•kLEXANDER VON HUMBOLDT DU VOYAGE AUX Gio: U NOUVEAU CONTINENT , •^*»- fHf ^p(»,*j,(^4.'.f*lt:.^H'-'iM«.,-i^- ■ nri'k^aiivcHt 4.'^i', é|*i*«^«IMkjrM*^> IKV-^.^ *<«,'», p.» ZUM 200. GEBURTSTAGE VON ALEXANDER VON HUMBOLDT VORGELEGT VON ALEXANDER-VON-HUMBOLDT-STIFTUNG DEUTSCHE FORSCHUNGSGEMEINSCHAFT FRITZ THYSSEN STIFTUNG QUELLEN UND FORSCHUNGEN ZUR GESCHICHTE DER GEOGRAPHIE UND DER REISEN herausgegeben von PROFESSOR DR. HANNO BECK 8 Die unvollkommenen deutschen Bearbeitungen der „Relî>t'on Historique" tragen den Titel: REISE IN DIE ÀQUINOCTIALGEGENDEN DES NEUEN CONTINENTS ALEXANDER VON HUMBOLDT Relation historique du Voyage aux Régions équinoxiales du Nouveau Continent FAIT EN 1799, 1800, 1801, 1802, 1803, ET 1804 PAR AL. DE HUMBOLDT ET A. BONPLAND RÉDIGÉ PAR ALEXANDRE DE HUMBOLDT Neudruck des 1814-1825 in Paris erschienenen vollstândigea Originals, besorgt, eingeleitet und um ein Register vermehrt von HANNO BECK BAND III STUTTGART 1970 F. A. BROCKHAUS Komm.-Gesch. GmbH., Abt. ANTIQUARIUM ISBN 3 87103 014 7 f Dos Titelblatt der franzôsischen Originalausgabe nennt ah Verleger filr Band I G. Dufour, Paris Band II N. Maze, Paris Band III J. Smith et Gide Fils, Paris Ferner enthàlt es den Vermerk: „Avec deux atlas, qui renferment, Vun les vues des Cordillères et les monumens des peuples indigènes de V Amérique, et Vautre des cartes géographiques et physiques.'-'' Der Verlag dièses Neudrucks der „Relation Historique'' hofft, auch den Inhalt dieser Atlaswerke in eini°en Jahren anhieten zu kiinnen. Das Register am SchluB des 3. Bandes wurde verfaCt von Professer Dr. Hanno Beck. © 1970 F. A. Brockhaus, Komm.-Gesch. GmbH, Abt. Antiquarium, Stuttgart. AUe Rechte fur das Register, auch die des auszugsweisen Nachdrucks, der photomechanischen Wiedcrgabe und der tJbersctzung, vorbehalten. VOYAGE DE HUMBOLDT ET BONPLAND PREMIERE PARTIE. RELATION HISTORIQUE. VOYAGE DE HUMBOLDT ET BONPLAND. PREMIERE PARTIE RELATION HISTORIQUE. TOME TROISIÈME /ti\Mi«VV«'«V%VbVW\i«i%V\%iW«%% V%V\V\\ t%%'W4WVVli«\« wx-w «% «\\\ ««%% A PARIS, Chez J. SMITH, libraire, rue montmorency, n" 16. Et GIDE FILS, libraire, rue saint-marc-feydeau, n° 20. ««-v^vbiivtvw^^t'^wv* 1825. VOYAGE AUX RÉGIONS ÉQUmOXIALES Dli NOUVEAU CONTINENT. %/%/vm/\^^/s/\\/\^%im^^m^\^ LIVRE IX. ^.'V^^/VNA/VX^'^^^/W* »* CHAPITRE XXV. LLAXOS DEL PAO OU PARTIE ORIENTALE DES PLAINES ( STEPPES ) DE VENEZUELA. — MISSIONS DES CARAÏBES. — DERNIER SEJOUR SUR LES COTES DE NUEVA-BARCELONA , DE CUMANA ET d'aRAYA. Il faisoit déjà nuit lorsque nous traversâmes pour la dernière fois le lit de rOrénoque. Nous devions coucher près du fortin de San Rafaël , et entreprendre , le lendemain, dès l'aube du jour, le voyage à travers les steppes de Venezuela. Près de six semaines s'étoient écoulées depuis notre arrivée à l'Angostura ; nous désirions vivement atteindre les côtes pom* trouver , soit à Cumana , soit à Nueva-Barcelona , un bâtiment qui pût nous conduire h l'ile de Cuba et de là au Mexique. Après les souffrances auxquelles nous avions été exposés pendant plusieurs mois , navigant dans de petits canots sur des fleuves infestés de mous- tiques , ridée d'un long voyage de mer se présentoit avec cpielque charme à notre imagination. Nous ne comptions plus revenir dans l'Amérique méridionale. Sacrifiant les Andes du Pérou à l'archipel si peu connu des Philippines , nous Relation historique , Tom. III. i 2 LIVRE IX, persistions dans notre ancien projet de rester une année dans la Nouvelle-Espagne, de passer avec le Galion d'Acapulco à ]\Ianille , et de retourner en Europe par la voie de Bassora et d'iVlep. Il nous paroissoit qu'une fois sortis des possessions espagnoles en Amérique, la chute d'un ministère dont la noble confiance m'a voit procuré des permissions si illimitées , ne pouvoit plus nuire à l'exécution de notre entreprise. Ces idées nous agitoient pendant le voyage monotone à travers les steppes. Rien ne fait mieux endurer les petites contrariétés de la vie que l'occu- pation qu'offre à l'esprit l'accomplissement prochain d'un dessein hasardeux. Nos mulets nous attendoient sur la rive gauche de l'Orénoque. Les collections de plantes et les suites géologiques que nous portions avec nous depuis l'Esme- ralda et le Rio Negro avoient beaucoup augmenté nos bagages. Comme il auroit été dangereux de nous séparer de nos herbiers , nous devions nous attendre à un voyage très-lent à travers! PS /^/«noj. La chaleur étoit excessive , à cause de la réver- bération du sol qui est presque dé])oiirvu de vcgctaux. Le thermomètre centigrade ne se soutenoit cependant, le jour (à l'ombre) , qu'à 3o° ou 34°, la nuit à a^^ou 28°. C'étoit donc , comme presque partout sous les tropiques , moins le degré absolu de chaleur que sa duiée qui affectoit nos organes. Nous mîmes treize jours à traverser les steppes, en séjournant un peu dans les missions Caribes (Caraïbes) et dans la petite ville du Pao. J'ai tracé plus haut ' le tableau physique de ces immenses plaines qui séparent les forêts de la Guyane de la chaîne côtière. La partie orientale des Llanos que nous parcourûmes entre l'Angostura et Nueva- Barcelona, offre le même aspect sauvage qpe la partie occidentale par laquelle nous étions parvenus des vallées d'Aragua à San Fernando de Apure. Dans la saison des sécheresses , qu'on est convenu d'appeler ici Y été, quoique le soleil soit dans l'hémisphère austral, la brise se fait sentir avec plus de force dans les steppes de Ciunana que dans celles de Caracas ; car ces vastes plaines forment , comme les champs cultivés de la Lombardie , un bassin intérieur, ouvert à l'est et formé au nord , au sud et à l'ouest par de hautes chaînes de montagnes primitives. Malheureusement nous ne pûmes profiter de cette brise rafraîchissante dont les Llaneros (habitans des steppes ) parlent avec délices. C'étoit la saison des pluies au nord de l'équateur ; il ne pleuvoit pas dans les Llanos même , cependant le changement de déclinaison du soleil avoit fait cesser depuis long- temps le jeu des courans polaires. Dans ces régions équatoriales, où l'on peut s'orienter d'après la direction des nuages et où les oscillations du mercure dans ■• Tora. II, p. i'iC-210. CHAPITRE XXV. 3 le ]jaromètre indiquent Theure presque comme une horloge , tout est soumis à un type régulier et uniforme. La cessation des brises , l'entrée de la saison des pluies et la fréquence des explosions électriques sont des phénomènes qui se trouvent liés par des lois immuables. Au confluent de l'Apure et de l'Orénoque, près de la montagne de Sacuima, nous avions rencontré un fermier françois qui vivoit au milieu de ses troupeaux dans l'isolement le plus parfait ^ G'étoit cet homme simple qui croyoit que les révolutions politiques de l'ancien monde et les guerres qiii en ont été les suites ne tenoient « qu'à la longue résistance des moines de l'Observance. » A peine entrés dans les Llanos de Nueva-Barcelona , nous passâmes encore la première nuit chez un François qui nous accueillit avec la ])lus aimable hospitalité. Il étoit natif de Lyon , avoit quitté son pays très-jeune , et ne paroissoit guère se soucier de ce qui se faisoit au-delà de l'Atlantique, ou, comme on dit ici assez dédaigneusement pour l'Europe, « de l'autre côté de la grande mare» [del otro laclo del charco). Nous vîmes notre hôte occupé à joindre de gros morceaux de bois, au moyen d'une colle gluante appelée guayca. Cette substance, dont se servent les menuisiers de l'Angostura , ressemble à la meilleure colle -forte tirée du règne animal. Elle se trouve toute préparée entre l'écorce et l'aubier d'une liane ^ de la famille des Comhretacées. Il est probable qu'elle se rapproche par ces propriétés chimiques de la glu, principe végétal que l'on tire des baies du gui et de l'écorce interne du houx. On est étonné de l'abondance avec laquelle cette matière gluante découle lorsqu'on coupe les branches sarmenteuses du Ve'juco de Guayca. C'est ainsi que sous les tropiques on trouve à l'état de jiureté et déposé dans des organes particuliers ce que sous la zone tempérée on ne jieut se procurer que par les piocédés de l'art ^. Nous n'arrivâmes que le troisième jour aux missions caribes du Cari. Nous vîmes dans ces contrées le sol moins crevassé par la sécheresse que dans les Llanos de Calabozo. Quelques ondées avoient ranimé la végétation. De petites graminées, et surtout ces Sensitives herbacées , si utiles pour engraisser le bétail à demi- sauvage, formoient un gazon serré. A de grandes distances les uns des autres ' Tom. II, p. 627. ''■ Combretum Guayca. On pourroit croire que le nom de Chigommier, donné par les botanistes aux différentes espèces de Combretum , fait allusion à cette matière gluante ; mais ce nom dérive de Chigouma. (Combretum laxmn, Aubl.), mot de la langue galibi ou caribe. 3 Tom. II, p. 43S. 4 LIVRE IX. 5 elevoient quelques troncs de palmier à éventail (Corypha tectorum) , de Rhopala ' ( Chaparro ) et de Malpighia ^ à feuilles coriaces et lustrées. Les endroits humides se reconnoissent de loin par des groupes de Mauritia , qui sont les Sagoutiers de ces contrées. Ce palmier forme près des côtes toute la richesse des Indiens Guaraons ; et, ce qui est assez remarquable, nous l'avons retrouvé, i6o lieues plus au sud, lui milieu des forêts du Haut-Orénoque, dans les savanes qui entourent le ])ic granitique de Duida 3. H étoit chargé , dans cette saison , d'énormes régimes de fruits rouges semblables à des cônes de pins. Nos singes étoient très-friands de ces fruits dont la chair jaime a le goût d'ime pomme trop avancée en maturité. Placés entre nos charges sur le dos des mulets , ces animaux s'agitoient vivement pour atteindre les régimes qui étoient suspendus sur leurs têtes. La ])laine étoit ondoyante par l'effet du mirage '^j et, lorsqu'après une heure de chemin nous atteignîmes ces troncs de palmier qui paroissent comme des mâts à l'horizon , nous fûmes étouués de voh cumbien de choses sont liées à l'existence d'un seul végétal. Les vents , perdant de leur vitesse au contact avec le feuillage et les branches, accumulent le sable autour du tronc. L'odeur des fruits, l'éclat de la verdure attirent de loin les oiseaux voyageurs qui aiment à se balancer sur les flèches du palmier. Un doux frémissement se fait entendre à l'entour. Accablé de chaleur, accoutumé au morne silence de la steppe, on croit jouir de quelque fraîcheur au moindre bruit du feuillage. Si vous examinez le sol du côté opposé au vent , vous le trouvez humide long - temps après la saison des pluies. Des insectes et des vers ^ , partout ailleurs si rares dans les Llanos , s'y ' Les Protéacées ne sont pas, comme l'Araucaria, une forme exclusivement australe. (Kotzebue , Reise , Toni. III, p. i3.) Nous avons trouvé le Rhopala complicata et le R. obovata par 2° -jet 10° de latitude nord, ^oyez nos iVbi'. Gen., Tom. II, p. i53. •■ Un genre voisin : Byrsonima cocollohœfolia , B. laurifolia près de Mata gorda et B. ropalœfuUa. Les colons européens, qui , d'après de foibles analogies , croient retrouver partout dans la végétation des tro- piques les plantes de leur patrie, appellent les Malpighia Alcornoque (arbre à liège), sans doute à cause de l'écorce tubéreuse du tronc. Cette écorce renferme du tannin, et dans un autre Malpighia (BjTSouiraa Moureila) qui est l'arbre fébrifuge de Cayenne, on suppose, non sans raison , l'e.tbtence de la quinine ou de la cinchonine réunies au tannin. ^ he Muric/ii est, comme le Sagus Rumphii, un palmier de marécages ( Tom. I, p. 493; Tom. Il, p. 168, 3i6, 565 et 652.) j ce n'est pas wa palmier du littoral , comme le Chamxrops humilis, le Cocotier commun et le Lodoicea. * Tom. I, p. 296. Tom. II, p. i64. 5 De quel genre sont les vers (en arabe, Loul) que le capitaine Lyon , compagnon de mon courageux et infortuné ami M. Rilcbie, a trouvés dans les mares du désert de Fezzan, qui servent de nourriture aux Arabes , et qui ont le goût du caviar? Ne seroient-ce pas des œufs d'insectes semblables à VJguautle quu j'ai vu vendre au marché de Mexico , et que l'on recueille à la surface du lac de Tezciico {Gazeta de Litte- latttra de Mexico , 179! , Tom. III , n.'' 26, p. 201.) CHAPITRE XXV. 5 rassemblent et s'y multiplient. C'est ainsi qu'un arbre isolé , souvent rabougri , qui ne fixeroit pas l'attention du voyageur au milieu des forêts de l'Orénoque , répand autour de lui la vie dans le désert. Nous anivàmes le 1 3 juillet au village du Cari ' , la première des missions caribes qui dépendent des moines de XOhservance du Collège de Piritu -. Nous logeâmes comme de contiune au couvent , c'est-à-dire chez le curé. Nous avions , outre les passe-ports du capitaine général de la province , des recommandations des évêques et du gardien des missions de l'Orénoque. Depuis les côtes de la Nouvelle-Californie jusqu'à Valdivia et à l'embouchure du Rio de la Plata , sur une étendue de deux mille lieues , on peut vaincre toutes les difficultés d'un long voyage de terre , si l'on jouit de la protection du clergé américain. Le pouvoir que ce corps exerce dans l'état est trop bien établi pour qu'un nouvel ordre de choses puisse l'ébranler de long-temps. Notre hôte eut de la peine à comprendre « com- ment des gens du nord de l'Europe arrivoient chez lui des frontières du Brésil par le Rio Negro et l'Orénoque, et non par le chemin de la côte de Cumana. » Il nous traitoit de la manière la plus affable , tout en montrant cette curiosité un peu importune que fait naître toujours dans l'Amérique méridionale la vue d'uu étranger non espagnol. Les minéraux que nous avions ramassés dévoient contenir de l'or; des plantes séchées avec tant de soin ne pouvoient être que des plantes médicinales. Ici, comme dans beaucoup de parties de l'Europe, on ne. croit les sciences dignes d'occuper l'esprit cju'autant qu'elles offrent à la société quelque utilité matérielle. Nous trouvâmes plus de 5oo Caribes dans le village de Cari ; nous en vîmes beau- coup d'autres dans les missions d'alentour. C'est un aspect très-curieux que celui d'un peuple jadis nomade , récemment attaché au sol , et différent de tous les autres Indiens par sa force physique et intellectuelle. Je n'ai vu nulle part ime race entière d'hommes plus élancée (de 5 pieds G pouces à 5 pieds i o pouces) et de stature plus colossale. Les hommes, et cela est assez commun en Amérique 3, sont plus couverts ({ue les femmes. Celles-ci ne portent que le guajuco ou perizoma , en forme de bandelette ; les hommes ont tous le bas du corps jusqu'aux hanches enveloppé d'un morceau de toile bleu foncé, presque noir. Cette draperie est tellement ample que, lorsque la tempéra tiu-e baisse vers le soir, les Caribes s'en couvrent ime de ' N^"" S" del Socorro del Cari, fondé en 1 761. ' Ces missionnaires s'appellent Padres Missioneros Observantes del Celegio de la Purissima Concep- cion de Propaganda F'ide en la Niieva Barcelona. ^ Voyez plus haut; Toiu. II, p. 470. 6 LIVRE IX. leurs épaules. Comme ils ont le corps teint cYonoto ' , leurs grandes figures d'iui rouge cuivré et pittoresquement drapées ressemblent de loin , en se projetant dans la steppe contre le ciel, à des statues antiques de bronze. La coupe des cheveux chez les hommes est très-caractéristique : c'est celle des moines ou des enfans de chœur. Le front est en partie rasé , ce qui le fait paroitre très-grand. Une grosse touffe de cheveux , coupée en cercle , ne commence que très-près du sommet de la tète. Cette ressemblance qu'ont les Cariljes avec les moines n'est pas le résultat de la vie des missions. Elle n'est pas due, comme on l'a avancé laussement, au désir qu'ont les indigènes d'imiter leurs maîtres , les pères de Saint- François. Les tribus qui ont conservé leur sauvage indépendance, entre les sources du Carony et du Rio Branco, se distinguent par ce même cerquillo de frailes que , lors de la découverte de l'Amérique , les premiers historiens espa- gnols ^ altribuoient déjà aux peuples de race caribe. Tous les hommes de cette race que nous a\ ons vus, soit en navigant sur le Bas-Orénoque, soit dans les missions de Piritu diffèrent des autres Indiens, non seulement par leur taille élancée, mais aussi par la régularité de leurs traits. Ils ont le nez moins large et moins épaté , les pommettes moins saillantes , la physionomie moins mongole. Leurs yeux, qui sont plus noirs que chez d'autres hordes de la Guyane , annoncent de l'intelligence , on diroit presque l'habitude de la réflexion. LesCaribes ont de la gravité dans les ma- nières et quelque chose de triste dans le regard que l'on retrouve parmi la majeure partie des habitans primitifs du Nouveau-Monde. L'expression de sévérité qu'offrent leurs traits est singulièrement augmentée par la manie qu'ils ont de se teindre les sourcils avec le suc du Caruto ^, de les agrandir et de les joindre ensemble ; souvent ils se font des taches noires sur toute la figure pour paroitre plus farouches. Les magistrats de la commune, le Governador elles Alcaldes , qui seuls ont le droit de porter de longues cannes , vinrent nous visiter. Il y avoit parmi eux de jeunes Indiens de dix-huit à vingt ans, car le choix ne dépend que de la volonté du mis- sionnaire. Nous étions frappés de retrouver, parmi ces Caribes peints (ïonoto , ces airs d'importance, ce maintien compassé, ces manières froides et dédaigneuses que l'on rencontre parfois chez les gens en place dans l'ancien continent. Les femmes caribes sont moins robustes et plus laides que les hommes. Elles sup- ' Hocou tiré du Bixa Orellana. En car'ihe, ce pigment s'appelle hichet, * « Reglo ab incolis Caramairi dicitur, in qua viros simul et feminas statura aiiint pulcberrimos esse, n nudos tamen, capillis aure tenus scissis mares, feminas ohlongis. A Caribibuà, sive Canibalibus, carnium hiima- u narum edacil)us, originera traxisseCaramairenses existimant. Petr. Martyr.Ocean. (i533}, p.aS, D. et 26U. 3 Voyez plus haut, Tom. II, p 262 CHAPITRE XXV. y portent presque seules tout le poids des travaux domestiques et de ceux des champs. Elles nous demandoient avec instance des épingles qu'elles plaçoient , faute de poches, sous la lèvre inférieure : elles se percent la peau, de sorte que la tête de l'épingle reste dans l'intérieur de la bouche. C'est une habitude qu'elles ont conservée de leur premier état sauvage. Les jeunes filles sont teintes en rouge et au guajuco près toutes nues. Parmi les différens peuples des deux mondes , l'idée de nudité n'est qu'une idée relative. Dans quelques parties de l'Asie , il n'est pas permis à une femme de montrer le bout des doigts, tandis qu'une Indienne de race caribe ne se croit guère nue lorsqu'elle porte un guajuco de deux pouces de large. Encore cette bandelette est-elle regardée comme une partie moins essentielle du vêtement que le pigment qui couvre la peau. Sortir de sa cabane sans être teint (}ionoto , ce seroit pécher contre toutes les règles de la décence caribe. Les Indiens des missions de Piritu fixoient d'autant plus notre attention qu'ils appartiennent à un peuple qui , par son audace , par ses entreprises guerrières et par son esprit mercantile, a exercé une grande influence sur le vaste pays qui s'étend de l'équateur vers les côtes septentrionales. Partout à l'Orénoque nous avions trouvé les souvenirs de ces incursions hostiles des Caribes : elles ont été poussées jadis depuis les sources du Carony et de l'Erevato jusqu'aux rives du Ventuari, de l'Atacavi et du Rio Negro". Aussi la langue des Caribes est-elle des plus répandues dans cette partie du monde : elle a même passé (comme à l'ouest des Alleghanis, la langue des Lenni-Lenapes ou Algonkins et celle des Natchez ou Muskoghées) à des tribus qui n'ont pas la même origine. Lorsqu'on jette les yeux sur cet essaim de peuples répandus dans les deux Amé- riques , à l'est de la Cordillère des Andes , on s'arrête de préférence à ceux qui , ayant dominé long-temps sur leurs voisins, ont joué un rôle plus important sur la scène du monde. C'est un besoin de l'historien de grouper les faits , de distinguer des masses, de remonter aux sources communes de tant de migrations et de mouvemens populaires. De grands empires , l'organisation régulière d'une hié- rarchie sacerdotale , et la culture que cette organisation favorise dans le premier âge de la société , ne se sont trouvés que sur les hautes montagnes de l'ouest. Nous voyons au Mexique une vaste monarchie et de petites républiques enclavées; à Cundinamarca et au Pérou, de véritables théocraties. Des villes for- tifiées , des chemins et de grands monumens en pierre , un développement extraordinaire du système féodal, la séparation des castes, des couvens d'hommes » Tom. II, p. ?95, 397, 471. 8 LIVRE IX. et de femmes, des congrégations religieuses suivant une discipline plus ou moins sévère , des divisions du temps très-compliquées et liées aux calendriers , aux zodiaques et à l'astrologie des peuples éclairés de l'Asie , tous ces phénomènes n'appartiennent , en Amérique , qu'à une seule région , à cette bande alpine , à la fois longue et étroite, qui s'étend des 3o° de latitude boréale aux 26° de latitude australe. Dans l'ancien monde , le flux des peuples a été de l'est à l'ouest ; les Basques ou Ibériens , les Celtes , les Germains et les Pelasges ont paru successi- vement. Dans le Nouveau-^NIonde , des migrations semblables ont été dirigées du nord au sud. Chez les nations qui habitent les deux hémisphères , la direction du mouvement a suivi celle des montagnes ; mais , sous la zone torride , les plateaux tempérés des Cordillères ont exercé une plus grande influence sur la destinée du genre humain que ne l'ont fait les montagnes de l'Asie et de l'Europe centrale. Or , comme les seuls peuples civilisés ont , à proprement parler , ime histoire, il en résulte que l'histoire des Américains n'est que celle d'un petit nombre de peuples montagnards. Une nuit profonde enveloppe l'immense pays qui se prolonge de la pente orientale des Cordillères vers l'Atlantique; et, pour cela même , tout ce qui a rapport , dans ce pays , à la j)répondérance d'une nation sur les autres , à des migrations lointaines , aux traits physionomiques qui annoncent une race étrangère, excite vivement notre intérêt. Au milieu des plaines de l'Amérique septentrionale, une nation puissante, qui a disparu , a construit des fortifications circulaires , carrées et octogones , des murs de 6000 toises de longueur, des tumulus de 700 à 800 cents pieds de diamètre, et de 1 4o pieds de hauteur, tantôt ronds, tantôt à plusieurs étages , renfermant des milliers de squelettes. Ces squelettes appartiennent à des hommes moins élancés , plus trapus que les habitans actuels de ces contrées. D'autres ossemens , enveloppés dans des tissus qui ressemblent à ceux des iles Sandwich et Fidji , se trouvent dans les grottes naturelles du Kentucky. Que sont devenus ces peuples de la Louisiane , antérieurs aux Lenni-Lenapes , aux Shawanoes , peut-être même aux Sioux (?s^adowesses, Narcota) du Missoury qui sont {ortement inongolis es , et que , d'après leur propre tradition, on croit être venus des côtes de l'Asie? Dans les plaines de l'Américjue méridionale, comme je l'ai exposé ailleurs, on trouve à peine quelques tertres [cerros hechos a ifiano), nulle part des ouvrages de fortification analogues à ceux de l'Ohio. Cependant, sur une vaste étendue de terrain, au Bas-Orénof|ue comme sur les rives duCassiquiareet entre les sources ' Voyez la note A à la fin du g." Livre. CHAPITRE XXV. 9 de TEssequebo et du Rio Branco , des rochers de granité sont couverts de figures symboliques. Ces sculptures annoncent que les générations éteintes appartenoient à des peuples différens de ceux qui habitent aujourd'hui ces mêmes contrées. A l'ouest , sur le dos de la Cordillère des Andes , rien ne semble lier l'histoire du Mexique à celle de Cundinamarca et du Pérou; mais dans les plaines de l'est, une nation belliqueuse , long-temps dominante , offre , dans ses traits et dans sa constitution physique , les traces d'une origine étrangère. Les Caribes conservent des traditions qui semblent indiquer des communications anciennes entre les deux Amériques. Un tel phénomène mérite une attention particulière ; il le mérite , quel que soit le degré d'abrutissement et de barbarie (|ue les Européens ont trouvé , à la fin du quinzième siècle , chez tous les peuples non-montagnards du Nouveau- Continent. S'il est vrai que la plupart des sauvages , comme paroissent le prouver leurs langues , leurs mythes cosmogoniques et une foule d'autres indices ne sont que des races dégradées , des débris échappés à un naufrage commun , il est double- ment important d'examiner les routes par lesquelles ces débris ont été poussés d'un hémisphère à l'autre. La belle nation des Caribes n'habite auj ourd'hui qu'une petite partie des pays qu'elle occupoitlors de la découverte de l'Amérique. Les cruautés exercées par les Européens l'ont fait entièrement disparoître des Antilles et des côtes du Darien , tandis que , soumise au régime des missions, elle a formé des villages populeux dans les jMovinces de Nueva-Barcelona et de la Guyane espagnole. Je crois qu'on peut évaluer à plus de 35,ooo les Caribes qui habitent les Llanos de Piritu et les rives du Carony et du Cuyuni. Si , à ce nombre on ajoutoit les Caribes indé- pendans, qui vivent à l'ouest des montagnes de Cayenne et de Pacaraymo, entre les sources de l'Essequebo et du Rio Branco , on obtiendroit peut-être une masse totale de 4o,ooo individus de race pure, non mélangée avec d'autres races indigènes. J'insiste d'autant plus sur ces notions, qu'avant mon voyage on avoit l'habitude de parler des Caribes, dans beaucoup d'ouvrages géographiques, comme d'une race éteinte ^ Ne connoissant pas l'intérieur des colonies espagnoles du con- tinent , on supposoit que les petites îles de la Dominique, de la Guadeloupe et de Saint-Yincentavoientété la demeure principaledecette nation dontil n'existe (dans toutes les Antilles orientales) que des squelettes ^ pétrifiés, ou plutôt envelopj)és ' Essai polit. , Tom. I , p. S.l. ' Ces squelettes ont été découverts en l8o5 par M. Cortès, que j'ai déjà eu occasion de citer plus haut pour ses intéressantes observations géologiques. {^Relat. hist., Tora. II, p. 21.) Ils sont enchâssés dans une formation dehrèche à madrépores que les nègres appellent très-naïvement maçonne-bon-Dieu , et qui, récente comme Relalion historique , Tom. III. a 10 LIVRE IX. dans un calcaire à madrépores. D'après cette supposition , les Caribes auroient dis])aru en Amérique comme les Guanches dans Tarcliipel des Canaries. Des tribus qui, appartenant à un même peuj)le, reconnoissent une origine commune , se désignent par im même nom. Généralement le nom d'une seule horde est donné à toutes les autres par les nations voisines; quelquefois aussi des noms de lieux deviennent des dénominations de peuples, où ces der- nières naissent d'une épithète dérisoire , de l'altération fortuite d'un mot mal prononcé. Le nom des Caribes , que je trouve pour la première fois dans une lettre de Pierre Martyr d'Angliiera , dérive de Câlina et de Caripuna , les l et p étant transformés en r et 6 '. Il est même très-remarquable que ce nom, que Colomb entendit de la bouche des peuples d'Haïti ^ , se retrouvoit à la fois chez les Caribes des îles et chez ceux du continent. De Carina ou Câlina on a fait Galibi ( Caribi ) , dénomination sous laquelle on connoît , dans la Guyane françoise ^ , une peuplade d'une stature beaucoup plus petite que les habitans du Caii, mais qui parle un des nombreux dialectes de la langue caribe. Les hal^itans des îles s'appeloient, dans l'idiome des hommes, Calinago; dans celui des femmes, Calli- pinan. Cette diflférence entre le langage des deux sexes est plus marquée chez les peuples de race caribe que chez d'autres nations américaines ( les Omaguas , les Guaranis et les Chiquitos) , où elle ne porte que sur un jietit nombre d'idées , ]iar exemple , sur les mots mère et enfant. On conçoit que les femmes , d'après leur manière isolée de vivre , se créent des locutions particulières que les hommes ne veulent point adopter. Cicéron '* observe déjà que les formes anciennes se con- servent de préférence dans la bouche des femmes , parce que leur position dans la le travertin H'ItaVie , enveloppe des débris de vases et d'autres onvrages humains. M. Daivxion Lavaysse et le docteur Konig ont fait les pieiuiers counoître eu Europe ce pliénomène qui, pendant quelque temps, a fixé l'attention des géologues. [Phil. Tr. i8i4, Tah. m. Cuvier, Ossem. foss. , Tom. I, p. lxvi.) ^ Petr. Mart. Epist. ad Pomp. Letum [Non. Dec. lig't) Lib. VII , n." 14;, fol. xxxy , et Océan., Lib. I, fol. 2 A. D'après la prononciation caribe on confond balana elpnrana, la mer. '^ Fern. Colon, Cap. xxxiv, dans Churchill. Coll., Vol. II, p. 538. Herera j Dec. I, p. 34. 3 Les Galibis (Calibitis), les Palicours et les Acoquouas ont aussi l'habitude de se couper les cheveux à la manière des moines, et de placer des liens aux jambes des enfans pour faire gonfler les muscles. Ils ont la même prédilection pour les pierres vertes (de Saussurite) que nous avons reconnues chez les peuples caribes de rOrénoque. ( Rel. hist., Tom. II, p. 482. ) Il y a en outre dans la Guyane françoise une vingtaine de trlljus indiennes que l'on distingue dcsG.ilibis, quoique, par leur l.-ingue , elles prouvent avoir une origine commune avec eux. Barrère , France équin., p. I2i, 239. Lescallier , sur la Guyane, p. 78. * Cicero, de Orat., Lib. III, Cap. xii, J. 45, éd. Verburg. «Facilius enim midieres incorruptam anti- quitatem conservant, quod multorum sermonis expertes ea tenent semper, quse prima didicerunt. « CHAPITRE XXV. II société les expose moins à ces vicissitudes de la vie (à ces changemens de lieu et d'occupation) qui , chez les hommes, tendent à altérer la pui'eté primitive du langage. Mais le contraste qu'il y a chez les peuples caribes entre le dialecte des deux sexes est si grand et si surprenant que , pour l'expliquer d'une manière satisfai- sante , il faut recourir à une autre cause. On a cru la trouver ' dans l'usage barl^are cjii'avoient ces peuples de tuer les prisonniers mâles et d'emmener en esclavage les femmes des vaincus. Lorsque les Caribes firent leur irruption dans l'archipel des petites Antilles , ils y arrivèrent comme une horde de guerriers , non comme des colons accompagnés de leurs familles. La langue des femmes s'y formoit à mesure que les vainqueurs contractoient des alliances avec des femmes étrangères. G'étoient de nouveaux élémens , des mots distincts des mots caribes ^ qui , dans l'intérieur des Gynécées , se transmettoient de génération en génération , mais sur lesquels la structure , les combinaisons , les formes grammaticales de la langue des hommes exerroient leur influence. Il se faisoit alors, dans une petite réunion d'individus , ce que nous trouvons dans tout le groupe des peuples du Nouveau-Continent. C'est une disparité totale des mots à côté d'une grande analogie dans la structure qui caractérise les langues américaines , depuis la baie d'Hudson jusqu'au détroit de Magellan. Ce sont comme des matières différentes , revêtues de formes analogues. Si l'on se rappelle que ce phénomène embrasse presque de pôle à pôle tout un côté de notre planète , si l'on considère les nuances qui existent dans les combinaisons grammaticales (dans les genres appli- qués aux trois personnes du verbe, les réduplications, les fréquentatifs , les duels), on ne sauroit être assez surpris de trouver chez une portion si considérable de l'espèce hmnaine une tendance uniforme dans le développement de l'intelligence et du langage. Nous venons de voir que le dialecte des femmes caribes , dans les Antilles , renfermoit les débris d'une langue éteinte. Quelle étoit cette langue? voilà ce que nous ignorons. Quelques écrivains ont pensé que ce pourroit être celle des Ygneris ou habitans primitifs des îles Caribes , dont quelque foibles restes se sont conservés à la Guadeloupe; d'autres y ont vu quelques rapport avec l'ancien idiome de Cuba, ou avec ceux des Aruacas et des Apalachites en * Voyez plus haut, Tom. II, p. 439 et 5oo. ^ Voici quelques exemples des différences obser\'ées entre le langage des hommes (h) et des femmes (f): de , oubao h. , acaera f. ; homme , ouekclli h. , cyeri f. ; mais , Irhea li. , atlca f. Comparez aussi Garcia Orig. de los Ind. , 172g , p. 172, 176 et 23S. 12 LIVRE IX. Floride ^ : mais toutes ces hypothèses se fondent sur une connoissance très- imparfaite des idiomes qu'on a tâché de comparer. En lisant avec attention les auteurs espagnols du i6.' siècle, on voit que les nations caribes s'étendoient alors sur 1 8° à 19° de latitude, depuis les îles Vierges à l'est de Portorico jusque vers les bouches de l'Amazone. Un autre prolonge- ment vers l'ouest , le long de la chaîne côtière de Sainte-Marthe et de Venezuela , ])aroît moins certain. Cependant Lopez de Gomara et les plus anciens historiens appellent Caribana, non comme on a fait depuis, le pays entre les sources de rOrénoque et les montagnes de la Guyane françoise ^ , mais les plaines maréca- geuses entre les embouchures du Rio Atrato et du Rio Sinu. J'ai été moi-même sur ces côtes , voulant me rendre de la Havane à Portobelo ; j'y ai appris que le cap qui borde à l'est le golfe du Darien ou d'Uraba , porte encore aujourd'hui le nom de Punta Caribana. C'étoit jadis ime opinion assez répandue que les Caribes des îles Antilles tiroient leur origine, et même leur nom, de ces peuples guerriers du Darien. « Inde Vrabam ab oriental! prehendit ora , ijuam appellant indigenae Caribana, unde Caribes insulares originem habere nomenque retinere dicuntur. » C'est ainsi que s'exprime Anghiera ^ dans les Océaniques. Un neveu d'Amerigo Vespucci lui avoit dit que , de là jusqu'aux montagnes neigeuses de Sainte -Marthe, tous les iodigènes étoient «e génère Caribiiun vel Canibalium. » Je ne nierai point que de vrais Caribes aient pu avoir un établis- sement près du golfe du Darien , et qu'ils aient pu y être portés par les courans de l'est ; mais il se peut aussi que , peu attentifs aux langues , les navigateurs espagnols aient nommé caribe et canibale toute nation d'une taille élancée et d'un caractère féroce. Toujours , il est peu probable que le peuple caribe des Antilles et de la Parime se soit imposé à lui-même un nom de la région qu'il avoit habitée primitivement. A l'est des Andes , et partout où la civilisation n'a point encore pénétré, ce sont plutôt les peuples qui donnent le nom aux lieux » Lahat Vov. Tom. VI, p. 129. Rochefort, p. 826. Bibl. univ., 1817, p. 355. Le mot /^«ris (lyeris ?) serolt-il la corruption à'Eyeris qui, comme nous venons de le voir, signifie homme dans le dialecte des femmes caribes. Cet emploi du mot homme est partout très-commun dans les noms ethnographiques. * Carie d'Hondlus, de iSgg, qui accompagne l'édition latine de la Relation du Voyage de Ralegh. Dans l'édition hollandoise [Nieutve Caerle van het goudrycke landt Guiana) , les Llanos de Caracas, entre les montagnes de Merida et le Rio Pao , portent le nom de Caribana. On remarque ici ce que l'on observe si sou- vent dans l'histoire de la géographie , qu'une même dénomination a été portée peu à peu de l'ouest à l'est. 3 Petr, Mari., Dec. II, Lib. I, p. 26. B. Dec. III ^ Lib. V, p. 54 A. CHAPITRE XXV. l3 dans lesquels ils se sont établis '. Nous avons déjà eu occasion de rappeler plusieurs fois que les mots Caribes et Canibales paroissent significatifs ; que ce sont des épithètes qui font allusion à la vaillance , à la force , et même à la supériorité de l'esprit ^. Il est bien digne de remarque qu'à l'arrivée des Portugais, les Brésiliens désignoient aussi leurs magiciens par le nom de Caraïbes 3. Nous savons que les Caribes de la Parime étoient le peuple le plus voyageur de l'Amé- rique; peut-être des individus rusés de cette nation vagabonde jouoient-ils le même rôle que les Chaldéens dans l'ancien continent. Des noms de peuples s'attachent facilement à de certaines professions ; et lorsque , sous les Césars , les supers- titions de l'Orient s'introduisirent en Italie , les Chaldéens ne venoient pas plus des bords de l'Euphrate que nos Égyptiens et Bohémiens ( parlant un dialecte de l'Inde ) ne sont venus des bords du Nil et de l'Elbe. Lorsqu'une même nation habite la Terre-Ferme et des îles voisines, on peut opter entre deux hypothèses , en supposant que l'émigration s'est faite des îles au continent ou du continent dans les îles. C'est le problême qu'offrent les Ibériens (Basques) qui étoient établis à la fois en Espagne et sur les îles de la Méditerranée '^. C'est celui que présentent des Malayes qui paroissent autoc- thones dans la péninsule de Malaca et dans le district de Menangkabao de l'île de Sumatra ^. L'archipel des grandes et des petites Antilles a la forme d'une langue de terre étroite et brisée, parallèle à l'isthme de Panama , et qui réunissoit, selon l'hypo- thèse de quelques géographes , la Floride à l'extrémité nord-est de l'Amérique du Sud. C'est comme le rivage oriental d'tme mer intérieure que l'on peut nommer un bassin à plusieurs issues. Cette configuration singulière des terres a servi pour étayer les différens systèmes de migration par lesquels on a tenté d'expliquer l'établissement des peuples de race caribe dans les îles et sur le continent voisin. Les Caribes du continent admettent que les Petites-Antilles étoient anciennement ' Cesnonu des lieux ne peuvent même se perpétuer que là où les nations se succèdent immédiatement et où la tradition reste non interrompue. C'est ainsi que, dans la province de Quito, beaucoup de cimes des Andes portent des noms qui n'appartiennent ni au quichua (langue de l'Inca) ni à l'ancienne langue desPuruays, gouvernés par le Conchocando de Lican. * Vespucci dit : « Se eorum lingua , Charaibi , hoc est, magnae sapientiae viros vocantes. d Gryn. Nov Orh, (iSSa), p. i45. Sur le mot Canibale, voyez plus haut, Tom. II, p. 5o3. ^ Laet, p. 543. * Wilhelm von Humholdtj Urbewohner Hispaniens, p. 167. 5 Crawfard , Ind. Archipel, Tom. II, p. 371. Je me sers du mot autocthone non pour désigner un fait de création qui n'appartient pas à l'histoire, mais simplement pour indiquer que nous ignorons qu'un autre peuple ait précédé le peuple autocthone. l4 LIVRE IX. habitées par les Aruacas ' , nation guerrière dont la grande masse se trouve encore sur les rives malsaines du Suriname et du Berbice. Ils disent que ces Aruacas , à l'exception des femmes , furent tous exterminés par des Caribes venus des bouclies de rOrénoque, et ils citent, à l'appui de cette tradition, les analogies que l'on observe entre la langue des Aruacas et la langue des femmes chez les Caribes. Mais il faut se rappeler que les Aruacas, quoique ennemis des Caribes, appar- tiennent avec eux à un même rameau de peuples , et qu'il existe entre l'aruaque et le caribe les mêmes rapports qu'il y a entre le grec et le persan , l'allemand et le sanscrit. D'après une autre tradition, les Caribes des iles sont venus du sud, non en conquérans , mais expulsés de la Guyane par les Aruacas , qui dominoient primitivement sur tous les peuples voisins. Une troisième tradition enfin , qui est beaucoup plus générale et plus vraisemblable, fait arriver les Caribes de l'Amérique septentrionale , et nommément de la Floride. Un voyageur qui se van toit d'avoir recueilli tout ce qui a rapport à ces migrations du nord au sud , M. Bristok , affirme qu'une tribu de Confacliites ( Confachiqui) ' avoit guerroyé long-temps avec les Apalachites ; que ceux-ci , ayant cédé à cette tribu le district fertile d'Amana , appeloient leurs nouveaux confédérés Caribes ( c'est-à-dire étrangers valeureux) ; mais qu'à la suite d'une altercation sur le culte, les Confachites-Caribes furent chassés de la Floride. Ils passèrent d'abord , dans leurs petits canots , aux îles Yucayas ou Lucayes (à Cigateo et aux îles voisines) , delà àAyay (Hayhay, aujourd'hui Sainte- Croix) et aux Petites-Antilles, enfin sur le continent de l'Amérique du Sud •^. On croit que cet événement eut lieu vers l'an iioo de notre ère; mais dans celte évalua- tion on suppose (comme dans certains mythes de TOiient), « que la sobriété et l'in- nocence des mœurs des sauvages» , ont pu élever la durée moyenne d'une génération à i8o à 200 ans, ce qui rend entièrement imaginaire l'indication d'une époque fixe. Dans le cours de cette longue migration , les Caribes n'avoient pas touché aux > Arouaques. Le missionnaire Quanclt {Nachricht von Surinam ^ 1807, p. 47.) les appelle Arawaches. "^ La province de Confachiqui soumise, en i5'»i, à une femme, est devenue célèbre par l'expédilion d'Hernando de Soto en Floride, (//er. Dec. VII ^ p. 21.) Aussi, chez les peuples de langue huronne et chez les Attakapas, l'autorité suprême ctoit souvent confiée aux femmes. {^Charlevoixj Tora. V, p. 397; Filson, p. i85.) 3 Rochefort, Hist. des Antilles, Tora. I, p. 326-353; Roberlson, Book III, noie 6g. L'idée du père Gili que les Caribes du continent pourroient bien y être venus des îles Antilles lors de la première conquête des Espagnols (Saggio , Tom. III, p. 2o4.), est contraire à tout ce que rapportent les premiers historiens. CHAPITRE XXV. l5 grandes îles Antilles dont les natifs se croyoient cependant aussi originaires de la Floride • . Les insulaires de Cuba , de Haïti et de Borriken ( Portorico ) étoient, selon le témoignage uniforme des premiers Conquistadores ^ entièrement diflerens des Caribes; et, lors de la découverte de l'Amérique, ces derniers avoient même déjà abandonné le groupe des petites îles Lucayes , archipel dans lequel régnoit, comme cela arrive toujours dans des terres peuplées par des naufragés et des fuyards, une étonnante variété de langues ^. La domination que les Caribes ont si long -temps exercée sur une grande partie du continent , et le souvenir de leur antique grandeur, leur ont inspiré un sentiment de dignité et de supériorité nationale , qui se montre dans leurs manières et dans leurs discours. « Nous sommes seuls un peuple , disent-ils proverbialement ; les autres hommes [oquili) sont faits pour nous servir. » Ce mépris des Caribes pour leurs anciens ennemis est si prononcé , que j'ai vu un enfant de dix ans écumer de rage lorsqu'on l'appeloit Cabre ou Cavere. Cependant de sa vie il n'avoit vu un individu de cette nation ^ malheureuse , qui a donné son nom à la ville de Cabruta (Cabritu), et qui, apiès ime longue résistance, a été presque entièrement exterminée par les Caribes. Partout , et chez des hordes à moitié sauvages , et dans la partie la plus civilisée de l'Europe, nous trouvons ces haines invétérées, ces noms de peuples ennemis (jue l'usage a fait passer dans les langues comme les injures les plus cruelles. Le missionnaire nous conduisit dans plusieurs cabanes indiennes où régnoient de l'ordre et une extrême propreté. Nous vîmes avec peine les tourmens auxquels les mères Caribes soumettent les enfans, dès l'âge le plus tendre, pour grossir non seule- ment leurs mollets, mais alternativement la chair des jambes depuis la cheville jus- qu'au haut des cuisses. Des bandelettes de cuir ou de tissus de coton sont placées comme des liens étroits à 2 et 3 pouces de distance; en les serrant de plus en plus, on fait gonfler les muscles dans l'intervalle des bandelettes. Nos enfans en maillot souffrent bien moins que ces enfans des peuples caribes , chez une nation que l'on dit être plus rapprochée de l'état de nature. C'est en vain que les moines des missions , sans connoître les ouvrages et même le nom de Rousseau , tentent de s'opposer à cet ancien système d'éducation physique ; l'homme sorti des bois , que nous croyons • Herera, Dec. I , p. 235; Dec. II, p. i63. * « La gente de las islas Yucayas era (1492) mas Ijlanca y de major policia que la de Cuba y Haïti. Havia muclia diversidad de lenguas. « Gomara, Htst, de Iiid.j fol sxi. 3 Foyez plus haut, Tom. II, p. SCg, SgS, SgS et 629. l6 LIVRE IX. si simple dans ses mœurs , n'est pas docile lorsqu'il s'agit de sa parure et des idées qu'il s'est formées de la beauté et de la bienséance. J'ai d'ailleurs été surpris de voir que la gêne que l'on fait éprouver à ces pauvres enfans , et qui paroît entraver la circulation du sang , n'afibiblisse pas le mouvement musculaire. Il n'y a pas de race d'hommes plus robustes et plus légers à la course que les Caribes. Si les femmes travaillent à façonner les jambes et les cuisses de leurs enfans , ])Our produire ce que les peintres appellent des contours ondoyans , elles s'abs- tiennent du moins , dans les Llanos , d'aplatir la tête en la comprimant , dès l'âge le plus tendre , entre des coussins et des planches. Cet usage , si commun jadis dans les îles et chez plusieurs tribus de Caribes dans la Parime et la Guyane franroise, ne se pratique pas dans les missions que nous avons visitées. Les hommes y ont le front plus bombé que les Chaymas , les Otomaqnes , les Macos , les Maravitains , et que la plupart des habitans de l'Oréncque. On diroit , d'après des idées systématiques , qu'ils Tonte omme le requièrent leurs facultés intellec- tuelles. Nous avons été d'autant plus frappé de cette observation que les crânes Caribes gravés en Europe ^ , dans quelques ouvrages d'anatomie , se distinguent de tous les crânes humains par le front le plus déprimé et par l'angle facial le plus aigu. Mais on a confondu , dans nos collections ostéologiques , les productions de l'art avec l'état de nature. Ce que l'on donne pour des crânes de Caribes de l'île de Saint -Vincent «presque dépourvus de front» , sont des crânes façonnés entre des planches, et appartenant à des Zambos [Caribes noirs) , qui des- cendent de nègres et de véritables Caribes ^. L'habitude barbare d'aplatir le front se retrouve d'ailleurs chez plusieurs peuples ^ qui ne sont pas d'une même race : on ' Je ne citerai comme exemple qu'une planche dessinée par l'illuslre anatomiste , Pierre Camper : F'iri adulli cranium ex Caraibensium insula Sancti-Kicenlii in Museo Clinii asseruatum , 1785. * Ces malheureux restes d'un peuple puissant ont été déportés, en 1796, à l'île de Rattam, dans le goKe de Honduras, parce que le gouverneur anglois les accusoit de liaisons avec les François. Un administrateur liabile , M. Lescallier, avoit proposé (1760) à la cour de "Versailles d'attirer les Caribes rouges et noirs de Saint-Vincent à la Guyane, pour les employer, comme hommes libres, à la culture des terres. Je doute cependant qu'à cette époque , leur nombre ait encore été de 6000 ; l'île de Saint- Vincent n'avoit, en 1787, pas au-dessus de i4,ooo lialiitans de toutes les couleurs. (Lescallier j sur la Guyane française j p. 4/.) ^ Par exemple, les Tapoyranas de la Guyane (Barrere, p. aSg), les Solkeeks de la Haute-Louisiane (fValckenaer, Cosmogr., p. 583.) n Los Indios de Cumana, dit Gomara [Hist. de Ind., fol. xlv) aprie- tan a los ninos la cabeça muy blando, pero mucho, entre dos almohadiUas de algodon para ensanchar los la cara , que lo tienen por hermosura. Las donzellas van de todo punto desnudas. Traen senogiles CHAPITREXXV. 1'] l'a observée récemment jusque dans l'Amérique du nord ; mais rien n'est plus hasardé que de conclure l'identité d'origine par une certaine conformité dans les usages et les mœurs. Lorsqu'on voyage dans les missions caribes, et que l'on observe l'esprit d'ordre et de soumission qui y règne , on a de la peine à se persuader qu'on est parmi des Canibales. Ce mot américain, d'une signification un peu douteuse , est tiré probablement de la langue d'Haïti ou de celle de Portorico. Il a passé dans les langues d'Europe, depuis la fin du 1 5' siècle, comme synonyme d'anthropo- phage. « Edaces humanarum carnium novi anthropophagi, quos diximus Caribes alias Canibales appellari » , dit Anghiera , dans la troisième Décade de ses Océa- niques ', dédiées au pape Léon X. Je ne doute guère que les Caribes des îles ont exercé, comme peuple conquérant, des cruautés sur les Ygneris ou anciens habitans des Antilles , qui étoient foibles et peu guerriers ; mais on doit admettre aussi ipie ces cruautés ont été exagérées par les premiers voyageurs , qui n'écoutoient que les récits de peuples anciennement ennemis des Caribes. Ce ne sont pas toujours les seuls vaincus qui sont calomniés par leurs contemporains ; on se venge aussi de l'insolence du vainqueur en augmentant la liste de ses forfaits. Tous les missionnaires de Carony, du Bas-Orénoque et des Llanos del Gzr/, que nous avons eu occasion de consulter , assurent que les Caribes sont peut-être les peuples les moins anthropophages du Nouveau -Continent. Ils étendent cette assertion jusqu'aux hordes indépendantes qui errent à l'est de l'Esmeralda entre les sources du Rio Branco et de l'Essequebo. On conçoit que l'acharnement et le désespoir avec lesquels on a vu les malheureux Caribes se défendre contre les Espa- gnols , lorsqu'en 1 5o4 un décret royal ^ les déclara esclaves , ont du contribuer à ce renom de férocité qu'on leur a fait. La première idée de sévir contre cette nation , et de la priver de sa liberté et de ses droits naturels , est due à Christophe Colomb^, qui, partageant les opinions du i5^ siècle, n'étoit pas toujours aussi humain que, par haine contre ses détracteurs, on l'a dit au 18". Plus tard, le Licen- ciado Rodrigo de Figueroa fut chargé par la cour (en iSao) de décider quelles étoient les peuplades de l'Amérique méridionale que l'on pouvoit regarder comme de luuy apretados por debaxo y encima de las rodillas, para que los musios y pantorlllas engorden muclio. Dan las norias â los piaches, homJ)res sanctos y religîosos. Los révérendes padres tonian aquel trabajo y los novios se quitan de sospecha, quexa y pena. m » Dec. m, Lib. m, p. 49, B. ' « Dati eranl in praedam Caribes ex diplomate regio. Missus est Joliannes Poncius qui Caril)um terras depo- puletur et iii servitutem obscœnos hominum voratores redigat. » Pett\ Mari. Océan. Dec. l, Lib. i, ]). 26 , A ^ Dec. ///, Lib. VI, p. 5/, C. (Gomara, Hist. de Ind. j fol. cxix. ) ■^ Pedro Muhoz j Hist. del Nuevo-Mundo , p. 199. Relation historique, Tout, fil, 5 l8 LIVKE IX. race caribe ou canibale, et quels autres étoient Guatiaos ', c est-à-dire des Indiens de paix et anciens amis des Castillans. Cette pièce ethnographique , appelée el auto de Figueroa , est un des monumens les plus curieux de la barbarie des premiers Conquistadores. Jamais l'esprit de système n'avoit mieux servi à flatter les passions. Nos géographes ne distinguent pas plus arbitrairement dans l'Asie centrale les peuples mongols des peuples tartares que Figueroa ne traça la limite entre les Canibales et les Guatiaos. Sans faire attention à l'analogie des langues , on déclara arbitrairement de race caribe toutes les hordes que l'on pouvoit accuser d'avoir dévoré un prisonnier après le combat. Les habitans d'Uriapari (de la péninsule de Paria) furent nommés Caribes; les Urinacos (riverains du Bas-Oré- noque ou Urinucu) Guatiaos. Toutes les tribus que Figueroa désignoit comme Caribes étoient condamnées à l'esclavage : on pouvoit à volonté ou les vendre ou leur faire une guerre d'extermination. C'est dans ces luttes sanglantes que les femmes caribes , après la mort de leurs maris, se défendirent avec un tel désespoir, qu'on les prit , comme dit Anghiera ^ , pour des peuplades d'Amazones. Les décla- mations odieuses d'un moine dominicain (Thomas Hortiz) contribuèrent à pro- longer les malheurs qui pesoient sur des nations entières. Cependant, et l'on aime à le dire , au milieu de ces cruautés exercées contre les Caribes , des hommes courageux faisoient entendre quelques accens d'hiunanité et de justice. Plusieurs religieux embrassèrent une opinion opposée à celle qu'ils avoient d'abord émise 3. Dans un siècle où l'on ne pouvoit espérer de fonder la liberté publique sur des institutions civiles, on tàchoit du moins de défendre la liberté individuelle. * J'ai eu quelque peine à (lécou>Tir l'origine de ceUe dénomination , devenue si importante par les funestes décrets de Figueroa. Les historiens espagnols se servent souvent du mot guatiao comme désignant un rameau de peuples. «La isla Margarita esta entre las islas de Caribes y de Indios Guatiaos, amigos de los Castel- lanos, que cstan mas adelante de la isla Espaiiola. En lo mas arrilia de la costa de Tierra firme Iiavia una provincia que se decia Parucm'ia, la quai era de Guatiaos que no son Caribes. » Herera Dec. II ^ p. 258; Dec. III , p. 210. Se faire guatiao de quelqu'un me paraît avoir signifié, en langue d'Haïti, conclure un pacte d'amitié. Dans les Antilles, comme dans l'archipel des îles de la mer du Sud, on écban- geoit les noms en signe d'alliance. « Juan de Esquivèl (iSoa) se hice Guatiao del Cacique Cotubanaraa; el quai desde adelante se Uamû Juan de Esquivèl, porque era liga de perpétua amistad entre los Indios trocarsc los noml)res : y trocados qaedahan Guatiaos, que era tanto como confederados y hermanos en armas. Ponce de Léon se hice Guatiao cou el poderoso Cacique Agueinaba. « Herera Dec. /^p. 129, 169, 181. Une des îles Lucayes, habitée par des peuples doux et pacifiques , s'appeloit jadis Guatao [Laet. , p. 22); mais nous n'insisterons pas sur l'étymologie de ce mot, parce que, comme nous l'avons déjà fait obsener, les langues des îles Lucayes dilTéroicnt de celles d'Haïti. ''■ Océan. Dec. III , Lib. ix, p. 63, D. [f^oyez aussi plus haut, Vol. Il, p. 438.) ' Gumara Ilist. de Ind., fol. xis. CHAPITR XXV. ig "C'est une sainte loi (/ej sanctissima) , dit Gomara, en i55i, que celle par laquelle notre Empereur a défendu de réduire les Indiens à l'esclavage. Il est juste que les hommes qui , tous naissent libres , ne puissent devenir esclaves les uns des autres.» Nous fûmes surpris , pendant notre séjour dans les missions caribes , de la facilité avec laquelle de jeunes Indiens de 18 ou 20 ans, lorsqu'ils sont élevés à l'emploi à'Alguacil ou de Fiscal , haranguent la commune pendant des heures entières. L'intonation , la gravité du maintien , le geste qui accompagne la parole , tout annonçoit un peuple spirituel et capable d'un haut degré de civilisation. Un moine franciscain , qui possédoit assez le caribe pour pouvoir prêcher quelquefois dans cette langue, nous fit observer combien, dans les discours des Indiens, les périodes étoient longues et nombreuses sans jamais être embarrassées ou obscures. Des flexions particulières du verbe indiquent d'avance la nature du jégime , selon qu'il est animé ou inanimé , comprenant une seule chose ou une pluralité d'objets. De petites formes annexes {suffixd) ont le pouvoir de nuancer le sentiment ; et ici , comme dans toutes les langues formées par im développe- ment non entravé, la clarté naît de cet instinct régulateur ' qui caractérise l'intelligence humaine dans les divers états de barbarie et de cidture. Les jours de fête, après la célébration de la messe, la commune entière s'assemble devant l'église. Les jeunes filles déposent aux pieds du missionnaire des fagots de bois , du maïs des régimes de bananes , et d'autres comestibles dont il a besoin pour son ménage. En même temps le governador, Xa fiscal et les officiers municipaux , tous de race indienne, exhortent les indigènes au travail, règlent les occupations auxquelles ils doivent se livrer dans la semaine, réprimandent les paresseux, et (il faut bien le dire) fustigent cruellement les indociles. Des coups de bâton sont reçus avec la même impassibilité qu'on les donne. Ces actes de justice distributive paroissenl bien longs et bien fréquens aux voyageurs qui traversent les Llctnos pour se rendre de l'Angostura aux côtes. On désireroit que ce ne fût pas le prêtre qui imposât des peines corporelles au moment de quitter l'autel , on voudroit ne pas le voir assister au châtiment des hommes et des femmes en habit sacerdotal : mais cet abus , ou , si l'on veut , ce manque de convenance , naît du principe sur lequel repose le régime bizarre des missions. Le pouvoir civil le plus arbitraire est étroitement lié aux droits qu'exerce le curé de la petite conmiune ; et , quoique les Caribes ne ' Guillaume de Humboldt , sur l'élude comparée des langues et les époques diverses de leur dévelop- pement^ 1821 (en allemand) , p. i3. Voyez aussi plus haut, Tom. I, p. 489, et Tom. II, p. 44o. 20 LIVRE IX. soient guère des Canihales , et que l'on voulut les voir traiter avec douceur et avec indulgence, on conçoit pourtant que des moyens un peu énergiques sont parfois nécessaires pour maintenir la tranquillité dans une société naissante. La difficulté de fixer les Caribes au sol est d'autant plus grande que , depuis des siècles , ils ont été adonnés au commerce sur les rivières. Nous avons déjà fait connoitre plus haut ce peuple actif, à la fois marchand et guerrier, occupé de la traite des esclaves et portant ses marchandises depuis les côtes de la Guyane hoUan- doise jusqu'au bassin de l'Amazone. Les Caribes voyageurs étoient les Bukhares de l'Amérique équinoxiale : aussi le besoin frécpient de supputer les objets de leur petit commerce et de se transmettre des nouvelles , les avoit portés à étendre et à perfec- tionner l'usage des quippos , ou, comme on dit dans les missions, des cordoncillos con nudos ^. Ces quippos ou cordelettes se retrouvent au Canada ^, au Mexique (où Boturini a pu s'en procurer chez les Tlascaltèques ) au Pérou , dans les plaines de la Guyane, dans l'Asie centrale, en Chine et dans l'Inde. Comme chapelets, ils sont devenus des objets de dévotion entre les mains des chrétiens d'occident; comme suampan , ils ont servi aux opérations de Y arithmétique palpable ou manuelle des Chinois , des Tartares et des Russes ^. Les Caribes indépendans qui habitent le pays si peu connu entre les sources de l'Orénoque et des rivières Essequebo, Carony et Parime '^ , sont divisés par tribus : semblables aux peuples du Missoury , du Chili et de l'ancienne Germanie, ils forment une espèce de confédération poli- tique. Ce régime convient le plus à l'esprit de liberté de ces hordes guerrières qui ne trouvent avantageux les liens de la société que lorsqu'il s'agit de leur défense commune. La fierté des Caribes les engage à s'isoler de toutes les autres tribus , même de celles qui , par leurs langues , ont quelque parenté avec eux. ' Tom. II , p. 4/1. * Caulin, p. 333. ' Vues des Cordillères et Monumens amer. Tom. I, p. 70,267.8111 les quippos trouvés à l'Orénoque, chez les Tamanaques , voyez Gilij Tom. II , p. 34. Les quippos ou cordelettes des peuples de la Haute Loui- siane s'appellent Pf^ampum. {John Filsorij Hist. du Kentuchy, p. 102; Charlevoix ^ Hist. de la Nouv. France^ Tom. V, p. 3o8; Lepage de Pratz, Hist. de la Louisiane ^ Tom. U, p. 1 96.) Anghiera rapporte {Océan. Dec. 11/ ^ Lib. x, p. 65, D.) un fait très-curieux, qui semble prouver que des Caribes voyageurs avoient quelque idée de livres reliés comme ceux des Mexicains et les nôtres. J'ai fait connoitre ailleurs {Fues des Cordillères , Tom. I , p. 72.) la découverte curieuse de cahiers de peintures trouvés sur les rives de rUcayale, parmi les Indiens Panos. Aussi les Péruviens possédoient, outre les quippos j des peintures hiéro- glyphiques semblables aux peintures mexicaines, mais plus grossières. {Garcia^ Origen de los Indios, P- 9'-) Des pages peintes leur servoient, depuis la conquête, à se confesser à l'église. Peut-être Je Caribe fugitif qui venoit au Darien de l'intérieur des terres et dont parle Anghiera avoit-il eu occasion de voir à Quito ou à Cundinara.Trca quelque livre péruvien. J'emploie, comme les premiers voyageurs espagnob, le xosAlivre, parce qu'il ne suppose aucunement l'emploi d'une écriture alphabétique. * Rio Branco ou Rio de Aguas-Blaucas. CHAPITRE XXV. 21 Ce même isolement, ils le demandent encore dans les missions. Rarement ces dernières ont prospéré lorsqu'on a tenté d'aggréger les Caribes à des communes jnixtes , c'est-à-dire à ces villages dans lesquels chaque cabane est habitée par une famille appartenant à une autre nation , parlant un autre idiome. Les chefs des Caribes indépendans sont héréditaires de père en fils , et non par les enfans des sœurs. Ce dernier mode de succession est basé sur un système de méfiance qui n'an- nonce pas une grande pureté de mœms : il est en usage dans l'Inde , dans les Ashantees ( en Afrique ) et parmi plusieurs hordes ' de sauvages de l'Amérique du Nord. Parmi les Caribes , les jeunes chefs , comme les garrons qui veulent se marier, sont soumis aux jeûnes et aux pénitences les plus extraordinaires. On les purge avec le fruit de quelques Euphorbiacées ; on les fait suer dans des étuves , et on leur donne de ces remèdes qui sont préparés par les marirris ou piaches , et que, dans les contrées trans-alléghaniennes , on appelle potions pour la guerre ^ potions pour donner du courage (war-phisicks). Les marirris caribes sont les plus célèbres de tous : prêtres, jongleurs et médecins à la fois , ils se transmettent leur doctrine , leurs ruses et les remèdes qu'ils emploient. Les derniers sont accom- pagnés d'imposition de mains, et de quelques gestes ou pratiques mystérieuses qui paroissent tenir aux procédés les plus anciennement connus du magnétisme animal. Quoique j'aie eu occasion de voir plusieurs personnes qui avoient observé de près les Caribes confédérés, je n'ai pu vérifier si les marirris appartiennent à ime caste particulière. Dans le nord de l'Amérique, on observe que, parmi les Shawanoes"*, divisés en plusieurs tribus , les prêtres qui président aux sacrifices doivent être (comme chez les Hébreux) d'une seule tribu, de celle des Mequa- chakes. Je pense que tout ce que l'on parviendra un jour à découvrir, en Amérique , sur les restes d'ime caste sacerdotale , est d'im vif intérêt , à cause de ces prêtres- rois du Pérou qui se disoient fils du Soleil, et de ces Rois-Soleils chez les Natchez qui rappellent involontairement les Héliades de la première colonie * Parmi les Hurons (Wiandols) elles Natchez, la succession de la magistrature se continue parles femmes: ce n'est pas le fils qui succède , mais le fils de la sœur ou le plus proche parent en ligne féminine. Ce genre de succession donne la certitude que le pouvoir suprême reste attaché au sang du dernier chef; c'est un usage qui assure la légitimité. {Filson^ p. i83.) J'ai trouvé d'anciennes traces de ce mode de succession si èommun en Afrique et aux grandes Indes dans les d)'nasties royales des Antilles. « In testamentis auteni quam fatue sese habeant intelligamus : ex sorore prima primogenltum, si insit , relinquunt regnorum haeredem ; sin minus, ex altéra, vel tertia, si ex secunda proies desit : quia a suo sanguine creatam sobolem eam certum est. Filios autem uxorum suarum pro non legitimis habent. Uxores ducunt quotquot placet. Ex uxoribus cariores cum regulo sepeliri patiuntur. » {Petr. Mart. ^ Océan. Dec. III j Lib. ix, p. 63, B.) * Peuples venus de la Floride , ou du midi ( shawaneu ) vers le nord. Archœol. Amer. , Tom. 1 , p. 275-, HistOT, Trans of Phil., Tom. I, p. 28, Cg, 77, 83. 22 LIVRE IX. orientale de Rhodes '. Pour bien étudier les mœurs et les coutumes de la grande nation carlbe, il faudroit visiter à la fois les missions des Llanos , celles de Carony, et les savanes qui s'étendent au sud des montagnes de Pacaraymo. Plus on appren- dra à les connoître , disent les moines de Saint-François , et plus on verra s'évanouir les préjugés qiii se sont répandus contre eux en Europe, où on les regarde comme étant plus sauvages, ou , pour me servir de l'expression naïve d'un Seigneur de Mont- martin,commeétantbeaucoupmoinsZi7>èr«Mj:qued'autrespeupladesde la Guyane^. La langue des Caribes du continent est la même depuis les sources du Rio Branco jusqu'aux steppes de Cumana. J'ai été assez heureux pour me procurer un manuscrit renfermant l'extrait que le père Sébastien Garcia a fait de la Gramatv^a de la lengua Caribe del P. Fernando Ximenez. Ce manuscrit précieux a servi aux recherches (jue M. Vater "^, et récemment d'après un plan beaucoup plus vaste, mon frère, M. Guillaume de Humboldt, ont faites sur la structure des langues américaines. Au moment de quitter la mission de Cari , nous exlmes quelques contestations avec nos muletiers indiens. Ils s'étoient aperçus, à notre plus grand étonnement , que nous amenions avec nous des squelettes de la caverne d'Ataruipe "*, et ils étoient fermement persuadés que la bête de somme qui portoit « le corps de leurs vieux parens » devoit périr dans le voyage. Toutes les précautions que nous avions prises pour cacher les squelettes étoient inutiles ; rien n'échappe à la pénétration et à l'odorat d'un Caribe et il fallut toute l'autorité du missionnaire pour faire partir nos charges. Nous eiîmes à traverser le Rio Cari en bateau, et le Hio de agua clara au gué, je dirais presque à la nage. Les sables mouvans du fond rendent ce dernier passage très-pénible pendant la saison des grandes crues. On est surpris de trouver cette force des courans dans un pays si uni ; aussi les rivières des steppes se précipitent , pour me servir d'une expression très-juste de Pline le jeune ^, « moins par la pente qu'elles trouvent que par leur abondance et comme par leur propre poids.» Nous eûmes, avant d'arriver à la petite ville du Pao, deux mauvais gîtes , à Matagorda et à Los Riecitos. Nous rencontrâmes partout les mêmes objets : ces petites cabanes construites en roseaux et couvertes de cuirs j ces hommes » £)iod.^ Lib. V, §. 56, p. 327. D. (édit.Rhodoman.) 2 « Les Caribes sont d'assez belle taille et potelés ; mais ils sont peu libéraux, car iU aiment à se nourrir de chair liumaine, de lézards et de crocodiles.» [Descript. gén. de l'Amérique par Pierre d'AviCy, Seigneur de Monlntartirij 1660, p. 118.) 3 Mithriflates, Tom. III , p. 685. Le Père Gili n'a pas eu connoissance de ce manuscrit. Saggio ^ Tom. III , p. 4io. * ^oye: plus haut , Tom. II , p. 596-600. 5 Epist. , Lib. viii , n" 8. « Clitumnus non loci devexitate , sed ipsa sui copia et quasi pondère impellitur. n CHAPITRE XXV. 23 à cheval , armés de lances , qui surveillent les troupeaux ; ces troupeaux de bêtes à cornes , à demi-sauvages , remarquables par la couleur uniforme de leur poil , et disputant les herbages aux chevaux et aux mulets. Pas de moutons , pas de chèvres dans ces steppes immenses! Les moutons ne se multiplient bien dans l'Amérique équinoxiale que sur les plateaux élevés de plus de mille toises ; c'est là seulement que les laines sont longues et parfois très-belles. Sous le climat ardent des plaines , où les loups sont remplacés par des jaguars, ces petits ruminans , dépourvus de défenses et si lents dans leurs mouvemens , ne peuvent se conserver en grand nombre. Nous arrivâmes , le 1 5 juillet , à la Fundacion ou Villa del Pao , fondée en 1 744 ? et très-favorablement placée pour servir d'entrepôt de commerce entre Nueva- Barcelona et l'Angostura. Son véritable nom est la Concepcion del Pao : Alcedo , La Cruz Olmedilla et beaucoup d'autres géographes l'ont mal située, en confondant cette petite ville des Llanos de Barcelona ou avec San Juan Bauptista del Pao des Llanos de Caracas, ou avec El Valle del Pao de Zarate '. Malgré le temps nua- geux , je réussis à obtenir quelques hauteurs de a. du Centaure propres à fixer la latitude du lieu. Elle est de 8° 87' 57". Des hauteurs du soleil me donnèrent, pour la longitude, 67° 8' 12", en supposant l'Angostura Q)Ç>° lÔ'ai". Les déterminations astronomiques de Calabozo ^ et de la Concepcion del Pao sont assez importantes pour la géographie de ces contrées , où , au milieu des savanes , on manque absolument de points fixes. Les environs du Pao offrent quelques arbres fruitiers, phénomène rare dans les steppes. Nous y trouvâmes même des cocotiers qui sembloient très-vigoureux , malgré la grande distance de la mer. J'in- siste sur cette dernière observation, parce cpi'on a récemment élevé quelques doutes sur la véracité des voyageurs qui prétendent avoir rencontré le cocotier, qui est un palmier du littoral, à Tombuctou, dans le centre de l'Afrique 3. Nous avons eu plusieurs fois occasion de voir des cocotiers au milieu des cultures qui bordent le Rio Magdalena , à plus de cent lieues des côtes. Cinq journées, qui nous paroissoient bien longues, nous conduisirent de la Villa del Pao au port de Nueva-Barcelona. A mesure que nous avancions , le ciel devint plus serein , le sol plus poudreux , l'atmosphère plus embrasée. Cette chaleur dont on souffre beaucoup n'est pas due à la température de l'air : elle est produite par le sable fin qui s'y trouve mêlé, qui rayonne de tous côtés, et frappe ' Caulin, p. 343. Depons, Tom. III, p. 20g. * Voyez plus haut, Tom. II, p. 190. ' Selon le rapport du matelot Adams et celui de Hadjee Talub Ben Jeloiv {Fitzclai ence , Haute acrose Inclia, p. 4ç)4.) 24 LIVRE IX. contre le visage du voyageur comme il frappe contre la boule du thermomètre. Je n'ai cependant jamais vu monter le mercure en Amérique , au milieu d'un vent de sable ^ au-delà de 1^^°^^ cent. Le capitaine Lyon, avec lequel j'ai eu le plaisir de m'entretenir à son retour de Mourzouk, me paroissoit aussi porté à croire que la température de Sa" qu'on éprouve si souvent dans le Fezzan pro- vient en grande partie de grains de quarz suspendus dans l'atmosphère. Nous passâmes entre le Pao et le village de Santa Ciuz de Cachipo , fondé en 1749 ? ^^ habité par 5oo Caribes ' , le prolongement occidental du petit plateau qui est connu sous le nom de Mesa de Amana. Ce plateau forme un point de partage entre rOrénoque , le Guarapiche et le littoral de la Nouvelle- Andalousie. Sa hauteur est si petite qu'elle ne mettra que peu d'obstacle à l'établissement d'une navigation intérieure dans cette partie des Llanos. Cependant le Rio Mamo , qui débouche dans l'Orénoque au-dessus du confluent du Carony, et que D'Anville (j'ignore d'après quel témoignage?) a tracé dans la première édition de sa grande carte comme sortant du lac de Valencia et comme recevant les eaux, du Guayre , n'a jamais pu servir de canal naturel entre deux bassins de rivières. Aucune bifurcation de ce genre n'existe dans la steppe. Un grand nombre d'Indiens Caribes qui habitent aujourd'hui les missions de Piritu , étoient fixés jadis au nord et à l'est du plateau d' Amana , entre Maturin , la bouche du Rio Areo et le Guarapiche ; ce sont les incursions de Don Joseph Careîïo, un des gouverneurs les plus entreprenans de la province de Cumana, qui, en 1720, furent la cause d'une migration générale des Caribes indépendans vers les rives du Bas-Orénoque. Toute cette vaste plaine est composée, comme nous l'avons exposé plus haut ^, de formations secondaires qui s'adossent vers le sud , immédiatement aux mon- tagnes granitiques de l'Orénoque. Vers le nord-ouest , une bande assez étroite de roches de transition ^ les séparent des montagnes primitives du littoral de Caracas. Cette abondance de roches secondaires qui couvrent sans interruption un espace de plus de 7200 lieues carrées (en ne comptant que la partie des Llanos qui est bordée au sud par le Rio Apure, et à l'ouest par la Sierra Nevada de Meridaet le Paramo de las Rosas) , est un phénomène d'autant plus remarquable sous ces climats , que , dans toute la Sierra de la Parime , entre la rive droite de l'Orénoque et le Rio Negro, on est frappé, comme en Scandinavie , d'une absence totale de formations secondaires. Le grès rouge, renfermant quelques débris de bois fossile ' La population n'étoit , eu 1754, que de 120 âmes. Caulin, p. 35a. ' Tom. II, p. igS-igS. * Tom. II, p. lio-iii CHAPITBE XXV. aS (de la famille des Monocotylédonées ) , se découvre partout dans les steppes de Calabozo ; plus à l'est , des roches calcaires et gypseuses lui sont superposées et le dérobent à la recherche du géologue. Le gypse marneux, dont nous avons ramassé des échantillons près de la mission Caribe de Cachipo , m'a paru appar- tenir à la même formation que le gypse d'Ortiz. Pour le classer selon le type des formations européennes , je le rangerois parmi les gyj^ises souvent muriati- fères qui recouvrent la pierre calcaire alpine ou le zechstein. Plus au nord, vers la mission de San Josef de Curataquiche , M. Bonpland trouva, dans la plaine , de beaux morceaux rubannés de jaspe ou cailloux d'Egypte. Nous ne les avons pas vus en place enchâssés dans une roche, et nous ignorons s'ils appartiennent à un conglomérat très-récent ou à ce calcaire que nous avons vu au Morro de Nueva-Barcelona et qui n'est pas de transition , quoiqu'il ren- ferme des couches de jaspe schisteux [kieselschiefer). On ne peut traverser les steppes ou savanes de l'Amérique méridionale , sans se livrer à l'espoir qu'on profitera un jour des avantages qu'elles offrent , plus que toute autre région du globe, pour mesurer des degrés d'un arc terrestre dans le sens d'un méridien ou d'une perpendiculaire à la méri- dienne. Leur grande étendue de l'est à l'ouest rendroit surtout très-facile la mesure de quelques degrés de longitude. Cette opération seroit d'un vif intérêt pour la connoissance précise de la figure de la terre. Les Llanos de Venezuela se trouvent i3° à l'est des lieux où, d'un côté, les académiciens françois, par des triangles appuyés aux sommets des Cordillères, et, de l'autre, Mason et Dixon , renonçant ( dans les plaines de la Pensylvanie ) aux secours de la trigo- nométrie , ont exécuté leurs mesures : ils se trouvent presque sur le même pa- rallèle (et cette circonstance est bien importante) que le plateau de l'Inde, entre Junné et Madura, qui a été le théâtre des belles opérations du colonel Lambton. Quels que puissent être les doutes que l'on a encore sur l'exactitude des instrumens, les erreurs de l'observation et les influences des attractions locales, il seroit difficile, dans l'état actuel de nos connoissances , de nier les inégalités d'aplatissement de la terre. Lorsqu'une liaison plus intime sera établie entre les gouvernemens libres de La Plata et de Venezuela, on profitera sans doute de cet avantage et de la paix publique pour exécuter, au nord et au sud de l'équateur, dans les Llanos et les Pampas, les mesures que nous proposons. Les Llanos du Pao et de Calabozo se trouvent presque sous un même méridien avec les Pampas au sud de Cordova ; et la différence de latitude de ces plaines unies comme si elles étoient nivelées par un long séjour des eaux , est de 45°. Ces opérations géodésiques et astrono- Relalion historique , Tom.lII. 4 26 LIVRE IX. miqnes seroient peu coûteuses, à cause de la nature des localités. Déjà La Condamine ', en 1734, avoit prouvé combien il auroit été plus utile, et siutout plus expéditif , d'avoir envoyé les académiciens dans les plaines ( peut-être un peu trop boisées et marécageuses) qui s'étendent au sud de Cayenne vers le confluent du Rio Xingu et de l'Amazone, que de les forcer, sur le plateau de Quito, à lutter avec les frimas, les tempêtes et les éruptions des volcans. Les gouvernemens espagnols-américains ne doivent pas considérer les opérations projetées dans les Llanos et combinées avec des observations de pendule , comme n'offrant qu'rm intérêt purement scientifique ; ces travaux pourront devenir en même temps le fondement principal des cartes sans lesquelles toute administration régulière d'im pays est impossible. Jusqu'ici on a du se borner à ime levée purement astronomique : c'est le moyen le plus sûr et le plus prompt dans une surface d'ime vaste étendue. On a tâché de déterminer la longitude de quelques points de la côte et de l'intérieur d'une manière absolue^ c'est-à-dire par des phénomènes célestes ou des séries de distances lunaires. On a fixé les lieux les plus importans d'après les trois coordonnées de latitude , de longitude et de hau- teur. Les points intermédiaires ont été rapportés chronométriquement aux points principaux. La marche très-uniforme des chronomètres dans des canots, et les inflexions bizarres de TOrénoque ont facilité cette liaison. En ramenant les chro- nomètres au point du départ, ou en observant deux fois (en allant et en revenant) dans un point intermédiaire , en rattachant les extrémités des lignes chronome'- triques ^ à des endroits très-éloignés les uns des autres, et dont la position se fonde sur des phénomènes absolus ou purement astronomiques , on est parvenu à évaluer la somme des erreurs qu'on a pu commettre. C'est ainsi ( et aucime déter- mination de longitude n'avoit été faite avant moi dans l'intérieur) que j'ai lié astro- nomiquement Cumana, l'Angostura , l'Esmeralda, San Carlos del Rio Negro, les Grandes Cataractes , San Fernando de Apure, Portocabello et Caracas. Ces déter- minations contiennent, entre de justes limites, tme surface déplus de 10,000 lieues carrées. Le système des positions du littoral et les précieux résultats du relèvement exécuté par l'expédition maritime deFidalgo ont été joints au système des positions * Voy. à l'Equal., p. 194 e/ 201. SI l'on chercliolt un pays entièrement uni et découvert sous l'èquaUur mime, je prtférerois aux plaines désignées par M. de La Condamine celles qui s'étendent au sud de la chaîne de montagnes de Pacaraymo , vers la bouche du Rio Branco. Voyez plus haut, Tom. II, p. 683 et 717. ^ Je désigne par celte expression peu usitée les lignes qui réunissent les points dont les longitudes ont été déterminées au moyen du transport du temps, et qui , par conséquent, sont dépendantes les unes des autres. C'est de la disposition convenable de ces lignes que dépend l'exactitude d'une ^f«?e purement astronomique. CHAPITEEXXV. 2'J de rOrénoque et du Rio Negro par deux lignes chron orné triques , dont l'une traverse les Llanos de Calabozo, l'autre les Llanos du Pao. Les observations de la Parime offrent une bande qui partage en deux parties une immense étendue de terrain (de 78,000 lieues carrées), sur laquelle il ne se trouve jusqu'ici pas un seul point déterminé astronomiquement '. Ces divers travaux, que j'ai entrepris avec de foibles moyens, mais d'après un plan général, ont offert (j'ose m'en flatter) les premiers l'ondemens astronomiques de la géographie de ces contrées; mais il est temps de les multiplier, de les perfectionner, et surtout de les remplacer, là où la culture du pays le permet , par des opérations trigono- métriques. Sur les deux bords des Llanos qui s'étendent comme un golfe depuis le delta de l'Orénoqpie jusqu'aux montagnes neigeuses de Merida , deux chaînes granitiques se prolongent vers le nord et vers le sud parallèlement à l'équateur. Ces anciennes côtes d'un bassin intérieur sont visibles de loin dans les steppes et peuvent servir à établir des signaux. Le Pic du Guacharo , le Cocollar et Tumiriquiri , le Bergantin , les Morros de San Juan et de San Sébastian , la Galera qui borde les Llanos comme un mur rocheux , le petit Cerro de Flores que j'ai vu à Calabozo et dans un moment où le mirage étoit à peu près nul , serviront au réseau des triangles vers le bord septentrional des plaines. Une grande partie de ces cimes sont visibles à la fois dans les Llanos et dans la bande cultivée du littoral. Vers le sud , les chaînes granitiques de TOrénoque ou de la Parime restent un peu éloignées des bords de la steppe , et favorisent moins les opérations géodésiques. Cependant les montagnes qui s'élèvent au-dessus de l'Angostura et de Muitaco , le Cerro del Tirano près de Caycara , le Pan de Azucar et le Sacuima près du confluent de l'Apure et de l'Orénoque , pourront être très-utiles, surtout si l'on prend les angles par un temps couvert, afin que le jeu des réfractions extraordinaires , au-dessus d'un sol fortement échauffé , ne défigure et ne déplace pas les sommets des montagnes vus sous des angles de hauteur trop petits. Des signaux à poudre , dont le reflet vers le ciel se distingue de si loin , seront d'un grand secours. J'ai pensé qu'il seroit utile de consigner ici ce que j'ai puisé dans ma connoissance des localités et dans l'étude de la géographie de l'Amérique. Un géomètre distingué , M. Lanz , qui réimit à des connoissances variées dans toutes les branches des mathématiques l'habitude des instrimiens d'astronomie, est occupé en ce moment à perfectionner la géographie de ces contrées, et à exécuter, sous les auspices du gouvernement de Venezuela, * Voyez plus haut, Tom. II, p. 682, note 3. 28 LIVRE IX. une partie des projets sur lesquels, dès l'année 1799, j'avois appelé en vain l'attention du ministère espagnol. Nous couchâmes, le 16 juillet, dans le village indien de Santa Cruz de Cachipo. Cette mission a été fondée en 1749 par la réunion de plusieurs familles caribes qui habitoient les bords inondés et malsains des Lagunetas de Anache , vis- à-vis le confluent du Rio Puruay avec TOrénoque. Nous logeâmes chez le mission- naire 'j et, en examinant les registres de la paroisse, nous vîmes combien, par son zèle et soti intelligence , la prospérité de la commune avoit fait des progrès rapides. Depuis que nous étions parvenus au milieu des steppes , la chaleur s'étoit accrue à un tel degré que nous aurions préféré ne plus voyager pendant le jour ; mais nous étions sans armes , et les Llanos étoient infestés alors par im nombre prodigieux de voleurs qui assassinoient avec un raffinement atroce les blancs qui tomboient entre leurs mains. Rien n'est plus déplorable que l'administration de la justice dans ces colonies d'outre-mer. Partout nous trouvâmes les prisons remplies de malfaiteurs dont la sentence n'est prononcée qu'après sept ou huit ans d'attente. Près du tiers de ces détenus réussit à s'évader : les plaines dépeuplées , mais remplies de troupeaux , leur offrent un asile et de la nourritiu-e. Ils exercent leur brigandage à cheval à la manière des Bédouins. L'insalubrité des prisons seroit au comble si elles ne se vidoient pas de temps en temps par la fuite des détenus. Il arrive aussi souvent que des arrêts de morts, tardivement rendus par XAudiencia de Caracas , ne peuvent être exécutés faute de bourreau. Alors , d'après une coutiune barbare que j'ai déjà rappelée plus haut , on fait grâce à celui des coupables qui veut se charger de pendre les autres. Nos guides nous racontoient que , peu de temps avant notre arrivée sur les côtes de Cumana, un Zambo^ connu par une grande férocité de mœurs, résolut de se soustraire au châtiment, en se faisant exécuteur. Les apprêts du supplice l'ébranlèrent dans sa détermination ; il eut horreur de lui-même, et, préférant la mort au surcroît de honte qu'il devoit s'attirer en se sauvant la vie, il redemanda les fers qu'on lui avoit ôtés. Sa détention ne fut pas longue, et il subit sa peine par la lâcheté d'im de ses complices. Ce réveil d'un sentiment d'honneur dans l'ame d'un meurtrier est un phénomène psychologique assez digne de méditation. L'homme qui tant de fois a versé le sang, en dépouillant le voyageur dans la steppe, recule devant l'idée de se faire l'instrument de la justice, d'infliger à d'autres une pimition qu'il sent peut-être avoir méritée lui-même. ' Fray José de las Piedras. CHAPITRE XXV. 29 Si, dans les temps paisibles pendant lesquels nous avons eu le bonheur, M. Bonpland et moi, de parcourir les deux Amériques, les Llanos servoient déjà de refuge aux malfaiteurs qui avoient commis quelque crime dans les missions de rOi'énoque ou qui s'étoient évadés des prisons du littoral , combien cet état de choses n'a-t-il pas dû empirer à la suite des discordes civiles , au milieu de cette lutte sanglante qui s'est terminée en donnant la liberté et l'indépendance à ces vastes contrées. Nos landes et nos bruyères n'offrent qu'une faible image de ces savanes du Nouveau-Continent dont l'area de huit ou dix mille lieues carrées est unie comme la surface de la mer. L'immensité de l'espace garantit l'impunité aux vagabonds; on se cache mieux dans les savanes que dans nos montagnes et nos forêts, et les artifices de la police européenne ne sont pas aisés à mettre en usage là où il y a des voyageurs et pas de chemins, des troupeaux et point de pâtres , des fermes tellement isolées que , malgré l'action puissante du mirage , on pourroit faire plusieurs journées sans en voir paroître une à l'horizon. En parcourant les Llanos de Caracas , de Barcelone et de Cumana , qui se suivent de l'ouest à l'est depuis les montagnes de Truxillo et de Merida jusqu'à l'embouchure de l'Oréuoque , on se demande si ces vastes terrains sont destinés par la nature a servir éternellement de pâturages, ou si la charrue et la bêche du laboureur les soumettront un jom- à la culture. Cette question est d'autant plus importante , que les Llanos , placés aux deux extrémités de l'Amérique du Sud, mettent des entraves à l'union politique des provinces qu'elles séparent. Ils empêchent la culture agricole des côtes de Venezuela de s'étendre vers la Guyane, celle du Potosi de refluer vers l'embouchure du Rio de La Plata. Les steppes interposées conservent avec la vie pastorale quelque chose d'agreste et de sauvage qui les isole et les éloigne de la civilisation des pays anciennement défricliés. C'est par cette même raison que , dans la guerre de l'indépendance , elles ont été le théâtre de la lutte entre les partis ennemis , et que les habitans de Calabozo ont presque vu décider sous leurs murs le sort des provinces confé- dérées de Venezuela et de Cundinamarca. Je désire qu'en assignant des limites aux nouveaux états et aux sous-divisions de ces états , on n'ait pas à se repentir quelquefois d'avoir perdu de vue l'importance des Llanos et leur influence sur la désunion de sociétés que des intérêts communs devroient rapprocher. Les steppes serviroient de limites naturelles , comme les mers ou les forêts vierges des tropiques , si les armées ne les traversoient pas avec d'autant plus de facilité qu'elles offrent , dans leurs innombrables troupeaux de chevaux , de mulets et de boeufs , tous les moyens de transport et de subsistance. 3o LIVRE IX. Nulle part dans le monde, la configuration du sol et l'état de sa surface n'ont des traits plus prononcés : nulle part aussi ils n'agissent d'une manière plus sensible sur les divisions du corps social, déjà partagé par la différence de l'origine, par celle des couleurs et de la liberté individuelle. Il ne dépend pas de la puissance de l'homme de changer cette diversité de climats que les inégalités du sol produisent sur un petit espace de terrain, et qui font naître l'antipathie des habitans de tierra caliente contre ceux de tierra fria , antipathie fondée sur les modifications du caractère , des habitudes et des mœurs. Ces effets moraux et politiques se manifestent surtout dans les pays où les extrêmes de hauteur et de dépression sont le plus frappans , là ou les montagnes et les terrains bas ont le plus de masse et d'étendue. Tels sont la Nouvelle-Grenade ou Cundinamarca , le Chili et le Pérou où la langue de l'Inca offre beaucoup d'expressions heureuses et naïves pour désigner cette opposition climatérique de tempérament, d'incli- nations et de facultés intellectuelles. Dans l'état de Venezuela, au contraire, les montaneros des hautes montagnes de Bocono, de Timotes et de Merida ' ne forment qu'une partie extrêmement modique de la population totale, et les vallées populeuses de la chaîne côtière de Caracas et de Caripe ne sont qu'à trois ou quatre cents toises au-dessus du niveau de la mer. Il en résiUte que , dans la réunion politique des états de Venezuela et de la Nouvelle-Grenade, sous le nom de Colombia , la grande population montagnarde de Santa-Fe, de Popayan , de Pasto et de Quito a été balancée , sinon en entier, du moins pour plus de la moitié , par l'accroissement de huit à neuf cent mille habilans de tierra caliente. L'état de la surface du sol est moins immuable que sa configruation. On conçoit la possibilité de voir disparoître ces oppositions tranchées entre les forêts impé- nétrables de la Guyane et les Llanos dépourvus d'arbres et couverts de graminées; mais que de siècles faudra-t-il pour que ces changemens deviennent sensibles dans les steppes immenses de Venezuela, du Meta, du Caqueta et de Buenos- Avres? Ce que l'on a vu de la puissance de l'homme , de sa lutte contre les forces de la nature dans les Gaules, en Germanie, et récemment, mais toujours hors des tropiques dans les États-Unis, ne donne guère ime juste mesure de ce que nous devons attendre de l'avancement de la civilisation sous la zone torride. J'ai parlé plus haut de la lenteur avec laquelle on fait disparoître des forêts par le feu et la hache , lorsque les troncs des arbres ont de 8 à lo pieds de diamètre, lorsque, en tombant, ils s'appuient les ims contre les autres, et que leur bois, • Allai gèogr.j PI. xvii. CHAPITRE XXV. 3l humecté par des pluies presque continuelles, est d'une dureté excessive. Dans les Llanos ou Pampas , la possibilité de soumettre le sol à la culture n'est pas reconnue généralement par les colons qui l'habitent : c'est un problème qu'on ne peut résoudre d'une manière générale. La majeure partie des savanes de Venezuela n'a pas l'avantage des savanes de l'Amérique septentrionale, qui sont traversées longitudinalement par trois grandes rivières, le Missoury, l'Arkansas et le Fleuve rouge de Natchitoches : les savanes d'Araure , de Calabozo et du Pao ne sont coupées que transversalement par les aiïluens de l'Qrénoque , dont les plus orientaux (le Cari, le Pao, l'Acaru et le Manapire) ont très-peu d'eau dans la saison des sécheresses. Tous ces alfluens ne se prolongent guère vers le nord 5 de sorte qu'il reste , dans le centre , des steppes , de vastes terrains {bancos et rnesas) d'une aridité affreuse. Ce sont les parties occidentales fertilisées par le Portuguesa, le Masparro et l'Oiivante, et par les affluens très-rapprochés de ces trois rivières qui sont le plus susceptibles de culture. Le sol est un sable mêlé d'argile , couvrant un lit de galets quarzeux. Partout le terreau végétal , qui est la source principale de la nutrition des plantes , y est extrêmement mince. Il n'augmente guère par la chute des feuilles qui , moins périodique dans les forêts de la zone torride , y a lieu cependant comme dans les climats tempérés. Depuis des milliers d'années , les Llanos sont dépourvus d'arbres et de broussailles ; quelques palmiers épars dans la savane ajoutent peu à cet hydrure de carbone , à cette matière extractive qui (d'après les expériences de Saussure , de Davy et de Braconnot) donne de la fertilité au terreau. Les plantes sociales qui dominent presque exclusivement dans la steppe sont des Monocotydélones , et l'on sait combien les graminées appauvrissent le sol dans lequel pénètrent leurs racines à fibres serrées. Cette action des Killingia , des Paspalum , des Cenchrus , qui forment le gazon , est partout la même ; mais lorsque le roc est près de percer la terre , celle-ci varie selon qu'elle repose sur le grès rouge ou sur le calcaire compacte et le gypse ; elle varie aussi selon que des inondations périodiques ont accumulé du limon dans les endroits les plus bas, ou que, sur de petits plateaux, le choc des eaux a enlevé le peu de terreau qui les couvroit. Beaucoup de cultures isolées existent déjà au milieu de ces pâturages, là où l'on a trouvé des eaux courantes ou quelques touffes de palmiers Mauritia. Ces fermes autour desquelles on sème du maïs et l'on plante du manioc, se multiplieront considérablement, si l'on parvient à augmenter les arbres et les arbustes. L'aridité et l'excessive chaleur des mesas • ne dépendent pas uniquement de ' Petits plateaux, bancs j parties plus élevées que le reste de la steppe. LIVRE IX. l'état de leur surface et de la réverbération locale du sol ; leur climat est modifié par les régions adjacentes , par la steppe entière dont les mesas font partie. Dans les déserts de l'Afrique ou de l'Arabie , dans les Llanos de l'Amérique du sud , dans les vastes bruyères qui s'étendent depuis l'extrémité du Jutland jusqu'à l'embouchure de l'Escaut, la fixité des limites du désert, des savanes et des landes repose en grande partie sur leur immense étendue , sur la nudité que ces terrains ont acquise par quelque révolution destructive de l'ancienne végétation de notre planète. C'est par leur étendue , par leur continuité et leur masse qu'elles s'opposent aux envahissemens de la culture, qu'elles conservent, semblables à des golfes intérieurs , la stabilité de leurs rives. Je n'aborderai pas la grande question, si, dans le Sahara, dans cette Méditerranée de sables mouvans, les germes de la vie organique se multiplient de nos jours. A mesure que nos connois- sances géographiques se sont étendues, nous avons vu , dans la partie orientale du désert , des îlots de verdure , des Oasis couverts de dattiers se resserrer en archipels plus nombreux et ouvrir leurs ports aux caravanes; mais nous ignorons si, depuis le temps d'Hérodote , la forme des Oasis n'est pas restée constamment la même. Nos annales sont trop incomplètes et trop courtes pour suivre la nature dans sa marche lente et progressive. De ces espaces entièrement nus auxquels une catastrophe violente a enlevé l'en- veloppe végétale et le terreau , de ces déserts de la Syrie et de l'Afrique , qui , par leur bois pétrifié, attestent les changemens qu'ils ont éprouvés, reportons maintenant nos yeux sur les Llanos couverts de graminées. Ici , la discussion des phénomènes est plus rapprochée du cercle de nos observations journalières. Plusieurs cultivateurs , établis dans les steppes de l'Amérique , se sont formés , relativement à la possibilité d'une culture plus générale, ces mêmes idées que j'ai déduites de l'action climatérique des steppes considérées comme surfaces ou masses continues. Ils ont observé que des landes, enclavées entre des terrains cultivés et boisés, résistent moins long-temps au labourage que des terrains également circonscrits, mais faisant partie d'une vaste surface de même nature. Cette observation est juste, que la portion enclavée soit une savane ou qu'elle soit couverte de bruyères , comme dans le nord de l'Europe , ou de cistes , de lentisques et de Chamaerops, comme en Espagne , ou de Cactus, d'Argemone et de Brathys , comme dans l'Amérique équinoxiale. Plus l'association occupe d'espace , et plus les plantes sociales opposent de résistance à la culture. A cette cause générale se joignent, dans les Llanos de Venezuela, l'action des petites graminées qui appauvrissent le sol pendant la maturation des grains, l'absence totale des arbres et des broussailles, les CHAPITRE XXV. 33 vents de sable dont l'ardeur s'accroît par le contact d'une surface qui absorbe les rayons du soleil pendant douze heures , sans que jamais il s'y projette d'autre ombre que celle du chaume des Aristides, des Cenchrus et des Paspalum. Les progrès que la végétation des grands arbres et la culture des plantes dicotylédones ont faits dans les environs des villes, par exemple autour de Calabozo et du Pao, prouvent ce que l'on pourroit gagner sur la steppe , en l'attaquant par j)etites portions, en l'enclavant peu à peu, en la divisant par des taillis et des canaux d'irrigation. Peut-être par- viendroit-on à diminuer l'influence des vents qui stérilisent le sol , si l'on faisoit en grand, sur i5 ou 20 arpens , des semis de Psidium, de Croton, de Cassia ou de Tamarins qui aiment les lieux secs et ouverts. Je suis loin de croire que les hommes fassent jamais disparoître les savanes en entier , et que les Llanos , utiles aux pâturages et au commerce des bestiaux, soient jamais cultivés comme les vallées d'Aragua ou d'autres parties rapprochées des côtes de Caracas et de Cumana; mais je suis persuadé qu'une portion considérable de ces plaines perdra , dans la suite des siècles , sous une administration favorable à l'industrie , l'aspect sauvage qu'elles ont conservé depuis la première conquête des Européens. Ces changemens progressifs, ces accroissemens de la population n'augmen- teront pas seulement la prospérité de ces contrées, ils exerceront aussi une influence utile sur leur état moral et ]>oIitique. Les Llanos forment plus des deux tiers de cette partie de Venezuela ou de l'ancienne Capitania gênerai de Caracas , qui est située au nord de l'Orénoque et du Rio Apure. Or, dans le temps des troubles civils, les vastes steppes, par leur solitude et par l'abondance des vivres (pi'offrent leurs innombrables troupeaux , servent à la fois d'asile et d'appui au parti qpii veut lever l'étendard de la révolte. Des bandes armées {^guérillas) peuvent s'y maintenir et harceler les habitans du littoral, chez lesquels se trouvent concentrées la civilisation et les richesses agricoles. Si le Bas-Orénoque n'étoit pas suffisamment défendu par le patriotisme d'une popu- lation robuste et aguerrie, l'état actuel des Llanos rendroit doublement dan- gereux les effets d'une invasion étrangère sur les cotes occidentales. La défense des plaines est intimement liée à celle de la Guyane espagnole ; et , en parlant plus haut ' de l'importance militaire des bouches de l'Orénoque, j'ai fait voir que les forteresses et les batteries dont on a hérissé la côte septentrionale depuis Cumana jusqu'à Cartliagène ne sont pas les véritables remparts des provinces unies de Venezuela. A côté de cet intérêt politique se place un autre intérêt également important et plus durable encore. Un 1 Tom. II, p. 6'»4-647. Relation historique, Tom. III. 5 •34 LIVRE IX. gouvernement éclairé doit voir avec regret que les habitudes de la vie pas- torale , qui entretiennent l'oisiveté et le vagabondage , régnent sur plus des deux tiers de son territoire. La partie de la population de la côte qui reflue annuellement vers les Llanos , pour se fixer dans les hatos de ganado ' et pour y soigner les troupeaux , fait un pas rétrograde dans la civilisation. Comment révoquer en doute que les progrès de l'agriculture , que la construction de villages, partout où il y a de l'eau courante, n'entraîneroient pas une amélioration sensible dans l'état moral des habitans de la steppe. L'adoucissement des mœurs , le goût d'une existence sédentaire et les vertus domestiques y pénétreront avec les travaux agricoles. Après trois jours de marche, nous commençâmes à apercevoir la chaîne des montagnes de Cumana qui séparent les Llanos, ou, comme on entend souvent dire ici ^ , « la grande mer de verdure » des côtes de la mer des Antilles. Si le Bergantin a plus de 800 toises de hauteur, on peut le voir , même en ne sup- posant qu'une réfraction ordinaire de -'-de l'arc, à 27 lieues marines de distance 3; mais l'état de l'atmosphère nous déroba long-temps le beau spectacle de ce rideau de montagnes. Il se montroit d'abord comme un banc de brmne qui cachoit les étoiles voisines du pôle à leur lever et à leur coucher : peu à peu cet amas de vapeurs sembloit s'agrandir, se condenser , prendre une teinte bleuâtre, se limiter par des contours sinueux et immobiles. Ce que les marins observent, en se rap- prochant d'une terre nouvelle , se présente au voyageur sur le bord de la steppe. L'horizon commençoit à s'élargir vers le nord , et la voûte du ciel ne sembloit plus y reposer à égale distance sur le sol couvert de graminées. Un Llanero ou habitant des Llanos n'est heureux , selon l'expression naïve du peuple , que « lorsqu'il peut voir partout autour de lui. » Ce qui nous paroît vm pays couvert, légèrement ondulé, offrant à peine des collines éparses, est pour lui un pays affreux, hérissé de montagnes. Tout est relatif dans nos jugemens sur l'inégalité du sol et l'état de sa surface. Lorsqu'on a passé plusieurs mois dans les forêts épaisses de l'Orénocpie, dans des lieux où l'on s'accoutume, dès qu'on est éloigné du fleuve , à ne pouvoir contempler les astres que près du zénith et comme à travers l'ouverture d'un puits , une course dans les steppes a quelque chose d'agréable et d'attrayant. On est frappe de la nouveauté des * Espèce de ferme composée de hangars qui servent de demeure aux Iiateros etpeonespara el rodeo, c'est-à-dire aux hommes qui soignent, ou, pour mieux dire, qui inspectent les troupeaux à demi-sauvages de chevaux et de bœufs. ^ u I-os Llanos son como un mar deyerbas. » * Tom. I, p. 3oi et 4oo. CHAPITRE XXV. 35 sensations qu'on éprouve ; on jouit , comme le Llanero , de ce bonheur « de bien voir autour de soi. » Mais cette jouissance ( nous avons pu l'éprouver sur nous-mêmes) n'est pas de longue durée. Il y a sans doute quelqiae chose de grave et d'imposant dans l'aspect d'un horizon qui s'étend à perte de vue. Nous admirons ce spectacle , que nous soyons placés ou sur le sommet des Andes et des Hautes- Alpes , ou au milieu de l'immensité des mers , ou dans les vastes plaines de Venezuela et du Tucuman. L'infinité de l'espace (les poètes l'ont dit dans toutes les langues) se reflète en nous-mêmes ; elle s'associe à des idées d'un ordre supérieur , elle agrandit l'ame de ceux qui se plaisent dans le calme des méditations solitaires. Il est vrai cependant que la vue d'un espace sans bornes offre , dans chaque lieu , un caractère particulier. Le spectacle dont on jouit sur un pic isolé varie selon que les nuages qui reposent sur la plaine s'étendent par couches , s'agglomèrent en groupes, ou présentent aux regards étonnés, à travers de larges percées, les habitations de l'homme , les travaux des champs , tout le fond verdoyant de l'Océan aérien. Une immense nappe d'eau, animée de mille êtres divers jusque dans ses profondeurs, changeant tour à tour de couleur et d'aspect , mobile à sa surface , comme l'élément qui l'agite , charme l'imagination dans de longs voyages sur mer ; mais la steppe poudreuse et crevassée pendant une grande partie de l'année , attriste par son immuable monotonie. Lorsque , après huit ou dix jours de marche , on est accou- tumé au jeu du mirage et à la brillante verdure de quelques touffes de Mau- ritia ' éparses de lieue en lieue , on sent le besoin d'impressions plus variées ; on désire revoir les grands arbres des tropiques, le cours sauvage des torrens, les coteaux et les vallons cultivés par la main du laboureur. Si, par malheur, le phénomène des déserts de l'Afrique et celui des Llanos ou savanes du Nouveau - Continent (phénomène dont la cause se perd dans les ténèbres de la piemière histoire de notre planète) occupoient un plus grand espace encore , la nature seroit privée d'une partie des belles productions qui sont propres à la zone torride ^ Les landes du nord, les steppes du Wolga et ' Palmier à éventaiL sagoutler de la Guyane. ' En calculant d'après des cartes construites sur une très-grande échelle, j'ai trouvé les Llanos de Cumana , Barcelona et Caracas , depuis le delta de l'Orénoque jusqu'à la rive septentrionale de l'Apure , de 7900 lieues carrées ; les Llanos, entre l'Apure et le Haut-Maragnon, de 21 ,000 1.; les Pampas , au nord-ouest de Buenos- Ayres, de 4o,ooo 1. c. ; les Pampas , au sud du parallèle de Buenos-AjTCs , de 3o,ooo 1. c. L'area totale des Llanos de l'Amérique méridionale , couverts de graminées , est par conséquent de 98,900 lieues carrées de 20 au degré équatorial. (L'Espagne a 16,200 de ces mêmes lieues.) La gi-ande plaine d'A- frique, connue sous le nom de Sahara, présente igijOoo 1. c. , en y comprenant les Oasis éparses, mais non Bornou etle Darfour. (La Méditerranée n'a que 79,800 1. c. de surface.) Foj. plus haut, Tom. II, p. i58. 36 LIVRE IX. du Don sont à peine plus pauvres en espèces de plantes et d'animaux que ne le sont, sous le plus beau ciel du monde, sous le climat des bananiers et des arbres à pain, 28,000 lieues carrées de savanes qui s'étendent en demi- cercle du nord-est au sud-ouest, depuis les bouches de l'Orénoque jusqu'aux rives du Caqueta et du Putumayo. L'influence , partout ailleurs vivifiante, du climat équinoxial ne se l'ait pas sentir dans des lieux où de grandes associations de graminées ont presque exclu tout autre végétal. A la vue du sol, là où manquent les palmiers épars , nous aurions pu nous croire dans la zone tempérée et bien au-delà vers le nord : mais , à l'entrée de la nuit , les belles constellations du ciel austral (le Centaure, Canopus et les innombrables nébuleuses dont brille le Na- vire Argo) nous rappeloient que nous n'étions éloignés que de 8° de l'équateur. Un phénomène qui avoit déjà fixé l'attention de Deluc et qui a exercé, dans ces dernières années, la sagacité des géologues nous a beaucoup oc- cupés pendant ce voyage à travers les steppes. Je veux parler, non de ces blocs de roches primitives que l'on trouve ( comme au Jura ) sur la pente des montagnes calcaires , mais de ces fragmens énormes de granité et de syénite qui , dans des limites très-distinctement fixées par la nature , se montrent éparses dans le nord de la Hollande , de l'Allemagne et des pays baltiques. Il paroît prouvé aujourd'hui que, distribués comme par rayons, ils sont venus, lors des anciennes révolutions de notre globe, de la péninsule Scandinave vers le sud, et qu'ils n'appartenoient pas primitivement aux chaînes granitiques du Harz et de la Saxe dont ils approchent, sans cependant en atteindre le pied '. Né dans les plaines sablonneuses des régions baltiques, ne connoissant jusqu'à l'âge de dix -huit ans l'existence d'une roche que par ces blocs épars, je devois être doublement curieux de m'assurer si le Nouveau-Monde me présenteroit quelque phénomène analogue. Je fus surpris de ne pas voir un seul de ces blocs dans les Llanos de Venezuela , quoique ces immenses plaines soient bordées immédiatement au sud par un groupe de montagnes tout granitique ^, et qui offre, dans ses pics dentelés et presque colonnaires, les traces de la plus violente destruction ^. Vers le nord, la chaîne granitique de la Silla de Caracas et de Portocabello se trouve séparée des Llanos par un rideau de montagnes qui sont schisteuses entre Villa de Cura et Parapara, calcaires entre le Bergantin • Léopold de Buch, Voyage en Norwège ^ Tom. I, p. 3o (éd. allemande). ^ I.a Sierra P a rime. 3 Tom. II, p. 233, 236, 232, 273, 288, 882, 697, 627 et 633. CHAPITRE XXV. 87 et Caripe. Cette absence de blocs m'a également frappé sur les rives de l'Amazone. Déjà La Condamine avoit affirmé que , depuis le Pongo de Mansericlie jusqu'au détroit des Pauxis, on ne trouvoit pas la plus petite pierre. Or, le bassin du Rio Negro et de l'Amazone n'est aussi qu'un Llano, une plaine comme celles de Venezuela et de Buenos -Ayres : la différence ne consiste que dans l'état de la végétation. Les deux Llanos^ situés aux extrémités nord et sud de l'Amérique méridionale , sont couverts de graminées ; ce sont des savanes dépourvues d'arbres : le Llano intermédiaire, celui de l'Amazone, exposé à des pluies équatoriales ])resque continuelles , est une épaisse forêt. Je ne me souviens pas avoir entendu dire que les Pampas de Buenos -Ayres ou les savanes du Missoury ' et du Nouveau-Mexique renfermassent des blocs granitiques. L'absence de ce phénomène paroit général dans le Nouveau - Monde : il l'est proba- blement aussi dans le Sahara , en Afrique , car il ne faut pas confondre des masses rocheuses qui percent le sol au milieu du désert et dont les voyageurs font souvent mention, avec de simples fragmens épars. Ces faits semblent prouver que les blocs de granité Scandinave qui couvrent les plaines sablonneuses au sud de la Baltique, en Westphalie et en Hollande , sont dus à une débâcle particulière venant du nord, à une catastrophe purement locale. Le conglomérat ancien (grès rouge) qui recouvre, d'après mes observations, une grande partie des Llanos de Venezuela et du bassin de l'Amazone, renferme sans doute des fragmens de ces mêmes roches primitives qui constituent les montagnes voisines; mais les bouleversemens dont ces montagnes offrent des marques certaines , semblent ne pas avoir été accompagnés de circonstances favorables au transport des blocs. Ce phénomène géognostique est d'autant plus inattendu , que nulle part dans le monde il n'existe une plaine aussi unie et qui se prolonge avec moins d'interruptions jusque vers la pente abrupte d'une Cordillère purement granitique. Déjà, avant mon départ d'Europe, j'avois été frappé de voir (pie les blocs primitifs manquent dans la Lombardie comme dans la grande plaine de la Bavière, qui est le fond d'un ancien lac élevé de aSo toises au-dessus du niveau de l'Océan. Cette plaine est bordée au nord par les granités du Haut- Palatinat ; au sud , par les calcaires alpins , les thonschiefer de transition et les micaschistes du Tyrol. Nous arrivâmes le aS juillet à la ville de Nueva - Barcelona , moins fatigués par la chaleur des Llanos à laquelle nous étions accoutumés depuis long-temps , * Y a-t-il dans l'Amérique du Nord des Ijlocs au nord des grands lacs? 38 LIVRE IX. que par les vents de sable dont l'action prolongée cause des gerçuies douloureuses dans la peau. Il y avoit sept mois que , nous rendant de Cumana à Caracas , nous avions relâché pour quelques heures au Morro de Barcelona, rocher fortifié qui, du côté du village de Pozuelos, ne tient au continent que par une langue de terre. Nous trouvâmes l'accueil le plus affectueux et tous les soins d'une prévenante hospitalité dans la maison d'un riche négociant, d'origine françoise , Don Pedro Lavie. Accusé d'avoir donné asile au malheureux Espana lorsqu'il étoit fugitif sur ces côtes en 1796, M. Lavie fut enlevé par les ordres de YAudiencia et traîné prisonnier à Caracas. L'amitié du gouverneur de Cumana et le souvenir des services qu'il avoit rendus à l'industrie naissante de ce pays contribuèrent à lui faire rendre la liberté. Nous avions tâché d'adoucir ses ennuis en le visitant dans la prison : nous eûmes la satisfaction de le revoir au sein de sa famille. Ses maux physiques avoient été aggravés par la détention ; il a succombé avant d'avoir vu luire ces jours de l'indépendance américaine que son ami. Don Joseph Espana, avoit annoncés au moment de son supplice. « Je meurs , disoit cet homme fait pour exécuter de grands projets ', je meurs d'une mort igno- minieuse, mais sous peu mes concitoyens recueilleront pieusement mes cendres , et mon nom reparoîtra avec gloire. » Ces paroles remarquables furent prononcées sur la place publique de Caracas le 8 mai 1 799 : elles m'ont été rapportées la même année par diverses personnes dont les unes abhorroient autant les projets d'Espana que les autres gémissoient sur son sort. J'ai déjà parlé plus haut ' de l'importance du commerce de Nueva-Barcelona. Cette petite ville , qui avoit en 1 790 à peine 10,000 , en 1800 plus de 16,000 ha- bitans, a été fondée ^ par un conquistador catalan, Juan Urpin, en 1637. On essaya alors, mais inutilement, de donner à la province entière le nom de Nou- velle-Catalogne. Comme sur nos cartes on indique souvent deux villes, Barcelona et Cumanagoto, au lieu d'une, ou que l'on regarde ces deux noms comme synonymes, il sera utile d'éclaircir la cause de cette erreur. Il y avoit anciennement à l'embou- chure du Rio Neveri une ville indienne construite en i588 par Lucas Faxardo, sous le nom de San Cristoval de los Cumanagotos, Cette ville n' étoit habitée que par des indigènes venus des salines d'Apaicuare. En 1637, Urpin ' Essai polit, sur la Nouv. Espagne ,ToTa. II, p. 8ig. Relat. Hist., Tom. I, p. 56i. * Voyez plus haut, p. 535. 3 Caulin, p. 173, 19g, Q07. Ce que rapporte M. Depons (Tom. III, p. 2o5) de l'origine de celte ville, n'est pas tout-à-fait conforme aux documcns historiques. CHAPITRE XXV. Sq fonda, à deux lieues dans l'intérieur des terres , avec quelques habitans de Cumanagoto et beaucoup de Catalans, la ville espagnole de Nueva-Barcelona. Pendant trente-quatre ans , les deux communes voisines se firent des querelles sans cesse renaissantes, jusqu'à ce que, en 1671, le gouverneur Angulo parvint à leur persuader de se réunir dans un troisième site , celui qu'occupe aujourd'hui la ville de Barcelone , et dont la latitude est , d'après mes observations ' , de 10° 6' 5i". L'ancienne ville de Giunanagoto est célèbre dans le pays par une image miraculeuse de la Vierge ' , trouvée , disent les Indiens , dans le tronc creux d'un tutumo ou vieux calebassier (Crescentia Cujete). Cette vierge fut portée en procession à Nueva-Barcelona ; mais , chaque fois que le clergé étoit mécontent des habitans de la nouvelle ville, elle s'enfuyoit de nuit et retournoit au tronc de l'arbre , à l'embouchure de la rivière. Ce prodige ne cessa que lorsqu'on eut construit un grand couvent (le collège de la Propaganda) pour y loger les moines de Saint-François. Nous avons vu plus haut que , dans un cas semblable , l'évêque de Caracas fit placer l'image de Notre-Dame de los Valencianos dans les archives de l'évêché, et qu'elle y resta trente ans sous le scellé. Le climat de Barcelone est moins chaud que celui de Cumana , mais humide et un peu malsain dans la saison des pluies. M. Bonpland avoit très- bien soutenu le voyage pénible à travers les Llanos : il avoit repris ses forces et sa grande activité : qitant à moi, j'étois plus souffrant à Barcelone que je ne l'avois été à l'Angostura , immédiatement après avoir terminé la navigation des rivières. Une de ces pluies des tropiques , pendant lesquelles , au coucher du soleil , des gouttes d'une grosseur extraordinaire tombent à de grandes distances les unes des autres, m'avoit causé un malaise qui faisoit craindre l'invasion du typhus qui régnoit alors sur cette côte. Nous restâmes près d'un mois à Barce- lone, jouissant de tous les soins de l'amitié la plus prévoyante. Nous y retrouvâmes * Plaza Mayor. Ce n'est que le résultat de six hauteurs circiunméridiennes de Canopus, prises dans la méiue nuit. Les Memorias d'Espinosa (Tom. II, p. 80) donnent 10° 9' 6". M. Ferrjr a trouvé [Con. des temps, 1817, p. 3 2 2 ) 1 o" 8' 24". J'ignore où ces observations ont été faites, raai.s je crois qu'elles donnent des latitudes trop boréales. La différence de latitude entre la ville et le Morro m'a paru de 3' 4o". J'ai discuté ailleurs la différence de longitude entre Cumana et Nueva-Barcelona, et les résultats de mes mesures chrono- métriques. Je m'arrête à 34' 48" en arc. Le Portulano, publié par le dépôt hydrographique de Madrid. en 1818, donne 38' o". Sur les bords du Rio Unare, et plus à l'ouest sur le Rio Ucheri, près de la belle vallée de Cupira, si abondante en cacao , il y avoit au xviie siècle deux autres villes sous le nom de Tara- gona et de San Miguel de Batei. * La milagrosa imagen de Maria Santissima del Socorro, aussi nommée /a yirgen dsl Tutumo. 4o LIVRE IX. aussi cet excellent religieux , Fray Juan Gonzalès , dont J'ai souvent parlé, et qui avoit parcouru le Haut - Orénoqxie avant nous. Il se plaignoit, et avec raison, du peu de temps que nous avions pu employer à visiter ce pays inconnu; il examinoit nos plantes et nos animaux avec cet intérêt que l'homme le moins instruit porte aux productions d'un pays qu'il a habité long-temps. Fray Juan avoit résolu de passer en Europe en nous accompagnant jusqu'à l'île de Cuba. Nous ne nous quittâmes plus pendant sept mois; il étoit gai, spirituel et serviable. Com- ment prévoir le malheur qui l'attendoit? Il se chargea d'une partie de nos collections; un ami commun lui confia un enfant qu'on vouloit faire élever en Espagne : les collections, l'enfant, le jeune religieux, tout fut englouti dans les flots. Au sud -est de Nueva-Barcelona, à deux lieues de distance, s'élève une haute chaîne de montagnes, adossée au Cerro del Bergantîn , qui est visible à Cumana'. Cet endroit est connu sous le nom des eaitj: chaudes (aguas calientes). Lorsque je me sentis suffisamment rétabli, nous y fimes une excursion par une ma- tinée fraîche et brumeuse. Les eaux , chargées d'hydrogène sulfuré, sortent d'un grès quai-zeux superposé à ce même calcaire compacte que nous avions examiné au Morro. Nous trouvâmes de nouveau dans ce calcaire des bancs intercalés de hornstein noir, passant au kieselschiefer. Ce n'est cependant pas une formation de transition : elle se rapproche plutôt par son gisement, par sa division en petites couches , par sa blancheur et sa cassure matte et conchoïde (à cavités très-aplaties), du calcaire du Jura. Le vrai kieselschiefer et la lydienne n'ont été observés jusqu'ici que dans des schistes et des calcaires de transition. Le grès duquel sortent les sources du Bergantin est- il d'une même formation avec le grès que nous avons décrit" à l'Impossible et au Tumiriquiri? Les eaux thermales n'ont qu'une température de l\^°.,'i cent, (l'atmosphère étant à 27°); elles coulent d'abord sur une longueur de 4o toises à la surface rocheuse du sol, puis elles se précipitent dans une caverne naturelle et percent à travers le calcaire pour sortir au pied de la montagne, sur la rive gauche de la petite rivière de Narigual. Les sources , en contact avec l'oxigène de l'atmosphère , déposent beaucoup de soufre. Je n'ai pas recueilli, comme je l'ai fait à Mariara , les bulles d'air qui sortent par jets de ces eaux thermales. Elles renferment sans doute beaucoup d'azote, parce que l'hydrogène sulfuré décompose le mélange d'oxigène et d'azote dissous dans * yoyez plus haut, Tom. I, p. Sag. Tora. II, p. 600. ^ Tom. I, p. .^64 et 4oo. CHAPITRE XXV. [^.l la source. Les eaux sulfureuses de San Juan , qui sortent de la roche calcaire comme celles du Bergantin , n'ont aussi qu'une foible température (3i°,3); tandis que , dans cette même région , les eaux sulfureuses de Mariara et de las Trincheras ( près Portocabello ) , qui jaillissent immédiatement du granite- gneis, ont les unes 58°,9 et les autres 90°,4 de température '. On diroit que la chaleur que les sources ont acquise dans l'intérieur du globe diminue à mesure qu'elles passent des roches primitives aux roches secondaires superposées. L'excursion que nous avions faite aux agitas calientes du Bergantin finit par un accident fâcheux. Notre hôte nous avoit confié ses plus beaux chevaux de selle. On nous avoit avertis en même temps de ne pas passer la petite rivière de Narigual à gué. Nous traversâmes une espèce de pont ou plutôt des troncs d'arbres rapprochés les uns des autres, et nous fîmes nager nos chevaux en les conduisant par la bride. Celui que j'avois monté disparut soudainement : il se débattoit quelque temps sous l'eau , mais toutes nos recherches pour découvrir la cause de cet acci- dent furent inutiles. Nos guides supposoient que les jambes de l'animal avoientété saisies par les caymans qui abondent dans ces lieux. Mon embarras fut extrême , car la délicatesse et la grande aisance de notre hôte ne permettoient guère de songer à réparer ime telle perte. M. Lavie , plus occupé de notre position que de la mort de son cheval , tàchoit de nous tranquilliser en exagérant la facilité avec laquelle on pouvoit se procurer de beaux chevaux dans les savanes voisines. Les crocodiles du Rio Neveri sont grands et nombreux , surtout près de l'embouchure de la rivière. Cependant , en général , leurs mœurs sont plus douces que celles des crocodiles de l'Orénoque. La férocité de ces animaux offre , en Amérique , ces mêmes contrastes qui existent en Egypte et en Nubie , et que l'on reconnoît lorsqu'on compare avec attention les récits de l'infortuné Burckhardt et ceux de M. Belzoni. L'état de culture des divers pays et la population plus ou moins accumulée dans la proximité des rivières modifient les habitudes de ces grands sauriens , timides lorsqu'ils sont sur le sec , et fuyant l'homme même dans l'eau lorsqu'ils ont une nourriture abondante et que l'attaque leur offre quelque danger. A Nueva-Barcelona , on voit les Indiens conduire le bois au marché de la manière la plus bizarre. De grosses bûches de Zygophyllum et de Cœsalpinia^ sont jetées dans le fleuve j le courant les ' L. c. Tom. II, p. 26, 98 , i36. J'ignore quelle est la température des sources chaudes et hydro-sulfu- reuses du Provisor, près San Diego , à une demi-lieue de Nueva-Barcelona rers le sud. ' Un excellent hois de construction est fourni dans les environs de Nueva-Barcelona par le Lecythis Relation historique , Tom. III. 6 42 LIVRE IX. entraîne , et le propriétaire du bois , avec les plus âgés de ses fils , nage çà et là pour mettre à flot les pièces qui sont retenues par les sinuosités des rives. La plupart des fleuves américains qui nourrissent des crocodiles nepermettroientpas d'en agir ainsi. La ville de Barcelone n'a pas , comme Cumana, un faubourg indien; et si l'on y voit quelques indigènes, ce sont ceux qui habitent les missions voisines ou des cabanes éparses dans la plaine. Les uns et les autres ne sont pas de race caribe , mais im mélange de Cumanagotes , de Palenques et de Piritus , petits de taille, trapus, fainéans et adonnés à l'ivresse. C'est le manioc fermenté qui est ici la boisson favorite ; car le vin de palmier , dont on fait usage à l'Oré- noque , est presque inconnu sur les côtes. Il est curieux de voir que , sous les différentes zones , les hoaunes emploient , pour satisfaire la passion de l'ivresse , non seulement toutes les familles de plantes monocotylédones et dicotylédones , mais jusqu'à l'agaric vénéneux ( Amanita muscaria), dont, par une économie dégoûtante , les Koriaeques ont appris à boire le même suc plusieurs fois pendant cinq jours consécutifs '. Les paquebots ( correos ) de la Corogne , destinés pour la Havane et le Mexique , manquoient depuis trois mois. On les croyoit pris par la croisière angloise stationnée sur ces côtes. Empressés de nous rendre à Cumana pour profiter de la première occasion qui se présenteroil pour la Vera-Cruz, nous frétâmes ^ un canot non ponté {plancha). C'est de ces embarcations que l'on se sert habituellement dans des parages où , à l'est du cap Codera , la mer n'est presque jamais agitée. La lancha étoit chargée de cacao, et faisoitle commerce de contre- bande avec l'ile de la Trinité. Par cette raison même , le propriétaire ne croyoit avoir rien à craindre des bàtimens ennemis qui bloquoient alors tous les ports espa- gnols. Nous embarquâmes nos collections de plantes , nos instrumens et nos singes, et nous espérions faire , par un temps délicieux ^ un trajet très - court de la ollarla , dont nous avons tu des troncs de 70 pieds de hauteur. Autour de la ville, au-delà de cette ceinture aride de Cactus qui sépare Nueva-Barcelona de la steppe, végètent le Clerodendrum ternifolium , l'Ioaidium Itubu , qui a tout le port d'un Viola , et l'Allionia violacea. • M. Langsdor ( ff^etterauisches Journal, P. I, p. 254) a fait connoître le premier ce phénomène phy- siologique bien extraordinaire, que je préfère de décrire en latin : u Coriaecorum gens, in ora Asiae septeatrioni opposita, potum sibi excogitavit ei succo inebriante Agarici muscarli. Qui succiis (aequeut asparagorum ) , vel per humanum corpus transfusus, temulentiam nihilominus facit. Quare gens misera et inops, que rarius mentis sit suae , propriam urinam bibit identidem : continuoque mingens rursusque hauriens eundem succum (dicas, ne uUa in parte mundi desit ebrietas), pauculis agaricis producere in diem quintum temulentiam potest. » " Le 26 août 1800. CHAPITRE XXV. 4'^ bouche du Rio Neveri à Cumana ; mais à peine étions -nous arrivés dans le canal étroit entre le continent et les îles rocheuses de la Borracha et des Chimanas , qu'à notre grand étonnement nous rencontrâmes un bateau armé qui , tout en nous hélant , tira de très-loin quelques coups de fusil sur nous. G'étoient des mate- lots appartenant à un corsaire de Halifax , parmi lesquels je reconnus à sa physio- nomie et à son accent un Prussien natif deMemel. Depuis que j'étois en Amérique, je n'avois pas eu occasion de parler la langue de mon pays , et j'aurois désiré en faire usage dans une circonstance plus opportune. Nos protestations n'avoient aucun effet, et l'on nous conduisit à bord du corsaire, qui, feignant de ne pas connoître les j)asse -ports que le gouverneur de la Trinité délivroit pour le commerce illicite , nous déclaroit bonne prise. Comme j'ai quelque habitude de m'exprimer en anglois, j'entrai en négociation avec le capitaine pour ne pas être conduit à la Nou- velle-Ecosse; je le priai de me mettre à terre sur la côte voisine. Pendant que, dans la grand'chambre , je cherchois à défendre mes droits et ceux du proprié- taire du canot, j'entendis du bruit sur le pont. On vint parler à l'oreille au capitaine, qui me quitta d'un air consterné. Pour notre bonheur, une cor- vette angloise (le Sloop le Hawk) croisoit aussi dans ces eaux. Elle avoit fait des signaux pour appeler le capitaine du corsaire; et celui-ci, ne se pres- sant pas d'obtempérer , la corvette tira un coup de canon et envoya un garde- marin [midshipman] à notre bord. C'étoit un jeune homme très-poli , qui me fit espérer que le canot chargé de cacao seroit rendu, et que nous pourrions continuer le lendemain notre route. Il me proposa en même temps de l'accom- pagner , assurant que son commandant , le capitaine John Garnier , de la marine royale, m'offriroit pour la nuit un gîte plus agréable que celui que je trou- verois dans un bâtiment de Halifax. J'acceptai des offres si obligeantes ; je fus comblé de politesses par le capitaine Garnier , qui avoit fait , avec Vancouver , le voyage à la côte nord-ouest , et qui sembloit s'intéresser vivement à tout ce que je lui disois des grandes cataractes d'Atures et de Maypure , de la bifurcation de l'Oréncque et de sa communication avec l'Amazone. Parmi ses officiers , il m'en nomma plusieurs qui avoient été avec lord Macartney en Chine : depuis un an, je ne m'étois pas trouvé dans la société de tant de personnes instruites. On avoit eu, par les journaux anglois , quelque connoissance du but de mon entreprise ; on me traita avec beaucoup de confiance , et l'on me fit coucher dans la chambre du commandant. En partant on me donna les Ephémérides astronomiques des années pour lesquelles, en France et en Espagne, je n'avois pu m'en 44 LIVRE IX. procurer. C'est au capitaine Garnier que je suis redevable des observations de satellites que j'ai faites au-delà de l'éqaateur, et c'est un devoir pour moi de consigner ici l'expression de la reconnoissance (jue m'ont inspirée ses procédés. Lorsqu'on vient des forêts du Cassiquiare , et que , pendant des mois entiers , on a été comme retranché dans le cercle étroit de la vie des missionnaires, on sent une jouissance bien douce au premier contact avec des hommes qui ont parcouru le monde maritime et agrandi leurs pensées à la vue d'un spectacle si varié. Je quittai le vaisseau anglois en conservant des impressions qui ne se sont point effacées et qui me faisoient chérir davantage la carrière à laquelle je m'étois voué. Nous continuâmes le lendemain notre trajet, et nous fûmes surpris de la pro- fondeur des canaux entre les îles Caracas , où la corvette manœuvroit presque en rasant les rochers. Combien ces îlots calcaires, dont la direction et les formes rappellent la grande catastrophe qui les a séparés de la Terre -Ferme, diffèrent d'aspect de cet archipel volcanique au nord de Lancerote • , dans lequel des buttes de basalte semblent être sorties de la mer par l'effet d'un soulèvement ! La fréquence des Alcatras, qui sont plus gros que nos cygnes; celle des Flamans , qui pêchoient dans les anses ou harceloient les pélicans pour leur arracher leur proie , nous annonçoient l'approche des côtes de Cumana. Il est curieux de voir comment, au lever du soleil, les oiseaux de mer apparoissent toutj d'un coup et animent le paysage. Cela rappelle , dans les lieux les plus soli- taires, l'activité de nos cités au premier lever de l'aurore. Vers les 9 heures du matin, nous nous trouvâmes devant le golfe de Cariaco qui sert de rade à la ville de Ciunana. La colline que couronne le château Saint-Antoine se détachoit en blanc sur le sombre rideau des montagnes de l'intérieur. Nous reconnûmes avec intérêt la plage où nous avions cueilli les premières plantes de l'Amérique, et où , quelques mois plus tard , M. Bonpland avoit couru de si grands dangers. A travers les Cactus (cierges) qui s'élèvent en colonnes et en candélabres de 20 pieds de hauteur, paroissoient les cabanes indiennes des Guayqueries. Chaque partie du paysage nous éloit connue, et la forêt de Cactus, et les cabanes éparses , et cet énorme Ceiba sous lequel nous aimions à nous baigner à l'entrée de la nuit. Nos amis de Cumana venoient à notre rencontre; des hommes de toutes les castes, que nos fréquentes herborisations avoient mis en contact avec nous, exprimoient une joie d'autant plus vive que la nouvelle de notre mort sur les rives de l'Orénoque s'étoit répandue depuis plusieurs mois. Ces bruits ' Voyez plus haut, Tom. I, p. 91. CHAPITRE XXV. 4^ sinistres avoient été causés ou par la maladie très-grave de M. Bonpland , ou parce que notre canot avoit manqué de chavirer par une rafale de vent, au-dessus de la mission d'Uruana. Nous nous empressâmes de nous rendre chez le gouverneur Don Vicente Emparan, dont les recommandations et la constante sollicitude nous avoient été si utiles pendant le long voyage que nous venions de terminer. Il nous procura au centre de la ville une maison ' qui étoit peut-être trop élevée dans un pays exposé à de violens tremblemens de terre , mais extrêmement com- mode pour nos instrumens. Elle avoit des terrasses [azoteas) d'où l'on jouissoit d'une vue magnifique sur la mer, sur l'isthme d'Araya et sur l'ar- chipel des îles Caracas , Picuita et Borracha. Le port de Cumana fut de jour en jour plus étroitement bloqué, et la vaine attente des courriers espa- gnols nous y retint encore deux mois et demi. Souvent nous étions tentés de passer aux îles danoises qui jouissoient d'une heureuse neutralité ; mais nous pensâmes qu'une fois sortis des colonies espagnoles , nous trouverions des difficultés pour y rentrer. Avec des permissions aussi amples que celles qu'un moment de faveur nous avoit fait accorder, il falloit ne rien hasarder qui pût déplaire aux autorités locales. Nous employâmes notre temps à compléter la Flore de Cumana, à examiner géognostiquement la partie orientale de la péninsule d'Araya , et à observer un nombre considérable d'éclipsés de satellites qui confirmoient la longitude du lieu déjà obtenue par d'autres moyens. Nous fîmes aussi des expériences sur les réfrac- tions extraordinaires , sur l'évaporation et sur l'électricité atmosphérique. Les aninaux vivans que nous avions rapportés de l'Orénoque étoient un grand objet de curiosité pour les habitans de Ctmiana. Le Capucin de l'Esmeralda (Simia chiropotes) , qui , par l'expression de sa physionomie , ressemble tant à l'homme , et le singe dormeur (Simia trivirgata), qui est le type d'un nouveau groupe, n'avoient jamais été vus sur ces côtes. Nous les destinâmes à la ménagerie du Jardin des Plantes de Paris : car l'arrivée d'une expédition françoise qui avoit échoué dans son attaque sur Curaçao nous fournit inopinément une excellente occasion pour la Gua- deloupe. Le général Jeannet et le commissaire Bresseau, agent du pouvoir exécutif des Antilles , nous promirent de se charger de cet envoi. Les singes et les- oiseaux sont morts à la Guadeloupe j et, par un hasard heureux, la peau du • Casa de Don PasqualMartinez , au nord-est de la grande place , près de laquelle j'avois observé depuis le 28 juillet jusqu'au 17 novembre 1799. Toutes les observations astronomiques et celles de mirage (Tora. I,p.fi2fi) qui sont postérieures au 29 août 1800, ont été faites dans la maison de Martinez. Je rappelle ces circons- tances, parce qu'elles peuvent intéresser ceux qui voudront un jour examiner la précision de mes travaux. 46 LIVRE IX. Simia chiropotes, qui n'existe pas ailleurs en Europe, a été envoyée, il y a quelques années, au Jardin des Plantes où l'on avoit déjà reçu le Couxio (Simia satanas) et le Stentor ou Alouate des steppes de Caracas (Simia ursina) dont j'ai donné les figures dans mon Recueil de Zoologie et d' Anatomie comparée. L'arrivée d'un si grand nombre de militaires françois et la mani- festation d'opinions politiques et religieuses qui n'étoient pas tout- à- fait conformes à celles par lesquelles des métropoles croient affermir leur autorité , imprimoient îin singulier mouvement à la population de Cumana. Le gouverneur traitoit les autorités françoises avec cette aménité de formes que prescrivoient les convenances et les liens intimes qui unissoient alors la France et l'Espagne. Dans les rues , on voyoit les gens de couleur se presser autour de l'agent du directoire dont le costume étoit riche et théâtral ; mais , comme des hommes qui avoient la peau très-blanche s'informoient aussi , avec une , indiscrète curiosité , partout où ils parvenoient à se faire comprendre , du degré d'influence que la république accordoit aux colons dans le gouvernement de la Guadeloupe, les officiers du Roi redoublèrent de zèle pour fournir les provisions à la petite escadre. Des étrangers qui se vantoient d'être libres leur paroissoient des hôtes importuns j et je vis que, dans un pays dont la prospérité toujours croissante reposoit sur des commimications clandestines avec les îles et sur une espèce de liberté de commerce arrachée au ministère , les Espagnols-Européens se plaisoient encore à élever aux nues cette antique sagesse du Code des lois [leyes de Indias) qui ne permet d'ouvrir les ports aux bâtimens étrangers que dans les cas extrêmes d'avarie ou de détresse. Je rappelle ces contrastes entre les vœux inquiets des colons et la méfiante immobilité des gouvernans, parce qu'ils jettent quelque jour sur les grands événemens politiques qui , préparés de loin , ont séparé l'Espagne de ses colonies ou (comme il est peut-être plus juste de dire) de ses provinces d'outre-mer. Du 3 au 5 novembre, nous passâmes de nouveau quelques jours très -agréables à la péninsule d'Araya , située au-delà du golfe de Cariaco , vis-à-vis de Cumana, et dont j'ai déjà décrit ' les perles , les dépôts salifères et les sources soumarines de pétrole liquide et incolore. Nous avions appris que les Indiens portoient de temps en temps à la ville des quantités considérables d'alun natif trouvé dans les montagnes voisines. Les échantillons qu'on nous montra indiquoient suffisam- ment que ce n'étoit ni de l'alunite ' ( pierre d'alun ) , semblable à la roche de la * Tom. I, p. 320-352. ^ Alaunstein. CHAPITRE XXV. 47 Tolfa et de Piombino, ni de ces sels capillaires et soyeux de sulfate alcalin d'alumine et de magnésie qui tapissent les fentes ouïes cavités des roches, mais de véritables masses d'alun natif, à cassure conchoïde ou imparfaitement lamelleuse. On nous faisoit espérer que nous trouverions la mine d'alun dans la cordillère schisteuse de Maniquarez. Un phénomène géognostique aussi nouveau devoit fixer toute notre attention. Le frère Juan Gonzalez et le trésorier Don Manuel Navarete, qui nous avoit éclairés de ses conseils dès notre première arrivée sur ces côtes , nous accompagnèrent dans cette petite excursion. Débarqués près du cap Caney, nous visitâmes de nouveau l'ancienne saline, convertie en lac par l'irruption de la mer, les belles ruines du château d'Araya et la mon- tagne calcaire du Barigon qui, par son escarpement du côté de l'ouest, est d'un accès assez difficile. L'argile muriatifère, mêlée de bitume et de gypse lenticu- laire , et passant quelquefois à une argile brun-noirâtre , dépourvue de sel , est une formation très-répandue dans cette péninsule, dans l'île de la Marguerite et sur le continent opposé, près du château Saint-Antoine de Cumana. Il est même très-probable que l'existence de cette formation a contribué à ces ruptures et à ce déchirement des terres qui frappent le géognoste lorsqu'il est placé surrmedesémi- nences de la péninsule d'Araya. La cordillère de cette péninsule, composée de schiste micacé et de thonschiefer^ est séparée, au nord, par le canal de Cubagua , de la chaîne des montagnes de l'île de la Marguerite, qui ont une composition semblable ; vers le sud, la cordillère est séparée par le golfe de Cariaco de la haute chaîne calcaire du continent. Tout le terrain intermédiaire paroît avoir été rempli autrefois d'argile muriatifère , et c'est sans doute par les érosions continuelles de l'Océan que cette formation a été enlevée pour convertir la plaine, d'abord en lagunes, puis en golfes, et enfin en canaux navigables. Le récit de ce qui s'est passé dans les temps les plus modernes, au pied du château d'Araya , lors de l'irruption de la mer dans l'ancienne saJine , la forme de la lagune de Chacopata et im lac de quatre lieues de long , qui coupe presque en deux parties l'île de la Marguerite , fournissent des preuves évidentes de ces érosions successives. Aussi croit-on voir encore dans la confi- guration bizarre des côtes , dans le Morro de Chacopata, dans les petites îles des Garibes, des Lobos et du Tunal, dans la grande île Goche et les caps du Carnero et des Mangliers, les débris d'un isthme' qui, dirigé du nord au sud, réunissoit ancien- nement la péninsule d'Araya à l'île de la Marguerite. Dans cette dernière île , une * La carte que M. Fidalgo a publiée en i8i6, de la Isla Margarila y de sus canales , indique très-bien ses rapports géognosliques. 48 LIVRE IX. langue de terre extrêmement basse , de 3ooo toises de longueur et de moins de 200 to'ses de large, lie seule encore, du côté du nord, les deux groupes monlueux connus sous les noms de laVega de San Juan et du Macanao. La Laguna grande de la Marguerite a une ouverture très-étroite vers le sud , et de petits canots passent , arastrados , c'est-à-dire par tm portage au-dessus de la langue de terre ou digue septentrionale. Quoique aujourd'hui, dans ces parages, les eaux semblent se retirer du continent, il est pourtant très-probable (jue, dans la suite des siècles, soit par quelque tremblement de terre , soit par une intumescence subite de l'Océan, la grande île alongée de la Marguerite sera divisée en deux îlots rocheux de forme trapézoïde. Loreque nous gravîmes leCerro del Barigon, nous répétâmes les expériences faites à l'Orénoque sur la différence de température de l'air et de la roche décomposée. La première de ces températures n'étoit, vers les 1 1 heures du matin, à cause de l'effet de la brise, que de 27° cent. , tandis que la seconde s'élevoit à 49°)6. La sève qui monte dans les cierges à candélabre (Cactus quadrangularis) étoit de 38° à 4 1 ° ; c'étoit la chaleur que montroit un thermomètre dont j'introduisis la boule dans l'intérieur de la tige charnue et succidente des Cactus. Cette température intérieure d'im végétal se compose de celle du sable dans lequel plongent les racines, de la tem- pératiu-e de l'air extérieur, de l'état de la surface de la tige exposée aux rayons du soleil, de son évaporation et de la conductibilité du bois. C'est par conséquent l'effet de phénomènes extrêmement compliqués. Le calcaire du Barigon , qui fait partie de la grande formation de grès ou brèche calcaire de Cumana • , est pétri de coquilles fossiles aussi parfaitement conservées que celles des autres calcaires tertiaires de la France et de l'Italie. Nous en détachâmes , pour le cabinet du Roi à Madrid , des blocs renfermant des huîtres de 8 pouces de diamètre , des pectens , des venus et des polypiers lithophytes. J'invite les naturalistes, plus instruits dans la connoissance des fossiles que je ne l'étois alors, de bien examiner cette côte montagneuse. Elle est d'un accès facile pour les bàtimens européens qui fout route à Cumana, à la Guayra ou à Curaçao. Il sera curieux de recher- cher si quelques-unes de ces coquilles et de ces espèces de zoophytes pétrifiés habitent encore de nos jours la mer des Antilles , comme cela a paru à M. Bon- pland, et comme c'est le cas dans l'île de Timor, et peut-être à la Grande-Terre de la Guadeloupe. Le 4 novembre, à une heure de la nuit, nous mîmes à la voile pour aller à la recherche de la mine d'alun natif. J'avois embarqué le garde-temps et ma grande lunette de Dollond pour observer, à la Laguna chica ^ à l'est du village de Maniquarez , l'inmiersion du premier satellite de Jupiter. Ce projet i Tom. I, p. 332-358. CHAPITRE XXV. 49 ne fut cependant point exécuté, car des vents contraires nous empêchèrent d'arriver avant le jour. Le spectacle de la phosphorescence de la mer , embelli par le jeu des marsouins qui entouroient notre pirogue , pouvoit seul nous dédommager de ce retard. Nous passâmes de nouveau par ces parages , où , du sein du micaschiste ' , au fond de la mer, jaillissent des sources de pétrole dont l'odeur se fait sentir de loin. Lorsqu'on se rappelle que, plus à l'est, près de Cariaco, des eaux chaudes ^ et soumarines sont assez abondantes pour pouvoir changer la température du golfe à sa surface , on ne sauroit douter que le pétrole ne vienne , comme par l'effet d'une distillation , d'une immense profondeur, qu'il ne sorte de ces roches primitives , au - dessous desquelles se trouve le foyer de toutes les commotions volcaniques. La Laguna chica est ime anse entourée de montagnes coupées à pic et qui ne tient au golfe de Cariaco que par un canal étroit de 2 5 brasses de fond. On ladiroit, comme le beau port d'Acapulco, formée par l'effet d'un tremblement de terre. Une petite plage semble prouver que la mer perd ici sur les terres , comme c'est le cas à la côte opposée de Cumana. La péninsule d'Araya , qui se rétrécit entre les caps Mero et de las Minas jusqu'à i4oo toises de largeur, en a un peu plus de 4000 près delà Lagunachica^ en comptant d'une mer à l'autre. C'est cette dis- tance peu considérable que nous avions à traverser pour trouver l'alun natif et ])our parvenir au cap appelé la Piinta de Chuparuparu. La route n'est difficile que parce qu'il n'y a aucun sentier de tracé et qu'on est obligé de franchir , entre des précipices assez profonds , des arrêtes de rocher entièrement nu et dont les strates sont fortement inclinés. Le point culminant a près de 220 toises de hauteur; mais les montagnes , comme c'est souvent le cas dans les isthmes rocheux , offrent des formes très-bizarres. Les Tetas de Chacopata et de Cariaco, placés à moitié chemin entre la Laguna chica et la ville de Cariaco , sont de véritables pics qu'on croiroit isolés en les voyant de la plate-forme du château de Cumana. Il n'y a de terre végétale dans ce pays que jusqu'à 3o toises de hauteur au- dessus du niveau de la mer. Quelquefois il n'y a pas de pluie pendant i5 mois 3; cependant, s'il tombe quelques gouttes d'eau immédiatement après la floraison ' Tom. I, p. 347. Le pétrole des îles Caracas et celui du Buen Pastor, dont j'ai parlé plus haut (Tom. I , p. 446; Tom. II, p. 26 ), sortent de formations secondaires. N'est-ce pas une preuve directe de la coramu- nicalion des crevasses qui traversent le micaschiste, le calcaire et les argiles superposés? On m'a assuré aussi qu'il j a une source de pétrole à l'ouest de Maniquarez, dans l'intérieur des terres. ' Tom. I, p. 453. ^ Tom. I, p. 456. Relation historique , Tom, III. 7 5o LIVRE IX. des melons , des covirges et des pastèques , celles-ci , malgré la sécheresse apparente de l'air, donnent des fruits d'un poids de 60 à 70 livres. Je dis la sécheresse apparente de l'air , car mes observations hygrométriques prouvent que l'atmos- phère de Cumana et d'Araya renferme en vapeurs d'eau près de neuf dixièmes de la quantité nécessaire à sa saturation parfaite. C'est cet air chaud et humide à la fois qui alimente les fontaines végétales , les plantes cuciu-bitacées , les Agaves et les Melocactus à demi enterrés dans le sable. Lorsque nous avions visité la péninsule l'année précédente , il y régnoit la plus affreuse disette d'eau. Les chèvres , manquant d'herbes , mouroient par centaines. Pendant notre séjour à l'Orénoque, l'ordre des saisons paroissoit entièrement changé. Il avoit plu abondamment à Araya, à Cochen, et même à l'île de la Marguerite, et le souvenir de ces averses occupoit l'imagination des habitans, comme une chute d'aréolithes occupe celle des physiciens en Europe. L'Indien qui nous conduisoit connoissoit à peine la direction dans laquelle nous trouverions le minerai d'alun ; il en ignoroit le véritable site. Cette igno- rance des localités caractérise ici presque tous les guides choisis parmi la classe la plus indolente du peuple. Nous errâmes, comme au hasard , pendant 8 à 9 heures, entre ces rochers dépourvus de toute végétation. Le schiste micacé passe quel- quefois à un thonschiefer (schiste argileux) gris -noirâtre. Je fus frappé de nouveau de l'extrême régularité dans la direction et l'inclinaison des strates. Ils sont dirigés N. 5o° E. , tombant avec 60° à 70° au nord -ouest. C'est la direction générale que j'avois observée dans le granité - gneis de Caracas et de l'Orénoque, dans les schistes ampliiboliques de l'Angostura, et même dans la plupart des roches secondaires que nous venions d'examiner. Sur de vastes étendues de terrains , les couches font le même angle avec le méridien du lieu 5 elles offrent un parallélisme (ou plutôt un loxodromisme) que l'on peut considérer comme une de ces grandes lois géognostiques susceptibles d'être vérifiées par des mesures précises. En avançant vers le cap Chuparuparu , nous vîmes augmenter la puissance des filons de quarz qui traversent le micaschiste. Nous en trouvâmes de i à 2 toises de largeur, remplis de petits cristaux fascicidés de titane - rutile. Nous y cherchâmes en vain de la cyanite , que nous avions découverte dans des blocs près de Maniquarez. Plus loin , le micaschiste offre , non des filons , mais de petites couches de graphite ou caibure de fer. Elles ont 2-3 pouces d'épaisseur , et exactement la même direction et la même inclinaison que la roche. Le graphite, dans les terrains primitifs, désigne la première appa- rition du carbone sur le globe , celle d'un carbone non hydrogéné. Il est antérieur CHAPITRE XXV. 5l à réj>oqTie où la surface de la terre s'est couverte de plantes monocotylëdones. Du haut de ces montagnes sauvages , nous jouîmes d'une vue imposante sur l'île de la Marguerite. Deux groupes de montagnes , que nous avons déjà nommés , ceux du Macanao et de la Vega de San Juan , s'élèvent du sein des eaux. C'est au second de ces groupes, au plus oriental, qu'appartiennent la capitale de l'île , La Asuncion ' , le port de Pampatar et les villages de Pueblo de la Mar, de Pueblo del Norte et de San Juan. Le groupe occidental, le Macanao, est presque entièrement inhabité. L'isthme qui réunit ces grandes masses de micaschiste étoit à peine visible : il paroissoit défiguré par l'effet du mirage , et l'on ne recon- noissoit cette partie intermédiaire , coupée par la Laguna grande , qu'à deux petits mornes ^ en forme de pain de sucre , situés dans le méridien de la Punta de Piedras. Plus près, nos yeux plongeoient sur le petit archipel désert des quatre Morros del Tunal , des îles Caribes et des Lobos. Après beaucoup de vaines recherches, nous trouvâmes enfin, avant de des- cendre à la côte septentrionale de la péninsule d'Araya, dans un ravin qui est d'un accès extrêmement pénible ( aroyo del Tiohalo ) , le minerai qu'on nous avoit montré à Cumana. Le micaschiste se changeoit suîoitement en thon- schiefer carburé et luisant. C'étoitde l'ampelite ; les eaux (car il y a de petites sources dans ces lieux , et récemment on en a même découvert près du village de Maniquarez ) , les eaux étoient chargées d'oxide de fer jaune et avoient un goût stiptique. Nous trouvâmes les jiarois des rochers voisins tapissés de sulfate d'alumine capillaire en efflorescence 5 de véritables couches de deux pouces d'épaisseur, remplies d'alun natif, se prolongeoient à perte de vue dans le thonschiefer. L'alun est blanc - grisâtre , un peu mat à l'extérieur, et d'un éclat presque vitreux à l'intérieur; sa cassure n'est pas fibreuse, mais imparfaite- ment conchoïde. Il est semi-diaphane lorsque les fragmens sont peu épais. Sa saveur est douceâtre et astringente, sans mélange d'amertume. Je me suis proposé , sur les lieux même , la question de savoir si cet alun si pur, et qui remplit des couches dans le thonschiefer^ sans y laisser le moindre vide , est d'une formation contemporaine avec la roclie, ou s'il faut admettre qu'il est d'une origine récente et pour ainsi dire secondaire, comme le muriate de soude que l'on trouve (juelquefois par petits filons là où des sources fortement concentrées traversent des couches de gypse ou d'argile? Rien dans ces lieux ne paroît indiquer un mode de formation qui se renouvelleroit de nos jours. La roche schisteuse ' Lat. 11" o' 3o"; long. o° ig' à l'est tlu nuhidien de Curaana. ^ Lat. 10" 57'; long. 0° 3' 3o" à l'est de Ciimana. 