HÉROS DIN) Fee 1— + RECUEIL DE VOYAGES ET DE MÉMOIRES. RECUEIL DE VOYAGES ET DE MÉMOIRES, PUBLIÉ PAR LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE. TOME DEUXIÈME. DE L’IMPRIMERIE D'ÉVERAT , RUE DU CADRAN, N° 16. MDCCCXXYV. : ÉAAIOMT Hd A0OE LA RL AE LAVE OR LOS LL LAS AL LR LR EUR SAR LR EE RAR LUE LA LAURE LEUR LEE LR LR era RELATION DE GHANAT ©, ET DES COUTUMES DE SES HABITANS, TRADUITE LITTÉRALEMENT DE L’ARABE, PAR M. AMÉDÉE JAUBERT. Graanar est le nom qu’ils donnent à leurs rois. Le nom du pays ou de la ville est Okaz (2), et le nom de leur roi est aujourd’hui, en l’année 60, Mutekamenin (3). 11 commença à régner en l’année 55. Le nom du roi précédent était Lassy (4). Il les gou- verna jusqu'à l’âge de 85 ans. Il était loué à cause de sa conduite ; il était ami de la justice, et il estimait les Musulmans. Il devint aveugle sur la fin de sa vie; mais on cacha cette circonstance aux habitans de ses états, et on leur fit accroire (qu'il y voyait }). Lorsqu'on plaçait quelque chose devant lui, il disait : « Ceci est » bon, ceci est mauvais. » Ses vizirs dissimulaient cela au peu- ple , et donnaient un sens détourné aux paroles du roi, en sorte (x) Le précieux fragment de ma- écrit, dans cefragment, 5 ou &b, nuscrit qui contient cette relation, a AL été envoyé à la Société de Géographie ni par M.-J. Graberg de Hemso, consul- OA général de Suède à Tripoli d'Afrique. Cons Contrairement à l'orthographe suivie (3) urelee. par les géographes arabes , le nom de # Ja ville et du pays est constamment @) Led. Ir. I. au lieu de # le ou Ghanah. (C2) que la foule ne se doutait de rien ( Zitéralement ne compre- nait pas ). Ce Lassy était oncle de Tenkamenin (x), etil régna ; car d’après la coutume et la religion ( Ziffér. la secte ) de ces peuples, la royauté n'appartient jamais qu’au fils de la sœur du roi, parce qu’en aucun cas il ne peut s'élever de doute sur la légitimité d’une telle origine , tandis qu’il peut en exister sur celle de la naissance d’un fils et sur la réalité de la parenté. Ce Tenkamenin est un prince très-puissant , très-redoutable , et possédant de vastes états. La ville de Ghanat se compose de deux villes; l’une d’elles est celle qu'habitent les Musulmans, qui est très-grande ; il y existe 12 mosquées, où les habitans se rassemblent. A ces mos- quées sont attachés des imams et des crieurs ; il y a aussi de sa- vans docteurs. Auprès de la ville, il y a des puits d’eau douce, dont on fait usage pour boire et pour arroser les plantes potagères. La ville royale est située à six milles de la précédente, et se nomme Æ#/ghabet (2). Les habitations entre l’une et l’autre de ces villes sont très-nombreuses ; elles sont construites en pierres et en bois d’acacia (3). Le roi possède un palais et des édifices voûtés; ces édifices. sont tout entourés de murs. Dans la ville royale, il y a une mos- quée où tous les Musulmans peuvent aller faireleurs prières. Cette mosquée estsituée ‘auprès du lieu où le roi tient.ses conseils. Près de la ville sont des édifices voûtés et des souterrains, -où demeu- rent des enchanteurs qui se Hvrent à la magie et à l’exercice de leur culte. C’est dans ces souterrains que sont leurs idoles (4} 0 (x) os C’estsans doutelemême (3) En arabe LIN. que le précédent ‘(7-2 \2.) (4) Le mot vs Es, employé dans (2) «li Ce motsignifieenarabe Ce passage, ne paraît guères Suscep— un lieu bas, enfoncé, et quelquefois tible d’être autrement interprété. même une forêt. (3) et les tombeaux de leurs rois; il y a des gardes , et personne ne peut y entrer ni savoir ce qui s’y passe. Là sont aussi les prisons royales. Lorsque quelqu'un y est renfermé, personne n’en a plus de nouvelles. Les interprètes du roi sont des Musulmans, ainsi que l’intendant de ses finances et la plupart de ses vizirs. Aucun des coréligion- naires du roi ne porte l'espèce de vêtement nommé rnukhaïat (cousu ), si ce n’est le roi lui-même et son successeur ; qui est son neveu (1). Tout le reste du peuple porte deshabits de coton et de soie, chacun selon ses facultés. Tout le monde se coupe la barbe. Les femmes se rasent la tête. Le roi porte des ornemens de femme au cou et au bras, ainsi qu’une espèce de bonnet doré et brodé en coton très-fin. Il donne audience aux peuples pour redresser les torts et les oppressions, assis sur une coubbé ou édifice voûté, autour duquel sont dix chevaux- caparaçonnés d’or. Derrière lui, sont dix esclaves qui portent des boucliers et des épées également enrichis d’or. A sa droite, sont les fils des princes du pays, portant sur la tête des dorures, et vêtus à la légère. Le gouverneur de la ville se tient assis par terre de- vant le roi ; et autour de lui, sont les vizirs assis de même. De- vant la porte de la coubbé, sont des chiens connus et distingués, qui ne quittent presque jamais le lieu qu’habite le roi, qui veillent à sa garde , et qui portent à leur cou des ornemens d’or et d’ar- gent, ou de riches colliers. Les peuples sont appelés en présence du roï, au moyen d’un tambour qu'on nomme daby (2),et qui est formé d’un long morceau de bois. Lorsque quelqu'’une d’en- tre les personnes du bas peuple qui professent la même religion quele roi , se présente devant lui , elle se met à genoux et répand de la poussière sur sa tête. C’est leur manière de le saluer. Quant aux Musulmans, lorsqu'ils veulent saluer le prince, ils le font en frappant ( en applaudissant ) des deux mains. (x) Liu. le fils de sa sœur. @) C4) La religion de ces peuples est le magisme et l’adoration des idoles. Lorsque le prince meurt, on lui élève une grande coupole en bois de platane , qu’on place dans le lieu de sa sépulture; on met ensuite ses vêtemens sur un trône peu couvert de meubles: On in- troduit (le corps ) sous cette coupole, et on y dépose les: orne- mens, les armes, les vases et ustensiles du roi, comme s’il devait manger et boire , et même des alimens et des boissons. On y in- troduit aussi un homme d’entre ceux qui lui apprêétaient ses ali- mens et ses boissons. On ferme sur lui la porte de la coubbé, au- dessus de laquelle on dépose plusieurs objets. Alors le peuple se rassemble etjette de la terre sur cette coubbé, ensorte qu’elle de- vient comme une montagne. On l'entoure ensuite d’un fossé , de telle façon qu’il n’est possible de parvenir à ce Zumnulus que par un seul endroit. Ces peuples immolent des victimes à leurs morts, et leur con- sacrent du feu couvert (x). Le roi perçoit à l'entrée de chaque charge de sel, un dinar d’or, et à la sortie, deux dinars ; sur chaque charge de cuivre (2) cinq mitscals, et sur les autres marchandises dix mitscals. L'or de la meilleure qualité qui existe dansle pays, se trouve dans la ville de Ghaïarowa (3), laquelle est éloignée de la ville royale de 18 journées de chemin. Le pays est peuplé de tribus de noirs, et les habitations sont très-rapprochées. Dans toutes les mines du pays, lorsqu’ontrouve des lingots d’or natif, le roi en prend la meilleure part, et on ne distribue au peuple que les petites par- celles; si ce n’était cela, l'abondance de l'or en avilirait le prix (4). QG) Il y a dans le texte << qui (3) 1, Le. signifie locus ir quo sepelitur servalur— Ta (4) 11 y a ici quelqu’erreur de co- .. piste: le sens du passage ne paraît pas: ()Onlit ici (= aulieude (ls. suffisamment clair. C5) Les lingots pèsent depuis une once jusqu’à une livre. On rap- porte qu’il y en a qui ressemblent à de très-grosses pierres. La distance entrela ville de Ghaïarowa et le JNz est de 12 milles. Il y a beaucoup de Musulmans. Ghanat est un pays très-malsain pour tout autre que l'habitant indigène ; celui qui y arrive ne peut guère manquer d’être malade à cause du grand nombre de champs semés. La mortalité des étrangers y a lieu vers l’époque des moissons. La distance de Ghanat à Ghaïarowa, et à la ville de Samghan- di (i), est de 4 journées. Les habitans de Sarnghandi, sont les plus habiles d’entre les noirs à lancer des flèches. De là à une ville nommée Zacat (2), on compte 2 journées. L'espèce d’ar- bre la plus commune à Tüucat, est celle qu'on nomme Æ4da- mart (3) ; c'est un arbre qui ressemble à l’Arak(4), excepté qu'il porte un fruit ( gros) comme une pastèque ; dans l’intérieur de ce fruit, il y a quelque chose qui ressemble au sucre , qu’on boit, et qui est acide et doux. Cette substance est utile aux per- sonnes qui ont la fièvre. De là au canal du N;/, qu'on appelle Zoghara (5), on compte une journée de route. Les chameaux traversent le fleuve à gué, et les hommes ne le passent que sur des canots. De là on va vers un pays nommé Ou'ntil (6), qui est très- grand et très-célèbre. Il n’est point habité par des Musulmans ; 35 G I D #i # 0 0 . Ü ._ (1) VERRE gulis baccis , quæ primüm virides et aus- ne À teræ , deinde rubent, et miliores ac siccæ (2) SSL. post nigrescunt. Radices ejus et rami, ex- (3) 5 sp. tremitate cortice nudatä ad fricandos den- tes adhibentur vulgato admodüm usu : (@) SShi sorte d'arbre épineux , (Castel, Lexic. Heptaglott., tom. 1, dont Casiel donne, d’après Avicenne, SE > : pag. 227.) la description suivante : Est malo puni- cs cæ formé similis , et provenit in vallibus G) Lu; montibusque Higiazæ , regionis Arabie , (6 1e 9 fructu racemoso , ciceris magnitudine sin- ) J TE (6) cependant les habitans du pays reçoivent les Musulmans, et vont à leur rencontre hors du chemin lorsque ceux-ci viennent chez eux. Il y a des éléphans (x) et des giraffes dans ce pays. De Ou'ntil à Ghaïarowa..…… (2). Si le roi de Ghanat réunis- sait toutes ses troupes, le nombre s’en monterait à 200,000 hom- mes, dont plus de 40,000 lanciers. Les chevaux de Ghanat sont très-courts de taille. Les habitans de ce pays en possèdent d’excellens , qu’ils ne mettent au vert que deux fois dans l’année, savoir : une fois lorsque les bords du Nil sont humectés par la rosée ; l’autre fois, lorsque cette humidité se fait ressentir sur le Ma'’ziz (3). A l'occident de Ghaïarowa , sur le Nil, est la ville de Lour- ma (4). À lourma, on trouve de petites chèvres. Lorsqu’elles mettent bas, on égorge les mâles, et on ne garde que les fe- melles. Il y a dans ce pays un arbre, avec le bois duquel on frotte ces chèvres : elles conçoivent par la vertu de ce bois, et cela sans l'intervention d’aucun mâle. Ce fait est notoire chez ces peuples et incontestable ; il est rapporté par des auteurs mu- sulmans dignes de foi. C'est de Bersa (5) qu'on amène les nègres barbares, connus sous le nom de Beri-Na'mrat (6). Ils font le commerce de l'or dans le pays situé vis-à-vis d'eux sur le bord du Nil. C’est un grand état, dont l'étendue est de plus de huit journées de marche, et dont le roi se nomme Daoua (7). Ils combattent avec des flè- ches. Derrière eux (c'est-à-dire au-delà } est un pays qui s’appelle (x) Je pense que ai! est ici pour (4) ER ai. On lit, en effet, dans le manus- nb ut crit d'Edrisi, que possède la Bibliothè- Cuss à LS Denss: CMArtE que du Roi, article Ghanah,wlel des mann, Fürisü Africa, pag. 12, 23, 28, pl 5 ads)| des éléphans et des gi- 34'et 35,) raffes marchent devant lui ( le roi.) (G) St és (2) La distance manque. 22 cie (7) 22- OBS (7) Melek , (x) et dont le roi est connu sous le nom de Musulmani (2). Il fat ainsi nommé par le motif suivant : le pays souffrait d’an- née en année de la disette. Les habitans demandaient au Ciel de l’eau, et sacrifiaient des bœufs pour en obtenir ; cependant la sécheresse continuait de plus en plus, aïnsi que la famine et la misère. Il y avait auprès du roi un hôte d’entre les musulmans, qui lisait le Coran, et qui connaissait les traditions. Le roi ex- posa à cet hôte le sujet de son affliction. Celui-ci lui répondit : O roi, situ veux croire en Dieu tout-puissant et tout glorieux, pro- fesser son unité, avoir foi dans l’apostolat de Mahomet (sur qui soit le salut) et observer toutes les lois de l’islamisme ; certes tu pourras espérer d’être délivré de ce qui t'afflige : la miséricorde divine s’étendra sur tout ton peuple; et tes ennemis, ainsi que tes adversaires te porteront envie à cause de cela. Le Musulman ne goûta aucun repos, jusqu’à ce que le roi eût embrassé l’islamisme : il purifia ses intentions par la piété, il lui lut des passages du livre de Dieu, les plus faciles à compren- dre ; il lui apprit relativement au /farz et au sunnet, tout ce que son ignorance ne lui avait pas permis de concevoir , ensuite il lui fit faire les ablutions légales dans la nuit du vendredi, le revêtit d'habits de coton qu'il avait, et le conduisit sur un ter- tre élevé. Là le Musulman se mit en devoir de faire ses prières, et le roi, qui était à sa droite, l’imita. Ils prièrent tous deux du- rant la nuit , ainsi qu’il plût à Dieu , le Musulman priant , et le roi répondant Amen. Enfin , le point du jour ne parut pas sans que, j'en atteste Dieu même , tout ce peuple ne fût dans l'abondance d’eau. Alors le roi ordonna qu’on brisât les idoles, et qu'on éloignât du pays l'arbre (3). Sa foi prospéra, ainsi que celle de ses neveux et de ses proches, et les habitans du pays qui étaient polythéistes , nommèrent par celte raison leur roi Musulmani. (1) a12 (3) C’est sans doute celui dont'ila (2) RACE été question ci-dessus, pag. 6. (8) Parmi les pays dépendans de Ghanat, il ÿ en a un qu’on ap- pelle Samat (1), dont les habitans sont désignés sous le nom d'el Boukmou (2). Entre ce pays et Ghanat, la distance est de quatre journées. Ces peuples vont tout nuds, excepté que les femmes cachent leurs parties honteuses avec des courroies de cuir tressées ; ils laissent croître les poils de ces parties, et se rasent ceux de la tête (3). Les Boukmou sont adroits à lancer des flèches, et ils en em- ploient d’empoisonnées. Le fils aîné, chez eux, hérite de toute la fortune du père. A l’ouest de la villes de Ghanat , est la ville d’Anbarah (4), dont le roi s'appelle Tarim (5); celui-ci est en état d’hostilités avec le roi de Ghanat. À neuf journées d’Anbarah , est la ville de Koughah (6). Entre cette ville et Ghanat, il y a quinze journées de marche. Les habilans sont musulmans ; mais autour d’eux sont des polythéistes. Les objets du plus sûr dé- bit sont le sel, le cuivre , les coquillages bivalves et l’euphorbe. Ces deux derniers articles sont les plus estimés. Il y a des mines d’or, et ce sont les plus abondantes de tout le pays des noirs. Là se trouve aussi la ville Eeken (7), dont le roi se nomme Taïmaï, fils de Basawah (8). On dit qu'il professe le maho- métisme secrètement. Il y a, dans le pays de Ghanat, nne peuplade qu'on appelle Wan- mihin (9), de la race des guerriers qui furent envoyés à Ghanat Rent ® £ sé @) SI. (6) &S. ! L Eine (3) Ici se trouve une anecdote qui (7) LS. a. ne paraît pas susceptible d’être mise sous les yeux du lecteur. Ge cp Lo GE Li. QE. C9) par les Ommiades, dans les premiers temps du mahométisme, Cette peuplade professe la même religion que les habitans de Ghanat, à cela près qu’elle ne s'allie pas avec les noirs; elle est de couleur blanche et de bonne mine. Il y a aussi un peuple connu sous le nom d'el Masan (x). Dans le pays de Ghanat, on juge les affaires par le moyen de l’eau. Voici en quoi la chose consiste : lorsqu'on réclame de quelqu'un le prix du sang, de biens ou d’autre chose, on prend une espèce de bois qui contient des principes de chaleur et d’amertume; on verse dessus une certaine quantité d’eau qu’on fait boire au défendeur. S'il l’avale ou la fait parvenir dans son ventre, on juge qu’il ne doit rien; si non, la demande est consi- dérée comme juste et fondée. Parmi les raretés qui existent dans le pays des noirs, il faut compter un arbre de tige élevée et mince qu’on appelle Tour- za (2); il croît dans le sable, et porte un fruit qui se gonfle et grossit beaucoup. Dans l’intérieur de ce fruit est un lainage blanc dont on fabrique des étoffes et des vêtemens. Le feu n’a aucune prise sur les étoffes tissées avec ce lainage, quelle que soit la du- rée du temps qu’on l’expose à son- ardeur. Le docteur Abdul- Melik rapporte que les princes de cette contrée ne portent pas d’autres habits que ceux qui sont faits de cette étoffe. Il ya, dans la vallée de Dar'a (3), une pierre qu’on ap- pelle en langue berbère Tamatghasta (4), qui s'écrase sous la main, ets’assouplit au point de prendre la consistance du lin (5). On en fabrique les choses dont on a besoin , et particulièrement des liens incombustibles pour les animaux. On en a fabriqué des (1) Ye), Précis de la Géographie universelle, re tom.1V, p. 584). Harimann, Edrisii 2 Africa, pag. 123, 132, 145 et suiv. (3) Ville située à six journées de e sh Taflet, dans le royaume de Maroc @ ; {Recherches sur l'Afrique , pag. 167; (5) Jelis y au lieu de LS. IT, 2 Cro) vêtemens pour les princes du pays de Sedjelmas (1). Un particu- lier m'a assuré avoir vu un marchand qui en avait apporté à Ferdelind (2), prince de Djelaleka (3). I lui dit que c'était une serviette qui avait appartenu à l’un des apôtres , et que le feu n’y pouvait rien. Il le lui fit voir manifestement. Ferdelind ac- corda de la considération à cet homme , lui donna quelque chose de ses richesses , en échange de cette rareté, et l’envoya à l’'Empe- reur (411. au maître) de Constantinople , afin qu'il la placât dans la plus grande de ses églises. FIN DE LA RELATION DE GHANAT. APPENDICE. Pour que le lecteur puisse comparer entre eux les récits des géographes arabes , relativement à Ghanah , nous croyons devoir joindre ici : 1° un extrait du Manuscrit de la Bibliothèque du Roi, connu sous lè nom de Geographia Nubiensis , publié en arabe , à Rome , en 1592 et en latin, à Paris, en 1619; 2° un ex- trait d'Ebn-El-Wardi, dont M. de Guignes a fait connaître l’ou- vrage géographique dans le II° volume des Notices et Extraits des Manuscrits de la Bibliothèque du Roi. L. Description du pays de Ghanah, extraite du Géographe Nubien. Ghanah se compose de deux villes situées sur les deux rives d’un fleuve d’eau douce. Ce pays est le plus considérable de tout le (x) Urble. éclaircissemens importans pour l’intel- UNE ligence de ce fragment, propose de: DES lire ici Ferdinand. roi de Galice. Cette (3) 23). M. de Sacy, à qui leçon nous paraît excellente et nous: nous sommes redevables de plusieurs l’adoptons. Cr1) Soudan , tant sous le rapport de sa population que sous celui de l'importance de son commerce. Il s’y rend des marchands de tous les pays qui l'entourent, et des contrées occidentales les plus éloi- gnées. Les habitans sont musulmans, et le roi est, à ce qu’on dit, de la race de Saleh, fils d’Abdallah , fils de Hassan, fils de Hus- seïn , fils d’Æ4/y, fils d'Abou-Taleb. Ce roi fait faire l’invocation en son nom , quoiqu'il obéisse aux loix du prince des croyans de la race des Abbassides. Il possède, sur les bords du Nil, un palais dont la construction est très-solide ; ainsi que les fortifications. Cette demeure est ornée de peintures , d’idoles et de fenêtres vi- ” trées; elle fut bâtie en l’année 510 de l’hégire (1116 de J.-C.). Son royaume et ses domaines touchent au Vangarah, pays connu par l'abondance et la bonne qualité de l'or qu'il produit. Les habitans des pays occidentaux les plus éloignés savent de science certaine et à n’en pouvoir douter, que ce roi possède un bloc d’or pur du poids de trente rotls (1). Ce bloc est une production naturelle , créée par le Tout-Puissant , sans avoir été fondue ni travaillée par la main des hommes. Il a été percé et attaché au trône du roi, et c'est une des raretés qu’on ne trouve nulle part ailleurs que chez lui, et que personne autre ne possède. Il s’en glorifie aux yeux des divers princes du Soudan. Ce roi, d'après ce qu’on rapporte, est le plus juste des hommes; relativement à sa conduite, à son humanité et à sa justice, on dit qu’il a des officiers qui se rendent tous les matins à son pa- lais. Chacun de ces officiers porte sur la tête un tambour qu’il bat, jusqu’aumoment oùil est arrivé à laporte du palais. Lorsque tous les officiers sont réunis, le roi monte à cheval , les précède et parcourt les divers quartiers de la ville et des environs. Qui- conque a quelque plainte à former ou quelque avertissement à donner, est appelé auprès du roi et ne sort pas de sa présence sans en avoir obtenu justice : ce prince retourne ensuite à son palais, x) Le rotl équivaut à environ 14 onces, c’est-à-dire à moins d’un demi-kilo- gramme, (12) et les officiers se retirent. À quatre heures après midi, lorsque la chaleur du jour est tombée, il remonte à cheval, entouré de ses gardes, et alors pérsonne ne peut plus l’aborder. Cette double __ sortie estun usage connu et un signe notoire de sa justice. Ses ha- billemens consistent en étoffes de soie dont il.se couvre, ou en un manteau dont il s’enveloppe. Il porte aussi des pantalons , des. souliers et de riches ornemens. Il fait marcher devant lui des élé- phans , des giraffes , ainsi que divers animaux dont les espèces se trouvent dans le Soudan. Ces peuples ont , sur le Nil, des barques très-solides qui sont employées pour la pêche et pour faciliter les communica- tions entre les deux villes. Leurs habillemens consistent en manteaux, voiles et robes, chacun selon ses facultés. La terre de Ghanah confine à l'occident au paysde Makzarah; au levant, à celui de 7’angarah; au nord, aux déserts contigus. qui existent entre le Soudan et le pays des Berbers, et, au midi, au pays des infidèles et autres. Itinéraire extrait du méme chapitre de l'ouvrage précité. De Ghanah aux limites de Vangarah, on compte 8 journées. De Ghanah à Tirki, grande ville, 6 journées, en suivant le Nil. De Tirki à Merasa, 6j journées. De Merasa à Sakmarah, 6 marches. De Sakmarah à Samghandi, ville agréable , située sur le bord du fleuve, 8 journées. De Samghandi à Raghbil, située sur le bord du fleuve, g journées. De Sakmarah à Raghbil, en se dirigeant vers le sud , 6 jour- nées. De Raghbil à Ghanara, à l’ouest, sur le bord du Nil, 11 jour- nées. (13) Et de Ghanara à Ghanah, #1 journées de marche, durant les- quelles l’eau est fort rare. Tous ces pays dépendent du gouvernement de Ghanah. IT. Description extraite d'Ebn-el-WV'ardi , d'après un manuscrit communiqué par M. MARCEL. Ebn-el-Wardi, géographe arabe qui vivait dans le 13° siècle, parle d’une ville nommée Ghaïnarah (1) dont le nom ressemble À celui de Ghanara mentionné dans Edrisi et même au Ghaïa- rowah (2) de notre fragment. « Ghaïnarah, ditl, est une villesituée » sur le bord du Nil, entourée d’un fossé plein d’eau et peuplée » d'hommes braves et courageux, qui font des irruptions dans » le pays de Lemlem (3). 1s y enlèvent des esclaves, qu’ils ven- » dent chez eux. » Voici les termes dans lesquels le même géographe s'exprime au sujet de Ghanah : « Le pays de Ghanah est situé au nord de ce- lui de Waghrarah (4). La ville est très-grande et portele même nom que le pays. C’est la plus considérable de tout le pays des Noirs. On y fait un très-grand commerce, et les marchands y Y »ÿ v » sont fort riches. Elle se compose de deux villes, placées sur les » deux rives du Nil. Il y vient des marchands des autres pays. » Toute la terre est couverte d’or: les habitans entretiennent sur » le Nilde grandes barques; ils se livrent à l'exploitation de l’or » et le travaillent comme de la brique (5). Les marchands de Sed- » jelmas (6) s’y rendent à travers des pays caverneux (7), dans les- Q) se (6) Le sens de ce mot n’est pas par- (2) Le faitement clair. @3) A (6: Ça (4) le ou plutôt DU Makzaroh, (7) Mème observation que ci-des- comme l’observe judicieusement Hart- sus, note 5, mann, Edrisii Africa, page 28. C14) » quels, durant douze jours, ils manquent d’eau. Ils y portent des » figues, du sel , du cuivre et des coquilles marines. Ils n’en rap- » portent que de l'or pur. Ce pays est gouverné par un roi puissant, » qui dispose de troupes nombreuses et qui possède de vastes états, » gouvernés par des princes qui lui sont subordonnés. Il possède » sur le Nil, un palais dans lequel est un bloc d’or gros comme un » rocher: ce bloc est une production naturelle; il est percé d’un » trou et attaché au trône du roi qui, dit-on, est musulman. » On lit dans les extraits de Bakouï, donnés par M. de Guignes (1), une courte description de Ghanah, qui paraïît-être le Cano de Léon l’africain, Enfin Ebn-Aïas, auteur arabe dont M. Marcel a bien voulu nous communiquer l’ouvrage , dit que « cette ville, » située au midi du Woghreb , est contiguë au pays des mines » d’or; que les marchands s’y rassemblent pour acheter ce métal, » qui y est très -abondant , et que les vêtemens de la plupart des » habitans consistent en peaux de tigre. » (x) Notices et extraits des Manuscrits de la Bibliothèque du Roi, tome lE, pag. 404. (15) A AA LE LL LIL LES ALL SLR LE LL SLA LE LL LS LAS LES LES LL LLIILILAIAA TAILLES RELATIONS INÉDITES DE LA CYRÉNAIQUE. Le deux fragmens qu’on va lire ont paru à la Société dignes d'’é- tre publiés, à cause du peu de renseignemens qu’on a jusqu’à présent : sur la Cyrénaïque et ses antiquités. Ce sont des relations faites par des témoins oculaires , et qui ajoutent quelque chose aux notions qu'a fournies le voyage de M.Paolo della Cella. Enfin l’une d'elles estaccompagnée de dessins qui , malgré leur imperfection , font pressentir l'importance des restes de Cyrène, et doivent exciter le zèle des voyageurs, jaloux de faire desdécouvertes dan une terre aussi pleine de souvenirs. La Société est redevable de la commu- nication de ces deux pièces à M. Delaporte, un de ses membres, aujourd’hui vice-consul de France à Tanger, et qui les a redigées ou traduites à Tripoli de Barbarie, pendant sa résidence dans cette ville. Nous les publions sans aucun commentaire. E. J. $ ler. Extrait du Journal d'une expédition faite en 1811 et 1812, de Tripoli à Derne, par les déserts, Tenu par M. Augustin CERvVELL:, Médecin, natif de Pise en Foscane, Rédigé par M. Decarorre, Vice-Consul de France à Tanger. 39° JourNÉE DE Tripozr. — BARCA. Nous partimes à 2 heures, après le coucher du soleil, et nous fimes une route de trois heures, après lesquelles nous campâmes dans (16) une vaste plaine, éloignée de huit milles de la mer. A la droite de notre camp, était une colline au sommet de laquelle est une bâtisse ruinée. Nous trouyämes, à trois milles de distance de notre cam quelsnous avions passé durant cette journée, étaient couronnés de ruines d'anciens forts. À quatre milles du point de départ, j'ai commencé à fouler les débris d’une très-grande ville (ce sont ceux de Barca, je crois) qui occupentune étenduc de cinq à six milles. p, un espèce d’étang d’eau douce. Tousles coteaux devant les- Les restes des murs, longs de plus 200 brasses, ont une épaisseur de deux ou trois coudées. On y voit aussi les restes d’un grand pavé dont les dalles ont une brasse et demie de largeur. Des vestiges de fondations orbiculaires indiquent destours, ou des temples, ou des forteresses. Tout porte à croire qu’il a dû y avoir ici une ville immense, où a régné , au dire des Maures, un roi chré- tien. À travers les jointures des pierres , on distingue des souter- rains. Ces débris embrassent toute la plaine, et les collines qui l’enveloppent sont surmontées de forts. Les prés qui embellissent cette plaine et les fleurs dont ils sont émaillés, offrent le plus riche coup d’œil. 42° JOURNÉE. — BENGHAZY. Nous nous sommes mis en route ce matim conjointement avec le bey de Benghazy (1), venu à la rencontre du fils du pacha qui dirigeait l'expédition , et nous sommes arrivés à une heure après midi à Benghazy. Nous y sommes restés 24 jours. Cette ville, située sur une pointe de terre, est un composé de maisons con- tiguës, hautes de six à huit brasses, bâties de petites pierres liées avec du mortier. Chaque maison à une grande porte et une vaste cour, autour de laquelle sont des chambres, qui servent d'habitation à des familles maures ; le nombre de celles-ci est à (1) Ou Ben Ghäzy. C17) peu près de 7 à 8 mille ames: ils couchent ensemble (les gens de la même famille, s'entend } sur des tapis ou des nattes étendues par terre. Leur nourriture habituelle consiste. en zommeïtah, poudre d’orge brülée comme du café, qu'ils pétrissent avec de l’eau et de l’huile ; ils y ajoutent un peu de viande et des dattes. Ils boivent de l’eau et beaucoup deïlait. La citadelle est voisine de la mer et défendue par six pièces de canon. Le gouverneur , c’est-à-dire le bey, y loge. Le pacha de Tripoli le change tous les deux ou trois ans. Ben Ghazy a un port naturel, quoique petit , où lesnavires sont à l'abri de tout vent. On voit, le long des bords de la mer, les ruines d’une ancienne ville, que les vagues viennent laver pendant les mauvais temps. Lorsqu’elles se sont retirées, les Juifs et les Maures fouillent ces ruines, d’où ils retirent des monnaies et des pierres antiques, qui sont parfois de grande valeur, mais dont ils méconnaissent le prix. Ben Ghazy est située à deux ou trois milles de la mer, sur une partie de l’emplacement d’une ville antique, dont les restes sont cachés sous les sables. Les habitans en retirent de grandes pierres dont ils font de la chaux. La mer dispute aux sables la possession des débris de l’ancienne Berénice ; auprès, les maures ont bâtiune petite ville, qui contient à peu près 4000 ames, c’est-à-dire Ben- gaze, qui pendant l’hiver est environné d’eau. Le nord et l’ouest- nord-ouest de la ville regardent la Méditerranée, et l’est-sud-est, la campagne. Au sud-ouest est le port, qui a neuf palmes d’eau de profondeur, et qui met à l’abri des tempêtes les bâtimens qui peu- vent y mouiller. Le château qui, comme je l’ai dit , touche auri- vage , est éloigné de 300 pas dela ville. Les environs de cette der- nière sont tous de sable aride, où l'on est parvenu à cultiver des oignons , desraves, des courges et beaucoup de concombres. Aux deux côtés de la ville, croissent quelques dattiers. Le pays inté- rieur abonde en bœufs, agneaux , chèvres , poules, chameaux. Il s’y trouve du beurre en abondance. Les montagnes et les déserts II. 3 (18) sont peuplés d’autruches, dont on apporte à Bengaze les plumes, les peaux et les œufs. La viande y vaut quarante centimes les trois livres, l’œuf vaut un centime , et un bœuf 42 francs. 132° JOURNÉE. — SAFSAF. La ville de Safsäf est située sur le plateau d’un monticule environné de petites collines. Ce monticule se prolonge dans l'espace de trois milles et demi. Safsäf a presque deux milles de circuit et offre un carré parfait, dans lequel sont les ruines de l’an- cienne Sossussa et deux édifices en bon état. Je vais faire la des- cription de chaque partie de Safsäf en particulier. Couchant.—On voit, dans cette partie, une muraille construite sur le roc, dont les pierres , longues de plus de cinq brasses et droites , forment des espèces de pilastres. Ces pilastres, distans les uns des autres de trois à quatre brasses, sont joints entre eux par des murs formés de petites pierres de taille. Au milieude cet empla- cement est un grand mur carré, haut de plus de deux brasses et long de vingt pas, formé de grosses pierres carrées. Le sommet en est endommagé. De grandes ornières profondément creusées , et des creux pleins d’eau indiquent les rues de la ville. À un mille plus loin, est une forteresse qui regarde le S.-O. Nord.— Nous vimes au nord, un très-beau réservoir d’eau de pluie, long de 400 pas, large de huit; l’eau avait une brasse et demie de profondeur. Ce réservoir ou citerne est recouvert par une voûte faite de pierres carrées longues d’une brasse et demie, sur un des côtés de laquelle on a menagé des canaux. Le pied de cette voûte est percé de petits trous par où l’eau entre, et son sommet, de grandes ouvertures par où on la retire. Ce réservoir est dirigé est et ouest. On voit à l’est un édifice en ruine, qui paraît le reste d’un temple et autour duquel on compte quinze tombeaux. Deux longs fossés viennent aboutir aux deux extrémi- Cer9)) tés de cette citerne et y conduisent les eaux : à deux milles de distance, on voit unc forteresse. Levant. — Un peu à l'écart, on distingue un autre temple (ou église } qui à treize tombeaux autour delui. Nous y trouvâmes un petit bassin ou bénitier, creusé dans le roc avec assez d'art, qui contenait del’eauetdivers débris: À la distance de deux milles, on compte trois forteresses. Midi. — Ce quartier de Safsäf est couvert d’édifices tout-à-fait ruinés. Des pierres encore debout, de distance en distance , indi- quent les murs de l’ancienne ville; on y remarque un très- grand temple qui a trente brasses de long; elle est entourée de trois rangs de tombeaux, placés les uns auprès des autres. J’y trouvai aussi cinq ou six petits bassins. Deux d’entre eux contenaïent de l’eau , les autres étaient à sec. Des canaux semblables à ceux qui ont déjà été décrits sillonnaient les rues. Au milieu de ce quar- ter, il y a quelques ruines, et le reste est un amas deterre et de petites pierres. À un mille de là, on remarque deux forts ; et sur le penchant de la montagne, à-peu-près à la même distan- ce, on aperçoit diverses ruines qui regardent le nord: Du côté du levant estun aqueduc creusé dans . le roc : il aboutit à ‘un édifice qui se trouve dans une vallée. Les Maures et les Bédouins qui habitent en ce lieu ont le regard plus farouche et plus sombre que les'autres Arabes. Ils portent la barbe longue d’une palme. Ils se couvrent la tête d’une seule toque rouge et n’ont d’autres vêtemens qu’une couverture de laine ob- longue, étoffe qu'ils nomment haul; = etque nous nommons baracan. Ils ne portent ni chemises ni caleçons. Leurs chaussures sont des brodequins mal conditionnés et faits de mauvaises peaux qu’ilslacent par devant. Ils ont une manière curieuse de parler, et leur langage est plus serré que celui des Tripolitains qui , par fois ne les comprennent pas. Les Tripolitains se saluent en se prenant la main etse la baisant; ces Arabes, en se prenant la main et penchant leur tête vers l'oreille de ceux qu’ils veulent saluer. (20) CYRÈNE. Après être resté huit jours à Safsäf, j'allai voir la fameuse ville de Cyrène que les gens du pays apellent encore de nos jours Gren où Guerenna (1). Elle est éloignée de Safsäf d'environ huit milles au couchant. Une route antique, qu’on reconnait aux or- nières qui subsistent encore, et qui est encaissée centre deux petits murs bien conservés en plusieurs endroits, y conduit (};: cette route est tracée sur le sommet de collines. qui se tien- nent.et forment.une espèce de plateau. Un aqueduc règne de Safsäf à Cyrène.. Il a douze milles de long et court sur une mu- raille qui a troisbrasses de haut, dans les endroits bas, etse cache sous terre dans les endroits élevés. J'ai vu à Cyrène de grands édifices, des forteresses abat- tues, des temples presque tout-à-fait détruits, et un nombre infini de tombeaux:disséminés le long de la route. Aux tem- ples sont annexés des édifices souterrains où l’on entre par des couloirs aussi-étroits que les portes, et profonds de six brasses: Ces souterrains , qui ont, les uns-deux brasses, les autres trois ou quatre de profondeur , contiennent quantité de sarcophages dont quelques-uns sont d’une grandeur démesurée et encore re- couverts; et d’autres monumens funèbres formés de grandes pierres, mais sans inscriptions. En entrant dans cette superbe cité, le voyageur s’arrête: devant une espèce de château qui n’est pas entièrement détruit. Il forme un carré de 150 perches, et il est situé dans une plaine au pied d’un .côteau couronné par un fort. Les-quatre angles de ce château sont défendus par quatre bastions , qu’unissent entre eux quatre courtines très-épaisses , avec six portes arquées et basses. À six . brasses de distance , il est environné par un autresmur auquel tien- (1) Qrennah & ÿ. (2) Ce n’est point une route, mais un acquéduc. (21) rent d’autres bâtisses entièrement ruinées. Ce château et ses ruines se trouvent au levant. En continuant de s’avancer , on voit, tant à droite qu’à gauche du chemin, des maisons et des murs abattus: Les dehors de la ville étaient protégés par de grandes forteresses éloignées les unes des autres d’un demi mille, et bâties dans la plaine et sur des côteaux. Au: milieu de cette enceinte sont des arcs renversés et de grands bâtimens qui ont l'apparence de tours: on les voit lorsqu'on s'approche vers la mer, et le long d'une rue ou chemin qui va serpentant par la montagne. Cette montagne con- tient plus de soixante grandes cavernes creusées dans ses flancs, et dont les portails sont soutenus par des colonnes hautes de deux brassesetdemie environ, et placés les uns auprès des autres. Le long de la route, règne constamment l’aqueduc dont j'ai parlé ci-dessus. Les rues de Cyrène sont sillonnées d’ornières (1), sembla- bles à celles dont il a été question ci-dessus. Enfin, après avoir marché deux milles, depuis les quatre forteresses jusqu'aux ca: vérnes, on commence à s'élever insensiblement entre deux mon: tagnes latérales, et l’on parvient à une fontaine d’eau fraîche et excellente, qui provient d’un des souterrains de la montagne. Des Maures qui ont voulu pénétrer dans ce souterrain avec des lanternes, à cause de l'obscurité qui y règne, m'ont assuré sérieu- sement qu'après s’y être enfoncés l’espace d’un mille, toujours en montant, ils ont été arrêtés par une roue que l’eau fait tourner, et qu'ils n’ont pu passer outre ; cette roue, disent-ils, est armée, dans toute sa circonférence, de lames de couteau qui retiennent les gens avides et les empêchent de s'emparer des trésors cachés au sommet intérieur de la montagne. C’est aussi pourquoi ilsne veu- lent pas permettre à des chrétiens d’entrer dans le souterrain. Si je n’avais pas craint le fanatisme des Maurés, j'y serais allé pour reconnaître ce qui a donné lieu a leur récit: mais les habitans du lieu sont si perfides, que je n’ai pu m'y déterminer. Sous. le plus: (1) Il faut'entendre ici des conduits. (22) léger prétexte, ils se réunissent et accablent ceux qui ne sont pas de leur parti. Ils volèrent devant moiun agneau aux personnes que l'on m'avait données pour escorte : une rixe allait avoir lieuet je jugeai à propos , pour mettre ma vie à l'abri, d'abandonner cet endroit; cet événement m'empêcha de considérer à fond les antiquités de Cyrène et de copier les inscriptions qui s’y trouvent. Je recucillis cependant celle qui se trouve sur la fontaine , je con- tinuai mon chemin le long du milieu de la montagne, et je ne tardai pas à découvrir la mer, à la distance de plus de cinq milles. A quatre milles de la fontaine, je commençai à voir des édifices taillés dans le massif de la montagne ; ils sont bien travaillés et contiennent de grands sépulchres formés de grosses pierres longues et carrées. Trois ou quatre d’entre eux portent des orne- mens sur leurs corniches et sur leurs portes. Tous ces monumens sont de même style. Ils présentent à leur extérieur trois ou quatre portails, placés à côté les uns des autres. Les salles sont soutenues de colonnes et sont si basses qu’en y entrant, on touche le pla- fond , avec la tête. Le tout est, ainsi que nous l’avons observé, creusé dans le roc. On voit encore, et principalement dans ces chambres , des corridors longs ctétroits, ayant des deux côtés des espèces de fosses creusées profondément, qui ont chacune deux ou trois compartimens; dans les séparations sont de petits murs de pierres étroits. Il est à présumer qu’on y déposait les morts; j'y ai trouvé des jambes humaines, avec la peau des- séchée sur les os. Des espèces de chambres dans le goût desipre- mières, faites en forme de citernes et entourées de fossés, commu- niquent à d’autres salles. Le long des rues , sont de grands sépul- chres qui se terminent à des édifices tout-à-fait détruits ; on en dis- üngue surtout six à sept d’une grandeur extraordinaire; ils sont très-élevés. Quelques-uns d’entre eux sont ornés de cornichesetles pierres qui les recouvrent, d’un seul bloc long de quatorze palmes; j'aurais pu découvrir beaucoup d’autres choses intéressantes , si je n’avais craint la méchanceté et la perfidie des Arabes, (25) Je descendis, ensuite, dans la vallée qui se prolonge jusqu’à la mer. Chemin faisant, je vis un souterrain long de cinq à six milles, qui aboutit à la mer après avoir passé à travers une col- line que couronne un fort, aujourd’hui détruit. Une voûte formée de grandes picrres carrées, qui peut, dans sa largeur, contenir trois cavaliers de front, à leur aise , ( s’il faut en croire les Ara- bes qui habitent les environs et cultivent cette vallée ) ; recouvre ce souterrain qui est très-bien conservé. Il m'a été rapporté par le bey de Derne, qui les a vus de ses propres yeux , qu'entre la colline susdite et le bord de la mer , il existe les restes d’une autre ville dans le genre de celle de Cyrène. Dans quelques édifices de cette dernière ville, des appartemens subsistent encore, dont le contour intérieur est décoré de statues, les unes de couleur blanche et les autres noires, et dont le centre est occupé par une espèce de bassin de la forme d’une conque. 136° JOURNÉE. — DERNE. Partis à une heure après le lever du soleil, nous marchâmes quatre heures, par le N.et le N.-N.-O., sur des mon tagnes et dans des plaines élevées qui sont jonchées des ruines d'anciens forts et de murs antiques; nous arrivàmes ensuite à Derne (l’ancienne Dernis) que les Arabes nomment Dernah (1), où nous restâmes trois mois et dix jours , c'est-à-dire , jusqu’au 14 septembre. Derne etson territoire se trouvent situés, partie dans une plaine et partie sur le penchant d’une montagne. La ville se compose de quatre villages très-peu distans les uns des autres. Le terrain sur lequel sont construits ces villages à la figure d'un triangle. Le sommet du triangle s'appuie vers le N.-N.-O., à une hau- teur surmontée d’un santon, et vers le N.-E. à la mer. Ce lieu est renfermé au S.-O. et au S.-E. par des montagnes de roc, sans végétation aucune. À l’est et à l’ouest sont les pointes de ces mon- () #,5 (24) +agnes qui commandenttout le territoire dépendant de Derne. Le premier des quatre villages.est Derne proprement dit; il est ceint de murailles, et le bey gouverneur y fait sa résidence ; le second se nomme Boumansour (ou Aboumansour), le troisième, Mo- -gharah, et le quatrième Zeliten; les premier, troisièmeet quatrième sont situés dans une plaine, et le second , sur le penchant d’une montagne d'où l’on découvre la mer. Les maisons de Derne sont entourées de jardins, ombragés par.de grandes treilles qui défen- dent des rayons ardens du soleil et qui donnent en abondance des raisins noirs et blancs de très-bonne qualité. Ils produisent aussi des figues noires et blanches, des abricots en quantité, des pommes, des pêches, des citrons , mais peu d’oranges.:Les jardins sont tous généralement clos par une haïe d’arbres de nopals ou figuiers d'Inde. On y trouve aussi.des bananiers, des müriers qui donnent des mûres très-grosses, blanches, rouges et noires. Le territoire produit du blé, de l'orge et une autre espèce de grain nommé bichnah, qui ressemble a la graine de moutarde, que les Maures réduisent en farine et dont ils font une sorte de pud- ding, nourriture ordinaire des pauvres des villes et celle des Arabes. On y recueille du maïs, des oignons , de l’ail, du persil, des concombres , des courges longues, par fois, de deux ou trois brasses, et d’autres légumes potagers. On y trouve des jasmins en quantité et des cannes à sucre. On mange les abricots en mai ; les raisins, poires, figues et pommes en juillet. C’est en juin que la moisson de blé commence. Derne n'a pas un bon port: à l’est seulement, il ÿ a une petite rade; mais les bâtimensn y sont pas à l’abri. On n’y peut mouiller qu'en été, lorsque les vents d'ouest et ouest-nord-ouest y ré- gnent , et purgent l'air des mauvaises exhalaisons. Derne est dans une belle position qui serait susceptible de s'améliorer si elle était habitée par des européens, d’autant plus qu’il descend de la montagne un ruisseau de très-bonne eau, qui, se répandant dans les jardins de la ville, entretient la végétation. Cette eau, après (25) avoir serpenté cinq ou six milles par la campagne, vient arroser le terroir de Derne qui abonde en fruits de toutes les sortes ainsi qu’en cire, en bestiaux et en beurre. Les maïsons sont construites sur le modèle de celles de Bengaze, mais elles sont plus propre- ment tenues. Chacune d’elles a une cour ombragée d’une treille , d’où s'élève un palmier qui sert de parasol à ceux qui l’habitent. Les environs de Derne produisent des arbustes de réglisse, de romarin; on y trouve aussi quelque peu de sauge, des concombres et des coings. Derne contient, dit-on, de neuf à dixmille habitans. 300° JOURNÉE. — AGIDEPBIA. Agidebia est une ancienne ville ruinée, située au sud et à quatre journées de Bengaze. On yÿ voit seulement quatre bà- tisses debout et en assez bon état ; les pierres qui entrent dansleur construction et que j'ai mesurées, sont longues de cinq palmes et hautes de trois. Au dessous de ces pierres, j'en ai distingué une longue de huit palmes:et haute de quatre; elle est couverte de ca- ractères entièrement effacés, à l'exception de quelques-uns d’entre eux que j'ai copiés (1). Voyez les dessins (planche IIT, fig. 15). Cette ville est bâtie dans une plaine, à huit milles de la mer. Elle peut avoir douze milles de circuit. On y voit des citernes creusées dans le roc, de grands arcs et d’autres ruines. Ce même jour , le bey partit avec l’armée pour aller attaquer les Arabes de Syrte ( Syrtrs magna ). N] laissa les tentes au lieu où elles étaient dressées. Après deux jours de marche, il trouva l’en- nemi prêt à le recevoir; mais comme c'était le mercredi, et que d’après les préjugés des Maures tripolitains, le mercredi est un jour malheureux , il remit le combat au lendemain, Nous bivoua- quâmes dans un bas-fond, où il y avait assez d’eau pour rafraîchir nos animaux. (r) Ce sont des caractères Arabes Koufiques. IT. A ” (26) $ IL. Explcation des dessins d'antiquités de la Cyrénaïque , Recueillis par M. Auc. CERVELLI. PI: I. — SAFSAF, CYRÈNE. Fig. 1. Edifice carré, à Safsaf, ayant six brasses et demie sur chaque face, placé au milieu de la partie qui regarde le couchant, et qui est jonchée de tronçons de colonnes; il est fait de grosses pierres. Fig. r Moitié d’un réservoir ou citerne, situé au nord de Saf- saf et dirigé de l’est à l’ouest, ayant quatre cents pas de longueur et six de largeur (1) ; il est percé dans toute sa longueur, de huit trous en regards. Fig. r' Le réservoir, dans toute son étendue; deux canaux y conduisent les eaux ; le long de cette construction est la route antique creusée de quatre ornières. Fig. 2. Partie ouest de Safsaf. Fig. 3. Inscription trouvée sur la route de Safsaf à Gren (Cyrène). J’ai trouvé cette inscription dans un souterrain, où je suis entré par un couloir long de quinze brasses, qui contenait cinq portes. Chaque porte fermait un couloir de sa propre lar- geur, et long de sept brasses. C’est sur une de ces portes que j’ai copié l'inscription susdite. Au fond du couloir principal était une autre porte très-large et très-basse, à la gauche de laquelle il semblait qu'on avait creusé deux petits bassins , l’un au-dessus de l'autre ; au fond j'ai vu un dôme ou tombeau, avec une ouver- ture au-dessus. (x) La proportion du dessin demanderait : vingt-six de largeur environ. “YRÉNAÏQUE . DES Jocicté de Géographie . CREN TOUR _GLI PET. a PM ; | 5 0 | : | = ml : | | SORA | in E | = o | 5 | Ü > 4. Le APIETOTEAHE ne _: Has ZAZIOSTAPETS EIT. N FT rose T ATTOAAQNOMHOZ | ETE KETASE 2 NAENTIOH | Œ = TEMONAINIKA 1Q = = | | Jith vèulpt Réduit d'apres ler Originaux de M Corvellé. ‘ 7 3 7 » ! À 7 . . 7 # 2 # 21" Rester de Sufraf. 2. Plan de Jafraf. 3.L. 5.10 Perplüonr et lombeau à Cyrene A AMC Jocistes de Crographie. CYRENAIQUE . Vol HT. 6 | 2 — NS DANTSTON à AAA 9: 9" 00000000000000000 Le) Z : NN 000000000000000000000 [dif À [ Î à ©bO00000000000000000000 Ë Hi + 2 à J Réduit d'aprés les Originaux de I Cruel. Ji Jeup® U D # " De t 6Llan de Cyrenè. 7,9. Ouvrages Jouterreëns ereurés dans Le roc. 8.1mbeau et Pierre portent des Caracteres M é 2 : (27) Tout le long de la route, on ne voit que des souterrains sem- blables. Fig. 4. Inscription existant sur la fontaine de Cyrène. Cette inscription est creusée dans le roc, à huit brasses de terre : elle était placée au-dessus d’une fontaine dont il ne reste presqu’au- cun vestige (x). L'eau descend de la montagne par un souterrain dont on ne connaît pas la fin, elle est bonne et fraîche. Fig. 5. Tombeau de Cyrène, long de six brasses, et large de deux et demie. Il ne s’en est détaché que quatre pierres. Le dessus est d’une seule pierre, qui a quatorze palmes, Il est en gé- néral bien conservé. J'en ai vu douze autres semblables à celui-ci, mais sans ins- cription aucunc. PI II. — CYRÈNE. Fig. 6. Plan de Cyrène, partie de l'est. Fig. 7. Ouvrages souterrains creusés dans le roc. Fig. 8 Décoration d’une porte , à Cyrène. Caractères gravés sur une pierre : on voit , au-dessus d’eux , les débris d’un tombeau. Fig. 9. Ouvrage sculpté dans une grotte, et d’un travail très- fini. Il est précédé d’une salle soutenue de quatre colonnes hautes d'environ trois brasses. Les trois collines de Cyrène sont travail- lées dans le même goût. (x) Cette inscription a été copiée par M, Paul Della Cella, avec quelques différences : L. IAYONY3IOZYSO. IEPEITEYEONTANSPANAN ETEYKEYASE. (28 ) PI. III. — CYRÈNE, DERNE, AGIDEBIA. Fig. ro. Ouvrage creusé dans une des collinés de la ville de Cyrène. Fig. 11. Sur les trois collines, il y environ deux cents tom- beaux semblables à ceux-ci. Fig. 12. Autre détail copié à Cyrène. Fig. 13. Plan de la ville dé Derne. Fig. 14. Ruines à Agidébia, ville située à plus de la moitié du golfe de la Sidre ou Syrte, au levant et à huit milles de la mer environ. Fig. 15. Caractères arabes Koufiques, trouvés au même lieu, sur une muraille qui régarde le sud. Fig. 16. Autres détails d’Agidébia. $S IL. Felation succincte de l& Pentapole Libyque y Par le révérend Père Pacrrique DE More Cassiano , Préfet apostolique de la mission de la sacrée propagande à Tripoli de Barbarie ; Traduïte de l'italien par M. DëraporTE, Vice-Consul à Tanger. CYRÈNE pit dans une plaine entrecoupée de collines, formant la seconde ligne de l’Atlas. Sa circonférence est d'environ douze milles. Son terrain est bon quoiqu'il contienne en plusieurs en- droits des roches calcaires. Le religieux qui , en avril 1819, en a vi- sité les ruines, ne craint pas de comparer l'étendue de ses précieux restes à une autre Rome. Sa vaste circonférence est semée de tem- ples détruits, de sépulchres, de statues, de tombes, de piscines, de Joerété de Geographée CYRÉNAIÏQUE. Vol. I: PL. #1 1 Er ZO, JR | | | | Béduit d'après ler Orignaux de M. Corvelk . 10. Jeulplure tullee dans le roe à Cyréne.z.12.Jombeaux .13. Plen de Derne . 24.10 Ruines à Agidebia. 15. Inurerÿotons Koufiquesr sur un mur de la Ville . Uni Seule ( 29 ) colonnes, dé chapiteaux; on y voit de superbes souterrains, de lar- ges rues dont les deux côtés sont ornés de bornes et qui portent l'empreinte visible des charriots qui les ont pratiquées.On y remar- que entre autres, deux tombeaux de marbre blanc d’une exécution admirable et d’une sculpture extraordinairement finie. Celui-là n’a certainement pas avancé une erreur, qui a écrit que, dans le Champ-de-Mars, la ville et le penchant de la montagne compris, situés du côté du nord, on peut compter plus de vingt mille tom- beaux. Ils y sont disposés, ainsi que sur les bords des chemins, en un tel ordre que le spectateur est frappé vivement à la vue de leur nombre, de leur masse et de leur variété. Dans ces im- menses soutérrains, sont de vastes chambres d’une grande beauté et d’une grande blancheur, qui contiennent des sépulchres. La perspective de Cyrène, d’où l’on aperçoit la mer, est su- perbe; l’air excellent qu’on y respire, le vert-noir des cyprès, les végétaux variés et les champs de blé qui embellissent le territoire, les eaux qui y circulent partout en abondance, les oiseaux qui l’ani- ment de leur mélodie continuelle , tout force à l’admiration; tout annonce aussi dans les ruines l’art et le savoir des anciens Cyré- néens. Mais en même temps qu’on leur paie un tribut d’admiration, on ne saurait trop déplorer l'abandon total où se trouve actuelle- ment cette belle contrée que l’Arabe, insouciant et grossier, foule d’un pied stupide. Enfin l’on gémit de voir que les enfans de l’Eu- rope civilisée ne viennent point réhabiter un pays dont les mer- veilles sont au-dessus de toutes descriptions. APOLLONIA. Apollonia , aujourd'hui Marsa Sussa , ancien port de Cyrène, est située au N. E. de cette ville, à la distance de quatre heures de chemin. Elle a presque un demi-mille de longueur ; elle est dé- peuplée , mais garnie, du côté de la terre, de forts carrés. On re- marque , dans son enceinte, des colonnes renversées au milieu ( 30 ) d’un temple détruit, dont elles étaient le soutien et l’ornement ; de petits arcs, un piedestal en mauvais état, un acqueduc avee une inscription latine et un grand bassin. Le côté de la mer est tout en ruine. Son port, garanti par des écueils, serait bon s’il était réparé. Il s’y trouve des souterrains. TOLEMETA. Tolemeta, l'ancienne Ptolémaïs, est proche de la mer et sans murailles. Elle a une petite rade. Sa circonférence , à en juger par les ruines , serait de plus de trois milles. Elle offre une légère saillie du côté de la montagne. Elle renferme de grands débris, des colonnes, des mosaïques, un magnifique réservoir d’eau, deux mausolées et divers autres édifices : à un mille de dis- tance, on distingue une haute tour carrée, située au couchant ; elle s'élève au-dessus des souterrains , où on lit des inscriptions, et où l’on admire des arcades et des voûtes dont le travail an- nonce la puissance de ceux qui les ont élevés. ARSINOË. Arsinoé, qui existe encore, mais déserte, est aussi proche de la mer, sans port ni même une rade; seulement il y existe deux abris pour de petits bâtimens. Elle est enceinte de murs, le côté de la mer excepté, et peut avoir deux milles de tour, avec des puits d’eau-douce. Son enceinte contient des édifices , des temples et beaucoup d’autres constructions. Dehors la ville , sont des souter- rains enrichis d’un grand nombre d'inscriptions grecques. BÉRÉNICE. Bérénice, aujourd’hui Ben-Ghazy, n'existe plus que dans ses fondations ; les habitans les retrouvent en faisant des excavations d’où ils tirent les pierres pour la construction de leurs demeures (31) actuelles. On lit souvent sur ces pierres des inscriptions grecques et latines. Tout fait connaître qu’il a existé dans cet endroit une ville et un port assez considérable. La plaine de sable, qui a vingt-cinq milles d’étendue, offre une magnifique perspective. On prétend qu’au sud de Bérénice, se trouvaient les jardins des Hespérides. On voit encore, d’après le témoignage de M. Ros- soni (vice-consul anglais de Ben-Ghazy), sur l'emplacement qu’ils ont dû embellir, des puits de construction antique où l’on puise de bonne eau. La Pentapole ou Cyrénaïque est généralement ombragée de bois dont les arbres sont si bien disposés que souvent, en s’y pro- menant, l’auteur de la relation s’imaginait être dans la plus agréa- ble partie de l’Europe (x). (x) Il a en sa possession un grand nombre d'inscriptions qu'il a copiés sur les lieux, J'ai questionné ici (à Ben-Ghazy ), les personnes qui ont parcouru le royaume de Barca. Tous se sont accordés à me dire qu'il y existe un grand nombre de cités détruites, dont à peine on peut distinguer les vestiges; mais que les villes qui pourraient intéresser un voyageur instruit, sont Tocora (1) (Teuchris), Tolometa (Ptolomaïs). Tocora, qui est située à une journée d'ici, est presque entièrement ruinée. Tolometa, à deux journées de Bengaze et un jour de Tocora, conserve encore des restes de son ancienne splendeur. Il reste une partie de ses murailles, deux portes, trois grandes iours, des temples, des constructions en colonnades, des statues de marbre, le tout (autant qu’on peut se fier au jugement des Arabes) est d’un travail exquis. ( Note communi- quée à M. Delaporte, par M Michel Micheli de Livourne.) (1) Ou Zæoukarah ER 0 ——— “rh > Œ————. (32) + ARR AR BAR A RAT RAR ER SARA ARR RARE RAR ARR ER PERRIER NOTICE MESURE GÉOMÉTRIQUE DE LA HAUTEUR, AU-DESSUS DE LA MER, DE QUELQUES SOMMITÉS DES ALPES ; PAR M. CORABOEUF, Chef d’escadron au corps royal des Ingénieurs-Géographes (1). Less opérations géodésiques auxquelles j'ai coopéré dans la Sa- voie, en 1803 et 1804 , eten Italie pendant les années 1806, 180g et 1811, m'ont donné les moyens de déterminer ayec une préci- sion suffisante la hauteur, au-dessus du niveau de la mer, de quel- (x) Cette notice a été rédigée et communiquée à la Société de Géogra- phie, longtemps avant la publication de Y’ouvrage du Baron de Weldes , sur le Mont-Rosa ; au reste, l'accord entre les résultats des iravaux des deux observateurs laisse peu à desirer quant à la question qui s’est élevée relativement à Ja hauteur respective du Mont-Blanc et du Mont-Rose. M. Corabœuf place le premier à x77" 7 au-dessus du second, et M. de Welden à 187" 1 ; diffé- rence entre les résultats, g" 4, ou moins d’une quatre cent soixante douzième partie de Ja hauteur totale (€. 3.) (33) ques sommités remarquables des Alpes, telles que le Mont-Blanc, le Ment-Rose et le Mont-Viso. La connaissance de ces résultats, et des procédées mis en usage pour les obtenir, pouvant servir à rectifier d'anciennes déterminations de ces hauteurs qui font en- core autorité, j'expose, dans cette Notice, les données à l’aide desquelles on peut apprécier l’exactitude de mes mesures. TRIANGLES DE LA SAVOIE, Une chaîne de triangles du premier ordre, formant le prolon- gement oriental de la perpendiculaire de Cassini, à 180,000 toises au sud de l'Observatoire royal de Paris, couvrit la superficie en- tière de la Savoie : ce travail, que les ingénieurs géographes ne purent établir d’abord que sur les données de Cassini, fut rat- taché plus tard à la chaîne trigonométrique de la méridienne de France, par une nouvelle mesure de toute la perpendiculaire, opé- ration qui a été exécutée par M. le colonel Brousseaud. Je ne dois m'occuper ici que des résultats du premier travail : leur approxi- mation est plus que suffisante pour l’objet que je me propose. L'instrument dont on a fait usage dans la mesure des angles est un cercle répétiteur d’un diamètre de o" 27 ( 10 pouces ). Les angles du premier ordre ont été obtenus par des séries de vingt répétitions, et les distances au zénith par dix répétitions. Le tableau suivant offre la composition des triangles dont les trois angles ont été observés et qui fournissent des bases à la dé- termination de quatre sommités sur lesquelles on n’a pas fait de station (Voyez aussi la planche IV de ce volume). (54) ANGLE ÔTÉS NOMS ? Ê réduits à l'hori , ne rédui al orizon opposés corrigés en SOMMETS. pour le calcul, mètres. —————— G, G. M, Mont Chervin, signal. . : 60. 02003 48252. ot Mont Colombier, “signal. . Ê qi. 84715 53892. 60 Mont Grenier, signal. né 68. 13222 52312. Gr Piton des Salèves, signal. . | 05. 08412 Colombier. . . . . . 53. 47148 39068. 13 Mont Chervin. . . . . 51. 4444o 37933. 31 a — Le Môle, signal. , . . . | ox, 45150 Piton des Salèves. . . . | 66: 05978 33951. 28 Mont Chervin. . . . .| 42. 48872 24401. en Genève, observatoire. . .| 78. 32420 Piton des Salèves. . , 2 56610 25660. Le Môle. . . . . . .| 3o. 10970 11792. mm Mont de la edEs ie 108. 44103 53892. Mont Chervin. . : 16967 34768. CEE TT ONEMETE TE . 38040 36536. Belleface , signal. . . . . 40758 Mont Chervin, . .: . . . 08330 44314. La Magdelaine. . . . .| 58. Gog12 36075. Sommités liées avec les triangles du 1° ordre. Le glacier du Buet, le Mont-Blanc, l’aiguille de la Sassière et l'aiguille de la Vanoise sont liés au réseau trigonométrique du 1‘ ordre par de bons triangles, mais dans chacun desquels il y a un angle conclu. Des stations faites au mont Chervin et au Môle, on a remarqué sur la cime du Mont-Blanc une petite tache obscure bien recon- naissable qui a servi de point de mire. Le glacier du Buet n’a pas (35) offert un objet de remarque propre à assurer l'identité du pointé : le rayon visuel a été dirigé sur l'extrémité nord du sommet du glacier. Les formes bien prononcées des aiguilles de la Sassière et de la Vanoise ont rendu facile l’exactitude des observations faites à la Magdelaine et à la station de Belleface. Le tableau ci- après donne la composition de ces quatre triangles. NOMS me ANGLES CÔTES A Fe réduits pr ROSÉ Sommers. epaem] ee, | mins. G. M. Glacier du Buet, conclu. o 58. 56739 3395r. 28 LelMôlë . . .-. 10 86. 96325 41783. 7 Mont Chervin.. . . . 10 54. 46936 32218. 4 Mont Blanc. . conclu. o 54. 82546 33951. 28 HeMole EN CUr 10 56. 61282 34957. 1 Mont Chervm. . . . 10 88. 56172 44034. 3 g G. M. La Sassière, . . conclu. o 67. 7054 44314. 51 DéHétate ne in 0e 8 102. 5400 49535. 54 La Magdelame, . . . 2 29 7540 22335. 73 La Vanoise. . . conclu. o 89. 2408 44314. 5x Belleface. . . . . . 10 63. 1612 36800. 70 La Magdelane . . . 2 47. 58go 29883. 26 Positions géographiques. Les positions géographiques des sommets des triangles ont été calculés avec les données suivantes : Latitude de l'observatoire de Genève. . . . 46° 12 0”. Longitude à l’est de Paris. . . . . . . ... J 148 050: Azimuth du Môle sur l’horizon de l’obser- vatoire de Genève (par des observations faites en 1803) et compté du nord à l'est. . . . .. 119 44 6:40 On a obtenu les résultats mentionnés dans le tableau suivant. (36) 1 NOMS LONGITUDE des LATITUDE. à SOMMETS. l’est de Paris. Genève. . . à l’observatoire. Le Môle. . . . . signal. Piton de Salèves. . . signal. Mont Chervin. . . signal. © EE + 1 © D CENTS Mont Colombier. . . signal. Mont Grenier. . +. signal. Mont de la Magdelaine, signal. Belleface. . . . . signal. RE GW Dos Go Glacier du Buet. Mont Blane. . o Aiguille de la Sassière. . Aiguille de la Vanoise. Différences de niveau et hauteurs absolues. Le calcul des différences de niveau de tous les sommets du réseau trigonométrique, qui ont servi de stations du 1° etdu 2" ordre , a été effectué par des distances zénithales réciproques , à l’aide desquelles on est parvenu à connaître le coëfficient local de la réfraction dont on a fait usage ensuite dans le calcul des diffé- rences de niveau des points conclus. La valeur de ce coëfficient de la réfraction, par une moyenne entre 21 résultats, a été trouvée de 0,079. Les hauteurs absolues ont été rapportées au niveau du lac de Genève et au niveau de la mer, d’après les données suivantes de M. de Saussure (voyage dans les Alpes): Observatoire de Genève, au-dessus du ni- Veat-duilac:-< fit nee Deer 14254 2871261 Lac de Genève, au-dessus de la mer. . 193 376 165 (1) Observatoire de Genève, au-dessus de la mer. 4o4 426 Si des observations récentes apportent quelque changement dans cette donnée fondamentale de nos hauteurs absolues, il sera (à) Voyez ci-dessus. C3) facile de l’appliquer à nos résultats. Cela posé, voici le tableau des hauteurs absolues : POINTS DE MIRE AU-DESSUS DU LAC. HAUTEUR DU SOL NOMS POINTS A —, des de HAUTEUR |DIFFÉRENCE a TIRE divers TERME au-dessus | au-dessus A des poiuts. de FO/NTS? DÉRPRT RÉSULTATS. | moyen. du lac. | de la mer. de départ. niveau, Lac de Genève. Observatoire de Genève NE fr 1-0 mm. m. 35. 53 975. 06 (Piton des Salèves| ObsredeGenèv. 1007. 67 | 1383. 8% Obsre deGenèv. Salèves. . . . 35. 53 1457. 80 | 1493. 33 1010. 59— 482. 26 1492. 85 Le Môle.. . .. 1491. 44 | 1867. 61 nn Salèves. . .. Le Môle (b). . et 1010. 59 1030. 6o 2041, 19 1491. 44 549. 98 | 2041. 42 Mont Chervin, . Salèves. . . .| 1010. 59 63. 28 | r073. 87 2041. 30 + 965. 39 | 1075. 91 Le Colombier. . Mont Chervin LeColombier.] 1074. 89 492. 55 "4% 2041. 30 473. 75 | 1567. 55 Le Grenier, . . 1562. 63 | r938. 80 Mont Chervin Mont Chervin| 2041. 30 276. 93 | 2318. 23 1567. 50 H 749. 31 | 2316. 8x La Magdelaine. 2312. 65 | 2688. 82 Le Grenier. . a —————_—_—_— Mont Chervin La Magdelain. 2041. 30 412. 94 2454. 24 à 52 142. 49 | 2 Belleface. .,. 2317. 60, o7 m. m. leMôle1eobs02| 1491. 441245. 6 | 2737. 04 Le Buet, . . . .{ idem. 200bs. | 1401. 441240. 5 | 2931. 94 Ÿ 2732. 6 | 273 Mont Chervin] 2041. 30 687. 5 | 2728. 80 mm Le Môle.. . .| 1491. 442948. 4 | 4439. 84 Mont Chervin| 2041. 30 42395. 4436. 30 ont Blanc. . . La Sassière. . . | Belleface. . .| 2457. + 930. 3387. 3387. 3:87. La Vanoise. . . | Belleface. . . 2457. H 1030. 3487. 3487. 3485. (a) La différence des nombres de cette colonne avec ceux de la colonne précédente , est la hauteur respective des signaux; cette différence est nulle pour les quatre sommités qui terminent ce tableau, puisqu'on n'y a pas érigé de signaux. (à) La différence de niveau du mont Chervin avec le Môle est rapportée au sol ou pied du signal du Môle, parce que lors de l’observalion réciproque faite au mont Chervin, le signal du Môle était renver- sé; on a de même rapporté au sol les distances zénithales prises du Môle sur le Buet et le Mont-Blanc. (38) Comparaison avec les résultats barométriques de Saussure. Le singulier accord qui existe entre notre résultat géométrique de la hauteur du Mont-Blanc ét la mesure barométrique de cette même hauteur par les observations de M. de Saussure , soumises à la formule de M. Laplace, mérite d’être mentionné. Voici les données de M. de Saussure, que l’on trouve au N° 2003 du Voya- ge dans les Alpes. HAUTEURS DU BAROMÈTRE TEMPERATURE DE L'AIR. i : corrigées de l'effet de Ia chaleur d’après non cortigées de DEGRÉS y pod DEGRÉS la méthode dé Deluc. ss l'effet de la chaleur ettelles que Saussure] NON-COITIGECS, | &t (raduites en se les donne dans son mètres. Réaumur. CENTIGRADES. ouvragé. ae Monr-Bzanc: à 3 pieds — qi pouce. lig. pout, lig. mèt. d. G. : 4 . de la cime. . 16. o. LE | 16. o. 0. 4342473 |— 2. 3 |— 2. 855 sur la cime . . 16, 1. 58 | 16. 1. 14 0. 435691 |— 1. 3 |— 1. 625 = SRE ET" GENÈVE. à13.—25m34 27. 3. 3656 | 0. 7384822 |+22. G |+98. 25 au-dessus du | 9 h. 27. 3. 78 0. 1739416 |+22. 13 |+27. 663 niveau dulac. CHAMoUnI. au Prieuré, à 347t—66,316 au-dessus du lac de Genèv. 25. 3. 087 25. 3. 9556 o. 685744 [+18 4 [+23 o o. 685672 |+20. o |+25. oo Nota. — Lies hauteurs du baromètre pour midi, au Mont - Blanc: et à Genève:, sont données non corrigées, d’après Sausswe même ; les autres observations que Saussure dônne toutes corrigées , sont ramenées à ce qu’elles doivent être sans correction. en-supposant que le thermomètre qui. marquaït la température de l’air , et traduit en degrés du thermomètre No 1 de Deluc , donnait le même nombre de degrés que le thermnmètre de correction employé par Saussure. Il y a peut-être unipeu d’inexactitude dans cette supposition.; mais je ne crois pas que cela soit d’une grande importance, si l’on fait atten- tion que les baromètres , sur le Mont-Blanc, étaient à l'ombre et devaient prendre la même tempéra- ture que l’äir; il en devait être de même à Chamonni et à Genève, ou du moins à peu de chose près. (39) Ces observations barométriques, calculées par la formule de M. de Laplace , produisent les quatre résultats suivans: Par les observations 4 à midi 4/36 8 Mont-Blanc \respondantes de Genève.l à 2h. /426 7 au-dessus du lac de Genève. | Par les observ. correspon. { à midi 4438 o de Chamouni. . .....l à 2h. 4/30 o Moyenne 4432" 9 Notre mesure géométrique donne. ,,..,.,. 4438 x qui ne diffère que de 5" 2 de la moyenne des quatre résultats barométriques; encore cette différence se réduirait-elle à 0" 7, si l’on adoptait la moyenne des observations faites à midi (4437" 4) qui sont ordinairement préférables. La hauteur barométrique du glacier du Buet, déduite des ob- servations de Saussure , conduit à un accord aussi satisfaisant avec notre détermination géométrique. HAUTEURS DU BAROMÈTRE. TEMPÉRATURE DE L'AIR. NOMS , ges FE N Rae PRET e on d DEGRÉS l'effet de la et de STATIONS, chaleur, {| CORRIGÉES. tradui tes Ré ur, JCENTICRApES selon Deluc. en mètres. po. 1. 0. 1. m, 0 G. Glacier du Buet. . . 19, 8. 19, 8.-4-lo. 53294] + ro. |+ 192. 5 serai» observation ‘ie po. 1. s po. 1 3 m. . FA aus le même moment, a LE EL 158 pieds 51 m, 32 au-des- 2e) 27» Le 560 0.733173 + 21 i + 26. 25 sus du lac de Genève. . . Ces observations barométriques donnent, pour la hauteur du glacier du Buet au-dessus du lac de Genève. . .. ... 27362. Nous avons trouvé par notre mesure géométrique. . 2733 (40) Cette coïncidence donne une idée du degré d'exactitude que l’on peut espérer des mesures barométriques dans la détermina- tion de la hauteur des montagnes , quand on possède des obser- vations correspondantes. TRAVAUX D'ITALIE. Le canevas trigonométrique joint à cette Notice montre la composition des triangles qui, prenant leurs bases dans le réseau du premier ordre formé dans l'Italie supérieure , ont servi à dé- terminer la position géographique et l'élévation au-dessus du ni- veau de la mer, des sommités du Mont Rose, du Mont Iseran, de Rochemelon et du mont Viso. Les angles et les distances zénithales proviennent d’observa- tions faites avec un bon cercle répétiteur d’un diamètre de o" 35 (13 pouces ) et par un nombre suffisant de répétitions. La cime du Mont Rose se divise en trois sommités , dans une direction à-peu-près nord et sud: la plus élevée a servi de point de mire. La forme aiguë du sommet du Mont Viso laisse peu d’incerti- tude dans le pointé. On a observé le point le plus culminant du glacier du mont Iseran et de Rochemelon. Dans le tableau suivant des triangles , les distances de Crea au Mont Penice et à San-Colombano servant de base à des trian- gles, sont déduites du calcul des coordonnées de ces sommets du premier ordre (Voyez la planche IV de ce volume). docrèle de Géographie - r | Genere Saleres le Colombier op UUBIPLP I Chambery . L le Grenier Ja Tagde ane | Rochemelon U' Tiso À | — Hirangles dupremier Ordre. ORPI à …….. Tiiangles Formés pour la détermn : | Henoire de M. Corabocuf: ol IT PLIF. cité de Géographie. Genève A CHAINES DE TRIANGLES Serrant à la Détermination de quelques Sommités des Alpes. le Colombrer A'Blane UiTose FR ES 3 S E Camberre a Sarsièrés : 1e Grenier Ta Magdelaie É i beran Ta lanoise \ \ AN | ! | | î assé Rochemelon POLE 1000000! = … Echelle de bout Tiangles du premier Ordre . Salaces - lriangles Formé pour la détermination de quelques Sanmités. Lémoire M Carabnouf: AC C4) a | NOMS NOMBRE Her aire Fa ë réduits opposés à en SOMMETS. répétitions. l'horizon. mètres. G, m. Mont Rose. . . conclu. 26. 1882 39801. 28 Superga. 92. 0858 98770. Crea. 81. 7260 95465. Mont Rose. 31. 7760 47820. 38 Crea. , 59. 1027 79988. Noyare. 109. 1213 98079. Mont Rose. 33. o100 52110. 10 CTER METTENT AC 89. o715 103601. Vigeyano. . . . . 77- 9185 98885. Mont Rose. . . . . » 25. 8371 89399. 66 Crea. . . . déduit. | 145. 4364 | 171177. Mont Penice. déduit. 28. 7265 98747. » Mont Rose . . . . déduit. 6 Crea: te San Colombano, 41. 5801 114. 2049 44. o150 6. 6968 Mont Viso. . . conclu. 28249. 31 Superga. ue 176. 3962 97483. [MASSE RENE 00 16. 9o7o 70602 a — Mont Viso. . . 14. 0430 “Het SUDELC AL) Mel pente 4r. 0928 55723 He ere vif Sôga | o560 Mont Viso. 14: 9772 39801. 28 Crea. TE 27» 1136 0543. SUPELE Ts 44 =. 2 Le 197. 9092 | 104846. 24. 8357 29. 4614 145. 7029 » Mont Viso.. . . . . Mont Penice. . . . Crea. . . déduit. Mont Iseran. 32. 1390 Saluces. 37. 6210 Superga. 130. 2200 ——_—_—_—_— Roche Melon. , Û 26. 2048 Superga. : 115. 5785 Masse. 58. 2167 Nota.—On désigne par angle déduit le résultat de l'observation directe, augmentée ou retranchée d’un ou de plusieurs autres angles, pour avoir celui qui entre dans la com- position du triangle. EEE———_—_—— —————]——————]— —_ —————_—_—_—_——— "| IT, 6 (42) Positions Géographiques. NOMS RCD des LATITUDE. : à SOMMETS. l’est de Paris. Mont Rose. . . . .| 450 56! 1” 59 31' 42" Monts Vigo 0 on SO RASUIN 4 25 5 Mont Iseran (glacier). . | 45 30 48 4 55 46 Roche Melon. . . . . | 45 11 56 4 44 93 Différences de niveau et hauteurs absolues. Les chaînes de triangles du premier ordre qui couvrent la haute Italie s'étendent depuis le golfe de Gènes jusqu’à la mer Adria- tique. Les hauteurs absolues des sommets, dont nous nous ser- vons ici comme points de départ, sont obtenues par un nivelle- ment géodésique effectué à partir du fanal de Gènes (sommet du premier ordre ) dont l'élévation au-dessus du niveau de la mer a été déterminée , en 1809, par une mesure géométrique; ces mêmes hauteurs sont parfaitement vérifiées par les nivellemens géodésiques opérés à partir des mesures directes, au-dessus de la mer, prises à Rimini, Chiaggia et Venise Les différences de ni- veau des sommets du premier ordre sont calculées par les distances zénithales réciproques : les valeurs de la constante de la réfrac- tion , qui en-résultent pour le Piémont , produisent une moyenne de o, 08 (à très-peu de chose près ) dont on a fait usage dans le calcul de la hauteur des quatre sommités. (43) Hauteurs au-dessus du niveau de la mer des sommets du premier ordre. NOMS POINTS des de SOL. SOMMETS. mire: Madona di Crea, signal sur le Paradis. . . . . 457. ‘02 AR ‘08 Massé. . . . . clocher. 357. 48 3r9. 64 Mont Penice, signal sur Ja chapelle. . « « «| x470. 36 | 1459. Go Novare, clocher de San Gaudenzio. : . o 236. 63 158, 73 Saluces, signal sur Ja villa Radicati; le sol est np porté à la terrasse du Den edens a 432. 606 425. 86 Superga , lanterne de la coupole, le sol et le payé de l'église. + . 94 738. 14 671. 15 San Colombano, tour d Ge Cool É 171. 80 114. 80 Vigevano , tour d la Ville, le sol et le D des ar- cades de la place. . . y 163, 65 107. 46 Rivoli ( château), élévation du cercle répétiteur. : 419. 5o 438 7 Le tableau suivant offre tous les résultats obtenus pour la hau- teur au-dessus de la mer , du mont Rose et des trois autres mon- tagnes. NOMS POINTS | ee Di des Dire Divers Terme des de pomis de SOMMITÉS. DÉPART. de niveau, | résultats." |. moyen. départ. Madona di Crea.| 457.02+ 4170. 20| 4636. 22 Novare. . . .| 2306.63 +4305. 6o| 4632. 23 Vigevano. . .| 163.65 +4482. 71| 4646. 36 San Colombano.} 171.80 +4450. 24| 46871. o4 Mont Rose. . Massé 20 357: TS MRC 3830. 51 Rivoli. . . .| 419.50 + 3/90. 80o| 3840. 30 Madona di Crea.| 457. 02+3389. 52] 3846. 54 Mont Penice. .|r470.36+2358. 64] 3829. 00 Mont Viso. . . . 2 | ———- Superga. .- . .| 738. 14 +3306. 09| 4045. 13 Glacier du mont Iseran. Saluces. 1 L0 | 432.66 + 3612,48| 4045: 14 —_———_—_—_—_—_—_— Roche Melon. . . . SUCRES 38. 14 +2786. 81| 3524. 5 li 95 Massé. . . .| 35-. 48+3170. 51] 3527. 99 Superga. . . 738. 1448097. 93 3835. : C44) Les effets si variables de la réfraction ( que nous devions sup- poser constans dans le calcul des différences de niveau) auraient dû produire de plus fortes discordances que celles que nous trou- vons entre les divers résultats d’une même hauteur, eu égard à l'éloignement et à la grande élévation des points observés. Mais la différence du plus petit au plus grand des quatre résultats du mont Rose ne va pas au-delà de 15 mètres; elle sst de 17 mètres pour les cinq résultats du mont Viso. La moyenne de ces hauteurs ne diffère que de 10 mètres du plus grand résultat. Ces détermi- nations géométriques sont donc obtenues avec une approximation qui doit paraître suffisante jusqu’à ce que des circonstances puis- sent procurer des observations réciproques faites sur cessommités, si toutefois ces observations sont praticables sur le mont Rose et le mont Viso. APPENDICE. De la hauteur du lac de Genève au-dessus du niveau de la mer. Un nivellement géodésique a été conduit depuis l’île de Noir- moutier jusqu’à la frontière du Jura, à l’effet d'obtenir la hauteur au-dessus du niveau de la mer de tous les sommets d’une chaîne de triangles du premier ordre, formée dans la direction d’une perpendiculaire à la méridienne de Dunkerque; ce nivellement comprend, comme station du premier ordre , la sommité de la Dole, dont l'élévation au-dessus du lac de Genève, est connue avec toute la précision desirable, par la mesure trigonométrique de M. Alexandre Roger , capitaine du génie Suisse. ( Les détails de cette mesure sont mentionnés dans la Bibliothèque britannique, vol.52, p.282 et dans le Moniteur universel du 14 septembre 1812, Voy. ci-dessus ). La détermination de la hauteur du lac de Genève au-dessus du (45) niveau de la mer, devient la conséquence de ces deux mesures géométriques partant de la Dole. Le point de départ, pris dans l’île de Noirmoutier, est rapporté au niveau de la mer moyenne, c’est-à-dire entre une haute mér et la basse mer correspondante , lequel niveau a été établi par l’ob- servation de plusieurs marées. Les différences de niveau successives par lesquelles on obtient la hauteur absolue des sommets, sont données par plusieurs séries de distances zénithales réciproques , observées dans les circons- tances les plus favorables de l'atmosphère. La station de la Dole, la 54"° du nivellement provenant de l’île de Noirmoutier, a été faite à la même place qu’occupait le signal de M. Roger, et notre repère sur cette sommité est absolument le sien. Le résultat de ce nivellement géodésique donne au sommet de la Dole une élévation au-dessusduniveau de l’'Océande 1680" 85 La mesure de M. Alexandre Roger donne à cette même sommité une hauteur au-dessus du niveau du lac de Genève de. : . . . .. ee DTA Te 1304" 96 D'où il résulte que le lac de ture est élevé au- dessus de l'Océan, de. .....,,......... 375" 89 Dans la détermination de la hauteur du Mont-Blanc ( Voy. ci- dessus), j'ai fait usage , pour l'élévation du lac de Genève, du ré- sultat des observations barométriques de Deluc , calculées par la formule de Trembley, et que Saussure mentionne de 193 toises ou 376" 17; ce résultat ne diffère du précédent que de 27 à 28 centimètres. Détermination de la hauteur de la Dole au - dessus du n:- seau de la mer, par un nivellement géodésique partant de Strasbourg. La hauteur moyenne de la colonne barométrique, à Strasbourg, réduite à la température de 12°, 5 du therm. centigr., conclue de (46) six années d'observations faites par M.ile professeur Herrenschnei- der , et réduite au niveau du sol , a été trouvée de o", 75114. La température moyenne de Strasbourg a été trouvée de 11°, 6 du therm. centigr. Au niveau de la mer, la hauteur de la colonne de mercure moyenne étant 0", 76439, à 12°, 5; La température moyenne de l’air y étant de 11°,05; On trouve la hauteur du pavé de la cathédrale de Strasbourg, au-dessus de la mer, par la formule de Trembley. : 145" 56 Par la formule conforme aux observations de Ra- mondk 2! tique 0 09e mb EE RER AI EATS6 Par une moyenne. . . . . NET MS ART D MRRTIE Hauteur du sommet de la tour au- dau du pavé. 142" 12 Hauteur du sommet de la grande tour de Strasbourg au-dessus de la mér:,,,.,0.,.4, 41 subagrelé. Li LD 2870683 Différence de niveau trigonométrique entre le sommet de la tour de Strasbourg. et -celui. du signal de la Dole. -us rot as 279004) 309816 08pr art nn Signal de la Dole au-dessus de la mer. . . . . 1688" 40 À retrancher pour la hauteur du signal. . . . . 6" 85 Sommet de la Dole au-dessus de la mer (x). : : . 1681" D'autre part, l’on a mesuré trigonométriquement la hauteur du signal de la Dole, sur le lieu d'observation de la tour de Genève, que l’on a trouvée de. . . . . . . . 1248" 5o (x) La rédaction définitive du nivellement géodésique partant de Strasbourg, donne 1680" g. Ce résultat, étant parfaitement d'accord avec le précédent ; donne encore une nouvelle preuve de la confiance qu’on doit avoir dans les observations ba- rométriques bien faites. E. J. (47) Hauteur de ce lieu d'observation au-dessus du ni- veau du lac de Genève. ... 1.141 ou. 7" 35 Signal dé la Dole au-dessus du lac: . . . . . . 1319" 85 À retrancher la hauteur du signal. . . . . . . 6% 85 Sommet de la Dole au-dessus du lac. . . ... .1313" 00 On peut déduire des déterminations précédentes , la hauteur du lac de Genève au-dessus du niveau de la mer , savoir : au-dessus de la mer. . . 1681" 55 Pornet dexls Pole, au-dessus du lac de Genèv. 1313" 00 Hauteur du lac de Genève , au-dessus de la mer. . 368" 55 Ce résultat trop faible est le même que celui qui est attribué à M. Pictet dans le Manuel du Voyageur en Suisse par Ebel , savoir 1134 pieds ou 368" 37. (Foy. Biblioth. Britan., vol. 41 , pag. 305 et suiv. ) (1). Mesure trigonométrique de la hauteur de la Dole au- dessus du niveau du lac de Genève, par M. Alexandre Roger, capitaine du géme Suisse. Le pays situé entre la montagne de la Dole et le lac de Genève, n’a pas d'emplacement propre à la mesure d’une base de dimen- sion convenable pour déterminer la distance par un triangle uni- que. M. Roger a dû adopter deux points à la rive du lac, distans d'environ 1 1000 mètres , et liés l’un à l’autre par une chaîne de sept triangles dans lesquels les trois angles ont été observés ; l’er- reur de clôture a été respectivement : 1.” 7, 4.3, 4/6, 12/2, (x) Le rédacteur ne dit pas par qui le travail ci-dessus a été exécuté: mais il est évident qu'il ne peut être question ici que des belles opérations géodésiques que les ingénieurs géographes français ont exécutées dans la Suisse, sous la direction de M. le colonel Henry. (48) 17/1, 19/0, 54#8, de la division centésimale. Toutes les ob- servations -angulaires ont été faites avec un cercle répétiteur de 8 centimètres ou 3 pouces de rayon, construit par Bellet. La base qui a servi de fondement à la triangulation a été d’en- viron 1500 mètres : la mesure en a été faite avec toutes les pré- cautions d'usage. Pour écarter toute possibilité d’erreur, M. Roger a déterminé, par une base de 5oo mètres en diagonale , dans un quadrilatère, une distance de 1100 mètres, située à l’extrémité de la triangu- lation la plus éloignée de la première base, et mettant en commu- nication cette base avec le système de triangles, par un triangle additionnel , les deux valeurs de cette distance de 1100 mètres, ont différé de 11 centimèt. ou 4 pouces. - Les deux points situés à la rive du lac et choisis, comme base artificielle , pour être liés avec la sommité de la Dole, ont formé, avec cette sommité, un triangle dont le plus petit angle était de br grades; chaque angle a été observé trois fois : le triangle a fermé à 2” 7. Afin de multiplier les résultats, M. Roger a adopté une troi- sième station, pour être liée avec la sommité de la Dole. M. Roger a déterminé, par le secours des eaux même du lac, au moyen d'observations répétées et en grand accord, la différence de niveau des deux points situés à la rive du lac (extrémités de la grande base) , et celle de l’un de ces points, avec les rochers de granit situés près de Genève, où Schuckburghs avait choisi sa ligne de départ pour le nivellement des hauteurs voisines. M. Roger a observé 43 séries de distances au zémith, de 10 à 20 répétitions chacune ; ne pouvant pas, par défaut de collabo- rateur , rendre simultanées les observations réciproques, il a tà- ché de suppléer cette condition en comparant chaque époque d’ob- servations faites à la montagne, avec deux époques d’'observa- tions faites à la plaine , et en considérant , pour chaque groupe d'observations, comme résultats simultanés , la moyenne des sé- (49) ries observées à la montagne d’une part , et la moyenne des sé- ries observées à la plaine , d'autre part. La valeur définitive de la hauteur dela montagne au-dessus du lac, au niveau que Schuckburgs a choisi sur les rochers de granit situés près de Genève, savoir à 1 pied 9 pouces anglais sous le sommet du plus bas, et à 3 pieds 9 pouces sous le sommet du plus élevé , d’après les diverses stations, est comme il suit : Station Bergerie. . . ‘, - . : : 190. 9003 A COMUEG 0 -- le POODSS LE Promenfont HU 20 MO TION 017 La différence entre le résultat moyen à Commugni, et le résul- tat moyen des deux autres stations, Promenton et Bergerie réu- nies , est de trois millimètres et demie. M. Roger regarde un milieu entre ces deux valeurs comme le résultat le plus sûr, et c’est celui qu’il a adopté, c’est-à-dire 1304" 957. Si l’on préférait cependant la moyenne entre les va- leurs des trois points de stations fondues ensemble indifférem- ment, on aurait 1304" 9577. M. Roger a supposé la terre sphé- rique et le rayon de 3566197" 5: (Voy. le Moniteur universel du 14 septembre 1812). Remarques sur la mesure de M. Alexandre Roger. L'opération faite par M. Roger offre, en précision , toute la garantie desirable : la moyenne entre trois résultats si concordans, donne, pour l'élévation du sommet de la Dole au-dessus du ni- veau du lac de Genève. . . . . . . . . . 1304" 96 Cependant cette même élévation, déduite des opé- rations géodésiques mentionnées ci-dessus et qui sont insérées dans le 41° vol. de la Bibl. Brit., serait de. . 1313" 00 Différences M0 SOMME. EE NT ENENT 8" 04 II. 7 (50 ) Il faut qu'il ÿ ait quelque incertitude dans cette détermination de 1313", en ce qui concerne la hauteur de la Dole au-dessus du lieu d'observation de la tour de Genève, pour produire une dif- férence si forte avec le résultat de M. Roger. J'ai observé , de la la Dole, la distance zénithale du Sommet de la tour S. O. de St- Pierre de Genève (la même dont Schuckburghs à donné la hau- teur trigonométrique au-dessus du lac de Genève); mon résultat , pour l'élévation de la Dole au-dessus du lac de Genève, varie de 1305 à 1306 mèt., la distance de cette sommité à la tour S. O. de St-Pierre de Genève ne m’étant connue qu’à 20 mèt. près ; mais il confirmerait , s'il était nécessaire , celui de M. Roger. (51) RE tt tt tt tt RÉSULTAT DES QUESTIONS Adressées au nommé MeourA, marabou maure , de Tischit , et à un Nègre de Walt, qui l'accompagnait. ARTICLE COMMUNIQUÉ PAR M. LE BARON ROGER, Commandant pour le Roi, au Sénégal. Msour est un homme d'environ 45 ans, qui voyage depuis long-temps pour son commerce. Il est de Tischit, d’où il a été souvent à Walet, à Ségo, à Tombouktou, aux embouchures du Sénégal et de la Gambie. En dernier lieu, il était parti de Tischit pour Ségo , d’où il était venu à Galam, puis à Saint-Louis. Il regarde comme très-facile, même pour un Européen, de parcourir le chemin de Galam à Ségo. Il annonce , comme point de départ, Makaniakaré, village voisin de l’emplacement de notre ancien fort St-Joseph. Douze ou quinze jours suffiraient pour des gens à cheval; avec une caravane d’ânes, on mettrait plus de trente jours. J'ai envoyé une copie de cet itinéraire à M. de Beau- fort, par Mbouia lui-même , que j'ai disposé à lui servir de guide. A l’exception d’un désert de deux jours , que l’on trouve à un jour de marche de Makaniakaré, tout le pays est très-habité. Cet itinéraire est calculé pour passer aussi long-lemps que possible (52) chez les Saracoulets, en se tenant ensuite sur les confins du Kas- son et du Kaarta. On n’a aucune rivière à traverser. Quelques petits lacs provenant des pluies, et plus ou moins desséchés , se rencontrent ça et là. Pas de montagnes très-élevées ni de nature à embarrasser la marche. Les habitans sont hospitaliers pour les voyageurs. Les blancs ne seraient pas mal traités; mais s'ils avaient des bagages, ils . A r r 4 A a pourraient être retardés , détournés et même rançonnés. On doit éviter de porter avec soi de l’eau-de-vie : les BAMBARAS ne respecteraient rien pour en boire; et une fois qu’ils seraient ivres , on pourrait s'attendre à toute espèce de désordre de leur part. On ne doit pas non plus emporter d’armes ni de poudre : non seulement les chefs en sont très-avides, mais encore la politique leur défend souvent d’en laisser passer chez leurs voisins; c’est le cas surtout pour les Bambaras de Kaarta et ceux de Ségo, qui ont toujours la guerre entre eux. Au surplus, cette observation est applicable à tous les voyages dans l’intérieur de l'Afrique. C’est faute d'y avoir égard que la plupart des voyageurs européens échouent ou éprouvent tant de difficultés dans leurs entreprises. J'ai demandé à Mbouia pourquoi il ne conseillerait pas d’aller de Galam à Tischit, et de cette ville à Ségo ou Tombouktou. Pour un blanc , m’a-t-il dit, il y aurait trop de pays désert à tra- verser ; le chemin ne serait pas si facile : d’ailleurs il vaut mieux avoir affaire aux Nègres qu'aux Maures. Tischit paraît étre au milieu d’un désert ; les cultures se font plus loin : elles sont insuffisantes , et les grains sont apportés de l'étranger par le commerce. Les grands étangs, qui produisent beaucoup de sel en se dessé- (53) chant, ont pu seuls déterminer, sur ce point , l’établissement d’une ville. J'ai voulu savoir du nègre Walet, s’il serait possible et bon de passer dans son pays pour aller à Tombouktou , comme l’a pro- posé M. Jomard. Le Nègre ne le conseille pas. Le pays de Walet appartient à des Maures très-fanatiques pour leur religion, redoutant les étrangers, soupçonneux et perfides , presque tous marchands : c’est par leurs mains que passent, dans l’intérieur de l'Afrique, les objets qui y pénètrent par le nord. Ils ne verraient pas avec indifférence les hommes et les marchan- dises d'Europe tenter de s’ouvrir un autre chemin. Les détails qui me sont donnés sur Ségo, s’accordent bien avec ceux qui sont déjà connus; un seul point diffère; il est majeur. Jusqu'à présent, on a paru considérer Ségo comme situé sur la rive gauche du Djoliba : toutes les cartes le placent ainsi. Ce serait une grave erreur, suivant les deux individus que j'ai inter- rogés séparément, et suivant toutes les autres indications que je me suis procurées. Cette ville est sur la rive droite. Elle est divisée en quatre villes, toutes au bord du fleuve, séparées l’une de l’autre par quelques kilomètres et ayant chacune des murailles particulières. La première, en commençant par l’ouest, se nomme Ségo- Koro ( c'est-à-dire vieux ). La 2°, Ségo-Bougo. La 3°, Ségo-Koura (neuf), La 4°, Ségo-Sikoro ( de campagne ). (1) Cette dernière est la plus considérable de toutes et la résidence du roi. (x) Mungo-Park dit : Sur la rive septentrionale, Ségo Korro et Ségo Bou; sur la rive méridionale , Ségo sou Korro et Sepo su Korro. (54) Il n'est soin que je n’aie pris pour faire expliquer clairement ceux que j'ai interrogés. Avaient-ils descendu en bateau le courant du Djoliba ? Oui. — Avaient-ils Ségo à droïte ou à gauche ? — A droite.— Lorsqu'ils faisaient le salem au bord du Djoliba, avaient- ils Ségo à droite ou à gauche ? — A droite. — Pouraller de Ségo- Koro à l’un des trois autres Ségo, faut-il passer le fleuve ? — Non. Ils se résumaient en disant : les quatre Ségo sont situés sur la rive du fleuve, du côté des Nègres et non du côté des Maures. Ce point, assez important , me paraît désormais fixé ; du resle, cette opinion n’a rien que de conforme à ce que rapporte Mungo- Park, qui, dans son premier voyage , se présenta pour traverser le fleuve afin d’aller voir le roi de Ségo : maïs il en résulterait aussi que ce célèbre voyageur n'aurait pas visité Ségo, ce qui ex- pliquerait d’ailleurs pourquoi il en parle si peu , pourquoi il nc dit rien des quatre villes séparées et ayant des noms différens, etc. Mungo-Park se sera arrêté à un village situé en face de la ville principale, et qu'on appelle Ségo-Farako ; ce nom même aura pu contribuer à lui faire croïre qu’il avait vu , sur la rive gauche, la majeure partie de Ségo. Les deux voyageurs dont je tire ces documens m'ont déclaré avoir descendu le Djoliba de Ségo à Djenné en 5 ou 6 jours : ils soutiennent encore que cette dernière ville est également sur la rive droite ; et c’est très-certainement une seconde rectification à faire sur nos cartes : rectification qu’ils ont très-bien indiquée quand je les leur ai fait voir. Ils représentent le lac de Djenné comme plus voisin de la ville qu’on ne le figure ordinairement : suivant eux, ce lac est telle- ment large que, par endroits, on a peine à voir d’un bord à l'autre. Du reste , tout ce qu’ils racontent du fleuve, de la nature de ses rives et de ses débordemens , est entièrement conforme au ré- (55) cit de Sidi Math-Bouhlal, rapporté par M. Badia. Cette confor- mité est d'autant plus étonnante et satisfaisante que mes deux voyageurs n'ont certainement jamais entendu parler l’un de l’autre. Je n’ai pas manqué l’occasion de les questionner sur Tombouk- tou. Tous deux y ont été plusieurs fois l’un sans l’autre; je les ai interrogés séparément , et ils se sont assez généralement trouvés d'accord. Commeils ne faisaient que répéter ce que nous savons déjà de cette grande ville , désespérant d’en rien obtenir de nou- veau, j'ai cru devoir m'attacher à un seul point: Quelle est la position de Tombouktou par rapport à Djoliba ? L'opinion de Me .…. sur celte question, n'avait encore été confirmée par aucun des renseignemens que je m'étais procurés ; elle a été for- mellement et positivement contredite par mes deux voyageurs : d’après leurs déclarations très-concordantes , quoique recueillies isolément , Tombouktou est situé à six milles environ du bord du fleuve , où se trouve le grand village de Kabra , qui sert en quel- que sorte de port à la ville. C’est à Kabra que s'arrêtent les embarcations, que se font les chargemens et les déchargemens. Le transport à Tombouktou s’effectue ensuile au moyen d’ânes, ou plus souvent encore sur la tête des Nègres. Un homme fait aisément un voyage le matin et un autre le soir en se repo- sant pendant la chaleur. Il n’est pas rare qu’un homme fasse dans sa journée trois et même quatre voyages. Des hauteurs de Kabra on aperçoit Tombouktou. Je n’ai pas manqué de demander à mes voyageurs s’ils parlent bien de Tombouktou la grande ville ? Réponse : Oui. — S'il exis- tait dans les environs un autre Tombouktou ? Rép. Non.— Passe- t-il dans la ville ou près de la ville, quelque rivière autre que le Djoliba ? Rep. Non, très-positivement.—Le Gambarou ne coule- til pas près de Tombouktou? Rép. Non; mais ils ont entendu (56 ) parler d’une rivière de ce nom, comme passant au loin, vers le N.-N.-E.; ils ne l’ont pas vue. Le Bourougou , qu’ils rapprochent assez de Tombouktou , n’est une rivière que pendant la saison des débordemens. Il ne reste plus tard qu’une suite de petits lacs et de marais, qui fournissent d’abondans pâturages, occupés presque constamment par des Maures, qui ont des troupeaux très-considé- rables. J'ai remarqué que, dans leur prononciation, mes deux hommes, un Maure de Tischit et un Nègre de Walet, disaient très-claire- ment Tembouktou et non Tombouktou. On sait que M. Jackson a fait la même observation. Mes deux voyageurs n’ont pas hésité à le placer du côté des Maures, ou comme ils me le disaient, du côté opposé à Ségo et à Djenné , ce qui confirme encore l'exactitude de leurs déclarations relativement à ces deux villes. Des renseignemens qui précédent, on peut conclure que deux des principales villes du Djoliba doivent être reportées, sur les eartes, de la rive gauche à la rive droite. (57) NOMENCLATURE et ITINÉRAIRE de Galem à Ségo, à Maroc et à la Mecque, de Saint-Louis à Maroc et de Maroc à la Mecque. De Saint-Louis à Maroc. D Andr ou St-Louis. Ji Aouàtyl. nn Addykhan ou De- kann. FAX Djyoua. Andjyl ou Porten- “ dick. He Aklyl ou Klyl. sde ie = 5 Si Je A’ânakoum. El Nousir ou Nou- zerit, Anaoufrid. Byr el Käroub. C 70 pl Lo A’ârich-Aa’mar. LL — " Boukoufa. Ne Aklât ou Ankelât. | Byr Anzarân. Touf. M$] Eyzouk. ess &sL0) CENTS ’ LS El Säqyeh el Ham- Ta. Ouidnoun. Täsiryt. Sous ou Suze. CE LES)» Marâkch ou Maroc. Es dl te pe De Maroc à la Mecque. |} Marâäkch ou Maroc. MES Doxkila. Cgolalt El Chäouya. Je Ichla. LE El Rebât. (x) Tous ces.noms.ont été'écrils en Arabe à St-Louis du Sénégal , par un homme du pays. ; al, pa pay II. 8 (58) ct > ot Mouknis. QU Fés. QU El Tilmisäo. £? © # LUS Tounous. R&SN Ei Didjäber. des El Khodräa’. si | Atrâbolos ou ‘Fri- poli. as , XL WT El Eskanderyeh ou Alexandrie. nes L'Égypte , grande province qui renferme les villes du Caire et de Damietie, et derrière celles-ci, la presqu’ile des Arabes; à l'Orient est Yanbo, dans une île qui contient les deux villes sacrées, la Mecque et Médine. } #1 | Ps Ve De Kalam ou Galam à Maroc. Je Kalam. Ent Tâkänt. SN, Qasar el Barkah. En) EI Rachyd. AAA pi) ts S, Jus pe Os D 9 Les; UE DE) RECU 15 US LA Tydjikdja où Ty- jikja. El Zâouât ou Ad- jouût. Oualâta. De Hanälak à Ouä- dân. EI A’rousyoun ou el Ross. Erkyebät. Ouâdnouu. Tikna: Sous ou Suze. EI Mekharb ou el Karb. Dâr Mamlaketehä Marâkch ou le chef-lieu de l’em- pire de Maroc, LEE e Le F De Galam à la Mecque. SE Kalam. De) ES 5 Tychit. Oualâta (Oualyäta) ! (59) QE A’râouân. S Touit. à 35 Bouzbeyah. ne Fezän. f} y) El Mabrouk. QU» Tounous. E LEE Tymboktouou Tom- à Xe N° EI Eskanderyeh ou 7 bouctou. Alexandrie. Tiinéraire de Galam à Ségo. On compte vingt-huit jours de marche, düns la supposition où l’on conduit des ânes chargés ; avec des chameaux, douze jours suffiraient (1). Partant de Makaniakaré, près de l’emplacement de l’ancien fort Saint-Joseph, à Ghiafné, pays des Saracolets, (désert). 2 jours. à Diarra. 6 AYRUNET 90 9 72 à Missèra. . . . . ,. . idem. à Sanioro. . . . . . . 1dem. Pays de Kasso. . à Ghiaghé ( capitale des Bambaras de Kasso). . dem. à Kâsa. . . idem. à Ghioka Ce FE Ban ( baras de Kaarta. . . . dem. Pays de Kaarta. à Ngniouguera. . . . . #dem. à Tafatimo. . . . . . dem. (x) I résulterait, de ce renseignement , que Ségo est plus près de Galam qu'on ne le place sur les cartes les plus récentes ; car il serait difficile à des ânes chargés de faire environ 230 lieues en 28 jours. Ainsi le Djoliba paraîtrait plus rapproché de Galam de près de deux degrés. Ce dernier lieu est lui-même beau- coup moins éloigné de St-Louis qu’on ne pensait ; c’est ce qui est prouvé par les dernières observations ; nous pouvons en conclure que le Djoliba et Tombouk- ton sont beaucoup plus près de la mer qu’on ne l'avait cru jusqu'ici. E.J. CS (er) © LA à. . . (Désert). . . . 1 jour. à Ghianngouté. . . . . dem. à Fabougou. . . . . . dem. à Karala Nghiangim. . . dem. HSE OrS EC 1 (Désert don: ete. à Sira Koro. . . . . . 1dem. à Douabara. . . . . . dem. à Saka-Bara. , . . . . 1dem. Î à Bassah-la. . ‘ . . . dem. à Sira-Koro. . . . . .1dem. à Koma-Lambo. . . . . dem. à Bamgass. . . . . . . dem. Pays de Ségo.. . . . à Korséra. . . « . . . dem. à Sira-ni. . . . . . . dem. à Garignan. . . . . .cdem. à Ngniaména (1). . . . idem. à DÉPOA(2).R See AU NUE: Pas de rivières à traverser. De Ségo à Tombouktou, l’on descend ordinairement le Niger sur des embarcations: (D’après le récit de Mbouia, fils de Mahomet , habitant Tischit, nouvel lement arrivé de Ségo à Saint-Louis du Sénégal , après avoir passé par le pays de Galam. ) à Ttinéraire du Sénégal à Maroc (3). De St-Louis à Aouâtyl. . . . NET et. is M INjOUT: D'’Aouâtyl à Dekann ou Addykhan. PLE AE SE AQU (x) Au nord de Dijoliba , séjour du docteur D. (sans doute le chirurgien Do- chard, de l'expédition du Major Gray ). | (2) Au sud. (3) Cet itinéraire est fourni par des Marabous de la tribu des Maures-Diar- mankous, qui parcourent ce chemin chaque année. (60) De Dekann à Djyoua. . . PE MT ours De Djyoua à Portendick ou ML: DE CPAS RIe DUT RE De Portendick à Aklyl ou Klyl. De Klyl à A’ânakoum. De A’änakoum à Nouzerit ou a Noire De Nouzerit à Anaoufrid. De Anaoufrid à Byr el-Käroub. De Byr el-Kâroub à Aa’rich-A’ämar. De Aa’rich-A’âmar à Boukoufa. De Boukoufa à Aklèt ou Ankelât. De Ankelât à Byr-Anzarän. De Byr-Anzarân à Touf. De Touf à Eyzouk. De Eyzouk à el-Säqych el- Harräa! De el-Säqyeh el-Hamräa’ à Ouâdnoun. De Ouädnoun à Täsiryt. De Tâsiryt à Suze ou Sous. . . . . . : De Suze à Maroc ou Maräkch. lei D © HS D > mm O1 01H © #1 D ei mt La cunmassne PoraL UT EEE Sr iOurs Liinéraire de Galam à Maroc. De Galam à Täkänt ( désert). . . . . . . . . 6 jours De Täkânt à Oualâta. . . . . 10 Ici on trouve du blé en RER qe eauet beaucoup de dattes ; ce pays est habité par les Dowiches et les Koutats ; nation paisible de Marabous. De Oualâta à Ouädnoun (désert). . . . . . . . 10 De Ouâdnoun à Tikna. De Tikna à Suze. De Suze à Karb ou el- Mekharb. De Karb à Maroc. 3 (62) De Galam à Dgazzara. . .. . . . . 3 ou 4 jours. Dgazzara est situé dans le pays de Tägaths, pays de montagnes moyennes. Dgazzara pourrait bien être la même ville que Djarra; l’un et l’autre ne scraient-ils pas le Tgazza de Léon l’Africain ? De Dgazzara à Adraal (désert). . . . . . . ro jours. Adraal est un petit pays où se trouvent des villages de Maures. D’'Adraal on va à Suz ou Souz, à Tafilad et à Maroc. Itinéraire de Galam à la Mecque (x'. De Galam à Tychit. . . . UQAM ET GUTS De Tychit à Oualâta (en Rene GUERRE PATIO De Oualâta à A’râouân (/d). . . . . . . . .xo De A’râouan à Bouzbeyah ({d.). . . . . . . .71o De Bouzbeyah à el-Mabrouk (1d.). . . . . . . 10 De el-Mabrouk à Tombouktou (Id). . . . . . . 6 De Tombouktou à Touât (/d.). . . . . . . . .20 De Tout à Fezzân. . .. .. . . . . . . . .4o De Fezzän à Alexandrie. . . . . . . . . . .4o (x) Cette ligne est digne d’attention parce qu’elle conduit à Tomboukiou sans passer par Ségo ni Djenné , route que les voyageurs Africains représentent comme facile , et qui n’a encore été essayée par aucun Européen ; c’est le che- min que suivent les nègres qui entreprennent le grand pélerinage. Ce sont or- dinairement des Marabous du Fouta-Toro et du Fouta-Diallon. (63) LAS ARR RL ELLE LS DAS LLS ALL LAS LA LL RUE LUEUR LL RULUL LU VU L ILES LUE LULU UE UE LULU US RÉPONSE AUX QUESTIONS PROPOSÉES PAR LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE, SUR L'AFRIQUE SEPTENTRIONALE, PAR M. DELAPORTE , Vice-Consul de France à Tanger, empire de Maroc; SUIVIE DE L'ITINÉRAIRE DU FEZZAN ET DE LA NOMENCLATURE DES VILLES ET VILLAGES DE LA RÉGENCE DE TRIPOLI. PREMIÈRE QUESTION. (Foy «première série des Questions publiées par la Société de Géographie.) D’après ce que divers voyageurs Mahométans m'ont rapporté, et d’après l’imperfection des connaissances géographiques que possèdent des hommes qui ne considèrent comme une science véritable que celle de réciter et citer lé Qoran, la chaîne de l'Atlas se prolongerait depuis le Sous (1) èt la province de Ta- filet (2), c’est-à-dire depuis l’empire de Maroc, qu’elle domine et embrasse, jusqu'aux monts Fossato (3) et Yfren (4), où com- mence la régence de Tripoli de Barbarie, et de là jusqu’au cap de Mesurate (5) ou Qasr Ahmed (6), c’est-à-dire à l'extrémité ouest du golfe de la Sydre , que borne, suivant toute apparence, (its ile @ Es de G) (5) ss os ONE (6) SSI SS (64 ) la montagne de Benoulid (r): ce mont semblerait être le dernier anneau de cette chaîne, si elle ne reparaissait à l’Est de l’antre côté du même golfe, à deux ou trois journées des sables où Bengase est situé sous le nom de Jebell'akhdhar (2), c'est-à-dire la Montagne - verle , à cause de sa fertilité qui est en opposition avec l’aridité des sables du milieu desquels elle s'élève, commeun cyprès au-dessus de la demeure des morts. Cette montagne, qui s'appelle encore Jebel-el-Saadawi (3), la montagne des Saadi , à cause de la tribu dite $aadia qui en est en possession, change de nom suivant les pays qu’elle parcourt et les tribus qui s’en dispu- tent la propriété. Elle court s'étendre à Derne (Dernis) (4), To- brog (5), que nos marins appellent Trabice, Aqabah ou Elaqgbah (6), nom qui veut dire une montée rapide, et qui est le Catabathmus des anciens, jusqu'aux environs d'Alexandrie, où semble finir l'Atlas, placé par la nature, sur les rives de toute l’Afrique sep- tentrionale, comme un phare immense qui s'élève au-dessus de l'Océan et de la Méditerranée , et comme une vaste digue défen- dant ces deux mers de l’invasion des sables qui occupent le centre du continent Africain. J’ajouterai à ces réflexions ce que m'a dit un habitant de Mo- gador de mes amis, qui se trouve ici (Tanger ) : que l'Atlas s’é- tend depuis la province de Sous, par l'intérieur, jusqu'à Derne ; et qu'après une interruption de quelques journées, il reparaît à Elagbuh, l'ancienne Catabathmus, où il est moins élevé. Les Tripolitains , qui, généralement, pensent plutôt à faire le commerce qu’à acquérir des connaissances géographiques , igno- rent jusqu'au nom d'Abulfeda, et sont, par conséquent, hors d'état de donner les moindres renseignemens à cet sujet. (2 1 #$ € . . A. (D) ser de (62) DS CPS ES on Lee (2) 28 ol = (5) = 3pS ORALE (6) “ail (65 ) Quant au Jebel-Moussa (1), ou Mont-Moïse , les Maures n’en connaissent qu'un seul, qui se trouve entre Tanger et Ceuta, que l'on nomme aussi Mont-aux- Singes, parce que ces animaux en sont les nombreux habitans. Le seul mont Lempta qui soit connu à Maroc , au dire des ha- bitans de cet empire , est une une petite montagne séparée de Fez par une autre qui porte le nom de Zälegh (2) (Zelag de Léon l’Africain). Il existe une autre montagne nommée Lampthoün (3), située à deux journées de Fez, au N.-E. sans doute, et à un jour de la ville de Taza (4), et entre cette ville et celle de Wejdah (5), qui est située dans les sables d'Anjad (6) qui bornent le Sahara. Pour revenir aux montagnes de Tripoli, elles sont nombreuses et les principales sont les monts Fossato , Ghariân et Benoulid. + Le mont Fossato (7) est celui qui se trouve le plus à l’ouest de la régence de Tripoli de Barbarie, et sépare cette régence de celle de Tunis. Dans les environs de cette montagne , est l’île de Gerbi ou Gerbéh (8), Le mont Yéfren (9) est une masse de petites montagnes liées les unes aux autres, au milieu desquelles est une vaste plaine où l’on ne peut arriver que par une gorge extrêmement étroite. Cette plaine est habitée par une tribu indépendante, celle des Mabamides , qui dispute d’autorité avec la régence de Tripoli, parce que , par sa position, elle se sait inattaquable. Le mont Ghariän (10), la plus"élevée des montagnes dont on vient de parler, est, dit-on, le Ghariän qui a de trois à quatre journées d’étendue , et qui est d’une élévation telle que , de son HMS CSL (2) ëb ds (D ile = (7. la Nomenclature CI-apres. (@) ysY Je (BEL Es (4) 56 se Q) és (5) 3585 Aide (r0) ATEN IT. © 9 (66) penchant , on aperçoit la Méditerranée. ‘Elle sert de point de reconnaissance , en mer, aux bâtimens qui veulent abor- der , par l'ouest, à Tripoli de Barbarie, ou à ceux qui veulent aller au levant, lorsqu'ils se trouvent affalés sur les côtes de la Méditerranée. Sa position géographique est au S. O. ou S.S. O. de Tripoli dont elle est éloignée de quatre jours de marche , que l’on fait à travers d’une vaste plaine nommée Qotteis (1). On arrive sur le mont Ghariân, qui la commande, par une pente difficile et si ra- pide que les cavaliers qui veulent la gravir, sont obligés de des- cendre de cheval, * Le mont Ghariàn produitbeaucoup d’oliviers dont l'huile, extré- mement forte, flatte le goût des Tripolitains, qui la préfèrent à l'huile douce que produisent les oliviers des environs de leur pays. Cette montagne est la seule en Afrique qui produise le safran qu’on apporte à Tripoli, d’où, aussi bien que l'huile, qui passe pour avoir des vertus médicinales, il se répand dans tout le le- vant. Pendant l’hiver , il y tombe , d’année en année , comme dans la capitale, de la grêle qui fait blanchir la montagne ; maïs je m’ai point entendu dire qu’il y tombe de la neige. , Une particularité distinguerait le Ghariän des autres monta- gnes de l’Atlas qui l’environnent: les habitans y vivent sous terre. Les habitations y sont creusées dans le roc et reçoiventle jour d’en- haut. De la surface du sol , on y descend par une pente douce mé- nagée à cet effet, et proportionnée à la hauteur de la maison que l’on habite, et l’on arrive dans une cour intérieure carrée, autour de laquelle sont creusés les appartemens , conformément à l’ar- chitecture ordinaire des Arabes. Les tombeaux occupent la place des maisons : ceux qui sont faits de pierres et construits en forme (1) ne de (67) de parallélogramme renferment les restes de gens ordinaires ; les coupoles ou dômes blanchis couvrent les reliques de leurs saints. Ils sont répandus çà et là sur toute la montagne, de ma- nière que l’on peut dire, avec quelque raison, qu'à Ghariàän, les morts occupent la place des vivans, et ceux-ci celle des morts. Cette montagne , que l’on pourrait appeler cryplopolitaine , renferme eent-un villages souterrains ; c’est peut-être à cause de ces retraïtes caverneuses, que le Ghariân a reçu des Arabes le nom qu'il porte (1), qui, dans leur langue, signifie grolfes , cavernes. Sans chercher à établir ici un système , ni avancer que les Garamantes , qui étaient noirs el habitaient des sables secs à l'extrémité du monde , fussent des montagnards, ne semblerait- il pas cependant qu'il y a quelque analogie de dénomination entre Ghariän et Garamantes ? La roche de Ghariân semble calcaire ; le bel arc de triomphe qui orne la ville Tripoly est , dit-on, de marbre de Ghariân ; et l’on transporte quelquefois, au marché de cette ville, de la chaux qui a été faite dans cette montagne. Ce qui indiquerait qu’elle renferme dans son sein, des pierres de différentes duretés. n° QUESTION. Monumens de Tripoli, Leptis, Cyrène. La Société desire des dessins des monumens, et des fac-simile des inscriptions que l’on pourrait se procurer dans l'étendue de la régence de Tripoli. En 1806, je fis un petit voyage aux ruines de Lebdah ou Lepiis magna, dont la relation fut envoyée par moi, à M. le prince de Talleyrand , alors Ministre des Affaires Etrangères, et des des- sins que j'y avais recueillis, principalement le plan d’un stade qui se trouve entre les mains de M. Barbié-du-Bocage, l’un des présidens de la Société. Cette relation renferme entr'aulres les (1) Jul ( 68 ) inscriptions que j'ai trouvées sur le territoire de cette patrie de Septime-Sévère et de Saint-Fulgence. Le même Maure dont j'ai parlé ci-dessus , à qui j'ai montré le dessin de la ville de Cyrène, que les Arabes nomment Grenna(x}, y à reconnu jusqu'à la source d’eau qu'il m'a dit couler avec abondance. Quant à la ville grecque dont le voyageur anglais a apercu les ruines, au sud de la Grande-Syrte, ce serait peut-être celle que l’on m’a dit exister sous le nom de Ne/d (2) ou Nefdz (3), qui semblerait, d’après les indices qui m'ont été fournis , être située sur les frontières sablonneuses de la Grande-Syrte, du côté de la montagne de Benoulid, c’est-à-dire à l’ouest. Ce ne peut être la ville d’Agidebia dont le docteur Cervelli a vu les ruines : car d’après les dessins et la dénomination , cette ville est toute arabe et non grecque. in° QUESTION. Côtes de la Grande-Syrie. Les renseignemens que la Société demande sur les côtes ma- ritimes de la Grande-Syrte, ne peuvent être donnés par moi ; on ne pourrait espérer de les obtenir que par des Arabes navigateurs, ou par les gens de la tribu des Aoulad-Soliman qui en occupent les solitudes ; maïs ces gens , aussi ignorans les uns que les autres, sont hors d’état de donner, sur ces lieux, les moindres notions physiques et statistiques. Ils ne savent ce que c’est que la longi- tude ou la latitude ; et quant aux changemens que les côtes de la Syrte ontpu subir , ils n’en connaissent d’autres causes que la fatalité, c'est-à-dire Dieu et sa volonté. Tout ce dont je puis instruire la Société, c’est que tous les ma- rins européens et autres, que les tempêtes et les courans ont jetés e at. 222 (CORTOREE (3) 5$ 3 (69 ) dans le golfe attracteur et inhospitalier de la Grande-Syrte, quoi- que peu d’accord sur les détails des côtes de ce golfe, rapportent unanimement qu il présente, dans sa vaste conformation, une figure semi lunaire , cause pour laquelle, sans doute, il est repré- senté, sur les médailles de la Pentapole, sous la forme d’un bœuf ou taureau qui menace de ses cornes: ce qui semblerait représen- ter à-la-fois, la figure arrondie du golfe, et les maux qui me- nacent tous ceux qui ont le malheur d’être jetés sur ses bords. Il se trouve, dans l’enfoncement de ce golfe et à quelque dis- tance de ses rivages , un banc de sable constamment pernicieux aux navigateurs qui n’en connaissent point la position. Le golfe de la Syrte est connu par les Musulmans ; sous le nom de Joun-el-Kebrit (1), Sinus sulphuris, c’est-à-dire Baie de sou- fre, à cause d’un puits très - profond qui existe dans la partie la plus enfoncée de cette vaste baie. Ce puits est exploité par des Arabes de Bengaze, de la Syrte ou de l’arrondissement malsain de Touargha (2), qui se trouve du côté de celui de Mé- surate. Ils en retirent une matière sulfureuse ou boue de sou- fre, qui ne sert à d'autre usage qu'à enduire les chameaux afin de les guérir de la galle dont ils sont ordinairement atteints. Les hommes qui sont condamnés à travailler à cette exploitation pour gagner leur vie, sont haves, jaunes, et finissent par perdre la barbe , les sourcils et autres poils de leurs corps, tant a d’action sur eux l’exhalaison du soufre. On m’a rapporté que, dans certaine partie des déserts qui ap- proche du golfe , on rencontre des endroits où la terre cède sous les pas du voyageur qui a le malheur de s’y engager, et que sou- vent il en sort des exhalaisons qui ressemblent à une fumée lé- gère. Le golfe de la Sydre ou Syrte , par terre, à vingt- deux j jour- nées de chemin de développement , et par mer , seulement trente COPA o) ei 8 CRE (70 ) lieues à-peu-près, du cap de Mésurate à celui de Bengaze. Le doc- teur Gervelli, qui a fait ces vingt-deux journées de chemin, ne dit pas avoir vu ni même aperçu de montagnes dans le lointain le plus reculé, où sa vue ait pu se portér : cé qui ferait croire qu’une mer de sable occuperait cette partie centrale de l’Afrique, où elle formerait un vaste bassin encaissé par les montagnes du sud, du nord et de l’ouest, lequel, ainsi que le pensent plusieurs voyageurs et géographes, aurait été, dans des temps très-reculés, couvert par un grand lac, dont les eaux se seraient écoulées dans la Méditerranée, par les deux Syrtes, ét dans l'Océan, par les coupures qu’on ÿ remarque de nos jours vers le sud et l’ouest. Ce qui semblerait venir à l’appui de l'existence d’un désert immense et non-interrompu qui commencerait là où les montagnes éloignées du sud finissent , est la catastrophe malheureuse d’une caravane qui, en traversant lé vaste désert qu’elle ne connaissait pas bien, n'ayant pour guide que des conjectures, s'égara; ct, au lieu d’at- teindre les terrés dé Tripoli, but de son pénible voyage , vint pé- tir de soif et dé misère, à deux journées d’Augela , où les os des hommes , des chameaux et autres bêtes de somme qui la compo- saient, blanchis et desséchés par l’ardeur d’un soleïl brûlant, fu- rent retrouvés par un Arabe, gisant encore auprès des richesses que cette malheureuse caravané traïnait après elle. Le Cadi qui sé trouvait à Fripoli, lors de mon départ de cette ville, m’a dit qu’un malheur semblable avait manqué de lui arri- ver , et qu’en traversant le désert pour revenir de Tombouctou , où il s'était rendu de Fez, la caravane , qui avoit voulu couper le désert en ligne droite , s’y était égarée , et au lieu dé venir abou- ür à Tripoli , était tombée à vingt-troïs journées trop à l’est , heu- reuse d’avoir pu atteindre Benghazi après avoir toujours été en- gagée au miliéu des sables. Par là on peut juger de la justesse des calculs de ceux qui étaient chargés de diriger la route. Je finirai ce troisième paragraphe en informant la Société , que dans la partie Est du golfe de la Sydre, à environ deux journées (or Ouest de Benghasi , existent les ruines d’une ville qui paraît de construction grecque, à en juger par ce que le temps en a épargné. Les Arabes la nomment Karkourah (1). Elle est située sur le bord de la mer et forme un espèce de port. Un capitaine français qui y a été jeté par le mauvais temps, y a copié, sur les marches d’un puits très-profond, une inscription grecque ; la copie en est per- due. IV° QUESTION. Juifs du Ghariän. Ilexiste des Juifs au Ghariân , comme dans toutes les régions de l'Afrique; mais ils rivalisent d’ignorance et d’ineptie avec leurs maîtres qui les tiennent dans la plus profonde abjection et la plus honteuse servitude. Je doute fort que ces Hébreux con- naissent même leur Pentateuque : il est donc impossible de croire que des hommes d’une ignorance aussi grossière possèdent le moindre manuscrit. + V® QUESTION. 7/7/le de Gadamiès. La Société desirerait des itinéraires qui conduisissent de Ga- damès (2), par l’ouest , à travers le grand espace inconnu qui est séparé par les parties méridionnales de la régence d’Alger et le pays de Touût (3). Je ne possède aucun document qui puisse satisfaire à cette question. Quant à la population de Gadamès , l’ancienne Cydamus , elle doit se composer, comme dans les montagnes de l'Atlas, de deux sortes d’habitans, c’est-à-dire de Chleux ou Berbères, qui ont été les premiers maîtres du nord de l'Afrique, et des Arabes qui les ont chassés des plaines où ils se sont fixés à leur place. On doit donc parler à Gadamès, comme on le fait dans l’île de Gerbi et OR (3) ti (72) dans tout l'Atlas, le Chleux ou Berbère , qui se divise en divers idiômes, et l’Arabe, dont les dialectes éprouvent des changemens sensibles d’une tribu à une autre. Vi QUESTION. Île de Gerbi ou des Lotophages. Lors de mon passage de Tunis à Tripoli, il y a vingt-cinq ans, je me suis arrêté deux jours dans l’île de Gerbéh (1). Le territoire de cette île est le même que celui de Tripoli: il est sabloneux, et produit, comme lui, une grande quantité de palmiers. Les ha- bitans sont très - industrieux ; l’occupation des femmes est la filature de la laine, qu’elles exécutent très-bien. C’est pour ce motif qu’elles laissent croître l’ongle de leur pouce gauche , et que , quand il est parvenu à une longueur déterminée, elles y pra- tiquent un petit trou, au travers duquel elles font passer la laine qu’elles filent; par ce moyen , elles obtiennent un fil égal et ré- gulier. Pour filer , les femmes et filles de Gerbéh se réunissent autour d’un fossé assez profond dont elles occupent les bords ; assises au bord de ce fossé , elles y laissent descendre les fils qu’elles tordent et que leurs fuseaux entraînent jusqu’à une certaine profondeur ; elles les ramènent à elles avec une dextérité inconcevable, roulent les fils qu’elles viennent d’obtenir, et recommencent l'opération avec une pareille facilité. Elles filent en se racontant, les unes aux autres, des historiettes , et en se raillant entr’elles sur le plus ou le moins de perfection de leur travail. Je suis allé voir à Gerbéh un arc de triomphe qui est assez bien conservé. Autant que je puis m’en souvenir , il occupe le centre de l’île, et il fut construit en l’honneur de l’empereur Antonin et de son collégue Verus, comme celui de Tripoli de Barbaric. On remarque à Gerbéh un autre monument qui attriste l'œil (D) by ip (73) et le cœur : c’est une pyramide en forme de bouteille , de la hau- teur d'environ vingt-cinq à trente pieds , construite des têtes des Espagnols qui périrent dans le combat qu’ils soutinrent , l’an 966 de l’hégire (1558 de J.