : car il dicnt se il hi remansist aucune soslance, s di qe il hi a epcore maintes mercandies desquelz ne firai memorie (en) nostre livre por ce qe trop seroit longaine matière à mentovoir. E les mcrcant hi vient con maintes nés con lor mercandies ; mes plus hi aportent or e arjcnt et rame. Il hi aportent des couses de lor païs et n'aportent de celz de cest reingne , ce est de celles qe hi cuident faire greingior profit c greingnor gaagne. E saquics qe en ces roiame ne a corsaus , mes voz di qe il vivent de mei- candies e d'ars , e sunt bones jens. Il n'i a autre couse qe à men- tovoir face , et por ce nos en partiron e voz contaron avant des autres , ce est dou règne de Semenat. CHAPITRE CLXXXVII. Ci devise do roiame de Semenat, Semenat est un grant règne ver ponent. Il sunt ydres et ont roi et langajcs por elles, e ne font trcu à nelui. Il n'i a corsaus , mes vivent de mercandies e d'ars si come bone jens doient faire : car sachiés tôt voiremant qu'il est rengnc là où il se fait grant mercandies, et hi vicnent les mercant des maintes pars con main- tes mercandies c d'une mainc c d'autre , e les vendent en ce ren- gne e enportcnt de ccles dou reingne. Et encore voz di qe il sunt moût cruelz e fieres ydres. Autres couses ne i a qe à mentovoir face , e por ce nos en partiron e vos contaron avant dou autre rengne qe est apellés Kesmacoran. CHAPITRE CLXXXVIII. Ci devise dou reigne des Macoran. Kesmacoran est un rengne qe a roi e lengages por elz. Il sunt ydres. Il vivent de mercandies e d'ars. Ils ont ris asez, car sachie's qe il menuient ris , char et lat. Il vicnent mercant grant quantité ( ^ag ) c por mer c por tere con plosors mercandies , et enportent encore de celle de cest rengne. Autres couses ne i a qe face à mentovoir E vos di qe cest reingne est la dreaine provence de Endie alant entre ponent e meistre : car sachiés qe da Mabar jusque à ceste provence est tous les roiames e provenccs qe je voz ai contés de Mabar jusque ci, est de la gregnor Ynde c la meior qe soit au monde , e si sachiés tout voiremant qe nos voz avon conté de cest grant Ynde pur de les provences e d'elz cité qe sunt sor la mer; car de celz qe sunt en fraterrcs ne vos avonz pas contés , por ce trop seroit longaine matière à mentovoir, e por ce nos partiron atant de ceste provence , e vos conteron des auquans ysles qe en- core sunt de Indie , e conmenceron des deus isles qe sunt appe- lés Masles e Femcs. CHAPITRE CLXXXIX. Ci devise de l'isle Masie et Femes. Le ysle qe est apellé Masle est en aut mer bien cinq cens miles ver midi , quant l'en se part de Kesmucoran. Il sunt cristiens ba- tizés, e se mantienl à la foy et as costumes dou viel testament : car je vos di qe quant sa feme est enceinte , il ne la touche puis dusqe à tant q'elle ne a enfanté , encore la laisse qe ne la touche quarante jors; mes de quarante jors avant le touqe à sa volunté. Me si voz di qe en ceste ysle ne demorent lor femes ne nulles au- tres dames, mes demorent toutes à le autres ysles qc est apellé femeles. E sachiés qe les homes de ceste ysle s'en vont à cest ysle ( 232 ) rcnt moût , e por ce les laieron atant , et ne voz en contcroii plus rien. Autre cousse n'i a en ceste ysle qe à mentovoir faice , e por ce noz en partiron atant et voz conteron d'autre couse avant et voz conteron de l'isle de Madeigascar. CHAPITRE CXCXI. Ci devise de Tisle de Madeigascar. Madeigascar est une ysle qe est ver midi e^t longe de Scotra entor mille miles. Il sunt Saracinz , aoreiT Maomet. Il ont quatre esccqe , ce vaut à dire quatre vielz homes , e cesti quatre ^ iclz ont la seingnorie de totes cesLe ysle. E sachiés qe ceste ysle est des plus noble ysle e des grcignor qe soient en ceste monde. Car je voz di qe l'en dit qu'elle gire environ quatre mille milles. Il vi-vcnt de mcrcandie c d'ars. E si voz di tout voiremant qe en ceste isie naisont leofanl plus qe en autre provence; et si sachiés qe en tout l'autre monde ne se vendent ne acatcnt tant dens de leofant corne fait en ceste ysle et celle de Zanchibar ; et sachic's qe en ceste ysle ne se menuie for qe cars de gamiaus , e si vos di qe chascun jor, s'en oicient si grant quantité qe nulz ne poroit croire a or le se il ne le veisse , et dient qe cest car de gamaus est meior et le plus saine qe null autre char , et por ce l'entent à mangier tout l'an. Encore sachiés qc en ceste ysle a arbres de sandal vermoille ausi grant come sunt les arbres des nostre contrée, e ceste arbres vandrent asez en autre païs , et il en ont bois come nos avuns d'autres arbres sauvajes. Il ont anbre asez , por ce qe en cel mer a balene en grant abondance ; et encore hi a capdoille asez , et" por ce qe il prenent de ceste balene e de cesti capdol asez , ont de l' anbre en grant quantité , e voz savés qe la balenne fait l'anbre. Il ont leopars e lonces et lionz ; ont encore outre mesure autres bestcs come sunt cerf , cavriolz , dam et autres senblables bestes ont-il en abondance , venesionz « ( 233 ) de maintes déverses oisiaus ont-il en moutitude. Il ont encore bestiaus assez moût grant. Il hi a diverses oisiaus , ce est devise's as nostres qe ce est mervoillc. Il ont maintes mercandies et hi vienent maintes nés con maintes mercandies , e ce sunt dras doré e de soie de plosors maineres et de maintes autres couses qe noz ne voz conteron eci. E toutes les vendent e cangent à les mercandies de Tisle. Les mercans hi vienent con lor nés chargies e toutes les cargent e vendent , e puis les cargent de la mercan- dies de l'isle et cargies s'en vont. Car je vos di qe il hi font grant proiit e grant gaagne le mercant , et si voz di qe les nés ne puent aler plus ver midi à les autres ysle for qe à ceste ysle et à celle de Zanghibar , por ce qe la mer hi cort si ver midi qe à poine s'en poroient venir , e por ceste achaisonz ne i vent les nés. E si vos di qe les nés qui i vienent de Mabar , à ceste isle vie- nent en vingt jors, e quant elle hi tornet à Mabar poinent aler trois mois et ce avent por ce qe la corent vait toz jorz ver midi, e ce avint toutes foies qe jamcs ne cort en autre mainere qe ver midi. Et encore sachiés tout voiremant qe en celés autres ysle qe sunt si grant quantité ver midi là où les nés ne aient mie vo- luntieres por la corent qe cort celle part , et dient les homes qe là se treuves des oisiaus grifon , e dient qe celz oisiaus hi aparu- rent certes estaisonz de l'an ; mes si sachiés qe il ne sunt mie fait ensi come nostre jens de sa cuident e come nos leS faison por- traire , ce est qe nos dion qu'il est me hosiaus et mi lyonz ; mes / .selonc qe celz qe le ont veu content , ce ne est pas vérité qe il soient mi osiaus et mi lyon , mes voz di qe il dient celz qe le ont veu , qe il est fait tout droitmant come l'aigle , mes il dient qu'il est demisoréemant grant, et voz en diviserai de ce qe dient celz qe l'ont veu ; et encore voz en dirai ce que je en oï. Il dient qe il est si grant et si poisant qe il prenent l'olifant et l'enporle en l'air bien aut , puis le laisent céoir en tere , si qe le lofant se deffait tuit ; et adonc le oisiaus griffon le bece e manjue e se paise sor lui. Il dient encore celz qe les ont veu qe sez eles ovrent 3o ( 234 ) trente pas e qe sez pennes d'eles sunt longues douze pas. Grosis- mes sunt come il est convenable à lor longesse , e ce qe je en vi voz dirai en autre leu , por ce qe il convient ensi faire à nostre livre. Or voz ai conte's de l'oisiaus grifonz ce qe celz qe l*ont vcu le content, et bien est-il voir qe le grant Kan hi envoia sez ine- sajes por savor de celz ysles et encore hi mande por faire laiscr un sez mesajes qe avoit pris , et cesti mesajes et celui qe pris avoit ceste content au grant Kan maites grant mervoilles de celés es- trangcs ysles. E si voz di tout voirmant qe celz mesajes aportent au grant Chan dens de scnglier sauvajes lesquelz estoient deme- sureemant granz ; e si voz di qe le grant sire en fait poiser un que peisse libres quatorze. Or poes savoir cornant fu grant le sen- gler qe tel dens avoit ; et si voz di qe il dient que il ni a bien des sengler qui sunt grant come un bufal. Il hi a giraffc asez et asncs sauvajes ausint. Il ont si divissement bestes et oisiaus des nostres qe ce seroit mervoille à oïr et greiiignor à teoir. Et à le oisiaus grifon noz voill retorner : celz de celles ysles l'apellent rue et ne l'apellent por autre nom , e ne sevent qe soit griffon ; mes noz qui dion tôt voiremant qe por la grant grandesse que il content de cel oisiaus qu'il soit griffonz. Or voz avon contés de ceste ysle une grant partie de l'afer des costumes d'clz. Autres cousses n'i a que face à conter , et por ce noz en partiron et voz conteron de l'isle de Zanghibar ensi con voz pcfrés oïr. CHAPITRE CXCXII. Ci devise de lisle de Canghlbar. Canghibar est une isle moût grand isme e noble : elle gire en- viron bien deus mille miles. Il sunt luit ydrcs. Il ont roi et len- gajes por clcs. Il ne font trou à nclui Les jens simt grans e gros: bien est-il voir qe il ne sunt pas si aut por raigon come il sunt gros ; car je voz di qe il sunt si gros e si mcnbru qu'il senblcnt ( 235 ) jeiant , c si voz di qe il sunt dcsmcsurcmant fort , car il porlenl cariqe por quatre autre homes , e ce ne est pas mervoillc qe je voz di, qe il menuie bien viande à cinq ornes. Il sunt luit noir et vont nus for qe il se covrcnt lor nature. Il ont les cavoilz si crespi qe à poine con l'eive se poroit faire estendre. Il ont si grant bo- che e les nés si rebufes e les lèvres e les iaus si gros qe sunt à veoir mot orible cousse, car qui le veises en autre contrée , l'eu diroit qu'il fuissent diables. Il hi naist leofant asez : il font grant mercandies des dcns. Il ont encore lionz d'autre faisonz qe ne sunt le autres. Il ont encore lonces asez e leopars hi naisent en- core. E qe vos en diroie ? Il ont toutes bestes devisez à toutes les autres dou monde ; e si voz di qe il ont moutonz et berbiz tuil de une faisonz et de un color, car il sunt tuit blance et ont le chief noir ; et en tout ceste ysle ne trevrés ne moutonz ne berbiz qe ne soit de ceste mainere qe je voz ai devisé. Il bi naist encore giraffe asez qe molt sunt belles couses à veoir. Elle est fate en tel mainere con je voz deviserai. Or sachiés q'ele a cort corsajes et est auques basse dericre-, car les janbes dereires sunt petties e les janbes devant e le cucl a mot gi'ant, si qe sa teste est bien aute da tcre entor de trois pas. Elle apeilet teste et ne fait nul mal. Elle est de color toute roge e blance à roelles , e ce est moût belle couse à veoir. Et encore voz di aucune cousse dou leofant qe je avoit dementiqe. Or saqics qe quant le leofant vuelt zazer à la le- ^ fantese , il cave la'tere tant qe hi mete la Icfantcse reverse en mainere de feme po ce q'cle a la nature moût ver le ventre, e le leofans le monte sus con c'il fust ome. Et encore voz di qe les femes de ceste ysle sunt moût laide cousse à A'eoir : car elle ont grant boce e gros iaus et gros nés. Il ont les mamelles groses quatre tant qe ne ont les autres femes; elle sunt moût laide cousse à veoir. Il vivent des ris e de cars e de lait e de datai. Il ne ont vin de vignes, mes il font vin de ris e de zucar e d'espèces si qe mut est buen poizon. Mercandies hi se fait moût grant , car maint mercant hi vienent con maintes nés qe hi aportent plosors mer- ( ^36) candies qe toutes les nés vendent en cestcs isles , et encore cnpor- tent asez des mcrcandies de Tisle, e propemant enportent grant quantité de dens de leofans qe asez hi nia. Et encore voz di qu'il ont ambre asez, por ce qe des balennes hi se prennent asez. Et en- core sachiés qe ccsti homes de cest ysle sunt moût buen conbatcor e conbatent molt fort en bataille, car il sunt vailanz ene dotent gueires la mort. Il ne ont chevalz , mes il conbatent sus les ga- miaus e sus le leofanz : car je voz di qu'il font sus le leofant cas- tiaus e le covrent molt bien, e puis hi montent sus da seize homes jusque à vingt con lances e con spée e con pieres et est molt fort bataille celle desus le leofans. Il ne ont armes for qe escu de cuir e lances e spée , e se oclent bcn ensenble. Et encore vos di une auti'e cousse ; car sachiés qe quant il vêlent mener les leofanz à la meslée , il li donentàboir de lor >in asez : zo est lor poisonz e ce font-il por ce qe quant le leofant a bevou de cel poisonz , il en devient plus fieres e pius ergoios , et en vaut assez de miaus en la bataille. Or voz avon contés grant partie de toutes couses de ceste ysle e des homes e des bestes e de mercandies. Autre cause n'i a qe face à mentovoir , e por ce nos en partiron e noz conte- ron de la grant provence de Abasce ; mes tout avant voz en di- ron aucune cousse de Endie, Sachiés tuit voiremant qe nos ne voz avon contés del'isle de Indie for qe de les plus nobles pro- vences et roiames et ysles qe hi soient : car il n'i a nul ome au monde qe de toutes l'isles de Indie peust contere la vérité ; mes je voz ai contés des toutes les meior e de toutes la flor d'Indie. Car sachiés qe grant partie de toutes les autres ysles d'Inde des- quelz je ne voz ai fait mension sunt sour à cestes qe je voz ai con- tés. E saehics tout voiremant qe en ceste mer de Inde a douze mille sept cens ysles qe sunt abitée, et ne abitée, selonc qe moister le conpas et la scriture de sajes mariner qe uzent en cel mer de Yndie. Or voz lairon atant de l'Endie greignor qe est da Mabar jusque à Kesmacora qe hi a treize roiames grandismes desquel/, noz en avon contés des dix. La menor Yndie est da Zinaba jus- (237 ) que à Montifi qe hi a huit grant roiamcs e toutes foies entende's qe je ne voz sanz celz de l'islc qe sunt grandismes quantite's des roiamcs. Or voz conteron de la mezane Yndie qe se dit en Aba- sie. CHAPITRE CXCXIII. Ci comane de AJiasie qe est la Médiane. Or sachiés qe Abasce est un grandissme provence qc est la mezaine Indie. Or sachie's qe le grcingnor roi de toute ceste pro- vence est cristienz et tuit les autres rois de la provence sunt sot- post à lui , et sunt six entre lesquelz en a trois cristienz et quatre sarazinz. Les jens cristienz de ceste provence ont trois seingne en mi le vix : ce est le un dou front jusque à dimi le ne's, et pois en ont de chascune goe un , e ce sunt fait con fer chaut e ce est lor batesme : car puis qe il sunt batizés en eive et il se font puis celz seingne qe je voz ai dit , e ce est por gentilise e por conpli- ment dou batesmo. Et encore voz di qe il hi a juif et cesti juif ont deus seingne , ce est da cascune goe un. E les saracinz ont un seingne tant solamant, ce est dou front à demi les nés. Le grant roi dcmore en mileu de la provence ; les sarazin demorent ver Aden. Et en ceste provence presce meser Saint Thomeu l'apostre , e depuis qu'il ot converti de ceste jens, il s'en ala à Mabar là où il fo mors , et est le cors sien ensi con nos voz avon contés en nostre livre en ariere. E sachiés qe en ceste provence de Abasce a moût bones jens d'armes et homes da chevalz assez , et chcvalz ont-il encore asez , et ce fait bien mester : car sachiés qe il ont ghere con le Soudan de Aden et con celz de Nubie e con autres jens asez. E si vos en dirai une bielle estoire qe avint a les 1 288 anz de la carnasion de Cristi. Il fu voir qe cestui roi qui est sire don rauce la provence de Abasce qui est cristiens , dist qe il voloit alere en pellerinajes por aorer le sepolcre de Crist en Jenisalen. Les ( 238 ) baronz li distrcnt qe trop seroit do grant perilz se il hi alast, et li lent qe il li niandist un vesqeve ou qualqe autre grant prclas. Le rois s'acorde à ce qe li baronz li loent. Adonc mande le evesqe qe moût estoit home de sainte vite, e li dist qu'il vclt qe il aille en son leu jusque à Jerusalen por aorer le sepolcre dou nostre sein- gnor Jezucrist. Celui li dit qu'il fira son conmandemant corne de son seingnor lige. Le roi li dit que il s'aparoille et q'il aille au plus lest qu'il puet. E que voz en diroic ? Le evcsque se part e prist conje au roi e s'aparoille e se met à la voie à mainere de pè- lerin moût honoréemant. Il ala tant è por mer e por tere q'el fou venu à Jerusalen , et s'en ala tout droit au sepoucre e l'aore et li fait tel honor e tel révérence come cristiens doit fare ausi aute cousse e si noble come cel sepolcre estoit. Il hi fait encore moût grant oferte por part de celui roi qe le mandoit. E quant le evesqe oit fait tout ce por coi il estoit venu bien e sajemant come sajcs homes qu'il estoit, adonc se met à la voie entre lui e sa conpagnic. Il ala tant qe il fo venu en Ad en ; e sachiés qe en ceste roiame sunt mont haynôs les cristiens, car il n'en vcllent voir nul , mes les héent come lor cnimis mortiaus. E quant le sou- dan de Aden soit qe ceste evcsque estoit cristiens , e qe estoit mes- sajes au grant roi de Abasce , il le fait prendre tout mantinant e le demande se ile est cristienz. E cel evesqe li dit qe veramant est- il cristiens : e le soldam li dist qe se il ne se vel retorner à la loy de Maomet, qe il le fara faire onte e vergogne. Celui li dit qe il se laierait avant occire qe il ce feisse. Quant le soudam oi la res- pose à celui evesqeve , il le tient à despit e comande qe il soit re- tailcs. Adonc fu pris l'evesque por ce por maint ornes e le retai- lent à la mainere des Sarazinz. Et quant il li ont ce fait, le Soudan li dit qe celle vergongne le avoit fait fare por despit e por onte del roi son sengnor : Et après ceste parroille il le laisse alere. Et quant l'evesqe ot receu celle vergongne , il a grant dolo , mes d'une cousse se conforte-il : car il dit qe ce avoit-il receu por la cristiene loy, e dit qe por ce le seingnor Deu li rendera bon me- ( 239 ) rito à sa arme en l'altre secle. E por coi voz firoie lonc conte? Sachiés tout voiremant qe quant l'evesqe fu guéris e que il poit chavauchere , il se met à la voie à tout sa conpagnie , et ala tant e por mer e por terre qe il fo venu en Abasc à son seignor le roi. Et quant le roi le vit, il le fait joie e feste e puis le demande novelle dou sepolcre. L'evesqe li en dit tout la vérité , e le roi le tient à santisme couse et hi a grant foy. Et après qe il ot dit l'evesqe dou sepolcre tout le fait , il li conte cornant le soudan de Eden l'avoit fait retailer por sa onte e por son despit. E quant le roi ot entendu ce qe son Evesque estoit si aontt's por son des- pit, il a si grant ire qe pou s'en falloit qe il ne morut de dol. 11 dit si aut qe tuit cela qe entor lui estoient l'entendirent bien , et dit q'ii ne velt jamès porter corpne ne tenir terre se il ne en prant grant vengnance si qe tout le monde en parlera. E qe voz en di- roie ? Sachie's tuit voiremant qe le roi s'aparoille à moût gran- disme gens de chevaliers e d'ornes à pé , et encore moine grant quantité de leofans con castelle bien armés qe i avoit bien vingt homes sus chascuns. E quant il fo bien aparoilk's con toutes sez jens , il se met à la voie , et alarent tant qe il furent venu en roiam« de Aden. E les rois de celle provencc de Aden con moût grant moutitude de Saracinz à chevans e à pies vindrent à les fors pas por défendre lor Icre e qe lor enimis ne i peussent entrer. Or avint qe le roi de Basée con sez jens furent à cesti fors pas là o il treuvent lor ennimis en grant quantité. Adono conmancent la bataille moût cruelz et pesmes ; mes il avint en tel mainere qe les rois des saracinz qe trois estoient ne pos- trent durcre à la grant force dou roi d' Abasce , por ce qe il avoit grant j ens e bones : car les cristienz vaillent d'asez miaus qe ne vai- lent les Saracinz , s'en tornent arieres e le roi des cristienz con ses ornes entre dedens le roiame d'Aden. Mes bien sachiés qe à celz pas furent occis grandismes quantité des Saracin , e qe voz aleroi disant ? Sachiés tuit voiremant qe le roi d'Abasce con sez jens , puis qu'il fui entrés en roiame d'Aden bien en tiois leus ou en ( 24o ) quatre , les Saracinz li furent devant à fors pas , mes tout fou noiant qe il les peussent défendre , mes en furent ocis e mors en grant abondance. Or voz di qe quant le roi des cristienz fu de- more's en le teres des ennimis bien entor dou mois e qe le ont moût gasté e destnite , e qe ont moût grant motitude de Sarazinz mis à mort , il dit qe desorniès est bien vengie's la onte son vesqe e qe il s'en puent bien tornar con honor en lor terre. E encore voz di q'il ne pooit plus domajer les ennimis , por ce qe trop fors pas avoient à passere , e qe pou de jens il poroient faire grant domajes à celz mauvcis pas: e por cest chaison s'en partirent de le roiame de Aden et se mistrent à la voie et aient tant qu'il ne s'arestent qe il furent venu ad Abasce en lor païs. Or ave's en- tandu comant l'esvesqe fu vengiés bien et autemant sor celz chiens Saracinz , car bien en furent mors tant et occis qe à poine se po- roit conter le nobre , et encore maintes teres en furent gaste's e destrute , e ce ne fu pas mervoie , car il ne est digne couse qe les chiens Sarazin doient sourestere les cristiens ; e depuis qe nos ce voz avon contés , il en lairon atant , e voz conteron des autres couses avant de la provence de Abasce meesme. Or sachiés tuit voiremant qe ceste provence est moût devisieuse des toutes cou- ses de vivre. Il vivent des ris e de cars e de lait et de sosimain. Il ont leofant , mes ne pas q'il i naisent, mes le ont de l'isle de Paî- tre Endie , mes le girafe i naisent bien , en ont en grant abon- dance ; lionz e leopars et lonces ont-il asez et maintes autres bes- tes ont-il encore moutitude devisez à celz de nostres contrés ; as- nes sauvajcs il naifient , encore asez oisiaus ont-il de maintes maineres devises à tous les autres. Il ont gelines les plus belles en » autruches, à vecir dou monde. Il ont grant estrus * ne gueires mendres qeuii asne*. Il hi a encore d'asez autres lesqelz ne voz en conteron ci , por ce qe trop seroit longaine matière à mentovoir; mes bien sa- chiés qe veneionz et caceionz des bestes et de oisiaus ont-il en abondance. Il ont papagaus asez et biaus ; il ont singles de plosors maineres. Il ont gat paulz et autre gat maimon si devisez qe pou ( 24- ) s'en faut de tiel hi a qe ne senblent à vix d'ornes. Or ne voz con- teron plus de ceste mainere , et noz partiron de ceste provence de Aden ; mes tôt avant vos diron encore de ceste provence de Abasce mesme. Car sachics tout voiremant qc en ceste Abasce a mantes cites et castiaus , et hi a maint niercaant qe vivent de mercandies. Il hi se font maint biaus dras banbacin e bocoran. De autres couses hi a encore asez ; mes ne fais pas à contere en nostre libre , e por ce nos on partiron e voz conteron de Adcn. CHAPITRE CXCIV. Ci comance de la provence «le Aden. Depuis qe nos avon contes de la provence de Abasce , si vos conteron encore de la provence de Aden cnsi con voz porois oïr. Or sachiés que en ceste provence de Aden a un seinguor que est apellc Soudan d'Aden. Il sunt tuit saracinz qe .'lorent Maomet et vêlent trop grant maus à cristiens. Il hi a maintes cités et cas- tiaus : en ceste Aden est le port là ù les nés de Indie y vienent con toutes lor mercandies , ethi vienent grant quantité de mer- cant ; e de cest port li mercant metent le mercandies en autres nés petites qe vont por un flum entor de sept j ornée , et à chief de ceste sept jornée il traient les mercandies d'evcs e les cargeni sus gamiaus e le portent entor trente jornée. A chief de trente jomée il trouvent le flum d'Alexandre et por cel flun se porte puis lizeramant jusque in Alexandre , et en tiel mainere et por ceste voie de A'er Adcn ont les Saracin d'Alexandre les pevre e les especcries e les chieres mercandies , ne por autre voie ne i peut venir ad Alexandre. E de ceste port de Aden vont les nés con mant mercant e con plosors mercandies por le isle de Indie. Et encore voz di qe encore portent les mercant de cest part en Indie maint biaus destrer arabien de grant vailance dont les mercaanl en font grant profit , car je voit qe voz sachiés qe les 3i ( ^42 ) mercaant vendent un bon chevalz in Endic bien cent mars d'ar- ient et plus , et si voz di qc le sodan de Aden a moût grant rente e erant trezor dou grant droit qu'il prent des nés e des mercaans qe vont et vint en sa tere; et si voz di tout voir que por ceste acai- son qe je a'Oz ai dit dou gran droit qu'il a des mcrcant qc vic- nent en sa tere , il est un des plus riches rois dou monde. E si voz dirai de ceste soldan qe il fust une cousse qe moût fu grant domajes à cristienz : car sachic's tout voircmant qc quant le Soudan de Babelonie ala sor la ville d'Acri, quant il ala prist i et fist si gran domajes de cristienz , cestui soldan de Aden donc de sez jens en aide au soudan de Babelonie bien trente mille homes a chevaus , c bien quarenle mille gamiaus , si qe ce fu bien gran profit à saracinz et domajes à cristienz ; e ce list li plus pro maus qe il vuelt as cristienz , qe il ne fist por bien qu'il voil au soudan de Babelonie , ne por amor qe il porte. Or nos lairon de cest Soudan e voz conteron d'une grandisme cité qe est de Aden meisme et a un petit roi , qe est ver maistre et est apellé Escier. Escier est une grandisme cité qe est vers meistre, et est longe quatre cent miles dou port de Aden. Ceste cité a un cuens qe bien mantient sa tere en justicie. Il a encore plusors cités e castiaus dcsot soi. Bien est-il voir qe cest cuens est sotpost au soudan de Aden. Il sunt sarazin qe aorent Maomet ; e cest cité a port moût buens , car je voz di tout voirémant qe maintes nés e mant mercant hi vienent de Yndie con mantes mercandies , e de ceste cité vont encore les nés e les mercant con mantes mercandies en Yndie. Et encore voz di voirémant qe de ceste cité portent les mercant mant buens detrler et maint buens chavalz de deus selles en Endie qe molt sunt chicr e de grant vailance , e molt en font grant profit e grant gaagne les mercant. En ceste provence naist grant quantité d'encens blanc et buen. Et encore hi naist datai en grant abondance. Il ne ont blés for qe ris sculamant e de cel ont pou ; mes voz di qe l'en hi portent des blés d'outre paVs et en font grant profit. Il ont poison en grant abondance e propemanl c 243 ) ont tonnes ascz et grant , et hi ni a si grande devicie qe pro un Venician gros en auresse deus granz. Il vivent de ris e de cars e de poisonz ; vin de racine ne ont , mes le font de succar e de ris e de datai ; et si voz di encore un autre couse , car sachiés tuit voiremant qe il ont moutonz qe ne ont orilles , nés les pcrtuis des oreilez , mes là où les oreilz devoit estre a un peitet corner. Il sunt petites bestes et bêles: e si voz di encore une coasse qe bien voz senblera meravoille : car sachie's tout voiremant qe lor bestes ce sunt moutonz , buef et gamiaus , et lor ronsinz petit. Menucnt peisonz , e ce est lor viande , por ce qe en tout lor païs ne en tout celz contre'e ne a erbc , mes est le plus sèche leu dou secle, e sachie's qe les peisonz qe les bestes menuient sunt molt peitit et se prcnent de mars et d'avril e de may si grandismes quantités qe ce est mcrvoille ; e si voz di qe il le seqent et les metent es maisonz , puis le donent tout l'an à mangier à lor bestes. Et encore vos di qe les bestes les menuient encore tuit vif si con il se traient d'aive. Et encore ont grant peison e buenz et en grant habondance e grant mcrchics, et voz di qe il font beiscot de peisonz : car il le treuvent à peitit bocconz qe puent estre entor une livre e le font sécher au soleil et puis le repoinent es maisonz e le mengient tout l'an corne beiscot. E de l'encens qe je voz ai dit hi naist si grant quantité les seingnor les achate por dix beisant d'or le canter , mes puis le seingnor le vent à les autres jens et à les mercant qe hi vient por quarante bezant le canter , e propes de ccst ha moût grant profit e molt grant rente le seignor de cest cité. Autres cousses ne i ha en ceste cité qe à mentovoir face , et por ce noz nos en partiron et voz conteron d'oune autre cité qe est apellés Du far. ( ^44) CHAPITRE CXCV. Ci devise de la cité Dufar. Dufar est une belle cité et grant et noble , qe est longe de la cité de Escer cinq cens miles ver maistre. Il sunt encore sara- cinz et oorent Maomet. Il ont à seingnor un cuens , et sunt soutpost encore au sodan de Adcn ; et encore entendes qe ceste cité est encore de la provence de Âden : elle est la cité soure et a moût buen port , là où il vienent et aient maintes nés con mant mercanz con trop grant quantité de mercandies. Et encore voz di tout voiremant qe il hi portent maint buen désirer arabien ad autres contrée , de coi les mercaant font grant gaaingn et grant profit. E sachiés qe ceste cité a encore sout soi plusors cités et maint chastiaus , et encore voz di qe il hi naisent encore encens assez e buen , et vos deviserai comant il naist. Je voz di q'il sunt arbres ne mie trop grant : il sunt come peitit zapin. Il les entachent con coutiaus en plosors parties , e por celle thache oise l'encens , et encore en oisse por l'arbre meisme sans enta- cher , e ce est por le grant calor qe hi a. Et encore voz di qe en ceste cité vienent mait biaus destrer de Araben , qe puis les por- tent les mercant con lor nés in Endie et en font grant profit e grant gagne. Autre cousse qe à mcntovoir face n'i a , e por ce nos en partiron e voz conteron dou gouf de Calatu. CHAPITRE CXCVI. Ci devise de la cité de Calatu. Calatu est une grant cité qe est dedens le couf qe encore est apellé Calatu et est loingne de Dufar miles six cens ver maistre EU est une noble cité sor la mer. Il sunt sarazin qe aorent Mao- ( 245 ) met. Il sunt sout Cormos e toutes les foies qe le melic de Cor- mose a gherc con autre plus poisant de lui , il s'en vient à ceste cité , por ce qe meut est fort et en fort leu , si qe il ne doute puis de null. Il ne ont nulle ble's, mes les ont d'outre part: car les mercaant les le aporlcnt con les nés. A ceste cité a moût buen port , et si voz di tout voiremant qe il hi vienent maintes nés con maintes mercandies de Indie , et en ceste ville le vendent moût bien , por ce qe de ceste ville se portent les mercandies e les peceries en fratere a mainte cité et castiaus. Et encore voz di qe de ceste cité se portent maint buen destrer en Ynde , de coi les mercaant en font grant profit. Car sachiés qe de cest contrée e des autres qe je voz ai contés en ariere , se portent grant quantité des biaus chevaus en Yde si grant qe à poine le poroit l'en contere. Et si voz di qe ceste cité est sus la boche e à l'entrer dou gof de Calatu , si qe nulle nés ne i poit entrere ne osir sanz lor volunté , e mantes foies en a le melic de ceste cité grant par dou Soudan de Crcrmain cui il est soutpost : car quand cel Soudan met aucu dasio au melic de Curmos ou aucun autre de sez firers et cesti ne le vêlent doner , e le soudan hi tramest host por elz efforcer , il se partent de Curmos et entrent en nés e s'en \àenent à ceste cité de Catalu et iluec demorent et ne lais- sent passer nulle nés dont le soldan de Crcmain en a trop grant domajcs , et por ce convient qe il face pès au melic dou Curmos, e ne li toit pas tant monoie con il li demandoit. Et encore voz di que ceste melic de Curmos a un castians qe encore est plus fort qe la cité et miaus destraint le gof e la mer; et encore sachiés tout voiremant qe cestes jens de ceste contré vivent de dattes e de peisonz salée , car il en ont à grant planté. Mes bien est-il voir qe il hi nia plosors jentilz homes e riches qe bien menuient des autres meior viandes e meior couses. Or vos avon contés de ceste cité de Calatu e dou gof e de lor afer:adonc nos enpartiron e voz conteron de Curmos ; car je voz di qe quant l'en se part) de la cité de Calatu et il ala trois cens miles entre meistre- e tra- ( 246 ) montaine , adonc treuve-l'en la cité de Curmos , et encore vor di qc parlent de Calatu , et il ala entre meistre e poncnt cinq cens miles il treuve Quis , et atant laieron de Quis e vos parle- ron de Curmos. CHAPITRE CXCVII. Ci devise de la cité de Cormos. Curmos est une grant cité et noble qui est sor la mer. Il ont melic et ont plusor cités e castiaus sout soi. Il sont saracinz qc aorent Maomet. Il hi a molt grant chalor , et por le grant cha- lor q'il hi a , il ont ordréé lor maison à ventier por rcçoire le vent : car de celz part dont le vent vente , et il li metent le ven- tier e font aler le vent en lor maison , e ce font-il por ce qe il ne poent sofrir le grant calor qui hi a. Mes plus ne voz en con- teron por ce qe noz vos en contâmes en nostre livre en arieres , e de cest e de Quis et de Cremain , mes por ce qe nos alanmes por autres voies , il noz convient encore retorner ci ; mes ensi con je voz ai dit por ce qc noz voz avon contée tout l'afere de cest contrée, noz en partiron et voz conteron de la grant Torqie ensi con vos pores auir apertamant. CHAPITRE CXCVIII. Ci devise de la grant Torquie. En la grant Torquie a un roi qe est appelle Caidu , qe est nevo ou grant Kan , car il fo filz au filz de Ciagatai , qe frères camaus fu au grant Can. Il hi a maintes cités et castiaus , et est moût grant sire. Il est tartar et sez jens simt ausi tartar et sunt buen homes d'armes , e ce ne est pas merveie , car il sunt tuit jens costumés de gère ; et si voz di qe ceste Caidu ne oit unques pas au grant Kan , mes grant gère toutes foies , e saquiés ge ( 247 ) ceste grant Turquie est ver meistrc quant l'en se part de ceste voie de Curmos qe noz voz avon contés , la grant Turquie est outre le flun de Ion e dure dcver tramontaine jusque à le teres dou grant Kan. Et si voz di qe ceste Caidu a ja faites maintes hataiies con les jens au grant Kan , et la desorde qe il a con lui voz dirai. Sachiés tuit voiremant qe Caidu dcmandoit tut jor au grant Kan qu'il voloit sa part dou conquist qu'il ont fait , e pro- pemant demande part de la provence dou Catai e de la provence dou Mangi. E le grant Can li disoit qe il li voloit bien doncr sa part comme à les autres scz fllz si voiremant con il alast à sa contié corte et a sez conseie toutes les foies qe il le mandast quere , et encore voloit le grant Kan qe il le fust obe'isant conme les autres sez filz et sez baronz , et en ceste mainere disoit le grant Clian qe il voloit doner part dou conquist qu'il ont fait , se il voloit faire ce qe voz ave's oï. E Caidu qi non s'en fioit en son ungle le grant Kan , disoit qe il ne voloit aler mie , mes il le voloit bien estre obéisant là unques il demorast , mes il dit qe ne iroit à sa cort por rien dou monde , por ce qe il doutoit qe ne le feisse occife , e ce estoit la descordie qe estoit enter le grant Kan e Caidu , et por cest escorde en sordi mont grant gère , cl hi ot maintes grant batailles entr'aus. E si vos di qe tout l'an hi en oit sez hostes le grant Kan tout environ la rem de Caidu , si qe Caidu ne sez jens ne peussent faire domajes à sa terre ne à ses homes ; mes le roi Caidu por toutes les hostes au grant Kan ne laisse mie qe il ne entre en la tere dou grant Kan et a conbatii plosors foies coules hostes qe contre lui venoient ; e si voz di tout voiremant qe le roi Caidu a fer bien tout son effors mete- roit au camp bien cent mille homes à chevaus tut pordomes e bien costumés de gère e de bataille. Et encore voz di que il a avec lui plosors baronz dou lingnages de l'enperere , ce est de cel de Cin- chins Kan , por ce qe cestui fu le comenzamant del empere e qe primer ot segnorie e conquist une partie dou mon , e por ce zo -dit de la leigne de Cinchins Kan qe est l'enperiaus lingnajes. Et ( 248 ) adonc vos laieron de ce et voz conteron d'auquantes Lataies qe le roi Caidii iist con les jens au grant Kan ; et si vos conteron avant corne il vont en bataile. Sachics qu'il ont por commande- mant qe chascun portes en bataille saixante sajetes , les trente menor qe sunt da paser e les autres trente sunt greingnor qc ont les fer large , e ce gitent-il de près e fièrent por mi le vlx e por mi les bras e s'en trencent les cordes des arz e s'en font grant dou- majes ; et encore voz di qe puis q'il l'en ont gité toutes les saje- tes , il metent les main à l'espée e a le macqe , e s'en donent gran- dismes coux. Or vos ai contes cornant il vont en bataile , e desor- mès retorneron à nostre matière. Il fo voir qe a les 1266 anz de * rousins. l'aincarnasion de Crist, ceste roi Caidu con sez coisiz , qe le un avoit à non Jesudar , il asenblent bien une grandisme quantite's de jens , et aient soure deus baronz dou grant Kan qe zinzinz meisme estoient de Caidu roi , mes il tenoient tere dou grant Kan ; le un avoit à non Tibai ou Ciban. Il furent filz de Ciagatai qe fo cristiens batezés e fu frère carnaus au grant Kan Cublai. Et qe voz en diroie ? Caidu con sez jens e se conbati con cesti deus sez cusinz qe ben avoient ausint grandissmes. jen^ , si qe bien furent entrée le une partie e l'autre entor de cent mille homes à chevaus. Il se conbatent molt dmemant ensenble et molt en furent morti e d'une part e d'autra , mes au deraz la vinqui Caidu j'oi e fist molt grant domajes de celés jens. Mes si sachiés qe les deus frères qe coisinz del roi Caidu estoient escanpoit qu'il ne ont nul mal , car il avoient buen chevalz qe bien l'enportent ysnellc- mant. En tel mainere venqui la bataille le roi Caidu. Il en croist en bonbant et norgoeil. Et après ce qe il ot vencue ceste bataille en tel mainere con voz avés oï , il s'en torne en son païs , e de- more bien deus anz en peis qe ne i fist host ne bataille , ne le grant Kan ne le fist en tôt cel termene gerre ne host. Or avint qe à chief de deus anz le roi Caidu asenble une grant host si qe bien furent une grandissme jens d'omes à chevalz. Il savoit qe à Cara- coron estoit le filz au grant Kan qe avoit à non Nomogan et avec ( 2/,9 ) lui estoit Giorge le filz au filz dou Prcstre Joan. Cesti deus baionz avoicnt encore une grandismes jcns d'ornes à chevalz. Et qe vo/. en diroie ? Le roi Caidu , quant il et asenblé toutes sez jens , il se parti de son reingne con toute sa hosle c se mist à la vie e cha- vauchcnt tant por lor jornée , senz aucune vcnturc trovere qe à mentovoir face , encore qe il furent venus auques près à Caraco- ron là o les deus baron/, estoient con grandisme jens. E quant cesti deus baronz , ce est le filz au grant Kan e le filz au fdz dou Prestre Joan , ont seu conmant Caidu estoit venu en lor païs con si grant jens por conbatr'e à clz , il ne monstrenlpas qe il soient estas , mes monstrent qe il ont ardimcnt et valor. Il s'aparoilent molt bien con toutes lor gens qe bien estoient plus de soixante mille homes à chevaulz ; et quant il furent bien aparoilés , il se mistrent à la voie et aient contre lor enimis. E qe voz en diroie i' Il aient tant qe il furent venus près au roi Caidu à dix miles , el iluc mistrent canp bien e ordréemant. E sachiés qe le roi Caidu estoit con toutes celles jens à tendes en celé plaingne meisme. Il se repousent chascuns des parties e s'aparoillent au miaus qu'il puent por conbatrc ensenblc. E por coi voz firoie lonc conte ? Sachiés tout voiremant qe an ters jors depuis qe le hlz au grant Kan i fu venu e le fdz au Prestre Joan le bien maintin , chascune des parties s'armèrent c s'aparoillent au miaus qe il puent. Il ne ot grament davantajes da les une jens à le autres , car il ne i avoit nulles des parties qe ne ause entor de soixante mille homes à chevaz bien armes d'ars e de sagites e de spée e de macques e de escuz. Il fait chascune part six esciele , et en cascune esciele lii mistrent dix mille homes à chevalz e bien condusdor. E quant les deus parties furent au canp à tieres et aparoillés , e ne atendoient for qe il c/isent sonere le nacar , caries Tartar ne osent con- menzer bataille jusqe à tant qe le nacar lor seingnor ne conmcn- zent à soner ; mes tant tost q'ele sonent cil comcnzent la bataille. E si ont encore un tel costumes les Tai'tars qe quant il sunt atirer qe il atendent bataille , endementier qc le nacar comenzent à 32 ( 25o ) soncr , adonc il cantent et sonent lor estrumens de deus cordes moût doucement , e cantent e sonent e font grant sculas , aten- dent toutes foies les batailles , e por ceste usanze voz di qe andeus ceste jens que estoient à tieres et atendoient la bataille et le soner des nacar , il cantoient et sonent si bien qe ce estoit menoie à oïr. E quant il furent demorés auques en tel mainere con je voz ai dit et atendoient qe il aoïsent soner le nacar. d'an- deus pars. E qe voz en diroie ? Quant les nacar comenzent à soner , les jcns ne font plus dek'ament , mes tout mantinant lais- sent coiTcr les unes jens contre les autre. Il mistrcnt les mains as arz , il encoeqent lor sagites. Or en peust veoir tote l'aier co- verte de sajetes con c'il fusl pluie. Or puet veoir mant homes e mant chevaus estre fei'u mortaument. Or bi peust oïr l'en le crier et la remort si grant qe l'en ne oïst Dieu tonant : certes il sen- bloient bien qe il estoient ennimis naortaus. E por coi voz firoie lonc conte ? Sachiés tout voirement qe tant come il ont sagite ne finerent de traire celz qe sain et aiciés estoient , car bien sachiés qe il en avoit de mors e des enavrés à mort en grant quantité j si qe de mauveis ore fu conmencé celle bataille por andeus les part, tant en furent mors e d'une e d'autre. E quant il ont toutes les sagites gités e traites, il mistrent les arz en les archas , puis le mistrent les mains à les spée et à les maqes , e corent les un sor les autres. Il se conmencerent à donere grandismes cous de spcc e des macqes, il conmenzent une bataille molt cruel e pesme, i lor poet l'en veoir doner e recevere grandisme cous : or poit-l'en veoir trenchier main e bras ; or poit-l'en veoir mant homes tre- bucer mors à la tere: car sachiés tout voiremant qe il ne demore grament , puis qe il comencent la bataille de brant , qe tout la tere estoit coverte d'omes mors et navrés à mors. E sen fail le roi Caidu hi fist i grant proesce d'armes , e s'en son corz sculamant ne fust , il auroit plusors foies guerpi le canp c seroit desconfit ; mes la fasoit si bien e donoit si grant confort à sa jens , qe il se mantenoient molt ardiemant, E de l'autre partie le filz au grant ( 25. ) Kan c le filz au filz dou Presle Joanle fistrent ausint moût bien. E qe voz aleroie disant ? Sachies voirmant qe ceste fu une des plus cruelz bataille qc onques fust entre Tartars. De jens il hi estoit si grant la nose et le feréis de le spée e de les macques, qe l'en ne oïst le Dieu tonant. Encore voz di sans faille qe aiidcus les parties se ensforcent de tout lor poir de mctre à desconfiture le une jens les autres , et por ce se esforchoit cascun outre me- zure ; mes tout ce ne vaut rien qe le une jens peust mètre à des- confiture le autre : mes voz di tout voiremant qe la bataille dure jusqe après vespre , ne le un ne poit chacer l'autre de canp , mes en furent tantlhors e d'une part e d'autre , qe ce estoit un petié à veoir , car de maie hore furent conmencés celé bataille por an- deus pars , car maintes homes emorurent e mantes dames en fu- rent vcves , e maint enfans en furent orfanes , e mantes autres dames ne furent à loz jorz mes en plores et en lermes : ce furent les mères et les araines de homes qe himorurent. E quant la bataille fo tant duré como voz avés oï , et qe ja tornoit le soleil au decli , et qe tant en i avoit de mors con je voz ai contés , adonc con- vient qe la bataille remagne à fine force ; et adonc se départirent, et chascunz s'en torne à son canp si las e si travailés , q'cl ne i avoit nul qe ne ausse meior maistier de repouser qe de conbatre. La nuit se rcpousent moût voluntier perla travaille qe il avoienl sofert celui jor en cel grant bataille e mortiaus. E qu;uil le matin fu venu le roi Caidu qe avoit eu novelle qe le grant Kan man- doitune grant host con grandismes jens por lui prendre et asai- lir , il dit à soimesme qe il hi feroit desormès maus demorer , et adonc tant tost qe l'aube apert , il se arme con tout sez jens et montent à chevaus et si mistrent à la voie por retorner en lor contrée. E quant le Hlz au grant Kan et le nevo dou Prestre Joan virent qe le roi Caidu à tontes sez jens s'en aloient , il ne li ailent deriere , mes le lairent aler quitemant , por ce qe il estoient moût las e moût travailés. Sez jens chavauchent tant por lor jornée qu'il ne s'arestent qe il furent venus en lor reingne , ce ( 252 ) est en la grant Turquie à Sarmarcan , et iluec. demore auques qe ne fait gère. CHAPITRE CXCIX. Ce qe le gran Kan dit don damajes qe Caidu le fait. E le grant Kan en avoit bien grant ire de ceste Caidu qe le da- niajoit tant tout jors sez jcns e sa tere. Il dit bien à soi meisme qe se il ne i fust qe il est son ncvou, ja ne poroit escanper qe il ne le feisse mètre à maie mort; mes la char l'estren^oit qe ne des- truoit lu e sa tere. Et en tel mainere con je voz di escanpoit le roi Caidu de les mainz au grant Kan. Or adonc voz laieron de ceste matière , e voz conteron avant une grant mervoie de la file au roi Caidu si con voz le pores entendre. CHAPITRE ce. Ci devise de la file ào roi Caidu comment le est fort e vailant. Or sachiés tout voiramant qe le roi Caidu avoit ime fde qe es- toit apellé Aigiarm en tartaresche , qe vaut à dire en franzois lu- » brillante Cent* lune. Ccste daracselle estoit si fort qe en tout le roiame ne avoit damesaus ne valet qe la peust veincre , mes voz di qc elle les venchoit tuit , e son père le roi la voloit mariere e doner les baron ; mes elle ne i voloit et disoit qe elle ne prenderoit jamès baron jusque à tant q'ele ne i treuvast aucun gentilz homes qe la vinquist de toutes forces , e le roi son père li avoit fait berveleis q'ele se peust marier à sa volunté. E quant la fille au roi ot eu de son père l'otroie e le brevelejes q'elle se poit marier à sa vo- lunté , elle en ot grant joie. Elle fait savoir par plosors parties dou monde qe se aucun jcntilz dameseus voust venir à esprover con elle et il la peust vincre de force , qe elle le prenneroit à baron. ( 253 ) E quant ceste novelle fo seuc par maintes terres et rengnes , je voz di qe maint gentilz homes de maintes parties hi vindrent et se proverent con elle ; e la provence fasoit en t 1 mainere con je voz dirai. Sachiés q'elle qc le spreuve se fasoit , car le roi con maintes jens masles e femes cstoit en la mestre sale don palais , puis venoi! la fille au roi en une cote de sendal molto richemant acessmée emi la sale ; puis venoit ausi le damoisiaus en cote de sendal. La convenance estoit qc se le dameseus la peust vencre , qe le meist par force à la tere , qe il auroit à feme ; et se la fille au roi venquisse les valet , qe il perdoit cent chevaus et estoiënt de la damescle , et en ceste mainere en avoit gaagné la dameselle plus de dix mille chevaus , car elle ne pooit treuver nulz valet ne nulz damesiaus q'el ne veinquist : e ce ne estoit pas mervoie , car elle estoit si bien tailles des toutes menbres , et estoit si grant e si cor- sue , qe pou s'en falloit q'elle n'estoit jéantesse. Or avint qe entor aies 1280 de l'ancarnasionz de Crist, hi vint un filz à un riche roi qe moût estoit biaus et jeune. Ccstui s'en vint à moût belle con- pagnie et moinent mille chavaz moût biaus por esprover à la da- meselle. Et quant cestui filz au roi hi fo venu , il dist que il s'en voloit esprover à la dameselle. Le roi Caidu hi fu moût liés , por ce que por sa voluntc il voloit qe il ausse sa fille à feme , car il conoisoit qe il estoit filz au roi de ....