5i2 L T V R E I X. n'offre aucune fente ouverte : surtout elle n'en offre pas qui soit parallèle à la direction des feuillets. On se demande aussi si ce schiste aliunineux est une for- mation de transition superposée au micaschiste primitif d'Araya , ou s'il naît d'un simple changement de composition et de texture dans les couches du micaschiste? J'incline pour la dernière supposition; car la transition est progressive, et le schiste argileux {thons cl liefer) et le micaschiste ne me paroissent constituer ici qu'une seule formation. La présence de la cyanite , du titane rutile et des grenats, l'absence de la lydienne et de toute roche fragmentaire ou arénacée semblent caractériser comme primitive la formation que nous décrivons. Même en Europe , on assure avoir trouvé , quoique bien rarement , de l'ampelite et des griinsteins dans des schistes antérieurs à ceux de transition. Lorsque, en 1785, à la suite d'un tremblement de terre, une grande masse rocheuse s'étoit détachée dans l'Aroyo del Robalo , les Indiens Guayqueries de los Serritos recueillirent des fragmens d'alun de 5-6 pouces de diamètre , extrêmement transparens et purs. De mon temps , on en vendoit , à Cumana , aux teinturiers et aux cordonniers, la livre, au prix de 2 réaux (^piastre forte), tandis que l'alun venant d'Espagne coùtoit 1 2 réaux. Cette différence de prix étoit bien plus l'effet des préjugés et des entraves du commerce que de la qualité inférieure de l'alun du pays qui est employé sans lui faire subir aucmie purification. On le trouve aussi dans la chaîne de micaschiste et de thons chiefer^ à la côte nord-ouest de l'île la Trinité , à la Marguerite , et près du cap Chuparu- paru , au nord du Cerro del Distiladero '. Les Indiens , mystérieux par caractère, aiment à cacher les endroits d'où ils tirent l'alim natif; mais le minerai doit être assez abondant, car j'en ai vu à la fois entre leurs mains des quantités très- considérables. Il seroit intéressant pour le gouvernement de Venezuela d'établir des exploitations régulières, soit sur le minerai que nous venons de décrire, soit sur les schistes alumineux qui l'accompagnent. On jiourroit soumettre ces derniers au grillage et employer pour les lessiver ime concentration [graduation) au soleil brûlant des tropiques. L'Amérique du Sud reçoit aujourd'hui son alun d'Europe , comme l'Europe l'a reçu à son tour, jusqu'au i5* siècle, des peuples de l'Asie. Avant mon ' On nous a indiqué une autre localité : à l'ouest de Bordones, le Puerto Escondido. Mais cette côte m'a paru toute calcaire , et je ne conçois pas quel pourroit être sur ce point le gisement de l'ampelite et de l'alun natif. Y en auroit-il dans les couches d'argile schisteuse qui alternent avec le calcaire alpin de Cumanacoa? (Tom. I, p. 391.) En Europe, l'alun fibreux ne se trouve que dans les terrains postérieurs à ceux de transition , dans des lignites et d'autres formations tertiaires qui appartiennent aux lignites. C H A P I T R E X X V. 53 voyage , les minéralogistes n'ont connu d'autres substances qui , sans addition , calcinées ou non calcinées , puissent donner immédiatement de l'alun (du siUfate d'alumine et de potasse), que des roches de la formation trachytique et de petits filons qui traversent des couches de lignite ou de bois bitumineux. L'une et l'autre de ces substances , d'une origine si différente, renferme tout ce qui constitue l'alun, c'est-à-dire l'alumine, l'acide sulfurique et la potasse. Les minerais de la Tolfa , de Milo et de Nipoligo , ceux de Montione , dans lesquels la silice n'accompagne pas l'alumine, la brèche siliceuse du Mont-Dore , si bien décrite par M. Cordier, et qui renferme du soufre dans ses cavités, les roches alunifères de Parad et de Beregh en Hongrie, qui appar- tiennent aussi aux conglomérats pouceux et trachytiques , sont dus , à n'en pas douter , à la pénétration de vapeurs acido-sulfureuses ' . Ce sont , comme on peut s'en convaincre, dans les solfatares de Pouzzole et du Pic de Ténériffe, les pro- duits d'ime action volcanique foible et prolongée. L'alunite de la Tolfa , que , depuis mon retour eu Europe, j'ai examiné sur les lieux, conjointement avec M. Gay-Lussac , a , par ses caractères oryctognostiques et par sa composition chimique , beaucoup de rapport avec le feldspath compacte ^ qui fait la base de tant de trachytes et de porphyres de transition. C'est un sous-sulfate silicifère d'alumine et de potasse , un feldspath compacte , plus l'acide sulfurique qui y est tout formé. Les eaux circulant dans ces roches alunifères , d'origine volcanique, ne déposent cependant pas des masses d'alun natif : pour en donner, ces roches ont besoin de torréfaction. Je ne connois nulle part des dépôts analogues à ceux que j'ai rapportés de Cumana ; car les masses capillaires et fibreuses trouvées dans des filons qui traversent les couches de lignites (bords de l'Egra , entre Saatz et Commothau en Bohème ^ ) ou naissant par elflorescence dans des cavités (Freien- ' Gay-Lussac, dans les Annales de Chimie (ancienne série), Tom. LV, p. 26G. Descostils, dans les Annales des Mines, 1816, p. 374. Cordier, dans les Annales de Chimie et de Physique, Tom. IX^ )). 71-88. Beudant, Voyage en Hongrie , Tom. III, p. 446-471. ^ Ce feldspath conlient , d'après Rlaproth , plus de silice que l'alunite de Tolfa. La quantité de potasse est la même, mais trois fois moindre que dans les feldspaths communs (lamelleux)et vitreux. D'ailleurs, en compa- rant les analyses de Klaproth et de M. Vauquelin, on voit que les proportions relatives de silice et d'alumine varient beaucoup dans les différens échantillons tirés de la mine de la Tolfa. ' Feder-Alaun, Haarsalz, mehliger und stângliger Alaun de Freien-walde, Tcherning, etc. {Klaproth ^ Reitrâge , Tom. I, p. 3ii;Tora. III, p. 102. Ficinus, dans les Schriften der Dresdener Gesellschaft fur Minéralogie j Tom. I, p. 266; Tom. II, p. 232.) De quelle formation est tiré cet alun natif que les Goubaniens portent à Syène de l'intérieur de l'Afrique? {Décade ég^'pt. , Tom. III, p. 85.) Je regrette de ne pas pouvoir, séparé de mes collections , déterminer la quantité de potasse que contient l'alun natif du Robalo. 54 LIVRE IX. walde. dans le Brandebourg; Segario en Sardaigne), sont des sels impurs, souvent dépourvus de potasse , mêlés de sulfates d'ammoniaque et de magnésie. Une décomposition lente des pyrites qui agissent peut-être comme autant de petites piles galvaniques , rend alunifères les eaux qui circulent à travers les lignites bitumineux et les argiles carburées ' . Ces eaux , en contact avec le carbonate de chaux, donnent même lieu aux dépôts d'alumine sous-sulfatée (dépourvue de potasse) que Ton trouve près de Halle, et que l'on croyoit autrefois à tort être de l'alumine pure , appartenant , comme la terre à porcelaine ( kaolin ) de Morl , au porphyre du grès-rouge. Des actions chimiques analogues peuvent avoir lieu dans des schistes primitifs et de transition , comme dans les terrains tertiaires. Tous les schistes , et ce fait est très-important , contiennent près de 5 pour cent de potasse , du sulfure de fer , du peroxide de fer, du carbone , etc. Le contact de tant de substances hétérogènes humectées doit nécessairement les porter à changer d'état et de composition. Les sels efïlorescens qui couvrent abondamment les schistes alumineux du Robalo, indiquent combien ces effets chimiques sont favo- risés par la haute température de ces climats ; mais (je le répète) dans une roche qui n'a pas de crevasses, pas de vides parallèles à la direction et à l'inclinaison de ses strates , l'alun natif, semi-diaphane et à cassure conchoïde , remplissant son gîte (ses couches) en entier, doit être regardé comme étant du même âge que la roche qui le renferme. Le mot formation contemporaine est pris ici dans le sens que les géognostes y attachent en parlant de couches de quarz dans le thon- schiefer^ de calcaire grenu dans le micaschiste, ou de feldspath dans le gneis. Axnès avoir erré long-temps dans ces lieux arides entre des rochers entiè- rement dénués de végétation, nos yeux reposoient avec plaisir sur des touffes de Malpi^hia et de Croton que nous trouvâmes en descendant vers les côtes. Ces crotons arborescens étoient même deux espèces nouvelles ^ très-remarquables par leur port et propres à la péninsule d'Araya. Nous arrivâmes trop tard à la La- (^una chica pour visiter une autre anse qui est placée plus à l'est et célèbre sous le nom de Laguna grande ou del Ohispo ^. Nous nous contentâmes de l'admirer du haut des montagnes qui la dominent. Après les ports du Ferrol et d'Acapulco , il n'y en a peut-être pas d'une configuration plus extraordinaire. C'est un golfe inté- rieur de 2 milles et demi de long de l'est à l'ouest et d'un mille de large. Les rochers de micaschite qui forment l'entrée du port ne laissent de passage libre 1 Braunkolile et Alaunerde. ^ Crolon nrgyrop/iylluSj et C. marginalus. 3 D'après M. Fidalgo, lat. lo" 35' , long, o» f 5o" à l'est de Cumana. Voyez plus haut , Tora. I, p. 363. CHAPITRE XXV. 55 que sur une largeur de aSo toises. Partout on trouve i5 à aS brasses de fond. Il est probable que le gouvernement de Cumana tirera un jour parti de ce golfe intérieur et de celui de Mochima ' situé 8 lieues marines à l'est de la mauvaise rade de Nueva-Barcelona. La famille de M. Navarete nous attendoit avec impa- tience sur la plage ; et , quoique notre canot portât une grande voile, nous n'arri- vâmes que de nuit à Maniquarez. Nous ne prolongeâmes plus notre séjour à Cumana que de deux semaines. Ayant perdu tout espoir de voir arriver un courrier de la Corogne, nous profitâmes d'un bâtiment américain qui chargeolt de la viande salée à Nueva-Barcelona pour la porter à l'île de Cuba. Nous avions passé i6 mois sur ces côtes et dans l'in- térieur de Venezuela. Quoiqu'il nous restât plus de 5o,ooo francs en lettres de change sur les premières maisons de la Havane, nous aurions senti un manque de fonds très - fâcheux, si le gouverneur de Cumana ne nous eût fait toutes les avances que nous pouvions désirer. La délicatesse des procédés de M. d'Em- paran , envers des étrangers qui lui étoient entièrement inconnus , mérite les plus grands éloges et ma vive reconnoissance. J'insiste sur des incidens d'un intérêt personnel , pour engager les voyageurs à ne pas trop compter sur les communications entre les diverses colonies d'une même métropole. Dans l'état du commerce de Cumana et de Caracas , en 1 799 , il auroit été plus facile de faire usage d'une traite sur Cadiz et sur Londres que sur Carthagène des Indes, sur la Havane ou la Vera-Cruz. Nous nous séparâmes de nos amis de Cumana, le 16 no- vembre , pour faire pour la troisième fois le trajet de l'embouchure du golfe de Cariaco â Nueva-Barcelona. La nuit étoit fraîche et délicieuse. Ce ne fut pas sans émotion que nous vîmes pour la dernière fois le disque de la lune éclairer le sommet des cocotiers qui entourent les rives du Manzanares. Long- temps nos yeux restèrent fixés sur cette côte blanchâtre où nous n'avions eu qu'une seule fois à nous plaindre des hommes. La brise étoit si forte, qu'en moins de 6 heures, nous nous trouvâmes mouillés près du Morro de Nueva-Barcelona. Le bâtiment qui devoit nous conduire à la Havane , étoit prêt à mettre à la voile. * C'est un golfe étroit et alongé du nord au sud de 3 milles, semblable auTifiârd de la Norwège. Lat . de l'entrée 10° 23' 45" ; long. 10' en arc à l'ouest de Cumana , et 3' à l'ouest de Puerto Escondido. *'*''*"V%/\*WVW\*'V**VV\(V%^'W\^/%A»-^.* «r^i-X^l^ CHAPITRE XXVI. Etat politique des provinces de Venezuela. — étendue du territoire. — POPULATION. — productions NATURELLES. — COMMERCE EXTERIEUR. — COMMU- NICATIONS ENTRE LES DIVERSES PROVINCES QUI COMPOSENT LA REPUBLIQUE DE COLOMBIA. Avant de quitter les côtes de la Terre - Ferme et d'entretenir le lecteiu' de l'importance politique de l'ile de Cuba , la plus grande des Antilles , je vais réunir sous un même point de vue tout ce qui peut faire apprécier avec justesse les relations futures de l'Europe commerçante avec les Provinces-Unies de Venezuela. En publiant d'abord après mon retour en Allemagne Y Essai poli- tique sur la Nouvelle-Espagne , j'ai fait connoitre en même temps une partie des matériaux que je possède sur la richesse territoriale de l'Amérique du Sud. Ce tableau comparatif de la population, de l'agriculture et du commerce, de toutes les colonies espagnoles a été rédigé à une époque où la marche de la civi- lisation étoit entravée par l'imperfection des institutions sociales , par le système prohibitif et par d'autres égaremens funestes de la science du gouvernement. Depuis que j'ai développé les immenses ressources que les peuples des deux Amériques, jouissant des bienfaits d'une sage liberté, pourront trouver dans leur position individuelle et dans leurs rapports avec l'Emope et l'Asie commerçantes, une de ces grandes révolutions qui agitent de temps en temps l'espèce humaine a changé l'état de la société dans les vastes pays que j'ai parcourus. Aujour- d'hui, la partie continentale du Nouveau-Monde se trouve comme partagée entre trois peuples d'origine européenne : l'un, et le plus puissant, est de race germanique; les deux autres appartiennent, par leur langue, leur litté- rature et leurs mœurs, à l'Europe latine. Les parties de l'ancien monde, qui avancent le plus vers l'ouest, la péninsule ibérienne et les Iles-Britanniques, sont celles aussi dont les colonies ont occupé le plus d'étendue ; mais quatre mille lieues de côtes habitées par les seuls descendans des Espagnols et des Portugais attestent la supériorité qu'aux i5' et i6^ siècles les peuples péninsulaires s'étaient acquise par lem-s expéditions maritimes sur le reste des peuples navigateurs. On peut dire que leurs langues répandues, depuis la Californie jusqu'au Rio de la Plata, sm* le dos des Cordillères comme dans les forets de l'Amazone, sont CHAPITRE XXVI. 5"] des monumeus de gloire nationale qui survivront à toutes les révolutions politiques. Dans ce moment , les habitans de l'Amérique espagnole et portugaise forment ensembli une population deux fois plus grande que celle de race angloise. Les possessions françoises , hollandoises et danoises du Nouveau-Continent sont de peu d'étendue ; mais , pour compléter le tableau général des peuples qui pourront influer sur la destinée de l'autre hémisphère, nous ne devons pas oublier et les colons d'origine slave qui tentent de s'établir depuis la péninsule d'Alaska jusqu'en Californie , et ces Africains libres d'Haïti qui ont accompli la prophétie faite par le voyageur milanais Benzoni , en x545. La position des Africains dans une île 2 t fois plus grande que la Sicile, au milieu de la Méditerranée des Antilles, augmente leur importance politique. Tous les amis de l'humanité font des vœux pour le développement d'une civilisation qui, après tant de fureurs et de sang, avance d'une manière inattendue. L'Amérique russe ressemble jusqu'à présent moins à une colonie agricole qu'à ces comptoirs que les Européens ont établis , au plus grand malheur des indigènes , sur les côtes de l'Afrique. Elle n'offre que des postes militaires, des stations de pêcheurs et de chasseurs sibériens. C'est sans doute un phénomène frappant que de trouver le rite de l'église grecque établi dans une partie de l'Amérique, et de voir deux nations qui habitent les ex- trémités orientales et occidentales de l'Europe , les Russes et les Espagnols , devenir limitrophes sur un continent où elles sont arrivées par des routes opposées; mais l'état presque sauvage des côtes dépeuplées d'Ochotsk et du Kamlschatka , le manque de secours tournis par les ports d'Asie, et le régime adopté jusqu'ici dans les colonies slaves du Nouveau-Monde, sont des entraves qui les tiendront long- temps dans l'enfance. Il en résulte que si , dans les recherches d'économie poli- tique, on s'accoutume à n'envisager que des masses, on ne sauroit méconnoîlre que le continent américain n'est partagé, à proprement parler, qu'entre trois grandes nations de race angloise , espagnole et portugaise, La j)remière de ces trois nations , les Anglo-Américains , est aussi , après les Anglois de l'Europe , celle qui couvre de son pavillon la plus grande étendue des mers. Sans colonies lointaines, leur commerce a pris un accroissement que n'a pu atteindre aucun peuple de l'ancien monde , si ce n'est celui qui a communiqué , au nord de l'Amérique , sa langue, l'éclat de sa littérature, son amour du travail, son penchant pour la liberté, et une partie de ses institutions civiles. Les colons anglois et portugais ont peuplé les seules côtes opposées à l'Europe : les Castillans, au contraire, dès le commencement de la conquête, ont franchi Beltilion liktoruiue , Toin. III. 8 58 LIVRE IX. la chaîne des Andes , et se sont établis jusque dans les régions les plus occiden- tales. Ce n'est que là, au Mexique, à Cundinamarca , à Quito et au Pérou, qu'ils ont ti'ouvé les traces d'une antique civilisation , des ])euples agriculteurs , des empires florissans. Cette circonstance , l'accroissement d'une j)opulation indi- gène et montagnarde, la possession presque exclusive de grandes richesses métal- liques et des relations commerciales établies dès le commencement du i6' siècle avec l'Archipel indien , ont donné aux possessions espagnoles de l'Amérique équinoxiule un caractère qui leur est propre. Dans les contrées de l'est, tombées en partage aux colons anglois et portugais , les naturels éloient des peuples errans et chasseurs. Loin d'y former une portion de la population agricole et laborieuse , comme sur le plateau d'Anahuac , à Guatimala et dans le Haut-Pérou , ils se sont généralement retirés à l'approche des blancs. Le besoin du travail , la préférence donnée à la culture de la canne à sucre , de l'indigo et du coton , la cupidité qui accompagne et dégrade souvent l'industrie y ont fait naître cet infâme com- merce des noirs , dont les suites ont été également funestes pour les deux mondes. Heureusement , dans la partie continentale de l'Amérique espagnole , le nombre des esclaves africains est si peu considérable qu'en le comparant à celui de la population servile du Brésil ou à celle de la partie méridionale des Etats-Unis , il se trouve dans le rapport de i : 5. Toutes les colonies espagnoles, sans en exclure les îles de Cuba et de Portorico , n'ont , sur une surface qui excède au moins d'un cinquième celle de l'Europe , pas autant de nègres que le seul état de la Virginie. Les Espagnols-Américains ofl'rent dans l'union de la Nouvelle-Espagne et de Gua- timala l'exemple unique , sous la zone torride , d'une nation de 8 millions d'habi- tans gouvernée d'après des lois et des institutions européennes , cultivant à la fois le sucre, le cacao, le froment et la vigne, et n'ayant presque pas d'esclaves arra- chés au sol africain. La population du Nouveau-Continent ne surpasse encore que de très-peu celle de la France ou de l'Allemagne. Elle double aux Etats-Unis en vingt- trois ou vingt-cinq ans; au Mexique, elle a doublé, même sous le régime de la métropole , en quarante ou quarante-cinq ans. Sans se livrer à des espérances trop flatteuses sur l'avenir, on peut admettre que, dans moins d'un siècle et demi, la population de l'Amérique égalera celle de l'Europe. Cette noble riva- lité de la civihsation , des arts industriels et du commerce , loin d'appauvrir , comme on se plaît si souvent à le pronostiquer, l'ancien continent, aux dépens du nouveau , augmentera les besoins de la consommation , la masse du travail productif, l'activité des échanges. Sans doute qu'après les grandes révolutions CHAPITRE XX Vr. 5q que subit l'état des sociétés humaines , la fortune publique , qui est le patrimoine commun de la civilisation , se trouve différemment répartie entre les peuples des deux mondes j mais peu à peu l'équilibre se rétablit, et c'est un préjugé funeste , j'oserois presque dire impie , que de considérer comme une calamité pour la vieille Europe la prospérité croissante de toute autre portion de notre planète. L'indépendance des colonies ne contribuera pas à les isoler , elle les rappro- chera plutck des peuples anciennement civilisés. Le commerce tend à unir ce qu'une politique jalouse a séparé depuis long-temps. Il y a plus encore : il est de la nature de la civilisation de pouvoir se porter en avant sans s'éteindre pour cela dans le lieu qui l'a vu naître. Sa marche progressive de l'est à l'ouest , de l'Asie en Europe , ne prouve rien contre cet axiome. Une vive lumière conserve son éclat même lorsqu'elle éclaiie un plus grand espace. La culture intellectuelle . source féconde de la richesse nationale , se communique de proche en proche ; elle s'étend sans se déplacer. Son mouvement n'est point une migration : s il nous a paru tel dans l'Orient, c'est parce que des hordes barbares se sont emparées de l'Egypte, de l' Asie-Mineure , et de cette Grèce jadis libre, berceau abandonné de la civilisation de nos ancêtres. L'abrutissement des peuples est la suite de l'oppression qu'exercent ou le despotisme intérieur ou un conquérant étranger : il est toujours accompagné d'un appauvrissement progressif, d'une diminution de la fortune publique. Des institutions libres et fortes, adaptées aux intérêts de tous , éloignent ces dangers; et la civilisation croissante du monde , la concurrence du travail, celle des échanges ne ruinent pas les états dont le bien-être découle d'une source naturelle. L'Europe productrice et commerçante profitera du nouvel ordre des choses qui s'introduit dans l'Amérique espagnole , comme elle profiteroit , par l'accroissement de la consommation, des événemens qui feroient cesser la barbarie en Grèce, sur les côtes septentrionales de l'Afrique et dans d'autres pays soumis à la tyrannie des Ottomans. Il n'y a de menaçant pour la prospérité de l'ancien continent que le prolongement de ces luttes intestines qui arrêtent la production , et diminuent en même temps le nombre et les besoins des consommateurs. Dans l'Amérique espagnole , cette lutte , commencée six ans après mon départ , touche peu à peu à sa fin. Nous verrons bientôt des peuples indépendans , régis d'après des formes de gouvernement très-diverses , mais unis par le souvenir d'une origine commune, par l'uniformité du langage et les besoins que fait toujours naître la civilisation, habiter les deux rives de l'Océan Atlantique. On pouroit dire que les immenses progrès qu'a faits l'art du navigateur, ont rétréci les bassins des mers. Déjà 6o LIVRE IX. rOcéan Atlantique se présente à nos yeux sous la forme d'un canal étroit qui n'éloigne pas plus du Nouveau - Monde les états commerçans de l'Europe , que dans l'enfance de la navigation le bassin de la Méditerranée a éloigné les Grecs du Péloponnèse de ceux de l'Ionie , de la Sicile et de la Cyrénaïque. J'ai cru devoir rappeler ces considérations générales sur les relations futures des deux continens , avant de tracer le tableau politique des provinces de Vene- zuela dont j'ai fait connoître les difierentes races d'hommes, les productions spontanées et cultivées, les inégalités du sol et les communications inté- rieures. Ces provinces, gouvernées jusqu'en 1810 par un capitaine général résidant à Caracas , sont aujourd'hui réunies à l'ancienne vice - royauté de la Nouvelle-Grenade ou de Santa-Fe, sous le nom de république de Colombia. Je n'anticiperai point sur la description que je dois donner plus tard de la Nouvelle- Grenade j mais, pour rendre mes observations sur la statistique de Venezuela plus utile à ceux qui veulent juger de l'importance politique de ce pays, et des avantages qu'il peut offrir au commerce de l'Europe, même dans son état de culture peu avancée, je dépeindrai les Provinces-Unies de V enezuela dans leurs rapports intimes avec Cundinamarca ou la Nouvelle- Grenade et comme faisant partie du nouvel état de Colombia. Cet aperçu comprendra nécessairement cinq divisions : l'étendue , la population , les productions , le commerce et le revenu public. Une partie des données qui serviront à former ce tableau, se trouvant indiquée dans les chapitres précédens, je pourrai être très-concis dans l'énoncé des résultats généraux. Nous avons passé , M. Bonpland et moi , près de trois ans dans les pays qui forment aujourd'hui le territoire de la république de Colom- bia; savoir : seize mois dans le Venezuela et dix-huit dans la Nouvelle-Grenade. Nous avons traversé ce territoire dans toute son étendue, d'une part, depuis les montagnes de Paria jusqu'à l'Esmeralda sur le Haxit-Orénoque et jusqu'à San Carlos del Rio Negro situé près des frontières du Brésil ; de l'autre , depuis le Rio Sinu et Carthagène des Indes jusqu'aux sommets neigeux de Quito, au port de Guayaquil sur les côtes de l'Océan pacifique et aux rives de l'Amazone dans la pro- vince de Jaen de Bracamoros. Un si long séjour et un voyage de i3oo lieues marines dans l'intérieur des terres, dont plus de 65o en bateau, m'ont pu fournir une connoissance assez exacte des circonstances locales : cependant je n'oserai me flatter d'avoir recueilli , sur le Venezuela et la Nouvelle-Grenade , des matériaux statistiques aussi nombreux et aussi sûrs que ceux que m'a fournis un séjour beaucoup plus court dans la Nouvelle-Espagne. On est moins porté à dis- cuter des questions d'économie politique dans des pays purement agricoles CHAPITRE XXVI. 6l et qui offrent plusieurs centres de pouvoir, que là où la civilisation est concentrée dans une grande capitale , et où l'immense produit des mines accou- tume les hommes à l'évaluation numérique des richesses naturelles. Au Mexique et au Pérou, j'ai trouvé dans des documens officiels une partie des données que je désirois me procurer. Il n'en étoit point ainsi à Quito , à Santa-Fe et à Caracas où l'intérêt pour des recherches statistiques ne se développera que par la jouissance d'un gouvernement indépendant. Ceux qui sont accoutvunés à exa- miner les chiffres avant d'en admettre la vérité , savent que , dans les états libres nouvellement fondés , on aime à exagérer l'accroissement de la fortune publique , tandis que dans les vieilles colonies on grossit la liste des maux qui tous sont attri- bués à l'influence du système prohibitif. C'est presque se venger de la métropole, que d'exagérer la stagnation du commerce et la lenteur des progrès de la population. Je n'ignore pas que les voyageurs qui ont récemment visité l'Amérique regardent ces progrès comme beaucoup plus rapides que semblent l'indiquer les nombres auxquels je m'arrête dans mes recherches statistiques. Ils promettent, pour l'an 191 3, au Mexique, dont ils croient que la population est doublée tous les vingt-deux ans, 112 millions d'habi tans 5 aux États-Unis, pour la même époque , i4o millions '. Ces nombres , je l'avoue , ne m'effraient point par les motifs qui alarmeroient de zélés sectateurs du système de M. Malthus. Il se peut que deux ou trois cent millions d'hommes trouvent un jour leur subsistance dans l'immense étendue du Nouveau- Continent entre le lac de Nicaragua et le lac Ontario ; j'admets que les États- Unis compteront, en cent ans , au-delà de 80 millions d'habitans , en admettant un changement progressif dans la période du doublement (de vingt-cinq à trente-cinq et à quarante ans) ; mais, malgré les élémens de prospérité que renferme l'Amérique équinoxiale , malgré la sagesse que je veux bien supposer simultanément aux nou- veaux gouvernemens républicains formés au sud et au nord de l'équateur, je doute que l'accroissement de la population dans le Venezuela, dans la Guyane espagnole , la Nouvelle-Grenade et le Mexique , puisse être en général aussi rapide qu'il l'est aux États-Unis. Ces derniers, entièrement simés sous la zone tempérée , dépourvus de hautes chaînes de montagnes , offrent une immense étendue de pays facile à soumettre à la culture. Les hordes d'Indiens chasseurs reculent et devant les colons qu'ils abhorrent , et devant les missionnaires méthodistes qui contra- rient leur goût pour l'oisiveté et la vie vagabonde. Sans doute que, dans l'Amérique espagnole, la terre plus féconde produit, sur la même superficie, une ' Robinson, Memoirs on the Mexican Révolution , Tom. II, p. 3i5. 62 LIVRE IX. plus grande masse de substances nutritives ; sans doute que , sur les plateaux de la région équinoxiale , le froment donne 20 à 24 grains pour un : mais des Cordillères sillonnées par des crevasses presque inaccessibles, des steppes nues et arides , des forêts qui résistent à la hache et au feu , une atmosphère remplie d'insectes vénéneux opposeront long-temps de puissantes entraves à Tagricultiue et à l'industrie. Les colons les plus entreprenans et les plus robustes ne pourront avancer dans les districts montueux de Merida , d'Antioquia et de Los Pastos , dans les Llanos de Venezuela et du Guaviare, dans les forêts du Rio Magda- lena, de l'Oiénoque et de la province de las Esmeraldas , à l'ouest de Quito, comme ils ont étendu leurs conquêtes agricoles dans les plaines boisées à l'ouest des AUeghanys, depuis les sources de l'Ohio, du Tennesée et de l'Alabama jusque vers les rives du Missoury et de l'Arkansas. En se rappelant le récit de mon voyage à l'Orénoque , on appréciera les obstacles qu'une nature puissante oppose aux efforts de l'homme dans des climats brùlans et hiunides. Au Mexique , de grandes surfaces du sol sont dépourvues de sources : les pluies y sont très-rares, et le manque de rivières navigables ralentit les communications. Comme l'ancienne population indigène est agricole , et comme elle l'a été long-temps avant l'arrivée des Espagnols , les terrains qui sont d'un accès et d'une culture plus facile , ont déjà des propriétaires. On y trouve moins communément qu'on se l'imagine en Europe des pays fertiles et d'une vaste étendue qui soient à la disposition du premier occupant , ou susceptibles d'être vendus par lots au profit de l'état. Il en résulte que le mouvement de la colonisation ne peut être partout aussi rapide et aussi libre dans l'Amérique espagnole qu'il l'a été jusqu'ici dans les provinces occidentales de l'Union Anglo-Américaine. La population de cette Union ne se compose que de blancs et de nègres qui , arrachés à leur patrie , ou nés dans le Nouveau-Monde, sont devenus les instrumens de l'industrie des blancs. Au contraire , au Mexique , à Guatimala, à Quito et au Pérou , il existe de nos jours plus de cinq millions et demi d'indigènes de race cuivrée que , malgré les artifices employés pour les désindianiser, leur isolement, en partie forcé, en partie volon- taire , leur attachement à d'anciennes habitudes et leur méfiante inflexibilité de caractère empêcheront encore long-temps de participer aux progrès de la prospé- rité publique. J'insiste siur ces différences entre les états libres de l'Amérique tempérée et ceux de l'Amérique équinoxiale , pour montrer que ces derniers ont à lutter avec des obstacles qui tiennent à leur position physique et morale, et pour rappeler que les pays embellis par la nature des productions les plus variées et lés plus pré- CHAPITREXXVI. 63 cieuses ne sont pas toujours susceptibles d'une culture facile, rapide et uni- formément étendue. Si l'on envisageoit les limites que peut atteindre la popu- lation, comme uniqiiement dépendante de la quantité de subsistance que la terre peut produire, les calculs les plus simples prouveroient la prépondé- rance des sociétés établies dans les belles régions de la zone torridej mais l'économie politique, ou la science positive des gouvernemens , se méfie des chiffres et de vaines abstractions. On sait que, par la multiplication d'une seule famille, un continent, jadis désert, pourroit, dans l'espace de huit siècles , compter plus de huit milliards d'habitans ; et cependant ces évaluations , fondées sur l'hypothèse de la constance des douhlemens en vingt-cinq ou trente ans, sont démenties par l'histoire de tous les peuples déjà avancés dans la carrière de la civilisation. Les destinées qui attendent les états libres de l'Amérique espagnole sont trop imposantes pour qu'on ait besoin de les embellir par le prestige des illusions et des calculs chimériques. Area et population. — Pour fixer l'attention du lecteur sur l'importance politique de l'ancienne Capitania gênerai de Venezuela , je commence par la com- parer aux grandes masses dans lesquelles se groupent aujourd'hui les divers peuples du Nouveau -Continent. C'est en s'élevant à des vues plus géné- rales que l'on peut se flatter de répandre quelque intérêt sur le détail de ces données statistiques qui sont les élémens variables de la prospérité et de la puissance nationale. Parmi les 34 millions d'habitans répandus sur la vaste surface de \ Amérique continentale (évaluation dans laquelle sont compris les indigènes sauvages et indépendans ) , on distingue , selon les trois races prépondérantes , i6^ millions dans les possessions des Espagnols- Américains ^ lo millions dans celles des Anglo-Américains et près de 4 millions dans celles des Por- tugais-Américains. Les populations dans ces trois grandes divisions sont , de nos jours, dans les rapports de 4? 2 i-, i ; tandis que les étendues de surfaces, sur lesquelles ces populations se trouvent répandues , sont comme les^ nombres 1,5. 0,7. I. Uarea des Etats-Unis est presque d'un quart plus grande que celle de la Russie , à l'ouest de l'Oural ; et l'Amérique espagnole est de la même quan- tité plus étendue que l'Europe entière. Les États-Unis ' ont 5- de la population ' Pour éviter des circonlocutions fastidieuses , je continue à désigner dans cet ouvrage , malgré les chan- gemens politiques survenus dans l'état des colonies, les pays habités par les Espagnols-Américains , sous la dénomination 80 . 000 Indiens indépendans peut-fitre 4oo. 000 II. Au]âBiQUB iirsDLiiaB 3.826.000 Haïti (Saint-Domingue) „ . .. . 8ao.ooo Antilles angloises. 777 . 000 Antilles espognoles (eang la Margaerite) 925.000 Antilles françoises 219.000 Antilles bollandoises , danoises , etc 85 .000 III. AUÉRIQCE COnTlIlBIfTiLB, AC 80D DB l'iSTBMB Db PaBAHA Ia.l6l.000 Golombia (sans Veragua et Panama).. 2. 705.000 Pérou 1.400.000 Chili 1. 100.000 Buenos- Ayres a • 3oo. 000 Les Guyanes angloise , boUandoise et françoise 256. 000 Brésil 4. 000. 000 Indiens indépendans peut-être 420. 000 ToTAi (en i8a3) » 34.942.000 La population totale de l'arcliipel des Antilles n'est probablement pas au-dessous de 2,85o,ooo, quoique la distribution partielle de cette population parmi les différens groupes d'îles puisse subir quelques changemens d'après de nouvelles recherches. Ces vérifications sont surtout nécessaires pour les habitans libres des Antilles angloises, pour la partie espagnole de la république d'Haïti et pour Portorico. B. AREA. Il est presque superflu de rappeler les précautions que nous avons employées M. Mathieu et moi dans le calcul des surfaces , soit en décomposant les figures irrégulières des nouveaux états en trapèzes et eu triangles bien conditionnés, soit en mesurant les sinuosités des limites extérieures au moyen de petits carreaux tracés sur du papier transparent, soit en rectifiant des cartes à grandes échelles. Malgré ces précau- tions, les opérations de ce genre peuvent donner des résultats extrêmement diSërens, 1° selon que les cartes dont on se sert ont été construites sur des données astronomiques qui ne sont pas également précises ; 2» selon que l'on trace les frontières conformément aux diverses prétentions des états limitrophes; 3" selon que, tout en reconnoissant la légalité des limites et en admettant qu'elles ont été déterminées astronomique- ment avec une précision suffisante , on exclut de Varea qu'on doit évaluer les contrées entiéretrteut inhabitées ou occupées par des peuples sauvages. On conçoit que la première cause agit de préférence sur les mesures de superficie là où les frontières se dirigent, comme par exemple au Pérou, le long des Cordillères, du nord au sud. Il est connu qu'en général les erreurs en longitude sont plus fréquentes et plus fortes que celles en latitude : cependant ces dernières aussi feroicnt varier de plus de 46oo lieues carrées l'area de la république deColombia, si l'on supposoit', comme autrefois, sur la frontière méridionale de la Guyane espagnole et du Brésil , le fortin de San Carlos del Rio Negro placé sous l'équateur, fortin que j'ai > Foyez plus haut , Tom. II , p. 497> et ù la Cn du 9* Lirre de la note F. CHAPITRE XXVI. 7^ trouvé, par les observations faîtes au rocher de Culimacari , par i" 53' 42" de lat. bor. La seconde cause d'incertitude, celle -qui a rapport aux contestations politiques sur les limites, est d'une haute importance partout où le territoire portugais est contigu au territoire des Espagnols- Américains. Les cartes manuscrites , tracées à Rio Janeiro ou à Lisbonne, ne ressemblent guère à celles que l'on construit à Buenos-Ayres et A Madrid. J'ai parlé, dans le XXIII° Chapitre S de ces interminables opérations tentées par les commissions des limites qui ont été établies pendant 4o ans au Paraguay^ sur les rives du Caqueta et dans la Capitania, gênerai du Rio Negro. Les poinU de discussion les plus importans sont , d'après l'étude que j'ai faite de cette grande controverse diplomatique: entre la mer* et le Rio Uruguay , les rives du Guaray et de l'Ibicuy, celles de l'Iguaçu et du Rio de S. Antonio; entre le Parana et le Rio Paraguay, les rives du Chichuy, au sud-est de la forteresse portugaise de Nova Coirabra 3; sur les frontières orientales des provinces espagnoles de Chiquitos et de los Moxos , les rives de l'Aguapehy, du Yauru et du Guaporè , un peu à l'est de l'isthme qui sépare les affluens du Paraguay et du Rio de laMadeira, près de Yilla Bella (lat. iS" o' ) ; au sud et au nord de l'Amazone , le terrain entièrement inconnu entre le Rio de la Madeira et le Rio Javary ( lat. lo-'i -i 1° austr. ) ; les plaines entre le Putumayo et le Japura , entre l'Apoporis qui est un affluent du Japura et l'Uaupès qui se jette dans le Rio Negro ''; les forêts au sud-ouest de la mbsion de l'Esmeralda, entre le Mavaca, le Pacimoni et le CababuriS; enfin la partie septentrionale du Rio Branco et de l'Urari- cuera, entre le fortin portugais de San Juaquim et les sources du Rio Carony« (lat. 3°o'-3°45'). On a placé quelques pierres ( piedras de marco ) pour désigner la limite entre l'Amérique espagnole et l'Amérique portugaise; on les a ornées' de l'inscription fastueuse: Pax et Justitia osculatœ sunt. Ex pactis finium regimdorum Madridi Idibus Jan. 1750; mais la liaison de ces points très-éloignés les uns des autres, la fixation définitive des limites et leur reconnoissance solennelle, n'ont jamais été obtenues. Tout ce qui a été fait jusqu'à ce jour n'est regardé que comme provisoire, et les deux nations voisines, sans renoncer à l'extension de leurs droits, se maintiennent préalablement dans un état de paisible possession. Nous avons rappelé plus haut que si l'on parvenoit à substituer au portage de Villa Bella ( lô» i), entre le Rio de la Madeira et le Rio Paraguay, im canal de 53oo toises de longueur*, une navigation intérieure se trouveroit ouverte entre l'embouchure de » L. 4i' et il est probable que cette embouchure a été rapportée à la position de Surinam ou à celle de Stabroek , la florissante capitale de Demerary. L'estime tend d'ailleurs, sur ces côtes, ou le courant porte avec violence au N. O. , à diminuer les différences de longitude lorsqu'on navigue de Cayenne au cap Barima et à l'ile de la Trinité. La longitude de l'embouchure de la petite rivière de Morocco, située près de celle Pomaroun et servant de frontière entre la colonie anglaise de la Guyane et le territoire de Colombia, dépend de la longitude du Rio Essequebo, dont elle est éloignée, vers l'ouest, d'après Bolingbroke de 45', d'après d'autres cartes publiées récemment, de 3o' à 35'. Une carie manuscrite que je possède des bouches de l'Oréncque ne donne que ïS'. 11 résulte de ces discussious minutieuses que la longitude de la bouche du Pomaroun oscille entre 6o« 55' et 61» 20'. Je répète ici le vœu déjà énoncé dans un autre endroit , que le gouvernement de Colombia fasse lier chronométriquement , et par une navigation non interrompue, la bouche de l'Essequebo, le cap Nassau, la Punta Barima (la Vieille-Guyane et l'Angostura), les bocas ehicas de l'Orénoque, Puerto Espana et Punta Galera qui est le cap nord-est de l'ile de la Trinité. 2 11 ne faut pas confondre ce poste avec l'ancien poste espagnol (destaeamento de Ci(yiini) sur la rive droite du CoyuDi au conOnent du Curumu. 78 LIVRE IX. l'embouchure du Jayary, entre Loreto et Tabatiaga, et en longeant la rive orientale du Rio Javari jusqu'à 2" de distance de son confluent avec l'Amazone; à l'O., en traversant l'Ucayale et le Rio Guallaga, le dernier entre les villages de Yurimaguas et de Lamas (dans la province de Maynas 1° 25' au sud du confluent du Guallaga avec l'Amazone) ; à l'O. N. O. , en traversant le Rio Utcubamba, près de Bagua chica, vis-à-vis de Toraependa. De Bagua la frontière se prolonge au S. S. O. vers un point de l'Amazone (lat. GoS'), situé entre les villages de Choros etCumba, entre CoUuc etCusillo, un peu au-dessous de l'embou- chure de Rio Yaucan; puis elle tourne à l'O., en traversant le Rio de Chota, vers la cordillère des Andes , près de Querocotillo, et auN. N. O. , en longeant et traversant la cordillère, entre Landaguate et Pucarà , Guancabamba etTabaconas, Ayavaca etGonzanama(lat. 4" i3'long. 81° 55'), pour atteindre l'embouchure du Rio Tumbez (lat. 5" 23' long. 82" 4/'). La côte de l'Océan-Pacifique limite le territoire de Colombia, sur 1 1° de latitude, jusqu'à l'extrémité occidentale de la province de Veragua ou au cap Burica ( lat. 8° 5' bor. long. i3° 18' ) ; de ce cap la frontière se dirige vers le nord (à travers l'isthme élargi que forme le continent entre Costa Rica et Veragua), et rejoint la Punta Careta sur la côte de la mer des Antilles, à l'ouest du lac deChiriqui , d'où nous sommes partis pour faire le tour de cet immense territoire de la république de Colombia. Ces indications peuvent servir pour rectifier les cartes, dont même la plus moderne , qui a été publiée sous les auspices de M. Zea, et que l'on assure avoir été construite d'après les matériaux que j'ai recueillis ', retrace bien vaguement l'état d'une longue et paisiblepossessionentredes nations limitrophes. On a l'habitude de considérer comme espagnoles toute la rive australe du Japura, depuis le Salto Grande jusqu'au delta intérieur del'Abatipa- rana, oii est placé sur la rive septentrionale de l'Amazone un marco de limites, pierre que les astronomes portugais ont trouvée par lat. 2° 20' et long. 69° 32'. {Carte 7nanuscrite de l'Amazone , par Don Francisco Requena , commissaire des limites de S. M.C., i783.)Les missions espagnolesdu Japura ou Caqueta, appelées communément missions des Andaquies , ne s'étendent que jusqu'au Rio Caguan, affluent du Japura, au-dessous de la mission détruite de S. Francisco Solano. Tout le reste du Japura au sud de l'équateur, depuis le Rio de los Engaiios et la Grande Cataracte , est dans la possession des indigènes et des Portugais. Ceux-ci ont même quelques foibles établissemens àTabocas, S. Juaquin de Cuerana, et à Curatus; le second au sud du Japura, le troisième sur son affluent septentrional, l'Apoporis ^. C'est à la bouche de l'Apoporis, selon les astronomes portugais, par 1° ly delat. austr. et 71° 58' de long, (toujours à l'ouest du méridien de Paris), que les commissaii-es espagnols voulurent placer en 1780 la pierre des limites, ce qui indiquoit l'intention de ne pas conserver le marco de l'Abatiparana. Les commissaires portugais s'opposèrent à ce qu'on prit pour frontière l'Apoporis , prétendant que , pour couvrir les possessions brésiliennes du Rio Negro, il faUoit placer le nouveau marco au Salto Grande del Japura (lat. austr. o" 33' long. 75" o'). Dans le Putumayo ou Jça, les missions espagnoles les plus méridionales {tnissiones boxas), desservies par les religieux de Popayan et de Pasto, ne s'étendent pas jusqu'au confluent de l'Amazone, mais seulement jusqu'aux 2° 20' de latitude australe. C'est là que sont situés les petits villages de Marive, de S. Ramon et de l'Asumpcion. Les Portugais sont maîtres de l'embou- chure du Putumayo; et, pour parvenir aux missions du Baxo-Putumayo , les religieux de Pasto sont forcés de descendre l'Amazone jusqu'au-dessous de la bouche du Napo à Pevas; d'avancer, de Pevas au nord par terre, jusqu'à la Quebrada ou Cano de Yaguas, et d'entrer par ce Caiio au Rio Putumayo. On ne sauroit non plus considérer comme limite de la Nouvelle-Grenade la rive gauche de l'Amazone, depuis l'Abatiparana (long. 69032') jusqu'au Pongo de Manseriche, à l'extrémité occidentale de la province de Maynas. Les Portugais ont toujours eu la possession des deux rives jusqu'à l'est de Loreto (long. 71° 54'), et la position de TaJjatinga même, au nord de l'Amazone, où est le dernier poste portugais, prouve suflisamment que la rive gauche de l'Amazone , entre la bouche de l'Abatiparana et la frontière près de Loreto , n'a jamais été regardée par eux comme appartenant au territoire espagnol. Pour prouver de même que ce n'est pas la rive méridio- nale de l'Amazone qui, de l'embouchure du Javari vers l'ouest , fait la limite avec le Pérou, je n'ai qu'à rappeler * Colombia from Humboldt andothtr récent autkorîtlcs , London, 1S2Ô. " Voyei plus haut, T. U, p. 46o-462. CHAPITRE XXVI. 79 l'existence des nombreux -villages de la province de Maynas situés sur le GuaUaga jusqu'au-delà de Yurima- guas, 28 lieues au sud de l'Amazone. La sinuosité extraordinaire de la frontière, entre le Haut-Rio Negio et l'Amazone, naît de la circonstance que les Portugais se sont introduits dans le Rio Yapura en le remontant vers le N. O., tandis que les Espagnols ont descendu le Putumayo. Depuis le Javari, la limite péruvienne dépasse l'Amazone, parce que les missionnaires de Jaen et de Maynas, venant de la Nouvelle-Grenade, ont pénétré dans ces régions presque sauvages par le Chinchipe et le Rio GuaUaga. En calculant, d'après les limites que nous venons de tracer, la surface de la république de Colombia, on trouve 91,952 lieues carrées (toujours de 20 au degré), savoir : DIVISIONS POLITIQUES. LIECES CABBéES. LIEUES CABB^ES. 33,701 58,25l Nouvelle-Andalousie ou Cumana Nouvelle-Barcelone "99 i564 653 18,793 5i4o 3678 3548 27 Delta de rOrénoque Caracas Varinas , Ile de la Marguerite (sans la Laguna). . . 91,952 Quels que soient les changemens qu'éprouveront encore les divisions territoriales du Venezuela, soit d'après les besoins variables de l'administration intérieure , soit par le désir des innovations toujours si actif à l'époque d'une régénération politique, la connoissance exacte de Varea des anciennes provinces servira à évaluer approximativement Varea des nouvelles. En considérant attentivement les divisions faites depuis dix ans , on reconnoît que, dans les divers essais de reconstruire les sociétés, ce sont les mêmes élémens que l'ou combine jusqu'à ce que Téquilibre stable soit trouvé. Limites partielles : A. ) ANCIEiraE CAPITANIA GENERAL DE CARACAS : a. ) GoviEENO DE Cumana , comprenant les deux provinces de la Nouvelle-Andalousie et de Barce- lone, un peu plus petit que l'état de Pensylvanie qui a 46,ooo carrés (de 69,2 au degré). La limite au sud et au sud-est est formée par le cours du Bas-Orénoque jusqu'à sa bouclie princi- pale ' ( boca de Navios); au nord , elle l'est par les côtes de l'Océan atlantique et de la mer des Antilles, depuis long. 62° 23' jusqu'à l'embouchure du Rio Unare (long. 67" Sg'). De cette embouchure vers le sud, la limite entre les provinces de Caracas et de Barcelone, suit d'abord ' rayez plus haut, Tom. II, p. 648 et 65 1. J'ai cependant calculé séparément le delta presque inhabité de l'Oréocque, entre le bras principal et le Manamo Grande , le plus occidental des ùocas chicas. Ce delta marécageux a trois fois l'étendue moyenne d'un département de la France. 8o LIVRE IX. rUnare jusque vers son origine dans le pays un peu montueux qui est situé à l'ouest du village de Pariaguan; puis elle se dirige sur l'Orénoque , entre l'embouchure du Rio Suata et celle du Rio Caura , uh! à l'est d' Alta Gracia que les anciennes cartes appellent Ciudad Real. J'ai fixé dans mon calcul la longitude de ce point de l'Orénoque (Atlas , PI. xv), en le réduisant à la longitude de la bouche du Caura. Elle est à peu près 68° 3' à l'ouest du méridien de Paris. D'autres géographes, par exemple Lopez dans sa carte de la province de Caracas, font passer la limite au Raudal de Camiseta , 8 lieues à l'est du Rio Caura. Dans une carte manuscrite que i'ai copiée dans les archives de Cumana, la frontière est indiquée près de Muitaco, à la bouche du Rio Cabrutica, 3 Ueues à l'est du Rio Pao. Les gouverneurs de Cumana ont prétendu long-temps étendre leur juridiction bien au-delà de l'embouchure du Rio Unare jusqu'au Rio Tuy, et même jusqu'au cap Codera *. D'après cette supposition, ils tiroient une ligne vers le sud, i5 lieues à l'est de Calahozo, entre les sources du Rio Uritucu et celles du Rio Manapire, en suivant cette dernière rivière jusqu'à son confluent avec l'Orénoque , 4 lieues à l'est de Cabruta *. Celle limite , la plus occidentale, ajouteroit à la province de Barcelone une étendue de 4oo lieues carrées qui renferme le Valle de la Pasqua , et que La Cruz et Caulin indiquent, sur leurs cartes, par les mots : terreiu) que disputan las dos provincias de Barcelona y de Caracas. J'ai suivi, dans mon évaluation de l'arma, la frontière du Rio Unare, parce qu'elle àeXerioxaeXctat de possession actuelle entre les provinces limitrophes. Le GovienM de Cumana renferme 4 ciudades (Cumana, Cariaco , Cumanacoa, Nueva Barcelona) et 4 villas (Aragua, La Concepcion del Pao, La Merced, Caru- pano^). De nouvelles villes s'élèveront vraisemblablement sur les bords du golfe de Paria {Golfo triste) comme sur les lives de l'Areo et du Guarapiche : ce sont là des points qui offrent de grands avantages à l'industrie commerciale de la Nouvelle -Ajidalousie. b. ) GuAYASE ESPAGNOLE telle qu'elle étoit administrée avant la révolution du 5 juillet i8ii, par un gouverneur, résidant à l'Angostura (Santo Tome de la Nueva Guayana). Elle a plus de 225,000 milles anglois carrés , et excède par conséquent Yarea de tous les états atlantiques à esclaves. {Atlantic Slave-States) , le Maryland, la Virginie, les deux Carolines et la Géorgie. Plus de rz ds <^6tte province sont encore incultes et presque inhabités. Les limites à l'est et au sud , depuis la bouche principale de l'Orénoque jusqu'à l'île de San José du Rio Ncgro, ont été indiquées en décrivant la configuration générale de la république de Colombia. Au nord et à l'ouest, les limites de la Guayane espagnole sont d'abord l'Orénoque, depuis le cap Barima jusqu'à San Fernando de Atabapo, et puis une ligne qui se dirige du nord au sud de San Fernando, vers un point situé i5 lieues à l'ouest du fortin de San Carlos. Cette ligne traverse le Rio Negro un peu au-dessus de Maroa *. La frontière nord-est , celle de la Guyane angloise , mérite la plus grande attention , à cause de l'importance politique des bouches de l'Orénoque , que j'ai discutée dans le 24" chapitre de cet ouvrage. Les plantations de sucre et de coton avoient déjà, sous le gouvernement hoUandob, dépassé le Rio Pomaroun ; elles s'étendent jusqu'au-delà de l'em- bouchure du petit Rio Moroco, où se trouve un poste militaire. ( Vay. la carte très-intéressante des colonies d'Essequeho et de Demerari, publiée en 1798 parle major F. de Bouchenroeder. ) Les Hollandois, loin de reconnoitre le Rio Pomaroun ou le Moroco comme limite de leur territoire , placoient cette limite au Rio Barima , par conséquent près de l'embouchure même de l'Orénoque , * Tom. I , p. 539- 5 Tom. II, p. 6a9 ' Tom. I, p. 389-306, 356, 378-386, 433-457, 535. Tom. III , p. 53. J'ignore la véritable position de la VUla de la Merced , indiquée dans la carte manuscrite des archives de Cumana. Piritu et Manapire paroissent prétendre aussi au titre de ui//os. (CauUn, p. 190.) » V(ritz plus haut, Tom. II, p. 39i-4o5, 469) 47^1 49®. CHAPITRE XXVI. 8l et tiroicut de là une ligne de démarcation du N. N. 0. au S. S. E. vers le Cuyuni. Ils avoient même occupé militairement la rive orientale du petit Rio Barima, avant que les Anglois (1666) eussent détruit les forts de Nouvelle-Zélande et du Nouveau -Middelhourg sur la rive droite du Pomaroun. Ces forts et celui du Kyk-over-al [regarde partout à Fentour), au confluent du Cuyuni, Masaruni et Essequebo, n'ont pas été rétablis. Des personnes qui ont été sur les lieux m'ont assuré, pendant mon séjour à l'Angostura, que ce pays à l'ouest du Pomaroun, dont la possession sera un jour contestée entre l'Angleterre et la république de Colombia , est marécageux , mais de la plus grande fertilité. Villes de la Guyane, ou plutôt endroits qui ont des privilèges * de villas et ciudades : Angostura, Barceloneta, Upata, Guirior (un simple poste militaire au con- fluent du Paraguamusi et du Paragua, affluent du Caroni), Borbon, Real Corona ou Muitaco, La Piedra , Alta Gracia , Caycara , San Fernando del Atabapo , Esmeralda ( quelques cabanes indiennes autour d'une église}. c.) Province de Caracas, de 61,000 milles anglois carrés, par conséquent environ y plus petite que l'Etat de Virginie. Limite boréale : la mer des Antilles , depuis l'embouchure du Rio Unare , long. 67" 39' jusqu'au-delà du Rio Maticores (long. 73° 10') vers le golfe ou Saco de Maracaybo, à l'est du CastiUo de San Carlos. Limite occidentale : une ligne dirigée vers le S. , entre l'em- bouchure du Rio Motatan et la ville de Carora , par les sources du Rio Tocuyo et le Paramo de las Rosas *, entre Bocono et Guanare; vers l'E. S. E., entre la Portuguesa et le Rio Guanare où le Caiio de Ygues, affluent de la Portuguesa, fait la frontière des provinces de Varinas et de Caracas ; au S. E. , entre San Jaime et Uritucu , vers un point de la rive gauche du Rio Apure , vis-à-vis de San Fernando. Limite méridionale : d'abord le Rio Apuxe, depuis lat. 7° 54' long. 70° 20' jusqu'à son confluent avec l'Orénoque , près du Capuchino (lat. 7° 3;' long. 69° 6') ; puis le Bas-Orénoque, vers l'est, jusqu'à la frontière occidentale du Govierno de Cumana, près du Rio Suata, à l'eit d'Alta Gracia. Villes : Caracas, LaGuayra, Portocabello , Coro, Nueva Va- lencia, Nirgua, San Felipe, Barquesimeto, Tocuyo, Araure, Osplnos, Guanare, San Carlos, San Sébastian , Villa de Cura, Calabozo et San Juan Baptista del Pao, d. ) Province de Varinas, d'une area de 32,ooo milles anglob carrés, un peu plus petite que l'état de Kentucky. Limite orientale ; de l'extrémité sud du Paramo de las Rosas et des sources du Rio Guanare, vers le S. E., au Caiio de Ygues ; de là entre le Rio Portuguesa et le Rio Guarico, vers l'E. S. E., à l'embouchure de l'Apure; puis au S. le long de la rive gauche de l'Orénoque, de lat. 7° 36' à l'embouchure du Rio Meta. Limite méridionale : la riTC septentrionale du Meta jusqu'au-delà de Las Rochellas de Chiricoas, entre les bouches du Cafio Lindero et du Macachare (peutr^tre long. 70° 45'). Limite occidentale : de la rive gauche du Meta, d'abord au N. O. , à travers les plaines de Casanare, entre Guardualito et la Villa de Arauca, puis au N. N. O. au-dessus de Quintero et de l'embouchure du Rio Nula qui entre dans l'Apure après le Rio Orivaute, vers les sources du Rio Canagua, et vers le pied du Paramo de Porquera. Limite septentrionale i pente sud-est de la Cordillèpe de Merida, depuis le Paramo de Porquera, entre La Grita et Pedraza, jusqu'au ravin de Lavellaca, dans le chemin de Los Callejones, entre Varinas et Merida, et de là aux sources du Rio Guanare, placées au N. N, O. de Bocono. Villes : Varinas, Obispos, Bocono^ Guanarito, San Jaime, San Fernando de Apure, Mija- gual, Guardualito et Pedraza. En comparant ma carte de la province de Varinas avec les cartes de La Gruz^ de Lopez et d'Arrowsmith , on verra quelle confusion a régné jusqu'ici dans ce dédai«de rivières qui forment les affîuens de l'Apure et de l'Orénoque. ' Toin. II , p. 629. î Vo^ez mon Allas géogr. , PI. 17. Relation historique , Tom. III. il 82 LIVKE IX. e. ) Province de Maracaybo (avec Trusillo et Meiida)> de 43,5oo milles anglois carrés , un peu plus petite que l'état de New-York. Limite boréale : cote de la merdes Antilles, depuis le Cai'io de Oribono (à l'ouest du Rio Maticorcs) jusqu'à la boucbe du Rio Calancala, un peu ii l'est du Grand Rio del Hacha. Limite occidentale : une ligne dirigée de la côte , d'abord au S., entre la \'illade Reyes appelée aussi Valle de Upar et le petit groupe de montagnes (Sierra de Perija) qui s'élève a l'ouest du lac de Maracaybo, vers le Rio Catalumbo ; puis à l'est de Salazar au Rio Sulia , un peu au-dessus de San Faustino : enfin à l'E. , au Paramo de Porquera , situé au N. E. de La Grita. Les limites méridionales et orientales se prolongent au sud des montagnes neigeuses de Merida, à travers le ravin de Lavellaca, au pied oriental du Paramo de las Rosas , vers les sources du Rio de Tocuyo , et de là, entre l'embouchure duRio Motatanetla ville de Carora, vers le Caiio Oribono, comme nous venons de l'indiquer en décrivant les frontières des provinces de Yarinas et de Caracas. La partie la plus occidentale du Govierno de Maracaybo, qui comprend le cap La Vcla, est appelée la Proviticia de los Guajiros (Guahiros) , à cause des Indiens sauvages de ce nom qui l'haliitent , depuis le Rio Socuyo jusqu'au Rio Calancala Vers le sud se trouve la tribu indépendante des Cocinas. Villes : Maracaybo, Gibraltar, Truxillo, Merida, San Faustino. B. ) ANCIENTN'E VICE-ROYAUTÉ DE LA NOUVELLE-GRENADE, comprenant la Nouvelle- Grenade proprement dite (Cundinamarca) et Quito. Les limites occidentales des provinces de Maracayljo, de Varlnas et de la Guyane circonscrivent le territoire de la Vice -Royauté vers l'est; au sud et à l'ouest, les frontières sont celles du Pérou et du Gualimala. Nous rappellerons seulement ici, pour rectifier les erreurs des cartes, que le Valle de Upar ou Villa de Reyes, Salazar de las Palmas,£lRosario de Cucuta , célèbre par la résidence de l'assemblée constituante de Colombia, au mois d'août 1821 , San Antonio de Cucuta, la Grita, San Chris- toval et la Villa de Arauca, de même que les confluens du Casanare avec le Meta et de l'Ini- rida avec le Guaviare appartiennent à la Nouvelle-Grenade. La province de Casanare , dépen- dante de Santa-Fe de Bogota, s'étend vers le nord jusqu'au-delà de l'Orivante. Au nord-est, la province la plus orientale de la Nouvelle-Grenade , appelée Provincia del Rio Hacha, est sépa- rée de la province de Santa Marta par le Rio Enea. En i8i4, le Rio Guaytara divisoit la province de Popayan de la Presidencia de Quito à 1-iquelle appartenoit la province de los Pastos. L'isthme de Panama et la province de Veragua ont été de tout temps du ressort de l'Audiencia de Santa-Fe. PÉnou. En évaluant à 4i,5oo lieues carrées (de 20 au degré) Yarea du Pérou actuel, on a pris pour limite, à l'est: i» le cours du Rio Javai-y, de C" à 9° ; de latitude méridionale; 2° le parallèle de 9" i prolongé du Javary vers la rive gauche du Rio Madeira et coupant successivement d'autres afHuens de l'Amazone, savoir le Jatahy ( Hyutahy) , le Jurua, le Tefe qui paroît être le Tapy d'Acuiia, le Coary et le Puruz ; 3° une ligne qui remonte d'abord le Rio Madeira , et puis le Mamorè , depuis le Salto de Theotino jusqu'au Rio Maniqui *, entre le confluent du Guaporè (Ytonamas des Jésuites) et la mission de S. Ana (à peu près par les 1 2° i de lat.) ; 4° le cours du Maniqui en le suivant vers l'ouest et en prolongeant une ligne au Rio Béni que les géographes ont cru un affluent, tantôt du Rio Madeira, tantôt du Rio Puruz, 5° la rive droite du Rio Tequieri qui débouche, dans le Béni, au-dessous du Pueblo de Reyes, et des sources du Tequieri une ligne qui traverse le Rio Ynambari, se dirige au S. E. vers les hautes Cordillères ^ de Vilcaonota ' yojcz la carte assez rare des MUsiones de Mujos de la Compania de Jésus, 171J. Le Rio Maniqoi auquel les géographes mo- dernes font jouer un grand rôle dans la fable du lac Rogagualo et des bifurcations de Béni, se réunit au Yacuma par lequel M. Haenke est venu du Pueblo de Reyes au Hic Mamorc. ' Les paHidosdù Paucartambo et de Tinta sont de l'intendance de Cuzco. Le district d'Apolobamba et le bassin du lac de Titicaca sont de l'ancienne vice-ioyaaté de Buenos-Ayres. CHAPITREXXVI. 83 et de Lampa, et sépare les districts péruviens de Paucartambo et de Tinta du district d'Apololjamba et du bassin du lac de Titicaca (Cliucuito) ; 6" depuis i3s iB^ de lat. austr. , la chaîne occidentale des Andes bordant, vers l'est, le bassin du lac de Titicaca, et divisant, sous le parallèle de 20°, les allluens duDesa- guadero de la petite Laguna de Paria et ceux du Rio Pilcoraayo des torrens qui se jettent dans la Mer du Sud. D'après ces limites, le Pérou a, vers le nord (jusqu'au Javary) 200, jusqu'au Rio de la Madeira et le Mamorè 260 lieues de large dans la direction des parallèles; vers l'extrémité méridionale, la largeur moyenne du pays n'est plus que de i5 à i8 lieues. Le partido de Tai-apaca (de l'intendance d'Arequipa) touche au désert d'Atacama où l'embouchure du Rio de Loa, que l'expédition de Malaspina place par 21° 26' de lat. austr., forme la ligne de démarcation entre le Pérou et la vice-royauté de Buenos-Ayres. En arrachant au Pérou les quatre intendances de La Paz , de Charcas ou La Plata , de Potosi et de Cochabamba , on a assujetti à un gouvernement qui réside sur les bords du Rio de La Plata, non-seulement des provinces dont les eaux ont leur pente vers le sud-est, et les vastes régions où naissent les aflluens de l'Ucayale et de la Ma- deira (triljutaires de l'Amazone) , mais aussi le système intérieur des rivières qui , sur le dos des Andes et dans une vallée longitudinale, terminée à ses deux extrémités par les nœuds de 7>iontagnes de Porco et du Cuzco, alimentent le lac alpin de Titicaca. Malgi-é ces divisions arbitraires, les souvenirs des Indiens qui habi- tent les bords du lac et les régions froides d'Oruro , de La Paz et des Charcas se portent plus souvent vers le Cuzco, centre de l'antique grandeur de l'empire des Incas, que vers les savanes de Buenos-Ayres. On a séparé du Pérou le plateau de Tiahuanacu , où l'Inca Maita-Capac trouva des édifices et des statues gigantesques dont l'origine remontoit au-delà de la fondation du Cuzco. Tenter ainsi d'effacer les souvenirs historiques des peuples, c'est ne plus vouloir appeler Grèce les bords du lac Copais. 11 faut espérer que, dans les nombreuses confédérations d'états qui se forment de nos jours , les lignes de démarcation ne seront pas réglées uniquement d'après le cours des eaux, mais qu'eu les traçant on consultera en même temps les intérêts moraux des peuples. Le morcellement du Haut-Pérou doit inspirer des regrets à tous ceux qui savent apprécier l'importance de la population indigène sur les plateaux des Andes. Si l'on tire une ligne de l'extrémité méridionale de la province de Maynas, ou des bords du Guallaga, au confluent de l'Apurimac et du Béni (confluent qui donne naissance au Rio Ucayale) , et de là, à l'ouest du Rio VllcabamJja et du plateau du Paucartambo, vers le point où la frontière sud-est coupe le Rio Ynambari , on divise le Pérou en deux parties inégales : l'une (de 2fi,22o lieues carrées) est le centre de la population civilisée, l'autre (de i5,2oo lieues can-ées) est sauvage et presque entièrement dépeuplée. Buenos-Ayrbs. Les éditeurs de l'excellent ouvrage périodique qui a pour titre El Sevianario (Tom. I, p. 1 1 I ) disent avec raison que , sur les rives de la Plata, personne ne connoît les véritables limites de l'ancienne vice-royauté de Buenos-Ayres. Entre le Parana et le Rio Paraguay, entre les sources de cette dernière rivière et le Guaporè, qui est un afiluent de la Madeira , ces limites sont contestées par les Portugais; vers le sud , ou e»l incertain si l'on doit les étendre au-delà du Rio Colorado jusqu'au Rio Negro qui reçoit les eaux del Rio del Oiamante {Abeja Argentina 1822, n" 1, p. 8, et n° 2 ,p. 55). Au milieu de ces doutes qui sont augmentés encore par le morcellement du Paraguay et de la Province Cisplatine , j'ai calculé Varea de l'immense territoire de la vice-royauté d'après des cartes espagnoles dressées avant la révolution de 18 lo. Du côtédeFest, le premier marco est placé au N. du fort de Santa Teresa, à l'embouchure du RioTaliym ; de là , les limites se dirigent: au N, N. O. par les sources de l'ibicuy et du Juy (en coupant l'Uruguay par 27° 20') au con- fluent du Parana et de l'Yguazu; au N. le long de la rive gauche du Parana jusqu'à lat. austr. 22° 4o'; au N. O. en suivant l'Ivineima, vers le Présidio de Nova Coimbra (lat. 19'' 55'), fondé 'en 1776; au N. N. O. , près Villa Relia et 1 isthme qui sépare les eaux de l'Aguapcliy (confluent du Paraguay) de celles du Guaporè, vers l'union ^ de cette dernière rivière avec le Mamorè, au-dessous du fort do Principe (lat. austr. 11" 54' 4G"); au S. O. en remontant le Mamorè et le Maniqui, comme nous l'avons indiqué ' Palriola do Itio Janeiro, i8iî, 't. c. , p. 4o. 84 LIVRE IX. plus haut , lorsque nous avons tracé les limites du Pérou et de la vice-royauté de Buenos- Ayres. Entre les 21" 26' et 23" 54' de lat. austr. (entre le Rio de Loâ et Punta de Guaclio), le territoire de la vice-royauté dépasse la Cordillère des Andes, et occupe , sur 90 lieues de long, les côtes de la Mer du Sud. C'est là que se trouve le désert d'Atacama avec le petit port de Cobija, qui sera un jour si utile pour le commerce des productions de la Sierra ou du Haut-Pérou. Vers l'ouest, c'est la chaîne occidentale des Andes jusquà 3;° de lat.; vers le sud, c'est ou leRio Colorado appelé quelquefois Desaguadero de Mendoza (lat. Sg" 56'), ou, selon des autorités plus récentes, le Rio Negro qui sépare Buenos-Ayres du Chili et de la côte Patagnique. Comme il seroit possible que le Paraguay, la Province Entre Rios et la Banda (Mental ou Province Cis- piatine ' restassent séparés de l'état de Buenos-Ayres , j'ai cru devoir calculer séparément Varea de ces pays en litige. J'ai trouvé, dans les limites de l'ancienne vice-royauté, entre l'Océan et le Rio Uruguay, 8960 lieues carrées marines; entre t Uruguay et le Parana {Provincia Entre Rios), 6848 I. c; entre le jParana et le Rio Paraguay (province du Paraguay proprement dite ), 7424 1. c. Ces trois parties à l'est du Rio Paraguay, depuis la Nouvelle-Coimbre jusqu'à Corrientes et à l'est du Rio Parana depuis Corrientes jusqu'à Buenos- AjTcs , forment un espace de 23,232 lieues cariées *, presque 1 ; fois grand comme la France. 11 résulte de ces calculs, pour les trois parties dont se compose l'ancienne vice-royauté de Buenos-Ayres, y compris i8,3oo 1. c. de Pampas ou savanes : Région du Nord ou Haut- Pérou , depuis le Tequieri et Mamorè jusqu'au Pilcomayo, entre les iS» et 21" de latitude australe 37,020 lieues marines carrées. Région de V Ouest ou pays entre le Pilcomayo , le Paraguay, le Rio de La Plata, le Rio Negi-o et la Cordillère des Andes (Tarija, Jujuy, Salta, Tucuman, Cordova, Santa-Fe, Buenos-Ayres, San Luis de la Punta et Mendoza ) 66,5 1 8 Région de F Est, c'est-à-dire tout ce qui est à l'est du Rio Paraguay et du Parana 23,232 126,770 Le gouvernement de Buenos-Ayres, en occupant les 5o54 1. c. qui sont comprises entre le Rio Colorado et le Rio Negro, pourroit se dédommager en partie des pertes qu'il est menacé d'éprouver vers le nord-est. Les plaines patagoniques offrent, jusqu'au détroit de Magellan, encore 3i,2o6 lieues carrées, dont près des deux tiers jouissent d'un climat beaucoup plus tempéré qu'on ne le pense généralement. La baie de Saint-Joseph pourroit bien y tenter quelque puissance maritime de l'Europe. Dans la partie de la vice-royauté de Buenos-Ayres , occupée par les Brésiliens, à l'est de l'Uruguay, il faut distinguer •* entre les limites reconnues avant l'occupation de la Province des Missions , au nord du Rio Ibicuy, en 1801, et les limites qui sefondentsur le traité conclu, eni82i, entre le Cabildo de Montevideo et la capitainerie de Rio Grande. La Province des Missions est comprise entre la rivegauche de l'Uruguay, l'Ibiçuy:, le Toropi (qui est un ailluent de ce dernier), la Sierra de San Xavier, et le Rio Juy (affluent de l'Uruguay). Son territoire s'étend même un peu au-delà du Juy, vers les plaines où est située Ja mission la plus septen- trionale de San Angel ; plus loin , viennent des forêts habitées par des Indiens indépendans. Lorsque l'alliance entre l'Espagne et la France porta l'Angleterre, en février 1801, à faire déclarer aux Portugais la guerre contre l'Espagne, la province espagnole des Missions futfacilement envahie. Les hostilités ne durèrent pas long-temps; et, quoique la cour de Madrid contestât la légitimité de l'occupation, les missions restèrent entre les mains des ' L'ëtendae du terrain compris entre la mer, le Rio de la Plata , l'Uruguay, les Missions et la Capitainerie brésilienne de f^\o Gnaie. [Auguste de Sa'ml-Hilain, Aperçu d'un voyage dans l'intérieur du Brésil , iS^lt , f. 1. ^ Environ 36,3oo lienes carrées de sS an degré, et non je, 365 de ces lieues, comme il est dit dans les journaux de Buenos-Apes. 2 Ces éclaircissemens ae fondent snr des notes mannscrites que M. Auguste de Saint-Hilaire a recueillies sur les lie us et que je dois à l'amitié dont il m'honore. CHAPITRE XXVI. 85 Portugais. Le traité de 1777 devoit servir de base aux limites entre la vice-royauté de Buenos-Ayres et la capi- tainerie de Rio Grande. Ces limites étoient formées par une ligne qui s'étend du RioGuaray (le Guaney d'Ar- rowsmith), et des sources des petites rivières Ibirapuità, Nanday et Ibycuimerini, qui se jettent dans l'Ibicuy (lat. ag" 4o') , d'abord au confluent du Rio de Ponche Verde avec l'Ibicuy ; puis , toujours vers le sud-est, aux sources de Rio Negro (affluent de l'Uruguay), et en traversant le lac Merin, à l'embouchure de l'Itahy, vul- gairement appelé Tahym. C'est à cette embouchure que se trouvoit, sur la côte de la mer, le marco portugais le plus austral. Le pays entre le Tahym et le Rio Chuy , un peu au nord de Santa Teresa , étoit neutre, et portoit le nom de Campos neutraes; mais, en i8o4, malgré les conventions diplomatiques, il étoit déjà en grande partie occupé par des cultivateurs portugais. L'invasion des François en Espagne et les révolutions de Buenos-Ayres ont donné aux Brésiliens la facilité de pousser leurs conquêtes jusqu'à l'embouchure de l'Uru- guay ; de sorte que les nouvelles limites intérieures entre l'ancien Brésil et les pays récemment occupés ont été fixées, en 1821 , sans l'intervention du congrès de Buenos-Ayres, par les députés du cabildoàe Montevideo et de la capitainerie de Rio Grande. On est convenu que la Province Cisplatiiie du Brésil (la Bande orientale, d'après la nomenclature géographique des Espagnols) seroit bornée au nord par le confluent de l'Uruguay avec l'Arapay (Ygarupay d'Arrovrsmith); à l'est, par une ligne qui, commençant à l'Angostura, 6 lieues au sud de Santa Teresa, passe par les marab de Saint-Michel, suit le Rio San Luis jusqu'à son embouchure dans le lac Merin, se prolonge sur la rive occidentale de ce lac , à une distance de 800 toises, passe par l'embouchure du Rio Sabuaty, remonte jusqu'à celle du Rio Jaguarao, suit le cours de cette rivière jusqu'au Cerros de Acegoua, traverse le Rio Negro, et va rejoindre, toujours en se courbant au nord-ouest, le Rio Arapuy. L'espace compris entre l'Arapuy et l'Ibicuy, limite méridionale de la Province des Missions, appartient à la capitainerie de Rio Grande. Les Portugais-Brésiliens n'ont pas encore tenté de faire des établissemens dans la province Entre Rios ( entre le Parana et le Paraguay), pays dévasté par Artigas et Ramirez. Dans les savanes {pampas) qui, semblables à un bras de mer, s'étendent de Santa-Fe au nord, entre les montagnes du Brésil et celles de Cordova et de Jujuy ', les limites naturelles des intendances de Potosi et de Salta, c'est-à-dire du Haut-Pérou et de Buenos-Ayres , tendent à se confondre entièrement. Chichas et Tarija sont considérés comme les provinces les plus méridionales du Haut-Pérou; les plaines de Manso entre le Pil- comayoetleRioGrande, ou'Vermejo^, de même que Jujuy, Salta et Tucuman, appartiennent à l'Étatde Buenos- Ayres proprement dit. La limite du Haut-Pérou n'est plus , vers l'est , qu^une ligne imaginaire tracée à travers des savanes inhabitées. Elle coupe la Cordillère des Andes au tropique du Capricorne, et de là elle traverse , d'abord le Rio Grande, 26 lieues au-dessous de San Yago de Cotagayta; puis le Pllcomayo, 22 lieues au-des- sous de son confluent avec le Cachimayo, qui vient de la Plata ou Chuquisaca; enfin le Rio Paraguay, par les 20° 5o' de latitude australe. Lors même que le bassin du lac de Tilicaca et la partie montagnarde du Haut- Pérou, où règne la langue de l'Inca, parviendroient à se réunir de nouveau au Cuzco , les plaines de Chi- quitos et du Chaco pourroient bien rester unies au gouvernement des Pampas de Buenos-Ayres. Chili. Les limites sont, au nord, le désert d'Atacama; à l'est, la Cordillère des Andes, où le chemin des courriers, entre Meudoza et Valparaiso, passe, d'après les mesures barométriques faites, en 1794, par M. d'Espinosa et Bauza, à 1987 toises de hauteur '^ au-dessus du niveau de l'Océan. Au sud, j'ai pris pour limite * l'entrée du golfe de Chiloè, où le fort Maullin (lat. 41° 43') est la possession la plus méridionale de * Cette ville , d'après M. Redbead (3f«moria 5o6re la dilatacion dtl aire aimosferico ; Buenos- Aynt , 1819, p. 8 et 10} , a 700 toisci d'élévation au-dessus du niveau de la mer. Déjà la hauteur absolue de la ville de San Miguel del Tucuman est, d'après les mesures barométriques du mCme auteur ^habitant de Salta) , de nGo toises. ' Le véritable nom de ce ûenve, dont les rives étoient jadis habitées par les Abipons , est Rio Inate. ( Voyei Dobrizkofer, Ilist. de Abiponibus , 1784, Tom. Il , p. 14.) ' Ce sont cependant encore 44o toises de moins que le point culminant du chemin de l'Assuay, entre les villes de Quito et de Cuenca que j'ai nivelé, en 1802. Voyez mes Ob$. asiron.y Tom. I, p. ôia, n" aog. ' Essai polit, sur la Nouvelle-Espagne , Tom. I, p. 4 ; Tom. II , p. 83i. 86 LIVRE IX. l'Amérique espagnole sur le continent. Les baies d'Ancud et de Reloncavi n'offrent plus d'habitation stable de colons européens : c'est là que commencent les Juncos , qui sont des Indiens indépendans , pour ne pas dire sauvages. Il résulte de ces données, que les établissemens européens s'étendent sur la cote occidentale du continent, beaucoup plus au sud que sur la côte orientale ; les premiers ont déjà dépassé d'un degré de latitude le parallèle du Rio Kegro et du Puerto de San Antonio. La capitale de Santiago de Chili est située sur un plateau qui a presque la même hauteur qne la ville de Caracas '. Brésil. Les limites méridionales de Colorabia, orientales du Pérou, et septentrionales de Buenos-Ayres , déterminent l'étendue du territoire brésilien vers le nord , vers l'ouest et vers le sud. Pour calculer l'area , je me suis servi de cartes manuscrites qui m'ont été communiquées par le gouvernement de Rio Janeiro à l'époque des contestations diplomatiques qu'avoit fait naître sur les Cuyanes françoise et portugaise la rédaction très-vague de l'article 8 du traité d'Utrccht, et de l'article 107 de l'acte du congrès de Vienne^. En tirant du nord au sud une ligne par l'embouchure de la rivière des Tocanlius, et en suivant le cours de l'Araguay, ^o lieues à l'ouest de Villaboa , vers le point où le Rio Parana coupe le tropique du Capricorne , ou divise le Brésil en deux parties. La plus occidentale comprend les capitaineries du Grand Para , du Rio Negro et de Matto Grosso; elle est presque inhabitée, et n'offre d'etablissemens européens que sur les bords des fleuves , sur le Rio Negro, le Rio Branco, l'Amazone et le Guaporè, qui est un confluent du Rio Madeira. Elle a i38,i56 lieues carrées (de 20 au degré), tandis que la partie orientale, comprenant les capitaineries des côtes, Minas-Geraes etGoyaz,a 1 1 8,83o lieues carrées. Mes évaluations sont conformes à celles d'un géographe très-distingué, M. Adrien Ball)i, qui compte 2,25o,ooo milles carrés d'Italie (a5o,ooo lieues carrées marines) pour tout l'em- pire brésilien , en excluant, comme je l'ai fait, la Province Cisplatine et celle des Missions, à l'est de l'Uru- guay. (Essai statistique sur le Portugal, T. II, p. 229). États-Unis. J'avois déjà fait remarquer dans un autre endroit [Essai politique, T. I, p. i53) que la surface du territoire des États-Unis étoit assez difficile à évaluer en lieues carrées depuis l'acquisition de la * D'après M. Bauza , 4"9 toises; c'est trois cents toises plus bas que la ville de Alendoza, à la pente opposée de la Cordillère des Andes. {Notes mantiscrUcs de Don Luis Aeo, botaniste de tUxpulition de Malaspina.) ^ Voyez plus haut , Xom. Il , p. 70S. Les limites brésiliennes ont été examinées , dans le gouvernement du Rio Negro , par les astronomes Jozè Joaquim Victorio da Costa , Jozè Simoens de Carvaibo , Francisco Jozë de Lacerda et Antonio Luiz Pontes; dans le gouvernement du Grand-Para, surtout entre l'Araguari et le Calsoene (Rio Carsewene? de la Carte des eûtes de In Guyane publiée par le Dépôt de la marine, en 1817), par l'astronome Joze Simoens de Carvaibo et le colonel du génie Pedro Alexandrino de Souza. Les François ont étendu long-temps leurs prétentions jusqu'au-delà du Calsoene, prés du cap Nord. Aujourd'hui la limite se trouve reculée jusqu'à l'emboucburc de l'Oyapok. L'adluent principal de cette rivière , le Canopi et le Tamouri qui est un affluent du Canopi, se rapprocbent à une lieue de distance (par les 2" 5o' de lat. ?) des sources du Maroni^ ou plutôt d'une de ses branches, le Rio Araoua , prés du village des Indiens Aramicbauns. Comme les Portugais vouloiept tracer la limite entre les veisans de l'Oyapok et de l'Araguari (.\raouari) , ils ont fait examiner avec soin, par le colonel M. de Souza , la latitude des sources de cette dernière rivière ; ils l'ont trouvée plus septentrionale que son embou- chure, ce quiauroit fait placer la frontière dans le parallèle du Calsoene. Le nom du Rio deVicente Pinçon, devenu célèbre par de graves contestations diplomatiques , a disparu sur les nouvelles cartes. D'après une ancienne carte manuscrite portugaise que je possède, et qui offre les eûtes entre San José de Macapa et l'Oyapok, le Rio Pinçon seroit indentique avec le Calsoene- Je soupçonne que les termes inintelligibles de l'article 8 du traité d'Utrecht ( « la ligne de la Rivière Japoc ou Vicente Pinçon qui doit couvrir tes possessions du Cap et du ?iord ») se fondent sur la dénomination de cap Nord donnée quelquefois au cap Orange. (Voyez Lact Orb. nov. i655, p. 056.) M. de La Cundamine,à la sagacité duquel rien n'échappe, a déjà dit, dans la lUIation de son Voya^'C à t* Amazone , p. 199 : »Les Portugais ont leurs raisons pour confondre la haie (?) de Vincent Pinçon , près de la bouche occidentale du Rio Arawari (Araguari) , lat. a» 2', avec la rivière Oyapok, lat. 4° >5'. La paix d'Utrecht en fait une même rivière. » Cette latitude '2° 2' rapprocheroit la rivière imaginaire de VincentPinçon du Majacari et du Calsoene, mais l'èloigneroit de près d'un degré de l'Araguari qui est lat. bor. 1" i5'. M. Arrowsmitb , dont la carte offre d'excelleiis matériaux pour l'embouchure de l'Amazone, place le Rio de Vicente Pinçon au sud du Majacarù là où la Malario se perd dans une baie, vis-à-vis de laquelle est située la petite île Tururi , lat. 1° 5o'. Comme l'Araguari communique avec le Malario et forme au nord*ouest une espèce de delta autour des terrains inondés de Carapaporis, il se peut que M. de La Condamine ait considéré la petite rivière qui débouche vis-à-vis dcl'ile Tururi comme la branche occidentale de l'Araguari, CHAPITRE XXVI. 87 Louisiane, dont les limites, au nord et ù l'ouest, sont restées long-temps incertaines. Aujourd'liul ces limites se trouvent fixées par la convention conclue à Londres le 20 octobre 1818, et par le traité des Florides, signé a Washington le 22 février 1819: j'ai cru par conséquent pouvoir soumettre cette question à de nouvelles recherches. Je me suis livré à ce travail avec d'autant plus de soin que la surface des Etats-Unis, depuis l'Océan atlantique jusqu'à la mer du Sud, est évaluée par des auteurs très-récens à i25,4oo, à 137,800, à 167, 5oo, à 173,400, à 2o5,5oo, et à 238, 4oo lieues marines carrées de 20 au degré, et qu'au milieu de ces données diverses dont les incertitudes s'élèvent à plus de 100,000 lieues carrées, c'est-à-dire à six fois Varea de la France, il me paroissoit impossible de choisir un résultat auquel on pourroit comparer les surfaces des nouveaux états libres de l'Amérique espagnole. Quelquefois un même auteur a donné a différentes époques les évaluations les plus différentes du même territoire en le supposant limité par les deux mers , par le cap Hatteras et le Rio Colombia, par les Ijouches du Mississipi et le lac des Bois. M. Melish a évalué les Etats-Unis, sur la carte de 1816, à 2,45g, 35o milles carrés (de 69,2 au degré), dont le seul territoire du Missouri i,58o,ooo. Dans ses Travels trough the Unités States of America, 1818, p. 56i , il s'arrête à i,883,8o6 milles carrés, dont le territoire du Missouri 985,230. Plus tard encore dans le Geographical description ofthc United States , 1822, p. 17, il augmente de nouveau ce nombre jusqu'à 2,076,410 milles carrés. Ces fluctuations d'opinion sur l'éten- due de la surface des Etats-Unis ne peuvent être attribuées aux diverses manières dont on trace les limites : la majeure partie des erreurs qui affectent \'area des territoires entre le Mississipi et les Montagnes Rocheuses, entre ces montagnes et les côtes de la Mer du Sud, tiennent à de simples erreurs de calcub. Je trouve, en prenant la moyenne de plusieurs évaluations sur les cartes d'Arrowsmith , de Melish, de Tardieu et de Brué : I. A l'est du Mississipi 77;684 lieues marines carrées, ou g3o,ooo square miles. a. ) Partie atlantique à l'est des Alleghanis 27,064 ou 324,000 square miles. On a prolongé la chaîne des Alleghanis, au nord vers Plattsbourg et Montréal, au sud, en suivant l'Apalachicola ; de sorte que la majeure partie de la Floride appartient à cette partie atlan- tique. (3. ) Entre les Alleghanis et le Mississipi 5o,G2o ou 606,000 square miles. II. A l'ouet du Mississipi 96,622 ou iji56,8oo square mites, a.) Entre le Mississipi et les Montagnes Rocheuses, y compris les lacs 72,53i ou 868,4oo square miles. /S. ) Entre les Montagnes Rocheuses et les côtes de la Mer du Sud, en prenant pour limites australes et boréales les parallèles de 42° et 49° (Territoire de l'Ouest)... . 24,091 ou 288,400 square miles. Territoire des Etats - Unis , entre les deux Océans , 2,086,800 square miles, ou 1 74,306 lieues marines carrées de 20 au degré. Tout le territoire des Etals-Unis, depuis l'Océan -Atlantique jusqu'à la Mer du Sud, est par consé- quent un peu plus grand que l'Europe, à l'ouest de la Russie. La partie atlantique seule peut être comparée à l'Espagne réunie à la France; la pai-tie entre les Alleghanis et le Mississipi à l'Espagne réunie au Portugal, à la France et à l'Allemagne; la partie à l'ouest du Mississipi, à l'Espagne réunie à 88 LIVRE IX. la France, à l'Allemagne, à l'Italie et aux Royaumes Scandinaves. Le Mississipi divise par conséquent les Etats-Unis en deux grandes portions, dont la première ou l'orientale, qui avance rapidement en culture et en civilisation, a Varea du Mexique; l'autre, l'occidentale, presque entièrement sauvage et dépeuplée , l'area de la république de Colombia. Dans les recherches statistiques qu'on a faites sur plusieurs pays de l'Europe, on a tiré des conséquences importantes de la comparaison de la population re/a- fzVe qu'offrent les provinces maritimes et les provinces de l'intérieur. En Espagne ', ces rapports de population sont comme 9 à 5; dans les Provinces-Unies de Venezuela^ surtout dans l'ancienne Ca/>i7«nia^e«. Sfaafe», Tom. I, p. lo), de i38,oooI. c. de 20 au degré, avec 3fi,1oo,ooo amcs de population ; Varea de toute la nionarcliie russe étoit , en i8o5, d'après les mêmes tables, de fioSjiGo 1. c. , avec 4o millions dépopulation. Ces évaluations ne donncroient que 264 et 66 habitans par lieue carrée. En supposant, avec M. Balbi {payez ses intéressantes recherches sur la population de la Russie, dans \eCompaidio di Geografia universnle ,^. \kZ et iG3, et Essai stuiistique sur le Portugal Toni. II, p. 253), i'area de la Russie européenne avec la Finlande et le royaume de Pologne, de 169,4001. c. ; I'area de toute la monarchie russe eu Europe et en Asie, de 686,000 1. c., et les populations absolues , en 1822, de 48 et de 54 millions, on trouve 283 et 78 habitans par lieue carrée. D'après les recherches que j'ai faites récemment sur Varea de la Russie, je m'arrête, pour l'empire entier, y compris la Finlande et la Pologne, à 616,000 1. c. ; pour la partie européenne, y compris les anciens royaumes de Kasan et d'Astr.ikhan , à l'exception du gouvernement de Perrae, .\ i5o,4oo I. c. , ce qui donne les popitlalioiis relatives de 32o et 87 énoncées dans le texte, foi/cz aussi Gaspuri, f^oltst. Handb. der Erdh. D. iii, p. 210 CHAPITRE XXVI. 9I dépeuplée , n'offrent que des abstractions mathématiques peu instructives. Dans des pays uniformément cultivés , en France • , par exemple , le nombre des habitans , sur une lieue carrée , calculé par département , n'est généralement que du tiers plus grand ou plus petit que la population relative de la somme de tous les départemens. Même en Espagne , les oscillations autour de la moyenne ne s'élèvent, à peu d'exceptions près, que de la moitié au double ^. En Amérique, au contraire , il n'y a que les seuls Etats atlantiques (de la Caroline du Sud à New-Hampshire ) dont la population commence à se répandre avec quelque uniformité. Dans cette partie, la plus civilisée du Nouveau- Monde, on compte, par lieue carrée, de i3o à 900 habitans, tandis que la population relative de tous les Etats atlantiques , considérés en masse , est de 240. Les extrêmes (la Caroline du Nord et le Massachusets) ne sont que dans le rapport de i : 7, prescjue comme en France ^ où les extrêmes (dans les dépar- temens des Hautes-Alpes et du Nord) sont aussi dans le rapport de i : 6,7. Les oscillations autour de la moyenne que, dans les pays civilisés d'Europe "*, on trouve généralement restreintes à des limites assez étroites, dépassent pour ' \J(irfin (le la France (non compris la Corse) a été évaluée, en a 817, par la Direction du Cadastre, à 5 1, 9 !o,oG2 hectares , ou Sigo niyrlamètrcs carrés, ou 26,278 lieues communes carrées de 25 au degré. M. Coquebert de Montbret compte, pour la Corse, 442 I. c. communes; la France avec la Corse a par conséquent aujourd'hui 26,720 lieues carrées communes, ou 17,101 1. c. marines (de 20 au degré). La population ayant été, en 1820, de 3o,'io7,go7, on trouve 1778 habitans par 1. c. marine. La grandeur moyenne d'un département de la France est de 198 1. c. marines; la population moyenne est de .■553,600. Le nombre des habitans par llene carrée est, pour la majeure partie des départemens, looo, 1200, 24oo et 2600. En prenant des moyennes pour les 5 départemens et gouvernemens les plus peuplés et les moins peuplés de la France et de la Russie , on obtient la proportion des minittia et des maxima de population relative dans le premier de ces pays:= 1 : 3,7; dans le second =:i : 12,2. ■■ AutUloii, Geogrufia, p. i4i. ■* Dans la France continentale, en en exceptant la Corse; car l'ancien département duLiamoac est encore moins peuplé que celui des Ilautes-Alpes. Le département du Nord avoit, sur 178 lieues carrées (de 20 au degré), en i8o4, une population de 774,500; en 1820, de 9o4,5oo. Le département des Hautes- Alpes avoit, sur 160 lieues carrées, en i8o4, une population de 118, 322; en 1820, de i2i,4oo. Ily adone dans ces deux départemens, par lieue carrée marine, SoS.-î et 708 hajjitans. ^ L'Europe , limitée par le Jaik, les montagnes de l'Oural et le Kara, a 3o4,70O lieues carrées marines. Eu supposant ig5 millions d'habltans, on trouve une population relative de 639 par lieue carrée, un peu moindre que celle du département des llautes-Alpes, et un peu plus grande que celles des provinces intérieures de l'Espagne. En comparant cette moyenne totale de CSg aux moyennes partielles des pays euro- péens qui n'ont pas moins de 600 lieues carrées , on obtient , en excluant seulement la Laponle et quatre gouvernemens de la Piussle (Archangcl, Olonez, Wologda et Astrakhan), pour les régions les plus désertes de l'Europe, 160; pour les plus peuplées, 24oo âmes par lieue carrée. Ces nombres donnent le rapport des extrêmes = 1 : i5. U Amérique a, d'après mes derniers calculs, depuis le Cap Horn jusqu'au 68" de lat. bor. (y compris les îles Antilles), i,i8i,8oo lieues carrées marines; et, en évaluant sa population, 92 LIVRE IX. ainsi dire toute espèce de mesxire au Brésil, dans les colonies espagnoles, et même dans la confédération des États-Unis, si on considère cette dernière dans son étendue totale. Au Mexique , nous trouvons quelques intendances ( la Sonora et Durango) qui ont 9 à i5 habitans par lieue carrée, tandis que d'autres, sur le plateau central , en ont plus de 5oo. La population relative des pays situés entre la rive orientale du Mississipi et les États atlantiques est à peine de 47 5 quand celle du Connecticut, de Rhode-Island et du Massachusets est de plus de 800. A l'ouest du Mississipi , comme dans l'intérieur de la Guyane espagnole , il n'y a pas deux habitans par lieue cari'ée sur des espaces plus grands que la Suisse ou la Belgique. Il en est de ces contrées comme de l'empire russe dans lequel la population relative de quelques gouvernemens asiatiques ( Irkutzk et To- bolsk) est à celle des parties européennes les mieux cultivées, dans le rapport de I : 3oo. Les différences énormes que présente, dans des pays de nouvelle cul- ture , le rapport entre l'étendue territoriale et le nombre des habitans , rendent nécessaires les évaluations partielles. Lorsqu'on apprend que la Nouvelle-Espagne et les États-Unis, en considérant l'ensemble de leur étendue de 75,000 et 1 74,000 lieues carrées marines , offrent 90 et 58 habitans par lieue carrée , on ne se fait point une idée précise de la distribution de la population dont dépend la force politique des peuples , pas plus qu'on ne se feroitune notion claire du climat d'im pays, c'est-à-dire de la répartition de la chaleur entre les différentes saisons, par la seule connoissance de la température moyenne de l'année entière '. Si l'on comme nous l'avons fait plus haut, à 3i,284,ooo, on obtient à peine 29 habitans par lieue can'ée. Or, pour trouver une surface continue de 600 1. c. , qui en même temps soit la plus peuplée de toute l'Amérique , il faut avoir recours soit au plateau du Mexique , sôit à une partie de la Nouvelle- Angleterre, où trois États contigus, le Massachusets j Rliode-Island et Connecticut, ofifroient, en 1820, sur i2,5o4 milles carrés anglois, une population absdiue de 881,594, par conséquent près de 84o âmes par lieue carrée marine. Parmi les îles Antilles dont la population est très-concentrée, on ne pourroit choisir que les Grandes Ântillesj car les Petites Antilles (ou îles Caribes de l'est), depuis Culebra et Saint-Tliomas jusqu'à la Trinité, n'ont toutes ensemble que 38/ 1. c. La Jamaïque a presque la même population relative que les trois Etats de la Nouvelle-Angleterre que nous venons de citer, mais sou area n'atteint pas 5oo 1. c. Saint-Domingue (Haïti), qui est cinq fois plus grand que la Jamaïque, n'a que 266 habitans par lieue carrée. Sa population relative atteint à peine celle de l'État de New-Hampshire. Je ne hasarderai pas d'indiquer la fraction que l'on peut supposer comme minimum de la population relative du Nouveau-Monde, par exemple dans les savanes entre le Meta et le Guaviare, ou dans la Guyane espagnole , entre l'Esmeralda , le Rio Erevato et le Rio Caura, ou enfin dans l'Amérique septentrionale, entre les sources du Missoury et le lac des Esclaves. Il est probable que le rapport des extrêmes trouvé en Europe, comme 1 : 1 5 , est dans le Nouveau-Monde , même en excluant les Lianes ou Pampas , pour le moins comme 1 : 8000. ' Je m'éloignerois trop de mon sujet si je poussois cette comparaison assez loin pour discute jusqu'à quel point les »ioycfl«<'s tofa/es peuvent nous éclairer sur le mode de répartition, soit de la température, CHAPITRE XXVI. g3 dépouilloit les États-Unis de toutes leurs possessions à l'ouest du Mississipi, leur population relative seroit , au lieu de 58 , de 1 2 1 par lieue carrée , par conséquent beaucoup plus grande que celle de la Nouvelle-Espagne : en ôtant à ce dernier pays les Provincias internas (au nord et au nord-est de la Nueva-Galicia ) , on trouveroit , au lieu de 90 âmes , 1 90 par lieue carrée. Voici les données partielles pour le Venezuela et la Nouvelle-Grenade , d'après les nombres que nous avons lieu de croire les plus exacts : République de Colombia 3o par lieue marine carrée . Six fois plus grande que l'Espagne, à peu près d'une égale étendue que les Etats-Unis à l'ouest du Mississipi. Area : 91,950 1. G. Population absolue : 2^785,000. A. Nouvelle-Grenade (avec la province de Quito) 3i Pas lout-à-fait quatre fois grande comme l'Espagne. Area : 58,25o 1. c. Population absolue : 2 millions. B. Le Venezuela ou ancienne Capitania gênerai de Caracas. ... 23 Plus de deux fois grande comme l'Espagne, d'une étendue presque égale aux Etats atlantiques de l'Amérique du Nord. Area : 33,7oo. 1. c. Population absolue : 785,000. a. Cumana et Barcelone 37 Area .• 35i5 1. c. Population absolue : 128,000. |S. Caracas (avec Coro) 81 Area: 5i4o 1. c. Population absolue: 42o,ooo. K. Maracaylo ( avec Merida et Truxillo) ko Area : 3548 1. c. Population absolue : i4o,ooo. ■ >• ^ / à un département qui comprend les provinces de Caracas et de Varinas. Au milieu de ces fluctuations , on risque de confondre un pays deux fois grand comme l'Espagne avec un autre qui n'a pas la grandeur de l'état de Virginie, si l'on ne détermine 1 - I I I 1-1 » I ï' /^ Fn lofTirflant re mot comme idealiquc avec celui de jias W sens piccis daus lequel on emploie le mot de Venezuela, tn legaraani ce mui. «-w"» n Capitania {^encrai de Caracas , on obtient un nom collectif pour toute U partie orientale de Colombia, et l'on dira te Vcnc zKcta, comme on dit le Mexique , le Chili ou le Pérou. lOO LIVRE IX. nst cultivé à des hauteurs qui n'escèdent pas 270 à 3oo toises au-dessus du niveau de la mer, au milieu des cultures de cafiers et de cannes à sucre, dans des sites dont la température moyenne de l'année est au moins de 25°. Dans la région équinosiale du Mexique et de la Nouvelle -Grenade, nos céréales ne viennent abondamment qu'à une hauteur où leur culture cesse * en Europe par les 42" et 46» de latitude : au contraire, dans le "Venezuela et à l'île de Cuba, la limite inférieure du froment descend, de la manière la plus inattendue, vers les plaines brûlantes des côtes. Jusqu'à ce jour, la production des céréales du Venezuela est peu importante : elle ne s'élève pas, à Barquesiraeto et à la Victoria , à plus de 12,000 quin- taux par an; et, comme ces mêmes sites généralement peu élevés sont aussi propres-à la culture de la canne à sucre, du cafier et du cotonnier, la culture du froment n'a pu prendre un accroissement considérable. Ce n'est pas d'ailleurs la province de Caracas seule qui , dans le Venezuela , offre des régions à climats tempérés, c'est-à-dire des contrées où le thermomètre centigrade baisse de nuit au-dessous de 16" à i4° et même à i2'',5. La province de Cumana a aussi sa partie montucuse qui, peu visitée jusqu'à ce jour, pourra devenir assez importante pour quelques branches nouvelles de l'agriculture équinoxiale. Comme j ai parcouru, le baromètre à la main, une grande partie du Venezuela, je crois devoir indiquer ici succincte- ment les contrées qui méritent le nom de tierras templadas ^, et dont plusieurs, très-propres à la pro- duction des céréales, sont même déjà trop froides pour la culture du cafier. Celte énumération ayant un but purement agricole, nous ne nous arrêterons qu'à de hautes vallées ou à des plateaux d'une étendue assez considérable. Le Paramo de Mucuchies , qui appartient à la Sierra NevacLa de Mérida, la Silla de Caracas, dans les Cordillères du littoral^ et le Duida , dans les missions du Haul-Orénoque, ont 2100, i34o et 1280 toises d'élévation; mais ces montagnes n'offrent presque pas, sur leurs pentes, des sites susceptibles de labour. Il en est de même de toute la rangée de hautes montagnes de calcaire secondaire^ de micaschiste et de granite-gneis qui s'étend le long de h» côlc du Venezuela, depuis le Cap Paria jusque vers le lac de Maracaybo. Cette chaîne cdtière n'a pas assez de masse pour offrir, sur son dos , de ces plateaux étendus qui, dans le Quito et an Mexique, réunissent toutes les cultures de l'Europe. liCS terrains à climats tempérés (par conséquent au-dessus de 3oo toises) qu'offre l'ancienne Capitania gênerai de Caracas sont: 1° la partie montagneuse des missions Chaymas ^ dans la Nouvelle-Andalousie, savoir le Cerro del Impossible (297t.), les savanes du Cocollar et du Turairiquiri (400-700) , les vallées de Caripe (4i 2 t.) et de la Guardia de San Augustin (533 t.) ; 2" les pentes (^o/ 5 sols, en lui fournissant en outre la nourriture. (Tom. I , p. 64. ) Un homme qui , dans les forets de la cote de Paria, coupoit du bois de construction, étoit payé, à Cumana, 45 à 5o sols le jour, sans qu'on lui donnât la nourriture. Un charpentier gagnoit journellement, dans la Nouvelle-Andalousie, 5 à6 francs. Trois tourtes de cassavc ( le pain du pays) , ayant chacune 21 pouces de diamètre i ^ ligue d'épaisseur et un poids de 2 i livres , coûtoit , à Caracas , un àcmx-rcal de plata ou 6 i sols. Un homme adulte ne mange journellement que pour a sols de cassave , cette nourriture étant constamment mêlée au\ bananes, à la viande sèche {tassajo) cl aux papclon ou sucre brut. Comparez ^ pour le pris des denrées, Tom. 11, p. 122, igG et 369. - Tom. III, p. 89 et 97. CHAPITRE XXVI. I07 5k 6 milliobs de piastres. Cumana, Barcelona, La Guayra, Portocabello et ftlaracaybo sont les ports les plus importans de la côte ; ceux qui se trouvent les plus situés à Test ont l'avantage d'une communication plus facile avec les îles Vierges , la Guadeloupe, la Martinique et Saint- Vincent. L'Angostura, dont le véritalile nom est Santo Tome de la Nueva Guayana, peut être considéré comme le port de la riche province de Varinas. Le fleuve majestueux sur les bords duquel la ville est bâtie, offre, par ses communications avec l'Apure, le Meta et le Rio Negro, les plus grands avantages pour le commerce d'Euro])e '. Si l'on veut se former une idée précise de l'importance du Venezuela , sous le rapport de l'exportation ut de la consommation des productions de l'ancien monde, il faut remonter à une époque de paix extérieure . qui précède de douze à quinze ans la révolution de l'Amérique espagnole. C'est alors que le commerce de ha Guayra étoit dans sa plus grande splendeur. Voici les résultats olTiciels des registres de la douane qui répandent quelque jour sur l'état commercial de ces régions , et qui n'ont pas été publiés par MM. Depons et Dauxion-Lavaysse , dans leurs t'oi/age à la Terre-Ferme et à Vile de la Trinité. I. Commerce de l\ Guayka, en 178g. Importation, valeur 1, 525, 906 piastres, dont droits payés 1 60, 5o4 piastres Exportation 2,232,oi3 167,^58 A. Importation : Effets espagnols 777)555 piastres. étrangers 748,35o B. Exportation : Or et argent monnoyés 103,177 piastres. Productions a,i28,836 Parmi lesquelles : Coton 170,427 livres. Indigo 7i8>393 Tabac 202,162 Cacao io3,855 fanegas. Café 23,37 1 livres. Cuirs 1 2,347 pièces. Peaux de daim 2,905 Maroquins 1 ,388 II. ComiEBCE nE LA Guayra, en ^7^'^- Importation 3,582,3 1 1 Kxportatlon, valeur 2,315,692 piastre». A. Importation : des poris de l'Amérique Go,3i8 piastres. de lEspagnc 1,855,278 d'autres parties d'Europe i,GG6,685 ' yoyez plusliaut, loni. II, p. 28G, 54G, 692, G32 , 6'i7. io8 LIVRE IX. B. Esportation : iudigo , livres. COTOÎI , livres. CiC*0, fanegas. CAFÉ, livres. CDias, pièces. 669,827 io,4oj 325, 5o3 53,000 100,592 138,968 9.933 15,333- , 70,896 Pour les colonies étrangères. 680,229 a58,5o3 100,593 148,900 86,128 m. Commerce de la Gcatba, en 1794. A. Exportation : Pour l'Espagne Ponr les colonies étrangères. IIIDIGO, livres. COTO» , livres. CICàO, fanegas. livres. CCISS , pièces. 875,907 33,446 45 1,658 111, i33 007, 052 57,606 5,5o5 49,3oS 898,353 431,658 111, i33 364,638 54,6i5 B. Importation : a Marchandises et denrées : Espagnoles 1,1 J 1,709 piastres. Étrangères d'Europe 868,8 1 2 des ÉlaU-Unis 75,99^ des AntUles i3,4i5 ^ Argent monnoyé. 2,069,929 60,000 Total de l'importation 2,1 29,929 IV. Commerce de la Guayka, en 1796. A. Esportation , valeur 2,4o3,254 piastres. Savoir: l.f DIGO , livres. COIOH , livres. CACAO, fanegas. CAFi, livres. TADAC, livres. CDIBS, pièces. CCIVBB, livres. 709,135 l32 28,699 483,35o 53,928 70,280 5,358 483,000 163 2,5oo 454,-35 i,S5i 79,777 3i,i4a Pour \fÈ lÊtat<;-Unis Pour les colonies étrangères des Antilles.. . 737,966 557.178 75,538 484.663 454,733 8i,3o8 3l,l43 CHAPITRE XXVI. B. Imporlation : a. d'Espagne, en produits nationaux 1,871,571 piastres. étrangers 1,429,487 Ci des colonies étrangères de l'Amérique 179,002 Total de l'importation, 3,48o,o6o Droits d'entrée et de sortie payés à la douane 587,317 piastres. V. Commerce de la Guayra, eu 1797. A. Exportation, valeur 1,113,695 piastres. Savoir : 109 Pour l'Espagne q Pour les États-Unis inoiGo, livres. COIOlf , livres. CACAO, fanegas. CAFâ, livres. lABAC, livres. SCCBB , caisses. CDlBS , pièces. CDITHE , livres. 61785 a,î56 56,894 5o,a85 57,711 46,075 4,024 ao,733 153,699 i55,8i3 '75,719 738 638 67. a86 3,000 4oo Pour les colonies Étrangères des 120,935 '07,996 70,83a 3o9,5ia '75.7'9 1,376 957 a,4oo A. Importation, valeur a. de l'Espagne g8,388 piastres. Ç> de l'étranger, des États-Unis 76,568 des Antilles 389,844 Total de l'importation 564,8oo piastres. Droits d'entrée et de sortie payés à la douane 242, 160 piastres. En comparant ces données tirées des registres de la douane de laGuayra à celles que je possède des ports d'Es- pagne (Tom.II, p. 121), on voit que d'après les déclarations des navires il est toujours entré en Espagne moins de cacao de Caracas qu'on n'en a embarqué pour ce pays à la Guayra. La diminution des importations et des exportations, en 1797, n'indique pas une décadence de l'industrie jusqu'au moment de la révolution * ; c'est l'effet du renouvellement de la guerre maritime, l'Espagne ayant joui jusque-là d'une heureuse neutralité. Les états de la douane que je viens de donner des quatre années 1789, 1792, 1794, 1796 offrent, pour la moyenne des importations de laGuayra, qui est le port principal du Venezuela, 3,678,000 piastres fortes ; pour la moyenne des exportations, 2,317,000 piastres. Si l'on s'arrête aux seules années 1 793- 1 796 , on trouve pour l'exportation 3,o6o,ooo piastres , tandis que les années de guerre com- • Voici les époques principales de cette révolution. La Junte suprâme du Veneiuela qui déclara maintenir les droits du roi Ferdinand Vil, et qui déporta le capitaine général elles membres de r><«. ()i-()3 , ei Essai politique, Tom. U, Tp. 689. Relation hisloriçue, Tom. III. 16 122 LIVRE IX. (eniie l'embouchure du Colombia et la Rivière de Cook ) , avec les lies Sand- wich , riches en bois de Sandal , avec l'Inde et la Chine , ne sera pas changée. Des communications lointaines exigent l'emploi de navires d'un fort tonnage pour jjouvoir charger beaucoup de marchandises à la fois, des passes naturelles ou arti- ficielles d'une profondeur moyenne de 1 5 à 1 7 pieds , une navigation non inter- rompue , c'est-à-dire cpi ne donne lieu à aucua déchargement des vaisseaux. Toutes ces conditions sont de rigueur , et c'est vouloir déplacer la question que de confondre les canaux qui , par leurs dimensions , ne servent qu'à faciliter soit les communications intérieures , soit le cabotage le long des côtes (comme les canaux de Languedoc et de Clyde , entre la Méditerranée et l'Océan Atlantique , entre la mer d'Irlande et la mer du Nord ) , avec des bassins d'écluse qui ])euvenl recevoir des navires employés pour le commerce de Canton. Dans une affaire qui intéresse tous les peuples qui ont fait quelques pas dans la carrière de la civili- sation , il faut préciser mieux qu'on ne l'a fait jusqu'ici un problème dont la solution heureuse dépend du choix des localités. Il seroit inipi-udent (je le répète ici) de commencer sur un point, sans avoir examiné et nivelé les autres; il seroit surtout à regretter que les travaux fussent entrepris sur une échelle trop petite ; car, dans ce genre d'ouvrages , les dépenses n'augmentent pas dans la même proportion que la section des canaux et que la largeur des sas. L'idée erronée que les géographes, ou, ])our mieux dire, les dessina- teurs de cartes ont propagée depuis des siècles, soit de la hauteur uniforme des Cordillères de l'Amérique , soit de leur prolongement en arrêtes con- tinues, soit enfin de l'absence ■ de toute vallée transversale franchissant les prétendues chaînes centrales , a fait croire assez généralement que la jonc- tion des mers étoit d'une difficulté beaucoup plus grande qu'on n'a droit de le supposer jusqu'à ce jour. Il paroit qu'il n'y a pas de chaînes de montagnes, pas même une arrête de partage ou ligne de faîtes sensibles ^ entre la 1 J'ai traité tle la source (le ces erreurs, plus haut, Tom. II, p. !5i,3n, 518,619,526, 56;. ' Cej expressions n'ont rapport qn'àla facilité aveclaquelle on traceroit le canal. Je n'ignore pas qu'une montée très-lente de 4o à 5o toises peut, par sa lenteur mémo, devenir insensible. J'ai trouvé la grande place de Lima élevée de 88 toises au-dessus des eaux de la Mer du Sud; cependant, en allant du Callao à Lima, on ne s'aperçoit presque pas de cette diOerence de niveau, répartie sur une distance moitié moins grande que celle de Cupica à l'embarcadère duRiolNaipi. La position géograpliique de Cupica est tout aussi incertaine que la position du confluent du Naipi avec l'Alrato ; et cctle incertitude paroilra moins étrange si l'on se rappelle qu'elle s'étend sur toute la cùte méridionale de l'isthme de Panama, et que le littoral i;nlre les Caps de Chararabira et de San Francisco Solano n'est jamais longé, à vue de terre, par des marins munis d'inslrumens précis. Cupica est un port de la province peu connue de Biruquelc, que les cai'tcs du CHAPITRE XXVI. 123 baie de Cupica, sur les cotes de la Mer du Sud, et le Rio Naipi, qui se jette dans l'Atrato , une quinzaine de lieues au-dessus de son embouchure. C'est un pilote biscaïen, M. Gogueneche , qui , dès l'année 1799, a fixé l'attention du gouverne- ment sur ce point. Des personnes très-dignes de foi etqui ont fait avec lui le trajet des cotes de la Mer Pacifique à l'embarcadère du Naipi, m'ont assuré n'avoir vu aucune colline dans cet isthme d'attcrrissement. Ils ont mis 10 heiues à traverser cet espace. Un négociant de Carthagènc des Indes , vivement intéressé h tout ce qui regarde la Statistique de la Nouvelle -Grenade, Don Ignacio Pombo ' , m'écrivit au mois de février i8o3 : « Depuis que vous avez remonté le Rio Magdalena pour passer à Santa-Fe et à Quito, je ne cesse de prendre des informations sur l'isthme de Cupica 5 il n'y a que 5 à 6 lieues de ce port à l'embarcadère du Rio Naipi : tout ce terrain est en plaine ( tereno euteramente llano). » D'après les faits que je viens de l'apporter, on ne peut douter que cette partie du Clioco septentrional ne soit de la-plus haute importance pour la solution du problème qui nous occu})e : mais pour se former une idée précise de cette absence des montagnes à Textrémité méridionale de l'isthme de Panama , il faut se rappeler la charpente générale des Cordillères. La chaîne des Andes est divisée sous les 2° et 5° de latitude en trois chaînons-. Les deux vallées longitudinales qui séparent ces chaînons, forment les bassins de la Magdalena et du Rio Cauca. La branche orientale des Cordillères in- cline vers le nord-est, et se lie par les montagnes de Pamplune et de la Grita à la Dcposito hydro^ajïco Ae^luAriA placent entre le Darinn et le CliocodeNorle. Elle a pris son nom de celui J'iin Cacique , nommé Lirîi eu Biruquete, qui régnoit dans les terres voisines du golfe de San Miguel , et qui guer- roya comme allié des Espagnols, en i5i5. {Herera, Dec, Tom. II, p. 8. ) Je n'ai trouvé sur aucune carte espagnole le port de Cupica, mais bien Puerto Qiteiiiado 6 Tupica, par 7" i5' de lat. {Caiia del Mar de lus Antillas, i8o5. Caria de la costa occidental de la America, 1810). Un croquis manuscrit, que je possède de la province du Choco , confond Cupica et Rio Sabaleta, lat. 6" 3o' ; cependant Rio Sabaleta, d'après les cartes du Deposito, est placé au sud et non au nord du Cap San Francisco Solano, par conséquent de 45' au sud do Puerto Quemado. D'après la carte de la province de Cartliagcne, par Don VlccnlcTalledo (Londres iSlfi) , le conJIueut du Rio ISaplpi (Naipi?) est par les C>° 4o' de latitude. Il faut espérer que ces incertitudes de position seront bientôt levées par des observations faites sur les lieux. ' Ami du célèbre Mutis, et auteur d'un petit ouvrage sur le commerce du quinquina {.\oficias varias sobre kis quiVMS oficiualcs , Curtli. deindias, 1817), que j'ai eu occasion de citer plusieurs fois. ' Chaînon oriental, celui de la Suma-Paz, de Cliiugasa et de Guacbancque, entre Neiva et le bassin du Guaviare, entre Santa-Fo de Dogota et le bassin du Meta; cliainon intei-médiaire, celui de (iuanacas, de Quindlo et d'Erve ( Hervco), entre le Rio Magdalena et le Rio Cauca, entre la Plata et Popajan, entre Ibaguè et Cailliago; cliaiuon occidental entre le Rio Cauca et le Rio San Juan, entre Cali et INovita, entre Cartilage et le Tadù. (Vo\ez mon Ail. giogr. PI. a4). Ce dernier cliainon qui sépare les provinces de Popayan et du Clioco, est généralement liès-bas; on assure cependant qu'il s'élève beaucoup dans la montague lic Torii> à l'ouest de Caliiua. (l'oiubo, de las Qiciiias, p. Gj.) 1^4 LIVRE IX. Sierra Nevada de Merida et à la chaîne côtière de Venezuela. Les brandies inter- médiaires et occidentales, celles de Quindiô et duChoco, se confondent dans la province d'Antioquia , entre les 5° et 7° de latitude, et forment un groupe de mon- tagnes d'une largeur très-considérable ; groupe qui se prolonge par le Falle de Osos et YJlto del Viento vers Cazeres et les hautes savanes de Tolù. Plus à l'ouest, dans le Choco del Norte, sur la rive gauche de TAtrato, les montagnes s'abaissent à tel point qu'elles disparoissent entièrement entre le golfe de Cupica et le Rio Naipi. C'est la position astronomique de cet isthme , et la distance de l'embouchure de l'Atrato a son confluent avec le Rio Naipi ', qu'il faudroit constater avec précision. Nous ignorons si des goélettes peuvent remonter jusque-là. Après le lac de Nicaragua , après Cupica et Huasacualco , c'est l'isthme de Panama qui mérite la plus sérieuse attention. Dans cet isthme, la possibilité de former un canal de navigation océanique dépend à la fois de la hauteur du point de partage, et de la configuration des côtes , c'est-à-dire du 777 aa?//72?/??i de leur rapprochement. Une langue de terre si étroite a pu, par sa direction, échapper k rinfluence destructrice du courant de rotation ; et la supposition que la plus grande hauteur des mon- tagnes doit correspondre au minimum de distance entre les côtes , ne seroit de nos jours pas même justifiée par les principes d'une géologie purement systématique. Depuis que j'ai publié mon premier travail sur la jonction des mers, notre igno- rance est malheureusement restée la même à l'égard de l'élévation de l'arrête que le canal doit franchir. Deux savans voyageurs, MM. Doussingault et Rivero, ont nivelé les Cordillères de Caracas à Pamplona, et de là à Santa-Fe de Bogota, avec ime précision supérieure à tout ce que j'ai pu tenter dans ce genre de recherches; mais au nord-ouest de Bogota depuis les Andes de Quindiù et d'Antioquia , nivelés par M. Restrepo et par moi, jusqu'au plateau du Mexique, sur 12° de latitude de Y Amérique centrale, pas une seule mesure de hauteur n'a été faite depuis mon retour on Europe. On doit vivement regretter que, vers le milieu du dernier siècle, des académiciens françois aient traversé l'istlomede Panama sans songer à ouvrir leur 1 La géographie de cette partie de l'Amérique, entre les bouches de l'Atrato, le Cap Corientes, le Cerro del Toril et la Vega de Supia , est dans l'état le plus déplora])le. Ce n'est que plus à l'est, dans la province d'Antioquia , que les travaux de Don José Manuel Restrepo offrent un certain nombre de points dont la posi- tion a été fixée astrononiiquement. On compte de Cupica au Cap Corientes , par terre, de 12 à i4(?) lieues ma. nnes. De Quibdo (Zilara), où réside le Teniente Gobernador (car le corrégidor habite Novit;i) , il y a 7 à 8 jours de navigation pour descendre jusqu'aux bouches de l'Atrato. C'est une erreur commune à toutes les cartes modernes (à l'exception de celle de M. Talledo), de placer Zitara 1° trop au nord, tantôt à la bouche de l'Atrato même, tantôt à son confluent avec le Naipi. De San Pablo situé quelques lieues au-dessous du Tadô, sur la rive droite de Rio San Juan, à Quibdo ou Zitarà , il n'y a qu'un seul jour de chemin. CHAPITRE XXVI. 125 baromètre au point de partage des eaux. Quelques observations barométriques rajiportées , comme au hasard , par Ulloa , m'ont appris cependant que de l'em- bouchure du Rio Cliagre à l'embarcadère de Cruces il y a une différence de niveau ou de 2 lo ou de 240 pieds. De la Venta de Cruces à Panama , on monte d'abord , et puis on descend par des ravins vers la Mer du Sud. C'est donc entre ce port et Cruces que se trouve le seuil ou point de partage , que le canal doit fran^ chir, si l'on persistoit dans l'idée de le diriger par-là. Je l'appellerai que, pour jouir à la fois de la vue des deux Océans, il suffiroit que les montagnes de la ligne de faites dans l'isthme eussent 58o pieds d'élévation, c'est-à-dire seulement im tiers de plus que la hauteur de Naurouse , dans la chaîne des Corbières , qui est le point de partage du canal de Languedoc. Or cette vue simidtanée des deux mers est citée comme une chose liès-extraordinaire dans quelques parties de l'isthme ; d'où l'on peut conclure, je pense, que les montagnes ne sont généralement pas élevées de 100 toises. D'après quelques foibles indications sur la température de ces lieux et sur la géographie des plantes indigènes, jeserois disposé à croire que l'arrête dans le chemin de Cruces à Panama n'atteint pas 5oo pieds de hauteur ; M. Robinson ^ la suppose au plus de 400 pieds. D'après l'assertion d'un autre voyageur ^, qui décrit ce qu'il a vu avec la plus naïve candeur, les collines dont se compose la chaîne centrale de l'isthme sont séparées les unes des autres par des vallées « qui laissent un libre cours au passage des eaux. » Or c'est principalement sur la découverte de ces vallées transversales que doivent être dirigées les recherches des ingénieurs. Dans tous les pays on trouve des exemples d'ouvertures naturelles , à travers les arrêtes. Les montagnes entre les bassins de la Saône et de la Loire, que le canal du Centre auroit eues à franchir, avoient huit à neuf cents pieds d'élévation ; mais une gorge , ou interruption de la chaîne près de l'étang de Long-Pendu , a offert un seuil qui est de 35o pieds plus bas. Si l'on n'est aucunement avancé dans la connoissance des hauteurs de l'isthme de Panama , les derniers travaux de M. Fidalgo et de quelques autres navigateurs espa- gnols nous ont du moins fourni des données plus exactes sur sa configuration et le minimum de sa largeur. Ce mi/ziVnum n'est pas, comme l'indiquoient les premières ' Par exemple , près de CLepo et du village de Penomene {Mss. du cxirc Don Juan Pablo Roblcs). Les mon- tagnes semblent s'élever vers la province de Veragua, où l'on cultive même du froment dans le district de Chiriqui del Guami, près du village de la Palma, mission des Franciscains, dépendante du collège de h. Propagande de Panama. * Memoirs onthe Mexîcan Révolution, p. 269. ' Lionel JVafer , Description ofthQ Isthmus 0/ America, 1729, p. 297. 126 LIVRE IX. CAnesduJJepositohjdrogra/ico, de 1 5 milles, mais de 25 |milles(Je6o au degré), c'est-à-dire de 8^- lieues marines, ou 24,5oo toises j car les dimensions du golie de San-Blas , appelé aussi Ensenadade Mandinga, à cause de la petite rivière de ce nom qui y débouche , ont donné lieu à de graves erreurs. Ce golfe entre de 1 7 milles de moins dans les terres qu'on ne lavoit supposé en 1 8o5 en relevant l'archipel des Islas Mulcitas. Quelque confiance que paroissent mériter les dernières opérations astronomiques sur lesquelles se fonde la carte de l'isthme publiée jwr le Dépôt royal de la marine de Madrid, en 18 1 7, il ne faut pas oublier cependant que ces opérations n'embrassent que les côtes septentiionales , et que celles-ci paroissent n'avoir jamais encore été liées , soit par une chaîne de triangles , soit clironométrique- raent (par le transport du temps), aux côtes méridionales. Or le problème de la lar- geur de l'isthme ne dépend pas de la seule détermination des latitudes. ^ Voyez mon Essai polit. Tom. II, p. 862. En comparant les deux cartes tlu Deposito hydrografico rf-,- Madrid, portant le titre Carta en/firica dol 3Iht ae tas Antill'is y ac lua Costan de Tierra Firme dcsde la isla de h Trinidad hasta elgolfo de Honduras, 1806, et la Qttarta Hoja que comprehende la proviiwia de Cartagena , 1819, on voit combien étoicut fondés les doutes que j'avois énoncés, il y a quinze ans, sur l'orienlatiorl rela- tive des points les plus importans des côtes méridionales et septentrionales de Tistlmie. Anciennement {Don. Jorge Juan, Voyages dans l'Amérique mérid. , Toni. I , gg) on avolt cru Panama de 3i' en arc à VouestAe Por- tobelo. LaCruz(i775) et Lopez (1785) ont suivi celte supposition, qui ne se fondoit que snr un relevé des directions de la route, fait à la Ijoussole. Déjà, en 1802, Lopez (Mapa del Reyuo de Tierra Firme y sus pro- vincias de Vcrugua y Darien) comraençoit à placer Panama 1 7' à Ycst de Portobclo. Dans la carie du Deposito de i8o5, cette diflerence de méridiens fut réduite à 7'; enfin, la carte du Beposito de 1817 place Panama de 25 à l'est de Portobelo. Voici d'autres différences de latitudes dont dépend la largeur de l'istlmie : Côte méridionale entre les embouchures du Rio Juan Carte de 1809. Carte de 1817. Diaz et du Rio Jucume à l'est de Panama, dans le méridien de la Punta San Blas 8" 54' 9" 2' ï Côte septentrionale formant le fond du golfe Man- dinga, ou de San Blas, au sud des /s/as iVafetes. . 9" g' 9° 27' î Il résulte de cette différence de latitudes pour le ininimum de la largeur de l'isthme, d'après la cartedei8o5, près de i4,25o toises; d'après la carte de 1 8 1 7, près de 24,463 toises. Punta San Blas, partie N. O. du golfe de Mandinga.. 9° 33' 9° 34' \ Ce Cap n'ayant point été porté au nord de la même quantité que le fond du golfe, près de l'embouchure du Rio Mandinga, il en résulte que le golfe rentre, d'après la première carte, de 24' ; d'après la seconde , de 7'. Il est probable que les changemens de latitudes qui résultent de la dernière expédition de M. Fidalgo, doivent être attribués au manque ^horizons artificiels, et à la difficulté d'observer le soleil par des instrumens de réflexion au milieu d'un groupe d'îles et au-dessus d'une mer dont l'horizon n'est pas libre. Plus à l'ouest , la largeur moyenne de l'isthme, entre le Caslillo de Cbagres, Panama et Portobelo, est de i4 lieues marines; le minimutn de largeur (8 lieues) est deux à trois fois moindj-e que la largeur de l'isthme de Suez, que M. Le Père trouve de 69,000 toises. CHAPITRE X. XVI. 1^2 7 Le gouvernement de Colomljia ayant re<;u depuis peu d'excellens liarométres de la construction de M. Fortin , il j)ourra faire précéder les nivellemens géodé- siquesj toujours lents et coûteux , par des nivellemens ]:)arométnques dont la préci- sion est extrême sous la zone torride. Je me suis assuré qu'où peut se passer, dans ces contrées, d'observations correspondantes, à cause de la merveilleuse régu- larité des variations horaires, sans craindre des erreurs de /^ k b toises. Les points qui méritent d'être soigneusement examinés sont les suivans : Yisthme de Huasacualco , entre les sources du Rio Cliimala})a et du Uio del Passo ; Yisthme de Nicaragua', entre le lac de ce nom et les volcans isolés de Gra- nada et de Bombacho; V isthme de Panama, entre la Venta de Cruces, ou plutôt entre le village indien de la Gorgona, 3 lieues au-dessous de Cruces, et le port de Panama , entre le Piio Trinidad et le Piio Caymito , entre la baie de Mandinga et le Piio Juan Diaz , entre TEnsenada de Anacliacuna (à l'ouest du cap Tiburon) et le golfe de San Miguel, dans lequel se perd le Pdo Chuchunque ou Tuyra ; VislJnne de Cupica, entre la côte de la mer du Sud et le confluent du Pùo Naipi avec le Rio Atrato; enfin X isthme du Choco, entre le Rio Quibdo, affluent supérieur de l'Atrato et le Rio San Juan de Charambirà '. Des personnes exercées aux observations précises , et simplement munies de baromètres , d'instrumens à réflexion et de garde-temps, pourroient, en peu de mois , résoudre des problèmes qui intéressent depuis des siècles tous les jjeuples commerçans des deux mondes. Si , dans l'énumération des contrées qui offrent des avantages pour la jonction des deux mers, je n'ai pas passé sous silence l'isthme du Choco, c'est-à-dire le terrain ô^atterrissement platinifè/e qui s'étend depuis le fleuve San Juan de Charambircà jusqu'au Rio Quibdo , c'est parce qne ce point est le seul dans lequel il existe, depuis l'année 1788, une communication entre l'Océan-Atlantique et la Mer du Sud. Le petit canal de la Raspadura, qu'un moine, * S'il ne s'agissoit ici que de canaiix de grande et de petite navigation propres à vivifier le coruinerce inté- rieur, j'aurois tlù nommer également les côtes de Verapaz et de Honduras. Dans le méridien deSousonate, XeGolfa Dtdce outre plus de 20 lieues dans les terres, de sorte que la distance du village de Zacapa (dans la province de Cliiquimala, près de rextréniite méridionale du Golfo dulce), des eûtes de l'Océan-Pacifique, n'est que de 21 lieues. Les rivières du nord -s'approclient des eaux, que les Corddlères d'Izalco et de Sacatepeques versent danslalMerdu Sud. A l'est du Golfo Dtdce , àmisXe partido deComayagua, on trouve le Rio Grande de Motngua ouRio de las bodegas de Gitalan, le Rio le Camalecon, l'UIua et le Lean , qui sont navigables pour de grandes pirogues, 3o ou 'io lieues dans l'intérieur des terres. Il est très-probable que la Cordillère qui forme ici l'arrête de partage entre les deux mers , est divisée par quelques vallées transversales. L'ouvrage intéressant que M. Juarros a publié à Guatimala, nous apprend que la l)elle vallée de Cbimallenango donne à la fois ses eaux aux côtes méridionales et septentrionales. Des bateaux à vapeur ranimeront un jour le commerce sur les rivières Motagua et Polocliic. laS LIVRE IX. curé de Novita , a fait creuser par les Indiens de sa paroisse dans un ravin périodi- quement rempli par des inondations naturelles, facilite la navigation intérieure sur 75 lieues de longueur entre l'embouchure du Rio San Juan, au-dessous de Noanama et celle de l'Atrato , qui porte aussi les noms de Rio Grande del Darien , Rio Dabeiba et Rio del Choco ' . C'est par cette voie que , dans les guerres qui ont précédé la révolution de l'Amérique espagnole, des quantités considérables de cacao de Guayaquil sont venues à Carthagène des Indes. Le canal de la Raspa- duia, dont je crois avoir donné les premières notions en Europe, n'offre de passage qu'à de petits bateaux , mais il pourroit être facilement agrandi ^ si l'on y joignoit les ruisseaux connus sous les noms de Caiïo de las Animas, dei Caliche et d'Aguas claras. Des réservoirs et des rigoles nourricières sont facilement établies dans un pays comme le Choco , où il pleut pendant toute l'année , et ou le tonnerre se fait entendre tous les jours. Les observations barométriques de ' Je pourrois ajouter le synonj-ine de San Juam (del Norte) , si je ne craignoii de faire confondre l'Atrato avec le Rio San Juan (Je Nicaragua) et le Rio San Juan (de Charambira). Le nom Rio Dabeiba vient du nom d'une femme guerrière qui régna, selon les premiers écrivains de la conquête, dans les contrées montagneuses entre l'Atrato et les sources du Rio Sinù (Zenu) , au nord de la ville d'Antioquia. D'après l'ouvrage de Petrus Martyr d'Anghicra {Oceanica, p. 62), cette femme étoit confondue dans un mythe local avec une divinité des hautes montagnes qui lançoit les éclairs. On reconaoît de nos jours le nom de Dabeiba dans celui des Monts Abibe ou Avidi , donné aux Altos del Vienio , par le 7° 1 5' de latitude à l'ouest de la Boca del Esplritu Santo ou des rives du Cauca. Qu'est-ce que le volcan d'EI)ojito que La Cruz et Lopcz placent dans des contrées presque désertes entre le Rio San Jorge, affluent du Cauca, et les sources du Rio 3Iurry, affluent de l'Atrato? L'existence de ce volcan me paroît bien douteuse. * Relacion del esiado del Nufivo Reyno de Granada que liace et Arzobispo Obispo de Cordova a su sucesor elExc. S''. Fray Don FraJwisco Gily Lemos 178g, fol. 68. (manuscrit rédigé par le secrétaire de Tarchevêque- vice-roi, Don Ignacio Cavero). Rcpresentacion que dirigiô Bon José Ignacio Poiubo al Consutado de Cartagena enii de Mayo 1807, sobre elreconocimiento del Atrato,Zinii y San Juan, fol. 38 (manuscrit). Le ravin de la Raspadura (ou de Bocachica) ne reçoit aujourd'hui que les eaux des Quebradas de Quiadocito , de Platinita et de Quiado. D'après les notions que j'ai acquises ( à Honda et à Vilela , près de Cali ) , de personnes employées dans le commerce l^rescate) de la poudre d'or du Choco, le Rio Quibdô qui communique avec le canal de la Mina de Raspadura se réunit près du village de Quibdô (vulgairement appelé Zilara), avec le Rio de Zitara et Je Rio Andagueda; mais, selon une carte manuscrite que je viens de recevoir du Choco, et sur laquelle le canal de la Raspadura (lat. 5° 20' ?) joint égalemeot le Rio San Juan et le Rio Quibdô, un peu au-dessus de la Mina de las Animas, le village de Quibdô est placé au confluent de la petite rivière de ce nom avec le Rio Atrato qui , 3 lieues plus haut , a reçu , près de Lloro , le Rio Andagueda. Depuis son emboucbiu'e ( lat. 4° 6' ) au Sud de la Punta de Charambira, le grand Rio San Juan reçoit successivement, en remontant vers le N. N. E., le RioCalima, leRiodelNô (au-dessusdu village de Noanama), le RioTamana, qui passe près de Novita, le Rio Tro, la Quebrada de San Pablo, et enfin, près du village de Tadô, le Rio de la Platioa. La province du Choco n'est habitée que dans les vallées de ces rivières : elle a trois communications de com- merce, au nord avec Carthagène, par l'Atrato, dont les rives sont entièrement désertes depuis les 6° 45' de latitude ; au sud avec Guayaquil , et , avant \ 786 , avec Valparaiso , par le Rio San Juan ; à l'est, avec la province de Popayan , par le Tambo de Calima et par Cali. 11 y a , du Tado à Noanama , eu descendant le Rio CHAPITRE XXVI. 129 M. Caldas n'ayant pas été publiées , nous ignorons la hauteur du point de partage entre San Pablo et le Rio Quibdô. Nous savons seulement que quelques lavages ' 409 Canal de Leeds et Liverpool. (Longueur, 106,700 toises; nombre des écluses ,91; frais , 1 4,4oo,ooo francs). G. N 4o4 Canal du Contre, cnhela S.iôncctla Loire. (Longueur, 58,3oo toises ; pro- fondeur, 5 pieds; nombre des écluses, 80; frais, 11 millions de francs). G. N 4o3 Canul du Grand Trutick, ou de Trente et Mersey. (Longueur, 27 2,000 toises ; profondeur, 4 à 5 pieds; nombre des écluses, 75; frais, 9 \ millions de francs). G. N 382 Catuilde Grande-Jonction. (Longueur, 74,4oo toises; profondeur, 4 pieds 3 pouces; nombre des écluses, 101; frais, 48 millions de francs). G. N.. 370 Canal de Briare, construit en i642, le plus ancien des canaux à point de pai-tage. (Longueur, i4,5oo toises; profondeur, 4 pieds; nombre des écluses, 4o; frais, 10 millions de francs) .G. N 243 Canal de Forth et Clyde. (Longueur, 3i,ooo toises; profondeur 7 \ pieds; nombre des écluses, Sg; frais, 10 millions de francs). G. N i55 Canal Catcdonien. (Longueur, i8,5oo toises; nombre des écluses, 23; pro- fondeur, 18 pieds 9 pouces ; frais, 19 millions de francs). G. N 88 CHAPITRE XXVI. l3l de 584 lieues marines , en a dix-neuf qui traversent les points de partage entre les rivières des côtes occidentales et orientales. Depuis long-temps les ingénieurs ont si peu regardé 582 pieds, c'est-à-dire la hauteur du bief de distribution de Naurouse au canal du Midi , comme le maximum , qu'on puisse raisonnablement atteindre dans ce genre de construction hydraulique, qu'un homme célèbre, M. Perronet, avoit considéré déjà comme très-praticable le projet du canal de Bourgogne, entre l'Yonne et la Saune, qui devoit franchir Qnès de Pouilly) une hauteur de 621 pieds au-dessus des basses eaux de Tlonne. En combinant des })lans inclinés et des chemins en fer [rail-ways) avec des lignes de navigation , on est parvenu à conduire dans le canal de Monmouthshire des bateaux à une élévation de mille pieds; mais de semblables ouvrages, im[)ortans pour la prospérité du commerce intérieur tl'un pays , ne constituent guère ce que l'on pourroit appeler des cfl/z^KX de navigation ucéanique. Dans la discussion qui nous occupe en ce moment, il s'agit de communications de mer à mer par des bàliinens que leur forme m leur tounage rendent propres au commerce de l'Inde et de la Chine. Or l'industrie des peuj)les de l'Europe nous (jfTre déjà deux exemples de ces communications océaniques, exécutées sur une très-grande échelle, l'une dans le canal de l'Eyder ou du Holstein, l'autre dans le canal Calédonien. Le premier de ces ouvrages , construit de 1777 a 1 784 , réunit la Baltique avec la mer du Nord, entre Kiel et Tonningen, n'ayant que 6 sas d'écluses et franchissant un seuil de 28 pieds. Tl sépare de l'Allemagne la partie continentale du Danemarck et rend inutile , pour des navires d'un jiort moyen les passages souvent dangereux du Cattegat et du Sund. Il reçoit des bàtimens de 1 40 à 1 60 tonneaux ' , qui viennent des ports de la Russie et de la Prusse , et qui vont en Angleterre, dans la Méditerranée, à Philadelphie, à la Havane, et même à la côte occidentale de l'Afrique. Le tirant d'eau de ces bàtimens n'est que de Imit à dix pieds ^. Construits généralement en Hollande ou dans la Baltique, ils On a ajouté les initiales des mots Grande et Petite navigation , pour distinguer les canaux que, d'après l'usage anglois , on classifie ainsi. Les écluses de la première classe ont au moins 64 pieds de long et 1 4 pieds de large; les écluses delà seconde classe ont aussi 64 pieds de long, mais seulement 7 pieds de large. Le point de partage du Canal de Monsieur aura 5go pieds au-dessus du niveau du Rhin. ' De 75 à (jo Last. La capacité des bateaux plats qui naviguent sur les canaux de grande iiavlgation en Angleterre, n'est généralement que de 4oà 60 tonneaux. Sur le canal de Languedoc, les plus grands bateaux ont 120 tonneaux. Lu plupart des niarcbandises qu'on transporte en Angleterre peuvent se réduire sous un petit volume et prendre toutes les formes, comme la houille , le fer et la brique; il n'en est pas de même en France des barriques de vin et d'huile. ^ Les pieds sont toujours de l'ancienne mesure de France , pieds de ivi, dont 6 font i™,94g si le contj-aire n'est pas indiqué expressément. l32 LIVRE IX. ont les varrangues très-plates , et par conséquent une grande capacité sans tirer beaucoup d'eau. Le canal Calédonien , non le plus utile , mais certes le plus ma- gnifique ouvrage hydraulique entrepris jusqu'à nos jours , est un canal océanique dans toute la force du terme. Il réunit, entre Inverness et le fort Williams, la mer orientale de l'Ecosse à la mer occidentale , dans une gorge à travers laquelle la nature même semble avoir tracé la ligne de jonction. La partie navigable a 1 7 lieues (de 20 au degré) de long , dont 6 t seulement sont en excavation artifi- cielle; le reste forme une navigation naturelle sur les lacs Oich et Lochy , séparés jadis par un seuil rocheux. Ce canal a été terminé dans l'espace de 16 ans ; il peut donner passage à des frégates de 32 canons et à de forts navires employés par le commerce sur des mers lointaines. Sa profondeur moyenne est de 18 pieds 8 pouces (61^,09), et sa largeur, à la ligne de fond, de 47 pieds (1 5"", 2). Les écluses, au nombre de aS, ont 160 pieds de long sur 87 pieds de large. Comme dans les vues pratiques exposées à la fin de ce Chapitre je ne me laisse guider que par l'analogie des travaux tpie les hommes ont déjà exécutés, je ferai observer d'abord que la largeur des isthmes de Cupica et de Nicaragua , dans lesquels l'arrête de partage est d'une hauteur tres-peu considérable, est à peu près la même que la largem- du terrain qiie traverse la partie artificielle du canal Calédonien. L'isthme de Nicaragua, par la position de son lac intérieur et la com- munication de ce lacavec la mer des Antilles au moyen du Rio San Juan, présente plusieurs traits de ressemblance avec cette gorge de la Haute-Ecosse , où la rivière de Ness forme une communication naturelle entre les lacs des montagnes et le golfe de Murray. A Nicaragua comme dans la Haute-Ecosse , il n'y auroit qu'un seuil étroit à franchir ; car, si le Rio San Juan ■ , dans une grande partie de son cours, a, comme on l'assure , 3o à 4o pieds de profondeur, on n'auroit besoin de le cana- liser que partiellement par des barrages ou des tranchées latérales. Quant à la profondeur du canal océanique projeté dans l'Amérique cen- trale, je pense qu'elle pourroit même être moindre que la profondeur du * Ce point , rapproché des coupes de bois de Campéche {cartes de modéra) , avoit attiré l'attention du monde commerçant long-temps avant la publication de l'excellent ouvrage sur la Jamaïque, de M. Bryan Edwards (Tom. V, p. 2i3). Voyez La Bastide, Mém. sur k passage de la Mer du Sud à la Mer du Nord , ^. 7. La possi- bilité du canal de Nicaragua est triple (comme je l'ai exposé dans Y Essai politique) , soit du lac de Nica- ragua au golle du Papagayo, soit de ce même lac au golfe deNicoya, soit du lac de Léon, ou Managua, a l'embouchure du Rio de ïosta (et non du lac de Léon au golfe de Nicoya , comme le dit le rédacteur d'ad- leurs très-instruit de la Biblioteca americana , 1 823 , Agosto, p. 1 20). Existe-t-il une rivière qui va du lac de Léon à l'Océan- Pacifique? J'en doute, quoique d'anciennes cartes marquent des communications entre les lacs et la mer. {Nouv. Esp., Tom. I, p. i5). La distance de resUcmlté sud-est du lac de Nicaragua au golle CHAPITRE XXVI. l33 canal Calédonien. Tel est le changement que de nouveaux systèmes de com- merce et de navigation ont produit depuis quinze ans dans la capacité ou le jiorl des vaisseaux employés le plus communément dans les échanges avec Calcutta etCanton, qu'en examinant avec attention la liste officielle des bàtimens qui, pendant deux ans (de juillet 1821 à juin 1823), ont fait le commerce de Londres et de Liverpool avec l'Inde et la Chine, on trouve, sur un total de 2 16 bàtimens, deujc tiers au-dessous de 600 tonneaux, un quart entre 900 et 1400 tonneaux, et un septième au-dessous de 4oo tonneaux". En France, dans les ports de Bor- deaux, de Nantes et du Havre, le tonnage moyen des bàtimens faisant le com- merce de l'Inde est de 55o tonneaux. La nature des opérations entreprises avec les parages les plus éloignés détermine la capacité des navires qu'on emploie. Ainsi, lorsque l'on veut rapporter des indigos du Bengale, il peut paroître suffi- sant et quelquefois même préférable d'envoyer un bâtiment de i5o à 200 tonneaux. Le système des petites expéditions est surtout suivi aux États-Unis , où l'on sent tous les avantages d'un chargement prompt des navires et d'une circulation rapide des capitaux. Le port moyen des vaisseaux américains qui vont dans l'Inde autour du cap de Bonne-Esperance, ou au Pérou autour du cap de Horn , est de4oo ton- neaux. Les baleiniers de la Mer du Sud n'en ont que deux ou trois cents. Dans l'Amérique espagnole on emploie, d'après une ancienne habitude, en temps de paix, des navires d'un plus fort tonnage. A la Vera-Cruz, par exemple, où pendant mon séjour au Mexique entroient 120 à i3o bàtimens venant d'Espagne, la capacité de ces bàtimens étoit généralement de 5oo tonneaux. Ce n'est qu'en temps de guerre qu'on y fait des expéditions, pour Cadix, de 3 00 tonneaux. Ces données prouvent suffisamment que , dans l'état actuel du commerce du monde , un canal de j onction , tel qu'on le projette entre l'Océan atlantique et la Mer du Sud , est suffisamment grand , si , par l'aire de sa section et la capacité de ses sas d'écluses , il peut donner passage à des navires de 3oo à 4oo tonneaux. C'est le /n/m- wîiwi de la limite des dimensions que la construction du canal doit atteindre. Cette limite suppose, d'après ce que nous avons indiqué plus haut, vme capacité presque deNicoya, est très-différemment indiquée (de 25 à 48 milles) dans la carte de l'Amérique méridionale d'Arowsmith, et dans la belle carte du Dépôt de Madrid, qui porte le titre : Mar de las Antillas , 1809. La largeur de l'isthme entre le rivage oriental du lac de Nicaragua et le golfe du Papagayo est de 4 à 5 lieues marines. Le Rio San Juan a trois embouchures dont les deux plus petites s'appellent Taure et Cafio Colo- rado. Une des îles du lac de Nicaragua, celle d'Ometep, a un volcan qu'on dit encore enflammé. * East India shipping, a return to the Order of the House of Communs , Lond. 1823. J'ai réduit le ton- nage anglois au tonnage françois, le dernier étant de 10 p. c. plus foible. l34 UVRE IX. double de celle du canal du Holstein , mais une capacité moindre que celle du canal Calédonien ; le premier recevant des bàtimens de 1 5o à 1 80 tonneaux ; le second, des frégates de 82 canons, et des bàtimens de commerce de plus de 5oo ton- neaux. Il est vrai que le tonnage ne détermine que d'une manière approximative le tirant d'eau d'un navire; car une construction plus ou moins fine altère à la fois la marche et le port. On peut admettre ' cependant qu'une profondeur moyenne de i5 Ta 17 f pieds suffira pour un canal de jonction destiné à des bàtimens de 3oo à 4oo tonneaux ; c'est une profondeur moindre de quinze pouces de celle que les grands constructeurs , ]\LM. Rennie, Jessop et Telford ont donnée au canal Calédonien : elle est double de celle du canal de Forth et Clyde. Les ouvrages gigantesques de l'Europe , que nous citons comme exemple , et dont la construction n'a pas coûté au-delà de 4 millions de piastres, ont eu tous de petites hauteurs à franchir, moins de 90 à 1 00 pieds. Les canaux qui traversent des arrêtes de partage de 4oo à 600 pieds , n'ont jusqu'ici que de 4 à 6 pieds de profondeur. Les difficultés augmentent naturellement avec l'élévation de l'arrête de partage , avec la profondeur des excavations, avec la largeur, et non avec la multiplicité des écluses. Il ne s'agit pas seulement de creuser le canal, il faut être sûr que la quantité d'eau dérivée des parties supérieures au point de partage soit toujours suffisante pour alimenter le canal et pour remplacer ce qui se perd par les éclusées , par l'évaporation et les filtrations. Nous avons vu plus haut que les circonstances locales dans les isthmes' de Cupica et de Huafacualco sont telles que l'obstacle à vaincre pour la jonction des mers est bien moins la hauteur du seuil à franchir par le canal , que l'état du lit des rivières (Naipi et Rio del Passo) qu'il faut canaliser^ soit en les excavant au moyen de machines à chapelets , dont le moteur est une pompe à feu, soit par des barrages ou des dérivations latérales. Dans l'intendance de Nicaragua , la grande profondeur du Rio San Juan , et surtout celle du lac de Nicaragua [laguna de Granada) qui est, selon M. Robinson, de 17 à 4o, selon M. Juarros ' de 20 à 55 pieds , rendront de semblables travaux, sinon superilus, du ' Je suppose qu'un pied et ilemi d'eau peut suffire sous ia quille d'un bâtiment qui navigue dans un canal dont les eaux sont parfaitement tranquilles, et dont le curage est soigneusement entretenu. Malgré les grandes différences de constructions qui inlluent, à égale capacité, sur le tirant d'eau d'un bâtiment, on peut admettre approximativement les rapports suivans : Port. Tirant d'eau. 1200 à i3oo tonneaux 19 à 20 pieds. 750 800 17 »8 5oo Goo «5; 17 3oo 4oo '4 i6 200 25o n 12 CHAPITRE XXVI. l35 moins peu difficiles. Les montagnes de Panama s'élèvent probablement à la hauteur qu'atteignent les bassins de partage du canal du Centre (entre Chàlons etDigoin) , et du canal de la Grande Jonction (entre Brendford et Braunston) : il se pourroit même (jue les montagnes de l'isthme fussent plus élevées encore, et qu'aucune vallée transversale ne les divisât totalement du sud au nord. On n'aura pas sans cloute à choisir des sites si peu avantageux , mais nous devons l'aire remarquer que la hau- teur du seuil n'entraveroit irrévocablement la jonction des mers cp'autant qu'il n'y auroit en même temps pas assez d'eaux supérieures propres à être conduites au point de partage. Sept et huit sas accolés dans les canaux de Briare et de Lan- guedoc ' , rachetant des chutes de 64 à 70 pieds, ont paru long-temps des travaux extraordinaires , malgré la petite dimension des écluses et de la profondeur de ces canaux dont la section ne dépasse pas 5 à 6 pieds. \S Escalier de Neptune, dans le canal Calédonien, nous offre ces mêmes sas accolés sur une échelle tellement agrandie, que des frégates peuvent s'y élever, dans un très-court espace de temps , à une liauteur de 60 pieds. Or cet ouvrage ix'a coûté que 267,000 piasti-es, c'est-à-dire cinq fois moins que trois puits de la mine de Valen- ciana au Mexique , et dix Escaliers de Neptune feroient franchir à des navires de 5oo tonneaux une arrête de partage de 600 pieds, arrête plus élevée que Ir chaîne des Corbières entre la Méditerranée et l'Océan atlantique. Je ne discute ici que la possibilité d'exécuter des ouvrages qu'on ne se verra certainement pas obligé d'entreprendre. La dépense d'eau pour alimenter un canal augmente avec les filtrations , avec la fréquence des passages dont dépend la perte des éclusées ', et avec la grandeur des chambres d'écluse , mais non avec leur nombre. Sous les tropiques , la facilité de réunir une énorme masse d'eau pluviale dans des réservoirs est au-delà de tout ce que peuvent imaginer les ingénieurs d'Europe. Lorsque Louis XIV voulut embellir les jardins de Versailles, on fit espérer à Colbert que les pluies fourniroient , sur une surface de 12,700 hectares de plaines qui commun iquoient avec des étangs et des Dans une nialière qui intéresse tous les l)ommes capables Je réflécliir sur les destinées futures îles peuples et les progrès de la civilisation générale, j'ai cru devoir rappeler les données principales dont dépend la solution pratique du problème. Le canal de Crinan, en Ecosse, a aussi de ii à i4 pieds de profondeur sur 3 lieues de long. ' Près de Rogny et de Fonseranne. ^ L'ccliisi^e est le volume d'eau qu'il faut introduire dans un sas pour faire monter ou descendre les bateaux dans un canal au poiut de partage. l36 LIVREIX. retenues, 9 millions de toises cubes d'eau ' . Or les pluies, dans les environs de Paris , ne donnent annuellement que 19 à 20 pouces, tandis que sous la zone torride du Nouveau-Monde, surtout dans la région des forets, elles donnent, pour le moins, de 1 00 à 112 pouces ' . Cette prodigieuse différence fait voir comment , par la réunion des sources, par des rigoles nourricières et des réservoirs bien établis, un ingénieur habile pourra tirer parti , dans l'Amérique centrale , de circonstances purement climatériques. Malgré la haute température de l'air, les pertes causées par l'éva- poration ne balanceront guère, dans des bassins très - profonds , les avantages des pluies tropicales. Les belles expériences faites aux marais Pontins par M. de Prony, et au canal du Languedoc par MM. Pin et Clausade^, indiquent, par les latitudes de4i°et43°T, im produit d'évaporation annuelle de 348 lignes. Les expériences que j'ai faites sous les tropiques ne sont pas assez nombreuses pour en tirer un résultat général ; mais , en supposant l'atmosphère également calme dans le midi de la France et sous la zone torride , la chaleur moyenne de l'année de i5° et de 27° cent, et l'humidité apparente moyenne en degrés de l'hygromètre à cheveux 82° et 86°, je trouve, avec M. Gay-Lussac, que l'évaporation des deux zones est dans le rapport de i à i ,6 , tandis que les quantités d'eau de pluie qu'y reçoit la terre , sont comme i : 4» H faut d'ailleurs ne pas oublier que les canaux 1 On ne put recueillir malheureusement que ^h'i k reste se perdit par des filtrations, et l'on fut obligé de construire la machine de Marly. Htieme de Pommeuse , sur les canaux navigables. Supplément, p. 45. * Voyez plus haut, Tom. II, p. 4i7, 465, G6o. Même à Kendal, dans la partie occidentale de l'Angleterre, la quantité moyenne d'eau qui tombe annuellement, est de 5; pouces; à Bombay, elle est de 72 à 106 pouces ; à Saint-Domingue, elle est de 1 13 pouces. M. Antonio Bernardino Pereira Lago, colonel d'infanterie du corps des ingénieurs, assure avoir trouvé, dans la seule année 1821^ à San Luis do Maranhao (lat. 2" 29' austr.). 23 pieds 4 pouces et 9,7 lignes, mesure angloise, ce qui fait près de 260 pouces françois. On est porté i révoquer en doute cette prodigieuse quantité d'eau ; cependant je possède les observations de baromètre, thermomètre et ombromètre que M. Pereira Lago assure avoir faites, jour par jour, à trois différentes époques. Ces observations brésiliennes sont publiées dans le 16' volume des Annaes das Sciencias, das Arles e das Letras , p. 54-/9 ; et l'observateur, en décrivant les instrumens qu'il a employés , dit tout exprès , dans le resumo das observaçoes meteorotogicas , que le plateau sur lequel tomboit l'eau de pluie avoit exactement le même diamètre que le cylindre dans lequel se trouvolt l'échelle. Ce diamètre n'étoit que de 6 pouces (anglois). Je désire que cette observation importante puisse être vérifiée à Maranhao et dans d'auti-es parties des tropiques, où les pluies sont très-abondantes; par exemple, au Rio Negro, au Choco, et dans l'bthme de Panama. La quantité indiquée par M. Pereira Lago esta} fois plus grande que celle que l'on a observée, terme moyen, à l'île Saint-Domingue; mais la quantité d'eau qui tombe sur la côte occidentale de l'Angleterre excède aussi trois fois celle que l'on recueille annuellement à Paris. Il existe des dilférences très-considérables sous des latitudes très-rapprochées. Le capitaine Roussin rapporte qu'à Cayenne il est tombé, dans le seul mois de février, i5i pouces d'eau de pluie ! {Arago dans CAnn. du Bur. des Long., iSai. p. i65 ; Prony, sur les Marais Pont. , p. 33 , 1 10, 1 16. ) ^ Ducros, Mémoires sur les quantités d'eau qu^exigent les canaux de navigation, 1800, n° 2, p. 4i. CHAPITRE XXVI. l3n ne perdent , par l'évaporation , qu'en raison de leur propre surface , tandis qu'ils recueillent les eaux qui tombent sur la vaste étendue des terrains qui les avoi- sinent. Dans le volume d'eau qu'exigent les ouvrages hydrauliques, on doit distinguer entre celui qui dépend de la capacité du canal entier, c'est-à-dire de sa longueur et de sa section , et celui qui est déterminé par les éclusées , c'est-à-dire par le prisme de remplissage ' d'une seule écluse ou par la quantité d'eau qui descend du bief supérieur dans le bief inférieur chaque fois qu'un bâtiment passe par une écluse. Ces deux volumes d'eau éprouvent les pertes de l'évaporation et de la filtration , dont la dernière , très-difficile à évaluer, diminue avec le temps. La longueur et la profondeur qu'il faudroit donner au canal océanique dans le Nouveau-Monde, influent par conséquent sur le volume d'eau nécessaire pour le remplir au commencement lorsque les excava- tions viennent d'être terminées, ou après le chômage lorsque des réparations sont nécessaires : mais la quantité d'eau qui doit alimenter annuellement le canal ne dépend , en faisant abstraction des pertes causées par les filtrations et par l'évaporation , que du volume et du nombre des éclusées , c'est-à-dire de la grandeur au prisme de remplissage d'une écluse et de l'activité de la navigation. J'insiste sur ces considérations techniques pour éloigner la crainte que l'on pourroit manquer du volume d'eau nécessaire pour alimenter un canal océa- nique d'une longueur considéiable. Si cet ouvrage devoit servir en même temps pour de petits bateaux destinés au commerce intérieur, on pourroit ajouter, pour l'économie des eaux, aux grands sas , des écluses de moindres dimensions, comme cela a été pratiqué au canal de la Grande-Jonction , et comme on en a eu pendant quelque temps le projet au canal Calédonien ^. ' Dans les sas accolés il feut y ajouter le prisme de flottaison, ou le volume d'eau dans lequel le navire est flottant ou suspendu lors de son passage d'une écluse à l'autre. La consommation d'eau est plus grande dans le cas de la montée que de la descente , et la distribution des chutes ou la hauteur des biefs successifs influe puis- samment sur la dépense d'eau d'un canal [Ducros, Mémoires sur la dépense des eaucc, p. Sg. Prony dans l'ouvrage de M. de Pommcuse, p. tS. Girard, dans les Annalesde Physique et de Chimie, 1823, Tom. XXIV, p. 13/.) ^ La capacité du canal du Languedoc, ou le volume d'eau nécessaire pour remplir le canal entier, est, d'après les calculs de M Clauzade, de 7 millions de mètres cubes. La dépense annuelle des éclusées, pour 960 doubles passages de bateaux, est de i4 millions m. c. Cette dépense, causée par des écluses un peu trop grandes et par une navigation très-active en petits bateaux, est à la capacité du canal comme 2:1. 