-C.), sous la conduite de Medina et André Doria, contre les Ottomans dont Pyr-Aly et Cara Mostafa com- mandaient l’armée, et qui eurent 18000 hommes hors de combat. Cette pyramide s'élève au milieu des sépultures de leurs vain- queurs. Les Gerbins parlent deux langues , l'Arabe et le Chleux. Ils sont mal famés à Tunis et Tripoli ; car si l’on veut désigner un homme entaché d’avarice , on dit : c’est un Gerbin; on flétrit encore de cette épithète ceux que l'on veut traiter de schismatiques , parce que les Gerbins sont de la secte d’Aly. A la pointe de l’île de Gerbi, à l’est, on voit un vieux château où je n’ai pu me transporter. Il porte le nom de Menaquès ou de Menägs (1), dénomination qui se rapproche de celle de Meninx que portait antiquement cette ile, dont le principal quartier est nommé aujourd'hui Mediouna. L'endroit où se tient le gouverneur de l’île est à une petite dis- tance du port. Il ÿ a un sou ou marché couvert. Le port de Gerbi, qui ne peut contenir que de très-petits bâtimens, est situé au nord de l’île, qui, au sud , est séparée de la terre ferme ou des sables de l'Afrique , par un petit bras de mer peu profond que l’on peut facilement passer à gué, dans le beau temps. Caravane du Fezzan, ou Itinéraire de Tripoli de Barbarie à Morzoug. Deux routes conduisent au Fezzan : l’une, celle du S. S. O., longe la montagne du Ghariän ; l’autre, celle du S. S. E. , passe par devant Mésurate. La caravane de Tripoli de Barbarie , qui G) Qt rs IL. 10 (74 ) se rend à Morzougq, préfère la voie de Mésurate, quoique plus longue , parce que celle du Ghariän (1) est souvent infestée des hordes Arabes des deux tribus Ben-Soliman (2) et Ben-Oulid (3) qui viennent faire paître leurs troupeaux sur le penchant du mont Ghariôn. 1° Route du Gharian. De Tripoli de Barbarie à Ben- Oulid. . ....... 4 >» De Ben-Oulid , à travers des montagnes, à Souknah qui est un grand arrondissement. . ........... cr De Souknah , en traversant un désert nommé Beni- Yafen (4) ou Serir (5), jusqu’à un village nommé el- Mohabib (6) ane lle Me etlenle he tele telle Re re tie le lite ee le ie 6à 7 » D’el-Mohabib à Traghân (7).............. » 4à5 De Traghân à Timil-hind (8). . ........... 1°n5 De Timil-hind à Sebaha (g)............... » 8 On se repose quatre jours dans l’arrondissement de Sebaha. De Sebaha à Ghodouah(r0).. ............ 20 De Ghodouah à Morzougq (11)............. 20 TOTAL. ... . 23 » On dit que l’on peut faire cette route en dix-huit jours. @) Yblé OR @) we ep (8) sis (3) 3, de | (9) ad GRAS (0) DA 6) 9 (1) By (75) 2° Route par Mésurate. Jonrn. heuri De Tripoli de Barbarie à Mésurate (x). . . . .. 6 » Je remarquerai qu'il n’y a ordinairement que quatre jours de marche de Tripoli à Mésurate. De Mésurate à Ouaddän (2). . ...........,. 8 » De Ouùuaddân à Hoûn (3). . . ......... PR DEEE TS LS DenHouMAGS ad late |(4). ME LEE ENT 5 » Pendant ces cinq jours on traverse le désert de Sou- dah (5) ou le désert noir, ainsi nommé à cause.des cail: loux noirs et siliceux dont il est couvert. On dit, d’après une autre version, que ce désert tire son nom de celui d’une montagne qui le domine , et qui, de loin, paraît noire à! cause des plantes'ou des arbres qui y croissent en abondance. De Seat. | Lt... desk ENT lots On remarque à Schaha des ruines antiques aussi consi- dérables que celles qu’on voit à Lebdah (Leptis magna). De Sebaha x Ghodouah: : ........... BAL (al us De Ghodouah à MorZzouq. . .............. 2 ——————— Torre". 26 » Quoique cet itinéraire ait été dicté par le Caïd:owplutôt par le Bey du Fezzan, Sidi-Mokni, {le même dont M. Ritchie n’a pu par- venir à se rendre l'ami), on ne répond cependant pas de son exac- titude. CL OA CAN (x) te (4) as. Ceïte’ station est: ainsi / (5: nommée à cause d'une source ou fon- (2)- 55: taine où l’on vient'sé-désaltérer: By (5) (76) NOMENCLATURE des Villes et des Villages de la régence de Tripoli, du couchant au levant. D Couchant. y pe Sormän. nr LL à àsXs La ville de Tripoli. JSE Qalil. ue El Menchié. Does tante Nonrab ET Qerqàrech. } F1 Erzil. JS Zanzour ou Janzour, 8ys) Zenbarah. 350 Syadah. DE. Bou-a’gélah. Me) El Mayah. pl Khattabah, tu pa) EI Thouibiah. LUS Fossato (montagne). # nn à 1) EI Zaouiah. 5 XXe Jado (ville). à “) à OmrechanahouMar- Sa 5 Qoseir el'd ( petit chana. k fort }. 35,5 Qammoudah. À, lèxs Cha’bet el Morad. & Bechtah. Ë 5Lal Achbarah. 5,#X Belouzah. 85 Ja Jilin el foqié (d'en 4 haut). Ex | El Harchah, be As dilin lautié (d'en Ls“*% Bouicä. bas }). a, ;) Zouâghah. AE Gennaoul. 5); Zoärah (salines). Eat Elklandiah. JLs > Dahmän. ds) Elma’laqah. (97) be D Le je Mezghourah. 2e Eljemmari. spl A Amezzou. D Gp) Abraq. AE Like re Qasr Benikhlef. is GP) Reqraq. Ep ds Cp) Temezd ou Mezdah 2—};.1 | Fi nl Le "AL Jettalo. AE MT ee) El Waraghmiah. Jr pe do +) El Kharibah. =? ya) El Qasr sal dora) Amtioûl NE ge El Hamrân C7 0 us Do sf 7e) abs Qata’ el Mabrouk. DLNO: es Qata’ Ben-O’oùn. 22) ja) ci Aniref. Us 259 El Jedidiah. Er Y® > 5 Qotros. CL es Qoseir el Salmät. LLaÏ El Chiab. abs Ab je ns 53e; Za’warah. Jerjir. Tanzaght. Ommasfar. Baqqalah. Bqiqilah. Tendemirah. Temzaye. Forsato. Medinet Akyäou ( ville . Tartour. T'orket. EI A’wäwin Taghith. Medinet Nalout: El Hassaye. El Ghazzäyah. Avwazen. Sighdar. Harrabah. ces Lans 5 Temenchaye. Tamzinah. El Sowâlem: (78) = 355) Joch el. Kebir (Joch _jaSusi Qasdour. le grand). pal, 546) Joch el Soghaïr | Eu À. 1 A'aibah, (Jochile petit). | 5 ja) El A’irah. = tt Chekchoukah. | in 2 | à.) El A’ouinah. A7 id. | 72 # ie Fa | LS Bouhassein. me CAE ail2) El Chelfah. con 2 LN,\ Aouläd Ar. L5b pl Terdaye. SN) Et Khalaï. So; Zentoutah. | ‘e _ Mejersät: =), peu | og ,n El Roumiah. |," Za’frâänahs Fr. De | &=Ÿ Ahiah. =) Tatchr AN Keklah (montagne). VMS Tetala: Doi Jéhicha (idem). ss Él'Hazim. | raie fs F- se | | QE Tékban (idem). pot es Qasr Bilcassem. EL Bsât (idèmy- RE Ja El Ghenâni. | El El Mezaïq (idem). des) El A'miah. | ss Bouljilik{idem). 5 El Douib: | le A’mranah (idem) Los Jçäa. | ni Ifren (idem). alST Khalifah: ins 4). 4) Et Houlah (ville). 3, La Er Charts. vhs Hamouané. sp); Braharmah. : GS u » Zerqân: ( 79 ) el El Qala’. sa eu Benoulid (montag.). 2 LS EI Bakhaïkh. 3, 11 Jeffarah. LL > Terfetat. EC P > D Terhounah. &les Ma’änah. LUS Chabbara. C2 QUE 05 Qammarah., Et Taghmah. NAGRe “ Villages de l'Est. es sp Termraït. Me Messellatah. Ces Silin. ae de Tezemzäit. L > Ghariâän monta - UE gne qui contient cent-un villages 1 Sud - Est. (Leo Ghedamés (lan - cienne Cydamus ). | EU Abdela’äty. SS ) 7° Morzok, Marzouk, L— > qu Souknah. ba Morzouk (1). te Est JUS Fezzän (qui contient ME douze villages \. DE & 133 Oueddän ( qui en contient quatre ). DER DC Houn ( qui en con- tient trois ). ù 2,5 Naffoudah ouNeffd. (2) Ou Morzouq. Poy. ci-dessus, p. 74, note 11. A ” El Ramlah. FR LE, Selisla. Jliwel Sebilmän. Up) EI Rouis. ls EI Jeninût. 3 Et Tachechâoùt. Ed) Zeliten. ter Sahel. 55 Lcbdah (Leptis ma- gna). 8 =) Élkyriah. | 5, Reqraqah. AJGN El Ghalbah. »pLs] El Jebäbrah. sb, Kernanabh. CO Khefoufah. b Bariozouhi. DD * \ Benjeha. = E og à yo Mesrâtah ou Mesu- rate. Ré) El Daghmah. DS Nefd ( ville antique sur le bord du dé- sert). CET Hassoumah. IE Tawarghah. (LL, Sultän. 26.» Benghazy. as El Rahbah. LA El Ghout. ls} Rahamah. z yo) El Mer à De Boutrabah. LD (tes 9 Je El Rouissät. Taoukarah ( Teu- chris). De) El T'aïr el Hamar ou Sir el Hamar. NA ) Haloulah. Dites pe Ben-Nechnech. ay x) El Medinah. ae Ï Augelah. +s ) Je Jalo. 5) Jakharah. D, Dernah (Dernis). #3} El Bonbah. JS Ras el Helal (cap). Gr Tobroq (Tabruc). able Ù5 Tolmiatah ( Ptolé- Len p Bersis ( peut - être Berenice), maïs | US LE Khanafès. duc A’nbassah. 3 Qrennah (Cyrène). JS? Boujérar. a) El Agbah. dom Siwah (Oasis). ue Saou. SA Angelinah. (8) A A A AAA A AA RS AS AS AS AS A ARR AS AS AD AS AS ES SAS AS ARR AR A AS ITINÉRAIRE DE CONSTANTINOPLE A LA MECQUE, EXTRAIT DE L'OUVRAGE TURC INTITULÉ : KITAB MENASSIK EL-HADJ TN (LIVRE DES PRIÈRES ET DES CÉRÉMONIES RELATIVES AU PÉLERINAGE), DE EL-HADJ MEHEMMED EDIB BEN MEHEMMED ,; DERVICHE, Imprimé en 1232 (1816-17); TRADUIT PAR M. BIANCHI. AVANT-PROPOS. . Lrinename suivant a été traduit et extrait d’un ouvrage turc intitulé : Kitab menasstk el-Hadj, ou livre des prières et des pratiques religieuses qui s'observent durant le pélerinage de la Mecque. Ce traité, composé , en l’année de l’hégire 1093 (1682), par un pélerin musulman nommé Mehemmed Edib ben Mehem- med dervich, a été imprimé par ordre du gouvernement Ottoman , en 1232 (1816-17). Mouradja d'Ohsson nous apprend qu’antérieurement à cette épo- que , il s’en débitait plusieurs milliers d'exemplaires, tant à Constantinople que dans les provinces de l'empire ; mais ce qu'il ne dit pas, c’est qu'indépendam- ment des prières prescrites pour les différentes stations , soit à la kaaba, soit dans les environs du temple , l'ouvrage de Mehemmed Edib renferme une des- cription historique et géographique de tous les lieux situés sur la route que par- court la caravane, depuis Constantinople jusqu’à la Mecque. Cette route tra- verse en partie l’Anatolie et la Caramanie, toute la Syrie, en suivant la rive droite de l'Oronte , l'Arabie-Pétrée, et le Hedjaz ou l’Arabie-Déserte. IT. IL (8) Noire auteur , pour ce qui concerne la direction des chaînes de moniagnes et le cours des fleuves et des rivières , n’est pas toujours d'accord avec les géogra- phes connus; ce qu’il dit à cet égard se ressent trop souvent des idées supers- titieuses des Musulmans et de leur peu de connaissances actuelles de l’histoire et de la géographie. Cependant les distances ont été généralement indiquées avec soin. L'auteur entre dans des détails assez étendus sur un grand nombre de dé- signations peu connues, et de villes même qu'on chercherait en vain dans nos dictionnaires géographiques les plus complets; il indique souvent la nature du sol et du climat; fait connaître les produits naturels et industriels, le nombre des édifices modernes et d'utilité publique, ainsi que le nom de leurs fondateurs et l’époque de leur construction , les eaux thermales et leurs propriétés cura- tives, les passages dangereux; les abîmes, le cours des torrens, la nature des chemins , les curiosités locales et d’autres renseignemens encore, que l’on n’ob- tient jamais exactement que des écrivains du pays même. Nous regrettons que l’auteur n’ait pas indiqué plus souvent l'orientation; c’est là une des lacunes les plus graves de cet lünéraire. M. Barbié du Bocage , dont la science et la Société de Géographie déplorent la perte récente, a enrichi cette traduction de notes savantes propres à faire connaître le rapport des désignations modernes avec les noms de la géographie ancienne. Ce travail, interrompu par la mort de M. Barbié du Bocage, a été continué par M. Jomard. Nous avons nous-mêmes cru devoir ajouter quelques notes explicatives des termes orientaux peu connus de la généralité des lecteurs, ainsi que des éclaircissemens que l'obscurité du texte turc rendait indispensables. Nous ne nous sommes fait aucun système particulier pour la transcription en caractères Européens des noms Arabes, Persans et Turcs ; l'orthographe que nous avons cru devoir préférer à cet égard , a été, autant que possible, celle de Mouradja d'Ohsson. Quant aux noms des différentes désignations géographi- ques, nous les avons également exprimés avec les caractères de la langue origi- nale. Quelque fois le texte nous a laissé des doutes sur le sens précis de certains passages; dans ce cas , nous avons prévenu, par des notes particulières, que la traduction que nous en donnions était plus ou moins hasardée. N'ayant pris, du livre de Mehemmed-Edib , que la partie purement géogra- phique et descriptive , nous prévenons les lecteurs que ce travail doit être moins considéré comme une traduction littérale que comme un simple extrait de l’ou- vrage auquel il appartient. Lorsqu'il s’agit de contrées où les voyageurs Européens ignorent le plus sou- vent la langue du pays qu’ils parcourent, et où le fanatisme et la cupidité oppo- sent des obstacles presque toujours insurmontables à leurs savantes explorations, on peut penser que les relations des écrivains du pays , toutes imparfaites qu’el- les sont, peuvent encore fournir à la science des données aussi utiles que nou- velles. C’est en considérant ce document inédit, sous ce point de vue, que la Société de Géographie a pensé qu'il était de nature à faire partie du Recueil de ses Mémoires. BrancHI. (83) ST LT ITINÉRAIRE DE CONSTANTINOPLE À LA MECQUE, EXTRAIT DE L'OUVRAGE TURC INTITULÉ : KITAB MENASSIK EL-HADJ = tasalie LS (LIVRE DES PRIÈRES ET DES CÉRÉMONIES RELATIVES AU PÉLERINAGE). DÉPART DE SCUTARI. Pose ou dépositaire du trésor (1), les officiers de sa suite (2), et les pélerins musulmans , en partant de Constantino- ple , effectuent leur passage à Scutari, en différens corps. Sui- vant l'occurrence, ils s'arrêtent quelques jours dans cette dernière ville, et continuent ensuite leur route par Kartal, dans le voisi- nage de Mal-tepè &5JL (x) Le surrè-emini, dont le départ (2) Les saccas-bachis, sous -officiers a lieu tous les ans, le 2 delalune de des janissaires: redjeb, cinq mois avant la fête des sacrifices. Kartal. JL,b Guegbuzè. 5 à 6h. de Scutari, (84) Kartal est un bourg, situé sur le bord de la mer, à trois heures de marche de Scutari, renfermant un grand nombre de maisons 23 heur. de Scutari. et de boutiques , deux djamies (1), un khan (caravanserail) et un bain public. L'air y est doux, les fruits y sont abondans, mais l’eau (potable) y est rare. Celle qui coule devant les djamies est assez légère. De Kartal à Guegbuzè, on passe successivement par le petit village de Pendek &5x, (2), par l’endroit appelé Tchaïri-Soultän Jle Srle (la prairie du Sultan), et après six heures de marche depuis Scutari, on arrive à Guegbuzè. Guegbuzè (3), nommé originairement Guilk-Iazi SES (le trait de plume ou l'écriture de la plume), estune petite ville (cas- saba), à trois heures de marche de Kartal, sur le golfe de Nicomé- die, bâtie sur le penchant d’une élévation éloignée de deux fersekh (parasanges) de la mer (4). (x) Anciennement tous les temples musulmans portaient la dénomination générale de mesdjid 5“ ( lieu d’a- doration ), d’où on a fait dériver les noms de meschita en italien , et celui de mosquée en français. Il s’est depuis établi deux distinctions qu’il est essen- tiel d'indiquer pour ne plus y revenir dans cette traduction. On entend par le mot Djamie er un temple du pre- mier ordre bâti par un sultan ou par un grand personnage , et dans lequel on prie pour le souverain et on célè- bre l'office public des vendredis et des deux Baïrams; tandis que les mesdjids ou mosquées ne sont que des chapelles secondaires ou succursales dans les- quelles on ne peut faire que les prières du jour. (2) D’Anville nomme ce lieu Pan- üki, et il est appelé Pantichium dans les historiens de la Byzantine. (3) D’Anville et d’autres voyageurs et géographes désignent cette ville sous les noms de Guebizè ou Guevizè. D’Anville croit que c’est l’ancienne Lybissa, mais M. Leake en fait l’an- cienne Dacybitza du Bas-Empire. (4) Le passage suivant, extrait d’un des ouvrages de Hadji-Khalfa, donnera une idée générale des mesures géogra- phiques anciennes et modernes , em- ployées par les Turcs : « Suivant les anciens, dit-il, tels que Batlemios (Ptolémée ) et ses adhérens , le degré terrestre est de 22 fersekhs : °p (pa- rasanges ) “9 , la parasange de 3 mil- les Je, le mille de 3000 ziras 2 À le zira de 32 pouces , et le pouce de six grains d'orge de moyenne grosseur pla- cés, dans le sens de leur épaisseur, l'un à côté de l’auire. D’après cette estimation, un degré terrestre est aussi de 66 milles 3. La parasange, esti- (85) Conquise par le sultan Orkhan, cette ville doit à la munificence de Tchoban Moustapha pacha, l’un des vizirs du sultan Soliman, mée en ziras, étant de 9000 ziras, lede- gré terrestre, sur le pied d’une marche modérée, est de trois merhalès de (journée de marche), le merhalè de 8 parasanges , la parasange , sur le pied d'une marche modérée, se par- courant dans une heure de temps, il résulte que l'espace qu'on peut fran- chir ainsi dans une journée est d’envi- ron 24 milles. En mer, quelle que soit, à raison des vents, l'incertitude des trajets , les marins ont reconnu que sur le pied d’une marche modérée on ne pouvait pas faire plus de 60 milles par jour, » Suivant les modernes ( Mutéa- khkherin (y je Lis ), le degré terrestre est de r9 parasanges moins un neuviè- me, ce qui porte ce même degré à 56 milles et 44, le mille est de 4000 zi- ras, le zira de 24 pouces , et le pouce de six grains d'orge de moyenne gros- seur, placés l'un à côté de l’autre, dans le sens de leur épaisseur. On voit, par là, que la différence qui existe entreles anciens et les modernes, est de trois pour le nombre des parasanges (qui composent le degré), et de dix pour celui des milles ; mais cette différence esl plutôt apparente que réelle, puis- que, dans les deux indications, le nom- bre positif des milles ne représente qu'une seule et même chose; seulement le zira , selon les anciens, étant de 32 pouces, et de 24, suivant les moder- nes, ils différent entre eux, à cet égard, de 8 pouces : mais la parasange étant, II. dans le premier cas , de goooziras, et de 12000 ziras dans le second, il ré- sulte que la quantité de milles, dans les deux cas , forme toujours trois pa- rasanges, et que les pouces sont, com- me dans la première estimation, de six grains d'orge de moyenne grosseur. » Il ÿ a aussi des différences dans la manière d'évaluer les menzils dr (sta- ions) etles merhalès, suivant la na- ture de la marche; si cette dernière est lente comme celle d’une caravane ou d’un corps de troupe, le merhalë estap- pelé muutedil J xs fempéré, et le degré se compose de trois merhalès: tel se- rait, par exemple, l’espace parcouru , dans un jour, de Constantinople à Biuk-Tchekmedjè as 255 (Pon- te grande) ; sile merhalè est un peu plus accéléré il est dit mutevesit Lu, moyen, et se compose des deux tiers du degré : tel serait l’espace parcouru , par un cavalier allant au pas alongé, dans un jour , de Constantinople à Si- livri 5) he ; enfin, si la marche était encore plus prompte et qu’ellè se com- posât du degré terrestre entier, le mer- halè serait dit d’un degré : tel serait l'espace parcouru dans un jour, par un voyageur allant de Constantinople à Tchiorlu |). Il résulte de là que le merhelè peut être d'un tiers de de- gré, de deux tiers de degré, et d’un degré entier. » Hadji-Khalfa, Introd. géograph. aux guerres maritimes. 12 ( 86 ) l'élévation d’une djamie , bâtie en pierres , l’établissement d’un collége (medressé) et la fondation d’un‘imareth (x). La djamie renferme des lampes de jaspe, suspendues à la ma- nière des lustres. On y voit un coran écrit en caractères'akoutis (2). Guegbuzè contient en outre d’autres djamies, des marchés nom- ; breux, des boutiques, des bains publics et des carrefours. L'eau y est rare et dé mauvaise qualité. On la tire avec des roues hydrau- liques (dolabs). Chichman-Ibrahim pacha est parvenu, en creu- sant des puits, à la réunir sur un point d’où elle se distribue dans les bains de la ville. Fazl-Ullah pacha et le cheikh Elias y sont enterrés dans des monumens particuliers. Guegbuzè dépend, du liva (3) ou gouvernement militaire. de Kodja-Eli. î Il existe deux chemins de Guegbuzè au Pas-de-Dil js; l’un n’est que d’une demi-heure de marche, maisil est difficile et pier- reux. En venant de Guegbuzè et descendant en face par Dil, on arrive, dans une demi-heure, à un village nommé Hersek. L'espace entre Dil et le côté opposé est de cinq milles. Sur le cheminde Dil, on trouve les endroits appelés Tcheurektchi-Oglou-Tchechmèssi gt beËe m7) Æ) > (la Fontaine de Theurektchi-Oglou ); le Ro- cher Ioumrou , et Touzli-bounar JE > (la Fontaine salée ). On passe au côté opposé sur des bateaux et des maonnes (grosses barques qui vont à la rame et à la voile). Il ne faut pas trop se presser dans ce trajet, de crainte d'accident. On trouve sur le ri- (x) Hotellerie où les enfans des en 1822, à Cochoum dans le Khora- écoles et les étudians vont prendre leurnourriture. (2) Parmi les diverses espèces d'é- critures arabes , celle qui porte le nom de son inventeur Takouti-est de la plus grande dimension : chacune deslettres est d'environ un pouce de hauteur.On peut juger par là quel doit être le vo- lume d’un coran écrit de ce caractère. M. Frazer, voyageur anglais, .a trouvé | san, des feuilles d’un semblable coran très-remarquable. Voy. the Asiatique Journal of London for november 1825, pag. 562. (3) L'empire Ottoman est divisé en vingt-six gouvernemens généraux (éïa- lets JU) composés de centsoixante- trois provinces ougouvernemens mili- taires (livas 9). M. D'Oussox. (87) ; vage en face un vieux khan en ruine. Ce dernier est à trois heures et demie de distance de Guegbuzè , sur le golfe de Nicomédie. Hersek est un petit bourg composé de la djamie de Zaréh-Ahmed pacha, d’un bain public, de quelques maïsons et de boutiques. Le sultan Mehemmed , dit le conquérant , s’en empara en l’an- née 862 (1458) (1). Comme ce bourg est situé au milieu des ma- rais, on le traverse dans l’espace d’une demi-heure, sur une chaussée. Le khan est dû à la munificence du sultan Selim. Ce lieu dépend du liva de Codja-[li. Ici, le Mutesarréf, ou commandant Hérsek. Sp militaire du liva , est dans l’usage de se mettre à la tête de la ca-. ravane des pélerins, et de l’escorter jusqu’à Ak-Chéher. Entre Hersek et fznik, on rencontre un petit village appelé Derbend, habité, en grande partie, par des chrétiens. D’Hersek à Derbend (le défilé), le chemin est difficile. Deux heures avant d'arriver à {znik, on trouve les eaux appelées Kirk-Guetchit OC 55 (3) (les quarante gués), et les lieux nommésMurg tr C Oiseau), 2 Pacha- Tchaïri (la Prairie du Pacha). Iznik ( Nicée ). Cette ville, qui ést à dix heures de Hersek , fut conquise , en l’année 731 (1331) (4), par le sultan Orkhan. On raconie que son premier constructeur fut Sam fils de Noë. Cette cité, florissante et célèbre du temps des Empereurs grecs, est maintenant en ruine. Sous le règne des Césars, on y rassembla trois cent soixante religieux, qui réglèrent les articles dé la Foi Chré- (x) L’année julienne ou grégorienne indiquée sera toujours celle dans la- quelle à commencé l’année turque; quant à la date dont il est question, nous pensons qu'elle doit être anté- riéure au moins d’un siècle. (2), Ce village, appelé aussi Kiz- Derbind, a été observé par M. Browne à 40° 32° de latitude. B. du B. f (3) Kirk-Guetchit (le Dracon); c’est probablement à cause de ses nom- breuses sinuosités que les Turcs lui donnent le nom des quarante gués. Nous remarquerons dans la suite que d'Anville donne ce même nom de Kirk-Guetchit à la rivière de Koremoz qu'il appelle aussi Carasou. (4) Iznik a été observée par M. Browne à 4o° 21° 30” de latit, B. d.B. Derbend (2). ce De Iznik. 5)! à 10 h. de Hersek. Lefke. as) à 11 heur. de Iznik. ( 88 ) tienne (1). Iznik est maintenant une petite ville renfermant des djamies , des khans , des bains publics et des marchés. L'air y est pesant et mal-sain.Sultan Orkhan y a élevé une djamie sur l’empla- cement d’une des églises, et y a fondé un imareth. Cette ville con- tient en outre le tekiè ( couvent de derviches } et la mosquée de feu Echref-Zadeh , ainsi que la tombede ce saint, qui est devenue un lieu de pélerinage. On voit aussi dans cette petite ville, les tombes des princes Kenduzalb , Charah , Kaïè-Ala-Eddin-Assoud et du mollah Khaïali. Iznik possède dans son voisinage un grand lac dont l’eau est fort douce et dans lequel on pêche une espèce de poisson de la grosseur d’un demi-empan , dont on fait sécher une portion que l’on exporte dans les pays voisins. La partie in- . férieure de ce lac confine au village Meklik (2), et se décharge dans la Mer Blanche (la Méditerranée et les mers avec lesquelles elle communique directement). Lefkè est une petite ville, à onze heures de Iznik, renfermant un bain public, un khan, et une mosquée bâtie par Iskender pa- cha. Elle dépend du liva de sultan Euni (3). Sultan Osman s'en empara, en 780 (1378). On y trouve de la soie de première qua- lité. Les chemins environnans sont difficiles. C’est dans le voisi- nage de Lefkè que coule le fleuve Sakariè 4 à. (4). Ce dernier, qui sort des environs de Séïdi-Gazi, se dirige d’abord directement au nord , passe sous un pont au nord d’Eski-Chéher; là il prend. _le nom de Poursouk-Souï 535,4 (5), se joint ensuite à d’au- (r) L'auteur désigne ici le premier ral qui est pacha à deux queues (Mir- concile de Nicée , en 32h. (2) Ge lieu est désigné sur presque ioutes les cartes, sous le nom de Kemlik. {3 L'ancienne Leucæ. Celiva, qui dépend du grand gouvernement ou Eïalet d’Anatolie, a pour chef-lieu Caradjè-Chéhér, et se trouve sous le commandement d’un gouverneur géné- miran ). (4) Le Sangarius. (5) Poursouk signifie blaireau ; c’est aussi le nom d’un vaste désert sablon- neux qu’on trouve au N. de la merd’A- ral et au N.-E. du Sir-Deria, au N- de Bukhara et au N.-O. de Samar- cande,. ( 89) tres rivières, coule à l’orient de Sugut; puis , s’écartant de nou- veau de cette direction, il passe sous les ponts de Khandak et de Guivèh, et se jette enfin dans la Mer-Noire. Le Sakariè est un grand fleuve. Près de ses bords, on trouve la vallée appelée Tchel- teklik- Wadi. Entre Lefkè et Sugut, on rencontre un petit village nommé Vezir-khani, contenant quelques maisons , un bain, un khan et une mosquée, provenant de la munificence de Kupruli- Mehemmed pacha. Le fleuve dont il a été parlé plus haut , coule sous les murs du village, A deux milles de Sugut, onremarque un dôme qui couvre le tom- beau du guerrier Hertogroul-beg, père de sa Hautesse le sultan Os- man, fondateur de la dynastie Ottomane. A la mort d'Hertogroul beg, qui eut lieu en ci, (1288), le sultan ÂAla-Eddin , de la race des Seldjoukides, remit à Osman l’étendard et les queues de che- vaux,et lui désigna Sugut et ses environs pour lieu de résidence (2). Sugut (le Saule) est une petite ville à neuf heures de Lefkè, renfermant des marchés , des carrefours, des bains et des mos- quées. On la nommait, . dans l'origine, Sugutdjik SK (le ; Petit-Saule ) et Sifsaf Mile (mot arabe qui a la même signifi- cation). Le sultan Amurat I s’en empara en 765 (1363). Ce lieu est renommé pour ses raisins confits et ses cufters-soudjouks (pâte faite avec des amandes et du miel). C’est dans cette ville que Jahïa pacha a fait élever un petit monument. Sur la route on voit le cimetière dit des Frères (3). Eski-Chéher (la Vieille-Ville) (4), est une petite ville située dans une vaste plaine , à dix heures de Sugut ; on y fait la prière du vendredi dans deux grandes djamies , dont l’une fut bâtie par Ala-Eddin , et l’autre par Moustapha pacha. Eski-Chéher ren- (1) M: Leake croit que c’est l’an- (3) Cet endroit est désigné, sur la cienne Apgrilium. B. du B: carte de M. Lapie, sous le nom de (2) Ce lieu est regardé, par l’histo- Bech-Kardachler (les cinq frères ). riographe turc Saad-Eddin, comme le () L'ancienne Dorylæum. berceau de la monarchie Ottomane, B. du B. Vezir-khani (1). ss Sugut. La àgh. de Lefkè. Eski-Chèher. ES à 10h. de Sugut. (90 ) ferme en outre d’autres temples du second ordre (r), des mar- chés , des khans et des thermes ou bains d’eau chaude naturelle, Il s’y trouve un petit puits dont l’eau est d’une qualité supérieure, Les melons y sont excellens. Par l’effet de la volonté du Très- haut , cette ville est souvent arrosée de la pluie. Les khans et les marchés sont séparés des autres habitations. Elle dépend du liva de sultan Euni. Ce fut en 687 ( 1288), que sultan Ala - Eddin concéda et transmit , en vertu d’un diplôme, l'autorité de: cette . ville à sultan Osman. Les tombes vénérées du cheikh Zadè-Bali et de Chahab-Eddin-Chehrwerdi, y sont devenues des lieux de pé- lerinage. La rivière Poursouk coule dans ses environs. Entre cette dernière et la ville, à trois heures de distance, se trouve un village appelé Ak-viran ,\»,(51 (les ruines blanches). Au sud d’Eski- Chéher est Seïd-Gazi ; au nord, Keuïnik LS, et Sugut; et au nord-ouest(2), In-Euni _£.\,.,i: Les pélerins s’arrêtent un jour à Eski-chéher y payent les journées des muletiers, celles des Yk- kams (3), et distribuent des bakhchiches (4). Scd-Gai. Seïd-Gazi (le prince guerrier) (5), àneuf heures de Eski-chéher, Cle se est un édifice vaste et considérable, recouvert en plomb, sur une à 9 heures de Eski- élévation formant le tombeau du guerrier Battal-Aboul-Hassan- sonne Abd-Oullah-el-Antaki, situé près de la ville et non loin d’un khan bâti sur la grande route. Ce bâtiment fut élevé par la mère du sul- tan Ala-Eddin le Seldjoukide ; elle même y est enterrée. Dansles environs, se trouvent d’autres fabriques qui servent de tombeaux à quelques seigneurs qui étaient fils de Mikhal. On rencontre un peu plus loin , une djamie couverte en plomb , des cellules , un medressè ( collège ), des lieux d’hospitalité pour les voyageurs , et un bain public, monumens de la munificence du sultan Sélim. (x) Foy. la note ci-dessus, pag. 84. (4) Don supposé volontaire , .es- (2) J'ai cru devoir rectifier ici quel- pèce de pour-boire réclamé aussi sou- ques erreurs d'orientation trop évi- Venten Orient qu'en Europe. dentes.- (5) M. Leake croit que c'est l'an- (3) Mercenaires chargés d'attacher cienne:Santabaris. B. du B: les bagages et les bêtes de charge. (91) Des derviches Bektachis occupent les cellules et le tombeau. Sur un terrein uni de celte ville (x), on trouve dé nombreuses sources d’eau chaude naturelle , au -dessus-desquelles on a construit une voûte «et un lieu pour se deshabiller. Il y a deux baïns particuliers, l’un:pour les hommes, et l’autre pour les femmes. A l'extrémité des jardins de Eski-chéher,:et dans! un lieu situé à dix heures de distance du territoire de la ville , on voit une autre source d’eau chaude naturelle. On recueille, à sa surface, une substance grasse qui s’y forme ; et quelquefois on retire une ou deux tasses de cette matière, qui ressemble à de l'huile bouillie. Seïd- Gazi dépend du liva de sultan-Euni. Entre cette petite ville et Khosrew-Pacha, on trouve un village nommé Bardakli, compo- sé de quelques maisons, d’un khan et de boutiques. Non loin de ce dernier, existe un endroit appelé Karlapa-Bogazi L5js 440 (le détroit ou la gorge de Karlapa). Khosrew-Pacha, à o heures de Seïd-Gazi, nommé également Jeni-Khan, ls $ (le Nouveau-Khan), est un petit bourg com- posé de plusieurs khans, de -deux djamies, dont l’une est une an- cienne église ; d’un bain , de quelques maïsons, et de mar- chés.-On y fabrique de beaux tapis. L’air y est pur. Entre Kho- srew-Pacha et Boulavadin, il existe un petit village nommé Biät Ll; (3) composé de quelques maisons, et dont un ruisseau arrose:les murs. De ce dernier à Boulavadin, on rencontre un passage difficile et dangereux désigné sous le nom de Inler si (les Cavernes ). 54 Boulavadin , à douze heures de Khosrew-Pacha, est une pe- (x) Nous voyons par le mot de Cas- (3) M. Leake pense que c’est l'an- saba,. dont l’auteur se sert, pour la cien Beudos. B. du B. première fois, en désignant la réunion. (4) D'Anville est d'avis que c’est de tous ces édifices, qu’elle formeune Vancienne Dinie, mais M. Leake peuteille. pense que c’est l’ancien Polybotum. - (2) M. Leake croit que c’est l’an- B. du B. cienne Prymnesia. B.duB. Bardakli. 5,L Kosrew-Pacha (2). EL sus à 6h. de Seïd-Gazi, Boulavadin (4). DO à 12 h. de Kosrewy— Pacha. Ishacli. le à 8h. de Boulayadin. Ak-Chéher (1). Dee) à 8 heur. de Ishacli. Cr921) tite ville composée de quelques maisons , de marchés , de bains publics , de khans et de trois djamies, dont la première porte le nom de Sinan Pacha-Djamissi, la seconde celui de Cheïkh-Dja- missi , et la troisième celui de Hadji-Effendi-Djamissi. On voit à Boulavadin un grand pont de 540 pas de longueur , bâti par sultan Sélim. Cette jolie petite ville dépend du Liva de Kara- Hissar, elle abonde en melons délicieux et autres productions recherchées. Des colonnes de pierres élévées sur la route, indi- quent les limites des Sandjaks de Konia et de Kutahïa. Ishacli, à huit heures de Boulavadin , est une petite ville sur la grande route, renfermant une djamie, un baïn et un khan, bâtis par le sultan Ala-Eddin , des maisons nombreuses, des vi- gnes, des jardins et des eaux courantes. L'air y est pur et les fruits abondans. Ishacli dépend du liva de Ak-Chéher ; on y trouve une fontaine appelée ïagli-bounar J& L (la source huileuse). Ak-Chéher (la Ville-Blanche) , à huit heures de Ishacli, pe- tite ville composée de marchés, de rues nombreuses , de khans, de djamies, et entouree de vignes, de jardins et d’eaux courantes. Les djamies y sont au nombre de trois : celle du sultan Soliman, celle du sultan Ala-Eddin, et celle de Hassan-Pacha. Il y existe cinq bains publics. L'endroit qui porte le nom de Buiuk-Tekie , (le Grand-Couvent), offre une promenade incomparable : on y voit plusieurs écluses au milieu de vertes prairies, coupées par des canaux, d’où s'écoulent des eaux nombreuses. Les derviches du couvent, qui sont Mewlevites (2), y suivent les pratiques de leur ordre. Le sultan Mehemmed s’empara de cette ville en 817, (1414). Les cendres de Khodjah-nassreddin (3) et celles de plu- @:) D’Anville croit que c’est l’an- cienne Aviochia ad Pisidiam, et M. : Leake l'ancienne Jullæ ou Juliopolis. B. du B. (2) Le fondateur de cet ordre de derviches est Djelal-Eddin-Mewlana Roumi, surnommé Molla Hunkiar , mort à Conïa en 672 (1273-74). (3) Nassereddin-Khodjah, person- nage dont la célébrité est devenue po- pulaire chez les Turcs par l'originalité de son caractère, de ses bouffonneries (93) sicurs personnages cèlébres ysontdéposées. Entre autrestombeaux, ceux de Nimet-Oullah, Weli-Ul Nedjwani , d'Hakhi Ouran, et de Kurd-Emir, sont devenus des lieux de pélerinage. Un roi qui passa par cette ville, en remarquant la quantité prodigieuse de fleurs blanches qui l’environnaient , crut devoir la désigner sous le nom d'Ak-Chéher, (la ville blanche); dénomination qu'elle a conservée depuis. Elle doit à la pureté de l'air qu’on y respire, la possession d’un château que le sultan Amurat y fit construire, lorsqu'il se rendait à Bagdad. Ak-Chéher estle chef-lieu même du liva de ce nom; on trouve dans ses environs un lac très- poissonneux. Entre Ak-Chéher et Ilguin, il existe un petit village, composé de quelques maisons, et que l’on appelle Erkad- Erkad-khani. khani. Les Ilguin , à neuf heures de Ak-Chéher, est une petite ville qui se Higuin. (1). compose de carrefours , de quelques marchés, du khan de Rous- ur) tem-Pacha , du bain public dit Tchiftè - Hammami, bâti par leàAgh.de Ak-Chéher: sultan Gaïas-Eddin, de deux djamies ; l’une de feu Moustapha Pacha, et l’autre, qui est une ancienne église, porte le nom de Dorgoud-Beg (2). [lguin dépend du liva de Ak-Chéher. L'air pen- dant l'été y est très lourd. A un mille de la ville , on trouve une source d'eau chaude naturelle, dont l'efficacité est de guérir la paralysie et la lèpre. A l'entrée d’Ilguin, on voit un grand lac dont l’eau est très-douce, et dans lequel on pêche diverses sortes de poissons. Là se voit aussi la fontaine de l’infortuné Ibrahim Pacha, et sur le chemin Cadin-Khani ( le khan de la sultane), ainsi qu’un autre petit village composé de quelques maisons, et que l’on appelle Arslan-Keuï (le village des Lions). On pense générale- Arslan-Keuï. ment que ce nom lui vient des figures en pierres , de cet animal, SS gl - et de ses réparties quelque fois spiri- | (x) MM. d'Anville et Leake croient telles, mais le plussouventobscèneset que c’est l'ancien Philomelium. de mauvais goût. Nassreddin-Khodjah B.duB. naquit à Sivri-Hissar Les LG)5= ) (2) Officier renommé de la marine près d’Angora . Gitomane, tué à Malte en 960 (1552). II. 13 Ladik (1). ER àroh. de Iguin, Konië (2). LS à 11 heur.de Ladik. (94 ) qu'il y avait de distance en distance. Ontrouve aussi sur cette route , deux endroits appelés Balkam-Souï (l’eau de Balkam), et Baliche-Keuprussy (le pont de Baliche. ) Ladik , à dix heures d’Ilguin , nommé également Lazekièr- Karman ,L$ SN (Lazekiè de Caramanie }, Iorgan 5$+, et Saïd-Ili Lix2., est une petite justice municipale ( caza Le ) composée de marchés , de bains publics ; de Kkhans et de djamies. L'air y est pesant. On voit dans ce lieu une source dont l’eau est très-froide. Le premier siihtar (porte-épée) du sultan Murad y a fait construire une fontaine ainsi qu’un khan que l’on nomme Dokouzli. À une heure de distance, dans la montagne, on trouve une autre source appelée Donli -bounar (la fontaine glacée); dont l’eau est très-douce. Ladik dépend du liva de Koniè et est situé sur le bord de la petite rivière appelée Zin- gui-souï LEre, —e > Koniè ( Iconium), à onze heures de Ladik, lieu entouré d’eaux courantes , de vignes, de jardins, et d’un endroit appelé Siri-Me- ram, de : (le contentement des desirs ). On trouve dans ce der- nier un joli bain, orné d’un jet d’eau qui s'élève à une hauteur prodigieuse, et au sujet duquel on a composé le distique turc suivant : “15 mot aid, See he ss SKyho ER yS ae « Son jet élancé atteint la voûte éternelle : entre dans le bain de Meram, » 6 loi qui veux aller en paradis! » 4 Koniè est une grande ville renfermant de beaux marchés, des car- refours, des bains publics et desdjamies. Une haute muraille y a été (x) L'ancienne Laodicea Combusta. observé par Niebuhr à 37° b2’dela- B. du B. titude. B. du B. (2) L'ancien Iconium. Koniè a été (95) élevée , et percée de douze portes, en 619 (1222), sous le règne d’'Ala-Eddin , fils de Kaïcobad , fils de Gaïas-Eddin , fils de Kaï- Khosrew le Seldjoukide , et aux frais de Kilidj-Arslan. Cette mu- raille est maintenant en ruine. En decà, est une djamie du susdit Ala-Eddin, où ce prince est enterré. Koniè possède en outre six baïns publics, dont quatre en dedans de la muraille, et deux en dehors. Cette ville, qui est le chef-lieu même du liva de ce nom, fut conquise dans la 85° année de l’hégire (704). Originairement le siège du gouvernement des anciens Grecs, elle retomba, après _ la première conquête, au pouvoir des Césars, fut délivrée de nouveau en 681 (1282) (1), par Davoud , fils de Suleéiman-Katou- mouch, et enfin enlevée à Karaman-Oglou en 794 (1392), par Iiderim-Baïazid (2), époque où elle a fait définitivement partie de l'empire Ottoman. Ce lieu produit des abricots de l’espèce recherchée , appelée Fakhr-Eddin (3), ainsi que la fleurnommée Debbag-Tchitchegui, (fleur des Corroyeurs), qui sert particulièrement à la teinture des cuirs. On visite, à Koniè , les tombes de plusieurs personnages . célèbres, entre autres celles de Mewlana-Dijelal-Eddin-Roumi, du sultan Veled-Cheïikh-Kerim-Eddin, de Seïd-Burhan-Eddin , et de \ Tchelebi-Hassan-Eddin. Un coffre qui se trouve dans labibliothè- que de Sadre-Eddin , et qui renferme le froc de derviche d’Ab- dulkadir-Guilani, y estégalement l’objet du respect religieux ; mais c’est surtout la tombe de Mewlana-Djelal-Eddin (4) qui inspire la plus profonde vénération. En face , et dans un endroit retiré les derviches Mewlevites s’acquittent le vendredi des pratiques instituées par leur fondateur. Le tombeau de Mewlana est dû à la munificence et à la piété de Guedik-Ahmed-Pacha. Dans le voisi- (x) Nous pensons qu'il y a ici er- (3) Abricot-pêche, Malum Armenia- reur et qu’on devrait lire la date de cum maÿus. 1065 de J.-C. (4) Fondateur de l’ordre des Der- (2) Bajazet Ie, surnommé Ilderim viches Mewlevites, 7. lanote, p. 96. Éclair, Tsmil (1). el à 12 h. de Konie. (96) nage de ce monument, se trouve une djamie à deux minarets ; bâtie par sultan Sélim. Mewlana-Djelal-Eddin-Roumi , naquit à Balkh, vécut 68 ans, ctmourut en l’année 662 de l’hégire (1264). Les eaux de Koniè, qui proviennent d’un montagne voisine, se dis- tribuent dans la ville, en passant àtravers 300 conduits. Les diverses branches des ruisseaux qui coulent au milieu des vignes et des jar- dins, forment, en descendant, un lac quiest lui-même entouré de montagnes. Les pélerins s'arrêtent un jour à Koniè, y paient les muletiers, et distribuent des bakhchiches. Ismil nommé autrement Kerdè-Beli r: 53,5, à douze heures de Koniè , est une très-petite ville située sur la grande route, renfermant des marchés , des khans et des djamies. Elle dépend du liva de Koniè. Ses habitans font beaucoup d’accueil aux pe- lerins de la caravane. La rareté de l’eau provient de ce qu'il n’y en a pas d’autre que celle qu’on retire des puits. On trouve en partant de Koniè, deux chemins, l’un est celui d’fsmil , et l’au- tre celui du village de Kudji Æ . Comme le premier est diffi- cile ,.on préfère le plus souvent celui de Kudji en allant à Kara- Bounar. Les eaux qui se trouvent abondamment répandues sur la route d’Ismil, en rendent le trajet des plus fatigans, cela n’empêche pas les Pelcrins de suivre cette route de préférence. Il existe entre Ismil et Kara-Bounar , un endroit connu et pénible à franchir, appelé Ilki Bouroun UV ch: ce lieu est dangereux etsablonneux. -Depuis Koniè jusqu’à Erekli, la route n'offre qu’une plaine. C’est dans cette dernière qu'est située Ismil. Lors des inonda- üons, la plaine entière est submergée , et si dans le même temps le lac de Koniè vient également à se déborder, tout le liva d’Ismil ressemble alors à une vaste mer. On assure qu'autrefois la plaine de Koniè n’était autre chose que la mer elle-même. En face d’Ismil sont les montagnes appelées Fudul-Baba-Dagleri sel LL), (1) D’Anville croit que c’est l’ancienne Psibela. B. du B. ( 97 ) ( les montagnes de Fudoul-Baba, qui tirent leur nom d’un per- sonnage fabuleux }; elles sont entièrement dépourvues d’arbres et offrent à leur sommet un bassin dont l’eau ne diminue ni n’augmente et qui sert à désaltérer les animaux. Kara-Bounar (la source noire ), à neuf heures d’Ismil , est Kara-Bounar (1), une petite ville renfermant des eaux d’une grande pureté, des na #5 maisons nombreuses , des bains, un Imareth, et une Djamie en à 9 heures d'Ismil pierres à deux minarets, bâtie par sultan Suleïman. Kara-Bou- nar était, avant Koniè , la capitale du sultan Ala-Eddin; elle fut conquise en 862 (1457), sous le règne du sultan Mehemmed. Il s’y fabrique des chaussons de laine de première qualité. Elle possède une petite forteresse , et dépend du liva de Koniè. On trouve en partant de Kara-Bounar , à gauche du chemin et à en- viron à trois milles de distance de cette ville , une saline qui fournit de sel tout le canton. Dans les environs à droite de la route , est un passage dangereux appelé Coum-Bournou LS)3 85 (le promontoire de sable ) (2); il s’y trouve un réservoir destiné aux besoins des voyageurs. À droite de Coum-Bournou, on ren- contre un abime. | Erekli, à douze heures de Kara-Bounar ; son ancien nom est Erekli (3). Erekli de Caramanie. On est ici à moitié chemin de la route des 2 | pélerins (de Constantinople à Damas). Erekli est une petite ville à 12 heur. de Kara- dans laquelle se trouvent des djamies , des mosquées et vingt- ESP deux quartiers. Caraman-Oglou Ibrahim -Beg et Chehab-Ed- dine , y ont fait construire chacun une djamie. Le dernier est enterré dans celle qui porte son nom. Cette ville renferme en outre plusieurs khans, deux bains publics, des marchés et des eaux nombreuses. Celles qui coulent dans ses environs ont une (1) M. Leake croit que c'est l’an- lement le nom de Guiden guelmez, cienne Barate (Bzpérr). B.du B. mots turcs qui signifient: « celui qui (2) M. de Nerciat, qui a parcouru Y Ya n'en revient plus. » ce canton, croit se rappeler que l'en- (3) D’Anville croit que c’est l’an- droit dont il est ici question porte éga- cienne Archelais ; mais M. Leake ( 98 ) vertu pétrifiante , et l’on met en œuvre les pierres qui en résul- tent, Les murailles qui jadis entouraient la ville , étaient de terre : elles ont été entièrement reconstruites. Le territoire d'Erekli ; produit une grande variété de fruits. Il est reconnu qu'il y existe quatre-vingi-dix espèces différentes de poires. Aboul-Feth sultan Mehemmed, (dit le père de la Victoire) (1) $’en empara en 862 (1457). On y voit aussi la djamie de Kilidj Arslan , surnommée - l'ancienne djamie. Cette ville dépend du liva de Koniè ; ses eaux Olou-Kichla. Vis à 9 heur. d'Erekli. Tchefteh-Khan. yes dès à 9 heur. de Oulou- Kichla. jaillissent du pied d’une montagne appelée Erdoust =... Dès l'instant que ces dernières diminuent à leur source, le trajet devant la ville devient impraticable. Dès le temps du khalife Eumer-el-Fa- rouk.(2) (Omar), Erekli fut, du consentement même de ses habi- tans, transformée en Vakf ou fondation pieuse des deux villes sa- crées, la Mecque et Médine. On y voit un pont qui porte le nom de Tchavouche Keuprussi. Les pélerins s'arrêtent ordinairement un jour dans cet endroit, et y paient les journées des muletiers, sans être toutefois tenus de leur donner dés bakhchiches. “Olou-Kichla ( la: grande résidence d’hiver }, à neuf heures d’Erekli, est un gros village composé d’une djamie , de: deux khans, de boutiques et de maisons nombreuses. Il dépend du liva d’'Adana. On remarque dans ce lieu le khan de Meliemmed pacba , et sur la routé un endroit appelé Kiafir-Sindi (3), ainsi que la forteresse nommée Guelik, située sur le sommet d’une montagne. Cette place fut prise, ‘en 872 ( 1467—68), sous le règne du sultan Aboul-Feth Mehemmed Khan: Tchefteh-Khan à neuf heures d'Olou-Kichla. Ce lieu renferme deux khans et dépend du liva d'Adana. Il existe dans son voisi- nage une source d’eau chaude naturelle. He chemin est pierreux et difficile. On trouve ici un endroit escarpé appelé Sandikli pense que c'est l’ancienne Archalla. (2) Elfarouq (5 ) ; celui qui est Erekli a été observé par Niebubr à. doué d’un grand discernement pour 27° 30’ de latitude. B. du B. distinguer le bien du mal. (1) Mahomet II, : (3) Ges mots, qui signifient en turc (99 ) > dont une rivière arrose les murs. Dans les environs, les défilés des montagnes offrent quelques villages d’où l’on apporte du pain léger et du beurre frais que l’on vend aux pélerins. On y voit aussi une jolie résidence d'été, appelée Tekirli où Tanrili- ïaïlak (5). e: à à laquelle on ne parvient qu'après avoir passé deux ponts. En partant de Tchefteh-Khan , pour se rendre au ïaïlak de Ramazan-Oglou, et en passant les eaux du Kirk-guetchit ( les quarante trajets ) sur un pont de pierres; on arrive à la fon- taine dite Cheker-Bounar J& , Source renommée et dont le nom indique la douceur de ses eaux qui jaillisent du pied d’une montagne. À une demi-journée de marche de Tchefteh-Khan, le Kirk-guetchit se grossit, passe sous le pont blanc Ak-Keupru , et va joindre ses eaux à celles de la rivière nommée Karasou 55 (la rivière noire) (r).C'’est après avoir traversé Le pont dont nous venons de parler, que l’on descend au ïaïlak de Ramazan-Oglou. De Tchefteh-Khan jusqu’à Tchakid , le pays ne présente qu’une suite de montagnes et de forêts. ‘Isïlak de Ramazan - -Oglou, à neuf lieues de Tchefteh - faïlak de Ramazan- Khan, se compose d’un khan et des maisons d'été des habi- SU tans d'Adana, qui y séjournent avec leurs familles , mais c’est el Ye) surtout durant la saison. du printems que ce lieu est agréable et SX fréquenté. L'air y est excellent. Ce Iaïlak dépend du liva d'A-à9h: de Tchafteh- dana. À droite du chemin et sur le sommet de la montagne, se trouve la forteresse de Doulek 29.5 ; et non loin de là, la gorge linfidèle a été défait, rappellent probat donc être la même que celle dont il blement quelque avantage remporté est ici question ; néanmoins il est dit dans ce lieu sur les Chrétiens. que cetie dernière va joindre ses eaux (:) Suivant la carie de D’An- à celles du Kara-sou. Sans doute cette ville, la rivière de Kirk-Guetchit est rivière de Kara-sou est encore diffé- la même que celle appelée Koremoz | rente de celle qui passe à Kaisariè et Carasou, et elle prend sa source cette ville devant être éloignée d'envi- près de Kaisariè, l’ancienne Césa- ron trenle lieues de Tchefteh-Khan. rée de Cappadoce, pour se jeter B. du B, dans l'Euphrate. Cette rivière ne peut Tchaked. sil à 11 h. du laïlak de Ramazan-Oeglou. Adana (2). G5f a 9 h. de Tchaked. ( 100 ) qui porte le même nom (1). Il existe aussi dans ces montagnes plusieurs cavernes, ainsi que des mines d’or, d'argent et de cuivre. Divers khans ont été bâtis dans les intervalles qui sépa- rent ces dernières. On y trouve deux endroits appelés Sultan- Khani 5, (LL. et Sari-Achik (it cle. C'est par ces derniers que la caravane passe en hiver pour se rendre à Tchaked, en été elle se dirige par Derbend. Tchaked est un khan, à onze heures du Iaïlak de Ramazan Oglou , au pied duquel coule la rivière du même nom. On y voit deux autres khans, pes , l’un Tchaouch-Khani 51 le et l'autre Kiz-Olouk | %,):1;5. L'eau de ce dernier est très-froide. Sur les sommets des ea) on aperçoit les ruines de plusieurs châteaux. Des villages qui sont dans les environs, on apporte des com- mestibles et diverses sortes de fruits, que l’on vend aux péle- rins. Les chemins sont difficiles. On voit encore ici un khan bâti par Baïram pacha. Deux routes conduisent de Tchaked à Adana, l’une est appelée Karga-Kesmes se &p(l Inaccessible aux Corneilles) ; et l’autre It-ïelmez ; j 331 (l'Impraticable aux Chiens ). On ne parvient à Adana qu'après avoir franchi la moni- tagne. En suivant le premier chemin, on évite le trajet de la ri- vière de Tchaked ; tandis que par le second, on la traverse près du khan qui porte le même nom pour arriver à Adana, mais dans ce cas on se trouve dans la nécessité de passer l’eau plu- sieurs fois. ; Adana, appelée originairement Ardena Ls,|, à neuf heures de Tchaked , chef-lieu d’un Eïalet (gouvernement-général), demeure ordinaire d'un pacha à deux queues, possède un château. La cons- truction de cette ville, commencée par le khalife Rachid, fut ter- minée , après la mort de ce dernier, par son fils Mehemmed. Le () Cette gorge ou Derbend était (2) L'ancienne Adana. Adana a été appelé autrefois Ciliciæ - Pyle. observée par Niebuhr à 36° 59° de la- B. du B. itude. :: B. du B, (1or ) fleuve Sihan JE > qui est le Kizil-Ermak (x), coule sous ses murs. Adana est une grande justice municipale (caza Le), ren- fermant un medressè (collége) et une djamie, bâtie par Piri pacha, ainsi que d’autres temples, des bains publics et de beaux marchés. Elle est le chef-lieu même du liva de ce nom, et fut conquise, en 8gr (1486), sous le règne du sultan Baïazid. On y remarque entre autre une jolie djamie, bâtie par Ramazan-Oglou , dont l’archi- tecture est décorée de briques émaillées (2). Piri pacha , qui était de la famille des Ramazan - Oglou, a rebâti la forteresse et cons- truit un bain public. L’excessive pesanteur de l'air qu’on respire dans cette ville oblige la plupart des habitans à passer l'été dans les iaïlaks. On a élevé sur le Sihan un grand pont avec deux en- trées, où des receveurs perçoivent un droit imposé aux marchands. Des moulins construits avec art garnissent les bords du fleuve. Le Sihan =, qui sort de la montagne de Kormouz 3e , dans le voisinage de Kaïsariè 4,25 (Césarée), coule d'abord sous les murs de cette ville , et passe ensuite devant Tcha- ked; là, il prend le nom de rivière de Tchaked 2.2 le ; passant peu après par Aïas prb! , il se mêle aux eaux du Djihan 1e (3) et va se jeter dans la mer de Roum ou la mer Blanche, entre (x) Ce Kizil-Ermak, appelé aussi Sihan , et qui est le Sarus des anciens { Por. Procope, De Ædif., lib. v, cap. 5; Xenohon; Anabas, lib. 1, cap. 4; Tite-Live, lib. XxxXHII, cap. ki. ), na rien de commun avec le Kizil-Ermak ou Halys qui se jette dansla Mer-Noire ou le Pont-Euxin. B. du B. (2) M. de Nerciat qui a vu plusieurs de ces temples, assure que l'es couleurs dominantes de ces briques émaillées sont le bleu lapis, le jaune, le noir, et qu’elles sont souvent chargées de lettres dont l’arrangement, qu'on peut mo- IT, difier à volonté, forme des inscrip- tions. (3) On craint qu'il n’y ait ici mé- prise parce quele Sihan ne passe pas par Aïas du bord de la mer, mais il pourrait y avoir un autre Aïas dans les terres; et si Je Sihan et le Djihan mélent leurs eaux, ce ne peut être qu’au-dessus d'Adana: car à partir de cette ville, ils prennent chacun une direction contraire pour se jeter à la mer. Il est vrai aussi de dire que le Djihan ou Pyramus a changé de cours. B. du B. 14 2 UE à6h,. de Adana. Messis (1). t (TOM) Afas et Tersous. Les pélerins s'arrêtent un jour à Adana , y paient les journées des muletiers et distribuent des bakhchiches. Messis, à six heures d’Adana, sur le Djihan, se compose de deux forteresses , situées l’une en face de l’autre; la première est appelée Kufr-Bina Ls ,9 (Fabrique des Infidèles), et la seconde xaves Messissè. On a élevé un pont en pierre sur la rivière qui ONE entre ces deux forteresses. À l’une des extrémités du pont, du côté d’Adana , il existe un collége tombé en ruine. Suivant la renommée, ce lieu est celui des sept stations. On voit en face un autre fort, ainsi qu’une djamie , un khan et les maïsons des soldats de la garnison. On dit que ce lieu renferme les tombes vénérées de cinq prophètes. | Messis est le chef-lieu même du liva de ce nom. Elle fut con- quise en l’année 84 de l’hégire (703). Il existe, dans son voisinage, une montagne appelée Djebel-Elnour , SJ (la montagne de la lumière), dans laquelle on trouve de belles hyacinthes , diverses autres sortes de fleurs et de la mandragore de la plus belle espèce. Cette montagne s'étend depuis Messis jusqu’à la mer. Le nom du fleuve Djihan ,\=#, prononcé par le peuple se change en celui de Djihan-Souïi 4° 4e (la Rivière du Monde ). Cette dernière prend sa source à Elbestan 1, et se joint ensuite au Sihan Yls+ (2). On perçoit également ici un droit sur les marchands. Entre Messis ét Kourd-Koulak, il existe, surla droite de la grande- route, un vieux château ruiné , appelé Chah - Meran Uri, que l'on dit être rempli de serpens et que l’on aperçoit de la route. Sur ce même chemin, en entrant dans la vallée, on découvre un espace immense dont la vue ne peut atteindre le terme. C’est des (x) L'ancienne Mopsuestia. et ne fait point communiquer ceite B. du B. rivière avec le Djihoun. Toutes deux, (2) Ici notre auteur ne s'accorde sur sa carte, coulent presque parallè-= nullement avec d'Anville. Ce géogra- lement jusqu’à la mer où elles ont des phe place El-Bestan, ou suivant lui embouchures différentes. El-Boustan, aux sources du Seihoun ( 103 ) villages de cette vallée que l’on apporte du lait, du pain et autres comestibles , que l’on vend aux pélerins. Ce chemin offre une pente assez difficile. Dans le voisinage de ce château et en des- cendant une élévation, on arrive dans la vallée appelée Tchokour- Ova .l,.5s (la Vallée de la Fosse) ; c’est une vaste plaine, et la demeure ordinaire des Turcomans. Ces lieux, du reste assez dan- gereux , produisent de bons chevaux et des tapis recherchés (x). On prétend que le sage Locman (2), en parcourant lesmontagnes des environs , y découvrit un nombre considérable de médica-, mens précieux. Kourd-Koulak (l’Oreille du Loup), à neuf heures de Messis , est un grand khan renfermant le logement d’un aga et les mai- sons des soldats ou gardiens. Ce lieu dépend du liva de Messis. L'air en été y est pesant. On y voit en outre le khan de Baïram pacha. Le chemin est sablonneux. Entre Kourd-Koulak et Païas sont situés les lieux appelés Timour-Kapou 5) 3#Ÿ (le pont de Ta- merlan) (4), Bournaz-Keuprissi es SL >> (la por:e de l’homme au grand nez), et sur le bord de la mer, Uzir ;;° (Esdras), appelé autrement Matakh ££. Timour-Kapou est une voûte bâtie en pierre, sous laquelle on passe. Le chemin qui y conduit est un peu boisé et dangereux. On fait également payer ici un droit aux marchands. Païas, à onze heures de Kourd-Koulak , est une petite ville (x) Je passe ici une fable des plus dont la conformité avec celles d'Eso- absurdes sur le prophète Daniel et l'ange Gabriel. (2) Personnage célèbre chez les Arabes, et sur la naissance duquel les historiens orientaux ne s'accordent pas. On croit cependant qu'il était es- clave Ethiopien et contemporain de David. On lui attribue un grand nom- bre de sentences et d’apologues qui expriment la plus haute sagesse et pe a fait croire longtemps à l'identité des deux personnages. (3) L'ancien T'ardequeia, suivant d’Anville. B. du B. (4) Ou Demir-Kapou ( la porte de fer), les Amanicæ Pylæ suivant M. Leake. B. du B. (5) D’Anville croit que c’est l’an- cienne Baïæ. B. duB. Kourd-Koulak (3). CET, à 9h. de Messis, Païas (5), ve à 11 heur. de Kourd= Kalouk. Beïlan (3). J® à 9 heur. de Païas. (104 ) située sur le bord de la mer, renfermant des djamies, des khäris ét des marchés bâtis en pierres. Au milieu de l’un de ces derniers, se trouvent deux grands khans, situés l’un en face de l’autre, et à l'issue de la rue, un bain et un château. L'air est ici très-pesant. Païas abonde en oranges, citrons, grenades , raisins et diverses autres espèces de fruits. Des marchés bâtis en pierres, des khans et une djamie ont été construits par Sakouli-Mehemmed pacha connu sous le nom d’Ibrahim-Khan-Zadeh, l’un des vesirs du sultan Su- léïman. Le liva de ce lieu est Messis, qui dépend d’Alep en Syrie. Entre Païas et Béïlan, il existe , sur le bord de la mer un endroit appelé Sakal-Toutan, Ybbylie où l’on voit un château en ruine. Le chemin en est difficile et pénible. On trouve sur le som- met de la montagne, un autre fort, appelé Merkez ÿ$;: (le centre) , auquel on n'arrive qu'après avoir passé le défilé de Ba- gras-Beli Lex (1); il y a ici une garde particulière. On voit dans.ce défilé un joli village appelé Ilik =: près de la sainte ville de la Mecque. Le fleuve Assi L ,$ se nomme également Nehr-OrentL; | ,5 (Oronte) et Magh- loub x ;ÿ (le subjugué); le nom d’Assi Lgel (le rebelle), donné à ce fleuve , lui vient de la nécessité où l’on s’est trouvé, pour ali- menter d’eau cértains endroits, de la faire monter à l’aide dé machines préparées à cet effet. I'Assi, qui prend sa source dans une caverne , au village de Ras (.\, , entre Hams > et Baalbek S<$s, coule d’abord, par l’ouest, dansle lac de Couds DES (a), passe sous un pont, dans les directions de Hams et de Hama, se jette, par Chigour ;;22 (2), dans le lac d'Ifamiè JS) (3), ressort de ce dernier en passant par Derkiouch | :3$,5 et Djesre- Hadid 552, (le Pont de fer ), tourne à l’ouest devant Anta- kiè et se jette enfin, à Suediè »#.w …, dans la mer de Roum ou la mer Blanche (la Méditerranée ). L’Assi, réunissant dans son cours les rivières de Menia xx 5, d’Afrin »,£ et de Bagraki 54% 78 (4) , devient lui-même un fleuve des plus considérables. Plusieurs endroits, comme nous l’avons déjà dit , sont alimentés d’eau à l’aide de machines hydrauliques. On assure que c'est d’An- avaient établi leurs haras et l’école de leur cavalerie. Le terrain environ- nant abondaït en pâturages et nouris- sait jusqu’à trente mille cavales, trois cents étalons et cinq cents éléphans. (x) C'est le même que d'Anville nomine Bahr-al-Kades ou lac saint. (2) D’Anville écrit Shizar. B. du B. (3) La ville d’où ce lactire son nom était jadis, sous celui d'Apamée, l'une des plus célèbres de ces cantons. C’é- tait là, dit Strabon, que les Seleucides (4) D'’Anville n'indique exactement aucune dé ces rivières. (107) takiè que Jésus-Christ monta au ciel. Les pélerins s'arrêtent un jour dans cette ville, y paient les journées des muletiers etles Ykkiams. Zembakiè, désigné également sous lenomdeNamiè 420 (1), est Zembakie. à sept heures d’Antakiè. Il n°y à dans ce lieu qu'un khan; mais les 33; environs offrent beaucoup de villages d’où l’on apporte des vivres à 7h. d'Antakis. que l’on vend aux pélerins. Le fleuve Assi coule également dans cet endroit, qui abonde en olives et en figues excellentes. Chegour , nommé autrement Chizer ,;4, à douze heures de Ehegour (2). Zembakiè , sur l'Assi On y voit un grand pont bâti en je pierre. Ce lieu est une petite ville renfermant des djamies, des 12h. de Zembakie. khans, des bains publics, des carrefours et des marchés nombreux, ainsi qu’un château dans son voisinage. Parmi les djamies de cette ville, on remarque celle de Mehemméd aga, l’un des officiers de la maison du sultan , et une seconde ainsi qu’un khan, dus à la munificence de Keupruli-Mehemmed pacha. Chegour est en- tourée de jardins plantés de nombreux grenadiers, qui produisent des fruits excellens. On y trouvé en abondance la fleur niloufer * 43 (nenuphar, lis d'étang ), ainsi que du poisson en grande quantité. Ce lieu , qui fut jadis la capitale de Hatem-Taï, prince célèbre par sa générosité, a été enlevé aux Grecs par Aly-Ben- Makleh-Sedidul-Mulk. Cette ville, dont les chemins sont diffi- ciles , est de la dépendance d'Alep. Medik , à douze heures de Chegour sur l'Assi, est une très Medik. petite ville, renfermant une djamie, un khan, des maisons nom- EEE breuses et un château. Elle est dans la dépendance de Hama. Le à 12h. de Chegour: château est situé sur le sommet d’une montagne, au pied de laquelle on trouve un khan , et non loin de là, un lac qui abonde en pois- sons. Il y a, entre Medik et Hama, deux endroits, dont l’un est une (x) Ce lieu serait-il celui nommé (2) Cette ville est l'ancien Seleuco- Hamzié dans la carte des pachaliks Belus: B. du B. d'Alep et de Bagdad de M. Rousseau? B. du B, Hama (2). ES A10 h, de Médik. { 108 ) ; \ station appelée Teskhir-menzeli dre , êt l’autre un châteäu nommé ,=* Chedjer (l’Arbre ) (x), situé sur une élévation , au bord de l’Assi. On passe ici sur un pont qui porte le même nom que celui du château. Hama , à dix heures de Mcdik, antique cité dont 1l est question dans le livre des Israélites. Son ancien nom, dans les langues grecques , était Hamouna LL. C’est un pays admirable. La plus grande partie de cette ville donne sur l’Assi. La forteresse, qui est située dans un endroit agréable et élevé, a été bâtie par Antakious. Il existe sur l’Assi des machines hydrauliques , appelées Dolabs 5, et construites avec art (3). La plus célèbre , appelée Dolab- Mohammedi , est d’une grandeur étonnante. Le mouvement de cette mécanique alimente:d’eau la plupart des quartiers de la ville, et l'endroit oùelles sont toutes situées sert depromenade publique. er) pat ats RS ich Le 36 75 5 55 Ds ab L' seb y « Contemples la ville de Hama et ses eaux répandues sur divérs points ; le fleuve Assi (le Rebelle ) fait tourner de nombreuses machines dont le mouye- » ment est soumis à ses lois. » D Hama est une ville magnifique , renfermant des djamies, des khans , des bains publics , des carrefours et de superbes marchés bâtis en pierre. C’est ici que la plupart des pélerins achètent la toile qui leur est nécessaire pour faire les ihrams (manteaux ou voiles pénitentiels) , employés dans le saint pélerinage. Hama fut (x) Ce lieu est appelé Shizar dans les cartes de d'Anville, de Paultre et Lapie, et Sheïzer dans celles de Rous- seau. B. du B. (2) L'ancienne Epiphania, appelée Hemath par les Syriens. C'était la ré- sidence d'Abul-Feda, célèbre géogra- phe arabe, prince de Hemath. B. d. B. (G) Ge sont les roues hydrauliques dont parle Volney, et qui, de son temps , avaient jusqu'à trente 7 deux pieds de diamètre. (55) conquise dans l’an 14 de l'hégire (635) ; elle fait partie de la Syrie. Suivant les uns, ce serait une ville franche (J£. mustekil), et sui- vant d’autres, elle dépendrait de Tripoli. On y trouve du fruit, et notamment des abricots excellens. L'air y est pesant. Elle renferme entr’autres un grand bain bâti par Éssade pacha, et incrusté en mar- bre de diverses couleurs. Le vénérable Obeïdè-Ben-el-Djerah (dont Dicu a été satisfait), ainsi que Abou-Elïas-Samarkandi, auteur d’un commentaire célèbre, y sont enterrés. On visite également , dans le voisinage de ces derniers, la tombe de Baïazid-Bestami. Entre Hama et Hams, est un village appelé Rastan Li, (1), dont on passe le pont. La caravane s’arrête ordinairement un jour dans cette station; elle y paie les muletiers et distribue des bakh- chiches. | Hams, à dix heures de Hama, appartient à l’une des parties les plus intéressantes de la Syrie. Cette ville est , ‘selon le Ha- dis, un lieu de bénédiction et l’une des cités du Paradis. Les murs de cette ville, jadis florissante , ayant été élevés par Hams fils de Mehr, l’un des Amalekites, en ont conservé le nom. On garde religieusement dans la forteresse , un coran écrit de la main même d'Omar, connu sous le nom de Khaled fils de Velid. S'il arrive, chose fort rare , qu’on retire ce livre de l'endroit où il est déposé, on assure qu’il tombe alors une pluie aussi abon- dante que les eaux du déluge. Aussi est-il prouvé et reconnu de tout le monde que si dans les temps de sécheresse on a recours à ce livre, Dieu fait aussitôt cesser la calamité. On boit générale- ment à Hams l’eau de l’Assi. A l’ouest de la ville est un lac dans lequel on pêche du poisson d’une espèce toute particulière. Dans la direction de l’est à l’ouest, se trouve une digue (2. sed) (3) de douze cent quatre-vingt-six coudées (41,5 zira) de longueur , et (x) Rastan est l’ancienne Arethusa. (3) Je ne puis garantir ici que l’ob- B. dub. jet en question soit précisément une (2) L'ancienne Emessa, patrie d'Hé- digue; car le mot sed 2. à cette signi- liogabale. B. du B. fication joint aussi celle d'un mur II. 15 Hams (2). VU àa1o h. de Hama, Iki Kapouh. oil à 12 h. de Hams, ( 1x0 ) de huit coudées de largeur , dont on attribue la construction à Alexandre. Au milieu de cette dernière s’élevaient deux tours formées de quarante pierres. Les habitans de Hams sont renom- més pour leur beauté et leur simplicité. Les femmes surtout res- semblent à des anges par les grâces et les charmes de leurs ma- nières. La ville en elle-même est une grande justice municipale, renfermant des djamies, des khans, des bains publics, de superbes marchés bâtis en pierre, et des jardins dont la terre est d’une grande fertilité. Hams fut conquise en l’an 14 de l’hégire (635). On a observé qu’il n’y a dans cette ville ni serpens, ni scorpions. On dit qu’elle recèle les tombes de trente grands prophêtes et celles de plusieurs autres personnages célèbres, tels que Amrou, fils d'Omia, la sainte mère des croyans, Umm-Selmè , l’une des épouses du prophête , le khalife Eumer,, fils d’Abdul - Aziz, et le cheikh Aboul-Nedjib-Elsechverdi-Djemal-Eddin. Toutes ces tom- bes servent de buts de pélerinages. ki - Kapouli (les deux portes), nommé autrement Hassiè a (1), à douze heures de Hams , est un khan dans l’intérieur duquel demeure l’aga, et qui réunit, dans son voisinage, les maiï- sons des gardiens ou soldats. Entre Iki-Kapouli et Nebk 2K, il existe un château qui porte en même temps les noms de Perendj 2 de Masgar £2 , de Burudj > (les tours), et de Khan-Atch Qi jla. Il n'y appoint d’eau courante dans ces lieux. Lors du pas- sage de la caravane , la forteresse que nous venons d’indiquer est occupée par les soldats de la garnison de Damas afin qu’ils soient à portée de protéger et de défendre les pélerins. On rencontre dans les environs un village appelé Karalar Js5 (lesnoirs). A partir de ce dernier jusqu'à Damas, on rencontre, de distance en dis- tance , des réservoirs souterrains qui se remplissent des eaux de la pluie et qui sont destinés aux besoins des voyageurs. d’encaissement , d’une chaussée et (x) C'est ce dernier nom qui est in- d’une écluse. C’est probablement la indiqué par d'Anville et qu'il écrit digue Bahr-al-kods ou Lac Saint. Hassia. ( 1x1) Nebk , à neuf heures d’Iki-Kapouli, est un village dépendant de Damas et situé sur le bord d’une rivière ; il renferme une dja- mie, un khan et quelques maisons ; on y trouve des poires excel- lentes de l’espèce appelée Bozdigan (poires massues), et de l’eau douce. Katifè (le velours) (1), à neuf heures de Nebk, est un vil- lage dépendant de Damas, qui renferme la djamie de Fatih-emen- Sinan pacha (le conquérant de l'Yémen), un khan et un bain public. Ce lieu contient en outre des maisons assez nombreuses et de l’eau douce. C’est ici que se trouve la sation d’'Abdul-Ka- dir - Guilani. Après avoir passé le lac de Katifè, on aperçoit Damas. Dimichk ( Damas), surnommé Djennet-mecham li ie (odeur de paradis), à sept lieues de Katifè. Depuis Scutari jus- qu'à Damas, (nous avons vu) qu’il y avait six séjours , otourak hi, et trente-sept stations ou étapes, konak | 5L3: cependant à raison des pluies, de la boue et des retards occasionnés par l’in- constance du temps, la caravane ayant été forcée de s'arrêter dans les intervalles des étapes ordinaires , il résulte que le nom- bre de ces dernières est plus considérable que de coutume. Il y a de Constantinople à Damas , trois cent trente-trois heures et de- mie de marche. La caravane , en venant de la capitale , s’arrête, la nuit du jour qui précède son arrivée à Damas, dans le village appelé Ala-keuï S;SŸ, et n'entre dans la ville que le lendemain matin. Au retour , elle passe la nuit dans le village de Roumè 33), et se rend le jour suivant à Katifè. Description de la province de Cham = (3) (la Syrie). Cette contrée porte également les noms de”Arz-Moukaddesè ame 2)! (la terre sainte), de Arz-Kenaan 9 )! (la terre de (x) D'Anville nomme ce village (2) Damas ( Damascus'. B. duB. Kteifa, (3) Le mot de Cham ( la gauche) Nebk. Es à 3h. d'Iki-Kapouli. Katife, ads à g heur. de Nebk. Dimichk (2). [DR] B) à 7 h. de Katife. ( 112 ) Canaan) , et , dans la langue des anciens grecs, Souria L,,.; le nom de Cham ;l4 (la gauche) lui a été donné par les enfans de Canaan , pour indiquer sa position relativement à la Mecque (1). Suivant d'autres traditions, ce même nomserait celui de Sam gi» fils de Nouh A (Noé), qui, dans la langue syriaque , s'é- crit par un sin {. ponctué re ur» et se prononce Cham c=- La Syrie est le pays des prophêtes ; le centre de réunion des êtres les plus purs ; la mine des contrées ; le premier point (kiblè) vers lequel les hommes se soient tournés pour faire la prière ; le lieu de toute concentration et de tout développement. Il est géné- ralement prouvé que c'est dans la Syrie, non loin de la sainte maison, dans un lieu qui porte aujourd’hui le nom de Khalil-Ur- rahmän (l’ami de Dieu), ou de Beït-Djiroun, que reposent les cendres des saints patriarches Abraham, Isaac et Jacob (que le salut soit sur eux ). Les biens de ce monde, au dire d’Abdullah Amrou-ben-el-Assa, se divisent en dix portions; neuf se trouvent dans la Syrie, et la dixième est le partage du reste de la terre. Ce fut surtout du temps des enfans d'Israël, que la Syrie était des plus florissantes. Cette contrée se divisait en douze Etats x EL. saltanet, dont chacun avait un chef indépendant. Comme le climat est beau et tempéré, la plupart des habitans sont sains et vigoureux. Ce pays est sur- tout remarquable par l'abondance de ses productions, l’excel- lence de ses comestibles, l’agrément de ses habitations et la beauté de ses produits d'industrie. Presque partout la terre est bien cultivée ; sa fertilité est telle qu’elle produit, sur quelques points, jusqu’à cent pour un. Les champs, les vertes prairies et les paturages y sont aussi nombreux que renommés. Dieu a émaillé les plaines et les montagnes, des fleurs les plus variées, désigne également la Syrie et la ville (x) Et par opposition à l'Yémen de Damas; cependant on se sert de O8 » qui signifie la droite ou le pays préférence, pour indiquer cette der- 4e la droite. nière, du mot Dimichk. (1:33) telles que des hyacinthes, des narcisses, des tulipes et des basilics. Les fruits y sont également en abondance, particulièrement les abricots-pêches (x), les pommes, les poires , les cerises, les pis- taches dites de Syrie, ( fistik-cham), celles du pays de Roum, ( fistik-roum}), les bananes, les cannes à sucre, les figues, les coings, les pêches , les grenades , les fruits du myrte, les noix, les amandes, les mûres, les olives, les oranges , les citrons, les melons et les pastèques. Toutes ces productions s’y trouvent en profusion , et sans interruption pendant toute l’année (2). Ainsi que les innombrables tombes des prophètes, la Syrie renferme celles d’une infinité de personnages pieux et célèbres, de saints recommandables par l’évidence de leurs miracles, de cheïkhs et de khalifes. On a dit des habitans de la Syrie, qu'ils sont l’un des glaives de Dieu, et que c’est par eux qu'il se venge de ceux qui osent lui résister. Description de la ville de Damas. Damas est la capitale de la province ; cette ville, comparable au paradis, est un mollalik ou office de juge de cinq cents aspres, et la résidence d’un vizir (pacha à trois queues) (3). Des volumes nombreux ont été composés pour décrirelesbeautés et les agrémens de cette cité célèbre. La plupart des lieux qu’elle renferme sont mentionnés dans les livres sacrés du hadis et du coran. On assure qu'elle contient les tombes magnifiques de cinq cents grands prophètes. Le siège de Damas fut commencé sous le khalifat d’A- boubecre dit le Juste, dans la 13° année de l’hégire (634), et conduit par le généralissime Abou-Abidé ( dont Dieu a été sa- (x) Malum Armeniacum majus. cription de Damas, le voyage d’Aly- (2) Cette abondance de toutes les Bey, vol. 111, pag. 226. choses nécessaires aux besoins ou aux (3) Les mollas ou juges sont obligés agrémens de la vie est confirmée par d'acheter leurs offices dont le prix se les relations de presque tous les voya- règle selon l’importance des lieux. geurs modernes. Voyez, pour la des- (114) üsfait). À la mort du khalife, son successeur Eumer (Omar), parvenu au khalifat, confirma le susdit général dansles fonctions dont il était revêtu , et envoya à son secours Khaled fils de Ve- lid, aidé de plusieurs guerriers. La ville, d’après ce qu’on rap- porte, fut prise le quatorze de la lune de redjeb, à la suite d’un siège de soixante jours. Ses murs , selon la tradition, ont été construits par Demchak 5ls fils de Sam , et percés de sept portes, au-dessus de chacune desquelles il avait représenté le sÿm- bole d’une des sept constellations. 11 donna à la ville elle-même le nom de Dimichk (515. La porte située à lorient, qui est une de celles de la forteresse, était surmontée de la figure du soleil ; la seconde dite de Toma , de celle de Vénus; la troisième nommée Djembik, de celle de la lune; la quatrième appelée Fèràdis, de celle de Mercure ; la cinquième Djabïà, de celle de Jupiter; la sixième, dite la petite porte, de celle de Mars (x), et la septième Kisam, de celle de Saturne. Dans la suite, le khalife Noureddin-Chehid a ou- vertunehuitième porte dite Bab-Faradj. Il en existe encore une au- tre que l’on appelle Bab el-Nasr (la porte de la Victoire). Les mu- railles de la ville ont été rebâties en l’an 500 de l’hég. (1106). Les forces militaires de Damas consistent en deux mille hommes pour la garde de la forteresse ; quatre cents Djèbedjis (soldats armu- riers), neuf cent quatre-vingt-seize kilidj (cuirassiers à che- val) (2), cent vingt-huit ziamets (3), et huit cents soixante-huit timars (4) enregistrés ou non enregistrés. La ville renferme beau- coup de djamies , de mosquées, de collèges , de cloîtres, de lieux de retraite, d'hôpitaux et de bains publics; le nombre seul de ces (1) Les Turcs nomment cette pla- nu, quotité appelée kikdj BE , sabre. nète ou ce dieu de la fable : le RObrEaU (3) Possesseurs de fiefs militaires du ciel, félégun djelladi Les cb. ou sipah, dont le revenu excède vingt (2) Tout possesseur de fiefs, dans mille aspres. M. n'Onssox, l'empire Ottoman , est tenu de fournir un de ces cuirassiers pour chaque som- me de trois mille aspres de son reve- (4) Possesseurs de fiefs dont le re- venu rend moins de vingt mille aspres. (115) derniers excède deux cents. Il y a un couvent de derviches Mevle- vites, où ces moines s’acquittent, les jeudis, des pratiques instituées par leur fondateur. La plus grande des djamies est celle appelée djamie Oumméviè. Ce temple, qui fut entièrement rebâti à neuf, dans le siècle des Ommiades, en l’an 96 de l’hég. (714) et sous le califat de Veli-ud- Din Abdal-Melik, a conservé depuis ce temps, le nom qu’il porte aujourd’hui. Il s'appelait originairement l’é- glise de Iouhanna (St-Jean-Baptiste). Cette djamie, lors de sa res- tauration, avait reçu de grands embellissemens, mais elle fut for- tement endommagée à la suite d’un incendie qui eut lieu en 460 de l’hég. (1067). Ce temple est situé au milieu de la ville. Lors de la conquête de Damas par les Musulmans, ces derniers s’em- parèrent, par le droit du glaive , de la moitié de cette djamie , et confirmèrent , par capitulation, la jouissance de l’autre moitié aux infidèles. Les choses restèrent soixante ans sur ce pied; mais en l’an 86 de l’hég. (705), les habitans (musulmans ) de Damas, réunis au khalifeVelid,se plaignirent hautement de l’inconvenance qu’il y avait pour eux de se trouver réunis dans un même lieu avec les adorateurs des idoles (1). Cependant comme on ne pouvait , en vertu du traité, expulser les infidèles de la partie du temple qu’ils occupaient (2), on s’avisa, pour atteindre ce but, du stratagême suivant : Les musulmans s’ameutèrent et menacèrent de détruire l’église de Thomas, située hors de la ville, qui avait appartenu à un individu de ce nom, gendre du Kaïsar ( l’empe- reur grec ), et qui n'était point comprise dans la capitulation. Ce lieu étant l’objet d’une vénération toute particulière des infidèles, ils consentirent à un arrangement à la suite duquel ils abandon- nèrent la jouissance de la moitié de la djamie, pour conserver l’é- () C'est ainsi que les Turcs dési- une preuve qu'on pourrait ajouter à gnent les Chrétiens, à cause des ta- celles qu'on a déjà sur la fidélité et bleaux et des statues qui se trouvent l'exactitude religieuse des Turcs à ob- dans les églises, server les traités conclus par leurs an- . A (2) Cette circonstance est encore CËlres. (116) glise susdite. C’est ainsi que la totalité de ce temple fut enfin éclairée de la lumière de la foi de Mahomet ( que la bénédic- tion et la paix de Dieu soient sur lui. } La tombe respectée où est déposée la tête fortunée du vénérable martyr Iahïa ( St-Jean fils de Zacharie } est au milieu dé la djamie (1). Ce monument est l’objet d'un pélerinage général. ” = Gil se we es kon « Pour avoir iouché de:notre-front la tombe de ce saint personnage, nous » sommes devenus l’objet de la miséricorde divine. » La rivière Banias coule dans l’intérieur de la djamie, près de la muraille du sud, où se trouvent des jets d’eau, et des conduits qui distribuent les eaux dans les diverses parties du temple. On pense que ce dernier subsistera encore quarante ans après que laterre au- ra été détruite. On croit aussi que le prophète Khader (Elie) (que le salut soit sur lui) y vient chaque jour faire son namaz. Ce temple est orné de trois minarets, l’un situé à l’ouest, appelé Occidental, l’autre à lorient, dit le Minaret-de-Jesus ou le Minaret-Blanc. On croit que c’est sur ce dernier que Jesus descendra sur la terre (à la fin du monde) ; le troisième, qui se trouve à la partie septen- trionale de la muraille , près d’une porte, est appelé le Minaret de l'Épouse. Soixante-quinze muezzins (chantres) sont attachés au temple, douze d’entre eux, aux heures déterminées, entonnent en même temps du haut de ces minarets , l'appel canonique à la prière ( Ézan). Les quatre sectes dont se compose la religion ma- (x) Cette relique, objet dela véné- une maisonneiïte en bois ornée de ja- ration des Chrétiensetdes Musulmans, lousies, de moulures d’ornemens, en esirenfermée, suivant Ali-bey, dans or, et de peintures arabesques. (ir) hometane (r) ont chacune dans ce temple un mihrab (autel) (2) etunimam particuliers. On y voit aussi, dans le sanctuaire et près de la chaire, deux corans écrits dela main des khalifes Osman et Aly; celui d'Osman fut apporté en l’année 492 1098) de la ville de Te- beriè à, ,.£. On assure que cet exemplaire, que le khalife lisait dans le moment où il fut tué, porte encore les marques de son sang. La lon- . geur de la djamie est de cinq cent quarante-huit pas de l’orient à l'occident, et sa largeur, depuis le mihrab jusqu’à la porte, de cent cinquante pas. Son vaste portique est orné de trois jets d’eau, et les pourtours sont garnis de voûtes , que soutiennent des colonnes de marbre. Audessous des voûtes ou arcades sont placés des bancs et des sophas. Les medressés ( colléges ) sont en dehors. Il y a, dans la partie la plus secrète du temple , un puits dont l’eau est très- douce. A l'issue de la porte appelée Chadirvan, vers l’orient , et du milieu d’un bassin, jaillit, en sortant d’une source, une eau qui s'élève à la hauteur d’une lance. Plusieurs portes servent d’en- trée à la djamie; la plus grande de toutes est celle appelée Bab-Dji- roun (3). Indépendamment de ce temple, on voit encore , dansle quartier de la ville appelé Gueuk-Meïdan 15 255$ (le champ du ciel), une djamie admirable nommée Seuleïmaniè , du nom de son fondateur le sultan Soliman. Cet édifice, construit dans le goût de la Romélie est orné de deux minarets. Il réunit dans sa dépendance un imareth impérial, un medressè et un hopital. L’en- droit où il est situé sert de promenade publique. Damas possède un grand nombre d’autres temples du premier ordre , construits également dans le goût de la Romelie, les plus remarquables sont (x) Ces quatre sectes sont celles des jet que d'indiquer la position géogra- imans Abou—Hanifé, Malik, Chafi phique de la M ecque. et Hambal. (3) L'auteur s'étend beaucoup sur (2) Le mihrab consiste en une ca- les noms et la situation de ces portes, vité ou espèce de niche haute de six à j'ai cru devoir, dans ce passage com- buit pieds , pratiquée dans le mur, au me dans plusieurs autres, ne pas tra- foud de l'édifice, et qui n’a d'autre ob- duire des détails superflus. II. 16 ( 118 ) la Dervichiè, djamie de Derviche pacha, située près du palais vi- zirial ; la Sinaniè de Sinan pacha, et à la sortie de la ville sur le chemin des pélerins , celle de Cara - Mourad pacha. Noureddin- Chahid à fondé à l'entrée de Damas un timar-khanè ( hopital des fous) (1). Parmi les beaux édifices dont cette ville est remplie, on remarque surtout le khan d’Essad pacha, ainsi que le bain incom- parable qui se trouve dans son voisinage. Les marchés (2) sont aussi magnifiques que nombreux; les principaux sont : Sôk-Elzira, situé près du mur méridional de la djamie des Ommiades; Sôk-Mourad pacha, prèsle mur occidental; dans le voisinage dela forteresse, Sôk- Djidid-Sepah (le marché neuf des Sipahs), bâti par Chemsi-Ahmed pacha; Sôk-Bezoriè (le marché aux toiles); Sôk-Tchakmak (le mar- ché des pierres-à-fusils), et Sôk-Saroudjè (le marché aux selles). Les orfèvres occupent une partie du marché aux étoffes. Ce dernier marché est lui-même formé du Sôk - Sipahi. Les carrefours sont très-multipliés. 11 en est de même des cafés élégans qui servent de but de promenade et de rendez-vous aux habitans. Les endroits appelés Bab-Esselam, .N.Jf LU (la porte du silut), Gueuk-Maïdan Ye (le champ du ciel), et les jardins situés entre Damas et Salahié, ainsi que Taht-el-Kala a! 2 (le bas du château), et les lieux de plaisance qui l'entourent, sont remplis de vergers et de vignes innombrables. Ces derniers endroits (3) contiennent égale- ment des djamies, des mosquées, des medressès , des cloîtres , des maisons nombreuses et des khans. Les bains publics y sont alimen- tés par des eaux limpides et abondantes. Sept rivières coulent dans l’intérieur de Damas (4). Cette ville est en outre, rafraichie par les (1) Tous ces hopitaux sont réservés (2) Le mot sdk (55, que j'ai cru aux Mahométans , on n’y reçoit même devoir ici traduire par marché, signifie personne sans un ordre du gouverne- aussi place publique, forum, pipne, éyopè. ment, émané d’après un acte juridi- (3) Espèce de faubourgs de Damas que qui constate formellement l’état dont nous parlerons plus bas. de démence du malheureux qu’on veut (4) Ces eaux sont les branches de . . 1 0 À. CUr£ « , / 0 y introduire, M,D'Ouson. deux rivières, qui, après s'être réunies, (m9) eaux de plusieurs fontaines. Les principales sont A'n-Varaka près de Bab-Esselam ; Aïin-Ali, Aïn-Zehb, Aïn-Loulouï , Aïn- Djaloud ; mais la plus célèbre de toutes ces fontaines , est Aïn- Zebiè. I existe (hors de cette ville) un lac (x) qui recoit l’exeédant des eaux de la Baradè 35 et d’autresrivières. On y pêche diverses sortes de poisson et particulièrement de l'espèce appelée Balik- Emini e! KÿL. On chasse également sur ses bords, différens genres d'oiseaux. Les rues de Damas sont remplies de bouti- ques bien garnies, où l’on prépare des mets délicieux. Cette ville a commencé à être bâtie par les Cananéens. Les par- ües intérieures et extérieures de la fortesse recèlent les tombes de plusieurs grands personnages, entre autres , celles de Moavia, de Beleni-Habechi, de Abouderda, de Djafer-Téïar, de Habibè, la mère des croyans, du khalife Noureddin-Chehid, de Velid-Ben- Abdul-Melik et de Mahmoud-Zengui. Tous ces monumens sont. pour les fidèles, des lieux de pélerinage. À une heure de Damas , on trouve un bourg très-considérable appelé Salahïè. Ce dernier, situé près de la montagne de Kassioun uYxB Je, renferme des djamies, des mosquées, des bains pu- blics, des carrefours et des rues nombreuses. Les jardins qui environnent Damas communiquent directement avec ceux de Salahïè. Au mont Kassioun, qui domine la ville, se rattache le souvenir de plusieurs grands prophètes. Ici, à des dis- tances différentes se retrouvent leurs diverses stations : là, on se divisent avant de pénétrer dans la < tance au nord de Damas. Voyez, ville. La première, appelée Berâdè È pour plus de détails sur ces eaux , le 33} (lafroide), prend sa source à voyage d'Alibey, vol. 1, pag. 228. huit heures de Damas; ses eaux, quoi- que abondantes, sont de mauvaise ualité, et ne seraient point potables di Ê à elles n'étaient Ale cer US de ee Merdj o° | = (lciacaupré), la seconde rivière , appelée Fichèe, et peut avoir sept à huit lieues de cir-- et qui prend naissance auprès d’un vil- conférence. lage de ce nom, à cinq heures de dis- (x) Ge lac est à sept heures de Da- mas ; il se nomme Hotaïbè ou Bahirât Salahie. alle ( 120 ) rencontre successivement le tombeau d’un grand personnagé, d'un cazi-asker ou d’un cheikh. On rapporte que plusieurs événemens ont eu lieu dans une caverne qui se trouve au sommet de la monta- gne; c’est dans ce lieu qu’a été répandu le sang du martyr Abel (que le salut soit sur lui), qu'Elie est resté caché pendant dix ans, que le martyr lahiïa (Saint-Jean) s’est réfugié avec sa vénérable mère, que Lssa (Jesus) (que lesalut soit sur lui) a fait, en commun avec ses apô- tres, une prière qui a été entendue de Dieu. Indépendamment de cette caverne, ilen existe plusieurs autres sur cette montagne, dans lesquels les hommes religieux et purs vont offrir à Dieu le tribut de leur adoration. Il en est une entre autres où l’on prétend que qua- rante prophètes sont morts de faim. Trois cent soixante sources, à ce qu'on assure, jaillissent des plaines et des montagnes qui envi- ronnent le bourg de Salahiè. C’est dans un village près de Damas, nommé Ezrè 3,1, que naquit Ibrahim (que lesalut soit sur lui ), et qu'il choisit le lieu où il faisait sa prière pour y fonder une mosquée. Ceux qui font leur namaz dans ce même endroit sont réputés aussi purs que l'enfant qui vient de naître. En résumé, tant à Damas que dans ses environs, il existe un nombre considérable de lieux de pélerinages et de promenades délicieuses. C’est ordinairement le 15 de la lune de Chewal que le mir-el-hadj pacha, conducteur en chef de la caravane (1), se rend à un endroit appelé Mezreïb —_s ,;+, précédé de l’étendard sacré et de l’étoffe des- tinée au tombeau du prophète.Son départ s'effectue au bruit desins- trumens de musique et des zemboureks {petits canons portés sur le dos des chameaux). Dans l’espace de trois jours, c’est-à-dire jus- qu’au 18 du susdit mois, les pélerins sortent de Damas et se ras- semblent tous à Mezreïb, où ils s'arrêtent quatre ou cinq jours etse dirigent ensuite vers la sainte ville de la Mecque, but sacré de leur voyage. L’étendard et la musique arabes font partie de la ca- ravane jusqu’à la Mecque; et au retour, ces objets se conservent (x) Le pacha de Damas. ( 121 ) à Damas jusqu’à l’année suivante. Dans cette armée de pélerins, se trouvent les cadi des deux villes saintes , le surrè-emini et les saccas-bachis. Jusqu'au jour où la caravane se met en marche, les tentes de ses divers personnages sont désignées par des mâts plan- tés devant chacune d’elles , et surmontés d’illuminations particu- lières. Une fusée tirée en l'air et trois coups de canon annoncent le départ du pacha de son palais, et la marche entière de la cara- vane s'effectue au bruit des instrumens de musique. Ahmed-Pacha-Turbessi, ou Coubbet-Ul-Hadj Tombeau apmea-Pacha-Tur- d'Ahmed pacha, ou la Voûte du Pelerin. C’est ordinairent jus- he qu’à cet endroit que les habitans de Damas accompagnent les pé- on Er el lerins de la caravane. On trouve, en face de ce lieu, Mesdjid- %* Coubbetul-Hadj. Kadem ,55 5<- ; plus loin, sur le chemin, un autre village appelé =) toi Kisoué 5.5, renfermant des arbres et des eaux courantes; et enfin, au détour de la route, Akarsa-Sou ,.s.ÿl. Ici, la bonne qualité de l’eau la fait rechercher par les habitans de Damas. Terkhanè -Khani, appelé également Khan-Kechk LS Ll et Terkhanët= Khani, Khan - Zulnoun SE , à cinq heures de Damas. Le pre- LL sl mier des noms donnés à ce lieu lui vient de ce qu'on y prépa-; ; ire Deus rait autrefois des terkhanès ( espèce de potages faits avec du lait aigre ) que l’on distribuait aux pélerins ; celte fondation pieuse, qui était due à Ibn-Hazi, est tombée en désuétude, et ce lieu n'offre plus maintenant qu’un khan en ruine. On nomme aussi cet endroit Kechinè &.iS. Le chemin ici est plat quoique pierreux. On y voit un lieu appelé Tel-Firaun Y272Y (la colline de Pharaon), qui présente un vaste désert dont les environs sont néanmoins productifs. Il coule devant Tel-Firaun, une rivière sur laquelle on a jeté un pont; on y trouve un village dans un état prospère, fourni d’eau et que l’on appelle Khan-Zit 5 le. Sanèmin , nommé également Diar ,L5, Sahraï dl,=, etIl );, ; Sanèmin (1). à douze heures de Terkhanè-Khan. Ce lieu, plus généralement Æ . à12h.de Terkhanè- (1) Szanaméin, dans la carte de Syria and the Holy land. Kane l'itinéraire de Burckhardt ( Travels in Mezreib (1). re à 7 h.de Sanémin. ( 122 ) connu sous le nom de Turkman-Kawas-Oglou -Kariessi JL LP dslo-\s (le viliage de Kawas-Oglou le Turkman), dépend de Damas. On retire de cet endroit , qui abonde en eau, des pier- res meulières ; il y a aussi diverses espèces d'oiseaux qu’on prend dans les roseaux et que l’on vend ensuite à Damas. Ici on passe sur un pont construit du temps du sultan Sélim. Nonloin de Rà est une tour appelée également Guebagueb L_;-, de Senoua |; mais qui est connu plus généralement, parmi les Arabes, sous le nom de Kutchiuk-Kaïa 65 =S (le petit rocher). A partir d'ici, la caravane des pélerins tourne à l’orient et, descendant ensuite par un endroit sablonneux, elle arrive à la sortie du défilé, dans le lieu célèbre par l’apparition miraculeuse du chameau du vénérable Salih (1). Ce lieu est à gauche du chemin. Au retour, elle se trouve l'avoir à sa droite. On franchit ce passage promptement, en faisant le plus de bruit possible , et en tirant des coups de pistolets et de fusils. On agit ainsi pour empêcher que les chameaux de la cara- vane ne soient effrayés ou ne s’abattent en entendant le bruit que fait encore , dans ce désert , le chameau du prophète Salih. Telle est, au moins , l’idée généralement répandue parmi le peuple, à ce sujet. Medäïn-Salih, nommé également Koraï-Salih 2e 45, Hadjer (x) La iribu de Thamud étant tom- bée dans l’idolätrie, le prophète Salih, dont il est ici question, fut envoyé pour la ramener au culte du vrai dieu. Ce prophète vivait entre le temps de Hud et celui d'Abraham. Une partie des Themoudites écoutèrent ses re- montrances; mais les autres deman- dèrent, pour preuve de sa mission, qu'il fit sortir, en leur présence, d’un rocher , une chamelle pleine. Salih obtint ce miracle de Dieu ; la chamelle . parut et mit bas un jeune chameau prêt à être sevré. Loin que ce prodige les persuadât , ils coupèrent les jarrets de la chamelle et la iuèrent. Dieu, pour les punir de cette impiété, occasionna un tremblement de ierre à la suite du- quel ils périrent tous, sous les décom- bres de leurs maisons. Pocock, Zamaskhari, d’Herbelot. (2) Medayn-Szaleh (Burckh). J. (135) 35 et Aadal Ji, à dix-neuf heures de Dar-el-Haemra, fait partie du pays de Themoud 5.45. L'histoire rapporte que le peuple de The- moud fut détruit dans la 879° année qui suivit le déluge de Noé (que le salut soit sur lui). Les constructions des Themoudites, for- mées en partie de pierres sculptées, sont maintenant inhabitées (r). Ce lieu possède néanmoins un château et un réservoir ; ce dernier se remplit de l’eau d’un grand puits qui est dans le château. Comme cet endroit est près de Khalil-el-Rahman 5)! M et de Aala, on en apporte des limons doux, des oranges et des dattes de l’es- pèce appelée baltchiq-khorma, que l’on vend aux pélerins. En quittant les Akebès, on aperçoit les demeures où séjournaient ceux de Salih. Il ÿ a dans ces lieux, un grand nombre de puits, mais le prophète a défendu d’en boire l’eau; on voit également ici une petite montagne appelée Coubbet-el-Hadjer ,SV} &3 (la voûte de pierres), etun autre monticule qu'onnomme Enan WT (le gémisse- ment). On retrouve encore ici, sur une élévation , la mosquée qui a été creusée dans la pierre par le vénérable Salih. Ces lieux, en un mot, renferment une grande quantité de ruines d’édifices remar- quables , restes du peuple de Themoud (2). Les pélerins s'arrêtent un jour dans cette station, y paient les journées des ykkames et distribuent des bakhchiches. Quelquefois les pélerins , en partant de Medaïn-Salih , ne passent pas par Aala; mais suivent la route de Sehel-el-Matrân ÿiball J+s, d’où ils arrivent ensuite à Zum- rud-Kalae | ax 5,+) (le château d’émeraude). (x) Ces maisons des Thémoudites étant d’une grandeur ordinaire, on s’en sert de preuve pour convaincre d’erreur ceux qui attribuent à ce peu- ple une taille gigantesque. Pocoex. (2) Cette tribu s’était d’abord éta- blie dans l'Yemen ; mais en ayant été chassée par Hamyar, fils de Saba, elle se retira sur le territoire de Hedjr, dans le province de Hedjaz. On y voit encore, dans les rochers, les babita- tions qu’elle s'était creusées et dont pärle le coran. On y remarque aussi la fente du roc par laquelle sortit la cha- melle; cette fente, assure-t-on, a soixante coudées d'ouverture. Pocock, ( 136 } Aala (1) Aala (l'élévation), à neuf heures de Medaïn-Salih, dépend aussi » du pays de Themoud. C’est un village situé entre deux montagnes ; àgh. Se il y a des eaux courantes, des vignes, des vergers, des dattiers, des citronniers, des oranges, des citrons doux, des cédrats , une grande quantité de pastèques, de concombreset autres productions. Sur le chemin, on voit, jusqu’à B'arganem , beaucoup d’acacias. Un château a été construit dans ce lieu , sous le règne du sultan Soliman. Non loin de là se trouve une vallée qui porte le nom de Muchfek [5éi, Il y avait anciennement un autre chemin qui con- duisait de Damas à Aala, et qui se trouve à l’ouest de la route actuelle. Cette route , en partant de Damas, passait par Bosra 5e, Arzak Gj , Kar-Akar JET , Kalta «kB, Sebiha as, Timaïè 45, et Vâdii-Savana wie sol, (2). Elle est la plus di- recte, mais l’eau y est rare; elle se compose de six conaks , et chaque conak est de vingt-sept milles. Béïar-Ganem (3). Beïar-Ganem, nommé autrement Tavamir lb, Mairân rt Uk et Khifa-el-Zir ,5) Us , à dix heures d’Aala, possède un à 10 heur. de Aola. fort et un réservoir. Cet endroit est situé sur un terrain couvert de pierres noires et dures , dans le voisinage d’une vaste plaine et de redoutables défilés. Une partie du chemin passe au milieu de forêts, de bois de tamariniers, et l’autre à travers d’âpres montagnes. Si l’eau manque, les gens de l’escorte en apportent. Ce lieu est une des stations les plus pénibles de cette route. Zumrud-Kalae (4). Zumrud-Kalaè , nommé autrement Chihab-Ahmer #1 Lx, ax 2) est à dix heures de Béïar -Ganem ; il y a un château et un réser- atokeur-de Béiar- voir, qui ont été réparés entièrement par feu Azem-Zadè-Me- hemmed pacha. On trouve dans le voisinage, des deux côtés de (x) EtOla as)! ; suivant Burc- je n'aurais pu en donner qu’une tra- Kkhardt. J. duction trop hasardée. (2) Les distances de cette partie (3) Biar-el-Ghanam (Burckh.) J. d'itinéraire sont indiquées d'une ma- () Byr-Zemerrod 2}s + (Burc- nière si obscure dans l'original, que khardi) c (137) la route, de l’eau qu’on distribue aux pélerins. Il y a ici un fruit appelé beter-baram .|L ;», de la couleur du chou, à petites feuilles, et dont le goût ressemble à celui del’amande ; on y trouve aussi des coloquintes de l'espèce appelée aboudjehel-carpousi,, ainsi que de l'oseille. La forteresse de Zumrud a été bâtie anciennement par une princesse , mère d’un des rois Ismaéliens de Perse; c’est elle qui a fait creuser le puits qui est à Zumrud. Entre Zumrud et Chaab-ul-Neamè slx)| st, on trouve une station appelée Chab- ul-Hemr ,>Y 1 (la vallée rouge), et qui est entourée de mon- tagnes d’une terre rougeâtre et pierreuse. Validè-Capoussi, nommé également Chaab-ul-Neamè mla)l xt, 4 à huit heures de Zumrud , possède un château et un réservoir cons- 5 of, truits par Osman pacha ; l’un des puits qui estici, a été creusé * ? M % Zumrud par la mère du sultan Ahmed I‘. Indépendamment de celui-ci, il y en a plusieurs autres. Les eaux sont de mauvaise qualité. Ces mots Chaab-ul-Neamè, signifient /a vallee de l'autruche. -Hedïè-Achmassi (la source du don ou du présent), à douze heures de Validè-Capoussi, possède un château bâti par Seuleï- man pacha. Ses eaux proviennent de sources, et ont une vertu en laxative qu’elles doivent à la présence du séné qui croît dans cette terre; car les eaux de tonte terre qui produit cette plante sont toujours purgatives. La plupart des gens que les pélerins rencon- trent dans ces lieux, sont mal vêtus ou presque nuds. Il y a ici un château appelé Antar ;:e, bâti par Osman pacha. Le nom de Aediè (le don, le présent) , que porte cette station, lui vient de ce que le prophète, en allant au combat de Khibrè, reçut, en passant dans ce lieu , des présens de ses compagnons d'armes. Une heure après avoir quitté Hediè , on arrive à un endroit nommé Cheker- Akebessi Lg iie y, où se trouve une descente formant un dé- filé. Des deux côtés de ce chemin, s'élèvent à pic, des montagnes Validè-Capoussi. Hedïè-A chmassi (1) (1) Hedye ( Burckhardt ), J. Nakhleteïn (1). à 16h. de Hediè- Achmassi, (138) qui ressemblent à de hautes murailles. On y voit lerocher du sa- lut, nom qui rappelle la manière miraculeuse dont ces roches saluèrent le prophète à son passage dans ces lieux. Ce dernier en- droit sert de station. Nakhleteïn (les deux palmiers), nommé également Fahleteïn uit», Sedjouï = et Istabil LLe (l’étable), à seize heures de Hedrè , sur deux petits monticules. Ce lieu possède un château et un réservoir construits par Osman pacha ; il est borné, aux quatre points cardinaux, par des montagnes. Il y a également ici un ro- cher appelé le rocher du salut. Nakhleteïn, qui est aussi nommé Istabil-Euchr ,i- LLC, était jadis un désert. Ce lieu servait de demeure à un ancien roi qui passait pour un héros célèbre, et qui s'appelait Chahtadè :5ll4. Le village qu'il habitait, et qu’on nommait Vakf-Hassa LS _,, était situé sur le sommet d'une haute montagne; selon la tradition , il y avait autrefois, dans cet endroit , un grand château célèbre par la pureté de l'air qu'on y respirait. On voit encore l'emplacement où étaient cons- truits ses bains. Les environs sont boisés. Ces lieux sont géné- ralement connus sous le nom de 1lm-Elsaadi csxul Je. Cet en- droit renferme en outre un puits qui a été creusé par ordre de Nusouh fils d'Osman. Les environs offrent des montagnes dont la vue étonne et dont les chemins sont dangereux à parcourir. Il y a, à Nakhleteïn , sept puits dont les eaux sont très-douces; mais à partir d'Aala, jusqu'ici, on en éprouve une grande disette: il faut avoir soin de s’en pourvoir. On trouve, sur cette route ; un endroit qui porte les noms de Sitan-Muamer sx LU et de Hadjeristan Le (lieu pierreux). C’est dans ces environs que demeurent les Arabes rebelles. Ces derniers apportent des ci- trons acides et doux, qu’ils vendent aux pélerins. Cinq heures après avoir quitté Nakhleteïn, on trouve une gorge formée par (1) El-Fableteïn gli (Burckhardt). J. ( 139 ) deux montagnes. Cet endroit, qui sert d'étape , possède un puits recouvert où l’on se pourvoit d’eau. Vädi-el-Koura (la vallée des villages), nommé également Vädi-el-Kareh cv Ls°}, et Dar-el-Koura 1,91 b, à quinze heures de Nakhleteïn. LC endroit, jadis florissant, et qui renfer-; mait un château fort, des bains, une mosquée et des jardins , est maintenant en ruine. On rapporte que sur l’autel (1) de cette mosquée, où le prophète a fait sa prière, il y avait un os suspendu qui lui fit entendre ces mots en arabe : Ne me mange pas, car je suis mort empoisonné. Ce lieu est une vallée située entre deux lignes de montagnes, et qui est privée d’eau et de toute autre chose. La plaine ou le désert que l’on voit ensuite se nomme Atk 5: ; c'était autrefois la demeure des Arabes de la tribu des Benou-Kelb L_K.5 (les fils du chien) (x). Les excès et la mauvaises conduite de ces hordes ayant été cause de leur dispersion, sous le règne du khalife Omar, leur pays fut rui- né. Des restes de leurs édifices subsistent cependant encore. On voit en outre, ici, un endroit garni de jardins et de fontaines, et qui porte le nom de Sakaïéï-Osman ,Lë 4, (la roue hydraulique ou le puits d’Osman) et de Hurrèï-Leïli e: = (la nuit de l'épouse) Vädi-el-Koura sert de limite au territoire de Médine. Au-delà on ne connaît point la peste. Djerf, nommé également Abïar - Hamzè > nel (l’arrosoir de Hamzè ), à onze heures de Vâdi el-Koura. Ce lieu possède un château et un puits, monumens de la munificence de Hamzè (duquel Dieu à été satisfait); on y trouve en outre des eaux (1) En général, les différentes tri- bus Arabes doivent leurs noms: 1° aux individus, de l’un comme de l’autre sexe, de qui elles descendent; 2° aux lieux qu’elles ont primitivement habi- tés ; 3° à quelques circonstances mé- morables qui les concernent spéciale- ment; 4° à certains animaux auxquels elles attachent des idées de force et de supériorité ; 5° enfin à divers objets ridicules ou méprisables que la supers- tition ou le besoin leur ont rendus né- cessaires. Rousseau, Tableau des trib, arab, Vädi-el-Koura. Di st, à15h.de Nakhleteïn. Dijerf. ay à 11h. de Vädi- el-Khoura. (140) abondantes. [l existe, dans le voisinage de Djerf, un village ap- pelé Burkè p (le réservoir) , ainsi qu'un autre endroit nommé Sakaeï-Seuleïman-Ben -Abd-ul-Melik : Li Jeep Ye &l& (la roue hydraulique de Soliman, fils d'Abd-ul-Mélik). Comme le ruisseau provenant de la source appelée Aïïn-Zarka L; ue qui est à Médine passe dans ce village, les habitans le font à tour de rôle servir a l'irrigation de leurs jardins. Il y a ici un champ ap- pelé Zin .»;, dont on rapporte que le prophète a particuliè- rement recommandé la culture. Djerf étant la limite de Médine, les pélerins doivent, dans ce lieu, se purifier le corps par des ablu- tions, revêtir des habits exempts de toute souillure, demander pardon à Dieu de leurs péchés , faire de nombreuses prières , et s’acheminer en suite vers l’endroit où reposent les cendres du pro- phète de Dieu. Eci des habitans et des enfans de Médine viennent à la rencontre des pélerins, et les accueillent par des acclamations et des démonstrations de joie. On trouve , sur la gauche du che- min , une montagne appelée Djebel-Uhud 5s1 L2 (1). Cette der- _nière est à une parasange de la ville. Le nom de Uhud , donné à cette montagne , lui vient, ou de son isolement de toute autre élévation , ou de ce qu’elle appartient au territoire des Or- thodoxes ou Unitaires (Ehl-Mewhad). C’est ici que s'est livré un combat pour l’Islamisme , et que plusieurs versets du co- ran sont descendus du ciel. On voit, au bas de la montagne, la tombe du vénérable Hamzè, oncle du prophète ; cette der- nière est entourée de maisons nombreuses et de bancs qu’on doit à des fondations pieuses, et où les visitants peuvent, nuit et jour, se reposer sans que personne s’y oppose. Cependant comme ce lieu est à une demi-heure de la grande route, le trajet en est quelque fois dangereux , surtout à l’époque du pélerinage ; dans ce tas, on profite, pour s'y rendre, de la visite qu'y fait (x) Cest cette même montagne que nom de mont Ohhud, au nord de la d'Anville indique sur sa carte sous le ville. Cri) le pacha conducteur de la caravane. Il éxiste, dans le voisinage du mont Uhud |, une autre montagne nommée Djebel- Anîn we He. Les environs recèlent les tombes de plusieurs person- nages vénérés. Il y a aussi, sur le chemin du mont Uhud, un en- droit qui porte les noms des Asvaf ll et Asadif | 521. Médinéi-Munèwèrè (Médine la resplendissante) (que Dieu très-haut la fasse, jusqu’au jour du jugement, briller de sa vive lumière). Les premiers regards de tout Musulman qui aperçoit Médine , doivent le pénétrer de vénération en lui rappelant toute la sainteté de ce lieu. Qu'il songe que c’est ici l'endroit où la meil- Jeure des créatures s'est réfugiée lors de sa fuite ; que c’est dans ce même lieu qu’est déposée la cendre du prophète et celle de ses deux successeurs, Aboubecre et Omar! (dont Dieu a été satisfait). Médine est la cité du prophète (Medinet-el-Rousoul Ji &sxe); elle est à deux heures de marche de Djerf. Parmi les quatre- vingt-quinze noms qu'elle porte, voici ceux sous lesquels elle est plus généralement désignée, savoir : Iatreb y , Taïbè ab (l'excellente), Täbè sb, Meskenè a$, Habré 5,1, Mah- boubè w,s* (la bien - aimée), Djinè à , Merhoumè we, Mahbourè :,,= (la fortunée), Arz-Oullah dl Us)! (la terre de Dieu), Dar-el-Hidjrè 35 (la maison de l’hégire), Dar-el- Islam ,S.W 15 (la maison de l'islamisme), Dar-el-Feth 2 RE {le palais de la victoire), Koutb-el-Iman Je JS (l'axe de la foi), etc., etc. Les prérogatives de cette ville sont cent fois plus étendues que celles de Damas (1). Elle est située sur un terrein ni, dans le troisième climat , au nord du mont Uhud (2), et à lorient de la montagne de Tebir 5 Ls. La plus grande partie de son territoire est stérile. On prétend que sa distance de Cons- tantinople , suivant le calcul de l’astrolabe, est de mil trois-cent (1) La traduction de cette phrase plus haut, par l’auteur, au mont Uhud, est hasardée. il résulte que ceci est une erreur : Mé- (2) D'après la position assignée dine est au sud de cette montagne. II. 19 Médinei-Munèwerë Bygee a De à 2 heures de Dijerf. (142) quatre-vingt-douze milles. Ses murailles, qui furent élevées en 368 (978), par Azad-ed-Develet, Molla-Khosrew et Dilemi , fu- rent rebâties plus tard; on pense que cette ville en était égale- ment entourée antérieurement à cette époque. Son château a quatre portes : la première se nomme Bab-Cham (la porte de Syrie), la seconde, Bab-Kiblè , nommée également Bab:Seguir (la petite porte), la troisième, Bab-Misri (la porte d'Égypte ) ; et la quatrième, située du côté de Baki-Chérif, est appelée Bab-Jumaa (la porte du vendredi ou de la réunion ). L'ancienne mosquée du prophète, qui est dans le château, est ornée de cinq minarets. Dans l'interieur de la mosquée, et.sur l'emplacement même de la maison de la vénérable Aïchè, où mourut Mahomet, est la tombe fortunée de ce prophète. Non loin-de ce foyer de lumières célestes, sont les monumens où reposent les cendres du vénérable Aboubecre dit le Juste, et d'Omar, celui qui savait par excellence distinguer le bien du mal (r). Lies quatre faces. de ces tombeaux sont recouvertes d’un voile magnifique {et entourées d’une balustrade en bronze doré. L'espace entre ces balustrades et les monumens , est garni de lampes que des ferraches (2), pré- posés à cet effet, ont soin d'allumer. Le monument de la fille du prophète, la belle Fatima, est contigu à celui de son père. Ce dernier a quatre portes : la première dite de la pénitence , la se- (x) Une tradition commune prétend (2) Les fonctions serviles de ces qu'Aïchè vit en songe trois étendards plantés dans la cour de la maison, et tombes sont exclusivement remplies par quarante noirs; ils ont soin des qu’en ayant demandé l'explication à Mahomet , il lui dit que ces troïs en- seignes indiquaient trois tombeaux : le sien, celui d'Ebu-Bekir et celui d'O- mar. L'événement , dit ici l'historien Ahmed-Effindi, vérifa la prédiction: puisqu’en effet , ils furent tous trois inhumés dans cette enceinte. M. »'Hossox. lampes et des ornemens ; ils frottent, nettoient et balaïent l’intérieur de la chapelle sépulchrale. Cet emploi leur vaut le titre de férraches (balayeurs:) ; titre honorable et consacré par la re- ligion même: aussi jouissent-ils de Ja plus grande considération. (143) conde appelée Voukoud , la troisième dite de Fatima, et la qua- trième nommée Bab-Tchjid. La mosquée du prophète avait d’abord été ornée de quatre minarets, par Omar, fils d’Abdul- Aziz; mais dans la suite, ces parties du temple éprouvèrent des changemens. L'un de ces minarets, le plus élevé, a été cons- truit par sultan Kaïtebaï | çLzs. Il existe , entre le tombeau et le member (la chaire), plusieurs colonnes dont les noms rappellent les faits, gestes, situations et paroles du prophète, de ses compagnons et de Fatima. La lon- gueur de l’espace compris entre le tombeau du prophète et la chaire, est de cinquante coudées. En l’année 908 (1502) , le sultan Murad ayant fait construire une belle chaire en marbre, l’an- cienne fut déposée sur le sol. Il y a plusieurs portes pour entrer dans le sanctuaire (harem ,=) du témple : la première est appe- lée Bab-Esseläm (la porte du salut}, celle-ci est la plus grande de la mosquée; elle est située à l’ouest; on la nomme aussi Bab-el- Khouchou (la porte de l'humilité) et Bab-Mervâna pour indiquer lé lieu où elle répond ; la seconde est la porte de la Miséricorde, nommée également Bab-Atekè et Bab-el-Sook (la porte du mar- ché) ; la troisième , Bab-el-Nissa (la porte des femmes) , cons- truite et destinée aux femmes par le khalife Osman; on la nomme aussi Bab-el-Rebt , du nom d’une fille de Safah appelée Rabita, dont la demeure était en face; cette dernière porte est à lorient ; la quatrième, située du côté du Saint-Sépulcre , est la porte de Gabriel, à lorient. On raconte qu’au combat des Beni- Kariza , l'archange, vêtu de . . ; . . se tenait à cette porte. On la nomme encore porte d'Osman ou porte du prophète. Des gens dignes de foi prétendent que quiconque mange , le matin, à Médine, sept dattes en se tenant entre les deux col- lines, sera préservé , durant la journée, de tout malheur. Il existe, hors des murs de cette ville , un emplacement appelé Me- nakhè al, en partie situé sur un vaste espace , en face de la for- teresse , et entre celte dernière et le faubourg : cet emplacement (144) renferme un cértain nombre de maisons, des mosquées, un bain public, des vignes, des jardins et des plantations de palmiers. C’est dans ce lieu que logent les pélerins. La mosquée du prophète est située en face de la porte d'Égypte. On a élevé des minarets pour indiquer les endroïts où se tenaient l’envoyé de Dieu et ses compagnons, pendant le combat de Khandak. Il existe maintenant une mosquée sur ce même terrein. L'intérieur de la forteresse ren- ferme de beaux marchés et un bain construits par Emir-Tchoban. Le corps de ce dernier , qui périt en Khorassan par le glaive de la trahison, a été rapporté à Médine et est enterré dans le Saint-Sépul- chre. Cet intérieur de la forteresse est un lieu sacré renfermant aussi des boutiques, des colléges , et des asiles pour les voyageurs: Quelques-unes des maisons ont des jardins ; on en trouve en ou- tre un très-beau appelé Ainiè , près de la porte d'Égypte. Sur la place qui est devant la porte de Syrie, on voit le tombeau d’un nom- mé Zèki-Eddin-Mehemmed, fils d'Abdoullah, fils de Hassan , fils de Hussein qui était connu sous le nom de Nefs-Zeki et qui mourut martyr sous le khalifat de Mansour l’Abasside. Les jardins de notre seigneur le khalife Omar sont derrière la mosquée du prophète, près du quartier des potiers. En face du sépulcre il y a un empla- cement qui contient deux salles, des arbres, un bassin et un sou- terrain ; cet endroit sert de lieu de repos aux agas desservans du monument. On prétend que c’est sur ce terrain qu’étaient autre- fois les maisons des £ucheréy-Mubechères (les dix évangélisés) (x). On voit, sous une voûte, dans l’intérieur de la forteresse, le noble monument de Malik-Ben-Sinan. A l'issue de la porte d'Égypte, sont les nobles mosquées des vénérables Abou-Bekir etOmar.Sui- (x) Ce sont les dix premiers apôtres ses leur valurent le titre de Eucherey- auxquels Mahomet a le plus spéciale- Mubechèrès, qui veut dire les dix évan- ment promis le ciel, le paradis etune gélisés, les seuls que l’islamisme ait félicité éternelle supérieure à tout ce béalifiés, avec Fatima et les deux en- que l'intelligence humaine pouvait se fans d’Aly. figurer de plus ravissant; ces promes- (145) vant les écritures véridiques, la ville de Médine aurait,entre autres prérogatives, celle de n’admettre dans son sein, ni la peste, ni l’ante-christ ; des anges, préposés à la garde de cette ville, en écar- teraient toujours ces deux fléaux. A ces avantages , il faut encore ajouter que l'air qu’on respire à Médine est excellent, et qu’elle possède des eaux courantes, des palmiers et des champs ense- mencés etc. etc. L'eau du ruisseau Aïn-Zarka L;; rs est surtout incomparable. Cette source étant plus basse que le sol de Médine, on est obligé de descendre vers ses bords par un escalier, pour y puiser l’eau. C'est Mervän qui, par ordre du khalife Moaviè, a établi le cours de ce ruisseau. Comme Mervän avait les yeux bleus, on au- rait dû appeler cette source la Fontaine de l'homme aux yeux bleus, maïs néanmoins elle est connue sous le nom de la Fontaine bleue ou azurée. Indépendamment de cette source , Médine avait, dans ses environs , dix-neuf puits qu’elle devait à la pieuse libé- ralité du prophète ; il en existe encore aujourd’hui sept, dont un poète a renfermé les différens noms dans un couplet arabe. Outre ces puits sacrés, Médine en possède un grand nombre d’autres. Les fruits du palmier offrent ici une grande variété. Il est re- connu qu'il y existe quatre-vingt-douze espèces de dattes : les sui- vantes appartiennéntuniquement au territoire de Médine, savoir: les temr-ierni 5» +, les temr-soultani JUL y<’, lestemr-adjouh = y, les temr-halou ls ,,et les temr-sihani 5e ,, Les gre- nades qu’on trouve ici ne peuvent, pour leur supériorité, se com- parer avec celles d’aucun autre pays. Il y a aussi une grande varié- té de légumes et de fruits : les melongènes, les melons , les pastè- ques, le raisin , les oranges, les citrons, les pêches, les figues, les nebiks (x), et les bananes, y sont en abondance. La mosquéé du prophète a été reconstruite deux fois de son vivant ; la première, (x) Ce mot, qui est écrit ESS nebk, blement une faute : il devrait s'écrire dans l’auteur que je traduis, est proba- ($5nebek, etsignifierait alors, suivant (146) lorsqu'il honora Médine de sa présence , et la seconde, lors- qu’il revint de Khiber ;.<. Depuis lui, ce temple a été rebâti, augmenté et embelli à différentes époques , par ses successeurs. Lorsque Velid, fils d'Abdul- Melik, était khalife en Syrie, et qu'Omar , fils d'Abdul-Aziz, se trouvait à Médine, ce dernier reçut l’ordre de donner plus d’étendue à la ville. Ce fut à cette occasion qu'il fit élever les quatre minarets dont il a été fait men- tion plus haut ; et dont la hauteur fut, d’après ses ordres , portée à soixante archines ur sl. Plus tard Médine fut aussi augmentée sous le khalife Mehdi. Il en est de même des murs de la ville et du château, qui ont été plusieurs fois réparés ou renouvelés entiè- rement; particulièrement en 440 (1048), par Mehemmed-Dje- vad-Isfahani. Les murailles qui subsistent aujourd’hui ont été construites par Mahmoud-Zingui-Aksenkar, d’après l’ordre de Nôureddin-Chehid , en 558 (1163); c’est ce que prouve l’inscrip- tion arabe suivante, gravée sur une table en bronze, et qui se trouve au-dessus d’une des portes: CV a JF Et alu pet Le fo À æ lus « La construction de ceci a été ordonnée par le pauvre en Dieu , très-haut » Mahmoud, fils de Zengui-Aksenkar, en l’année 558. » En 750 (1349), Saad ben Zabit-Djemaz commença à entourer la forteresse de fossés ; mais la mort l'ayant surpris au milieu de ses travaux, ils furent achevés par l’émir Fazl ben Casem. En 757 (1356), Kalaoun-Oglou reconstruisit de nouveau la forteresse. En- fin, plusieurs parties de celle-ci furent, dans la suite, renouvelées par ordre du sultan Soliman. Les habitans de Médine sont particu- Meninski: fructus arboris y sedr dic- également le vin que l’on fait avec la tæ nempe loti species. Ce mot indique moelle du palmier, (147) lièrement honorés parmi les autres Musulmans. Lorsque le kha- life Mehdi vint à Médine, l’iman Malek fut à sa rencontre et l'invita, à son entrée dans la ville, à saluer les habitans ; « Prince des Croyans, lui dit-il, vous allez voir devant vous les descen- dans des compagnons et des compatriotes du prophète ; il n'y a point sur la surface de la terre, de peuple plus digne, par ses qualités , d’être honoré que celui-ci. » . Les prières qu’on adresse à Dieu, dans le temple de cette ville, pour l'âme des morts, sont beaucoup plus efficaces que celles qu’on fait dans les au- tres mosquées. En un mot, nous terminerons en convenant que la langue ne pourrait suffire si elle voulait payer convena- blement le tribut de louange qui est dû à la mosquée du pro- phète , au saint sépulchre et à la ville de Médine elle-même. La mosquée dite Kaba-Mesdjidi 53=«* LS, est siluée dans un village qui porte le même nom, à une heure de la ville; cette mosquée, dont les fondemens ont été posés par le prophète en personne , a été termmée par lui et ses compagnons. On la nomme aussi Coubbet-ul-Islam (la voûte de l’islamisme). Non loin de là est le puits de Khatem (le puits de la bague), dont les eaux se sont élevées à la voix du prophète. Ces eaux sont d’une excellente qua- lité. Près du puits, est l'emplacement où étaient les maisons d’Aly et d’Aboubecre , et sur lequel il y a maintenant une mos- quée. Il est de tradition que le prophète se rendait régulièrement une fois par semaine dans cet endroit, tantôt à pied, tantôt à che- val. Le lieu réputé le plus saint du village de Kaba est la station Khitmè Jivañs ; elle est au S.