(*), e si voz di qe le roi Caidu fist dire à sa fille privéemant qu'elle se deuessc laisser vin- cere ; mes sa fille dist q'ele ne le firoit por rien dou monde. E que vos en diroie? sachiés que un jor fu asenblé le roi e la raine et maint homes e maint femes en la grant sale , et adonc vindrent la fille au roi e le filz au roi qui estoiënt si biaus , et si avint qe ce estoit mervoie à voir les : e si vos di qe cest damoisiaus estoit si fort et si poisant qe il ne trovoit nulz qe contre lui se poist de force. Et quant la damoiselle e le damesiaus furent emi la sale e (*) Le nom est resté en Liane dans le Manuscrit. (234) qui estoient si grant jcns con je vos ai dit , e la convenance fii faite qe se le damcsiaus fust vencu , qu'il devoit perdre le raille chavalz qe il avoit fait amoiner propemant por ceste esprovce. Et après ceste convenance la damoiselle e le damesiaus se pristrent cnsenble, e toutes les jens qc les voient disoit entr'aus qu'il vo- loient qe le damesiaus venquist , por ce qe il fust baron à la file au roi , et ce meisme en voloit le roi et la roinc. Et por coi voz firoie-jelonc cont? Sachics tout voiremant qepuis qeles deus da- mesiaus se furent pris ensenble , l'un tire là , e l'autre çà ; mè tel fo l'aventure qe la fille au roi le vinqui e le jeue sus le pavimant dou palais. Et en tel mainere fu vencu le filz au roi e perdi le mille chavalz ; e si voz di qe ne i ot nul en toute la salle qe do- lens n'en fust. Et encore voz di qe le roi Caidu molnea * la fille ceste qe vencu le filz au roi en mantes batailles ne en toute la meslc'e ne avoit chevaliers qe plus hi vailist d'ele. E si voz di qe maintes s'en aloit cest damoiselle entres les ennimis e prenoit un chevaliers par force et l'enportoit à sez jens ; e ce avint maintes foies. Or voz avon contés la storie de ceste file au roi Caidu , e dcsormcs noz en laieron de ce , e vos conteron avant des autres couses , et nos conteron d'une grant bataille qe fu entre le roi Caidu et Argon le filz Abaga le sire dou Levant en tel mainere con voz le pprés oïr. CHAPITRE CCI. Cornant Abaga envoie Argon son filz en osle. Or sachiés qe Abaga , le seingnor dou Levant tenoit maintes provences e maintes teres ; e sez teres confinoient con les teres dou roi Caidu , e ce estoit dever l'arbre sol qe en livre d'Alexan- dre est apelle l'Arbrée sèche. Et Abaga , por ce qe le roi Caidu ne sez jens feissent domajcs à sez homes ne à sez teres , mande son filz Argo con grandisme quantité d'oumes à chavaus en la ( 2,'Î5 ) contrée de l'Arbre sèche jusque au flum de Jon, et iluec demorent con sa hoste por gardere sa terè qe les jens dou roi Caidu ne les doumajent. En tel mainere con voz avés oï demoroit Argon con sez jens en celz plaingne de l'Arbre sèche , et gardoit bien maintes cités e maintes castiaus qe environ lui estoient. Or avint qe le roi Caidu asenblent grant quantité des homes à chavaz et en fist che- veitan un sien frère que avoit à non Barac que moût estoit sajes e prodoumes : et Caidu li dist qe il velt que il conbatc à Argon. Ba- rac dit qu'il fira son coitiandemant e porcacera à tut son poir de domajere Argon e sez jens. Et après teste paroilie Barac con toutes sez jens qe bien estoient grandisme quantités , se mist à la voie e cavauchent maintes jornce senz aventure trever que à men- tovDir face , qe il furent venus jusque au flum de Jon , e furent près à Argon à dix miles. E que vos en diroie ? Quant Argon soit cornant Barac estoit venu con grant jens , il s'aparoille moût bien con tout sez jens. Il ne demorent mie plus de trois jors qe andeus furent au canp aparoillés et armés : ce est Argon con sez jens et Barac con le Senz. E qe voz en diroie ? Quant il furent bien apa- roillés et atîré , e les naccar comenzent à soncr , adonc ne font demorance , mes tout mantinant laissent corere le un ver l'autre. Or peust veoir traire sagite e voler çà e là , si qe^ l'aier en estoit si pleine qe il senbloit pluie ; e quant les unes parties e les autres ont gité toute lor sagites, c qe maint homes e maint chevaus hi furent occis, adonc mistrent main à le spée e à le macques e se corent sus e conmencent la bataille moût cruelle e felonesche. Il se trencent main et bras. Il s'en ocient cavalz, il se maumenent molt villane- ment. Il estoit si grant la nosse e la crie qe le n'oïstle Dieu tonant E si voz di qe en pou d'ore la tere estoit toute coverte des homes mors e des navrés à mors. E por coi voz aleroi disant maintes pa- roilles ? Sachiés tout voiremant qe Barac e sez homes ne postrent durer à la force d'Argon , et adonc se parti con sez jens e s'en tome outre le flum ; et Argon sez homes le chacent auquant et n'ocistrent en grant quantité. En tel mainere ala cesle bataille con ( -^-'G ) voz avés oï , en ot la meior partie Argon , e depuis qe je voz ai conmeuccs d'Argon , je voz en dirai toute la vérité cornent il fo pris e cornant el fo seingnor depuis la mort de Abaga son père. CHAPITRE CCII. Cornant Argon va le prendre la scignorie. Or sachiés luit voiremant que quant Argon ot vencue la bataille de Barac e de les jcns dou roi Caidu , il ne demore granient qc il ot novelle cornant Abaga son père estoit mort. Il en oit grant iro, c s'aparoille con toute sa host e se me te à la voie por retorner à la cort dou pare c por prendre la seingnorie ; mes si vos di qe il avoit aler bien quarante jornée avant qe il fust la venu. Or avint qe un frère Abaga qe avoit à non Acomat Soldam qui estoit devenu Sa- razinz , tantost qu'il oï comant son frère Abaga estoit mort ^ il dit à soi meisme qe il puet estre seingnor puis qe Argon estoit tant longe : et adonc aparoille grandismes jens e s'en ala tout droit à la cort da Abaga son frère, e prisl la scgnorie e se fist seingnor. E si voz di ke il hi trove si grandisimc quantité de trezor, qe à poine la peust bien croii-e se il hoïst contere le nombre de la vailance. Il en doue si largemant as baronz et as chevaliers qe ce fu mervoie. E baronz e chevaliers , quant il virent Acomant Soldan avoit lor done'e si largemant , il disoient qc cestui estoit buen seingnor , c chascun i'amoit e li voloit grant bien , e disoient qe il ne voloient autre seingnor de lui. Acomant Soldam fasoit moût bone seigno- rie et fasoit aplaizir à toutes jens ; mes si voz di qe il fist une vi- laine couse de coi il fu moût repris da maintes gens. E qe voz en diroie ? Sachiés q'il ne demore grament puis qu'il ot la segnorie , qu'il ot novelle comant Argon venoit con grandismes jens. Il ne fait nulc demorance ne monstre mie qu'il soit estais , mes moût ardicmant fait sesmondre sez baronz e sez jens ; c si voz di san faille que en une semaine ascmble une grant quantité des homes à ( 257 ) ehevaz lesquelz aloienl moût voluntleres contre Argon et disoienl tuit comunemant qe il ne desiroient nulle cousse tant come d'oc- cire Argon o de prendre e metere le à grant martire. CHAPITRE CCIII. Cornant Acomal vail con sa ost por abaler Argon. E quant AcomantSoldani aparoille bien soixante mille homes à chevalz , il se mistrent à la voie por encontrer Argon e sez jens. Il chevauchent bien dix jornce qe il ne s'arestçnt de cavaucher , et à chief de dix jornée il ot novelle comant Argon venoit et es- toit près cinq jornée , avoit bien autant de jens con il avoit. Adonc Acomat fist mètre son canp en une moût grant plaingnc e bielle , et illuec dit qe atendra Argon tant qe il sera venu , por ce qe illuec est moût buen conbatre jens encontre jens. Et quant il ot mis son camp bien et ordrcement , il fist son parlement et fait asenbler toutes sez jens et paroille elz en tel mainere. Sein- gnor , feit-el , voz savés bien conmant jeo do estre lige segnor de tout ce qe mon frère Abaga tenoit , por ce qe je fu filz de celui père qu'il fu , e por ce qe je fui esté tout foies à conquister toutes les teres e provences qe noz tennonz. Bien est-il voir qe Argon fu fdz Abaga mon frère e qe aucun voudroit dir qe à lui vendroit la seingnorie , mes sauves la grâce de celz que le vousisent dir , ce ne seroit raison ne dongne cousse , por ce qe puis qe son per tient tant la seingnorie con voz savés, bien est doingne cousse que je la doie avoire depuis sa mort , qe a sa vie estoit raison qe je doesse avoir la moitié ; mes je por ma dcbonarité li sa soit toute la sein- gnorie. Or puis qu'il est ensi con je voz ai dit , je vos pri qe nos defendon nostre droit contre Argon, e qe le reingne e la segnorie remangne à nos tous : car je voz di qe je en voloit lo honore e la renomée tant soulamant , e voz en aies le profit e l'avoir e les gcingnories por toutes nostres tcrcs e provences. Or ne vos voit 33 ( 238 ) plus dir , car je sai bien qe voz estes sajes e qe amés droit , e qc filés chouses qe à tous iioz sera honor e bien. Atant se taist qu'il ne dit plus. Et quant les baronz e chevaliers e les autres jens qe iluec estoient e qe bien avoient entandu ce qe Abaga avoit dit , il respondircnt tuit comun'emant qe il ne li vendront moin tant con il auront les vies en cors , et qu'il l'aideront contre tous homes dou monde e contre Argon propement , et distrent qe il ne aie doutance qu'il le preneront e le meteront en sez mains. En tel mai- nere con voz avés oï parole Acbmàt à sez jens esoit lor voluntcs. Il ne disiroient nulle autre cousse tant conme Argon con sa jens venisent por conbatre à ck. Or voz lairon atant d'Acomant e de sez jens , e rctornéron ad Argbn et à sez homes. CHAPITRE CCIV Confiant Argon se consoille à sez baronz por aler conbater con Acoinal. Or sachics tuit voiremant que quant Argon soit certainemainle qe Acomant l'antendoit au camp con si grant moutitude de jens , il en a grant ire ; mes toutes foies il dit à soi meisme qe le doner melanconie é monstrer cje il aie dotle e paor de sez encmis poroit trop nuire ; car sez jens en vaudroient de pis ; e por ce dit qe il convient qe il monstre valor et arderaant. Il mande per tuit sez baronz et sajes homes , et quant il en ont asenblc grant quantité en son pavcillonz , car il avoient mis camp en un moût biau leu , il parole adonc e dit en tel mainere : Biaus frères et amis , fait-il, vos savés certainemant cornant mon piere vos aime tendrement; tant come il vesqui voz tient por frères e por filz , et savés comant voz fust jadis en maintes grant bataille con lui , comant voz l'ai- dast conquister toute la tere qu'il tcnoit, e savés comant fui filz celui qe tant voz ame , e je mesme vos aime tant come mon cors , e donc puis qe en ci est la vérité come je voz ai dit bien droit c raisonz qe voz me aidés de cestui qe Sient contre raisonz e contre ( -^^ ) droit e qc noz vuelt faire si graiittort come noz deseriter de nos- tre tere. Et encore savc's tont voiremant cornant il n'est de nostre loi , mes le a guerpir* et est devenu de saracinz et * i .1 .ii.indoniic.' aore Maomet: or véés cornent seroit doingnc cousse qe saracinz deust avoir seingnorie sor tartars : or biaus frères et amis , puis che toutes cestes raisonz hi sunt , bien voz doit croistre cuer e voluntc de faire ce qe convient qe ce ne avegne , dont jeo prego chascun qu'il soit vailant home et qe se force outre poir de con- batre si ardiemant qe nos veincon la bataille , e qe la seingnorie remaingne à voz e ne à sarazinzj e certes chascun se doit con- forter qe noz veinquiron la bataille por ce qe nos avon droit e nostre ennimis ont le tor. Or ne voz diroi plus à cestui point , mes qe je pri chascuns qu'il pensi de bien faire. Atant se taist qu'il ne dit plus. CHAPITRE CCV. Cornant le baronz responderent ad Argon. E quant baronz c chevaliers qe illuec estoicnt ont entandu les paraules qe Argon avoit dit bien e sajemanl , quascun disoità soi meisme qu'il voloient avant morir que il ne i feissent tout lor poir de vincre la bataille. Et endementier qe chascure cstoit coi et mu , atant se tient en estant un grant baronz et paroille en tel mainerc. Biau sire Argon, biau sire Argon , fet-il, noz con- noisonz tout apertcmant qe ensi voz noz avon dit est-il vérité , e por ce voz responderai-je por tous vestres homes qe avec noz sunt pour faire cestes bataille , qe nos voz diron apertcmant qe nos ne vos faudronz tant con nos avonmes les vies en cors , et voudromes avant tuit morir qe noz^ ije veinson au desns de la bataille , e de ce devon noscstre au seur qe noz la vinquiron poi le grant droit qé nos avonz , et il ont grant tort ■. e por ce vo/, lou et conseil qe noz porcacion de l'aler au plus tost noz poron ( 26o ) por trover nostre cnemis , et pri à tous noz conpaignons qc nos esproitions si à ccslui pont en ceste bataille qe nos faisonz parler de nos à tout le monde. Atant se taist cestui preudome qe ne dit plus. Et qe vos en diroie? Sachics tout voirmant qe après cestui ne i ot nul qc vousist dire rien , mes tuit s'acorde à lui , e ne desiroient autre for qe eslre à la bataille con lor enimis. Et quant la deimain fo venu , Argon e sez jens se lievent bien por maitin e se mistrent à la voie moût entalenté de domajer les enimis. Il chevauchent tant qe il furent venu en plain là ù les enimis estoient à tendes. Il mistrent lor camp bien et ordrée- ment près à cel d'Acomat à dix miles , e quant il ont mis lor camp, Argon prend deus sez homes en cai il moût se fioit , e l'envoie a son uncle e li mande tel paroles con voz auirés. CHAPITRE CCVI. Comaut Argon envoie sez mesajes Acomat. Quant cesti deus sajes homes qe moût estoient de grant ajes ont le conjéet rencharchiement de lor seingnor , il ne font delea- ment aucun , tout mantenant se mistrent à la voie sor deus che- vaus. Il s'en aient tout droit au camp e desmontent au pavilon de Acomat là où il trovent con grand conpagnie de baronz. Il le conoisent moût bien et Acomat elz. Il le saluent cortoisement. Et Acomat avec bielle chiere dit qu'il soient bien venus e li fait seoir en paveillon devan lui ; e quant il furent demorés auquant e le un des deus mesajes se levé en estant et parodies en tel mainere. Biaus sire Acomat , fet-il , vostre nevou Argon se mervoille moit de ce qe voz fait avés, qe li avés tolue sa segnorie et encore li venés contre por conbatre à lui en bataille mor- tiaus ; certes ce ne est mie buenz , ne ne avés fait conme buen oncle doit faire à son nevou , dont il voz mande por noz qe il vos prie doucemant si como à son oncle et à son per qe il vos ( 26i ) tient qe voz de cest cousse vos doiés romanoir, e qe bataille ne maus ne soit entre voz, et il vos dit que il vos vuelt tenir à gre- gnor et à père , e qc soies sire e scignor de toute sa tere. Or ce est qe votre nevue voz mande e voz prie por noz. Atant se taist que il ne dit plus. CHAPITRE CCVII. Cornant Acomat responde à mesajes d'Argon. E quant Acomat soldam ot entandu ce qe Argon son nevou li mande , il respondi en tiel maineres. Scignors mesajes , fait-il , mon nevou dit noiant , car la tere est moie e ne pas soe : car je la conquistai ausi bien con son père fist , e por ce dites à mon nevou qe se il velt, jeo li firai gran sire , et i li dorrai terre asez et sera conme mes filz e le greignor baron qe soit après moi. E se il ce ne velt , e seur soit qe je firai tôt mon pooir de lui mètre à mort. Or ce est ce qe je vuoil fer à mon nevou , ne nulle autre cousse ne nule autre convenence ne ticnnerés jamès en moi. A ce mot se taiste Acomat qe ne dist plus. Et quant les mesajes ont entendue ce qe le soudam avoit dit , il li distrent autre foies e ne treuveron nos ne voz autre qe voz nos aves dit. INenil , feit-il , autre ne i treuverés à tout mon vivant. Les mesajes qe ont ce oï , ne i demorent plus , mes se mistrcnt à la voie e ca- vauchent tant que il furent venu au camp lor seingnor, e desmoii- tent emi le pavclon e distrent ad Argon tout ce qe il avoit treuvé en son oncle. Quant Argon oï ce que son oncle li mande , il na grant ire e dit si haut que tuit celz que entro lui estoient : je ne vuoil jamès vivre ne tenir tere puis qe de mon oncle est venu si grant tort e si grant mauveisie , se je ne en prengne si granl vengance qe tout le monde en parlera. Après cest pareilles il dit à sez baronz et à sez chevaliers : Or n'i a plus demor, mes de l'alere au plus tost que noz j oron , por melre à mort les traites ( 262 ) e desleaus , et vuoil qc le maitin les asaudron et faichoiiz noslie poir de lor destruere. E qe voz en diroie? Toute celle nuit s'apa- roillent de tout ce qe lor besongnoit à bataille canpiaus. Et Acomat soldan que avoit bien seu por sez espies cornant Argon dovoit le maitin venir à la bataille , s'aparoille ausi moût bien et amonest sez jens de bien faire e que il soient vailanz homes. CHAPITRE CCVIII. Ci devise de la bataille qe fo entre Argon e Aconiai. E quant lendemain fu venu , Argon se arme con toutes sez jens, et ordrée et attire sez bataille moût bien e sajemant , et la amoneste moût docement de bien faire. E quant il ot ordre tout son afer , il se mistrent à la voie ver les ennimis. E le Soudan Acomat avoit fait tout autre tiel, ce est de atiere e de ordrer sez jens, et ne atcnd mie qc Argon veigne jusque à son camp, mes se met à la voie à toz sez homes bien e sajement. E si voz di qe il ne ont grament aie qu'il encontrerent Argon e sez host ; cl quant les deus grant hostse virent enscnble et à ce qe il avoient grant désirer d'estre à la bataille , il ne font demorance , mes tout mantinant laissent corere le un ver le autre. Or peust vecir escocier sagites , or le peust veoir voler ça et là si spessemant qu'il sembloit qe pluie venistde cel. Il comenccnt bataille moût cruelc e pesme. Or peust vcoir cheoir e trébucher chevaliers à la terre : or peust oïr la crie e la plante e le plorerc mult grant de celz qe estoient cheuà la 1ère ennavrés à mort ; et quant il ont toutes lor sagites gite's, il mistrent main à l'espe'e et à les macques e se corent sus mult aspremant. Il se douent grandissmcs coux de lor espées trençant. Or peust veoir trenchier main et bras et bus et teste ; la crie e la nosc hi estoit si grant qe l'en ne oYst le Deu tonant. Car sachic's qe ceste bataille fu de maie bore conmencics c por l'une partie et de l'autre: car sachics que maint prodomcs hi morurent ( 263 ) € maintes dames en seront à toz jorz mes emplorés et en laimes. E por coi voz firoie-je lonc cont? sachics de voir qe Argon le fist mult bien celui jor , et mult hi fait grânt proesse et molt done exemple de bien faire à sez jéns ; mes tout ce ne li vaut rien , car mecéance et fortune li furent si contraire qe le peior e la desconfite torne sor lui, que quant sez homes ne postrentplus sofrir , il s'en tornent en fuie e s'en aient tant con il plus puent. Et Acomat et sez homes les cacent et n'occislrent asez et en fu- rent trop grant domajes. Et si voz di qe en celle chace fu pris Argo. E tant tosto qu'il ont pris Argon , il ne sivent plus la cace, mes s'en tornent à lor camp et à lor tendes, joiant et liés outre mesure. Acomat fait enferjcre son nevou Argon et le fait moût bien garder , et Acomat qe estoit home de moût grand luxurie , dit à soi mesmi qu'il s'en velt aler à cor por prandre seulas con tantes belés dames con il hi avoit. Il laisse seignor de toute l'oste un grant belic e li laisse en garder Argon , et dit qu'il soit gardé si cher con il avait son cors, et dit à ses melic qc il s'en veingne à cort à petite jornée por le sauvemant de se/, jens. Le melic dit qe son commandemant sera bien fait. Adonc s'en part Acomat ane grant conpagnie e se mist à la voie por aler à cort. En tel mainere con je voz ai dit se parti Acomat de sa host et en a laissé seignor celui melic qe je voz ai contés ; et Argon remest pris et enferjés et demoroit si doilens qc il voudroit morir. CHAPITRE CCIX. Cornant Argon fo pris el delevriés. Or avint qe au grant baron tartar qe moût estoit de grant aaiges ot grant peties d'Argon , e dit à soi meissme qe il font grant maus et grant desloiauté de ce qu'il tienent lor seingnor pris. Il dit qu'il fira tout son pooir por coi il soit délivré. Adonc ne fait deleamant , mes tout mantinant s'en ala à maint autres ( 2(i4) baronz e lor di cornant il fasoient grant maus de ce qe il tcnoient lor lige seignor pris , et qu'il scroit grant bien se il le délivrassent et le feissent lor seignor con il doit estre por raison. Et quant les autres baronz qe ont entandu ce qe ceslui avoit lor mis de- vant, et le savoicnt à un des plus sajes homes qc hi fust et encore conoissent qe il disoit vérité , il s'acordent tuit à lui e li distrent qe ce voloient il voluntière. E quant les baronz furent à ce acordés , et Baga , ce est celui qe tout ce avoit mis davant , et avec lui furent cesti Elcidai et Togan , Tegana , Taga , Tiar Oulatai et Samagar, tui cesti qe voz avés oï nomer , s'en aient au pavilon là où Argon estoit pris. Et quant il furent là venu , e Boga qe estoit greignor e chief de ceste fat , apaurole avant e dit en tel mainere : Biaus sire Argon , feit-il , noz conoi- son tout apertemant qe noz avon fait maus de ce qe noz voz avon pris , dont noz vos dison qe noz volon tomer à bien fair et au droit : ce est qc noz voz volun delivrere et soies nostre seingnor lige si con voz estes drotmaint. Atant se taist Boga qe ne dit plus. CHAPITRE CCX. Cornant Argon ot la seignorie. Quant Argon ot entandu ce qe Boga avoit dit , il cuide tout voiremant qe ce soit gas e respont moût coruchic's e doulens. Biaus seingnor, feit-il , voz faites moût grant pechics de ce que suffire ^oz faitcs gas de moi, e bien voz dourent baster* de ce qc vos m'avés fait si grant tort qe là où vos me doiés tenir à seingnor et voz m'avcs pris e me tenés enferje's. Certes bien connoise's qe voz faites grant maus e grant pechiés , et por ce voz pri que vos « ^£,ig aies vostre vie * et ne faites gas de moi. Biau sire Argon , fait Boga , sagiés tout voiremant qe nos ne i faiçonz gas mie , mes est bien acertes , et le te juron sour nostre loy. Et adonc jurent tuit les baronz qu'il le tendront à seignor. Et Argon meisme ( 265 ) jure elz qu'il ne rendra elz mal merlto et mau guerdon de ce qe il l'avoient pris , e qu'il l'en tendra ausi bien et ausi chier corne fasoit Abaga son per. É quant cesti sacrement furent fait en tel mainere con voz avcs oï , adonc fo defferjés Argon e le tinent à seingnor. Et Argon dit qe l'en traies des sagittcs en cel pavillon tant que le melic qe me tenoit pris e qe estoit seignor de cest host soit mort. Après c'este pareoles ne oit demorance , mes tout mantinant furent trait mantes sajectes en cel pavilonz dont le melic fu ociss. Et quant tout ce fui fait , Argon prist la sein- gnorie et comande ce que il vuelt corne seignor , et est obéi de tuit. E sachiés qe celui qe noz voz avon només melic qui a este' occis avoit à non Soldam , qui estoit le grcignor sire qe fust après Acomat. En tel mainere recovre Argon la seignorie con vos avés oï, CHAPITRE CCXI. Cornant Argon fist ocire Acomat son ongle. E quant Argon voitqe il est bien segnor dou tout , il comande de l'aler ver cort. Atant ne font demorance , mes se mistrent à lavoiepor retornerà cort. Or avint qe un jor qe Acomat estoit à cort en mestre palais et fasoit grant feste , adonc li vint uji raesajes qe li dit : Sire , novelles voz aport , no miç tel con je voussise , mes maveise duremant. Or sachic's qe les baronz ont délivré Argon e le tienent à seignor, et ont occis Soldan nostre quier ami , e voz di que il s'en vienent ça au plus tost qe il po- rontpor voz prendre €t occire , e por ce en feites ce qe voz croies qe soit le vostre meilor. Aiant se taist cestui messajes qe nei dit plus. Et quant Acomat ot entandu ce que cestui avoit dit et le conoisoit à son ben feoil , il en devient si esbaïs et ot si grant paor qe il ne soit qe doit faire ne dire ; mes toute foyes ensi come ardis homo e como vailans qu'il estoit , paroille et dit à celui que li avoit aporté ceste novelle , qui ne soit ardi qu'il en 34 ( 266 ) face pai'oille à home vivant. Celui dit qe il obéira bien son tonmandemanl. Et Acomat tout manlinaat monte à chevalz con celz qe il plus se fioit , et se met à la voie por aler au soudan de Babclonie, et illuec se creoit sauver sa vie, e nul ne savoit là où il aloit for celz qe estoient à lui seulcmant. Et quant il fu aie le six jornée , adonc fu venu à un pas qe ne poit aler por autre leu qe por celui; e celui qe gardoit les pas conuit bien qe cestui est Comat, et voit q'el fuit. Il dit à soi mesme qe il le prendra , e ce poet-il bien faire , por ce qe Acomat ne avoit gueires jens. E sachiés qe tout ensint come cestui qe gardoit le pas le devise , le fist-il , car il le prist tout mantinant , et Acomat li crie merci qu'il le laisse aler e li ofre à doner grant trésor. E cestui qe amoit Argon de grant amor , dist qe tout ce ne le vaut rien , e qu'il ne prenneroit tout le tesor dou monde qu'il ne le meist en les mainz d'Argon dro son segnor. E qe voz en diroie? Cestui qe gardoit le pas , quant il ot pris Acomat , il ne fait demorance, mes tout mantinant s'aparoille à moût bone conpagnie e se mist à la voie por aler à cort et moine Acomat ho lui , et toutes foies le gardoit si bien qe il n'en poit fuir. Il chevauchent tant qu'il ne s'arestent qe il furent venus à cor là où il treuvent Argon qe hi estoit venu de trois Jors seulamant , et avoit grant ire de ce qu'il cuidoit que Acomat fust escanpés. CHAPITRE CCXII. Comant les })aro,nz foui omajes a4 Argon. E quant cestui gardien dou pas fo venu devant lui et ot amené Acomat, il en a si grant joie qe greingnor ne la poroit avoir. Il dit à son ungle qe il soit le njau-venu , e dit q'el en fira ce qe a raison voudra qu'en soit fait. Atant conmande que l'en le les hoste devant, e conmande sanz prendre consoil à nul autre qe il soit occis e destruit dpu çprs- E celui à cui Argon conmande J ( 267 ) ceste oficc , priste Acomat et l'en moine en tel leu qe il ne fu jamès veu , e ce ne fu pas mervoille, car il le fist occire et geler le cors en tel leu qe il ne fu jamès veu. En tel mainere con voz avès oï ala l'afere d'Argon e d' Acomat son ungle. CHAPITRE CCXIII. Coniaiit Calu prist la seignorie <îepois la mort d'Argon. E quant Argon ot tuit ce fait qe vos avcs oï , et il fu en mestre palais et ot toute sa segnorie, e tuit les baronz de tûtes pars celz qe Abaga son père estoient soutpost hi vidrcnt omajes si con il doicnt faire à lor seignor , e tuit le obeient si con il doient faire. Et après qe Argon ot bien eu la segnorie , il mande Casau son filz bien con trente mille homes à chevaus à l'arbre sèche , ce est en celz contrée , por gardere e por sauver sa tere et sez jens ; et en tel mainere con vos avés oï recovre Argon se seignorie ; e sachiés qe ce fu quant Argon enixe en sinorie as les 1286 anz de l'ancarnasion Jezurist , et Acomat sol tient la seignorie deus anz , et Argon reigne six anz, et à chief de six anz se morut Argon de sa maladie , e bien dist-l'cn qe il morut de bevrajes. CHAPITRE CCXIV. Cornant Qiacatu prisl la seignorie depois la mort d'Aigon. E quant Argon fo mort , un son uncle qe frer carnaus avoit esté de Abaga son père , qe avoit à non Quiacatu , tantost qe Ar- gon fu mort , il prist la seignorie , e ce poit-il bien faire , por ce qe Casan estoit si longue come à l'Arbre sèche. Bien est-il voir qe Casan soit bien cornant son père estoit mort, cornant Quiacatu avoit prise la seignorie. Il ot grant ire de la mort son père , et encore avoit greignor ire de ce qe le oncle al père avoit prise la ( 268 ) scingnoiie. Il ne se poil partir d'ilcc por cloute de sez cnniniiz , mes il dit qu'il ira bien à tens et à leu en tel mainere qc il en pre- dra bien ausi grant vengnance come pris son père de Acomat. E qe voz en diroe? Quiacatu tien la scgnorie , e tuil esloient obieni à lui , for seulement celz qe esloient con Casan. 11 prisle la femc Argon son nevou e la tient por soi. 11 prenoit con les dames mult grant seulas, car il estoit home de mult grant luxurie. E qe voz en diroie ? Il lient Quiacatu la segnorie deus anz , et à chicf de deusans se morut , car sacbiés qu'il lu atoucés con brevajes. CHAPITRE CCXV. Cornant Baidu prist la seignorie depuis la mort de Qiacalu. Quant Quiacatu fu mors et Baidu qc son ongle estoit et estoit cristicns , prist la segnorie , e ce fu a les 1 294 anz de l'ancarna- sion de Crist. Baidu tient la scignourie et toutes les jens li es- toient obeient à lui , for qe Casan e sa host seulamant. Et quant Casan soit comant Quiacatu estoit mort e come Baidu avoit prise la segnorie, il a grant ire Quiacatu por ce qe il ne poit prendre vengnance; mes il dit bien qe de Baidu prendra-il tel vengiance qe tout le monde en parlera , e dit à soi messme qe desormès ne vult-il plus demorer , mes ira sor Baidu por mcter l'a mort. Et adonc se pareille con toutes sez jens e se met à la vie por torner c por prandre la seignorie. Et quant Baidu soit certainemant co- mant Casan venoit sor lui, il asenble une grant quantité de jens et s'aparoille e li vait ad l'cncontre bien dix jornc'e , et iluec mist son camp et alendoit Casan et sez jens por conbatre à lui , e moût prie sez jens et amonist de bien faire. E por coi voz firoie-je lonc cent , sachiés touit voiremant qe il ne demore mie deus jors puis que Baidu fu venu illuec , qe Cassan con toutes sez jens lii furent venus ; e si voz di tout de voir qe le jor mesmc qc il hi vindrent comencent la bataille e mot cruelz e pesmes ; mes ce ne vaut rien ( '^H ) (j(; il pcusl (liiicr loii^f:tnaiil ciKoiiln; Casan c rnesrncni.uit ijof ce qc puis q'el la Ijalaillr; lu crjuriiciici- , irtaiiil de <<•]/. (jui csloicnt con lîaidii se loriiciil dcvcr (>;i.ssari c roiihalcnl contre I>ai(lu , f; \H)\ ccstc aialsoii lo IJaidii dcscondl , c incsiiicmaiil. Iii fu-il oc- cis, c Casan viiKjiii la ijalaillc c Hi sire e rricstrc Av tods. (>ar quant il ol vcricu la bataille c mis à inori lîaidir , il s'cmi toiric à corl , et prisl la sci^noric , c tout les baroiiz li (oiil liorriajes c li oheienl corne scif^nor lif^c ; e ce lu qc Casan coninence à leif^nere et ol la scignorie aies- 1294 anz de rancarnasion de Crisl. Vax tel mainerc con voz avés oY aia tout cestc al'er de Abaga jns(|iie à Casan conic vo/, avés oï. Kt encore sacbiés qc Alau qui conrjuist Bau(lac c qc fo frère à Cublai le granl Kan, lu le cliiei de luit cesti qe je voz ai nome» desoure : car il fo pcrc Abaga , et Abaga fo per Argon , (;t Argon lo pcr Casan qe orendroil reigne. Or puis fje noz voz avon c ontf'.s de C(;st Tarlar dou Le\ar)l, adoric noz en lairon e lorneron encore à couler à la granl 'lUii liie ensi con voz porois oïr apertanianl ; mes il est vérité rjc nos vos avon conté de la grant Turquie en arieres lut le fait cornant Caidu est rois , e por ce n'en avons plus qe contere : si noz en parliron e voz conteron des provences c des jens que sunt à trariK^nlaine. CHAPITRE CCXVI. Ci devise (1<; roi Caiici fji est à Irainorilalrio. Or sachiés qe à tramontaine a un roi qui est apellés Conci. Il est Tartars e toutes sez jens Tartars e manliencnl la droiie loy tarlar rje est rriout br;sliaus , mes il la mantincnt tout cnsinl corne fist Cincbins f'an el les autres droit Tartars , c si voifi en dirai au- ques. Or sacbiés qe il font un lor dieu de feutre et l'apellent Na- cigai , et encore li font moiliere , elcesli deus dieu, ce est >taci- gai c sa rnoier , e ) CHAPITRE CCXXI. Ci devise de la gère qe sordi entre Alau e Berça , les balaies qe furent entre eles. Il fu voir qc aies 1261 anz de l'ancarnasion de Crist soidi une grant escorde entre le roi Alau , le seignors de Tartars dou Levant , et Bercha roi des Tartars dou Ponent , e ce avint pour une provence que marcesoit* à le un et à le autre , car cascun la " l'iiii rroniièrc. voloit por soi, ne nulz d'elz ne la voloit consentir à le autre , car cascunz se tenoit grant e buens. Il s'esfient de guère e chascunz dit q'il hira à prendre et vaudra veoir qui ce contendra. E quant il se ont desfié de gerre , chascun fait sesmondro tuit celz que soient estoient à lui» et font le greignor aparoillemant qe à poine mes fust veu ; qe saquiés qe chascun se esforcent outre poir por venir au desus de cest fait. Et sachiés qe puis qe il se furent desffié , il ne ala six mois qc il ont chascun asenblé bien trois cent mille homes à chevaus molt-bien aparoille's de toutes couses de bataille selunc lor uzance. E quant furent bien aparoille's , Alau le sire dou Levant se met à la voie con toutes sez Jens. Il cavau- chent maintes jomce sanz aventure trover qe à mcntovoir face. Il aient tant qu'il fui'cnt venu en un gran plain qe est entre le portes dou fer c le mer de Sarain. En cel plain mist son camp bien e oidréement; e si vos di tout voirement q'il hi avoit maint riches pavelonz e maintes riches tref : il senble bien camp de riches homes. Il dit qu'il atendra ilucc por veoir se Berça con sez jens vendront ; iluec demorent e atendoient lor ennimis. Et sachiés qe cest leu là o il sunt acampé , bien est et confines de les unes Jens à les autres. Mes atant laieron da Alau e de sez jens, e retorneron à Berça et à sez jens. ( 276 ) CHAPITRE CCXXII. Cornant Barca c sa ost ala encontre Alau. Or sachiés tôt voircment qe quant le roi Berça ot fait tout son aparoil et ot ascnblé toutes sez jens , e savoit cornant Alau s'estoit parti ton toutes sez hostes , il dit qe desormcs poroit-el trop demorer ; et adonc ne fait nul dcleament , mes si mistrcnt à la voie. Il chevauchent tant por lor jornée , qe il furent venus en grant plain là où les cnimis estoient, e mist camp près à cclz d' Alau à dix miles bien et ordréement : e si voz di tout voire- mant qe cest camp estoit bien ausi biaus con celz d' Alau , et ausi riches, car je vos di de voir qe qui auesc veu les pavilonz des dras d'or e riches tref , bien peust dir qe à^iece mes ne fo veu un plus biaus camp e plus riches; et si avoit bien plus jens qe Alau avoit : car sachiés sanz nul mensongne qe Berça avoit bien trois cens cinquante mille homes à chcvauz. E quant il furent à tendes , il se repousent deus jors anters. Lors Berça fait parle- mant entres ses homes et paroule en tel mainere. Biaus seignors, feit-el , voz savcs certainemant qe puis qe je vigni à tenir tere , je voz ai amc corne frères e filz e si sajes qe maint de voz sunt ja esté en maintes grant bataies avec moi , c qe grant partie de lez teres qe nos tenion , mes * avés aidés à conquister , e savës encore qe tout ce qe je ai est ausi vostre corne moie, e puis qe ensi est la vérité , bien se doit chascun esforzer outre poir de mantenir nostre honor et jusque ci Favon nos bien fait. Or savés coment est grant homes e poisant Alau se velt conbatere à nos et à son tort, et puis qe ensi est la vérité, il a tort e nos avon droit, chascuns se doit conforte que nos vinquiron la bataile ; et encore vos dovés conforter qe noz avon plus jens qe il ne ont. Car noz savon certainemant qe il ne ont qe trois cens mille homes à chevauz , et noz avon trois cens cinquante mille d'ausi boncs jens con il sunte meior. Or donc, biaus seingnors, por tou- ( 277 ) tes cestcs couses qe je voz ai dit , véés voz tout clermanl qe nos seron vinqor de la bataille, e por ce puis que nos soumes venus jusque de si longn por ceste bataille seulamant faire , vuoil-je qe noz la faizon de hi à trois jors , et hi alon si sajemant e si ordée- ment qe nostre affer aille de bien en miaus , e pri chascun tant con je puis qe vos sciés vailans homes e qe noz la faison si à cestui pont , qe tout le monde noz redot. Or ne voz voil dir plus, for qe je pris chascunz qe au jor nome soit bien aparoillés e qu'il pcnsi de bien faire e soit valans homes. Atant se tast Berça qc ne dit plus à celé foies. Mes atant noz lairon de Berça e de sez homes qe bien vos avon devisée une partie de son affere , et adonc voz conteron de Alau e de sez jens , comant il s'esproi- cient puis que il soit qe Berça e sez homes estoicnt venus près. CHAPITRE CCXXIII. Cornant Alau paroile à sez jens. Or dit le contes que quant Alau soit certainemant comant Berça estoit venus con si grandissmes jens , il asenble encore sez parlcmant de grand quantités des buens homes. Et quant il voit que il hi sunt tuit asenblé , il paroille e dit en tel niainere. Biaus frères et filz et amis , fet-il , vos savés qe en toute ma vie m'avés valus et aidés ; jusque a cestc jor m'avés aidés vincre maintes bataies , ne unques ne fustcs en nulle bataic qe noz ne l'aion vencue, et por ce nos somes venus jusqe ci por conbatre à ceste .grant home de Berça , e bien sai-je et est la vérité qe il a autant des jens con nos et plus , mes ne pas si bone : car je voz di tout voiremant qe se il fuissent des tant des jens qe il ne sunt con celles bones jens qe nos avons , si les meteromes à la voie et à desconfite, e por ce noz savons par nostre espie qe il vendront à la bataic de ci à très jors , de coi je ai grant leese, dont je pri chascun qu'il soit bien aparoillés à celui jor et qu'il ( 278 ) pcnsi de bien faire ensint con vos estes uzés de faire, et une cosc tant solamant voz voil recorder , car niiaus vait morir sor le camppor sohonor mantenir, se autremant nepoist estre, que la desconfiture tornast sor nos , por ce cascunz s'esproit en tel mainere que nostre honor soit sauve et nostre enimis soienl desconfit et mort. Atant se tast Alau à celui point. En tel mainere con voz avcs oï, font parlement andeus cesti grant seingnors , et atendoient qc le jor norae'e qc la bataille dovoit estre venist, e chascuncs de baroes s'aparoilcnt au miaus qe il poet des toutes les couses qu'il savoient qc lor estoit besogne. CHAPITRE CCXXIV. Ci dil de la graii bataile qe fo enlre Alau e Barcha. E quant le jor nome' qe la bataille dovoit estre fu venu , Alau se levé bien por mailin e fait armer toutes sez jens ; il ordree et aschire sez bataies au miaus qu'il set bien et sajemant come sajcs homes qc il estoit, E si voz di tout voirmant qc il fist trente batailles , e chascune mist dix mille homes à chevauz: car sachiés ensi con je voz ai dit , qu'il pooit avoir cnlor de trois cens mille homes à chavauz. Il mist en chascune buen conduisor e bucn * capii.iiiie cavetanin * ; et quant il ot atiré e sascries bien e sajemant son afere , il conmande à sez eschilez qu'il cavauchent avant ver le inimis ; e sez jens firent son conmandemant , car il si mistrent * pi lii maintinant à la voie lé pian * pas et aient jusqe à dirai voie entre le un camp e l'autre ; et illuec se ferment et atendoient les enimis qe venissent à la bataille. En tel mainere atendoient con voz avcs oï; e de l'autre part le roi Berça le maintin mesmc se lieve con toutes sez jens , e ^'arment et paroillent moût bien et sajcs qc atire et fait sez batailes bien e sajemant , et fist trente cinq bataies : car il mist ausint come avoit fait Alau en chascune dix mille homes à cliavalz e bucn cavoitainz et bons conduors. Et ( 279 ) quant Berça ot tout ce fait , il comande à sez cschielz qe il cha- vauchent avant , et il si font bien et sajemant et vont le pas tant ne il furent près à les ennimis à dimi milier. Et quant il furent illucc venus , il s'arestent et hi demorent auquans , et après ce se mistrent encore ver elz. E qe voz en diroie ? quant cl fuj^ent propes à dcus balastrce , cascunes des parties s'arestent et s'atirent toutes les cscheres sunt resté. Le plain hi estoit le plus biaus e les plus large qe l'en seust ne près ne longe , e là où grandismes quantite's des chevaliers pooicnt conbatre. E certes il estoit bien beizogno qe le plain fust biaus et grant, por ce qe à poine mes ne conbatirent tantes des jens en un camp con celz estoient. Car sachic's sanz nulle mensongne il etoient bien six cent cinquante mille homes à chevaus , e si estoient de plus poisant homes dou monde et Alau et Berça , e si voz di qu'il estoient prochain/, parens , car andeus estoient de l'ampcriaus lingne de Cinchin Kan. CHAPITRE CCXXV. Encore de la bataille d'Elau e de Barca. E quant les deus granz rois con toutes lor gens furent demorc si près con je voz ai dit une pece , e ne atendoient for qe de comenze la bataille e desiroient moût que il oisscnt soner le iiacar , et adonc ne demore guei'cs qe andeus pars le nacar co- mencent à soner , e tant tost que il oïrent soner le nacar , il ne demorent mie, mes tout mantinant laisent corer les unes parties ver lez autre , il mistrent main à les arz et encochent les sagites e traient cascunz ver les ennimis. Or poit-l'en veoir voler e d'une part e d'autre les sagites si qe en pou d'ore l'aire en estait si coverte qe l'en ne poit veoir le ciel. Or peust veoir maintes homes cheoir mort à la tere e mant cavaus ausint , e ce dovés voz croire qe il ne pooit cstre autremant , puis qe tantes sagites estoient traites à une foies. E por coi voz firoi-je lonc cont? ( 28o ) sachics tout voiremant qe il ne s'arestent de traire sagites jusque rarcpiois. ^ ^^^^ q,j'i[ gjj ont en turquas * , si qe tute la tcre estoit coverte des homes mors e navrc's à mors. Et quant il ont traites totes les sagites il mistrent mainz à l'espce e à les macqes e se corent sus c se«donent grandîmes coux. Il comenzent une bataille si cruelz c pesmes qe estoit un pctié à veoir. Or poit-l'ou veoir couper main e bras et teste ; or poit-l'en veoir trabucher homes e cavauz mort à la tere : car il li munirent tant qe de maie ore fo co- mences ceste bataille qe apitoe, mes n'en morurent tant en un camp corne en celui en avoit des mors. La crie e la nose hi estoit si grant qe l'en ne oïst le Deu tenant. E si voz di sanz nulle faille qe l'en ne i poit aler for qe sus por cors d'omes mors , car la tere en estoit tute coverte c vermoille de sanc. Car je voz di tout voiremant qe il avoit grant tens qe ne fu au monde une bataille ou si grant quantité d'omes corne il fist en ceste. Il hi estoit si grant le plorer e la crie de cclz qe estoient cheu à la tere e navrés à mort e qe ne avoient pooir d'elz relever , qe ce estoit un peté à veoir. Ceste bataille ore fo comenciés por l'une partie V por l'autre : Car maintes dames en seront veves , e maintes enfans orfanes. Il se mostrent bien à ceste point qu'il ne se volent nul bien , mes se mostrent qu'il sunt mortaus ennimis E le roi Âlau que molt estoit prodonmes e poissant d'armes , l'a fait si bien en celz bataille , qu'il senble bien q'il est home de tenir tere e de porter corone. Il hi fait grant proesse d'armes por son cors, et encore conforte molt sez jens , quant il voient lor seîngnor qe la fasoit si bien e si franchmant : il donc à cascunz cor e ardi- mant de bien faire , et san faille ce fu une couse qe molt fu grant mervoilles d'armes , qe tuit celz qe le voioient en estoient esbaïz àusi amis come animis , car il ne senble homes , mes foudre e tenpeste. En tel mainere s'esproite Alau en la bataie con vo» avés oï. i (28. ) CHAPITRE CCXXVI. Comaul licrBBi s'esprole vailantment. E dou roi Berça voz dirai cornant il sesproite ausint. Or sachiés tuit voircmant qe il l'a fait nioutLicn c s'esproite meut vailanzmant , car certes il l'a fait si bien qe il fait bien à loer por tôt le monde ; mes ce est noiant qe sa proesse peust valoir rien en celz jor , por ce qe scz jens csloienl tout mort, e tanti ennavrés et abatuz à la tere qe il ne poient plus sofrir. Et por ce quant la bataille fo dure jusque al vcspre , adonc le roi Barca c scz jens ne postrent plus sofrir, mes convient à fine force qe il vuident le camp. E que voz en diroie ? Quant il ne pocnt plus sofrir, il se tornent en fuie tant cum il puent de lor chevauz traire, e quant Alau e sez jens virent qe lor enimis s'estoient tornc en fuie, il les slvent e le chacent e les vont abatando et ociando. Il en font si grant inaus qe ce fu un peté à veoir. Et quant il ont sivé la cace une pièce , il ne le cacent plus , mes s'en tornent à lor pavillonz. Il se desarment , e celz qe estoient enavrc's se firent lavere e binder. Il estoient si las e si batu qe il ne i avoit nul qe ne ausse meior mester repouscr qe de conbatre. Celle nuit si se repousent las e travaiics ; et quant la demain fo venu , Alau con- mande que tuit les cors mors fuissent ars, ausi le inimis con li amis, et el fo fait tantost son conmandcmant. Et après qe tut ce fu fait, le roi Alau s'en torne eu son païs con toutes sez jens qe escanpe's estoient de la bataille : car bien sachies qe por tout ce qe il ven- quirent, si en furent mant mort de lor gens, mes san faille de son ennimis en morurent assez plus : car il fu si grant en nonbre celz qe morurent à celés bataille qe à poi ne la poroit-Fen croire qui l'oïst dir. En tel mainere con vos avc's oï ala l'afere de ceste bataille, e la -vànqui le roi Alau, Or voz lairop d'Alan e de ceste matière , et vos contcron d'une bataille qe fu entres les Tartars dou Ponent ensi con voz la porcs entendre apertemant. 36 ( 28- ) CHAPITRE CCXXYII. Cornant Tolamagu fu sire des Tarlar dou ponent. Il fu Yoir qe en Ponent les sire des Tartars qe avoit à non Mongutemur , e la seingnorie venoit à Tolobuga que jeune bazaler estoit , e Totamangu que molt estoit poissant homes occistToloboga con l'aide d'un autre roi des Tartars qe avoit à non Nogai. En tel mainere con voz avcs oï ot la seingnorie Totamangu por l'aide de Nogai. Il reingne auques e ne grament, et adonqucs morut Totamagu , et ot la seingnorie et fu eleu à seingnor Toctai qe molt estoit sajes et proudonmes , e cestui reingnoit et avoit la seingnorie de Totamangu. Or avint qe endementier deus filz de Tolobuga qe occis avoit esté , furent creu et estoient homes qe bien pooient porter armes. Il estoient sajes e provens : cesti deus frères , ce furent les filz de Tota- mangu , s'aparoillent à mot belle conpagnie , c se mistrent à la voie et aient à la cort de Toctai. Et quant il furent là venu , il s'en aient bien e sajemant , e toutes foies estoient andeus les frères à jenoilz , e Total lor dist qe il soient les très bien venuz , e les fait dreizer eii estant. E quant les deus damesiaus furent en estant, adonc le ainznés paroule e dit en tel maineres. Biaus sire Toctai , le por coi noz sonmes venus devant voz le voz dirai au miaus qe je saurai. Il est voir , si con voz savcs , qe noz fumes filz de Totamangu , qe ociste Tolobuga e Nogai ; sor Tolobuga ne peu dir noiant por ce qe il est mors ; mes de Nogai faisonz noz reclamer , e voz prion qe voz nos faichois raison de lui , si come droiturer seingnor qe voz est de ce que il ocist nostre père , et de ce voz prion qe voz le fachois venir devant voz , c qe voz nos faison raison de lui de la mort nostre père. Or ce est lo por coi noz sonmes venus à vostre cort e qe noz depreon qe voz nos faciafls. Atant se taist le damesiaus que ne dit plus. I ( 283 ) CHAPITRE CCXXVITI. Cornant Total mande por Nogai por la mort de Totamigu. Quant Toctai ot entandi ce qe l'enfans avoit dit , il savoit bien qc ce cstoit vei-itc, il li responde et dit : Biaus ami , feit-il , de ce qe tu me demandi qe jeo te face raison de Nogai , je la firai mult voluntier , et le firon vinire à nostre cort devant moi et eh firon tout ce qe à raison csgardera. Adonc Toctai envoie deus mcsajes à Nogai e li mande qc il veigne à sa cort por fer raison à les filz de Totamagu de la mort lor père. Et quant les mesajes ont contés cestes novelles à Nogai , il en fait gas e dit as mesajcs qe il ne ira mie. E les mesajes, quant il ont eu la response de Nogai, il se partirent e se mistrent à la voie et cavauchent tant qe il furent venus à la cort lor scingnor e li content cornant Nogai li mande qe il ne vendra en nulle mainere. Quant Toctai ot entendu ce qe Nogai li mande , il li tient à grant despit e dit si aut qe tuit celz qe entor lui estoient l'oï : Se m'ait Dex * , feit-el , ou Nogai vendra davant moi por fer raison alz filz de Tota- magu , ou je rirai soure con tute ma gens por lui destniere. Adonc ne targe mie , mes tout mantinant les envoie deus autres messajes, e telz paroules con voz oirés. CHAPITRE CCXXIX. Cornant Totai envoie scz mesajes à Nogai. Les deus mesajes à cui Toctai avoit encargés la bezogne se mistrent à la voie e chevauchent tant qe il furent venus à la cort de Nogai. Il aient devant lui e li saluent bien e cortoismant , e Nogai lor dist qe il soient li ben venu. Après pauroullc le un des mesajes e dit en tel mainere : Biaus sire , feit-il, Toctai voz man-^ de qe se voz ne vcncs à sa cort por fer raison rk lez filz de Tota- ( 284 ) viendra magu , qe il vira * sor voz con toutes ses jcns e qu'il voz fira tôt le domajes qc il pora et en avoir et en persone , e por ce esgardcs ce qe voz de ceste couse vuodrés faire et li mandes por nez. Quant Nogai ot entendu ce qe Totai li mande , il li tient à grant despit et respond as mesajes en tel mainere : Segnors mesajes , fet-il , or retornés à vostre seingnor e li dites por ma part qe je ai petite doutée de sa guère , et encore li dites qe se il vendra sor moi , qe je ne atendra tant qe il entre en ma tere , car je li vendrai à l'incontre à dimi voie. Or ce est que je mant e qc je respond à vostre sire. Atant se taist qu'il non dit plus. E quant les mesajes ont entendu ce qe Nogai lor avoit dit , il ne i demorent plus , mes tout mantinant se mistrent à la voie e chevauchent tant qe il furent venus à lor seingnor, et li content tout ce qe Nogai li mande , et qe il dit qe ne li chaut de sa gère e que l'en mandra à rencontre plus avant qe demi voie. E quant Toctai ot tout en- tendu e voie qe à la gère ne poet fallire , il ne fait demorance , mes tout mantinant mande sez mesajes por maintes pars à tuit cela qe estoient sotpost à lui , e li fait sesmondre qe il soient tuit aparoilés por aler sor le roi Nogai. E que voz en diroie? Il fait le greignor aparoilament dou monde. E de l'autre part quant Nogai so-it certainement qe Toctai li velt venir soure à si grant jenz , il fait ausint mult grant apareillemant , mes no mie si grant corne Toctai , por ce qe il ne avoit tant jens ne tant pooir ; mes toutes foies il le fist bien grant e poissant. CHAPITRE CCXXX. Cornant Totai ala encontre Nogai. E quant le roi Toctai fu bien aparoillés , il se parti e se mist à la voie con toutes sez jenz ; e sachie's tout voirement qe il moi- ne bien deus cens mille homes à chevaus. Il chevauchent tant por lor j ornée senz aventure trouver qe à mentovoir face , en- ( 285) core qe il furent vinus jusque au plain de Nerghi que moût estoil grant e biaus, et illuec mist son camp por atendre Nogai , car il savoit qe il venoit tant con il plus poit à la bataille. E si sa- chiés bien de vérité qe les deus fdz de Totamagu estoient con mult belle conpagnie des bornes à cbevaz qui estoient venus por vengier la mort lor per. Mes atant laieron de Toctai e de sez jens , e torneron à Nogai et à sez homes. Or sachie's tuit voire- mant qe quant Nogai ot seu qe Toctai estoit mou * , e qe il venoit * '" marche soure , il ne fait demorance , mes à toutes sez jens se mist à la voie , e sachiés qe il avoit bien cent cinquante mille homes à che- vaus trop bones jens e vailanz , asez meior homes d'armes qe n'estoient celz de Toctai. E qe voz en diroic? Il ne demore mie deus jors puis qe Toctai fu venu en celz plain qe il hi fu venu con tôt sez jenz e mist son camp bien et ordréement près à dix miles à les enimis. E quant le camp fu tandu , adonc puet l'en veoir miant biaus pavillonz de dras à or e maintes belles tref ; il sen- ble bien camp de riches rois , e celz de Toctai n'cstoit mie moin biaus ne men riches , mes plus : car il hi avoit si riches paveilonz e si riches tref, qe ce estoit une mervoille à veoir. E quant andui cesti rois furent venus en cestc plain de Nerghi , il sojornent por estre fros et réponses le jor de la bataille. CHAPITRE CCXXXI. Cornant Tolai paraule à sez jens. E le roi Toctai asenble sez jens et fait grant parlemant et pa- roule cntr'elz en tel mainere. Seignors , feit-il , nos sonmes venus jusqe ci por conbatre con le roi Nogai e con sez homes , et de ce faire avon noz grant raisonz , car voz save's qe tout ceste haine e ceste rancune est avenue por ce qe Nogai ne vost venir por fair raisonz as fdz de Totamagu , e certes puis qe el se part da raison , el convient qe nos sion vainquior de cest bataille , e qe il ne soit ( 286 ) moii e destruit; c por ce chascun de voz se doit conforter et avoir boine espérance de vincre les enimis ; mes toutes foies voz pri quant jco sai et puis , qe chascune soit vailanz homes e qu'il s'esforce outre pooir si que nos metron les inimis à destrusion et à mort. E atant se taiste , qe il ne dit plus. E de le autre parte le roi Nogai fait son parlemant et paroUe cnsi con voz orrcs. Bians frères et amis , feit-il , vos savés qe maintes grant batailes c mant grant estors avon ja venqus, et co maintes meilorz jenz avon ja eu afer, de coi nos sûmes venus à buen chief, et donc puis qe ensi est la vérité , si con voz mcissme savcs , bien voz do- vés conforter de vincre ceste bataille ; et encore qe avon grant raison e il ont tort : car voz savés bien qu'il n'estoit mon sein- gnors que mandoit que jeo fust devant lui en sa cor por fair ra- son as autres. Or ne voz voil plus dir , for qe je pri chascun qu'il pensi de bien faire , e que noz esproition si en ceste bataille qe noz en faizon parler à tout le monde , e que noz e nostre oir en somcs redotes à toz jorz mes. Atant se tast le roi Nogai qe ne dit plus. Et après que cesti dui rois ont fait lor parlemant, il ne de- raorent mie , mes le demain s'aparoillent et atirent molt bien. Le roi Toctai fist vingt batailles , et en cascune mist buen condui- seor c bon chavitan ; c le roi Nogai fist quinze batailes, por ce qe chascun metoit dix mille homes à chevalz : il hi mist bon ca- vitan e bon conduor. E qe vozencHroie? Quant les deus rois ont bien atirés et aparoillcs sez jenz , il se mistrcnt andeus à la voie e chevauchent le un ver l'autre tant qe il furent venus près à une balestrée , et illucc s'arestent andeus pars et i demorent ; auques puis ne demorent mie grantment qe le nacar comencent à soner ; et quant le nacar furent soné , adonc laisent corer les unz ver I autre conlessajettcs encocquesil laisent aler. Or poct-l'en veoir voler sajctes c d'une part e d'autre ; elle esloient si grant motitu- de ce qe estoit mervoic à veoir cavalz e chevaliers cbeoir à la tere mors et inavrés à mors. Il hi estoit moul grant crie et larme mou te, et quant il ont toutes les sajetos traites , qe ne avoient plus qe 1 ( 287 ) traire , il mistrent main à les spée e à le macques e se eurent sus e se donent grandissmcs coux. Il reconienzenl la meslc'e mont cruele e pesme ; il se cupcnt main et bras cl bus e testes. Or piiet- l'en veoir cheoir à la tere chevaliers mors e navers. La crie e la nose e le fercis de l'espée hi cstoit si grant qc l'en ne oïst le Deu tonant. Il hi nia tant de mort qc à pièce mes ne morurent tant en nule bataille ; mes san faille des homes de Toctai emorurent asez plus que ne fasoit de celz de Nogai : car celz de Nogai es- toient d'asez meior homes d'armes qe celz de Toctai ne estoient. E si voz di tôt voiremcnt qe les dcus filz de Totamagu la font molt bien en celz bataie e font gran proesse d'armes , car il s'esforcent de tout lor pooir de vengicr la mort lor père , mes ce estoit noiant , qc trop seroit estes grant coussc de mètre à mort le roi Nogai. E que voz en diroi? La bataille estoit si cruel e pesme qe de maie ore fu conmenzés, car grandismes quantités estoient le maitin sain et haitiés qe en celz batailles furent occis , e maintes dames estoient maires qe en relz bataille furent veves , e ce ne fu pas mervoie por ce qe trop estoit mauves bataille. E le roi Toc- tai s'esforce de tut son poir por mantinoir ses jenz et so honor , e molt hi fait grant proese d'armes ; et certes il l'a fait si bien qe bien fait à loer por tôt le monde. Il s'abandone entre les enimis en tel mainere con se il ne li hausist rien de sa mort. Il fert à destre e à senestre ; il vait déportant les jens et les pris. Il l'a fait de tel mainere qe à niant fu grant doumaje celui jor , et amis et animis ; à les ennimis fu domajes , por ce qe il en ocist plusors de sa main ; et à les amis fu encore domajes , por ce qe quant il voient le si bien faire , lor donoit cuer et ardimant de corer sus les enimis e se metoient à faire chouse dont il estoient mort et occis. ( 288 ) CHAPITRE CCXXXII. Cornant le roi Nogai s'eproitez vallantnient. E dou roi Nogai voz di tout autre telz , car sachiés tôt voire- ment qe il l'a fist si bien par son cors qe il ne i vcoit nulz ne de le une partie ne de l'autre qe si bien l'i fist ; et san faille il en oit le pas e le los de toute cclz batailes. Il se metoit entre lesenimis ausi ardiemant con fait le lionz entre les bestes sauvajcs. Il li vait abatant et occiant , il en fait trop grand domajes. Il se metoit en les greignor prcse qu'il vcoit ; il les vait départant or ça , or là ausi con cil fuisent bestes menues. E sez homes qe veoent lor se- gnor qe la fasoit en tel mainere , il s'esforcent de tout lor pooir , c coroient sur lor enimis mont aspremant , et en fasoient trop grant maus. E por coi voz broie lonc cent ? Sachiés tuit voire- mant qe les jens de Toctai s'avoient tant esforcés con il plus puent por mantinir lor honor , mes ce estoit noiant , car trop avoient afaire à bone jenz et fors. Il avoient tuit tant sofert qe il voient apertemant qe se il hi dcmorent plus , qu'il sunt luit mors , e por ce quant il virent qu'il ne pooient plus soufrir , il se mis- trent à la fuie tant con il plus puent : e le roi Nogai et ses ho- mes si vont chachant et occiant et en funt trop grant maus. En telz mainere con voz avés oï vinqui la bataille Nogai , e si voz di qe il en murent bien soixante mille homes, mes le roi Toctai es- chanpe , e les deus fds Totamagu schanpent ausint. Pec) GRATiAS. Amen. VVVvVVVV\VVV^VVWVVVVvVVVVVVVV^VVVV^V^^l\^^lVVVVV^VV^\\VVV^l^.^XVV\VV^VVVV\'VV\\VVV A\VVVVVVVVVlVV.VVVVV\V\i\\\A\VVVV^^^ TABLE DES CHAPITRES. P'S'! Ch. I. VjI comancenl le lobrique de cest livre qui est appelé le divi- siment dou monde i Ch. II. Cornant messire Nicolao et niessire IMafeo se parlircnt de (ios- tantinople por chercher dou munde 2 Ch. III. Cornant mesire Nicolaue messire Mafcu se partirent da Soldadie. Ibid. Ch. IV. Cornant les deux frers passent un désert et vindrent à la cilé de Bucara ; 3 Ch. V. Cornant les deus frers trevenl les mesagcs au grand Kaan 4 Ch. VI. Comant les deus frers vindrent au grant Kaan Uid. Ch. VII. Comant le grani Kaan demande as deus frers des affer des Cris- tienz S Ch. vm. Comant le gracl Kaan envoie les deus frers por sez messajes à l'Aposloile de Rome /A(V/. Ch. IX. Comant le grant Kaan donc as deus frers la table d'or des co- mandemens 6 Ch. X. Comant les deus frers vindrent à la cité de Acri y Gh. XI. Comant les deus frers se partirent de Venese por retorner au grant Kaan , et moinent avec elz March le fil messire Ni- colau ■ 8 Ch. XII. Comant les deus frers aient à l'Aposloile de Rome ]i;,i Ch. XIII. Comant les deus frers et March vindrent à la cité de Clemein- fu , là ù le grant Kaan estoit q Ch. XIV. Comant les deus frers et March aient i^ Ch. XV. Comant les deus frers et March (qui) se partirent d'Acri (trovent) le grant Kaan en palais /i/,/ Ch. XVI. Comant le grant Kaan envoie March pour sez messajes j , Ch. XVII. Comant March torne de sa mesajerie et renonse sa enbasce au grant Kaan , , Ch. xviii. Cornant messere Micolau et messere Mafeu et messere March demandent congié au Kaan /^,V/ 37 ( 290 ) Ch. XIX. Ci devise coinant mesere Nicolau et incsere Mafeu et messiie March se partirent dau grant Kaan i4 Ch. XX Ci devise de la petite Arménie iG Ch. XXI. Ci devise de la provence de Torcomanie 17 Ch. XXII. Ci devise de la grant Arménie Ibid. Ch. xxili. Ci devise dou roi des Giorgiens et de lor affcr iR Ch. XXIV. Ci devise dou roiamue de Mosul 20 Ch. XXV. Ci devise cornant la grant cité deBaudach fu prise Jhid. Ch. XXVI. Ci devise de la nohle cité de Toris 22 Ch. XXVII. De la grant inlruaille que avint en Baudach de la montangne. • 23 Ch. xxvili. Cornant les Cristiens ont grant paor de ce que le calif lor avoit dit 24 Ch. XMX. Cornant la vision vint à l'evesque que la proicle d'un ciabaocer fuoit 2 5 Ch. XXX. Cornant la pruiere dou Cristicn fist movolr la montangne. ... 26 Ch. XXXI. Ci comance de la grant provence de Perse 27 Ch. xxxil. Cl devise de trois magis que vindrent à aorcr Dieu 28 Ch. XXXIII. Ci devise de huit roiaumes de Perse 29 Ch. XXXIV. Ci devise de la cilé de Yasdi 3o Ch. XXXV. Ci devise dou roiaumes de Crermain 3i Ch. x::xvi. Ci devise de la cité de Comadi 82 Ch. XXXMI. Ci devise de la grant déclinée 34 Ch. XXXVIII. Cornant l'en ala par saovaje contrée 36 Ch. xxxix. Ci devise de la grant cité et nobel de Cabanat. 87 Ch. XL. Cornant s'en ala por un désert ' Ibid. Ch. xu. Ci devise dou viel de la montagne et de sez asciscinz 38 Ch. XLii. Cornant le viel de la montagne fait parfait et obeient ses as- ciscins ^ Ch. xLiii. Cornant les asciscin se afaitent à mas fer 4o Ch. XLiv. Ci devise de la cité de Sapurgan 4i Ch. XLV. Ci devise de la noble et grant cilé de Balac 4^ Ch. XLVi. Ci devise de la montaingnc dou sal 43 Ch. XLVii. Ci devise de la grant provence de Balascian 44 Ch. XLVIII. Ci devise de la grant provence de Bascian 46 Ch. xux. Ci devise de la provence de Kesimur H'iJ. Ch. L. Ci devise dou grandismc fluni deBadascian 47 Ch. Ll. Cl devise dou roiaunie de Cascar 48 ( 291 ) P.,K„. Ch. LU. Ci devise de la grant cilé de Sanmarcan ^Q Ch. LUI. Ci devise de la piovence de Charcan.. 5o Ch. Liv. Ci devise de la grant provence de Colan fbid. Ch. LV. Ci devise de la provence de Pein 5i Ch. LVI. Ci comance de la provence de Ciarcian Ibii/. Ch. LVII. Ci devise de la cité de Lop 52 Ch. LViii. Ci devise de la provence de Tangut 54 Ch. Lix. Ci devise de la provence de Camul 56 Ch. LX. Ci devise de la provence de («inchintalas 5? Ch. LXi. Ci devise de la provence de Suclang 58 Ch. LXII. Ci dit de la cilé de Canpicion Sg Ch. Lxiu. Ci devise de la cité de Ezina 60 Ch. Lxiv. Ci devise de la cité de Caracoron 61 Ch. LXV. Cornant Cinchin fu le primer Kaan des Tartars Jbid. Ch. Lxvi. Coman Cinchin Kaan aparolle sez jens por aicr sor le prestcr Johan 63 Ch. LXYU. Contant le prester Johan con sez jens ala à l'cncontre de Cin- chin Kaan 64 Ch. Lxviii. Ci devise de la grant bataille ke fu entre le presicr Johan et Cinchin Kaan 65 Ch. LXix. Ci devise des Can que régnent après la mort de Cinchin Kaan. Ibi'd. Ch. LXX. Ci devise dou dieu des Tartars et de lor loy 67 Ch. Lxxi. Ci devise dou plain de Bangu et des déverses costumes des jens. . 