11 faut annuellement 3 î millions m. c pour rétablir les eaux après le chômage jusqu'à la prise de Fresquel, et cette quantité d'eau est fournie en 9 jours par le bassin supérieur ou la source artificielle. ( Andreossy , p. a56. Ponnncuse, p. 258 et 265). Le produit de l'évaporation est évalué dans le canal, Icj réservoirs et les rigoles ; pendant les 32o jours de navigalioo, de 1,900,000 m. c. {Ducros, Mém., p. 4i). En Relation historique , Tom, III. 18 l58 LIVRE IX. 11 paroît assez proljable que c'est à la province de Nicaragua qu'on s'arrêtera pour le grand ouvrage de la jonction des deux Océans , et dans ce cas il ne sera pas difficile de former une ligne constamment navigable. L'istlime à franchir n'a que 5 à 6 lieues marines : on fa trouvé hérissé de quelques collines là où il est le plus étroit entre la rive occidentale du lac de Nicaragua er le golfe du Papagayo j mais il est formé de savanes et de plaines non interrompues qui offrent un excellent chemin pour des voitures ' {camino caretero) entre la ville de Léon et la côte de Realexo. Le lac de Nicaragua est élevé au-dessus de la Mer du Sud de toute la chute que présente le Rio San Juan sur une longueur de 3o lieues : aussi l'élévation de ce bassin est si bien connue dans le pays , qu'on l'a regardée jadis comme un obstacle invincible à fexécution du projet d'un canal. On craiguoit, soit un déversement impétueux vers l'ouest, soit une diminution des eaux dans le Rio San Juan qui, dans le temps des sécheresses, offre, au-dessus de l'ancien Castillo de San Carlos ^, des rapides assez dangereux. L'art de l'ingénieur-constructeur est asse^, perfectionné de nos jours pour ne pas être effrayé de semblables dangers. Le lac de Nicaragua pourra servir de bassin supérieur comme le lac Oich dans le canal Calédonien, et des écluses régulatrices ne feront passer dans le canal qu'autant d'eau qu'il en faut pour l'alimenter. La petite différence de niveau entre la mer des Antilles et fOcéan-Pacifique ne tient, comme je fai fait voir ailleurs, qu'à la hauteur inégale des marées. comparant le canal Calédonien au canal de Languedoc , je trouve les aires des sections comme 5 à i ; les Ion- eueurs des parties creusées en canal (en excluant la ligne navigalile des lacs d'Ecosse), comme i : 6ï. Il résulte de ces données que les capacités des deus. canaux , dont l'un porte des Ijalcaux ;i plates varrangucs, du port de 100 à I20 tonneaux, l'autre en frégates de 32 canons, sont presque les mêmes; ladiOërencc dans la dépense d'eau en éclusécs provient de la grandeur des primes de remplissage et de flottaison. Les sas ont , au canal Calédonien, 3; pieds de largeur entre les portes, et 160 pieds de longueur; dans le caoal du Languedoc, ."51 pieds de largeur au milieu, 20 pieds entre les portes, et 127 pieds de longueur. Nous avons vu plus haut que les dimensions du canal de jonction en Amérique peuvent être moindres que celle du grand canal d'Ecosse. • C'est la grande roule par laquelle on envoie les marchandises de Guatimala à Léon en déharquant, dans le golfe de Fonseca ou Amapala, au port de Conchagua. * Ce fortin, pris par les Anglois en i665, est appelé vulgairement El Castillo del Rio San Juan. Il se trouvoit, selon M. Juarros , à 10 lieues de distance de l'extrémité orientale de la laguna de Nicaragua. Un autre fortiu a été construit en 167 1, sur un rocher à l'embouchure du fleuve. On le désigne sous le nom de Pre- sidio del Rio de San Juan. Déjà, au i6* siècle, le Desagtiadero de las Lagums avoit fixé l'alleution du gouver- nement espagnol, ([ui ordonna à Diego Lopez Salcedo de fonder, près de la rive gauche du Desagtiadero, ou Rio San Juan, la ville de Nueva Jaen; mais elle fut bientôt abandonnée, de même que la ville de Bruxelles ( Bmselas) , près du golfe de Nicoya. Les bords du Rio San Juan sont très-mal sains dans leur état actuel d'inculture. CHAPITRE XXVI. iSq Une différence semblable s'observe entre les deux mers que réunit le grand canal d'Ecosse ; et , fùt-elle même de six toises et permanente comme celle de la Médi- terranée et de la Mer Rouge ' , elle n'en favoriseroit pas moins l'établissement d'une jonction océanique. Les vents soufflent assez fort sur le lac de Nicaragua pour n'avoir pas besoin de remorquer , ])ar le moyen des bateaux à vapeur , les navires qui doivent passer d'une mer à l'autre ; mais l'emploi de la force motrice des vapeurs seroit de la plus grande utilité dans les trajets de Realexo et de Panama à Guayaquil, où , pendant les mois d'août, de septembre et d'octobre, les calmes alternent avec des vents qui soufflent dans une direction contraire. En exposant mes idées sur la jonction des deux mers , je n'ai compté , pour l'exécution d'un si vaste projet, que sur les moyens les plus simples. Des pompes à feu alimentant des bassins de partage , des percemens souterrains ( tonnelles ) , comme on les a proposés dans la partie montagneuse de l'isthme de Panama , et comme le canal de Saint-Quentin en offre de plus de 2900 toises de longueur ' , appartiennent de préférence aux lignes de navigation inté- rieure. Il m'a suffi de démontrer la possibilité d'un canal océanique dans l'Amérique centrale j quant au devis des frais de construction pour les terrasse- mens (déblais et remblais) , pour les écluses , les bassins et les rigoles nourri- cières, ces objets dépendent du choix des localités. Le canal Calédonien, l'ouvrage le plus admirable exécuté jusqu'à ce jour, a coûté près de 3,900000 piastres : c'est encore 2,700000 piastres de moins que le canal de Languedoc "^, en réduisant le marc d'argent au cours actuel de la monnoie. L'aperçu de la dépense générale des travaux du canal de Suez, projeté par M. Le Père à l'époque de l'expédition de Bonaparte en Egypte , s'éleva à 5 ou 6 millions de piastres , dont un tiers auroit appartenu aux canaux subsidiaires du Caire et * Les anciens même ne craignoient pas la différence de niveau entre la Mer Rouge et la branche pélusiaque du Nil, quoiqu'ils ue connoissoient pas le sjstème des écluses, et qu'ils savoient tout au plus bouclier leurs etiripes par des poutrelles. * Cette tomielle a 1 5 pieds de largeur. D'après le projet de M. Laurent, le canal souterrain auroit eu , sans interruption , 7000 toises (presque 3 lieues) de long , 21 pieds de large et 24 pieds de haut Sa longueur auroit surpassé d'un sixième celle de la fameuse galerie des mines de Clausthal (le Georg-StoUen) au Harz. Pour rappeler ce que les hommes peuvent faire dans ce genre de travaux souterrains , je citerai encore les deux grandes galeries d'écoulement du district des mines de Freiberg en Saxe, dont l'un a 29,504 toises, l'autre 32,433 toises Si cette dernière étoit percée dans une même direction, elle franchiroit un espace presque double de la largeur du Pas-de-Calais. ^ Pommetise , p. 3o8. L'entretien du canal a coûté, en outre, de 1686 à 1791 , la somme de 25,670000 fr. ( Voyez le savant ouvrage du général Andreossy, Histoire du Canal du Midi , p. 345. ) l4o LIVRE IX. d'Alexandrie. L'isthme de Suez , en comptant la partie cpii n'a jamais été atteinte par les marées, a 59,000 toises ( plus de 20 lieues marines) de largeur , et le canal projeté avec 4 sas d'écluses ' auroit pu recevoir , pendant plusieurs mois de l'année { aussi long-temps que durent les crues du INil ) , des bàtimens dont le tirant d'eau est de 1 2 à 1 5 pieds. Or , en supposant même que le canal de la jonction des mers dans le Nouveau-Monde causât une dépense égale à celle des canaux de Languedoc , de la Haute-Écosse et de Suez , je ne pense pas que cette considération pourroit retarder l'exécution d'un si grand ouvrage. Déjà le Nouveau-Monde offire plusieurs exemples de travaux également consi- dérables. Le seul état de New- York a fait creuser, dans l'espace de 6 ans, entre le lac Erié et la rivière de Hudson, un canal de plus de 100 lieues de long, dont les dépenses ont été évaluées, dans im rapport adressé à la législature provinciale , a près de 5 millions de piastres '\ Lorsqu'on embrasse d'un coup d'œil les ouvrages gigantesques , mais peu dignes d'éloges , qui ont été exécutés depuis deux siècles pour diminuer l'eau des lacs que renferme la vallée de Mexico , on conçoit qu'avec le même travail on auroit pu couper les isthmes de Nicaragua et de Huasacualco , peut-être même celui de Panama , entre la Gor- gona (sur le Rio Chagre) elles côtes de la mer du Sud. L'année 1607, un ' Description de l'Egypte ( État moderne) , 1808 , Tom. I, 5o , 60, 8 1 , 1 1 1 . L'ancien canal de qui réunissoit la Mer Rouge au Nil ( Canal des Rois ) , navigable , sinon sous les Ptolémées, du moins sous les Khalifes, n'étoit qu'une dérivation de la branche pélusiaque, près de Bubaste; il avolt un développement de 25 lieues. Sa profondeur suffisoit pour des navires d'un grand port et qui pouvoient naviguer sur la mer ; elle paroît avoir été au moins de 12 à i5 pieds. * Warden. Dcscript. des Etats-Unis, Tom. II, p. 197. Morse, Modem. Géogr., 1 823, p. 1 22. Ce canal , d'une longueur de 294,590 toises, n'a que 4 pieds de profondeur (î de celle du canal du Languedoc, dont la longueur est de la moitié plus petite). Le lac Erié est élevé de 88 toises au-dessus des eaux moyennes de la rivière de Hudson. Les bateau-s descendent d'.ibord uniformément, par 25 écluses, de Buffalo sur le lac Erié à Monle- zuma sur la rivière Seneca (en passant par Palmyre et Lyon ) sur une longueur de 166 milles anglois , 3o toises de chute perpendiculaire; puis ils remontent 8 toises de Monlezuma à Rome, sur le Mohawk, pen- dant 77 milles; enfin, ils descendent de nouveau, sans discontinuer, G6 toises, au moyen de 46 écluses, par une longueur de ii3 milles, de Rome à Albany, sur la rivière de Hudson, en passant par Utica. La descente totale est, par conséquent, de g toises moindre que la descente des bateaux depuis le bassin de par- tage du canal de Languedoc jusqu'à la Méditerranée. Je rappellerai, à cette occasion , qu'elle est le maximum de la pente que j'ai remontée sur une ligne jiavigable naturelle, dans le lit d'une des plus grandes rivières de l'Amérique méridionale, dépourvue de cataractes et de rapides. On arrive à la rame par le Rio Magdalena, de Carthagène des Indes à Honda, après avoir vaincu une chute totale de i35 toises : c'est la moitié de plus que la chute du lac Erié à la rivière de Hudson ; mais le Rio Magdalena ofiFre une ligne navigable , qui est d'un tiers plus longue. En réfléchissant sur le peu de pente qu'a le fleuve entre Morales et son embou- chure, on conçoit que sans écluses on panieudroit en bateau par une ligne navigable naturelle de 80 lieues de long, sur un plateau de 100 toises, ce qui donne o',43 de chute par 1000 toises de cours d'eau. CHAPITRE XXVI. l4l canal souterrain de 34go toises de long et de 12 pieds de hauteur fut creusé au nord de Mexico sur le revers de la colline de Nochistongo. Le vice-roi, marquis de Salinas, en parcourut la moitié à cheval. La tranchée à ciel ouvert ( tajo de Huehuetoca) , qui conduit aujourd'hui les eaux hors de la vallée, a 10,600 toises de long : une partie considérable en est creusée dans un terrain de transport. La tranchée a i4o et 180 pieds de profondeur perpendiculaire, et, vers le haut, une largeur de aSo à 33o pieds. Les frais de tous ouvrages hydrauliques ' du Desasue de Mexico se gont élevés , depuis l'année 1 607 jusqu'au moment où je l'ai visité , en janvier i8o4, à la somme de 6,200000 piastres. Comment pourroit-on craindre d'ailleurs qu'on ne réuniroit pas l'argent nécessaire pour ouvrir un canal océanique , si l'on se rappelle que la seule famille du comte de la Valenciana a eu le courage de creuser, à Guanaxuato , quatre puits ^ qui ont coûté ensemble 2,200000 piastres. En supposant même que , pendant un certain nombre d'années , les dépenses annuelles de la coupure de l'isthme atteignoient sept ou huit cent mille piastres cette somme seroit facilement supportée, soit par des actionnaires , soit par les différens états de l'Amérique dont le commerce retireroit des avantages inappré- ciables de l'ouverture d'ime roule nouvelle vers le nord du Pérou , vers les côtes occidentales de Quito , de Guatimala et du Mexique , vers Nutka , les îles Phi- lippines et la Chine. Quant au mode d'exécution sur lequel j'ai été récemment consulté par des personnes éclairées qui appartiennent aux nouveaux gouvernemens de l'Amé- rique équinoxiale, je pense qu'une association par actions ne devroit être formée que lorsque la possibilité d'vm canal océanique propre à recevoir des bâtimens de trois à quatre cents tonneaux aura été prouvée entre les 7° et 18° de latitude et que l'on aura reconnu le terrain dans lequel on veut se fixer. Je m'abstiendrai de discuter la question de savoir si ce terrain « doit former une république à part sous le nom de Jonctiana , dépendant de la confédération des États-Unis,» comme l'a récemment proposé , en Angleterre , un homme dont les intentions sont toujours les plus louables et les plus désintéressées. Quel que soit le gou- vernement qui réclame le sol dans lequel la grande jonction des mers sera établie, la jouissance de cet ouvrage hydraulique doit appartenir à toutes les ' J'ai donné l'histoire détaillée de ses ouvrages d'après des documens manuscrits officiels dans non Essai polit, Tom. I, p. 2o4-235. ^ Tiro npjo, Sanlo Christo de Burgos, Tiro de Gnadalupe , et Tin gênerai , dont les profondeurs sont C97, 46o ; io6i et 1 582 pieds (ancienne mesure de France). Voyez l. c, Tom. Il , p. 53o. l42 LIVRE IX. nations des deux mondes qui auront contribué à son exécution par Tachât des actions. Les gouvernemens locaux de l'Amérique espagnole pourront ordonner la reconnoissance des lieux , le nivellement de l'arrête de partage , la mesure des distances, le sondage des lacs et des rivières qu'il faudroit tra- verser, l'évaluation des eaux de sources et de pluie propres à alimenter le bassin supérieur. Ces travaux préalables n'exigeront que peu de frais, mais il faudroit les exécuter selon un plan uniforme aux isthmes de Tehuantepec ou Goazacoalcos , de Nicaragua , de Panama , de Cupica ou du Darien et de la Raspadura ou du Choco. Quand les plans et les profils des cinq terrains pourront être mis sous les yeux du public, la persuasion de la possibilité d'une jonction océanique deviendra plus générale dans les deux continens ; elle facilitera la for- mation d'une compagnie par actions. Une discussion libre éclaircira les avantages et les désavantages de chaque localité , et bientôt on ne s'arrêtera qu'à deux points ou à un seul. La compagnie de jonction fera soumettre à un second examen plus rigoureux encore les circonstances locales 5 on évaluera les frais, et l'exé- cution de cet important ouvrage sera confié à des ingénieurs qui ont pratique- ment concouru à l'exécution de semblables travaux en Europe. Comme il ne paroît pas douteux que dans le cas de l'impossibilité d'un canal océanique on puisse, au plus grand avantage des actionnaires, dans quelques-uns des cinq points que nous venons de nommer, creuser des canaux en petite section pour faciliter le commerce intérieur , il seroit utile peut-être que la première reconnoissance même se fit aux frais d'une association. Un vaisseau transporteroit successivement les ingénieurs et les ins- trumens aux bouches de l'Atrato , au Rio Chagre et à la baie de Mandinga , au Rio San Juan et au lac de Nicaragua, à l'isthme de Huasacualco ou de Tehuantepec. La célérité des opérations et l'appréciation des avantages qu'offrent les divers sites dont on se propose de faire la comparaison , gagneroient à im mode de nivellement plus uniforme- et Y association de première reconnoissance^ après avoir fixé le lieu qui doit être préféré et la grandeur de l'ouvrage , selon le tonnage des vaisseaux ou des bateaux à employer, feroit un appel au public pour agrandir son fond et pour se constituer en une association d'exécution , soit, comme on doit l'espérer, pour un canal de navigation océanique , soit pour des canaux ou lignes de petite navigation. En adoptant le mode d'exécu- tion que je viens d'exposer , on pourra satisfaire à tout ce que prescrit la prudence dans une affaire qui intéresse le commerce des deux mondes. La compagnie de jonction trouvera des actionnaires parmi ceux des gouvernemens et des citoyens CHAPITRE XXVr. 143 <]ui , insensibles à 1 apàt du gain , et cédant à de plus nobles impulsions , s'enoi-- gueilliront de l'idée d'avoir contribué à une œuvre digne de la civilisation mo- derne. D'ailleurs, et il est prudent de le rappeler ici, l'apàt du gain même, base fondamentale de toutes les spéculations financières , n'est point illusoire dans l'en- treprise dont j'embrasse la défense avec chaleur. Les dividendes des compagnies qui ont obtenu en Angleterre la concession d'ouvrir des canaux prouvent l'utilité de ces entreprises, pour les actionnaires. Dans un canal de jonctiondes mers, les droits de tonnage peuvent être d'autant plus considérables que les navires qui veulent profiter du nouveau passage pour aller soit à Guayaqull et à Lima , soit à la pêche du cachalot, soit à la côte nord-ouest de l'Amérique et à Canton, raccour- cissent leur chemin et évitent les hautes latitudes australes souvent dangereuses dans la mauvaise saison. L'activité du passage augmenteroit à mesure que le commerce se familiariseroit davantage avec la nouvelle route d'un Océan à l'autre. Dans le cas même que les dividendes ne seroient pas assez considérables , et que les capitaux placés dans cette entreprise ne porteroient pas les intérêts qu'offrent les nombreux emprunts des gouvernemens , depuis la côte des Indiens Mosquitos jusqu'aux derniers confins de l'Europe, il seroit de l'intérêt des grands états de l'Amérique espagnole de soutenir cette entreprise. C'est mettre en oul^li ce que l'expérience et l'économie politique enseignent depuis des siècles que de restreindre l'utilité des canaux et des grandes routes aux droits que paye le transport des marchandises , et de ne compter pour rien l'in- fluence qu'exercent les canaux sur l'industrie et la prospérité nationale '. Lorsqu'on étudie attentivement l'histoire du commerce des peuples , on observe que la direction des communications avec l'Inde n'a pas uniquement changé selon les progrès des connoissances géograplùques ou selon le perfec- tionnement de l'art du navigateur ; mais que le déplacement de la civilisation du monde y a aussi puissamment influé. Depuis l'ère des Phéniciens jusqu'à l'ère de l'empire britannique , l'activité du commerce s'est portée progressivement de l'est à l'ouest , des côtes orientales de la Méditerranée à l'extrémité occidentale de l'Europe. Si ce déplacement continue vers l'ouest, comme tout porte à le présumer, la question sur la préférence accordée à la route de l'Inde autour de l'extrémité australe de l'Afrique ne sera plus telle qu'elle se présente aujourd'hui. Le ' C'est sous le rapport de cette influence bienfaisante qu'il faut apprécier les travaux, peut-être trop dis- pendieux du canal de Languedoc, qui a coûté 33 millions de francs ^ et qui ne rapporte annuellement, sur un revenu brut de i ' millions, que 800,000 francs. C'est à peine 2 1 pour cent du capital. Tel est aussi le produit net du canal du Centre. l44 LIVRE IX. canal de Nicaragua offre d'autres avantages aux navires qui sortent de l'embou- chure du Mississipi qu'à ceux qui prennent leur chargement aux bords de la Tamise. En comparant les différentes routes autour du cap de Bonne- Espérance, autour du cap de Horn ou à travers une coupure de l'isthme dans l'Amérique centrale , il faut distinguer soigneusement entre les objets du commerce et les peuples qui y prennent part. Le problême des routes se présente d'une manière toute différente à un négociant auglois ou à un négociant anglo- américain; de même ce problême important est autrement résolu par ceux qui font le commerce direct avec le Chili , avec l'Inde et la Chine ou par ceux dont les spéculations sont dirigées , soit vers le Pérou septentrional et les côtes occi- dentales de Guatimala et du Mexique , soit vers la Chine , après avoir visité la côte nord-ouest de l'Amérique , soit vers la pêche du Cachalot dans l'Océan- Pacifique. Ce sont ces trois derniers objets de la navigation des peuples de l'Eu- rope et des Etats-Unis que la coupure d'un isthme américain favoriseroit le plus indubitablement. Il y a ' de Boston à Nutka , ancien centre du commerce des fourrures de loutre sur la côte nord-ouest de l'Amérique , à travers le canal projeté de Nicaragua, 2100 lieues marines; le même voyage est de Saoo lieues, si l'on fait , comme c'est le cas jusqu'ici , le tour du cap de Horn. Ces distances sont , pour un vaisseau qui part de Londres , ou de 3ooo ou de 5ooo lieues. Il résulte de ces données un raccourcissement de route, pour les Américains des États-Unis, de 3 100 lieues; pour les Anglois, de 2000 lieues, sans mettre en ligne de compte la chance des vents contraires et les dangers de la navigation si différens dans les deux voies que nous mettons en parallèle. La comparaison est beaucoup moins favorable pour la navigation à travers l'Amérique centrale, sous le rapport du chemin et du temps, lorsqu'il s'agit d'un commerce direct avec l'Inde et la Chine. Les vaisseaux parcourent ordinairement autour du cap de Bonne-Espérance , de Londres à Canton , en coupant deux fois l'équateur , 4400, de Boston à Canton, 4^00 lieues; si le canal de Nicaragua étoit creusé, ces longueurs de route seroient de 4800 et 4200 lieues marines '\ Or, dans l'état actuel du perfectionnement de la navigation, la durée ordinaire d'un voyage ' Dans ces évaluations de distance, j'ai calculé, conjointement avec M. Beautemps-Beaupré (ingénieur géographe en chef de la marine royale) des routes à peu près directes. Cela suffisoit pour obtenir des nombres comparatifs. Si l'on désire des dbtances itinéraires, il faudroit augmenter les routes , selon la contrariété des vents et des courans, de 7 ou î. ^ De Londres k Canton , par le cap de Horn , il y a 58oo lieues , ou 1 4oo lieues de plus qu'autour du cap de Boace- Espérance ; de Boston à Canton, par le cap de Horn , il y a 5goo lieues. CHAPITRE XXVI. l45 des États-Unis, ou d'Angleterre en Chine, autour de rextrémité de l'Afrique, est de I20 à i3o jours '. En basant les calculs sur l'analogie des voyages de Boston et de Liverpool à la côte des Indiens Mosquitos , et d'Acapulco à Ma- nille^, on trouve io5 à ii5 jours pour le voyage des États-Unis ou de l'Angleterre à Canton, en restant dans l'hémisphère boréal, sans jamais couper l'équateur, c'est-à-dire en profilant du canal de Nicaragua et de la constance des vents alises dans la partie la plus paisible du Grand-Océan '^. La différence de temps seroit donc à peine d'un sixième; on ne pourrolt revenir par la même route , mais en allant la navigation seroit plus sûre dans toutes les saisons. Je pense qu'une nation qui a de beaux établissemens à l'extrémité de l'Afrique et à l'Ile-de-France , préféreroit assez généralement la route de l'ouest à l'est. Les principaux et véritables objets de la coupure de l'isthme sont la prompte com- munication avec les côtes occidentales "^ de l'Amérique, le voyage de la Havane et des États-Unis à Manille , les expéditions faites d'Angleterre et du Massachusets ' On a eu h. Boston de rares exemples de 98 jours. ïf'ardcn, Descript. des Etats- Unis , Tom. V, p. 696. ^ Le Galion met 4o à fio jours. Voyez mon Essai polit., Tom. II, p. 720, et Tuckei/, Maritime Geogr.^ Tom. III, p. 497. 2 Dans ces évaluations du temps , on n'a pas compté sur l'emploi de la force de la vapeur. Les ingénieurs françois qui ont fait le devis des frais du canal de Suez, admettent, dans leur parallèle entre la navigation des côtes de France dans Tlnde à travers le canal projeté, cl la route autour du cap de Bonne-Espérance, que l'on gagne, par la première voie, la moitié de la distance et h ou i du temps. Descript. de l'Egypte [Etat moderne) , Tom. I , p. 1 1 1 . Il seroit à désirer que l'on calculât avec précision la durée moyenne des traversées de Londres à Calcutta et à Canton, de Liverpool à Buenos-Ayres et à Lima (et vice versa), en prenant un assez grand nombre d'années et de vaisseaux pour que les influences des saisons, des vents, des courans , de la construction des bâtimens et des erreurs du pilotage pussent disparoître dans les moyennes totales. Cette durée des traversées est un des élémens les plus importans du mouvement des peuples commerçans, mou- vement vital que l'on voit s'accroître de siècle en siècle avec le perfectionnement de l'art de la navigation. * Il faut excepter cependant les côtes du Pérou, au sud de Lima , et celles du Cbili, lelong desquelles on re- monte très-difficilement du nord au sud. On iroit plus rapidement d'Europe à Valparaiso et à Arica, par le cap de Horn , que par le canal de Nicaragua. Le canal ne sera avantageux pour le commerce des côtes occidentales au sud de Lima que lorsque le cabotage se fera par des bateaux à vapeur. Dans son état actuel, le commerce de l'Amérique du nord avec la Chine se fait de trois manières: 1° les batimeus des États-Unis chargés de piastres vont directement de New- York ou de Boston à Canton, par le cap de Bonne-Espérance, pour y acheter du thé , du nankin , des soieries , des porcelaines , etc.; ils reviennent par la même route ; 2° les bâtimens sont expédiés autour du cap de Ilorn , soit pour la pêche des phoques et des cacbalots dans l'Océan-Pacilique, soit pour visiter la côte nord-ouest de l'Amérique : s'ils n'ont pas acquis assez de fourrures , ils prennent du bois de sandalou de l'ébène, dans la Polynésie ; ils portent ces productions à Canton, et reviennent par ie cap de Bonne- Espérance ; 3° d'autres bâtimens font un commerce d'interlope de plusieurs années en visitant successivement Madère, le cap de Bonne-Espérance et l'Ile-de-France, ou la Nouvelle-Galles méridionale, quelques porU de l'Amérique du Sud et les îles de l'Océan- Pacifique : ils doublent, en allant , tantôt le cap de Bonne-Espé- Relalioii hislorlque , Tom. III. '9 l46 LIVRE IX. à la cùle des fourrures (côte nord-ouest) ou aux iles de TOcéan-Pacifique pour visiter plus tard les marchés de Canton et de RIacao. Je joindrai à ces considérations commerciales cpielques vues politiques sur les eflets qiie peut produire la jonction projetée des mers. Tel est l'état de la civilisation moderne , que le commerce du monde ne peut subir de grands changemens sans que l'organisation des sociétés ne s'en ressente. Si l'on parvient à couper l'isthme qui réunit les deux Amériques, l'Asie orientale, aujourd'hui isolée et inattaquable , entrera malgré elle dans des rapports plus intimes avec les j)eu[)les de race européenne qui habitent les rives de l'Atlantique. On diroit que cette langue de terre , contre laquelle se brise le courant équinoxial , a été depuis des siècles le boulevart de l'indépendance de la Chine et du Japon. En pénétrant plus loin dans l'avenir, l'imagination s'arrête à une lutte entre des peui)les puissans causée par le désir de profiter exclusivement de la voie nouvelle ouverte au commerce des deux mondes. J'avoue que ce n'est ni ma con- fiance dans la modération des gouvcrnemens monarchiques et républicains , ni l'esjioir parl'ois un peu ébranlé dans les progrès des lumières et dans la juste ai)préiialioii des intérêts qui me rassurent sur cette crainte. Si je m'abstiens de dis- cuter (U's événemens politiques si éloignés, c'est pour ne pas entretenir le lecteur de la îil)rc jouissance d'une chose qui n'existe encore que dans les vœux de quelcpios hommes intéressés au bien public. Le lac de iNicaragua et le Rio San Juan n'appartiennent pas , comme on l'a afin iné dans quelques ouvrages très-récens , au territoire de la Nouvelle-Gre- nade ; le lac est séparé du territoire colombien de Veragua par la province de Costa-llica , la j)lus méridionale de l'ancien royaume de Guatimala. Placés dans tm pays très-foiblement peuplé , surtout du côté de l'est , presque sur les con- fins de deux états indépendans de l'Amérique centrale et de l'Amérique méridio- nale, les grands ouvrages qui serviront à la jonction des mers ne pourront tirer du secours pour leur défense militaire que de Portobelo et de Carthagènes , deux forteresses qui se trouvent au vent du Castillo de San Juan de Nicaragua. Il y a sans doute aussi un chemin par terre, de Guatimala à Léon, mais la distance est de plus de i35 lieues. Dans l'état actuel des choses, ce sont moins les places fortes que la misère du pays, son manque de culture et la force de la végétation qui, depuis le Darien jusqu'aux lo et 1 1 degrés de latitude boréale, rance , tantôt le cap de Horn ; mais comme à la fin de ce Ion;» voyage ils touchent constamment à Canton , ils retournent aux ttals-Lnis par IVitrémité australe de rAfri(jue. La coupure de l'isthme iuilucroit puis- samment sur les deux dernières routes que nous venons de tracer. CHAPITREXXVI. J ^'J ont rendu infructueuses les invasions d'un ennemi qui débarque inopinément sur les côtes orientales. En traitant cette question importante , je ne saurois m'ap- puyer d'un témoignage plus imposant que de celui du général Don José de Espeleta qui a été vice-roi de la Nouvelle-Grenade jusqu'en 1796. Ce militaire expérimenté, dans un mémoire manuscrit que je possède, et qui est adressé à son successeur, le vice-roi Don Pedro de Mendinueta ' , s'exprime ainsi sur la défense de l'isthme de Panama : « V. E. n'ignore pas que le roi , notre seigneur, a fait visiter ses vastes possessions d'Amérique par le brigadier Cramer. Cet ingé- nieur célèbre a pesé les dangers que nous courons encore et indiqué les for- tifications qu'il faut opposer à l'ennemi. L'isthme de Panama est un objet de la ])lus haute importance militaire que V. E. ne doit pas perdre de vue un seul instant. Cette importance est fondée sur sa configuration géographique et sur la proximité de la Mer du Sud. Il offre trois points de défense, vers le nord , Portobelo et le fortin de San Lorenzo de Cliagre ; vers le sud, la ville de Panama. Les hauteurs qui dominent Portobelo rendent impossible une bonue fortification de la ville qui est pauvre et peu peuplée. Les ])atteries de San Fernando , de Santiago et San Geronimo me paroissent suiTisanles pour la défense du port. Le fortin de Chagre, à l'embouchure de la rivière de ce nom , est , selon moi , le point principal de l'istlmie , toujours dans la supposition la plus naturelle que l'attaque vienne du nord : cependant ni la prise de Portobelo ni celle du fortin de San Lorenzo de Chagre ne décident de la possession de l'isthme de Panama. La véritable défense de ce pays consiste dans la difficulté que trouvera toute expédition considérable à pénétrer dans l'intérieur. Sur les côtes méridionales, qui sont entièrement dë])euplées , cette difficulté existe déjà pour deux ou trois voyageurs isolés. » Après avoir discuté l'étendue de la surface , la population , les productions et le commerce des Provinces-unies de Venezuela , tant dans leur état actuel que dans leur accroissement plus ou moins éloigné, il me resteroit à parler des finances ou du revenu de l'état. Cet objet est d'une telle importance politique, qu'il renferme une des premières conditions de l'existence d'un gouvernement; mais après de longues dissentions civiles, après une guerre de treize ans qui a fait rétrograder l'agri- culture, entravé les relations de commerce, et tari les sources principales du revenu public , on ne pourroit décrire qu'un état de choses entièrement transitoire et peu conforme à la richesse naturelle du pays. Pour prendre im point de départ ' Relacion del Govierw) , Parte quarta , Cb^. III, fol. 118, 122, 120 (manuscrit). l48 LIVKE IX. plus sur, pour juger de l'état des choses lorsque la confiance et la tranquillité seront réteblies, il faut de nouveau remonter à l'époque qui a précédé la révolu- tion. De 1 793 à 1 796 , la moyenne annuelle des recettes liquides de toutes les contributions, sans y comprendre le produit de la ferme de tiibac, étoit de 1 ,426,700 piastres. En y ajoutant 58G,3oo piastres comme ])roduit net de la ferme (moyenne de la même époque), on trouve le revenu de la Capitania gênerai de Ca- racas , en décomptant les frais de recouvrement , de 2,01 3, 000 piastres. Ce revenu a été en diminuant , à cause des embarras du commerce maritime , dans les der- nières années du 18" et les premières années du 19^ siècle; mais de 1807 à 18 10 il s'éleva à plus de 2,5oo,ooo piastres (dont les douanes 1,200, 000 piast., la ferme de tabac 700,000 piast., l'alcavala de terre et de mer 400,000 j)iast.). Toutes ces recettes ont été aljsorbées ])ar les frais de l'administration; quelquefois il y a eu un surplus [sabrante fiffuido) de 200,000 j)iastres , qui a reflué dans le trésor de IMadrid ; mais les exemples de ces versemens ont été extrêmement rares. Depuis f[ue Caracas n'a plus reçu de situado de la Nouvelle-Espagne, on a été forcé de temiis en temps de puiser dans les caisses également pauvres de Santa-Fe. Le revenu brut de toutes les provinces qui forment aujourd'hui la république de Colomljia s'est élevé, d'après mes recheiches, au moment de la révolution, à un maximum de G t millions de piastres ' dont le gouvernement de la métro- pole n'a jamais tiré plus d'un douzième. J'ai fait voir, dans mon Essai politique que les colonies espagnoles en Amérique , à l'époque de la plus grande activité du commerce et des mines, ont eu un revenu brut de trente-six millions de piastres , que V administration intérieure de ces colonies en a absorbé près de vingt-neuf^ et que sept à huit millions de piastres ont seuls reflué dans le trésor royal de Madrid. D'après ces données, qui sont fondées sur des documens officiels , et dont l'exactitude n'a point été révoquée en doute depuis quinze ans, on est surpris devoir attribuer si souvent encore , dans de graves discussions d'écono- mie ])ulilique, les embarras financiers de la métropole à l'émancipation des colonies. Les impots sur les importations et les exportations sont, dans toute l'Améiique, la source princijjale du revenu j)ublic ; cette source est devenue progressivement plus abondante depuis que la cour a privé la compagnie de Guij)uzcoa du mono- pole de com merce avec le Venezuela , compagnie à laquelle , selon l'expression étrange d'une cédule royale , « tout le monde j)ouvoit prendre part sans déroger ' Don José Maria ciel Castillo , tlans son rapport au congres de Bogota (5 mai iSaS), n'évalue acluellemcut lus renias orJiiiarias qu'à 5 millions de piastres. CHAPITRE XXVI. I/^Q à la noblesse et sans perdre nihonneurni réputation. » Si l'on se rappelle que , dans ces dernières années , la seule doviane de la Havane a perçu plus de trois millions de piastres , et si l'on considère en même temps l'étendue du territoire et la richesse agricole du Venezuela, on ne sauroit douter de l'accroissement progressif que va prendre le revenu public dans cette belle partie du monde ; mais l'accom- plissement de cette espérance et de toutes celles que nous venons d'énoncer dépend du rétablissement de la paix, de la sagesse et de la stabilité des institutions. J'ai exposé dans ce Chapitre les élémens de statistique que j'ai eu occasion de réunir dans mes voyages et par mes rapports non interrompus avec les Espagnols- Américains. Historien des colonies, j'ai présenté les faits dans toute leur simplicité , car l'étude attentive et exacte de ces faits est le seul moyen ' d'écarter les conjec- tures vagues et les vaines déclamations. Cette marche circonspecte devient indis- pensable surtout , lorsqu'on doit craindre de céder trop facilement aux prestiges de l'espérance et des anncienes affections. Les sociétés naissantes ont quelque cliose qui charme comme la jeunesse ; elles en ont la fraîcheur des sentimens , la naïve confiance , et même la crédulité : elles offrent à l'imagination un spectacle ].)lus attrayant que l'humeur chagrine et la défiante austérité de ces vieux iieuples qui semlîlent avoir tout usé, leur bonheur, leur espérance et leur foi dans la perfectibilité humaine. La grande lutte pendant laquelle le Venezuela a combattu pour son indépen- dance , a duré plus de douze ans. Cette époque a été féconde , comme la ])lupart des tourmentes civiles , en héroïsme, en actions généreuses, en égaremens coupa])les des passions irritées. Le sentiment du danger commun a raffermi les liens entre des hommes de races diverses , qui , répandus dans les steppes de Cumana , ou isolés sur le plateau de Cundinamarca, ont l'organisation physique et morale aussi didërente que le climat sous lecpiel ils vivent. Plusieurs fois la métropole est rentrée dans la possession de quelques districts; mais , comme les révolutions renaissent toujours avec plus de violence lorsqu'on ne peut plus remédier aux maux qui les produisent, ces conquêtes n'ont été qu'éphémères. Pour faciliter la défense et la rendre plus énergique , on a concentré les pouvoirs et formé un vaste état depuis les bouches de rOrénoque jusqu'au-delà des Andes de Riobamba et des rives de l'Amazone. La Capitania gênerai de Caracas a été réunie à la vice-royauté de la Nouvelle-Gre- nade , dont elle n'avoit été entièrement séparée qu'en 1777. Cette réunion , qui sera l Recherches statistiques sur la ville de Paris, 1823, Introd., p. let y. 1 5o L I V R E I X. toujours indispensable pour la sûreté extérieure, cette centralisation de pouvoirs dans un pays six fois grand comme l'Espagne ont été motivées par des combinaisons politiques. La marche calme du nouveau gouvernement a justifié la sagesse de ces motifs , et le congrès trouvera moins d'entraves encore dans l'exécution de ses projets bienfaisans pour l'industrie nationale et la civilisation , à mesure qu'il pourra accorder plus de libertés aux provinces , et leur faire sentir l'avantage des institutions qu'elles ont concp-iises au prix de leur sang. Dans toutes les formes de gouvernemens déjà établis , dans les républiques comme dans les monarchies tempérées , les améliorations , j)our être salutaires , doivent être progres- sives. La Nouvelle-Andalousie , Caracas , Cundinamarco , Popayan , Quito , ne sont pas devenus des états confédérés comme la Pensylvanie , la Virginie et le Maryland. Sans Juntes ou législatures provinciales, toutes ces parties sont direc- tement soumises au congrès et au gouvernement de Colombia. D'après l'acte con- stitutionnel (art. iSa), les intendans et les gouverneurs des départemens et des provinces sont nommés par le président de la république. Il est naturel qu'une telle dé]iendance n'ait pas toujours été au profit delà liberté des communes qui tendent à discuter elles-mêmes leurs intérêts locaux, et qu'elle ait réveillé quelquefois des discussions qu'on pourroit appeler géographiques. L'ancien royaume de Quito, par exemple, tient , par les habitudes et par la langue de ses peuples montagnards , à la fois au Pérou et à la Nouvelle-Grenade, S'ilavolt une junte provinciale, s'il ne dépendoit du congrès que pour les impôts nécessaires à la défense et au bien-être général de Colombia , le sentiment d'une existence politique individuelle rendroit les habitans moins intéressés au choix du lieu où. siège le gouvernement central. Le même raisonnement s'applique à la Nouvelle-Andalousie, ou à la Guyane, qui sont régis par des intendans nommés par le Président. On peut dire que ces provinces se trouvent juscju'ici dans une position peu différente de celle des terri- toires des États-Unis, dont la population est encore au-dessous de 60,000 âmes. Des circonstances particulières qu'on ne sauroit apprécier avec justesse dans un si grand éloignement , ont rendu sans doute nécessaire une grande centralisation dans l'administration civile ; tout changement seroit dangereux aussi long-temps qu'il y a des ennemis extérieurs : mais les formes , utiles à la défense , ne sont pas toujours celles (fui favorisent suffisamment , après la lutte , les libertés individuelles et le développement de la prospérité publique. L'histoire prouve même qae cette diffi- culté , lorsqu'on n'a pas su la vaincre avec prudence , est devenue plus d une ibis recueil contre lequel se sont brisés l'enthousiasme et les affections des peuples. Sans rompre les liens qui doivent unir les différentes parties du territoire de CHAPITRE XXVI. l5l Colombia (Venezuela ^la Nouvelle-Grenade et Quito) , une vie partielle pourra se répandre peu à peu dans ce grand corps politique, uon pour le morceler, maispour en augmenter la vigueur. La puissante union de l'Amérique septentrionale est restée isolée long-temps, sans toucher à des états qui eussent des institutions analogues. Quoique , comme nous l'avons rappelé plus haut, les progrès qu'elle lait dans la direction de l'est à l'ouest soient considérablement ralentis sur la rive droite du Mississipi , elle avan- cera pourtant sans discontinuer vers les provinces internes du Mexique ; elle y trouvera un peuple européen d'une autre race , des mœurs et un culte différens. La foible population de ces provinces , appartenant à une autre fédération naissante, pourra-t-elle résister ou sera-t-elle enveloppée par le torrent de l'est et transformée en un état anglo-américain, coiume lesliabitans de la Basse-Louisiane? Un avenir très-prochain résoudra ce problème. D'un autre côté, le Mexique n'est séparé de Co- lombia que par le Guatimala , pays d'une rare fertilité qui a pris très-récemment la dénomination de république de l'Amérique centrale. Les divisions politiques entre Oaxaca et Chiapa , Costa Rica et Varagua, ne sont fondées ni sur des limites naturelles ni sur les mœurs et les langues des indigènes, mais sur la seule habitude d'une dépen- dance des chefs espagnols qui résidoient à IMexico, à Guatimala, ou à Santa-Fe de Bogota. Il paroîtroit assez naturel que le Guatimala pût joindre un jour à l'isthme de Costa-Rica les isthmes de Veragua et de Panama. Quito lie la Nouvelle-Grenade au Pérou , comme la Paz , Charcas et Polosi lient le Pérou à Buenos-Ayres. ' Les parties intermédiaires que nous venons de nommer forment , depuis Chiapa jusqu'aux Cordillères du Haut-Pérou, le passage d'une association politique à une autre, semblables à ces formes transitoires, par lesquelles s'enchaînent dans la nature les divers grou])es du règne organicpie. Dans les monarchies voisines , les provinces qui se touchent offrent, dès l'origine, ces démarcations tranchées qui sont l'effet d'une grande centralisation du pouvoir; dans les républiques confé- dérées , les états placés aux extrémités de chaque système oscillent quelque temps avant d'acquérir un équilibre stable. Il seroit presque indifférent pour les provinces entre l'Arkansas et le Rio del Norte d'envoyer leurs députés à Mexico ou à Washing- ton. Si l'Amérique espagnole montroit un jour plus uniformément cette tendance vers le fédéralisme que l'exemple des États-Unis a déjà fait naître sur plusieurs points , il résulteroit du contact de tant 'de systèmes , ou groupes d'états , des confédérations diversement graduées. Je ne fais qu'indiquer ici les rapportsqui ' "Voyez plus liant, p. 83. iSa LIVRE IX. naissent de ce singulier assemblage de colonies sur une ligne non interrom- pue de 1600 lieues de longueiu-. Aux États-Unis, nous avons vu un vieux état atlantique se partager en deux , ayant chacun une représentation différente. La séparation du Maine et du Massachusets , en 1820 , s'est faite de la manière la plus paisible. Des scissions de ce genre auront sans doute fréquemment lieu dans les colonies espagnoles ; mais il est à craindre que l'état des mœurs ne les rende plus turbulentes. Lorsqu'un peuple de race européenne incline naturellement vers l'in- dépendance provinciale et municipale , lorsque les indigènes cuivrés ont im goût également prononcé pour le morcellement politique et pour la liberté des petites communes , la meilleure forme du gouvernement est celle qui , sans lutter de front contre un penchant national , sait le rendre moins nuisible aux intérêts géné- raux et à l'imité du corps entier. Il y a plus encore; cette importance des divi- sions géographiques de l'Amérique espagnole, qui se fondent à la fois sur des rapports de position locale et sur les habitudes de plusieurs siècles , ont empêché la métropole de prévenir ou de retarder la séparation des colonies, en essayant d'établir des Infans d'Espagne dans le Nouveau-Monde. Pour gouverner des posses- sions si vastes , il auroit fallu former six à sept cen.tres de gouvernement , et cette nmltiplicité des centres (des vice-royautés et des capitaineries générales ) se seroit opposée à l'établissement des nouvelles dynasties à l'époque même où l'on devoit encore en attendre quekpie effet salutaire pour la métropole. Bacon ■ a dit, dans ses aphorismes politiques, « qu'il seroit heureux que les peu- ples pussent toujours suivre l'exemple du temps , qui est le plus grand innovateur de tous , mais qui agit avec calme , et presque sans qu'on puisse s en apercevoir. » Ce bonheur n'est pas donné aux colonies lorsqu'elles arrivent à l'époque critique de leur émancipation : il l'a été bien moins encore à l'Amérique espa- gnole, jetée dans la lutte , non d'abord pour obtenir son indépendance totale, mais pour se soustraire à une domination étrangère. Puisse un calme durable suc- céder aux agitations des partis ! Puissent les germes de la discorde civile, disséminés pendant trois siècles pour assurer la domination de la métropole, être étouffés peu à peu , et l'Europe productrice et commerçante se persuader davantage que perpétuer les agitations politiques du Nouveau-Monde, c'est s'appauvrir elle- même en diminuant la consommation de ses productions , et en se privant d'un marché qui s'élève déjà à plus de 70 millions de piastres par an ! Les exportations 1 Voyez l'article des innoyations dans Bacon , Essaya cinl and moral, n. 25, (Opéra omnia, 1730, Tom. III, p. 335). CHAPITRE XXVI. l53 de l'Amérique espagnole , des États-Unis , de la France et de la Grande-Bretagne , sont actuellement ' comme les nombies loo, io3, i4o et 3-j5. Bien des années s'écouleront sans doute avant que 17 millions d'habitans répandus sur une surface qui est d'un cinquième plus grande que l'Europe entière, soient parvenus à mi éqxiilibre stable en se gouvernant eux-mêmes. Le moment le plus critique est celui où des peuples long-temps asservis se trouvent tout à coup libres d'arranger leur existence au profit de leur prospérité. On répète sans cesse que les Espagnols-Américains ne sont pas assez avancés dans la culture pour jouir d'institutions libres. Je me souviens qu'à une époque peu éloignée on appliquoit ce même raisonnement à d'autres peuples que l'on disoit trop mûris dans la civilisation. L'expérience prouve sans doute que, chez les nations comme chez les individus, le talent et le savoir sont souvent inutiles au bonheur; mais, sans nier la nécessité d'une certaine masse de lumières et d'instruction populaire pour la stabilité des républiques ou des monar- chies constitutionnelles , nous pensons que cette stabilité dépend bien moins du degré de culture intellectuelle que de la force du caractère national , de ce mélange d'énergie et de calme , d'ardeur et de patience qui soutient et perpétue les institutions, des circonstances locales dans lesquelles un peuple est placé, enfin des rapports politiques d'un état avec les états limitrophes. Si les colonies modernes , à l'époque de leur émancipation , manifestent toutes une tendance plus ou moins prononcée pour les formes républicaines, la cause de ce phénomène ne doit point être uniquement attribuée à un principe d'imi- tation qui agit sur les masses plus encore que sur les hommes isolés; elle est fondée surtout dans la position où se trouve une société tout à coup ' J'ai fait voir, clans un autre ouvrage {Essai politique, Tom. II, p. 749), en m'arrêtant aux évaluations les plus motlérées, que déjà, en i8o5, l'Amérique espaj^nole avoit besoin d'une importation de marcliandises étran- gères de 59,000,000 de piastres; ce qui fait une valeur presque trois fois plus grande que celle qu'ofTroient les États-Unis, huit ans après que leur indépendance avoit été reconnue par la Grande- Bretague. Pour avoir en vue des nombres comparatifs, je rappelle l'état des importations et exportations de deux nations les plus com- merçantes du monde, les Anglois de l'Europe el ceux de l'Amérique. La valeur annuelle des importations de la Grande-Bretagne, de 1821 à 1823 , s'élevoit à 3o,2o3,ooo liv. st.; la valeur des exportations, à 3o,636,8oo liv. st. Aux États-Unis, les exportations étoient, en 1820, de 6i,97i,ooo dollars; les importations, de 63,586,000 dollars. A une époque antérieure, de 1802 à i8o4, les exportations étoient, année moyenne, de 68,'i6i,ooodollars; les importations, de 75,3o6,ooo dollars; d'où il résulte que les importations des Etats-Unis et de l'Amérique espagnole, immédiatement avant les agitations politiques de ce dernier pays, ont été égale- ment considérables. Il ne faut point oublier que tout ce que l'on importe dans l'Amérique espagnole y est entièrement consommé, et non réexporté. Les exportations et les importations de la France ont été, en 1821, de 404,704,000 et 394,4'i2,ooo francs. Relation liistorique , Tom. III. 20 l54 LIVRE IX. CHAPITRE XXVI. détachée d'un monde plus anciennement civilisé, libre de tout lien extérieur, composée d'individus qui ne reconnoissent pas de préj)ondérance politique dans une même caste. Des titres accordés par la mère-patrie à un très-petit noml«e de familles en Amérique n'y ont pas formé ce qu'on appelle en Europe une aristocratie nobiliaire. La liberté peut ex])irer dans Tanarchre comme par l'usur- pation éphémère de quelque cliel audacieux, mais les véritables élémens de la monarcliie ne se trouvent nulle part dans le sein des colonies modernes. Au Brésil , ils ont été importés de dehors au moment où ce vaste pays jouissoit d'une paix profonde, tandis que la métropole étoit tombée sous un joug étranger. En réfléchissant sur l'enchaînement des choses humaines , on conçoit comment l'existence des colonies modernes, ou plutôt comment la découverte d'un con- tinent à demi dépeuplé et dans lequel seul un développement si extraordinaire du système colonial a été possible , a dû faire revivre sur une grande échelle et rendre plus fréquentes les formes du gouvernement républicain. Des écrivains célèbres ont regardé les changemens que l'ordre social a subis de nos jours dans une partie considérable de l'Europe, comme un effet tardif de la réforme religieuse opérée au commencement du lô'' siècle. N'ou- blions pas que cette époque mémorable , dans laquelle des passions ardentes et le goût pour des dogmes absolus furent les écueils de la politique euro- péenne, est aussi l'épocpie de la conquête du Mexique, du Pérou et de Cundinamarca ; conquête qui , d'après les nobles expressions de l'auteur de V Esprit des lois ^ laisse à payer à la métropole une dette immense pour s'ac- quitter envers la nature humaine. De vastes provinces, ouvertes aux colons par la valeur caslillanne, furent unies par les liens commuus du langage, des mceurs et du culte. C'est ainsi que, })ar une étrange simultanéité des événemens, le règne du monarque le plus puissant et le plus absolu de l'Europe, de Charles- Quint, a préparé la lutte du 19* siècle, et jeté les fondemens de ces associations politicpies qui , à peine ébauchées , nous étonnent par leur étendue et la ten- dance uniforme de leurs principes. Si l'émancipation de l'Amérique espagnole se consolide , comme tout porte à le faire espérer jusqu'ici , un bras de mer, l'At- lantiipie , offrira , sur ces deux rives , des formes de gouvernement qui , pour être opposées, ne sont pas nécessairement ennemies. Les mêmes institutions ne peuvent être salutaires à tous les peuples des deux mondes ; la prospérité croissante d'une république n'est point un outrage aux monarchies lorsqu'elles sont gou- vernées avec sagesse et avec respect pour les lois et jiour les libertés publiques. NOTES. i55 NOTES DU LIVRE IX. Note A. Comme je me suis proposé de réunir dans cet ouvrage tout ce (|ui peut répandre quelque jour sur l'histoire des deu\ Amériques , je vais rapporter succinctement les résultats des recherches les plus récentes sur les lignes de fortificatious et le» tumuhts trouvés entre les Rochy-Mountains et la chaîne des AUeghanis. Les fortifications occupent principalement le terrain compris entre les grands lacs du Canada, le Mississipi et rOhio, depuis les 44° jusqu'aux Sg" de latitude. Celles qui avancent le plus vers le nord-est, se trouvent sur le Black-River, un des afiluens du lac Ontario. Si de là ou se porte vers l'ouest, on découvre d'abord des monumens épars et peu considérables dans le comté de Genesee; mais, plus loin, ils augmentent en nombre et en grandeur, à mesure qu'on avance vers les bords de Cataraugus-Creek. De ce Creek , à l'ouest et au sud-ouest, ils se suivent sans interruption sur une longueur de 5o milles. Les fortifications anciennes les plus remarquables dans l'état de l'Ohio sont: i" Neviark (Licking County ). In octogone très-régulier renfermant une area de 32 arpens , et tenant à une circonvallation circulaire de 16 arpens. Les huit grandes portes de l'octogone sont défendues par huit ouvrages particuliers opposés à chacune des ouvertures. 2° Perry County. De nombreux, murs, non en torchis, mais en pierre. 3" Marietta. Deux grands carrés avec douze portes; les murs de terre ont 21 pieds de haut et 42 pieds de base. 4° Circleville. Un carré avec huit portes et huit petits ouvrages pour la défense de ces portes, tenant à un fortin circulaire entom-é de deux murs et d'un fossé. 5° Paint-Creek, au confluent du Scioto et de l'Ohio. Les fortifications sont en partie irrégulières; l'une d'elles contient 62 arpens. 6" Portsmouth , vis-à-vis Alexandria. De grandes ruines , disposées sur des lignes parallèles, annoncent qu'il y avoit anciennement une nombreuse population dans cet ehdroit. 7° Petit Miami et Cincinnati. Un mur de 7 pieds de haut et G3oo toises de long; il va du Grand au Petit Scioto. [Journ. dugènéral C Union ; JVestern GazeUeer , p. loH; IVarden, Description des Etats-Unis ^Tom. YV , p. 137; JVeekly Recorder ofthe OMo , Vol. II , n" 4i , p. 324 ; Med. Repos. , Vol. XV, p. 147 ; New Séries of thc Med. Reposil. Vol. III , p. 187; Harris's Tour ^ p. «49; Drake's Picture of Cincinnati, p. aoli; Mease'a Geolug. Account ofthe United States ,^. 4/8; Caleb Atwater, Aa^mV Jrchœologia Americana , or Transac- tions of the American A nliquarian Society of îVorcester, Massachusetts j 1820, p. 122, i4i, 147.) Tous les fortins carrés sont aussi exactement orientés que les pyramides égyptiennes et mexicaines; lorsque le.f fortins n'ont qu'une seule ouverture, elle est dirigée vers le soleil levant. Les murs de ces lignes de forti- lications sont le plus souvent de terre : mais à 2 milles de Chillicothc, dans l'état de l'Ohio, on trouve une muraille, construite en pierres, de 12 à i5 pieds de haut et de 5à 8 d'épaisseur, formant un enclos deSoarpens. On ne sait pas encore assez exactement jusqu'où ces ouvrages s'étendent à l'ouest, le long du cours du Missouri et de la rivière La Plattc; mais, de même ([u'on ne les trouve pas au nord des lacs Ontario, Erié et Michigan, elles ne dépassent pas non plus la chaîne des AUeghanis. On doit regarder, comme une exception très-remai^ quablo, quelques circo-ivallations (pie l'on a découvertes à l'est de celte chaîne sur les bords du Chenango, près d'Oxford, dans l'état do INcw-York. 11 ne faut pas confondre avec ces monumens militaires les tertres ou tuhiulus qui renferment des miUicis de squelettes d'une race d'hommes trapus et qui avoient à peine 5 pieds de haut. Ces tertres augmentent en uond)rc du nord vers le sud : les plus élevés sont près de 'Wbeeling et Grave-Creek (diam. 3oo pieds , haut. 1 00 pieds) ; près de Saiut-Louis , sur le Cahokia-Creek (diam. 800 jileds , l56 NOTES. haut, loo pieds ); près de New-Madrid ( diani. 35o pieds ); près de Washington, dans l'état de Mississlpi et près de Harrisonto-» n. ^I. liraclenridge croit qu'il peut y avoir près de 3ooo lumulus de 20 à lOO pieds de hauteur, entre les emhouchurcs de rOiiio, de l'IUinois, du Missoury et du Rio San-Francisco , et qu'ib indiquent, par le nombre des squelettes qu'ils renferment, combien jadis étoit considéraljle la population de ces contrées. Ces monumens, que l'on regarde comme des lieux de sépulture de grandes communes, sont le plus souvent placés au confluent des rivières, sur les points les plus favorables au commerce. La base des tumalus est ronde ou de forme ovale : Ils sont généralement coniques , quelquefois aplatis au sommet, comme pour servir aux sacrifices ou à d'autres cérémonies qui doivent être vues par une grande masse de peuple à la fois. ( Voyeï mes J^iies des Cordillères j p. 35.) Près de Poiut-Creek et de Saint-Louis, il y en a de deux et trois étages, et qui rappellent par leur forme les teocallis mexicains et les pyramides à gradins de l'Egypte et de l'Asie occidentale. Les tumuhis sont construits partie en terre et partie en pierres {Stone-Muunds) jetées les unes sur les autres. On y à trouvé des haches, de la faïence peinte, des vases etornemens de cuivre, un peu de fer, de l'argent en plaques (près de Marietta), et peut-être de l'or (près Chillicotbe). Quelques-uns de ces tertres, qui n'ont que quelques pieds de hauteur , sont placés tantôt au centre , tantôt dans le voisinage des circonvallations circulaires : ils ressemblent aux cerritos hechos a mono, que, dans le royaume de Quito, près de Cayanibc, on appelle adoratorios de ios Indios antiguos ; c'étoient , ou des tribunes pour haranguer le peuple assemblé, ou des lieux de sacrifices. Quelquefois, lorsqu'ils ont de 20 à 25 pieds de haut, on peut les considérer comme des espèces d'observatoires destinés à découvrir les mouvemens d'un ennemi voisin. (^Arch. Amer., Tom. I , p. i85 , 189 , 246, 210, 168, 178. ) Les grands tumulus, de 80 à i5o pieds de haut, sont le plus souvent isolés; d'autres fois aussi ils semblent du même âge que les fortifications auxquelles on les trouve liés. Ces dernières méritent une attention particulière : je ne connois nuUe part quelque chose qui leur ressemble , soit dans l'Amérique méridionale , soit dans l'ancien continent. La régularité des formes polygones et circulaires , les petits ouvrages destinés à couvrir les portes de l'enceinte sont surtout très-remarquaUes. On ignore si ce sont des enclos de propriétés , ou des murs de défense contre des peuples ennemis ( Relal. histor. , Tom. I, p. 85.), ou des camperaens retranchés, comme dans l'Asie centrale. L'usage de sépai-er par des circonvallations les différens quartiers d'une viUe se trouvoit également dans l'ancien Tenochtitlan et dans la ville péruvienne du Chimu , dont j'ai examiné les ruines, entre Truxillo et les côtes de la IMer du Sud. [Essai potuique ^ Tom. I, p. 191.) Les tumulus sont des constructions moins carac- tér'istiques , et ils peuvent être dus à des peuples qui n'ont eu aucune communication entre eux ; aussi les deux Amériques, le nord de l'Asie et tout l'est de l'Europe en sont couverts. On assure que les Omaw- haws de la rivière Flatte en construisent encore. Par les crânes que renferment les tumulus des Etats-Unis, ces monumens ollrent un moyen presque sûr de reconnoître à quel degré la race d'hommes qui les a élevés différoit de la race d'Indiens qui habitent aujourd'hui ces mêmes contrées. M. Mittchill croit que les squelettes des cavernes du Kentucky et du Tennesee « appartiennent à des Malays qui sont venus par l'Océan- Pacifique sur les côtes occidentales de l'Amérique, et qui ont été détruits par les ancêtres des Indiens d'aujourd'hui, qui étoient de race tatare (mongole?).» Quant aux tumulus et aux fortifications , le même savant suppose , avec M. De Witt Clinton , que ces monumens sont l'ouvrage des peuples Scandinaves qui , depuis le xi" jusqu'au xiv" siècle , ont visité les côtes du Groenland, Terre-Neuve ou le Vinland, Drogeo, et une partie du continent de l'Amérique du nord [Vues des Cordillères j Tom. I, p. 85). Si cette hypothèse étoit fondée, les crânes trouvés dans les lumulus ^ et dont M. Atwater , à Circleville , possède un si grand nombre, devroienl appartenir non à la race américaine, non auï races tatare-mongole et malaye , mais à la race vulgairement appelée caucasienne. La gravure de ces crânes, donnée dans les Mémoires de la Société de Massachusetts, est trop imparfaite pour décider une ques- tion historique si digne d'occuper les ostéologues des deux continens. Il faut espérer que les savans distingués dont s'honorent aujourd'hui les Etats-Unis, se hâteront de faire passer en Europe les squelettes des tumulun et ceux des cavernes, pour les comparer entre eux avec les habitans actuels de race indigène et avec les NOTES. l57 individus de races malaye, mongole (tatare) et caucasienne que renferment les grandes collections de MM. Cuvier, Sômraering et Blumenbach. Pour avancer dans ce genre de recherches, si importantes pour l'his- toire de l'espèce humaine, l'attention doit être portée, ce me semble, sur trois points principaux; savoir : i''sur les comparaisons ostéologiques , qui ne peuvent se faire avec succès d'après des dessins, des descriptions, ou le simple témoignage des voyageurs. Il faut comparer les crânes des anciens hahitans ( de cette race que l'on croit éteinte), avec les crânes des différentes variétés de l'espèce humaine, et ne p.is oublier, dans cette comparaison, que, parmi les indigènes actuels du Nouveau-Continent, quelques tribus offrent aussi des variétés de conformation très-remarquables. Il suffit de citer , dans le nord , les Esquimaux- Tchougazes, dont les enfans naissent tout blancs; plus au sud, les Chepewyans , les Panis (Apaches) et les Sioux, trois peuples que, d'après leurs traditions et leur aspect, Mackenzie, Pike et Lewis considèrent comme venus d'Asie et comme fortement mongolisés [Mackenzie^ voy. Tora. I, p. 2/5, tom. III, p. 342; Pike, p. 274; Lewis et Clark, p. i46). 2° Sur les rapports de construction ou de position géogra- phique que l'on observe entre les monumens des Etats-Unis , des rives de l'Ohio et du Wissoury , et les monumens mexicains du Gila et de Nabajoa. Le pays compris entre les 7>3° et 41° de latitude (dans le parallèle des embouchures de l'Arkansas et du Missoury), est regardé, d'après les historiens aztèques, comme l'ancienne demeure des peuples civilisés d'Anahuac. Ces historiens placent la première station des Mexicains, dans le cours de leur migration du nord au sud, sur les bords des lacs (fabuleux?) de Teguayo et des Timpanogos ; la seconde station est marquée par les ruines des Casas-Grandes du Rio Gila, que le Pères Garces et Font ont décrits d'une manière détaillée [Essai politique _, Tom. 1, p. 298, et dans mon Allas du Mexique, les cartes i et 11). Ces édifices, qui occupent une lieue carrée, sont exactement orientés d'après les quatre points cardinaux ; ils sont, comme l'ancien Charachorin , la capitale des Mongols , entourés de lignes de fortifications. On reconnoît les vestiges de grosses tours qui se trouvoient liées par des murs construits en torchis (Ce système de défense rappelle les monumens militaires des États-Unis: il y a cependant des Casas-Grandes sur le Rio Gila aux fortifications anciennes de Black-River , affluent du lac Ontario, plus de 600 lieues de distance). 3° Sur les traditions et l'état moral des peuples qui habitent le pays entre la rive droite du Mississipi et les côtes de l'Océan - Pacifique. Lorsqu'on se porte de la Haute-Louisiane vers le Rio Colombia , on voit la civilisation augmenter progressivement à l'ouest des Montagnes Rocheuses qui se joignent , par la Sierra Verde et la Sierra de las GruUas , aux Andes mexicaines d'Anahuac. [ Brackenridge , Vews of Louisiana , p. lyS. Mac- Culloch , Researc?tes on America, -p. 2o3.) Dans le Moqui , traversé par le Rio Yaquesila , les Pères du Collège séraphique de Queretaro ont encore trouvé, en 1773, une ville indienne fortement peuplée, avec deux places publiques, des mai- sons à plusieurs étages , comme aux Casas-Grandes , et des rues parallèles entre elles. Les indigènes de ces contrées, près desquelles on place lu première station des peuples mexicains, ont de longues barbes, comme les Ainos ( habitans de Tarakai ) de l'Asie orientale : ce sont les Yaliipais , dont la langue diffère essentiellement de celle des Aztèques. Cette analogie de construction chez les haliitans actuels et les habitans anciens, quelque supériorité qu'aient eue ces derniers dans leur civilisation, est un phénomène très-curieux. Je n'ignore pas combien peu de confiance méritent les relations de Fray Marcos de Niza: mais on nesauroit révoquer en doute qu'au milieu du xvi° siècle, il s'étoit encore conservé un petit centre de civilisation dans les régions situées au nord du Nouveau-Mexique, à Cibora et à Quivira. Lorsqu'un jour des voyageurs instruits auront entièrement exploré les plaines entre les sources du Rio Colorado et du Rio Colomljia, plaines qui ont été parcourues en partie (1777) par le Père Escalante, il sera important de comparer l'état actuel du pays, et surtout les noms des sites, avec les journaux de route assez détaillés que nous possédons de l'expédition de Francisco Vasquez de Cornado ( 1 54o ). On est frappé des désinences étranges que les historiens espagnols donnent aux noms des lieux et des hommes dans ce Dorado mexicain ( Harac, Tiuhex , Cicuic, Acuc , Huex , Tutonteac , et le nom de ce roi Tatarax , Sefior de las siete ciudades, dont on faisoit une espèce de Prêtre- Jean : « Hombre barbudo, que rezava en oras, que adorava una cruz de oro, y una imagen de nauger, Senora del ciclo.» Gomara, Hist. de las Indias, i553, fol. ex vu ; l58 NOTES. Herera Decad. vi, p. iS/, 2o4; Laetj p. 297-3o4; Viaje al Estrecho de Fuca, p. 27 j Essai polit. , Tom. I, p. 3o5, 3iO; ^«es des Cordillères et Monumens _,Tom. I, p. Zoj , 3i8; Relal. hist. Tom. II, p. 708.) Les Conquistadores plaçoient, bien vaguement sans doute, Cibora (d'après le nom des bisons, cibolas^ ou vaches à bosse et à long poil, vacas corcobadas ), par les 30» ~; Quivira , par les 4o° de latitude. En lisant avec attention les premiers historiens espagnols , on devroit croire que les deux pays se trouvent situés à l'ouest des Montagnes Rocheuses; mais Cornado dit très-clairement qu'en allant au nord, on trouve, jusqu'à Cibola, que les rivières coulent vers l'ouest; au-delà de Cibola (donn à Quivira même), vers l'est. Cependant, dans toutes ces expéditions entreprises vers le nord, il n'est nulle part question d'un passage à travers les montagnes. Quivira est dépeint comme une immense plaine dans laquelle on a de la peine à s'orienter. Quelque opinion que l'on se forme de l'abaissement rapide des mon- tagnes au nord du Nouveau - Mexique, il est difficile de se figurer, entre les Rocky-Mountains et la Sierra Yerde , un point de partage des eaux , des divortia aquarum^ situés dans une plaine. Fran- cisco Vasquez de Cornado, dans sa lettre au vice-roi, se plaint des mensonges du moine Marcos de Niza: pour justifier son retour, il cherche à dcpeinch-e le pays qu'il vient de parcourir, comme pauvre et sauvage; cependant il est tellement frappé de la grandeur des édifices à plusieurs étages, construits en pierres et en torchis, à Cibora et à Quivira, qu'il douie que les indigènes qu'il dit être intelligens , mais peu industrieux, les aient pu construire eux-mêmes. Ce témoignage d'un homme qui paroit très-véri- dique est bien digne d'attention : indique-t-il un peuple retombé dans la barbarie et qui avoit conservé quelque connoissance des arts niécani (Gomara, fol. xxii; Herera, Dec. Il, p. 269 ; Lœt, p. 96.) Les voyageurs du 16" siècle qui avolent, comme les voyageurs modernes, la manie de tout expliquer, croyoienf 'I que les Indiens de Chicora se ramollissolent les os en prenant des jus d'herbes, et qu'ils s'alongeoient les membres à force de les tirer de temps en temps, " Quant ii l'origine asiatique (araméetine) des Caribes, nous n'en parlerons pas plus que des monnoies phéniciennes et romaines que l'on assure avoir trouvées aux Ktats-Unis. On a prétendu que les dernières étoient du 111° siècle, et qu'elles avoient été découvertes dans une caverne près Nashville; mais on sait aujourd'hui [Archœologin , Tom. I, p. 119) qu'elles ont été enfouies, soit par supercherie, soit accidentellement, avec de l'argent anglois, par des colons européens! Les monnoies carthaginoises de la Louisiane méritent d'être placées à côté des prétendues Inscriptions de Dlghton , trouvées dans la baie de Narangaset, sur lesquelles Court de Gebelln a fondé de si absurdes hypothèses ! ( fîtes des Cordillères , Tom. I , p. Co. ) Est-ou bien sûr que la belle coquille d(; 9 pouces de long et 7 pouces de large, récemment découverte dans un tuiiiulus près de Cincinnati , est identique avec le Cassis cornutus de l'archipel des îles d'Asie? {Longs Expcd., Tom. I , p. 64.) Ce seroit une découverte bien extraordinaire. Note B. Pour faciliter la comparaison des nouvelles associations politiques formées dans le Nouveau-Continent avec les anciens états de l'Europe, je donne ici un Tableau des surfaces et des populations. On a rangé les divers pays d'après leur étendue , qui est l'élément le moins variable de la statistique. Chaque nombre a été l'objet d'une discussion pai-ticulière , et j'ai consulté tous les ouvrages statistiques dont j'ai pu avoir connoissance. Lorsque les évaluations A'arca diflëroient considérablement, j'ai calculé de nouveau les surfaces d'après les meilleures cartes. L'area de la Péninsule Ibérlenne, par exemple, est évaluée à i8,i55 1. c., et non, comme le veut M. Autlllon, à 1 8,443 1. c. L'Espagne qu'on croyoit autrefois de 16,094 ou de 1 5,863 1. c. n'en a que i5,oo5. [Principios de Geografia, p. i."5. Elementos de la Geogr. de Espaiia, i8i5, p. i4i , i43.) PoiirVarea du Portugal (3i5o l.c), j'ai suivi le calcul du colonel Franzinl [Balhi , Essai statist. sur 'e Portugal, Tom, 1 , p. 67). Les populations de mon tableau se rapportent à peu près aux années 1820 et 1822. Celle de la France se fonde sur le recensement de 1820, tel que l'a publié M. Coquebert de JVIontbret, y compris l'armée. La population de l'Angleterre est conforme au dénombrement de 1821. (Voyez Rickmayi , Ennmcratioit oj Parish Registers , 1822, p. xxxui et xxxv.) Quant ii la population et à Yarea de l'Egypte, elles sont dues à des recherches inédites de M. Jomard. i64 NOTES. COMPARAISON DES GRANDES DIVISIONS POLITIQUES rangées d'après l'ordre de leurs grandeurs resïectives. AMâBiQOBj depuis le Cap de Hora jusqu'au parallèle de Melvillc's Sound et du cap Barrow (y compris les Antilles et Terre-Neuve) Population, 54)384,000. Par lieue carrée marine , 39. EuprRB BCSSB ., Population, 54 millions. Par 1. c, 87. (Demi-surface de la Lune, 614,768 1. c. ). Amériqcb sept8ktbio:ialb, depuis l'extrémité sud-est de l'isthme de Panama jusqu'à 68° de lat. bur. (la seule partie continentale, sans les îles Antilles) Population, iy,65o,ooo. Par I. c. , 52. Ah^biqdb uÉBiDioNALS, BU sud de l'isthme de Panama (sans les îles Antilles) Population, i3,i6t,ooo. Par 1. c. , 31. RcssiB d'Asib , en prenant pour limite occidentale le Kara , les Monts Oural et le Jâik. Population , a millions. Par I. c. , 4 EupiBE cBinois, y compris les nouvelles possessions occidentales de Tascbkent , Kokan et Kogend Population, 175 millions. Par 1. c. 377. Amébiqcb ESPicnOLB, y compris les îles Population, 16,785,000. Pari, c, 45. EcBOPB jusqu'à l'Oural • Population , 196 millions. Par 1. c. , 659. AuÉBIQOB POBTUGAISB ( Bfésil ) 3. Population, 4 millions. Far 1. c, i5. PossBSSicvs ARGLOisBS DANS l'Ahëbiqdb sbptbntbioralb , dout Ics coutrécs , entièrement sauvages (le Labrador, la Nouvelle-Galle du nord et la Nouvelle-Galle du sud) forment { ou 167,000 lieues carrées marines Population, 6a, 000 sans les Indiens iodépendans. États-Ukis , des eûtes de l'.\tlantique jusqu'à celles de l'Océan-Pacifique Population, 10,330,000. Par I. c. , 58. BcssiB d'Eibopb jusqu'à l'Oural (y compris la Pologne et la Finlande) Population , 5 a millions. Par 1. c. , 545. Cbibb proprement dite Population, i5o millions. Far 1. c. , 1173. Bcb:ios-Aybbs • .■ Population, a,3oo,ooo. Pari. c. , 18. F^niiisCLB db l*1.>db (Uindostan) dont Inde britannique (avec les pays protégés), 90,100 1. c. Fopnl. , 7? mill. Inde indépendante, 19,100 1. c. Popol. , 38 mill. Population totale, 101 millions. Pari, c, 936. ExATS-Uifis A l'oubst Du MlSSISSlPI Population , 816,000; avec les Indiens, 376,000. Par 1. c. , 4. NOUVBLLE-ESPAGIVB AVEC GcATIHALA Population, 8,4oo,ooo. Pari, c, 95. CoLouBiA (l'ancienne vice-royauté de la Nouvelle-Grenade avec la Capitania gênerai de Caracas) Population, 2,786,000. Par 1. c. , 3o. Êtats-Uhis , À. l'est od Mississipi Population, 9,404,000. Par I. c, 121. Nouvellb-Gbenadb ( avec Quito) Population, 2 millions. Par I. c. , 34. UECES MARINES carrées (de 20 au degré). 1,186,930 616,000 607,357 571,300 465,600 463,300 371,400 3o4,70o 357,000 305,000 i74i3oo iSo4oo 128,000 I 36,800 109,300 96,600 93,600 93,000 77.700 58,a5o NOTES. i65 COMPARAISON DES GRANDES DIVISIONS POLITIQUES rangées d'après L'oncnE de leurs grandeurs respectives. EuPlRB BBITiNIflQCR 0A1T3 l'IrDB Population, 73 millions. Pari, c, 810. ^. Possessions de la Compagnie (les trois Présidences avec les provinces nouvelle- ment conquises). Area^ 49>?oo 1. c. Population, 55- millions. Par 1. c, 1128. I- . Pays placés sous la protection de la Compagnie (le Nizan^.le Rajab de Mysore, d'Oude, de Nagpur, etc.) Area , 40,900. Population ,177 millions. Par 1. c. , 428. PiaoD Population, i,4oo,oao. Pari, c, 54. SoÈDE ET NOBVVÈGB Population , 3,55o,ooo. Par 1. c. , 90. Verbzobla (l'ancienne Capitanla gênerai] Population, j85,ooo. Par I. c. 23. Les i5 États atlartiqdes des Etats-Unis d'Amérique Entre les limites extrêmes de la Géorgie et du Maine ( par conséquent sans les Florides), mais des deux côtés des Allegbanys. Population, 7,421,000. Pari, c, 24^. MoifABCHlE AUTHICaiEKnE Population, 29 millions. Par I. c. , i324. Alleu ACnE 8 Population, 3o ^ millions. Par 1. c. , 14^2. Pénihsdlb iBiiaiEnnB (Espagne et Portugal) Population, 14,619,000. Parl.c.,8o5. Fbahcb avec la Corse Population, 3o,6i6,ooo. Pari, c, 1790. Espagne Population, 1 1^446,000. Par 1. c. , 763. Chili , , , , Population, 1,100,000. Par 1. c. , 76. Italie Population, 20, 160,000. Par 1. c. , 1967. Iles Britanniques Population, 21,200,800. Par I. c. ,3iao. a. Angleterreavecla P. de Galles, yiren , 484o 1. c. Pop. , ia,2i8,5oo. Par 1. c. , a524. ^. Ecosse avec ses îles. Area, 2470 I. c. Pop., 3,i35,3oo. Par 1. c. , 864. ». Irlande. Area , 2690 1. c. Pop. , 6,847,000. Par 1. c. , lii^S. M0NABCH1B PRUSSIENNE Population, 11,663,000. Par l, c. , i3ii. Archipel des Antilles Population , a 7 millions. Par 1. c. , 3oi. Etat de Vibcinie Population, 1,065,000. Par 1. c, 197. Province db Cahacas (avec Coro) Population, 4ao,ooo. Pari, c, 4o. Angletbbbe Population, i3,2i8,5oo. Par 1. c. , 2524. Etat db Pehsylvanib Population, i,o49,5oo. Farl. c, 269. Intendance de Mexico , , Population, 1,770,000. Par l. c. , 465. LŒUES MARINES carrées (de 20 an degré). 90,100 4 1,400 39,100 33,700 30,900 31,900 ai,3oo i8,i5o 17,100 i5,ooo i4,3oo io,a4o 8,900 8,3oo S,4oo 5,200 4,84o 3,900 3,800 i66 NOTES. COMPARAISONS DES GRANDES DIVISIONS POLITIQUES rangées d'après l'ordre de leurs grandeurs respectives. FOBIUCAI FopuUtioD , 5,173,00a. Par I. c. , 1007. ScJIttSE Population, 1,940,000. Par!, c, 1175. Egypte En ne comprenant sous ce nom que le pays qui leçoit ou a reçu les eaux du Nil. L'espace entre la Mer Rouge et les Oasis Libyques comprend 1 1,000 I. c. marines , mais l ne forment qu'un désert. Population, 3,489,000. Parl.c, 1777 (dans la seule partie cultivée). La Galice (province d'Espagne) Population, i,4oo,ooo. Par L c. , io55. Royaume d*.\bagon Population , 660,000. Par 1. c. , 557. Hollande ( l'ancienne république ) Population, 2,100,000. Parl.c, i33o. Royaume de Valercb Population, i,aoo,ooo. Par 1. c, 1S74. DéPABTEUENT DE LA ChABENTE , Population, 347,000. Parl.c, i865. Ce département et celui de la Meurthe offrent à la fois la graadeur moyenne et la population moyenne d'un département de la France. LIEUES MARINES carrées (de 20 au degré). 3, i5o i,55() i,4oo i,65o l,23o 900 64o 18G L'évaluation de Varea de l'Amérique entière se fonde sur le calcul suivant ; J''ai trouvé, en traçant des triangles siu- des cartes à très-grandes éclielles, I. Amérique méridionale , sans y comprendre l'bthme de Panama 571,290 lieues carrées. Colombia (sans Veragua et sans l'isthme) 89,344 1. c. Pérou, Chili et Buenos-Ayres ensemble i82,43o Brésil a56,g90 Guyanes angloise, hollandoise et Françoise 1 1 ,32o Terres palagoniques , au sud du Rio Negro 3i,2o6 57ij'.290 II. Isthme de Panama et province de Veragua 2,600 III. Guatimala et Nouvelle-Espagne ensem])le 92,670 IV. Le pays presque désert qui ne se trouve point compris dans le territoire réclamé jusqu'ici par le gouvernement des États-Unis et par celui de la Nouvelle-Espagne, savoir 1" à l'ouest du Rio del Norte, entre le Nou- veau-Mexique, la Sonora et la Nouvelle-Californie, de 35° à 42° de laL hor., depuis le port de San Francisco jusqu'au cap San Sébastian , une surface de 41,162 1. c, arrosée par le Rio Colorado; 2° à l'est du Rio del Norte, entre le Nouveau-Mexique , les intendances de Durango et de San Luis Polosi, le territoire d'Arkansas et l'État du Missouri, une surface de 2o,32o 1. c 61,482 NOTES. 167 V. Territoire des Etats-Unis 1 74,000 VJ. l'ous ce qui se trouve entre la limite septentrionale des Etats-Unis et le parallèle de 68° qui passe (d'après les découvertes récentes du capitaine Franklin ) , au sud de l'archipel du Duc-de-York, par les caps Mackenzie, Barrow et Croker. Cet immense terrain comprend les possessions angloises , le Labra- dor, le pays des Chipeways et l'Amérique russe (en excluant le Grœnland , West Main, au-delà du parallèle de 68°, et l'île de Cumberlaud) ^76,385 ^ II. Amérique insulaire, d'après les calculs de M. de Lindenau et les cartes du Deposito liidrografico de Madrid {Zach's Monatl. Corresp. , 1817, Dec.) . . . 8,3o3 Total. 1,186,930 Il résulte de ces données : t^mérique septentrionale , au nord del'extrémité sud-est de l'isthme de Panama. 607,337 lieues mar. c. Population, ig,65o,ooo. Archipel des Antilles 8,3o3 Population, 3,473,000. Amérique méridionale , au sud de l'extrémité sud-est de l'isthme de Panama. . 671,290 Population, 12,161,000. 1,186,930 .Si nous comparons ces nombres à ceux qu'offrent les ouvrages de statistiques les plus récens et les plus estimés, nous trouvons, en réduisant uniformément les milles anglois et les lieues géographiques à des lieues marines carrées de 20 au degré, Varea totale de l'Amérique avec le Grœnland , d'après M. Morse [A new System o/Geography, 1822, p. 5i), de i,i84,8ool. c; et d'après M. Balbi(Co7w- pendio di Geograjiauniversale, 1819, p.3o8),de 1,327,000 I. c. L'Amérique,àpeu près jusqu'au parallèle de G8°, comprend , d'après M. Hassel {Gaspari ,Hassel itnd Camuibich, Folht- Erdbeschreibung, 1822, B. 16), 1,072,026 Le; savoir : Amérique septentrionale 539,453 I. c. insulaire 8,0 1 8 méridionale 524,555 1,072,026 Comme M, Ilassel a publié les détails de son calcul, il est assez facile de reconnoître quelles sont les parties continentales qui, dans ses évaluations, difiêrent considérablement de celles que j'ai pu faire d'après une connoissance plus intime des limites et sur des cartes rectifiées d'après un plus grand nombre d'observations astronomiques. D.ins l'Amérique septentrionale on a oublié de mettre en ligne de compte un espace de 61,000 1. c. renfermé entre les parallèles de 35° et 42°, et qui n'est pas compris jusqu'ici dans les territoires du Mexique et des États-Unis. Dans l'Amérique méridionale, Varea de Buenos-Ayres , du Pérou et du Brésil a éié évaluée de 32ooo -|- 3ooo H- 77000— 1 12,000 1. c. trop petite; l'arm de Colombia et du Chili , de 58ooo + 5ooo = 63,ooo trop grande. En appliquant ces corrections, M. Hassel trouveroit, pour l'Amé- rique septentrionale, 601,000 I. c. ; pour l'Amérique méridionale, 673,000, et pour tout le Nouveau- Continent avec les Antilles, presque comme moi, 1,182,000 1. c. de 20 au degré. La répartition des colonies espagnoles ou, pour parler avec plus de précision , des pays habités et gouvernés par les Espagnols-Américains, au nord et au sud de l'équateur , est comme il suit : I 68 3N- O T E s. Sur le continent de l'Amérique septentrionale, y compris l'isthme de Panama. 95,170 lieues carrées Population, 8,48o,ooo. Dans l'archipel des Antilies i,i3o Populatio n j 800,000. Sur le continent de l'Amérique méridionale 271,780 Population, 7,5o5,ooo. 371,380 Ces trois groupes donnent ensemhle une population de 16,785,000. {Voyez plus haut, p. 64 et 72.) On a tellement exagéré jusqu'ici la grandeur de Varea qu'occupent les colonies espagnoles[, que le père Molina donne au Chili 42,000 au lieu de i^h,3oo\ie\ies caTréesmarmei {Saggio sulla Storia7iat. del Chili, 1810, p. i). Mais aussi, dans sa carte, Molina élargit de la manière la plus arbitraire de 60 lieues la basse région du Chili. La surface del'Indostan et celle de ses divisions politiques ont été calculées par M. Mathieu et par moi avec le plus grand soin, d'après la carte qui porte pour titre : New improved map 0/ India 1822 by Allen , Black, Kingshury and Parbury . Nous avons trouvé logjigolieues marines carrées ou i,3o7, 180 milles anglois carrés, en assignant à la péninsule de l'Inde les limites suivantes : L'embouchure de l'Indus et son cours jusqu'à 35° 20' de lat. au N.O. de Cachemire ; la chaîne de l'Himalaya la plus rapprochée du lac Manassarovar jus- qu'à la rivière Tistah; le Burampoutcr, à 91" de longitude; la Mer du Bengal, au sud de l'ile Mascal et à l'est de la rivière Sankar. Je suis surpris de voir que M. Hamilton doune à toute la péninsule 1,020,000 milles carré.» anglois ou 85, 120 1. c. marines, évaluation de plus de \ trop petite. Les résultats de Plaifair, que j'ai suivies dans mon ouvrage sur le Mexique , ceux de MM. Balbi , Tempelman et Hassel (i 62,827 1. c. de 26 au degré ; 62,500 1. c. géographiques; 69,760!. c. géogr. ; 73,A6o 1. c. g.), approchent assez du résultat auquel je m'arrête. Voici les données partielles d'après la carte d'Allen: \. Territoire anglois, les Présidences, 49,22! lieues carrées marines; IL Pays sous la dépendance de la Compagnie (états tributaires, subsidiaires et protégés): Rajah de Mysore, 2635 1. c; le Nizam, 8126; Rajah de Nagpoor, 593 1 ; Holkar, 1992; Oude, 2o52; Gyk-war, 34i8; Rajpoots, 9482;Seiks, i3oo; chefs de Bundelkund, 1229; Bopaul , 4g4 ; Sitarra, 1 185; Travencore, 658; Sindia, 2398 : ensemble 40,900 lieues carrées. III. Etats indépendims : Lahore et Seiks, 10,935; Sinde, 3643; Népal, 4335; Goa, Pondichéry, Chandernagor, Mahé, Tranquebar, Palicote, etc., i53 : ensemble ig,o66 lieues carrées. Total, y compris l'île de Ceylan, 109,190 I. c. La population de l'Angleterre étoit, d'après le recensement de 1377, de 2,3oo,ooo. La ville de Londres n'avoit alors que 35,ooo. {Lowe , Présent state 0/ England Ap., p. m.) Voici, d'après M. Cleland, l'accrois - sèment de la population de la Grande-Bretagne depuis vingt ans : en 1801 , la population s'élevoit à io,9'»2,642; en i8ii, à 12,596,803; en 1821 , à i4,353,8oo. En évaluant la population de l'Empire russe avec la Pologne à 54 millions, j'ai compté 2 millions pour la seule partie asiatique. Des renseignemens officiels (Pefcrsi«gi?r ZeifacAnyï, \%-25, juin, p. 29 '») donnent à la Sibérie 1,606,195 (savoir : Tobolsk, 572,471 ; Tomsk, 34o,ooo; Jeniseisk, i35,ooo; Irkutsk, 4oo,5oo; Jakutsk , i47,oi5; Ochotsk , 6/03, et Kamtschatka, 45o6 ). J'ajoute, pour les parties situées à l'est des Monts -Oural, c'est-à-dire pour j du gouvernement de Permc , y du gouvernement d'Orenbourg et les Kirgises, aux 1,606,195 habitans de la Sil)érie proprement dite, encore 45o,ooo. D'après la grande Géographie impériale de la Chine, le nombre des taillables s'élevoit, en 1790, à i43 millions. M. de Klaprolh pense que l'on peut ajouter 700,000 pour l'armée et les exempts de taille, de sorte que la Chine proprement dite, avec le Liao-toung, renferme vraisemblablement i5o millions. Pour la Tartarie (à l'exception du Tibet et de la Corée) , on peut compter 6 millions. NOTES. 169 Note C. Comme tout ce qui a rapport aux restes de la population indigène est d'un grand intérêt pour les amis de l'humanité, je vais consigner ici 1° l'état des missions des pères de VOhservancr de Saint-François dans la province de Barcelone, missions appelées vulgairement de Piritù et dépendantes ( Voyez plus haut , Tom. III , p. 4-5) du coUége de la Ptirissima Concepcion de Propaganda Fide à Nueva Barcelona; 2" l'état des missions de l'Orénoque, du Cassiquiare, du Rio Negro et de l'Atabapo, dans la province de la Guyane (Vol. II , p. 23i- 648 ) , également gouvernée par \e% frères de l'Observance du collège de Nueva Barcelona ; 3° l'état des missions de Carony, à l'est Je l'Angostura, dans la province de la Guyane, confiée aux Capu- cins catalans (Vol. \\, p. 669-674). 1° Etat des Missions de Piritù dans la province de Nueva Barcelona en 1799. Nous DBS 58 VILLAGES desservis par les religieux Observantins. Parmi rc nombre 17 sont de mission et 21 de doctrina. La Puriss. Concepcion de Piritù. (D.) S. Antonio de Clarines. (D.) Nuestra Senora del l'ilar. (D.) Santa Catharina de Sena del Carito. (D.) Jésus Maria Josef de Càigua. (D.) San Miguel N. S. P. S. Juan de Huere. (D.) San Pablo Apost. de Huere. (D.), San Lorenzo de Huere. (D. ) S. Andres Apollin. de Onoto. (D.) Nuestra Seiiora del Araparo de Pozuelos. (D.). . . San Diego. (D.) Santo Domingo de Guznian de Araguita. (D.). . . . San Juan Capisirano de Puruey. (D.) San Bernardino. (D.) S. Josef de Curataquiche. (D.J S. Matbeo Ap. y Evangelista (D) S. Vicenle Ferrer de Carapa. (M.) Santa Gertrudis del Tigre. (M.) Nuestra Seùora del Socorro del Cari. (M.) La Puris. Concepcion de Tavaro. (M.) . . . S. Pedro Apollin. de la Puerta. (D.) La Divina Pastora de Guàicupa. (M.) Santiago , ô Santa Cruz de Orinoco. (D.) San Juan Haut, de Mùcuras. (M.) La Asuncion de Atapiriri. (M.) , S. Simon Apollin. de Moquéte. ( D.) Santa Clara de Arivi. (M.) S. Pedro Regalado de la Candelaria. (M.) S. Luis Obispo de Arivi. (M.) Santo Chrisio de Pariaguan (M.) Santa Cruz de Cachipo. (M.) Santa Ana de Orocopiche. (M.) S. Joaquin del Parire. (M.) N. Seiiora de la Candelaria de Chamariapa. (D.) Santa Uosa de Vilerbo de Ocopi. (M.) N. Seùora de Dolores de Quiauiàre. (M.) S. Buenaventura de la Margarita. (M.) POPCLATIOH. Mariés. 366 4.2 558 aoo 526 260 l52 204 307 46 53 58 4i i33 252 172 3o8 i43 7° i34 98 128 5i 5o 43 7' il 41 142 109 243 284 181 4>7 63 io5 Non mariés adultes. 259 -7« 542 220 775 597 193 3o6 5o4 56 8.5 42 38 264 254 i85 309 7' 74 198 ii3 175 42 25 44 54 28 190 164 368 38o 126 4i> 107 188 Enfans. 660 458 1019 24 1 54? 36o 113 438 645 102 82 95 53 200 296 196 545 341 io5 18S 143 195 fc6 97 66 86 C9 5o 95 286 252 422 423 35 1 261 i>4 264 Époque de fonda- tion. 1575 1667 1674 '798 1667 1661 1675 1680 1675 16S7 1687 i688 1690 1680 1675 '679 .715 179^ »794 1761 '77' '794 .754 '796 1754 1754 '799 1755 1755 1755 1744 '749 1735 1724 1742 1724 >748 Bap- têmes. 120 ii5 204 » 118 60 57 101 61 28 '7 23 16 40 47 84 34 44 33 3i '4 28 28 53 24 » 24 '7 12 ,Si 54 66 63 47 104 44 Mom. 1934 64 93 108 » 5o 42 3o 68 3o 9 4 55 28 60 10 4 8 8 '4 8 7 4 '4 i3 20 12 47 '4 961 Mariages. 27 25 46 34 '9 16 10 8 4 5 4 7 10 9 5 8 1 1 7 18 i5 9 23 8 10 468 Relation historique , Tom . 111. 22 170 NOTES. Cet état de la population de 1799 m'a été communiqué, à Nueva Barcelona, par le président des missions de Piritù. Il n'y a parmi 24,778 habitans que près de i5oo blancs {Espaïiolcs) et mulâtres : tout le reste «le la population est de race piu-e indienne. Un dénombrement de 1792, que l'on croyoit plus exact , donnoit dans i6 pueblos de mission: Indiens 2196 familles ou 8,284 âmes Blancs et mulâtres libres 24? familles ou. . . i,35i Dispersas ( isolés hors des villages) 2,543 12,178 dans i6 pueblos de doctrina : Indiens 4944 familles ou 171967 âmes Blancs et mulâtres 5i familles ou 246 Dispersos 4o 18,253 Par conséquent dans tous les -villages soumis au régime des moines Observantins dans la province de Nueva Barcelona : Indiens 26,261 âmes Espaholes »>597 Dispersos 2,583 Total 3o,43i Doit-on conclure de la comparaison des états de 1792 et 1799 que la population indienne de la province a diminué , ou la différence ne provient-elle que de la négligence du dernier dénombrement et de l'exclusion des dispersos? 2° État des Missions de ïOrénoqtie, du Cassiquiare et du Rio Negro dans la province de lu Oni/ane espagnole en 1796. San Felipe 52 âmes. San Miguel 102 San Baltasar 80 Esmeralda 92 Santa Barbara 94 San Fernando 226 May pures 48 Carichana 100 Caîio de Tortuga 117 Uruana 5o5 Encaramada 4l2 Cucbivero 329 Ciudad Real 4o3 Guaciparo 98 Uruana 100 Guaraguarayco i32 Àripao 84 NOTES. 171 San Pedro Alcantara 226 âmes. La Piedra '63 Platanar 356 Real Corona 609 Tapaquire 429 Borbon 342 Cerro del Morro i5o Orocopiche 558 Buenavista 23o Attires ^1 San Carlos 272 San Francisco Solano 442 Tomo i55 Tuaraini 119 Quirabuena. 60 Maroa 79 Vaciva 87 Total 7298 âmes. 3° Missions de Carony dans la Guyane espagnole , en 1797. Cupapui 872 âmes. Santa Rosa de Cura 925 Santa Clara de Yaruapana 228 Aycaba 178 San Pedro de las Bocas de Paragua 55o Santa Magdalena de Currucay 200 San Serafin de Abaratayme 273 Miamo 287 Cumamo 5 1 2 Villa del Barcelonela 4i4 Pueblo de los Dolores de Maria 3oi Nuestra Senora del Ros. de Guatipati, 732 San Josef de Ayma 63o San Juan Baptista de Avechica 5i4 Santa Cruz del Monte Calvario 429 Santa Ana de Purisa , 5o4 Nuestra Senora de los Angeles 54i San Buenavetura de Guri 6fi3 Divina Pastora 4gS Tupuqueri 566 Palraar 698 San Antonio de Usiatano 684 San Fidel del Carapo 753 Santa Eulalla de Murucurl 6i3 Pueblo del San Francisco del Alla Gracia 951 ïy^ NOTES. Nuestra Seiîora de Belen de Tumeremo 333 âmes. Caruache 4oo T- pata 667 San Miguel de Unala 48; Carony 699 Total i6jio2 J'ai composé, pendant ma navigation sur l'Apure, l'Orénoque, l'Atabapo, le Rio Negro et le Cassiquiare , à l'aide des missionnaires, un tableau des tribus indigènes, qui habitent aujourd'hui les forêts et les savanes , comprises entre ces rivières, entre ieCaura, le Ventuari elle Carony, sur une surface de plus de igooo lieues marines carrées. Cette distribution géographique n'est pas sans intérêt pour l'histoire des peuples. J'ai voulu d'abord ranger les noms d'après l'analogie des langues, et d'après les liypothèses que les missionnaires, seuls historiens de ces contrées, se sont formées sur la filiation des peuplades indiennes ; mais j'ai dû .iliandonner ce projet, parce que plus de | seroient restés ce que les botanistes classUkateurs appellent inccrtœ sedis. Un voyageur ne peut offrir des travaux achevés; ce que l'on a droit d'exiger de lui, c'est de donner avec can- deur les matériaux tels qu'il les a recueillis sur les lieux. Ceux que je consigne ici ont été disposés alphabétiquement; c'est un moyen assez sûr de les soustraire à l'empire des hypothèses ethnographiques et de faciliter les recherches. (]omme l'expérience m'a prouvé que des nations , dont les noms paroissent presque identiques, sont quelquefois de race aussi différente que les Ugures - Finnois et les Uigures-Turcs, je n'ai, malgré la crainte d'un double emploi, pas réuni les tribus qui offrent ces analogies de dénomination. Le père Caulin n'a jamais pénétré au delà des cataractes ; je me suis servi de son ouvrage, chaque fois que la conformité des localités me rassuroit sur l'identité des tribus dont il parle, avec celles que renferme ma liste. Un catalogue manuscrit que le père Ramon Bueno a bien voulu me communiquer, pendant mon séjour dans la mission d'Uruana , m'a été surtout très-utile. J'ajouterai à ce tableau la citation des pages de la Relation historique, qui présentent des renseignemens de quelque étendue sur les peuplades que l'on croit aujourd'hui les plus nom- breuses et les plus importantes. Je n'ignore pas que souvent ces peuplades prennent leur dénomination des mots : hommes, _fib de tel ou tel chef (^Tom. Il, f. S'ji), descendant de tel ou tel animal courageua^ ; cependant il y a toujours dans les simples noms des peuples quelque chose de monumental , qui , comme le prouvent les savantes recherches de MM. Abel Remusat , Guillaume de H umboldt, Klaproth , Marsden, Ritler et Vater, peut devenir d'une haute importance pour l'histoire des migrations lointaines. L'analogie des racines et les artifices étymologiques ont sans doute , depuis des siècles , donné lieu à des rêveries absurdes, à de véritables romans historiques. Nous ne reconnoîtrons pas lesQuaquas de la Nouvelle-Andalousie , dans une peuplade de ce nom, qui habite les côtes de la Guinée, ou les indiens Caracas, de race cari)>e, liabitans de hautes vallées, dans le nom d'un site ibérien , cité par Ptolémée ( Géogr. II , 6, p. 46) , et qui paroît tenir à la racine basque, car signifiant hauteur, sommet ou élévation [fVHIielni von Humboldt , Vrbewoliner Hispanicn's , p. 68). Le vague des voyelles et la permutation des consonnes qui se font d'après des lois organiques , produisent , sans compter les mots à son imitatif (onomatopées) dans des milliers de langues et de dialectes, des ressemblances fortuites, dont le nombre pourroit être soumis au calcul des probabilités. Si l'on compare une seule langue non à celles d'un seul rameau^ par exemple au rameau sémitique, indo-germanique ou gale (kelte) , mais à toute la masse des idiomes connus, la chance des analogies accidentelles devient la plus grande possible, et, d'après cette apparence , la prodigieuse variété de langues qu'offrent les deux hémisphères paroîf liée nexu retiformi. Des analogies de son ne peuvent pas toujours être considérées comme des analogies de racines; et, quoique les savans qui, de préférence, s'occupent de ces analogies, méritent de l'encouragement et do la reconnoissance, parce>qu'ils éveillent l'attention des linguistes, il n'en est pas moins sûr que l'étude des mots doit toujours être accompagnée de celle de la structure des langues et de la connoissance intime des formes grammaticales. Ce seroit ignorer l'état de la philologie moderne , que de mécounoîlre les services éminens NOTES. 173 que, par les soins d'un petit nombre de savans doués d'une érudition solide, les recherches étymologiques ont rendus, depuis un demi-sièclcj en Hollande, en Allemagne, en Angleterre et en France, à Tétude philo- sophique des langues. Tribus de l'Orénoquej de ses emhranchemens et de ses afjîluens. Arînacotos (Caura ; Garapo, affluent du Garoni, Rio de Aguas Blancas ou Rio Parime ; R. Paragua ; Berbice). Achaguas (Meta et Cravo, affluent du Meta; Bas-Apure). Achirigotus (Erevato, Paragua). Arivacos (Haut-Caural. Abauis (Orénoque, à ror. d'Atures, Ama- naveni). Aruros (Orénoque, à l'est deMaypures, Amanaveni, Atures). Areviriaoas (Veatuah, MaDapiare, Ere- vato). Ajures (Ventuario, R. Parc}. Aguaricotos (Rio Gaura, près des rapides de Mura). Amarizanos (Meta). Acarianas (Puruname ; Jao). Aherianas (Veotuari; Jao, sources du P'iruname). A/nuisanas ou Amozana (Gassiquiare et Rio Parînie). Atures (sources de l'Oréaoque ; Raudal Mapara). Tom. II , p. 297, 365, 598. Ariuavis R. Negro, Itiaiviai). Aviras (Caura). Aruacolos (Erevato). Abacarvas (sources du Rio de Aguas blan cas ou Rio Parime). Aruacas (Gujuni). Aturayus (Esquibo). Aturayes (R. Eaquibo). Acurias (Berbice,). Abacarvas (Haut-Paragua). Ariguas (Caura). Arevidianos (R. Parime), Atapcimas (Haut-Orénoque). Amarucatos R. Parime). Avauas (Rio Auvana). Aquerecotus (nation presque éteinte). Berepaquinavis (Rio Negro, Itinivîni\ Barioagotos (,R. Paragua, aflluent du Ga- roni). Gburotas (Meta). Cuyabas (entre le Garoni et le Guyuni). Cbavinavi (liibu caribe). Cbapoauas (K. IVegro). Gaduvini (E-quibo). Gachirigotos (H. Parime). Ghinatus (R. Parime). Gbirapaiî (Auvana). Cabres, Gaberres (Guaviare, Ariarî , Atabapo, quriques-uns au Gucbivero.) Tom. U , p. 369, 3^5 , 397, 5o2. Gbuenas (Cusiaoa, affluent du Meta). Caridaqucres. Gbaipns. Gandalos. Caparacbes. Gataras (Meta). Guracicanas (Ventuarï et son affluent te Manipiare). Tom. II, p 691. Gberuvichahena (Rio Negro, Rio Tomo). Garives, Garibes, Gariua , GalUoago (Pa- ragua, Haut-Gaura). Tom. I, p. 496; Tom. II, p. 97, 235, 260, SgS , 398, 471, 5o2 ; Tom. III , p. 9. Garianas (Paragua ; Ucamu). Gadupinapos (Haut-Gaura , Erevato). Gbiricoas fentre ie Meta et l'Apure). Givitenes (Ventuario, Rio Paroj. Carinacos (Haul-Orénoque, Rio Negro, Macoma, Ventuari, Padamo). Gogenas (R. Negro). Gariguanas (R. de Aguas blancas). D. Deesaoas (Gassiquiare). Darivasana» (Haut-Orénoque). Daviuavi (Ucamu ^. Daricavanas (sources du Rio Negro). Equioabisou Marivitanos (Haut-Rio Negro entre Rio Temi et Azacamij. Emaructos (Uaut-Orëaoquej. G. Gujancamos ou Guayanicomos (Gaura)- Guainares (sourcesdu Matacooa^. Tom. II, p. 57^. Guaycas (sources de l'Orénoque, Gaiio Gbiguire). Tom. II , p. 5j2 , 669, Guaraunos (boucbes de l'OréDoque). T. I, p. 4^3, 492; Tum. II, p. 653. GuarJpacos ([laut-Gaura). Guaypunabis (Inirida). Tom. II , p. SgS. (Serrania Mabicori et Caûo Nooquene) Tom. II, p. 2^3, 395, 398, 5o2, 534 Guanimanase (Rio Negro). Guamos (Bas-Apure). Tom. II, p. 220, 573, 60. Guaiquiris (sources du RioGaripo). Guasurionnes (rive méridionale du Haut Rio NegroJ. Guapes (Rio Negro). Guacavayos (Esquibo). Guajamura ( R. de Aguas blancas). Guainaves (Haut-Orénoque). Guahibos (Meta). Tom. 11, 289, 295, 369, 4 10, 61 1. Gauyres (Haut-Orénoque). Guabaribos (Haut-Orcuoque). Tom. II, p. 571. Guarares (R. Parime). Guayumoros (Haut-Orénoque). Guaranaos (R. Parime). Gajones (Haut-Orénoque). Guaneros (P^damo). Guacamayas (Padamo). Guaiquiris? (peut- Être anciennement entre le Gaura et le Gucbivero. Tom. I , p. 4^2 et 4^4 1 note 3). Jaditanas (Erevato). Jnaos (Gaura). Jabacuyanaâ (Haut-Orénoque, Gonoco- nuiiio (Jao). Jayres ( Haut - Orénoque , Rio Gonoco- numo (Jao). Javarannas (Ventuari, Maniapire). Jayures (Jao, Gonoconumo). Jaruros(entre Meta et Apure, entre Ven- tuari et Jao). Tom. II, p. 21 1, 285, 395. Jcanicaros (Ilaut-Orénoque). Jchapaminaris (Padamo). Jpurucotos (Paragua). Tom. II, joS. K. Kîriquîripas (Paragua, Erevato). Kirikiriscotos (Berblcej. L. et M. Libiriaiios (Ventuario, Rio Paro). Maypurea (jadis Raudal Quittuna ; entre R. Sipapu et R. Capuana ; Jao; Rio Negro et Patavita). Maciuiravi (Gaura). Macurotos (Grevato,Haut-Caura). Maoetibitanas (R. Siapa). Marebitanas (R. Negro). Mayepien(R. Negro). Mayanaus (sources de l'Esquîbo). Maconas (Padamo). Macusis (R. Aguas blancas, Esquibo), Maysanas (Gassiquiare). Mapujos (Gaura). Maco8piraoas(Gataniapo)*Tom.II,p.355, 369. Macos (Caura , Ventuari , Parueni , Para gua). Tom. II , p. 591. Maeos-Macos (sources de POréooque). Maquiritares (entre le Jao et le Padamo; Ventuari). Tom. II, p. 542, 572. Manivas (Rio Negro, Aquio). Mariusas (bouches de l'Orénoque). Maguisas (Haut-Gaura). Meyepures (Orénoque, Amanaveni, Ven- tuari, Gaura, Guanami). MoroQonis (Jao, Ventuari). Maripizanas (Gassiquiare, R. Guapo, R Negro). Tom. 11,396. Mariquiaitares (Padamo). Matomatos (sources de l'Orénoque). Manisipitanas (R. Negro). Marivi:54,ooo 346,000 16,000 16,000 35,000 35,000 60,000 13,000 28,000 4o,ooo 13,000 38,000 40,000 1 3,000 37,000 5o,ooo 6,000 9,000 1 5,000 8,000 17,000 23,000 NOTES inn Intendance de Potosi : Po'osi.. i4,ooo 21,000 35,000 Atacama S,ooo a2,ooo 5o,ooo ^*PeS 8,000 1 3,O00 20,000 P<"'<;o i5,ooo ii5,ooo i3o,ooo Chayanta 4o,ooo 6o,ooo 100,000 85,000 23o,ooo 3 1 5,000 Intendance de la Paz : 1^3 P^^ 14,000 36,000 4o,ooo Pacajes 60,000 3o,ooo 90,000 Sicasica 30,000 4o,ooo 60,000 Chulumani .. i5,ooo 35,ooo 5o,ooo Omasuyos 3o,ooo 3o,ooo 6u,ooo Larecaja 35,ooo 4o,ooo 65,ooo Apolobamba « , 5^000 3o,ooo 35, 000 169,000 23i,ooo 4oo,ooo Intendance de Cochabamba : Cocbabamba 5o,ooo 70,000 1 00,000 Sacaba i5,ooo 45,ooo 60,000 Tapacan 3o,ooo 70,000 100,000 Arque 10,000 25,000 35,ooo Palca • 6,000 14,000 20,000 Glissa 35,000 65, 000 100,000 Mizque • 8,000 1 2,000 20,000 Valle Grande (Jésus de Montes Claros) _ 3o,ooo 70,000 100,000 164,000 371,000 535,000 Santa-Cruz de la Sierra, Moxos et Cbiquitos 220,000 (Braehenridge, Tom. Il , p. 80). J'ai rectifié les noms des provinces. Villes principales : dans l'Audiencia de Buenos- Ayres; Buenos-A'yres 60,000; Montevideo 7000; San Miguel de Cordova 6000; Santa-Fe 6000; Tucuman 5ooo; Salta 6000; Mendoza 8000; Asumpcion 12,000; La Candelaria 5ooo. Dans l'Audiencia de Cbarcas : La Paz 4o,ooo ; Potosi 35,000; La Plata 16,000; Oiuro i5,ooo; Zinti 12,000 ; Oropesa 25, 000 ; Zarate 12,000. Ces évaluations de la populatioa sont assez incomplètes pour les basses régions de l'Audiencia de Buenos- Avres (par exemple pour Salta, Santa-Fe, Banda oriental et Entre Bios) : elles pèchent toutes en moins , donnent, dans les années 1817-1820, pour l'Audiencia de Charcas avec Santa-Cruz, Mosos et Chi- ijuitos, 1,716,000, y compris les indigènes; pour l'Audiencia de Buenos-Ayres, sans les Indiens, 655,ooo: total 2,371,000. M. Schmidtmeyer , dans son intéressant Voyage au Chili, compte 1,100,000 habitans pour le bassin de La Plata , et i,3oo,ooo pour les Provincias de la Sierra. Il me paroît très-probable que la population blanche, cuivrée et mélangée de toute la vice-royauté , avant le démembrement de la province Cisplatine par les Portugais-Brésiliens, et celui de la province du Paraguay par le docteur Franzia , excédoil •j ' millions, dont 1,200,000 Indiens. VNi'V wx>^ w^ «/%/w w^/^H^f^'* Note E. L'accroissement rapide de la population des États-Unis a été la base de tant de calculs d'économie politique en Europe, qu'il est d'un vif intérêt d'en connoître avec précision les données principales. Pour Relation historique , Tom. III. 23 1^8 >OTES. comparer les nomln-es et lixer des rapports exacts, il faut recourir aux premières sources, c'est-à-dire aux tahleau^ imprimés par le Congrès et purges des fautes typograpbiques qui les défigurent quelquefois. La population de 1800, qui a été de 5,3o6,o32, est indiquée par M. Melish {Travels, p. 566), de 5,3o8,844 ; par M. Seybert [Annales statist, p. 72), de 5, 319,762; par M. Ilarvey {Edimb. Phil. Joum., i823, p. 42), de 5,3o9,758. Je consignerai ici une note que je dois à la bienveillance de M. Gallatiu qui a occupé long-temps le ministère du trésor public à AVasiiinglon, et dont le départ d'Europe a causé récem- ment de si vifs regrets à tous ceux qui savent apprécier le talent et les sentimens généreux. « Voici les recensemens ofEciels corrigés et sur l'exactitude desquels on peut compter : lîlancs / libres 1790. 1800. 1810. 1820. Sous le nom de noirs sonl aussi compris les gens de couleur dont le nombre est très-petit aux Etats-Unis. 3,172,120 59,5 11 69/-.C9- 4,3o3,i33 109,294 893,605 5,862,093 i8G,443 1,191,367 7,8Û2,.(82 238,i49 1,537,508 ( esclaves olal 3,929,328 5,3oG,o32 7,239,903 9.637,999 i( Il y a plusieurs observations à faire lorsqu'on veut calculer l'accroissement pour chaque période de dix ans. 1" Les babi tans des pays situés au nord de l'Obio (Etats d'Obio, d'Indianaet des Illinois, avec le Territoire de Micbigan), de même que les babitans du Territoire, à présent Etat du Mlssissipi,n'ont pas été dénombrés en 1790, et on devroit les ajouter au recensementde cette année. J'évalue qu'ils étoient àcette époque : Blancs 10,000 \ Noirs libres 200 > 1 1,800 Esclaves 1,600 I 2° Trois comtés de l'Etat d'Alabama ont été omis dans le recensement de 1820. Maison sait que le nombre de leurs habitans dépassoit 12,000, dont environ 8000 blancs, 4ooo esclaves et 5o noirs libres. 3» La Louisiane n'ayant été acquise qu'en i8o3, elle n'a pas pu être comprise dans les recensemens de 1790 et 1800. D'après les recensemens faits en 1799-1802 par le gouvernement espagnol, la popu- lation de la Louisiane étoit pour 1800 : ^ Basse- locismsb, à présent Louisiane, Abraivsas. IIacte- LoLISiANE , à présent Missouri. Toi AL. Il faut ajouter ce nombre au recensement de 1800 , lorsqu'on veutcalculer l'ac- cruissemeot de i8ooài8io. i8,S5o 2,300 i8,85o 35o So 5,000 200 9 24r^ou 2,5oo 19,800 r libres Noirs \ y esclaves Total 4o,ooo 4oa 6,100 46,5oo 4° Pour pouvoir calculer l'accroissement naturel, il faut tenir compte non seulement de l'acquisition de la Louisiane, mais aussi des émigrations d'Europe. Quant à la population blanche, je crois pouvoir NOTES. 179 assurer que la moyenne annuelle des émigrés arrivant aux Etats-Unis est à peu près 10,000, ou plutôt entre les limites 7,000- 1 '1,000 : car, quoiqu'il y ait eu des années de 22,000 et de 5ooo , la moyenne de l'émigration d'Europe n'est pas au-dessus de i4,ooo ni au-dessous de 7000. L'accroissement de la population noire est entièrement naturel, à l'exception de la période de 1800 à 1810, pendant laqueUe il faut tenir compte, non seulement du nombre de noirs trouvés dans la Louisiane, mais aussi d'environ 39,000 Africains importés pendant les années i8o4-i8o7, époque à laquelle la Caroline méridionale a permis l'importation des esclaves. Dans ces calculs, on doit toujours con- sidérer dans son ensemble toute la population noire, libre et esclave. Quoique nous n'ayons pas encore des [données sufTisantes pour obtenir des résultats définitifs sur les naissances et les décès annuels , l'on peut affirmer que, pour la population ]>lanche, les premières sont au-dessous de 5, et les décès au- dessous de 2 par cent de la population. La difféience ou l'accrois- sement annuel naturel est de 2,9 par 100. » J'ajoute h ces renseignemens donnés par M. Gallatin quelques autres rapports numériques : La population totale, en 1810, éloit 7,23g,yo3; en 1820 elle étoit 9,037,999; accroissement 33 p. cent. La population blanche, en 1810, étoit 5,862,093; en 1820 elle étoit 7,866,082; accroissement 34 p. cent. La population des esclaves , en 1810, étoit i,i9i,3G4; en 1820 elle étoit 1,537,668; accr.de 28 i p. cent. La population des gens de coulettr libres , en 1810, étoit i86,443; en 1820 elle étoit 238,i49; accroisse- ment 27 i p. cen.t. Le calcul de Yarca des Etals-Unis, que j'ai donné plus haut dans le Chapitre sxvi, suppose la vérification astronomique de cinq grandes lignes, celles des côtes de l'Atlantique, des montagnes Alléglianiennes, du cours du Mississipi, des Montagnes Rocheuses et des côtes de la Mer du Sud qui divisent la confédération en quatre sections naturelles. Si les cartes générales que l'on a tracées jus([u'ici n'offroient d'autres erreurs que celles des longitudes absolues , et que tout en conservant les différences de longitudes rc /«//t'es, elles dépla- çoient également, par rapport a. l'Europe (par exemple aux méridiens de Paris ou de Greenwlch), les cinq grandes lignes que nous venons de nommer, Varea des divisions partielles ne seroit pas altérée. Pour évaluer l'effet des déplacemens inégaux, j'ai comparé, sur chaque carte qui a servi aux calculs des surfaces, les longitudes de New-York, dePitlsburg, du conlhient de l'Ohio et du Mississipi, de Taos, village du Nouveau-Mexique, situépour ainsi dire sur la prolongation des Montagnes Rocheuses et de la baie de Noutka. Les trois premiers points se fondent sur les excellentes observations de RL Ferrer. New- York est 8° 22' 34" à l'est du Morro de la Havane; et ce point étant, par mes observations de satellites, de 84" 42' 33"; d'après les occultations de M. Fer- rer, de 84"> 42' 43" à l'ouest de Paris , on peut admettre , pour la longitude absolue de New-York , 76" 20' 9" [Conn. des temps , 1817, p. 320 et 33g , et mes Obs, as> Vureu totale des quatre grandes divisions naturelles qui sont comprises entre les côtes de l'Océan-Atlantique, le chaînon central des Alleghanis, le cours du Mississipi, les Montagnes Rocheuses et l'Océan-Pacifique. Dans les possessions angloises, voisines des États-Unis, la population est aujourd'hui peut-être de ; plus élevée que je l'ai supposée dans le tableau p. 72. On comptoit déjà, en i8i4, dans le Bas-Canada, 335,oo(), dans le Haut-Canada, 95,000; dans la Nouvelle-Ecosse, 100,000; dans le Nouvean-Brunswick, 60,000, dans New-Foundland et au cap Breton, 18,000; en tout 608,000 habitans. {Carey and Lea, Historical, rhro- ■nological and geographical Atlas of America , 1S22, m" 4.) NOTES. i83 Pour faciliter les rcduclions des surfaces, nous rappellerons à la lîn de cette note qu'une lieue marine carrée (de 20 au degré) a 11,9716 milles anglois cariés (de Gg,2 au degré) ou i,5G25 lieues de France car- rées (de 25 au degré), ou o,5625 lieues géographiques carrées (de t5au degré), ou g milles italiens carrés (de 60 au degré). Noie F. Occupé de déterminations astronomiques sur la froutière méridionale de la Guyane espagnole, j'ai tâché, pendant le cours de mes voyages, de réunir avec soin tout ce qui a rapport aux contestations sur les limites entre les couronnes de Portugal et d'Espagne; ces reuseignemens ra'étoient nécessaires pour compléter le mémoire que j'ai adressé, lors de mon retourde rOrénoquc,au premier secrétaire d'état , Don Mariano Luis de Urquijo (Voyez plus haut, Tom. Il, p. Via, -igC; Tom. III, p. 172). Sans prétendre donner ici une histoire complète de ces Coin missions de limites , que d'ignobles ai-tifices de la diplomatie européenne ont rendues si peu utiles à la géographie astronomique du Nouveau-Continent, je vais publier succinctement des notions qui peuvent jeter quelque jour sur cet important problcmc. Celles de ces notions qui ont rapport aux négocia- tions du 18' siècle sont tirées de pièces inédites et conservées dans les archives. Les discussions sur les limites entre les cours de Madrid et de Portugal ont duré pendant trois siècles. Elles n'ont dahord touché que des intérêts maritimes, la possession des îles et des côtes; peu à peu elles se sont étendues à l'intérieur de l'Amé- rique méridionale. La bulle célèbre que le pape Alexandre VI donna (le 4 mai 1493) en faveur de l'Espagne, étoit rédigée dans le même esprit que la huile moins connue de l'année i445, donnée par le pape Nicolas V en faveur du Portugal. La première place la ligue de démarcation cent lieues à l'est des îles Azores et du Cap-Vert, et donne aux Espagnols tout ce qui, ù l'ouest de cette ligue, n'avoit point été occupé avant la fêle de Noél de l'année 1492. Elle dit assez confusément ceiitum leuctis a qualibet iiisularum quœ vulgarité)- mincupantitr de lus Azores y Caho Verde. Le cardinal Bemho, dans la crainte de voir son style classique vicié par l'emploi de nouvelles dénominations, dit Gorgoimm insulœ , sans doute {Pline, d'après Xénophon de Larapsaque, lib. VI, c. 3i , p. 348; 3Icla, lib. III, c. ij, p. 93) les Gorgades [domus, utaiuiif, aliquimdo GorgoHum) , vis-à-vis le Ryssadiiim Promontoriuiu. L'île Saint-Antoine est sans doute dans le méridien de l'île San ÎMiguel, mais il y a 8" de longitude du méridien de l'île du Cap-Vert la plus occidentale au méri- dien de l'île la plus orientale des Azores. Une nouvelle bulle du 24 novembre i4g3 laissa subsister ces mêmes doutes; mais, dans le traité de Tordesillas (7 juin i494), le méridien de la démarcation fut porté, au lieu de 1 00, à 370 lieues des îles du Cap-Vert. La valeur des lieues n'ayant pas été indiquée , la linea divisoria peut atteindre, d'après dilTérentes hypothèses, ou l'embouchure du Rio de San Francisco, ou Rio Janeiro, ou le méridien de Saint Paul, qui se trouve encore 1" à l'csl du Grand Para. Le pape Jules II sanctionna h: traité deTordcsillas par la bulle du 24 janvier i5oG; mais le voyage hardi de Magellan et les découvertes de 1 5oo à 1 5o4 de la bouche de la rivière des Amazones, par Vicente Janez Pinson , du cap San Augustin , par Amerigo Vespucci , et des ports de Santa Cruz et de Bahia de Todos Santos, qui avoient précédé le voyage de Magellan , engagèrent les deux cours de Madrid et de Lisbonne à réunir an pont du Rio Caya , entre Yelves et Uadajoz, en i524, le congrès des pilotes et des cosmogrtiphes. Dans ce congrès, les Espagnols accusèrent les Portugais d'avoir altéré la distance de Gilolo aux côtes du Brésil , et ils prouvèrent victorieusement que les Moluques étoient du domaine castillan. Le célèbre mathématicien Faleiro avoit enseigné aux pilotes des méthodes lunaires par lesquelles ils pouvoient déterminer la distance d'un navire à la ligne de démarcation , considérée comme un premier méridien. La nécessité de connaître la position de cette ligne a puissamment contribué à l'ardeur avec laquelle , à cette époque, on cherchoit des méthodes propres à trouver les longitudes par des moyens précis. Le congrès des cosmographes au puente de Caya traîna en longueur, et les contestations entre les deux nations ne cessèrent , par rapport aux possessions de l'archipel de l'Inde , que par un traité conclu à Saragosse, le 22 avril i52g. [Don Juan y don Antonio de Ulloa, Dissert, historien y geographica sobre el meridiano de i84 NOTES. demarcacioH. Madrid,ijig, Salazar de los progressas de la hydrograjia en Espana , 1809, p. 1 15. Cespedes, Hydrografia, cap. 4,p. 1 28, i43, iSa). L'Espagne céda les iles Moluques pour le prix de 35o,ooo ducats , tout en se rései-vant le droit «de rentrer dans la propriété de ces iles au moment où la somme d'achat seroit rendue.» La réunion des deux couronnes, sous Philippe II, calma pendant quelque temps les haines nationales, ou plutôt elle les força de paroîlre assoupies; mais, dès la lin du 1 7' siècle, l'établissement de la Colonia de San Sacra- mento, près de l'embouchure du Rio de la Plata , fit naître des contestiitions sur les limites brésiliennes. Les Espagnols détruisirent cet éta])lissement, et l'on tenta un nouveau congrès de cosmographes au Puente de Caya, qui dura depuis le 4 novembre jusqu'au 22 janvier 1C82. On avoit stipulé, dès le commencement des négo- ciations, que si l'on ne pouvoit s'arranger dans l'espace de trois mois, l'on se sonmettroit à la décision du souverain Pontife ! QaanA on considère l'état des lumières du monde dans les cent ans qui ont précédé la déclaration de l'indépendance des Etats-Unis , on seroit presque tenté de révoquer en doute ce qui est prouvé par les documens les plus authentiques conservés dans les archives. On discuta inutilement à Caya si les 3/0 lieues mentionnées dans le traité de Tordesillas formoient 22° i4' ou un moindre nombre de degrés, et si cette distance devoit être comptée dans l'archipel du Cap-Vert du centre de l'île Saint-Nicolas , ou (comme le vouloient les Portugais ) de l'estréraité occidentale de l'île .Saint- Antoine. D'après ces argumens minutieux , les cosraographes de Lisbonne vouloient porter le meridiano de demarcacion i3 lieues à l'ouest de l'établis- sement reconstruit de San Sacramento. Le second congrès de Puente de Caya se sépara sans avoir rien décide, et les points en litige ne furent point soumis au souverain Pontife, comme on en était d'abord convenu. Pendant le foible règne de Charles II, les Portugais gagnèrent partout sur leurs voisins en Amérique, du côté du Paraguay, sur les rives de l'Amazone et au Rio Negro. L'Espagne renonça , par la paix d'Utrecht , à la possession de San Sacramento. Près de quarante ans se passèrent dans l'inactivité la plus complète de la pai-t du ministère de .Aladrid, lorsque la reine Barbara, fille de Jean V de Portugal, voulut profiter de l'extrême foiblesse de son époux, le roi Ferdinand VI d'Espagne, pour se rendre utile à son pays natal, et pour terminer la lutte sur les limites dans l'Amérique méridionale à l'avantage de la cour de Lisbonne. Le chef d'escadre , Don Josef de Yturiaga , fut nommé directeur {primer coniissario) d'une expédition qui devoit longer toutes les frontières septentrionales de la Capitania getierat du Grand Para, entrer dans l'Amazone par l'Oré- noque et le Rio JS'egro, remonter l'Amazone jusqu'à la province de Maynas , et peut-être même passer par terre aux confins du Paraguay. (Voyez la correspondance de Loefling avec Linné , dans Pettri Lœftingi Iter Hispanicum eller Resa til Spanska L'ândertM uti Europa och America, \yi8, p. 84, go). L'expédition mit à la voile à Cadix, le 1 5 février 1 ybi. On y avoit joint un naturaliste , un physicien et un géographe. Le naturaliste étoil le célèbre Loefling, qui, après avoir parcouru les environs de Cumana et de Nueva Barcelona, les missions de Piritù et de Caroni, mourut victime de son zèle, à Santa-Eulalia de Murucuri ( Linné appelle ce village Merecuri, et Surville Mucururi), un peu au sud du confluent de l'Orénoque avec le Rio (Caroni, le 22 février 1756. Yturiaga fit, au Port d'Espague de l'ile de la Trinité, les apprêts de la naviga- tion projetée sur les fleuves. 11 entra, à la lin de juillet 1764, dans les bouches de l'Orénoque, avec 53 petites embarcations ( Goletas, Lanchas, Piraguas et Champanes). Les dyssenteries et les lièvres firent beaucoup de ravages parmi la troupe , et même plusieurs centaines d'Indiens tombèrent malades. On ne put atteindre que le quinzième jour la forteresse de la Vieja Guyana. [Foyez plus haut, Tom. II, p. 667 et 703.) On remonta avec la même lenteur jusqu'à Cabruta , près de l'embouchure du Rio Apure. Beaucoup d'embar- cations, exposées imprudemment sur les plages au soleil, se fendirent. Les fièvres continuèrent, et l'on manqua à la fois de rameurs [bogas), de pirogues et d'argent. Deux des commissaires , Don Eusebio de Albarado et Don Joseph Solano allèrent à Sanla-Fe de Bogota pour chercher des fonds ; ils ne revinrent qu'après six mois, et, en i756,Solanoseulfi:anchit, avec une petite partie de l'expédiùon, les grandes cataractes d'Atures et de Maypuressans dépasser toutefois la bouche du Rio Guaviare, où il fonda San Fernando de l'Atabapo {Voyez (Tora. Il, p- 398, 442, 535, 710, et mss. de Don ApoUinario Diezde la F«e»fe, que j'ai tirés des Archives de la province de Quixos , au sud-est de Quito). Nous avons déjà fait voir, dans un autre endroit , que les instru- mens astronomiques de l'expédition des limites n'ont été portés ni à l'isthme du Pimichin et au Rio Negro, ni NOTES. l85 au Cassiquiare, et à l'Alto Orinoco, au-dessus de son confluent avec le Guaviare et l'Atabapo. Ce vaste pays, dans lequel aucune observation précise n'avoit été tentée avant mon voyage , ne fut parcourue alors que par quelques soldats que Solano envoya à la découverte, et par Don Apollinario de la Fuente. Ce dernier construisit avec des troncs d^arbres un petit fortin au point de la bifurcation de l'Orénoque, entra dans le Rio Padamo pour visiter les Indiens Catarapènes , et fonda avec des Maquiritares la mission de l'Esmeralda , d'où il fit une excursion infructueuse vers le Rio Gehetle et le Cerro Yumariquin (Tom. II, p. 677, 58o). Ce même Don Apollinario , dont j'ai souvent entendu prononcer le nom aux Indiens du Rio Negro et de l'Esmeralda , aflirme , dans ses journaux de route conservés à Quito, que, lors du départ de l'expédition de Solano ( 1 754), par consé- quent dix ans après le voyage du Père Roman (Tom. II, p. 534), beaucoup de personnes, à l'île de la Trinité, doutoient encore de la communication de l'Orénoque avec l'Amazone, et qu'on n'y avoit aucune idée exacte de l'existence du Cassiquiare et de sa réunion avec le Rio Negro. Pendant que Don Josef Solano fit des efforts pour pacifier la Haute-Guyane, Yturiaga demeura sur les bords du Bas-Orénoque. On assure que ce chef de la Commission des limites avoit des ordres secrets pour empêcher toute conclusion définitive d'un traité. Il désii-oit plaire au ministre des Indes, Arriaga, et surtout au successeur de la couronne d'Espagne, Don Carlos, qui régnoit à Naples. Ce prince ne pouvoit s'opposer ouvertement aux projets de sa mère la reine Barbara et du parti portugais. On savoit que le traité seroit contraire aux intérêts de l'Espagne , et il ne restoit qu'à gagner du temps en créant des obstacles. Les embar- cations qu'on avoit construites pour conduire le reste de la troupe au-delà des cataractes , sur les frontières de la Capitania gênerai du Grand-Para, étoient prêtes à mettre à la voile; les ordres du roi FerdinandVIétoient précis. Yturiaga ordonna de chanter un Te Deum à Muitaco (Tom. II, p. 634), et, pendant la cérémonie , il fit mettre clandestinement le feu à la flottille , qu'on dit avoir été brûlée par un accident imprévu. On avoit pris d'ailleurs si peu de peine pour cacher ce stratagèrae, qu'on le découvrit dans le moment même. Les commissaires portugais offrirent à Yturiaga de venir le chercher avec leurs propres pirogues , mais on leur répondit qu'on altendroit les ordres de Madrid. Ennuyé des dépenses et des lenteurs d'Yturiaga, le roi Ferdinand VI rappela l'Expé- dition. Solano et Albarado s'embarquèrent , je crois , en 1761 , à la Guayra pour San Sébastien. Yturiaga, après avoir habité long-temps la petite villede Muitaco où il espéroit rétablir sa santé, mourut à l'île de la Marguerite. Des plaintes portées contre lui à la cour par les moines et par ses collègues, les autres commissaires des limites rendirent très-pénible la dernière époque de sa vie. Don Apollinario Diez de la Fuente retourna d'Espagne à l'Orénoque, avec les titres pompeux de Capitan pohlador del Alto-Orinoco y Caho viilitar del Fuerle de Cas- siquiare ^ plus tard il fut Gouverneur de la province de Quixos, et Cosmografo de la real Expedicion de limites del Mara/ion. A en juger d'après ses manuscrits, les cosmographes réunis au congrès dePuentedeCaya, en i524, étoient plus instruits que lui. Les travaux de la Commission des limites de l'Orénoque que je viens d'exposer ont été aussi infructueux que le traité signé le 12 janvier 1750 à Madrid, d'après lequel les deux nations portugaise et espagnole renon- çoient à la ligtie de démarcation , en se promettant de ne reconnoître d'autres limites entre le Brésil , Buenos- Ayres et le Pérou, que la crête de quelques montagnes et le cours des rivières. Cette convention énonçoit formellement « qu'il étoit impossilile de fixer par des observations de longitude la ligne de démarcation sur les côtes et dans l'intérieur, » aveu d'autant plus étrange que Don Jorge Juan et Don Antonio de Ulloa , dans un savant mémoire (^Dissertacion historica y geografica sobre el mcridiano de demarcacion entre los dominios de Portugal y de EspaOa), publié d'abord après leur retour de Quito , en i74g, avoient prouvé que la limite devoit être fixée , d'après la teneur du traité de Tordesillas et selon deux modes d'interprétation dont ce traité est susceptible, soit 1° 5o', soit 3" i4' à l'est de la ville du Grand-Para. La convention de 1750 fut renouvelée et confirmée à Madrid , le 1 1 octobre 1777 ; mais l'exécution de stipulations faites sans connois- sance des localités et en ne consultant que des cartes très-imparfaites, trouva de grandes diflâcultés. On ne voulut plus rien tenter du côté de l'Orénoque et du Rio Negro ; toute l'attention des deux cours se porta vers leslimitesduParaguay et les rives du Caqueta, du Rio Blanco et de l'Amazone. Le brigadier Don José Varela fut envoyé (1782-1789) à Montevideo, M.d'AzaraauParaguay,etM. RequeiiaàMaynas. Quelque incomplets que Relation historique , Tom. III. 24 l86 KOTES. soient restés les travaux des commissaires, on ne peut douter quela géographie astronomique en tireroit de grands avantages , si l'on rentloit publics , non les résultats seuls de leurs travaux, mais les observations sur lesquelles ces résultats sont fondés. La carte d'Azara du Paraguay et celles du Brésil, rédigées àRio-Janeiro en i8o't, par ordre du ministre de la marine. Don Rodrigo de Souza Coutinho, par le capitaine de frégate, Don Antonio Pérès da Silva Pontes Lemos, ont été rectifiées d'après une partie de ces observations; mais les longitudes étant toutes chrononiétriques , la discordance entre les montres marines des géographes espagnols et portugais , et l'In- certitude des positions qui ont servi de points de départ, jettent beaucoup de confusion sur cette fixation des limites. La cour de Madrid, ennuyée de tant de frais et de lenteur, résolut de dissoudre la Commission en i8oi-, et, quelques années plus tard, l'occupation militaire de la province clsplatine par les Portugais mit fin pour long-temps aux discussions de longitudes et aux exceptions dilatoires de la diplomatie. Note G. En faisant connoître aux savans de l'Europe les propriétés physiques AeVarbre de la vache (Voyez plus haut , Tom.II,p 107, ii4, i3o;Tom. III, p. 102), j'avoisrapproché son lait nourrissant, non du suc des plantes qui .abondent en caoutchouc, comme le suc du Hevca, mais du lait du Papayer. J'avols tenté quelques expériences chimiques sur ce dernier qui me paroissoit une substance fortement animallsée. Récemment, deux de mes amis, ^IM. Bousslngault et Rivero, dont j'ai déjà eu occasion de citer les travaux iraportans (Tom. III, p. loG et 124), et qui sont beaucoup plus instruits en chimie que je ne l'étois à l'époque de mon voyage, ont fait connoître complètement la composition chimique du suc du Palo de f^aca. Voici l'extrait de l'analyse que ces savans m'ont envoyée dans une lettre datée de Maracay (entre Caracas et Nueva-Valencia) , en date du lô février 18 23. «Lelait,dltM. Bousslngault, que nous avons analysé à votre demande, provient du Pa/o de Z/ec/re ou rfe Vaca. Cetarbre croîtassez abondamment dans les montagnes qui dominent Periqulto, sltuéau nord-ouestdcMaracay. Le lait végétal possède les mêmes propriétés physiques que celui de la vache, avec cette seule différence iju'il est un peu visqueux. Il en a aussi la saveur: quant à ses propriétés chimiques, elles diffêi-ent sensiblement de celles du lait animal. 11 se mêle à l'eau en toute proportion ; et, dans cet état, il ne se coagule pas par rébullltlon. Les acides ne le caillent pas , comme 11 arrive avec le lait de la vache. L'ammoniaque, loin de le précipiter, le rend plus liquide : ce caractère indique l'aljsence du caoutchouc; car nous avons observé dans des sucs contenant ce principe, que l'ammoniaque en précipltolt la plus petite quantité, et que le précipité, séché possédoitles propriétés de la gomme élastique. L'alcool coagule légèrement le lait de l'arbre de la vache. C'est presque moins qu'un coagulum: car l'alcool rend seulement le suc plus dlfiBcile àfdtrer. Le lait frais rougit légèrement le tournesol. Il bout à la température de 100°, à la pression d'environ o"" 72g. Soumis à l'action de la chaleur, il présente d'abord les mêmes phénomènes que le lait de la vache; on volt se former à sa surface une pellicule qui empêche le dégagement des vapeurs aqueuses. En enlevant successivement la pellicule et le faisant évaporer à une douce chaleur, on obtient un extrait qui ressemble à \3frangipa11e; mais si l'on continue plus long-temps l'action delà chaleur, il se forme des gouttes huileuses; elles augmentent à mesure que l'eau se dégage, et Unissent par former un liquide huileux dans lequel nage une substance fibreuse qui se dessèche et se racornit à mesure que la température de l'huile augmente. Alors se répand l'odeur la mieux caractérisée de viande que l'on fait frire dans la graisse. Par l'action de la chaleur, on sépare le lait végétal en deux parties, l'une fusible, de nature grasse; l'autre fibreuse, de nature animale. Si on ne pousse pas trop loin l'évaporation du lait végétal et qu'on ne fasse pas bouillir la matière fusible, on peut l'obtenir sans altération. Elle jouit alors des propriétés suivantes : elle est d'un blanc légèrement jaune , translucide , solide , et résiste à l'Impression du doigt. Elle commence à fondre à 4o° centigr.; et, quand la fusion est complète, le thermo- mètre Indique 60". Elle est insoluble dans l'eau; les huiles essentielles la dissolvent facilement; elle se combine c NOTES. 187 .lussi aux huiles grasses, et forme un composé analogue au cérat. L'alcool à 40° la dissout totalement par l'ébullition, et elle se précipite par le refroidissement. Elle est saponifiable par la potasse caustique; mise eu ébullition avec l'ammoniaque, elle forme une émulsion savonneuse. L'acide nitrique chaud la dissout avec dégagement de gaz nitreux , et forme de l'acide oxalique. Cette matière nous paroît ressembler à la cire d'abeille raffinée : nous pouvons ajouter ([u'elle peut servir aux mêmes usages , car nous en avons fait des bougies. Nous nous sommes procuré la matière fibreuse en évaporant le lait, en décantant la cire fondue, en lavant le résidu par une huile essentielle pour enlever les dernières portions de cire, en exprimant ce résidu et le faisant bouillir long-temps avec de l'eau pour volatiliser l'huile essentielle. Malgré cette opération, on ne peut ôter entièrement l'odeur de l'huile essentielle. Ainsi obtenue , la matière fibreuse est brune, parce qu'elle est sans doute un peu altérée par la haute température de la cire fondue ; elle est sans saveur: sur un fer chaud, elle se con- tourne , se I)oursouffle , se fond et se carbonise , en répandant l'odeur de la viande grillée. Si on la traite par l'acide nitrique étendu, il se dégage un gaz qui n'est pas du gaz nitreux. La matière fdireuse se transforme n une masse jaune et graisseuse , comme il arrive à la chair musculaire quand on prépare le gaz azote par le procédé de HL BerlhoUet. L'alcool ne dissout pas la matière fibreuse , et nous avons employé ce liquide pour l'obtenir sans altération. En traitant l'extrait du lait végétal par l'action réitérée de l'esprit-de-vin et en décantant le liquide chaud , on finit par obtenir cette matière en fibres blanches et flexibles : dans cet état, elle se dissout facilement dans l'acide bydrochlorique étendu. Cette substance possède les mêmes caractères que la fibrine animale. La présence ^ dans le lait végétal, d'un produit qu'on ne rencontre ordinairement que parmi les sécrétions des animaux, est un fait bien surprenant que nous n'annon- cerions qu'avec beaucoup de circonspection si un de nos plus célèbres cliimistes , M. Vauquelin , n'avoit déjà troiivé la fibrine animale dans le suc laiteux du Carica Papaya. Il nous reste à examiner le liquide qui , dans le lait du Pah de Lèche, tient en suspension , dans un état de division chimique, les deux principes que nous avons reconnus ci-dessus : la cire et la fibrine. Le lait végétal , jeté sur un filtre, ne passe qu'avec la plus grande difficulté; mais si l'on y ajoute de l'alcool, il se forme un léger coagulum, et le liquide passe plus facilement. La liqueur , filtrée , rougit le tournesol ; très-rapprochée , eUe n'a pas déposé de cristaux. Evaporée en con- sistance sirupeuse et traitée par l'alcool rectifié , elle lui a abandonné un peu de matière sucrée; mais la masse principale ne s'est pas dissoute. La portion insoluble dans l'alcool avoit une saveur amère; dissoute dans l'eau , l'ammoniaque y forma un précipité , ainsi que le phosphate de soude. Nous présumâmes alors la présence d'un sel magnésien; en effet, une goutte de la dissolution placée sur une lame de verre à côté d'une autre goutte de phosphate d'ammoniaque a formé, par son mélange avec cette dernière, au moyen d'un tube de verre, des caractères. Ctiie propriété écrivante appartient, comme on sait, au phosphate ammoniaco-magnésien , et le procédé au D'' Wollaston. Nous pensions que c'étoit l'acide acétique qui étoit combiné à la magnésie; mais l'acide sulfurique ne dégagea pas l'odeur du vinaigre, il forma un sulfate et charbonna la liqueur. Nous igno- rons donc la nature de cet acide. La matière qui reste sur le filtre a l'aspect, quand elle est sèche , de la cire brute ; elle se fond en exhalant l'odeur de viande. Le lait végétal, abandonné à lui-même, s'aigrit et acquiert une odeur désagréable. Pendant cette altération il se dégage de l'acide carbonique ; il se forme en outre un sel ammoniacal; car la potasse en dégage de l'alcali volatil. Quelques gouttes d'acide ont empêché la putréfaction. Les parties constituantes du lait de Varbre de la vache sont : i" de la cire, 2° de la fibrine, 7i° un peu de sucre, 4° un sel magnésien qui n'est pas un acétate, 5° de l'eau. Il ne renferme ni caséura ni caoutchouc. Par l'incinération, nous avons trouvé de la silice, de la chaux , du phosphate de chaux, de la magnésie. Tel est le précis des expériences que nous avons faites, M. Rivero et moi, sur ce suc nourrissant. La présence de la fibrine explique la propriété nutritive du Palo de Lèche. Quant à la cire , nous ignorons l'effet qu'elle produit ordinairemement sur l'économie animale : ici, l'expérience prouve qu'elle n'est pas nuisible, car nous en évaluons la quantité à la moitié du poids du lait végétal. L'arbre de la vache mériteroit d'être cultivé pour en retirer la cire, qui est d'une qualité excellente; ce seroit une richesse de plus à ajouter aux belles pro- ductions agricoles des vallées d'Aragua. » Je désire ardemment que ces haliiles chimistes, MM. Boussin- gault et Rivero, puissent continuer leurs travaux sur les sucs laiteux des plantes équinoxiales. i88 NOTES. ESQUISSE D'UN TABLEAU GÉOGNOSTIQUE DE L'AMÉRIQUE MÉRIDIONALE, AU NORD DE LA RIVIÈRE DES AMAZONES ET A l'eST DU MÉRIDIEN DE LA SIERRA NEVADA DE MERIDA. Le but de ce mémoire est de coordonner les observations géognostiques que j'ai pu recueillir pendant le cours de mes voyages dans les moutagnesde la Nouvelle-Andalousie etdu Venezuela , sur les rives de l'Orénoque et dans les Zfenos de Barcelone , de Calabozo etdel'Apure, parconséquent depuis la côte de la Mer des Antilles jusqu'à la vallée de l'Amazone, entre les parallèles de i° et de 10° ^ de latitude boréale. En décrivant les objets à mesure qu'ib se présentent au voyageur, chaque fait reste isolé; on n'expose que ce que l'on a vu en suivant les sinuosités des routes ; on apprend à connoître la suite des formations selon tel ou tel alignement , mais on ne peut saisir leur enchaînement mutuel. L'ordre des idées auquel doit s'astreindre la relation his- torique d'un voyage , a l'avantage de faire distinguer plus facilement ce qui est le résultat d'une observation directe ou celui d'une combinaison fondée sur l'analogie; mais, pour embrasser d'un coup d'oeil le tableau géognostique d'une vaste partie du globe, pour contribuer aux progrès de la géognosie qui est une science d'enchaînemens , il faut renoncer à l'accumulation stérile de faits isolés et étudier les rapports qui existent entre les inégalités du sol , la direction des Cordillères et la nature minéralogique des terrains. L'étendue du pays que j'ai traversé en différentes directions, a plus de i5,4oo lieues carrées. Elle a déjà été Tobjet d'une esquisse géognostique, tracée à la hâte sur les lieux, même, après mon retour de l'Orénoque, et publiée en 1801 par M. de Lametherie, dans le Journal de Physique (Tom. XLV, p. 46). A cette époque, on ignoroit en Europe la direction de la CordQlère côtière du Venezuela et l'existence de la Cordil- lère de la Parime. Aucune mesure de hauteur n'avoit été tentée hors de la province de Quito ; aucune roche de l'Amérique méridionale n'étoit nommée. Il n'existoit aucune description de la superposition des roches dans une région quelconque des tropiques. Dans de telles circonstances, un essai qui tendoit à prouver V identité des formations dans tes deux hémisphères ne pouvoit manquer d'exciter l'intérêt des géognostes. L'étude des collec- tions que j'ai rapportées et quatre années de voyages dansles Andes m'ont mis en état de rectifier mes premiers aperçus et d'étendre un travail qui, à cause de sa nouveauté, avoit été reçu avec quelque bienveillance. Les descriptions minéralogiques de chaque roche ont été données dans les chapitres précédens. Il ne me reste ici qu à réunir les matériaux épars et à citer les pages dans lesquelles on ti-ouve le détail des observations. Pour faire mieux saisir les rapports géognostiques les plus remarquables, je vais traiter d'une manière aphorislique en différentes sections la coniîguration du sol, la répartition générale des terrains, la direction et l'inclinaison des couches, et la nature des roches primitives, intermédiaires, secondaires et tertiaires. La nomenclature dont je me sers dans ce mémoire est celle dont j'ai exposé récemment les principes dans un ouvrage de Géognosie générale '. * Voyei mon Enal sur le gUement des rochet dans les deux hémisphères, 1810. NOTES. 189 Section I. Configuration du pays. Inégalités du sol. Chaînes et groupes de montagnes. Arrêtes de partage. Plaines ou Llanos. L'Amérique méridionale est une de ces grandes masses triangulaires que forment les trois parties continen- tales de l'hémisphère austral du globe. Par sa configuration extérieure elle ressemble plus encore à TAfrique qu'à la Nouvelle-Hollande. Les extrémités méridionales des trois continens sont rangées de manière qu'en faisant la traversée du cap de Bonne-Espérance (lat. 33° 55') au cap de Horn (lat. 55" 58') , en doublant la pointe sud de la Terre de Diemen (lat. 43° 38') , on voit les terres se prolonger d'autant plus vers le pôle sud que l'on avance plus vers l'eit. Des 571,000 lieues carrées marines ' que renferme l'Amérique méri- dionale , un quart est couvert de montagnes qui sont ou distribuées en chaînons ou accumulées par groupes. Le reste sont des plaines formant de longues bandes non interrompues couvertes de forêts ou de graminées, plus unies qu'on ne les trouve en Europe , et s'élevant progressivement, à 3oo lieues de distance des côtes , de 3o à 1 70 toises de hauteur au-dessus du niveau de l'Océan (Voyez plus haut , Tom. II, p. 1 5B et 4 1 8). La chaîne de montagnes la plus considérable de l'Amérique méridionale s'étend du sud au nord, selon la plus grande dimension du continent : elle n'est pas centrale comme en Europe , ni considérablement éloignée des bords de la mer , comme l'Himalaya et l'IJiudou-Koh , mais rejetée vers l'extrémité occidentale du continent , presque sur les côtes de l'Océan-Pacifique. Eu iixant les yeux sur le profil que j'ai donné '^ de la configuration de l'Amé- rique méridionale , sous le parallèle du Chimborazo et du Grand-Para , à travers les plaines de l'Amazone, on voit les terres s'abaisser vers l'est en talus , comme un plali incliné , sous un angle de moins de 25 secondes , par une longueur de 600 lieues marines. Si , dans l'ancien état de notre planète , par quelque cause extraor- dinaire, rOcéan-Atlantique s'est jamais élevé à 1100 pieds de hauteur au-dessus de son niveau actuel (à une hauteur d'un tiers moindre que celle des plateaux intérieurs de l'Espagne et de laBavière), les vagues ont dû se bri- ser dans la province de Jaen de Bracamoros , contre les récifs qui Ijordcnt la pente orientale de la Cordillère des Andes. L^exhaussement de cette arrête est si peu considérable en le comparant au continent entier, que la largeur de celui-ci dans le parallèle du cap deSaint-Roch est i4oo fois plus grande que la hauteur moyenne des Andes. Dans la partie montagneuse de l'Amérique méridionale, on distingue une chaîne et trois groupes de montagnes, savoir : la Cordillère des Andes, que legéognoste peut suivre sans interruption, depuis le cap PUares dans la partie occidentale du détroit de Magellan jusqu'au promontoire de Paria, vis-à-vis l'île de la Trinité ; le groupe isolé de la Sierra nevada de Santa Maria, le groupe des Montagnes de l'Orénoque ou de la Parime, et celui des Montagnes du Brésil. Comme la Sierra de Santa Marta se trouve presque dans le méridien des Cordillères du Pérou et de la Nouvelle-Grenade, on tombe communément dans l'erreur de regarder les sommets neigeux qu'aperçoivent les navigateurs en passant l'embouchure duRio Magdalena, conimel'extré- mité Ijoréale des Andes. Je prouverai bientôt que le groupe colossal de la Sierra de Santa Marta est presque entièrement isolé des montagnes d'Ocaîia et de Pamplona qui appartiennent à la Cordillère orientale de la Nouvelle-Grenade. Les plaines chaudes que parcourt le Rio César , et qui s'étendent vers le Valle de Upar, séparent la Sierra Nevada du Paramo de Cacota au sud de Pamplona. Le seuil, ou l'arrête, qui partage les eaux entre le golfe de Maracaybo et le Rio Magdalena, se trouve dans la plaine même à l'est de la Laguna Zapatoza. Si l'on s'est trompé long-temps en considérant la Sierra de Santa Marta , à cause de ses neiges éternelles et de sa position eu longitude , comme une continuation de la Cordillère des Andes , on a méconnu , d'un autre côté , la liaison de cette même Cordillère avec les montagnes côtières des provinces de Cumana et de Caracas. La chaîne du littoral de Venezuela , dont les différentes rangées forment la Montaîia de Paria , l'isthme ' Presque le double de l'Europe. Foyez plus haut, p. i64. 2 Carie de Colombia, d'aprvs les observations astronomiques de M. de Humboldt , par A H. Briic, iSîô , a laquelle sout joints les profils des Cordillères et des plaines. En traçant une coupe par le parallèle de 5° lat. sud, de Jaen de Bracamoros, jusqu'au cap Saint-Rocli, dans la plus grande largeur qu'offre l'Amérique méridionale de l'ouest à l'est, on trouve 880 lieues ou une penie régulière de 1 j^ pieds par lieue de i7,i5opiedsde roi, ou de 5 .;^ pouce par milles de ySi toises(f oyci Tom. Il, p. 25" )• igO NOTES. d'Araya, la SiUa de Caracas et les montagnes de granite-gneis , au nord et au sud du lac de Valencia, se rattachent entre Portocabello , San Felipe et Tocuyo (par le Torito, le Picacho de Nirgua, la Palomera et Altar) aux Paramos de las Rosas et de Niquitao qui forment l'extrémité nord-est de la Sierra de Merida et de la Cordillère orientale des Andes de la Nouvelle-Grenade. Il suffit d'avoir indiqué ici cette liaison si impor- tante sous les rapports géognostiques ; car, comme les dénominations Andes et Cordillères sont entièrement inusitées pour les chaînes de montagnes qui se prolongent depuis le bord oriental du golfe de Maracaybo jusqu'au promontoire de Paria, nous continuerons à désigner ces chaînes, dirigées de l'ouest à l'est, sous les noms de chaîne du littoral ou chaîne côtiére du Venezuela. Des trois groupes isolés de montagnes, c'est-à-dire de ceux qui ne sont pas des rameaux de la Cordillère des Andes et de sa continuation vers le littoral du Venezuela, il y en a un au nord et deux à l'est des Andes : le premier est la Sierra Nevada de Santa Maria ; les deux autres sont la Sierra de la Parime entre les 4» et 8° de latitude boréale, et les montagnes du Brésil entre les ib" et 28° de latitude méridionale. De cette distribution singulière des grandes inégalités du sol naissent trois plaines ou bassins qui constituent ensemble une surface de 42o,6oo lieues carrées ou i de toute l'Amé- rique méridionale , à l'est des Andes. Entre la chaine côtiére de Venezuela et le g)-oupe de la Parime , s'éten- dent \ti plaines de l'Apure et du Bas-Orénoque ; entre le groupe de la Parime et celui des montagnes du Brésil , les plaines de l'Amazone, du Rio Negiv et de la Madeira; entre les groupes du Brésil et l'extrémité australe du continent^ les plaines du Rio de la Plata et de la Patagonie. Comme le groupe de la Parime dans la Guyane espagnole et celui du Brésil (ou deMinas Geraes et de Goyaz) ne se rattachent pas vers l'ouest à la Cor- dillère des Andes de la Nouvelle-Grenade et du Haut-Pérou , les trois plaines du Bas-Oréuoque, de l'Amazone et du Rio de la Plata communiquent ensemble par des détroits terrestres d'une largeur considéraJjle. Ces détroits sont aussi des plaines dirigées du nord au sud et traversées par des arrêtes insensibles à la vue, mais formant des divortia aquarum. Ces arrêtes ( et ce phénomène remarquable n'a point fixé jusqu'ici l'attention des géognostes) , ces arrêtes ou lignes de faites sont placées entre les 2° et 3" de latitude boréale et les 16° et 18° de latitude australe. Le premier seuil forme le pai-tage des eaux qui se jettent au nord-est dans le Bas-Orénoque, au sud et sud-est tlans le Rio-Negro et l'Amazone : le second seuil divise les afiluens de la rive droite de l'Amazone et du Rio de la Plata. La direction de ces lignes de faîtes est telle que si elles étoient marquées par des chaînes de montagnes, elles réunlroieul le groupe de la Parime aux Andes de Timana {Relat. hist., Tom. II, p. 455) et les montagnes du Brésil au promontoire des Andes de Santa Cruz de h Sierra , de Cochabamba et du Potosl. Nous n'énonçons une supposition si vague que pour faire saisir plus aisément la charpente de cette vaste partie du globe. Ces relèvemens de la plaine dans l'in- tersection de deux plans légèrement Inclinés, ces deux seuils dont l'existence ne se manifeste , comme en Vo- Ihinie ', que par le cours des eaux, sont parallèlesà la chaîne côtiére du Venezuela: Us offrent pour ainsi dire deux systèmes de contre-pente peu développés, dirigés de l'ouest à l'est, entre le Guaviare et le Caqueta, et entre le Mamorè et lePilcomayo. Il est bien digne de remarque aussi que, dans l'hémisphère méridional, la Cordillère des Andes envoie vers l'est un immense contre- fort , le promontoire de la Sierra Nevada de Cochabamba, là où part l'arrête qui se prolonge entre les afiluens du Madeira et du Paraguay, vers le groupe élevé des montagnes du Brésil ou de Minas Geraes. On dirolt d'une chaîne longitudinale (les Andes) à laquelle trois chaînons transversaux (Montagnes du littoral de Venezuela, Montagnes de l'Orénoque ou de la Parime et Montagnes du Brésil) tendent à se rattacher , soit par un groupe intermédiaire (entre le lac de Valencia et Tocuyo) , soit par de simples arrêtes formées par l'inlersection de contre-pentes dans les plaines. Des trois Llanos qui com- muniquent par des détroits terrestres, des Llanos du Bas-Orénoque, de l'Amazone et du Rio de la Plata ou deBuenos-Ayres, les deuxextrêmes sont des steppes couvertes de graminées, tandis que le Z,/a?io intermédiaire, celui de l'Amazone, est une forêt épaisse. Quant aux deux détroits terrestres, formant des bandes dirigées du nord au sud (de l'Apure au Caqueta , à travers la Provincia de los Llanos et des sources du Mamorè au Rio ' Sur le partage d'eau entre le Dnieper (ou la Mcr-Xoiie) et le Niémen (ou la Baltique), voyezU CaTUhydrographiqacdcPotognc pat MM. de Pcrihes el homarceaishy, 1809. NOTES. 