-E. de la mosquée. Non loin de là est un endroit qui porte le nom de Mesdjidi-Aly PT (la mosquée d’Aly). A l’ouest de Kaba , se trouvé une autre mosquée appelée Mesdjidi-Chems ( la mosquée du soleil ). La largeur du temple de Médine égale sa longueur ; l'espace qu’il occupe est de soixante-six ziras. Ce temple a été rebâti plusieurs fois, notam- ment en 555 (1160), par Djemal-Eddin-Isfahani, et en 733 (1333), par Nassir-Kalaoun. Dans le jardin de Aniè, qui est dans Hassa (1). LS à2 h. de Médine. Koubour - Chu- hèda (3). ñ w Ie 3 à13h. de Hassa. (148) le voisinage, se trouvent une fontaine et un bassin qui ont été construits par Chehid-Mehemmed pacha. Suivant l'occurrence , les pélerins s'arrêtent quatre ou cinq jours à Médine , y paient les journées des ykkiams, distribuent des bakhchiches , et se rendent ensuite à Aly-Couyoussi. Hassa, nommé également Ali-Couyoussi us Je (le puits d’Aly) , et Zu-el-Khalife aëls)t 5, est à deux heures de Médine. Ici ceux d’entre les pélerins qui suivent le rit de l'iman Chaafi, pour se conformer à l’usage qui fut, dit-on, pratiqué par le pro- phète , revêtent l’ihram ( manteau pénitentiel). Il y a dans ce vil- lage, de l’eau et des jardins. On trouve, en partant de Médine, une montagne appelée Muferreh L® (la réjouissante ). Au retour ( de la Mecque), lorsqu'on a gravi cette montagne, on découvre Médine. Il y à en outre ici deux autres endroits nommés Mu- ferrid; ex et Bid-Énâm ,Ul “s , qui dependent du pays de Me- zinè av; 5), dans ia vallée d’Aakik (#& s60l,. Près de Mezinè , il ÿ a une haute montagne appelée Errè sf (la scie). Comme cette dernière renferme plusieurs fontaines, on y vient puiser de l’eau des villages environnans. Il existe, dans la vallée d’Aakik, un puits appelé Bir - Omer ( puits d'Omar). Les poètes ont composé des vers nombreux à la louange d’un château qu'on trouve dans cet endroit ; la mosquée dite Chedjer =* (l'arbre), se trouve sur le chemin de ce château. Au sud de cette mosquée, on en voit une autre appelée Maares Uy%» et non loin de cette dernière, une montagne qui porte le nom de Selsal JL (2). Koubour-Chuhèda (les tombes des martyrs). Ce lieu est situé entre deux montagnes, à treize heures de Hassa. Ïl y a un lac qui sert de réservoir à l’eau de la pluie; mais il est quelquefois à sec. On y trouve aussi un puits appelé Rouha. Ta tradition veut non- (x) Il existe deux routes de Médine Hassa correspond à Biar-Aly JL ,L à la Mecque, celle de l'Est et cellede de l'itinéraire de Barckhardt J. l'Ouest ; la première est la plus cour- (2) Selsal lutum purum arenä com- te, mais la plus difficile etla moins usi- mixtum. iée : l’auteur turc va décrire la seconde. (3) El-Shohada. (Burckhardt). J. (149) seulement que celui qui est la gloire du monde (Mahomet) ait fait son ablution et sa prière dans ce lieu ; mais que soixante pro- phètes s’y soient acquittés du même devoir. Il y a aussi deux au- tres endroits appelés , l’un Melal J}: (tristesse), et l’autre Mes- djid-Chérif _5,2 ss (la noble mosquée) ; le nom du premier vient de ce que le roi Teb , en passant par cet endroit, y éprouva de la tristesse. Entre Rouha et Melal, on trouve les endroits sui- vans, savoir : 1° Akhrem =) , nommé également Harim ss, 2° une station appelée Berian .,L y, et 3° une vallée ; il y a en outre, à Melal , une autre vallée nommée Zousurkh :;..5. Koubour- Chuheda sont d'anciennes tombes qui servaient de sépultures aux habitans des bords du torrent. Le nom de martyrs donné à ces derniers , leur vient probablement de ce qu'ils auront péri par la violence de ce même torrent : au reste, Dieu sait mieux que per- sonne ce qui en est. On trouve ensuite la mosquée dite de la Gazelle, où un animal de cette espèce parla au prophète. Non loin de là, est l'endroit qui porte les deux noms de Naziè &5L et de Sir Je situé dans un lieux marécageux et au fond d’une vallée, C’est là, suivant une tradition , que le butin pris sur ceux de Bedre , fut partagé. A trente heures de Koubour-Chuhèda, avant d'arriver à Bedre, on trouve une vallée et un défilé entre deux montagnes ; celles qui existent dans ces lieux sont de la cou- leur du charbon. Djèdidè (la nouvelle), à dix-heures de Koubour-Chudèda est un village qui renferme des eaux courantes et des palmiers, et dans lequel on trouve des melons , des pastèques, des herbages, des melongènes excellentes , et des hannas en abondance. On ap- porte ici du baume que l’on vend 'aux pélerins (2); on leur dé- (1) Djedeyde (Burckhardt). J. bablement ce que nous appelons bau- (2) Les mots employés icipar notre 7% de la Mecque. Suivant Aly-Beg , ce auteur, dehn-belessan Lab Led ,si= baume, quoique produit du territoire gnifient aussi de l’onguent; c'est pro- de cette ville, y serait fort rare, et ul, 20 Djedide (2): use DR e à 18 h.de Koubour- Chuhèda. ( 150 ) bite également des éventails, des paniers et des tables fabriqués sur les lieux avec les feuilles du palmier. Les deux côtés de ce village sont dans un état de prospérité, mais le défilé qui y con- duit est dangereux; ce dernier est formé par une longue vallée, entre deux montagnes. On y est exposé aux attaques des Arabes. IL y a près d'ici un endroît qui porte également les noms de Al- Djaafer-ben-Abi-Taleb-Aïnleri sé JL 15 sx (les sources d’Abi-Taleb de la famille de Djafer), et de Chuba (Er On trouve ensuite dans ce même lieu deux villages appelés Djedideïn ,,153S (les deux Djedid), entourés d’acacias ; et plus loïn, une station nommée Arabéin 11. Les trois villages qui portent les noms suivans, savoir : Hamra‘|,+, Safra ‘22 et Hassiniiè ais , for- ment la vallée appelée Hafer ;& ; ces trois villages sont remplis de jardins , de plantations de palmiers, et produisent des hannas de première qualité. La vallée de Hafar , s 5651, Vadi-Hafer, renferme les demeures des Al-Zecban. Homra Le est sur la gauche de la vallée d’Akik ; on le nomme aussi Homra-ul-Es- sed aW:+ (l’'Homra du lion). On rapporte que c’est dans ce lieu que vint le prophète, lorsqu’après le combat d'Uhud, il poursuivait les Korcichites. On trouve , en outre , ici , les endroits appelés Zat-el-Edjdal JisW 21, ou Kenan OÙ; Ieraïn es, et près de Hamra, un village nommé Khakh :L ;'ce lieu servait de demeure à Aly, fils de Moussa - Riza , et à Mchemmed, fils de Djafer (que la bénédiction de Dieu soit sur eux tous). Obeïdè- ben-el-Hareth-ben-Abdel-Motaleb ayant été rapporté blessé du combat de Bedre, dans la mosquée qui ést à Safra |, y mourut et y fut enterré. Il y a près de là, deux montagnes appelées Selkh l’on ne peut en trouver que lorsque les mais le premier prétend que les Mec- Bedoins des autres parties de l'Arabie quois ne connaissent pas l'arbre qui en apportent par hasard. Lenomara- le produit; cet arbre porte le nom be que lui donne Ali-beg s'accorde à- de Gilead. peu-près avec celui de notre auteur ; ({ 151 ) = et Mahri s6,=; le lieu où elles sont est appelé Itel Ji: On rapporte que c’est dans ce dernier endroit que le prophète , de retour de l'affaire de Bedre, vint faire sa prière du soir. Il existe; non loin de Bedre,unlieu appelé Debet-el-Mustaadjelè ass] 5, qui est la demeure des Arabes de la tribu de Harb. Ces lieux;pro- duisent abondamment les choses nécessaires à,la vie. Bedre - Hanin, à quatorze heures de Djcdidè, est un, village Bedre-Hanin (1). abondamment pourvu d’eaux courantes , de jardins et de pal- ur J% miers; on l'appelle aussi Bedre-el-Ketal_ ( Bedre. du: combat } à 14 h. de Djcdide. JL!» , Bedre-el-Oula D pv ( la première ), Bedre-el- Taniè a5Ul,x (la seconde), et Bedre-el-Tèlatè UN, (la troisième); le nom de cet endroit lui vient d’une personne appelée Bedre, qui y creusa un puits: une fontaine existe en face de ce der- nier, C’est ici que les caravanes des pélerins de Syrie et d'Egypte se rencontrent : ce lieu, par le souvenir qu’il rappelle, mérite d’être parcouru avec une attention particulière.La source qui est ici est celle dans laquelle Aly, le jour du combat, laya sa chemise en- sanglantée; on rapporte que ce compagnon de Mahomet ayant pré- senté et versé de l’eau de cette source sur les mains du prophète, il jaillit de ses doigts sacrés autant de filets d’eau douce, dont l’armée fut abreuvée. C’est dans l'endroit appelé Galib 44 (le victorieux) qu’eut lieu le combat de l’Islamisme : cet emplacement est main- tenant une plantation de palmiers dans laquelle se trouvent deux étangs et une colline de sable, de la plus grande blancheur. Il y a sur cet emplacement et au milieu des, palmiers, une mosquée ap- pelée Mesdjid-el-Guemam Li # (la mosquée des nuages ): comme il y avait une chaire, on y disait autrefois la prière du vendredi. C’est dans ce même. lieu que notre, seigneur. le prophète venait , à l'ombre des nuages, respirer le; frais. Dans les livres du Sr, cette mosquée est désignée sons le nom de (1) Beder dans Burckhardt. Ceten- de cinq cents maisons , avec un ruis- droit fameux renferme, selon lui, plus seau, J. (152) Mesdjidi - Aarichi 4 > 2 (la mosquée de l'arche). Il en existe encore une autre dans le voisinage de cette dernière et que l’on appelle Mesdjidi-Aksi 31 =“. On trouve ici quatre tribus arabes qui portent les noms de Zebid - Taïfèssi gl a: , de Karabè w15, de Chekèrè 5, et de Aatik (5:2. On eutend quel- quefois le bruit du tambour vers les deux monticules qui sont dans le voisinage ; on assure que ce bruit est encore celui de la victoire du prophète qui se reproduit; c’est en effet là, suivant la tradi- tion, que l’apôtre de Dieu attendit les infidèles le jour du combat de Bedre. Il y a dans ce village un grand réservoir construit par le sultan Gauri, et dans lequel on descend par un escalier. On prétend qu’à la journée de Bedre, le prophète avait avec lui trois cent dix de ses honorables compagnons d'armes, et que trente-six d'entre eux tombèrent martyrs dans ces lieux. L'endroit qui peut être considéré comme le port ou l'échelle de Médine, est à six heures d'ici; ce port s'appelle Deniz-Iambouï |£,,$5 (iambo de mer ). On assure que Chuhéda ‘\544 est sur la gauche du chemin. On trouve en outre ici un endroit appelé Borak-Djènnet CET (le paradis de Borak) (x). Kaa-el-Bezua (1). Kaa-el-Bezua, nommé autrement Meïmoun-Ovassi sis! UE LHJ156 (la vallée du singe), et Tiarän |,!,LL, à seize heures de Bedre, est à 16 h. de Bedre- une immense vallée bi tacite danslaquelle il n’y a point d’eau, pa et dont les flots de sable s’agitent comme ceux de la mer. L'eau est apportée de Bedre par les gens de l’escorte; on n’en trouve pas dans ces lieux. Cette vallée en renferme elle-même deux au- tres très-grandes : la première se nomme Aas el et la seconde Aavouis [,».. Il existe également ici un lieu appelé Züli Jx;, à la droite duquel on découvre Sues-Denisi LS S pi oe (la mer de Suez ou la Mer-Rouge ). (x) Borak, jument au corps moitié de Jérusalem au ciel. femme et moitié cheval, dont il est (2) El- Kaa seulement ci dans parlé dans le coran et sur le dos dela- Burckhardt. quelle Mahomet prétend s'être élevé (153) Rabigue , également connu sous les noms de Raboug és ; de Hedjèfè as et de Rabiga-Achmassi mit awl, (les sources &æ) de Rabigue). L'ancien nom de ce lieu était Fehiaha «45, mais ses à 17 M, de Kaa-el- premiers habitans ayant tous péri à la suite d’un débordement du torrent, il fut nommé Hedjèfè. Cet endroit, qui est à dix-sept heures de Kaa-el-Berouh x, Ji € (2) , forme une vallée sablon- neuse dans le voisinage de la mer de Suès; ce sable ressemble à celui qu'on emploie pour les horloges qu’on appelle sabliers. Ce lieu renferme des plantations de palmiers, de l’eau et des jardins; on y trouve aussi du fourrage, des moutons, du poisson, des pastèques et une drogue appelée Dem-ul-Akhouin = > (sang de dragon) : le chemin est garni de tamariniers. On trouve , à Rabigue , de l’eau, en creusant la terre à la profondeur d’une coudée : c’est dans ce joli endroit que les pélerins de la Syrie se couvrent de l’'Ihram (manteau pénitenciel). On dit qu'Eminée , la mère de celui qui est l’ami de Dieu, est enterrée dans un lieu nom- mé Abua |}, situé à sept parasanges, au nord de Hedjèfè. Il y a ici deux peuplades, dont l’une porte le nom de Mevali-Roui et l’autre celui de Mevali-Roumiè ; on y voit aussi un village appelé Mes- tourè 5, , dans lequel on trouve des pastèques à petits pépins, et, à raison de sa proximité de la mer de Suès, du poisson frais: ces lieux sont très-sablonneux. Non loin de là, à gauche du che- min, se trouve un autre village bien entretenu, appelé Târef DE , qui produit des amandiers et où l’on apporte du beurre, du ‘ïougourt (3) et des légumes que l’on vend aux pélerins. On trouve sur cette route un passage difficile qui porte les noms de Cheker-Akebessi a 2, de Souïk (y, de Kadid x55 et Rabigue (1). (x) Rabagh (Burckhardt). J. celui des deux qui est inexact ; ils ne (2) Ce mot, qui est le nom de la se trouvent point sur les cartes. précédente station, est écrit ici d’une (3) Excellente préparation de lait manière qui diffère de la première: il caillé dont on fait une grande consom- faut qu’il ÿ ait erreur dans l’un ou dans mation dans le Levant. Vautre ; mais je n’ai pu déterminer Guezeldje - Burke. Sy as; S à 15 h. de Rabigue, fan (2). je CL 38 h. de Gureldje- Burke. Sebil-Kharab, ls Je à 14 heures d'Ifan. C154) de Kharim à È + Vu la difficulté du chemin, les saccas-bachis font rafraichir ici les pélerins en leur distribuant du cherbet, Non loin de l’Akebè et à droite du chemin se trouve une mosquée remarquable , où les pélerins, lorsqu'ils se couvrent de l’Ihram, font de nombreuses prières et des actes de soumission religieuse. Kadid est un désert de sable pur, dans lequel on ne trouve point d’eau; des pierres plantées dans le sable indiquent la distance des milles, et en un mot, ces lieux sont dangereux et redouta- bles aux voyageurs. Guzeldjè-Burkè ( le joli réservoir), à quinze heures de Rabi- gue , village renfermant plusieurs eaux courantes et un étang ; on ÿ trouve aussi des melons et des pastèques. Non loin de ce village il en existe un autre qui sert de demeure aux Arabes Renbidss ; on y voit aussi une mosquée remarquable et un autre hameau nommé Khalis (1), où il y a des eaux excellentes. Khalis était jadis un village florissant, mais on n’y retrouve plus maintenant que quelques vestiges, restes de son ancienne prospérité ; c’est ici qu'est enterré Maktoul-Oglou-Ali-Pacha; il y a également dans cet endroit une fontaine, une mosquée, et une source qui porte les deux noms de Itch à huit heures de Gazeldje-Burkè , est un village entouré Pde palmiers. L'eau y est de mauvaise qualité : on y voit des ruines nombreuses et un puits. Sebil-Kharab (la fontaine en ruine), nommé autrement Tcho- khadÿi-Sebili À ESS , à quatorze heures de Ifan, lieu dé- pourvu d’eau. On trouve à l’ouest du chemin, un village appelé Arouah :,,, où il y a de l’eau et des jardins. (x) Khalysz, selon l'itinéraire de çonne que les quatorze heures comp- Burkhardt. J. tées ici depuis Ifan, doivent ètre ré- (2) El-Szafan , selon le même. De duites; le même itinéraire ne fait pas là à Wady-Fatmë, il ne comptepoint mention des deux lieux qui suivent: de station intermédiaire, et je soup- l’auteur turc est donc plus complet. J. (155) Vadiüi-Fatima ( la vallée de Fatima ), à six heures de Sebil- Vadü-Fatima (1). Kbarab , village qui renferme des eaux vives, des vignes et des LL s deb 2 JE jardins; on yÿ trouve les drogues médicinales appelées kadi GoKà6 heur de Sebil- et, ls madjankour, ainsi que des fruits et des herbages de toute espèce; on en transporte, d’ici une portion que l’on vend à la Mecque et à Diida =. C’est dans la vallée de Fatima que les habitans de la Mecque viennent à la rencontre des pélerins : la vé- nérable Meimounè, l’une des épouses du Prophète, a été enterrée dans un endroit aride de cette route. On voit, en outre, ici, deux mosquées remarquables appelées , l'une Mesdji-Cheref et l’autre Mesdjidi-Teniim En passant par Eumrèëï-Cadimè a3 3, on arrive à Eumrèï- Djèdèidè ss Mes (2) ; ce dernier endroit est à environ une heure et demie de la Mecque , d’où on vient exprès pour y faire l'Eu- mrè; ce lieu est aussi connu sous le nom de Iki-Mil Jr ST (les deux milles). Vers Tenaïm rx et à la droite du Kiblè, il y a une mosquée qui est connue sous le nom Mesdjidi-Aïcha (la mosquée de A'ïcha), on la nomme aussi Heldjè. Il existe dans ce lieu un arbre antique près duquel on pense que la respectable Aïcha et son frère furent envoyés par le prophète pour s'acquitter de l'Eumrè. Cette prétendue mosquée d’Aïacha était à quelque distance de la première enceinte de la terre sacrée : elle est maintenant détruite. Les habitans sont dans l’usage d'élever ici, tantôt sur un point tantôt sur un autre, de fragiles édifices ou plutôt des tas de pierres auxquels ils donnent le nom de mosquée de Aïcha, c’est ce qui fait croire que ce temple a effectivement exis- té dans ces lieux , mais on ne peut pas connaître au juste l’empla- cement où il se trouvait. Il y a dans cet endroit une ancienne ci- terne qui est alimentée par les eaux de pluie ; c’est de l’eau de cette citerne que se servent pour leurs ablutions les personnes qui font ici leur Eumrè. Quand Sinan-Pacha vint à la Mecque , il (x) Wady-Fatme. (Burckhardt.) l’ancienne et la nowvelle visitation. (2) Ces mots signifient en arabe, Kharab. ( 156 ) trouva , lorsqu'il voulut s’aquitter de l’Eumrè , que cette citerne était vide et que les personnes qui desiraient, comme lui, remplir ce devoir religieux étaient forcées d’apporter de l’eau de tres-loin; ce pacha ayant découvert un ancien puits en ruine, fit retirer la terre qui le comblait, et le rétablit dans son état primitif ; ayant en outre fait construire un aqueduc aboutissant à l'endroit où se fait l'Eumrè, il y installa une personne chargée de tirer et de distribuer l’eau du puits; ce dernier est maintenant encore dans l'état où il l’a établi et sert aux besoins des passans et des voya- geurs. Il est néanmoins certain que lors de la trop grande affluence de monde, il y a pénurie d’eau. En quittant Eumreï-Djèdid on arrive à un endroit appelé Cheikh-Mahmoud 5,< 2; voici ce qu’on raconte de l’origine de ce nom: Ibrahim-Edhem , après avoir abandonné son royaume, s'était retiré dansle voisinage de la Mecque et vivait confondu au milieu des pauvres de cette ville; son fils, Chah-Mahmoud étant monté sur le trône de Bokhara et ayant appris avec certitude que son père était à la Mecque, s’y rendit de suite accompagné de sa mère. Dans l’entrevue qui eut lieu à leur arrivée, le père serrait tendrement son fils dans ses bras. Tout-à- coup Dieu leur inspira cette réflexion : Convient-il de confondre ici la tendresse paternelle avec l’amour divin ? Mais il était trop tard, déjà l’infortuné Chah-Mahmoud était tombé mort sur les genoux de son père :il fut enterré dans ce lieu. Aujourd’hui sa tombe est encore couverte d’une coupole, et l'endroit où elle se trouve est généralement connu sous le nom de-‘Cheïkh - Mah- moud. À un mille avant d'arriver à la Mecque , on trouve une mos- quée qui porte le nom de Zebtouï cb; dans laquelle on assure que le prophète avait coutume de passer la nuit toutes les fois qu’il venait de Médine , et que le lendemain matin il entrait à la Mecque après avoir fait son namaz. Les habitans de la Mecque donnent aussi à ce lieu le nom de Beïn-el-Hadjouteïn DE or" Les pélerins, en partant de Cheikh-Mahmoud, entrent à la Mec- (157) que par différens LEE les uns en passant en face de Cham- Tcharchoussi le ç& (la rue de Syrie), près du petit marché (Sôk-Saguir xs (5), et les autres en pénétrant par la colline de Safa We. Mekkeï-Mukerremè ( /a Mecque vénérée }), à six heures de Vâdi-Fatima. D’après l’estimation que nous avons faite ,ilya, depuis Damas en Syrie jusqu’à la Mecque, quatre cent quatre- vingt-dix heures de marche. Deux chemins conduisent de Jfan à la Mecque, l’un par Elborka LB,J1 et Mera-Elzehran old ls, et l'autre par Vàdi-Meran ls :651; (la vallée de Meran ). Cette ville est située dans le troisième des sept climats; sa longitude est de 70° (r), et sa latitude de 20° 40’. Voici entre autres les divers noms qu’elle porte : Mekkè-Beguè 3$ 4& (la Mecque proprement dite), Beldet-el-Émîn QsW5b (la ville de la sûreté), Kariet à D (le bourg), Umm-ul-Koura | 6,5}: el (la mère des villages), Bel- det 55b (la ville), Erouz 2.3, ts Kirsi Eh Farân ,}5, Mukaddèsè ai (la sanctifiée), Kädis 6, Kariet-el- Neml Je 5 (le bourg de la fourmi), Hatima al, Vâädi Lot, (la val- lée), Herem ,,= (la ville sacrée), Aerche {:,- (l'arche), Berrè 5), Selah Le (celle d’où résultent le bien et la paix), Taïibet kb (la bonne), Muad den (le lieu où lon doit retourner), Beesè fe Nachè «&L, Firouz-Abadi GS 38 (la demeure de la vic- toire et de la félicité). Le nombre des noms donnés à la Mecque est tellement considérable, qu’on en a composé un petit recueil. Celui de Umm- el-Koura, donné à l'emplacement qu’elle occupe , lui vient de ce que ce lieu a été habité le premier de tous ceux de la terre. Le nom de la sainte kaaba est dû à la forme carrée de ce monument. La ville de la Mecque est située dans la longueur d’une (1) IL est superflu de relever l'erreur . dans cette ville, en 1803, est de 37° b/" grave commise ici par notre auteur: 45” E. du méridien de Paris, et sa nous nous bornerons à remarquer que latitude de 21° 28' 17° N. la longitude de la Mecque, relevée Il. 21 Mekkeci-Muker- remè. pe à | à6 heures de Vädi- Fatima, ( 158 ) vallée qui l'entoure presqu’entièrement, et sur l'emplacement de tombeaux connus sous le nom de Mebdeï-Mualat ie cha. Cette ville se prolonge , du côté de Djidè ds , jusqu’à l'endroit appelé Chebikè aK.£ , et au sud jusques vers un lieu célèbre par la naïs- sance du vénérable Hamza. Sa largeur s’étend depuis le penchant de la montagne qui porte les noms de Djezli J;< et de Kikäan Jla$ , jusqu’à plus de la moitié de celle qu’on appele Abi-Kabis ee Quant à la sainte Kaaba , elle se trouve au milieu même de la ville; son élévation au-dessus du sol est de vingt-sept coudées (ziraas ), mesure de la Mecque; sa longueur, à partir de la pierre noire jusqu'à l’angle de l’Irak, est de vingt-quatre ziraas; le monument présente le même nombre de ziraas depuis l’angle de Syrie jusqu’à l’angle de l'Iémana ; sa longueur , de l’angle de la pierre noire à l’angle de l’Iémana, est de vingt-trois ziraas un empan ; la même largeur existe de l'angle de Syrie à celui de l'Irak; l'épaisseur de la muraille de la maison sacrée est de deux ziraas ; la hauteur de la porte de la kaaba est de six ziraas onze pouces, et sa longueur , de trois ziraas dix-huit pouces : cette porte est située dans le mur oriental. L’élévation de cette noble porte, au-dessus du sol, est de quatre ziraas et trois pouces. À l'entrée du temple , au côté occidental de la muraille, il y a un espace noir et blanc dont la largeur et la longueur sont de douze ziraas, et qui est entouré d’une bordure, large elle - même de trois pouces. On prétend que cette place est celle où le prophète avait coutume d’appuyer sa tête. L'intérieur du temple renferme deux colonnes sacrées : le canal de miséricorde ou la gouttière d’or est placé vers le milieu du toit, entre l’angle de Syrie et celui de l’Irak ; le WMulleézem sacré, c’est-à-dire l’espace compris entre la porte de la kaaba et la pierre noire, a quatorze ziraas de lar- geur ; cet espace est situé vers le mur (S. E.) du temple. Dans les temps d’ignorance de l'Arabie ( chez les Arabes païens) , on invoquait dans ce lieu la justice divine ; tout tyran ou parjure ( 159 ) contre lequel on implorait la vengeance du ciel était aussitôt atteint d’un châtiment éclatant. C’est encore aujourd'hui un lieu saint , où les prières qu’on adresse à Dieu sont favorablement accueillies. Le temple s'ouvre à diverses époques de l’année , savoir : au commencement de Mouharrem, pendant le jour de l'Achoura (1), depuis le matin jusqu’à midi; le 20 du même mois, pour balayer le temple (jour où l’on ouvre également la station d’Ibrahim JE la Caaba est aussi ouverte le jour du Mevloud (2); le premier vendredi du mois de Redjeb , la nuit de Miradj (3), vers le mi- lieu du mois de Chaaban; le premier vendredi du Ramazan, la ma- tinée de la nuit du Kadre et le dix-sept du mois de zilkaadè, épo- que à laquelle on lave et on parfume encore le temple; le vingt- quatre du même mois, on enlève l'étoffe qui couvre la Caaba, et au retour des pélerins de Musdelifè on la revêt d’une nouvelle couverture, le jour même de la deuxième fête des sacrifices (4). Durant cette journée, le temple est ouvert jusqu’à midi. La pierre sacrée est à deux ziraas et dix-sept pouces d’élévation du sol , sa largeur ostensible est d’un empan et quatre pouces : elle est à en- viron la distance d’une tête d'homme de la porte et de l’angle oriental de la Caaba. La porte du temple, dite Mesdoud (fermée), est située en face la porte ordinaire, entre l’angle de l’Imani et celui de Syrie. Entre la porte fermée et l'angle de l’Imani , en face du Multezem, se trouve l'endroit appelé Mussalaï-Adem (loratoire d'Adam): sa largeur est de quatre ziraas; la partie appelée Heudjr ou Hatim est un mur qui a la forme d’un demi- cercle ou d’un arc et qui est situé à l'occident, entre les angles d’I- rak et de Syrie; la hauteur de ce mur est de deux ziraas : il est re- (x) Les dix premiers jours du mois (3) L’ascension de Mahomet. de Mouharrem. (4) Cette fête est celle que les (2) Anniversaire de la naissance du Turcs appellent le petit Beïran, prophète, ( 160 ) vétu de marbre de diverses couleurs. Selon la tradition, les tombes de Hadijir et d’Ismaïl seraient dans le Hatim. C’est sur le terrain où est le sanctuaire, qu’Ismaïl, suivant la même tradition, faisait paître ses moutons : ces animaux n’en dépassaient jamais les limi- tes. L'eau de la gouttière de miséricorde communique à cette par- tie; d'après les paroles mêmes du prophète, la totalité du Hatim ou Heudijir n'aurait pastoujoursfait partie du temple;long-temps avant la mission de celui qui est la gloire du monde (Mahomet), les Co- reïchites ayant manqué de fonds légitimes, pour la reconstruction de la Kaaba , laissèrent le Hatim en dehors; ce ne fut que plus tard, lorsque Abdul-Melek, fils de Mervan, étant khalife de Syrie et qu'Ad’allah, fils de Zebir, se trouva à la Mecque, pendant une nouvelle réédification de la Caaba, que le Hatim y fut annexé et qu’on perça la porte appelée aujourd’hui Bab-Mesdoud. De son vivant, le prophète avait montré à la vénérable Fatima sa fille, la portion du Hatim restée en dehors et qui devait plus tard faire partie du temple. La pierre ronde et de couleur verte qui est au- dessous de la gouttière d’or, est, dit-on, venue du paradis. Cette dernière, qui est également appelée pierre d'Ismaïl, est arrosée par l’eau qui s'écoule de la gouttière d’or. Le mur du Heudir, dont la forme est celle d’un arc, a quarante ziraas de circuit. En comprenant ce dernier dans l’espace occupé par la Caaba, on trouve une circonférence totale de cent-vingt ziraas et douze pouces. À l’orient du mur dela Kaaba, entre la porte noble (Bab- Cherif) et l'angle de l'Irak, est située une fosse appelée La station de Gabriel : on assure que c’est dans ce lieu que l’archange s ac- quitta des cinq prières canoniques avec le roi des prophètes, et que long-temps avant, le vénérable Ibrahim avait pétri dans cette fosse le ciment qui servit à construire la Caaba; la longueur de cette cavité est de huit kariches (r) sept pouces ; suivant le calcul dessin , sa longueur serait de trois ziraas et demi, sa largeur de (1) Kariche Lob, mesure d'environ huit pouces de longueur. ( 161 ) deux ziraas et demi, et sa profondeur d'un demi ziraas. La station d’Ibrahim est du côté du mur oriental de la Kaaba, en face de la porte noble. Cette station qui est entourée d’une balustrade en bronze surmontée d’une couverture en plomb est de forme carrée, avec des ornemens dans la partie supérieure : son élévation du sol est de vingt pouces. Au nord de la station d’Ibrahim et en face de la Kaaba, se trouve le Member ou tribune du prédicateur, dont la porte est à environ trois ziraas de distance; cette tribune est construite en pierres de marbre: l'espace qui sépare la pierre noire de lastation d'Ibrahim est de vingt-sept ziraas ; cet espace, à ce qu’on assure , renferme les tombes de quatre-vingt-dix-neuf prophètes célèbres , parmi lesquels se trouvent Houd, Saleh et Ismaïl. A partir de cette dernière, en face du Member et près du puits de Zemzem, à la partie opposée de la Kaaba, se trouve l’ancienne porte dite Bab-es-Selam (la porte du salut ); celle-ci est sim- plement une porte construite avec une pierre d’une substance qui ressemble au marbre; elle forme partie de la cour ou de l'entrée principale du temple quoique les parties environnantes soient ouvertes. C'est près de cette porte qu'est déposé l'escalier de la Caaba dont on se sert au besoin pour s’introduire dans l’inté- rieur. Le noble puits de Zemzem est au-dessous de la station des Chaa- fites ; ce puits a soixante-sept ziraas de profondeur et quatre de diamètre : on prétend que l’eau du fond est le produit de trois sources différentes. Sa distance de la Sainte-Kaaba est dé trente- trois ziraas , et celle qui le sépare de la station d’Ibrahim est de vingt et un ziraas. L'eau du Zemzem possède entre autres pro- priétés celles de rafraichir des ardeurs brûlantes du corps; de mettre un terme , lorsqu'on en boit, aux angoisses de la faun, et de guérir de toutes les maladies. C’est le plus noble de tous les puits et l’un des objets les plus dignes de la vénération des fidèles; ( 162 ) on lui a donné différens noms en arabe, dans la langue de anciens grecs ( Ionanïan }, le mot Zemzem signifie arréte-tor. Ibrahim ayant amené son fils Ismaïl et Hadjir ( Agar}), sur le territoire de la Mecque, crut devoir les abandonner ; la vénérable Hadijir , pressée par la soif, chercha inutilement une source d’eau en parcourant l’espace situé entre Safa et Merva. Cette étendue de terrain est de cent soixante ziraas de longueur. Selon une première tradition , l'ange Gabriel lui ayant apparu, aurait, en touchant le sol du bout de son aïle, fait jaillir la source dont il s’agit ; suivant une seconde tradition, ce serait Ismaïl qui, après avoir frappé la terre du pied, aurait fait couler cette même source. Dans l’un ou dans l’autre cas, la vénérable Hadjir s'arrêta en prononcant le mot de Zemzem, et entowura cette source d’un mur de sable, F1 existe, autour de la kaaba, quatre autres stations : la pre- mière , située à l’orient, est celle des Chafites; la seconde, en- face de la kaaba , au-dessus du puits de Zemzem, celle des Ma- lekites ; la troisième, à l'occident, sur le côté de la kaaba, celle d’Ahmed-Hambali; et la quatrième, vers le côté d’Abi- Kabis, en face de la pierre noire, entre le midi et l’orient, celle des Hanefites. Cette dernière station se compose aujourd’hui d’un édifice carré à deux étages , et dont le plus élevé est destiné aux Muezzins (1). Ces stations se trouvent placées derrière la partie appelée Métaf, lieu où se font les tournées religieuses. Au-des- sous du puits de Zemzem , sont placées l’une à côté de l’autre, deux coupoles appelées Coubbeï-Ferassein et Coubbet-Sakïet-ul- Abbas ; la dernière renferme un bassin dont l’eau provient par un canal du puits de Zemzem , et qui sert à désaltérer les visitans. La longueur du temple , depuis la porte Esselam jusqu’à la porte d’Aamra , est de quatre cents ziraas, et sa largeur, depuis la porte Essafa jusqu’à la porte Nedvè, de trois cent quatre ziraas, Le (1) Les chantres. ( 163 ) nombre des portes situées aux quatre murs qui forment l'enceinte du temple est de dix-neuf (x). Le mur oriental est percé de quatre portes qui sont : Bab-Esselam , autrement appelée Bab-Beni-Chi- beh, garnie de trois arcs (2); Bab-en-Nebi, autrement appelée Bab-Djenaïz, garnie de deux arcs; Bab-Abbas, nommée aussi Bab- Djenaïz , avec trois arcs; et Bab-Aly, nommée également Bab- Beni-Hachem , avec trois arcs. Le mur méridional est garni de sept portes qui sont: Bab-Bazan, deux arcs ; Bah-el Khiiat , appelée autrement Bab-djlet-el-Nekhlè, deux arcs; Bab-Essafa, cinq arcs ; Bab-Ahïad-el-Saguir , nommée également Mahroum et Djiad , avec deux arcs; Bab-el-Rahmè , nommée aussi Bab-Med- jahediè , deux arcs ; Bab-Tetimè ou Bab-Medressèi-Chérif-Idjlan, deux arcs; et Bab-Emhani, deux arcs. Le mur occidental a trois portes, savoir : Bab-Hazourah , appelée également Bab-el-Veda , deux arcs; Bab-Ibrahim, un arc: Bab-el-Aamra ou Bab-beni- Sehem , un arc. Enfin le mur septentrional est percé de cinq portes qui sont : Bab-Amrou-ben-el As où Bab-Sabrah , un arc : Bab-Idjleh ou Bab-Bastrè, un arc; Bab-el-Nedouh, un arc: Bab- Ziadéïi-dar-en-Nedouh, trois arcs: et Bab-derïè-en-Nedouh ou Bab-Medresé, un arc. Le mehkemè ou tribunal communique à cette partie septentrionale de la galerie du temple. Le nombre total des colonnes de marbre qui soutiennent les ares de la gale- rie , est de quatre cent soixante-deux. Les degrés qui sont aux quatre côtés de cette galerie forment trois étages. Autrefois les colonnes étaient surmontées d’un toit en charpente; mais le sultan Selim IL fit démolir ce dernier et entreprit, à la place de celui-ci , la construction de voütes en pierres. Ce travail, con- tinué sous son règne et terminé, quant aux parties orientales et septentrionales jusqu'à la porte d'Aamra, fut interrompu à la (à) Ali-Bey indique ce même nom- (2) Le mot arc à été employé ici bre de portes, mais il diffère beaucoup pour désigner la forme et les ouvertu- denotre auteur dans les différensnoms res séparées de chacune des portes. qu’il donne à chacune d'elles, ( 164) mort du souverain; mais il fut repris et entièrement achevé par ordre du sultan Murad à son avènement au trône ottoman. Cette construction , commencée en l’année 980 (1572), fut terminée en 984 (1576). On doit à la munificence du sultan Soliman l'élévation, der- rière le mutaf, de trente colonnes destinées à soutenir des lampes ; deux de ces colonnes sont en marbre et le reste en bronze. L'espace entre chaque colonne est rempli par sept gran- des lampes, et les colonnes elles-mêmes sont assujéties par des cercles de fer. Les quatre côtés de la galerie sont surmontés par quatre-vingt-douze coupoles. Il y a à la Mecque sept minarets : le premier, près de Bab- Aamara, a été élevé par Djafer-Mansour et reconstruit à neuf sous le règne du sultan Soliman; le second , près de Bab-Esse- lam , est du au khalife Mehdi; le troisième, près de Bab-Aly, est du même khalife ; on doit encore à ce khalife le quatrième mina- ret, situé à Bab-Hazoura ; le cinquième, près de Bab-Ziadè , a été construit par le khalife Muutezid ; le sixième est situé près du Medressè du sultan Kaït-Baï; enfin le septième , qui se trouve entre Bab-Zïadé et Bab-Esselam , a été construit sous le règne du sultan Soliman. Cette ville possède deux baïns publics; l’un porte le nom Nebi-Hamami ( le bain du prophète), et l’autre celui de Amra- Hamami. Elle renferme également plusieurs medressès (colléges), des caravanserails et des marchés bien entretenus. On y trouve quelques légumes ; mais les fruits y sont apportés de Taïf et de la vallée de Fatima, lieu où l’on en trouve diverses es- pèces. Comme la Mecque est entourée de montagnes et de col- lines, il faut y voyager à pied. Les chevaux et les chameaux ne sauraient y marcher; trois endroits seulement sont accessibles aux chameaux et autres bêtes de somme, ces lieux sont : 1° le chemin de Messelè al, 2° celui de Chebikè «+, et 3° la partie appelée Maalât x. La sainte ville de la Mecque est située au milieu du Djeziret ul-Arab L,,d\5,;= (la presqu'île des Arabes), et la kaaba occupe le centre de la Mecque. (165) Tous les environs de cette ville ont été sanctifiés par la pré- sence des prophètes, des patriarches et des saints. D'un côté, celte contrée est bornée par la Terre-Sainte ou la Syrie, centre des envoyés et des prophètes; du second et du troisième côtés, par Bagdad et Basra, les remparts de la saintelé, ei du qua- trième, par l’Yemen, contrée devenue célèbre par plusieurs traditions orales du prophète. La longueur de la Mecque, d’ane part, depuis Haalât jusqu’à la porte dite Bab-Mahabè, est de quatre mille deux-cent soixante-dix ziraas; d'autre part, depuis la porte de Mualat jusqu’à celle de Chebikè, en suivant les che- mins Medaa et Souïka, on trouve douze cent quatre - vingt- cinq ziraas, Le temple est situé entre deux collines. La ville était jadis entourée de murailles, mais ces dernières ont été renver- sées et ruinées à tel point qu’on n’en retrouve plus aujourd’hui le moindre vestige. Indépendamment de cette première muraille, il y en avait une seconde sur l'emplacement d’une partie de la- quelle se trouve une mosquée; cette muraille avait été élevée sur la montagne appelée Ravaha as |,,. On voit encore quelques restes de ses ruines. Les collines sacrées que renferme la Mecque sont les suivantes : Djebel-Abi-Kabis 5 21 Le, Djebel-Hara ls Je, Djebel-Taur ,$ JL (1), Djebel-Tebir 15 Le et Djchel-Khandemè aXs Je. C’est une œuvre méritoire que de visiter le cimetière de Mualat, qui est réputé l’un des lieux les plus saints après le tombeau du prophète. C’est là que sont déposées les cendres d’un grand nombre de saints personnages , de musulmans et de musul- manes , entre autres celles de la vénérable Hadidjè , pour laquelle le sultan Soliman a fait, durant son règne, élever un beau mo- nument en pierre. Là reposent aussi les fils du prophète de Dieu, Kasem, Thaïb et Taher, plusieurs de ses compagnons et autres personnages célèbres. Le cimetière situé près de la porte de Che- (1) Je présume qu'il y a ici une ae (la montagne de la lumière). fauie et qu'il faut lire Djebel-en-Nour IT. 22 ( 166 ) bikè , est également un lieu de visitation méritoire et digne de la vénération des fidèles. En un mot, vouloir décrire en détail la terre pure et sacrée de la Mecque, ce foyer des lumières divines, ce sanctuaire des pro- phètes et des saints, serait user en vain sa plume et outrepasser les bornes de l’art d'écrire : le lecteur voudra donc bien, en fa- veur de ce motif, excuser la brièveté de cette description. La plupart des pélerins arrivés à la Mecque, ne s'arrêtent qu’un jour dans cette ville et se rendent le lendemain directement à Aarafat Be. Mina. Mina ou Muna, à deux heures de la Mecque, est un endroit _ renfermant des maisons nombreuses et bien bâties, ainsi que des à 2 h, de la Mecque. boutiques. Le nom de Mina lui vient de ce que ses maisons sont toutes situées en face de la Mecque (1). Selon la narration véridi- que de Ibn-Abbas, le nom de Mina tire aussi son origine de ce que l’ange Gabriel, en se séparant d'Adam, lui dit ces mots (en arabe): fais-moi une demande, et qu'Adam lui répondit (dans la même langue) : accorde - moi le paradis. Les pélerins reviennent de Mina à la Mecque les 10, 11 et 12 du mois de Zilhidjè. El est de précepte imitatif (sunnet) de faire une courte station à l’en- trée de la Mecque, dans un endroit qui porte les deux noms de Ebtah 21 et Mahsab _.; cet endroit, qui est sur le che- min de Mina, près de la Mecque, est très-pierreux. Ce serait une chose blâmable, en partant de Mina, que de se faire pré- céder de ses effets et de ses bagages pour entrer à la Mecque : le khalife Omar a positivement défendu d’agir ainsi et punissait sévèrement cette infraction. D’après la narration de Abi-Sehel, une personne vit le prophète en songe et implora son interces- sion : As-tu accompli le pélerinage et t’es tu fait raser la tête à Mina? lui demanda l’envoyé de Dieu ; sur sa réponse affirmative il l’assura qu'il ne devait plus redouter le feu de l'enfer. (x) D'après Aly-Bey, Mina estun bourg composé d'une seule rue ; mais ( 167 ). Muzdelifè (le rapprochement); à deux heures de Mina. Ce lieu est la mosquée d'Adam (que le salut soit sur lui). Cette dernière se nomme aussi Muchir-ul-Haram Des} paies ; c’est, suivant la tradi- tion, l'endroit où se réunirent Adam et Eve. Le nom de Muzde- lifè peut avoir été donné à ce lieu pour trois motifs différens : ou parce que c’est là que Dieu permit à Adam et Êve de l’approcher, ou à raison de ce que les hommes s’y rassemblent dans la nuit du Zulfet, ou bien encore parce que le père du genre humain et sa compagne s’y retrouvèrent après avoir élé longtems séparés. Il y a une parasange de la Mecque à Mina, une parasange de Mina à Muz- delifè, etune parasange de Muzdelifè à Aarafät. La parasange est de trois milles. Tous les endroits à Muzdelifè conviennent au séjour des pélerins, excepté Batn-Muhassir < .,L, qui est à la gauche du chemin. Le nom de Muhassir (x) lui avait été donné pour rappe- ler que c’est là que le démon voulut tenter (Abraham), et qu’il éprouva le regret de ne pouvoir y réussir. Les pélerins s'arrêtent à Muzdelifè le temps convenable et y passent la nuit de la fête. Djebel-Aarafit (le mont Arafät), appelé également Djebel-ul- Rahmet ++] Je (la montagne de la miséricorde), à deux heures de Muzdelifè. Il est de précepte divin (farz ) de séjourner au mont Arafàt, le neuvième jour du mois de Zilhidjè ; le lende- main de grand matin, jour de la fête, il faut faire à Muzdelifè la station convenable et retourner à Mina. L'origine du mot Aarafit (connaissance , savoir ) vient de ce que l’ange Gabriel ayant ins- truit, dans ce lieu , Ibrahim de toutes les prières et autres devoirs du pélerinage , ce patriarche répondit à l’archange par ces mots: Aaraftu aarafiu (j'ai compris, j'ai compris). La montagne d’A- rafat renferme des eaux courantes qui s’écoulent à la Mecque, par des conduits souterrains ; le cours ordinaire de l’eau est quelquefois interrompu par les dommages qu’éprouvent ces con- elle est si longue qu'il employa plus (x) Molestià affectus. de vingt minutes à la parcourir. é Muzdèlifé. 93, a 2h. de Mina. Djebel-Aarafit. re à2h. de Muzdèlife. ( 168 ) duits; mais ils sont facilement réparés et l’eau reprend aussitôtson écoulement habituel. On est redevable de ce bienfait au khalife Mutevekkel qui le premier dépensa, pour cet objet, une somme de cent mille ducats. Anciennement la princesse Zebidè , épouse de Haroun-Errachid , avait aussi fait établir de semblables con- duits, pour amener les eaux , de leur source jusqu’à Arafàt; mais le temps ayant endommagé ces conduits, et les eaux n’arrivant plus à leur destination , le sultan Soliman les fit entièrement ré- parer. Ces travaux ont été également renouvelés depuis Arafàt jusqu'à la Mecque , par la fille bien-aimée de ce souverain, la sultane Mihr-Umabh. Il y a sur le sommet le plus élevé du mont Arafat, une cou- pole appelée la cuisine d'Adam (que le salut soit sur lui). Près de là est le lieu où notre seigneur le prophète a fait sa prière. Tous les endroits de cette montagne sont réputés saints, excep- té Batn-Aarafè ; ce nom est celui d’une vallée située sur la gau- che du mont Arafât. C'est là que le démon apparut au pro- phète, et c’est pour en préserver les fidèles que l’envoyé de Dieu a défendu , à qui que ce soit, de s'arrêter dans cette vallée. Les pélerins passent la nuit de leur arrivée , à Arafàt ; le lendemain , qui est le jour de l’Arafa, ils s’acquitent en même temps de la prière du midi et de celle du soir, dans la mosquée d’Ibrahim. Pendant la station d'usage, le cadi de la Mecque entonne un cantique auquel répondent tous les fidèles. On s'arrête dans ce lieu jusqu’au coucher du soleil et l’on se relire ensuite; dans ce mo- ment la musique se fait entendre. Les chameaux se précipitent pour partir. Ceux qui sont dans des litières ou des palanquins doivent user de précaution, car la foule est considérable. On revient ensuite à Muzdelifè et à Mina, après avoir, dans ces différens lieux , jeté les pierres contre le démon, accompli les sacrifices d'usage, fait les tournées prescrites, s'être fait raser la tête et débarrassé du manteau pénitentiel. Le troisième jour de la fête, on retourne à la Mecque ; durant la nuit de ce jour, ( 169 ) le pacha de Syrie, conducteur de la caravane, celui de {a caravane d'Égypte , le gouverneur de Djiddè, Île chérif de la Mecque , le sourrè-émini , les saccas-bachis et les autres person- nages de distinction, tous réunis à Mina , illuminent leurs tentes avec des lampes, les décorent de croissans en transparent, et se livrent à de grandes réjouissances auxquelles se joignent le bruit du canon, celui de la mousqueterie et des fusées qui s’élè- vent de toute part. De leur côté, les soldats Mogrebins répon- dent , du haut des montagnes, à ces démonstrations de joie , par des milliers de coups de fusils et des cris qui leur sont particu- liers. Il serait impossible de se figurer ailleurs l'effet d’une sem- blable réunion. De retour à la Mecque, les pélerins s’y arrêtent ordinairement une huitaine de jours , durant lesquels ils se visitent entre eux et font des achats et des ventes. Après avoir encore achevé quelques tournées surérogatoires autour du temple , et s'être acquitté d’au- tres pratiques méritoires, la foule des pélerins, qui, des quatre coins de la terre, s'était réunie pour visiter la maison sacrée, se disperse et chacun retourne dans sa patrie. Ceux de la caravane de Syrie se dirigent vers l'endroit appelé Cheikh-Mahmoud ES où ils s'arrêtent une journée ; les uns prennent ensuite la roule impé- riale tariki-soultani SU K#yb, par laquelle ils sont venus, et les autres celle d’orient pour revenir à Médine. Suivant l'occurrence, ils s'arrêtent quatre ou cinq jours dans celte ville; y visitent le tombeau du prophète , et se rendent ensuite à Damas où ils se reposent l’espace d’un mois. De là le surrè-émini et les saccas- bachis reviennent à Constantinople. La plupart des pélerins, après être partis de Scutari le 25 du mois de Redjeb , se trouvent être de retour dans cette ville vers le 25 du mois de Rebi-ul-Akher. D’après ce compte, le nombre de jours, écoulés depuis leur départ de Constantinople jusqu’à leur rentrée dans cette capitale, est de deux-cent-soixante. (:170 ) RAR RAR RAR RAR LR RER LR ART RAR RL AR LA RL LA RAA AAA AAA DESCRIPTION DES RUINES DÉCOUVERTES PRÈS DE PALENQUE, SUIVIE DE RECHERCHES SUR L’ANCIENNE POPULATION DE L'AMÉRIQUE. ARTICLE COMMUNIQUÉ PAR M. WARDEN (1). $ T. Runes de Palenque et des environs. Le 15 mai 1786, sa Majesté le Roi d'Espagne ordonna de faire un nouvel examen des Ruines de Palenquë, dans le royaume de Guatemala. Le capitaine Antonio del Rio, chargé de l'exécution de cet ordre par D. José Estacheria , gouverneur et commandant-gé- néral de ce royaume, arriva, le 3 mai 1787, à l'endroit où étaient situées ces ruines. Il y fut joint par D. Jose Alonzo de Calderon, député du district, qui amena environ une centaine (x) Cet article est, en grande partie, extrait de l’ouvrage suivant, publié à Londres : Description of the ruins of an ancient city discovered near Palenque , in the kingdom of Guatemala , in Spanish translated from the original manuscript reporé of captain don Anto- America ; nio del Rio americano, or a critical Iuvestigation and research into the history of the Ame- ricans , by Dr Paul Felix Cabrera of the city of New Guatemala; London, 4°, 1822, dedicated to lord Hole pp. 128, with plates. : followed by teatro critico leli£ PU) \ z ZA EI di —PZ22RIIEX ce de Gualinala. mi (171) d’'Indiens de la ville de Tumbala, munis de divers outils: et ils commencèrent les travaux le 2 juin : leur première opération fut d’abattre et de brüler les arbres qui cachaïient les ruines. Situation de ces ruines. Elles étaient connues sous le nom de Casas de piedras , ou maisons de pierres , et situées à la distance de 15 milles de Pa- lenquè , la dernière ville au nord, dans le district de Carmen, province de Ciudad Real de Chiapa. A deux lieues d’une chaîne de hauteurs qui sépare le royaume de Guatemala du Yucatan, coule la petite rivière Micol, qui, courant vers l’ouest, va joindre la grande rivière de Tulija , dont les eaux se dirigent du côté de la province de Tabasco. C’est à partir de la Micol, qu'on commence à monter à ces ruines ; et à la distance d’une demi-lieue où cette rivière reçoit un petit ruisseau appelé Otolum, on rencontre des monceaux de pierres qui rendent le passage très-difficile pendant une au- tre demi-lieue. En gagnant la hauteur, on aperçoit 14 bâtimens en pierre, dont quelques-unes sont en plus mauvais état que les aütres, mais où l’on voit encore très - distinctement plusieurs chambres. Au pied de la plus haute montagne de la chaîne dont nous avons parlé, est une plaine ou surface rectangulaire de goo pieds en largeur, et de 1350 en longueur , au centre de laquelle, et sur un tertre de 60 pieds de haut, est située la plus grande des constructions qu’on ait découverte. Elle est environnée par d’au- _tres édifices, dont 5 au nord , 4 au midi, r au S. O., et 3 à l'Est. Des restes d’autres bâtimens s'étendent à l’E et à l'O, le long des montagnes et à environ 3 ou 4 lieues de rayon , ce qui peut faire supposer que cette ville comprenait une étendue de 7 ou 8 lieues; mais sa largeur diminue considérablement et n’est plus que d’une demi-lieue au point situé vers la rivière Micol, où les Ruines se terminent. : (172) Le site est très-beau, le climat délicieux et le sol fertile. Les sapotes, les acquacates , les camotes, le juca ou cassava , le plantin et d’autres fruits sauvages y croissent en grand nombre. Les rivières abondent en poissons tels que le moharra , le bobo et la tortue. On trouve dans les petits ruisseaux, des crabes et de petits coquillages. Description des Ruines. L'intérieur du grand édifice est d’un style d’architecture qui se rapproche du gothique; sa construction rude et massive lui assure une grande durée. On entre du côté de l’est, par un portique ou corridor quia 108 pieds de long, et par une porte de 9 de large. Il est supporté par des piliers polis, et de forme rec- tangulaire, sans aucuns piédestaux ni bases, au-dessus desquels piliers sont quatre pierres quarrées unies, et de plus d’un pied d'épaisseur, formant une architrave , avec des espèces de bou- cliers en stuc, comme ornemens extérieurs ; {a} enfin, sur ces pierres, est un autre bloc aussi rectangulaire, de 5 pieds de long sur six de large, s'étendant sur deux des piliers. Des médail- lons, ou compartimens en stuc, contenant diverses figures de même matière, paraissent avoir dû servir de décoration aux appartemens, (a) ; et l’on présume , d’après des restes de têtes qu’on peut encore distinguer, que ces figures étaient les bustes d'une suite de rois ou seigneurs de ce pays. Entre les médaillons, on a pratiqué une rangée de fenêtres semblables à des niches, allant d’une extrémité de la muraille à l’autre. Quelques unes sont quarrées; d’autres ont la forme d’une croix grecque; et d’autres encore, qui complètent cette figure, sont quarrées. et ont 2 pieds de haut environ, sur 8 pouces de profondeur ( a ). (a) L'ouvrage original renvoie ici à me des passages suivans, marqués de des dessins qui ne se trouvent pas la même letire (a. dans l’ouvrage anglais. {l en est de mê- C178) Derrière ce corridor , est une cour quarrée, où l’on descend par un escalier de 7 degrés. La partie nord est tout-à-fait en ruines; mais on peut encore voir qu'autrefois il y avait un corri- dor et une chambre semblables à ceux de la partie Est. Du côté Sud, sont quatre petites chambres, qui n’ont qu’une ou deux pe- ttes fenêtres , aussi semblables à celles déjà décrites. Le côté Ouest est pareil en tous points à son parallèle, à l'exception que les ornemens en stuc qui le décorent sont beaucoup plus gro- siers et ridicules. Les figures sont des espèces de masques gros- tesques, avec une couronne et une longue barbe comme celle d’un bouc, et au-dessous, deux croix grecques (a). En avançant dans la même direction , on trouve une autre cour semblable en longueur à celle ci-dessus, mais ayant moins de largeur, avec un passage qui l’entoure : elle communiquait avec le côté opposé. Dans ce passage sont deux chambres pareil- les à celles dont on a parlé, et une galerie intérieure, donnant d’un côté sur la cour , et de l’autre sur la campagne. Dans cette partie de l'édifice, on voit encore les restes de quelques piliers, avec des relievos (bas-reliefs), représentant, à ce que l’on croit, le sa- crifice de quelque malheureux Indien. (a). En retournant du côté du midi, il existe une tour de 48 pieds de haut, renfermant une autre tour intérieure, avec des fenêtres pour éclairer les degrés qui conduisent à son sommet ( 1 ). Derrière les quatre chambres déjà mentionnées, il y en a deux autres de plus grande dimension , assez bien décorées, toutefois : selon la manière grossière des Indiens, et qui peuvent avoir servi d’oratoires. Parmi les ornemens, il y a quelques stucs émaillés. Les têtes grecques représentent des objets sacrés (a). Derrière les oratoires, sont des appartemens qui s'étendent du nord au sud, chacun de 8r pieds de long sur 7 de large. Ils ne contiennent qu'un seul objet digne de remarque , c’est une pierre (x) Voy. la planc. V de ce volume, Il, 23 (174) de forme elliptique; son plus grand diamètre est d'à-peu-près 4 pieds , et son plus petit de 3; cette pierre est scellée dans la mu- raille, à 3 pieds environ du pavé. Au-dessous de cette pierre , est un bloc uni et rectangulaire, de plus de 6 pieds de long, sur 3 pieds 4 pouces de large, et 7 pouces d'épaisseur, placé sur 4 pieds comme une table, avec une figure en bas-relief, qui semble la soutenir. Sur les bords de cette table, ainsi que sur plusieurs pierres et stucs , il y a des caractères ou symboles, dont la signification est inconnue. À l'extrémité du dernier appartement et au niveau du pavé, est une ouverture de 6 pieds delong sur plus de 3 pieds de large, conduisant, parun escalier, à ur passage souterrain, dans lequel on découvrit d’autres ouvertures. Il y avait dans cet escalier , et à des distances régulières , des paliers ayant chacun une porte. À la seconde, on fut obligé d'allumer des flambeaux pour conti- nuer la descente, qui se termine par une pente très-douce. Cet escalier a un tournant à angles droits, à l'extrémité duquel est une autre porte communiquant à une chambre de 192 pieds de long, et presque aussi large que celles déjà décrites: Il y a en ou- tre une autre chambre semblable, éclairée par des fenêtres don- nant vue sur un corridor qui fait face au midi, et conduit à l’in- térieur de l'édifice. Les seuls objets dignes d’être notés sont quel- ques pierres polies, de 7 pieds 172 de long sur 3 pieds 9 pouces, placées sur quatre soutiens de forme quarrée, en maçonnerie, et s’élevant à environ : pied rj2 du sol. Ces pierres étaient disposés en forme d’alcôves, ce qui fit penser qu’ellesavaient pu servir d’endroit pour reposer. Au midi de cetédifice il en existe un autre situé sur une éminence d'environ 120 pieds d’élévation, et dont l'architecture est du même style. Sa forme est celle d’un parallélogramme ; il est soutenu par des piliers quarrés, éta une galerie intérieure ; on y remarque un salon de 60 pieds de long sur ro 172 de large, avec un fronton représentant des figurestenant des enfans dans leurs bras , toutes (175) de grandeur naturelle-Ces bas-reliefs sont exécutés en stuc, et les personnages sont sans tête (a). Dans l’intérieur de la galerie et de chaque côté de la porte donnant dans le salon, sont trois pierres de 3 pieds de haut sur 3 de large, toutes couvertes de figures symboliques en bas- reliefs. La galerie et le salon sont pavés en entier. En quittant cette construction, et traversant les ruines de plu- sieurs autres, ou peut-être des bâtimens qui formaient les dépen- dances du principal édifice , on descend dans une petite vallée, ou espace découvert, qui conduit à une maison ayant, comme celle ci-dessus, une galerie et un salon, à la porte duquel est un orne- ment en stuc (a) dont le style prouve la superstition de ceux qui les ont imaginés. A l'Est de cet édifice, on en rencontre trois petits, formant un triangle; chacun d’eux est un bâtiment quarré, de 54 pieds de long sur 33 de large , de même construction que les premiers, mais ayant sur le toit des espèces de tourelles de 9 pieds dehaut, chargées d’ornemens et de devisesenstuc. Dans l’intérieur du premier de ces bâtimens, et à l’extrémité de la galerie, presque entièrement dé- truite, est un salon ayant une petite chambre à chaque extrémité, et au centre duquel est un oratoire de plus de 9 pieds en quarré, présentant, de chaque côté de l'entrée, une pierre placée per- pendiculairement , sur laquelle est un bas-relief représentant un homme (a), Le devant de l’oratoire est occupé par 3 pierres, qui représen- tent des sujets allégoriques. La décoration extérieure est une espèce de moulure en petites briques de stuc, chargées de -bas-re- liefs ; le pavé de l’oratoire est très-uni, et a 8 pouces d'épaisseur. Après y avoir creusé à la profondeur d’un pied et demi , on trou- va un petit vase de vaisselle en terre , d'environ un pied de dia- mètre, joint horizontalement, avec de la chaux, à un autre de même forme et grandeur. À un pied plus bas était une pierre de forme circulaire, de plus grande dimension , au-dessous de laquelle on Cr76) découvrit, dans une cavité cylindrique , unelance armée d’un cail- lou, deux petites pyramides coniques , et la figure d’un cœur en pierre noirâtre cristallisée, (qui est commune dans ce pays, et connue sous le nom de Challa); de plus, deux petites jarres avec des couvercles, contenant de petites pierres et une boule de vermillon (æ}). Ces objets furent trouvés au centre de l’ora- troire, et on découvrit pareïillement de petites jarres dans les angles intérieurs près l'entrée (a). Les deux autres édifices étaient semblables pour la consiruc- tion, ét ne variaient que dans les sujets allégoriques représentés sur les bas-reliefs. Le devant du second oratoire consistait en trois pierres comme celles ci-dessus ; ayant fait une excavation, on y trouva les mêmes objets que ceux qu’on avait découverts dans le premier oratoire, il en fut de même du troisième. Les bâtimens du nord étant presque totalement détruits, on n’a pu en donner aucune description. Dans la direction S. O., on trouve un édifice dont l’architec- ture ressemble à celle desprécédens. Il y a un corridor et un salon, sans ornemens ni bas-reliefs. On à recueilli près de ce bâtiment, et en fouillant dans d’autres endroits des ruines, les objets suivans : 1° Un vase de terre, contenant quelques petites pièces de chal- la en forme de lancettes. (a) 2° Un autre vase aussi de terre, contenant quelques ossemens et des dents. 3° Des parties de chaux, de mortier et quelques briques brülées. Tous ces faits sont extraits du rapport du capitaine Antonio del Rio, au gouverneur D. José Estacheria , daté de Palenquè , le 24 juin 1787. Il y joint quelques détails sur d’autres bâtimens en pierre, situées à 20 lieues S. de la ville de Mérida , entre la 10) paroisse appellée Mona y Ticul et la ville de Nocacab. Il les tenait du révérend père Thomas de Soza, franciscain du couvent de Mérida , et qu’il rencontra à Palenquè. Ce moine avait été, pendant plusieurs années , collecteur d’aumônes pour la sainte Maison de Jérusalem. Un de ces Edifices , que les naturels appellent Oxmutal, a ré- sisté aux ravages du temps et est encore assez bien conservé. Il est situé sur une éminence de 60 pieds de haut, et a 600 pieds sur chaque façade. Les appartemens, le corridor extérieur, les pi- liers , étaient ornés de figures ën medio relievo , de serpens, de lézards, etc., en stuc. On y voit des statues d'hommes avec des palmes à la main et dans l’attitude de gens qui dansent en frap- pant du tambour ; elles ressemblent en tous points à celles trou- vées dans les ruines de Palenquè. On rencontre à 8 lieues au N. de Mérida, des débris de mu- railles d’autres bâtimens , qui augmentent à mesure qu'on s’a- vance vers l'Est. On voit aussi dans le voisinage de la rivière Lagartos, près d’une ville nommée Mani, actuellement sous la jurisdiction des Fran- ciscains , un pilori de forme conique, situé au milieu de la prin- cipale place; et au midi est un palais d’une très-grande antiquité, ressemblant à celui de Palenquè. Suivant les traditions, cet édifice était occupé , lors de l’arrivée des Espagnols, par un petit prince Indien nommé Hiulrio, qui le céda aux Franciscains, pendant qu’on leur construisait un couvent ; après quoi , il servit d'hôpital pendant plusieurs années. Hitulrio ne put donner d’autre ren- seignement sur ce palais, sinon qu'il avait été habité par ses ancêtres. » On doit tirer de là, dit le rapporteur , quelques lumières sur l'antiquité très-reculée des édifices de Palenquè , ensevelis pen- dant tant de siècles sous des forêts impénétrables, inconnus à tous les historiens du Nouyeau Monde , et dont pas un seul ne fait mention. (ren) » Suivant le rapport du Franciscain , il y a beaucoup d’autres bâtimens semblables sur la route de Mérida à Bacalar , au N. et au S., dont la description est inutile, tant pour éviter la prolixité, que parce que l'identité des habitans de Yucatan et de Palenquè, me semble démontrée par la grande analogie de leurs coutume , de leurs édifices, et par la connaissance des arts, dont on découvre des traces dans ces monumens que la faulx du temps n’a pas en- core totalement renversés. » Au commencement du rapport, Del Rio fait observer qu'on peut conclure que ce peuple a eu des rapports avec les Romains, à cause de la situation des édifices, et d’un aquéduc souterrain en pierre, d’une grande solidité , qui passe sous le plus grand édifice. « Si l’on examine avec attenüon, dit-il, les bas-reliefs des oratoires, on doit croire que les habitans de ces lieux vivaient dans une extrême superstition ; car on retrouve dans leurs allé- gories les sujets fabuleux des Phéniciens , des Grecs, des Ro- mains et d’autres nations reculées. On peut donc en conclure naturellement , que quelques individus de ces peuples ont poussé leurs conquêtes jusqu'à ce pays, où ils ont pu rester assez long- temps pour que des tribus Indiennes soient parvenues à imiter, d’une manière rude et grossière, les idées que leurs vainqueurs cherchaient à leur inculquer. » “En se reportant aux avantages du sol et du climat dont on a parlé , il ajoute : « Ces circonstances et les travaux ‘qu’il a fallu que ces peuples exécutassent pour élever ces monumens sans le secours du fer ou d’autres métaux ( qui semblent leur avoir été inconnus ), permettent de penser qu'ils menaient une vie plus paisible et plus heureuse que celle que donnent les raffinemers du luxe dans nos grandes villes. Ils pouvaient commercer avec leurs voisins, sans craindre les longueurs et les frais des voyages par terre; car les rivières coulant au N. à l'E. et à l’'O., servaient à leurs communications, U x79.) La Tulija leur ouvrait la province de Tabasco ; la côte de Cata- saja et la rivière Chacamal, qui se jette dans le grand Usuma- sinta , leur offrait une route courte et commode jusqu’au royaume de Yucatan, avec lequel ils faisaient sans doute leur principal commerce. » « Combien, dit en terminant le rapporteur, la nation Espa- gnole serait glorieuse de posséder ces restes d’une si précieuse antiquité. ...... Si le Gouvernement voulait qu'il en fût déposé quelques fragmens dans le cabinet royal, la seule dépense serait le transport de Cadix à Madrid , car les Indiens se chargeraient de les embarquer à bord des gabarres du roi, sur la côte de Catasaja, qui n’est qu’à 6 lieues de Palenquè, d’où ils seraient aisément convoyés par le lac Jerminos, ou le district de Car- men , jusqu'à Vera-Cruz ou Campêche, et de la transportés à bord du premier bâtiment de S. M. , faisant voile pour l’Europe.» Domingo Juarros donne, dans sa Description de Guatemala, les détails suivants de Palenquè : « Santo Domingo Palenquè, ditil, est un village de la province de Tzendales, situé sur la frontière des intendances de Ciudad Real et de Yucatan, dans une position fort salubre ; il ne renferme toutefois qu’une faible population et n’est célèbre que par les ruines d’une ville opu- lente qu'on remarque dans son voisinage , et qui a été appelée Ciudad del Palenquè. C'était vraisemblablement autrefois la ca- pitale d’un grand empire dont l’histoire n’est pas parvenue jusqu’à nous. Celte métropole, comme un autre Herculanum , avec cette différence qu’elle n'a pas été ensevelie sous les laves d’un autre Vésuve , mais cachée aussi , pendant des siècles , au milieu d’un immense désert , est restée inconnue jusques vers l'année 1750. À cette époque, quelques Espagnols ayant pénétré dans l’affreuse solitude qui l’environne , furent tout étonnés de se voir au mi- lieu des ruines d’une ville jadis superbe, qui avait six lieues de circonférence. La solidité de ses édifices, la magnificence de ses (-180 }) monumens publics n’étaient pas surpassés en importance par sa grande étendue ; et des temples, des autels, des divinités , des sculptures et des pierres monumentales , attestent sa haute antiquité. Les hiéroglyphes, les symboles et les emblêmes découverts dans ces temples, ont une ressemblance si frap- paré avec ceux des Égyptiens, qu’on serait tenté de croire qu'une colonie de cette nation a fondé la ville de Palenquè ou de Culhuacan. Il en est de même de celle de Tulha dont on voit encore des vestiges près du village d'Ocosingo dans le même dis- trict (1). » SIT. Exposé des recherches du docteur Paul-Félix Cabrera sur l'histoire des Américains. Malgre les nombreuses recherches qui ont été faites sur les premiers habitans de l'Amérique , on n’a pu encore donner une explication satisfaisante de leur origine. Après avoir approfondi ce sujet, Feyjoo (2) s'exprime ainsi : « Une longue étude et un examen suivi de tant d’opinions diver- ses, m'ont convaincu qu'aucune d'elles n’apporte les preuves né- cessaires à tout esprit sage, et que plusieurs n’ont même pas le mérite de la probabilité. » On trouve la même conclusion dans l’ouvrage de Giuseppe Antonio Constantint (3). Le célèbre écrivain Francisco Xavier Clanbers observe , dans le même sens, que l’histoire des peuples primitifs d’Anahuac est tellement obscure et environnée de fables, que non-seulement (x) Compendo de la Historia de la mala; 1809—1818; 2 tom, gr in-8°, Ciudad de Guatemala, escrito por el Br. en six parties. V. part. 1, chap. 2. D. Domingo Juarros, presbitero secular (2) Frere Benito Geronymo Feyjoo. de este Arrobispado que comprehende los Teatro critico, vol. II, disc. 25. preliminares de dicha Historia; en Guate- (3) Cartas criticas , tome IL. ( 181 ) cette matière est très-difficile à traiter, mais encore qu’il est im- possible d'arriver à la vérité (x). Le docteur Paul-Félix Cabrera , de la ville de Guatemala, a publié un examen critique de l’histoire de l'Amérique, ou « So- lution du grand problème historique de l’origine de sa popula- tion (2). » [remarque d’abord que tous ceux qui ont écrit depuis le commencement du siècle actuel sur l’origine des Américains, peuvent être accusés de négligence, pour avoir passé sous silence des Mémoires dont on ne peut contester la véracité : ceux de l’évé- que de Chiapa, don Francisco Nunez de La Vega, compris dans sa Constitution diocésaine , imprimée à Rome , en 1702. Parmi les petits ouvrages historiques qui tombèrent entre les mains de cetillustre Prélat, il en est un , écrit par Vofan, dont il parle dans les termes suivans , n° 34, sect. 30 de la préface de sa Constitution : Votan est le troisième payen placé dans le calendrier. Il a composé un traité historique en langue indienne , dans lequel il fait mention nominativement des peuples et des lieux qu'il a vus. Antérieurement à notre époque , il a existé une famille de Vo- tans à Teopizca. On trouve dans la relation de ce Votan, qu’il est seigneur de Tapanahuasec (3); qu'il a vu la grande maison (probablement la tour de Babel } qui fut bâtie par ordre de son grand-père Noë , et qui allait de la terre jusqu’au ciel ; que ce fut lui que Dieu envoya le premier pour faire le partage des terres indiennes ; enfin qu’à l'endroit où il vit la grande maison, chaque nation reçut son langage particulier. » Il paraît, d’après le N° 36, sect. 32 de la même préface, qu’a- - (x) Clavigero, tom. I, lib. LI. marques critiques, l’auteur de cet ex- (2) London, in-4°., 1822. Plu- trait se réserve de présenter plus tard sieurs des rapprochemens qui suivent, uelques observations sur cet intéres- sont de nature à êlrecontestés; enpu- Sant sujet. bliant aujourd'hui les idées du docteur (G) Mot qui signifie une sorte de Cabrera, sansmodifications etsansre- 1ambour. k Il. 24 ( 182 ) fin de détruire la superstition (raguañsme) des naturels, l’évêque de Chiapa a anéanti plusieurs ouvrages historiques concernant les habitans primitifs. « Ilya, dit-il, dans ces documens , beau- coup d’autres choses touchant le paganisme de ces anciens habi- tans, dont je ne ferai pas mention, si ce n’est quelquefois en note, car ils serviraient à les enfoncer encore plus avant dans leur idolâtrie. » Dans plusieurs endroits de son ouvrage , et plus particulière- ment dans sa quinzième Lettre pastorale, ce Prélat donne des dé- tails curieux sur la secte des Nagualistes, dont la superstition avait pris de profondes racines dans son diocèse et était étendue dans tout le Mexique. Les Nagualistes propagent leur doctrine par des almanachs où sont insérés les noms propres de tousles Naguals, des étoiles, des élémens, d'oiseaux, de bêtes, de poissons et de reptiles , avec des observations applicables aux mois et aux jours ; afin que dès qu'un enfant est né, il soit dédié à ce qui, dans le calendrier, correspond au jour de sa naissance ; cette espèce de consécration, précédée d’une cérémonie où les parens donnent leur consente- ment exprès , est un pacte implicite entre l’enfant et les Naguals, par lequel le premier doit se donner à ceux-ci. Ils désignent en- suite le Milpa, ou le lieu dans lequel il devra se rendre à l’âge de sept ans, pour ratifier son engagement en présence des Naguals. ‘Alors ils lui font renier Dieu et la Vierge, en les avertissant de ne point s’effrayer ou de faire le signe de la croix ; l'enfant va en- suite embrasser affectueusement le Nagual, qui, par quelque arti- fice diabolique ou autre , prend tout-à-coup un aspect effroyable et semble enchaîné à lui. Quoiqu'il présente souvent la figure d’une bête féroce , telle que celle d’un lion, d’un tigre, etc., l'enfant est persuadé, par une infernale malice, que ce Nagual est un ange envoyé par Dieu pour veiller sur son sort, le protéger, et qu'il doit l’invoquer dans toutes les circonstances où il peut avoir besoin de secours. ÿ ( 183 ) Suivant une tradition des Indiens , les documens précieux de leur histoire furent placés par Votan lui-même , comme une preuve de leur origine , pour la postérité , dans la Casa-Lobrega ou maison des ténèbres, qu'il avait construite d’un souffle (x). IL confia la garde de ce dépôt à une femme distinguée et à un cer- tain nombre de plébéiens Indiens qui devaient être désignés an- nuellement à cet effet. Ses ordres furent respectueusement obser- vés, pendant plusieurs siècles, par les habitans de Tacoaloya, dans la province de Soconusco , et jusqu’à l’époque où ces docu- mens furent anéantis par l’Évêque, qui en parle en ces termes: « Ce trésor consistait en quelques grands vases de terre d’une seule pièce , et fermés avec des couvercles de même matière, sur lesquels étaient représentées , en pierre, les figures des anciens Indiens dont les noms sont dans le calendrier, avec des Chalchi- huites (2) et d’autres figures superstitieuses. Ils furent tirés d’un souterrain, par la dame Indienne elle-même et par les Tapianes ou gardes, et remis pour être brûlés sur la place publique de Huegue- tan, lors de la visite qu’il fit dans la province de cenom, en 1691.» Le capitaine Antonio del Rio , qui a visité les ruines trouvées près de Palenquè, et dont nous avons donné la description, con- clut de la position de cette ville, et des figures en stuc qu'il y a découvertes, qu’il a existé autrefois des rapports entre les natu- rels de ce paysetles Romains. Il est confirmé dansson opinion, par Ja lecture de la copie de la narration hiéroglyphique de Votan, qu’il croit avoir été faite aussitôt après la conquête du nouveau monde, par les Espagnols. Suivant l'interprétation du docteur Cabrera, Votan amena sept familles de ’alum-V’otan en Améri- que, où il fonda une colonie. S’étant déterminé à voyager jus- qu’au ciel, pour découvrir ses parens /es Culebras , ilfit quatre (x) Expression métaphorique pour (2) Pierre irès-dure et d'une cou- signifier le court espace detemps qu'il leur verte. mit à la bâtir. C8). voyages à Chivim , alla en Espagne, et ensuite à Rome : il vit la grande maison, bâtie et habitée par Dieu. Le docteur Cabrera pense que les figures et idoles, et parti- culièrement les hiéroglyphes trouvés dans le temple de Palenquè, sont Egyptiens. Une des idoles trouvées dans le temple de cette ville, ayant une espèce de mitre sur la tête et des cornes de taureau, est supposée être l’Osiris des Egyptiens; une autre res- semble à leur Isis. Le docteur pense aussi que, dans des temps très-reculés, il a exis- té une communication maritime entre l'Amérique et l’Afrique ; que le grand-père de Votanétait Jwvite, originairement de Tripoli en Syrie, et le premier qui peupla le Nouveau- Monde; que son petit-fils Votan fit quatre voyages dans l’ancien continent ; qu’en conséquence, les premiers habitans de l'Amérique arrivèrent de l’est, s’avancèrent ensuite vers le nord, et vinrent peupler les con- trées bornées par le golfe du Mexique et les îles environnantes ; mais que cependant, lorsque l’art de la navigation se fut répan- du, plusieurs familles ont pu émigrer en Amérique , et y former des colonies. Enfin, pour appuyer son opinion, il fait observer que les discours de Motezuma à Cortez, et les adresses de ce prince aux Caciques, faisaient allusion à l’arrivée et au départ de Votan; etse prévalant des remarques de Calmet (1), de Bochart (2), et de Hornius (3), il conclut que Hercule Tyrien fut un des ancé- tres de Votan; que la Septamanie était l’île d'Atlantis, ou Hispa- niola, et Valum-Votan la ville d’Alecta, capitale de cette île, où Votan embarqua sa première colonie pour le Nouveau-Monde ; que le descendant d'Hercule, auteur de la narration, était le troi- (:) Calmet, cap. 10, ». 17, in Gen. (2) Phaleg. et Canaan. perb. Evœum chivim; etin Diction. Bi- bliot. verb. Cadmondi. Hevæi Josue, et mult. aliis in locis passim. V. la note de la page 187. (3) De originibus Americans; Vib. 17, cap. 3 et4. ( 185 ) sième de sa race , et florissait environ 3 ou 400 ans avant J.-C. ; enfin, qu’à son retour sur le vieux continent, il donna aux Ro- mains et aux Carthaginois, les premières notions de l'Amérique, où ceux-ci envoyèrent une colonie avant la première guerre pu- nique. Parmi les figures dont le capitaine Del Rio a tiré copie , il ÿ en a deux qui, suivant Cabrera, représentent Votan, sur les deux continens : évènement historique qu’il desirail transmettre à la postérité. Dans la première, ce personnage a une figure symbo- lique qui entoure son bras droit, et qui signifie ses voyages dans l’ancien continent. Le quarré avec un oiseau peint au centre, indique Valum-Votan , d’où il commença ses courses. L'oiseau figuré dans une direstion opposée au premier, dénote son retour à Valum-Votan; il tient dans sa main gauche un sceptre, du haut duquel sort le symbole du vent, semblable à celui qui, d’après Clavigero (1), était représenté par les Américains ; sa main droite üent une double bande ; à ses pieds est une divinité, qui semble le supplier de la conduire en Amérique, pour y être connue et adorée. La seconde figure montre Votan de retour en Amérique. La divinité, qui était d’abord représentée à ses pieds, est maintenant sur un siège couvert d’hiéroglyphes; Votan lui présente de la main droite, un sceptre armé d’un couteau de y{zA (2); et par là il montre que cette divinité est celle à qui le principal culte doit- être rendu ; Votan a, dans son turban, l'emblème de l’air, et un oiseau ayant le bec tourné dans la direction opposée à sa figure , pour signifier son départ d'un hémisphère pour l’autre; de sa main gauche ; s’échappent deux bandes, semblables à celles dont il ést question dans la première figure ; la bande inférieure désigne ses descendans sur le vieux continent, et la bande supérieure ses (a Vol. I. Indiens font leurs couteaux, leurs lan— (2) Espèce de caillou noir dont les ces et leurs flèches. ( 186 ) ancêtres Américains. Les trois cœurs humains montrent que celui qui tient les bandes est Votan et le troisième de sa race , comme il le dit lui-même dans sa narration. Pour comprendre ceci plus clairement, on doitremarquer que, dans lalangueTzendale, Votan signifie cœur. Nunez de la Vega, parlant de ce héros de l’antiquité, dit, n° 34, sect. 30 : « Ce Votan est très-vénéré par tous les In- » diens, qui le considèrent comme le cœur du peuple. » Pour confirmer la vérité des voyages de Votan, Cabrera cite les différens objets trouvés , savoir : 1° Les deux effigies dont on vient de parler , que le capitaine del Rio trouva sculptées sur pierre , dans l’un des temples de la ville inconnue ; 2° Plusieurs figures de bacchantes, sculptées sur les murailles ; 3° Une autre, représentant la purification d’une victime placée sur la tombe d’Osiris , sur laquelle sont sculptés plusieurs Phalli joints ensemble ; 4° La figure d’Isis, ayant sur la tête une coiffure semblable à celle d'Osiris, et tenant à deux mains un bâton tordu orné de fleurs, et au bout duquel est une tête humaine : ce qui est le symbole de l'autorité royale dans l’administration de la justice. 5° La figure de Mercure , tenant un sceptre à la main ; 6° Trois têtes humaines couronnées, taillées dans la pierre, et trouvées dans le corridor de la grande Casa. 7° La tour située dans la cour du grand temple , qui était sans doute le tombeau des troïs Rois Chichemecas, qui ont gouverné Amaguemecan. Pour expliquer ces mots de Votan ; « Je suis Culebra, parce que je suis Chivim, etc. » Cabrera s'appuie des observations de Calmet, dans ses Commentaires de l'Ancien Testament. Il suppose, avec ce savant auteur, que quelques Hivites ou Hevites , descendans de Helth, fils de Canaan, établis sur les bords de la Méditerra- née , et connus dans les temps les plus reculés, sous le nom de Hivim ou Giim, furent expulsés de leurs demeures, quelques (187) années avant que les Hébreux sortissent de l'Egypte, par les Caphtorims ou Philistins, venus probablement de l’île de Crète , aujourd'hui Candie ; que ceux-ci, pour défendre l'Égypte , leur pays natal, et se protéger eux-mêmes, bâtirent quatre villes fortes, savoir : Accaron, Azotus, Ascalon et Gaza, d’où ils firent de fréquentes sorties sur les terres canaanites et celles de leurs voisins , excepté les Égyptiens , qu'ils respectèrent toujours, et qui, dans la suite, portèrent souvent la guerre chez les Hé- breux (x). Les Hivites (Givims) , qui habitaient les pays depuis Azzat jus- qu'à Gaza, en furent donc chassés par les Caphtorims. D’autres s'établirent sur les confins des montagnes d’Eval; et parmi eux étaient les Sichemites et les Gabaonites, qui se soumirent à Josué, ou firent alliance avec lui. D’autres, plus éloignés, habitaient les environs du mont Hermon , au-delà du Jourdain et à l’est de Ca- naan (2). Il résulte de cette digression , ajoute Cabrera, que lorsque Votan dit : « Je suis Culebra, parce que je suis Chivim, etc., » c’est comme s’il disait : « Je suis Hivite, natif de Tripoli en Syrie, » c’est-à-dire, Valum Chivim, port où je me suis embarqué pour aller parcourir l’ancien monde, et appartenant à une nation ren- due célèbre pour avoir donné naissance au fameux Cadmus, qui, par son courage et ses grandes actions , mérita d’être changé en culebra ou serpent. et placé au rang des dieux. Et pour la gloire de ma race, j’enseigne son culte aux sept familles de Tzequiles, qu’au retour d’un de mes voyages, je trouvai unies avec les (x) Calmet, cap. 10 , ». 17, in Gen. verb. Evœum chivtm, et in dict. Biblioth. verb. Cadmondi, Hevæi Josue, et in Dis- sert. de Hæbrwæor. hist. præt. et de regione in quam Cananeï pulst à Josue sese rece- perunt, tom. Il. sué, cap. 3, v. 4, et cap. 11, v. 3. Suit, dans l’auteur original , une lon- - gue digression' sur la fable de Cadmus et l’opinion de Calmet relative au géant Og, vaincu par Moïse, dit-il, vers l'an 1447 avant J.-C. (2) Deuteron., cap. 2, v. 3. — Jo- ( 188 ) sept familles habitant l'Amérique , que j'avais amenées de Valum Votan , et à qui j'avais distribué des terres. Si un lecteur difficile , continue le docteur Cabrera, n'était pas satisfait de cette interprétation, il devrait bannir toute espèce de doute en examinant la médaille de cuivre dont on a trouvé deux modèles, l’un aujourd’hui en possession dé don Ramon Ordonez, et l’autre qui m'appartenait et que j'ai fait présenter au Roi, le 2 juin 1794, avec deux exemplaires de cet ouvrage (1). Cette médaille est une preuve authentique de la véracité du reste de la narration de Votan , et démontre pleinement que c’est à lui qu’à rapport la tradition américaine, sur son origine et son expulsion du royaume d'Amaguemecan, premier revers qu'il éprouva sur le nouveau continent. Si on y ajoute ensuite quelques parties du rapport du capitaine Del Rio, on pourra expliquer quelques fragmens historiques rap- portés par des écrivains du plus grands poids, mais qui sont ce- pendant considérés comme apocryphes par des auteurs modernes estimés. La médaille peut être considérée comme une histoire abrégée de la population primitive de cette partie de l'Amérique septen- trionale , et de l’expulsion des Chichimecas du pays d'Amague- mecan, dont la capitale était indubitablement la ville Palencienne, cherchée en vain jusqu'ici, soit au nord du Mexique, soit au nord de l'Asie. Un des côtés représente sept arbres, qui sont le symbole des sept premières familles à qui Votan distribua des terres. L'un d’eux est flétri, ce qui indique clairement l'extinction de la famille qu’il représentait. De la racine de cet arbre, sort une tige d’une espèce différente , marquant une nouvelle famille, qui vient prendre sa place. Le plus grand de ces arbres est un Cieba , cotonnier sauvage , placé au milieu des autres, et les ombrageant de ses rameaux. Son tronc est entouré par un ser- (2) Voy. la planche V de ce volume, fig. 3, 4. ( 189 ) pent , culebra , qui désigne l’hivite , souche de ces sept familles , et dans l’une d'elles, la postérité la plus directe de Cadmus. Cet emblème prouve aussi l'erreur de Nunez de La Vega, qui a appliqué le symbole du Cieba à Ninus ; il constate de plus en plus l’origine de Votan et des sept familles qu'il conduisit en Amé- rique, ainsi que la signification de l'arbre mort, de l’arbuste sorti de ses racines, et de l’oiseau au sommet. L’autre face de la médaille représente sept autres arbres, et un Indien agenouillé , les mains jointes, les yeux baissés et dans une attitude suppliante. Cette situation est expliquée par la présence de deux crocodiles qui sont à ses côtés, bouche béante, et sem- blent vouloir le dévorer. Cet emblème, à n’en pas douter, fait allusion aux sept familles de Tzequiles, que Votan dit qu’il trouva à son retour de Valum Chivim. Il n’est peut-être pas fa- cile d'expliquer comment chaque arbre représente une famille particulière ; cependant il est indubitable que la nation Mexi- caine avait pris pour devise l’'Opuntia ou Nopal; et les autres symboles peuvent aussi avoir été appliqués à d’autres tribus main- tenant inconnues. Un aigle perché sur le Nopal, et tenant en son bec un serpent , est une preuveque Votan avait reconnu dans les Tzequiles la même origine que la sienne, et confirme la tra- dition mexicaine de son expulsion d'Amaguemecan. Clavigero parle de ce royaume et de l’arrivée des Chichimecas à Amaguemecan, qu’il appelle Anahuac, c’est-à-dire, pays des eaux, et dans lequel , suivant ce que racontaient ces Chichimecas, plusieurs rois de leur nation avaient régné. Torquemada a trouvé dans des histoires mexicaines, qu’il avait existé trois rois d'Amaguemecan ; et que ce royaume était situé dans la province actuelle de Chiapa. La coïncidence des relations des écrivains de l’ancien conti- nent, dont je viens de parler, avec les deux discours de Mote- zuma , Où il fait entendre que les Mexicains sont venus de l’O- rient, et avec la narration de Votan, les événemens rappelés par la 11. 25 Cigo ) médaille , le rapport du capitaine Del Rio, les figures d’Isis et d’Osiris trouvées par lui dans le temple de la ville Palencienne ; tout enfin forme une masse de preuves dont il est impossible de nier l'évidence. (1) Salluste, dans son Commentaire sur la Guerre de Jugurtha, fait mention d’une tradition africaine, qui rapporte l’arrivée en Nu- midie d’Hercule Tyrius ou Läbyus , avec une armée de Mèdes, de Perses et d'Arméniens, qui épousèrent des femmes Libyennes; leur langage ayant dégénéré, ils furent appelés par corruption Mauruici ou Maures. Diodore affirme qu'un Hercule navigua tout autour de la terre, et bâtit la ville d’Alecta dans la Septamanie ; cet Hercule Tyrien fut peut-être un des ancêtres de Votan ; la Septamanie est l’île d’Atlantis ou Hispaniola, et la ville d'Alecta, Valum Votan , capi- tale de cette île, d’où Votan fit partir sa première colonie pour l'Amérique, et où il s’embarqua , lors des voyages qu'il fit sur l’ancien hémisphère. Pour découvrir l’époque où vivait Hercule Tyrien, et où il aurait pu fonder la première ville en Amérique, on suppose 30 ans par génération. En admettant que Votan soit le troisième de sa race , Hercule aura vécu go ans avant lui, ce qui corres- pond à-peu-près à l’année 381 avant l’ère chrétienne. Votan dit qu'il alla à Rome, et qu’il vit la grande maison bâtie par Dieu. On peut alors fixer avec précision (2), l'époque de ses voyages sur le vieux continent. Suivant les annales de la République Romaine, l’an 46/4 de la fondation de Rome , et 291 avant J. C., la paix fut faite avec les Samnites, après une guerre sanglante qui avait duré huit ans, et une alliance fut jurée entre les deux nations. En mémoire de cet événement on construisit un temple ma- gnifique, dédié à Romulus et Remus, fondateurs de la Républi- (1) P. la note 2, pag. 187, ci-des. (2) Idem. ( 191 ) que. Vers ce temps , Rome et Carthage étaient en paix pour la seconde fois; la première guerre entre ces deux rivales avait commencé /2 ans après cette alliance, et 26 après l’arrivée de Votan. En conséquence , cette seconde alliance eut lieu l’an 448 de la fondation de la République , ou 307 ans avant J. C.; la première guerre punique éclata l’an de Rome 490, ou 265 avant Vère chrétienne. Il y a peu de doute que les premiers renseigne- mens sur l'Amérique , donnés aux Romains et aux Carthaginois , le furent par Votan lui-même ; et il est probable que ces derniers ne tardèrent pas à recevoir la confirmation de ce rapport, par les marins qui montaient le vaisseau dont parle Diodore , ou bien encore que les sept Tzequiles trouvés par Votan, à son retour, étaient de cette nation. Il n’est pas moins probable que la pre- mière colonie envoyée en Amérique par les Carthaginois, le fut antérieurement à la première guerre punique. Cette co- lonie , jointe aux Tzequiles et renforcée par les matelots Cartha- ginois qui fuyaient les malheurs de la guerre:, resta en Amérique: elle se rendit presque aussitôt maîtresse du pays, en soumettant les premiers habitans, et elle changea l’usage qu'avait jusqu'alors suivi le peuple primitif, d’être gouverné par deux capitaines choisis par les prêtres, l’un dans la famille de Votan, l’autre parmi les ‘Tzequiles, comme le rapporte Clavigero (1). Afin de conserver Vharmonie générale , le royaume d'Amaguemecan fut fondé ; et les émigrations qu'y firent les Carthaginois déterminè- rent le décret du Sénat , qui leur ordonnait de revenir , ainsi que le rapporte Diodore ,.et que cela est confirmé par les discours de Motezuma à Cortez. On peut croire que la désobéis- sance à ce décret, et la consternation qu’il fit éprouver, furent la cause de la ruine d'Amaguemecan , les anciens habitans ayant profité du premier mouvement de stupeur, encore augmenté par la mort du dernier roi Hamacatzin, et par les dissensions qui (x) Liv. Ier, Ca92) s’elevèrent entre ses deux fils pour la succession. Ce fait, auquel Clavigero et Torquemada font allusion, est appuyé par les tradi- tions des Mexicains et des Toltecas sur Amaguemecan, etconfirmé par la posture suppliante de l’Indien entre les deux crocodiles, tel qu'il est représenté sur la médaille; document suffisant en lui- même pour transmettre à la postérité un événement si mémorable. On peut donc fixer l’époque de la destruction d’Amagueme- can, et conséquemment du voyage des Toltecas ou Chichimecas, d’après les dates suivantes, qui peuvent être considérées comme certaines (1). Û Votan arriva à Rome, l’an 291 avant J. C. Les guerres puni- ques eurent lieu en 265, 219 et 150, aussi avant J. C. Enfin la destruction de Carthage date de l’an 147 avant notre ère. Il en résulte que l’époque de la chute d’Amaguemecan est celle où l’année mexicaine, appelée carllou, correspondit à l’an- née 181 avant J. C.; car si on y ajoute les 90 ans, temps fixé pour la durée d’Amaguemecan , on aura 271. La conclusion est donc que la date de la Colonie est de 20 ans après l’arrivée de Votan, ou de 6 ans avant la première guerre punique. Le décret rendu par le Sénat Carthaginoïs , paraît avoir été promulgué 38 ans après le commencement de la deuxième guerre punique, 31 avant la fin de la troisième , et 34 avant la destruction de Car- thage. Les guerres continuelles soutenues par elle, contre les Romains et les Numides,, ne lui permirent pas de châtier la déso- béissance de ses sujets D Eique. Revenant à l’histoire de Votan et des sept familles Tzequiles, qu'il trouva unies aux sept autres qu’il avait amenées d’Hispaniola, et dans lesquelles il reconnut l'origine Culebra, je suis porté à croire, dit le docteur, que ces premières familles étaient Cartha- ginoïses. Cette opinion est appuyée par l'autorité de Huet, évêque d’Avranches, dans ses Démonstrations Evangéliques , par Alexis (2) Voir la note 2, pag. 181. (193) Vanegas, dans son ouvrage sur /a Variation des livres, etplusieurs autres écrivains, qui supposent que cette colonie était Tyrienne , conséquemment Hivite. Je crois donc, conclut enfin le docteur bras avoir établi l'origine, sinon de tous les Américains, au moins de tous ceux qui habitaient les pays bornés par le golfe du Mexique et les îles environnantes. D’autres familles ont pu avoir été conduites sur d’autres points de l'Amérique, et y avoir formé des établisse- mens ; les nombreux dialectes connus dans le nouveau monde, les religions, les coutumes superstitieuses, qui attestent une ori- gine étrangère, semblent appuyer cette supposition. Cabrera dit dans un supplément, qu'après avoir terminé son ouvrage, le hasard lui fit tomber entre les mains un savant écrit (intitulé Tardes Americanas ou les soirées américaines ), com- posé par Don Francisco Jose Granados y Galvez, évêque de So- nora , et publié à Mexico en 1778 , et dans lequel se trouve le passage suivant: « Outre les sept cavernes d’où les Chichemecas sont sortis pour peupler le Nord ou la terre d'Amaguemecan ,il y a des îles qu’ils placent à l'Est, sur leurs cartes , les confon- dant avec celles des Tultecas qui sont situées à l'Ouest; toutefois les cartes de ces derniers ne représentent pas des pays, mais des familles.» Ces renseignemens précieux et concluans, dit Cabrera, que je n’ai obtenus qu'après avoir terminé mes recherches, m'ont décidé à amender le titre de cetessai queje voulais d’abord appeler nouvelle tentative pour résoudre le grand probléme historique de la population Américaine, et que je nomme maintenant : Solufon du grand probléme , en invitant le lecteur à ne pas attribuer ce changement à une confiance outrée dans mon habileté. ( 194 ) PR PRE VE -NOTICE SUR LA CARTE GÉNÉRALE DES PASCHALIKS DE BAGHDAD, ORFA ET HHALEB , ET SUR LE PLAN D'HHALEB DE M. ROUSSEAU, Ci-devant Consul-Général de France à Baghdad , aujourd’hui Chargé d'affaires de S. M. près le Bey de Tripoli de Barbarie. M. ROUSSEAU ayant offert à la Société de Géographie, la première feuille d’une carte des Paschaliks de Baghdad, Orfa et Hhaleb, dressée par lui, pendant son séjour dans le Levant, la Commission Centrale arrêta que cette Carte serait publiée dans le Recueil des Mémoires, telle que l'auteur la présentait, avec une analyse propre à faire connaître les bases sur lesquelles elle est appuyée. On décida que tous les noms des lieux seraient imprimés à la suite de l'analyse , en caractères arabes et en ca- ractères français, conformément à la carte de M. Rousseau. Cet exemple était d'autant plus nécessaire à donner que la plu- part des noms rapportés par les voyageurs, ou traduits dans leur propre langue, sont ordinairement défigurés ou altérés , au point d'empêcher de reconnaître un même lieu dans deux écrivains différens. Si cette marche était adoptée généralement par les voyageurs , on ne serait plus arrêté par la différence qui existe souvent entre la prononciation vulgaire et la prononciation véri- table des noms d’un pays; les caractères de la langue serviraient (195) de type pour la manière de les écrire et de les énoncer, et on pré- viendraït ainsi beaucoup de fausses interprétations. Personne mieux que M. Rousseau, qui a fait une étude appro- fondie des langues de l'Orient, n’était en état de remplir les in- tentions de la Société, surtout à l'égard d’un pays qu’il a habité pendant tant d'années , et qu’il a parcouru en tous sens ; dont Phistoire , écrite par les auteurs nationaux , lui est familière , et avec les habitans duquel il a entretenu des rapports continuels , secondé par le gouvernement local. Aussi a-t-il pu faire entrer dans son travail, des notions qui échappent ordinairement aux voyageurs ; par exemple, tout ce qui regarde les cours d’eau, les chemins et les directions suivies par le commerce , connais- sance indispensable au négociant, soit pour diriger ses expédi- tions, soit pour savoir où il doit former des établissemens. La Carte de M. Rousseau nous montre la position et la situation presque habituelle de toutes ces hordes (1) qui, continuellement en rébellion contre leur souverain, et même en guerre entre elles , ne reconnaissent que l’autorité du plus fort , et ne paient tribut qu'aux pachas puissans qui savent les tenir dans leur dé- pendance. Utile pour l’histoire des temps actuels, ce travail ne l’est pas moins pour celle des temps anciens. L'auteur s'est atta- ché à reproduire sur son dessin les ruines des villes , les débris d’aquéducs, les restes de ces belles chaussées et des monumens élevés par les divers peuples qui se sont succédé dans ces régions. Il a pris soin d'indiquer les sources minérales et les puits où viennent se rafraîchir les caravanes. Malgré toute son utilité et tout son intérêt , cet ouvrage pourra bien n’offrir aux astronomes et'aux savans , qu’un travail impar- fait, puisqu'il n’est point assujéti aux règles de la géographie (5) Depuis que M. Rousseau a adres- tous les noms des diverses tribus ara- sé à la Société de Géographie, sa bes qui habitent une grande partie des Carte, il lui a fait remettre également contrées de l'Asie occidentale. un tableau très-intéressant contenant C196 ) mathématique; et il y a, sans doute, loin de cette esquisse à une carte dressée par un géographe de profession. La Société, en la publiant, ne la regarde que comme la réunion de plusieurs ma- tériaux qu'on peut mettre en œuvre, parce qu'ils sont le résul- tat d’un travail fait sur les lieux; une main habile en profitera, et il lui sera facile de rectifier les erreurs qui peuvent s’y trou- ver. Ïl serait à desirer qu’un grand nombre de membres et de correspondans fissent les mêmes efforts que M. Rousseau, et apportassent à son exemple, le fruit de leurs travaux. L’échelle de la Carte de M. Rousseau est formée de la mesure persane connue sous le nom de farsakh ou farsingh. Le farsakh employé par M. Rousseau est composé de quatre milles. Nous nous sommes abstenus d’ajouter , sur l'original, aucune échelle comparative ; mais, autant pour rectifier la configuration des côtes de la Syrie et même le cours des rivières de l’intérieur, que pour pouvoir donner des échelles correspondantes aux mesures en usage dans le pays, nous avons tracé, dans un petit tableau particulier, une Carte de l’ensemble du pays, appuyée. sur les relèvements faits par M. le capitaine Gauttier et par plusieurs voyageurs dont les observations ont été consignées dans la con- naissance des temps. La Carte de M. Rousseau est le résultat de douze années de voyages en Syrie, dans la Mésopotamie et dans les deux Iraks. Il aurait desiré l’accompagner de la relation de ses diverses courses ; mais il a été contraint de se borner à rendre un compte succinct de la composition de cette feuille. Voici son exposé : « J’ai pris, dit il, pour base fondamentale de ma Carte, celle de D’Anville (x), en y faisant toutefois les corrections dont elle (1) Carte del’Euphrate et du Tigre, et des officiers français qui ont suivi publiée en 1779, en une feuille. Il le général Gardanne en Perse, du eût été à désirer que M. Rousseau colonel Boutin, de Seetzen et autres eût sous les yeux les travaux plus ré- voyageurs; il eût pu les comparer avec cens de Niébunr, Paulire et Lapie, le iravailde D’Anville, qui , aussi bon C 197) était susceptible relativement au cours de l’Euphrate, auquel ce géographe assigne un trop grand nombre de sinuosités. » Je n’ai eu besoin que de recourir aux itinéraires de mes di- verses excursions dans le territoire de Hhaleb *, pour marquer les principaux endroits du Paschalik dont cette ville est le chef-lieu. » Pockocke m'a fourni quelques positions importantes ; et je me suis aidé de l’historien arabe Ibn-Schohné (1), pour com- pléter, autant que possible, cette partie de mon travail. Je ne dirai rien des départemens d’Anttaqié et Aïntab (2), parce qu’ils sont censés compris dans le même Paschalik. » Je dois à un Grec attaché au vice - consulat de France, à Latqié (3), les détails topographiques concernant la petite contrée maritime qui renferme cette ville , et à un négociant turc d’Orfa (4) qu'il pouvait l'être dans le temps où il a été fait, ne se trouve plus aujour- d’hui au niveau-des connaissances ac- quises sur ce pays. Mais M. Rous- seau, éloigné de l’Europe , ne pou- vait connaître ces divers ouvrages. (x) Ibn-Schohné ou Ebn-Schohné est le surnom de Mouhhibb-Eddin- Aboul-Walid- Mohhamed , auteur en grande réputation parmi les Musul- mans ; le plus célèbre de ses ouvrages est intitulé : Bahoudhan el-manadher fi élm el-awaïl ouel awakhir. C’est une histoire des Arabes, écrite en forme d’annales, depuis la 1'° année de l'hé- gire jusqu'à la 806, Ebn-Schohné mourut l’an de l’heg. 883 (1478 J.-C.). Biblioth. Orient. de d’'Herbelot. (2) Le département d’Aintab ; que M. Rousseau n’a pu visiter à loisir, présente quelques vides, qu’il pense qu’on pourrait remplir, en se procu- rant les papiers de l’infortuné colonel IX, Boutin, officier du génie, qui explora cette partie du Paschalik d'Hhaleb, en 1814 et 1815, et qui fut assassiné en Syrie, par les Arabes. (3) Cette ville est plus connue en Europe sous le nom de Lattaquié, ancienne Laodicée, (4) Le Paschalik d'Orfa s'étend jus- qu’au Khabour; ses limites orientales fgureront par conséquent dans la 2° feuille. Le Paschalik de Baghdad sera plus riche ea détails topographiques. Les bords de l'Euphrate et du Tigre surtout sont couverts de peuplades sé- dentaires et agricoles, presque incon- nues jusqu’à ce jour. * Nota. En conservant le systéme de transcription des mots orientaux suivi par l’auteur, dans ce Mémotre et dans la carte qui y est annexée , la Société de Géographie n’entend pas adopter ce mode ni tout autre, d’une manière excluswe. 26 (198) les noms de la plupart des villages (x) et des peuples agricoles qui bordent ou avoisinent le Belikh et le Djullab, deux rivières re- marquables, dont les voyageurs n'ont presque point parlé. » D’autres notions obtenues de ce même Turc, homme in- telligent et véridique, qui avait parcouru en tous sens le Diar Madhar, m'ont mis en état de décrire avec quelque exactitude le cours de l’Euphrate, depuis Il-Biré ou Birédjik jusqu’à Déir , les distances relatives des places riveraines de ce fleuve ayant été ultérieurement déterminées d’après mes propres observations, consignées dans un Itinéraire particulier de Hà à Hhaleb, que je me réserve de communiquer plus tard à la Société de Géo- graphie. » C’est dans le cours d’un dernier voyage, exécuté en 1818, à travers le Schamié ou désert de Syrie, que j'ai pu indiquer sur ma Carte , la boussole et la montre à la main, les chaînes de mon- tagnes, les ravins , les puits, les sources d’eaux minérales , les campemens d’Arabes, les bourgades habitées, et en général tous les lieux de quelque apparence de cette partie du désert, si peu connue des voyageurs anciens et modernes. » Quant au plan de Hhaleb, il fut primitivement tracé (en 1811), sous ma direction, par un jeune homme attaché au con- sulat, que j’occupais alors dans cette ville ; mais ce n’était qu’une simple ébauche très - défectueuse , qui avait besoin de rectifica- üons et de développemens. En retournant sur les lieux, en 1818, je m’occupai moi-même de ce travail, auquel je crois avoir donné toute la précision desirable ; et c'est dans cette confiance que je le présente aujourd’hui , après avoir eu soin de le réduire à moi- üé, pour qu'il pût être gravé au bas de la Carte. » Telle est l'analyse succincte que M. Rousseau nous a fait par- venir; malgré tout ce qu’elle laisse à desirer, nous pensons que (4) Quelques - uns de ces villages Bédouins, le second connu seulement portent deux noms, l’un arabe, l’au- des Kurdes : ils sont indifféremment tre turc; le premier usilé parmi les employés. (199 ) sa Carte fournira aux voyageurs et aux savans le moyen d’acqué- rir des connaissances positives , et qu’elle pourra les mener à de nouvelles découvertes (r). Nous avons dit plus haut que, pour donner un ensemble du pays que représente la Carte de M. Rousseau , et pour rectifier le gisement des lieux, nous avons cru devoir tracer, dans un petit cadre séparé, une Carte générale donnant les principaux lieux dont la position est assurée. La côte est appuyée sur les observations astronomiques de M. le Capitaine Gautter , ‘et- tracée d’après divers matériaux, particulièrement d’après la Carte de MM. Paultre et Lapie. Le golfe de Scanderoun , la partie la moins connue , a été dessinée d’après MM. Lapie et Leake; seu- lement on a restreint la profondeur du golfe à la latitude de 36° 53’ 30”. Les Itinéraires et Cartes cités dans cette Notice ont servi de guides, et l’on a tiré parti des renseignemens particu- liers donnés par M. Caussin de Perceval et par M. Vidal, drog- man de France à Baghdad. Nous avons ajouté , dans ce cadre, des échelles qui donnent les mesures connues dans le pays, et qui sont puisées en partie dans tantinople à Baghdad, par M. le colonel Trezel; la Route de Hhaleb à Téhé- (x) Avec le secours des Itinéraires originaux qui ont servi de base au tra- vail de M. Rousseau, et des matériaux dont nous allons donner la liste, il ne serait pas difficile de composer une carte satisfaisante des contrées dont il s’agit. En première ligne, on doit pla- cer les observations et les relèvements faits en 1817, par le capitaine Gaut- tier (capitaine de vaisseau, comman- dant alors la gabarre la Chevrette), et ceux du capitaine anglais Beaufort. Ensuite il faudrait mettre à profit l'I- tinéraire des pélerims musulmans de Constantinople à la Mecque , traduit par M. Bianchi; l’'Itinéraire de Cons- ran, par M. Trulhier, officier du génie; lItinéraire de Constantinople à An- tioche, par M. Kinneir; l’Itinéraire de Hhaleb à Constantinople, par Bruce ; les ouvrages de Niebuhr, de Russel; ceux de M. Corancez et de Seetzen ; les Observations du colonel Boutin ; les Cartes de MM. Lapie, Paultre, Brué, etc.; le grand Atlas géographique d'Égypte et de Syrie, dressé par M. le colonel Jacotin ; enfin divers Itinéraires publiés et connus aujourd'hui, mais qui ont du manquer à l’auteur, ( 200 ) l'ouvrage de D’Anville sur les mesures itinéraires. Nous y avons ajouté celle du farsakh ou farsingh, d’après Hhadji Khalfa, géo- graphe turc. Voici l’énumération et la valeur de ces mesures : Suivant Hadji Khalfa , on compte 22 farsakhs % dans le degré terrestre (1); chaque farsakh renferme 3 milles arabes. Il y a deux espèces de milles : le mille ancien de 3000 deras (coudées) anciens, ce dera ou coudée a 32 pouces; le mille moderne est de 4000 deras modernes, ce dera de 24 pouces; le pouce arabe, tant ancien que moderne, est égal à l’espace que couvrent six grains d'orge de moyenne grosseur , placés dans leur épaisseur , l’un à côté de l’autre. Suivant D’Anville , le mille arabique est de 57 au degré envi- ron (56 *:); l’agadj, lieue de Turquie, est de 22 ‘ au degré; le degré est de 57,012 toises ou 111118", 6685, ou 11 myriamè- tres plus 1118",6685. La lieue maritime, composée de 3 milles, est de 20 au degré (2). On trouvera ci-après une liste alphabétique, en caractères arabes, avec la prononciation et la signification, de tous les noms des lieux marqués sur la carte. Quelques développemens ont été renvoyés en notes. Cette liste est précédée de deux tableaux dus à M. Caussin de Perceval. Dans le premier, M. Caussin indique les lettres adoptées par M. Rousseau pour représenter les carac- tères arabes dont le son n’a point d’analogue en français; le se- cond, donne la série des termes géographiques, avec leur pronon- ciation et leur traduction , pour servir à expliquer les noms des positions à côté desquelles ils se‘trouvent. Le plan de Hhaleb , ajouté à cette Carte , offre l’état de cette ville, avant la terrible catastrophe du mois d'août 1822, qui l’a détruite presque en entier. On y a marqué l’emplacement des principaux édifices. La dimension du plan ne permettant pas d’é- (5) La farsakh équivaut ainsi à une le tableau des points de la côte de Sy- lieue de 25 au degré et 1/8 en sus. rie et quelques-uns de l’île de Chypre (2) Nous croyons devoir joindreici et de la partie occidentale de l'Asie- ( 201 ) crire les noms auprès des objets qu'ils désignent, on les a placés avec des renvois, dans un tableau à côté. Il eût été à desirer que M. Rousseau joignit à l'envoi de ce plan Mineure, déterminés par M.Gauttier, que le bâtiment n’a pas pu se placer et à la suite, d’autres pris dansla Con- NN. eiS., pour la détermination de la naissance des temps pour l’année 1827. longitude, ou E. et O., pour celle de la Les points qui ont la marque A, ont latitude. été déterminés par des triangles, parce à É déterminées déterminées NOMS DES LIEUX. LATITUDES N. ne LONGITUDES E. sol Cap St.-André (Ile de Chypre). | 35. 41. 40. ÎE.et O.] 32. 17. 10. | N.etS. Tarsous ( ville ) à la Marme. . | 36. 46. 30. A 32. 26. 30. A Cap Malo, pointe S.-0. . . . . 36. 29. 4. A 33. 02. 55. A Cap Kenzar ou Ras-el-Khansir CSC) RE AC IEE 36. 16. oo. A 33.-29. 15. | N.etS Cap Possidi. . . ....... 85 192 T0: A 33. 30. 4o. A Lattaquiè ou Ladgqie (ville).. . | 35. 30. 30. A 33. 27. bo. A Caria ou Gibili ou Djebele(ville). | 35. 19. 45. A 38190 000, h La Marca ou Markab ( ville).. | 35. 09. 00. | E.etO. | 33. 36. ro. 4 Tortoze ( île et ville) le milieu. | 34. 5o. 25.1 LE. etO. | 33. 31. 35. | N.ets. Tripoly (ville), maison du Con- sul français , située à-peu- près au centre de la ville, au nord du château. . . . . . . 34. 26, 29. | à terre. | 33. 31. 13. | à terre. Cap Madone. . . . .. . ... 34. 19. 30. A 33. 22. ro. | N.etS. Cap Barout. ..... CARE EE WC ASTE a 33. 07. 45. | N.ets. Seide (ville). . . . . . . ... 33. 34. 05. A 33. ci 25€ A Sour ou l’ancienne Tyr (ville). | 33. 17. oo. A 32. 54. 20. A Cap Blanc. . . . . .. . . .. 33. 09. 10. A 32. 47. 15. | N.ets. St.-Jean d’Acre (ville).. . . . | 32. 54. 35. A 32. 46. 05. A GapiCarmel 00 32. 51. 10. A 32. 39. 20. | N.etS. Ruines de Gésarée. . . . . . . 32. 32. 25. A 32. 34. 30. A Jaffa ( ville ).. . . . . . . .. 32. 03. 25. | E et O.| 32. 25. 55. | N.etS. D'APRÈS LA CONNAISSANCE DES TEMPS POUR 1827. Alexandrette. . . . . , . . . . | 36. 35. 27. N 34. 5o. 00. E. Alep ou Hhaleb. . . . . . . . 36. 11. 25. N. 33. 35. 00. E. Jerusalem el Ce | 31. 47. 47. L ON. 33. 00. 00. E. Diarbekir MEME | 37. 54. 00. N. 37. 33. 30.| E. Bashdad 0 ER .. | 38. 19. 40. N 42. 04. 30. E. ( 202) une description complète et détaillée de cette capitale de la Syrie; son savoir et sa longue résidence dans le pays lui en donnaient les moyens plus qu’à tout autre. Déjà, dans les mines de l’orient, publiées à Vienne par M. le baron de Hammer (1), il a donné une esquisse qu'il lui eût été facile de compléter. Pour remplir cette lacune nous avons cherché à réunir aux notes envoyées par M. Rousseau quelques documens recueillis dans les écrits des Anciens et des Modernes et dans ceux de M. Rousseau lui-même. Russel a donné de cette ville une description généralement esti- mée. Il y a joint un plan gravé sur les dessins de Niebuhr. La première édition de cet ouvrage a été publiée en anglais à Londres en 1756, 2 vol. in-4°. Une seconde parut en 1797. Il en existe une traduction allemande en 2 vol. in-8° (Gottingue 1797), mais ce voyage n’a jamais été traduit en français. En comparant le plan de Niebuhr avec celui de M. Rousseau on trouve quelques dissemblances. Le premier donne une idée générale de la configuration du terrein (2) de Hhaleb, tandis que M. Rousseau ne trace dans l’intérieur que les rues et l’emplace- ment d’un grand nombre d’édifices sans indiquer les accidens du” sol dans cette partie. Cependant ce dernier plan est beaucoup plus riche que l’autre, et une personne qui résiderait sur les lieux pourrait , en prenant pour base ces deux dessins, nous en donner un troisième dont l'exactitude laisserait peu à desirer. Il serait bon aussi d'étendre les recherches à quelques lieues aux environs. L'ouvrage de Russel, avons nous dit, n’a jamais été traduit en français ; mais le Journal des Voyages, dans son 48° cahier (3), en a donné un extrait fort intéressant. On a même ajouté quel- ques notes de M. Caussin de Perceval, qui naguère résidait encore dans cette contrée. Nous avons dû faire usage de tous ces maté- (x) Mines de l’orient. (3) Journal des Voyages, année (2) Voy. Russel. 1822, tom. XVI. ( 203 ) riaux ; mais le plan primitif qui nous était en quelque sorte tracé par le dessin et les notes de M. Rousseau nous a obligé à nous ren- fermer dans des bornes très-étroites. Nous n’avons donc fait que présenter l’énumération des objets qu’indique le plan de la ville de Hhaleb, publié par la Société, y ajoutant, le plus souvent qu'il nous #été possible, leur explication (x). (x) I convient de citer ici les per- sonnes qui ont contribué à l’exécu- tion de cet utile travail. La gravure a été confiée au burin de M. Michel, membre de la Société de Géogra- phie, et dont le talent est depuis long- temps connu. MM, Jaubert, Cirbied, Bianchi et Caussin de Perceval fils, également membres de la Société, qui ont aussi parcouru les pays de l'O- rient, nous ont aidé de leurs lumières. M. Caussin, qui a long-temps résidé à Hhaleb, a surveillé avec nous la gra- vure , que l’éloignement de M. Rous- seau ne lui permettait pas de suivre; il nous à aussi donné un grand nombre de détails insérés dans la description de la ville. Enfin MM. Jomard, La- pie, Jacotin, de Rossel, Walckenaer et Barbié äu Bocage, ont bien voulu examiner les diverses parties de ce travail. (204 ) EE EE EE EE EE EE EE RES TABLEAU des Letires adoptées par M. ROUSSEAU pour repre- senter les caractères arabes qui n'ont point de correspondans en français. Li dj. hh. aspiration très- forte. kh. jola espagnol ou ch allemand. sch. c’est le cA français. ss. s prononcée fortement et avec emphasc. id. tt t id dh. d id. articulation gutturale. gh. r fortement grasseyé. q. k guttural. & Gore tr D Fe rare ee & W. c’est notre ow français. REMARQUE. Le monosyllabe z/, qui se rencontre fréquemment dans la composition des mots arabes, est l’article ; il serait plus exact d'écrire e/. Il faut aussi observer que la lettre / de l’article se retranche , dans la prononciation, lorsque le mot auquel l’article est joint commence par une des lettres arabes correspondant en français , à #, dj, d,z,r,s,ch, l, n; dans ce cas, on doit re- doubler ces lettres en les prononçant ainsi : au lieu de Bab-1l- Neireb , il faut dire Bab-en-Netreb. ( 205 ) EE EE EEE EE EE EE € © 9 9 © © 57 5 TABLEAU présentant la prononciation et la signification de plusieurs D) <> ———— Asov. Père. ACÇAL. Miel. ADI. Amer (adji ssou , eau amère.) AÏN. Source, fontaine, œil. Ars. Noix de galle. AQRA. Chauve , inculte. AHHMAR. Rouge. ARBAÏN. - Quarante. ARPALEQ ou ÂR- PALEG. District. Ass. Rebelle. ASLAN OUARSLAN. Lion. ALLAH. Dieu. ASWAD. Noir. Bas. Porte. Bac. Tête , chef. Bamna. Blanche. BALEQLEQ. Endroit où il y a du poisson. BALESTAN. Marché. Ban. Saule. BeErr. Maison. BExr. Les enfants. BETREKÉIN. Patriarches. BEWABË. (Diminutif de Bab) petite porte. Bre. Puits. Bocxaz. Détroit, défilé. BonHaAïRË. Lac. Boïx. { Col: Bosran et BESTAN. Jardin. BURGuoOL., Blé concassé, DAcx. Montagne. DaAsoue ou Tacu. Pierre, rocher. Devi. Chameau. Drar. Pays. Drané. Mosquée. Dose. Montagne. DsEwza. Daisr. * Dous. Douran. EvaLer. FERRAîN. Gawour. GHAFAR. GHANEM. Gouré. Gumrux. Haann. HuHammam. Hnarë. Hnarir. Haussx. HuHEBAL. Huissar. IE. Inpsir. INDyIRLI. KassaBr ou Kas- SABDJI. Këgrr. KEFER. KELAB. KELLACÉ. Keuï. KHaui. KuHax. termes géographiques et autres mots inscrits dans la Carte. Gémeaux. Pont Puits. Qui prend ( V. SAQQAL. ) District, province, gouverne Fourreurs. (ment). Infidèles. Péage (r). Mouton. Verger. Douane. Fer. 5 Bain, source chaude , eau miné- rale chaude. Rue , quartier. + Soie. Forteresse. Cordes. Chîteau. Fils. Figue. Qui abonde en figues, Tireur d’or. Grand. Village. Chiens. Endroit où l’on fait de la chaux. Village. Ami ( on donne aussi ce nom à Abraham. ) Caravanseraï, auberge, hôtel- lerie. (1) On appelle ainsi un poste où se tiennent des gens chargés de veiller à la sûreté des chemins, et qui percoivent sur les voyageurs un léger droit de passage. 27 KHANDAQ. KHENZIRA KoBrA. MA: Mannmas. Makam. MARESTAN, MAssBANË. Mépiné. Méprècé. MEnnKÈME. MELLAHHA. Merux. Mers. MeEsosn. Mra. Mivë. MoQATTÉA. MUBALEIAT. MuBAREK: Mvuouro. NAHHAGÇIN. NaARHIË. Name. NAKHLIÉ, Nepzm. Orar. Ouroum et Roum. PAcHALIK. Qapur. Qanvé. QAISSARIÉ, Qara. ( 206 ) Fossé. Cochon, sanglier. Grande. Eau. Endroit où l’on grille le café. Station. Hôpital. Savonnerie. Ville , cité. Collége. Tribunal. Saline. Sel. Prairie. Mosquée. Eaux. Port. District. Pavé. Béni. Défilé. Ouvriers en cuivre. District. Fleuve. Endroit où il y a des palmiers. Etoile. Faiseur de boîtes. Grecs. Gouvernement militaire. Cadi , juge. Café. Petit khan. Qaxaïé. QaRA. Qassr. QASSTTAL. Quziz. Qrzzer. Qonao. Quour. Ras. SANDJAQ. SAQQAL. SEQAQ. SERAÏ. SERDAR. SouaAïQA. Soue. SSAHHE. SSOGHRA. Ssou. SUMMAQ. Tac. TcHamour. TcHamourLt. TEkKIÉ. TEL. Tépé. Une. W ani. ZARQA. Zeus. Forteresse , château-fort , cita- | Zo040. delle. Canal. Noir. Château. Fontaine. Rouge. Les jeunes filles. Maison , hôtel. Puits. Tête, cap. District, province, Gouverne- ment. Barbe ( sagqal doutan , qui prend la barbe, coupe-gorge, défilé). Rue F Palais, résidence. Chef, aga de janissaires. Petit marché. Marché. Faubourg, quartier. Petite. Rivière , eau, ruisseau. Sumac. Pierre. Boue. Boueux. Couvent, établissement religieux. Monticule. Colline , monticule. Vallée. Vallée, eau, ruisseau. Bleue. Or. V, SEQAQ. ( 207 ) SR ARR RE AR RAR RE RAR LR RL RER ELA LE LL RARE RURALE LUE ELLE LI LL RUEIL ALL EL ALL AU LEULIVELLLLL LIRE RL ERA RS LISTE ALPHABÉTIQUE de tous les noms géographiques contenus dans la Carte générale des Paschaliks de Baghdad, Orfa et Hhaleb. D — Nota. — 7°. signifie Tribu (1); 4. Arabe; Z. Idolâtre; X, Kurde; 7. Turkmènes ; M. Montagne ; R. Rivière. ——2Ss À. = sil ue Aiïn-il-Mubareké, fontaine bénie, #5L2 Abadès (les), T. A. ou Abbadé Ubu Ain-Narous. pb! Abou-Dhehour, Mt. —%% Aintab (Doliche). Jo Abou-F ayadh, Mt, ou Aboul- B,ÿ le Ain-Zarqa, R., ou Ain-iz-Zarqa, 1 Fayadh. fontaine Bleue. Jik;t Abou-Ghalghal, R. (Daradax ). Nyse Ain-il-Zéhèb, per Ain-Ed- : LR AL Déhèb, fontaine d’Or. ne 7 ARTE ENS Er Akhterine. SAP Mn (les), T. A. ou Les Alabhs, Mt JVsl Abou-Taltal, puits. +21 Ala-Ssou, R. me » y Khan (8) Qaramourt. D) | y Khan-il-Sebel. id) Pers yls Khan-Scheïkhoun. Ja lé Khan-el-Açal. Ye y Khan-Touman. é &) Khan-Scheikh. els Khenasséré, ruines. JS Khonais. uw33s Khoros ( Cyrrhus) (9). (8) Khan signifie un caravenserail, (9) Près de cette ville est un ancien canal de communica! tion entre Quouaiq et le Sadjour, creusé sous le règne di V’'émir Arghoun, aujourd’hui comblé. pie RER Len D A Khorez. Killis ( Ciliza ). Koimal. Koménekeschs (les), T. K. Kopridjé. Kor-Pinar. Kumenel. Kurdes ( les ). L. Lac d’eau douce, près de Sou- malar. Ladqie ( Moqattea de ). Ladqié ou Lattaqié ( Laodicée ). Laodicée , V. Ladqié. Lattaqié, 7. Ladqé. Lebbadler. Leqam (Dijebel-el), F. Beylan (M! du). M. Maarrat-Messrin. “ Madjrahan. Maghissa, ruines. Maled , rumes. Mamoudja. Martahhwan. Mardjé-Khémis. Marqab ( Castrum Merghatum . Maschoûq (x). Meârrat-il-Naman. Mellahha ou Salines. (x) Deux vieilles bâtisses qui paraissent avoir été des mo- nastères, IT, © LA Melloubha. Merdj-il-Sulttan. Merè ou Defterdar. Merkès. Mevvalis (les), T. A: Merzeban , R. Merzé. Millis (les), T. K. Minet-Selouquié (ancien port de Seleucie ). Moalligué (2). Mouça-Beglis (les ), T. K. Moghan-Schahr. Moqattea (3). Mouça ( Djebel-) , montagne de Moïse. Munbedje ( Hiéropolis ). Muhhammédié. Murad Pacha ( pont de). Muschmeschan. Muslemié. Myriandrus, sur le golfe d'A- lexandrette. N. Nabr-il-Betrekein , R., ( Ana- poras), fleuve des deux Pa- triarches. Nal-Tchekan. Nakhlié. Nagib-Khan. Nahhié (4) de Beylan. (2) Source d’eau minérale chaude, (3) District, (4) District. 