7 1 Ch. LXXII. Ci devise dou grant roiaumes d'Erginul 72 Ch. LXXIII. Ci devise dou roiaumes de la provence de Egregaia 74 Ch. LXXIV. Ci devise de la grant provence de Senduc Ibid. Ch. Lxxv. Ci devise de la cité de Ciandu , et d'im merveiileus palais dou grant Kaan 76 Ch. LXXVI. Ci devise de tous les fais dou grant Kaan qe orendroit ren- gne , que Cublai Kaan est apelés, et devise cornant il tient cort et cornant il mantent ses jens en grant justice, et encore dit de son conqist 81 Ch. Lxxvii, Ci devise de la grant bataille ke fu entre le grant Kaan et le roi Nayan son uncle Iliid. Ch. Lxxvill. Comant le grant Kaan ala encontre Nayan 82 Ch Lxxix Ci comance de la bataille dou grant Kaan et de Nayan son uncle 83 ( 292 ) Cti. L\xx. Comanl le granl Kaan fist oncire Naan 85 Ch. Lxxxi. Cornant le grant Kaan se lorne à la cité de Canbalu 86 Ch. Lxxxil. Ci devise le fassion dou grant Kaan 88 Ch. LXXXIII. Ci devise des filz dou grant Kaan 89 Ch. Lxxxiv Ci devise dou palais dou grant Kaan ILid. Ch. Lxxxv. Ci devise dou palais dou filz dou Kaan qe doit reigner après lui 92 Ch. LXXXM. Cornant le grant Kaan se fait garder à douze mille homes à chevalz g3 Ch. Lxxxvii. Ci devise de la grant feste ke fait le grant Kaan de sa nativité. gS Ch. LXXXViii. Encore de la feste de que le Kaan fait de sa nativité mcisme. 96 Ch. Lxxxix. Ci devise de la grandisme feste ke fait le grant Kaan de lor chief de lan ILid. Ch. xc. Ci devise des douze mille baronz que vient à les fcstes 98 Ch. xcr. Cornant le grant Kaan a ordrée que sez jens li apportent de la venoison 99 Ch. XCH. Ci devise des lionz e des léopars e de leus ccrver que sunt afailés a prender Lestes. Et encore dit de gerfaus e de fau- conz et d'autres oisiaus 100 Ch. xcui. Ci dit des deux frcrs qe suni sor les chienz de la caze loi Ch. xciv. Ci devise cornant le grant Kaan vait en caze por praudre bestes et oisiaus 102 Ch. XCV. Cornant le grant Kaan tent grant cort cl fait grant fcsics 106 Ch. xcvi. Cornant le grant Kaan fait despendre carte por monoie 107 Ch. xcvil. Ci divise de dozc baronz que sunt sor los les fais dou grant Kaan , 1 10 Ch. xcvill. Cornant de la cité de Canbalu se parlent plosors voies que vont por niant provinces 1 1 1 Ch. xcix. Cornant le grant Kaan fait aidcre scz gens quant il ont sofraile des blés et des bestes 1 14 Ch. c. Cornant le grant Kaan fait planter arbres por les voies Ibid. Ch. CI. Ci devise dou vin que les jcns dou Kaan boiv(Mit 1 15 Ch. eu. Ci divise d'une mainercs des pieres que s'ardenl corne bucos. . . Ibid. Ch. cm. Cornant le grant Kaan fait amasser et repondre grant quantité des blés por secorrer sez jens. 1 iG Ch. civ. Cornant le grant Kaan fait grant charité à scz gens povrcs. . . . ibid. Ch. cv. Ci comcnce de la granl provence dou Catay, et conteron dou flun de Pulisanghin 117 ( =^9^ ) P»ECi. Ch. cvi. Ci devise de la giant cilé de Çingui ;.'. ....'. ii8 Ch. CVll. Ci devise dou roiaume de Cainfu '. . .^. '.ili, , .... Ibi'd. Ch. CVIII. Ci devise d'un chastel de Cayanfu i ig Ch. CIX. Cornant le prcslcr Johan fist prandre le roi Dor 120 Ch. ex. Ci devise dou grandismc fluni de Caracoron 121 Ch. CXI. Ci dit de la grant cité de Qengimfu 122 Ch. CMI. Ci dit des couGnes que sont entre le Calay et le Mangi i23 Ch. CXlll. Ci devise de la provence de Achalac Mangi Ibid. Ch. cxiv. Ci devise de la grant provence de Sindanfu I24 Ch. cxv. Ci dit de la provence de Tebet 126 Ch. cxvi. Encore de la provence de Tebet meisme 128 Ch. cx\'u. Ci devise de la provence de Gandu .....vj . . 129 Ch. cxviii. Ci devise de la grant provence de Caraiao .'. ['^ , . . i3i Ch. cxxx. Encore devise de la provence de Caraian 182 Ch. cxx. Ci devise de la grant provence de Zardandan i35 Ch. cxxi. Coinant le granl Kaan conquislc le roiaume de Mlnln et de Bangala i38 Ch. cxxii. Ci devise de la bataille que fu entre le host dou grant Kaan et le roi de Mien 1 Bg Ch. cxxill. Ci dit encore de la bataille meisme l4o Ch. cxxiv. Comani l'en descent una grant descendue i42 Ch. cxxY. Ci devise de la cité de Mien i43 Ch. cxxvi. Ci devise de la grant provence de Bangala i44 Ch. cxxvil. Ci devise de la grant provence de Cangigu i45 Ch. cxxviii. Ci devise de la provence de Amu i46 Ch. Cxxix. Ci devise de la provence de Tolomain i^'à. Ch. cxxx. Ci dit de la provence de Caingui i47 Ch. cxxxi. Ci devise de la -cité de Cacianfu i49 Ch. cxxxii. Ci devise de la cite de Cianglu ttid. Ch. CXXXIIl. Ci devise de la cité de Ciangli i5o Ch. cxxxiv. Ci devise de la cité de Candinfu ihiil. Ch. cxxxv. Ci devise de la noble cité de Singui i52 Ch. cxxxvi. Ci devise de la grant cité de Ligui Uiid. Ch. cxxxvil. Ci dit de la cité de Pingui i53 Ch. cxxxvni. Ci dit de la cilé de Cingui i54 Ch. cxxxix.ComantlcgrantKaanconquistelagrantprovencedou Mangi. i55 Ch, CXL. Ci devise de la cité de Coygangui 1S7 ( 294 ) P»l!t5. Ch. CXLI. Ci «lit de la cité de PanguL. .,; ;';.. ; . .: ,',: ^J ,j, i38 Ch. cxui. Ci dit de la cité de Cayu.. ;v ) . .'. h iW ,'." Ibid. Gh.'CXLlll. Ci devise de la cité de Tigui \--ii-ihJi .... i5g Ch. cxLiv. Ci devise de la clti! de Yangui ;.. ;4 A'i'.'l .... i6o Ch. CXLV. Ci devise de la provence de Nanchia II. j .;■ ;. ;>i».';'i'-. . . . lùii]. Ch. CXLVI. Cl dit de la cité de Sanyanfu i .■>}i l'k > . . . i6i Gh. CXLVii. Ci devise de la cité de Singul '.•.■Jly. l . . ■ i63 Ch. CXLVIIL Ci devise de la cité de Caygui .'.k. i .'■.■: '' i&^ Ch. CXLIX. Cl devise de la cité de Cianghianfu ii.-tii .•ji. ....... . i65 Ch. CL. Cl devise de la cité de Tanchlu ( Clngiggui )..;.;.;:......... . [bid. Ch. eu. Ci devise de la cité de Fuygui ( Singul ) •«»;..! t ' i66 Ch. CLil. Ci devise de la noble cité de Quinsai i68 Ch. CLill. Ci devise de la granl rente que le grant KaaD a de Quinsai... lyS Ch. CLlv. Ci devise de la grant cité de Tanpingul , -4. Ch. CLV. Ci devise don roiaume de Fugui ,76 Ch. CLNl. Ci devise de la cité de Fugui 1 7H Ch. CL vu. Ci devise de la cité de Carcan ( Zantan ) «Je-ii, lyg Ch. CLvni. Cl comance le livre de Indie, et devisera tontes les mervoil- les que 1 sunl et les maineres des jors iHi Ch. CLix. Cl devise de l'isle de Clpingu 182 Ch. CLX. Cornant les gens dou granl Kaan eschampole de la fempeste de la mer, et pristrent puis la cité de Lore 184 Ch. CLXi. Cl devise des maineres des Ydres.. . . ;-i»i >,.'.-Jî. 186 Ch. CLXil. Cl devise de la contrée de Clanba.. . .,i j.'.iJi .:.... 188 Ch CLXIII. Ci devise de la grant Isle de Java ...•'.. v. ;■.' 189 Ch. CLXlv. Ci devise de l'isle de Sardan et de celle de Candur igo Ch. CLXV. Cl devise de l'isle de Pcntam i> igi Ch. CLXYI. Ci devise de l'isle de Java la nienor .".;]>.:. : . . . . Ibid. Ch. CLXVil. Ci devise dou roiaume de Saniaira icj3 Ch. CLXViii. Ci devise dou roiaume de Dagrayan ig4. Ch. CLXix. Ci devise dou roiaume de Lanbri ig5 Ch. CLXX. Cl devise dou roiaume de Fansur Ibid. Ch. CLXXI. Ci devise de l'isle de Necaran ig6 Ch. CLXXII. Çl devise de l'isle de Agaman igy Ch. CLXXlll. Ci devise de l'isle de Seilan Ibid. Ch. CLXXlv. Cl devise de la grant provence de Maabar 198 Ch. CLXXV. Ci devise du roiaume de Mosul 206 ( 29:5 ) Pages. Ch. r.LXXVi. Ci devise là ù esl le cois de meser Saint Thomêu l'aposlre. 208 Ch. CLXXVli.. Ci devise de la provence de Lar dont les Abraiamam sunt nasqui 211 Çh, CLXXvm. Encore devise de l'isle de Seilan nv'.i .'iJ^\ ■ »i5 Ch. CLXXIX. Ci devise de la noble cilé de Cail. . . j ..>(,. .,(illlf),')..•.'^, 21^ Ch. CLXXX. Ci devise dou roiauine de Cailan. . . ) i>-, 4 > ■v-'wiU.\^ .l.v.i aio Ch CLXXXl. Ci devise de la cité de Coniari. , iL*. .ii.',V.;/ aia Ch. CLXXXil. Ci devise dou roiaume de Eli , , ,. ;. ..^ , J .'iv •.■ Ibid. Ch. CLXXXiii. Ci devise dou roiaume de Melibar. . . ;. >),.jiii ijli »! -, . . 223 Ch. CLXXXiv. Ci dit dou roiaume de Guzurat. ..idy.iki» Ki» s-iwiil» i.î. . . 225 Ch. CLXXX\'. Ci devise dou roiaume de Tana. .^-nlf, <;r ^li-^tiv^J •■ .... 226 Ch CLXXXVi. Ci devise dou roiaume de CanbaO|^..„i'> .,;,,, <..>|i>; 227 Ch. CLXXXVii. Ci devise dou roiaume de Scmcnat.. .|..jil.jnmir>i->».u/./. 228 Ch. CLXXXVIU. Ci devise dou rengne de Kesmaçoran,,;t/j j^g.jt^i ,ius/ . Ibid. Ch. CLXXXix. Ci devise de Tisle Masles et remeff,,;-,»,.»-.! sli. liii.i^^ijx/. 22g Ch. CXC. Ci devise de l'isle de Scorla v . 1. ,J)',i>)a:Ki .^M. ■ z3o Ch. cxci. Ci devise de l'isle de Mogelasio ( Madeiga^çaj;);«.>(M>y..i.7Z/.' 282 Ch. cxcii. Ci devise de l'isle de Gangchibar. . .,,,ij ,;|„X .;,(,, mel^i .ivr/xn^aS/J. Ch. CXCIII. Ci comance de Abasie qui est la Médians.'!, itur.aoi):'.' • . • 237 Ch. cxciv. Ci comance de la provence de Aden. . ^ au'.r.isùiiio*)-.- • • a^t-i Cl», cxcv. Ci devise de la cité de Pufar..j,.,.n, jig ;£j3oT->a«ui(>3 .«»/• 2^4 Ch. cxcvi. Ci devise de la cité de Calata, ....uriBqMeJsu-T-iisrAfmi). li^X/.. l/"'d. Ch. cxcvii. Ci devise de la cité de Curmos. . ,/. ^..,, .,|. i,,ç.,,„0. tixr,.-. 246 Ch. CXCVIII. Ci devise de la grant Turquie Ili'd. Ch. cxcix. Ce que le grant Kaan dit dou domajes que Caydu li fait. . . 252 Ch. ce. Ci devise de la file au roi Caydu, conment elle est fort et voilant. ]bid. Ch. CCI. Cornant Abaga envoie Argon son fiz en ost 254 Ch. CCII. Cornant Argon vait prendre la seingneurie 256 Ch. CClli. Cornant Acomat vait con sa ost por conbater ad Argon. . . 257 Ch. cciv. Cornant Argon se consoille à sez baron por aler conbater con Acomat 258 Ch. ccv. Cornant les baronz respondirent ad Argon 25g Ch. ccvi. Cornant Argon envoie sez mesajes à Acomat 260 Ch. ccvil. Comant Acomat respondi as mesajes d'Argon 261 Ch. ccvill. Ci devise de la grant bataille que fu entre Argon et Acomat. 262 Ch. CCIX. Comant Argon fu pris et délivrés 268 Ch. ccx. Comant Argon ot la seingnorie 264 (296) Ch. ccxi. Cornant Argon fist occire Acomat son uncle 265 Ch. ccsil. Cornant les baronz font omajcs ad Argon 266 Ch. ccxui. Cornant Catu prist la scignorie depuis la mort d'Argon. . . 267 Ch. ccxiv. Cornant Quicalu prist la scingnorie depuis la mort d'Argon. Ihld. Ch. ccxv. Cornant Baidu prist la scnorie depuis la mort de Quicalu. . . 268 Ch. ccxvt. Ci devise du roi Canci qui est à Tramontaine 26g Ch. ccxvil. Ci devise de la provence de Oscurlé 271 Ch. ccxYiu. Ci devise de la grant provence de Rosie et de les jenz. . . 272 Ch. ccxix. Ci devise de la bouche dou mer greingnor 274. Ch. CCXX. Ci devise des scingnorz des Tarlars dou ponent Ibid. Ch. ccxxi. Ci devise de la gherre che sordi entre Alau et Berça , et les batailes que furent entroies 276 Ch. ccxxu. Comant Berça et sa ost ala encontre Alau 276 Ch. ccxxiii. Comant Alau parole à sez jens. . . , 277 Ch. ccxxiv. Ci dit de la grant bataille que fu entre Alau et Berça. ... 278 Ch. ccxx\'. Encore de la bataille d'Alau et de Berça 27g Ch. ccxxvi. Comant Berça s'esporste vailanlment 281 Ch. ccxxvii. Comant Tota Mangu fu sire des Tartarz dou Ponent. . . . 282 Ch. ccxxviii. Comant Toctai mande porNogaipor la mort de Totamingu. 288 Ch. ccxxix. Comant Toctai envoie sez mesajes à ÎSogai Ibid. Ch. ccxxx. Comant Toctai ala encontre Nogai 284 Ch. ccxxxi. Comant Toctai paraule à ses jens 285 Ch. ccxxxil. Cornant le roi Nogai se sproilez vailantment 288 là PERECtRINATIO MARCI PAULI 38 ï ( A A\\\v\^VA^\v^'V\vvv\^^vlV^A^^\^^*^^v\^*v^^-v^^^\^^vvvvvvvv*v*\v«A^^'^^^v^^^\*v^^^Vi'\*\l^^'Vvv^vw^ PEREGRINATIO MAPvCI PAULI, Ex Manuscripto Bibliothecœ Regise , n° 3igb I". j[ ACiPiT Prologus Lihri Descnpilonis Proçincianim Erincnicè , Persidis , Turchiœ et utrlusque Indîœ et insularum quœ siint in Indîa , edlti à Dno Marco Paiilo , nobili cîoe P^enetiarurn , ciir- rentîbus annis Uni Ghu Xpi 1295. Dominl Imperatores , Reges , Duces , Marchiones , Comités et Milites , omnesque gentes volentes scire diversitates generatio- num gentium orbis , diversitates quoque regnoi'um et provincia- rum ac regionum omnium partium Orientis, hujus Libelli sericm perlegatis; in eo repcrietis maxima et mirabilia gentium, praeci- puè Ermeniœ, Persidis, Indiae et Tartariae. Hoc quidem narrai in praesenti opusculo ordinatè Dous Marcus Paulus, Venetiarum civis prudens et doctus , quae vidit ut visa et quae audivit ut audita ordinatè declarans. Iste enim Libellus erit veriloquens. Sciendum est igitur quod a creatione Adam usque ad praesen- tem diem nuUus paganus vel sarracenus aut cbristianus seu quivis alius, cujusquc progeniei vel generationis fuerit , tôt et tanta vidit nec perscrutatus est quot et quanta Uominus Marcus ( 3oo ) Paulus superins mcmoratus. Quisve mentis cogitans in arcano volcns ut visa et audita per eum his qui non possunt propriis luminibus intueri per presens Opusculum conclarcscant , ilum anno Domini 1295 in carceribus Januensium foret inclusus , per S. Rustichelum , civem Pisanum , qui secum in eodcm carcere apud Januam morabatur , quae continentur in praesenli Opusculo scribi fecit, hoc opus dividens in très partes. CAPUT I. Qualiter Dom Nicolaus et Mateus Pauli, Fratres, cives Veneliarum, transive- runl ad parles Orientales. Anno Domini millesimo ducentesimo quinquagesimo , Bal- doino in Constantinopoiltano imperio imperante , Dni Nico- laus Paulus, pater dicti Dni Marci Pauli , et Mafeus, frater dicti Dni jSicolai, dum essent in portu Vcnetiarum , quadani eorum navi diversis et caris mercationibus onerata unanimes intraverunt, et velis elevatis alto se pclago committentcs cum dicto eorum na'\'igio et mercantia Constantinopolitanam civi- talcm applicuerunt incolumes ; ubi cum lucro eorum merca- tionibus cxpeditis , causa querendi hinc transirc mare Majus insi- mul dccrcverunt ; etemptis multis et caris jocalibus, de Constan- tinopoli discesscrunt, et navim intrantes Soldandiam appulerunt. Et ibidem diebus aliquibus commorantes cogitaverunt procedere magis ultra , et ascendentes eorum equos continuatis dietis ad Barchacham pervenerunt , qui erat rcx et dominus aliquorum Tartarorum , qui tune erat apud Burgalam ; qui Barchacham de eorum adventu valdè laetatus eosdcm mulUim honorificè et gratc susccpit; cujus dicti Domini Nicolaus et Mafeus cjus magni- tudinem et curialitatem gratilem intuentes, quaecumquc Jocalia quae de Constantineapoli secum detulerant donaverunt. Quibus libenter et grale susceptis idem Barchacham ipsis duplum valen- tiae ipsorum jocalium est lar^itus. Stantibus equidem dietis ( 3oi ) fratrlbus in ista per anni circulum civitatc , intcr dictum Bar- chacham et Alauchaam Lcvantis Tartaris dominantem guerra durissima insurrexit , et vires suas unus contra alterum praepa- rantes insimul pugnaverunt ; inter quos fuit bellum asperrimuni et ex utraque parte multorum occisio ; sed tamen Alau victor fuit in fine, ob quam guerram per illas contractas lute minime poterat pertransiri ; hoc enim erat iter per quod transiverant dicti fratres.Videntes igitur dicti fratres retrocedere se non posse, ultcrius procedentcs cum eorum mercationibus versus Levantem ut per aliam viam possent reverti Venetias pcregrarunt; et rece- dentes de Barchacham , quamdam civitatem Euchala nuncupa- tam, dominio domini Poncntis submissam féliciter attigerunt, et de Euchatha recedentes transiverant fluvium vocatum Tigris et per quoddam desertum decem septem dictis contiiiuis pcre- grarunt ; in quo nullam habitationem invenerunt, nisi Tarlaros morantes in eorum tentoriis , qui de suis bestiis vitam ducunt. Cum autcm transivcrunt dictum desertum , ad quamdam civi- tatem Bochara provinciae Persidis nominatam , quae est nobilior illius contractiE civitas , pervenerunt ; in qua transire ulteriùs non valentes , tribus annis continuis sunt morati. CAPUT II. Qualiter dicti Fratres adiveruni curiam maxlini Tarlarorum Régis. Dictis autem fratribus in Bochara stantibus , contigit quod Alauchaam, dominus Levantis, suos ambaxiatorcs ad magnum Dominum omnium Tartarorum qui in lingua eorum magnus Kaan dicitur , quod in lingua latina sonat magnus rcx regum , qui vocabatur Cublim , destinavit ; dictis autem ambaxiatoribus in hac ci^itate videntibus istos fratres , mirati non modicum, quia nullum latinum unquam viderant, eosdem sunt gratantibus ser- monibus allocuti , pctentes ab ipsis si secum ad magnum Kaan ( 3o2 ) Mjlehant accoderc ; cum qiio si accédèrent, ad honores et stalum maximiiin pervenirciit , eo quod nullum latinum unqiiam viderai quainvis viderc mirum affectaret : quibus amljaxiatoribus respon- sivani gratilemexhibentes, se cum eis accessuros siipsis ambaxia- torlltus gratiim foi-el liberalitcr obtuleriiiit : ciim quibus dicti fra- tres in itinerc se miscilint , per tramontanam et per vcnlum (jui vocalur grecus une anno insimui gradientes , in tantum quod ad magnum Kaan pen'cnerunt, in itinere multa mirabilia quae infe- riùs describuntur oculate videntes. CAPIIT III. Quomodo dicti Fratres apud dictom dominum Regem gratiam invcncrunt. Ouando dicti fratres ad magnum Kaan Cublim nomine perve- nerunt, qui summe benignitate fulgebat , eosdem magnis hono- ribus et gaudio grate suscepit , tanquam cupidus vidcre iatinosdc quibus nullum aliquo temporc viderai , ab eis iiistanter exposcens qualis essct iinperator eorum et cujusmodi justitiam facicbat et vltam ; de summo etiam Pontifice et Romana ecclesia omnibus- quc faclis et modis christianorum intcrrogans ; cui prudenter in omnil)ussigilalim quœ ab cispetierat praebuere rcsponsum iingua tartarica quam sciebant. CAPUT IV. Qualilor dicli Fratres ab ipso domino Rege pro ambaxiatoribas fuerunt ad suramum Romanorum Pontificem destinât!. DcfactisautemLatinorum, perdominumCublimmagnum Kaan regem et dominum omnium Tartarorum de mundo , ac regum et provinciarum onniiuiii illarum partium ab istis duobus fralribus intcliecto , placuil multum ei ; et baronibus suis ad concilium con- ( 3o3 ) vocatis, (lixit cis quod ad Dom. Papam christianorum volcbat suosnuntios destinare ; quod bonum fore dicti barones unanimes firmaverunt. Tune vocavil ad se istos fratres , eosdem rogans blandis sermonibus ut hujus ambaziata^ lalorcs ad dominum Papam esse velint ; qui mandatis régis prudenter oblulcriml in omnibus se paratos animo conlibenti : gralo diclorum fratrum suscepto responso , magnus Kaan Htteras scribi jussit ejnsquc buUa muniri , qualiter dicti fratres et quidam ejus baro Cogotal nominc , quem eis dédit in socium pcr illa tali ambaxiala, possent accedere, eisdem post prœdictas ambaxiatas pcr ces fiendasDno Papae ipsius parte imponens seriosius in hune modum , videlicet quod salutationibus neccssariis et congruis prœiiarralis , a Dno Papa pcrquirerent quod cenlum sapicntcs omnium scplcm artium eruditos , qui scirent ostendere idolatris et génération ibus gen- tium dominio ejus submissis qualiter erat opus diabolicum Icx ipsorum , quodque lex christianorum crat ceteris omnibus legibus magis verax, destinare deberet : deinde eis imposuit piis verbis quod de oleo lampadis ardentis in Jherusalem ante sepul- chrum Dni Ybu Xpi sibi penitus apportarent. Demum per mag- num Kaan dictis ambaxiatis impositis et pcr eos diligcntius intellcctis, tabulam unam auream dédit cis signo ipsius insignitam in qua conlinebatur expresse quod istis suis nunciis quôcumquc irent pra^pararentur singula quae mandarcnt ; qua re recepta, de neccssariis pro dicto itincre pra-munitis , a Dno rege ac baronibus et tota curia ipsius obtenta bcentia, se posuerunt ad iter. Cum autem diebus aliquibus equitassent, Cogotal baro ccdcns cum eis in civilatc vocata Alau, rcmansit agrotans ; dicti vero fratres ad eorum itinera processerunt, dietis conlinuiscquitanles, donec in Armeniam ad civilatem nominalam Laiasum sospilcspervene- runt. In hoc quidem itinere, proplcr ineptas Aaas et magna flumina equitare non valenles , tribus annis conlinuis dislulerunt. Et continué quocumque ibant dalam sibi per regem auream tabu- lam ostendentes honoribus massimis sunt rccepti. ( 3o4) CAPUT V. Qualiter dicli Fratres creationem summi Pontificis Venctiis expectarunt. De Laiaso dicti fratres recedentes , anno Dni mcclxx de mense aprilis applicuerunt ad Achon , ubi sentientes domi- num Clementem IV ab hujus mundi seculo decessisse , ut plu- rimum contristati , Dom. Tedaldum de vicecomitibus de Pla- ceiitia, ibidem apostolicae Sedis legatum , qui erat homo magnae auctoritatis et virlutis , illico accesserunt , eidem causam qua accedebant ad summum Pontificem enarrantes. De quo lega- tus admirationem suscipiens, suœ mentis cogitans in arcano qnod ab hoc sancta Romana Ecclesia totaque fides christiana honorem et exaltationem maximam acquirebant , eisdem signi- ficavit qualiter Dnus Papa decesserat , rogans eos ut quo usque alius Papa vocatus foret cum quo possent eorum ambaxiatam perficerc cxpectarent. Quod audientes dicti fratres isto temporis intervalle acccdereVenetias,visuri eorum familias, decreverunt ; et sic recedentes de Achon venerunt ad Nigropontem , deinde que Venetias attigerunt , ubi dictus Dnus INicolaus conjugem suam quam , cum Veneliis primo recessit , praegnantem dimiserat repe- riit decessisse , ab ipsa quodam filio annorum XV rémanente , qui Marcus Paulus nomine vocabatur , qui fuit ille Marcus qui hune librum composuit ; qualiter enim haec omnia tam sciverit ordi- nate patebit inferius. Dicti autem fratres , expectando q\iod alius Papa fieret, Venetiis duobus annis continuis sunt morati. CAPUT VI. Qualiter dicti Fratres rediewint ad magnum Regem Tariarorum. Demum videntibus hiis fratribus quod Papa alius non fiebat , volentes reverti ad magnum Kaan , secum ducentes dictura ( 3...^ ) Maroim f»cnituin crccptis, eosdcm de laudabili fide et solerti sollicitudine multipliciter commendavit. Oleum vero quod por- taverant de sepulcro sibi postea tradidcrunt. Quod dictus magnus Kaan laetè et reverenter snscipiens , mandavit multum honorificè gubcrnari. Ueinde qua?sivit qui erat ille juvenis qui erat cum eis ; cui respondit Dnus ÎSicolaus : Domine , iste est servus vester et filius meus. Tune dixit magnus Kaan : Bene veneritipse et multum placet mihi. Et de eorum reditu fccit magnum fcstum cum ( 3o7 ) gaudio; quaindiu ciilm dicli fratrts et Dus Marcus slcterunt in curia dicti magni Kaan , fuerunt pj^.cunctis baronibus honoiali. CAPTJT VIII. Qualitcr dlctus D. IMarcus ûlius D. Nicolai crevit in graliam corain D. Regp oniniiiin Tarlarorum. Contigit autcm quod slantc isto juvcnc , scilicet Dno Marco in curia magni Kaan, didiscit linguani larlaricam.ct alias quatuor varias linguas diversas , ita quod in qualibet illarum linguarum sciebat Jegerc et scriberc multum bene; didiscit etiapi omnes mores eorum , et factus est homo morieratus et sagax nimium. Et quando magnus Kaan vidit in isto juvcnc tantam bonitalcm et tantam prudentiam, cundem ad quamdam tcrram valde distan- tem pro SUD nantie destinavit ; ad qqam ivit in sex mensibus. Istc juvenis rediit et benc sapienter rclulit suam ambaxiatam et alia nova multa de muUis quse petcbantur ab co , quia vidcrat alios ambaxiatores misses à Dno , co ,quod nesciçbant aliud dicere vel referre prœter ambaxiatam eis imposit^m , r^putabanlur minus sapientes et minus providi. Et dicebat cis magnus Kaan quod plus delcctabalur scire divcrsitales gentium et diversos mores terrarum quam scirc ambaxiatas quas ipsi portabant eidem. Quod Dus Marcus scicns didiscit bene omnia, ut sciret omnia bene referre. Rediit Dus Marcus, et scivit bene referre omnes novi- tates quas vidcrat , ita quqd placcrcl magno Kaan et omnibus baronibus ejus curiae ultra raodum, etlaudavcrunt cum omnes et dixerunt quod si viveret ficret sapiens et homo magni valoris et maximae bonitatis. Sciatis cnim quod iste dominus Marcus stetit in curia magni Kaan deccm scptcm annis , et toto isto tempore non ccssavit ire ambaxiator pro suo domino. Et dominus suus faciebat ci tanlum iionorcm quod alii barones inceperunt ci ( 3o8 ) iiividore , qiiod Dus Marcua pliira scivit de partibus illis quam CU4 pliira sciv fu^t in eis p; aliquis lioiiio (lui unquaiii fo^t in eis parlibus. CAPUT IX. OualiUT posl mulla tempora dicti Dni Nicolaus Mafcus et Marcus obtiiiueruiil graliam a Rege rcverlcndi Venelias. Poslquam dicti domini Nicolaus , Mafcus et Marcus diu stcterant ^n curia magni Kaan , ctvoluerunt ab eo licentiam redeundi ad domos et familias suas , tanlum placcbat factum oorum magno Kaan quod nullo modo voluit eis darc liccnliam rcccdcndi. Contigit autcin «jucd regina lîolgara qua? eral uxor Argon niortua est , qiue regina dimisit in sua ultima voluntate quod Argon non possct accipere uxorem nisi de suo lignagio ; et inisit ambaxiatoros magno Kaan très baroncs , unus quorum \ocabalur Oulataiii, aiius Alpusca et alius Cor, cum magna co- mitiva , rogans quod mittefe sibi deberet uxorem de lignagio Cotroco reginse Bolgarae defuncta; quia sic ordinaverat , ut dic- lum est supra. Et magnus Kaan sibi misit quamdam jiivcnculam de illo lignagio, et reccpit ambaxialam illius cum magno gaudio. Contigit autem quod illo tcmpore Dus Marcus rediit cum qua- dam ambaxiata de India , et dicendo ambaxialam pro qua iverat et novitates quas inveiicrat in via, isti ambaxialorcs qui vénérant ad magnum Kaan produccndo reginam pctierunt de gralia magno Kaan quod isli très Latini deberent illos sociarc in illo temporc cum regina (juam secum ducebant. Tune magnus Kaan fecit eis gratiam ; non lamcn volcbat , tantum diligebat eos , et dixil eis quod sociarent illos 1res baronos qui vénérant pro regina et ipsam reginam. ( 3o9 ) CAPl T X. Ouomodo Venelias rcdlcrunl «llcii Diii NIcol.ms, Mafcus et Marcus i-l niiii (]iiniiln liiiiiorc rcccsseriiiil à Rogc. Quando mafjmis Kaan vidit quod isli tics fraircs Lalini dtbo- hant rccedcip , fccil cos cvocari coram se , cl fccit cis tabulas aiircas insif^iiatas signo rcgio , cl iiiandavit quod essenl franchi cl libcri i)cr totam stiani terrain, cl ficrenl cis cxpcns;e et loti corum familiu' iii ()ninil)us parlilnis; cl fecil parari qualuor *estorini, Jacobita?, Georgiani et Persenitse, et sunt ibi aliqui qui adorant Maconie- tum scilicct populus terrae ,"qui vocanturTauricini. Circa civita- tem sunt multa et pulcra viridaria et omnes fructus. Sarraceni de Thoris sunt pessimi , falsi et illégales. CÂPUT XYIII. De quodain miraculo translationis cujusdam montis in regione illâ. Modo computabo vobis miraculum quod contigit in Baldach et in Mesul in anno Dni mcclxxv. Erat in Baldacb unus califus qui habebat christianos in magno odio , et Islud esl naUirale om- nibus sarraccnis babcre cbristianos odio. Et cogitavit iste califus maximam malitiam et unum magnum malum contra christianos , oo quod cogitavit quomodo possct christianos facere sarracenos vel occidere omnes ; cl ad istud faciendum habebat suos consilia- rios sarracenos et mullos qui consentiebant sibi in isto facto et isti tali malo : or misil califus pro christianis qui erant ultra flu- vium et incussit eis timorem , et dixit quod inveniebat in uno evan- gelio Christi quod si unus chrislianus habcret tantam fidem sicul est granum sinapis , per suas preces quas faceret ad dominum fa- ceretconjungere duos montes insimul ,et ostenditeis evangelium. Evangclium autcm erat evangelium sancti Christiani dixc- runt quod bcne erat verum. Tune dixit califus : Ergo inter omnes vos débet esse tanta fides quantum est granum sinapis ; et ergo si sic est , ego volo et sic vobis mando quod vos faciatis moveri illam montagnam , aut faciam vos omnes occidi , aul efficiamini sarraceni, quia qui non habet fidcm débet occidi; el ad facien- dum hoc dédit tantum decem dierum. Quando christiani audic- ( 3.7 ) rtiiit illiul ([uod ilixi'ial cis caliliis lialnicniiit liiiiorein niaxiiiium et iicscicbaiit «iiiod lacerciil. El luncconj^icj^ali siiiiloimies cliris- tiaiii , parvi et niagiii , niaros cl mulicrcs, cl cpiscopus et arcliicpis- copiis cl saccrilolcs quos salis habcliaiil , cl slclcnml oclo ilicl)us cl oclo noclibus in oralioiu' , iiiunl Dcus pi r mkhm pictalciii cl iiii- sericonliam cl ad aiigmciitum suu' lidci cos juvarcl quod cvadc- rcnl islam lalcm inoitcin. In illa autcm noclc appaniil angclus l)ci illi episcopo qui cral valdc sancliis cl aniicus I)ci , cl dixit ci quod ircl de nianc ad laleni cah i(it cm, cl dlxil ci iinmcn , cl quod dicerct sil)i (juod mons niLitaictur jnoplcr suam oralioncm et proptcr suam iidcm. llic aulem cakifcx cral unus humo sini|)lex, sanclus , cl ila honae \il;e quod una die una muiicr vcnil ad cum ad apolhccam suam , valtlc puh ra , in qua pcccavil cum oculis rcs- picicndo cam non j)or dcltilum ininlum ; et calcilex mcmorans vcrbi quod dixerat Doininiis in cvangelio bcali Si ocuius luus scandalizat le crue cum et projicc a le, stalim ipse cum subula percussit se ipsuni in ocuio , ila ipiod iillcrius de illo oculo non vidit, ila quod ipse cral sanclus cl i>onus. Quando episropus ha- buil islam talem visioncm l'ecil congregari omncs cbrislianos, cl dixit cis episcopus visioncm quam angclus I)ei monstiavcral sibi , cl rogavit calciliccm (piod rogaret Dominum quod nnilarct illum nionlcm. Kt ipse se buuiilitcr excusavit et dixit (]uod non erat bomo suflicicnsad ista; sed posUnodum tanlum l'iiil rogalus ab aliis cin-istianis quod posuil se in oralionc. Quando tempus (lc(cni dicrum luit complctuni, de manc omneschristiani conve- nerunl ad crclcsiam , et feccrunt rogari Dominum quod ipsos juvarcl , et fctcrunt cantarc niissam. Poslmoihnn acccpcrunt crucem et ivcrunl ad istum monlcm, cl ibt crant ultra cenlum millia liuiuiiium congrcgali ; et califus venil cum nnillis homi- nibus armalis ut occidcrciil cbrislianos , crcdcndo (|uod mons non possct movcri. Slantibus cbristianis ante crucem gcnubus flcxis rogando Dominum de ista maleria , mons incepit movcri. Sarraccni autern vidcmlo lioc (jund nion> nmxcbalur mirali suni ( 3.8 ) valde , et multi corum convcrsi sunt ad fidcm chrislianonim , et callfus ctiam fuit conversus et factus christianiis ociiltè , et quando califus fuit mortuus inventa fuit nna criix de auro sus- pcnsa adcollum cjus; et sarraceni vidcndo hoc iioluerunt sepclirc eum cum aliis califis, scd scpultus est in alio monuinento seorsum ah aliis. El haec de Tauritio dicta sufficiant , et dicamus de Perside. CâPUT XIX. De provincia l'ersidis. Persia fuit antique una provincia magna et nobilis sed modo est quasi pro majori parte destructa à Tartaris. In Perside est una civitas quae vocatur Sabada de qua fuerunt iili très magi qui voncrunt adorare Christum natuni in Bcthlei-m : in illa civitate sunt sepiilti illi très magi in uno pulcro sopulcro et sunt omnes inlegri cum barbis et pilis. Unus vocalus fuit Baldasar , alter Guaspar, tertius Melchior. DusMarcus pluries petiit in illa civi- tate de iilis tribus magis, et nuUus scivit sibi aliquid diccre nisi quod erant très magi scpulti ihi anliquilus. Eundo pci- 1res dictas invenit homo unum castrum quod vocatur Talasata , hoc est dicere castrum adorantium ignem ; et veinim est quod illi de illo castre adorant igncm , et ista est causa ; quia homiiics illius castri dicunt quod antiquitus très regcs illius contractée iverant ad adorandum quemdam regem qui crat natus, et portaverunt secum très oblationes scilicet aurum , thus et miram ; aurum ut scirent si erat rcx terrcnus ; inconsum ul scircnt si crat Deus , et miram ut scircnt si erat homo niortalis. Quando illi magi fuerunt ubi Christus erat, natus minor illonim trium re- gum ado^a^^t primo , et visum est sibi quod Christus esset de sua stalura cl de suc tcniporc. Poslmodum adoravil médius, post- modum major, et cuilibet eorum visum est quod esset de sua sta- ( 3.9) lura et de suo tempore. Et eundo fuerunt de hiis valde mirati et promiserunlsibi ad invicem , crcdentes quae dicta sunt. Postquam autem adoraverunt eum , puer ille dcdit eis unam pixidem coo- pertam, et redibant ad patriam eorum unde recesserant cum illa pixide sic cooperta. Quando autem jam equitaverant per plures dies voluerunt videre illud quod donaverat eis praedictus puer et aperucrunt illam pixidem dicentcs : Yidcamus illud quod est in ista pixide quam dédit nobis puer, et invencrunt intus unum lapidem , in signum quod starent firmi sicul lapis in fide quam ab eo acceperant : quando ergo viderunt lapidem mirati sunt valde et reputaverunt se delusos et projccerunt istuni lapi- dem in quemdam putcum ; projecto lapide in puteo statim ignis descendit in puteum istum. Quando ergo isti très reges viderunt quod malefecerant quod projeccrant lapidem in puteo, eos peni- tuit multum et acceperunt de illo igné et portaverunt in contrac- tam eorum. Etposuerunt eum in quadam sua ecclesia et f'aciunt eum ardere continue , et adorant illum talem ignem ut dominum , Et omnia sacrificia quae fiunt condiunt de illo igné , et quando ille ignis extinguitur vadunt ad originalem ignem qui est in illo puteo ubi projccerunt lapidem illum quem dcdcrat eis ille puer qui natus erat in Bethléem , qui numquam extinguitur, quia non acciperent de alio igné ; et propter hoc adorant ignem illi de illa contracta. Et totimi hoc dixerunt Dno Mai'co homines illius contraclse ; et est vcrum quod unus isLorum reguni fuit de Saba, alius de Dyava, tertius de Castello. Modo dicemus de multis factis Persiae et de moribus eorum. CAPUT XX, De regnis Tersiae, Or sciatis quod in Persia sunt octo regnamina ; primum voca- tur Causum ; secundum versus meridiem vocatur Turdistam ; ( 320 ) tciiium vocatiir Lor; qiiarliim vocatiir Chicslam: (]tiintuni IIos- tavn; sexlum Gcchaa; scplimuin Doncharct ; cloctavuin vocatur Thunocharym , quod est in finibus Persarum. In isto rcgno quod est prope alterum solum sunt pulcii dextiarii et magni valons et niulti diicimlur ad vcndciuliini in Iiulia. Major pars coruni valet quilibcl diiccnlas lihras luri-oncnsiiiin. Idem sunt ibi pulcriores asini de mundo, quia valet unus benc tringinta marcas argenli, quia bcne currunt et bene ambulant. Homines istius contracta; ducunl islos cquos ad duas civilates qiia' sunt super ripani maris, una vocatur Achisi et alia Acburmesa. Ibi sunt nicrcatorcs qui ducunt eos in Indiam. Istœ sunt malae gcntcs et babent legem Macomcti et occidunt se intra se ipsos , et nisi esset timor Tartari levantis omnes mcrcatores Décidèrent , et oportet eos bcne munitos incedere et cum bona commiliva si vohint cvadere. Ibi sunt panni de auro et de sirico, et est ibi multum de bam- bace , ibi est abundanlia trilici ordei, milii , panici et ^'ini et de omnibus fruclibus. Or diniillamus de ils et dicemus de magna civitalc quae vucalur lasdi et de omnibus suis moribus. CAPUT XXI. De jasdis civitatc et condictoribus ipsiuscivitatis Jasdis est nna civitas multum pulcra et magna et de magnis meicatoribus, et est in eadem rcgionc. Ibi sunt panni de auro et de sirico qui vocantur yasdi qui porlantur pcr multas con- tractas. Isti de isla civilate adorant Macometum. Quando homo recedit ab ista civitatc ad eundum ultcrius , equilal septem dictas versus Cremam pcr planiticm, et non est ibi babitalio nisi in tribus locis, ubi possil liomo bospilari. Ibi sunt pulcra ncmora et pulcra plana ad ('(juilaiuliini. Ibi sunt multae perdices et coturni- ces. Ibi sunt asini silvestres multi et pulcri. In capile istarum septem diolarum est uiuim regnum quod vocatur Cremam. k 021 ) CAPUT XXII. De regno Crcmau. Crtman est unum regnum in Persia qiiod consueverat habere regem per hœrcditatcm. Sed poslquam Tarlari ipsum cepcruiit mittunt illuc dominum siciit volunt. Jbi nascunlur lapides qui vocantur turchicschae in magna quantitate quae fodiuntur de montibus, et homincs illius regni habent omnia quae sunt neces- saria militibiis, scilicet fra^na, sellas, arcus, faretras et calcaria et omnia alia gênera armoium seciindum consucludinem patriae ipsorum. Dominae eorum laborant omnia de auro et sirico ad aves et ad bestias multum nobiliter , et cultras et guancialia. In montibus illius contractae nascuntur meliores falcones et magis valentes de mundo , et sunt minores falcones quam pcregrini , et nulla avis potest evadere ante illos. Quando home recedit de Cremam equitat septem dietas semper per castra et civitates cum magno solatio ubi sunt aves omnium generum. Unde illa con- tracta est multum domestica et multum delectabilis et amena, in capite illarum septem dietarum invenit home unam monta- gnam quae habet descensum duarum dietainim et semper invenit ibi fructus multos et bonos , scd nullum hominem habitantem nisi homines qui pascunt suas bestias. Undè de Cremam usque ad istam civitatem cundo , est ita magnum frigus in hieme quod non potest transiri , nisi cum multis pannis. CAPUT XXIII. De civitate Camandu. In descensu istius montaneae est una pulcra planifies et in capite istius planitiei est una civitas quae vocatur Camandu. Ista 4i ( 322 ) civitas consucvcrat esse major civitas qiiam sit mundo , et causa «!St quia Tarlari de aliis parlibtis feccruiit cis multa damna fré- quenter. Ista planifies est multum cava et istud regnum vocatur Reorbales. Fructus sui sunt datalli , festuclue , poma de paradiso et alii fructus qui non sunt in partilms nostris. Il)i sunt aves quae dicuntur francolini et habent pennas pcrmixtas coloris ait)i et nigri. Pedes vcro et rostra habent coloris rubci. Habent boves magnos et pulcros, albos cum pilo piano propter magnum calo- rem : habent cornua parva et crassa et acuta. Inter spatulas habent unum gibum et est altum duobus palmis, et sunt pulcrio- res de mundo ad videndum. 'Quando volunt onerari aptant se sive incurvant se sicut cameli, et onusli se levant quia sunt fortes ultra mensuram. Sunt ibi arietes magni sicut asini qui habent caudam permaximam longam et lalam, et pondérât cauda eorum Iriginta libris. Sunt albi et pulcri , pingues et optimi ad come- (lendum. In ista plauitie sunt castclla et villœ muratse de terra ut défendant se à scaranis et maiandrinis qui vadunt robando provincias. Et istae gentes quae currunt per istam contractam faciunt per incantationcs videre quod sit nox per septem dietas a remotis , ut homines non possint sibi cavere ab eis. Et post- (]uam fcccrunt hoc vadunt per contractam quam bene sciunt et sunt aliquando decem millia- ita quod^ier iilam planitiem non evadit nec homo , nec bestia. Senes occidunt et juvenes capiunt et vendunt. Isti habent rcgcm, et rex eorum vocatur Corobar. Et sunt gentes malae et crudeles. Et dico vobis quod ego Marcus fui quasi captus in illa obscuritate , sed evasi ad unum castellum (piod vocatur Toloformis , et de meis sociis fuerunt multi capti , et venditi multi, et multi fuerunt mortui. ( 323 ) C \l'l 1 WIN . De civiUlo Foi iiii>>j. Isia aiiliiii pLiiiilirs (Im.it voi-siis inpi idinn liriio prr (|uiiic|iic (Jitias. in Imc istjiimi <|iiiii(|iif dioliiruiii l'sl iiiia planilie.s iiiul- Uiiii piiUia ([ii;»- vticatui- planitics do Forniosn il durai iliias diolas pulctir iivcri;e. Ibi smit Iraruoli , papaj^alli cl alla- aMs divsiinilivs à iiosliis. Tiaiisac lis diialiu.s dicli.s pervciiil lioiiio ad marc Oce-aniiiii , il super ripaiii mari.s est nna rivilas «put- haU-t porliim , qiiae vocaliir Camios. Et indc veniiinl jkt navps de liidiaspprirs, painii auni . doutes cli-fanloruin cl aliip nu rralioncs miill.i', il iiiile porlantiir pir loliim inoiidiiiii , ipiia isla est lorra niiillanim il iiia^iianiiii mercatioiiuni. Isla civilasscilicel Carmos eslcivitns rej^alis et halict suit se ri\ liâtes cl rastella nudla , ipiia est capiil (■iiniin provincia*, imde voraliir roaiiu- de Arhoiiiac. Il>i est maj;iiii!. calor cl esl terra iDiilliiin iiilirma, el si aliipiis mcr- ralDr aitcriiis teriii- morilur ilii , rcx airi|>it toliini siiuin avère. ll>i lit viniim de tiatalis et aliis .specicbiis inullis el lioiiis , cl qui Mbit et non cuiisuevit liibcrc facit ipsnm in' ail ncII un el piirgal (•uni. (,)ni aiileni l>ibere consnevil , anj^el silii rarnes cl elTiciliir nniltnin pin^uis , et ;;enles iliius roiilracla- non ulunlur noslris cibariis, «piarc si romniederent fnimcnliiin et raiitrs slatini inhr- marenlur. Iino Ncsciintur pro coruin sanilate dalalis el de pisci- bns salilis el ri'iissis ribariis , sijMit suiil lepa" , aléa : eliani nlnnlnr tiiniii,') el de iljis < onmiediinl el slanl sani. Ilominesistius ri\ ilatis habeni nudias navcs et curum naves sunt mnl, el mulla* pcricli- tanliirquia non sunl ronfecla' cuni a{'utis de l'erro scd mm tilo am vcl sicut succum herb.ne salsam et amaram ; et si quis biberet soliiin unam guttam duceret eum ad scllam decem vicibus , et si quis comedcret sobim unum granum salis quod fit de illa aqua, faccret sibi simile ; et propter hoc portatur aqua bona per totam illam viam. Bestiae bibunt ibi cum magna paena et cum magna violentia ctpro magna indigentia, et facit cas multum stercorizare. Istae très dietae non habent habi- tationes , sed est totum desertum cum magna siccitate. Bestiine non sunt ibi quia non haberent quod comederent ncc quod l)ibc- rent. In capite istarum trium dictarum iiivenitur alius locus qui durai quatuordietas simili modo factas , salvo quod inveniuntur ibi asinae siWestres. In capite istarum quatuor dictarum tlnitur regnum Creman, et invenitur civitas Gobiam. GAPUT XXVI. De civitate Gobiam. Gobiam est una magna civitas, et adoratur ibi Machometus ab habitatoriiius terrae. Ipsi habent ferrum , accarum et andanicum satis. Ibi fiunt spécula de calibe pulcherrima , ibi fit tuthia qnx medetur oculis, et spodium. Et dicam vobis quomodo ipsi habent unam terram sive venam de terra quae est bona ad hoc. Et po- nunt eam in fornacc ardenti et super fornacem ponunt grati- cullas de ferro , et funius illius terne vadit sursum ad graticullas , etillud quod remanet ibi appcnsum est tuthia, et illud quod re- manet in igné est spodium. ( 320 ) CAPUT XXVII. De provincia Thunacaim. Quando homo recedit de Gobiam vadit pcr unum desertum per octo dictas in quo est magna siccitas , et non est ibi aqiia nec aliquis fructus nisi aqua amara ; sed equi et alia animalia bibunt de illa aqua et maie libenter ; nnde oportet quod viatores por- tent secum aquam bonam ad bibendum. In fine iilarum octo dietarum est una provincia quae vocatur Thunacaim , et sunt ibi ci>itates et castra multa , et confinant cum Persia versust ramon- tanam. Et ibi est una provincia multum magna et pulcra. Ibi est arbor sola quam christianl vocant arborem siccam ; et dicam vo- bis quomodo est facta. Ista arbor est grandis et grossa. ^oli^e suae ex una parte sunt virides et ex alia parte sunt albiE , et facit cardos sicut castanea . sed nihil habent interius et est lignum forte et forsitan sicut bussus, et non est ibi in omnibus illis par- tibus ubi est illa arbor, aliqiia alia arbor, prope ad centum mi- liaria , salvo quam ex una parte ad decem milliaria. Sicut dicunt illi de partibus illis , est locus ubi Alexander rex Macedoniae pug- navit cum Dario. Vilhe et castclla sunt ibi multae et habent magnam abundantiam omnium bonorum , quia contracta est temperata. Isti de ista contracta adorant Macometum. Ibi est pulcra gens et mxilieres sunt pulcrae ultra mensuram. Modo dica- inus de una contracta quœ vocatur Melete , ubi Velius de la Montanea consueverat morari libenter. ( 327 ) CAPUT XXVIII. De valle ubi stabal Velius de la Montanea. Melete est una montanea ubi Velius de la Montanea consuevit antiquitus morari , et computabo vobis sua uegotia , sicut ego Marcus a pluribus intellexi. Ipse feceral fieri in 1er duas monta- neas in quadam valle pulciius viridarium et majus de mundo , ubi erant hcrbae, flores et omnes fructus. Ibi erant pulcriora pala- tia de mundo , et omnia ista palatia erant picta ad auriim et avcs et beslias de pulcherrimis coloribus et propriis sccundum condi- tionem, et factitias avium et bestiarum secundum spccics suas. Ibi erant aqueductus aquae , vini, mellis et laclis- Ib ierant domicelJi et domicelke pulcriores de mundo et quae melius scicbant cantare et ballare et qu.e melius et pulcrius erant vestitae et adornatîP. Erat cnim ibi copia et abundantia magna vestimenlorum , lecto- rum victualium , et omnium quae possent desiderari. Et faciet Velius crcdcre istis quod ille erat Paradisus. Et proptcr hoc fecit ipsum , quia Macometus dixit quod qui iret ad paradisum ha- beret de pulcris mulieribus (juct vellet , et ibi inveniret flumina lactis, vini, aquae et mellis, et propter hoc fecit simile illi de quo dixerat Macometus. El Sarraceni illius contracta? crcdcbant vere quod ille locus esset paradisus propter pulcriludinem et amœni- tatem suam delectabilem. Et in istud viridarium numquam in- trabat aliquis nisi illi quos ipse volebat facere assassines. In introitu istius viridarii erat unum castrum ita forte quod non timebat de aliquo homine mundi. Velius, qui sic Velius vocabatur in lingua nostra , sed nomen ejus erat Alaodim , tcnebat in sua curia in palatio suo ubi ipse morabatur extra locum illum omnes juvenes duodecim annorum qui vidcrentiir sibi probi homines, et quando faciebat intromitti in viridarium quatuor vel dccem ipse faciebat dari cis opium ad bibenduni , et illi doimiebant tri- ( 328 ) bus diebus et tribus noctibus : quando autem crant in ^nridario faciebat eos excitari , et quando juvencs excitabantur et invcnie- bant se in illo viridario et videbant omnia ista tam pulcra ettam delectabiba, credebant veraciter esse in Paradiso. Et illae domi- cellie semper stabant cum ilHs in magnis solatlis et habebant omnia qu;e volebant, ita ad Ubitum quod numquam voluissent de illo loco discedere; et quando Velius volebat mittere aliquos de illis juvenibus ad abquod regnum , faciebat eos potionari de opio ita quod dormicbant, et faciebat eos portari extra virida- rium in suo palatio , et quando illi excitabantur et inveniebant se in illo palatio , mirabantur et erant valde tristes quod inveniebant se extra paradisum illum , et statim tum ibant ad Yelium et gcnu- flectebant se ante eum, credendo quod csset unus magnus profeta, et ipse petebat ab eis de conditionibus illius paradisi et ipsi com- putabant illi omnia quae erant ibi, et habebant magnam volun- tatcm redeundi illuc. Et quando Velius volebat facere occidi aliquam pcrsonam, accipiebat illum qui erat magis fortis et virilis et promittebat ei quod si occideret eum de quo sibi dicebat et reverteretur sanus et alacer , quod rediret ad illum locum id est ad illum paradisum. Si autem caperetur et occideretur, statim suscitaretur et rediret ad illum paradisum. Per istum modum faciebat occidi quem volebat , et ille faciebat libenter ut rediret in paradisum. Si evadebat redibat ad dominum suum , et si capie- batur volebat mori , credendq redire ad hune paradisum ; et per istum modum nullus homo evadebat manus Velii de Montagna , et multi faciebant sibi tributum proptcr hoc quia timebant mori. ( ^^9 ) CAPUT XXIX. Qaoraodo AJau obscdil locum ubi stabat Velius preediclus qui propric vocabalur Alaodim, et quomodo ccpit et occidit etun. Et verum est quod in anno Domini MCCLxxvii Alau quintus domines omnium Tartarorum de Levante expulit omnes istas malas gentes , et cogilavit ipsemet ipsas deslruere et misit suos ambaxiatores cnm multis de gente sua ad istud viridarium , et steterunt tribus annis in obsidione illius castri antequam ipsum haberent, nec unqnam babuissent nisi pcr famem. Tune per famem fuit captum castelbmi , et fuit captus et mortuus Velius Alaodim et tota sua gens , et tolus locus ille fuit destruc- tus et funditùs devastatus per gentem Alau Domini omnium Tartatorum de Levante. Et extunc nunquam fuit ibi aliquis Ve- lius, et sic finivitsuum dominium et maie pro eo. CAPUT XXX. De quadam civilale vocala Sapurgahi. Et quando homo discedit ab isto castello homo equitat per pulcram planitiem et fructuosam, et durât septcm dictas, et sunt ibi castella et vili.ne; et gentes illius contracta adorant Macome- tum. Et aliquando invcnit bomo in partibus illius contractse déserta de quinquagcnta miliariis et de sexaginta, in quibus non invenitur aqua ; imo oportet quod homo portet aqtiam secum pro se et suis bestiis quamdiu est extra desertum , et quando jam transivit desertum invenit unam civitatem quae vocatur Sa- purgam. Et est terra omnium arborum et omnium victualium , cl sunt ibi mcliores pepones de mundo , et in majori quantitatc , et servant eos per totum annum , per talem modum ; quia inri- ( 33o ) dunt eos in giro sicut coringia vel sicut cucurbitae incidi soient et siccant cos et cfficiuntur dulces sicut mel ; et de hoc faciunt magnas mercationes. Siint ibi in illa contracta aves et bestije multae et diversarum generationum. Modo dicamus de Balac. CAPUT XXXI. De civitate Balac. Balac fuit olim una et nobilissima civitas plus quam sithodie, et causa est ista; quia Tartari multa mala sibi fecerunt , et in ista civitate cepit Alexander in uxoiem filiam Darii régis Persarum sicut dicunt illi de terra illa. Isti de ista civitate adorant Maco- metum, et usque ad istam terram durât dominium Dni de Levante ; et in ista civitate sunt confinia Persiîe quae sunt intra graecum et levantem. Et quando homo recedit ab ista terra equitat bene per duas dictas et non invenit habitationem aliquam , quia homi- nes propter timorem malarum gentium dimiserunt totam plani- tiem et iverunt ad fortilicias. In ista via est satis de aqua , et sunt ibi aucupationes et leones multi et magni valde. In omnibus istis giornatis non invenit homo aliquid ad comedendum , imo opor- tet quod déférant secum victualia , unde possint vivere per illas duas dietas ipsi et eorum bestiae. CAPUT XXXII. De castello Taycam. Quando homo jam equitavit istas duas giomatas invenit unum castellum quod vocatur Taycam , ubi est magnum forum de blado , et est pulcra contracta , et montes in circuitu sunt valde alti et sunt toti salis. Et veniunt homines per triginta giornatas a longe pro isto sale, quia est melior sal de mundo et est ita #33i ) durum quoil non potest frangi nisi cum magnis pichonibus de ferro. Et est ibi tantum quod totus mundus haberet satis usquc ad fmem saeculi. Rcccdcndo inde homo eqiiltat 1res giornatas inlra graecum et levantem , semper inAenicndo paieras terras et pulcras habitationes et fructus et bladum et vineas, et est con- tracta multum delectabilis et amœna ; et homines istius con- traclie adorant Macometum , et sunt mala gens et liomicidae et stant cum ceatis ad os, quia bibunt libcnter, quia ipsi habent multum vinum et bonum coctum. In capite nihil portant, nisi quod circa caput volvunt, unam cordam longam decem brachia , et sunt multum pulcri venatorcs et capiunt multas bestias et de pellibusillarumbestiarum vestiuntet calcciant se, et omnessciunt parare pelles. CAPUT XXXIII. De civitale Scassem. Ultra ad très giornatas sunt civitates et castella multa , et est ibi una civitas qnve est in planitie , quiB vocatur Scassem. Et flu- vius quidam transit per médium civilatis. Ibi in regione illa sunt multi porci spinosi , et quando venatores insequunlur eos cum canibus ut capiant eos omncs sues congregantur simul et cum magno furore agitant se singuli , et spinas suas quas habent in dorso et in lateribus jaciunt in canes et in venatores et multos ex eis s.'epius vulnerant. Isla gens habct linguam propriam ; pas- tores illius contractile morantur in monlibus, et incavernis et in speluncis montium faciuntsuas habitationes. Poslca equitat homo 1res giornatas, nec invenit habllationem aliquam, nec comedere nec bibere , sed oportet quod homo portet secum id unde possil vivere. In fine istarum trium giornalarum invenit homo pro- vinciam Balasciam, et ego computabo vobis quomodo sit facla. ( 332-^ CAPUT XXXIV. De provincia Balascia. Est una provincia cujus gentes colunt Machomctum, ethabent linguam per se , et est magnum regnum. Et descendit rex per hereditatem et descendit de Alexandre et de filia Darii niagni régis Persarum ; et omncs illi rcges vocantur Zulcaranei in sara- cinisco , hoc est dicere in nostra lingua Alexandcr , amore magni Alexandri ; et in illa provincia sive regno nascuntur lapides pre- ciosi qui vocantur balasci et sunt multum cari , et dicuntur balasci à balascia , vel ab ipsa provincia , sive ab illo regno ubi inveniuntur ; et cavantur in montibus sicut aliae venae , et est pœna capitis qui extraheret de illis extra regnum illud. Sunt enim omnes illi taies lapides régis ; et rex mittit de illis lapidibus quos vult et quot vult ad rcges et principes , dono vel pro solu- lione tributi, et multos cambiat ad aurura et argentum. Tanta est ibi copia et abundantia illorum lapidum quod si rex permitteret fodi et extrahi de regno libère , ita efficerentur viles quod rex nihil vel modicum lucrai-etur. Quia sunt ibi tôt quod essent viles. Et ibi est unus alius mons ubi cavatur et est melius arzurum de mundo , et lapis unde fit arzurum est vena de terra et vocatur illa lalis vena lapis l.azul. Et sunt ibi montes unde cavatur ar- gentum , et est provincia multum frigida. Ibi nascuntur equi mulli et boni et sunl valde currcntes , et non portant ferros , cum sint ibi multi lapides , et ratio est proptcr bonos pedes et fortes quos habent et bonas ungues. Et nascuntur ibi falconcs valde boni et falcones lanierii. Et est ibi optimum caciare et ucellare, eo quod ibi sunt venationos bestiarum et aucupationes avium plurimœ. Locus est valde fortis pro guerra , et sunt boni archerii et vestiunt pelles de besliis quia habent carestiam de pannis. Et nobiles dominae et magnae illius provincise portant bracas de I ( 333 ) panno , in quihus sunt centum brachia de panno bambacino , et aliqua' nonaginta et aliqux octogiiita, et isliul faciunt ut videa- tur qiiod babcanl grossas liâtes. Iiiter alias aiilcni nuiliercs illa rcpulatur gloriosior quae à cingulo iiilia est giossior. Or eamus ad aliam provinciam quae vocatur Bascia. CAPUT XXXV. De provincia Basciae. Bascia est provincia distans à provincia Balascia? bene pcr dcccm dictas. Bcgio ista est valdc calida , et bomines istius con- tractae sunt nigri et astuti et niali. Linguam habent per se , et portant in aiiribus annules aureos et argcnteos cum margaritis et aliis lapidibus prcliosis. Vivunt 'û\x gcntes de carnibus et riso, et omnes illae gcntes sunt idolâtra; et sludent lacère incanta- tiones et vocare daemones. Modo eamus ad aliani provinciam quae vocatur Thesimur, CAPUT XXXVI. De provincia l'Iiesimur. Thesimur est una provincia quae est longe à Bascia per scplem dictas, et omnes gcntes illius provinciae adorant idola, et habent lingnani pcr se. Isti sciunt arteni de incanlationibus diabolicis ; ita (jiiod laciunt loqui idola , et faciunt mutari tempus, et fa- ciunt obscurilates magnas , et talia qua* non possunt credi. Et sunt illi de ista provincia caput omnium idolorum et ab cis desccnderunt idola. Et de islo loco potesl home ire ad mare Indiae , et homines et mulicres de Thesimur sunt bruni nigri , et magniet macilcnli, eorum vivanda est risus el carnes; et est locus tcmperatus. Et habent caslilla nmlla el déserta, et est locus ( 334 ) multum fortis ; itaque sine magna fatiga non posset iri ad eos. habent enim circumcirca se déserta , et ideo sunt fortes