191 Pilcamayo, à travers la province des Moxos et Chiquitos), ils oflrent des steppes nues et herbeuses comme les plaines de Caracas et de Buenos-Ayres. Dans l'immense espace de terrain à l'est des Andes, qui comprend plus de 48o,ooo lieues marines can-ées, dont 92,000 en pays montueux , il n'y a aucun groupe qui s'élève jusqu'à la région des neiges perpétuelles, aucun même qui atteigne l'élévation de 1 4oo toises. Cet abaissement des montagnes dans la région orientale du Nouveau- Continent s'étend jusqu'aux 60° de latitude boréale ; tandis que, dans la partie occidentale, sur la prolongation de la Cordillère des Andes, les plus hautes cimes s'élèventau Mexique (lat. 18° Sg') à 2770 toises, dans les Mon- tagnes Rocheuses (lat. T)"]" à 4o°) à 1900 toises. Le groupe isolé des AUeghanis, qui correspond par sa position orientale etpar sa direction au groupe du Brésil, ne dépasse pas io4o toises*. Les grands sommets, ceux qui excè- dent la hauteur du Mont-Blanc, n'appartiennent donc qu'à la chaîne longitudinale qui borde le bassin de l'Océan- Pacifique, depuis les bb" sud jusqu'aux 68° nord, c'est-i-àdire la Cordillère des Andes. Leseul groupe isolé qui rivalise avec les sommets neigeux des Andes équinoxiales et qui atteint près de 3ooo toises, est la Sierra de Santa- Marta. Aussi n'est-elle pas placée à l'est des Cordillères , mais entre le prolongement de deux de leurs branches, celles de Merida et de Veragua. Les Cordillères, là où elles bordent la Mer des Antilles, dans la partie que nous désignons sous le nom de Chaîne du littoralde Venezuela , ne parviennent plus à cettehauteur extraordinaire (24oo toises) qu'elles ont dans leur prolongement vers Chita et Merida. En considérant isolément les groupes de l'est, ceux du littoral de Venezuela, de la Parime et du Brésil , on les voit diminuer du nord au sud. Les plus hautes cimes de chaque groupe sont la Silla de Caracas (i35o toises) , le picDuida (i3oo toises) , l'Itacolumi et l'Itambe ^ (900 toises). Mais , comme je l'ai déjà fait observer dans un autre endroit ^, ce seroit une erreur de juger de la hauteur d'une chaîne de montagnes uniquement d'après la hauteur des sommets les plus élevés. Le pic de l'Himalaya ""j le plus exactement mesuré, est de 676 toises plus haut que le Chimborazo, le Chimborazo de goo toises plus haut que le Mont-Blanc , le Mont-Blanc de 663 toises plus haut que le pic Nethou ^. Ces diffé- rences ne donnent pas les rapports delà hauteur moyenne de l'Himalaya, des Andes, des Alpes et des Pyrénées , c'est-à-dire la hauteur du dos des montagnes, siu- lequel s'élèvent des pics, des aiguilles, des pyramides ou des dômes arrondis. C'est la partie de ce rfosoùse pratiquent les passages, qui fournit une mesure précise du mini- mum de hauteur qu'atteignent les grandeschaînes.En comparant l'ensemble de mes mesures à celles deMoorcroft, Webb et Hodgson, de Saussure et de Ramond, j'évalue la hauteur moyenne A\x faîte de l'Himalaya, entre les méridiens de jb° et 77°, à 245o toises ; des Andes'' (au Pérou, à Quito et dans la Nouvelle-Grenade), à i85o toises ; du faîte des Alpes et des Pyrénées , à 1 i5o toises. La différence de la hauteur moyenne des Cordillères (entre les parallèles de 5° nord et 2° sud) et des Alpes de la Suisse est par conséquent de 200 toises plus petite que la différence de leurs plus hauts sommets; et, en comparant les passages des Alpes, on voit que l'élé- vation moyenne de leur faîte est à peu près la même , quoique le pic Nethou soit de 600 toises plus bas ♦ Le point culminant des AUeghanis est Mount-WasbingtOD , dans le New-Uampsbire , lat. 44° t. I' a, d'après le capitaine Partridge, 6634 pieds anglois. * D'après la mesure de MM. Spix et Martius , l'Itambe do Villa de Principe a 55go pieds de hauteur [Martius , Plijsiû- ^Tiomie des Pflanzenrcicbs in Brasilicn , 1824 , p. 23.) ' f'oye- mon premier mémoire sur les Montagnes de l'Inde, dans les Annales de chimie et de physique, 1S16, Tom. III, p. 3i3. ' Le Pic lewabir, lat. Jo" 22' 19'; long. 77° 35' 7' à l'orient de Paris. Hauteur 4026 toises, d'apris MM. Hodgsoo et Herbert. ^ C'est ce pic, appelé aussi pic d'Anethou ou Malabita , ou pic oriental de Maladetta, qui est la plus haute cîme des Pyrénées. Il a 1787 toises d'élévation , et excède par conséquent le Mont-Perdu de 4o toise!. (Vidal et Reboul , dans les Annales de chimie, Tom. V, p. ^34 , et dans le Journal de physique, 1S22, Dec, p. 4*8. CJtarpentier, Essai sur la constit. géognost. des Pyré- nées, p. S23, 539.) '' Dans le passage de Quindiù , entre la vallée du Magdalena et celle du Rio C:iuca, j'ai trouvé le point culminant ( la Garita del Paramo) , à 1798 toises de hauteur absolue. C'est cependant un des cols qu'on regarde comme des moins élevés. Les passages des Andes de Guanacas, de Cuamani et de Micuipampa ont 23oo , 1 715 et 1817 toises de haute'jr au-dessus de In surface de l'Océan. Même par les 33° de latitude sud, le chemin que traverse les Andes entre Mendoza et Valparaiso a encore 1987 toises de hauteur. Foyez mes Obs. astron., Tom. I, p. 3i2, 3i4 et 3i6 , et Caldas, Semanario de SantaFe de Bogota . Tom. I, p. 8 et 38. Je ne fais pas mention du Col de t'Assuay, oiii'aifaasé, près de la Ladera de Cadlud, sur une crête de 2438 toises d'élévation , parce que c'est un passage sur une arrête transversale qui réunit deux chaînons parallèles entre cui. 192 NOTES. que le Mont-Blanc et le Mont-Rose. Au contraire , entre l'Himalaya ' et les Andes (en considérant ces chaînes dans les limites que je viens d'indiquer) , les différences entre la hauteur moyenne des faîtes et la hauteur des sommets les plus élevés conservent à peu près les mêmes rapports. En appliquant un raisonnement analogue aux trois groupes de montagnes que nous avons fait connoître, à l'est des Andes, nous trouvons la hauteur moyenne de la chaîne du littoral de Venezuela de y5o toises; de la Sierra Parime, de 5oo toises; du groupe brésilien, de 4oo toises; d'oîi il suit que les montagnes de la région orientale de l'Amérique du sud sont, entre les tropiques, à l'élévation moyenne des Andes, dans le rapport de 1 à 3. Voici le" résumé de quelques données numériques, dont la comparaison offre des idées plus précises sur la structure * des montagnes en général. NOMS DES CHAINES DE MO.MAGNES. PLUS HAUTES CIMES. HAUTEUR moyenne DES CfifTBS. RAPPORT de la haut, moyenne des crêtes à celle des cimes les plus élevées. HiuALAïi (entre)at. bor. So" 18' et Ji-SJetlong. tS" a3' et 77° 38) 4oj6 t. 3450 t. 1 : 1,6 GobdilUbbs des Amdss (entre lat. S» bor. et 3« austr.). . . 3350 t. i85o t. 1 : 1,8 2450 t. ii5o t. 1 : 3,> pYBé.lÉES 1787 t. 1 i5o t. 1 : 1,5 i35o t. 75ot. . : 1,8 i3oo t. 5oo t. l : 2,6 900 t. 400 t. 1 : 2,3 * Les passages de l'Himalaya qui conduisent de la Tartarie cbÎDoise dans l'Hîndostan ( Nitee-Ghaut , Bamsaru, Cbatoul- gbati, etc.), ont de a^oo à 7joo toises de bauteur absolue. Quant à la cime la plus élevée de THimalayajje ne l'ai voulu choisir que parmi les pics qui sont situés entre les méridiens du lac Maoasarovrar et de Balaspore, les seuls qui ont été mesurés avec beaucoup de précision par MM. Webb, Hodgsonet Herbert {Asiat, i2wMrcA.,Vol,XiV, jt.iSj'?>-;2f\Edinb.Phil. Journ., i825, in-i8, p.5i3}. On ne connoit, dit le capitaine Hodgson, aucune mesure également précise au sud-est de Jat. 3o° 22' et long. 77^ 57'. H se peut que, sous le méridien de Gorukpur et dans celui de Bungpur, il y ait des sommets (>lu5 élevés encore. On a conclu, en effet, d'après des angles pris à de très-grandes distance;*, que le pic Cbamalari, près duquel Turner a passé en allant à Tissu-Lumbu , et le pic Dbawalagiri au sud de Mustung , près des sources du Gunduck , avoient jusqu'à 28,077 pieds aoglois (4590 toises ) de hauteur {Joum. ofihe Roy. Instit. y 1S21, Vol. II , p. 24^)* L Vierges jusqu'au Cabo Negro: à ce cap , la Cordillère s'élève brusquement et remplit tout l'espace jusqu'au Cap Victoria ( lat. 52" 22'). La région entre le cap de Horn et l'extrémité australe du continent ressemble assez à l'origine des Pyrénées, entre le cap Creux (près du golfe de Kosas) et le col de Pertus. On ignore la hauteur de la chaîne patagonique : il paroît cependant qu'au sud du parallèle de 48° aucun sommet n'atteint encore l'élévation du Canigou ( 1 43o toises) qui est placé près de rextréniité orientale des Pyrénées. Dans cette contrée australe, 011 les étés sont si froids et si courts, la limite inférieure desneiges éternelles doit s'abaisser pour le moins autant que dans l'hémisphère boréal, en Nonvège, par les 03" et6i° de latitude, par conséquent au-dessous de 800 toises*. La grande largeur de la bande de neige dont ces cimes pala- goniques sont enveloppées, ne justifie donc pas l'idée que les voyageurs se forment de leur hauteur, par les 48° de latitude sud. A mesure qne l'on avance vers l'île de Chiloe, les Cordillères approchent de la côte. L'ar- chipel des Chonos ou Huaytecas se présente comme les débris d'un immense groupe de mont.ngnes englouties par les flots. Des bras de mer étroits (esteras) remplissent les vallées les plus basses des Andes , et rappellent les^ords delaNorwègeetduGrônland. C'est là que se trouvent^, rangés du sud au nord, les Ncvados de M aca (lat. 4 5" 19'), de Cuptana (lat. 44° 58') , de Yanteles (lat. 43° 52'), du Corcovado, de Chayapirca (lat. 42° 52') et de LIebcaa (lat. 4i» 49'). Le pic de Cuptana s'élève, comme le pic de TénérilTe, au sein des mers : mais comme il est à peine visible à 4o lieues de distance, son élévation ne peut atteindre que i5oo toises. Le Corcovado, placé sur la côte ' Basil Bail, Journal of Chili and Peru, 1824, T. I, p. 3. 2 Relaciorr del viage al EslTccho de Magcllanes, Appendice, 1795, p. 76. ' On le voit très-distinctement à 60 milles de distance, ce qui, sans compter les effets de la réfraction terrestre , lui dorK neroit 49Ô toises. * Pour porter un Jugement sur la limite des neigps, entre les 48" et 5 1*, dans les Terres patagoniques, je me fonde sur l'analogie du climat des îles Malouines (liit. 31" 25'), seul point également austral que nous connoissions avec précision. La température moyenne de l'année entière dans les Malouines (8,3 cent.) correspond , 11 est vrai, à cell»- d'Edimbourg (lat. 55" 57') dans l'Iiémis* phère boréal; mais telle est la différence de la répartition de la cbaleur, entre les différentes saisons, dans les deux hémis- phères, sur une même ligne isotherme, que la température moyenne des étés est à Edimbourg de i4"i6i et aux îles Malouines à peine de ii",4. Or la ligne isolhère (d'égal été) de n* à 12" passe dans notre hémisphère sur les côtes orientales de la Westrobotnie, parles 64" de latitude, et l'on sait qu'à des étés si froids correspond une hauteur des neiges perpétuelles de 750 à 800 toises. Voyez mon Mém. sur les lignes isothermes, p. 112. » Mannscrils et cartes de Don José de Moraleda. {Voyez aussi Sir Charles Giesecke, dans Seoresby, Foy. to TVest-Greenland, p. 4C7.) '9" NOTES. même du continent, vis-à-vis l'extrémité australe de l'île de Chiloe, paroît avoir plus de igSo toises; c'est peut-être la plus haute cime du globe entier , au sud du parallèle de 42° de latitude australe. Comme au nord de San Carlos de Cliiloe, dans toute la longueur du Cliili jusqu'au désert d'Atacama, les basses régions occiden- tales n'ont pas été englouties par les flots, les Andes y paroissent plus éloignées des côtes. L'abbé Molina*, toujours positif en ce qui est douteux, affirme que les Cordillères du Chili forment trois chaînons parallèles dont 1 intermédiaire est le plus élevé : mais pour prouver que cette division n'est aucunement générale, il suffit de rap- peler le nivellement barométrique fait par MM. Bauza et Espinosa, en i yg'i, entre Mendoza et Santiago de Chili. Le chemin qui conduit de l'une de ces villes à l'autre s'élève peu à peu de 700 à 1987 toises; et, dès que l'on a passe le col des Xndes [La Ciimbre, entre les maisonsde refuge appelées Z/a« Ca/ayeras cl //as Cweua*), on descend continuellement sans s'arrêter jusque dans la vallée tempérée de Santiago de Chili , dont le fond n'est élevé que de 409 toises au-dessus du niveau de l'Océan. Le même nivellement nous a fait connoître le minimum de hau- teur i laquelle se soutient au Chili , par les 33" de latitude australe , la limite inférieure des neiges. Cette limite ne s abaisse pas en été à 2000 toises*. Je crois pouvoir conclure, d'après l'analogie des montagnes neigeuses du Mexique et de l'Europe australe, et eu ayant égard à la différence des températures estivales des deux hémis- phères , que de véritaldes Nevados ne pourroient avoir au Chili , sur le parallèle de Valdivia (lat. 40°), pas au-dessous de i3oo toises; sur celui de Valparaiso (lat. 33°), pas au-dessous de 2000 toises; sur celui de Copiapo (lat. 27") , pas au-dessous de 2200 toises Je hauteur absolue. Ce sont des nombres-limites , des minimum d'élévation que devroit atteindre, par dilféreiis degrés de latitude , le faîte des Andes du Chili, pour que leurs sommets, plus ou moins agroupés, dépassassent la ligne des neiges perpétuelles. Les résultats numérupies qne je viens de consigner ici se fondent sur les lois de la distribution de la chaleur : ils ont encore aujourd hui la même importance ([u'ils avoient à l'époque déjà éloignée de mes voyages eu Amérique ; car il n'existe dans rimmense étendue des Andes, depuis les 8° de lut. mer. jusqu'au détroit de Magellan, pas un Seul Nevado dont on ait déterminé la hauteur au-dessus du niveau de l'Océan, soitparune simple mesure géométrique , soit par les moyens combinés de mesures barométriques et géométriques '. Entre les 33° et les 18° de latitude australe, entre les parallèles de Valparaiso et d'Arica, les Andes se ren- forcent vers l'est de trois contre- forts remar(|uahles, ceux de la Sierra de Cordova, de Salta et des Nevados de Cochabamba. La Sierra de Cordova (entre les 33° et 3i° de latitude) est en partie traversée, en partie côtoyée par les voyageurs qui se rendent de Buenos-Ayres à Mendoza. C^est pour ainsi dire le promontoire le plus méridional qui avance dans les Pampas, vers le méridien de 65°: il donne naissance à la grande rivière connue sous le nom de Desaguadero de -Mendoza, et s'étend depuis San Juan de la Frontera et San Juan de la Punta jusqu'à la ville de Cordova. Le second contre-fort, la Sierra de Salta etde Jujui , dont la plus grande largeur se trouve sous les 25» de latitude, s'élargit progressivement depuis la vallée de Catamarca et depuis San Miguel del Tucuman vers le Rio Vermejo (long. Gi°). Enlin le troisième conlre-fort, le plus majestueux de tous, la Sierra Nevada de Coc/iabamba et de Santa-Cruz (des 22" aux 17° : de latitude), se lie au nœud des montagnes de Porco. 11 forme le point de partage {divortia aquarum) entre le bassin de l'Amazone et celui du Rio de lu Plata. Le Cachimayo et le Pilcomayo, qui naissent entre Potosi, Talavera de la Puna et La Plata ou Chiiqui- saca, courent vers le sud-est, tandis que le Parapiti et le Guapey (Guapaix ou Rio de Mizque) versent leurs eaux vers le nord-est dans le Mamorè. L'arrête de partage étant placée près de Chayanta , au sud de Mizque, de Tomina et de Pomabamba, presque sur la pente méridionale de la Sierra de Cochaliamba par les 19° et 20" de latitude , le Rio Guapey est forcé de faire le tour du groupe entier pour parvenir aux plaines de l'Amazone, * Saggio, p. 4, 38, 48, comparé aux manuscrits de M. Ncc, botaniste de l'espédition de Malaspina. DansI Himalaya, sur la ptnle méridionale, les neiges commencent, 5° plus près de l'équateur, déjà il 1970 toises. L emploi sunultanc de ces deux moyens est nécessaire partout où l'on ne peut mesurer une base au niveau de la mer ou exécuter un nivellement depuis le plateau sur lequel la base a été mesurée jusqu'aux eûtes. Le manque de baromètres por- tatifs et l'ignorance de l'emploi des instrumens de réflexion et d'horizons artiCcicU ralentissent dans les hautes chaînes de montagnes les progrès de la géographie physique : ils ont nui surtout à l'hypsométric des Andes et des Montagnes Rocheuses. NOTES. 197 a peu près comme fait en Europe le Poprad , affluent de la Vistule, pour parvenir de la partie méridionale des Carpallies , du Taira , aux plaines de la Pologne. J'ai déjà fait observer plus haut que , là où les montagnes cessent (à l'ouest ' du méridien de 66° i ), l'arrctede partage de Cocliabamba remonte, vers le nord-est, aux 16° de latitude, en ne formant , par l'iotersection de deux plans foiblement inclinés , qu'un seuil au milieu des savanes, et en séparant les eaux du Guaporè , allluent duMadeira, de celles de l'Aguapèhy et Jaurù, affluens du Rio Paraguay. Ce vaste pays, entre Santa Cruz de la Sierra, Villabella et Matogrosso, est l'un des plus inconnus de toutel'Amérique méridionale. Les deux contre-forts de Cordova et de Salta n'olTrentqu'unterrainmontueux^ de peu d'élévation , qui se lie au pied des Andes du Chili. Au contraire , le contre-fort de Cochabamba atteint la limite des neiges perpétuel les (23oo toises) , et forme pour ainsi dire un rameau latéral des Cordillères qui part de leur faîte même, entre La Paz et Oruro. Les montagnes qui composent ce rameau (Cordillera de Chiriguanaès, de les Sauces et de Yuracarèes) se dirigent régulièrement de l'ouest à l'est. Leur pente orientale ^ est très-rapide, et leurs sommets les plus élevés sont placés non au centre, mais dans la partie septentrionale du groupe. La Cordillère principale du Chili et du Haut -Pérou, après avoir envoyé vers l'est les trois contre-forts de Cordova, de Salta et de Cochabamba ou Santa- Cruz, se ramifie pour la première fois d'une manière bien distincte en deux branches, dans le nœud de Porco et du Potosi, entre les 19° et 20» de latitude. Ces deux branches embrassent le plateau qui s'étend de Carangas à Lampa (lat. 19° v— 15°) et qui renferme le petit lac alpin de Paria, le Desaguadero et la grande Laguna de TIlicaca ou Chucuito, dont la partie méridionale porte le nom de Vinamarca. Pour donner une juste idée des dimensions colossales des Andes, je rappelle ici que la surface du seul lac de Tilicaca {M8 lieues carrées marines) excède vingt fois celle du lac de Genève, et deux fois la grandeur moyenne d'un département de la France. C'est sur les bords de ce lac que, près de Tiahuanacu et dans les hautes plaines du Collao , se trouvent des ruines qui attestent une culture * antérieure à celle que les Péruviens croient devoir au règne de l'inca Manco-Capac. La Cordillère orientale, celle de La Paz , Palca , Ancuma et Pelechuco , se réunit, au nord-ouest d'Apolobamba, à la Cordillère occidentale qui est celle de Tacna, de Moquehua et d'Arequipa. La réunion des deux branches se fait dans le nœud du Couzco, le plus étendu de toute la chaîne des Andes, entre les parallèles de 14° et de i5°. La ville impériale du Couzco est placée près de l'extrémité orientale de ce nœud qui embrasse, dans une aréa de 3ooo lieues carrées, les montagnes de Vilcanota, de Carabaya, d'Abancai , de Huando, de Parinacochas et d'Andahuaylas. Quoique ici , comme en général dans tout élargissement considérable d'une Cordillère, les sommets agroupés ne suivent pas des directions constantes et parallèles à l'axe principal, on observa pourtant, depuis les 18° de latitude, dans la disposition générale de la chaîne des Andes , un pl.énomène bien digne de l'attention des géologues. Tout le massif des Cordillères du Chili et du Haut-Pérou, depuis le détroit de Magellan jusqu'au parallèle du port d'Arica (18° a8' 35"), est dirigé du sud au nord, dans le sens d'un méridien, au plus M. 5" £.; mais depuis le parallèle d'Arica , la côte et les deux Cordillères à l'est et à l'ouest du lac alpin de Titicaca changent brusquement de direction et inclinent vers le nord-ouest. Les Cordillères d' Ancuma et de Moquehua , et la vallée longitudinale, ou, pour mieux dire, le bassin de Titicaca, qu'elles enclavent, sont dirigées N.42''0. ' Je suppose, avec le capitaine Basil Hall, le port de Valparaiso 71» Ji' à l'ouest de Grcenvïich , et je place Cordova 8° 4o', Santa-Cruz de la Sierra 7" 4' à l'est de Valparaiso. Les longitudes indiquées dans le teite , et constamment rapportée» au mé- ridien de l'observatoire de Paris, ne sont pas prises des cartes publiées : elles se fondent sur des combinaisous de géograpLie astronomique dont on trouvera les élémens dans l'Analyse de mon Atlas de l'Amérique méridionale. ^ J'ai de la peine à croire que la ville même de Jujuy soit élevée de 65o toises au-dessus du niveau de l'Océan, comme le prétend M. Redliead, dans son livre Sobre la dUatacion dcl aire aimosferico (Buenoâ-Ayres, 181g), p. 10. 'Je dois une connoissaoce plus parfaite de la Sierra de Cochabamba aux manuscrits de mon compatriote , le ce'lèbre botaniste Taddieus llaenke , qu'un religieux de la congrégation de l'Escurial , le père Cisneros , a bien voulu me communiquer à Lima. M. llaenke, après avoir suivi l'expédition d'Alexandre Malaspina , s'étoit établi, en 1798 , à Cochabamba, où il eut beaucoup à se louer de l'amitié de l'intendant Don Francisco de Viedma. Une partie des immenses herbiers de ce botaniste se trouve aujourd'hui conservée à Prague. '' CarcUassOi Comcntarios RçaleSj T. 1, p. 21, igS NOTES. Plus loin, les deux rameaux se réunissent de nouveau dans le nœud des montagnes du Couzco, et dès-lors la direction devient N. 80° O. Ce nœud, dont le plateau incline au nord-est, oITre par conséquent un véritable coude, presque dirigé de l'est à l'ouest, de sorte que la partie des Andes au nord de Castrovireyna est reculée vers l'ouest de plus de 242,ooo toises. Un phénomène géologique si extraordinaire rappelle la variation d'allure des (lions , el surtout la disposition de deux parties de la chaîne des Pyrénées , parallèles entre elles , et liées par un coude pres((ue rectangulaire , de 1 6,000 toises de long, près des sources de la Garonne ' : mais dans les Andes , lesaxes de la chaîne, au sud et au nord du coude, ne conservent pas de parallélisme. Au nord de Castrovireyna et d'Andahuaylas (lat. i4°), la direction est N. 22° O. , lorsqu'au sud de iS" elle est N. 42° O. Les inflexions de la côte suivent les mêmes changemens. Le littoral, séparé de la Cordillère par une plaine de i5 lieues de large, se dirige, de même que la Cordillère: deCopiapo à Arica, entre les 27° t etiS"! de latitude, IV.5''E.; d'Arica a Pisco, entre les 18» i et 14» de latitude, d'abord N.42°0., puis N. 65°0.i de Piscoà Truxillo, entre 14° et 8" de latitude N. 27° O. Ce parallélisme entre la côte et la Cordillère des Andes est un phénomène d'autant plus digne d'attention qu'on le trouve répété dans plusieurs parties du globe là où les montagnes ne forment également pas le littoral. A cette considération se joint une autre qui a rapport à la charpente générale des continens. J'insiste sur la position géographique du point (i4° 28' de latitude méridionale) où commence, sur le parallèle d'Arica, l'indesion de la côte et la variation d'allure des Andes du liaut-Pérou La ressem- blance de configuration qu'ofifieut en grand les masses triangulaires de l'Amérique du Sud et de l'Afrique se manifeste dans plusieurs détails de leurs contours. Le golfe d'Arica et d'Ilo correspond au golfe de Guinée. L'in- flexion de la côte occidentale de l'Afrique commence 3» au nord de l'équaleur ; el, si l'on considère géologl- quement l'archipel de l'Inde comme les restes d'uncontinentdétruit, comme le lien entre l'Asie orientale et la Nouvelle -lioUande, on voit le golfe de Guinée, celui que forment Java, Bali et Sumbava avec la Terre de Witt et le golfe péruvien d'Arica, se suivre du nord-ouest au sud-est (lat. 5° N., lat. 10° S., lat. i4° T S.), presque dans la même direction que les extrémités des trois continens de l'Afrique, de l'Australasie et de l'Amérique *. Après le grand nand des montagnes du Consco et de Parinacochas , par les 1 4" de latitude méridionale , les Andes présentent une seconde hijurcation, à l'est et à l'ouest du Rio de Jauja, qui se jette dans le Mantaro, affluent de l'Apurimac^. Le chaînon oriental se prolonge à l'est deHuauta, du couvent d'Ocopaet de Tarma; le chaînon occidental à l'ouest de Castrovireyna, de Huancavelica, de Huarocheri et Yanll. Le bassin, ou plutôt le plateau élevé que ces chaînons enclavent, est presque de moitié moins long que le bassin de Chucuito ou Titicaca. Deux montagnes, couvertes de neiges éternelles, que l'on voit de la ville de Lima, et que les habitans nomment Toldo de la Nieve, appartiennent au chaînon occidental, à celui de Huarocheri. Au nord-ouesl des vallées de Salcabamba , sur le parallèle des ports de Huaura et de Guarmey, entre 1 1° et 10° de latitude, les deux chaînons se réunissent dans le nœicd de Huamico et de Pasco , célèbre par les mines de Yauricocha ou Santa-Rosa. C'est là que s'élèvent deux pics d'une hauteur colossale, les Nevados de Sasaguanca et de la Viuda. Le plateau même de ce nœud de montagnes paroit avoir, dans les Pampas de Bombon * , plus de 1800 toises d'élévation au-dessus du niveau de l'Océan. A partir de ce point, au nord du parallèle de Iluanuco (lat. 1 1°) , les Andes se divisent en trois chaînons, dont le premier , le plus oriental , s'élève entre Pozuzu et Muna, entre le Rio Huallaga et le Rio Pachilea, affluent del'Ucayali; le second ou central, entre le Huallaga el le Haut-Maragnon; le troisième ou occidental, entre le Haut-Maragnon et les côtes de Truxillo et de Paytas.I.e chaînon oriental est un petit rameau latéral qui s'abaisse en une rangée < Eotrc la montagne de Tcntenade et le Port d'Espot (Charpentier, p. lo). 2 Foyez plus haut, p. 189. » yoyez le PUm ddctirso de los Rios Huallaga y Ccayali por el Padre Sobrevieta, 1791- L'.\purimac forme , conjointement avec le Béni, le Rio l'aro qui prend le nom d'Ucayali apràs son confluent avec le Rio Facbitea. » Essai politiijue, T. II, p. 4o6. ' ^oycs plusbaut, T. II, p. 3io. NOTES. 199 de collines. Dirigéd'ahorcI au NN E., en hordanlles Pampas del Sacramento , puis à l'O NO. , là où il est hrisé par le RioHuallaga dans le /'o«gio,au-dessusducoiifluentduChipurana, ce chaînon orientalse perd par les 6° 1 de latitude au nord-ouest de Lamas. Une arrête transversale paroît le réunir au chaînon central, au sud du Paramo ' de Piscoguanuna (ou Piscuayuna), et à l'ouest de Chachapoyas. Le chaînon intermédiaire ou central se prolonge du nœud de Pasco et Huanuco, vers le N N O. , entre Xican et Chicoplaya, entre Huacarachuco et les sources du Rio Monzon , entre Pataz et Pajatan , Caxamarquilla et IMoyohamha. 11 s'élargit beaucoup dans le parallèle de Chachapoyas, et forme un terrain montueus traversé par des vallées profondes et excessivement chaudes. Par les 6° de latitude, au nord du Paramo de Piscoguanuna, le chaînon central jette deux branches vers La Vellaca et San Borja. Nous verrons bientôt que la dernière branche forme, au -dessous du petit Rio Nieva, affluent de l'Amazone, les rochers qui bordent le fameux Pongo de Manserîche. Dans cette zone où le Pérou septentrional se rapproche des confins de la Nouvelle-Grenade, par les 10° et 5° de latitude, les deux chaînons oriental et central n'ont aucun sommet qui s'élève jusqu'à la région des neiges perpétuelles; les seules cimes neigeuses se trouvent dans le chaînon occidental. Le chaînon central , celui des Paramos de Calla- calla et Piscoguanuna atteint à peine 1800 toises : il s'abaisse lentement jusqu'à 800 toises de hauteur, de sorte que le terrain montueux et tempéré qui s'étend au nord de Chachapovas vers Pomacocha, La Vellaca et les sources du Rio Nieva , est encore riche en beaux arbres de quinquina. Dès que l'on passe le Rio Huallaga et le Pachitea, qui, avec le Béni, forme l'Ucayali , on ne trouve , en avançant vers l'est, que des rangées de collines. Le chaînon occidental des Andes, le plus élevé et le plus rapproché des côtes , se dirige presque parallèlement au littoral N. 27° O., entre Caxatambo et Huary , Conchucos et Guamachuco, par Caxamarca , le Paramo de Yana- guanga et Montan vers le Rio de Guancaljamba. Il présente (entre y" et 7° !) les trois Nevados de Pelagatos, Moyo- pata et Huaylillas. Ce dernier sommet neigeux , situé près de Guamachuco ( par les 7° 55' de latitude) , mérite d'autant plus d'attention que, de là au nord jusqu'au Chimborazo, sur une longueur de i4o lieues, il n'existe pas une seule montagne qui entre dans la région des neiges perpétuelles. Cette dépression ou absence des neiges s'étend , dans le même intervalle , sur tous les chaînons latéraux ; tandis que , au sud du Nevado de Huaylillas, on observe constamment que, lorsqu'un chaînon est très-bas , l'autre a des cimes qui dépassent 246o toises de hauteur. Pour fixer davantage l'attention sur la branche des Andes qui s'étend à l'ouest de l'Amazone, celle de Conchucos et de Caxamarca, je rappellerai que c'est au sud de Micuipampa (parlât. 7" 1') que j'ai trouvé l'équateur magnétique. L'Amazone, ou, comme on a coutume de dire dans ces régions peu visitées , le Haut-Maragnon , parcourt partie occidentale de la vallée longitudinale que laissent entre elles les Cordillères de Chachapoyas et de Caxamarca. En embrassant d'un même coup d'œil cette vallée et celle du Rio Jauja, limitée par les Cordillères de Tarma et de Huarocheri , on est tenté de les considérer comme un seul et immense bassin de 180 lieues de long et traversé, au premier tiers de sa longueur, par une digue ou arrête de 18,000 toises de largeur. En effet, ses deux lacs alpins de Lauricocha et de Chinchaycocha , qui donnent naissance à la Rivière des Amazones et au Rio de Jauja, sont placés au sud et au nord de cette digue rocheuse formée par un prolongement du nœud de Huanuco et de Pasco. L'Amazone, pour sortir de la vallée longi- tudinale que bordent les chaînons de Caxamarca et de Chachapoyas , brise , comme nous l'avons déjà exposé dans un autre endroit*, le dernier de ces chaînons qui mérite le nom de central sans être cependant le plus élevé. Ce point, où le grand fleuve pénètre dans les montagnes, est très-remarquable. Entrant dans l'Amazone par le Rio Chamaya ou Guancabamba , j'ai trouvé, vis-à-vis le confluent, la montagne pittoresque de Patachuana, mais des deux côtés del'Amazone les rochers ne commencent qu'entre leTambillo etTomependa (lat. 5° 3i', long. 80° 56'). De là au Pongo de Rentema suit une longue série d'écueils dont le dernier est le Pongo de Tayouchouc, entre le détroit de Manserîche et le village de San Borja. L'Amazone ne change la direction de son cours, d'abord dirigée au nord, et puis à l'est , que près de Puyaya , S lieues au nord-est de Tomependa. Dans toute cette distance, entre Tambillo et San- Borja, les eaux se sont frayé un chemin plus ou moins étroit, ' T. I,p. 327; T. Il,p. GGo. 'T. Il, p. 5u. 20O NOTES. à trayers les grès de la Cordillère de Chacliapoyas. Les montagnes sont encore assez élevées près de l'Embarca- dero, au confluent de l'iraasa, où des troncs de Cinchona , faciles à transplanter à Cayenne et aux. Canaries , s'approchent de l'Amazone : mais dans le fameux détroit de Manseriche , les rochers ont à peine 4o toises d'é- lévation, et, plus à l'est, les dernières collines s'élèvent près de Xeberos , vers l'embouchure du Rio Huallaga. Pour ne pas interrompre la description des Cordillères , entre les i5° et 5° i de latitude, entre les nœuds de montagnes du Couzco et de Loxa , j'ai passé jusqu'ici sous silence l'élargissement extraordinaire que prennent le^ Andes près d'Apolobamba. Comme les sources du Rio Béni se trouvent dans ce contre-fort, qui se pro- longe vers le nord au-delà du confluent de cette rivière avec l'Apurimac, je désignerai le groupe entier sous le nom de contre-fort du Béni. Voilà ce que j'ai appris de plus sûr sur ces contrées , par des personnes qui ont habité long-temps Apolobamba , le RealAes mines de Pasco et le couvent d'Ocopa. Le long de tout le chaînon oriental de Titicaca, depuis La Paz jusqu'au nœud de Huanauco(lat. i-j°^a. io°ï), un terrain montueux très- large est adossé vers l'est, à la pente des Andes. Ce n'est pas un élargissement du chaînon oriental même , ce sont plutôt des contre-forts de peu d'élévation qui suivent le pied des Andes comme une pénombre, en rem- plissant tout l'espace entre le Béni et le Pachitea. Une chaîne de collines borde même la rive orientale du Béni jusqu'au 8" de latitude; car, d'après des renseignemens très-exacts que m'a donnés le père Narcisso Gilbar , les rivières Coanache et Magua , deux aflluens de l'Ucayali (débouchant par les G" et 7° de lat.), viennent d'un terrain montueux entre l'Ucayali et le Javari. L'existence de ce terrain par une longitude si orientale (probablement long. 74°) est d'autant plus remarquable que, quatre degrés de latitude plus au nord, on ne trouve ni un rocher, ni une colline à l'est de Xelieros ou de l'embouchure du Huallaga (long. 77° 5G'). Nous venons de voir que le contre-fort du Béni, espèce de rameau latéral, se perd vers les 8° de latitude : le chaînon entre l'Ucayali et l'Huallaga se termine sous le parallèle de 7° en se réunissant , à l'ouest de Lamas , au chaînon de Chacliapoyas, prolongé entre l'Huallaga et l'Amazone. Enfin ce dernier chaînon, que nous avons aussi désigné sous le nom de central, après avoir formé les rapides et les cataractes de l'Amazone entre Tomependa et San Borja , tourne vers le nord nord-ouest, et se joint au chaînon occidental , celui de Caxamarca ou des Nevados de Pelagatos et Huaylillas, pom* former le grand nœud des montagnes de Loxa. Ce nœud n'a qu'une hauteur moyenne de 1000 à 1200 toises; son climat tempéré le rend particulièrement propre à la végétation des arbres de quinquina, dont los plus belles espèces croissent dans les forêts célèbres de Caxa- numa et d'Uritusinga, entre le Rio de Zamora et le Cathiyacu , entre Tavacona et Guancabamba. Pendant des siècles, avant que l'on eût connoissance du quinquina de Popayan et de Santa-Fe de Bogota (lat.bor. a" i à 5°), de Huacarachuco , de Huamalîes et de Iluanuco (lat. mér. 9°à 11°), le nœud des montagnes de Loxa fut regardé comme la seule région d'où l'on pouvoit tirer l'écorce fébrifuge du Cinchona. Ce nœud occupe le vaste terrain entre Guancabamba , Ayavaca, Oiîa et les villes ruinées de Zamora et de Loyola, des 5° t aux 3° ^de latitude. Quelques sommets ( les Paramos d'Alpacbaca, de Saraguru, Savanilla, Gueringa, Chulucanas, Guamani, Yamoca que j'ai pu mesurer) s'élèvent de i58o à 1720 toises, mais ne se couvrent pas même spo- radiquement de neiges dont la chute n'a lieu, par cette latitude, qu'au-dessus et de 1860 et de 1900 toises de hauteur absolue. Vers l'est, en descendant au Rio de Santiago et au Rio de Cbamaya, deux aflluens de l'Amazone, les montagnes s'abaissent rapidement : elles n'ont plus, entre San-Felipe, Matara et Jaen de Bracamoros, que de 5oo à 3oo toises d'élévation. En avançant des montagnes de micaschiste de Loxa vers le nord, entre les Paramos d'Alpacbaca et de Sarar (par les 3" i5'de latitude), le nœud de montagnes se ramifie en deux branches qui embrassent la vallée longitu- dinale de Cuenca. Cette séparation ne dure que sur une longueur de 12 lieues ; car, par les 2° 27' de latitude , les deux Cordillères se réunissent de nouveau dans le nœud de l'Assuay, groupe tracbytique dont le plateau , près Cadlud, a 2428 toises de hauteur, et entre presque dans la région des neiges perpétuelles. Au nœud de montagnes de l'Assuay, qui oflre un passage des Andes très-fréquenté , entre Cuenca et Quito, succède ( lai. 2° j à 0° 4o' sud ) un autre partage des Cordillères devenu célèbre par les travaux de Bouguer et de La Condamine, qui ont placé leurs signaux tantôt sur l'une, tantôt sur Tautre des deux chaînes. L'orientale est celle du Chiniborazo (335o toises) et du Carguairazo; l'occidentale, la chaîne du volcan Saiigay, des Col- NOTES. 201 lânes et de Llanganale. La dernière est brisée par le Rio Pastaza. Le fond du bassin longitudinal que limitent ces deux cbaînons, depuis Alausi jusqu'à Llactacunga, est un peu plus élevé que le fond du bassin de Cuenca. Au nord de Llactacanga, par les o" 4o' de latitude, entre les cimes d'Yliniza ( 2717 t.) et du Cotopaxi (agSo t.), dont la première appartient à la cliaîne du Cbimborazo, la seconde à celle du Sangay, se trouve le nœud de Chisinche, espèce de digue étroite qui ferme le bassin et qui partage les eaux entre l'Océan atlantique et la Mer du Sud. IJAlto de Chisinche n'a que 80 toises de hauteur au-dessus des plateaux environnans. Les eaux de sa pente septentrionale forment le Rio de San Pedro, qui , s'unissant au Rio Pita, se jette dans le Gua- labamba, ou Rio de las Esmeraldas. Les eaux de la pente méridionale que l'on désigne plus particulièrement sous le nom de Cerro de TiopuUo vont au Rio de S. Felipe et au Pastaza, af&uent de l'Amazone. Au-delà de l'arrête de Chisinche , la bipartition des Cordillères recommence et continue depuis o" 4o' de latitude méridionale jusqu'à 0° 20' de latitude boiéale , c'est-à-dire jusqu'au volcan d'Imbabura , près de la Villa de Ibarra. La Cordillère orientale présente les cimes neigeuses d'Antisana (2992 t.), de Guamani, de Cayambe (3o7o t.) , et d'Imbabura ; la Cordillère occidentale, celles du Corazon, d'Atacazo, de Pichincba (24gi t.), et de Cotocache (2670 t.). Entre ces deux cbaînons, que l'on peut regarder comme le sol classique de l'astronomie du 18° siècle, se prolonge une vallée dont une partie est de nouveau divisée longitudinaleraent par les collines d'ichimbio et de Poignasi. A l'est de ces collines se trouvent les plateaux de Puembo. et deChiUo; à l'ouest ceux de Quito , lùaquito et ïurubamba. L'équateur traverse le sommet du Kevado de Cayambe * et la vallée de Quito dans le village de San Antonio de Lulumbaniba. Lorsqu'on considère le peu de masse du nœud de l'Assuay, et surtout de celui de Chisinche, on est tenté de regarder les trois bassins de Cuenca , de Ilambato et de Quito comme une seule vallée longue (depuis le Paramo de Sarar jusqu'à la Villa de Ibarra) de 73 lieues marines , large de 4 à 5 lieues , offrant une direction générale N. 8° E. et divisée par deux digues transversales, l'une entre Alausi et Cuenca (par les 2" 27' de latitude australe) , l'autre entre Machacbe et le Tambillo (par 0° 4o'). Nulle part dans la Cordillère des Andes il y a plus de montagnes colossales rapprochées les unes des autres qu'à l'est et à l'ouest de ce vaste bassin de la province de Quito , un degré et demi au sud et un quart de degré au nord de l'équateur. Ce bassin, centre de la plus ancienne civilisation indigène, après celle du bassin de Titicaca, aboutit vers le sud au nœud des montagnes de Loxa, vers le nord au pla- teau de la province de Los Pa.stos. Dans cette province , un peu au-delà de la Villa de Ibarra, entre les cimes neigeuses de Cotocache et d'Im- baljura , les deux Cordillères de Quito se réunissent et forment un seul massif qui s'étend jusqu'à Meneses et Voisaco, de 0° 21' lat. bor., à 1° i3'. J'appelle ce massif, sur lequel s'élèvent les volcans de Cumbal et de Chiles , le nœud des montagnes de los Pastos, à cause du nom de la province qui en forme le centre. Le volcan de Pasto , dont la dernière éruption est de l'année 1 727, se trouve placée, au sud deYenoi, près du bord septen- trional de ce groupe dont les plateaux habités ont plus de 1600 toises d'élévation au-dessus du niveau de l'Océan. C'est le Thihet des régions équinoxlales du Nouveau-Monde. Au nord de la ville de Pasto (latitude bor. 1° 1.3'; long. 79° 4i'), les Andes se partagent de nouveau en deux branches pour entourer le plateau de Mamendoy et d'Almaguer. La Cordillère orientale renferme la Sienega de Sebondoy (lac alpin qui donne naissance au Putumayo), les sources du Jupura ou Caqueta et les Paramos d'Aponte et d'Iscansè. La Cordillère occidentale, celle de Mamacondy, appelée dans le pays Cordillera de la Costa , à cause de sa proximité au littoral de la Mer du Sud , est lirisée par le grand Rio de Patlas qui reçoit le Guaitara, le Guachlcon et le Quilquasè. Le plateau ou bassin intermédiaire offre de grandes inégalités. Il est en partie rempli par les Paramos de Pitatumba et de Puruguay, et la sépa - ration des deux chaînons m'a paru peu distincte jusqu'au parallèle d'Almaguer (lat. 1° 54'; long. 79" i5). La direction générale des Andes, depuis l'extrémité du bassin de la province de Quito jusqu'aux environs de Popayan , change de N. 8° E. eu N. 36° E. ; elle suit la direction des côtes d'Esracraldas et de Barbacoas. ^ Les hauteurs du Cbimborazo , de HucupicbiDclia , de Cayambe et d'Antisana , diflereutes de celles que rapporte Fia Con- daniine dans l'inscription au couvent des Jésuites de Quito, sont les résultats de mes propres mesures géodésiques. Relation historique , Tom. III. 26 202 NOTES. Sur le parallèle d'Almaguer, ou plutôt un peu au nord-est' tic cette ville, la constitution géologique du terrain présente des cliangemens très-remarquables. La Cordillère, que nous venons de désigner sous le nom d'orientale, celle du lac de Sebondoy, s'élargit beaucoup entre Pansitarà et la Oeja. C'est le nœud du Pa- ramo de las Papas et de Socoboni qui donne lieu à la naissance des grandes rivières du Cauca et du Magda- lena, et qui se divise par les 2° 5' de latitude en deux chaînons, à l'est et à l'ouest de la Plata Vicja et de Timana. Ces deux cliaînons restent à peu près parallèles jusqu'aux 5° de latitude, et bordent la vallée lon- gitudinale dans laquelle serpente le Rio Magdalena. Nous appellerons Cordillère orientale de lu JVovvelle- Grcnade celle qui se prolonge vers Santa-Fe de Bogota et la Sierra Nevada de Merida, à l'est du Magdalena; Cordillère centrale de la Nouvelle-Grenade , celle qui se dirige entre le Magdalena et le Cauca vers Mariquita; Cordillcre occidentale de la Nouvelle -Grenade, celle qui continue la Cordillera de la Costa du bassin d'Alraaguer et qui sépare le lit du Rio Cauca du terrain platiuifère du Clioco. Pour plus de clarté on pourroil aussi nommer le premier chaînon celui de la Suma Paz , d'après le groupe colossal de montagnes au sud de Santa-Fe de Bogota qui verse les eaux de sa pente orientale dans le Rio Meta. Le second chaînon seroit désigné par le nom de chaînon de Gvanacas ou de Quindià, à cause de deux passages célèbres des Andes dans le chemin de Santa-Fe de Bogota à Popayan; le troisième chaînon seroit celui du Cltoco ou du littoral. A quelques lieues au sud de Popayan ( lat. bor. 2° 21'), à l'ouest du Paramo de Palitarà et du volcan de Puracè, le nœiid des mo>itagnes de Socoboni envoie vers le nord-ouest une'arrôte de micachiste^ qui partage les eaux entre la Mer du Sud et la Mer des Antilles, la pente nord les versant dans le Rio Cauca, et la pente sud dans le Rio de Patias. La tripartition des Andes que nous venons de signaler (lat. bor. 1° J — 2° i) rappelle au géognoste celle qui a lieu aux sources de l'Amazone dans le tiœnd des montagnes de Huanuco et de Pasco (lat.aust. 1 1°) : mais des trois chaînons qui bordent les bassins de l'Amazone et de l'Huallaga , le plus élevé est le plus occidental; tandis que, parmi les trois chaînons de la Nouvelle-Grenade, celui du Clioco ou du littoral est le moins élevé de tous. C'est pour avoir ignoré cette tripartition des Andes dans la partie de l'Amérique du Sud, qui avoisine le Rio Atrato et l'islhme de Panama, que l'on a porté tant de jugemens erronés sur la possibilité d'un canal de jonction entre les deux mers '. La chaîne orientale des Andes de la Nouvelle-Grenade (je me sers d'une dénomination presque systéma- tique, car le nom des Andes est inconnu dans les pays situés au nord de l'équateur), la chaîne orien- tale conserve pendant quelque temps son parallélisme avec les deux autres chaînes (celles de Quindlù et du Choco): mais, au-delà de Tunja (lat. 5°^), elle incline davantage vers le nord-est en passant assez brus- quement de la direction N. 25° E. en celle N. 45° E. C'est comme un filon qui change d'allure et qui va rejoindre la côte îiprès un renflement extraordinaire qu'il subit par l'agroupement des montagnes nei- geuses de Merida. La tripartition des Cordillères et surtout l'écartement de leurs branches influent puissam- ment sur la prospérité des peuples de la Nouvelle-Grenade. La diversité des plateaux et des climats super- posés varie les productions agricoles comme le caractère des habitans. Elle vivifie l'échange des produc- tions, et renou\elle, au nord de l'équateur, sur une vaste surface, le tableau des vallées ardentes et des plaines froides et tempérées du Pérou. Il est digne de remarque aussi que, par l'écartement d'une des branches des Cordillères de Cundinamarca et par la déviation du chaînon de Bogota vers le nord-est, le groupe colossal des montagnes de Merida s'est trouvé enclavé dans le territoire de l'ancienne Capitania gênerai de Vene- zuela, et que la continuité d'un même terrain montueux de Pamplona à Barquesimeto et Nirgua a facilité pour ainsi dire la réunion politique du territoire colombien. Aussi long-temps que le chaînon central (celui de Quiudiù) présente des cimes neigeuses, aucun pic du chaînon oriental (celui de La Suma Paz) ne s'élève , sous les mêmes parallèles, jusqu'à la limite des neiges perpétuelles. Entreles 2° et à°\ de latitude, ni les Paramos , * Foyez ma carte du Rio Magdalena , pi. 24 de V Allas géographiiine et physique. ' royez mon Essai gcosn. sur legistment des roches, p. lôo et »3i. ' J'oyez plus haut, T. III , p. 122. NOTES. 2o3 situés à l'est du Giganle et tic Keiva, ni les cimes de la Surua Paz, de Ciiingasa, de Guachaneque et de Zoraca, ne surpassent la hauteur de igoo à 2000 toises; taudis qu'au nord du parallèle du Paramo d'Ervé' (lat. 5° 5'), le dernier des Nevados de la Cordillère centrale, on découvre dans le chaînon oriental les cimes neigeuses de Cliita (lat. 5° 5o') et de Mucucliies (lat. 8" 12'). Il en résulte que, dès les 5° de latitude, les seules montagnes qui conservent des neiges pendant toute l'année sont les Cordillères de l'est II y a plus encore : quoique la Sierra Nevada de Santa-Marta ne soit pas, à proprement parler, une continuation des Nevados de Chita et de Mucucliies ( à l'ouest de Patute et à Test de Jlerida) , elle se trouve du moins très- rapprochée de leur méridien. Arrivés à l'extrémité boréale des Cordillères comprises entre le cap de Horn et l'isthme de Panama, nous nous bornerons à indiquer les plus hauts sommets des trois chaînons ^ qui se séparent dans le }i(Bud des montagnes de Socohoni et de l'arrête du Rohle (lat. 1° 5o' — 2° 20'). Je commence par le chaînon le plus oriental, celui de Timana et de la Suma Paz, qui divise les allluens dn Magdalena et du Meta ; il se prolonge par les Paramos de Chingasa, Guachaneque, Zoraca, Toquillo (près Labranza Grande), Chita, Almorsadero'^, Laura, Cacota, Zum- badoret Porqueras, vers la Sierra Nevada de Merida. Ces Paramos indiquent dix eihaussemens partiels du dos des Cordillères. La pente du chaînon oriental est extrêmement rapide du côté de l'est, où elle borde le bassin du Meta et de l'Orénoque; à l'ouest, le chaînon oriental est élargi par des contre-forts sur lesquels se trouvent situées les villes de Santa-Fe de Bogota, de Tunja, de Sogamoso et de Leiva. C'est comme des plateaux adossés à la pente ocidentale, plateaux qui ont i3ooou i4oo toises de hauteur, et parmi lesquels celui de Bogota (fond d'un ancien lac) renferme dans le Campo de Gigantes, près de Suacha, des ossemens de Mastodontes. Le chaînon intermédiaire ou central se dirige, à l'est de Popayan , par les hautes plaines de Malbasà, par les Paramos de Guanacas , de Huila , de Savelillo , d'Iraca , de Baraguan , de Tolima *, de Ruiz et de Herveo vers la province d'Antioquia. Sous les 5° i5' de latitude, ce chaînon , le seul qui présente les traces récentes du feu volcanique dans les cimes de Sotarà et de Piu'acè, s'élargit considérablement vers l'ouest et se réunit au chaînon occidental, que nous avons appelé le chaînon du Choco, parce que le terrain platinifère de cette province se trouve sur le versant qui est opposé à l'Océan-Pacifique. Par cette réunion de deux chaînons, le bassin delà province de Popayan est fermé au nord de Cartago Viejo; et la rivière de Cauca, en sortant des plaines de Buga, est forcée , depuis le Salto de San Antonio jusqu'à la Boca del Espiritu Santo, pendant un cours de 4o à 5o lieues , de se frayer un chemin à travers les montagnes. Comme la crête de la Cordillère orientale continue sa direction vers le NE., le bassin du Magdalena, qui est à peu près parallèle à celui du Cauca, se prolonge presque sans interruption vers Mompox. Le détroit de Carare n'est qu'une arrête de rocher qui forme un seuil entouré de quelques collines isolées dans la plaine; ce n'est pas l'ell'et d'une véritable réunion de deux chaînes de montagnes. La difl'érence de niveau entre le fond des deux bassins parallèles du Cauca et du Mag- dalena est très-remarquable. Le premier conserve, entre Cali et Cartago, 5oo à 4o4 toises; le second, de Neiva àAmbalema, 265 à i5o toises de hauteur. On diroit, d'après différentes hypothèses géologiques, ou que les formations secondaires ne se sont pas accumulées à la même épaisseur entre les chaînons oriental et central qu'entre les chaînons central et occidental, ou que les dépôts se sont faits sur des fonds de roches primitives inégalement soulevées à l'est et à l'ouest des Andes de Quindlù. La difl'érence moyenne de ces épaisseurs de formations ou de ces hauteurs est de 3oo toises. Quant à l'arrête rocheuse de l'Angostura de Carare, elle part du sud-est , du contre-fort de Muzo, à travers lequel serpente le Rio Negro. Par ce contre-fort et par * Les neiges que l'on appelle à Sauta Fe : Mesa dcllcrveo. * yoycz plus haut, p. isô. ^ Ce Paramo se trouve situé entre le pont de Cbilaga et le village de Tequia. Le Rio Cliitaga se jette dans le Sarare,! e Riu Tequia dans le Rio Soganiozo. Les Paramns de l'Almorsadero et de Toquillo sont des plus élevés parmi les sommets qui , sur le chemin de Merida à Santa-Fe de Bogota, n'entrent pas dans la région des neiges perpétuelles. MM. Rivero et Boussingault ont trouvé que l'on passe le Paramo del Almorsadcro à 2010 toises, le Paramo de Cacota à i;oo toises de hauteur. ' Le passage de la Montana de Qiiindiii , sur le chemin d'Ibagué à Carthago, se trouve entre les Nevados de Tolima et de Baraguan. 204 NOTES. ceux qui viennent de l'ouest , les cliainons oriental et central se rapproclient entre Nares , Houcla et M endales. En effet, le lit du RioMagdalenaest rétréci par les 5° et 5° 18', à l'est par les montagnes du Sergento, à l'ouest, par des contre-forts qui tiennent aux montagnes granitiques de Mariquita et de S. Ana. Ce rétrécissement du lit de la rivière se trouve sous le même parallc;le que le rétrécissement du Cauca, près du Salto de San An- tonio ; mais, dans le nœud des montagnes d'Antioquia , les cliaînons central et occidental se réunissent eux- mêmes , tandis qu'entre Honda et Mendales , les faîtes des chaînons central et oriental restent tellement éloi- gnés que ce ne sont que les contre-forts de chaque système qui se rapprochent et se confondent. 11 est digne de remarque aussi que la Cordillère centrale de la Nouvelle-Grenade offre la cime la plus haute des Andes dans l'hémisphère horéal. Le pic de Tolima ' (lat. 4° 46'), dont le nom est presque inconnu en Europe et que i'ai mesuré en i8oJ, s'élève au moins à 2865 toises de hauteur. 11 domine par conséquent sur l'Irahahura et le Colocache de la province de Quito , sur le Chiles du plateau de los Pastos, sur les deux volcans de Popayan, et même sur les Nevados du Mexique et le Mont Saint-Elie de l'Amérique russe. Le pic de Tolima, dont la forme rappelle celle du Cotopaxi , ne cède peut-être en hauteur qu'à la crête de la Sierra Nevada de Santa Marta, que l'on doit considérer comme un système de montagnes isolé. Le chaînon oriental , appelé aussi chainon du Choco et de la côte (de la Mer du Sud), sépare les provinces de Popayan et d'Antiocjuia de celles de Barbacoas, du Raposo et du Choco. Peu élevé en général, si on le compare à la hauteur des chaînons central et oriental , il oppose cependant de grandes entraves aux communi- cations entre la vallée du Cauca et le littoral^. C'est à son versant occidental qu'est adossé ce fameux terrain aurifère et platinifére ^ qui, depuis des siècles, verse dans le commerce plus de i3,ooo marcs d'or par an. Cette zone alluviale a 10 et 12 lieues de large: elle atteint son maximum de richesse entre les parallèles de 2° el 6° de latitude; elle s'appauvrit sensiblement vers le nord et vers le sud, et disparoit presque entièrement entre les 1° ï de lat. bor. et l'équateur. Le terrain aurifère remplit le bassin du Cauca, comme les ravins et les plaines à l'ouest de la Cordillère du Choco; il s'élève quelquefois presque à 600 toises de hauteur au-dessus du niveau de la mer, et descend jusqu'à moins de 4o toises *. Le platine (et ce fait géognostique est digne d'attention) a clé trouvé jusqu'ici setikment à l'ouest de la Cordillère du Choco, non à l'est, malgré l'analogie que présentent les fragmens de roches de grunstein, de phonolite, de trachyte et de quarz ferrugineux dont se composent les terrains de rapport sur les deux versaus. Depuis l'arrête de Los Robles, qui sépare le plateau d'Almaguer du bassin du Cauca , le chaînon occidental forme d'abord , dans les Cerros de Carpinteria , à l'est du Rio San Juan de Micay, la continuation de la Cordillère de Sindagua , brisée par le Rio Patias; puis ce chainon s'abaisse, vers le nord, entre Caliet Las Juntas de Dagua, à 800 à 900 toises de hauteur, et envoie des contre-forts considérables (parles 4° j- 5° ~ de latitude) vers les sources du Calima, du Tamana et de l'Andagueda. Les deux premières de ces rivières aurifères sont des affluens du Rio San Juan del Choco ; le second verse ses eaux dans l'Atrato. Cet élargissement du chaînon occidental forme la partie montueuse du Choco; c'est là qu'entre le Tado et Zitarà , appelé aussi San Francisco de Quibdô, se trouve l'isthme de La Raspadura devenu célèbre depuis qu'un moine y a tracé une ligne navigable entre les deux océans ^. Le point culminant de ce système de montagnes paroit être le Pic du Torrà, situé au sud-est de Novlta ••. ' Le second rang de hauteur, dans l'hémisphère boréal, paroit occupé par le Nevada de Buita (lat. î» 55'), entre Nataga etQuilichao. M. Caldas lui donne aSoo t. (Voyez Scmanario de Bogota, Tom. I, p. 6.) ! Les chemins aiTreux qui traversent le chaînon occidental, sont cenx de Chisquio (à l'est du Rio de Micay), d'Anchicaya, de las Juntas, de Saint-Augustin , ïis-à-vis Cartago, de Chami et d'Urrao. (Seman., Tom. I , p. 3j.) ' Le Choco Barbacoas et le Brésil sont les seuls pays de la terre où l'eiistence de grains de platine et de palladium ait été jusqu'à ce jour constatée avec certitude. La petite ville de Barbacoas est située sur la rive gauche du Rio Telembi (affluent du Fatias ou Rio del Castigo), un peu au-dessus du conQuent du Telembi et du Guagui ou Guaii, à peu près par les 1° i&' de latitude. L'ancienne Provincia, ou plutôt le Parlido del Rasposo, comprend le terrain œaUain qui s'étend du Rio Dagua ou San Buenaventura au Rio Iscuandè, terme austral du Cho^o actuel. ' til.CMasn'îSiigDt ^li (imlie supérieure de la zone d'or de lavage que la hauteur de 35o toises (Seman,, Tom. I,p. 18); mais j'ai trouvé les Invaderos de Quilichao , au nord de Popayan , à 565 t. d'élévation. [Obs. asiron. , Tom. I , p. 5o3.) ^ Voyez plus haut, Tom. III, p. 118. » Je suis surpris de voir que M. Fomboait comparé le Torrà del Choco, qui n'entre pas dans la région des neiges, peut-être NOTES. 2o5 L'extrémité boréale de cet élargissement de la Cordillère du Choco, que je viens de signaler, correspond à la jonction qu'olFre vers l'est la même Cordillère avec le chaînon central, celui de Quindiii. Les montagnes d'Antioquia, sur lesquelles nous possédons les excellentes observations de M. Restrepo*, peuvent être appelées un nœud de inontagnes, parce qu'elles joignent sur la limite septentrionale des plaines de Buga ou du bassin du Cauca les cliaînous central et occidental. Nous avons vu plus haut que la crête de la Cordillère orientale reste séparée du nœud à 35 lieues de distance, de sorte que le rétrécissement du lit du Rio Magdalena, entre Honda et Amlialema , ne résulte que du rapprochement des coutre-forts de Mariquilà et de Guaduas. Il n'y a donc pas , à proprement parler, entre les 5° et 5° j de latitude , un groupe de montagnes réunissant les trois chaînons à la fois. Dans le groupe de la province d'Antioquia, qui forme la jonction des Cordillères centrale et occidentale, on peut distinguer deux grandes masses, l'une entre le Magdalena et le Cauca, l'autre entre le Cauca et l'Atrato. La première de ces masses tient plus immédiatement aux cimes neigeuses d'Herveo: elle donne naissance, à l'est, au Rio de la Miel et au Nare; vers le nord, au Force et au Nechi. Sa hauteur moyenne n'est que de 1200 à i35o toises. Le point culminant paroît placé près de Santa Rosa, au sud-ouest de la célèbre Vallée des Ours {Valle de Osos). Les villes mêmes de Rio Negro et de Marinilla sont construites sur des plateaux de 1060 toises d'élévation. La niasse occidentale du nœud des montagnes d'Antioquia, entre le Cauca et l'Atrato, donne naissance, à son versant occidental, au Rio San Juan, au Bevara et au Murri. Elle atteint sa plus grande hauteur (et do toute la province d'Antioquia) dans V^lto de/ Viento,ai\ nord d'Urrao, que les premiers Con- quistadores connoissoient sous le nom de Cordillère d'Abide ^ ou Dabeiba. Cette hauteur (lat. 7° i5') n'excède cependant pas 1 5oo toises. En suivant le versant occidental de ce système de montagnes d'Antioquia , on trouve que le point de partage des eaux qui coulent vers la Mer du Sud et la Mer des Antilles (par les 5° j et 6° de latitude) correspond à peu près au parallèle de l'isthme de la Raspadura, entre le Rio San Juan et l'Atrato. Il est remarquable que, dans ce groupe de plus de 3o lieues de largeur, dépourvu de sommets aigus, entre 5° { et 7" i de latitude, les plus hautes masses se trouvent vers l'ouest; tandis que , plus au sud , avant la réu- nion des deux chaînons de Quindiù et du Choco, nous les avons vues à l'est du Cauca. On connoît très-imparfaitement les ramifications du nœud d'Antioquia, au nord du parallèle de 7" ; on sait seulement que leur abaissement est en général plus rapide et plus complet vers le N. O. , du côté de l'ancienne province de Biruquete ' et du Darien, que vers le N. et le N. E., du côté de Zaragoza et de Simiti. Depuis la rive septentrionale du Rio Nare, près de son confluent avec le Samana, se prolonge un contre-fort connu sous le nom de la Simitarra et des montagnes de San Lucar. Nous l'appellerons : premier rameau du groupe d'Antioquia. Je l'ai vu, à l'ouest, en remontant le Rio Magdalena, depuis le Regidor et la bouche du Rio Simiti jusqu'à San Bartolomé (au sud de la bouche du Rio Sogamozo) ; tandis que, vers l'est, par les 7° ' et 8° j de latitude, se montrent dans le lointain les contre-forts des montagties ^ d'Ocaiia^ habitées par quelques tribus d'Indiens Motilones. Le second rameau du groupe d^Antioquia (à l'ouest de la Simitarra) part des mon- tagnes de Santa Rosa, se prolonge entre Zaragoza et Caceres, et termine brusquement, au confluent du Cauca et du Rio Nechi (lat. 8" 33'), à moins que les collines, souvent coniques ^, entre l'embouchure du Rio pas même dans celle des Faramos {vcr/ez plus baut , Tom. II , p. 660), aux montagnes colossales du Mexique. ( Nolicias varias sobre las Quiiias, iSi4j p. 67.) • Scmanario de Bogota, Tom. II j p. 4i-96- Ce Mémoire renferme à la fois les résultats d'observations astronomiques , des mesures faites à l'aide du baromètre et des données statistiques sur les productions et le commerce de cette intéressante province , dont j'ai tenté de tracer, en 1816, d'après les travaux de M. Manuel José de Rcstrepo, la première carte géographique. {^oyez PI. 24 de mon Allas). • Sierra de Abibe du géographe La Crui, avec le prétendu volcan d'Ebojito. (Foy« plus haut, Tom. III , p. 128, note 1.) ' Foyez Tom. III, p. 122, note 2. ' Les montagnes d'Ocaiia, liées à la Sierra de Pcrija, partent du chaînon oriental ^celui de la Suma Paz) au N. 0. de Pamplona. ' J'ai vu à la voile les Tellas de Cispata , de Santero , de Tolu , et de San Martin (lat. 9» iS»- 9° 32'). 206 NOTES. Sinu et la petite ville de Tolii, ou même les hauteurs calcaires de Turbaco et de la Popa, près de Car- thagène, ne puissent être regardées comme le prolongement le plus septentrional de ce second rameau. Un troisième s'avance vers le golfe d'Uraba ' ou du Darien, entre le Rio San Jorge et l'Atrato. Il tient, vers le sud, à l'alto del Viento, ou Sierra de Àbide , et se perd très-rapidement en avançant jusqu'au parallèle de 8". Enfin, le quatrième rameau des Andes d'Antioquia, placé à l'ouest de Zitara et du Rio Atrato, éprouve long-temps, avant d'entrer dans l'isthme de Panama, une telle dépression, qu'entre le golfe de Cupica et l'embarcadère du Rio Naipipi on ne trouve plus qu'une plaine ^ à travers laquelle M. Gogueneche a projeté un canal de jonction des deux mers. Il seroit intéressant de connoître la configuration du sol entre le cap Garachine, ou golfe de S. Miguel, et le cap Tiburon, surtout vers les .sources du Rio Tuyra et Chucu- naque, ou Chuchunque, pour pouvoir déterminer avec précision où commencent à s'élever les montagnes de l'isthme de Panama , montagnes dont la ligne défaite ne paroît pas avoir au-delà de loo toises de hauteur. L'intérieur du Darfour n'est pas plus inconnu aux géographes que ce terrain humide, mabain, couvert d'épaisses forêts, qui s'étend au nord-ouest de Betoi et du confluent du Bevara avec l'Atrato vers l'isthme de Panama. Tout ce que nous savons positivement jusqu'à ce jour, c'est qu'entre Cupica et la rive gauche de l'Atrato il y a , soit un détroit tetreslre, soit une absence totale de toute Cordillère. Les montagnes de l'isthme de Panama peuvent, par leur direction et par leur position géographique, être considérées comme une con- tinuation des montagnes d'Antioquia et du Choco ; mais il existe à peine , à l'ouest du Bas- Atrato, un seuil ou une foible arrête dans la plaine. On ne trouve pas dans cette contrée un groupe de montagnes interposé comme celui qui lie Indubitablement (entre Barquesimeto , Nirgua et Valencia) le chaînon oriental de la Nouvelle Grenade (celui de la Suma Paz et de la Sierra Nevada de Merida) à la Cordillère du littoral de Venezuela. Pour mieux graver dans la mémoire les résultats que par de laborieuses recherches j'ai obtenus sur la structure et la configuration des Andes, je vais les réunir sous forme de tableau, en commençant par bipartie la plus australe du Nouveau-Continent. On verra que la Cordillère des Andes, considérée dans son étendue entière, depuis l'écueil rocheux de Diego Ramirez jusqu'à l'isthme de Panama, est tantôt ramifiée en chaînons plus ou moins parallèles , tantôt articulée par d'immenses nœuds de montagnes. On distingue neuf de ces nœuds et par conséquent un égal nombre de points d'embranchemens et de ramifications. Ces dernières sont généralement des bifurcations : deux fois seulement, dans le nœud de Huanuco, près des sources de l'Amazone et de l'Huallaga (lat. 10° à 11"), et dans le nœud du Paramo de Las Papas(lat. 2°) , près des sources du Magdalena et du Cauca, les Andes se divisent en trois chaînons. Des bassins presque fermés à leurs extré- mités, parallèles à l'axe de la Cordillère, et limités par deux nœuds et deux chaînons latéraux, sont des traits caractérbtiques de la structure des Andes. Parmi ces nœuds de montagnes, les uns, par exemple ceux du Couzco' de Loxa et de Los Pastos , ont 33oo, i5oo et 1 i3o lieues carrées, tandb que d'autres non moins im- portans aux yeux du géologue sont restreints à de simples arrêles ou digues transversales. A ces dernières appartiennent les Altos de Chisinche (lat. 0° 4o' sud) et de los Robles (lat. 2 20' nord) , au sud de Quito et de Popayan. Le nœud du Couzco, si célèbre dans les fastes delà civilisation péruvienne, offre une hauteur moyenne de 1200 à i4oo toises, une surface presque trois fois plus grande que la Suisse entière. L'arrête de Chisinche, qui sépare les bassins de Tacunga et de Quito, a i58o toises d'élévation absolue, mais à peine un mille de largeur. Ni dans les Andes, ni dans la plupart des grandes Cordillères de l'ancien continent, les nœuds ou groupes qui réunissent plusieurs chaînons partiels , n'offrent les sommets les plus élevés : il n'est pas même constant que dans les nœuds il y ait toujours un élargissement de la chaîne. Cette importance de masse et de hauteur attribuée si long-temps aux points d'où partent plusieurs branches considérables, étoit fondée, soit sur des préjugés théoriques , soit sur de fausses mesures. Onseplaisoit à comparer les Cordillères aux fleuves qui grossissent selon qu'ils reçoivent un plus grand nombre d'affluens. ' f'oycz plus tiaut, Tom. III, p. 161 ; et Semanario de Bogota, Tom. II , p. 83. ' Tom. III, p. 136. NOTES. 207 HÉUlSPniBE AtlSTRlL. NOEUDS ET CHAINONS DES ANDES DANS L'AMÉRIQUE MÉRIDIONALE. Lat. 56» 33' Lat. 33« — ôi" Lat. J7" — 23» Lat. 220_,s. Lat. 20» ^ — 19» Lat. i5» — x4» Lat. Il» — 10»^ Lat. 5°:;_3» Lat. 2» 27' Lat. o» 4°' HéUISPHÈHE BOBÉAL. Lat. i »- 1»^ Rocher de Diego Ramirez. Cap de Ilorn. Andes PatagODiques. Débris des îles rocheuses des Huajtecas et Cfaonos. Cordillères du Chili, renforcées à l'est par les trois Contre-loris de la Sierra de Cordova. de la Sierra de Salta. de la Sierra de Cocbabamba et de Santa-Cruz. NoEOD DE Poaco ET DE PoTOsi. Divislott en deux chaînons, à l'est et à l'ouest du bassin de Tilicaca Chaînon oriental, M Chaînon occidental, Il ou de Tacna et d'Arequipa. ou de la Paz et de Palca. NoECD DO Coozco. Deuï chaînons, à l'est et à l'ouest du Rio de Jauja, élargis vers l'est par le contre-fort du Béni. Chaînon oriental, ou d'Ocopa et Tarma. Chaînon occidental, ou de Huancavelica, Nœud de Hcakcco et db Pasco. Ramification en trois chaînons séparés par les bassins de l'IIuallaga et du Haut-Maragnon. Chaînon oriental, ou de Pozuzu et Âluùa. Chaînon central, Il Chaînon occidental, ou de Pataz et Chachapoyas. |l oudeGuamachucoetCaxamarca Noeud de Loia. Deux chaînons, à l'est et à l'ouest du bassin de Cuenca. Nceud db l'Assday. Deux chaînons, à l'est et à l'ouest du bassin d'Alausi et d'Hambato. Chaînon oriental, 11 Chaînon occidental , ou du Cotopaxi. ou du Chimborazo. Noeud (ou plutôt arrête) de Chisinche. Deux chaînons, à l'est et ù l'ouest de la vallée de Quito. Chaînon oriental , Il Chaînon occidental ou d'Antisana. || ou de Pichincha. L'équateur passe au sommet du Cayambe (appartenant au chaînon oriental ou d'Antisana). Nœud de Los Pastos. Ramification en deux chaînons, à l'est et à l'ouest du plateau d'AImagaer. Lat. 1° 55' — 3» 20' Noeud des sources du Macdaleha et abeête de los Rodi.es. Trois chaînons divisés par les bassins du Magdalena et du Cauca. Chaînon central, ou de Guanacas, Quindiù et Ervè. Chaînon oriental , on de Timana , Suma Paz, Chita et Merida. Chaînon occidental, avec le terrain platinifére du Choco. Lat. 5; — 7" Nœud de la Peovibce d'Antioqdia dans lequel se réunissent seulement les chaînons de Quindiù et du Choco, Le chaînon oriental s'approche, par des contre-forts, vers Honda. Lat. 7»— 9» Ramification du nœud des montagnes d'Antioquia en 4 branches : 1» de la Simitarra ; 2» de Caceres, Nechi et Allos de Tolii ; 3» entre le Rio S. Jorge et l'Atrato ; 4° * l'ouest de l'Atrato. Cette dernière branche, extrêmement basse, paroît liée toutau plus parune foible arrête {senif) au groupe montueux de l'isthme de Panama. Le chaînon oriental des Andes de la Nouvelle-Grenade, celui de la Suma Paz et de la Sierra Nevada de Merida, reste séparé de la Sierra Nevada de Santa Marta parles plaines du Rio César; mais il se réunit par les montagnes de Barquesimeto et de Nirgua à la Cordiljcre du littoral de Venezuela, dont les points culminans sont la Silla de Caracas, le Bergantio, le Tuiimiquiri et le promontoire de Paria. 208 NOTES. Parmi les bassins que présente le tableau des Andes et qui probal)lenient ont formé autant de lacs , ou de petites mers intérieures, les bassins de Titicaca, duRio Jauja et du Ilaul-Maragnon ont 35oo, i3oo et 2*500 lieues carrées de surface *. Le premier est tellement fermé , qu'aucune goutte d'eau n'en peut sortir, si ce n'est par l'effet de l'évaporation : c'est une répétition de la vallée fermée de Mexico ^ et de ces nombreux bas- sins circulaires que l'on découvre dans la lune et qui sont environnés de liautes montagnes. Un immense lac alpin caractérise le bassin de Tiahuanaco ou Titicaca : ce phénomène est d'autant plus digne d'attention, que l'Amérique méridionale manque presque entièrement de ces réservoirs d'eaux douces, permanentes pendant la saison de sécheresse, que l'on trouve au pied des Alpes d'Europe sur les deux versans septentrional et méridional. Les autres bassins des Andes , par exemple ceux de Jauja, du Ilaut-Maragnon et du Cauca, versent leurs eaux dans des canaux naturels, que l'on peut considérer conmie autant de crevasses placées soit à l'une des extrémités ' du bassin , soit sur ses bords *, presque au milieu d un chaînon latéral. J'ai dû insister sur ceUe/orme articulée des Andes, sur ces nœuds ou arrêtes transversales, sur cette longue suite de bassins intérieurs, depuis le Potosi, dans le Haut-Pérou, jusqu'au Salto dcSan Antonio dans la province d'Antloqula, parce que, dans la continuation des Andes appelées Cordillères du littoral de Venezuela, nous retrouverons ces mêmes digues transversales, ces mêmes phénomènes. La ramification des Andes et de toutes les grandes masses de montagnes en plusieurs chaînons, mérite une considération particulière sous le rapport de la hauteur plus ou moins grande à laquelle se soutient le fond des bassins enclavés ou vallées longitudinales. Les géologues se sont occupés jusqu'ici beaucoup plus des resserremens successifs de ces bassins, de leur profondeur comparée aux murs de rocher qui les bordent et de la correspondance entre les angles rentrans et saillans que du niveau qu'atteint le fond des vallées. Aucune mesure précise ne nous indique encore la hauteur al)soluc des trois bassins de Titi- caca, de Jauja et du Haut-Maragnon s ; mais j'ai eu l'avantage de pouvoir déterminer les six autres bassins ou vallées longitudinales qui se suivent, comme par gradins, vers le nord. Le fond de la vallée de Cuenca , entre les nœuds de Loxa et de l'Assuay, a i35o t. ; la vallée d'Alausi et d'IIambato , entre le nœud de l'Assuay et l'arrête de Chisinche, i32o t.; la vallée de Quito*" dans sa partie orientale i34o t., et dans sa partie occidentale 1490 t.-, le bassin d'Almaguer ii6ot.-, le bassin' du Rio Cauca, entre les hautes plaines deCall, BugaetCartago, 1 Je vais oflrir dans cette note l'ensemble de ces évaluations qui intéressent le géologue. Area des Andes , depuis la Terre de Feu jusqu'au Paramo de las Rosas (lat. 9° \ bor.), où commence le terrain montueui du Tocuyo et de Barquesimeto , partie de la Cordillère du littoral de Vcneiucla, SS.goo lieues carrées de 20 au degré. De celte surface, les seuls quatre contre-forts de Cordova, Salla, Cochabamba et Béni, occupent 25,3oo I. c, et les trois bassins renfermés entre les 6° et 20° de latitude australe, 7200 l.c. En décomptant 35, 200 1. c. pour l'ensemble des bassins enclavés et des contre-forts, on trouve, sur 65" de latitude, l'area des Cordillères élevées en forme de murs, de a5,700 1. c, d'où résulte (y compris les nœuds , et ayant égard aux indexions des chaînons), une largeur moyenne des Andes de 18 à 30 lieues, {f^oyez plus liaut , p. igJ. ) Dans les 58,900 1. c. ne sont pas comprises les vallées de l'IIuallaga et du Rio Magdalena, à cause de la direction divergente des chaînons à l'est de Chicoplaya et de Santa-Fé de Bogota. ' Nous le considérons dans son état primitif, en faisant abstraction de la tranchée ou coupure de montagne connue sous le nom de Desague de Huchaetoca. 3 Bassin de TAmaione et du Cauca. ' Bassin de Tarma ou du Rio Jauja , bri»é latéralement à l'est par le Mantaro. Bassin d'Almaguer, brisé latéralement à l'ouest parle Rio de Fatias. 5 J 'incline à croire que le fond de la partie méridionale du bassin du Haut-Maragnon , entre Iluary et II uacarachuco, dépasse pour le moins 35o toises ; car j'ai trouve les eaui moyennes du Maragnon , près de Tomependa , élevées de 194 toises au-dessus du niveau de l'Océan ; et , d'après l'analogie du cours du Magdalena , entre Neiva et l'Angostura de Carare, le Ilaut-Maragnun peut avoir, pendant un cours de 4" de latitude , plus de i5o toises de chute. ' La vallée de Quito, Inaquito et Turubamba doit être considérée géognostiquemrnt comme une même vallée avec celle de l'uemboet de Chillo. Les collines interposées d'ichimbiù et de Poingasi masquent cette communication. ' Pour pouvoir comparer et ce bassin , qui est la paitie la plus fertile de la province de Popayan , et le bassin du Magdalena a ceui de l'ancien continent, je citerai ici les plateaux du Mysonc (38o à 4'o t.) de l'intérieur de l'Espagne (35ot.) , de la Suisse entre les Alpes et le Jura (370 t.), de la Bavière (2C0 t.), et de la Souabc (i5ot.). NOTES. 209 5oo t. ; la vallée du Magdalena, d'abord entre Neiva et Honda , 200 t. , et plus loin, entre Honda et Mompoi , 100 t. de hauteur moyenne au-dessus du niveau des mers '. Dans cette région, soumise à des mesures précises, les différens bassins offrent, depuis l'équateur, un abaissement très-sensible vers le nord. En général, l'éléva- tion du fond des bassins enclavés mérite une grande attention de la part de ceux qui réfléchissent sur les causes de la formation des vallées. Je ne nie point que les dépressions dans les plaines peuvent quelquefois être l'effet d'anciens courans pélagiques ou de lentes érosions. J'aime à croire que des vallées transver- sales, qui ressemblent à des crevasses , ont été élargies par des eaux courantes; mais ces hypothèses A^ érosions successives ne sauroient s'appliquer avec raison aux bassins entièrement fermés de Titicaca et de Mexico. Ces bassins , de même que ceux de Jauja , de Cuenca et d'Almaguer, qui ne perdent leurs eaux que par un émis- saire latéral et étroit, sont dus à une cause plus instantanée, plus intimement liée au soulèvement de toute la chaîne. On peut dire que les phénomènes des escarpemens, ou pentes étroites du Sarenthal et de la vallée de l'Eysack en Tyrol , se répètent à chaque pas , et sur une plus grande échelle , dans les Cordillères de l'Amé- rique équinoxiale. On croit y reconnoître ces affaissemens longitudinaux; « ces voûtes rocheuses qui, pour me servir des expressions d'un grand géologue^, se brisent, lorsqu'elles sont étendues sur un grand espace, et laissent des fissures profondes et presque perpendiculaires. » Si, pour compléter le tableau de la structure des Andes, depuis la Terre de Feu jusqu'à la Mer Polaire boréale, nous franchissons les limites de l'Amérique méridionale, nous voyons la Cordillère occidentale de la Nouvelle-Grenade, après la grande dépression qu'elle éprouve entre les bouclies.de l'Atrato et le golfe de Cupica, s'élever de nouveau dans l'isthme de Panama à 80 ou 100 toises de hauteur'', s'agrandir vers l'ouest, dans les Cordillères de Veragua et de Salamanca *, et s'étendre par le Guatimala jusqu'aux conlins du Mexique. Dans cet espace elle reste constamment rapprochée des côtes de la Mer du Sud , oii , depuis le golfe de Nicoya jusqu'à Soconusco(lat. 9" ]- 16°), se trouve une longue série de volcans^, le plus souvent isolés, et quelquefois liés à ' Dans la région des Andes comprises enire les 4° de latitude méridionale et les j» de latitude boréale, les vallées longitudinales ou bassins enclavés par des chaînons parallèles ont très-régulièrement entre 1200 et i5oo toises de hauteur; tandis que les vallées transversales sont remarquables par leur dépression, ou plutôt par rabaissement rapide de leur fond. La vallée de Patias. dirigée du NE. au SO., n'a, par exemple, même au-dessus de la réunion du Rio Guacbicon avec le Quilquasè , d'après les mesures barométriques de M. Caldas, que 35o toises de hauteur absolue, et cependant elle se trouve entourée des plus hautes cimes, des Paramos de Puntaurcu et Mamacondy. (Sewan. , Tom. I , p. 28 , et Tom. H , p. i4o)- En sortant des plaines de la Lombardie et en pénétrant dans les Alpes du Tyrol par une ligne perpendiculaire à l'axe de la chaîne , on fait plus de 20 lieues marines vers le nord, et l'on ne trouve encore près de Botzen le fond de la vallée de l'Adige et de l'Eysack qu'à i8i toises de hauteur absolue, hauteur qui n'excède que de 117 t. celle de Milan, {f'oycz plus haut, Tom. II, p. i56). Cependant , de Botzen à la crête du Brenncr (point culminant de 746 t.), il n'y a plus que u lieues. Le Valais est une vallée longitudinale ; et dans un nivellement barométrique que j'ai fait très-récemment de Paris à Naples et à Berlin, j'ai été surpris de trouver que, de SioD à Brigg , le fond de la vallée ne s'élève aussi que de saS à 35o t. de hauteur absolue : c'est à peu près le niveau de» plaines de la Suisse qui, entre les Alpes et le Jura (par exemple entre Berne, Thoun et Fribroug), ont de 2-4 à 3oo t. ^ Léopold de Biich^ Tableau du Tyrol méridional j 1823 , p. 8. * Voyez plus haut, Tom. III , p. 125. *■ S'il est vrai , comme l'assurent les navigateurs , que les montagnes placées à l'extrémité NO. de la république de Colombia, et connues sous les noms de Silla de Veragua et Caslillo del Choco (dans le méridien de la Boca del Turo, et de la Laguna Chiriqui), sont visibles à 56 lieues de distance {Purdy, Colombian Navijjalor, p. i54), l'élévation de leurs sommets atteindrait près de i4oo toises et seroit peu diiférente de celle de la Silla de Caracas. 5 f^oyezlsL liste de ai volcans de Guatimala, en partie éteints, en partie encore enflammés, que nous avons donnée, M. Arago et moi, dans l'Annuaire du Bureau des longitudes pour 1824 , p. i?^. Comme aucune montagne du Guatimala n'a été mesurée jusqu'ici, il est d'autant plus important de fixer approximativement la hauteur du Volcan de agua placé entre le Volcan de Pacaya et le Volcan de Fuego, appelé aussi Volcan de Guatimala. M. Juarros dit tout exprès que ce volcan qui , par des lorrçn» d'eau et de pierres, ruina, le 11 septembre â54i , la Ciudad Vieja , ou Almolonga (l'ancienne capitale du pays, qu'il ne faut pas confondre avec l'Antigua Guatimala) , conserve les neiges pendant plusieurs mois de l'année. Ce phénomène semble indiquer une hauteur de plus de 1750 t. [Compendio de ta Hist. de Guatemala, Tom. , p. 73-85; Tom. II , p. 35i. Remesal, Hist. de la Prov. de San Vicente, Lib. IV, cap. 5). Relation historique , Tom. III. 27 2IO NOTES. des conlre-forts ou branches latérales. En franchissant l'islhme de Tehuantepec ou de Huasacualco , sur le territoire du Mexique, la Cordillère de l'Amérique centrale se maintient, d'abord dans l'intendance d'Oaxaca, à égale distance des deux océans; ensuite des i8° î aux 21° de latitude, depuis lalMisteca jusqu'aux mines de Zima- pan, elle s'approclie des côtes orientales. Presque sous le parallèle de la -ville de Mexico , entre Toluca, Xalapa et Cordoba , elle atteint son maximum de hauteur. C'est là que s'élèvent plusieurs cimes colossales à 24oo et 2770 toises. Plus au nord, la chaîne sous le nom de Sierra Madré * se dirige au N. 40° O. vers San Miguel el Grande et Guanaxuato. Près de cette dernière ville (lat. 21° o' i5"), où se trouvent les plus riches mines d'argent du monde connu, elle prend une largeur extraordinaire, et se divise en trois branches. La plus orientale avance vers Charcas et le Real de Catorce, et s'abaisse progressivement (en tournant au NE.) dans l'ancien royaume de Léon , dans la province de Cohahuila et le Texas. Du Rio Colorado de Texas cette branche se prolonge , en traversant l'Arkansas (à l'ouest d'Arkopoli») , vers le confluent du Mississipi et du Missouri (lat. 38° 5i'). Dans ces contrées elle porte le nom de Montagnes d'Ozart '^ et atteint 3oo toises d'élévation. Un excellent observateur, M. Edwin James, pense qu'à l'est du Mississipi (lat. 44»- 46°), les Wisconsan Hills, qui se prolongent au KNE. vers le Lac Supérieur, pourraient bien être une continuation des montagnes d'Ozark. Leur richesse en métaux semble les caractériser comme une prolongation de la Cordillère orientale du Mexique. Quant à la Cordillère ou branche occidentale, elle occupe une partie de la province de Guadalaxara, et se prolonge par Culiacan, Arispe, et les terrains aurifères delà Pimerla Alta et delà Sonora jusqu'aux bords du Rio Gila (lat. 3.î°- 3i°) , une des plus anciennes demeures des peuples aztèques. Nous verrons bientôt que ce chaînon occidental paroît lié , par des contre-forts qui avancent vers l'ouest, aux Alpes maritimes de la Californie. Enfin la Cordillère centrale d'Anahuac, qui reste la plus élevée, se dirige d'abord, du sud-est au nord-ouest, par Zacatecas vers Durango, puis du sud au nord , par Chihuahua, vers le Nouveau-Mexique. Elle prend successivement les noms de Sierra de Acha, Sierra de Los Mimbres, Sierra Verde et Sierra de las Grullas, et se réunit, vers les 29° et 3o° de latitude, par des contre-forts, aux deux chaînons latéraux, ceux de Texas et de la Sonora, ce qui rend la séparation de ces cbainons plus imparfaite que les trlfurcations des Andes dans l'Amérique méridionale. La partie des Cordillères du Mexique, qui est la plus riche en couches et Glons argentifères , est comprise entre les parallèles d'Oaxaca et de Cosiquiriachi (lat. 16° 1-29°) ; les seub terrains de rapport ou d'alluyion, qui con- tiennent de l'or disséminé , s'étendent encore quelques degrés de plus vers le nord '. C'est un phénomène bien remarquable de voir l'or de lavage de Cinaloa et de la Sonora, comme celui de Barbacoas et du Choco, au sud et au nord de l'isthme de Panama, uniformément placé à l'ouest de la chaîne centrale, sur le Tersant opposé à l'Océan-Pacifique. Les traces d'un feu volcanique encore actif, qui ne s'étoient plus montrées, sur une longueur de 200 lieues, depuis Pasto et Popayan jusqu'au golfe de Nicoya (lat. i°J-9° i), deviennent très-fréquentes sur les côtes occidentales duGuatimala (lat 9°!- 16") : elles cessent de nouveau dans les mon- tagnes de granite-gneis d'Oaxaca, et reparoissent, peut-être vers le nord pour la dernière fois, dansla Cordillère centrale d'Anahuac, entre les 18° î et 19° i de latitude, où les volcans de Tuxtla, d'Orizaba, de Popoca- tepetl, de Toluca, de Jorullo et de Colima, paroissent placés sur une crevasse* qui s'étend de l'ESE. à * Dans la partie NE. de l'ancienne intendance de Mexico , entre Zimapan , El Doctor et Ixmicnilpan. ' Ozark est à la fois l'ancien nom de l'Arkansas et de la tribu des Indiens Quavrpaws qui habitent les bords de cette grande rivière. Le point culminant des SJonIs Ozarck se trouve, par les S;» 7 de latitude, entre les sources dn Wbite et Osage River. (Long. E.vpcd. to the Rocky Mount., i8a3. Tome II, p. 80, 409, iii.) ' D'après la division de» mines du Mexique en huit groupes {Foyez mon £«01 Polit. , Tom. Il, p. Soa), les mines de Cosiqui- riachi , Batopilas et du Parral appartiennent au groupe de Chihuahua , dans l'intendance de Durango ou de la Nouvelle-Biscaye. ^ Sur cette zoncdes volcans et le parallrle des plus grandes hauteurs de la Nouvelle-Espagne, voyez , t. c. , Tom. I , p. 253. Si le» lelèvcmens croisés du capitaine Basil-Hall (Êx/rnc(î froma Journal wriltcn on Ihecoasis of Chili, P cru and Mexico , i8a4, Vol. II, p. 3;9) , donnent des résultats également certains en latitude qu'en longitude , le Volcan de Colima se trouve au nord du paral- lèle de Puerto de Kavidad , par 19° 56' de latitude , et , comme le Volcan de Tuitla , sinon hors de la zone , du moins hors du parallèle moyen du feu volcanique au Mexique, parallèle qui paioit tomber entre 18° 59' et 19* la'. NOTES. 211 rONO. d'un océan à l'autre. Cet alignement des cimes , dont plusieurs entrent dans la limite des neiges per- pétuelles , et sont les plus hautes cimes que présentent les Cordillères depuis le Pic de Tolima ( lat. 4" 46' bor.) , est presque perpendiculaire au grand axe de la chaîne du Guatimala et d'Anahuac , dirigée jusqu'au parallèle de 27 ' constamment N . 42° E. C'est , comme je l'ai fait observer plus haut , un trait caractéristique de tout nœud ou élargissement des Cordillères d'offrir des sommets dont l'agroupement est indépendant de la direction générale de l'axe. Dans la Nouvelle-Espagne, le dos même des montagnes forme des plaines très-élevées qui permettent aux voitures de rouler sur 4oo lieuesde longueur, depuisla capitale jusqu'à Santa-Fe etTaos, près des sources du Rio del Norte. Ce plateau immense se soutient constamment par les ly" et 24° 7 de latitude à gSo et 1200 toises de hauteui-, c'est-à-dire à la hauteur des passages du Grand-Sainl-Bernard et du Splugen. Sur le dos des Cordillères d'Anahuac, qui s'abaisse progressivement de la ville de Mexico vers Taos (limite boréale des Provincias internas), on rencontre une série de bassins. Ils sont séparés les uns des autres pardes collines qui frappent peu les yeux du voyageur, parce qu'elles ne s'élèvent que de aSo à 4oo toises au-dessus des plaines environnantes. Ces bassins sont, tantôt fermés, comme la vallée de Tenochtitlan , où se trouvent de grands lacs alpins, tantôt ils offrent les traces d'anciens émissaires dépourvus d'eau. Entre les 33° et 38° de latitude , le Rio del Norte , dans son cours supérieur, forme une grande vallée longi- tudinale. La chaîne centrale même y paroît divisée en plusieurs rangées par.iUèles. Celle disposition continue , vers le nord , dans les Montagnes Rocheuses '■ où , d'après les travaux courageux du capitaine Pike , du major Long et du docteur Edvein James, entre les parallèles de Sj" et 4 1°, plusieurs sommets couverts de neiges éternelles (Spanish Peak, James Peak et Bighorn)^ ont de 1600 à 1870 toises de hauteur absolue. Vers les 4o° de latitude , au sud des sources du Padouca , affluent de la Piivière Flatte , on voit se séparer de la chaîne centrale, vers le NE., une branche connue sous le nom des Côtes Noires^. Les Montagnes Rocheuses semblent d'abord s'abaisser beaucoup par les 46° 48'; puis elles s'exhaussent par les 48' et 49° où leurs crêtes ont 1200 à i3oo toises, leurs cob près de gSo toises. Entre les sources du Missouri et la rivière de Lewis, un ' Les Rochy Mountain! ont été désignés, à diQ'érentes époques, par les noms de Chyppewyan , Missouri, Cotumbian , Caous , Slony, Shinini; et Sandy Mountains. (foyez Long. Exped, , Tom. Il, p. 4o5 ; et Humb. , Bel. hitt. , Tom. II, p. 5.) 2 Ces pics, de granité ampbibolique , ne forment pas trois montagnes isolées: chaque pic a plusieurs sommets pointus. Spanish Peak (lat. 37" 20', long. 106" 55') est placé entre la source de la branche septentrionale (A^orf/iern Forh) de Canadian River et la source de l'Arkansas. C'est peut-être la Sierra de Taos des anciennes cartes mexicaines, au NNE. de Taos [leTous de Melish et de tant de cartes publiées aux Étals-Unis). Au Spanish Peak succède, vers le nord, James Peak ( lat. 33° 38', long. 107» Si' ) , entre les sources de l'Arkansas et du Padouca , affluent de la Rivièie Platte ( ISe-brasca) , c'est-à-dire eau de peu de fond, en langue des Indiens Otoes, et non, comme porte naïvement une nouvelle carte fran- çolse, Rio de la Ptala, rivière d'argent!) Enfin , par lat. 40° 3', iong. io8° 3o', s'élève, entre les deux branches de la Rivière Platte, le Digliorn ou Pic principal [Highest Peak) du capitaine Pike, peut-être la Sierra de Almagre des habitans du Nouveau- Mexique. De ces trois grandes masses de mootagneii, celle du milieu, James Peak, est évaluée à ii,5oo pieds anglois (1798 toises) de hauteur absolue ; mais de cette hauteur il n'y a que 8507 pieds anglois ( i33o t.) mesurés trigonometriqucment : la hauteur de la base au-dessus du niveau de la mer i468 toises) ne se fonde pas sur une mesure barométrique, mais sur des évaluations un peu vagues des pentes des trois rivières Platte , Missouri et Mississipi {Long. Exped. , Tom. II , p. 32, 382. Ap., p. xxxviii). Le capitaine Pike, d'après des hypothèses analogues, mais certainement moins bonnes que celles du major Long et de M. James, avoit assigné à ce plateau ou aux plaines adossées aux Montagnes Rocheuses j25o toises d'élévation. Dans deux coupes, M. James assigne aux plus hauts sommets des Montagnes Rocheuses, par 35*> de latitude, io,5oo pieds anglois (1642 t.) ; par les 4i°, près de 12,000 pieds anglois (1876 t.). La limite inférieure des neiges perpétuelles lui a paru par les 38°^ de latitude à i53o t., hauteur qui correspond, dans le système des climats européens, à 4o° de latitude. Les positions astronomiques que le major Longassigne à la pente orientale des Montagnes Rocheuses (107° 20' à l'ouest de Paris par 58° de latitude ) paroissent mériter beaucoup de confiance , les pics étant liés par des lignes chronométriques et quelques observations des satellites de Jupiter au Mississipi : mais il ne faut point oublier que le gisement des pics par rapport à Taos et à Santa-Fe dn Nouveau-Mexique est beaucoup plus incertain. Lafora et Rivera diffèrent de 18' sur la latitude de Santa-Fe , et les combi- naisons dont j'ai pu déduire la différence des méridiens de Santa-Fe et de Mexico sont loin d'être rassurantes, {yoycz moo Essai polit., Tom. I, p. XL.) J'attends avec impatience des observations astronomiques faites à l'ouest des Pics. ' Black Hills , qui ont au plus 260 toises de hauteur. Ils se prolongent vers le parallèle de 4€°< 212 NOTES. des afiluens de l'Oregon ou Columbia, les Cordillères forment, en s'élargissant, un coude qui rappelle celui du nœud du Couzeo '. C'est là aussi que se trouve, sur la pente orientale des Montagnes Rocheuses, le partage d'eau entre la IMer des Antilles et la Mer Polaire. Ce point correspond à ceux que nous avons signalés plushant dans les Andes de l'Amériquc-Méridionalc, à l'est, sur le contre-fort de Cochabamba (lat. 19"- 20" austr.); à l'ouest, dans l'Allo de los Robles (lat. 2° 20' bor.). L'arrête qui part des Montagnes Rocheuses se prolonge de l'ouest à Test vers le Lac Supérieur, entre les bassins de Missouri et celui des lacs Winnipeg el des Esclaves. Nous avons vu la Cordilli;re centrale du Mexique et les Montagnes Rocheuses suivre la direction N 10° O. depuis les 25° aux 38" de latitude : de ce point à la Mer Polaire, la chaîne se prolonge dans la direction N. 24° O., et aboutit sous le parallèle de 69° à l'embouchure de la rivière de Mackensie '^. En développant ainsi à grands traits la structure de la Cordillère des Andes, depuis les 56° sud jusqu'au-delà du cercle arctique, nous avons reconnu que son extrémité boréale (long. i3o° 3o') se trouve presque 61° de longitude à l'ouest de son extrémité australe (long. 69° 'lo'). C'est l'effet de la longue durée d'une direction SE-NO. au nord de l'isthme de Panama. Par l'élargissement extraordinaire que prend le Nouveau-Continent', par les 3o" et les 60° de latitude boréale, la Cordillère des Andes, constamment rapprochée des côtes occidentales dans l'hémisphère austral, s'en éloigne de '100 lieues au nord des source* de la Rivière de la Paix. Les Andes du Chili peuvent être considérées commodes Alpes maritimes '; tandis que, dans leur conti- nuation la plus septentrionale , les Montagnes Rocheuses sont une chaîne de l'intérieur d'un continent. Il existe sans doute, entre les 23° et 60° de latitude, depuis le cap Saint-Lucas en Californie jusqu'à Alaska, sur les côtes occidentales de la Mer du Kamtschatka, une véritable Cordillère du littoral; mais elle forme, comme nous l'avons déjà indiqué plus haut *), un système de montagnes presque entièrement distinct des Andes du Mexique et du Canada Ce système, que nous appellerons la Cordj/fe're (fo que caractérisent la Patagonie occidentale et « Voyei plus Iiaut, Tom. III, p. 198. * Le bord oriental des Montagnes Rocheuses se trouve par 58° de latitude par 1 07° 30' de loogitade. io' >o8» 3o' 63° 124° 4°' 68° i5o° 3o' ' Géogoostiquemcnt parlant , une cliaine do littoral n'esc pas une rangée de montagnes que forme elle-mime la côte. On étend ce nom à une chaîne qui est séparée de la côte par une plaine étroite. • Tom. m, p. 194. 9 llarmon, Journal of ïravels in the interior of Nortb America, p. 78. NOTES. 2l3 la Nonvège. Là où la Cordillère tourne à l'ouest ( lat. 58° f, long. iSg" 4o' ) , sont placés deux pics volca- niques ', dont l'un, le Mont Saint-Elie, égale presque la hauteur du Cotopaxi ; l'autre, la Montagne de Beautems, celle du Mont-Rose. Le premier excède, en élévation, tous les sommets des Cordillères du Mexique et des Montagnes Rocheuses, au nord du parallèle de 19° j : il est même, dans l'hémisphère horéal, le point culmi- nant de tout le monde connu au nord des 5o° de latitude. Vers le nord-ouest des pics de Saint-EIie etdeBeau- tems , la chaîne de Californie prend un élargissement extraordinaire "^ dans l'intérieur de l'Amérique russe. Les volcans augmentent en nombre selon que l'on avance vers l'ouest, dans la péninsule d'Alasca et dans les îles des Renards , où le volcan Ajagedan s'élève à 1175 toises •* de hauteur au-dessus du niveau de l'Océan. C'est ainsi que la chaîne des Alpes maritimes de Californie paroît minée par des feux souterrains à ses deux extré- mités j vers le nord, par les 60° de latitude, et vers le sud par les 28° dans le volcan des Vierges *. S'il étoit certain que les Montagnes de Californie appartinssent à la branche occidentale des Andes d'Anahuac, on pourroit dire que le feu volcanique, encore actif, abandonne la Cordillère centrale dès qu'elle s'éloigne des côtes, c'est-à-dire depuis le Volcan de Colima, et que ce feu se porte au nord-ouest par la péninsule de la Vieille-Californie , par le Mont Saint-Elie et par la péninsule d'Alaska , vers les îles Aleutes et le Kamtschatka . Je terminerai le tableau de la structure des Andes, en récapitulant les traits principaux qui caractérisenl les Cordillères au nord-ouest du Darien. Lat. 8°- 11°. Montagnes de l'isthme de Panama, de Veragua et de Costa-Rica, foiblement liées au chaînon occidental de la Nouvelle-Grenade, qui est celui du Choco. Lat. 11"- \&°. Montagnes de Nicaragua et du Guatimala; volcans allignés N. 5o° O., en grande partie encore actifs , depuis le golfe de Nicoya jusqu'au Volcan de Soconusco. Lat. i6°- 18°. Montagnes de granite-gneis de la province d'Oaxaca. Lat. 18» i- 19° j. Nœud trachytique d'Anahuac, parallèle des Nevados et des volcans enflammés du Mexique. 1-at. 19° i- 20°. Nœud de montagnes métallifères de Guanaxuato et de Zacatecas. Lat. 21° |- 22'. Division des Andes d'Anahuac en trois chaînons : Chaînon oriental (du Potosi et de Texas), continué par les Monts Ozark et Wisconsan jusqu'au Lac Su- périeur. Chaînon central (deDurango, du Nouveau- Mexique et des Montagnes Rocheuses) , envoyant, au nord des sources de la Rivière Flatte (lat. 42°), un rameau (les Côtes noires) vers le NE., s'élargissant Jjeau- coup entre les parallèles de 46° et 5o°, et s'aljaissant progressivement à mesure qu'il se rapproche de l'embouchure de la Rivière de Mackensie (lat. 68°). Chaînon occidental (de Cinaloa et de la Sooora). Il se lie par des contre-forts (lat. 33"-34°) aux Alpes maritimes ou Montagnes de la Californie. Nous n'avons encore aucun moyen de juger, avec quelque précision, de l'élévation des Andes au sud du nœud des montagnes de Loxa (lat. australe 3°- 5°) ; mais nous savons qu-'au nord de ce nœud , les Cordillères s'élèvent cinq fois au-dessus de la hauteur majestueuse de 2600 toises : ' Des Jiesarei trigonométriques faites par l'expédilion de MalaspiDa , et qui paroissent mériter toute confiance , donnent .i« Mont Saint-Elie (lat. 6o« 17' 35') , non comme le veut Laperouse, 1980 toises, mais 2793 t.; au Mont Beautems (Fairmealher, Montana de Buentiempo, lat. Sg» 0' 42"), 23o4t. Voyez Relacion det f'iage Vie de San Lorenio, d'après Fidalgo, lat. 1 1« 6' 45', long. 67» 5o' Cad. Turbaco , d'après mes observations, lat. 10° i8'5", long. 77° 4'' 5'' P*"". G*' méridiens de Cadiz et de Paris diffèrent de 8° 37' 37'). » Pombo, Koliclai varias sobre las Quittas, i8i4 , p. 67 et 139. Dans cet ouvrage rempli de connoissances utiles , la latitude du Pic de San Lorento est indiquée 10° 7' i5', an lieu de ii» 7' i5', erreur qui est d'autant plus dangereuse que la Horqueta y est appelée ia Sierra mas avanzada al mar. ' Mss, du général Cortès. NOTES. 2l5 une suite de collines Indiquent peut-être une ancienne liaison de la Sierra Nevada de Santa Maria, d'un côté par V^lto de Las Minas ' (à l'ouest de la Laguna Zapatosa) afec les rochers phonolitiques et granitiques du Pefiou et de Banco * ; de l'autre, par la Sierra de Perija avec les montagnes de Chiliguana et d'Ocaiia, qui sont les contre-forts ^ du chaînon oriental des Andes de la Nouvelle-Grenade. Dans ce dernier chaînon , les espèces fébrifuges de quinquina {corollis hirsutis , staminibus incluais) qui avancent le plus au NE., sont celles de la Sierra Nevada de Merida*; mais de toute l'Amérique du Sud les vrais Cinchona les plus septentrionaux, se trouvent dans la région tempérée de la Sierra Nevada de Santa Marta. «. Chainx du littorai. de Venezuela. C'est le système de montagnes dont la configuration et la direc- tion ont exercé une influence si puissante sur l'état de la culture et du commerce de l'ancienne Capitania général de Venezuela. On lui donne différens noms (montagnes de Coro, de Caracas, du Bergantin , de Barcelone , de Cumana et de Paria) ; mais ces noms appartiennent tous à la même chaîne , dont la partie sep - tentrionale longe constamment la côte de la Mer des Antilles. Il seroit superflu de rappeler ici de nouveau que ce système de montagnes , qui a x6o lieues de long =, est un prolongement de la Cordillère orientale des Andes de Cundinamarca. La liaison de la chaîne du littoral avec les Andes est immédiate comme l'est celle des Pyrénées avec les Montagnes d'Asturie et de Galice; elle n'est pas l'effet d'arrêtés transversales, comme la liaison des Pyrénées avec les Alpes de la Suisse par la Montagne Noire et les Cévennes. Les points de jonction que les cartes ont si mal indiqués jusqu'ici, se trouvent entre Truxillo, Tocuyo et le Lac de Valencia. Voici les détails de cette jonction : Nous avons fait observer plus haut que le chaînon oriental de la Nouvelle-Grenade se prolonge au NE. , tant par la Sierra Nevada de Merida que par les quatre Paramos de Timotes, Niquitao, Boconô et de las Rosas, dont la hauteur absolue ne peut être moindre de i4oo à 1600 toises. Après le Paramo de las Rosas , plus élevé que les deux qui le précèdent, il y a une grande dépression ; on ne trouve plus de chaîne ou de crête distincte, mais un terrain montueux ' et de hauts plateaux qui entourent les villes de Tocuyo et de Barquisimeto. Nous ignorons l'élévation même du Cerro del Altar, entre Tocuyo et Caranacatù ; mais nou savons, par les mesures récentes de MM. Rivero et Boussingault, que les endroits les plus habités ont 3oo à 35o toises d'élévation au-dessus du niveau de l'Océan. Les limites du terrain montueux entre le Tocuyo et les vallées d'Aragua sont , au sud , les plaines de San Carlos ; au nord , le Rio de Tocuyo , dans lequel se jette le Rio Siquisique. Du Cerro del Altar au NE. , suivent, vers Guigue et Valencia, comme points culminans ', d'abord les Montagnes de Santa Maria (entre Buria etNirgua), puis le Picacho de Nirgua, que l'on croit de 600 toises de hauteur; eufm Las Palomeras et El Torito (entre Valencia et Nirgua). La ligne de partage d'eau se prolonge de l'ouest à Test depuis Qulbor jusqu'aux hautes savanes de Londres, près de Santa Rosa. Au nord , lesi eaux coulent vers le Golfo triste de la Mer des Antilles ; au sud , vers les bassins de l'Apure et de l'Orénoque. Tout ce pays montueux , que nous venons de faire connoître, et par lequel la chaîne du littoral de Caracas se rattache aux Cordillères de Cundinamarca, a joui de quelque célébrité en Europe' au milieu duseizième siècle; car la partie de granile-gnets, renfermée entre le Rio Tocuyo et le Rio Yaracui, offre les filons aurifères de Buria et la mine de cuivre d'Aroa, qui est encore en exploitation de nos jours. Si l'on trace à travers le nœud des mon- tagnes de Barquisimeto les méridiens très-rapprochés d'Aroa , de Nirgua et de San Carlos, on observe qu'au * C'est un proIoDgement de la Sierra Nevada vers le SO. ' Sur les bords du Rio Magdaleua , ud peu au nord de Xamalameque et du Regidor, dont j'ai trouvé la lat. 8' 3o', et la long. 76° i3'. ' Tom. III, p. îoS. * Tom. III, p. 102. ' C'est plus que la double longueur des Pyrénées , depuis le cap de Creuz jusqu'à la pointe de Figuera. * foyei plus haut, Tom. II , p. laS.etTom. III, p. loi. ' Mss. du général Cortès. » Tom. I , p. 6J9. 2l6 NOTES. NO. ce nœud se lie à la Sierra de Coro , appelée aussi Sierra de Santa Lucia , au NE. aux montagnes de Capadare, de Porto-Cabello et de la Villa de Cura. Il forme, pour ainsi dire, le mur oriental de cette vaste dépression circulaire dont le Lac de Maracaybo est le centre, et qui est bordée, au sud et à l'ouest, par les montagnes de Merida, d'Ocafia, de Perija et de Santa Marta. La chaîne du littoral de Venezuela , dont l'ciistence avoit déjà été reconnue par Pierre Martyr d'Anghiera *, ofiFre, vers soncentreet vers l'est, les mêmes phénomènes de structure que nous avons signalés dans les Andes du Pérou et de la Nouvelle-Grenade ; savoir : la division en plusieurs rangées parallèles et la fréquence des bassins ou vallées longitudinales; mais, comme lesirruptionsdelamerdesAntllles paroissent avoir englouti très-ancien- nement une partie des montagnes du littoral, les rangées ou chaînons partiels se trouvent interrompus, et quelques bassins sont devenus des golfes océaniques. Pour saisir dans son ensemble la Cordillère de Venezuela , il faut étudier avec soin la direction et les sinuosités de la côte depuis la Punta Tucacas (à l'ouest de Porto-Cabello) jusqu'à la Punta de la Galera de l'île de la Trinité. Cette île , celles de Los Testigos , de la Marguerita et de la Tortuga constituent, avec les micaschistes de la péninsule d'Ara ya, un même système de montagnes. Les roches granitiques qui viennent au jour entre Buria, Duaca et Aroa ^, traversent la vallée du Rio Yaracui et se rapprochent du littoral où elles se prolongent comme un mur continu depuis Porto-Cabello jusqu'au Cap Codera. C'est ce prolongement quiforme le chaînon septentrional de la Cordillère de Venezuela, c'est celui que l'on traverse en allant du sud au nord, soit de Valencia et des vallées d'Aragua à Burburata et Turiamo , soit de Caracas à La Guayra. Des sources chaudes ^ jaillissent de ses flancs, celles de Las Trincheras (90",4) à sa pente septentrionale ; celles d'Onoto et de Mariara , de sa pente méridionale. Les premières sortent d'un granité à gros grains très-régulièrement stratifié; les dernières , d'une roche de gneis. Ce qui caractérise surtout le cliainon septentrional, c'est qu'il renferme la plus haute cime, non seulement du système des montagnes de Venezuela, mais de toute l'Amérique méridionale, à l'est des Andes. Le sommet oriental de la Silla de Ciracas a, selon ma mesure barométrique faite en 1800, la hauteur de i35o toises*. MM. Boussingault et Rivero ont porté, en 1822, un excellent baromètre de Fortin sur ' Océanien (éd. iS3i) Dec. Ul, lib. 4, p. 5j. ^ A l'est de Saa Felipe, daas le nœud de montagnes de Tocuyo et de Barquisimeto. ' ^'oyez plu» haut, Tom. I, p. 453; Tom. H, p. 27, 83, 97, 99 et i36. D'autres sources chaudes de la Cordillère du littoral sont celles de S. Juan, du Provisor, du Brigantin , du golfe de Cariaco, de Cumacatar et d'irapa. MM. Rivero et Boussingault qui ont visité les eaux thermales de Mariara, en février 1833, pendant leur voyage de Caracas à Sanla-Fe de Bogota , ont trouvé le maximum de ces eaux de 64° cent. Je ne l'avois trouvé , dans la m£me saison , que de Sg",!. Le grand tremblement de terre du a6 mars i8u auroitil inDué sur la température de ces sources? Les habiles chimistes que je viens de citer ont été frappés comme moi de la grande pureté des eaux chaudes qui sortent des roches primitives du bassin d'Aragua. ■ Celles d'Onoto qui sourdent à 36o toises de hauteur au-dessus du niveau de la mer, n'ont aucune odeur d'hydro- gène sulfuré : elles sont sans saveur et ne précipitent ni par le nitrate d'argent ni par aucun réactif. Évaporées , elles laissent un résidu inappréciable qui consiste en un peu de silice et une trace d'alcali. Elles n'ont que 44°, 5 de température ^ et les bulles d'air qui se dégagent par intermittence sont à Onoto, comme dans les eaux thermales de Mariara, du gaz azote pur {Voyez plus haut , Tom. 111 , p. 4o)- Les eaux de Mariara { 344 toises) ont une foible odeur d'hydrogène sulfuré. Par l'éva- poration, elles laissent un léger résidu qui donne de l'acide carbonique, de l'acide sulfurique, de la soude, de la magnésie et de la chaux. Ces quantités sont si petites que l'eau est absolument sans saveur. 0 (Lettre de M. Boussingault à M. de Humboldt, dans \ti Annales dePhys. et de Chimie, Tom. XXVI, p. 81. Je n'ai trouvé, pendant tout le cours de mes voyages, que les seules sources de Comangillas (près Guanaxuato au Mexique) qui soient encore plus chaudes que les eaux thermales de las Trincheras, situées au sud de Porto-Cabello. Ces eaux de Comangillas sourdissent a io4o t. de hauteur, et sont également remarquables par leur pureté et par leur température de 96°, 3 cent. ^ Tom. I , p. 6ao, €oS; Tom. Il, p. 11. La Silla de Caracas n'est que de 80 t. plus basse que le Canigou dans les Pyrénées. Comme Caracas , Santa-Fe de Bogota et Quito peuvent être considérés comme les trois capitales de Colombia , je rappellerai ici, pour établir une comparaison précise de la hauteur de ces trois villes, que les habitans de Caracas reconnoissent à la fois, dans le sommet de la Silla qui domioe leur ville , le niveau des plaines de Bogota et un point de i5o toises moins élevé que la grande place de Quito. NOTES. 217 ce même sommet et l'ont trouvé de i35i i toises; ce qui prouve que, malgré les éLoulemens qui ont eu lieu sur la SiUa pendant le grand tremblement de terre de Caracas, cette montagne ne s'est pas afiaissée de 5o à 60 toises , comme on l'a faussement avancé dans plusieurs journaux anglo-américains. Quatre à cinq lieues au sud du chaînon septentrional, qui est celui de Mariara , de la Silla et du cap Codera , le chaînon méridional ' de la Cordillère de la côte se prolonge, dans une direction parallèle, depuis Guigue jusqu'à l'embouchure du Rio Tuy, par la Cuesta de Yusnia, le Guacimo, les montagnes de Guiripa, d'Ocumare et de Panaquire. Ce sont les latitudes de la Villa de Cura et de San Juan, très-fausses sur nos caries , qui m'ont fait connoîire la largeur moyenne de toute la Cordillère de Venezuela. On peut compter dix à douze lieues ' depuis le versant du chaînon septentrional qui horde la Mer des Antilles jusqu'au versant du chaînon méridional qui borde l'immense bassin des Llanos. Ce dernier chaînon, désigné vague- ment aussi sous le nom des montagnes de l'intérieur, est Ijeaucoup plus bas que le chaînon septentrional, et j'ai de la peine à croire que la Sierra de Guayraima atteigne 1 200 toises de hauteur, comme on l'a affirmé récemment. Les deux chaînons partiels, celui de l'intérieur et celui qui longe la côte, sont liés par une arrête ounœnd lie montagnes ^ connu sous le nom des ^Ifos de las Cocuyzas (845 t. ) et de l'Higuerote ( 835 t. ) , entre Los Teques et La Victoria, par les 69° 3o' et 69° 5o' de longitude. A l'ouest de cette arrête se trouve le bassin entièrement fermé ■* du lac de Valencia ou des Vallès de Aragua ; ii l'est, le bassin de Caracas et du Rio Tuy. Le fond du premier de ces bassins est élevé de 220 à 25o toises, le fond du second de 46o toises au- dessus des eaux de la mer des Antilles. Il résulte de ces mesures que des deux vallées longitudinales que ren- ferme la Cordillère du littoral, la plus occidentale est la plus profonde ; tandis que , dans les plaines voisines de l'Apure et de l'Orénoque, la pente du terrain incline de l'ouest vers l'est : mais il ne faut pas oublier que la disposition particulière du fond de deux bassins, qui sont limités par deux chaînons parallèles, est un phé- nomène local entièrement indépendant des causes dont dépend le relief général d'un pays. Le bassin oriental de la Cordillère de Venezuela n'est pas fermé comme le bassin de Valencia. C'est dans le nœud des montagnes de Las Ci^cuyzas et de l'Higuerote que se forment , par le prolongement vers l'est de la Serrania de los Teques et d'Orlpoto, deux vallées, celles du Rio Guayi-e et du Rio Tuy. La première renferme la ville de Caracas , et les deux se réunissent au-dessous de Caurimare. Le Rio Tuy parcourt le reste du bassin , de l'ouest ù l'est, jusqu'à son embouchure qui est située au nord des montagnes de Panaquire. Au Cap Codera semble se terminer la rangée septentrionale des montagnes du littoral de Venezuela; mais cette interruption n'est qu'apparente ^. La côle forme, vers l'est, sur 35 lieues marines de longueur, une anse li'ès-vaste , au fond de laquelle se trouvent l'embouchure du Rio Lf nare et la rade de Nueva Barcelona. Dirigée d'abord de l'ouest à l'est, selon le parallèle de 10" Zf. la côte rentre jusqu'au parallèle de 10° 6', et reprend son ancienne direction (10° 37'- 10° 44') depuis l'extrémité occidentale de la péninsule d'Araya jusqu'aux extrémités orientales de la Montana de Paria et de l'île de la Trinité. U résulte de ce gisement des côtes, » Tom. H, p. 54, i35, iSy. * La largeur est très-considér.ible ïers l'est , en regardant le Cerro de Flores (lat. 9" 28') , au sud-ouest de Farapara et d'Ortiz, comme placé sur le bord même des Llanos de Calabozo. » Tom. H, p. 39, 4i. * Ce bassin renferme un petit système de rivières intérieures qui ne communiquent pas avec l'Océan. Vers le sud-ouest , le chaînon méridional de là Cordillère du littoral de Venezuela offre une telle dépression que le Rio Pao a pu se séparer des affluens du lac de Tacarigua ou de Valencia (Tom. II , p. 75 et 77). Vers l'est, le Rio Tuy, qui nait i la pente occidentale du nœud de montagnes de Las Cocuyzas , semble d'abord se jeter dans les vallées d'Aragua , mais des collines de tuf calcaire qui forment un seuil entre le Conscjo et La Victoria (Tom, H , p. 4i) le forcent à prendre son cours au sud-est. Pour rectifier ce qui a été dit plus haut (Tom. II , p. 8i note a) sur la composition des eaux du lac de Valencia, je rappellerai ici que MM. Boussingault et Rivero n'y ont trouvé aucune trace de nitrate de potasse, mais ,-~ de carbonate de soude et de ma- gnésie , de muriate de soude et de sulfate et carbonate de chaux. s Tom. I, p. 332. Relation historique j Tom. III. 28 2l8 NOTES. que la rangée de montagnes qui avoisine le littoral des provinces de Caracas et de Barcelona, entre les méri- diens de GG" 32' et 68° 29', et que j'ai observée au sud de la baie d'Higuerote et au nord des Lianes 'du Pao et de Cachipo, doit être considérée comme la contiuuation du chaînon méridional de Venezuela, et qu'elle se lie vers l'ouest aux Sierras de Panaquire et d'Ocumare. On peut dire par conséquent qu'entre le cap Codera et Cariaco le chaînon de l'intérieur forme la côte même. Cette rangée de montagnes , très-basse et souvent interrompue depuis l'embouchure du Rio Tuy jusqu'à celle du RioNeveri, s'élève assez brusquement à l'est de Nueva Barcelona, d'abord dans les îles rocheuses des Chimanas *, et puis dans le Cerrodel Bergantin qui a pro- bablement plus de 800 toises d'élévation, tnais dont la position astronomique et la liauteur précise sont encore également inconnues''. Sur le méridien de Cumana, le chaînon septentrional (celui du Cap Codera et de la Silla de Caracas) reparoît. Les schistes micacés de la Péninsule d'Araya et de Maniquarez * se joignent par l'arrête ou nœud des montagnes de Meapire^ au chaînon méridional qui est celui de Panaquire, du Bergantin, du Turimiquiri , de Caripe, et du Guacharo ''. J'ai rappelé dans un auti-e endroit comment cette arrête, qui n'a pas 200 toises de hauteur absolue, a empêché , dans les anciennes révolutions de notre planète , l'irrup- tion de l'Océan et la réunion des golfes de Paria et de Cariaco. A l'ouest du Cap Codera , c'est le chaînon septentrional, composé de roches granitiques primitives, qui présente les plus hautes cimes de toute la Cordillère de Venezuela; mais à l'est de ce Cap, les points culminans se trouvent dans le chaînon méridional composé déroches calcaires secondaires. Nous avons vu plus haut que le Pic de Turimiquiri adossé au Cocollar' a io5o toises , tandis que le fond des hautes vallées du couvent de Caripe^ et du Guardia de San Agustin a 4 1 2 et 533 toises d'élévation absolue- A l'est de l'arrête de Meapire , le chaînon méridional s'abaisse brusquement vers le Rio Areo et le Guarapiche; mais , en quittant la Terre-Ferme , on le voit s'élever de nouveau sur la côte méridionale de l'île de la Trinité qui n'est qu'une portion détachée du continent, et dont la côte nord oflre indubitablement les débris du chaînon septentrional de Venezuela, c'est-à-dire de celui delà Montaiîa de Paria (le Paradis de Christophe Colomb), de la péninsule d'Araya et de la Silla de Caracas. Les observations de latitude que j'ai faites à la Villa de Cura (10° 2' 47") , à la ferme du Cocollar (10° 9' 37") etau couvent de Caripe (io° 10' i4") , comparées à la position plus anciennement connue de la côte méridio- nale de la Trinité (lat. 1 o°6'), prouvent que le chaînon méridional, au sud des bassins ' de Valencia et du Tuy , et des golfes de Cariaco et de Paria, est encore plus constant dans sa direction de l'ouest à l'est que le chaî- non septentrional depuis Porto-Cabello jusqu'à Punta Galera. La limite méridionale de la Cordillère du littoral de yenezuela est très-importante à connoître , parce qu'elle détermine le parallèle auquel commencent les Llanos ou savanes de Céiracas, de Barcelona et de Cumana. Les géographes qui se plaisent à copier et à rendre stéréotypes , pendant des siècles, les chaînes de montagnes et les embranchemens de rivières que le caprice du dessinateur a fait placer sur quelques cartes très-répandues , ne cessent de figurer, entre les méri- diens de Caracas et de Cumana, deux Cordillères dirigées du nord au sud jusqu'au 8° | de latitude: » Tom. I, p. 543; Tom. III, p. 57 et 54. 2 Tom. I, p. 555; Tom. III, p. 43. ' Tom. I, p. 5oi et 4oo. Le Pic de Cumanacoa, que les belles cartes du Deposilo hidrografieo de Madrid placent Ut. 10' 7', est peut-être le Turimiquiri : car la ville de Cumanacoa est, d'après mes observations, par les 10° 16' 11'. ' Tom. I, p. 35j; Tom. III, p. 47-54. 5 Tom. I, p. 53i, 445. « Tom. I, p. 44i. ^ Tom. I, p. 4oi. > Tom. I, p. 4u. 9 De ces quatre bassins limités par des chainons parallèles, les deux premiers ont le fond de 25oet'46o toises supérieur, les deux derniers de 3o à 4o toises inférieur au niveau actuel des mers. Des eaux chaudes jaillissent du fond du golfe ou bassin de Cariaco (Tom. I , 453), comme sur le continent du fond du bassin de Valencia (Tom. II, p. 83]. NOTES. 2Ig ils leur donnent les noms de Cerros de Alla Gracia et del Bergantin '. C'est rendre montagneux ua terrain de 25 lieues de large où l'on chercheroit en vain un tertre de quelques pieds de hauteur. En fixant les yeux sur l'ile de la Marguerite, composée, comme la péninsule d'Araya, de schiste micacé et anciennement liée à cette péninsule par le Morro de Chacopata et les îles de Coche et de Cubagua '^, on est tenté de reconnoître, dans les deux groupes montueux du Macanao et de la Vega de San Juan , les traces d'un troisième chaînon de la Cordillère du littoral de Venezuela. Ces deux groupes de l'île de la Marguerite, dont le plus occidental s'élève à plus de fioo toises de hauteur ', appartiennent-ils à une chaîne sous-marine qui se prolonge, par l'îledelaïortuga, vers la Sierra de Santa Lucia de Coro, sur le parallèle de ii" ? Doit-on même admettre que , par les 1 1" | et 12° i de latitude , un quatrième chaînon , le plus septentrional de tous , s'est dirigé jadis par les îlots des llermanos, par la Blanquilla , l'Orchila , Los Roques , Aves , Buen Ayre , Curaçao etOruba, vers le cap Chichivacoa? Ces problèmes importans ne pourront être résolus que lorsque cette chaîne d'îles parallèle à la côte aura été examinée par un géognoste instruit. 11 ne faut pas oublier qu'une grande irruption de l'Océan paroît avoir eu lieu entre la Trinité et la Grenade *, et que nulle part ailleurs , dans la longue série des Petites Antilles , deux îles voisines ne se trouvent aussi éloignées les unes des autres. On reconnoît l'effet du courant de rotation dans la direction des côtes de la Trinité, comme dans celles des provinces de Cimiana et de Caracas, entre le Cap Paria et Punla Araya, entre le Cap Codera et Porto-Cabello *. Si, au nord de la Péninsule d'Araya, une partie du continent a été engloutie dans les flots, il est probable que l'énorme bas-fond qui entoure Cubagua , Coche, l'île de la Marguerite , Los Fralles, la Sola et les Testigos , marque l'étendue et les contours des terres submergées. Ce bas-fond , ou 'placer de 200 lieues carrées, n'est bien connu, dans toute son étendue, que de la tribu des Guayqueries. Ces Indiens le fréquentent à cause de la pêche abondante qu'il offre par un temps calme. On croîtque le GranP lacer x^ est séparé que par quelques canaux ou sillons plus profonds du banc de la Grenade qui a presque la même forme que l'île de ce nom , du bas-fond qui s'étend , semblable à une digue étroite, du Tabago à la Grenade, et que l'on reconnoît par l'abaissement de la température de l'eau <>, enfin des bas-fonds de Los Roques et d'Aves. Je n'ignore pas que d'habiles navigateurs nient ces communications , parce qu'ils considèrent le fond de la mer sous un autre point de vue que le géologue. Les caries marines , appropriées aux besoins de la naviga- tion , n'indiquent plus de bancs là où il y a 5o ou 60 brasses d'eau : mais qu'est-ce qu'une si foible ' Voyez toutes les cartes françoises, angloises et allemandes publiées avant la Carte de Cotombia par M. Britc ( 1823 ) pour laquelle on a employé une partie des matériaux que j'ai recueillis sur l'étendue et la direction des chaînes de montagnes. La source de cette erreur, que l'on trouve déjà chei Nicolosio, Sanson (1669) et De l'Isle (1700), doit être attribuée à l'usage des premiers géographes de l'Amérique d'agrandir, outre mesure^ la largeur des Andes du Pérou et de la Nouvelle-GreDade , et de les porter tellement vers l'est que Quito se trouvoit quelquefois placé sur Ip méridien de Cumana (Tooi. II, p. 7i3). De cette manière , les steppes de Venezuela furent couvertes de montagnes qui lioient le groupe de la Parime aux chaînons du littoral de Caracas. De l'Isle place près de la rangée de montagnes que Sanson avoit dirigée du nord au sud , de Barcelone à l'Orénoque , la Vallée de Sayma , ce qui prouve qu'il avoit quelque notion confuse des montagues de Caripe , habitées par les Indiens Cliaymas. D'Anville, d'après des idées systématiques sur l'origine des fleuves, figure une crête entre les sources de rUnare, du Guarapiche, du Pao et du Manapire. (Tom. II, p. 1 5 1.) C'est le type qui a été suivi jusqu'à nos jours et dont Surville même n'a pas osé dévier dans la carte qu'il dressoit pour l'ouvrage du père Caulin. ' Voyez Tom. III , p. Uy. ^ Tom. Ij p. 223. ' On assure que la Trinité est traversée dans sa partie septentrionale par une chaîne de schiste primitif, et que la Grenade oCfre des basaltes. Il seroit important d'examiner de quelle roche est composée l'île de Tabago, qui m'a paru d'une blan- cheur éblouissante (Tom. I , p. 212; Tom. II, p. 23) , et sur quel point commence, en allant de la Trinité vers le nord, le système trachytique et trapéen des Petites Antilles. 5 On peut signaler ces mêmes effets du courant de rotation et ces mêmes directions régulières E. et O. , vis à-vis des eûtes de la Terre-Ferme, sur le littoral de Portorico, de Haïti ou Saint-Domingue et de l'Ile de Cuba, entre la Puata May et le Cabo Cruz. ' Tom. I, p. 2i3. 220 NOTES. dépression du sol aux yeux de celui qui cherche à étudier les inégalités de la surface du globe dans leur ensemble au-dessous et au-dessus du niveau des mers? Les Indiens Guayqueries et en général tous les habilans des côtes de Cumana et de Barcelone sont imbus de l'idée que les bas-fonds de la Marguerite et des Testigos diminuent d'eau d'année en année : ils pensent que , par la suite des siècles , le Morro de Chacopala, sur la péninsule d'Araya, sera réuni, par une langue de terre, aux îles de Lobos et de Coche. La retraite partielle des eaux sur les côtes de Cumana ' est incontestable, et, à plusieurs époques , le fond de la mer s'est élevé *, par l'effet des trerablemens de terre; mais il y a loin de ces phénomènes locaux déjà si diffi- ciles à expliquer par l'action des forces volcaniques, par des changemens dans la direction des courans et par les gonflemens des eaux qui en sont les suites nécessaires, à des effets qui se manifestent à la fols sur plusieurs centaines de lieues carrées. et par des rochers isolés à formes bizarres ^ qui percent le sol et fixent de loin l'attention des voyageurs. Ces masses granitiques , souvent sti-atifîées , ressemblent à des piliers ou à des édifices en ruines. Les mêmes forces qui ont soulevé le groupe entier de la Sierra Parime ont agi çà et là dans les plaines jusqu'au-delà de l'équateur. L'existence de ces Luttes et de ces monticules sporadiques rend difficile la fixation précise des limites d'un système dont les montagnes * Tom. II, p. 373, a75. » Tom. II, p. 5ia, 3j8, 353. ' Tom. II , p. 359 , 3-7, 567. * Tom. II, p. 38i. ' Tom. II , p. 390. « Tom. II, p. 593. ' Montblanc , Cbimborazo. ' Lat. 3°, long. 69° ii' entre l'itiniveni ou Conoricbite et les sources du Tama , alDuenl de l'Alacavi et de l'Atabapo. 9 Piedra de Kemarumo (lat. 3° 30') , Piedra de la Guahiba , Piedra de Astor , sur les bords de l'Atabapo ; mur rocheux de Guanarj avec deux tourelles prés des Rapide» de CunaDivacari, Piedra de Culimacari (lat. a» o' 42") sur les bords du Cassi- quiare; Glorieta de Cocuy (lat. i''4o') et Piedra de linumaoe sur les bords du Rio Negro. {Voyez Tom. Il, p. 4 10, 414,477, 491, 495,496.) NOTES. 123 ne sont pas rangées longitudinalement comme sur un filon. A mesure que l'on avance vers la frontière de la province portugaise du Rio Negro , les rochers élevés deviennent plus rares ; on ne trouve plus que des bancs ou digues de granite-gneis qui causent des rapides et des cataractes dans les rivières. Telle est la surface du sol entre les 68° \ et 70° j de longitude , entre le méridien de la bifurcation de POrénoque et celui de San Fernando de Atabapo : plus loin , à l'ouest du Haut-Rio Negro, vers les sources de cette rivière et de ses affluens , le Xiè et l'Uaupès (lat. i°- 2" { , long. 72°- 74°) , il existe un petit plateau mon- tueux dans lequel des traditions indiennes placent une Lagunade oro , c'est-à-dire un lac environné de couches d'attérissemens aurifères *. A Maroa , mission la plus pccidentale parmi celles du Rio Negro , les Indiens m'ont assuré que ce fleuve prend naissance, ainsi que l'Inirida (affluent du Guaviare) , à cinq journées de marche dans un pays hérissé de collines et de rochers. A San Marcellino, les Indigènes connoissent une Sierra Tunuhy, placée près de So lieues à l'ouest de leur village , entre le Xiè et l'Içanna. De même M. de La Condamine a su , par les Indiens de l'Amazone , que le Quiquiari (Iquiari des pères Acuna et Fritz) vient « d'un pays de montagnes et de mines. » Or, l'Iquiari est placé , par l'astronome françois , entre l'équateur et l'embouchure du Xiè (Ijié) , ce qui l'identifie avec l'Iguiare qui tombe dans l'Içanna. On ne peutavancerdanslaconnoissance géognostique de l'Amérique sans avoir continuellement recours à des recherches de géographie comparée; Le système de mon- tagnes que nous appellerons provisoirement celui des sources du Rio Negro et de l' Uaupès , et dont les points cul- minans n'ont probablement pas 100 à 120 toises de hauteur ^, paroit s'étendre vers le sud aubassin duRio Yupura où des arrêtes rocheuses forment les cataractes du Riode los Enganos et le Salto Grande de Yupura (de lat. austr. 0° 4o' à lat. bor. 0° 28') , et vers l'ouest au bassin duHaut-Guaviare. Dans le cours de ce fleuve, 60 à 70 lieues à l'ouest de San Fernando del Atabapo, on trouve deux murs de rochers bordant le détroit [a. peu près lat. bor. 7>' I o' , long. 73° J-) auquel s'est arrêtée l'excursion du père Mancilla. Ce missionnaire , en remontant le Gua- viare , m'a dit avoir aperçu près du détroit (angosiura) une chaîne de montagnes bornant l'horizon au sud. On ignore si , plus à l'ouest, ces montagnes traversent le Guaviare et se réunissent aux contre-forts qu'envoie , entre le Rio Umadea et le Rio Ariari , la Cordillère orientale de la Nouvelle-Grenade vers les savanes de San Juan de los Llanos. Je doute beaucoup de cette communication; si elle avoit lieu, les plaines du Bas-Oré- noque ne communiqueroient avec celles de l'Amazone que par un détroit terrestre singulièrement rétréci , à l'est du pays montueux qui environne les sources du Rio Negro. Mais il est plus probable que ce pays mon- tueux (petit système de montagnes, géognostiquement dépendant de la Sierra Parime), forme comme un îlot dans les Llanos du Guaviare et du Yupura. Le père Pugnet, gai'dien du couvent de Saint-François à Popayan , m'a assuré n'avoir trouvé que des savanes dépourvues d'arbres ^ et qui s'étendoient à perte de vue, lorsqu'il alloit des missions établies sur le Rio Caguan à Aramo, village situé sur le Rio Guayavero. La chahie de montagnes que plusieurs géographes modernes *, sans doute pour orner leurs cartes, placent entre le Meta et le Vichada, et qui paroit lier les Andes de la Nouvelle-Grenade à la Sierra Parime, est purement imaginaire. Nousvenonsd'examinerleprolongement de la Sierra Parime à l'ouest, vers les sources du Rio Negro. Il nous reste à suivre le même groupe dans sa direction orientale. Les montagnes du Haut-Orénoque , à l'est du Raudal * Tom. II , p. 44s, 452, 45". Selon le journal d'Acuna et celui du père Fritz, les Indiens Manaos (Manoas) lirojcnt de l'or des bords de l'Yquiari (Iguiare ou Iguare) et en faisoient des lames. Les notes manuscrites de Don Apollinario de la Fuente lont aussi mention de l'or du Rio Uaupès. (La Condamine , Voyage à C Amazone, p. 98 et 129, et plus haut, Tom. II, p. 449, 452, 621). Il ne faut pas confondre la Laguna de Oro que l'on prétend avoir trouvée en remontant l'Uaupès (lat. bor. 0° 4o') avec un autre lac doré (lat. mér. 1" 10') que La Condamine appelle ilfarû/ii ou Paralii (eau!), et qui n'est autre chose qu'un terrain souvent inondé, entre les sources du Jurubech (Urubaxi) et du Rio Marahi, affluent du Caqueta, 2 Tom. II, p. 458. ' Qu'est-ce qu'une forêt {Selva Grande ou El Ayrico) que placent les cartes dans ces contrées? Tout ce pays entre le Haut-Orénoque et les missions du Caqueta est tellement inconnu que les positions de San Juan de los Llanos, de Caguan, d' Aramo et du confluent du Rio Fragua avec le Yupura ou Caqueta, peuvent être fausses de plus d'un demi-degré en latitude. * Par exemple, la grande carte de V Amérique méridionale, par Ariowsmith. 224 NOTES. des Gualxarlbos (lat. bor. i" i5', long. 67° 38') j se réunissent à la clmlne de Pacaraina (Pacarahina, Pacaïajrao , Baracayna) qui partage les eaux du Carony et du Rio Branco, et dont les schistes micacés, resplendissant par leur éclat argenté , ont joué un rôle si important dans le mythe du Dorado de Ralegh '. La partie de cette chaîne qui renferme les sources de l'Orénoque n'a point encore été explorée ; mais sa prolongation plus orientale, entre le méridien du poste militaire de Guirior et leRupunuri, affluent de l'Essequibo, m'est connue'^ parles voyages de deux Espagnols , Don Antonio Santos et Nicolas Rodriguez, comme par les travaux géodésiques des Portugais Pontes et Almeida. Deux portages peu fréquentés, entre le Rio Branco ef le Rio Essequilio (portages de Sarauru et du lac Amucu), se trouvent au sud de la chaîne de Pacaraina; ils facilitent le chemin de terre qui con- duit de la Villa du Rio Negro à la Guyane hoUandoisc^. Au contraire, le portage entre le Lassin du Rio Branco et celui du Carony traverse le faîte de la chaîne de Pacaraina même. Sur le versant septentrional de cette chaîne naît l'Anocapra (Anuca-para? Nocaprai) , affluent du Paraguamusi ou Paravamusi ; sur le versant méridional , l'Araicuque qui forme avec l'Uraricapara, au-dessus de la mission détruite de Santa Rosa (lat. 3" 46', long. 65"io'), la fameuse Valtce des Inondations*. La Cordillère principale, qui paroit avoirpeu delargeur, r,e prolonge sur une longueur de 80 lieues, du portage de l'Anocapra (long. fi5°35') à la vive gauche du Rupunuri (long.6' 1 ° 5o'), en suivant les parallèles de 4° 4' et 4» 12'. On y distingue, de l'ouest à l'est, les montagnes de Pacaraina, de Tipique, de Tauyana où naît le Rio Parime (affluent de l'Uraricuera), de Tubachi, des Cristaux (lat. 3° 56', long. 6a' 5^') et de Canopiri. Le voyageur espagnol, Rodriguez, désigne la partie orientale de la chaîne sous le nom de Quimiropaca; mais, comme la description géognostique d'un pays ne peut faire de progrès sans l'adoption de noms généraux, je continue à donner , à toute celte Cordillère qui lie les montagnes de l'Oré- • Tom. Il, p. 6S7, 706, 7i5. 2 Voici la liste des matériaux ioédits sur lesquels se fonde ma description de la partie orientale de la Sierra Parime : 1° Journal de route de Nicolas Hortsman (1740), trouvé parmi les papiers de D'Anville ("Tom. II, p. 586, 683), et communiqué par ses héritiers ; a" Notes écrites (1778) sous la dictée de Santos , lorsqu'il passa des missions de Carony aux plaines du Rio Branco, en traversant la chaîne de Pacaraina , qu'il appelle Pacaraymo. (Tom. II , p. 5yS, 706.) Ce manuscrit et le suivant sont conservés dans les archives de la Nueva Ouayana où j'en ai pris copie ; 3° Journal de route de Don Nicolas Rodriguez, l'ami de Santos, depuis Barccloucta jusqu'au coniluent du Rio Mao (Mahu) et du Rio Branco. J'ai dressé une carte sur l'indication très- eiacte des rumbs et des distances que renferme ce précieux manuscrit ; 4'" deux cartes très-détaillccs du capitaine de frégate et astronome-géographe de la commission portugaise des limites, Don Antonio Pires de Sylva Pontes Leme, et du capitaine des ingénieurs, Don Ricardo Franco d'Almeida de Serra (1787 et i8o4). Ces cartes manuscrites renfermant tout le détail du levé trigonométrique des sinuosités des rivières, nous ont été obligeamment communiquées, à M. Lapie et à moi, par M. le comte de Linhares. On peut affirmer que le cours de peu de rivières en Europe a été assujettis des opérations plus minutieuses que le cours du Rio Branco, de l'Uraricuera, du Tacutu et du Mahu, et l'on doit regrettsr que, dans l'état de barbarie dans lequel se trouve encore la géographie des plus vastes contrées des Amériques espagnole et portugaise, la prédilection d'une exactitude si rigoureuse se soit portée sur une région presque entièrement sauvage et inhabitée. 5° Notice du voyage que Fran- cisco José Rodrigueî Barata, lieutenant colonel du 1" régiment de ligne du Para, a fait comme enseigne du même régiment, par le Rio Branco, le Tacutu et le Sarauru au Rio Rupunuri et à Surinam , en traversant ( 1 yçjS) le portage ou isthme qui sépare, au sud du Cerro Cunncumu, les bassins du Rio Branco et de l'Essequibo (Tom. H, p. 55o). Je dois cette notice à la bienveil- lance de M. le chevalier de Urito, ambassadeur de Portugal près de la cour de France. ' Le portage du lac Amucu (Amacu) , entre le Cano Pirara , affluent du Rio Mahu , et le Caùo Tavaricuru ou Tauricuru , est 10 lieues au nord du portage de Sarauru (Tom. II, p. 53o). « Tom. II, p. 685. Le Rio Uraricapara se jette dans l'Uraricuera que le manuscrit de Rodrigueï appelle Curaricara, et qui peut être considéré comme la branche occidentale du Rio Branco , tandis que sa branche orientale est le Tacutu qui reçoit le Mahu. Les deux branches se réunissent près du fortin de San Joaquim do Rio Branco. Les Espagnols du Carony ont com- mencé à passer la chaîne de Pacaraina et à s'introduire dans le territoire portugais dans les années 1770 et 1773. Ils y ont établi successivement les missions de Santa Rosa, de San Juan Baptista de Cayacaya (Cadacada) et de San Antonio [Caulin , p. 60) ; mais ces villages, ou plutôt ces réunions de cabanes , ont été détruits par les Portugais. Des guerres entre les missions voisines de deux nations rivales sont malheureusement très-fréquentes dans cette partie de l'Amérique. La carte de Pontes indique à la réunion du Paraguamusi et du Rio Paragua (affluent du Carony), parlât. 4- j5', le village de San Vicente : c'est le point où 6C trouve le poste mililaiie espagnol de Guirior. NOTES. !25 noque à celles de l'intérieur de la Guyane hoUandoise et françoise, le nom de Pacaraiua que Ralegh et Keymis avoient fait connoître en Europe dès la fin du 16" siècle. Le Rupunuri et l'Essequibo brisent cette chaîne; de sorte que, de deux de leurs affluens, le Tavaricuru et le Sibarona, l'un naît sur la pente sud, l'autre sur la pente nord. A mesure que l'on approche de l'Essequibo, les montagnes prennent plus de développement vers le sud-est, et s'étendent jusqu'au-delà des 2° 7 de latitude boréale. C'est de cette branche orientale ' de la chaîne du Pacaraina que naît, près du Cerro Uassari, le Rio Rupunuri. Sur la rive droite duRio Branco, dans une latitude plus méridionale encore (entre 1° et 2° nord) , il existe également un terrain montueux dans lequel prennent leurs sources, de l'est à l'ouest, le Caritamini, lePadaviri, leCaba- buri (Cavaburis) et le Pacimoni. Cette branche occidentale des montagnes de Pacaraiua sépare le bassin du Rio Branco de celui du Haut-Orénoque dont les sources ne se trouvent probablement pas à l'est da méridien de 66" i5' : elle se lie aux montagnes d'Unturan et de Yumariquin, placées au SE. de la mission de l'Esme- ralda ^. Il résulte de l'ensemble de ces considérations que, tandis qu'à l'ouest du Cassiquiare, entre celte rivière, l'Atabapo et le Rio Negro, il n'y a que de vastes plaines dans lesquelles s'élèvent quelques monti- cules et rochers isolés, de véritables contre-forts se dirigent à l'est du Cassiquiare, du NO. au SE. , et forment un terrain montueux continu jusqu'au-delà des 2" de latitude boréale. 11 n'y a que le bassin ou plutôt la vallée transversale du Rio Branco qui forme une espèce de golfe, une suite de plaines et de savanes {campos) dont plusieurs pénètrent dans le terrain montueux , du sud au nord, entre les branches orientale et occidentale de la chaîne de Pacaraina jusqu'à 8 lieues au nord du parallèle de San Joaqulm ^. Nous venons d'examiner la partie sud du vaste système des montagnes de la Parime , entre les 2° et 4° de lati- tude, et entre les méridiens des sources de l'Orénoque et de l'Essequibo. Le développement de ce système de montagnes vers le nord , entre la chaîne de Pacaraina et le Rio Cuyuni , et entre les méridiens de 66° et loi" h est bien plus inconnu encore. Les hommes blancs n'y fréquentent d'autre chemin que celui de la rivière Paracua qui , près de Guirior, reçoit le Paraguamusi. On trouve , il est vrai, dans les journaux de route de Nicolas 2 Les points culminans de cette branche orientale sont du SE. au NO.: les Sierras de Cumucumu , Xirivi, Yaviarna , Paranambo, Uanaiari et Puipe. Je pense que le groupe des montagnes de Cumucumu {Cum-Vcuamu) de la carte de Pontés , levée sur les lieux, est le Cerro dcl Dorudo ou Cerro Vcueuamu des journaux de Santos et YAeucuamo du père Caulin (Corografica , p. 176) entre le Mahu elle Rupunuri. L'ile If-Amucena, que Santos place au milieu de la Laguoa Parime, rappelle le nom du lac ^muru (Amucena, Amacu) , dont l'existence, déjà annoncée par le chirurgien Uorlsmann de Ilildes- heim, a été constatée par les loyages les plus récens. (Tom. II , p. 683, 684.) 2 Les Indiens qui habitent les rives di Rio Branao ont dit à M. Pontés que le Eio Mocajahi ou Cahuana qui débouche dans le Rio Branco par les a" 26' de latitude, et que des soldats portugais ont remonté en canots pendant vingt jours à travers d'innombrables rapides et cataractes , communique avec le Cababury, qui est à la fois un affluent du Rio Negro et du Cassiquiare. {Foyez plus haut, Tom. II, p. 4-9, 499.) Si cette notion est exacte, nos cartes ont le défaut de prolonger beaucoup trop vers le nord le cours du Padaviri qui , selon l'auteur de la Corographla brasiliensis (Tom. II , p. 349) ' "^'f^ "" portage à l'Umavaca (sans doute le Mavaca , affluent du Uaut-Orénoque}. Je suis surpris du détail que donne la carte d'Arrow- smilh sur les sources du Padaviri , placées par 3» de latitude, tandis que les cartes manuscrites de Pontés indiquent ces mêmes sources par 1 » i. Jadis on rattachoit le Daraha, le Padaviri et l'Uaraca au Rio Branco, et on en faisoit ( voyez la Carie de Survllle qui accompagne la Corographie de Cauhn) trois bouches distinctes , formant un dctla d'a/JUcns. Les grandes inondation» du Seriveni et du Caritamini (lat. 1"- 2" nord) ont donné lieu sans doute à la fable du lac Mauvatu de la Carte de l'Amazone , rédigée par M. Rcquena , premier commissaire des limites au service du roi d'Espagne. Ces mêmes inondations et l'assertion uniloime des Indiens , que le Rio Mocajahi communique avec le Cababury, peuvent aussi avoir contribué à l'hypothèse de ce lac imaginaire que Surville place à VoueU du Rio Branco, et qu'il lie à la fois à cette rivière et à l'Orénoque (Tom. II, p. 712). Je rappellerai en même temps que le lac Amucu de Ilortsman et les deux branches supérieures du Rio Branco, l'Uraricuera et le Mahu , qui sont le pays classique du Dorado de Ralegh , se trouvent, d'après les observations astronomiques des voyageurs portugais, entre les parallèles de 3° et 4°, tandis que la Carte de Surville élargissoit cet espace depuis les 4° jusqu'à l'équateur. ' On trouve des savanes entre le Mayari et le Tacutu : mais à l'est et à l'ouest de ce» rivières, entre le Tacutu et le Rupunuri , et entre le Mayari et l'Uraricuera, le pays est hérissé de montagnes. En considérant la chaîne du Pacaraina dans son ensemble , ou observe que le groupe oriental , celui du Cerro Cumucumu , est beaucoup plus élevé que le groupe de l'ouest qui renferme les source» du Caritamini. Relatioti historique , Tom. III. 29 220 NOTES. Rodriguez , que ce voyageur étoit contraint à cliaque instant de faire passer son canot à main d'hommes (armstraitdo) par les cataractes qui interceptent la navigation '; mais il ne faut point oublier (et ma propre expérience m'en a fourni des preuves fréquentes) que, dans cette partie de l'Amérique méridionale, les cata- ractes ne sont souvent causées que par des seuils ou arrêtes de rochers qui ne forment pas de véritables montagnes. De ces dernières , Rodriguez en nomme deux seulement entre Barcelonetta et la mission de San José ; tandis que plus à l'est , entre le Rio Carony et le Cuyuni , par les 6° de latitude , les missionnaires ^ placent les Ser- ranias de Usupama et de Rinocote. Celle-ci traverse le Mazaruni et forme dans l'Essequibo les 30., sur une distance de 220 lieues. Les côtes de la Guyane françoise gissent entre le cap Orange et l'embouchure du Maroni, SE. elNO. Or, dans une direction perpendiculaire au littoral de Cayenne, aucune des prétendues grandes expéditions de l'intérieur n'a conduit des hommes blancs au-delà du Mont-Tri- poupou et du poste des Indiens Roukouyenes, à plus de 70 lieues de distance! Les communications ouvertes par terre entre lu Capitania du Rio Negro et le littoral de la Guyane ont été uniquement dirigées par le Rio Essequibo, à cause de la facilité que présente la proiimité de ses aHluens avec ceux du Rio Branco. ' A la suite du Traité de Vienne. Foyez plus haut, Tom. II, p. 708. ' La Sierra rumucuraîi/c (Tnmumucaraque de Caulin, Tumucucuraqne d'Arrowsmith) a paru pour la première fois sur la Carte de La Cruz ; et , comme li; nom y est placé deux fois , avec une diiférence de 3*" en latitude , ce double emploi a été religienicment répété sur les cartes de Surville , de Buacbe, etc. C'est le géographe Sanson qui , dans son Cours de la rivière des Amazones i dressé sur la relation du père Acuna (1G80) , a eu le mérite, en supprimant le lac Parime et la Sierra Wacarima (Pacarahina) qu'on flguroit jusque-là dans la direction d'un méridien , d'avoir tracé le premier, avec quelque précision , une chaîne de montagnes prolongée parallèlement à l'équateur, entre les sources boréales de l'Essequibo , du Maroni et du Viapoco (Oyapock; , et les sources méridionales de l'Urixaœina (R. de Trombetas) , du Curupatuba et du Ginipape ou Rio Paru. NOTES. 227 o"t et 5° de latitude bor. De même que Ralegh, en iSgG, a fait connoître le premier ' sous le nom de Wacarima (Pacarima), le système des montagnes de la Parime entre les sources du Rio Carony et de l'Essequibo, les pères jésuites , Acuna et Arledia, ont fourni, en 1639, les premières notions précises sur la partie de ce système qui s'étend depuis le méridien de l'Essequibo jusqu'à celui de l'Oyapock ^. Ils y placent les montagnes d'Yguaracuru et de Paraguaxo dont la première donne naissance à une Rivière d'or [Rio de oro) , affluent du Curupatuba^. La seconde, selon l'assertion des indigènes, « fait entendre de temps en temps des bruits souterrains. » La ligne de faîte de cette chaîne de montagnes , que l'on peut suiyre dans une direction S. 85° E. , depuis le Pic Duida, près de TEsmeralda (lat. 3° 19') , jusqu'aux rapides du Rio Manaye , près du cap Nord (lat. 1° 5o') , divise, sous le parallèle de 2", les sources boréales de l'Esse- quibo, du Maroniet de l'Oyapock, des sources méridionales duRioTrombetas, du Curupatuba et du Paru. Les contre-forts les plus méridionaux de cette chaîne se rapprochent de l'Amazone, à i5 lieues de dislance. En descendant cette rivière , ce sont les premières hauteurs que l'on aperçoit après avoir quitté Xeberos et la bouche de l'Huallaga *. On les voit constamment lorsqu'on navigue de l'embouchure du Rio Topayos vers celle du Paru, de la ville de Santarem à Alraeirim. C'est à peu près dans le méridien de la première de ces villes que se trouve s le Pic Tripoupou , célèbre parmi les Indiens du Haut-Maroni. On assure que, plus à l'est, à Melgaço, on distingue encore à l'horizon les Serras do Veliio et do Paru ^ Les véritables limites de cettechaîne des sources duRioTrombetas sont plus connues vers le sud que vers le nord, où un pays montueux paroît avancer dans les Guyanes hoUandoise et francoise jusqu'à 20 ou 25 lieues de la côte. Les cataractes nombreuses des rivières de Surinam , de Maroni etd'Oyapock prouvent l'étçndue et le prolongement d'arrêtés rocheuses ; mais rien n'indique jusqu'à présent qu'il y ait dans ces régions (comme on s'est trop hâté de l'an- noncer quelquefois) des plaines continues ou des plateaux de quelques centaines de toises de hauteur, propres à la culture des plantes de la zone tempérée. Je viens de réunir dans un même tableau géognostique tous les matériaux que je possède sur le système des montagnes de la Parime. Son étendue surpasse dix-neuf fois celle delà Suisse entière; et même en considérant le groupe montueux des sources du Rio Negro et du Xiè comme indépendant ou isolé au milieu des plaines, on trouve encore la longueur de la Sierra Parime (entre Maypures et les sources de l'Oyapock) de 34o lieues, et sa plus grande largeur (des rochers d'Imataca, près du delta de l'Oré- noque , aux sources du Rio Paru), de i4o lieues. Dans le groupe de la Parime comme dans le groupe des montagnes de l'Asie centrale, entre l'Himalaya et l'Altai, les chaînons partiels so.it souvent interrompus et n'offrent pas un parallélisme constant. Cependant, vers le sud-ouest (entre le détroit de Baraguan , l'embouchure du Rio Zama et l'Esmeralda), les montagnes sont généralement allignées dans la direction N. 70°O. Tel est aussi le gisement d'une côte éloignée, celle des Guayaues portugaise, francoise, hoUan- doise et angloise, depuis le Cap Nord jusqu'aux bouches de l'Orénoque; telle est même la direction ' Tom. II , p. 687. 2 Vol. II, p. -.9. 3 Lorsqu'on sait que l'or s'appelle en tamanaque, caricuri ; en caribe, caricuru; en péruvien, eori (curi) , on rcconnoU facile- ment, dans les noms mômes des montagnes et des fleuves (Yguara-curu, Curu-patuba) , que nous venons de rapporter, rindication d'un terrain aurifère. Telle est l'analogie des racines importées dans des langues américaines qui d'ailleurs diffèrent entièrement entre elles que , 3oo lieues à l'ouest de la montagne Ygaracuru, sur les bords du Caqueta , Pedro de Ursua, entendit parler d'une province Caricuri ^ riche en or de lavage. (Tom. II , p. 699-) Le Curupatuba tombe dans l'Amazone, près delà Villa de Monte Alegre, au NE. de l'embouchure du Rio Topayos. '' Tom. m, p- 200. f^oyez aussi La Condamine, Voyage à l'Amazone^ p. i^'S. La distance à laquelle on voit ces contre- forts leur donne 200 toisea de hauteur absolue. nCene sont, cependant, dit La Cundamine, que les collines antérieures d'une longue chaîne de montagnes qui s'étend de l'ouest à l'est et dont les sommets font les points de partage des eaux : les eaux septentrionales coulent vers les côtes de Cayenne et de Surinam , les méridionales vers l'Amazone. ■ ^ Lat. 2« 10', long, i" 36' à l'ouest du méridien de Cayenne, d'après la carte de la Guyane, publiée au Dépôt de la ma- rine, lîiij. * Corographia Orasil., Tom. II, p. 297. 228 NOTES. moyenne du cours du Rio Negro et du Yupura. J'aime à fixer l'attention des géognostes sur les angles, que fout, en différentes régions de l'Amérique, lea chaî.\ons partiels avec les méridiens, parce que, sur des srrfaces moins étendues, en Allemagne* par exemple, on trouve aussi cette coexistence singulière de groupes de montagnes voisines qui suivent des lois de directions entièrement différentes, quoique, dans chaque groupe , on observe isolémentla plus grande uniformité dans l'ail ignement de chaînons. Le sol sur lequel s'élèvent les montagnes de la Parime est légèrement bombé *. Entre les 3° et 4° de latitude boréale, j'ai trouvé, par des mesures barométriques, les plaines élevées de i6o à i8o toises au- dessus du niveau de la mer. Cette hauteur peut être regardée comme considérable, si l'on se rappelle qu'au pied des Andes du Pérou , à Tomependa , à 900 lieues de distance des côtes de l'Océan atlantique , les Llanos ou plaines de l'Amazone ne s'élèvent encore qu'à 194 toises ^. Ce qui caractérise d'ailleurs le plus le groupe des montagnes de la Parime , ce sont les roches de granité et de granite-gneis qui y dominent, l'absence totale des formations secondaires calcaires, et ces bancs de rocher nus (les Tsy des déserts chinois) qui , à fleur de terre , occupent des espaces immenses dans les savanes *. e. Groupe des montagnes du Bbésil. Ce groupe a été figuré jusqu'ici sur les cartes d'une manière aussi étrange que les montagnes de la Péninsule Ibérienne, de l' Asie-Mineure et de la Perse. On a confondu des plateaux tempérés et de vérilal)les chaînes de 3oo à 5oo toises de hauteur avec des pays excessivement chauds et dont la surface onduleuse n'offre que des rangées de collines diversement agroupées.Les excellentes mesures barométriques du baron d'Eschwege, directeur général des mines d'or de la province de IMina^ Geraes, et les observations faites dans différentes parties du Brésil, par le prince de Neuwied, par MM. Auguste de Saint-Hilaire, Olfers , Spix , PoUl et Marllus , ont jeté récemment beaucoup de jour sur l'orographie de l'Amérique portugaise. La région vraiement montueuse du Brésil , celle dont la liauteur moyenne s'élève pour le moins jusqu'à 4oo toises , est comprise entre des limites trcs-étroites, à peu près entre les 18» et 28° de latitude australe : el!e ne paroît pas s'étendre, entre les provinces de Goyaz et de Mato-Grosso, au- delà de 53° de longitude à l'ouest du méridien de Paris. Lorsqu'on envisage d'un même coup d'œil la configuration orientale des deux Amériques , on voit que les côtes du Brésil et de la Guyane , depuis le Cap Saint-Roque jusqu'à l'embouchure de l'Orénoque (dirigées SE.-îsO.), correspondent à celles du Labrador, comme les côtes depuis le Cap Saint-Roque jusqu'au Rio de la Plata, correspondent à celles des Etats-Unis (dirigées du SO. au NE.). La chaîne des Allegbanis est opposée à ces dernières eûtes , comme les Cordillères principales du Brésil sont à peu près parallèles au littoral des provinces de Porto Scguro, de Rio Janeiro et de Rio Grande. Les Allegbanis, généralement composés de grauwakke et de roches de transition , sont un peu plus élevés que les montagnes presque toutes primitives (de granile, gneis et micaschiste) du groupe brésilien : ils sont aussi beaucoup plus simples dans leur slructiu'c , leurs chaînons étant plus rapprochés, et conservant entre eux, comme dans le Jura, un parallélisme plus constant. Si au 1 ieu de com parer les parties du Nouveau-Continent situées au nord et au sud de l'équateur, nous nous bor- nons à l'Amérique méridionale, nous en trouvons les côtes occidentales et septentrionales renforcées, dans toute leur longueur, par une chaîne continue voisine du littoral (les Andes et laCordillère de Venezuela), tandis que les côtes orientales n'offrent de: masses de montagnes plus ou moins élevées qu'entre les 1 2° et So" de latitude aus- trale. Dans cet espace de 36o lieues de longueur, le système des montagnes du Brésil correspond géognostique- ment, par sa forme etsa position, aux Andes du ChUi et du Pérou. Sa partie la plus considérable se trouve entre ' Leopotd von Bticht ùbcrDolomit, zmcitt Abhottdt. y iS23,p. 54. ï Recueil d'Obs. ailronomiqucs , Tom. II, p. 298. flc/af. hisi,, Tom. II, p. 4i9, 5CJ. 5 Tom. III, p. 189. » Tom. II, p. 279 et 3o5. NOTES. 