28 pps (214) Cines)} il Nedouiat ,; source d’eau sau- mâtre. Neïms (les), T. A. 1 ax Neireb. = x Nemroud , Mt, 5 Newaz. es, Nezeb , Mt #» 5 Nicephorium , V. RRaqqa. Nossairis, T. I. Pre 32 Je 55 O. DE | 5 Oenoporas , V. Betrekein. jt 5 Odqarébé. VS Oqdja-Izzinlis (les), T.K. UE Orfa , V. Reha. UE Okhianlous (les) , T. K. Us) 5 Oronte, V. Assi, R. 8,5) le Ourdi. FAIRE Ouroum-il-Djawza. nee Nyse Ouroum-il-Kobra, la grande. ie ? a) )5 Ouroum-il-Ssogra , la petite. p ES Je CRE Paschalik. no Pagræ , V. Baqras-Qalâci, A E Palmyre, V. Tadmor. ST SU P Paraparé. Payas ( Issus ). GE Puits d’eau amère, près de Anz- Qalat-il- Mudhiq, château du Défilé. Qalat-il-Nedjm ( Europus ). Qalat-il-Nedjar. Qanauter. Qarabeziqlis (les), T. K. Qara-Dagh, branche du Tau- rus , montagne Noire. Qara-Djabar. Qara-Mirakhor. Qaramourt ( Khan). Qara-Ssou, R., eau notre. Qara-Beyaz, M, noir et blanc.” Qariatein , . Djeriatei. Qassab. Qaschmar, M1. Qassr-(x) il-W'erdan (2). Qassr-il-Devwa (3). Qedamecès (les), T. I. Qessour-il-Akhawain (4), Les châteaux des deux frères. Qezel-Dagh (Mt de), F. Bey= lan (M! du ). Qezel-Doridje. Qinnessrin ruiné ( Chalcis ) Ssawba. Qissé-Qoui, puits. Qizler-Qalâci , ruines d’un an- cien château, forteresse des Jeunes filles. Qiziqs (les), T. K. il-Routé. (1) Château. Pyles Syriennes re Saqqal- (2) nes d’un ancien château. (3) Voûte immense sculptée dans le roc. Doutan. (4) Châteaux Arabes en partie ruinés, que quelques voya= geurs ont pris pour les restes d’une ancienne ville dont ils parlent sous le nom d’Il-Hair. Entre ces deux châteaux, passe un ancien aquéduc en partie dégradé, qui semble y porter les eaux d’une source minérale appelée Il-Kawm; cet aqueduc va rejoindre ensuite d’autres ruines de châteaux plus au midf: Q. Qadmous, M! U2x50) y JS Qizil-Khan ; Ze caranvanserail Rouge. les JS Qizil-Hhissar , château Rouge. SV; 5 Qornet-Zebad , Mt. à5,5 Qorqania. Qossair ( Djebel-il- ). Qouaiq , R., ( Chalus) (x). Qoul ou Tabariz. R. sh Radjeq. 51, Rafqa. DIE Raqqat-il- Wacett. ë) Ragga ( Nicephorum ). Ras-il-Khenzir , cap du Cochon. Y%sh Rawendan ruiné, b, Reha ox Orfa ( Edesse ). —, Reéhab. à Reqä. Rhosus. =yi-ls, Rihha. He, Rihhanlis (les), T.T. &b D) Rom-Qalâ ( Zeugma ). Ruines d'une ancienne ville. (2). Ruines d’une ancienne ville (3). Ruines d’un ancien temple {4). S. ls Jzxw Sad-Nessari. (1) D’après l'historien Ibn-il-Kbattib , on présume recon- mäilreles traces de l’ancien prolongement du Quoaiq, depuis les marécages où il se jette , jusqu’au lac Il-Bohhaire dans lO- ronte. (2) Sur le bord du lac, Il Sabah. (3) Dans des marais, sur le bord du grand Blac Il ohhaire. (4) Sur un ilot, dans le lac Il-Bohhaire. 3 ls Sadjour,R. alu Salamié (Salamine o Irénopo- lis ). Salines , . Mellahha. ue Ssahioun , Mt 5 sw Saffoun , Mt. YU Jläe Sagqal-Doutan (Pyles Syrien- nes), qui prend la barbe, défilé. sie Ssandalié. an Sandjè (Samien-Singas), R. (5) L3=* Sandjaq- (6) D’Aintab. Saqqatiat , ruines. Î5e spw Sarmeda. L3s5lo Sawoudjaq. pe se Sawougli-Ssou , R. By Sefiré, pro Ssefeiré , M! ilese Ssefssafa. urèe Sseffin (plaine de) (7). ur Seffin. Sefkoun , Mt. Seleucie , 7. Soueiïdiè. Seleucie (ancien port de ), F. Minet-Selouqié. Seleuco-Belus , F. Schogr. Selifanlous (les), T. K. us Selkhin. ÿlehe Selman. SSl« Selouk. (5) On voit sur cette rivière les restes d’un pont composé d’une seule arche, qui avait, dit-on, plus de 200 pas d’ou- verture. (6) Province, gouvernement. (7) Où se donnèrent, dans lintervalle de 110 jours, 90 com- bats entre l’armée d’Ali gendre de Mohhammed et celle de Moäwié qui lui disputait l'empire du khalifat, armées fortes Vune de 90000 hommes , l’autre de 12v000. Il ÿ péritdes deux côtés plus de 70000 Musulmans. ( 216 ) ! | Vi Seniab. &+ Sokhné (3). R des sp Se Seraï de Murcel-Oghli, chef des ob me Ssorän. | Turkmènes. D Soueidie ox Seleucie. | le Seraqèb. ss Soumattar (4). | Seroudje, ruines. Sa je » Sourié € Seroudje (x). 220 air i | s bi ; ue SOUT. (Os ant qe 7 Jess Soussian. ë in. Ni Jo ME à as JL Sulttan - Tépé, monticule du le Serssat, château ruiné. Ç Sultan. | VE Séischen (les ), T. A. Syrie (désert de), V. Il-Scha- BE al Skendéroun ( Alexandrette ). miè, Skendéroun ( golfe de ). LES pu Skender-Beg. T. UP 3 Skoubin. Tab y î ile p| sx Schaeïb-il-Rissafa , ravin. Dan re al ï J°% Tadmor ( Palmyre). SH + Scharqibendi, Fo | CTI pin &lw Teâna. LS ne LPC AREE RE" - Tekték, M SL Scheikhanlous (les), T. K. Ye Tel-Aran. Les FF Scheik-Bérékat. bel JS Tel-Aza. a » < Scheikh-Faradj. es À Tel-Baghdad. = ce Scheikh-Nedjar. 4 D Tel-Bascher. a gé Scheïth-Voucef il JS Te-il-Biré. Scheizer. Li Tédef. &y# Scherbié. jus Téftenaz. LB, Scherqanlous (les ), T. K. ré Ÿ Tel-Ghunaïm. Us Scheqqaquis (les), T. K. ds J Tel-Hhamlé. y Schoghr (Seleuco-Belus ). Jels JS Tel-Hhossel. De nas chose Sarre) > S' Tel-Mouça. ut Schubeit , Me <#* J' Tel Scheghaib. Scheikh-Amer. Scheikh-Bekir, Tel- (5) Aada. Tel-Akberin. Singas ; V. Sandjé. (3) Toute la partie du désert au nord de Sokhné est couvert de soude, que les habitans de cette bourgade exportent}M Hbaleb , Damas, Hhoms et Hhama. (4) Ruines d’une ancienne ville. (5) Monticule. (x) Territoire habité par les Baraïs T, K., tès-puissans, et adonnés aux travaux de la terre, (2) Restes d’une ancienne ville. Gal (x) Plaine où campent ordinairement les Turkmènes. (217) Tel-Summen. T'eniet-il-Ttair. Fer A L65Ù T'eoum. o! + JN cot Tèreb. Jet oo, Terela. d Territoire de Rabbanié. is J) sl Tcharmelik. sl SH Tschamourli, boueux. LSS Tchat. 3 of Tchemkanlis (les) , T. K. T'chin-Poulat. Tissin. Toraschan. _ L T'ourouns (les) T. K. au Torounali. Sins Tormubendi. = ' Tourmanfîn. Trapezon V, Derbesak. Ttaibé. Tiaghat. ECS Turkhan. nb; U. CD) 3 Umq (il) (x). (2) Vallée. W. Wadi-(2) el-Roudje, vallée. Wadi-il-Batnan, vallée. Wadi-il-Qandil, vallée. Wadi-il-Mallahha , vallée de set. Wadi-il-Miah , ravin. Wahhschi. Wouldés (les) T!. À. re Yaremdijé. Yaschout, Mi. Yenguidje. Z. Zeïdiès (les) T, A. Zéghaïib ( Antigonie). Zeugma F. Rom-Qala. Zoueiq M1. Zeytounié. ( 218 ) PE CE EE EC PE EE EX DESCRIPTION LA VILLE DE HHALEB. L ville d'Alep, Hhalep et mieux Hhaleb, fut encore appelée Berræa, du grec Bpoy (1). C'était le nom d’une ville de Macé- doine, que les princes Grecs se plurent à lui donner en commémo- ration de leur patrie. Plusieurs auteurs attribuent sa fondation à Séleucus I”, surnommé Nicanor (2), et Cedrenus ajoute que ce prince fit émigrer des Hébreux dans cette ville et dans plusieurs autres pour habiter avec les Grecs (3). Cependant, il est certain qu’elle existait bien avant lui. Les Syriens l’appelaient comme les Arabes la nomment encore aujourd’hui Hhaleb. De ce mot, les anciens Géographes ont fait Chalybon (Xæau@w) (4). Quant aux écrivains orientaux (5), ils rattachent l’origine de Hhaleb à plusieurs événemens différens, mais ils s'accordent tous sur sa haute antiquité. « Suivant 16n-Schohné, cette ville fut fondée (x) Bipos et B:pouz, suivant Stra- (5) Hbaleb est la patrie de plu- bon (lib. xvr, p. 751); Bépéow, Suivant sieurs personnages célèbres chez les Ptolémée. Les médailles portent B:- Ottomans , entre autres d’Ibn-Sched- pos ( Holstenius dans Étienne de dad, de Ibn-Schohné et d'Ibn-el- Byz.) ; les habitans étaient appelés Addim, trois historiens estimés qui quelquefois, par les indigènes, B:pot ont donné de cette ville des descrip- et Beposvms (Etienne de Byz.. tions intéressantes et curieuses ( pros- (2) Chron. d'Eus. pect. de l’Encyclopéd. Orient. de M. (3) Cedrenus, p- 166. Rousseau). C'était aussi la patrie de (4) Strabon fait mention du terri- de Basianus, excellent orateur (Etien, toire de cette ville, Liv. xv, p. 735. de Byz.). ( 219 ) par Hhaleb-Ibn-1l-Mehr, descendant de Hham (Sem), fils de Nouhh (Noé), de la tribu des Amaleka (Amalécites) , lequel lui a donné son nom. Les Sabéens l’appelèrent Babough (1) La tradition la plus ordinaire, surtout chez le peuple, rapporte l’origine du nom de Hhaleb à une circonstance particulière des voyages d'Abraham , qui, dit-on, en allant dans la terre de Cha- naan, vint se reposer sur le monticule où est situé aujourd'hui le château. Ce prophète descendait, suivant les uns, tous les jours, suivant d’autres, le vendredi seulement, pour distribuer le lait de ses troupeaux aux pauvres de la contrée. Ceux-ci, afin d’avoir part à ses bienfaits, s’'empressaient d’accourir au lieu et à l’heure indi- .qués , se demandant si Abraham avait trait, lbrahim-hhaleb ; ce dernier mot resta pour désigner l'endroit où se faisait cette dis- tribution. Hbhaleb est souvent appelée par les auteurs nationaux //Schah- ba (la cendrée ou blanchâtre), dénomination qu'aucune rai- son physique ne paraît justifier aux yeux de M. Rousseau, et il est porté à la croire une pure altération de celui de Ssauba (2), sous lequel l'Ecriture-Sainte en fait mention, et que les Juifs modernes lui ont conservé. Son opinion diffère ici de celle de plusieurs auteurs et voyageurs: selon eux, la couleur blanchâtre des pierres dont ses édifices sont construits, couleur que la beauté du climat conserve sans altération ; la multitude de ses dômes, couverts d’un enduit de chaux, donne à cette ville un aspect qui a pu motiver l’épithète de blanchâtre ou cendrée. « De quelque » côté que l’on arrive à Hhaleb, dit M. de Volney (p.48, vol. II), » la foule de ses minarets et de ses dômes b/anchätres flaite l'œil » fatigué de l’aspect brun et monotone de la plaine. » Hhaleb resta long-temps au pouvoir des Sabéens, et fut souvent un sujet de querelles entre les empereurs grecs et les rois de Perse (x) Prospect. de l'Encyc. Orient. (2) Prosp. de l'Encyc. Orient. de M. Rousseau. ( 220 ) qui s’en disputèrent la possession. En 636 ou 637, au septième siècle de notre ère, sous le règne d'Héraclius, empereur de ‘ Constantinople, elle fut enlevée par les Arabes; et plus tard, sous le khalife Mothaded , les sultans hhamdaniens y fixèrent leur séjour. Au temps de ces princes, en 964 (351 de l’hég.), les Grecs, sous la conduite de Phocas Nicephore (1), le même qui devint empereur , reparurent pour tâcher de s’en rendre maîtres de nouveau, mais le château, que défendait Chabda- nas, leur résista, et après leur départ les sultans cherchèrent à réparer les dommages qu'avait éprouvés la ville. La dynastie hhamdanienne la conserva jusqu’en 998 de J.- C. Depuis, elle passa successivement sous la domination des Seldjoukiens ou Seldjoucides , des Atabeks, des Fattemites, des Ayoubites, des Tatars, qui , sous les ordres de Holakou , vinrent en 658 de l’hé- gire (1260 environ) fondre sur elle , la prirent d’assaut, et lui firent éprouver toutes les horreurs de la guerre. Elle tomba ensuite au pouvoir des Mamelucks. En 1400 ou 1402 (803 de l’hég. environ) Tamerlan vint de nouveau la ravager de fond en comble, et enfin, en 1517 (922 de l’hég.), les Ottomans, sous le règne de Sélim I“, s’en emparèrent ; ils en sont restés possesseurs jusqu’à présent; et plusieurs de leurs princes se sont plu à réparer les désastres qu’elle avait soufferts. Lorsque les Ottomans se rendirent maîtres d'Hhaleb, ils firent, de tout le pays qui l’avoisine, un paschalik ou gouvernement qu'ils divisèrent en sept sandgiaks ou livas (2) : Hhaleb, Adanah, Balis, Biredjek, Azir, Kéllis et Maarreh; maïs, dans la suite, plusieurs de ces districts furent érigés en gouvernemens particuliers. Ada- nah devint chef-lieu d’un paschalik; Maarreh et Biredjek formè- rent des provinces indépendantes d'Hhaleb ; et Azir et Kellis fu- rent changés en apanage (3). Aïnsi le paschalik d'Hhaleb , autre- (x) Gedrenus, tom.xr, pag. 642-645. (2) Djihan Numa. Zonaras, tom. 11, pag. 197. (3) Idem. ( 221 ) fois très-étendu se trouve aujourd'hui resserré dans des limites fort étroites, et ne compte plus sous sa dépendance que 250 à 300 bourgs et villages (1), dans la plupart desquels la population est accablée par la misère et ruinée par les avanies qu’elle éprouve de temps en temps. Ptolémée (2) fait de Berræa et de Chalybon , deux villes diffé- férentes du quatrième climat. Il place la première dans la Cyr- restique, sous le 71° degré de longitude et le 36° de latitude, et la seconde dans la Chalybonite , par 71° ‘4 de longitude et 35° de latitude; mais D'Anville (3) regarde ces deux noms comme appartenant à la même ville, et Cellarius (4) pense qu’il faut cor- riger le texte de Ptolémée, qui met entre Berræa et Antioche, un degré entier de latitude. Les Arabes donnent à Hhaleb 35° 25° de latitude N. et 69° 30° de longitude. La ville de Hhaleb doit être considérée comme une des cités les plus importantes de la Turquie, et comme l’entrepôt-général de tout le commerce de la Méditerranée avec l’Asie centrale. Alexandrette ou Scanderoun (5) qui donna son nom à un golfe encore peu connu aujourd'hui sous le rapport hydrographique et géographique, et Lattaqié ou a35Wi Ladqié (6) (l’ancienne Lao- dicée, sur la côte de Syrie), en sont, pour ainsi dire, les deux ports. L'une en est éloignée tout au plus de 25 lieues; l’autre de 4o à 45 (1) Prosp. de l'Encyc. Orient. Voy. la Carte et la Liste alphabétique des noms géographiques. (2) Ptolémée, liv. V, ch. xv, Asiæ, 1. IV. G) D’Anville, Géog. Anc., t. II, pag. 139. (4) Cellar., Geog. Ant., t. IL, p. 130. (5) Alexandrette est un simple ha- meau sans murailles ; on y voit peu de maisons et beaucoup de tombeaux. IT. C'était, avant le passage du cap de Bonne - Espérance, le débouché de #utes les marchandises de l'Inde pour l’Europe. A l’arrivée des bâtimens, on expédiait , dit-on, à Hhaleb, des pi- geons, qui, six heures après leur dé- part , descendaient dans cette ville et annonçaient la nouvelle. L’air esttrès- mal-sain à Alexandrette, à cause des marais qui l'entourent. (6) Lattagqiè , l’ancienne Laodicée, a un port sur la Méditerranée; elle 29 ( 222 ) heures ou lieues. Les communications entre ces divers points sont si difficiles et les routes si peu sûres, à cause des tribus nomades dont on redoute le vagabondage et les attaques, que pour faire ce trajet l’on est obligé de voyager par caravanes. Le sol des environs de Hhaleb est d’une nature crayeuse; la marne y domine dans quelques endroïts ; souvent inégal , il est par fois semé de rochers; et le tuf se rencontre en général à peu de profon- deur ; néanmoins il y a d'excellentes terres, et le pays , riche et fertile , serait susceptible de le devenir davantage s’il était égale- ment bien cultivé partout. Il produit beaucoup de coton, sésame, melons d’eau, concombres, millet, pistaches, abricots, pommes, figues, feuilles de müûrier, tabac, olives et légumes. Du côté de Killis, habité par les Kurdes, sont des plaines immenses très-ferti- les, où l'herbe croît et s’élève à une hauteur considérable. Sur le bord de l’Oronte, vers le pont de Fer Dyisr-el-Hhadid, et près d’Antioche , on voit d’excellens paturages où les Turkmènes font paître leurs nombreux troupeaux. La plaine qui s'étend devant Rüïhha, au sud-est de Hhaleb, est couverte de villages, tels que Idleb, Bennisch, Mearat Messrin, etc., habités par despaysanscultivateurs. Strabon , en parlant du goût des rois de Perse pour le luxe, donne une idée de l’excellence des vignobles de Hhaleb. « Ces » princes, dit-il, faisaient venir de la ville d’Assus en Eolide le » froment destiné à leur nourriture, et ne faisaient usage que du » vin chalybonien de Syrie, et de l’eau du fleuve Eulœus, qui » passe pour être la plus légère (1) ». Le vin de Hhaleb même n'est point renommé maintenant; cependant, il est vrai de dire que l’on en boit d’as$ez bon dans cette ville, mais il est fait avec des raisins que les Chrétiens et les Juifs font venir d’Antioche et de Aïntab. fut fondée par Seleucus Nicanor, sous pulation actuelle est de 4 à 5,000 ames. le nom de Laodicée, sa mère. On voit C’est la résidence de plusieurs consuls encore quelques débris de son ancienne européens. splendeur, particulièrement les restes (x) Strabon, liv. xv, pag. 735 (Foy. d’un arc de triomphe superbe. Sa po- la traduc. franc.) | (12239) Le Qouaiq ou Chalus des anciens, dont il ést fait mention dans la retraite des dix mille (1), descend des montagnes d’Aintab, et se dirige à travers une vallée , parfois encaissée , et le plus sou- vent, surtout aux approches de la ville, ornée de riantes prome- nades, où les habitans peuvent aller respirer un air pur et frais au milieu de jardins et de vergers dans lesquels on cultive les plantes et les fruits nécessaires à la consommation. Après avoir longé le côté occidental de la ville; le Qouaiq court vers le midi et se perd au-dessous de Qinnesrin., dans un terrein d’une na- ture spongieuse , qui absorbe ses eaux et forme le vaste marais de Ghawvar ou El-Matkh. C'est là qu’il disparaît entièrement. Cepen- dant, suivant Ibn-il-Khattib, ce ruisseau semblerait avoir eu un écoulement dans l’Oronte, et M. Rousseau a marqué sur sa Carte (2) les traces présumées de ce prolongement jusques dans le lac d'Apamée, que traverse l’Assi ou Oronte (3). On conçoit facilement la déperdition des eaux du Qouaiq, quand on sait qu’il est tari souvent dans son cours par le grand nombre de saignées que nécessite la culture des jardins qui le bor- dent. Aussi, se trouve-t-il fréquemment à sec en été (4). Afin (1) Xénophon. — Le Chalus, dit , au dessous de Séleucie. Ce fleuve, Xénophon dans l’Expédition de Cy- , appelé Oronte de celui qui y cons- rus, est un fleuve large d’un plethre ist un pont, porta d'abord le (zoo pieds ), et rempli de grands , ,5m de Typhon; et, selon la fable, poissons que les Syriens regardent , L’est en cet endroit qu'arrivèrent comme des Dieux et auxquels on n’o— | jes aventures de Typhon et des Ari- serait faire aucun mal. (Expéd.de Cyr. :, jnes. On dit que Typhon, frappé de MeEbap. 4) » la foudre, s'enfuit cherchant un (2) Voyez la Carte. » refuge. Ce dragon sillonna profon- » dément la terre dans sa fuite , et fit » jaillir la source du fleuve auquel il » laissa son nom. » (Strabon, liv. XVI, (3) « L’Oronte prend sa source en » Cœælesyrie, se cache sous terre, puis » se monire de nouveau, traverse le » territoire d'Apamée, arrose celui » d’Antioche, et, après avoir coulé » près de la ville, se rend à la mer pag. 150-151; voy. la traduct. franc.) (4) Russel. (224 ) d'éviter cet inconvénient, on avait établi, sous le règne de l’émir Arghoun, un canal de communication entre les sources du Sad- jour et le Qouaiq. Ce canal, aujourd’hui comblé, est tracé sur la carte de M. Rousseau. Du temps de Khourschid-Pacha, pendant le séjour de M. Caussin de Perceval à Hhaleb en 18r9, on avait eu le projet de le rouvrir , et les travaux avaient même été com- mencés lorsque la crainte de l’inondation des jardins de Hhaleb, pendant l'hiver, et surtout les représentations et l'argent des ha- bitans d’Aintab (1) qui supplièrent le pacha de ne point les priver des eaux du Sadjour , firent abandonner cette entreprise. La ville de Hhaleb , assise sur sept collines nommées collective ment Djebel-beni-il-Qaqa (2), dans une vaste plaine, où com- mence le désert, s’apperçoit d’une assez grande distance. À me- sure qu’on approche, le terrein semble plus fertile et mieux cul- tivé; au milieu des jardins ou enclos dont nous avons parlé, et dont quelques-uns sont plantés en vignes, s'élèvent parfois des restes de monumens de l'antiquité et du temps de la domination des Arabes, et beaucoup de fabriques modernes terminées en dômes, parmi lesquelles on distingue, sur un monticule au nord, le monastère ou tekkiè de Si Scheikh-abou-Bekr, autrefois sépulture des pachas, aujourd’hüi palais du gouverneur. Les jardins situés à l’ouest de la ville (3) sont presque tous ar- rosés par les eaux du Qouaiq , que les propriétaires riverains élè- vent au moyen de machines hydrauliques, et qu’ils se distribuent avec ordre, pour que chacun puisse en profiter. Voici les noms des principaux ; ils sont tous marqués sur le plan de M. Rous- seau : Cle) jluw Bestan il-Rihhawi, \ A Qi Bestan (x) I suit de ces représentations dre le Sadjour et non le Qouaiq, des habitans de Aiïntab, que la po- comme l'indique la carte de M. Rous- sition de cette ville serait réelle- seau. ment plus près du Sadjour que du (2) Prosp. de l'Encyc Orient. Qouaiq, et qu’une partie des sour- (3) Voyez le plan. ces qui l’environnent, iraient join- ( 225 ) Torahim-Agha, 5 ES Qt Bestan il- Hhedjazi | is > Bestan 1l-Ouaïdjè, ai ER Bestan 1l-Qabbar, & 2 Le Bestan Scheikh-Ti aha, À 2e Lu Bestan il ant) bis NS Djunainet il - Kellacë , jo -Nt) Us Bestan il - Qaissar, > Ql Bestan il-Barbar , Sr )$ Kor-Messri, xs gas FAN ail pains Dora 1LNassredinnie , et Bestan il- Kelab : CUS. GLS Bestan 1l-Kettab ; entre ces a derniers est le pont de Rene Dhjisr il-Ketiab. Au nord, mais non indiqués sur le plan, sont les jardins al, Bebylè et yels Bayadin, promenades recherchées des Euro- péens. Également au nord de la ville, parmi les jardins voisins du village de Bab-Allah, on remarque celui de Redjeb-Pacha EL es, ls situé à l’ouest du village et à l’est d’une grande place nommée le Weïdanil-Akhdar ,23W 54) (la place verte) , sur laquelle se trouve une fontaine adossée au mur du jardin et dont les eaux sont fournies par le canal ou aquéduc qui vient de Je Hhaïlan , village à deux lieues de Hhaleb et dont le nom, suivant les Chrétiens du pays, n’est autre que celui de l’impératrice Hé- lêne (x). Le trop plein des eaux de cette fontaine s'écoule dans le Qouaiq. Bien que le Qouaiq baigne, en quelque façon, de la ville, on fait cependant peu d'usage de ses eaux comme bois- son; et les habitans préfèrent celles que l’on amène de Hhaïlan, à travers des canaux, tantôt de niveau avec le sol , tantôt souter- rains. Ce canal, ancien aquéduc, 43 Qanaïè (2), reçoit les -eaux de deux sources (3) situées près du village, les conduit, sur les murs (1) Dans la Syrie, et particulière- ment dans la Terre-Sainte, il n’y a presque pas une seule ruine, un seul édifice, quelque moderne qu'il soit, dont la piété de nos religieux n’attri- bue la fondation à Samte- Hélêne, mère de Constanün. ( J'ay. Notes d’un Voyage au Levant, dans les années 1816et1817, par Amb. Firmin Didot.) (2) Voyez la carte. On atiribue éga- lement à Hélène la construction de cet aquéduc. (3) Ces eaux viennent d’une source ( 226 ) une ligne parallèle à la rivière, à travers dj] tb Bab-Allah et les jardins où elles servent quelquefois à l'arrosement, suit une colline af 4Kesmè sous laquelle sont creusés plusieurs sou- terrains, et vient ensuite aboutir à toutes les-fontaines, à tous les bains et aux principales maisons de la ville qu'il alimente de ses eaux. Ce canal, fort ancien, a été restauré plusieurs fois et presqu’entièrement refait en 615 de l’hégire (1218 de J.-C.), par Melek ed-Dhaher, fils de Saladin. Quoique situé au milieu d’une plaine, le terrein sur lequel sont bâtis Hhaleb et ses faubourgs offre cependant des ondulationset un grand nombre de petites collines qui s'étendent tout autour de cette ville; plusieurs recouvrent de vastes souterrains et des cavernes dont quelques-unes sont occupées par des fabriques de : cordes , et portent le nom de #/-Mughaïr. Au nord est le AUS] = Djebel il-Adham , petit monticule qui sépare l'habitation actuelle du pacha du reste de la ville, et où l’on trouve beaucoup de pétri- fications et de grandes masses de roches. Au bord du Qouaiq, est le LH Je Djebel il-Nahr (x) (monticule de la rivière), sur le le plateau duquel les cavaliers vont s'exercer au djerid. Dans l'intérieur des murs, sont le | 5,4} 346 Qaldt-il-Scherif, entre les portes gas —Lb Bab il-Maqgam et »,25 4 Bab Qinnas- rin; «äs)\ il-Akabè, entre les portes à LU Bab il-Djunaine et ab] LU Bab Anttagiè. Au midi, en se rapprochant de la porte de la prison, on arrive au Hs Djelloun. Les hauteurs de qui fixe sa résidence à Hhaleb, ou dans ses environs. C'est une espèce d’abcès particulière, on leur atiribue commu- nément l’incommodité d’un bouton darireux qui défigure assez souvent les habitans. Cette maladie , appelée dans le pays, en turc, Hhuleb-tchobant (ul- cère de Hhaleb )ou, en arabe, habbet- esséné (ulcère d’un an), attaque pres- que toujours, au moins une fois en sa : vie, et le plus souvent au visage, celui qui dure à-peu-près un an, et laisse une cicatrice que le temps ne peut effacer. (x) Dans le Djihan-Numa, il est dit que la ville de Hhaleb possède un hip- podrome dans lequel on s’exerce à la course du cheval. L’hippodrome était près du château. (QE 7/10) au Bahhsita et de As Djubailè sont dans le nord; mais la principale de toutes ces collines est celle qui, située au centre de la ville, domine de tous côtés; c’est là que s'élèvent les restes du château ou citadelle ax} #-Qald, appelé Kaïbar , dont la construction fut terminée, selon Kiattib-Tchelebi (1), auteur du Djihan-Numa, en 690 de l’hégire (1291 de J.-C.). En 351 de l’hégire (964 de J.-C.), ce château avait déjà résisté aux Grecs; qui cherchèrent alors, mais en vain, à le reprendre sur les sul- tans Hamdaniens qui le leur avaient enlevé. Chabdamas, qui s’y était retiré, les contraignit à en lever le siége (2). C’est probable- ment de sa réparation que l’auteur ture veut parler. On arrive à cette citadelle par un pont incliné, soutenu par sept arches, et dé- fendu par une double porte, dite 9! LL Bab i-Qalé, que l’on ferme chaque soir, au coucher du soleil. Les piles du pont sont appuyées dans un fosse) os il-khandaq , aujourd'hui pres- qu’entièrement planté d'arbres , et qui entoure cette partie cen- trale, fortifiée par un mur semblable à ceux de la ville, et égale- ment flanqué de tours. Au nord et au sud de la citadelle, sont deux redoutes avancées, construites sur le penchant du monticule qu’elle couronne, et dans l’intérieur, quelques mauvais canons. Une garnison considérable est chargée de veiller à sa sûreté , et les soldats, avec leur famille, se partagent entr'eux les maisons qu’elle renferme et qui forment un quartier séparé, sous le nom de #/-Qalé: c’est encore dans cette citadelle que sont détenus les prisonniers d'état. On y voit une vaste et profonde citerne, 3, LL 7/=Ssattoura, un lieu de dévotion, Station de Saint-Geor- ges (3), qui n’est point tracé sur le plan , et sur le sommet de la hauteur , une mosquée ail le Djarné il-Qalé, dans laquelle on montre encore la place où Abraham S’asseyait , dit-on, pour traire ses brebis. (1) Djihan-Numa. (3) Djihan-Numa. (2) Voy. Cedrenus, Zonaras. ( 228 ) En dehors du fossé , près du pont, sont: la salpétrière as Ni 1l-mellahha, et la poudrière , ls S3)L baroud-khanè. | Le pacha ne réside point dans la citadelle. Il habitait autrefois un palais ou seraï dont la vaste étendue et la magnificence at- tiraient l'attention; ce palais est détruit aujourd'hui: on en voit encore l’emplacement au pied de la citadelle, dans le quartier il-Médinè (la cité). A peu de distance au nord, est la maison de l’agha des janissaires 5,4Ji 5L5 gonagq il-serdar , et plus loin , le ESA jls khan qoribeg, caserne des troupes Albanaïses au service du pacha. Les janissaires, qui , à proprement parler , ne sont pas attachés au service du pacha, forment la milice du pays; ils sont distribués dans cinq faubourgs, comme pour défendre l'accès de la ville, et arrêter les incursions des tribus nomades du désert. Les faubourgs qui leur sont affectés sont : au nord-est, as Bançqouça, où se trouve le Qahhwet il-Agha, grand café dans lequel s’assemblent ordinairement les janissaires; (3) Qar- leg, qui conduit à la plaine du même nom ; à l’est, 5) D 5, Hharet Bab il-Neireb, :<\) —L ils Hharet Bab il-Melek ; EL ls Hharet Bab il Maqgam est au midi, sur l’empla- cement des fossés et au sortir de la porte Bab 1l-Magam. C'est près de ce quartier, au-dehors de la ville également, et dans les fossés, à la porte ue pe —L Bab-Qinnassrin, qu’a été construite la prison publique, =) i-Hhabs. Le qadhi, dont la charge était, suivant Kiattib-Tcheleb:1 , de einq cens aspres, est nommé par le gadhi-l-esker d'Anatolie; il réunit entre ses mains tout le pouvoir judiciaire; son premier tribunal , dit Mehhkemet il-Kebirè (le grand tribunal , palais de justice) , est dans l’intérieur de la ville , au quartier «51,» Houaine, près d’une petite mosquée appelée Ss-)| le Djamé i-Mehh- kernet ( chapelle du qadhi). Il prononce en dernier ressort sur les affaires civiles. De lui relèvent encore quatre ou cinq autres tribu- naux, et outre cette salle dans laquelle il donne audience, ilen existe une seconde où son vicaire juge quelquefois les affaires conten- . ( 229 ) teuses ; ce lieu , appelé sd Mehhkemet il-Ssabbaghin , est plus rapproché de la citadelle. Les receveurs des impositions, ls" mohaceb, envoyés de Constantinople par la Sublime Porte (x), ont leur habitation dans le quartier 554)! i/-Medinè , où réside la plus grande partie des autorités ; cette demeure porte le nom de = ULJ 5.5 Qaissa- rietil-Ssaliandpiè. C’est encore dans le même quartier qu’est éta- blie la douane 5 SSI ÿys khan 1l-Gumruk , au-dessus de laquelle est la maison du consul d'Angleterre. L'hôtel du consulat de France, appelé Ji ÿ'< khan il-Hhabal, est à peu de distance et plus rapproché de la grande mosquée. D'après Devezin (2), Hhaleb aurait eu jusqu’à 600,000 habitans, dont 12,000 schérifs et 13,000 janissaires (en y comprenant les femmes et les enfans, le nombre de ceux-ci s’élèverait à 45,000). Se- lon G. Brown (3), cette ville comptaiten 1797, 280,000 habitans en- viron ; dont 12,000 Grecs, 6,000 Arméniens, 4,000 Syriens, 4,200 Maronites, 5,000 Juifs, auxquels il faut ajouter 9,000 janissaïres (total, avec femmes et enfans, 44,5oo)et 120,000 Turcs pour les ba- zars et les kbans. Le Dictionnaire de Géographie universelle éva- lue la population, avant la catastrophe qui détruisit Hhaleb en 1822, et qui ensevelit sous ses ruines plusieurs milliers d'individus, à 230,000 habitans dont 30,000 chrétiens et 5,000 juifs; le reste musulmans ; mais M. Rousseau , dans son prospectus de l'Ency- clopédie orientale, la réduit à 150,000 individus, (4) formant, (1) L’équivalent de cette expression se retrouve dans Xénophon et lui serLà indiquer le palais du roi de Perse. Les enfans des Perses qui tenaient le pre- mier rang dans l’état, recevaient leur éducation aux portes du palais du roi Ce cz: Baoi)soc Guous), (Exp. de Cyr., liv. 1, chap. 9). Cet usage, dit Xéno- phon, d'élever les enfans aux portes Il. (are sous Suparc ) du palais, s’est main- tenu; les grands se rendaient tous les” jours aux portes (ere tas Gupus) (Hist. de Cyr., liv. vaut, chap. 1°). (2) Fabri. (3) Idem. . (4) C’est aussi l'opinion de M. Caus- sin de Perceval. 30 ( 230 ) dit-il, un mélange de toutes les sectes de la Turquie. Les musul- mans y sont divisés en deux classes ou plutôt factions : celle des janissaires, Fenytscharis, et celle des schérifs (x), émirs ou des- cendans du prophète, partis irréconciliables , dont la turbulence et les prétentions ont souvent troublé la tranquillité locale. Les premiers ont commandé en maîtres absolus pendant plusieurs années et maintenu les seconds dans l’avilissement et la misè- re (2). Hhaleb , renfermée dans l'enceinte de ses murs, a plus d’une lieue de circuit : en y ajoutant les faubourgs, la circonférence est de deux lieues et demie. Olivier lui donne six milles ; Russel sept. M. Caussin pense qu’on peut la réduire à cinq. On y compte, sui- vant la Géographie turque (3), 74 quartiers (4) ou faubourgs avec 14,000 maisons (b). Ces quartiers ou faubourgs ont chacun leur nom, et sont habités par des populations différentes qui ne sau- raient aller s'établir, sans beaucoup de peine, dans des lieux autres que ceux qui sont réservés à leur nation. Les rues sont payées et plus propres que dans la plupart des villes de Turquie; un grand nombre ont des trottoirs. On y voit plusieurs belles places, des marchés, des bazars, des khans et autres édifices , dont la solidité et l'architecture fixent l'attention. Les maisons, généralement ter- minées par une terrasse, sont toutes bâties en pierres, ce qui a rendu encore plus désastreux le tremblement de terre de 1822. (:) Ils ont pour chef le Nakib-el- nous en désigne que soixante-huit(Voy. eschraf. la carte et l'indication des renvois ); mais dans son Prosp. de l'Encyc.Or., le même auteur dit que Hhaleb ren- ferme dix grands faubourgs et soixan- ie quartiers (Voy.Prosp.de l'Enc. Or.) Russel en indique quelques-uns seu- lement ( V. Russel, plan de Niebuhr). (2) Prosp. de l'Encyclop. Orient. Il y a environ ro ans que le pacha Dijelal- Eddin Tchapan-Oelou à détruit à Hha- leb la puissance des janissaires, en faisant décapiter les principaux chefs et dispersant le reste. (3) Djihan-Numa. (5) Quelques personnes font mon- (4) La carte de M. Rousseau ne ter le nombre des maisons à 40,000. (231) La ville intérieure est partagée , sur le plan de M. Rousseau, en vingt-cinq quartiers appelés, en arabe, ile hharet ou le ssahhé. On y pénétrait , suivant les uns, par neuf portes, suivant d’autres, par dix (1). Un mur (2) en pierres , protégé, de dis- tance en distance, par des tours aujourd hui en ruine, réunissait toutes ces portes ; et un large fossé, 1l-khandag , que lon rem- plissait d’eau, mais actuellement en partie comblé et planté d’ar- bres pour la promenade, en défendait l’accès. À peine apper- çoit-on encore quelques traces de ce fossé près de Bab-Qinnassrin. Des neuf portes qui existent encore, trois sont à l’ouest, deux au sud , deux à l’est et deux au nord. Presque toutes conduisent à un village ou endroit dont elles empruntent le nom. Portes de la ville. ya QU Bab il-Nassr (la porte de la Victoire), appelée par les Européens de Saint-Georges, parce que, près d’elle, est une des stations consacrées à ce saint; il y brule continuellement une lampe et c’est un lieu de dévotion pour tous les habitans. Elle était désignée primitivement sous le nom de porte des Juifs; mais lorsque Melek ed-Daher, fils de Saladin, la reconstruisit, il en fit un arc de triomphe en l’honneur dela Victoire. | tt Bab il-Faradj, située à l’ouest, a peu d'importance par sa construction. Au-dehors est une pierre qui, dit-on, recou- vre la tombe d’un prophète pour lequel les Mahométans, les Chrétiens et les Juifs ont la plus grande vénération; presque tous vont la visiter et la plupart y déposent des ex volo. (x)/M/Roussean, dans PE Prosp; (2) Darvieux attribue la consiruc- _ de l'Encyc. Orient., ne fait mention {;6n de ce mur, ou au moins ses répa- . que de sept, mais son plan en marque rations, aux Mamelouks; dans le temps neuf. Darvieux en a connu dix; la ,} Hhaleb eut à souffrir desirruptions dixième , dit-il, a été murée lorsque 4e T'atars. j'allai m'établir dans cette ville, Voy. aussi le Dict. de Baudrand. ( 232 ) iis)| Babil-Djunainé. On doit sa construction à Melek ed- Daher. Elle fut ensuite bouchée, et puis ouverte de nouveau sous le règne de son petit-fils, Melek el - Nassr. Elle reçut d’abord le nom de Bab Pharadis; ensuite celui de Bab el- Abara; aujourd’hui les Hhalebins l’appellent Bab il-Djunainé où Bab il-Djénin (porte des jardins), et les Européens Porte sombre , à cause de l’obscu- rité du passage. AS t Bab Anttaqié. On sort par cette porte pour se rendre à Antioche. Devant est un petit pont sur lequel on passe le Qouaiq. Elle fut détruite en 962, puis relevée; enfin, sous Melek el-Nassr, elle fut de nouveau détruite et relevée (x). Qeye5 b Bab Qinnassrin, actuellement en ruine, prend son nom d’un village au midi de Hhaleb , sur le bord du Qouaiq, et bâti sur l'emplacement même de l’ancienne Chalcis ; elle est aussi appellée Porte de la Prison, à cause du voisinage de cet édifice. Sa construction primitive remonte au dixième siècle; on l’attri- bue à Seifed-Daulch ben Hamdan. En 1244, elle fut reconstruite par Melek el-Nassr, arrière petit-fils de Saladin. Gb Bab il-Maqam , appelée aussi Porte de Damas. On y lisait deux inscriptions avec le nom de Beroë. Cette porte, commencée par le fils de Saladin, fut terminée par son petit-fils Melek el-Azir, comme elle conduit au Maqam ou station d'Abraham , elle en prend le nom. Di 5 Bab il-Neireb ou Neiram , à lorient, a pris le nom d’un village auquel elle conduit. Yet BabilAhhmar (Porte-Rouge), est à peu de dis- tance de la précédente. Vient ensuite 33 + Bab il-Hhadid (Porte de Fer), ou Bab Banqouça , qui conduit au faubourg du même nom. 1) En 1244. (233) Quartiers de l'intérieur. ai d- Qalä, la citadelle, dont nous avons déjà parlé, est au centre. as)! il-Mediné, c'est-à-dire la Cité, occupé par les Euro- péens (x) et par les Musulmans , renferme une grande quantité de mosquées, entre autres celle que l’on peut regarder comme une espèce de cathédrale. Il a beaucoup de khans et d’édi- fices publics; les premières autorités y résident , et l’on y voit quelques belles maisons de particuliers , sous le nom de (515 go- nagq : celles-ci appartiennent aux ayans ou notables. Les Chré- tiens Européens y ont aussi des couvens et des églises. Ce quar- tier et celui de la citadelle sont les deux plus importans de Hhaleb : les autres renferment peu de monumens qui méritent l’attention, excepté des mosquées , des lieux de dévotion , quelques qonaqs et séraïs (2) ou palais presque ruinés. Dans le a.sÿ\ 7} Zubaïnè existait un ancien seraï qui a changé de destination, et où sont établies maintenant des fabriques. sms Bahhsita, situé entre la porte Saint-Georges et Bab el- Faradj , est entièrement habité par les Juifs, qui y ont construit une grande quantité de maisons pour la plupart appuiées sur les restes des murs de la ville; ils y ont aussi une synagogue dite SH es Kenis il-Yahoud , que l’on croit avoir été une ancienne église ; un café principal qui prend le nom du quartier, a. 8,85 Qahhwet-Bahhsita, etun bain dit St > Hhammamil-Yahoud. Dans le 31 Djub il-Sedellè , est un puits extrêmement profond qui passe pour enchanté. Dans le 5, 1,91 #/-Feraferè sont les casernes des Albanais du pacha ; et dans le ssl Djeabenè, les restes du Seraïet-Osman-Pacha (ancien seraï). (x) Ceux-ci sont en général domi- (2) Il y a cinq séraïs ou palais dans ciliés dans les khans, espèce d’hôtel- la ville d'Hhaleb ; presque tous sont leries regardées comme des asiles in- ruinés. Trois sont désignés dansle plan. violables. Voy. Prosp. del Encyc. Or. (234 ) Il suffira d'indiquer les noms des autres : 7 ee ls ÆVara Djamé -Kebir, 5, Souaiqga, a5\53 Hamdaniè , Eu Houaiïnè, A. Djubaïle, sur une hauteur près des murs de la ville, entre la porte de Fer et celle de Saint- Georges; als CE) sels Mustedamiè, | ne Hharet il-Melhh, bn 5 Hharet il-Bestan, xs LA Éssalahhie, r33)} 1l- Aqabè , _ un Re du même nom, entre les portes Bab- Djunainè et Bab-Anttaqiè ; mel 1l-Djelloun, sur la colline de ce nom ; al Tahhtt Où, près d’une petite élévation, à l’est de la ere Sp é 5 Qalat il-Schérif, sur une hauteur, au sud , entre les portes de Qinnassrin et il-Ma- qam ; 5 is Le Ssahhet. Bezzè, d.)\ il-Qassilè, et ab55T d- Dédeilè, à l’ouest duquel est un cimetière chrétien qui occupe une très-grande surface, Faubourgs. Les faubourgs situés au-dehors des murs ont beaucoup plus d'étendue que les quartiers de l’intérieur ; on y trouve également plusieurs monumens et établissemens ; la population y est divisée aussi par nations. Cinq sont habités par les Chrétiens , et dans l’un d'eux, ,;=°15ls Hharet Abou Adjour, est un vaste enclos, Si US ARAUR 1l-Kébir, réservé à un grand nombre de familles pauvres. Cinq sont occupés par les janissaires. Un au- tre, appelé «WI L35lS Hharet Bab 1-Melk, près la porte du même nom, renferme, dans un ‘endroit particulier, li} il - Agiliè , les huttes des Arabes. A l’est, entre les portes dites Bab il-Neireb et Bab il-Ahhmar , est un très-grand emplace- ment aujourd’hui en friche; jadis couvert d'habitations que les incendies ont consumées. C’est là que se trouvent la boucherie À chusll ]-maslakh, et de vastes enclos où l’on fait parquer les bes- taux. Les faubourgs situés de ce côté sont en général peuplés de Turcomans, de Kurdes et d’Arabes, qui tous se livrent à l’agri- culture. Au-dehors sont les tentes et les cabanes des &L 5 Qor- (2557) bats,espèce de Bohémiens que l’on rencontre souvent autour des villes turques. Les autres faubourgs sont habités par des Musul- mans; voici leurs noms et ceux des portes qui les ferment. Ces portes, au nombre de vingt-six, d’après le plan de M. Rousseau , sont appelées bewabbè (petite porte), par opposition au mot bab qui désigne les portes de l'enceinte de la ville, et dont le premier n’est qu'un diminutif. Noms des faubourgs. JL 3e Hharet il-Zebbal, mu sl Hharet Cissè, 3e Hharet Abde, en 3, Hharet Hossrum ; ces quatre faubourgs sontcompris sous la dénomination généralede i/-Toumnayat; Lo) 1-Ssalibè, = DEC Hharet Abou-Adjour, 3\;=) il Hhazzaze, a) 5 Hharet il-Schascha, sstli/-Djudaidè; ces cinq fau- bourgs sont habités par les Chrétiens de toutes les sectes ; c’est dans le dernier que les Européens vont chercher le vin-et la viande nécessaires à leur cousommation ; LL} 5. Segaq il Muballait, >, ls Hharet l-Kerad, JL l i-T edribè, N) AT (5 Segagq 1l- Berrant, se J=S Qasstial-Hharami, (sue y Schar- Assous, | ss Hharetil-Hhabibè, ,.4)| 5, Hharetil-Ssouafa, ; al 3e Hharet il- Aschour , =) Almadji, J ><) Aghior, Lai DIS Turab il-Ghoraba, 25e Hharet il-Risch, 3, rs. … Hharet Scheikh Yapragh, js .E\ Lu Segaq 11 T'tawil ; ce faubourg , situé au-dessous de la colline sur laquelle est élevé celui de Scheikh-Vapragh, a été, ainsi que ce dernier, presqu’entiè- ment détruit pendant le siége de 1819; =d.,4! #-Mursaliè, Lis Banqousça , Lip Qarleq ; ces deux derniers s'étendent , au nord, jusqu’à la plaine de Qarleq, et sont occupés par des yenytscharis ou janissaires ; Banqouca offre même un très-grand développe- ment; c'était le point où se réunissaient autrefois les mécontens et se formaient les révoltes; on y voit le marché aux farines, ysbl Ye Khan i L-Ttahhin, et des khans fournis de toute sorte ( 236 ) de marchandises; =bassil -Mutaliè , sil 1l-Ssalehhie, L= sl il se adji, LS il-Muschattiè, );5 Tatarler, £$ :5 Quram- beq, À DA Hharet Qaraman, (65>W22< Djub il-Ahhmedh, de L 3 3 LR Hharet Bab il-Neireb, œb 3, Hharet Bab il- Melék, tous deux habités par les janissaires; ,SLA| 77 Qa- narir ed) il-Sakhnè, GS Le Hharet Bab il-Maqam , habité par des janissaires, a NS) 7/- Kéllacè, est placé au milieu des jardins, sur le bord du Qouaiq, à l’un des angles méridionaux de la ville AU il ne se trouve séparé que par un très-petit espace; il prend son nom de la grande quantité de fours à chaux qui y sont établis; 5, 17-Muscharéqè, à l'ouest du Qouaiq et peuplé par les Turcs de la dernière classe, communique avec Hhaleb par un pont. Il possédait autrefois une verrerie qui tirait du vil- lage de Armènaz le sable nécessaire à sa fabrication. Noms des portes des faubourgs. el bis Bewabbel il Qassab, ,$ is Bewabbet Arabkir , San ls Bewabbet Schriverdi, Li; Bewabbet il-Muwet- ta, ES x bly Bewabbet Yaqoub Beg, JS\isls Bewabbet il- Khall, _:S9\ ss Bewabbet il-Allaf, Le. 5\» Bewabbet Seïd Al, 5, 2lals Bewabbet il-Schaboura, = JS, Bewab- bet Qasstal Hharami, ,;:\%l; Bewabbet Aghior, &,s ss Bewabbet Scheikh Vapragh, 5 an &l» Bewabbet Scheikh Arabi, Jets Bewabbet il-Bassal, ils Bewabbet il- Hhazaliè, (S5%\» Bewabbet Qarleg, SN its Bewabbet il- Kelab, .sJ\ Seb »ls Bewablet Qadhi il-Asker, SL Bab il- Melek, &\s, vl» Bewabbet Remiana , Ab) ls Bewabbet il- FVaitiè, 5,9 bts Bewabbet 1l-Ferdews, pen) ls Bewabbet il- Mughaïr,, SN ils Bewabbet il-Sour, 5,2), 35 1, Bewabbet Qub- bet-WV'el-amoud , pal ol Bewabbet il-Nahr. (237 ) Bains, cafés, fontaines, elc. Les bains (r}, les fontaines ét les cafés sont des établissemens de première nécessité pour les Musulmans : aussi le nombre en est-il fort grand dans Hhaleb comme dans toutes les autres villes de l'Orient; et chacun d’eux prend souvent le nom soit du quar- tier où il se trouve, soit de l’endroit le plus remarquable près du- quel il est situé (2). Avec l’esquisse que présente M. Rousseau, on pourra ajouter beaucoup de renseignemens aux notions données, ou plutôt faire, sous ce rapport, un travail plus complet. Les fon- taines, puits, citernes, étangs et canaux sont également nom- breux ; mais nous n’en connaissons que très-peu. On compte, dit- on, plus de deux cents fontaines, et le plan de M. Rousseau ne nous en indique que quatre : JUELJI JLS Oassital il-Sulitan , rés JS Qassttal Beschir, ee Je Oassttal-el-Hharami, E$ JL JS Oassttal Ali BA Les citernes ou réservoirs souter- rains, A pee sahridÿ, doivent aussi être considerables, à cause de la difficulté de se pourvoir d’eau pendant l'été. Nous avons parlé plus haut de l’aqueduc 315 Qanaïe , de la citerne #,,LL\ 7-Ssat- toura dans la citadelle, du puits Ji} Cs Djub il-Sedellè dans le quartier auquel il donne son nom. Outre ces fontaines et con- duits, il y a encore, au nord-est des faubourgs, un grand étang qui sert d’abreuvoir aux bestiaux , et qu’on nomme -\))! #-Ramè. I ne sera pas non plus hors de propos de mentionner ici le canal souterrain qui ramasse toutes les immondices de la ville, et se voit, au-dehors des murs, à l’ouest , dans un endroit où il est à ciel ouvert, et que l'on nomme &2.N5| -Qolait. (x) Le nombre des baïns est de cin- uns des bains, = hhammam, et des quante, Voy.Prosp. de l'Encyc. Or. cafés, 3 qahwet. (2) On a tracé sur le plan quelques- Il. 3x ( 238 ) Mosquées et Églises. On sait combien les Musulmans sont tolérans pour l’exercice extérieur des autres religions que la leur, quoiqu'ils accablent souvent du plus grand mépris ceux qui les professent; et l'on est étonné de ce contraste frappant, lorsqu'on voit le nombre des temples chrétiens et juifs répandus dans toutes les cités de leur empire. Les Chrétiens ont à Hhaleb deux patriarches, l’un Grec, l’autre Arménien, et deux évêques, le premier Jacobite, le second Maronite; ils possèdent au moins neuf églises dont nous connais- sons l'emplacement. Les Catholiques et les Schismatiques, soit Ma- ronites, soit Grecs, soit Syriens ou Arméniens, en ont cinq, toutes dans le même faubourg , au nord-ouest de la ville. Les Européens en comptent quatre, chacune avec son couvent, savoir : l’église etle couvent des Carmes, dans le LS JE Khan il-Gumruk ; l'église et le couvent des religieux Franciscains de la Terre-Sainte, dans le A le Khan ilSchibèni; Véglise et le couvent des Capu- cins, dans le ous Khan il-Qassabiè où Abrak; et enfin l’église et le couvent A Lazaristes, dans le 31} Le Khan il-Benadèquè. Depuis 1807, il y a eu quelques réformes dans ces couvens; mais elles ne tiennent nullement à l'influence musulmane. Les Chrétiens, aussi bien que les Tures et les Juifs, fréquentent plusieurs lieux de dévotion qu’on appelle stations, pour lesquels ils partagent le même respect: ces lieux sont , les deux stations d'Abraham, l’une dans le château, l’autre dans la ville; les deux stations de Saint-Georges, l’une est aussi dans le chä- teau , l’autre à la porte de ce nom. En outre, on assure qu'il en existe encore deux autres, savoir : à la porte ob Bab 1-Faradj (x) ou Bab il-Yahoud, et au bord d’un bassin du col- lége de Hhalewi (2). En cet endroit est, dit-on, une pierre creusée (1) Djihan-Numa. (2) Idem ( 239.) en! forme de berceau, ct l’on ajoute que les Erancs lui portent une si grande vénération, qu'ils ont cherché plusieurs fois à l’a- chèter ; mais on n’a jamais voulu la leur livrer, même à prix d'argent. Quant aux mosquées, lieux de dévotion, oratoires , séminaires ou couvens, fekkiè, colléges, bibliothèques, hopitaux musulmans, ils sont en grand nombre; on compte plus de cent mosquées de première classe, dites e& djamé , et plus de cinquante ora- toires. M. Rousseau nous fait connaître vingt-sept de ces lieux. La première et la principale de toutes les mosquées est Lys; es ru Zakarié; c'est la plus révérée des Turcs; et quoiqu’elle soit tout près du quartier des Européens, l’approche leur en est inter- dite. Nous avons parlé de ali] et Djamé il-Qala que renferme la citadelle. Les autres, dont les noms suivent, sont moins impor- tantes : Jul ls Djamé il-Adliè , ainsi appelée du nom de celui qui la fit bâtir ; me ee Djamé il-Behramiè, construite par le pacha Behram ; 5351 ee Djamé il-Khesrewiè, vieille mos- quée ; Al as LL Djamé el-Esmaïlè, dont le ninaret fut goes ; en partie, ne on, sur les dessins d'un Européen; ll Djamé il-Roumi; 5) es Djamé il-Qiqan , vieille mosquée dans sa façade de nelle est une pierre talismanique; _ 5 et Djamé Schérif; «Ssw\ == Djamé il-Mehhkemèt, chapelle du qadhi; sr et æ LB Fo Hhadji- Mouça ; LL yteel Djamé Osman- PEha , vieille mosquée; ail ls Diane il- Ssefiè, mosquée abandonnée ; ec) bb es Djamé Bab il-Fa- radj; À) :l-Hhalawie, ee église convertie en mosquée ; on la regarde comme l’ouvrage de Sainte-Hélène (1), mère de Cons- tantin. C’est un des beaux monumens de Hhaleb. Au nord de la ville et des faubourgs, sur le penchant de la colline Djebel-il-Adham, où commence la plaine de Qarleq, était jadis la mosquée de Scheikh-Yapragh, qui, située au milieu du faubourg, lui donna i (x) Foy. la note de la page 225. ( 240 ) son nom ; c'était, plus anciennement, un couvent grec. En 1819 et 1820, cette mosquée devint, lorsque Hhourschid pacha fit le siége de Hhaleb, le centre des opérations des Albanais contre la ville , et elle fut convertie en redoute avec un poste militaire ; elle a beaucoup souffert, ainsi que lés quartiers environnans. De- puis, cet édifice a servi de caserne. Viennent ensuite les mosquées de seconde classe, dites Wesdyids , et les oratoires. Nous avons déjà indiqué quelques-uns de ces derniers dont les Turcs permet- tent l'accès aux autres nations; nous ÿ ajouterons : ,S Less Scheikh-Djahir ; 5,» b$ Turbet-Schriwerdi, tombeau d’un fameux magicien situé sur l’emplacement des fossés, au nord- ouest de la ville; dise + Scherkh- Abdallah , chapelle sépul- chrale d’un Santon; “sl +5 Qadhiil-Hhadjat. On compte à Hhaleb dix à douze colléges , médrècét, destinés à l’enseignement ; deux bibliothèques publiques, celles de 7che- lebi-Effendy et d'Osmaniè; quinze fondations religieuses, plu- sieurs séminaires ou couvens, dekkiè, et deux hopitaux, marestan, l’un pour les hommes et l’autre pour les femmes. Parmi les sémi- naires et couvens, nous citerons le grand séminaire de Dervis- ches, dit SKY Mewla-Khanè , situé au-dehors des murailles de la ville, à la porte Dyunainè , près du Qouaiq; c’est un grand et vaste édifice où l’on suit la secte de Djelal-Eddin, surnommé Molla-Hunkiar, mort à Conia, en 672 de l’hégire (1273 de J.-C.), fondateur de l’ordre des Dervisches Mewleris. Le petit séminaire de Dervisches, Tekkiè, également près de la rivière, à la porte d’Antioche, Bab Anttaqiè; etun autre tekkiè, couvent de moines Turcs, dans le faubourg de Hharet Bab 1l-Melek. De tous les colléges ou médrècet 3,5, le seul dont nous connaissions bien l'emplacement, est Si im, Médrècetil-Tchelebr. C'est le prin- cipal coliége public; il renferme une belle et grande bibliothèque, et se trouve dans le quartier #/-Médinè. Nous avons parlé plus haut de ci il-Hhalewi; mais nous ne saurions dire où il est placé à moins que ce ne soit près de la mosquée At r/-Hhalawiè, (24) Éablissemens d'industrie et de commerce. Le commerce de Hhaleb a toujours été très-important ; c’est, dit le Djthan-Numa, ce qui avait fait donner à cette ville le nom de Petites-Indes: mais les immenses fabriques et manufactures font sa principale richesse. Elle a, par sa situation, le précieux avantage d’être l’entrepôt général des manufactures de la Perse, de l'Inde et de la Turquie. Son commerce (1) eût pu recevoir une extension d'autant plus grande, que, outre les quatre ca- ravanes qui partent chaque année , à quatre époques diffé- rentes, pour les principales villes de l’Asie, des caravanes de Perse s’y rendent deux fois l’an, et apportent des soies , des mousselines, des laines rousses, des laines de chevreaux, de la rhubarbe , des drogueries, des pierres précieuses, et beaucoup d’autres productions étrangères, qu'on échange contre celles du pays, ou que l’on tire de l’Europe, de l’Afrique, de l'Amé- rique , et de plusieurs contrées de l'Asie pour lesquelles on fait également des retours : tels sont les noix de galle, l'indigo, la cochenille, qui servent aux teintures; le café, le sucre, les drogue- ries, les draps, toiles, laines, soies, etc. (2), et une grande quan- tité d'objets de leur fabrication. Les troubles de perse avaient fait changer momentanément la direction du commerce; mais aujourd’hui on espère que la tranquillité ramènera l'abondance dans une ville qui a tant besoin de réparer ses désastres. Pour ses fabrications, Hhalcb tire une grande partie des la quantité de marchandises diverses qui s’y vendaient en un seul jour, pouvait à-peine, dans l'intervalle de ® trois mois, trouver un débouché facile (1) Son commerce actuel, malgré son étendue, n'est pourtant rien, d’après le rapport de M. Rousseau, en compa- raison de celui qui se faisait du temps des sultans Hhamdaniens ; car, suivant la remarque d’un géographe Arabe, Hhaleb passait alors pour la foire gé- nérale de tous les trafics du monde, et à Damas ou au grand Kaire. ( Prosp. de l'Encyclop. Orient.) (2) Le total des importations de la France s'élevait à 2 ‘ millions envi- (242) matières premières du Diarbekir, de la Perse, de l'Arabie, de - la Natolie, de l'Egypte, de la Syrie et même de l’Europe ; aussi envoie-t-elle des caravanes dans toute l'Asie. Parmi les objets qu’elle fabrique , sont , en première ligne, les étoffes (1) de soie, de satin, bourres, étoffes brochées en or et en argent, des bro- deries , des toiles blanches ou autres, des cotons, des étoffes-de soie et coton, des schalls ou tissus de laine dans le genre de nos mérinos, mais beaucoup plus moëlleux; des schalls appelés Ker- mansous , à cause de leur ressemblance avec ceux de la province de Kerman ; des indiennes, des étoffes de fil d'or, des nattes, des feutres, des tapis, des pipes et ouvrages d’orfévrerie et de bijouterie. On y compte , suivant le Dictionnaire de Géographie Univer- selle et le prospectus de l'Encyclopédie Orientale (2), douze mille métiers de tout genre, cent fabriques d’or, de fil d’or et de clinquant, cent teintureries, cent moulins de toute espèce ; trente-un khans ou karavan-séraïs , sept savonneries et une tanne- rie; il faut y ajouter la corderie , placée au sud de la ville , l’an- cienne verrerie, dans le faubourg de Muscharégé, un grand nombre de fours à chaux adossés aux murailles, dans la partie méridionale et dans le faubourg qui, de là, a pris le nom de KÆel- lacè, et une fabrique de cordes à boyaux située à peu de distance de la ville. Le plan de M. Rousseau ne présente pas toutes ces fa- briques ét ces entrepôts de marchandises ; mais il fait connaître l'emplacement d’un assez grand nombre. Tels sont parmi les fa- briques et les manufactures : ») 31 Je Khan il-Wéair; ; > nl à 5 Qaissariet-Ebn-Mirou ; ron, balancés par des retours d’une QUÉE elle est égale à 4; de l’aune de valeur égale. France. (1) La mesure dont on fait usage (2) Voy. aussi Russel et le Journal pour l’aunage, estappeléepic par nos des Voyages. négocians provençaux, en arabe der ( 245 ) sr et y Khan Hhadji-Mouça, où l’on tonxe des manque factures d’indiennes ; 2412 Qaat-1l-Ssegal, lieu où l’on fait passer les étoffes de soie à la calandre ; AS 4,5 Qaissariet- il-Mulkiè, Vieu où l’on prépare la soie pour les fabriques d’étof- fes; Wal, Kerkhanet-Aladja, fabriques d’étoffes de soie brochées en or; LL Let ne Seraïet - Ismaël - Pacha, an- cien séraï où sont établies maintenant diverses fabriques; àls =) Kerkhanet-il-Qassabdji , fabriques de fils d’or; &ls,$ os, Æerkhanet - Roubass , fabriques où l’on tire l'or; «ia Massbagha , les teintureries; cs Massbanè, les savonneries ; &L\ 7/-Debbagha, la tannerie, située sur le Qouaiq, avec un jardin appelé Bestan-il-Debbagha : tout près, au nord, est un pont qui conduit à la porte d’Antioche ; bi)! #-Mughaïr, fabri- que de cordes établie dans une ancienne caverne ; as M] #7-Mel- lahha, la salpétrière; ls 53)b Baroud-Khanë, la poudrière. Les entrepôts, marchés, halles, bazars voütés où les marchan- dises sont à l’abri des incendies, ne nous sont pas tous connus : on compte quarante-cinq grands bazars. Voici la liste de ceux in- diqués par M. Rousseau : soi i-Djudaidè, halle aux grains; << ls Æhan-ir Hhentta, entrepôt particulier de grains ; sh ye Khan -1l- Tiahhin, entrepôt des farines ; = Li. Saqattiè, bazar où se ven- dent le pain, la viande et les herbages ; 5, 5,5 yes Khan-Dar- koura, entrepôt général des comestibles ; LAJi Ve Khanl-Bas- sal, entrepôt des oignons et autres légumes; RTL ,& Khan- Bab-il-Magam, on y vend des denrées; y Khan il-Zebrb, entrepôt des raisins et autres fruitssecs; 3} ls Khanil-Debs, entrepôt des sirops de raisin; Vi #/-Lebbanè, marché aux lai- tages ; ,1 JE Khan-il-Lebèn, entrepôt des laitages ; Lt) il Mahhmass, lieu où l'on grille et pile le café; #:ÿ} ,\s Khan- il Zeit, entrepôt des huiles; = lle Khan il-Ghanem, on y vend les moutons que les Arabes importent du désert; 14} ls ( 244) Khan-il-Ssaboun, entrepôt dessavons; il ls Khan-l-Affss, entrepôt général des noix de galle; JL Balestan, marche aux hardes, friperie ; DES ys Khan-il-Kettan, on y vend les meilleures toiles; 53,41 y Khan-il-Ssouf, entrepôt de laines; rgeill ls Khanil-Qassabiè ou Abrak, entrepôt général des soies ; les capucins y ont leur couvent et leur église; SK} 5,3 Qaissariet-1l-Hhakkakin , où sont les boutiques des orfèvres et des tireurs d’or. J.- G. BARBIÉ DU BOCAGE. SRE AE LR LL LAS ARLES VAR LA LR LUE ARLES ERA LA LA RAR LR ERA LRU LR LUE TABLE DES ARTICLES. RELATION de Ghanat et des coutumes de ses habitans, traduite de l’arabe PAGE TJ AUBERT de Ne c'e OAI SRENSAENR Le MEERRUS — Appendice. — Descriptions extraites du Géographe Nubien et d’'Ebn-el- WE SE 08 SAR EL Lot none RELATIONS inédites de la Cyrénaïque. $ 1° Extrait du Journal d’une ex- pédition de Tripoli à Derne, tenu par M. Aucusrin CERVELL de Pise, rédigé par M. De Laporte, Vice-Consul de France à Tanger — $ 2. Explication des dessins de la Cyrénaïque..................... — $ 3. Relation succincte de la Pentapole Libyque, par le R.P. PACIFIQUE DE Monte-CassiANo, traduit de l'Italien, par M. DE LAPORTE... Norice sur une mesure géométrique de la hauteur de quelques sommités des Alpes par M. CORABŒUF..............,..,............ Do — Appendice De la hauteur du lac de Genève, de la hauteur de la Dos etc. RÉSULTAT des questions adressées au nommé Mbouia, Marabou maure. Article communiqué par M. le baron ROGER................... — lüinéraires du Sénégal à Sego , à Maroc et à la Mecque, par le même... RÉPONSE aux questions de la Société de Géographie sur l'Afrique septen- trionale, par M. DE LAPORTE.......:....................... = Nomenclature de la régence de Tripoli. .......................... AmINÉRAIRE de Constantinople à la Mecque, extrait et traduit de lou vrage turc, LIVRE DES PRIÈRES, de Méhémet Edib, par M. Brancmi. DEscriprion des ruines de Palenquè, dans la province de Guatemala, suivie de recherches sur l’ancienne population de l'Amérique. Article com- muniqué par M. WARDEN.................................. Norice sur la Carte des pachaliks de Bagdad, Orfa et Alep, et sur le plan d'Alep, par M. Rousseau, chargé d’affaires de S. M. près le bey de Tripoli de Barbarie. Article de M. J. G. BarBré Du BocaGr. ..... … Tableau présentant la prononciation et la signification de plusieurs termes Géographiques et autres inscrits sur la Carte. ........... = List des lieux compris sur la Carte...........,,,................ æ Description de la ville d'Alep......... . Pages. 10 (246) E PLANCHES. Antiquités de la Cyrénaïque............. riacoo OPA O ob Nos 1,11, HI Chaînes de triangles servant à la détermination de quelques som- À mités des Alpes.....................,............ IV. | Antiquités de Palenquè , dans la province de Guatemala. . .... vu Carte d’une portion de la Syrie, de la Mésopotamie et de la Ba- | bylonie, contenant les trois pachaliks d'Alep, d'Orfa et L: de Bagdad. .................. JSobrodcne DADOR ane à VI. ce mc De EI Everat, Imprimeur , rue du Cadran n° 16 Î | UT ones hs je ts are ie ni TL M Te ca 1 = n'o le "> $) GE 7 f # enr MD Les N < Pinto bite her Bamertrntrs 4 EYALET D Paris JS QC ‘ à fille K : { er 4 L x $ ; S AA ET) À à rc Peru (An Nez n° Amal Le Téhenhartis TX : Qu ROZ 2 Hard, Doleg cha ot à 4 Leslie khianlir T1 Vars dé Pom - & mir TA primaire \ Jénguihr LT GS Æarepre r tyhtamecik ren ts an ie AN M Dot A Ds rer TUER 5 à PET) PPS LE nm Les Hhacenantir PA archamourti Lan ironie TK À 5 fn lan Tape À Toit \ : Le-Bosrumé La Pom ne { © Lac Poiksonneux e EST Top AT A dir CT ht lie he- Vryrb ram rh tr ‘ne tr 4 natal FŸ TE , pre hen FA ou h hroparé… Wéhhache NT Preféehghoren rca x néant DH RON ve sels A0 Var pinar ler Cr Uhavran = 2N ns AUS En. Den ci Ce D Zen dorés TA \ Ni io Ben Odails € - BTLNemle À Lebiadter Dont Boint 1 L A & ha area LA Woçé va Defileriber | Us Léynhent po } Ÿ et ( Wrures à diPéhen & Joe Termubend, Loblims LE \\E51 s} din À) te nd blem = M Ÿ Herrthais à Co PE Hana à Ab NV ji à À Che AO het érem, PES Ô M 777 Tr ARS À bros 7 Æ gliérer 1 F= | DE TUE 07 x HMirirehetene PTT le77 & {é \ Ihamzfe À Re Cana Hrrkhur Ke hékhe ferme \ re : Saymeda 2 Wischéë oTI-hat/ | z rl: han à Air Ep o7 Q: T / ; | a a ST + Tlalbinins ae À ha es 1° Qaré ee +. ; ÿ ; dd TA & Edité) u ÿ & y Um D 1 LEE TEE Ai k T0 2 D CUT jet Pr , Crank A7 te Fe * Dre 1 Nodjar & Arménas® = £ etat L REUSE ET ÿe LAN Ta Qür z Y HE 4 L} ï 206rqania DEN ï F EN, \ ñ FRS Snaste : ; ) ES TL key hot ; 4 72110 Li £ “À. Drérin ( F eldich 2 à Dire tir LE ris : horde C Dem, 1e un 1 AR ren 07 MN ea" AT pente Nu ihamene d Empare sh Khali(at . awmen arr Jane de Rhino D FLOU \ 1777772) PORT IT PP RE Z AS RE Fr le Sala \ RES Z € \: f A #, SLR 2) Qunesrin me | MONT t Drm çe L #5) Chaleur, 1 sl IL ZawR Perd SE = 5 Pr DER X nb ere 40 L P? 7 an SSH 2 V f LE de rique der Crmes L 7 sù ER CA cé EanorË Ft AA OUE ji Mike oAbnthèr. ME af x d'ALAREQUEES ci (à | laodicéé = & | PTN RAI DR ALE 7 f \ ENS : Les Hewales 1 Te DEEE r 0 r: M enr F ñ #1 A Alahhs A1 # —— Re cn PET \ D Mhenurreré Z À A han-Shrkhoun En -* JT kiné Dent CET p Ta pete nanètre es Round dan rende r JL Æimm. fe # Lo d'au mmrte l-LDhrébre Pa TT | LEP | ETS | om, BE Uaum-ilsrer = Date Lomme à En le PORC ane ame 1 Ttuibé 6 ya * | A NO cssonribaktawan sem) | AS Det De Fin) Ti Mare », F ; ” Er pe ta ml rm £ Déprime data re d'ime mur palin. (y oure par £ em pi taeme LLre arte ar es ne ro un TH 5 F” dues EE pre es éaped SL : ci \ É" — S # 4 = »1 1 VAE + | | Vs S Won Dhehour M CARTE Dove vonrroy pe SCHIAM (ln Syric), 21 DJÉZIRÉ ( la Mésopolamie) | Er DE IRAQ-ARABI (la Babylome). ee | CONTENANT LES" TROIS PASCIHLILIKS ve HILALEB, REHA 00 ORE1 sr BAGHDA). | À à 1818, Par J.B.L.J. ROUSSEAU, Dressée de 1811 Convul général de France à Bauhdrd. Chevalier de l'Ordre Royale la Légion d'Honneur, des Ordres du Soleil de Pinse etd WA Jepudere le hrasaten Correspondant Clust. mem NP A e) s : dela Soriété de Gcogrp/e, assocte de lleadenue de Harselectde le S'ocité des tre Crneor Grarée et publiée par /es Sons DE LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE. A : " = ; j Paris 1829. ; DE LA VILLE DE HIALE EXPLICATION DES SIGNES DE RENVOIS et de Ê LE ‘ CE Ê) LE Ne [L RE ne Es (L: pus Pat 11 LV [Bar [= Fe ACÉSES Ki Ee = B Q Val [EE à = Ze à te SES = RECUEIL DE VOYAGES ET BE MÉMOIRES, PUBLIÉ PAR LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE. TOME DEUXIÈME. SECONDE PARTIE. Imp, d'ÉVERAT, rue du Cadran, No 16. : QT F ñ : nr Î de na À ë eu ET ee ; : sos Lao AN | ne | (2 a nn SAR RAR RAR LE LE RAR LEVEL EE LR LE LAVER VE LE L EN LI LUEUR LEUR LRU DURS VALRURU EUR LRU Leon DE LA TRADUCTION FAITE PAR M. LE BARON DE NERCIAT, D'UN MÉMOIRE DE M. DE HAMMER , SUR LA PERSE, POUR CE QUI CONCERNE SEULEMENT LA PARTIE GEOGRAPHIQUE. CHAPITRE X O. Le Qérman. Cette contrée, qui confine au nord avec le Sistan et le Qouhis- lan, que le golfe Persique baigne au sud, que le Mékran et le Béloudjistan pressent à l’es{, comme le Farsistan et le Laristan la bornent dans l’ouest, n’a pas été plus visitée que le Khorassan par les voyageurs précités, à l’exception toutefois de Pottinger, qui la traversa dans le trajet qu’il fit du Mékran dans le Farsistan. Il en a été question dans les Annales de littérature, tome IV, (x) M. le baron de Nerciat ayant qu’un Extrait serait publié dans le Re- présenté la traduction d’un Mémoire cueil des Memoïres, et que cet Extrait très-étendu sur la Perse par M. de serait composé des chapitres relatifs à Hammer, laquelle traduction aobtenu la géographie des parties méridionales le suffrage de la Société, il aétéarrêté de la Perse. II. 32 (248 ) page 102. L'auteur de l’article y renvoie, en ajoutant que, pour offrir un ensemble complet dans son travail, il n’a pas négligé de s’appuyer de documens puisés aux sources orientales. La partie méridionale du Qèrman porte le nom de Moughistan, qui veut dire le pays des Palmiers ; et celui-ci confine justement dans l’est avec le Béloudjistan, considéré comme un district du Mékran, et à l’ouest avec le Laristan , que l’on regarde comme une dé- pendance du Farsistan. Montagnes. Cette contrée est très-montagneuse. La principale chaîne sé- parant le Nourmanchèhr du Laristan , se réunit aux montagnes du Farsistan par les 29° 40° de latitude septentrionale, et les 54° de longitude E (x). Ce mont porte le nom de Kafès. Dans sa partie septentrionale gisent les pays de Dyrrouft, de Roudan, de Qouhistan et d'Aboughanim. Dans l’est sont le pays d’Ahvaz et le désert ; dans l’ouest, le Soudjan et le Béloudyistan. La rési- dence d’été des habitans de la capitale est dans les vallons du mont Bazer. Cette montagne, aussi belle que celle de Kafès, renferme des mines d'argent et de fer. Elle produit aussi du cuivre, de l’or, de l’alun, des pierres inflammables et des bois incombustibles (2). L'acier de Kerman jouit d’une haute réputation. À partir de Djirouft, une chaîne de montagnes, de deux journées d’étendue, se prolonge dans la direction de la mer. Cette chaîne se nomme Dériiai (3). Le traducteur persan de Cazvini mentionne, d’après le livre intitulé Tohfet ilGaraib, une montagne du Kerman, nommée Djebel ous-siver, la montagne des figures, parce que ses pierres offrent, dans leurs fractures ou dans leurs coupures, des formes humaines (4), et une autre montagne dont la pierre peut servir de combustible (5). (r Voyage de Pottinger. el (2) Bakoui, not. IT, pag. 452. à Le de. (3) Djihan-Nouma, pag. 259. (CG) Robes SE ( 249 ) Fleuves. Le fleuve Zérahrouz jaillit près du village Benakan. Il cesse auprès de celui de Direnq, après avoir fait beaucoup de sinuosités durant le cours d’une cinquantaine de parasanges , et avoir servi à l'irrigation des campagnes du Qerman; il se perd en majeure partie dans les sables (1). Le fleuve Zémin prend sa source sur la frontière de Dji- rouft. On le nomme aussi Divroud , la rivière du Diable (2). Le fleuve Dériïar naît à Hendjan. C’est un torrent très-impé- tueux qui met une vingtaine de moulins en activité. C’est le Awpæ de Marinus , le Azpe de Ptolomée, le Daras de Pline , et le fleuve que Mannert et Vincent regardent à tort comme le Darabin (le Cyros) de quelques anciens. On ne peut se permettre de contre- dire de pareils Géographes que sur des documens bien authenti- ques. On les puise dans les sources de la Géographie des Orien- taux. Le Dora de Marinus, le Dara de Ptolomée, et le Daras de Pline, sont placés par eux dans la Karamanie, à l’est du Bagrades, qui sert de limite entre cette province et la Perse : cette assertion est d’autant plus plausible,que le nom de Derïa, que lui donne le Djihan Nouma, offre une identité parfaite (3). Le Bagrades, dont Mari- nus et Ptolomée font une frontière, est bien nommé Darabin sur les Cartes de Wahl et de plusieurs autres; mais les Géographes orientaux ne le reconnaissent pas sous cette dénomination. Ils l’appellent Zidégan, ou simplement Dégan. En traitant de la province du Fars, on entrera dans de plus grands détails à ce sujet. Le fleuve que l’on voit marqué sur les Cartes sous la dénomi- nation de Nëhr-Ibrahim, est l'Anamis de Ptolomée (4); et le Ko- (x) lAdjaiboul-Meblontar (4) The Travels of Nearchus, by (2)'Manusc. 433 de la Bibliot, Roy. W, Vincent, pag. 294. (3) Djihan-Nouma, pag. 259. ( 250 ) rios de ce géographe (le Sa/sos de Pline) (1), que les Cartes ap- pellent Chourèroud, paraît être le même que le Zérahrouz d’Ahmed de Thous. C’est aux voyageurs qui parcourront à l'a- venir ce climat, à constater l’identilé présumée du Zérahrouz et du Chourèroud ou Korios, et celle du Divroud et du Nehr-Ibra- him ou Anamis; sinon, qu'ilsnous montrent notre erreur. Lieux. Suivant le Djihan-Nouma, la capitale du Qerman est la ville de Qouvachir ou Berdichir. Elle est par les 95° de long. et les 29 . de lat. Ardechir la fit construire. Qouchtasb l’orna d’un Pyrée. Le Khalife Omar-ben-Abdoul'Aziz y fit bâtir une mosquée, et celle nommée de Tébriz, fut construite par Touran-Chah, de la dynastie des Seldjouqgs. Le roi Chah Chédjà-Kermaïr, l’un des Séfis et Nimet- Oullah-Véli y ont leur sépulture (2). Pottinger donne à la capi- tale le nom de la province elle-même; c’est donc par erreur que la ville de Zirdjan porte aussi le nom de Qerman sur la carte de Wahl.Zirdjan estsituée sous le 92° deg. ‘. delong.etle 29° deg. ”. de lat., à deux journées ouest de Djirouft. Pottinger place la ville de Qermansousle 56e deg. 6’ delong. et le 20° deg. 56’ delat. nord.Il y compte 30,000 habitans (3), parmi lesquels un petit nombre de Guëbres, et point de Juifs ni d'Arméniens. Les productions in- dustrielles qui donnent de la célébrité à Qerman sont ses chals, Salsus de Pline est le même que le Korios , ou le fleuve salé de Ptolémée. Mannert, dont le vol. II parut en même temps que l'ouvrage de Vincent, (1) Idem, pag. 342. Quoique l’iden- tité du son ne suffise pas pour -déter- miner des décisions en matière de géographie, l’étymologie doit néan- moins être d’un grand poids lorsqu'elle s'accorde avec des données locales. Ainsi le mot de Kortos est sans doute une altération du mot chour qui veut dire saumätre, salé. La signification de ce mot persan nous montre que le ne put profiter de ces lumineuses con- ceptions, fruits desavantes recherches; et Vincent, dans cette occasion, lui est toujours préférable. (2) Djihan-Nouma, pag. 256. (3) Pottinger’s Travels. ( 251 ) ses carabines et Ses tapis de feutre. Les laines de ses troupeaux indigènes , le poil de ses chèvres, ses dattes, ses figues, sont les productions naturelles de son terroir qui la rendent le plus re- commandable, en y ajoutant la Tutie (x), dont les dames se servent pour rendre plus remarquable encore la douceur de leurs beaux yeux. Djirouft est, suivant le Djihan-Nouma, placé sous la même longi- tude et sous la même latitude que Gowwachir(2).Selon Bakoui, cette ville estsituée sous le 98° deg. 5” de long.etle 27° deg. 30’ de lat. (3). Elle s'appelle aussi Chèhr-i-Dérasfi. L'air y est chaud. Son terri- toire produit beaucoup d’oranges. Les orangers y fleurissent et poussent la maturité de leur fruit au point convenable, bien que les montagnes des environs soient couvertes de neige. Le Divroud passe auprès d'elle (4). Termachir , sous le 93° deg. de longitude et le 31° deg. de lati- tude, à une journée ouest de Pam, sur la lisière du désert. Elle fut construite par Ardechir-ben-Babeq (5). Bam (6), une ville importante, ayant trois mosquées. Khabz, située sous le 93° deg. de long. et le 31° deg. de lat. entre Oerman et Sistan, sur la lisière du désert. Des montagnes qui la longent à l’ouest, découle une rivière qui arrose ses jardins. Il ne pleut jamais sur son territoire (7). Sirdjan, 92° ", de longit. 29° % de latit. à 2 stations ouest de Djirouft, grande ville, a une forte citadelle bâtie du temps d’A- roun-er-Rachid. Elle avait huit portes. Sipendj, sur la frontière du Sistan. Elle fut bâtie par Amrou- Léïic. On l'appelle aussi Kantara-i-Qerman, le pont de Qerman, (1) Djihan-Nouma, pag. 256. (5) Zbid., pag. 257. eye (6) The oriental Geography of Ibn- (3) Notices des Manusc. du Moi, i-Haukal, by S. N. Ouseley, pag. 142. tom. ÎT, pag. 433. (7) Djihan-Nouma, pag. 2b7. (4) Djihan-Nouma, pag. 256. (0252) quoiqu'il n’y existe point de pont. Cette expression est donc pu- rement allégorique (x): Strend , à 29 parasanges de Zirdjan (2). Demzidan est une mine, d'où l’on exploite de l'or, de l'argent, du cuivre , du sel ammoniac et de la tutie (3). Baft, Bafed $L, à une journée au sud de Qerman, c’est-à- dire de Gouvachir (4) et non pas de Zrdjan, laquelle est située sur la route de Qerman ou Gowachir, comme l’indiquent les iti- néraires de Dupré et la carte que Lapie dressa sur leurs indica- tions (5). ’ Jadis les ports de Bender-Abbassi , de Gomron, et l’île d'Or- mouz dépendaient du Qerman, puisqu'ils formaient son littoral méridional, Mais aujourd'hui, suivant Dupré, qui visita ce port, Bender-Abbassi est gouverné par un Arabe, qui administre au nom de l’imam de Mascat (6). Elle est retombée dans l’état de mi- sère dont Abbas-le-Grand l’avait fait sortir. Le commerce qui s’y faisait a passé à Bouchèhr. Comme pendant l'été l'atmosphère y est de la plus pernicieuse insalubrité , le Gouverneur passe cette saison à WMinab (que l’on nomme aussi Minao et Minae). Cette partie du territoire , détachée de la Perse et annexée aux états de l’Imam de Mascat, s’étend le long de la mer depuis Minab jus- qu’à Kiamis , où l’on trouve une mine de soufre à 10 parasanges ouest de Bender-Abbassi. Feth-Aly-Chah céda ce district, il y a une douzaine d'années , à l’Imam de Mascat, pour une redevance an- nuelle de 70,000 toumans (7) payable au gouverneur de Chiraz, et le soufre seul de la mine de Kiamis fournit à l’acquit de cette (1) Djihan-Nouma , pag. 257. néraire de Torg à Qerman, où l’on (2) Ibid. Ouseley, pag. 142, voit que Zirdjan est située à 44 para- sanges de Qerman, c’est-à-dire de (3) Bakoui, dans les Extraits des Gouvachir. Manusc. du Roi, tom. IT, pag. 436. (6) Dupré, Voyage en Perse, tom. (4) Djihan-Nouma, pag. 257. I, pag. 390. (5 Dupré, tom. II, pag. 489, lü- (7) Idem, idem, tom. I, pag. 400. (2530) somme. L'ile d'Ormouz (l’ancienne Oriana ou Ogyris), et celle de Kichmich (l'Oracta des anciens), appartiennent à l’Imam de Mascat, qui semble alors être un tributaire du roi de Perse. Bender-Abbassi est également connu sous le nom Gomron ou Goumroun ; la ville de Minab , l'Harmosia des anciens, est située sous le 56° deg. 12 de longitude ouest, et le 17° deg. 18’ de latitude nord (1). Elle est bâtie sur un côteau. Elle est divisée en forte- resses haute, du milieu , et basse. Le petitfleuve qui s’échappe à l'est du côteau (2), et dont le journal de C. Grant ne fait pas men- tion, est le Nèhr Ibrahim ou l’Anamis d’Ammien. La capitale Néris, dont parle Chardin , et qu’il place à dix journées dans les terres (3), est la Niris d'Ouseley. SARA RLAL AIRE IS IAE tt et SR RS RS TT AU CES NUE CHAPITRE XI. Le Fars. Le Fars ou le Farsistan est la plus belle province de la couronne de l’empire Persan. Cette contrée, que la nature favorise et que la culture enrichit encore, est la mère patrie des anciens Perses, en remontant aux sources de l’histoire grecque, c’est-à-dire jus- qu'à Cyrus. Elle fut toujours l’objet de l'attention spéciale des voyageurs ; et malgré les nombreuses descriptions que nous en avons déjà, elle doit continuer de fixer les regards de ceux qui la visiteront encore, à cause d’une infinité de belles vallées qui n’ont pas encore été explorées; enfin, tant de mo- numens qui n’ont pas été suffisamment décrits, inspirent le plus vif intérêt qui puisse stimuler l'activité et la curiosité des observateurs. Comme la région au sud-ouest du Fars, c'est-à-dire le Laristan, est regardée comme étant de sa (1) Macdonald - Kinneir , Voyag. (3) Voyage de Chardin, tom. X, pag. 201. pag. 234 et 238. (2) Ibid. (254) dépendance, ilen résulte que Île Fars vu Farsistan a pour confins au septentrion l'Irak Persique (la Médie), à l’est le Qèrman (la Karamanic), au sud le Dechtistan, ou désert formé par la côte arabique du golfe Persique, et à l’ouest le Khouzistan (la Susiane). La division la plus naturelle qui puisse lui convenir, est le Fars supérieur ou du nord, et l’inférieur ou du sud. Le premier se nomme Serdstr, c’est-à-dire la région froide; l’autre Guermesir, c'est-à-dire la région chaude. La ligne qui sépare ces deux portions est tirée de l'embouchure du ab (Orontes), sur la frontière du Khouzistan, par Kazroun, en longeant l'extrémité extérieure du Laristan, de manière que cette contrée et le Dechtistan constituent la majeure partie du Guermesir. Une partie de cette région a été mentionnée en traitant du sol de Qèrman( Voy. Bender-Abbassi) ; les trois autres ports que nos voyageurs ont visités sur cette côte maritime, sont Bender Kounk (Congoun), Bender Bouchèhr ou Abouchihr, et Bender Rig (1). Nous reviendrons sur ces ports, en faisant l'énumération des villes les plus remarquables, et nous allons, comme à l'ordinaire, tourner notre attention sur la struc- ture naturelle du pays, et passer en revue ses montagnes, ses défilés , ses plaines, ses fleuves , ses lacs et ses fontaines. Montagnes. La montagne de Déräk, à deux parasanges de Chiraz. Elle approvisionne de neige cette capitale (2). (x) Rousseau, dans sa Notice his- torique sur la Perse, pag. 62,.et Du- pré, dans son Voyage en Perse, pag. 282, nous présentent cette portion de territoire désignée sous le nom de Dechtistan ou de Benderat, comme une province particulière, et annexent le Laristan au Fars. Macdonald-Kinneir et Malte-Brun attribuent cette portion de côte au Fars, et regardent le La- ristan (ne le composant que de Lar et de Bender-Abbassi ) comme une pro- vince à part. Les géographes orientaux comprennent dans le Guermesir , le Dechtistan et le Laristan, c’est-à- .dire la partie méridionale du Fars qui nese constitue, en majeure partie, que du Dechtistan et du Laristan. (2) Djihan-Nouma, pag. 274. (255 ) La montagne de Nagant (r): c’est la même montagne que quelques voyageurs modernes nomment la montagne de Rahmet, à l’est d’Istahar (Persépolis). Elle contient les sépulcres des rois; c’est pour cela que Diodore (2) la nomme royale. Heeren (3) et Hoeck (4) ont, mal à propos, pensé que la mon- tagne royale de Diodore était la double montagne (£- r& Sioo& êper) de Ctésias; mais nos sources les distinguent d’une manière pré- cise ; si bien que le mont Royal est le Naghant (le Rahmet ou Rahmed des voyageurs modernes), qui s’élève dans l’est, immé- diatement derrière les ruines de Persépolis, et contient les deux grands tombeaux des rois ; tandis que la double montagne n’est point ici, mais est celle que l’on remarque à deux heures de dis- tance dans le nord, et dont les monumens et les tombeaux sont décrits par les voyageurs sous le nom de Nakch-£-Roustem, puis- que le géographe persan la nomme Gerviè , ou bien Douta, qui veut dire le double ( Siocos ) (5). Gérviiè est sans doute ‘une altération du mot mogol Gèrive;, qui signifie montagne. Ainsi Gérivè-i-malan (dans Hamdoul-lah) est la même montagne qui se montre auprès des défilés, sous le nom de Koutou-Malles ; il en estencore une autre, Gériwè-i-Houchènq (6). Le mont Darabdjerd : une montagne renfermant des mines de sels de diverses couleurs (7). (x) Manusc. de la Bibliot. Imp. et Roy. de Vienne, 433. (2) Diod., sic. IL. (3) Ideen über die Politik, den Verkehr und den Handel der vor- nehmsten staaten der alten Welt, Erst. Theil., $ 265. (#) Veteris Mediæ et Persiæ Mo- numenta , pag. 17. E SSL sit mu Es 8 SSS DÉCÈT S, Manusc. II. No 433 « Le mont Gerviiè, que l’on nomme particulièrement Douta, le double,où Qeïkhosrov périt (ou mieux, fut sur le point de périr). » Ceite der- nière circonstance est d'autant plus remarquable qu’elle coïncide avec la relation de Ctésias qui marque qu’en ce lieu iombèrent et périrent les pa- rens de Darius. (6) Ouseley, tom. I, pag. 316, du Nouzhatoul-Kouloub. (7) Djihan-Nouma , pag. 274. 33 Ç 256 ) Le mont Mourhan : il renferme uue grotte talismanique, au sein de laquelle filtre une source merveilleuse , qui ne dispense son onde qu’en proportion du nombre de ceux qui la visitent, ne fussent-ils que deux, ou fussent-ils plusieurs milliers de person- nes (1). Le mont Bardjan, d’où découle cette résine précieuse , que les Persans appellent WMoumia , et qui guérit les fractures avec une célérité miraculeuse (2). Dans la partie méridionale, les monticules sont à environ vingt- quatre lieues des côtes. La plaine s’aplanit auprès de Benderrig, et à quelques lieues à l’est de Djénab (suivant la carte de Kinneir Gounava); une chaîne de ces monticules se dirige sur la mer, et sépare l’un de l’autre les districts de Liravi et de Héradevet. Cet éperon de montagne, qui n’est pas fort élevé, et n’a guère que sept à huit lieues de largeur, se nomme Qouhibeng. Au revers de ces monticules s’étend la plaine de Liravi , dans laquelle les mon- tagnes s’écartent de nouveau d’une vingtaine de lieues de la côte, et courent l’espace de dix-huit à dix-neuf milles anglais, en for- mant un demi-cercle dans le voisinage de Bender - Dilem, où elles prennentle nom de Zéïtoun, d’une ville ainsi appelée, et qui n’est pas fort éloignée de Babahan. Alors les montagnes se replient vers le nord ; et près du port de Machour, elles s’écar- tent du littoral d'environ trente milles, et viennent aboutir auprès de Chouster , sous le 32° deg. de longitude et le 49° de latitude (3). Le mont Chapour, qui n’est pas moins remarquable par les sculptures dont Morier, Johnson et Ouseley nous ont donné les (x) ’Adjaib-oul-Mahloukat de Kaz- Moumia, et dans le Djihan-Nouma, vini, et le manuscrit de cet ouvrage pag. 268. delaB. Jet R. IV, pag. 433. (3) Macdonald Kinneïrs Geogra- (2)’Adjaib-oul-Mahloukat d'Ahmed phical Memoir, p. 56. de Thous, dans ses Mélanges, article (257) descriptions et les dessins, que par les rochers près d’Istahar et le Nakch-i-Roustemi (x), Le rocher de Firouzabad, qui est décoré de sculptures que Ouseley nous dit avoir été dessinées par le major d’Arcey (2). Le mont 7chartcheq et le mont Balichtoun , tous deux auprès de. Forg. Le premier renferme une belle cascade (3). Le mont WMahrmouz et le mont Drrahti, sur la route de Chiraz à Yezd, et celui de Kondarbalouchf, auprès de Darabdjerd (4). Le mont Benna, dans le Laristan, dont Kempfer a décrit le bézoard et le baume (5). Le mont Qoubasi, également dans le Laristan et contenant beaucoup de sources chaudes, Les monts Ramdjerd et Chesper, dans la plaine, auprès de Persépolis (6). Défilés. Les défilés, en persan, portent les noms de Teng, qui signifie étroit, de poul (pont) (d’où ævx) ou Koutel. Les plus remar- quables sont situés sur la route de Bouchehr à Chiraz. Koutel Mallou; il est dans la première montagne que l’on rencon- tre de Bouchehr à Chiraz, Le sol, qui s’étend du rivage jusqu’au pied des monts, paraît avoir été recouvert autrefois par l’eau de la mer (7). Morier marque ce défilé sur sa carte Xotul-e-moul-la. Nous autres Français, pour être compris des Persans, nous de- vons prononcer Qouhtel-i-moul-la. Dans le Nouzhet-oul-Kouloub, ce défilé porte le nom de Gérwè-1-malan (c'est le Xawxyes de Diodore ). () Morier, 1° journal, p. 87-97, (5) Kæmpfer, fasc. IL, relatio. 1x. et a° journal, p. 47-50. (6) Morier, second journey, pag. ) ? ] Y» pag (2) Ousel. Trav., 1. 1,p 286; Noles. 84 85. (3) Dupré, tom. I, p. 362-363. (7) Ouseley’s Travels, t.1, p 262 ; (4) Idem, tom. 1, pag. 354. il donne l'étymologie de J55.5. ( 258 ) Tenq-i-Tourqân, le défilé des Turcs; il est immédiatement devant Chahpour ; c’est une vallée étroite du mont Koutel (ou Qouhi-tel) (1): Qouhteli-dohter, le défilé de la Fille, immédiatement à la sortie de Kazroun, lorsqu’on se rend à Chiraz (2). Qouhtel-i-pirèzen , le défilé de la Vieille-Femme, vient après le précédent, sur la route de Chiraz (3). Teng-i-allah-t-eqber, le défilé où l’on glorifie Dieu ! et non point Alièkber, comme il est marqué sur la carte de Morier. Ce défilé est au nord de Chiraz, lorsqu'on y vient d’Ispahan. Le coup-d’œil ravissant que présente Chiraz, lorsqu'on l’aperçoit au débouché de ce défilé, plonge le voyageur musulman dans une extase si puissante qu’il ne peut s'empêcher de s'écrier : Allah èqber ! Dieu est le plus grand des étres ! et c’est à ce pieux sentiment que ce pas- sage doit le nom qu’il porte (4). Teng+4-Sa-adr, le défilé de Saadi, au-dessus du tombeau de ce poète philosophe. Qouh-tel-i-erzendjan, le défilé d’Erzendjan , sur la route de Chiraz à Qerman (5). Le défilé de Mouran, sur la frontière du Fars et du Qerman, à l'est de la ville de Babeq; c’est un passage très difficile à fran- chir (6). Le défilé de Baft , entre deux montagnes longues de quatre parasanges , auprès de Yezou (7). la carte de Wahl, la prolongation des montagnes de Bahtïïari en Laristan, se nomme Üarnavend, et elle sert de frontière entre l'Irak etle Fars; et le (x) Ouseley, t. L, p. 270; Morier’s first journey, p. 84. (2) Idem, id., p.302; idem, id, p. 93. (3) Idem, id., p.303; idem, id, p. 94 (4) Morier's first journey, p. 106; Hafiz (Morier’s). (5) Pottinger’s Travels. (6) Idem. (7) Djihan-Nouma, pag. 267. Sur mont qui forme la frontière du Laris- tan se nomme Îrefiov. Nous ne con- naissons aucune source orientale qui justifie cela. Les monts Esion-Ask et Andgira, ainsi que le défilé de Buche- ner , que l’on trouye mentionnés dans ( 259 ) Le défilé de Zouhrab, auprès de Kala-1-fifid (le Château- Blanc ); c’est la Porta persica des géographes anciens (1). Les défilés de T'eng-el-mahmout et Tengihourrem , tous deux sur le chemin de Chiraz à Fessa (2). Le défilé de Tenq-i-Dalan, sur le chemin de Bender-Abbassi à Lar (3). sa aines. Si la Perse ne peut vanter la beauté de ses montagnes dénuées de végétation, c’est à juste titre qu’elle se glorifie de la fertilité de ses vastes plaines; la province de Fars contient à elle seule un plus grand nombre de plaines renommées que tout le reste de l'empire. Les plaines d’Erivan, de Naktchivan , de Berdaa et de Moughan, en Arménie; celles de Khoï, de Tebriz, d'Ebhèr et d’Oudjan, dans l’Azerbaïdjan ; celles de Soultaniè, de Koum, de Kachan, de Bouroudjerd, de Bilassan (4). dans l'Irak; celle de Raïghan , dans le Khorassan, trouvent toutes leurs rivales dans cette heureuse contrée; mais aucune d’elles ne peut se comparer à la plaine de Chéab-bévan, dont la beauté l’a fait considérer comme l’un des quatre paradis terrestres. Les trois autres sont : la plaine de Damas, celle de Samarcande et celle d’Obolla, près de Basra, qui toutes doivent la richesse de leur végétation à la profusion de leurs eaux salutaires. La plaine de Chäab-bévan, située à deux heures de la ville de Noubendjan, tire son nom de Bévan, fils d'Iran. Elle n’a que trois parasanges de largeur. Elle présente une suite non-inter- Thévenot, liv. 11, chap. var, sur la route de Chiraz à Kazroun, ne semblent être que des dénominations différentes de celles que les voyageurs modernes ont données à ces mêmes localités. (x) Macdonald Kinneir, pag. 74. @) Dupré, tom. I, pag. 342, et la carie de Lapie, pag. 344. G) Tavernier, tom. V, pag. 2; Dupré, tom. I, pag. 427, et Chardin, tom. IX, pag. 244. (4) La plane de Mamouchan, que lon place près d'Hamadan, ne doit pas être, confondue avec celle de Moum- chinan , village dans les environs de Basra. Bakoui, pag. 459. ( 260 } rompue de jardins et de vergers, dont l'excellence a été chantée dans les vers immortels du poète Monténebbi (x). Malgré sa célé- brité, elle n’a pas encore été visitée, ni même mentionnée par un seul voyageur européen ; et cela par la seule raison qu’elle ne se trouve pas sur la route d’Ispahan à Chiraz, mais qu’elle reste sur la droite. Les autres plaines, célèbres par leur beauté autant que par la fécondité de leur sol, et que l’on appelle aussi Mergzar, c’est-à-dire prairies (Mourgzar) , sont les suivantes. La plaine de Kochgq-i-zerd (du Pavillon-Jaune); elle a dix parasanges en longueur, cinq en largeur ; couverte de villages ; elle est arrosée par des sources nombreuses. La plaine d’Erzen; elle a deux parasanges de long sur une para- sange de largeur. D’un côté, le lac d'Erzen la borde; sur son autre bord règnent des forêts infestées de bêtes féroces (2). La plaine d'Erchengan, entre Gouvar et Chiraz; elle a cinq pa- rasanges de long et trois de large ; une rivière la traverse, et les bois qui l'entourent servent de repaire aux lions (3). La plaine de Dèchtroun, de sept parasanges de long sur cinq de large, au-dessus de la plaine de Kochq-i-Zerd; c’est sur cette plaine que s’élève le caravanséraï de Riobat que Salahoud-din fit construire , et le pont nommé Poul-1-Cheh-riari (4). La plaine de Zindan; elle a dix parasanges carrées. Au prin- temps , un petit lac se forme dans son centre ; mais la chaleur ne tarde pas à le dessécher. Cette plaine rivalise de charmes et de fécondité avec celle de Bévan, dans l’opinion de quelques-uns. La plaine de Fali; elle a trois parasanges de longueur et une de largeur. C’est un endroit charmant, que longe une rivière ; mais les pûtarages dont il est couvert ne donnent que des herbes per- (x) Djihan-Nouma , p 271. SV tom. Ï, p. 304, et Morier’s journey, ob eopllie SR Call, pas 94 (2) Djihan-Nouma , pag. 272, et Gén Hamdoullah - Cazvini par Ouseley, (4) Djihan-Nouma, pag. 272. ( 26r ) uicieuses durant l'été : les bestiaux peuvent toutefois s'y nourrir l'hiver sans danger (1). La plaine de Katan , dans le voisinage de Mechhed-i-Mader-1- Suléiman, le tombeau de la mère de Suléiman. La plaine de Kam-i-Firouzroud, sur les bords du Kour , est une belle vallée, mais dangereuse par ses lions (2). La plaine de Nerguis , dans le voisinage de Karzoun et de Khan-Azad , a trois parasanges de long sur deux de large. Elle est entièrement marécageuse (3). La belle plaine de Chiraz, arrosée par la rivière de Rougnabad, immortalisée dans les odes de Hafiz (4). La plaine de Merdacht, près d’Istahar. Elle renferme les ruines de Persépolis (5). La plaine de Chahpour , qui n’est pas moins célèbre que celle de Persépolis par les sculptures des rochers qui la bornent (6). La plaine de Liravi, sur la côte méridionale à l’est de Djénab (Gounava) (7). La plaine de Baft, à quatre parasanges de Yézd : elle est enfermée de hautes montagnes, arrosée par une rivière et couverte de char- mantes maisons de plaisance sur ses rives, dont l’une jouit d'une température fraîche , tandis que celle de l’autre est chaude (8). La plaine de Tadran, non loin de Djéroun, qui, suivant Char- din , est un des endroits les plus délicieux de la Perse , situé au bout d'une plaine qui s'étend une demi-lieue en longueur, et qui est toute couverte de jardins; un fleuve rapide la parcourt d’un bout à l’autre, dans un lit fort enfoncé (9). (x) Idem. (6) Morier , Johnson, Dupré dans (2) Idem. la description des ruines ; Morier et (3) Idem ; Macdon.-Kion., p. 53. Ouseley, description de Chahpour. (4) Djiban-Nouma, pag. 273 ; Ha- (7) Macdon. Kinn. Memoir, p. 56. fiz , 8° gazelen. 8) Djihan-Nouma, p. 267. (5) Idem, idem. (9) Chardin, tom. IX, p. 292; Ta- ( 262 ) La plaine de Khicht, immédiatement au- dessus d’Abou- chèhr (x). La plaine de Madavan , auprès de Darabdjerd; elle a dix para- sanges de longueur (2). Lacs. Le lac salé de Bahtegan que l’on nomme aussi Bahirè- Amrou, dans le district d'Isahar: la ville de ANrrts est sur ses bords ; il a vingt parasanges de tour. D'un côté il est à douze pa- rasanges de Chiraz, de l’autre bord il se dirige vers Qerman : c'est dans ce lac que se décharge le Cyrus ou le Bendimir (3). Le lac de Decht-i-Erzen, dans le district de Chahpour; il a dix parasanges de tour. Ses eaux sont douces; parfois il se dessèche (4); dans le même district est encore un lac salé, dans le voisinage de Karzin ou Karzoun (5). Le lac de Dériatché (la petite mer), également nommé Wou- routchint, est à trois parasanges de Chiraz; il est le réceptacle des eaux des environs, et a douze parasanges de circuit suivant le géographe persan (6). Le lac de Gadar est celui que l’on a déjà cité en parlant de la belle plaine de Zindan; il se dessèche dans la saison chaude, il a à peine une parasange de circuit et jamais davantage (7). Sources et Fontaines. La source de Dilem, dans un district de ce nom, auprès de Chiraz , très-froide en été, très-chaude pendant l'hiver (8). vernier, tom. V, p 22; Bruge, tom. (4) Idem. V, p.143. (5) Idem. (x) Ouseley,tom. I,p. 261; Morier’s (6) Chardin , tom. IX, pag. 185, üirst journey, p. 8r. etle Manusc. 433. (2) Dupré, tom. I, p. 360. (7) Djihan-Nouma, pag. 272. (3) Djihan-Nouma, pag. = 74. (8) Adjaib oul Maloukat de Kasvini. ( 263 ) La source de Zémirem ( Sémiramis ), auprès d’un lieu de ce nom, entre Ispahan et Chiraz; c’est la célèbre fontaine des oi- seaux destructeurs des sauterelles. Le traducteur persan de Kaz- vini parle comme témoin oculaire de l’effet que son onde produi- sit pendant la plaie des sauterelles qui désola Cazvin, en l’an 607 de l’hégire , 1210 de J.-C. (x). La fontaine du village d’Abdourrhman, dans le Fars, qui, à sec presque toute l’année, n’a de l’eau qu’à une certaine époque, justement celle où les terres ont le plus besoin d’être arrosées “pour développer le germe de leur fécondité (2). La fontaine Hindouz, dans le Fars; elle est située entre deux montagnes ; elle est en ébullition permanente; et la vapeur qu’elle exhale est si suffocante, que les oiseaux qui passent au-dessus de ses ondes y tombent brülés (3). Les sources chaudes Abi Khourkher, Abi Bad, Abi Khouar et Abi Djénarou auprès du Gouh-i-baz, montagne du Laristan, et dont Kempfer a donné la description (4). Fleuses. Le plus grand des fleuves de la Perse estle Qour ou le Cyrus; le nom de ce fleuve est identique avec le Qour ou le Cyrus de la Perse septentrionale (5), mais pour le distinguer de celui-ci, il porte encore le nom de Bend-i-Ermnir (la digue du Prince). Le Bend-i-Emir prend sa source dans les montagnes de Kélar. Il aug- (:) Idem, arücle des Fontaines. ici aussi bien que pour le nord , les his- (2) Adjaib oul Mahloukat de Kaz- vini, article des Fontaines. (3) Idem. (4, Kempferi Amænitatum exotica- rum, fasc. IL., vol. 1x, pag. 418 et seq. (5) Quoique par le nom de Qour, on ne puisse entendre que le Cyrus, IT. riens grecs nomment Araxas le fleuve qui passe devant Persépolis (tandis que c’est le Qour, ou le Bend-i-Émir; et ils nomment Cyrus le fleuve qui baignait les murs de Pasargada. Nous démontrerons plus bas ce qu'il faut eu penser. 34 ( 264 ) mente ses ondes du tribut du Chadb-Bivan, du Mabin , et de plu- sieurs autres petites rivières torrentueuses ; il arrose le district de Kameéfrouz, la plaine de Werdécht , et se jette dans le lac de Bah- tégan (1); au-dessus de son embouchure, il reçoit les eaux du Chémir, qui tire sa source d’une fontaine chaude à trois milles anglais du village de Gavian, et coule au pied des villages de Kemen et de Zivènd (2). Ces trois villages sont situés en ligne di- recte parallèlement au chemin de Chiraz à Ispahan et Gazian, qui està 89 milles anglais d’Ispahan. Le nom de Bend-i-Emir, que porte ce fleuve, lui vient de plusieurs digues, qui empêchent ses eaux d’avoir un écoulement trop prompt : l’une se nomme Bendi Fahristan, auprès de Ramdjerd; elle fut construite par l’Eta- beq Fahr-oud-Dovlet-Djouli, de la maison des Seldjouk. La se- conde se nomme Bend-i-Azad-oud-Dovlet, qui fut construite par le grand prince de ce nom, de la race de Bouvai (3). La troi- sième digue se nomme Bendi-Kassar; elle fut restaurée par l'Eta- beq qui construisit la première (4). L’assertion de Kempfer (p. 300) et de Chardin (tom. 9, p. 228), que le Bend-i-Emir se jette dans le golfe Persique , est aussi erronée que le rapport de Figueroa (141-142) qui prétend que cette rivière coule vers Qerman, où il se décharge dans le sein des mers. Morier nous démontre qu'il se dirige vers Korbal (5). Le fleuve que Macdonald Kinneir nomme Ahamir, porte des noms divers dans plusieurs autres Voyageurs; et dans les Sources orientales, on le nomme Roud-i-Zivend , du nom d’un village auprès duquel il passe ; sur la carte de Wahl, il figure sous la dé- nomination de 4b-i-Khurrem , et dans les Sources orientales il porte le nom de Feravan (Firavan) Kervan. Le Féravan, dit le (x) Djihan-Nouma, p. 274. ouvrage à Tamerlan (Timour). (2) Macdonald Kinneir , p. 59. (4) Djihan-Numa, pag. 274 (3) Morier, first journey, p. 124, (5) Morier, first journey, p. 125. tombe dans l'erreur en altribuant cet ( 265 ) Djihan-Nouma, prend sa source auprès de Féravan, dans le dis- trict de Djovain, passe auprès d’Istahar (Persépolis), et au-dessous du pont de Khorassan, se jette dans le fleuve ANzriz (1). Celui-ci, comme Wahl l’a très-bien fait reconnaître, est le Medus des an- ciens, et non point le Cyrus, comme le prétend M. Grotefend dans les supplémens de la 3° édition de ÆHeeren; car le Cyrus coulait auprès de Pasargada et dansla Perse creuse.Cette méprise ou cette confusion provient de l’assertion tout-à-fait insoutenable en géo- graphie, qu’il faut chercher la Perse creuse dans la vallée de Mourghab, et Pasargade et le tombeau de Cyrus, dans le sein de cette vallée. Pasargade était dans la partie orientale de la Perse, au sud-est de Persépolis, puisqu'Alexandre , dans son expédition, arriva d’abord à Persépolis, en se dirigeant dans l’est, et que ce ne fut qu'ensuite qu’il parvint à Pasargade. Mais la vallée de Mourghab est dans le nord de Persépolis, et directement sur la route qui y conduit en venant de l’ouest, de sorte que si Pasar- gade pouvait avoir été dans la vallée de Mourghab, il eût fallu qu’Alexandre touchât à Pasargade avant d'arriver à Persépolis. Strabon dit plus bas, de la manière la plus précise, que Pasar- gade avait été située sur le Cyrus, ou l’Agradatos, que Pline nomme Siiogagus (quo Pasargadas septimo die navigatur), et qui se jetie dans le golfe Persique; par conséquent, ce n’est pas au nord de Persépolis qu’il faut chercher la Perse creuse et Pa- sargade, mais bien dans le sud. Le fleuve Djaroun prend sa source aux environs de Darab, coule vers Karzi, et se perd dans la vallée située à dix para- sanges au N. O. de Djaroun (2). Le fleuve Karagadÿj prend sa source dans la montagne de Kobi! et se perd dans la vallée de Kafr (3). (3) Djihan- Nouma, p. 274. L'au- 7m; le Medus de Strabon qui tombe teur est ici dans l'erreur : car le fleuve dans l’Araxes (Bendemir). qui passe au-près d Istahar n’est autre (2) Dupré, tom. I, pag. 56. que le Zivend, le Chamir, Y Ab-1-Khour- (2) Idem, tom. II, p 18. ( 266 ) Le fleuve de Kaÿr tire son nom d’un village ainsi appelé, entre Chiraz et Djaroun; on passe cette rivière auprès de KhanÉïzenrian, sur la route de Chiraz à Bender-Bouchehr (1) Le fleuve Khiéht, autrement nommé le Chahpour, est indubi- tablement le Nouchaver des Géographes orientaux et le Bochaotr de Thévenot. Il trouve son embouchure au-dessus de Abouchèhr, après avoir recueilli les eaux du Zirra (2). Le Zirra prend sa source au village de Gerré, coule vers Daïoun, passe à Délahki et Bergoï , et se jette dans le Chahpour à Darou- ghai (3). Pour présenter sous leurs anciens noms ces fleuves qui se dé- chargent dans le golfe Persique, nous allons faire le tableau de ceux dont parlent Néarque, Ptolémée, Marcien et Pline, entre le Xorios (ou Kour, ou Kor, ou Chourroud ) et l'Arosis ( le Tab ). NÉARQUE, PTOLÉMÉE. MARCIEN, PLINE + Karius. Korius. Salsos 5b'a do . Atapus. Katrapus. O101b 4141p RAR EE Dara. Dora. Daras. Hyporéis. Bagrada. Bagrada. Hyperis. ATOS 0 98 MURS Le CON P SRE eue CONS PAT EP AUS Sitacus. 5 £ Sitiogagus. Dadarposs RAIN ANT NUE NT SR SRRENr ER Granis. CREME PAS OND tas : Rhogona. Rhogomanis. Rhogomanis. ...... Brizona. Brisoana. Brisomna. ...... Arosis. Oroatis. Oratios. Oroatis. (x) Idem , ion. I, pag. 456, et tom. IT, pag. 18. (2) Dupré, tom. II, pag. 18. (3) Morier, Ouseley, Djihan- Nouma. ( 267 ) Il faut d’abord remarquer ici que Marcien et Ptolémée, qui s’avançaient de la Susiane vers le Fars, placent le Rhogomanis et le Brisomanis, qui semblent être le Rhagona et le Brizona de Néarque, après le promontoire de Taoke ( Abouchèhr }, tandis que Néarque , qui pourtant marchait dans la direction opposée, puisqu'il s’avançait du Fars vers la Susiane, les cite sur un point entièrement opposé; c’est-à-dire à l’ouest et non pas à l’est du promontoire de Zaoke. D'Anville (1), Vincent (2) et Mannert avaient déjà reconnu cette erreur de Ptolémée et préféré la rela- tion de Néarque, digne en tout de la plus entière croyance. En second lieu, Vincent (3) a remarqué que le fleuve qu’Arrien ne nomme pas auprès de Gogana ( Cunkun, Kounkoun) est le Ba- grada de Ptolémée et de Marcien, et le Nabon de notre carte. L'on crut que ce fleuve n'était pas nommé, parce qu’on interpré- tait ces mots du texte : Oppufoyra de rpos urwperyy, par : [ls retour- nèrent au pied de la montagne (4), mais comme Pline cite ici le fleuve Hyperis , et qu’il ne fait point mention de Bagrada , nous pensons qu’{lyporeïs estun nom propre, voire même l’Hyperis de Pline. Troisièmement , l’Areon et le Padargos, au rapport de Néarque, ne sont que des torrens temporaires, qu’il ne faut pas, par conséquent, chercher sur nos cartes. Il résulte de ces remar- ques, eu égard aux sources et aux embouchures des fleuves du Fars , qu’on les reconnaîtra sous les dénominations du tableau de l’autre part, en partant de Qerman pour la Susiane. (x) Car il n'y a pas d'apparence qu'une position dans Ptolémée soit préférable au rapport que fait un na- vigateur de ce qu'il a reconnu par lui- même, sur les lieux. Mém. de l’Acad., tom. XXX , pag. 165. (2) Ptolomy has misplacedit, and not Arrian. Vinc., Voyage of Near- chus, pag. 374. (3) Vincent, Voyage of Nearchus, pag. 374. (4) Classe adradium montis collocata Histoire indienne d’Arrien, édit. de Schmieder, pag. 200. On sait que cette édition ést très-eslimable à cause de ses sayantes recherches en géogra- phie. ( 268 ) GÉOGRAPHES ORIENT. ARRIEN. PTOLÉMÉE. MARCIEN. PLINE. Kour ou Chourroud. AR AEKATIUS: Korius. Salsos. Darïabin ou Dékan. MA ENEE Dara. Dora. Daras. Nabon. Hyporeis. Bagrada. Bagrada. Hyperis. Sitarégan. Sitacus. Pia CIO ...... Sitiogagus(r). Nichaver o Khicht. Granis. Benderrig ou Khanbidak. Rhogona. Rhogomanis. Rhogomanis. Ab-i-Chirin. Brizona. Brisoana. Brisomna. ab. Arosis. Oroatis. Oratios, Oroatis. Le Déroud, ou le fleuve du Diable, prend sa source sur la frontière de Qerman, met en mouvement une vingtaine de mou- lins, et se décharge dans la mer. Ce fleuve est peut-être le même que le Divroud, nommé par le géographe persan, du nom d’Abi-Zémin. Peut-être aussi ne l’est-ce pas. En général, nos cartes présentes ne s'accordent pas encore autant qu’on le sou- haiterait avec les Sources orientales, relativement aux fleuves qui portent au golfe Persique le tribut de leurs ondes ; avec les rivières intérieures, le défaut d'accord est encore plus grand, parce que plu- sieurs voyageursleur ont donné desnoms tout-à-fait différens. C’est ainsi que Chardin prit le Æor, qu’il traversa (2) ( en se rendant à Bender-Abbassi) sur un pont d'une demi-lieue de long, à Coureston, pour le Bend-i-Enur. Ce qui peut ici l'avoir induit en erreur, est autant l'identité du nom (car le Bend-i-Emir se nomme aussi Æor ou Kour ), qu’une digue qui barre également le cours de celui-ci.Mais ce Kor-là n’est point du tout le Bend-i-Emir (x) Le Cyrus ou l’Agradatas de Stra- (2) C’est le fleuve Bendemir, venant bon et le Jatrachites d'Amm. Marcel- de la province de Perse, pour aller lin qui nomme { chap. CXxIII, pag. 16) se perdre proche du port de Congue le Rhogomanis, le Brisoana etle Ba- (Kunk). Chardin, tom. IX, p. 233. grada. ( 269 ) (l'Araxes ), c'est le Korios de Ptolémée et d’Arrien, le Salsos de Pline, le Roud-1-Chour ou le fleuve saumâtre de la carte de Wahl, et dont Dupré fait mention sous le nom de Kor, auprès de Latitoun, lorsque ce voyageur donne son itinéraire de Bender- Abbassi à Lar (1), et qu’il annonce qu’il'entre dans la mer, entre Kiamir et Kunk. Comme cette rivière sert de frontière entre le Qerman ct la province de Jar , ilen a déjà été question dans le chapitre de Qerman. Le second fleuve que Dupré traversa sur la route de Bender- Abbassi à Lar, et imméditement devant Lar, comme il avait traversé l’autre un peu en avant de Bender-Abbassi, se nomme Kalaton dans son Itinéraire, et se décharge dans la mer auprès de Bender-Nachilon Nahl : comme Bender-Nachl est en face de l'île de Bouchab, et non fort éloigné de l’ancienne Zraf, ce fleuve ne peut pas être un autre que celui qui, sur les cartes, se débouche en face de l’île de Bouchab , auprès de Nachelon, et que tous appellent Darabin. Mais les géographes orientaux ne nomment ni X/atou, ni Darabin , le fleuve qui a son embouchure auprès de Züiraf. Il l’appellent Zzdégan , ou Dékan. Le fleuve Kalebioun, sur la route de Darah à Forg. On le traverse trois fois dans la plaine de Madavan. Le fleuve Rudbal, qui prend sa source à douze parasanges de Darab , dans la montagne de Chah Abbas, auprès de Niriz, et traverse la ville de Darab. C’est celui que le Djihan-Nouma appelle Niriz , et qui, suivant ce texte, jaillit dans le district d'Ardjan, baigne les vallées de Dyrghan, de Djour et d’Ardechir, avant de se jeter dans la mer. Sur la carte de Lapie pour le Voyage de Dupré, le fleuve qui traverse Darab vient de Niriz, et, se dirigeant vers le sud-ouest, il parcourt effectivement le district de Ftrouz- Abad, c’est-à-dire les vallées de Djour et d'Ardechir, (2) À une demi-lieue (de Lali- avons longée la veille de notre arrivée toun ), coule la rivière Kor, que nous à Jaroun. Dupré, tom. I, p. 422. (270 ) et se débouche dans la mer sous le nom de Zaregan. Si cette assertion est réelle, on ne peut plus conserver le moindre doute qu’il ne faut point chercher ailleurs qu’à Darabjerd la célèbre cité de Pasargade, en ce que, suivant Strabon, Pasargade était sur le Cyrus où l’Agradates, et, suivant Pline, sur le S#ogagus, « quo » Pasargadas seplimo die navigatur (1). » Le Zitarégan, comme d’Anville (2) et Vincent (3) l'ont dé- montré, n’est pas autre que le Si/acos d’Arrien; et dans peu de noms de lieux, l’étymologie de l’ancien terme s’est aussi bien conservée que dans Si/acos, Sitiogogus et Sitarigan. On peut dé- montrer d'une manière très-satisfaisante, pourquoi le fleuve qui passait à Pasargade s'appelle Cyrus dans Strabon. Le Zitarégan arrose le district de Frouz-Abad et reçoit dans son lit la rivière qui passe devant la cité décorée de ce nom (4). Mais le vieux nom de la ville et du district de Firouz-Abad est Dour , une altération évidente de Cyropolis. Par-là il devient évident que le Sffacos d’Arrien , le Szagogus de Pline (5), et sur lequel, selon lui, on parvenait à Pasargade le septième jour de navigation , est le même que le Cyrus ou l’Agradates, qui, au rapport de Strabon, coulait devant Pasargade (6), et le même encore que le Zitarégan , qui, suivant le texte du Djihan-Nouma, reçoit la rivière de Frrouz- Abad; et encore, suivant la carte de Lapie, le même que le Niriz, qui passe par Darab ( Pasargade). Le fleuve Souïan de Figueroa , et ce qu'on en dit, coïncide bien avec le cours du * (x) El faut se bien garder de croire phiques sur le golfe Persique. Mém. que Polifazzo ( Dupré, tom. I, p.340, de l'Acad., tom. XXX, p. 58. étions IT, p-68), c'est-à-dire le fleuve (3) The Voyage of Nearchus, by de Vessa, soil celui de Pasargade; ce Vincent, pag- 356. fleuve (Figaroa, pag. r0b) se décharge ES bien dans le Souiana , mais il ne passe (4) Djihan-Nouma, p. 274. point auprès de Fezza ( Fessa): mais (5) Pline, tom. VI, p. 23. SEE QUE (G) Strabon, tom. LIX, ch. ur, $6. (2) D’Anville, Recherches géogra- (271) Zitaregan ; « larivière de Sujan ( Souïan }, qui vient de bien loin, » et qui entre dansle golfe de Perse, vis-à-vis l’île de Bahraïn. » (L'Ambassade de don Garcias de Silva Figueroa, traduite par Viqueford , p. 95.) Le fleuve Karzi (Karzin), qui prend sa source dans les en- virons de Darabdjerd, et se perd dans la vallée de Karri, le Djihan-Nouma l'appelle Abi-Meéqan (x). Le fleuve Degan du Djihan-Nouma (2) et du géographe per- san (3), prend sa source dans le Fars, au mont Chad-Aférin , arrose les districts de Rousta-1-Chah, les campagnes de Djémer- gan, Koumar et Karzin, et tombe dans le golfe Persique , entre Nédjirem et Ziraf, après un cours de cinquante-cinq parasanges. C’est du village Déqan, ou Zidégan qu'iltire son nom. Ce fleuve ne peut être que celui qui estnommé /Vabon sur les cartes, et qui, sur celle de Lapie, a son embouchure auprès de Bender Asselou. Le fleuve de Firouz-Abad (probablement le Phirstimus de Pline , prend sa source dans le mont Haznat, arrose les districts de Firouz-Abad , tombe dans le Ziarégan , qui le porte dans la mer, après un cours de douze parasanges (4). Dans WVabhl, il se nomme Roudhané-1-Zinan ; Franklin le nomme Z/noun. Le fleuve Nichaver (le Granis d’Arrien), sort du mont Nichaver, arrose le district de ce nom, et se jette dans la mer après un cours de dix-neuf parasanges. Le fleuve Chirin (le Brisana d’Arrien), sort du mont Dinar, et sé jette dans la mer (4), auprès de Djénab ( Gunava, sur les cartes anglaises); il est considérable. Ce n'est qu'avec difficulté qu’on le traverse à cheval. Il n’a que neuf parasanges de cours (5). Le fleuve Hara vient du mont Khounkan, s'unit au Chirin, et entre dans la mer, après un cours de onze parasanges (6). (1) Djihan-Nouma, p. 265. (4) Djihan-Nouma, p. 274. (2) Idem, p.274. Thévenot, ch. mt, (5) Zdem. et Vu, le nomme Bouschavir. (6) Manuscrit, N° 433 (3) Djihan-Nouma, p. 274. P s II, 35 (272) La rivière Douhid se jette dans le Chahpour , après que celui-ci a parcouru un espace de dix parasanges avant d’avoir attcint la ville de ce nom (Chahpour) (r). Le fleuve Khandan, qui sort du mont Badjerm , tombe dans le Chahpour après un cours de huit parasanges (2), Le fleuve Zerdè arrose le district de Firouz-Abad (c'est sans doute celui que le Djihan-Nouma nomme Firouz- Abad ), par- court un espace de huit parasanges (3). Le fleuve Tas, du géographe persan, doit-être le même que le Chirin du Djihan - Nouma, puisque , comme lui, il prend sa source au mont Dinar, et a son embouchure auprès de Djénab (4). Le fleuve Méhriz, auprès de Yèzd (5) ; celui de Débala, non loin de cette ville, dans la vallée de Taft (6); celui de Fazza (Pouli-Fazza) (7); celui de Kochladel- Fazer où Zekart? qui prend sa source au mont de Skizzar ? et qui passe auprès de Défid , sous un pont de trois arches (8), et celui qui longe la route de Mayin et Imamzade (9). Iles. Les îles du golfe Persique appartiennent, d’après leur situa- tion, à la côte du Fars, à cette portion de cette province que l’on nomme le Dechtistan ou le Germesir; et comme Morier et Ouséley, qui arrivèrent en Perse par mer, ont abordé quelques- (x) Manuscrit, N°433. (Sitacus) comme le RAogomanèes. (2) Idem. (3) Idem. Sr Den SE et (à p. 340-466. t T1, qu’Arrien place après le Rhogonis, qui est la rivière de Benderriq. Wabhl pag- 68. commet des érreurs en regardant le (8) Idem, tom. 1, pag. 304. Nouchaver ou Bouchavr (le Granis ) comme le Brizuna , et le Zitarégan (5) Dupré, tom. II, p. 97. (6) Idem, tom. IT, p. 92. (9) Johnson, chap. vu. (273) " unes d'elles , et en ont fait l’histoire, aussi-bien que celle des pi- rates Djévassims qui s’en sont emparés, nous allons en citer quel- ques-unes des principales, sous leurs noms actuels, et sous les dénominations que leur donnent les écrivains de l’antiquité. Ormouz, ou Hormouz, l'Apuottix d’'Arrien , l’Apuséx de Pto- lémée, et l’Apuotèsx de Marcien. Comme cette île, ainsi que sir W. Ouseley l’a trouvé dans les sources orientales , s'appelait autrefois Djaroun ou Garoun, elle est probablement la Tupiys de Strabon , où le T, par la faute du copiste, aura pris la forme d’un T ; de même que l'inverse paraît avoir eu lieu dans le mot TaGpi£ de Ptolémée, au lieu de Ta6p£ (Tebriz) (1). Laredj. ou Lareg, l'Organa de Néarque. Vincent d’abord la confondit avec Ormouz. La critique de Heyne l’éclaira sur son erreur, et plus tard, il changea d'opinion à cet égard (2). Kichm, l’Oaracte d'Arrien. On y voit le tombeau du roi Erythras ou VoroCHTA, nom qui paraît s'être conservé dans celui Broct, ou Zroct. On la nomme aussi en persan Djrzirè-i-Diraz, en arabe Dyrzrrèt- Tasilet (l'ile longue) (3). Kéïich, ou Keïs, la Cataera de Néarque. Elle fut jadis consacrée à Hermès et à Aphrodite; Ouseley en fait l’histoire d’après les sources orientales (4). Le. Angar, Bouchaab et Tomb (l'Ile des Tombeaux) sont compris dans Arrien , sous la dénomination générale de Axa vyooc (5). Polior est Iloawpx et Indarasi KexaySpoc. Après l'examen de la structure de la province du Fars sous le rapport du sol et des eaux , nous allons examiner les races de ses habitans , ses productions, ses monumens et ses divisions terri- toriales , comme nous les trouvons consignés dans les sources orientales. (x) Ouseley, tom. I, pag. 155. Le (3) Ouseley, tôm. #, p. 162. Djihan - Nouma lui donne aussi les (4) Idem. noms de Djaroun et de Zarour, p. 257. (5) Vincent, et d’après lui, Schmie- (2) Ouseley, tom. I, p. 162. © der, dans ses Notes sur Arrien. (574 ) Races ou Tribus. Tbn-i-Haukal (1) et le Djihan-Nouma (2) donnent une liste des tribus qui habitent le Fars, et se nomment Zem; sous cette déno- mination sont comprises la tribu de Djiloune (ou Mihan); la tribu d’Ahmed-lbn-oul-léie, qui s'appelle aussi Zévaihan ; la tribu d’4#- med-lbn-i-Salah, qui s'appelle aussi Barihan; la tribu d’4A- med-ben-Houssein, autrement dite Karma ; la tribu d’Ardechir. Productions. L’excellence de ses dattes ; de ses riz, de ses raïsins et de ses roses est connue par maintes relations anciennes, surtout par celle de Kœmpfer. Le Djihan-Nouma vante les savons , les vins doux ; les huiles, les figues , et les toiles de bain d’Ærdjan ; le chanvre, les poissons ; les dattes et les toiles de bain de Makrouïan. Les () The oriental Geography of Ibn- i-Haukal, p. 82. (2) Pag. 262. Ce paragräphe est tiré du Djihan-Nouma, parce que la tra- duction d’Ibn-i-Haukal, par Ouseley, paraît tout embrouillée en cet endroit ; il nomme la première tribu Heilouich ou Senujan , au lieu de Djtloune ou Mi- han ; ensuite il prétend que Ja tribu de Kara et celle d’ Ardechir ne sont qu’une même race. C’est dans la race de Kara qu’il faudrait peut-être chercher les Germains (Touz, LE) d'Hérodote, qu’il comptait au nombre des tribus du Fars. Dans la précieuse nomenclature que Rousseau nous a donnée des tri- bus nomades { Voy. Notice histor. sur la Perse, pag. 54, et Dupré, ch. EXII), on omet non-seulement de citer les races que nous venons de nom- mer, mais plusieurs auires encore qui sont plusieurs fois mentionnées dans des histoires Persanes modernes , comme , par exemple , les tribus tur- comanes Tegèh, Etreg; Yémout et Géneklan dont parle Morier (second journey, pag. 378), les plaçant dans le Gourgan (Hyrcania), et donl il est question dans l’histoire de Nadir-Chah de Mahdi, dans le 6° livre, chap. zx et xur. On passe sous silence les tribus Arabes de Cael et Taimn, citées dans la même histoire, liv. IL , chap. vi; les tribus Turcomanes Jemrali et Za- (275) tapis et les rideaux d’étoffe de Darabdjerd, les tapis etles toiles de Djérem , les étoffes de soie et les rideaux, les toiles, les roses et les duvets de Chluraz, l'eau de rose de Ætrouzabad, le riz d’Istahar, la moumie et le sel de diverses couleurs de Darabdjerd; la magnésie , les mines d’acier et les armes de ]Wrrz, les étoffes et les habillemens de Pézza , les cotonnades, les sôieries et les brocards de Ÿezd, les fleurs, les fruits et les parfums de Chahpour, enfin les perles et les coquilles du golfe Persique (1). Il faut y ajouter les fabriques de cristal et de verre, et les ouvrages de marqueterie de Chiraz, dont les voyageurs modernes ont parlé avec éloge (2), les armes de Chiraz, fabriquées dans dix-sept manufactures , les melons, les tabacs, les bézoards et le baume nommé Xoudret-1-Benna , que l’on tire du mont Benna , dans le Lar, auprès de Bender-Abbassi (3). Division. Nous avons déjà parlé de sa division naturelle, en partie sep- tentrionale ou froide , nommée Serdsir ou bien Serhad, et partie méridionale ou chaude, nommée Déchtistan ou bien Germstr ; mais sa division politique est, de temps immémorial, composée dour (liv.L, chap. xvxri); la tribu ment : Achœmenides se retrouve dans septentrionale Oar (liv. VI, ch. vet © Adjem ; les Artéates dans | 1), sans parler de tribus Afganes que Ardéchir-les Daher dansle mot Lo lon a également omises. Les tribus Dalistan ; les Mardes dans 3}> Merd; qu'Hérodote place dans le Fars sont celles des Pasargades, dont la plus no- É J ble branche est celle des Achæmenides ; VS FER ECC CETTE les Artéates et les Perses, les Marafes : No EME SHAT et les Mazes, les Dropiques et les Za- gartes, les Dahers et les Mardes, les Pantholes et les Deruses , les Germaïns. De ces douze races , on en retrouve encore quelques-unes étymologique- (3) Kœmpf. Amænit, exot., fase. IH. les Germains dans 4e JL Karmane ou (x) Djihan-Nouma, p. 273. (2) Dupré, tom. II, p. 10, et Mo- rier, first journey, p. 23r. (276 ) de cinq cercles, que l’on nomme Qourè (x). Le qourè d’Istahar, c'est-à-dire le cercle de Persépolis; le qourè de Darabdjerd, à l’est du précédent ; le qourè de Kobad , à l'ouest du qourè de Persépolis, qui est situé au milieu de ces deux cercles mentionnés. Ces trois cercles composent la partie supérieure du Fars. La partie inférieure se compose du cercle de Chahpour , immédiatement au sud du cercle de Kobad et du cercle d’Ardechir, qui confine au nord avec le cercle d’Zs{ahar, à l’ouest avec celui de Chahpour, et à l’est avec le pays de Lar. En ajoutant le Laristan aux cinq cercles susnommés , on aura l’ensemble géographique decette pro- vince , et l’on pourra se faire une idée de son importance politique. Ruines d'anciens monumens du Farsistan. Hoeck nous a présenté de la manière la plus claire, dans un exposé concis, tout ce qu’on avait rapporté sur les ruines de Persépolis. Il admet l'hypothèse de Heeren , qui a regardé ces édifices comme des monumens sépulcraux. Deux considérations nous empéchent néanmoins d'y donner notre adhésion. La pre- mière est qu'il aurait fallu , pour les admettre comme tombeaux, que les sépulcres des rois n’eussent été qu’à Persépolis, ce qui n'était pas du tout le cas, puisque ceux-ci n'étaient pas seulement dans la montagne royale de Rahmet et dans la montagne à double cime , nommée ÆAktépé et Douta; mais encore à Ecba- lane (2) et à Arbelles, où ils furent dévastés par Caracalla. La seconde considération qui nous fait rejeter l'hypothèse de Heeren, est que la procession solennelle de toutes les nations de l'empire avec les productions du territoire , qui, dès l'époque de là fondation de la monarchie persanne, avait lieu tous les ans (x) Djihan-Nouma, p. 262. pag 131); et les rochers de Gendjname, {2) Olivier fait mention de ces mo- près de Hamadan, (idem, p. 126) con- ñumens sépuleraux. Kinneir en vit firment ce que Josèphe dit des tombes d’autres à Sahana (Foy. son Voyage, royales près d'Ecbatane. (277) à la fête du Novrouz , et dont l'usage s'est perpétué jusqu’à nos jours par les députations que les gouverneurs de provinces sont obligés d’expédier à là cour du grand Roï, avec des présens com- posés , en grande partie , des productions du sol et de l’industrie propres à chaque contrée, n’a point de rapport à la mort ni aux funérailles , mais rappelle le souvenir d’une institution que les souverains avaient établie lorsqu'ils étaient parvenus au comble de la puissance. En conséquence, Herder, qui voyait dans ces bas- reliefs la représentation d'institutions politiques de Djemdfid et de cérémonies usitées à la cour de ce grand Roi, nous semble avoir été plus heureux dans ses assertions que Heeren , ce que nous confirmeront probablement quelque jour les inscriptions cunéiformes que nos savans ne sont pas encore parvenus à déchif- frer. Il est bien à regretter qu'aucun des voyageurs modernes qui ont exploré ces lieux n’ait pris la peine de copier quelqu’une de cesinscriptions et de nous la communiquer, afin de nous donner de nouveaux matériaux à déchiffrer, ou pour nous fournir les moyens de nous confirmer dans les essais que nous avons déjà tentés. Par la comparaison des trois inscriptions cunéiformes que l’on trouve dans Niebuhr et Lebruyn, on demeure convaincu qu'il faut peu compter sur celles du dernier. L'inscription qui règne autour de toutes les fenêtres, d'une manière umiforme , et que Chardin et Kæmpfer ont rapportée, manque d'identité dans le travail de ces deux voyageurs; et Morier, qui, lors de son sc- cond voyage , ne se contenta pas de mettre à découvert le côté représentant les processions solennelles , dont les dessins de Chardin , de Niebhur et de Lebruyn nous avaient donné connais- sance, mais découvrit même la moitié de la grande inscription publiée par ce dernier , n’a communiqué ni dessins ni inscriptions. Les ruines du château d'Istahar. Morier les visita et n’y trouva point de sculptures (x). (Gr) Morier , second journey, p. 84. (278 ) À mi-chemin de 7chihlminar (les Quarante Colonnes, mais dont seize seulement sont debout }, l’on trouve les sculptures de Nakch-1-Redjeb, dans le style de celles de Nakch:i-Roustem , c’est-à-dire de l’époque des Sassanides. Le dessin de Morier (1) prouve en faveur de l'exactitude de celui de Niebubr (2), Cha- pour (Sapor) y est représenté dans toute la majesté de sa cour. Nakh-1-Roustem; Morier et Ouseley (3) ont décrit avec dé- tail les sculptures du mont Douta(que Kœmpfer,dans sa Relation, pag. 306, nomme Achtopah, c'est-à-dire Aktépè). Elles représen- tent, d’une part, la victoire de Sapor sur l’empereur romain Valé- rien ; et d’une autre part, le partage de la couronne entre Ardé- chir et Chapour, que le premier avait associé à l’empire. Parmi les quatre tombeaux du mont Douta de Ctésias, qu'Heeren et Hoeck ont confondu avec le mont royal de Diodore, se fait re- marquer le sépulcre de Darius Hydaspe. L'inscription cunéiforme de quinze lignes , dont parle Chardin, tom. IX, pag. 123, n’a pas encore été copiée. - Zindani-Djemchid; la prison de Djemchid. C’est ainsi que l’on nomme les grottes du village de Hadji-Abad , au pied de la montagne de Nakchi-Roustem, à l’orifice de la ravine escarpée de Djihan-i-Zevend, d’où s’élance le fleuve Po/bar (qu’on nomme aussi Ferbar, Féravan, Khourrem-Abad et Medus); on y voit trois inscriptions en pèhlevi, dont Morier ne relate qu’une, et selon l'apparence avec moins d’exactitude que celle que Hoeck se com- plaît à louer dans ce voyageur (4). Le rocher nommé Nakara-hane-1-Djèmchid, la salle de musi- que de Djèmchid:, auprès du village de Bend“i-Émir, ainsi nommé à cause de la fameuse digue d'Azadouddovlet , n’est remarquaBte que par sa structure (5). Il ne faut point confondre ce rocher (x) dem, first journey, p. 84. (4) Hoeck, p. 16. Vir accuratissimus (2) Niebuhr, tom. IL, p. 125. Morierus. (3) Morier, first journey, p. 126. @) Morier, second journey, p. 72- Ouseley, p. ... ( 279 ) avec l'édifice carré et blanchâtre , auprès de Nakch-i-Roustem , que Kæmpfer (pag. 324) nomme aussi Nakara-Hanè , et que Morier considère comme un pyrée (1). A un mille anglais de Nakchi-Roustem, au pied de la montagne, et dans la direction de l’est, on remarque des aqueducs taillés dans le roc, et qui n'ont pas été achevés, dont le plus considé- rable a 67 pieds de longueur, 2 de largeur et 15 de hauteur (2). Personne avant Morier ne les avait décrits. C’est aussi lui qui , le premier, fit la remarque de plusieurs aqueducs au-dessus du sol , qui avaient été taillés dans la roche vive, derrière les ruines de Persépolis (3). Il ne put point pénétrer dans les souterrains décrits par Chardin (4); mais il explora avec soin la montagne de Persé- polis, et découvrit quelques ruines de l’édifice nommé Harem-1- Djemchid , le harem de Djemchid , que l’on appelle aussi Zaht- 1-laous, le trône du Paon (5). Immédiatement à l'extrémité de la croupe du Nakch-i-Roustem, là où cette montagne se dirige vers l’est, s'élèvent deux tours que Kæmpfer seul a décrites (6); il les appelle Seng--Suleyman, pierre de Salomon. On y voit aussi deux colonnes, dont l’une est sur la hauteur. Morier ne fait pas mention des deux tours que Kæmpfer regarde comme des constructions modernes; mais il parle des colonnes situées à l'endroit où la chaîne se détourne vers l’est, et de la terrasse de 2/4 toises qui règne à la sommité du rocher. —Des six bas-reliefs qui décorent les sculptures de Nakch-i-Rus- tem, Morier n’en a donné que quatre d'une manière exacte ; il n’a pas publié le deuxième, qui se compose de neuf personnages, ni le quatrième, quireprésente le triomphe de Saporsur l’empereur Valé- rien. Le dernier de ces bas-reliefs, dessiné par Niebubr, est le plus intéressant de tous, à cause de la grande inscription en pehlevi, (x) Morier , first journey, p. 128. (4) Morier, second journey, p. 77. (2) Idem, second journey, p. 78. (5) 1dem, ibid., p. 79. (3) Idem, first journey, p. 135. (6) Kæmpfer, p. 308. IL, 36 ( 280 ) dont; malheureusement l'illustre voyageur n'a pu relever que la sixième partie environ (1). Sir. W. Ouseley a relevé les inscrip- tions sassanides du second sépulcre que renferme le rocher, et des- quelles:Johnson n'avait fait que parler. - L'édifice situé à cinq lieues anglaises au sud-est de Chiraz, et nommé Mesjid-i-Maderi-Suleyman , temple de la mère de Salo- mon, a déjà été. décrit par Chardin (2), Thévenot (3), Kæmpfer et Niebuhr. Trois lieues anglaises plus loin , l’on trouve encore d’autres sculptures de l’époque de Chapour. Le meilleur conduc- teur pour yarriver est de remonter une rivière qui prend sa source à une centaine de toises de ces monumens et coule dans la direc- tion de Chiraz (4). Près du coteau sur lequel s'élèvent les ruines persépolitaines de Mesdjid-i-Mader-i-Suleyman, sont deux grandes tables d'inscriptions en caractères pehlevi, que l’outrage du temps a rendus presque indéchiffrables, et un tombeau taillé dans le roc (5). Mechhed-i-Mader-i-Suleyman (6), c’est-à-dire le tombeau de la mère de Salomon, dans le Mourghab, que Morier, et, d’après lui, Grotefend, ont pris à tort pour Pasargade qui était dans l’est de la province de Parsis, présente un petit édifice fondé sur sept degrés, que Morier et Grotefend considérèrent comme le tombeau de Cyrus, tandis que Hoeck veut que ce soït une sépulture sassanide (7). Morier, dans son second Voyage (8), fait mention d’un pilastre (assez rapproché de ce monument, mais, toutefois, isolé des autres pilastres qui s'élèvent dans la plaine), qui est cou- vert des sculptures les plus remarquables: le burin y a tracé dans le style le plus pur , une figure que l’on prendrait pour un prêtre (x) Niebubr , tom. IE, p. 129. (6) Hoeckne fait point de distinction (2) Chardin, tom. VIII, p. 185. de ces deux monumens. (3) Thévenot. (7) Hoeck, p. 62. (@) Morier, second journey, p. 66. (8) Morier, second journey, p. 66. (5) Hem. ( 28r ) égyptien, à sa tiare ( calantica triplex ) ornée de vipères et de cornes de bœuf, comme on l’observe fréquemment dans les mo- numens de l'Égypte. Cette figure a aussi quatre ailes de‘chérubin. Le tombeau dont il est question , qui s'élève en forme pyrarnidale sur sept degrés, jette une grande lumière sur son origine: tout porte à croire qu'il fut construit au temps de Cambyse, par des architectes égyptiens ; mais comme les sculptures de ces pilastres divers sont également accompagnées de caractères cunéiformes , elles dénotent, dans l'architecture persépolitaine , un mélange du style égyptien ét du style de la Bactriane (x). Les ruines de Chapour dont les sculptures éternisent le triom- phe de Sapor sur l’empereur Valérien, ont été visitées et décrites par Morier (2) et Ouseley (3). Après eux Johnsoneut le même avantage (4). Elles sont taillées sur les rochers, tant sur l’une que sur l’autre rive du fleuve Chapour , et les détails des costumes et des armes des divers personnages sont du plus haut intérêt et dignes de l’attention la plus soutenue. Dans une des grottes gît une statue dont Johnson et Ouseley donnent une représentation fort peu semblable. C'était à Chapour que s'élevait le fameux Py- rée nommé Gavich ou du taureau. À cinq parasanges de cet en- droit sont les ruines de Chah-Behram dont Kæmpfer a fait men- tion, et qu'aucun autre voyageur n’a fait connaître après lui (5). De même, il n’y a que lui et Chardin (6) qui fassent mention d’une tour carrée nommée la tour du Diable blanc, taillée dans la montagne, à deux journées de Persépolis, sur la route de Souza (Suze). Les rochers de Tengsendjan, à seize parasanges de Chiraz, (x) Les renseignemens les plus ré ne peut reconnaître le caractère de ces cens sur ce monument nous viennent sculptures, de Joseph Barbaro , tom. IT, p. 108. Hey Un luogo a modo d'una Chiesola. (ERP ns sen (2) Morier, second journey, p. 50. () Kæmpfer, p. 365. (3) Ouseley’s Travels, t. I, p.280. ‘ (6) Chardin, t IX, édit. d'Amster- Mais les planches sontsinoires qu'on dam. ( 282 ) sont aussi très-remarquables par leur structure dans le défilé qu'ils forment sur la route de Souza (x). Darabdjerd. L'on remarque de magnifiques sculptures à une demi-lieue hors de la ville. Ouseley est le premier qui les ait co- piées (2). Firouz-Abad. On remarque dans ce lieu une colonne de pierre de cent cinquante pieds de hauteur sur vingt'de circonférence : elle s'élève au pied des restes d’un édifice quadrangulaire: sur la rive opposée sont les ruines du Pyrée célèbre. A sept lieues an- glaises de Firouz-Abad , sur la route de Chiraz, deux sculptures représentent, dans des dimensions colossales , deux’personnages à cheval (3). ) Après cette revue des ruines des anciens monumens du Fars (ou du Pars, comme cette province est toujours nommée dans le poème intitulé Chahnamé , qui est l’histoire la plus croyable dont se glorifie la littérature orientale), nous mettrons sous les yeux du lecteur les noms des Pyrées les plus célèbres, en tirant nos documens, non-seulement du Chehristant qui guida Hyde dans le tableau qu’il nous a donné (Voy. son livre : De Religione veterum Persarum , p. 153) et auquel S. W. Ouseley renvoie également (x) Kæmpfer, p. 36. (2) Ouseley, iom. I, pag. 263, et tom. IT, pag. ... (3) Macdonald Kinneir, Geograph. Memoir, p.68. C’est une question im- portante à résoudre pour l'explorateur des antiquités persanes, de savoir si, dans les monumens , les ruines où les sculptures, on a jamais trouvé le type du Perseus des Grecs; car quoique ce personnage ait la plus grande analogie avec Mithras | comme M. le conseiller aulique Creuzer le démontre jusqu’à ’évidence, dans la deuxième édition de sa Symbolique , ce n’est pourtant pas le même individu , puisque Perseus , considéré comme Berzin (y) p, c’est- à-dire fondateur du culte du feu, est fort antérieur à Zoroastre. C’est d'a- près lui que toute institution nationale a été caractérisée du nom de Berzin perséenne : de là ce vers si souvent ré pété dans le Chahnamé: AK 5 5 Sue HS » Armé.