et stant per se. Et est ibi rex qui tenet justitiam , et sunt ibi multa here- mitoria , et faciunt magnam abstincntiam , et non faciunt pecca- tum , nec aliquid quod sit contra eorum fidem propter amorem idoli sui, et habent abbates et monasteria de sua lege , et hono- rantur isti taies monaci et heremitae et habentur in magna reve- lentia a populo illiusprovinciae. Ordiscedamus hinc quiaoportet nos intrare in Indiam ; et volumus modo inlrare, quia in reditu Bostrae viae computabimus omnia facta Indiae per ordinem , et ideo revertamur Bandascam quia aliunde transire non possumus. CAPUT XXXVII. De provincia Maochani. Quando homo discedit de Bandascam et vadit duodecim gior- natas inter levantem et graecum per unum flumen quod est fra- tris domini de Bandascam , el ibi sunt villœ et babitationes multae. Gens illius contractae est proba et adorant Machomctum. In fine duodecim giornatarum invenit homo quamdam provin- ciam parvam quae durât très giornatas ab omni parte et vocatur Maocham ; el gentes illius provinciœ adorant Mahomclum et sunt sub dominio domini de Bandascam. Ipsi habent bestias silvestres satis et aves et ideo ibi sunt venationes et aucupationes innu- merae , et quando homo procedit très giornatas plus ante vadit solum per montes, et ista est altior montagna de mundo. Et quando homo est super illam montagnam altam invenit unum planum inter duos montes ubi sunt pulcra palatia et ibi est unum flumen magnum et pulcrum valde. Et est ibi ita bona paslura quod omnis bcslia maciienta ingrassatur ibi in dccem diebus. El ibi sunt besliu? silvestres et salvaginae satis et montoncs niagni silvestres , et habent longa cornua sex palmorum ; aliqui quatuor ( 335 ) aliqui trium et in istis cornibus comedunt paslores quia faciunt inde scutellas, et ex cis componunt et faciunt sibi domuncnlas in quibus se recipiunt ; et per istam planiliem (jute vocatur Pamar vadit homo duodecim giornatissinc habitationc, et non invcnitur ibi aliquid ad comedendum si sccum non portât, nulla avis vivit nec volât ibi propter magnum frigus quod est ibi , et ignis non habet ibi calorem quem habet in aliis locis nec est ibi tam aidens et affligens. Et quando homo vadit magis ultra per très giornatas, oportet quod homo equitet bene per quadraginta giornatas per montes et costas , intra tramontanam et grzecum et per valles transeundo multa fluminaetper multa loca déserta ; et in omni- bus istis locis non invenitur hospitium ; imo oportet quod homo portet secum victualia undc vivat. Ista contracta vocatur Belor. Gens moratur in montibus multum altis , adorant idola et sunt gentes silvestres et vivunt de bestiis quas capiunt et de coriis illa- rum bestiarum se vcstiunt , et sunt homines maligni et crudeles. CAPUT XXXVIII. De provincia Cascar. Cascar fuit antiquitus regnum ; modo autem est sub dominio magni Kaan, et adorant Machometum et habent civitates et cas- tella et sunt inter tramontanam et graecœm et levantcm. Yivunt de mercationibus et artibus homines istius provinciiE et habent pulcra viridaria et vineas et posscssiones fructiferas , et habent de bambace satis et sunt mercatores qui circuerunt totum mun- dum , et sunt gens misera et avara , qui maie comedunt et maie bibunt. Hic morantur aliqui christiani nestorini qui habent suas leges et suas ecclesias et habent linguam per se , et durât ista pro- vincia quinque giornatas : or dicamus de Samarcham. ( 33e ) CAPUT XXXIX. De civitale Samarchaïu. Samarcham est una nobilis civltas, et sunt ibi christiani et sai- raceni , et sunt sub dominio uepotis niagiii Kaan et sunt versus niagistrum , et dicam vobis mirabilc qiiod contigit in terra is- ta , et fuit vcrum. ^on est magnum Icinpus qiiod Agalbay fra- ter magni Kaan fecit se chrislianum et erat dominus illius tcrrae. Quando christiani vidcrunt quod corum dominus factus fuerat christianus , fnerunt mullum la>li , et tune fcccrunt in illa civi- tale unam niagnam ecclcsiam ad honorcm sancti Johannis Bap- tistre, et sic vocatui'hodie , et accepcrunt magnum lapidera qui erat sarracenorum et posuerunt in illa ccclesia , et miseront il- lum subtus unam columpnam in mcdio dictœ ecclcsiœ qu;B, sus- tinebat totam ecclcsiam. Contigit auloin quod Agathay mortuus fuit, et sarraceni videndo ({uod erat mortuus dominus civitatis, habendo dolorem de illo lapide qui ablatus fuerat eis , voluerunt cxtraberc de sub columpna violenter et portare extra ecclcsiam , et sarraceni orant in decuplo plus <]uam cbi'istiani , et ive- runt aliqui sarraceni ad chrislianos et dixcrunt eis quod volebant lapidcm istum qui fuerat eis ablatus. Christiani aulem voluerunt cmcrc et dare eis qui()fluid inde volebant ut dimitlcrent iajjidem sicul stabat. Et sarracmi dixerunt quod nobcbant nisi lapidem suum. Tune dominabalur fdius istius Agathay qui fuerat frater magni Kaan , et mandavit chrislianis quod redderent sarracenis lapidcm illum infra duos dies. Christiani autcm audicndo pran- ccptum fuerunt mullum dolentes et tristes, et ncscicbanl quid facerent. Redeuntcs ad se , tune dévote et cum multis lacrimis vocaverunt l)eatum Jobannem Baptistam utdebercl eis subvcnirc in ista tali corum tribulalionc. Illo aulcm manc qiio lapis do sub columpna levari dcbebat, et sarraceni firmiter tredebanl et ( y-^1 ) omiiino expectabanl quod ecdesia rueret proptcr admotioncm lapidls : columpna fuit inventa alta supra lapidembene tribus pal- mis et non tangcbat lapidenr. Et hoc fuit pcr voluntatem domini nostri Jesu Christi , et fuit habitum pro magno miraculo ab om- nibus ; et adhuc stat ibi ille lapis sub columpna et ipsa columpna non tangit lapidem. Or dimittamus et dicamus de Caix^harti. CAPUT XL, IJc proviiicia Carchaifi. Carcham est una provincia quae durât quinque giornatas, et om- nes gentes illius provinciae adorant Machometum , et sunt ibi chnstiani ncstorini , et sunt ad dominium ncpotis magni Kaan , et habent abundantiam omnium rerum quae necessariie sunt com- muniter pro vita hominis , et de hac nihil amplius est dicendum, Modo dicamus de Coram. CAPUT XLI. De provincia Coram. Coram est una provincia inter levantem et graecum , et durât octo giornatas ; et omnes gentes illius provinciae adorant Macho- metum et sunt ad dominium magni Kaan ; et sunt ibi civitates et castella sâtis , et sunt nobiles gentes. Et est mclior civitas Coram totius illius provinciiE , unde tota provincia denominatur ab ea. Ibi est satis de bambace et vino et jai'dinis, omnia quae sunt ne- cessaria pro vita hominis ; vivunt de mcrcantia et arte, et non sunt homines armorum. Or camus ad aliam contractam quae vocatur Peyn. 43' ( 338 ) CAPUT XLII. De provincia Peyn. Peyn cstuna provincia quae durât quinquc giornatas interlevan- temet griecum ctgenlcsilliusprovinciyesuntad domiiiiuin niagni Kaan et adorant Machomclum. Sunt il>i civitatcs et caslclla salis et inter cas est nobilior Peyn ubi est iinus fluviiis in qiio inveniuntur multi lapides prctiosi , scilicet jaspidcs et calcedonii. Habcnt abundantiam omnium rerum , et vivunt de mercationibus et de artibus. Et gcntes iilius provinci;e babcnt talem morcm, videlicet quod quando aliqiiis homo habens uxorcm rcccdit de terra sua ut stet viginti diebus , slalim quod recessit, uxor polest accipere alium virum propter talem consuetudinem <\ux est ii)i , et homo potest accipere aliam uxorcm. Et sciatis quod omncs istae provin- ciae quas ego computavi de Cascar usque hue, sunt de magna Tur- chia. Or dimiltamus liinc , et dicam vobis de una magna provincia quiE vocatur Ciarchiam , quae est valdè magna. CAPUT XLIII. De provincia Ciarchiam. Ciarchiam est una provincia de Magna Turchia intra graecum ctlevanlem ; et suntibi civitatcs et casteliamulla, etomnes gentes iilius provinci;c adorant Machomclum; et magislra civilas est Cyr- ciam ; et est ibi unum flumen (juod ducit jaspidcm et calcedonium , et portant ad vcndcndum ad Calhayum. El habent salis et bo- nos , cl tola ista provincia est arcna. Et quando aliquis exerci- tus transit pcr provinciam Ciarchiam , omncs homines iilius re- gionis cum uxoribus et hliis et cum bcsliaminibus et omnibus suis, transeunt et fugiunt ad aliam regioncm longe pcr duas vel très giornatas à Ciarchiam ubi possint invcniri pascua et aquae , et ( 339 ) ibi lantum slant cl moraiitur quo iisquc exercitus transivit. Ven- tus autcm dolcl ila vcsligia coriim et ila cooperit ca sablonc quod exercitus qui siipcrveiiit ois viam illorum invcstigare non potest. Post dicessuin eoriim redeiint ad propiinm locum corum : si vero exercitus Tartarorum quibus sunt sul)jecti transeat, non fugiunt homincs ; sed totum bcstiamen transférant ad alium locum, et ra- tio est quia exercitus Tartarorum nolunt solvere prctium de vic- turdil)us qu.Te recipiunt ab bis per quos tianscunt. Et sunt ubi multae aquae amar;e et mal;e; et sunt ibi dulces et bouye. Quando lio- mo recedit de Ciarcbiam, vaditper quinquc giornatas per sablo- nem qui est in capite magni deserti , ubi bomincs accrpiunt victua- iia pro transeundo dcsertum , invcnit unam civitatem quce voca- tur Lop. CAPUT XLIV. De civilate Lop. Lop est una magna civitas, et est in introitu magni deserti quod vocatur descrtum de Lop. Et ibi requicscunt homines ut ae- cipiant victualia pro se et pro animalibus suis; et accipiunt victua- lia pro uno mense et animalibus suis, et recedunt de ista civitate et intrant dcsertum quod estita magnum quod non transiretur per unum annum ; sed per minorcm locum transvcrsando , transitur in uno mense ; et est hoc descrtum totum montes et sablonac et valles, et nihil invcnilur aliud ad comedeiubim. Sed quando ho- mo jam ivit per unam diem et unam noclein , invenit ibi aquam : sed acpia illa non sufficerct centum hominibus cum eonim bes- tiis , et per totum dcsertum oportct quod homo vadat per imam diem et unam noctcm antoquam inveniatJiquam. Et in tribus lo- cis vcl quatuor invenit homo aquam amaram et salsam , sed om- nes aliae sunt bonae, qu;e sunt circa viginti aqu;c ; ncc sunt ibi avcs ncc besti;e , quia non liaberent ibi aliquid ad manducandum. Et aparct ibi laie mirabilc , quod quando homo cquitat do noctu ( 3.io ) per illud desertum , contingit sibi hoc, quia si aliquis remanet relro post socios pro aliqua causa , quando vult ire ut pertingat ad socios audit loqui spiritus malignos in aère qui ^àdentur socii sui, etho- mo pluries vocatur nomine proprio et deducitur ita extra viam quod nunquam ulterius invenitur Et sunt sic ibi jam multi ho- mines perditi. Et ideo oportet quod caveant sibi multum bene illi qui transeunt per illam viam ne separentur à sociis pro ulla causa , et quod vadant cum magna cautela. Et fréquenter audit ibi homo multa instrumenta in aère et precipuè tamburos, et sic tran- situr istud magnum desertum cum magno periculo et timoré. Or dicamus de provinciis quae sunt in exitu istius deserti. CÂPUT XLV. De civilale Sacchion. lu exitu istius deserti invenitur una civitas qu?e vocatur Sac- chion , et est ad dominium magni Kaan : provincia vocatur Tan- gite. Isti de provincia ista adorant idola , sed sunt ibi aliqui chris- tiani nestorini et sunt ibi sarraceni ; terra est inter graecum et le- vantem. Illi idolatrae habent linguam specialcm per se : non sunt mercatores , sed de terra habent multa blada. Et habent monas- toria plena idolis diversarum imaginum , et faciunt eis sacrificia multa et magnos honores. Et omnishomo qui facit filios émit eis unum magnum montonem et nutrit eum per totum annum ad ho- norem idoli sui. In capitc anni quando est festum idoli sui , pater cum fiHis ducunt istum montonem ante idolum suum et faciunt illi idolo magnam reverentiam cum omnibus fdiis suis. Postea faciunt coquere istum montonem , et hoc facto portant montonem ante idolum, et tantum^tant ibi quod est dictum corum officium, etroganteum quod salvet eis filios suos. Et hoc facto dant partem suam idolo, aliam accipiuntet portant ad domos suas et mittunt pro consanguineis suis et comcdunt istas carnes cum magna re- verentia, postea recoUigunt cssa et rcponunt ca in cassis bene et ( :^> ) (lilif^cntcr. Et sciatis quod qiianilo aliqiiis idolâtra moritur , accipiunt corpus mortuurn et faciunt ipsum rombiiri , et quando Irahilur de domo sua et portatur ad locum ubi débet coinburi , in via consangiiincl sui feceruiit plurcs donios de cannis aut de [icrticis et cooperiuiitcas de pannis aurais cl de sirico ; et quando sunt cum mortuo ante istam domum, ibi habent vinum et victua- lia multa et istud faciunt ut mortuus recipiatur in alio niundo cum tali honore. Et quando jam pcrvenerunt ad locum ubi débet comburi habent homines factos de cartis , et cquos et camelos l'actos similiter , et monetas grossas sicut bizantii , et faciunt om- nia ista comburi cum corpore et dicunt quod onuiia ista habebit ille mortuus in alia vita. Et quando corpus portatur ad combu- rendum , omnia instrumenta terra; vadunt sonando ante corpus. Item quando corpus est mortuum mittunt consanguinci defuncti pro astronomis sivc incantatoribus etdivinis, et dicunt eis diem qua natus est defunctus. Et illi per eorum incantalioncs sciant dicere horam qua corpus débet comburi. Et tencnt consanguinci illud corpus in domo octo diebus etplus, expectando horam qua débet comburi secundum illos divines, et nunquam combure- rent eos aliter. Et tenent istud corpus in una cassa grossa uno paimo et bene firmata et cooperta pannis , cum multo croco et cum multis specicbus , ita quod ncjn fetct illis de domo. Et illi de domo defuncti faciunt poni mehsam ante corpus defuncti cum vino, pane et aliis cibariis multis, ac si vivcrct; et hoc faciunt omni die quamdiu porlatur ad comburendum. Ilem illi divini incan- tatores dicunt consanguineis defuncti quod non est bonum quod mortuus intret per hostium , et dicunt alicjuam causam alicujus Stella; qua; stat ante hostium , et ideo consanguinci ponimt eum per alium locum et alicjuando frangunt murum donms defuncti et inde portant eum. Et omnes idolatne de mundo vadunt per istum modum et per istam viam. Or dimiltamus de hiis et dica- mus de aliis tribus terris quie sunt versus magisfrum , prope principium istius descrti. ( 342 ) CAPUT XLYI. De provincia Camul. Camul est una provincia et antiquitus fuit rcgnum. Sunt autem ibi in illa provincia vilke et caslella satis et magistra civitas vo- catur Camul. Provincia est in mcdio duorum desertorum. Ex una parte est magnum desertum de quo est dictum supra , ex altéra est unuin parvum desertum trium dietarum , et homines illius provinciae sunt omnes idolatrae , linguam habent per se , vivant de fruclibus terrae de quibus habent satis ad comedendum et donant et vcndunt satis quibiis volunt et sicut cis placet. Et sunt homines magni solatii , quia non inlendunt ad alia nisi ad pulsandum instrumenta et ad cantandum et ballandum. Et si aliquis forensis vadit ad eos ipsi sunt valde contenti, et recipiunt eos in domibus suis ad hospitium et mandant uxoribus suis quod scrvianl cis in omnibus voluntatibus suis. Et vir studiose recedit de domo et vadit ad standum alibi duobus vcl tribus diebus , et forensis ilic stat cum uxore et facit de ipsa nt vult, sicut esset uxorsua; elstant insimul in magnissolatiis , et omnes istl de ista provincia sunt hcz/A de suis uxoribus , scd non reputant sibi ad vcrecundiam, proptcr consucttulinem generalem quie est in tota illa provincia. Et eorum mulieres sunt pulcne et jocosre et mul- tum iaetœ de illa tali consuetudine (ju;e est ibi. Contigit autem quod tcmpore Mongui Kaan quinli Dom. omnium Tartarorum sciendo quod omnes isti homines islius provinciae adulterabant uxores suas forcnsibus , habuit in abominationem iUam talem consuetudinem , et statim mandavit quod nuUus debcrct dare hospitium alicui forcnsi, et quod non facerent adulterari deinceps uxores eorum. lUi de Camul habucrunt de hoc magnum consi- Uum, et miserunt ambaxiatores suos domino cum magno Enxenio et miserunt cum rogando quod permitlerct eos servarc consue- (343) tudincm corum et suorum aiitiqnonim , quia coium idola hahe- bant hoc quoil faciebaiit v.ildc pu) liono, ol proplcr hoc roruni hona crescobant el i-ranl iiuillum nuiltiplicala. El (|(iaiido Mofigu Kaaii inlellcxil isla vorba rcspoiulil : K^o fcci quod ex j)arlc mea tlebui ; scd si vullis viliipcriiim vestnim habcatis vobis. El revo- cavil mandalum (|ii()(l !( cciat de lioc. Ilcdounles ambaxiatores suscL'pli suiil à suis ciiiii ma^iia la'tilla , cl sic adhuc servant corum coiisucludincm in hoc. CAP15T XLVII. De provincia Ginghintabs. Ginghiiilalas est una provincia qiiîe est prope dcscrtum intra Iraniontaiiani ri magisliiini , cl csl magna scx giomalis cl csl magni Kaan. Ibi in provincia ilia sunt civilalcs et caslella. Ibi sunt très gencrationrs gcnlium , \idcliccl idolalne , génies qua? adorant ]Machometum et chiisliani nestorini. Ibi sunt montes', ubi sunt bonuî vcn;e de acçaio cl andanico, et in isla nionlanca est una alia vcna undc fil salaniaiidia. Salaniaiidia autcni non est bestia sicul dicitur quœ vivat in ignc , scd dicam vobis quoniodo fit saiamandra. linus meus socius qui vocalur Ulfi- car et est de Turrhia stctit in iila conti'arta pro magno Kaan tribus annis, cl faticbal ficri islas salaniaiidias ; cl ipsc dixit niihi modum , cl faricbal licri muilas; el ego vidi multas .fartas. Modus aulcm facicndi salamaiidras est iste , quia illa vena ra- vatur ri slringilur simul , el facit fila sicut lana. Poslea pis- tatur in niagnis nioilaiiis cl sircalur, poslea faciimt cani lavaii . et terra qua- csl ibi appensa cadil el rémanent Iila sicul lana el ila filalur sicul lana. El fit inde pannus sivc tonalia* , cl sunt brun.T quando levantur de Iclario , scd ponrndo cas in ignc fmnl alliissima; sicul iiix , et (piandorunique sunt su- cidx , ponuntur in ignc el non coniburunlur ncc liL'duntur , ( Wy ) $ed fiunt albœ sicut nix, et ista? sunt salamandrae , et alias sunl fabuhc quod sit bestia. Et dico vobis quod RomcC est una toalea de ista salamandra quam magnus Kaan misit pro magno Enxenio papae, ut sudarium Domini involveretur in ea. CAPUT XLVIII. De provincia Succuir. Qiiando homo discedit ab ista provincia vadit per decem gior- natas inler graecum et Icvantem , et in toto isto spatio non inve- nitur nisi modica habitalio hominum ; nec est ibi aliquid dignuni memoria. In fine istarum decem giornatarum est una provincia quae vocatur Succuir in qua sunt multae civitates et castella. Ibi sunl chrisliani et idolatrae et sunt subdicti magno Kaan. Et est ibi magna provincia generalis ubi est ista provincia , et sunt illse duœ quas computavi vobis ultimo et vocatur Tangus , et per omnia sua montana invenitur rcubarbarum in magna quantitate et ibi emunt mercatores et portant per totum mundum. Vivunt autem de fructu terrae , nec intromittunt se de mercationibus, CAPUT XLIX. De civitate Campition. Campition est una civitas quae est in Tamagut , et illa civitas est multum nobilis et magna et est apud provinciam Tammagul. Gentes iliius provinciiE sunt idolatrae , et sunt ibi aliqui qui ado- rant Machometum et sunt ibi chrisliani. Et sunt in illa civitate très ecclesiae magnse et pulcrae. Idolatrœ habent monasteria et abbalias secundum eorum consuetudinem. Ipsi habent multa idola et habent aliqua quae sunt magna decem passus , et quod- dam est de ligno , aliud de lapide et aliud de terra , et sunt omnia (345) cooperta de auro. Et sciatis quod regulares qui serviunt idolis sunt magis bonesti quam alii : cavent enim sibi à luxuria sed non babent pro magno pcccato. Sed si inveniimt aliquem honiinem qui jacuerit cum mulierc contra naturam , ipsi condemnant eum ad morteni. Et babent lunare sicut nos babemus mcnsem. El est aliquod lunare in qiio nullus idolâtra occideret aliquam bes- tiam. Et durât isla provincia per quinque giornatas , nec come- derent carnem occisam in illis quinque giornatis , et vivuni magis bonestè istis quinque dicbus quam aliis. Ipsi accipiunt uxores usque in Iriginta mulieres, et plus et minus secundum quod sunt divitcs; sed primam tcnentpro majori, et si aliqua sibi non placet, ipse potest eam expellere. Ipsi accipiunt in uxorem consobrinam et materteram , scilicet sororem matris suae et non reputant peccatum. Ipsi vivunt sicut bcstiie. Or discedamus liinc et ibimus versus tramontanam. Et dico vobis quod dominus Nicolaus, dominus Mafeus et dominus Maicus morati sunt in ista civitate Campition uno anno pro suis ncgotiis. Modo ibimus per'sexaginta giornatas versus tramontanam. CAPIJT L. De civjlate Egina. Et invenitur civitas Egina postduodecim giornatas, quae est iu fme deserti de sablone et provinciiE de Tangut. Et gentes illius provinci.-E sunt idolatr.B et babent camelos et bestias multas. Ibi nascuntur falcones lanierii multi et boni , et homines illius civi- tatis vivunt de terra et non sunt mercatores. Et in ista civitate accipitur vidanda pro quadraginta giornatis propter unum desei- tum per quod opportet transiri , et non est ibi babitatio , nec berba nec fructus. Ibi inveniuntur bestia; salvaticae satis sicut sunt asini ; ibi sunt ncmora de pinis; et quando homo jam equi- tavit- quadraginta giornatis per Istud desertum invenit uninu 44 ( 34(i ) provinciam versus Irainonlanain, ubi est civitas grandis^ima qiup vocatur TarUiron. Motlo auilielis quas civllas isla cal. CAPUT LI. De civilate Tarlarnn. Tartaron est una civitas qn.e durât tria miliaria, in qua fuit primus domiiuis (jucui iiahnriiiiil Tarlari quaiidt) ipsi disccssc- runt de suis coiitraclis ; el C()iTi|)ulalio vohis ouuiia fada Tartaro- rum quomodo hal)uçrunt doiuiiiiuui el quomoda difTusi sunt per munduin. Or verum fuit quod Tarlari morahaiilur in tramon- tana inter Gcorgiani et illas contractas , quia est magna planitics et magna plagia ui)i non est aliqua habitalio civilalum ncc cas- Irorum. Sed est ibi bona pastura el aqu;K nuilUi' ; et ipsi non ha- liebant dominum , scd faciebant rcnditam Presto Jobanni ; et de sua magniludine, vidclicet de Presto Johanne qui proprio nomine vocabatur ITnchan , b3qucl)atur tolus mnndus. Tarlari dabant sibi de (piibuscumqne deccm bcsliis unam. Conligit autem rpiod Tarlari multiplicati sunt multum. Qtiando Preslus Johannes vidit (juod ipsi multiplicabantur mullum , timuit el cogilavil (juomodo posset eis nocere , et cogilavil dividero eos per piures terras , et misit suos barones ad facicndum hoc. Quando aulcm Tarlari andivcrunt lllud quod dominas corum volebat faccre eis, quod voicbat cos dividere et dispergere pçr diversas contractas et per diversa loca , ipsi doiuerunl valde et habuerunl inter se ipsos consilium de liiis quîe baberent facere et acccperunl pro consiUo recedere de illis conlraclis et ire ad alias partes ubi Preslus Jobannes non pusse l eis nocere nec fa- cere damnum. El lune recesserunl onmes sinnil, cl iverunt per longa déserta versus tramonlanam, ila quod Preslus Jobannes non potcrat eis nocere, et rcbellaverunt sibi, et non faciebant I ( 347 ) sibi aliqiiam redditara vcl aliqtiod lilbiiluni , et sir slcUiuni multo tcmporc. CAPUT LU. De primo rcge Tarlarorum Cingliym et de discoidia ejus cuiii rcge suo. Contirigil aiilcm qunil aniio domiiil mclxxxvii l'cccrunt unum rcgcm qui vocatus fuit Cingliym. Islc fuit homo magni valoris et scnsus ac probitatis ; et quando islc fuit factus rcx , ornues Tailari (jui eraiit in nnindo vencruiit ad euni et tcnuerunt eum pro domino. El istc Cinghym Kaan lenebat dominiiim bene et viriliter. El ad eum convenit lanta mnltitudo Tarlarorum quod credi non posset. Quando auleui Cingliym viilit lantam gcntera paravit se cum ista sua gcnle ad cunduin ad conqucstandum alias contractas , et comjuestavit bene octo provincias in modico tcm- pore , et non liedebat illos quos capiebat ncc robabat eos , sed reformatis terris de doniinis et custodibus sua- gentis et de qui- bus confidcbal bcne , duccbal onines alios secum ad conqucstan- dum alias terras cl sic conquestavil mullas génies, et omnes ibant cum eobbenter, videndo ejus bonitatcm. Quando Cinghym vidit tantam gentem sccum et tjuod omnes sibi y^iediebant fidelitcr , dixit eis quod volebat coiiqueslarc loluiii alium mundum , et ïartari respondiderunl quod multiiin placebat eis et quod scque- renlnr eum libenler quocumque ipse iret. Et tune niisit nuncios suos Presto Jolianni et dixit quod volebat filiam suam in uxo- rcni. Quando Prcslus Joliannes aiidivil quod Cingliym voiebal filiam suam in uxorem, leputavil sibi ad iriagiuim vituperiumet dixit :]Son vcrecundatur Cingliym peterc filiam mcam in uxorem; or ncscit ipse quod ipsc est meus bomo. Rcvertamini ergo cl dicalis sibi (]iK)d oporlel quod ego eum occidam sicut piodito- rem doinini sui ; et dixit nunciis quod slatim tliscederent de cu- ria .sua cl de tolo regno suo, et quod nwnquam redirent ara- ( 348 ) plius ad eum. ISurcii ergo statim discesserunt et renunciaverunl sibi illud quod dixerat eis Prestus Joannes totum per ordinem. CAPUT Lin. De confliclu Tarlarorum cum regc illo , el cle Victoria ipsorum et morte l^reslî Johannis. Quando Cimghym Kaan aiidivit magnam rusticitatem quam Prestus Johannes misit sibi diccndo, inflatus estita fortiterquod fere crepavit, quia ipse erat homo valde dominativus, et indi- gnatus valde dixit : Oportet quod care eniat rusticitatem quam misit mihi dicendo. Et ego faciam quod ipse sciet si ego sum servus suus vcl non. Tune Cinghym fecit majorera exercitum qui unquam fucrit congrcgatus in illis contractis , et misit dicendo Presto Johanni quod se pararet ad defendendum. Prestus Jo- hannes fuit valde betatus et fccit suum perfortium , et dixit quod caperet Cinghym in persona et ipsum occideret, et fecit derisio- nem de ipso, non crcdens quod contra ipsum auderet procedere. Quando autem Cinghim Kaan habuit paratum totum suum exer- citum venit ad unam planitiem pulcram quœ vocatur Stangut , quEE erat prope Prestum Johanncm, et ibi posuit campum. Hoc audicns Prestus Johannes , venit contra Cinghym cum sua gente bene paratus. Quando Cinghym Kaan audivit hoc fuit valde laetalus , et quando Prestus Johannes scivit quod Cinghym véné- rât contra eum venit ad planitiem ubi erat Cinghym ^ propc campum Cinghym ad viginti miliaria, et quilibet exercitus pau- savit ut essent potentes ad prœlium , el uterquc stabat in planitie de Stangut. Quadam autem die Cinghym fecit venire suos astro- logos , christianos scilicet et sarracenos et prœcepit eis quod ei dicerent quis eorum debebat vincere praelium. Tune christiani fecerunt portari unam cannam et diviserunt eam per médium et dongaverunt unam ab alia , et mediam raiserunt ex parte il'ui- ( ^9 ) ghyni, aliani nicdiaiu ex pailc Prcsti Joliaiinis , cl snipseninl noiiicii Prcsli Juliaimis super siiam caniiain ex latcrc suo , et Cin{;liyni iioincii super aliam , cl (lixcnint ad Cinghym : Qu;t' cum- qiic islaruni duannii cannarMiii il>il super aliam ille viclor eiit helli. Kl Ciiij;livm (ii\il qndd ipse volelial islud videie el maii- davilquod hoc osteiidereni (juam cilius posscnl. 'l'une illi ehris- liani hahucrunt psalterium et legeruDl alii|uos versus et psalmos psalterii , cl lune canna ubi eral inscriplum noincn Cinghym asccn dil su|)ei' aliani , el islud viderunl onines (jui eranl pra-senles. Ouandi) Cinghym vidit hoc liiil vain3nirnr rt r(>rr farinni n»linni tri»ii« ntrridirm Item KjIhmiI I jrrU^ ci>u|irrla> Af fi'llm nigro, rt si InU tlir plnal ilii non lijlnralur alH|iiiil iiuimI »il ilii uiUi«, rt farinnt cuv «Inci j UiluiA rt r«|ui» Kl su\ier cerclas puiiunl mim ririniiias rt filio* ri i-lijui iMiinu nttrn»ilia nrtrvMria , ri i«li> modo vjdunl i|u<>- runii{iir \(.>liiiil iic , rt »ir imilant diunia «ilii nrri cl firjnin.f i-oruni «rnilnnl ri rînuiil rt fjriuni oiuni ' inl nrrr»«arij viris tiii*. In r>|>riMi» non Mint gravr* niarltis Mii», cl lalii) r«l (|inj innila liitunlur de Ijluniims suU , Mint rliaro uutlliiin |irii« iil.t-.iil );iitM*m;iiidnMi faiiMliani, ri mullnt-i 'Ili rilj-dd |ir.r|MiaiMltnn rduru.rl uinnid «lu oHiiu il<'. >inl cuin nu^nu »lmlio. l ndr nurili ranim lulaui curjin duuius irlini|uunl n\i>riliu» Mii« , iji iiuni Mint «n Lllorrt ri fji ninl ij< U «-Aruiiu'» lj>'>i vi«unl dr rai iiiiiiis , i.u ic < i >rndlitintl>iM , ijni rtminiuiil ijiiuni dr «jtiti ImIm-iiI in.»cndin jlinniUnliJin. I|>m coinrduir i-quuruni , bultuui rt ranuin ri dr imunltu» camiliiMcl bdninl 1j> dr junirnii», nrc pru aliqva rr unu» afri|>rrrl uturrnt jliriiu>, i|iiij luir hjlTnt pro nut;nu liccijlo rt |iiii in>iM;nj ru^titiUlr ri nuuiw iniuiu l><'ii>.i<.i- riiruin »unt bun.r ri cstias. Coopcriura est de caniiis, commissa ila bcnc (piod aqua non potest inlrare , et illae cannce sunt grossie plus (juam très palmi vel quatuor, et sunt magnœ decem passus vel quin- decim , et inciduntur per longum et in nodo , et sunt factae sicut teguili, ita quod potcslbcnc de iis cooprriri domus; et fccit fieri jla ordinale quod polcsl destrui quando vull, et iacit ipsum sus- ( 3G. ) tenlari cum duccntis cordis de sirico ; et tribus mensil)us in artno stat in isto palatio , videlicet in jiinio , julio et augusto , et hoc facit quia non est ibi calor ; et istis tribus mensibus islud pala- tium slat factuin , aliis autcm anni mensibus destruituret repo- nitur, et in vigesimo octave die Augusti magnus Kaan recedit de isto palatio , et ista est causa ; quia ipse habet unam generationem equorum alborum et jumcntas albas sicut nix sine aliquo alio colore , et sunt in quanlitate decem millia Jumentse, et lac istaruni jumenlarum non polcsl bibere aliquis nisi sil de generatione iin- periali; sed aliquandobibit generatio qusedam quiTevocaturcriac; et isti possunL bibere quia Cyngbi qui fuit primus dominus om- nium Tarlarorum de niundo dédit cis istam gratiam , propter unum prœiium quod vicerunt cum Luicidis; et quando istae bes- tiae vadunL pascendo fil cis lanlus lionor , quia non est ita magnus baro ir.ler Tarlaros qui esset ausus transirc per istas bestias ut non inipcdirciilur ad pascua ; el astrologi et idolâtra? dixeruni magno Kaan quod de isto laclc deberet fuiidi annuatim, in vige- sima oclava die Augusti, per aéra et per terram, ad hoc ut spiritus et idola habeant ad bibendum eorum partem , ut salvent eorum familias et ovcs et omnia sua bona. Et dico vobis unum niirabile quod fueram oblilus, quod quando Magnus Kaan est in islo pala- tio et venit malum tempus , ipse vocat astrologos et incantatores et faciunt quod malum tempus non vcnit super palatium suuni Et isti sapienlcs homines , scilicct incantatores, vocantur ihooc et mclius sciunt illam artem diabolicam quam aliqua alla gens; et faciunt credere gentibus quod contingit propter eorum sanctita- tem. Et ista eadem gens quam vobis dixi habet istanr consuetu- dinem , quia quando aliquis homo occiditur per dominum terrae ipsi faciunt cum coqui et comedunt iUum, sed non comederent illum qui moritur sua morte ; et sunt ita magui incantatores quod quando magnus Kaan comedil in mensa sua magna in mastra salla , copas plenas vino vel lacle seu alio eorum polagio (jui sunt ex alia parte sallae faciunt vcnire , absquc quod eas aliquis langal , 46 ( 3(iO et veniunt aiite magnum Kaan, et isliid vident dect-m millia pei- sonarum , et istud bene potest fieri per nigromantiam. Et qiiando alicujus idoli est festum aliquod , ipsi vadunt ad magnum Kaan et faciunt sibi dari tôt monlones et lignum aloes et alla odori- fera , ut faciant honorem idolo suo , ad hoc ut salvct sua bona. Et quando Jam fecerunt hoc, faciunt magnum fumigium de caris speciebus ante idolum suum , et fundunt brodium et lac ante ido- lum et dicuntquod idolaaccipiunt inde quod volunt, et per talem modum faciunt honorem idolis in die festi eorum , quia quod- hbet idolum habet propriuni festum, sicut habent inter nos sancti nostri. CAPUT LXV. Demonachis quibusdam et idolalris. Habent etiam magnas abbatias et monasteria , et est ibi una parva civitas ubi est unum monasterium in quo sunt ultra duo millia monacorum , et vestiuntur magis honorabiliter quam omnes aliae gentes. Ipsi faciunt eorum idolis majora festa de mundo et cum majoribus cantibus et cum majoribus luminariis. Item est ibi magna congregatio monacorum qui faciunt ita asperam vitam ut dicam vobis ; quia nunquam aliud comedunt quam cruscamde frumento, et parant eam sicut nos paramuspro porcis; quia ponunt eam ad mollilîcandum in aqua calida aliquantulum et postea ducunt eam et comedunt. Et jejunant quasi toto anno et multum stant in oratione et aliquando adorant ignem. Et isti taies monachi qui sic asperè vivunt vcstiunt se de pannis rudis- simis nigri coloris et dormiunt super slramina durissima et mul- tum vilia. Et illae aliae rcguhe dicunt de istis qui jejunant quod sunt patareni , et dicunt quod colunt deos sucs secundum for- mam debitam et secundum quod convcnit. Alla gens est ibi mo- nacorum qui accipiunt uxores et habent lilios salis, et isti diver- ( 3G3 ) siinodè vestiunt se al) aliis , ila quod magna est diflcientia uniu.s ad alterum in mullis. Et aliqui sunt ibi quorum idola habent nomina mulierum ; et imponunt eis talia nomina ut inducant mulieres ad de\otionem eorum. Explicit I.ibcr prinius Dni Marci Pauli de mirabilibus orientalium regioiium ; et inci'pit Liber secundus super eadem materia. ( 364 ) *\%V\*WVjV\V\V X'* VV*»X\i*\V\VV\XV*\^'^\VVVV%^^\VvV\v>A^\v»iVV*,V»VWWV».W\^^(\^%\\\»A^VWrVVV**\*^V*^*VVV\\\\W^*Vi«V\\*W LIBER SECUNDUS. CAPUT I. De potenlia etmagnificentia Cublay iiiaximi Régis et Doiiiini Tarlarornin. NuNC volo vobis computare de maximo domino Tartarorum, videlicet de nobili et magno Kaan , et dicemus vobis de omnibus maximis negotiis magni Kaan modo regnantis , qui Cublay no- mine nuncupatur, id est dominus dominorum. Et certe istud nomeii recte convenit sibi , quia iste est dominus magis potcns in gente, in terris, in thesauris qui sit ant qui unquam fuerit ab Adam usque ad diem hodiernum; et istud ostendam quod est verum in isto nostro libro , ita quod omnis homo erit contentus et de hoc monstrabo eis rationem. Sciatis autem quod qui est de recta progenie Cinghi débet esse directe dominus omnium Tartaro- rum , et iste Cublay est sextus Kaan. Ipse est de cipo sex magno- i-um Kaan qui fucrunt usque modo , et iste Cublay incipit regnare iu anno domini mcclvi, ctbabuit dominium per suum magnum valorem et per suam magnam astutiam et sapientiam. Et sui con- sanguinei et fratres volebant sibi accipere ; et dominium quod habet ipse habetde jure, et incepit regnare, jam sunt anni quadra- ginta duo usque ad prœsentem diem, quo currunt anni domini MCCLXXXViii. Ipse habet bcne octoginta quinque annos et antc- quam essçt dominus ivit in plures exercitus et habuit se viriliter ; ita quod tenebatnr probus homo in armis et bonus miles. Sed postquam fuit dominus non ivit in exercitu nisi semel , quod fuit anno domini MCCLXxxvi. ( 365 ) CAPUT II Qualiter Nayam contra Cublay regem presumpsil insurgere. Ut enim causa vobis patcat ob quam dictus Cublay postquam fuil dominus ivit in exercitu , ut superius primo dicilur, dico vobis, (juia quidam ejus patruus nomine Nayam , qui erat homo ipsius Cublay magni Kaan, tune et ab ipso tenebat multas terras et pro- vincias, ita quodbene poterat facere quadraginta millia equitum, et cujus antiqui consuevcrant esse sub magno Kaan, dum esset aeta- tistriginta annorum , dixit quod nolebat amplius esse sub magno Kaan , et acccpit sibi totam terram , et misit dicendo cuidam mag- no domino , nomine Caydu , qui erat nepos magni Kaan et erat in rebellione ipsi magno Kaan, et volebatsibi magnum malum , quod iret super ipsum magnum Kaan ex una parte , et ipse iret al» alia, ut accipcrent sibi dominium et totam terram. Qui Caydu dixit quod sibi bene placcbat et quod esset bene paratus temporc quo ordinaverant. Et iste Caydu habebat bene centum millia equi- tum et istiduobarones, scilicet rex Nayam et rex Caydu, fecerunt magnam congregationem hominum peditum et venerunt super magnum Kaan. CAPIT III. Quoniodo Cublay rex ad obviandum sibi se prœparavil. Quando magnus Kaan scivitista, ipse non expavit de ali()uo, sicut sapiens homo et valcns , et dixit quod nunquam volcbal portare coronam nec tenere terram si istos sui proditores non poneret ad mortem ; et sic magnus Kaan fecit totum suum exerci- tum prseparari in viginti duobus diebus ; ita quod nibil fuit scituni extra suum consilium et habuit bene trecenta sexaginta millia hominum in equis et centum millia peditum , et tota ista gens fuit ( 36G ) de donio sua , et proptcr hoc fccit ipse tam modicam genlera ; quia si ipse requisivisset totum suum imperium ipse tantam gen- lem congrcgasset quod prae multitudine computari non posset, sed niniium distulisset, et isla trecenta sexaginta millia cquitum quos congregavit fuerunt solum falconerii et gentes qui ibant post ipsum. Et quando magnus Kaan jam fecit hune apparatum, ipse habuit suos aslrologos et petivit ab eis si ipse debebat vinc.ere praelium ; et ipsi dixerunt quod sic , et quod poneretinimicos suos ad morteni. CAPUT IV (lualiter pugnavcrunl insiinul et qualilcr devictus est Navam. Hiis factis magnus Kaan posuit se in via cum sua gente et venit in viginti giornatis ad unam magnam planitiem ubi Nayam erat cum tota sua gcnte , qui babebat bene trecenta millia cquitum , et pervenit una die de mane tempestive ; ita quod Nayam nihil po- tuit scire , quia magnus Kaan fecerat capi omnes vias , ita quod nulla spia potuit dicere sibi vel referre. Et quando magnus Kaan pervenit ad campum Nayam , stabal in magno solatio cum uxore vel concublna sua quam multum diligebat. Quando aulem au- rora apparuit , magnus Kaan apparuit super planitiem ubi Nayam erat multum secrète, quia non credebat quod magnus Kaan au- deret venire illuc pro aliqua re de mundo : propter hoc non facie- bat custodire campum anie ncc rétro. Tune magnus Kaan per- venit ad istum locum , et habcbat unam betrescham super qua- tuor clcfantes, ubi erant ejus insignia, ita quod bene poterant vi- deri à remotis. Sua gens erat schierata ad viginti millia et circuit totum campum illius in uno momento. Et quilibet miles babebat unum peditem in gropa equi sui cum suo arcu in manu. Et quando Nayam cum sua gente vidit magnum Kaan cum sua gente circa campum, omncs trepidaverunt et feccrunl acics suas ( 367 ) bene et ordinale , et paraverunt se .sic quod non habebanl nisi se invicem percuterc. Tune inceperunt pulsari niulta instrumenta et cantare alla voce , quia consuelutlo Tartaioruni est talis , quod usqucquo nialarellus sonat , quod est inslrunienlum capitanci, exercitus nunquani praeliaretur ; et tanlnm pulsabatur et can- tabatur ex utraque parte quod erat mirabile. Ouando autem ambie partes fuerunt paralae , et magni naccharii inceperuiil pul- sari , unus exercitus vcnit contra alium , et inceperunt se pcrcutere cum lanceis et spatis , et fuit praelium valde durum et crudele ; et sagittae tôt ibant per aéra quod non poterat aer videri, nisi sicut esset pluvia , et milites cadcbant ex una parte et ex alia , et erat ibi talis rumor quod tonitrua non fuissent audita. Nayam erat christianus baptizatus et in isto pra-lio babebat crucem douiini super vexillum suum. Illud fuit magis durum prœliinn et magis timorosum quod fucrit unquam temporibus noslris , nec ubi tanla gens moriretur ; et fuit ibi occisa tanta gens tjuod esset mirabile credere , et duravit bellum à mane usque ad mediam diem. Scd in fine campus remansit magno Kaan. Qwando aulera Nayam et sua gens vidit quod non poterat amplius sustinere , po- suerunt se in f'uga ; sed nibil ei valuit quia Nayam fuit captus, et omnes sui barones et tota gens sua reddiderunt se magno Kaan. €APUT V. De morte jSayaiii. Quando autem magnus Kaan scivit quod Nayam era! captus, ipse mandavit quod occidcrctur tali modo , quia ipse fuit positus super unum tapetum et tantum suit pallatus et ductus hue et illuc quod ipse mortuus est. Et hoc fecit lieri magnus Kaan, quia no- luit quod sanguis gencris impcratoris faceret lameutum ad aerem. Istc enim Nayam erat de suo lignagio. Quando ergo ista victoria fuit habita , quatuor ex provinciis Nayam fecerunt tributum ( ;iGS ) magno Kaaii et lidelitatem. Provinciai sunt istae. Prima est Cicorcia, sccunda Cauli, tertia Bastol et quarta Suchintin. CAPUT VI Qualiler (Jublav sileiiliuiu Jmlais el Sarraceiiis iiuposuit , qui salutlferœ crucis ^exlllo exjiiobare piasutiipscrunt. Quando vero magnus Kaan vicit praelium , sarraceni el alii qui convenerant mirati sunt de cruce quam Nayam portaverat in suo vexillo-, et dicebaut contra chrislianos : Videtc quomodo crux Dei vestri adjuvil Nayam et suam gentem ; et tantum dixe- runt quod pervenit ad aures magni Kaan , et turbatus est contra illos qui hoc dicebant christianis , et fecit vocari christianos qui ibi erant dicens eis : Si vesler Deus non juvit Nayam et illos qui cum co erant, ipse fecit inagnam justitiam, quia ipse est Deus bonus et justus et non vult facere nisi justitiam. Nayam erat in- justus et proditor domini sui et venicbat contra dominum suum, et idco bene fecit Deus vester si non juvit eum. Tune christiani dixerunt quod ipse dixcrat veruni , quia crux nolebat facere nisi justitiam , et ipse bene habet quod mcruit. Et ista verba de cruce fuerunl intcr magnum Kaan et chrislianos. Oblcnta igitur ut prae- mitlitur dicta victoria , ipse rediit ad magnam civilatem qua* dici- tur Cambalu , cum magno festo cl cum magno solalio. Et quando alius rex qui Caydu vocabalur audivit quod Nayam erat dcbel- latus,nou fecit exercilum conlra magnum Kaan, imo valdc limuii de ipso. Or modo vidinius quomodo magims Kaan ivit ad hélium et quue fuit causa, quia omnibus aliisvicibus misit filios et alios suos barones. Sed in hoc bello ipse voluit personaliler interesse , quia negolium erat magnum. C 36y ) CAPUT YIl. Qualilcr rcmuncravit magniis Kaan milites suos quando vicloilam obtiiitiit. Modo dicamus de conductoribus magni Kaan, et quomodo pro- vidit illls qui fuerunt secum in illo conflictu. Ipse illis qui erant domini centum hominum dédit mille, et illis qui erant domini mille dédit decem millia , et dédit eis magna dona de vasis et ta- bullis aureis et argenteis, et in omnihus istis tabellis est scriptuin unum praeceptum quod dicit sic : Pcr fortiam magni Dei et pcr gratiam quam dédit nostro imperatori , nomine magni Kaan , sit bcnedictum, et omncs illi qui non obedient sibi moiiantur et des- truantur. Et isli qui habent istas tabullas liabent privilégia de omnibus quae debcnt faccre in suo dominio. Et sub tabulla est dcscriptus sivc sculptus unus leo, et ex alio latere est sol et luna. Item habent privilégia magnorum pr?Pccptorum et magnoriuu factorum. Et isti qui habent istas nobiJcs tabullas habent in nian- datis quod semper quando equitant debeant portare supra capita sua unum pallium de auro , in signum magni dominii ; et quo- tiens sedent sedere debeant in sede argentea. Item istis talibus magnus Kaan donat unam tabullam uln est sculptus nnus girfal- cus, et istas taies tabullas donat tribus baronibus magnis , ut ha- beant bayliam sicut ipsemet. Et isti possunt accipcre quando placet eis et ducerc secum de loco ad locum universam militiam cujuscumquc principis vel ctiam régis : et sic optimo ordinc cuncta sunt distincta in quibus debeat obediri habentibus ta- bullas supradiclas ; et si aliquis auderet non obedire omnibus secundum voluntatem et mandatum illorum qui habent illas ta- bullas , débet mori tanquam rcbellis magni Kaan. Or modo di- camus de slatura magni Kaan. 47 ( 370 ) CAPTIT VIll. iJe forma Cublav régis cl »: ) Ims viis per qiwis dclicnl ire , iii capitc viginli (juiiujue luiliario- riim , ipsi idveniunt unum maximuiii palatiuin iibi hospitantur nuricii magni Kaan ; et ibi est iinns lectii.'!; c'00[)eitiis de panno de de sirico , et habet omiiia quae ad minciuiii pertinent etsnnl sibi nccessaiia ; et si unus rex perveniict illuc esset bene bospilatus. Et in istis locis ubi sunt ista palatia , inveniunt nnncii nagni Kaan bene qu.ldringenfos equos quos ordinavit niagmis Kaan seniper ibi esse, et snnt parati pro nanciis sciis qaando vadnnt ad aiiquas partes, et isliid est in viis prrncipalibus qua- vadnnt ad provin- cias de quibus dixi vobis ; et per istum modum vadunt niincii per omnes provincias magni Kaan. Et qnando niincii vadnnt per aliqnem locnin ubi non sit babitatio , magnus Kaan facit iieri ista toca et palatia plus a rcmotis ad triginta qninqne miiiaria aul ad qnadragintu ad plus; et per istum modum vadunt nunrii sui per omnes provincias , et habeiit ho.s[)itia et equos paratos ; et ista est major magnitudo qriam unquam habuit aiiquis rex vel imperator de mundo , vel aliqnis homo terrcnus , cpaia ad ista locastant plusquamducenla millia cquorum, solumpropter islos nnncios. Item palatia quie sunt ita fornita sunt plus quam deccm millia quie sunt {)arala sicut dixi vobis ; et istud est vaide mira- bile. Item dicam vobis aliud pulcrmii , quia inter unum locum et alium ubi sunt ista palatia, ad omnia tria miliaria , sunt ordi- natee vilhe de (juadragintahominibus, veldomibus, ubi stant ho- mincs pedites qui laciunl istas ambaxiatas „ et isti portant unam magnam ciiituram picnam sonallels circumcirca , qui audiunlur satis a remotis ; et isti nuncii vadunt ad magnum galoppum et non vadunt nisi tria miliaria , et iili qui sunt in capile triuni miliariornm ijuando audiunt istos sonalieos stant bene parati et vadunt sibi obviam , et accipiunt illa «juae ille j)ortat et unam parvani cartam quam dat iili ille nunciiis, et vadit currendo usqiie ad alia tria miliaria, cl lacil sicut fecit alius nuncius ; cl sic magnus Kaan babet nova per boulines pediles in una die el noctc bnie de dccem giornatis, et m duwbus diehus el noctibus (. 388 ) bene de viginti giornatis , et in decem diebus et noctibus de ccn- tum giornatis. Et magnus Kaan ab istis talibus hominibus non accipit aliquod tributum , imo dat eis multa et equos et alia ; et quando oportet quod nuncii in equo vadant cito et dicant cito nova de longinquis partibus vel de aliqua terra quse sit sibi rebcllata , ipsi eqnitant in una die et nocte bene per ducenta miliaria ant ducenta quinquaginta ; et ratio est isla , quia quando volunt cito ire , ipsi habent tabulam de girfalco in signum quod volunt ire cito ; et si sunt duo , accipiunt duos bonos equos et récentes et ligant sibi caput et corpus et ponunt se in cursu, ita quod veniunt ad alium locum de triginta quinque miliariis , et ibi accipiunt duos bonos equos et friscos , et ascendunt et non stant nec requiescunt usque ad alium locum ; et sic vadunt tota die et nocte ducenta quinquaginta miliaria , ut portent nova magno Kaan ; et quando omnino oportet , vadunt trecenta mi- liaria. Or modo computabo vobis unam magnam bonitatem quam facit magnus Kaan bis in anno. CAPUT XXV. De prudentia Régis ad objurgandum sterltitati et caristiaî , et pielate ejus ad iubdk'tos. Et sciatis quod magnus Kaan mittit nuncios suos per totam terram , ut sciât si gens sua habet aliquod damnum de bladis suis aut propter malum tempus aut propter grilos aut propter aliam pestem ; et si invenit quod aliqua sua gens habeat damnum ali- quod , non accipit eis tributum pro illo tempore vel illo anno quo fuit illa talis pestilentia ; imo facit eis dari de suo blado , ut habeant ad seminandum et ad comedendum ; et istud facit in aestate. In hyeme facit inquiri si alicui suae genti moriuntur bestije, et facit similiter et sic substinet magnus Kaan suam gentem. Et quando est magna abundantia de blado, ipse facit fieri multas ca- ( 389) iiovas de multis bladis, sicut de frumento, milio , panico , ordeo et riso , et eum sic gubernari ut non deficiat vel pcrdatur ; et quando est caristia , facit ipsum bladum cxtrahi foras et facit dari pro tertio vel pro quarto minori pretio quam constet et quam ven- datur. Et per istum modum non potest esse ibi magna caristia ; et hoc facit in omni tena ubi habet dominium : facit etiam mag- nam caritatem pauperibus qui sunt in Cambalu, et omnibus pau- peribus familiis de civitate : quando sunt in familia sex vel octo qui non habent quod comedant , ipse facit eis dari bladum ; et istud facit dari maximis quantitatibus familiarum. Et non ne- gatur panis curise domini alicui qui velit ire pro ipso , et dat omni die triginta millia ; et istud facit in toto anno et propter hoc adoratur ut deus a toto populo suo. Et similiter magnus Kaan facit aliud; quia in viis publicis facit plantari arbores magnas ex utraque parte viae , ut mercatores possint ibi requiescere ad umbram et non possint perdere viam quando vadunt per loca déserta, et istie arbores sunt ita magnae quod bene possunt videri a remotis. Or modo intremusin Cathay utreferamus eamirabilia quae sunt ibi. CAPUT XXVI. De potione quœ sit loco vini in provincia Cathay. Idem sciatis quod major pars gentium de Cathay bibunt bo- num vinum ; et est taie quale dicam vobis. Ipsi faciunt unam potionem de riso cum multis aliis bonis speciebus , et parant eam tali modo quod est melior ad bibendum quam omne aliud vinum ; et est clara et pulcra , et inebriat citius quam aliud vinum^ quia est multum calida. ( 390 ) CAPUT XVII. De lapidibiis qui ardent ut ligna. Sunt etiam in Cathay quidam lapides qui ardent sicut ligna et plus tenent ignem quam faciant ligna , et ponendo eos in sero in igné , tota nocte tenent ignem , et par totam contractam de Cathay non ardent alla ligna ; et isti lapides minus constant , et minus consumuntur de eis quam de lignis. CAPUT XVIII. De fhimine magno Pulinzanghim et pulcherrimo ejus ponte. Sciatis ergo quod magnus Kaan misit ambaxiatorem domiiium Marcum versus ponentem ; et recessit de Cambalu et ivit versus ponentem bcne quatuor mensibus ; et propter hoc computabo vobis omnia quae vidit in illa via eundo et redeundo. Quando ergo homo rcccdit de Cambalu prope ibi ad decem miliaria , invenit ununi flumen quod vocatur Pullnzanghim : quod flumen vadit usque ad mare Occianum , et hinc transeunt multi merca- tores cum mullis mercantiis. Et super istud flumen est unus pulcer pons de lapidibus , et in mundo non est aliquis sic factus, qui est longus trecentis passibus et largus oelo , in quo possunt ire bene decem milites unus juxla alium; et sunt ibi triginta qua- tuor arcus et triginta quatuor murelje in aqua , et est totus mar- moreus , et de columpnis faclis ut dicam vobis, quia in capite pontis est fixa una columpna de marniore , et sub columpna est unus Ico de marmore et desuper unus alius; et isti leones sutit multum pulcri et bene facti ; longe ab ista columpna ad unum passum , est alia columpna , ncc plus nec minus slans cum duo- bus leonibus , et ab una columpna ad aliam est clausura de tabu- J ( '^9^ ) lis inarmoreis , coloris grisi , ul nullus possit caderc in acjua ; et sic est factus totus pons , et est pulcrior res quae sit in mundo ad videndum. Et sic in univcrso sunt in dicto ponte sexcenta co- lumpna' cum mille diuentis loonibiis inlcr unarn partcm ctaliam ponlis ; el oinnia ista sunt de maiinorc nobilissini". CÂPUT XIX. Descriptio brevis rujusdain provinciœ qu* vocatur Gioguy. El qiiando liomo recedit ah isto ponte et vadit triginta milia- riis per ponenlcni, invcnit arbores , villas cl hospilia ; cl iiivenil iinam civilatcm quae vocatur Gioguy ; cl ibi sunt niulta blada , el génies Lllius contractae suntomnes idolatrae et vivunt de mer- canlia cl arlibiis ; cl ibi sunl panni de auro el de sirico cl pulcra sindona ; el quando homo transit islam villam, invenil duas vias: una vadit versus ponentcm et alia versus scelotum. llla de versus poncnlem est de Cathay , et alia vadit versus mare ; et homo oquilal per ponenlcui per provinciam de Cathay bcnc deccin giornalis , el scinpcr invcnit civilatcs el caslcUa , mcrcanlias et pulcras vineas et arbores satis , et domeslicos homines. CAPUT XXX. De rcgiio Tayaiifii. El (jiiando homo disccdil ab isla rivilalc Gioguy cquitando decein giornalis, invenil unum rcgnuni quod vocalur Tayanlu. Et in capite istius provinciae ubi nos venimus , est una civilas quée vacatur Tayanfu ; et ibi sunt mcrcationes et artes mullje , et ibi sunt multa ncccssaria ad excrciluiii. Ibi csl innltum de ^^no ; et per lolam provinciam de Cathay non csl vinum nisi ibi ; el isla dat vinum omnibus provinciis rircum stantibus ; et hic fil mul- ( 392 ) turn de sitico , quia habent multos gelsos unde nutriunt vermes qui faciunt siricum. Et quando homo recedit de Tayanfu , cquitat per jjonentem bene septem giornatis , per multum pulcras con- tractas et villas et civitates et mercationes multas ; et in fine ista- rum septem giornatarum invenit villas et unam civitatem quae vocatur Pianfu , ubi suiit multi mercatores ; et ibi fit multum de siriro. CÂPUT xxxr. De caslro Caylui el qualiter dominus ejus prodictorie fuit captus et presenlalus Presto Johanni. Et quando homo recedit de Pianfu et vadit per ponentem duabus giornatis , invenit unum pulcrum castellum quod vocatur Caytuy, quod fecit fieri unus rex qui fuit vocatus rex Dor. Et in isto castelio est unum pulcrum palatium , in quo est una pulcra sala, multum bene picta de omnibus regibus qui fuerunt ibi anti- quitus : et de isto rege Dor computabo vobis unam pulcram no- vellam quae fuit inter eum et Prestum Johanncm. Iste rex erat in tam forli loco quod Prestus Johannes non potcrat venire super eum ; et habebant guerram simul , et Prestus Johannes habebat de hoc magnam iram ; et septem valetti Presti Johannis dixe- runt sibi quod ipsi ducerent an te eum regera Dor si ipse vellet etiam vivum. Et Prestus Johannes dixit quod volebat libenter. Hoc audientes isti valetti , recesseru^t et iverunt ad regem Dor , et dixerunt quod erant alienigenae et quod vénérant ad servien- dum sibi quomodo sibi placeret ; et ipse dixit eis quod bene ve- nissent et quod faceret eis servilium et honorem ; et inceperunt isti septem valetti servirc régi Dor valde sollicite , et servitium eorum erat multum acceptum régi ; et quando jam fuerunt bene duobus annis eum eo , erant valde dilecti ab ipso , propter pulcrum servitium quod ei faciebant ; et rex sic faciebat de eis sicut de ( 3ç,3 ) suis filiis propriis; cl viilclc quid leceiunt isti mali v;iletti. Coii- tingit qiiod isle rex ibat solatiando cum modica gente , inler quos erant isti septem valetti de quibus ipse multum confidebat taii- quam de suis filiis propriis. Et quando jam traiisiverunt iiiiuin flunien longe a palatio qtiod dictum es Isupra. , isti septem valetti videndo qiiod ille rex Dor non habebat talem societatcm quae possct etiin dcfcndere, miserunt manus in eum et ceperunt enses et dixerunt quod ipsi occiderent eum nisi statim irel cnm eis. Rex aulem hoc videns fuit valdc miraliis, et dixit eis sic Quo- modo potest hoc esse , fdii mci ? quare facitis mihi hoc, et quo vultis quod ego veniam? Àt illi dixerunt: Nos volumus quod ve- nias noliiscum ad Prestum Johanncm qui est dominus noster : et quando rex Dor hoc intcllexit fcre prie dolorc mortuus est, cl dixit eis : lia! boni filii , nonne vos