229 les parallèles de 10" et 22°, opposée aux Andes duPolosi et de la Paz, mais d'une hauteur moyenne cinq fois moins grande, et pas même comparable à celle des montagnes de la Parirae, du Jura et de l'Auvergne. La direction principale des chaînons brésiliens, là où ils atteignent quatre à cinq cents toises d'élévation, est du sud au nord et du sud-sud-ouest au nord-nord-est : mais, entre les 1 3° et 19°, les chaînons s'élargissent considérablemenl vers l'ouest, en même temps qu'ils s'abaissent. Des arrêtes et des rangées de collines paroissent s'avancer jusqu'au-delà des détroits terrestres qui séparent les sources du Rio Araguay et du Parana, du Topayos et du Paraguay, du Guaporè et de l'Aguapehy, par les 63° de longitude. Comme l'élargissement occi- dental du groupe brésilien , ou plutôt comme les ondulations du terrain dans les Campos Parecis corres- pondent aux contre-forts de Santa Cruz de la Sierra et du Béni *, que les Andes envoient vers l'est , on en a conclu anciennement que le système des montagnes du Brésil étoit lié à celui des Andes du Haut-Pérou. J'ai partagé moi-même cette erreur dans mes premiers travaux géognostiques. Une chaîne du littoral {Serra do Mar) s'étend, à peu près parallèlement à la côte, au nord-est de Rio Janeiro, en s'abaissant de beaucoup vers Rio Doce et en se perdant presque entièrement près de Bahia (lat. 12" 58'). D'après M. d'Eschwege ^, quelques foibles arrêtes atteignent le Cap Saint-Roque (lat. 5° 12'). Au sud-est de Rio Janeiro, la Serra do Mar suit la côte derrière l'île Sainte-Catherine jusqu'à Torres (lat. 29" 20') ; là, elle tourne vers l'ouest et forme un coude en se dirigeant , par les Campos de Yacaria, vers les rives du J^cuy ^. A l'ouest de la chaîne du littoral du Brésil se trouve une autre chaîne, la plus élevée et la plus considé- rable de toutes, celle de Villarica *, que M. d'Esclnvege désigne par le nom de Serra do Espinhaço, en la considérant comme la partie principale de toute la charpente {osseuse) des montagnes du Brésil. Cette Cordillère se perd vers le nord ' , entre Minas Novas et l'extrémité méridionale de la Capitainerie de Bahia, par les 16° de latitude. Elle y reste éloignée de plus de 60 lieues de la côte de Porto Seguro : mais vers le sud, entre les parallèles de Rio Janeiro et Saint- Paul (lat. 22°- 23°), dans le nœud de montagnes de la Serra da Mantiqueira, elle se rapproche à tel point de la Cordillère du littoral {Serra do Mar) qu'elle se confond presque avec elle. De même vers \enord ,]a Se>rado Espinhaçosuit constamment la direction d'un méridien; tandis que, vers le sud, elle se dirige au sud-est et se termine vers les 25° de latitude. La chaîne atteint sa plus grande hauteur entre les 18° et 21°; là, des contre-forts et des plateaux qui lui sont adossés ont assez d'étendue pour offrir à la culture des terrains oii régnent, par étage, des climats tempérés, comparables aux climats délicieux de Xalapa , de Guaduas , de Caracas et de Caripe. Cet avantage , qui dépend à la fois de l'élargissement de la masse du chaînon et de ses contre-forts, ne se retrouve nulle part, au même degré, à l'est des Andes, pas même dans des chaînons d'une hauteur absolue plus considérable, par exemple dans ceux de Venezuela et de l'Orénoque. Les points culminans de la Serra do Espinhaço, dans la Capitania de Minaes Geraes, sont ritambe (932 t.), la Serra da Piedade, près Sahara (910 t.), l'Itacolumi, proprement Itacunumi (900 t.) , le Pico d'Itabira (816 t.), les Serras de Caraça, d'Ibitipoca et de Papagayo. M. Auguste de Saint-Hilaire a ' Tom. III , p. 19-, 2U0. ' Geognostiches Gemalde von SrasitUn , 1822 , p. 5. Le calcaire de Bahia abonde en ligoites. (L. c. , p. 9.) ' Pfotes manuscrites de M. Auguste de Snint-IIitaire. Je dois à ce grand naturaliste, dont les vues étendues se sont portées sur tout ce qui intéresse la géographie physique, des rectifications importantes de mon esquisse du système brésilien des montagnes. ' Hauteur de cette ville an-dessus du niveau de la mer, 6jo toises. Cette hauteur prouve que Villarica est placée dans la chaîne {Serra do Espinhaço) même , car le plateau de Minas Geraes ou les contre-forts qui réunissent la Serra do Espinhaço à celle de Gojaz ou dos Fertcntcs n'ont généralement que 3oo toises d'élévation absolue. [Eschwege, Journal ion BrasiUen, j8i8 , Tom. II, p. ai3.) '' On soupçonne que des arrêtes rocheuses qui forment les cataractes de Paulo Affonso , dans le Rio San Francisco , appar- tiennent au prolongement boréal de la Serra do Espinhaço, de même qu'une série de hauteurs dans la province de Seara, où des roches de calcaire fétide renferment beaucoup de poissons pétrifiés , appartient à la Serra des f'crtentes. 23o NOTES. senti un froid très-vif au mois de novembre, donc en été, dans toute la Cordillère de Lapa, depuis la Villa do Principe jusqu'au Morro de Gaspar Suares '. Nous venons de reconnoître deux chaînes de montagnes à peu près parallèles, mais dont la plus étendue (celle du littoral) est la moins élevée. La capitale du Brésil se trouve située au point où les deux chaînons sont le plus rapprochés et liés entre eux à l'est de la Serra de Mantiqueira , sinon par une véritaljle arrête transversale, du moins par un terrain montueux. D'après d'anciennes idées systématiques sur l'exhaussement des mon- taenes, à mesure que l'on avance dans l'intérieur d'un pays, on avoit supposé qu'il existoit, dans la Capi- tania de Mato Grosso, une Cordillère centrale beaucoup plus élevée que celle de Villarica ou do Epinhaço : mais l'on sait aujourd'hui (et des circonstances climatériques le confirment) qu'à l'ouest du Rio San Fran- cisco sur les frontières de Minaes Geraes et de Goyaz, il n'y a pas , à proprement parler, une chaîne con- tinue. On n'y trouve qu'un simple groupe de montagnes dont les points culminans sont les Serras da Canastra (au sud-ouest de Paracatu) et da Marcella (lat. 18° i et igOjio), et, plus au nord, les Pyrineos dirigés de l'est à l'ouest (lat. 16° 10' entre Villaboa et Mejaponte). C'est ce groupe des montagnes de Goyaz que M. d'Eschwege a nommé la Serra dos Vertentes, parce qu'il divise les eaux entre les aflluens méridio- naux du Rio Grande ou Parana et les aflluens septentrionaux du Rio Tucantines. 11 se prolonge vers le sud au-delà du Rio Grande (Parana) , et s'approche, sous les 23° de latitude, par la Serra do Franco , de celle de VEspinhaço. A. l'exception de quelques sommets au KO. de Paracatu , il n'atteint que 3oo à 4oo toises de hauteur et est par conséquent de beaucoup inférieur au chaînon de Villarica. Encore plus loin, à l'occident du méridien de VlUaboa , il n'y a que des arrêtes et une série de monticiUes qui forment, sur une longueur de 1 2°, le seuil ou partage d'eau (lat. 1 3"-i 7° entre l'Araguay et le Rio Paranaiba (affluent du Parana), entre le Rio Topayos et le Paraguay, entre le Guaporè et l'Aguapeby. La Serra de S. Martha (long. i5°i) est encore assez élevée ; mais les géographes , ou plutôt les dessinateurs de cartes ont conservé l'habitude d'exagérer singulièrement la hauteur des Serras ou Campas Parecis', au nord des villes de Cuyaba et de Villabella (lat. i3''-i4'', long. 58*-62";). Ces Campos, qui ont nris leur nom de celui d'une tribu d'Indiens sauvages '^, sont de vastes plateaux arides, entièrement dépour- vus de végétation et dans lequel se rapprochent les sources des aflluens ^ de trois grandes rivières , du Tonavos du Madeira et du Paraguay. Le savant auteur de la description statistique de la Capitania de Mato Grosso M. Almeida Serra, appelle* ^tlas Serranias (hautes montagnes), celles des rives de l'Aeuapehy mais ils ne font point oublier que, dans un pays de plaines, des montagnes de ."loo pieds de hauteur paroissent très-considérables, surtout si (semblables aux rochers du Baraguan et des Morros de San Juan ^ ) elles ont peu de masse. Les cartes manuscrites les plus récentes du Brésil figurent à l'ouest de ' Jperfud'un v(ryage au Brésil, p. 5. Eschwege, p. 5, jg-ôo, et plus haut, Tom. II, p. 7i5; Tom. III, p. 191. î Pttlriola, i8i3, n» 1 , p. 48; n" 6, p. 4o, 5i. La partie occidentale de ces Campos s'appelle l'rucumanacua , entre le Securyet le Camarare, deux affluens du Rio Topayos. 5 De ces aflluens voisins, ceux du Topajos sont le Jurncna et le Camarare; ceux du Madeira, l'Alegre, le Guaporè elle Satare- ceux du Paraguay, l'Aguapeby, le Jaurn et le Sipotobu. Villabella, dont la position pourra un jour devenir impor- tante pour le commerce intérieur entre lAmaîone et le Rio de la Plata, est placé (lat. i5» o', long. 62= iS') sur la rive droite du Guaporè ou Itenes , un peu au-dessus du conûuent du Sarare. Au sud de Santa Barbara , l'Aguapebi (alHuent du Paraguay et du Rio de la Plata) s'approche tellement du Rio Alegre (affluent du Guaporè et de l'Amazone) que le portage n'a que 53j2 braças de longueur. C'est là que , sous le ministère du comte de Barca , on a voulu tracer un canal {Eschwege , Gemàlde , p. 7) ; circonstance qui seule rie prouveroit cependant pas l'absence de quelques chaînes de montagnes; caries plus grandes Cordillères offrent souvent des ouvertures et des vallées transversales. Cn degré au-dessous du confluent du Paraguay et du Jaurù qui reçoit l'Aguapeby, commence un terrain bas et marécageux. Il s'étend jusqu'à Albuquerque , et ses inondations (lat. 17°- 19°) ont donné lieu à la fable de la Laguna de Xaraycs, comme les inondations du Rio Parime (Rio Branco) ont fait naitre la fable de la Laguna Patimc (Mar del Dorado ou de Rupuouwini ). Voyez Palriola , i8i5 , n° 5 , p. 33 , et Carie manuscrile du Brésil, rcdi'ée sur 76 cartes particulières au Dépôt des Cartes de Rio Janeiro , par Siliia Pontes Leme, i8o4. » Tableau géographigueet politique de la Capitania de Malo Cro«o(>797). P""- '« sergent-major d'ingénieurs Ricardo Francisco de Almeida Serra. 5 Dans le Ba»-Orénoque et dans les Lianes de Venezuela. Voyet plus haut, Tom. II, p. i4o, si4. NOTES. 23 1 Villabella , i° la Serra da Melguera ou dos Limites, entre le Guaporè et le Baures ; 2° la Serra Baliza, entre le Baures et l'Alegre, et 3° la Cordillère de San Fernando, entre les missions anciennes de San Juan Bauptista et de Sau Jago (lat. ifio-ao" ) avançant dans la province des Chiquitos jusqu'à 64° t de longitude, et s'approchant à 4o lieues de distance du contre-fort des Andes de Santa-Cruz de la Sierra : mais ces travaux, quoique exécutés au Dépôt hydrographique de Rio Janeiro, ne méritent pas beaucoup de confiance dans les régions occidentales du Brésil, dans cette terra incogiiita, qui s'étend de Cochabamha à Villabella. La forme des montagnes isolées dans les plaines de Chiquitos, les lacs entre les missions de San Rafaël, San José et San Juan Bauptista , copiés de D'Anville et de La Cruz, sont devenus stéréotypes sur toutes les cartes depuis quatre-vingts ans, et il est certain qu'entre les 62° et 66° de longitude, un simple détroit terrestre, une plaine couverte de quelques collines, réunissent les grands bassins de La Plata et de l'Amazone. M. d'Eschwoee a reçu de quelques colons espagnols, qui venaient de Cochabamba à Villabella, des renseignemens précis sur la continuité de ces bassins ou savanes. D'après les mesures et les observations géognostiques de ce même savant, les hauts sommets de la Serra du Blar (chaîne du littoral) atteignent à peine 660 toises ; ceux de la Serra do Espinhaco (chaîne de Villarica), gSo toises; ceux de la Serra de las Fertentes (groupe de Canastra et des Pyrénées brési- liennes) , 45o toises. Plus à l'ouest , la surface du sol ne semble offrir que de foibles ondulations ; mais aucune mesure de hauteur n'a été faite au-delà du méridien de Villaboa. En considérant le système des montagnes du Brésil dans ses véritables limites (telles que nous les avons indiquées plus haut), on y trouve à quelques conglomérats près, cette même absence de formations secondaires qui nous a déjà frappé dans le système des montagnes de l'Orénoque (groupe de la Parime). Ces formations secondaires, qui s^élèvent à des hauteurs considérables dans la Cordillère de Venezuela et de Cumana , n'appartiennent, dans le Brésil, qu'aux basses régions '. B. Plaines {Llanos) ou Bassins. Nous avons examiné successivement , dans la partie de l'Amérique méridionale située à l'est des Andes trois systèmes de montagnes , ceux du littoral de Venezuela , de la Parime et du Brésil : nous avons vu que cette région montueuse qui égale la Cordillère de Andes, non en masse, mais en area ou en section horizontale de surface , est trois fois moins élevée, beaucoup plus pauvre en métaux précieux qui sont adhérens à lu roche, dépourvue de traces récentes du feu volcanique, et (à l'exception des côtes de Venezuela) peu exposée à la violence des tremblemens de terre. La hauteur moyenne des trois systèmes diminue du nord au sud, de ySo à 4oo toises *; celle des points culminans [maxima des faites de chaque goupe), de i35o toises à 1000 ou 900 toises. 11 résulte de ces observations que la chaîne la plus élevée, en faisant toujours abs- traction du petit système isolé de la Sierra Nevada de Santa Marta ^ , est la Cordillère du httoral de Venezuela qui , elle-même , n'est qu'une continuation des Andes. En portant notre vue au nord^ nous trouvons, dans les' Amériques centrale (lat. i2"-3o'') et boréale (lat. So-'-yo"), à l'est des Andes du Guatimala, du Mexique et de la Haute-Louisiane, la même régularité d'abaissement qui nous a frappé vers le sud. Dans cette vaste étendue de terrain, depuis la Cordillère de Venezuela jusqu'au cercle polaire, l'Amérique orien- tale offre deux systèmes très-distincts, le groupe des montagnes des Antilles dont la partie orientale est volcanique et la chaîne des Allcghanis. On peut comparer, sous les rapports de position relative et de forme, le premier de ces systèmes, en partie englouti dans les flots, à la Sierra Parime; le second, aux chaînons du Brésil , également dirigés du SO. au NE. Les points culminans des deux systèmes s'élèventà 1 138 et io4o toises. Voici les élémens de cette courbe dont le sommet convexe se trouve dans la chaîne du littoral de Venezuela : ' Eschwege, p. i5. ' ^oyezplushaut, Tom. m, p. 192. » Totn. m, p. ai4. aSa NOTES. AMÉRIQUE, A L'EST DES ANDES. SVSTKUES DE MOIlTACnSS. UAXIHA DES FAITES. (lat. mér. ao" j- ). Duida i3oo (lat. bor. i'i). Silla dp Campas ï35o (lat. bor. 10° {). (Ut. bor. iS-i). (lat. bor. 44°;)- J'ai mieu3 aimé iadiquer dans ce tableau les points culminans de chaque système, que la Imuteur moyenne des lignes de faite ; les points culminans sont les résultats de mesures directes, tandis que la hauteur moyenne est une idée abstraite assez vague, surtout lors(ju'il n'y a qu'un agroupement de mon- tagnes, comme au Brésil, dans la Parime et aux Antilles, et non une chaîne continue. Quoiqu'on ne puisse révoquer en doute que , parmi les cinq systèmes de montagnes que l'on trouve à l'est des Andes , et dont un seul appartient à l'hémisphère austral, la chaîne du littoral de Venezuela soit la plus élevée (ayant un point culminant de i35o toises, et une hauteur moyenne de la ligne de faite de 75o toises), on reconnoît pourtant avec une sorte de surprise que toutes les montagnes de l'Amérique de l'est (soit continentale, soit insulaire) ne difiêrent pas considérablement d'élévation au-dessus du niveau de l'Océan. Les cinq groupes ont tous à peu prés uneluuteur moyenne de cinq à sept cents toises ; et, des points culminans [?naxima des faites), de mille à treize cents toises. Cette conformité de construction, sur une étendue deux fois grande comme l'Europe, me paroît un phénomène très-remarquable. Aucun sommet, à l'est des Andes du Pérou, du Mexique et de la Haute- Louisiane, n'entre dans la limite des neiges perpétuelles '. Ou peut même ajouter qn'à l'exception des Alleghanis, il ne tombe pas même sporadiquement de la neige dans aucun des systèmes orientaux que nous venons d'examiner. 11 résulte de ces cousidcrations , et surtout de la comparaison du Nouveau-Continent avec les parties de l'ancien que nous connoissons le plus, avec l'Eiu-ope et l'Asie, que l'Amérique rejetée dans V hémisphère aquatique "^ de notre planète, est plus remarquable encore par la continuité et par l'étendue des ' Pas mCme les TJ'hiU Mouniains de l'état de Ncw-IIampshirc , auxquelles appartient le Mount Wasliington. Long-temps avant la mesure précise du rapitaioe Partridge , j'avois prouvé (en iSo4) , par les lois du décroissement de la chaleur, qu'aucuu sommet des ff'hiu Mountains ne pouvoît atteindre la hauteur de ifioo toises que leur assigooit M. Cuticr. l'oyez mon mémoire espagnol : Ideas sobre et limite inferior de ta nieve perpétua dans VJurora ô Correo de ta Ilaiana, d'> 320 , p. 142. 2 L'inégale répartition des continens et des mers a fait désigner, depuis long-temps, l'bcmisphére austral comme un hémis- phère éminemment aquatique : mais cette mémo inégalité se retrouve lorsqu'on considère le globe divisé non dans le sens de l'équateur, mais dans celui des méridiens. Les grandes masses des terres sont réunies entre les méridiens de 10° à l'ouest et de iSo'àl'est de Paris , tandis que l'hémisphère éminemment aquatique commence à l'occident du méridien des côtes du Grônland et finit à l'orient du méridien des c6tes orientales de la Nouvelle-Hollande et des iles Kurilcs. Cette dijirihuticn inégale des terres et des eaux exerce la plus grande influence sur la distribution de la chaleur à la surface du globe, sur les inflexions des lignes isothermes et sur les phénomènes climatériques en général. Pour les habitans du centre de l'Europe , l'hémisphère aquatique peut être appelé occidental, comme l'hémisphère terrestre oriental, parce qu'en allante l'ouest on parvient plus tôt an premier qu'au second. C'est de la division dans le sens des méridien» qu'il est question dans le texte. Jusqu'à la fin du i.5« siècle, l'hémisphère occidental étoit aussi inconnu aux peuples de l'hémisphère oriental que nous l'est aujourd'hui, et que probablement nous le restera toujours, une moitié du globe lunaire. NOTES. 233 dépressions de sa surface que par la hauteur et la continuité de son arrête longitudinale. Au-delà et en-deçà de l'isthme de Panama, mais toujours à l'est de la Cordillère des Andes, surplus de 600,000 lieues carrées, les montagnes atteignent à peine la hauteur des Alpes Scandinaves, des Carpathes, des Monts- Dores (en Auvergne) et du Jura. Un seul système, celui des Andes, réunit en Amérique, sur une zone étroite et longue de 3ooo lieues, tous les sommets qui ont plus de 1 ioo toises d'élévation. En Europe, au con- traire, même en considérant, d'après des vues trop systématiques, les Alpes et les Pyrénées comme une seule ligne de faîtes, nous trouvons encore, bien loin de cette ligne ou arrête principale, dans la Sierra Nevada de Grenade, dans la Sicile, en Grèce, dans les Apennins, peut-être aussi en Portugal , des cimes de quinze cents à dix-huit cents toises de hauteur'. Ce contraste entre l'Amérique et l'Europe, par rapport à la distribution des points culminans qui alfeignent j3ooà i5oo toises, est d'autant plus frappant que les basses montagnes orientales de l'Amérique du Sud, dont les /na.j'//«a rfe/a/fes n'ont que de i3oo a i4oo toises, sont placées d côté d'une Cordillère dont la hauteur moyenne excède 1800 toises, tandis que les systèmes secondaires des montagnes de l'Europe s'élèvent à des maocima de faites de i5oo à 1800 toises, près d'une chaîne principale de moins de 1200 toises de hauteur moyenne. MAXIMA DES LIGNES DE FAITES SOUS LES MÊMES PARALLÈLES : Andes du Chili et du Haul-Péroii. îiœads de montagnes de Groupe des montagnes du Brésil, un peu plus bas que Porco et de Couzco, aSoo toises. lesCévcnncs, 900 à 1000 t. 4ndes de Popayan el de Cundinamarca. Chaînon de Gua- Croupe des mont.igncs de la Parimc , peu inférieur aux nacas, de Quiodiù et d'Antioquia. Plus de 2S00 t. Carpathes, i3oo t. Groupe isolé des montagnes neigeuses de Santa Martha. On Chaîne du littoral de Venezuela, de 80 t. plus basse que les le croit de 3ooo t. de hauteur, Alpes Scandinaves, i3âo t. jlndes volcaniques du Guatimala et Andes primitives d'Oaxaca, Croupe des Antilles , de 170 t. plus élevé que les montagnes de 1700 a 1800 t. d'Auvergne, ii4o t. Andes du Nouveau-Mexique et de la Haute-Louisiane (Mon- Chaînes des Alleghanis, de iGo t. plus hautes que les chaînes tagnes Rocheuses), et plus à l'ouest Alpes maritimes du Jura et des Gates du Malabar, io4o t. de ta Nouvelle- Albion, 1600- jgoo t. Ce tableau '^ renferme tous les systèmes de montagnes du Nouveau -Continent; savoir: les Andes, les Alpes maritimes de Californie ou de la Nouvelle-Albion, et les 5 groupes de l'est. ' Points culminans : Mulhacan de Grenade, 1826 toises; Etna, d'après le capitaine William Henry Smith, i;oo t. ; Monte Corno des Apennins, jiSg t. Si le Mont Tomoros en Grèce et la Serra Gaviarra de Portugal entrent , comme on l'assure, dans la limite des neiges perpétuelles {Pour/ueville, Tom. II , p. 24'. «* Balbis, Essai statistique sur le Portugal , Tom. I, p. 68, 98) , ces cimes doivent, d'après leur position en latitude, atteindre i4oo à 1600 toises. Cependant, dans les montagnes les plus élevées de la Grèce , dans le Tomoros, l'Olympe de Thessalie , le Polyanos des Dolopes et le Mont- Parnasse, M. Pouque- ville n'a vu, au mois d'août , que de la neige conservée par stries ou dans des cavités abritées contre les rayons du soleil. ' Nous rappellerons , pour justifier l'exactitude des comparaisons que présente le tableau , les hauteurs suivantes : Mont-Mezin (Cévennes), 1027 toises; le Puy de Sancy, vulgairement appelé le Puy de la Croix, sommet des Monts-Dores en Auvergne, 972 t. ; le Reculet (Jura) , d'après le dernier nivellement de M. Roger, officier de génie , 880 t. ; le Mont Taddiandamalla dans les Gates du Malabar, d'après les opérations du colonel Lambton, 887 t. Dans la partie septentrionale des Alleghanis, les Montagnes blanches de New-Hampshire s'élèvent jusqu'à io4o t.; mais, vers le sud, par exemple en Virginie, on regarde encore comme très-élevés les Pics d'Otlcr (du Blue Ridge) qui, d'après Morse , ont 486 t. ; d'apré» Tanner, C67 t. La hauteur Relation historique , Tom. III. 3o 234 NOTES. J'ajouterai an-s faits que je viens d'exposer une observation également frappante : en Europe, les maxima des systèmes secondaires, qui excèdent i5oo toises, se trouvent uniquement au sud des Alpes et des Pyrénées , c'est-à-dire au sud de l'an-ête principale du continent. Ils sont placés du côté où cette arrête approclie le plus du littoral et où la Méditerranée a le plus englouti de la terre ferme. Au contraire, au nord des Pjrrénées et des Alpes, les systèmes secondaires les plus élevés, les Carpathes et les Monts Scandinaves* n'atteignent pas i.loo toises de hauteur. La dépression des lignes de faîles du second ordre se trouvent, par conséquent en Europe comme en Amérique , du côté où tarréte principale est le plus éloignée du littoral. Si l'on ne craignoit pas d'assujettir de grands phénomènes à une trop petite échelle, on pourroit comparer la différence de hauteur des Andes et des montagnes de l'Amérique orientale, à la différence de liauteur que l'on observe entre les Alpes ou les Pyrénées, et les Monts-Dores, le Jura, les Vosges ou le Schwarzveald. Nous venons de voir que les causes qui ont soulevé la croûte oxidée du globe en arrêtes ou en groupes de montagnes n'ont pas agi très-puissamment dans la vaste étendue de pays qui se prolonge du pied oriental des Andes, vers l'ancien continent; cette dépression et cette continuité des plaines sont des faits géologiques d'autant plus remarquables que nulle part ailleurs ib ne s'étendent sur des latitudes plus diffé- rentes. Les cinq systèmes de montagnes de l'Amérique orientale, dont nous avons indiqué les limites, divise cette partie du continent en un égal nombre de bassins dont un seul , celui de la Mer des Antilles , est resté submergé. Du nord au sud, du cercle polaire vers le détroit de Magellan, nous voyons se succéder : a.. Le Bassin du Mississiïi et du Canada. Un habile géologue, M. Edwin James, a fait voir récem- ment * que ce bassin est compris entre les Andes du Nouveau-Mexique ou de la Haute-Louisiane , et les chaînons des Alleghanis qui se prolongent vers le nord, en traversant les rapides de Québec. Comme il est tout aussi ouvert au nord qu'il l'est vers le sud , il pourroit être désigné par le nom collectif de bassin du Mississipi, du Missouri, du fleuve Saint-Laurent, des grands lacs du Canada , de la Rivière Mackenzie , du Saskatchawin et des côtes de la baie de Hudson. Les afDuens des lacs et ceux du Mississipi ne sont pas séparés par une chaîne de montagnes qui se dirige de l'est à l'ouest, comme l'indiquent plusieurs cartes: la ligne de partage d'eau est marquée par une foible arrête , par un simple relèvement (seuil) de deux contre-pentes dans la plaine ■*. 11 n'existe pas non plus de chaîne entre les sources du Missouri et l'Assiniboni qui est une branche du Red River de la baie de Hudson. Ces plaines , presque toutes en savanes , entre la Mer polaire et le Golfe du Mexique, ont une surface de plus de 270,000 lieues carrées marines, presque égale à l'area de l'Europe entière. Au nord du parallèle de 42° , la pente générale du terrain est dirigée vers l'est ; au sud deceporallèle, elle incline vers le sud. Pour donner une idée précise du peu de rapidité de ces pentes*, il faut rappeler que le niveau du Lac Supérieur est 100 toises; celui du Lac Eriè, 88 t.; et celui du Lac Ontario, 36 t. plus élevé que le niveau des eaux de l'Océan. Aussi les plaines autour de Cincinnati (lat. Sg" 6') ont, d'après M. Drake, à peine Sot. de hauteur absolue. Vers l'ouest, entre les Monts Ozark et le pied des Andes de la Haute-Louisiane { Rocky Mountains , lat. Sô'-.^S» ), moyeiiDe de la ligne de faites des Alleghaoîs est à peu près de 4^0 t., par conséquent au moins 300 t. plus petite que la hauteur moyenne du Jnra. Le tableau auquel se rapporte celte note n'offre que les comparaisons des plus hauts sommets , les maxima des crête» qu'il faut se gardi de confondre avec leurs hauteurs moyennes. * Le Lomnitzer Spiz des Carpathes a , d'après M. Wahlenberg , 1 345 toises ; le Sneebaetta , dans la chaîne de DovreCeld en Nomège (la plus haute cime de tout l'ancien continent, au nord du parallèle de 55°), a 1270 t. au-dessus du niveau de la mer. - Long y Expédition ^ Tom. I , p. 7; Tom. II, p. 58o , 4^8. ' Voyez plus haut, Tom. Il, p. 76. * Tanner, American Atlas , 1835 , p. 9. Amos Eaton and Steplien van licnssclaer, Gcotog. Survey of Eric Canal y 1834 i P- i5i. On évalue , aux États-Unis, la pente du Missouri, depuis son confluent avec la Rivière Flatte (lat. 4'° ^' >^*) jusqu'à son NOTES. 235 le bassin du Mississipi se relève considérablement dans le vaste désert décrit par M. Nuttal. 11 offre une suite de petits plateaux qui se succèdent par étages , et dont on croit le plus occidental (le plus rap- proché des Montagnes Rocheuses, entre l'Arkansas et le Padouca) élevé de plus de 45o toises. Le major Long y a mesuré une base pour déterminer- la position et la hauteur de James Peak. Dans le grand bassin du Mississipi, la ligne qui sépare les forêts et les savanes se dirige, non comme on pourroit le supposer dans le sens d'un parallèle, mais comme la côte atlantique et les Monts Alleghanis mêmes, du NE. au SO., de Pitlsbourg vers Saint-Louis et le Red River de Natchitotches, de sorte que la seule partie septentrionale de l'État d'Illinois est couverte de gra- minées '. Cette ligne de démarcation n'offre pas seulement de l'intérêt pour la géographie des plantes ; elle exerce , conune nous l'avons déjà exposé plus haut , une grande influence sur le ralentissement de la culture et de la population au nord-ouest du Bas-Mississipl. Dans les Etats-Unis, les pays à savanes sont plus lents à êlre colonisés , et même les tribus d'Indiens indépendans sont forcées , par la rigueur du climat, de venir hiverner le long des fleuves où ils trouvent des peupliers et des saules. D'ailleurs, de tous les bassins de l'Amérique, celui du Mississipi, des lacs du Canada et de Saint-Laurent, est le plus vaste; et, quoique sa population totale ne s'élève, dans ce moment, pas au-delà de trois millions^, on doit pourtant le considérer comme celui dans lequel, entre les 29° et 45° de latitude (long. 74°- 94°), la civilisation a fait le plus de progrès. On peut même dire que, dans les autres bassins (de l'Orénoque, de l'Amazone et de Buenos- Ayres), la vie agricole n'existe presque pas. C'est sur un petit nombre de points seulement qu'elle commence à y remplacer la vie pastorale et celle des peuples pêcheurs et chasseurs. Les plaines entre les Alleghanis et les Andes de la Haute-Louisiane ont une telle étendue que, semblables aux Pampas ^ du Chaco et de Bue- nos-Ayres, elles nourrissent, à l'une de leurs extrémités, des Bambousacées [Ludolfia , Miega) et des palmiers, tandis que l'autre, pendant une grande partie de l'année, se trouve couverte de glaces et de neiges. |Ê. Le Bassin du golfe du Mexique et de la Mer des Antilles. C'est une continuation du bassin du Mississipi , de la Louisiane et de la baie de Hudson : on pourroit dire que c'est la partie submergée de ce bassin même auquel appartiennent, sur les côtes de Venezuela, tous les terrains très-bas qui se sont conservés au nord de la chaîne du littoral et de la Sierra nevada de Merida. Si je traite ici séparément du bassin de la Mer des Antilles, c'est pour ne pas confondre ce qui, dans l'état actuel du globe, est au-dessus et au-dessous de la surface des eaux. J'ai déjà fait voij-, dans un autre endroit , combien la coïncidence récente des époques des tremblemens de terre observés a. Ca racas et sur les bords du Mississipi, de l'Arkansas et de l'Ohio *, justifie les vues géologiques d'après lesquelles on regarde comme un seul bassin les plaines qui sont limitées au sud par la Cordillère du littoral de "Venezuela; à l'est, par les Alleghanis et par la série des Volcans des Antilles; à l'ouest, par les Montagnes Rocheuses (Andes mexicaines) et par la série des Volcans de Guatimala. Le bassin embouchure dans le Mississipi (lat. 38° Si' Sg", long. 92° 22' 55'), de 3 à4 milles par heure ou i4^ pouces du pied de roi par mille anglois de 82- toises ; la pente du Mississipi , de son confluent avec le Missouri à la mer, est évaluée de 10 \ pouces. [Long, Eiped., Tom. II. Apend., p. ïxvi , xxviii; et plus haut , iîc/. /i«(. , Tom. II , p. 216.) ' Observations manuscrites de M. Gallatio. Au-delà , c'est-à-dire à l'ouest, des savanes ou prairies du Missouri, on trouve de nouveau des forêts au pied des Montagnes Rocheuses. Entre cette chaîne et la chaîne cûtiire (celle des Andes mari- times de la Nouvelle- Albion) il y a des prairies dans lesquelles le bois est très-rare ; mais, en passant les Alpes maritimes , les forêts recommencent, et le pays offre , jusqu'à l'embouchure du Rio Colombia, tous les avantages du Tennessé et du Kcntucky. ' Tom. III, p. 72, 182. ' Les palmiers s'étendent vers le sud, dans les Pampas de Buenos-.Vyres et dans la province Cisplaline , jusqu'aux 3^" et 55°. i^Auguste de Saint-Hilaire ^ Aperçu d'un Voyage au Brésil, p. 60.) • Tom. II, p. 5. ^"^" NOTES. des Antilles forme , comme nous l'avons déjà rappelé , une Méditerranée à plusieurs issues dont l'influence sur les destinées politiques du Nouveau-Continent dépend à la fois de sa position cen- trale et de la grande fertilité de ses îles. Les issues du bassin, dont les quatre plus grandes' ont /fl milles de largeur, se trouvent toutes, du côté de l'est, ouvertes vers l'Europe, et sillon- nées par le courant des tropiques. De même que l'on reconnoît, dans notre Méditerranée, les vestiges de trois anciens bassins par la proximité de Rhodes, de Scarpenlo, de Candie et de Cerigo, comme par celles du Cap Sorello de la Sicile, de l'ile Pantelaria et du Cap Bon d Afrique; de même aussi le bassin des Antilles qui surpasse en étendue la Méditerranée, semble présenter les restes d'anciennes digues qui réunissoient' le Gap Catoche du Yucatan au Cap Saint-Antoine de l'île deCuba, et celte ile, le Cap Tiburon de Saint-Domingue, la Jamaïque, le Banc de la Vibora et l'écueil de la Serranilla au Cap Gracias a Dios de la côte des Mosqultos. Il résulte, de celte disposition des îles et descaps les plus avancés du continent , une division en trois bassins partiels. Le plus septentrional a été désigné, depuis long-temps, par une dénomination particulière, celle de Golfe du Mexique ; l'intermédiaire ou bassin central pourroit être appelé la Jiler d'Honduras , à cause du golfe de ce nom qui en fait partie : le bassin méridional , compris entre les Petites Antilles et les côtes de Venezuela , de l'istbme de Panama et du pays des Indiens Mosqultos, fornieroitla Merdes Cariles^. C'est d'ailleurs un phénomène bien digne d'at- tention que de trouver les roches volcaniques modernes distribués sur les deux bords opposés du bassin des Antilles, à l'est et à l'ouest, mais non au sud et au nord. Dans les Petites Antilles, un groupe de Volcans en partie éteints, en partie encore enilammés , se prolonge des 12° aux 18°; dans les Cordillères du Guatimala et du Mexique, des g» aux. 19° 7 de latitude. J'ai vu plonger, à l'extrémité nord-ouest du bassin des Antilles , les formations secondaires vers le sud-est : le long des côtes de Venezuela, les roches de gneis et de micaschiste primitifs plongent vers le nord-ouest. Les basaltes , les amygdaloicles et les trachytes , qui sont souvent surmontés de calcaires tertiaires ne se montrent que vers les bords oriental et occidental. «. Le Bassfn du BAs-OniNOQui: ou des pladjes de Venezuela. Semblable ans plaines de la Lombardie, ce bassin est ouvert à l'est. Ses limites sont au nord la chaîne côtière de Venezuela; à l'ouest, la Cordillère orientale de la Nouvelle-Grenade, et au sud la Sierra Parime; mais, comme ce dernier groupe ne s'étend à l'ouest que jusqu'au méridien des cataractes de Maypures (long. 70° .3/'), 11 reste de ce côté une ouverture ou détroit terrestre qui est dirigé du nord au sud, et par lequel les Llanos de Venezuela communiquent avec le bassin de l'Amazone et du Rio Negro. Nous distinguons, entre le bassin du Bas- Oré/ioque proprement dit (au nord de ce fleuve et du Rio Apure) et les plaines du Meta et du Guuviare. Ces dernières remplissent l'espace que laissent entre elles les montagnes de la Parime et de la Nouvelle-Grenade. Chacune des deux partie de ce bassin a une direc- tion opposée; mais, comme l'une et l'autre sont également couvertes de graminées, on s'est habitué dacs le pays à les comprendre sous une même dénomination. Ces Llanos {steppes, savanes ou prairies) s'étendent en forme d'arc depuis les bouches de TOrénoque , par Si • Fernando de Apure , jusqu'au- delà du confluent du Rio Caguan avec le Jupura, par conséquent sur une longueur de plus de 36o lieues. » EntreTabagoetla GrcDade; entre l'île Sainl-Martin et lea lies Vierges; entre Portorico et Saint-Domingue; entre le Petit Banc de Bahama et le Cap Canavcral de la Floride. 2 Je ne prétends pas que cette hypothèse de rupture et d'ancienDe continuité des terres paisse être étendue à la partie orientale du bassin des Antilles, c'est-à-dire à la série d'iles volcaniques que l'on trouve allignées depuis la Trinité jusqu'à Portorico. Foj'ei les éclaircissemens que j'ai donnésTom. II, p. iS-ji. ' Cette dénomination est d'autant plus exacte, en l'appropriant à la partie australe du bassin des Antilles, que les peuples de race caribe ttoient disséminés sur le continent voisin et dans l'Archipel, depuis la Caribana du Darien jusqu'aux îles Vierges, ^c^e: plus haut , Tom. III, p. la et 161. NOTES. 287 1 ) Partie du hasain de Venezuela dirigée de l'est «/"oaes^ La pente générale est vers l'est, et la hau- teur moyenne de 4o-5o toises. Le rivage occidental de cette grande mer de verdure [mar de yerhas) est formé par un groupe de montagnes dont plusieurs égalent ou surpassent en hauteur le Pic de Ténériffe et le Mont-Blanc. De ce nombre sont les Pararaos del Almorzadero, de Cacota , de Laura , de Porquera, de Mucuchies, de Timotès , de Las Rosas. Les rivages septentrional et méridional n'atteignent géné- ralement pas cinq à six. cents toises d'élévation. J'ai donné ailleurs une ample description du sol des Llanos (Tom. I, p. 496, 629; Tom. II, p. i46, i5i, i5j, 169, 166-199, 627; Tom. III, p. 2-9, 22-37). On remarque avec quelque surprise que le maximum de dépression du bassin ne se trouve pas dans son centre, mais sur sa limite australe, au pied de la SieiTa Parime, longée par le thalweg de l'Orénoque. Ce n'est qu'entre les méridiens du Cap Codera et de Cumana,là où une grande partie de la Cordillère du littoral de Venezuela a été détruite, que les eaux des LlanoB (le Rio Unare et le Rio Neveri) parviennent à la côte septentrionala. L'arrête de partage de ce bassin est formée par de petits plateaux , connus sous les noms de Mesas d'Amana, de Guanipa et de Jonoro. (Tom. II, p. i5i j Tom. III, p. 24.) Dans cette même partie orientale, entre les méridiens de 63° et 66°, les plaines ou savanes dépassent, vers le sud, le lit de l'Orénoque et de rimataca , et forment (en s'approchant du Cujuni et de l'Essequibo) une espèce de golfe le long de la Sierra Pacaraina (Tom. Il, p. 669; Tom. III, p. 221). 2 ) Partie du bassinde Venezuela dirigée du sud au nord. Là grande largeur de cette zone de savanes, de looà 120 lieues, rend assez impropre la dénominationderfeïro27fe»resî. Allât géogr., pi. ïvi). ' Tom. Il, p. 455; Tom. III, p. aoj. ' Tom. III, p. aj5. ' Chemin du Rio Branco au Rio Carony. 238 NOTES. méridien de 6i° 5o', elle dévie de nouveau vers des latitudes plus basses, passant entre les sources boréales du Rio Suriname , du Maooni et de l'Oyapok , et les sources méridionales du Rio Trombetas, du Curupatuba et du Paru (lat. 2<'-i'' 5o') Ces indications suffisent pour prouver que cette première ligne de partage d'eau de l'Amérique du Sud (celle de l'hémisphère boréal) traverse tout le con- tinent entre les parallèles de 2» et 4°. Il n y a que le Casslquiare qui se soit frayé un passage à travers l'arrête que nous venons de décrire). Le système hydraulique de l'Orénoque présente le phénomène extraordinaire d'une bifurcation là où la limite de deux, bassins (de l'Orénoque et du Rio Negro) traverse le lit même du récipient principal. Dans la partie du bassin de l'Oré- noque, qui est dirigée du sud au nord, comme dans la partie qui est dirigée de l'ouest à l'est, les maxima de dépression se trouvent au pied de la Sierra Parime , on pourroit dire sur ses con- tours mêmes. ». Le Bassin du Rio Neoho et de l'Amazone. C'est le bassin central, et le plus grand des bassins de l'Amérique du Sud. Il est exposé à la fréquence des pluies équaloriales , et le climat chaud et humide à la fois y développe une force de végétation à laquelle rien ne peut être comparé dans les deux continens. Le bassin central, limité au nord par le groupe de la Parime, au sud par les Inontagnes du Brésil, est presque entièrement couvert d'épaisses forcis, tandis que les deux bassins placés aux extrémités du continent (les Llanos de Venezuela ou du Bas-Orénoque et les Pampas de Buenos-Ayres ou du Rio de la Plata) sont des savanes ou prairies , des plaines dépour- vues d'arbres et couvertes de graminées. Celte distribution symétrique de savanes bordées par d'impénétrables forêts, doit être liée à des révolutions physiques qui ont agi > à la fois sur de grandes surfaces. 1 ) Partie du bassin de VJlmazmie dirigée de l'ouest à l'est , entre les 2° nord et 1 2° sud, et de 880 lieues de longueur. Le rivage occidental de ce bassin est formé par la chaîne des Andes , depuis le nœud des montagnes de Huanuco jusqu'à celui des sources du Magdalena. Il est élargi par le contre-fort du Rio Béni * , riche en sel gemme et composé de plusieurs rangées de collines (lat. 8"- 11" sud) qui avancent dans les plaines sur la rive orientale du Paro. Nos cartes travestissent ces collines en ^aîites Cordillères el Jlndes de Cuchao^. Vers le nord, le bassin de l'Amazone, dont Varea (dea44,ooo lieues carrées) n'est que d'un sixième plus petite que Varea de l'Europe entière, se relève en pentes très-douces vers la Sierra Parime. A l'ouest des 68° de longitude la partie élevée de cette Sierra se termine pai- les 3° 5 de latitude boréale. Le groupe de monticules qui entourent les sources du Rio Negro, de l'Inirida et du Xiè (lat. 2°)', les rochers épars entre l'Atabapo et le Cassi- quiare se présentent , comme des groupes d'îlots et d'écueils , au milieu de la plaine. Une partie de ces écuells sont couverts de signes ou sculptures symboliques. Des peuples, très-différens de ceux qui habitent aujourd'hui les rives du Cassiquiare, ont pénétré dans les savanes; et la zona « Tom. II, p. 169; Tom. III, p. 3i-55. Martius, Phys. der Pflanzen von Bras., p. i3. 2 Tom. III, p. aoo. Le vrai nom de cette grande rivière , sur le cours de laquelle les géographes ont été si long-temps divisés, est Uchaparu , probablement eau {para) d'Vcha: aussi Béni signifie simplement fleuve, eau ; car la langue des Maypures a des analogies multipliées avec la langue des Moios( Tom. II, p. 568); et, en maypure, veni (ouem) signiCe eau, comme en moio una. Peut-être le nom du rteuve est-il resté maypure , quand les Indiens qui parloient cette langue ont émigré au nord , vers les rives de l'Orénoque. » les Andet de Cuchao , quel a carte d'Arrowsmith place at. lo» j- la» au nord du lac fabuleux de Rogagualo , ne sont autre chose que les montagnes du Cuchaù , que La Cruï place lat. iS- au sud-ouest de ce lac. Une erreur bizarre de ce dernier géographe l'a porté i couvrir de montagnes des plaines qui en sont entièrement dépourvues. Il a oublié que dans les colonies monfe désigne presque exclusivement une forêt, et il a figuré des chaînes de montagnes partout où il a écrit montes de cacao, comme si le Cacaoyer n'appartenoit pas à la région la plus ardente des plaines. NOTES. 289 des roches peintes qui s'étend à plus de i5o lieues de largeur, offre les traces d'une ancienne civilisation. A l'est des groupes ^poradiques de rochers (entre le méridien de la bifurcation de l'Oré- noque et celui du confluent de l'Essequibo avec le Rupunuri), les hautes montagnes de la Parime ne commencent que par les 3» de latitude. C'est là que se terminent les plaines de l'Amazone. Le vaste golfe qu'elles semblent former dans la partie supérieure du bassin du Rio Branco, et les sinuosités que l'on observe à la pente méridionale delà Sierra Parime , ont été discutés plus haut '. Vers le sud, les limites des plaines de l'Amazone sont plus inconnues encore que vers le nord. Des montagnes , qui excèdent 4oo toises , ne paroissent pas s'étendre dans le Brésil au nord du paraUèle de i4° à i5° de latitude méridionale, et à l'ouest du méridien de Sa» ; mais on ignore jusqu'où se prolonge le pays montueux , si l'on veut désigner sous ce nom un terrain hérissé de collines de cent ou deux cents toises d'élévation. Entre le Rio das Vertentes et le Rio de très Barras (affluens de l'Araguay et du Topayos) , les JJfowfe Pawcw envoient plusieurs arrêtes vers le nord. Sur la rive droite du Topayos, une série de monticules avance (selon des cartes manuscrites dressées récemment au Dépôt hydrographique de Rio Janeiro) jusqu'au parallèle de 5° de latitude sud, jusqu'à la chute {cachoeira) de Maracana ; tandis que , plus à l'ouest , dans le Rio Madeira, dont le cours est presque paraUèle à celui du Topayos, les rapides et les cataractes (on en compte 17 entre Guayra merim ^ et le fameux Salto de Theotonio s ) n'indiquent des arrêtes rocheuses que jusqu'au paraUèle de 8°. La dépression principale du bassin dont nous venons d'examiner les contours se trouve, non vers un de ses bords, comme dans le bassin du Bas-Orénoque, mais au centre même , là où le grand récipient de l'Amazone forme un siUon longitudinal, incUné de l^ouest à l'est sous un angle de moins de 25 secondes «. Les mesures barométriques que j'ai faites à Javita sur les rives du Tuamini, à Vasiva sur les rives du Cassiquiare et à la cataracte de Rentema, dans le Haut-Maragnon , paroissent prouver que le relèvement des plaines de l'Amazone est, vers le nord (au pied de la Sierra Parime), de i5o toises, et, vers l'ouest (au pied de la CordiUère des Andes de Loxa), de 190 toises au-dessus du niveau de l'Océan 5. H faut espérer que, lorsque des bateaux à vapeur remonteront l'Amazone depub le Grand Para jusqu'au Pongo de Manseriche, dans la province de Maynas, on ne négligera pas, pendant le cours d'une navigation si facile, de niveUer barométriquement le cours du fleuve, qui est le thalweg d'une plaine quinze fois plus étendue que la France entière. 2 ) Partie du bassin de V Amazone dirigée du sudau nord. C'est la zone ou le détroit terrestre par lequel communiquent, entre les 12° et 20° de latitude australe, les plaines de l'Amazone avec les Pam- pas de Buenos-Ayres. Le rivage occidental de cette zone est formé par les Andes , entre le nœud de Porco et du Potosi , et celui de Huanuco et de Pasco. Une partie du contre-fort du Rio Bent, qui n'est qu'un élargissement des CordiUères d'Apolobamba et du CouzcO ', et lout le promontoire de Cocha- bamba ' avancent vers l'est dans les plaines de l'Amazone. C'est surtout le prolongement de ce pro- montoire qui a fait naître le soupçon d'une liaison des Andes avec une série de coUines que les Serras dos Parecis », la Serra Melgueira et la prétendue Cordillera de San Fernando envoient vers l'ouest. Cette partie presque inconnue des frontières du Brésil et du Haut -Pérou mérite l'attention des voyageurs-. ' Tom. III , p. 225-22-. î Au-dessus du conOuent du Madeira et du Mamorè, qu'un journal brésilien justement cst\mé (Patriota , i8i3 , p. 28S) place par les lo" 22' 3o' de latitude , tandis qu'il donne au conUuent du Madeira avec le Giiaporé 11° 5i' 46'- ' Au-dessus du conQuent du Madeira et du Jamary. » rojei plus haut, Tom. III, p. 189, note 2. 5 Tom. 11 , p. 418, 509, 565, et Bec. d'Obs. aslr., Tom. 1, p.3i5. ' Tom. 111, p. joo. ' Tom. III , p. 196. ' Tom. III, p. 23i. 2^0 NOTES. D'après les notions les plus récentes qu'on a pu recueillir, il paroit que l'ancienne mission de San José de Chiquitos (à peu près lat. 17"; long. 67° 10', en supposant Sanla-Cruz de la Sierra, lat. 17° 25'; long. 66° 47') se trouve déjà située dans les plaines, et que les montagnes du contre-fort de Cocliabamba se terminent entre le Guapaix (Rio de Mizque) et le Parapiti qui prend plusbas les noms de R'io San Miguel et de Rio Sara. Les savanes de la province de Chiquitos communiquent au nord avec celles des Moios , au sud avec celles du Cbaco ' ; mais , dans ces mêmes contrées, comme nous l'avons déjà fait obsei-ver plus haut, il se forme, par l'intersection de deux plans foiblement inclinés, une arrête ou ligne de partage d'eau qui, au nord de La Plata (Chuquisaca), prend son origine entre les sources du Guapaix et du Cachimajo (affluent du Pilcomayo) , et remonte du parallèle de 30° à celui de iS" i de latitude australe, par conséquent au nord-est, vers l'isthme de Villabella '. De ce point, un des plus importans de toute l'hydrographie de l'Amérique, on peut suivre la ligne de partage d'eau jusqu'à la Cordillère du littoral {Serra do Mar). On la voit serpenter (lat. i7°-2o') entre les sources boréales de l'Araguay, du Maranhao ou Tocantines et du Rio San Francisco, et les sources méridionales du Parana. Cette seconde ligne de partage qui entre dans le groupe des montagnes du Brésil , sur la frontière de la Capitainerie de Goysz , sépare les versans du bassin de l'Amazone de ceux du bassin du Rio de La Plata : elle correspond, au sud de l'équateur, à la ligne que nous avons fait connoitre dans l'hémisphère boréal (lat. 2°-4'') ,sur les limites mêmes des bassins de l'Amazone et du Bas-Orénoque ^. Si les plaines de l'Amazone (en prenant cette dénomination dans le sens géognostique que nous lui avons assigné) se distinguent en général des Ztonos de Venezuela et des Pampas de Buenos-Ayres par l'étendue et l'épaisseur des forêts qui les couvrent , on est d'autant plus frappé de la continuité des savanes que l'on trouve dans la partie dirigée du sud au nord. On diroit que la mer de verdure ^ du bassin de Buenos-AjTCS envoie un bras parles Llanos du Tucuman, de Manso, du Cbaco, des Chiquitos et des Moxos aux Pampas del Sacramento *, aux savanes du Napo, du Guaviare, du Meta et de l'Apure ''. Ce bras traverse, entre les 7" et 3° de latitude méridionale, le bassm des forêts de l'Amazone , et l'absence d'arbres sur une si grande étendue de terrain ( la prépon- dérance qu'ont acquise de petites plantes monocotyledones) est un phénomène de la géographie des plantes, qui tient peut-être à l'action d'anciens courans pélagiques, ou à d'autres révolutions partielles de notre planète. e. Plaetes du Rio de la Plata et de la Patagonie, depuis la pente sud-ouest du groupe des montagnes du Brésil jusqu'au détroit de Magellan, des 20° au 53° de latitude. Ces plaines cor- respondent à celles du Misslssipi et du Canada, dans l'hémisphère boréal. Si une de leurs extrémités se rapproche moins des régions polaires, l'autre entre d'autant plus dans la région des palmiers. La partie de ce vaste bassin qui s'étend de la côte orientale vers le Rio Paraguay (c'est-à-dire la Capitania de Rio Grande, à l'ouest de l'ile Sainte-Catherine, la province Cisplatine et le Paraguay proprement dit entre le Parana et le Rio Paraguay), n'offre pas une surface si parfaitement unie que la partie située à l'ouest et au sud-est du Rio de la Plata, et que, i Caria de las MIssimes de los Moxot de. la Compailia de Jésus de el PerU, 1709. a Entre les aCEuens du Paraguay et du Madeira , Tom. III , p. î3o. » Tom. III, p. 33;. ' Ces Pampas que le père Sobreviela a fait connoitre le premier, portent aussi le nom de Pajonal (plaine qui produit de la pai(/«) , entre le Rio Paro, affluent de l'Ucayali et les rites de l'Uuallaga. • Je nomme ces plaines couvertes de graminées, dans l'ordre où elles se «uircnt du sud au nord, des lo- de latitude australe aux 9" de latitude boréale. Oo appeUe Llanos de Manso (lat. austr. 22°-35° ^) les savanes entre le Rio Vcrmejo et le Pilco- mayo , d'après le nom d'un Espagnol qui a fait, dans ces contrées désertes , les premier» essais de culture {Brackenridge , Tom. II, p. '7)- NOTES. 241 l'on connoît depuis des siècles sous le nom de Pampas, tiré de la langue péruvienne ou quichua '. Géo- gTiosliquemenl parlant, ces deux régions de l'est et 18'; long. 68» 4'). Memorias de los Navcgantes , Tom. I, Àpendice, p. 181. D'après ces positions, on trouve, pour la ville de Cordova , lat. 3i» 22' ; long. 66° 17', en admettant avec M. Bauza , selon la Carte de l'Océan méridional compris entre le Cap de Horn et le Cap de Bonne-Espérance (Madrid, iSo4), la ville de Cordova de 1» 4;' à l'est de San Luis de la Punta. La Cruz et Arrowsmilh avoient supposé cette distance de 3° 20' et 3° 4 '• De même M. Bauza , qui a visité ces contrées , admet la diffé - rence de longitude de Cordova et Santa Fe de 3», tandis que Arrowsmilh le fait 2» 36'. On manque absolument d'observations astronomiques entre le Tucuman, l'Asuncion et Sanla Fe. ^ Het ^ homme; tehticl , midi. Relation historique, Tom- III. 3i 242 NOTES. Si nous avons donné au^plaiiiesou grands bassins de l'Amérique méridionale les noms des rivières qui coulenl dans leurs sillons longitudinaux , nous n'avous pas voulu les comparer pour cela à de simples vallées. Dans les plaines du Bas-Orénoque et de l'Amazone, toutes les lignes de plus grande pente aboutissent sans doute à un récipient principal; et les afllucns des afiluens, c'est-à-dire les bassina de différens ordres , pénètrent dans le groupe des montagnes mêmes. La partie supérieure ou les hautes vallées des affluons sont consi- dérées , dans ce tableau géologique , comme appartenant à la région montueuse du pays , comme placées hors des plaines du Bas-Orénoque et de l'Amazone. Les vues du géologue ne sont p»s identiques avec celles de l'hydrographe. Dans le bassin que nous avons appelé celui du Rio de la Plata et de la Pata- gonie , les eaux qui suivent les lignes de plus grandes pentes ont plusieurs issues. Le même bassin renferme plusieurs vallées de rivières; et, en examinant de près la surface polyédrique des Pampas et la portion de leurs eaux qui ne va point à la mer, semblable aux eaux des steppes de l'Asie ', on conçoit que ces plaines sont divisées par- de petites arrêtes ou lignes de faîtes, et quelles ont des pentes alternatives *, inclinées dans des sens opposés, à l'égard de l'horizon. Pour faire mieux sentir cette différence entre les aperçus géologiques et hydrographiques, et pour prouver que, dans les premiers, en faisant alistraction du cours des eaux qui aboutissent à un seul récipient, on s'élève à un point de vue beaucoup plus général, je rappellerai de nouveau le bassin hydrographique de l'Orénoque. Cette immense rivière naît sur la pente méridionale de la Sierra Parime : elle est bordée sur la rive gauche par des plaines , depuis le Cassiquiare jusqu'à l'embouchure de l'Atabapo, et elle coule dans un bassin auquel, geologiquement parlant, d'après la gi-ande division de la surface de l'Amérique du Sud en trois bassius , nous avons donné le nom de bassin du Rio Negro et de l'Amazone. Les basses régions qui sont limitées par les pentes méridionales et septentrio- nales des montagnes de la Parime et du Brésil, et que le prologue doit désigner par un seul nom, ren- ferment, d'après le langage également précis de l'hydrographe, deux bassins de rivières , ceux du Haut- Orénoque et de l'Amazone , séparés par une arrête (effet de pentes alternatives) qui se dirige de l'isthme de Javita vers l'Esméralda. Il résulte de ces considérations qu'un bassin géologique {^sit venia verbo) peut avoir plusieurs récipiens et plusieurs émissaires. Divisé par de petites lignes de faites presque insensibles à la vue, il peut renfermer à la fois des eaux qui vont à la mer par dilTérens sillons indépendans les uns des autres, et des systèmes de rivières intérieures aboutissant à des lacs plus ou moins chargés de matières salines. Un bassin de fleuve ou bassin, hydrographique n'a qu'un seul récipient et un seul émissaire : si , par une bifurcation , il donne une partie de ses eaux à un autre bassin hydrographique , c'est parce que le lit du fleuve ou le récipient principal se rapproche tellement d'un des bords du bassin ou de l'arrête de partage que cette arrête le travei-se en partie. La distribution des inégalités de la surface du globe ne présente pas des limites fortement prononcées entre le pays montueux et les basses régions ou bassins géologiques. Même là où de véritables chaînes de montagnes s'élèvent comme des digues rocheuses placées sur une crevasse, des contre-forts plus ou moins larges semblent indiquer un soulèvement latéral. Tout en reconnoissant la difficulté de bien circonscrire les groupes de montagnes et les bassins ou plaines continues , j'ai tenté de calculer leurs surfaces d'après les données que renferment les feuilles qui précèdent. ' Les géographes allemands désignent sons le nom de fleuves det steppes [sleppenflûsse) tout système d'eaux courantes qui a son maximum de dépression dans un lac intérieur. Voyes plus haut, Tom. II, p. jS. î Journal de l'Ecole polytechnique , Tom. VII, p. a65. NOTES. 243 AMÉRIQUE MÉRIDIONALE. I. PaBTIB MONTUBtJaE : Andes 58,goo lieues carrées mariaes . Chaîne du littoral de Venezuela ! ,900 Sierra Nevada de Merida 200 Groupe de la Parime 35,8oo Système des montagnes du Brésil 27,600 ii4)4oo II. Plai.nbs : Llanos du BasOrénoque , du Meta et du Guaviare 39,000 Plaines de l'Amazone a6o,4oo Pampas du Hic de la Fia ta et de la Patagonie i35,20u Plaines entre le chaînon oriental des Andes de Cundînamarca et le chaînon du Choco ' 2j3oo Plaines du littoral , à l'ouest des Andes 20,000 456,900 La surface de toute l'Amérique méridionale est de 571,300 lieues cai-rées (de 20 au degré), et lerapport entre l'étendue du pays montueu-i et la région des plaines est comme 1 : 4. Cette dernière région , à l'est des Andes, a plus de 424,6oo lieues carrées, dont la moitié est en savanes, c'est-i-Jire couverte de graminées. Sectiok II. Répartition générale des teiraius. Direction et inclinaison des couches. Hauteur relative des formations au-dessus du niveau de l'Océan. Nous avons esaminé, dans la section précédente, les inégalités de la surface du sol, c'est-à-dire la charpente générale des montagnes et la forme des bassins que ces montagnes diversement agroupées laissent entre elles. Les agroupemens sont tantôt longitudinaux, par bandes étroites ou chaînons, semblables à des filons qui conservent leur allure a de grandes distances (Andes, Montagnes du littoral de Venezuela, Serra do Mar du Brésil , AUeghanis des États-Unis) , tantôt ils sont par masses à formes irrégulières , dans lesquelles des soulèvemens paroissent avoir eil lieu comme sur un dédale de crevasses ou un ainas de filons ( Sierra Parime, Serra das Vertentes ). Ces modes de formations liés à une hypothèse de géo- gnosie' qui a l'avantage d'être fondée sur des faits observés dans les temps historiques , caractérisent d'une manière tranchée les chaînes et les groupes de montagnes. D'ailleurs , les considérations sur le relief d'un pays sont indépendantes de celles qui font connoître la nature des terrains, l'hétérogénéité des matières, la superposition des roches , la direction et l'inclinaison des couches. Ce sont ces dernières qui seront exposées dans la seconde et la troisième section de ce mémoire. Sous le rapport du relief et de l'enchaînement des inégalités du sol , la moitié du globe lunaire est aujourd'hui presque mieux connue que la moitié du globe terrestre , et la géologie des formations , inaccessible pour toujours à l'astronomie physique, si elle ne se livre pas à des écarts dangereux, avance avec une lenteur extrême, même dans les pays qui sont les plus rapproches de l'Europe. En jetant un coup d'œil général sur la constitution géologique d'une chaîne de montagnes^ on peut « Foy. les observations importantes et nouvelles sur l'origine des chaînes de montagnes , qni se trouvent exposées dans un ouvrage digne de Cier l'attention des géogoostes : Rcsullate der neuesten geogn. Forschungen des Ilerrn Lcopold von Buch, 2usammongestellt tind iibersezt von K. C. von Leonhard, p. 307, 383, 458,470, 4/5, 5o6. 244 NOTES. distinguer cinq étémens de direction trop souvent confondus dans les ouvrages de géognosie et de géographie physique. Ces élémens sont : a. ] L'axe longitudinal de la chaîoe entière ; fi) La ligne qui partage les eaux {divortia aqitarutn) ; » ) La ligne de faîte passant par les maxima de hauteur; iT ) La ligne qui sépare en section horizontale deux formations contiguës; e ) La ligne qui suit les tissures de stratification. Cette distinction est d'autant plus nécessaire quil n'existe vraisemhlahlement aucune chaîne sur le glohe qui offre un parallélisrae parfait de toutes ces lignes directrices. Dans les Pyrénées, par exemple, a, jS, » ne coïncident pas; mais Je fais allusion aui cas où , dans une chaîne de montagnes de gneis-micaschiste , la direction générale des strates eat lior. 4 (du SO. au NE.) , avec inclinaison au NO. , et où les déviations sont généralement hoT. 8 (du SE. au NO.). L'inclinai- son observée dans cette direction inverse ne sera pas comme elle pourroit l'être, vers le NE., mais vers le SO. Il y a donc changement total d'inclinaison du nord au sud, ou plutôt du NO. au SO. Cette régularité dans les modes de déviation, qui m'a souvent occupé en parcourant les Andes, a récemment fixé l'attention de M. Steininger (Erloschcne fulhane, f. i) , et de M. Reboul [Journ. de Physiijue , i8îî , décembre, p. 4a5) , sur les bords du Rhin et dans les Pyrénées. » Tom. I, p. 344. 563, 564; Tom. II, p. 3i , 38, 89. ' Il n'y a que le granité du Baraguan qui soit i la fois stratifié , et traverié de filon» de granité ; la direction de» eooctws est N. jo» 0. (Tom. II , p. i54.) * Tom. I , p. 579. ' Tom. 11 , p. Sa, iu5. Celte pente méridionale est cependant moin» rapide que la pente «eptentrionale. Relation historique j Tom, II/. '2 25o NOTES. admeltre que ladireclion de la Cordillère orientale de la Nouvelle-Grenade, qui depuis Santa-Fe de Bogota jusqu'au-delà de la Sierra Nevada de Merida est à peu près N. 45° E. , et dont la chaîne du littoral n'est qu'une continuation, ait influé sur la direction [hor. 3-4) des strates dans le ^ enezuela? Cette dernière région ofTre un loxodromisme bien remarquable avec les strates de micaschiste, de grauwacke et de calcaire à ortho- cératites des Alleghanis et de l'immense étendue de pays (lat. 56°-68°) qui a été récemment parcouru par le capitaine Francklin'. La direction NE.-SO. domine dans toutes ces parties de l'Amérique septentrionale, comme en Europe dans le Fichtelgebirge de Franconie, dans leTaunus, dans le Westerwald etl'Eifel, aux Ardennes, dans les V^osges , dans leCotentin, en Ecosse, et dans la Tarentaise, à l'extrémité sud-ouest des Alpes '. Si , dans le \'enezuela, les strates des roches ne suivent pas exactement la direction de la Cordillère la plus proche (de celle du littoral), le parallélisme entre l'axe d'une chaîne et les strates des formations qui la composent se manifeste d'autant ^ plus dans le groupe du Brésil. SECTION III. Nature des roches. — Age relatif et superposition des formations. — Terrains primitif , de transition, secon- daire, tertiaire et volcanique. La section précédente nous a fait connoître les limites géographiques des formations, l'étendue et la direc- tion des zones de granite-gneis , de gneis-micascbiste, de thonschiefer, de grès et de calcaires intermédiaires qui viennent successivement au jour. Il nous reste à indiquer succinctement la nature et l'âge relatif de ces formations. Pour ne pas confondre \e.s faits avec les opinions géognosllques , je vais décrire ces formations sans les diviser, d'après la méthode généralement suivie, en cinq groupes de roches primitive, de transition, secondaire , tertiaire et volcanique. J'ai été assez heureux pour découvrir les types de chaque groupe dans une région où, avant mon voyage, aucune roche n'avaitété nommée. Les anciennes classifications ont le grand inconvénient de forcer le géologue à établir des démarcations tranchées là même où il reste en doute , sinon sur le gisement ou la superposition immédiate, du moins sur le nombre des formations qui ne se trouvent pas développées. Comment, dans plusieurs circonstances, prononcer sur l'analogie que peuvent offrir, soit un calca ire très-pauvre en pétrifications avec les calcaires intermédiaires el le zechslein, soit un grès superposé à une roche primitive avec un grès bigarré et un quadersandstein , soit enfin une argile muriatifère avec le red mari de l'Angleterre et le sel gemme des terrains tertiaires de l'Italie ? Lorsqu'on réfléchit sur les immenses progrès qu'a faits la connoissance de la superposition des roches depuis vingt-cinq ans, on ne sera pas surpris que l'opinion que j'énonce aujourd'hui sur Vdge relatif des formations de l'Amérique équinoxiale ne soit identique avec celle que j'avois exposée en 1800. Se vanter d'une stabilité tl'opiuiou en géognosie, c'est se vanter d'une extrême paresse d'esprit-, c'est vouloir rester stationnaire au milieu de ceux qui avancent. Ce que l'on observe dans un lieu quelconque de la terre sur la composition des roches, sur les couches subordonnées qu'elles renferment, sur l'ordre de leur gisement, sont des faits d'une vérité immuable et indépendans des progrès de la géognosie positive dans d'autres pays , tandis que les noms systématiques imposés à telle ou telle formation d'Amérique ne se fondent que sur des analogies supposées enti-e les formations d'Europe et d'Amé- rique. Or ces noms ne peuvent rester les mêmes, si, d'après un examen plus mûr, les objets de comparaison n'ont pas consrrvé la même place dans la série géognostique, si les plus habiles géologues prennent aujour- d'hui pour du Calcaire de transition et pour du grès vert ce qu'ils a voient pris jadis pour du zechsteia et du grès ^ Joumey io ihe Polar Sea, 1834, p. 539, 534. ' Verrez moa Eisai gcognost.,^. Si. ' D'après les Notes manuscrites de M. d'Eschivege et son Geos". Gemdidt vçn BrasUien, p. C. Les strates des roches pri- mitives el intermédiaires du Brésil se dirigent très-régulièrement, comme la Cordillère de Villarica (Serra do Espinhaço) lior. 1 ,4 ou lier. 2 de la boussole de Freiberg. (N, 38° £.) L'inclinaison des strates est généralement vers 1 £S£. NOTES. î5i bigarré. Je pense que le moyen le plus sûr de faire survivre les descriptions géognostlques aux changemens qu'éprouve la science à mesure qu'elle se perfectionne, c'est de substituer provisoirement, dans la descrip- tion des formations , aux noms systématiques degrés rouge, de grès bigarré, de zechstein et de calcaire jurassique, les noms tirés des localités américaines (grès des LIanos, calcaires de Cumanacoa et de Caripe), et de séparer l'énuméralion des faits qui sont relatifs à la superposition des terrains , de la discussion sur l'ana- logie de ces mêmes terrains' avec ceux de l'ancien continent. I. FonMATIONS COORDONNÉES DE GE-INITE , DE GNEIS ET DE MICASCHISTr. Il est des pays (en France, les environs de Lyon; en Allemagne, Freiberg, Naundorf) où les formations de granité et de gneis sont très-distinctes : il en est d'autres, au contraire, où les limites géognostiques entre ces formations sont peu prononcées, où le granité , le gneis et le micaschiste semblent alterner par couches ou souvent passer les uns aux autres^. Ces alternances et ces passages m'ont paru moins communs dans la Cordillère du littoral de Venezuela que dans la Sierra Parlme. Dans le premier de ces deux systèmes de mon- tagnes, surtout dans le chaînon le plus rapproché de la côte, on reconnoît successivement, comme roches prédominantesdel'ouest à l'est, le granité (long. 70''-7i<'), le gneis (long. 68° 7-70"), et le micaschiste (long. 65° 1-66° î) ; mais en considérant dans son ensemble la constitution géognostiquc du littoral et de la Sierra Parime, on préfère de traiter, sinon comme une seule formation, du moins comme trois formations coor- ' Comme toute la géograpliie positive n'est qu'un problême de séries oa de succession [soit simple, soit périodique) de certains termes qui représentent les formations, il sera nécessaire, pour l'intelligence des discussiuu» io renferme la troisième section de ce mémoire, de rappeler ici succinctement le luOlmu des formations considéré sous le point de vue le plus général. Cet aperçu rectifiera ce qui a été publié il y a neuf ans , Tom. I , p. 407. I. Tirrain vulgairement appelé primitif: granité , gneis et micaschiste (ou gneis oscillant entre le granité et le micaschiste) ; trés-peu de thonschiefer primitif; weisstein avec serpentine; granité avec amphibole disséminée; schiste amphibolique ; filons et courtes couches de grïinstein. II. Terrain de transition composé de roches fragmentaires (grauwackc), de schistes calcariféres et de grùnstein (premières traces d'organi- sation : bambousacées, madrépores, productus , trilobites, orthocératites, évamphalites). Formations complexes et paral- lèles, a) couches alternantes de calcaire grenu et stéatiteuj, de micaschiste anlhraciteui , de gypse anhydre et de grauwacke; b) thonschiefer, calcaires noir», grauwacke avec griinstein , syénites , granités de transition, et porphyres à base de feldspath compacte; c) euphotides , tantôt pures et surmontées de jaspe , tantôt mêlées d'amphibole , d'hypersthéne et de calcaire grenu; d) porphyres pyroyéniques avec aniygdaloïdes et syénites lirconiennes. III. Terrain secondaire commençant par une grande destruction de plantes monocotylédones. a) formations coordonnées et presque contemporaines de grès rouge (rolhes lotes liegende) , de porphyre quarzière et de bouilles à fougères. Ces couches sont liées moins par alternance que par apposition. Les porphyres sortent (comme les tracbyles des Andes) en dômes du sein des roches intermédiaires. Brèches porphyriques qui en- veloppent les porphyres quanifères. h) Zechstein ou calcaire alpin avec schistes marno-biturallieux , calcaires fétides et gypse hydraté grenu; cette formation alterne quelquefois avec le grès rouge et avec le grès bigarré; Productus aculeatus. c) grès bigarré [bunte sandstein] avec des couches calcaires très-fréquentes; fausses oolithes : les couches supérieures sont des marnes bigarrées, souvent mnriatiféres (rcrf mar/, sa/if/ion), avec gypse hydraté fibreux et calcaire fétide. Le sel gemme oscille du zechstein au muschelkalk. d) calcaire de Goltingue ou muschelKalk , alternant vers le haut avec le grès blanc ou quadersandstein ; (Ammonites nodosus, cncrines , Mytilus socialis) : aux deux extrémités du muschelkalk se trouvent des marnes argileuses, e) grès blanc, quadersandstein, alternant avec le lias ou calcaire à gryphées ; beaucoup de plantes dicotylédones mêlée aux plantes monocotylédones. f) calcaire jurassique , formation complexe ; beaucoup de marnes arénacées intercalées. Le plus souvent on observe de bas en haut ; lias (calcaire marneux à gryphées), oolithes, calcaires à polypiers, calcaire schisteux avec poissons et cms- tacées , fer" hydraté globulaire. Amonites planulatus, Ghrypxa arcuata. g) grès secondaire à lignites, iron sand; weald clày; green sand, ou grès vert, b) craie chloritée, tufean, et blanche; (planerkalk, calcaire de A'érone). IV. Terrain tertiaire commençant par une grande destruction de plantes dicotylédones, a) argile et grés tertiaire à lignites; argile plastique; mollasse et nagelflube, alternant quelquefois, lorsque la craie manque, avec les dernières couches du calcaire jurassique ; succio. b) calcaire de Paris ou calcaire grossier, calcaire à cérites, calcaire de Bolca, argile de Londres, calcaire arénacé de Rognor ; lignites, c) calcaire sili- ceux et gypse à ossemens alternant avec des marnes, d) grès de Fontainebleau, c) terrain lacustre avec meulières poreuses, e) dépôts d'alluvion. * f^oycz mon Essai sur te gisement des rvi'nes dans les deux hémisphères, p. 67, (J9, 71, 7!, 76. 25; NOTES. données et étroitement liées ensemble, celles de granité , de gaeis, et de micaschiste*. Le schiste argileux TpnmitK (urthoncfiie/er) est subordonné au micaschiste dont il n'est qu'une modirication. Il ne forme dans le Nouveau-Continent , pas plus que dans les Pyrénées et dans les Alpes , un terrain indépendant. ce. ). Le GRANITE qui ne passe pas au gneis est le plus commun dans la partie occidentale de la chaîne du littoral^ entre Turmero, Valencia et Porlo-Cabello, de même que dans le pourtour de la Sierra Parime, près de i'Encaramada et au Pic Duida. Il est à gros grains, renfermant de beaux cristaux de feldspath de 1 'pouce de longueur, au Rincon del Diablo (Tom II , p. 84), entre Mariara et Hacienda de Cura, et au Chuao (Tom. II, p. 58, 84). Il est ou divisé en prismes par des fentes perpendiculaires, ou très-régulièrement stratifié comme de la pierre calcaire secondaire, à las Trincheras (Tom. II, p. gg); au détroit de Baraguan, dans la vallée del'Orénoque (Tom. II, p. aS'i); et près de Guapasoso, sur les rives de l'Atabapo (Tom. II, p. 4o5). Le granité stratifié des Trincheras , donnant naissance à des sources excessivement chaudes (de go°,3 cent.), paroitroit, d'après l'inclinaison de ses couches, superposé au gneis qui vient au jour plus au sud dans les îles du lac de Valencia ; mais des conjectures de superposition qui ne se fondent que sur l'hypothèse d'un prolon- gement indéfini des strates sont peu certaines, et il se peut que les masses granitiques qui forment une petite zone particulière dans la rangée septentrionale de la Cordillère du littoral, entre les 70° 3' et les 70'' 5o' de lon- gitude*, aient été soulevées en perçant le gneis. Cette dernière roche domine, soit que l'on descende du Rmcon del Diablo vers le sud, aux sources chaudes de Mariara et vers les bords du lac de Valencia, soit qu on avance à l'est vers le groupe de Buenavista , vers la Silla de Caracas et le Cap Codera. Dans la région de la chaîne du littoral de Venezuela, oîi le granité semble constituer une formation indépendante de i5 à 16 lieues de long, je u'ai pas vu de couchei> étrangères ou subordonnées de gneis, de micaschiste ou de calcaire primitif*. La Sierra Parime est un des terrains granitiques les plus étendus qui existent sur le globe ^ : mais le granité qui se montre à nu à la fois sur le flanc des montagnes et dans les plaines qui les unissent (Tom. II, p. 279), y passe souvent au gneis. On trouve le granité le plus constant dans sa compo- sition grenue et en formation indépendante , près de I'Encaramada (Tom. II, p. 2^3) , au détroit de Baraguan (Tom. II, p. 254), et dans les environs de la raission de l'Esmeralda. Il renferme souvent , comme les granités des Montagnes Rooheuses (lat. 38°-4o°), des Pyrénées et du Tyrol méridional, des cristaux d'amphibole^ dis- séminés dans la masse sans passer pour cela à la syénite (Tom. II, p. 299, 507). Ces modifications s'observent sur les bords de l'Orénoque, du Cassiquiare, de l'Atabapo et du Tuamini. L'amoncèlement en blocs que l'on retrouve en Europe sur la crête des montagnes granitiques (Riesengebirge en Silésie, Ochsenkopf en Franconie) , est surtout remarquable dans la partie NO. de la Sierra Parime , entre Caycara , I'Encaramada et Uruana ; dans les cataractes de Maypures et à l'embouchure du Rio Vichada (Tom. II , p. 382). 11 reste dou- teux si ces masses entassées qui ont la forme de cylindres (Tom. II, p. 273) , de parallélipèdes arrondis sur les bords, ou de boules de 40 à 5o pieds de diamètre (Tom. II, p. 597), sont l'effet d'une lente décomposition ou d'un soulèvement violent et instantané. Le granité de la partie sud -est de la Sierra Parime passe quelquefois • Foyez plos haut Tom. II, p. ijg, 715. 2 En supposant Nueva Valencia long. 70" 34', et Villa de Curalong. ;o'> 5'. ' Le calcaire primitif, partout si commun dans le micaschiste et le gneis , se trouve dans le granité des Pyrénées, au port d'Oô, et dans les montagnes du Labourd {Charpentier, sur la const. géogn. des Pyrénées, p. i44 , i46). ^o^'crplushaut Tora. III, p. 220-226. Pour prouver l'étendue de la continuité de ce terrain granitique, il sufiGt de rappeler que M. Lechenault de la Tour a recueilli , dans les barrages de la rivière Mana , dans la Guyane françoise , les mêmes granites-gneis (avec no peu d'amphibole] que j'ai observés, trois cents lieues plus à l'ouest , près du conQuent de l'Orénoque et du Guaviare. ' Je n'ai pas été frappé de ce mélange d'amphibole dans le granité de la chaîne cùtière de Venezuela , si ce n'est au sommet de la Silla de Caracas (Tom. I , p. 608I. NOTES. 253 à la pegmatite *, composé de feldspath laminaire qui enclave des masses coui-bes de quarz cristallin. Je n'y ai vu en couches subordonnées que le gneis'^; mais entre Javita, San Carlos del Rio Negro et le Pic Duida, le granité est traversé de nombreux filons de difiérens âges (Tom. II, p. 491), tapissés de cristal de roclie , de tourmaline noire et de pyrites {Tom. II, p. 4o8, 543). 11 paroît que ces filons ouverts deviennent plus communs à l'est du Pic Duida , dans la Sierra Pacaraina, surtout entre le Xurumu et Rupunuri (afiluens du Rio Branco et de l'Essequebo), où le voyageur Hortsman , au lieu de diamans ^ et d'émeraudes, ne découvrit qu'une mine ou four de cristal de roche (Tom. II, p. 684; Tom. III, p. 225). /S). Le GNBis prédomine le longde la Cordillère du littoral deVenezuela avec les apparences d'une formation indépendante , dans le chaînon septentrional , depuis le Cerro del Chuao et le méridien de Choroni jusqu'au Cap Codera; dans le chaînon méridional, depuis le méridien de Guigue jusqu'à l'embouchure du RioTuy. Le Cap Codera (Tom. I , p. 542), la grande masse de la Silla, du Galipano et du terrain entre le GuajTa et Caracas (Tom. I, p. 563, 617, 619, 621), le plateau de Buenavista (Tom. II , p. 38), les îlots du lac de Valencia (Tom. II, p. 81, Si, 89), les montagnes entre Guigue, Maria Magdalena et le Cerro de Chacao (Tom. II, p. 137, iSg) , sont composés de gneis* ; cependant au milieu de ce terrain de gneis reparoissent enclavés des micaschistes , souvent talqueux. dans le Valle de Caurimare et dans l'ancienne Provincia de los Mariches (Tom. I, p. 620); au Cabo Blanco, à l'ouest de la Guayra (Tom. I, p. 555) ; près de Caracas et d'An- timauo (Tom. II , p. 3 1 ) , et surtout entre le plateau de Buenavista et les vallées d'Âragua , dans la montagne de las Cocuyzas et à l'Hacienda del Tuy (Tom. II, p. 4o, 46). Entre les limites que nous venons d'assigner au gneis , comme roche prédominante (long. G8° è - 70° î), le gneis passe quelquefois au micaschiste , tandis que l'apparence d'un passage au granité ne se présente qu'au seul sommet de la Silla de Caracas ^ (Tom. I, p. 608) : encore faudroit-il examiner avec plus de soin que je n'ai pu le faire , si le granité des cimes du Saint-Gothard et de la Silla de Caracas repose effectivement sur le micaschiste et le gneis, ou si elles ont simplement perce ces roches en s'élevant sous la forme d'aiguilles ou de dômes. Le gneis de la Cordillère du littoral renferme dans la province de Caracas presque exclusivement des grenats , du titane rutile et dn gra- phite disséminé dans la masse de la roche entière (Tom. I , p. 563) ; des bancs de calcaire grenu (Tom. I, p. 563), et quelques fJons métallifères (Tom. I, p. 617, 621; Tom. II, p. i35). Je ne déciderai pas si la ser- pentine grenatifère du plateau de Buenavita est enclavée dans le gneis , ou si , superposée à cette roche , elle n'appartient pas plutôt à une formation de weisstein (leptinite ) semblable à celle de Penig et de Mittweyde en Saxe (Tom. II, p. 4o, 46). Dans la partie de la Sierra Parirae que nous avons parcourue M. Bonpland et moi, le gneis forme une zone moins tranchée et oscille plus souvent vers le granité que vers le micaschiste. Je n'ai pas trouvé ' Schrlft-grantt. C'est une simple moditicatioa de composition et de texture du granité , pas mCme une couche subordonnée. 11 ue faut pas confondre la véritable pegmatite, généralement dépourvue de mica, avec \cs pierres géographiques (pied ras mapajas) de rOrénoque (Tom. 11, p. 569) , qui renferment des atries de mica vert-noirâtre diversement contournées. * Les sables magnétiques des rivières qui sillonnent le cbaiaon granitique de l'Eucaramada (Tom. III, p. 221), font soup- çonner la proximité de quelques schistes amphiboliques ou chloritiques (/lorHÔ/enrf-ou chhrit ;c/)i6/er} , soit en couches dans le granité , soit superposés à cette roche (Tom. Il, p. 1628). ' Ces fables de diamans sont très-anciennes sur la côte de Paria. Petrus Martyr raconte qu'au commencement du seizième siècle, un espagnol , Andrès Morales , acheta d'un jeune Indien de la côte de Paria > adamantem mire pretiosum , duos infantis digiti articulos longum , magni autem polUcis articulum sequantem crassitudine , acutum utrobique et costis S pulchre formatis constantem. d Ce prétendu adamas J avertis paricnsis résistoit à la lime. Petrns Martyr le distingue des topazes en ajoutant : 0 ofTenderunt et topazios in littore 0 , c'est-à-dire à la côte de Paria , de Sainte-Marthe et de Veragua. Voyez Oceaniea , Dec. III, Hb. IV, p. 53. ' On m'a assuré que les ilôts Orchila et Los Fralles sont aussi composés de gneis. Curaçao et Bonairc sont calcaires. L'Ile tl'Oruba, dans laquelle on vient de trouver des pépites d'or natif, d'une grosseur considérable , seroit-elle primitive ? ' La Silla est une montagne de gneis comme le Pic d'Adam (dans l'ile de Ccylau), dont la hauteur est à peu près la même. 254 NOTES. de grenats dans le gneU de la Parime : on ne sauroit réroquer en doute que le granite-gneis de l'Orénoque ne soit un peu orifêre sur quelques points (Tom. II, p. 238, 628, jiS; Tom. III, p io5). « ). Le micaschiste forme avec le schiste argileux {thootschiefer) un terrain continu dans le chaînon septen- trional de la Cordillère du littoral, depuis la pointe d'Araya jusqu'au-delà du méridien de Cariaco, comme aussi dans l'île de la Marguerite. Il renferme , dans la Péninsule d'Araya , des grenats disséminés dans la masse, de la cyanite (Tom. II, p. 344), et, lorsqu'il passe au schiste argileux , de petites couches d'alun natif (Tom. 111 , p. 47, 5o, 62). Du micaschiste qui constitue une formation indépendante, il faut dis- tinguer le micaschiste qui est subordonné au terrain de gneis, à l'est du Cap Codera. Ce micaschiste subor- donné au gneis présente, dans la vallée du Tuy, des bancs de calcaire primitif (Tom. II, p. 47) et de petites couches d'ampélite graphique [zeicheschiefer); entre le Cap Blanc et Catia, des couches de schiste chlo- rilique granatifère et d'amphibole schisteuse (Tom. I , p. 556); entre Caracas et Antimano, le phénomène remarquable de filons de gneis enchâssant des boules de diorlte' [grùnstein) granatifère (Tom. II, p. 3i). Dans la Sierra Parime, le micaschiste ne domine que dans la partie la plus orientale, où son éclat a donné lieu à d'étranges erreurs (Tom. II, p. 706, 7i5). Le schiste amphibolique de l'Angostura (Tom. II, p, 639) et des masses de diorite en boules à couches concentriques , près de Multaco ( Tom. II , p. 635), pa- roissent superposées non au micaschiste, mais immédiatement au granite-gneis. Je n'ai cependant pu recon- noître distinctement si une partie de cette diorite py riteuse n'étoit pas enclavée, sur les bords de l'Orénoque, comme au fond de la mer près de Cabo Blanco(Tom. I,p.557) etàla MontaûadeAvila , dans la roche même qu'elle recouvre. Des filons très-puissans et d'allure irrégulière-prennent souvent l'aspect de couches courtes , et les boules do diorite amoncelées en collines pourroient bien , d'après l'analogie de tant de cônes de basalte, être sorties sur des crevasses. Les micaschistes , les schistes chloritiques et les roches d'amphibole schisteuse renferment du sable magnétique dans ces régions tropicales du Venezuela comme dans les régions les plus boréales de l'Europe. Les grenats y sont presque également disséminés dans le gneis (Caracas), le micaschiste (Péninsule d'Araya), la serpentine (Buenavista) , le schiste chloritique ( Cabo Blanco) , et la diorite ou griimtein ( Antimano ) : nous verrons plus bas reparoître ces grenats dans les porphyres trachytiques qui couronnent la célèbre mon- tagne métallifère du Potosi et dans les masses noires et pyroxéniques du petit volcan de Yana-Urcu , qui est adossé au Chimborazo. Le pétrole, et ce phénomène est sans doute bien digne d'attention, sort du terrain de micaschiste dans le golfe de Cariaco (Tom.I, p. 34;). Si, plus à l'est, sur les bords de l'Areo (Tom. I, p. 4o3; Tom. II, p. 26), et près de Cariaco (Tom. I , p. 3o7, 44;), il semble jaillir de formations calcaires secondaires , ce n'est probable- ment que parce que ces formations reposent sur le micaschiste (Tom. III , p. 49) . Do même les sources chaudes du Venezuela ont leur origine dans les roches primitives, ou plutôt au-dessous d'elles. On les voit sortir du gra- nité (Las Trincheras), du gneis (Mariara etOnoto), et des roches calcaires et arénacées qui recouvrent les roches primitives (Morros de S. Juan, Bergantiu, Cariaco). Les tremblemens de terre et les détonnations souterraines dont à tort on a cherché le siège dans les montagnes calcaires de Cumana, se sont fait sentir avec le plus de violence dans les terrains granitiques de Caracas et de l'Orénoque (Tom. II , p. i3, 23). Des phénomènes ignés (si toutefois leur existence est bien constatée) sont attribués par le peuple aux pics grani- tiques duDuida et duGuaraco comme à la montagne calcaire du Cuchivano (Tom. I, p. SgS; Tom. II, p. 565). 11 résulte de l'ensemble de ces observations que le granite-gneis prédomine dans l'immense groupe des montagnes de la Parime , comme le gneis-micaschiste dans la Cordillère du littoral ; que , dans les deux systèmes, le terrain de granité, sans mélange de gneis et de micaschiste, n'occupe qu'une très-petite étendue de pays , et que, dans la chaîne du littoral, les formations de schiste argileux {tkonschie/er), de micaschiste, de gneis et de granité se succèdent tellement sur une même bande de l'est à l'ouest (offrant une inclinaison ' ytytt mon Esiatgéognostittique de ît. de Buch à M. de Humboldl , i8a3 , p. i3. ^ On trouve des cristaux de feldspath brisés ou iotacta dans le toie ticgcndc « ou grès bouillier de Tburiagc {Freiesleben gèogn. Arbcitetif Tom. IV, p. 82, 85, 96, 194}' Au Mexique, j'ai observé une formatioQ d'aglomérate feldspathique très-remarquable , superposée , peut-èLre même enclavée dans le grès rouge , près Guanaxuato. foyex mon Essai polit. j Tom. 11 , p. 532 ; et mon ouvrage sur le gisement des roches^ p. 3 8. NOTES. 2^7 de fragméns arrondis' de quarz, de kieselschiefer et de lydienne, que cimente une argile ferrugineuse brun- olivâtre. (T. II, p. igi.) On y trouve des fragméns de bois en grande partie monocotylédons, et des masses de fer brun. Quelques couches (Mesa de Paja) offrent des grains de quarz très-fins : je n'y ai vu ni fragméns de porphyre , ni fragméns calcaires. Ces immenses terrains de grès qui couvrent les llanos du Bas-Orénoque et de l'Amazone, méritent la plus grande attention des voyageurs. Par leur aspect, ils se rapprochent des nagel- fluhes oupoudingues du terrain de mollasse daus lesquels manquent souvent aussi (Schottwyl et Diesbach, en Suisse) les débris calcaires '^ : mais, par leur gisement, ils m'ont paru se rapporter plutôt au grès rouge. Nulle part on ne peut les confondre avec les grauvcackes (roches fragmentaires de transition) que MM. Boussingault et Rivero ^ ont trouvés le long des Cordillères de la Nouvelle-Grenade, bordant les steppes à l'ouest. Le manque des fragméns de granité, de gneis et de porphyre, comme la fréquence des bois pétrifiés *, quelquefois dl- cotylédons, indiquent-ils que ces grès appartiennent à des formations plus récentes qui remplissent les plaines entre les Cordillères de la Parime et du littoral, comme la mollasse de Suisse remplit l'espace entre le Jura et les Alpes? J'ai discuté ce problème dans un autre ouvrage '"; mais les matériaux recueillis jusqu'à ce jour sont encore trop incomplets. Il n'est pas facile, lorsque plusieurs formations ne se sont point développées, de prononcer sur l'âge des roches arénacées. Même sur le sol classique de la géognosie, en Allemagne, les observateurs les plus exercés ne sont pas d'accord sur les grès de la Forêt-Noire et de tout le pays au sud-ouest du Tixuringer-Waidgebirge. M. Boussingault, qui a parcouru une partie des steppes du "Venezuela long-temps après moi, a jugé que le grès des llanos de San Carlos , celui de la vallée de San Antonio de Cucuta^ et des plateaux de Barquisimeto , Toenyo , Merida , et Truxillo , appartient à la formation du grés rouge ancien ou houiller. 11 y a en elFet de la vraie houille près de Carache, au sud-ouest du Paramo de las Rosas. Avant d'avoir examiné géognostiquement une partie de ces immenses plaines de l'Amérique, on auroit pu croire que leur horizontalité uniforme et continue étoit duc à des terrains d'alluvion, ou tout au plus à des terrains arénacés tertiaires. Les sables qui, dans les pays baltiques et dans tout le nord de l'Allcinacne couvrent le calcaire grossier et la craie, sembloient justifier ces idées systématiques, qu'on n'a pas manqué d'étendre sur le Sahara et sur les steppes de l'Asie. Mais les observations que nous avons pu recueillir sufTisent pour prouver que, dans les deux mondes , les plaines, les steppes et les déserts renferment à la fois un grand nombre de formations de dififérens âges, et que ces formations y viennent souvent au jour sans être recouvertes ' En Allemagne, des grès qui appartiennent indubitablement au grès ronge, rei\fermçDt aussi (près de Wiedersledt, en Thuringe) des galets et fragméns arrondis (Frciesleben, Tom. IV, p.;-). On les a même désignés pour cela sous le nom de nageipuhe ( MeinicJie, dans le Naturforscher, St. 17, p. 48). Je ne citerai pas les poudingues subordonnées aui grès rouges dés Pyrénées , parce que l'ûge de ces grès , dépourvus de houille , peut être contesté [Charpentier, p. l{iy]. Des couches à grains do quarz airondis et très-fins sont enclavés dans le lote iiegende de Thuringe {Freiestcben, Tom. IV, p. 97J et de la Ilaute-Siléste [Ocyhausen , Besch. von Oberschtesien, p. 119). 2 Meisnerj yinnaten der atlgem. scttweiz. Gesetischaftj P. I, p. àg, ' Ces voyageurs n'ont pas seulement nivelé leur route par le moyen du baromètre ; ils ont aussi déterminé la position d'un grand nombre de points par des observations méridiennes du Soleil et de Canopus , et par l'emploi d'un garde-temps. Je consi- gnerai ici quelques latitudes très-incertaines sur nos cartes: Maracay, 10» i5'5S'; San Carlos, 9° 4o' 10"; Barquisimeto, 9° 54 '35'; Tocuyo, 9° i5'5i"; Trujillo, S" 59' 36' ; Pamplona, 7» 17' 3'. Voici les noms des villes où MM. Boussingault, Rivero et moi nous avons observé à différentes époques, mais pas toujours dans les mêmes habitations. La première latitude est celle que j'ai publiée ; la seconde, celle des deui voyageurs que je viens de nommer : Caracas, lo'Zo' So' ; lo'ôo' 58' : Valencia, io''9'56'; 10° 10' 34' : Villa de Cura, 10° 2' 4-/; io»3'44'; S. Juan de los Morros , 9»55'o' ; 9°55'5o" : Honda, 5« ii'45'; 5° 11' ao'. M. Boussingault estime la latitude de Mérida, 8" 16' o". 'Le peuple attribue ces bois au Bowdichia virgilioïdes ou Alcornoco [f'oyez mes Noie Gcn. et Spec., Tom. III, p. 377), et au Chaparo bovo (Rhopala complicata). On croit dans le Venezuela, comme en Egypte , que les bois pétrifiés se forment de nos jours. Je dois faire observer ici que je n'ai trouvé ces bois pétrifiés dicotylédons qu'à la surface du sol, et non enchâssés dans le grès des Llanos. M. Caillaud a observé la même chose en allant à l'Oasis de Siiva. Les troncs d'arbres de 90 pieds de long , enchâssés dans le grès rouge du Kifbauser (en Saie) , sont , d'après les recherches récentes de M. de liuch , partagés en nreuds et bien certainement monocotylédoos. 5 Sur le gisement des roches dans les deux hémisphères , p. sôo. Relation historique, Tom III. 33 258 NOTES. de dépôts d'alluvion. Le calcaire jurassique , le sel gemme (plaines du Meta et de la Patagonie) et le grès houiller se montrent dans les llanos de l'Amérique méridionale; le quadersandstcin ' (désert entre l'Ar- kansas et le Canadian-River; Rivière Platte), un terrain sali fcre, des couches de houille '^ (décilivité des Alleghanis , rives de l'Ohio) , et le calcaire de transition à trilobites * (Missoury au-dessus de Council Bluff) , remplissent les vastes plaines de la Louisiane et du Canada. En examinant les roches que l'infatigaljle Caillaiid a recueillies dans le désert lybien et dans l'Oasis de Siwa, on y reconnoît des grès semblables à ceux de Thèbes; des fragmens de bois pétrillé dicotylédon (de 3o à 4o pieds de long), avec rudimens de branches et couches médullaires concentriques, provenant peut-être d'un grès tertiaire à lignites*; de la craie avec spa- tanges et ananchytes, du calcaire (jurassique) à nummulites en partie agatisées; un autre calcaire à petits grains ^ employé à la construction du temple de Jupiter Ammon (Orara-Beydaii) ; du sel gemme avec soufre et bitume*". Ces exemples prouvent assez que les plaines {llanos), les steppes et les déserts n'offrent pas cette uniformité de roches tertiaires que l'on y suppose trop généralement. Les beaux morceaux de jaspe rubané , ou cailloux (T Egypte , que M. Bonpland a ramassés dans les savanes de Barcelone (près Curataqulche), appar- tiennent-elles au grès des llanos de Calabozo, ou à un terrain superposé à ce grès? La première de ces suppositions rapprocheroit , d'après l'analogie des observations faites en Egyptepar M. deRozière, le grès de Calabozo de la «o^e/^ttAe tertiaire. (T. III, p. 25.) VII. FORMATION DU CALCAIRE COMPACTE DE CUMAKACOA. Un calcaire gris-bleuâtre compacte, presque dépourvu de pétrifications, souvent traversé par de petits filons de chaux carbonatée , forme des montagnes à escarpemens très-abruptes. Ses couches ont la même direction et la même inclinaison (Punta Delgada, à l'est de Cumana) que le micaschiste d'Araya. Là où le flanc des montagnes calcaires de la Nouvelle-Andalousie est très-escarpé , on voit , comme ù l'Achsenberg , près d'Altorf,en Suisse, des couches singulièrement arquées ou contournées. Les teintes du calcaire deCumanacoa varient du gris-noirâtre au blanc-bleuâtre (Bordones; noyau du Cerro del Impossible j CocoUar; Turi- miquiri; Montana de Santa Maria), et passent quelquefois du compacte au grenu (Tom. 1, p. 333. 358, Soi, SgS, 4oo, 44i). Il renferme, corame. stihstances accidentellement disséminées dans la masse, de la mine de fer brune , du fer spathique (T. II, p. SgS), et même du cristal de roche ' ; comme couches subor- données, 1° de nombreux strates de marnes carburées et schisteuses , avec pyrites (Cerro del Cuchivano, près Cumanacoa); 2° du grès quarzeux, alternant avec des strates très-minces d'argile schisteuse (Quetepe, au sud ' Long, Exptd., Tom. II , p. 293. La physionomie cie3 roches taillées en murs et en pyramides, ou divisées en hlocs rbom- boïdaux , semblent sans doute caractériser la quadersandsteio ; mais le grés de la déclirité orientale des Montagnes Rocheuses, dans lequel le savant voyageur, M. James, a trouvé des sources salées {Itcks) , des couches de gypse et 0011 pas de la houille (L. c, Tom. II, p. 397, 4o4)i paroit appartenir plirtût au grès bigarré [bunle sattdstein). > L. c, Tom. I , p. i5. Cette houille recouvre, comme en Belgique , immédiatement le graunaclc, ou grès de transition. ' L. e„ Tom. I , p. 147. Le calcaire intermédiaire est reccavert, dans les plaines du Haut Missoury, d'un antre calcaire secondaire à turritclics , que l'on croit jurassique, tandis qu'un calcaire à gryphées , riche en minerais de plomb, et que j'aurois cru plus ancien encore que le calcaire oolithique et analogue au //as, est, selen M. James [L. c, Tom. II, p. 4i>)> placé au-dessus de la Tormatinn de grés la plus récente. Cette superposition a-t-elle pu être bien constatée? '' Formation de mollasse. * M. de Buch demande avec raison si ce calcaire statuaire, qni ressemble au marbre de Paros et au calcaire devenu grenu par le contact avec les granités syénitiques de Frcdazzo, est une modification du calcaire à nummulites de Siwa ? Les montagnes primitives , desquelles on croiroit tiré ce marbre à petits grains , si on se laissoit tromper par son apparence grenue , sont bien éloignées de l'Oasis de Sina. • Caillaud et Drovelli, f^oyageâ Syouah,p.S, 9, 16. ' Le zccbstein de Gross-Oeiner, en Thuringe , enchâsse aussi du cristal de roche. Freiesleben, Tom. III, p. 17. NOTES. aSg de Cumana; Cerro del Impossible; plateau duCocollar; Cerrode Saca Manteca, près Catuaro, vraisembla- blement aussi le bassin du Guarda de San Agustin, et le Purgatorio). Ce grès renferme les sources. Généralement il ne fait que couvrir le calcaire deCumanacoa; mais quelquefois il m'y a paru enclavé (T. 1", p. 358, 364, 4oo, 444) ; 3° du gypse avec du soufre, près de Guire, dans leGolfq Triste, sur la côte de Paria (T. II, p. igS). Comme je n'ai pas esaminé sur les lieux le gisement de ce gypse blanc-jaunâtre et à petits grains, je ne puis prononcer avec certitude sur son âge relatif. Les seules pétrifications de coquilles que j'aie trouvées dans cette formation calcaire sont un amas de tur- binites et de trochites , sur le flanc du Turimiquiri , à plus de 68o toises de hauteur , et un ammonite de 7 pouces de diamètre dans la Montana de Santa Maria, au nord-nord-ouest de Caripe. Je n'ai vu reposer nulle part le calcaire de Cumanacoa, dont je traite spécialement dans cet article, sur le grès des llams ■ si cette super- position a lieu, on doit la trouver en descendant du plateau du Cocollar vers la Mesa de Amana. Sur la côte méridionale du golfe de Cariaco, la formation calcaire (Punta Delgada) couvre probablemenl, et sans qu'il y ait interposition d'une autre roche, le micaschiste qui passe au thonschiefer carburé. Dans la partie boréale du golfe, j'ai vu distinctement cette formation schisteuse à une profondeur de 2 à 3 brasses dans la mer. Les sources chaudes sous-marines (T. I, p. 453) m'ont paru jaillir du micaschiste , de même que le pétrole deManl- quarez (T. I , p. Z'tj). S'il reste des doutes sur la roche à laquelle le calcaire de Cumanacoa est immédiatement superposé, il n'y eu a point sur les roches qui le recouvrent, telles que 1" le calcaire tertiaire de Cumana , près Punla Delgada, et au Cerro de Meapire (T. I, p. 444); 2° le grès de Quetepe et du Turimiquiri qui, formant aussi des couches dans le calcaire de Cumanacoa, appartient probablement à ce dernier terrain ; 3° le calcaire de Caripe , que nous avons souvent identifié , dans les cours de cet ouvrage , avec le calcaire j urassique , et dont nous allons parler dans l'article qui suit immédiatement. VIII. FORMATION DU CALCAIRE COMP.4.CTE BF. CARIÏE. En descendant la Cuchilla de Guanaguana vers le couvent de Caripe, on voit succéder à \& formation cal- caire gris-hleuâtre de Cumanacoa une autre formation plus récente , blanche , à cassure unie ou imparfaite- ment conchoïde, cl divisée en couches très-minces (T. I, p. 407). J'appelle préalablement celle-ci \a forma- tion calcaire de Caripe, à cause de la caverne de ce nom qui est habitée par des milliers d'oiseaux nocturnes. Ce calcaire m'a paru identique 1° avec le calcaire du Morro de Barcelone et des îles Chimanas (T. I , p. 537; T. III, p. 4o) qui renferme de petites couches de kieselschiefer noir ( jaspe schisteux), dépourvu de filons de quarz, et se brisant en fragmens de forme parallélipipède; 2° avec le calcaire gris-blanchâtre, à cassure unie de Tisnao , qui semble recouvrir le grès des llaiios [T. II, p. 198). On retrouve U formation de Caripe dans l'île de Cuba (entre la Havane et Batabano, entre le port de la Trinidad et Rio Guaurabo) , comme aux îlots des Caymans. J'ai décrit jusqu'ici les formations de calcaire secondaire de la chaîne du littoral, sans leur donner des noms systématiques qui puissent les lier aux formations de l'Europe. Pendant mon séjour en Amérique, j'ai pris le calcaire de Cumanacoa pour du zcchstein ou calcaire alpin, celui de Caripe pour du calcaire jurassique. Les marnes carburées et légèrement bitumineuses de Cumanacoa, analogues aux couches de schistes bitumineux qui sont très-nombreuses ' dans les Alpes de la Bavière méridionale, m'ont paru carac- tériser la première de ces formations ; tandis que la Idancheur éclatante du terrain caverneux de Caripe et la forme de ces assises de roches qui s'alignent en murailles et en corniches, me rappeloient vivement le calcaire jurassique de Streitberg, en Franconle, ou d'Oltzow et de Krzessowice, dans la Haute-Silésie. 11 y a dans le Venezuela suppression des différens terrains qui séparent, dans l'ancien continent, le zecbsteln du cal- caire du Jura. Le grès du Cocollar, dont le calcaire de Cumanacoa est quelquefois recouvert, pourroit être ' Je ks ai trouvées aus»i dans les Andes péruviennes, près Montau,à 1600 toises de b.iuteur. 200 NOTES. considéré comme gris-bigarré ; mais il est plus probable qu'en alternant par couches avec le calcaire de Cuma- nacoa, il est quelquefois repoussé à la limite supérieure de la formalion à laquelle il appartient. Le zecbstein d'£iu-ope renferme aussi des giès trcs-quarzeux '. Les deux terrains calcaires de Cumanacoa et de Caripe se succèdent immédiatement, comme font le calcaire alpin et le calcaire jurassique à la pente occiden- tale du plateau mexicain, entre Sopilote , Mescala et Tehuilotepec. Ces formations passent peut-être l'une à l'autre, de sorte que la dernière ne seroit qu'une assise supérieure du zeclistcin. Ce recouvrement immédiat^, cette suppression de terrains interposés, cette simplicité de structure et cette absence de couches oolithiques , ont également été observées par d'habiles géognostes dans la Haute-Silésie et dans les Pyrénées '. D'un autre côté, la superposition immédiate du calcaire de Cumanacoa sur des micaschistes et des thonschiefer de transi- tion, la rareté des pétrifications qui n'ont point encore été suffisamment examinées, les couches de silex passant à la pierre lydienne , pourroient faire croire que les terrains de Cumanacoa et de Caripe sont d'une formation beaucoup plus ancienne que les roches secondaires. Il ne faut pas s'étonner que les doutes qui se présentent au géognoste lorsqu'il doit prononcer sur l'âge relatif du calcaire des hautes montagnes , soit dans les PjTé- nées, soit dans les Apennins (au sud du lac de Perugia), et dans les Alpes de la Suisse, s'étendent sur les terrains calcaires des hautes montagnes de la Nouvelle-Andalousie, et partout en Amérique où l'on ne recon- noît pas distinctement la présence du grés rouge. IX. GRÈS DU BEUGASTIN. Un grès quarzeux recouvre, entre Nueva Barcelona et las Cerro del Bergantin (T. III, p. 80), le calcaire (lurassique) de Cumanacoa. Est-ce une roche arénacée analogue au grés vert, ou appartient-elle au gi-ès du Cocollar? Dans ce dernier cas, sa présence sembleroit prouver, plus clairement encore, que les calcaires de Cu- manacoa et de Caripe ne sont que deux assises d'un mcnie système qui alterne avec du grès tantôt quarzeux , tanldt schisteux. X. GYPSE DES LLAKOS DE VENEZUIXA. Des dépôts de gypse lamelleux, renfermant de nombreuses couches de marnes, se trouvent par lambeaux dans les steppes de Caracas et de Barcelone : par exemple, dans le plateau de San Diego; entre Ortiz et la Mesa de Po/a,- près de la Mission de Cachipo. Ils m'ont paru recouvrir le calcaire (jurassique) de Tisnao, qui est analogueà celui de Caripe; ony trouve mêlés des rognons de gypse fibreux (T. II, p. i94;T. III,p. 25). Je n'ai donné le nom àe formations , ni au grés de l'Orénoque, ni au grés du Cocollar, ni au grés du Bergantin, ni au gypse des Llanos, parce que rien ne prouve jusqu'ici l'indépendance de ces terrains arénacés et gypseux. Je présume qu'on reconnoitra un jour que le gypse des llanos ne recouvre pas seulement le calcaire (juras- sique) des Llanos, mais que quelquefois aussi il y est enclavé comme le gypse du Golfo Triste l'est dans le calcaire (alpin) de Cumanacoa. Peut-être les grandes masses de soufre (T. I, p. 4o5; T. II, p. 26, igS) trouvées dans des couches entièrement argileuses des steppes (Guayuta; vallée de San Ronifacio; Bucn Pastor; confluent du Rio Pao avec l'Orénoque), appartiennent-elles aux marnes du gypse d'Ortiz? Ces couches argi- leuses méritent d'autant plus l'attention des voyageurs, que les belles observations de M. de Buch et de plusieurs autres géognostes célèl)res sur la cavernosité du gypse, sur l'irrégularité de l'inclinaison de ses strates, et sur son gisement parallèle aux deux pentes duHarz et de la chaîne (soulevée) des Alpes, de même que la présence simultanée du soufre, du fer oligiste*, et des vapeurs d'acide sulfureux qui ont précédé la forma- • Voyez mon Essai giogn., p. 257. ' L. c, p. aSi, 391. ' Cari von Oeyhaasen , p. aSS, ,i5o ; Charpentier, p. 444 , 446 » Gypse avec fer oligiste dans le grès bigarré au sud de Dax (département des Landes^. XOTES. 261 tion de l'acide sulfurique, semblent manifester l'action de forces qui résident à une grande profondeur dans l'intérieur du glohe '. XI. FORMATION d'argile MURIATIFÈRE ( AVEC BITPME ET GTPSE FEUILLETÉ) BE LA PENINSULE d'aBAYA. Ce terrain oflre une analogie frappante avec le salzthôn ou kherstein (argile muriatifère) que j'ai fait connoître comme accompagnant , sous toutes les zones , le sel gemme ^. Dans les salines d'Araya (Haraia) , il avoit fixé l'attention de Pierre Martyr d'Anghiera, dès le commencement du 16°° siècle (T. I , p. 456). Il est probable qu'il a facilité le déchirement des terres et la formation du golfe de Cariaco. C'est une argile gris de fumée, Imprégnée de pétrole, mêlée de gypse lamelleux et lenticulaire, et traversée quelquefois de petits filons de gypse fibreux. Elle enchâsse des masses anguleuses et moins friables d'argile brun-noirâtre, à cassure schisteuse, quelquefois conchoide (T. I, p. 334). Le muriate de soude s'y trouve disséminé en parties invisibles à l'œil nu. Les rapports de gisement ou de superposition de ce terrain avec les roches tertiaires ne m'ont point paru assez clairs pour que je pusse prononcer avec certitude sur cet élément le plus important de la géognosie positive. Dans les deux hémisphères , les couches coordonnées de sel gemme, d'argile muria- tifère et de gypse offrent les mêmes difficultés : partout ces masses, dont les formes sont très-irrégulières , offrent des traces de grands bouleversemens. Elles ne sont presque jamais recouvertes Ae fonnations indépen-- dantes ; et, après avoir cru long-temps, sur le continent de l'Europe, le sel gemme exclusivement propre au calcaire alpin et au calcaire de transition, on admet aujourd'hui plus généralement encore, soit d'après des raisonnemens fondés sur des analogies, soit d'après des suppositions sur le prolongement des couches, que le vrai gîte du sel gemme se trouve ^ dans le grès bigarré {hurtte sandstein). Quelquefois le sel gemme paroît osciller du grès bigarré vers le muschelkalk. J'ai fait deux excursions à la Péninsule d'Araya. Dans la première, j'inclinais à regarder l'argile muriatiiêre comme subordonnée à l'aglomérat (de formation évidemment tertiaire) du Barigon et de la montagne du château de Cumana , parce que , un peu au nord de ce château , j'avois trouvé des bancs d'argile endurcie * renfermant du gypse lamelleux et enclavé dans le terrain tertiaire (T. I, p. 358). Je croyois que l'argile muriatifère -çom^oiX. a^tcvnet Oiyec l'aglomérat calcaire du Barigon. Vtes des petites cabanes de pêcheurs qui sont situées vis-à-vis le Macanao, des rochers d'aglomérats mesembloient percer les strates d'argile. Dans une seconde excursion à Maniquarez et aux schistes aluminifères de Chaparuparu (T. III, p. 4/), la liaison entre le terrain tertiaire et l'argile avec bitume me parut assez problématique. J'examinai plus particulièrement le site des Pehas ?iegras.fT'es du Cerro de la Vêla, à l'ESE. du château ruiné d'Araya. Le calcaire de ces Perlas ^ est compacte, gris-bleuâtre , et presque dépourvu de pétrifications. Il me sembloit beaucoup plus ancien que l'aglomérat tertiaire du Barigon, et je le vis recouvrir, en gisement concordant, une argile schisteuse assez analogue à l'argile muriatifère. Je me plaisois à rapprocher cette dernière formation des couches de marne carburée que renferme le calcaire alpin de Cumanacoa. D'après les idées géognostiques les plus répandues aujourd'hui, on pourroit regarder la roche des Periaa negras comme représentant \e muschelkalk (calcaire * Leopotd von Duch , Resullate geogn. Forsch., 18 j4. p. 47i-4.'3- Friedrich Hormann , Beitr. zur geogn. Kenntniss von Norddeiilschland , 182a, Tom. I, p. 85 , g2. Bouc, Mém, sur les terrains second, du versant nord des Alpes , p. i4. Freiesleben, Kupfcrschiefer, 1809, Tom. II, p. I24- Breistah, Geol., Tom. I, p. iSS, ^ Humboldt, Essai gcogn., p. 241. Leonhard , Characteristik der Fctsarten , p. 362. ' Voy. Kleinschrod , dans Leonh. Taschcnb., 1821, Toîn. I, p. i48. Humboldt, Essai géogn. , p. 271. Hausmann, Jùngers Flôzgeb. , p. 177. Peut-être le sel gemme oscille-t-il du grès bigarré à la fois vers le calcaire alpin ( zechstein ) et vers le mnachelkalk. Un eicellent géognnste, M. d'Oeyhausen , le place dans les couches inférieures du muschelkalk {Karsien , ^rcliiv., 1824, St. 8, p. 11.) Foyez aussi MM. de Dechen, Ocyhausen et la Roche dans Herlha, B. I , p. 27. ' Non muriatifère et sans pétrole î ' f^oyez plus haut Rel. hisl., Tom. I, p. 334, en consultant l'errnta pour cette page , et p. 355, 335 et 536. 202 NOTES. de Gôttingue) , et l'argile salifére et bitumineuse d'Araya comme représentant le grès bigarré : mais ces pro- blèmes ne pourront être résolus que lorsqu'on aura entrepris de véritables travaux de mines dans ces contrées. Quelques géognostes, qui croient qu'en Italie le sel gemme pénètre jusque dans des terrains supérieurs au calcaire jurassique et même à la craie, seront tentés de prendre le calcaire des Pefias negras pour une de ces couches de calcaire compacte, dépourvues de grains de quarz et de pétrifications que l'on renconlrefréquemment au milieu de l'aglomérat tertiaire du Barigon et du Castillo de Cumana : l'argile salifèrc d'Araya leur paroîtra analogue, soit à l'argile plastique de Paris^ , soit aux bancs argileux (dief et tourtia) des grès secondaires à lignites, qui, en Belgique et en Westpbalie, renferment des sources salées'. Quelque difEcile qu'il soit de distinguer isolément les couches de marne et d'argile appartenant au grès bigarré, au muscheikalk , au qua- dersandstein , au calcaire jurassique, au grès secondaire à \iQn\tei{greenand iron sand), et au terrain tertiaire supérieur à la craie , je pense pourtant que le bitume qui accompagne partout le sel gemme , et le plus souvent même les sources salées, caractérbe les argiles muriatifères de la Péninsule d'Araya et de l'île de la Marguerite, comme liées à des formations placées sous le terrain tertiaire. Je ne dis pas qu'elles sont anté- riettres à ce terrain; car, depuis la publication des observations de M. Buch sur le Tyrol, il n'est plus permis de regarder ce qui est dessous, dans l'espace, comme nécessairement antérieur, relativement à l'é- poque de sa formation. Le bitume et le pétrole sortent encore aujourd'hui, comme nous l'avons fait voir plus haut (T. 1 , p. 34; ; T. m , p. 4y), du micaschiste : ces substances sont rejetées chaque fois que le sol (entre Cumana, Cariaco et le Gol/o Triste) est ébranlé par des forces souterraines. Or, c'est à ce même terrain primitif qu'est adossée , dans la Péninsule d'Araya et dans l'île de la Marguerite, l'argile salifére imprégnée de bitume, à peu près comme en Calabre le sel gemme se montre par lambeaujL dans des bassins , enclavés par des terrains de granité et de gneis ^. Ces circonstances servent-elles à étayer le système ingénieux * d'après lequel toutes les forma- tions coordonnées de gypse , de soufre , de bitume et de sel gemme (constamment anhydre) sont dues à des épanchemens à travers des crevasses qui ont traversé la croiite oxidée de notre planète et pénétré jusqu'au siège de l'action volcanique? Les énormes masses de muriate de soude (chlorure de sodium) vomies récemment par le Vésiue*, les petits filons de ce sel que j'ai vu souvent traverser les laves lithoïdes les plus récentes, et dont l'origine (par sublimation) paroît semblable à celle du fer oligiste déposé dansées mêmes fentes''; les bancs de sel gemme et d'argile salifére qu'offre le terrain trachytique dans Jes plaines du Pérou et autour du volcan des Andes de Quito ', sont bien dignes de fixer l'attention des géologues qui veulent discuter l'origine des formations. Dans le tableau que je trace ici, je me borne à la simple énumération des phénomènes de gisement, tout en indiquant quelques vues théoriques d'après lesquelles des observateurs, placés dans des circonstances plus avantageuses que je ne l'étois, pourront diriger leurs recherches. XII. AOLOMÉRAT CALCAIHE DU BARIGON, DU CHATEAU DE CUMANA, ET DES ENVIRONS DE PORTO-CABELLO. C'est une formation très-complexe : elle présente ce mélange et ce retour périodique de calcaire com- pacte, degrèsquarzcuxetd'agloraérats (brèches calcaires) qui caractérisent plus particulièrement, sous toutes les zones, le terrain tertiaire. Elle forme la montagne du château de Saint-Antoine, près de la ville de Cumana, 1 Gril tertiaire à lignites ou mollasse d'Argovie. î Notes manuscrites de MM. de Dechen et d'Oeybauten {f^oyei aussi Buff, dans NOggeralh, Rheinland-fFesIph., T. III, p. 53.). ' Mtlograni , Descr. geologica di Aspromonte, i8a5, p. 256, 276, a87. » Brcislak , Gcologia , Tom. I , p. 35o ; Boui, sur les Alpes , p. 17. !> Laugier et Gaillard, dans les y4nna/«i/u Mi/f., 5' année, n° 12, p. 435. Les masses rejetées ea i8aa étoient si considérables, que les habitans de quelques villages autour du Vésuve les recueillirent et en firent des provisions pour leur usage domestique. ' Gay-Lussac , sur l'action des volcans , dans les Ann. de chimie , Tom. XXil , p. 4 '8. ' Kejez mon Estai giogn., p. aSi. NOTES. 263 de même que l'extrémité sud-ouest de la Péninsule d'Araya, le Cerro Meapire, au sud de Cariaco, et les environs de Porlo-Caliello (Tom. I, p. 333, 347 > ^^T, 444, 55;; Tom. II, p. io4; Tom. III, p. 48). Elle renferme i ° un calcaire compacte généralement gris-blanchâtre ou blanc-jaunâtre ( Cerro del Barigoii), dont quelques bancs très-minces sont entièrement dépourvus de pétrifications , tandis que d'autres sont pétris de cardites, d'ostracites , de pectens, et de débris de polypiers lithophytes; 2° une brèche dans laquelle une innombrable quantité de coquilles pélagiques se trouve mêlée à des grains dequarz aglutinésparun ciment de carbonate de chaux; S'un grés calcai)e a grains dequarz arrondis et très-fins (PuntaArenas, àl'ouestdu village de Maniquarez) , enchâssant des rognons de mine de fer brune ; 4" des bancs de marne et d'argile schisteuse dépourvue de paillettes de mica, mais enchâssant de la séléaite et du gypse lamelleux. Ces bancs d'argile m'ont paru constamment former les couches inférieures. A ce même terrain tertiaire appartiennent aussi le tuf calcaire (formation d'eau douce) des vallées d'Aragua (Tom. II, p. 54, 93), près delà Victoria, et la roche fragmentaire du Cabo Blanco, à l'ouest du port de la Guayra. Je n'ose désigner cette dernière par le nom de nagelfluhe, parce que ce mot indique des fragmens arrondis, tandis que les fragmens du Cabo Blanco sont généralement anguleux, et se composent de gneis, de quarz hyalin et de schiste chloriteux réunis par un ciment calcaire. Ce ciment renferme du sable magnétique ', des madréporites, et des débris de coquilles bivalves pélagiques. Les diiFérens lambeaux du terrain tertiaire que j'ai trouvés dans la Cordillère du littoral de Venezuela , sur les deux versans du chaînon septentrional , semlilent superposés, près de Cumana (entre Bordones et Punta Delgada) , dans le Cerro de Meapire et au calcaire (alpin) de Cu- manacoa ; entre Pprlo-Cabello et le Rio Guayguaza , de même que dans les vallées d'Aragua , au granité ; sur la déclivité occidentale de la colline qui forme le Cabo Blanco, au gneis; dans la Péninsule d'Araya, à l'argile salifère. Ce dernier mode de gisement n'est peut-être qu'une simple apposition. *. Si l'on veut ranger les dif- férens membres de la série tertiaire d'après l'âge de leur formation , on doit regarder, je pense , comme le plus ancien, la brèche du Capo Blanco avec fragmens de roches primitives, et faire succéder à cette brèche le calcaire arénacé du château de Cumana, dépourvu de silex corné, mais d'ailleurs assez ana- logue au calcaire (grossier) de Paris , et le terrain d'eau douce de la Victoria. Le gypse argileux , mêlé de brèches calcaires à madrépores, cardites et huîtres, que j'ai trouvé entre Carthagène des Indes et le Cerro de la Popa , et les calcaires également récens de la Grande Terre de la Guadeloupe et de la Barboude ^ (calcaires pétris de coquilles pélagiques qui ressemblent à celles qui vivent actuellement dans la Mer des Antilles), prou- vent que le terrain tertiaire (terrain de sédiment supérieur) s'étend bien loin vers l'ouest et vers le nord. Ces formations récentes, si riches en débris de corps organisés, offrent aux voyageurs, familiarisés avec les caractères zoologiques des roches, un vaste champ à défricher. Exammer ces débris dans les couches superposées comme par étages les unes aux autres, c'est étudier les Faunes de différens âges, et les comparer entre elles. La Géographie des animaux trace les limites dans l'espace selon la diversité des climats qui déterminent l'état actuel de la végétation sur notre planète. La Géologie des corps organisés, au contraire, est un fragment de Vhistoire de la nature, en prenant le mot histoire dans son acception propre : elle décrit les habitans de la terre selon la succession des temps. On peut reconnoître dans les Musées les genres et les espèces ■ mab les Faunes des différens âges, la prédominance de certaines coquilles, les rapports numériques qui caractérisent le règne animal et la végétation d'un /zew ou d'une epojKC, doivent être étudiés è la vue même des formations. 11 m'a paru *, depuis long-temps, que, sous les tropiques, comme dans la zone tempérée, les coquilles univalves sont plus nombreuses (en espèces) que les bivalves. Par cette supériorité en nombre, le ' Le sable magnétique est dû sans cloute au schiste chloriteux qui forme, dans ces parages, le fond de la mer. Vol. I, p. 556; Vol. III, p. 254. * An-nicht Auflagerung , selon le langage précis de* géognosles de ma patrie. ' Moreau de Jonnés, Hist. phys. des Anlilles franc. , Tom. I, p. 554. Brongniart , Desmpt géol. des environs de Paris, 1S22 , p. 20:. * £«01 gcogn, , p. 42. 264 NOTES. monde organique fossile offre, sous toutes les latitudes, une analogie de plus avec les coquilles inter- tropicales qui vivent aujourd'hui dans le sein des mers. En effet, M. Defrance, dans un ouvrage ' rempli d'idées neuves et ingénieuses , ne reconnoît pas seulement cette même prédominance des univalves dans le nombre des genres; mais il rappelle aussi que, sur 55oo espèces fossiles de coquilles univalves, bivalves et cloisonnées, que renferment ses riches collections, il y en a 3o66 d'univalves, 2H)8 de bivalves, et 326 de cloisonnées; de sorte que les univalves fossiles sont aux bivalves = 3:2. Xrn. FORMATION d'aMYGDAIXJÏDE PYROXÉNIQUI et de PHONOLITHE, ENTRE OBTJZ ET CERRO DE FLORES. Je place à la fin des formations du Venezuela le terrain d'amygdaloïde pjTOxénique et de phonolithe [porphyrschiefer) , non comme les seules roches que je regarde comme pyrogènes, mais comme celles dont l'origine entièrement volcanique est probablement postérieure au terrain tertiaire. Ce résultat n'est pas dû aux observations que j'ai faites à la pente méridionale de la Cordillère du littoral entre les Morros de San Juan , Parapara et les llanos de Calabozo. Dans cette région, des circonstances locales conduiroient plutôt à regarder les amygdaloïdes d'Ortiz comme liées au système de roches de transition (serpentine amphibolique, dlorite, et schistes carbures de Malpasso) que j'ai décrites plus haut * : mais l'éruption des trachyles à travers des roches postérieures à la craie dans les Euganées , et en d'autres parties de l'Europe, jointe au phénomène de l'absence totale de fragmens de porphyre pyroxénique, de trachytc, de basalte et de phonolithe ' dans les conglo- mérats ou roches fragmentaires antérieures aux terrains tertiaires les plus récens, rend probable que l'ap- parition des roches trapéennes à la surface du sol , est l'elTet d'une des dernières révolutions de notre planète , même là où l'éruption a eu lieu par des crevasses (filons) qui traversent le granite-gneis ou des roches de transition non recouvertes par des formations secondaires et tertiaires. Le petit terrain volcanique l'Ortiz (lat. 9"'28'-9°36') forme l'ancien rivage du vaste bassin des llanos de Venezuela; il n'est composé , dans les points où j'ai pu l'examiner, que de -deux espèces de roches, savoir : d'amygdaloïde et de plionolllhe (Tom. H, p. 1 42-i 46). L'amygdaloide bleu-grisùtre et huileuse renferme des cristaux fendillés de pyroxène et de mésotype. EUe forme des boules à couches concentriques, dont le noyau aplati a presque la dureté du basalte. On n'y distingue ni olivine ni amphibole. Avant de paroitre comme un terrain indépendant et de s'élever en petites collines coniques , l'amygdaloide semble alterner par couches avec la même diorite que nous avons vue plus haut mêlée au schiste carburé et à la serpentine amphibolique. Ces liaisons intimes de roches si diverses en apparence , et si propres h embarrasser le géognoste, donnent un grand inlérêtaux environs d'Ortiz. Si les masses de diorilc et d'amygdaloïde qui nous paroissent des couches , sont des filons Irès-puissans, on peut les croire formées et soulevées simultanément. Nous connoissons aujourd'hui deux formations d'amygdaloïdes , l'une, la plus commune j est subordonnée au terrain basaltique; l'autre, beau- coup plus rare*, app.irlient au porphyre pyroxénique^L'amygdaloided'Ortiz approche, par ses caractèresorycto- gTiostiques , de la première de ces formations ; et l'on est presque surpris de la trouver adossée, non au basalte , mais à la phonolithe ^, roche éminemment feldspathique, dans laquelle on rencontre bien quelques cristaux ' Tableau des corps organlsit fossUes , 1824» P- 5i, ij5. 2 Tom. III, p. 555. ^ Les fragmens de ct:s roclies ne paroissent que dans les lufs ou aglomérats qui appartiennent essentiellement au terrain basaltique, ou qui environnent les volcans les plus récens. Chaque formation volcanique s'enveloppe de ses brèches , qui sont les effets de l'éruption même {LeopoUI von Buch, Resultale gcogn. Forsch., p. 3ii.). ' On trouve des exemples de cette dernière en ^orïïège (VardckuUen , près Skecn) , dans les montagnes du ThOringernald , dans le Tyrol méridional, ."i llcfeld au Harz , à Bulanos au Mexique, etc. * Porfhyres noirs de M. de Burh. C II y a des phonolitbes du terrain basaltique (les plus anciennement connus) et des phonolithes du terrain trachytique (Andes du Mexique), ^oyes mon Essai géogn., p. 54;. Les premiers sont généralement supérieurs au basalte; et, dans cette réunion , le développement extraordinaire du feldspath et le manque du pyroxène m'ont toujours paru de» phénomènes très-remarquables. NOTES 265 d'amphibole , très-rarement du pyroxèiie, et jamais de l'olivine. Le Cerro de Flores est une colline couverte de blocs tabulaires de phonolllhe gris-verdàtre , enchâssant des cristaux alongés (non fendillés) de feld- spathvitreux, entièrement analogue à la phonolithe du Mittelgebirgc. Elle est entourée d'amygdaloïde py- roxénique; dans la profondeur on la verroit sans doute sortir immédiatement du granite-gneis , comme la phonolithe du Bilincr-Stein , en Bohème , qui renferme des fragmens de gneis empâtés dans la masse. Existe-t-il dans l'Amérique méridionale un autre groupe de roches désignées de préférence sous le nom de roches volcaniques , et qui fussent aussi éloignées de la chaîne des Andes, aussi avancées vers l'est que le groupe qui borde les steppes de Calabozo ? J'en doute, du moins pour la partie du continent située au nord de l'Amazone. J'ai souvent fixé l'attention des géognostes sur l'absence du porphyre pyroxénique, du trachyte, du basalte et des laves (je range ces formations selon leur âge relatif) , dans toute l'Amérique , à l'est des Cordillères. L'exis- tence du trachyte n'a pas même encore été constatée dans la Sierra Nevada de Merida, qui lie les Andes à la chaîne du littoral de Venezuela. On diroit qu'après la formation des roches primitives , le feu volcanique n'a pu se faire jour dans l'Amérique orientale. (Vol. III, p. 246. ) Peut-être la moindre richesse et la moindre fréquence de filons argentifères observée dans ces mêmes contrées tient-elle à l'absence de phénomènes volcaniques plus récens *. M. d'Eschwege a vu au Brésil quelques couches (filons ?) de diorite , mais ni trachyte , ni basalte , ni dolérite, ni amygdaloide : il a été d'autant plus frappé de voir, dans les environs de Rio Janeiro, une masse iso- lée de phonolithe, entièrement semblable à celle de Bohème, percer le terrain de gneis ^. J'incline à croire que l'Amérique, à l'est des Andes, auroit des volcans actifs si, près du littoral de Venezuela , de la Guyane et du Brésil, la série des roches primitives étoit interrompue par des trachytes. Ce sont les trachytcs qui, par leur fendillement et leurs crevasses ouvertes, semblent établir cette communication permanente entre la surface du sol et l'intérieur du globe , qui est la condition indispensable de l'existence d'un volcan. Si , de la côte de Paria, par les granites-gneis de la Silla de Caracas, par le grès rouge de Barquisimeto et du Tocuyo, par les montagnes schisteuses delà Sierra Nevada de Merida, et la Cordillère orientale de Cundinaraarca, on se dirige sur Popayan et sur Pasto, en prenant le rumb de l'ouest et du sud-ouest , on rencontre dansle voisinage de ces deux villes les premières bouches volcaniques encore enflammées des Andes, celles qui sont les plus septentrio nales de toute l'Amérique du Sud : ajoutons qu'on trouve ces cratères là oîi les Cordillères commencent à offrir des trachytes dans une distance de i8 ou 25 lieues des côtes actuelles de l'Océan pacifique ^. Des communica- tions permanentes, ou du moins renaissantes à des époques très-rapprochées, entre l'atmosphère et l'intérieur du globe, ne se sont conservée; que le long de cette immense crevasse sur laquelle ont été soulevées les Cordil- lères; mais les forces volcaniques souterraines n'en montrent pas moins d'activité dans l'Amérique orientale, en ébranlant le sol dans la Cordillère du littoral de Venezuela et dans le groupe de la Parime *. En décrivant les phénomènes qui ont accompagné le grand tremblement de terre de Caracas '', du 26 mars 1812, j'ai fait * Verrez mon Essai géogn., p. ti8, lao. ^ yotes manuscrites du baron d'Eschwege. 3 Je crois que les premières hypothèses sur les rapports entre ractivité des volcans et la proximité de la mer sont énoncées dans un ouvrage très-éloquent et peu connu du cardinal Oembo : /Etna diatogus ( Voyez Opéra omnia Pctr, Bcmbiy Tom. III ^ p. 60); ^t â^m l^Scenti ALiarii Crucii Vesuvius ardens, i63a, p. 164 et 305. ' A'oyez l'ouvrage classique de M. de HolT, sur les sphères d'oscillations et les limites des tremblemens de terre , portant le titre : Geschichtc der nat. Ferânderungen der Erdoberflûche, 1824 , Tom. II , p. 5i6. ' J'ai exposé dans un autre endroit l'inQuence que cette grande catastrophe a exercée sur la contre-révolulion que le parti royaliste parvint à faire éclater à cette ('•poque dans le Venezuela. Rien n'est plus curieux que la négociation qui fut entamée, dès le 5 avril, par le gouvernement républicain , siégeant à Valeacia dans les vallées d'Aragua, avec l'archevêque Prat ^Don Narciso Coll y Prat) , pour l'engager à publier une lettre pastorale capable de tranquilliser le peuple sur la colère de la divinité. On ïouloit bien permettre à l'archevêque de dire « que cette colère étuit méritée à cause du dérèglement des mœurs; mais il devoil diclarer posilivemeut . que la politique et les opinions systématiques sur le nouvel ordre social n'y entroient pour tien {declarar que la Juslicia divina a los mas ha querido cnsiigar a les vicios morales , sin que el terrcmolo lenga concxion alguna con lus sislemas y reformas polilicas de f-'enezuela). L'archevêque Piat perdit la liberté après cette étrange correspondance. ( Voyez les docurocns ofljciels publiés dans Pedro de Urquinaona, Relacion dccumenlada dcl origen y progrcsos del Irailonw de las proviiuias de yenezuela ^ 1820 , Tom. I, p. ja-83.} Relation historique , Tom. III. M 206 NOTES. mention des détonnatlons que l'on entendit, à difiërentes époques, dans les montagnes entièrement granitiquei de l'Orénoqne. Des forces élastiques qui agitent le sol , des volcans encore actifs , des sources chaudes et sulfu- reuses renfermant quelquefois de l'acide Uuorique, la présence de l'asphalte et du naphte dans des terrains pri- mitifs, tout nous conduit vers cet intérieur de notre planète dont la haute température se fait sentir jusque dans nos mines les moins profondes, et qui, depuis Heraclite d'Ephèse et Anaxagore de Clazomènes jusqu'au Plutonisnie des temps modernes, a été regardé comme le siège des grandes agitations du globe. Le tableau que je viens de tracer offre presque toutes les/ormations que l'on connoît dans la partie de l'Europe qui a servi de type à la géognosie positive. C'est le fruit d'un travail de seize mois, souvent inter- rompu par d'autres occupations. Les formations de porphyre quarzifère, de porphyre pyrosénique et de trachyte, celles de grauivacke, de muschelkalk et de quadersandstein , fréquentes vers l'ouest, n'ont point encore été reconnues dans le Venezuela : mais aussi , dans le système des roches secondaires de l'Ancien Conti- nent, le muschelkalk et le quadersandstein ne se sont pas toujours nettement développés : souvent, par la fréquence de leurs marnes, on les trouve confondus avec les assises inférieures du calcaire jurassique. Le muschelkalk est presque ' un lias à encrinites , et les quadersanstein (car il y en a sans doute plusieurs, et de supérieurs au lias ou calcaire à grypWtes) me semblent représenter les couches arénaoées des assises inférieures du calcaire juiassique. J'ai cru devoir donner un grand développement à la description géognostiquede l'Amérique du Sud , non seulement à cause de l'intérêt de nouveauté qu'inspire l'étude des formations dans les régions équi- no^iales, mais surtout à cause des efforts honorables tentés récemment en Europe pour vivifier et pour étendre l'exploitation des mines dans les Cordillères de Colombia, du Mexique, du Chili et de Buenos-Ayres. De grands capitaux oui été réunis pour atteindre un but si utile. Plus la confiance publique a agrandi et consolidé ces entreprises dont les deux Continens pourront tirer des avantages réels, plus il est du devoir de ceux qui possèdent une connoissance locale de ces contrées de publier des matériaux propres à faire apprécier la richesse relative des gîtes de minerais dans les diverses parties de l'Amérique espagnole. Il s'en faut de beau- coup que le succès des associations pour l'exploitation des mines et celui des travaux ordonnés par les gouvernemens libres , dépende uniquement du perfectionnement des machines employées pour l'épui- sement des eaux et pour l'extraction des minerais, de la distribution régulière et économique des ouvrages souterrains , des améliorations dans la préparation, l'amalgamation et la fonte : ce succès dépend aussi de la connoissance approfondie des diSërens terrains superposés. La pratique de l'art du mineur est intimement liée aux progrès de la géognosie ; et l'on peut prouver que plusieurs millions de piastres ont été follement dépensés dans l'Amérique équinoxiale , à cause de cette ignorance profonde de la nature Aes formations et du gisement des roches, avec laquelle on dirigeoit les travaux de recherches. Aujourd'hui, ce ne sont pas les mé- taux précieux, seuls qui doivent fixer l'attention des nouvelles associations des mines : la multiplication des machines à vapeur /endra indispensable, partout où le bois n'est pas abondant ou d'un transport facile, de s'occuper en même temps de la découverte de la /touille ou des lignites. Sous ce point de vue . la connoissance précise du grès rouge ou grès houiller , du quadersandstein et de la mollasse (formation tertiaire à lignites) souvent recouverte de basalte et de dolérite, a une grande importance pratique. Il sera difQclle au mineur européen, récemment débarqué, de s'orienter dans des pays d'un aspect nouveau, et où les mêmes formations couvrent d'immenses étendues. J'ose me flatter que le travail que je publie dans ce moment, de même que V Essai politique sur la JKouvetle-Espagne ^ et mon ouvrage sur le gisement des roches dans les deux hémis- phères, contribueront à diminuer ces obstacles. Ils renferment pour ainsi dire la première reconnoissance géognostique des lieux dont les richesses souterraines attirent l'attention des peuples commerçans et servi- ront à classer les notions plus précises que des recherches ultérieures ajouteront à mes travaux. La république de Colombia offre, dans ses limites actuelles, un vaste champ à l'esprit entreprenant du mineur. L'or, le platine, l'argent, le mercure, le cuivre, le sel gemme , le soufre et l'alun peuvent devenir des objets d'exploitations importantes. La production de l'or seul étoit déjà montée, avant l'époque des dis- * yiryez les réflexions judicieuses de M. Bouc, dans son Mémoire sur les Alpet, p. li. NOTES. 267 sensions civiles *, année moyenne, à 4700 kilogrammes (2o,5oo marcs de Castille). C'est presque la moitié de la quantité que fournit toute l'Amérique espagnole, quantité qui influe d'autant plus puissamment sur les proportions variables entre la valeur de l'or et de l'argent, que l'extraction du premier de ces métaux a di- minué au Brésil, depuis quarante ans, avec une rapidité surprenante. Le quint (droit que le gouvernement lève sur l'or de lavage) qui étoit dans la Capitania de Minas Geraes, en i/SG, 1761 et 1767, de 118, 102 et 85 arrobes d'or (ài4î kilogrammes), est tombé, d'après des notes manuscrites qui m'ont été obligeamment fournies par le baron d'Eschwege , directeur général des Mines du Brésil, en 1800, i8i3 et 1818, à 3o, 20 et 9 arrobes, chaque arrobe d^or ayant, à Rio Janeiro, une valeur de i5,ooo cruzades. D'après ces évalua- tions, la production annuelle de l'or du Brésil a été, en faisant abstraction de l'exportation frauduleuse, au milieu du i8°' siècle, dans les années de la plus grande richesse des lavages, de 6600 kilogrammes, et, de nos jours, de 1817 à 1820 , de moins de 600 kilogrammes. Dans la province de Saint-Paul, l'extraction de l'or a entièrement cessé; dans celle de Goyaz elle étoit, en 1793, de 8o3 kilogrammes ; en 1819, à peine de 75 kil. Dans la province de Mato Grosso elle est presque nulle, de sorte que M. d'Eschvrege pense que tout le produit de l'or du Brésil ne s'élève pas aujourd'hui au-delà de 600,000 cruzades (à peine 44o kilogrammes). J'insiste sur ces résultats précis , parce qu'en confondant les diverses époques de la richesse et de la pauvreté des lavages du Brésil , on affirme encore, dans tous les ouvrages qui traitent du commerce des métaux pré- cieux , que l'Amérique portugaise fait refluer en Europe annuellement une quantité d'or équivalente à 4 mil- lions de piastres, c'est-à-dire 58oo kilogrammes d'or *. Si, comme valeur commerciale, l'or en grains et en poudre l'emporte , dans la république de Colorabia , sur la valeur des autres métaux , ceux-ci n'en sont pas pour cela moins dignes de fixer l'attention du gouvernement et des particuliers. Les mines argentifères de Sainte-Anne, delà Manta, du Santo Cristo de las Laxas , dePamplona, du Sapo et de la Vega de Supia , font naître de grandes espérances. La rapidité des communications entre les côtes de Colombia et celles de l'Europe donnent même de l'intérêt aux mines de cuivre du Venezuela et de la Nouvelle-Grenade. Les métaux sont une marchandise achetée au prix du travail et d'avances en capitaux; ils font, dans les pays qui les produi- sent, partie de la richesse commerciale, et leur extraction vivifie l'industrie dans les terrains les plus arides et les plus montagneux. Comme les profils des mines sont souvent irréguliers par leur nature , et comme une interruption des travaux souterrains, tout en causant des pertes irréparables, entrave les plans d'une sage administration, le système d'association qui vient d'être appliqué en Angleterre aux richesses métalliques du Nouveau-Monde , aura les suites les plus heureuses , si ces associations ont une longue durée , si elles don- nent leur confiance à des hommes qui réunissent à la connoissance pratique de l'art du mineur celles de la 1 yoyez mon Essai politique ^ Tom. II, p. 633. 2 L'erreur est décuple (Eschwege , Journal von Brasilien , Tom. I , p. ai8) ; et il est probable que , déjà , depuis 45 ans , ip. produit de l'or brésilien , payant le quint, ne s'est plus éleré à 55oo kilogrammes. J'ai partagé jadis cette erreur afec tous les écrivains d'économie politique , en admettant, d'après un mémoire d'ailleurs très-instructif de M. Correa de Serra, que le quint étoit encore , en i8io (au lieu de 26 arrobes ou 3-9 kil.), de 5 1,200 onces portugaises , ou i433 kil. ; ce qui supposoit un produit de 7165 kil. {Foyez mon Essai polit., Tom. II , p. 633. Malte-Brun, Géogr., Tom. V, p. 6-5. Lowe , présent States ofEnglund, 1822, p. 267). Les renseignemens très-ciacts , donnés d'après deui manuscrits portugais sur les lavages d'or de Minas Geraes, Minas Novas, et Gojaz, dans ie Butlion hcport for the Housc ofCommons, 1810, ace. p. 29, ne vont que jusqu'à l'année 1794 , dans laquelle le quinto do ouro du Brésil étoit de 53 arrobes ; ce qui indique un produit {payant le quint) de plus de 0900 kil. Dans l'important ouvrage de M. Tooke (on high and low Priées, P. II, p. a) , ce produit est encore cyalué, année moyenne (1810-1821), d'après M. Jacob , à 1,736,000 piastres; tandis que , d'après les documens officiels que je possède, la moyenne du quint de ces 10 ans n'est montée qu'à i5 arrobes, ou à un produit quinte de logS kilogrammes ou 755,000 piastres. M. John Allen avoit déjà rappelé au Committee ofthe Bullion Report , dans ses notes critiques sur le Tableau de M. Brongniart , que le décroissement du produit des lavages d'or au Brésil avoit été très-iapide depuis 1794 (Report, -p. 44); et 'es notions données (lar M. Auguste de Saint-Hilaiie indiquent ce mênle abandon des mines d'or du Brésil. Les anciens mineurs deviennent rultivatcurs (//«f. des plantes les plus remarquables du Brésil et du Paraguay, 1824, introd. , p. ix et xxiiij). La valeur d'une arrobe d'or est de i5,ooo cruzades du Brésil (chaque cruzade à 5o sol.»). D'après M. Franzini , l'onça portugaise est égale à 0,028 kil. , et 8 onçag font 1 marc ; 2 marcs font t arratel , et 3a arratels font i arroba 268 >OTES. mécanique et de la chimie moderne , si elles ne dédaignent pas les lumières qui se trouvent répandues , en Amérique même, parmi les hommes qui ont suivi les travaux d'exploitation et d'amalgamation-, enfin, si elles savent se prémunir contre les illusions qui naissent toujours de l'espoir exagéré du gain. Dans la cïrle de Colomhia que je publie dans ce moment (mars, 1826), les limites se trouvent indiquées telles qu'elles étoient lorsque le congrès a fixé, conformément aux articles 85 etg? de la constitution, la division en départemens et en provinces, en évaluant en même temps les populations respectives dont dépend le nombre des représentans. Ces évaluations oiEcielles sont pour les huit départemens de l'Orénoque (1 75,000); de Venezuela (i3o,ooo); de Zulia (162,000); de Boyaca (444,ooo) ; de Cundinamarca (371,000); deCauca (191,000); de Magdalena (23g,3oo); et de Guayaquil (90,000) , à peu près telles que je les ai données plus haut (Vol. m, p. fis), d'après la Gazeta de Colombia , du 10 février 1822 : mais elles difierent un peu pour les départemens de Quito (5 16,071) et de l'Ystmo (90,825). Le premier comprenolt en 1822 sept provinces; savoir : Quito, Quixos et Macas (ensemble 354,748) ; Jaen (9,000) ; Maynas (36,ooo) ; Cuenca (89,343) ; Losa (26,980). Le département de l'Ystmo est divisé en deux provinces, savoir: Panama (58,625), et Veragua (32,2oo) : total de ColomJjia, 2,7 1 1,296. Cette évaluation officielle, qui n'est fondde sur aucun dénombrement direct, coïncide à h près avec celle à laquelle je me suis arrêté. D'après un décret très -récent du congrès de Bogota (du 23 juin i824), le territoire de la république de Colombia se compose de 12 départe- mens, comprenant ensemble 38 provinces, savoir : 1. Orinoco (chef-lieu, Cumana), divisé en 4 pro- vinces : Cumana, Barcelone, Marguerite, et Guyana. 2. Venezuela (chef-lieu, Caracas), divisé en 2 provinces : Caracas et Carabobo. 3. Apure (chef-lieu, Varinas), divisé en 2 provinces : Varinas et Apure. 4. Zulia (chef-lieu, Maracaïbo), divisé en 4 provinces : Maracaibo, Coro, Merida, et Truxillo. 5. Boyaca (chef-lieu, Tunja), divisé en 4 provinces :Tunja, Pamplona, Socorro, Casanare. 6. Cundinamarca (chef-lieu , Bogota, c'esl-à-dire la ville de Santa Fe de Bogota, l'ancienne résidence du vice-roi du Nouveau Royaume de Grenade, et non le village de Bogota, appelé aujourd'hui Funsà); ce département est divisé en 4 pro- vinces : Bogota, Antioquia, Mariquita, el Neiva. 7. Magdalena (chef-lieu, Cartagena), divisé en S provinces: Cartagena, S. Marta, et Rio Hacha. 8. Cavca (chef-lieu, Popayan), divisé en 4 provinces : Popayan, Choco, Pasto, et Buenaventura. g. Ystmo (chef-lieu. Panama) , divisé en 2 provinces : Panama et Veragua. lo. L'E- quateur, departemento del Ecuador, (chef-lieu, Quito), divisé en 3 provinces : Pichincha, Imbubura, etChim- borazo. \i. Assuay (chef-lieu, Cuenca), divisé en 4 provinces : Cuenca, Loxa, Jaèn, etMaynas. 12. Guaya- quil {c\ie(-V\t\i, Guayaquil), divisé en 2 provinces : Guayaquil et Manabi. Avant la révolution des colonies, toute la côte des Mosquitos, depuis le cap Gracias àDios jusqu'au Rio Chagre, y compris l'île San Andrès, avoit été séparée, par la' cédule royale du 3o novembre i8o3, de la Capitania gênerai de Guatimala , et ajoutée à la Nouvelle-Grenade. On trouve, pour la grandeur moyenne d'un département de Colombia, 7700 lieues carrées marines; pour la grandeur moyenne d'une province, 24oo lieues carrées : un des douze nouveaux départemens de Colombia excède par conséquent 33 fois ; une des 38 provinces de Colombia excède 12 fois l'étendue moyenne d'un département de la France. (Tom. III , p. 91.) La population moyenne d'un département de Colombia , dont la surface égale deux fois celle du Portugal , est de 232,ooo âmes, c'est-à-dire là moitié plus petite que la population moyenne d'un département de la France. Le Venezuela, c'est-à-dire l'ancienne Capitania gênerai de Caracas, a presque la moitié de la surface de la Présidence actuelle du Ben- gal , mais sa population relative est 36 fois plus petite. Rien n'est plus frappant que cette di£Fépence entre l'antique civilisation de l'Inde, et ces contrées de l'Amérique du Sud où le genre humain paroît comme une colonie récemment établie. Dans les tableaux de population que présente la belle carte de l'Indostan , publiée parM.Carry,en i824, sous les auspicesducolonelValentinBlacker, chef des ingénieurs géographes à Calcutta , on donne aux possessions angloises et aux alliés de la Grande-Bretagne 1 23,ooo,ooo ; savoir : territoire britan- nique dans l'Inde, 83 mill. ; alliés et tributaires, 4o mill. Les états que plus haut (Tom. III, p. i64) j'avois considérés avec M. Hamilton, comme iudépendans , sont devenus alliés de la compagnie. NOTES. 269 RÉSUMÉ DIS HAUTEURS DES LIEVX LES l'LUS REMARQUABLES DU VENEZUELA AU-DESSUS DU NIVBAU DE I,A MER. NOMS DES LIEUX. Chemin de la Gdayea a Gabacas : Maiqueti, à l'entrée de la rue qui cooduit à Caracas.. Curucuti El Sallo , ancien fortin La Venta La Cumbre , le plus haut du chemin Caracas, au milieu de la ruu de Carabobo Pic oriental de la Silla de Caracas Chemin de Cahaoas a Mbbida ; Colline de Buenavista Village de San Pedro Maracay dans les vallées d'Aragua La Victoria Nueva Valencia Villa de Cura San Carlos Calabozo (le petit plateau, mesa dans lesLIanos).. ., Barquisimeto , Tocuyo Truxillo Merida Paramo de Mucuchies, adossé à la Sierra Nevada de Merida Montagnes de la Nouvelle- Andalousib ; Cumana Cerro del Impossible Cumanacoa Plateau du Cocollar Sommet du Turimiquiri Cuchilla de Guanaguana Couvent de Garipe plateau du Guarda de San Augustin Catuaro SiBaaA Pabimb et bords de l'Orénoque et du Rio Negro : Sol des forêts autour de Javita et de l'Esmeralda Pic Duida Fortin de San Carlos del Rio Negro HAUTEURS en TOISBS. i5 530 479 621 7 4 477 35o 835 584 î3 j-o a54 266 85 94 76 522 420 8a6 NOMS DES OBSBBVATEDBS BT VABIANTBS. Tout le nivellement du chemin est indiqué dans ce tableau d'aptes MM. Boussingault et Rivero. (Proai(Pl. IV;,465t.) (Humboldt , 606 t.) Ht., 765 t. Ht., à la grande place, 446.t- Humboldt, leSjanv. 1800; Boussingault et Rivero, (le 12 janv. i825), i5di toises. Humboldt. Ht. (Boussingault et Rivero, Sgo t.) B. et R. Ht. (B. et R. , a84 t.). Ht. (B. etR., a47 t.). Humb. B. et R. Ht. B. etR. B. etR. B. et R. B. etR. B. et R. 3 Humboldt. »97 Ht. 104 Ht. 408 Ht. io5o Ht. , un peu douteux (mesure trigon.) 548 Ht. 4ii Ht. 533 Ht. 190 Ht. 180 Ht. i5oo Ht. (mesure trigODométriquc; . 127 Ht. , un peu douteux. 270 NOTES. Le nivellement barométrique dont j'ai donné les résultats dans mon Recueil d'Observations astronomiques (Vol. I, p. 290-298), a été rectifié et étendu récemment par deux voyageurs très-instruits dans toutes les branches des sciences physiques, MM. Boussingault et Rivero. Partout où mes anciens résultats difFéroient des leurs , j'ai donné la préférence à ces derniers. M. Boussingault a transmis à l'Institut de France tout le détail de ses mesures. Il ne faut point oublier que , dans mon profil du chemin de la Guajxa à Caracas (PI. iv), publié en 1817, les hauteurs de Torrequemada , Curucuti, et Puente del Salto, se fondoient sur de simples évaluations approximatives et non sur de véritables mesures. [Rel. hist. , Tom. I, p. 558). Au Salto, à la Venta et à la Cumbre, les résultats de M. Boussingault et les miens sont peu difiié- rens : dans la mesure de la Silla, qui est la plus haute montagne de ces contrées, la concordance (accidentel- lement sans doute) est d'une toise; mais, dans la ville de Caracas, mes hauteurs semblent pécher en moins. J'ai cru la douane 491 t.; la caserne, 462 t. ; la Trinité, 454 t-; la grande place, 446 t. Selon MM. Boussin- gault et Rivero qui sont munis d'excellens baromètres de Fortin, le milieu de la rue de Carabobo est de 477 toises au-dessus du niveau de la mer. Nous n'avons pas mesuré aux mêmes endroits de la ville-, et les voyageurs modernes donnent aux bords du Rio Guayre 46o t. , tandis que j'avois trouvé (si toutefois mon journal ne renferme pas quelque incorrection de chiffres), près de la Noria, 4i4 t. {yot/ez plus haut, Tom. I, p. 579). Dans cette incertitude sur les résultats partieb, je me suis borné à indiquer dans le tableau précédent , pour la ville de Caracas, le niveau de la rue de Carabobo. Dans les vallées d'Aragua, la concordance entre mes observations et celles de MM. Rivero et Boussingault est très-satisfaisante, tant pour les latitudes que pour les hauteurs. OBSERVATIONS FAITES POUR CONSTATER LA MARCHE DES VARIATIONS HORAIRES DU BAROMÈTRE SOUS LES TRO- PIQUES, DEPUIS LE NIVEAU DE LA MER JUSQUE SUR IS. DOS DE LA CORDILLÈRE DES ANDES. Les résultats des observations que nous avons faites, M. Bonpland et moi» sur les petites marées atmos' phériques , pendant notre séjour à Cumana, à Caracas, dans les steppes de Calabozo et au milieu des forêts de l'Orénoque, ont été publiés en 1800 et 1801 par M. de Laiandc, auquel je les avois communiqués successivement. Je puis me flatter que ce travail a contribué beaucoup à fixer en Europe l'attention des physiciens sur un phénomène extrêmement cmieux , et dont la cause n'est point encore complètement re- connue. I.a régularité des variations horaires du baromètre , sous la zone torride , avoit été entrevue depuis le commencement du 18° siècle, et les questions que l'Académie des sciences adressoit à M. de la Pérouse ' tendoient à démêler la part que l'attraction de la lune pouvoit avoir à ces changemens périodiques. MM. de Lamanon et Mongès firent , en 1785, dans l'Océan Atlantique, par les lat. 1° 5' N. et 1° 34' S., pendant trois jours et trois nuits, d'heure en heure, une série d'observations très -précieuses dans une saison où la température ne changeoil pas, de la nuit au jour, de 1° '. Réaum. : mais il restoit à constater l'uniformité de celte marche du baromètre dans l'intérieur des Continens, pendant un temps inconstant, et à diverses hau- teurs au-dessus du niveau de la mer. La résolution de ces problèmes a été l'objet d'un travail que j'ai suivi avec le plus grand soin pendant quatre ans , au nord et au sud de l'équateur , dans les plaines et sur les pla- teaux des Cordillères élevés de 1800 à 2100 toises. Comme aucun autre physicien n'a eu jusqu'ici la facilité de se livrer à ce genre de recherches, d'après une écltelle de hauteur également considérable, je vais consigner peu à peu dans cet ouvrage un ext.ait de mes obseirations horaires. Pour rendre plus intéressantes celles du Venezuela, j'ai ajouté de? hauteurs barométriques de Lima dans l'hémisphère austral, de Sierra Leone, et du plateau méridional de l'Inde. Les tableaux suivaus offrent les variations horaires du littoral de Cumana et de La Guayra, du Pérou, des côtes d'Afrique, et de l'île Taïti; celles du !Mysore('ioo t.); de la vallée de Caracas (lat. 48ot.); d'ibagué, dans la Nouvelle-Grenade, au pied des Andes de Quindiu (703 t.) ; de Popayan(9ii t.), de Mexico (1 168 t.) , et de Quito (i 4y2 1.). Toutes ces observations sont inédites , à l'exception de ceUes du ca- pitaine Sabine que j'ai empruntées à l'intéressante Météorologie de M. Daniell. {Essais de j 823 , p. 254. ) (') f'oyogcde la Pcrouse autour du mande, T. I, p. 161 ; T. IV, p. j.