….. d’une lance perséenne et dur » casque perséens » (283) dans le 2° chapitre de sa relation, mais encore du LXII: chapitre nommé Y! at es les Temples du feu, du livre : /es prairies do- rées de la plume de Mèsoudr, et surtout du Chahnamé. Pyrées ou Temples du Feu. Féridoun bâtit le premier un temple du Feu à Tous: c’est celui qui est nommé K'eraker (dans le Bouchaira et le Sistan), et que Behmen , fils d’Isfendiar l’acheva. Il en construisit un autre à El- chiqer valran (1) dans lequel on adora desidoles dont Nouchirvan le purgea. Kéïkosroy construisit, entre le Fars etl’Irak (Chapour), ce- lui de Gévsidjè = où Gèosiiè auf. Celui qui construisit le pyrée nommé Djerdjis, à Koumis, auprès ou d’après Chehristani-Ha- rir , est inconnu. Le pyrée Gèdjender JS fut bâti par Sifavouch, et celui d'Ardjan (ou d'Erdjan), dans le Fars, fut élevé sur la fin du règne de Lorasb. Suivant les autorités indiquées, tous ces temples du Feu sont antérieurs à Zoroastre ; Zerdoucht ne fut que le réformateur ou le restaurateur du culte ignéen qui avait été consacré par Houchenq, dont les sectateurs furent nommés Mèh-Abad UT à ; Djemchid lui avait substitué le culte du soleil et de la lune : Zoroastre le ré- tablit. Avant ce législateur, ce culte pur n’était pasl’adoration effec- tive du feu; c'était le déisme, et la flamme de naphte liquide qui s’élançait du sein de la terre pour briller sur l'autel , marquait sim- plement le point vers lequel il fallait se tourner dans l'accomplisse- ment de la prière ; on en trouve la preuve dans le Chahnamé , lorsqu'il rend compte de l’arrivée de Kèïqavous et de Keïhos- rov au pyrée d'Azérabadjan , c’est-à-dire l’Azerbidjan ( à Te- briz ). (2) QG) oÙf » JA Peut-être que ce (2) Foy.le Bourhan-i-Kati impri- mot est celui de Mesoudi, NS, c’est-à- mé, pag. 42. dire Mourghab (Djih.-Noum.,p. 272). (284) 99 plst us Air LS 038 ns UE an 35 Dhs 56 las as = 29 he tous, sus « Îls deméurèrent auprès d’eux l’espace d’une semaine. N’allez pas croire » qu'ils fussent des adorateurs du feu : la flamme n'était là que comme le taber- » nacle, Des larmes remplissaient les yeux de ceux qui étaient venus faire leurs » dévotions. » Ces autres vers confirment ce fait en attribuant à Djemchid l'institution de l’adoration du Soleil : bass sl 25 Le « Il adorait le Soleil. Djemchid était tombé dans cette insigne erreur. » Les pyrées antérieurs à Zerdoucht avaient plusieurs noms, suivant la planète à laquelle l’autel du feu se trouvait consacré. Le plus renommé de ces sept feux, qui sont cités dans les diction- naires persans Bourhan-i-Kati et Ferhenq-i-Chou-Ouri, était celui d’Azer-Gouchtasb, dont le nom se répète fréquemment , même presqu’à chaque instant, dans le poème de Ferdousi. Gouchtasb rétablit le pyrée qui existait à Balkh. Sous le règne de ce prince, Zoroastre construisit ceux de Nichapour et de Féza, et transporta le feu sacré du Hhavaarezm ,; \S dans le pyrée de Darabdjrrd, qui, dans le Chehristani, porte le nom d’Azer-Hhèrè 5 »! , et dans Mèsoudi, celui d'Azer-Nihr ;5 51 (x). Il était en réputation de la plus grande sainteté. Les Guèbres, craignant que les Musul- mans ne vinssent éteindre le feu sacré qui brûlait sur son autel, le transportèrent au pyrée de Fesa ou Féza, et à celui de Berza, (1) I ne faut pas le cunfondre avec celui du Fleuve de Feu, Lee sp. ( 285 ) qui se nommait Kerban (1). Une inscription en pehlevi portait que la construction de ce temple avait coûté trente mille pièces d’or. Suivant le texte du Ferhenq-i-Djihangiri, qui a servi de base au Bourhan--Kati, Hyde donne cette liste des divers pyrées : Le pyrée de Lèzd, au mont Elbourz; À Celui d'Ourourmiè, nommé Dirarkhch DS le brillant ; Celui de Zourouchg , près de Hérat; Celui de Beit-Ahdan, à Zanaa ; Celui de Beit-Kauzan, à Fergana. Mèsoudi cite ceux-ci : Le pyrée d’Istahar , aujourd’hui Mesdjid-i-Mader-i-Suleyman, c'est-à-dire le temple de la mère de Salomon, qui fut construit par Houmaï , fille de Behmen; Celui de Chapour , bâti par Dara ; Celui de Djour (Firouz-Abad) , érigé par Ardechir , Babeq et Toubal JL.b, l’un des plus beaux monumens de la Perse , et que les Musulmans renversèrent ; Le pyrée de Ma-innar nel ‘L (l’eau de feu), d'où, selon Mè- soudi , partirent les trois mages pour la Palestine afin de porter des présens à l’enfant de la crêche ; Celui de Barid 5,b, élevé par Ardechir ; Celui de Soulm ph: en Irak, construit par Bouran, fille de Khosrov-Perviz. Le Djihan-Nouma faitmention des pyrées de Kazroun (2), de Balkh (3) et Kerban (4), de ceux d’Ardastan (5), de Mabin (6), de Fihar (7), érigés tous les trois par Behmen , fils d’Isfendiar, (x) Bakoui, Notices des Manusc., (4) Djihan-Nouma, p. 29r. pag: 450. (5) Idem , ibid. (2) Djihan-Nouma , pag. 276. (6) Idem , ibid. (3) Idem , p. 298. (7) Idem, p. 309. ( 286 ) ainsi que ceux d’Jstahar, de celui déjà cité de Zourouchq (1), et de celui de Kévachir (2). Cette dénomination , suivant les locali- tés , doit être distinguée de celle qui est consacrée pour la divi- sion des sept feux qu'Hyde nous a donnés d’après la nomencla- ture ainsi conçue du DRE heu i-Djihangiri : Azer-i-Mihr JP) Sp le feu du Soleil ; Azer-i-Nouch 5) 5, le feu des sources de naphte ou terrestre; Azer-i-Berzin .»5») ST, le feu de la foudre (Jupiter ); Azer-i-Behram Le, 5}, le feu de Mars ou métallique (Mars) ; Azer-i-Harin ou Hourdad, le feu des arbres et des plantes ; Azer-i-Aïin vs) 5, le feu des vases ou de cuisine ; Azer-i-Gouchtasb , le feu des étoiles (Vénus). Le culte du feu des astres existait long-temps avant Zoroastre. Ce législateur institua le culte du feu du Soleil et de la foudre, comme on le voit dans ce vers de Ferdousi: ds De us » Îlinstitua le premier le feu du Soleil et de la foudre. » Il rétablit aussi le culte du Soleil dans le pyrée de Balkh. Chacun de ces sept temples était consacré à une planète, comme l’histoire sacrée des Indiens le confirme également. Hyde, d’après le Bou- rhan-i-Kati, dit : « Ils construisirent sept temples en l’honneur des sept planètes. » Il paraît qu’ils regardaient le Soleil comme une des sept planètes. Le culte de Vénus et de son feu était fort antérieur à celui du Soleil ou de Mithras , qui ne dut son institution qu’à Zerdoucht, et dont on doit le distinguer, parce qu'il était tout différent. Le Chahnamé , qui est le seul livre qui puisse bien guider dans l'intelligence des écrits zends 5, distingue, à diverses reprises , Anahid de Mithra , le génie du Soleil; et le culte du feu des (2) Djihan-Nouma, p. 256. (2) Idem. ( 287 ) Anaiïtis, bien loin de n'être pas Persan , est plutôt le plus ancien culte national des Perses, antérieur au culte de Mithra. Peut- être que l’on trouvera quelque jour jusqu’à quel point on se trompe en présumant l’analogie de WMihr avec Mithra, de Berzin avec Persée ; de Nouch avec Dionise , et de Gouchtasb avec l’Anaitis des Grecs. Retournons à la topographie. Le Cercle d’Ardechir. Chiraz, que Macdonald Kinneir place sous le 52° 44° de lon- gitude E. et le 29° 36” de latitude N. (1); que les tables persanes placent sous le 78° 15° de longitude et 29° 36° de latitude (2), que Bakoui (3) met sous le 88° 5’ de longitude et 29° 36° de latitude , que le Djihan-Nouma (4) place sous le 88° oo’ de lon- gitude, et 29° 30° de latitude, et enfin que Trezel (5) place sous la latitude de 29° 33° 7”, n’est pas seulement la capitale du cercle d’Ardechir , mais encore celle de tout le Fars. Elle est la résidence d’un Chahzadé qui la gouverne ; Houseïn- Aly-Mirza est son nom. Ses murailles sont coupées de six portes; dans son centre est une citadelle nommée Ark: c’est un carré de 80 toises sur chaque côté (6); les édifices les plus remarquables qu’elle renferme aujourd'hui furent construits sous les auspices de Kérim-Khan le Curde, qui gouverna la Perse sous le simple titre de Véqil. La mosquée du Véqil, le bazar du Véqil, le jardin du Véqil, le bain du Véqil sont, entre une trentaine de mosquées , les édifices les plus dignes de l'attention des voyageurs. Sur une élévation au nord de la ville, à la distance d'environ une lieue anglaise , se présente un château moderne nommé Taht-i-Kadjar (x) Macdonald Kinneir’s geograp. 5 (4) Dihan-Nouma, p. 292. Memoir, pag. 60. (3) Dupré, tom. II, p. 2. (3) Notice des manuscrits, p. 442. (6) Macdonald Kinneir, p. 62. Il, 37 (2) Dupré, tom. IE, p: 2. ( 288 ) (le trône de Kadjar), auquel le roi actuel, issu de cette tribu, qui l’a fait construire , a attaché le souvenir de sa dynastie; il ne se compose que d’une grande salle décorée de peintures. C’est ce châ- teau de plaisance que Johnson nomme Zukhti-Koudjèra, d'après la mauvaise prononciation des Anglais. Le jardin du Véqil porte aujourd’hui le nom de Djthan-Nouma ( spectacle de l'univers) ; les appartemens du palais, enclavés dans ce magnifique jardin, sont ornés des marbres les plus beaux de Tébriz et des émaux les plus riches (1). De ses fenêtres, Chiraz offre le coup-d’œil le plus enchanteur. Morier en a tiré plusieurs vues ; au milieu du jardin estun pavillon nommé Qoulah-i-Firenqi, on en a déjà vu de sem- blables à Tehran et à Tébriz. À deux lieues anglaises au N. E. de Chiraz, dans un canton stérile, on révère le tombeau de Saadi, que Kérim-Khan avait couvert d’un édifice de haute apparence , qui est déjà à moitié délabré. La fontaine de Saadi, qui contient des poissons sacrés, rappelle le culte dont on honoraït anciennement les poissons * dans l'Orient. Au sommet du côteau que l’on appelle la monta- gne de Saadi, sont les ruines du château nommé Kala-i-Bender, et au revers qui regarde Chiraz, l’on remarque une fontaine d’une profondeur étonnante, que Chardin et d’autres voyageurs n’ont pas omis de faire connaître. Au pied de ce côteau est le charmant jardin désigné du nom de Dilgoucha , c'est-à-dire épanouissant les cœurs, qui est affer- mé, comme tous les autres jardins de la couronne, à des jardiniers qui vendent les fleurs et les fruits .que leur travail y fait naître (2). A droite, sur la route d’Ispahan, sont les ruines du charmant fau- bourg de Mousalla dont Hafñiz chanta les délices dans ses odes. Le tombeau de cet illustre poète est non loin de ce monument; la mosquée de Mir-Hamza, surmontée d’une coupole en émail @) Morier, first journey, p. 106, se- (2) Morier, second joumney, p. 63. cond journey, p.63 ; Dupré, t. II, p. 5. ( 289 ) à bleu, enjolive ce canton. Johnson a levé des copies des por- traits de Saadi et de Hafñz, d’après les tableaux qui se trouvent dans une salle du palais annexé au jardin de Djihan-Nouma. Xs sont tous deux en costume de derviche; Hafiz tient un gourdin et une tasse de derviche; Saadi une corbeille de fleurs et une masse d’arme (Tchakan). D’autres lieux de pélerinage tels que celui de Heft-Tèn, les sept corps, celui de 7chihl-Tèn, les quarante corps, possèdent de magnifiques jardins sur le chemin qui conduit à la gorge qu’on est obligé de franchir pour jouir de l’admirable pers- pective de la vallée d’Ala-Ekber (x); ensuite vient le sépulcre de Mir - Aly, fils de Hamzè, le descendant du septième imam Mourza. Chiraz possède sept colléges ; les plus en réputation sont celui de l'{mam-Koulikhan, celui de Hachem, père du premier vizir Ibrahim; celui de Mouchtéhid et celui du Véqil, qui n’a pas été achevé (2). On voit à Chiraz sept caravanseraïs, celui de Kaï- sériè , construit par Imam-Koulikhan, cest le mieux tenu; les au- tres portent les noms de Débbègan { des tanneurs ), Daïègan (des teinturiers) , Indouïan ( des Indous). Chiraz est encore célèbre par ses coursiers, ses armes, ses cristaux, ses émaux , ses gravures sur pierres dures en cachets, ses vases, ses vins, ses confiseurs, ses tabacs , etc. , etc., etc. Les cyprès de Chiraz sont aussi renom- més que les platanes d’Ispahan. È Chiraz porte les beaux noms de Dar-el-llm A\ 15, le temple de la science et de Bourdj-oul-ovlia , la bourgade des Saints. La vieille mosquée ne fut pas construite sous le khalifat d’Aly, ainsi que le dit Morier (car Chiraz doit son origine à Hédjadÿ); ce fut Amrou-ben-Léïç qui la fit bâtir ; deux autres mosquées, d’après leurs inscriptions, sont des monumens de la piété de Séad-Ibn- i-Zengi, à qui Saâdi avait dédié son Gulistan , et de Zangar. On remarque encore à Chiraz les sépultures de Mohammed, fils de (1) Johnson, chap. v; Morier, first (2) Morier, first journey, p. 102. journey, pag. 104. ( 290 ) Viman Mousa, du grammairien Zibouïe , de Cheikh-Abdallah- Hafñif et de Cheikh-Rouz-i-Djihan (1). Parmi les belles promenades des environs de Chiraz, il faut compter celle de Khaldjan, sur la route qui conduit àla montagne de Dérak et à la source purgative d’.4b--Djacht, à dix parasan- ges de distance (2). Les trente-deux villages de la dépendance de Chiraz sont ré- partis en deux districts nommés Karabag et Tchoubazar (ou Sou- bazar) (3). Chiraz a pour population 10,000 familles Persanes ; 30 familles Arméniennes et 400 familles Juives. Les revenus du gou- vernement, par les fabriques de cristaux , de soieries et de tissus de laine, s'élèvent de 130 à 150 mille toumans. Il y a 17 manufactures de sabres; les lames de Chiraz sont très-fameuses, surtout celles que l’on nomme Kara-Khorasan, d’une couleurnoirâtre; l'acier vient en disque, de Lahor et non pas du Khorasan, à ce qu’assure Dupré. Il y a aussi des manufactures de poudre : le salpêtre qui sert à la confectionner vient du Lar. Les exploitations de son commerce consistent principalement en tabac, en cristaux, en lames, en pipes , en soieries, en poteries , en chevaux , en vins , etc. La totalité du revenu de Chiraz est au moins de 400,000 tou- mans (4). L'on a déjà parlé de l’antiquité des ruines de l'édifice nommé Mesdjid ( et non pas Mèchhèd-1-Mader-i-Suleyman), situées au S.E. de Chiraz. A troislieues anglaises au nord de Chiraz, estun canton tout en beaux pâturages , nommé Hal-at-Pouchan, lieu où l’on revêt les habits d'honneur : toutes les fois que le roi envoie un costume d'honneur au gouvérneur de Chiraz, celui-ci, fûtl prince du sang, est obligé d’aller au-devant jusqu’à cet endroit ; là il s'en revêt; c’est également un Badjgéh, lieu d'octroi ou de douane, où des employés, nommés rahdaran, mot à mot pos- (x) Djthan-Nouma, p. 263. (3) Dupré, tom. I, p. 8. (2) Idem. (4) Idem, tom. I, p. 14. (291) sesseurs du chemin, les véritables commis de nos barrières, prélèvent la taxe. Un caravanséraï en ruine, le petit ruisseau de Rouknabad, chanté par Hañiz, sont dans ce canton (1). Zèrgän, à cinq parasanges de Chiraz ; suivant la boussole, elle est par le 24° N. O. du pic, toujours couvert de neige, de Chèch- pèr, qui est célèbre par ses sources nombreuses (2). La plupart des muletiers qui vont dans le sud de la province sont de Zergan: elle a environ 300 maisons. Ardegan, non loin du mont Chèchpèr, est une bourgade de la même importance (3). Le village de Bendi-Emir où se trouvent la fameuse digue et un pont sur l’Araxes (4), qui conduit aux villages de Zeïfoun, de Kenare- Mirgas et de Ziwend (5). Les voyageurs à venir auront à déterminer la position inconnue de la ville que Bakoui nomme Kardfana-Hosrov, qu’Azad-oud- Dorlet est supposé avoir bâtie. Il y dirigea un canal et y planta un jardin. Le Cercle d'Istahar. Istahar, sousles 88° 30? de longit. et 30° de latit., selon le Djihan- Nouma (6), et 88° 30’ de long. et 30° 5” de latit. suivant Bakoui, ainsi nommée d’Istahar , fils de Qéïoumere , est l’ancienne Persé- polis. Houchèng lui donna plus d’étendue ; Behmen ou Houmaï l’acheva; trois châteaux au sommet de trois montagnes la proté- geaient: ces châteaux portaient les noms d’Istahar ou la citadelle, de Chigestè et de Chigran. La ville, dans une longueur de quatre parasanges en comptait dix de circuit ; elle occupait ainsi la plus grande partie de la plaine de Werdecht, si prodigieusement cou- (1) Morier, second journey, p. 69. (5) Notices des Manusc. et Ext. des (2) Idem. Mém., p. 424. (3) Idem. (6) Djihan-Nouma, p. 265. (&) Djihan-Nouma, p. 265. (292) verte de débris d’antiquités. Istahar fut la citadelle :et Zchihlminar le palais des quarante colonnes. On à déjà parlé de ces ruines; ilne faut qu'y ajouter l’aqueduc, qui, selon le Djihan-Nouma, y condui- sait les eaux chaudes de la montagne et les grottessouterraines dont Chardin a parlé sous le nom de Zindan-1-Abad (1). On à faitmen- tion des antiquités nommées Nakch-i-Rousiem, Nakara-Hanè-1- Djemchid, Harem-i-Djemchid, Zindan-i-Djemchid, qui sontdans la plaine de Merdecht. Nous n’avons rien à répéter sur les ruines de Mourghäb ou Mèchhèdi-Mader-i-Suleyman, dans la vallée de Polbar ou Zwend (le Médus des anciens), qui se jette dans le fleuve Ben- demir. [ne faut point confondre ce lieu de Mourghäb, qui signifie l’eau des oiseaux, avec la fontaine nommée Ab-i-Mourghän qui a le même sens: ce n’est pas ici non plus la fameuse fontaine qui est entourée des oïseaux destructeurs de sauterelles , et qu’on ne trouve que dans les environs de Zémirem, situé sous les 85° 40? de longitude et 30° 40° de latitude; selon le Djihan-Nouma (2), les habitans de Zémirem ne boivent que de l’eau de citerne , tan- dis que ceux de Mourghäb boivent de l’eau de la rivière du Zivend ; Kæmpfer commet donc une erreur ( page 357 ) sous ce rapport. Aucune partie du Fars n’a été si minutieusement décrite par les voyageurs, tant anciens que modernes, que le district d’Is- tahar, non-seulément à cause des ruines de Persépolis, mais aussi parce qu’il ést directement sur la route qui conduit d’Is- pahan à Chiraz, les deux foyers du commerce. Après Mourghäb, les lieux situés sur la route sont le caravan- séraï de Hani-Kergan , le caravanséraï de Diwid , Tcholgistan , Surmè ; Yezdchäst, qui est une petite ville où la route latérale que Moricr et Dupré avaient suivie depuis Mourghäb, se réunit (x) Notices et Extr. des Manuse., dans le cercle d’Ardechir, ainsi que le pag. 488. village de Djofarim, que Petit de La (2) Djihan-Nouma, p. 268. Dans Croix, Hist. de T'imour, t. II , p. 102, cet ouvrage , Zémirem est compris AOMME Yougem. ( 298,) à la grande route qui passe par Audjan, celle que Johnson avait tenue. Ces deux routes sont parfaitement tracées sur la carte de Lapie, avec indication des lieux intercalés. Sur la route ordinaire gisent Feth-Abad ( que Johnson nomme Cuitst-Abad), Maï-in, que Johnson confond avec le Mayar, qui est entre Vezdehäst et Ispahan, ou plutôt il les transpose par négligence. Chardin (1), Kœmpfer (2), et la carte de Lapie, qui nomment cet endroit Maïn, prouvent la confusion. Dans le Djihan - Nouma (3), ce lieu porte le nom de Mabin. Dans la montagne, sur la route de Kochgërd, petite ville au nord de laquelle est un village considérable nommé {mamzade-i-Is- maïl, du tombeau d’Ismaïl, fils de Mousa-Kasin. Maïn , Maï-in ou Mabin, est célèbre par ses grenades. Audjan , au centre d’une plaine qui a environ huit lieues an- glaises de largeur, sur une longueur de cinquante du N.-O. au S.-E. Dans l’histoire de Perse , elle est renommée comme le lieu où Bihram-i-Gour se complaisait le plus à se livrer aux exer- cices de la chasse. À douze lieues d’Audjan, l’on montre un ma- rais qui engloutit ce prince avec son cheval dans la poursuite d’un onagre qu'il chassait. Chardin nomme cet endroit Ohjon; Johnson, Oozen. Les deux endroits qui se suivent entre Audjan et Yezdehäst sont nommés par Johnson Kooshkezerd et Déhgur- don ; par Lapie, Xochkezar et Dck-Guierdoun , mots dans les- quels on à peine à reconnaître Kouchgufer et Dih-Gerdan. Yezdehäst, suivant le Djihan-Nouma Lezdehor, pittoresquement suspendu sur la crête d’un roc, à l'extrémité orientale d’une vallée que traverse la plaine du même nom , et dont le sol est co- pieusement arrosé (4). Une reine de la famille des Séfis y cons- truisit un beau caravanséraï et une mosquée ; on trouve aussi la sépulture d'un /mamzadé: elle a deux mille ames de population. (x) Chardin, tom. IX, p. 42. (3) Djihan-Nouma , p. 267. (2) Kæmpfer, tom. IV, p. 293. (4) Morier, first journey, p. 152. ( 294 ) Ses productions sont le coton, le riz, du blé magnifique, qui fait que Yezdehäst est renommé par la blancheur et l’excellence de son pain. Un proverbe dit que la suprême félicité consiste à manger du pain de Yezdehäst, à boire du vin de Chiraz, au- près d’une fille de VYezd. Il ne faut pas plus confondre cette dernière ville, qui est dans le même district , sur la lisière orien- tale du désert, avec Yezdehäst, que les deux lieux entre Ispahan et Yezdehâst, nommés Houmécha et Maïar, avec ceux de Houm et de Maïÿïn. Yezdehäst est la forteresse frontière entre le Fars et l'Zrak-Adjémi, c'est-à-dire les gouvernemens d’Ispahan et de Chiraz ; comme Yezd est la ville frontière sur la marge du dé- sert, entre le Fars et le Kouhistan. Fezd est placée, suivant le Djihan-Nouma (1), sous les 89° de long et 32° de latitude. Bakoui la place sous les 89° 5’ de long. et 32° 5’ de latitude (2) ; les tables persanes la mettent sous les 92° 15’ de long. et 32° 15” de latitude ; et Trézel a fixé sa latitude sous les 32° 14°. Cette cité, d'environ 35 mille ames, dont 4000 Guè- bres et 24 familles Juives, est située sur la lisière du grand dé- sert, et les confins du Koubhistan. Elle est l’une des plus dignes d'être visitée des voyageurs , en raison de la beauté de son site et de celle de ses habitans. Ses étoffes sont très-estimées. Du- pré(3) et Kinneir sont cependant les seuls voyageurs cités dans ce mémoire, qui l’aient vue. Le dernier, dans son mémoire géo- graphique sur la Perse , lui accorde 20,000 feux, et la regarde comme l’entrepôt du commerce de l’Inde et de Bochara avec la Perse. Il prétend aussi qu’elle est du ressort de l’Irak-Adjemi : en cela il se trompe, car le Djihan-Nouma (4) l’enclave positive- ment dans le district nommé Kourè-i-Istahar. Les brocards de Yezd et les tapis de feutre de Bast, village qui en est eloïgné de 8 parasanges, sont ce qu’on trouve de mieux dans ce genre (x) Djihan-Nouma, p. 267. (3) Dupré, Voy.en Pers., t.Il, p.95. (a Notice des Manusc., p. 464. (4) Djihan-Nouma, p, 267. (295 ) dans toute l'étendue de l’empire Persan. Dupré cite, par leurs noms , les neufs portes percées dans les murs qui l'entourent (+). Elle renferme quatre colléges pour les sciences, vingt mosquées, dont l’une est remarquable par quatre minarets et des coupoles couvertes d’un émail verdâtre. De vingt-quatre caravanséraïs, douze sont pour le logement des étrangers, et douze pour en- magasiner les marchandises (2). La plus grande partie de ces cara- vanséraïs et les bazards, richement pourvus de denrées et de produits, appartiennent au gouvernement. Le prince du sang Hassan-Aly-Mirza envoie chaque année 40,000 toumans au tré- sor de sa Hautesse. Yezd contient plusieurs raffineries de sucre ; trente-quatre manufactures d'armes, dont treize ne fabriquent que des sabres et des poignards (3). Les étoffes les plus riches qu’on y tisse se nomment Zoundouz et Déraï (4). On y fait aussi , com- me à Kerman, des chales unis ou de diverses couleurs, à raies ou à bouquets. Les fabricans paient annuellement une taxe de dix à cinquante toumans outre le droit de timbre. Six fois l’année, des caravanes de Hérat y apportent les chales de Cachemir et l'acier des Indes, celles de Mechhed , les peaux de mouton de Bochara, celles d’Ispahan et de Chiraz, des armes d'Europe, les cuivres de Russie, et les soies du Guilan, attendu que le sol de Yezd donne à peine 2,000 batmens de cette production (5). . Le nombre des Guèbres de Yezd, et de ceux qui sont répandus dans quinze villages dont Dupré donne tous les noms (6), monte à environ 8,000. Livrés à l’agriculture et au commerce, et s’em- ployant comme messagers, ils paientau gouvernementlasomme de dix mille toumans par an; ils n’en sont pas moins durement traités pour cela. La protection qu’on leur accorde ressemble à une vé- G) Dupré, tom. Il, p. 96. (4) Not. et Exir. des Manusc., p.424. (2) Idem. (5) Dupré, tom. II, p. 96. (3) Idem. (6) dem, ibid., p. 104. Il. 38 ( 296 ) ritable oppression. Leur grand pyrée est délabré ; ils n'enten- dent plus la langue zend de leurs livres sacrés , et le persan leur est plus familier que leur ancien idiôme ; de même qu’en Turquie, les Grecs modernes sont plus familiers avec le turc qu’avec le grec de l’ancien tems. La relation d'Ouseley contient, au 3° cha- pitre, des détails circonstanciés sur leur religion, avec des in- dications sur les sources d’où il a tiré les documens qu'il pré- sente. Le petit fleuve Meéhriz arrose le territoire peu spacieux, qui est susceptible de culture, entre la ville et le désert ; il produit les f- gues les plus succulentes et les raisins et les melons les plus délicieux. { La vallée de Bast est une des promenades les plus ravissantes de la Perse : elle commence à 4 parasanges de Yezd. le Débala qui l’arrose , la divise en germesir et serdesir, c’est-à-dire, en région chaude et en région froide (x). Aberkouh, sur la route de Chiraz à Yezd, et sur la fron- tière de l’Zrak. C’est le chef-lieu d'un district de quinze villages, dont Dupré relate les noms, et qui paient annuellement au fise , une somme de mille toumans et deux milles batmens de bled. Son commerce consiste en garance, en poil de chèvre , dont on fait des chales de diverses sortes. Après les villages de Chèms- Abad et Sifid-Abad, le chemin d'Abergouh à Yezd traverse déjà une portion du désert, qui n’est qu'un marais salin (2). Ensuite viennent les villages de Dhichir, Bote, Tourounpouch , Chah-Abad , Feracha (le Feragué de d’Anville), Sinoutch , Taft, où l’on fait de beaux feutres et de magnifiques toiles de lin que l’on imprime à O/ougourd, Hassant, Babachah, Fat, Moubarègè, Tcham , et Abrichoun (3). Lapic omit de marquer ces lieux sur la carte qu’il dressa pour le voyage de Dupré. - QG) Dupré, tom. IE, p. g2. (3) Dupré, tom. II, p. 88-94. (2) Idem, ibid., p. 87. ( 297 ) Le Cercle de Kourè-i-Kobad. Après le cercle que nous venons d'examiner, et qui est la portion de la Perse que les voyageurs ont parcourué , nous al- lons traiter d'une région qui nous était entièrement inconnue avant la relation de Macdonald Kinneïr. Depuis des siècles, au- cun Européen n'avait eu occasion d’explorer cette partie occi- dentale du Fars; du moins, aucune description ne nous en était parvenue. Cela tenait moins, sans doute, à ce que la route des caravanes auxquelles les voyageurs s’associent se prolonge du nord au sud, qu'aux périls auxquels les exposait la tribu de Mémacena, qui exerce le brigandage à main armée (x). Cette peuplade de voleurs, que Dupreé nomme Memessani dans sa no- menclature des tribus, sont les Wemacent dont parle Quinte- Curce, comme habitant de l’autre côté de l’Oxus, et qui alors arré- tèrent la marche d'Alexandre , comme aujourd’hui ils attaquent les caravanes. Ils habitent toute la partie orientale du Fars qui confine au Loristan et au Kousistan, à partir de Kazroun jus- qu'à Kala-i-Sifid, chef-lieu du district de Kobad. Les détails que Morier donne, dans ses deux ouvrages, sur la férocité de ces brigands, ne sont pas faits pour encourager le voyageur à visiter les merveilles de la vallée de Chaab-Bevan, que l'on compare au Paradis , et les antiquités de Kalä--Sifid. « Les montagnes de Kaumaridje que nous traversâmes, dit- » il, sont infestées d’une race de voleurs nommés Wemeh-Sunni: » ils vivent dans les plus profondes retraites de leurs vallées « sauvages, et pillent l’imprudent voyageur avec uné impuni- » té qu’explique assez la nature de leur inabordablé’ canton. » Quoiqu’on ait fait diverses tentatives pour leur inspirer de la » terreur et les soumettre à l’obéissance , en infligeant les plus » cruelles tortures au petit nombre d’entr’eux qui se sont laissé (x) Q. Curt. dit, liv. vi, memaceni, valida gens. Ÿ >» ÿ » » » (298 ) prendre, cet exemple fut toujours perdu ; l'amour de l'indé- pendance et du pillage l’a emporté sur la terreur des châti- mens et d’une mort infâme. » La structure abrupte de leurs montueux repaires, vrais laby- rinthes pour qui n’en a pas une longue habitude , favorise tel- lement ces bandits , qu’on les a vus parfois fondre sur les voya- geurs et enlever, au milieu des caravanes , des hommes et des “mulets chargés, lorsqu'ils jugeaient qu’on ne pourrait leur op- poser une grande résistance. » Lorsque le général Malcolm traversa leurs montagnes dans sa première mission, ce furent ces brigands qui chargèrent sur leurs mulets les riches présens destinés au roi de Perse. Ils étaient alors si bien fortifiés dans leurs manoirs, que les khans et les gouverneurs des cantons de leur voisinage s'étaient dé- terminés , tant ce fléau était inévitable, à entrer en arrange- ment avec eux pour avoir une part dans le butin qu’on ne pouvait les empêcher de faire : à cet effet, ces seigneurs en- tretenaient, dit-on , des agens auprès des Mémèh- unes pour le réglement du partage (1). » Leurs principales habitations sont dans les montagnes qui entourent la forteresse de Kala-1-Sifid, château inaccessible qui commande le territoire sur la lisière du Fars. On compte que cette tribu redoutable peut mettre aujourd’hui encore dix à douze mille cavaliers en campagne. Ils ont dans leur tradi- tion, qu'ils sont les descendans de Roustem, le plus célèbre des héros persans, et se glorifient de leur ancienne origine. Deux de leurs plus anciennes tribus portent en effet les noms de Roustem et de Zal, père de cet illustre guerrier ; et comme les exploits de ces héros sont narrés fort au long dans le Chahnamé, ce peuple en lit les vers avec le plus grand en- thousiasme (2). » Malgré les difficultés que présente l’abord de Kala-+-Sifid, (x) Morier , frst journey. (2) Morier , second journey. ( 299 ) chef-lieu de la tribu des Wemassonni , l'intrépide autant qu'infa- tigable Macdonald -Kinneir y a pu pénétrer et nous a donné une description de cette inexpugnable forteresse. Kala-i-Sifid, nommé également Kala-1-Espid, Zaid-Abad, et Kala-1-Ziad, est une forteresse au sommet d’un montisolé dont la base a vingt parasanges de circuit. Ziad , de la maison d'Oum- mia, y résidaït au temps d'Ali, comme gouverneur de la Perse. Ibni-Nasr-Devani le restaura sous la dynastie des Seldjouks (x). La ville en est à une parasange. Necbendjan, et nommé également Nébendgan, est situé sousles 87° 30’ de longitude et 30° de lat. C’était jadis une vaste cité. L’I- tabecq Djauli la fit ressortir de ses ruines. L’air en est chaud, le sol fécond. À deux parasanges de cette ville, commence l’admi- rable vallée de Chaab-Bévan, l'un des quatre paradis terrestres que Montenéby a chantés (2). Baïiza, que quelques auteurs attribuent au cercle d’Istahar parce qu'elle n’est qu’à une journée de Chiraz, est située sous les 88° de longitude et les 30° de latitude. Elle tire son nom de la blancheur des pierres qui composent ses édifices, ce mot équiva- lant à celui de Sifd, qui veut dire blanc en persan (3). Des rai- sins d’un poids prodigieux et des pommes d’une grosseur éton- nante forment une partie de ses productions (4). La plaine de Baiza, de dix lieues carrées, est une des plus magnifiques de la Perse. On reconnaît qu’elle doit son origine à Gouchtasb. Ardjan ou Erdjàm ou Arghan, sous les 85° 30° de long. et 30° delat. (5), selon le Djihan Nouma, et les 86° 30° de longitude et 35° (x) Djihan-Nouma, p. 271; Char- nous avons dit. Macdon. Kinn. À P. 73. din dit, tom, IX > P- 160 : « Ils ap- (2) Djihan-N ouma, p.270. Bakoui, 2 pellent ce merveilleux ouvrage Ca- Extr. des Manusc., tom. IL, p. 442. » laa Dive Sefid, le château du Démon ä » blanc; et ils prétendent que c’est là GREEN RES CRE » où s’enferma le géant Rustem ou (4) Bakoui, Not. des Manusc. du » Hercule, après de longs combats.» Roi, tom. II, p. 429. Cette tradition est conforme à ce que () Djihan-Nouma, p. 27r. ( 300 ) 30° de latitude selon Bakoui (1), est située sur l’extréme fron- tière du Fars et du Khouzistan. C’est une grande ville entourée de murailles percées de sept portes. Elle à plusieurs mosquées et de beaux bazards, et est célèbre par ses olives, ses figues, ses dattes, ses grenades , et surtout par l'excellence de ses savons. Son pont sur le Tab (l’Orontes, Oroates), est un des chefs-d’œuvre de l'architecture persane moderne. Il n’est composé que d’une seule arche de 5o coudées de hauteur sur une longueur de 160, Ses habitans sont presque tous conducteurs de chameaux. Dans son voisinage est un fameux couvent nommé Tanbour, et près du village de Tarian , est une source profonde dont les eaux font tourner un moulin (2). La ville d’Ardjan est nommée dans le Djihan Nouma, Djebeliè, Sahriiè, Berriè et Bahrüë, c’est-à-dire de la montagne, de la plaine, du continent et de la mer, parce qu’elle est à la fois sur la montagne et dans la plaine. La dernière épithète lui est attribuée, quoiqu’à une journée des côtes. Cette expression est l'effet d’un amour outré pour l’antithèse , dont on trouve souvent des exemples dans les écrivains orientaux. Le port d'Ardjan se nomme WMehrouïian, où Mahrouïan (les visages de lune). Ge lieu estsitué sous les 86° de longitudeet les 30° de latitude. L'air en est chaud, malsain ; mais l’activité de son commerce le rend le premier port de la côte de Perse, et le pre- mier entrepôt de l'exportation entre le Fars et le Khouwzistan (3). La relation la plus estimable , sous le rapport de la géographie, que nous connaissions sur la route du Khouzistan, est l'itinéraire de la marche de Timour, extrait de l'Histoire de Cherefouddin de Yezd. Voici ce qu’il porte: » Le quatrième, il traversa la rivière d'Abargoun (rivière qui » sépare le Fars du Khouzistan), le Tab (l’Orontes ou l'Oroates), » et alla camper à Behbéhan. Le 5° du même mois, il passa la (x) Notice des Manusc., t. II, p. 422. (3) Histoire de Timour par Petit de (2) Djihan-Nouma, p. 271. la Croix, tom. II, p. 185. ( 3ot ) » rivière d’'Abchirin(Brizano) et campa dans la plaine de Lachter. » Le 6‘il passa à Oedje-Havas, et campa à la source de la rivière » de Canbidac(le Rhogonis ; qui a son embouchure à Benderrig). » Le 7°, il campa au village de Joulaha, Le 8°, il passa à Baht, » traversa la rivière d'Abchoub (la petite rivière de la vallée » de Chaabbévan), et campa à Malémirchal. Le 9°, il passa » larivière de Cavédan (le XKhicht ou le Granicus), oùil s’informa ». de la forteresse de Kalaasefid. De là , il alla loger à Neubend- » jan. Le dixième jour, il rangea son armée en bataille, et alla » camper au pied de Kalaa-Sefid, qui est une des plus fortes cita- delles de l'Asie (r). Le district de Darabdjerd. La majeure partie de cé territoire porta jâdis le nom de Choubankare, qui est celui de la famille Ÿ gouvernante. Il comprend la partie orientale du Fars qui, à lorient, confine au Kerman, etau sud, à la contrée de Lür; touche dans l’ouest au district de Djour (Firouzabad) et à celui de Chapour-Djour, qui autrefois dépendait du cercle d’Ardéchir: il est considéré par quelques-uns comme un district particulier, tandis que d’autres en font une dépendance du district de Darab- djerd. Nous n'avons eu d’autre raison de préférer cetté dernière di: vision, que l'intention de placer l’une après l’autre lés trois antiques cités de Darabdyerd, de Farza et de Firouz- Abad, lé chef-lieu de Djour. Sir William Ouseley a, dans une excursion particulière! recherché et décrit les antiquités de ce pays. Dupré fut à Darabd- jerd et à Firouz-Abad ; mais il ne dit pas un mot des ruines ét des sculptures décrites par Ouseley et que l'Europe connaissait antét rieurementencore par lesmémoires de Macdonald-Kinneir, préuve nouvelle que des yeux divers voient diversement , et qu’un nou- veau voÿageur peut encoré avoir beaucoup à faire, malgré les relations de ses précurseurs. Aussi les meïlleurs relations ne dis- (x) À troislieues et demie anglaises » difficile et que Macdonald Kinneir de Kalaa. « Sefid est le défilé de Kout- » regarde avec beaucoup de vraisem- » el-Zourab, dont le passage est très- » blance coinme les Portas Persicas. » ( 302) pensent pas de lire d’autres ouvrages de même nature ; car chaque voyageur a considéré le pays et le peuple sous un point de vue différent, suivant ses lumières ou son goût. Aussi, parmi les ou- vrages que nous avons passés en revue, celui de Macdonald-Kin- neir intéresse surtout le géographe. Celui d'Ouseley est apprécié de l’antiquaire et de l’orientaliste ; le marchand et l’économiste se complaira dans le livre de Dupré. Sous le rapport des mœurs et des coutumes, celui de Morier méritera une juste préférence. Darabdjerd ou Darabgerd, situé sous les 91° de long. et 30° de latitude , selon le Djihan-Nouma (1) et selon Tavernier, d’après les tables persanes, sous les 80° 15’ de longitude, et 30° 15° de latitude. Elle est située au milieu d’une plaine : au centre de la ville, qui a une parasange de circuit, s’élèye une hauteur qui porte la citadelle. Les montagnes du voisinage donnent des sels de sept couleurs différentes, du mercure, la meilleure moumie, subs- tance de la plus haute efficacité pour rétablir les os fracturés. Elle est préférée à la moumie des montagnes d’Ardjan et de Lar, d'une qualité bien inférieure. Son territoire porte des citrons ex- quis, des oranges aussi délicieuses, et des pommes de la plus rare beauté (2). Darabdjerd fut, dit-on, construite par Behmen, fils d'Isfendiar, qui avait aussi bâti la ville de Feza (Fessa). Elle est à 12 parasanges de cette dernière et à quarante-deux de Chiraz. À une demi-lieue de la ville, sont les magnifiques sculptures dont Ouse- ley a fait la description (3) : puisque plus d’un des habitans qui accompagnèrent l’illustre voyageur les vit alors pour la première fois, il ne faut pas s'étonner si d’autres voyageurs ne les avaient pas aperçues, etpar conséquentn’en avaientpasparlé. Nous croyons que Darabdjerd est l’ancienne Parsargada, d’après les autorités suivan- tes : la position est déterminée par ce qu’en dit Pline, qui la place à l'extrémité la plus orientale. Prætereà habet Persis in extremis (x) Djiban-Nouma, p. 268. (3) Ouseley, pag. 163. (2) Macdonald Kinneir, p. 75. ( 303 ) finibus Laodiceam , ab Antiocho conditam. Indè, ad orientem Magi obtinent Pasargadas castellum. Pasargade était donc en- core plus dans l’est que Laodicée; celle-ci, suivant Strabon, sur PAraxes, que Hoeck (1) pense être le même que Bend-i-Emir, tan- dis que ce sont deux fleuves différens. L’Araxes ou l’Agradatos, qui parcourt la Perse creuse, se jette dans le lac de Bahtegan. Le fleuve qui passe devant Pasargade se jette dans le golfe Persique. Flumen Sitiogagus , quo septimo die, Pasargadas navigatur (2). Ce fleuve , comme nousl’avons démontré dans le paragraphe qui traite des fleuves, n’est que le Sitacus d’Arrien, le Sitarégan des géographes orientaux, qui reçoit dans son lit les eaux de la rivière qui vient de Dour (Cyropolis), et que pour cettesraison l’on ap- pelle aussi Cyrus. Celui-ci (Foyez la Carte de Lapie) , passe de- vant Darabdjerd et se rend à la mer. Hoeck cite un passage de Marcien qui n’est pas indifférent quand il s’agit de prouver la situation sud-est de Pasargade ; c’est celui dans lequel il dit que la tribu des Pasargades réside sur la côte méridionale du Kerman. Pour se convaincre de l'erreur que l’on commet en cherchant Pasargade à Mourghab, il suffit de prendre en main Arrien, et de jeter les yeux sur la carte. Dans sa marche de l’ouest vers l’est, Alexandre, en traversant les défilés de Sourkhab, arrive d'abord à Persépolis, puis à Pasargade. Si cette dernière ville eût occupé la position de Mourghab, le Macédonien (comme Hoeck le remarque très-judicieusement), aurait évité cet inutile détour, et serait passé par Persépolis plutôt que par Pasar- gade. Enfin à ces preuves tirées des passages des auteurs, s’en joint encore une autre qui est philologique. On la trouve dans la dernière moitié du mot de Darabdjerd , que l’on nomme aussi (1) Vet. Mediæ et Persie monu- (2) Plinius, LVI, XXII menta, p. b8. Il. 39 ( 304) Darabqerd. Il y a de l’analogie entre Qerdet Gada, et quiconque a fait quelque attention à l’usage qu'ont les Grecs de défigurer les mots orientaux, comme les Orientaux ont pu estropier les expres- sions grecques, ne doutera plus de l'identité de Qerd et de Gada. Qerd est d’ailleurs synonyme de Gède :5$ que des gens ont pu prononcer Gada et Pasargada a pu être dans la langue régulière 3, + Pousergède , le temple de l'Enfant (x). -Fesaïquel'on nomme aussi à Bésa 89° de longitude et 29° de latitude (2), est la plus grande ville du district de Darabdjerd (3); elle est à 27 parasanges de Chiraz ; aussi grande que celle-ci, elle était origimairement triangulaire et construite en bois : Hédjadi, et l'Etabeg Djauly ensuite, la renouvelèrent. Ce qui prouve que cette ville n’a jamais pu être non plus Pasargade , c’est son éloi- gnement de Persépolis et l'absence d’un fleuve considérable se rendant dans le golfe Persique. Firouzabad, jadis Djour (Cyropolis). Ce fut Azadoud-Dovylet du Dilem, qui changea en Firouzabad le nom de Djour (4). Elle est célèbre par son eau de rose et les ruines du pyrée que nous avons déjà indiquées. Meiïmend, à deux journées à l’est de Firouz-Abad , riche en blés et en dattes (5). Tir est un château à trois parasanges au S. E. de Chiraz: il a deux sources (6). Kavar , petite ville : on voit beaucoup de cerfs dans ses envi- rons ; ses amandes et ses grenades sont exquises. Elle fournit à Chiraz une grande partie de ses denrées (7). (x)Ce n’estici qu’une supposition de Aboulfeda. M. Hammer. (5) Djihan-Nouma, p. 264. (2) Djihan-Nouma, pag. 269, et (6) Idem, p. 264 on 265. Aboulfeda. (7) Idem, p.265, et Dupré, tom. (3) Macdonald Kinneir, p. 75. I, pag. 467. (4) Djihan-Nouma, pag. 264, et ( 305 ) Le château de Chehadet, à quatre parasanges de Firouz-Abad, est situé sur une haute montagne : il fut construit par les Me- soudis (x). Le château de Havedan , dans le voisinage de Fesa (2). Le château de Khavian où Gasian, sur une montagne d’argile, et celui d’Abada, sont, ainsi que les deux précédens , regardés par l’auteur du Djihan-Nouma comme des citadelles des plus fortes du Fars; mais il n’a pas déterminé leur position. Ce dernier est probablement celui que Dupré cite sous le. nom d’Abada (3). Niriz , à 90° de longitude et 29° de latitude (4) , à cinq journées à l’est de Chiraz , célèbre par ses manufactures d'acier (Chardin la nomme Néris, tom. IX pag. 238); elle est considérée:comme la capitale du Laristan : Ouseley en a fait la description. Pèrèq , à 90° 5o’ de longitude est29° 30'de latitude (5) ; elle est entre Niriz et Darabdjerd, à trois parasanges de cette dernière ; elle a une citadelle et forme frontière vers le Kerman. Tich ou 1k, jadis chef-lieu du district de Choubankara, est située sous les 91° de longitude et 29° 30° de latitude (6) , à trois journées de Chiraz; sousle règne des Seldjouks(7), les 4li-Hassan y élevèrent une citadelle : il ne faut pas la confondre avec Ba- bek (8). Forg , au S.E. de Darabdjerd', est une forteresse qui renferme 2,000 habitans. Dupré (9) la place déjà dans le Laristan : elle a des fabriques de:toiles bleues, Mouzaferè, également nommée 4b-i-Guerm, en raison de ses eaux chaudes ; est sur la route de Chuiraz à Firouzabad; Dupré la nomme Wounsaferi (10). (1) Djiban-Nouma, p. 272. (6) Djihan-Nouma, p. 269. (2) Idem. (7) Idem. (3) Dupré, tom. [, p: 46. (8) Pottinger. (4) Djihan-Nouma, p 269: (9) Dupré, tom. 1, p.467. (5) Idem. 1 (ro) Idem. ( 306 ) Karzin (Dupré la nomme Karri), est située au sud de Firauza- bad, sous les 89° 30’ de longitude et les 28° 30’ de latitude ; elle est défendue par un vieux château , sur les bords d’un petit fleuve dont Dupré ne donne pas le nom, quoiqu'il parle de sa source, du calme de son cours et de sa direction (x): « rivière, dit-il, » tellement tranquille que le terrain seul nous fit juger qu’elle » coulait de droite à gauche » , mais cela ne laisse pas que d’être obscur. Le Djihan-Nouma place encore dans le voisinage de Karzin la petite ville de Firouzverd 5, ;,.,3. Djarour est une ville de 4ooo habitans, souvent ruinée par des tremblemens de terre. On y vend du lin, du tabac et du fer. . Elle estau S.E. de Karzn, sur la route de Lar. Au nord de Djaroun, sur le chemin de Mouzafbri, est le village de Mouhak (2), ensuite le village de Xafr (3) avec une petite rivière de ce nom. C'est entre ces deux villages que s'étend la plaine de Tadevan, riche en citrons et en oranges et remplie de gazelles. Chardin (4), Tavernier, Bruin (5) en parlent comme d’une sorte de paradis ; Dupré négligea d'en parler, comme Macdonald Kinneir n'avait pas non plus été frappé des beautés de la plaine de Chaab-Bivan, auprès de Kalä-i-Sifid; Chardin parle des Abbas (sorte de man- teaux) de Djaroun et de la montagne d’Ajaudouchd, qui n’est sans doute que la montagne de Djaroun. Benarou, sur la frontière du Laristan , suivant l’assertion des voyageurs: c’est son terroir qui produit les meilleurs tabacs, nom- més Temnbaki ; une rivière qui vient des montagnes fertilise son sol et celui d’un village plus au nord, nommé Djouhoun. Madean , un village au pied du mont Daraqouh, qui produit (1) Djihan-Nouma, pag. 265, et (3) Chardin , t. IX, p.204. Aboulféda. (4) Tavernier, V. L. 22. Chard. (2) Chardin, tom. IX, pag. 204 ; la nomme Dadivan. . Dupré, tom. I, p. 458. (5) Bruin la nomme Tadurvan et ( 307 ) la moumie, n'est pas plus Tadevan que celui de Taroun, dans le Laristan, n’est Djaroun: il faut donc se garder de confondre ces lieux. Le cercle de Chapour a pour limites, au nord , le cercle de Kobad; au sud, la mer, ou pour mieux dire, l’étroite côte qui porte le nom général de Déchtistan:; àV'ouest, il confine au Khou- zistan , tandis qu’à l’est, il est borné par le cercle de Darabdjerd et la petite contrée de Laristan. Chapour , l'ancienne capitale de la région, qui fut édifiée par Chapour, fils de Yezdedjird, n’offre plus que des ruines, visitées et décrites par tous les voyageurs qui arrivèrent de l’Inde à Bou- chéhr ; comme Morier, Ouseley, Johnson; Dupré ne s’est pas plus occupé de ces ruines que des sculptures et des ruines de Ft rouzabad. Kazroun, chef-lieu actuel de la contrée et le plus grand entre- pôt de commerce entre la côte et Chiraz, est situé sous le 87° 30° de longitude et le 29° 30° de latitude (x), d’après Macdonald Kinneir. Chapour est situé sous les 51° 43, à deux journées de la mer, dans une plaine toute couverte de citroniers, d’orangers , de pal- miers portant espèce de datte particulière, nommée houtlan. Le lin et le coton sont aussi de ses productions les plus abondantes, et l'on y fabrique beaucoup de toileries: en raison de l’activité de son commerce, on la nomme souvent la Damiette de la Perse (Damiat- i- Adjern). Les jasmins, les violettes, les narcisses et les lotos de Chapour et de Kazroun sont aussi en réputation que leurs lut- teurs (2). Au nord de la vallée de Kazroun, est un lac d’eau salée ; à l'extrémité de ladite vallée, à environ seize milles anglais de distance , sont les ruines de Chapour , immédiatement dans la décrit les grottes sépulcrales des: an- (x) Djihan Nouma, p. 26g. ciens mages. Gounigabrun est une cas- (2) Idem, p. 270. cade plus à l’est de ce lieu. (308 ) chaîne des montagnes de l’est, au bord d’un petit fleuve du même nom, et romantiquement répandues entre des ravines et des rochers. Ces sculptures des rochers sont dans le genre de celles de Nakchi-Roustem, Nakchi-Redjeb, Darabdjerd et Reï(x); elles res- semblent aussi à celles que l’on voit à une lieue de Mesdjid-i-Ma- dèri-Suleyman : elles sont de l’époque de Chapour, fils d'Ardechir, et rappellent le souvenir de son triomphe sur l’empereur Valérien et sa victoire sur quelque autre prétendant de sa couronne: Nous préférons partager l'opinion de M. le baron Silvestre. de Sacy et celle de Morier , (2) qui pensent que ces monumens rappellent le souvenir de grandes batailles que la couronne avait occasion- nées, plutôt que de nous ranger à l'avis de sir W. Ouseley (3), qui veut qu’elles représentent l’association de Chapour à l'empire avec son père Ardechir; car tous les caractères représentent bien plus l’image de la guerre que des cérémonies de réjouis- sance. Chéhristan fut une ville considérable dans le voisinage de Kazroun, au pied d'un mont , dans une contrée couverte d’oran- gers, de citroniers, de figuiers , d’oliviers et de palmiers; les habitans de Kazroun la saccagèrent. Elle avait quatre portes , un fleuve entourait ses murailles, sa citadelle se nommait Zeb (4). Il ne faut pas confondre ce Chéhristan avec la ville de ce nom, capitale du Qouhistan, ni avec le bourg de Chéhristan, qui est près d’Isfahan. Khandjan n’est qu'une citadelle, dans le cercle de Chapour (5). Abdjan, également nommé Dest-1-Bart (la main du créateur), est une petite ville dans la montagne et n’a que des sources d’eaux saumâtres (6). Djèregè où Guërè n'est pas Guieré, au sud de Kazroun () Ouseley, p.282. (4) Djihan-Nouma, p. 270. (2) Morier, firstjourney, p. 381. (5) Idem. (3) Ouseley, p. 286. (6) Idem. ( 309 ) sur la route de Bouchehr, mais Dyérè, près de Chiraz, situé de manière à ce que la digue de Bendemir se trouve entre Chiraz et lui (x). Koumaridj que Dupré nomme Xemaritch, Ouseley, Coma- redj, Morier Khaumauridge , est un village au sud de Kazroun et auprès duquel est le château nommé Kalaë1-Ferhad (2). Hicht, dans Dupré Keucht, dans Morier et Johnson Khischt , immédiatement au midi de Koumaridj : là commence une plaine excellente, arrosée par la rivière de Nichavar (le Granis) qui vient de Chapour (3). Dolakiest un village au midi de Khicht, sur une rivière que Morier nomme également Dolaki : cette petite rivière vient de Guérè et se jette dans le Chapour (connu sous les noms de Hicht, Granis et Nichaver (4). Bérasdjan, (que Dupré nomme Baradjoun, (5) Morier, Bo- rasjoon (6), et Johnson Boorazgoon) (7), est le chef-lieu d’un dis- trict de ce nom, qui porte un millier d’habitans , dont plusieurs sont Juifs et trafiquent en pierreries et en pierres gravées des temps antiques. Les tribus errantes vendent également des mé- daïlles d’or et d’argent (8). Dans le voisinage, est le tombeau d’un Imamzadé. Sur la route de la côte à Kazroun, on rencontre les défilés de Qou- telmallou (9), de Qoutelkoumaridÿ (10) et de Teng-1-Tourqan (11), et au nord de Kazroun, sur la route de Chiraz, on traverse les dé- filés de Teng-i-Dokher (12), de Teng-i-Dyitoun (13) et de Teng-- (x) Djhan-Nouma , p. 270. (8) Ouseley, tom. I, p. 257. (2) Ouseley, p. 266. (9) Ousel., t. I, p. 16; Morier, first G) Dupré, tom. IL, p. 26. journey; Johnson ; Dupré, t. E, p. 24. @) Morier, first journey, p. 78. (xo) Voir les mêmes auteurs. (5) Dupré, tom. II, p. 26. (11) Idem. (6) Morier, first journey, p. 8. (12) Idem. (7) Johnson , chap. 1v. (x3) Idem. ( 310 ) Pirèzen (1). Cette série de gorges, par lesquelles on arrive, des rivages de la mer jusqu’au centre du Fars, sont nommés par Dio- dore de Sicile Kamwaxc, échelles. À la sortie de la gorge nom- mée Pirèzen, ou de la Vieille-Femme, on débouche dans la plaine nommée Decht-i-erzen, que Johnson écrit : Dusturojoon, Morier, Desht-e-arjun et Ouseley, Desht-e-Arzhen. Dupré ne l’a point nommée , maïs avec son lac, c'est une des plus charmantes contrées de la Perse (2). À l’extrémité septentrionale de cette plaine , immédiatement en avant de Chiraz, est un lieu nommé Khanè-i- Zenian, ainsi appelé d’un petit fruit semblable au raisin de Corinthe, que les Persans font entrer dans un grand nombre de leurs mets, mais qu'aucun voyageur n’a défini. Dupré écrit ce lieu, Khounè-Zinioun, Johnson, Khonè-Zunyun, Morier, Kho- nèh-Zenioun , Ouseley, Kan-e-Zenian: suivant Johnson, on trouve dans ces plaines des bancs de coquilles pétrifiées (3). Entre le défilé de Pirézen et Kazroun , Dupré nomme le village de Dih Stardjin (4) ayant environ trois cents familles. Il cite le tombeau de Mourteza-Aly (5), qui n’est point, comme Dupré le raconte , le monument de ce personnage ; mais celui d’un de - ses descendans. Il cite le château de Djidoun; qui donne son nom au défilé, et les villages de Chikaft, Chumare, Chelanou et Abrou (6). Immédiatement devant la place de Chiraz, est la douane ou l'octroi, nommé Zchinar-Rahdar. Dans le Djihan-Nouma, l’on met dans la dépendance du Kourè-i-Chapour Bidahan , situé sous les 88° 30’ de longitude et 29° de latitude (7), à deux journées de Kazroun, et selon Macdonald Kinneir, à l’ouest de ce lieu (8). Bébahan, chef- (1) Ouseley, tom. [ p. 16; Morier, (4) Dupré, tom. II, p. 18. first journey; Johnson; Dupré, tom. I, (5) Idem. pee (6) Idem. (2) Djihan-Nouma , p. 272. ; (7) Djiban-Nouma, p. 272. (3) Johnson, journey, chap. 1v. (8) Mémoirs, p. 7r. s (311) lieu du district montueux de Qouh-1-Giloca , qui s'étend de la vallée de Ram-Ormouz (dans le Khouzistan), jusque vers Ka- zroun. Dans la nomenclature des villes qu’il rapporte. Tavernier, avance que c’est la même chose que Méhrouïan. | se trompe , en ce que , dans le Djihan-Nouma, ce dernier lieu est placé sous les 86° de longitude, et 30° de latitude, et classé dans le cercle de Kobad (x). Chilan, au bord de la mer, présente un château et un village couronnant une montagne (2). Suivant le Djihan-Nouma et d’autres autorités orientales, les ports de Bender -Richeh et Bender-Bouchehr dépendent aussi du cercle de Chapour. Le pre- mier, situé sous les 87° 30' de longitude, et 29° 30’ de latitude (3), maintenant en ruines, fut fondé par Lohrasb, de la dynastie des Kieï; et Chapour, fils d’Ardechir, l'avait renouvelé. Ou- seley donne des détails sur ce port, qui est à lorient de Bou- chehr (4). Bender-Bouchehr, ou Abouchechr et Bouchir, est par les 55° 50° de longitude, et les 29° de latitude (5). à l'extrémité septen- trionale de la presqu'île, tandis que Bender-Richer est à la partie du sud. L’eau de la mer l’entoure de tous côtés, excepté au midi. L’air y est très-chaud, et l’eau de mauvaise qualité, Les habitans, au nombre de quinze mille, n’ont de moyens de se soustraire à l’ardeur de la température, que des cheminées hautes et étroites où le vent s’engouffre pour se répandre dans les appartemens, et que l’on nomme Badgir. Les salles souterraines, nommées Serdab, sont encore un de leurs préservatifs contre Vétouffante chaleur de ce climat. Tout le territoire est un champ fertile pour l’antiquaire, en raison de la quantité de médailles, de pierres gravées et d’urnes cinéraires des anciens Guèbres, que l’on (x) Djihan-Nouma, p. 7x. (4) Ouseley, tom. I, p. 200. (2) Idem (5) Macdonald-Kinneir, p. 6a. (3) Idem. IL. 4o ( 312 ) retire des fouilles qu’on y fait faire (1). Les montagnes voisines quel’onnomme Haklè, ou Khourmoudÿ, offrent aussi des vestiges d’antiques constructions (2); quatre mosquées des Sunnis , trois mosquées de Chites , deux bains , deux caravansérails ( Dupré en met douze). Les bazars sont comme ceux de la Turquie. Morier a donné une vue de la ville. Plusieurs familles arméniennes y font leur séjour. On trouve dans Johnson, la description d’un baptême arménien (3). Le gouverneur de Bouchechr paie chaque année 12,000 toumans à celui de Chiraz. Pour caution de ce paiement , le frère de ce gouverneur est retenu en ôtage par S. A. R., dans Chiraz, où-ce prince fait sa résidence (4). A A ER LA ARR RS AE REA RÉ AA AR AR RE ARS ASE ALLÉE LES AR ARANAR RES CHAPITRE XI. Le Laristan et le Dechtistan. Le district de Lar est l’angle sud-ouest du Fars : à l’est, il confine immédiatement au Kerman; au nord, il touche au cercle de Darabdjerd ; à l’ouest, le cercle de Chapour l’avoisine, et la mer le borne au sud. De la frontière du Kerman à celle du Khouzistan, toute la côte du Laristan porte le nom de Dechtistan, c'est-à-dire de pays plat. Lar , que le Djihan-Nouma place sous les 91° de longitude, et les 29° de latitude (5), et que Mac.-Kinneir place sous les 52° 45° de longitude, et les 20° 30° de latitude (6), est bâtie au pied de collines qui dominent une plaine couverte de palmiers. C'était jadis une ville florissante par son commerce; ses ruines attestent (x) Ouseley, tom. I, p. 118. (4) Dupré, tom. IL, p. 36. (2) Idem, tom. I, p. 125. (5) Djihan-Nouma, p. 258. (3) Johnson, chap. IL. (6) Macdonald Kinneir, p. 8r. ( 313) son antique splendeur; sa population se monte à moins de quinze mille ames (1), suivant Kinneir qui trouve que Duprél’a surchar- gée de 3000. Le vieux palais du gouverneur et le château sont en délàäbrement ; mais son bazar passe encore pour leplus magnifique de toute la Perse. Les objets de son commerce consistent en poteries, capotes de feutre , toiles de chanvre teintes en bleu, Henna et'armes à feu, dont Lar a six manufactures. D’autres manufactures d'armes sont également établies dans le village de Havaz , à deux parasanges au N. N. O. de Lar. Le village de Gwrach, à 3 parasanges O. de Lar, a une fabrique de poudre. Cette contrée fut de temps immémorial renommée pour ses chameaux. Les anciens nommaient ses habitans Keuya0C- ozwo:. Le poil de ces chameaux, surtout employé à faire des feutres, est ce que nos marchands appelaient improprement laine de chevron; il y en avait de trois sortes, de noire, de rousse et de grise. Il pleut rarement dans la contrée de Lar. Une rosée abon- dante remplace la pluie, et néanmoins, les habitans ne boivent que de l’eau de citerne, faute d’eau de source. Chaque maison à un Badguir et un Serdab. On attribue à la mauvaise qualité des eaux un petit vers fort incommode qui s’engendre sous la peau, et que l’on en extirpe en le roulant autour d’un petit morceau de bois. Ce vers est très-commun. Derpis, 91° de longitude et 30° de latitude (2), est à deux journées au nord-est de Lar ; c’est une petite ville. Pouhan , 92° de longitude , 29° de latitude (3), petite ville. Tarem et Jèsreq , la première dans l’ouest, la seconde dans l'est, sont deux petites villes, toutes deux à l’est de Derprs et au nord de Pouhan (4). Tèzrèq-Péken, également nommé Pinbini, est un endroit situé entre Pouhan, Tèzrèq et Tarem, à une journée au sud:de Ro- (1 Macdonald Kinneir , p.83. (3) Djihan-Nouma, p: 259. C2) Djihan-Nouma, p. 259. (4) Idem. (314) maïgan, etau nord de Xephere. Romaïgan est à une journée à l'est de Lar ; Kephère est à une journée sud-ouest de Bimend (1). Bimend , 90° 30’ de longitude, 20° de latitude. Nikar, 92° 20° de longitude , 30° de latitude (2). Destgoud , 91° 30’ de longitude, 29° de latitude (3). Khor, 92° 28’ de longitude, 28° 30’ de latitude (4). Khochenabad (5), presque sous la même longitude et la même latitude, ainsi que les montagnes à la frontière du Kerman , entre Tèzrèg, Tarem, Bini, Rouz, à la frontière du désert. Ensuite les châteaux de Merdjan , Kourz, Nev, Maïmoun et Bababeïram (6). Les habitans sont Arabes. A l’est du Kerman sont les Béloudjes (les Ichthyophages des anciens). Ni Macdonald Kinneïr ni aucun des voyageurs cités en ce Mémoire, ne font mention de ces lieux. Dupré, le seul d’entr’eux qui eût exploré ce pays, n’en parle pas non plus. Il détermine pourtant ceux qui se trouvent à l'entrée du Quermesir ou Laristan, sur la route de Darabdjerd, immédiatement après la plaine de Madevan,qu’arrose la petite rivière de Kalébioun. et remarque que, sur la Carte de D’Anville, Rostak et Imamzadè, sont placés l’un à la place de l’autre (7). Le chemin conduit au travers des montagnes d’Ichertcheq et de Balitchoun (8). Vers Forg et Taroun (9), à une parasange dun Fars, est le château de Chah - Behmen (10). Le long de la route coule la rivière salée, nommée Chour-roud (le Korios), qui a son embouchure près de Kongo (11). Taroun, entouré de montagnes , a environ trois mille habitans, dont dix familles juives. Les ophtalmies y sont très-communes. Les villages sont Palgoun, Kélou, Fargounat, (x) Djihan-Nouma, p. 259. (7) Dupré, tom. I, p. 360. (2) Idem. (8) Idem , p. 363. (3) Idem. (9) Idem, p. 364. (4) Idem. (10) Idem, p. 369. | (b) Idem. (xx) Idem, ibid. (6) Idem. (315) Mehroun-Fine (x) (celui-ci muni d'un méchant fort, et dans une plaine garnie d’une vingtaine de milliers de palmiers); le village d’Issin ; ensuite le port de Bender Abbassi , auquel nous ne tarderons pas à revenir.—Entre Bender Abbassi et Lar, sont : Le village de Latitoun , où l’on voit un pont de pierre construit sur le Chour-roud (2) ; La vallée de Kovristan (3) ; Hormouz-sefidban , village entouré de murs (4); Au nord-est de Lar, est le village de AMirez (5); Au nord-ouest de Lar, le village de Biriz, qui a de nombreuses citernes et un très-grand caravansérail , et les villages Cherf, Réhist et Benarou, dont la plaine commence le Laristan, de sorte que la frontière nord-ouest de cette contrée doit être tracée par une ligne tirée de la plaine qui commence après Darabdjerd, à celle de Benarou. | Nous allons maintenant procéder au périple de la côte du Fars, de l’extrémité maritime du Kerman jusqu’à celle du Khouzistan, c’est-à-dire de l'embouchure du Minab (l'Anamus) à celle du Tab (l'Oroates). Minab , suivant le Djihan Nouma, est situé sous les 93° de lon- gitude et les 28° 30? de latitude (6); et suivant Mac. Kinneir, sous les 56° 12’ de longitude et les 27° 18° de latitude (7) ; c’est un chä- teau-fort construit sur une colline dominant l’embouchure de l’Anamis, dépendant de l’Imam de Mascat, qui paie, à ce sujet, une redevance au roi de Perse (1,000 foumans). (x) Dupré, tom. I, p. 370. Chardin à fait mention : n’existerait- (2) Idem, p. 382. il plus? Il est évident que le Bendemir (3) Idem, p. 422. de Chardin n’est que le Korios, qu'il CEE, regarde comme le Cyrus, en raison de sa dénomination de Kor. (5) Idem, ibid. ; que Chardin nom- 4 me (tom. IX, pag. 288) Courestoun. (6) Djihan-Nouma, p. 258- Dupré ne parle pas du grand pont dont (7) Macdonald Kinneir, p. 201. (316) Bender- Abbassi, nommé également Goumroun ( Harmoziou } et dont on à déjà parlé à l’article du Kerman, se trouve réproduit ici, parce que, selon les uns, il appartient au Laristan, tandis que d’autres en ont fait une dépendance du Kerman , sans trop dé- términer ce qui concerne cet endroit. Il dépend réellement de l’Imam de Mascat qui paie, chaque année, au roi de Perse, une somme de 3,000 toumans, plus 1000 toumans pour les villages de son ressort , plus 1,060 toumans pour les mines de soufre de Kiamir, plus 1,000 toumans pour Minas , plus 1,000 toumans pour les îles d'Ormouz et Kichmich , en tout 7,000 toumans, que cet Iman est obligé de payer au prince gouverneur de Chiraz. La population de Bender-Abbassi se monte à vingt mille âmes (x). Les habitans quittent la ville durant l'été, pour venir jouir d’une température plus fraîche , que leur offrent les villages de Qenau et d’Issin (2). Aujourd’hui cette ville semble être retombée dans l’état de ruine dont Chah-Abbas l’avait tirée. Ses exportations consistent à présent en noix, pistaches, amandes et prunes sèches (alou-i-bohara ), qui viernent du Kerman ; en châles rayés de jaune et de rouge, venant de Jezd. La douane prélève dix pour cent. La mine de soufre de Kïanur, située dans la partie ouest de la côte, donne annuellement un rapport de 70,000 toumans. Bender-Congo est un port non loin de l'embouchure du Kor (Korios). Cette bande de côte se nomme, dans les géographies arabes, Séf, ou Séïf-i-Aman. Dans son voisinage, on peut voir encore les restes d’une antique forteresse nommée Hasn-1-Ibn-1- Amarè, qui, du temps d’Aboulfeda , était déjà en ruines (3). C'était un repaire de pirates, lorsque Mahomet fonda son empire. Cette côte a porté , dans l’ancien temps , le nom de Seïf-oul- bahr =" 5 (l'Épée de la mer); une portion s'appelait Sé5f-i- (x) Dupré, tom. I, p. 496. (3) Aboulfeda. (2) Idem , p.388. ( 317,) Ebizobéir, et l'autre Séïf-i-Ibn (Sé/-1-Lbn-i-Amarè) (x). La ville de Havz-i-Séif est située, suivant le Djihan-Nouma, sous les 87° 30° de longitude , et les 29° de latitude (2). Ziraf, au-dessous de la précédente, était jadis la ville de commerce la plus importante de la côte (3). Mac. Kinneir la place sous les 98° de longitude et les 27° de latitude ; Bakoui la met sous les 88° 5” de longitude et le 29° 5’ de latitude (4). Tcharreg, au pied d’une haute montagne , en face de l’île de Kenn. .Nedjirem ; au bord de la mer (comme le précédent), à trois parasanges de Ziraf. Suivant le Djihan-Nouma, le fleuve Dégan se jette dans la mer auprès d’un village de même nom, que sur la plupart des cartes on trouve sous la dénomination de Darabin, et que Dupré nomme Xalatou. À l'ouest de l'embouchure de ce - fleuve est le port des palmiers. Bender-Nahl. Le port le plus voisin de cet endroit senomme Bender-t- Aselou, auprès duquel le fleuve de Nabon-Bagrada a son embouchure. L'ancienne limite du Fars et du Kerman était ce fleuve. Mac. Kinneir l'indique au Dégan , c'est-à-dire à Zrraf. Au nord-ouest du précédent, le port le plus voisin est Bender- Kongoun ou Konkon. Entre celui-ci et Bender-Richèhr, est l'embouchure du fleuve S#aregan (le Sitacus d'Arrien, le Sitiogagus de Pline), et qui, sur la Carte de Lapie, coule (x) Djihan-Nouma, p 263. L'éty- mologie est douteuse. même lieu. Le doutemanifesté, p. 174, sur la manière dont il faut écrire le (2) Idem. (3) Macdonald Kinneir, p. 82. (4) Notic. des Manusc., tom. IL, p- #4r. Ouseley, tom. I, p. 170-178, distingue Ziraf de Tchareq , que Mac. Kinneir regarde comme un seul et mot d'Inderabi, se trouve éclairci par le Djihan-Nouma , p. 259, qui l'écrit ssh Enderavi et non pas she Hinderani ; comme le rapporte Nie- buhr. (318) sans interruption de Âirriz et Darabdjerd (Pasargade ) jusqu’à la mer. Bender-Richehr et Bender-Bouchèhront été mentionnés comme des attributions du cercle de Chapour. Bender-Rig , à trente-deux milles anglais, au nord-ouest de Bender Bouchehr, résidence du fameux pirate Mir WMahenna , dont Niebuhr raconte l’histoire , n’est aujourd’hui que décom- bres (1). Le petit fleuve de XKhanbidak ou de Rig, qui y a son embouchure, est le Rogona d’Arrien, etle Rogomanis de Ptolomée et de Marcien. Entre Bender-Rig et Bender-Dilem, le port le plus voisin du précédent, se présentent les ruines de Djénabè, que Mac. Kinneir nomme Gunaya (2); au-dessus est l'embouchure du fleuve 4h4-Chirin, le Brisana d'Arrien , le Brisoana de Ptolomée et le Brisomana de Marcien (3). Bender-Dilem n’est éloigné de Bender-Rig que de treize para- . sanges. Probablement que cette ville est le Zouk ou le Tous d’Aboulfeda, qui la place à douze parasanges de distance (4). Le Djihan-Nouma dit également que cette ville était au bord d'un fleuve , qui ne peut être autre que l’A4b-i-Chirin. La rivière qui vient ensuite est le Tab (l’Oroates), reconnu comme limite du Khouzistan. Dans cette région, le Djihan-Nouma place encore ; Hir, ville de mitoyenne grandeur, avec un château fort (5). Djézir ; cette cité, d'une température extrêmement chaude, n’est habitée que par des fabricans d’armes (6). Merzdan, Dazenet Dévan sont trois chefs-lieux de districts, très- fertiles en blé et en coton (7). (1) Mac. Kinneiïr, p. 71. (4) Aboulfeda; Djih.-Noum., p. 264. (2) Idem, et Bakoui, Not, des Ma- (5) Djihan-Nouma, p. 264. nusc., tom. Il, p. 433. (6) Zdem. (3) Djihan-Nouma , p. 374. (7) Idem. ( 319) Zius, à l'extrême frontière du Fars, près du Khouzistan, et qui (comme l’observe Aboulfeda) est déjà regardé par quel- ques-uns comme une dépendance du pays d’Æheaz (x). Nous voici arrivés sur la rive du Z'ab, fleuve limitant le Fars et le :Khouzistan. PER SLA RE RAR LE RARE LR RL RAA LAS LR RAR RL LL LL LL ALLER RURALE RL ULLULAL LIRE S CHAPITRE XII. Le Khouzistan. La dernière contrée sud-ouest de la Perse est bornée à l’est par le Fars, au nord par l’/rak-Adjemi , à l’ouest par le Tigre et l'Irak-Arebi , et au sud en partie par le Tigre ct en partie par les ondes du golfe Persique. Elle se divise en trois régions : la supérieure , ou le Loristan; celle du centre oule Khouzistan, proprement dit, que l’on nomme aussi Souzistan; et l’inférieure, qui comprend l’Æhvaz et le district des Bénikäab. Ces trois régions correspondent presque enlière- ment aux divisions de la géographie ancienne, Elymaïs, Susis et Uxiana. L’Elymaïs, la contrée qui , au nord, confinait immédiatement avec la Perse, vers les défilés de Zagri (l'Orontes), consistait dans les trois provinces de Korbiene (Khourrem-Abad), Gabiena et Messabatia (2). Le district de Paraïtakènè (Bouroudjerd) et le pays montueux des Kosséens , touchaient immédiatement au nord-est de cette province ; à l’estétaient les cantons des S agapines et des Sitakenes. La région centrale était la Suziane, habitée par les Suziens ou Kissiens. (x) Aboulfeda, tom. I, p.258, del’é- (2) Strabon, xv1, EL, p.17; xv, dition grecque arabe d’Alexandrides. III, p. 19. II. 4x ( 320 ) Suzis (Suze) touchait immédiatement à l'Uxia ; le Pasitigris traçait la frontière entre ces deux territoires (1), ainsi que l'Eu- lœus où Choaspes, rivière qui passait devant Suze et se jetait dans le Pasitigris, et sur laquelle Alexandre descendit à la rencontre de Néarque , lorsque celui-ci remontait le fleuve (le Pasitigris) avec sa flotte (2). De la Suziane, la route qui conduisait dans la province Persis passait par l'Uxiane (3). Les habitans de cette région montueuse se nommaient ("Operor "Oufror ) les Auxiens de la montagne; ils touchaient aux Suziens ou Kissiens, comme les Mardes touchaient aux Perses et les Kosséens aux Mèdes (4). Le nom persan de X40x, Josechtus, n’est que celui de Khouzistan (5). Jusqu'ici, les déterminations de Strabon et d’Arrien ne lais- sent aucun doute sur les limites anciennes de ces états ; mais nous touchons à la plus grande difficulté qui se soit élevée parmi les géographes modernes , au sujet du Pasitigris et de l’Eulœus qui s’y décharge, difficulté dont la solution fixera la position de Pa- sargade et de Suze. Tout ce qu'ils ont dit jusqu’à présent n’a pas suffi pour établir d’une manière satisfaisante si l’ancienne capitale du pays de Suze doit être cherchée dans l'endroit que l'on nomme aujourd’hui Xhouz, ou bien dans la localité de Chouster. Les plus estimables de la géographie ancienne , tels que d’Anville (6), Rennell (7), Vincent (8), Mannert, se sont beaucoup étendus sur l’hydrographie du Kouzistan, sans nous procurer un résultat incontestable sur cette matière ; ce qu’il faut attribuer à l’imperfection des données que leur ont pré- (1) Arriani Anabasis , t. LIT, p. 17. rep Mapdot uev epois mpoceyces oineou- Apas 0: ex Zovowvy 41 DuaGas Toy TaouTt- cuxoccaror de Mnd'ouce. Jotw rorapoy ealler etc tnv OuËtwv av. (5) Idem ,X, p. 14. Ex rns Xou9x (2) Arriani Hist. Indica, xz, Il. xahodpevns Hopas avrn d° ectv Ev miMege (3) Strabon, xvi, I, p. 17. Npos GUÔL xAt TOTAULOS TOYTOY EXOY OVOUX, n® d° der zai voie ex Zoucuv els Thv peso- (6) Recherches Géog. sur le golfe qauas rüe Ispoudos dex the OuÉtac. Persique ; Mém. de l’Acad., t. XXX. (4) Arriani, Hist. Indica, XL. 3ou- (7) The voyage of Nearchus. Tuoiç de mpogosror dté custy ot OuEvot x29%a- (8) Geogr. of Herodotus. ( 321) sentées les cartes qu’ils avaient pu se procurer.Macdonald Kinneir, le seul des voyageurs modernes, parmi ceux dont il est question dans ces pages, qui ait parcouru la Suziane, est le premier qui nous ait donné d’une mamière exacte le cours et les noms actuels des rivières de cette contrée , dans les deux cartes qui accompagnent ses Mémoires sur la Perse et son Voyage dans l’Asie mineure; ce sont aussi ses travaux qui nous encouragent dans l’entreprise que nous allons tenter. Cet illustre voyageur, bien qu’il proteste ne pas vouloir prononcer entre Vincent et Rennell au sujet des noms des rivières et de la position de Suze, fait pourtant dans sa carte, deux rivières bien distinctes de l'Eulœus et du Choaspes , quoi- qu’ils n’en fassent qu’une, et que leur identité ait été démontrée jus- qu’à l'évidence par d’Anville, Vincent, Mannert et Hoeck qui s’est fondé sur leur opinion. En effet, Arrien, Pline et la Bible placent Suze au bord de l’Eulœus, et Hérodote, Strabon et Quint-Curce le mettent sur le Choaspes , et ce que les premiers disent de l'Eu- lœus ,les seconds le rapportent du Choaspes, c'est-à-dire que les eaux en étaient si légères et si salutaires , que les rois de Perse n’en buvaient pas d'autre, même dans leurs voyages, parce qu'ils en faisaient porter partout avec eux. Si, par ce fait, l'identité des deux rivières demeure incontes- table, l’opinion des géographes n’en reste pas moins partagée pour savoir si l’ancien Eulœus où Choaspes doit être cherché dans le Karasou ou, bien dans le Karoun d'aujourd'hui , selon que ces géographes voudront trouver l'antique Suze ou dans la XKhouz ou dans la Chouster moderne , car la première est située sur la rive orientale du Kérah ou Karasou, et la seconde sur la rive orientale du Karoun, également nommé 4 -5- Chouster (la rivière de Chouster); mais Suze était sur le bord oriental de l'Eulœus et du Choaspes ; il ne s’agit que de déterminer, d’une manière certaine, laquelle de ces deux rivières est l'Eu- lœus, autrement dit le Choaspes, pour en même temps, con- naître qui de Khouz ou Chouster fut l'ancienne Suze; d'An- ( 322) ville, Vincent et Mannert ont pensé que c'était Chouster ; Ren- nell, Kinneiïr (1), et, d’après lui, Hoeck, ont penché en faveur de Chouz (également nc nmé Chouch). Sans appeler à l'appui de notre sentiment, l’autorité incontestable des géographes orien- laux, nous nous rangeons à l'opinion des premiers, uniquement par cette raison que le Karoun ou le Chouster est le seul dont le cours s’étende jusqu’à la mer et rende possible la marche de la flotte de Néarque. Le Xérè ou le Karasou n’ayant point son-em- bouchure sur la côte, ne peut pas être l'Eulœus ou le Choaspes. Les partisans du sentiment contraire (Hoeck, au moins), n’ont pas pris en considération cette objection importante ; mais sans nous arrêter sur elle ni sur les autres, émises par Vincent, qui jettent la plus grande lumière sur l’identité de Suze avec Chouster, nous nous empressons d'offrir le texte aussi bien que la traduc- tion d’un géographe persan qui prouve d’une manière évidente quel est le fleuve qu’on doit regarder comme l’Eulœus ou le Choaspes et force de reconnaître la position de l’ancienne Suze à Chouster ei non pas à Zouch (2) ou Chouz, prononcé Khowz. Il est extrait d’un précieux manuscrit de la bibliothèque I. et R.; sous le n° 433, et qui paraît faire partie du Rouzhat-oul-Kouloub (la réjouissance des cœurs). « L'eau du Tigre, fleuve de Chouster , vient du Kouh-i-Zerde, (de la Montagne jaune) et des monts du grand Lour, et après » un cours de trente et quelques parasanges, elle arrive à Chouster. ». Elle est toujours fraîche et si dissolvante, que sous cette ardente » température, les habitans de ce pays mangent les mets les plus » lourds à l’estomac, se confiant dans sa vertu digestive , etils les » digèrent (3). » y Ÿ Y (1) Voyez sa Carte. qui à pris à rebours la lettre du mot (2) Cette manière d'écrire n’est le cenl Je ART RTE 1 résultat que d’un renversement de let- (3) >) #$ dut, 23 pri PI tres, par inadvertance de l'imprimeur DPOLS 3 ST STE) Je: ( 323 ) Ici, l'excellence de l’eau de l’Eulœus ou du Choaspes, rap- pelle le motif qui avait déterminé les rois de Perse à la pré- férer aux eaux de tout autre fleuve ; et sa propriété qui n’a point changé depuis plusieurs milliers d'années, ‘suffirait seule pour lever la difficulté , si la composition de son nom oriental Drdjle- i-Chouster (Xe Tigre de Chouster), n’offrait pas la preuve irré- cusable que cette rivière, unie au Pasitigris, fut le fleuve que la flotte de Nearque remonta, et celui sur lequel Alexandre, en partant de Suze , vogua à sa rencontre. Le Pasitigris (le Djérahi moderne), qui coulait à l’est de l'Eulœus ou du Choaspes, se réu- nissait avec celui-ci, le Karoun ou l’Ab--Chouster de nos jours, que l’on nomme même encore Didjlè-1-Chouster, c'est-à-dire le Tigre de Chouster, ce qui ne laisse aucun doute sur l’entière identité, puisque le Tigre qui s’unit à l'Euphrate, dans le lit du Chat-Oul-âreb, porte chez les Orientaux le nom Drdjle. C’est ainsi que le $Symoïs de la plaine de Troie, porte à son embouchure le nom de Mendère, après avoir reçu les eaux du Scamandre. Lorsque nous traiterons de Chouster , nous reviendrons encore sur sa position si évidemment déterminée par ce que nous venons de dire de l'Eulœus et du Choaspes, et nous achèverons d’anéantir l’opinion de ceux qui refusent de l’admettre comme l’ancienne Suze , en rappelant leur irrécusable identité. Nous allons main- tenant, suivant l'usage que nous avons constamment suivi dans ce travail, compter les fleuves dans l’ordre de leurs embouchures en partant du Fars. Le Tab ( Arosis ou Oroatis), forme la limite du Fars et du K'houzistan. Ses sources se composent de deux rivières qui pren- nent naissance dans les environs de Zeïtoun , la première, au pied de la haute colline de Kamara , la seconde, auprès d’Ardigoun, à douze parasanges dans le N.-O. de Chiraz. Il passe par 4rragan 2)lpee Se pe jiut À Dos fness still Jt Les CRE CIENS et et le D pres S,2 ke LYS (324 ) et Endian. Au mois de février, Mac. Kinneir estima qu’il avait en cet endroit 80 toises de largeur, et trouva ses eaux sau- mâtres (1). Tous les fleuves qui se jettent dans le golfe Persique ont cette qualité saline , à l'exception du Didjle-i-Chouster; d'où l’on peut conclure qu’il est le seul'qui puisse correspondre à l'Eulœus ou au Choaspes des anciens , si renommé par l'excel- lence de ses eaux. Suivant le texte du Dyrhañn-Nouma (2), le Tab s'élance des montagnes du Loristan, se grossit des eaux du os (Mossœus), sépare le Khouzistan du Fars, et se jette dans lamer, auprès du village de Choutour. Le manuscrit du géographe persan (sous le n° 433), dit que les montagnes où ce fleuve prend sa source, sont celles de Chémiran Jess et de Taht +. Le Djérahi (le Pasitigris), vient des montagnes qui sont immédiatement derrière Bibehan , passe à quelques milles anglais de cette ville, par la vallée de Ram-Hormouz , en se dirigeant sur le vieux Devrak, dans le district de Chaab-Cheïkh ; où les Arabes , à l’aide de digues , font entrer ses eaux dans des ea- naux qui les répandent sur des terres cultivées ; elles se perdent ensuite dans les marécages de Devrak. Le Djérahi se divise en deux branches principales, dont l’une débouche dans la mer, auprès de Goban, et l’autre conflue, auprès de Sahla, avec le Karoun, autrement dit 4b1-Chouster, Veau, larivière de Chous- ter (3). La rivière, le fleuve de Chouster, nommé Ab-- Chouster, Didylè- :- Chouster (le Tigre de Chouster), que Kinneir nomme Karoun, et que les anciens appelaient Eulœus et Choaspes, prend sa source à Correng ( Khourrem = peut-être) à vingt-deux parasanges au S.-O. d'Ispahan , au pied du même mont que le Zendroud'; mais au revers opposé, de même que son cours est dans une direction contraire. Après s'être grossi de plusieurs petits torrens du N (1) Mac. Kinn., Mém., p. 57. (3) Macd, Kinn., p. 87. (2) Djihan-Nouma, p. 274. ( 325 ) Loristan , il passe devant Chouster. Huit parasanges au-dessous de cette ville, près d’un lieu nommé Bendikal , il reçoit la rivière qui porte le nom d’4b-1-Zal, ou Dizfoul, venant de l’ouest, puis continuant son cours jusqu’à Zabla; le Djérahi (Pasitigris), vient l’enrichir du tribut de ses ondes. C’est là que ce fleuve se divise en deux branches, dont nous avons vu que l’une se jetait dans la mer, auprès de Goban, tandis que l’autre, qui porte alors le nom de Aafar, coule l'espace de quatorze milles anglais, avant de se partager en deux bras, dont l’un, nommé Bamichur, va se réunir à la branche qui tombe dans la mer, près de Goban ; l’autre, nommé le Nèhr-i-Mouchrikane, par un canal artificiel de trois milles de longueur ; va se jeter dans le Tigre, qui se nomme Chat-oul-Areb depuis sa réunion avec l’Euphrate (x). C'est par la branche du Karoun, ou de l’Ab-i-Chouster qui, se séparant auprès de Zabla, va tomber dans la mer à l’ouest de Goban, que la flotte de Néarque remonta ce fleuve, tandis qu'Alexandre le descendait en quittant Suze. Arrien lui donne, à cette embouchure , le nom de Ilaerriyne, comme le géo- graphe persan l'appelle ;£4ss Didjlè -1- Chouster, le Tigre de Chouster (c.à d. de Suze). Le Pasitigris qu'Aléxandre passa à l'est de l’Eulœus, estle Djérahr. Quinte-Curce dit qu’Alexandre atteignit ce fleuve le quatrième jour de sa sortie de Suze, ce qui se rapporte parfaitement avec la distance qui existe, près Ram- Ormouz de l’Eulœus à Suze (2). Nous allons maintenant re- venir au Xaroun ou à l’Ab-i-Chouster, et suivre son cours d’après l'historique du Djihan-Nouma. Ainsi que le géographe persan , il place sa source au Kouh-1-Zerd, montagne du Loristan. Après un cours de trente parasanges , il arrive à Chouster, et plus que (x) Mac. Kinn., p 57. la même route qu'Alexandre , passa, (2) Rex quartis castris pervenit ad le quatrième jour, près de Ram-Hour- Tigrim fluvium; Pasitigrim incolæ vo- mouz. Voy. Cherif-Ouddin liv. IV, cant; oritur in montibus Uxiorum.— chap. xxiv. C’est le fleuve que T'imour, en faisant ( 326 ) celle de tous les autres fleuves et rivières, son onde est fraîche, agréable et dissolvante (1). Chapour arrêta ce fleuve, au-dessus de Chouster, à l’aide d’une construction nommée Chadourvan wly5&, dont l’objet fut d’obliger ses eaux à entourer Suze. Cette bâtisse le divisait en six branches, dont quatre se dirigeaient vers l’est (2), et les deux autres vers l’ouest, pour se réunir de nouveau auprès d’Asgér-1- Mougerrem. Le géographe persan, à la suite du passage que nous avons cité quelques pages plus haut, dit expressément que les quatre canaux, coulant à l’est de la ville, se nommaient 7chehardenq, les quatre étangs (3). Le géographe ture donne pour plus grand éclaircissement , qu’Azadoud-Dovlet (qui éleva la digue de Bend-i-Emir près de Chiraz) fit creuser ce canal de quatre parasanges d’étendue, nommé Aa/far, par lequel le fleuve d'Ahvaz, (car c’est encore un nom du Drdylè-r- Chouster où du Karoun) communiquait avec le Chatoul- Areb, de manière qu'il se jette, par ce canal, dans le Tigre, et par son propre lit, dans la mer (4). Ce fleuve porte aujourd'hui des dénominations si diverses , telles que le fleuve d’Æhvaz, Ab-i-Chouster , ou le fleuve de Chouster, Didjlè--Chouster et K'aroun, qu’il ne faut pas s'étonner si, dans l’antiquité , les uns l'ont appelé Eulœus et les autres Choaspes. Si, comme le rapporte raz ; est probablement l'un des bras jihan- . 285. LU! COR SONT 2e du Tchehardenq ; et Vincent (p.412) (2) Le Djihan-Nouma, en cet en- droit, dit: PORERCE TE S 59 HENta so! JL ss « Ayant fait couler quatre bras à l’ouest » et deux bras à l’est, » (3) Le fleuve Doudeng (les deux étangs), que Timour passa à deux journées de Suze, sur la route de Chi- fait observer que c’est sans doute épa- lement le Kopatras , ainsi que le Kou- rou-khan-gendè , qui n’est autre que le Djérahi et le Pasitigris de Diodore. (4) Les notes d'Istil, traducteur de Cheref-Ouddin, manquent de justesse quand (p. 184) il fait entrer le Dou- denget le Kourou-khan-gendè dans V’Abr- zal, et cette rivière (p. 168 ) débou- cher dans la mer, lorsqu'elle se rend dans le fleuve de Chouster. ( 327 ) Thévenot, il existe près de Chouster une montagne que l’on appelle Kouh-r-èsb ou Kouasp, qui veut dire la Montagne du Cheval, l'étymologie de Choaspes et l’origine de ce mot deviennent authentiques (1). L'Ab-i-Zal,, où le fleuve de Diz-Foul prend sa source dans les montagnes du grand Loristan, passe devant les lieux nommés Djind-1-Chapour, Dizfoul et Mouchrikan, et après un cours de soixante parasanges, il entre dans le lit du Karoun auprès de Ben- dekil. C'est l Hedyphon de Pline (qui sonne bien), qui tombe dans l’'Eulœus. Macd. Kinneir donne les deux sources de l_4b-1-Zal : l’une part de Choutour-Kouh (montagne du Chameau) , près de Bouroudjerd; l'autre sort de la chaîne des monts du Loristan. Elles se confondent à trois journées au nord de Diz-Foul (2). Le Karasou, Kerkhè ou Kérah, que l’on appelle aussi la rivière de Souz ou de Zouch, Chouz, parce que Chouz est sur sa rive gauche, comme Chouster est sur la rive gauche du Karoun, le Didjlé de Chouster. X résulte de la réunion d’une multitude de petits cours d’eau, qui jaillissent dans la province d’Ardilan, région du Kourdistan. Il traverse la plaine de Hamadan; à quatre milles anglais au-dessus de cette ville , il reçoit le Kazaver ; et huit parasanges plus bas, il est grossi par la rivière de Gamasou, qui prend naissance auprès de Néhasend , passe à une distance de trois milles anglais , devant Brisoutoun , et s’enfle des eaux de Bisoutoun et des petites rivières de Dérémir ( Dinéver ) et d'Herzin, avant de se réunir au Karasou ou Kèreh ou Keèrak. Le Karasou, en poursuivant son cours, recueille encore le XKoumiz- koun, à quatre parasanges de Khourrem-abad, prenant une ten- (x) Une grande preuve de l'iden- roun est celle dont l’onde est la plus üté de Karoun avec le fleuve que la volumineuse et la plus navigable, a- flotte de Néarque dut remonter, nous près avoir été grossie des eaux de est fournie par Kinneïr, quand il dit l’Abrzal (p. 293). que, de toutes les rivières du Khouzis- (2).Macdonald Kinneir, p. 96. tan qui se jettent dans le Chat, le Ka- R II. 42 ( 328 ) dance ouest, près de Chouch devant qui il passe; puis il se dirige vers Havizè et se perd dans le Chat-oul-areb (1).Le Djihan-Nouma s'accorde entièrement avec Kinneïr pour les sources du Karasou, qu’il place au mont Ervend (l’Orontes) ; 11 dit qu’il recueille suc- cessivement les rivières de Dinéver, Goulgou, Khourrem-Abad et Zilahor ; qu'il passe devant Havèzè; ensuite il le laisse couler réuni au Karoun jusqu’au lit du Chat-oul-areb (D’après la Carte de Mac. Kinneir, serait-ce une faute? ). Le géographe persan lui donne cent vingt parasanges de cours (2). C’est le Gyndes des anciens, que Kinneïr a vainement cherché plus dans l’ouest, parce qu'il commet l'erreur de regarder le Kerah comme le Choaspes et Zouch comme Suze. Montagnes. Le Zerdkouh ou Kouh-i- Zerd, où V’_Ab-i-Chouster etle Zende- roud prennent leurs sources dans le Grand-Loristan. Le Houbenkouh , dans le Petit-Loristan, où il y a des mines de marcassite (3). Le Kouh-1-esp, ou la montagne du Cheval, près de Chouster, et le Choutourkouh, ou la montagne du Chameau , près de Bou- roudjerd (4). Les trois premiers sont peut-être le Cambalidus, le Charbanus et le Casyrus de Pline (5), ou la chaîne des montagnes de Choatras de Ptolémée. Lieux. Dans l’Aheaz (le pays des Uxiens), que d’un côté le Tab sépare du Fars, et de l’autre côté le Karoun ou l’Ab--Chouster sépare du Khouzistan proprement dit (la Suziane) ; les lieux les plus remarquables sont : (5) Macdonald Kinneir, p. 96. (4) Macdonald Kinneïr, p. 96. (2) Manuscrits, Ne 433. (5) Plin., tom, VI, p. 27. (3) Djihan-Nouma, p. 286. ( 329 ) Ahwaz, la capitale qui donne son nom à toute la contrée, située sous les 85° de longitude et les 32° de latitude (x). C’était jadis une ville considérable ; ce n’est plus aujourd’hui qu’une misérable bourgade de six à sept cents feux, qui n'offre plus rien de remar- quable , que les ruines d’un palaïs sur la rive du fleuve, celles d’un pont, et quelques grottes taillées dans le rocher, dont les habitans ‘ont pu se servir autrefois , soit comme de sépultures, soit comme d’abri contre les excès de la chaleur. — Le pont eut jadis le nom d'ÆHindous. Les ruines que Macd. Kinneïr prit pour celles d’un palais, sont peut-être les vestiges d’une mosquée ma- gnifique, qu'Azadoud-Dovlet avait autrefois consacrée au culte du Très-Haut. La physionomie blême des habitans d’Ahvaz indi- que l’insalubrité de l’atmosphère , qui, si l’on en veut croire l’opinion vulgaire , porte à la stupidité , comme celle de Mosoul aurait la vertu de rendre prudent, celle d’Ispahan, avare, et celle de Hachermiiè, grossier (2). Ahvaz est à quatre-vingts para- sanges d'Ispahan, à quarante-huit milles anglais de Chouster, et à une journée d’Asqèr-t-Mougerrem. Asqèr-i- Mougerrem, à dix parasanges à l’ouest d’Ahvaz, et seulement à huit parasanges de Chouster, est un lieu connu par l'excellence de son climat et les petits scorpions qui l’infestent. Le canal qui allait de la rivière de Chouster jusqu’à Asgèr-1-Mou- gerrem, porte le nom de rivière de Mouchrikan, dans les géogra- phes orientaux (3). En se rendant à 4heaz, l’on pouvait le des- cendre jusqu’à six parasanges au-dessous d’Asqèr-i-Mouqerrem ; mais on était obligé de faire le reste de la route par terre. Les campagnes qui bordaient les rives de ce canal, étaient les mieux cultivées du Khouzistan. Lenom d’Asqèr-i-Mougerrem lui vient de ce que ce fut une armée commandée par un général du nom de Mouqgerrem, qui l’éleva dans ce lieu. Cette armée avait été (1) Djihan-Nouma, p. 285. Tousi. 7 (2) Adjaïib oul Mahloukat d'Ahmed (3) Djihan-Nouma, p. 285. ( 330 ) expédiée dans cette contrée par le fameux Hedjadÿj. La soie, les oranges et la canne à sucre réussissent à merveille dans tout ce territoire (x). Le Bendekil de Macd. Kinneir, au confluent du Karoun et de l’Ab-1-Zal, n'est autre que le Déir-1-Hazekil, c’est-à-direle couvent, ou le temple d'Ezéchiel, de Bakoui, que Deguignes estropie en écrivant Dir-Kharkil, par la transposition du point de la seconde lettre sur la première (2). Djébà , à huit parasanges d’Asqèr-i-Mougerrem, est un lieu bien arrosé et fertile en dattes (3) et en cannes à sucre.' Restak-ouz- Zout, c'est-à-dire le marché de Zout, estun district d’Ahvaz, à sept parasanges de Ram-Hormouz. L'air y est très- chaud (4). 1 Haïzan , l'un des plus fameux cantons de l’Ahvaz, dont on recherche le séjour pendant l'été, à cause de la fraîcheur de sa température (5). Devrak ou Derrek (et non pas Dorak), sous les 85° de longitude et les 30° 30’ de latitude (6), suivant le Djihan-Nouma ; sur la route que les pélerins du Kerman et du Fars prennent pour aller. à la Mecque, à quatre journées d’Asgèr-1-Mougerrem. Deux sources d’eau chaude remplissent de leurs ondes deux vastes ré- servoirs. Macd. Kinneiïr n’en fait pas mention; mais il parle de ses excellens kabbas (sorte de manteaux). Au reste, c’est du Devrak d'aujourd'hui qu'il traite et que l’on nomme encore Félahr. Les ruines du vieux Devrak sont également situées sur le Djérahi; mais beaucoup plus haut (7). Zamania est une petite ville au bord du Karoun (le Didjlè-1- (1) Adjaïib oul Maloukat. (3) Djihan-Nouma, p. 284. (2) Bakoui, Notic. et Extr. des Ma- (4) Idem. nusc. du Roi, tom. IT, p. 456. Ji (5) Idem. lui parut être JS,< ; rien n’est éton- (6) Idem. nant dans une pareille erreur. (7) Macd. Kimneir's Mem., p. 88. (33m) Chouster), à vingt-cinq milles anglais au-dessous d’Aheaz, n'ayant que trois cents habitans. Zabla est un village abandonné , beaucoup plus bas sur le Karoun. Cheikh-Suleiman, enfermant, par une digue, le Hafar, cet ancien canal qu'avait fait construire Azad-oud-Dovlet, et qui allait au Chat-oul-Areb, contraignit toutes les eaux de couler vers Gouban. Tant que la digue subsista , la contrée de Zabla présenta le plus riche aspect ; mais le temps l’ayant détruite, les eaux reprirent leur ancien cours , et ce territoire en souffrit (1). Goubar , au bord de la mer, entre les deux embouchures du Djérahi, dans l’est, et d’un des bras du Karoun , à l’ouest. Madjour, sous la longitude de 85° 30’ et les 30° 30° de latitude (2), entre Devrak et Endian, ville d'environ sept cents habitans, à deux milles anglais de la mer, et quoique dans le désert, passable- ment pourvue d’eaux douces (3). Endian, sous les 3° de latitude, à vingt milles anglais de Zeitoun, à quarante-huit de Bibahan, à vingt-sept de Devrak, est une ville bâtie sur les rives du Tab (l’'Oroatrs); elle a près de deux milles de circuit. Sa population est de trois à quatre mille âmes; elle tra- fique principalement avec Basra ct Bibahan (4). Bibahan et Aradjan , toutes deux, comme ÆEndian, sur le bord du Zab, c’est-à-dire sur la frontière du Fars et du Khou- zisian. Il en a déjà été question à l’occasion du Fars. La partie méridionale du pays d’Ahvaz, qui règne le long de la côte, se nomme le pays de Chèab-1-Cheïkh (5), et s’é- tend depuis le Tab jusqu'à Bendekil, où l’Ab-i-zal et le Ka- rour ont leur confluent, et jusqu'aux montagnes près de Ramn- hormouz, en longeant le Djérahi (6). Les revenus annuels de () Macd. Kinneirs Mém., p. go. (4) Macd. Kinneiïr’s Mém., p. go. (2) Djihan-Nouma, p. 285. (5) N'est-ce pas de Cheikh-Chéab ? (3) Macd. Kinneir's Mém., p. gr. (6) Macd. Kinneïir's Mém., p. 8r. Li (13521) ce territoire s'élèvent à une somme de cinq gs de piastres, 50,000 liv. sterl. (1) Les lieux au nord du Djérahi , sont déjà du ressort de Chouster, tels que : Ram-Hormouz, sous les 86° de longitude et les 30° 30° de lati- tude (2). Elle fut construite par Hormouz, fils de Chapour ; son territoire est fertile en canne à sucre, en blé et en coton; elle est à dix-neuf parasanges d’Ahvaz. C’est la patrie d’un grand poète lyrique, nommé Selman. La mosquée qui décore la grande place est l'ouvrage de l’illustre Azad-oud-Dovlet , de la dynastie des Dilemites; c’est dans cette ville que le fameux Manès subit le sup- plice et que ses sectateurs furent pendus (3). Destger, ville de l’Ahvaz, construite par Hormouz, fils de Chapour (4). Basian ou Basan, au bord du Karoun, à deux journées de Hasn-i-Mèhdi (5). Mébarid1-Koubra et Mébarid-1-Sougra (le Grand et le Petit Mébarid), sont deux districts couverts de palmiers qui donnent de riches moissons de dattes (6). ÆAidèdÿ, dans le district de Ram-Hormouz , est une petite ville située dans la montagne ; c'est d’A'ïdèdj que l’on apportela neige que l’on consomme à ÆAhvaz. Les habitans boivent l’eau de la rivière de Cheab-i-Suleyman. L’air en est mal sain, parce que les monts qui s'élèvent au nord, derrière elle, empêchent sa libre cir- culation (7). Bosni , sur les bords du Doudjeil (le Petit- Tigre), est une ville (1) Macd. Kinneir's Mem., p. 9. (&) Djihan-Nouma, p. 284. (2) Djihan-Nouma, p. 284. (5) Idem. (3) Adjaib oul maloukat ( d’Ahmed (6) Idem , 285. Tousi ). (7) Idem. (333) défendue par une forte citadelle. On y fabrique de bonnes étoffes de laine , nommées zouf (x). Hasn-i-Mèhdi (2) (la Forteresse de Mèhdi), sous les 84° 30’ de longitude et les 30° 30’ de latitude, à l'embouchure de l’Ab-- Chouster, dans la mer. Ce port et la forteresse qui le protège fu- rent l'ouvrage du Khalife Mèhdi, dont cette ville porte le nom. Cet endroit est éloigné de seize parasanges de Souk-Erbea. C’est en ce lieu (Hasn-i-Mehdi ) que se réunissent toutes les eaux du Khouzistan, c’est-à-dire le Karoun et le Djérahi. Souk-Erbea (c’est-à-dire les Quatre Marchés) est une ville cons- truite sur les deux rives du fleuve dans lequel se rassemblent toutes les eaux du Khouwzistan. Elle à un pont de bois sous lequel les navires peuvent passer. La partie nord, construite du côté de l'Irak, est mieux bâtie que celle du sud , qui est sur le territoire du Fars (3). Mouchrikan, sous les 85° de longitude et les 31° de latitude, est une ville de moyenne grandeur, sur le bord du fleuve Decht- Abad (4). Tarareq, un lieu de moyenne grandeur, riche en cannes à sucre (5). Senkil, qu'Ibn-1-Haoukel nomme Zounbeil (6), à quatre para- sanges d’Ardjan. Taib, 84° de longitude , 33° de latitude (7) , jadis célèbre par les cordons de culottes que l’on y faisait (8). Elle possède un talis- man contre les scorpions et les serpens (g). Chouster , que les Orientaux écrivent généralement Touster, selon le Djrhan-Nouma ;'située sous les 86° 30’ de longitude et les (x) Djihan-Nouma, p. 285. (6) Ousel., tr. d'Ibni-Haukal, p.78. (2) Idem. (7) Djiban-Nouma. (3) Idem, p. 284. (8) Ibni-Haukal, p. 78. (4) Idem. (9) Notices des Manusc. du Roi, (5) Idem. tom. IT, p. 444. ( 334) 31° de latitude (x); selon Bakow, sous les 84° 30’ de longitude et 30° de latitude (2), etselon Kinneir, sous les 84° 59’ de longitude et 32° de latitude (3), est construite sur une hauteur au pied des montagnes de Bakhtiari. Elle domine le Karoun (ou l’Ab-i-Chous- ter). La rivière aun pont de quatre-vingts pieds d’élévation, duhaut duquel les habitans prennent le plaisir de se jeter dans l’eau. A l’ouest du fleuve , elle était munie d’une antique muraille, qui maintenant tombe en ruine; sa population passe le nombre de quinze mille âmes; elle se compose de Persans et d’Arabes. On y fabrique de belles étoffes en laine. Les ruines que l’on trouve dans son sein attestent son ancienne magnificence. Celles du château sont surtout remarquables ; elles se présentent à l’ouest du fleuve , sur un coteau entièrement creusé de grottes , qui ser- vaient d’abri contre la chaleur, et d’aqueducs souterrains. Non loin du château est la fameuse digue nommée Chadourvan , que Chapour avait fait construire pour employer une partie des eaux à l'irrigation des campagnes. Cette digue de vingt pieds de large sur quatre cents pieds de longueur, offre dans son milieu deux arches étroites. Le canal artificiel qu’occasionne la digue, décharge ses eaux dans la rivière de Diz-F'oul (l'Ab-i-Zal), à une demi-lieue au-dessus de Bende-Kil (4). Aux preuves que nous avons données en traitant des fleuves, (x) Djihan-Nouma, p. 282. mise en pensant que la digue avait été (2) Notic. et Extr. des Manusc., construite pour préserver la ville d’une tom. II, p. 431. inondation. Nous en releverons une (3) Mémoir, p. 97. autre commise par Deguignes, qui crut que le mot Chadourvan se lisait Chadrevan, qui signifie une fontaine à jet d’eau, et dit: « Il y a ici une fon » taine qui est une merveille de l’art; » elle vient d'environ un mille de la » ville, les pierres sont liées avec du » fer et du plomb. Elle a été bâlis par (4) Ce bras du fleuve est le Mou- chrikan, comme le prouvera lepassage cité plus bas; l'Asqèr-i-Mouqerrem, dont Macd. Kinneir ne parle pas, est sans doute son Bende-K:il ou du moins un endroit non loin de là. Macdonald Kinneir (p. 89) a pour ainsi dire re- levél’erreur que d'Herbelotavaitcom- ? Sapor. » (335) pour convaincre de la nécessité de regarder Chouster comme l’an- cienne Suze, qui était située sur le bord de l’Eulœus ou du Choaspes, nous allons en ajouter une autre que nous présente le docteur Vin- cent. Il est le premierquinous assure que des restes de la citadelle de l'antique Suze, se remarquent encore dans les ruines d’un château qui couronne une colline, tandis qu’à Chouz on ne trouve ni ruines de forteresse , ni l’ombre d’une colline sur laquelle une forteresse aurait pu être élevée. Des autorités tirées des auteurs orientaux nous mettront à même de réfuter victorieusement les antagonistes de l'opinion que nous partageons, et qui se sont fondés, pour penser différèmment , sur ce que le tombeau de Daniel se trouvait à Chouz. L'objection deviendrait embarrassante si l’on n’apprenait pas par Ahmed de Tous , que dans l’origine le tombeau de ce prophète était à Touster (Chouster), et que ce n’est qu’à l’occa- sion d’une grande famine qui désolait Chouch (Chouz) , que ce monument y fut transféré. Voici la traduction du passage qui l’atteste (x): « Touster est une belle ville située au bord du Mouchrikan » (ou Mechrikan), dans la région de Khouzistan. Cette rivière » est celle sur laquelle Chapour construisit la digue Chadourvan, » au-dessus de la porte de Touster, pour que l’eau ne s'écoulât » pas, car Touster est bâtie sur une hauteur. Il construisit Touster Eos y its nés LU Le Vs obus Cists er ob les els is Sa ses Li, 598 Se; us ps LT jules Les us et cpl ob af sé 5 Ep DS DIV > dy ji ke pas ais RSS so ps JS url es A5, et us ouole St eut aus NS 5 Jl ss jus FH Juno Quitte JS os aseule otst he cphess Ses és ul jh dé Cl 15,56 JU 3 jstitles I. AL Gp 3 Le plat gl DB e 43 (336) » de pierre , de plomb et de colonnes de fer. Le corps du prophète » Daniel (que le salut soit sur lui) était à Touster. Une famine »-affligeant les habitans de Chouch, ils demandèrent le corps de ». Daniel (que le salut soit sur lui), afin que la famine s’écartât » d'eux. Les habitans de Touster envoyèrent à Chouch, la bière, » pour éloigner la famine; ceux de Chouch cachèrent-cette bière ». dans le fleuve , et leurs vieillards firent serment que le :monu- ». ment n'était pas dans la ville, On interrogea les enfans, qui ». dirent : La bière. est à tel endroit. Depuis ce temps on a cou- » tume de croire au témoignage des enfans. La merveille de » Touster est la digue de Chadourvan, sur la rivière de Mouchri- » kan, et son commerce consiste entétoffes de soie et en-riz. » Un passage du Djihan.Nouma confirme ce qui regarde l’exis- tence de la tombe de Daniel à Chouch : « Le tombeau de Daniel » est à l’ouest de la ville. On dit qu'il y est depuis la captivité de » ,Nabuchodonosor. A l’époque de la conquête , l’on trouva. un » sarcophage que les habitans de Sous étaient glorieux d'attribuer » à Daniel. On l’exposait dans des temps de disette, et l’on im- » plorait son intercession. Abou-Mousa-el-Echari, passant devant » la ville, fit au bord du fleuve un souterrain de pierre et de » chaux , y renferma le tombeau et fit passer l’eau par dessus, » en prétextant qu'il'ne fallait pas que le corps d’un prophète fût » à la merci du peuple (1). » Le géographe turc ne dit rien à la vérité de la translation du sépulcre de Touster à Chouch; mais la première citation venant d’un auteur beaucoup antérieur à Kazvini, puisqu'il écrivait en Gi et pass SAS 3 eo GA ce NS? pe (Got) rot eu Los jp» bi @S > DL ES, LS hi So be Dos al se é 50 mms Le be 5 sn ce mjsl OUT (js ous essaie p Cal Ep pol ele MSIE 86 JL; CEST sb be 5 Cndel (337) (1160) 1555, mérite la plus entière croyance. Le Djihan-Nouma répète aussi ce qui a été dit de l'excellente qualité des eaux de Chouster, qui faisaient aisément digérer les mets les plus grossiers. Et parmi les productions remarquables du territoire de cette ville, outre le blé et la canne à sucre, il cite une espèce de riz nommé pentchengoucht (x) (les cinq doigts), qui répand une bonne odeur. Le Djihan-Nouma place dans les environs de Chouster quatre vallées charmantes pour la chasse : 1° La vallée de Rakhch-abad, qui a quinze parasangés de lon- gueur et douze de largeur. 2° La vallée de Varak, qui a vingt parasanges de longueur et dix de largeur. 3° La vallée de Mechhedi-Qoufñ, dix parasanges de longueur et six de largeur. 4° La vallée de Djévizè, dans les proportions de celle de Varak: Dans cette dernière, en raison de la grande chaleur, les moïssons sont mûres dès le mois de mars , et l’onfait en ce temps1la coupe des blés. Chouch, qu'on appelle Chouz et Sous. Pennel prétend que celle-ci est la véritable Suze. Pour raisons, il allègue d'abord que ce nom a plus d’analogie que celui de Chouster avec Suze , et le tombeau de Daniel semble ensuite, selon lui, trancher absolument la question; mais ces raisons ne peuvent tenir contre celles'que nous avons déduites de la navigation de Néarque, en remontant l'Eulœus, et de celle d'Alexandre au-devant de son amiral: Ces deux expéditions ne pouvaient s'exécuter que sur les bras du Karoun, (x) Ibn-i-Haukal (irad. d'Ouseley) Ponctuation différente : Sy » birindÿ; parle du pentchengoucht comme d’une signifie riz; °F, tourouhdj ; signifié production du sol de Chouch et non orange. Du résle, à en juger par la tra+ point de Chouster, et dit que ce fruit Guction d'Ouseley, p. 76, il paraîtrait est une espèce d'orange et non pas une qu’à l'égard du tombeau, le géographe sorte de riz. Ce qui résulte peut-être, ture a: suivi presque mot-à-mot |ce dans l’une ou l’autre version, d'une qu’en dit le texte d'Ibn-i-Haukal. (338) qui débouche dans la mer, et reçoit plus haut le Djerahr, que nous avons démontré être le Pasitigris. Le Kérak, ou le Karasou, au bord duquel Chouck est située , eût rendu cet événement tout- à-fait impossible. Si pour tirer d'embarras Rennel et Vincent, Macd. Kinneir allègue qu’il ne faut pas entendre par la rivière de Chouch , le Kérah, qui baigne ses murs, mais l’4b-1-Zal, ou la rivière de Diz-foul , qui passe à quelque distance de là, on peut lui répondre : 1° que par la rivière de Suze on ne peut pas en- tendre une rivière passant à quelque distance, mais celle qui baigne ses murailles, parce que Daniel se tenait aux portes de la ville même, sur l’Ulai (l'Eulœus); 2° qu’il n’est point vrai, comme Kinneir l’assure , qu'il est incertain si Suze était sur le bord oriental ou sur le bord occidental de l’Eulœus; car venant de l'occident, Alexandre dut passer la rivière Eulœus on Choaspes avant d'aborder Suze, et suivant Hérodote, Aristagoras, dans sa Description des Pays, dit qu’il faut traverser le Choaspes pour arriver à Suze. Hoeck( r) s’est servi de cette autorité pour démon- trer que Suze était sur la rive orientale de l’Eulœus ou du Choaspes; mais il commet une erreur , en cherchant à faire passer cette ri- vière pour le Kérah ou le Karasou. Selon les Mémoires de Mac. Kinneir (2), les ruines de Chouch commencent à sept ou huit milles anglais, à l’ouest de Diz/foul, n’ont pas moins de douze milles de longueur, d’une extrémité à lPautre, qui touche à la rive orientale du Xérah. Elles occupent un espace immense entre cette rivière et lAb-i-Zal, et consistent, comme les ruines de Ctésiphon, Babylone et Koufa, en buttes de terre et de décombres remplis d’une grande quantité de débris de briques colorées. Les plus considérables de ces buttes sont à la distance de deux milles anglais du Xerah, l'une a cent pieds d’élévation et un mille anglais de circuit ; la seconde, moins haute, (x) Veteris Mediæ et Persiæ Mo- (2) Idem, pag. 99. numenia, pag. 94. (339) a le double de circonférence. Les Arabes qui font des fouilles pour découvrir des trésors qu’ils supposent être ensevelis sous ces mon- ceaux , trouvent souvent des grands fragmens de marbre couverts d'hiéroglyphes. Au pied de la butte pyramidale que nous avons signalée pour être la plus élevée, est le tombeau dit de Daniel ; c’est une construction moderne de peu d'apparence. M. Gordon, alors secrétaire d’ambassade de sir W. Ouseley, et depuis minis- tre d'Angleterre à Vienne, voulut enlever de cet endroitune pierre sur laquelle se trouvaient à-la-fois des hiéroglyphes et des carac- tères cunéiformes ; mais comme les habitans, qui considéraient cette pierre comme un talisman, la rachetèrent deux mille tou- mans du prince royal qui réside à Chiraz, il fut obligé de la laisser et de se contenter de lever le dessin de la sculpture (1). Ce dessin est jusqu’à ce jour demeuré dans ses cartons. Mais les cinq écrivains qui veulent que Suze soit Chouch{Rennel, Ouseley, Barbié-du-Bocage, Kinneir et Hoeck) ne pourront-ils pas demander à leurs cinq adversaires (d’Herbelot, d’Anville, Vincent, Mannert, et l’auteur de cet examen géographique), qui soutienn ent que Chouster fut Suze , ce que représente cette im- mense étendue de ruines? Nous répondrons à cette question par une autre qui, pour ainsi dire, en sera la solution : « Où sont » donc les ruines de la grande ville d'Elymaïs, dans laquelle, » selon Strabon (2), Josèphe (3) et Zonaras (4), était le grand » temple ÆAzara dédié à Vénus et à Diane ( Zarets, Zouhre, » Anaïtis, Anahid)? Où faut-il chercher ces ruines, si ce n’est (a) S. W. Ouseley’s Travels, tom. de qui militent les autorités orientales, 1, pag. 420. En racontant d’une ma- nière détaillée la vaine tentative que l’on avait faite pour enlever ce monu- ment, il avance l'opinion que Chouch est l’antique Suze; et comme Rennel, Barbié du Bocage et Kinneïr, il en- tre en lice contre d'Herbelot, d’An- ville, Vincent et Mannert, en faveur les propriétés et le cours du fleuve; et même le tombeau de Daniel, pour constater que c’est Chouster qui occu- pe l'emplacement de cette célèbre cité. (2) Sirabon, XVI, 1, 18. (3) Josèphe, Antiquit., XII, 13. (4) Zonaras, IV, 2. (340) » dans celles de Chouch , au centre de la province Ælymaïs, que » lefleuve de Chouster séparait de la Suziane ? » Elymaïs était la capitale de la province de ce nem, et Suze la capitale de la Su- ziane; celle-là était sur la rive orientale du Æeérah; celle-ci sur le bord oriental du Karoun. Toutes deux étaient célèbres par leur temple d’Anaïlis, que l’on appelait, dans la première, de son autre nom de Zarelis, (Ta Zapæ, Ta Afapæ). N'avoir jamais songé à la plus grande des villes d'Elymaïs, en examinant les ruines dé Chouch , et avoir voulu transporter la capitale de la Suziane au centre de la province d'Elymaïs , sont une négligence et une mé- prise qui n’ont pas encore eu lieu dans un examen géographi- que (x). Mannert doute si Azara (la ville du temple de Zaretis), la capitale d'Elymaïs, fut la même que l’Asiim Persarum de Pline, ou fut une ville différente de celle qui était au bord de l’Hédiphon. L'Hédiphon, quisejetait dans l’Eulœus, est l’Ab 1-Zal de nos jours , la rivière de D;zfoul , dans laquelle ville nous pen- sons reconnaître l’As/um Persarum. Mais si l’on voulait consi- dérer cette ville comme n’en faisant qu’une avec la ville d'Azara ou Elymaïs , l'étendue que Kinneir donne à ces ruines le permet, (x) Nous ne saurions nous empê- >» saient des chèvres et des cerfs qui cher de relever, en passant. uneerreur - » lui étaient consacrés. Le temple sur commise par ceux qui refusent d’ad: » l'Euphrate, nommé Aépaouxmiouz, meltre que le culte d'Anaïlis ou de » Buxzu, et ceux de Kozo6ap (Isidor. Zaretis fat un ancien culte persan, » Sat. Parth.), étaient consacrés à quoique cetle divinité eûlun temple » l’Artémise persane, c’est-à-dire dans toutes les principales villes de » Anahid. » c’est de là que ce culte l'antique Perse, telles que Suze, Ely- maïs, Babylone, Pasargade, Ar- belles, Ecbatane, etc. C’est de là que ce culte pénétra jusqu'à l’Euphrate. « A l’endroït où l’on passait ce fleuve, »_paissatent les vaches qui lur étaient con- » sacrées ( Plut. in Lucullo, XXIV). » À son embouchure, sur une île » (Arriani Anabasis, VII, 20), pais- se répandit dans l'Arménie et l’Asie- Mineure, où Anaïtis avait ses temples dans les deux Comane (celle de Cappa- doce et celle du Pont), à Zela et à - Ælisene, comme à Sardes, à Damas et à Bactra. — Pour plus amples dé- tails, voy. les Mines de l'Orient, tom. VI, pag. 340. (341) puisqu'elles couvrent l’espace qui s’étend du Keré (le Gyndes) à l4b--Zal (YHédiphon ). Dizfoul, à vingt-huit lieues anglaises O. de Chouster, a presque autant de population que cette ville. Son plus bel ornement est un pont de trente-deux arches de 450 pieds de long sur 20 de large et 40 de hauteur. Ce pont estun monument du règne de Chapour, digne de figurer à côté de ceux que ce prince avait fait construire à Chouster et à Aradjan. Selon le Djihan-Nouma , cette ville est située sous les 84° de long. et 30° de lat. (1) , et dans le voisinage de Djend-i-Chapour (la ville de Chapour ), autre ville qui lui dut sa fondation. Dizfoul est pour Dizpoul, le pont du Diz, parce qu'il est jeté sur l46-5-Diz (la rivière de Drz) ; et c’est de son pont évidemment que la ville reçut son nom moderne. Dans le voisinage de cette ville croît un bel arbre nommé zérin-dirakht (l’arbre doré) ; il ne porte point de fruit, mais il se couvre au printemps, de fleurs d’un jaune éclatant qui lui firent donner le nom sous lequel nous venons de l’annoncer. Djend-i-Chapour , au lieu de Xend-i-Chapour (le bourg de Chapour), sous les 85° 30° de long. et les 30° 30’ delatit. (2), à huit parasanges de Chouster, et à six parasanges de Chouch ; entre ces deux villes et entre le Karoun (l'Eulœus) et l’46-1-Zal (l'Hédi- phon). Une atmosphère chaude et mal-saine et un sol infesté d'insectes venimeux , n’en font pas un séjour fort agréable. La partie septentrionale du Khouzistan , ou plulôt une petite contrée à part qui lui est annexée , coinme le Lar l’est au Fars, et le Béloudjistan au Kerman , se nomme Loristan. C’est un pays montueux qui touche immédiatement au Kourdistan (l’ancienne Médie). Jadis il était le séjour des Kosséens et des Praïtaita- quiens , remplacés par les tribus guerrières des Bakhtiaris'et des Fa-illis. Ce grand district s'étend, à l’est, jusqu’au 50! d. de long., et au nord, jusqu’au 44° d. 30° de latit.; c’est la partie la plus riche (x) Djihan-Nouma, pag. 284. (2) Idem. (342) et la plus féconde de l’Irak , en ce que toutes ses vallées sont arro- sées par les rivières qui coulent des montagnes. Les pâturages y sont multipliés, mais les champs cultivés plus rares, parce que les hordes (hat) qui l’habitent, véritables nomades, vivent presqu'uniquement du produit de leurs troupeaux ; ils sont en- core aujourd'hui aussi indisciplinables et indépendans que du temps d'Alexandre. Ce pays se divise proprement en grand et en petit Loristan ( Lour-i-Buzurq, Lour-i-Quichug). Dans le pre- mier est Xhourrem-Abad (l'antique Corbiène); cette ville est considérée comme la capitale du pays: elle est la résidence de la tribu des Fa-illis (ou Fé-1lhs). Elle est à 73 parasanges d’Ispa- han et à 32 parasanges de Kermanchah. Entre cette ville et Khourrem-Abad , sont les deux grandes plaines de Khava et d’Alister , où le prince royal, Mouhammed-Aly-Mirza , gouver- neur, vient souvent camper avec ses troupes aussi vaillantes que nombreuses. Dans le N.