honoravi et sicut filios meos proprios vos tcnui? quare me vultis tradere in manus inimici mei Presti Johannis ? Et illi dixerunt quod opporlebat ut sic esset. Duxerunt ergo eum acl Prestum Johanncm ; et quando PrestuS Johannes vidit eum, fuit valdc gavisus , et dixit sibi quod maie vcniret ; et ille ncscivit quod diceret prae timoré magno quem habnit de eo. Tune Prestus Johannes posuil eum ad cuslodiam bestiarum suarum ; et hoc fecit sibi in vcrecundiam suam et in suum vituperium ; et sic ille rex Dor custodivit duo- bus annis bestias Presti Johannis. Post modum autem Prcsbyler Joliannes placatus in corde pepercit sibi , et fecit ipsum venire an te se et fecit sibi dari vcstimenta nobilissima regalia, et fecit sibi satis honorcm, et dixit sibi quod nunquam esset ausus quod faceret guerram sibi. Et rex Dor respondit : Domine , semper cognovi quod non eram ad hoc sufficiens ; et circa vos maie me habui , me multum pœnilet et promillo in fide una quod ego ero semper vester amicus. Et lune dixit sibi Prestus Johannes : Ego nolo tibi facerc plus de angustia et de dolore , sed faciam tibi graliam cl honorcm ; et fecit sibi parari mullos equos et multos arnenses , et dédit sibi societaleni solempnem , et permisit euni ."ir, ( 394 ) ire. Et ipsc rediit ad suum rcgnum , et cxtnnc fuit suus amiciK et sibi boniim vokiit ; et sic contigit régi Dor. CAPUT XXXII. De flumine magno Calhamelain et regione circonjaccnti. Et quando homo discedit ab isto castello et vadit viginti mi- liaria versus ponentem , invcnit unum flumcn quod vocatur Ca- thametam , quod est ista magnum et amplum et multum profuii- dum quod transiri non potest per pontem , et vadit usque ad mare Occianum ; et super istud flumeii sunt multîe civitates et castella , et sunt ibi mercalores et artifices multi : circa flumcn istud per contractam nascitur muUum de gingibcre , et sunt ibi tôt aves quod est mirabile , quia pro uno veneto grosso habet homo très fasanqs ; et quando homo jam transivit per très gior- natas , invcnit unam nobilcm civitatem quae vocatur Cacianfu. Gentes ilHus civitatis sunt omnes idolatrae , et omnes illi de pro- vincia de Cathay sunt idolatrae ; et sunt ibi magnae mcrcantiae et artes , et est ibi multum de sirico : et non est aliud inde di- cendum. CAPUT XXIII. De civitale Guenyafu. El quando homo discedit de civilate Cacianfu , equitat oclo giomatis per ponentem et invcnit scmpcr civitates et castra et mercantias et artes et viridaria et domos ; et tota contracta est picna gclsis , ita quod ipsi babcnt multum de sirico ; et gentes sunt omnes idolatr;e; et sunt ilii aucupationes et venationcs ; et quando homo jam equilavit per istas oclo giornatas , invenlt no- bilem civitatem de Guengiafu , qna- est magua et nobilis et est caput regni de Guancianfu quod antiquilus fuit bonum rcgnum ( 3y' ) cl poteris , cl uiudo est iiide doininus cl rex l'ilius magni Kaan , qui Mangalai est vocatus , el habet coronam. Ista est civitas inagnarum mercatiouum et de omnibus fornlmcntis pro exercitii, et habcnl de omnilms victualibus abundanciam magnam ; et villa tola est ad poiicntem, et suiit omnes idolatrae et extra ter- ram est palatiiim Mangalai régis, quod estita pulcrumsicut dicam vobis , quia est in una magna planitie ul)i cslMlumen , iacus et paludes et fontes in miiltitudine : et habet in circuitu iinum mu- rum qui durât quinque miliariis ; et est ille murus totus merlatus et bene factus. Et in medio istius mûri est palatium pulcrum et magnum ; et babet salas et caméras depictas ad aurum. Istc au- tem Mangalai tenet suum regnum in juslilia , et est mullum di- lectus ; et ibi sunt magna solatia aucupandi et venandi. CAPUT XXXIV. De provincia Cuncur. Et quando homo recedit a praedicto palatio , vadil per très giornatas de pulcra planitie per ponentcm et semper invenit ci- vitates et castra , et habent multas mcrcationes el siricum ; et in fine istaium giornatarum , invenit homo montes el vallcs quae sunt de provincia de Cuncur ; et gentes illius provincia-> sunt omnes idolâtrie el vivunt de laborerio terrae , et habent multa nemora ubi sunt multae besliae silvestres ; et per totam illam pa- Iriam invenit homo multas civitates et castra. CAPUT XXXV. De provincia Achalech-raangi. Et quando homo jam equitavil per viginti giornatas, invenil luiam proviuriam cjua' vocalur Achalech-niangi , quae est tota ( 39li ) plcna ; et sunt il)i civitatcs et castra , et gentes illius provincial sunt oiTines iilolatrae : isti vivunt de mercationibus et artibus , et ista provincia habet tantam quantitatem de gingibre quod spargitur per totum Calha sive Cathay ; et fidit inde magnum lucriim ; et habent granum et risum et alia blada satis , et est dives in omnibus bonis ; et principalis terra vocalur Acbalech- mangi , et est dicfcum in lingua noslra unus ex confinibusMangi ; et ista contracta durât duobus giornalis ; et in fine istarum gior- natarum inveniuntur montes et valles ; et vadit homo bene vi- ginti giornatis per castclla et villas : gentes sunt omnes idolâtrie et vivunt de fructibus tcrrae et avibus et bestiis ; et sunt ibi leones et ursi , lupi, cervi et daini ; et est ibi magna quantitas aliarum bestiarum quae faciunt muscatum satis et bonum , quae bestia? vocantur guderi in lingua tartarica. CAPUT XXXYI. De provincia Sindyfu , et quodam ejus pulcro ponte. Et quando homo recedit hinc et vadit per viginti giornatas , invenit unam provinciam quae vocatur Anchota de confinibus Mangi, quœ dicitur Sindyfu; et est maslra civitas et vocatur Sindyfu , qua? fuit anliquitus maxima et nobilis civitas , et erat ibi unus magnus et dives rex ; et mûri istius civitatis girabant m circuitu viginti miliaria. Modo est sic ordinata , quia rex di- misit très filios : isti diviserunt civilatem per terlium, et quiiibet clausit suam tertiam partcm infra murum primum vigenti miha- riorum. Et isti très fiiii sunt regcs et habent magnum posse de terris et pccuniam , quia paler eorum fuit multum dives et po- tens ; et magnus Kaan destruxit istos filios qui erant très reges , et tenet nunc tcrram per se ; et per médium istius civitatis transit unum magnum flumen de aqua dulci , quod est largnm médium miliare et habet magnam multiludinem piscium et vadit usque ( ^97 ) ad mare Occeanum , et distat marc octuaginta vel centum mi- liaria et vocatur Quingiafu : super islud flumcn est maxima quan- litas civitatum et caslrorum , et est ibi tanta quanlitas navium quod vix polest ci'edi , et transeunt tôt mcrcationes per istud flu- men quod est mirabile ; et flumeri est ita largum quod videtur unum mare et non flmnen. Et intus in civitate super flumen istud est unus pons totus de marmore , et est longus médium miliare et latus octo passus ; et super pontem sunt columpnse marmoreae qiicK suslinent cooperturam pontis , et est cooperlus ille pons de pulcra coopertura et et picta plulcris picturis ; et sunt ibi multae domus in quibus stant mcrcatores ; et istae domus sunt sic ordi- natiE , quia de mane fiunt cl de sero dcslruuntur. Et ibi in una domo qu;e est major quam aliqua aliarum domorum stal camera- rius magni Kaan , qui recipit dirictum mercaritiae quae venditnr super ponte , et dirictus illius pontis valet quolibet anno bene mille bizantos de auro. Gens autcm istius civitatis est Iota ido- lâtra : et de ista civitate recedit homo et cquitat per plana et montes quinque giornatis , per castella et villas et domos satis ; homines vivunt de terra , et sunt ibi besti;E satis sicut sunt Icônes et ursi et ali;e besli.ne multae ; et ibi fit pulcrum sendadum et panni de auro in multitudine. Et quando jam homo ivit per istas quin- que gioi'natas , invenit unam provinciam quasi destructam , qine vocatur Tebet , de qua dicemus inferius. CAPUT XXXVII. De provincia Thebct. Thebet est una maxima provincia , et homines illius provinciie habent linguam per se et sunt idolatrae et confinant cum Mangi et cum multis aliis provinciis, et sunt multum magni latrones; et est ita maxima provincia quod sunt ibi octo regnamina et multae civitates et castella ; et sunt ibi flumina et lacus et montes ( 39S ) uhi invenitui- aiinim de paliola in magna quantitatc. Esl ibi de canela satis, et in ista provincia cxpcndilur coralliis, ot csl ihi val- de carus, quia ponunt cum ad collum mulierum suaruin et suorum idolorum , et habcnt ipsum pro magno jocali ; et in ista pro- vincia sunt giambelloti salis et alii paimi de sirico et auro ; et ibi nascuntur niultae spccies quae nunquam fueruiit visa^ in nos- tiis contractis : et habent sapicnliores incantatores et astrologos qui sint in illa provincia , et faciiint talia opéra daemonuin quae non sunt computanda in noslro lil)ro, quia obslupcsrercnt pcr- son;e : et sunt malc morigerati : ipsi habcnt canes maslinos , niagnos sicut asinos , qui sunt optimi ad capicndum bestias sii- vestres. Item nascuntur ibi boni falcones lanerii , et sunt valde volantes: et prope dictas quinquc giornatas quas dixi vobis, in- venit homo unam provinciam qnani destruxil Mongut, qui fuit quintus magnus Kaan, per guerras. Sunt ibi multae villae et castelia desiruc'ta , ubi sunt cannje grossae bene quatuor palmis et magnae bcnc quindecim passus ; et est ab uno nodo ad alium bene très pa!m;i\ Et mercatores et viatorcs accipiunt de illis cannis de nocte et faciunt ardere in igné, quae faciunt ita magnum sonitum sive schioppum quod omnes leones et ursi et aliae malae bestiae timent et fugiunt et non venirent ad ignem pro toto niundo ; et accipiunt de istis cannis et scindunt per médium et faciunt ita magnum rumorem quod audirentur bene a remotis per quinque miliaria de nocte , et est ita horribile ad audiendum quod qui non csset consuctus audire valde timerct , et eqni qui non sunt consueti expavescunt et frangunt capista et frcna et fugiunt ; et istud contingit fréquenter. Imo illos taies equos qui non sunt assucti faciunt incapistari sive impasturari de omnibus qua- tuor pcdibus , et fassant cis oculos et aures , ita quod non pos- sunt audire, et sic e\'adunt bomines se et suas bestias; et quando homo vadit per istas contractas bene viginti giornatis , non in- venit hospitia ncc victualia ; imo oportet quod homo portet secum victualia pro se et pro bestiis suis per omnes istas viginti ( ^>1)9 ) giornatas, sempcr invLMiipiido t'eiaspcssinias cL beslias quie valde siint peiiculosje. CAPtJT xxxvin. De alia provincia Thebet et quadaiii liirpi consiieliiiHrK;. Postca invcnit homo domos et castclla satis : et gens illiiis coii- tractae habet unam malam consuetudinem , quia habet talcs mores maritandi feminas, quia nullus potest acciperc aliquain virglnem in uxorem pro toto mundo ; et dicunt quod uihil valet nisi sit consueta stare cum multis bominibus ; et quando mer- catorcs transeunt per contractas , mulicres vetulaî tencnt suas filias super stratas et per hospitia et pcr suas tendas, et stant de- ccm , viginti et quadraginta simul et laciunt cas jacerc cum islis mercatoribus , et post modum maritant cas ; et quando mercalor jam fecit fructum suum , opportct quod dct sibi aliquod gaudio- lum sive jocale , ad hoc ut possit ostcnderc quod ali([uis babuit facerc secum ; et illa quae plura jocalia potest ostendere citius maritatur. Gentcs istae sunt idolatrae et malignie, quae non ha- bent pro peccato facere mala etrobarias ; et sunt majores scha- rani de mundo. Ipsi vivant de fruclibus terrae et de avibus el de bcsliis ; et in illa contracta sunt multae besti;e qu;e faciunt mus- cum , et vocantur ill;e bestiae lingua tartarica guderi. Et ista mala gens habet multos bonos canes qui capiunt multas bcstias. Ipsi non habcnt nec cartas nec monetam de illis magni Kaan , scd faciunt ex se ipsis. Isti maie vcstiuntur, quia eorum vestes sunt de canavacio et de pellibus bcstiarum et de bocbaraminc ; cl habent linguam per se, et vocantur tebet. Et sciatis <]iiod omîtes ist?e provincial quce sunt scriptie in libro hoc SLmt sub magno Kaan, praetcr illam quie est in principio istius libri, (pia» est sub filio Argon sicut ego scripsi. Or modo dicamus de provincia de Gayndu. ( 4oo ) CAPUT XXXIX. De piovincia Gayudu. Gayndu est una provincia versus ponentem , quae non habct nisi unum regcm ; et génies illius provinciae sunt idolatrae et sunt sub magno Kaan ; et sunt ibi civitates et castella satis ; et est ibi unus lacus in quo inveniuntur multae perlae ; et magnus Kaan non vult quod inde extrahantur , quia si cxtraberentur, in- venirentur tôt quod cssent -sdles et essent ibi pro nihilo : sed magnus Kaan facit extrahi solum quando ipse habet necosse ; et si quis alius extraheret , perderet personam. Item est ibi una montagna ubi cavantur lapides turchiessae in magna quantitate, et sunt multum pulcrae et magnœ ; et magnus Kaan non pcrmittit cas extralîi sine suo mandato. Et in ista provincia est talis consue- tudo de feminis eorum , quia non reputant sibi ad verecundiam quod unus forensis vel alla persona jaceat cum uxore sua : imo si forensis vel al^s homo vadit ad domum suam , stalim egreditur domo et mandat uxori suae quod faciat quiconque ille mandat sibi ; et dicunt quod hoc faciunt quia eorum idola habent valde pro bono quod faciunt et dant eis multa bona ; et forensis quando est in domo ponit unwm signum ad fenestram , scilicet capcllum vel aliquid aliud, et vir non revertitur quamdiu vidct signum in domo ; et hoc fit per totam illam proviuciam. Isti habent mone- tam de tali materia sicut dicam vobis. Ipsi habent aurum in vir- gis , et sic pondérant sicut pondérant ad sagium , et non habent monetam cugnatam in stampa , et parva moneta sic est facta , quia accipiunt sal et faciunt eum coqui , et postea projiciunt eum in forma et postmodum pondérant , et pondérât circa me- diam libram , et quatuor ex istis valent unum sagium de auro fino ; et ista est parva moneta quam expendunt. Ipsi habent bestias guderi , quae faciunt muscatum in maxima quantitate ; item ha- bent pisces satis et bonos , et trahunt eos de lacu unde ttahunt ( /.oi ) perlas. Item habcnl Icônes, ursos , liipos , dainos cl capriolos , et habent de omnibus avibus. Non habent vininn de vineis, sed faciunt vinum de grano et riso ciim multis specicbus. In ista pro- vincia nascuntur garofoli satis ; et est una arbor parva et facit frondes sicul laiirus , sed aliquanluluni magis hingas et magis strictas ; florem facit album et parvum sicut garofolum. Ipsi ha- bent zenzabrum, canellam et alias species satis, quae non veniunt in nostram contractam : et de ista provincia non dicam vobis ulterius. El quando homo reccdit ab istaprovincia Gayndu , equi- tat bene decem giornatas per castella et civitates ; et est gens tota de isto modo et moribus. Postquam homo transivit decem gior- natas, invenlt unum flumcn quod vocatur Ligays ; et ibi finitur provincia de Gayndu. Et in isto fliimine invcnitur magna quan- titas auri de paliola, et ibi est canella satis , et intrat mare Oc- cianum. Or modo dicamus de una provincia quae vocaliir Ca- raiam CAPUT XL. De provincia Caraiaiii. Quando homo recedit et transivit istud flumen , intrat in pro- vinciam de Caraiam ; et ista est ita magna provincia quod habet septem régna versus ponentem ; et gcntes illius provinciœ sunl omnes idolatrae , et sunt sub dominio magni Kaan , et rex illius provincia' est (ilius magni Kaan, et vocatur Essctemur, et est magnus , divcs et potens ; et tenet bene terram suam in justitia , et est probus in armis. Et (juando homo transivit flumen quod dixi vobis et equilavit quinque giornatis , invenit civitates et cas- tella satis. Ibi nascunlur nudlum boni cqui ; et homines istius contractîE vivunt de bestiis cl de terra , et eorum lingua est mul- tum gravis ad intcUigendum; et in fine istarum quinque giorna- tarum invcnilur mastra civitas , et est caput regni et vocatur Jacim , multum magna et nobilis. Et ibi sunt multi mercatorcs 5i ( 4«2 ) et milita' artes: suiit ibimultie septœ hominum , quia siint ibi sa- raceni -et idolalr.ne et cln-istiani ncstorini : et ibi est ilo f:,rano et riso satis , et est contracta multum infirma. Faciunt vinuin de riso et speciebus et incbriat hominem quando bibitur de eo plus (]uam debeat Ijibi; et expendunt pro moncta porcellanas albas (ju;v inveiiiuntur in mare , et valent octuaginta porcellan;p uniim sagiiim de auro fino. Ipsi habent multas salinas sive muitos pu- teos salsos, unde trabitur multum de sale de quo habet tota con- tracta , et de islo sale rcx habet multum de lucro. Nec curant si unus jaceat cuin feniina allerius dummodo sit sua voluntas. Ibi est lacus qui durât centum miliariis , et sunt ibi multi pisces et magni , meliores de mundo. Ipsi comedunt carnes crudas et om- nes carnes quarumcumque bestiarum. Ipsi vadunt ad macellos , et quando inveniunt budellas porcorum et castronum , ponunt eas in salsa de alliis et comedunt , et sic faciunt de omiii carne; sed nobiles bomines comedunt bene carnem crudam , sed fa- ciunt eam incidi minute etsic comedunt eam. Or modo dicemus de provincia de Caracham , de qua dixi vobis superiiis. CAPUT XLI. De provincia Caracham et magnis serpenlibus. Quando homo recedit de civitate Chiaci et vadit per ponen- tem decem giornatas , invenit provinciam de Caracham ; et est mastra civitas regni et vocatur Caracham. Gentes illius provin- ciae sunt omnes idolatrae et sunt sub magno Kaan ; etrex istius provinciae est filius magiii Kaan et vocatur Cogacin : in ista pro- vincia invenitur aurum de paliola in flumine , et super montana invenitur magis grossum quam de paliola. Ipsi dant unum sagium de auro pro sex de argento. Item ibi non capiunt pro uxoribus virgines sicut dixi vobis supcrius ; et in ista provincia non inve- niuntur istre porcellanœ , imo veniunt de India. Et in ista pro- ( 4"3 ) vincia nascitur magnus coluhcr et inagiii serpentes , qui sunt ita maximi quod omnes qui vidèrent mirarentur ; et sunt valde hor- ribiles ad videndum , quia sunt longi decem passus et grossi de- cem palmis ; et isti sunt maximi , et habent propc caput duas gambas, et non lialjcnt pedes salvo quod habent unam ungulam factam sicuthabet leo : postirus slve secessus est mnlluni magnus; nasus ejus est magnus sicut unus panis : os ita magnum est quod deglutiret unum hominem totum simul: dentés habet maximos , et est ita ferum quod non est homo nec bestia quœ non timeret eum ; et adhuc sunt ilti minores , id est de oclo passibus et de sex : modus autem capiendi eos est iste , quia ipsi morantur de die sub terra in suis cavernis propter magnum calorem qui est ibi , et de nocte exeunt ad ])ascendum et capiunt omnes bestias quas possunt habere , et vadunt ad bibendum ad flumen et lacum et ad tontes : et sunt ita magni et ita grossi (juod quando vadunt ad bibendum sive ad comedendum vel pascendum , faciunt in arenaunde vadunt talem foveam quod videtur quod indc transiverit una magna ve- , ges. Vcnicntesaulem (jui volunl eum capere vident viam unde tran- sivit de nocte , et faciunt unum pakim de ligno grossum et fortem, et in illo palo fmgunt unum pabmi de azagio factnm sicut est unus rasorius, et cooperiunt eum sablone et de istis lalibus pabs faciunt nudtos. Et quando cohdjer venit per istum iocum et pcr- cutit se in isto ferro, perciitit sic fortiter quod scinditur ab uno laterc ad aliud et usque ad umbilicum , ita quod statim moritur ; et accipiunteum statim et trahunl sibi fcl et vendunt eum mul- tum carum , quia est optima medicina ad morsum canis rabidi , dando sibi biberc unum pondus unius denarii , et statim libera- tur ; et quando domina non potest parère , datur sibi ad bibendum de illo felle , et slalim parit. Item valet ad nascentias , quia si po- natur istud fel , statim liberatur homo ; et propter ista istud fel est valde carum in partibus illis. Caro autem venditur , quia est valde bona ad comedendum. Et iste serpens inlrat in speluncas leonum et comedit eorum tilios si potest eos habere. In isia con- ( 4o4 ) tracta sunt maximi equi , et miilti vadunt in Yndiam , cl iiicidunt eis duos vel très nervos de cauda ut non percutiant liominem cum cauda quando cquitat , quia consuevenint facere rem valde turpem. Ipsi equitant sicut faciunt Gallici cum staffis longhis , et hahent mazas turchiescas et coracias habent de corio bufalino , et habent balistas et tosicant omnes sagittas , et habent talem consuetudinem , quod antequam magnus Kaan ibi dominarctur , si contiguisset quod aliquis hospitaretur in eorum domo , qui esset gratiosus et pulcer et sapiens, occidebant eum cum veneno vel cum alia re ; et istud non faciebant propter monetam nequc proptei- aliquod odium quod haberent contra eum ; scd dicebant quod tota sapientia illius et gratia renianebat in domo eorum. Et postquam magnus Kaan conquestavit ea , quae sunt modo triginta quinque anni , non fecerunt nec faciunt plus propter ti- morem magni Kaan. Or dicamus de alia provincia quae vocatur Ardandam. CAPUT XLII* De provincia Ardandam. Quando homo recedit de ista provincia et vadit per ponen- tem , invenit unam provinciam quae vocatur Ardandam ; et on^nes de illa provincia sunt idolatme, et sunt sub magno Kaan. Ista gens habet formam de auro ad omnes dentés , tam ad supe- riores quam ad inferiores , ita quod omnes dentés eorum viden- tur aurci ; et istud faciunt homines et non mulieres. Homines sunt omnes milites secundum eorum consuetudinem , et nihil faciunt nisi quod vadunt in exercitus : dominse eorum faciunt omnia facta eorum' cum sclavis quos habent. Et quando aliqua domina facit filium , maritus stat in lecto quadraginta diebus, et gubernat puerum ; et hoc faciunt quia dicunt quod domina mul- tum laboravit in fdio , el propter hoc volunt quod quiescat , excepto quod oportet quod lactet fdium ; et de nullo alio intro- ( 4o5 ) miltil seplusdcfilio; cl omiies amlci vcniunt ad islum ad fccluiii. et faciunl magnum feslum simul ; et mnlicr surgit de lecto et (acit necessaria domus , et servit viro in leclo. Isti comedunt omncs carnes crudaset coctas etrisum coctum cum carnibus ; vinum fa- ciunt de riso et speciebus valde bonum; monetam habcnt de auro et de porceilanis , et dant unum sagium de auro pro quinque de argento , quia non habent argentarias prope ad quinque giorna- tas ; et de hoc faciunt lucrum magnum mercatores. Ista gens non habet idola nec ecclesias , sed adorant majorem de domo , et dicunt. Lslius sumus , et iste est nostcr dcus. Isti non liabcnt lit- teras nec scripturas ; et hoc non est mirum , (juia stanl in loco multum inusitato , quia non potest iri illuc in aestate propter aercm qui est ibi ita corruptus et pestilens quod nullus forcnsis potest ibi vivere : quando habet facere unus cum alio , facit choccas de ligno sivc charageas , et unus mercator tenct unam choccam et alius aliam. In omnibus istis provinciis , non est ali- quis medicus ; sed quando habcnt aliquem infirmum , millunt pro magis et incantatoribus diabolorum ; et quando vcniunt ad infir- mum , incantant sibi malum et puisant instrumenta et cantant et ballant ; et quando ballaverunt aliquantulum , unus istorum magorum cadit in terram cum spuma ad os et fil scmivivus , et diabolus intrat corpus ejus ; et stat quasi mortuus , et alii magi petunt ab isto semivivo de infirmitate infirmi ; et diabolus qui intravit corpus ejus respondet per os illius magi , et dicit quia hoc habet quia fecit alicui displicere ; et magi dicunt: Volumus ut sibi parcas, et da de tuo sanguine , et sta in pacc quamdiu res- tauraberis de illo : si infirmus débet mori , semivivus dicit : Ipse fecit displicere tali spirilui qui non vult ei parcere pro aliqua re de mundo : si infirmus débet liberari , dicit spiritus qui est in corpore magi : Accipiatis tôt montoncs et potagium valde ca- rum, et faciatis sacrificium tali spiritui ; et quando consanguinci infirmi audiunt quod infirmus debeat liberari , faciunt omnia quie dicit spiritus, (juia occidunt montones et spargunt sangui- ( 4o6 ) nem pro sacriticio ubi dicitur eis ; et poslca faciunt coqui mon- toncs , unum vel plures in donio infirmi ; et ibi sunt multi de istis magis masculi et femiiice , et ducit lot quot dicit spiritus ; et quando montonus est coctus et potagium est preparatum et gens est congregata , tune incipiunt ballarc et cantare et proji- ciunt de brodio per domum , et habent incenssum et mirram et suffumicant et illuminant totam domum. Et quando jam hoc fecerunt per aliquam horam, tune inclinât unus alteri, et petunt a spiritu si est adhuc indultum infirme ; et ille respondet : Non est sibi adhuc indultum , faciatis adhuc taie quid , et sit sibi in- dultum : facto autem hoc quod praecepit, ipse dicit ipsi : Liberatur incontinente!' ; tuncdicunt : Spiritus ipse estbene de nostra parte, et faciunt magnum gaudium et comedunl illum montonem , et quilibet revertitur ad suani domum , et infirmus statim lil)c- ratwr. CAPUT'XLIII. De preelio magno quod fuit inter Tartaros et regem Mien , et de vicloria Tartarorum. Modo computabo vobis unum bellum maxinum quod fuit im- médiate in provincia praedicta, occasione regni Caraiam de quo diximus vobis superius et regni \ ociam , inter Tartaros et regem Mien ; et dicam vobis quomodo fuit. Anno Domini mcclxxu , magnus Kaan misit unum suum magnum principem qui voca- batur ISescardin cum duodecim millibus militibus ad custodiam provinciae Caraiam ; et erat iste princeps ISescardin homo pru- dens et probus valde in armis et astutus in bellis ; et illi milites qui erant cum eo erant probi et fortissimi bellatores. Or rex Mien et rex Bangilla audientes adventum istius principis et mili- tum ejus , habuerunt timorem magnum , timcntes ne forte ve- nissent invadere terras eomm ; et paraverunt se ut se defen- derent ab eis et congregaverunt gentem magnam , et fecerunt ( 4o7 ) milites et pedites circa sexaginta inillia. Insuper isti duo leges habuerunt duo milia elefantes beiie armâtes et paratosad bellum; et quilibet de istis elefantibus habebat super se unum castruni ligiieum , et in quolibet Castro crant duodecim vel quindecim aut sedecim homines bcllatorcs , bene armati et parati ad bellum. Tune rex Mien venit cum pra?dicto exercitu versus civitatem Vociam ubi erat exercitus Tartarorum , et quievit in illa planitic cum toto exercitu ad très dictas versus Vociam. Audicns hoc Nes- cardin timuit , eo quod habebat valde parvum exercitum in comparatione exercitus régis Mien ; sed praetendit omnino se in nullo timere , eo quod ipse habebat secum homines fortes et valentissimos bellatores; et statim cgressus est illis obviam ad planitiem Vociam , et ibi posuit campum suum prope unum mag- num nemus in quo crant arbores maximae , quia sciebat quoil in illo nemore nullo modo poterant ingrcdi elefantes. Vidcns rex Mien exercitum Nescardini , venit ut invaderet exercitum illius. Tartari autem multum audacter vcnerunt illis obviam, et quando equi Tartarorum viderunt elefantes cum castris ligneis super se , qui erant constituti et ordinati in prima atie tanto pavore fuerunt pcrtcrrili, quod milites qui erant super equos nec vi nec aliquo ingenio potuCrunt eos illis elefantibus proximos facere; et tune statim descenderunt omnes de equis et ligaverunt cquo.'- suos ad arbores nemoris , et redicrunt pedites ad aciem elefan- tum , et ceperunt eos sagiltare fortissime sine aliquo remedio. Illi vero qui erant in campestribus elefantum bellabant fortiter contra eos ; sed Tartari erant valentiores eis et magis erant as- sueti ad ptignam : unde Tartari vulneravcrunt multum graviter cumsagittismultitudinem elefantum; propter quod elefantes metu sagittarum ceperunt fugam , et ingressi sunt omnes cursu velo- cissimo in nemus proximum , nec potuerunt restringi vel prohi- beri à suis rectoribus vel gubernatoribus ab ingi-essu nemoris , et diviserunt se in nemore unus ab altero hue et illuc , et aibo- res nemoris omnia castra lignca quae crant super eos confrege- ( 4o8 ) runl ; erant enim arbores magnse et valde spissae. Yidentes hoc Tartari, statim cucurrerunt ad equos suos qui erant ligati ad ar- bores nemoris ; et ascendentes equos , dimissis elefantibus , Mien régis irruerunt in acies : invaserat enim timor magnus rcgem et exercitum ejus , eo quod videbat dissipatam acicm elcfantum; et fuit illud prselium valde durum et forte ; et postquam uterque exercitus ejecerunt sagittas quas habebant , miserunt manus ad spadas cum quibus durissime pugnaverunt , et multi ex utraque parte mortui sunt in bcllo. Tandem autem rex Mien , cum omni- bus suis qui evaserant de bello , arripuit fugani ; quos Tartari insequentes , multos ex fugientibus occiderunt. Quibus omnino mortuis vel fugatis , redierunt ad nemus ut carperent elefantes , sed non poterant capere quemquam ex ipsis , nisi juvisscnt eos quidam ex hostibus quos ceperunt , auxilio quorum habuerunt ex eis circiter ducentos : ab hoc praelio in antea cepit magnus Kaan habere elefantes pro suis exercitibus , quos prius pro exer- citu non habebat. Post hsec devicit magnus Kaan terras régis Mien, et subjugavit eas suo dominio. CAPUT XLIV. De quadam alia contracta ejusdem provinci;»-. Quando homo recedit ab ista provincia Caraiam, descendit per unum magnum descensum , ita quod bene itur per duas giornatas et dimidiam tantum per descensum ; et in illo descensu non est aliquid ad narrandum , salvo quod est ibi una magna platea in qua fit forum certis diebus anni ; et illuc vadunt multi merca- tores de diversis contractis et partibus , et quilibet portât aurum vel argenlum ad cambiandum ; et illi qui portant aurum dant unam unciam auri pro quinque argenti. Nullus potest ire in illo- rum contractas , ita sunt mate intratae , et nullus potest scire ubi stant , quia nemo potest ire ad eos. Quando autem jam homo ( 4"9 ) fecit istas duas giornatas, invenit uiiam jiroviiiciam quai est in confinibus Yndiîe versus meridiem , quse vocatur Anniz; deindc vadit homo quindecim giornatas per locum non habitatum ubi sunt multai silvie et nemora ; et ibi sunt eicfantes et uniconii satis et alise bestise niultae salvatichae. CAPUT XLV. De civilate Miun el sepulcro piilceiriino Régis. Et (juando homo exit de hac provincia et eijuital quindecim giornatas , per isla ita di versa loca, invenit unani civitatein valde magnam quae vocatur Mien ; et gens illius civitatis tota est ido- lâtra, et sunt sul) magno Kaan, et habcnt linguam per se. Et in ista civitate est una res valdc nobilis ; quia antiquitus fuit in ista civitate unus rex muitum dives ; et quaiido vcnit ad mortem , dimisit in suo testamento quod post mortem suam deberent fieri àuis tunes, una de auro et alia de argcnto ; et istuî sunt fact;e sicut dicam vobis; quia sunt altae bene dcccm passus et grossie siciit convenit illi altiludini ; et lurris est tota de lapidibus, coo- perta de foris tota de auro, quod est ibi grossum bene unum di- gitum. Itaque videndo eam videtur tota de auro ; cl desuper est rotonda , et illa rotonditas est plcna campanellis de auro ; et quotiens ventus percutit illas campancllas facit eas pulsari. Alia autem est facta similiter et per cumdem modum de argento cum campanellis de argento ; et istas turres fecil fieri ille rex pro sua magnitudine et pro sua anima , et est pulcrior res ad vidcndum de mondo et majoris valoris. Et in medio islarum duarum tur- rium fecit fieri sepulcrum suum , ubi nunc estsepultus. Et quando magnus Kaan conquestavit illam civitatcm , dixit omnibus istrio- nibus quos habcbat in sua curia.quod volebat ut irent ad conques- tandum istam provinciam etdaret eis in socios illos de Cancita et illos de Doydc. Joculatores dixerunt quod volebant ire libenter, 52 ( 4"^ ) Venerunt jotulatures cum isla gente, et ceperunt istam provin- ciam. Qiiando jam fuerunt ad istam civitatem et viderunt ita pulcram rem , misenint dicendo magno Kaan pulcritudinem ista- rum turrium et modum quomodo et quare fuerunt factae ; et si volcbat quod destruerentur, Magnus Kaan audiendo hoc misit dicendo quod non tangerentur , quia ille rex fecerat fieri pro anima sua et per suam magnitudinem ; et hoc non fuit magnum, quia nuUus Tartarus tangit aliquid alicujus mortui. Isti de ista provincia habent elefantes et bovcs silvestres satis. Or dicamus de alia provineia qure vocatur Bangala. CAPUT XLYI. De provincia Bangala. Est una provincia versus meridiem quam , anno Domini MCCLXXXX , dum ego Marchus eram in curia magni Kaan , adhuc non conquistaverat , sed semper erat ibi exercitus pro ipsa vincenda. In ista provincia est rex, et habent suam linguam ; et sunt pessimi idolâtra?, et sunt ad confines Indiae , et ibi sunt multi herniosi. Barones illius contractae habent bovcs ma- gnos sicut elefantes , sed non sic grosses : ipsi vivunt de carnibus et riso. Ibi est copia maxima de bambace , et faciunt inde magnas mercationes. Ipsi habent spicam et galanga, zenzaurum , zuca- rum et multas alias caras species. Ad isluni locum veniunt multi sclavi, et mercatores vendunt et emunt multos , et castrant eos et postea ducunt eos ad vendendum ad alia loca. CAPUT XLVII. De provincia Talugigia. Galugigla est una alia provincia versus levantem , quae habet regem ; et gentes illius provinciœ sunt omncs idolâtra? et habent ( 4>0 linguam per se. Ipsi siiiil sub magno Kaari , et omni anno faciuiit sibi tributum ; et isle rex est sic luxuriosus quoil habet bene qua- dringcntas u\orcs , quia statim cum scit unam pulcram mulierem in contracta, statim accipit eam in uxorcm. Hic invcnitur mul- tum de auro et car?e species ; et sunt longe a mari, et ideo eorum mercationes parunt valent. Ipsi habent multos elefantes et alias bestias satis , et vivunt de carnibus et riso : niasculi et feminie depingunt se omnes , masculi ad aves etfcmin;p ad anguilas et ad alias diversitates , et depingunt multum manus et corpus et omnia membra ; et hoc faciunt proptcr majorem nobilitatem , et qui plus habet de istis picturis plus est nobilis. Or dicamus de alia provincia qucC vocatur Amu. CAPUT XLVTTI r)e provincia Amu, Amu est provincia versus levantcm. Isti sunt sub magno Kaaii, et sunt omnes ydolatrae. Isti vivunt de bestiis et de terra , et habent linguam perse. Dominae eorum portant ad brachia et ad gambas brazalia de auro et de argento magni valoris , et homi- nes portant meliora et magis cara. Ipsi habent bonos equos et satis, et illi de india faciunt inde magnas mercationes : ipsi abun- dant in bobus et bubalis et in vaccis , quia habent multa loca ad hoc , et habent ad vivendum de omnibus ; et de Amu usque ad Gagugigu quae est rétro , sunt quindecim giornatœ , et inde ad Bangala quae est tertia provincia , sunt viginti giornatae. Or eamus ad aliam provinciam quae vocatur Tholomam , quae dis-» tat ab ista octo giornatas versus levantem. ( 4-2 ) CAPUT LIX. De provincia Tholomam. Tliolomam est una provincia versus levantem. Gens tota illius provincicE est idolâtra et habet linguam per se , et sunt sub magno Kaan. Isti sunt pulcra gens, jion bene albi sed bruni, et sunt boni homines pro armis , et habent satis civitates et castella; et habent maximas montagnas et fortes ; et quando moriuntur faciunt ardere sua corpora , et ossa quae non possunt comburi ponunt in cassis et portant ad montagnas , et faciunt ea stare sus- pensa in cavernis illarum montagnarum , ita quod nec homo nec bestia possit ea tangere. Hic invenitur satis de auro : moneta parva est de porcelJanis , et sic onines islse provinriae expendunt aurum et porcellanas. Hic sunt pauci mercatores , et sunt divites et vivunt de carnibus , lardo et riso , et habent nniltas bonas species. CAPIT L. De provincia Cyngui. Cyngui est una provincia versus levantem , quia quando homo recedit de Toloman , vadit duodccim giornatis super ununi flu- men ubi sunt villae et castella satis ; et non sunt ibi aliqua ad dicendum. In capite duodecim giomatarum , invenit homo civi- tatcm Funilgul ; et ista est multum nobilis et magna. Ipsius ho- mines sunt omnes idolatrae , et sunt sub niagnoKaan. Isti vivunt de mercationibus et de artibus , et faciunt pannos de cortice ar- borum , et sunt pulcra vestimenta in aestate. Isti sunt liomines pro armis : non habent monctam nisi cartas magni Kaan. Sunt ibi tôt Icônes quod si homo dormirel de nocte extra donium , statim occideretur a leonibus et comederetur ab cis ; et de nocte ( 4>3 ; quando barelia vadil pci- fliinicn , si non esset bcno icmota a terra , Icoiics occidercnl liominos ; scd homincs sciunt sibi bcnc cavcrc. Lconcs sunt ibi maxinii et pcriculosi ; et vidclc mirabile, quia duo canes de illa contracta vadunt super unum magnum leonem et occidunt eum , ila sunt ardili : et dicam vobis quo- modo. Quando unus homo est in equo cum duobus de islis cani- bus , statim quod canes vident Iconcm , projiciunt se super eum unus ante et alius rétro ; et sunt ita asluli et agiles quod Ico non tangit eos, quia Ico respicil nuiUiim ad hominem , et leo recedit et vadit ut invcniat arborera ad quam ponat renés ut ostendat visum canibus ; et canes sunt sibi semper prope cossias, et fa- ciunt eum volvere modo hue modo illuc ; et homo qui est in equo sequitur cum pcrcutiendo cum sagitlis , et sic leo cadil mor- tuus , ita quod non polcst se defendcre ab uno liominc in c(juo et a duobus canibus. Isti homines de ista provincia babcnt salis de sirico , et per istud flumen vadit multa mercantia ad omnein partem per rames istius fluminis. CAPUT LI. Do civitatibus Guingui, Tanicafaiii. Ciunglu el Ciangll. Eundo autem super istud flumen duodecim giornatas , in- venit homo civitates et castclla satis. Gentes istius provinciap sunt idolâtra;, cl sunt sub magno Kaan; cxpcndnnt monctam de car- lis : Aliqui siinl ibi boni pro armis , alicpii sunt mcrcalores et arlificcs. In fmc duodecim giomatarum , invenitur Sindyfu ull quiiidecini marinarios , et por- tât quindccim cqiios ciirn hominibus suis cl rum rébus cis ncccs- sarijs , et vidandas. Quaiido boino jani transivit isliid flumon, intrat in mafjnain provint iaiii de Maii^i ; et dicain quomodo conquestavit cam magnus Kaan. CAPIT LIV. De iiobllissinia [)rovliiria incia de Mangi eral doniinus et rcx Mfjniim' ïacfur, et a magno Kaan extra, erat major dominus de mundo et plus potens de pecunia et gentibus ; sed non sunt génies armo- nmi, fjiiia si fuissent boni ))ro arniis babebani ila forlcni rontiac- tani (jiiod iiiMKjiiani peitlidissenl cam , quia Ici la; illius pro\ incia' de Mangi siint omnes circundat.Te aquis multum profundis, ner potcst iri nisi per pontes ad cas ; ila quod magnus Kaan misit illuc vinum suum barnncm qui \ocalur Balur Bayani Cinasar , lioc est diccrc Dayam ccntuni oculi ; et fuit in anno Domini Mcci.xxiii. Et rex de Mangi habebat per suam astrob)giani quod sua terra nunquam capcrelur nisi per unum bomincm qui ha- bcrcl ccntum ocuios. Or ivil liaiam rum ma\ima gent#cl navi- bus multis et cum ccjuilibus cl pcdilibus , cl vciiil ad priniani civitatem de Mangi quaî vocalur Cuigangui , cl nohiil se rcri- dcre sibi. Postea ivil ad alias usque ad sextam civilatcni , et is- tasdimillci)al (]iiia magnus Kaan mitlcbat nuillasgcntcs posi eunt. cl islc magnus Kaan qui liodic icgnat scxlam civilalcm rcpil cuni violentia, et postea accc[)il loi (juod baliuil duudciiui ; cl post- modum ivil ad civilalcm de Mangi <]ua' vocalur Quinsav, ubi eral rcx cl rcgina Quando rcx viilil tanlam gcnicni , baijuit lalcui limorcm quod rcccssit de lerra cuni nndia génie cl bciic rum mille navibus cl ivil ad mare Occianuni , cl lugil in insulis. Rc- gina aulciri icmansil cl dcfcndcbal se ni pèlerai a liaiaiu Vuur ( 4iS .) regina petivit qiiomodo iste baro et dominus exercitus vocaba- tur , et fuit sibi dictum quod vacabatur Baiam centum oculi ; et regina recoidata fuit profetiae quîE dicta est superius , et statim rcddidit terram : et statim omnOs civitates Mangi reddidenint se Baiam , et in toto mundo non erat taie regnum sicut istud ; et dicam vobis aliquid de magnificentiis suis. CAPIT LV. De pietate et jusiitia islius Régis crga subdiclos. Kt sciatis quod iste rex Facfur faciebat nutiiri onini anno quindccim millia pucrornm per istum modum , quia in illa pro- vincia projiciuntur multi pueii statim quod sunt nati, a pauperi- bus personis qure non possunt eos nutrire ; et quando unus dives homo non habet filios , ipso vadit ad regem et facit sibi dari quot vult; et quando habet pucios et puellas, marilat oos in- simul et dat eis unde possint vivere , et per istum modum annuatim ( educantur viginti mille pueri vel puellae ). Item fa- cit aliud : quia quando rex vadit per aliquem locum et ipse videt duas pulcras domos et ad latus earum videt unam par- vam , ipse petit quare illae sunt majores illa ; et dicitur sibi quod sit alicujus pauperis qui non possit eam facere majorem ; statim mandat quod dentur sibi den'arii ut domum faciat mcliorem. Item iste rex sempcr facit sibi serviri a plus quam mille inter domicellos et domiccllas. Ipse tenet regnum suum in tanta jus- titia quod non fit ibi malum ; et omnes mercationes stant foris securse sine aliqua custodia propter justitiam et propter bonita- tem régis. Or tantum computavi vobis de rege , scd modo dicam de regina. Regina fuit ducta ad magnum Kaan ; et magnus Kaan fecit sibi multum honorem sicut magnse reginœ ; et rex maritus istius reginœ nunquam exivit de insulis maris Occiani , et ibi mortuusest; et sic totum regnum remansitmagno Kaan. Or modo ( 4M) ) dicamus de piovincia de Mangi el de coiuin niorihus , cl primo dicemus de civilalc Caygangui. (r '!:■ CAPUT LVl. Pe civilate Caygangui. Caygangui est uiia magna civilas cl nobilis el est in inlioilu provinciœ de Mangi. Gens tola est idolâtra et comburunt cor- poia mortua et sunt sub magno ls.aan, cl est super flumcn Carca- moram : sunt autem ibi mullaî navcs ; et ista est terra multaruni mercationum quia est caput provinciae , et est in loco ad hoc aperto. Hic fit multum de sale, ita quod dat bene quadragïnta ci- vitatibus : magnus Kaan babel mullos rcditus de ista civilate de sale el aliis luercalionilius. Or dicanuis de alia ( ivitale quae vo- catur Panchym. CAPDT LVII. De civilalibus.PanchYm el Cayiii. Quando homo recedit de Caygangui, vadit bene per uiiain dietam per unam stratam quœ est Iota de lapidibus , et ex omni parte stratae est aqua grandis, el non potest intrari in istam pro- vinciam nisi per islam stratam. In fme islius dicta; , invenil bomo unam civitalcm qu;e vocalur Pancbym niullum magnam : tola gens istius civilalis est idolâtra , et laciuiit ardcre corpora mortua , el sunt sub magno Kaan. Isti sunt artifices et merca- torcs ; babenl multimi de siriro et faciunt mullos pannos de auro et sirico , et babenl salis jiro vivendo. Ibi el j)er lolam illam contractam expendiliir pecunia ( uriye magiii Kaan. Or dicamus de alia civilate quae voealur Cbaym. Quando homo recedit de Panriiym , vadit unam giornatam et invenil unam civilalem (]iia? vocalur Cbaym valde magnam , et ( !i-^^ ) suiil sirul illi tic .su[>ra , salvo quod csl ibi pulrra auciipatio, et sunt ibi pro uiio voncto 1res fasani : suiU etiain ibi pisccs in maxima copia. CAPIT LVIII. De clvilatibus Congui el Nangui. Congui est uiia civitas njullum pulcra et placibilis , quie est longe ab illadesuper, videlicet a Cbaym, una giornata. Gens tota est idolâtra , et sunt sub inagno Kaan. Monclam habent de carta ; hic fiunl nieiTaliones et arles et siiiil ibi niultie iiaves ; et est ver- sus silocluim^ et ad manum sinistram prope ad très giornatas est mare Oceanum. Hic fit nmitiiin de sale, et niagnus Kaan ha- bct inde magnos rcditiis ita quod vix credcrctur, et sunt ido- lâtrée : monetam habent de carta , et sunt sub magno kaan Or modo ibimus Nangui. Quando homo reccdit de Langui et vadit pcr unam giornatam pcr silochuui , invonit castra satis et domos; et in rapilc unius giornata- inveiiit lionio unam pulcram civilatem et magnam quo-'habetsul) se viginti quatuor civitates, omnesbo- nas et magnarum mercationum ; et in ista civitate est dominas unus de baronibus domini : et dominus Marchas Paulus domi- natus est isti civilati tribus aiitiis : hic fiuiit milita arma et mili- tibus neccssaria. Ilinc recedemus , et dicam vobis de duabus civitatibus de ^langi ; et sunt versus levantem , et prima vocalur Mangym. Et Mangym est unaprovincia multum magna et dives; gens tota est idolâtra et moneta eorum est de carlis , et sunt sub magno Kaan : vivunt de mercatione et artibus , et habent satis de sirico. Habent avcs et s-cnationes et leones satis. Or diccmus de nobili civitate de Cianfu , quia est multum ad dicendum de ipsa. ( 4'-2i ) CAPUT LIX. Do civilale Cianfu el qiialiler capla full. Cianfu est una civitas magna et nobilis et habel sub se duode- rim civitates magnas et nobilcs : hic fiunt magna' artes et nobiles et mult2e mercationes. Homines istius civitatis sunt idolatrse , et eorum moneta est de cartis , et sunt sub magno Kaan ; et faciunt ardere corpora mortuorum. Ista civitas tenait se tribus annis postquam tota illa provincia fuit sub magno Kaan , sempcr stando ibi exercitu ; sed non poterat ibi stare nisi ex uno latere versus tramontanam , ([uia ex aliis parlibus erat lacus valde pro- fundus ; et liabebant victualia satis pcr istum lacum, itaquod terra propter istam obsidionem nunquam fuissct habita, Cum ergo exercitus vellet recedere cum magna ira et dolore , dominusNi- colaus , dominus Maffeus et dominus Marchus Paulus dixcrunt magno Kaan quod habcbant secum quemdam ingenierium chris- tianum nestorinum qui faceret unum tate ijedificium quod terra statim caperetiir. Magnus Kaan audito hoc fuit valde laetatus , et mandavit quod statim fierct. Et ille statim fecit duos manganos vel très , et fuerunt facti et positi ante Cynfam sive Cianfu , et in- ceperunt projicere lapides de trecentis libris qui omnes domos destruebant. Illi autem de ten-a videndo tantum periculum , quia nunquam viderant lalia , statim leddiderunt se ; et illi fuerunt primi mangani qui fuerunt usi per Tarlaros. Or istud contigit propter bonitatcm îslorum dominorum , scilicet Dni Nicolai et aliorum duorum ; et hoc non fuit parv'um servitium , quia ista est una de melioribus provinciis quam habcat magnus Kaan. Or dica- mus de una provincia quye vocatur Singui, et de quodam magno Qumine. ( 422 ) CAPUT LX. De civitate Siogui et fliuuiue Quianci et niultituilioe civilaluni qua' suDt juxt.i ip^uni flunien. Quando liomo icccdil hiiic cl vadil pcr silochum quiiidecini miliaria , invcnit quaindam civitalem qua; vocatur Singiii , qu ) et sunt sub magno Kaan ; et magnus Kaan tenet ibi magnum exercitum propter civitates et castella quae sœpe rebellant ; ita quod statim currunt et capiunt et destruunt et dévastant. Per mé- dium istius civitatis vadit unum flumen largum unum miliare ; hic fit multum de zucharo , et fiunt magnae mercationes de la- pidibus pretiosis et perlis , et portant mcrcatores qui veniunt de Yndia ; et ista terra est prope portum de Cacar in mari Occiano : et multa preliosa porlantur ibi de Yndia. Ipsi habcnt bene ad vivendumde omnibus cl habcnt pulcraviridaria cum mullis fruc- libus , et est bene ordinata. Or de ista non dicemus plus. CAPUT LXXI, De civilate jZaylon cl iioblllssimo cjus porlu , cl ilc civjlale Tiiiiiiigiiv. Quando homo reccdit de Sugui et transit flumen et vadit quin- que giornatas per silochum , invenit civitates et castella ubi est de omnibus abundantia : et sunt ibi aves et boschi et arbores quae faciunt camphoram. Ipsi sunt omnes idolâtrée sicut illi de supra. lu fine quinquc giornatarum , invenit homo unam civitatcm quae vocatur Zayton , et est portus nobilis ubi omnes navcs Intliie fa- ciunt caput : sunt ibi multre mercationes de lapidibus pretiosis et aliis multis , sicut sunt perlœ grossae et bonae; et iste est por- tus mercalorum de Mangi , et pro una navi piperis cjuiP venit de Alcxandria ad vendendum in christianitate , vadunt ad istam ci- vitatem centum ; et iste est unus de duobus melioribus poitubus de mundo ad quem veniunt plures mcrcatores et mercationes. Et sciatis quod magnus Kaan de isto portu trahit magnam utili- tatem , quia de omnibus habct decem pro centenario, id est de decem partibus unam : naves tollunt pro eorum salario de mer- chantiis subtilibus triginta por centenario, de piperc (juadragin- ta pro centenario, et de ligno aloes et de sandalis et de omnibus aliis mcrcanliis quadraginta pro centenario, ita quod mcrcatores 55 ( ^34 ) danl inlor navcs pI diriclum magno Kaan l)cnc mcdirtalcm om- nium qii;r vooiunt ad islum portnni. Isti de ista contracta stint omncs idolâtra*, cl habcnt maj^iiaiii abundaiitiani de oninilius rébus quae sunt nccessariae corpori hominis ; cl in ista provincia est una ci\'itas in qua sunt pulcriores paraxidcsdc mnndo , et isia civitas vocatur Tiniigiii , et isUi; sculclla' sunl de porcellanis et non fiunt in aliquo loco de mnndo iiisi in ista civitale ; et indc portantur ad omnes partes nuiiidi , cl |)ro une vcneto grosso ha- bet homo très paraxidcs de porccUanis puUriorcs do mundo. In ista provincia , qua? est una de novcm partibus Mangi, est lin- gua propria. De hoc rcgno magnus Kaan liabcl ita magnos re- ditus aut majores sicut de regno Quinsay. Or modo comjjulavi- mus de novem provinciis sivc magnis rcgnis très , scilicet Man- gi , Quinsay et Sugui; de aliis rcgnis non computo, qnia nimis esset longum dicere. Sed dicam vobis pulccrrima quœ ego Mar- chus Paulus vidi; tantum steti ibi quod bene sciam computarc per ordinem. Explicit Liber secundus Dni Marci Pauli , et incipit terlius Liber hujus Operis, in qua mirabilia multa et magna de partibus Yndisc per ordinem enarrantur. ( 435 ) LIBER TERTIUS. Posiquam igitur computavimus de tôt provincis , regnis et krris , iiti computiwi vobis supra , modo computnbo vobis , in linc Tertio lihro hiijtis Oprris , inirahilia quœ sunt in Indin ; eliii- cipiemus à nuahis ubi mercalorcs vadunt et veniimt. CAPDT I. Descripllo navimn de Ymlia. JN AVES de Ynclia sunt de uno ligno quod vocaut abetes eL de zap- pinis. Ips;e naves habent solum unam coopcrtam , et in pluribus sunt benc quadraginta camerne ; et in qualibct potest starc unus mercator valdc commode. Et habent illae talcs naves soluni ununi temonem et quatuor arbores , et fréquenter addunt duas arbores quse ponuntur et levantur. ïabuhe navium sunt clavatye duplices una super aliam cum bonis clavis, et non sunt impiciat.