ïj. NOTES. 2T I n- Vabiations horairis a Cumana, lat. Bon. io°27'52"; HAUT. 1 5 TOISES. {Observations de MM. de Humboldt et Bonpland.) Juillet i/gg. Juillet 1799. Août 1 799- Le 17 à 20'';^ 537.57 Th. 16° + îi' 337.62 Le 18 à oi' 337.54 sk 337.12 Th. 23° Sk 336.74 — S'j^.... 336.53 e"" 536.83 Th. ai» 7";;.... 357.24 g' 337v-5 + "'' 537.90 a' 337.21 Th. i8'':ï le'jj.... 537.62 4- 21'' 337.71 Th. 20° Le 19 à i' 357.69 î' 336. 81 Th. 22° i^l.... 336.62 _ 41 336.53 Si-JJ 336.76 Th. 21» j^ 11'' 337.79 la' 337.51 Th. i8° i9'>3 557.7 20'';^ 538.14 Th. 22° + 21';^.. .. 338.42 23'';^.... 337.93 Le 20 à 2I' 337.32 Th. 24» — 4'' 336.80 io>'l 337.74 Th. 19° + 11'' 357.90 iS' 337.51 Th. 18» 19''/^.--- 537.40 _^_ 21' 557.65 Le 21 à i"" 337.25 Th. 25" 31 557.04 — 4'' 556.85 9'X.... 337.25 + 11' 337.81 Th. 19» 12' 337. 64 Le 21 à 18'^ 337.24 Th. 20° _^ 21'':^.... 357.82 Le 22 à o'' 337.75 3'' 357.21 Th. 25» — 4'' 356.95 e'^...- 337.32 lO'X.... 337.64 -f- ni" 357.71 Th. 18» iS' 357.52 20'' 337.43 j^ 21'' 357.62 Le 25 à i' 357.54 S' 357.21 Th. 25» — 41' 337.03 S' 357.14 7^1.... 537.52 10' 337.53 ^ n' 557.61 Th. 18° iii-jj. ... 337.45 Août 1799. Le 16 à 18' 556.62 Th. 18° 1 21' 337.30 2i'J( 357.10 Th. 22» 22'' 537.02 23'' 336.80 Le 17 à o' 536.73 i"" 356.20 21";^.... 336.10 Th. 3' 356.02 _ 4'' 555.90 6'' 536.12 Th. 8' 356. 4o 9'X.... 336.63 \o^l.... 336.70 + 11"- 356.82 iS»" 336.51 Th. 18» 25° 19» Le 17 à i&'^l 556.25 io^l.... 556.81 Th. 19° ^_ 21I' 336.85 li^'l.... 336.70 Le 18 à o';^.... 356.51 2'' 336.27 _ 4'' 535.92 Th. 21° S» 556.54 4- II"" 556.75 12' 556.71 Th. 18» à iS"" 336.75 ao' 336.94 ^_ 21'' 337.12 Th. 21° 22' 337,07 25' 337.07 Le 19 i o' 557.00 2'' 536.65 Th. 23» S" 336.45 3']^ 336.50 _ 4' 356.24 5'' 556.32 è'-l-... 336.57 10'' 556. 80 ^ 11'' 336.95 Th. 19» 12''.,... 356.84 Du 18 au 24 juillet, régulièrement à a*", UD orage qui va du sud-est au sud le long des montagnes. Le 18 août, on a senti onze secousses de tremble- ment de terre à Garupano. L'hygro- mètre de Deluc , le matin , 60° à 58°; après midi, 48° à 5o°. 272 NOTES. Vamations horaires a Cumana, haut. i5 toisxs. (Continuation.) Août 1799. Le ai à i8'X.... 536.68 Th. i8« + ai'.... 337.1a a»* 337.05 Le aa à 1' 536. 80 a» 356.60 Th. a3« 3' 356.40 — /S' 336.40 7'')^.... 336.5a lo'X.... 336.68 -h iik 336.7S la"- 356.65 iS' 356. 5o — le^X-... 556.40 TU. 17° 17"' 536.53 -I- ai' 337.10 aa' 337.05 a3' 336.90 Le a3 à 0' 356.85 Th. ai* i' 336.70 3'X 356.00 4' 536.00 5' 556.13 7'J[ 356.50 9'.... 536.65 lo'X- ... 356.80 + 11' 536.Ô5 Th. 19° la' 356. 5o _ i5' 556.50 i6'X. ... 336.55 19' 356.53 ao':. . .. 336.70 -f ai'X 536.80 Th. ai» aa'X 357.00 aâ'K..., 336.90 Le a4 4 1' 336.70 a' 556. 5o a'X.... 556.5a Th. a3» 5' 356.40 7"%.... 536.70 Août 1799. Le ai à 9' 556.95 Th. a5< + 11' 537.05 a3' 357.00 Le a5 à a' 336.90 — 4' 556. 80 Th. a3° 5' 536.80 7» 336.80 + 10' 337.00 la' 356.90 Th. 18' i5' 536.84 ao' 557.41 + ai' 357.50 aa' 537.40 a5' 537. a3 Le a6 à o' 337. o5 Th. a3° o'Jj.... 556.70 1' 336.75 3' 336.45 — 4' 536. 4o 5' 356.40 Th. aa» 7' 536.50 lo'^.... 357.10 -I- 11' 337. a5 Th. iS" i3' 5S7.08 20')j.... 557.10 + ai' 537.18 Th. 19» a5']i.... 337.18 Le 37 à o'J(.... 557.05 1' 556.8a »' 556. 80 Th. a5« — 4' 336.51 5'')(-... 356.55 6'X. ... 336.59 8')(. ... 336.75 -f 11' 336.83 la' 356.80 Th. i7«,5 16' 556.75 16'-^.... 356.70 ■ 7' 536. 90 Août 1 799. Le a; à 19';^.... 337.18 ai' 837. ao + a3' 356.95 Le a8 à o'^.... S56.70 Th. a5<',5 1' 336.6a a'X 336. ag 3'3J 336.18 Th. a5°,7 _ 4' 336.15 4'X. . . 536.25 7' 556. 60 Th. 18° + 11' 556.50 la' 356. 4o + ai' 557. a7 a3'X.... 336.76 Le ag à o' 336. 5o Th. a4»,5 a' 356. a5 _ 4' 335.75 4'X.... 335.78 6'X 336.05 Th. 19°,7 lo'JÏ 356.5a + 11' 336.57 la' 556.40 Th. i8«,a 16' 555.7a 19';^ 536. 17 Th. ai» 20' 536. aS 1 ai' 556.75 ai')<.... 536.70 aa' 536. 60 Le 5o à a' 556. 60 Th. a4° a'J(.... 556.75 — 4' 535.7a 5'Ji.... 535.74 8';^ 356. a5 -H 11' 536.50 Th. 19» Le a4 et le 5o aoftt, de furieux orages électriques paroissent avoir inter- rompu pour quelques instaos le mou- vement du baromètre. La marche de l'instrument a été rétrograde le a4 et le3o, à la m£uic heure, * a' ^ après midi. NOTES. 273 Variations noRAiREs a Cumana, haut. 10 toises. {Continuation.) Novembre 1799- Novembre 1 799. Le 3 à io'iK. . . . 336. 80 Le 5 à k'-l-. .. 336.52 + 2,^.... 336.83 -f 11'' 336.86 Le 4 à i"" 336.04 Il y a en, le4 novembre, à 4'' 12' i3>' 556.32 - n- ■ ■ 10''.... 355.92 536. ao 336.42 du soir, une forte secousse de trem- blement de terre. ( Voyez plus haut , Tom. 1 , p. i38.) Thermomètre dans toutes les observations deCumaaa, à division de Réaumur. 4- 16";^.... 336.28 20'' 337.30 21'' 337.64 la"". ... 356.26 2.";^.... 337.76 iSk 535.02 Le 6 à 0'' 556.47 _ iS'. ... 355.90 3"' 536.24 20'' 536.94 41' 336.28 + "' 557.02 SI" 336.52 22'' 337.00 &'%... 556.63 Le 5 a i' 336.72 4- 11' 356.90 3' 336. 25 l'h^ 356.52 - 4' 336. 20 + e' 355.95 18I' 536.70 ai"- 537.54 VW%WVh«t/WVW%M/VV Variations horaires a La Guayba, lat. bob. 10° 36' 19"; haut. 5 toises. {Observations de M3I. Boussingault et Rivera ) novembre • >OVEMERl. Jours. Heures. MjUimèt. Tberm. cent. Hygrom. De 8'' du matin à Jours. Heures. MiUiœèt. Thprm. cent. Hygrom. 25 8 765.65 25,0 88 25 5 761.75 27.5 9' 9 765.80 25.5 86 minuit. Ces obser- 6 763.75 27.4 95 + 10 764.0 25.8 87 vations ont été fai- tes avec un excel- 7 762. 20 27.0 9* 11 764.0 27.0 90 lent baromètre de 8 763. 0 27.0 9' midi. 765.55 28.1 90 Fortin. Thermom. 4- 9 765.55 26.5 qo I 762.75 28.5 89 centésimal. Uygr. de Saussure. 10 763.55 26.5 S7 2 762.35 28.8 S8 1 1 763.15 26.0 S6 3 761.95 28.8 9« minuit. 763.05 25.5 85 — 4 761.70 28 0 9" Relation historiijuc j Tom. II J. 35 274 NOTES. Vamatioks horaires a La Gu.iYRA, LAT. BOR. lo'SS'ig"; HAUT. 5 TùisEs. {ConiiimatioH ) NO^'X.lIBRi: 1822. NOVEMIinE 1822. Jours Ueur. Millimèt. Th. cent. Hygr £IAI DU CIEL. Jours. Heur. Millimùtr Th. cent. Hygr. ixAi DU Ciel. 24 5 762.06 24.8 83 beau temps. S 761.20 26.8 93 nuageux. - 6 762.80 24.5 84 (matin). 4- 1 1 762.05 •26.3 9« nuageux. 7 765.0 24.6 84 minuit 761.15 26.6 9' 8 765. 70 î5.3 84 '7 7 762.35 26.5 90 (matin). 9 764. 20 = «•7 83 S 765.0 26.6 9' + 10 764.35 a6.8 81 9 765.25 27.3 89 beau. 11 764.0 »8., + 10 763.45 28.6 89 2 762.35 28.4 (soir). u 763. i5 .8.7 89 — 4 762.0 27-6 100 pluie. 2 760.25 a9.2 86 (soir). 25 7 763.70 25.0 96 beau temps. — 4 761.0 28.1 92 orage. S ;65 gS 26. 2 95 (matin), 8 761.15 27.0 90 nuageux. 9 764.25 26.5 96 -f- 11 762.60 26.2 89 -+ lo 764.30 »7-7 &6 28 2 761.45 26.5 88 (matin). 11 763. 25 27.6 100 beau temps. 3 761.10 26.5 9° midi. 76J.05 26,9 100 6 762.0 27-0 99 2 761.70 27.0 100 (soir). -f 9 764.70 28.3 89 3 761.50 27.0 10 763.50 29.0 88 4 5 761.50 761.70 27,0 36.5 98 11 763. 10 761.15 29.0 28. 0 9' 100 couveit. (soir). ■¥■ 1 1 762.65 25.3 94 2 762.0 '7-7 100 orage. 26 7 762.35 24.5 94 beau tcmp^. — 4 761.65 26.7 98 9 765. 3o a6.o 9= (malin). 10 763.05 25.5 87 + 10 763.45 >74 94 -f II 763.20 26.0 9' II midi. 1 765. 10 762.45 761 ,65 28.4 j8.5 28.3 93 93 ga (soir). "9 4 7 8 762.0 763.75 764.0 a5,o 26.0 ■;.6. 5 94 100 100 (matin), brise sut mtr. 2 761.65 28.1 93 temps couvert. + 9 764.25 26.8 100 beau temps. 3 760,65 28.0 9"' temps couvert. — 4 761.65 27.4 100 (soir). ' — 4 760.60 V-7 93 couvert. 10 764.80 2;.i 100 6 760.60 27.5 94 très^ouvert. + 10 l 763.65 27.8 100 7 761.0 26.9 94 (soir). minuit 763.70 26.9 9=" NOTES. Variations hoeaibes a La Gcayra, haut. 5 toises. {Continuation.) .75 Jours. Heures. Millimètres. Th. cent. Citl. Jours. Heures. Millimètres. Th. cent. Ciel. 5o nov. 8 764.0 36 0 90 (matin). G déc. 10 762.65 37.0 (matin). — 10 yôti. 30 37.5 90 -1- 1 1 762.0 27.8 bleu. + 1 1 765.95 38.7 93 beau. midi. 761.70 28,0 _ 4 761 .So =;-9 92 (soir). 1 761.35 28.5 (soir). 4- 11 763.00 36.0 95 3 760.80 28.5 1 déc. 6 763. 30 24.5 89 4 760.70 27.7 9 765. 5o 27.0 86 — i% 760. 65 27.5 bleu. 4- 10 763. 90 =-•9 90 étoile. n 761. 0 36.5 1 1 763.15 38.2 95 10 762.50 26.3 _ 4 761.35 37. S 86 7 8 763.35 35.5 (matin). -i- 11 763.0 36,0 S7 9l 763. 95 27.0 J'ai con faites à La commanda matin, ;64 37» cent. A 767.05 , le 1 1 igné plus haut (Vol. I, p. 548) quelques o juayra. M. le colonel Lanzy avoit trouvé, à nt, le 5 mars iSaî, avec un barom. de Fort 4o; 4 4'' du soir, 761- 5o; le therm. marq u bord de la mer, M.Lanz obscrvoit (iû fcv therm. étant 26°. 3serv. hor. l'hôtel du in, àio'' du uoit 24" et .) à midi , + 10 11 midi. A 764.30 763.65 763.60 761.50 27.3 27,3 36. 2 beau. soir. Variations horaires a Lima, lat. austr. la'i'S*"; haut. 85 toises. {Olserv. de M. de Humholdt.) .NOVEIUIKE 1002. Jours. Heurcs. Baromètre. Therm. Fabr. ■9 i5 029.90 65.3 — 16 33o.4o 21 330.69 + "ï 33o. 54 65 2 20 0 33o. i3 1 53o.oo a 529. 92 68.5 3 33g. 80 "^l 329,78 — 4 329.73 5 33o.oo 7 33o. i3 66 8 350.54 65 9» 33o. 54 10 53o. 76 64,5 -f 1 1 350.69 ";^ 350.27 65.5 Le 20, par un temps couvert et brumeux ; le 21 , par un ciel serein. NOVEMBRE l8o2. Jours. Heures. Baromètre. Therm. Fahr. •iO 18 33o. 26 + M 330.54 70.5 2Vi 329.89 ?o.5 21 1 329. 59 79 ^% 329.33 -5 3 539.05 74 4 528.93 7» 7% 538.86 64.5 S 33o.oo 65 0 53o.o6 9% 33o.i3 10 55o. i3 65.6 + "J 55o. i3 12 33o. i3 65 S76 NOTES. Vaklations horaires a Lima, uaut. Variations horaires au PORT DU Callao, lat. | 85 TOISES. {Continuation.) AusTR. 12° 3 19"; HAUT. tiiiboldt.) 6 TOISES. ( Observations de M. de H NOVEMBItE 1802. NOVEMBRE 1002. Jours. Heures. Baromèfre. Therm. Falir. Heures. Heures. Baromètre. Therm. cent. 21 nov. 20 ï 55o. 59 70 8 nov. 30 337.05 -f " l 55o.4o 74 + 31 337.28 1% 0 33o.i3 80 33 337.33 356.85 19.3 0% 339.86 79 3 536.68 30.4 1 339.46 79 5ï 556. 65 4 336.50 ■ % 329. 3a 78 % — 5 S 336.75 5 i 339.49 68 7 337. 10 .7.3 6% 339.75 66 7i 537. 30 7 %. 329. 78 65 SX 357.35 9 337.35 8 339.86 67.8 / * "" 10 557.30 16.3 9 33u. 37 65.5 11 556. 98 + 1 1 55o. 35 65.5 ■f i5 556.73 " X 33o, i5 65 ■4 356.60 i5 336.65 + 31 550.87 68.5 'SX 336. 62 16.0 »' % 330.85 7' 16 556.55 « ï 55o. 27 76.5 _ '6X 556.80 0 53o.oo '7 «7X 336. 87 536. 95 16.4 j3 nov. 1 329. 86 80.5 20 557.25 18.0 ^ï 539.59 79. % + 31 Ô37.55 18.5 ^%. 529.46 7G 33 >; 0 % 337.13 336.90 30.4 30. 1 — i% 529. 59 75 9 nov. oï 536.75 s % 529.75 71.2 îX 336.60 23.8 7 % 35o. 54 68 4 5 336.45 336. 5o 18.4 S 350.67 65 8 556.85 9Ï 55o.8j 64.5 9 336,95 16.5 + u 330.94 65 10 556.97 + 1 1 556. i5 1 53o. 54 65 '■ %. 556. qo .6.7 i3 356.84 Le temps a été brumeux au Callao de Lima jusqu'à S^ 557.55 du malin , le 9 novembre. Les observations barométriques 30 y ont été faites avec un eiccllent baromètre anglois de ÎU ), 337.65 17.3 Gabory, appartenant à M. de Quevcdo, capitaine de vais- + 21 337.57 seau, commandant la frégate espagnole /u Rufina. (On a 337.45 réduit les centièmes de pouces anglois en fractions de 23 lignes de l'ancien pied françois.) J'ai consigné préalable- 10 nov. 23 % 537.30 19.3 ment ici quelques observations péruviennes pour offrir, Q 337.25 sous un même point de vue, les variations horaires entre les tropiques, au nord et au sud de l'équateur. 0 'i 557.05 336. 90 ■ %. 356.93 31,5 'À 336.60 NOTES. Variations horaihes OBSERvfes sur les côtes d'Afrique et a Taiti. 177 A SiBSBi Leokb (lat 8« 3o' bor.) , PAB LE CAP. SaBIHB. A Taiti (lat. ■ 7°»9' austr.) PAB M IWAH S1MOROFF. Le ao mars, à ai'. . Bar. 39.875. Th. 8i°,a F. Le 5 août à U'.. Bar. 3o.o6 Th. 80°;^ F. + a.3{ a9.8;6 — i5 3o.o5 22 29.87a 17 So.oS 79° Le 21 mars 0 39.876 + ao 3o.i4 °% 29.87a ai 3o.i3 -8'X a 39.828 Th. 84° Le 6 août à 0 3o.07 n 29.810 — 4 3o.o5 80° - 4 39.808 Th. 8i« 9 3o.i4 78° «X 99.813 + 10 30.1.5 9 39.850 Th. 80° i5 3o. 12 + 10 39.87D — 16 3o. 11 79° "9 39 818 Th. 8o%7 30 3o.i8 77° aa 39.828 + ai 30.19 + »X 39,83o 0 30.17 79° aS 29.828 — 3 3o. 11 Le 23 mars 5 29 774 7 3o. 16 79° - 4 29.760 + 10 3o.i8 5 29.772 ■4 3o. 14 9 39,808 - i5 3o. i3 79° + 10 39.814 Th. 8a°,5 Variations horaires a Ciiittledroog , sur i-e plateau du Mysoïle (lat. bor. i4' 11')) a 4oo toises de hauteur observées par m. le capitaine IVATER. Jours. Heures. Baiomèt. Therm. Jours. Heures. Baromùt. Therm. Jours. Heures. Baromèt. Therm. 5 août. 0 37.51 75 F. 6 août. 1 =7-47 76 7 août. 1 27.50 74 a 27.48 74 2 27.45 76 5 27-45 76 3 27.48 73 — 3 27.4a 76 4 27-44 75 — 5 27 46 72 4 37.42 76 5 27-47 75 6 ^7-47 72 5 27.42 75 8 27.60 73 + 8 27.^1 7» 6 27.45 -3 ^ 1 1 27.51 7» 9 37.51 7J -t- 10 27.50 72 i3 27.5. 72 la 27.51 7» 12 i3 27.50 27.45 70 1 ^ i5 27.44 7' 70 + '7 '9 30 22 27-44 27-44 27.43 a7-48 71 72 7" 74 - i5 >7 18 20 V-43 37.43 27.43 27.46 70 7' 7' 7' Les hauteurs bar. en centièmes et millièmes de pouce anglois dans les observations d'Afrique, de Taiti et d'Asie. Les dernières ont été faites pendant un temps plavieui et dans la saison des moussons. 23 27-49 75 + 23 27. 5o 73 II !78 NOTES. Variations horaires a Caracas, lat. bor. io° 3o' 5o"; haut. 48o toises. [Observât, de M. de Humholdt. ) NO^'EJIBRE ET DECEMBRE 1799- ■Jours. 1 déc làtc. 3 déc. Heures. ■9:^ j3 o 1 4 5 u a3 0 4 5Ï 11 i3 ao 31 "% i3 o 4 7 ■ 4 Baromét. i03. 70 3o4.2i 3o4.o5 3u4.oo 3o3.83 3o3.6o ?o3. 5a 3o3.oo 3u3 . 2 5 3o3.84 3o5. 60 3o3.93 3u4* o3 3o5.8o 3o3. 7a 5o3. 00 3o3.02 3o3 . 70 3o3.9a 3o3.6o 3o3.83 3o4. 00 3o3.9a 3o3.8o 3o3.73 3u3.55 3o3.4o 3o3. 10 3o3.63 3o3.85 5o3.90 3o3. 8a 3o3.63 Therm. de R. I3» i5" .8-.7 I6^4 '4°,9 17%5 Jours. 3 + + + DECEMBRE 1799- Heures. îoji ai 32 "lé 23 4 5 11 ■9X 30 ^°% 31 '■^ a3 0 5 4 3 Baromét. 3o4. 35 3o4.4o 3o4.33 3o4.3o 3o5. 30 3o3. la 3o3.64 5o3. 93 3o3 80 3o4. 3 2 3o4.4o 3o4.35 3o4'ao 3o4. i5 3o3.8o 5o3.7a 3o3.oo 3o3, 30 3o3.75 3o4 ■ 00 3o4 . 1 0 3o4. 20 3o4.32 3o4* 33 3o4.03 3o3. 85 3o3.46 îo5.3o 3o3.33 3o3.4o 3o3.72. 3o3 . 60 3o4. 20 3o3. 9a 3o3, 70 Therm. de R. ■4°-9 i5°.o 18». o i3».o i5° Du 3o nov. au S dcc. , ciel assez serein ; mais 33 du 30 au a4 déc, pluie et vents impétueox. Jours. + + + 34 DECEMBRE l/gg. Heures. 3ï 4 7 1 1 iS ao 7l u 16 4 10 4 1 1 Baromét, 3u3. 10 5o3.oo 3o3.32 3o4.oi 3o4. o5 303.95 3o3.8o 3o4.25 304.40 3o4. i5 3o3.oo 3o3. 25 3o3.4o 3o4. 00 3o3.68 303.76 3o3. 6a 3o5, 80 333.65 3o3 . 60 302.75 3o3.3o 5o3. 45 3û3.70 3o3.5a 3o3. 54 3o3.io 3o4.oo 503.95 3o3.54 3o3. 10 3o3.55 3o3.20 3o3.-5 3o3.8o Therm. de R. 16°. o ii°.7 16°. 2 |S».5 i4«.3 17«.8 NOTES. '79 Variations hobaibes a Ibaoue, lat. bob. 4" 27' 45"; h.-iut. 70.'5 toises. [Obs. de M. de Humboldt.) Septembre 1801. Septehibbe 1801. Le 23 à oi" 292.6 Th. 18° R. 1*;^ 292.5 — 4k 292.3 Th. 19» 7^% 292.7 9''^ 293.0 + 11' 293. 1 12'' 293.1 Th. i7°,6 + 2.";«. 293.4 Le 24 à o^'l 293.3 2''X 292.7 Th. ig" — 4'' 7. 292.5 7' 292.8 9;^ 293.2 Th. 16° + u' 293.3 12 293. 2 Le 24 à 20I' 293.0 Th. 19», 3 + 21'' 293.7 Th. 20», 2 Le 25 à 0' 293.6 — 4I' 292.8 Th. 20°,o 7'' 293.1 Th. i8»,2 9" 293.4 -4- 11' 293.5 Th. 17», 7 iS"» 294.0 + 21''^ 294.6 Le 26 à 2i'J^ 293.7 Th. 2i",3 — n .... 293.5 Th. i8S2 lo' 294.3 •f n'- 294-5 12' 294.2 + 20l'!5 294.7 Th. 21" Le 27 à 1' 294. 1 — 4'' 294.0 La pelilo tiIIc d'Ibague est située dans une haute vallée au pied des Andes de Quindiù. Variations iioraiees a Popatan, lat. bor. 2° 26' 17"; haut. 911 toises. (^Observations faites , en mai 1801 , par Don José/ Caldas). Le 16 à 3'... .. 274.8 Th. 16- Le 17 à .9'-- .. 274.9 Th. i4«,5 Le 20 à 20' 275.3 Th. i4° - 4''... . - 274.7 + 21".. . 275.1 + 22''. . .. 275.4 7'... •- 274.9 Le 18 à u'.. • 274.9 Le 21 à o'. .. . 275. 1 9' •• . . 275.5 2'.. . 274.3 - 3".... 274.5 + 11'..- .. 275.6 5I'.. . 274.3 7>'.... 275.0 .9'... . . 275. 1 GK. .. 274-5 + 11' 275.3 21'... . . 275.3 Th. i5« "'. . • 2-4.9 18'.... 275.3 "*" îi'.... 275.Î 22'.. . .. 275.1 S"-.. . 275,0 Le 17 à 3\.. .. 274.4 -f 9^•• . 27S.3 Th. i4» 23' 275.0 — 4". .. .. 274.3 .9'-- . 275.3 I^e 22 à 2'. . .. 274.4 -h .. 274.4 21'.. . 275.4 — 3'.... 274.5 8'... .. 274.7 Lc 19 à 2'.. . 275.3 + 10'.... 275.! -+- 9^-- 10'... •- 274-9 .. 274.9 Th. i5' + 31'... 10'.. . 275.2 . 275.4 Le thermomètre de la division de Réaumur ; les hauteurs bar. comme a Cumana, Lima, Callao, Caracas et Ibague en diiiémes et centièmes de ligne du pied françois. aSo NOTES. Variations noHAiIlES observées a mexico et a quito par M. de Humboldt. A UBXICO, LAT. BOB. 19° 35' 45'; HAUT. I16S TOISES. ETt jrin iSo3. Le a6 à 8»' 359.70 Th. 63« F. -I- 11' 359.87 ij' 359.75 Th. 6i" — 16'' 259.40 iSi'X 359.75 Th. 58°, 5 ■+- ai'' 359.90 Th. 65° 2i>'% 259.85 Th. 66° Si"* 259. 68 32^1 359 60 Th. 68° aSh 259.55 Th. 68°,5 Le 37 à 0';^ 359.70 Th. 71° — 4'' 358.90 Th. 70° 7''X =5947 Th. 64° + 11' 353.78 la' 359.70 Th. 62° i3' 359.45 Th. 61° ~ lô' 259.21 Th. 59» _^_ 20';^ 259.60 Th. 63° 3iiX 259. 65 aïkj 359.55 Th. 67° 2' 358.58 Th. 73°,5 — 31^. .3 358.70 Th. 71° 41» 358.70 4";^ 358.75 Th. 70° , iik 259.36 Th. 67» la' 359.00 Th. 64° ViHlilIOSS HOBAIBES AU PIATEAU d'aKTISARA, LATITUDE AUSTB. o°32' Sa' ; haut. 21o4 TOISES. {Ohcrvalions de M. de Bambotdl.) Le 16 mars à 4' 20S.60 Th. 8° R. 8' . 208.78 Th. 7°, 3 iS' 308.20 Th. C° iS' 208.50 Th. 5°, 4 A QUITO, LAT. AUSTB. 0° l4' ; HAUT. l49a TOISB BR AVRIL 1802. Le 4 à 20' 244.00 Th. 57° F. 21'' a44.32 Th. 60° 23'' 244.25 Th. 63° Le 5 à 2' 244.15 Th. 65° S' 244-15 Th. 59» 7' 243.60 Th. 55° S';^ 243 75 Th. 54° lo''^ 243.80 Th. 5a° la' 243.61 Th. 5i°,5 io>% 244.2a Th. 58° 22' 244.70 Th. 67° Le 6 à o'-%_ 244.70 3''3( 344.70 Th. 61° 4'i 344.61 Th. 56» e"- 244 25 Th. 54 7'ï 344.>5 12' 344.10 Th. 47° 19' 343.70 Th. 45° ao'ji 244.45 Th. 63° 32' 344.65 Th. 66° 23kj(, 344.70 Th. 67° Le 7 à 2')( 344.70 4I' 244.65 Th. 66»,5 7' 344.65 Th. 58° ii'X 344.15 Th. 52° 12';^ 243.90 Th. 53° Les variations horaires de Quito et d'Aotisana ont été observées par un temps pluvieux. Elles sont, pour cette époque, moins sensibles et moins régulières qu'à Mexico et à Santa-Fe de Bogota. NOTE^. 281 Pour éviter, dans les tableaux qui précèdent, les répétitions fréquentes des mots matin et soir, les heures sont comptées (selon l'ancienne méthode des astronomes) du passage du soleil par le méridien , de sorte que 21'' correspondent à <)'■ du matin. Les hauteurs barométriques sont indiquées, soit en millimètres (dans les observations de MM. Rivero et Boussingault) , soit en lignes et centièmes de lignes du pied de roi (dans mes observations de Cumana, La Guayra, Callao , Lima, Caracas, lbague,Popayan, Mexico, Quito et Antisana), soit enfin en pouces et centièmes de pouces anglols (dans les observations de MM. Kater, Sabine et Simonoff). On a suspendu le thermomètre à c6té du baromètre, lorsqu'il n'a pos été enchâssé dans cet Instrument même. Les hauteurs barométriques ne sont pas encore corrigées par la température, c'est-à-dire qu'elles n'ont pas été réduites à zéro ou à un même degré au-dessus du point de congélation. Il en résulte que , comme le baromètre baisse de ai*" à 4'", tandis que la chaleur augmente, l'étendue de la variation diurne est en partie mas- quée dans les tableaux par cet accroissement de température : la même chose a lieu de 4*' à ii"", la marche du thermomètre étant encore opposée à celle du baromètre. Au contraire, les étendues apparentes de la variation dans les marées atmosphériques de il'' à ib"" et de 16'' à ai'' sont plus grandes que les variations réelles» parce que, à ces époques, le baromètre et le thermomètre montent et baissent ensemble. 11 en est des variations horaires du baromètre comme d'un grand nombre de phénomènes importans que l'histoire des découvertes physiques nous montre d'abord, soit comme vaguement aperçues; soit comme examinées avec soin , mais publiées par des observateurs isolés et de peu de célébrité. Ces phénomènes restent dans l'oubli , si les savans ou les académies qui exercent dans chaque siècle une grande influence sur la marche des sciences, n'ont pas voulu en faire l'objet de leurs recherches. Lorsque, dans la suite, par la réunion de plusieurs observateurs que d'autres travaux ont fait connoître, ou par une discussion plus complète des phéno- mènes, les doutes se trouvent dissipés, on se plaît à considérer comme anciennement reconnu ce qui n'est plus permis de négliger comme mal observé. Un savant laborieux, qui a rendu des services essentiels à la mé- téorologie, le père Cotte', attribuoit encore, en 1774, malgré le témoignage uniforme de tant de voyageurs qui aroient visité les tropiques, la régularité des variations horaires à l'imperfection des baromètres, c'est- à-dire à une petite quantité d'air contenue dans le vide de Torricelli, et susceptible de dilatation et de condensation par la chaleur croissante et décroissante du jour '. Comme les premières observations horaires n'avoient été faites que près des côtes, M. Playfair, dont les vastes connoissances et la supériorité de talent n'ont jamais été contestées, a cru pendant long-temps '^ que les marées atmosphériques observées sous la zone équinoxlale étolent dues à l'alternance des vents de terre et de mer. Aujourd'hui , la régularité pério- dique de ces marées peut êlre regardée comme un des phénomènes physiques les mieux et les plus universel- lement constatés; on l'a reconnu à la fois dans la vaste étendue de l'Océan et dans l'intérieur des terres, dans les plaines et à 2000 toises de hauteur, entre les tropiques et dans les zones tempérées des deux hémisphères. Avant d'offrir les résultats que l'on peut tirer des nombreuses observations consignées dans les tableaux qui précèdent , je vais rappeler succinctement, et dans un ordre chronologique, les diverses tentatives des physiciens pour constater la régularité des variations horaires du baromètre. En 1682, MM. Varin , des Hayes et de Glos ^ remarquèrent , dans un voyage fait par ordre du Roi, au Cap Verd et aux îles de l'Amérique, « qu'à Gorée, le baromètre est généralement plus béis quand le ther- momètre est le plus haut, et généralement plus haut la nuit que le jour de 3 à 4 lignes , et que cet instrument fait plu? de changement du matin jusqu'au soir que du soir au matin, m ' Cotte, Traité de Météorologie , 1774 , p. 544' L'auteur ne se rappela point que le» minima de pression correspondent à la fois aux heures les plus froides et les plus chaudes de la nuit et du jour. ' Edtmb., Trans., Tom V, PI. m, p. 6. Cette mCme cause a été indiquée plus tard par le capitaine Flinders, dont la longue et mystérieuse détention a été déplorée par tous les amis de la justice, de l'humanité et des science». {Tuckey, Marit. Geogr. , Tom. I , p. 5a5.) « Mém. de l'Acad., Tom. VU, p. 452. Relation historique, Tom. III. 56 282 NOTES. C'est à ce même aperçu vague et peu exact*, sur l'ascension du baromètre dans les heures les moins chaudes du jour, «jue se réduisent aussi les oliservalions du père de Beze ', cité à tort par quelques phy- siciens, comme ayant découvert, en 1690, à Pondicliéry et à Batavia, la régularité des variations horaires sous les tropiques. Le père de Beze se contente de rapporter. « qu'il est de l'avis d'un de ces amis qui croit que la hauteur du baromètre, si coubtante dans les régions équinoxiales , pourroit servir aux dilTéreiis peuples de la terre, d'une mesure commune très-sûre et toujours aisée à retrouver. » On pourroit être surpris que Richer, que l'académie avoit chargé, en 1671, d'examiner si la hauteur barométrique (moyenne) étoit la même à Cayenne et à Paris, n'ait point fixé son attention sur les variations horaires '. C'esten 1 722 que ce phénomène des variations horaires a été observé pour la première fois, et assez complète- ment, dans les marées du jour et de la nuit, par un physicien hollandois dont le nom n'est point parvenu jusqu a nous. 11 est dit , dans \e Jonrnal littéraire de la Haye : u Le mercure monte ^, dans cette partie de la Guyane hollandoise, tous les jours régulièrement depuis g"» du matin jusqu''à environ 11''^; après quoi d descend jusque vers les 2 ou 3 heures du soir, et ensuite il revient à sa première hauteur. 11 fait à peu près les mêmes variations aux mêmes heures de la nuit; la variation n'est que d'environ i ligne ou î de ligne, tout au plus une ligne entière. On désire que les philosophes d'Europe fassent leurs conjectures là-dessus. « Les observa- tions que j'ai faites, 77 ans plus tard , près de ces mêmes côtes de Surinam, sur les bords de l'Orénoque, ont confirmé, à l'exception de l'heure du maximum du matin, la précision du premier aperçu des périodes: elles prouvent aussi que le voyageur hollandois avoit veillé plusieurs nuiis pour déterminer le minimum, qui précède le lever du soleil de deux à trois heures. Quant aux <( conjectures des philosophes d'Europe » que le correspondant de Surinam désire connoitre, on ne peut pas jusqu'à ce jour en offrir de bien satisfaisantes. Depuis 17*0 jusqu'en i75o, le père Boudier * avoit observé le baromètre à Chandernagor, dans l'Inde. 11 remarque , dans le journal manuscrit conservé parmi les papiers de M. de l'Isle, « que la plus grande éléva- tion du mercure a lieu tous les jours vers les neuf ou dix heures du matin , et la moindre élévation vers trois ou quatre heures-du soir, et que , depuis le grand nombre d'années que le baromètre est en place à Chander- nagor il n'y a pas 8 ou 10 jours où cette marche uniforme du mercure n'ait pas été observée. Cependant Chandernagor se trouve situé presque à l'extrémité de la région équinoxiale , par les 22° 5i' de latitude nord. Les académiciens envoyés ù Quito , en 1 735 , n'avoient , en quittant l'Europe , aucune connoissance des observations faites à Surinam , sur la régularité des marées atmosphériques ; MM. Bouguer et de la Condamine attribuent la découverte de cette régularité à un de leurs collaborateurs, M. Godin. « Je fis aussi, dans cette année de J 74i , dit la Condamine ^ quelques observations de baromètre , d'abord avec M. Godin, et puis seul , 1 Le baromètre et le thermomètre montent i la fois depuis le lever du soleil à g' du matin. 2 £. c. , p. 839. » L. c, p. 5j3. » ;Wi, extrait d'une lettre de Surinam, dans la série de l'année 1733 , p. 334. tes observations qu'offre cette lettre prouvent que l'aulcur s'étoit occupé à déterminer les hauteurs moyennes du baromètre à la Haye et à Surinam. Il croit la première , d'après un relevé de six ans, de 336,i lignes; la seconde de 336,5 lignes (sans correction de température?). 11 fait aussi connoitre une régularité très-remarquable dans les heures où commencent les pluies dans la Guyane hollandoise. . Dans la saison humide, dit-il, les pluies commencent d'abord entre 9 et lo heures du matin, et continuent tous les jours jusques entre 3 et 4 heures après midi ; ensuite elles commencent vers les 1 1 heures ou midi ; puis vers 1 ou > heures, et enGn vers les 3 ou 4 heure» après midi; après quoi elles cessent tout-à-fait. Il pleut très-rarement la nuit; .'i la pointe du jour, l'air est serein dans tontes les saisons. » ' Voyei Colle , Traité de Méléorobgie , p. 343. B. Mémoires sur la Météorologie , Tom. II , p. 3o2. « Voyagea l'é^ualeur, p. 5o et 109. Bouguer, qui s'énonce avec la même brièveté sur 1 observation de Codin, ajoute que NOTES. 283 pour confirmer la remarque île M. Godin qui s'étoit aperçu le premier de plusieurs variations journalières et périodiques. Je trouvai que, vers les neuf heures du matin, le baromètre étoit à sa plus grande hauteur, et vers trois heures après midi à la moindre : la différence moyenne étoit (à Quito) de i f de ligne. » Dans la Relation du Voyage d V Amazone, M. de la Condamine revient encore sur le même sujet. «M. Godin, dit-il, a remarqué que les variations du baromètre ont (sous la zone équinoxiale) des alternatives très-régu- lières : il suffit, par conséquent, d'une seule expérience pour juger de la hauteur barométrique moyenne '. » En lySi , un physicien , dont la sagacité et le rare mérite n'ont pas été sufTisamment appréciés de ses con- temporains, M. Thiiiault de Chanvalon ^, réduisit le premier, en tableaux, les observations horaires qu'il avoit faites aux îles Antilles. « Le baromètre, dit-il dans un ouvrage qui n'a été publié qu'en 1761, est entiè- rement inutile à la Martinique pour indiquer les variations du temps, mais il offre une singularité qui mérite d'être suivie dans tous ses détails. Elle avoit déjà été aperçue par un observateur à Surinam; mais , soit qu'à cause du peu de confiance qu'inspirent généralement les voyageurs, on aimât mieux douter d'un phénomène que de l'approfondir, soit qu'il faille quelque célébrité pour accréditer des faits extraordinaires, la vérité fut comme étouffée dès qu'on la préseiitoit au public. On pourroit dire que la régularité des variations horaires étoit ignorée jusqu'au voyage de M. Godin à Quito. Peu de temps après mon arrivée à la Marti- nique, j'aperçus que le baromètre moutoit insensiblement pendant toute la matinée; qu'ensuite, après avoir été quelque temps sans mouvement, il commençoit à baisser jusqu'au soleil couchant. Alors, après avoir été encore quelque temps stalionnaire, il remontoit, aux approches de la nuit, jusqu'à dix heures du soir. Les révolutions les plus considérables dans l'atmosphère n'altèrent point cette marche périodique du baro- mètre qui coïncide assez avec celle des variations horaires de la déclinaison magnétique. Au milieu des pluies les plus abondantes, des vents et des orages, le mercure monte ou descend, si c'est son heure de monter ou de descendre, comme si tout étoit tranquille dans l'air. La même variation a lieu au Sénégal; car M. Adanson, à qui j'en ai fait part dès mon arrivée en France, l'a pareillement vérifiée par une longue série d'observations qu'il a fait faire en Afrique par un de ses amis auquel il avoit envoyé un baromètre. » Depuis l'année 1/61, le docteur Mutis , qui cultivoit avec succès toutes les branches des sciences phy- siques , observa , avec la plus grande assiduité et pendant quarante années successives , à Santa-Fe de Bogota , les marées atmosphériques. Il fixa surtout avec précision l'époque du minimum qui précède le lever du soleil '. Malheiu-eusement cette grande masse d'observations , que leur auteur cacha avec trop de soin pendant sa vie, n'a pas été publiée après sa mort. M. Mutis, dans la Nouvelle-Grenade, Alzale et Gama, au Mexique, sont les premiers physiciens qui ont examiné le phénomène des variations horaires sur le dos des Cordillères, à 1200 et 1 4oo toises de hauteur au-tlessus du niveau de la mer. Le père Alzate parle des heures du maximum, et du minimum dans l'introduction d'un mémoire assez rare qui porte le titre A' Observaciones ?neteorologicas de las ultimos nueve meses de el afio 1769. Ce sont ces variations horaires observées à Mexico que Cotte regarda d'abord comme dues à l'imperfection des instrumens; mais, dès l'année 178'*, par conséquent bien avant qu'il put avoir connoissance du travail de Lamanon, il reconnut * sa première erreur, en attribuant le phénomène « qu'il croit même observer en Europe, à une cause qui a quelques rapports avec les marées atmosphériques occasionnées par la lune. » Ni les observations de Thibault de Chanvalon (i75i) ni le petit nombre de celles publiées par Alzate ('76g) les variations du baromètre sont, sous l'équateur, de 2 y, à 3 lignes au boid de la mer, et d'environ d'une ligne â Quito. [Figure de la terre, p. xixix.; On voit, par l'ouvrage de Thibault de Chanvalon, que le» manuscrits de Bouguer renTermoicot uu grand nombre d'observations horaires inédites. Voyage à ta Mart'miqnc ^ p. i55 (22). ' Voyage à la Rio. des Amaz., p. 23. C'est sur une observation analogue que se fonde la table que j'ai donnde pour les variations horaires appliquées aiii calculs de la hauteur des lieu» dans mon Recueil d'Olis. asir. , Tom. 1 , p. 289. ^ foyage d la Martinique, p. i35 (20, 21 , -iSj. • Papel pcr de Santa-Fe de Bogota, para'; febr. i-g/{, f. ii&; i\Scmanario de elNuevo Rcyno de Gnm,Tuni. \, p. 55, ij8. ' mémoires de iltléorolasio, Tom. II, p. 3o4. 284 NOTES. correspondoient aux heures tropiques^ c'est-à-dire aux époques où le baromètre est arrivé aux sommets convexe ou concave de la courbe de ses variations diurnes : c'est dans le voyage de la Pérouse, que MM. deLamanon et Mongès firent, en 17 85, d'heure en heure, les premières ol)servations continues pendant trois jours et trois nuits. Ces savans se trouvoient alors au milieu des mers, dans l'Océan-Allanlique, entre les parallèles de 1° lat. nord et 1° lat. sud *. Le travail de Lamanon est antérieur de huit années à celui qui fut entrepris, à Calcutta, par MM. Trail, Farquhar, Pearce et Balfour; mais comme les résultats de ce dernier furent insérés dans le 4° vol. des Asiatic Researchcs , publiés à Calcutta, en lygS, tandis que le Voyage de l'infortuné La Pérouse ne parut qu'en 1797, les observations de l'Inde acquirent plus de célébrité en Europe. C'étoient aussi les seules par lesquelles, lors de mon départ pour l'Amérique , j'avois appris à connoître la régularité des mouvemens horaires du baro- mètre. Des idées trop systématiques, sur la périodicité de toutes les maladies sous la zone torridé et sur l'influence de la lune dans les mouvemens vitaux, avoient fixé, dans les Antilles et à Calcutta, l''attention de quelques médecins anglois sur les variations du poids de l'atmosphère. Le docteur Moseley * parle des changemens horaires dans son Treaù'se on tropical diseases (1792, p. 3, 55o et 656), et le docteur Balfour, quinavoit pas moins de foi dans l'influeuce lunaire et solaire sur les fièvres que les médecins de la Jamaïque, eut la patience d'observer le baromètre à Calcutta, pendant une lunaison entière (en 1794), de demi-heure en demi -heure. J ai commencé la série de mes observations sur les variations du poids de l'atmosphère, conjointement avec M. Bonpland, le 18 juillet 1799, deux jours après notre arrivée à Cumana, et je les ai continuées pendant cinq ans avec le plus grand soin, depuis les 12° de latitude australe jusqu'aux 23" de latitude boréale, dans les plaines et sur des plateaux dont la hauteur égale celle du Pic de Ténériffe. Depuis l'époque de mon voyage à l'équateur, ce phénomène a occupé presque tous les voyageurs et les physiciens munis d'instru- mens propres à faire des observations précises. Je me bornerai à citer les observations de M. Horsburgh*, pendant son séjour sur les côtes de la Chine et de l'Inde; du capitaine Kater, dans les hautes plaines du Mysore; de M. Ramoud, en Auvei^e; de MM. Langsdorf et Horner* qui , dans le voyage de Krusenstern, ont réuni plus de 1 4oo hauteurs barométriques ; de M. d'Esch'nege , daus les missions des Indiens Coroatos et sur le plateau qui environne le présidio de S. Jaoô Baplista au Brésil *; de M. Arago, en Espagne et en France"; de M. de Freycinet, à Rio Janeiro et dans la Mer du Sud; de M. Simonoif '', astronome du voyage de Bilinghausen , qui , pendant les années 1820 et 1821 , a observé lui seul, d'heure en heure, plus de43oo hau- teurs barométriques dans l'hémisphère austral , entre les 10" et 3o° de latitude; du capitaine Sabine, sur les côtes occidentales de l'Afrique; de MM. Boussingault et Rivero, à La Guayra et dans les Cordillères de Colombia; de M. Duperrey, commandant la corvette françoise /« Coy!" 3o' i5 10'' a' 10' 5o' l' 0' : gk 0' 10'' 0' a' 0' 16 Sk 0' lok 45' 5' 3o' 3 9"^ 0' lo' 3o' S' 0' 17 9' 0' gk 3o' 1' 0' 4 9'' 3o' 9'- 45' o' 3o' 18 Sk 0' S' 3o' 1» 0' 5 g' 0' lo'" 3o' 31" 0" 19 gk 0' gk 5o' ,h 0' 6 10'' 0' lo' i5' ok 3o' 20 lo' 0' 10' i5' ok 3o' 7 10'' 0' 10' i5' o"" 3o' 21 u' 3o' i.MS' 0' 3o- 8 S"" 3o' gk 0' 1' 0' 22 gk 0' lo"" 0' 2I' 0' 9 S' 0' 9' 3o' Sk 0' 23 10k 0' lo' 45' ik 3o' 10 gk 3o' lok i5' ik 3o' î4 lo'' 3o' lo' 45' ok 3o' 13 gb 0' 9M5' it 3o' 25 10k 0' 10' 45' i' 3o' i3 gk 3o' luk 3o' 3' 0' 26 9' 0' lo' 0' i<' 0' ■4 9' 3o' lû** 3o' a' 0' 27 Si 3o' 9" 45' a' 3o' 11 résulte de ce tableau que, même dans des endroits où , près de l'extrémité de la zone équinoxiale , le? variations horaires deviennent beaucoup moins régulières qu'à Cumana, l'époque du maximum ne varie pas autant que la durée de l'état stationnaire. Nous trouvons , pour Calcutta : moyenne du max. app g"" 17' du max. vrai 10'' 5' de la durée i*" 36' Or, les variations du mflii'îmtt»! epparew^ se sont écartées de la moyenne, plus de 18 minutes de temps, i4 fois sur 26; tandis que le même écart de i8' s'est présenté, dans la durée de l'état stationnaire , ig fois. Les époques des maxima et minima apparens sont, à Calcutta, en employant les observations d'un mois entier: g"» i5' du matin, a"» 36' après midi, g*" 32' du soir et 3^ 12' du matin. Les maxima mais , c'est-.i- dire les vraies époques des viaxima succèdent à peu près d'une heure aux maxima apparens. Les époques des limites extrêmes, que nous avons appelées avec M. Ramond les heures tropiques ', sont- elles les mêmes sur toute la terre? Dans l'état actuel de nos connoissances , cette question ne peut pas être complètement résolue. On ne connoît généralement que les époques apparentes et non les époques vraies ; même les premières ne sont pas toujours indiquées avec une précision suffisante. Les voyageurs ont observé les maxima ou les minima, pour ainsi dire au hasard, tantôt au moment où les limites étoient atteintes, tantôt une heure plus tard , pendant que le baromètre se trouvoit dans un état stationnaire. Les observations noml)reuses de M. Ramond prouvent que, sous la zone tempérée , par les 45° et 46° de latitude, les heures tropiques ou heures- limites changent d'été en hiver, et que les deux points du maximutn el du mininiinu ' frendestundcn, heures dans lesquelles le mourement r<:f(7um(; sur liii-mêmc , qu'il ne faut pas confondre avec les hcun» de Vannée tropique ou é/juinoxiatc î88 NOTES. diurne se rapprochent de midi à mesure que le froid se développe *. Nous ignorons encore si des changemens semblables ne précèdent pas , dans une partie de la zone torrlde (par exemple, à Quito et à Bombay) , l'é- poque où, sous l'influence de circonstances locales, pendant la saison des pluies, on assure avoir vu entière- ment disparoître le type régulier des variations horaires. C'est là un point qu'on ne sauroit assez recommander aux recherches des voyageurs. Je vais consigner ce que j'ai pu rassembler jusqu'ici de plus certain sur l'époque des maxima et des minima. A. Sous les tropiques ou près de leurs limites. Une nouvelle révision de toutes les observations que j'ai faites au nord et au sud de l'équateur, dans l'Amérique espagnole, depuis 23° de latitude boréale jusqu'à 12° de latitude australe, soit dans les basses régions des steppes et des forêts, soit sur le dos des Cordillères où la température moyenne égale celle de l'Europe boréale, ne m'a point forcé de modifier les résultats que j 'ai publiés dans le Tableau physique des régions équatoriales. Partout j'ai vu que le baromètre a atteint le maximuin à g i ou 9 •■ i du matin ; qu'il descend avec lenteur jusqu'à midi ^ mais rapidement de midi à A •" i ; qu'il re- monte de nouveau jusqu'à 1 1"" du soir, où il est un peu plus bas qu'à c^ du matin; qu'il baisse lentement toute la nuit jusqu'à A' du matin, et qu'il remonte de nouveau jusqu'à 9'. A Caracas, à Cumana et à Mexico, la durée de l'état stationnaire a été si courte que, pour le maximum du matin, par exemple, la moyenne de mes observations donne, époque vraie, g' 20'; époque apparente , 9'' 5'. J'ai passé un grand nombre de jours près de l'instrument aux heures tropiques , pour reconnoître si elles étoient plutôt 9'' que gk i, plutôt 4'' que 4' \, et j'ai observé, comme je l'ai dit ailleurs, que, dans quelques endroits de la zone torrlde , le moment où la pression de l'air commence à diminuer est si marqué , qu'à un quart d'heure près , le baromètre indique le temps vrai. Lorsque la durée de l'état stationnaire près des limites est presque nulle , comme c'est le cas à Cumana, les changemens s'annoncent, dès que la limite est atteinte , par un changement dans la convexité de la colonne du mercure. Les variations paroissoient indépendantes de celles de la température et des saisons. Si le mercure éloit en baissant de 2'' à 4', s'il étoit en montant de 4' à ii' un violent orage , un tremblement de terre, des averses, et les vents les plus impétueux n'altéroient pas sa marche : rien ne paroît la déterminer que le temps vrai ou la position du soleil. La régularité des variations étoit constante pendant la saison des pluies, soit dans les forêts épaisses de l'Atabapo, soit sur le plateau de Pasto (1600 toises) et du Mexique. Si la durée de l'état stationnaire se prolongeoit, c'étoit plus souvent à 4' après midi et 4'' du matin qu'à g' du matin. A Lima, le maximum du soir oscIUoit de y"" 7 à 1 1' 7. Les obser- vations que j'ai faites à 4'' du matin sont malheureusement les moins nombreuses. Le seul endroit où , pendant le cours de mon yoyage, j'ai remarqué une déviation notable, est la ville de Quito, située dans une vallée étroite, et adossée au volcan de Pichincha. Je n'ai pu observer dans cette vallée que pendant les mois de janvier, de février et de mars, où, par un temps extrêmement variable et pluvieux, le maximum étoit plutôt près de midi qu'à 9' du matin , et où le baromètre continuoit à descendre sans interruption de midi à minuit. Si, au pied du Pichincha , les variations étoient également irréguUères pendant toute l'année, le type de ces variations n'y auroit probablement pas été reconnu par M. Godin. Je regrette beaucoup de n'avoir pas veillé assez de nuits à Quito pour pouvoir juger des marées nocturnes; mais les observations très-récentes que M. Duperrey , commandant la corvette françoise la Coquille, a recueillies dans un voyage autour du monde , nous prouvent qu'au sud-ouest de Pichincha, au port de Payta (lat. 5° 5' sud), les époques des limites sont très-régulièrement au mois de mars : g' du matin, S"" après midi , 1 1' du soir et S' après minuit. Ce résultat est tiré d'une belle série d'observations faites de i5 à i5 minutes pendant 6 jours et 6 nuits avec un baro- mètre de Fortin. Le tableau suivant, indiquant des centièmes de millimètres et les degrés du thermomètre centésimal , est extrait d'un journal manuscrit qui m'a été obligeamment communiqué par M. Arago. > item, de i'Jnsl., 1808, p. io3. {Bibl. univertetle, février 182^ , p. 93.) NOTES. 289 Observations de Payta, en 18 23. JOPRS. HEDRES. BAROMÈTRE. THERMOMÈTRE. Il mars. 6 762. ÎO 35°. 0 7 762. 4o 25<'.3 8 762.40 35°. 9 S% 763.70 36». 7 + 8Ï 762.80 36». 7 9 762.70 27°. 3 10 763.50 26». 8 II 762.10 26'>.9 midi. 761.50 28°. 2 a 759.80 38". 7 3 759. 30 29** • 1 — 4 759.20 28«.8 Sï 759.20 270.6 6 759.30 37°. 7 9 761.40 260.9 10 762.30 26«.7 .oï 762.30 360.3 + 11 762.40 360,3 >' ï 763.20 260.1 minuit. 763.30 36°. 0 i3 mars. I 761.30 250.8 a 761.10 35°. 5 — ^ï 760.70 35°. 3 3 760.80 35°. 3 4 761.20 350.3 5 761.50 25°. C -f 9% 762.30 270.0 10 762.20 36°. 8 midi. 761. 30 39°. 5 . ^ï 759.80 3o°.9 4 ;59.8o 300.5 5 760.00 5o°.4 10 761.60 370.3 + II 763.50 27°. 4 minait. 763.80 260.4 Relation historique , Tom. III. 37 ago NOTES. En comparant les heures des maxîma et des minima dans différentes zoues , il ne faut pas confondre des observations faites dans des circonstances entièrement différentes; il faut distinguer les lieux où, pendant toute l'année, dans le temps des sécheresses comme dans le temps des pluies, le baromètre offre une marche périodique régulière , et les lieuï où, pendant la saison des pluies et des moussons , cette marche est interrompue ou rendue insensible. D'après Thibault de Chanvalon, l'influence de ces causes ne s'observe pas • à la Martinique; je ne l'ai remarqué, sur le continent de l'Amérique espagnole, qu'à Quito, dans le mois d'avril, et à la Vera-Cruz, lorsque le vent du nord souffle avec le plus de violence. Le docteur Cassan assure avoir trouvé beaucoup d'irrégularité à l'île Sainte-Lucie, au sud de la Martinique. ((Nous avons, dit-iP, observé avec beaucoup de soin cette fameuse variation du baromètre, qui est indépendante de la constitution apparente de l'atmosphère, et qui a été célébrée par Godin et Chanvalon. Le mouvement périodique d'as- cension et d'abaissement se fait sans doute deux fois dans les 24 heures; mais l'heure de ce mouvement m'a paru beaucoup moins réglée qu'on l'assure.» Cette assertion du docteur Cassan perd de son importance, si l'on se rappelle le peu de précision que ce physicien met généralement dans ses travaux. Il n'admet pas seulement que les mouvemens du mercure, dans leur irrégularité même, correspondent parfaitement aux mouvemens de l'Océan sur la côte occidentale de Sainte-Lucie ; il prétend aussi (( que les formules ba- rométriques dont on se sert en Europe ne peuvent être appliquées à la mesure de la hauteur des montagnes situées sous les tropiques. » Le peu d'observations qu'on a publiées jusqu'ici sur les variations horaires à l'île de Saint-Domingue^, pourroit faire soupçonner des inégalités qui ne disparoîtroient que dans l'emploi des moyennes; mais il est à craindre que les voyageurs, en n'observant pas d'heure en heure, aient confondu soit les différentes époques de l'état stationnaire du baromètre, soit les effets de la saison des pluies et de celle des sécheresses. Dans l'Inde, un observateur qui mérite la plus haute confiance, M. Horsburgh , a fait des re- marques extrêmement curieuses sur les circonstances climatériques et locales qui masquent ou altèrent , même quelquefois dans la zone torride , le type des marées atmosphériques. Il a vu qu'à Bombay les pluies inter- rompent entièrement la période; mais qu'on observe une tendance à la régularité, chaque fois que, pour quelques heures seulement, le temps commence à s'éclaircir. Dans la même saison et à la même latitude , les marées atmosphériques sont très-sensibles en pleine mer , tandis que sur les côtes la périodicité disparoît*. Il y a plus encore : M. Horsburgh a vu que les hautes terres qui bordent le détroit de Sincapore (passe de très-peu de largeur) suffisent pour masquer la régularité des variations horaires. On peut être surpris de voir qu'au pied des Cordillères de Venezuela, de la Nouvelle-Grenade, de Quito, et du. Mexique (à Cumana, à La Guayra, àCalabozo, àGuayaquil, àPayta, àLima, et à la Vera-Cruz), les variations atteignent leurs limites extrêmes aux mêmes heures que dans les hautes vallées et les plateaux de Caracas, de Sanla-Fe de Bogota et de Popayan (entre 5oo et i4oo toises), tandis que dans l'Inde la confi- guration des terres modifie le phénomène des marées atmosphériques d'une manière très-frappante. Cette différence entre l'Amérique et une petite partie de l'Asie équinoxiale paroît due à des circonstances climatériques; presque partout, entre les tropiques, un même vent (ENE ou ESE) amène des couches d'air qui ont la même température; mais, dans l'Inde, des moussons variables occasionnent des refoulemens extraordinaires contre les parties élevées des terres Les effets des refoulemens ne se font pas sentir loin des côtes; car, au large, M. Horsburgh a trouvé, dans ces mêmes parages de l'Inde et de la Chine, une périodicité baro- métrique non interrompue dans toutes les saisons.C'est surtout en étudiant la position des lieux où les déviations du type se manifestent, qu'on parviendra à éclaircir la cause qui produit la régularité des marées atmosphériques. Depuis mon départ de Lima, le professeur Don Hipolito Unanue et le capitaine américain Samuel Curson * Voy. à la Martinique, p. i35 (2S). - Joum. de phys., 1790. Tom. 36 , p. a68. * ChanvaloD donue pour les lieures-limites •+■ 22^ ; — ô** ; -f- 10'' : Moreau de Saiat-Mtry : ->- 25*' ; — i^; M. Moreau de Jonnès, +21''; — a'j -(- 7'; — iS'. {Uisl. phys. des Ant. franc., Tom. I, p. 417). ' Kicholstn,Joum.,vot. 10, p.io. NOTES. 291 ont trouvé, sur toute la côte du Pérou et du Chili, les mêmes heures du maximum et Au.mimmum qu'indi- quent les tableaux qui précèdent (Tom. III, p. 276) : mais M. Unanue me mande «que ces heures semblent changer lorsqu'on monte surles Cordillères du Pérou ; et que ce retard, dans les époques des limites extrêmes, lui paroît dû aux vents qui soufflent différemment sur les côtes de l'Océan pacifique et dans les vallées étroites des Andes. » Je ne révoque pas en doute la possibilité de ces changemens d'époques; mais, jusqu'à ce jour, au- cun physicien n'a encore publié une série d'observations qui l'indiquât d'une manière régulière. Il s'agit de savoir si les. vents et les pluies (comme c'est le cas pendant une partie de l'année à Bombay et à Canton) dérangent la marche du baromètre, de manière qu'aucun type de régularité puisse y être reconnu, ou si (ce qui est très-diflërent) il existe des lieux de la zone équatoriale où l'on remarque, soit toujours, soit dans une seule saison, des marées atmosphériques dont les époques des minima et des vMxima s'écartent ré- gulièrement ( de plus de 2 heures , par exemple ) des époques de 4' et 9' du matin, et de 4' et 10'' 7 du soir ? L'on verra , par l'inspection du tableau placé à la fin de ce mémoire , que , dans les seuls endroits de la terre sur lesqueb on a des observations assez nombreuses pour offrir avec précision les heures où les variations at- teignent les limites extrêmes , près de trente observateurs ont trouvé une concordance frappante ' dans le retour des mêmes époques. Souvent des lieux, que trop légèrement on avoit dit sans régularité dans la périodicité des marées atmosphé- riques, ont été reconnus, d'après un examen plus mûr, comme offrant la plus grande régularité dans les époques des maxima et des minima. M. d'Esclnvege avoit trouvé ces époques toutes semblables à celles de Cumana, dans la partie basse et chaude du BrésQ qui est limitée par les deux chaînons de l'Espinhaço et du littoral *, par exemple à San Joaô Baplista, dans les missions des Indiens Caroatos : au contraire, à Viliarica et à Rio Janeiro , le type paroissoit masqué par des causes perturbatrices. Nous savons aujourd'hui que cette assertion mérite quelque restriction pour Rio Janeiro : M. de Freycinet, qui a relâché dans ce port pendant son dernier voyage autour du monde , y a trouvé , au mois d'août , par conséquent par un temps peu serein, la plus grande régularité des variations horaires'. OBSERVATIONS DE niO lAKEIBO, EN 182O. HEUBES des OBSEEVATIOBS. HAUTEURS DD BABOMÈTHB en centièmes de millimètre. HEURES des OBSBQTATIOnS. HATTTEUBS DD BAROUiiTBE en centièmes de millimètre. 4- 766. 7» 766.77 766. 59 766.15 — 765.65 765.67 765.78 766.00 766.35 766.49 -f 7''6.9i 766.96 ,3 766.65 765.96 765.76 766.04 764 . 28 764. 28 764.49 764.43 765.33 764.69 766. 38 766.55 minuit i3 i4 i5 16 4 5 18::: ::*.::'.::; 6 30 ^ ' Un excellent observateur, M. Colcbrooke, a affirmé très-rècemmentjencore que, même dans l'intérieur de l'Inde, dans la plupart des lieox, la périodicité est manifeste et indépendante des variatioDS de température et des saisons de l'annce. Aùal. RcS; vol. XII , p. j66. ' Voyei plus haut , T. III , p. jag. ' Baromètre de Fortin. Les hauteurs sont réduites à zéro de température. Si l'on Touloit qu'elles fussent corrigées de la capillarité et de l'erreur du niveau , il faudruit y ajouter encore oo^jgaa. 292 NOTES. Ces résultats sont même confirmés par des observations plus anciennes que celles de Lamanon. M. Sanchez Dorta a publié, dans le premier volume des Mémoires de l'Académie de Lisbonne , dans le plus grand détail , les hauteurs barométriques observées à Rio Janeiro à trois époques du jour (le matin , à midi et le soir) pendant toute l'année de 1785. On trouve à peine 2 ou 5 jours par mois où, dans ce tableau de plus de mille observations', on remarque quelque irrégularité; mais comme les heures indiquées ne sont pas préci- sément celles des limites extrêmes, il vaut mieux avoir recours au tableau dans lequel M. Dorla donne pour chaque mois les moyennes des heures, iS*", ao*', 2a'', aA*", a'', 4', 6', lo*". OBSERVATIONS DE MO JANEIRO, EN lySS. Janvier. Février.. Mars. .. . Juillet. . Août.,. Sept ô' du matin. 1.85 1.63 a. 57 4.01 4.48 3.68 Sk du malin. 3.93 i.5i 4.74 lo*' du matin. 3.3a 2.13 3.1S 4 65 5.06 4.22 midi. 1.96 1.86 3.88 4.3o 4.68 3.89 3" ap. midi. 1.63 1.67 3.54 3.93 4.4" 3.49 4'ap. midi. 1.26 1. 3o 3.j8 3.69 4.18 3.33 6' du soir. 1.65 1.61 2.59 3.98 4. '.3 3.66 lo' du soir. 2. 3o a.i5 3.00 4.44 4.75 4.i3 XEMP. UOYEnflB. FAHB. à 10' du matin, 81 1 79-4 76.1 66.7 71.3 71.7 à 4" ap. midi. 83.6 81.9 77-4 70-4 74.7 7^-9 Les hauteurs barométriques^ sont indiquées dans ce taljleau en centièmes de lignes (ancienne mesure de pied de roi). Pour pouvoir les dégager de l'influence de la température, ou les réduire au point de la con- gélation, j'ai ajouté les températures moyennes des heures-limites dans lesquelles le mercure atteint le maximum et le minimum. La marche périodique des variations horaires, à Rio Janeiro, est, comme partout où l'on peut prendre les moyennes d'observations bien faites, de la plus grande régularité. Il n'auroit d'ail- leurs pas été extraordinaire de trouver, parmi loçjS observations partielles que M. Dorta a publiées pour l'an- née 1785, des anomalies plus nombreuses; car Rio Janeiro (lat. 22" 54') se trouve, comme la Havane (lat. a3°9'), Calcutta (lat. 22''34'), Canton (lat. 23" 8'), et Macao (lat. 22° 12'), près de la limite de la zone tor- ride , là où les influences perturbatrices de la zone tempérée commencent à se faire sentir- Les doutes qu'on avoit jetés sur la régularité des variations horaires de la côte du Brésil se sont étendus, plus à l'est encore, sur un lieu situé à égale distance de l'équateur, dans l'hémisphère boréal, sur Macao. Une série d'oI)servations très-précieuses ', faites pendant; trois ans par M. l'abbé Rlchenet, de la congrégation de Saint-Lazare , pr^ivent que, sur les côtes australes de la Chine, les marées atmosphériques présentent la constance la plus admirable, et qu'on reconnoît leur période, jour par jour, sans être obligé d'avoir recours à des moyennes. Je choisirai le mois le plus sec (janvier), dans lequel il n'y a pas eu un seul jour de pluie, et le mois le plus humide (juin) , dans lequel vingt jours de pluie ont donné 732 millimètres d'eau *. * Mem. da Academia Real das sciencias , 1799 , vol. I , p. 397. Le baromètre étoit de la construction de M. de Magalhâes. ^ 11 faut ajouter à chaque hauteur 28 pouces, de sorte que la hauteur moyenne du baromètre à Rio Janeiro, à 10** du matin, a été, au mois de juillet , de aS i'". 4 ''* 65* ^ Ces observations inédites, dont je dois la communication aux bontés de M. le vicomte de StrathaltaU) qui a lui-même résidé long-temps ii Canton et à Manille^ ont été faites avec deux baromètres de construction angloise, avec un thermomètre à maxtma de Sii , et avec un hygromètre de Saussure. Les hauteurs barométiiqucs, en centièmes de pouce anglois, ne sont point corrigées par la température. * Quantité dVau tombée à Macao en i8i4,en 1 54 jours de pluie, dont 36 accompagnés de tonnerre: 7i'i7l'",6, mesure angloise. NOTES. 293 OBSERVATIONS DE MACAO, EN l8l4. «AnOMETHE. lO"" du matin. 5i 30.35 30.26 3o,34 30.39 3o.34 3o.32 30.55 3o.4' jo.jg 3o. 18 5' du soir. 3o. j4 3o. îi 30.28 30.28 30.28 30,27 3o.32 3o.32 3o.i8 3o. i3 lo' du soir. 3o.25 3o. 24 3o.3o 3o.32 30.33 3o.3o 30.34 30.33 30.19 3o. 14 THERMOMETPE. maxim. F. 7^ 74 73 75 7' 70 7» Ti 7i initum. F. 66 67 67 69 70 65 67 67 68 68 BARO.METBE. lO*" du matin. 30.07 3o.o8 3o. iS 30.25 3e. 12 39-89 29.83 29.87 39.84 =9-77 S' du soir. 3o.oo 3o. 06 3o. i6 3o.i8 3o. II '9-79 29.82 29.83 29.73 lo' du soir. 3o. 01 3o. i4 3o.22 3o.23 3o. 1 1 29.84 29.85 29.88 29.82 = 9-78 THEKMOMErBE. maxim. P. 83 83 80 80 82 84 81 83 82 84 minim. F. 79 80 7' 77 82 78 79 La régularité des variations qu'offre le tahleau précédent, se retrouve dans plus de mille hauteurs que j'ai examinées avec beaucoup de soin sur les registres de M. l'abbé Richenet. Pendant le cours de toute l'année i8i4 le thermomètre centigrade est descendu à Macao, en janvier, à 6° au-dessus du pointde la congélation; il s'est élevé, à la iin d'août, à 3o°,4. Il y a eu des tempêtes fréquentes et 36 jours d'orage; il est tombé plus de 2",3i6 d'eau de pluie; et au milieu de tant de changemens climatériques, je n'ai pas remarqué une seule période de 17 heures pendant laquelle la marche ascendante et descendante du baromèti-e (de 5'" du matin à lo*", de 10'' à 5 après midi, et de S*" à 10'' du soir) eût été intervertie. A l'est de Macao , dans laMerdu Sud, MM. deLangsdorf, R^ner et SimonolT ont trouvé , par des moyennes tirées de 6700 observations horaires, des heures- limites très-semblables, savoir : M. de Langsdorf, en pre- nant les moyennes pour les zones torrides boréale et australe: -|-9'''Ao' du matin; — S*" 55' après midi- -\- 10'' i du soir; — S*" j après minuit : M. Simonoff, en prenant des moyennes pour l'espace contenu entre les parallèles de 10° et 3o" de latitude australe : + g*" 24' du matin; — 3'' 24' après midi ; + g** 3o' du soir- et — 3'' 18' après minuit. Dans la région équinoxiale de l'Océan atlantique, l'astronome russe a observé à peu près dans les mêmes parages que Lamanon ; mais comme ses observations ont été beaucoup plus nom- breuses (s'étendant de ii" 55' lat. austr. à 26° de lat. bor., et correspondant à toutes les heures comprises dans 32 jours et 32 nuits), les résultats qu'il en tira me paroissent plus dignes de confiance. M. Simonoff s'arrête à -t- g"" 3g' du matin; — 3'' 28' après midi; -\- oï"'^^' du soir; — 3'' 25' après minuit. Ces époques des maxima et des nnnima, déterminées par des moyennes avec une précision extrême, et par l'observateur même prouvent que, malgré une différence de i4o° de longitude, les marées atmosphériques suivent les mêmes heures' à moins de 18 minutes près, dans les régions équinoxiales de la Mer du Sud et de l'Océan pacifique. B. Dans la zone tempérée. Lorsque, dans le tableau physique des régions équaloriales ', je tâchai de ' Cette régularité ou correspondance des époques , à l'est et à l'ouest de l'Amérique , est sans doute bien frappante ; mai< , pour dégager les risuUals ailanliqnes de M. SimonolTde l'influence de la zone tempérée qu'il a parcourue de 24» à 26° lat. bor. j'ai calcule, sur Us registres que ce savant a bien voulu me confier, les seules observations faites entre 8» 26' lat. austr. et 8» 32' lat. bor. Dans cette étendue de l'Atlantique, je trouve encore j- 9'' 42' du m.ntin ,— 5'' 3o' aprc fmidi -f- 9'' 48' du soir ; — 3'* 1' après minuit. 294 NOTES. ramener l'attention des savans d'Europe vers l'étude des marées atmosphériques , j'osai prédire « que , dans les climats tempérés où les variations horaires du poids de l'air sont cachées sous une multitude de causes lo- cales qui font monter et baisser irrégulièrement le baromètre, les moyennes, tirées d'un grand nombre d'observations faites d'heure en heure , prouveraient qu'à de hautes latitudes comme sous la zone torride , le mercure monte et descend à des époques déterminées.» Cette preuve, grâce au zèle des physiciens, a été complètement acquise. Nous suivrons les variations des tropiques vers les zones tempérées. M. Simonoff a observé que les heures des nMxima et des minima se manifestent dans les observations partielles et sans avoir recours aux moyennes, dans l'Océan pacifique, entre le tropique du capricorne et les So" de lati- tude australe; dans l'Océan atlantique, entre le tropique du cancer et les 26° de latitude boréale. Si cette extension plus grande du climat tropical, dans l'hémisphère austral, est confirmée par d'autres voyageurs, elle se liera à plusieurs phénomènes qu'offrent la température, les vents alises, et la végétation des plantes mono- colylédones arborescentes. Aussi M. Horsburgh a trouvé, à l'est de l'Afrique dans les mers de l'Inde et de la Chine, les variations plus régulières et plus grandes de lo» lat. bor. à 25» lat. austr. que de 10" à ao" au nord de l'équateur. M. Léopold de Buch , dans son voyage aux îles Canaries , a obtenu , par vingt jours d'observations barométriques à Las Palmas, dans la Gran Canaria, pour les limites extrêmes 10'' et 1 1*" du matin, 4'' après midi et n'' du soir*. M. Coutelle, pendant le cours des observations météorologiques dont il fut chargé au Kaire par l'Institut d'Egypte, en 1799, 1800 et 1801, ne connoissoit pas la périodicité des variations du baromètre entre les tropiques : mais un séjour de peu de semaines lui suffit pour trouver que, dans toutes les saisons, par So" 3' de latitude boréale, le mercure monte de 5' ou S"" \ le matin jusqu'à 10'' et lo*" t; qu'il descend régulièrement jusqu'à 5^ ou 5*' t après midi; qu'il remonte jusqu'à 10'' ou lo*" î du soir, et qu'il re- descend jusqu'à 5 h. ou 5 h. 1 du matin '. Dans nos régions plus septentrionales de l'Europe, Van Swinden *, Chiminello ^, Duc la Chapelle", et Hemmer ' , avoient remarqué, depuis quarante ans, avec plus ou moins de certitude, que les variations barométriques étoient sujettes à de certaines lois. Van Sv?inden annonça l'existence d'une période diurne dès l'année 1776 ; il employa la méthode des moyennes pour exclure les effets des perturbations accidentelles; mais il s'arrêta, pour les maxima et les minima, à des heures (-|-i'' ij — 6'; + 10''; — 22'' temps astronomique) qui, d'après la position de Franecker et l'analogie des observa- tions de Kœnigsberg, paroissent peu probables. Cotte ^, Hemmer, Planer, et d'autres membres de la Société météorologique de Manheim reconnurent que le passage du soleil par le méridien tendoit à faire baisser le baromètre, et que cet instrument étoit généralement plus bas à 2'' après midi que le matin et le soir. Duc la Chapelle observa avec soin la convexité plus ou moins bombée de la colonne de mercure , et conclut de son travail que, dans le raidi de la France , le baromètre baisse de 7 'du matin à2 t après midi; qu'il monte jusqu'à 10'' '. du soir, et qu'il redescend rapidement pendant la nuit. Toutes ces assertions étoient vagues et contradic- toires : les premières observations précises sur les variations horaires du baromètre en Europe sont dues à M. Ramond. " J'ai obtenu, dit cet excellent observateur' , des résultats très-analogues à ceux que M. de Humboldt a rapportés de l'équateur; mais les heures de la variation diffèrent suivant les saisons : pour l'hiver, les heures tropiques sont à g'' du matin, 3 ' après midi, et 9 ' du soir. En été, l'abaissement paroît commencer dès 8 du matin , se prolonger jusqu'à A ', et ne recommencer qu'à 10'' du soir. Comme j'observe seul, il m'a été impossible de déterminer les variations nocturnes avec une précision suffisante; car, dans nos ' Voyei mon Essai sur la Géographie des plantes, 1807 , p. 94. ' Einige Bemerkungen ùber das Klima der Canarischen Jnseln , p. 9. » Description de l'Egypte, Mémoires d'Uist.nat. Tom. II, p. 535. * Joum, de phys. , 1778 , Tom. XII , p.5oi. ' Saggi scienlijici di Padova, 1786, Tom. I, p. 46. * Bulletin des Sciences, an 7 , n. 3 , p. 163. ' Gren , Journ. der Physik. , B. II , p. 3a3. {Ephemérides ilanhcim. 1 783 et 1789.) » Journ. de phys., Tom. XXXVII , p. 104. ■> Mém. det'insiitui pour l'année 1808, p. 100, loôet 107. NOTES. 295 climats, des mois entiers d'observations assidues ne suffisent pas pour limiter des quantités qu'une seule nuit de l'équateur ofiFre dans toute leui- pureté. » Tous les aperçus de M. Ramond, sur les époques des limites extrêmes, et les petits changemens qu'éprou- vent ces époques en hiver et en été, ont été parfaitement confirméspardes observations faites de 1817 à 1821 , à Toulouse, par M Marqué Victor, et de 1822 à i823, à Chambéry, par M. Billiet. Le premier a réuni plus de 20,000 hauteurs barométriques dont les résultats sont consignés dans le compte rendu des travaux de l'A- cadémie de Toulouse. Il a observé depuis 6^ du matin jusqu'à minuit , d'heure en heure, avec une assiduité et une patience extraordinaires. A Toulouse , comme à Chambéry et à Clermont en Auvergne , les maxima et miriima diurnes se rapprochent de plus d'une heure de midi, en hiver, lorsque le soleil se lève plus tard; mais le type' de l'été (-|- 20''; — 4'';; + lo*") est, en Europe, presque identique avec celui que j'ai reconnu dans la zone torrlde (+ ao""; — 4'';; + 1 1""). Il serolt intéressant de savoir si cette analogie se maintient dans l'époque du minimum qui a lieu après minuit (16'' r), époque pour laquelle on manque de données bien nombreuses dans nos climats. Un voyageur qui s'est livré avec succès à la mesure des montagnes, M. deParrot^, assure, d'après une série d'observations qu'il a faites de demi -heure en demi-heure, pendant i4 jours et lA nuits, que, pendant l'automne, les époques des limites sont à Milan : — iS*"; + 23''; 4''Ti + 12'' On ne saurolt révoquer en doute qu'en parcourant les tableaux des variations horaires du baromètre que M. Arago publie depuis neuf ans , et que je regarde , à cause de la perfection de l'instrument et du choix des heures (a 1'' et S""), comme les plus Instructifs de ceux que nous possédons jusqu'à ce jour , que les moyennes de deux décades suffisent pour reconnoltre que le mercure baisse entre g*" du matin et 4'' après midi ; mais , pour déterminer les quantités des variations , pour savoir si le maximum est atteint à g"" ou à 1 1*", 11 faut , sous la zone tem- pérée , observer plus de jours que M. Parrot n'a pu le faire à Milan. III. Etendue des variations horaires. En compulsant l'ensemble de mes observations de Cumana, je trouve, pour cette partie des tropiques et au niveau de la mer, l'étendue des variations réduite à zéro de tempéra- ture, de çj^ du matin à 4'' après midi de 1'', 10 ou 2°,47. J'ajouterai aux résultats de Cumana ceux de Caracas, correspondant à une hauteur de A80 toises. MARÉES ATMOSPUBKIQUES DU MATIN A CARACAS. jouas. MAXIMUM dumatia en lignes. 9'- THERMOMÈTRE de BIÎACMl'a. MINIMUM après midi en lignes. 4". THERMOMÈTRE de aÉAFMUB. DIFFÉRENCE APPABBnTI. UIFEÉRENCE TBAIB réduite à zéro. SonoTemb. 1" déc. 3o4.21 3o4.o3 3o4 . 90 3o4.4o 3o4.4o 3o4.32 3o4.20 3o4.4o 3o3.8o 3o3.7o 3o4. 00 3o3.55 3o4. 20 15° 16» i6» l5« i5« 16° 16» i6« i5° i5» 16= i6« i5° 3o3.oo ôoS.oo 3o3. 10 3o3. 12 3o3.oo 3o3. 70 3o3 . 00 3o3.oo 302.73 302.54 302.54 302.75 302.94 X X i8» •7° 16» X 18° 17» 1 . 21 1 o5 1.80 1.28 1 .^0 0.62 1.20 1 .40 1.07 1.16 .46 0.80 1.2G 1.34 1.16 1.87 J.48 1 60 0.69 1.27 1.4» i.i4 1. 3o 1 .60 0.94 1. 4o 3 4 5 6 ; 30 a3 a4 ' Le type d'hiver en Europe , en prenant des moyennes entre les observations horaires de MM. Hamond, Marqué Victor, et Billiet, paroît être -)- 21' | j — >' I ; 4 g' î. Les différences qu'offrent les époques des limites en hiver et en été , semblent prouver que les heures les plus convenables à observer le baromètre, dans nos observatoires d'Europe, scroient (si l'on veut de l'uni- formité pour toute l'année] 9*^ \ le matin ; 3*^ ^ après midi, et 10'' 7 du soir. Le minimum du matin paroi t tomber, en Europe, entre 3'' et 4' après minuit. ' Reise in den Pyrenœen von Friedrich von Parrol, 1823 , p. 1 1. Ce maximum du matin (une seule heure avant midi] me paroit bien tardif. 296 NOTES. MARÉES ATMOSPHÉRIQUES DU M.VTIN A CUMANA. JOURS. MAXIMUM du malin THERSICMiTRE de MINIMUM après midi THERMOMiTRE de DIFFÉRENCE DIFFÉRENCE TSIIE en lignes. BÉllULS. en lignes. RéAVUVK. IPPABBItTB. réduite* zéro. 17 juillet. 537.63 >7° 556.53 21° 1. 10 t .40 18 337.7. 358.42 557.74 557 , 83 20° 356. 53 536.80 356.83 536.95 23° 34° 1.18 1.62 1.18 '■77 ■ 9° 0. 91 0.87 357.63 19° 557.05 35° 0.59 0.89 16 août. 336. 80 22° 535 90 35° 0.90 0.98 *7 336.85 30° 335,92 32° 0.93 1.08 iS 557. 12 18° 536.24 25» 0.88 1.36 II 357. 12 ■9° 556. 40 23» 0.73 1.03 33 ■ 536. 90 20» 536. 00 21° 0.90 0.98 33 336.85 31° 536. 5o 23° 0.35 0. 5o 34 337.05 33» 356.80 24° 0.25 0.33 35 ■ 337.50 19° 536. 4o 22° 1. 10 1.35 26 357.18 19° 556.51 23° 0.67 0-97 37 536.95 19° 556.15 30» 0.80 0,83 38 356.76 30° 335.75 35» I.Ot 1. 39 536.75 31° 355.73 34» 1 .o3 1.26 '9 iximuvi eniTc o ci iv uu luai.u , xj» .. «^..^.v.".. , — 1 — , -- 1 après midi; qu'il remonte alors jusqu'à 1 1^ du soir sans arriver cependant à la même hauteur à laquelle il oit à q'" du matin-, enfin qu'il redescend jusqu'à 4'' du matin sans parvenir aussi bas qu'il étoit à 4'' après M. Boussineault, en me transmettant pour l'Académie des Sciences une année entière d'observations de varia- tions horaires faites conjointement avec M. Rivero, à Santa-Fe de Bogota, s'énonce ainsi sur les heures-limites : « C'est un fait établi par vos travaux et vérifié par les nôtres , qu'entre les tropiques le mercure atteint son maxim uni entre 8'' et 10'' du matin ; qu'il descend ensuite jusque vers 4*", et qu'il est au minimnm entre S"" et S'' af étoit à g" midi. En consultant l'ensemble de nos observations , faites à Santa-Fe de Bogota, en 1823 et 182A (il y en a plus de lîoo) , on remarque que la plus grande hauteur observée a eu lieu le 16 juillet i824, à g*" du matin : elle étoit réduite à zéro de température, de o»,56388. La plus petite hauteur a été observée le 5 novembre i823, à A'' du soir : elle étoit de o^jSS/GS. Pendant des mois entiers, les hauteurs barométriques, observées aux mêmes heures, ne diffèrent pas, à Bogota, de o°°,4; et, dans l'espace d'une année entière, le mercure n'a o-scillé, à l'époque du maximum de g"" du matin, qu'entre o°,55g28 et o°,56388 ; à l'époque du minimum de 4*" du soir, qu'entre 0"°, 55768 et o",56i85. Ce sont là les oscillations extrêmes. » M. Boussingault a trouvé, à Bogota, du 4 au 5 janvier 1824, les marées comme il suit : (16') 56o°°,7o; (i;') 56i.oo; (21'') 562.76; (22'')562.75(a3'>)56a.65; (midi)562.3o;(i'')56i.6o;(a'')56i.a5i{3')56o.8o;(4')56o.5o;(5')56o.65; (6>-) 561.10; (7') 561.55; (g") 56a. 60, (lo»-) 562.75. NOTES. 297 M. Arago a soumis à un nouvel examen les obserrations que MM. Boussîngault et Rivero avoient faites déjà antérieurement, en novembre 1822, au port de la Guayra, presque dans le méridien de Ca- racas. En réduisant ces observations au zéro du thermomètre centigrade, il trouve que, du 23 nov. au 7 déc., la moyenne de g*" du matin a été égale à 760°", o5; celle de lo"", à 760°°, o3; cellede ^^dusoir, à757°°',44; et que, par conséquent, la variation diurne moyenne a été 2°"", 44. Les différences partielles des jours ont varié de 2°°, o4 à 2°°, 92. En comparant toutes les hauteurs absolues du baromètre observées à la Guayra aux mêmes heures dans divers jours, on y remarque des difiërences qui s'élèvent jusqu'à 2"'"',io. M. Arago croit que , d'après les observations de MM. Boussîngault et Rivero , sous l'équateur comme dans les climats tempérés, la hauteur barométrique de midi peut être considérée , sans erreur sensible, comme la moyenne du jour. Mes observations, faites à différentes hauteurs, au nord et au sud de l'équateur, semblent prouver que la moyenne de midi, dans l'Amérique équinoxiale , est généralement un peu plus élevée que la moyenne de gi" et de 4'' , le baromètre descendant beaucoup moins rapidement de g*" à midi que de midi à 4''. J'ai tiré ce résultat de 260 observations prises au hasard sur mes registres. Une longue série d'observations faites dans un plateau de l'Inde , au pied de l'Himalaya ', ne peut conduire à un résultat analogue, parce que le maximum du matin ne s'y trouve pas indiqué ; mais cette série donne avec précision les moyennes des heures de midi, de S"" après midi, de g"" du soir, et de 4'' d-u matin, en centièmes du pouce anglois. OBSERVATIONS DE KATHMANDU, LAT. 27° 4l'. 180a et i8d3. HAUTEURS MOYENNES DE TEMPÉRÂT. UOYEIfnE. thermomètre de Fabr. midi. après midi. 9" du soir. 4- du matin. Mai Juin Juillet Août Septembre.. Octobre Novembre.. Décembre.. Janvier. . . . Février. . . . /^ma" 25.46 25.20 25. 1 3 24.98 25. o5 25.20 25.31 35. 3i 25.32 25. a8 25.25 25.40 25. 19 25. u 24.94 25.01 25.16 25.24 25.24 25.37 25.2, 25.18 25. 4i 25.18 25. i3 24.96 35. o3 25.32 35.23 35.3, 35. 3i 25.25 25. 19 25.43 35.18 25.13 34.96 25.03 25. 22 25.34 25.36 25.36 25.26 35.22 72°,8 74°. 2 75»,5 7a»,3 7i»,5 66», 1 58»,7 5i»,5 48m 5i«,5 5G°,2 Moybuubs.. . 25.23 25.18 25.22 25.23 63°,6 Comme nous ignorons les températures moyennes des époques du jour et de la nuit où ces observations ont été faites sur le plateau de Kathmandu , les moyennes des hauteurs barométriques de S*" après midi et 4'" du * Annales de chimie et de physique, Tom. XXV, p. 4>8. 3 Francis Hamitton, formeiy Buehanan, Account ofthe kingdom ofNepaut, 1819. p. 23o. Eq comparant 9'' du soir et 4^* du matin, il ne faut paa oublier que le maicimum de la marée du soir tombe entre lo** et ii**. Relation historique , Tom. III. 38 298 NOTES. matin ne sont pas directement comparables entre elles : mais les observations de M. Dorta ', faites au Brésil (les plus nombreuses et les plus complètes de toutes celles que l'on a publiées jusqu'à ce jour sur les variations horaires dans l'hémisphère austral), fournissent la possibilité d'une comparaison directe. J'ai ajouté les températures moyennes des heures exprimées en degrés du thermomètre de Fahrenheit. En ré- duisant à zéro de température les moyennes barométriques du tableau suivant , on trouve poiIr 1 o*" du matin 28P al», 01 ; pour midi 28P l'i, 5/ ; pour i^ après midi 28P o'', 97 ; pour 10'' du soir 28P il',8i. L'étendue des variations de 10 du matin à 4'' après midi est doncde 2'"°,34; celle de 4'" après midi,à lo"" du soir,de i°°,89.La moyenne de midi est de o'"°,ij plus élevée que la moyenne du jour, conclue du maximum du matin et du minimum après midi. Les étendues des variations ont été les mêmes dans les mois les plus chauds (janvier et février), et dans les mois les plus froids (juin et juillet). MOYENNES DT7 BABOStÈTRE ET DU THERMOMiTRF. A KIO JANEIRO. MOIS de l'ahk^b 1785. Janvier. ., Février. . . Mars Avril Mai Juin Juillet. ... Août Septembre Octobre... Novembre. Décembre. MoYBnnBs. . * 10'' du matin Bar. a8 a j8 a aS 5. aS 4 aS 4. a8 4 78 4 28 5 aS 4 aS a. aS I a8 I, aS 3.38 Th. Si.i 79-4 -6.1 75.5 69-9 67.3 66.7 71.1 71.6 73.6 76. a 78.3 à midi Bar. aS 1 .96 aS i.SC a8 2.88 a8 3.38 a8 4.56 28 4.34 a8 4' 3o a8 4.68 aS 3.89 a8 2. a» aS 1.38 a8 1.18 a8 Th. 81.7 80.7 76.8 75.6 71. a 68.7 68.0 72.5 73.. 75.. 77.6 79-8 77 .5 à 4** après midi Bar. ,,. 1. 28 1.26 aS i.3o 28 2. a8 a8 2.97 a8 3.88 a8 5.93 28 3 . 69 28 4.18 aS 3.33 28 1.67 28 0.93 a8 o. 47 Th. 83.6 81.9 77-4 78.4 73.5 71.0 70.4 74.7 75 9 76. S 7'-8 80.5 7G.6 à 10'' dn soir Bar. V 1. 28 a.5o a8 2.i5 28 3.00 28 3.89 28 4 . 60 28 4.55 a8 4. ho 28 4.73 28 4.i3 28 a.5o 28 1.73 28 1.44 a8 3.28 Th. 81.7 80.5 76.3 77-7 73-4 70.0 69.6 73.7 72.4 73.7 75.4 77.8 75. DIFFÉBBISCe app. do lo' du matin et de 4' du soir. I. 0.96 0.90 i.o3 0.8G 0.84 0.96 0.88 0.89 o 89 0.75 0.91 0.89 Les premiers physiciens* qui ont remarqué la grande régularité de la marche ascendante et descendante du baromètre sous les tropiques , ont déjà été frappés de l'inégalité dans l'étendue des variations que l'on observe souvent entre deux jours consécutifs également calmes et sereins. 11 arrive, par exemple, que la colonne de mercure atteint, aux heures du 7«a.r2/«ttTO du soir, une plus grande hauteur qu'à l'ordinaire; qu'elle diminue très-peu pendant la nuit et jusqu'à 4'" du matin; que le baromètre monte beaucoup plus de 4'' à g*" du matin qu'il ne descend de Oj^ du matin à 4'" après midi, et que ce jeu de mouveraeus inégaux continue pendant plu- sieurs joiurs. On observe alors, sans que la périodicité ou alternance des variations soit troublée, une tendance ' ilfem. de Acad. de Lisboa., Tom. II , p. 397-398. Comme M. Dorta n'a observé que de 1 en 2 heure« , on n'a pu offrir des hauteurs barométriques de 9' du matin et 1 1'' du soir que j'aurois préférées. Les hauteurs sont exprimées en pouces et centièmes de lignes de pied de roi, et ne sont point encore réduites à zéro de tempéioture. ' Journ. tittér. de La Haye , 1722, p. 234. Thibault de Chanvalon. Foy.. à la Harlinique, p. i35 (a3). NOTES. 299 géntîrale ' à l'accroissement ou à la diminution de la colonne de mercure. Ce sont deux genres de mouvemens C[ui se modifient et s'ajoutent; et l'on peut dire que , dans la zone torride comme dans la zone tempérée, le baromètre se tient plus bas une semaine que l'autre. La connoissance de ces limites des maxima et des minima absolus est très-importante pour la mesure des hauteurs au moyen du baromètre, chaque fois qu'entre les tropiques on croit pouvoir se passer d'observations correspondantes, et que l'on déduit d'un petit nombre d'observations faites dans un lieu quelconque, à certaines heures du jour, l'état du baromètre à toutes les heures consécutives du jour et de la nuit. Bouguer, La Condamine, et la plupart des voyageurs qui, après eux, ont parlé des variations horaires, confondent l'étendue des oscillations correspondantes à une seule marée atmosphérique, avec les changemens des hauteurs moyennes du baromètre, en différentes semaines ou en diiFérens mois. Bouguer* dit que la colonne de mercure, dans la zone torride, varie de 2 î à 3 ligues ; mais qu'à Quito les vai-iations ne sont que d'une ligne. Dans la première partie de cette assertion , il ne peut être question que de variations extrêmes accidentelles et non de l'étendue des variations pendant une seule marée. En compulsant l'ensemble de mes observations, faites à différentes hauteurs et par des latitudes plus ou moins rapprochées de l'équateur, j'ai cru entrevoir que l'étendue des variations diminue très-peu avec l'élévation duljeu, et qu'elle diminue moins encore que l'inégalité des moyennes barométriques de difFérens jours. A Cumana, i la Guayra, à Payta , à Lima et à Rio Janeiro, au niveau de la mer, dans les deux hémisphères, l'étendue moyenne des oscillations ou marées atmosphériques est au plus de 2'°°', 4 à 3 millimètres j la différence des hauteurs absolues, observées aux mêmes heures, dans divers jours, s'élève à 3, rarement à 4 millimètres^. A Lima (lat. 1 2° 2' sud) , l'étendue des oscillations horaires m'a paru un peu plus petite (1,7 à 2,3) que près de l'équateur (2,6 à 3,3) , dans les forêts de l'Atabapo et du Rio Negro. En s'élevant des côtes de Venezuela sur le plateau de Bogota , la différence des maxima et des minima * Sous les tropiques, cette tendance modifie l'étendue des oscillatiou» horaires qui restent le phénomène principal et le plus sensible ; en Europe , au contraire , lorsque le baromètre aune tendance générale à baisser pendant plusieurs jours , l'a- baissement est simplement ralenti ou arrêté aux époques des maxima. Le phénomène principal et le plus sensible est alors la tendance de la colonne de mercure à baisser; et les marées atmosphériques ne se manifestent qu'en la modifiant un peu ix l'approche des heitrcs-Umites. 2 Figure de ta terre , p. 39. Caldas, dans le Semanario, Tom. I, p. 248. Don George Juan avoit cru remarquer une diminution dans l'étendue des oscillations , à mesure qu'on approche du tropique vers l'équateur. [Oliserv. asironomicat , p. 99.) Il fiie cette étendue, au Petit Goare, à a ~ ligne ; à Guayuaquil , à 1 | ligne. ' Comme on ne compare pas nne hauteur barométrique à l'époque du minimum avec une hauteur observée dans une autre semaine , à l'époque du maximum , la différence des hauteurs absolues , aux mêmes heures , en différentes semaines , peut être moindre que l'étendue des oscillations horaires. Un voyageur qui mesureroit la hauteur d'une montagne au moyen du baromètre, sans avoir des observations correspondantes sur la côte , et qui supposeroit la colonne de mercure invariable à Cumana (en négligeant à la fois la considération des oscillations horaires et celle des différences de hauteurs barométri()ues absolues résultantes de l'accumulation des inégalités successives dans l'étendue des oscillations diurnes}, se tromperoit quelquefois de 6 millimètres; car j'ai vu le baromètre, le 18 juillet, à 11' du soir, & 357 li. 9, et le 3o août, à 4'' après midi, à 535 li. 7. Le colonel Lanz a trouvé à la G uayra le baromètre à midi , le 26 février 18 J2 , à 0'° ,76605 (th. aG" cent.) ; le 28 févr., à o»,765 1 o (th. ae'jS) ; le 1" mars, à 0", 76465 (th. 26°, 5) ; le 5 mars , i 0", 76825 (th. 26»,6). En ne négligeant pas la correction relative aux variations horaires, il ne reste, comme source d'erreur dans la mesure des montagnes, sans observation correspondante, sous les tro- piques , que la différence des hauteurs barométriques absolues; et, en distinguant entre les différences des écarts extrêmes et les oscillations des écarts autour de la hauteur barométrique moyenne , on conçoit que la limite probable de l'erreur provenant de la cause que nous discutons sera bien rarement au-dessus de i5 à ao mètres. Cette évaluation est importante pour ceux qui, dans les nivellemens barométriques projetés pour examinei provisoirement les isthme» de Iluasacualco , du Oariea ou de Panama, n'emploieroient qu'un seul baromètre. Lorsqu'il s'agit de savoir exactement le nombre des écluses qu'exigera un canal, il faut se servir, même entre les tropique», où toutes les circonstances sont si favorables à l'emploi du baromètre au nivelle- ment du sol, de deux instrHmen8,dont le premier restera sur le bord de la mer, ou (ce qui ott préférable) suivra le second baro- mètre de station à station , comme dans les opérations de nivellement exécutées par MM. dt Parrot et Engelhardt entre la Mer du Nord et la Caspienne. Si, au contraire, on veut seulement connoître approximativement (à 20 mètres près) la hauteur des arrêtes de partage , qui offrent des chances favorables à la coupure d'un isthme , il suffi? d'un seul baromètre que l'on observera en allant et en revenant, comme on devroit aussi le faire toujours dans la mesure chronomitriqat des distances. 3oO NOTES. diurnes ne diminue encore, malgré la différence de i565 toises de hauteur, que de rs, et par conséquent pas dans le rapport des hauteurs barométriques des lieux que l'on compare. La comparaison des mêmes heures en différens jours successifs offre, à Santa-Fe de Bogota ' et à Popayan (911 t.) , à peine des différences de 3 à 4 millimètres dans l'espace d'une année entière. Les tableaux suivans prouvent comment une grande égalité dans l'étendue de chaque marée produit, sur le dos des montagnes, une surprenante uniformité dans les hauteurs barométriques moyennes des mois. Je présenterai ici successivement les résultats des observations faites dans le même endroit (à Santa-Fe de Bogota) en 1807 et 1808, par M. Caldas, et en 1828 et i8a4 par MM. Boussingault et Rivero. Les dernières, faites avec des instrumens beaucoup plus précis, méritent la plus haute confiance. M. Caldas trouve pour les 12 mois de l'année 1807 : Maxiua. Janvier ; . . 24?. a3 Févriur aïg.^i Mars 349. 33 Avril 349. à2 Mai 249.67 Juin 249.67 Juillet 349. ^o Août 249 -43 Septembre 249- 4a Octobre 349. 33 Novem bre 348 . 9a Décembre 248 ■ 85 MlHIUAa 347.60 348.33 347.93 347.92 248. 00 248 .00 247.83 247.9a 348.00 347-9« 348.00 347.60 F^ aïKCs 65 .00 .Ao .50 ■^7 «7 .67 .50 .4» .4a • q> .i5 Les moyennes de 6A2 hauteurs barométriques, observées par le même physicien, de janvier à juillet de l'année 1808, offrent les résultats suivans : VARIATIONS HORAIRES MOYENNES DE SEPT MOIS SUR liE PLATEAU DE BOGOTA. MOIS. WOYEN^ES BAROMÉTIUQUES des ÉTENDUE des TEMPÉRATURE MOYEBNE HAXIHl. uiniuA. OSClLLATIOnS. des mois. Janvier 249-o4 347-99 i.o5 i3»,aR. Février 248. 90 247.95 0.95 .4°,6 Mars 249- oa 319.04 249.20 249.17 249.12 248.03 248.04 248.23 348.28 348.17 0.99 i3°,7 i4-,3 ij» 8 Avril Mai 0.98 0.89 0.9S i3° 8 Juillet i4»,a Comme M. Caldas a publié la température moyenne de chaque jour et les maxima et mînima de tempé- rature des mois entiers, mais non les températures de g*" du matin A"" du soir, les hauteurs barométriques < VoyeiSemanano de Bogota, Tom.I , p.5o, 83, ii5, 177, ai6, a55, ago. J'ai calculé pour chaque jour la hauteur moyenne du baromètre , et par les oscillatiODS diurnes l'étendue moyenne des oscillations dans les mois entiers : les résultats sont expri- més en centièmes de lignes du pied de roi. M. Caldas énonce d'une manière indirecte [SemanariOf Tom. I, p. 55) que les vpoques des t'imites ou heures tropiques que j'ai publiées dans mon Essai sur la Géograptiie des plantes ■, ne sont pas celles qu'a trouvées M. Mutis dans les plaines de Bogota : ce doute ne me paroît pas fonde. MM. Boussingault et Rivero ont confirmé les époques des maxima et minima que j'avois annoncées , et même M. Mutis, que l'on accusoit de ne pas être très-com- moaicatif , m'a dit , en lui montrant mes registres , • que les périodes observées à Cumana éloient à peu près conTormes à celles qui résultent de ses propres recherches ; mais que , dans les jours les plus chauds , le maximum étoit déjà atteint , à Santa-Fe de Bogota , à S** du matio. 0 Cette dernière observation rappelle la différence des heures tropiques que MM. Ramond, Marqué Victor et Billiet ont remarquée en Europe entre les saisons les plus chaudes et les plus froides. {Voyet plus haut, p. 394.) NOTES. 3oi de 1807 n'ont pu être réduites au terme de la congélation. Il en est de même des observations diurnes de janvier à juillet 1808. On peut admettre cependant que là température moyenne de g"" du matin est ( sur le plateau de Bogota ) environ de i°,2 du thermomètre centigrade plus basse, et la température moyenne de k^ après midi de i°,8 plus élevée que la température moyenne du mois. HAUTEURS MOYENNES DES JOURS ET ÉTENDUES DES OSCILLATIONS DIURNES SUR LE PLATEAU DE BOGOTA. S 00 5=2 barom. 1 moyennes. 1 S .1 - 1 aa - 4) i; iii • Il H 3 < BAOIEOBS barom. moyennes. S " ^ B n 3 S .1 0 u oô BACTBDBS barom. moyennes. a 0 B «i 5 0 H M D BAUTEDBS 1 barom. 1 moyennes. 1 g .1 0 --Il 3 il H ^ ^ ^ I a48.33 1.34 14.1 16 248. 58 i.,6 12.3 1 248.62 0.75 14.5 16 248.50 1. 00 14.4 a ^48.29 1.42 14.0 '7 248.58 0.83 12.9 2 248. So 1.00 .4.6 '7 248.50 1 .00 .4.5 3 248. 29 1.42 13.9 18 248. 58 0.83 l3.2 3 248.75 1.00 .4.1 18 248.83 1.00 .3. 0 i 348.33 i.i5 i3.i •9 248. 75 1.00 11.3 4 248.45 0.75 .4.5 '9 349. 00 1 .00 i4. 0 5 248. 5o 1. 00 i4.o 20 248.50 I.OO 12. 1 5 248.45 0.91 14.5 20 24g. 00 1.00 14.0 6 248.16 I.OO 14.4 21 248. 75 1.00 12.8 6 248.58 . .00 .4.3 21 248.87 0.75 14.2 7 248.16 1.00 l5.2 22 248.75 1.00 12.9 7 248.83 1.00 i3.8 22 348.79 0.92 i4.o 8 248.24 1.17 12.8 23 248.49 0.83 i3.o 8 248.75 1 .00 14.0 23 348.83 1 .00 i4.o 9 a48. 12 0.92 12.8 24 248.87 1.25 12. 1 9 248.37 0.75 i5.o 24 248.87 O.yS i5.4 10 248.41 0.83 i3.o 25 249.00 1.00 i3.4 10 248. 37 0.75 14.6 25 248.87 0.75 14.. II 248.55 1.10 12.0 26 248.70 1.25 15.9 11 248.83 0.67 .5.0 26 248. 5o I .00 i5.o 19 248.55 1. 10 12.0 27 247.87 ..;5 i3.8 12 248.82 1.09 i4.5 V 248. 5o 1.00 14.2 i3 248.4" 0 83 i3.5 28 348.4. 0.83 13.9 i3 248. 37 0.75 i5.5 28 248. 67 1.00 14 5 ■4 248.75 1.00 11.6 29 248.70 0.75 i3.9 14 247.91 0.83 .5.0 29 248.75 1.00 i3.o i5 349.08 0.84 .5.7 3o 348. 79 0.75 .3.8 .5 248.50 1.00 14.3 3o 248.75 1.00 .4.0 3i 248.50 1. 00 .1.9 3i 248.75 1.00 i5.6 En examinant pendant sept mois les hauteurs barométriques moyennes des jours, observées par M. CaldaSj je trouve la plus petite hauteur de 247'i,8i la plus grande de 2A9'i,o. Cette différence de i'',2, ou 2», 7, est l'effet des petites inégalités des oscillations diurnes qui s'accumulent peu à peu. Dans les observations de M. Boussingault,elleaété de 3°", 12. Une seule fois l'étendue des variations du jour n'a été que de o°°,63; une seule fois elle s'est élevée à 3"'°,6A. En comparant entre elles , jour par jour, les observations de g"" du matin et de 4'' après midi, je trouve que, dans le travail de M. Caldas, les écarts à gi" ont été de 2481',3o à 249li,5o; les écarts à A**, de 247li,oo à 2481i,66; d'où résulte des différences, pour 9', de 2°", 7 ; pour 4^ de 3°°, 6. Le travail de M. Boussingault donne, pour ces deux heures-limites, 4"", 6 et 4°",2i. Les limites des oscillations accidentelles autour de la moyenne des mêmes heures ont par conséquent été à i365 toises de hauteur, à peu près comme au niveau des mers équinoxiales; mais ces limites extrêmes me paroissent beau- coup plus rarement atteintes sur le dos des Cordillères. Les nouvelles observations de MM. Rivero et Bous- singault, faites au moyen d'excellens baromètres de Fortin, offrent les notions les plus certaines que nous ayons jusqu'ici sur les lois que nous venons de discuter. Elles donnent, pour la moyenne étendue des oscil- lations, de g' du matin à 4'' après midi (en réduisant les hauteurs barométriques à zéro de température), 2°°,29. 3o; NOTES. MAXIMA ET MIKIMA DES JOURS OBSERVES SUR LE PLATEAU DE BOGOTA. OO g o S .s 0 -a " a 3 2 •= 3 =5 M U K td n ■M â H D 0 « 0 ; = 0 x g 'i 3 S- u E M ta -a â 10 QO n S 5 -a a S .5 « -a ce ..: 11! n W U K M a -« OO n a Q 3 --é u w e •fd t. 11. Q I 2 5 4 5 6 9 10 11 la i5 ■4 i5 561.18 562. oq 562. iS 562, 00 562.44 563.81 562.95 562.40 563.55 563.08 563.33 561.73 563.05 56a. 01 559.46 559.63 5flo. 28 56o. v8 56o. o3 560. ao 561.33 560. 73 559. 74 559.81 559.94 559.90 • • 659.95 1.7a 1.80 1.90 1.97 2.34 1.48 a. ao 3.66 a. 54 a. 14 3.35 . a * . a. 32 16 :i '9 ao 31 a3 35 34 35 36 II lî 561.94 56i.8g 563.47 563.59 563.63 562.83 563,60 563,11 56l.q3 561.88 56i. 18 56i.55 562.63 562.63 562. i5 559.48 559.65 559.95 56o. 18 56o,o5 560.65 56o,o3 560, 03 560.36 559. 56 559.01 559.9) 559.75 559.54 a 46 a. 33 a. 34 ^.4» 7,6q a. 30 3.57 3.09 t m 1.52 1.63 3.53 a. 69 a. 69 3.49 1 a 5 4 5 6 l 9 10 u la i5 a i5 563.57 563.33 563. 23 562.25 063.48 56i.5.'i 56t).8.ï 560.60 56o 98 561 .00 5 60. 89 56i.o4 561.65 560.98 560.68 559.78 559. «3 560.55 J59. 6j 558,95 558,83 557.98 558.56 558.48 558. i3 559, 09 559 16 558.50 559.48 2.55 3.40 1.88 2. 5o 2.85 3.58 3.01 2.63 a. 42 a. 53 2.76 1.95 3.49 3.48 1 .ao 16 '7 18 '9 30 21 33 25 34 35 36 '7 38 '9 3o 3i 561.45 561.58 561.88 56i.i3 56o.5i 56o. 70 561.08 56o.65 56o.63 560.80 560.88 561. 00 560. 96 56i.5o 561.84 56a. 38 558.68 558.90 559. o3 559.05 558.33 558.75 558. 37 557.76 558. 00 558.95 558.44 558.88 558.48 559.14 559.23 559.90 »-77 a. 68 2.85 2.10 2.18 '■97 2.81 a. 87 2.63 1.85 2.44 2. 12 2.47 3.56 2.61 a. 48 A neuf heures du matin, le 8 et le 39, forte grêle avec tonnerre. | Les hauteurs du baromètre sont ea centièmes de millimètre. Nous ne choisissons que deux mois sur l'année entière que nous possédons. M. Boussingault observe avec justesse « que les hauteurs moyennes mensuelles sont les plus grandes en juin et juillet; les plus petites en décembre et janvier, lorsque la terre est la plus rapprochée dusoleil. » Voici les hauteurs moyennes réduites , comme dans le tableau du mois d'août et de décembre, à zéro de température. J'ai placé à côté des moyennes barométriques l'étendue moyenne des oscillations diurnes de 9' ù A', et la moyenne des températures correspondantes à ces mêmes époques du matin et de l'après midi. M. Ramond, dès l'année j8i4, a jeté un grand joiu: sur ce phénomène curieux des oscillatioDs mensuelles du baromètre. MOYENRES MENSUELLES DU BAR. A BOGOTA (lat, 4°35'5o"). MOYENNES MENSUELLES A STRASBOURG (lat. 48° 34' 56"). BÉ8CLTATS d*une année. HADIBCBS barom. moyennes. UOVS!f:iBS des oscillations. TBMPÉBAIUBI moyenne de g"- et 4''. aiiSCLTATS de 14 années. HADTZUBS barométriques moyennes. DIFFBBEnCB des max. et min. eitrèmes. Janvier Février Mars Avril Mai Juin o'°.56o45 o.56o48 0.56061 o.56ii3 0. 56075 0.56134 0. 56i54 0.56111 0.. 56094 0.56071 o.56o45 o.56oi3 a°'.5i a 5i a. 39 a. 54 a. 45 1.86 i.5o 2.32 a. 59 '•77 a. 44 3 4o i5°.7 c. 15.9 i5.5 i5.a i5.4 i5.i 14. a 16.6 l6.3 i5.5 i5.i iS.o Janvier Février 333ii.i38 333.453 55a. 905 353.449 35a. 516 333.416 353. 168 335.553 555.655 553.981 55a. 866 55a, 700 61m56 5.646 4.575 4.137 1.964 3.. '.63 3.585 1. 201 2.47. 4. i65 5.376 3.881 Avril Mai Juillet Aoftt Juillnt Août Septembre.. . . Octobre Novembre.. . . Décembre Septembre. . . Octobre Novembre. . .. Décembre. . . . I.,a marche du baromètre à Bogota est d'une prodigieuse régularité : les hauteurs moyennes acquièrent leur minimum au solstice d'hiver, augmentent jusqu'après le solstice d'été, et décroissent de nouveau, sans qu'il se présente une autre anomalie que celle du mois de mai. Cette remarque, neuve et curieuse, est due aux observations de MM. Boussingaidt et Rivero: ces habiles physiciens l'ont trouvée confirmée par les obser- vations de M. Caldas, faites en 1807. Dans nos climats tempérés, à Strasbourg, par exemple, quatorze années d'observations de M. Herrenschneider (indiquées en lignes du pied de roi, et réduites à 15" de température NOTES. 3o3 centigrade) prouvent que les moyennes mensuelles ' sont les plus hautes en septembre et les plus basses en avril : cependant, en général , les hauteurs moyennes de juin à septembre excèdent celles d'octobre à février. L'étendue des variations extrêmes, en Europe, offre une régularité plus grande: elle décroît d'hiver en été. Dans la ville de Mexico', quoique déjà voisine du tropique, j'ai trouvé les étendues des oscillations horaires encore très-uniformes. Aux mêmes heures , les hauteurs barométriques diffèrent, pendant des mois entiers , à peine de 2 à 27 millimètres. Mais quelquefois les vents du nord, qui sont si impétueux dans le golfe du Mexique, refoulent l'air jusque sur le plateau d'Anahuac, et élèvent subitement le mercure. Un tel refou- lement a fait monter'* le baromètre, le 23 mars 1788, la nuit , à 10'', à 264 lignes, tandis que le minimum de toutes les hauteurs observées dans l'année entière (le 20 janvier 1788) étolt de 25y'',3. En décomptant l'effet des oscillations périodiques, les variations extrêmes , aux mêmes heures des maxima et des minima, atteignent, par un concours de circonstances accidentelles, au plus 3'>,8 ou 8î^ millimètres. On est surpris de voir cette constance dans l'étendue des oscillations, sur un plateau où , par ig° 25' de latitude , le thermo- mètre baisse en hiver, entre 4'' et S*" du matin, plusieurs degrés au-dessous de zéro. Sur les côtes orien- tales du Mexique, à la Vera-Cruz (lat. 19" 11' ), les vents du nord interrompent souvent et subitement, pendants^ 6 et même 8 jours, la régularité des variations horaires, et font osciller le .mercure de 333 à S'il lignes (différence de 18 millimètres). Jai exposé, dans un autre endroit', comment ce phénomène que M. Orta, capitaine du port de la Vera-Cruz, a étudié dans ses diverses modifications, est devenu d'une grande importance pour la sûreté des navigateurs qui veulent mettre à la voile dans ces dange- reux parages. A la vue du baromètre, on peut pronostiquer avec beaucoup de probabilité la proximité de la tem- pête , sa force et sa durée. J'ai vu entre les mains de M. Orta près de 28,000 observations thermométriques et barométriques , faites avec d'exccllens instrumens de DoUond , au port de la Vera-Cruz, de 1791 à i8o3, quatre fois par jour, à G"" du matin , à midi , à 4'' après midi, et à lo"" du soir. J'avols conseillé à cet infati- gable observateur d'envoyer en Europe une masse si précieuse de matériaux (la plus considérable peut-être qu'on ait jamais recueillie sous les tropiques dans un même lieu) pour être déposée dans les archives de quelque société savante. Il est à craindre que les malheurs qu'a éprouvés récemment la ville de la Vera- Cruz , pendant le bombardement du château de San Juan d'Ulua, n'aient privé les physiciens des travaux de M. Orta. Nous voyons qn'en avançant dans les plaines et sur le dos des Cordillères, de l'équateur vers les tropiques, la proximité de la zone tempérée rend les moyennes barométriques des mois de plus en plus inégales, parce que les causes accidentelles commencent à agir avec plus de force. A l'extrémité même de la zone torride boréale, à la Havane (lat. 23° 8'), les hauteurs barométriques moyennes des mois diffèrent, sous le rapport de leur égalité entre elles , très-peu des hauteurs moyennes des mois à Rio Janeiro (lat. 22° 5 i'), qui est situé près de l'extrémité de la zone torride australe. Il est intéressant de comparer, d'après les belles observations de MM. Dorta , Robredo* et Ferrer ^ , les variations du poids de l'atmosphère dans le voisinage ' Sept années ont prouvé à M. liamond {Uim. de l'Insl. , i8i3,Toiii. II, p. 44) qu'à Clermont , le ratrcure est le plus haut en janvier cl juin , et le plus bas en avril et novembre. 2 Ce phénomine, qui est très-commun à la Vera-Cruz dans la saison des Sortes, n'a été observé à Mexico (à 116S t. de hauteur) qu'une seule fois dans un grand nombre d'années. {Antonio Gama, Disserlacion fisica lobrc la aurora boréal del i4 nov. 1789, p. i4.) J'ai vu baisser le baromètre à Mexico, à l'époque du tuinimum , jusqu'à 258 li. 2 (lherm.22» cent.l Je l'ai vu le plus haut, à l'heure du maximum, a6o lig. (therm. 180,8). ' Etsai politique, Tom. I, p. 5o; Tom. II, p. •^^6. Pendant ce refoulement de l'air qui se porte des régions boréales vers le sud, le thermomètre centigrade ne baisse à la Vera-Cruz (dans le» couches inférieures de l'atmosphère) que jusqu'à ao" à 18», au plus jusqu'à 16°, 5. ' Observ. melcorologicas hechas en la Uavana y enel puebto de Ubajay (manuscrit), ' Conn. des temps pour 1817, p. 338. 3o4 NOTES. des deux tropiques. A Rio Janeiro ', les moyennes barométriques extrêmes de décembre et d'août; à la Havane, celles de septembre et de janvier difiêrent près de 8 millimètres, tandis qu'à Bogota, plus près de l'équateur, les moyennes mensuelles ne s'écartent pas de i 7 millimètres. Havane. — Moyennes des mois pendant les amiées 1810-18 12. Baromètre. Therinoinèlre centigrade. Janvier o^jyGSog 2i°i Février o ,76301 22,2 Mars o ,76428 24,3 Avril 0,76301 26,1 Mai 0,76199 28,1 Juin 0,76453 28,4 Juillet 0,76453 28,5 Août 0,76123 28,8 Septembre 0,76098 27,8 Octobre 0,76174 26,4 Novembre o ,76453 24,2 Décembre 0,76656 22,1 Moyenne de l'année 0,7637 1 25,7 La plus petite hauteur du baromètre, pendant ces trois années, eut lieu , à 25° de température, et par un vent furieux du SSO., le 25 octobre 1810 -• elle ètoit de ©"74^72; on observa la plus grande hauteur le 20 février 1811, et elle fut de o",;7545; la difiFérence de ces deux nombres (o°',o3o73) est la plus grande variation barométrique qu'on ait jamais observée dans cette ile. Pendant les deux séjours que j'ai faits à la Havane, mon baromètre s'éleva ( la température étant la même), pendant les fortes brises de NNE. , de 4 lignes (9 millimètres) déplus que parles vents impétueuxdusud'^. Le journal météorologique de M. Robredo prouve que ces différences se remarquent également loin des cotes , dans l'intérieur de l'ile. Ce ne sont pas les moyennes des mois qui diffèrent plus entre elles près du tropique du cancer que près du tropique du capricorne- ce sont plutôt les hauteurs extrêmes dues à des causes accidentelles. Au bord de la zone torride australe, les oscillations extrêmes^ du baromètre n'atteignent que 21 millimètres (gl'^S); à l'extré- mité de la zone torride boréale, elles sont souvent de 25 millimètres, quelquefois de 3o°°,5(i3l',3). L'hé- misphère austral, au sud du parallèle de 23", renferme une très-petite portion de terres fermes; et l'at- mosphère, par cette cause même, est moins violemment agitée que dans l'hémisphère boréal. * K Bio Janeiro : haut. bar. moy., en décembre 1785 , de 337'',oj (tb. jS'jJ cent. ) ; en août , 54o'',59 ( th. ja», 1) ; à la Havane (1810- 181 j) , en septembre, 76i""°,25 (th. 28%8 cent.); en janTier, -68"'»,09 (th. ii-,i). Réduite à zéro de tempéra- ture , la différence est, près du tropique du capricorne, 8°",3 : près du tropique du cancer, 7»",9. î Les ooragans ne sont pas généralement accompagnés d'abaissemens de baromètre aussi extraordinaires qu'on se l'imagine en Europe. Je possède 56 observations barométriques faites par le capitaine de vaisseau Don Tomas deUgarte, presque d'heure en heure, à la Havane , pendant le terrible ouragan des 27 et 28 août 1794. La colonne de mercure ne diminua , au plus fort de la tempête, que de 5 lignes (11"", 3). Kirwan assure cependant qu'à l'ile Saint-Bartholomé on a vu, dans un ouragan (1792), baisser le baromètre de 42 millimètres. Irish Trans. , Vol. VIII, p. 387. Ce fait est-il aussi bien constaté qu'un abaissement de 35 millimètres à l'Ile de France? {MoreaudeJonnis, Hist. phys. dct Ant., Tom. I,p.420.) ^03'» , sur les hauteurs barométriques observées sur les côtes du Chili , Eip'mosa , Memorias de lot Kaveg. Esp., Tom. I, p. 129, l34 , 179. ' En décembre et en mars. Voj. Mem. de Lisboa , Tom. II, p. 397. NOTES. 3o5 Presque sur le parallèle de la Havane, mais iG4° plus à l'ouest, à Canton et à Macao en Chine, l'étendue des oscillations horaires ofire à peu près la même constance d'égalité : les moyennes des mois diffèrent * entre elles de 7 7 millimètres ; mais la plus grande variation que, pendant une année entière, on ait observée dans la même journée (le i5 janvier 18 14), n'a été que de 4 millimètres. Au Caire où (comme aux îles Canaries) les variations horaires moyennes ne s'élèvent déjà plus qu'à oli,5 ouo'',8 (i"",io ou i°°',76), les variations extrêmes sont encore peu considérables; elles ne diffèrent presque pas de celles que M. Dorta a observées à Rio Janeiro. M. Couteile^, pendant trois ans, n'a vu varier la colonne de mercure par l'effet des perturbations accidentelles que de 22 millimètres. Ces limites des écarts sont plus rapprochées qu'on les trouve à la Havane, dans le système des climats américains. La diminution qu'offre l'étendue des variations horaires, en avançant de l'équateur'' vers le p61e, a frappé M. Ramond'' dès qu'il a commencé à comparer les résultats de ses observations de Clermonl-Ferrand avec ceux que j'avois recueillis sous la zone torride. « L'étendue des variations, dit cet habile physicien, est en France la moitié moindre qu'entre les tropiques. Le maximum des variations, dans nos climats, est au prin- temps : l'ascension du jour est en Europe à peu près égale à l'abaissement qui l'a précédée; tandis que, sous les tropiques, ces quantités diffèrent du simple ^ au double, n M. Arago, dont les observations météorolo- giques embrassent déjà g ans, et qui les a disposées de manière à mettre le plus en évidence la valeur de la variation diurne ^ du baromètre , trouve qu'à Paris l'oscillation descendante , de g"* du matin à 3'' après midi, n'est que de o°",8 (oli,35); et qu'en réduisant toutes les hauteurs à une même température, la moyenne de 1 5 à 20 jours suffit , dans toutes les saisons , pour reconnoîlre l'existence et la marche des oscil- lations horaires '. Nous avons vu que les moyennes des hauteurs barométriques des mois diffèrent , près de l'équateur, de i'°°,2; près des tropiques du cancer et du capricorne (à Rio Janeiro et à la Havane), de 8°°. A Paris (lat. 48° 5o'), ces moyennes mensuelles varient aussi généralement, dans une même année, de 8 à g mil- limètres ». Les compensations des variations accidentelles sont telles, au centre de l'Europe tempérée, qu'un ' Je trouve, d'aptes le journal manuscrit do M. l'abbé Richenet, le» moyenne!) des douze mois de l'année i8i4j à Macao, comme il suit: 3o po.34 (th. 68- Fahr) ; 5o,3o (th. ôS») ; 3o,i6 (th. 66°) ; 3o,ii (th. 71"'); 3o,ii (tb.74'); 39,96 (th. 81=); 39,99 (th. 85°); 39,99 (th. 83°); 3o,i5 (th. 80); 3o,i9 (th. 78») ; 3o,2S (th. 73°); 3o,35 (th. 63»). Moy. de l'année, 3opo. 17 (th. 74°), L'échelle est en pouces anglois. Les hauteurs barométriques ne sont pas réduites à zéro de température. ' Au Caire, le 3 janv., 342 li. 0 (th. 5°,5R.); le 16 janv., 335 li. 5 (th. 10°). Différence réduite à zéro de température: i5°"»,4i. ' Au Sénégal (lat. i5»53'), un voyageur instruit et très-digne d'éloges, M. de BeauFort, a trouvé récemment, par les moyennes d'observations qui embrassent deux mois et demi, retendue des oscillations horaires de 2°"°,7. II donne, pour 7*' du matin, o°,7629 (th. 21°) ; pour midi , o'»,7654 (th. 25°) ; pour 4'' après midi , o",7663 (th. 23») ; pour 8' du soir, o°',7667 (th. 19°). Ré- duites à zéro de température, les observations de midi et de 4*" du soir donnent o™,76i9 et o™, 7631, et non comme il est dit dans la lettre adressée à M. Jomard (le 25 janv, 1834) , o'^,763i et o'°,7658 {Bulletin de ta Soc. de Géjgraphie , p. i4, 59.) Hertha , 1835, D. 3, p. 143. Ces observations s'accordent bien peu avec ce que l'on a trouvé partout ailleurs sur la terre , le baromètrs ayant été vu partout plus bas à 4'' du soir qu'entre 8>> du matin et midi. ' Mém.dcl'Jnst'Uut, i8c8 , p. 107 et 1812, p. i6. ^ D'après un premier aperçu , le type de la marche du baromètre , au bord des mers équiaoxiates, ra'a paru comme il suit ; soit h la hauteur barométrique moyenne , on aura , à 9*" du matin, h 4- 0' ,5 ; à 4** de l'après midi, h — o' 4 ■ à 1 1*' du soir, h-f-o'', 1 ; à 4'' après minuit, h— o'',2. Il résulte de cette hypothèse : pour 9' du matin, 3381, 3o; pour midi, 3381', 03 , pour 4'' après midi, 337l',4o; pour 11'' du soir, 337'', 91 ; pour 4"" après minuit, 337l',6o. Voyez mon Eisai sur la Ccogr. des plantes, p. 91, et mon Hec. d'Obs. astr., Tom. 1 , p. 286 et 289. ' f^oyez les discussions importantes qu'offrent les Annales de chimie et de physique, Tom. UI , p. 442 ; Tom. VI , p. 43g ; Tom. IX, p. 426; Tom. XII, p. 431; Tom. XV, p. 4i6; Tom. XVIII , p. 407. ' II est à regretter qu'on ne puisse comparer les observations de Paris et de Genève , les dL-roières ne renfermant aucun élément qui serve à faire connoître les variations horaires. {L, c, Tom, VI , p. 44o.) ' Je désirerois pouvoir comparer Paris à quelque endroit placé sous la même latitude , sur la côte orientale de l'Amérique ; mais nous n'avons jusqu'ici d'observations précises sur les variations horaires du baromètre , que celles qu'un observateur plein Relation historique j Tom. III, ÔQ 3o6 NOTES. mois suffit pour rapprocher à moins de j près la valeur moyenne des hauteurs barométriques de celle que l'on trouve sur les confins des deux zones équinoxiale et tempérée *. M. Marqué-Victor trouve pour Toulouse (lat. 43'>35') la moyenne de l'étendue des oscillations horaires de i°'',2; il n'a pas remarqué de rapport entre la grandeur des oscillations horaires et les saisons* : mais à Paris ce rapport se manifeste par des moyennes de 72 mois. L'étendue des oscillations de 9'' du matin à S*" après midi n'a été trouvée, dans les trois mois de novembre, décembre et janvier, que de o°°,54 ; dans les trois mois suivans ', de i°°,o5. Cette même différence s'est manifestée dans les observations faites par M. Ramond à Clermont-Ferrand. AChambéry (lat. 45° 3 i'), M. Billiet a trouvé, en 1822 et iSaS, l'étendue des variations horaires, en hiver, de o°°,9o et o°'',82; quant à Paris, elle étoit, à la même époque, de o"",69 et o'°'°,73. Au contraire , dans les mois d'été de 1822 et 1828 , ces quantités atteignoient àChambéry i"'°,29 et i'°°',oo; àParis, o'°°,90 et o°°,75. Les deux années entières que nous prenons pour exemple don- nent *, pour Chambérj-, i°'°,o6; pour Paris, à peine o°°',78; pour la Chapelle», près de Dieppe, o°"°,36. Je ne connois pas d'observations bien précises et bien nombreuses pour la latitude de 60° ; mais M. Bessel a publié un résultat très-important qui correspond au parallèle de Kœnigsberg (lat. SA" 42'), où des moyennes de huit années d'observations faites par M. Sommer avec un même instrument, et réduites à la température de 10" cent., donnent, pour S"" et g*" du matin, 337'',35i ; pour 2'' et 3'' après midi, 337'',264; pour 9'» et 10'' du soir, 337, ''35i. L'étendue des oscillations horaires n'est donc plus à cette haute latitude que de o,''o87 (à peine de r; de milUmètre) ou 4 fois plus petite qu'à Paris. Ces observations de Kœnigsberg sont si précises , ajoute M. Bessel, que, malgré la petitesse des oscillations, on reconnoît la valeur de la variation horaire dans les moyennes de chaque année ^. Les liauleurs moyennes de l'heure de midi ne diffèrent , à Paris, dans l'année entière, d'après la remarque de M. Araeo ', à peine de i'j de millimètre de la hauteur moyenne déterminée par les observations de 9'' du matin et Z^ du soir. M. llerrenschneider observe qu'en 16 années (1807-1822), les moyennes baromé- triques de midi n'ont différé entre elles que de i°'",8; et delà moyenne barométrique générale de Strasbourg, de À de millimètre. Le tableau suivant offre les résultats de neuf années faits à l'observatoire royal de Paris: de lèlc , M. Jules de Wallenslein , vient de faire à Washington (lat. 38" 55 ') , où la température moyenne (i4°>7 cent.) est de à' supérieure à la température moyenne de Paris. Les hauteurs harométriques des différeos mois ont varié à Washington , en 1834 de i4"",8 ou de 6 j lignes; ce qui prouve combien, sut la côte orien(u/e des Etats-Unis, l'atmosphère est sujette à de grandes variations. {Amer. Traïu. , i8ai, p. 7) ' Il y a eu même des années où le» moyennes barométriques des mois ont différé moins à Paris qu'à Rio Janeiro et à la Havane. Celte différence , en 1816 et 181 j , n'étoit que de 5 î 4 6y millimètres. 2 Bibl. univ., Tom.XX, p. 346- ' Laplace , Essai phll. sur les probabilités , i8a5,p.m. ' Ces différences, que l'on trouve en réduisant à zéro de température toutes les observations de Paris, de Chamhéry et de Toulouse , sont d'autant plus remarquables que les latitudes ne diffèrent encore que de 5», et qu'à Chambéry les variations accidentelles observées aui mêmes heures sont de \ plus petites qu'à Paris. M. Marcel de Serres assure avoir trouvé , pour une seule année (1819;, en réduisant les hauteurs à léro de température, l'étendue des oscillations à Montpellier de i»">,67. Dans cette même année , M. Arago obtint pour Paris o»»,33. BulM. de la Soc. d'Agr. du Hérault. Sept. i834- 5 Moyenne de 4 aunées (1819-183J). La petitesse des oscillations dépend peut-être, selon M. Arago, de l'élévation du site qui n'est pas un plateau. M. Nell de Bréauté, dans la Bibi. univ., Tom. XXII , p. io5. ' Schumacher, Aslron. Kachrichten , i8a3 , p^aS. ' Annales de chimie, Tom. IX, p. 4^8. M. Billiet trouve qu'à Chambéry, dans aucune saison, la moyenne de midi diffère de '- millimètre de la moyenne du mois. (Dibt. univ., 162^, févr., p. 93;. Sur les variations horaires observées à Strasbourg par M. Herrenschncider , voyez un excellent Mémoire parmi ceux de la Sociiti des Sciences à Strasbourg , Tom. II , p. 4o3. NOTES. 3o7 MOYENNES ANNEES. DE 9^ DU MATIS. y. DE MIDI. DE 3'^ APRÈS MIDI. 1816 754.. 5 753.94 753.45 .8.7 756.48 756. .6 755.69 .8.8 756.11 755.81 755. J2 18.9 755 ,.7 754.85 754.35 1820 756.10 755.85 755.37 .82. 756.04 755.83 755.36 1822 757.48 757 -7 756.65 1823 755.04 75478 754.29 .824 755.78 755.54 755.05 HOYBivnB de 9 ans. 755. ?o 755.54 755.08 J'ai réuni dans les pages qui précèdent un grand nombre de matériaux, inédits à ceux, qui se trouvent dis- persés dans difTérens ouvrages. Je terminerai ce travail par l'indication des lois ou plutôt des rapports les plus généraux qu'offre le singulier phénomène des petites marées atmosphériques : 1° Les oscillations horaires du baromètre se font sentir dans tous les lieux de la terre, dans la zone torride comme dans les zones tempérées et froides, au niveau de la mer comme à des hauteurs qui excèdent 2000 toises. Ces oscillations sont périodiques et se composent partout de deux mouvemens ascendans et des- cendans. Les deux marées atmosphériques ne sont généralement pas d'égale durée '. En comparant des résultats d'une exactitude inégale, et obtenus par trente oljservateurs entre les 23° de latitude australe et les 55° de latitude boréale , on trouve, pour les époques des maxima et des minimu, des écarts de 2 heures : en excluant 5 résultats seulement, on voit tomber le vMximum du matin entre S*" \ et 10'' ; , le minimum après midi entre Z"^ et S"", le maximum du soir entre gi» et ii"", et le minimum après minuit outre 3'' et 5''. 11 est à présumer que ces limites des écarts se trouveront beaucoup plus rapprochées lorsqu'on aura, pour les dif- férentes zones, un plus grand nombre d'observations d'égale exactitude. Provisoirement, on peut adopter comme type le plus généralement reconnu des maxima et des minima : dans la zone équatoriale : -l- 21^ [; — 16^; + lo^i-, — ï6^. Dans la zone tempérée : -|- 20'' ' , — S"" è; -f g*- 1 ; — i/'', temps astronomique compté de midi. 2° Dans la zone tempérée , les époques du maximum du matin et du minimum du soir sont plus voisines de 1 ou 2 heures , du passage du soleil par le méridien , en hiver qu'en été ; mais le type de l'été est celui qui ressemble le plus au type que l'on observe entre les tropiques. On manque surtout d'observations du minimum qui a lieu après minuit, et il est à désirer que l'on examine l'influence de l'époque variable du lever du soleil sur l'heure de ce minimum matinal. 3° Dans la zone torride, les heures-limites (c'est-à-dire les inslans où les oscillations atteignent le maxi- mum et le minimum) sont les mêmes au niveau de la mer et sur des plateaux élevés de i.'îoo à 1400 toises. On assure que cet isochronisme ne se manifeste pas dans quelques parties de la zone tempéréo . et qu'au cou- vent du Giaud-Saint-13srnard, par exemple, le baromètie l)aisse aux mêmes heuica oii il luoutc à Genève. ' Voyez le Tableau du résumé gincral des observations horaires. Il résulte , pour la durée des marées ascendantes et descen- dantes entre les tropique» le plus généralement : 6' J , 6'', C'' et 5'' ;. 3o8 NOTES. Si ce phénomène est général * en Europe , il reste à savoir si des plateaux étendus le produisent comme des cols ou gorges étroites. 4" On voit partout (comme on pouvoit le supposer) que les variations se ralentissent près des sommets concaves et convexes de la courbe qui les représente, c'est-à-dire lorsque les hauteurs barométriques attei- gnent alternalivement leur maximum ou leur minimum ; et, dans quelques lieux de la lerre,Ie mercure paroît rester stationnaire pendant un temps très-considérable. Ce temps varie de i5' à t}' ; et , en déterminant avec précision la demi-durée de l'état stationnaire , on doit distinguer entre l'instant vrai du maximum et l'époque où le baromètre cesse , pour nos sens , à monter ou à baisser. 5° Généralement, sous la zone torride, entre l'équateur et le parallèle de i5" nord et sud, les vents les plus forts , les orages , les Iremblcmens de terre , les variations les plus brusques de température et d'h umidité, n'interrompent et ne modifient pas la périodicité des variations. Il est d'autant plus digne d'attention que, dans quelques parties de l'Asie équatoriale, où soufflent les moussons avec violence (par exemple dans l'Inde), la saison des pluies masque entièrement le type des variations horaires, et qu'à la même époque où ces varia- tions sont insensibles dans l'intérieur du continent, sur les côtes et dans les détroits, elles se manifestent sans aucune altération, sous les mêmes parallèles, en pleine mer. 6° Entre les tropiques , un jour et une nuit suffisent pour connoître les heures-limites et la durée des petites marées atmosphériques; dans la zone tempérée, par les 44" et 48° de latitude, les phénomènes de la périodicité se manifestent dans toutes les saisons avec beaucoup de clarté dans des moyennes de 1 5 à 20 jours. 7° L'étendue inégale des variations diurnes produit, dans la zone torride, aux mêmes heures , en diSërens mois, des différences de hauteur barométrique plus ou moins considérables. L'étendue des oscillations décroît à mesure que la latitude et les écarts annuels, dus à des perturbations accidentelles, augmentent. Dans les maxima du soir, le mercure est généralement un peu moins élevé que dans les maxima du matin. Si l'on se * Quelques observations faites en Europe dans des gorges et \i la pente des montagnes, et la supposition d'un déplacement de Tair dans les couches superposées les unes aux autres , ont fait croire à quelques physiciens que les maxima et les mixùma ne pouïoient coïncider à la Guajrra et à Caracas ; sur les côtes de la Mer du Sud (par eiemple à Payta), et à Popayan ou i Santa-Fe de Bogota ; à la Vera-Crut et i Mexico; sur les cdtes du Malabar où a observé M. Horsburgh, et sur les plateani du Mysore et du Nepaul. Les tableaux qui précèdent prouvent que ces doutes ne sont aucunement fondés pour ce qui concerne des plateaux situés entre les tropiques. Les observations de M. Ramond, faites à 210 toises de hauteur, à Clermont-Ferrand , nous mettent en droit de supposer , par analogie , que , dans les hautes plaines de la Mancha , en Espagne , élevées de 5^o toises, on verroit monter le baromètre aux mêmes heures qu'à Valence ou à Cadix. Au Saint-Bernard et à Genève , on observe « comme nous l'avons déjà dit plus haut, aux deux époques du jour qui sont les moins convenables pour nous instruire sur les oscilla- tions du mercure ; on observe à l'heure variable du lever du soleil et à l'heure fixe de 1^ après midi. Ces époques précédent inégalement les maximo et les mmlma. Dans les observations de Genève , le baromètre est , en hiver comme en été , au lever du soleil , un peu plus haut qu'à a heures; mais au Saint- Bernard , pendant les 13 mois de l'année i8a4 , les moyennes du lever du soleil ont été 5 fuis plus basses (janv., avr., juin, août, oct.)^ 3 fois plus hautes (févr., mai , juill.j , et 4 fois égales aux moyennes de a** après midi. (Bou^uer, Fig. de ta Terre , p. Sg. DthCy I\ecb. sur tes modif. de t'atm. , § 5/8, 55o et 696. Bibl, umu. /laur 1830. Jui//et, p. 190 , Tom. X, p. io. Daubuisson, danale Journ. de ph^s. , Tom. LXXl , p. a4-} Lors de l'abaissement rapide du baromètre, le a février iSaS , le maximum d'abaissi-ment a eu lieu au Saint-Bernard à la même heure qu'a Genève. {Bibt. i-niv , Tom. XXII , p. 111). Ces incertitudes, sur l'isochronisme des oscillalions , ne pourront être levées que lorsqu'on aura , pour Genève et le Saint-Bernard , pour Milan et le village du Simplon , pour Trenlo et Inspruck , des moyennes d'ob- servations faites aux beures-timitcs mêmes. 11 se peut d'ailleurs que des cols ^ situés sur le faite des Alpes et entouiès de hautes cimes, retardent et modifient les périodes des maxima et des minimaf et que ces influences locales cessent dans les plateaux d'une plus grande étendue. Pour sjvoir si , même sous la zone torride , un manque d'isochronisme se manifeste dans de certaines circonstances, j'ai engagé récemment M.M. Boussingault et Kivern d'observer simultanément leurs baromètres à Santa-Fe de Bogota et à la Chapelle de Notre-Dame de Guadalupe, qui se trouve comme accollée à un rocher, presque perpendiculairement au-dessus de la ville , avec une différence de hauteur de 3i2 toises. M. Daniell (Mcieor. Essais, .833 , p. 360) a cru reconnoilre, dans des observations faites pendant les derniers voyages aux régions polaires, surtout à l'île de Melville ,et aux Montagnes Rocheuses , que le baromètre monte par les 74° de latitude lorsqu'il baisse par les 41». Ce savant physicien paroit attribuer ce phénomène à des courans atmosphériques dont l'existence n'est pas facile à consLiter. NOTES. 3o9 borne aux observations précises et assez nombreuses pour donner des moyennes dignes de foi , on trouve que l'étendue des oscillations est, sous la zone torride, entre l'équateur et le parallèle de lo" dans la marée de g'' du matin à 4'' après midi, dans les plaines, 2'°°,6 à 3'"',5 (p. 299); sur le plateau de Bogota (i3fi5 t.), de 2""',3 (p. 3o2) ; vers l'extrémité de la zone torride australe , dans les plaines , de 2 millimètres (p. 298). Dans l'année entière, les oscillations diurnes varient (à Bogota) de o°",63 à 3°'°,64; les moyennes des oscillations mensuelles varient de i°",5 à 2°°,/ (p. 3oi-3o2). Les étendues d'oscillations, dans les marées du matin (de g*" à 4'') et du soir {de4' à 11''), sont généralement, sous les tropiques, dans le rapport de 5:4ou5:3. Les hauteurs barométriques moyennes des jours varient, entre 0° et lo" de lat. , dans les plaines, de 3°°,8; sur le plateau de Bogota , de 3 millimètres. Une différence de niveau de i4oo toises influe, par conséquent, bien peu sur la moyenne des oscillations diurnes et les extrêmes de ces oscillations. Les moyennes de rheure de midi sont, entre les tropiques, constamment (de quelques dixièmes de millimètre) plus élevées que les moyennes générales du jour, tirées du maximum de g'' du matin et du mitmmim de 4'' après midi. En avançant de l'équateur vers les régions polaires, on trouve les différences des hauteurs barométriques de g'' du matin et de 4' après midi : par les o'>-20° delat.de 2°°, 5 à 3°",o; par les aS^-So" lat., de i"°,5; par les 43"-45° lat., de i°°,o; par les 48°- 49° lat., de o°°,8; par les 55" lat., de o°°,2. 8° Les moyennes barométriques des mois diffèrent entre elles, sous les tropiques, de l"",'2 à i"°,5; à la Havane, à Macao, et à Rio Janeiro, près des tropiques du Cancer et du Capricorne, de 738 millimètres , presque comme dans la zone tempérée. Les écarts extrêmes de l'année sont aux mêmes heures, près de l'é- quateur, de 4 à 4î millimètres; elles s'élèvent quelquefois, h l'extrémité de la zone équinoxiale, près du tropique du Capricorne, à 21°°; et près du tropique du Cancer, à 25 et 3o millimètres. Sous le climat de l'Europe tempérée, les limites des oscillations extrêmes mensuelles sont, dans le mouvement ascendant, de la moitié plus rapprochées entre elles que sous le tropique du Cancer; dans les limites des oscillations des- cendantes, cette différence entre les deux zones est beaucoup moins sensible. L'interruption des oscillations horaires offre, près du tropique du Cancer (dans le golfe du Mexique), un pronostic de la proximité des tempêtes, de leur force et de leur durée. Les moyennes mensuelles des hauteurs barométriques diminuent régulièrement de juillet en décembre et janvier, sur le plateau de Bogota (p. 3o2), et même dans l'hémis- phère austral, sur les côtes de Rio Janeiro (p. 298). A l'extrémité de la zone équinoxiale boréale, le re- foulement des vents du nord élève les moyennes de décembre et de janvier au-dessus de celles de juillet et d'août (p. 297 et 3o4). 9° Sous les tropiques, comme dans la zone tempérée, en comparant les écarts extrêmes du baromètre mois par mois, on prouve les limites des oscillations ascendantes 2 à 3 fois plus rapprochées que les lituites des oscillations descendantes '. 10° Les observations que l'on a pu réunir juqu'ici n'ont pas indiqué une iailuence sensible de la lune'* • A la Havane, d'après le journal météorologique (manuscrit) de M. Don Antonio Ilobredo, les oscillations extrêmes étoient, en 1801 , dans les maxima des mois , de 3or,i6 (mesure angl.) , et de 3o:',ok 4o ans, si toutefois plusieurs de ces manuscrits précieux n'ont pas été dispersés après sa mort , dans le temps des troubles politiques de la Nouvelle-Grenade. M. Boussingault, qui se livre avec la même ardeur à la recherche de tous les phénomènes physiqi es , a refait le travail de M. Mutis ( en employant des iastrumens beaucoup plus parfaits) dans les syiygies comme les quadratures et aux bemes des passages de la lune par le méridien ; 3lO NOTES. sur les oscillations de l'atmosphère . Ces oscillations paroissent dues au soleil , qui agit , non par sa masse (par at- traction) , mais comme astre calorifiant. Si les rayons solaires produisent, en modifiant la température, des changemens périodiques dans l'atmosphère, il reste à expliquer pourquoi les deux minima barométriques coïncident presque avec les époques les plus chaudes et les plus froides du jour et de la nuit. Maxima baeométmqttes de g' du matin (réduits a zéro de température) observés a Santa- Fe de Bogota par MM. Bocsscgault et Rivero, pour exasuner l'influence des zyzygies et des quadratures sur les variations horaires. JOURS DES PHASES LUNAIRES. HODVBLLB IDHB. paSHIBSQDlBTIBa. FLBIHB LCnB. SECOND QDIBTIBB. 6 , i3, ai ) 29 août 1835 0-56244 0.56237 0.56221 o.5Gi85 0.36233 0.56205 0.56192 0.56248 0.56164 0.56251 o.56i5o 0.56259 o»56i73 0.56187 0.56218 o.56i48 0 56100 o.56o63 o.56i5i 0 . J6 1 98 0. 56263 0.561G8 o.56io3 o'»36283 0.56283 0.56108 0 56230 0.56i58 0.56171 0. 56083 0.56228 0. 56202 0.56196 0.56201 0.56253 o"56262 0.56294 0.56258 o.562i5 o.56o63 0.56263 0.56168 o.563i2 0.56241 0.561 63 0.56198 29 avril , 6 , i3 , 30 mai. 26 iuin 3 . II. 10 iuillct 0. 56216 0.56161 o.56iy8 0.56222 [ La première colonne indique les jours où les observations de 9' ont été les plus rapprochées de l'époque des syzygies et des quadratures. Sous la zoue tempérée, une décade suffit le plus souvent pour reconnoîlre la périodicité des marées atmosphériques , cependant le tableau qui précède rend probable que douze jours d'observations faites sous les tropiques, les jours de sizygies et des quadratures , ne suffisent point encore pour dégager l'eBet lunaire des perturbations accidentelles. On obtiendra des résultats plus positifs si, après avoir réuni un grand nombre d'observations faites à l'instant du passage du soleil et de la hine par le méridien, on défalque les eflets réguliers de la période diurne. ] main il c'a pu recoonoître l'iofluence lunaire sur les hauteurs barométriques. .Je n'ose nier, m*écrit-il de Santa-Fe de Bogota (le 9 février 1825) , toute influence lunaire sur la hauteur moyenne du mercure ; mais je crois que cette influence , si elle existe , est à peine sensible , parce qu'elle se perd entre les autres causes des variations horaires . . Cherchant à réunir , dans cet ou- vrage, tout ce qui peut jeter du jour sur la Mctécrologie de la zone lorride , je crois faire quelque chose d'agréable aux physiciens en plaçant, à la fin de ce mémoire, une partie des observations de M. Boussiogault sur les influences lunaires. On verra que la moyenne des syzygies n'y diffère que de 0""°, 16 de la moyenne des quadratures. Toaido crut trouver par des moyennes de 4o années , en employant une méthode peu exacte , que le baromètre est en Italie plus haut dans les quadratures que dans les syiygies , dans l'apogée que dans le périgée. (De la hifl. degli aslri, 1781, p. 122. Lambert, AcI. Helv. , Tom. IV, p. 123. Journ. de Phys., lyygjuln, p. 270.) NOTES. ill Observations de vabiations horaires ( non réduites a la même température ) faites par M. Bous- SINOAULT a SaNTA-Fe DE BoGOTA , EN l824, POUR EXAMINER l'iNFLUENCE DU PASSAGE DE LA LUNE PAR LE MÉRIDIEN SUR LES OSCILLATIONS DU BAROMÈTRE. 3 janvier. . 9 m 0.56500 Temp. duB. 14.5 C. h 6 janvier, midi. m 0.56205 renip. duB . 16. 5C. 10 0.56265 16.5 1 o.56i55 16.5 11 0.56225 16.3 2 o.56ii5 16.5 midi. 0.56180 16.5 3 0, 56080 en 16.3 ■ 0.56095 ^ 16.5 4 0.560-0 c B n ■ 6.5 2 o.56oo5 ta a B a 16.5 5 0.56070 16. a 3 0, 55957 16.3 10 0.56255 L^ i5.8 4 0.55955 "a. 16.2 1 1 0.56255 W^ i5.8 11 0.56190 *>• 16.0 7 janvier. . 4 0. 56145 15.9 4 Janvier. . 4 0. 56070 16.2 7 0.56275 16.0 5 janvier. . 5 0.56100 16.1 8 0. 563oo 16.1 9 0.46275 16.2 9 o.563oo 16.0 10 0.56275 16.3 10 0.56295 » 16.. 11 0. 56265 16.5 II 0.56 260 c s n 1 16.0 midi. 0.56230 16.8 midi. 0.56220 16.1 1 0.56160 16.2 1 0.56190 4»- a- 16.2 a 0.56125 A 16.2 a 0.56120 t.» 16.3 5 0. 56080 a 16.5 3 0. 56095 16.2 4 o.56o5o e n 16.2 4 0.56090 16.0 5 0. 56o65 ^ 16.4 5 0.56095 16.0 6 0.56110 ^ 16.3 6 0 56110 16.1 7 o.56i55 16.8 10 0.56245 A 16.0 9 0.56260 16.5 II 0.56240 C 5 16,0 10 0. 5627.S 16.8 8 janvier, midi. 0.56145 1^ 16.0 II 0.56345 16.8 4 o.56oi5 Ui 15.9 «janvier.. 8;^ o.563i5 16.2 5 o.56o5o *^ 16.0 9 0. 563oo 16.1 6 0 . 56075 16.1 10 0. 56295 16.1 9 janvier.. 9 0.56220 .5.9 1 0.56255 16.3 4 0.55965 16.1 3l2 NOTES. BÉSUMÉ DES OBSERVATIONS DE VARIATION HOllAÏRES FAITES ENTRE LES PARALLil.ES DE LAT. 25° SUD ET LAT. 55° NORD, DEPUIS LE MPTEAU DE l'ocÉAN IUSQu'a 1 4oO TOISES DE HAUTEUR. ZONES. NOMS des OBSERVATEURS. UiniMA après minuit. HEURE3- MAXIMA du matia. LIMITES. UiniHA après midi. UAXIUi ÉTENDUE movbubb des OHcillations du baromètre (en centièmes de millim.) LIECX DE l'observation. du soir. âQCATBCB. N 5 m i a pj s. <; s > d (A H H (► f W Tbopiqcb. î s < s S- g- ' Lamanon et Mongès. - 4" +- lo' - 4- + 10' Océan atlantiqae équatorial. Humboldt et Bonpland - 4'-^ + g'X -4-;^ + n' 3,55 Amérique équaturiale, de iatil. 23'>N.àlat. i2« S., entre o" t. et i5oo t. de hauteur. Duperrey.. . — 3' + 9" -3'X + ..'X 3,4o Payta (sur les côtes du Pérou) , lat. 5° 6' sud. Boussiagault et Rivero. - 4' - 4' + + 10' 10' 2,44 2,29 La Guayra, lat. io° 36' N. Santa-Fede Bogota (lat. 4°35'N. haut. i366 t.). Horsburgh. - 4' -r 8'^ - 4' + 11' Mers de l'Indt et d'Afrique (lat. lo- N., lat. 25° S.). LangsdurlT et Horner. -3'ï + 9'^ - 4' + 10'^ Océan pacifique équatorial. Sabiae. — 5' - 9'%. - ^'ï H- lO' 5:ierra Leone, lat. 8" 3o' N. Kater. — 5' + lo'J, - 4" + •0"% Plateau du Mysore(lat. 14" i l'N- haut. 4oot. '.Saison des pluies. SiœunolT. - '^"'i + g'X -3'^ + 9"î Océan pacifique, de lat. 24" 3o' N. à lat. 25° o' S.). Richelet. — 5" + 9" — 5' — lo' Macao , lat. 22° 12' N. Balfour. - 6' + 9'S — 6' 4- JO'' Calcutta, lat. 22° 34' N. Dorta , Freycinet, Escbwege. — Sk + 9"i - 4- + 11' 2,34 Brésil équinoiial, à Rio Janeiro (lat. 22° 54' S.) , et aul mis- sions des Indiens Coroatos\ ^ UamiltuD. ..... Plateau de Katmandoo (dans l'Inde), lat. 2-° 48' N. LéopoIddeBach. + 10' -4' + 11' 1,10 Las Palmas (dans l'ile Gran Canaria.lat. 28°8'N.). Coutelle. — 5" -1- lo' - 5' -r- lo') • ,-5 Caire , lat. 3o° 3'. Marqué- Victor. été. hiver. 4- »<■% + lO' - 5';^ + 11' 1,20 Toulouse, lat. 43° 34'. (Muy. de cinq années.) BiUiet. été. hiver. + 7-:^ + 10' — 5' - a' 1,00 Chambéry, lat. 45° 34' (haut. l3;t.) Kaujond. été. hiver. + 8' + 9" - 4" — 3' -i- 10' 9" 0,94 Ciermont-Ftrrand , lat.45''4** (hant. 910 t.). Herrenscl^oei- der. — 5i> + 8'X -3'!^ -r 9'^ o,8o Slrasliourg, lat. 4*** ^4'* (Moy. de S'il années.) Arago. -r 9' — 3' 0,7 j Paris, lat. 48" 5o'. (INeuCannees d'ob.serv. les plus précises.) PielideBrcautte. -1- 9" — 3' 0,36 La Chnpelle, près Dieppe (lat. 49-55'). Sommer et Bessel. V -t- 8';^ - '"i -1- lo' 0,J0 Kienigsberg, latitude 54" 42' (Huit années.) NOTES. 3l3 HAUTEUR MOYENNE DU BAHOMÈTRE A NIVEAU DE LA MER, SOUS LES TROPIQUES. Parmi les élémens numériques, dont la géographie physique exige depuis long-temps une détermination précise, la hauteur moyenne du baromètre au niveau des mers , dans les dififérentes zones, est un des plus importans. Cette détermination embrasse deux questions entièrement distinctes : i" quelle est la hauteur moyenne absolue du baromètre sur les côtes d'Europe et de l'Amérique équatoriale? 2° cette hauteur est-elle la même , ou diffère-t-elle dans la zone tempérée et dans la zone torride. Aucun de ces problèmes n'a été com- plètement résolu jusqu'ici. La détermination de la hauteur absolue suppose des évaluations exactes de l'effet de la capillarité, c'est-à-dire de la dépression du mercure dans les tubes des baromètres à cuvette. M. Arago s'est occupé de ce genre de recherches très-délicates en comparant les baromètres de la construction de Fortin à des baromètres à syphon. 11 va bientôt publier les résultats de ce travail, qui offrira d'autant plus d'intérêt qu'il est lié à la question sur l'invariabilité du poids moyen de l'atmosphère dans une longue suite de siècles. Je ne traiterai ici que de la différence des hauteurs barométriques moyennes sous le parallèle de 49° et dans les régions équatoriales. Cette recherche avoit singulièrement fixé mon attention à l'époque où je quittai l'Europe. J'avois comparé avec soin deux de mes baromètres à celui d'après lequel M. Bouvard publioit les variations météorologiques faites à l'Observatoire de Paris. J'avois cru trouver à Cnmana ', au bord de la mer, la hauteur moyenne de SSy^S, ou j62°"',o2 à 25° du thermomètre centigrade, ce qui donne à zéro de température 758"", Sg. Comme à cette époque (1799) on supposoit la hauteur moyenne au niveau des mers, en Europe'^, d'après Shuckburg, de 76i"'°,i8 (à zéro de température), je devois nécessairement con- clure de cette comparaison que la moyenne barométrique au niveau des mers, dans la zone torride, était un peu moiridi-e que dans la zone tempérée 3. Incertain sur la capillarité du baromètre que j'avois employé, j'éva- luois, dans mon Tableau des régions équinoxiales , celte différence à deux millimètres, et je l'attribuois au mouvement ascendant de l'atmosphère tropicale qui déverse des couches d'air fortement échauflëes vers les régions polaires. Ayant fait , avec mes instrumens , avant de m'embarquer pour Cumana , de longs trajets par terre deParis àMarseille, à Murviedro, à Madrid et à la Corogne, je ne devois avoir que très-peu de con- fiance dans ma détermination. Heureusement je puis aujourd'hui y substituer une autre beaucoup plus précise. MM. Boussingault et Rivero ont comparé, conjointement avec M. Arago, avant de s'embarquer pour la Guayra, deux excellens baromètres de Fortin à celui de l'Observatoire de Paris. Ces deux baromètres ont conservé eutre eux la même différence qu'ils avoient en Europe. Or , M. Boussingault a trouvé , au niveau * M. Caldas, que les réactions d'une politique sanguinaire ont enlevé aux sciences à un âge où son zèle pouvoit encore leur être si utile , pense que la différence de hauteur moyenne entre mon observation et celle de Shuckburg provient du peu d'accord que l'on trouve entre une colonne de mercure bouilli ou non bouilli dans les tubes (.Vem«nnn'o. Tom. I, p. 52). Cette cause n'a pu influer sur mes observations de Cumana et de la Guayra. J'avois porté d'Europe à Caracas dtux baromètres à cuvette dont le mercure avoit été bouilli dans les tubes avec le plus grand soin par des artistes Irés-habiles. * M. Oriani trouve , pour Milan , la hauteur moyenne sur les eûtes de l'Adriatique (à i3»,5 cent, de température^ Ô38l',a5 , ce qui donne 761°""', 73 à la température zéro. Selon M. Ferrer, la hauteur barométrique moyenne est, à la Ilavane, par 350,7 cent. 338 ',55, ou 763»", 71 , ou à 0° temp. 760,18. Ce résultat est identique avec celui de M. Boussingault; mai» nous ignorons l'élévation du baromètre de M. Ferrer au-dessus du niveau de l'Océan , et les précautions employées à Milan et à la Havane pour connoître la capillarité des tubes. Voy. Dci combustibili, Memoria dd Canii Beuelacqiic-Lanzisc , p. 107. Schumacher Astr.Nachr. Beil. , Tom. Il, n. 65; Hcrlha,D. III , p. 246. Sur la dépression assez constante qu'éprouve le baromètre près du cap Ilorn , dans les mers de Sachalin et sur les côtes occidentales de la ."iorwège , où soufflent d'impétueux vents d'ouest , voy. Krusensicrn, Rec. de Mcm. hydr., Tom. I , p, ig ; Liopold de B uch ; dansGiVier/, Ann.der physik., Tom. XXV, p. ajo ; là.Ba- rometriscbc ff'indrose , p. 4. 5 Foyc! mon Essai sur ta Giogr. des plantes, p. 90. Richer, Bouguer, La Condamine, Blloa, et Don Jorge Juan croyoient, dans la première moitié du i8"« siècle, le baromètre au niveau des mers èquinoxiales de 1710 1 l'i.S; aSi-n'i, ou aSi-'.iii. Les instrumens dont se servoient ces voyageurs étoient sans doute ttès-imparfaitement purgés d'air; car, comme on n'eœ- ployoit aucune correction pour la température , on auroit dû trouver des hauteurs barométriques trop grandes. Si , récemment, on a exagéré un peu les hauteurs barométriques moyennes au niveau des mers d'Europe , c'est sans doute à cause des incerti- tudes qui enveloppent l'effet de la capillarité. Relation historique, Tom. ///. 4® 3l4 NOTES. de l'Océan, à la Gua-\Ta , la moyenne des tnaieima et minima observés pendant 12 jours 76o°°,i7 (à zéro de température). M. Arago, par neuf années d'observations de Paris , évalue la hauteur moyenne baro- métrique (en la réduisant à zéro de température et au niveau de l'Océan *), à 76o°°,85. La différence des deux hauteurs moyennes, déterminées, pour ainsi dire, avec le même instrument, s'élève par conséquent à o°°,6S. 11 ne faut pas oublier que, sous la zone torride, des causes accidentelles influent aussi sur les hauteurs moyennes ; j'ai taché d'évaluer avec soin les limites probables de ces cbangemens, et il résulte de l'analogie de faits bien observés, qu'à laGuayra même, dans une autre saison, la moyenne barométrique, déduite des maxima de ç^^ et des minima de 3"^, auroit pu être trouvée d'un millimètre plus grande ou plus petite. Pour ne laisser aucim doute sur la question que nous agitons ici , il faudroit pouvoir comparer la moyenne des 9 an- nées de Paris à la moyenne d'une année des côtes de Venezuela ; mais jusqu'à ce jour nous ne possédons une année entière d'observations horaires que pour un seul endroit de la zone tropicale , entre 0° et 1 3° de latitude ; et ce seul endroit est le plateau de Bogota, élevé de plus de 2600 mètres au-dessus du niveau des mers équi- nosiales. iwvww^iWwwsniMsn/s TEMPERATCBE MOYENNE DE CUMANA. ÉTAT HYGROMETRIQUE ET CYANOMETRIQUE DE L AIR. Pendant le séjour de six mois et demi que j'ai fait à la ville de Cumana (lat. 10» 27' Sa"), je me suis occupé simultanément de recherches, 1° sur la température moyenne du lieu ''■, l'accroissement de la chaleur à diffé- rentes heures du jour, la température de la mer pendant le flot et le jusant*; de l'intensité de chaleur du soleil, mesurée à différentes heurea par des thermomètres placés à l'ombre et au soleil; 2° sur les variations horaires ^ du baromètre; 3° sur l'état hygrométrique '', électrique et cyanométrique ^ de l'atmosphère ; 4' sur l'évaporation; 5° sur la quantité de pluie qui tombe dans les différe-'S mois; 6° sur la déclinaison et l'inclinaison de l'aiguille aimantée ', et sur l'intensité des forces magnétiques ; 7° sur le mirage et l'influence que le lever et le coucher du soleil exercent sur l'inflexion des trajectoires*. Les volumes qui précèdent renferment déjà un grand nombre des résultats que j'ai pu obtenir : je traiterai ici spécialement de la distribution de la chaleur dans les différens mois de l'année, comme de l'état hygrométrique, cyanométrique et électrique de l^alr de Cumana. Les espériences que j'ai faites sur l'évaporation et sur l'intensité delà chaleur des rayons solaires seront déve- loppées plus tard : elles serviront de terme de comparaison dans l'exposé des phénomènes météorologiques que l'on observe sur le dos des Cordillères de Quito et du Mexique. J'ai observé , à Cumana, le thermomètre, l'hygromètre à baleine de Deluc , et le cyanomètre de Saussure , pendant les mois de juillet , d'août , d'octobre et de novembre 1 799 , comme aussi pendant le mois d'août 1800, non tous les jours , mais souvent, pour mieux saisir les accroissemens progressifs , dix à douze fois dans un seul jour. Pendant mon voyage à Caracas et à l'Orénoque, j'ai prié une personne très-intelligente et très-zélée pour ce genre de recherches, M. Faustiii Rubio, de consigner sur un registre les indications d'un thermomètre de DoUond (concordant avec les miens à o", 2 cent, près) trois ou quatre fois par'jour, à 7b ou S*" du matin, 2'' et 4'' après midi et 1 1 '' du soir. Ce thermomètre étoit placé à l'ombre dans un endroit aéré , loin du reflet du sol , au faubourg des Indiens Guayqueries. Cumana étant regardé comme un des endroits les plus chauds, les plus secs et les plus sains des basses régions de l'Amérique équiuoxiale, il est important de faire connoître les observations partielles. J'en choisis , comme au hasard, parmi les i6oo que je possède : elles serviront surtout à constater <[ue le climat des tropiques est ' Haut. bar. moy. à Paris (Observatoire royal) , ;55«"°,43. OiiTérence entre l'Observatoire et le port du Havre , d'apris une aonée d'observations correspondantes faites avec des instrumens comparés : 5'°°>,43. = Voyez liclal. hhl., Tom. 1 , p. 548, 584, 65; et 658. * L, c, Tom. I , p. 275, 290, 627. ' i.c, T. III, p. 270-311. > Tom. I, p. 246, 58o; Tom. II, p. 73. ' l. c, Tom. I , p. 248-25G , 583. ' Tom. I , p. 5 1 5-5 17. • Tom. II, p. 6j5-63i. NOTES. 3i5 bien plus caraclérisé par la durée de la chaleur que par son intensité , c'est-à-dire par les maxîma de tem- pérature qu'atteint le tiiermomètre dans certains jours. Je n'ai vu cet instrument, à Cumana, jamais au- dessous de 200,8 ni au dessus de 32°,8 cent-, et j'ai trouvé sur les registres de M. Orta, dont les thermomètres ont été comparés par les miens à ceux de l'Observatoire de Paris, qu'à la Vera-Cruz, en i3ans, le maximum de chaleur n'a atteint que 3 fois 32° cent., et une seule fois SS'jy; tandis qu'à Paris ' on a vu le thermo- mètre centésimal jusqu'à 38°,4. I. OBSERVATIONS DE M. DE HUMBOLDT. Jutllel. i8 S' m. 7 a- Il 8. '9 6 ;^,m. 9 2 6 s. 24 7 m- midi. 5 i% 11 S. 5 X 9 2 Août. Th. R. Hygr. Del. 18.7 19.0 ■2Î.4 19.8 23 23.2 22. 5 18.1 '7 54° bleu. 53 orage. ... bleu. 55 53 bleu. 5o 49 orage, uu bleu. 6u bleu. 5o 49.5 bleu. 5o 56 bleu. 58 bleu. 23 45 20 48 nuages 18 65 pluie. 18 60 bleu. 31-8. 22.5 00 orage. 5 21 49 9 s- '9 55 10 18.5 57 nuages. 'O % 18 59 bleu. minuit. 18 62 bleu. 20 midi. 23 53 bleu. 3 s. 23.3 48 5 22.5 47-6 ■t 20.3 5i bleu. 1 1 S. 18.1 53 vent. minuit. 18.0 00 bleu. 27 8 % 19.2 57.5 bleu. 9 ., 19, 5 57 >' % 22.5 49 nuages. midi. 24.0 48 2 s. 23.5 47 orage. 4 20 5o.6 6 18.7 54 7 18.5 55 couvert. .8 iS 59 bleu. minuit. ■ 7.5 60.5 29 11 m. •22.5 52 bleu. midi. 24.5 .... 4 s. ■■3 5i 4 X 24 5i bleu. 7 19.5 Ci couvert minuit. 67 bleu. Août. 3o midi. 3i 11 midi. a 4 11 s. minuit. 1 Octobre. 2 81' 10 midi. 3 5 6 SX 10 minuit. 23 8-X 9.4 midi. 1 5 1 6 10 minuit. 25 midi. 5 10 !>. 26 9 a s. 5 9 minuit. Th. R. Hygr. Del. 21.1 25. o 26 19.2 '9 18.5 20.3 23 î3.6 30.4 22. 5 '9 18.3 18 20.4 21.5 21.6 23. s 23.9 a3 22 ai. 5 20.9 19.2 19.2 19.1 30.5 22 24.3 =4 22 20. 5 23.5 23. 2 19.5 19. 2 18.8 18.6 22 4 25 19.3 >9 20.5 23.2 20. 2 20 18.2 5i bleu. 4s 47 orage. 56 bleu. 60 60 2 bleu. 54 bleu. 49 48 47.7 bleu. 48 5o 52 56 bleu. 00 bleu. 00 bleu. 00 vapeurs. 00 vapeurs. 53.5 52.5 49.5 49.5 50.3 53 56.1 5i.8 5i 5o.5 5o 5a. 5 54 55.5 56.5 52.5 50.5 49.8 52.2 62.3 53.5 5o Sa 54 56.5 Octobre. Th. R. Hygr. Del. 27 8 20. a 52.6 11 ai. 5 5i midi. a3.a 5o 11 s. 19. S 53.5 Novembre. 3 9 21 54 midi. aa 5i a a3 49 6 20.5 58 4 9 22.4 49 a s. 23.2 48 5 22.5 54 7 31 60 11 s. '9 66 5 10 22 54 midi. 32.5 5o 3 23 49-4 4 30.2 50.2 5 Ti 20.1 5i.5 10 '7 7 64 Le thermomètre (division de Réau- miir) est réduit à celui des caves de rob>ervatoire de Paris, lequel, d'après des recherches faites depuis mon retour tn Europe, a été trouvé de o''.57 cent. trop élevi'. L'hygromètre est à baleine ; ses indications ne sont point corrigées par la température. La nuit du 17 août, lorsque le ihei- mométre baissa rapidement à 18" R. , on vit se former au même instant (par le refroidissement des hautes couches de l'air) un beau halo autour de la lune. Le 25 août, pendant un vent IVE. fu- rieux, le iheraiomètre baissa, à 9*" du soir, jus' u*à 17°, 5 R.C'étoit le commen- cement des petites pluies qui fuiment ce que le peuple à Cumana appelle la saison d'bivur. Jours que l'on regardoit comme ex- cessivement chauds à Cumana, en 1799 et 1800 , le 27 août à midi 24°,o Réaumur. 29 24*)5 30 aÔ^jO 10 cet. tout le jour 24", a toute la nuit. 25", o 36 mars à 2''. . 25", 7 i4 mai à 4*"- • 26°, 2 Quand le thermomètre a été, à Cu- mana, pendant trois jours, à 25''-25" R. (hvgr. 48" Deluc) , on éprouve un senti- ment de fioid lorsque le thermomètre descend, après une pluie d'orage, jus- qu'à i8«- 19" H. (hygromètre 62° Deluc). f^'oycz plus haut, Tom. I , p. 326, ' f'oy. Arago, sur les températures extrêmes observées à Paris dans V Annuaire du Bureau des Long- pour 1825 , p. 164. 3i6 NOTES. OBSERVATIONS DE CYAKOMETRE. 1" 8' m 10 s. 2 î m s. Septembre. Th. R. 20.7 21.3 33. 2 30.7 33. 5 30.9 30.7 33, S 33.8 33.0 32. 5 32.5 30.7 1 3 11 3 s. miouit. I s. 3 minuit. 3 m. 9 "• midi, minuit. 2 8 m. midi. 110. i3 S% m. midi. i4 midi. l5 SX 7 8 10 midi. 3 6 11 D. 6 8 m. 5 8. 11 p. >9 33.5 19.5 33.3 36.0 30.3 33. 5 33.5 18.3 34.0 19.7 18.8 18.3 30. 3 23-9 19,3 H '9 33. 18 23 18.7 18.5 21 31.3 23 33.3 19. s 18 17.5 33.0 '9 Hygr. 83° anssi 86 78 83 84 76 83 83 87 78 57 Deluc. 36 37 33. S 36 43 55 49 35 3i 37 27 bleu. 45 pluie. 5o bleu. ?9 , . ^7 pluie. 5o 5o il 3o 40 5i 38 4i 32 «9 47 32 49 47 38 53 33 33 bleu. 70 plaie. 55 53 43 53 48 Jours. Cyanom. Th. K. Hygr. 18 août. midi. 21' 22».4 38° Deluc 39 midi. 33 34.5 3omidi. 19 24.8 5l midi. 16 31 58.9 1 1 sept. 7 m. 11.5 18 42 l' i4 30.3 41.5 >5 30. 2 4i 9 14 22 56 10 i4 23 5i.5 11 '7-7 23-9 5o 5 8. 18 23.6 5o i4 7** m. i3.7 18 \^ 9 >7 31.3 40 10 18 31.7 55.4 midi. 33 33.8 5o 16 8 m. 14.5 17. S 45 9 18. S 30.8 4. 11 19.5 22 34 i8 6 ](m. i5 18.4 45 7 16. î 19.3 41.7 72f 17.0 30.3 4i 8 17.8 21.3 4o 9 17 31.4 58.3 9% 18 31.7 36 11 33 23.5 33 midi. 33 23.8 39 1 33 24.5 39 5 >7 24.5 33 19 6 % |5 16.7 40.7 7 16.8 17.5 39 7 X 18 •9-4 38.5 30 19. i 37.4 »% 20 31.3 56 9 20.4 21.7 35 9Ï ■9 32.6 33 11 18 25.5 3o.a midi. 18 35 39 De 1 — 4 septembre, bygr. de Saussure; de 5- 16 septembre , bygr. de Deluc. Les observations du cyanomètre ont été t^è^-fatig;lntes , ii cause de l'intensité de la lumière dans ce» niions. On a choisi des jours calmes et t ntitTcnicnt sereins. L'obser- vation , tou ours au zénith, ou tout près du zénith. Lorsque le vent s'élève, la teinte du ciel devient un peu plus pâle sans que l'hygr. change ou que les vapeurs vé.>iculaires de- viennent visibles. La couleur du ciel est gé- Déralemcnt à Cumana, vers midi, de 22' "4* du cyanométre de Sjuss-, lorsque â Paris (par ao* It. de température) elle est le plus sou- vent de jG**. Quelquefois ( tes 3i août et 19 septembre) le ciel a été singulièrement pâle , sans qu'il y ait eu le moindre souQle de vcDt. Voyez plus haut, Xom. 1 , p. 24S- 356. NOTES. 3l7 Souvent, par un vent d'est très-fort, on jouissoit d'une fraîcheur extraordinaire, quoique le thermo- mètre n'eût baissé que de i^jS R-, et l'hygromètre de Deluc n'eût marché vers le point de l'humidité extrême que de 3°. Les étoiles ne scintillent pas , à Cumana , au-dessus de 25" de hauteur ; cependant, les 24 et 26 octobre, la scintillation devint très-sensible jusqu'au zénith , lorsque le thermomètre étoit descendu rapidement à i^°,S R. La scintillation semble augmenter à Cumana, moins par l'humidité que par un refroidissement subit et par des courans ascendans et dcscendans qui mêlent des couches d'air de densités très- diflërentcs. L'hygromètre indique si peu la scintillation que je l'ai vu passer de So" à Sg", même à 62° (division de Deluc), et cependant les étoiles, \on\ àe, scintiller, conservoient, au-dessous de 25", leur lumière tranquille et planétaire. Ces phénomènes confirment l'explication ingénieuse de la scintillation donnée par M. Arago. (Tom. I, 5 1 1, 5 12, 623; Tom. 11, 48, 236). A Cumana, il n'est jamais tombé de grêle, quoique les explosions électriques y soient fréquentes 2'' après le maximum de la chaleur. Quand le thermomètre étoit à l'air 24" R., l'eau la plus fraîche que les habitans se préparoient par rayonnement et par évaporation (en l'exposant à des courans d'air dans des pots qui traussudent un peu), avoieut encore 21° R. M. Chisholm dit: « Sous les tropiques, je n'ai jamais pu rafraîchir l'eau, dans des cruches, au-dessous de 72" Fahr. (1 7", 7 R.). » Des expé- riences délicates que j'ai tentées, pour vérifier le point de l'humidité extrême de mon hygromètre à baleine au moment de mon départ de Cumana pour Caracas, m'ont fait soupçonner que, vers la fin d'oc- tobre, cet instrument indiquoit des humidités trop fortes de i°,8. Le 5o"' degré de mon hygromètre de Deluc n'étoit peut-être égal qu'à 84",7 de l'hygromètre à cheveu, tandis que 5o° d'un hygromètre de Deluc, bien rectifié dans ces points extrêmes, font 85", 5 de l'hygromètre à cheveu de Saussure. Le 5 sep- tembre, à 3'' après midi (th. 23" R.; hygr. 36" Del.), j'ai vu tomber de grosses gouttes de pluie par un ciel tout bleu, sans traces de nuages. Le même jour, entre midi et 3 ', le thermomètre montoil, dans les rues de Cumana , à l'ombre , mais exposé au reflet des édifices , 5 pieds au-dessus du sol , à 29° R (36",2 cent. ). C'est la chaleur à laquelle on est exposé, pendant la majeure partie de l'année, à Cumana , en plein air, dans les rues et sur les grandes places , sur un sol blanc et poudreuse. OyanA la température moyenne du jour (du lever au coucher du soleil, sans compter la nuit), est de 2i"-24° R., on jouit d'une grande fraîcheur enixe i7"-ig" R. (21°, 8-23°, 7 cent.). Dans les temps les plus secs, pendant la nuit (à 19° R.), l'hygromètre de Deluc se soutient souvent à 3o" (65°,3 Saussure). Le lever du soleil fait aller l'hygromètre à l'humidité mais très-lentement. Le 17 septembre, l'hygromètre de Deluc ; à 4'' après minuit, 44°, 7 (th. 17°, 9 R.). Pendant le crépuscule, qui ne dure que quelques minutes : hygr. 45°, 5 (th. 17"5). L'évaporation causée par les pre- miers rayons infléchis du soleil produit du froid. On sent un peu de vent comme en Europe. A 6 ' : hygr. 44° 5 (th. 17",8); à 6' i: hygr. 38". Le ig septembre, hygr. à minuit : 35" (th. i9",4); à 4'' après minuit : hygr. 39° (th. 19°); à 6'' du matin : hygr., 4i° (ih. 22° R.). En compulsant l'ensemble de mes observations hygro- métriques de Cumana, je trouve par 22" R. (27",5 cent.) de température: Moyennes du jour juillet 47° 6; de nuit 56°. 