-E., sont les villes de Bouroudjerd et de Néhavend, dont nous avons déjà parlé au chapitre de l’Irak , et dans la dernière desquelles réside un autre fils du roi de Perse (Mouhammed-Taki-Mirza). De Khourrem-Abad à Bouroudjerd, le chemin va toujours en montant, en offrant à gauche la haute chaîne du Choutourkouh, et à droite les sommets du Djarrouz et del’Æend(l'Orontes). Le district de Bouroudjerd est la résidence de la tribu des Lek (1). Dans le petit Louristan, le Djihan-Nouma place la ville de Lo- - régän ; elle est peu spacieuse. Elle a un mauvais air, de l’eau dé- testable ; mais elle est riche en raisins (2). Après avoir parcouru toutes les provinces de l’empire Persan, dans l’ordre naturel de leurs frontières respectives , nous voici parvenus au point d'où nous étions partis, c’est-à-dire sur la fron- tière ottomane, aux défilés de Zagri, et à la chaîne de l’Orontes. (1) Macdonald Kinneir’s Memoir.., (2) Djihan-Nouma, p. 282. pag. 13q (343) Comme cet examen ou cette revue est purement géographique, et qu’en comparant les données des voyageurs européens les plus modernes avec celles des géographes orientaux les plus anciens, nous nous proposions d'offrir aux voyageurs futurs une carrière tout ouverte à de nouvelles recherches et de mettre surtout les géographes allemands à même de tracer une carte de Perse plus exacte que celles que nous possédons, nous dirons encore quel- ques mots sur les cartes qui accompagnent les ouvrages dont nous avons eu occasion de parler. Aucune de ces cartes ne correspond avec l’idée qu’on se plaisait d'en concevoir , eu égard à l’immen- sité des matériaux en observations et en itinéraires qui étaient en la possession de leurs auteurs. La carte de Macdonald-Kinneir , indépendamment de l’éléva- tion de son prix (une guinée et demie), est faite sur une échelle immense, et comme il l’a dit lui-même, pour montrer aux voyageurs, d’un seul coup-d’œil ,les fleuves, les montagnes et les lieux qu’il doit rencontrer sur sa route, et ainsi la lui faciliter. Il a fait beaucoup de corrections à ce premier ouvrage, dans la pe- tite carte annexée à son Voyage de l'Asie-Mineure ; mais celle- ci ne contient que la moitié occidentale de la Perse; et comme dans une seule feuille elle embrasse tout le sol situé entre les 28° et 48° deg. de latit. , et les 27° et 53° de longit., elle est aussi res- serrée que l’autre était trop spacieuse ; mais néanmoins c’est sans contredit la meilleure carte que nous ayons parmi celles qui em- brassent une si vaste étendue de pays dans l’Asie. Morier nous a donné des cartes particulières de régions et de dis- tricts, d’après la boussole etles mesures itinéraires : sa carte du Ma- zenderan de son second Voyage, celle de son Itinéraire jusqu’à Æs- ter-Abad, sont de véritables trésors en comparaison des cartes que l’on nous avait données jusqu'alors sur ces intéressantes contrées. Sa carte d’Amasia à T'hehran, celle de Bouchehr à Thehran (de son premier Voyage) sont de même infiniment précieuses. La carte générale qui est à la tête de ce voyage ei qui est de la même éten- IL. 44 (344) due que celle que Kinneiïr donna dans son Voyage dans l’Asie- Mineure , nous semble moins estimable parce qu’elle se borne au tracé des routes ; tout le reste est omis. La partie inférieure de cette carte ayant dû être faite d’après d’anciennes cartes , parce que Morier n’a pas visité le Khouzistan , n'aurait pas dû servir d'autorité à Hoeck(xr). Kinneiïr, ayant au contraire parcouru cette province avec un officier du Génie , nous a donné un système de fleuves tout-à-fait différent de ceux qu’avaient arbitrairement imaginés d'Anville et Vincent, et qui sont fautifs et tout-à-fait dépourvus d'utilité. La carte de Lapie, pour le Voyage de Dupré, renferme trop d’espace sur une petite échelle , comme nous l’a- vons remarqué pour la carte générale de Morier. Elle embrasse le pays, du 23° deg. au 57° de long., et va du 26° au 54° de latit.; de manière même que la Perse occupe le moins de place sur cette feuille. Elle n’est à consulter que pour suivre la route de ce voya- geur. Une carte, faite d’après les observations que nous venons de présenter et sur les documens fournis par les Itinéraires de Kinneir, Morier et Dupré, serait donc d’autant plus apprécia- ble , en mettant aussi à profit ce que Pôttinger a donné sur le Kerman et le Khouzistan, que les cartes de Wahl et de Reichard fourmillent d'erreurs. (x) Veteris Mediæ et Persiæ Monumenta , pag. 95. (345) RS REMARQUES GÉNÉRALES. “> 6 =—— APRÈs avoir exposé la géographie de l'empire persan , en tra- çant les frontières de chacune des provinces qui le composent, et en faisant mention de la position respective des villes et autres endroits les plus remarquables que leurs limites embrassent, nous dirons quelques mots sur les habitans de cet empire et leur cul- ture, pour qu’on ne nous accuse pas d’avoir gardé le silence sur une multitude de faits épars dans les ouvrages que nous avons analysés et qui constituent une des branches les plus intéressantes de la statistique. Nous diviserons ce nouveau travail en divers chapitres concis qui traiteront du caractère et des mœurs des indigènes , de leurs coutumes et de leurs usages, de leur manière de vivre , de leur commerce et de leur littérature, d’après les auteurs cités dans ce travail. I. Caractère des Persans. Comme le jugement du censeur est la chose du monde la plus importante et la plus délicate, en ce qu’il touche à la dignité d’un peuple et à son honneur national, il convient de nous im- poser la loi de rapporter fidèlement les faits tels qu'ils sont exprimés dans les écrivains que nous avons sous les yeux; et comme , dans l’ancien droit romain , aussi bien que dans le droit des Musulmans, il faut sept preuves pour former une preuve complète, nous allons faire parler ici sept témoignages pour nous mettre à l’abri de toute responsabilité. Quatre des dépo- (346) sans sont Anglais (Morier , Johnson, Pottinger et Malkolm), et trois sont Français ( Dupré, Tancoïgne et un anonyme de la suite de l'ambassade du général Gardanne). Si leur opinion est unanimement au préjudice des Persans, s’ils les dépeignent sous les couleurs les moins favorables, le lecteur jugera de lui-même que les Persans modernes forment un parfait contraste avec ceux de l'antiquité, que les Grecs regardaient comme des modèles de vertu. Morier , dans son premier Voyage, s'abstient, sans doule par des raisons politiques et diplomatiques, de parler du caractère des Persans, et les deux voyageurs allemands au service de Russie ( Freytag et Kotzbue que nous avons parfois cités dans le cours de cet ouvrage) ont la même discrétion. Cependant Morier laisse, dans un endroit, échapper, comme en passant, le fond de sa pensée , et, dans ce cas, elle est conforme à l'opinion des au- tres : « Au nombre des sermens emphatiques qui précèdent ce » qu'il va dire, on peut être convaincu d'avance qu’un Persan » va mentir. C’est avec raison que l’on dit que les Persans sont » les Français de l'Orient. C’est un peuple bavard, complimen- » teur, de mauvaise foi, mais dont les manières sont vives et 114 pleines d'agrément (1). » (x) Morier, first journey, pag. 285. M. Morier, dans cet endroit, a moins voulu peindre le caractère persan que nous adresser une injure, et M. de Hammer a bien plus én vue la satis- faction personnelle de la répéter que de donner une preuve de son impar- tialité ingénue dans le jugement qu’il porte du caractère persan. Quoique M. Hammer ait fait presque toute la traduction de la ro° lettre du Voÿage de Tancoigne, je ne la trans- crirai point en entier parce que tout le monde peut se la procurer. D’ail- leurs ce qu'il dit ne me paraît pas d’une vérité générale, et je ne trouve point de vices qu'on reproche aux Persans, dont la majorité de tous les peuples du monde puissent se glorifier d’être exempts. Les fourbes, les hy- pocrites, les fanfarons et les men- teurs sont malheureusement de tous les pays , quelque degré de civilisation qu'on suppose à leurs habitans. Tel n’est point superslitieux qui est impie. Ces Persans paraissent ignares à nos (347) Tancoigne pense d’une autre manière : « Je ne suis pas de ce sentiment, dit-il, dans sa 19° Lettre, tom. I. Toute prévention nationale à part, je ne trouve aucune ressemblance entre un peuple parvenu au plus haut degré de la civilisation, et dont la supériorité reçoit encore plus d'éclat des calomnies de ses dé- tracteurs, et une nation plongée dans les ténèbres de l’igno- rance et de la superstition. » S'il fallait juger un peuple sur une première impression et sur des apparences , les Persans emporteraient , sans contredit, tous les suffrages : leur politesse poussée à l’excès, leurs préve- nances et leurs attentions pour l'étranger, le séduiraïent bien- tôt; et s’il avait négligé de les étudier, ou qu’il n’eût entretenu avec eux que des relations communes , il ne pourrait en rap- porter chez lui que des préjugés très-favorables. Tel était , Madame , le jugement que nous avions d’abord porté nous- mêmes sur les Persans : nous n’avions encore vu que leur beau côté. Sans cesser de leur rendre toute la justice qu’ils méritent, et sans méconnaître en eux des qualités qui les distinguent si éminemment des Turcs leurs voisins, j'ajouterai qu’ils sont spirituels et aimables; qu’ils sont exempts de ce fanatisme bar- bare qui, sous certains rapports , nous inspire un juste éloigne- ment pour les Ottomans; qu’en Perse, un Chrétien, un Mu- sulman, un Juif, un Guèbre, jouissent aujourd’hui d’une pro- tection à-peu-près égale de la part du Gouvernement; que tous, sans distinction de croyance, se saluent réciproquement du salamoun alerkoum; qu’on ne voit ici aucune distinction avilis- sante dans le costume des différens sectaires, et qu’enfin, il yeuxparcequ'ilsnesontpasversésdans peuples entendaient leur langage, leurs nos connaissances; ils pourraient à sentences seraient plus conformes à leur tour porter de nous un jugement l'équité. A. de N. aussi hasardé. Si ceux qui jugent les > (348) n'est pas sans exemple que des Chrétiens soient revêtus des titres de khân et de mirza, et parviennent même à des emplois publics et à des dignités. On doit convenir que sous les dehors les plus affables et les plus séduisans , les Persans manquent de franchise et de loyauté ; ils sont fourbes , dissimulés, fanfarons et menteurs , et je ne vois rien de français dans ces diverses qualités ; rien qui puisse, en un mot, justifier une comparaison trop légèrement ou trop injustement établie. Pour en revenir au mensonge , on serait tenté de croire que ce vice fait partie essentielle de leur éducation. Dans les affaires les plus sérieu- ses , comme dans le commerce ordinaire de la vie , ils parais- sent avoir l’aversion la plus décidée pour la vérité ; et l'étranger qui aurait la bonhomie de les croire sur parole et d'ajouter foi à leurs protestations et à leurs sermens , deviendrait sans s'en apercevoir, le jouet des hommes les plus faux et les plus as- tucieux de la terre. Il faut donc , sous peine de tomber dans le mépris, ne paraître jamais bien convaincu de leurs discours, et savoir conserver avec eux un air très-prononcé de doute et même de supériorité , seul moyen de leur en imposer. Vils et rampans, de leur nature, auprès de ceux dont ils espèrent tirer quelque avantage, on en obtient alors tout ce qu’on veut. » L'hypocrisie religieuse, l’avidité et l’avarice, sont encore des traits à ajouter à leur caractère. Dans quelques provinces, ils sont lâches, paresseux et peu propres à la guerre. Jamais je n’ai vu des hommes plus indifférens à un affront , plus insen- > sibles aux coups : assommez-les sous le bâton, ils ny prennent pas garde. Ils boxent entre eux comme les Anglais ; cherchent à s’arracher la barbe , et le vaincu se retire en pleurant. » Rendons-leur cependant une nouvelle justice , Madame; vous me sauriez mauvais gré de ne vous entretenir que de leurs dé- fauts. Les Persans sont pleins d'esprit et d'intelligence ; ils adoptent avec facilité et sans scrupule de conscience, les usages ÿ ( 349 ) des étrangers qui leur paraissent supérieurs aux leurs ; et sans l’espace immense qui les sépare de l’Europe, ils seraient susceptibles d’une prompte civilisation. » Cette bonne volonté vous paraîtra très-remarquable chez un peuple qui professe la religion mahométane , et qui est encore loin d’avoir secoué tous les préjugés. Mais combien il leur reste encore à gagner sous ce rapport! Ces mêmes hommes qui nous comblent de politesses et de prévenances, nous appellent nedjis ou émpurs, et se croiraient souillés en mangeant au même plat que nous; ils évitent notre contact, et par une autre es- pèce d’ignorance et de superstition , ils n’entreprennent aucune affaire , soit avec nous, soit entre eux-mêmes, sans avoir con- sulté les astrologues. Vous avez vu, Madame, par le récit que je vous ai fait de notre arrivée à Thehran , quel degré de con- fiance ils accordent à cette classe d'hommes, dont le Roi lui- même , sans doute par respect pour les préjugés reçus , semble s’honorer de faire partie (1). Leur profession est cependant hautement censurée par les casuistes musulmans, et condam- née comme en opposition avec les préceptes du Koran, qui en- seigne que le destin est immuable et que tous les événemens heureux et malheureux n’arrivent que par la seule volonté de Dieu. Cependant l’usage l'emporte dans ce cas sur la religion. Jamais les Persans ne commencent un voyage ni une entreprise quelconque, sans consulter un astrologue qui examine les as- tres et pèse , avec gravité , toutes les chances du sort, avant de décider si la chose est praticable, etc., etc. » Dans le parallèle du caractère des Persans et des Turcs, Tan- (x) On aime à croire qu'un prince trologues et ne se mêle lui-même d’as- tel que Fethaly-Chah, doué de toutes trologie, que par des motifs qu'il n’est les qualités de l’esprit, et qui passe pas en nous de pouvoir apprécier. pour un des hommes les plus instruits C’est peut-être chez lui politique plu- de son royaume, n’entretient des as- 1iôt que superstition. N. (350) coigne semble donner la préférence aux premiers. Dupré, comme nous allons le voir , pense différemment (x). » « Le Persan (dit Dupré, après quelques traits plus ou moins piquans) n’a pour lui que le premier coup-d’œil. Il n'a que l'extérieur de la bonté : n’en attendez pas autre chose. Que vous excitiez ou non sa méfiance, qu'il vous aime ou vous haïsse , qu’il espère ou qu’il n’espère pas de vous, il cherchera à vous tromper. Il ne tiendra jamais ses promesses, et vous serez toujours sa dupe. En un mot, le Turc rend service dans le moment et sans rien dire; le Persan parle beaucoup, déclare avec emphase qu’il fera , et ne fait presque jamais ce qu’il an- nonce. » Plus bas il dit : « Le Persan se distingue du Turc par des idées beaucoup plus libérales, par l'esprit de curiosité et par l'amour des nouveautés. Tantôt sous la domination des Uzbecks, tantôt sous celle des Turcomans, des Afgans, il a néanmoins persévéré dans son enthousiasme pour les sciences et les arts. Si les rela- tions de ce peuple avec les Européens avaient été suivies, je ne doute pas que les connaissances n’eussent été portées en Perse à un haut degré de perfection. Le Persan aime à s’ins- truire, à interroger les étrangers sur les mœurs et les usages de leur pays, à les questionner sur les sciences qu’on y cul- tive , sur les arts que l’on y exerce. Il reconnaît en eux cette supériorité de lumières qui le porte à les estimer, quoiqu'ils soient d’une religion différente de la sienne. Le Turc, au con- traire, se plaît dans son ignorance; il trouverait au-dessous de lui de recevoir quelqu’instruction des autres peuples qu’il mé- prise tous; il croit que le Koran renferme tout ce qui doit être appris. » Le Turc est fanatique : le Persan superstitieux sans avoir de 3) Dupré, tom. IT, pag. 399 et suiv. (351 ) religion , et plus tolérant quoique plus attaché aux pratiques minutieuses du culte, etc., etc. » Plus loin il dit : « La vertu militaire des Persans ne les em- pêche pas d’être indifférens et cruels. Le Turc a une sensibilité qui part du cœur; il se plaît à soulager son semblable : les ani- maux même éprouvent les effets de sa bienfaisance. Le Persan n’a de sensibilité que dans la tête ; son âme est d’une excessive sécheresse, etc., etc. » Plus loin: « Dans les transactions commerciales, le Turc est probe et manque rarement à sa parole. Le Persan trafique de son serment comme d’une denrée. On lit dans Platon (1) et dans Hérodote (2), que les anciens Perses avaient horreur du mensonge; qu'il passait même chez eux pour un vice bas et honteux. Que leurs descendans ont dégénéré! Les Persans d'aujourd'hui sont le peuple le plus menteur de la terre ; l’en- fance est accoutumée à dissimuler , à répondre effrontément dès qu’elle est interpellée ou réprimandée, et à se tirer d’em- barras par de faux-fuyans, etc., etc. » Les Persans sont beaucoup plus voluptueux et plus recher- chés dans leurs plaisirs que les Turcs. Ils sont aussi adonnés au vice qui fait honte à la nature humaine. » Tancoigne leur a fait le même reproche. Les trois auteurs dont je viens de citer des passages, donnent une idée du caractère des Persans , sans indiquer la cause de leur corruption. À en juger d’après ce qu'ont dit les trois écrivains suivans, elle git, en majeure partie, dans la mauvaise constitution de leur gouvernement. » » » « La guerre civile, dit Johnson, le plus grand et le plus désas- treux des fléaux de la société politique , couve sous cette mal- heureuse contrée ; on n’y trouve plus de sécurité, ni pour les personnes ni pour les propriétés ; le calme apparent, ou , pour (x) Plat, Alcibiad., LIL. (2) Herodot., lib. I. IL. 45 ( 352 ) mieux dire, le silence de l’opinion publique, ÿ est moins l’ex- pression de la satisfaction que celle de la méfiance réciproque des individus; la connaissance intime qu’on a de leur dissimulation inspire l’horreur de ce vice qu’on reconnaît dans les autres; l’op- pression s’y fait graduellement sentir de rang en rang ; chacun y est l’esclave de son supérieur et le tyran de son subordonné; et enfin, l’égoïsme y éteignant tout esprit public, empire la mi- sère devenue son partage : les habitans des cités, réunis ensemble dans leurs enceintes par le sentiment commun de leur infortu- ne, y demeurent en proie sans aucun moyen d'y remédier ou de l’adoucir. Aucun arbre, à plus forte raison aucun bois, n'offre plus son ombre protectrice sur la surface de cette terre incen- diée et changée en affreux désert (1). » L'opinion de Malcolm cadre avec celle de Johnson, puisque dans son histoire, il déclare que « la fausseté , le mensonge et la mauvaise foi attribués aux Persans modernes, ne sont malheu- reusement que trop véritables ; quoiqu’on ne puisse leur refu- ser de belles qualités sociales, telles que celles d’une éloquence facile, d’un commerce agréable ; de même qu’on ne peut ré- voquer en doute la valeur brillante de leurs tribus guerrières.» En résumant son opinion, il dit: « La nation Persane, en gé- néral, forme un beau peuple, rempli d'énergie, d'activité, d'imagination ; un peuple d’une conception rapide et dont les manières sont agréables et même entraînantes. Mais les défauts des Persans l’emportent sur leurs vertus. Sous le régime qui les gouverne , étant contraints , dans toutes les circonstances , de recourir à la ruse ou à la violence, ils sont alternativement ou esclaves ou tyrans. » Pottinger, en.venant des Indes en Perse par le Béloudjistan , dit des Persans : « Aimables envers leurs égaux, serviles envers » leurs supérieurs, superbes envers leurs subordonnés, ils sont, (x) Johnson’s Travels, p. 163. (353) » dans les plus hautes conditions comme dans les classes les plus » inférieures, également avares et fripons. La fausseté et la » perfidie leur paraissent des moyens plausibles pour parvenir » à leurs fins. Bref, la Perse est, pour ainsi dire, le foyer de toute » espèce de vexation , de tyrannie, de cruauté, de bassesse, et » d’opprobre. » Les personnes de la suite du général Gardanne se sont expri- mées d’une manière encore plus forte sur la Perse, ses habitans et son gouvernement , en traçant en style lapidaire et en grand ca- ractère romain , dans le château d’Armagana, près de Zengan, l'inscription suivante (x) : VENIMUS, VIDIMUS ET MALEDIXIMUS PERSIDI, REGIQUE, AULÆQUE , MAGNATIBUSQUE, POPULOQUE. Îd. Ap. Mpccerx. Si nous opposons à ces sept témoignages ce que les écrivains de l’antiquité pensaient des anciens Persans, à qui ils attribuaient, entre autres vertus, le désintéressement , l'amour de la vérité, de la justice et de la reconnaissance , nous jugerons que les modernes habitans de cet empire sont précisément l’opposé de leurs ancé- ires, quoique , comme eux, ils honorent l’agriculture, et, comme eux encore, qu’ils soient passionnés pour l'exercice du cheval, de la chasse et de l'arc; mais il est à présumer que les éloges que les Grecs, etsurtout Xénophon, ont prodigués aux Persans (afin d’en- gager les Grecs à les prendre pour modèles), ont été poussés plus loin que la vérité ; c’est au moins la conclusion que l’on peut tirer de la Cyropédie : le dernier chapitre de cet ouvrage convient si bien aux Persans de nos jours, que la nation semble avoir bien moins dégénéré de ses prédécesseurs, que ne le soupçonnent les voyageurs modernes , confrontant ce qu’ils ont vu de ce peuple avec le caractère imaginaire dont on le doue dans la Cyropédie. (x) Je ne pense pas que cette inscription soit d'un Français. A. de N. (354) Nous modelerons notre jugement sur les propres paroles de Xé- nophon ; voici comme il s'exprime : « Car je déclare que les Persans » et leurs voisins sont aujourd’hui moins religieux envers leurs » dieux, moins respectueux envers leurs parens, plus injustes les » uns envers les autres et plus lâches à la guerre qu’autrefois. » Les Persans d’aujourd’hui prouvent la fidélité du tableau que Xénophon avait fait des mœurs des Persans de son temps. IL. Mœurs et Usages. Les mœurs et les usages des Persans forment, d’un bout à l’au- tre, le plus beau commentaire de la Cyropédie. La comparaison du texte de Xénophon avec les mœurs et les usages modernes aurait présenté des rapports plus frappans que les extraits de cent passages de divers auteurs dont Morier a en- richi son second voyage; car peu d’entre eux ont trait aux mœurs persanes , et leur majeure partie caractérise aussi bien des cou- tumes occidentales que des coutumes de peuples orientaux. Morier, dans son premier voyage , trace une intéressante pein- ture des mœurs cérémonieuses et des coutumes pleines d’éti- quette des Persans modernes. Les règles de l’étiquette sont obser- vées avec une exactitude si minutieuse en Perse, et fixent tellement la démarcation des rangs, jusques dans les prérogatives de la classe la plus basse, qu’il n’est permis à personne de s’écarter de la ligne qui le circonscrit. Dans l'éducation d’un jeune homme de naissance, on a surtout soin de lui enseigner les formes les plus élégantes du langage usité dans la haute société. Dès s4 plus ten- dre enfance, on le met au fait de la manière dont il faut saluer et complimenter les gens, chacun selon sa condition; on lui indique la place qu’il lui convient d'occuper dans une assemblée , et les personnes sur qui il doit avoir la préséance. Le premier ministre ne comparaît devant le roi que comme le plus misé- rable des paysans se présente devant le chef de son village; il (355) est ridicule de voir comment le plus grand officier de l'empire, si imposant dans son divan, n’a plus l’air, en présence de S. H., que d'un humble domestique de son palais. Un fils, quelque haute dignité que son âge, sa naissance et ses talens lui aient value , ne s’assied jamais devant son père. L’héritier présomptif de la cou- ronne se tient debout comme les autres princes ; seulement il est à la tête de leur file. Les parens collatéraux du roi, les poètes, les savans et les ambassadeurs sont les seuls personnages qui aient le privilége de s’asscoir devant Sa Hautesse. Ses ministres et les grands dignitaires de la couronne ne jouissent jamais de cette faveur. La place d'honneur est à la gauche (x). Lorsqu'un inférieur visite une per- sonne au-dessus de son rang, il s’assied à quelque distance , ac- croupi sur ses talons, ct non pas sur le même tapis, à moins d'une invitation réitérée. Quand un serviteur paraît devant son maître , il fait une inclination plus ou moins profonde, et se retire à reculons; cérémonie qu’observent aussi les inférieurs vis- à-vis des grands. Un inférieur ne demande son kalian (sa pipe), qu'après que son supérieur a pris le sien. Personne ne peut fumer devant le monarque. Les grands, en Perse, se lèvent avec le jour. Un homme de cette classe fait ordinairement sa prière à haute voix ; puis sort de son harem pour entrer dans le bâtiment de l'extérieur, où il donne au- dience àses vassaux et à ses cliens et serviteurs, en prenant du café et fumant son kalian. À onze heures, il fait une collation de pain, de fromage, d'herbes et de fruits: il se lave les mains et la barbe, il reprend du café et sa pipe , et va au Sélam , c’est-à-dire à l’au- dience du roi ; le marchand va vaquer à ses affaires dans le ba- zar. À midi, l’on fait la seconde prière (2). En été, l’on dort (x) Chezles anciens Persans, c'était (2) Is font deux autres prières, l’une celle du centre; Iepouis p2v ueoararoc. à deux heures après midi, l’autre vers Plut. Sympos. Liv. I, quest. ur. les onze heures du soir. (356) communément de deux à cinqheures. Au coucher du soleil, a lieu la troisième prière suivie du souper. Chez les riches, les soupers donnent lieu à de brillantes réunions qui passent quelquefois mi- nuit. On y fume, on y prend du café, du thé à la glace, des fruits, des confitures , des mets glacés , des sorbets, et l’on s’y livre à des conversations sur la religion, la poésie, la littérature , et ja- mais sur la politique ; quelquefois la danse, la musique et le vin viennent augmenter les plaisirs de ces réunions. Ils aiment beau- coup le vin et l’eau-de-vie , et sont passionnés pour l’équitation, la chasse (le mail à cheval n’est plus usité) , le djirid, les cour- ses, les luttes, les baïns chauds , les combats de coqs et ceux de béliers. AIT. Habillement. Le costume des Persans est entièrement différent de ce qu'il était au temps de Chardin. Ils aiment les couleurs sombres, dit- on : le vert foncé et le brun, dans des nuances diverses, étaient, de 1807 à 1809, les couleurs à la mode; mais les modes sont éga- lement très-variables chez eux, et les jeunes gens préfèrent les couleurs claires et éclatantes. Moins majestueux que les costumes des Ottomans, ceux des Persans me paraissent plus commodes et plus élégans. Ils se composent : Du zirdjamè sy;, en soie rouge ou bleue ou en étoffe de coton; c’est une culotte longue et large , soutenue au-dessus des hanches par une ceinture de filet plus ou moins coûteuse, qui passe dans une large coulisse ; leur pantalon de cheval ressemble au chaleur \A des Turcs ; De la pirahen |»\,s; une chemise de soie, de lin ou de coton, ne descendant qu’un peu au-dessous de la ceinture de la culotte, fendue sur le côté gauche, attachée au cou par deux petits bou- tons de soie qui ont leurs ganses; De l’arkakk, GB) ou alkalik ; tunique de kalemgqar (indienne (357 ) peinte, ouatée de coton et piquée), ouverte sur le devant, taillée carrément sur la poitrine, et ne descendant pas plus bas que le mol- let, brodée d’un liseret d’étoffe de soie bleue ou rouge , attachée avec des pattes d’étoffe de soie de la même couleur que le liseret ; Du done ,,5, kaba \3 ou ouïemè as.\; c’est une longue robe serrée sur la taille et allant en entonnoir jusqu’en bas, ne dé- passant pas les chevilles ; la coupe en est carrée sur la poitrine; la soie , le coton, le châle de Cachemir, les brocards de Perse et de Lyon, sont les étoffes dont ce vêtement se compose; les gens de loi et les clercs ne le portent pas carrément coupé sur la poitrine, de manière à laisser voir la chemise : il monte jusqu’au cou et se nomme baghäli de £V ; le done de soie, nommé kakoun, ne seporte que l'hiver, et est, comme ceux de coton, admirablement gauffré ; Du balapouch LL , Capote de dessus; large vêtement de drap que l’on met par-dessus tout; c’est le manteau de ville, il est rouge, vert ou de brocard, ou garni de velours ou de fourrure: alors on l’appelle {chokai-birourx ; De l’ouïemé as), vètement de drap; Du #qmè SG , vêtement de drap dont la manche est ouverte en-dessous , depuis le coude jusqu'aux aisselles; habit ou redin- gote de cheval ou de campagne ; Du kakibr æb, vêtement de brocard garni de fourrure sur les épaules et sur le dos : c’est le vêtement de cérémonie dont les grands se revêtent pour paraître devant le roi ; il correspond aux grandes pelisses d'honneur des Turcs, nommées |. seraser; : Lorsque leur robe s’ouvre en deux, de la ceinture jusqu’en bas, de manière qu’on en rejette les pans à droite et à gauche, on la nomme rs 3\ ouzbéqr ou | 5,25 kouchouni, habit militaire ; Du kourdi-nimtem ue SS , espèce de camisole serrée à la ceinture et n’allant que jusqu’à moitié cuisse ; Du pouchti 2 ou hamamt 4, pelisse de peau de mouton pour aller au bain; le poil est en dedans, la partie corroyée est en dehors ; ( 358 ) Du kemer ;S$, la ceinture ; Du khandjar =, poignard, kard >, couteau, chemchir JS sabre; Des {chorab _-\, = ou _,:«, bas de drap rouge, grandes bottes de drap rouge; Des kechf ÈS, pantoufles de saghri 6,*<, chagrin ; Et des {chizmè 15> , bottes. Ils portent aujourd’hui, pour coëffure , un bonnet de peau de mouton noir en cône, auquel on fait un grand pli en haut, à la manière des Kadjars. Les jours de cérémonie, on roule un chäle autour d’un bonnet à-peu-près semblable. Le châle, plus ramassé dans le milieu , donne à cette coëffure la forme d’un baril. Le bachmaklk, le denier des pantoufles des femmes Turques, se trouvait en usage dans le harem des anciens rois de Perse, sous le nom de denier des pantoufles, Hérodote, IT, 98. £ Dans les anciens auteurs , on mentionne encore : Le denier de la ceinture , Anabasis , liv. I, chap. 1v; Le denier du voile , Plat., in Alcibiad.; Le denier du savon, Plut., Demetrius, XX VII. Celui-ci était donné aux maîtresses, les trois autres deniers aux femmes en titre. Les femmes, dans leur intérieur; ne sont vêtues que d’une simple chemise fendue jusqu’au-dessous du nombril , d’une paire de larges pantalons de diverses étoffes,comme toile, chäle, brocard ou soie. Sortent-elles , elles sont couvertes de quatre voiles épais; une pièce de toile immense, souvent quadrillée , quelquefois une pièce de soie, les enveloppe de la tête aux pieds : on ne leur voit que les yeux. Elles se teignent les ongles, les plantes des pieds et les paumes des mains, en couleur rougeâtre , par le moyen du kenna; elles renforcent la couleur noire de leurs sourcils arqués par le 2es- mè , et rendent plus brillant le feu de leurs beaux yeux, en tirant (359 ) le surmè sur leurs paupières. Leur nombril est souvent orné de fleurs dans le genre d’un tatouage. IV. Demeures et Edifices. L'architecture persane est plus élégante et mieux proportion- née que l'architecture des Turcs. Chaque maison a son jardin ou des cours garnies d’arbres. Les fenêtres sont en verre coloré; au- dessus d’elles est un auvent pour garantir de la chaleur. La porte est garnie d’un tapis formant rideau. Le salon de réception est orné de peintures. On nomme Biroun, la salle publique. Enderoun , le harem ou l'appartement des femmes. Serider , l’'avant-salle ou le vestibule. Sofra , une grande nappe d’indienne souvent ornée d’inscrip- tions ; on l’étend moitié sur le sol, moitié sur les genoux; elle est couverte de petits plateaux chargés de trois ou quatre sortes de pr- lafes. Entre plusieurs petits bols pleins de ragoûts, on met de petites soucoupes avec des douceurs, etc., et de grandes jattes avec des sor- bets. L'embarras des convives après les repas est assez singulier pour être remarqué; ils font vraiment une drôle de figure en atten- dant l’eau chaude pour savonner la main qu’ils tiennent allongée en avant, et ayant le coude au corps ou appuyé dans la main gauche. V. Fêtes. Les fêtes des Persans sont: Le petit Beyram, après le Ramazan; Le Kourban-Beyram , la fête des sacrifices, au 10 de Zilhidje ; Le Nocrouz (1), à l’équinoxe du printemps, instituée par Djemchid; (4) Quiconque a vu la présentation sentées sur les marbres d’Istahar ne . des présens à Sa Hautesse, à la fête sont pas autre chose que la commé- du Novrouz, comprend facilement moration de cette institution. que les processions d'individus repré- À deN. IL. 46 ( 360 ) Et l'Achoura, le martyre de Hassan et Houssein, le 10° jour du mois de Mouharrem. La plupart des voyageurs ont omis deparlerdestrois fêtessuivantes: La fête des roses, Aid-goul ; La fête des eaux, Ki D Abrizegan; La fêtes des flammes, f,5xe "Aidiniran. Morier mentionne une fête particulière qui ne se célèbre qu’à Démavend, 4id-1-Kourdi, la fête des Kurdes, en l’honneur dela défaite du tyran Zouhaq que l’on prétend enchaîné dans les gouf- fres de l'antique volcan qui domine ce pays. F VI. Dignités. Les dignités et les emplois en honneur parmi les Persans se pré- sentent sous les dénominations suivantes: Mirza. Désignation ordinaire des scribes et des lettrés quand elle précède le nom de l'individu ; à la fin des noms elle caractérise les fils du monarque et les princes du sang de lignée en lignée. Khan. Ce titre est ordinairement l’attribut des chefs de tribus militaires et des gouverneurs des provinces et des villes. Hammer se trompe quand il dit que le titre de Khan n’est pas héréditaire : dans beaucoup de familles, il est l'héritage non-seulement de l’aîné, mais de plusieurs de ses frères. Cela n’empéche pas que le roi n’ennoblisse de ce titre des sujets dont les ancêtres n’en étaient pas décorés. Ceux qui font de ces khans des barons et des ducs, ont peut-être moins tort que lui, qui en fait des conseillers intimes, d’après le mot de Jus —#% Moukarreb oul Hakan , qui entre dans le diplôme de Mirza Abdoul Houssein Khan. Après le Vély-i-"Ahd (l'héritier présomptif de la couronneetles princes du sang) , la dignité la plus éminente est celle de premier ministre, Sadri- Azem de |,5, qui porte aussi le titre d'Z'#imad- oud-Dovlet 23,5 set, l'appui, le soutien, la confiance de l’em- pire, ou bien Mon'temid-oud-Dopvlet 3,5 sise. ( 36r ) L'Emin-oud-Dovlet LS, st, est l’intendant de l'empire , le ministre du trésor et des finances. Le Nizam-oud-Dopvlet L 3,51, l'ordre de l'empire, est le mi- nistre de l’intérieur, qui porte quelquefois le titre de Mounchi- il-Memalig SN\s9 ts, le grand chancelier de l'État. Le Naib-i- Mounchi - oul - Memalig =} se 256 est son substitut. Les Mousioufi, 2: sont les secrétaires d'Etat. Le Lechger-Nouvis | .s5 K:J est le secrétaire d'Etat du départe- ment de la guerre. Le Darogha-i Defier ;55 x.,\5, l'exécuteur des confiscations. Le chef du pouvoir judiciaire et de la religion se nomme Sadr je où bien Cheïkh-oul-Islam NY 2, Les grands gouverneurs des provinces, les satrapes d’autrefois, ont le titre de Begler-Beg &$ 5, prince des princes. Les commandans des lieux considérables se nomment Hagim se (commandant); ceux des lieux de moindre importance, Zabit L;Le (autorité). Les Kélanter ;5Y sont les maires des villes. Les Darogha s&,,\5 sont les lieutenans de police des quartiers et les maires des villages. Les Mouhtésib ass sont les commissaires des marchés. Le Mir-1- Ahdas #52, est le chef des patrouilles et des rondes nocturnes (le prince des accidens). Les Paq-Qar =5\, les percepteurs des contributions qui ont charge de les prendre du kélanter. Les Qetkhouda }5. Les plus importantes de ces tribus sont celles des Bakhtiari ss, dans l'Irak et le Loristan; des Fa-ili, LL, dans leKhouzistan, autour de Chouch etChouster; des Efchar 5} (d’où (364 ) Nadirchah }), autour du lac de Méraga; elle se divise en Kasam- lou Ji et Eredjlou Js\; des Kadjar 5 (d'où la famille régnante ), dans le Mazanderan; elle se divise en Zokaribach Libs,BsetAcheghibach Vif; etc. Ces tribus, au nombre d’une centaine , se divisent par langue Turque , Arabe, Lour et Curde. Les revenus du roi se composent : Du Maliat LL; impôt foncier de la couronne qui se paie, partie en argent, partie en nature; le roi perçoit en nature le cmquième du blé, orge, soie, tabac, indigo , etc., et pour des légumes et autres bagatelles , il se fait donner de l'argent ; jadis ce n’était que le dixième : le roi actuel a doublé cet impôt, le- quel se lève par des percepteurs qui achètent et revendent cette commission ; ils ne livrent que la quantité due, mais, par toutes sortes d’extorsions , ils font le plus grand tort au contribuable ; Du Sadr 5 ; tribut extraordinaire que le pays est obligé de fournir en chevaux, grains , fourrages, moutons, etc., au passage des armées, des grands, des officiers , des courriers, des étran- gers, etc. ; Et du Pichgèch YiG»3; présent que le roi recoit au Novrouz, de chaque seigneur ou gouverneur; c’est un tribut soi - disant vo- lontaire, mais qui ne laisse pas que d’être très-onéreux pour le Raïa (rèïiet), parce que les gouverneurs , dans le dessein de manifester leur zèle pour le souverain et mériter sa faveur , cher- chent à se surpasser les uns les autres, dans l'importance du présent. Par ces impôts, le paysan est fort obéré; le boutiquier, 385 Dauqgandar l'est moins, et le marchand, S\3... Soedaquer l'est en- core moins , vu qu’il ne paie que des octrois et des douanes. Le sol, en Perse , est héréditaire, !,; si le roi le confisque, on le nomme zabt-i-chah 52 Le. Lorsque le roi daigne accorder au propriétaire une petite rente sur le bien confisqué , on nomme cela moustéemnri OA Les biens de la couronne se nomment halisiè à J\e. (365 ) VII. Productions. Le Guilan etle Mazanderan produisent de la soie ; la première province, 200,000 batmens , et la seconde, 20,000 batmens. La soie du Guilan est plus fine et plus chère que celle de Broussa, Mais pas aussi douce mi aussi souple. Le Mazenderan donne la canne à sucre. La gomme adragante vient du Kourdistan. La garance se cultive à Yezd. Les laines sont une des plus importantes marchan- dises de la Perse : les //at ou tribus en font les plus riches ta- pis, des feutres magnifrques, des tentes et des manteaux de voyage nommé Labas. Les dromadaires du pays de Lar fournissent le poil de chevron usité dans la chapellerie; et les chèvres de Kerman , les soies les plus belles pour la fabrication des châles de ce pays. Entre Hamadan et Ispahan, tombe une manne céleste dont on fait des pâtes pectorales estimées et nommées quézenguébin w#S3$. Le semen contra ou l’assa fetida (que l’on pense être le laserpitium ou le sylphium de Dioscoride ) remplit de vastes ma gasins à Bender-Bouchehr. La Perse fournit en abondance d’'au- tres gommes précieuses, telles que le ga/banum , l'oppoponax , le bdellium, la sarocolla , le terebinthinum. Les chevaux les plus vigoureux viennent de l’Azerbaïdjan , de lIrakadjemi et du Fars ; les plus beaux sont de Khorassan, et les plus rapides sont turcomans. L'indigo vient de Chouster, de Dizfoul, et de Hérat, ainsi que du Laristan. Une des meilleures productions de la Perse est une sorte de tissu que les Turcs aiment beaucoup. Yezd est célèbre par ses riches brocards ; Kachan , par ses étoffes de soie et ses cuivres travaillés ; Koum, par sa poterie ; Recht, par ses bures à sept brins (heft tahmiz ); Chiraz, par ses armes et ses cristaux: Ispahan , par ses brocards et autres tissus nommés Kat-toun; Ni- chapour , par ses turquoises; Qermanchah, par ses armes, et Qerman, par ses châles. Six villes ont un octroi de trois et demi pour cent: Qerman- ( 366 ) chah, Recht, Tebriz, Isfahan, Chiraz et Mechhed; dans les autres, on n’exige qu’une taxe insignifiante. Les ventes et les achats ne s'effectuent que rarement au comptant, maïs à terme de six mois. Le commerce est tombé en Perse aujourd’hui (1807, 1808 et 1809). Le commerce des soïes que la Perse fait avec la Russie, est à son avantage , parce que les Russes paient cet objet en or ou en retours qui consistent en draps, faïences, aciers, indigo , qui sont d’une bonne défaite pour les Persans. Le commerce de la Perse avec les Turcs, dont les Anglais se sont entièrement emparés , consiste en adragante , Oppoponax, salep, solmiak, tuyaux de pipes de cerisier de Chiraz et de Tcharmehallè dl «&, à cinq journées ouest-sud-ouest d’Ispahan , en peaux d’a- gneaux pour les Calpaks, en /embaqi (tabac de Chiraz) , en schâls de Yezd et de Kerman. Les Turcs rendent en échange, leurs cui- vres des mines d'Argana, des soieries de Brousse, des lingots en barres d'or et d’argent que l’on monnoye en Perse. Les mines de plomb de la Perse sont à Baft, sur la route de Chiraz à Ker- man: les mines de fer du Mazenderan ne sont pas exploitées. Dans les environs d’Ardebil , il:y a ure mine de cuivre. À Oriat, à cinq journées à l’est de Tebriz, il ÿ a une mine d'argent. Dans le Khorassan , il y a des mines d’or, d'argent et de fer (1). Les vaisseaux anglais et arabes qui abordent à Bouchehr et dans les autres ports du golfe Persique , apportent des draps de l’Europe , la cochenille et l’indigo de Surat, du fer, du plomb, des racines, du thé, du riz, des porcelaines de la Chine et du Japon, des mous- selines du Bengale, les étoffes de Guzarat, les bois de Campêche et de Fernambouc, du mercure, du gingembre, du papier , de l’étain, du fil de coton blanc , des étoffes de coton, des toiles quadrillées de Cambaye, des toiles de lin imprimées à Ahmed- Abad , des bois de construction pour la marine , des peaux tan- nées de Maskat et d'Elkatif, du café Mokka, les parfums de (x) Dupré, tom. LE, pag: 3qo. ( 367) rose de Firouz-Abad , des dattes, des chevaux; des grains , tels que blé et orge, des gommes et de l'assa fœtida. La Perse envoie à Hérat et dans le Kandahar, de gros draps, des étoffes , des toiles de chanvre et de lin, du sucre, de la soie, du cuivre, des fruits secs; mais cela suffit à peine pour couvrir la moitié de l'importation qui consiste en salmiac, saffran , peaux de mouton de Boukara , indigo , acier, rhubarbe, garance, lasuli et châles. L’acier dont on fait les fameuses lames de Khorassan vient de Lahour. Les châles de Kachemir sont faits de laine de chèvres qui paissent dans les pâturages du district de Lasse dans le Khotten +, à 30 journées du Tibet; les fabricans de ces tis- sus magnifiques travaillent pour un si mince salaire , qu’à peine ont-ils de quoi se nourrir : leur prix élevé vient des taxes exces- sives dont cet objet est frappé dans les douanes de Pichaver, Ka- boul, Zèbes Us et Mechhed. Point de bonne foi, et la crise dans laquelle la mort du roi peut jeter la Perse, doivent rendre les Européens très-circonspects dans leurs spéculations avec ce pays (1). VIIL. Littérature. Ouseley est le seul des voyageurs que nous avons examinés, qui ait le mérite de s'être occupé de littérature persane. Souvent il a puisé ses documens dans les auteurs indigènes, etrend ses pages aussi intéressantes que curieuses par des citations d’historiens, de géographes et de poètes, qui prouvent qu'il avait, plus qu’un autre, les connaissances dont un voyageur ne se peut passer. Voici un catalogue succinct des ouvrages qu’il a cités : Séir oul bilad Lizakarié el-Kasvini 3354 SN Ne, Pro- menade à travers les contrées de l’univers, par Zacharie de Cazvin; ouvrage qui traite de la géographie ; (x) Dupré, tom. II, pag. 38r. Ir. 47 (368 ) Adjaib oul mahloukat l Ahmed el- Tousi 3% Bts)! ls Eh, les Merveilles de la nature, par Ahmed, de Tous. Siver oul beledan li Ibn-i-Haukal J3< CN JE se , les Ta- bleaux des villes par Ibn-i-Haukel, traduit par Ouseley. Zinet oul medjalis li Medjoud-din Mouhammed el- Housseini se sl = les) às;, le Charme des assemblées, par Medjoud-din Mouhammed el-Housséïni ; ouvrage estimable sur l’histoire et la géographie. Moudymel it tévarih 2 JE, Histoire universelle qui con- tient un morceau merveilleux sur la cour des rois Sassanides , d’après le livre intitulé Qitab-1-Souret-t-Padichan-i-Beni-Sassan Ji gs ol ee LES Tohfet oul'élem L Abdoul-Létif ben Abou-Talèb JM 5 HE L&EV 54, Présent de l'univers, par Abdoul-Létif, fils d’'Abou-Taleb qui mourut dans l’Inde, en 1805. Tarih-i-Vas-saf 3, 5 le plus apprécié des ouvrages historiques persans , sous le rapport du style, et pour lequel il existe un commentaire pour l'explication des passages trop dif- ficiles. Ce commentaire fut écrit par un réïss - effendi nommé Aboubeqr-Chireani et achevé par Naïli-Effendi. Cet ouvrage con- tient non pas l’histoire de Djengiz-Khan, comme le dit Ouseley, mais celle de ses successeurs depuis Oulakou , jusqu'à Abouzé'ïd (ou Abou-Sa’id })? Meilleurs orages historiques de la Perse. Nizam it tevarih Ul-beïzavi ces 2,131 0, la série coor- donnée des histoires. L'auteur mourut en l'an 619 de l’hég. Tarih+-gouzidè l-Hamdoullah 5 55 ns e Histoire choi- sie par Hamdoullah. Nouzhat oul kouloub li-Ben Nasr el-Moustoof y) DA >; (369 ) ES) les, la Joie descœurs; ouvrage de géographie, par Ben Nasr el-Moustovfi, composé en 730 (1329). Djami it tevarikh ll-vezir Réchid- Ouddin y; 2,14) et es, Histoire universelle par le visir Réchid-Ouddin, né en 645 (1247), contenant une histoire religieuse et un morceau de géographie. Tarikh-ibinaï qüi St 2,0, Histoire de la création du monde par Abou-Zeïd, contemporain de Vassaf. _Zoubdet it teearikh li- Khodja Hafz Abrou 12 ENPIERT #1, la Quintessence des histoires , par Khodja Hafñz Abrou , mort en 834 (1430). Tarikh-i-djihan gouchaï-l-Ita' oul-Moulq lil-Djoreini yes 2,0 PE) ee CUS, Histoire de la conquête du monde par Ita” oul-Moulg el-Djoveini, auteur d’un nrigartstan(galerie de peintures) dans le genre de celle d'El gaffari, Ut ju; morceaux des -plus estimés dans la littérature orientale. Tarikh Matla’ esséidéin - Abd our Rizzak ben Djelal Ouddin BU Jp ED ce) Don) 2,5, Histoire, le lever des deux astres propices, par Abd our Rizzak, fils de Djelal Ouddin, mort en 887 (1482). Tarikh-i-djihan ara li-Gaffari | c,\s LE ue 2 Histoire or- nant le monde; histoire persane composée pour Chah-Thamas, en 972 (1564). Tarikh-1-Tabarilil-Bal'ami ne" Sp V5 l'Histoire (tra- duite en persan ) de Tabari par Bal’ami. Vesaiä hl-vezir Nizam oul-Moulqg =, 5,06 Le., les Tes- tamens politiques ( ou les avis) du vizir Nizam oul-Moulq. T'arikh rovzat ossefa li-Mirkhond x ,< ps) Balises ) El le Ver- ger de la pureté, par Mirkhond, continué et achevé par son fils, Khondemir, sous le titre de Tarikh-i-habib-ous siïer i Khondemir,-5, , Ne 26, His- * | ( 370 ) toire de l’ami des mœurs et coutumes ; dans l’histoire de Cheref Ouddin de Iezd (traitant de Timour ). Tarikh-1-'alem ara MACERS Histoire embellissant le monde (traitant du règne de Chah-Abbas le grand ). Tarikh-i-hecht béhicht lil-Edrisi ss SN alu Liun £ V, His- toire des huit Paradis, par Edrisi. Tarikh-i-mirat oul edear lil-Lari 6, ,5W5,e ed Histoire du miroir des siècles, par Lari. Histoires particulières des villes de Perse. Tarikh-i-Chiraz de Haïbet Oulla et d’Ibni Abdoulla Kassar. Tarikh-i-Reï d'Abou Mansour Alabi. Tarikh-1-Tabaristan, par Khodja Ali Erraviati. Tarikh-1-Mazenderan, par Mevlana Ovliïa et Mevlana Rouïani. Tarikh-i-Djourdjan , par Ali Mouhammed el Edrisi et Abd our Rizzak Esseïdi. Tarikh-1-Khorasan, par Abïourdi , Haqimi Nichabouri, Abou Nasr el-Movrousi, Abbas ben Mousab et Aboul-Hasan es-Selami. Tarikh-i-Kazoin, par Raf” et Ibni Abdoulla, mort en 405 de l’hég. Tarikh-i-Qerman, par Nasr Ouddin, mouffti de Qerman. Tarikh-i-Nichabour, par Mouhammed ben Abdoulla Elhakim, continuée par Abd oul Gafir ben Ismaïl, jusqu’en l’an 518 de l’hég. Tarikh-1-Esterabed, par Edrisi. Tarikh-i-Dilem, par Ishak ben Helal. Tarikh-i-Sous, par Ibrahim Valif Chah. Tarikh-i-Balkh , par Mouhammed ben Okeïl et Abou Kassem Al ben Mahmoud Qéabi. Tarikh-i-Merv , par El-Zemani, en 20 vol., Bedrouddin ben ’Aroun, Medjdouddin Mouhammed et Ibni Iâkoubi Firouzabadi. Tarikh--Herat, par Abou Ishak Abmed ben Bésari Hafiz, Abou (371) Nouh Isa Hérévi, Abou Nasr ben Abdoul Djebbar Kaïssi, Ab- dourrahman el-Fahmi et Ahmed el-Djami. Tarikh-1-Hamadan, par Abou Chedjà Mouhammed el-Koraïi; continuation de l’histoire de Chirouïè ben Cherdar, et celles d'Abdourrahman, de Bedrelimnabi et de Salih ben Ahmed. Tarikh-+-Isfahan, par Imam Abinaïm Ahmed Ibni Abdoulla, Abou Zaqarià Tahïah ben Abdoulla Wähhaf, ben Moundeb, Imam Omar ben Cheylan et Abou Fazl ben Moubareq il-Hindi, la dernière et la plus volumineuse de toutes. Ensuite les histoires des Samanides, Safarides, Bouïides , Sel- djoucqs, Mouzaférides, Timourides, Soufdes, et autres dynasties qui régnèrent en Perse. Nous terminons ce périple sur la Perse, que nous avons entre- pris pour l'utilité des voyageurs à venir , par le passage qui ter- mine le périple exécuté dans la mer Rouge par Agatharchides : O Sex Tois Lara jLepos mpayLaciy EVTETUYyLwS KAL A0POIS MUTEOREURO= JLEVOS 1çoplas Bois ka æpoapeoiy exwy duvaueyyy Sobay æœoyw Typevely ëk apebeler (1). N. B.— Ce n’est qu'après la terminaison de ce travail, que l’auteur eut con- naissance de la Géographie Universelle publiée par M. Ritter; c’est ce retard qui est cause que cet estimable ouvrage n’est point cité comme à l’appui de ses opinions ou contre elles, cas qui eût été plus rare que le premier. (A se trompe, suivant l’auteur, sur les villes de Pasargade, de Suze, sur le Chouster, l'Eulœus et le Pasitigris, et dans quelques étymologies, telles que Ji et x”, pi et ed D) et yŸ.) (1) Qui vero et particulatim rebus inter- nandæ par et sufliciens ; ab hoc se negotio fuerit, et verbis historia dignis instructus non abstinebit. (Agatharch.Pag. 69, Geogr. studium adhibeat, gloriæ per laborem ve- vet, script. Græci minores. Vol.I.) (372) ARR LES AE LR LUE LA LUEUR LULU RUE LUE LE LULU ULE LEE LULU L AL LL LUEUR LULU ELLE LL RULES RECHERCHES SUR LES ANTIQUITÉS DES ÉTATS-UNIS DE L'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE, PAR M. WARDEN. INTRODUCTION. Avant l’arrivée des Européens dans la grande vallée de l'Ohio (x), les habi- tans vivaient principalement de la chasse et de la pêche ; d’épaisses forêts déro- baient à la vue les monumens d’antiquité américaine, et ce n’est qu’au fur et à mesure de la disparition des arbres qui les recouvraient, qu’on a pu se former une idée de leur étendue et de leur destination. C’est là vraisemblablement ce qui a empêché qu'ils ne fixassent l’aitention de Joutel (2), de Tonti(3), de La Sale et du père Louis Hennepin (4). Ce dernier, lors de son voyage dans le pays arrosé par le Mississipi et ses affluens, visita plus de deux cents tribus indiennes, et bien qu’il parle de leur vénération pour les restes de leurs ancêtres, il ne dit rien de l'habitude dans laquelle ils étaient de les ensevelir sous des tertres de terre. Il ne dit pas un mot non plus de leurs fortifications. Le docteur Douglas, un des premiers historiens des colonies anglaises, en Amérique, n’eut pas connaissance de ces monumens, Car dans ses observations sur les nations abo- (1) Le: premier établissement qui ait été (2) Journal historique du dernier voyage formé sur les rivières de l’ouest, appelé Up- dela Sale, Paris, 1713. per settlement on the Ohio, le fut par les (3) Les dernières découvertes dans l’'Amé-— Anglais, en 1760; et la colonisation du Ken- rique Septentrionale de M. de La Sale, etc., tucky ne date que de 1780. Imlay’s Wes= Paris, 1697. tern territory, pag. 66-67, London , in-8°, (4) Description de la Louisiane, etc., Paris, 1792. 1683. (375 ) rigènes de ce continent , il prétend qu’on ne peut en suivre l’histoire au-delà de la découverte qui en fut faite par Colomb, en 1492 (x). Le professeur suédois Kalm est peut-être le premier qui ait parlé des monu- mens de la vallée des États-Unis, dans la relation qu'il a publiée de son voyage dans le Canada au mois d'août 1749. Suivant les renseignemens que lui avaient fournis des missionnaires jésuites qui avaient long-temps résidé dans le pays, les Indiens, ne connaissant l’usage de l'écriture ni d’aucun caractère quelconque, ne pouvaient dire si d’autres nations avaient habité l'Amérique avant eux, ou si elle avait été visitée par quelque peuple antérieurement à l’arrivée de Colomb. Rien n’indiquait non plus que des missionnaires chrétiens fussent jamais venus parmi eux. « Les Indiens, dit ce savant voyageur , sont aussi ignorans des prin- cipes de l’architecture et des travaux manuels, que des sciences et de l'écriture. On cherche vainement dans leur pays ces villes bien bâties, ces palais, ces fortifications artificielles , ces tours et ces colonnes élevées, et les autres monu- mens du même genre que l’on rencontre dans l’ancien monde, et dont l’origine se perd dans la nuit des temps. Ces sauvages ont pour habitations de misérables huttes d’écorce, exposées de tous côtés aux intempéries des saisons. Toutes leurs connaissances en maçonnerie se bornent à placer en terre quelques blocs in- formes de! rocher , qui leur servent de cheminée. L'histoire du pays ne remonte pasiau-delà de sa découverte par les! Européens , car tout ce qui s’y est passé avant cette époque appartient à proprement parler au domaine/de la fable. Toute- fois, dans ces derniers temps, ajoute Kalm, on a découvert des vestiges d’anti- quités qui feraient croire que FAmérique septentrionale a dû être autrefois peu- plée d'habitans plus versés dans les sciences et plus civilisés que ne l’étaient ceux que les Européens y trouvèrent à leur arrivée; ou que du moins il y fut envoyé, à une époque inconnue, une expédition militaire par quelque nation de: l'ancien continent. Cette opinion, continue--il, me paraît confirmée par le fait suivant : Quelques années avant mon arrivée au Canada, le cheva- lier de Beaubarnais, alors gouverneur-général, donna à M. de Vérandrière Vordre de partiravec une expédition qui devait traverser l'Amérique jusqu’à la mer du Sud , pour déterminer la distance d’un de ces endroits à l’autre, et s’as- surer s’il ÿ aurait quelque avantage pour le Canada , ou la Louisiane, à ouvrir une communication avec cet Océan. L'expédition partit à cheval de Montréal, et ayant pénétré bien avant dans le pays et dépassé un grand nombre de tribus indiennes , arriva dans une vaste plaine dégarnie de bois, mais que recouvraient des herbages très-élevés, et qu’elle mit plusieurs jours à parcourir, On remar- (x) Douglas’ history of North America, tom I, sect, 3, Boston, Nouv. Anglet., 1755. ( 374) quait en divers endroits la trace des sillons, et tout portait à croire qu'ils avaient été autrefois labourés et ensemencés (1). On ignore d’où cela provient, car les plantations de maïs, qui se trouvent aux environs des villes et des vil- lages indiens, excèdent rarement cinq ou six arpens. Après s'être avancée à environ goo milles français à l’ouest de Montréal, l’expédition arriva dans un lieu où jamais Français ou Européen n’avait pénétré. Elle trouva dans les bois et dans une vaste plaine, de grands piliers de pierre se soutenant l’un l’autre. Ces piliers étaient formés d’un seul bloc, et paraissaient évidemment avoir été élevés par la main des hommes. On découvrit dans d’autres endroits des pierres semblables, placées les unes sur les autres, comme pour former une muraille. Néanmoins le pays environnant ne renfermait aucune espèce de pierre. On en fit l'examen le plus minutieux sans pouvoir découvrir ni caractères ni inscrip- tions. Enfin on rencontra une grande pierre semblable à celle des piliers, dans laquelle il y en avait une autre plus petite, et sur les deux côtés de laquelle étaient tracés des caractères inconnus. Cette dernière pierre, d’un pied français environ de longueur, et de quatre à cinq pouces de largeur, fut détachée et portée au Canada, d’où elle a été envoyée en France, au ministre, comte de Maure- pas; mais on ne sait pas ce qu'elle est devenue. M. Kalm ajoute que des Jésuites, qui examinèrent cette pierre, trouvèrent beaucoup d’analogie entire les caractères qui ÿ étaient empreints , et ceux qui, dans ‘différents ouvrages sur la Tatarie, portent le nom de caractères ta- tares (2). Les naturels du pays ne purent donner aux Français de renseignemens satisfaisans sur ces colonnes; il ne s’y rattachait même pas une tradition; tout ce qu'ils savaient, c’est que ces pierres avaient été au même endroit de temps immémorial. Ils apprirent de ces Indiens, et de ceux qui résident encore plus à l’ouest, que la mer du Sud n’était qu’à quelques journées de là ; qu’ils allaient souvent trafiquer avec les Espagnols, sur ceite côle, et qu’ils se rendaient aussi sur celle de la baie d'Hudson pour commercer avec les Anglais. Quelques-uns de ces indiens vivaient dans des cabanes en terre ; les uns étaient couverts de fourrures, d’autres allaient entièrement nus, et ils n'avaient , pour la plupart, jamais vu de Français (3). (x) Ce sont des praîries naturelles qui se die er nach dem Noerdlichen Amerika, trouvent sur plusieurs points des Etats-Unis, etc., 3 theil, Gottingen, 1764. Traduit en et qui présentent le même aspect que des anglais par Foster, 2 vol. in-8°, London, champs. Voir Note À, à la fin de l’article. 1772. Voir pag. 256-281 du tom. II. (2) Peter Kalm. Beschreibung der Reise (3) Le but principal de cette expédition ne (375) Malgré toutes mes recherches, dit Kalm, ce sont là les seuls vestiges d’an- tiquité Canadienne qui soient venus à ma connaissance. Dans la continuation de mon voyage, en 1756, j'aurai occasion de décrire deux autres monumens curieux (1). Filson, dans son Histoire du Kentucky, a fait connaître les restes de deux anciennes forlifications, garnies de fossés et de bastions, qui se trouvent aux environs de Lexington. L’une embrasse six acres de terrain et l’autre trois. Ces ouvrages sont maintenant couverts d'arbres qui, à en juger par le nombre de cercles que présentent leurs troncs, paraissent avoir au moins 160 ans (2). Loskiel remarque, dans son Histoire de la mission des frères unis chez les Indiens de l'Amérique du nord, publiée en 1788, que, d’après le témoignage anthentique des Indiens les plus âgés, leurs guerres étaient jadis plus sanglantes et plus longues qu’elles ne le sont de nos jours. On dit même qu'il y en avait d'héréditaires. L'on voit encore les ruines de quelques-unes de leurs villes , et les tertres qui se trouvent aux environs, prouvent suffisamment qu'elles sont l’ouvrage des hommes. Ces tertres étaient creux, et il y avait au sommet une ouverture par laquelle les Indiens descendaient leurs femmes et leurs enfans au premier bruit de l'approche d’un ennemi; les hommes, se plaçant ensuite sur les côtés, s’y défendaient avec le plus grand courage. Pour cela, ils portaient une quantité prodigieuse de pierres et de troncs d'arbres au sommet de ces tertres , et les faisaient rouler sur les assaillans. Ces sortes de combats étaient ordi- nairement fort meurtriers, et les tués de part et d’autre étaient jetés pêle-mêle dans un grand trou, et recouverts de terre. Ces tombeaux se voient encore sur plusieurs points , et l’on peut juger de leur ancienneté par les gros arbres qui y croissent. Dans ses « Observations sur la Virginie, » publiées en 1782, M. Jefferson attira l'attention des savans, sur ce sujet, par les détails qu'il fournit sur les abo- rigènes de ce pays, et sur l'ouverture d’une tombe située dans le voisinage deses propriétés (3). Les caractères et les figures remarqués sur un bloc de granit, dans le Massa chusets, et dont M. Sewal, professeur de langues orientales, à Cambridge, fut pas atteint, parce que les Francais s’étant (x) Cette continuation n’a pas été publiée. laissé entraîner dans une guerre que se fai- (2) The discovery, settlements and pre- saïent alors les peuplades les plus reculées du sent state of Kentucky, p. 33. Voirle cha- continent, il en tomba plusieurs au pouvoir de pitre des Indiens ou sauvages. À : À À Are à | Hi l'ennemi, et le reste se vit obligé de retour- (3) Voir l’article Tertres de la Vir- ner au Canada. ginie. Il. 48 L ( 376 ; envoya la description à M. de Gibelin, en 1793, excitèrent de nouveau la curio- sité des antiquaires (x). En 1768, le capitaine Carver, lors de son voyage dans l'Amérique septen- trionale (2), découvrit sur les bords du Mississipi , au-dessous du lac Pepin , un parapet de forme circulaire et de quatre pieds de haut, qui pouvait avoir un mille détendue, et couvrir quatre à cinq mille hommes. « Cet ouvrage, dit-il, dont les côtés aboutissaient au fleuve, me parut aussi régulier que si Vauban lui-même eût présidé à sa construction. » Le célèbre historien de l'Amérique, Robertson , a cherché à détruire, par ses raisonnemens, l’idée de l'existence d’un peuple civilisé dans le Nouveau-Monde, en soutenant que les nations les plus policées de ce continent n’avaient aucune connaissance de plusieurs inventions simples, presque aussi anciennes que la société dans les autres parties du globe, et qu'on retrouve dans les premières époques de la vie civile. Il est manifeste, par-là, que les tribus qui origi- nairement ont passé en Amérique, sortaient de nations qui doivent avoir été aussi barbares que leurs descendans l’étaient quand ils ont été découverts par les Européens; car les arts de goût et de luxe peuvent bien décliner et périr par les secousses violentes , les révolutions et les désastres auxquels les nations sont exposés; mais les arts nécessaires à la vie ne peuvent plus se perdre chez un peuple qui les a une fois connus. Ils ne sont sujets à aucune des vicissitudes des choses humaïnes, et la pratique en subsiste aussi long-temps que la race même des hommes. Si l'usage du fer avait jamais été connu aux sauvages de l'Amérique ou à leurs ancêtres; s’ils avaient jamais employé une charrue, une navette ou une forge, l'utilité de ces inventions les aurait conservées, et il est impossible qu’elles eussent pu être oubliées ou abandonnées (3). « Pour qu’une nation, dit Voltaire, soit rassemblée en corps de peuple, qu’elle soit puissante, aguerrie, savante , il est certain qu'il faut un temps prodigieux. Voyez l'Amérique; on ny comptait que deux royaumes quand elle fut décou- verte, et encore, dans ces deux royaumes, on n’avait pas inventé l’art d'écrire. Tout le reste de ce vaste continent était partagé, et l’est encore, en petites sociétés à qui les arts sont inconnus. Toutes ces peuplades vivent sous des huttes; elles se vêtissent de peaux de bêtes dans les climats froids, et vont pres- (1) Voir ci-après la descriptionet la planche don, 1779. Carver parcourut le pays des In- qui l'accompagne. diens sur une étendue de près de 4,000 milles, (2) Travels through the interior parts et visita douze nations différentes. of North America, in the years 1766, 1767 (3) Liv. 1v, traduct. française. and 1768, by J. Carver, esq., in-8°, Lon- (377) jue nues dans les tempérés. Les unes se nourrissent de la chasse, les autres de racines qu’elles pétrissent : elles n’ont point recherché un autre genre de vie, parce qu’on ne desire point ce qu'on ne connaît pas. Leur industrie n’a pu ailer au-delà de leurs besoins pressans. » (1) ‘ Les renseignemens fournis par Kalm et par Carver, fixèrent l'attention du professeur James Dunbar. « Le témoignage de ces voyageurs, dit-il, met hors de doute l'existence d’anciens peuples dont l’histoire ne fait aucune mention. On a trouvé sur les bords du Mississipi et sur plusieurs autres points du con- tinent, des ouvrages d’une haute antiquité, qui prouvent une connaissance de la science militaire que ne sauraient avoir des tribus grossières et sauvages. On peut donc en conclure qu’il existe de grands vides dans les annales de bien des peuples, et que nous n’avons que des données fort imparfaites sur les vicis- situdes des empires et sur celles de l'espèce humaine. » (2) Imlay, capitaine de l’armée américaine durant la guerre de l'indépendance, et chargé depuis de l’arpentage des terres dans les établissemens de l'Ouest, prétend, dans sa description topographique du territoire occidental de l’A- mérique du nord, publiée sous la forme de lettres datées de Kentucky (3), que les monumens de civilisation indienne, décrits par Carver, sont entièrement imaginaires. Tout ce qui paraît être l'ouvrage de l’homme, porte, dit-il, l’em- preinte de la barbarie, et toute comparaison entre les naturels et les ani- maux de l'Amérique, et ceux de l’ancien continent, ne tend qu’à me confirmer dans l'opinion de ces gens sensés, qui pensent que l'Amérique a été peuplée par des Scythes, qui s’y seraient rendus par le détroit du Kamischatka. Feu le docteur Ezra Stiles, président du collége de Yale, dans le Connec- ticut, demanda, en 1786, au docteur Franklin ce qu’il pensait des fortifications qu'on venait de découvrir dans le Kentucky, et près des bords du Muskingum. Franklin , sans prétendre préciser quels furent et l’origine et les auteurs de ces ouvrages, dit, qu’il pouvait se faire qu'ils aient été construits par Hernando de Soto, lors de son expédition en Floride en 1541, et que le plus grand avait pu servir de retraite à l'armée espagnole ; et le plus petit, à parquer les pores pour les empêcher de tomber au pouvoir des Indiens. L'hypothèse de cet homme célèbre a été depuis adoptée par un littérateur (x) Tome ler del Essai sur les mœurs; In- in the Kings College and University of troduct., p. 13; édition de P. Dupont, 1823. Aberdeen ; pag. 185 et 186; London, in-8, (2) Essays onthe history cf Mankind 1780. in rude and uncultivated ages ; by James (3) Edition de Londres, in-8, lettre tre, Dunbar, L. £, D. professor of philosophy 1792: (378) distingué, M. Noah Webster , qui la fonde sur la relation de l'expédition de Soto, qui se trouve dans l’histoire des Florides de Roberts (x). Nous ne nous arrêterons pas ici à examiner cette opinion; nous ferons seu- lement observer que Soto, dans sa marche incertaine et irrégulière, traversa le Mississipi vers le 34° ro’, et ne pénétra du côté du N. E. que jusqu’à la chaîne de montagnes de la Caroline du Sud. Or, comme on trouve des vestiges de ces anciennes fortifications jusqu’au lac Erié et dans les parties occidentales de l’état de New-York; que d’ailleurs Soto ne s'arrêta nulle part assez long-temps pour élever ces ouvrages, pour la construction desquels il manquait des instrumens nécessaires, et qu’enfin les Indiens ne cessèrent de le harceler durant sa marche, il n’eut ni le temps ni les moyens de construire des retranchemens solides. En 1797, le voyageur et naturaliste Guillaume Bartram fit connaître les mo- numens indiens de la partie méridionale des Etats-Unis, qui se trouvent prin- cipalement à l’est et à l’ouest de la Savannah et de l’'Oakmulgée, dans le terriloire compris entre ces deux rivières, entre la côte et les monts Cherokees et Apalaches , et enfin , depuis la rivière de Saint-Jean, jusqu’à la pointe de la presqu'île de Floride. « Les hauteurs pyramidales, faites de main d'homme, les chaussées ou avenues qui conduisent de ces hauteurs aux lacs ou étangs artificiels, les terrasses spacieuses et carrées, les obélisques ou piliers de bois, sont les seuls monumens, dit Bartram, qui m’aient paru faire honneur à l'intelligence et à la magnificence des Indiens. Les hauteurs et les massifs cubiques qui les avoisinent, semblent avoir été construits, en partie, pour la décoration et l'agrément, en partie, dans quelque autre but d'utilité publique, puisqu'ils sont toujours situés de manière à commander la ville et les pays adjacens. Les terrasses carrées paraissent avoir été les fondemens d’une forteresse; et peut- être les hauteurs pyramidales avaient-elles la double destination de tours pour contenir les villes, et d’autels pour les sacrifices. La plate-forme enfoncée était probablement destinée aux mêmes usages qu'aujourd'hui chez les Indiens modernes, c’est-à-dire, pour y brûler et y torlurer les malheureux captifs condamnés à mort. Cette plate-forme est toujours entourée d’un ou deux bancs, placés l’un au-dessus de l’autre, qui servaient de siéges aux spectateurs de ces horribles scènes, et à ceux des jeux, des danses et des foires qui s’y tenaient. Depuis la rivière de Saini-Jean jusqu’à la pointe de la presqu’ile de la Floride, on rencontre de ces hauteurs pyramidales avec de vastes avenues qui conduisent (1) Voir deux lettres de M. Noah Webster merican Musœum, tom. VI, 1798, Phila- au docteur Ezra Stiles, écrites de Philadelphie, delphie. les 22 octobre et 15 décembre 1787; dans P 4- ( 379 ) de la ville à un lac, ou étang artificiel; et on ne peut s'empêcher d'y reconnaître des édifices publics et des monumens de magnificence, destinés à perpétuer le pouvoir et la grandeur de la nation qui habitait originairement ce pays. Les plus remarquables de ces monumens, tels que les hauteurs, chaussées et lacs arüificiels, sont ceux que j'ai rencontrés, continue Bartram, sur le bord oriental de la rivière de Saint-Jean, à son entrée dans le lac Georges; ceux de la rive opposée, non loin du petit lac; un autre en l’île de Decan , un peu au-dessous de Charloiteville; un troisième , dans une belle île, située en dehors des caps du lac Georges et près du Mont-Royal ; et enfin , un quatrième très- spacieux qui s'élève sur la rive orientale du Musquito, près de la nouvelle Smyrne. » À Taensa, et à la vieille ville d'Apalachucla, sur le bord occidental de la rivière de ce nom, M. Bartram remarqua d’autres vestiges de monumens étendus, de terrasses à quatre faces , de plates-formes, et presque aussi élevés que ceux qui se voient dans les plames d'Oakmulgée, mais il n’y vit point de hauteurs à forme conique. Aucun de ces monumens ne porte le moindre indice des arts, des connais- sances ou de l'architecture des Européens ni d’autres peuples de l’ancien monde. Ils paraissent appartenir à l'antiquité la plus reculée. Les Cherokees, qui étaient maîtres du pays où ils se trouvent, à l’arrivée des Européens, en ont été depuis dépossédés par les Muscogulges, et il ÿ a toute apparence que long-temps avant l'invasion des Cherokces, toute cette région était habitée par une seule nation ou confédération, vivant sous les mêmes lois et ayant les mêmes mœurs et le même langage, mais tellement ancienne que niles Cherokees, ni les Creeks, ni la nation conquise, ne peuvent savoir ce qui à nécessité la construction de ces monumens (1). Vers lamême époque, les antiquités américaines fixèrent l'attention de feu le docteur Barton, de Philadelphie , qui publia une description et un plan de celles qui se trouvent sur les bords de l'Ohio et du Muskingum, dans une bro- chure de r76 pages in-8e. Il fit aussi connaître les tertres qu’on voit près du fort Panmure, sur le Mississipi, et qui sont de différentes grandeurs et de forme sphérique, octogone, carrée et oblongue. Le plus grand avait 150 pieds de longueur, sur 100 de largeur et 35 de hauteur perpendiculaire. M. Boyd, de Lancaster, en Pensylvanie, qui a fourni à M. Barton ces détails tirés du journal (:) Travels through north and south Ilexiste une traduction francaise de ce Voya- Carolina, Georgia, east and west Florida, ge, par M. Benoist, publiée à Paris. dans l’an the Cherokee country, etc., by William va, et dont nous avons fait usage. Partram, part3x, chap. 6, London, 1792. ( 380 ) de ses voyages, assure que lorsqu'il visita ces monumens, il croissait à leur sommet des arbres de plus de deux pieds de diamètre. M. Andrew Ellicot, arpenteur du gouvernement des États-Unis, a décou- vert, en 1803, plusieurs tertres artificiels en terre qu’on voit dans l’établisse- ment de Naichez, lequel, dit-il, a dû être jadis bien peuplé. Ces tertres ou #- muli sont généralement carrés ou aplatis au sommet, et ce qui ferait; croire à l’assertion de M. Ellicot, relative à l’ancienne population de ce district, c’est qu’on y trouve partout des débris de poterie indienne. On en a recueilli des mor- ceaux assez bien conservés, et sur lesquels on aperçoit distinctement les figures dont‘elle était ornée ; mais il ne paraît pas que cette poterie ait été vernie (x). En 1803, le révérend J. M. Harris, membre de la Société historique du Massachusets, a donné, dans le « Journal de sa tournée dans le territoire situé au N. O. des Monts Alleghany » (2), une description particulière des murailles et des tertres de terre, ronds et carrés, qui se trouvent sur le bord oriental du Muskingum, à un demi-mille de son confluent avec l'Ohio. M. Harris a aussi fourni des renseignemens importans sur les autres ouvrages du même genre, épars çà et là dans le pays. «Les grands iertres, dit-il, page 147, et les murailles de terre , découverts dans différentes parties du pays de l’ouest, ont excité l’étonnement de tous ceux qui les ont visités ou qui en ont entendu parler. Quand, et par qui, et dans quel but ont-ils été construits, sont des questions auxquelles les antiquaires les plus exercés ont vainement cherché à répondre. Les Indiens d’aujourd’hui ne conser- vent aucune tradition qui puisse mener à cette découverte. Leur histoire se perd dans la nuit des temps. La régularité et l'étendue prodigieuse de ces ouvrages sont une preuve cerlaine qu'ils ont été élevés par un peuple nombreux et versé dans l’art des fortifications et de la défense. Les gros arbres qui recouvrent ces monumens, depuis si longtemps abandonnés, et qui ne le cèdent pas en vétusté aux autres arbres des forêts voisines, indiquent assez le laps de temps pendant le- quel cette contrée est restée déserte et inculte, et font remonter à la plus haute antiquité l’origine de ces vénérables ouvrages qu’on rencontre épars çà et là sur toute la surface du pays. On ne peut parcourir vingt milles dans aucune direc- tion sans trouver quelque tertre, ou des débris de remparts. » M. Harris remarque, page 159, que les tertres les plus petits de la grande (x) The Journalof Andrew Ellicot, late ritory north-west of theAlleghany moun- Commissioner, etc., p.134, in-4°, Phila- tains,ën 1803, in-8 , Boston, 1805; on y delphia, 1803. voit un plan de Marietta et des ouvrages qui . c?. (2) The Journal of a tourinto the ter- s’y trouvent. ( 38r ) plaine étaient remplis d’ossemens , irrégulièrement entassés, dans le même état de décomposition, et paraissant y avoir élé jelés à la suite d’une bataille meurtrière. Dans les grands terires, au contraire, qui avoisinent les villes for- tifiées , les ossemens sont placés d’une manière plus uniforme, et ils ont dû appar- tenir à des personnes d’un certain âge et à des enfans. Ils sont aussi plus ou moins bien conservés. Parmi ces individus, les uns semblent être morts de maladie, les autres ont probablement été tués dans des escarmouches qui se sont livrées dans levoisinage, à des intervalles de plusieurs années: Feu l’évêque de Virginie, Madison, dit (dans une lettre adressée par lui au docteur Barton ) qu'après un examen particulier des ouvrages qui sont dans les basses terres et sur les hauteurs qui avoisinent les rivières Kanhawa, Elk et Guyandot, il s’est convaincu qu'ils n'étaient pas destinés à servir de fortif- cations : 1° Parce que plusieurs d’entre eux ont un fossé en dedans de l’encemte , et que la terre élevée autour, qu'on suppose être le parapet, n’a pas la hauteur nécessaire à un ouvrage de défense, attendu qu'il s’élève rarement à plus de trois pieds au-dessus de la plaine. En admettant un quart pour l’affaissement, la hauteur n’a probablement pas excédé quatre-ou cinq pieds. Le fossé n’a presque jamais plus de quatre pieds de largeur et deux de profondeur, ce qui peut faire juger de la hauteur primitive des bancs: 29 Parce que dans la plupart de ces prétendues fortifications, et précisément en face de la porte , il ÿ a un tertre d’un facile accès, de 10 à 20 pieds de haut, et qui domine toute cette clôture. Elever une fortification , et construire ensuite une citadelle ou tertre, à une distance de 360 ou 450 pieds, pour donner à l'ennemi la faculté de dominer sur le fort , est une chose aussi peu croyable de la part d’un Esquimaux que de celle d’un Buonaparte; 3° Parce que ces fortifications supposées sont ordinairement siluées au pied d’une colline, du haut de laquelle on pourrait lancer des millions de pierres, et détruire facilement les assiégés ; 4° Parce que dans celles qui sont éloignées d’une rivière ou d’une creek, on ne trouve pas de traces certaines de l'existence d’un puits; bo Que les ouvrages sont en trop grand nombre pour qu’on puisse les regarder comme des fortifications ; car sur la Kenhawa, dans une étendue de 80 ou 100 milles, et sur quelques-uns de ses affluens , on fait rarement un mille sans en rencontrer plusieurs ; | 6° M. Madison fonde sa dernière objection sur l'étendue de ces ouvrages. En effet, quelle nation Indienne aurait pu fournir un assez grand nombre ( 382 ) de combattans pour défendre des retranchemens qui couvraient de bo à 100 acres. L'auteur conclut que ces tertres sont des sépultures formées par les ossemens et les terres qu'on y a apportés à différentes époques, et que les terrains enclos qui les avoisinent ont été le lieu d'habitation d’une famille, et d’une longue suite de descendans (1), Voici ce que dit le célèbre Volney, dans ses « Eclaircissemens sur les sauva- ges : » « La vérité est, en résultat, qu'ilsn’ontnimoyens de transmission, ni mo- numens, pas même de vestiges d’une antiquité quelconque jusqu’à ce jour. L’on ne cite dans toute l'Amérique du Nord (le Mexique excepté), ni un édifice, niun mur en pierre taillée ou sculptée, qui atteste des arts anciens. T'out se borne à des buttes de terre, ou tumuli, servant de tombeaux à des guerriers , et à des lignes de circonvallation qui embrassent depuis un jusqu’à trente arpens de surface. J'ai vu, continue-t-il, trois de ces lignes, l’une à Cincinnati, et deux autres en Kentucky, sur la route de ce même lieu à Lexington par Georgetown; ce sont tout simplement des crêtes de fossés , ayant au plus 4 ou 5 pieds d’élévation, et 8 à 10 de base; la forme de leur enceinte est régulière , tantôt ovale , tantôt ronde , etc., et elle ne donne aucune idée d’art militaire ou autre. Le plus grand de ces ouvrages, celui de Moskingom (Muskingum) est, à la vérité, carré, et a de plus grandes dimensions; mais, d’après le dessin et la description qu'en a donnés M. le docteur Barton, dans ses observations d'histoire naturelle (2), Von voit qu'il n’a ni bastions, ni tours, comme on l’avait dit, et qu’il a dû être un simple retranchement de défense, tel que Oldmixon, et ses autorilés allestent que les sauvages les pratiquaient à l’arrivée des Européens, lorsqu'ils avaient des demeures plus fixes et un équilibre plus égal de forces. Tous ces retranchemens ont eu la même cause, et tous ont pu être faits avec des houes et des paniers; celui de Cincinnati m'a rappelé les buttes du désert de Syrie et de sa frontière, mais elles sont infiniment plus fortes, ayant pour objet de poser des tours. Il paraît que dans la T'artarie Russe et Chinoise, l’on en rencontre beaucoup dont la taille a plus d’analogie (3). » M. Brackenridge , dans son Tableau de la Louisiane, publié en 1817 @) , fait observer « qu'on ne trouve dans les fortifications du pays de l’ouest, aucune de ces marques qui caractérisent celles des Européens depuis un temps immémo- (1) American philosophical transac- (3) Volney, Tableau du climat et du sol des tons, vol. 1v, n°26. Etats-Unis, tom. IL, art. v, Paris, in-4°, 1803. (2) Philadelphia, 1787, in-8, p.76. Voy. (4) Fiews of Louisiana, lom. I, chap. x, pag. 30. x : in-12, Baltimore, DS (383) rial. Elles consistent en de simples enceintes, sans angles ni bastions, qui sont rarement entourées de fossés ; l'emplacementen est généralement tel que la con- venance l'exige ou que le terrain le permet. À deux milles au-dessous de Pitis- burg , sur une espèce de promontoire appelé Rocher de Mac-Kee, qui est pres- que inaccessible de trois côtés, l’on voit une foruification qui présente une seule ligne du côté de la terre. Ces ouvrages sont quelquefois, il est vrai, tracés avec régularité, dans la forme d'un parallélogramme, d'un demi-cercle ou d’un carré, mais le plus souvent ils sont irréguliers. » — «En remontant le Missouri , je remarquai les ruines àe plusieurs villages, abandonnés depuis vingt à trente ans, et qui ressemblaient, sous ious les rapports, à ceux de l'Ohio et du Missis- sipi. Je trouvai tous les anciens villages Arikaras et Mandans entourés de palis- sades ; ces prétendues fortifications, à mon avis, sont les ruines de villes et vil- lages palissadés, et n’ont pas été élevées pour servir à la défense. » Dans ma Description géographique et statistique des Etats-Unis, publiée en 1819 , à Edimbourg, et en 1820, à Paris, l’on trouvera aux indications suivan- tes, dans l'édition française, des détails sur plusieurs monumens d’antiquité amé- ricaine (x). Ces antiquités, excitant à cette époque l'attention générale, fixèrent aussi celle de la législature de Massachusets, qui autorisa l'établissement, à Boston, de la Société Américaine des Antiquaires. Le but principal de cette Société est de rechercher tout ce qui a rapport aux antiquités naturelles , artificielles ou lit- éraires de l'Amérique , sans toutefois dédaigner celles des autres pays ; et de re- cueillir et conserver tous les objets de curiosité, et 1ous les livres qui traitent des Etats-Unis. Elle a publié un volume de ses travaux , in 8°, sous le nom d’Archæologia Americana, en 1820; il renferme desnotionssur cet établissement, plusieurs communications qui ont été faites à la Société et une description, ac- compagnée de planches, de plusieurs tertres anciens et de fortifications du pays de l’ouest, qui ont été exécutées, aux frais du Président, par M. Caleb Atwater de Circleville, dans l’état de l'Ohio. Ce dernier, en sa qualité d'agent de la (x) Tom. II, pag. 574. Description d’un ments ) et de tertres , de l’état de l'Ohio. ancien fort indien nommé Stone fort, qui se Tom.IV, p.414. T'ertres de l’état d’Indiana. trouye dans l’état de Tennessée, et qui couvre Idem, pag. 465. tres etrestes des for- un emplacement de trente-deux acres. ; pag: 465. Tertres ücations de l’état d’Ilinois. Tom, IV, p. 55. Elévation de terre ou ter- tres (mounds), et fortifications de l’état de Kentucky. Idem, pag. 556. Restes d’une ancienne for- tification du territoire de Michigan. Idem, pag. 612. Restes d’une fortification Idem, p.137. Vestiges nombreux de fortif. qui prouve une grande connaissance de l’art cations anciennes, delevées deterre{embank- militaire, dans l’état de Missouri. IT. 49 ( 384) Société dans cet état, « continue ( dit-il, dans sa préface, page 5 ) à recevoir, par chaque courrier , des échantillons de minéraux , des dessins et des descrip- tions d'ouvrages anciens, et des objets précieux de curiosité naturelle ou d'anti- quité du pays, qui abondent sur toute l’étendue de cette grande répion secondaire, Ce n’est, à proprement parler, qu’un vaste cimetière qui renferme les dépouilles des habitans des temps anciens ; l’homme et ses ouvrages, les ossemens du mammoth et d'animaux du tropique, le cassia et autres plantes des climats chauds y gisent confondus sous le même sol. J'ignore par quel bouleversement ils ont été ainsi ensevelis, à moins que ce ne soit par le déluge universel. » MM. Yates et Moulton ont donné, dans la première partie du tome 1° de leur Histoire de l'Etat de New-York, publiée en 1824, un résumé intéressant des différentes hypothèses auxquelles l’origine des premiers habitans de l'Amé- rique ont donné lieu. Le grand ouvrage (r)de M. le baron de Humboldt, sur l'Amérique, renferme de savantes recherches sur l’origine des peuples de ce continent. « Les crânes, dit- il, que renferment les umulus des Etats-Unis, offrent un moyen presque sûr de reconnaître à quel degré la race d'hommes qui les a élevés diffère de la race d'Indiens qui habitent aujourd’hui ces mêmes contrées. M. Mitchill croit que les squelettes des cavernes de Kentucky et du Tennessée, appartenaient à des Malays qui sont venus par l'Océan Pacifique, sur les côtes occidentales de l'Amérique, ét qui ont été détruits par les ancêtres des Indiens d’aujourd’hui , qui étaient de race tartare (mongole.?) » Quant aux #mulus et aux fortifications, le même savant suppose, avec M. de Witt Clinton, que ces monumens sont l'ouvrage des peuples Scandinaves qui, depuis le XI° jusqu’au XIV: siècle, ont visité les côtes du Groenland, Terre-Neuve, ou le Vinland, Drogeo et une partie du continent de l'Amérique du nord. (Vues des Cordillères, tom. 1, pag. 85). Si cette hypothèse était fondée, les crânes trouvés dans les tumulus, et dont M. Atwater, à Circleville, possède un si grand nombre, devraient appartenir, non à la race américaine, non aux races tatare, mongole et malaye, mais à la race vulgairement appelée caucasienne. La gravure de ces crânes, donnée dans les Mémoires de la Société de Massachusets, est trop imparfaite pour décider une question historique, si digne d'occuper les ostéologues des deux continens. Îl faut espérer que les savans distingués, dont s’honorent au- jourd’hui les Etats-Unis, se hâteront de faire passer en Europe les squelettes des tumulus et ceux des cavernes, pour les comparer entre eux etavec les habitans (x) Voyage aux régions équinoxiales partie, 1825 (vor. la note (A), à la fin.) du nouveau continent, etc., tom. Il, rr° (385 ) actuels de race indigène , et avec les individus de race malaye, mongole (tatare) et caucasienne, que renferment les grandes collections de MM. Cu- vier, Simmering et Blumenbach. « Une idole, découverte à Natchez, continue M. de Humboldt, a été comparée avec raison par M. Malte-Brun , aux images des esprits célestes que Pallas (x) a * rencontrées chez les peuples mongols. Si les tribus qui habitaient des villes sur les bords du Mississipi, sont sorties de ce même pays d’Aztlan , qu'ont habité les Totlèques, les Chichimèquesetles Aztèques, il faut admettre, du moins, d’après l'inspection de leurs idoles et leurs essais de sculpture , qu’ils étaient beaucoup moins avancés dans les arts que les tribus mexicaines qui, sans dévier vers l’est, ont suivi la grande route des peuples du Nouveau monde, dirigée du nord au sud , des rives du Gila, vers le lac de Nicaragua (2). » (1) Joy. Pallas’ Travels, vol. IL, édit. Pallas found in his travelsin the Southern angl.; et Archæologia Americana, pag. air. Part ofthe Russian empire. Ztis exactly such an Idol as professor (2) Note À du livre 1x. ( 386 ) A A A A A EE RU CHAPITRE PREMIER. DESCRIPTION DES PRINCIPAUX MONUMENS SITUÉS DANS LE PAYS ARROSÉ PAR L'OHIC. Durs le bord méridional du lac Érié, jusqu'au golfe du Mexique, et le long du Missouri, jusqu'aux monts Rocky, on rencontre des vestiges d'ouvrages considérables et réguliers, qui portent l'empreinte d’une antiquité très-reculée, et qui tous sem- blent annoncer une origine commune. Ces monumens , de formes et de grandeurs différentes , et les divers objets d’antiquité découverts jusqu’a ce jour, consistent : 1° en fortifications : 2° en {umnuli ou tertres ; 3° en murailles de terre parallèles; 4° en murailles souterraines de terre et de bri- ques, et en objets enfouis à une profondeur considérable ; 5° en ouvertures pratiquées dans la terre, appelées puits ; 6° en rochers avec des inscriptions ; 7° en idoles ; 8° en coquilles d’autres pays, et 9° en momies. Nous avons consacré une notice à une muraille basaltique sou- terraine, qu’on a d’abord cru être l'ouvrage des Indiens, et une autre à des médailles et divers objets nouvellement découverts, qui sont évidemment d’origine moderne. Fortifications.— Les restes de plusieurs de ces fortifications sont d’une grande étendue. Celle qui se trouve près de la ville de Chil- licothe , dans l’état de l'Ohio , et qui couvre plus de cent acres de superficie, a une muraille en terre de 20 pieds d'épaisseur à sa base , et de 12 de hauteur , et est entourée de tous côtés, excepté de celui de la rivière, d’un fossé ou tranchée , large d’environ 20 pieds. Quelques-unes des fortifications les plus considérables, (387 ) situées sur les bords des rivières, sont de forme rectangulaire , et ont plus de 700 pieds de longueur sur 600 de largeur. Il y en a qui occupent une étendue de plus de 50 acres. D’autres, de forme circulaire et placées à quelque distance des rivières, ont rarement plus de 150 pieds de diamètre. Le fort carré , appelé ai/le , qu’on voit dans l’état de l'Ohio, et qui embrasse une superficie de quarante acres, est ceint de mu- railles en terre, de 6 à 10 pieds de hauteur et de 25 à 36 pieds d'épaisseur à leur base. Une espèce de chemin couvert, aboutis- sant à la rivière , a environ 360 pieds de longueur. On rencontre, à partir de l’embouchure du Cataragus Creek, dans le lac Erié, une ligne de fortifications, qui s'étendent l’es- pace de 5o milles vers le sud , et qui ne sont éloignées les unes des autres que de quatre à cinq milles. Dans la partie occidentale de l’état de New-York, l’on voit les vestiges d’une ville, défendue par des forts, et dont l’emplace- ment paraît avoir été de plus de 500 acres. L'ancienne fortification , découverte par le capitaine Carver, près du lac Pepin et du Missouri, par 43° 5o’ latitude nord, a près d’un mille d’étendue. Elle est de forme circulaire , et la sur- face qu’embrassent ses remparts pourrait contenir 5,000 hommes. « Quoique ces ouvrages, dit Carver, aient été déformés par le temps , on en distingue néanmoins les angles, qui paraissent avoir été construits suivant les règles de l’art militaire, et avec autant de régularité que si Vauban lui-même en eût tracé le plan. » Tous les ouvrages de ce genre , quise trouvent au nord-ouest de l'Ohio , offrent des parapets plus élevés, des fossés plus pro- fonds, et d’autres indices qui prouvent quelque connaissance de l’art militaire. Des personnes versées dans cet art, les considè- rent comme de véritables places de guerre. Toutefois, parmi ces ouvrages , il en est qui paraissent n’avoir été élevés ni pour l’at- taque ni pour la défense , à en juger par leur étendue , par la sté- rilité du sol voisin, et le manque d’eau aux environs. ( 388 ) Il est à remarquer que les portes ou entrées de ces ouvrages , comme celles des pyramides du Mexique, sont toutes pratiquées du côté du levant. Tumuli, tertres ou élévations en terre et en pierre. Ces tertres, qui diffèrent entre eux par la hauteur et la lar- geur , sont généralement de dimensions plus considérables dans la partie méridionale des États-Unis. Vers le nord, ils ont de 10 à 12 pieds de diamètre à leur base, et de 4 à 5 pieds de hauteur. Au sud, ils ont une élévation de 80 à go pieds, et couvrent une surface de plusieurs arpens. Sur la Cahokia (sur les bords de laquelle on remarque les emplacemens de deux villes, à 5o milles de distance l’une de l’au- tre), il existe, presque vis-à-vis de Saint-Louis, des {umuk, dont l’un a 2,400 pieds de circonférence à sa base , et 100 pieds de hauteur. (1) La terre , qui a servi à construire ces sortes d'ouvrages , a été évidemment tirée de la plaine voisine. Les {umulr en pierres, qui se trouvent sur plusieurs points, ressemblent aux {urnuli en terre, mais sont moins grands. Ils sont de forme conique, et composés de petites pierres, qui ne laissent apercevoir aucune trace des moyens employés pour leur cons- truction. « Ces ouvrages, dit M. Brackenridge, dans son Tableau de la Louisiane , se rencontrent , ainsi que les fortifications, au con- fluent de toutes les rivières , et le long du Mississipi, dans les po- sitions les plus favorables à l'emplacement des villes, el dans les terrains les plus fertiles. Le nombre en excède peut-être 3,000, et les plus petits n’ont pas moins de 20 pieds de hauteur sur 100 pieds de diamètre à leur base. » Depuis quelques années, on a ouvert plusieurs de ces tertres, et (à) Ce tumulus à la même dimen- d'Egypte. Hérod., lib. IT, cap. 135. sion que la pyramide d'Asychis, roi (or. la note (B) à lafin.) (389 ) on y a trouvé une quantité de squelettes qui, pour la plupart, ne ressemblent point à ceux des Indiens d'aujourd'hui. Ceux-ci sont en général grands, minces et bien faits. Les autres, au con- traire, paraissent avoir été petits et trapus. Leur taille excède ra- rement cinq pieds anglais ; on en a trouvé néanmoins qui en avaient six. Ils avaient le front bas, la figure large et mal faite, les yeux grands , le menton large et les jambes courtes et grosses. Dans l’état d’'Indiana, il y a beaucoup de tertres qui n'ont que deux ou trois pieds d’élévation ; les arbres qui y croissent, étant très-petits, indiquent que leur origine ne remonte pas à plus d’un siècle. Les ossemens qu’ils renferment sont capables de soutenir leur propre poids et d’être transportés d’un lieu à un autre , tan- dis que ceux des grands tertres se décomposent si facilement, qu’au moindre contact ils tombent en poussière. On a aussi découvert , sur les bords du Noyer-Creek , affluent du Mississipi , et sur ceux du Buffalo-Creek et de la rivière des Osages, des ouvrages en pierres qui diffèrent des anciennes forti- fications et des tertres, et attestent une civilisation plus avancée de la part des peuples qui les ont construits, que celle des Indiens qui ont exécuté ces derniers. On vient de découvrir, sur les bords du Merrimack, un ancien cimetière dont les tombeaux n’ont guère plus de cinquante pouces de longueur ; ce qui avait d’abord fait croire que le pays environ- nant avait été jadis habité par une race de pygmées. Toutefois, après bien des conjectures à ce sujet, on est parvenu à expliquer ce phénomène : on à trouvé un squelette bien conservé, qui avait les os des jambes repliés contre les cuisses. L'évêque Madison pense que les Indiens étant dans l’ha- bitude de célébrer tous les ans, avec solennité, les funérailles de leurs compatriotes, de réunir dans un seul lieu les ossemens de leurs morts, et de renfermer , avec les corps, les objets les plus précieux qui ont appartenu aux défunts, ce fait doit suffisam- ( 3go ) ment expliquer la découverte de ces tombeaux et des tertres du voisinage (1). On a trouvé, dans plusieurs de cestertres, des urnes qui renfer- maient les cendres des morts. Il paraît hors de doute que les corps étaient brülés avant d’être placés sous ces t4muli. Les char- bons trouvés au centre et à la base , et les empreintes du feu quil est facile de remarquer sur les pierres qu’ils contiennent, semble- raient du moins le prouver. On a invariablement rencontré, dans tous ces tertres et aux environs , des débris de poterie. Ceux qu’on a recueillis vers le nord et sur les bords du lac Erié, sont en général grossiers et mal faits ; tandis que les fragmens qu’on extrait de ces tombeaux , le long de l'Ohio , sont bien travaillés et bien polis. On doit obser- ver que les Indiens se servaient de la même espèce de poterie, à l’arrivée des Européens ; et Filson (2), un des premiers écri- vains qui aient fait connaître les fortifications des environs de Lexington, a eu tort de dire qu’on y a déterré, en labourant, des fragmens de poterie travaillée d’une manière dont les Indiens n'avaient aucune Connaissance. Les premiers colons européens trouvèrent, chez les Indiens de tout ce pays, du sud au nord, des vases faits d’une terre argileuse qui renfermait quelquefois du quartz. L’Escarbot s'exprime ainsi: « Au pays delabeur, comme des Ar- mouchiquois, et plus outre infiniment, les hommes font de la po- terie de terre en façon de bonnets de nuit , dans quoi ils font cuire leurs viandes, chair, poissons, fèves, blé, courges, etc. (3). » On a aussi trouvé, dans presque tous les mul, des haches (4) (x) American philosophical transac- (3; La Nouvelle France, édition de tions of Philadelphia, vol. VI. 1609, Paris, liv. ur, chap. 17. (2) Dans son ouvrage intitulé: Dis- covery settlement, etc., of Kentucky, ou (4) Semblables à celles que les Découvertes, établissemens et élatac- Indiens emploient encore aujourd'hui tuel du Kentucky, pag. 97 el g8. aux usages domesliques ou comme s (391) et des pilons en pierre, des coquilles , des lames de mica qui ont dù servir de miroirs, du minerai de fer , des morceaux d’ocre rouge et de horne-blende ou amphibole , des pyrites qu’on a pris pour des boulets de canon, des testacées et des vases de terre. À Marietta, on a découvert , dans des tertres, un tuyau de cui- vre , plusieurs plaques de même métal recouvertes d’une plaque d'argent , et quelques petites pièces d’argent. On a retiré, d’un de ceux de Circleville , une plaque de fer oxidé, et de celui du fort de Portsmouth, dans l’état de l'Ohio , une quantité de fer, d’outils et de fusils que les Français y avaient probablement enfouis après la perte du fort Duquesne. On trouva à Stone-Fort, un sabre qui diffère, dit-on, par la forme , de toutes les armes de cette espèce dont on se soit servi depuis l’arrivée des Européens. Les tertres situés près de Cincinnati renfermaient des chapelets dont les grains étaient passés dans un fil de Bin. Dans d’autres, on a découvert des ornemens de cuivre, des pointes de même métal pour armer les flèches, des médailles aussi en cuivre et des plaques d’argent bien conservées. Les petits chaudrons de cuivre, déterrés près du lac Érié, y ontété évidemment laissés par des Français ou d’autres Européens. On a prétendu avoir vu des ornemens en or, dans quelques {4- mul ; mais cette asserlion ne s’est pas confirmée. On a trouvé, à Marietta, des têtes de pipes en cuivre mal battu; à Chillicothe , dans un tertre en pierre, un bracelet de même métal (1), des dards pour armer les flèches , aussi en cuivre, de cinq à six pouces de longueur, et des médailles rondes du même métal, qui avaient plusieurs pouces de diamètre, étaient très- minces et en assez mauvais état. Il est probable que ces objets en métal ont été cachés dans ces armes défensives. Le /omahawk amé- semblant à l'anneau d’une chaîne or- ricain sert aussi de pipe à fumer. dinaire , et dont les deux extrémités (x) C’est un ornement grossier, res- étaient passées l’une dans l’autre. IT. 5a (392) tertres par les Européens ou par les Indiens qui les avaient ob- tenus d’eux ; car il n'existe nulle part d’indice que les naturels de l'Amérique Septentrionale se soient jamais servis d’ustensiles en fer, et encore moins en cuivre ou en airain, avant l’arrivée des Européens (x). + Il est vrai que les Indiens d’aujourd’huisavent travailler le cuivre; mais ils se servent à cet effet de marteaux et d’autres instrumens de fer, qu’ils se sont procurés des Européens. Ceux qui habitent les bords de la rivière Ontonagan du lac supérieur, montrèrent au voyageur Henry un bloc de cuivre de vingt livres pesant, dont ils faisaient des cuillers et des bracelets (2). Les Indiens des bords de l'Illinois y ont aussi trouvé des masses détachées de ce métal ,. qu'ils emploient aux mêmes usages (3). Les seules fortifications ou tertres, qui se trouvent à l’est de la chaine des montagnes Alleghany, sont situés sur les bords du Chenango, dans l’état de New-York; mais plus au nord-est, il existe un monument remarquable qui mérite de fixer l’attention. C’estune élévation de cinquante pieds de hauteur perpendiculaire, et de six cents de circonférence, qui est située au milieu d’une vaste plaine , à environ neuf cent soixante-huit pieds de la rive occidentale du Kennebeck , et à trente-cinq milles au-dessus de l'embouchure de cette rivière. Elle se compose d’un mélange de pierres, de terre et de sable, et elle est en partie couverte de broussailles. Le sommet présente une surface plate, d’environ vingt pieds de diamètre , pavée de grandes dalles polies, sembla- bles, pour la couleur et la dureté, à celles qu'on rencontre sur le bord de la rivière. On infère de ce qu’il n’y a pas de pierres dans le voisinage immédiat de ce monument, qu'il a été construit de main d'homme (4). (x) British empire in America, sec. (3) l'or. la Note (C), à la fin. édit., tom. I, pag. 22, London, 1741. (4) Collections of the Massachusetts (2) Henry’s Travels, pag. 195, New- historical Society, for the year 1795, York, 1809. Boston, pag. 104. ( 393 ) Portifications de l'état de New-York. On voit, dans le district de Pompey, comté d'Onondaga, dans la partie la plus élevée de l’état, les restes d’une grande ville, qui a dû occuper une superficie de cinq cents acres, Du côté de l’est, il existe une descente perpendiculaire d'environ cent pieds dans un ravin, au fond duquel coule un ruisseau , et du côté sep- tentrional , il y en a un autre semblable. À un mille à l’est, se trouve un cimetière qui comprend trois ou quatre acres, et à l’'ex- trémité occidentale il y en a un autre. Trois vieux forts circulaires, qui s'élèvent à huit milles de distance les uns des autres, forment un triangle qui embrasse la ville. L'un est situé à un mille au sud du village de Jamesville , et les deux autres au nord-est et au sud- est de Pompey. Un frêne (fraxinus americana , L.), qui croissait dans une de ces fortifications, ayant été abattu, on reconnut par le nombre de ses cércles concentriques , qu’il devait avoir quatre- vingt-treize ans ; et un pin blanc ( pinus strobus, L.) de huit pieds et demi de circonférence, sortant d’un amasde cendres, qui avait été autrefois le site d’une vaste maison, paraissait avoir au moins cent trente ans. Dans le district de Camillus, au même comté, à quatre milles de la rivière de Seneca , à trente du lac Ontario, et à dix-huit de Salina , l’on remarque deux anciens forts , sur les terres du juge Monro. L'un , situé sur une haute colline, occupe une surface d'environ trois acres , et est entouré d’un fossé. La forme en est elliptique ; et il a une porte du côté de l’est et une autre de celui de l’ouest , qui conduit à une source, à soixante pieds du fort. Le fossé en était profond, et le mur oriental avait dix pieds de haut. Au centre se trouvait une grosse pierre de forme irrégulière, que deux hommes pouvaient à peine lever. M. Monro dit qu’elle offrait des caractères inconnus parfaitement dessinés; mais lors- que M. Clinton visita l'endroit, cette pierre avait disparu. L'on voyait sur un des murs le tronc d'un chêne noir, qui devait avoir (394 ) une centaine d'années. Le second fort, de moitié moins étendu , est construit sur un terrain moins élevé, à un demi-mille de dis- tance. On a trouvé, dans ces deux forts, de nombreux fragmens de briques, de poteries et de testacées fossiles. Un autre fort subsiste encore au centre du village d'Oxford, qui est bâti sur les rives de Chenango. Il s'élève à l'extrémité sud- ouest d’une petite éminence qui borde la rivière l'espace de trois cents pieds. Ce fort occupait environ trois quarts d’arpent , et s’étendait en ligne droite le long de la rivière dont les bords étaient presque perpendiculaires en cet endroit. Il avait celte forme : FOSSÉ. RIVIÈRE. Au nord et au sud, aux endroits indiqués comme les portes, il y avait deux espaces d'environ dix pieds chaque, où la terre n'avait pas été ouverte et qui devaient servir d'entrées. La ligne courbe représente un fossé régulièrement creusé, et quoique l’em- placement qu’occupe le fort fût, à l’époque de la formation des premiers , aussi couvert d'arbres que le reste de la forêt voisine, on pouvait cependant distinguer facilement la direction des ou- vrages ; la hauteur, du fond du fossé au haut da mur, était presque partout de quatre pieds. On ÿ abattit un pin de cinquante à soixante pieds d’élévation , et après qu’on l’eut coupé en deux , on compta cent quatre-vingt-quinze cercles concentriques, outre plusieurs qu'il fut impossible d’énumérer, à cause de la pourriture du tronc. Cet arbre pouvait avoir de trois cents à quatre cents ans : ce qu'il y a de certain, c’est qu’il en avait plus de deux cents. On ren- contre, dans l’enceinte de ce fort, de nombreux fragmens de poierie grossièrement ornés. Les fortifications les plus orientales de cette contrée sont à dix- huit milles est de Manlius-Square, à l'exception toutefois de celles ( 395 ) d'Oxford , dont nous avons déjà parlé. On en a rencontré, au nord, jusqu’à Sandy-Creck, à 14 milles de Sacket’-Harbour. Près de ce dernier, il y en a une qui couvre une surface de cinquante acres, et renferme beaucoup de débris de poterie. Du côté de l'ouest les forüfications sont en grand nombre. Il y en a une très- étendue, à Onondaga , une autre à Scipio, deux à Auburn, trois près de Canandaigua, et plusieurs entre les lacs Seneca et Cayuga. On a reconnu dans le district de Ridgway, comté de Genesée, l'emplacement de plusieurs anciens forts et cimetières. Un de ces derniers, découvert en 1817, renferme des ossemens d’une lon- gueur et d’une grosseur plus qu’ordinaires. Le tronc d’un châtai- gnier de quatre pieds de diamètre , et dont la cime et les branches étaient tombées en poussière de vétusté, y gisait à la surface du sol. Les ossemens étaient placés pêle-mêle , et il est probable qu'ils y avaient été jetés à la suite d'une bataille. Dans le voisinage , s'éle- vait un fort , au milieu d’un marais , qui était probablement cou- vert d'eau à l’époque de sa construction (x). La plupart des anciennes fortifications situées à l’ouest de la rivière de Genesée, ont été décrites par feu le révérend Samuel Kirkland, durant sa mission, dans cepays, en 1788. Un de ces forts s'élevait dansun terrain bas, non loin d’un villageindien, maintenant abandonné , et près de la jonction d’une crique (probablement l’Allen’s Creek) avec la Genesée, à huit milles au nord de l’ancien village indien de Kanawageas , et à cinq milles nord de la source magique (2). Il couvrait environ six acres. Le fossé, qui l’entou- rait de trois côtés, avait huit pieds de largeur, et dans quelques endroits , six pieds de profondeur. Du quatrième côté, où il était (x) Ces détails sont extraits d’un ex- ofthe literary and philosophical Society cellent Mémoire sur les antiquités des of New-York, 1825. parties occidentales de l'état de New- (2) Ainsi appelée à cause d’une tra- York, parlegouverneur De Witt Clin- Gition indienne qui y fixe la résidence ton, LL. D. Le Mémoire setrouvedans ’un malin esprit. Je tome IT, 1° partie, des Transactions (396 ) défendu par un parapet élevé , il communiquait avec un ruisseau par un chemin couvert; on y voyait encore les traces desix portes. Plusieurs des arbres, qui ont pris racine sur le parapet ct dans le fossé, paraissaient avoir au-delà de deux cents ans. À environ un demi-mille au midi de ce fort, M.Kirkland en a vu un autre , de moindre dimension, construit sur un terrain plus élevé, mais avec un fossé plus profond. Ce missionnaire décrit ensuite deux autres villes fortifiées, con- tenant , l’une huit acres , l’autre quatre, situées à six milles d'un lieu appelé Joaika , ou Racoon, sur la rivière de Tanawande , à environ vingt-six milles de Kanawangeas. Cet emplacement était appelé, par les Senecas, Tegataineaaghjve, ce qui signifie : ville avec un fort à chaque extrémité. Le fossé du plus petit avait en- viron cinq à six pieds de profondeur , et près d’un tiers de la cir- conférence était défendu par un haut parapet et un petit ruisseau. Non loin du fort septentrional , il y avait une tombe exhaussée d'environ six pieds au-dessus du sol, ayant de vingt à trente pieds de diamètre , et renfermant beaucoup d’ossemens humains. M. Kirkland a vu encore les restes d’une ancienne ville fortifiée, sur les bords du Tanawande - Creek, et celles d’une autre, sur un affluent de la rivière Delaware. A en juger par la grosseur et la vieillesse des arbres qui crois- saient sur les parapets et dans les fossés , il pense que ces ou- vrages pouvaient avoir un millier d'années (x). On trouve de pareilles fortifications dont quelques-unes occu- pent une étendue de cinq acres, au sud du lac Érié, depuis le Cataraugus-Creek, jusqu’à la frontière de Pensylvanie, dans une distance de cinquante milles ; quelques - unes sont éloignées de deux à quatre milles l’une de l’autre; d’autres seulement d’un demi-mille. (x) History of the State of New-York, part. x, in-8°, New-Vork, 1824. by MM. Yates and Moulton, vol. I, ( 397 ) Anciennes fortifications dans la Pensyleanie Occidentale. Ces fortifications , situées à quatre milles de Meadville, sont, en grande partie, sur la côte orientale du French-Creek. Les moins étendues couvrent un demi-acre ; les plus grandes, six ou sept; les autres sont d’une grandeur intermédiaire. Une d'elles s'élève sur une hauteur, à un mille environ de la rivière. Il y en a deux autres moins considérables, sur la rive occidentale du French-Creck, à un demi- mille de distance; elles consistent en une chaussée en terre, qui n’a maintenant que deux pieds de haut ettrois ou qua- tre de large ; et qui a dû évidemment avoir un fossé extérieur. Près de ces ouvrages, du côté oriental de la rivière , il existait un {umulus qui a pu avoir huit pieds de haut (1). Monumens situés sur les bords de la Grave-Creek, en Virginie. Ces monumens se trouvent dans une petite plaine de deux milles carrés , appelée Grave-Creek-Flat, à un quart de mille de l'Ohio, entre ses deux affluens, la petite Grave-Creek et la grande Grave-Creck. Le grand tombeau ( Big-Grave), ainsi qu’il est appelé, s'élève à égale distance de ces deux cours d'eau; il a environ neuf cents pieds de circonférence à sa base, quatre-vingt-dix de hauteur et quarante-cinq pieds de diamètre au sommet. Le centre en est creusé en forme d'amphithéâtre, et le rebord a de sept à huit pieds d'épaisseur. M. Tomlinson, propriétaire du terrain sur le- quel il est situé, y a fait pratiquer une ouverture, et on y a trouvé plusieurs milliers de squelettes humains (2). On voit croître, sur le faîte, un chêne blanc de trois pieds de diamètre, et sur le côté, un autre plus grand encore. (x) Archæologia Americana, p. 309. a donné une description dans une let- Antiquities and curiosities of western Pen- tre du 27 mai 1819, qui a été insérée sybania, by the Rec. Timothy Alden. dans l’Archæologia Americana, p. 186; (2) Le révérend doct. Doddridge, il dit avec raison que le respect « que du comté de Brooke, en Virginie, en M, Tomlinson montre pour ces monu- ( 398 ) On rencontre, dans la même plaine, plusieurs petits tertres, dans l’un desquels on a trouvé, il y a environ vingt-cinq ans, soixante grains de cuivre couverts de vert-de-gris, dont dix ont été envoyés au musée de Philadelphie ; ils étaient de grosseurs iné- gales, et étaient faits d’un fil de cuivre pur, auquel il semblerait qu'on avait donné la forme qu'ils avaient à l’aide du marteau. Selon M. Harris, la ville de Tomlinson occupe une partie de l'emplacement d’un des forts carrés. On y trouve neuftertres dans l’espace d’un mille ; le plus remarquable a douze pieds d'’éléva- tion et est environné d’un fossé et d’un parapet de cinq pieds de haut. En creusant les fondations d’une écurie , près d’un de ces tertres, on a trouvé divers outils curieux en pierre, une espèce de pilon , des grains de cuivre de forme ovale , etc. Un autre tertre, situé dansle jardin du colonel Briggs, sous lequel il a fait creuser une glacière, renfermait une quantité considérable d’ossemens hu- mains, des outils en pierre et une espèce de cachet ovale également en pierre, d'environ deux pouces de longueur, portant une figure en relief semblable à un point d’admiration, et entourée d’un dou-' ble rebord aussi en relief. Cette pierre remarquable, qui ressemble, dit-on , à celle dont les Mexicains marquaient leurs chevaux, se trouve dans le cabinet de curiosités de M. Turell, à Boston. Observations de M. Jefferson sur un tertre qui se trouve sur ses propriéles. « Comme j'avais une de ces tombes dans mon voisinage, dit M. Jefferson , je voulus vérifier moi-même celle des opinions qui serait conforme à la vérité. Je me déterminai à la découvrir tout entière , et à l’examiner à fond. Cetie tombe était située sur les terres basses de la Rivannah, à environ deux milles au-des- mens d'antiquité, lui fait le plus grand l'emplacement de ces villes auraient honneur. Si les habitans de Chillicothe été religieusement conservés comme et de Circleville en eussent agi de mé- des reliques sacrées d’une antiquité me, les tertres qui s’élevaient sur reculée et inconnue, » (1399 ) sus du principal affluent de cette rivière; et vis-à-vis d’une - colline où il y avait eu un village indien. Elle était de forme sphé- roïdale , avait environ quarante pieds de diamètre à sa base; et sa hauteur, ordinairement de douze pieds, avait été réduite à sept et demi depuis une douzaine d’années par le remuement des terres qu'opère la culture. Avant ce changement , elle était couverte d'arbres d’un pied de diamètre, et autour de la base était une excavation de cinq pieds de profondeur sur autant de largeur, d’où avait été prise la terre dont le monticule était formé. Ayant enlevé la terre sur la surface en différens endroits, M. Jefferson trouva des amas d’os humains , à la profondeur de six pouces à trois pieds, tous confondus dans tous les sens. Il fit faire ensuite une coupure perpendiculaire jusqu’au niveau du sol environnant pour en examiner la structure intérieure. Toutes les apparences nous conduisent, dit-il, à penser que c'était le lieu où l’on ras- semblait et déposait les ossemens des cadavres enterrés ailleurs ; que les premiers ont été déposés sur la surface du terrain , recou- verts d’abord de quelques pierres , et ensuite de terre : qu’une se- conde couche d’ossemens a été déposée de même , et qu'après un temps quelconque on l’arecouverte, comme la première, depierres et de terre, plus ou moins, en proportion de la quantité des os, et ainsi de suite. Cette opinion est fondée sur les circonstances suivantes : 1° la quantité d’ossemens qui s’y trouvent réunis ; 2° la confusion et le désordre qui existent dans la manière dont ils sont placés ; 3° leur distribution en différentes couches ; 4° leur défaut de toute cor- respondance ou niveau, dans une même couche, de l'extrémité à l’autre de l’amas ; 5° l’état différent d’altération ou de conserva- tion , entre les lits inférieurs et supérieurs , circonstance qui indi- que des inhumations faites à des époques différentes; 6° l'existence d'os d’enfans parmi les autres. Quoi qu’il en soit de l’occasion à laquelle ces monumens ont été élevés, ils sont fort connus des Indiens; car un parti traversant le pays, ily a environ trente ans, ll, $ 5x (400 ) vint droit à celui dont je parle, au travers des bois, sans instruc- tion et sans recherche; et, y ayant passé quelques heures en don- nant des signes de douleur, regagna la grande route qu'il avait quittée à douze milles de là pour remplir cette espèce de devoir (x). Anciennes fortifications de Newark, comté de Licking, état de l’'Olio( Voyez la planche VII, jointe à ce volume, fig. 1 ). À est un fort de forme octogone, occupant une étendue de qua- rante acres, et dontles murailles ont dix pieds de haut. On y en- tre par huit ouvertures, ou passages d'environ quinze pieds de large, devant chacun desquels est un petit tertre en terre, dont la hauteur et l'épaisseur égalent celles des murs extérieurs (Voyez m,m, M... ). Ces petits monticules sont d'environ quatre pieds plus larges que les passages, et aussi perpendiculaires que des ou- vrages en terre peuvent l’être. Ils furent probablement destinés à la défense des portes, vis-à-vis desquelles ils étaient placés. L’en- droit, d’où l’on a tiré la terre nécessaire à la construction des murailles, a été évidemment comblé, car on n’a pu le découvrir. B est un fort de forme ronde, contenant vingt-deux acres, com- muniquant au fort À par deux murailles parallèles en terre, ayant à-peu-près les mêmes dimensions que celles du fort A. La construc- tion d, au sud-ouest, estune tour bâtie, moitié en terre, et moitié en pierre. Si les arbres élevés des forêts environnantes ne mas- quaient pas la vue , elle s’étendrait à toute la plaine environnante. C est un fort de forme ronde, contenant environ vingt-six acres, entouré d’une muraille derrière laquelle se trouve un fossé profond, et qui a encore de vingt-cinq à trente pieds de haut. On l’a vu à moitié plein d’eau, principalement vers la partie E. Les murailles parallèles en terre, c, c, c....