-e , quia non habent picem sed sunt unctae sic , quia ipsi habent tancuani , id estcancpam tritam et calcem et unum oleum de arboribiis, et omnia ista miscent simul , et efficitur sicut viscus , et istud bene valel tantum sicut esset pix. Iste naves volunt bene ducentos ma- rinarios , et sunt ita magn?e quod portant bene quinque niillia sportas de pipere, et aliquae sex millia ; et vogaut ciim remis, el ad ipsos remos volunt quatuor niarinarii pro quolibet ; et ha- bent istae naves ita magnas barchas quod una portât benc mille sportas de pipere, et ducunt benc quadraginta marinarios et va- ( 436 ) dunt ad remos, et fréquenter juvant trahere magnamnavim. Item iiavis ilucit henc deccin liatcllos ad capieiiduni ])isces , et pro mittendis ancoris et pro imillis^liis serviliis navis , et barclia" adhuc ducunt batellos ; et qiiando na^ns jam navigavit uno anno , addunt aliam tabulam super illas duas , et sic vadunt usque ad sex tabulas. Dicto de riavibus , dicamus de insulis Yndiae , et primo dicamus de una insula qua; vocatur Simpagu. CAPUT II. De insula Simpagu , et qualiler niagnus kaan niisil exercituni ut caui conquis- tarct, cl qualiler confractœ suut naves Tarlaroruiii. Simpagu est una insula in levante, quie est in alto mari mille quingenta nicliaria. Insida est multiun magna , et gentos illius insulae sunt albae pulcro modo , et est |)ulcra ggns et sunl omncs idolâtre et non recipiunt dominium alicujus nisi à se ipsis. Ilic in insula isla invenilur aurum , et iileo babcnt satis. jSullus homo vadit illuc pro[)tcr boc, nulltis mercator aliquid inde portât; et propter boc habcnl laiiUiin (jiiod non posset dici nec crcdi. Pala- tium doniini istius insula? est multum magnum , et est coopertum totum de auro sicut cooperilur bic de piastris et sicul coopcriun- tur hic ecclesiae de plombo , et totum pavimentum camerarum palatii est coopertum de auro fino , grosso duobus digitis , et omnes fenestrie mûri et sake ; et non posset dici valor istius pa- latii. Isti de'ista insula habent perlas satis rubcas et grossas, et sunt magis carie quam aliae. Item sunt ibi mulli lapides preciosi; et magnusKaan ijui hodie régnât voluit eam facere capi, etmisit illuc duos barones cum multis navibus et gento mulla ab equo et a pede. Unus istorum baronum vocabatur Aiiatar, et alius Von- sanchi ; et ambo erant sapientcs valde et probi ; qui posucrunt se in mari et pervenerunt ad islam insulam , et ceperunt planitiem et domos multas ; scd non ccperant adiiuc nec civitates nec cas- ( 43? ) tra. Contigit autcm cis iinum magnum infortunium , quod di- cam vobis. Inter istos duos barones erat magna invidia , nec unus aliquid faciebat pro alio ;et ideo maie accidit eis, eo quod nec civitatcm nec castrum capere potuerunl , nisi unum castrum solum quod ceperunt per bellum et per violcntiam ; et quia illi de illo Castro noluerant se reddere eis, isti duo barones de com- muni concordia fecerunt omnibus de illo Castro prœcidi caput , salvoquod ad octo ; quibus, quia babcbantquosdam lapides con- secratos in bracbiis intus in carne, nullo modo poterant praecidi. Hoc videntes barones, mandaverunt quod occidcrenlur cum ba- culis de ligno , et postea fecerunt eis extrahi lapides istos de bracbiis. Contigit autem uno die quod ventus de tramontana venit fortis valde , ita quod dixerunt quod nisi ipsi discederent omnes naves eorum frangerentur. Tune ascenderunt in naves et posuerunt se in mari et iverunta longe quatuor meliaria ad unami aliam insulam non multum magnam. Et qui potuit evadere super illam insulam cvasit personam , et alii sunt passi naufragium et multi suffocati sunt ex eis. Illi autem qui ascenderunt insulam illam fuerunt bene triginta milia hominum , et isti reputaverunt se mortuos , quia videbant quod evadere non poterant. Et illi qui evaserunt nataverunt tantum quod redierunt in eorum contractis. Illi ergo homines qui ascenderunt insulam parvam se mortuos reputabant quia non videbant viam aliquam evadendi, et sic sta- bant in ista insula desolali. Quando ergo homines magnae insulae viderunt exercilum sic pcriisse et naufragium pertulisse, et vide- runt istos qui cvaserant super insulam parvam , fuerunt valde laetati. ( 4:^8 ) CAPUT III. Qualiler Tarlari sagacilcr rcdieruni SImpagu , et clvilalcm priucipaliin Iil-uL.' ccperdni. Cum autcm marc fuisscl factnm trarKjiiilliini , Tartari acccne- riiiit militas navcs de suis et agrcssi sunl illos de insula parva cl descendcnml in Icnam ut caperent istos qui erant in insiila. Quando autcm isti de insula parva vidcrunt inimicossuos, quod descendissent de navilms, et vidcrunt cos jam cxtcnsos in terra, videntes quod in navibus non remanscrat gens ad ipsorum custo- diam,ipsi lanquam sapientes , fmgcntcs se fugcrc , iverunt ad naves istorum , et sic non fuit aliciuis (|iii contradiceret ois ; et quando fuerunl in navilms , levavcrinit vcxilla inimicorum (juae erant in navibus et cepcrunt ire ad insulam magnam. Illi autcm qui remanscrant in insula magna videntes vcxilla, crediderunt quod esscnt illi de insula sua qui iverant ad capicndum illa lrif:;inta millia liominum. Qiianit sanclus, ad cujus nomen fecerunt idolum ; et iste fuit filius unius magni régis et divitis, et fuit ita bonus quod nunquam voluit attendere ad ali- quam rem r.iundanam. Et (juando rex vidit ii)[)e tciiaiii iilii ipsc lime eral , scilicct in (>ani- balu, fecil milli liandum quod omnes de terra obviarcnt reliquiis istis, quia crcdcbat qnod csscnt rcliquia-dc Adam : et istiid fuit anno douiini mcclxxxiiii. Et lucrunt poilata isla ciini magna reverenlia in Cambalu ; et invcntum est <|ii()(l illa scutclla habc- bat talem viilulcm, (]n()d poncndo vidandam in illa scutclla pro uno liomine , niiilli habebant ad suiTicientiam magnam ; et hoc probavit niagnus Kaan et invcnil sic esse. CAPIJT XXI. De provincia Maabar quac dlcilur Ymiia .Major. Quando bomo rcccdit bine et vadit pcc |)oncntcm scxaginta miliaria , invcnit magnam provinciam de Maaltar, cl i.sta voca- tur Yndia Major cl est in tcna firnia. Et in isla provincia sunt (juinque régna et quinquc rcgcs, qui oiuncs siinl ("ratrescarnales; et ego dicam de (juolibct jicr se. Ista est nobilior provincia de mundo et inagis divcs. Et in capitc istius rcgni régnai unus islo- rum fratrum qui vocatur Scndcrba , rex de Vai-. In isto re.gno inveniuntur pcriae bonae et grossie , et capiunliir sic : qui.» csi in isto mari unus gulfus qui est inicr in.sulam cl Iciiain lirinam, ncc est ibi aqua |)lus quam deccm passus \el duodciim. cl in aliquo loco nim plus quam duo , et in isto loco capiunlur pcrlif ( 452 ) sic . quia liominos accipiunt navcs mafias cl parvas, et viuliiiit in isto angulo, de inonse aprilis usquc ad nicdiiiiii inoiisiiii iiiaii, in uno loco qui vocatur Bachalar, et vadunl in uiari scxat^inla miliaria , et ibi projiciunt anchoras suas, et inliant Laichas par- vas et piscantur sic : quia inulti sunl mcrcaloics et faciunt socic- tatcm simul , et locanl miiltos lioiuines pro islisduohus luciisibus, quantum durât piscatoria. El mercatorcs dant régi de dccem partibus uiiam de omnibus quiC accipiunt, cl adhuc douant illi qui incantat pisces , quod non laedant bomincs qui vadunl sub aqua pro poibs, de \iginli partibus uiiani ; et isli suijt vocali abanamayn, id est incanlalores ; cl istc incantismus non valet nisi illa die ; ila quod de nocle nullus piscatur. Et isii incantant omneni bcsliam et omncm avem. Quando aulem isli liomines condncti vadunl sub a(iua , duobus passibus vel tribus vei qua- tuor vcl usquc ad (iuodccini , ipsi stant ibi quantum possunt , et capiunt pLsccs quos nosvocainus ostrcas; cl accipiunt indc perlas grossas et minutas et de omni modo: et pcrlic qua.' inveniuntur in isto mari spargunUir per loluni nnindum. El istc rcx islius provincial sive islius rcgni lialx-l magnum tbcsauruni. Or dixi vobis quomodo piscantur et capiunlur pcrlœ ; et a mcdio maio in anlca non sunl ibi usquc ad menscnï octobris. Et in tola pro- vincia Maabai' non est ncccssarius sulor pannorum, quia vadunl omncs nudi omni Icnqiorc ; (juia babciil omni temporc temjius temperalum , id est nec calorcm ncc frigus , et proplcr lioc va- dunt omncs nudi , salve quod cooperiunt sibi nalurani cum mo- dico panno ; cl sic vadit rcx sicul abi , salvo quod rcx porlat alia sicul dicam vobis ; quia portai ad naluram pulcriorcm pannum quam abquis abus , cl ad colbim portai unnm collarelum lotum plénum de la[>idibus prcliosis, ita quod illc collarclus ^alcl unum maximum llicsaurum. Itcni pcndct ad collum cjus una conla de scrico subliiis quœ descendit inlcrius unum passum ; et m ista corda sunl inter perlas grossas et rui)inoscirca rpiatuor cenlum ; quie corda csl maximi valoris ; cl porlat istum cordoncni , quia ( 453 ) opoilet quod omni die dicat qualuor centum oralioni-s idolis suis ; cl sic vult eoriini Icx , et sic feccnint alii reges eonim an- liqui, et sic facil iste. Item portai ad brachium bracialia plena perlis et lapidibus prcliosis. Ilem iiilcr crura in tribus locis por- tât ista bracialia, et sic portât tôt lapides preliosos super se qui valent unani bonam civilalein ; et non est niirum , quia habet tût lapides pretiosos et tôt perlas sicut conipulavi vobis. El nemo potest trabcrc de regno suo aiiqucm lapidcni prcliosuni qui pon- dcret ultra unum sagium ; et rex facil bandiri per tolum regnum suum quod qui babet grosses lapides pretiosos et bonas perlas poi-tet sibi , et ipse facit dari bis tanlum quam coiislent ; et isla est consucludo regni doiiare bis tanlum. El mercatores portant libenlcr , quia bene solvilur eis. Iste eliam rex habet bene quin- gcnlas fcniinas , id est uxores sive concubinas , quia sicut videt unum plucram mulierem slatim vult eam. Et frater suus habcbat unam pulcram uxorem , et rex accepit eam sibi, et frater suus tanquam sapiens dissimulavit , nec voluit propler hoc brigam cum 60. Item iste rex habet multos filios qui sunt magni barones; et quando rex equitat, isti sui filii semper vadunl juxta eum. Et quando rex est mortuus , corpus suum comburilur , et omnes isti fdii comburunlur praeler majorem qui débet regnare. Et hoc faciunt ut serviant sibi in alio mundo. Ilem est ibi talis con- suetudo , (juia de thesauro qucm dimittit rex filio suo nun- quam aiiquid tangilur ; quia dicit quod non vult minuerc illud quod dimisit sibi pater suus , sed polius vuil augere ; et sic quilibct auget et quilibel dimittit alleri , el jiropler hoc islud regnum est ila ditte. Item in isto regno non iiascitùr equus ; et propU'i' hoc omnes reditus corum pro majori ()arte ronsumunt in cquis. El dicam Aobis quomodo ; quia mercatores de Quinsi , de Dufar et de Usca ac de Adam ,' quia istae provinciic habci'it equos , isti mercatores implcnt naves dfe istis equis , et portant ad istos quinque reges (pii sunt fi aires, cl vcndunl nninii spplingcn- tos sagios de auro , qui valent plus quam centum marchas argenti; et iste rex émit in arino duo millia, et fratres sui similitér; et in capite anni omnes equi siint mortui ; et ratio est , quia nonhabent ibi maiiscalcos et quia nesciunt eos gubernare : et isti mercatores non ducunt illuc aliquem mariscalcum , quia nolunt quod equi vivant , nt possint magis lucrari. Item est ibi talis consuetudo. Quando homo fecit aliquid maleficium propter quod debeat perdere vitam , ille talis bomo dicit quod vult occidere se ipsum amore talis idoli , et rex dicit quod bene vult. Tune consangui- nei et amici istius malefactoris accipiunt ipsum , et ponunt eum super unam caretam et dant sibi bene duodecim gladios , et por- tant eum per totam terram , et vadiml clamando : Iste est talis probus homo , qui vadit ad interficiendum se ipsum amore talis idoli. Quando autem sunt in loco ubi débet fieri justitia , ille qui débet mori accipit unum gladium et clamât alta voce : Ego mo- rior amore talis idoli ; et hoc dicto percutit se in brachio , deindc in alio , et sic facit quamdiu est mortuus. Tune consanguinei accipiunt corpus suum et comburunt illud eum magna jocondi- tate. Item est ibi alia consuetudo quod quando homo moritur, uxor sua projicit se in ignem et comburit eum viro ; et hoc faciunt quia de hoc multum laudantur , et propter hoc multae domin7 ) CAPUT XXV Ik ihitate tibi corpus heali 'IhoiiKu aposloli reijuiesrit, et de miruniilh qu;j; ilji fiunt. * Corpus domini sancti Tlioniœ apostoli est in provincia Maahar , in procinclu cia/a/is vili et parvo , et in eo non sunt. miiltœ genfes nec sunl muiti mercalo- res, (jiiia paucœ iiweniunliir ibi mcicationes. Yerum pietatis causa in hune locum veniimt muIti christia- ni. Mu/li efinm sarraccm illins conlractce habcnl magnnm vencrationcm etfidcm in co , et dicunt qund Hic fuit sanacenus et qno.d fuit magnus pro- pheta , et vacant eum amarioii id est sanctum homineni ; et phiries ibi fit w/raculum ; quia clnistiani qui veniunt illuc in pnr grina^w accipiunt de terra ubijuit occisus . ijuœ est rubra , et portant secum in sun rrgionc cum r^verentia , et dant iiiis qid cvgroinniur . ad snnandam ///iirmitatem , et speciaiiler mis qui habent j'ehrcni r/z;«?-tanam , et statim sunt sanali. Idem accidit omnibus. Item dicam vobis de quodam miraculo ijuoà contigit anno Domini MCCLXXXVUT : hoc cort/igit inii baroni de parte regionis.quœ est /V/olatra. Hic baro habc- bot mullas diiilias , et in temporc messis risi , colle- gii mngnam. copiam de riso , ita qnod fecit impleri donins e ccle sia' sainti Thomx: ila quod nullns pcirgrinus in ens poterat haberc ingressum ; et homines qui custodïch^nt ecciesiam et dor mos eum precahantur fréquenter qnod evacu- * H;ec lypographicœ inœqualilates oiiuiilur ex lincaruiii discrimine iiitcr ma nuscriplum editum que codicem. Qiialibel llnpa maniiscrlpli pauciora complec liltir verba , et modo integris liueiis scril)ilur, modo signis ronlrar(is qiiîf in exleiiso icsiiluenda sunl, 58 ( 458 ) nnl omîtes istns dornos ecclesi;« ubi pcregrini acripicbarilur ; sed iste non curaLat : ita quod itna nocte appuniit beatus Tliomas isti baro- ///, tenens unamfurcarn et posuit sibi •iiiper gnilnr , dicens : Ni (ccciis lam cito eva- ruari ccclesiam mcarn fjuam /-clincs occupatain , le mala morte afficiam : cum ista furca stalim c'itm siringebal; et illius fuit maxiina pœna: (ipostoliis Tliomas tune recpssit. De mane mrgens baro fecit evacunv'x ecclesiam , et dixit i]uod in visione apostolus Jusserai. Christiani autem ex eo hnbuerunt ma^nam laetitiatn , et fecerunt preces et /rverentiam sancto Thomse. Multa n/ia /«/racula fiunt ibi frcqucnter ad invocationem beati Thomae apostoli , in honorem /dei chiistian.e. Et modo autejm dicara vobis quomodo fuit occi- sus. Iste beatus Thomas stabat in quodam nemore , in quodam heremitorio , et dicebat suas orationes , et circa eum erant multi pavones , quia in illa contracta sunt plures quam in toto mundo; et quando sanctus Thomas orabat, unus idolâtra de progenie di gioni erat ad ucellandum ad pavones , et sagittando unum pavonem occidit sanctum Tliomani , quia non videbateum, per costas ; et sic vulneratus cum doloïe orabat; sed primo quam veniret ad istum heremitorium convertit miiltam gentem ad ndem Christi. CAPUT XXVI. De colore iiicolarura terrœ illius , cl qualiter sua deplngunl idola. Et sciatis quod quando aliquis puer vel puelia nascitur in ista provincia, nascitur totus niger, et qualibet septimana bis vel ter iinguiil cum oleo de susimari, ad hoc ut fiai bcne niger, quia in illa contracta qui plus est niger ille magis liabetur in pretio. Et « ista gens facit dcpingi omnia sua idola nigra , el daeinoiies facil depingi albos, quia dlcunt quod eoruiii Dii et corum sancli sunt omncs iiigii. Et taiita est spcs qnam habciit in bovc quod quando milites vadunt in cxcrcitu, portant de pilo bovis silvestris ad fre- num equi , et peditcs ad scutura ; et aiiqui faciunt eos legari ad capillos vel crura : Et istiid faciunt ut évadant omne pcriculuni, Et proptcr hoc qui babet de illo pilo bovis rcpulal se securuni : etpropter hoc pili bobum silvcstrium sunt multum caii a])ud eos et multum care vcnduntur. Or modo dicamus de regno MoH'nli, CAPUT XXVII, De regno Molfuli cl qualiler invcniuiilur ibi dlaiiianle^, Molfuli est unum regnum quod bomo invenil quando reccdil de Maabar et vadit per tramontanam bcne mille miliaria ; et istud regnum est unius regin.ie quse erat multum sapiens , quae remanserat vidua benc quadraginta annis , nec voluit ulterius accipere maiitum , proptcr amorem primi mariti. Ista tenuil regnum in maxima justitia et magis diligcbatur quam unquam fuit dilecta aliqua regina vel rex. In ista provincia de Molfuli inveniuntur diamantcs, et dicam vobis quomodo : quia in isto regno sunt magna montana ; or quando pluit, aqua vcnit dc- rivando per ista montana , et homines vadunt qu.ierendo per viam unde ista aqua defluxit, et sic invenit homo satis de diamantibus istis. In sRstatc aulcm quando non pluit, inveniunt super ista montana, sed est ibi ita magnus calor quod vix potcst bomo sufferre. Et in illis montanis sunt tôt serpentes et sic magni quod homines vadunt illuc cum magno timoré , quia sunt valde vene- nosi ; nec audet aliquis appropinquare cavcrnis propter illos ser- pentes. Sed babent diamantcs per alium modum ; quia ipsi ha- bent ita magna fossata et ita profunda quod illuc nullus potesl atlingcre ; et ideo projiciunl carnes in islis fospatis , et carnes ( 46o) raduMt Mijjcr istus diaiiiantcs , et «liamaiilcs iiiij^uiilur in caiiiC. Super isla aiilcm montaiia sunl a(]tiila' albae qu;e slaiit proptcr comcdcndum illos quos occidimt dirti serpentes. Quando autcni aquilae scntiunt odoreni islaïuni caiiiiuui qna? sunt in fossalis projecUc , descenduiil illuc cl portant eas siipei' ripani fossati,et homines vadunt ad aquilas , et aquihe fuf^iunl ; et liomincs in istis carnibus inveniunt diamantcs ; et iterum inveniunt , quia aquilie comcdunt cum carnibus diamanles sive deglutiunt , et iiomincs vadunt de niane ad nidum aquilae , et cinii stcrcore aquilae mixtuni inveniunt dianiantcm. Or istis tribus modis inve^ niuntur; nec in aliquo loco de niundo inveniunlur, nisi in isto regnaniinc. Et non crcdatis quod boni dianianlcs vcniant.inter christianos , sed vadunt sive portantur ad magnum Kaan et ad reges et baroncs illius contractae. Item in isla contracta de Mol- fdi lit melior bochoramc et magis subtile quod sil in mundo , et magis carum , et vidclur tela eranei. Ipsi habeiil bcstias salis, et majores monloncs de mundo, cl liabcnl abundantiani omnium viclualium. CAPUT XXVIH. De [irovliicia Lar. Lar est una provincia versus ponentem , quando homo reccdit a loco in quo est sanctus Tiioinas apostoliis. El de isla provincia sunt nati omncs Blagmani ; et isti Blagmani sunt meliores bo- ulines mercatores de mundo et magis légales, quia nunquam (iicun; mendariiim pro aliqna rc , et non comcdunt carnes nec liibunl vinum , et slanl in magna boncstalc. Luxuriam non fa- ciunt , nisi cum suis uxoribus. Ipsi nlbil accipiunt alicui nec faciunt aliquid undc credant liaberc pcccalum. Omncs Blagmani cognoscuntur pcr uiium Tdam banibacis (picm portant sub spa- tula sinislra, et ligant islud filum sub alia spatula , ita quod fi- I i ( 4^^' ) luin venit per spalulain cl bratliium ; el pei istud sigiiuui coguos- cuntur omncs Blagmani. Et isti liabcnt rcgcm divitcm et po- tentcm , et émit libenler perlas et lapides pretiosos. Et oportet quod habeal omnes perlas et lapides pretiosos quos portant Blag- mani mcrcatores de Maabar , quie est major provincia qiiam habeat India.risti sunt idolatrge et vivunt ad atiguriiim aviim» el bestiarum plus quam alia gens, Et est ibi talis consuetudo ; quaiub) aliquis facit mcrcatum de aliqua re , ipse respicit ad umbram suam ; cl si umbra est magna sicut débet esse, complet siiam mercantiam ; et si non csset compléta sicut débet esse in illa die^ non émit eam ; et istud faciunt semper. Item faciunt aliud : quia qnando sunt in aliqua apotecba ad emendum aliquid , si venit ibi aliqua tarentula de quibus sunt ibi multae, attendant a qua parte venit vel potest vcnire , quia a tali parte posset venire quod non complerent mcrcatum. Item quando excunt domo , si audiunt unum stranutum qui non placeat cis ," retrocedunt et nunquam irent ulterius. Isti Blagmani viAoïnt plus quam alia gens , quia co- medunt parum et bibunt , et faciunt majorera abstinentiam quam aliqua gens. Et dentés habent optimos propter unam bcrbam quam consueverunt comedcre. Ibi sunt homines regulati,qui \i- vunt plus quam alia gens,id est bene ccntum quinquaginta annis vel ducentis, et semper simlfoiics el uiiintur virihus suis ; et totum illud est propler ahstinenilas n^a- gnas quas faciunt ; et risum et lac jno oinni cibo co- medunt semper quasi ab infantia ; isli vocrmhir cui- gui. Bis omni mense inedicarnen quoddarn sumunt sic factura ; quia tolluni mercurium et sidfur , et miscent simul cura potii , et bibunt et di- cunt quod istud tcnet eos sanos ci prœditos juventute. Et omnes qui hoc uhmtur vinmt plus quam alii. Isti sunt idolâtrée , cl reponunt suam spera in bove qucm adorant ; et cjuilibet paixum portant imum bovem de cupro , fronti cilligatiun ; ( 462 ) et >adunt omncs nu
  • is aliquis inde transitum, faciens ,pro vitanda tempestate maris vel qiuicurnque alia causa dii-ertit ad aliqueni hujus proi.nnciœ portimi , si casua- liier et non ex intiulionc prima déclinât ad illum, viri pairiœ hujus quidquid in nan recipitur accipiunt violenter , et dicunt : vos debe- batis ad aliam patriam cum mercationibus ire ; sed deus noster et fortuna nosfra miserunt nobis. Hoc malum in toln provincia fit. In regione multi leones sunt et agrestes ferœ. CAPUT XXXIII. De regno Melibar. Melibar est regnum versus ponentem. Habent regem per se et linguam propriam : sunt omnes idolâtrée et nonfaciunt tributum alicui. In isto loco magis apparet tramontana stella , et videUir esse ad duorum cubitornm mcnsurnm. In hoc et in alio regno quod estjuxtn illud et quod vocatur Guzmaia , 59 (46G) suni pitaiœ mitUi ; el egredhinhir cenixaa. ligna de duobiis prcefal'is regnis. Ciifàutit onincs euntes per illud marc , et semper ducwtt secuin suas uxorcs et iilios, et toiam œstatem consumiint in cursu et faciunt ma- h et damna magna mercatorihus : et dividunt se in varias scalas per mare, cl faciunt sibi ad in- i'iceni muUos liicero. ignés ; ita qiiod nullus mer- cator potest Irans'irç. qui non capiatur ; et non lœdunl aliijuem, nisi quod accipiunt illud quod habct; et diciint el : Eatis ad lucrandum de alio. Hic nascitiir piper et genziber , canella , curbith : habent. copiarn de Âocorame valde pulcro. Meixatores alii portant eis pannes de sirico et auro , argentum , sendal , giro/alos et spicam ; quia ipsi non habent. CAPUT XXXIV. De regno Cozuialh. Cozurath est unum magnum regnum; et omnes homines illius regni sunt idolâtrie et habent regem et linguam per se , et non faciunt tributum alîcui. In isto rcgno apparet plus Stella tra- montana super mare , quia apparet ad altitudinem sexcubitorum. In isto regno sunt pejores corsari de mundo ; quia quando re- periunt mercatores dant eis bibcre tamarindi et aquam salsam , ut faciant eos ire multum ad scUam ; et respiciunt stercus , si mercatores habent in corpore perlas vel alias caras res; quia di- cunl quod mercatores, quando capiuntur, dcglutiunt ista , ut piratcenon invcniant eis. Hic est eiidicus piper, zenziber et multae alise species. Ipsi habent arbores quae faciunt barabacem , et sunt altcE bcne sex passus , et habent benc viginti annos ; et quando sunt sic inveterat;e , non faciunt sic bonam bambacem , et ham- liax quae nascilvir iii arbore est bona , et durât bene duodecira ( 46; ) annis , bona pro tela , quia filari polest. Hic fiunt multa cona de becho et aliis besliis. CAPUT XXXV. De regnis Thana Cambaelli cl Rcsinacora *. Post hœc pcnenitur ad ( rcgiia ) Thana , Cambacth , Scme- nach et Resmacoram , ad occidciitalein jilagam ; in ijulbus regnis mercationes maximœ fiunt. Unumi^uodque auiem horiun rcgno- rtim regem propriuni hahct et propiium idioma , et siint in India majori. Non sunt ibi alia quœ in nosiro libro indicaveiini descri- benda. De majori etiam India non scripsi , ni si de terris et regnis quœ mari adjacent , i« ) femina ; scd stant in alla iiisiila , (iiiœ vncalur i'emelle , qiui' ilislat ab ista Iriginta mi' liaria. Et homines vadunt ad insularn ubi stant feminae , et stant cum ew in dorni- bus suis propriis , tribus mciisilms ; el poslea redcunt ad insulam suam , et ibi coniplent facta sua novem mensibus. Hic est copia de ambra piilcra et bona ; quia in illo mari sunt ccte grandia , in copia magna. Viviint de carnilnis , lactc et riso , et sunt boni piscatorcs et capiunl intinilos pisces , et faciunt indc magnas mcrcationcs. Hic non est aliquis dominus , salvo quod est bic unus cpiscopus qui subest archiepiscopo de ( Scura ) ; et istos tenent pro suis dominis. Filii masculi stant cum patribus , et filia' feminae stant cum matribus. CAPUT XXXIX. De insula Scura. Quando homo recedit de islis duabus insulis cl vadit per me- ridicm quingenta miliaria , invcnit insulam de Scura ; et isti de ista insuia sunt cbrisliani baptizati et habent archiepiscopum. Hic est multa ambra. Isti habent pannos de.bambace valdc bo- nos. Habent multos pisces salitos et bonos , el vivunt de riso , carnibus et lacté. Isti vadunt omnes nudi. Hue veniunl multae naves cum multis opibiis quœ prcedanl in mari, et ibi omnia vcndunt : ibi autem libenter ea emunt, quia sunt idniatris et sarra- reniset non clirlstiatiis nt/lntn. In hnc insida miilti incanfatores intcr chn'stinnos il/os. Si naa's aliqua ab insula Sroira desrenderet qiiam incantatores revocare vellcnt, quantumcumqiie naas veto p/eno cum prospéra renfo cnrrat .faciunt nrtc diabolica cum in- cantationibus suis opposiluni navi ventitm insurgere , ita quod oportet eam redire retrorsum. ( 469 ) ' CAPUT XL. I)i' ip^iUaiiiaxinia Madagasiar. Cuin autem dîscedltur ab insula Scoira versus meridiem pêr iniliarîa mille , irwenitur l'nsula Madagastar , quce una, est de iniijorihus insulis et, ditioribus qiue in rnuinlo sint ; continet enirn arnbltiis ejiis in giro miliaria quatuor millia. Habitatores insulte sarraceni sunt , habentes legem abominnbilem Machorneti. Regem non habenf , sed (jun/uor senioribus toium insulce regimen est cornmissurn. In hoc insula principales elephantes sunt , (jid in re- gione alla reperianlur in orbe terraruni. In universo etiam mundo non est tantn négociât io dentium elephantum sicut ibi et in insula quœ dicitur Zanzibar. In Itnc insula non coniedunt carnes alias nisi canielonim , quia im^enerunt eas sibi esse cœten's carnibus saniores. Est autem ibi camelonim tam immensa multitudo quod videlur incredihile prœ stujwre multitudinis inauditœ , nisi pro- prio cernanlur intiiilu. In bac insula sunt multa nemora sanda- lorum iitbroiiiin , de quibus ibi sunt arbores rnagnce , ex quibus negociationes maximœ fiunt. Ibi est ambri copia magna, qida in mari illo capodoglce et cete grandia capiuntur scepe , ex qui- bus grandia ambra colligitur. Ibi sunt leopardi , leoncice in copia magna et Icônes magni l'alde : sunt ibi ceni , damulœ et caprce in nmltitudine magna , et venationes maximœ bestiarum et vo- lucTum : aves autem regionis illius nostris açibus dissimiles sunt valde : sunt etiam ibi atrs midtarum specierum quas omnino in nostris regionibus non habemus. Ad hanc insulnm , propter in- cantaliones innurneras concurrunt naves multce ; ad alias rero insulas ultra istam ad meridiem parms concursus nanwn est , nisi ad insu/am Canzibar , propter cursum velocissimimi aquœ maris : naçes enim itrtociler currunt illuc , sed cum difjicultate niniia reverlunlur. Eadem enim navis quœ de régna Maabar ad ( 47" ) - hanc insuhiin Mudagi:s!(jr l'cnit iti vigi'iill diuihiis dicbiis , vix I de Miidagastar potest in tribus mensibus redire in Muabtir , eo \ quod maris illius injluxus veliemens sernper ad rneridiem currit , et nunqiiam ad parlem aliarn retrorsum converlitur jluxus ille. CAPUT XLI. • De avibis iiiaximis qui vocanlur l\uc. Jtem sciatis quod ad iilas insdlas quae sunt circa meridiem , naves non vadunt Uhenter , propter aquam qu;E sic currit forti- ter. Dicunt mercatores qui illuc iverunt quod sunt ibi aves grif- fones , et istae aves apparent certis diebus in anno ; sed non sunt sic facti ut dicitur , id est quod sint medii avis et medii leo ; sed sunt facti ut aquiliie , et sic sunt fortes quod accipiunt clefantem et portant eutn in aère , et permillunt cadere , ita quod totus dis- sipatur , et postea pascunlur se super illum. Item dicunt illi qui viderunl , quod abfi eorum cooperiunt viginti passus , et pennae sunt magnie duodecim passus, et sunt grossae sicutconvenit mag- nitudini earum. Illud quod ego Marcus Paulus vidi de istis avibus dicam vobis. Magnus Kaan misit nuncium ad sciendum de illis rébus ; ita quod illi de terra illa ceperunt eum et tenebant eum captum. Item magnus Kaan misit alium nuncium , ut faceret di- mitti illum qui fuerat captus , et lUe scripsit sibi multa mirabilia, et isti nuncii portaverunt magno Kaan unum dentem porci sil- vestris qui ponderavit viginti quatnor libris. Ipsi habent sic diver- sas bestias a nostris, quod est mirabile. Illi de illa insula vocant aves griffones ruch ; sed propter magnitudinem illius avis nos credimus quod sit fenix. (47^ ) CAPUT XLII. De iusula Zanziber. Zanzibcr est una insula magna et pulcra et girat bene duo mil- lia miliaria. ( In illa insula ) omnes sunt ( idolatrae , et habent regcm ) par se. Gens est magna et grossa , et non apparent esse magis longi ad crassitieni quam babcnt. Ipsi sunt adeo grossi et membruli quod vidcntur gigantes, et sunt sic fortes quod unus portât onus pro quatuor hominibus ; et hoc non est mirum, quia unus de iliis hominibus comedit pro quinque hominibus de nos- tris. Ipsi sunt omnes nigri et vadunt omnes nudi , sed cooperiunt suam naturam ; et façiunt xnagnum sensuni quando eara coope- riunt, eo quod habent eam rnultum magnam et turpem , et hor- ribilem ad vidcndum. CapiUos habent omnes riciutos. Ipsi habent ita magnum os, et nasum sic rabuffatum versus fronlem , cl barbas et nares sic grossas quod est mirabile. Aures grandes ha- bent et oculos habent horribiles, quia si quis videret cos in alia patria, videretur ei quod essent diaboli. Ipsi habent multos clc- fantes , et faciunt multas mercaliones de dentibus ipsorum ele- fantium. Ipsi habent leoncs satis , alio modo factos quam sin( alii. Ipsi habent lozas et Icopardos satis, et habent bcstias divi- satas ab aliis. Idem habent montones et pecudes de una facta , quia sunt omnes albi et capul habent nigrum. Et in tota ista insula non inveniuntur de aUo colore. Ipsi habent zirafas pul- criores de mundo, et sunt factœ sicut dicam vobis ; ipsse habent crura curta , et sunt aliquantulum bassœ rétro , quia crura poste- ripra sunt parva et gamba' anteriores sunt multum longse, et sunt aU?e a terr» bene très paasus. Habent parvum caput et longum collum et non faciunt aliquod malum aiicui. Habent colorem album et rubrum ad circulos , ita quod est muilum pidcra res ad videndum. Elefans jacet cum elefanlissa sicut jacet homo cum ( 4?^ ) femina , id est quod clefantissa stal reversa , quia natura elefantis est multum infra corpus. Hic in insula ista sunt turpiores mulie- rcs de mundo , quia habent magnum os et grossum nasum et turpes mamillas , et grossiores in quadruple quam aliae mulieres. G entes istius contractai vivunt de riso et carnibus et de lacté ; non habent vinum , sed faciunt eorum vinum de riso et zucharo et speciebus , et est satis tolerabile et bonum ad bibcndum. Hic fiunt multae mercationes , quia mercatores portant multa de ista terra. Item habent satis de ambra , quia capiunt mullas balenas. Et homines istius insuUe sunt boni praeliatores , quia sunt fortes et non timent mortcm. Ipsi non habent equos , sed praeliantur super camelos et super elefantes , et faciunt super elefantes cas- tella lignea , et in quolibet illorum castellorum stant duodecim vel viginti homines, ad praeliandum cum lanceis et spatis ac lapi- dibus , et faciunt bclla valde crudclia. Et quando volunt ducere elefantes ad prœlia dant eis bibere vinum ut sint magis fortes et audaces. Hic non est aliud dicendum. CAPUT XLHI. De mulliludine insularum lodiie. Et quamvis ego scripserim multa de India et de insulis ejus , non propterea scripsi nisi de insulis principalibus. Aliae quas non curavi scribere sunt subjectae ilbs quae sunt scriptae superius. Et dcbetis scire quod est tauta inultitudo insularum Indise quod condictio earum non posset exprimi per hominem viventem. Unde , secundum quod dicunt marinarii et pedoti magni de illis contractis , et secundum quod habetur per scripturam et notam compassnum maris Indiae , in ipso mari Indiie sunt per numerum duodecim m illia septingentae insulae universaliter , inter insulas habitatas et non habitatas. Nunc autem dicendum est de provin- cia Abasci*. I ( 473 ) CAPIIT XLIV. De provincia Abasciae qu£e vocatur India Media. Abascia est una provincia quae est India média , et est sub magno Kaan ; et rex istius provinciae est cbristianus. Christiani autem istius provincia; habent tria signa in facie , ununi a fronte usque ad médium nasum , et omnj gola unum. Et ista signa sunt facta cum ferro calido , et iste est baptismus eorum. Sarraceni habent aliud signum , solum unum a fronle usque ad médium nasum. Major rex corum moratur in média provincia; sarraceni vero morantur vci'sus Edem. Et in ista tali provincia sanctus Thomas apostolus primo vcnit ad prjedicandum , ubi multam genlcm bene convertit ad fidem chrislianam , et postea ivit illuc ubi tuit mortuus , id est ad Maabar , sicut dictum est supra. Et in ista provincia Abasciae sunt multi boni homines pro armis , et habent milites multos , et sunt eis valdc nccessarii, quia lia- bent guerram cum soldano de Edem. Contingit in ista provincia istud quod dicam vobis : quia rex Abasciae vohiit ire ad sanctum sepulcrum , et oportebat eum viam facere per Edem ; ita quod fuitsibiconsultum quod ipse non iret, sed mitteret pro se unum episcopum : ita quod iste episcopus venit ad sepulcrum , pulcra socictate et honorabili , sicut decebat episcopum. Et facta obla- tione et reverentia , secundum quod decuit , contingit eum redire per Edem. Soldanus scivit unde erat et quis erat iste episcopus , et in despectum domini sui fccit eum capi et circumcidi , sicut circumciduntur saraccni , et licentiavit a se eum. Postquam au- tem fuit liberatus , quando potuit equitare misit se in via , et venit ad regem et dominum suum , qui recepit eum valdc gra- tanter. Sed postquam scivit quod fecerat sibi ille soldanus , fuit de hoc valde indignatus et valde turbatus , et dixit quod de hoc se bene vindicaret, et fccit bandiri exercitum super terras sol- Co ( 474 ) dani , et dcslnixil multas terras soldani ; scd (juia non poluil ul tra procedere , rcvcrsus est cura magno honore in palriam suam. CAPIT XLV. De quibus vivit gens ALascix , et de divcrsitate bestiarum. Gens Abasciœ rivit de lacté et riso, et utunlur oleo de sosi- ma. In illa provincia Abasciœ sunt multae civitatcs et oppida mulla. Ibi fiunl miilt;p et n]a};ii;r morcalicincs. Ibi fiunt in maxi- ma copia panni optimi de bocharaminc et de bambace. Ibi sunt miJti clcfanlcs , quamvis non nascantur ibi , sed dcfcnmlur illuc de partibus Indiae. Ibi nastunlur giraffae mulla', Icônes, Icopar- di et multa alia animalia valdc dissimilia aniniallbiis nostris. Ibi s\int onagri mulli et avcs divcrsarum S])ecierum quas nos non habemus in partibus nostris ; ibi sunt gallina? pulccrrimae : ibi sunt strntiones grandes ut asini : ibi sunt multae venationes et magna; aucupationcs bestiarum et volurnim : ibi sunt papagalli sive epymachi mulli et pulcri et diversarum manicnim : ibi sunt simicc , cati pauli et cati maimones, qui in totis et per totis eorum faciebus similantur faciebus hominum. CAPUT XLVI. De provincia PMcm , et Soldano ejus. F.dem est una provincia, et in ista provincia est unus dominus qui vocatur soldanus de Edem. Gens illius rcgni sunt omnes saraceni , qui adorant Machomctum cl habent in summo odio cbristianos. Ibi in provincia illa sunt niulliP civitates et castra. Ibi est portus , et vcniunl omnes naves de India cum multa mer- catione , et de isto portu trahunl eam cl portant super barcbas parvas quse vadunl per uiium flumcn circa scptcni giornatas. In capite istarum sepUm ^iarnalarum trahunt eam de barchis et ( 47''' ) porlaiit supor cainelos, cl vadunt pcr leiram triginla {^inrnatas. In capile Iri^inla giornalarum invciiiu'.t flnmcn de Alcxandria, otpor illiul flimieiisiinilitci-vcnil in A'icxandiia. Kl perislum mo- duui liahcnt saraccni de Alcxaiidiia. |)ipor dp versus Edcm cl spc- ciarias cl caras rcs, née pcr aliain viain ita l)()nani possmil vciiire. Et sciatis qiiod islc rcx de Edcm sive soldanus est unus de ma^is divilihus doniinis qui sil in mundo. Et qnando soldanus Rabilo- nia; vcnil super .Iciusalcm, i|)sc fccil sihi adjwtorium de Iriginla millil)us equililtus cl hcne quadraginla ( niillilms rainclis; c ) is- lud fecit non pmplcr 'uoiimn (pcragendum ) soldano Babilonia», sed quia ipsc odil chrislianos ; quia soidannni lialnloni;^ non dili- git. Or dicamus de una maxima < ivilatc, que est de Edem , cl de uno parv(j rcge qui vocatur Oseior ; et ista civilas di.stal a portii de Eiieni quatuor miiiaria , et est supposita uni régi se, et tcncl eani l)cne in juslilia; cl sunt omncs saraccni : et liabct iila civitas portuni vaide bonum: cl multa' naves veniunl tic India ad iliuin porliim ; et smit ihi iiiull.i lioua qnae dicere longum es- sel. Or dicamus de Dul'ar. CAPITT XLVII De civil.-ilo Duf.ir. Dufar est una civitas magna cl noliilis , cl est longe de civi- tatc Aslor quinquc miiiaria versus magistrum; et liomincs is- tius civilatis sunt saraccni , et haiicnt pro domino unum comi- tcm qui suhcst soldano de Eilem : et civitas est de iila provin- cia ; cl civilas habct valde bonum portum uhi vcniuni multa» naves et multx mcrcanliae , et inde vadunt ad alia loca. Item sunt ibi mulli boni ccpii (pii vcniunt de Cabya et aliis locis : cl nascilur ibi niultuin de ineenso, cl sic habenl cnm : (juia stinl arbores non mulluni magnae, sed snnt paoan sicnl sapini ; cl ( 47C ) ipsi incidunt eas in pluribus partibus , et de illis incisinis exit jncensum ; et etiam exit de illa arbore, quando est magnus calor , sine incisione. CAPUT XLVIII. De provincla Calatu ubi bestiœ comedunt pisces et de eis fit biscotum. Calatu est unum rcgnum , imo civitas magna , et est infra gul- fuin , et est longe à Dufar sex miliaria versus magistrum : ista est nobilis civitas et est supra mare. Homines istius civitatis sunt saraceni et sunt sub Cormoso ; et quando Molic de Cormoso ha- bet dampnum ab alla gente quaepossit plus quam ipse , ipse ve- nit ad istam civitatem, quia est fortis locus ; ila quod non timet postea aliam gentem. Ipsi non habent bladum, sed habent a mer- caloribus qui portant cum navibus : t-t ista civilas babet bonum portum , et veniunt illuc multae naves. Et isle Molic habet unum forte castrum quod melius tenet mare quam civitas. Isti de ista contracta comedunt datillos et pisces salitos , de quibus habent magnam abundanliam supra modum , et spccialitcr de tunnis magnis et optimis. Yineis carent ; sed vinum de rizo, zucharo et delicatis spcciebus conficiunt. In bac regione sunt vcrvetes sta- tura parvi , qui aures non habent ommino , sed in loco aurium duo parvula cornua. Animalia istius regionis, scilicet cqui , bo- ves, aves , cameli , ad esum piscium assuetasunt , et ille est com munis et quotidianus eorum cibus. Nam quia contracta illa cali- dissima est et arida , imo herbas non habet nec bladum, ideo animalia ad comedendum pisces tam récentes quam siccos assues- cunt. Tribus mcnsibus anni fit ibi piscium mirabilis captura. Scilicet in martio , aprili et madio. Hos pisces siccant et servant per totum annum pro animalibus. De piscibus etiam faciunt bis-, cotum , per hune modum : accipiunt enim pisces magnos, et mi- nulalim incidunt et commiscuunt simul , et panes faciunt quos (477 ) ponunt ad dessicandum ad solem , et per totum annum conser- vant : licet enim superius dixerim quod homines istius contrac- tai comedant dalilos et pisces salitos , nihilominus ibi sunt nobi- Ics homines qui comedunt meliora cibaria quam sint isla. Or modo dicamus de civitate de Cormoso. CAPUT LXIX. De civilale de Cormoso. Cormoso est una magna civitas et nobilis, quae est supra mare et sub Molic et habet multas civitates et castella sub se ; et sunt saraceni, et est ibi magnus calor. CAPUT L. De regione quadam ubi habitant Tartari in aquilonari plaga. Postquam computavivobis omnia illa quae disposueram diccre vobis de India et quibusdam aliis provinciis et regnis de Ethyopia , modo revertamur ad quasdam alias contractas et provincias no- biles et valde bonas que sunt in ultimispartibus tramontanie , de quibus partibus obmiseram dicere loco suo superius, causa bre- vitatis. Or nunc volo quod sciatis quod in quibusdam partibus aquilo- nis , ultra polum articum, hoc est ultra tramontanam , habitant multi Tartari , qui sunt veri et recti Tartari, et servant ritus et modes suorum priedecessorum antiquorum , et habent regem , qui rex fuit de lignagio et parcntella maximi imperatoris Tarta- rorum ; et omncs isti Tartari sunt idolatrae, et colunt et adorant unura deum quem vocant Naagai , id est, deum Icrr* , co quod ipsi putant et credunt quod ille eorum deus habeat dominium terrae et omnium eorum quae nascuntur de terra ; et ( 47» ; hinc eorum deo falso faciunt idola et imagines de feltro , sccun- dum quod dictum est supra de aliis Tartaris capite (qainqiiage- simo sexto )primi libri. ïsti Tartari non habitant in castris aut op- pidis neque in civitatibus, sed habitant in montibuset campancis illarum provinciarum. Hii Tartari sunt in maxima multitudine et non habcnt blada ad conicdenduin, scd vivunt de carnibus et lacté. Ipsi vivunt in maxima pace ; et ratio est quia rex eorum , cui om- nes bcne et fideliter obediunt, conservât eos in maxima pace. Ip- si etiam habent multitudinem magnam et copiosam camelorum , equorum, bobum et ovium et aliorum diversorum animalium. Ibi sunt ursi albi et magni valde , qui pro majori parte sunt lon- gi viginti palmis. Ibi sunt vulpes totalitcr nigrae et magnre valde : ibi sunt onagri in magna multitudine : ibi sunt etiam animalia parva, quae vocantur in lingua eorum rondes, quae habent pellem delicatissimam super modum. Hvec pelles vocantur zambelinae , de quibus pelhbus facta fuit mcntio supra , in secundo libro hu- jus operis, capiite (vigesimo primo). Sunt etiam ibi varii in ma- xima copia , qui habent pelles valde delicalas et caras. Ibi similitcr sunt animalia mùltum magna secundum eorum genus , quae vo- cantur racCi Pharaonis , de quibus capiunt in aestate et in tanta co[)ia et in tanta multitudine quod vix comedunt in tota iestate alias carnes nisi illorura ractorum. Ibi etiam est abundantia et copia maxima omnium animalium silvestriuTTi ; eo quod Iota illa contracta est terra multum silvestiis. CAPIIT LI. De regione alia ad quam Mercatores (raoscunt solum in vehiculis quîf trahiint canes. In confinibus terrae de qua dictum est supra , et sub dominio supra dicti régis , est una alia provincia montuosa , in qua pro- vincia habitant homines qui capiunt illa animalia parva quae ha- ( 479 ) bent pelles multum delicatas, sicut sunt rondes, hermelini, her- culini , varii , vulpcs nigree et alla; siniilcs de quibus dictiim est supra; et sunt ibi quasi sine numéro : et homincs qui habitant in illis montibus de quibus dictum est supra sciunt ea capere ita artificiose et cum talibus ingeniis quod quasi nulla potest evade- re manus eorum. Item ad Joca illa non possunt acccdere aUqua animalia multum magna vel ponderosa , sicut sunt cqui , boves , asini et cameli, vel quaecumque alia animalia similia , eo quod illa contracta est in magna planitie; et in illa planitie sunt mul- tae lacuniE et multi fontes qui faciunt iilam regioncm multum paludosam ; et propter nimiam frigiditalem illius provinciae , qua- si omni tempore est glacies, ila magna quod naves non possunt inde transire ; nec etiam est tanta soliditas in glacie quod currus graves vel gravia animalia possit substinere. Tola alia planities extra lacunas propter raultitudinem aquarum fontium , quae de- funduntur quasi continue, sic est lutuosa quod non apparet ali- qua via unde currus vel aliquid animal magnum , pondero- sumi et crassum possit transire. Durât autem ista provincia per longum tredecim giornatas ; et quia ibi est tanta multitudo prœ- dictarum pellium pretiosarum, de quibus fiunt maximae merca- tiones et maxima lucra , ideo honimes illius provinciae taie re- mcdium invenerunt ad hoc ut mercatores et ncgociatores aliarum partium possint habere viam et accessum ad eos. Nam in capite cujuslibet giornatae illarum tredecim giornatarum in quibus se prolongat illa talis provincia , est unus burgus , in quo burgo sunt plures domus , in quibus habitant homines qui deducunt et recipiunt mercationes et mercatores qui vadunt ad illam provin- ciam causa lucrandi. Et in quolibet illorum burgorum servantur circa quadraginta canes , magni sicut asini ; et isti canes omnes sunt assueti et docti trahcre trahas , qu;e in lingua italica nomi- nantur tragiae vel tregulae. Est autem traha seu tragia quoddam vehiculum sine rôtis , quo utuntur apud nos quidam, etpraecipue illi qui habitant in ruribus ; unde illi taies qui ducunt illas tra- ( 48o ) gias ligant sex de illis caiiibus , online congruo , ad unam de illis tragis : postea supponunt tragiae pelles ursorum , super quas pel- les sedent duo homines , videlicet negociarius sive mercator qui vadit pi-o[pcllibus , et auriga sive ductor tragiae , qui régit canes et dirigit et novit optime viam. Et quia vehiculum sive tragia est de ligne levissimo , et desubter est planum et politum, et quia etiam canes sunt fortes et assueti ad istud taie officium , ncc magna onera vel muUum gravia ponunlur in tragia, illi ta- ies canes salis faciliter trahunt illam tragiam per illud taie lutum; et non fingitur tragia multum in lutu per istud taie tractum. Et quando veniunt ad alium burgum qui est in fine illius giornatae , negociator sive mercator accipit alium ductorem pro secunda giornata ; et hoc fit , quia canes non possent substincre illuni tantum laborem per omnes tredecim giornalas : unde primus au- riga , sive primus qui conducit tragiam , reverlitur cum tragia sua et cum suis canibus ad suam mansionem ; et ille negociator sive mercator mutât in qualil)et giornata canes, tragiam et ductorem ; et sic eundo ad montes émit pelles ; et eo modo quo dictum est revcrtitur ad terram suam propriam per planitiem. Et sciatis quod de illis talibus pcUibus fiunt maxima lucra in illis con- tractis. CAPUT LU, J)e regione Tcnebrarum. In vicinis partibus regni Tartarorum superius memorati , quasi immédiate est alia regio sive contracta , in extremis partibus sive habitationibus septentrionis , quae vocatur obscuritas , pro eo quod sol nori apparet jbi , sed pro majori parte temporis anni ibi aer est tenebrosus , ad modum crepusculi diei , quasi ad mo- dum aurorse. Homines illius rcgionis sunt pulcri , magni et cor- pulenti ; sed sunt multum pallidi : et hoc conlingit propter ca- ( 48. ) rentiam lucis solis. Isli non habent rpgcm, neque aliquem prin- cipcm cui sint subjecti , et sunt homines inculti et immorigerati , et bestialiter viventes. Et Tartari qui sunt cis vicini et stant mul- tum prope eos saepc invadunt illam rcgionem obscurara , et diri- piunt et rubant corum animalia et alia bona , et faciunt eis mul- ta damna. Et quia, propter caliginem et obscuritatem aeris, nescirent postmodum redire ad eorum contractas , equitant equas quoe habent filios parvos , et cum volunt intrare tei-ras istorum de regione tenebrarum , accipiunt filios equarum suarum quas equitant, et faciunt eos cuslodiri à custodibus quos ipsi ponunt in introitu illius rcgionis. Et facta praeda in contracta tenebra- rum, quando volunt redire ad regionem lucis, lassant frena suis cquabus , et permittunt eas libère ire quo volunt ; et equse hin- niantes versus filios currendo revertuntur ad locum ubi dimise- rant filios suos, et sic per istum modum reducunt equitatorcs suos de illo loco , unde per se nescivissent redire. Homines illius contractse capiunt in magna copia ermelinos , varios , herculinos, vulpesct animalia similia, quae habent pelles ita delicatas, et por- tant pelles ipsorum animalium ad terras lucis vicinas , ubi de pis faciunt nuilla lutra, CAPUT LUI. Pe provincia Ruthenonjm. Postquam computavi vobis terram sive provinciam Tenebra- rum et condictiones ejus , modo computabo vobis condictiones provinciae Ruthenorum. Et debetis scire quod provincia illa est maxima , et est sita et posita ad polum arcticum , hoc est ad tramontanam : et génies islius provinciie sunt omnes christianœ, sed in officiis ecclesiasticis servant ritum et modum Graecorum. Homines et mulieres illius provinciae sunt omnes albi , et sunt multum pulcri , et omnes habent capillos flavos et pulcros. Ipsi 6i ( 482 ) siint tributarii régis Tartarorum , cujus sunt vicini et cum quo vicinant ex parte oricntis. Ibi est copia niaxima de pellibus her- melinorum, herculinorum , zambelinorum , Tariorura etTulpium. Ibi sunt etiam multae venae argenti. Illa provincia est frigida su- pra modum et extenditur usque ad marc Occcanum. In illo mari sunt quaedam insulae in quibus nascuntur girfalchi et herodii , hoc est falcones peregrini , in maxima abundantia, qui inde post- modum portantur ad diversas provincias et ad diversas con- tractas. CÂPUT LIV. De rege Caydu, qui est rex in magna Turchia. In magna Turchia est unus magnus rex qui vocatur Caydu , qui est nepos magni Kaan , qui fuit filius fdii Cyachactay , qui fuit frater carnalis magni Kaan. Ipsi habent multas ci^itates et castella , et est multum magnus dominus ; et est Tartarus et sua gens est tota Tartara , et sunt boni homines pro armis ; et istud non est mirum , quia sunt omnes consueti de armis. Et istc Caydu non habuit pacem cum magno Kaan , sed scmper habuit guerram cum eo ; et ista magna Turchia est versus magistrum. Et quando homo recedit de via de Cormoso quam computavi- mus , est magna Turchia ultra flumen Gion , et durât versus tra- montanam usque ad confines magni Kaan. Et iste Caydu fecit jam multa praeHa cum gente magni Kaan; et dîscordia quam ha- bet cum eo est ista : quia Caydu petebat magno Kaan quod vole- bat partem suam de conqucsto provinciae Calhay et de provincia de Mangi ; et magnus Kaan dicit quod vult sibi dare suam par- tem sicut aliis fdiis suis ; ita tamen quod dcbeat ire ad curiaui suam quotiens vocaretur. Item volebat quod facerct sibi obedien- tiam sicut faciunt alii fdii sui ; et per istum modum vult sibi dare magnus Kaan suam partem de illo conqucsto. Et Caydu non (483 ) confidebat ire ad eum , quia timebat quod occideret cum, et propter hoc non volebat Ire : sed Caydu bene volebat esse ad obedientiam suam ; sed magnus Kaan non volebat, nisi iret ad eum; et propter hoc fuit ista discordia. Et propter istud magnus Kaan tenet magnam gentem in partibus illls , ut non possit sibi facere damnum. Sed iste rex Caydu non dimittit propter (hoc) il- lam gentem , quin faciatsibi damnum. Et quando vult ostendere potcnliam suam, ponit in campo ccntum millia hominum in equis , omnes probos et bene costumalos de gueira. Item suni prope eum multi barones de lignagio imperiali , id est de Cinghim Kaan , qui fuit primus eorum dominus qui conquestavit unam partem illius contractae. CAPUT LV. De quodam ejiis pra-lio , cl quomodo Tailari Incedunt arinali ad piœlium. Nunc compulabo vobis de aliquibus praeliis que fecit Caydu cum gente magni Kaan , et quomodo vadunt Tartari armati ad praelium. Ipsi cnim habcnt in mandalis quod quilibet portet scxa- ginta sagittas et triginta minores. Minores sunt ad transfigen- dum, et majores quae habent ferrumlongum sunt ad projiciendum de prope ; et quando jam projicerunt istas sagittas omnes , ipsi ponunt manum ad enses et baculos sivc mazas et fortltcr prseh- antur. Sed revcrtamur ad intentionem nostram. Verum fuit quod in anno Domini mcclxvi , rex Caydu cum suis consobrinis quos ipse habebat , quorum unus vocabatur Gyosudar , coadunavit unam magnam quantitatem gentium , et ivit super ununi baro- nem magni Kaan , et iile super quem ibat erat consobrinus Caydu ,tenebat terram magni Kaan et vocabatur Cimbay ; cl iste Cimbay fuit filius Ciagalay , qui fuit chrislianus ba[)tizatus , et fuit frater carnahs magni Kaan Coublay. Or iste Caydu prœ- liatus est cum isto consobrino suo qui habebat ita magnam gen- (484) lem sicut ipse , et fuerunt intci* unam partcm cl aliam ccntunl millia equitum ; et praîliali sunt fortiter, et multi fuerunt mortui ex utraque parte ; sed ultimo vicit Caydu , et fecit magnum ma- lum de illa gente; et dictus ejus consobrinus evasit , quia habebat bonum equum ; et deviclo illo praelio ipse venit in nomen , et in superbiam elevatus est, et post victoriam rcdiit in patriam suam, et stetit bene duobus annis in pace , quod non fecit exercitum aliquem ; et magnus Kaan in illis duobus annis non fecit sibi ali- quam guerrara nec aliquam novitatem. CAPUT LVI. De alio pralio cjus quod habuit cum magno Kaan, In fine autem duorum annorum , rex Caydu congregavit mag- num exercitum equitum , et ivit ad Carocaton ul)i erat fdius magni Kaan nominc Nomungan , et ille qui erat fdius Presli Johannis. Et isli duo barones habebant maximam gentem equi- tum; et quando Gaydu habuit gentem suam posuit se in via cum toto suo exercitu , et equitavit pluribus dietis sine aiiquo infor- tunio; et quando jam fuit prope Carocaton, ubi crant iili duo barones , cum maxima gente , isli duo barones , vidclicct filius magni Kaan et filius Presti Johannis , scientcs quod Caydu vé- nérât in corum contractam cum tam maxima gente , ut praeiia- retur cum eis, non ostcndcrunt vilitatcm aliquam , sed ostcndc- runt magnum vigorem , et paraverunt se cum tota corum gente ad praelium , cum sexaginta miliibus hominum equitum armatorum Et quando fuerunt bene parati, ipsi posuerunL se in via et vene- runt obviam iiiimicis, et appropinquavcrunt exercitum Caydu ad dccem miliaria, et posucruntcampum beneordinate. Et rex Caydu erat cum sua gente in eadem contracta ; et quando jam diebus ali- quibus pausavcrunt, ipsi paraverunt se ad praelium utraque pars ; ila quod in tertia die fuerunt parati: cl modicum erat avanta- ( /.85 ) glum intcr cos , (jiiia illi liahchanl scxaginla millia pqiiitum ar- inatorum , et illc taiitunuli'iii. El quit'libcl pars fccit acies scx , et quaelibet acies habcbat dcceni niillia hominum èquitum, et ([uando jam imites fufniiit parat;p ad praflium , qiia'libet pars e\speclal)at (]uod iiacebari pidsarentur, quia Tarlari non andenl pra'lium incipcrc nisi prias pulsentur naccbari. Et habent taiem consuetudinem , quod quamdiu illi naccbari non pulsantur non iiicipiniit belliim ; sed babent «jiioddani iiistrunientum de duabus cordis , et sonant dulciler et cantant et faciunt magnum sola- tium. Qiiaudo crgo stcterunt aliquantulum , naccbari pulsavenmt ex ulraciue parle, et fuit inceptuin pra-lium de sagittis, et ibi fuit magna occisio bominum et e^piorum, Poslea autcm miserunt maïuis ad S[)alas et mazas, et venit exercitus unus super alium , et dederunt sibi multos ictus, et fuit pradium vaide crudelc : fuit crgo forlissimum pnelium , et multi ccciderunt mortui ex utra- que ])artc , et rcx Caydu fecit ibi magna niiraiiilia , et si non fuisset sua persona , pluries sui dimisisscnt campum et fuissent ultimo debellati. Sed ipse se babuit optime , et dabat magnam audaciam suis equilibus, ita quod viriliter se habcbant. Similifer et illi duo baroues , scilicet filius magni Kaan et fdius Presti Jobannis : et fuit crudelius Lcllum quod unquam fuerit inter Tarlaros , sicul dixcrunt illi qui fuérunt praesentes. Et praelinm duravit de mane usquc ad vesperas , quod unus non potuit supe- rare alium : el ex ulraque parle mulli occidcruiit vulnerati et morlui. Quando auleni duravit pra'lium usque ad occasum solis, de nccessitatc opportuit quod quilibet reverteretur ad campum suum el ad lemptorium suum , faligalus et lapsus , et quilibet indigcbal (juiescere. Quieverunlergo illa nocle mullum libculer, propler laboreni quem subslinueranl illa die [)ra'< edenli ; et quando jam venit mane, rex Caydu lialiuerat nova de nocte, quod magnus Kaan mittebat magnam genleni post eum ut capc- ret i|)Siim : et cogilavit intra se quod maluni erat ibi niorari ; et statim eum ipse vidil diem clarcscere arniavil se , el siniiiiter ( 486 ) Iota gens sua , et reillcrunt in patriam suam , sed non cum totis pennis, 11,1; aptem duo barones audientes de suo recessu , per- raisèrupt çupi, libère ijïe , quia ipsi et eorum gens erant valde lapsi de bello. exterij.o. Et magnus Kaaa habcbat adeo magnam iram de isto Caydu , quia tantum damnum inferebat sibi et suie giqnti quQd,,diçebat quod nisi esset nepos suus non evaderct quin raalsi morte faceret eupi mori ; sed caro restringebat eum , et non fdciebat, ei quae fecisset alio inimico ; et sic evasit manus suas et non fuit occisus ab eo. Or dicam vobis de filia régis Ca,yjdvi pricdicti , de qua nai'rautur niulla mirabilia. CAPUT LVIi. De Argialchucor , filia régis Caydu , et multis per eam gcstis. Iste enim rex Caydu habebat unam filiam quae vocabatur Ar- gialcucor in tartarico , quod in latina lingua sonat lucens luna, Ista puella erat ita fortis quod in toto regno non erat aliquis homo qui posset eam vincere ad pugnandum ad brachia , imo ipsa vincebat omnes. Et patex suus ivoiebat eam maritare in uno magno barone ; sed ipsa noluit, et dixit quod nunquam acciperet virum quamdiu non invenii'et aliquem nobilem virum qui vin- ceret eam, Et pater ejus audiens hoc ab ea , fecit sibi privilegium quod maritaret se ad suam voluntatem ; et quando ista filia lia- buit istud privilegium a pâtre suo, ipsa fuit valde gavisa , et fecit sciri per plures partes mundi quod si aliquis nobilis vellet venire ad probandum se cum illa ad brachia , si vinceret eam per vio- lentiam , ipsa acciperet eum in virum. Et quando ista nova fue- runt seita per diversas provincias et per diversa régna , multi nobiles homines vcnerunt ad eam , ad probandum se cum illa, et probatio fiebat per talem modum : quia quando ista lucta lie- bat, rex et multi homines et mulieres stahant in una magna aula prsesentes , et post modum veniebat filia régis in una gonella de (487 ) sindone, vel de aliquo drappo de sirico honôrabiliter valde, et in medio salœ veniebant juvcnes similitcr prjeparati. Conventio- nes autetm sivè pacta erant ista : quia si illi juVWies possent eam per violentiam vincere , quod acciperent eam in uxorem ; et si domina vincebat ipsos , ipsi et quibbet eorum peiderent Centum equos , et isti equi erant istius domicelliE ; et per istum modum fuerat lucrata plus quam decem millia equorum , quia ipsa vin- cebat quemlibet qui pugnaret cum ipsa. Et non erat mirum si ipsa vincebat , quia ipsa erat ita benc formata et sic facta quod videbatur una gigantea. Contingit autem quod in anno mcclxxx venit unus fibus régis , qui erat juvenis et pulcer et cum magna societatc et pulcra , et duxit secum mille equos , ut probaret et luctaretur cum ea. Et rcx Caydu fuit valde laetatus de adventu istius juvenis , quia voluissetmultum libenter quod habuisset eam in uxorem , quia iste erat fdius magni régis. Etrex Caydu fecit dici fdiae suie private quod omnino permittcret se vinci ab eo , et filia dixit quod non faccrct pro aliqua re de mundo. Con- venerunt igitur rex et regina et alii homines et mulieres non paucae ad istud spectaculum. Convenerunt et illi duo , scilicet filia régis Caydu et ille filius régis in aiila palatii , et unus venit ob- viam alteri , scilicet juvenis et domicella , qui ambo erant ad videndum decori. Et iste juvenis erat sic fortis quod non inve- niebat aliquem quem ipse non vinceret. Et quando uterque fuerunt in sala ubi convenerat tanta multitudo , et pacta et convenientia fuerunt facta , quod si juvenis vinceret illam acciperet eam in uxorem , si autem illa vinceret , perderet ille filius régis mille equos , accepenmt se invicem ; et quilibet de adstantibus desi- derabat quod juvenis vinceret, et hoc etiam volebant rex et re- gina similiter. Et quando fuerunt insimul amplexati, satis traxit unus alterum hue atque illuc , et revolvit cum violentia magna , et ultime vicit domicella singulai^e certamen , et ]projecit ipsum ad terram, et sic fuit victus dorniccllus et perdidit mille equos ; et non fuit ibi aliqua persona quje non doleret quod juvenis per- ( m ) didcrat. Rex autem Caydu patcr istius domicellœeam ducebal ad omnes exercitus cum militibus suis , et non crat aliquis intcr eos qui sibi posset in aliquo coaequari ; et capiebat milites et eos du- cebat ad exercitunni suum. Or modo dicamus de Abaga domino Levantis. CAPUT LVIII. De quadam guerra quain habiiit Cavdu cum Abaga domino Levantis. Abaga erat dominus Levantis et tenebat mullas civitatcs et terras , et sua terra confinât cum terris régis Caydu versus arbo- rera sicam quœ est in libro Alexandri. Abaga ergo , quia rex Cay- du facicbat sibi guerram et gentibus suis , misit Argon filium suum cum multa multitudine hominum equitum, in illa contrac- ta in qua est arbor sicca , ubi est flumen Gion, et ibi moratus est, adcustodiam terrae suœ a rege Caydu ; et ibi moratus est mul- to tempore ad dictam custodiam. Contingit autem quod rex Cay- du congrcgavit magnum excrcltum equitum , et fccit capitaneum quemdam fratrem suum qui vocabatur Balac , qui erat homo prudens et sapiens; et rex dixit sibi quod volebat quod prseliare- tur cum Argon. Balac dixit quod faceret ut ille suus frater et dominus imperabat; et stalim cquitavit Balac cum tota sua gen- te , et equitavit per multas giornatas , et ultimo pervenit ad flu- men Gion, prope ad Argon ad decem miliaria, Quando autem Argon scivit quod Balac venerat ut praeliarelur cum co , ipse Cum sua gente paravit se valde bene , et steterunt in campo tribus diebus : et quando fuerunt bene parati , inceperunt pulsare nacr charos suos et praeliari , et fuit magnum pn-elium , et multi mor- tui corruerunt in campo , et fuit statim tota terra plena homi- nibus mortuis et cadaveribus occisorum. In fine autem Balac non potuit substinere impetum illius exercitus et rediit ultra flumen, et Argon insccutus est eum. Or modo dicamus quomodo Abag^ mortuus est et de gestis per Archomac goldanun) cjus fratrem. (489) CAPUT LIX. Dejnorle Abaga régis, et qualiter Archomac accepit dominium lerraesuae. - ■ ^ , • 1 Quando ergo Argon vicit praelium istud , scilicet Balac et suae gentis, ipse non stctit multum quod habuit nova quod pater suus erat mortuus, de quo habuit magnam iram et magnam mclan- coliam ; et concepit dolorem , et paravit se cum tota gente et posuit se in via , ut reverterctur ad curiam sui patris et ut acci- peret dominium terrae suae ; et habebat ire bene quadraginta gior- natis antequam perveniret illuc. Contigit autem quod Abaga ha- bebat unum fratrem qui vocabatur Archomac soldanus , qui erat factus sarracenus : et statim quod iste Archomac audivit nova quod Abaga erat mortuus , ipse volens esse dominus postquam Argon erat ita remolus , paravit se cum magna gente et venit recto tramite ad curiam sui fratris , et accepit dominium , et inve- nit tantum thesaurum quod vix posset credi ; et ipse accepit istum thesaurum et largiter donavitbaronibus et militibus suis. Quando autem isti baroncs viderunt quod Archomac donaverat largiter, dixerunt : Iste est bonus dominus ; et quilibet diligebat ipsum ut animam suam , et dicebant quod nolebant ahum dominum nec alium regem. Archomac autem faciebat bonum dominium et om- nibus studebat placere ; sed fecit unum quid valde turpe et ^^le , de quo fuit multipliciter reprehensus ; quia non stetit per magnum tempus postquam habuit dominium , quando ipse habuit nova quod Argon veniebat cum maxima gente ; et summovit omnes suos barones et in una septimana congregavitmaximam gcntem , qui ibant libenter contra Argon , et desiderabant capere Argon et ipsum ad martirium ponere. 