3; des 34' 5i°.9 août 45». 4 58°. 0 5i«.7 octob. 46°.7 55°. 7 5i».4 Moyennes de trois mois . . 4G°.6 56». 7 5i°.7 Deluc. ou.. 83°. 5 89°.! 86°.3 Sauss. A Genève, des moyennes de 1796-1802 donnent aussi 8:!°,3 de l'hygromètre de Saussure, mais par g", 6 cent, de température. Lorsque les évaluations de l'humidité atmosphérique en degrés de l'hygromètre de Saussure sont très-rapprochées les unes des autres (entre 83"-89"), la moyenne arithmétique diffère très-peu de la véritable moyenne hygrométrique. L'erreur deviêndroit très-grave entre 70» et go", comme on peut s'en assurer en examinant le tableau de la tension des vapeurs, fondé sur les belles expériences de M. Gay- Lussac. Fendant quelques jours singulièrement secs du mois de septembre, j'ai vu baisser, à Cumana, l'hy- gromètre à cheveu jusqu'à 6A" (29°,5 de l'hygromèire à baleine) , par une température de 28°,7 cent. 3l8 NOTES.. Pluies et orages. La saison des pluies qtiji en d'anires parties des tropiques, donne looà ii5 pouces d'eau (Toin, III, p. i56] par an, en produit & Gumana à peine 7 à 8 pouces. J'ai recueilli en septembre et en octobre (saison des pluies) : 3i août ôi'.a 8 septembre. . . 2.0 9 5.4 12 6.1 i5 a.i 16 6.7 18 5.8 3o 0.7 2 octobre 8.8 4 6 24 28 3o - i3. 7 5 - 10 .5 . 0. - 4. 9 ' ■ 0. 9 72.5 lignes oa o'b,i63. Les plus fortes averses ODt produit partiellement i4 lignes d'eau; elles tombent par gouttes d'une grosseur énorme, et c'est ce qui caractérise les petites pluies des tropiques par gouttes qui restent très-èloignées les unes des autres. Il y a eu des années (1798 et 1799) oii , pendant neuf mois, de décembre en septembre , les pluies n'ont pas donné a pouces d'eau. Dans le Nouveau Continent, on ne peut comparer, avec la sécheresse de Cumana , de Punta Araya et de l'ile de la Marguerite, que la province deCiara,au Brésil, où quelquefois (1792-1796) il ne pleut pas pendant plusieurs années [Corogr, bras., II, p.aai). La végétation, malgré la sécheresse, est assez fraîche à Cumana, par exemple près de la Chara de Capuchinos, La rosée est presque nulle. Le peu d'eau qui tombe à Cumana descend en averses avec une rapidité extraordinaire. Ces averses ne durent généralement que i5à 20 minutes. J'ai vu tomber en 6 minutes au maximum 4 f lignes. Toutes mes mesures ont été faites dans des vases cylindriques , et de manière que l'évaporation n*a pu devenir une cause d'erreur. Pendant le grand orage du 16 septembre iSoa , j'exposai à Cumana deux ombromètres cylindriques, à des hauteurs qui ne dilTéroicnt perpendiculairement que de 2a pieds. Il pleuvoit à verse de 3** aS' à 4'' 5' ; je trouvai, dans l'ombromètre le plus élevé, 6 7^ lignes ; dans l'ombromètre le plus bas, 7 | lignes d'eau. Le docteur Heberden a vu des différences jusqu'à i5 pieds de hauteur. Le 28 septembre et le 2 octobre , je ne remarquai aucune différence entre les deux stations de l'ombromètre. Toutes les pluies de ces contrées sont électriques, et s'annoncent par des signes d'électricité trés-sensibles pour Pelectromètre de Volta, armé d'une mèche enflammée. Ce qui m'a frappé, surtout à Cumana, c'est que, peu de minutes avant que la pluie tombe, l'hygromètre à cheveu ne continue pas seulement d'indiquer 67** à dS", ce qui est une sécheresse considérable pour ces contrées, mais que (sans aucun changement de température), il rétrograde vers la sécheresse, de i à a degrés, à mesure que le ciel s'obscurcit et prend cette intensité de bleu noirâtre qui précède les explosions électriques. A Cumana , les mots tonnerre y hiver et pluie {trueno , invterno ^ aguasero) sont synonymes. Le thermomètre baisse , pendant la pluie, de a4° R- tout au plus à 19°. Le ciel , en s'obscurcissant , reste uni- formément bleu , ne montre pas de vapeurs divisées par groupes, et acquiert une intensité de couleur qui va jusqu'à 47° du cyanomètre. Les cocotiers , et toutes les plantes dont les feuilles sont lustrées, se détachent alors en clair sur la voûte azurée, et paroissent tout à coup plus rapprochées de l'observateur : il règne un calme parfait dans l'air. L'électricité atmosphérique que j'ai trouvée , à Cumana , généralement nulle de 7'' du matin à 2^ après midi , en l'essayant avec l'électromètre de Volta , sur une terrasse de 3o pieds de hauteur et entièrement libre, devient tout d'un coup si forte , que la divergence des boules de moelle de sureau s'élève à 8 lignes; bientôt il n'est plus nécessaire d'armer l'instrument d'une mèche. L'électricité passe souvent du po- sitif au négatif, sans qu'on entende encore gronder le tonnerre. Dans un grand nombre d'orages, la charge électrique des basses régions de l'air me paroissoit négative 20 minutes avant les explosions les plus fortes, quoique je fisse mes expériences loin des arbres, au milieu du Salado , dans une vaste plaine. La pluie qui tombe pendant l'orage, a quelquefois la température de 1 7**8 ; dans ce cas , je l'ai trouvée d'un degré plus froide que l'air , au moment de l'averse. Comme , avec le même électro- mètre , j'ai fait beaucoup d'expériences en plein champ , dans les climats tempérés , à SaUbourg , à Bayreuth , à Vienne, à Mar- seille et à la Corogne , je puis assurer que la charge d'électricité, qui devient sensible sous les tropiques, pendant l'orage, dans les basses régions de l'air , est d'une intensité surprenante. J'ai vu , après trois quarts d'heure d'orage , d'éclairs et de pluie , dans l'électromètre de Volta , sans que le conducteur fût armé d'une mèche enflammée , un écarlement des boules de 10 lignes. Souvent , au moment du tonnerre , l'électricité ne change pas de -f en — ou de — en -f- ; d'autres fois , ces passages ne sont ac- NOTES. 3l9 compagnes d'aucnne explosion ; d'autre» fois encore , l'électricité , qui étoit positive do i4 lignes , devint tout d'un coup zéro au moment du tonnerre , resta nulle pendant 4 à 5 minutes , et devint positive de nouveau. Il m'a paru généralement que les gros nuages électriques sont beaucoup plus élevés dans la zone torride qu'en Europe; le peuple croit que la foudre y atteint plus rarement la terre. II. OBSERVATIONS DE DON FAUSTIKO RUBIO. Je ne donnerai que les observations partielles en degrés du thermomètre de Falirenheit, pour les deux mois de janvier et de mai, dont la température moyenne diffère le plus. lANviia 1800. MAI 1 800. — ^ , / ^"i" iBBauoMiiaE THEBMOMÈiaB rHBBUOUÈTBB IHEBUOHilBE IBEBHOnilBE TBBBMOUÈTBB JOUBS. à 7' à 2I' à 11"" JODBS. à 7" à 2'' àll' du matia. après midi. du soir. du matin. après midi. du soir. 3 78° 82° 81» 1 81° 89° 84° 4 78 85 2 82 87 84 5 79 83 3 82 89 84 6 77 84 80 4 81 88 84 7 76 82 80 5 82 88 84 8 76 82 80 6 82 88 85 9 80 85 81 7 82 89 85 10 80 84 80 8 82 89 84 11 78 83 80 9 81 88 83 12 80 83 80 10 81 87 83 i3 79 83 78 11 82 86 83 i4 74 82 79 12 81 88 i5 76 82 Se i3 82 88 86 16 77 82 80 i4 81 90 86 >7 -6 fcj 80 i5 81 89 86 18 76 85 81 16 81 8S 84 19 20 78 78 84 84 80 So '7 18 81 81 89 88 84 83 21 79 85 8g '9 82 89 83 22 75 83 80 20 8. se 81 23 76 83 80 21 81 88 83 24 75 83 80 22 80 88 83 25 78 85 80 23 82 88 83 26 2- 79 78 85 84 80 80 24 25 80 81 88 89 83 83 28 77 83 8i 26 79 89 82 29 76 84 81 27 80 88 84 3o 78 85 80 28 82 87 3i 76 82 79 29 8 88 83 3o 82 87 82 1 3i 73 86 83 320 NOTES. L'uniformité de température aux mêmes heures est très-remarquable : dans les mêmes deux mois, d'après les observations Irès-précises de MM. Boussingault et Rivero, sous le climat de Bogota , appelé très-variable, le thermomètre centigrade ne varie aussi, dans les dlfférens jours, que de i° ou i^S. Il résulte de l'ensemble des observations que je possède, que l'on peut admettre pour CcruinA (5t.) Température moyenne de l'année 'J"-? cent. du mois le plus chaud, ag**. > du mois le plus froid. . a6°. a S. Fbde Bogota ( i366t. ) 14° -6 cent. 160.8 i4°4 Les seules observations du 19 nov. au 26 août donnent, pour Cumana, en n'employant que le minimum de ■j^ du matin et le maximum de a"" après midi : axima mintma. a4".8 R a3».i R. a4.o »«•- 35.5 ai.i 34.4 31.1 aS.3 i3.i 25.7 aï. 5 26. a i4.a a4.8 21.3 a4.4 ai. 3 24.8 R. aa.2 14.8 a2.5 R. 50.9 cent. 28.7 cent MOYBHItES DBS UOIS. TBHPialTDUlS KZTEÊUBS Novembre 2a''.76 R. Décembre ai.;o Janvier 21 -49 Février 31.56 Mars ai. 30 AttU 25-o4 Mai 33 55 Juin 32.71 JuUlet 31.79 Août 2'-oo Moyennes 32.16 R. ou 27.60 cent. Peut-être la moyenne générale de Cumana est-elle de quelques décimales plus forte , parce que les tem- pératures des mois de septembre et d'octobre excèdent un peu celles du mois d'août. Les moyennes des extrêmes Cmaxima) de chaleur ne surpassent que de 3°, 3 cent, la moyenne de l'année entière. En comparant la température moyenne de trois villes de la république de Colombia dans lesquelles un grand nombre d'observations météorologiques ont été faites, nous trouvons : Cumana (lat. 10» 27'; haut. 5 toises), 270,7 cent.; Caracas (lat. 10° 3i'; haut. 48o t.), 210,5; Santa-Fe de Bogota (lat. i" 35'; haut. i36G t.), iAo,6. A l'extré- mité de la zone torride , à la Havane (lat. 23° 10') , la température moyenne de l'air diffère encore très-peu (de 20 1 cent.) de la température moyenne de Cumana; mais la différence du mois le plus froid estj dans ces deux endroits, de 50. (Foye» plus haut, Tom. II, p. 54? et 586.) NOTE ADDITIONNELLE SUR LA HAUTEUR DU LAC DE NICAHAOUA AU-DESSUS DU NIVEiU DES MERS. En discutant plus haut les obstacles qui peuvent s'opposer à la possibilité, et surtout à l'utilité d'un canal océanique (semblable au canal Calédonien et an canal récemment terminé de la Nord-IIollande) entre les côtes orientales et occidentales de l'Amérique, j'ai parlé de la grande hauteur du bassin de Nicaragua. J'ai regretté en même temps que , depuis mon retour en Europe , aucune mesure précise n'ait été faite dans les isthmes d'Huasacualco , de Nicaragua , de Panama, et de F Atrato. ( Tom. III , p. 1 1 8, 124, 1 32, 1 38) . Ce n'est qu'au moment où ces feuilles doivent paroître , que j'ai pu avoir communication d'une pièce officielle très-importante qui prouve que « par ordre de la cour de Madrid, adressé au capitaine général de Guatimala , Don Matis de Galvez, l'ingénieur Don Manuel Galisteo a exécuté, en 1781, un nivellement, au moyen du NOTES. J2I niveau d'eau , depuis le golfe du Papagayo, sur ces côtes de la Mer du Sud, jusqu'à la Laguna du Nicaragua ; et que, par 336 stations de montée et 339 stations de descente {ascensos : 6o'»pi,8F'',8'', mesure de Caslille; descensos : iyov',\P",f'), on a trouvé la surface du lac de Nicaragua élevée , au-dessus de la Mer du Sud, de i34p',7I'",i''. Or, le lac a 88i'',6i'°de profondeur; de sorte que son fond est encore A6 pies Castellanos plus haut que le niveau de la Mer du Sud. Le Rio Panaloya, par lequel le lac de Léon communique avec le lac de Nicaragua, offre un barrage {salto) de 25 à 3o varas.r> (D'après M. Ciscar, i vara casiellana^S pies de Burgoa=o',i2g). Ce document ne marque pas la direction et les points extrêmes de la ligne de nivellement. Le but de celui-ci ayant été la simple détermination de la hauteur du lac, il ne paroît pas prouvé jusqu'ici que l'arrête de partageait partout la grande élévation de 85 toises, et qu'il n'existe pas, entre Realejo et Léon, entre le golfe du Papagayo ou celui de Nicoya et le lac de Nicaragua, quelque dépression du sol, ou quelque vallée transversale propre à recevoir les eaux d'un canal de^rande navigation. Dans la reconnoissance faite par le commandant du château d'Omoa , Don Ignaicio Maestre , et les ingénieurs Don Joaquim Ysasy et Don José Maria Alejandro, il fut constaté que le lac de Nicaragua n'a aucune communication naturelle avec la Mer du Sud : on observa en même temps « que leterrain montueux (aspero y montuoso) , entre la villa de Granada et le port de la Culebra rend , sur ce point , toute communication par des canaux très difficile , sinon impossible. » D'après des témoignages recueillis par le capitaine Cochrane [Journal o/a résidence and travels in Colomhiu during the years i822onii824, Vol. II, p. 448 ), trois rangées de collines séparent la baie du Cupica et les rives du Naipi. {Voyez plus haut, Tom. III, p. 123.) Relation historique , Tom. lll. 4i *'*'^'*'^^'*'^'^'*''^^^'^^'*^*^'*''^'^^''^^'*''*^^-%/*»'^i'^'^'*^'*-'v^'v-w-\»v%^ LIVRE X. •^«/V/^r^WX^ M^^^ CHAPITRE XXVII. TRAJET DES COTES DE VENEZUELA A LA HAVANE. — APERÇU GENERAL DE LA POPU- LATION DES ANTILLES, COMPAREE A LA POPtTLATION DU NOUVEAU-CONTINENT, SOUS LES RAPPORTS DE LA DIVERSITE DES RACES, DE LA LIBERTE PERSONNELLE, DU LANGAGE ET DES CULTES. Uepuis que le perfectionnement de l'art du navigateur et l'activité croissante des peuples commerrans ont rapproché les côtes des deux continens, depuis que la Havane, Rio Janeiro et le Sénégal nous paroissent à peine plus éloignés que Cadix, Smyrne et les ports de la Baltique, on hésite de fixer l'attention du lecteur sur un trajet des côtes de Caracas à l'île de Cuba. La Mer des An- tilles est connue comme le bassin de la Méditerranée ; et si je consigne ici quelques observations tirées de mon journal nautique , ce n'est que pour ne pas perdre le fil de la relation de mes voyages , et pour rappeler des faits qui ont rapport à la Météorologie et à la Géographie physique en général. Pour bien connoître les modifications de l'atmosphère , il faut les étudier sur la pente des montagnes et dans l'immensité des mers : il n'y a pas de trajet assez petit , pas de voyage aux Cana- ries et à Madère, qui ne puisse faire naître des aperçus nouveaux à des physiciens dont la sagacité a été exercée long-temps à interroger la nature du fond de leur cabinet. Nous fîmes voile de la rade de Nueva Barcelona le 24 novembre à 9 heures du soir; nous doublâmes la petite île rocheuse de la Borachita. Entre cette île et la Gran Boracha , il y a une passe profonde. La nuit offroit cette fraîcheur qui carac- térise les nuits des tropiques , et dont on ne peut concevoir l'effet agréable qu'en comparant la température nocturne de 23° à 24° cent, à la température moyenne du jour, qui, dans ces parages, même sur les côtes, est généralement de 28" à 29°. Le lendemain, peu de temps après l'observation du midi, nous nous trouvâmes dans le méridien de l'île de laTortuga; dépourvue de végétation, semblable aux îlots LIVRE X. 323 Coche et Cubagua, elle est remarquable par son peu d'élévation au-dessus du niveau des eaux. Comme on a jeté récemment quelques doutes sur la position astrono- mique de la Tortuga , je rappellerai ici que le garde-temps de Louis Berthoud me donna ' le centre de l'ile de o° 49' 4^" à l'ouest de Nueva Barcelona. Je pense que cette longitude est encore un peu trop occidentale. 26 novemhr'e. — Calme plat d'autant plus inattendu , que , généralement sur ces côtes, la brise de l'est est très- fraîche depuis le commencement de novembre , tandis que , depuis le mois de mai jusqu'au mois d'octobre, lesvents NO. etS. se fontsentir de temps en temps. A l'époque du NO. , on observe un courant ^ dirigé de l'ouest à Test , qui favorise quelquefois pendant deux ou trois semaines la navigation directe de Carthagène à la Trinité. Le vent du sud est regardé comme très-malsain sur toutes les côtes de la Terre- Ferme , parce qu'il amène (comme dit le peuple) les émanations putrides des forêts de l'Oiénoque. Yers les 9 heures du matin j un beau halo se forma autour du soleil, au moment où la température, dans les basses régions, baissoit subitement de trois degrés et demi. Cet abaissement étoit-il l'effet de quelque courant descendant? La zone qui formoit le halo, et qui avoit un degré de largeur, n'étoit pas blanche, mais elle offroit les plus belles couleurs de l'arc-en- ciel , tandis que l'intérieur du halo et toute la voûte du ciel étoient azurés , sans trace de vapeurs visibles. Nous commençâmes à perdre de vue l'île de la Marguerite ; je tâchai de vérifier la hauteur du groupe rocheux du Macanao. Il se présentoit sous un angle de 0° 16' 35" ; ce qui, par une distance estimée de 60 milles, donneroit au groupe de micaschiste du Macanao une hauteur d'environ 660 toises , résultat ^ qui , sous une zone où les réfractions terrestres sont si constantes , me fait croire que l'éloignement de l'île étoit moins grand que nous ne le supposâmes. Le dôme de la Silla de Caracas demeurant au S. 62° G. attira long -temps notre attention. On contemple avec plaisir le sommet d'une haute montagne , qu'on a gravi avec quelque danger, et qui s'abaisse peu à peu sous l'horizon. Lorsque la côte n'est pas chargée de vapeurs, la Silla doit être visible en mer, sans compter les effets de la réfraction, à 33 lieues de distance"^. Dans cette journée et dans les trois suivantes, la mer étoit couverte d'une peau bleuâtre, qui, examinée sous un microscope composé , paroissoit formé d'une innombrable quantité de filamens. On * Ohs. astr., Intr., p. 42;etToni. II, p. a. * Relat. Jtist, Tora. I, p. 543. ^ Tora. l,p. 223; Tom. II, p. 219. * Tom. I,p. 608 324 LIVRE X. trouve fréquemment ces filamens dans le GidJ-sti'eam et dans le Canal de Bahama, de même que dans les attcrages de Buenos- Ayres. Quelques naturalistes les prennent pour des débris d'œufs de mollusques ; ils me paroissoient plutôt des fragmens de fucus. Cependant la phosphorescence de l'eau de la mer semble augmentée par leur présence , surtout entre les 28° et 3o° de latitude nord , ce qui indiqueroit une ori- gine de nature animale. 27 nov. — Nous nous approchâmes lentement de l'ile d'Orchila ; comme toutes les petites îles qui sont voisines des côtes fertiles de la Terre-Ferme , elle est restée inhabitée. Je trouvai , pour la latitude du cap septentrional , 1 1° 5 1 ' 44'' j ^t j pour la longitude ' du cap oriental, 68° 26 '5" (en supposant Nueva Barcelona 67°4'48'''). C'est au cap occidental qu'est opposé un petit rocher contre lequel les vagues se brisent avec fracas. Quelques angles , pris avec le sextant , donnoient , pour la lon- gueur de l'ile de l'est à ouest, 8,4 milles (de g5o toises) ; pour la largeur, à peine trois milles. L'ile d'Orchila , que je m'étois figurée à cause de son nom comme un rocher aride et couvert de lichens , offroit à cette époque l'aspect d'une belle ver- dure. Les collines de gneis étoient couvertes de graminées. Il paroît que la consti- tution géologique d'Orchila ressemble en petit à celle de la Marguerite ; elle est composée de deux groupes de rochers réunis par une langue de terre : c'est un isthme couvert de sable, que l'on diroit sorti des Ilots par l'abaissement successif du niveau de la mer. Les rochers , comme tous ceux qui sont taillés à pic et isolés au milieu des mers, paroissoient beaucoup plus élevés qu'ils ne le sont effec- tivement : ils atteignent à peine 80 à 90 toises. Au nord-ouest , la Punta rasa s'alonge et se perd comme un bas-fond sous les eaux. C'est un danger pour les navigateurs, de même que le Mogote , qui , à deux milles de distance du cap occidental, est entouré de brisans. En examinant ces rochers de très-près, nous vîmes les strates de gneis inclinées vers le nord-ouest et traversées par d'épaisses couches de quarz. Ces couclies , par leur destruction , ont donné lieu sans doute aux sables des plages environnantes. Quelques touffes d'arbres om- bragent les vallons ; les sommets des collines sont couronnés de palmiers à feuilles en éventail. C'est probablement la Palma de sombrvro ' des Llanos (Corypha tectorum). Les pluies sont peu abondantes dans ces contrées j cependant il est probable qu'on trouveroit quelques sources à l'île d'Orchila, si on les cherchoit avec autant de soin que dans les rochers de micaschiste de Punta Araya. Lorsqu'on se > 06». astr. , Tom. II , p. 3. C'est à peu pics la longitude de la carte de Purdy (iSa3) et la latitude de la carte du JJep. de J\Iadrid (1809). ' Voyez nos Nova gênera plant, eqiiin. , Tom. I , p. 299. CHAPITRE XXVII. SsS rappelle combien d'îlots rocheux et arides sont habités et cultivés avec soin entre les 1 7° et 26° de latitude dans l'archipel des Petites Antilles et des Iles Bahames , on est surpris de trouver déserts ces îlots rapprochés des côtes de Cumana , de Barcelone et de Caracas. Ils ne le seroient plus depuis long- temps s'ils appartenoient à un autre gouvernement qu'à celui qui possède la Terre-Ferme. Rien ne peut engager les hommes à circonscrire les efforts de leur industrie dans les limites étroites d'une île, lorsqu'un continent voisin leur offre de plus grands avantages. Au coucher du soleil , nous aperçûmes les deux pointes de la Eoca de afucjxi, qui s'élèvent comme des tours au milieu de l'Océan. Des relèvemens faits à la bous- sole plaçoient la plus orientale des Roques 0° 19' à l'ouest du cap occidental d'Or- chila. Les nuages restoient long-temps accumulés sur cette dernière île, et faisoient reconnoître sa position de loin. L'influence qu'exerce une petite masse de terre sur la condensation de vapeurs suspendues à 800 toises de hauteur , est im phénomène bien extraordinaire, quoique familier ' à tous les marins. C'est par cette accumula- tion des nuages que l'on reconnoît de très-loin la position des îles les plus basses. 29 nov. — Nous vîmes, au lever du soleil, encore très-distinctement le dôme delà Silla de Caracas rasant presque l'horizon de la mer. Nous nous crûmes à 89 ou 4o lieues de distance ; ce qui indiqueroit , en regardant comme bien déterminées la hauteur de la montagne (i35o toises), sa position astronomique et celle du navire, une réfraction un peu forte pour cette latitude, entre ; et -, A midi, tout annonçoit un changement de temps vers le nord ; l'atmosphère ^ se refroidissoit subitement jusqu'à 2 2°,8, tandis que la mer, à sa surface, conservoitune température de 2 5°6. Aussi, au moment de l'observation du midi , les oscillations de l'horizon , traversé par des stries ou bandes noires d'une largeur très-variable, produisoieut des changemens de réfraction ^ de 3' à 4'. Par un temps très-calme, la mer devint houleuse j tout annonçoit un gros temps entre les îlots du Cayman et le cap Saint-Antoine. En effet, le 3o novembre, le vent sauta subitement au NNE. , et la lame s'élevoit à une hauteur extraordinaire. Du côté du nord, le ciel offroit une teinte bleu- noiràtre, et le roulis de notre petite embarcation étoit d'autant plus fort, que, dans le clapotis des vagues , on distinguoit deux mers qui se croisoient , une ' Henry Stubb, dans les Phi l. Trans. , i66j, n" ij, p. 497 e< 718. Co«w/o//es, dans le ^o«wt. rfe P%». , Toin. LIV, p. 109. '' Chaque l'ois que le contraire n'est pas indiqué tout exprès^ les températures sont évaluées d'après le tlier- niomètre centcsinial. ■* J'évaluai ces changemens par la quantité dont la hauteur du soleil augraentoit subitement de nouveau après le passage de l'astre par le méridien. SaG LIVRE X. du N. et une autre du NNE. Des trombes se formèrent à un mille de distance et se dirigèrent avec rapidité du INNE, au NNO. Nous sentîmes fraîchir le vent avec force chaque fois que la trombe étoit le plus rapprochée de nous. Vers le soir, par l'inadvertance de notre cuisinier américain , le feu prit sur le tillac. On parvint facilement à l'éteindre j par un temps très- mauvais, accompagné de rafales , et avec un chargement de viande que la graisse rend singulièrement com- bustible, le feu auroit pu faire de rapides progrès. Dans la matinée du i^"^ dé- cembre , la mer toniboit progressivement, à mesure que la brise se fixoit au NE. J'étois assez certain, à cette époque, de la marche uniforme de mon chronomètre; mais le capitaine voulut se rassurer par le relèvement de quelques points de l'île de Saint-Domingue. En effet , le 2 décembre , nous eûmes connoissance du cap Beata, dans un endroit où nous avions vu long-temps les nuages amoncelés. D'après des hauteurs d'Achernar , que j'obtins dans la nuit, nous en étions éloi- gnés de 64 milles. La nuit m'offrit un phénomène d'optique très-curieux, et dont je n'entreprendrai pas de donner l'explication. Il étoit plus de minuit et demi ; le vent souffloit foiblement de l'est; le thermomètre s'élevoit à 28°, 2, l'hygromètre à baleine à 57°. J'étois resté sur le tillac pour observer la culmination de quelques grandes étoiles. La pleine lune élull irès-élevée. Tout d'un coup il se forma, du côté de la lune, 45 ' avant son passage au méridien , un grand arc coloré de toutes les cou- leurs du spectre, mais d'un aspect lugubre. L'arc, par sa hauteur, dépassoit la lune; la bande irisée avoit près de 2° de largeur, et son sommet sembloit élevé de près de 80° à 85° au-dessus de l'horizon de la mer. Le ciel étoit d'une pureté extraordinaire ; il n'y avoit aucune apparence de pluie; et ce qui me frappoit le plus, ce phéno- mène, qui ressembloit entièrement à un arc-en-ciel lunaire, ne se trouvoit pas opposé à la lime. L'arc restoit stationnaire , ou du moins paroissoit tel pen- dant huit ou dix minutes de temps ; au moment où j'essayai s'il seroit possible de le voir par réflexion dans le miroir du sextant , il commença à se mouvoir et à baisser en traversant successivement la lune et Jupiter placé à peu de distance au-dessous de la lune. Il étoit 12^ 51^' (temps vrai) quand le sommet de l'arc se cachoit sous l'horizon. Ce mouvement d'un arc irisé remplissoit d'étonnement les ma- telots qui étoient de garde sur le tillac ; ils prétendoient, comme à l'appa- rition de chaque météoi-e extraordinaire, que «cela annonçoit du vent. » M. Arago a bien voulu examiner le dessin de cet arc, consigné dans mon journal de route : il pense que l'image réfléchie de la lune dans les eaux n'auroit pas donné un halo d'une si grande dimension. La rapidité du mouvement n'est pas CHAPITRE XXVII. 327 un moindre obstacle à l'explication de ce phénomène qui mérite beaucoup d'attention. 3 décembtv. — On étoit inquiet à cause de la proximité d'un petit bâtiment que l'on croyolt armé en course. Lorsqu'il se rapprochoit de nous, on le reconnut pour la Balandrxi del Fmyle ( la Goélette du Moine) . J'eus de la peine à concevoir le sens d'une dénomination si bizarre. C'étoit l'embarcation d'un missionnaire franciscain ( Fmyle Observante ) , curé très-riche d'un village indien dans les savanes [Llanos) de Barcelone, qui, depuis plusieurs années, faisoitun petit commerce de contrebande assez lucratif avec les îles danoises. Dans la nuit, M. Bonpland et plusieurs passagers virent, à un quart de mille de distance , sous le vent , une petite flamme à la surface de l'Océan ; elle se dirigeoit vers le SO. et éclairoit l'atmosphère. On ne sentoit aucune secousse de tremble- ment de terre , aucun changement dans la direction des lames. Etoit-ce une lueur phosphorique produite par un grand amas de mollusques en putréfaction, ou cette flamme sortoit-elle du fond de la mer, comme on dit l'avoir observée quelque- fois dans des parages agités par des volcans? Cette dernière supposition me paroît dénuée de toute probabilité. Des jets de flammes volcaniques ne peuvent sortir du sein des flots que lorsque le fond rocheux de l'Océan est déjà soulevé ; de sorte que les flammes et les scories incandescens s'échappent de la partie bombée et crevassée , et ne traversent pas les eaux mêmes. 4 décembre. — A io'^t du matin nous nous trouvâmes dans le méridien du cap Bacco (P'" Jhacou) , que je trouvai par les 76° 7 ' So" ou 9° 3 ' 2 ", à l'ouest de Nueva Barcelona. En temps de paix, d'après l'ancien usage des marins espagnols, les navires qui font le commerce des viandes sèches [tasajo) , entre Cumana et Barcelone ou la Havane , débouquent par le canal de Portorico pour prendre le i/iettcrcfl!/i«/, au nord de l'île de Cuba j quelquefois aussi ils passent entre le cap Tiburon et le cap Morant , et longent la côte septentrionale de la Jamaïque. En temps de guerre, ces diflé- rentes roules sont regardées comme également dangereuses, parce qu'on reste trop long-temps à la vue des terres. La crainte des corsaires nous fit préférer, dès que nous eûmes atteint le parallèle de 17°, la traversée directe du banc de la Vi- bora , plus connu sous le nom de Pedro Shoals. Ce banc occupe plus de 280 lieues marines carrées, et sa configuration frappe les yeux du géologue, à cause de sa res- semblance avec celle de la Jamaïque qui en est voisine. C'est comme un soulè- vement du fond qui n'a pu atteindre la surface de la mer pour former une île presque aussi grande que Portorico. Depuis le 5 décembre, les pilotes crurent relever succès- 328 LIVRE X. sivement de loin les îlots des Ranas [Morant Kays) , le cap Portiand et Pedro Kays. Il est probaljle qu'on s'est trompé dans plusieurs de ces relèvemens exécutés du haut des mâts : j'ai rapporté ces déterminations ailleurs ' , non pour les opposer au grand nombre de celles qui ont été faites par d'habiles navigateurs anglois dans des parages si fréquentés, mais simplement dans le but de lier, en un même système d'observations , les points que j'ai déterminés dans les forêts de l'Oré- noque et dans l'archipel des Antilles. La couleur laiteuse des eaux nous aver- tissoit que nous étions sur la partie orientai^ du banc : le thermomètre centi- grade , qui , à la surface de la mer , loin du banc , s'étoit soutenu , depuis plusieurs jours, à 27° et 27°, 3 (l'air étant à 21°, 2), se trouvoit refroidi subite- ment jusqu'à 2 5°, 7. Le temps fut très-mauvais du 4 au 6 décembre j il pleuvoit à verse , le tonnerre grondoit de loin , et les rafales du NNO. devinrent de plus en plus violentes. La nuit , nous nous trouvâmes , pour quelques momens, dans ime position assez critique. On entendit devant la proue le bruit de brisans sur lesquels le navire étoil dirigé. La lueur phosphorique que reflétoit la mer écu- meuse fit reconnoître la direction de ces récifs. Cela ressembloit assez au Raudal de Garzita et à d'autres rapides que nous avions vus dans le lit de l'Orénoque. Le capitaine accusoit moins la négligence du pilote que l'imperfection des cartes marines. On parvint à virer de bord , et en moins d'un quart d'heure nous fûmes libres de tout danger. La sonde indiquoit d'abord 9 , puis 1 2, puis 1 5 brasses. Nous nous tînmes à la cape pendant le reste de la nuit : le vent du nord fit descendre le thermomètre à 19°, 7 (i5°,7 Réavun.). Le lendemain, des observations chronomé- triques , combinées avec les résultats de l'estime corrigée de la veille me firent reconnoître que ces brisans se trouvent à peu près par 16° So'de latitude et 80° 43 ' [{^"àe long. L'écueil sur lequel le vaisseau espagnol elMonarca a manqué de se perdre en 1798, est par lat. 1 6° 44 '^t long. 80° 28', donc beaucoup plus à l'est. Pendant que nous traversâmes le banc de la Vibora , dans la direction de SSE . à NNO. , j'essayai souvent de mesurer la température de l'eau de la mer à sa surface. Au milieu du banc, le refroidissement étoit moins sensible que sur les accores, ce que nous attri- buâmes aux courans qui mêlent, dans ces parages, des eaux de différentes latitudes. Au sud de Pedro Kays , la surface de la mer offroit , sur 25 brasses de fond , 2 6 ',4 ; sur i5 brasses de fond, 26°, 2. A l'est du banc, la température de la mer avoit été 26° 8. Ces expériences ne peuvent donner des résultats précis, dans ces parages, que lorsqu'on les fait à une époque où le vent ne souffle pas du nord, et où ' Ohs. astr. , Introd., Tom I, p. XLin; Tom. II, p. 7-10. CHAPITRE XXVII. SsQ les courans sont moins violens. Les vents du nord et les courans refroidissent peu à peu l'eau, même là où la mer est très-profonde. Au sud du cap Corienles , par lat. 20°43 ' , je trouvai la mer à sa surface 24°,6, et l'air 1 908 cent. Quelques pilotes américains affirment qu'assis dans la grande chambre, ils devinent souvent, entre les îles Bahames , s'ils se trouvent sur des bas-fonds j ils prétendent que les lumières sont environnées de petits halos irisés , et que l'air expiré se condense d'une manière visible. Il est permis de douter au moins du dernier faitj au-dessous de 3o° de latitude, le refroidissement produit par les eaux des ])as-fonds n'est pas assez considérable pour produire ce phénomène. Pendant le temps que nous passâmes sur le banc de la Vibora , la constitution de l'air étoit toute différente de ce que nous la trouvâmes dès que nous l'eiunes quitté. La pluie étoit circonscrite par les limites du banc dont nous pûmes de loin distinguer la forme par la masse de vapeurs dont il étoit couvert. g décembre. — A mesure que nous avançâmes vers les îlots desCaymans', le vent du nord-est reprit toute sa force. J'obtins, malgré le gros temps, quelques hauteurs du soleil au moment où nous nous crûmes, à 12 milles de distance, dans le méridien du centre du. Grand-Cayman , qui est couvert de cocotiers. J'ai discuté, dans un autre endroit -, la position du Grand-Cayman etdes deux îlots qui en sont à l'est. Ces points depuis long-temps errent sur nos cartes hydrographiques, et je crains de n'avoir pas été plus heureux que d'autres observateurs qui se sont flattés d'en avoir fait connoître la véritalile position. Les belles cartes du Deposilo de Madrid ont assigné, à différentes époques, au cap oriental du Grand-Cayman (en 1 799-1 8o4) , long. 82° 58'; (en 1809), 83° 40'? (^n 1821), de nouveau 82° 59'. Cette dernière position, indiquée sur la carte de M. Barcaiztegui , est identique avec celle à laquelle je m'élois arrêté : mais il paroît certain aujour- d'hui , d'après l'assertion d'un navigateur très-habile , le contre-amiral Roussin , auquel on doit un excellent travail sur les côtes du Brésil, que le cap occidental du Grand-Cayman se trouve par long. 83°45' • Le temps resta très-mauvais et la mer extrêmement houleuse : le thermo- mètre se soutenoit entre 19^,2- 20°, 3 (iij°,4- 16°, 2 R.). A cette basse température, l'odeur de la viande sèche , dont le navire étoit chargé , devenoit encore plus insup- portable. Le ciel offroit deux couches de nuages dont l'inférieure étoit très-épaisse et poussée avec une extrême rapidité vers le SE. , la supérieure immobile et ' Christophe Colomb avoit nommé, en i5o3, les îlots des Caynians , Pcnascalcs de las Tortugas ,acMise fies tortues de mer qu'il vil nager dans ces parages {Herera , Dccad. I, p i4i)). ■* Obs. astr , Int. , p. xliii, Tom. II, p. 1 14. Espinosa, Memorias , Toiu. Il , p- G6. La carte des Antilles, de Purdy, rectifiée par le capitaine Andrew Livingston (i SaS) , donne au CapSO. 83° Sa' ; au Cap. NE. 83° 24'. Relation historique , J^om. III. 4* 33o LIVRE X. divisée, à égale distance, en forme de stries panachées. Le vent se calma enfin à l'attérage du cap Saint-Antoine. Je trouvai l'extrémité nord de ce cap par 87° 17' 22" ou 2° 34' i4" à l'est du Morro de la Havane. C'est la longitude que lui assignent encore aujourd'liui les meilleures cartes. Nous étions à 3 milles de distance de terre, et cependant la proximité de l'ile de Cuba s'annonçoit par une délicieuse odeur aromatique. Les marins assurent que cette odeur ne se fait pas sentir lorsqu'on approche du cap Catoche, sur les côtes arides du Mexique. A mesure que le temps s'éclaircit , le thermomètre à l'ombre monta peu à peu à 27° : nous avançâmes rapidement vers le nord, poussés par un courant ' du sud-sud-est dont la température s'élevoit à la surface des eaux , à 260,7 ; tandis que, hors de ce courant, j'avois trouvé 24°,6. Dans la crainte de tomber à l'est de la Havane , on voulut d'aljord reconnoitre les îlots des Tortues [Dry TorUigas) , situés à l'extré- mité sud-ouest de la péninsule de la Floride; mais la confiance que l'attérage au cap Saint-Antoine nous avoit donnée pour le chronomètre de Louis Berthoud, rendoit cette précaution inutile. Nous mouillâmes dans le port de la Havane, le 1 9 décembre, après vingt-cinq jours de navigation par un temps constamment mauvais. La surface entière de l'archipel des Antilles renferme près de 83oo lieues carrées (de 20 au degré) , dont les quatre grandes îles , Cuba , Haïti , la Jamaïque et Portorico, occupent 7200 ou près de neuf dixièmes. Uarea de l'Amérique insulaire équinoxiale est par conséquent à peu près égale à celle de la monarchie prussienne et deux fois plus grande que ïaœa de l'état de Pensylvanie. Sa population ivlative diffère peu de celle de ce dernier état : elle est encore trois fois moindre que celle de l'Ecosse '\ Je me suis occupé , pendant plusieurs années , avec un soin extrême , à connoître le nombre des habitans de diffé- rentes castes et couleurs qu'un funeste développement de l'industrie coloniale a réunis dans les Antilles. Ce problème touche de si près aux malheurs de la race africaine et aux dangers que court la civilisation humaine par l'assemblage bizarre de tant d'élémens divers , que je n'ai pas voulu me borner à recueillir ce qui se trouve épars dans des ouvrages et des mémoires imprimés. J'ai con- sulté, par une correspondance active, les hommes respectables et éclairés qui ont bien voulu s'intéresser à mes recherches et les faciliter en rectifiant les premiers résultats auxquels j'étois parvenu. Je me fais un plaisir de témoigner ici ma vive reconnoissance à Lord Holland , M, Charles Ellis , M. VVilmot, sous-secré- ' Déjà Diego Colomb avoit des idées très-précises sur l'existence et la direction du Gulf-stream; voyez Petrus Martyr, Océan., Dec. III , Lib. s, p. SaG, 327, et Herera , Dec. I, Lib. \\, p. 25i. » Voyez plus haut, Tom. III, p. 166. CHAPITBE XXVII. 33 1 taire d'état au départenieait des colonies, M. Allen, le général Macaulay, Sir Charles Mac-Carthy, dernier gouverneur de Sierra Leone, le cheval iei- Mackin- tosh, M. Clarkson , M. David Hodgson et M. James Cropper de Liverpool. POPULATION DES ANTILLES (fin de 1823). NOMS DES ILES. I. ANTILLES AKGLoisEs POPULATION ESCLAVES. a ) Jamaïque . 776,500 ''102,000 62 R, 800 342,000 OBSERVATIONS ET VARIANTES. En 1788 , on évaluoit la population totale des Antilles an- gloises à 52S,3o3, dont escl. i5^,i6i. Bryan Edwards , en 1791 : esclaves, 455,684 ; blancs, 65,5o5; libres de couleur, 20,000. Colquboun , en 1813 : total 752^176, dont escl. 654,096; libres de couleur, 33, 081 ; blancs , 64,994. Melish ; total 673,070, dont 70,430 blancs, et 607,640 escl. Individus appartenant, en 1823, à la congrégation àcB Métho- distes ^ dans les Antilles angloises : 23,127 noirs et gens de couleur, et 8476 blancs. {Debate cf i5 May 1823, p. iSo.) En 1734, escl. 86,146; blancs, 7644; en 1746, escl. 112,428; blancs, 10,000; en 1768, escl. 176, ()i4; blancs, 17,947; en 1775, escl. 190,914; blancs, i8,5oo; en 1787, escl. aSo.ooo; blancs, 28,000; en 1791, blancs, 5o,ooo; libres de couleur, 10,000; escl. 35o,ooo; en iSoo, escl. 300,939; en 1810, escl, 320,000; en 181a, escl. 319,912; en i8i5,escl. 3i3,8i4; en 1816, escl. 5ii,o38; libres, 45,ooo ; en 1817, escl. 345,252. (D'anciens rap- ports donnent, pour i653, escl. i4oo ; blancs , 45oo ; pour 1 6-0 , escl. 8000; blancs, 7500; pour 1673, escl. 95o4). On a importé à la Jamaïque , de 1770 a 1786 : nègres esclaves, 610,000 , dont on a réexporté en d'autres îles J ; il est donc resté dans l'ilc i,ooo {Bryan Edwards, Tom. II, p. 64). De 1787 à 1808, on a importé de plus 188,785 ; donc, en tout, en 108 années, 676,785 ^res ; et cependant il n'existe à la Jamaïque que la moitié de ce nombre, moins de 35o,ooo. {Haichard y Heview of Regtstry Laws, p. 74. Cropper, Lctiers ta M. PFilkerforce, 1822, p. 19, 29, 4o). D'autres évaluations font monter l'importation des Afri- cains, à la Jamaïque, depuis laconi^/ic'te, à 85o,ooo.(£'a.*t iinrf^f >s/ India Sugar, 1823, p. 34. James Cropper , Relief for West Indian distrcss, 1823, p. l3. Wilberforce , Jppeal to religion , Justice and humanity, 1823, p. 49). La population des libres de couleur est généralement évaluée trop bas. M. Stewart, qui a résidé vingt ans dans cette île (jusqu'en 1820), la suppose de 35, 000, et le nombre des blancs de a5,ooo. D'après les registres officiels que je dois à l'obligeante communication de M. Wilmot, en 1817; escl. 343,145 ; en 1820, esrl. 341,812 Danj les dernières i4 an- nées , sur une population esclave de 342.011c , à peine 600 ma- riages (par an 257), ont été contractés légalement. {Subsl. 0/ the debate ofthe hoiise ofCommons,, 1823, p. i64-) 332 LIVRE X. NOMS DES ILES. POPULATION OBSERVATIONS ET VARIANTES. b ) Barbados. . . 100,000 c ) Antigua d) Saint CnnisTOPHE ou Saint-Kjtts. . . . e ) Nevis f ) La Grenade g ) SArsT- Vincent et Grenadines h ) La Dominique. 4o,ooo 23,000 i ) Montsehrat. k ) Iles vierges ANGLOisEs Anegada , Virgin GoRDA ET ToRTOLA. . 29,000 28,000 20,000 8,000 8,5oo 79,000 5 1,000 19,600 9,5oo 25,000 24,000 1 6,000 6j5oo 6,000 M. Morse évalua déjà en 1786 la population tolale à 79,230; ea iSo5, escl. 60,000; libres, i7,ir^o; en 1811 , d'après un re- censement que l'on croyoit irès-eiact : escl. 79,132; libres de ouleur, i6i3; blancs, 15,794. En i8i3, probablement blancs, 6,000; libres de couleur dont le nombre augmente beaucoup, 5ooo. Population totale , peut-être 100,000. D'après les registres officiels, en 1817, escl. 77,493; en iSao, escl. 78,345. En 181 5, escl. 36,000 ; libres, 4ooo ; en iSîS, probablement libre» de couleur, 4ooo; blancs, 5ooo. D'après les registres o//!- clcls 1817, escl. 31,569; en iSao, escl. 3i,o53. En 1791 , escl. 50,435 ; blancs , 1900 ; en i8o5 , escl. 26,000; blancs, iSoo; libres du couleur, peut-être 25oo. D'après les rcg. off., escl. 20,137 ; en 1820, escl. 19,817. En 18119, total 9300, dont 8000 nègres (Chalmers) ; en 18:2, total io,43o, dont 932G escl. K«g. o//". de 1817 : escl. 9G03 ; de 1820, escl. 9261; libres de couleur, à peu près 1000; blancs, 45o. En 1791, d'après Bryan Edwards : escl. 23,926 ; blancs, looo; en i8i5, escl. 29,381 ;libres, 1891. K«g. o/T'. dei8i7, escl. 28,024; de 1820, c«cl. 25,677; libres de couleur, aujourd'hui près de 2800; blancs, goo. En 1791 , escl. 11, 853; blancs, i45o ; en 1812 , total 27,455, dont escl. 22,920 ; en i8i5, total 33,493, parmi lesquels 2i3o libres. Reg. off. de 1817, escl. 25,255;de 1820, escl. 24,252. En 1791 , escl. 14,967; blancs, 1236; en i8o5 , escl. 2î,o83 ; libres, 44i6i d 1811, total 25,o3i, dont blancs i325 ; libres de couleur, 29S8;escl. 21,728. Le rapport entre les nègres oumu- lâtres libres et les blancs est ici, comme partout, très-incer- tain ; les premiers sont aujourd'hui peut-être le double des derniers. Hcg. off. de 1S17, escl. 17,959; do 1S20, escl. 16, 554- De la Dominique et des îles Iï;ihamcs on exporte souvent des esclaves à Demarary, où le climat cause une alFreuse mortalité, même parmi les gens de couleur non acclimatés. En i8o5, escl. 9500; libres, i25o ; en 1812, escl. 6534; libres, 442. (En 1823, d'après des notions plus sûres : libres, i5oo, dont 4 peine i de blancs.) Keg.off. de 18*7, escl. 6610; de 1820, escl. 65o5, M. Morse évalue la population totale, en 182a, à 10,750; mais elle est moins forte. Beaucoup d'incrrtitude. Vraisemblablement en 1S20, escl. 6oou; libies de couleur, i20o-i5oo; blancs, 400. Cependant déjà, en 1788, on croyiiit pouvoir évaluer les esclaves à 9000. (Melisli donnoit, en 1827, i Tortola, une population totale de io,5oo; à Virgin (iurda, 8000 !) CHAPITRE XXVII. 333 NOMS DES ILES. 1 ) Tabago. m ) Anguilla et Bar BUDA Il ) TniNiDAD POPULATION o ) Sainte-Lucie- p ) Iles Bahames . q ) Iles Bermudes. ii. haïti , françois et espagnol 16,000 2,5oo 4i,5oo 1 7,000 i5,5oo i4,5oo 820,000 i4,ooo 1,800 23,5oo 1 3,000 1 1 ,000 y, 000 OBSERVATIONS ET VARIANTES. EQi8o5,escl. i4.SS3 ; libres, 1600; en 181 1 , escl. 16 8g libres, 935; en i8i5, tolal 18,000. Rcg. off. de 1S17, escl. 15,470; de 1820, escl. i4,58i (probablement aujourd'hui 2000 libres, dont 1200 de couleur). M, Morse [Modem Gco/^r», p. 236) compte pour 1822 , total i6,483, doDt i5,583 esclaves et libres de cou' leur, et 900 blancs. Peu certaio. En i8o5 , escl. 19,709; libres, 5536 (Macuihum). Dénombre ment de 1811, que l'on croit très-exact : total 32,989, dont blancs 2617 ; libres de couleur, 7493 ; Indiens libres, 1736 ; escl. 2i,i4^-''«o- <'/?"-''6 1817, escl. 25,94i; de 1820, escl. 23,537. On 3 l'habitude d'évaluer beaucoup trop bas la population toujours eruissaute de cette ile. M. Morse , en 1822, total 28,477 ! cepen- dant il n'est pas douteux qu'aujourd'hui on y trouve , libres de couleur pour le moins 14,000; blancs, 4ooo ; esclaves, près de 24,000. En 1788, on évaluale total 420,968, dont 17,221 escl. ; en 1810 , total 17,485, duntescl. 14,397 ; libres de couleur, 1878; blancs, 110. Reg. off. de 1R17, escl. i5,893; de 1820, escl. i3,o5o. En partie déjà hors des limites de la zone torride. En 1810, total 16,718, dont escl. 11,46- (Aujourd'hui, probablement, escl. 11,000; libres de couleur, 25oo-3ooo; blancs, i5oo.) Petit archipel situé sous la zone tempérée, et bien éloigné du teste de l'Amérique insulaire. En 1791 , total 10,780 , dont escl. 4919; en 1812, tolal 9900, dontescl. 4794. M. Necker admetloit, dans la partie française , en 1779, total 288,8o3; en 1788, total Sao.ooo, dont blancs 4o,ooo; affranchis, 28,000; escl. 452,000 ; en 1802, M. Page n'évaluoit la population totale qu'à 375,000 , dont 290,000 laboureurs. En 1819 , d'après l'observation du général Pamphile-Lacroix, ondonnoità \apartie française : 5oi,ooo, dont 480,000 noirs, 20,000 mulâtres , et 1000 blancs ; /lariii; espagnole : i35,uoo, dont 110,000 noirs, 25,000 blancs. Le général Macaulay, dont les recherches portent tou- jours le caractère de la philanthropie et de l'amour de la ïérilé, pense que la population totale d'Haïti excède 750,000, parmi lesquels, dans la partie française, 600,000 nègres et mu- lâtres, et 4000 blancs ; dans la partie espagnole, 120,000 nègres et mulâtres, et 26,000 créoles blancs. Dans la partie française , on porte le nombre des sang-mêlés à 24,000. Le dernier dinom- brement officiel donne 935,335, parmi lesquels, dans les seuls arrondissemens de Jacmel, 99,408 ; du Porl-au-Prioce, 89,164; des Caycs , 63,536; d'Aguni , 58,587; de Leogane, 55,663; de Mi- rabalais, 53,649; de Ncpper, 44,478; du Cap Haïtien, 38,566; de Tiburon, 37,927; de Jercmie, 37,65a; de Saint-Marc, 37,628; 334 LIVRE X. NOMS DES ILES. POPPI.ATION ESCLAVES. OBSERVATIONS ET VARIANTES. III. A^TILES ESPAGNOLES a ) Cuba b ) PORTORICO. c ) Marguerite IV. ANTILLES fran- COISES a ) Guadeloupe et ses DÉPENDANCES (les SAInTES, Mabie GlLinTS , LA DliSiBADB BT UNE PAATIB DE SaIIIT Mabtih ) 943,000 700,000 281/400 356,000 225,00 0 25,000 1 8,000 219,000 120 000 4oo 178,000 100,000 de la Grande Rivière, 35,372; de Gonaiires, 33,54a ; de Lembé^ 53,475; de Marmelade, 32,853; de Santo Domingo, 20,076. i\ew Monthly Mag., 1825, fivr., p. 69). On ne connoit point les précautions que le gouvernement haïtien a prises pour parvenir à un résultat exact. Comme je me suis prescrit , dans tous mes travaux d'économie politique, de publier des nombres qui pé cbent en moins , j'ai diminué le résultat du dénombrement oQî ciel de \, Les nombres limites sont aujourd'hui 8uo,ooo et 94o,ooo. Des assertions Irès^exagérées, et dont le but se trouve lié à des vues politiques , ont fait porter la population d'Haïti à plus d'un million: il est sûr que cette population augmente avec une rapidité extrême , et que de sages institutions la favorisent. D'après un document officiel présenté aax Cortès de Madrid, en 1821 , total 630,980, dont blaocs 290,021 ; libres de couleur 115,691 ; escl. 225,268. Reclamacion hecha par las représentantes de ta Jsta de Cuba , contra los arancetes, p. 7. Le nombre des es- claves importés, de 1817-1819, a été de i5,ooo à 26,000. Letters from the Havana to John JViUon Croher^Esq., 1821, p. i8-36. Ces importations sont effrayantes ; car Rio Janeiro même n'en reçoit pas un plus grand nombre dans ces derniers temps; savoir, 1S21, escl. ao,S52; en 1822, escl. 17,008; en 18^3, escl 20,610; Ofjic. Correspond, with the Brit, Commiss. , i8^3 B., p. 109, 121. Alexander Caldcleugh's travcls in Scuth America^ 1825, Tom. II, p. 296. (M. Melish, dans sa Géographie amé- ricaine, ne donne encoie, pour 1825, à l'ile de Cuba, qu'une population de 435, 000.) En 1778, on évaluoit la population totale à 8o,65o ; en 1794, à i36,ooo, dont i5,ooo blancs, io3,5oo libres de couleur, et 17,500 esclaves ; mais le dénombrement officiel de 1822 donne , avec plus de sûreté, pour la population totale, 225,000, dont 25,000 esclaves. {Poinsett, IVoles on Mexico; Philad., i8a4, p. 5.) Si le nombre des blancs ne s'élevoit qu'à 22,000 , ce dénombre ment donneroit 178,000 pour des libres de couleur, évaluation qui me paroit exagérée en la comparant aux libres de couleur de toute l'ile de Cuba. M. de Fonce : i4,ooo, dont 2000 Indiens. Affranchis , probablement pins de 25,ooo. En «788, total 101,971, dont i3,466 blancs; 3o44 libres de couleur; 85,46 1 esclaves. D'après les renseignemens officiels que je dois aux obligeantes communications de M. Moreau de Jonnès, en 1822, total 120,000, dont blancs i3,ooo; libres de couleur, 7000; escl. 100,000. D'autres renseignemens officiels donnent, pour 1821, 6 la Guadeloupe, total 109,404, dont blancs i],8oi; gens de couleur libres, 86o4; escl. 87,998. CHAPITRE XXVU. 335 NOMS DES ILES. b ) Martinique. V. ANTILLES holian DAISES , DANOISES ET SUÉDOISES . ...... POPULATION a ) Saint-Eustache et Saba , b ) Saint-Martin. c ) Curaçao. d ) Sainte-Croix. e ) Saint-Thom.is. f) Saint- Jean. g ) SAlNT-BARTHELEMy. 99,000 84,5oo 18,000 6,000 11,000 32,000 7,000 2,500 8,000 ESCLAVES 78,000 6i,3oo 4,000 f),5oo 27,000 5,5oo 2,3oo 4^000 OBSERVATIONS ET VARIANTES. En i8i5, on croyoit la population totale g4,4<^i dont 9Î06 blancs, 865o gens de couleur, 76,577 noirs. D'après le dénom brement officiel de 1822, total 98,125, dont 9660 blancs , 10,173 libres de couleur, et 76,914 esclave». Aucune île n'offre plu» d'incertitude. M. Malte-Brnn (Giogr., Tom. V,p. 748) n'évalue encore, pour i8i5, la population totale qu'à 64oo, dont 5ooo blancs, 600 libres de couleur, et 800 es claves , mais ce nombre de blancs est bien peu probable. M. J. van den Bosch [NeJerlandsche Overzeesche Beziitingen , 818 , Tom. Il , p. 332) s'arrête à 24oo; tandis que la nouvelle Géographie de M. Morse, qui est généralement rédigée avec soin (_New System of modem Geog. , 1822, p. 249), s'arrête à 30,000. Morse , /. landoise. c. , p. 248. Une partie est françoise, l'autre hol- Mclish : 85oo. Hasacl : i4,ooo. Van den Bosch (Tom. II, p. 227), pour i8o5, pop. tût. n,84o. Antilles boUandoises en général, 55,ooo, dont 27,5oo escl. En i8o5 : blancs, 2223; affranchisj i664; esclaves, 25,452. Total : 29,339. En i8i5 : blancs, 726; affranchi», aSg ; esclaves, 4769. Toial : 5734. En i8i5 ; total 2120, dont blancs, 102; esclaves, 1992 M. Hasscl évalue la population totale des îles danoises, pour i8o5, i 38,6g5 ; M. Colquhoun l'évalue, en 1812, 642,787 dont 37,o3o escl. Morse , p. 249. Les observations placées à côté des résultats qui sont aujourd'hui les plus pro- bables, renferment quelques notions historiques sur l'accroissement progressif de la population. Ces notions , d'une précision très-inégale , ne sont cependant que des variantes leclionum : elles offrent l'expression des opinions qu'à telle ou telle époque on s'est formées sur le nombre des habitans. Le plus souvent ce ne sont pas ces variantes mêmes , mais les registres officiels des dernières années qui ont servi de 336 LIVRE X. base à mes calculs. Quand les registres manquent, on ne peut se laisser guider que par des considérations générales sur la valeur des résultats statistiques. Dans des opinions qui sont débattues avec violence , et qui touchent aux plus grands intérêts de l'humanité , il faut se défier des exagérations des partis extrêmes ; il faut prendre la moyenne entre les évaluations que fournissent les colons propriétaires et celles des associations formées dans le but de diminuer les malheurs de l'escla- vage. La comparaison des registres de différentes époques n'offre pas toujours des idées exactes sur la mortalité des esclaves dans les colonies des différentes nations. Il y a des pays dans lesquels on donne aux esclaves introduits furtivement les noms de ceux qui sont décédés. Lorsqu'on ne peut obtenir des résultats cer- tains, c'est beaucoup gagner que de trouver des nombres limites, de ])ouvoir dire : Il y a pour le moins 342,000 esclaves à la Jamaïque, 79,000 à la Barbade , 100,000 à la Guadeloupe. Les résultats fournis par le dénombrement ou enregistre- ment des esclaves [slave registry relurns) ne présentent que ces nombres limites, des minima pour telle et telle époque. Les propriétaires ont de l'intérêt à soustraire à l'enregistrement une partie des esclaves qu'ils possèdent. Les effets de l'affran- chissement ' se confondent, sur les registres , avec ceux des décès : d'un autre côté , on cherche à cacher une partie des naissances. En général les registres tendent à prouver que, jusqu'ici (de 181 7 à 1824) , la population noire décroît, dans les colonies angloises des Antilles, beaucoup plus dans les petites îles qu'à la Jamaïque et partout où les colons exploitent , avec des capitaux très-considérables , un sol qui produit abondamment des substances alimentaires. Les registres officiels ont donné, pour 12 îles Antilles angloises, en 1817, escl. 617,7995 pour 1820, escl. 604,444 5 d'où résulte en trois ans une perte de :^. A la Jamaïque seule, elle n'a été que de îii ; dans les petites îles , elle oscille de ^- à ^ij Je ne donne pas ces rapports comme les véritables, mais comme résultant des ivgislres. La distinction des blancs et des hommes libres de couleur {Jrve coloured population ) offre des difficultés si grandes qu'à la fin de l'année 1823, le département des colonies [Colonial Office) même ne possédoit pas, sur ce point important, des rensei- gnemens précis : mais le gouvernement anglois a employé récemment , et dans le but le plus louable, des moyens propres à résoudre un problème, qui se lie plus que tout autre à des idées de sécurité publique. A la Havane , les nègres libres forment h ou 38 pour cent; mais, en général, on ne peut évaluer leur nombre qu'à î. ' Adam Hodgson, letter to JH. Sap, iSaS, p. 3y. Debate ofthe i5 may i823, p. i84. Bridges on Mannmis- sion and Negro Slavery 0/ tite United States and Jamaica, 1 SaS, p. 5 1 et 85, CHAPITRE XXVII. 337 L'évaluation des hommes libres n'est pas moins incertaine dans quelques colonies que celle des esclaves. Il y a des individus qui jouissent pleinement de la liberté , mais d'une liberté qui n'est pas légalement reconnue. Dans les registres qui indiquent la population des iles , les mots noirs et esclaves sont pris généralement comme synonymes. Il existe cependant un petit nombre de mulâtres et autres races mixtes parmi les esclaves : je pense que leur nombre s'é- lève tout au plus à ï^; et c'est d'après cette supposition que j'ai calculé le nombre des nègres esclaves dans le tableau de la population noire de l'Amérique. Le dé- nombrement de nie de Cid)a présente un rapport plus considérable ; dans la ville de la Havane , celui de rr; à tî . On y trouvoit, en 1 8 1 o , sur une population servile de 2S, -] 00 : pardos csclavos , 23oo ; morenos esclavos, 26,400. Les grandes villes, dans les Antilles espagnoles, sont caractérisées par cette accumulation d'esclaves mulâtres et de races mixtes. Quant à la population de File Saint-Domingue (Haïti) , je pense m'être arrêté à une évaluation assez basse. INous possédons les données partielles du dénombre- ment officiel, arrondissement par arrondissement; et de simples considérations, fondées sur des calculs positifs , font concevoir que la population d'Haïti peut aujourd'hui atteindre 820,000. M. Page adoptoit encore , en 1802 , après les mal- heurs de la colonie, pour les deux parties espagziole et franroise, 5oo,ooo. Or, en ne supposant A ou le taux de l'accroissement annuel que de 0,01 G, (ce qui fait un doublement de [\\ixns) , je trouve déjà , pour 1822, une population de 686,800. Si l'on admet un accroissement plus rapide, semblable à celui qu'éprouve la popu- lation esclave dans la partie méridionale des Etats-Unis (/• - 0,026, par conséquent un doublement en 27 ans), on obtiendra, pour 1822 , une population de835,5oo: mais comment ne pas croire que M. Page a évalué trop bas la population de 1 802? Necker admeltoit pour 1 788, dans la partie françoise , 520,ooo ; dans toute l'île de Saint-Domingue, 620,000. A cette époque ont succédé un grand nombre d'an- nées de paix et de tranquillité , interrompues par quelques années de désordre et de carnage. On a vu augmenter même les nègres marrons de la Jamaïque, en faisant abstraction des esclaves fugitifs qui se réunissoient à eux de temps en temps. Il est plus naturel d'admettre que, dans un intervalle de i4ans (de 1 788 à 1802), la popu- lation se soit conservée , malgré les guerres civiles et les émigrations , à ( 00,000 ; et, en partant de cette donnée, on trouve, selon les deux liypotliùses (/■:=o,oi6 our=o,026), 824,200, ou 1, 002, 5oo. Le dernier dénombrement officiel, publié par le gouvernement d'Haïti , donne 935,3oo : dans le désir de choisir des nombres qui péclient en moins , je me suis arrêté à 820,000. Relnlion historique , Tout. III. 4^ 338 LIVRE X. POPCLATION NOIBE DE l'AmÉWQUE CONTIKENTALE ET INSULAIRE. i" Nègres esclaves : Antilles , Amérique insulaire 1,090^000 États-Unis i,65o,ooo Brésil 1,800,000 Colonies espagnoles du continent 3o7,ooo Guyanes angloise, hollandoise et françoise 200,000 5,047,000 a" Nègres libres : Haïti et les autres Antilles 870,000 Etats-Unis 270,000 Brésil peut-être iGo,ooo Colonies espagnoles du continent 80,000 Guyanes angloise, hollandoise et françobe 6,000 1,386,000 EjÉCAPlTinjlTION. JVoirs sans mélange , par conséquent en excluant les mulâtres : 5,047,000 esclaves 79 p. cent 1,386,000 libres 21 6,433,000 L'habitude de vivre dans des pays où le» blancs soûl aussi nomhrpux qu'aux Etats-Unis, a influé singu- lièrement sur les idées qu'on s'est formées de la prépondérance des races dans les diverses parties du Nouveau-Continent. On a diminué arbitrairement le nombre des nègres et des races mistes qui s'élèvent ensemble , d'après mes tableaux, à plus de 12,861,000, ou à 37 pour cent; tandis que la population blanche n'excède pas i3 i millions, ou 38 pour cent. M. Morse admettoit encore, en 1822, pour l'Amérique totale, riV de blancs, rh d'Indiens, AV de nègres, et lî» de races mixtes. Dans l'archipel des îles Antilles, MM. Carry et Lea supposent une population de 2,o5o,ooo, dont 4do,ooo blancs et 1,600,000 noirs et mulâtres : cela indique- roit 22 pour cent de blancs. Nous venons de voir que le rapport est un peu plus défavorable encore , et que, sur une population totale des Antilles, de 2,843,ooo, il y a 17 pour cent de Idancs, et 83 pour cent d'hommes de couleur, esclaves et libres; c'est-à-dire, que les blancs sont aux hommes de couleur ^ 1 : 5. Divisions. POPDI,AHO.t totale. BSCLAVBS nOIBS et quelques mulâtres. LieaSS DE COCL. mulâtres et noirs. BIASCS. Antilles espagnoles Haïti 943.000 820.000 776.500 119. 000 84.500 aSi.4oo 626.800 178.000 6 1 . 3oo 319. 5oo 790.000 78. 55o 18.000 7.o5o 342. 100 3o.ooo 71.350 23.000 16. i5o Antilles angloises 0. . Antilles françoises Antilles holl., dan. et suéd, Total des Antilles 2.843.000 1. 147.500 (4o p. c. 1. 212.900 (43 p. c.) 482.600 (■- P- C-) CHAPITRE XXVII. 339 Distribution des races dans l'Amérique espagnole. 1° Indigènes. (Indiens, hommes rouges; race cuivrée américaine ou primitive, sans mélange de blanc et de nègre). Mexique 3,700,000 Guatimala 880,000 Colombia 720,000 Pérou et Chili J ,o3o,ooo Buenos-Ayres avec les provinces de la Sierra 1,200,000 7,53o,ooo 2" Blancs. (Européens et descendans d'Européens, sans mélange de nègre et d'Indien, la prétendue race du Caucase). Mexique ' ,23o,ooo Guatimala 280,000 Cuba et Portorico 33g,ooo Colombia 642,ooo Pérou et Chili 465,ooo Buenos-Ayres 320,ooo 3,276,000 3° JVég)-es. (Race africaine, sans mélange de blanc ou d'indien, noirs libres et esclaves). Cuba et Portorico 389,000 Continent 387,000 776,000 4° Raïes mélangées de noir, blanc et indien. ( Mulâtres, Mestizos, Zambos, et mélange des mélanges ). Mexique 1,860,000 Guatimala 42o,ooo Colombia 1 ,256,ooo Pérou et Chili 853,ooo Buenos-Ayres 742,000 Cuba et Portorico ig7,ooo 5,328,000 RÉCAriTULATION , d'après la prépondérance des races. Indiens 7,53o,ooo ou 45 p. cent. Races mélangées 5,328,ooo 32 Blancs 3,276,000 1 9 Noirs , race africaine 776,000 4 16,910,000 34o ri VUE x. DlSTBlBDTION DES BACES DANS l'AmÉRIQUE CONTINEKTAIX ET IKSULAIBr. i ° Blancs .- Amérique espagnole SjSy'îjOoo Antilles, sans Cuba , Portorico et la Marguerite i4o,ooo Brésil 920,000 Etats-Unis 8,5/5,000 Canada 55o,ooo Guy ânes angloise, hollaudolse et françoise 10,000 13,471,000 2° Indiens : Amérique espagnole 7,53o,ooo Brésil (Iniliens enclavés du Rio Negro , Rio Branco et de l'Amazone). 260,000 Indiens indépendans, à l'est et à l'ouest des Montagnes Rocheuses , sur les frontières du Nouveau-Mexique, des Mosquitos, etc 4oo,ooo Indiens indépendans de l'Amérique du Sud 42o,ooo 8,610,000 3" Nègres: Antilles avec Culia et Portorico 1 ,9^0,000 Amérique espagnole du continent 387,000 Brésil 1 ,960,000 Guyanes angloise, hoUandoise et françoise 206,000 Etats-Unis i ,920,000 6,433,000 4° Races mélangées: Amérique espagnole 5,828,000 Antilles , sans Cuba, Portorico et la Marguerite 190,000 Brésil et États-Unis 890,000 Guyanes angloise, hoUandoise et françoise. • 20,000 6,428,000 RicAPITULATION. Blancs 13,471,000 on 38 p. cent. Indiens 8,610,000 — 25 Nègres 6,433,ooo — 19 Races mixtes 6,428,000 — 1 8 34,942,000 CHAPITRE XXVII. 34 1 Un calcul, fondé sur les dénombremens de i8io et 1820, donne (le taux de l'accroissement — 0,02611) pour la fin de 1822, dans les Etats-Unis, pour le moins 1,623,000 esclaves {f^oyez, plus haut, p. 70 et 179, et Sixteenth Report ofthe African Insi.j p. 324); pour fin de 1824, au moins 1,708,300. Les libres de couleur étoient, en 1820, plus de 238,ooo. Dans les deux colonies de Demerary et Essequebo, on comptoit déjà, en 1811 :escl. 71,180; libres decouleur, 2980; blancs, 2871; total: 77,o3i. A Jîcrl)ice, pop. totale : 25,969, dont 55o blancs, 2A0 libres de couleur, et 25,169 nègres esclaves. Population totale de Demerary, Essequebo et Berbice, pour i8ii : au-delà io3,ooo, dont plus de 96,000 escl. D'après J. van den Bosch (vol. Il , p. 1 14), il yavoit, en 181 A : esclaves à Demerary, 47,032; à Essequebo, 16,187; '' Berbice, 22,223 ; total des esclaves: 85,442. Le général Macaulay croyoit, en 1828, la population de Demerary de 83,900, dont 77,400 esclaves, 3ooo libres de couleur, 35oo blancs. Pour Berbice, iladnietloit 25,43o, dont23,i8oescl., i5oo libres de couleur, 760 blancs. Les registres oj/iciels, communiqués par M. Wilmot, donnent à la colonie de Demerary, pour 1817, escl. 77,867; pour 1820, escl. 77,876; ù la colonie de Berbice, pour 1817, escl. 23,726; pour 1820, escl. 23,180. 11 paroît assez probable que les trois Guyanes, angloisc, hollandoise et françoise renferment aujourd'hui plus de 286,000 esclaves. La Guyane françoise comptoit, en 1821, un total de 16,000, sans les Indiens, savoir : 12000 esclaves, 1000 blancs, et 3ooo libres de couleur. D'après des documens officiels, il y avoit (le 1" janvier 1824) io35 blancs, 1923 gens de couleur libres, 701 Indiens, et i 3,656 esclaves; total: I7,3i5. Le nombre des noirs répandus sur le vaste continent de ^Amérique espagnole est si petit (au-dessous de 390,000) qu'heureusement il ne forme pas 2 f pour cent de la population continentale. Des changemens salutaires s'y préparent dans l'état des esclaves. D'après les lois qui gouvernent les nouveaux états indépendans, l'esclavage sera éteint peu à peu : c'est la république de Colombia qui a donné l'exemple d'un affranchis» sèment progressif. Cette mesure humaine et prudente à la fois est due au désintéressement du Générai. BoLTVAK, dont le nom a été illustré non moins par les vertus du citoyen et la modération dans les succès que par l'éclat de la gloire militaire. Distribution de i,a potulation totale de l'Amérique, d'après la diversité des cultes. I. Catholiques romains. 22,486,000 a Amérique espagnole continentale 15,986,000 Blancs 2,937,000 Indiens 7,53o,ooo Races mixtes et nègres 5,5 18,000 16,985,000 b Amérique portugaise 4,ooo,ooo c Etats-Unis j Bas-Canada et Guyane françoise 537,000 d Haïti, Cuba, Portorico et Antilles françoises 1,961,000 22,486,000 II. Protestons ii,636,ooo a fetats-Unis 10,296,000 b Canada anglois , Nouvelle-Ecosse , Labrador 260,000 c Guyanes angloise et hollandoise 220,000 d Antilles angloises 777,000 e Antilles hollandoise , danoise , etc 84,ooo 11,636,000 III. Indiens indépendans non chrétiens 820,000 34,942,000 242 LIVRE X. Ce tableau n'offre que les grandes divisions des communautés chrétiennes. Je crois posséder des matériaux ' assez précis sur les rapports des catholiques romains et des protestans , mais je n'entrerai pas dans le détail des divisions de l'église protestante ou évangélique. Quelques évaluations partielles, par exemple le nombre des catholiques dans la Louisiane , dans le Maryland et dans le Bas-Ca- nada anglois , sont peut-être un peu incertaines ; mais ces incertitudes affectent des quantités qui n'ont qu'une foible influence sur le résultat définitif. Je pense que le nombre des protestans, dans toute l'Amérique continentale et insulaire, depuis l'extrémité méridionale du Chili jusqu'au Groenland , est à celui des catholiques romains comme 1:2. Il existe, sur la côte occidentale de l'Amérique du nord, quelques milliers d'individus qui suivent le culte grec. J'ignore le nombre des juifs répandus sur la surface des Etats-Unis et dans plusieurs des îles Antilles. Leur nombre est peu considérable. Les Indiens indtpendans, qui n'appartiennent à aucune communauté chrétienne , sont à la population chrétienne comme 1 : 42- Dans l'état actuel des choses, la population protestante augmente beaucoup plus rapidement dans le Nouveau-Monde que la population catholique ; et il est probable que , malgré l'état de prospérité à laquelle l'indépendance , les progrès de la raison et des institutions libres vont élever l'Amérique espagnole , le Brésil et l'ile d'Haïti , le rapport de i à 2 se trouvera , eu moins d'un demi-siècle , consi- dérablement modifié en faveur des communautés protestantes. En Europe, on peut compter (en admettant une population totale de 198 millions) à peu près io3 millions de catholiques romains , 38 millions qui suivent le rite grec , 52 mil- lions de protestans , et 5 millions de mahométans. Le rapport numérique des protestans aux membres des églises catholique, romaine et grecque est, par consécpient , approximativement , comme i : 2 tV. Le rapport des protestans aux catholiques romains est le même en Europe et en Amérique. Les tableaux que nous réunissons à la fin de ce chapitre , ont une liaison intime entre eux ; car , sous toutes les zones , les différences de race et d'origine , l'individualité du langage et l'état de liberté domestique influent puissamment sur les dispo- sitions des hommes pour telle ou telle forme de culte. ' Un premier apei eu de ces matériaux a paru dans la Revue protestante , n" III, p. 97. (V' oyez ma lettre à M. Charles Coquerel). Des notions plus précises sur la population de Cuba, d'Haïti et de Portorico ont mo- tivé quelques rectifications dans les données partielles. CHAPITHE XXVII. Prépondérance des langues dans le nouveau-continent. 343 1° Langue anglaise : États-Unis Haut-Canada, Nouvelle- Ecosse, NouTeau-Brunswick. Antilles et Guyane angloise , 10,525,000 260,000 862,000 1 1 ,647,000 I " Langue espagnole : Amérique espagnole ; savoir : blancs 3,276,000 indiens 1,000.000 races mixtes et nègres 6,io4,ooo Partie espagnole d'Haïti 124 000 3° Langues indiennes : Amérique espag. et portug. , y compris les tribus indépendantes. 4° Langue portugaise : Brésil a 5° Langue française : Haïti Antilles dépendantes de la France , Louisiane et Guyane francolse. Bas -Canada et quelques tribus d'Indiens indépendans 6° Langues hollandaise, danoise, suédoise et russe : Antilles Guyane^ Russes de la côte NO io,5o4,ooo 7,593,000 3,740,000 6g6jOoo 256,000 290,000 1,242,000 84,ooo 1 1 7,000 1 5,000 216,000 Récapitulation. Langue angloise 1 ,,647,000 espagnole io,5o4,ooo indienne 7,593,000 portugaise y 3,740,000 françoise i,242,ooo hollaudoise, danoise et suédoise 216,000 34,942,000 Langues de l'Europe latine 1 5,48 6,000) Langues du rameau germanique. . . 1 i,863,ooo( '""^^^ européennes. 27,349,000 langues indiennes. . . 7,59.3,000 344 LIVRE X. Je n'ai pas fait mention séparément de l'allemand, du gale (irlandois), et du Jjasque , parce que les individus , d'ailleurs très-nombreux , qui conservent la connoissance de ces langues mères , savent en même temps l'anglois ou le castillan. Le nombre d'individus qui parlent usuellement les langues indiennes, est, dans ce moment, au nombre d'individus qui se servent des langues de l'Europe 1 :3 t. Par l'accroissement plus rapide de la population aux Etats- Unis, les langues du rameau germanique vont gagner insensiblement, dans le rapport numérique total, sur les langues de l'Europe latine; mais ces dernièi'es se répandront en même temps , par l'eOèt de la civilisation croissante des peuples de races espagnole et portugaise , dans les villages indiens , dont à peine un vingtième de la population entend quelques mots de castillan ou de portugais. Je crois qu'il existe, en Amérique, encore plus de sept millions et demi d'indigènes, qui ont conservé l'usage de leur propre langue et qui ignorent presque entièrement les idiomes européens. Telle est aussi l'opinion de l'arclievêque de Mexico et de plusieurs ecclésiastiques également respectables, qui ont habité pendant long-temps le Haut-Pérou, et que j'ai pu consulter sur cet objet. Le petit nombre d'Indiens (un million peut-être) qui ont entièrement oublié les langues indigènes, habite les grandes villes et les villages très-j)opuleux qui entourent ces villes. Parmi les in- dividus qui parlent françois dans le Nouveau-Continent , on trouve plus de 700,000 nègres de race africaine, circonstance qui, malgré les efforts très-louables du gouvernement haïtien pour l'instruction populaire , ne contribue pas à main- tenir la j)uretédu langage. On peut admeilre qu'en général, dans l'Amérique con- tinentale et insulaire , il y a , sur G, 433, 000 noirs , plus de ^, qui parlent anglois , plus de j± qui parlent portugais , plus de j^^ et j^^ qui parlent françois et espagnol. Ces tableaux de la population , considérés sous les rapports de la différence des races , des langues et des cultes , se composent d'élémens très-variables ; ils représentent approximativement l'état de la société américaine. Dans un travail de ce genre, il ne s'agit que des masses; les évaluations partielles pourront avec le temps acquérir une précision plus rigoureuse. La langue des chiffres, seuls hiéroglyphes qui se soient conservés parmi les signes de la pensée, n'a pas besoin d'interprétation. Il y a quelque chose de grave et de projihétique dans ces inven- taires du genre humain : tout l'avenir du Nouveau-Monde y semble inscrit. 345 CHAPITRE XXVIII. ESSAI POLITIQUE SUR L ILE DE CUBA. — HAVANE. — COLLINES DE GUANAVACOA , CONSI- DÉRÉES SOUS DES RAPPORTS GÉOGNOSTIQUES. — VALLEE DE LOS GUINES. — BATABANO ET PORT DE LA TRINIDAD.— JARDINS DU ROI ET DE LA REINE. 1j 'importance politique de l'ile de Cuba n'est pas seulement fondée sur l'étendue de sa surface , qui est de la moitié plus grande que celle d'Haïti , sur l'admirable fertilité de son soi , sur ses établissemens de marine militaire et sur la nature d'une population , composée , pour trois cinquièmes , d'hommes libres : elle s'agrandit encore par les avantages de la position géographique de la Havane. La partie septentrionale de la Mer des Antilles, connue sous le nom de golfe du Mexique, forme un bassin circulaire de plus de aSo lieues de diamètre, une médilcrranée à deujc issues^ dont les côtes , depuis la pointe de la Floride jusqu'au cap Catoche du Yucatan , appartiennent aujourd'hui exclu- sivement aux Confédérations des Etats-Mexicains et de l'Amérique du Nord. L'ile de Cuba, ou plutôt son littoral entre le cap Saint-Antoine et la ville de Ma- tanzas, placée au débouquement du Vieux Canal, ferme le golfe du Mexique, au sud-est , en ne laissant au courant océanique , désigné sous le nom de Gul/stivam ' , d'autres ouvertures que vers le sud , un détroit entre le cap Saint-Antoine et le cap Catoche j vers le nord, le canal de Bahama , entre Bahia-Honda et les bas-fonds de la Floride. C'est près de l'issue septentrionale , là où se croisent, pour ainsi dire, plusieurs grandes routes du commerce des peuples, qu'est situé le beau port de la Havane , fortifié à la fois par la nature et par de nombreux ouvrages de l'art. Les flottes qui sortent de ce port et qui sont en partie construites avec le Cedrela et l'Acajou de l'ile de Cuba , peuvent combattre à l'entrée de la Méditerranée mexicaine, et menacer les côtes oppo- sées , comme les flottes qui sortent de Cadix peuvent dominer l'Océan près des >- Tom. I, p. 64-73; Tom. III, p. 33o. Belalion historique , Tom. III. ^ 346 LIVRE X. Colonnes d'Hercule. C'est dans le méridien de la Havane (jue le golte du Mexique , le Vieux Canal et le Canal de Bahama communiquent ensemble. La direction opposée des courans , et les agitations de l'atmosphère , très-violentes à l'entrée de l'hiver, donnent à ces parages , sur la limite extrême de la zone équi- noxiale, un caractère particulier. L'ile de Cuba n'est pas seulement la plus grande des Antilles (sa surface différant peu de celle de l'Angleterre proprement dite , sans le pays de Galles) ; elle offre aussi par sa forme étroite et alongée un tel développement de côtes , qu'elle est voisine à la fois d'Haïti et de la Jamaïque , de la province la plus méri- dionale des Etats-Unis ( la Floride) , et de la province la plus orientale de la Confédération mexicaine (le Yucatan). Cette circonstance mérite la plus sérieuse attention; car des pays qui commvmiquent par une navigation de lo à 12 jours , la Jamaïque , Haïti , Cuba et les parties méridionales des Étals-Unis (depuis la Louisiane jusqu'en Virginie) renfermant près de deux millions huit cent mille Africains. Depuis que Santo-Domingo, les Florides et la Nouvelle-Espagne ont été séparées de la métropole , l'ile de Cuba ne tient plus que par la communauté du culte , du langage et des mœurs aux pays qui l'avoisinent, pays qui, pendant des siècles , ont été soumis aux mêmes lois. La Floride forme le dernier anneau de cette longue chaîne de républiques dont l'extrémité septentrionale touche au bassin du Saint- Laurent, et qui s'étend de la région des palmiers à celle des hivers les plus rigoureux. L'habitant de la Nou- velle-Angleterre regarde comme des dangers publics l'augmentation croissante de la population noire , la prépondérance des états à esclaves [slave-stales) , et la prédilection pour la culture des denrées coloniales ; il fait des vœux pour qpie le détroit de la Floride, limite actuelle de la grande Confédération américaine , ne soit franchi que dans les vues d'un commerce libre , fondé sur l'égalité des droits. S'il craint des événemens qui fassent passer la Havane sous la domination d'une puissance européenne plus redoutable que l'Espagne , il n'en désire pas moins que les liens politiques par lesquels la Louisiane , Pensacola et Saint- Augustin de la Floride ont été unis jadis à l'île de Cuba, restent à jamais rompus. Une extrême stérilité du sol , le manque d'habitans et de culture ont rendu de tout temps le voisinage de la Floride d'une foible importance pour le commerce de la Havane ; il n'en est pas de même des côtes du Mexique qui , prolongées en demi-cercle, depuis les ports très-fréquenlés de Tampico, de Vera-Cruz et d'Alvarado jusqu'au cap Catoche , touchent presque, par la péninsule de CHAPITRE XXVIII. 347 Yucatan^ à la partie occidentale de l'ile de Cuba. Le mouvement commercial entre la Havane et le port de Campêche est très-actif; il augmente malgré le nouvel ordre de choses introduit au Mexique, parce que le commerce également illicite avec une côte plus éloignée , celle de Caracas ou de Colombia , n'occupe qu'un petit nombre de bàtimens. Dans des temps si difficiles, les approvisionnemens de viandes salées [lasajo) , nécessaires à la nourriture des esclaves ' , se tirent avec moins de danger de Buenos-Ayres et des plaines de Merida que de celles de Cumana , de Barcelone et de Caracas. On sait que, pendant des siècles , l'ile de Cuba et l'archipel des Phili])pines ont puisé , dans les caisses de la Nouvelle-Espagne , les secours nécessaires pour l'administration intérieure, pour l'entretien des fortifications, des arsenaux et des chantiers [situadoA' de atencion inaritima). La Havane, comme je l'ai exposé dans un autre ouvi-age^, a été le port militaire de la Nouvelle- Espagne, et elle a reçu du trésor mexicain, jusqu'en 1808 annuellement, plus de 1 ,800,000 piastres. A Madrid même , on s'étoit habitué , pendant long-temps , à regarder l'ile de Cuba et l'archipel des Philippines comme des dépendances du Mexique, situées , à des distances bien inégales, à l'est et à l'ouest de la Vera-Cruz et d'Acapulco , mais liées à la métropole mexicaine , alors colonie elle-même de l'Eurojie, par tous les liens du commerce, de l'assistance mutuelle et des pliis anciennes affections. L'accroisement de la richesse intérieure a rendu inutiles peu à peu les secours pécuniaires que l'ile de Cuba avoit coutume de puiser dans le trésor du Mexique. Cette île est , de toutes les possessions de l'Espagne , celle qui a le plus prospéré ; le port de la Havane, depuis les troubles de Saint-Domingue, s'est élevée au rang des premières places du monde commerçant. Un concours heu- reux de circonstances politiques, la modération des officiers de la couronne, la conduite des habitans qui sont spirituels , prudens et très-occupés de leurs intérêts , ont conservé à la Havane la jouissance non interrompue de la liberté des échanges avec les nations étrangères. Le revenu des douanes a si prodigieusement augmenté que l'ile de Cuba peut suffire non seulement à ses propres besoins , mais que, pendant le cours de la lutte entre la métropole et les colonies espagnoles du continent, elle a fourni des sommes considérables aux débris de l'armée qui avoit combattu dans le Venezuela, à la garnison du château de San Juan d'Ulua et à des armemens maritimes très-dispendieux et le plus souvent inutiles. ' Tom. I , p. 5j5; Tom. II, p. 170. ^ Essai politique , Tom. II, p. 824. 348 LIVRE X. J'ai fait deux séjours clans l'île, l'un de trois mois et l'autre d'un mois et demi : j'ai eu l'avantage de jouir de la confiance des personnes qui, par leurs talens et par leur position comme administrateurs , propriétaires ou négocians , étoient à même de me donner des renseignemens sur l'accroissement de la pros- périté publique. La protection particulière dont j'ai été honoré par le ministère d'Espagne rendoit cette confiance très-légitime : j'ose me flatter aussi de l'avoir méritée par la modération de mes principes , par une conduite circonspecte et par la nature de mes paisibles travaux. Depuis trente ans, le gouvernement espagnol n'a point entravé, à la Havane même, la publication de documens statistiques les plus précieux sur l'état du commerce, de l'agriculture coloniale et des finances. J'ai compulsé ces documens , et les rapports que j'ai conservés avec l'Amérique depuis mon retour en Europe m'ont mis en état de compléter les matériaux que j'avois recueillis sur les lieux. Je n'ai parcouru , conjointement avec M. 13onpland , que les environs de la Havane , la belle vallée des Guines et la côte entre le Batabano et le port de la Trinidad. Après avoir décrit succinc- tement l'aspect des lieux et les modifications singulières d'un climat si différent de celui des autres Antilles, j'examinerai la population générale de l'ile, son area calculé d'après le tracé le plus exact des côtes , les objets du commerce et l'état du revenu public. L'aspect de la Havane , à l'entrée du j)ort, est un des plus rians et des plus pitto- resques dont on puisse jouir sur le littoral de l'Amérique équinoxiale , au nord de l'équateur. Ce site , célébré par les voyageurs de toutes les nations , n'a pas le luxe de végétation qui orne les bords de la rivière de Guayaquil, ni la sauvage majesté des côtes rocheuses de Rio Janeiro , deux ports de l'hémisphère austral ; mais la grâce qui, dans nos climats, embellir, les scènes de la nature cultivée, se mêle ici à la majesté des formes végétales , à la vigueur organique qui caracté- rise la zone torride. Dans un mélange d'impressions si douces, l'Européen oublie le danger qui le menace au sein des cités populeuses des Antilles; il cherche à saisir les élémens divers d'un vaste paysage, à contempler ces châteaux forts qui couronnent les rochers là l'est du port, ce bassin intérieur, entouré de villages et de fermes , ces palmiers qui s'élèvent à une hauteur prodigieuse , cette ville à demi cachée par une forêt de mâts et la voilure des vaisseaux. En entrant dans le port de la Havane on passe entre la forteresse du Morro [Castillode losSantos Reyes) et le fortin de San Salvador de la Piiiila : l'ouverture n'a que 170 à 200 toises lie largeur : elle conserve celle largeur pendant | de mille. Sorti du goulet, après CHAPITRE XXVIII. 349 avoir laissé au nord le beau château de San Carlos de la Cahaha et la Casa blanca^ on parvient dans un bassin en forme de trèfle dont le grand axe, dirigé du SSO. au NNE. , a 2 s de milles de long. Ce bassin communique à trois anses , celles de Régla, de Guanavacoa et d'Atarès, dont la dernière offre quelques sources d'eau douce. La ville de la Havane, entourée de murailles, forme un promontoire limité au sud par l'Arsenal j au nord, par le fortin de la Punta. Au-delà des restes de quelques vaisseaux coulés et du bas-fond de la Luz on ne trouve plus 8 à xo , mais bien encore 5 à 6 brasses d'eau. Les châteaux de Sanio Domingo de Alarês et de San Carlos del Principe défendent la ville vers l'ouest j ils sont éloignés du mur inté- rieur, du côté de la terre, l'un de G6o, l'autre de 1 240 toises. Le terrain intermédiaire est rempli par les faubourgs {cirrabalcs ou harrios eocira muros) de l'Horcon , de Jésus Maria , Guadalupe et Seîior de la Salud qui , d'année en année , rétrécissent davantage le champ de Mars {Campo de 3Iar/c). Les grands édifices de la Havane, la cathédrale, la Casa del Goi'ierno, la maison du commandant de la marine, l'arsenal, le Correo ou hôtel des postes, la factorerie du tabac, sont moins remarquables par leur beauté que par la solidité de leur construction : la plupart des rues sont étroites , et le plus grand nombre ne sont point encore pavées. Comme les pierres viennent de la Vera-Cruz, et que leur transport est extrê- mement coûteux, on avoit eu, peu de temps avant mon voyage, l'idée bizarre d'y suppléer en réunissant de giands troncs d'arbres , comme on fait en Allemagne et en Russie , lorsqu'on construit des digues à travers des endroits marécageux. Ce projet fut bientôt abandonné, et les voyageurs récemment arrivés voyoient avec surprise les plus beaux troncs de Cahaha (d'acajou) enfoncés dans les boues de la Havane. A l'époque de mon séjour, peu de villes de l'Amérique espagnole offroient , par le manque d'une bonne police , un aspect plus hideux. On mar- choit dans la boue jusqu'au genou j la multitude de calèches ou volantes , qui sont l'attelage caractéristique de la Havane , les charrettes chargées de caisses de sucre, les porteurs qui coudoyoient les passans, rendoient fàclieuse et humiliante la position d'un piéton. L'odeur du lassajo ou de la viande mal séchée em- pestoit souvent les maisons et les rues tortueuses. On assure que la police a remédié à ces inconvéniens et qu'elle a fait, dans ces derniers temps, des améliorations très-sensibles dans la propreté des rues. Les maisons sont plus aérées , et la Culle de las Mercadaivs offre un bel aspect. Ici , comme dans nos villes d'Europe les plus anciennes , un plan de mes mal tracé ne peut se corriger qu'avec lenteur. 35o LIVRE X. Il y a deux belles promenades , Tiine (la Alamada) enti'e l'hospice de Paula et le théâtre dont l'intérieur a été décoré en i8o3 avec beaucoup de goût par un artiste italien , M. Peruani j l'autre entre le Castillo de la Punta et la Puerla de la Muralla. La dernière , appelée aussi le passeo extra miux)s , est d'une fraîcheur délicieuse : après le coucher du soleil , elle est fréquentée par des voitures. Elle a été commencée par le marquis de la Torre , celui de tous les gouverneurs de l'ile qui ait donné la première et la plus heureuse impulsion à l'amélioration de la police et du régime municipal. Don Luis de las Casas , dont le nom est resté également cher aux habilans de la Havane, et le comte de Santa Clara, ont agrandi ces plantations. Près du Campo de Marie se trouvent le jardin bota- nique, bien digne de fixer l'attention du gouvernement, et un autre objet, dont l'aspect afflige et révolte à la fois les baraques devant lesquelles sont exposés en vente les malheureux esclaves. C'est dans la promenade extra muras qu'on a placé, depuis mon retour en Europe, une statue en marbre du Roi Charles III. Ce lieuavoit d'abord été destiné à un monument de Christophe Colomb, dont on a porté les cendres , après- la cession de la partie espagnole de Saint- Domingue , à l'ile de Cuba. Les cendres de Fernand Cortez ayant été transférées, la même année , à Mexico , d'une église à une autre, on a vu donner de nouveau la sépulture, à une même époque, à la fin du dix-huitième siècle , aux deux plus grands hommes qui ont illustré la conquête de l'Amérique. Un palmier des plus majestueux de cette tribu, la Palma real, donne au paysage , dans les environs de la Havane , un caractère particulier. C'est ÏOreo- doxa régla de notre description des palmiers américains ' : son tronc élancé , mais im peu renflé vers le milieu , s'élève à 60 ou 80 pieds de hauteur ; sa partie supérieure, luisante , d'un vert tendre et nouvellement formée par le rapproche- ment et la dilatation des pétioles , contraste avec le reste qui est blanchâtre et fendillé. C'est comme deux colonnes qui se surmontent. La Palma real de l'île de Cuba a des feuilles panachées qui montent droit vers le ciel , et ne sont recourbées que vers la pointe. Le port de ce végétal nous rappeloit le palmier Vadgiai qui couvre les rochers dans les cataractes de l'Orénoque , et balance ses longues flèches au-dessus d'un brouillard d'écume. Ici , comme partout où la population se concentre , la végétation diminue. Autour de la Havane , dans l'amphithéâtre de Régla , ces palmiers qui faisoient mes délices , disparoissent ' Nova gênera et Spec. plant, ceijuin. , Toui. I, p 3o5. CHAPITRE XXVIII. 35 1 d'année en année. Les endroits marécageux, que je voyois couverts de Bambousa- cées , se cultivent et se dessèclient. La civilisation avance j et l'on assure qu'aujour- d'hui la terre, plus dénuée de végétaux, offre à peine quelques traces de sa sauvage abondance. De la Punta à San Lazaro , de la Cabaîia à Régla , et de Régla à Atarès , tout est couvert de maisons : celles qui entourent la baie sont d'une construction légère et élégante. On en trace le plan , et on les commande aux Etats-Unis , comme on commande un meuble. Tandis que la fièvre jaune règne à la Havane , on se retire dans ces maisons de campagne et sur les collines entre Régla et Giia- navacoa, où l'on jouit d'un air plus pur. A la fraîcheur de la nuit, lorsque les bateaux traversent la baie et laissent derrière eux , par la phosphorescence de l'eau , de longues traînées de lumière , ces sites agrestes offrent aux habitans qui fuient le tumulte d'une ville populeuse , de charmantes et paisibles retraites. Pour bien juger les progrès de la culture, les voyageurs doivent visiter les petites chacaras de maïs et d'autres plantes alimentaires , les ananas alignés dans les champs de la Cruz de Piedra , et le jardin de l'évêque [Quinta del Obispo) , qui est devenu , dans ces derniers temps , un endroit délicieux. La ville de la Havane proprement dite , entourée de murailles, u'a que 900 toises delong et 5oo toises de large, et cependant plus de 445^00 âmes, dont 26,000 nègres et mulâtres, se trouvent entassés dans une enceinte si étroite. Une population presque également considérable s'est réfugiée dans les deux grands faubourgs de Jésus Maria et de la Salud. Ce dernier ne mérite pas tout-à-fait le beau nom qu'il porte : la température de l'air y est sans doute moins élevée que dans la cité , mais les rues auroient pu être plus larges et mieux tracées. Les ingénieurs espagnols , depuis 3o ans , font la guerre aujj habitans des faubourgs ou arrahales ; ils prouvent au gouvernement que les maisons sont trop rapprochées des fortifications , et que l'ennemi pourroit s'y loger impunément. On n'a pas le courage de démolir les faubourgs et de chasser une population de 28,000 habitans réunis dans la Salud seule. Depuis le grand incendie de 1802, ce dernier quartier a été considéra- blement agrandi : on construisit d'abord des baraques , et peu à peu ces baraques devinrent des maisons. Les habitans des arrabales ont présenté plusieurs projets au Roi , d'après lesquels on pourroit les comprendre dans la ligne des fortifications de la Havane, et légaliser leur possession qui n'est fondée jusqu'ici que sur un consentement tacite. On voudroit conduire un large fossé de la Puente de Chaves, près du Matadero , à San Lazare , et faire de la Havane une île. La distance est 352 LIVRE X. à peu près de 1 200 toises , et déjà la baie se termine , entre l'arsenal et le Castillo de Atarès , dans un canal naturel , bordé de mangliers et de Cocolloba. Par ce moyen, la ville auroit , vers l'ouest , du côté de la terre, une triple rangée de fortifi- cations ; d'abord, extérieurement, les ouvrages d'Atarés et du Principe, placés sur des éminences , puis le fossé projeté , et enfin la muraille et l'ancien chemin couvert du comte de Santa Clara, qui a coûté ^00,000 piastres. La défense de la Havane , vers l'ouest , est de la plus haute importance : aussi long-temps que l'on reste maître de la ville propement dite et de la partie méridionale de la baie , le Morro et la Cahnha , dont l'un exige 800 , l'autre 2000 défenseurs , sont impre- nables , parce qu'on peut y porter les vivres de la Havane et compléter la garnison lorsqu'elle essuie des pertes considérables. Des ingénieurs franrois , très-instruits , m'ont assuré que l'ennemi doit commencer par prendre la ville pour bombarder la Cabaha , qui est une belle forteresse, mais dans laquelle la garnison , enfermée dans les casemates , ne résisteroit pas long-temps à l'insaliibrité du climat. Les Anglois ont pris le Morro sans être maîtres de la Havane , mais alors la Cahaha et le Fort n° 4 qui dominent le Morro n'existoient pas encore. Au sud et à l'occident (les CastLllos de Atarès y del Principe) et la batterie de Santa Clara sont les ouvrages les plus important. DÉNOMBREMENT OFl'lCIEL (pADKOn) DE LA HA^ ANE { LA CITÉ PROPREJIENT DU E ) , SELON LES DIFFERENCES DES COULEURS, D£ l'aOB ET DU SEXE, EN 1 8 1 0. COULEURS. Blancs Pardos libres . . Noirs libres. . . Pardos esclaves Noirs esclaves. Total a. d'un jour à i5 aos. HOAIMES *. de i5 à 6o ans. 3.146 804 833 227 1.781 6.791 6.05/ i.io3 1.149 i53 4-699 i3.i6i (■■ de Go à 100 acs. S48 116 i33 i(>4 78 869 FEMMES d. d'un jour à i5 ans. 2.860 725 819 197 i.Sfii 6. 162 de i5 à 60 ans. 5 478 i.5i5 2. 3o8 "9 5.224 1A.644 /. de Go 3 100 ans 476 141 284 i83 94 1.178 TOTAL des DCVIUES et des FEUUES. 18.365 4414 5.886 1 .073 13.437 43. 175 CHAPITRE XXVII r. 353 Dénombrement officiel du faubourg (abrabal) de la Salud, en iSio. COULEURS. a. h. c. d. e. / S'- 3.261 46o 5oo 100 4't8 1 .3l2 779 2..iS 60 '7 96 3i 18 16 10 10 1.046 324 302 125 593 Partlos libres Nciirs lihres Pardon psrlaves Noirs esclaves 341 782 io3 428 55 1 85 2.290 / K. lieliition hislori(]ue , Tout. III, 354 1 1 V R E X. Dénombrement officiel de l'arrabal du Cerko, en iSio. COULEURS. a. h. c. d. e. f. g- 259 27 i5 0 ■ 44 502 5i 53 0 3^3 8 1 2 0 / 258 35 10 0 72 252 •'4 40 0 118 4 2 2 0 1 i.o83 i3o 102 0 685 Parties esclaves. .*..... Total 445 709 18 375 444 9 2.000 Dénombrement officiel de l'arrabal de San Lazabo , en 1810. COULEURS. a. h V. d. c. / g-- Blancs 21 1 54 22 22 71 4'4 44 34 27 294 82 5 18 I 3o 223 55 20 23 396 66 63 '9 220 59 1 1 18 2 j8 1.385 2l5 181 94 713 Non s libres • . XoTAL. • 36o 8i5 i36 404 767 108 2.588 Dénombrement officiel de l'arrabal de Jésus del Monte, en 1810. COULEURS. Blancs Pardos libres. Noirs libres. Pardos libres Noirs esclaves Total a. h. c. d. e. /■ 808 390 .87 565 486 220 22 16 24 32 21 1 1 45 5i 1 12 H2 !)4 62 0 0 « 0 0 0 181 204 60 52 1 1 1 9" 1 . 1 16 661 383 ;3i 712 380 2 7'9 126 446 o 698 3.989 CHAPITRE XXVIII. DÉNOMBREMENT OFFICIEL DE ReGLA, EN l8lO. 355 COULEURS. a. b. c. d. e. / g- Blancs 353 20 i4 o 37 45o 45 5o 0 io5 22 0 2 0 5 35i 4i i3 0 l32 4i5 64 42 0 86 25 0 5 0 5 1.576 170 104 0 568 Pardos liljres Noirs libres Pardos esclaves Noirs esclaves Total . , 424 6io 29 5.7 607 5i 2.218 Résumé général de t.a population de la Havane ( la cité avec les faubourgs de la Salud ou Guadalupe Jésus Maria, Horcon , Cerro, San Lazaro, Jésus del Monte et Régla) en 1810. 1. Selon les couleurs, l'ace et le sexe. COULEURS. Blancs Pardos libres. . Noirs libres. . . Pardos esclaves Noirs esclaves . Tôt AI , HOMMES d'un jour ï |5 ans. 1 . 77 J 2.002 469 3.226 de i5 à 60 ans. 9-9'4 2-479 4-744 469 10.260 de Go à 100 aus. 1.844 58o 599 271 452 16.390 27.906 3.538 47.834 total des hommes. 20.646 4.626 7.375 1 .209 13.958 FEMMES d'un jour à i5 ans. 8.624 I .410 ,.948 4o5 2.8-0 i5.255 de i5 à 60 ans. 1 1 . 1 00 5.342 6.47, 421 9.154 29.468 de 60 ù 100 ans. 1.819 565 810 262 489 5.747 total des femmes. 2 1 . 545 5.117 9.229 1.088 12.495 48.470 TOTAL des HOMMES et des FEMMKS. 41.189 9 743 i6.6o4 2.297 2G.5 1 96 . 3o4 H. Selon les faubourgs. NOMS DES ARRABALES. BLAHC . PABDOS libres. H01H5 libres. PABDOS esclaves. KOIBS esclaves. TOTAL. Havane La Salud i8.56i 11.690 3.363 1 .046 1.083 1.385 2.719 ..576 4.414 2-477 1.887 524 i5o 2l5 126 170 5.880 6.732 2 . 955 202 102 181 446 104 1 .075 60 5 400 125 0 94 0 13.457 6915 3.022 5g5 685 7'3 698 568 43.175 28.4.9 1 1 .625 2 . 290 2.000 2.588 5.989 2.218 Jesiis iVIaria Horcou Cerro San Lazaro Jésus del Monte Recla 4i .227 9-743 16.606 2.297 26.431 96 . 3o4 26.: '49 728 356 LIVRE X. RÉCAPITITLATION. Blancs 4i .227 Pardos liJjres 9.-45\ Xoirs libres 16. 606 j Pardos esclaves 2 . 297! Noirs esclaves 26.431/ '" 26.349 96 . 3o4 On a désigné dans ces tableaux , sous le nom de paixios (gens de couleur) , tous les hommes qui ne sont pas morenos , c'est-à-dire de race nègre pure. Les troupes de terre , les matelots et soldats de la marine royale , les moines , les religieuses et les étrangers non domiciliés {itxinse unies) ne sont pas compris dans le dénombrement de 18 10 dont, par erreur, les résultats ont été rap- portés dans plusieurs ouvrages, d'ailleurs très-estimables et publiés récemment comme appartenant à l'année 1817. La garnison de la Havane s'élève assez généralement à 6000 hommes, le nombre des étrangers à 20,000; de sorte que la population totale de la Havane et des 7 arrabales dépasse aujourd'hui (en 1820), à n'en pas douter, i3o,ooo. Le tableau suivant offre l'accroissement de la population de la Havane et de ses faubourgs, depuis le dénombrement fait en 1791 5 d'après les ordres du capitaine général Don Luis de las Casas, jusqu'en 1810. ÊPOQLES des déoumbremens. BLANCS. LIBBBS de couleur. ESCLAVES. TOTAL. PBOFOBTlOn entre les trois classes. '79' 1810 23.757 41.227 9-;5i 26.549 10.849 38.720 44.33; 96.296 53. . . . 22. . . . 20. . . . 43 ... . 27 ... . 3i) . . . Accroissement 17.490 16.598 17.871 51.967 Accroissement des blancs 70 1 des libres de couleur j - 1 1 , . „. > pour cent, des esclaves 1 6o j de toutes les classes 11; Nous ajouterons l'augmentation de la population dans la moitié de cet intervalle, de iBooà 1810 , mais pour le seul banio extra murvs de Giiadalape : CHAPITKE XXVIII. 357 ÉPOQUXS. Blancs. LIERES DE Pardos. COUI.EnB. Noirs. TOT .AI. des libres de couleur. E.SCI.AVE.S. Pardos. Noirs. TOT.\L des esclaves. TOTAL. 1800 1810 3.025 1 I .690 1.087 1 .245 6.732 2 .33o 9.209 9'^ 6o5 ..766 6.915 1 858 7.520 7.511 28.419 Accroissement. 8.5(37 i.ôgn 5.489 6.879 5i5 5.. 49 5.762 20.908 Accroissement des blancs 25 1 des affranchis 295 \ des esclaves 3 1 o | des trois classes 278 1 pour cent. Nous venons de voir que la population a plus que doublé en vingt ans , de 1791 à 18 10 : dans ce même intervalle de temjis, la population de New-York , la cité la plus populeuse des États-Unis, s'est élevée de 33, 200 à 96,400 : elle est aujourd'hui de 1 40,000; par conséquent un peu supérieure à celle de la Havane, et presque égale à la population de Lyon. La ville de Mexico, qui, en 1820 , comptoit 1 70,000 habitans , me paroit conserver le premier rang entre les villes du Nouveau-Continent. C'est peut-être un bonheur pour les états libres de cette partie du monde qxie l'Amérique ne compte encore que si.K villes : Mexico , New-York, Philadelphie, la Havane, Rio-Jaueiro et Bahia (p.ii atteignent la population de 100,000 âmes. A Rio Janeiro, il y a, sur 1 35, 000 habitans, io5,ooo noirs : à la Havane, les blancs forment! de la population entière. On trouve dans cette dernière ville cette même prépondérance des femmes que l'on remarque dans les villes principales des États-Unis et du Mexique ^. ' Les dénombremens de Boston, New-York, Philadelphie, Baltimore, Charleston et New -Orléans donnent, pour le rapport des femmes aux hommes, log : loo; à .AIcxlco, on a trouvé 92,858 femmes et 76,008 hommes, ce qui donne un rapport plus étrange encore, celui de 123 : 100. J'ai déjà traité cet objet dans un autre endroit {Essai politique , Liv. -Il, Chap. \ii, Tom. I, p. 141), où j'ai fait remarquer en même temps qu'en embrassant sous un même point de vue l'ensemJjle de population des villages et des cités, on trouve qu'au Mexique et aux Etats-Unis le nombre des hommes vivans excède celui des femmes , tandis que le rapport inverse a lieu dans toute l'Europe. Le nombre des hommes vivans aux Etats-Unis ( dans le pav's entier) estau nombre des femmes vivantes comme 100 :97. Après avoir recliCé lecensus de 1820, publié officiellement mais dans lequel les sommes partielles sont peu exactes , on trouve qu'il existoit dans le vaste territoire des États- Unis de la race des blancs 3,993,206 mâles et 3,864,017 femelles; total, 7,857,223. Au contraire, il y avoit,en 1821, dans la Graude-Bietague, 7,157,014 mâles et 7,254,Gi3 femelles; en 1801, en Portugal, 358 LIVRE X. La grande accumulation d'étrangers non acclimatés dans une ville étroite et populeuse augmeute sans doute la mortalité; cependant les effets de la fièvre jaune se font sentir beaucoup moins dans la balance totale entre les naissances et les décès qu'on le croit vulgairement. Lorsque le nombre des nègres importés n'est pas très-considérable et que l'activité du commerce n'attire pas à la fois beaucoup de marins non acclimatés , soit d'Europe , soit des Etats-Unis , les naissances égalent presque les décès '. Voici des tableaux de cinq années pour la cité de la Havane et les faubourgs ( barrios extramurales) : Ayitii.tS. MARIAGES. NAISSANCES. DÉCÈS. i8i5 386 5525 2948 1814 590 34;o 5623 18-0 525 4495 4833 l8-2 1 549 4326 4466 1824 ^97 5566 3697 Ce tableau , qui offre une fluctuation extrême à cause de l'accumulation très-inégale des étrangers, donne, terme moyen, en évaluant la population totale de la Havane et des faubourgs à i3o,ooo, le rapport des naissances à la population de i : 33,5 ; le rapport des décès à la population de i : 33,2. D'après les derniers travaux très-exacts faits sur la population de la France , ces rapports sont, pour la France entière, comme 3i I : i et 39! : i ; pour Paris, de 18 19 à 1823, comme i : 28 et 1 : 3i,6. Les circonstances qui modifient ces élémens 1,478,900 mâles et i,5i2,o3o femelles; en 1818, dans le royaume de Naples , 2,432,45 1 mâles et 2,574.452 familles; en i8o5, en Suède, 1,599,487 mâles et 1,721,160 femelles; en i8i5, à Java, 2,268,180 mâles et 2,547,090 femelles. En Suèdj, le rapport des femmes vivantes aux hommes paroit èti-e 100 : 94; dans le royaume de Naples, 100 : g5; en France, en Portugal et à Java, 100 : 97; en Angle- terre et en Prusse, 100 : 99. Telle est l'influence des diverses occupations et des mœurs sur la mortalité des hommes ! ' Voyez la Guia de Forasteros de lu Ma de Cuba para 1 8 1 5 , p. 345 , para 1 825 , p. 565 , almanach sta- tistique beaucoup mieux rédigé que la plupart de ceux qui paroissent en Europe. On a vacciné, en 1814, à la Havane, 5696 personnes; en 1824, près de 8100. CHAPITKE XXVIII. 359 numériques dans les grandes villes, sont si compliquées et d'une nature si variable, qu'on ne peut guère juger du nombre des habitans par celui des nais- sances et des décès. En 1806, époque à laquelle la population de Mexico étoit peu supérieure à i5o,ooo, le nombre des décès et des naissances étoit, dans cette ville, de 5 166 et de 61 55 , lorsqu'à la Havane, sur i3o,ooo habitans, ces nombres sont, terme moyen , de Sgoo et de 388o. Dans cette dernière ville il y a deux hôpitaux dans lesquels le nombre des malades est très-considérable , l'hôpital général [de Caridad ou de San Felipe y Santiago) et l'hôpital militaire de San Ambrosio) '. MOUVEMENT ANNUEL. Restés dans les lits depuis l'an- née antérieure Entrés dans le courant de l'année Somme Décès Sortis guéris Restés malades dans les lits. . HOPITAL MILITAIRE DE SAN AlIBROilO. 1814. 226 4352 4578 164 4208 206 1821. 007 4829 5i56 225 4625 283 1824. 2G4 4160 4424 '94 3966 264 HÔPITAL GÉNÉRAL DE SAN VELIPE Y SANTIAGO. 181 • 484 1637 283 1224 i3o 1821. 25l 2596 2847 743 1948 i56 1824. 127 219C 2325 553 i65i 139 Dans Vhôpital général il a péri , année moyenne , plus de 24 pour cent; dans l'hôpital militaire , à peine 4 l)our cent. Il seroit injuste d'attribuer cette énorme différence aux méthodes curatives qu'emploient les religieux de San Juan de Dios qui gouvernent le premier de ces établissemens. Il entre sans doute plus de malades attaqués de vomilo ou de fièvre jaune dans l'hôpital de San Ambrosio , mais la majeure partie des infirmes ont des maladies peu graves, même insignifiantes. L'hôpital général , au contraire , reçoit les vieillards , les incurables , les nègres qui n'ont que peu de mois à vivre, et dont les planteurs ou maîtres [los amos) veu- lent se défaire pour n'avoir plus besoin de les soigner. On ])eut admettre en général que par les améliorations de la police on a amélioré aussi l'état sanitaire de la Havane : ' Sur la morlalité moyenne des hôpitaux à la Vera-Cruz et à Paris, voyez mon Essai politique, Tom. JI , p. 777 et 784. 36o LIVRE X. mais les effets de ces changemens ne peuvent se manifester avantageusement que parmi les natifs. Les étrangers qui viennent du nord de l'Europe et de l'Amérique souffrent de l'influence générale du climat; ils continueroient d'en souffrir lors même que la propreté des rues seroit aussi soignée qu'on pourroit le désirer. L'influence du littoral est telle qu'on voit des halîitans de l'île, vivant dans l'intérieur, loin des côtes, être attaqués du vomilo dès qu'ils arrivent à la Havane. Les marchés de la ville sont bien approvisionnés. On a évalué avec soin, en 1 8 19, le prix des denrées et des comes- tibles , que 2000 bétes de charge portent journellement aux marchés de la Havane, et l'on a trouvé que la consommation en viandes , mais , manioc , légumes , eaux- de-vie , lait , œufs , fourrage et tabac à fumer, s'élève par an à 4,480,000 piastres. Nous employâmes les mois de décembre, de janvier et de février à faire des observations dans les environs de la Havane et dans les belles plaines des Guines. Nous trouvâmes , dans la famille de M. Cuesta, qui formoit alors avec M. Santa Maria une des plus grandes maisons de commerce de l'Amérique, et, dans la maison de M. le comte 0-Reilly, les soins de la plus noble hospitalité. Nous logeâmes chez le premier, et nous plaçâmes nos collections et nos instrumens dans le vaste hôtel du comte 0-Reilly, dont les terrasses favorisoient surtout les observations astronomiques. La longitude de la Havane étoit , à cette époque , incertaine à plus de i de degré ' . M. Espinosa , le savant directeur du Deposito hùhvgrajico de Madrid , s'arrêtoit , dans un tableau de positions qu'il me com- muniquoit en partant de Madrid, à 5'* 38' 11" : M. de Churruca faisoit le Morro 5'' 39' I". J'eus le plaisir de rencontrer à la Havane un des plus habiles officiers de la marine espagnole , le capitaine de vaisseau Don Dionisio Galeano , qui avoit relevé les côtes du détroit de Magellan. Nous observâmes ensemble une série d'éclipsés de Satellites de Jupiter, dont le résultat moyen donnoit 5'' 38' So". M. Oltmanns déduisit, en i8o5, de l'ensemble des observations, que je rapportai, pour le Morro, 5"^ 38' 52", 5 = 84° 4"^' 1"^^ à l'occident du méridien de Paris. Cette longitude a été confirmée par 1 5 occultations d'étoiles observées de 1 809 à 1 8 1 1 , et calculées par M. Ferrer - : cet excellent observateur donne, pour résultat définitif, 5'' 38' 5o",9. Quanta l'inclinaison magnétique, je la tiouvai, par la boussole de Borda (déc. 1800) , ^3^° 22' de l'ancienne divi- ' Humboldt, Bec. d'Ohs. astr. , Tora. II, p. 55, 80. J'ai fixé aussi, par des observalions directes, plu- sieurs positions dans l'intérieur de l'iie. (RioLlanco, plantation du comte Jaruco y Mopos; l'AJmirante, plantation de la comtesse de Buenavista ; San Antonio de Beitia ; le village de Managua ; San Antonio de Rareto , et le Fondadero , près de la ville de San Antonio de les Baiios). L. c. , p. 58-6;. ^ Conn. des temps pour 1817, p. ôôo. CHAPIRE XXVIII. 36l slon sexagésimale : vingt-deux ans plus tard , celte inclinaison n'ëtoit plus , d'après les observations très-prccises du capitaine Sabine , faites dans son mémo- rable voyage aux côtes d'Afrique, d'Amérique et du Spitzbergen, que5i° 55' ; elle a donc diminué de i° 27'. Plus à l'est, mais aussi dans l'hémisphère boréal, à Paris ' , la diminution avoit été, en dix-neuf ans (de 1798 à 181 7) , de 1° II'. Mon aiguille d'inclinaison avoit fait, dans le méridien magnétique, à Paris (oct. 1796), en dix minutes de temps, 245 oscillations; j'avois vu décroître le nombre des oscillations , à mesure que je m'approchois de l'équateur magnétique. A San Carlos del Rio Negro (lat. bor. 1° 53' /p") 5 ce nombre == n'étoit plus que de 216. J'avois entrevu dès-lors la diminution de l'intensité des forces magnétiques du pôle à l'équateur. Ma surprise étoit d'autant plus grande lorsque des observations souvent répétées me donnoient, pour la Havane, 246 oscillations, ce qui prouvoit que l'intensité des forces étoit plus grande dans l'hémisphère occidental par 28° 8' de latitude, qu'à Paris par 48° 5o'. J'ai déjà exposé ailleurs que les lignes isodynamicjues ne peuvent aucunement se confondre avec les lignes d'égale inclinaison magnélique , et le capitaine Sabine 3 vient de confirmer, par des observations sans doute plus précises que les miennes, l'accroissement rapide des forces dans l'Amérique équinoxiale. Cet habile physicien trouve l'intensité des forces , à la Havane et à Londres , dans le rapport de 1,72 : 1,62 (en nommant i la force sous l'équateur magnétique près de l'île Saint-Thomas, dans le golfe de Guinée). Telle est la position du pôle magnétique boréal (lat. 60° , long. 82° 20' ouest) que la distance polaire de la Havane est plus petite que les distances polaires de Londres et de Paris. J'ai trouvé (le 4 janvier 1801) la déclinaison magnétique à la Havane , de6°22'i5'' ' J'avois trouvé à Paris , en 1 798, conjointement avec le clievalier de Borda , en changeant plusieurs fois les pôles, 69' 5i': M. Gay-Lussac obtint, en 1806, incl. 69» 13' ; M. Arago, en 1817, incl. 68» 4o'; en 1824, incl. 68° 7'. Toutes ces expériences ont été faites avec des instrumens de la même constructiou. ^ Relat. hist. , Tom. II, p. 489 et 636, Ces résultats ont besoin d'une correction relative aux températures. 2 Saline, Account of Exper. to détermine the figure of the earth hy Pendulum Experiments , 1825, p. 483, 494- L'intensité des forces magnétiques est plus foible sous l'équateur magnétique, près des côtes occidentales d'Afrique, que près des côles occidentales de l'Amérique méridionale. J'ai obtenu, pour le décroissemcnt des forces, depuis l'équateur magnétique qui passe entre Micuiparapa el Caxaniarca (à peu près par lat. 7" i' sud, long. 80° 4o' ) haut. i5oo toises), jusqu'à Paris, le rapport de 1,0000 : 1,5482. M. Sabine trouve le dé- croissement, depuis un point de l'équateur magnétique, près Saint-Thomas (lat. 0° 5' nord, long. 4° 24' est , hauteurs t.), jusqu'à Londres, dans le rapport de 1,00 : 1,62. Déjà MM. Biot et Hansteen avoient remarqué, en comparant mes expériences d'oscillations à celles de Î\I. de Rossel , que, dans le méridien de Surabaya , à l'ile de Java , la force magnétique éloil moins grande qu'au Pérou. {Untersuchungen uher den Magnetiamu» dur Erde, Th. 1 , 70.) Belation historique, Tom. III. 46 362 LIVKE X. à l'est. Harris la donna de 4° 4o'pour 1732. Comment admettre qu'elle ne change pas à la Jamaïque si elle a subi tant de variations à l'île de Cuba? Étendue , division territoriale, climat. — Comme l'île de Cuba est entourée de bas-fonds et de récifs , sur plus de deux tiers de sa longueur, et comme la naviga- tion ne se fait qu'au-debors de ces dangers , la véritable configuration de l'île est restée pendant long-temps inconnue. On a exagéré surtout sa largeur entre la Ha- vane et le port de Batabano , et ce n'est que depuis l'époque où le Deposito hidw- grafico de Madrid, le plus bel établissement de ce genre qu'offre l'Europe, a publié les travaux du capitaine de frégate, Don José del Rio, et du lieutenant de vaisseau, Don Ventura de Barcaiztegui , qu'on a pu calculer avec quelque précision Varea de J'île de Cuba. La forme de l'île des Pinos et les côtes méridionales entre Puerto Casilda et Cabo Cruz (derrière les Cayos de las doce léguas) ont pris un aspect très-différent sur nos cartes. M. de Lindeneau ' avoit trouvé , d'après les travaux que le Deposito avoit publiés jusqu'en 1807, la surface de l'île de Cuba, sans les îlots voisins, de aaSS lieues géographiques carrées (de i5 au degré); avec les îlots qui l'entourent , de 23 18 lieues carrées géographiques. Ce dernier résultat équivaut k l^ioi lieues marines carrées (de 20 au degré). M. Ferrer, d'après des matériaux un peu différens , s'arrêtoit à 3848 lieues carrées marines ''. Pour présenter dans cet ouvrage le résultat le plus exact qu'on peut obtenir dans l'état actuel de nos connoissances astronomiques , j'ai engagé M. Bauza , qui m'honore de son amitié , et dont le nom est illustré par de grands et solides travaux, de calculer Varea d'après la carte de l'île de Cuba , en 4 feuilles , qu'il va bientôt terminer. Ce savant géographe a bien voulu céder à ma prière j il a trouvé ( en juin 1 825) la surface de ïîle de Cuba , sans l'île des Pinos , de 3520 lieues marines carrées, avec cette île , de 36 1 5. Il résulte de ce calcul, qui a été répété deux fois , que l'île de Cuba est de ^ plus petite qu'on l'avoit cru jusqu'ici; qu'elle est de T^ plus grande que Haïti ou Saint-Domingue; que sa surface atteint celle du Portugal , et, à s près , celle de l'Angleterre , sans le pays de Galles ; que , si tout l'archipel des Antilles présente une area grande comme la moitié de l'Es- pagne , l'île de Cuba seule égale presque en surface les autres Grandes et Petites Antilles. Sa plus grande longueur, depuis le cap Saint-Antoine jusqu'à la Pointe Maysi (dans une direction de OSO.-ENE. et puis ONO.-ESE.) , est de 227 lieues 3; sa plus grande largeur (dans la direction N-S.) , de la Pointe Maternillo à l'em- ' Zach, Monail Corresp , Dec. 1807, p. 3 12. * JVotes mantiscrîtes. ^ Toujours en lieues marines de 2854 toises ou 30 au degré, si le contraire n'est pas dit expressément. c ïl A P I T H E XXVIII. 363 bouchure de la Magdalena , près du Pic Tarquino , est de 37 lieues. La largeur moyenne de l'ile, sur î de sa longueur, entre la Havane et Puerto Principe , est de i5 lieues. Dans la partie la mieux cultivée , entre la Havane (la t. du centre de la ville 23° 8' 35") et le Batabano (lat. 22° 43' 24"), l'isthme n'est que de 8 i lieues marines. Nous verrons bientôt que cette proximité des côtes septentrionales et méridionales rend le port de Batabano très-important sous le rapport du com- merce et de la défense militaire. Parmi toutes les grandes îles du globe , c'est celle de Java qui, par sa forme et son area (4170 lieues carrées) ressemble le plus à l'île de Cuba. Cette dernière offre un pourtour de côtes de 520 lieues , dont 280 ap- partiennent au littoral du sud, entre le cap Saint-Antoine et la Pointe Maysi. Dans le calcul de Varea , Don Felipe Bauza suppose la longitude du cap Saint-Antoine 87° ) 7' 2a" ; le Morro de la Havane, 84° 42' 20"; le Batabano, 84° 46' 25", et la Punta Maysi (en plaçant Porto-Rico, avec Don José Sanchez Ccrquero, par 68" 28' 29") , 76° 26' 28". Les deux premières de ces longitudes sont à 3" ou 4'' en temps près conformes à mes observations [Obs. astr. , Tom. I , p. 9 , et Relat. hist. , Tom. 111 , p. 36o). Les opérations géodésiques de Don Francisco Le Maur, habile ingénieur, qui a commandé récemment le château de San Juan d'Ulua, m'avoient donné , en les appuyant h la Havanp. (ht^tel du comte d'O-ReiUy) pour le Batabano, 84° 45' 56".M. Ferrer adopte, pour le cap Maysi, 76° 3o'25", quoiqu'il persiste aussi à placer Porlo-Rico par 08° 28' 3" {Con. des temps, 1817, p. 323). Je n'insisterai pas ici sur cette longitude de Porto- Rico qui a déjà fait naître de si vives discussions, et pour laquelle trois observations correspondantes de l'occultation d'Aldebaran (21 oct. 1793) ont donné, à M. Oltmanns, 68° 35' ko",^, et l'ensemble des obser- vations d'occultiitions , de distances et de transport du temps , 68° 53' 3"o" {Obs. astr. , Tom. H, p. i25 et iSg). D'anciens calculs un peu vagues donnoient à l'île de Cuba soit C764 léguas planas à légales espanolas ( de 5ooo varas ou de 26 ^ au degré) , égales à 906,458 caballerias (de 4^2 vares carrées ou 35 acres anglois) d'après le Pa/Wote .<^»jer. , 1812, Tom. Wj^f.i^-ijeiXeiDocum.sobre eltrajkode Negros , 1814, P- i56, soit 52,000 milles anclois carrés (à 640 «cres ou lieues marines carrées). Melish, Geogr.,]). 444- Morse, 11,97 JVew-System o/Mod. Geogr., p. 238. Pour faire mieux juger le rapport de la puissance territoriale de l'île de Cuba avec le reste de l'archipel des Antilles, j'oflVe le tableau suivant : ILES. SUBFACE en lieues marines carrées. POPULATION totale POPULATION par lieue carrée. 36i5 2450 460 Ô22 715,000 820,000 402,000 225,000 '97 334 874 691 Haïti, d'après M. de Lindcnau 6847 94 0 2,147,000 696,000 3i5 740 7787 2,843,000 365 364 LIVRE X. L'île de Cuba , dans plus de s de son étendue , n'offre que des terrains très-bas. C'est un sol couvert de formations secondaires et tertiaires , à travers lesquelles ont percé quelques roches de granite-gneis , de syénite et d'euphotide. On ne possède jusqu'à ce jour pas plus de notions exactes sur la configura- tion géognostique du pays que sur l'âge relatif et la nature des terrains qui le composent. On sait seulement que le groupe de montagnes le plus élevé se trouve à l'extrémité sud-est de l'ile, entre Cabo-Cruz, Punta Maysi et Holguin. Cette partie montagneuse , appelée la Sierra ou las Montafias del Cohre , située au nord-ouest de la ville de Santiago de Cuba , paroit avoir plus de 1 200 toises ' d'élévation absolue. D'après cette supposition , les sommets de la Sierra domineroient et ceux des Montagnes Bleues de la Jamaïque , et les pics de la Selle et de la Hotte de l'île Saint-Domingue. La Sierra de Tarcjuino ^ , cinquante milles à l'ouest de la ville de Cuba , appartient au même groupe que les Montagnes de Cuivre. De l'ESE. à l'ONO. , l'île est parcourue par une chaîne de collines qui s'approche entre les méridiens de la Cindad de Puerto Principe et de Villa Clara , de la côte njéridionale ; tandis que , plus à l'ouest , vers Al- varez et Matanzas , dans les Sierras de Gavilan , Camarioca et de Maruques , elles se dirigent vers les côtes septentrionales. En allant de l'embouchure du Rio Guaurabo à la Villa de la Trinidad , j'ai vu, au NO. , les Lomas de San Juan '^ qui forment des aiguilles ou cornes de plus de 3oo toises de hauteur "^j et dont les escarpemens sont assez régulièrement dirigés vers le sud. Ce groupe calcaire se présente encore d'une manière imposante lorsque l'on est à l'ancre près du Cayo de Piedras. Les côtes de Xagua et de Batabano sont très-basses, et je crois qu'en général il n'existe , à l'ouest du méridien de Matanzas , à l'exception du Pan de Guaixabon , aucime colline de plus de 200 toises de hauteur. Dans l'intérieur de l'île , le sol , doucement ondulé comme en Angleterre , n'est élevé que de 4^ à 60 toises .au-dessus de la surface de l'Océan ^. Les objets les plus * Les Montafias del Cobre sont-elles visibles, comme le prétendent quelques pilotes, des côtes même de la Jamaïque, ou, ce qui est plus probable, seulement de la pente septentrionale des Montagnes Bleues? Dans le premier cas, leur liauteur excëderoit 1600 toises, en supposant une réfraction de V;. 11 est certain que les montagnes de la Jamaïque s'aperçoivent du sommet des Cuchîtlas ou Lomas de Tarquino. {Patriota americano , Tom. II , p. 282.) » Lat. 19° Sa' 57"; long. 79° u' 45", d'après M. Ferrer. 3 Lat. 21° 58'; long. 82° 4o'. * Cette évaluation se fonde sur des angles de hauteur que j'ai pris sur mer à des distances connues approximativement. ^ Le village d'Ubajay, situé à i5 milles marines de distance de la Havane , S. 25" O., a la hauteur absolue de 38 toises : la ligne de faite du Bejucal à la Taverna del Reya, 48 toises. CHAPITRE XXVIIÎ. 365 visibles de loin et les plus célèbres parmi les navigateurs sont le Pan de Ma- tanzas " , cône tronqué qxii a la forme d'un petit monument ; les Arcos de Cahcisi qui se présentent entre Puerto Escondido et Jaruco comme de petits segmens de cercle , la Mesa de Mariel ^, les Tetas de Managua ^ et le Pan de Guai- acabon *. Ce niveau décroissant des formations calcaires de l'île de Cuba vers le nord et vers l'ouest , indique les liaisons sous-marines des mêmes roches avec les terrains également bas des îles Bahame , de la Floride et du Yucatan. La culture intellectuelle et l'instruction ayant été long-temps restreintes à la Havane et aux districts circon- voisins, il ne faut pas être surpris de l'ignorance profonde dans laquelle on se trouve sur la Géognosie des Montanaê del Cabre. Un voyageur, élève de M. Proust et très-versé dans les sciences chimiques et minéralo- giques, Don Francisco Ramirez, m'a dit que la partie ouest de l'île est granitique, et qu'il y a reconnu du gneis et du schiste primitif. C'est probablement de ces formations granitiques que sont venues les alluvions de sables orifêres que l'on a exploités avec ardeur^ au commencement de la conquête, au plus grand malheur des indigènes : * Haut. 1 97 toises. Lat. 23° i ' 55" ; long. 84° 5' 36", en supposant le Moito de la Havane , avec M. Oltmanns , long. 84° 43' 8". J 'ai trouvé , à la voile , les Arcos de Canasi élevés de 1 1 5 toises. ^ Milieu de Guanajay , dans la Mésa, lat. 22° 67' 24" ; long. 85° o' 20". Torreon del Mariel, 85° 3' 14". ^ La position astronomique des deux collines calcaires appelées les Tetas de Managua et situées E-O. , est d'une grande importance pour l'attérage de la Havane. J'ai observé les latitudes, non au pied de la Teta orientale , mais au village de Managua et à San Antonio de Barreto , et j'ai lié la Teta oriental avec ces deux endroits. Je trouve la Teta oriental de Managua lat. 22° 58' 48". M. Ferrer donne 22° 58' 19"; long. 84° 4o' 19", tandis que le capitaine Don José del Rio s'arrête à 84° 37'. La longitude de M. Ferrer me paroît préférable ; dans la copie françoise de la Carte de Rio, on a placé les Tetas 84° 34'! Les opérations trigo- nométriques de Francisco M. Le Maur leur assignent 84° 39' 52". M. Robredo trouve diff. de lat. entre le Mirador du Marques del Real Socorro, à la Havane, et la Teta orientale de Managua, 8666,85 toises. * Lat. 32° 47' 3i"; long. 85 44' 37" ; hauteur 390 toises. Plus à l'ouest se trouvent, sur la côte septen- trionale, la Sierra de los Organos et du Rosaio; au sud , celle du Rio Puerco. * A Cubanacan, c'est-à-dire dans l'intérieur de l'île, près de Jagua et de la Trinidad , où le» sables orifêres ont été trans- portés par les eaui jusque dans le terrain calcaire. (Manuscrits de Don Félix de Arrate, de ijSo, et de Don Antonio Lopez, i8o2.) Martyr d'Anghiera, le plus spirituel des auteurs de \Aconquite, dit {Dec. HI , Lib. IX, p. 24 D. et p. 63 D. , éd. i533) : « Cnba est plus riche en or que Hispaniola (Haïti) ; et , à l'heure où j'écris , on a réuni à Cuba 180,000 ctstillanos de oro. » Si cette évaluation n'éloit pas exagérée, comme je suis trés-porté à le croire, elle prouveroit un produit d'exploitation et de vo Is faits aux natifs de 36oo marcs d'or. Herera évalue le quinto del Key, dans l'ile de Cuba , à 6000 pesos , ce qui indiqueroit un produit annuel de 2000 marcs d'or, à 22 carats , et par conséquent plus pur que l'or du Cibao de Saint-Domingue. (Ployez, sur la valeur des casUllanos de oro et du peso ensayado du 16" siècle , mon Essai pol. , Tom. II , p. 648.) En i8o4 ;, toutes les mines du Mexique produisoient 7000 marcs d'or; celles du Pérou, 34oo. Il est difficile de distinguer, dans ces calotils sur l'or e nvoyé en Espagne par les premiers Conquistadores , ce qui est dû au lavage et ce qui existoit accumulé depuis des siècles entre les mains des indigènes que l'on pilloit à volonté. En supposant dans les deux îles de Cuba et de Haïti (dans le Cubanacan et le Cibao) le produit du lavage de 3ooo marcs d'or, on trouve une quantité trois fois plus petite que l'or fourni annuellement (de 1790- i8o5) par la petite province du Choco. Cette supposition d'une ancienne richesse n'a rien d'invraisemblable; et si l'on est surpris de la pauvreté des lavages d'or tentés de nos jours à Cuba et à Saint-Domingue , là même où l'on retiroit jadis des quantités considérables, il faut se rappeler qu'au Brésil aussi le produit des lavages d'or est déchu , de 17G0 à 1820, de 6600 kilogrammes d'or à moins deSgS. {Relat. hist., Tom. III, p. 267.) Des pépites d'or d'un poids de plusieum livres, trouvés de nos jours dans la Floride et dans les deux Carolines, prouvent la primitive richesse de tout le bassin des Antilles, depuis l'ile de Cuba jusqu'aux Monts Apallaches. Il est d'ailleurs tout naturel qu'on voie diminuer avec une plus grande 366 LIVRE X. on en trouve encore des traces dans les rivières d'Holguin et d'Escambray, connue en général dans les environs de Villa-Clara, de Santo Espiritu, de Puerto del Principe, deBayamo et de la Bahia de Nipe. Peut- être l'abondance de cuivre dont parlent les conquistadores du 16° siècle ', à une époque où les Espagnols étoient plus attentifs aux productions naturelles de l'Amérique que dans les siècles postérieurs, est-elle due à des formations de schiste amphibolique , à des thonschiefer de transition mêlés de diorite et à ces euphotides dont j'ai trouvé les analogues dans les montagnes de Guanabacoa ? La partie centrale et occidentale de l'île renferme àtus-fonnations de calcaire compacte, une de grès argileux et une autre de gypse. La première de ces formations offre (je ne dirai pas par son gisement ou sa superposition qui me sont inconnus , mais par son aspect et sa composition) quelque ressemblance avec la formation du Jura. Elle est blanche ou d'un jaune d'ocre clair, d'une cassure matte, tantôt conchoïde , tantôt unie ; elle est divisée en couches assez minces, présentant quelques rognons souvent creux de silex pyromaque (Rio Canimar, deux lieues à l'est de Matanzas ) et des pétrifications de pecten, de cardites, de térébatules et de madrépores ^, moins dispersées dans la masse que réunies dans des bancs particuliers. Je n'ai pas trouvé de couches oolitiques, mais bien des couches poreuses presque huileuses entre le Polrero del Conde de Mopox et le port de Batabano, sem- blables aux couches spongieuses, qu'offre le calcaire jurassique en Franconie, près de Dondorf, Pegnitz etTum- bach. Des strates caverneux jaunâtres ayant des cavités de 3-4 pouces de diamètre alternent avec des strates entièrement compactes ^ et plus pauvres en pétrifications. La chaîne de collines qui borde la plaine des Guines vers le nord, et qui se lie aux Loraas de Camoa et aux Tetas de Managua appartient à cette dernière variété, qui est blanc rougeâlre et presque lithographique, comme le calcaire jurassique de Papenheim. Les couches com- pactes et caverneuses renferment des nids de fer brun ocracé : peut - être la terre rouge ( tierra colorada ], si re- cherchée par \ei planteurs {haciendados) de café, n'est-elle due qu'à la décomposition de quelques couches super- ficielles de fer oxidé , mêlé de silice et d'argile, ou a un grès marneux rougeàtre * superposé au calcaire. Toute cette formation, que je désignerai sous le nom de Calcaire des Guines, pour la distinguer d'une autre beau- coup plus récente, forme , près de la Trinidad, dans les Lomas de S. Jtuin , des pics escarpés qui rappellent les montagnes du Calcaire de Caripe dans les environs de Cumana ^. Elle renferme aussi de grandes cavernes, près de Matanzas et de Jaruco. Je n'ai pas appris qu'on y ait jamais trouvé des ossemens fossiles. Cette fré- quence de cavernes dans lesquelles s'accumulent les eaux pluviales et disparoissent de petites rivières, cause quelquefob des éboulemens *<. Je crois que le gypse de l'ile de Cuba appartient, non au terrain tertiaire, rapidité le produit de lavages d'or que le produit d'une cÂplnitation souierraioe bur des Glont>. Sans doute lej métaux ne renaissent de nos jours pas plus dans les fentes des filons (par sublimation) qu'ils s'accumulent, dans des terrains d'alluviou, par le cours des liviércs là uù les plateaux sont plus élevés que le niveau des eaux courantes circonvuisines. Mais, dans des roches à filons métallifères, le mineur ne connoit pas à la fois tout le champ jk exploiter. 11 a la chance à^'atonger des tra- vaux, de les approfondir et de traverser d'autres filons accompagnons. Les terrains d'alluvion n'ont généralement qu'une petite épaisseur dans laquelle ils sont orifères ; ils reposent le plus souvent sur des roches entièrement stériles. Leur position super- ficielle et leur uniformité de composition facilitent la counoissance de leurs limites, et accélèrent, partout oii l'on peut réunir beaucoup d'ouvriers, et où les eaux de lavage abondent, l'épuisement total du gîte orifëre. Je pense que ces considérations, pui- sées dans. l'histoire de la conquête et dans la science de l'art du mineur, peuvent jeter quelque jour sur le problème des richesses métalliques d'Haïti, que l'on agite aujourd'hui. Dans cette ile, comme au Brésil, il sera plus profitable de tenter des exploi- tations souterraines (sur des filons) , dans des terrains primitifs et intermédiaires, que de reprendre des lavages abandonnés dans des siècles de barbarie , de rapine et de carnage. ' Bai buen cotre in Cuba (dans la partie orientale que l'on visitoit alors). Gomara , Hist. de Ind. , foi. xxvir. 3 Je n'y ai vu ni les gryphites, ni les ammonites du calcaire jurassique, ni les nummulites et cerites du calcaire grossier. ' Comme la partie occidentale de l'île manque de ravins profonds , on rcconnoit cette alternance en voyageant de la Havane à Batabano , les couches les plus profondes (inclinées de 3o° à 40" au NE.) venant au jour à mesure qu'on avance. ^ Grés et sable ferrogineux ; Iron-sandî s Rtl. hist. , Tom. III , p. 359. ' Par exemple , la ruine des moulins à tabac de l'ancienne ferme royale. CHAPITRE XXYIII. SÔj mais au terrain secondaire : on l'exploite dans plusieurs endroits à l'est de Matanzas , à San Antonio de les Banos où il renferme du soufre, et dans les Cayos, vis-à-vis de San Juan de los Remedios. Il ne faut pas confondre avec ce Calcaire (jurassique?) des Guines, tantôt poreux, tantôt compactes, une autre formation si récente qu'on peut croire qu'elle augmente encore de nos jours. Je veux parler de ces aglomérats calcaires que j'ai vus dans les cayes ou îlots qui bordent la côte entre le Batabano et la baie de Xagua, principalement au sud de la Cienega de Zapata , à Cayo buenito, Cayo Flamenco et Cayo de Piedras. La sonde prouve que ce sont des rochers qui s'élèvent brusquement sur un fond de 20 à 3o brasses. Les uns se trouvent àfleurd'eau , (Vautres surmontent la surface de la mer de , ou -J de toise. Des fragmens anguleux de madrépores et de cel- lulaires de 2-3 pouces cubes s'y trouvent cimentés par des grains de sables quarzeux. Toutes les inégalités de ces rochers sont recouvertes d'un terrain de rapport dans lequel, à la loupe, nous ne distinguâmes que le détritus' de coquilles et de coraux. Cette formation tertiaire appartient sans doute à celles des côles de Cumana, de Carthagènes des Indes et de la Grande Terre de la Guadelou,pe dont j'ai parlé dans mon Tableau géognostique de l'Amérique méridionale. * C'est la formation des lies à coraux de la Mer du Sud sur laquelle MM. de Cha- niisso et Guaimard ont répandu récemment beaucoup de jour. Lorsque , assis, près de la Havane , au pied du Castillo de la Punta, sur des bancs de rochers caverneux* , et tapissés à la fois d'ulves verdoyantes et de poly- piers en vie> l'on trouve enchâssés dans la texture de ces bancs d'énormes masses de madrépores et d'autres coraux lithophytes, on est tenté d'abord d'admettre que toute cette roche calcaire, qui constitue la majeure partie de l'île de Cuba , est due à une opération non interrompue de la nature , à l'action de forces organi- ques productives et à des destructions partielles , à une action qui continue de nos jours dans le sein de l'Océan ; mais cette apparence de la nouveauté des formations calcaires s'évanouit bientôt , lorsqu'on quitte le littoral ou que l'on se rappelle la série de roches à coraux que renferment les formations de différens âges , le muschel- kalk , le calcaire du Jura et le calcaire grossier '. Ces mêmes roches à coraux du Castillo de la Punta se retrou- vent dans les hautes montagnes de l^intérieur, accompagnées de pétrifications de coquilles bivalves très-diiFé- rentes de celles qui habitent actuellement les côtes des Antilles. Sans vouloir assigner, avec certitude, dans le tableau des formations , une place déterminée au Çalcairedes Guines, qui est celui du Castillo de la Punta, il ne me reste aucun doute sur l'ancienneté relative de celte roche par rapport à Yaglomérat calcaire des Cayos , situés au sud de Batabano et à l'est de l'île des Pinos. Le globe a subi de grandes révolutions entre les époques où ces deux terrains se sont formés, l'un renfermant les grandes cavernes de Matanzas, l'autre augmentant journellement par l'aglutination de fragmens de coraux et de sables quarzeux. Le dernier de ces terrains semble reposer au sud de l'île de Cuba, tantôt sur le calcaire (jurassique) des Guines, comme dans les Jardinillos, tantôt (vers le Cap Cruz) immédiatement sur des roches primitives *. Dans les Petites Antilles, les coraux ont même recouvert les produits volcaniques. Plusieurs des Cayos de l'île de Cuba renferment * Voyez plus haut, Tom. 111 , p. •z^G.'^X. INIoreau de Joddôb distingue aussi très-bico dans son Histoire physique des Antilles françaises (Tom. 1 . p. i56, i3S et 543) entre la RocheàRavcts delà Martinique et d'ilaïti, qui est poreuse, remplie de térébra- tulites, d'anomies et autres d^jbris de coquilles pélagiques assez analogues au Calcaire des Guines de l'île de Cuba et le sédi- ment calcaire pélagique qu'à la Guadeloupe on appelle Platine ou Hlaçonne bon Dieu. Dans les Cayos de l'ile. de Cuba ou Jardinillos dtl Rey y de la Reyna , toute la roche à coraux qui s'élève au-dessus de la surface de l'eau m'a paru fragmentaire, c'est-à-dire composée de blocs brisés. 11 est probable cependant que, dans la profondeur, elle repose sur des masses de polypiers lithophytes encore vivans. '■' La surface de ces bancs , noircie et eicavée par les ûots , offre des ramifications à choui-fleur, comme on les observe sur des conrans de laves. Le changement de couleur produit par les eaux est-il dû au manganèse dont on rcconnoît la présence par quelques dendrites î (Vol. Il, p. 3oo-3o3.} La mer, en entrant dans les fentes du rocher et dans une caverne au pie4 du Castillo dcl jy/orro^ y comprime l'air et le fait sortir avec un bruit extraordinaire. Ce bruit explique le phénomène des baxos- Toncadores (écneils ronfleurs) , si connus des navigateurs qui font la traversée de la Jamaïque i l'embouchare do Rio San Juan de Nicaragua ou à l'île de San Andréa. ' Voyez, sur les accumulations de coraux dans le calcaire grossier de Paris (calcaire à cérites et à nuœmulites) , Brongniart, Descr. géol. des er.v. de Paris , p. 269. Marascluni sulle format, del Ficcnllno , p. 1 77. * J'ai déjà signalé cette indifférence de superposition, plus haut, p. 265. 368 LIVRE X. de l'eau douce; j'en al trouvé de la très-bonne au milieu du Cayo de Piedras *. Lorsqu'on réfléchit sur l'extrême petitesse de ces îlots, on a de la peine à croire que les mares d'eau douce sont de l'eau de pluie non évaporée. Prouveroient-elles une communication soumarine du calcaire de la côte avec le calcaire qui sert de base aux polypiers lithophyles, et l'eau douce de Cuba seroit-elle soulevée par une pression hydrostatique à travers la roche à coraux des Cayos, comme elle l'est dans la baie de Xagua, où , au milieu de la mer, elle forme des sources fréquentées par les lamantins ? A. l'est de la Havane, les formations secondaires sont percées d'une manière très-remarquable par des roches synéitiques et d'euphotide * réunies en groupe. Le fond méridional de la baie , de même que la partie septen- trionale (les collines du Morro et de la Cabana), sont de calcaire jurassique; mais sur le bord oriental des deux Eusenadas de Régla et de Guanabacoa , tout le terrain est de transition. En allant du nord au sud, on y voit au jour, d'abord près de Marimelena, de la syénite composée de beaucoup d'amphibole, en partie décomposée, de peu de quarz et d'iwi feldspath blanc-rougeûtre rarement cristallisé. Cette belle syénite, dont les strates sont Inclinés au nord-ouest, alternent deux fois avec de la serpentine. Les couches de serpentine intercalée ont trois toises d'épaisseur. Plus au sud, vers Régla et Guanabacoa, la syénite disparoît, et tout le sol est couvert de serpentine qui s'élève en collines de 3o à 4o toises de haut , dirigées de l'est à l'ouest. Cette roche est très-fendillée , extérieurement gris- bleuâtre, couverte de dendrites de maganèse, intérieurement vert de poireau et vert d'asperge, traversée par depetits filons d'asbeste. Elle renferme non du grenat ou de l'amphibole, mais du diallage métalloïde disséminé dans la masse. La serpentine a la cassure tantôt esquiUeuse , tantôt conchoide. C'étoit la première fois que je trouvai le diallage métalloïde sous les tropiques. Plusieui-s blocs de serpentine ont des pôles magnétiques, d'autres sont d'une texture si homogène et d'un éclat si gras que de loin on seroit tenté de les prendre pour du pechstein (résinite). U seroit à désirer qu'on employât ces belles masses dans les arts comme on fait en plusieurs parties de l'Allemagne. Lorsqu'on s'approche de Guanabacoa, on trouve la serpentine traversée de filons de 12-14 pouces d'épaisseur et remplis de quarz fibreux, d'amé- thyste et de superbes calcédoines mammelonnées et stalactiformes ; peut-être y rencontrera-t-on aussi un jour de la chrysoprase. Au milieu de ces fdons paroissent quelques pyrites cuivreuses qu'on dit accompagnées de cuivre gris argentifère. Je n'ai pas trouvé de trace de ce cuivre gris : il est probable que c'est le diallage métal- loïde qui a donné aux Cerros de Guanabacoa la réputation de richesses en or et en argent qu'ils ont depuis des siècles. Le pétrole^sulnle, dans quelques endroits, des fissures de la serpentine. Les sources d'eau y sont très -fré- quentes, et contiennent un peu d'hydrogène sulfuré : elles déposent de l^oxide de fer. Les Banos de Bareto sont très-agréables, mais d'une température qui diffère peu de celle de l'atmosphère. La constitution géognostique « D'après mes observations : Ut. ai» 5G'4o'; long. 85° 37' n' (06». astr. , Tom. II, p. jii). 2 On a public, à la Havane {Patriota Americano , 1812, Tom. 1.1, p. 25), une description succincte de ce groupe que j'avoi» rédigée en espagnol, en i8o4 , sous le titre de NotUia mineratogica dcl Ctrro dt Guanabacoa communicada al Ex. Sr Marques de Somenielos , Capitan General de ta hla de Cuba. ' Eijste-t-il dans la baie de la Havane quelque autre source de pétrole que celle de Guanabacoa , ou doit-on admettre que la source de belun liquida qui servit i Sébastien de Ocaœpo, en i5o8, au calfatage de ses vaisseaux, soit tarie F C'est cependant cette source qui fixa l'attention d'Ocampo sur le port de la Havane lorsqu'il lui donna le nom de Puerto de Carénas. On assure qu'on trouva aussi , dans la partie orientale de l'ile, des sources abondantes de pétrole {manantialts de betun y clia- papote) entre Holguin et Mayari et sur la côte de Santiago de d'uba. Récemment on a découvert, près de la Pnnta Icaeos, un îlot (Siguapa) qui ne montre au jour que du bitume solide terreux. Cette masse rappelle l'asphalte de Valorbe dans le Calcaire du Jura. La formation de serpentine de Guanabacoa est-elle répétée près de Bahia Honda, dans le Cerru del Rubi? Les collines de Régla et de Guanabacoa offrent aux botanistes, dU pied de quelques palmiers èpars : Jatropba pandurxrolia, J. integerrima Jacq. . J. fragraos , Petiveria alliacea , Pisonia Icranthoïdes, Lantana involucrata, Ruseclia sarmentosa, Ehretia bavanensis , Cordia globosa , Convulvulus pinnatifidus, C. calycinus, liignouia lepidota, Lagascea mollis Cav. , Malpigbia cubensis , Triopteris lucida, Zanthoxylum Pterota , Myrtus tuberculata , Mariscus bavanensis, Andropogon avenaceus Scbrad., Olyra latiTolia , Cbloris cruciata et un grand nombre de Banisteria , dont les Qeurs dorées embellissent le paysage. (J'oyei notre Ftoruia Cubœ Insulte dans les IVov Ccnera et Spee. , Tom. VU , p. 467) CHAPITRE xxviii. 36g de ce groupe de roches serpentineuscs mérite, par son isolement même, par ses filons, par ses liaisons avec la syénite et son soulèvement à travers des formations coquilières, une attention particulière. Un feldspath à base de soude (fedspath compacte) forme, avec le diallage, l'euphotide et la serpentine; avec l'hyper- sthène, l'hypersthénite; avec l'amphibole, la diorite, avec le pyroxène, la dolérite et le basalte; avec le grenat, l'éclogite '. Ces cinq roches, dispersées sur le globe entier, chargées de fer oxidulé et titane , ont proba- blement une origine semblable. Dans les euphotides , il est aisé de distinguer deux formations, l'une est dépourvue d'amphibole, même lorsqu'elle alterne avec des roches araphiboliques (Joria en Piémont, Régla dans l'ile de Cuba) , très-riche en serpentine pure, en diallage métalloïde, et quelquefois en jaspe (Tos- cane , Saxe); l'autre , fortement chargée d'amphibole, faisant souvent passage à la diorite*, n'offre pas de jaspe en couches et renferme quelquefois de riches fdons de cuivre (.Silésie, Mussinet dans le Piémont, Pyré- nées , Parapara dans le Venezuela, Copper-.Mountains de l'Amérique septentrionale). C'est celle dernière for- mation d'euphotide qui , par son mélange avec la diorite, se lie elle-même à l'hypersthénite , dans laquelle , en Ecosse et en Norwège, se développent parfois de véritables couches de serpentine. On n'a pas découvert jusqu'ici , dans l'île de Cuba, des roches volcaniques d'une époque plus récente , par exemple des trachytes, des dolérites et des basaltes. J''ignore même si on les trouve dans le reste des Grandes-Antilles, dont la con- stitution géognostique diffère essentiellement de celle de la série d'îles calcaires et volcaniques, qui se pro- longe de la Trinité aux iles Vierges. Les tremblemens de terre, moins funestes en général à Cuba qu'à Portorico et Haïti , se font le plus sentir dans la partie orientale , entre le cap Maysi , Santiago de Cuba et la Ciudad de Puerto Principe. C'est peut-être vers ces régions que s'étend latéralement l'action d'une crevasse que l'on croit traverser la langue de terre granitique entre le Port-au-Prince et le cap Tiburon , et sur laquelle, en 1770, des montagnes entières se sont écroulées •'. La texture caverneuse des formatious calcaires {sobortico) que nous venons de décrire , la grande inclinaison de leurs bancs , le peu de largeur de l'ile , la fréquence et le déboisemenl des plaines, la proximité des montagnes, là où elles forment une chaîne élevée sur la côte méridionale, peuvent être considérés comme les causes principales du manque de rivières, et de la sécheresse qu'éprouve surtout la partie occidentale de Cuba. Sous ce rapjiort , Haïti , la Jamaïque el plusieurs des Petites-Antilles qui renferment des pitons volcaniques couverts de forêts , sont plus favorisés par la nature ^. Les terrains les plus célèbres par leur fertilité sont ceux des districts de Xagua , de Trinidad, de Matanzas et du Mariel. La vallée des Guines ne doit sa réputation qu'à des arrosemens artificiels [zanjas de ricgo). Malgré cette absence de grandes rivières et l'inégale fécondité du sol , l'ile de Cuba, par sa surface ondulée, sa verdure toujours renaissante et la distribution des formes végétales , offre , à chaque pas , le paysage le plus varié et le plus agréable. Deux arbres a grandes feuilles coriaces et lustrées, le Mam- ' Rcutliberg, pits Dùlau (Bareulb); Saiialpc (Slyrie). s Sur une serpentine qui suit, comme une pénombre, des filons de grûnstein (diorite) , prés du [-ac Clunie, dans le Pcrtshire. Voyez Mac Culloch, dans Edinb. Journ. of Science, 1824, July, p. 5-lC. Sur un filon de serpentine et les altérations qu'il produit, sur les rives du Carity, prés West-Ballofh en Forfarshire, voyez Cbarles Lyell, /. c. , Vol. III, p. 4''. ' Dupuget, dans le Journal des minei , VI , p. 58 , et Lcupold de Bucli, PItys. Deschr, dcr Cunar. Inseln, iSaS , p. 4o5. ^ Hisl. phys. des Antilles, Tom. l, p. a , 118, 287, îgS, âoo- Relation historique , Tom, III. 47 ^TO LIVRE X. mea et le Calophyllum Calaba, cinq espèces de palmiers (la Palma rcai on Oreodoxa regia , le Cocotier commun , le Cocos crispa , le Corypha Miraguama et le C. maritima) , et de petits arbustes constamment chargés de fleurs ornent les collines et les savanes. Le Cecropia peltata marque les endroits humides. On seroit tenté de croire que toute l'ile a élé dans l'origine une forêt de palmiers , de citron- niers et d'orangers sauvages. Ces derniers , à très-petits fruits , sont probablement antérieurs à l'arrivée des Européens ' qui ont porté les agrumi des jardins ; ils excèdent rarement lo à i5 pieds de hauteur. Le plus souvent, le citronnier et l'oranger ne sont pas mêlés j et, en défrichant le sol par le moyen du feiî, les nouveaux colons distinguent la qualité des terrains selon qu'ils sont couverts de l'un ou de l'autre de ces agroupemens de plantes sociales ; ils préfèrent le sol du naran- jal à celui qui produit le petit citronnier [limon). Dans un pays où les ateliers de sucre ne sont pas encore assez généralement perfectionnés pour n'employer aucun autre combustible que la bagasse ( canne à sucre sèche) , cette destruc- tion progressive {clesmonte) des petits bois est une véritable calamité. L'aridité du sol augmente à mesure qu'on le dépouille des arbres qui lui servoient d'abri contre les ardeurs du soleil , et dont les feuilles rayonnant le calorique contre un ciel toujours serein, causent, dans l'air refroidi, une précipitation de la vapeur aqueuse. Parmi le très-petit nombre de rivières dignes d'attention , on peut citer le Rio de Guines, qu'en i"jGi%on\o\x\\xlvimY»VLcanalde petitenavigation, qui devoit traver- ser l'ile dans le méridien de Batabano ; le Rio Armendarisou Chorrera, dont les eaux sont conduites à la Havane par la Zanja de yintoneli; Rio Cauto, au nord de la ville deBayamo; le Rio Maximo qui naît à l'est de Puerto Principe; le Rio Sagua Grande , près de Yilla Clara ; le Rio de las Palmas , qui débouche vis-à-vis Cayo Galindo; les petites rivières de Jaruco et de Santa-Cruz , entre Guanabo et Matanzas , navigables à quelques milles de leurs embouchures et favorisant l'em- barquement des caisses de sucre ; le Rio San Antonio qui , comme plusieurs autres , s'engouffre dans des cavernes de la roche calcaire ; le Rio Guaurabo , à l'ouest du port de Trinidad, et le Rio de Galafre , dans le district fertile deFilipinas , qui se jette dans la Laguna de Cortez. Les sources les plus abondantes naissent f^oyez mon Essaipolit., Tom. II, p. 4i5. Le» hahitans les plus éclairés de l'île rappellent avec raison que les orangers cultivés venus d'Asie conservent la grandeur et toutes les propriétés de leurs fruits lorsqu'ils deviennent sauvages. (C'est aussi l'opinion de M. Gallesio, Traité du Citms , p. 32.) Les Brésiliens ne doutent pas que \& petite orange amére, qui porte le nom de laranfa dn terra, et que l'on trouve sauvage, loin des habitations de l'homme , ne soit d'origine américaine {Çaldclevgh , Travels in Satcth Amer. , Tom. I, p. 25). CHAPITRE XXVII r. 371 sur la côte méridionale, où, depuis Xagua jusqu'à Punta de Sabina, sur une longueur de 46 lieues , le terrain est extrêmement marécageux. L'abondance des eaux qui s'infiltrent par les fentes de la roche stratifiée est telle que , par l'effet d'une pression hydrostatique, l'eau douce, loin des cotes, sourdit au milieu des eaux salées. La juridiction de la Havane n'est pas des plus fertiles, et le peu de plantations de sucre qui avoisinoient la capitale ont fait place à des fermes à bétail [polœros) et à des champs de mais et de fourrages dont les profils sont très-considé- rables , à cause de la consommation de la capitale. Les agriculteurs de l'ile de Cuba distinguent deux sortes de terres souvent mêlées comme les cases d'un damier, la terre noire [negra ou prieid) qui est argileuse et chargée de humus , et la terre rouge [hermeja] , plus siliceuse et mêlée d'oxide de fer. Quoique généralement on préfère la tierra negra comme conservant mieux l'humidité , pour la culture de la canne à sucre, et la tierra bermeja à la culture du cafier, beaucoup de plantations de sucre sont cependant établies sur le sol rouge. Le climat de la Havane est celui qui correspond à la limite extrême de la zone torride : c'est un climat tropical dans lequel une distribution plus inégale de la chaleur entre les différentes parties de l'année, annonce déjà le passage aux climats de la zone tempérée. Calcutta (lat. 22" 34'N.) , Canton (lat. 28° 8' N.), Macao (lat. 22° I2'N.), la Havane (lat. 28° 9' N.), et Rio Janeiro (lat. 22°54'S.) sont des endroits auxquels leur position , au niveau de l'Océan et près des tropiques du Cancer et du Capricorne , par conséquent à égale distance de l'équateur, donne une grande importance pour l'étude de la météorologie. Cette étude ne peut avancer que par la détermination de certains éléinens numériques qui sont la base indispensable des lois que l'on cherche a découvrir. Comme l'aspect de la végétation est identique vers les bords de la zone torride et sous l'équateur, on s'accoutume à confondre vaguement ' les climats des deux zones comprises entre 0° et 10°, et entre i5°et 23° de latitude. La région des palmiers, des bananes et des graminées arborescentes s'étend même bien au-delà des deux tropiques ; mais il seroit dangereux (comme on l'a fait récemment lors de la mort du docteur Oudney, en discutant l'élévation du sol à laquelle la glace a pu se former dans le royamne de Bornou) d'appliquer ce que l'on a observé à l'extrémité de la zone tropicale à ce qui peut avoir lieu dans les plaines voisines de l'équateur. C'est pour rectifier ces erreurs qu'il est important de bien faire connoître les températures moyennes de l'année et des mois, comme les oscillations lliermométriquesen différentes saisons, sous le parallèle de la Havane, et de prouver par une comparaison exacte avec d'autres points également éloignés de l'équateur. ^7^ LIVRE X. par exemple avec Rio Janeiro et Macao, que les grands abaissemens de température observés à l'île de Cuba sont dus à l'irruption et au déversement des couches d'air froid qui se portent des zones tempérées vers les tropiques du Cancer et du Capri- corne. La température moyenne de la Havane est, d'après quatre années de bonnes observations, 25°,'] (200,6 R.) , seulement de 2° cent, supérieure à celle des régions de l'Amérique les plus rapprochées de l'équateur '. La proximité de la mer élève sur les côtes la température moyenne de l'année; mais dans l'intérieur de l'île, là où les vents du nord pénètrent avec la même force , et où le sol s'élève à la petite hauteur de 4o toises -, la température moyenne n'atteint que 28° (18°, 4 R.) , et ne surpasse pas celles du Caire et de toute la Basse-Egypte. Les différences entre la température moyenne du mois le plus chaud et le mois le plus froid , s'élèvent , dans l'intérieur de l'île , k 12°; à la Havane , sur les côtes , à 8° ; à Cumana , à peine à 3°. Les mois les plus chauds, juillet et août, atteignent, à l'île de Cuba, 38°,8, peut-être même 29°, 5 de température moyenne, comme sous l'équa- teur. Les mois les plus froids sont décembre et janvier : leur température moyenne est , dans l'intérieur de l'île , 1 7° ; à la Havane ,21°, c'est-à-dire 5° à 8° au-dessous des mêmes mois , sous l'équateur, mais encore 3° au-dessus du mois le plus chaud à Paris. Quant aux températures extrêmes ^ qu'atteint le thermomètre centigrade , à l'ombre , on observe , vers la limite de la zone torride , ce qui carac- térise les régions le plus rapprochées de l'équateur (entre 0° et 1 0° de lat. bor. et austr.) ; le thermomètre qui a été vu, à Paris, à 38°,4 (3o°,7 R. ), ne monte, à Cumana , qu'à 33° ; à la Vera-Cruz , il n'a été , en treize ans , qu'une seule fois à 32° (25", 6 R.) : à la Havane, M. Ferrer ne l'a vu osciller, en trois ans (18 10- 181 2), qu'entre i6°et3o°. M. Robredo, dans les notes manuscrites que je possède, cite comme une chose remarquable que la température, en 1801 , s'est élevée à 34°, 4 (270,5 R.) ; tandis qu'à Paris, d'après les recherches curieuses de M. Arago, les extrêmes de température, entre 36°, 7 et 38° (290,4 et 3o°,7 R.) , ont été atteints quatre fois en dix ans (de lygS à i8o3). Le grand rapprochement des deux époques où le soleil passe par le zénith des lieux situés vers l'extrémité de la ^ Temp. moy. de Cumana (lat. 10° 27') 27°,? cent. On assure que même, dans les Petites-Antilles, par 13" et 16° de latitude, on trouve pour la Guadeloupe 2y,5; pour la Martinique, 27°j2; pour la Barbade, 26",3. Hist. phys. des Antilles, Tom. 1, p. 186. ^ A peine G toises de plus que la hauteur de Paris (premier étage de l'Observatoire royal) au-dessus ilu niveau de la mer. M. Laclienaie assure avoir vu monter en 1800 le thermomètre centésimal, à l'ombre ( à Sainte-Rose , dans l'île de la Guadeloupe) , à 39°,3' ; mais on ignore si son instrument étoit exact et libre des effets du rayonnement. A la ÏMartinique, les extrêmes sont 20" et 35°. CHAPITRE XXVIII. 