…, ont généralement de cinq à six rods , ou de quatre - vingt-deux et demi à quatre- (1) Noteson Virginia, ou Observations turels ou aborigènes. Paris, in-8, sur la Virginie; article: Habitansna- 1: 786. ( 4or ) vingl - dix- neuf pieds de large, sur quatre ou cinq pieds d’épais- seur. D est un fort carré qui couvre vingt acres, et dont les murs sont semblables à ceux du fort A. E est un étang de cent cin- quante à deux cents acres. On y récolta, il y a quelques années, du maïs dans un endroit où il a maintenant dix pieds d’eau, et où elle tend encore à s'élever. Les eaux de cet étang couvrent quel- quefois les murailles de C et les murs parallèles de sa partie sep- tentrionale. F, F,F, est un terrain d’alluvion, formé par les eaux de la petite rivière du Racoon et l’affluent méridional du Licking , lorsqu'elles baignaient le pied de la colline, G, G, G, ce qui est d'autant plus probable, qu’on voit encore des passages pratiqués sur les côtés de la colline par où l’on pouvait monter vers b,b,b, et en descendre. G;, G, G est l’ancien lit des ruisseaux , qui s’en sont creusé un plus profond que celui qu’ils avaient, lorsqu'ils baignaient le pied de la colline. Ces travaux se trouvent sur un plateau élevé de quarante à cinquante pieds au-dessus du terrain F,F, F, et qui est parfaitement uni et très-fertile. On peut voir les passages par lesquels les constructeurs de ces ouvrages entraient dans leurs champs I,1,I, qui étaient probablement cultivés. Les tours a, a, a étaient placées aux extrémités des murs paral- lèles et de manière à dominer le plus possible sur la plaine ; elles étaient entourées d’une muraille circulaire , haute maintenant de quatre à cinq pieds. On peut juger de l'importance de ces ouvra- ges par la place qu'ils occupent. c, d, sont deux murailles parallèles , qui communiquaient pro- bablement à d’autres ouvrages éloignés de deux à trois milles. Une hauteur, située près de Newark, paraît avoir été le lieu de sépulture des habitans; mais le peu d’étendue de ces cimetières ferait croire qu’ils n’ont pas dû séjourner long-temps dans cet endroit (1). (1) Archæologia Americana, p. 126-130. ( 402 ) Ancien fort construiten pierre dans le comtéde Perry, état del Ohio. Il est situé au sud des grandes fortifications, sur le Licking , et à quatre ou cinq milles au nord-ouest de Sommerset. Voir le plan , planche VIT, fig. 2. À est le plan de l’ouvrage. M. est un môle en pierre situé près du centre. Il est circulaire, a la forme d’un pain de sucre , et de douze à quinze pieds d’élévation. Une petite pierre circulaire mn se trouve dans la muraille d'enceinte. R est un rocher large et élevé , placé vis-à-vis une ouverture qui sert d’entrée. Celle-ci est pratiquée entre deux autres rochers qui tiennent à la muraille et ont de sept à dix pieds d'épaisseur. Ces rocs présentent à l’exté- rieur une hauteur perpendiculaire de dix pieds; mais , du côté de l’intérieur, ils s’abaissent en pente, après s'être avancés d’en- viron cent cinquante pieds de longueur, et finissent par se perdre dans la terre. Il y a une porte G, comme l'indique le plan: S est un petit ouvrage d’un demi-acre d’étendue , entouré de murailles en terre, hautes seulement de quelques pieds. Cette grande fortification en pierre couvre plus de quarante acres. Les murs se composent de quartiers informes de rochers, sur lesquels on ne découvre nulle part de traces laissées par des instrumens de fer. Les pierres en sont disposées fort irrégulière- ment , et si l’on en construisait une murailie régulière, elle aurait de sept à sept pieds et demi de haut, et de quatre à cinq d'épaisseur. Cet ouvrage ne paraît pas avoir été fait pour servir à l'attaque ou à la défense; situé sur un sol élevé, stérile et manquant d’eau, il semblerait plutôt avoir été destiné à un lieu de rassemblement, où l’on se réunissait pour célébrer quelques solennités (x). Anciennes fortifications, à Marietla (2), état de l'Ohio. Ces ouvrages sont situés dans une plaine élevée à l’est, au-des- (x) Archæologia Americana, p. 131. (2) Ce nom est une abrévialion de ( 403 ) sus du bord actuel du Muskingum , et environ à un demi-mille de sa jonction avec l'Ohio. Ils se composent de murailles et de ter- tres en terre, presque perpendiculaires et de forme carrée ou circulaire. Le fort carré, le plus grand , appelé la Ville, renferme qua- rante acres, et est entouré de murailles en terre de six à dix pieds de haut, et de vingt-cinq à trente-six pieds d'épaisseur, à la base. Sur chaque face , il y a trois ouvertures à distance égale l’une de l’autre ; ce qui fait en tout douze portes, dont celles du milieu sont les pluslarges ; la principale paraït avoir été celle qui se trouve du côté du Muskingum. Entre ce fort et la rivière, il existe un chemin couvert formé de deux murailles parallèles, distantes, vers le centre, de deux cent trente-un pieds l’une de l’autre. Dans l'intérieur, les murailles en ont vingt-un de haut, dans la partie la plus élevée, sur quarante-deux d'épaisseur à leur base ; mais à l'extérieur, elles n’ont que cinq pieds de haut. Ce chemin couvert a environ trois cent soixante pieds de long, et mène, par une pente douce, aux bas terrains. Ilest probable qu'il allait autrefois jusqu’à la rivière. Ses murs commencent à soixante pieds des rem- parts du fort, et augmentent en hauteur à mesure qu’ils approchent de la rivière. Leur sommet ressemble à un chemin plat et ferré. Dans les murailles du fort, à la partie nord-ouest, est un carré oblong, de cent quatre-vingt-huit pieds de long sur cent trente- deux de large , et haut de neuf. Le sommet en est uni et les côtés presque perpendiculaires. Au centre, de chaque côté, sont prati- qués des degrés réguliers et d'environ six pieds de large. Près de la partie méridionale, se trouve une autre élévation semblable, de cent cinquante pieds sur cent vingt, et haute de huit pieds ; à l'endroit où l’on monte au côté droit de la muraille, il y a un Marie-Antoinette, l'infortunée Reine lève au confluent du Muskingum et de de France. Les premiers établissemens l'Ohio, par lat. N. 3925’, et par long. y furent formés en 1788. La ville sé 6° 16°, ©. de Philadelphie. (404 ) passage large de dix pieds, qui en a vingt au centre, et qui s'élève ensuite graduellement jusqu'au sommet. A la partie sud-est, il existe une troisième élévation carrée, de cent huit pieds sur cin- quante-quatre , avec des degrés aux extrémités; mais elle n'est pas si haute ni si bien construite que les deux autres. Un peu au sud-ouest du centre du fort, l’on voit un tertre cir- culaire d'environ trente pieds de diamètre, et haut de cinq pieds, et non loin de là, quatre petites excavations à égale distance et vis-à-vis l’une de l’autre. À l’angle sud-ouest du fort est un parapet semi-circulaire , couronné par une élévation qui défend l’entrée dans les murs ; et au sud , l’on remarque un petit fort qui occupe une superficie de vingt acres, avec une porte au centre , de chaque côté et aux an- gles. Ces portes sont chacune défendues par destertres circulaires. En dehors de ce petit fort, il y a un monticule en forme de pain de sucre. La base en est ronde, et il a cent quinze pieds de diamètre et trente pieds de hauteur perpendiculaire. Il est entouré d’un fossé de quatre pieds de profondeur sur quinze de largeur, défendu par un parapet haut de quatre pieds, avec un passage , du côté du fort, large de vingt pieds. Il existe plusieurs autres murailles , tertres et excavations moins considérables , qui se trouvent indiqués sur les planches. Il est à propos de remarquer, à l'égard de ces ouvrages, comme pour ceux du Licking, que la terre qui a servi à les construire a dû être apportée de la plaine voisine (x). Objets trouvés dans un tumulus, à Marietta , en juin 1819. 1° Trois plaques bombées , de forme circulaire, pour servir d'ornement au fourreau d’une épée ou à un bouclier ; elles sont de P (x) Harris Tour. M. Schultz a donné through the states of New-York, etc.etc., une description détaillée de ces ou- en 1807 et 1808, 1 vol., lettre 13°. vrages, voyez Travelsonaninland voyage New-York, 1810. (405) cuivre et recouvertes d’une plaque épaisse d’argent. On à trouvé dans l’une d'elles , entre deux plaques, quelques petites pièces de cuivre. Le cuivre est presque entièrement décomposé: l'argent est assez bien conservé et devient brillant en le frottant. Deux de ces plaques sont entières ; mais la troisième était tellement dété- riorée qu'elle tombait presque en poussière. 2° Une plaque d’argent, qui paraît avoir formé la partie supé- rieure d’un fourreau, de six pouces de long , de deux de large, et pesant une once ; 3° deux ou trois fragmens d’un tuyau de cui- vre ; 4° une pièce de cuivre pesant trois onces , à une extrémité de laquelle il y a une rainure. La forme en est ronde, elle a deux pouces et demi de long, un pouce de diamètre au centre, et un demi à chaque extrémité. Elle consiste en plusieurs petits mor- ceaux de cuivre joints ensemble, entre lesquels on a trouvé quel- ques petites pièces d'argent ; 5° des têtes de pipes en cuivre mal battu ; 6° un morceau d’ocre rouge et de minerai de fer. Autres objets trouvés dans un tertre, sur le pelit Muskingum , non loin de: Marietta. 1° Quelques pièces de cuivre, qui paraissent avoir formé le deyant d’un casque , lequel a pu avoir huit pouces de long sur qua- tre de large et est en mauvais état ; les plaques sont très-minces ; 2° un ornement en cuivre, semblable à ceux qu’on a trouvés à Ma- rietta ; 3° plusieurs pièces de poterie bien conservées, composées de silex .et d'argile; elles sont encore solides, quoique exposées depuis plusieurs années, sur le sol, au froid et à la pluie. On a trouvé plusieurs morceaux de poteries le long de la rivière, mais elles sont faites avec de la terre argileuse et de coquilles, et ont peu de solidité. Près du tertre du Muskingum , on a découvert un objet assez curieux ; c’est un morceau. de marbre de forme ronde, d'environ irois pouces de diamètre , et qui est bien fini et très-poli. (406 ) Anciennes fortifications de Circleville , état de l'Ohio. Elles sont situées non loin de la jonction du ruisseau l’'Hargus, avec la rivière de Lower-Sandusky. Ces fortifications consistent en deux forts, dont l’un est rond, l’autre carré. Le premier est entouré de deux murailles, séparées. par un fossé profond; il a 69 pieds de diamètre, d’un côté à l’autre de la muraille extérieure circulaire. Le deuxième , qui est ceint d’une muraille sans fossé, à 55 rods ou 907 1/2 pieds carrés, mesuré de la même manière. Avant l'établissement de la ville de Circleville, les murs du fortcirculaire avaient 20 pieds de hauteur, en y comprenant celle du fossé. La murailleintérieure était d’argile , prise sans doute dans la partie septentrionale du fort, où le terrain est plus creux qu'ailleurs. La muraille extérieure a été construite de la terre enlevée du fossé qui sépare les deux murailles; le terrain est un sol d’alluvion formé de cailloux et de sable, à plus de 5o pieds de profondeur. L’extérieur des murailles est maintenant de 5 à 6 pieds de haut. Dans l’intérieur, le fossé n’a plus guère que 15 pieds. Ces ouvrages ne tarderont pas à disparaître. Les murailles du fort carré ont à présent environ 10 pieds de haut ; on y avait pratiqué huit ouvertures, dont une seule donne entrée dans le fort circulaire , et devant chacune desquelles se trouve un tertre haut d'à-peu-près 4 pieds, d'environ 4o pieds de diamètre à la base, et large de 20 au sommet, qui servait à la défense des portes. Dans cette fortification, qui formait un carré parfait , les portes et les tours étaient à égale distance l’une de l’autre. Les tertres étaient rangés sur une ligne droite, exactement parallèle à la muraille. Ils sont désignés par m,m,m,m, m, m.la ligne noire représente le fossé, et æ,æ, les murailles. D (voy. lu planche vin, fig. 2) était un ancien monticule de terre très-remarquable, à la partie orientale duquel il ÿ avait une dalle semi-circulaire, et placée presque en face de l’entrée du fort. I] a entièrement disparu ; mais on remarque encore quelques traces ( 407) de la dalle, malgré les ravages du temps et des hommes. Ces murs étaient aussi perpendiculaires que des ouvrages en terre peuvent l'être. B est un fort carré, touchant au fort circulaire, et dans lequel on entrait par sept portes; il est entouré d’une muraille d'environ 10 pieds de haut. La ville de Circleville occupe à présent tout l'emplacement du fort circulaire, et la moitié de celui du fort carré. Le reste de ces fortifications aura disparu dans quelques années. Ces travaux présentaient un aspect aussi régulier que les forts d'Oswego, de Stanwix, etc., etc., élevés par les Français, en 1755; et les gens les plus versés dans l’art militaire, les ont considérés comme de véritables places de guerre (x). Anciennes fortifications sur le principal affluent de la petite rivière de Païnt, état de l'Oluo. Les plus proches sont à onze milles, environ, de la ville de Chillicothe , et les plus éloignées, à quinze milles à l’ouest ( voy. la planche IX, fig. 1). B est une fortification qui a un grand nombre de portes de 8 à 20 pieds de largeur. Les murailles ont à présent ro pieds de haut, et sont composées, comme toutes les autres dont on a déjà parlé, de terre tirée des environs. La partie carrée de cet ouvrage a huit portes; ses côtés ont soixante-six rods, ou 1089 pieds de longueur, et présentent une superficie de plus de 27. acres, On y entre par trois portes qui communiquent avec une quatrième plus grande que les autres; une de ces portes est pra- tiquée entre deux murailles parallèles d’environ 4 pieds de haut. Un petit ruisseau qui coule au sud-ouest de la partie la plus étendue de ces fortifications, en traverse les murs, et va se perdre dans les terres en w, s. On croit que c’est un ouvrage de l’art; ila 15 pieds de profondeur, et 39 de largeur à sa surface. On voit (1) Archæologia Americana, p. 141-145. IT, 52 (408 ) encore deux élévations, l’une en dedans, l’autre en dehors de l'ouvrage m, m. La dernière est actuellement haute de 20 pieds. Les fortifications A sont toutes liées ensemble (le plan indique la superficie de chacune); la partie carrée paraît avoir la même étendue que la partie carrée B. Il n’y a pas de monticule dans l’inté- rieur; maisil en existe un haut, d’à-peu-près 10 pieds, à roorods ou 1650 pieds à l’ouest. La partie irrégulière de la plus grande for- tification occupe une étendue de 77 acres. Lesmurailles renferment 8 portes, outre les deux du carré déjà décrit. La largeur de ces portes varie de un à six rods, ou 99 pieds. L'on remarque un autre ouvrage au nord-ouest, qui commu- nique par une porte à celui-ci, et qui a soixante poles, ou neuf cent quatre-vingt-dix pieds de diamètre. Au milieu est encore un emplacement circulaire de six rods, ou quatre-vingt-dix-neuf pieds de diamètre, et dont les murailles ont environ quatre pieds de haut. Il s’y trouve trois anciens puits w, æ, w, dont-un en dedans, et un autre en dehors de la muraille. Dans la partie irrégulière du grand ouvrage, sont deux élévations de forme elliptique. La plus étendue est placée non loin du centre, elle a vingt-cinq pieds de hauteur sur vingt rods, ou trois cent trente pieds dans sa plus grande longueur , et dix dans sa plus petite; sa superficie est d'environ cent cinquante-neuf rods, ou deux mille six cent vingt-trois et demi pieds carrés. Cet ouvrage est construit en pierres informes, qui doivent avoir été tirées du lit de la rivière, ou des flancs de la colline voisine. On y rencontre beaucoup d’ossemens humains; ce qui a fait croire à quelques personnes , qu'on y sacrifiait autrefois des victimes humaines. L'autre élé- ation elliptique a deux étages : l’un a huit pieds de haut et l’autre quinze ; le sommet en est uni. L’on remarque encore un ouvrage en forme de demi-lune , en touré de pierres, et auprès duquel s'élève un tertre très-remarqua- ble, haut de cinq pieds, de trente pieds de diamètre, et entièrement composé d’ocre rouge , dont on peut se servir dans la peinture. Hh ( 409 ) Les puits, dont on a déjà parlé, sont très-larges à l'ouverture. Un d’eux a six rods, ou quatre-vingt-dix-neuf pieds, et l’autre, quatre , ou soixante-six pieds. Le premier a mainterant. quinze pieds de profondeur, et l’autre six ; ils ont de l’eau. L'ouvrage le plus important, C, couronne une colline d’envi- ron trois cents pieds de haut, et presque perpendiculaire en quel- ques endroits. Les murailles en sont de pierres informes, et construites sur la pente de la colline, qui est arrondie, excepté en D, où elle est unie. Il y avait originairement deux portes qui ou- vraient sur les seuls chemins qui fussent praticables. A la porte du nord se trouve un amas de pierres assez considérable pour qu’on puisse en construire deux grosses tours rondes. De ces der- nières à la petite rivière est un chemin qui paraît naturel; mais qui est peut-être un ouvrage de l’art. Les pierres sont maintenant éparses de tous côtés (r). Autres owrages près de Chillicothe. L'on voit encore des fortifications plus considérables sur l’af- fluent septentrional de Paint Creek, à environ cinq milles et demi de Chillicothe ( voyez planche XIT, fig. 2). La plus étendue couvre près de cent dix acres. Au nord-est et à l’ouest est une muraille entourée d’une tranchée ou fossé. Cette muraille, en terre, a généralement douze pieds de haut. Le fossé est large d'environ vingt pieds; et la muraille a la même épaisseur à sa base. Il n’y a pas de fossé du côté de la rivière. Les petites fortifications, situées à l’est, ont seize acres d’é- tendue , et les murailles ressemblent à celles de Paint Creek , ex- cepté qu’elles n’ont pas de fossé. L'ouvrage circulaire le plus étendu , avec une muraille et un fossé comme les ouvrages ci-dessus, est un enclos sacré, contenant six tertres qui ont servi de cimetières. | (x) Archæologiu Americana, p. 145-151. (4ro ) Un tertre, à Chillicothe, qui a été détruit, avait environ ‘soixante pieds de diamètre à sa base, et quinze de hauteur per- pendiculaire. Îl était composé de sable, et contenait une grande quantité d’ossemens humains. Ces immenses travaux, et le grand nombre d’ossemens trouvés dans les cimetières, prouvent qu’une nombreuse population a dû demeurer dans cet endroit. On à trouvé dans un de ces tertres une espèce de creuset d’ar- gile, qui supporte le même degré de feu que ceux dont on se sert pour le verre ; et une autre pièce du même genre, qui a la forme d’une coquille. Le premier est maintenant dans la possession de M.S. Williams, de Chillicothe. Anciennes fortifications à Porstmouth, état de l'Ohio. Du côté du Kentucky, vis-à-vis l'embouchure du Scioto, estun fort très-étendu, avec une grande élévation en terre à l'angle ex- térieur de la partie du sud-ouest, etdes murailles parallèlesenterre, représentées par p,p, p, p,( Voir la planche IX, fig. x). Celles de l’est ont une porte qui conduit jusqu’au bord de la rivière. Elles sont séparées l’une de l’autre d’environ dixrods, ou cent soixante-cinq pieds , et ont maintenant de quatre à six pieds de hauteur. Elles communiquent par une porte avec le fort. Deux petits ruisseaux, qui passent à travers ces murailles, s’y sont déjà creusé des lits de dix à vingt pieds de profondeur, depuis que ces ouvrages ont été abandonnés ; ce qui peut faire juger de leur ancienneté. Le fort est indiqué par la lettre F'; il forme presque un carré avec cinq portes, et ses murailles en terre ont à présent de qua- torze à vingt pieds de haut. En face de la porte , située à l’angle nord-ouest de ce fort, sont deux murailles parallèles en terre qui vont en s’affaissant graduel- lement jusqu’à l'Ohio, Cette rivière semble avoir changé de lit depuis que les murailles ont été construites. m est une grande élé- vation à l’angle sud-ouest extérieur du fort qui, attendu sa trop (411) grande étendue, ne paraît pas avoir servi de lieu de sépulture, Elle est haute au moins de vingt pieds, et peut couvrir un acre. On a trouvé dans l’intérieur du fort une grande quantité de fer , d'outils, de barils, de fusils qui y avaient été probablement cachés par les Français, quand ils évacuèrent le fort Duquesne. De l’autre côté, en commençant par les bas terrains, près de la rivière du Scioto, qui semble avoir un peu dévié de son cours depuis que ces ouvrages ont été construits, sont deux murailles parallèles en terre , semblables à celles qui se trouvent de l’autre côté de l'Ohio. Les figures 1,2, 3 représentent trois cimetières de forme cir- culaire , élevés d'environ six pieds au-dessus du niveau de la plaine, et qui occupent à peu près un acre. Non loin de là, au point 4, est une autre élévation qui a maintenant plus de vingt pieds de baut et un acre d’étendue. Il en existe une troisième près 77 qui est haute de vingt-cinq pieds, et qui paraît avoir servi à la sépul- ture de ceux qui ont construit ces ouvrages. Elle est entourée d'un fossé profond de six pieds, et il y a un trou au centre. Voyez au point c. L'on y voit deux puits w, w, qui ont encore dix à douze pieds de profondeur. d est une muraille en terre. Deux murailles parallèles en terre , hautes de six à dix pieds et d’une longueur de deux milles, se détachent de ces ouvrages et vont se perdre dans les bas terrains près de la rivière (x). Anciennes fortifications sur la rivière du Petit-Miami. Elles sont situées à quatre milles environ au-dessus du confluent de Todds’ Fork et à trente nord-est de Cincinnati, dans l’état de l'Ohio. Elles s'élèvent dans une plaine unie , à environ deux cent trente-six pieds au-dessus du niveau de la rivière, entre deux af- fluens dont les bords sont très-escarpés ; la plaine s’étend, à l'est, le long de la route, l’espace d’un demi-mille. Ces fortifications (x) Archæologia Americana, p. 151-155. (412) sont bordées, au nord et au sud , de précipices qui commencent presque au pied des murailles, et la route longe les deux autres côtés. La hauteur intérieure des murailles, qui varie suivant les inégalités du terrain , est généralement de huit à dix pieds ; mais celles qui dominent la plaine en ont dix-neuf et demi sur plus de quatre poles , ou soixante-douze pieds d'épaisseur à leur base. A environ trois cents pieds à l’est de la porte, où passe la route, sont deux tertres de dix pieds huit pouces de haut, séparés par le chemin qui les partage à égale distance. De ces tertres s'é- tendent plusieurs ravins du nord au sud. Au nord-est, il y a dans la plaine deux chemins B , larges d'environ un pole , ou seize pieds et demi; chacun est élevé de trois pieds. Ils sont presque paral- lèles, ont un quart de mille.de longueur, et aboutissent à un petit monticule. Près de l'extrémité sud-ouest de la fortification, on voit trois chemins circulaires A , de trente à quarante poles , ou de quatre cent quatre -vingt-quinze à six cent soixante pieds de longueur, creusés dans le précipice entre la muraille et la rivière. Cette muraille est en terre. Cette fortification a cinquante-huit ouvertures. Plusieurs ont été évidemment formées par l’eau qui , s’étant amassée dans l’inté- rieur, s’est ensuite frayé un passage à travers les murailles. Dans d’autres endroits, il est possible que les murs n’aient jamais été achevés. Dans l’intérieur de ces fortifications se trouvent des es- pèces de bassins circulaires de plusieurs pieds de profondeur, qui ont vraisemblablement servi d'habitations souterraines (1). Ouvrages à Cincinnati. Les ouvrages qui se trouvaient anciennement dans la plaine où s'élève maintenant la ville de Cincinnati, consistaient en quatre (x) Voir Drakes picture of Cincinnati voy. aussi la planche XI, fig. r, repré- and the Miami Country , x vol.in-12, sentant d’autres fortifications, élevées Cincinnati, 1815. Archæologia Ameri- sur les bords de la même rivière, etson cana, p. 156-163. Voy. la plancheX; explication. (#3) tertres ou pyramides. La plus grande se trouve à l’ouest, à la dis- tance de quinze cents pieds. La hauteur en est de vingt-sept pieds ; le général Wayne l’a diminuée, en 1794, d'environ huit pieds pour y établir un poste. Elle forme une ellipse régulière, dont les diamètres sont dans la proportion de un à deux; sa base a quatre cent quarante pieds de circonférence. Le terrain , à cent ou cent vingt pieds à l’entour, est plus bas que dans le reste de la plaine, et les couches de bonne terre y ont moins de profondeur ; cé qui provient de ce qu’on l’a enlevée pour les constructions. Dans les fouilles qu’on y a faites, on a trouvé des morceaux de bois pourri, quelques ossemens humains, une corne de cerf et une pièce de po- térie contenant des coquilles de moules. À cinq cents pieds de cétte pyramide , il s’en élève une autre d'environ neuf pieds de haut, de forme circulaire et presque plate au sommet. On a fouillé au cen- tre de sa base , et le résultat de cette recherche a été la découverte d’ossemens et de quelques chapelets, dont les grains étaient enfi- lés dans un fil de lin. Le troisième tertre est haut de huit pieds, long de cent vingt et large de six ; il est de forme ovale , et ses diamètres sont dans la direction des points cardinaux. On l’a pres- que détruit pour construire les murs de la ville (x). Objets trouves dans les anciennes fortifications qui occupaient l'en- droit où est maintenant située la ville de Cincinnati. 1° Des pièces de jaspe , de cristal de roche , de granit et autres pierres, cylindriques à leurs extrémités, et élevées au milieu, avec une rainure en forme d’anneau à un des bouts : 2° un morceau de charbonde terre compacte, de forme circulaire, avec unelarge ou- verture au centre et une rainure assez profonde. Il y a un certain nombre de petits trous sur quatre lignes , à égale distance , et qui vont de la circonférence au centre; 3° une autre petite pièce de même forme, avec huit lignes de perforations; elle est de terre (x) Drakes’ picture of Cincinnati. (44) argileuse , mais polie: 4° un os orné de sculptures qu’on suppose hiéroglyphiques; 5° la tête et le bec sculptés d’un oiseau de proie, peut - être d’un aigle ; 6° un morceau de mine de plomb ( galène pareille à celle trouvée dans les autres cimetières) ; 7° du tale ou du mica, comme on en a découvert dans les autres tertres; 8’ une petite pièce de cuivre en feuilles avec deux trous ; 9° une pièce du même métal, plus large et oblongue avec des rainures en lon- gueur. Ces divers objets sont décrits dans les quatrième et cin- quième volumes des Transactions philosophiques américaines de Philadelphia par le gouverneur Sargent et le juge Turner. Feu le professeur Barton suppose qu'ils ont servi, partie pour ornement, partie pour des cérémonies superstitieuses. L’auteur dit encore avoir trouvé dans les tertres, des chapelets ou des fragmens de petits cylindres creusés, apparemment d’os ou de coquillages; les dents d’un animal carnivore, probablement d’un ours; plusieurs testacés univalves, appartenant au genre buccinum, ou buccin, taillés en forme d’ustensiles et presque décomposés ; plusieurs morceaux de cuivre ; enfin des ossemens humains. Le nombre des squelettes renfermés dans ces tertres n’était que de vingt ou trente (x). ’rtre, à Circleville. Il est de forme circulaire, il a dix pieds de hauteur et plusieurs rods (de seize pieds et demi) de diamètre à sa base. Le som- met en est uni et a environ trente pieds de diamètre. Du côté de l’est se trouve un espace pavé, de forme semi-circulaire, ayant six rods (ou quatre-vingt-dix-neuf pieds) d’étendue, et composé de cailloux de la même espèce que ceux qui forment le lit de rivière de Scioto, d'où ils ont été probablement (x) Voyez American Philosophical Indian tumulus at Cincinnati, and now Transactions, vol.V ,n°9, Philadelphia; deposited in the museum of the American Remarks on certain articles found in an philosophical Society by Gorge Turner. (45) ürés. Du côté de l’est , il y avait un chemin pour monter au som- met , dont on voit encore les vestiges. Non loin de ce tumulus, du côté du midi, est un fossé de six pieds de profondeur, où l’on a trouvé un grand nombre d’ossemens, appartenant tous à des hommes d’un âge mûr ; tandis qu’un tertre voisin renferme les squelettes d'individus de’tout âge. Ce tumulus a été détruit, ainsi que plusieurs autres d’une grande dimension , qui se trouvaient sur les hautes collines voi- sines de la Scioto. À environ quarante rods, ou six cent soixante pieds au sud- ouest de ce Zumulus , il y en a un autre de plus de soixante-dix pieds de haut, situé sur une éminence qui paraît être un ouvrage de l’art : on croit que c'est un cimetière. Il contient un nombre considérable de squelettes humains de tout âge et de tout sexe. On y a trouvé des couteaux et des haches en pierre, ainsi que plusieurs ornemens, où l’on avait fait des trous, sans doute pour y passer des cordons qui servaient à les porter. Au midi et près de ce {umulus, était un fossé semi-circulaire , qui pouvait avoir six pieds de profondeur, et était rempli d’osse- mens humains. On a découvert, dans un autre tertre , un instrument presque semblable au tranchet dont se servent les cordonniers. Objets trouvés dans un tertre , près de Circleville. Ces objets consistent dans les articles suivans : 1° Deux squelettes humains, placés au niveau du sol ; 2° une grande quantité de poin- tes propres à armer des flèches ; 3° la poignée d'une petite épée ou d’un grand couteau , faite en corne de cerf. Près de l'endroit où s’emboîtait la lame, on a vu un petit anneau en argent, assez bien conservé. On remarquait sur le manche la place du trou où la lame était adaplée, mais on n’a trouvé d'autre trace du métal qu'un peu de fer oxidé; 4° du charbon et des cendres de bois, en grande quantité ; les corps ont dû être jetés dans un vaste II. : 53 (416) brasier ; mais les os n’ont été qu’à demi consumés. L'un des sque- lettes était placé un peu au midi du centre du tumulus , l’autre à environ vingt pieds au nord. 5° Une pièce demica ou talc laminaire, d’environ trois pieds de longueur , d’un pied et demi de largeur, et d’un pouce et demi d’épaisseur ; 6° une plaque de fer oxidé. Le manche d'épée ou de couteau a été envoyé au musée de M. Peal , à Philadelphie. Antiquités à Piqua, état de l'Ohio. Piqua, petite ville située sur le bord occidental du Miami, paraît avoir été autrefois le siége d’une nombreuse population. La rivière y porte les bateaux à quelques milles au-dessus, pendant la moitié de l’année. Cette ville forme un demi-cercle, et ses rues, étant rectilignes et parallèles à la corde de l’arc, viennent toutes abou- tir à la rivière. Il y existe encore des restes d'anciens ouvrages in- diens, qui ont dû être fort étendus. Ils sont composés, pour la plupart, de parapets circulaires, dont la hauteur varie actuelle- ment de trois à six pieds ; mais ils ont été évidemment beaucoup plus élevés. On en a trouvé un grand nombre dans le voisinage de la ville, et plusieurs dans la ville elle-même. On à remarqué particulièrement un de ces ouvrages de forme elliptique, et cinq autres de forme circulaire , dont deux sont à l’est de la rivière et les autres à l’ouest. La terre qui a servi à les élever a été tirée, à ce qu’on croit, de l’intérieur, où il y a un fossé qui a dû être assez profond. Les parapets peuvent avoir eu trois ou quatre pieds de largeur, mais leur affaissement les fait paraître beaucoup plus larges. L'une de ces fortifications A (1) est située à environ un quart de mille au sud-ouest de la ville, et un demi-mille à l’ouest du Miami. Elle semble avoir été la plus importante, et le point cen- tral autour duquel les autres étaient disposées. Elle est de forme (x) Voy. pl. XIT, fig. 3. (417) circulaire , et son diamètre est d’environ cent cinquante pieds. On y a pratiqué une porte de huit à dix pieds de largeur, qui fait face à la rivière. Immédiatement au-dessus de cet ouvrage, au sud- sud-est, est une autre petite fortification a, qui communique avec la première et dont le parapet est beaucoup plus élevé ; son diamètre est d'environ quarante-trois pieds, et elle n’a ni porte, ni issue quelconque. On a pensé que cet ouvrage était destiné à servir de poste d'observation; cependant il paraît plus probable qu’il était réservé comme un dernier refuge, à peu près comme l’est une citadelle dans nos places fortes modernes. En avançant plus au sud, à environ sept cent soixante pas de ce premier ouvrage, on trouve une autre fortification B, qui, comme la première , est située en partie dans un champ labouré, mais à laquelle aboutit un chemin de traverse. Le parapet de ce fort n’est pas si élevé que celui du précédent ; mais sa largeur est plus considérable, ayantenviron deux cent vingt-cinq pieds de dia- mètre. Il y existe une issue située à peu près vis-à-vis celle du fort À, et tout-à-fait semblable. Prenant toujours ce premier ouvrage À comme point central , on en trouve à l’est un autre circulaire C, distant du pre- mier de sept cent cinquante pieds, et du second de cinq cent quarante. Ses parapets sont plus hauts que ceux des deux autres, et son diamètre a environ cent cinquante pieds. Il y a aussi une porte vis-à-vis celle du fort A. Entre le second et le troisième forts Bet C, et près du bord de la rivière , l’on voit les restes d’une espèce de canal w, qui communiquait probablement avec le troisième fort. Ces restes consistent en un fossé creusé à fleur d’eau ; la terre ayant été enlevée du côté le plus rapproché de la rivière , la largeur, entre les deux parapets , est plus grande en cet endroit qu’à une distance plus éloignée de l’eau. Les ruines de cet ouvrage sont très-peu de chose : le chemin qui longe la rivière passe à travers, le parapet en a été nivelé et le fossé comblé. La plus grande de ces fortifications D est de forme elliptique. (418) Le petit diamètre est de quatre-vingt-trois, et l’autre de deux cent quatre-vingt-quinze pieds. Elle est située à six cents pieds au nord du premier fort À. On n’y remarque aucune trace de porte. Cet ouvrage est presque entièrement détruit, et son pa- rapet ne s’élève pas à plus d’un pied au-dessus du niveau du sol. En traversant le Miami , on trouve un autre fort E dans un très-bon état de conservation, sur le sommet d’une colline escar- pée , de cent pieds d’élévation. Il a cent vingt-trois pieds de dia- mètre. Par sa position, il dominait sur tous les environs ; mais malheureusement la montagne, en s'écroulant , a emporté un tiers des ouvrages. On n’y voit à présent qu’une seule porte, d’environ six à huit pieds de large , placée à l’est. Cette pièce est couverte d’arbres très-grands. On a remarqué, entre autres, sur le rem- part, un tronc d’arbre dans un état de décomposition complète ; on pouvait y compter, cependant, jusqu’à deux cent cinquante cercles concentriques; ce qui ferait supposer qu'il pouvait avoir cinq cents années. On y a vu des arbres d’une très-grande dimen- sion , qui avaient crû sur les troncs d’autres plus gros encore. À environ cinquante rods , ou huit cent vingt-cinq pieds, au nord-nord-ouest de cet ouvrage, il y en a un autre plus vaste et de forme circulaire, avec deux portes, l’une à l’est et l’autre à l’ouest. On voit aussi, sur la route qui conduit au fort Sainte-Marie, les restes d’un ancien fort, qui consistent en pierres, provenant sans doute de la destruction d’une muraille élevée, dit-on, par les In- diens. Ils sont situés à environ trois milles à l’ouest de Piqua, sur un morne élevé d’à peu près trente pieds au-dessus du niveau de la rivière, Cette muraille, que quelques personnes pensent avoir été destinée à la défense, a été complétement renversée, mais les pierres qui gisent sur le sol, en indiquent suffisamment la direction ; elle formait une ellipse, dont les axes avaient, l’un, quinze cents et l’au- tre neuf cents pieds. Cet ouvrage, suivant le colonel Johnston, a dû occuper une surface de dix-sept acres. L’axe le plus long s'étend de l’est à l’ouest, etla distance du point le plus proche de l’ellipse a ( 419 ) été estimée environ deux mille pieds. Au sud-est elle aboutit à un fort en terre, de forme circulaire, semblable à ceux qu’on a déjà décrits, et ayant environ cent huit pieds de diamètre. Les pierres dont cette muraille était composée sont de forme sphéroïdale ; elles sont, pour la plupart, granitiques, il y en a très-peu de calcaires ; elles ressemblent à tous égards à celles qu’on trouve éparses à la sur- face du sol, particulièrement sur les bords de la rivière ; elles for- ment maintenant un pavé mal joint et inégal, autour de l’ellipse, qui, en quelques endroits, n’est pas tout-à-fait régulière, probable- ment à cause de la configuration du terrain, Dans plusieurs parties, et principalement à l’ouest , il y a des portes ou intervalles dans la muraille , qui ont généralement de six à huit pieds de large. Derrière ces portes et dans l’intérieur, étaient des amas de pierres, placés de manière qu’un seul püt protéger deux portes. L'opi- nion générale est que celte muraille a été élevée pour la défense ; cependant sa position , son peu de hauteur et de solidité, le manque d’eau et le nombre de portes, feraient croire que ce lieu était plutôt destiné à des cérémonies religieuses. Sur la route de Piqua à cette muraille, il y avait un très-grand tertre, qui à été nivelé, en partie, dans la confection du chemin. A environ un demi-mille sud de Piqua , est un ancien cimetière , situé dans un terrain uni et élevé d'environ vingtpiedsau-dessus du niveau de l’eau. La surface en est couverte de fragmens de roches calcaires, placés horizontalement. Il paraît que les corps étaient déposés sur ces rochers et couverts ensuite d’autres pierres, dont quelques-unes étaient très-larges, Il s’est formé par-dessus le tout une couche légère de terre qui produit quelque verdure. On a ou- vert plusieurs tombeaux, dans lesquels on n’a trouvé que des osse- mens décomposés. Ils étaient en très-mauvais état, jaunes, caver- neux et sans ordre (1). (x) Expedition to the sources of St-Pe- p.55; Philadelphia, 1824. ters river , by major Long, chap. I, (420) RAA SR I AR OT AE AS UD ADS AR AR AR AR RS OS EL RAS UD AR A RU A RAR AE Le CHAPITRE XIL DESCRIPTION DES ANTIQUITÉS SITUÉES DANSDIVERS ÉTATS. Monumens de l'état de Tennessee. Dans l'angle nord-ouest du comté de Franklin , au confluent de deux des branches les plus méridionales du Duck, on voit les ruines d’un vieux fort indien , nommé S/one-Fort, qui couvre une étendue de trente-deux acres. Entre ces cours d’eau, qui ont quinze pieds de chute, il existe un mur de seize à vingt pieds d'épaisseur à sa base , et de trois à quatre au sommet, le long duquel se trouve un fossé de seize à vingt pieds de largeur. Il y a, à l'extrémité septentrionale de ce fort, deux colonnes de forme conique en pierre, dont la base a dix ou douze pieds de diamè- tre, et qui ont chacune six pieds de hauteur. A la distance d’un demi-mille environ au nord et au nord-ouest, l’on rencontre deux tertres , dont l’un a cent pieds de longueur et vingt-cinq de hau- teur sur vingt de largeur , et l’autre soixante pieds de longueur et vingt de hauteur sur dix-huit de largeur. On voit croître sur les murs , comme sur les tertres, des arbres aussi grands que ceux des forêts voisines. On a découvert récemment dans un de ces tertres un sabre de deux pieds de long, qui diffère par la forme de toutes les armes de cette espèce dont on se soit servi depuis l’arrivée des Européens. Des débris de vaisselle et plusieurs briques entières de neuf pouces carrés et de trois pouces d'épaisseur ont été trouvés au même lieu (x). Antiquités à Louisville , sur les bords de l'Ohio, état de Kentuckr. On a trouvé aux environs de Louisville des haches et des (x) Lettre adressée par M. Dennison au docteur Mitchill. (4 ) pilons en pierre, des pointes de flèches en cailloux, des coquilles brisées , des restes de cheminées, des fragmens d’ossemens hu- mains, du charbon de terre calciné, etc. Deux de ces premiers ins- trumens ont été découverts à quelques milles au-dessus de la ville, à la profondeur de quarante pieds, près d'un âtre dans lequel on voyait encore des traces de feu et deux morceaux de bois for- mant évidemment les extrémités d’une büche consumée par le milieu. Toute la plaine est un sol d’alluvion. Ily a quelques années, on a trouvé une hache de fer d’une ma- nière fort singulière. En abattant un arbre très-grand, dont les racines s’étendaient à trente ou quarante pieds de rayon), pour la construction d’une muraille qui devait communiquer aux fon- dations d’un grand moulin, à Shipping-Port, on découvrit à quel- ques pieds de profondeur, et au centre du tronc de l’arbre qui avait six pieds de diamètre , la hache en question, qui était de fer battu et recourbée d’un côté pour s'adapter au manche. On a trouvé un grand nombre d’instrumens de ce genre sur di- vers points; mais on n’a jamais eu soin de noter les circonstances qui pourraient donner une idée de leur antiquité. Cette hache avait été évidemment placée dans cet endroit ayant la naissance de l’ar- bre; car, d’après sa position, on n’aurait pu l'y mettre aprèsque cet arbre eut prisracine. Il devait avoir plus de deux cents ans. Un peu au-dessus de Clarksville, non loin de la rivière, est la place d’une cabane indienne (Wigwam), couverte par de la terre d’alluvion, à six pieds de profondeur. Au milieu des cheminées et des décombres, on a trouvé une grande quantité d’ossemens humains décomposés. On a découvert aussi , dans la partie occidentale , des murailles en briques et en pierres. T'ertres de l’état de Ll' Indiana. Il existe beaucoup de tertres depuis la rivière Blanche jusqu’à la VW abash. Autour du fort Harrison, ils sont très-nombreux et de (422) toutes les grandeurs, et ils ont été évidemment formés à des épo- ques très-éloignées. Sur les plus grands, qui ont de dix à trente pieds de hauteur, on voit croître des arbres aussi élevés que ceux des forêts voisines. Les tertres les moins considérables n’ont que deux à quatre pieds d’élévation au-dessus de la surface du sol, et les arbres quiy croissent, étant très-petits, indiquent que leur ori- gine ne remonte pas à plus d’un siècle. Les os qu’ils renferment sont susceptibles de soutenir leur propre poids et d’être transportés, tandis que ceux qu’on trouve dans les grands tertres se décompo- sent si aisément , qu'au moindre contact, ils tombent en poussière. M. Brown rapporte quesur les bords de la Rivière Blanche il exami- na la structure intérieure de quinze à vingt tertresélevés de dix à quinze pieds, et qu’il n’y trouva que quaire corps seulement. Quel- ques-uns n’en contenaient pas, mais d’autres en renfermaient peut- être cent. On voit encore sur la Rivière Blanche les vestiges de ca- banes indiennes , et les emplacemens où leurs habitans cultivaient le maïs. Fortifications de l'état de Kentucki. On voit sur un terrain élevé, non loin des sources de l’'Hikmans- Creek et de Lexington, les restes d’une ancienne ville qui a quatre mille huit cents pieds de circuit, et occupe une étendue de cinq à A six cents arpens. Sa forme est celle d'un polygône irrégulier, à sept côtés inégaux : Le côté occidentala. . . . . . 360 pieds de longueur. 1 Sudouest MN CICR 750 TR C0 NEO RE LEE TTC de 750 ——\West-sud-est. (CRU NLE 660 est nord-est le EM 000 —— nord-est . . . . . . 600 —— nord-ouest. . . . . . 600 4,800 pieds de longueur. La hauteur et la largeur du mur et du fossé qui entourent cette ville , sont très-inégales : le premier ayant de huit à seize pieds de (433) haut et le fossé de deux à quatre. Le mur paraît avoir été cons- truit avec la terre tirée du fossé. Du côté du nord-est, on remar- que une grande ouverture, ou porte d'entrée. Il n’existe ni tertre ni puits dans l’enceinte ni aux environs. Toute la surface, y com- pris les remparts et le fossé, est couverte d'arbres de haute futaie ; si l’on en excepte, toutefois, un champ situé dans la partie nord- ouest, qui est semé de blé. L'on a découvert plusieurs monumens curieux , à six milles en- viron nord-nord-est de la ville de Lexington , sur la rive méridio- nale de la North-Elk-Horn-Creek, presque vis-à-vis du confluent de l'Opossum-Run. Le premier est un enclos circulaire, de six cents pieds de cir- conférence, qu'embrasse un parapet de vingt pieds de largeur sur deux de hauteur , bordé intérieurement d’un fossé peu profond. Au centre, se trouve un emplacement carré et uni , ayant soixante- dix pieds de long sur chacune de ses faces qui sont tournées vers les quatre points cardinaux. Une ouverture ou entrée, pratiquée du côté du nord, conduit à cet emplacement qui s’élève d'environ trois pieds au-dessus du fossé. A la distance de deux cent cinquante pieds au nord - est de ce monument , il y a un tertre de forme circulaire et convexe, qui a cent soixante - quinze pieds de circuit et près de quatre pieds de hauteur, et est entouré d’un petit fossé. Au nord de ce dernier et à environ deux cent cinquante pieds , Von voit un autre monument remarquable , de forme presque co- nique ,.et revêtu d'un parapet de cent pieds de longueur sur cinq de hauteur au-dessus du fossé intérieur. Une plate-forme irrégu- lière le fait communiquer au nord avec trois tertres d'environ cinquante pieds de circonférence sur: deux de hauteur. Près de ces derniers , il s’en trouve deux autres plus étendus dont l’un, de forme ronde et convexe, a deux: pieds d’élévation, et est en- touré d’un fossé circulaire de deux: cent cinquante pieds de déve- loppement ; l’autre , qui lui ressernble en tous points , est situé au 1. 54 (424 ) milieu d’un champ de blé, et communique par une longue chaus- sée à l'extrémité orientale du parapet. On appelle ces deux tertres Sunken-Mounds, de ce qu’ils sont placés au-dessus du niveau du fossé qui les entoure. Un autre monument, ayant la forme d’un carré oblong , et re- vêtu d’un parapet de quatre cent quarante pieds de circonférence, communique avec les précédens. L'emplacement central est uni, et compte exactement la moitié de l'étendue du parapet, ayant soixante pieds de longueur sur cinquante de largeur. Untertre sans fossé, situé à l’ouest du premiermonument, a cinq pieds de hauteur sur cent quatre-vingt-dix de circonférence. À la distance d’un demi-mille de ces ouvrages, sur le bord oriental du ruisseau de Russell, s’élève un tertre en pierre (Szone- Mound'), qui a dix pieds de haut du côté du nord, et cent soixante: quinze de circuit ; il est formé de pierres entassées les unes sur les autres et recouvertes actuellement d'une légère couche de terre. A l’ouest de ce même ruisseau, l’on voyait naguère un autre tertre plus petit, également en pierre, et qui renfermait des osse- mens humains. M. Rafinesque, à qui l’on doit la description de ces monumens, pense qu'ils ont dû servir à des usages religieux et funèbres, et qu'ils ont été élevés par l’ancienne et populeuse nation des Alle- ghawians (tr). Antiquités de l'état de Louisiana. Il y en a plusieurs, particulièrement à Baton-Rouge, à cent quarante milles au-dessus de la Nouvelle-Orléans, latitude 30° 36’, et sur le Manchak, IL existe un grand tertre semblable , quant à la forme, à celui (1) Western Reiew, n° !, vol. x, botanique et d'histoire naturelle au for may 1820; and n° 1, vol. 3,fer collége de Transylvanie, à M. Caleb August 1820, Lexington. Voir les let- Atwater, de Circleville. tres de M. Rafinesque , professeur de ( 425 ) de la Cahokia , au confluent des rivières Ocatahoola , Ouachitta et Tensaw. Il est entouré de dix ou douze autres plus petits (x). Antiquités du territoire d’Arkansas. M. Savage a découvert, près de la rivière de Saint-François, les ruines d'une ville fortifiée, d’une grande étendue, et les débris d’une citadelle, construite de briques et de ciment. Des arbres d’une grosseur prodigieuse avaient pris racine sur ces murailles ; on as- sure que quelques-uns avaïent au moins trois cents ans. T'ertres de l'état d'Ilinors. Dans l’espace de vingt milles au-dessus et au-dessous de Kaskas- kias, on en compte cent cinquante ; ils sont généralement de la même forme, mais de dimensions différentes. On rencontre aussi beaucoup de tertres dans la partie appelée American Botiom. Le groupe le plus considérable est à environ huit milles au-dessus de Saint-Louis. On en trouve plus de quarante de formes et de dimen- sions différentes, dans un rayon de quatre à cinq milles. Le plus grand, appelé Wonks' Mound, parce qu'il aétéleséjour de quelques moines de l’ordre de la Trappe, a la forme d’un parallélogramme , qui s'étend du nord au sud. Sa circonférence, à la base, est d’en- virondeuxmille quatre cents pieds, etsahauteur dequatre-vingt-dix pieds. Les autres tertres sont moins considérables et épars çà et là dans la plaine, On a trouvé aux environs des cailloux, des dé- bris de poterie , et beaucoup d’ossemens humains. On remarque encore le mont Joliet (2) , situé sur le bord occi- dental de la rivière des Plaines, qui a environ mille à mille deux (x) Account of a journey up the Wa- shita, by Will Dunbar and doctor Hunter, 1804. (2) Views of Louisiana, Ey H. M. Brackenridge, esg., p. 173, Ballimore, 18:17. Les naturalistes de l'expédition du major Long disent qu'il est telle- ment couvert d’arbustes, de buissons et de vignes qu'ils ne purent détermi- ner ses dimensions. Expédition, chap. III, vol. x, Philadelphia, 1823. (426) cents pieds de long , et de six à neuf cents pieds de largeur. Sa forme est celle d’un prisme ; vu de la rivière , il paraît presque carré. C’est évidemment un ouvrage de l’art. On dit qu'il a pris ce nom de Joliet, du Canadien Joliet, qui l’observa le premier, en 1773 (1). 1 Tertres , sur la rivière de Fox. On trouve un grand nombre de tertres sur la rivière de Fox, affluent de l'Illinois , appelée, par les Indiens, Pishtako. On en a compté jusqu’à vingt-sept, disposés avec assez de régularité. La hauteur en varie de un à quatre pieds et demi ; la largeur, de quinze à vingt-cinq; mais celle-ci n’est pas proportionnée à leur largeur, qui excède rarement six à huit pieds. Ils sont placés à des distances inégales, dont le terme moyen est d’environ soixante pieds ; le plus grand nombre s'élèvent sur le penchant d’une col- line, et d’autres dans la plaine. Leur forme paraît avoir été ovale ; et la légère dépression du sol, qu'on observe quelquefois des deux côtés de ces tertres , semble prouver qu’ils ont été construits avec de la terre prise dans leur voisinage immédiat (2). Restes d’une ancienne forüfication du territoire du Nord-Ouest. Dans une plaine , à quelques milles au-dessous du lac Pepin (latitude 43° 50°), on voit les restes d’une ancienne fortification. Bien qu’elle fût couverte d'arbres lorsque le voyageur Carver la visita , il n’en reconnut pas moins un ouvrage de forme circulaire, avec des remparts qui s'étendaient jusqu’à la rivière. Les murs ont environ quatre pieds de haut, près d’un mille d’étendue, et peuvent mettre à couvert cinq mille hommes. Quoique ces ou- (x) À gazetler of the states of Illinois ters’ river , etc., under the command of and Missouri, by L. C. Beck, p. 43, major Long, by W. Keaëing, vol.1, Albany , 1823: p- 176, Philadelphia, 1824. (2) Expedition to the source of StPe- (427 ) vrages , dit le même voyageur, aient été déformés par le temps , on en remarquait les angles, qui paraissaient construits selon les règles de l’art militaire, et aussi régulièrement que si Vauban en eût tracé le plan. Les vestiges des fossés n'étaient plus visibles ; mais je pense , dit-il, qu’en examinant avec plus d'attention , on se convaincrait qu’il en a existé un. Il n’y avait aucune éminence de terre à l’entour de ces fortifications , où l’on ne voyait que quelques chênes isolés. Enfin , on pouvait conclure de l'épaisseur de la couche de terre qui recouvrait ces ouvrages, qu’ils étaient de la plus haute antiquité. Dans une plaine stérile , sur les bords de la rivière Huron, à trente milles de Détroit et dix-huit de Saint-Clair, se trouvent une infinité de petits tertres , qui renferment des ossemens hu- mains d’une grandeur remarquable. En creusant une cave pour l'établissement des missionnaires, on en retira de quoi remplir seize paniers. Sur le bord oriental de cette même rivière, on trouve une for- teresse avec des murs en terre semblables à ceux de l’Indiana et de l’Ohio. On en voit une autre à trois milles un quart au-dessus de Détroit, qui comprend une étendue de plusieurs acres de terre, au milieu d’un grand marais, avec un bastion de trois ou quatre pieds de haut (r). On voit encore des vestiges très-nombreux d'ouvrages indiens, sur l’Ouisconsin, près le petit cap aux Grès, dans le territoire nord-ouest. Les hauteurs qui bordent cette rivière, à quatre milles environ au-dessus de son embouchure, sont couvertes de tertres, de parapets, etc., qui sont disposés sans ordre et sans aucun plan régulier. Parmi ces ouvrages , on remarquait une espèce de pa- rapet , long d'environ deux cent cinquante-cinq pieds, avec une ouverture au milieu , de douze pieds de largeur : ce parapet avait environ quatre pieds d’élévation. Les tertres avoisinans étaient (1) Carver’s Travels, 3° édit. p. 56, 57 et 58. très-nombreux, et avaient généralement six à huit pieds de haut sur huit à douze en diamètre (1). Antiquités de l'état de Missouri. L'on remarque plusieurs tertres et retranchemens dans le pays des Sioux , et sur les bords du Saint-Pierre, de la rivière Jaune, du Missouri , de l’Osage et de la Plate ; et-à six milles à l’ouest de Saint-Louis, il existe une vallée , « nommée la Vallée des Os, » qui est remplie d’osscmens d'hommes et d'animaux. Les restes d’une fortification, qui prouve quelque connais- sance de l’art militaire , se voient non loin de l’ile du Bonhomme, près d’un détour que fait le Missouri , dont les bords sont unis en cet endroit. Un amas de terre de trois mille huit cent cinquante- huit pieds de longueur, de soixante-quinze de largeur à la base, et de huit de hauteur, s’étend entre deux points de la rivière. Un autre , de six pieds de hauteur, va depuis l'extrémité de celle-ci jusqu’à la distance de trois mille trois cents pieds. Il existe un grand nombre detertres dans le voisinage de la Nou- velle-Madrid. Le plus remarquable, situé sur le bord d’un lac, a quarante pieds de hauteur, mille deux cents de circonférence, etest entouré d’un fossé de dix pieds de largeur et de cinq de profondeur. Anciennes fortifications sur le Noyer-Creek. Le Noyer-Creek est un ruisseau qui coule dans la direction de l’est, àtraverslecomté de Pike, etvasejeterdansle Mississipi à deux milles au-dessous de la rivière de Salt. Il est principalement remar- quable à cause des ouvrages qu’on voit sur ses bords à environ deux milles sud-ouest de la ville de Louisiana; ilssontenpierreset domi- nent tout le pays. On en trouve de semblables sur les bords du Buf- faloe-Creek et de la rivière d'Osage, qui diffèrent des anciennes villes, des fortifications et des tertres dont nous avons déjà parlé, (x) Expédition du major Long, p. 239. ( 429 ) Leur régularité fait croire qu’ils sont l'ouvrage d’une peuplade plus civilisée que celles qui ont élevé ces premières constructions. On peut en juger par le plan (x). La figure 1 représente la partie sud-ouest, À, B, C, D ; les murailles sont de dix - huit pouces d'épaisseur, la construction a cinquante - six pieds de longueur et vingt-deux de largeur ; ce sont des pierres informes , qui parais- sent avoir été régulièrement rangées.Quoique très-endommagées, ces murailles ont leur forme encore distincte. E est une chambre de trois pieds de largeur, qui était probablement voûtée, ainsi qu’on le voit par l’arc qui subsiste encore à l’ouvérture ; celui-ci est représenté par la fig. 3 , et ne s'élève pas à plus de cinq pieds au-dessus du sol ; mais, comme il est tombé en ruines, il est im- possible de préciser sa hauteur. F estune chambre large de quatre pieds et demi, avec les restes d’une voûte semblable. G est une chambre de douze pieds de large, à l'extrémité de laquelle on voit les restes d’un fourneau. H est une grande salle avec deux portes, I et K ; elle est encombrée de broussailles et de petits arbres. Les murailles ont à présent de deux à cinq pieds de haut. On voit dans l’intérieur quelques arbres qui ont deux pieds de diamètre. La figure 2 est un petit ouvrage situé à environ quatre-vingts rods , treize cent vingt pieds, à l’est du premier. A et C sont deux chambres sans communication avec B, qui est une chambre pres- que ronde avec une porte ou entrée. Les murailles ressemblent à celles de la fig. r. On a remarqué én outre dernièrement, dans le passage G, fig. 1 , beaucoup d’ossemens humains. L’on trouve aux environs de Saint - Loais un grand nombre de Tumuli et d’autres ouvrages faits par les Indiens qui ont habité ce pays il y a plusieurs siècles ; il existe jusqu’à vingt-sépt tumuli au nord et à une petite distance de cette ville, qui sont dé forme et de grandeurs différentes et rangés sur une ligne tirée du nord au sud. Leur forme ordinaire est un carré oblong, et ils sont tous sur le bord de la rivière. Le tableau ci-dessous, qui en indique la (x) Voy. planche XII, fig. 1 et 3. ( 430 ) forme , la grandeur et la position relatives, résulte de l’examen qui en a été fait récemment avec le plus grand soin et toute l’exac- titude que pouvaient permettre leurs limites, actuellement indéfi- nies , et les taillis épais qui recouvrent leur surface. Il paraît probable que ces élévations de terre ont été des cime- tières ou des lieux de rassemblement pour la célébration de cérémo- nies religieuses. Nous ne pouvons concevoir à quoi elles eussent pu servir dansla guerre, à moins quecene soitpourobserverlesmouve- mens etl’approche del’ennemi ; mais, dans ce cas, un seul tertre au- raitsuffi, etonaurait probablement choisi un endroitplus favorable. On ne voit aux environs de ces ouvrages aucune trace de fossé ni d’élévation de terre. Ce qui est appelé base dans le tableau suivant, n’est réellement que la longueur d’une ligne traversant le sommet du tertre de l'extrémité de la base de chaque côté. Les numéros se rapportent au plan qu’on en fait. Les hauteurs sont estimées, à l'exception de deux. Nr et 2. Un carré, avec un chemin creux, qui va en se rétrécis- sant vers le sommet, ou en d’autres termes, un carré ouvert par derrière. Base.nee hr PEAR SE bo tnieds Hauteur us ENS Ne Ses 5 Distance N. du bastion espagnol. . . 259 N° 3. Carré oblong. Base longitudinale. . . . . . . . 114 Base/transversale 11.4 0 bo; Longueur au sommet. . . . . . . 8o Hauteur perpendiculaire. . . . . . 4 Distance N:Fdu NS 0 ne Mer b N° 4. Carré oblong. Base longitudinale. . . . . . . . 84 Longueur au sommet. . . . . . . 45 (451) N° 4. Hauteur perpendiculaire. ù 4 pieds. Distance N. … …. .2bf Les N°2, 3 et 4 sont éloignés chacun de 33 pas du second 0 . . . bord de la rivière. N° 5. Carré oblong. Base longitudinale. Sp Vs PESS pieds. Longueur au sommet. . , , . .1:1:138 Hauteur perpendiculaire. . . . ,, 4 Distance O2. CN er Ne N° 6 Sa forme diffère de celle des autres : on l'appelle Falling garden (jardin tombant), et il comprend trois étages, tous d'une égale longueur et de la forme d’un parallélogramme. L'étage supérieur, comme les cinq tertres suivans, est borné à l'E. par l'extrémité du second bord de la rivière. Le. deuxième et le troi- sième étage sont sur le penchant de ce bord, et com- muniquent ensemble et avec le premier, par une des- cente rapide et oblique. Base longitudinale. 114 pieds. Longueur au sommet. . 4 , , . , 88 Base transversale du premier étagel | 30 Hauteur (8-0 idMtés V 5 Descente jusqu’au deuxième étage. . . 34 Surface transversale. . . . . . . . Br Descente jusqu’au troisième étage, . 30 Surface transversale. . . . . ... 87 Descente jusqu’au terrain naturel. . . 19 N° 7. Comme les trois suivans, il est de forme conique. Distance N. + 4 + + 40 “osn#g8 pieds. Based, SEM 6 OI SM bone Sommet den eyrendet Mféatfutiaitl da Hauteur. Lace cr Rte IT, 55 (432) Nb&r; Distance N. . , : ,922MMbÉqe BU Lieds: PCM NS SRE MES cac ve LE pi Sommet.al auosde 2ortatoln moe 4.19.€ «3x HAUTEUR e Tnl tte RARE N°,9.,Distance/N.2. 1... .) . |. anolde 70 he Bee he immense eu. RL n ol 0678 Sommet. |... Ht{r0 UGAUA 00156 Hauteur, :..,.. , ‘otisluib#qac 1191046 N'ufo.+ Distance Nr) 0enertein re cie DONNE Base..sontne .20h elles ab :oie amet 9 Sommet. ixcdrrot art). mobs sn 34 " | Hauteursyesol oicz) sat b auot 20268 : 8 ou 10 N° 11:0 Presque carré et le sommet très-étendu (on a élevé une maison en brique, à l’angle S.-0O.); le côté de l'E. paraît semblable aux autres tertres. Distañcer? 11802 JE TUE 008 9087 TBE pieds. Nu "BG QUMOUG 91,998 39 SMS APP T9 SOMME LU. Me TEMPO ETO :: Hauteur du côté de l'O. 6.1, 001558 ,—. du côté du S. mi 25 2020 —. duscôtéde l'E... 4 9°+5 ou 20 N° 12. Presque carré un peu au N.-O: a N° 7 l'ét distant de péce tertre de PAPA NRRNe SRE" 80 pieds: BAS TEE eat OST SERRE MERE 159 Sémmet: + ‘29515 poSielons Le upeu| S1180856 auteur, fe Miel 1 MISERERE N° 13. Parallélograinme placé transversalement à l'égard du groupe. ” Distance. . . ./. 3o pieds. Distance du N° 5, à l'O. ls N° 10. . . 3bo Base longitudinale, . . . . . . : 214 Sommet ti MEME: :1 1 AIRNESS (433) Base transversale. . . . . : ©: . 188 pieds. Bommette Mettre team di 97 Hauteur «0 ce dorcnsieluéatsbéué N° 14. Tertre de forme convexe. Mistance AO MN MR MARNE EI PERS Bases LoMsupisaros hr snplb ons Hauteur: 4 Le 110 ,211lis2uoncd asbnsisé 5 ou 6 N° 15. Aïnsi que les trois suivans, plus ‘ou moïns carrés. Distance NSP E RERO PE ROSE ANTT- Dies. Baseoh , s19:lug0tat smio) arts bon Mere Hauteur 32e 6e 6 4084 NT 55 NS HSE 4 NoaGEDistancerN: r0] Eboig À} 1 D 07.7 sans mo Basepiolà nez 1168 2018vdL on, & ours 024 Nr Disanée DONE TRE UPS ARE 7 2) TU Ses Base. 2 rmstusd239 2hotr 04 9h 129 sed 82 N° 18. Distance N.-N.-E. 4. 1.01... n18 Base thietpiong paoeihrés ae 5 l2,0d877 Ces tertres, depuis le N° 14 jusqu’au N° 18 inclusivement, dé- crivent une espèce de courbe à l'extrémité de laquelle sont deux tertres plus étendus , N° 13 et 19. N° 19. Un grand tertre de forme quadrangulaire, placé trans- versalement ; et formant, avec le N°13 "un aligne- ment presque parallèle à la principale série (du N° 2 au N°71) Distance N.-N.-O..du N° 13... : + 484 pieds. — E.-N--E. du N° 18 . . ._,.,.,70 TES ae nm ARE Peer eme Re SOMME AD ee Ne fe eo ce MGR Hauteur. Pere MANN NN er MR N°, 20. Petit burrow ou tumulus d’à-peu-près deux pieds de haut, et dont la base est, plus grande;en proportion; ayant de 15 à 20 pieds. N° N° N° N° N° N° 21. 22. 23. 2b. 26. 27. (434) Semblable au précédent ; même hauteur O. du N° r6. Base... + Le © + . -jemenpieds. Quadrangulaire. Distance O. du N° 18. . .… . . .: ., 3rg BASE 5 du A ONE Tertre d’une régularité remarquable ; maïs attendu l'é- paisseur des broussailles, on n’a pu se convaincre s’il était l'ouvrage de l’art, quoique sa correspondance avec le N° 25 le fasse supposer. : . Paraît être d’une forme irrégulière, de ro à 12 pieds de haut, et de 145 pieds à sa base. Distance N. 10 E. 114 pieds. En suivant, à 132 pieds, on arrive à une élévation sur son éloignement, com- me pour le N° 24; cette élévation est numérotée 26. Sa base est de 89 pieds et sa hauteur de 10 ou 12. Ce tertre est le plus grand; il est de forme ovale alon- gée et a un grand degré pratiqué du côté de l'E. Distance N. du N° 26. . , . . . . 1463 pieds. Base longitudinale. . . : ..,.131g Sommet. fl ur V0L 49,6 CM 2036 Base transversale. ....: .: .... : . 158 Sommet. home ste mr blidt. FRA Hole: IL Depréitransversal. & {5e sipesser 1190279 Hauteur 471293 ee NRA ARS Rens À la distance d'un mille à l’ouest, on prétend qu’il existe un autre grand tertre. Les tombeaux indiens sont extrêmement nombreux aux envi- rons de Saint-Louis ; mais il n’en existe aucun dans le voisinage immédiat de la ville : ils sont en plus grande quantité sur les col- lines voisines du Merameg , et au nord du Missouri. Le r2 juin, M: Say , M: Peale et une autre personne descendirent le Missis- (435 ) sipi, dans une petite barque, jusqu’à l'embouchure du Merameg, et remontèrent cette dernière rivière l’espace d'environ quinze milles , jusqu’à un endroit qui renferme une foule de tombeaux qui avaient déjà été explorés ; on a prétendu qu'ils renfermaient les ossemens d’une race d'hommes au-dessous de la taille ordi- naire. On trouve plusieurs de ces tombeaux près des bords du Merameg. Ils ne s'élèvent pas au-dessus du sol; mais on les dé- couvre par les pierres verticales qui les entourent et-qui ressor- tent un peu à une des extrémités. Après qu’on a enlevé la terre et les pierres plates et horizontales qui les recouvrent, on voit que les côtés sont bien construits au moyen de pierres longues et unies qui sont verticalement adaptées les unes aux autres par cha- que extrémité, comme pour former une muraille. Ces tombeaux ont ordinairement de trois à quatre pieds de longueur , et quel- quefois six. Les os qu’ils renfermaient paraissaient y avoir été disséqués, comme c’est encore la coutume chez quelques tribus indiennes. Dans la première tombe ouverte par M. Say, il trouva un pot de terre et le squelette d’un enfant ; le second contenait les restes d’un homme d’un âge mûr, d’une taille ordinaire, laissé dans sa grandeur naturelle et dont les os étaient confondus et la plupart brisés. Un habitant leur dit qu’il avait été découvert plusieurs monumens semblables sur le sommet des montagnes voisines. On a extrait de l’un de ces tombeaux, deux pièces de poterie, dont l’une avait presque la forme d’une bouteille à rhum ; mais on n’y vit aucun ossement. Après avoir passé une nuit en cet endroit, les voyageurs remontèrent la rivière, jusqu’à la ville de Lilliput, qui a reçu ce nom depuis qu’on y a trouvé des tombes renfermant une race de prétendus pygmées. Elles ont la même apparence que celles qui ont été déjà décrites. Le hasard ayant fait découvrir la tête d’un vieillard sans dents, on en inféra qu’il existait dans le voisinage unerace d'hommes sans dentset qui avaient les mâchoi- res comme celles des tortues. Nos voyageurs, s’étantconvaincus par (456 ) eux-mêmes que tous les ossemens trouvés étaient de grandeur ordinaire, revinrent à Saint-Louis. Ces tombeaux contiennent évidemment les restes d’un peuple plus moderne que celui qui a élevé les tertres. « Nous ouvrimes, continue M. Long, cinq tombeaux sur le sommet d'un de ces grands tertres situés près de Saint-Louis, et nous n’y trouvâmes qu’une seule dent d’une espèce de rat et les côtes et les vertèbres d’un serpent de moyenne grandeur assez bien conservées; mais nous ne pümes nous assurer si ce reptile y avait été enseveli par les naturels, ou s’il y était accidentellement mort après s’y être introduit par un trou. Dans le premier cas, ce devrait être une espèce de crofalus; car on sait que beaucoup d’Indiens ont encore de la vénération pour cette espèce de ser- pent. Cette découverte rend probable l'opinion que les Améri- cains offraient un culte aux serpens à sonnettes , et qu'ils les en- terraïent religieusement après leur mort, comme les Égyptiens enterraient leurs ibis (1). » Les capitaines Lewis et Clarke, lors de leur expédition à l'Océan Pacifique , en 1804, 1805 et 1806, remarquèrent, en remontant le Missouri, plusieurs tertres et fortifications , dont l’une, dans l’île de la Bonne-Femme, à 976 milles du Mississipi. (x) Account of an expedition from the command of major Stephen H. Long, Pitisburgh 10 the Rocky mountains, per p. bg et suiv., 2 vol in-8°, Phladel- Jormed in the years 1819-20, under : phia, 1823. (437) SRI SR ARS RAR LR ARR ARR RARE UE LR LR RER LRU LUE LRO LRU LR LU RU RU RU RU Lee CHAPITRE II. . DESCRIPTION DE DIVERS MONUMENS QU’ON OBSERVE DANS LES ÉTATS-UNIS: Murailles parallèles en pierre. Il existe beaucoup d'ouvrages de ce genre dans différentes par- ties du pays, particulièrement le long de l’Ohio (r), du Scioto, de la Kenhawa, et du Big-Sandy. Ils sont toujours de forme oblon- gue ou circulaire, et placés à une certaine distance des tertres avec lesquels ils n’ont aucune communication. Les murailles circulaires, / qui se trouvent généralement dans le voisinage immédiat de ces derniers , sont construites en terre, Elles ont de 15 à 30 pieds de Ë largeur , et quelques pieds seulement d'élévation au-dessus de la surface du sol.Le centre en est la partie la plus haute, et des deux côtés, elles s’abaissent par une pente ihsensible, On suppose que ces ouvrages étaient destinés à la célébration des jeux. Al y a, près de Piketon, sur le Scioto (2), à neuf milles au-dessus de Chillicothe, deux murailles parallèles qui peuvent avoir vingt pieds de haut. Le chemin qui conduit dela rivière à Portsmouth, passe au travers de ces murailles; elles conduisaient à trois tertres assez. élevés, situés sur une colline. Ouvertures souterraines appelées puits. Surles bords du Licking, à quelquesmillesau-dessous de Newrka, il existe plus d’un millier de ceswuvertures, dont quelques-unes ont encore de vingt à trente pieds de profondeur, sur trois de largeur. Un particulier s’est presque ruiné en faisant faire des fouilles dans ces cavités et aux environs, pour y chercher des métaux précieux: il n’y trouva que des cristaux de roche, du quarz agate grossier (Aornsione), pour armer les flèches et les lances, et un peu de fer, de plomb et de soufre. M. Atwater, qui les a fait connaître dans QG) Voy. pl. XII, fig. 4. (2) Lüid. fig. 5. (438 ) l'Archæologia Americana , pag. 131, pense que les Indiens ont creusé ces trous pour en tirer ces objets d’utilité et de parure; mais il est plus probable qu’ils leur ont servi d'habitation. Il ne faut pas confondre ces puits avec de grandes cavités ap- pelées sinkholes, qui se trouvent dans tout ce pays; ces dernières, de la forme de cônes creux, ont de go à 600 pieds de diamètre à la surface du sol, Elles sont si profondes que la cime des grands arbres qui y croissent , est à peine visible. On entend générale- ment le bruit d’un ruisseau qui coule au fond , et dans quelques- unes on l’aperçoit même à découvert. Monument curieux qui à fait croire à quelques auteurs que les Phéniciens ont visité l'Amérique. Ce monument hiéroglyphique appelé XFriting Rock ou Dighton Rock, est un bloc de gneiss ou de granit secondaire, situé à l’est de l'embouchure dela rivière Taunton, dansl’état de Massachusetts(r). Sa largeur, à la surface du sol, est de dix à douze pieds environ, à la marée basse; mais lorsqu'elle est haute, son sommet se trouve recouvert de deux à trois pieds d’eau. On a mesuré la base du côté principal, qui présente unesurface de 11 pieds7 pouces, sur 5 pieds 1 pouce de hauteur; et son plan aune inclinaison d'environ 60 de- grés. Les deux autres côtés correspondent avec le principal et for- ment une espèce de pyramide. La surface en est polie, d’une cou- leur pourpre au sommet, moins foncée au milieu, et verdâtre à sa base. L'intérieur est d’un gris clair. La peinture à l'huile quien aété faite par M. Kendall, donne une idée plus exacte des caractères qui ÿ sont tracés, qu'aucune description ne pourrait le faire. Ces carac- tères ne sont que des traits, et paraïissaient, pour la plupart, avoir été sculptés avec un instrument de la forme d'un segment de cylin- dre. La profondeur des lignes, dans la partie basse, n’excède nulle part un tiers de pouce, et leurlargeur varie d’un demi-pouce à un pouce. La figure placée au sommet , et presqu’au centre de l’ins- (1) Voy. pl. XIE, fig. 1. \ (439) cription, semble avoir un caractère particulier et est plus forte- ment tracée; mais il est difficile de découvrir, dans ces étranges figures triangulaires, des têtes humaines, des caractères phéniciens ou des preuves de l’origine des peuples de l'Amérique. M. Mathieu, écrivain français , avance sans aucune preuve que les caractères hiéroglyphiques, empreints sur le rocher de Dighton, furent exécutés par les Atlantides, vers l'an du monde 1902 ; il dit que Zn, fils d'Indios, roi d’Atlantide , est nommé, dans l’ins- cription, comme chef de l'expédition qui alla en Amérique pour y former un traité de commerce; que ce même /n devint le père d’une famille distinguée en Chine, et vivait du temps de Yao, en l’année 2296, c’est-à-dire quarante-huit ans après la submersion de l’île Atlantis, ou 1800 avant l’ère chrétienne. M. Mathieu ajoute que ces caractères sont les mêmes que ceux qui sont employés dans le systèmenumérique des Chinois, ressemblant à celui qui était en usage chez les Romains, qui prétendaient l'avoir reçu des Pelas- giens, lesquels eux-mêmes en étaient redevables à Atlantis. Ce rocher fut examiné , dans le courant de l’année dernière, par les auteurs d’un ouvrage récent (1), qui pensent que lins- cription est d’origine phénicienne ; que quelques-unes des let- tres sont très-frappantes, notamment celles qui ressemblent aux lettres et aux figures P, W. X,7, 9, à un triangle et à un trident. 11 y en a aussi d’autres qui ont quelque analogie avec les lettres A, M, O, et plusieurs images figurées. Au bas de l’inscrip- _tion est un oiseau , ancien symbole de la navigation, ayant la tête tournée en haut; cette partie ne fut point observée par les au- teurs, parce qu’elle était alors couverte de limon; mais elle l'a été par l’honorable M. Francis Baylies qui les accompagnait, et par le docteur Baylies qui l’a indiquée dans le dessin qu’il a fait de l'inscription (2). (x History of the state of New-York, Mémoires de l’Académie des Arts et by MM. Yates and Moulton, p. 86. des Sciences de Cambridge, publié en {2) Dans le 2° vol., 1° partie des 1793, il ÿ a une description de ce ro- II. 56 (440) Autres Inscriptions gravées sur les rochers. M. Kendall cite (1) , d’après les manuscrits du docteur Stiles et d’autres écrivains, plusieurs rochers également couverts de ca- ractères : 1° Dans les communes de Tiverton et de Ratford , état de Massachusetts; | 2° À New-Port, dans l'État de Rhode-Island; 3° À Scaticook, sur le Housatonic, état de Connecticut; 4° À Brattleborough, sur le Connecticut, État de Vermont ; 5° Dans une grande chaîne de rochers située au sud-est de l'Ohio, à environ deux milles au-dessous de l'embouchure de la rivière appelée /ndian ou Kings’ -Creek , à cinquante milles au- dessous de Pittsburg (1); 6° Sur l’Alatamaha, en Géorgie; 7° Sur l’Alleghany , à 15 milles au-dessous de Chenango, 110 au-dessous du fort Pitt et 70 au-dessus du lac Érie; 8 Sur la rivière Cumberland , près de l’endroit appelé Rock- Castle-Neck. Au confluent des rivières d'Elk et de Kanhawa, vers les 38° 2’ de latitude, on trouve un objet qui peut donner une idée du tra- vail des Indiens et de leurs progrès dans la sculpture. C’est un rocher de grès très-dur , situé à quatre milles du lieu dont la lati- .tude vient d’être énoncée, et à deux milles de celui qu’on a im- proprement appelé source brülante. La pente de ce rocher se pro- cher, avec une copie de l’inscription, par James Winthrop; et le 3° vol., pu- bliéen 1809, contientun mémoire de 16 pages, sur cette pierre, par M. Kendall, ainsi que le dessin dont on 2 parlé plus haut. Avant la première époque on en avait renduun compte imparfait dansles Transactions philosophiques de Londres; et M. Sevval professeur de langues orien- tales à Cambridge, dans l’état de Massa- chusetis, avait envoyé à M. de Gebelin le dessin de ce monument, où ce der- nier crutvoir descaractères phéniciens. (x) Voy. vol. II, chap. 79, Travels through the northera parts of the United States, New-Yor*, 1809. (2) Voy. doctor Barton’s Observations concerning some remains of antiquity. (4H) longe jusqu’au bord de la rivière, et présente une surface unie de plus de douze pieds de long et de neuf de large ; le côté de l’est a huit ou neuf pieds d'épaisseur. D Sur le plan supérieur de ce rocher, ainsi que ne côté,on voit les contours de plusieurs figures dont quelques-unes sont plus grandes que nature, La profondeur des traits peut être d’un demi-pouce, et : leur largeur de trois quarts en quelques endroits. Ces figures sont : ° Du côté de la rivière , une tortue; 2° Un aigle avec les ailes déployées, exécuté avec beaucoup d'expression, particulièrement la tête ; 3° Un enfant dont les traits sont très-bien tracés; 4° Plusieurs figures sur une ligne parallèle , mais parmi les- quelles on ne peut distinguer que celle d’une femme; le reste est très-embrouillé ; 5° Sur le côté sont deux figures remarquables : la première est celle d’un homme avec les bras étendus, dans l’attitude d’une per- sonne qui prie; sa tête se termine en pointe , ou plutôt il semble avoir sur la tête quelque chose de forme triangulaire ou conique ; l’autre représente une figure semblable, suspendue avec une corde par les talons. Cette sculpture rappelle l’histoire d’un missionnaire du Canada qui fut traité de cette manière (1); mais il est douteux qu'elle fasse allusion à cet événement. F On voit aussi un dindon mal exécuté et quelques autres figures. J1 a fallu bien plus de travail et de patience pour tailler un roc, si dur que l'acier peut à peine l’entamer , que pour construire des clôtures en terre dans un sol mou et fertile (2). Rochers portant l'empreinte de pieds humains. Le rocher sur lequel se trouvent ces empreintes de pieds hu- mains, est une pierre calcaire d’une couleur bleue grisâtre , qui a (x) Elle est rapportée par le Père (x) American philos. Transactions, Hennepin. vol. 6, n° 26. (442) été détaché de la masse qui borde le Mississipi à Saint-Louis; et qui fait partie de cette chaîne de rochers calcaires sur laquelle la ville est bâtie (x). Elle renferme les restes bien conservés d’en- crinites, d’échinites et d’autres fossiles. Ce même rocher a fourni les pierres qui ont servi à construire la ville de Saint-Louis et les ouvrages militaires élevés aux environs, par les Français et les Espagnols, il y a plus de soixante ans. Ce bloc, qui a sept ou huit pieds de long sur trois ou quatre de large, a été séparé du rocher par John Jones, maçon à Saint-Louis, et vendu par lui à M. Rappe, de l'État d’Indiana, qui l’a fait trans- porter à sa propriété d'Harmony, sur la rive gauche de la W abash. On se demande à quelle époque ces empreintes ont été faites. Elles ont été vues par les premiers colons, sans qu’on puisse, pour cela, trouverde renseignement sur leur origine. Onprétend qu’elles datent de la formation du rocher, vu qu’elles ont la même appa- rence, c’est-à-dire le même poli. Mais M. H. Benton, de cette ville, membre du congrès des États-Unis, prétend que cette pierre est un ouvrage de l’art, dont l’origine remonte à celle des tertres et des fortifications de la vallée de l'Ohio : il fonde son opinion, 1° sur la dureté du rocher ; 2° sur ce qu'il n’existe point de sentiers qui y conduisent; 3° sur la difficulté de supposer un changement de consistance subit dans le rocher, après avoir reçu ces empreïntes. On oppose encore l'exécution soignée et surtout très-naturelle des pieds, et l'impossibilité de les former sans employer ni fer ni acier. L'autre empreinte remarquée sur cette pierre, ressemble à un morceau de papier; elle a deux pieds sept pouces de longueur sur douze pouces et demi dans sa plus grande largeur (2). (x) Des empreintestout-à-fait sem- chemens nous paraissent digne de fixer blables ont été copiées sur les terrasses l'attention. destemples de'Thèbes en Égypte, prin- (2) Travels in the middle portions of cipalement du vieuxtemplede Karnak. Ze Mississipi Valley, by M. Schoolcraft , Onen voitaussi de semblablesdans les (ch. VIII) New-York, 1825. Voy. temples de l'Inde, notamment à Nak- planche XII, fig. 2 Jaur dans le South Bihar. Ces rappro- (483) Autres Pierres supposées hiéroglyphiques. On a aussi découvert, sur divers points des Etats-Unis, des pierres plus ou moins remarquables; l’une entre autres, gisant dans un champ près des tertres de Marietta, qui est plate, unie et percée de sept trous. Une autre, trouvée en 1791, surle bord oriental de la Seneca , auprès des anciennes fortifications, avait cinq pieds de long sur trois de large et six pouces d'épaisseur. Cette pierre, très- unie , était couverte de figures qui semblaient y avoir été sculptées à l’aide du ciseau, et qu’on a supposées être hiéroglyphiques (1). Il a déjà été question d’une pierre couverte d'inscriptions, qui a été trouvée à goo milles O. de Montréal, par une expédition que le chevalier de Beauharnais , gouverneur du Canada, avait fait partir pour l'Océan Pacifique (2). Les pères Allouez et Dablon, en remontant, en 1672, la ri- vière des Renards, aperçurent, au bord d’un de ses rapides , une espèce d’idole grossièrement exécutée, et qui paraissait plutôt un de ces caprices de la nature auxquels on croit trouver quelque ressemblance avec les ouvrages de l’art. C’était un rocher dont le sommet, vu de loin , représentait une tête d'homme ; les sau- vages en avaient fait le dieu tutélaire de leur pays. Ils le barbouil- laient souvent de toutes sortes de couleurs, et ne passaient jamais auprès sans lui offrir du petun (tabac), des flèches ou autres choses semblables. Les missionnaires, pour convaincre ces infidèles de l'impuissance de leur divinité , la précipitèrent dans le fleuve (3). Objets découverts sous la surface du sol. On doit aussi placer au nombre des antiquités de l'Amérique, les murailles en pierre, les puits dont les côtés sont revêtusde bri- ques, des briques parfaitement exécutées, les charbons, les cendres , les tisons, le bois fendu et divers ustensiles et instrumens G) New-York magazine, 1. AV, 1792. (3) Charlevoix, Nouvelle-France, (2) Voy. p. 373-74. tom. I, Liv. 10, Paris, 1744. C444) qu'on a trouvés sous terre, à la profondeur de vingt, trente , et même de cinquante pieds. Les premiers Suédois qui arrivèrent sur les bords de la Dela- ware, trouvèrent, à vingt pieds sous terre, à l'endroit où ils fon- dèrent l’établissement de Helsingburg , un peu au-dessous de l’em- placement actuel de Salem , plusieurs puits revêtus de murs. En creusant de nouveaux puits à quelque distance des premiers, ils recueillirent des débris de poterie de terre et des briques entières. Selon la tradition indienne, ces puits ont été faits long-temps avant l'expédition de Colomb. Ce qu’il y a d’étrange , c’est que ces briques, qu’on rencontre quelquefois à la surface du sol, en labourant, étaient entièrement inconnues aux indigènes de l'Amérique, vers la fin du 15° siècle (r). Feu le docteur Barton rapporte qu’en 1751, quelques labou- reurs découvrirent, aux environs de la ville de New-York, à en- viron huit pieds sous terre, une muraille de pierre de quatre à cinq pieds d'épaisseur. En 1748, des ouvriers qui travaillaient, près de Wilmington, sur la Christina-Kill, affluent de la Delaware, à élever une re- doute , découvrirent ; à trois pieds sous terre, de vieux outils en fer, des haches , des pelles, etc., qu’on aurait pu croire d’origine indienne , sion n’y eût trouvé en même temps une pièce de mon- naie suédoise, de l’année 1663 : elle portait, d’un côté, les armes de la maison de Wasa, avec cette inscription : Christina, D.G. De. Re. SV/E., ou Christine, par la grâce de Dieu , élue reine de Suède, et de l’autre : Moneta nova regni Suec., ou monnaie nou- velle du royaume de Suède (2). En creusant un puits dans une colline située près d’un ruisseau, à huit milles de la Delaware, on a trouvé une quantité assez con- sidérable de coquilles d’huîtres et de moules, du jonc et des bran- ches d’arbres rompues, à la profondeur de quarante pieds. (x) Kalm, vol. 1, p. 335. (2) Kalm, vol. 1, p. 124. C 445) Le bois brülé qu’on retire quelquefois de la terre, peut avoir élé noirci par une vapeur minérale souterraine. L’argile couleur de brique, qui est un mélange de terre et de sable dont le so! se compose en cet endroit, ne pourrait -elle pas, lorsqu'elle est durcie, présenter l’apparence de briques. « J’ai vu, dit Kalm, de l'argile dure que j'ai prise , au premier coup d’œil, pour des briques (1). » « Pendant le séjour que je fis à Marietta , dit M. Harris, j'exa- minai avec soin la nature du sol, partout où des ouvriers étaient employés à creuser des caves; et j’eus plusieurs fois occasion de remarquer, à la profondeur de quatre ou cinq pieds, des indices d’anciens habitans. J'observai particulièrement un âtre en pierres plates bien posées , avec des cendres de houille, de charbon, etc. » À Waterford, dans un endroit où la rivière avait miné ses bords, je découvris un autre âtre sous les racines d’un sycomore qui avait plus de quatre pieds de diamètre. Le feu avait rougi la terre qui recouvrait ces pierres. J'y trouvai du charbon et des os. L’accumulation du sol et la crue d’un arbre de cette grandeur avaient dû être l'ouvrage de plusieurs siècles (2). » M. Todd assure qu’en 1809, en creusant un puits sur le Todd’s- Fork, affluent de la petite rivière de Miami, on trouva, à une profondeur de dix-neuf à vingt pieds, les restes d’un arbre et d’une vigne, et plus bas, une muraille de pierre régulièrement construite. En creusant quelques pieds plus loin et à côté, on fut arrêté par un pavé composé des mêmes matériaux. On ne put aller plus loin, à cause du courant. En examinant une des pierres de cette muraille, on a trouvé que c'était un fragment de roche calcaire et siliceuse , d’une figure oblongue régulière et évidem- ment travaillée avec un mstrument en fer (3). (1) Kalm, iom. I, p. 277. (3) En :726, en creusant le sol (2) Harris, p. 167. d'Oyapoc, dans la Guyane, pour (446 ) Idole, vase, etc. On a découvert dans un Zumulus, près Nashville , dans le Tennesée, une idole représentant un homme nu , dont les bras avaient été enlevés , et le nez et le menton mutilés, et qui por- tait une espèce de tresse et un gâteau sur sa tête. On a prétendu que cette idole ressemblait à celle que le professeur Pallas avait recueillie dans le midi de la Russie (1). On a aussi trouvé, il y a quelques années, à Natchez, état du Mississipi, une autre idole en pierre, de dix-neuf pouces de hauteur, et de neuf pouces de largeur, sur sept aux extrémités. Elle a été offerte à la Société des Antiquaires par le propriétaire, M. James Thompson (2). En fouillant près de la rivière de Sandusky, on a trouvé à six pieds de profondeur , une pipe travaillée avec beaucoup de goût, on croit que la matière est le véritable {ac graphique, dont on fait les idoles en Chine. Comme il n’en existe point dans ce ay s, on suppose que cet objet a été apporté d’Asie. On a trouvé, dans un ancien ouvrage sur le Cany , affluent de la rivière Cumberland, une espèce de vase, qui était enfoui à environ quatre pieds de profondeur. Le vase est composé de trois têtes jointes ensemble par derrière, auprès de leur sommet, au moyen d'un col qui s'élève au-dessus de ces têtes d'environ trois établir les fondemens d’une église, : un mât de navire. Malheureusement on trouva , à la profondeur de cinq - elle ne fut pas mise en sûreté, et les pieds, une petite médaille fort rouil- nègres la brülèrent. Cette pièce de lée , portant l’image de Samt-Pierre, bois, placée obliquement à la direc- et qui avait été exécutée dans les pre- tion du canal que l’on fouillait, le tra- miers temps du christianisme. versait entièrement, coupée de cha- Au mois de juin 1820, en fouillant : que côté d’après l’alignement du talus. un canal dans une des habitations du Les deux bouts en sont restés sous canal Torcy, on trouva , à la profon- terre. (4/monac Guyan. de 1825, p. 65. déur de huit pieds , uue pièce de bois, (2) Poy. pl. XIEI, fig. b. dont la forme, les dimensions, et sur- (2) Archæologia Americana , p. 211 tout la qualité, prouvaient que c'était et suiv. (447) pouces. Ce col est creux , a six pouces de circonférence à son ou- verture , et augmente en largeur en descendant. Ces têtes ont toutes la même dimension, c’est-à-dire environ quatre pouces depuis leur sommet jusqu’au menton. L'expression des traits qui est très-bien conservée, est absolument celle des figures tatares ; elles ont chacune un caractère distinct : l’une représentant une personne âgée, et les de ux autres des figures très-jeunes (x). La figure la plus vieille peinte en jaune autour des yeux, est marquée par une ligne semi-circulaire, de même couleur, qui va d’une oreille à l’autre : une autre ligne commence à la partie inférieure de l’œil, et s'étend du côté de l’oreille d'environ un pouce. La seconde représente une personne d’un air grave, mais plus jeune que la précédente; elle est peinte irrégulièrement et de di- verses couleurs. Une-raie d’un rouge brun entoure chaque œil; une autre, de même couleur, commence au haut d’une oreille, passe sous le menton, et varejoïndre la partie supérieure de l’autre. Les oreilles sont aussi légèrement peintes avec la même couleur. La troisième figure ressemble aux autres, et offre demême tous les caractères des figures tatares. Le visage entier est légèrement empreint d'une couche de vermillon. Il y a, sur chaque joue, une marque de la même couleur, mais plus brillante , et de la gran- deur d’un quart de dollar. Le menton porte aussi une pareille marque. Une circonstance digne d’attention, c’est que, mal- gré l'humidité à laquelle ces couleurs ont été exposées, depuis plusieurs siècles, elles ont conservé tout leur éclat. Le vase a trois cols, chacun d’environ un pouce et demi en longueur. Sa matière est une belle argile , d’une couleur un peu foncée, et dur- cie par l’action du feu. Les têtes sont creuses, et le vase peut contenir une pinte (2). (x) Voyez planche XIIT, fignres 8 (2) Archæologia Americana , p. 238. et 9. Voyez la gravure. II. : 57 (448 ) On a trouvé, dans un tertre, à quelques milles de Chillicothe, une urne presque semblable à celle qui a été décrite par Pen- nant , dans son Voyage en Ecosse. Cette première urne avait huit pouces de haut et contenait des pointes de flèches, des cendres et des ossemens. Coquilles marines. Il a été découvert, dans une ancienne fortification, à vingt milles de Lexington, dans le Kentucky , neuf coquilles du genre murex ou rocher. Les naturalistes de l’expédition du major Long ont fourni les renseignemens suivans sur ces testacées : « pendant notre séjour à Cincinnati, le docteur Drake nous montra, dans son beau cabi- net d'histoire naturelle, deux grandes coquilles marines, qui avaient été trouvées dans des {umnuli indiens , situés dans le voisinage. Ces coquilles étaient coupées en long, et il ne restait plus de chacune que la moitié. On peut conclure de cette circons- tance que les naturels s’en servaient comme de coupes, ou qu'ils les réservaient pour des pratiques superstitieuses , soit qu’ils en fissent usage pour des sacrifices, soit qu'ils voulussent faire des libations à quelque divinité. Ces objets peuvent aussi , comme le cymbium des habitans de l’Archipel, avoir été employés à un autre usage, tel que celui du bain. Une de ces coquilles ressemble au cassis cornutus , ou conque. Elle a environ neuf pouces un quart de long et sept pouces de large. L'autre est une coquille du genre fulgur de Monfort, et autant que nous pümes en juger , pareille en tout à celles qu'on trouve à présent sur les côtes de la Géorgie et de la Floride orientale, et que les naturalistes connaissent sous le nom de /ulgur perversus , quoique certainement cet échantillon soit plus grand que ceux que nous avons yus récemment, ayant neuf pouces de long et six et demi de large. (449) Les auteurs ne sont pas d'accord sur le pays où se trouve Île cornulus. Suivant Rumphius , c’est à Amboyne , dans la presqu'île de Malacca et sur les côtes de l’île. Humphreys prétend qu’il est particulier aux Indes orientales et à la Chine. Linnée croyait qu’il se trouvait sur les côtes d'Amérique; mais Bruguière, auteur plus moderne , nous apprend que Linnée a dù être induit en er- reur, et que ce coquillage est originaire de l'Océan Asiatique. Le cornutus devient de quelque importance dans la question de l'origine des Américains, qu’on fait descendre des peuples de l'Asie. Toutes les aulorités auxquelles nous avons eu recours, à l'exception de Linnée, s'accordent à regarder cette grande es- pèce de coquille comme appartenant aux côtes de ce continent, ou à celles des îles qui l’avoisinent ; mais comme aucun voyageur n’en a découvert sur les côtes de l'Amérique , nous devons croire avec Bruguière qu’on n’en trouve que dans l'Océan Asiatique. La découverte de ce coquillage dans d'anciens {wmuli indiens , semble prouver qu'il y a eu des rapports entre les habitans du nord de l'Amérique et ceux de l'Asie, et elle nous porte à croire qu’il a dû même exister un certain commerce entre eux, particu- lièrement avec les îles de l'Atlantique, d’où le fulgur a été ap- porté. Mais quoique l’on ne puisse déduire de ce fait isolé la preuve convaincante que les ancêtres des Américains actuels sont origi- naires de l'Asie, cependant, joint aux autres preuves recueillies par divers auteurs , il peut du moins corroborer beaucoup cette opinion populaire (1). Momies. On en a trouvé plusieurs dans des cavernes calcaires du Ken- tucky, et particulièrement dans celle du Mammoth, qui a été ainsi nommée à cause de sa grande étendue, laquelle est de dix milles, et de vingt-cinq milles, sil’on y comprend ses branches. (1) Expédition du major Long, vol. 1, chap. LIT, Philadelphia, 1823. (450 ) Ces cavernes renferment une quantité prodigieuse de nitre, et l’on y a trouvé des momies , à des profondeurs plus ou moins considérables, dans des couches de terre saturées de cette subs- tance (1). Une de ces momies, qu’on voit dans le cabinet de la Société des Antiquaires, a été découverte à dix pieds au-dessous du sol; elle était placée entre de larges pierres, et recouverte d'une pierre plate. Elle était accroupie , les genoux repliés sur la poitrine ; les bras croisés et les mains passées l’une sur l’autre à la hauteur du menton. Ces dernières , ainsi que les doigts, les on- gles, les oreilles, les dents, les cheveux, et généralement tous les traits, étaient parfaitement conservés. La peau est d'une couleur un peu jaunâtre. On n'y distingue ni suture, ni incision qui indi- que que les viscères en aient été retirés. Elle peut avoir près de six pieds de hauteur, mais elle est tellement desséchée qu’elle ne pèse guère plus de douze à quatorze livres. On ne remarque sur le corps ni bandage, ni substance bitumineuse ou aromatique quelconque. L’enveloppe intérieure se compose d’une sorte d’é- toffe faite de ficelle double et tordue d’une manière toute parti- culière, et de grandes plumes brunes, entrelacées avec beaucoup d'art. La seconde enveloppe est de la même étoffe, mais sans plumes; la troisième est d’une peau de daim ras ; et la quatrième et dernière , d’une autre peau de daim avec le poil. Le savant docteur Mitchill, qui donre la description ci-dessus, d’une momie trouvée aux environs de Glasgow, dans le Kentucky, s'empare de cette découverte pour prouver que les peuples qui ont habité l'Amérique, avant la race actuelle, étaient originaires de Malay, et ressemblaient aux naturels des îles de l'Océan Pacifi- que et de l’Asie Australe. Il fonde son opinion sur la ressem- blance qui existe entre la toile qui servit à envelopper ces mo- (x) Si le nitre ou salpêtre ne se les cavernes de la vallée d'Ohio, forme que dans les endroits habités prouveraient qu’il devait y avoir au— par les hommes et les animaux, les trefois une grande population. amas prodigieux qui se trouvent dans (45r ) mies el celle qu’on a rapportée des îles Sandwich et Figi (x) : 2° sur celle des manteaux de plumes, affectés au même usage que ceux des insulaires de la mer du sud; 3° sur celle des filets , qu'on -ÿ a également trouvés, lesquels sont travaillés avec art et soli- dité ; 4° sur la ressemblance des mocasons ( chaussures }, qui sont artistement confectionnés avec de l'écorce d'arbre, ou des fibres de plantes ; 5° sur l’analogie des morceaux de sculpture antique, surtout des figures humaines , qu’on trouve également à Otahiti, à la Nouvelle-Zélande et en divers autres endroits; et 6° sur celle des fortifications , ou ouvrages de défense, élevées par ces peu- ples, et qui sont moins étendues que les constructions du même genre des habitans des îles des Amis (2). : à Verrazani rapporte qu’il jeta l’ancre dans une grande rivière, où la marée montait de huit pieds, et qu’étant allé dans son bateau jusqu'à un joli lac, d'environ trois lieues de circuit, qui se trouvait à une demi-lieue de la mer, les naturels vinrent au-devant de lui dans une trentaine de petits canots, et qu'ils étaient vêtus de plumes de différentes couleurs (3). Murailles souterraines basaltiques. Les murailles souterraines nommées murs naturels (natural wall), découvertesil y a quelques années, dans la Caroline du nord, ont été atiribuées aux Indiens Tuscaroras, qui habitèrent cette partie du pays jusqu’à la fin du dernier siècle, qu'ils furent incor- porés aux Oneiïdas. (x) Cette toile , ou étoffe, est faite cuna, p. 318-321, ei les leltres de en ficelle double et tordue sans le se J. Farnham, esq., et de Charles Wil- cours de la roue ; la chaîne ei la trame kins, esq., dans le même ouvrage , n’en paraissent pas avoir été faites p. 363-364. au métier. (3) The first voyage made to the (2) Voir, à ce sujet, les observa- oasis of America , etc., ir 1585, Ha- tions du docteur Miichill , dans le 18° kluyPs Collection, vol. IL, p. 246, vol. du Médical Repository, de New London , 1600. York, et dans l'Archæologia Ameri- (452) Ces deux murs se trouvent dans le comté de Rowan, à douze milles au nord de Salisbury. L’un a plusieurs centaines de pieds de long , sur douze à quatorze de haut et vingt-deux pouces d’é- paisseur , et est composé de pierres de forme irrégulière, d’un à douze pouces de longueur, toutes parallèles entre elles, et dans une direction horizontale. Ces pierres paraissent contenir du fer. L'autre, placé à six ou huit milles de distance, a quarante pieds de long sur cinq de haut et sept d'épaisseur. On les regarde tous deux comme des productions de la nature, car les pierres qui les composent ont tous les caractères du basalte (1). Objets d'origine moderne. — Médailles. Feu M. Jehiel Grégory trouva, il y a quelques années, à l’em- bouchure de la rivière de Muskingum, une médaille de plomb, ronde et ayant plusieurs pouces de diamètre. D’un côté, était écrit le nom français de la rivière, c’est-à-dire : « petite belle riviè- re », et sur l’autre le nom de Louis XIV. Une autre médaille fut retirée d’un terrain d’alluvion, près de Portsmouth, ville située à l'embouchure du Scioto. D'un côté, elle représentait un cœur avec une branche de casse qui en sor- tait; de l’autre , un temple avec une coupole. Au sommet étaïtun croissant avec une étoile au milieu du fronton. On a découvert aussi, il y a quelques années , dans le comté de Trumbull , plusieurs pièces anglaises , représentant , d’un côté, George IT, de l’autre, Caroline. À peu près vers le même temps, on trouva une médaille espa- gnole , près de l'embouchure du Darby-Creek , non loin de Cir- cleville ; cette médaille, d’après son inscription , paraît avoir été donnée par un amiral espagnol à quelque personne qui faisait par- tie de l'expédition de Soto en Floride, en 1538 (2). (x) Voir ma Description des États- (2) Archæologia Américana , p. 116 Unis, 1. 