6a (490) CAPUT LX. Qualiter Archomac se pneparavit , ut obvîarel Argon , filio Abagx régis. Et quando Ârcnomac soldanus pr.tparavit sexaginta millia equitum , posuit se in via ut obvia'ret Argon , et equitavit bene decem giomatas ; et ipse audivit nova quod Argon veniebat et erat prope aJ qninque giornalas, et habebat tantam gentem quantam babebat Archomac : lecit poni campum in no pul - cro piano , et ibi cxpectabat Argon quamdiu pervenit. Et quan- do fuit situs campus ^ fecit parlamentum et locutus est in tali materia : Domiiii mei et fratres , vos scitis quomodo ego debeo esse dominus verus de hiis quae Abaga fratcr meus tenebat; quia ego fui filius unius palris cum illo, et fui ad conquestan- dum illas terras et provincias quas nos modo tenemus. Verum o.^t autcm quod Argon fuit filius Abaga fratris mei, et aliqui vo- lunl dicere quod ad eum pertinerct dominium : salva ergo gratia illorum qui vellent istud, non est jus bonum, quia pater suus tenuit tantum dominium sicut scitis : sic ergo dignum est quod ego post mortcm suam habcam dictum dominium. Ipse habebat dominium quia erat me«; volunlatis ; sed postquam est sicut jam dixi vobis, rogo quod defendamus jus nostrum contra Argon et quod regnum et dominium remaneat nobis : et ego volo hono- rem et nomen , et vos habcatis utilitatem et bonum , et dominia omnium lerrarum veslrarum sint omnia vcstra. Nolo plus dicere : vos scitis quod nos habemus jus, et spcro quod vos facietis sic quod habebitis honoreni et bonum ; et nihil dixit ulterius. Quan- do ergo baroncs , milites et aliae gentcs intcllcxcrunt quicquid dixit Arcliomac , ipsi sibi communiter rcspondiderunt quod non deficerent sibi usque ad mortem , et quod ipsi essent contra Ar- •gon proprie et contra omnes homints de mundo. Et dixerunt quod non timerent eum capere et poiici c in nianibus suis. Or di- ( 49' ) mittaraus de Archomac et redeamiis ad Argon et ad suam mi- litiam. CAPUT LXI. t^ualiter Argon se prœparavit contra Archomac, et qualiter allocutus est gentem suam. Quando ergo Argon cerlitudinaliter scivit quod Archomac ex- pectabat eum in campo cum tam magno exercitu, habuit mag- nam iram. Nirhilominus tamen paravit se ut ostenderet suum vigorem, et misit pro omnibus hominibus suis et sapientibus ho- minibus : et quando jam habuit quos voluit in temptorio suc quod in campo tctendcrat; ipse tah modo allocutus esteos : Boni fra- tres et amici carissimi , vos scitis quomodo vos pater meus di- Icxit et cum niulta tencritudine animi ; et quantum vixit vos om- nés habuit tanquam fratres et filios ; et scitis quomodo vos fuis- tis in multis magnis bellis cum eo , et quomodo vos juvistis eum conquestare totam tenam quam ipse tenebat ; et scitis quomodo ego fui iilius illius qui vos tantum dilexit; et ego ipse vos ipsos amo sicut cor meum ; et postquam sic est ut vobis jam dixi , ra- tionabditer facietis quod me juvetis de isto qui venit contra jus et contra omnem justitiam , et qui nobis vult facere sic magnam injuriam , sicut auferre nobis hereditatem paternam. Jam scitis quod non est de nostra lege : imo reliquit nostram Icgem et est factus pessimus sarracenus , et adorât Machometum in vituperium nostrae legis. Or modo videte quomodo esset dignum quod sarra- ceni haberent dominium super capita Tartarorum. Et postquam omnes istas rationes videtis , bene débet vobis cor et audacia cres- cere , ad faciendum quae expediunt isti ncgocio ; quod hoc non contingat quod iste mihi accipiat terram meam. Et ideo' rogo quemlibet quod sit probus homo , et quod quilibet ultra suum posse nitatur praeliari ita viriliter quod simus victores , et quod (492 ) dominium remaneat nobis et non pessimis hominibussarracenis ; et quilibet rcspondit et dixit : Domine , confortamimi , quia nos vincemus pntlium co quod habcmus justitiam. CAPUT LXII. De responsione quani barones Argon sibi feceruni, et tic ambaxialoribus quos mislt ad Archomac. Quando barones et milites intellexerunt hzec verba quae Ar- gon ita sapienter dixcrat , et ardenter omnes dixerunt quod vo- lebant potius mori quam non poncrent omnes vires ad hoc ut vincerent praelium ; et surrexit unusmagnus baro et sic allocutus est eos. Bone domine noster Argon , nos aperte cognoscimus sicut vos habelis justitiam ; et verum est quod dixistis , et prop- terca rcspondcbo vobis pro omnibus hominibus qui sunt hic ad Faciendum praelium istud. Dico ergo aperte quod non deficicmus vobis quamdiu vita nostra stabit in corpore ; et vellcmus potius omnes mori quam non esse victores de isto ccrtamine ; et de hoc reddimus nos securos , quod nos vincemus proptcr magnam jus- titiam quam habemus , et ipsi non habent. Et propter hoc dico et consulo quod iter nostrum sit cito , ut inveniamus nostros ini- micos in via vel in campo. Et rogo omnes socios , amicos et fra- tres, quod nos in isto ccrtamine taliter habeamus quod faciamus loqui de nobis ubique tcrrarum ; et non dixit plus , et omnes concordaverunt ire ad praelium. Quîàndo ergo venit aliud manc , Argon movit exercitum cum tota sua gente , et vidcrunt inimi- cos suos altcndatos in quodam pulcerrimo campo , et posuerunt se juxta inimicos suos ad deccm miliaria. Et posito campo accc- pit duos de suis militibus de quibus confidebat , et misit eos ad Archomac patruum suum. Et ista fuerunt verba quae portaverunt cidem. (493) CAPUT LXIII. Qualiter ambaxiatores Argon exposuerunt eonim ambaxiatam Archomac. Quando istî duo ambaxiatores habuerunt ambaxiatam , statim equitaverunt et venerunt ad campum Archomac , et descende- runt ad ejus temptorium , et associaverunt cos magna multitude baronum ; et ipsi non cognoscebant Archomac et sahitaverunt eum curialitcr. Et Archomac dixit quod bene venircnt , et fecit eos sedere in suo papilione et dixit quod ipsc erat Archomac , et ideo dicerent id quod eis placeret et illud pro quo vénérant. Tune surrexit unus de illis ambaxiatoribus et dixit sic : Domine Archomac, ncpos vester Argon miratur mullum de vobis , quia accepistis sibi terram et suum dominium , et iterum venitis con- tra eum piaehari cum ipso mortaliter. Istud non est bonum , et non facitis sicut bonus patruus facere débet suo nepoti. Ipse mit- tit ad vos et rogat vos diilciter , sicut suum patrem et pairuum quem vos tenct , quod vobis placeat ista dimittere , et non sit inter vos nec malum nec praelium : et ipse vult vos tenere pro majore et pâtre, quod sitis dominus et major omnium terrarum suarum. Or ista est causa propler quam venimus ad vos missi ab eo; et hiis dictis , non dixit ulterius aliquid. CAPUT LXIV. De responsione facta per Archomac dictis ambaxiatoribus. Et quando Archomac audivit illud quod Argon mandaverat sibi dicendo , ipse respondit sic ambaxiatoribus illis : Domini qui estis nuncii mei nepotis, ipse nil dicit quod ego abstulerim sibi terram , quia terra est mea et non sua , quia ego conquistavi eam ita bene sicut fecerat pater suus. Et propter hoc dicite ne- ( 494 ) poli meo quod , si ipse vult , ego faciam eum magnum dominum , et dabo sibi magnam terram , et erit filius meus et nepos , et ma- jor baro qui sit in curia mea post me ; et si non vult , ego faciam de illo totum posse meum poncre eum ad mortem. Istud est quod volo facere meo nepoli , ncc aliam conventionem vel pac- tum invenietis in me : et non dixit plus Archomac. Et illi dixe- runt ad Archomac : Nos non rediremus ad vos nisi aliud audia- mus a vobis. Et dixit eis Archomac : Non invenietis aliud in vita mea. Nuncii autem hoc audito non fuerunt morati, et se posue- runt in via ad veniendum ad Argon. Statim autem quod fuerunt in campo ubidominus erat Argon, descenderunt ad temptorium suum. FINIS. ''t\Vl\\MVVVVVVVV^\i\Vt\^VV^lVVVVVV\^^VVVtA/VVVVVVVV\VVVVVVtVMVVVV\VVVVVVVVVV A/«wVVVVVVVVVVVv-^ INDEX CAPITUM. "rologus 299 Cap. I. Qualiter Domini Nicolaus et Maleus Pauli, Fratres, cives Ve- neliarum, transiveiunt ad parles Orientales 3oo ("ap. II. Qualiter dicti Fraircs adiverunt curiani inaximi Tartaroruni Régis 3oi C.ap. m. Quomodo dicti Fratres apud dicluni dominum Regein gratiam invencrunt 3oa Cap. IV. Qualiler dicli Fratres ab ipso domino Rege pro anibaxiatoribus fuerunt ad summum Romanorum Ponlificem destinât! Ibùi. Cap. V. Qualiler dicli Fratres crcalionem summi Pontificis Veneliis ex- pcctarunt 3o4- Cap. VI. Qualiler dicliFratresredierunladmagnum Regem Tarlarorum. Ibid. Cap. VII. Qualiter Dicti Domini Nicolaus et Mafeus à magno Kaan ho- norificè sunt recepti 3o6 Cap. VIII. Qualiter dictus Dominus Marcus , filius Domini Nicolai , crevitin gratiam coram Domino Rege omnium Tarlarorum. 807 Cap. IX. Qualiler post mulla leiiipora dicli Domini Nicolaus, Wafcus et Marcus oblinuerunt gratiam a Rege revertendi Venetias. 3o8 Cap. X. Quomodo Venetias redierunt dicti Domini Nicolaus , Mafeus et Marcus et cum quanio honore recesserunt à Rege 3og Cap. XI. De Herraenia niinori 3io Cap. XII. Du Turchimania 3 1 1 Cap. XIII. De majori Hermenia llid. Cap. XIV. De Georgia et de hiis qute in ea sunt 3i2 Cap. XV. De regno Mesul ., >.„>>■,.< .;,,< ... 3i3 Cap. XVI. De Laldach .i.ï'.ir •.• • 3iii Cap. XVII. De Tauritio et hiis quae sunt in ea , t^i ^,^ ; .,. . . 3i5 Cap. xviii. De quodam miraculo translatiouis cujusdam montis in re- gione iUa 3itj Cap. XIX. Deprovincia l'ersidis. . î'^ (496) Cap. XX De regnis Persia; 3iq Cap. XXI. De jasdis civilate el condictoribus ipsius civitatis 820 Cap. XXII. De regno Crcman 821 Cap. XXIII. De civitate Camandu Ibid. Cap. XXIV. De civitate Formosa 323 Cap. XXV. De aqua viridi SaS Cap. XXVI. De civitate Gobiam IMd. Cap. XXVII. De provincia Thunacaim 826 Cap. XXVIII. De valle ubi stabat Vclius de la Montanea 827 Cap. XXIX. Quoinodo Alau obsedit locuin ubi stabat Velius prœdiclus qui propriè vocabatur Alaodim, et quoinodo cepil et occidit eum. 820 Cap. XXX. De quadam civilate vocala Sapurgam Ibid. Cap. XXXI. De civitate Balac 33o Cap. XXXII. De castello Taycam Ibid. Cap. XXXIII. De civitate Scassem 33i Cap. XXXIV. De provincia Balascia , . . , 332 Cap. XXXV. De provincia Bascire 333 Cap. xzxvi. De provincia Thesimur Ibid. Cap. xxxvii. De provincia Maocham 33^ Cap. xxxvill. De provincia Cascar 335 Cap. XXXIX. De civitate Samarcham 33G Cap. XL. De provincia Carcbam 337 Cap. XLI. De provincia Coram ( Cotara ) Ibid. Cap. XLii. De provincia Peyn 338 Cap. XLHi. De provincia Ciarchiam Ibid. Cap. XLtv. De civitate Lop 33q Cap. XLV. De civitate Sacchion 3^0 Cap. XLVi. De provincia Camul 342 Cap. XLVU. De provincia Gingliintalas 3^3 Cap. XLVill. De provincia Succuir 3^^ Cap. XXIX. De civitate Campition Ibid. Cap. L. De civitate Egina 345 Cap. Ll. De civilate Tarlaron ( Caracoron ) 346 Cap. LU. De primo rcge Tartarorum Cinghym et de discordia ejus cuin rcge suo 347 Cap. LUI. De conflictu Tartarorum cum regc iUo , el de victoria ipsorum el morte Prcsti Johannis 348 ( 497 ) Cap. UV. Catalogus rcgum Tartaroruni cl qualiter corum corpora se- peliunlnr in monle Alchahy , 35o (^ap. LV. De gencralibus consuctudinibus et moribus Tartaroruni 35i Cap. Lvi. De honoribus quos Tartari exhibent eoruin Deo 352 Cap. Lvn. Qualiter Tartari procedunt ad beilum 353 Cap. Lviii. De ordine exercilus Tarlarorum Ibid. Cap. Lix. De judiciis cl justilia ipsorum 354 Cap. LX. De'campestribus Bangu et extremis partibus aquilonis. 355 Cap. LXI. De regno Ergyul et de maximis bobus silvestribus 356 Cap. LXll. De proviiicia Egygaia 358 Cap. Lxui. De provincia Tenduch et de Gogh et Magogh llmt. Cap. I.XIV. De civitate Ciandu et neniorc ejus rcgali et quibusdani festi- vitalibus Tartaroruin et magorum illusionibus 36o Cap. Lxv. De monachis quibusdam et idolatris 362 LIBER SECUNDUS. Cap. I. De polentia et tnagnificeplia Cublay maximi Régis et Domini Tarlarorum 364 Cap. II. Qualiter Nayam contra Cublay regem praesumpsit insurgere. . . 365 Cap. III, Quomodo Cublay rex ad obviaiidum sibi se prœparavil Ibid. Cap. IV. Qualiter pugnaverunt insimul et qualiter devictus est Nayam.. 366 Cap. V. De morte Nayam 367 Cap. VI. Qualiter Cublay silentium Jud.-tîs et Sarracenis imposuit , qui salutiferae crucis vexillo exprobare prsesumpserunt 368 Cap. VII. Qualiter remuneravit magnus Kaan milites suos quando victo- riam obtinuit 36g Cap. VIII. De forma Cublay régis et de uxoribus , coucubiais et fillis. . . 3^0 Cap. IX. De mirabili palatio Cublay régis quod est iu Cambalu, et ejus amœnilate , 371 Cap. X. Descriplio civilatis Cambalu 373 Cap. XI. De suburbiis et mercatoribus Cambalu , et inullitudine inere- Iricum 37^ Cap. XII. Qualiter persona magni Kaan magnifiée custodilur 376 Cap. XIII. De magnificcnlia conviviorum ejus.. Ihid. 6.3 ( 498 ) ''»g Cap. XIV. De feslo magno natalis Rcgis et pulcriludinc veslimn iiillliimi cjiis 377 Cap. XV, De alio fcsto maximo quod fit in Kalcndis februarii 878 Cap. XVI. De vestibus quas dnnat magnus Kaan cl leone uiio 379 Cap. x>ll. De aTiimalibus silvestribus qu;e niitiuiitur ad curiain inagiii Kaan 38o Cap. XVII!. De Iconlbus , leopanlis , llnceis et aquilis ad vcnandyni cuni hominibus assuetis Ihid. Cap. XIX. De canibus et magnifica venatione Régis 38 1 Cap. XX. De aucupo scu venatione ad avcs 382 Cap. XXI. De niirabilibus Iciiiploriis niagni Kaan 383 Cap. xxn. De monela niagni Kaan et incstiniabili copia divitiarum cjus. 384 Cap. xxiii. De duodecim pra?fcctis provinciaruin et officio eorum 386 Cap. XXIV. De cursoribus niagni Kaan et mulliludine cl ordine mansio- num pio personarum rcceplalionc Ibi'd. (]ap. XXV. De prudcnlia Régis ad objurganduni sterilitati et caristiae, et pictate ejus ad subdictos f 388 Cap. xXM. De potione qua? fit loco vini in provincia Cathay 38g Cap. XXVII. De lapidibus qui ardent ut ligna Sgo Cap. XXVIII. De flumine magno Pulinzanghiin et pulcherrlnio ejus ponte. lUd. Cap. XXIX. Descriptio brevis cujusdain provinciœ quo; vocatur Gioguy. . 3gi Cap. XXX. De rcgno Tayanfu Ibitl. Cap. XXXI. De Castro (]aytui et qualiter dominus ejus prodictorie fuit caplus et prœsentalus Presto Johann! 3g2 Cap. xxxil. De flumine magno Cathametam et regionc circumjacenti. . . 3g4 Cap. XXXIII. De civitate Guenyafu Ibid. Cap. xxxiv. De provincia Cuncur 3g5 Cap. XXXV. De provincia Acbalech-mangi Ilid. Cap. XXXVI. De provincia Sindyfu, et quodam cjus pulcro ponte 3g6 Cap. XXXVII. De 'provincia Tbebcl 397 Cap. XXXVIII. De alia provincia Thclict et quadam lurpi consuetudine. . 3gg Câp. XXXIX. De provincia Gayndu.. .. .^ 4-00 Cap. XL. De provincia Caraiam... .;.;,. ,„,<;.,,,,,. ,,. .„ ,;„.,:, , 4°» Cap. XL[. De provincia Caracbam et magnis serpentibus l^02 Cap. XLU. De provincia Ardanilain 4^4 Cap. XLIII. De prtclio magno quod fuit intcr Tartaros el rcgem Mien , 1 et de Victoria Tarlaroruin 4o6 . ( 499 ) P.iSii .e. Cap. XLIV. De quadam alla contracta cjusilem provincire 4o8 Cap. XLV. De civilale Mien et sepulcro pulcerrimo Régis 4^og Cap. xLVi. De provincia Bangala /eio Cap. XLVII. De provincia Taliigigla Iliid. Cap. XLVIII. De provincia Amu l^ii Cap. XLIX. De provincia Tholomain 4-12 Cap. L. De provincia Cyngui Ibid. Cap. Li. De civllatibus Guingui, Tamcafam, Ciunglu et Ciangli 4i3 Cap LII. De civitafe Condifu 4' 4 Cap. LUI. De flumine magno < aramora quod transit de terris Presbyleri Johannis 4- 1 5 Cap. Liv. De nobiiissinia provincia de Mangi , et qualiler Bayam sub- jugavit eani magno Kaan 4i7 Cap. LV. De pietate et juslitia istius llegis crga subdictos 4i8 Cap. LVi. De civilale Caygui 4^9 Cap. LVII. De civllatibus l'auchynxet Cayjii Ihid. Cap. Lvin. De civitatibus Congui et Nangui 4^0 Cap. L!X. De civilate Cianfu et qualiler capta fuit 4-i Cap. LX. De civilale Singui et flumine Quianci et mullitudine civitalum quae sunt juxta ipsum (luinen l^2i Cap. LXi. De civitate Caygui 4^3 Cap. LXil. De civilale Cinghianfu Ihid. Cap. LXIII De civitate Cinghingui, et qualiler cives ejus morlui sunt quia occiderunt Tartaros dormientes 4^4 Cap. LXIV. De civitalibus Singui , TJngui et Ughini Ihid. Cap. Lxv. De nobiiissinia et inirabili civilate Quinsay 426 Cap. Lxvi. De proventibus quos reciplt magnus Kaan de Quinsay et provincia Mangi 4^9 Cap. Lxvii. De civilate Tanipingui et multis aliis civitatibus 43o Cap. Lxviii. De regno Fuchin 43i Cap. LXIX. De civitatibus Quehnfu et Unquem 4-32 Cap. LXX. De civitate Suguy Ibid. Cap. LXXI De civilate Zaylou et noblllssimo ejus porlu , et de civitate ... .Tlqiiiiguy... ,,.,,...,. , 433 ( 5oo ) LIBER TERTIUS. Cap. I. Descriplio naviuni de Iiidia.. 435 Cap. 11. De insula Sirapagu, et qualitcr inagnus Kaan misit cxercitum ut caiii conquislaret, et qualiter confractaî suut naves Tarta- roruin 43& Cap. m. Qualitcr Tarlari sagacitcr rcdierunt Siuipagu , et civitatcra priiicipalem irisuke ceperuiil 4-38 Cap. IV. Qualiter obscssi fuenint Tartari, et civilatem quant ceperant reddiderunl cum pactis Ibid, Cap. V. De idolalria cl crudelilate virorum Siiiipagu 430 Cap. M. De luulliludine iiisularuiu rcgionis illius et fruclibus ipsitis. . . 44° Cap vu. De provincia CianJjaii Jbid. Cap. VIII. De insula Java niajori 44 • Cap IX. De insidli Sondus , Condus et Locheac 44-2 Cap. X. De insula Pcntay, Ibid. Cap. XI. De insula Java minori , et octo rcgnis ejus 443 Cap. Xll. De regno Ferlcch I/iid. Cap. XIII. De regno Baenian 444 Cap. XIV. De regno Saniara 44 5 Cap. XV. De regno Dragoiam Ibid. Cap. XVI. De regno Lainbri 44^ Cap. XVII. De regno Fanfur 447 Cap. XVIII. De insula Kccurain /bid. Cap. XIX. De insula Angaman 448 Cap. XX. De insula magna de Seilani. . . . . , Ibid. Cap. XXI. De provincia Maabar quae dicitur India Major 452 Cap. XXII. De crroribus et idolalria incolarum Maabar 454 Cap. XXIII. Do lerta consueludine regioiiis illius 455 Cap. XXIV. De aliis novilatil>us et condiclion4bus patria: ejusdeni Ibi'd. Cap. XXV. De civilate ubi corpus beali Tbom;e aposloli requiescit et de niiraculis qua^ ibi fiuiil 457 Cap. XXVI. De colore incolarum terr.i' illius, et qualitcr sua dcpinguni idola 458 Cap. xxvil. De regno ^lolfuli et qualllcr Invcniunlur ibi diamantcs. . . 459 ( Soi ) Pagine. Cap. xxvin. De provincia Lar 46o Cap. XXIX. De civiiaie Ciail 463 Çap. XXX. De rcgno Coilum Ibid, Cap. XXXI. De provincia Comari 464 Cap. xxxn. De regno Kly 465 Cap. XXXIll. De regno Mclibar I6iJ. Cap. XXXIV. De rcgpo Cozurath 466 Cap. XXXV, XXXVI et xxxvii. De regnis Thana, Cambaeth et Res- niacora 467 Cap. xxxvui. De duabus insulis in quarum una sunt viri sine mulieri- bus , et in altéra fcniinœ sine viris Ibtd. Çap. XXXIX. De insula Scura 468 Cap. XI,. De insula inaxima Madagastar 469 Cap. XU. De avibus niaximis qui vocantur Rue ^jo Cap. x1.1t. De insula Zanziber 47' Cap. XI.III. De mullitudine insularuin Indiae 47^ Cap. XLIV. De provincia Abasciac quae vocatur India Media 473 Cap. XLV. De quibus vivit gens Abasci.T, et de divcrsitate bestiarum. . 474 Cap. XLVi. De provincia Edem et soldano ejus lôùl. Cap. XLvii. De civitate Dufar 475 Cap. XLViii. De provincia Calatu ubi bestice comediut pisces et de eis fit biscotuni ■ 4/6 Cap. XLix. De civitate Cormoso 477 Cap. L. De regione quadani ubi habitant Tarlari in aquilonari plaga. I/n'il. Cap. U. De regione alia ad quam mercalores transouni, soluin in \e- hiculis qua> trahunt canes 4?^ Çap. LU. De regione Tenebrarum 480 Cap. un. De provincia Rulhcnoruni 48 1 Cap. Liv. De rege Caydu , qui est rex in magna Turchia 482 C.ip. Lv. De quodam ejus pralio , et quOMio Cap. Lviii. De quadam guerra quam habnit Caydu cuni Ab.iga domino Levantis 488 Cap. LIX. De morte Abaga régis, et qualilcr Arcboniac reccpit domi- niuni terru: suoc 48 : bien. Binder: panser une plaie; bander, serrer. Bizan : bezant , monnoie d'or. BizOHGNE : affaire. BizoNZ : nc'cessaire. Blait : bief, bled. Bi.oiE : bleu et blanc. Boc : bouc. BocARAN : bougran , étoffe de laine. BoccoN : morceau. BocE , boche : boucbe , embouchure. BocLE : boucle d'oreille. BocoRAiN , bocoran : Voy. Bocahaîi. BoF : bœuf. BoiDE : lit portatif. BoiER : boire. BoiR : bouillir. BoLLE : cachet. BoNBANT : orgueil , vanité'. BoNEZ : bonne. Bosce's , boscet , boschaje , boiicé : bois , forêt, bosquet. Bote: vaisseau, tonneau. BoTEL : bouteille. BoucE souTiL : petit brin de bois. Brac. Voy. Braies. Brace : aune. Braciau : bracelet. Braies : haut-de-chaussés , caleçon. Brakt : sabre, épée. Brece : branche. Bbevelije , brévilée, brevikge , brevilé : privile'ge , brevet, bulle, pouvoir. Bbie , ir/ge ; bruit , tumulte , débat. Briem ( ne se ) : ne se mêlent. Brod : jus, sauce de viandes bouillies. Brons : bronze. BucE , bucos : bois , bilchc. Bue : boue, Blé, biief : bœuf. BuEN : bien , bon. BuENT : ils boivent. BiEBz , bitr : faubourg , bourg. Bbfal : buffle, bœuf sauvage. Bus : buis. Bus : buste, le corps. BusEL : boîte. BuvENT : ils boivent. BuzoNGNOiT : étoit ne'cessaire. ( Û07 ) r>it : rluuf. Cii.t* : rkjttrr , pounuivrr Ciit : tl lumlir. Ctltat ; ckjiw , tu^r. Cttiuif : molif, raitMI. CiiTlvi : milhninat . niMluiW Cai.i«im : nnloirr. CtLcinc : cbjui Tivr. CtUM : cbalnir. Cauuiu : Jkawf, uuli I Ciarini : • ' ' . -.inrllr • Ufhritr. (^*i>i.T : |x . 4U. Ctmiit ; prutiMi'ii, iiij|;ji>a. C*R »vi. , Ciinn-Htr . t diHvr â li .i.i rr- Cahkvai : loilr ilr duanr. Ct^rikAM , canfij-kt . ijm|ilir<-. C>iic4J> : rhjD|:rr :<'iM^iml ikrKmptK. < OI..I % . on c^tifleih ww ilr U firinr. t'.t^ritt't : rn |ilauir. Ca«t : coin. Ca»T*II.LC : luUlllr r.AKTia : torir Ac poub. Cinvimi : fM|;. lo^, tif J. Ctom : luulirr. Ctriti : ctuprau ; nnirl iI'iIwImi , tjt- faut. Camu* : Mn]uot%. Ci>t%lli : I lirfir ('.xi.il ciuit;r. (itn^ Il • ' cluri.rl Ciasi. : cWr. ClkXV ilutlMl Camott» : dunrlM * *' Il \rUt- -Mrs' 1... ,.. m..: •.4». i ; rk^cua. CiMIt r cjlur , rofTrr. CtiT, cmtlr: rbulr. CitTAidOKt , fkàlaiptr. CitTtl't , ri : ckoM'. ('ttuMtXT : cbjUkuir». r.Ai-tnt't, CMutmêi. Yoy. c«rrtt« CaIT : cbaud. ClVAUtut : rhrTAUelwr. r.AVAU ! cb«^j|, rWraui. I^AMyTkl ■ lirul. ("ivn : cbr«iT. < t> kiuL , rdt'rw/ : cbrviviiil, ' AUOk : rbAMcur. (.AU : cbaur. Ce : M, M. Cil : .d. Cll I rioi. Ctnu. ■■ jufnnnil , pnalnxy (UniK ; luDilar. CuCAXT ; rbrrrkiui. (■ii>< m» rhrrrlirr , |>Air rrtirjii . auumu rfuliul d'u mlin. CoMt : rrpir. Ct*n : en. C«vm.rU rui. ('.Mt»lvllA tairlirf r.atiniiu«> -.1.-. .,.,.,... CaAcuo* ' rbAiw C*« i( am « bj««rf . CaAlJUO». \v\ CMétMttil» (jiiiiiiT lU inmbnH. f.atl<><« 1- t itrinrtirt kjt'tlltlMI Mj ( 5o8 ) Ch.ingi>tnt : eVliangcnt. f.HiNNE : chant bniyant; canne, roseau, bambou. Chanpiaus (bataille ): bataille en plaine, bataille rangée. Chant : coin. Chanzoient : ils changent. Char : car. Charcher : charger. Charebe. Voy. Caiere. Chabestie : cherté. Charm : chair. Charnais : charnel. Charthre : archives. Chartbe : lettre , épîlrc , carte, papier j prison. Cbasau : hameau, maison, ferme. Chasen : chacun. Chaucie : chaussée. CBAtrE : chaude. Chause : chose. Chaut : il importe. Chauvacher : chevaucher , marcher. Chavalz , chavauch : chevaux. Chavane : chanvre. Chavriol : chevreuil ; chavrion : petit che- vreuil. Chazant : chassant. Chazaor : chasseur. Chazhagion : chasse. Che : que, qui. Che'i : il tomba ; cheoient : ils tomboient. Chele : celle. Chen : chien. Cheece ! il recherche , il s'informe. Cherisme : très-cher. Chevailz , chevoil : cheveux. Chevaitin, chcveintan, cheveitu , chevi- tenie : chef, capitaine. Chevas : chevaux. Chevauce : chevauche, voyage. CBtvt^T : ils peuvent. Cbi : y, ici. Chicbaion : chasse. Cbief, Mes ; ( à ) : au bout. Chief : capitale. Cbiere : face , visage. Chui : qui. Chuoilz : cheveux. Chuse : chose. Ciabaocer : savetier, CiEUSENT : ils cousent. CiTADLE : recommaudable. CivoLE : ciboule. > Clamer : appeler. Ceaué reloué. Clerc : homme d'église. Cleus : fermé. Clin LE : descente. Cloque : cloche. Clous : clos , fermé. 'Co : avec. CocENT : ils couchent ; cocheiuit : il cou- chcroit. CocT : bouilli, cuit. CoE : queue. CoiE : tranquille. CoiR : cuir. CoisiN , coisiz ! cousin. CoissiN : coussin. Coite : cuite. CoLEOR : couleur. CoLTRE : lit de plumes. CoLUHBBE : couleuvre, CoMAiN : habitant de la Comanic. CoMANT : donnant , déposant. CoME : avec. CoMECHAMEs:nous commençâmes. CoMEvoiR : commencer. CoMisoN : nous commençons : comment : il commence. CoMO : comme. Cou , ciim ; avec. CoNBATÉoB ; vaillant, bon soldat. à ( 5o9) CoNCE : réparation. CoNCiER : conuroycr, préparer. CoNDUiENT : ils conduisent. CoNDUOR , condusdur : conducteur , com- mandant, capitaine. CoNFANON : drapeau , étendart. CoNPAiN : compagnon. CoNPASiONÉ : d'une température agréable. C0NPI.ER : terminer, acLever, finir. CoNPLiEMANT : entièrement. CoNQUisT : conquête. CoMSEETADEMANT , pag. I74, Hg. l4- CoNSEiE : conseille; conieiOi(;coiiseilloit. CoNsiELER : discuter , examiner. CoNsiLiER : donner avis , consulter. CoNsoiL ( aller à ) : délibérer. CoKTrre'cil. CoNTENDRE : disputcr , contester. CoMTABON : nous conterons; Conterai, je conterai. CotsTRAiRE : malheur , adversité, peine. Contr'aus : à leur rencontre. Contre : compter. Couvent : il convient, il faut.^ CowviNANCE : importance. CowviT : festin , grand repas. Co.woiER : convier, inciter. CoppL : coupe à boire. Cor ; cœur; corne. CoRAL : corail. Coran : cuir. CoREOR : coureur. CoREH , corere : courir. Corner : corne. CoROTE : corrompu , mauvais. Cors : marche, course. CoBSAUs : corsaire. Corse , e'corse. CoRT : corlc : cour ; court. CoRTiNE : courtine , leute. CoRUCHiÉ : courroucé. CoRus ( se ) : se courrouce. CosE , eusse, couse : chose , affaire. CoSTANT : constant. CosTENT : ils coûtent. CosTERE : coteau. CosTOiR : garder, élever. Costume : coutume, usage. Costumé : élevé, instruit , <|ui a de l'u- sage , accoutume. Cote : veste , soubreveste , tunique. CouBABRE : couleuvre. CoucER : coucher. Coupe : golfe. CouSTE : côté; coteau; chose. Ceux : coups. CovERAiRE : couverture. Co\ ERTE : couvcriurc. CoviEREQE : couvert; bureau. CoviRENT : ils couvrent. CovRE : cuivre. CovRENT : ils couvrent. CovREURE, covnvcr : couverture. Cralantur : savetier. Grec : Grèce. Creence : service. Créeront : ils croiront Creesent : ils crussent, ils croiroicnt, de creire : croire ; créant : ils croyoient ; créant : ils croient. Cremosi : cramoisi. Crespi : crépu. Crestenée : chrétienté. Cbevo : il creva. Cbiatore : créateur. Crie : bruit. Criere : cris , gémissements. Crine : crin. Cristiez : chrétien. Croigent : ils croient. Croisent : ils croissent , ils augmentent ; Croisle : prolonge. Croxe , cruis : croix. Cubebe : fruit de l'ile de Java. ( Sio ) CiBELiE : petit sac, poche. CuENs : comte. CuET : cuit. Cli : qui. r.uiDER : penser, s'imaginer. r.L'iE.NT : ils cuisent. ' CuiL : le cou. Clisie : cousue j cuisievrent : Cungné : frappe'. CupENT : ils coupent. Cure : cuir. Curé : fait arec soin. Curent : ils couvrent; ils s'inquiètent. CuRUMES : cuirs, CuvERT : couvert. ils cousent. D Da : de. DiiNE : daim. Dame-ne DiEC : le seigneur Dieu. DiiiESAUs : jeune geutilbomme , jeune homme de noble extraction. Damque. Voy. ; andannic. Darere : derrière. Dasio : impôt, tribut, DatarL , daltal : datte. Dac : du. Davant : devant. Dayne : daim. Dayre : Darius. Debonairté : bonté , douceur. Deceverie : tromperie. Decli : de'clin. Déclin , déclinée : descente. Decorde : discorde , division. Deguenekt : ils jeûnent. Degrot , degrotte : roide , escarpé, im- praticable. Deleamant : délai , retard. Deletable : agréable , délectable. Deleter ( se ) : se plaire. Deliemant : libre , content. Délire: pag. ai6, paroît signifier , sage , discret. Dementique : oul)lié. Deiuisoréemant : démesurément. Demoibe , demore : demeiu'c. Dencnsi£R : faire conaoître. Deors: dehors. Departiment : départ. Départir : séparer , diviser. Depuis : depuis. Depreon : nous prions instamment. Deraine : dernière. Deraz , Dereain , dereant ( au ) : cudn , à la fin. Derer : ^rrière. Derel'sse. Pag. iaO, lig. l'y. DERocni : ruiné, incuUe. Deruiher : renverser. Deruiver : dériver. Desaram. Les autres Nw. mettent , Dieu terrien. Desant : disant. Desbabaté : détruit. Descendent : descendant ; descmdereiU ; descendirent , vinrent. Dlscese : descente, Descobdie : discorde. Descorre : couler. Desduire : s'amuser, se récréer. Déserter : ruiner , détruire. Desider : desir. Deslials : traître, duloyal, iierUde. Deslial'té : déloyauté , infidélité. ( 3" ) Desme : dizenier , dixième. Desoiable : désert , abaudonné. Desor : dessus. Desot: dessous. Desoube : ci-dessus. Despendre : dépenser. Despere : désespéré ; méchant , cruel. Despir : mépriser ; despit : mépris. Despuek : disputer , discuter. Destorber : détourner , cmpcclier. Desïhe : la droite. Destrer , destrier : cheval de main et de bataille. Destruere : détruii-e; destniie : détrempe, décompose. Desveiller : éveiller ; desvoïllé : c'veillé. Desviable , ilesvoiahle : impraticable , dé- sert. Desvoier : s'égarer. Deuesent : ils devroient; deuesse, deuest : il devroit. Deunent : ils donnent. Devent : il devient. Devers, déverse : divers, diverse. Deverz : du côté. Deviciose : riche, abondant. Devise , partage , distribution. Devisé , défisse : différent , diVéï's. DevIséement : diversement. Devoier : égarer, sortir de sou chemin. Devuer : vers. Dezjuner : jeûner. DiABLOTiQUE, diahoUtique : diabolique. DiASPE : jaspe. DiENT : ils disent. DiERERE : derrière. DiMi, demi, moitié. Dimizuréement : outre mesure. Dio : Dieu. DisTRENr : ils dirent ; distraient : ils di- saient. Divisé : divers , différent. Diviser : désigner. Divissement ; diversement. Dix tant : di.i fois autant Do : je doisj doesse : je dusse; doie : je doive. Doaiere : douaire. DoiLENT : chagrin, affligé. • DoiNGNE : digne. DoiRÉs : vous donnerez. DoL, dolo : chagrin. DoLCEMANT : doucement. DoLÉ : affligé. DoMESCE : privé, domestiqué. Don : disons; pag. 23 , lig. 27. DoNEMANT : don , présent. DoNGNE : digne, convenable. Dorrai : je donnerai. DoTANCE , dotée ; crainte. Doteuse, dotoses, dotouse : dangereuse, à craindre. Dou : deux. DouESE : je doive ; douessent : ils dus- sent; douis-tu : devois-tu ; douon : nous devons; dourent:'û devroit. DouN : d'un , d'une. Doutée : crainte. DouTossE : danger. DozE : douze. Dhag : dragon. Dras laborés à bestes et ausiaus : étoffes représentant des bêtes et des oiseaui. Drean : dernier. Drecer , dreizer , driser en estant : le- ver , se tenir debout. Dro : droit, légitime. Duel : deuil, chagrin. DuLENT : affligé. DuRAMANT, durement .•beaucoup, fort. Durer : endurer, souffrii'. DuRo : dur, ferme. Dlsque : jusque. ( 5l2 ) Efobs : puissance, forces. ElvE : eau. . El : il. Elaisé : lance, pousse. Ellau, ehic : là, en cet «idroit. Elz : eux. Emi : au milieu. Emoink^t : i\i emmènent. Estpart (s' ) : il part. EiiPEBiAVS : impérial. Emploré : qui est en pleurs. E^'B.\scE , embasèc : ambassade , mission , dépêche. Enblui : voler, enlever. E>'CANTEMA>'T : cnrliantcmcnt. Encahteor : enchanteur, magicien. Ekcavestbxr : lier, attacher. EwctjcnANTACior« : charme , sortilège . en- chantement. ENCHABcniEJitKT : commanjcnioiil . or- dre. Emcuercer : rechercher. E^c^lET : il tombe. E^•cu^(E : inclinée. Enclouse : il enferme. Ewci-rDEB : clore , fermer. Ekcocquer : encocher. Enconcne» : arranger, ajuster une flè- che sur la corde d'un arc. Endementier : en attendant , pendant que. Endevi, endevinz, endivis : devin, sor- cier. EnDEViNAiLLl : prédiction. Endie : Inde. Enfebjere : mettre aui fers. Enferme : malade; mal-sflne, de m.iu- vaise qualité. Enfors : effort. E.NCONORAMANT : dommage, perle, mal- heur, encombre, empêchement. Enjenoiler : s'agenouiller ; s'enjrnorlr : s'agenouille. En.navré : blessé. E^NOBA^■CE : honneiu'. Enoie : peine, chagrin. Ekoient : ils périssent. Enostbe : en notre. Enpeccé : enduit de poix. Enperaor : empereur. Enpere , emperio : empire. Enperiel : impérial. E^fPLE^T : ils remplissent. Enpointe : peinte. Enpbant : il apprend. K>SELE : ensemble. Ensfobcer : s'efforcer. Ensint : ainsi. Ensib : sortir. Enstri-sienti : instrument. EùSCiENT : ils suivent. Entachent : ils entaillent. Entalente' : disposé , résolu. Entent : entente, attention. Enteb : entre; autour. E>TrRAii.Li:s : entrailles. Entebe : juste, intègre. Entermant : entièrement. Enterron : nous entrerons. Entor : autour. Entbaile : merveille. Entbe : autour. Entboies : entre eui. ( 5 Entbebomf.s : nous fiiticiiuiis. Enveb : du cote ; liivcr. E^VEBNIGÉ, enverlré : vernisse. Envestieb : recherclicr , faire une enquête. Envie (à {;mnt):.ivec beaucoup de peine. Envioit : il envoyoit. Envolupeb : envelopper. Epindbe : poindre. Epobaice : impc'ratricç, Ebament : sur le cliamp. EnBAir.E : herbage. EiiBEBr.E : logement , maison. Kecolin , crculin : pag. -i- i , lig. iS , et 272, lig. 12. Ebebes ( CD ) : arrière, ËBGOios : orgueilleux. EscACE : ccliec. EscANPr.R : eeha|>per. EscAnA^ : railleur, moipicur. EsCABSE : avare , ménager , eeonome. EsCAVER : crcaser , fouiller. EsCELE : corps de troupe , bataillon , es- cadron. EsCAMPER : échapper. EsCHABAGAiTE : Valette , sentinelle. EsCHEEE. Voy. ESCELE. EscQiEBT : éloigne , rctrauchc. EsfaiLEZ : cscadroD. EscLAïF , esclaus : esclave. EscociER : decoclicr. EscoBUE : discorde f trouble, EscoBDBE : escorter, EsCBEAR : c'clair, cclat, craqiicmcut, EscBiNG : coffre , cassette. Escuii.E , csciiillie, csculié : eunuque. EsFiER (s' ; : se défier. EsMABAUT : e'meraude. EsPALLE : épaule. EsPANWEB : répandre, Espabgnahaut : éconumie, EsPAOLTÉ : effraye'. Espaoltent : ils s'épouvantent. i3) ICsPECE : c'pice, aromate. EspESER : distribuer, re'pandre. Espi : epicc. EspiBiHENT : cxpe'ricncc, exercice. EsPiEiTi , espirt : esprit , fantôme. Espi.ENDENT ! rcsplondissant. EspoisEM' : ils épousent. EsPRAiTEB , csproisier , esproitcr : agir , se conduire. EsTADELi : e'tabli , ordonne. Estais : c'ionnc', surpris; lent, paresseux, qui reste les bras croisas, EsTAisoN : saison. EsTAiTE : pilier , colonne. Estant ( en ) : debout. Estas. Voy. Estais. EstÉe ( c' ) : c'est. Estiroient ( n' ) : ne s'alistcnoieiit. EsTOB , estormi ; choc , mcice , combat , trouble , desordre. Estornoir : disputer. EsTORS : lortu , de travers. Estbaje : c'tranger , c'Ioigne'. Estbengnoit : il lioit , comprinioit , re- Icnoit. Estroment : iastrumeut. Estscuanpent : ils échappent. Estudieb : serrer, renfermer, EsuE : issue. Et : is. Etraiebent : il extrairoit. Elfbavte : Euphrate. Eussi : sorti. Evancelie : évangile. Eve : eau. EvBE : œuvre; ivre. EvRE ( s' ) : s'ouvre. EvBÉ : travaille', ouvrage. EvBiÉ : enivre. Ex : aux , en. ExBAÏ : e'toiuie'. ExcABEGAiTE : Sentinelle . corps de garde, 65 ( 5i4) espiou , embuscade. ExLEU : élu. ExpANDUT : répandu , dispersé. EzvoiEH ( s' ) : s'égarer , sortir du chemin. Face : pag. 111 , 4' av. dernière li j. Faichent , qu'ils fassent ; faichois ; que vous fassiez. V Amï. ,Jaision , faison ; façon , manière, forme. Faire ( bien ) : se bien porter. Faite : façon , espèce ; faites bestes : bêtes apprivoisées , instruites. Falir : manquer ; fallent : ils manquent. Fang : limon , fange. Farbobe : espèce de maladie des chameaux. Fascé : couvert. Fasioner : faire. Fassion : manière , maintien , usage , fait , action. Fat : fait. Fauchoner : fauconier , qui a soin des faucons. Faîne : fouine. Faza : qu'il fasse. Fazan : faisan. Fe : fait. FÉel : fidèle. Feie : foie. Feisent : qu'ils fissent. Feitent : ils eussent fait. Fellon : méchant , faux , cruel. Felonesche ,fdonest : crnelle. Félonie : trahison. Feme : fumée. Femene : femme. Fen : foin. Fenit : il finit. Fenne : corde. FÉoil : fidèle. Fur : faire. Ferdocre : froid. Fere : féroce, sauvage, fort. Feréis : choc , cliquetis d'armes. Ferir : frapper ; fert : il frappe ; féru : frappé. Fest : fête. Festi : il fit. Fil : fils. File :CUc; fil. Fine.>t : ils terminent ;Jînt : il cessa. FiRA : il fera j ^rai : je ferai ; ^roi't : il feroit;^TOK : nous ferons. Fll ,Jhtm ,JlmiH-s : fleuve, rivière. Fo : il fut. Foie : feuille. Foies : foi. FoisT : qu'il fit; fait : il fit. Foit : assurance , foi 5 se f oit Me: : se Coit à eux. FoNTANE : fontaine. For : excepté. FoREiSTER yforester: étranger , voyageur. Forment : froment. Fornace : fournaise. Forteze , fortrès : forteresse. Forti : iort;J'orlisme : très-fort. FcSE : fosse. Fost : qu'il fût ;/ou : il fut. FOHTER. Voy. FoREISTEfi. FousÉE : fossé. Fraite : force , violence. Francl'lin : francolin. Fraterre : terre ferme. Le Mss. (102-0.) met Euphrate. " a Fredo : froid. Freie : collier , carcan. Fresce I fraîche. FnoNUE : feuille. Fbos : frais. Frout ,fnicto,friil ; l'niil Fu : feu. ( 5.5) Fuie : retire'. FuiELE : feuille. Fuit : fuite , déroute. FuM : fuinc'c, vapeur. FuST : bois. Gaagnarie : ferme. Galanga : plante des Indes Orientales. Galée : galère , bâtiment de mer. Galine : poule. Gallon : galop, grand train. Gamiau : chameau. Gamba : jambe. Gargent : ils chargent. Garofali : giroflier. Garofol, garoujle : girolle. Gas : raillerie , plaisanterie. Gaste : stérile , aride. Gat : forêt. Gâte : chat. Gat-maimon, gat-paulz : espèces de sin- ges. Gaudent : gaies, réjouies; s'amusent, se re'jouissent. Gebeline : martre zibeline, Gelle , giiclc : couleur rouge, purpurine. Gengibre : gingembre. Genoeilz : genoux. Gère , ghere : guerre. Geune : jeune. Giambelot : camelot. Giamiau : chameau. Gibeline. Voy. Gebeline. Gigent : ils couchent. Giogoler : chanteur, baladin, joueiu de gobelets. Girer : tourner , pirouetter , durer , se pro longer. GiTER : jeter. Gliese , glise ; e'glise. GoE : il joue. GoNFAUz : enseigne , drapeau. GosTENT : ils coûtent. GouF : golfe. GousE : gorgée. GovE : eoude'e , ou brasse. Gradisime, grandisme : très-grand. Crament , grantment : beaucoup. Gran : grain. Grant : grandeur. Graticule : gril, Graveus ( petilet ) : petit grain, Gref : dillicile , dur. Greingnon : moustache. Greingkor : plus grand. Gheu : grave , grief. Grezois : Grecs. Grie : cri , gémissement. Grige : grive. Grillis : grêle , tempête. Gungent : joignent. ( 5.6 ) H H. Cette lettre, qui se trouve au commcn- cemcnt de beaucoup de mots , n'en cLange ni la prononciation ni la signi- fication. Haie : qu'il ait. Haitiuu : dispos , robuste. Hl^M£ : peine , ennui. Hahmime : Arménie. Hacsist : qu'il importât. Havst : qu'il eut. Hlbberce : bàtimeut , liùtellerie. Hebbocieb : loger. H£R^oIS : liamois , armure. EiUAGiNÉ : peiut. Ho : avec. HoBiENT : obéissant , soumis ; hobieront : ils obciruut. HoFiTiAis : olliciers. Hoï : entendu ; Hoi£ : qu'il entende ; de Ho'ÎR : entendre. HnisCE : il sort; de hoissir : sortir. HoisELLEK : chasser aux oiseaux. HoisiAVS : oiseaux. HoLocAST : holocauste. HoMisiDiAUS : homicides, assassins. HoKT : ils ont. HoB : or. HoBEiNDBoiT : à présent. HoKLs : \ ous entendrez. HoRSE : ours. HosT : hôte. HosTE : armc'e;_/"air des hosles : faire des armes. HoSTE : il Ole. HosTOB : autour, grand oiseau de proie. HoSTRiGE : huître. Hu : y. HuiONT : ils crient. Hi'MiDoR . humidité'. HuiiiLENT ( se ) : s'humilient. Iaus : œil , yeux. Ierbelin : martre zibeline. Iluec, iluech : là , en cet endroit. In : en. Incantamant , incanter : magie , tige , sorcellerie. Indie : Inde. Imdre : idole. Immis : ennemis. liiritiDRZ , inpoindre : peindre. pres- INSEG^E : enseigne. IftTROiT : il cutroit. Inver , invemc : hiver. IscLLOT , iscicloc, iiloc : le midi. IscRiVRE : inscrire. IsEKT : ils sortent ; isirons ; nous sorti- rons ; isti : il sort ; istront : ils surtii ont. IsT : y. luN : un , une. Ivi£B : calendrier. (5i7) Jacobin ,jacobUe : anciens hérétiques. Jardis : jardins. Jeantesse : géante. JeNE : GÊNES. Jeo : je. Jeb^avcz : oiseau de proie. Jeu : couctc ; habité. Jever : janvier. Jezir : couclier. JoccuLER : bateleur , baladin , jongleur , joueur d'instruments. Joie : joyau, bijou. JoiNGKENT : ils arrivèrent. JoMANCiE : géomancie. JoNGER , Junger : joindre; y oîit : joiut. JoRNE , jorno : jour. JosTE ,/oi(re,yui(e: auprès, à côté. JuE : pénétre jusqu'au fond. Chap. i3'i.' JuER : jouer, s'amuser. JuMENTE : jument. Jung : juin. JuNGENT , jimgnée : juillet. JuNGNiRE : joindre. JusT : il couche. Justisie: justice. K Kargent : ils chargent. Ke: qui, que. KiEN : chieu. Labor : travail, Laborek : travailler , labourer. Lairent : ib laissèrent ; toron : nous lais- serons. Lairon : voleur, larron. Lane : laine. Largité : libéralité, générosité. 'Lase : il laisse ; lason : nous laissons. Lat : lait. Latin : Européen. Laude : louange. Léesse : joie. Lefantese : femelle d'éléphant. Legent : ils Usent. Legermant : facilement. Legnas , lingnas, legnage ; lignage. Lei : coté. Leigne , Icingnage , lengnêe : lignée , fa- mille. Leingn : bois ; mais pag. 29 , il signifie vaisseau. Leofant : éléphant. Léon : lion. Leribarbar : rhubarbe. Lebmer : pleurer. Les : côté. Letere : lettre , écrituie. Leu : lieu. Leu cerver : loup cervier. Levre : Uèvre. Lie : content, joyeux. LiEGCE : lieue. LiEREMENT : facilement. LiGE.NT : ils lient. Leing : bois. LiNGNER : liguée. Ln'RE : lièvre. LizERAMAKT : facilement. Lo : le. LoEMANT : louange. LoiNGE, loingni-, lonc : loin, éloigne'. Long ( à ) : de suite. LoNCE : ours. Long AiwE, longe, longie : longue ; cToignée, ( 5i8) LoNCESSE : longueur. LoMSE : loin. LoR : leur , à eux. Lou : je conseille. Louince: longue. LoxuBiE : luxure. I.i : lui. LuEC : là ; por Uwc : à cet effet. LAISSENT : ils brillent. LuMiNARiE : luminaire. LvNAB : mois. LuNGE : longue. LcxUKOs : luxurieux. I M Macque : massue , masse d'armes. Mafeo, maffu : Mathieu. Magis, magius : mage , sage. Magre , maigri : maigre. Majn : moins. Maine , mainer , maincre : mai façon. Maint: il demeure, il habile. Maintenee : m.iiiilpim, conserve'. Mai.ntin , mainline : matin. Mais : mage. Maisson : maison. Maistre : nord-ouest, septentrion. Maites : maintes. Maitin : inatiu. Maitinant : sur le champ. Maizonent : m.iison , bâtiment. Majus. Voy. Magis. Mala : cruelle, mauvaise. Malesie : incommodité. Manaie : pouvoir, protection. Manant, mandant : voyageur. Mander : envoyer, appeler. Maneque : anse. Mangan : machine de guerre propre à jetter des pierres dans les villes assié- gées. Manintient : maintient , gouverne. Mant : je fais savoir. Mantenib : maintenir, soutenir, eulretr- nir ; mantenoir , mantens : il main- tient, ils maintiennent. Mantes : maintes. Manti : maint , beaucoup. Mantinant i aussitôt. Mabtiker : maintenir, conduire. Maql'e : pique , pointe. Marchois : marq\us. Mariner : marinier. Mas : mal. Mase s masse; nivale, Masnée : maison, famille. Mason : maison. Matebe , materie : matiçi* , ^iMJet. Mates : maintes. Maton : brique. Maumener : maltraiter. Mais : mal, maux} mauvais. ( Sig) MautenS : mauvais temps. Mauveisez : maiiv.iis. " Mauvesie : mccliaiKi-tf'. Me : mais. Mead1[k : moiiulic. Meceahce : malheur, infortune. MtESME ( par lor ) : d'elles mêmes. Mkesnie : suite, serviteurs. Mi.-nosiAis : moitié oiseau. Meic.ikr : maugcr. Meior : meilleur. Meistbe. Voy. Maistbe. Mel : miel. ÎWemohie : mémoire , mcntioiiv Menée : suite, (■ouip.iij;uie. Menc'.iunt : ils mangent. MtNOR : plus petit. Mentovoir : rapporter , retracer , faire mention. Menueb, mcnuicr : manger. Menussier : liaclier. Meravoie : cliose surprenante. Mercandie : marchandise. Mebcans : marchands. >rERCE : merci , grâce , mise'ricorde , pitic, compassion. Merchié : marché. Meklé : cre'nele'. Mervaie : merveille , curiosité. Mebvelie : merveilleuse. Mervillat , surpris. Mesajarie, mcsajcrie, mese/e : message, y commission. Mesléeme.nt : sans distinction, ensemble, Meslek, combattre. Mesnle , mcsnie : famille , suite d'iui prince, d'un grand. Mession : dépense, frais. Mester : besoin ; maître. Mestbe : capital , principal. Mestrent : ils mirent. Meier , metere : mettre ; mètrent : ils mettent; mclrermi : nous m'ettfoii». Mezaine, mczaiw : moyenne. Ml : moitié; millier. Miel : mieux. MiER : mère. Mii.iER : mille. MiLio : millet. MiRRE : méik'ciii. Mo : me. MoiE : mienne. MolER, nwilsr, moillier,molkr:kmnie. MoiLLE : mille. BIoinER : mener, conduire. MoisïER : il démontre. MoisTiER : temple, église. MoLTEPLio : il muhiplioit. MoLTo, moU, muui : beaucoup. Mon : monde. MoNAiN : religieux , moine. MoNESTER : monastère, couvent, MoNETE : mumioie. Mobent : ils mcurt-nt ; il* placent ,:iU met- teut. f, f : 1.- , MoRiAUs , morlerc : marier. More : il meurt; mvriscn : \h raouroieiil; morisoit : ils mourussent. Morsle : mouliu. MoRTER : mortier. MoRTuniER : meurtrier. MoscÉE, mosche, moscre: mwc. MosTER , rnostier : église, mon-istère. MoSTBE , mouslrc : musc. MosTRLR : montrer, faire voir. Mo■nTUDE^E, molililudene : multitude. MoUMENT : monument. Moi'sctE, monstre. Voy. MosctE. MouTLS : beaucoup. MoVERE : mouvoir. Mu : muet. MuANDE. Pag. 45, 6^ avant-dern. ligne. MuARA : mouvera. Mue : cage. McER : changer. Mll : mulet. MuLi , inut : beaucoup. Mv^ : moD, ( 520 ) Murent : ik moururent; murisent : qu'il» niourusseut ; munit : il mourut. MuBONE : environue. N N : Cette lettre est mise souvent au lieu de la proposition en; par exemple : na, au lieu de en a ; il n'a : il en a. Naccab: instrument de musique militaire. Nach , nac : sorte d'étoffe. Naifient : ils naissent; naise ; il naît; naisenl ; ils naissent. Naïve, nai>e : vaisseau. Najeb , najere : naviguer. Napoktent : ils en apportent. Nascisi , nassit : sorte d'ëtoffe. Nascc : né, qui a pris naissance. Nasion : naissance. Nasoient : ils n'aissoient; nast : il naît. Navant : en ayant. Navers : navrés , blessés. Navile : flotte. Ne : en. Nelui : nul , personne. Nemi ( ennemi. Nés ! pas même. NÉS : navire , vaisseau. Nlstoit : en étoit. Nestor! , nestorin : nestorien. Ntl'E : ce mot paroît une faute , et mis au lieu de cavene : chanvre. NiMAVX : animaux. NiMiSTt ; inimitié, querelle. No : ne. Nobel, nobli : noble. NoBLiTÉ : magnificence, pompe, somp- tuosité. Nocce, noce : noix; noce mosée : non muscade. Non : nœud. NoDRi : nourri. NoiANT : rien , néant. NoiGWE>T : ils en oignent. NoiNT , noit, noile : la nuit. Nois : neige. NoisSE, nose : noise, bruit. NoL : fret d'im vaisseau, Nome : nom. NoNT : ils eu ont. NoSES : festin. Nou : ne. NovE : neuve , nouvelle. NoviTÉ , nuvité : nouveauté. Noz : il n'ose. NuLO : nul , aucun. NuN : non. NuoGEKT : ils rament. o O : avec; oii. Obeient, obient : obéissant, soumis. OciR : tuer. Octime : Luitii;me. ( Ofert, oferte : avaiil.ige, offre, of- frande. Ogne : cliaque , cliaciiii. OiB : dcsceudans, héritiers. OiRE : heure. OiSELEB : chasser aux oiseaux. Disent , oissent : ils sortent j de oisir, oissir : sortir. Oisi : ordure; les os. OisiAGioN : chasse aux oiseaux. OiSTELLB. Voy. OiSELER. Oit : il eut, ifavoit. Oit : il entend; oites : vous avez entendu. OiZENT : ils osent. Cleo , oUo : huile. Olifant : éléphant. Or» : ils ont. Oncirai ( m' ) : je me tuerai. One : une. Onest : honnête. Onge ( d' ) : de chatpie. Onger : oindre. Ongne . un, chaque, chacun. Onnesanz. Pag. 88, lig. ig. Onob : honneur. Orasion : oraison, prière. Orde : ordie. Ordenéement , ordréemant : en bon or- dre, avec soin. OhdbÉ : disposé. 521 ) Ohdreer , ordrer ; disposer , arranger meltre en ordre. Oudremant : arrangement, Ore : heure. Ore : maintenant , présentement. Orendroit : à présent. Orer : prier; croient : ils prioicnt , ils adoroient. Orfane : orphelin. Ors , orze : orge. OscuRTÉ : obscurité. Oses : les os. OsiALASioN : résultatd'unecliasscd'oiscaux Osiane : Océan. OsLERE. Voy. OiSELER. OssENT : ils osent. Osï : armée. Oste : guerre. OsTiAus : hôtel, domicile. OsTRAjE : étrange, éloigné. Ot : i' eut. Otre : outre. Otrent : ils octroient, ils consentent. OuDANiQUE, oudanque. Voy. andannic. OuN : un , une. Ousi : ainsi. OuT : il eutj il entendroit. Oljz : je vous. OvE : œuf. OVBZB : travaiUer. Pager : payer. Paile : dais , pavillon. Faisant : paissant ; se 'paise; se nourrit ; puisera : il paîtra. Paisent : ils pèsent. Pal : pieu , piquet. Palasio : palais. Paliolle ( or de ) : or en pailletle. Pan : pain. Panis : panic , espèce de millet. Panne : étoffe, fournie. Page : peur, crainte. Papagau : perroquet. Par : il paroît.-^' ! '' ■ j •' Parus, paraise '; paradis. Parue : il perd. 66 -Jl Pire : père. ofi?LS . ? -' -- Pablemant : conseil. P.^ROiLER , paroler, paranler : parler, ha- ranguer, s'entretenir. P.iRoiLLEMT >! ils s'apprêtent, se ilispo- sent. Part ( porsa ).: de sa part. Part, parte : il partage, il divisej de partir: partager. Part : il paroît. Parte : part, partie. Pas : pais ; passage , dc'lile'. Pasche : Pâques. Pascdorer : se nourrir. Pascor , pasquor : pâturage. Pasmer : prendre de ses maiiis,, empoigner, former , pc'trir. Passe : pas. Passent ( se ) : se nourrissent. Pat : traite'. Pateriw : hérétique. Paul : marais. Paumet : paume, ;mcsure. Pair: crainte. Paviment : pave, carreau. PÉ : pied. Peca , pécié : pécLe. Pece , Pieze : espace de temps. Pece : pièce, morceau; poix. Pecerie : épicerie. Pecherise : péclieresse ; débauchée. Peis : poids. Peisciebe , pescicre : pêche. PtisoN î poisson. Peitere : espèce de vase. Peitet : pitié. PtLAiNE, pellame : fourure. Pelle : peau. Peller : c'piler. Pelorce. Pag. 164, lig. 3. Pelous : velu , couvert de poils. Penne : cLap, étoffe; fourure; plume. ( 522 ) Pensint : ils pensoient ; penst : il pense. Pentimes (en) : nous nous repentîmes. Per : par. Perdoin : il pardonne. Perdbice : perdrix. Père : pierre. Perlinaje : pèlerinage. Pebon : cheville. Pebsie : la Perse. Peseries : épiceries. Pesime , pesme ; cruel, très - méchant , très-mauvais. * Pesom : poisson. Peterin : poitrine. Peusent : ils pussent. Pevere : poivre. Pièce mes ( à ) : depuis long -temps ; à chief de pièce : enlin. Piere ! père; pierre. PiÉs : paix. Pieté : pitié. PiGNATE : pot de terre. PiGON : piquet, levier. PiNEEUST : couvert de poiL Pis : la poitrine, le ventre. PiSTAC : pistache. Pisté : prise. PisTERE : piler, broyer. PiTETE : petite. Plus KE : puisque; pius ou mio : |>liis ou moins. Place : il plaise. Plaigne, plain, plaingne, plan : plaine. Plakgent : ils pleurent. Plantée : aboudance. Planteus , planleust : fertile, abuiidant., Plasoient : ils plaisoiciit. Platerie : prairie. Pleient : ils plaisent. Plest : projet, dessein. Plius : plus. Plole : prélat. ( -î^s ) Ptrri 1 il ftmM. fatm 1 fm . prtn. taarr 1 à» p«w«t»l i fe»-*»»* ' 1*» /rârf » Il |>mi . il |*lt ftmtml • Ap- P<«ni ■> ' iMMar. P>ni>l«l 1 ihllfl P>« )««|i»^« - ^„ p... Pot ,mL p- a» BiAinatt. FnlU fUT Pi. ^■1 ' ) ^•t» l..., -. , • ,- P • l«. IV.,. I^(NMI il p»»». P»i , *•■■ 9mtom 1 boMM*. PatM • ptM. P»t»CJkT lit l'fvtftltrul , . . fm^» , ^attm- . fmmllrr t pwiliin In ' ■ nirn 1 Pu. 1*., INm I pii p.. Paiivr 1 il |«f«d. P»i«» prraMT. PkiMi KM» .. U knaw p. llBl. P*a |>4r. ^••nil p«)«| r' 9v»\ < «OTU |n>uil(j. M«. INaMbtaf \ ik pouiTvwBl. IVn»»r.^»^rftt|AH.. P Pxibiu 1 ptwrr. P KoCI ' M|^| pf»*»l P P»»H Ibl I J« P- ' ^ - M rtj rarî. '^f P>.r,«.., P. P. Pa*l««<«t l U« |- ll-t»l.l K •«« f<»Anil «»IUm p.- rumu , fttr»rt t P>««B*at 1 •*«•« . |irwlwil. pn.1. P..r. I «i* 1 ^l»lr fnwT ; r^««a>* PuT'll» fimiM P<>W>t .|4.|WMM Pi u . |mtt. Pti'pl» Paa 1 i>ii».«it*.a.|^ i. PtolfM ( 524) Qenoisoie : je connoissois. Qevjics : chevaux. Qevoilz : cheveux. QiEF soBis : cliauvesouris. QiEBE : chère. QiRE : cuire. QuAiE : caille , oiseau. Q Quant : coin, angle, en face; quelque. QuARE : en face. QtiATOBVis , contorvis ■• espèce d'oiseau. QuEBNAU : créneau. QxjEVAUCBEB : aller à cheval , voyager. QuiEB : cher. Quint : cinquième. Raengleb ( se ) • se réunir , s'assembler. Raice : racine. Raigon : raison; proportion. Raim , rame : airain. Rais : branche , rameau, racine. Raise : rase. Rime : royaume. Rasme : branche , rameau. Rason : raison. Raz : haras. Rebufe : il retrousse. Recevi : il reçut; rececu .- reçu. Reclau : cri. Recogent ( se ) : ils se retirèrent. Recoie : il recueille , il reçoit; recoient : ils recueillent. Recoilli : recueilli. Reçoibe : recevoir. Rlcs : filets. Recuit, : il recueille; reculient : ils re- cueillent. Reffbecher : rafraîchir , reposer. Regeor : gouverneur , administrateur. Regisle : iman. Regrater : regrets. Régule : religieux , prêtre des idoles RxiNGNE, rem : royaume. Remagne : il cesse , il finisse; de remaiii' dre : demeurer , rester. Remangie : otage. Remansist : il dcraeuroit , il restoit ; re- mès , remest : il reste; remese : il de- meura , il resta , il s'arrêta. RemÈs : reste'. Remob , re;no«(e; débat, querelle, dispute. Remor : morsure. Ren : rien. Rendesent : ils rendissent. Renscent : il rafraîchit. Rensi . ainsi. Renonser : rendre compte. Renverse : il rapporte , il raconte. Reondeb : couper , rogner. Reont : rond. Reventu : repentant. Repoinent : ils serrent ; de reponre ca- cher , serrer , mettre en réserve. Repouseb : reposer; repoussent : ils re- posent. Rlspognent : ils répondent; responde : il répondit. RtSPODENT : ils répandent. Respredisant , resprendisant : brillant , resplendissant. ( RtsTORAMENT : réparation. Retailé : circoncis. Retraiue : retracer, exposer, rapporter, Reumagner : rester, demeurer. Revei. , Révélé : révolte. Reveleb : se révolter. Re\'estance : rc'vércuce , lioiiueur. RiDARBAR : rtubarbe. RiNCHiEF : de rcchef. RioT : ruisseau. RiQE : riche. River : rivière. RoBEOR : voleur. RoBEB , rouber : voler. 525 ) RoCE : rocher. RoELiE (à) : petite roue; raye, divise' par raies. RoiNGNE : royaume. RoisTAiNEMANT : promptement. RojE : rouge. RoMANOiR : s'abstenir RoNDEL , rondiaus : hirondelle. RoNDON : impétuosité', force, violence. RoNiE , rosée, rosie : Russie. RoNPERENT : e'chouèreat, brisèrent leurs vaisseaux. Rote : rompu , dispersé. S : dans beaucoup de motsde cet ouvrage, cette lettre doit se prononcer comme si elle étoit double. Saba sant : samedi saint. Sacrement : serment. Safator : facteur , receveur. Sagiés : sachez. Sagite : flèche. Sagki ( fauchon ) : faucon sacre. Saic : espèce de poids. Saicuant ( non ) : ignorant. Sainz : sans. Saite , sajete : flèche. • Saivë : sage, savant. Sal : sel. Salmace : saline. Sai.me : pseaume. Saltlrie : pseautier. Sancz : sans. Sandoint : sandal. Sanin : sain. Sanint, santi, saint; s'gan. Traient: ils tirent; traiont : ils tiroient; de traire : tirer, arracher, extraire. Trairent : ils tireroiem ; traisti : qu'il tirât , qu'il ôtât. Traite , traitor ; traître. Tramontane: étoile du nord. Tr ARE : tirer , sortir. Tref : tente , pavillon. Treciteor : bateleur , baladin. Treie : traîneau. Trencer : trancher , couper. Treois : trois. Treu : tribut, impôt, péage, rançon. Trevast : qu'il trouvât; /rewn/ : ils tioii- vent. Trinchier : couper par tranches. Tripcle : Tripoli, Troint, trointe : trente. Tropo : trop. Trotent : ils trouvent. Trume voile : le printemps. TviTEs : tous , toutes. Turquie : turquoise. TuTE : tout, toute, entièrement. Tut jor : toujours. u U : où. UciR : tuer. UnDANIQUE. Voy. ANDANtD£ : bleu , couleur bleue. YsELOc : sud-est. YsNELLEMEM : proiuptemcnt. Yspi : espèce d'épice. z Zabate : savatte. Zabater : savetier. Zafarak : saffran. Zafin : saphir. Zaitif : malheureux , infortune. Zamelloct : camelot. Zapin : sapin. Zazlr : habiter. Zengibbe : gingembre. Zi.NTVRE : ceinture. Zinzin : cousin. ZiRE : il dure , il est long. ZiLB : bosse. Za-LAWT. Pag.25,hg. i4 Zo : je. ZucHAR : sucre. 31EON. ( 53i ) ERRATA. Page xxxiv, ligne 9 , lisez : il les fait recueillir, à l'exemple du dernier roi du Maiigi. 55 , ligne 28, pensse, lisez peusse. 56, ligne 22, conce, iïsez con ce. . Ibid. ligne 24, aimi, lisez auni. 57, ligne 8 , laies , fce; l'aies. Ibid. ligue a i j ceste a , lisez cesle. 60, ligne 26 , beslaies, lisez bocages. 61 , ligne i4, donge, lisez d'onge. 65, ligne i6,Cangui, lisez caagui. 66, ligue 7 1 Allai, ?,>îAlcai. 71, ligne 17) 67, ligne 1 1 , manajes , lisez mariages. 77, ligue 6, fiunis, lisez flums. 85, ligue 23, Zanli, lisez Cauli. 87 , lignes 8 et 9 , saie , lise: saies. 92, ligne 20, estoie, lisez cslore'. iio, ligne 19, poi, lisez por. I u , ligne I , portent , lisez partent. 1 1 4 , ligne I , sofert , lisez sofraite. 1 16, ligne I , ameser, lisez amasser. i3G, ligne 1 1 , et ce est, lisez et ce ue est. 142, ligne i5, diclii, lisez déclin. i54, ligne g, cbaus, lisez chans. 188, ligne lO, nelen, lisez neleu. 192, ligne 28, après maus, ajoutez com sa corne, mais.... 219, ligne 7, or, lisez ot. 224 , ligne 24 , bocaraus , lisez bocarans. 238 , ligue 2 , lent , lisez locnt. 243, ligne 1 g , treuvcut , foez trencent. 244 ) ligne 5 , ooreut , lisez aorent. 24q, licneaSl . . ,. ... • " \ a tieres. Usez atieres. aSo , ligue 4 ) 260 , ligne 12 , cai , lisez cui. i> ( 532 ) 265, ligne 26, aiant, Usez atant. 270, ligne 1 5, il rat, Usez il ont rat. 286, ligue avant-dernière, larme monte, Usez la remonte. 287, ligne 23, déportant, Usez départant. 3oo, ligne i , Quis ve. Usez Qui suae. 3i I , ligne 16, S. Goino , Usez sciLcet Goino. 3i8, ligne 27, erat, natus. Usez erat natus. 824, ligne 10, eum, Usez cura. 326 , ligne 9 , versust ramontanam , Usez venus tramontanam. 327 , ligne 1 1 , ib ierant, Usez ibi erant. Ibid., ligne i5, faciet. Usez faciebat. 339 , ligne 8 , ubi , Usez ibi. Ibid., hgne 16, aecipiant, Usez accipiant. 378 , ligne 18 , toto anno , Usez ut toto anno. 383, ligne i3, cbaccia , triodiun , Usez chacciatriodmn. 387 , ligne 4 , de sirico , Usez sirico. Ibid., ligne 6, Mgni kan, faej Magni. 391 , bgne 28, vacatur, Usez vocatur. 393 , bgne 5 , es tsupra , Usez est supra. 397 , bgne 10, et et picta ^Uc\i\s , Usez et est picta pulcris. 4i8, ligne 5, contractae, fce^ contracta. 4 18, bgne 2, vacabatur, Usez vocabatur. 421, ligne 16, tate, UsezXik. 433, ligne 17, iu. Usez in. Ibid., ligne 28 , por , Usez pro. 448, ligne 17, ses cenu. Usez sexcenta. Ibid., dern. ligne, ipsi, Usez ipse. 485, ligne 10, quaudo, fcez quando. 49° ) ligne I , arcnomac , Usez archomac. liid., ligne 4, in no , Usez iû uno. ( 533 ) VARIANTES ET TABLEAU COMPARATIF DES NOMS PROPRES ET DES NOMS DE LIEUX CITÉS DANS LES VOYAGES DE MARCO POLO. Les mots de chaque manuscrit occupent dans ce Tableau une colonne particulière ; et les manuscrits sont distingués par les numéros qu'ils portent à la Bibliothèque Royale. Le cinquième appartient à celle de Monsieur , et le neuvième à M. Walckenaer. Ceux que l'on vient d'imprimer sont le premier et le sixième ; et c'est au premier que se rapportent les variantes ou les syno- nimies que l'on remarque dans tous les autres. ( 534 ) VARIANTES ET TABLEAU COMPARATIF CITÉS DANS LES FRANÇAIS. Cliap. n» 73'!7. i Rustacians de Pise. 3 Soldadie ( ville ) Barca Caau. Barcba. Barcli, 220 , Berça ,221, Bcrclia. . Bolgara ( ville ). Bacara. . . Sara (ville ) Âlau ( kau ) Oucliacca ( ville ). Oucaca. . Tigri ( fleuve ) \ Boccara ( ville et province ). Bucara Barac (roi) 8 Cublai ( grand-kan ) Cogatal ( baron ) 9 Laias ( ville ) 1 o Acri ( ville ) Teald de Plaience Armonie ( royaume ), i3 , Arniinie , 20 Harminie , Er- mine , 22 , Erminie n" 10260. Rusta Pisau Soldaie. Arbaca. Bolgara. Sara.. . Alau.. . Oucaca. Tigeri. . Bocara. . Barac. . Cublay. Cogatal. I^ias. . Acre . . Ccabo. . n" xoi-jo. Rusta Pysan. Soldadie. Bondocdairc ( Soudan ). . t\ Clemeinfu ( ville ). . . . 18 Bolgara ( épouse d'Argon ). Balgana. [iolgana Argon ( roi ), 116, Argo. . Oulatai.t Apusca. \ seigneurs tartares Coja. . .1 Cogalra (princesse), 19, Co- cacin 19 Java (île) Cazan ( fils d'Argon ). Casan. Chiato. Achatu. Cocatii,2i3. Calu, 2t4, Quiacalu. . . . Trcpisonde ( ville ). Trepe- siiude 20 Jene ( ville ) ai Turcomams (peuples). . . . Arniins ( peuples ), 26, Arnii. f.onio ( ville ) Casscrie (ville) Sevasto ( ville ) 32 Arzinga ( ville }. Arzingal. . Baudonpie dar. Clemciufu. . Bolgara. . . Bolaua. . . Argon. . . . Oulatay. . . Apusca. , . Coja Cogalra. . . Cogara. , , Java. . . . Casan. . . . Aliarca. Bolgara. Sara. , . Alau.. . Oucaca. l'ygry. . Bocara. [îarat. . CuMay. Gogalal. Layas. . Acre.. . Ccabo. . Bcndocque dar Clemeinfu. . . Bolgara. Argon.. Oulatay. Apusca. Coia.. , n" 8392. Rusta Pisem. . Soldaie. . . . Arbaga. Volga ra. Sara.. . Alau. . Oucaca. Tigry. . Barac. . . Cublay. . Cogatal. . Laras... . Acre.. . . Ecabo. . . Cbiato Trapesondc. . Jeunes Turquemans. . Tunpians. . . Ilermi». . . . (^jine Cascrie. . . . Savast Arsinga. Cogalra. Java . . Ca\au.. . . Cbialo.. . . Trapesondc. (leniics. . . Turqnemans, ArniHi.. . . ('(Une. . , , Caserie. . . ,S.iva.sl. . . . Bandorquc Clcnienfiu . Bolgara. . , Bolcara. . , Argon.. . , Oulataî. . . Apusca. . , Coja.. . , Cogalra. . , Cogala. . . Java. . . Casiin. . . Arsinga. Cliiato.. . . . Trapesondc. . 'ciuies Tunpicraans. . Flcrniiu. . . . Conic Cascrie. . . . Savast Arsinga. . . . 4 n» 6'j5. Rusta Pysan. Soldaye. . . Barta. . Bacara . Alau. Alani. Oucaca. . . T"T Bocara. Baracus. Cublay. Cogatal. Layas. . Acre. . Chcabo. Arnie'uip. . . . Couda co dar. Clemcufu. . . Rogalra. . . . .^rgo. . Oulatay. -Apusca. Coia.. . Cogalra. Zava Java Jova. Cassan Cbyato. . . Trapesondc. Gcnnes. . . Tuiipicmans. Hermin. . . Coync. . . . Casenet. . ■ Savast.. . . Arscnga. . . ( 535 ) DES NOMS PROPRES ET DES NOMS DE LIEUX, VOYAGES DE MARCO POLO. LATINS. ITALIENS. u" 3ig5. Rusticheliis. , Soldaudia. . , u' lOiO. Soldadia . Baiclia. Burgala. Alau.. . Eucbata. Tigiis. . Bochara Balac Cublira. Cublay. Cogotal Laiasum Aclioii Tedaldus. . . . Armenia.. . . Henncnia. Bonduchdarce. Qemeufu. . . Alau. Alan. Oncliacba... Tygris.. . . Bocliara.. . Baracli. . . CiiLiJai. . . . Cogatal. . . Glaza. . . . Acton. . . . Tebaldus. . Armeuia.. . Bolgara. Argou. . Oulatani. Alpusca. , Cor. . . , Cotroco Java. . . . Achatu. Trapezonda. Jauua. . . . Turchimani. Armcni. . . Goiiio. . . . Casseric. . . Sabasta. . . Arziuoga. . 0 Barka. Soldadia. Barka. . Alau. Alan. Oucbaca.. . Tigris. . . . Clemeiusu. Balgaua. Argon. . Oulatai. Alpusca. Coila. . Cogalim. . . Giava, Lara. Acatu. n» Gu44. Alau.. . Oucliata. Tigris. . Bocbara.. . . Baracb. . . . Cublai Cogotal. . . . Glaza Actom. Accon. Tebaldus . . . Armenia. Clemeinsu. Balgana. Argon Oulatai. . . , Alpusca. . . , Coda Cogalim. . . . Giava. Lava.. Acatu. Armeni, . Gonio. . . Casseric. . Sebasta. . Arliiiga. . 7 Armcni. Goiuo. . Casseria. Sebasta. Artiuga. Cod. Walck. Soldadia . Barba. . . Bocbara Baracb Cublai. Cublay.. Cogatal Glaza. Glacia. . Acou Theobaldus. . . Armenia. Clemeinsu. Balgana. Argon. . Oulatai. Apusta. Coila. . Cogamu,'. . Java. Jana. Acatu. Turcbi. Armcni. , Goiiio. . . Cassorie. , Sebasta. . Arzinga. . 9 Rustico. Soldania. . . . Barcba. Bolgara. Ala Ontacba. Tigro. . Bachara. . . . Barac Cablau. (;hoblai Goghotal . . . Layas Acri Odaldo. Erminia. Bandocdaire. . Cbcmcissu. . . Bolgara. . . . Balgamas. . . Argou Oulautai. . . . Pusciai. . . . Coia Jova Jaua Zava Acliatu. Trebisondo. Gienova.. . Turcomauni. Hermini. . . Arzinga. . lo. Ramusio. Soldadia. Barcba. Bolgara. Assara. Alau. Oucbacba. Tigris. Bocara. Barach. Cublai. Chogatal. La Giazza. Acre. Tebaldo. Armenia. Bendochdare. Clcmeufu. Bolgana. Argon. Ulalay. Apusca. Goza. Cogatin. Java. Giava, Casan. Chiacato. Trabizonda. Genova. Turcomani. Armeni. Cogno. Cayssaria. Sevasta. Arcingan. 1 1 ( 536 ) FUANÇAIS. r.b.ip. u" 73G8. Ar^iron (Tille ) Darzizi ( ville ; Mosul ( royaume ) Jorjens (peuples), 3i , Giro- gians Jogies ( contrée ) , 23 , Jor gienie aS Davit Melic ( roi ) •a3 Glpvcslielan ( mer ) Enfrautes ( fleuve )..... •24 Yudie ( coutre'e ) , 25 , Eiidie, 93,Y(lic, i58,Iu(lie. . . . Cata ( contrée), 72, Catai. ICI , Catay, i3o, Cliatai Baudac ( ville ), 25 , Baudach 9.5 Chisi (port), 174, Q'sci. 196, Quis Basera ( ville ) aG Toris ( ville ) , Tauriz. . . • Yrac ( contrée ) Cremosor (ville). . . . . • Sava ( ville ) , 32 , Saba. . Cala Ataperistan (château ^ 3.>, Ava (ville). ........ 33 Casum.. 11" 10 (Go. Vrsiou Darsisi Mosul. Mausul Jorgans. . . . , Girogians. . . Jorgenle. . . , Joiganie.. . . Davit Melit. . (iheluchelau. . Eufrate. . . . Ynde. Cata.. . Baudas. u" 10-270. Arsus. . . . Darziz-i Il" H3i)2. Wsion.. . . Darsisi. . . Mosul. Mausul. Mosul. Mausul. Jorgans. ;anie.. Jqr| Davit Melit. Geliieh<'lan.. Eni'rate. . . Ynde. . . . Jorgans. . . Jorgana. . . Jurganic. . Davit Melic. Glebache. . Eufrate. . . Cata.. . Banda.. Cardistan , Lor Cielsan . . Istanit.. . Cerazi. . . Soucara. . 43, Cordistan } (royaumes' Timocan, / 4o> Touocain. Cisi. . . Basera. Toris. , Yrac. Gremeser. . Saba. . . . Cala Ataperistan Ava Jasdi ( ville)..-. .-..-. 34 Crerman ( r= ) , 35 , Creman , ig6 , Crermain, Cremain. . 36 Camandi ( ville ) Reobarlcs ( provmce ). . . . Caraimas (peuples). Caraonas. Nogodar ( roi ). Nugodar. . . Ciagati (frère du grand-lan \ Ciagatai , Sa , Cigatai. . . . Badasian ( province ) , 49 • i Chascun. , Cardistau. T.or. . . . Cielstean.. Istanit. . . Scrnsy.. . Souscara. Tunocam. Jasdi. . . Cliisi. . Basera.. Tauris.. Crcmcsor. . Saba Cala Ataperislau Ava Casiun Cmdislan. . . . Elor Cicltau.^ . . . . Istanit Scrasy Soucara Ynde. Catay. Baudas. u" 675. Arsiron Darzizi Mosul. Mausul. David Mclid. Geluclie .. . Eufrate. . . Ynde. Catay. . B.iudac. Cliisi. , Bastra.. Tauris.. Yrac. Chysi. Cisi. Bastra.. . . Tlioris.. . . Yrac Crcmesor. . , Saba Galo Ataperistan Ava Cainadi. ., lîeobai-lcs. C.arriux. . Caraonas. Nosrûdar.. Tiinecam. Jasdy. , Ciiasam. . Cardistau. Lor. . . . Ciclstan. . Istanit.. . Serasi. . . Souscara. Creiiiesor. . . . Saliba CalauAtapcrisca Tuiiocam. lasdy. . . Ciagati. Sygatay. Caniady. . . Roljàrles..' Caraiis.. . Carciojias. . Nogadar.. Cigatai. , Sygatay, . Camadi. . . Bcobai-Iés.' . Quairèaùx.. Caraouas. . . Kogodar.. . Cliasuim. . Curdistau. Lor. ; . . Ciclstan. . \staint. . Sarrai.. , Soucara. , Tvmoltan. Tiinokani. Tonacaim. Jasdy.- . • . Creman. . Qucrnian. Canindi. . licobailcs. Ciagati. . Sigacay. . Caraonas. Nogadar.. Ciagdci. Sigacay. ( 537 ) LAT1^'S. ITALIENS. 3195. Arziion. Arzici. . Mesul. . Georgiani. . . Georgia. . . . David Mcllic. Cechiclielam. . Eufrates. . . . ludia. YnJia.. . Catlia. Catliay. . Baldach Baldatiim. . . . Cliisi, Aclusi. . Qiiinsi. . . . Bassara. . . Tauritiiim. . Tlioris.. . . Yiac Il" itiiti. Ai'giroii. . . Daiciîim. . Mosul. . . . Gorgaiii. . Zolzania . Ghehikelar. Eufrates. . . 11° (5-244. Argiron. . . DariLzim. . Mosul. . . . Gorgani. . Gorgania. India. Crcmon Sahada Talasatu Diava Causura Turdistam.. . . Loi- Cliiestam Hostayn Gechaa Doncliaret. . . . Tliunocliarym. . Tluinacliaim.. . .Tasdis Cremaa. . Camaiidii. Peolurlcs. Scaram. Coroliar. Agat.iy. . . Ciagatay. . Ciacliactay. Calliay. . . Baldacluim. Cliisi. . . . Basera. . . Tliaurisium. Crcmosor. Casum. . . Tul■di^tan. . Loi- jic'lslam.. . Istaliiiit. . . Zciazi. . . . Somcliara. . Timochain . Jasdi. . . . Cicrman.. . Caniaridi.. . Reobarle.. . Caraonas. . Cigatay. Geluchelaz.. Eufrates.. . ludia . Catliay. . . Baldachum. Cod. WalcL Argiron. . . . Darzuim. . . Mesul. Mosul, Zorzani. Zorzaaia. n» 10259. ArziroD. , . . Arzis. . . . . Mousul. . . . Giorgiani. Gliebaclicla. . Enflâtes. India. Cliisi Basera. . . . Tliaurisium. . Cremosor. Casum.. . Turdistan. Lor. . . . Ciclstam. Yslalmit. . Gcragi. . . Soncliara. Timochain . Jasdi. . . . Crerman.. . Camaiidii. . Reobarle. . Caraonas . . Cigatai.. . . Catliay. . Baldacum. Cliisi . . . Bastra.. . Taurisium. Cremosor. Cremosi. . Easum.. . Curdislam. Lor. . . . Cielstam. . . Ystaricli.. . Cerasi. . . . Soncara. . . Timorliayin. Tunochaym. Jasdi. , . . Camaiidu. Reobarlje. Camonas. Giorgia. . . Davit Melic. Gieluohe.. . India. Cala.. Baldac. Alchis. Bastra.. Toris. . Arac.. . . Cremo.. , Saba. Calasata. Zava. Caiisom. . Distam. . La or. . . Cielstam . Staillo.. . Cictazi.. ,. Suucbata . Tincbaiii. Cigatai.. Padis. . . Ciemina. . Creiua.. . Cli,imahd. Bebalcs. . Scherani. . Nogodar.. Gisatta. . Ramiisio. Argiron. Darziz. Mosul. Mûxui. Giorgiani. Zorzania. David Melich. Gelucbalat. India. Caltayo. Baldach. Chisi. Balsara. Tamis. Hirach. Cremessor. Casibiu. Giirdistaii. Lor. Suobstan. Spaan. Siras. Soncara. Tiiuocaim. Jasdi. Cliicrinain. Camaudn. Reobarle. Carauiias. Nugodar. Zagatay. 68 ( 538 ) FRANÇAIS. Chap. ' n» 7367. Baldasciain, 5o, Badasciau. Badasciam. Badausiam. . . Pasciai ( province ) , 4^ , Ba sian Chesciemur ( province ), 48 Chcsiumur, 49; Chesmiir, Kcsimur. Dilivar (province et ville). . Asidin ( Soudan). Canosalmi (château) 37 Forraose (plaine) Cormes ( ville ) , Cremosa . 174, Curmos, 196, Cor- mose n" 10260. Badaciam. . Pasiadi. . . Cliiesimar. . Dalivar. . . Asidin.. . . Conosalmy . pormose.. . Ruemedan Acomat ' Roi ) Maimodi Acaraat Cormos. . Quermos.. Ruemedan. Aliomet. . Acromat . 38 Cohinan (ville), Sg nat , 40 , Cobiàn. . Caba 4i Mulecte (contrée) Mulcete. . Alaodin ( vieux de la Mon- tagne ) ' 43 Domas (ville) 44 Sapurgan (ville), Sopurgan Baie (ville), 45, Balac. . 45 Dogana (contrée) 46 Taican ( château ) Scascm ( ville et province ) , Scasunen. . . ^ Balasian (province), 47 1 Ba- lascian. /'. ch. 36, Badasian 47 Sighinau ( montagne ). . . Zulcarncm ( roi ' 5o Pamier ( plaine ) Bclor ( contrée ). . Cascar (royaume) Vocau (contrée). 5i Samarcan (ville), 52, San- marcan 52 Yarcan (province), 53, Char can , Carcan 54 Cotan (province), 56, Cotam, 55 Pein (province), 56, Pen. . . Cabanant. Mulette. . Alaodin. Badasian. Pasiay. . . Chi^sicmar. . Dalivar. . . Asiilin. . . . Cauosalmy . Formosc. . . Cormos. . Ruemedan. Ahomet. . Acomat. . Cabanant . Mulette. . Alaodin. . u" 8392. Badacian. . Passiadi. . . Chiesiema. , Dalivar. . ., \siJin. . . Colosaimy. Forraose. . Courmos . Coumort. . Ciarcian (province). 57 Lop (ville cl dc'scrt). Sapurgan. . , Balac. . . . , Gana. • . . ^ Taican, ... Casem. . , . Balacian. . , Svgninan. . Zulcarmam, Pamier. . , Bclor. . , , Cascar.. . . Vocan. . , . Sapurgan. Balac. . . Saua., . . Taican.. . Casem. . . alacian.. . Siguman. . . Zulcarman. Pamier. . . Belor. . . , Cascar.. . . Vocan. . . , Ruemedam . Acromat.. . Cabanant. Abanaut. . Mulette. . Alaodii Sarpugan. . Balac. . . . (iaua. Taican. , . Sarmacan. Carcan, . Cotan. , , Pem. . . . Siarcian. . Loup. . . Samarcan. Carcan. . . Cotan. . . . Pera. Paines. Pain Siarcian. . r^op. . . . Casem. Balacian. . . Siguinan. . . Fulcarmani. Paumier. . . Bclor. . . . Cascar. . . . Vocan. . . . u" 675. Badacian. . . . Passiay. Basian. Chesiemur. Dalinar. . Asindy . . Formose. Cormos. Tumedan. . Ahoiinet. . . Ruomcdau.. Achomat. . Cabanant. Mulette. . Aloadin. . . . Sapurgan. Balac. . . Saykam. Casem. . Sarmacan. Carcan. . Cotair. . . Peny. . . Syarclam. Siarcian. . Loup. . . 4 Balacian.. Siguinan. . Zulcarnan. Pamier. . Bclor. . . Cascar. . . Vocan. . . Sarmacan. . Carcan. Cotan. . Peim. , Gyarcian Lop. Loup. Lup. c 539) LATINS. ITALIENS. uo 319:5. Bandasca, . . Bascia Thesimur. . . Toloformis . Formosa . . Acurmcsa. . Carmos. . . Cormosa . . Acliomal. Gobiam. Melele. . Alaodim. Sapiirgam. Balac. . . Taycam. Scassem. Balasciam. Ziiloaranei. . Pamai. . . . Belor. . . . Casc.ir. . . . Maocham. . Samarcliara. Caicham . . Coram.. . . Pcyn. . . . Ciarrliiam. Cyrciam.. Loj). . . . 6 D" i(ii6. Bascia Chesimur. . . Cnnosalmi. Formosa, Cormes. . Ciirmosa. Cobinam . Mulete.. . Cobinam . Mulete. . . Alaodii Sopurgara. Balach. . Taycam. Scassem. Balascia. Pâmer. Bellor. . Cascar.. Vocam. Samarcliaii. Carcbau. . . Coram.. . . Pem Ciarcbian. . op. n" 6244- Bascia. . . Ctcsimur. Ganosalmi. Formosa. Cormos. . Curmosa. Vlaodim. Sopiirgam. Balach. . Taycam. Scassem. Balascia. Pâmer. . . Belor. . . Cascar. . . Vocam. . Samarchan. Carcan . , Coran. . . Pein. . . . Ciarciam . I.op. . . . Cod. Walck. Bascia. . . . Cliesimur. . Cauosabni. . Formosa. . Cormos. Cobinam. Mnletc. . . Aloadim. Sopnrgan. Balach. . Taycam. Scassem. Balascia. Pâmer, . Belor. . Cascar. Vocham. Samarchan . Carcam. Cotam.. Peym. Peiu. Ciarciam . . L«r Cormoà. n» loSjg. Bandascia. Baldascia. Balastiàs . . . . Chessimum. . . Canosalim. Formosa.. Rcluimcda. . Achoraat. . Giobiara.. Millcie. . . .\lodii Sopnnga. Balac. . Taichas. Scans. . Balasca. Ziirleai. BeJor.. . . Chassiar.. Vocham. . Samarclia, . Charcham. . Chotam. . . Peym.' . . . Ciarciam.. Kaiuiism Bascia. Chesmur. Dely. ■isidin. Cousalmi. Ormus. Ormiis. Riichmcdin. Achomat. Cobinam. Mulehet. Aloadin. Damasco. Sapurgan. Balach. Thaican. ," Scassem. Balaxiam. Sicinan. Ziilcarneii. Pâmer. lîeloro. Cascar. Vochan. Samarchan. Carchan. Cotam. Peym. Ciarciau. Lop. ( 54o ) FRANÇAIS. Cbap. n" 10-2(10. 58 Tangut [province), 72, Ten- gut, Tangu Tangiit. 59 Camul (province) Sacion (ville) Moiipu kan, Mogu, 1 1 5, Mou- gi" 60 Gincliintalas ( province ) : Ghiiigliintalas ' Zurlicar (Turc) • 61 Suctaiig (province), SuctuiT; Suctin Canicion (ville), 62, Canpi- cion ,71, Canpitui , 72 , Can- cipu 63 Ezina (ville). 64 Caracoron (ville) Camul. . . . Saciuu. . . Mongu. Chingiutalas. Zurlicar. . . Suctam. . Suctur Siccin, Campitui. . CampicioD. Esanar. . . 65 68 69 Caracoron. . Ciorcia (contrée). ... Unccan Gncliin ( kan ) , Cingliins , Ciugbis, CiucLis, 66, Gin chius , Ij-j , Ciuchu, Cingius , Gugiu Cangiii ( château ).Caagui. Gui Can Bacui - Clian Alton Gan. V. ch. 3. . . Mongu Chan. V. ch. 3g.. Allai (montagne). Alcai. . ■ Nacygai ( dieu ) Bangu ( plaine), Baigu. . . . Mecri (peuples) Erginul (royaume) Fingui (ville) Egrcgaia (province), Egrigaia. Calacian (ville) Tendue ( province), 74» Scn- duc. V. ch. 58 , Giorgic(fdsd'Uug-Kan), 198, Giorgc Gogo et Magogo (contrée). . I Ciorcia. Tangue. Canuil. . Saciun. . Mongu. . Chiugioealai Sufficar. Suceur. Sictiu. . Cingnins. Singaius. Calcicuy. Cuy. . . Bacuy. . \latou. . Mongu» . AJcay, Elcay Bargu. . . Alescript. Erginul. . Singuy. , Egrigaia. CaJacian. . Tauduc. . Jorge. ... Got et Magot Campituy. Campision. Esanar. . Caracoron. Sioicia. Clilngliius. (.hingiu. . Calicuy. . B.'icuy. . Alton. . Mongu. Alcav. , Bargu. . Mescut. Erginul. .Singuy. Egrigaia. Calacian. Tcndul. Jorge. . (iot et Magot 3 n" H3i)i. angut. Camul. . . Sacion. . Mangu. . . Cliingipgtalas Surfirar. Suctur. Si.slra. Campitui. Canipition. Esanar. . Caracoron. Cingins. , Ciingnins., Cingiiius., (.alacuy. Cuv. .". iîaruv. . Halacuii. Mongu. Alacav. Bargu. . Mi'script. Erginul. Siguy. . Egriguia . Calacian. Tauduc. Jorge. . (jol et Magol Tangut. Camul. Sacion. Monsri. n'> 6" 3. Singuycalas. Surlicar. . . Suceur. Campition. . Esanar. . . Caracorom. Ciorcia. Lmcan. Cinguys. Calcuy. Cuv.: . Bacuy. . Alton. . Mongu. Ahay. .\lcay Nacliigay. Bargu. . . Mrscrist. . Argunil. . Tinguys. . Egrigaia. Calacian. . Caiiduc. Joing. George. Ciud et Magod. ( 54i ) n" 3195. Tangite.Tangus. Taiiiagii Tangiit Teugutli Stangutli . . . . Cimiil Sacchion ... Mongu Mongui-Kaan. Ginghinlalas. . Ulficar. . . . Siicciiir. Oampition. . Egiua. . . . Taitaron . . Carocatoii. . Georgia. . . Cicorcia. . . Unclian. . . Cingliym. . Cynghi. . . Caagu. Cui Kaan. . Bacliui . . . Alau . . . . Mang^icli . , Mougut. . Alcbay. . Naagay. . Bangu. . . Mccaci . . Ergyul. . . ErghiguL . Siuguy. . Egygaia. . Calatia. . Tcnduch. LATINS. n° 16 lO. n" 6a44 Raiigutli. Camid. . Sachiou. Monguth. . . . Chinchintalas . ZurCcar. . . . Succuir. . . . Campitiou. . Eziua. . . . Carocoran. . Fuciorcia. . Uncliau. . . Cincliis. Chiuchis. Taiigutli. Tenguth. Caraul. . Sachion. Monguth.. . . Chinchintalas. Zurficar. . . . Surcuir. Succuir. Cui rSacui Vlau Maugutb.. . . Alcliay. ... Nacigay. . . . JNagycai.. . . Bangu. Burgi. Mecrith. . . . Ergimul. . . . Gingui Rgrigaia.. . . Calacia. . . . Tenduch. . . . Chinchis. Cui. . Bacui. Alau. . Gorgion. . . . GoghetMagogli G Geocgius.. . GogctMagogh.. Cod. Walck. Tangucli Teuguch Camul. . Sachiou. Monghu. Mauguch . . . Alcliai Nacigai. . . . Nagycai. . . . Bangu. Burgi.. Merritli. . . . Ergimul. . . . Singui Egrigaia.. . . Calacia. . . . Tenduch. . , . Tauduch.. . . Georgius.. . . Gog'etMagog. Chinchintalas. Zuficar. . . . Sucuir. Gampiciou. . . . Ezina Carocoram . . . Fuciorcia. . . . Unchau Campitiou. Ezina. . . Carocoran. Fuciorcia. Unchan. . Chiuchis Cuit.. . Hatin. . Roton. . Mongn. Alcbay. Nacigay. Bargu. . Mecrit. . ITALIENS. n» lOiSQ. Tangut. . . . ChamiJ. Sagiou. . Mogi. . . . Cingilatas. . Zuliear. Succuit. . . Chanpitiou. . Ezima Charocharon . Giorgia. Cingbis. . Ciucbis. . Cbira. . Batliis. . Alchom. Erginul, Erguul, Siugui , Egrigaia.. . . Egigaïa. . . . Calatia. . . . Rendue. . . . Teuduch. . . , Mogin. . . Alchai. . . Natigai. . Baucbum. Metrici . . Arghuil. . Ergigbul. . Siugui. . . Grigaia. . Calatia. . Georgius. . , . GogetMagogh 9 Tendue. Giorgio. . . Gog-Magog. Ramusio. Tangutb. Cbamul. Sachiou. Manghu. Chinehitalas. Succiur. Campiou. Ezina. Carachoran. Carcboran. Giorza. Umcan. Cingis. Cyn Kau. Batbyn Kau. Esu Kan. Mongu Kan. Altay. Natigai. Bargu. Mecriti. Ergiuul. Singui. Egrigaia. Calacia. Teuduch. Gcorgio. Og et Magog. ( 5.;= ) IIIANÇAIS. ciiJi». Il» ^îij:- Ung cl Munpul SiiKljciii (ville Ydifii ^ région) CiagaDoor (Tille) ^5 Ciandu (ville) Tehet (coDtreV^ "JT Naian ; onde de Cublai Kan ' 80, N.iyan Giidu (kan) 80 Zanll ; conirée \ Cauli. . . . Barsrol ( contrée ^ Sirliintinpii fconln-e". . . 81 Canbaliic fvillc . S^.f.aUilnl 85, Ganibalu,<)4,Caubalii ()5, Cambalu Mi;:rac (Tarlares) 83 Ciiichin _ lils de Cublai Kan ' Tcniur (fils de Cjnchin). . . 85 Taidii (ville) g3 Bavan ( baron ) Minpau ; baron \ Cacci.ir Modun nom de lieu . 105 Piilisancbi ( fleuve ) , Piili- sanpliinz 106 Gipui iville'>, Ciiopii, lo- Guin{;ui , l'io, (jinpii. . Tavanfii royaume et ville , 10- , Taifii , Taniaufu. . . 10^ Piaiifu ( ville 1 Cacianf (ville 1 , 108, Ca- cianfu, 1 1 , Cancianfu, i3o. Caraofu dicui ( château ) Dor ( roi ) 110 Caramoran (fleuve), Cara- coron Quengiiianfu ( royaume el ville 1 , III, QueDginfu . Quegiaiilij III Mangalai (roi). CuncuD ( ptt>TiDce ) , 1 1 ^ Cuncon 1 13 Acbalar Mangi ( proTinre el ville;, Acbalec, Acmeicc. 1 14 Siiidafu province et ville , biodinfu , Siiidu I n" ioj()0. [ np et MuguI Suvdacui. . Viiifu. . . . Ciaganaor. , t'.i.indu. , . T.Ul. . . . C.aulv. . , Itrasool. . Sicliitigui, r.imbalut. (•arili.ilu, Mi.rat. . Tenur. . Temur.. li.ila. . . . Mingani. . Cacciar Modii Pulisaugio. , Gingui.. . . Tai.infu. . . Pianfu. . . , r.arianf. . . t'.iirui. . Dor. . . Caramoram. . Qucngicnfu . . ^langlay. . . . CuDcuo. . . . Aclialct Mauzi. Sardanfu. . . u" loj-o. Ing el MuguI Suidalury. Soifu. , . Siasamor. r.i.uidu. . r,i.H. . . Mian. ('.ausy. . . Ilasrol. , . Sychiguy. Cambalul. • inribalu.. Miîiat. . . Th. liaia. . . . Vingam. . (.arciarMom Puli^anghiu r.Ingiiy. . lalanfu. . Piaufu. . . r.arianf. • avciiv. Dor. .' . lun n" Viç}!. l iig, Raugiip Sindacui. . . Ydilir. . . Cyagamior ("vandu. . l)\\xA, Tebct. Navan, Naianl. r.aiili. . . , Br.iscol. . , Sicincigui. , •"..itiiliarluc. Ml^irae. . le ar.UJoran . . . Quengycnfu. Manglay. . . Toncongne. . , (mIUCUU. . . Cirbilct. . . Sanlanfu. . . 3 Haia Miiigam. , . Caccia Medim Piilisangin. , Ginguv. . . r.aianfu. , Pianfu. . . raci.uif. C.avcuy. Dor. ." . u" ti-j. Viilg et Mugulg, Srndacui. . V.liflii. . . Syagannor. ry.indu. . rlubet. . . Navan. . Ciidu. Ciydus. Cauli. . . Brastul. . Sichigin. . Canikdur. Muplars. . Cinpiis. . Thciuur. . C^ramaram. (Juengiaufu . Manglay.. . Munglay.. . Cuncnn. CImIc •SanLinsu. .Suidinfu. . B.iya. . . . Minpan. . . Caralar Modun. Puluisangiiis. Quiiiguy. . . Taiaiifu. Pianfu. . r.arianf. Caicuy . Doc.; . Caramoran. Quengianfu. . Manpiav. . . , Mangtjy.s. . . Curyn Arhalet Manu. Armalel. . . . .Sardanfu. . . ( 543) LATINS. ITALIENS. Il» 3195. Migcl Miigil., Siiulatus. . . Ciagatlmor . . • Ciandu. Cyandii. ïebel. Thebet. . Nayam. . Caydii. . . Cauli. . . Bastol. . . Sucliiutiu. Cambalu Migiat. Uugrat.. Gyiigyra. ... Tliemur. ... n" i(3i6. Ung MiiguL Sind.icui.. . Vdifu. . . . Ciagamor. . Cianilu . . . Tlicbclh. . . Nayam. . Caidy. . . Cauli.. . , liaocol. , Sichiiilm. Il" 624 'i Ung Muiigul SiiiJaciii.. Ydifu. . . Ciuagamor. Ciaiidu . . Tcbelh. . Nayam, . Caydii. . , Cauli . . . Barscol. , Sicliiiitin , Cud. Walck. Uug Miiigul. Syiidacui. . Y'difii. . . . Cingamor. . r.iaiigamor.. Ciaiidu. . . Tebeth. . . Cambalu.. Uiigras. . Chiucliiii.. Temur.. . Bayam Baiam. . Migam Mangan. Cliacciatriodun . Ciomordin. . . Pulinzangliim. Giogiiy. . . . Taianfu. Piaufu. . Cacianfu. . . GayUii. . . , Dor Catliamelam. Cararaora. . Cai'camoran. Gueniafii . . Guengiarii. . Guaiuiaiifu. Mangalai, . Cuucur. . Aclialcch Mangi Sindifu. . , , 6 Pulisancliins. Gygjn. .. . Tainfu. . Piamlu. Cacyaiifii. . Caycui. . . . Darius. . . . Caramora. . Queiigiaufu . iNIangla. Chiiicin. . Cliyiiciiu , .\cbalech. Siudiufa, . 7 Cambalu . Uugrat. . Cliincbin . Hayaii Mingau. . . , Ciamordiu. , , Pulisancbing. , Gyn,Giguy., Taufu. ... Planl'u. . . . . ayam. . . Caydii. . . . Cauli. . . . Barseel . . . Sicliintingui. Cambalu. . Rugiac. . Clumcliin. Tcmur. . . Niig Mogul Siiidatur. . Gliaruor. Ciaiid».. Tebct. . Naiam. . . Cliaydu. . Chauli.. . Baischol. . Siiigliitingl Chamblay. . Uiigrac. . , Ciiiglii. . . , Tcmur . . . Bail». . . . Mingam. . . Galiamordin. PulisaDgLiugs. . Giogiii.. . . (^.acyaufu. . Caycui . . . Darius. . . . Caramoram. (^ucugiaiifii. Maugla. . . (ïynidiin. . Vclialcdi . Acmclccli. Syiuliiifu . 8 Tayiifu.Tagusu. Payiil'u . . . Caycui . . . Darius. . . . Caroraoïau. Quciigiaufiu Manjala. . Cliiuchim. Cuulhuiii. . Vcbaiccli. Acmalecli. Siuditu . . Siudifa. . . Baiam Magliam.. . . TarcliarMiindo Puliusacbi. . . Giogu. Gogui. Taiamfu. . . . Paulu Caciaiilu. Cantuy. . Dor. . . . Clia aramerau. . Qucgiaufu. . . . Ciaml'u Maiigala. Gingbu Ambalet IMaiigi. Sindafu 10 liainusiu. Ung etMoiigul. Siiidicin. Ydifa. Ciauganor. Xandu. Tebct. Naiam. Caidu. Carli. liarscol. Sitiiigui. Cambalu. Uugut. Cingis. Themnr. Taidu. Bayau. Mingan, Caczarmodin. Pulisangau. Gonza. Tainfu. Pianfu. Caciaulu. Tliaigiu. Dor. Caramorau. ()uen/.anfci. Mangalu. Cuucliin. Acbbalucb. Sindinfu. 1 1 ( 544) FR.^NCAIS. r.hjp. u" 73(>. Quiausui (fleuve)', i47 • n" 102G0. u" 10270. n" Sj.jj. U" 675. QuiaD.sui iiG Caindu (province), 117, Gaindu , Gleindu 1 17 Brius (fleuve) Caragian (province), 117, Carajan, Caraian 118 Jaci ( ville ), Chiaci , 120, Gaiudu Brius Caraian Gaindu Brius Caraian Gaindu Brius Caraian Kyam Gaindu Brius Karaian Jacuy. . . , . . Esentcmur (roi) , 122, Sen- Essantemur. . . Sanicmur. . . . Cogatim Zardandan.. . . Vcciau Mien Amien Bangula Escntcmur.. . . Setfuiur Cogatiu Zardandan. . . . Nocian Micu Anniieii Bangala >icscradju. . . . Cangigu Essautenur. . . . .Scutcmer. . . . Cogatlin Zardandan. . . . Nocian '\Iion Damicn Bangala >cscraidiu.. . . '■•ingig" Esseutemur. . . Ccutcmorao. . . Cnganti Zardandan.. . 119 Cogacin (fils du grand kan\ 120 Zardandan (province), -4.r- Nocian ( ville et province ) , 121 , Vocian 1 2 1 Minin ( royaume et ville '^ , Mien, 124, .\micn, 12 J, Vocian Myen Bangala ( royaume ) , 1 29 . Bangalan Amien Bangala 126 Cangigu ( province ) , 127, Caigu , 128 , Gangigu . Cangigu 127 Amu (province). . . . ; . 128 Toloman ( province ). . . . 12g Cugui ( province ), i3o. Tliolomau.. . . Cagui Fujigul Cianglu Ciangli Toloman. . . . Caguy.' Sinugul Tholoina». . . . Tholoman. . . . Caigui , Cuigiii i3o Sinugul (ville) i3i Cinanglu (ville ), i32 , Ci- naglu. Cianglu 1 Sa Ciangli ( ville ) , 1 33 , Cina- gli. Ciangli i33 Cuiidinfu (ville),! 36, Can- Kiimiy Fungu! (.uguv Simigul Cianglu Cyaugli Candiufu. . . . Cynangly. . . . ;■ *^ Siaiigli Sy.iJigli Cuiidinfu. . . . i34 Liitara Sangon (baron ). . . Agiiil ( 'baron ) Mongatai (haron ) Singui ( province et ville ) , i3"i , Singuimatu 1 35 Ligui ( province et ville ) , i3G , I.ingiii i36 Piugui (ville) t Liytan ERuil Mongatay. . . . Saiuguinmalu. . Siguimatu. . . . Ligiiy Puiguy. Piguy. . ■ a Bilan Liytau K«'"l Mongatay. . . . Singuyinata. . . Lingny Pinguv " 3 Liytan Egiiil Mongatay. . . . Singuymata. . . Ligui Piguv 4 Kitan. Esiiy Mongatay. . . . Singuimatu. . . Lingui Pinguy 5 ( S45 ) LATINS. ITAIJF.N'S. Il» 319J. Qiiingiafu. . . Qiiiauci. . . . Gayndu Ligays Caraiam Caracham. . . . Jacim. Cliiasi. , Essetemur. . . . Cogaciu ArdaDdam. . . . Vociam Mien. Baiij;illa. Ha II gala. Nescardin. . Talugigla. Galugigla. Gagugigu. Amii. . . . Tholoman. Cyiigiii. Guiiigiii. Fuiiilgul. Ciunglu. Ciaugli. . Goiidifii. . Tacanfain. Singiii. Liiigiii. Pimiui. Il" I (j 1 ti. Qiiianfii. Cayiidu. Brins. . Caraian. Jacy ... Esciitemur. Cogalui. . Ardandam. Uncian. . Vociam. . Myen. Bangala. Nesardiii . Nestardin. Cangigu. Amu . . . Tlioloniau. Cyiigui. Similglu. Cyanglu. Cyangli. Caiidifu. Cacaiisu. Quianfu. . . Cayndu. Brins.. . Caraiam. Jacy. . Syngiiimatii. . Eseiitcmiur Cogatiii. . Ardaudan. Vuciam. . Vociam. . Mycii. Bangala. Nescardin. Ncsardins. Cangigu. Amii.. . . Tlioloman. Cingiii,. Sinulglii. Cianglu. Cyangli. Taiidifii. Cacajisii. ()uian. . Ouianfii. Gayndu, (jiaudu. Biius. . Caraiam. Cod. Walck. Jaci Eiisentcmiir. Cogaam. . . Ardandam. . Vociam. . . Mien . Chicm. Bangala. . Nescarlim. Nesardins. Nasçardiii. Cangigu. Amu . . . Toloraan. Cingui.. Funiglu. cianglu. Cyangli. , Taduifu. . Cacaiisu. Suisniinatu. . . Singuimatn. Quiam. . Quianfu. Chayndu.. Bnuiis. . . Charangia. n" lo-t'jf). Jaccin. Jauci. Ardanda., Vochiam . Mien. . Miemen. Changhala. . Chaugigu. Amu.. . . Toloman. Cil H gui. Siiiugil. Ciaglu. . Gddilu. Sindifi Sigiii. . . Ligni. Pogui. BaiiiiiMu. Quian. Caiudu. Brius. Caraian. Jaci. Centemnr. Cogatin. Cardandan. Vociam. Mien. Bangala. Nestardin. Cangigu. Amu. Tlioloman. Gingui. Cianglu. Ciangli. Tiidiiifii. Angiil. Mongalai. Singiiim.Tt'i. 69 (546) FRANÇAIS Chap. n" 7367. 187 Cuigiii (ville), 1 38, Cingui i38 Coigaugui (ville ), i4o. Coygangiri, i4i, Congan gui Caigui ( ville ) iSg Mangi Baian Cinqsan ( baroa \ . Facfiir ( roi ) i4o Pauchin ( ville ) , i4i. l'an chin , i4i Gain ( ville ) , 1 43 , Cayii. . 142 TiguI ( ville ), 1 44 ) Tiugiii 143 Yaiigiii ( royaume et ville ]. 147, -Angiii. i44 Naiigliiii : province ). . . 145 Sai.iufu ( ville ] 146 Siugui (ville';, i3i, Tin gui. Suguy. Cingui.. . . 147 Qucui ( ville ). Caicui. Ciu gui , 1 48 , Caigiii. . . . 1 48 Cinghianfu ( ville ) , 1 5o Cingliinanfu i49 Marsardiis gouverneur) Cingliingui (ville), i5o, Giugigg"' ■_■ i5i Vugui (ville), 1 54, Vuigu; Vulgui Vughin ( ville) CiangaD ( ville ) , 1 52 , Cain- gan i52 Ganfu (ville) i53 Quinsai (ville I, Cliesai. Tanpigiii (ville). . . . i54 Gbingiii ( ville), Gliengui , Cliengui Cianscian (ville), Ciaosan. Fugui (ville) i55 Qenlifu (ville) Un(|ueu (ville). . . . l56 Cliouclia (province). Cailon port", iSh, Zantan Zaitem, Alton, i5(),Zaitou 157 Tinugui( ville). n" 10260. Cogiganguy, Caguy.. Magi. . .Maugi. . Ravan Ceiitiex. . Falfur. . Pauchin. Caiu. Cay laiiguv. Mauguy. Siguv. Tinguiguy, Viguy. Siangu. Gantii. , Quinsay Tarpiguy, Ginguy. f.iaucian. Fuigui. . Fuguy. Quclifu. Unquen, Chouka. Kayton Sarcou. Garçon, Tynuguy. a" 10270. Gouganguy. Gaigiiy. . Mangy. . liavan.. . ("Jniiclan. F;itsnr. . . l'iiK'liin. l.avn. . . Tyguy.. . langiiv. . Mangliiu. Saiaiifu. Synguy. Gucuy, . (-liiugianfu, Marcanguiz Cliinguiguy Vuyguy. . Cyangan. Ganfu. . , ()uyii.say. Gapigiiy. Gingiiy. , Ciaucian. Fuiguy. , Fuguy. . , Quenlifu. Ungnen. . Chouca, r.avton, .Sartaui. Trauguy. Cogingangu! Caguy.. . Mauzv. • Bayan. . . Tuirsan. . Facfnr. . . u" 83;) Panrliin. . r.aiu. C.ai Tiçuy. . . langiiy. . Manliiu. . Savaufu. . Singiiy. Cucuy. Chiugianfu Mersargiiis, Chingingui Vigny, . Siangii, , Gaufti. . , IJuisay. . Tarpiguy. Glgnv. . CiauMan. higuy. Fuiigiiy, (^icirtu. LiigMcn. Olionka. Kayton. Sarcun. , Carcon. Carton. Ciiuigiiy. Qnoygangui. Gonganguy. Caigny. . . Mangy.. , . Mangi. , . . Rayau. Ciocsa. Facfiir. . n"> 6-5. Paiicliin. . Gagiii. . . Tiuguy. . Tanguy. , Mangliii.. Savanfu. . Singuv. Gucuy. . . Cliiiiginfn. Singianfu. Morsayguis Ghiugingui. Vunguy. . .Syaugan. , Ciainfu. . IJuicnsay. Tarpiguy. 4 Ginguy. . Cyanciaii. Finguy. . Fuguy. . (,)uiuliru. . l^nguen. . ('Iioiika . KaytiJi. . Sarcou. . Carcou. . Canton . . Tynuguy. (547 ) LATINS. ITALIENS. 11" 3igj. Cingui., . . Caygaugui.. Coigaiigui. . u" lOiti. Maugi Bayaiu Baya. Ciuasar. . . . Facf'ur Cliayra. Gongui. Naiigiii. Langui Mangym.. . . , Ciaafu. Cyiifam Singni.. Cavgui . Ciughiaufu. . Maiisarchis. . Cinglîingui. . Uiigui Ugliim .... Sangui. Siugiii. Gaiifu Quinsav. . . . T;mipingiii.. . Clieiigui. , . . Cianciam. . . Sugui QneKnfii. . . . Uiiqiicm.. . . Coucha. . . . Cacar Zaytoii. . . . Zartoii. . . . Zai7.airoii. . , Timigiii. . . . 6 Cuigangiii. , Caygvii. . , IVraugi. . . . Raian Chinsau. Flaia Chinsan. F.icf'iir Pauclii. . . . l.ayii. . Tiiigiii. J.ingiii. Nayngu Syaiisu. Syiigui. . . Cayg-ui. . , Ciiigiaufu. . MarsarcLis. Tingliiiig-ui. UiiïLui. . . Syiigiii. . . Gaiifii. . . . Qiiinsay. . . ram]iiiigiii. Ghengiii. . . Ciangiam. . Fiigui. . . . <,)Melinsu. . Uiiqucn. ayrem. Zaircn. . lingui. il" 6-24 4. i,oigangui. Caygui. . iWangy.. . Baiaii Baia Chinsan. Satftir Paucliy. . Cayii. . . Tyngni. . Yangiii. . Nayngiii. Seyansu. . Syiigiii. . . Taygui. . . Gyngiailfu. . Maisarchis. Chingliingii UKhiii.. . Syiigiri. . . Oanfu. . . . (Juiusay. . . Tampingiii. Gliengiiy. Ciangiam. Fngui. . . Qiielinfu. . Lin(|iiem. Coucha . Cayrcm, . Zaiten. . . Tyngui. . Cod. Walck. Coygangui. . Cayguaugui. Caygui. . . Manzj. . . . Mangi. . . . Baia Chinfa. Facfur. . . . Pancbi.. Cayn. . Cingui. . Yangui. Nayng. Sianfu. Sinfrui. Caygui. . . . Cingianfu. . . Ciangfu. . . . Tlimgcliingni. .Singui. . Gaiil'u. . . <^)uiu.sai. . ranijiingui. Ghcngui. . Ciangiam. Fugui. . . (Juclinfu. . Unquom . Coucha. . Cayten. . Taigiii. . U" lO-Ôl). Cinglii. Maugi Baiam , Enanza Fafur Pauchyin. Cliaym. . Tuisni. . Mauzi. . . . Sagianfu . . Singui.. . . Cliaingu. . . Cinghiafu. . Maisachin. . Cingliiguim. Tngui. Unghi. Siiigui. Ganl'u. . . Chisai. . rajiingui. Ghagui. Ciasu. . Fugui. , ngni. . . Gliaucha. Zaton. . /ailou. l'inigui . 10 KaniiiiH Coiganzu. Quanzu. Mangi. Chinsam Baian. Fanfur. ugliin. Caim. Tingiii. Jangui. Nanghiu. Saianfu. Singui. Cayngui. Ciaughiaufu. Marsachis. Tingui Vaglu. Uguiu. S'"- Gampu. Ouinsai. Tapiuzu. Gengiiy. Zciigiam. Fugin. (luclinfu. Uuguein. Couclia. Zailhuiu. TinRui. ( 548 ) FRANÇAIS. (Jiap. u^ 7^^7' ! :')8 Zipungu ( île ), 1 5g, Cipingu. Gj'pungu I 59 Abatan (baron) Vousaniciu (baron). . . . iGo Lorc (ville). i()i Ciu (Chine) 162 Cinaba (contrée); Cianba Cianban Sogatu ( baron ) 1C4 Sardan (île), Sondur. . . Candur (île), Condnr. . Loehac ( province ) , iG5 Locac iOj Pentam (île). Malanir ( royaume). 1C6 Ferlée (royaume). Basman (royaume), Basma Samara (loyaume). . . . 1G7 Dragaian (royaume), 168 Dagraiau, Dagroian. . . , 168 Labri (royaume), iGy, La- brin, Lanbri Fansur ( royaume). . . . , l 'jo Gaveuispola (île) 171 Necaran (île), Necuvcran. Angaman (île). 172 Seilan(île), 1^4) Silan. 173 Sendemain (roi). . . . IVIaabar (province), 1^4 > Mal); mencbar i-t>, Meabar 174 Scuderbandi (roi) Var (royaume) Bettalar (nom de lieu) . . Abrivamain, Abraiamaiu. . Dufar (ville). Soer( ville), 194, Escier. . Adaii (fjnlri'e), 179, Adcn. u° 10260. Zapangu. . Abatan. . . JoiL^anichm. Cim Cvamba. Sagatu. Saudur. Condur. Loncat. Pontam. ÎVIaliur. Talet. . Feilet. . Basman. Basmon. Samara. Dangrioan. Lambri. . Fansur. . . Gavenispola. ^fecouran. . Angamanain. Seilan. . . . Sendemain. . Maabar. . . Scuderbandi, Danar. . . . Betelar. . . Abrivamain. Dufar. . . . Ezier. Aciar. u° lo'i'-o. Sipangu. . Sypaugu. Vbathau . Jousantapn Cvn. . . Cvamba. Sogatu. Saudur. Coudur. Le Tliac. Plantam. . PantajTi. . Malaiur. . Perlet. . . Fcrdclet. . Basman. . Samara. . Dragrorian Draguian. Lanbra. . Lambri. . Fanur. . . Gavenispola N'ecouran Agamauaiu. Augamanara. Scylan. . . Sendemain. Maabar. Souderbandi Denar. . Betelar. Abrivamain Dufar . Fscier. Arziar. n" 8372. Sapangu. . . Abatan. . . Jousaniclim. Cim Cyamba. Sagatu. Pontain. . Malicur. Falec. . Basman. Samara. Dangroiai Lambry. , Fansur. . . Gavenispola. Necourau. . Necoran. . . Angamanain. Seilan. . . . Sendemain. Maabar. . . Souderbandi. Oevar. . . . Betelar. . . Aliraiaman. Dufar. . . . F.srier. . . . Ariar. . . . n" 67, SypangTi. Abatan. . lusamclii. Cym. . . Cyamba. . Sagatu. . Sauduret. Candur. . Loncat.- . Pontain. . Malaiur. . Fallet. , . Basman. . Samara. . Dagarion. Dyagoriam Lambev. . Lauibrey. Fansur. . Gavcuspola Necouram. \ng(priamam Salau. . . . .Salain. . . . Sendeman. . Maalior. Mabor. Sauderlcudi. . Devar Vilclar. . . . \linnamans. Oufar Sestier. . . . Il<■^lll■r. . . . \d 111 Dan Kdau. 5 (549 ) LATINS. ITALIENS. 11" SigS. Sinipagu. Abatar. . Vonsanchi. Ziii. . . . Ciambam. Sogatu. . Soudiis. . Coudus. . Loclicac. . PcBtliay. . Penlayii. . Poiitavic. Lamovich. Feilccli. . Basinan. Samara. Dragoiam. Lambri. . Fanfiir. . 11" lOiô. Zypangu Ahatar Vonsanchyn. . . Zii'i r.yamba Cyiixba Sogatu Sandur. . . . . Goiidiir Necurara. Augaman. Scilam. . Secudum Maym Maabar. . Senderba. Var. . . . Bachalar.. . . Abanaïuayu. . Dufar Usca. Astor. . Oscior. . . . Adam. Edcn. . Edem 6 Loacli. . Pentayn. Malcvir. Fcriech. Basraaii. Samara. Dragroian. Lambii. , Lambry. . Fanfur. . Necuran. . Augaman. Seylam. . Moabar. Sendeba. Var. . . Ciamba. Cy amba . Cymba. Sogalu. Sandiir. Coiidur. Bracliium. . Abraiamiii. Ser. Esticr. Dirfar. . . Escier. Ser. Aden |Adeii. Dem. 7 n". ti■l/^/^. ZIpaiigu. . . Zypangii. . Abatar. . . Vonsanchyn. Loacb. . Pentai. . Pentayn. Pentam. Malcvir. rlecb. Basman. . . Samara. . . Dragoiam. . Dragroiam. Lambri. . . Fanfur. . Nccuram. Angamau. Seylam. . Maabar. Sendeba. Abramin. Dufar. . . Zipangu. . . \batam. . . Vosanchim. Gin Ciamba. Cyaiiba. Sogatu. Ceiidiu'. Coudur. Cod. Walck. Loeach. Penlam. Pentayn. Malevir. Ferlecli, Basmani. . Samara. . . Dragoiam. . Dragoyam. Lambri. . . Famfur. Cianba . Sodur. . . Cliondur. . Loear. . . Peut a. . . Pitam. . . Malauir. . Felel. . . lO), II). Zimpacbn. Aliaiain. . Samin. . . Basma. . . Samarra. . Dragouayn. Lamliii. . . Lanbri . . . Frauzur. . . Neguerra . . . . Aghama Gliama Selani Sellani Seylla Scremaii . . . . MabarMeuebai Sederba. . . . Van. Bacbalar. . . Dufar. . . . Escier. Stiar Aden. Denti HaniuMO. Zipangu. Abbaccatan. Yousancin. CÏH. Ziamba. Sagatii. Soudur. Goudur. Lochacb. Pcntan. Malaiiir. Felech. Basma. Samara. Dragoian. Lambri, Fanfur. Nuoceran. Augaman. Zeilan. Sanderiiaz. Malabar. Senderbandi. B étala. Diufar. Uulfar. Pécher. Escier. Adcm. ( ^Jt> ) FRANÇAIS. Cliap. ■]363. Miitifili ( royaume 1, i-5, Mutlili, 1^2, Moulifi. . . 176 Lar (province) 178" Sergniuon Bo-cam ; dieu ) , Sergainum, Sergomou. . . Cai! (yille) Curmosa Coilon ( royaume ) , 180 , Coillon , Coilum 180 Comari (ville). ...... 181 Eli (royaume) iS?. Î^Iilebar (royaume), i83. Mclibar. . " i83 Gusurat (province), Gocu- rat, 184, Gozurat. . . . 1 84 Timâ (royaume), 1 85,Tana . i85 Canbaet (royamne), 186, Cânljaot 186 Scmenat (royaume). . . . 187 Ke.smacoran ( rojaunie ) , 188, Macoran, i8r), Kes- mucaran, 1 1)2, Kesmacora. iSg Sco'ira (île), Scara , 190, Scalra , Scotra , Scorra. . 190 Matteigascar (ville). . . . 191 ZaHchibar ( îUe ), Zangbi- bar, ir)'2 , Cangliibar. . . 192 AbaSce ( province ) Abasie , 193 , Abase, Basée. . . . Zinaba (nom de L'eu). 195 Calatu ( ville ) 197 Torqie, 198, Torqiiie, Tur- quie, 21 5, Turcbie. . . . Jesudar ( cousin de Caidu ). Tibai ( cousin de Caidu ). Ciban Nomogan ( fds du grand kan ) 200 Aigiarra (fille de Caidu). . Abaga (roi )...,... . 202 .4comat Soldam ffrère d'A- baga ) , Acomant 209 Baga. . .] Boga Elcidai. Togan. Tcgana. barons. ' a" 10200. Mutfili. . . Lar SergamoD. Cail. . . . Ho Coilum. Cumary. Ely. . . Vlelyba Gazurat. Tauaim. Cambaet. Semenat. Oiicsniacuran. Scaira Madeisgascar. Zanqiiibar. . Albasie. . . Calatu. . . . Turquie. . . Agiaint. Abaga. . Abagan. Acomat. U" 10'270. Mutfili. bar. . Sargamonyii. Sargomain. Cad' Hormos. . . Coilum. Comary. Ely. . . Melibar Gazurat. . Tbamau. Cainbact. Semeuat. . Ouesmaciiian. Scoira. . . Madeigascar. Zanguibar. . Abasye. . . Calatu. . . . Tunpiie. . . Agyaiiic. . Abaga.. . u" 83y2. MutCli. Lar. . Sergamou. Cail. . . . 11" 6-J. MutCulu. Lar. . . Hormos. Coilun. . . Courmaiy. Ely. . . . IMelibar. Gazurat. Tauami. Cambaet. Semenat. Qiiesmacuran. Scaira. . . . Madeisgascar. Zamquibar. . Albasie. . . . Calatu.. . Turquie. . Jesudar. . Cyban. . . Cybay. . . Nomagan. Agiaint. . Abaga.. . Sargamau. Cail. . . . ormes. . Coi) lum. Corn, ri. Olv. . . Melibar. Gazurat. Canam. Cambaet. Semenat. Qnelmacuram. Scoia. Scoira. MadeisgaiCat. Zanquibar. . . Basic Abasie Calatu. Turquie. Jesudar. Tybay. Tyban. Nomagon. Aygrauil. Abaga. . .^comat. ( 55i ) LATINS. ITALIENS. Moll Lar. Il" 3195. i.Molfili. Sei'gamon. Borcliaym. Ciail.. . . Cormoso.. Ely. Giisinara. Cozuratli . Canna. . . Sema. Zauzibcr.. Abasia.. . Abascia. . Cabya. . . Calatu. . . Turchia. . . Gyosudar. Cimbay. Nomiin{;ari. Argialcliucur. Abaga. . . , Archomac. 11" lOiO. Miirfili. Lac. . Coiluni. . Comari. . Ely , Ély. Gozurath. Tana. . . Cambaetli. Senieiiath. Resmacoran. Scoira. . . . Madagastar. Zanzibar.. Abascia. . u" 6-24 i- Miirfili . Lac. . . Coiluin. Comari. Ely, Eli. Melibar, Gozuratb. Thana. . . Cambaetli, Seraenacb. Resmacoran. Scoira. . . Madagastar Zanzibar.. . Alibarie. . . Abascie. . . Cod. Walck. n" 10 '. >i). MiiUilil Yar. . . Scigamon. Borgiiaii. Caucr, . . Curmaso. Coybim. . Cliomari.. Ley. . . . IVtelibar. . Gofiirat. . Guiifaiat. Tana. . . Clianbaet. Chasmarch. . Schoira. . . . Maiidcscbar. . iMandesgascar. Zacliibar. . . Nabascia. . . Cliatahi. . furcliia. Vygiariiiie. Vbasa. Solda. Baclia K.iniii-vio. Miii-lili. Lac, Loac , Lar. Sogomon. rîai'cliaii, Cael. Oiiniiz. Coula m. ('iimari. Dely. Malabar. Gtizzerat. Cauam. Cambaïa. Seruenath. Chesmacorau. Soccolcra. Magastar. Zciizibar. Aliascia. Calaiati. Calatu. ( aj2 m vxcAis. ITM.IENS. baruus. Chap. Il" 73(17 Taga. ] Tiar. Oulalai. Samagar. ) 21 5 Baidii ( oncle de Quiacatu ' 216 Canci (roi).. '217 Rosie (coiitrc'c) Oroccli. Noroccli. Tactactai (roi ). 2 If) Far ( Montagne ). 220 Sain (roi) Comanir. .4iauic. . Lac. . . Mengiar.. ) provinces Zic. . . Gucia.. Gazarie. Palu r kan). Muiigletenmr ( kalalli(-iii;Ui(iucs. * Lesuei!R , Ingénieur en chef du Cadastre. * Lesi'R , Homme de Lettres. * Lktronne , Membre de l'Institut , Inspecteur -Général de l'Université. Levaillant de Florival. LiNDENBERG ( A-F.) , Consul-Général des villes Anséatiques , à Lisbonne. * Llorknte , llomuie de Lettres, décédé. LosTANDE (de), Lieutenant-CoIoncl , Aidc-de-Camp de M. le Général Guillcminot. M.\C-C\RTHV, Officier - Supérieur , et Officier de la Légion- d'ilonneur. Mackah ( le Baron de ) , Capitaine de vaisseau. * Maffioli, Conseiller Référendaire à la Cour des Comptes. ISIalo ( Aliel), Graveur de géographie. Elève du Dépôt de la Guerre. Malo ( Gaspard ), Graveur de géographie , Élève du Dépôt de la Guerre. * INIai.te-Brtn , Homme de Lettres. * INlARCKi.LiiS (le Vicomte de), Secrétaire dWmbassade. * Marcescdau, Yicc-Consul de France , à Arta. * Marcotte , Receveur du i" Arrondissement de Paris. * Marcotte d'Arcfntei il, Administrateur des Forêts. * Marcotte de Sainte Marie, Receveur des Finances. Mareiti. (le Raron de), Ministre Plénipotentiaire de France, aux Ktats-l'nis. * Mauger , Professeur de philosophie , au Collège Royal de Henri IV. * Maihice(F.T. ). * Maurice (le Baron ) , Membre de l'Institut. * MÈGE , Diicliiii-^lédecin. ( 564 ) MM. * Michel (F. P.). Graveur. * MiCHU , Docteur-Médecin. * Miel , Chef de Division à la Pre'fecture de la Seine. * Mollien(G. ). * ISIoNTBRLTSt Desbassayns (de) , Chevalier de l'Ordre Royal de la Légion-d'Honneur. Montesquiou (le Comte de) , Pair de France. * MoREAii,Nc'gociant. * MoRiER ( James). * MoRiN DE Sainte-Colombe. MoRiN (Pierre-Etienne) , Inge'nieur des Ponts et Chausse'es. * MosBOURG (leComteDE). * INIouGEOT, Avocat. * Moi NIER ( le Baron ) , Pair de France. * Mi'SELX , Homme de Loi , auteur d'une Géographie politique de la France. Nell DE Bréauté, Astronome. Nerciat (le Chevalier Auguste Andréa DE ) , attaché au Ministère des Affaires Étangères. Neuflize (le Baron de) , Membre du Conseil-Général des Ma- nufactures. * NicoLLE (l'Abbé ), Membre du Conseil-Royal de l'Instruction Publique. NicoLLET , Astronome. Orloff (le Comte ), Sénateur de l'Empire de Russie. * Parseval ( Auguste de ) , Propriétaire. * Pastoret ( le Marquis de), Pair de France , Membre de l'Ins- titut. * Pastoret (le Comte de), Gentilhomme de la Chambre du Roi , Maître des Requêtes , INIcmbrc de l'Institut. Pernet , Profcs-seur au Collège d'Agen. * PtRRÉE (Louis), Négociant. ( 565 ) MM. Perrot, Géographe, auteur d'un Atlas géographique de la France. Pertusier , Major du régiment d'artillerie à cheval de la Garde Royale. * PiCQUET (Charles), Géographe. * PiCQUET fds , Géographe. Pierrot , Professeur de rhétorique , au Collège Royal de Char- lemagne. * Pille (le Comte), Lieutenant-Général. PiNEL ( Henri-Emmanuel) , Ancien Professeur d'histoire. * Plaisance ( le Duc Charles de). * PoRTAL (le Baron) , Ministre d'État * Porta L , fils. PouiLLET , Professeur de Physique. Prigny DE QuÉRiEUX ( le Baron ) , Capitaine de vaisseau. * PuiLLON BoBLAYE , Lieutenant au Corps Royal des Ingénieurs Géographes. * Puissant , Chef d'Escadron au Corps-Royal des Ingénieurs Géographes. Raczynski ( le Comte de )* Raffetot ( le Comte de). PiAOUL-RocHETTE , Membre de l'Institut. * Rataud jeune , Employé à l'Administralion des Douanes. RaUCH, Ancien Officier du Génie. Raulin , Secrétaire de M. l'Ambassadeur de France, en Da- nemark. * R\iiz VN ( le Duc de ). * Rayneval (de), Conseiller-d'État, Ministre Plénipotentiaire à Berlin. RÉAUME , Professeur de Géographie de LL. AA. RR. les Prin- cesses d'Orléans. Redouté aîné , Peintre. * Régnier , Juge au Tribunal de Première Instance. ( 566 ) MM. * Reiset , Receveur-Général des Finances. * ReNAUDIÈKE (DELA). * Rey ( Louis) , Négociant. * Richelieu ( le Duc de) , décédé. RiMSKi DE KoRSAKOFF , Colonel des Gardes de S. M. l'Empereur de Russie. * RiPAULT , Membre de l'Institut d'Egypte , décédé. * Ro(;hefoucault-Liancourt ( le Duc de la) , Pair de France. * Roger, Commandant et Administrateur pour le Roi, au Sé- négal. RoMANZOFF (le Comte de) , Grand- Chancelier de l'Empire de Russie. * RosiLY Mesros (le Comte de ), Vice- Amiral Directeur-Gé- néral du Dépôt de la Marine , Membre de l'Institut. RosiN, Membre de l'Université de France , Chef d'Institution, à Calais. * RosSEL (de). Contre- Amiral , Directeur-Adjoint du Dépôt de la Marine , Membre de l'Institut. * RoTSCUiLD ( le Baron de ) , Banquier. * Rousseau , Consul- Général de France , à Bagdad. * Roux , Chef de Division au Ministère des Affaires Étrangères. Roux (Jules), Attaché à l'Ambassade de France à Constantinople. Saint-Amans ( de ) , Chef d'escadron des Lanciers de la Garde Royale. Saint-Cyr Nugues , Lieutenant-Général. Saint-Genis, Ingénieur en chef. Directeur au Corps royal des Ponts-et- Chaussées. Saint-Gervais ( le Bouyer de). Saint-Sauveur ( Félix de ) , Attaché au Ministère des Affaires Étrangères. * Saldanha de Gama (le Comte de). * Saulty (de ) , Régent de la Banque de France , Receveur- Général des Finances. ( 567 ) MM. Sauvigny (Charles de). * ScHONEN ( le Baron ) , Conseiller à la Cour Pioyale. Selves fils , Lithographe de TUniversitc'. * Senonnes ( le Yicomte de). * Servois (l'Abbe') , Grand-Vicaire du Diocèse de Cambrai. * Sidney-Smith , Amiral au service de S. M. Britannique. * SiLVESTKE , Lecteur du Roi , Membre de l'Institut. SiMONOFF , Professeur à l'Université de Kasan. SiREBEAU fils. * Smith , Imprimeur. Smytu ( Spencer ) , Membre de la Société Royale de Londres , et de plusieurs autres Sociétés savantes. Stanhope ( Spencer) , Correspondant de l'Institut de France. * SoRGO ( le Comte de ). * SouzA ( DE ). * Stael-Holstein ( leBaron de ). * Sueur-Meklin , Sous-Chef de Division , chargé de la topogra- phie et de la statistique de l'Administration des Douanes. * Symonet ( Philippe-Laurent ) , Ecuyer. * Tarbé de Vauxclairs { le Chevalier ) , Maître des Requêtes , Inspecteur-Général des Ponts-et-Chaussées. * Tardieu ( Pierre ) , Graveur-Géographe. * Tardieu ( Ambroise ) , Graveur-Géographe. Tellier de Blanriez, attaché au Ministère des Affaires Etran- gères. * Ternaux ( le Baron ). * Tessier , Sous-Chef de Division au Ministère des Affaires- Etrangères. Tolstoy (de), Capitaine des Gardes de S. M. l'Empereur de Russie. * TouLOUZAN , Homme de Lettres , Pi-ofesseur au Collège de Marseille. ( 568 ) MM. Tour-Maubourg ( le Baron Septinie de La) , attaché au Minis- tère des Affaires Etrangères. * TousTAix (de), Pxcceveur-Géne'ral des Finances. * Tromelin- (le Baron de ), Maréchal-de-Camp. * Tupinier , Directeur des Constructions navales, Sous- Direc- teur des Ports au Ministère de la Marine. Valazé (le Baron ), Général au Corps Royal du Génie. \ ALERNES ( le Vicomte de ) , Maire de Monieux , Membre de plusieurs Sociétés savantes. * Vauvilliers , Secrétaire-Général du Ministère de la Marine. * Verneur , Chef de Bureau à la Préfecture de la Seine. * Villeneuve ( le Comte de ) , Préfet du Département des Bou- ches du Rhône. * ViNDÉ ( le Vicomte de ) , Pair de France. * Vivien , Géographe. Way ( Lewis ) , Ministre de l'Eglise anglicane. * Walckenaer ( le Baron ) , Maître des Requêtes , Secrétaire- Général de la Préfecture de la Seine , Membre de l'Institut. * Warden, Ancien Consul des Etats-Unis d'Amérique. * WiLLAUMEZ , Vice- Amiral. FIN DIT PREMIER VOLT ME. TABLE DES MATIERES. Avant - Propos i Introduction aux Voyages de Marco Polo xi Voyage de Marc Pol i Table du Texte Français 289 Peregrinatio Marci Pauli 297 Table du Texte Latin 495 Glossaire des mots hors d'usage 1)03 Errata 53 1 Variantes des noms propres et des noms de lieux. , . 533 Liste des Membres de la Société de Géograpuie , depuis sa fondation 553 t