1, chap. 2, ett.IIL,p. 255. et 117. (453) En creusant dernièrement une cave à Fayetteville, sur l'Elk, à une petite distance d’une ancienne fortification , on a trouvé une pièce de monnaie romaine, qui a dû être frappée, comme l'in- dique l’inscription , vers l’an 150 de l'ère chrétienne, Elle porte d’un côté : Anloninus Aug. Pius P. P. III cos. Et de l’autre : AURELIUS CÆSAR AVG. P. III COS. (Antoninus Augustus Pius princep. pontifex , tertiim consul.) (Aurelius Cæsar Aug. pontifex, tertièm consul.) PARTIR ER RAR AT ERA RAR SUR SRE LL RL E DUR RAR LR A LAN UE RU US LUEUR SA CALE LAURE LUE LU LR LE RL ER EU LS CHAPITRE IV. REMARQUES ET RECHERCHES SUR LES ANTIQUITÉS AMÉRICAINES. Prewves de l'antiquité des tamuli , déduites des arbres qui croissent sur leurs sommets et dans leurs fossés. Dans les plataniers (1), les peupliers et autres gros arbres qu’on a trouvés dans les /umuli, les cercles annuels de végétation sont très-distincts, et indiquent à peu près l'âge de ces arbres (2). (x) Platanus occidentalis, ou platane Vâge des arbres est reçue en justice ; d’occident. néanmoins elle n’est pas fort exacte, (2) Cette manière de déterminer car les semences peuvent être restées (454) Lorsqu'on commença l'établissement de Marietta , sur le Mus- kingum , les ouvrages qui s’étendaient le long de cette rivière, sur un développement considérable, étaient couverts d’arbres de di- mensions prodigieuses : il y en avait même encore de très-grands sur les murs et les tertres, en 1787, lors de l’examen qu’en fit le docteur Cutler. On en abattit plusieurs en présence du gouver- neur Saint-Clair , et d’autres personnes. Ceux du plus grand dia- mètre étaient creux, mais un d'entre eux, qui ne faisait que de commencer à se décomposer, comptait quatre cent soixante- trois cercles concentriques, et devait avoir au-delà de ce nom- bre d’années. D’autres portaient de trois cents à quatre cents cercles; et à la surface du sol on remarquait de vieux troncs pour- ris de six à huit pieds de diamètre ; et tout portait à croire qu'il y avait eu , antérieurement à la crue d’arbres qui s’y trouvait alors, une autre à peu près du même âge. Un bouleau (betula, L.), qui comptait cent trente-six cercles , paraissait avoir pris la place d’un autre d’une espèce différente. « Si donc nous admettons, dit le docteur Cutler , que les arbres actuels aient quatre cent cin- quante ans, et que les anciens en aient eu autant, il en résulterait que ces ouvrages ont été abandonnés depuis neuf cents ans; eten supposant qu’ils aient été occupés l’espace de cent ans, leur ori- gine remonterait au moins à mille ans. » On a trouvé d’autres ar- bres sur ces tertres qui pouvaient avoir, terme moyen, trois cents ans. Près de la Grave-Creek, sur l'Ohio , on voit un tertre indien, dont la base a environ trois cents pas de circonférence, et qui s'élève , en forme de cône, à la hauteur de trois cents pieds. Il est entièrement couvert d'arbres. Le général Butler mesura un quelques années sous terre, sanssedé- se forment plus , et quelques années velopper. Durant la décadence des auparavant elles sont si minces, qu'il arbre, les couches concentriques ne est difficile de les distinguer. (455) chêne blanc de onze pieds de diamètre, qui croissait près du sommet, et qu’il supposa avoir au-delà de trois cents ans (x). M. Michaux dit que, lorsqu'on découvrit les fortifications de Marietta , elles étaient surmontées d’arbres de la même espèce que ceux des forêts voisines, dont quelques-uns avaient plus de trois pieds de diamètre. Ces arbres ont tous été abattus, et le terrain est actuellement presque entièrement cultivé en maïs (2). Il ya eu, surle sommet d’un tertre de quarante pieds de hauteur, situé dans lesterres basses voisines de la Kenhawa , un grand chêne de deux pieds et demi de diamètre , qui fut abattu en 1790. Selon les observations de M. Kirkland, relativement aux ou- vrages situés sur le Tanawandè-Creek , et sur un affluent de la rivière Delaware, dans l’état de New-York, ces ouvrages pou- vaient avoir un millier d'années, à en juger par la grosseur et la vieillesse des arbres qui croissaient sur les parapets et dans les fossés. À Piqua , état de l'Ohio, on a vu le tronc d’un arbre qui avait deux cent cinquante couches concentriques, d’où l’on peut con- clure qu’il avait cinq cents ans. On voit, dans beaucoup d’endroits de ces monumens, des ar- bres aussi grands que ceux des forêts voisines. Autres preuves de l'antiquité de ces monumens. La retraite des eaux deslacs, et les changemens qui ont eu lieu dans le cours de plusieurs rivières, depuis que ces ouvrages ont élé con- struits, fournissent une autre preuve de leur grande ancienneté. Voici ce que pense, à ce sujet, M. de Witt Clinton, gouverneur de l’état de New-York : « Je crois, dit-il, qu’on peut assurer que toutes les hypothèses, qui attribuent ces ouvrages aux Européens, () Extrait du journal manuscrit tom. III, page 24, Boston, 1810. d’une personne atiachée à l’armée du général Saint-Clair, en 1791, publié dans les Historical collections, etc., Il. 58 (2) Voyage à l'ouest des monts Al- leghanys, p. 97, Paris, 1804. (456) sont fausses : r° à cause de la quantité actuelle de ces ouvrages ; 2° de leur antiquité, plusieurs ayant été évidemment construits long-temps avant la découverte de l’Amérique ; enfin par leur forme qui est entièrement différente des fortifications euro- péennes , soit anciennes , soit modernes. Il y a aussi une autre considération qui n’a pas encore été avancée, et qui me paraît digne d’attention et fondée sur une base qu'on ne peut aisément renverser. Depuis la rivière de Genessée jusqu’à Lewiston, sur le Nia- gara , on voit une chaîne ou élévation de terre remarquable, oc- cupant presque tout cet espace, qui est de soixante-dix-huit milles, dans la direction de l’est à l’ouest. Sa hauteur moyenne , au-dessus du sol environnant, est en gé- néral de trente pieds ; sa largeur varie considérablement, et dans quelques endroits , elle n’a pas plus de cént vingt pieds. Son élé- vation, au-dessus du niveau. du lac Ontario, peut être de cent soixante pieds, et elle descend graduellement vers ce lac, dont elle est éloignée d'environ six à dix milles. Cette chaussée semble avoir été créée par la nature pour servir de communication. C’est en effet une sorte de grande route naturelle, ayant une pente douce de chaque côté et couverte de gravier. Avec des tra- vaux peu considérables, on en ferait lameilleureroutedesÉtats-Unis. Il y a quelque raison de croire que cette élévation remarqua- ble fut autrefois la limite du grand lac Ontario. Le gravier dont elle est couverte y a été déposé par les eaux, et les pierres indi- quent partout, par leur forme , le frottement et le mouvement produits par cet élément. Le long des bords de tous les lacs et ri- vières de l'ouest, on rencontre de petits monticules ou amas de gravier d’une forme conique , élevés par les poissons pour dé- fendre leurs œufs. On en a trouvé de semblables, dans un état à ne pas s'y méprendre, au pied de la hauteur en question, du côté du lac ; mais on n’en a découvert aucun du côté opposé. Toutes les rivières et tous les ruisseaux qui se déchargent dans (457) le lac au midi, ont leurs embouchures obstruées par du sable dans un certain endroit, à cause de la violence des vents du nord- ouest. Les sources des criques, qui passent à travers cette éléva- tion de terre, correspondent exactement avec leur embouchure dans les lacs. On peut conclure de ces faits qu’il y a peut-être un ou deux mille ans quele lac Ontario s’est éloigné de ce terrain élevé. La cause de la retraite des eaux de ce lac peut être attribuée à l’élargisse- ment de sa première embouchure, ou au rétrécissement de ses eaux (aidé peut-être par un tremblement de terre), qui se se- raient frayé un passage jusqu’au Saint-Laurent , comme l’Hud- son aux hautes terres ( Æighlands), et la Mohawk aux petites chutes (Zrtile Falls). Au midi de cette grande élévation, et dans toutes les direc- tions de ce côté, on a trouvé des restes nombreux de fortifica- tions. Mais au nord, c'est-à-dire du côté du lac, on n’en a pas découvert une seule trace , quoique le sol ait été exploré avec soin. Prenant maintenant en considération la distance qu’on a dit être de soixante-dix-huit milles, ajoutant que le bord du lac devait être naturellement la place qu’on aurait choisie pour former des habitations , et conséquemment des ouvrages de défense, à cause des avantages que présentait cette position sous les rapports do- mestiques et militaires; remarquant aussi que, sur le bord mé- ridional du lac Érié, ces anciennes fortifications sont très nom- breuses , il n°y a pas de doute que ces ouvrages ont été construits quand cette élévation formait la limite méridionale du lac Onta- rio; et en conséquence leur origine doit remonter à une très- haute antiquité (1). » Les Indiens modernes ne connaissent pas l'usage des tertres. Les tombes des Américains, de nosjours, sont généralement des (x) Memoïr on the antiquities of the state of New-York, by de Witt Clinton. (458 ) trous étroits creusés avec des pieux pointus, et qu'ils garnis- sent d’écorce et de nattes. [ls y déposent les corps dans une posi- tion accroupie , et les recouvrent d’abord de bois et d’écorce et ensuite de terre etde pierres. Ils entourent ensuite la fosse de plan- ches, d’écorce, et de charpentes qui se joignent au sommet et présentent la forme d’un cône. Hériot dit que les Virginiens ne creusaient jamais la terre que pour faire des fosses qui avaient environ trois pieds de profon- deur. : Le capitaine Smith dit que , pour les enterremens ordinaires , les Virginiens creusent un trou profond dans la terre , avec des pieux pointus; qu'ils enveloppent le corps de pelleteries et de nattes, le placent entre des morceaux de bois, déposent à côté de lui ses bijoux , et le recouvrent ensuite de terre. Champlain, en parlant des cérémonies funéraires des Cana- diens, dit que, lorsqu'il en mourait un, ils creusaient un trou dans lequel ils jetaient tout ce qu’il possédait, ses chaudières , ses pelleteries , ses haches, son arc et ses flèches, ses vêtemens, etc., qu'ils y descendaient ensuite le corps qu’ils recouvraient de terre et de gros morceaux de bois, et qu'ils plantaient après , à l’en- droit, un pieu dont ils peignaient le bout en rouge. Laudonnière, dans sa Description de la Floride dit que, « lorsqu un roi meurt, on l’enterre avec la plus grande pompe ; qu’on dépose dans sa tombe la coupe dans laquelleil avait coutume de boire ; qu’on fiche autour une grande quantité de flèches, et que ses sujets pleurent et jeûnent pendant trois jours. Tous les rois ses amis en font autant, et coupent la moitié de leur cheve- lure, en signe de l’affection qu’ils lui portaient. Pendant six lunes, des femmes, nommées à cet effet , déplorent la perte du roi, et l’appellent à haute voix, trois fois par jour : le matin, au milieu de la journée , et le soir. On renferme dans sa maison tout ce qu'il possédait, et on y met le feu , pour que rien de ce qu’il avait ne serve après sa mort. Les mêmes cérémonies se pratiquent à l’en- C 459 ) terrement des prêtres, Leur intention, en ensevelissant avec les morts les objets de prix qui leur appartenaient , est de leur pro- curer une bonne réception au village des ames ou des esprits. » « Il me parait, dit le père Charlevoix, que les Indiens portent sans aucune cérémonie, le corps au lieu de sa sépulture ; du moins, n’ai-je rien trouvé sur cela dans aucune relation; mais quand il est dans la fosse , on a soin de le couvrir de telle manière que la terre ne le touche point : il y est comme dans une cellule toute tapissée de peaux , beaucoup plus riche et mieux ornée qu'une cabane. On dresse ensuite un poteau sur la tombe, et on y attache tout ce qui peut marquer l'estime qu’on faisait du purs On y met quelquefois son portrait , et tout ce qui peut servir à faire con- naître aux passans qui il était, et les plus belles actions de sa vie. On y porte le matin de nouvelles provisions, et comme les chiens et d’autres animaux ne manquent point d’en faire leur profit, on veut bien se persuader que c’est l’ame du défunt qui est venue y prendre son repas. Quand quelqu'un meurt dans le temps de la chasse, on expose son corps sur un échafaud fort élevé , et il y demeure jus- qu’au départ de la troupe , qui l'emporte avec elle au village, Il y a même des nations qui en usent ainsi à l’égard de tous les morts, et je l’ai vu pratiquer aux Missisaguez du Détroit. Les corps de ceux qui meurent en guerre sont brûlés, et leurs cendres rap- portées pour être mises dans la sépulture de leurs pères. Ces sé- puliures sont, parmi les nations les plus sédentaires, des espèces de cimetières près du village. D’autres enterrent leurs morts dans les bois au pied d’un arbre, ou les font sécher et les gardent dans des caisses jusqu’à la fête des morts (1). » Les Indiens d'aujourd'hui croient que l’ame , séparée du corps, conserve les mêmes inclinations qu’elle avait auparavant ; c’est pourquoi ils enterrent avec les morts tout ce qui était à leur usage. (x) Charlevoix, Journal Historique, lettre XVI, tom. LI, Paris, 1744. ( 460 ) « Au lieu que parmi nous, continue Charlevoix, la dépouille des morts enrichit les vivans ; chez eux , non-seulement on emporte dans le tombeau tout ce qu’on possédait , mais on y reçoit encore des présens de ses parens et de ses amis. Aussi, ont-ils été extré- mement scandalisés quand ils ont vu les Français ouvrir les sé- pulcres pour en tirer les robes de castor dont on avait vêtu les défunts. Les tombeaux sont tellement sacrés dans ce pays, que les profaner, c’est la plus grande hostilité qu’on puisse commettre contre une nation, et la plus grande marque qu’on ne veut plus rien ménager avec elle (x). » Smith, dans son Histoire des Jerseys , dit que c'était une cou- tume chez les Indiens du Jersey occidental, lorsqu’ils enterraient leurs morts, de placer dans la tombe les objets dont l’usage était familier au défunt , des arcs , des flèches, et quelquefois le wam- pum , comme des gages de leur affection. Quand une personne de marque mourait loin du lieu de sa résidence , on y portait ses restes pour les y enterrer. Ces Indiens purifiaient et embaumaient le corps, lui peignaient la face , l'accompagnaient en procession, le plaçaient dans une portière assise, et le recouvraient d’une sorte de pyramide. Ils avaient soin de conserver les tombeaux en bon état, et allaient souvent les visiter avec un très-grand recueil- lement (2). Le révérend M. Heckewelder, dans son Histoire des nations indiennes, raconte qu’il assista un jour aux funérailles d’une personne du plus haut rang (la femme du vaillant chef Delaware Shingask); qu’on plaça dans la fosse un pieu surmonté de figures emblématiques, ettournées vers le soleil levant; que des femmes la comblèrent ensuite et la couvrirent d’écorce et de feuilles sèches; et que s'étant après retirées , les hommes l’entourèrent de mor- ceaux de bois à hauteur d'appui, pour la garantir des bêtes féroces. (x) Charlevoix, Nouvelle-France, XXIV, Paris, 1744. iom. ILE, Journal Historique, lettre (2) Smith's Jersey , p. 137. (461) Ce missionnaire ajoute que lorsqu'un Indien meurt à quelque distance de chez lui, on a grand soin de recouvrir sa tombe de gros morceaux de bois, de crainte que les loups ne déterrent le corps pour le dévorer. Lorsque le temps et les circonstances ne permettent pas de prendre cette précaution, quand ils sont en voyage, par exemple, ils enveloppent le corps dans de l'écorce d'arbre, et le déposent ainsi dans la tombe. S'il en meurt un dans un camp de chasse, ils lui font une espèce de bière, ou recouvrent le corps de manière que la terre ne le touche pas; après quoi ils entourent la tombe d'un treillage. Les guerriers tués dans le combat sont enlevés du champ de bataille et enterrés, toutes les fois que cela est possible, pour que l'ennemi ne leur ôte pas le crâne, et ignore le nombre des morts. Ils déracinent à cet effet un vieux tronc d'arbre, et creusent au- dessous un trou assez profond pour que l'arbre, remis à sa place, n’atteigne pas les corps. Afin qu'on ne soupçonne pas le lieu de leur sépulture , ils recouvrent la terre nouvellement remuée de bois mort, de feuilles , ou de broussailles ; mais s’ils n’ont pas le temps de les enterrer, ils entassent les cadavres les uns sur les autres, entre de gros morceaux de bois, et recouvrent le tout de branches mortes et de broussailles. Il ne leur arrive jamais, à moins de force majeure, d'abandonner leurs morts sans sépulture (x). Les Indiens modernes ne se servent jamais de retranchemens. Nous allons tâcher de prouver, par le témoignage d’auteurs di- gnes de foi, que les Indiens d’aujourd’hui n’ont jamais recours à desretranchemens, pour se défendre, mais seulement à des palissa- des. Nous regrettons d’avoir à émettre sur ce point une opinion différente de celle de M. de Volney. Lorsque Jacques Cartier arriva à Hochelaga (Montréal) en 1535, (x) Transactions of the historical and losophical society, p. 268-277, Phila- literary committee of the American phi- delphia, 18x09. (462) cette bourgade composée d’Iroquois et de Hurons, comprenait environ cinquante grandes cabanes, entourées de trois clôtures de palissades. On y entrait par une seule porte, et le long de la première enceinte , il y avait des amas de pierres et de cailloux , pour lancer sur l’ennemi. Samuel Champlain raconte que, se trouvant , le dernier jour de juin 1606, à l'embouchure de la rivière des Iroquois, où des Indiens, venus pour leur déclarer la guerre, étaient retran- chés , il remarqua que leurs fortifications consistaient en un grand nombre de pieux fort rapprochés les uns des autres , garnis d'é- corce de chêne , et aboutissant d’un côté à la grande rivière du Canada, et de l’autre à celle des Illinois. Ces ouvrages, toutefois, ne servirent qu'à leur donner le temps de monter dans leurs canots qui les attendaient sur le rivage. Lescarbot rapporte, dans son Histoire du Canada, que quatre cents sauvages partirent d’une ville entourée de palssades , pour aller faire la guerre aux Armouchiquois. | Le père Sagard Théodat, en parlant des Hurons, dit : « Quand la guerre est déclarée, on détruit les bourgs, hameaux, villes et villages frontières incapables d'arrêter l’ennemi ; sinon, on les fortifie, et chacun se retire dans les villes et les lieux for- tifiés de sa juridiction. Ils font porter sur les guérites des pierres et de l’eau, pour s'en servir dans l’occasion. » Plusieurs font des trous dans lesquels ils enfouissent ce qu’ils ont de meilleur (1). Penn, qui a décrit d’une manière si particuhère (2) les mœurs etles coutumes des Indiens de la Pensylvanie, alors très-bel- liqueux, ne fait aucune mention de fortifications. Il dit que leurs cabanes étaient faites de nattes et d’écorces d’arbres placées sur des perches, à la manière des granges d'Angleterre , et à peu (x) Le grand Voyage , du pays des (2) Dans sa Notice sur la Pensylva- Hurons, par F. Gabriel Sagard nie, lettre du 16 août 1683. Théodai, p. 203, Paris, 1632. ( 463 ) près de la hauteur d'un homme; et qu'ils se couchaient sur des lits de roseaux et d'herbes desséchées. En 1674, les Indiens Narragansets ayant décidé de chasser les Anglais, se fortifièrent auprès de l'étang de Point-Judith, dans un terrain sec, entouré de cèdres de marais; leur fort était palissadé et protégé par une plantation d’arbres de seize pieds de largeur, dans laquelle la seule entrée, le long de l’eau, avait lieu sur une simple planche. Le général Winslow, qui com- mandait l'assaut , avait sous ses ordres mille cinq cents hommes, dont trois cents du Connecticut et cent cinquante Indiens. Les forces ennemies, d'environ quatre mille hommes, opposèrent une si vigoureuse résistance , qu'avant de faire une brèche, les Anglais perdirent six capitaines et quatre-vingts soldats (r). M. de la Salle rencontra, lors de son débarquement sur la route du Mexique , en février 1685 , pour aller découvrir le Mississipi, un camp indien, construit sur une hauteur, et qui consistait en une cinquantaine de cabanes, formées de perches ployées en deux, et couvertes de nattes de jonc et de peaux sèches. Le 17 janvier 1687, il arriva à un autre côteau, sur lequel il y avait deux ou trois cents cabanes, bâties de la même manière. Au mois de mars suivant , ayant pénétré dans le pays des Cenis, il remarqua que leurs cabanes étaient bâties de distance en distance, suivant que le terrain adjacent était propre à la culture. Files étaient rondes, construites de même que les premières, et surmontées d’un dôme en forme de ruche ou de meule de foin. Quelques-unes avaient soixante pieds de diamètre. Ces maisons renfermaient de quinze à vingt ménages , ou servaient pour les assemblées publi- ques. Lorsque ces Indiens changeaient de demeure, ils avaient cou- tume de mettre le feu à leurs cabanes. Les gens de M. de la Salle (3) Mathers Magnalia Christi Ameri- Haven, 1820, impr. sur l’édit. de Lon- cana , liv. VI, p. £or, 2 vol., New— dres de 1702. II. 5g (464 ) n’aperçurent, dans tout ce pays, aucun vestige de retranche- ment (1). « Les palissades, ditle père Lafiteau , n'étant que de bois, et les cabanes n'étant que d’écorces, les assiégés ont beau garnir leurs remparts de pierres, de poutres et d’eau , ils ont beau être attentifs à repousser les assaillans , par une grêle de traits, ceux- ci portent chez eux la désolation par des flèches enflammées, dont un petit nombre suffit, si le vent les favorise , pour réduire tout le village en cendres. Ils font leurs approches sans crainte, avec des mantelets faits de planches, qu'ils portent devant eux , et à la faveur desquels ils vont jusqu’au pied de la palissade, qu'ils sapent avec la hache ou avec le feu ; ou bien ils font une contre palissade, laquelle leur servant de bouclier et d’échelles, leur donne le moyen de franchir les retranchemens ennemis et de s’en rendre maîtres. C'est ainsi que j'ai vu , dans une de nos relations, que sept cents Iroquois avaient forcé un village de la nation appelée du Chat, où il y avait près de deux mille hommes pour le défendre , nonobstant une grêle continuelle de coups de fusils, qui pleuvaient sur eux de tous les côtés (2). » Carver dit « que les Indiens Winnebagoes, qui comptaient deux cents guerriers, habitaient une petite île d'environ cinquante acres d’étendue , auprès de l’extrémité orientale du lac qui porte leur nom; et que leur ville contenait cinquante maisons , toutes solidement construites , et environnées de palissades (3). » Le capitaine Smith rapporte que, lorsqu'il relevait la côte de la baie de Potomac, les sauvages des environs de la rivière de Tockwogh le menèrent voir une de leurs villes palissadées. Les. (x) Joutel, Journal Historique du p.2b2, Paris, 1724. dernier DONaSE de la Salle, p. 76, 166 (3) Carver’stravels through the mterior et 216; Paris, 1713. part of D. America, p. 36, London, (2) Moœurs des sauvages améri- 1778. cains, par le P. Lafiteau, 1ome IL, C 465 ) murailles en étaient revêtues d’écorces , et il y avait derrière des espèces d'échafaudages , où les combattans étaient protégés par des parapets à hauteur d’appui, garnis également d’écorce. Les Canadiens ont des forts semblables à ceux des Virginiens. Ils consistent en de vastes enceintes qui sont entourées d’arbres, disposés en forme de palissades, et où s'élèvent des maisons à deux ou trois étages. Les parties inférieure et supérieure de ces derniè- res sont occupées par les hommes, lorsqu'ils sont-attaqués par un ennemi, et au rez-de-chaussée, il y a d'énormes arcs, qu’il faut six hommes pour bander, et des flèches pour assommer les assaillans. Au haut des maisons, ils ont pratiqué des meurtrières ou des cré- neaux, par lesquels ils lancent des pierres et des traits sur l'ennemi. Dansla partie du milieu, ils renferment leurs femmes, leur blé et leurs provisions. Beverley, un des premiers historiens de la Virginie, dit que les fortifications des naturels ne consistent qu’en une seule palis- sade de dix à douze pieds de hauteur , dont ils triplent les pieux quand ils veulent se mettre tout-à-fait en sûreté. Souvent ils en- ferment ainsi toute une ville ; mais d'ordinaire, ce ne sont que les maisons de leurs rois et un certain nombre d’autres, qu’ils ju- gent suffisantes pour contenir tous les habitans de la bourgade, lorsqu'un ennemi les vient attaquer. Ils ne manquent jamais de placer, dans ces endroits de sûreté, les objets de leur culte su- perstitieux et les restes de leurs princes (1). En parlant des mœurs et usages des peuples de l'Amérique sep- tentrionale , Dupratz donne la description suivante de leurs forts, en temps de guerre. É « Lorsqu'une nation, dit-il, est trop faible pour soutenir la guerre, elle tâche de se faire un fort pour se défendre. La mu- raille de ces forts est composée de gros pieux qui sont des corps (x) The History of Virginia. ( Bever- Londres, 1722. (y), liv. LIT, chap. 3, (section 13, (466 ) d'arbres d’une brasse de tour, de cinq à six pieds en terre , et de dix en dehors, et appointés par le haut; les joints de ces pieux, quoique ronds , sont couverts en dedans d’autres pieux d’un pied de diamètre. Cette muraille est garnie, en dehors, de demi-tours à quarante pas de distance les unes des autres : ils les font sans doute pour empêcher l'escalade. Le pied des pieux est appuyé en dedans par une banquette de trois pieds de large , et d'autant de haut, laquelle est elle-même appuyée de piquets fortifiés de bran- chages verts, pour retenir la terre qui est dans cette banquette. La porte de ces forts est toujours du côté de l’eau. Au milieu est placé un arbre dont les branches sont coupées à huit ou neuf pouces du corps de l'arbre, pour servir d’échelle. Cet arbre leur sert de guérite (x). » Le major Robert Rogers, qui parcourut, vers l’an 1765, l’in- térieur des pays compris entre les grands lacs et le Mississipi , et qui connaissait plusieurs nations et tribus indiennes pour avoir eu des relations avec elles, dans la paix comme dans la guerre, n’y remarqua aucun vestige de fortificalions. « Les Indiens, dit-il, particulièrement ceux du sud, ont soin d’élever des retranche- mens, et plusieurs de leurs villes sont bien palissadées et en état de résister à l’attaque d'un ennemi étranger à l’art de la guerre. On regardait anciennement les peuples des cinq nations , comme les meilleurs architectes du continent, et aujourd’hui ils ne le cèdent : sous ce rapport qu'aux nations voisines du lac supérieur, et à quelques autres qui résident plus à l’ouest. Les cabanes des chasseurs indiens ne sont généralement que l’ouvrage d’une demi- heure au plus; quelquefois ils errent dans les forêts pendant des mois entiers, sans songer à se dresser un abri, étant seulement cou- verts d’une peau de bête fauve ou d’une couverture de laine (2).» (x) Dupratz, Hist. de la Louisiane, rica, by major Robert Rogers, p. 246 tom. IT, ch. 28, Paris, 1758. et 247, London, 1765. (2) À concise account of north Ame- (467 ) « Les villes des Virginiens, dit Hériot , sont peu étendues ; il ne s’en trouve qu’un très-petit nombre le long des côtes; elles con- tiennent rarement plus de dix, douze ou vingt maisons, la plus considérable que nous ayons visitée en renfermait trente. Il en est qui sont closes de murs, si l’on peut donner ce nom à des pieux garnis d'écorces d'arbres , ou à de longues perches fichees perpendiculairement en terre et fort serrées les unes contre les au- res. » Laudonnière décrit l’attaque dirigée par Utina , allié des Fran- çais, contre Potanou , a//lage clos d'arbres. Les cabanes ou habitations des Sioux, des Sacs, des Renards, des Kansas et des Ricaras, ne sont défendues par aucune espèce de retranchemens. Celles des Ricaras sont environnées d'une pa- lissade en bois de cèdre , mais leurs anciens villages étaient clos de murs d'environ quatre pieds de hauteur. On en voit encore les vestiges en plusieurs endroits, particuliérement dans une île du Missouri , au 44° deg. de latitude. Les anciens villages Mandans avaient aussi des murailles semblables. Connaissances des Indiens dans les arts mécaniques. À l’arrivée des Européens, les indigènes de l'Amérique n'avaient presque aucune connaissance des arts mécaniques. Ils ignoraient l'usage du fer, bieu que ce métal abondât partout dans le pays, et que plusieurs de leurs villes et de leurs villages s’élevassent dansles endroits où l’on en exploite actuellement des mines. Ils ne con- naissaient non plus ni la hache ni la scie; mais ils possédaient beaucoup de morceaux de cuivre et d'argent , comme on le verra ci-après. « Les naturels de la Virginie, dit Hériot , n'avaient ni insiTu- mens tranchans , ni armes en fer ou en acier pour nous combat- tre, et ne savaient pas même l’art de les fabriquer. Les seules ar- mes qu’ils eussent étaient des arcs en noiïsetier , des flèches en ro- seaux , et des massues en bois, plates et tranchantes, d'environ (468 ) trois pieds de long; leurs armes défensives consistaient en 6ou- clièrs d'écorce et en une espèce d'armure, faite avec des bâtons enlacés et liés ensemble avec du fil. Tous les objets, continue le même hisiorien, qu’ils: virent entre nos mains, tels que nos ins- trumens de mathématique , la boussole , l'aiguille aimantée, les lunettes d'approche, les verres ardens, les horloges sonnantes, les fusils, les crochets, les livres et l'écriture, leur parurent si étranges et étaient tellement au-dessus de leur conception , qu’ils les croyaient l'ouvrage des dieux et non celui des hommes. » Les Indiens de la Virginie, qui firent prisonnier le capitaine Smith, ayant trouvé un peu de poudre à ürer,, la conservèrent soigneusement jusqu’au printemps pour la semer ( comme ils auraient fait de blé}, la prenant pour de la graine. Rien ne put égaler l’étonnement des Canadiens, à la vue des moulins à eau et à vent construits par les Français; ils passaient des journées entières à les considérer, et on eut toutes les peines du monde à leur persuader que ce n'étaient pas des esprits qui les faisaient tourner. Les Indiens étaient généralement dans l’habitude de frotter un morceau de bois sec contre un autre de boïs dur, pour en tirer du feu. Les instrumens suivans étaient à peu près les seuls qu ils con- nussent avant de recevoir les outils en fer des Européens. Leurs La- ches en pierre, avaient la forme d’un coin, et un demi-pied de lon- gueur. Ils les employaient à divers usages, mais surtout à enlever l'écorce des arbres, dans la saïson où ils perdent leur sève , pour les faire périr, lorsqu'ils voulaient former une plantation de maïs. Ils se servaient, en guise de couteaux , de morceaux de cailloux ou de quartz, de coquilles ou d’os aïguisés. C'était avec ces instrumens :qu'ils construisaient leurs canots. Ces derniers avaient de-trente à quarante pieds de longueur, et se compo- saient d’un tronc d'arbre, creusé d’abord à l’aide du feu , et éga- lisé ensuite avec la hache et le couteau. Les Indiens avaient aussi ( 469 ) des pilons en prerre , d'environ un pied de longueur, dont ils fai- saient usage pour broyer le blé et le maïs dans des troncs d’ar- bres creux. Ils fabriquaient des cwullers et des {ruelles avec le bois dur et uni du kalmia à larges feuilles (ka/mia latifoha, L.), ce qui a fait donner à cet arbre, par un Anglais, le nom de spoon-tree , arbre à cuillers. On n a encore découvert jusqu'ici aucun instrument qui ait pu servir de pelle. Leurs flèches étaient très-artistement travaillées. Ils les ar- maient de pointes angulaires de cailloux ou de quartz , de jaspe, de marbre dur ou de toute autre pierre pointue, et quelquefois même de griffes d'oiseaux et de bêtes fauves. Ces dernières leur servaient aussi à faire des kamecons; mais leur manière la plus habituelle de prendre le poisson était à l’aide de longues perches pointues du bout. Les pots dans lesquels ils faisaient bouillir la viande, étaient en pol-sione ( talc), de couleur verte ou grise. Ils leur don- naient une assez jolic forme, et le fond et les côtés avaient sou- vent plus d’un pouce d’épaisseur. Ils en fabriquaient aussi d’une terre noire, à laquelle ils mélaient des grains de sable blanc et de quartz. Deux trous, pratiqués dans la partie supérieure, ser- vaient à recevoir un bâton , à l’aide duquel deux hommes tenaient le pot suspendu au-dessus du feu jusqu’à ce que la viande fût cuite (x). Thomas Hériot dit que les vases de terre de différentes formes et grandeur que les femmes indigènes de la Virginie y font , sont si minces et si bien travaillés, que les plus habiles potiers, avec leur tour et leurs autres outils , ne les feraient pas meilleurs. On a trouvé quelques-uns de ces pots en creusant à une grande profondeur. Celui qui est conservé à Shawneetown a été @) Kalm, tom. I, p. 345. (470 ) pris à 80 pieds au-dessous du sol ; il peut contenir environ 30 à 40 bouteilles (x). Kalm rapporte que le naturaliste Bartram lui montra un pot de terre de fabrique indienne, parfaitement exécuté et bien con- servé. Il n’y remarqua ni vernis ni couleur quelconque, mais l'extérieur en était chargé d’ornemens. M. Bartram lui fit voir aussi d’autres morceaux de vases brisés dont les Indiens se ser- vaient autrefois. Ces derniers étaient faits de terre et de divers autres matériaux. Ceux qui provenaient d’Indiens qui auraient habité le long des côtes, contenaient des coquillages de limaçons et de moules broyés, et ceux qui avaient été trouvés plus au nord, se composaient d’un mélange de terre et de crystal réduit en pou- dre. On ignore la manière dont ces objets étaient confectionnés; mais il est évident qu'ils ne les faisaient pas beaucoup cuire , car ils étaient si mous qu’on pouvait les couper avec un couteau. La main-d'œuvre en paraissait bonne. Depuis l’arrivée des Euro- péens, les Indiens leur ont toujours acheté les pots, les chaudiè- res et les autres articles de vaisselle dont ils ont besoin, de sorte que cet art s’est entièrement perdu (2). Ils n'avaient aucune connaissance du verre. On dit que le chef, à qui le Rhode-Island appartenait, vendit cette propriété aux Anglais pour une paire de lunettes. Ils se servaient de coquillages et particulièrement de ceux du clam (venus mercenaria, L.) en guise de monnaie, qu’ils appe- laient æwampum. Ce fut même la monnaie courante du pays pen- dant quelques années , après l’arrivée des Suédois et des Hollan- dais sur les bords de la Delaware. Six grains de ces coquilles va- laient un s#ver. Leurs maisons étaient généralement de forme circulaire ou (1) M. Schoolcrafts travels in the cen- York, 1825. tral portion of the Mississipi valley, New- (2) Kalm, tom. I, p. 257. (471) ronde, et avaient de dix à douze pas de circuit. Elles étaient construites de charpentes disposées en demi-cercle, sans symétrie, séparées les unes des autres et recouvertes de nattes de paille assez bien travaillées (x). Les Indiens ne connaissaient pas l’art de dompter les animaux sauvages, et de les faire servir à leurs besoins. Le chien était leur seul animal domestique. Leurs connaissances agricoles se bornaïent à la culture du maïs, desfèves, des citrouilles, des melons d’eau et du tabac. Ils faisaient périr les arbres en enlevant l'écorce près de la racine ; lorsqu'ils étaient desséchés, ils y mettaient le feu , ainsi qu'aux mauvaises herbes et aux broussailles qui se trouvaient à la surface du sol ; après quoi ils grattaient la terre avec une espèce de herse en bois, et en formaient de petites couches, dans lesquelles ils semaient du grain. Ils arrachaïent le maïs avec la main, le fai- saient sécher au soleil , et creusaient ensuite des trous dans un en- droit très-sec, sur le penchant d’un colline, les garnissaient de nattes , et y déposaient leurs récoltes. Lorsqu'ils voulaient s’en servir , ils broyaient le grain avec des pierres ou des pilons en boïs , et en tiraient une farine assez grossière. Ils la faisaient en- suite bouillir, à l’aide de pierres rougies au feu, qu'ils jetaient dans de l’eau jusqu’à ce que l’ébullition eût lieu. Quoique la vigne se trouvât partout dans un état sauvage, aux États-Unis , les naturels ignoraient l’art de faire le vin. Les Iroquois avaient évidemment adopté les instrumens des Européens avant l’expédition dirigée contre eux par le général Sullivan , en 1779. La propreté de leurs villages et la culture de leurs champs et de leurs vergers firent l'admiration de ses troupes. Plusieurs de leurs maisons étaient construites en charpente, et leurs champs de blé avaient une étendue considérable. Dans cette expédition, on réduisit en cendres quarante de leurs villes, dont (1) fakluyt, The Relation of the T'oyage of Verrazano, etc. Dieppe, 1524. 11. 60 (472 ) Genesée , la plus grande, contenait cent vingt-huit maisons ; l’on détruisit cent soixante mille boisseaux de leurs grains, et dans un seul de leurs vergers, on abattit, dit-on, mille cinq cents arbres fruitiers (1). Les Indiens faisaient une espèce de pain avec la graine du soleil, et grillaient la viande et le poisson sur la braise ardente. Ils fabriquaient leurs vétemens et leurs couvertures avec des peaux de bison, d’ours , de castor , de raton laveur et de daim, cousues avec beaucoup d'art. Ils avaient soin que le poil ou la fourrure fût tournée dans le même sens, pour les rendre impéné- trables à la pluie. Ils se servaient, pour raser la peau de ces ani- maux , d’une des grandes côtes du daim ou du bison. Laudonnière rapporte qu’il a vu sur le lit du roi Ouade, qui ha- bitait sur les bords de la rivière Belle, des couvertures brodées et surchargées de devises artistement travaillées, et garnies de franges de couleur écarlate. Ce roi fit remplir la pinasse de millet et de fèves, et donna pour présent à Laudonnière cinq couver- tures en tapisserie. Smith dit que plusieurs Virginiens portaient des manteaux en plumes de dindon, si artistement travaillés et si bien cousus, qu’on n’apercevait absolument que les plumes. Ils étaient aussi très-chauds et fort jolis. Les Indiens faisaient des vêtemens et des couvertures avec des plumes d'oiseaux, qu’ils tissaient avec des fils ou une espèce de ficelle faite de l'écorce du chanvre sauvage ou de la ronce. Ils préféraient pour cet usage les plumes de l’oie ou du dindon sauvage ( Meleagris syleestris, N.). Ils se servaient des mêmes matériaux pour faire leurs *apprs, ou bandes, à l’aide desquelles ils portaient leurs sacs ou tout autre fardeau. (1) Heriot's travels through the Canadas, p. 316, London, 107. (473 ) Laudonnière parle d’une fête appelée Toya, à laquelle les Fran- çais , qui étaient restés au fort Charles, furent invités par le roi Audusta , et dans laquelle les Indiens, qui devaient y jouer un rôle , avaient le corps peint et orné d’un riche plumage de diffé- rentes couleurs. Il remarqua aussi , dans le palais du roi Ouade, sur la rivière Belle, des tapisseries en plumes de la hauteur d’une pique. Dupratz, dans son Histoire de la Louisiane (chap. XV }), dit que les femmes de ce pays se font des mantes, ou de plumes, ou d’écorce de mürier tissue ; que les mantes de plumes se font sur un métier semblable à celui sur lequel les perruquiers travaillent les cheveux : elles tressent les plumes de la même manière et les attachent sur de vieux filets à pêcher, ou sur de vieilles mantes d’écorce de mürier ; elles les mettent de la sorte tressées l’une sur l’autre, et de deux côtés. Pour faire des mantes d'écorce de mürier , elles coupent les jets ou pousses de cet arbre qui sortent après qu’on les à abattus, et qui ont 4 à b pieds de haut; elles en ôtent l'écorce et la font sécher au soleil ; ensuite elles la battent pour en séparer la graisse et la mettent blanchir à la rosée; enfin elles la filent et en font un tissu croisé. Ces mantes sont très-blanches et très-propres. » Les Indiens Choctaws font des couvertures, dit Adair (1), avec des plumes de dindons sauvages, et particulièrement avec celles du col et de la poitrine. Ils attachent les plumes par le tuyau, avec des fils de chanvre, ou avec de l’écorce de mûrier dont ils forment des ficelles suffisamment fines pour en faire une espèce de filet. Comme ces plumes sont longues et luisantes , les couvertures sont non-seulement très-chaudes, mais fort agréables à la vue (2). (x) Histoire de la Louisiane. 3 vol. C2) History of the American Indians, in-8°, Paris, 1758, .423, in-4°, London, 1775. ; » 17 P ) UE ( 474) Lorsque les indigènes de l’île de Roanoke, sur la côte de Vir- ginie, furent visités pour la première fois , en 1584, par les capi- taines Philip. Amadas et Arthur Barlowe, qui y avaient été envoyés par sir Walter Raleigh , ils faisaient bouillir leur viande dans de grands pots de terre blanche, et proprement travaillés. Leurs canots étaient faits d’un tronc d’arbre de pin ou de sa- pin. Ils ne se servaient d’aucun instrument tranchant pour les construire ; ceux qu'ils possédaient étaient en petit nombre, et provenaient , ainsi que les capitaines de Raleigh l’apprirent des chefs, d’un vaisseau qui avait fait naufrage sur leur côte, vingt ans auparavant , et dont l’équipage avait péri (1). Laudonnière s'était d’abord engagé à livrer au capitaine an- glais John Hawkins, pour le navire qu'il lui avait fourni, une certaine quantité de provisions et l'argent qu’il avait recueilli dans son voyage; mais il s’y refusa ensuite , de crainte que la vue de ce métal ne donnât envie à la reine Élisabeth d'y envoyer une colonie , et que la France ne perdit possession du pays. À son re- tour en France, ce capitaine, dans sa réponse à l'accusation dirigée contre lui , dit que les Indiens avaient offert de le conduire aux montagnes d’Appalachy, où se trouvait le métal rouge qu’ils appelaient Sreroa Pira , et dont il avait montré un échantillon à l’afftineur d’or du capitaine Rüibault, qui le déclara de l’or parfait. Le capitaine Gourgue , à son arrivée en Floride, reçut du roi Satourioua, en gage de sa fidélité, deux chaînes en grains d’argent qu'il portait au cou. Objets en cuivre. « Sous le 41° degré deux tiers de latitude, dit Verrazano, à environ cinquante lieues Est, d’une île triangulaire aussi éten- due que celle de Rhodes, et à dix lieues de la terre ferme, qu'il appela Claudia , en l'honneur de la mère du roi François, (x) The first Voyage made to the kluyt, vol. IX, p. 246, London, 1600. coasis of America , ele., in 1585, Ha- (475 ) Verrazano remarqua , entre les mains des habitans de la côte, des plaques de cuivre ouvré, métal , dit-il, qu'ils estiment plus que l'or. Ils parurent se soucier fort peu des objets en fer et en acier que nous leur montrâmes. Ils s’informèrent seulement de la manière de les faire. Ils nous adressèrent les mêmes ques- tions au sujet de nos verres qu’ils nous rendirent après les avoir considérés en riant. » À cent cinquante lieues plus au nord de Verrajan, vingt-cinq de ces gens s'étant rendus à terre, furent assaillis à coups de flèches par les naturels, qui s’enfuirent dans les bois. [ls avaient pour la plupart des grains de cuivre pendus aux oreilles (1), La belle sœur du roi Granganimeo se rendit à bord du navire des capitaines Amadas et Barlowe, avec sa fille et deux ou trois enfans. Elle portait aux oreilles des ornemens en perles, qui lui descendaient jusqu’à la ceinture. Les autres femmes, d’un rang tant soit peu élevé, avaient des pendans d’oreille en cuivre, et quelques-uns des enfans du frère du roi et des autres nobles , en portaient jusqu’à cinq ou six à chaque oreille. Celui-ci avait sur la tête une large plaque en or ou en cuivre; car , comme ces mé- taux étaient bruts, nous ne pûmes en distinguer la différence. Lorsque Granganimeo venait trafiquer avec nous, ceux de ses sujets qui comme lui ne portaient pas de plaques de cuivre rouge , n’osaient nous rien vendre. C'était là ce qui distinguait les nobles et les gouverneurs de provinces du reste du peuple (2). Il paraît certain que les Hollandais, à leur arrivée à New-York, remarquèrent des pipes de cure entre les mains des Indiens , qui leur dirent avoir tiré ce métal du voisinage. En fouillant la mine de cuivre de Jersey, on remarqua plusieurs trous pratiqués dans la (x) The Relation of John de Verra- (2) The first Voyage made to the coasts zano of the land discovered by him in of America, etc., in 1585, Hakluyÿt, the name of his majesty œrillen, in vol. LE, p. 246, London, 1600. Dieppe , the 8 july, 1524, Hakluyt. (476 ) montagne, et qui avaient évidemment servi à en extraire le mi- nerai. On y découvrit même des outils dont les Indiens avaient dû faire usage pour cet objet. Peut-être, dit Kalm, les Espagnols, après la découverte du Mexique, ont-ils visité cette côte ? Peut-être encore que les an- ciens Normands s'y sont rendus avant l'expédition de Co- lomb (1). On rencontre aussi des trous semblables dans les montagnes de la Pensylvanie et au-dessous de New-Castle, sur le bord de la mer. L'on est toujours sûr de trouver dans leur voisinage des morceaux de minerai de cuivre. « Je trouvai, dit Laudonnière, entre les mains des sauvages de la Floride, une grande quantité d’or (2) et d'argent, qu’ils me dirent provenir de bâtimens qui s'étaient perdus sur leurs côtes. Ils trafiquaient entre eux de ces métaux, et ce qui me fait croire que je n’ai pas été induit en erreur à cet égard , c’est que les ha- bitans des côtes voisines du cap, où les navires échouent le plus communément, possèdent une quantité d’argent plus considéra- ble que ceux du nord. Néanmoinsils prétendent qu’il existe, dans les monts Appalachy, des mines de cuivre , que je crois plutôt d'or. » Laudonnière rapporte qu’à son second voyage, le fils du Para- couin Satourioua lui fit présent d’un coin en argent. Dans un autre endroit, il se procura encore cinq ou six livres de ce métal, (x) Champlain rapporte qu’ilirouva 16, édition de Paris, 1613. dans un port de la baie Françoise, située à trois ou quatre lieues au N. du cap de Poitrincourt , une croix qui était fort vieille, toute couverte de (2) On a trouvé dans les comtés de Cabarrus et d’Anson dans la Caroline du Nord, des morceaux d’or dont plu- sieurs pèsent plus d'une livre. On en a déposé, en 1810, à la Monnaie des États Unis, 1341 onces estimées mousse, et presque touie pourrie, Signe évident, dit-il, qu'autrefois il y avait là des Chrétiens. Voyage 24,689 dollars. du sieur de Champlain, liv. I, chap. 108 QVABIIRES (QD) Le roi Molloua dit au capitaine Vasseur, que les vassaux du grand roi Olata portaient à la poitrine , aux bras, aux cuisses, aux jambes et au front, de grandes plaques d’or et d’argent. Le capitaine Smith, dans sa Description de la Virginie, dit avoir vu, entre les mains des Tockwoghs, des haches, des couteaux et des morceaux de fer (1) et de cuivre qu’ils s'étaient sans doute procurés des Européens. Selon le même , les Virginiens se parent de grains de cuivre; ils ont des morceaux de ce métal suspendus à leurs oreilles, et ils enterrent, avec leurs rois, les bracelets et les chaînes de cuivre qu’ils avaient coutume de porter. Lorsque Donnacona était sur le point de s’embarquer pour la France, avec le capitaine Cartier, quelques-uns de ses sujets , qui arrivaient de la rivière de Saguenay, lui apportèrent trois paquets de peaux de castor et de loup-marin , et un grand couteau de cuivre rouge. Ils offrirent en même temps à Cartier une chaîne d’ésurgny, pour laquelle il leur donna en retour dix ou douze haches. Lescarbot rapporte, dans l'Histoire de l’expédition de Du- mont au Canada , qu'il fit voile de Port-Royal pour la mine de cuivre qui se trouve dans un rocher élevé, situé entre deux baies. Le métal tient à la pierre ; il est pâle et aussi pur que celui qu’on appelle cuivre de rosetle. Cartier , lors de son second voyage , montra aux Indiens de Hochelaya ou de Montréal , du cuivre rouge qu'ils appelaient car- gnetadze dans leur langage, et qu’ils lui dirent venir de Saguenay. Lorsqu'il fut de retour à ses vaisseaux, qui se trouvaient à Sainte-Croix, Donnacona et d’autres Indiens lui apprirent qu'il (1) On a découvert, il y a quelques de fer natif qui est maintenant déposée années, sur les bords de la Rivière dans la collection de la société histo- Rouge dans la Louisiane, une masse rique de New-York. ( 478 ) y avait, dans le pays de Saguenay, une grande quantité d’or et de cuivre rouge, et plusieurs villes peuplées, dont les habitans étaient vêtus comme les Français. Cartier jugea , par la route et la distance qu'on lui indiqua, que ce pays devait être la Flo- ride. Donnacona fit présent à Cartier de vingt-quatre chaînes d’ésur- gny. C'était ce qu’il avait de plus précieux , et il l’estimait plus que l'or ou l’argent. Le capitaine Gosnold, lors de son voyage au nord de la Virgi- nie, en 1602, remarqua entre les mains des Indiens, qui rési- daient près de l’ÿe Élisabeth, une grande quantité de cuivre rouge très-foncé , et d’une autre espèce plus pâle. Tous ont des chaînes, des pendans d’oreille ou des colliers de ce métal. Ils s’en servent aussi pour armer leurs flèches. Leurs chaînes se compo- sent de plusieurs morceaux , chacun de la grosseur d’un de nos roseaux et de la longueur d’un doigt; ils en portent dix ou douze passés dans une ficelle autour du cou. Leurs colliers, qu'ils mettent en bandoulière , consistent en morceaux de même métal, mais moins longs, plus fins et plus soigneusement travaillés. Il en faut quatre cents pour faire un de ces colliers , qui sont ordinai- rement de la largeur de la main. Outre ces objets , ils ont encore des vases à boire en cuivre, de la forme d’un crâne, et des pla- ques minces de ce métal (7). Dans son Tableau des îles et territoires de S. M. en Améri- que , publié à Londres, en 1687, Blome dit, en parlant des natu- rels de la Virginie , que le trésor de l’empereur Powhaton se com- posait de pelleteries, de cuivre, de perles, etc.; que la reine d’Apometica portait un ornement, en forme üe diadême, mon- té avec une infinité de petits os blancs ; qu’elle avait des grains de cuivre aux oreilles, et une chaîne de même métal, qui lui fai- sait six fois le tour du cou. (x) Purchas’ Pilgrims, vol. LV, liv. 8, chap. ET. ( 479 ) Samuel Champlain , dans son voyage au Canada , en 1603 , re- marqua des bracelets de cuivre chez les Algonquins, qui lui di- rent les tenir des Iroquois; ils lui apprirent aussi qu'il exis- tait une mine de cuivre très-riche vers le nord. Prévost de Saïint- Malo , que les Indiens conduisirent à cette mine, dit qu’elle se trouve dans une haute montagne qui s'élève au-dessus dela mer ; et qu’à sa base, à marée basse , on rencontre du métal en assez grande quantité. Cette montagne est située un peu au-dessus du 44° deg., à cinq ou six lieues de la côte méridionale , au fond d’une vaste baie , dans laquelle débouchent trois rivières , près de l’île Saint-Jean. Les Indiens lui donnèrent aussi connaissance d’une mine de cuivre qui se trouvait dans un lac d'environ vingt milles de cir- cuit , à l'extrémité de la grande baie d'Hété. A l’arrivée de quelques colons anglais, dans la Virginie, le 5 mai 1606, le Werowance de Rappahanna, qui se présenta sur le rivage pour les recevoir , portait une plaque de cuivre sur le côté de la tête (x). Sir Richard Grenvil, dans son Histoire des curiosités du pays de Virginie, rapporte, sur l'autorité des naturels de Roaneak, qu'il existe, dans la contrée de Chauris Ternoatan , avec laquelle les Mangoaks trafiquaient par le canal de la rivière Moratoc, un minéral appelé wassador (c'est le nom qu'ils donnent à tous les métaux), de la couleur de notre cuivre, mais moins dur et plus pâle; qu’ils tiraient ce métal du lit de la rivière, en un en- droit où elle était bordée de collines et de rochers, au moyen d’une peau adaptée autour d’un vase creux; que lorsqu'ils le fai- saient ensuite fondre au feu, il produisait deux tiers du minerai ; et que les Mangoaks , qui habitaient à vingt journées de l'endroit où il se trouvait, en avaient des plaques dans leurs maisons. Ce fait fut confirmé à Grenvil, par plusieurs Indiens, et surtout par (x) Purchas' Pülgrims, vol. IV, liv. 9 , chap. 2. ji (480 ) Skiko , fils du roi de Chawanook, qui avait été prisonnier chez les Mangoaks (r). Hériot place au nombre des marchandises de la Virginie les plaques de cuivre qu’il avait trouvées chez les habitans des deux villes, situées à r5o milles de la mer. Ceux-ci lui dirent les tenir d’un peuple qui habitait plus au nord, et où l’on recueillait des grains de métal qu'il prit pour de l'argent. Ce qui me confirma dans cette opinion, dit Hériot, c’est qu'à ma première arrivée dans le pays, je vis deux morceaux d’argent assez grossièrement travaillés, suspendus aux oreilles d’un Wiroan, ou seigneur, qui résidait à plus de 80 milles de l’endroit où nous nous trou- vions (2). Sur la côte méridionale du lac supérieur et sur les bords de quelques-uns de ses affluens, on a trouvé des masses de cuivre si pur et si ductile qu’il prend aisément toutes les formes. On en a séparé, au moyen d’un ciseau, des morceaux pesant plusieurs li- vres. Long-temps avant la découverte de ce métal par les Anglais et les Américains, les Indiens avaient usage d’en faire des cuil- lers et des bracelets. Charlevoix raconte que les grosses pièces de ce métal presque tout pur qui se préséntèrent à leur vue à la retraite des eaux, étaient, pour les naturels, l’objet d’un culte su- perstitieux. - En 1766, le voyageur anglais Henry trouva vers l'endroit où l’Ontonago se jette dans le lac supérieur ( lat. 46° 52°) un bloc de cuivre qu'il estima du poids de cinq tonneaux, et dont il sépara avec une hache, un morceau d’environ cent livres. Je possède une cuiller de ce métal, faconnée seulement avec un marteau, et que je dois à l’amitié du docteur Eustis, autrefois ministre des États- (x) An üccount of the purticularities (2) À brief and true report of the new of the employments of the English men found land of Virginie, of the commodi- lefiin Virginia, by sir Richard Grenvil, ties there found, etc., by Thomas He- Hakluyts Voyages, vol. II, p. 258. riol, servant to sir Wuller Ruleigh, and (481) Ünis à la Haye. Il est bien démontré que le cuivre natif se trouve dans toute l’étendue du pays, depuis le lac supérieur jusqu'à l’em- bouchure de la rivière appelée Mine de cuivre dans l'Océan glacé. Le voyageur Hearne a remarqué que les Esquimaux, et les autres Indiens qui habitent les bords de cette rivière , possèdent beaucoup de couteaux, de haches, et d’ornemens de ce métal. Avec du feu et deux pierres , ils lui donnent la forme qu’ils veu- lent (x). Prétendue affinité des langues indiennes avec celles de divers peuples. Nous avons examiné attentivement les différens vocabulaires des Indiens de l'Amérique septentrionale, sans y découvrir la moindre analogie avec les langues d'Europe. On y trouve, il est vrai, de la conformité entre plusieurs mots, par rap- port au son et même à la signification; mais il est: à présumer qu'ils y auront été introduits par les premiers missionnaires ou navigateurs qui ont visité le pays. Penn, dans sa Description des Indiens de la Pensylvanie, dit que anna signifie , dans leur langue, mère; issimus , frère ; usque oret, très-bon ; 14 ab, bien vous soit. Grotius, dans sa Dissertation sur l’origine des peuples de l'Amérique, prétend que les Américains sont descendus des Allemands, parce qu'ils ont beaucoup de mots qui finissent en lan, et que land est un mot allemand; et il conclut, de ce que Alavardes est le nom d’un peuple de l'Amérique , qu’il est d’ori- gine lombarde. Le père Lafiteau a trouvé chezles Hurons et les [roquois beau- coup de noms dérivés du grec ancien , des mots scythes, et même member of the colony, Hakluyts Voya- fortin [ludson’s Bay to thenorthernorean, ges, vol. LT, p. 260. by Samuel Hearne, p. 175, London, (1) À journey from Prince of Wales 179. (482 ) des termes russes, tels que Orega , nom d’un lac de Moscovie, qui signifie eau en iroquois. Feu le professeur Barton a publié des Vocabulaires compa- ratifs, par lesquels il prétend avoir prouvé que les Américains el plusieurs autres nations de l’Asie et de l'Europe ont une origine commune. Dans le cours de mes recherches , sur le langage des Améri- cains, dit cet auteur, j'ai trouvé des analogies frappantes entre cer- tains mots asiatiques, américains et anglais. Par exemple : nder, mot dérivé du saxon, qui signifie en anglais mèche, amorce, ressemble à celui de tendeu, que les Delawares emploient pour exprimer le feu. Les Indiens Pampti- coghs disent #nda; les Sankikant, tinteywe, pour représenter la même chose, et les Nanticokes, #nd, qui correspond au verbe anglais, kindle, allumer. Les Naudowesses, ou Sioux, nomment le feu, paahtah, mot qui ressemble assez au mot anglais peat, tourbe. Le docteur Barton remarque que le langage de cette tribu abonde en mots finois. Les Miamis appellent une vallée (en anglais, valley) walaich- kach-ki-kar. Les Cherokees nomment la pluie kaska , mot qui ressemble à cascade. Pappooz et Papoos , qui , dans le dialecte des Narragansets et des Piankashaws, veulent dire enfant, ressemblent au mot fran- çais poupée. Les Kottowis de Sibérie se servent du mot poop, et les habitans des îles Kouriles, de poompa, pour signifier un enfant. Les Delawares appellent du pain, pane, et un chien, moëcanneu ou mekanne. Les Senecas appellent une tasse, canista, qui correspond au mot anglais canister ou au mot latin canistrum. (4835 ) Chez les Tuscaroras et les Oneidas, oak, qui signifie en anglais, chéne , veut dire orme. Dans la langue curde, pak signifie feuille ; dans celle des De- lawares, ce mot s'exprime par œunipak, où œunipachquall; dans le dialecte minsi, par wanipachquall, et dans celui des Mahican- nis, par wauneépockq. M. Barton cite une infinité d’autres exemples, et il conclut que ces analogies ne sont dues ni au hasard, ni aux relations qui ont existé entre les peuples des deux hémisphères , depuis la décou- verte de l'Amérique (tr). Reland à démontré qu'il existait de l’affinité, quant au son et à la signification, entre des mots américains et hébreux , sabins et éthiopiens, malais et belges, et même entre le grec et la lan- gue africaine en usage près du cap de Bonne-Espérance; par exemple kahou, sede, en grec xs, etboe, bos, Exs. Mais, ajoute- t-il, doit-on en conclure que le sabin soit dérivé de l’éthiopien, le malais du belge, et l’africain du grec (2)? Pour qu'il y ait conformité entre deux langues, il faut qu’elle se trouve entre des mots communs, comme ceux de nombre, de soleil, lune, terre, eau, vent, tonnerre, manger, boire, bon, mau- vais, les noms de parties du corps et d'animaux, etc.; car en sup- posant que ces mots aient subi un grand changement sous le rap- port de la prononciation, il existerait néanmoins assez de res- puisé la plupart des mots asiatiques et autres dans les Vocabularia compa- ratiwa de Pallas. (:) American philosophical transar- tions, vol. V1, art. 28, Philadelphia, 1804. Remorques sur l’étymologie de cerlains mots anglais et de leur affi- nité avec d’autres mots de différentes langues européennes à asiatiques et américaines (indiennes), contenus dans une lettre du docteur Barton au docteur Beddoes. — L'auteur a (2) Reland de linguis Americanis , dissert. XIL , $ 3. « Nec enim sufficit, ut una lingua ex alia orta dicatur, voces quasdam inter se convenire uti quidam sidi imaginati fuerunt. » (484 ) semblance pour en faire découvrir l’origine. L'abbé Dubos a dit avec raison que les langues mères, qui ont été formées par la nature, sont plus énergiques que celles qui en sont dérivées (x). Cette énergie se remarque principalement dans les langues des différentes nations indiennes de l'Amérique , lesquelles sont si distinctes et si variées, qu'on peut affirmer sans crainte que la population de ce continent ne provient pas d’un seul peuple, mais de plusieurs qui sont venus s’y établir à des époques différentes. Il paraîtrait aussi que les Indiens s’attachent avec le plus grand soin à conserver à leurs langues une prononciation correcte : ce qui détruirait l’assertion de Reland, « qu’elles éprouvent de fréquens changemens (2). » « Il paraît très-probable, dit Loskiel, que les langues dela- ware et iroquoise, sont principalement parlées dans les par- ües connues de l'Amérique septentrionale, la terre de Labra- dor exceptée, et que toutes les autres sont des dialectes dérivés de ces deux langues primitives. Du moins, nos missionnaires, qui donnaient une attention particulière à cet objet, n’ont-ils jamais rencontré d’idiome qui n’eût aucun rapport avec l’un ou l’autre de ces langages (3). » L « Dans cette étendue de pays, dit Charlevoix, qu'on appelle proprement la Nouvelle-France, qui n’a de borne au nord que la baie de Hudson , qui n’en a point d'autre à l’est que la mer, les (1) Dansson Histoire de la peinture que Lucain (lib, HIT) a dit des Égyp- et de la poésie. tiens : (2) « At miserrim® nationes Ameri- Nondum flumineas Memphis contexere biblos 7e . Noverat, ei saxis tantüm volucresque ferwque canæ pro notis literarum piclas tabellas : is i Sque JÉTRA ue x Ê Sculptaque servabant magicas animalia linguas. et hieroglyphica retinuerunt; aïque 1la voces ipS& , NON SeCUS QC ipsa saxa et lapides, temporis injuriam patiuntur, et modo in hac modo in alé literé muta= America, part. 1, chap. 2, in-8° , z'onem subeunt. » Etil leur applique ce London ,1 794. (3) Hist. of the mission of the united Brethren among the Indians of North (485 ) colonies anglaises au sud, la Louisiane au sud-est et les terres des Espagnols à l’ouest; dans toute cetie étendue, dis-je, il n'ya que rois langues mères, dont toutes les autres sont dérivées. Ces langues sont la sioux, l’algonquine et la huronne. Nous connaïis- sons peu les peuples qui appartiennent à la première , et personne ne sait jusqu'où elle s'étend (x). « Non-seulement , dit Lafiteau , les langues américaines n’ont point d’analogie avec la langue hébraïque, avec les langues orientales, avec la grecque et la latine, ni avec les autres lan- gues qui passent pour savantes, mais elles n’en ont pas non plus avec les langues vivantes de l’Europe, et les autres qui nous sont connues, si l’on en excepte celle des esquimaux, qui approche fort, dit-on, de celle des basques. — Toutes les langues des peuples qui habitent l'Amérique septentrionale, si l’on en ex- cepte les Sioux et quelques autres qui ne nous sont pas assez connus et qui sont au-delà du Mississipi, se rapportent à deux lan- gues mères, savoir, l’algonquine et la huronne. Celles-ci se soudivisent en autant de dialectes qu’il y a de nations particulières. Quoiqu'il n’y ait guère plus de vrais Alsonquins que les Iro- quois , la langue algonquine est cependant la plus répandue, et se parle par le plus grand nombre des nations, depuis le fleuve Saint- Laurent jusqu’au Mississipi. » « La langue huronne était autrefois très-étendue ; le Père Brebeuf comptait environ trente mille vrais Hurons ; il y avait, outre cela, douze nations sédentaires et nombreuses, qui parlaient leur langue. La plupart de ces na- tions ne subsistent plus : les Iroquois les ont détruites. Les cinq. nations iroquoises possèdent autant de dialectes différens de la langue huronne, qui s’éloignent entre eux à peu près autant que lé français, l’espagnol et l'italien, les uns plus, et les autres moins, à raison de leur situation. Les langues huronne et iro- (1) Charlevoix, Hist. de la Nou- tre, in-/°, Paris, 1744 vclle-France, tom. EE, onzième let- (486 ) quoise n’ont proprement que des verbes qui en composent tout le fonds, de sorte que tout se conjugue et que rien ne se décline; mais dans ces verbes, il se trouve un artifice admirable qui sup- plée à tout le reste, et c’est cet artifice qui fait toule l’économie de ces langues, lesquelles ont leurs beautés comme les nôtres. Mais comme il n’y a point de langue parfaite, avec leur régula- rité, elles ont aussi leurs irrégularités, qui les rendent difficiles et épineuses (1). » M. Hériot remarque, dans ses « Observations sur les mœurs et les coutumes des Indiens de l'Amérique, » que tous les dialectes des naturels de l'Amérique septentrionale, à l'exception de ceux des Sioux et de quelques autres qui habitent à l'O. du Mississipi, ont de l’affinité avec les langues huronne et algonquine, lesquelles sont subdivisées en autant de dialectes qu’il y a de nations distinctes. Quoiqu’ilne reste aujourd’hui qu'un fort petit nombre d'individus de ces tribus que l’usage immodéré des liqueurs fortes, la petite vérole et les guerres qu’elles ont à soutenir contre les Iroquois, ontpresque anéanties, leurs langues leur ont survécu etsont encore d’un usage général. Les cinq nâtions des Iroquois parlent cinq dialectes différens, dérivés du huron, et qui ont entre eux aussi peu d’analogie que le français, l'espagnol et l'italien. Dans le langage huron , tous les mots changent de terminaison, etnéan- moins il est facile de distinguer les pronoms, les verbes, les subs- tantifs, les adjectifs et les adverbes. Les verbes simples ont une double conjugaison : l’une absolue, l’autre réciproque. Il n'y a que deux genres, le noble et l’ignoble. Quant aux nombres et aux temps, l’on y trouve la même différence qu’en grec. Par exemple, dans le récit d’un voyage, on se sert d'expressions différentes, suivant qu'il a été exécuté sur terre ou sur mer. L'on répète les verbes actifs devant chaque mot qu'ils gouvernent. Le verbe manger (x) Lafiteau, de la langue, et des mœurs des sauvages, tom. Il, Paris, 1724. (487) change suivant la nourriture dont on veut parler. Le verbe varie également selon qu’ilse rapporte à des objets animés ou inanimés; ainsi par exemple, pour dire qu’on à vu un homme, un arbre ou une pierre, il faut l'expliquer par des verbes différens ; ou, quand une personne se sert d’un objet qui lui appartient, elle ne doit pas faire usage de l'expression qu’elle emploierait pour signifier la même chose, si elle l’avait emprunté à un autre (1). D'après toutes les recherches faites jusqu’aujourd’hui, soit par les missionnaires, soit parles voyageurs, soit par différens auteurs sur les langues de l'Amérique du nord, il y en a trois quisont radi- cales ou primitives, sans y comprendre la karalite, ou langue des Esquimaux. Ces langues sont : 1° La /enape, où delaware ; 2° l’rro- quoise ; 3° la floridienne. La langue des Lenapes est la plus répandue de toutes celles que l'on parle à l’est du Mississipi ; elle domine dans les régions du Ca- nada et depuis la côte de Labrador, jusqu'au confluent de l'AI- bany avec la baie de Hudson et jusqu’au Lac des Bois. C'est la langue de tous les naturels de ces vastes régions, excepté de ceux qui sont d’origine iroquoise et qui sont beaucoup moins nombreux. Ceux qui parlent le lenapé, sont : 1° les Miamis ou Tivighivees; 2° les Potoxatomies ; 3 les Missisangees ; 4° les Kickapoos, na- tion qui habitait autrefois l'intérieur du pays entre le Mississipi et les grands lacs, et dont il y a encore des restes; 5° les Shawa- nos anciennement établis surla rivière Savannah, et maintenant associés avec les Creeks : 6° les Nanticokes et les Canaïs , Kano- was où Kanhaways et autres qui habitaient jadis le Maryland, la Virginie ou la Caroline. — La langue des Abenakis était celle des peuplades qui résidaient autrefois dans la nouvelle Ecosse et l'état actuel du Maine, savoir : les Abenakis, les Micmacs, les Ca- mbas, les Openangos, les Soccokis, les Etchemins et les Souri- quois. Les Algonquins, les Knisteneaux et les Chippewarys parlent (1) Hériot, p 575. “1. Ga (488) des dialectes de cette même langue, qui, selon Carver, est aussi estimée parmi les sauvages, que le grec et le latin le sont en Europe (1). La langue iroquoise est celle des six nations du même nom, savoir : les Ÿ/yandots ou Hurons, les Naudowessies, les Assini- boils, et autres peuplades qui habitent le pays au-delà du Saint- Laurent. : Sous le nom de langue floridienne, on comprend celle des Creeks où Muskohgees, des Chickesaws, des Choctaws, des Pas- cagoulas, des Cherokees, des Seminoles et d’autres dans les états- méridionaux, y compris la Floride. M. Duponceau a démontré, dans son intéressante corres- pondance avec feu M. Heckewelder, que les langues indiennes d’A- mérique sont très-compliquées, mais régulières et philosophiques; qu’elles expriment beaucoup d’idées à la fois, par des inflexions, des terminaisons et par la formation des mots ; que le type des lan- gues qu'il nomme polysynthétique ou syntactique, domine depuis le Groënland jusqu’au cap Horn; enfin qu'on ne trouve point de langues semblables, parmi celles de l’ancien monde (2). Cet estimable auteur a fait connaître, d’après un vocabulaire de la langue des Osages , qui lui a été communiqué par le docteur Murray,de Louisville , que la langue de ce peuple est un dialecte des Iroquois. « Au moyen de ce vocabulaire , dit-il, nous avons acquis la connaissance de l’extension des nations indiennes d’ori- gine iroquoise qui , il y a peu de temps, étaient encore regardées (1) Heckewelder observe que c'est (2) Correspondance en 26 lettres et à tort que Carver a appelé cetidiôme un vocabulaire des langues des Indiens le chippeway; et que le P. Charle- d'Amérique. Voir Transactions of the voix, qui parle aussi de l'universalité historical and litérary committee of the de la même langue, commet une er- American philosophical society, Ier vol., reur semblable en attribuant son ori- Philadelphia, in-8°, 1819. gine aux Alsonquins. ( 409 ) comme bornées au voisinage des grands lacs, et qu’on peut assu- rer s'étendre même jusqu'aux bords du Missouri (1). » Traditions des Indiens concernant leur origine. Suivant leurs traditions les Indiens sont venus de l’ouest, le long du Mississipi, et sont arrivés graduellement jusqu’à l’est. Quand on demande aux Indiens de la Caroline d’où leurs pre- miers pères tirent leur origine, ils montrent le côté de l'ouest, et disent qu’ils sont venus du lieu où le soleil se couche (2). Les Natchez disent qu'avant de se fixer dans le pays, à l’est du Mississipi, ils avaient demeuré au S. O., au-dessus du soleil (3). Les Muskohgees ou Creeks, arrivèrent sur les bords du Missis- sipi, vers le temps de l’expédition de Soto dans les Florides. Ils avaient déja connaissance d’une race d'hommes qui diffé- raient d’eux par la couleur, dont le corps était couvert de poils, et qui tenaient dans leurs maiïnsle tonnerre et les éclairs (4). Les Chickesaws informèrent le docteur Barton qu'ils avaient d’abord résidé à l’ouest du Mississipi, et qu’ils avaient abandonné ce pays sur la foi d’un songe qui leur recommanda d’en chercher un autre du côté où le soleil se lève. Les six nations l’assurèrent aussi qu’elles étaient venues de l’ouest au sud-ouest, et les Mahicamis, que leurs ancêtres avaient descendu le grand fleuve ou le Mississipi. Roger Williams, qui a fait une étude particulière de ce sujet, dit que le S. O., ou Sawania , est un grand sujet de conversation chez les habitans de la Nouvelle Angleterre , et figure dans leurs traditions. Ils disent qu’au S. ©. se trouvent la cour de leur grand dieu, Cawtantouwit , et les âmes de leurs aïeux qu’ils iront re- QG) Heckewelder’'s Hist. account , (3) Dupratz, Hist. de la Louisiane, suppl. , p. 37. Paris, 17b8. É (2) Lawson’s History of Carolina, (4) New vieæs of the origin of the tri- bes and nations of America, p. 47, in- P. 170, London, 1718. 8°, Philadelphia , 1798, \ ( 490 ) joindre après leur mort; que leurs maïs et leurs fèves provien- nent du champ de leur dieu, Cawtantouwit (1). Le révérend George-Henry Loskiel, que sa longue résidence parmi les Indiens, et sa mission religieuse mirent à même de les bien connaître, s'exprime ainsi sur leur compte : Qu’onnes’attende pas, dit-il, à trouver les arts et les sciences chez ces sauvages, ni même aucune disposition à les étudier. Non-seulement ils ne savent nilire, niécrire, mais il est très-difficile de leur en donner même une idée. Comme leur histoire repose entièrement sur la tradi- tion, il s'ensuit naturellement qu’au lieu d’une nomenclature exacte des faits, on ne recueille que des fables sur leurs ancêtres et leur origine. Par exemple, les Iroquois prétendent que les In- diens vécurent autrefois sous terre; mais qu'ayant appris qu'il existait un beau pays au-dessus d'eux , ils quittèrent leurs habita- tions souterraines, pour s'établir à la surface du sol. Les Delawares croient que les Américains descendent d'hommes qui habitent le ciel ; qu'une femme grosse, ayant été répudiée par son mari, fut précipitée sur la terre, où elle mit au monde deux jumeaux, etque c’est ainsi que l'univers a été peuplé. Les Nanticokes disent que sept Indiens se trouvèrent tout à coup assis sur le bord de la mer, sans savoir d’où ils venaient, ni s'ils avaient été créés en cet en- droit , ou s’ils arrivaient de quelque Pays situé par-delà des mers, et que c’est par eux que le pays a été peuplé. D’autres affirment que les premiers Indiens tirent leur origine de la mer. Quelque ridicules que soient ces traditions , ajoute Loskiel, elles tendent du moins à faire croire que ces peuples sont venus d’un autre pays (2). Les liéroglyphures se composent de figures caractéristiques ; qu'on trouve plussouvent peintes sur lesarbres que taillées dans la (x) Williams Key into the language ted Brethrer among the Indians of North of America. America; by George Henry Loskiel,, (2) History of the mission of theuni- Chap. IX, London, 5794. ( 491 ) pierre. Elles sont destinées à prémunir contre les dangers, à indi- quer des lieux de sûreté, à empêcher le voyageur de s’égarer , à retracer un événement mémorable, ou à perpétuer. le souvenir des actions et des hauts faits de leurs guerriers, et elles leur sont aussi intelligibles que l’histoire l’est pour nous. Ils choisissent gé- néralement pour cet objet un grand arbre dans toute sa croissance, qui s’élève au sommet d’une éminence. Ils en ôtent l'écorce d’un côté, grattent le bois jusqu’à ce qu'il soit devenu blanc et uni, et y dessinent alors, avec du charbon, les figures qu'ils désirent re- présenter, et qui peuvent s’y conserver environ une cinquantaine d'années (x). Il paraît certain que les indigènes de l’Amérique ne plaçaient point d'inscriptions sur leurs pierres tumulaires; on n’en a du moins trouvé aucune sur les pierres qui ont été découvertes jusqu’à ce jour. Des ouvriers qui creusaient une cave dans le New-Jersey, au mois d'avril 1744, découvrirent une grande pierre, semblable à une pierre tumulaire , qu’ils parvinrent à enlever avec beaucoup de peine ; et à quatre pieds au-dessous, ils trouvèrent une quan- tité considérable d’ossemens humains et un gâteau de maïs. Ce dernier était intact , et plusieurs personnes y goûtèrent par curio- sité. On en conclut que ce devait être le tombeau d’un individu de distinction , attendu que ces sauvages ont coutume d’enterrer, avec leurs morts , de la viande et d'autres choses qu’ils aimaient. La pierre avait huit pieds de longueur sur quatre pieds et quelques _pouces dans sa plus grande largeur, quinze pouces d'épaisseur à une extrémité, et douze seulement à l’autre. Cette pierre , qui ressemblait à celles qu’on trouve dans le voisinage , ne portait ni lettres, ni caractères quelconques (2). D'après les savantes recherches du docteur Jarvis, il sem- ble prouvé que toutes les nations éparses, depuis la baie d’Hud- son jusqu'aux Indes orientales, quoique inconnues les unes aux (x) Loskiel, chap. IE. (2) Kalm'’s Travels, vol. X, p. 100. ( 492 ) autres, ct parlant des langages très-différens, n’avaient qu'une seule et même religion. Ils adoraient le grand être, créateur, conservateur et dispensateur de toutes choses, et assuraient qu'il prend plaisir à se communiquer d'une manière divine et mystérieuse à certaines âmes choisies: mais ils ne se permet- taient pas de le représenter sous aucune forme. Ils reconnaissaient aussi des génies tutélaires, auxquels ils rendaient un culte infé- rieur , et dont ils faisaient des images. Ils croyaient que l’âme est immortelle , et qu'après la mort elle reçoit les récompenses ou les châtimens qu’elle a mérités pendant son union avec le corps (x). ——6S—— En résumant ce qui vient d’être dit sur ces anciennes ruines, on peut conclure que toute la vallée de l'Ohio, depuis le pays des Illinois jusqu'au Mexique , a été habitée par un peuple très- différent de tous ceux qui l’occupaient à l’époque de sa décou- verte par les colons français du Canada et de la Louisiane. Il n'existe pas le moindre vestige de ces travaux sur la côte située à l’est de la grande chaîne de montagnes Alleghany. Plusieurs de ces ouvrages ont été évidemment construits pour servir de défense; mais il en est d’autres, d’une dimension con- sidérable , qui n’ont pu être destinés à cet usage, puisque les ter- rasses sont en dehors et le fossé en dedans. Ces constructions se trouvent placées près de rivières sujettes à se déborder : les fos- sés ont dû être creusés pour réunir les eaux et empécher que l’in- térieur de l’enclos n'en fût inondé. Il est probable que ces enclos étaient un lieu de sûreté , où l’on retirait les femmes, les enfans et les provisions de tout genre, lorsqu'on craignait d'être attaqué par l’ennemi (2). Tout ce qui concerne l’origine, la durée et l’extinction des C:) Discourse on the religion of the In- (2) Cette idée m'a été suggérée par dian tribes of north America, etc., by M. Robinson, habile ingénieur de la doctor Jarvis, New-York, 1820. Virginie, qui a lui-même examiné ces monumens. ( 495 ) anciens babitans de l'Ohio et du Mississipi, est enveloppé du plus impénétrable mystère. Les seules preuves qui restent de leur existence et de leurs progrès dans les arts, sont les tertres , les fortifications et quelques objets qu’on y a trouvés. On voit qu'ils ont été plus civilisés qu'aucuns des peuples Indiens qui existaient lors de la découverte de ce pays par les Européens (1). Cette civilisation était cependant peu avancée si on la com- pare à celle des anciens habitans de Palenquè. Les ruines qu’on vient de découvrir dans ce dernier pays, prouvent que ses monu- mens pouvaient rivaliser avec ceux des plus grandes villes de l’Europe. Les plans d'architecture et les dessins des bas reliefs, presque tous hiéroglyphiques, ont été tracés par une main très- habile , et annoncent que ce peuple était parvenu à un grand dé- veloppement des facultés intellectuelles. Comme la ligne des fortifications et des tertres se trouve tra- cée depuis le Mexique jusqu'aux grands lacs des Etats-Unis, on pourrait supposer que les anciens peuples de l'Ohio étaient une colonie de Palenquè, placée dans cet espace pour la facilité des conquêtes et du commerce. Cette question pourrait être résolue, si un naturaliste habile prenait la peine d’examiner les crânes des squelettes trouvés dans les tertres de la vallée de l'Ohio , et de les comparer aux figures palenquiennes, dont la tête pointue et la physionomie diffèrent de celles de tous les peuples connus. Nous avons déjà hasardé l’opinion que ces contrées furent peu- plées par des hommes venus du nord-ouest, qui trouvèrent la vallée du Mexique déjà occupée par d’autres nations , se rendi- rent dans celle de l'Ohio, par un des grands affluens du Missis- sipi, en prirent possession, et adoptèrent le système de défense en usage dans leur pays natal; mais leurs retranchemens étaient unbien (x) On sait que les Choctaws et les bien construites et s’adonnent à l’agri- Cherokees, actuellement enclavés au culture. milieu des blancs, ont des cabanes ( 494 ) faible obstacle pour les guerriers [roquois, Hurons et autres, qui leur opposèrent des forts construits en troncs d'arbres, au milieu des marais, ou sur des chaînes de montagnes ou des hauteurs inaccessibles (x). Il n’est guère probable que ces peuples aient abandonné leur pa- trie, comme autrefois les Goths et les Vandales, faute de moyens de subsistance, attendu que la vallée de l'Ohio est la plus fertile des États-Unis. Les habitations de ces peuples ont dû être généralement en bois, ou peut-être habitaïent-ils sous des tentes ; car autrement on trouverait quelques débrisde leurs demeures épars çà et là dans le pays. On attribue généralement ces ouvrages des bords de l'Ohio à une colonie Galloise qu'on suppose avoir été chassée vers les sources du Missouri ; mais il ne reste ‘aucune trace d’une telle peuplade parmi celles qui habitent cette partie de l'Amérique. Le docteur Cabrera (2) prétend que , dans les temps les plus reculés, il a existé une communication entre l'Afrique et l’Amé- rique , dont les premiers habitans vinrent de Tripoli, plusieurs siècles avant l’ère chrétienne, avancèrent ensuite vers le nord, et peuplèrent successivement le pays borné par le golfe du Mexi- que et les îles environnantes. Il ajoute que les Carthaginois y en- voyèrent une colonie avant la première guerre punique. On n’a point fait de découvertes plus étonnantes en Amérique que celle des anciens monumens de Palenquè. Cachés pendant tant de siècles dans d’épaisses forêts, et totalement inconnus jus- qu'ici aux philosophes et aux antiquaires , ils sont dignes de toute leur attention. Îls prouvent que ce continent , appelé le zouveau (x) Bulletin de la Société de Géogra- bassade française, aux États - Unis. phie, vol. I, pag. 282, Paris, 1823. (2) Voir l'exposé des recherches du Voir à ce sujet l’intéressant Mémoire docteur Cabrera sur l’histoire des de M. Bresson, secrétaire de l’'am- Américains, ci-dessus, page 180. ( 495 ) monde, est peuplé beaucoup plus anciennement qu’on ne le croit, puisqu'il renferme dans son sein tant de vestiges d'art , sur les- quels la tradition même du pays reste muette , et qui appartien- nent peut-être à une époque plus ancienne que celle où les anna- les des peuples de l’Europe commencent à s'appuyer sur des preuves historiques. II. 63 ( 496 ) RAR RS LR LR RD RARE LR LR URL RAS LR RAR LA A LULU LE LOL RUA URL RURALE LUEUR NOTE A. Page 384. On rencontre des tumuli en France, en Allemagne, mais parti- culièremert dans les pays du nord de l'Europe. L’historien danois, Olaus Wormius, rapporte que tous ceux qui périssaient autrefois dans les combats étaient réunis ensemble dans un monceau qu’on appelait valcaster, et qu’on les couvrait de terre jusqu’à une hauteur considéra- ble. « Nos ancêtres, ajoute-t-il, n’enterraient pas seulement dans des tom- beaux les restes des morts; ils y plaçaient aussi des lances et des armes, de l’or, de l'argent , et divers autres objets précieux. Ils brâlaient les corps et recueil- laient les cendres dans des urnes, qu'ils mettaient au milieu d’un cercle en- touré de grandes pierres, surmontées au sommet d’une autre plus large. Ils re- couvraient ensuite le tout de terre et de sable, jusqu’à ce qu'ils eussent élevé une espèce d’éminence qu'ils garnissaient de gazon, ce qui formait un point de vue fort agréable (1). » On trouve aussi un grand nombre de ces {umuli, ou monticules de terre, de forme conique , dans presque toutes les parties de l'empire russe. Le voyageur Pallas, et le professeur anglais Clarke en ont donné la description. M. Le Chevalier remarque, dans son ouvrage sur la Troade (lequel est de- venu classique), que les monumens, connus sous le nom de #muli, qu'on touve dans tous les pays, remontent à la plus haute antiquité. Ils ont différens noms , et sont construits de différentes manières, suivant les lieux où ils sont situés. Ils renferment des personnages d’une plus ou moins grande importance, mais leur destination primitive a toujours été de couvrir et de protéger les cen- dres des morts, quoique on les ait quelquefois employés à d’autres usages. « Les Grecs les appelaient yursyæz, yriokopoc, yoyo, monceaux de terre. Dans certains lienx de la Basse-Egypte, on les appelait saph, taphitis, tapé ; et ce dernier nom s'est conservé parmi les Turcs, pour désigner les mêmes monumens (2). » (x) Olaii Wormit Monum. Danic., lib. nées 1585 et 1786, par J.-B. Le Chevalier, 1, p. 41. 4 partie, chap. 11 du tome 2e, 1802. (2) Voyage de la Troade, fait dans les an- ( 497 ) Il est à remarquer que plusieurs monts tumulaires des Etats-Unis ressem< blent à des monumens du même genre qu’on voit encore en Irlande; et M. Le Chevalier dit qu'ils sont exactement dela même construction que ceux qui se trouvent dans la plaine de Troie. Boate, dans son Histoire Naturelle de l'Irlande, dit qu'il est facile de distin- guer les raths ou foris, qu’on rencontre dans celte île, des curns ou kerns, en ce que les premiers sont entourés de fossés ou de retranchemens, et que la plu- part soni des éminences naturelles fortifiées par l’art. Il en est de peu d’étendue, et d’autres qui occupent de quinze à vingt acres de terrain. Les uns n’ont qu’un large fossé, tandis que d’autres en ont deux ou 1rois, séparés par des retranche- mens. Plusieurs de ces forts sont concaves au sommet, pour mettre les com- battans à couvert ; et il en est aussi qui se composent d’un monticule qui s’é— lève au centre à une hauteur considérable , et qui commande ious les ouvrages inférieurs. Ces forts sont si nombreux dans le comté de Down, que dans un es- pace de plusieurs milles, on peut se voir et s'appeler de l’un à l’autre (x). L’étendue de ces raths ou forts, élait toujours proporlionnée à la puissance et à la richesse des chefs. Le clan, qui demeurait dans le voisinage, allait s’y ré- fugier, toutes les fois qu’il était menacé par un ennemi. Les lois Bréhones font mention de neuf espèces différentes de rafhs (2). Borlase prétend que les missionnaires envoyés pour convertir les habitans de l'Irlande, au lieu d’abolir tout d’un coup les superstitions des druides, jugèrent qu'il serait plus prudent de les faire tourner à l’avantage de la religion qu'ils étaient venus prêcher , et que, voyant la vénération que ces ignorans insulaires avaient pour les anciens tombeaux (3), ils dédièrent ces monumens à des saints du christianisme. Le docteur Stephenson, président de la Société Littéraire de Belfast, dans un essai historique sur la paroisse de T'emple-Patrick, au nord de l'Irlande , donne des renseignemens très-curieux sur les #umuli de cette contrée, sur leur origine et sur leur destination. Quant à la structure, il observe qu’ils ont la forme d’un cône tronqué, ayant de quarante à cinquante pieds de hauteur sur un diamètre de quarante à soixante-dix au sommet. L'intérieur est formé de sable et de pier- res qui pèsent de vingt à trente livres. La surface est recouverte d’une terre °(1) D: Gerard Boate’s History of Ire- (2) Ledwicks antiquities of Ireland, and, part III, containing a discourse Dublin, 1790, Essay 3. concerning the Danish Mounts, forts (3) Les Anglais les appellent barrows; and towers in Ireland; by Thomas Moly- du mot saxon 4eorg ou burg qui signifie une neux, Dublin, 1755, page 208. - éminence: À ( 498 ) prise sur les champs voisins, à laquelle on a donné une épaisseur suffisante pour qu’il y croisse une herbe très-belle. Ce mélange de sable et de pierre ab- sorbe l’eau des pluies , et conserve en même temps, depuis des siècles, une belle forme primitive et la jolie verdure dont ils sont recouverts. Quelques tumuli , comme celui près de Dromore , ont, à une certaine hau- teur, une espèce de terrasse, ce qui, dans l'éloignement, leur donne l'apparence de deux tumuli qui auraient été construits l’un sur l’autre. La circonférence de ce monument , à sa base , est de six cent trente pieds ; le diamètre, au sommet, soixante, la hauteur, quarante-cinq; la circonférence de celui de Donaghadee est de quatre cent quatre-vingts pieds à sa base, au sommet, deux cent dix-neuf, la hauteur est de 44 (x). Page 374. Prairies. On donne le nom de prairie à de grandes plaines situées à l’ouest des monts Apalaches, où l’on ne voit point d’arbres, mais qui sont cou- verts de riches pâturages , renfermant particulièrement le roseau (miegra ) et la prêle (eguisetum ) qui croissent à la hauteur d’un homme, et où se nourrissent d'innombrables troupeaux de bisons, qui ont promptement disparu après les premiers établissemens des Français (2) et des Anglais dans la vallée de l'Ohio. Dans plusieurs parties de ces grandes prairies , le sol est formé d'argile, quire- tent les eaux après les grandes pluies. Les sillons qui ont excité un si grand étonnement , ne pourraient-ils pas avoir été tracés par la marche des bisons, comme on peut le remarquer en Europe sur les routes fréquentées par les bœufs, qui laissent réellement après eux une espèce de sillon ? NOTE B. Page 388. Le roi Asychis, voulant surpasser tous les rois qui avaient régné en Egypte avant lui, laissa pour monument une pyramide de brique, avec celte inscription gravée sur une pierre: Ne me méprise pas en me comparant aux pyra- mides de pierre : je suis autant au-dessus d'elles, que Jupiter est au-dessus des autres dieux ; car j'ai été bâtie de briques faites du limon tiré du fond du lac. H£RODOTE, trad. par LARCHER. (x) Historical essay on the parish and (2) A la première arrivée des Français cet congregation of T'emple-Patrick, p. and animal était si commun, quon l’'appelait la 8, Belfast, 1825. vache des Illinois. ( 499 ) x NOTE C. FE Page 392. Selon les historiens de la Louisiane, Hiberville, pour former un établissement dans le pays des Sioux et prendre possession d’une mine de cuivre qu’on y avait découverte, fit partir un détachement de 20 hommes sous les ordres de Lesueur, qui ayant remontéle Mississipi, entra dans la rivière de Saint-Pierre, et, après y avoir fait 4o lieues, trouva sur la gauche un affluent qu'il nomma la Rivière-Verte, à cause de la couleur de la terre qui tombe de la mine. C’était vers la fin de septembre, et les glaçons l’'empêchèrent de remon- ter plus d’une lieue. Il y fit une estacade pour passer l'hiver. La chair des bisons coupée en pièces et séchée à l’air était la nourriture de ce détachement. Au mois d'avril, on visita la mine de cuivre située à la distance de trois quarts de lieue, au pied d’une montagne qui paraît entièrement composée de ce mi- nerai. En 22 jours, on en tira plus de trois cents quintaux dont 4 milliers furent envoyés en France. a ————. Page 389. En parlant des tombeaux sur les bords du Merrimak, qui n’ont guère plus de cinquante pouces de longueur, nous avons dit qu'après bien des conjectures à ce sujet, on est parvenu à expliquer ce phénomène: on a trouvé un squelette bien conservé qui avait les os des jambes repliés contre les cuisses. M. le docteur Grayson, médecin distingué des États-Unis, actuellement à Paris, qui a examiné ces tombeaux, avec le docteur Walker, en 1818, m’as- sure « qu'ils en ont mesuré un grand nombre, qui n’ont pas plus de vingt-trois » pouces de longueur : d’autres ont vingt-sept pouces, et aucun n'excède » quatre pieds deux ou trois pouces. Les dents bien conservées montrent que » ce sont les restes de personnes adultes, dont les squelettes, quoique décom- » posés , se trouvent dans leur position naturelle. Le docteur Grayson est con- » vaincu que c’est une race d'êtres différens de tous ceux qui existent aujour- » d'hui. Les 1ombeaux sont situés dans un bois sur la côte méridionale de la » rivière Merrimak, à quinze milles de Saint-Louis. On les trouve sur des » monceaux de terrain élevés d'environ trois pieds au-dessus de la surface du » sol. Ils sont formés de pierres plates qui environnent le cadavre, dont la » tête est tournée vers l’est. Le terrain est couvert de gros arbres, dont les » racines percent ces tombeaux, et fournissent une preuve de leur anti- » quité (x). » (1) M. Schoolcraft’s view of the Jead mines of Missouri, etc., p. 284. New-York, 1819: “4 ( 5oo ) RSR ARR API EMI RAR ER AS AR DÉS AR A AA A ee EXPLICATION DES PLANCHES RELATIVES AUX RECHERCHES SUR LES ANTIQUITÉS DES ÉTATS-UNIS DE L’AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE. PLANCHE VII. Fig. r. Plan d'anciennes fortifications près Newark, dans le comté de Licking , élat de l'Ohio. À. Fort de forme presque octogone , contenant 4o acres. B. Fort circulaire joint au premier par deux murailles parallèles, et contenant 22 acres. C. Fort circulaire entouré d’un fossé, et contenant 26 acres. D. Fort carré contenant 20 acres. E. Étang contenant plus de 150 acres. F. Alluvion formée depuis que les ouvrages ontété abandonnés. G, Descente escarpée de 40 pieds, presque perpendiculaire. LT. Espaces qu’on suppose avoir été des champs cultivés. c, d. Deux murailles paralleles, mesurées dans l’espace d’un mille ou deux seulement ; leur longueur totale est inconnue. a. Petits ouvrages de défense. b. Passages pour l'écoulement de l’eau. c. Murailles parallèles en terre, d. Observatoire, en partie bâti en pierre, de 30 pieds de haut. m. Petits tertres pour la défense des portes dans le fort octo- gone. Fig. 2. Ancien fort en pierre et tertre, dans le comté de Perry, état de l'Ohio. A. Surface de plus de 40 acres. G. Passage, | ( 501) M. Élévation en pierre. R. Rocher grand et élevé, vis-à-vis la porte du fort. S. Petit ouvrage en terre. m. Petit {umulus en pierre, de forme ronde. PLANCHE VI. Fig. 1. Anciennes fortifications , situées à Marietta, dans l'etat de l'Olno. a. Parapets. b. Excavations. c. Tertres de forme conique. d. Grand chemin couvert. e. Petit chemin couvert. f. Etang ou réservoir. £, h. Enceintes carrées élevées. Fig. 2. Anciennes fortifications, à Circlecille, dans l'état de l'Oluo. . Fort de forme ronde. Fort carré. Grand tertre. . Tertre avec un pavé semi-circulaire. Tertre de 90 pieds de haut. Fossé profond. . Tertres en terre. . Deux murailles parallèles en terre. SIRHEOmE> PLANCHE IX. Fig. 1. Anciennes fortifications situées sur le Paint-Creck, dans l'élat de l'Ohio. À, B. Deux forts avec murailles en terre. C. Fort en pierre, situé sur une colline de 3 à 400 pieds de haut. (nie D. Fourneaux au midi du fort C. E. Emplacement d’un fort circulaire avec deux puits. a,a. Deux ouvrages élevés de forme oblongue. b,b. Tertre et demi cercle, d’une couleur rouge. m. Tertres. æ. Puits. wo. Quatre puits dans le lit du Paint-Creek. Nota. Les chiffres désignent les contenances en acres et 10° d’acres. Fig. 2. Anciennes forhfications situées à Porismouth , dans l'état de l'Ohio. 1, 2, 3. Trois tertres circulaires de 2 pieds de haut. 4. Tertre avec un chemin élevé pour y monter. c. Tertre ayant un trou au centre. d. Haute muraille ou observatoire. f. Fort. m. Petits tertres. PP. Murailles parallèles en terre. w. Puits. PLANCHE X. Plan d'anciennes fortifications situées sur la rive orientale du Petit- Miami, dans l'état de l'Oho. A. Trois chaussées ou routes. B. Deux chaussées ou routes. Ces anciennes fortifications situées à 4 milles environ au-dessus du confluent du Todd’sfork, et à 30 milles nord-est de Cincinnati, dans l’Etat de l'Ohio, s'élèvent sur un plan presque horizontal, à environ 236 pieds anglais au-dessus du niveau de la rivière, entre deux autres petits cours d’eau dont les bords sont fort élevés et escarpés. Les murs, construits en terre, sont représentés par des lignes couvertes de hachures , et les portes ou entrées par des espaces en ( 503 ) blanc. Une plaine s’étend à l’est, le long de la grande route de Lebanon à Chillicothe, sur une étendue d'un demi-mille. Ces fortifications sont entourées de tous côtés, excepté de celui du nord qui est traversé par la grande route, par des précipices qui ont presque la forme de la muraille. La hauteur de cette dernière varie intérieurement en raison de Ja nature du terrain extérieur; elle est en général de 8 à ro pieds; mais, du côté de la plane, elle se trouve de 19 pieds 172 intérieurement, et, à l’exté- rieur, de 4 perches 172 ou de 72 pieds. En plusieurs endroits, une partie de celle muraille paraît avoir fait place à des ravins de 20 à 5o pieds, et même 60 pieds de profondeur , et qui ont dû être formés par des eaux amoncelées dans l’intérieur. A la distance de 300 pieds à l’est de l'entrée par laquelle passe la grande route de l'Etat, se trouvent deux tertres de 10 pieds 8 pouces de hauteur, entre lesquels a été pratiquée la grande route. De ces tertres partent des ravins, qui , se dirigeant au N. et au S., communiquent de chaque côté avec les pe- tites rivières. Au N. E. des tertres, du côté de la plaine, il y a deux routes ou chaussées presque parallèles, lesquelles ont environ 16 pieds 172 de largeur, 174 de mille de longueur et 3 pieds de hauteur. Elles décrivent à leur extrémité un demi-cercle irrégulier autour d’un petit tertre, comme on peut le voir sur le plan. Près de l'extrémité méridionale de ces fortifications, et du côté du S. O., on remarque trois chaussées circulaires d'environ 660 pieds de longueur. Elles ont été pratiquées sur le revers du précipice entre la muraille et la rivière, et ont dû probablement servir à entrayer la navigation de la rivière. Il n’y existe aucun vestige de fortifications en pierres ; seulement on y remarque quelques pierres éparses du côlé qui avoisine la rivière (x). N. B. Dans l'intérieur de ces fortifications se trouvent des excavations ou es- pèces de bassins circulaires de plusieurs pieds de profondeur, qui ont probable- ment servi d'habitations souterraines. (x) Arpenté en février 1807, par Abijah tel qu’ilse trouve audit département. Oneal et Joel WVright, département de la Signé ROBERDRAU, guerre des États-Unis, bureau des ingé- Major des Ingénieurs topographes. nieurs topographes, copie du plan original ui. … 64 ( 504 ) PLANCHE XI. Fig. 1, 2. Esquisses d'anciennes fortifications situées sur les bords du Petit-Miarni et de ses affluens, dans l'état de l'Ohio. Fig.x. a; à 20 milles au-dessus de ce point, et sur les bords de cette rivière, se trouve un ouvrage qui occupe une surface de 100 acres, el qui est sans doule l'ouvrage représenté dans la pl. X. b. Chemin ferré de 25 pieds de largeur, sur 3 milles de longueur. c. Chemin couvert conduisant à la source. d. Bord escarpé et très-élevé. e. Bord escarpé de 50 pieds de haut. Fig. 2. À. Cette fortification est entièrement détachée des autres ouvrages militaires, et se trouve sur la fourche orientale ( East-Fork), à 20 milles en- viron de son confluent avec la rivière du Petit-Miami. Les remparts des fortifications sont en terre, et ont actuellement de 5 à 10 pieds de hauteur sur une largeur moyenne de 30 pieds. Il n'y a pas de fossé. Sur les parapets croissent des arbres de différentes espèces, lesquels sont de dimensions aussi considérables que ceux du pays environnant (x). Petit- Miami. Cette rivière prend sa source à l'angle S. O. du comté de Ma- dison, dans l'Etat de l'Ohio, et, après un cours S. O. de plus de 70 milles, se jette dans l'Ohio, à 7 milles au-dessus de la ville de Cincinnati, et à en- viron 4/{o milles au-dessous de la source de cette rivière à Pitisbourg, dans la Pensylvanie. On ne irouve rien dans les histoires les plus anciennes du pays, ni dans les traditions des Aborigènes, qui permette de hasarder la moinëre con jecture relativement à l’origine des immenses ouvrages de ce genre que l’on rencontre çà et là sur les bords du Petit-Miami et des autres rivières tributaires de l'Ohio et du Mississipi, et dont ce plan est un échantillon. Israel Ludlou a en sa possession un boulet de canon en fer, provenant d'un de ces ouvrages, et qui pèse 7o livres. (1) Département de la guerre des États- nal quise trouve dans ledit bureau. Unis, bureau des ingénieurs topographes, le Signé ROBERDRAU, 18 juillet 1823, copie exacte du dessin origi- Major des Ingénieurs topographes. ( 505 ) PLANCHE XI. Fig. r. Inscription gravée sur un rocher (rivière de T'aunton)dans l'état de Massachusetts. Ce monument hiéroglyphique , appelé Writing-Roch, ou Dighton - Roch, est un bloc de gneiss ou granit secondaire , situé à l’est de l'embouchure de la rivière T'aunton , dans l’état de Massachusetts. La base du côté principal présente une étendue de 11 pieds 7 pouces, sur 5 pieds 1 pouce de hauteur. Plusieurs personnes croient que ce monument singulier représente une na- vigation phénicienne. Mise Anciennes fortifications sur 1 ‘affluent nord du Paint- Creek, près Chllicothe, dans l'état de l'Ohio. g. Passages. m. Tertres de différentes hauteurs et dimensions. æ. Murailles en terre. Fig. 3. Antiquités indiennes à Piqua, dans l'état de l'Ohio. A. Enceinte de 150 pieds de diamètre. B. 225 1d. C. 150 id. D. 295 pieds le grand diamètre, 83 pieds le petit diamètre, E. 123 pieds de diamètre. a. 43 pieds de diamètre. Fig. 4. Anciens murs parallèles qu'on suppose avotr éle élevés pour des jeux. Fig. 5. Anciens ouvrages près Piketon, sur la Scioto, dans l'état de L'Olno. A. Deux murailles parallèles en terre, de 20 pieds de haut. m. Tertres. ( 506 ) PLANCHE XIIL. 1,2,3. Anciennes fortifications situées sur le Noyer-Creek, affluent du Mississipi, dans l'état des Illinois. 4 à 10. Fragmens d'an- liquités. 11. Rocher sculpté. Fig. 1. À BC D. Enceinte dont les murailles ont 18 pouces d'épaisseur , 56 pieds de longueur et 22 pieds de largeur. Le côté € D est tourné au sud-est. E, F, G, H, I, K. (Voir le Mémorre, pages 429 et suivantes. ) Fig. 2. Cette construction est située à l’est de la première. Les mu- railles sont semblables à celles de la fig. 1. À, C. Deux chambres sans communication avec la chambre B. B. Chambre presque ronde. Fig. 3. Élévation de la construction , en forme de voûte. Fig. 4 à 10. (Voir le Mémoire, pages 146 et suivantes.) Fig. 11. Rocher des bords du Mississipi, portant des empreintes de pieds humains. (P'oir le Mémoire, page 4hx.) ERREUR LR LE URL LR ae anna EXPLICATION DES PLANCHES RELATIVES AUX ANTIQUITÉS DE PALENQUE. PLANCHE V. Fig. 1. Le grand palais de Palenquè est de forme carrée avec péristyle tout autour. Il peut avoir trois cents pieds de lon- ( 507 ) gueur, sur environ trente-cinq pieds d’élévation. Les murailles ont quatre pieds d'épaisseur. L'intérieur est divisé en plusieurs corps de logis, séparés par des cours. Au-dessous de ce palais il y a de vastes souterrains dans lesquels on descend par des escaliers. Les murailles sont ornées de bas-reliefs sculptés sur pierre et revêtus d’un stuc très-fin. Les personnages, représentés dans ces bas-reliefs , sont de grandeur colossale. Fig. 2. Grande tour carrée en pierre, formée de plusieurs étages séparés par des doubles corniches. Cette tour, dont il reste encore quatre étages , a soixante et quinze pieds de haut sur trente pieds de base. Elle est presque massive. L’escalier, qui conduit au sommet, est au centre ; il est éclairé par des fenêtres percées de chaque côté à chaque étage. Maison carrée, dont les murailles sont excessivement épaisses; on y remarque une fenêtre en forme de T. fig. 4. Médaille en cuivre travaillée délicatement au burin. Elle a deux pouces de diamètre sur trois lignes d'épaisseur. On y voit d’un côté un énorme serpent roulé autour d’un arbre qui occupe le milieu du champ, qui représente un bosquet. L'autre côté (fg. 3), représente le même bosquet ; on y voit un homme portant une longue barbe , un turban et des bottines ; à genoux entre deux dragons qui ont la gueule ouverte, et pa- raissent prêts à le dévorer. PLANCHE XIV. - Fig. 1. Bas-relief qu’on regarde comme une cérémonie d’ini- tiation. fig. 2. Bas-relief représentant un homme et une femme ri- chement vêtus, debout sur une espèce d’estrade. La femme, pla- cée vis-à-vis l’homme, tient des deux mains par le bas, une branche garnie d’épines, que l’homme soutient un peu plus haut ( 508 ) de la main gauche. Il a la main droite armée d’une espèce de fouet dont il semble menacer la femme qui tient les yeux baissés. PLANCHE XV. Fig. 1. Personnage (peut-être le dieu des mers de ce peu- ple); il a au col un large collier faisant l’effet d’une cravate; il porte sur les épaules une pélerine ornée de perles ; à chaque bras il a deux bracelets en perles, et aux pieds , une chaussure garnie de perles et de plumes; ses jambes sont entourées de bandelettes bro- dces en perles; l’agrafe de sa ceinture ressemble aux ornemens qui décoraient la proue des galères des anciens. A la même cein- ture sont fixées par-derrière des ailes imitant des nageoires de poisson. On remarque dans sa coiffure, qui est d'une très-grande dimension, plusieurs poissons; un pélican tenant un poisson dans son bec, est perché sur le sommet de sa tête. Un autre personnage plus petit se trouve placé derrière lui; il est représenté ayant une tête de cerf, et à genoux sur la proue d’un vaisseau. Le sujet est -encadré par une multitude d’hiéroglyphes. Fig. 2. Musicien jouant d’un instrument à vent. Il a des orne- mens en plumes au-dessus des chevilles du pied et autour des poignets, et est revêtu d’une peau de léopard ; il a au col un im- mense collier de perles qui lui retombe par-derrière jusqu’au bas des reins ; son front est ceint d’une guirlande de feuillages, parmi lesquels on remarque le lotus. PLANCHE XVI. Fig. 1. Bas-relicf représentant un personnage richement vêtu, assis sur un trône ; il est dans l'attitude d’un prince don- nant des ordres qui semblent figurés par plusieurs signes hié- roglyphiques, placés devant lui à la hauteur de sa bouche. Fig. 2. Personnage richement vêtu; il a sur les épaules, une large pélerine qui lui descend jusqu'aux coudes; deux masques ( 509 ) placés à sa ceinture , un devant et l’autre derrière, servent d’a- grafes à son vêtement. Il a des sandales aux pieds ; dans la main droite il tient une espèce de crosse surmontée d’un coq, et de la main gauche, une pièce d’étoffe que vient de lui offrir un per- sonnage plus petit qui est assis devant lui, les jambes croisées. Ce personnage tient les yeux fixés à terre ; il a les bras croisés sur la poitrine. Un troisième personnage est assis de l’autre côté et de la même manière, mais il a la tête haute et l’air assuré : il tient une offrande à la main et semble attendre le moment de la présen- ter au personnage principal qui lui tourne le dos. Ces deux fi- gures assises sont coiffées d’un bonnet phrygien, et n’ont pour tout vêtement qu’une large ceinture qui leur couvre le milieu du corps. . PLANCHE XVII. L'objet principal est une grande croix de forme latine,surmon- tée d’un coq; le pied de cette croix repose sur un cœur (1). D’un côté on voit une femme qui tient un enfant dans ses bras et qui le présente à un personnage plus petit, revêtu d'habits sacerdotaux, qui se trouve vis-à-vis, de l’autre côté de la croix. Ce vaste tableau est encadré par un grand nombre de figures hiéroglyphiques; sur un des bas-côtés on retrouve encore leT dans un petit médaillon. PLANCHE XVIII. Fig. 1. Bas-relief représentant une femme assise sur un trône qui est orné de deux têtes de quadrupède, et un homme debout devant elle, tenant d’une main une étofle, et de l’autre, lui pré- * sentant une espèce de sceptre. Fig 2. Bas-relief qu'on regarde comme une cérémonie d’ex- piation (2). (x) M. de Humboldt possède un tions, assure que plusieurs des figures dessin analogue. ont 3 à 4 mètres de haut. Lerelief est (2) M. Latour-Allard, à qui nous assez saillant. (Voir la note ci-après.) sommes redevables de ces explica- ( bro } RAR AR LR LE ELLE LR VUE LUE LL LE LR LA DUR LR LL RL LL ELLE RU LEL LUE LR LAS LUE LULU LUULI US NOTE sur la collection de M. Latour- Allard. M. Dupaix, ex-colonel des dragons de Mexico, fut chargé par le feu roi d’Espagne, Charles IV, de parcourir le Mexique dans différentes directions pour relever fidèlement les plans et les dessins de tous les anciens monumens qui pouvaient encore y subsister, et pour en donner la description. Il devait aussi recueillir les objets les plus susceptibles d’être transportés à Mexico. Il fit pour cet objet, dans un espace d'environ cinq années, trois expéditions successives, dans lesquelles il fat accompagné d’un dessinateur , d’un écrivain et d’un détachement de cavalerie. C’est de ces voyages que proviennent les dessins, les manus- crits et les monumens que possède M. Latour-Allard. La collection des antiquités américaines de M. Latour - Allard se compose, 1° de cent quatre-vingts objets curieux, parmi les- quels sont plusieurs idoles des anciens Mexicaïns; 2° de cent vingt dessins originaux représentant différens monumens, et particu- lièrement les ruines de Palenquè ; 3° de quatorze pages d’anciennes peintures mexicaines, sur papier d’agave. Cette précicuse collec- tion mérite de trouver place dans un musée ou dans le cabinet d’un prince. Dans le mineria, dit M. Bullock (1), est une belle collection de dessins qui représentent les restes des pyramides , châteaux, fortifications, temples, ponts, maisons, statues, bas - reliefs et idoles. Ils ont été exécutés par suite de l’Expedicion Real anti- quario hecho en el reyno de Mexico, por el capitan Dupaix. Ce ca- pitaine était accompagné par le signor Luciano Castane do Calli- (x) M. Bullock’s six months Resi- don, 1824. Voyez chap. XXV, dence and Travels in Mexico, Lon- p. 330. ( 511 ) jon de la Condeva, encore vivant, et qui possède plusieurs de ces originaux. Les dessins de Palenquè prouvent que c'était une ville magnifique. Les gravures que l’on a faites, de ces dessins, x , ren °x . à Londres, l’année dernière , sont assez correctes; mais la col- lection en est incomplète. Le savant M. de Humboldt à fixé le premier l'attention des Européens sur l’ancienne culture des peuples de Guatemala et sur les ruines de Palenquè (1), Il en a fait graver un des monu- mens les plus curieux, sous le titre de « Bas-relief, représentant » le triomphe d'un guerrier (2). » 11 possède un autre dessin de Palenquè, non gravé dans la collection imprimée à Londres, qui aussi représente l’adoration d’une croix, Palars de Miila. Ya façade du palais de Mitla a environ trois cents pieds de longueur. Trois pierres, plus ou moins longues, ayant chacune dix pieds de hauteur, sont posées les unes sur les autres, par assises légèrement saillantes, et forment l'élévation qui à par conséquent trente pieds. Tout l’intérieur de cet édifice est entièrement orné de grecques, symétriquement sculptées sur le mur. Il n’y a de pratiqué, sur cette immense façade , que trois ouvertures ; celle du centre forme un carré parfait et peut avoir dix-huit pieds en tout sens. Celles des côtés ont la même hauteur, mais elles sont beaucoup plus larges: On arrive à ce palais par des marches qui sont en partie détruites (3). Tous les personnages représentés dans les bas-reliefs , qui dé- corent les édifices de Palenquè, ont de huit à neuf pieds de haut. Voici, d'après M. Latour-Allard , la description de plusieurs bas-reliefs, autres que ceux qui ont été décrits ci-dessus. (x) Vues des Cordillières et Monu- (2) lbidem, Tome II, p. 13, et mens des peuples indigènes de l'Amé- pl. 9. [ C’est le groupe que forme, rique, par M. le baron de Humboldt, dans la collection anglaise , la pl. 11. ] in-8°, tome IT, p. 592. (3) Ibidem, pl. bo. IL. 65 ( 512 ) Bas-relief représentant trois femmes dans une attitude mena- çante. Elles ont des colliers , des bracelets et des boucles d’oreil- les imitant la forme du lotus. Bas-relief représentant une femme nue, assise, les jambes croisées sur une espèce de divan, qui a la forme d’un quadru- pède à deux têtes. Elle a des bracelets, des boucles d'oreilles en forme de lotus, un collier en esclavage , auquel est suspendu un large médaillon de forme ovale, On aperçoit au milieu de ce médaillon le T primitif des Grecs. On remarque dans sa coiffure , qui est des plus bizarres , une fleur de lotus et une main ouverte, à l'index de laquelle pend une espèce de petite croix. Une autre femme, portant une jupe à carreaux et une pélerine de la même étoffe , est placée devant elle , à genoux, et lui présente une cou- ronne. Bas-reliefs, formant l’encadrement de la fenêtre en forme de T. Ces ornemens consistent en deux grands T, surmontés cha- cun d’une couronne et d’un oiseau emblématique: ils reposent sur une base surchargée d'arabesques. De chaque côté il y a un dra- gon vomissant des flammes , et qui semble défendre l’approche de la fenêtre. Le T des Grecs se trouve placé au-dessous de cha- que fenêtre dans un petit médaillon de forme ovale. Copie d'une lettre adressée à M. Latour- Allard , par M. le baron de Hurnboldt. Je ne puis vous remercier assez vivement, Monsieur, du plai- sir que m'a causé la vue des objets que vous avez recueillis au Mexique, et qui répandent un nouveau jour sur une partie pres- que inconnue de l’histoire du genre humain. C’est la collection la plus complète qu’on ait faite en ce genre, et qui se lie à l’idée si heureusement conçue de suivre les progrès des arts, chez des peuples à demi barbares. C’est par des comparaisons aussi qu’on parviendra peut-être à éclaircir le fait mystérieusement curieux ( 513 ) de l’image d’une croix, et même de l’adoration d’une croix ; dans les ruines de Palenquè à Guatemala. Il serait digne de la munifi- cence d’un monarque de faire déposer dans une bibliothèque les dessins de M. Dupaix, dont j'ai connu lascrupuleuse exactitude ; la naïve simplicité de ces dessins même, atteste la vérité du té- moignage. Je ne doute pas que la masse métallique ne soit du fer météorique : je vais la faire analyser pour voir si l’on y trouve du nickel ; c’est un objet de prix que vous possédiez de plus, presque sans vous en douter. Agréez, Monsieur, l'expression renouvelée de ma considéra- tion très-distinguée , Humseozpr. Paris, ce 28 juillet 1826. Depuis l'impression de notre mémoire, M. A. Balbi a publié un ouvrage important contenant des renseignemens sur les langues de l'Amérique septentrionale ; et M. Duponceau m’a annoncé qu'il avait traduit de l'allemand une grammaire de la langué de- laware, par Zeisberger, à laquelle il à joint un avant-propos et des notes. Ce dernier ouvrage est sous presse et publié par la la société philosophique de Philadelphie. ( Voyez l'Atlas Ethnogra- phique de M. A. Balbi.) SSSR RES DES PRÉSIDENS HONORAIRES DE LA SOCIÉTÉ. MM. LapLace (le marquis de), pair de France, membre de l'institut. Pasrorer (le marquis de), pair de France, membre de l'institut. CuareausrianD (le vicomte de), pair de France, membre de l’ins- titut. Casroc pe Vozvic (le comte), conseiller-d’état, préfet du dépar- tement de la Seine, membre de l'institut. Becquey , conseiller-d’état , directeur-général des ponts-et-chaussées et des mines. HowsoLor (le baron de ), membre de l'institut. (515) AR SLR LUE LE LAS AR URL AB LEE LUE UUL LUE URS ULB LLLULLLE LIRE UULR UE LOL HE LLLR LULU LUS LISTE DES CORRESPONDANS ÉTRANGERS DE LA SOCIÉTÉ. MM. AgrAHAMSON (le chevalier d’), aide-de-camp de S. M. le roi de Dane- ° mark. Mæase ( James), membre de la société philosophique américaine de Philadelphie. Miroir (le docteur Samuel L.) , à New-York. Moreau (César), vice-consul de France, membre de la société royale de Londres. Poinserr (M. J. R.), ministre plénipotentiaire des Etats-Unis à Mexico. SABINE (le capitaine) , à Londres. SCHUMACHER, professeur à Altona. Tanner (H. S.), géographe , à Philadelphie. WoopgriGE ( W.C.), À. M. É ( 516) AA na RAR à SA LR LR RE ARR LR RL LR LE OR LE URL RE OR ALRARUA LE RE LUE LUA RURAL LA R EUR ARR RAR SECONDE LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ (1). MM. ABro, drogman du vice-roi d'Egypte. Acosra (J. d’), capitaine d'artillerie au service de la Colombie. AGasse, secrétaire des commandemens de S. A. S. le duc de Bourbon. Âzsert-MontemonT, homme de lettres. ALLONVILLE (le comte d’), préfet du département du Puy-de-Dôme. Awar (don Félix Torrès), dignitaire de l'église cathédrale de Barcelone. Axsarr, professeur au collège royal de Saint-Louis. Arraup (le chevalier), premier secrétaire d’ambassade à Rome. Arraus-BErTRAND, libraire. Asricr DE La Vire (d’), ingénieur des ponts-et-chaussées, BazLyer, intendant militaire. Barrio (del), de Guatemala. Baupe (le baron), ancien préfet. Becquey, conseiller-d’état , directeur-général des ponts-et-chaussées et des mines. Becrs D. M., propriétaire. BérauD (J. G.), chef d’escadron au corps royal des ingénieurs-g éo- graphes. Bencuaus, professeur à Berlin. BernarD (Samuel), membre de la commission des sciences et arts d'Égypte. Beucnor (le comte), ministre-d’état. Bezovr (Louis), homme de lettres. (x) Voy. tom. 1°", page 553. ( 517) Bisereau, lithographe. Bcancuer (P. H.), agrégé de l'Université. BLossevizee (J. À. Z. Poret de}, officier de la marine royale. BrisBane, (Thomas), baronnet, major-général au service de S. M. B. Busser (Ch. F.), ingénieur en chef du cadastre du département du Puy-de-Dôme. Camus, professeur de mathématiques au collège de Louis-le-Grand. Carrzzex (le B° de), secrétaire-d’état de S. M. le roi des Pays Bas, ancien gouverneur-général des Indes orientales. CaRISTIE , ingénieur au corps royal des ponts-et-chaussées. CERFBERR , propriétaire. CaproL (le vicomte Édouard de), maître des requêtes. Cramisso (Adelbert de) , voyageur-naturaliste. Cases, ancien notaire à Paris. Cocxecer (Adrien). CouErFin, capitaine au corps royal des ingénieurs-géographes. Corner, insp. divisionnaire au corps royal des ponts-et-chaussées. Coswrer , lithographe. Cours (Alexandre), chef de correspondance aux domaines. Courousorr (J. de G.), secrétaire-interprète à la chancellerie du ministère des affaires étrangères à Saint-Pétersbourg. Dawas (S. E. le Bon de), pair de France, ministre des affaires étrang. DauPxix (N. D.), ex-employé du cadastre. Depaux, architecte. Deceorce (Frédéric), à Londres. Dergax (le comte), pair de France, lieutenant-général.. DezaxezanD, fondateur et directeur du Géorama. DEviLLENEUVE jeune, avocat. Drckinson , rentier. Drexxe (le comte de), commissaire-général de la navigation. Dinomé, chanoine honoraire et curé doyen à Romorantin. Dovvicce, voyageur. Drozar (P.), avocat à la cour royale de Paris. ( 518 ) Dusocuer (Vincent), négociant. Dousocxer (J. J.), avocat à la cour royale de Paris. Dusra (J. F.), voyageur dans l'Inde, ancien employé à la marine. Ducxanoy, ingénieur au corps royal des ponts-et-chaussées. Dumaresr (Joseph) , géomètre du cadastre, à Seyssel. Dorix (le baron Charles), membre de l'institut. Durozom, professeur d'histoire au collège royal de Louis-le-Grand. Dussumier , correspondant du muséum d'histoire naturelle de Paris, armateur à Bordeaux. EGauLT, ingénieur au corps royal des ponts-et-chaussées. Frarzzy, lieutenant-colonel au corps royal des ingénieurs-géographes. FABre, propriétaire, ex-vérificateur du cadastre. Fézix (le baron), maréchal-de-camp. Fix, ingénieur du cadastre. Frick , ancien directeur du journal des voyages. GérAnD, ingénieur au corps royal des ponts-et-chaussées. GérarD-Jacos, propriétaire. GirauDës (J. C.), consul-général de Portugal au Havre. Giron (Joseph), professeur titulaire au collège royal de Bourbon. Gozséry (Philippe de), conseiller à la cour royale de Colmar. Gonzazez (don F. A.), secrétaire perpétuel de l'académie royale espagnole, à Madrid. Grasere De Hemso, consul-général de Suède et de Norvège 1Tripoli. Grawppré (le comte de), ancien capitaine de vaisseau. Hammer (le baron de), conseiller aulique et interprète de S. M. l'em- pereur d'Autriche. HENNEQUIN, avocat à la cour royale de Paris. Herpix (J. Ch.), D. M. professeur de sciences physiques. Jarcxez, chef du bureau des poids et mesures, à Vienne. Jonor (M. AÀ.), architecte, Jouawwin, secrétaire-interprète du roi pour les LL. OO. Joussezrs, insp.-divisionnaire au corps royal des ponts-cet-chaussées. Kirasewskt, professeur à l’université de Varsovie. (519) KLINGELHOEFER, banquier, à Lisbonne. Kocraxskr (Guillaume de), gentilhomme polonais, officier d’état- major de S. M. l’empereur de Russie. Larr (P. A.), conseiller de préfecture, secrétaire de la société royale d'agriculture et de commerce de Caen. LAMANDÉ, insp. divisionnaire au corps royal des ponts-et-chaussées. LaToUr-ALLARD, propriétaire à la Nouvelle-Orléans. LecranD, Ingénieur en chefau corpsroyal des ponts-et-chaussées. Lezewez (J.), ancien professeur à l’université de Wilna. Lexvox (le comte de), capitaine - instructeur à l'école royale de cavalerie, à Saumur. - Lesseps (Théodore de), vice-consul de France à Alep. Lezica (Sébastien), de Buenos-Ayres. Losx, anglais. EourmanD (A. D.), ancien rédacteur en chef des annales françaises. Mararric (Abel de), officier aux lanciers de la garde royale, Meissas (A. N.), professeur, élève de l'abbé Gaultier. Mévir (Eugène). Micaeror (3. C. A.), chef d'institution, ancien officier du génie. Mimaur, consul-général de France à Venise. Mixaxo (le docteur don Sébastien), membre de l'académie royale d'histoire de Madrid. Moxrroxp (Frédéric de), propriétaire. Morgau (César), vice - consul de France, membre de la Société royale de Londres. Moris, homme de lettres. Murr#y , ministre plénipotentiaire du Mexique à Paris. Navarerre (don M. F. de), directeur du dépôt hydrographique de Madrid , membre et bibliothécaire de l'académie royale espagnole et de l’académie d'histoire. Navier, membre de l'institut, ingénieur en chef au Ge royal des ponts-et-chaussées. NeuenxiReuEn (de), de la Livonie. IT, 66 ( 520 ) Noyer (J. Ant. Alex.), député de Cayenne. NussrEr, voyageur. One (H. À. E.), imprimeur-lithographe , à Bruxelles. Paco, auteur du voyage à la Cyrénaïque. Parcior, ingénieur en chef au corps royal des ponts-et-chaussées. Pasca-Lacrorx, colonel d'artillerie, président de la société d'ému- lation de Cambray. Parru, ingénieur en chef au corps je des ponts-et-chaussées. Perrier , avocat à Vernoux. Pevrier, lieutenant au corps royal des ingénicurs-géographes. Paortrizas, homme de lettres. Popnesazynskt, littérateur polonais. Prony (de), membre de l'institut, directeur de l’école royale des ponts-et-chaussées. RArFELsPERGER (F.), officier à la direction générale des diligences impériales et royales , à Vienne. Rancoews (le comte de), administrateur des postes. Rey, négociant. Rowssin (le baron), contre-amiral, membre du conseil d’amirauté. Rozenie (de la), propriétaire. Ruyson pe CoEvERDEN, voyageur hollandais. SALVERTE (Eusèbe), homme de lettres. Sénéomar, ingénieur des ponts-et-chaussées. SKIDDY , Capitaine au service de la marine américaine. Tousrarn (le vicomte de), administrateur-général de la compagnie pour l'exploitation des-bois de la Guyane. VazLor, ingénieur en chef au corps royal des ponis-et-chaussées. VANDERMAELEN, à Bruxelles. VARAIGNE, propriétaire. Veneuis (le chevalier de), membre des académies royales espagnole et d'histoire de Madrid. Wricur, colonel du génie. Wxr Rorcanpszoow (J. Van), à Hattem. 3 (@52179) D RE TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE DEUXIÈME VOLUME. a ReLation de Ghanah et des coutumes de ses habitans , traduite litté- ralerment de l'arabe, par M. AMÉDÉE J'AUBERT. . . . . . .. — Appendice. Descripüon du pays de Ghanab , extraite du géographe Nubien EC HAE TAONOEN. 2 mens RTE ee 10 ——— Description extraite d'Ebn-el-Wardi. . . . . . ....... 13 ReLaTIONs inédites de la Cyrénaïque. . . ................ 15 ——— $ If. Exirait du journal d’une expédition faite en -181x et 1812, de Tripoli à Derne, tenu par M. Aug. Cervelli, de Pise, rédigé par M. DeraPorTtE, vice-consul de France à Manoer Mere telle RER ENS Ten Id. ——— $ IT. Expzication Des PLANCHES I, Il, ALL, relatives aux anti- quités de la Cyrénaïque. ................... 26 ——— $ III. Relation succincte de la Pentapole Libyque par 4 R. P. Pacifique de Monte Cassiano ; traduite de l'italien par MDELAPORTE NS. 1.00 Ne 0 Me e ee eo e 28 NoricE sur une mesure géométrique de la hauteur , au-dessus de la mer, de quelques sommités des Alpes, par M. CoRABœŒuUr. . . . . 32 ——— Triangles de la Savoie. . . .. ..... ............ 33 —— Différences de niveau et hauteurs absolues. . . . . . . . . .. 36 ——— Comparaison avec les résultats barométriques de Saussure. . . 38 NT ravauxid italienne or RARES AURA Lo ——— Différences de niveau et hauteurs absolues. . . . . . . . . . . L2 EXPLICATION DE LA PLANCHE IV... . . .. . .. .. . . . . . . . .. 33 et4o — Appendice. De la hauteur du lac de Genève, au-dessus du niveau de Lime: ME EU 020 NN ENT 44 _—— Détermination de la hauteur de la Dôle au-dessus du niveau de la mer, par un nivellement géodésique, partant de Strasbourg. 45 ——— Dela mesure trigonométrique de la hauteur de la Dôle au-dessus duniveau du lac de Genève, par M. Roger, capitaine du Génie SSSR en donna nard, Btafsitionc lo ( 522 ) RésuLraT des questions adressées au nommé Mbouia, Marabou maure, Fe de Tischit, et à un nègre de Walet, (article communiqué par M. le baron RoGER). ............... RS OL O 51 — Jtinéraires De Saint-Louis à Maroc. . . . .. Bobo) ce 160 57 et 60 ——— De Maroc à la Mecque. ..................... 57 ——— De Galam à Maroc ..................... 58 et 6: ——— De Galam à la Mecque . ................. 58 et 62 DRE ER ED OE Se dec 0 abole oo dudbo Bio 0 5a RÉPONSES aux questions proposées par la société de géographie sur l'A- frique septentrionale, par M. DELAPORTE. . . . . .. . . . .. 63 —— re, Question — Montagnes .....,.... OugG do Doc Id. ———— 2". Question — Monumens de Tripoli, Leptis, Cyrène.. . 67 ———— 3. Question — Côtes de la grande Syrte. . ..:...... 68 — 4°. Question —Juifs de Gharyän. . ............. 7 — 5e. Question — Ville de Ghadamès. . ....... .... NUIT, — 6°. Question — Ile de Gerbi ou des Lotophages. . . . . . . 72 De la caravane de Fezzan, ou Itinéraire de Tripoli à Morzouqes ts PRE Lao. dre do Dintblosolo 73 ——. Routeide Gharyän.. ee ES EE re El 74 ———-— Route par Mesurate. . ............ c oidoidlonne 7 — Nomenclature des villes et des villages delarégence de Tripoli, du couchant au levant. ........... EDP EN AT A One 76 ITIRÉRAIRE de Constantinople à la Mecque , extrait de l'ouvrage turc inti- tulé : Kitab Menassik el-Hadÿj, traduit par M. Brancur. . . .. 81 AvantÉpro pos: ME RENE CPR NES Ia. DépartideScutar M RE EEE ET EE 83 Description de la province de Cham ( la Syrie) . . . . . .. III Description de la ville de Damas. . ............. Via ———— Suite de l’'Itinéraire. . . . : .. .. . .. . . . . .. .. .. 119 DESsckIPTION des ruines découvertes près de Palenquë, suiviederecherches sur l’ancienne population de l'Amérique, par M. WARDEN. 170 ——— $ Ir. Ruines de Palenquè et des environs. . . . . . . . . ... Id. = Situation-delcestruines. 4: 4-0. iele ei 172 See Descripuonsdeskruines EE DC te 172 *——— $ IL. Exposé des recherches du docteur Che sur l’histoire dés FAmÉTicains 3-0 elite Lee le CCE 180 Norice sur la carte générale des paschaliks de Hhaleb, Orfa et Baghdad, etsur le plan de Hhaleb par M. Rousseau, chargé d’affaires de S.M. près le bey de Tripoli (article de M. J. G. BARBIÉ DUBoCAGE) 1q4 5259) Tableau des lettres adoptées par M. Rousseau pour repré- senter les caractères arabes qui n’ont point de correspondans CDRITAN CAS eee ee LC CN MO do double à ——— Tableau présentant la prononciation et la signification de plu- siéurs termes géographiques, et autres mots inscrits dans la carte. ——— Liste alphabétique de tous les noms géographiques contenus danshla carte ie Géo 6 ae sd bio lo ie ous avatar êl 0 ——— Description de la ville de Hhaleb. . . . . CONS ENSE ROEE Pages, ExPLICATION DE LA PLANCHE VI, z° Carte des Paschaliks, etc. . . 194 et suio. ——— 2° plan de Hhaleb.. Voir au bas de la planche V1, et page. . . . . SECONDE PARTIE. ExTRAIT de la traduction faite par M. le baron de NERCIAT, d’un mé- moire de M. DE Hammer sur la Perse, pour ce qui concerne la partie géographique. . . . .. D ro toni écoai On LO LOI — LelQËrman Nr. ee Ne NEO he TEE PAR —— — Montagnes, fleuves, lieux. . + : . . . .. . . . . . . . . . — lE9 Mine à 610 0 4 4 PAG 010 80 Ce OS Bio OS ONE DENON ——— Montagnes, défilés, plaines, lacs, sources , fleuves, îles. . . . . ——— Ruines d'anciens monumens du Farsistan. . . . . . . ..... ——— Pyrées ou temples du Feu . . . ......... D a Derrercletd/Andechir ee ee cc E- CU ——— Leesdé MAR EE ER E F0 bo d'obino bee ——— Le cercle de Kourè-i-Kobad. . ................ — Le Laristan et le Dechtistan. . ......... ..,....... . Le SPA ht de 0 el ON 6 016 1.606 010 0 bloc oo cunlc 5 ——— Montagnes, lieux. . . . . . . . ... . . . . . . ... D YO LELRE — Remarques générales. Caractère des Persans. . . . . . . . . . ... ——— Mœurs et usages. . . ....................... Habillement ee AT PL RER ER —— — Demeures et édifices, Fêtes . . .. hd ice les ——— Dignités. . . +. à... . . . LA RNe AREA DUREE LE CA TMS Me eme Te eee ae Lee clieli ele Roi _——_1ETOUUCHIONS M Ne. cle enr er - = latiérature 0 D SONT RER QU SSL, ——— Ouvrages historiques sur la Perse. . . .....:....... 218 247 Id. 248 253 254 276 283 287 291 297 312 319 328 345 354 356 359 360 363 365 367 368 (524) REcHERCHES sur les antiquités des Etats-Unis de l'Amérique septentrio- q q P Da Pages nale, par M. WARDEN. . ..... BC bio doi 0 0 0 0.010 INTRODUCTION, . . . Se io EN ele : CEE CHAPITRE I. Derton “a principaux monumens situés L dans 2 pays arroseiparil Ohio MT RP ER NON MEME OS SG = Foruicalionse 0e eue DT EI DIIMAPNR EE | ——— Tumuli, tertres ou élévations en terre et en pierre, . . . . . 388 ——— Fortifications de l’état de New-York. . . . . . . . . . . . 393 ——— Anciennes forlifications dans la Pensylvanie occidentale. . . . 397 ——— Monumens situés sur les bords de la Grave-Creek, en Virginie. Id. ——— Observations de M. Jefferson sur un tertre dans ses propriétés. . 398 ——— Anciennes fortifications de Newark, comté de Licking (Ohio). 400 ——— Ancien fort construit en pierre, dans le comté de Perry {Ohio}. 4o2 ——— Anciennes fortifications à Marietta (Ohio)... . . . . . . , . Id. ——— Objeis trouvés dans un tumulus à Marietta. . . . . . . . . . Lo ———Âuires objets trouvés dans un tertre, sur le petit Muskingum. 405 ——— Ânciennes fortifications à Circleville (Ohio }).. . . . . . . . 406 ——— Anciennes fortifications sur le principal affluent de la petite rivière delPaint({Ohio) Ne EN MT NEA ES RE 407 ——— Anciennes fortifications à Porstmouth (Ohio }.'. . . . , . . 41o ——— Anciennes fortifications sur la rivière du Petit Miami. . . . , Arr ——— Ouvrages à Cincinnati. . . . . . . . . . . . . . , . . . Lx ——— Objets trouvés dans les anciennes fortifications qui occupaient l'endroit où est maintenant située la ville de Cincinnati.. . 413 ——— Tertre à Circleville. . . . . do ON MR ANENEN ln ne ——— Objets trouvés dans un tertre pris “ Circleville. . , . . . . 415 ——— Antiquités à Piqua (Ohio). . UMTS Dix 0 CHAPITRE II. Description des D situées PR mis états... . . 20: ——— Monumens de l'etat de Tennessée . . QU GE ——— Antiquités à rorrilee sur les bor ds de l'Ohio CKentieL}), on ED ——— Tertres de l’état de l’Indiana. . . à . , . . . . . . Los ——— Fortifications de l'état de Kentucky . . . . . . … . . 422 ——— Antiquités de l’état de Louisiana. . . . . . . . . . . 44 ——— Antiquités du territoire d'Arkansas. . . . . . . . . . 425 Tertres de l’état d'Illinois. . . . ——— ‘T'ertres sur la rivière de Fox. . . rod 5) bilan ibn IE ETS Be à 6 Restes d'une ancienne forüfication du territoire du nord-ouest. Jd. ——— Antiquités de l’élat de Missouri. . tre . … 428 Anciennes fortifications sur le Norert CALE CARE PA ES PRE D 0 Pr @5250) CHAPITRE HIT. Description de divers monumens qu'on observe dans les Etats-Unis. . . ar ——— Murailles parallèles en pierres. «+ . . . . , , ——— Ouvertures souterraines, appelées puits ——— Monument curieux qui a fait croire à quelques auteurs que les Phéniciens ont visité l'Amérique. Autres Inscriptions gravées sur les rochers. ——— Rocher portant l'empreinte de pieds humains . . . —-— Autres pierres supposées hiéroglyphiques. . . . ——— Objets découverts sous la surface du sol . . . de, nice eadioron HMS EEE Coquilesimartnes ee NE OS SE Ie Momres ent fee Me es AA oct ele de Murailles souterraines basaltiques . . . . . . . , ——— Objets d’origine moderne. — Médailles . . ni rs lite CHAPITRE IV. Remarques et recherches sur les un américaines. 2——— Preuves de l’antiquité des #muli, déduites des arbres qui croissent sur leurs sommets et dans leurs fossés. Autres preuves de l'antiquité de ces monumens. : . . Les Indiens modernes ne connaissent pas l’usage des tertres. . Les Indiens modernes ne se servent jamais de retranchemens ———— Connaissances des Indiens dans les arts en al —— Objeis en cuivre. + à - . à. . ——— Prétendue affinité des langues indiennes avec celles des divers PEUPLES... -mN- dierie tte ——— Traditions des be concernant leur origine. NO date ne en RO RE 0-0 Ro None dose 27 VEUT EEE Lee Die des La Nore C. EXPLICATION DES PLANCHES oh aux recherches sur les antiquités de POhio, n° VII, VIII, IX, X, XI, XII, XIII. . . . . . EXPLICATION DES PLANCHES relatives aux recherches de Palenquè , n% V, XIV, XV, XVI, XVII, XVIII, NorTE sur la collection de M. Latour - “Allard. Lertre de M. /e baron de Humboldt, à M. Latour - Allard. Lisre des Présidens honoraires de la Société. . LxsTE des Correspondans étrangers de la Société. SECONDE LISTE des Membres de la Société. . . Pages. 437 Id. Id. 438 440 44x 443 Id. 446 448 449 45x 452 453 Id, 455 457 46: 467 474 48: 489 496 498 499 500 506 510 5r2 514. 515 516 ( 526 ) TABLE DES PLANCHES. PL. 1. Cyrénaïque. Restes de Safsaf. Restes de Cyrène. —— Il — Plan de Cyrène, souterrains, tombeaux, etc. —— III — Tombeaux de Cyrène. Plan de Derne. Ruines d'Agidebia, —— IV. Chaînes de triangles servant à la détermination de quelques sommités des Alpes. —— V. Vue d’une tour de Palenquè, dans la province de Guatemala. Plan d’un bâtiment de cette ancienne ville,et médaille trou- vée dans ses ruines. —— VI. Carte d’une portion de la Syrie, de la Mésopotamie et de la Babylonie, contenant les paschaliks de Hhaleb, Orfa et Bahgdad. —— VII. Anciennes fortifications près Neivark, et ancien fort en pierre , dans l’état de l'Ohio. — VIIT, Anciennes fortifications situées à Marietta et à Circleville (Ohio). —— IX. Anciennes fortifications situées sur le Paint-Creek et à Ports- mouth (Ohio). — X. Anciennesfortifications situées sur la rive orientale du Petit- Miami (Ohio). —— XI. Anciennes fortifications situées sur les bords du Petit- Miami, et de ses affluens (Ohio). = KIT Inscription gravée sur un rocher près de la rivière Taunton (Massachusetts). Fortifications près Chillicothe. Antiquités à Piqua. Anciens murs qu’on suppose élevés pour des jeux, et Ouvrages près Piketon ( Ohio). —— XIII. Anciennes fortifications sur le Noyer-Creek ( état des Illinois ). Vases et idoles. Rocher portant l’empreinte de pieds humains. —— XIV, XV, XVI, XVII, XVIIL. Bas-reliefs copiés à Palenquè, dans la province de Guatemala. ppp nan < : CNET PTT) | . ny veut d'Air J veerts Di 008 sr * OIHO,4 LVLA | :Suspr] JP AIO) 9] SUUP quemoN sourd SUONBOTNAIO SOULDIOUV, P NF Td NS “OI LVLL LS pop ve D ssimp Lanta ao oaaotd uno MG 72 4 LA, ie HIS Apte Me : 12 AE x A UN 101 yon ep per LEE ELLE On d Lx ONE RES A LATE SN 4 DES te of ds ue PA nat 2 ot A nes de En et men nie dem RE : ; * ; AMAR 288 A, Sc a L Kay 1 Sen Le re Vol I PL VUL. 5043 31 0 500 1000 2000 3000 PA Any. EC 8 9 zovokètrer. ANCIENNES FORTIFICATIONS. | Re D'AIDES ë situées à Marietta , dans L'ÉTAT D'OHIO. « a z, CT Ane. Fortifications à Cireleville, dans L'ÉTAT D'OHTO . hoteau. | AR px RARES ET EEE F + ATEN Û up ETAPE der EN k ; : à 010% pe d Joctéle de Géographie. 1. KL A PLIX. É nv ANCIENNES L'ORTIFICATIONS 1 situées sur le Paint Creek, ; dans À L'ÉTAT D'OHIO. ANCIENNE£S FORTIFICATIONS situées à Portsmouth, dans ÉTAT D'OHIO. Aubert honor Sep. KR = AS Ne Groux Je Vol. 1. PL X. , AMI ÿ La Chillicothe. | Zebanon Dh re PLAN D'ANCIENNES FORTIFICATIONS situées sur la rive orientale du Peut Miami, dans L'ÉTAT D'OHIO. ; RAA EE au APN EP ; Lors tra x . Ê É », + cap w2044) ER TE PT 2 « ÊUF SPL u2qu0s Sap) "Y ÿN à PJ OUPS LI TT UIE| SE uN | ÈS Ter ee cr ee 0 e 2x PM ja 0008 *OIHO,Œ LVL T suvp ‘suon pe S2S 9p 19 HUVEY AD NP SPAOQ SO ANS Soon SNOLLFOLALLAIOZ S'ANNATONT, 220279 QUDyT ASSTAŸSH \ mL 2 # Pre) x RE UT N à Ë 7 : 18 En ; \ À ï ! al Li ñ! Il 1} UO)oNLT 0 CD OT TD CCD EN CNED TNA SERRE = ER *OIHO,Œ LVLA 71 22p an oIUT) 0274 SUOTU OT TO] DUV * SLLASNHIVSSVH HG LVLA \Uo}uUn?, 2) A4?) DEP UN) Jo 0Y, un ans 22 AVI) NOLLARIDSNI “or dbbes) 2p 4721000 2x U'U1A rs) nn — - = ea 27 ë 9 £ 3 r SAÇRNp LEp Gnap ane2) LUE ni 06 og 0e 07 0 € Ÿ 9 g or due °10 s : SIDUIIT Sop AT LSuvp 4 dis STA np auontpe oo) TD AON 2T ANS SA9NIIS SUONDOTAUO] SAUUDIIUV ‘Ç'T T Sp40q S2p JO CZ nr 1. % "| 7 op spa y ue ques van ser Ù "OT L TX 27 11 2 - ‘enbusajeg 8p sjouex seg | Feis A Æ CE CÆ LHRNCEL) OT AIX T4 I 70A Vol. U. PL XV. Société de Geographic rue du Paon S'Andre N11. Lithe de Mantoux , Ua Ve \ dE Za\ \ 7 4 OU, Bas reliefs de Palenqué. Vol H PL XVI. Lills &e Mantous rue du Févr Snere 7 1 [A] Soctèté de Geograplue. Bas reliefs de Palenqué. FE 1e = pod/ UNE: CR DS Q2Q es Le! © DS do) O =D O ÙU © Luho. de AMantoux Bas relief de Palenque ; le milieu est occupé par une croix. 3° “onbuosju op Ssppmea seg 2! TUAX WI I 70A G rotboen ep spros