3^3 zone torride , rend souvent très-intenses les chaleurs du littoi'al de Cuba et de tous les endroits compris entre les parallèles de 20° et 23° t , moins pour des mois entiers , que pour un groupe de quelques jours. Année commune , le thermomètre ne monte pas , en août, au-delà de 28° à 3o° : j'ai vu qu'on se plaignoit d'une ex- cessive chaleur, lorsqu'il s'élèvoit à 3i° (24°, 8 R.). L'abaissement de la température hivernale à 1 0° ou 12° est déjà assez rare; mais lorsque le vent du nord souffle pen- dant plusieurs semaines et qu'il amène l'air froid du Canada , on voit quelquefois , dans l'intérieur de l'île , dans la plaine et à très-peu de distance de la Havane , se former de la glace pendant la nuit '. D'après les observations de MM. Wells et Wil- son , on peut admettre que le rayonnement du calorique produit cet effet , lorsque le thermomètre se soutient encore à 5° et même à 9° au-dessus du point de la congélation ; mais M. Robiedo m'a assuré avoir vu le thermomètre à zéro même. Cette formation d'une glace épaisse presque au niveau de la mer, dans un lieu qui appartient à la zone torride , frappe d'autant plus le physicien , qu'à Caracas (lat. 1 0° 3 1 ' ) , et à 47 7 toises de hauteur, l'atmosphère ne se refroidit pas au-dessous de 1 1 o ; et que , plus près de l'équateur , il faut monter à i4oo toises de hauteur poiu* voir se former de la glace \ Il y a plus encore : entre la Havane et Saint-Domingue, entre le Batabano et la Jamaïque, il n'y a qu'une différence de 4° ou 5° de latitude; et à Saint-Domingue, à la Jamaïque, à la Martinique et à la Guadeloupe , les minima de température dans les plaines ^ sont de i8°,5 à 20°, 5. Il sera intéressant de comparer le climat de la Havane avec celui de Macao et de Rio Janeiro , deux endroits dont l'un est également placé près des bords de la zone torride boréale , mais sur la côte orientale de l'Asie , et l'autre sur une côte or/e«frt/e d'Amérique, vers l'extrémité de la zone toxiiàe amtrale. Les tempéra- tures moyennes de Rio Janeiro sont déduites de 35oo observations faites par M. Benito Sanchez Dorta ; celles de Macao , de 1 200 observations que M. l'abbé Richenet a bien voulu me communiquer ■^. ' Ce froid accidentel avoit déjà frappé les premiers voyageurs. « En Cuba, dit Gomara, algo se siente et fric. « Hi8t. de Ind ., fol. XXFII. "^ On n'en voit pas même encore à Quito (1490t.), situé dans une vallée étroite, où un ciel aouvenl bru- meux diminue la force du rayonnement. ■* L'observation de i8",5 est de M. Ilapel Laclienaie. M. Le Dru assure aussi n'avoir vu le tlierraoniètre des- cendre à Portoi ico qu'à 1 8",7; mais il croit qu'il tombe de la neige sur les montagnes de Loquillo dans laméme île ! * Lorsque j'aurai comparé tous les registres de cet ecclésiastique respectable et laborieux , les résultats partiels de Macao pourront subir quelques légers changemens. Voyez plus haut, Tom. III, p. 3o5. 374 Temp. inoy. de l'année. LIVRE X. HiVAHB. Macao. UlO JiKBlBO. lut. 23° 9' N. lat. 22» 12'N. 131.22" 54' S 25",7 28°,8 230,5 280,4 230,5 plus chaud. 270,2 3 plus froid. 3 I ", 1 ifio.G 20", 0 Le climat de la Havane , malgré la fréquence des vents du nord et du nord-ouest est ])lus chaud que celui de Macao et de Rio Janeiro. Le premier de ces deux en- droits participe au froid qu'à cause de la fréquence des vents ouest on éprouve en hiver sur toutes les côtes orientales d'un grand continent. La proximité de terres d'une extrême largeur, couvertes de montagnes et de plateaux , rend la distribution de la chaleur, entre les différens mois de l'année, plus inégale à Macao et à Canton que dans une île côtoyée vers l'ouest et vers le nord des eaux chaudes du Gulf-stream. Aussi, à Canton et à Macao, les hivers sont beaucoup plus froids qu'à la Havane. Les températures moyennes de décembre , janvier, février et mars ont été, à Canton, en 1801, entre i5° et 17°, 3 cent.; à Macao, entre 16°, 6 et 20°, lorsqu'à la Havane elles sont généralement entre 21° et 24°53 : cependant la latitude de Macao est de 1° plus australe que celle de la Havane, et cette dernière ville et Canton sont , à une minute près , sur le même parallèle. Or , quoique les lignes isothermes ou d'égale chaleur ont un sommet concave vers le pôle dans le sy^stème des climats de VAsie orientale comme dans le système des climats de l'Amérique orientale ^ le refroidissement, sur le même parallèle géographique, est pourtant plus considérable encore du côté de l'Asie '. Pendant neuf ans (1806- 181 4) j l'abbé Ri chenet, qui se servoit de l'excellent thermomètre à maocima et à minima de Six , a vu descendre cet ins- trument jusqu'à 3°, 3 et 5° (38° et 4i° Fahr.). A Canton, le thermomètre atteint presque quelquefois le point zéro; et, par l'effet du rayonnement, on y trouve de la glace sur les terrasses des maisons. Quoique ce grand froid ne dure jamais plus d'un seul jour, les négocians anglois qui résident à Canton aiment à faire du feu de cheminée, de novembre à janvier; tandis qu'à la Havane on ne sent pas même la nécessité de se chauffer au brazero. La grêle est fréquente et ' Telle est la difTérence du climat des eûtes orientales et occidentales de l'Ancien-Continent , qu'à Canton (lat. 23° 8') la température moyenne de l'année est 22°,9 , lorsqu'à Sainte-Croix de Ténériffe (lat. a8° 28') elle est, d'après MM, de Buch et Escolar, de 23",8. Canton, situé sur une côte orieotak, participe du climat continental; Ténériffe est une île rapprochée des côtes occidentales de l'Afrique. CHAPITRE XXVIII. 3'jS extrêmement grosse sous les climats asiatiques de Canton et de Macao, tandis qu'on l'observe à peine tous les quinze ans à la Havane. Dans les trois endroits , le thermomètre se soutient quelquefois pour plusieurs heures entre o° et 4° cent. , et cependant (ce qui me paroît bien remarquable) on n'y a jamais vu tomber de ia neige ; et , malgré les grands abaissemens de la température , le bananier et les palmiers offrent, autour de Canton, de Macao et de la Havane , itne végétation tout aussi belle que dans les plaines les plus rapprochées de l'équateur. Il est heureux pour l'étude approfondie de la Météorologie que , dans l'état actuel de la civilisation , on puisse déjà réunir tant d'élémens numériques sur le climat des lieux qui sont placés presque immédiatement sous les deux tropicpies. Cinq des plus grandes villes du monde commerçant, Canton , Macao , Calcutta , la Havane et Rio Janeiro , se trouvent dans cette position. De plus , dans l'hémisphère boréal , Mascate , Syène , Nuevo Santander, Durango et les plus septentrionales des îles Sandwich ; dans l'hémisphère australe, Bourbon , Ile-de-France et le port de Cobija, entre Copiapo et Arica , sont des lieux fréquentés par les Européens , et offrent aux physiciens les mêmes avantages de position que Rio Janeiro et la Havane. La Climatologie avance lentement , parce que l'on accumule au hasard des résultats obtenus dans des points du globe où commence à se développer la civilisation humaine. Ces points forment de petits groupes séparés les uns des autres par d'immenses espaces de terres inconnues aux météorologistes. Pour reconnoître les lois de la nature dans la distribution de la chaleur sur le globe , il faut donner aux observations une direction conforme aux besoins d'une science naissante et savoir quelles données numériques sont les plus importantes. Nuevo Santander , sur les côtes orientales du golfe du Mexique , a probablement une température moyenne inférieure à celle de l'île de Cuba. L'atmosphère doit y participer au froid hivernal d'un grand continent qui s'élargit vers le nord-oirest. Au contraire, si nous quittons \e système des climats de l'Ame'rique orientale , si nous fran- chissons le bassin ou plutôt la vallée submergée de l'Atlantique pour fixer nos regards sur les côtes d'Afrique, nous trouvons, dans le système de climats cisat- lanticjiics^ sur le littoral occiV/e/i^rtZ de l'ancien continent , les lignes isothermes relevées , convexes vers le pôle. Le tropique du Cancer y passe entre le caj) Bojador et le cap Blanc , près de Rio do Ouro , sur les bords inhospitaliers du désert de Sahara , et la température moyenne de ces lieux doit être bien au- dessus de celle de la Havane, par la double raison de leur position sur une côte orientale^ et par la proximité du désert qui rayonne la chaleur et répand des molécules de sable dans l'atmosphère. 3']6 LIVRE X. Nous avons vu que les grands abaissemens de température dans l'île de Cuba sont de si peu de durée que ni les bananiers , ni la canne à sucre, ni d'autres productions de la zone torride n'en souffrent habituellement. On sait combien les plantes qui jouissent d'une grande vigueur d'organisation résistent facilement à un froid passager , et que les orangers et bigaradiers de la rivière de Gênes survivent à la chute des neiges et à un froid qui ne dé])asse pas 6° ou 7° au-dessous du point de la congélation '. Comme la végétation de l'ile de Cuba offre tous les caractères de la végétation des régions les plus rapprochées de l'équa- teur, on est surpris d'y trouver , dans les plaines mêmes , une forme végé- tale des climats tempérés et des montagnes de la partie équatoriale du Mexique, •l'ai souvent fixé , dans d'autres ouvrages , l'attention des botanistes sur ce phénomène extraordinaire de la Géographie des plantes. I^es pins (Pinus occiden- talis) ne se trouvent pas dans les Petites- Antilles ; selon M. Robert Brown, pas même à la Jamaïque (entre 1 7° ^ et 1 8° i de latitude) , malgré l'élévation du sol de cette île dans les Montagnes Bleues. On ne commence à les voir que plus au nord, dans les montagnes de Saint-Domingue et dans toute l'île de Cuba ", qui s'étend entre les parallèles de 20° et 23°. Ils y acquièrent 60 à 70 pieds de haut; et, ce qui est bien remarquable , le Cahoba'' (acajou) et les Pins végètent à l'île des ' Gallesio, p. 55. ^ M. Barataro, le savant élève du professeur Balbis, que j'ai consulté sur les slatinns tlu Pinus occidentalis de Saint-Domingue m'a assuré que, près du Cap Samana (lat. 19° i8'J, il a vu cet arbre dans la plaine, au milieu des autres végétaux de la région chaude, et qu'en général à Saint-Domingue et à Porto-Rico on ne le trouve que sur des montagnes de moyenne hauteur , et non sur les plus élevées. Les Pins de Cuba et de l'île des Pinos , au sud Au Batabauo, sont, au rapport de tous les voyageurs, de véritables pins à cônes imbriqués semblables au Pinus occidentalis Swarz, et non (comme je l'avois soupçonné pendant quelque temps) des Podocarpus. D'ailleurs les premiers Espagnols qui visitèrent les Antilles ont quelquefois con- fondu les Pins et les Podocarpus, et un passage d'Herera (Decad. I, p. Sa) prouve indubitablement que les Pinos del Cibao , dont parloit Christophe Colomb après son second voyage, ctoicnt des Conifères à fruit raonocarpc, de vrais Podocarpus. « Estos Pinos mui altos, dit l'amiral , que no llevan pinas (des cônes de pin), son par tal orden comptiestos por natnraleza que parccian aceiUnias del Alxarufe de Sevilla. » J'ai déjà fait remarquer, en offrant la première description du BerthoUetia , d'après Laet (Tom. II, p. 558), combien étoient naïves et caractéristiques les descriptions des anciens voyageurs qui n'avoient pas la manie d'employer des termes techniques dont ils ignoroient la valeur. Les pins des iles de Guanaja et de Rattan (par les i(i° i de latitude), qui servent à faire des mâts, sont-ils des Podocarpus ou du genre Pinus.' (Herera, Dec. I, p. i3j ; Lael, Orb. Nov., p. 34i ; Juarros, Hist. de Guatemala, Tom. II, p. 169; Tuckey , Maritime Geography , Tom. IV, p. 294). Nous ignorons si le nom de l'île de Pinos, située par 8° 5;' de latitude à l'est de Por'obelo, se fonde sur une erreur des premiers navigateurs. Dans l'Amérique équi- nosiale, entre les parallèles de o" et 10", je n'ai même pas vu les Podocarpus descendre au-dessous de 1 100 toises de hauteur. •^Swieteni Mahagony L. CHAPITRE XXVIII. 3'J'J Pinos , clans la mènae plaine. Vers le sud-est de l'ile de Cuba , on trouve aussi des pins sur la pente des Montagnes de Cuivre là où le sol est aride et sablonneux. Le pla- teau intérieur du Mexique est couvert de cette même espèce de Conifère ; du moins les échantillons que nous avons rapportés , M. Bonpland et moi , d'Acaguisotla , du Nevado de Toluca et du Cofre de Perote , ne paroissent pas différer spécifique- ment du Pinus occidentalis des Antilles décrit par Svvartz. Or, ces pins que nous voyons au niveau de l'Océan, dans l'île de Cuba, par 20° et 22° de latitude, et qui appartiennent seulement à la partie méridionale de cette île, ne descendent pas sur le continent mexicain entre les parallèles de 17° j et ig° i au-dessous de 5oo toises de hauteur. J'ai même observé que , dans le chemin de Perote à Xalapa , dans les montagnes orientales opposées à l'île de Cuba, la limite des pins estgSS toises; tandis que dans les montagnes occidentales , entre Chilpanzingo et Acapulco , près de Quasiniquilapa , deux degrés plus au sud , elle est de 58o t. , et peut-être sur quelques points, même de 45o t. Ces anomalies de stations sont très-rares sous la zone torride, et tiennent vraisemblablement moins à la température ' qu'à la nature du sol. Dans le système des migrations des plantes , il faut supposer que le Pinus occidentalis de Cuba soit venu du Yucatan avant l'ouverture du canal entre le cap Catoche et le cap Saint-Antoine , et non des États-Unis , si riches d'ailleurs en Conifères; car, dans la Floride, l'espèce dont nous traçons ici la géographie botanique n'a pas été découverte. .Te consignerai ici le détail des oLservallons de température faites à l'île de Cuba : Observations d'Uraiay. MOIS. 1796. F. '797- F. .798. F. '799- F. MOYENNES en degrés centés. Janvier. . . . Février Mars Avril; Mai Juin Juillet Aoûl Septembre.. Octobre. . . . Novembre.. Décembre. . 65» ?■ 74 78Ï So 82 y, srr 81 7S -5 63 64" btj H 6S 77 81 80 84 s,% 75 X 70 '7% 6S° 69 6» y. 70" i.1 85 8a 80 79Ï 7' 60 63 64 68 76 85 Oi 59 i8- .9.5 19,3 ai,i a4,7 27,8 28,6 28,4 26,4 24,5 20,6 16,7 Moyenne de l'année. 75%2 f0%2 74°,= 7'">4 aS-.o > f-'oyez un lableauqui offre les stations des Conifères et des Amentacées, avec l'indication des températures qu'elles requièrent dans les Nov. Gen. et Spec, Tom. II , p. 26. On ne trouve point encore de pins autour des Xalapa sur la pente orientale du plateau mexicain , à 700 toises de hauteur , quoique le thermomètre y descende au-dessous de 12° cent Relation historique, Tom. III. 48 378 LIVRE X. Le village d'Ubajay est situé , comme il a été dil plus haut , à 5 lieues marines de distance de la Havane, sur un plateau qui a 38 toises de hauteur au-dessus du niveau de la mer. La moyenne partielle de décembre 1795 a été 180,8 cent.; celles de janvier et de février 1800 se sont élevées de |5°,8 à i8°,9 (Ther- momètre de la construction de Nairne). Obs. de la Havane. MOIS. i8oo. Th. cent. UOYBnifB de 1810-1813. Janvier. .. . Févriei Mars Avril Mai Juin. ... *.. Juillet AoAt Septembre.. Octobre. . . . Novembre. . Décembre. . 31. 1 33.7 35.5 3o 0 3o.3 38.5 36. 1 36.6 33.3 23.8 31-. 1 33. 3 3i.5 36. 1 38.1 38.4 38.5 38 8 37.8 36.4 34.2 32. 1 Moyenne... 35.7 «5.7 UoÀjAr, intérieur HiVAltB , Cumiua , de l'ile de Cuba côtes. lat. 10» 27' Déc.-Féï i8<'.o CCDI .i°.8 36*. 9 Mars-Mai 31.7 36 2 38.7 Juin-Août. .. . 38.3 28.5 37.8 Sept.-Nov 23.8 36.1 26.8 Temp. moy... 33.9 35.7 37.6 Mois le plus froid 16. 7 31. 1 36.3 chaud 28.6 38.8 39.1 Rome, Ut. 4i° 53' t. raoy. iS'.S. Moi» le plu» chaud 35»,o froid 5",7 Ce sont de véritables moyennes déduites des maxima et minima de chaque jour ; cependant les résul- tats de Don Antonio Robredo , faites au village d'Ubajay et à la Havane ( 1 800 ) , sont peut-être de quelques dixièmes trop forts, trois observations diurnes (de j"" du matin, de midi et de 10' du soir) ayant été simultanément employées. Les moyennes de M. Ferrer , auquel nous devons les observations des trois années 18 10, 181 1 et 1812 (Foye0 plushaut, Tom. HI, p. 3o4), sont ce que nous avons de plus précis sur le climat de la Havane , les instrumens de cet habile navigateur ayant été mieux exposés que les instru- mens de M. Robredo pendant les dix mois de 1800. Ce dernier observateur remarque lui-même « que, dans son appartement à la Havane , le courant d'air n'étoit pas assez libre ( pieza no mvy veniilada) , tandis que l'exposition à Ubajay étoit telle qu'on pouvoit la désirer, un lugar abierlo à todos vienios , pero cubierto contra el sol y la lluvia. Dans la dernière moitié du mois de décembre 1800, j'ai vu le thermomètre centigrade presque toujours entre les 10° et i5°. En janvier, U baissa, à la Hacienda del Rio Blanco, jusqu'à 7°,5. L'eau a été trouvée quelquefois gelée à quelques lignes d'épaisseur dans la campagne, près de la Havane , à une hauteur de 5o toises au-dessus du niveau de l'Océan. Cette observation m'a été communiquée en 1801 par un excellent observateur, M. Robredo; elle a été répétée au mois de décembre 1812, après que d'impétueux vents du nord avoient soufflé presque pendant un mois. Comme en Europe il tombe de la neige lorsque dans les plaines la température t:X de quelques degrés au-dessus du point de la congélation, on doit être doublement surpris que, nulle part dans l'ile, pas même sur les Lomas de San Juan, ou sur les hautes montagnes de la Trinidad , on ait vu tomber de la neige. On ne connoit, sur le sommet de ces montagnes et de celles del Cotre, que la gelée blanche {escarcha). On diroit qu'il faut d'autres conditions que celles d'un abaissement rapide de la température dans les hautes régions de l'air pour produire des chutes de neige et de grêlons. Nous avons déjà indiqué plus haut que ces derniers ne se voient (Tom. H, p. 272; Tom. HI, p. 517) jamaisà Cumana, et si rarement à la Havane , qu'on ne les observe, pendant des explo- sions électriques et avec des coups de vent du SSO., que tous les quinze à vingt ans. Sur les côtes de la Jamaïque, à Kingston, on cite comme un phénomène extraordinaire ' d'avoir vu baisser le thermo- mètre, au lever du soleil, à 20'',5 (6g° F.). Dans cette île, il faut s'élever, sur les Montagnes Bleues, à n5o toises, pour le voir (en août) à 8°,3 : aussi à Cumana , par les )0° de latitude, je n'ai pas vu le « Edaardt, Hist. oftheBril. Cotoniet , 1793, Vol. I, p. i83. CHAPITRE XXVIII. 379 thermomètre au-dessous tle 20°,8 (Vol. Ill, p. 3i5). Les diangemens de température sont assez brusques à la Havane : en avril i8o4, les variations étoient, en trois heures, à l'ombre, de 32°, a à 230,4 , par con- séquent de g" cent., ce qui est très-considérable pour la zone torride, et le double de changement qu on éprouve plus au sud, sur la côte de Colombia. A la Havane (lat. 22° 8'), on se plaint du froid, lorsque la température descend rapidement à 21°; à Cumana (lat. 10" 28'), lorsqu'elle descend à 23° (Tom. III, p. 3i5). L'eau qui avoit été exposée à une forte évaporation, et que l'on regardoit comme très-fraiche à la Havane , en avril i8o4 , étoit à 24°,4 (19°, 5 R.) , tandis que la température moyenne du jour s'élevoit à 29°, 3 (Tom. III , p. 317). Pendant les trois années d'observations de M. Ferrer (1810-1812), le thermo- mètre n'a jamais été au-dessous de i6'',4 (le 20 février 1812), ni au-dessus de 30° (le 4 ^oùt de la même année). Je l'ai vu déjà, en avril (1801) , à 32°,2, mais une longue suite d'années se passent sans que la température de l'atmosphère s'élève une seule fois à 34° (27°,2 R.) , extrême que, dans la zone tem- pérée, elle dépasse encore de 4° centésimaux (Tom. III, p. 5i5). Il seroit très-intéressant de réunir de bonnes observations sur la chaleur de l'intérieur de la terre, à l'extrémité de la zone tropicale. Je l'ai trouvée dans des cavernes de roche calcaire, près de San Antonio de Beitia et aux sources du Rio de la Chorera, entre 22" et 23» {Rec. d'Obs. astr. , Tom. I,p. i54); M. Ferrer l'a trouvée, dans un puits de 100 pieds de profondeur, de 24°,4- Ces observations, qui peut-être n'ont pas été faites dans des circonstances assez favorables , indiqueroient une température de la terre au-dessous de la température moyenne de l'air qui, à la Havane, sur les côtes, paroît de 25°,7 ; dans l'intérieur de l'île, à 4o toises d'élévation, de 23°. Ce résultat est peu conforme à ce que l'on observe partout sous les zones tempérée et glaciale. Les courans qui, à de grandes profondeurs, portent l'eau des pôles vers les régions équatoriales, diminuent-ils la température de l'intérieur de la terre dans des îles de peu de largeur? Nous avons déjà traité cette question délicate en rapportant les expériences faites dans la caverne du Guacharo, près de Caripe. [Rel. hist., Tom. I, p. 4" et 43i0 Cependant, dans les puits de Kingston et de la Basse-Terre de la Guadeloupe, on assure avoir vu le thermomètre à 27°,^ ; 28°,6 et 27°,2 , par conséquent à une température au moins égale à la température moyenne de l'air dans ces mêmes lieux. Les grands abaissemens de température , auxquels sont exposés les pays situés à l'extrémité de la zone torride , sont lies à des oscillations du mercure dans le baromètre cjue l'on n'observe pas dans les régions plus rapprochées de l'équateur. A la Havane , comme à la Vera-Cruz , la régularité des variations qu'éprouve , à certaines heures , la pression de l'atmosphère , est interrompue pendant que les vents du nord soufflent avec violence. J'ai observé en général que , lorsque le baromètre , à l'ile de Cuba , se soutenoit, pendant la brise ,ko^,']65, il baissoit avec le vent sud à o°','j56, et même au-dessous. Nous avons déjà fait remarquer ailleurs que les moyennes barométriques des mois où le baromètre est le plus haut (décembre et janvier) diffèrent des moyennes des mois oii le baromètre est le plus bas ( août et septembre ) , de 7 à 8 millimètres , c'est-à-dire presque autant qu'à Paris, et 5 à 6 fois plus qu'entre l'équateur et les io<^ de latitudes boréale et australe. 38o LIVRE X. Moyennes de décembre ... . 00,76656 par as",! cent, de température. janvier 0.76809 21.2 juillet 0.76453 28.5 août 0.76123 28.8 Pendant le cours des trois années (18 10-18 12) dans lesquelles M. Ferrer a pris ces moyennes ', les différences extrêmes des jours où le mercure s'est élevé ou abaissé le plus dans le baromètre ont excédé 3o millimètres. Pour faire entrevoir la marche des oscillations accidentelles dans chaque mois , j'ajouterai ici , d'après les notes manuscrites de Don Antonio Roljredo , le tableau ''■ des observations de 1801 exprimées en centièmes de pouces anglois. MAXIMA. Janvier 3o'",35 Février 3o . 58 Mars 5o.4' Avril 3o.39 Mai 3o . 44 Juin 3o.36 Juillet 5o.58 Août 3o. 26 Septembre.. . . 3o. 18 Octobre 3o.i6 Novembre .... 3o . 1 8 Décembre .... 3o . 26 MIKIMA. MOYENNES. 29i«96 3o'»,24 3o.oi 30.26 3o.20 3o.32 3o.32 3o.35 5o.38 30.39 3o.55 3o.34 29.63 3o.22 3o. 12 3o. 16 29.82 3o.i2 3o.o4 3o.o8 30.09 3o. 12 3o.02 3o.o8 TE>rV. MOY. lA^SR. i5.6 i5.5 17.3 '9-4 32 . 3 23.4 32.8 21 .0 18.6 16.5 ■ 2, 1 Les ouragans sont beaucoup plus rares dans l'île de Cuba qu'à Saint-Do- mingue , à la Jamaïque et dans les Petites- Antilles , situés à l'est et au sud-est du Cabo-Cruz : car il ne faut pas confondre les coups de vent du nord très-violens {los nortes) avec les uracanes qui sont le plus souvent du sud-sud-est et sud- sud-ouest. A l'époque où je visitai l'île de Cuba, il n'y avoit pas eu, depuis le mois d'août 1794, d'ouragan proprement dit, car celui du 2 novembre 1796 étoit assez foible. La saison de ces mouvemens subits et effrayans de l'atmosphère pendant lesquels le vent souffle de tous les points de la boussole , et qui sont accompagnés souvent d'éclairs et de grêle, est, à Cuba, la fin du mois d'août, le * Voyez plus haut, Tom. III, p. 109. Dans ce tableau, les moyennes des mois sont les véritables moyennes tirées des maxima et minima de chaque jour. Les extrêmes du mois indiquent les hauteurs barométriques de deux jours où le baromètre a été le plus haut ou le plus bas. Les hauteurs ne sont pas réduites à zéro de température , et le niveau de la cuvette n'a pas été rectifié, le tableau ne devant offrir que les différences des extrêmes dans chaque mois, et non des hauteurs moyennes alisolues. CHA.PITrvE XXVIII. 38l mois de septembre , et surtout le mois d'octobre. A Saint-Domingue et dans les lies Caraïbes, ce sont les mois de juillet, d'août, de septembre et la mi-octobre qui sont redoutés par les navigateurs. La plus grande fréquence des ouragans y est au mois d'août , de sorte que le phénomène se montre plus tard , à mesure qu'on avance vers l'ouest. En mars , il y a aussi quelquefois à la Havane des coups de vents très-impétueux du sud-est. On ne croit plus dans les Antilles à la pério- dicité régulière des ouragans '5 de 1770 à 1795, il y en a eu, dans les îles Caraïbes ,17; tandis que , de 1 788 à 1 8o4 , il n'y en a pas eu un seul à la Marti- nique. La même île en comptoit 3 pendant le courant de l'année 1642. Il est digne d'être noté qu'aux deux extrémités de la longue chaîne des Antilles (aux extré- mités SE. et NO.) , les ouragans sont plus rares. Les îles de Tabago et de la Trinité ont l'avantage de n'en jamais éprouver les effets ; et à Cuba , les violentes ruptures de l'équilibre atmosphérique sont très-rares. Lorsqu'elles ont lieu , elles exercent leurs ravages plus sur mer qu'en dévastant les habitations , plus sur la côte sud et sud-est que vers le nord et nord-ouest ^. Déjà , en 1527, la fameuse expédition de Pamfilo Narvaez fut en partie détruite dans le port de la Tri- nidad de Cuba. Je vais consigner ici, d'après les notes manuscrites de M. le capitaine de vaisseau Don Tomas de Ugarte, la marche du baromètre pendant l'ouragan du 37 et du 28 août 1 794 qui causa la perte de beaucoup de navires dans la baie de la Havane. jS août.. (Temp. moyenne 85s8 Fahr. ) 26 août (Temp. moy.88°) le""... 20. . . . midi. . 4-... 27 août. (Temp. moy.8i° 28 août. 7 8.... 10. . . . 10;^... II.. . . minuit. i3.. . . ',04 o3 02 02 minuit. 01 16'.... So.oo 20. . . . 00 midi. . 00 4.... 29-99 minuit. &8 iGK... 29.95 18.... 94 20. . . . S° 23. . .. 89 midi.. 86 2. . .. 84 4.... 82 6.... 80 80 79 77 76 7î 69 C3 29.59 58 28 août iS'Jj. . 14. ■•, là'/.... i5.. .. .5^... 26.... (Temp.moy.SJ") 18 19... 30. ■ . 20%.. 21.. ■ 22,. . 22%.. midi. 1. . . 2'i.. 2SV'>,Sy 56 54 53 5o 5i 52 54 59 65 67 70 II 79 82 83 84 87 89 90 96 3a. 01 ' Foi/ez la discussion de ce phénomène important dans VHist. phys. des Antilles, Tom. I, p. 323, 35o , 355, 576, 587. - Cette difiërence entre les deux côtes s'observe aussi à la Jamaïque. 38: LIVRE X. L'ouragan a commencé le 27 au matin ; sa force a augmenté à mesure que l'on voyoit baisser le baro- mètre: il a fini le 28 dans la soirée. Nous avons déjà rapporté plus haut que M. Ferrer a vu , le 25 oc- tobre 1810, par un vent furieux, du SSO. , baisser son baromètre (qui donnoit par 26" cent, de température pour la hauteur moyenne de l'année 763°",7i) jusqu'à 744°°>7a par 24° cent. J'aurois pu citer , parmi les causes de l'abaissement de la température pendant les mois d'hiver , le grand nombre de bas-fonds dont l'île de Cuba est entourée , et sur lesquels la chaleur est diminuée de plusieurs degrés de température centési- male , soit par les molécules d'eau localement refroidies qiii vont au fond , soit par les courans polaires qui se portent vers les abîmes de l'Océan tropical , soit par le mélange des eaux du fond et de la surface aux accores des bancs ' : mais cet abaissement de température est en partie compensé par le fleuve d'eau chaude {gidf- streani) qui longe les côtes nord-ouest , et dont la vitesse diminue souvent par les vents du nord et du nord-est. La chaîne de bas-fonds qui accompagne les contours de l'île , et qui paroît sur nos cartes comme une pénombre , se trouve heureuse- ment interrompue sur plusieurs points , et ce sont ces interruptions qui offrent au commerce un libre accès vers la côte. En général , les parties de l'île les plus exemptes de dangers (récifs, bancs de sable, érneils) sont, au sud-est, entre le Cabo-Cruz et la Punta Maysi (72 lieues marines); et, au nord-ouest, entre Matanzas et Cabanas (28 1.). Dans la partie sud-est, la proximité des hautes montagnes primitives rend la côte plus accore : c'est là que se trouvent les ports de Santiago de Cuba , de Guantanamo , de Baitiqueri et (en tournant la Punta Maysi) de Baracoa. Ce dernier port est l'endroit le plus anciennement peuplé par les Européens. L'entrée du Vieux Canal , depuis Punta de Mulas , à rONO. de Baracoa , jusqu'au nouvel établissement qui a pris le nom de Puerto de las Nuevitas del Principe , est également libre de bancs et de brisans. Les navigateurs y trouvent d'excellens mouillages un peu à l'est de la Punta de Mulas , dans les 3 anses de Tanamo, de Cabonico et de INipe ; à l'ouest de la Punta de Mulas, dans les ports de Sama, du Naranjo, del Padre et de Nuevas Grandes. Près de ce dernier port , et , ce qui est assez remarquable , à peu près dans le même méridien où commencent , sur la côte méridionale de l'île , les bas-fonds de Biiena Esperanza et de las doce léguas., prolongés jusqu'à l'île des Pinos, commence la série non interrompue des Cayes du Vieux Canal : elle s'étend, sur une longueur de 94 lieues , de Nuevitas à la Punta Icacos. Vis-à-vis de Cayo Cruz et de Cayo Romano , le Vieux Canal est le plus étroit ; sa largeur est à peine de • Foyez plus haut, Tom. I, p. 55, 228; Toni. II, p. ^g. CHAPITRE XXVIII. 383 5 k 6 lieues. C'est sur ce point aussi que le Grand Banc de Bahama prend le plus de développement. Les Cayes les plus rapprochées de l'île de Cuba et les parties du Banc qui ne sont pas couvertes d'eau (Long Island , Eleuthera) ont , comme Cuba même , une forme très-alongée. Une ile plus grande qu'Haïti se présenteroit à la surface de l'Océan , si celle-ci s'abaissoit seulement de 20 à 3o pieds. La chaîne de récifs et de cayes qui borde , vers le sud , la partie navi- gable du Vieux Canal , laisse , entre elle et la côte de l'île de Cuba , de petits bassins sans brisans qui communiquent avec plusieurs ports à bon mouillage ^ comme ceux de Guanaja , Moron et Remedios. Après avoir débouqué par le Vieux Canal, ou plutôt par le Canal de Saint- Nicolas , entre la Cruz del Padre et le banc des Cayes de Sel , dont les plus basses offrent des sources d'eau douce ', on trouve dç nouveau, depuis la Punta de Icacos jusqu'à Cabanas , les côtes libres de dangen-. Elles offrent , dans cet intervalle , les mouillages de Matanzas , de Puerto Escondido , de la Havane et du Mariel. Plus loin , à l'ouest de Bahia Honda , dont la possession pourroit tenter quelque puissance maritime ennemie de l'Espagne , recommence de nouveau une chaîne de bas-fonds {bajos de Santa Isabel y de los Colorados) qui s'étend sans interruption jusqu'au cap Saint-Antoine. De ce Cap jusqu'à Punta de Piedras et la Bahia de Cortez, la côte est presque accorv, et ne porte pas la sonde au large; mais entre Punta de Piedras et le Cabo Cruz , presque toute la partie méridionale de Cuba est entourée de bas-fonds dont l'île de Pinos n'est qu'une portion non recouverte d'eau, et qui sont connus à l'ouest sous le nom de Jardins du Boi {Jardines y Jardinillos) ; à l'est , sous celui de Cayo Brelan , Cayos de las doce léguas et Bancos de Buena Esperanza. Dans tout ce contour méridional , la côte n'est exempte de (/«/7^er^ que depuis l'Anse des Cochinos jusqu'à l'embouchure du Rio Guaurabo. Ces parages offrent une navigation assez difficile : j'ai eu occa- sion d'y déterminer la position de plusieurs points en latitude et en longitude , pendant la traversée du Batabano à Trinidad de Cuba et à Garthagène des Indes. On diroit que la résistance qu'offrent aux courans les hautes terres de l'île des Pins et le prolongement extraordinaire du Cap Cruz ont favorisé à la fois l'accimiulation des sables et le travail des coraux saxigènes qui prospèrent ' Cayos del Agua (lat. a3° 58', long. 82° 36') , sur la Placer de los Roques ou del Cayo de Sal. Je place le Cayo del Agua un peu plus à l'ouest que fait le capitaine Steetz, dans les cartes intéressantes qui accom- pagnent V Instruction nautique sur les Passages à Vile de Cuba, i825, p. 55, où l'on fait le Morro de la Hayane 84° ^9' et le Pan de Matanzas 85° 58' ; tandis que M. Ferrer les trouve , par des moyens qui mé- ritent toute confiance, 84° 4^' 44" et 84" 3' 13". 384 LIVRE X. dans les eaux tranquilles et peu profondes. Dans ce développement de côtes méri- dionales de 145 lieues de long, il n'y a que i dont l'accès soit entièrement libre entre Cayo de Piedras et Cayo Blanco , un peu à l'est de Puerto Casilda. C'est là que se trouvent des mouillages souvent fréquentés par de petites embar- cations j tels que le Surgidero del Batabano , la Bahia de Xagua et Puerto Casilda ou Trinidad de Cuba. Au-delà de ce dernier port , vers l'embouchure du Rio Cauto et le Cabo Cruz (derrière les Cajos de doce léguas) , la côte remplie de lagons est peu accessible et presque entièrement déserte. Voici les notions les plus précises que j'ai pu réunir sur la position des ports de l'île de Cuba : A Cest de Cabo Cruz (lat i9°47' 16", long. 80» 4' 1 5"): Santiago de Cuba (lat. 19° Sy' 29", long. 78<>i8') ; Bahia de Guanfanamo (lat. 19° 54', long. 77° 56'); Puerto Escondido (lat. 19° 54' 55", long. 77' 24")» Baitiqueri (lat. 20° 2', long. 77° 1 2' ). Au nord-ouest du cap Jtfat/si ( lat. 20° 16' 40", long. 76° 5o' 25" ): Puerto de Mata ( lat. 20° 17' lo", long. 76° 4^') ; Baracoa ( lai. 20° 20' 5o", long. 76" 5o' ) ; Maravi ( lat. 20» 34' 11", long. 77° 17'); Puerto de Navas (lat. 20° 29' 44", long- 77° 20'); Cayaguaneque ( lat. 20° 3o', long. 76° 56'); Taco (lat. 20" 5i' 17", long. 77° o'); Jaragua (lat. 20» 52' 44", long. 77" 5'); Puerto de Cayo Moa (lat. 20" 42' "S", long. 77° 14' ); Yaguaneque (lat. 20" 42', long. 77° 22' ); Cinanova ( lat. 20° 41' 5o", long. 77° 24' ); CeboUas (lat. 20" 41' 52", long. 77" 28' ); Tanamo ( lat. 20° 42' 41", long. 77° 37'}; Puertos de Cabonica y Livisa (lat. 20° 42' n", long. 77° 46') j Nipe (lat. 20° 44' 4o", long. 77° 5i'); Banes (lat. 20° 52' 5o", long. 78°!'). Au nord-ouest de Punte de J/?Ia carte de l'île de Cuba , quelque imparfaite qu'elle soit pour l'intérieur, est encore la seule sur laquelle on puisse trouver les lô ciudades et 7 villas qui font l'objet des divisions que je vieus de faire connoitre. La limite entre les deux cvêchés ( linca divisorta de los dos obispados de la Havana y de Santiago de Cuba) se dirige deremboucliure de la petite rivière de Santa Maria (long. 8o'>49')> ^""^ ^* '^ôte méridionale, par la paroisse de San Eugenio de la Palma, par les haciendas de S. Ana , dos llernianos, Copey et Cicncga, vers la Punta de Indas (long. 80° 46' ), sur la cOte septentrionale, vis-à-vis le Cayo Romano. Pendant le régime des Cortès d'Espagiie,on étoit convenu que cette limite ecclésiastique seroit aussi celle des deux Deputaciones provin- ciales de la Havane et de Santiago. ( Guia Constitucional de la isla de Cuba 1822, p. -9. ) Le diocèse de la Havane cmljrasse 4o , celui de Cuba 22 paroisses. Établies dans un temps où la majeure partie de l'île étoit occupée par des fermes à bétail ( haciendas de ganado) , ces paroquias ont une étendue tiop vaste et peu adoptées aux besoins de la civilisation actuelle. L'évccbé de Santiago de Cul)a renferme les 5 ciudades du Baracoa , Cuba , Holguin, Guiza, et Puerto Principe et la Villa de Bajamo. Dans l'évccbé de San Cristobat de la Havana on compte les 8 ciudades de la Havane, Santa Maria del Rosario, San Antonio Abad ou de los * Documentos nohre el trafico de los Negros 1814, p. 1 27, 1 3o. CHAPITRE XXVIII. 887 Uaùos, San Felipe y Santiago ciel Bejucal, Matanzas, Jaruco, La Paz et Trinidad, et les 6 Villas de Guanabacoa, Santiago de las Vegas ou de Compostela, Santa Clara, San Juan de les Remédies, Sanlo Espiritu et S. Julian de los Guines. La division tcnitorialc la plus usitée et la plus populaire, parmi les liahitans de la Havane, est celle de vuclta de arriba et de abaxo à l'est et à l'ouest du méridien de la Havane. Le premier gouver- neur de l'île qui prit le titre de Capitaine général ( lOoi ) , fut Don Pedro Valdes. Avant lui , on comptoit lO autres gouverneurs dont la série commence par le fameux Pobtador et Conquistador , Diego Valasqxiez, natif de Cuellar , que l'amiral Colomb avoit désigné en 1 5 1 1 . Population. — Nous venons cl'examinei' l'étendue, le climat et la constitution géologique d'un pays qui ouvre un vaste champ à la civilisation humaine. Poui apprécier le poids que, sous l'influence d'une nature si puissante, la plus riche des yVntilles pourra mettre un jour dans la balance politique de l'Amérique insulaire , nous allons comparer sa jjopulation actuelle avec celle que peut nourrir un sol de 36oo lieues carrées marines , en grande partie vierge, et fécondé par les pluies tropicales. IVois dénombremens s'uccessifs, d'une exactitude très-inégale, ont donné en 1 r j5 une poindation do. . , i ^0,862 1791 272,140 1817 630,980 D'après la dernière évaluation , dont les détails seront exposés plus bas , il y avoIt igojoai blancs; iiSjGqi libres de couleur, et 225,268 esclaves. Ces résultats se trouvent assez conformes au travail intéressant que la Municipalité de la Havane avoit soumis , en 1 8 1 1 , aux Corlès d'Espagne , et dans lequel on s'arrètoit approxi- mativementà 600,000, dont27450*^o blancs, i i4,ooo affranchiset 2 1 2,000 esclaves. En réfléchissant sur les omissions diverses du dernier dénombrement de 1817, sur l'introduction des esclaves (la douane de la Havane en a enregistré , dans les seules trois années 1818, 1819 et 1820, plus de 4I5O00); et, sur l'accroissement des libres de couleur et des blancs que donne la comparaison des dénombremens de i8ioet 1817 dans la partie orientale de l'île, on trouve qu'il y avoit dans l'île de Cuba, à la fin de 1825, probablement déjà : Libres. ... 455, ooo blancs 525,ooo libres de couleur i jo,ooo Esclaves 260,000 Total 71 5,000 La population de l'île de Cuba est par conséquent aujourd'hui très-peu différente de celle de toutes les Antilles Angloises , et elle est presque double •^88 LIVRE X. de celle de la Jamaïcpe. Le rapport des diverses classes d'habitans groupés d'après leur origine et 1 état de leur liberté civile , offre les contrastes les plus frappans dans les pays dans lesquels l'esclavage a jeté des racines très-profondes. Le tableau qui indique ces rapports peut faire naître les plus graves réflexions. ANTILLES COUPASSES EnTBB ELLBS et AUX ÉTATS DTJ CONTINENT. Ile de Cuba Jamaïque Tontes les Antilles an- gloiàes Tout l'archipel des Antilles États-Unis de l'Amé- rique du Nord. . . . Brésil POPULATION 715,000 402,000 776,500 2,843,000 10,525,000 4,000,000 525,000 25,000 7i,jao 482,600 8,575,000 920,000 LIBRES de couleur, mulâtres et noirs. l3o,000 35,000 78,550 1,212,900 285,000 1,020,000 DISTRIBUTION des CLASSES. Blancs o,46 Libres de coul. o,i8 260,000/ E5t,|3,,ç5 ^,56 Blancs 0,06 I Libres de coul. 0,09 342,000(Eselaïes o,85 1,00 iBlancs 0,09 I Libres de coul. o,iO 626,800 E5cl„ej o_8i Blancs t.. 0,17 I Libres de coul. o,4^ 1, 147,500/ Es^la^çj „^4u , Blancs 0,81 I Libres de coul. o,d3 1,665,000/ Esjlj^es o,,6 1,00 [Blancs o,a3 I Libres de coul. 0,36 2,060,000; Esclaves o,5i On voit par ce tableau ' que , dans l'ile de Cuba , les hommes libres sont ^ de ' Ce tableau se rapporte à la fin de l'année 1 823 , il n'y a que la population de Cuba qui est de l'année 1 825. Si l'on admet pour Haïti 956,000 (Vol. III , p. 337), au lieu de 820,000, on aura, pour tout l'archipel des Antilles, 2,959,000 dont 1,529,000, ou -^ au lieu de --^ hommes de couleur libres. CHAPITRE XXVIII. 389 la population entière •; dans les Antilles angloises, à peine i^-. Dans tout l'archipel des Antilles , les hommes de couleur ( nègres et mulâtres , libres et esclaves ) forment une masse de 2,36o,ooo ou de fh de la population totale. Si la législa- tion des Antilles et l'état des gens de couleur n'éprouvent pas bientôt des change- mens salutaires , si l'on continue à discuter sans agir, la prépondérance politique passera entre les mains de ceux qui ont la force du travail, la volonté de s'affranchir et le courage d'endurer de longues privations. Cette catastrophe sanglante aura lieu comme une suite nécessaire des circonstances , et sans que les noirs libres d'Haïti s'en mêlent aucunement, sans qu'ils abandonnent le système d'isole- ment qu'ils ont suivi jusqu'ici. Qui oseroit prédire l'inlhience qu'exerceroit une Confédéralion africaine des Étais libres des Antilles , placée entre Colombia , l'Amérique du Nord et Guatimala, sur la politique du Nouveau-Monde? La crainte de cet événement agit sans doute plus puissamment sur les esprits que les principes d'humanité et de justice 5 mais, dans chaque île, les blancs croient leur pouvoir inébranlable. Toute simultanéité d'action de la part des noirs leur paroît impossible; tout changement, toute concession accordée à la population servile, un signe de lâcheté. Rien ne presse : l'horrible catastrophe de Saint- Domingue n'a été que l'effet de l'inhabileté des gouvernans. Telles sont les illusions qui régnent parmi la grande masse des colons aux Antilles et qui s'opposent également aux améliorations de l'état des noirs en Géorgie et dans les Carolines. L'île de Cuba , plus que toute autre des Antilles , peut échap- per au naufrage commun. Cette île compte 4^^,000 hommes libres et 260,000 esclaves : par des mesures humaines et prudentes à la fois , elle pourra préparer l'abolition graduelle de l'esclavage. N'oublions pas que , depuis l'affran- chissement d'Haïti, il y a déjà dans l'archipel entier des Antilles plus d'hommes libres nègres et mulâtres que d'esclaves. Les blancs , et surtout les affranchis , dont il est facile de lier la cause à celle des blancs, prennent, à l'île de Cuba, un accroissement numérique très-rapide. Les esclaves diminueroient , depuis 1820, avec beaucoup de rapidité , sans la continuation frauduleuse de la traite. Si , par les progrès de la civilisation humaine et la volonté ferme des nouveaux états de l'Amé- rique libre , ce commerce infâme cesse tout-à-fait, la diminution de la population servile deviendra plus considérable pendant quelque temps , à cause de la dispro- portion qui existe entre les deux sexes , et de l'affranchissement qui continue ; elle ne ' En lyi^S, les hommes libres formoient dans la partie françoise de Saint - Domingue 0,1 5 (savoir, les blancs, 0,08 j les libres de couleur, o,o5 ) , et les esclayes, 0,87. ^gO LIVRE X. cessera que lorsque le rapport entre les décès et les naissances des esclaves sera tel que même les effets de l'affrancliissement se trouveront compensés. Les lilancs et les affranchis forment déjà près de deux tiers de la population totale de File , et leur accroissement masque aujourd'hui, dans cette population totale , du moins en partie, la diminution des esclaves. Parmi ces derniers, les femmes sont aux hommes , eu excluant les esclaves mulâtres, dans les plantations de cannes à sucre, à peine dans le rapport de i : 4 ; dans toute l'île, comme i : 1,7; dans les villes et les fermes où les nègres esclaves servent de domestiques ou travaillent à la journée ])our leur compte et pour celui du maître à la fois, comme i : 1,4 ; même (par exemple à la Havane ' ) comme i : 1,2. Les développemens qui suivent feront voir que ces rapjjorts se fondent sur des données numériques que l'on peut regarder comme des nomhirs limilcs du maxiiniim. Les pronostics auxquels on se livre trop légèrement sur la diminution de la popu- lation totale de l'île , à l'époque où la traite sera abolie en réalité et non seulement d'après les lois , comme depuis 1 820 ; sur l'impossibilité de continuer en grand la culture du sucre; sur l'époque prochaine où l'industrie agricole de Cuba sera restreinte aux plantations de café et de tabac et à l'éducation des bestiaux , se fondent sur des argumens dont la justesse ne me paroît pas sufiisammenl avérée. Ou oublie que les sucreries , dont plusieurs manquent de bras , et affoiblissent les nègres par de fréquens travaux fie nuit^ ne renferment que j de la totalité des esclaves , et que le problême du quotient de l'accroissement total de la popula- tion dans l'île de Cuba , à l'époque où l'introduction des noirs d'Afrique cessera entièrement, repose sur des élémens tellement compliqués, sur des compensations d'un effet si varié parmi les blancs , les affranchis et les esclaves cultivateurs , dans les plantations de canne à sucre , de café ou de tabac , parmi les esclaves attachés aux fermes à bétail et les esclaves domestiques ou artisans et jour- naliers dans les villes , qu'on ne doit pas hâter de si tristes présages , mais attendre que le gouvernement se soit procuré des données statistiques positives. L'esprit dans lequel ont été faits même les dénombremens les plus anciens, par exemple celui de 1775, par distinction d'âge, de sexe , de race et d'état de liberté civile, mérite les plus grands éloges. Il n'y a que les moyens d'exécution qui ont ■^ Il me paroît assez probable qu'à la lin de 1825, il existoit, de la population totale de gens de couleur (mulâtres et nègres, libres et esclaves ), à peu près 160,000 dans les villes, et 25o,ooo dans les champs. En 181 1 , le Consulado , dans un écrit présenté aux Certes d'Espagne, supposoit, dans les villes, 1 4 1,000 gens de couleur; dans les champs, i85,ooo. Documentos sobre los Negros,ip. 121. Cette grande accumulation de mulâtres et de nègres libres et esclaves, dans les villes, est un trait caractéristique de l'île de Cuba. CHAPITRE XXVIII. SqI manqué : on a senti que le repos des habitans est vivement intéressé à connoître partiellement les occupations des noirs , leur distribution numérique dans les sucreries , les fermes et les villes. Pour remédier au mal , pour éviter les dangers publics , pour consoler l'infortune dans une race qui souffre el qu'on craint plus qu'on ne l'avoue, il faut sonder la plaie; car il y a dans le corps social, dirigé avec intelligence, comme dans les corps organiques, des forces réparatrices qu'on peut opposer aux maux les plus invétérés. Pour l'année 1811 (époque à laquelle la Municipalité et le Tribunal de Com- merce de la Havane supposoient la population totale de l'ile de Cuba de 600,000 et celle de 826,000 hommes de couleur libres ou esclaves, mulâtres ou noirs), la répartition de cette masse dans les différentes parties de l'île , dans les villes el les campagnes , donna les résultats suivans , en s'arrètant non aux quantités- absolues, mais aux seuls rapports de chaque nombre partiel avec le nombre total des gens de couleur considéré comme unité. DIVISIONS TEnniTOniALES LIBRES CE.-VS de de de ESCLAVES. couleur, libres l'ilB DB CL'BA. couleur. et esclaves . I. Pabtie occidentale (Ju- ridiction de la Havane). dans les Villes... 0,11 o,uj; o,2%y. dans les Champs. 0,0 ijj 0,5/, u,j5v II. Partir obik.ntalb (Qua- tre Villas, Pucrto-l'rin- cipe, Cuba). dans les Villes.. . 0,1 1 "."9'î 0,20;; dans les Champs. Total 0,11 o.ioj; 0,2. 3< 0,54}! 0,65]^ >,00 Il résulte de ce tableau , bien susceptible d'être perfectionné par des recherches ultérieures , qu'eu 1 8 1 1 , presque \ des gens de couleur résidoient dans Ja Juridic- tion de la Havane, depuis le cap Saint-Antoine jusqu'à Alvarez; que, dans cette partie , les villes renfermoient autant de mulâtres et nègres libres que d'esclaves , mais que la population de couleur des villes étoil à celle des champs comme :2 : 3. Au contraire, dans la partieorientale de l'île , d'Alvarez à Santiago de Cuba et au cap Maysi , les gens de couleur , habitans des villes , égaloient presque 3q2 LIVRE X. en nombre ceux (jui étoient répartis dans les fermes. Novis verrons bientôt que, depuis i8i 1 jusqu'à la fin de iSaS , l'île de Cuba a reçu , dans toute l'étendue de ses côtes , par des moyens licites et illicites, i85,ooo nègres africains, dont la seule douane de la Havane a enregistré , de 1811 à 1820, près de 1 16,000. Cette masse nouvellement introduite a porté sans doute plus sur les campagnes que sur les villes : elle aura altéré les rapports que les hommes les plus instruits des localités ont cru pouvoir établir, en 18 n, entre la partie orientale et la partie occidentale de l'ile, entre les villes et les champs. Les nègres esclaves ont beaucoup augmenté dans les planlations de l'est 5 mais l'affreuse certitude que, malgré l'importation de 1 85, 000 negros bozales , la masse des gens de couleur libres et esclaves , mulâtres ou nègres n'a pas augmenté, de 181 1 à iS^S , de plus de 64,000 ou dei, fait voir que les changemens qu'éprouvent les rapports de distribution partielle, sont restreints entre des limites plus étroites qu'on ne seroit tenté de l'admettre d'abord. Nous avons vu plus haut qu'en supposant 71^,000 habitans (ce que je crois le nombre limite du minimum) , la population relative de l'île de Cuba est, à la fin de l'année 1826 , de 197 individus par lieue carrée marine; par conséquent presque deux fois plus petite que la populafion de Saint-Domingue, quatre fois plus petite que celle de la Jamaïque . Si Cuba étoit aussi bien cultivé que cette dernière île , ou , pour mieux dire , si la densité de la population étoit la même , Cubaauroit 36i5 x 874 ou 3, 159,000 habitans ', c'est-à-dire plus que l'on en compte aujourd'hui dans toute la république de Colombia ou dans tout l'archipel des Antilles. Cependant la Jamaïque a encore 1 ,914,000 acres non cultivés. Les plus anciens dénombremens officiels {padrones y ccnsos) dont j'ai pu avoir connoissance pendant mon séjour à la Havane , sont ceux qui ont été faits par ordre du marquis de la Torre (en 1 774 et 1 7^5) , et de Dou Luis de las Casas ' (en 1 791 )• On sait que dans l'un et dans l'autre on a procédé avec une négligence extrême, et » En supposant la population de Haïti de 820,000 , on trouve 334 ha'jitans par lieue carrée marine. En supposant gSG 000, la population relative est de 582. Les auteurs nationaux pensent que l'île de Cuba peut nourrir 7 7 millions d'iialntans. (Voyez Réel, dp Ion repr. de Cuba contra la ley de aranceles 1821, p. 9). Même dans cette hypothèse, la population relative n'égaleroit point encore celle de l'Irlande. Quelques géographes anglois donnent à la Jamaïque 4,090,000 acres, ou 534 1- C- marines. 3 Ce gouverneur a fondé la Société patriotique , la Juntadeagricultara y comercio, une bibliothèque publique, le Consulado, la Maison des pauvres filles {Casa de beneliciencia de ninas indigentes) , le Jardin botanique , une chaire de mathématiques et des écoles primaires gratuites {escuelas de primeras tétras). Il essaya d'adoucir les Ibrines barbares de la justice criminelle, et créa le noble emploi d'un defensor de pobres. L'embellissement de la Havane, l'ouverture du chemin des Guines, les constructions de ports et de digues, et, ce qui est bien plus important, la protection accordée à des écrits périodiques propres à vivifier l'esprit public, datent de la même époque. Don Luis de las Casas y Aragorti, capitaine général de l'ile CHAPITRE XXVIII. SqS qu'une granile partie de la population a pu se soustraire au recensement. Le Padron de 1775, dont l'abbé Raynal a déjà eu connoissance, donna pour résultat: Hommes bluncs 54,555 mulâtres libres 10,021 noirs libres 5,959 mulâtres esclaves 3,5i8 noirs esclaves 25,256 99.309 Femmes blancbes 40,864 mulâtresses libres 9iOo6 négresses libres 5,62g mulâtresses esclaves 2,206 négresses esclaves i5,356 71,061 Total, 1 70,370 dont la seule Juridiction de la Havane renfermoit 76,61 7. Je n'ai pas eu occasion de vérifier ces chiffres sur des pièces officielles. Le Padron de 1791 donna, et ce nombre est conforme aux registres , 272,141 babitans, dont i37,8oo dans la Juridiction de la Havane, savoir : 44,337 dans la capitale, 27,715 dans les autres ciudadas et villas de la Juridiction et 65,748 dans la campagne [pariidos del campo ). Les réflexions les plus simples font reconnoître ce qu'il y a de contradictoire dans les résultats ^ de ce travail. La niasse de 137,800 babitans de la Juridiction de la Havane y paroît composée de 73,000 blancs, 27,600 libres de couleur, et 37,200 esclaves; de sorte que les blancs seroient aux esclaves dans le rapport de 1 : o,5 au lieu des rapports de 1 :"o,83 que l'on observe depuis long-leinps dans la ville et dans les champs. En 1804, j'ai discuté, conjointement avec des personnes qui possédoieut une grande connoissance des localités, le dénom- brement de Don Luis de las Casas. En recherchant par des comparaisons partielles la valeur des quantités omises, il nous a paru que la population de l'île n'a pas dû être, en 1791, au-dessous de 562,700. Cette population a été augmentée de 1791 à 1804 du nombre de nègres (Joza^e*) qui s'élevoit , d'après les registres de la douane, pendant cette période, à 60,3.93 ; des émigrations d'Europe et de Saint-Domingue (5ooo) ; enfin de l'excès des naissances sur les décès assez petit dans un pays où j ou ^ de la population entière est condamné à vivre dans le célibat. L'effet de ces trois causes d'augmentation , en ne comptant qu'une perte annuelle de sept pour cent sur les negros bozales, fut évalué à 60,000; d'oO il résultoit , approximativement pour 1 804, un minimum ' de Cuba (1790-1796), naquit dans l'aldea de Sopuerta, en Biscaye. Il combattit avec la plus grande distinction en Portugal ,  Pensacola, en Crimée, devant Alger, à Mahon et à Gibraltar. Il mourut, ûgé de 55 ans, au Puerto Santa Maria, en juillet 1800. Voyez les précis de sa vie par Fray Juan Gonzalez (del Orden de Predicadores ) et Don Tomas Romay. ' Andréas Cavo dcvita Jos. Jul. Parefii Havanensis (Homœ , 179a), p. 10. Quelques copies porteat i5i,iSoau lieu de 137,800. ^ Dans ce nombre de 452,000, je comptois , pour i8o4: blancs, 334,ooo; libres de couleur, go,ooo ; esclaves, 108,000. (Le dénombrement de 1817 a donné 290,000 blancs, ii5,ooo libres de couleur et 2aS,ooo esclaves.) J'avois t'valué la popu- lation noire esclave, en comptant une production de 80 à 100 arrobes de sucre par tête de nègre dan» les sucreries et 82 esclaves pour la population moyenne d'un ^n^'cni'o. Il y avoit alors plus de 35o sucreries; et, dans les sept paroisses de Gua- najay, Managua, Batabano, Guines, Cano , Bejucal et Guanabacoa , on avoit trouvé, par un dénombrement exact, dans i83 yngenios , i5,i3o esclaves. (Expedicnle, p. i34. lleprcsenl. del Consutado de la Habana det 10 Julio 1799, manuscrit.) Le rapport de la production du sucre au nombre des nègres employés dans les sucreries est trés-dilEcile à constater : il y a des habitations où 3oo nègres produisent à peine 3o,ooo arrobes de sucre ; dans d'autres, i5o nègres fabriquent par an près de 27,000 arrobes. Le nombre des blancs peut Ctre contrôlé par celui des tnilicias dont il y avoit, on i8o4, de disclplinadas 2680 , de rurales 2i,S3i , malgré l'extrême facilité de se soustraire au service et les exemptions tans nombre accordées aux Belalion historique, Toin. III, 5o 394 LIVRE X. de 432,080. Le dénombrement de 1817 offre une population de 572,363, et ne doit aussi être considéré que comme un nombre limite au minimum; il justifie le résultat auquel je me suis arrêté en iSo-'i, et qui a été r.'pandu depuis dans beaucoup d'ouvrages de statistique D'après les seuls registres des douanes , il a été introduit, de 1804 à 1816, plus de 78,500 nègres. Les documens les plus importans que nous possédons jusqu'ici sur la population de l'île , ont été publiés à l'occasion d'une proposition célèbre faite dans l'assemblée des Corlès , le 2G mars 181 1 , par SIM. Alcocer et Arguelles contre la traite en général et contre la perpétuité de l'esclavage parmi les noirs nés dans les colonies. Ces documens précieux accompagnent, comme pièces justificatives, les représentations ' que Don Francisco de Arango , un des bommes d'état les plus éclairés et les plus profondément instruits de la position de sa patrie, fit aux Cortès, au nom de la Municipalité, du Consulado et de la Société patriotique de la Havane. On y rappelle « qu'il n'existe d'autre recensement général que celui qui fut tenté , en 1791 , sous la sage adminis- tration de Don Luis de las Casas, et que depuis cette époque on s'est borné à des dénoiubremens partiels dans quelques districts les plus peuplés. » Les résultats publics en 181 1, ne se fondent donc que sur ces données incomplètes et sur les évaluations approximatives de l'augmentation de 1 79 1 à 1 8 1 1 . On a adopté dans le taldeau suivant la division de l'île en 4 districts, savoir: 1° La Juridiction de la Havane , ou Partie occidentale , entre le Cap S. Antoine et Alvarez ; 2" la Juridiction des Quatro Villas , avec ces 8 paroisses , situées ù l'est d'Alvarez ; 3° la Juridiction de PueHo Principe , avec 7 paroisses ; 4° la Juridiction de Santiago de Cvba avec 1 3 paroisses. Les trois derniers districts comprennent la partie orientale de l'île. Population en 1811. DIVISIONS TBBEITORIALBS. BLAKCS. LJBHES DE COCLELfi. ESCLAVES. TOT.4I.. I. Pabtib OBISNTALE 1 1 3,000 4o,ooo 58,000 35,000 161,000 43,000 118,000 72,000 38,000 i4,ooo ÎOjOOO 42,000 37,000 1 5,000 65,000 32,000 18,000 1 5,000 147,000 aS,ooo 119,000 25o,O00 1 10,000 70,000 70,000 5Jo,ooo 98,000 iSiyOOO Jur. do Puerto Principe. Jur. dci Quatro Villas.. II. PaRTIB OCCIOE:fTALE Uavane et faubourgs.. . . Chanps Ile de Cuba 274,000 1 14,000 212,000 600,000 Abogados, Escribanos, ifedicos, Boticarios, ffolarios, Sacrislancs y Servienles dt Iglesia, Minislros de Esciiehi , Mayorala , Mercadorcs et tout ce qui se dit noble. Comparez Reflcxlonci de un Babanero sobre la independencia de etia nia, iSaS, p. 17. En 1S17, on comptoit d'hommes capables de porter les armes , entre i5 et 60 ans; 1» dans la classe libre, 71,047 blancs; 17,862 muUtres libres; 17,2/16 nègres libres (total d'hommes libres 106, i55); 2° dans la classe des esclaves, io,5o6 mulâtres et 75,393 noirs (total des esclaves 85,899 < "•'^' ''•^s libres et des esclaves, entre i5 et 60 ans, 192,054)- En prenant pour base les rapports des levées militaires à la population en France {Peuchet, Slal. , p. 245 , 247) , on trouve que celle évaluation de 192,054 snpposercit une population plus petite que 600,000. Les conlingens des trois classes de blancs, d'affranchis i:t d'esclaves sont comme les nombres 0,57; o,i8; 0.45; tandis que les populations do ces classes sont vraiscrablablemenl comme o,46; 0,18; o,36. * Represenlacion del 16 de Agoslo iSii , que por eMargo del Ayunlamienlo, Consulado y Sociedad pctrioltca de la Jlabana, liUo el Âlferez mayor de aquella ciudad, y se elevô a las Certes por los espresados cucrpos. Cette pièce se trouve imprimée parmi les Documentas sobre cl Irafico y esclaiilud de negros , 1814, p. 1-S6, que j'ai eu occasion de citer plus haut. Quelques résultais générau.t du travail de M. d'.Viango avuicnt déjà été publiés, en 1812, dans le Patriolade la Jlabana, Tom. 11, p. 291 CHAPITRE XXVIII. SgS Le rapport tles castes entre elles restera un problème politique d'une haute importance jusqu'à l'époque où une sage législation aura réussi à calmer des haines invétérées, en accordant une plus grande égalité de droits aux classes opprimées. En 1811, le nombre des blancs surpassoit, dans l'île de Cuba, de 62,000 celui des esclaves , tandis qu'il égalolt , à 5 près , le nombre des gens de couleur libres et esclaves. Les lancs qui étoient à la même époque dans les Antilles angloises et françoises , ~ de la population totale , en formoient à l'île de Culia les -f^. Les libres de couleur s'élevoient à ~, c'est-à-dire au double de ce qu'on en trouve à la Jamaïque et ii la Martinique. Comme le dénombrement de 1817, modifié par la Deptitacion Provincial n'a donné encore que 115,700 affranchis et 225j3oo esclaves, cette comparaison prouve, 1° que les affran- chis ont été évalués avec peu de précision , soit en 1811, soit en 1817, et 2° que la mortalité des nègres est tellement grande que, malgré l'introduction de plus de 67,700 nègres africains, enregistres dans les douanes, il n'y avoit, en 1817, que 1 5,3oo esclaves de plus qu'en 1811. Les décrets des Cortès (des 3 mars et 26 juillet i8i5), et la nécessité de connoître la population pour réunir lesjuntas électorales de provincia, de partido et de paroquias, engagèrent l'administration, en 1817, à substituer aux évaliiatiotis approximatives, tentées en 1 8 1 1 , un nouveau dénombrement. Je vais le consigner ici d'après une note manuscrite qui m'a été communiquée officiellement par des députés américains aux Cortès. On n'en a imprimé jusqu'ici les résultats que par extraits, soit dans les Guias de Forasteros de la Isla de Cuba ( 1822, p. 48, et 1825, p. io4) , soit dans la Reclamacion liecha contra ta ley de Aranceles ( 1821, p. 7. ) DÉNOMBREMENT DE 1817 ( EN EXCLUANT 68,617 TFANSEUNTES ET NÈGKES INTRODUITS DANS LA MÊME année). GRANDES DIVISIONS ÉTAT CIVIL LIBRES TEBaiTOHlALBS. PABTIDOS. PABOQDIA^. MILIT. ET ECCLiS. RLANCS. de ESCLAVES. TOTAL. [Provincias y Gobicrnos. ) DBS BLANCS. CODLBCB. I, PaOVlHCB DB LA HaVAKB 12 94 197,658 58,5o6 1 36,2 «5 392,077 a ) GobierDo politico de la Havann, lu 69 Civil. Ecclés. Milit. ia5,566 644 10,967 .35,177 40,419 112,122 b ) Gobierno de Matansas. 1 12 Civil. Ecclés. Milit. 9,5oi ; 10 1,106 10,617 1,676 9>594 c) Gobierno de Trinidnd avec le6 5 villasde SaotoEspiritu, Remedios et Villa Clara. 1 l5 Civil. Ecclés. Milit. 5o,332 Sa 1,452 5 1,864 16,411 a,497 11. PaOTJSCB OB Cdba 5 54 • > • . . . 59,722 57,185 60,079 •79.986 a ) Gobierno politico de Cuba avec les 3 Tenienc. de Baya- mo , Holguin et Barracoa. 4 28 Civil. Ecclés. Milit. 3o,5S7 '7' a.975 . 33,733 5o,23o 46,5oo b) Ten. Gobern. de Puerto Principe, 1 6 Civil. Ecclés. Milit. 24,83o 129 i,o3o 1 25,989 6,955 16,579 POPriAIJOl» DE l'iIE DB ClBA , d'après le censo de 1817.... "7 12S , ... 257,380 1 15,691 >99>29> 572,363 On peut être surpris que l'évaluation approximative, présentée aux Cortès en 181 1 , offre un total qui est Mipérleur de 28,000 à celui du recensement effectif de 1817; mais cette contradiction n'est qu'apparente. Le 3g6 LivKE X. dernier recensement a été sans cloute moins imparfait que celui de 1791 , cependant on est resté au-dessous de la population existante à cause de la crainte qu'inspire partout au peuple une opération qu'on a coutume de regarder comme le funeste précurseur de taxes nouvelles. D'ailleurs la Deputacion Provincial, en trans- mettant le dénombrement de 1817 a Madrid, a cru y devoir faire deux modifications. On a ajouté 1" les 32 641 blancs {transeuntes del cometcio y de los buques entrados ) que les affaires de commerce appellent dans l'île de Cuba , et qui font partie des équipages d'après les livres des capitaines des ports , et 2° les 25,976 negros bozales qui ont été importés dans la seule année de 1817; d'où il résulteroit, pour 1817, d'après l'opinion de la Deputacion Provincial, un total de 630,980 dont 290,02 1 blancs, 1 1 5,69 1 libres de couleur et 225^26 1 esclaves. C'est par erreur, je pense, que, dans les almanacs {Guias) publiés à la Havane et dans plusieurs tableaux manuscrits qui m'ont été envoyés récemment, on donne ce total de 650,980 comme appartenant, non à la.iin de 1817, mais au commencement de l'année 1820. Les Guias, par exemple, ajoutent aux 199,292 esclaves du censo de 1817 les 25,976, comme «■ atimento que se considéra rfe 1817 à 1819. » Or, il conste ', d'après les registres des douanes , que le nombre des nègres introduits a été , dans ces 3 années , de 62,947; savoir : en 1 8 1 7 , de 20,85 1 ; en 1818, de 19,902; en 1819, de 17,194- Le judicieux auteur des Lettres snr la Havatie adressées à M. Croker, premier secrétaire de l'Amirauté, croit la population de gens de couleur libres et esclaves, en 1 820 , de 370,000 ; mais il regarde ' l'addition totale de 32,64 ' proposée par la Junia provisional comme trop forte. 11 suppose que toute la population blanche n'étoit , en 1 820 , que de 25o,ooo ; et il n'admet , comme résultat du censo de 1817, que 238,796 blancs (dont 129,666 mâles, et 109,140 femelles). Le vrai chiffre publié pendant plusieurs années successives dans la Guia est 357,38o. Comment s'étonner des contradictions partielles dans les tableaux de la population dressés en Amérique , lorsqu'on se rappelle les difficultés qu'on a eues à vaincre, au centre de la civilisation européenne, en Angleterre et en France, chaque fois qu'on a entrepris la grande opération d'un dénombrement général. On sait, far exemple , que la population de Paris étoit, en 1820, de 714,000; on croit, d'après le nombre des décès et le rapport supposé des naissances à la population totale, qu'elle étoit, au commencement du 18°" siècle, de 53o,ooo. {Rech. stat. sur la ville de Paris , par le comte de Chabrol, 1 823 , p. xvin ) , mais on ne connoît pas à j près cette même population à l'époque du ministère de M. Necker. On sait qu'en Angleterre et dans le * Noies on Mexico, p. 217. Dans cet ouvrage, le recensement de 1817 est porté a 671,079 au lieu de 630,980. Celle différence nait d'une faute de cliiffres dans les hommes libres de couleur. Le tableau de M. Poinselt donne : noirs libres, mâles 28,373; femelles 26,002; mulâtres libres, mâles 70,512; femelles 29,170: total des libres de couleur, 154,067. Or le censo n'offre , d'après les Guias et d'après mon tableau manuscrit , que 1 15,699 , différence de 38,558. En substituant pour les hommes libres 32,i54 k 70,512, on trouve un chiffre qui rend le rapport des deux sexes moins choquant , et qui le met en harmonie avec le rapport que l'on observe parmi les libres noirs. Comment aussi , s'il y avoit 70,000 hommes mulâtres libres et 28,000 hommes noirs libres dans l'ile de Cuba , trouveroit-on , d'après M. Poinselt même, en individus capables de porter les armes, un nombre à peu près égal (17,862 et 17,246) de mulâtres et de nègres libres? Comment, à la Havane, n'y auroit-il , d'après le recensement de 1810 (Tom. III, p. 356), que 9700 mulâtres libres des deux sexes et 16,600 uègres et négresses libres? Les Notes on Mexico, dont généralement on ne sauroit trop louer la grande exactitude, indiquent, pour 1817, dans toute l'ile a), 32,3o2 esclaves mulâtres et 166, 843 esclaves nègres, dans le rapport de 1 : 5; b ) 74,821 femmes esclaves de toutes les couleurs et 124,324 hommes esclaves dans le rapport 1 : 1,7. A la Havane, cepen- dant, où les esclaves mulâtres sont bien plus nombreux que dans la campagne, leur rapport aux esclaves noirs n'est que de j : II* et dans la Juridiction de Filipinas {Memorias detaSoc. eeonomica de la Habana , 1819, n" 3i, p. 202) , on a trouvé, en 1819, sur 3634 esclaves, io49 femmes ^•'^ mulâtresses, 4^7 négrfisses créoles et 56o négresses bozales ou récemment importées ) , et 2585 hommes (91 mulâtres , 5i8 nègres créoles et 1946 nègres boiales). 2 11 V a également plusieurs erreurs de chiffres dans les Leftrrf/rom (Ae Tfai'ana, p. 16- 18 et 36 ; les esclaves sont évalués, pour 1817, à 124,324 au lieu de 199,292; pour 1819, il 181,968 ■ formant un excès de i43,o5o sur la population blanche. ■ Cependant la population blanche étoit déjà alors ai'-dessus de 290,000. Je la crois, en iSaS, pour le moins de 325,ooo , et un Habanero des plus instruits des localités l'avoit même supposé, en 1823, de 34o,ooo. Sobre la Independ. de Cuba, p. 17. Dans quelques parties de l'ile, les tableaux statistiques ont été dressés avec un «oiu extrême, par exemple à San Juan de losRemedios et à Filipinas, pour l'année 1819, pat Don Joaquin Vigil de Quiûoncs et Don José de .\guilaf. CHAPITRE XXVIII. Sg^ Pays de Galles, la population s'est accrue, de 1801 à 1821, de 3,io4,685, et cependant les registres des nais- sances et des décès ne rendent raison que d'un accroissement de 2,i73,4i<5, et il est impossible d'attribuer 931,267 aux seules émigrations d'Irlande en Angleterre [Statist. Illustrations on the British Empire i825, p. XIV et XV ). Ces exemples ne prouvent pas qu'il faut se méfier de tous les calculs d'économie politique : ils prouvent qu'on ne doit employer des élémens numériques qu'après les avoir discutés et après avoir déterminé les limites des erreurs. On seroit tenté de comparer les différens degrés de probabilité qu'offrent les résultats statistiques dans l'Empire Ottoman , dans l'Amérique espagnole ou portugaise , en Fiance ou en Prusse , à ces positions géographiques qui se fondent ou sur des éclipses lunaires, ou sur des distances de la lune au soleil, ou sur des occultations d'étoiles. Pour réduire un dénombrement fait il y a vingt ans à une autre époque donnée, il fait connoître le quotient de l'accroissement; or, ce quotient n'est connu que d'après les dénombremens de 1791 , 1810 et 1817, faits dans la partie orientale, qui est la moins populeuse de l'île. Lorsque les comparaisons portent sur des masses trop petites , et placées sous l'influence de circonstances très-particulières ( par exemple , sur des ports de mer ou sur des cantons où les sucreries se trouvent très-accumulées), elles ne sauroient donner des résultats numériques propres à être employés pour l'étendue entière du pays. On croit entrevoir en général que le nombre des blancs s'accroît plus dans les campagnes que dans les villes ; que les libres de couleur, qui préfèrent à l'agriculture l'exercice d'un métier dans les villes, augmentent avec plus de rapidité que toutes les autres classes , et que les nègres esclaves, parmi lesquels il n'y a malheureusement pas le tiers des femmes qu'exige le nombre des mâles, diminuent de plus du — par an. Nous avons vu plus haut que, dans la Havane et les faubourgs, l'accroissement des blancs a été , en ao ans , de 73 pour cent; celui des libres de couleur, de 171 pour cent. Dans la partie orientale, le doublement des blancs et des afiranchis a eu lieu presque partout dans le même intervalle. Nous rappellerons à cette occasion que les libres de couleur augmentent en partie par le passage d'une caste à une autre , et que l'augmentation des esclaves , par l'activité de la tiaite, y contribue puissamment. Les blancs gagnent aujourd'hui très-peu par les émigrations * d'Europe, des Canaries , des Antilles et de la Ïerre-Ferme : ils augmentent par eux-mêmes, car les exemples d'un blanchiment officiel ou de lettres de blanc accordées par V Audiencia à des familles d'un jaune pâle sont peu nombreux. En 1775, on a trouvé, par un démembrement officiel dans la Juridiction de la Havane, en comprenant sous cette domination 6 ciudades ( la capitale avec les faubourgs , la Trinldad , San Felipe y Santiago , S. Maria del Rosario, Jaruco et Matanzas ) et 6 villas ( Guanabacoa, Sanli Espiritus, Villa Clara, San Antonio, San Juan de los Remedios et Santiago ) , et 3i puelilos : une population de 171,626; en 1806, avec plus de certitude, 277, 364 [Patriota amer. Tom. II, p. 3oo ). L'accroissement en 3i années n'auroit par conséquent été que de 0,61 : il paroîtrolt beaucoup plus rapide si l'on pouvoit comparer la moitié de cet intervalle. En effet, le Padron de 1817 donne, pour la même étendue de pays appelée alors Provincia de ta Habana et renfermant les Gobiernos de la capitale, de Matanzas et de Trinldad ou des Quatro Villas , une population de 392,377; ce qui prouve, pour 11 ans , un accroissement de plus de o,4i. Il ne faut pas oublier qu'en comparant les populations de la capitale et delà province de Cuba dans les années 1791 et 1810, on obtient des résultats d'accroissement un peu trop grands , le premier de ces dénombremens ayant donné lieu à beaucoup plus d'omissions que le second. Je pense qu'on approche plus de la vérité en comparant, pour )a Province de Cuba, les cewsos plus récens de 1810 et 1817. On trouve alors : en 1810, blancs; 55,513; libres de couleur, 32,884; esclaves, 38,834- Total, 107,231; et, en 1817, blancs, 33,733; libres de couleur, 5o,23o; esclaves, 46,5oo. Total, i3o,463. Accroissement en 6 ans: au-delà de 23, 200 ou de 21 pour cent, car il y a probablement erreur dans le second recensement des blancs. Le nombre de ces derniers et le nombre des hommes libres en général est tellement considérable dans le district des Quatro Villas, que, dans les ôpartidos « En 1819, par eiemple , ils n'arrivèrent que 1702 individus , parmi lesquels : d'Espagne , 4iG ; de France , 384 i d'Irlande et d'Angleterre, 201. Les maladies enlèvent 7 i J de blancs non dcclimatés. 398 LIVRE X. lie S. Juan de los Remedios, S. Agustin , S. Anastasio del Cupey, San Felipe, Santa-Fe, et Sagua la Chica ; il y avoit, en 1819, sur une area de 24,601 caballerias, une population totale de 13,722 : donc blancs , 9572 ■ libres de couleur , 2010 ; esclaves , 2, i4o. Au contraire , dans les 10 partidos de la Juridiction de Filipinas , il y avoit, dans la même année, sur une population totale de i5,026, près de 9400 hommes libres; savoir : blancs, 687 1 ; libres de couleur, 352 1 (dont 2o3 negros bozales libres ) ; esclaves, 3634 J les aiTranchis y étoient donc aux blancs :=r: 1 : 1,7. Dans aucune partie du monde où règne l'esclavage, lesaffrancliissemens ne sont aussi fréquens que dans l'île de Cuba. La législation espagnole , Join de les empêcher ou de les rendre onéreux, comme font les législations angloises et françoises , favorisent la liberté. Le droit qu'a tout esclave de buscar amo ( de changer de maître), ou de s'affranchir, s'il peut restituer le prix d'achat, le sentiment religieux qui inspire à beaucoup de maîtres aisés l'idée de donner par un testament la liberté à un certain nombre d'esclaves, l'habitude d'entretenir une multitude de noirs pour le service de la maison , les affections qui naissent de ce rapprochement avec le.« blancs, la facilité du gain pour les ouvriers esclaves qui ne paient à leur maître qu'une certaine somme par jour pour travailler librement pour eux-mêmes, voilà les causes principales qui font passer tant d'esclaves, dans les villes, de l'état servile à l'état de libres de couleur. J'aurois pu ajouter les chances de la loterie et des jeux de hasard si le trop de confiance en ces moyens hasardeux n'avoit pas souvent les suites les plus funestes. La position des libres de couleur est plus heureuse à la Havane que chez les nations qui, depuis des siècles, se vantent d'une culture très-avancée. On n'y connoît pas ces lois barbares * qui ont été encore Invoquées de nos jours', et d'après lesquelles les affranchis , incapables de recevoir les donations des blancs , peuvent être privés de leur liberté et vendus au profit du fisc s'ils sont convaincus d'avoir donné asile à des nègres marrons ! Comme la population primitive des Antilles a entièrement disparu ( les Zambos Caraïbes , mélanges d'Indi- gènes et de nègres , ayant été transportés, en 1 796, de l'ile S. Vincent à celle de Ratan) , on doit considérer la population actuelle des Antilles (2,85o,ooo) comme étant composée de sang européen et africain. Les nègres de race pure en forment presque les deux tiers : les blancs j , et les rates mélangées, ,. Dans les colonies espagnoles du continent on retrouve les descendans des Indiens qui disparoissent parmi les mestizos et zambos . mélanges d'Indiens avec les blancs et les nègres; cette idée consolante ne se présente pas dans l'archipel des Antilles. L'état de la société y étolt tel, au commencement du 16° siècle, qu'à de rares exceptions près , les nouveaux colons ne se mêlèrent pas plus aux indigènes que ne le font aujourd'hui les Anglois ,du Canada. Les Indiens de Culia ont disparu comme les Guanches des Canaries, quoiqu'àGuanabacoaelàTénériffe, on ait vu se renouveler, il y a 4o ans , des prétentions mensongères dans plusieurs familles f(ui arracboient de petites pen- sions au gouvernement, sous le prétexte d'avoir dans leurs veines quelques gouttes de sang indien ou guanche. Il n'existe plus aucun moyen déjuger de la population de Cuba ou d'Haïti du temps de Christophe Colomli. Comment admettre, avec des historiens d'ailleurs très-judicieux, que l'île de Cuba, lors de sa conquête, en i5ii, avoit un million d'habitans \ et que de ce million il ne restoit, en i5i7, que 14,000 ! Tout ce que l'on trouve de données statistiques dans les écrits de l'évèque de Chiapa est rempli de contradictions ; et s'il est vrai que le bon religieux dominicain, Fray Luys Bertran , qui fut persécuté ' par les encomenderos , comme le sont de nos temps les méthodistes par quelques planteurs anglois, a prédit, à son retour, que » les 200,000 Indiens que renferme, île de Cuba périroient victimes de la cruauté des Européens >> , il faudroit, pour le moins, en conclure que la race indigène étoit loin d'être éteinte entre les années 1 555 et 1 569 ■• ; cependant (telle est la confusion * Arrêt du Conseil souveraia de la Martinique , du 4 juin 1730. Ordonnance du 1" mars 1766 , §. 7. * Albert Hûne, hislorisch-philosopliUclie DarsUllung des KegersctavenhandeU , 1820, Tom. I, p. 157. 2 yoycz de curieuses rêvé ations dans Juan de Mariela, Hist. de lodos los Santos de Espana , Libro VII, p. 174- ' On ne connoit avec précision que l'époque du retour (1569} de Fray Luys Bertran à San Lucar 11 fut consacré prêtre en 1547. L.c. p. 167 et 175. (Comparez aussi Patriota, Tom. Il , p. 5i ,) CHAPITRE XXVIII, SûO parmi les historiens de ces temps) , selon Gomara ', il n'y ayoit déjà, dès 1 553, plus d'indiens dans l'île de Cu])a. Pour concevoir combien doivent être vagues les évaluations faites par les premiers voyageurs espagnols à une époque oii l'on ne connoissoit la population d'aucune province de la Péninsule , on n'a qu'à se rappeler que le nombre des habitans que le capitaine Cook et d'autres navigateurs attribuoient à Taïti et aux îles Sandwicli ''■, dans un temps où la statistique oflroit déjà les comparaisons les plus exactes, varie de i à 5. On con- çoit que l'île de Cuba, environnée de côtes poissonneuses , auroit, d'après l'immense fécondité de son sol, pu nourrir plusieurs millions de ces Indiens, sobres, sans appétit pour la cbair des animaux, et qui cultivoient le maïs, le manioc et beaucoup d'autres racines nourrissantes ; mais si cette accumulation de population avoit eu lieu, ne se scroit-elle pas manifestée par une civilisation plus avancée que celle qu'annoncent les récits de Co- lomb ? Les peuples de Cuba seroicnt-ils restés au-dessous de la culture^ des babitans des Iles Lucayes? Quelque activité qu'on veuille supposer aux causes de destruction , à la tyrannie des conquistadores , à la déraison des goavernans, aux travaux trop pénibles dans les lavages d'or, à la petite vérole et à la fréquence'' des suicides, il seroit difficile de concevoir comment^ en 3o ou 4o ans, je ne dirois pas un million, mais seulement trois ou quatre cent mille Indiens auroient pu disparoître entièrement. La guerre contre le Cacique Hatuey fut très-courte et restreinte à la partie la plus orientale de l'île. Peu de plaintes se sont élevées contre l'admi- nistration des deux premiers gouverneurs espagnols , Diego Velasqucz et Pedro de Barba. L'oppression des indigènes ne date que de l'arrivée du cruel Hernando de Soto vers i SSq. En supposant, avec Gomara, que déjà quinze années plus tard, sous le gouvernement de Diego de Majariegos(i554-i564), iln'y avoit plus d'Indiens on doit nécessairement admettre que c'étoient des restes très-considérablesde cette peuplade qui se sont sauvés sur des pirogues en Floride, croyant, d'après d'anciennes traditions , retourner dans le pays de leurs ancêtres. ' Hist. de las Indias , fol. ixvii. 2 Sur la diminution rapide de la population dans l'archipel des Iles Sandwich, depuis le voyage du capitaine Cook, voyez Gilbert Farqiihar Mutlùson y Narrât, of a visit toDrazilj Peru and tlic Sandw. Istands, iS25, p. 43g. Nous savons avec quelque certitude, par les rapports dés missionnaires qui ont changé la face des choses à Taïti, en profitant des dissensions inté- rieures , que tout l'archipel des lies de la Société ne lenfeimoit, en i8iS, que 13,900 habitans , dont Sooo à Taïti. Doit-on croire aux 100,000 qu'on supposoit dans Taïti seul du temps de Cook? L'évGque de Chiapa n'a pas été plus vague dans les évaluations de la population indigène des Antilles que ne le sont des écrivains modernes sur la population du groupe des lies Sandnich auxquelles ils donnent tantôt 740,000 (Wasse/, Ilist. stat. Atmanach fur 1824, p. 3S4) , tantât 4oo,ooo {Id.,Stat. Cmriss , 1824 , fle/i 3 , p. 90). D'après M. de Freycinet, ce gioupe ne renferme que 264,000. ' De menor policia , Gomara , p. xxi. L'éloignement assez général que marquent les indigènes de l'Amérique équinoxiale pour le régime animal et le lait se trouve déjà exprimé dans la fameuse bulle du pape Alexandre VI , de i495. a Certas insulas remutissimas et ctiam terras firmas invenerunt, in quibus quainpiurira.'c gentes, paciftce viicntcSy nudc-e incedentes , nec carnibus vescentes^ inhabitant et, ut nuntii vestri possuntopinari, gentes ipsa; crc(/»nt unum Dcitm crcatorem in cœlis esse, (Car. Co- ijue!. Bull. amp. Coll., Tom. III, P. m, p. a34) Daus ces mêmes Antilles, où le peuple rodoutoit l'inQuence des zcnics, petits fétiches de coton {Petr. Itlarlyr, Epist. , fol. xivi) , le monothéisme (la croyance d'un Grand Esprit supérieur aux zcmes) étoit généralement répandu! ' Cette manie de se pendre par familles entières dans les cabanes et les cavernes, dont parle Garcilasso, étoit sans doute l'elTet du désespoir : cependant , au lieu de gémir sur la barbarie du 16" siècle , on a voulu ditculper les conquistadores , en attribuant la disparition des indigènes à leur goCit pour le tuicidc. Foyet Palriola, Tom. Il , p. 5o. Tous les sophismes de ce genre se trouvent réunis dans l'ouvrage qu'a publié M. îiaiisurt'liumanilé des Espagnols dans la conquête de l' Amérique. (Hcflexiones imparciales sobre la humanidad de los Epaftoles contra tos pretendidos filosofos y politicos, para itlustrar las historias de liaynal y Hobertson , escrilo en llaliano por cl Abate Don Juan Nuix , y Iradueido al caslellano por Don Pedro l'arela y Ltloa , del Consejo de S. M. , 1782). L'auteur qui nomme (p. iSC) acte religieux et méritoire l'expulsion des Maure» sous Philippe III , termine son ■ luvrage en félicitant (p. 295) les Indiens d'Amérique « d'élre tombés entre les m.iins des Espagnols dont la conduite de tout temps a été la plus humaine et le gouvernement le plus sage.o Plusieurs pages de ce livre rappellent a les ligueurs salutaires des dragonades d , et ce passage odieux dans lequel un homme, connu par son talent et ses vertus privées, M. le comte de Maistre (Soirées de Saint-Pétersbourg , Toin. II, p. 121) justifie l'inquisition de Portugal , «parce qu'elle n'a fait couler que quelques gouttes d'un sang coupable, o A quels sophismes ne l'aut-il avoir recours, lorsqu'on veut défendre la religion , l'hon- neur national ou la stabilité des gouvernemens en disculpant tout ce qu'il y a eu d'outrageant pour l'humanité dans les actions du clergé, des peuples et des rois 1 C'est en vain qu'on tenleroit de détruire le pouvoir le plus solidement établi sur la terre , le témoignage de l'iiiitoire. 400 LIVRE X. La mortalité des nègres esclaves, observée de nos jours daos les Antilles, peut seule jeter quelque jour sur ces nombreuses contradictions. L'île de Cuba devoit paroître très-peuplée * à Christophe Colomb et à Velasquez, si elle l'étoit, par exemple, au degré où les Angtois la trouvèrent en 1762. Les premiers voyageurs se laissent tromper facilement par les rassemblemens , que l'apparition de vaisseaux européens fait naître sur quelques points d'une côte. Or , l'île de Cuba avec les mêmes Ciudades et Villas qu'elle possède aujourd'hui, n'avoit en 176a pas au-delà de 200,000 habitans; et, chez un peuple traité comme esclave, exposé à la déraison et à la brutalité des maîtres, à l'excès du travail, au manque de nourriture et aux ravages de la petite vérole, 42 ans ne sulHsent pas pour ne laisser sur la terre que le souvenir de ses malheurs. Dans plusieurs des Petites-Antilles, la population diminue, sous la domination angloise, de 5 à 6 pour cent par an; a Cuba, de plus de 8 pour centj mais l'anéantissement de aoo,ooo en 42 ans suppose une perte annuelle de 26 pour cent, perte peu croyable, quoique l'on puisse croire que la mortalité des indigènes de Cuba ait été beaucoup plus grande que celle des nègres achetés à des prix très-élevés. En étudiant l'histoire de l'île, on observe que le mouvement de la colonisation a été de l'est à l'ouest , et qu'ici comme partout dans les colonies espagQoles,les lieux qui ont été peuplés les premiers, sont aujourd'hui les plus déserts. Les premiers établissemens des blancs se firenten i5i i, lorsque, d'après les ordres de Dou DiegoColomb, le conquistador et poblador Velasquez débarqua au Puerto de Palmas, près du Cap Maysi, appelé alors Al/a y Oméga, et subjugua le cacique Hatney qui, émigré et fugitif d'Haïti, s'étoit retiré dans la partie orientale de l'île de Cuba et y étoit devenu le chef d'une confédération de petits princes indigènes. On commença à con- struire la ville deBaracoaen i5i2: plus tard, le Puerto Principe, Trlnidad, la VUladeSanti Espiritus, San- tiago = de Cuba ( 1 5 1 4) San Salvador de Bayamo et San Cristobal de la Havana. Cette dernière ville fut d'abord (i 5 1 5) fondée sur la côte méridionale de l'île danslei'ffrt/rfo des Guines, et transférée, 4ans plus tard, au Puerto • Colomb raconte qoe l'Ile d'Haïti étoit attaquée qnelqaefois par une race d'hommes noirs, çente negra, qui avoit sa demeuie plus au sud ou au sud-ouest. 11 esperoit les visiter dans son troisième voyage, parce que ces hommes noirs pos- sédoient du métal guanin dont l'amiral s'étoit procuré quelques morceauz dans son second voyage. Ces morceaux , essayés en Espagne, avoient été trouvés composés de o,63 d'or, 0.14 d'argent, et 0,19 de cuivre {Herera , Dec. I, lib. 3, cap. y , p. 79). Balboa découvrit en effet cette peuplade noire dans l'isthme du Darien. . Ce conquistador, dit Gomata (Wisl. delnd., fol. Mxiv) , entra dans la province de Quareca : il n'y trouva pas d'or, mais quelques nègres esclaves du seigneur du lieu. Il demanda à ce seigneur d'où il les avoit reçus; on repondit que des gens de cette couleur vivoient assez près de là, et qu'on étoit constamment en guerre avec eux. • Ces nègres, ajoute Gomara , étoient tout semblables aux nègres de Guinée, et l'on n'en a pas vu d'autres en Amérique {en tas Indias yo pUnso que no se han visto negrus dcspttes). Ce passage est extrêmement remarquable. On Taisoit des hypothèses au iG' siècle , comme nous en faisons aujourd'hui ; et Petrus Martyr {Océan. Dec. ÎII, lib. 1 , p. 43) imagina que ces hommes , vus par Balboa , les Quarecas , étoient des noirs éthiopiens qui {tatrocinii causa) infestoient les mers et avoient fait naufrage sur les côtes d'Amérique. Mais les nègres du Soudan ne sont guère des pyratcs, et l'on conçoit plus facilement que des Esquimaux, dans leurs nacelles d'outrés, aient pu venir eu Europe , que des Africains au Darien. Les savans qui croient à un mélange de Polynésiens avec les Américains , préféreront considérer les Quarecas comme de la race des Papoux semblables aux negrilos des Philippines. Ces migrations tropicales, de l'ouest à l'est, de la partie la plus occidentale de la Polynésie à l'isthme de Darien , offrent de grandes dilB^ultés, quoique les vents souDlent pendant des semaines entières de l'ouest. Avant tout, il faudroit savoir si les Quarecas étoient vraiment semblables aux nègres du Soudan, comme le dit Gomara, ou si ce n'ètoit qu'une race d'Indiens très-basanés (à cheveux plats et lisses) qui infestoient de temps en temps (et avant ligi) les eûtes de cette même île Uaïti devenue de nos jours le domaine des Ethiopiens. Sur le passage des Caribes , des iles Lucayes aux Petites-Antilles , sans toucher à aucune des Grandes, voyez plus haut, Tom. III, p. i5. 2 Le nombre des esclaves enregistrés a été, en 1817, à la Dominique, de 17,959; à la Grenade, de aS,oa4 ; à Sainte- Lucie, de 15,893 ; à la Trinité, de 25,941. En i8io, ces mêmes iles ne comptoient plus que i6,55i ; 25,677; i3,o5o et 23,537 esclaves. Les pertes ont donc été (d'après l'état des registres) , en trois ans, de ^, rr>l"M- {Documens manuscrits communiqués par les bontés de M. Wilmot , sous-secrétaire d'état au département des colonies de la Grande-Bretagne.) Nous avons vu plus haut qu'avant l'abolition de la traite, les esclaves de la Jamaïque diminuoieot de 7000 par an. ' Patnota , Tom. II , p. 280. Manuscrits de Don Félix de Arrale, rédigé» en 1750, d'après les pièces officielles sauvées dans le grand incendie de la Havane, en i53S.Je suis surpris de voir {Guia, i8i5, p. -o) que les religieux franciscains de Santiago de Cuba font remonter la fondation de leur couvent à l'année i5o5; la lecoDDoissance entière des eûtes par Sebastien de Ocampo ne datant que de l'année i5o8. CHAPITRE XXVIir. 4oi de Carénas, dout la position, à l'entrée des deux canaux de Bahama {el Viejo y el J^uevo) , parut beaucoup plus favorable au commerce que la côte au sud-ouest du Batabano '. Depuis le 16° siècle, les progrès de la civi- lisation ont puissamment influé sur les rapports des castes entre elles : ces rapports varient dans les districts qui ne renferment que des fermes à bétail et dans ceux dont le sol est défricbé depuis long-temps ; dans les ports de mer et les villes de l'intérieur; dans les lieux où l'on cultive des denrées coloniales et ceux qui pro- duisent du mais , des légumes et des fourrages. I. La Juridiction de la Havane éprouve une diminution de la population relative des blancs dans la capitale el ses alentours , mais non dans les villes de l'intérieur et dans toute la vuelta de ahaxo destinée aux planta- tions de tabacs qui emploient des mains libres. En 1791, le recensement de Don Luis de las Casas donna à la Juridiction de la Havane 137,800 âmes, parmi lesquelles les rapports des blancs, des libres de couleur et des esclaves étoient de o,53; o,vio; 0,27 ; en 1811, d'après de nombreuses introductions d'esclaves , on croyoit ces rapports comme 0,46 ; o, 1 2 ; 0,42. Dans les districts où se trouvent les grandes plantations de sucre et de café (partidos de grandes labranzas), les blancs forment à peine un tiers de la population , et les rapports des castes (en prenant cette expression dans le sens du rapport de chaque caste à la population totale) oscillent pour les blancs entre o,3o et o,3t> ; pour les libres de couleur , entre o,o5 et o,ofci ; pour les esclaves, entre 0,58 et 0,67; tandis que, dans les districts à culture de tabac de la vuelta de abaxo , on trouve 0,6a; 0,24; o, i4, et dans les districts à pâturages [ganaderia) , même 0,06; 0,20; 0,14. Il résulte de ces données que la liberté diminue dans les pays à esclaves à mesure que la culture et la civilisation augmentent. II. Dans la Juridiction des Quatro taillas et dans celles de Puerto Principe et de Cuba, on connoît les progrès de la population avec plus d''exactitude que dans la partie occidentale. Les Quatro Villas ont ressenti ces mêmes eflets qui naissent de la différence des occupations des habitans. Dans les districts de Santo Espi- ritu, où les fermes à bétail prospèrent ; à San Juan de los Remedios, où le commerce de contrebande avec les Iles Bahames est très-fréquent , les blancs ont augmenté de 1 791 à 1 8 1 1 . Ils ont diminué au contraire dans le district éminemment fertile de Tiinidad où les plantations de sucre ont pris uu développement extraordi- naire. A \illa-Clara, ce sont les libres de couleur qui gagnent sur les autres classes. m. 'Daai]a. Juridiction de Puerto Principe, la population totale a presque doublé en 20 ans. Elle s'est accrue de 0,89, comme dans les plus belles parties des États-Unis : cependant les alentours de Puerto Principe ne sont que d'immenses plaines où paissent des troupeaux à demi-sauvages. Les propriétaires, dit un voyageur récent^, n'y ont d'autre soin que d'enterrer dans leur coffre-fort l'argent que le majordome des hatos leur porte et de l'exhumer pour le jeu et les procès qu'ils se lèguent d'une génération à l'autre. IV. Dans la Juridiction de Cuba, considérée dans son ensemble, les rapports entre les trois classes ont peu changé depuis 20 ans. Le Partido de Bayanio se distingue toujours par le grand nombre de gens de couleur libres (0,44) I « 6,170 8,836 >4i4i7 0,38 o,25 0,37 Baracoa 1791. . 8S0 i,ô8i 169 î,4oo 0,35 0,57 o,oS 1810.. a,o6o 1,319 664 4,043 0,5 1 0,53 0,16 Holguin 1791. . 4,116 1,001 5,86j •o.oro 0,37 0,09 0,54 1810. . 8,5:1 i 4,54> i6,85o 29,926 0,28 0, i5 0,59 Bayamo 1791.. 6,584 9,i32 7.'87 a3,oo3 0,29 o,4o o,3i iSio.. 14,498 30,853 12,635 47,984 o,3o 0,44 0,26 Total 1791 -. 19.476 i8,îiî i8,5îi 56,219 0,34 0,33 0,33 i8io.. 34,5i3 32,984 38,834 106, 33i 0,52 o,3i 0,37 Jusque clans les dernières années du i8°° siècle, le nombre des esclave"s femelles étoit extrùmemcut petit dans les plantations de sucre ; et , ce qui doit bien surprendre , c'est qu'un préjugé fondé sur des « scrupules religieux.» s'opposoit à l'introduction des femmes , dont le prix éloit à la Havane généralement un tiers au- dessous du prix des hommes '. On forçoit les esclaves au célibat, sous prétexte d'éviter le désordre des mœurs ! Il n'y avoit que les Jésuites et les moines Béthlemites qui avoient renoncé à ce funeste préjugé ; eux .-,euls souffroient les négresses dans leurs plantations. Si le dénombrement, sans doute très-imparfait de 1775, donnoit déjà i5;562 femmes esclaves et 2g,566 bommes esclaves, il ne faut pas ^ublier que ce dénombrement embrassoil la totalité de l'île, et que les sucreries n'occupent même aujourd'hui que le quart de la population servile. Depuis l'année 1795, le Consulado de la Havane commeuça à s'occuper sérieusement du projet de rendre l'accroissement de la population servile plus indépendant des variations de la traite. Don Francisco Arango , dont les vues ont toujours été pleines de sagesse, proposa d'imposer une taxe sur les plantations qui n'avoient pas un tiers de négresses parmi leurs esclaves. Il vouloit aussi qu'on levât un droit de 6 piastres par chaque nègre introduit dans l'île, droit dont les femmes [ncgras iazalcs) seroient exemptes. Quoique ces mesures ne fussent pas adoptées, les assemblées coloniales se refusant toujours à des moyens coërcitifs , le désir de multiplier les mariages et de mieux soigner les enfans des esclaves fut éveillé depuis cette époque, et une cèdnle royale (du 22 avril 1804) recommanda ces objets « à la conscience et .i l'humanité des colons." Le dénombrement de 1817 donna, d'après M. Poinsett, 6o,322 négresses esclaves et io6,53i nègres esclaves. Le rapport des femmes noires esclaves aux hommes étoit, en 1777, comme 1:1,9; et, 4o années plus tard, ilavoil eenso sont modiCés , soit en les réduisant à des sommes rondes , soit en les augmentant , comme il est dit tout expfs dans les Docum. , p. 137. Les contradiclions ne sont par conséquent qu'apparentes. J'ignore pourquoi on a diminué le seul nombre des esclaves de la Juridiction de Cuba dans le tableau général, mai.s ce changement ne porte que sur ,\ de la population servile de la partie orientale de l'ile. Comme il existe des varianlu Iccliones dans tous les résultats des dénombreœeos , j'ajouterai que d'antres Padrones ont donné, en 1810, pour les quatre districts de Cuba, 98,780; pour le district (?) de Puerto Principe, 48,o33. (^Docum., p. 13; et i5o. ) Va dénombrement de 1800 a donné aux Quatro Villas 53,267. ' Doeumentos , p.54 CHAPITRE XXVIII. 4o3 à peine changé d'une manière scnsilile '. Il étoile i : 1,7 ; la petitesse de ce changement doit être attiibiiée à Icnoime quantité denegros bozalcs introduits depuis 1791, l'introduction des négresses n'ayant été consi- dérable que de 181731 820 , de sorte que les nègres esclaves qui servent dans les villes sont devenus une plus petite fiactiou de la niasse totale. Dans le partido de Batabano qui renfermoit , en 1818, une population de ^2078 avec i3 ingénias Ac sucre et 7 cafetales , il y avoit 2226 nègres, et seulement 267 négresses esclaves ( rapport =; 8 : 1 ). Dans la Juridiction de San Juan de los Remedios (qui comptoit, on 1817, une population de 13,700 avec 17 sucreries et 70 citfetules) , il y avoit 1200 nègres et G(jo négresses esclaves ( rapport = 1,9 : I ). Dans la Juridiction de Filipinas ( qui comptoit, en 181g, une population de i5,02G , il y avoit 2494 nègres et 997 négresses esclaves (rapport ^ 2,4 : 1 ) ; et si, dans toute l'île de Cuba, les esclaves noirs mâles sont aux femelles = 1,7 : i , ils sont, dans les seules sucreries, à peine =: 4 • '• La première introduction de nègres dans la partie orientale de 1 île eut lieu en iSai : elle n'excéda pas le nombre de 3oo. Les Espagnols étoient alors beaucoup moins avides d'enclaves que les Portugais ; car, en i SSg, il y avoit à Lisbonne^ une vente de 12,000 nègres, comme de nos jours ( à l'éternelle honte de l'Europe chrétienne ) ou fait la traite des Grecs a Constantinople et à Smyrne. En Espagne, le commerce des esclaves n'éloit pas libre au 16' siècle : la cour en aeeordolt le privilège qui fut acheté, pour toute l'Amérique espagnole, en i58G, par Gaspar de Peralta; en iSgS, par Gomez Reynel; en iGi5; par Antonio Rodriguez de Elvas. I/introduction totale n'étoit alors que de 55oo nègres par an; et les habitans de C uba, tout adonnés à l'éduca- tion des bestiaux, en recevoit à peine. Pendant la guerre de succession, les François reiàdioicnt à la Havane pour échanger des esclaves contie du tabac. Uasiento des Anglois vivifia un peu l'intioduclion de nègres ; cependant , en 1 763 , quoique la prise de la Havane et le séjour des étrangers eussent fait naître des besoins nouveaux, le nomlirc des esclaves n'atteignit, dans la Juridiction de la Havane, pas encore 25,ooo; dans toute l'île, pas 32,ooo. Le nombre total des nègres africains introduits a été probablement , de i52i à 17G3, de 60,000; leurs descendans existent parmi les mulâtres libres, dont la majeure partie habite la partie orientale de l'île. Depuis l'année 1763 jusqu'en 1790, où le commerce des nègres fut déclaré libre, la Havane en a reçu 24,875 (par la Compania de Tahacos 495/, de i7G5à I7fi0; par le contrat du marquis de Casa Enrile , 1 4,1 Sa, de 1773 à 1779; V^^ ^^ contrat de Baker et Dawson, 578G, de 1786 à 1789). Si l'on évalue l'introduction des esclaves dans la partie orientale de l'île pendant ces mêmes 27 années ( 1 7(Î3 à 1^90) à Gooo, on trouve, depuis la découverte de l'île de Cuba, ou plutôt depuis 1021 jusqu'en 1790, un total de 90,875. Nous verrons bientôt que, par l'activité toujours croissante de la traite, les i5 années qui ont suivi celle de 1790 ont fourni plus d'esclaves que deux siècles et demi qui ont précédé l'époque du com- merce libre. Cette activité a redoublé, surtout, lorsqu'il fut stipulé entre l'Angleterre et l'Espagne que la traite seroit prohibée, au nord de l'équateur, depuis le 22 novembre 1817, et qu'elle seroit entièrement abolie le 3o mai 1820. Le roi d'Espagne accepta de l'Angleterre (la postérité aura un jour de la peine aie croire) luie somme de 4oO)000 livres sterling, comme compensation des dommages qui pouiToienl résulter de la cessation de ce commerce barbare. Yoici le nombre des nègres africains introduits par le seul port de la Havane et d'après les registres de la douane ; ' Dans les Antilles Angloises, sur une population d'esclaves de 627,777, °^ comptoit, en iSjj : mJles , 308,467; femelles, "119,310 : ce qui donne par conséquent un excès des femelles de 3 i pour cent. Il n'y avoit que Trinid.id et Aatigua qui , comme Demerary, oQroicnt plus de mâles que de femelles parmi les esclaves. Voyez Stat. lUustr. oflhc Brit. Emp., iSaS, p. 5 4 2 Dryan Edward, West, nd.. Vol. IIl, p. a02. Voyez aussi plus haut, Toni. I, p. 1S9. ' Documcnlos, p. 09 et iiS 4o4 LIVRE X. «79" 2534 1806 4395 i79> 8498 1807 2565 «7920 8528 1808..: 1607 • 793 3777 1809 1162 1794 4164 1810 6672 1795 5832 1811 6549 1796 5711 1812 6081 1797 4552 i8i5 4770 1798- 2001 1814 4321 "799 49'9 "SiS 9111 1800 4145 1816 "7,737 1801 1659 1817 25,841 1802 i3,832 1818 19,90a '8o3 9671 1819 '7,194 1804 8923 1820 4122 i8o5 4999 Totelde3i années. 225,574 Moyenne annuelle dans cet intervalle* de temps 74-0 et pour les derniers 10 ans 11,542. Ce nombre peut être augmenté pour le moins d'un quart , tant à cause du commerce illicite et des omissions dans les douanes qu'à cause de l'introduction licite par la Triuidad et Santiago de Cuba, de sorte que nous trouvons pour l'île entière, de i52i à «763 60,000 de 1 764 à 1 790 33,409 pour la Havane seule, de 1791 à i8o5 91,21 1 de 1806 à i8ao 131,829 3 16,449 augmentation, tant pour le commerce illicite que pour la partie orientale de l'île, de 1791 à 1820 56,ooo ^72,449 Nous avons vu plus haut que la Jamaïque a reçu d'Afrique ' , dans les mêmes 3oo ans, 85o,ooo noirs , ou, pour nous arrêter à une évaluation plus certaine, en io8 ans (de 1700 à 1 808), près de 677,000; et cependant cette île ne possède aujourd'hui pas 38o,ooo noirs et mulâtres libres et esclaves ! L'île de Cuba offre un résultat plus consolant; elle a i3o,ooo libres de couleur, tandis que la Jamaïque, sur une population totale de moitié moins grande, n'en compte que 35,ooo. L'île de Cuba a reçu d'Afrique, avant l'année 1 791 95,5oo de 1791 à i8a5 pour le moins 32o,ooo 4i3,5oo noirs. On n'y Irouvoit, en 1825, à cause du petit nombre de négresses introduites parla traite que nègres libres et esclaves 32o,ooo mulâtres 70,000 hommes de couleur 390,000 « D'autres notes manuscrites que je possède donnent, pour 1S17 esclaves, j3,56o. * y^o^ez Tom. III, p.35i. J'ajouterai ici que toutes les colonies angloises des Antilles, qui n'ont aujourd'hui que 700,000 nègres et mulâtres, libres et esclaves, ont reçu, en jo6 ans (de 1680 à i;86), selon les registres des douanes, 2,i3o,ooo nègres des eûtes d'Afrique I CHAPITRE XXVIII. 4°^ Un calcul semblable , fondé sur des élémens numériques peu diflérens, a élé adressé aux Cortéa d'Espagne le 20 juillet 1811. On a tâché de prouver par ce calcul que l'île de Cuba a reçu, jusqu'en 1810, moins de 229,000 nègres africains *, et qu'elle les représente, en 181 1 , par une population servile et libre de nègres et de midâtres, qui s'élève à 326,000, de sorte qu'il y a un excès de 97,000 sur l'impoitation africaine '. Oubliant que les blancs ont eu leur part à l'existence de 70,000 mulâtres^, oubliant l'accroissement naturel qu'auroient dû avoir tant de milliers de nègres introduits progressivement, on s'écrie : « Quelle autre nation ou société humaine peut rendre un compte si avantageux des eiTets de cette funeste traite de noirs {desgraciado traJico)!« Je respecte les sentimens qni ont dicté ces lignes. Je répète qu'eu comparant l'île de Cuba à la Jamaïque , le résultat de la comparaison semble être à l'avantage de la législation espagnole et des mœurs des habitans de Cuba. Ces comparaisons démontrent dans cette dernière île un état de choses plus favorable à la conservation physique et à l'affranchissement des noirs; mais quel triste spectacle que celui de peuples chiétiens et civi- lisés qui discutent lequel d'entre eux a fait périr, en trois siècles , le moins d'Africains en les réduisant à l'esclavage! Je ne vanterai pas le traitement des noirs dans les parties méridionales des Etats-Unis*, mais dans les souffrances de l'espèce liumaine il existe des degrés. L'esclave qui a une cabane et une famille est moins malheureux que celui qui est parqué comme s'il faisoit partie d'un troupeau. Plus grand qu'est le nombre des esclaves établis avec leurs familles flans des cases , qu'ils croient être leur propriété, et plus la multiplication est rapide. Aux Etats-Unis on comptoit : 1 790 480 ,000 esclaves. '79° 676,696 1 800 894,444 i8io 1,191,364 1820 1,541,568 , L'accroissement annuel '■' des dernières dix années a été (sans compter un affranchissement de 100 000) ' Selon une note publiée par le Consulado de la Havane {Papel periodtco , 1801 , p. 12) , on comptoit le prix moyen des 1 5,647 "(g'''" bozales , introduits de 1797-1800, de 375 piastres par tête. D'après le raCme tani, les 007,000 noirs d'Afrique introduits de 1790 à 1823 auroit coûté aux habitans de l'ile la somme de 1 i5,i25,ooo piastres. ^ Mon calcul termine en 1825, et donne 4'5,5oo nègres introduits depuis l» conquête. Le calcul, transmis aux Certes termine en 1810, et donne 329,000. {Documentos, p. 119.) Différence i84,5oa : or, d'après les seuls registres de la douane de la Havane, le nombre des nejroî ioiafes introduits dans ce porta été, de i8ii à 1S20, au-deU de 109,000, qu'il faut augmenter, 1" d'après les principes admis par le Consiitado même de -^ ou 27,000 pour l'introduction licite dans la partie orien- tale de l'ile ; 2" du produit du commerce illicite de 1811 à iS25. 3 Le travail entrepris par le Consulado en 1811, sur la répartition probable de 526,000 gens de couleur libres et esclaves renferme des matériaux extrêmement remarquables, et qu'une très-grande connoissance des localités a pu seule fournira l'administration. A) 'iV/es • Partie occidentale; dans la Havane, 27,000 libres de couleur et u8,ooo esclaves ; les 7 pneblos de Ayantamiento, 18,000; donc dans toute la Juridiction de la Havane, 36, 000 libres de couleur et 37,000 esclaves. Partie orien- tale, 36,ooo libres de couleur et 32, 000 esclaves. Totiil des villes, 72,000 libres de couleur et 69,000 esclaves ou i4i 000 B ) Champs : Juridiction de la Havane, 6ouo libres de couleur et 1 10,000 esclaves. Partie orientale, 36, 000 libres de couleur et 33,000 esclaves. Total des champs {canipos), i85,ooo. Documentas .iobre los negros ^ p. 121. ' Sur l'état comparatif de misère paimi les esclaves des Antilles et des États-Unis , voyez Negro-Slavery in tlie V. St- of >4merica an(/7âmafca, 1823 , p. 3 1. La Jamaïque comptoit, en 1820, esclaves mâles 170,466 ; femelles 171,916: aux États- Unis on trouvoit, en 1820: esclaves mftles 788,026; femelles 750,100. Ce n'est donc pas la disproportion entre les s^xts qui cause le manque d'accroissement naturel aux Antilles I ' L'accroissement des nègres esclaves, de 1790 à 1810 (de 5i4,668), est dû 1° à l'augmentation naturelle dans les familles 2' à 3o,ooo nègres importés dans les 4 ans (i8o4 à 1808) , que la législature de la Caroline du Sud permit malheureusement de nouveau l'importation par traite, 3" à l'acquisition de la Louisiane où il y avoit alors 3o,ooo noirs. Les augmentations qui résultent des deux dernières causes ne portent que sur ^ de l'accroissement total , et trouvent leur compensation dans la manumission de plus de 100,000 noirs qui disparoisseiit , en 1810, sur les registres. Les esclaves augmentent un peu moins rapidement (dans la proportion exacte de 0,02611 à 0,02915) que la totalité de la population des États-Unis ; mais leur accrois- sement est plus rapide que celui des blancs li où ils forment une partie très-considérable de la population , comme dans les états méridionaux. [Morse, Siod. Geogr,, 1822, p. 608.) 4o6 LIVRE X. de 26 sur luille, ce qui produit un doublement en 27 ans. Or, je dirai avec M. Cropper ', que si les esclaves à la Jamaïque et à Cuba s'étoient multipliés dans le même rapport^ , ces deux iles auroient, l'une depuis 1795, l'autre depuis 1800, presque leur population actuelle, sans que 400,000 noirs eussent été chargéi, de fer sur les côtes d''Afrique et traînés à Port-Royal et à la Havane. La mortalité des nègres est très-diIFérente dans l'île de Culia , comme dans toutes les Antilles selon le genre de culture, selon l'iiumanité des maîtres et des gérons, et selon le nombre des négresses qui peuvent donner des soins aux malades. Il y a des plantations dans lesquelles il en périt annuellement i5 à 18 pour cent. J'ai entendu discuter froidement s'il vaut mieux, pour le propriétaire, de ne pas fatiguer à l'excès les esclaves dans le travail, et par conséquent de les remplacer moins souvent, ou d'en tirer en peu d'années tout le parti possible, sauf à faire plus fréquemment des achats de negros bozales. Tels sont les raisonnemens de la cupidité, lorsque l'homme se sert de l'homme comme bête de somme! 11 seroit injuste de révoquer eu doute que, depuis 1 5 ans, la mortalité des nègi'es a beaucoup diminué dans l'ile de Cuba . Plusieurs propriétaires se sont occupés, de la manière la plus louable, de l'amélioration du régime des plantations. La mortalité moyenne des nègres récemment introduits est encore de 10 à 12 pour cent ■• ; elle pourroit, d'après l'expérience de plusieurs sucre- ries bien gouvernées, diminuer jusqu'à 6 ou 8 pour cent. Cette perte des negros bozales diffère beaucoup, selon l'époque de leur introduction. La plus favorable est celle d'octobre en janvier, oî» la saison est saine et où l'abondance des alimens dans les plantations est très-considérable. Dans les mois très-chauds , la mortalité est quelquefois déjii, pendant la vente, de 4 pour cent, comme on l'a éprouvé en 1802. L'accroissement du nombre des esclaves femelles, si utiles parles soins qu'elles donnent à leurs maris et à leurs compatriotes malades, l'exemption du travail pendant la grossesse , la sollicitude pour les enfaus, l'établissement des nègres par familles dans des cases séparées, l'aljondauce des provisions, la multiplication des jours de repos et l'intro- duction d'un travail modéré à tâche, voilà les moyens les plus susceptibles de prévenir la destruction des noirs. Des personnes qui counoisseut bien le régime intérieur des plantations pensent que, dans l'état actuel des choses, le nombre des esclaves noirs diminueroit annuellement de ~ si la traite frauduleuse cessolt entiè- rement. C'est une diminution à peu près égale à celle des Petites-Antilles Angloises , sil'on en excepte Sainte- Lucie et Grenade. Dans ces dernières, ona été averti par les, discussions parlementaires, i5 années avant l'abolition définitive de la traite : on a eu le temps d'augmenter l'introduction des négresses. Dans l'île de Cuba, l'abolition a été plus subite et plus inattendue. Dans les écrits officiels publiés à la Havnne , on a essayé de comparer la population relative ( le rapport de la population à Yarea de l'île ) avec la population relative des parties les moins peuplées de la France et de l'Espagne. Comme on ignoroit alors la véritable area de l'ile , ces essais n'ont pu être exacts. Nous avons vu plus haut que l'île entière renferme à peu près 200 individus par lieue carrée marine ( de 30 an degré ). C'est J- de moins que la province la moins peuplée de l'Espagne, celle de Cuenca, quatre fois moins que le département le moins peuplé de la France, celui des Hautes-Alpes. Les habitans de l'île de Cuba sont si inégalement répartis , ([u'on pourroit presque regarder comme dépeuplés les | de l'île *. H y a diverses paroisses (Consolacion, Macuriges, Hanabana), dans lesquelles on ne trouve, au milieu des pâturages, pas i5 habitans par lieue carrée : au contraire, dans le triangle formé par Bahia-Honda, Batabano et Matanzas ' Leller nddressed lo Ihe Liverpool Society, iSaS, p. iS. * Le nombre de 480,000 pour t'aonée 1770 ne se fonde pas sur un dénombrement effectif; ce n'est qu'une approximation. M. Albert Gallalin pense que les États-Unis qui possédoient, à la Ho de iSaS, une population de i,C65,ooo esclaves et de 35o,ooo libres de couleur, et par conséquent un total de 1,915,000 nègres et mulâtres, n'ont jamais reçu des cotes d'Afrique plus de 000,000 noirs, c'est-à-dire ï,S3o,ooo de moins qu'en ont reçus, de 16S0 à 1786, les Antilles Angiuises, dont la population en nègres et mulâtres surpasse à peine aujourd'hui le tieis de celle des États-Unis. ^ On assure qu'à la Martinique, où il ^ a 78,000 esclaves, la mortalité moyenne est de 6000. Les naissances, parmi les esclaves, ne s'élèvent encore annuellement qu'à 1200. Sur les perles dans les îles Antilles Angloises, voyez plus liaut , p. 536. Avant l'abolilion de la traite , la Jamaïque perdoit annuellement 7000 individus ou 2 j pour cent ; depuis cette époque , la diminution de la population est presque nulle, lîeview of llie registry îaws by the Com. ofthe A fric. Inst. , 1S20, p. 43- ' Documenlos,f. lôti. /u^ei aussi plus haut, Tom. 111 , p. gi , rj5. CHAPITRE XXVIII. 407 (plus exactement entre Batabâno, le Pan de Guaixabon et Guamacai o ) , on trouve, sur 410 lieues carrées ou sur I de Varea totale de l'île, plus de 3oo,ooo hahitans, c'est-à-dire ? de la population de l'île et plus de f de sa richesse agricole et commerciale. Ce triangle n'offre encore que 732 habitans par lieue carrée. Il n'a pas tout-à-fait l'étendue de deux départemens de grandeur moyenne de la France, cl une population relative de la moitié moins considérable ; mais il ne faut pas oublier que, même dans ce petit triangle, entre Guaixaijon Guamacaro et Batabâno, la partie méridionale est assez dépeuplée. Les Paroquias ^]es plus riches en planta- tions de sucre, sont celles de Matanzas avec Naranjal, ou Cuba moclia et Yumuri; de Rio blanco del Norte avec Madruga, Jibacoa , et Tapaste ; de Jaruco , Guines et Managua avec Rio lilanco del Sur , San Geronirao et Canoa; de Guanabacoa avec Bajurayabo et Sibariuion; de Batabâno avec Guara et Buenaventura ; de San Antonio avec Govea ; de Guanajay avec Bahiahonda et Guaja) bon ; de Cano avec Bauta et Guatao ; de Santiago avecllubajay , et de la Trinldad. Les Parroquias qui senties plus dépeuplées, et qui ne servent qu'à l'économie pastorale [cria de ganado) , sont , dans la Ftielta de abaxo , celles de Santa Cruz de los Pinos , Guanacape, Caca- ragicaras^ Final del Rio, Guane et Basa; dans la Fiielta de arriba, celles de Macuriges, Hanabana , Guamacaro et Alvarez. Les halos, ou fermes de bétail qui occupent des déserts de 1600 à 1800 cabatlerias, disparoissent peu à peu; et si les établissemens tentés à Guantanarao et Nuevitas n'ont pas eu les succès rapides auxquels on croyoit avoir droit de s'attendre, d'autres établissemens, par exemple ceux de la Juridiction du Guanajay ont parfaitement réussi. [Expediente de Don Franc, de Arango, 1798, manuscrit.) Nous avons déjà rappelé plus haut combien la population de l'île de Cuba est susceptible d'augmenter dans la suite des siècles. Natif d'un pays du nord, qni est bien peu favorisé par la nature, je rappellerai que la Marche de Brandebourg , en grande pai-tie sablonneuse , nourrit , sous une administration favorable aux progrès de l'industrie agricole, sur une surface trois fois plus petite que l'île de Cuba, une population presque double. L'extrême inégalité dans la distribution delà population, lemanque d'iiabitans sm- une grande partie des cotes , et l'énorme développement de ces dernières rendent impossible la défense militaire de l'île entière. On ne peut empêcher ni le débarquement de l'ennemi ni le commerce illicite. La Havane est sans doute une place bien défendue, et qui rivalise, par ses ouvrages , avec les places les plus importantes de l'Europe ; les Torreones et les fortifications de Cogimar, Jaruco, Matanzas, Mariel, Bahia Honda, Batabâno, Xagua et Trinidad peuvent opposer une résistance plus ou moins longue^ mais les deux tiers de l'île sont presque sans défense et pourroient à peine en trouver dans le service le plus actif de chaloupes canonnières. La culture intellectuelle, presque entièrement restreinte à la classe des blancs, se trouve aussi inégalement répartie que la population. La grande société de la Havane ressemble , par l'aisance et la politesse des manières, à la société de Cadix et des villes commerçantes les plus riches de l'Europe : mais si l'on quitte la capitale ou les plantations voisines, habitées par de riches propriétaires , on est frappé du contraste qu'offre cet état d'une civi- lisation partielle et locale d'avec la simplicité de mœurs qui règne dans les fermes isolées et dans les petites villes ! Les Havaneros ont été les premiers, parmi les riches habitans des colonies espagnoles, qui ont visité l'Es- pagne, la France et l'Italie. C'est à la Havane qu'on a toujours été le mieux instruit de la politique de l'Europe et des ressorts qu'on fait jouer dans les cours pour soutenir ou pour renverser un ministère. Cette counoissance des événemens, cette prévision des chances futures ont puissamment servi aux habitans de l'île de Cuba à se délivrer d'une partie des entraves qui arrêtent le développement de la prospérité coloniale. Dans l'intervalle de temps qui a séparé la paix de Versailles et le commencement de la révolution de Saint- Domingue, la Havane paroissoit dix fois plus rapprochée de l'Espagne que le Mexique, Caracas et la Nouvelle- Grenade. Quinze années plus tard , à l'époque de mon séjour dans les colonies , celte apparence d'une inégalité de distance avoit déjà diminué considérablement; aujourd'hui oîi l'indépendance des colonies continentales, l'importation d'une industrie étrangère et les besoins financiers des nouveaux états , ont multiplié les liaisons entre l'Europe et l'Amérique, où les trajets se raccourcissent par le perfectionnement de la navigation, où les Colombiens, les Mexicains et les habitans du Cuatimala ' rivalisent à v islter l'Europe, la plupart des anciennes ' /^os Centro-Americanos , commQ Iqs nomme la Constitution de la République fédérale de Ccntro-Americ.n décrétée le 22 novembre iS24. 4o8 LIVRE X. colonies espagnoles, du moins celles qui sont baignées par l'Océan Atlantique, paroissent également rappro- cliées de notre continent. Tels sont les changemens qu'un petit nombre d'années a produits, et qui se dévelop- pent avec une rapidité toujours croissante. Ils sont l'effet des lumières et d'une activité long-temps comprimée; ils rendent moins frappans les contrastes de mœurs et de civilisation que j'avois observés au commencement de ce siècle, à Caracas, à Bogota, à Quito, à Lima, à Mexico et à la Havane. Les iniluences des origines , basques , catalanes, galiciennes et andalouses ' deviennent de jour en jour plus insensibles; et peut-être déjà, à l'époque oii j'écris ces lignes , seroil-il peu juste de caractériser les nuances diverses de la culture nationale dans les si.x capitales que je viens de nommer, comme j'ai tenté de le faire ailleurs ^. L'île de Cuba n'a pas de ces grands et somptueux élablissemens dont la fondation date de très-loin au Mexique : mais la Havane possède des institutious que le patriotisme des habilans, vivifié par une beureuse rivalité entre les différens centres de la civilisation américaine , saura agrandir et perfectionner, lorsque les circonstances politiques et la confiance dans la conservation de la tranquillité intérieure le permettront. La Société patriotique de la Havane ( établie en i -gS ) ; celles de Santo Espiritu , de Puerto Principe et de Trinidad qui en dépen- dent; l'Université avec ses cbaires de théologie, de jurisprudence, de médecine ' et de mathématique, établies, depuis 1728, dans le couvent des Padres Predicadores '■; la chaire d'économie politique, fondée en 1818; celle de Botanique agricole; le Musée et l'Ecole d'anatomie descriptive, due au zèle éclairé de Don Alexandro Kamirez ; la bibliothèque publique, l'Ecole gratuite de dessin et de peintiu'e , '.'Ecole nautique, les Ecoles Lan- casteriennes et le Jardin botanique sont des institutions en partie naissantes, en partie vieillies. Elles attendent, les unes, des améliorations progressives; les autres, des i-éformes totales, propres à les mettre eu harmonie avec l'esprit du siècle et les besoins de la société. Agriculture; — Lorsque les Espagnols ont commencé à s'établir dans les îles et sur lecontinent de l'Amérique , les principaux objets de là culture du sol ont d'abord été , comme ils le sont encore dans la vieille Europe , les plantes qui servent à la nourriture de l'homme. Cet état de la vie agricole des peuples, le plus naturel et le plus rassurant pour la société, s'est conservé jusqti'à nos jours au Mexique, au Pérou , dans les régions froides et tempérées de Cundinamarca, partout où la domination des blancs a embrassé de vastes étendues de terrains. Des plantes alimentaires, les bananes, le manioc, le maïs, les céréales d'Europe , la pomme de terre et le quinoa sont restés, à diflerentes hauteurs au-dessus du niveau de la mer, les bases de l'agriculture conti- nentale entre les tropiques. L'indigo , le coton , le cafier et la canne à sucre ne pa- roissent dans ces régions que par groupes intercalés. Pendant deiLX siècles et demi , Cuba et les autres îles de l'archipel des Antilles ont présenté le même aspect. On ' yo-jcz plus haut, Tom. I, p. 568. ^ Tom. I , p. 591. 'AU Havane seule , il y avoir , en iSjd, plus de 5oo médecins praticiens, chiruigicns f t pbarmacieas ; savoir : 61 medicos , 553 cirujanos iatino» y romancistas et 1 00 farmacenticos) Dang toute t'iic . on comptoit , dans la même année ,012 avocat:» (dont 198 â la Havane) et 9i escribanos. L'accroissement des avocats seuls a cte tel qu'en iSi4 il n'y en avoit encore a la Havane que 84, et, dans toute l'île , i5o. ' Le clergé de l'ile de Cuba n'est ni nombreux ni trcs-ricbe, si l'on en excepte l'évêque de la Havane et l'archevêque de Cuba, dont le premier a 110,000 piastres, le second 4o,ooo piastres de rentes annuelle>. Les chanoines ont jooo piastres Le nombre des ecclésiastiques n'excède pas, d'après les denombremens oUiciels que je possède, iioo. CHAPITRE XXVIII. 4o9 cultivoit les mêmes plantes qui avoient nourri les indigènes à demi-sauvages ; on peuploit de nombreux troupeaux de bêtes à cornes les vastes savanes des grandes îles. A Saint-Domingue, Piedro de Atienza planta les premières cannes à sucre vers l'an iSao; on y construisit même des pressoirs à cylindres mus par des roues hydrauliques ' : mais l'ile de Cuba participa peu à ces efforts d'une indus- trie naissante- et, ce qui est très-remarquable, en i553, les historiens de la Conquête ''■ ne parlent encore d'aucune autre exportation de sucre que de celle du sucfc mexicain pour l'Espagne et le Pérou. Loin de verser dans le commerce ce que nous appelons aujourd'hui Aes, productions coloniales, la Havane, jusque dans le i8^ siècle, n'exportoit que des peaux et des cuirs. A l'éducation des bes- tiaux succédoit la culture du tabac et la multiplication des abeilles dont les premières ruches [colmenares) avoieqt été apportées des Florides. Bientôt la cire et le lahac devinrent des objets de commerce plus importans que les cuirs , mais ils furent remplacés à leur tour par la canne à sucre et le cqj'é. La culture de cha- cune de ces productions n'excluoit pas les cultures plus anciennes 5 et, dans ces différentes phases de l'industrie agricole , malgré la tendance qu'on observe assez généralement à faire prédominer les plantations de cafier , les sucreries ont offert jusqu'à ce jour la plus grande valeur de produits annuels. L'exportation du tabac, du café , du sucre et de la cire , par des voies licites et illicites , s'élève à 1 4 ou 1 5 millions de piastres , d'après les prix actuels de ces denrées. SUCRE.— On a exporté du seul port de la Havane, selon les registres de la douane , dans les 64 années suivantes : de 176a à 1765, année moyenne, au plus i5,ooo caisses. de 1770 à 1778 5o,ooo en 1786 63,274 1787 61,245 17S8 69,221 1789 69,125 >790 77.896 1791 8 5,01 4 179» "2,854 '79' 87.970 1794 105,629 1795 70.457 «796 120,374 1797 118,066 1798 ,. ilU,S-i 1799 165,602 1800 14^,097 ]8oi 159,841 1802 2o4,4o4 en i8o5 1 58,070 i8o4 195,955 i8o5 174,544 1806 i56,5io 1807 181,272 1808 125,875 1809 238,842 1810 186,672 de 1811 à i8i4 , année moyenne 206,487 en i8i5 214,111 1816 200.487 1817 317,076 1818 207,578 •819 ■9î,745 1820 215,595 1821 256,669 1822 261,795 1S25 5o0.2Il 1824, année peu fertile 245,529 Sur les trapiches ou molinos de agua du 16' siècle , voyez Oviedo , Bisl. nat. des Ind. , lib. 4 , cap. 8. Lopei de Gomara Conquista de Mexico (Mcdina delCampo i553), fol. ciiii. Relation historique , Totn. III. 52 4lO LIVRE X. Ce tableau est le plus étendu qu'on ait publié jusqu'à ce jour. 11 se fonde sur un grand nombre de pièces manuscrites officielles qui m'ont été communiquées, sur YAurora et le Papel periodico de la Havana; sur le Patriota Americano (Tom. II, p. Sq); sur les Guias de Forasteros de la Jsla de Cuba; sur la Su- cînta Noticia de la situacion présente de la Havana, 1800 (manuscrit); sur la Reclamacion contra la ley de Aranci-les, 1821 et sur le Redactor gênerai de Guatemala , 1825 Jul. , p. 25. D'après une notice moins cer- taine, on a embarqué, à la Havane, selon les registres de la douane, du i'^"' janvier au 5 novembre 1825, 183,960 caisses de sucre. Il manque les deux mois de novembre et décembre pendant lesquels, en 1825, on a embarqué sur le même port 23,6oo caisses. Pour connoître toute l'exportalion du sucre de l'île de Cuba, il faut ajouter à l'exportation de la Havane, 1° celle des autres ports habilites, surtout de Matanzas, Santiago de Cuba, Trinidad, Baracoa et Mariel; 2° le produit du commerce illicite. Pendant mon séjour dans l'île, on n'évalnoit encore l'expor- tation de Trinidad de Cuba qu'à 25,ooo caisses. En examinant les registres de la douane de Matanzas , il faut éviter les doubles emplois et distinguer ' avec soin le sucre directement exporté pour l'Europe de celui qui est embarqué pour la Havane. En 1819, la véritable exportation transatlantique de Matanzas n'étoit que-Tj de celle de la Havane ; en 1 823 , je la trouve déjà 7^ ; car, d'après deux tableaux de la douane , dont l'un offre l'exportation de la Havane seule, l'autre celle de la Havane et de Matanzas, le premier porte 3oo,2i 1 caisses de sucre et 895,924 arrobas de café, le second 328,418 caisses de sucre et 979,864 arrobas de café. Selon ces données, on peut ajouter aux 235,ooo caisses que présente, pour !c seul port de la Havane, la moyenne des dernières huit années, pour le moins 70,000 caisses embarquées dans d'autres ports ; de sorte qu'en évaluant la fraude des douanes à j , on reçoit, pour l'exportation totale de l'île, par des voies licites et illicites, plus de 38o,ooo caisses (près de 70 millions de kilogrammes) de sucre. Des personnes très-instruites des localités évaluoient déjà-, en 1794, la consommation de la Havane à 298000 arrobas ou 18,600 caisses de sucre; la consommation de toute l'ile , à 730,000 arrobas, ou 45,600 caisses. Si l'on se rappelle que la population de l'île étoit à celte époque ^ près de 362,000, dont au plus 23o,ooo hommes libres, et qu'elle est aujourd'hui de 715,000, dont 455, 000 hommes libres, il fau- droit admettre, pour 1825, une consommation totale de 88,000 caisses. En nous arrêtant à 60,000, on obtient, pour la production totale des plantations de cannes à sucre, pour le moins 44o>ooo caisses, ou 81 millions de lilog. C'est là un nombre limite qui ne diniinueroit que de -7^ , si l'on supposoit de moitié trop forte l'évaluation de la consommation intérieure en 1794 et 1825. Pour mieux juger de la richesse agricole de Cuba, nous allons comparer la production de cette île, dans des années médiocrement fertiles , avec la production et l'exportation des sucres dans le reste des Antilles , dans la Louisiane, au Brésil et dans les Guyanes *■ ' LclUrsfrom the Uavanna , p. 91 , gS. 2 Hiiloria naltiral y polUica de la Jtia de Cuba, par Don Antonio t«pei Gomci, 1794 (manuscrit) , cap. i,p. ja. J'ignore sur quel genre de recherches se fondoit cette évaluation d'une consommation de 35,000 à 3o,ooo caisses dan» l'ilc entière, qui m'a été donnée comme un résultat certain, en i8o4, avant que j'eusse connoissance du manuscrit de M. LopeJ Gomei. Peut-être a-t-on conclu la consommation de l'ile entière de celle de la Havane , qu'on peut contrôler plus facilement. La quantité de sucre qui s'emploie dans cette ville, soit dans la fabrication du chocolat et les confitures, soit dans les alimens du peuple , est au-delà de tout ce qu'on peut s'imaginer en Europe même lorsqu'on a parcouru l'Espagne méridionale. î f'oyeî plus haut, Tom. III, p. SgJ. "• Dans les évaluations qui suivent , on s'est arrêté aui résultats que donnent les registres des douanes , sans augmenter les chiffres, conformément à des hypothèses toujours vagues sur les effets du commerce illicite. Dans les réductions des poids on a supposé i quinlalou 4 airobas -\oo livres espagnoles -45kil,97f>; i arro4o=ï5 livres espagnoles iil"l,494; • caja de aiuear de la Havanc = i6 arrobas = iS3k'i, 904; 1 cwt-m livres aogl.= 50^,796. Cette dernière évaluation se fonde sur le travail de M. Kelly qui suppose 453;r,544 -1 livre avoir du poids. M. Francceur, en calculant d'après le poids d'un pouce cube d'eau distillée , sous les condition» indiquées dans la nouvelle loi angloise , trouve seulement 453:r,,96 dans la livre avoir du poids , ce qui donne 1 CTvt=5ol>'',769 , ou à -„'^ près le lésultat de la réduction de M. Riffault dans la seconde CHAPITRE XXVIII. 4'^ Ile DE Cuba , d'après les évaluations discutées ci -dessus: production, pour le moins 44o,ooo caisses; exportation, par des voieslicites,3o5,ooo caisses, ou 56 millions de kilog. ; avec la contreliande, 38o,ooo caisses (70 millions de tilog.) ; par conséquent , presque j de moins que l'esportalion moyenne de la Jamaïque. Jamaïque. Production' (c'est-à-dire la consommation intérieure + l'exportation) en 1812, d'après une évaluation de M. Colquhoun qui paroit un peu forte, de i55,592 hogsheads à 14 cwl, ou 96,413,648 kll. Exportation en 1722, lorsque l'île n'avoit pas encore 60,000 esclaves, de 11,008 hds ; en 1744; Je 35,000 hds; en 1768 (avec 166,914 esclaves), de 55,761 hds, ou 780,654 cwt^;en 1 823 (avec 342,382 escl.), de 1,417 738 cwt^ ou 72,007,928 kilogrammes. Il résulte de ces données que l'exportation de la Jamaïque, dans l'année très-fertile de 1823 , n'a été que de -^ plus grande '' que celle de l'île de Cuba qui s'élevoit , dans la même année, par des voies licites, à 370,000 caisses, ou 68,080,000 kilogrammes. Eu prenant la moyenne de 1816 à 1824, on trouve, d'après des documeus que je dois à l'obligeance de M. Charles EUis , l'exportation de la Jamaïque aux ports de laGrande-Bretagne et de l'Irlande de 1 ,597,000 cwl(8 1 , 1 27,000 kil. ). Barbados (avec 79,000 esclaves); la Geenade (avec 25,ooo escl.); Saint- Vencent (avec 24,000 escl.) sont les trois îles qui, parmi les Antilles angloises, fournissent le plus de sucre. Leur exportation pour la Grande-Bretagne a été, en iSia^, de 174,218 cwt; 211, i34 cwt et 220,614 cwt- En 1823, elle étoit de 5i4,63o cwt; 247,360 cwt; et 232,677 cwt. Barbados, la Grenade et Saint-'Vincent exportent par consé- quent ensemble une quantité de sucre qui n'égale pas encore celle que la Guadeloupe et la ^Martinique envoient annuellement en France. Les trois îles angloises ont 128,000 esclaves et 43 lieues carrées marines ; les deux îles françoises ont 178 000 esclaves et 8i lieues carrées. L'île de la Trinidad qui, après Cuba, Haïti, la Jamaïque et Portorico, est la plus grande des Antilles, a, d'après MM. de Lindenau et Bauza, un area de i33 lieues carrées : cependant elle n'exporloit, en 1823, que 186,891 cwt (9,494iOOO kilog.) , produit du travail de 23,5oo esclaves. Le progrès de la culture de cette île conquise sur les Espagnols a été tellement rapide, qu'en 1812. la production n'étoit encore que de 5g,ooo cwt. Antilles akgloises. La culture de la canne à sucre a commencé à la Jamaïque , comme une branche de l'industrie coloniale, en 1673. L'exportation de toutes les Antilles angloises, pour les ports de la Grande- Bretagne, a été, année moyenne, de 1698 à 1712, de 400,000 cwt; de 1727 à I733, d'un million de cwt; de 1761 à 1765, de 1,485,077 cwt; de 1791 à 1796 (avec 460,000 escl.), de 2, 021, 325 cwt; dans l'année très-fertile de 1812, de 3,112,734 cwt; en 1823 (avec 627,000 escl.), de 3,oo5,366 cwl ^. La moyenne de 1816 à 1824 a été de 3,o53,373 cwt. La Jamaïque exporte aujourd'hui, dans les ports de la Grande- Bretagne, plus de la moitié du sucre de toutes les Antilles angloises. Sa population esclave est à la population totale des Antilles angloises, comme i : \ ~. Exportation des Antilles angloises pour l'Irlande i85,ooo CAvt. éditioD de la Chimie de Thomson^ Tom. 1 , p. xvii. J'ai employé, d'après M. Kelly, 1 cwt=5o'^'',-9 , mais j'ai dû rappeler les doutes qui restent sur un ëltmeot aussi important. Dans les Prices-Current imprimés à la Havane, le quint.il espagnol est évalué à 46 kil. : la réduction du Hundnd-Weight dont on se sert dans le commerce , à Paris , est aussi de 5o''>',793. ' Colquhoun, fFcallh oflheDrit. Emp. , p. 378. 2 Stewart, Vieiv ofthe présent stntc ofjaniaica , 1825 , p. 17. ' Stat. llluslr. , p. 54. f'oycz Noie A, à la fin du lo"^ Liv. ' L'exportation des sucres de la .Tamaïque aux ports de la Grande-Bretagne et de l'Irlande, pour 1812, a été, d'après Col- quhoun, de i,8j2,2o8cTvt, ou 93,076,166 kilog. : en 1817, pour la Grande-Bretagne seule, 1,7 17,3 'g cwt. ' L'année i8ia, selon l'ouvrage de Colquhoun; celle de iSsJ, d'après l'ouvrage publié récemment sous le titre de Statisticat Illustrations of the British Empire. J'ai pu me convaincre, par les données partielles , que le,-, exportations de 181a et de 1823 appartiennent à peu prés aux mêmes îles que l'Angleterre possède depuis la paix de Paris. On n'a ajouté, pour iSî?) , que les îles de Tabago et de Sainte-Lucie qui donnent 175,000 cvtt de sucre. Les évaluations antérieures k l'année i8u sont de M. Edwards ( West-Ind. , Tom. I, p. 19), et se rapportent, & quelques îles prés, dont la production étoit alors insigoi- Cante, aux mêmes parties des Antilles. On peut observer que, depuis 1812 jusqu'à l'époque actuelle , l'exportation du sucre, 4l2 LIVRE X. Antiixes fbançoises. Exportation pour la France : 4^ millions de kilogrammes. La Guadeloupe a exporté, en 1810, eu sucres terrés, 5,104,878 livres; en sucres bruts, 57,rgi,3oo livres : la Martinique, 53,059 barriques (à mille livres) de sucre, et 2,699,588 gallons (à 4 pintes de Paris) de syrop; d'où résulte , pour les deux îles, 95,955,338 livres *. De 1820 à 1825, les Antilles françoises ont importé, en France, 142,427,968 kilog. de sucre brut, et 19,041,840 kilog. de sucre terré; ensemble 161,469,808 kilog., ce qui donne , pour l'année moyenne, 40,367,452 kilog. ^. ARCHrPEL DES ANTILLES. En évaluant l'exportation des Petites-Antilles hollandoises , danoises et sué- doises qui n'ont que 61,000 esclaves, à 18 millions de kilogrammes, on trouve, pour l'exportation de tout l'Archipel des Antilles, en sucres bruts et terrés, près de 287 millions de kilog. , dont i65 millions ou -~ des Antilles angloiscs (626,800 esclaves). 62 -^ espagnoles (281,400 esclaves). 4* TS^ françoises ( 1 78,000 esclaves ). ï8 tI^ hollandoises, danoises et suédoises (61, 3oo esclaves). L'exportation des sucres de Saint-Domingue est presque nulle dans ce moment. Elle étoit, en 1788, de 80,360,000 kilog. : on la croyoit, en 1799, encore de 20 millions. Si elle s'étolt conservée telle qu'elle a été à l'époque de la plus grande prospérité de l'île, elle augraenteroit l'exportation totale des sucres des Antilles de -~^; mais celle de toute l'Amérique, à peine de 7^. Le Brésil, les Guyanes et Cuba, avec leurs 2,526,000 esclaves, fournissent aujourd'hui ensemble presque 23o raillions de kilogrammes, c'est-à-dire (sans la contrebande) trois fois autant de sucre qu'à .Saint-Domingue, lors de sa plus grande richesse. L'énorme accroissement qu'ont pris les cultures depuis 1789 dans le Brésil, à Demerary et à Cuba, a remplacé ce que Haïti donne de moins , et a rendu insensible l'abandon des sucreries dans cette république. Les Gcyanes angloise, hollandoise et françoise. Exportation totale, pour le moins 4o millions de kilog. Guyane angloise, moyenne de 1816 à 1824, de 557,000 cvrt ou 28 millions de kilog. En 182J, l'exportation aux ports de la Grande-Bretagne a été, à Demerary et à Essequebo (avec 77,070 escl.), de 607,870 eut; à Ber- bice (avec 23j 400 escl.) 56,ooofwt; total 33,717,757 kilog. On peut admettre , pour la Guyane hollandoise ^ pour TADgleterre n'a plus augmenté ; cependant le nombre des esclaves ne paroit pas avoir éprouvé de changemens sensibles , si toutefois on peut admettre que les omissions dans les registres aient été les mêmes en iSia et en iSaJ- On comptoit , dans la première de ces deux années (avec Sainte-Lucie , les Bahames et les BermudesJ, 654, 100 esclaves; dans la seconde année , 65o,Soo. Des recherches faites avant la publication des Statislicai Illustrations m'avoient donné (Tom. 111, p. 35i) 636,800 esclaves. Je n'ai pas voulu faire usage des tableaux publiés pour les années 1807-1822, dans lesquels on a compris^ sous le nom de sucre des Indes occidentales angloises, l'exportation des Antilles éphémèrement conquises et celles des Guyanes hol- landoises (Demerary, Berbice, et, avant la paix de Paris, même Surinam). Cette confusion géographique a fait naître l'idée d'un accroissement de production plus grand qu'il ne l'est réellement. Les moyennes des exportations de 1809-181 1 et de iSi5-i8i8, par exemple, ont été {Stat. Ut. , p. 56) de 5, 570,805 el 5,540,995 cwt; mais, en décomptant de ces sucres de l'Amérique angloise 570,000 ovt pour Demerari et Berbice, il ne reste, pour les 1 5 Antilles qui se trouvent aujourd'hui sous la domination de l'Angleterre, que 5,i85,ooo cmt. La seule année 183a donne, avec les mCmes corrections , 3,955,700 cwt, et ce résultat est conforme à ,', près à celui que j'ai donné dans le texte pour l'année iSqS (5,oo5,566 cwt). M. Edwards, selon la dernière édition de son excellent ouvrage sur les Indes occidentales, croit l'exportation moyenne des Antilles angloises, dans la période de 1809 à 1811 de 4,310,376 cwt. Dans cette évaluation, trop forte du tiers, on a sans doute confondu les sucres des Antilles avec ceux qtri arrivent des Guyanes, du Brésil et de toutes les autres parties du monde; car V importation totale des sucres dans la Grande-Bretagne n'étoit, de 1809 à 1811, année moyenne , que de 4,343,468 cwt. ' Notes officielles. ' Rodet, de l'Entrepôt de Paris, i835, p. i5o. ' Un auteur hoUandois , M. Van den Bosch, dans un ouvrage très-instructif sur les Nedarlandsclie DezittingeninAzia, Arnerika en Afrika (1818, Tom. H, .p. 188, aos , 2o4 , 3i4), n'éîalue encore , en 181 4, les trois colonies de Demerary, Essequebo e( CHAPITRE XXVIIT. 4^3 ou Surinam, de neuf à dix millions de kilogrammes. Les exportations de Surinam ont été, en 1823, de 10,882,000 liv.; en 1824, de i8,555,ooo; en 1825, de 20,266,000. Ces notions ont été recueillies par M. Thuret, consul général du roi des Pays-Bas à Paris. BnÉsiL. L'exportation de ce vaste pays qui compte 1,960,000 esclaves, et où la canne à sucre est cul- tivée dans la Capitania gênerai de Rio Grande jusqu'au parallèle ' de Porto Alegre (lat. 30° 2'), est beaucoup plus considérable qu'on ne le croit communément ^. Elle a été, en 1816, d'après des renseignemens très-exacts, de 200,000 caisses (à 65o kilog.), ou i3o millions de kilogrammes, dont j fut expédié pour l'Allemagne et la Belgique par Hambourg , Brème , Trieste , Livourne et Gênes, et le reste pour le Portugal , la France et l'Angleterre. Ce dernier pays n'en a reçu, en 1823, que 71,438 cwt, ou 3,628,335 kilog. Ces sucres ont généralement sur les côtes du Brésil un prix très-élevé. La production du sucre brésilien a diminué depuis 1816, à cause des troubles intérieurs : dans des années de grande sécberesse , l'exportation s'est élevée à peine à 140,000 caisses. Les personnes qui connoissent particulièrement cette branche du commerce américain pensent que , dès que la tranquillité sera entièrement rétablie , l'exportation du sucre deviendra , année moyenne, de 192,000 caisses, ou 125 millions de kilogrammes, dont i5o,ooo caisses de sucre terré et 42,000 de sucre brut. On croit que Rio Janeiro fournira 40,000 caisses; Bahia 100,000; Pernambouc 52,000 , sans compter sur des années d'une fertilité extraordinaire. L'Amérique équinoxiale el la Louisiane versent aujourd'hui (tel est le résultat de la discussion minu- tieuse de toutes les données partielles) dans le commerce de l'Europe et des Etats-Unis, 460 millions de kilogrammes de sucre, dont 287 millions ou — des Antilles (i,i47,5oo esclaves). 125 -^^ du Brésil ( 2,060,000 esclaves). 40 ■—-; des Guyanes ( 206,000 esclaves). Nous verrons bientôt que la Grande-Bretagne seule, avec une population de 14,400,000, consomme plus du tiers des 460 millions de kilogrammes que fournit le Nouveau - Continent dans des pays oii la traite a rassemblé 3,3 1 4,000 malheureux esclaves! La culture de la canne à sucre est aujourd'hui tellement répandue dans les différentes parties du globe , que les causes physiques ou politiques qui suspeu- droient ou détruiroient les efforts de l'industrie dans une des Grandes-Antilles, ne pourroient plus produire le même effet sur le prix du sucre, et sur le commerce général de l'Europe et des Etals-Unis, qu'à l'époque où les grandes cultures étoient concentrées dans un petit espace. Des écrivains espagnols ont souvent comparé l'île de Cuba , pour la richesse de ses productions , aux mines de Guanaxuato dans le Mexique. En effet Guanaxuato, au commencement du 19° siècle, a fourni le quart de tout l'argent mexicain et un sixième de tout l'argent américain. L'île de Cuba exporte aujourd'hui par des voies licites \ de tout le sucre de l'Archipel des Antilles ; j de tout le sucre de l'Amérique équinoxiale qui reflue en Europe et aux États-Unis. Berbice (avec 85,442 esclaves) qu'à une ezporlatioa de 31,408,193 livres de sucre. Surinam a , d'après le même auleur, à peine 60,000 esclaves, et eiportoit, en 1801 , prés de 10,477,000 livre» de sucre. Celle eiporlalion a peu varié depuis : elle est giué- ralcmeut de 17,000 barriques (à 55o kilog.). Cayenne commence à donner 1 million de kil. L'évaluation de la population noire des trois Guyanes {voyez plus haut, Tom. 111, p. 34i) est peut-être de j trop forte. ' Sur le» limites des plantes cultivées dans l'hémisphère austral , voyez Augusle de Saini-Hilaire, Aperçu d'un f^oyage nu Brésil , p. 57. Au nord du tropique du Cancer, nous trouvons la production en sucre de la Louisiane en i8i5, de i5 millions de livres ou 7,55o,ooo kilogrammes. {PUkins, p. 249-) 2 Dans l'ouvrage statistique qui a paru sou» le titre , Commerce rfa dix-neun'cme ji6t(e, Tom. 11, p. 208, l'exportation du sucre du Brésil en Europe n'est évaluée qu'à 5o, 000 caisses j mais , d'après les registre» de la douane de Hambourg , ce port seul a reçu, en i8ï4, de sucres brésiliens, 44, 800 caisses; en 182S , plus de 31,900 caisses (à 65o kilog.). L'Angleterre et la Belgique ont importé, à la même époque , plus de 10,000 caisses. M. Auguste de Saint-Hilaire croit que, dans ces der- nière» années , l'exportation de Bahia ne s'est élevée qu'à 60,000 caisses. D'après des documens oi&ciels rassemblés par M. Adrien Baibi, on trouve l'exportation du sucre brésilien pour le Portugal, en 1796, de 34,693,000 kilog.; en 1806, de 36,0)8,000 kilog.; en 1811, de 4^ millions de kilogramme». 4l4 LIVRE X. On distingue dans l'île de Cuba trois qualités de sucre, selon le degré de pureté qu'atteint cette matière par le ferrage (grados de purga). Dans chaque paia ou cône renversé, la partie supérieure donne le sucre blanc. la partie moyenne, le sucre blond ou quebrado; la partie inférieure ou pointe du cône, le cucurucho. Tous les sucres de Cuba sont par conséquent terrés ; on n'y produit qu'une très-petite quantité de sucre brut ou de moscouadc (par corruption azucar mascabado). Comme \es formes sont de différentes grandeurs, les pains (panes) diffèrent aussi de poids. Généralement ils pèsent, après le lerragc, une arroba. Les rafflneurs (^maestros de azucar) veulent que chaque pain de sucre rende | de blanc, f de quebrado et 3 de cucurucho. Le sucre blanc a un prix plus élevé, lorsqu'il se vend seul, que dans la vente appelée de suHido , dans laquelle on réunit, dans un lot de vente, 5 de sucre blanc et \ de quebrado. Dans ce dernier cas, la différence du prix est généralement de 4 réaux {reaies de plata) ; dans le premier, elle s'élève à 6 ou 7 réaux. La révolution de Saint-Domingue, les prohibitions dictées par le système continental , 1 énorme consommation de sucre en Angleterre et aus États-Unis, les progrès de la culture à Cuba, au Bresd , a Demerary, à Bourbon et ù Java , ont causé de grandes oscillations dans les prix. Dans une période de douze années, ils ont été, en 1807, de 3 et 7 réaux*; et, en i8i8, de 24 et 28 réaux, ce qui prouve des oscillations dans le rapport de i à 5. Dans ce même espace de temps, les prix des sucres en Angleterre n ont varié ' que de 33 à 73 shillings par quintal, c'est-à-dire comme 1325. En ne considérant pas les prix moyens de l'année entière, mais ceux que les sucres de la Havane ont eus à Liverpool pendant le cours de quelques mois, on trouve aussi des oscillations de 3osh. (en 1811) à i54 sh. (en 1814^, d'où résulte le rapport de I 345. Les prix élevés de 16 et de 20 réaux par arroba se sont maintenus, à la Havane, pendant cinq ans, de 1810 à i8i5, presque sans interruption, tandis que, depuis 1823, les prix ont baissé d'un tiers, à 10 et i4)et récemment (1826) même à g et 1 3 réaux. J'entre dans ces détails pour donner une idée plus précise du produit net d'une sucrerie et des sacrifices qu'un propriétaire enclin à se contenter d'un profit plus modique peut fane pour améliorer l'état de ses esclaves. La culture du sucre est encore profitable avec le prix actuel de 24 piastres par caisse de sucre (en prenant la moyenne entre le blanco et le quebrado) ; or un propriétaire, dont la sucrerie médiocrement gi-ande donne 800 caisses, ne vend aujourd''hui sa récolte que pour 19,200 piastres, tandis qu'elle lui valoit, il y a douze ans (à 36 piastres par caisse), 28,800 piastres '. Pendant mon séjour dans les plaines de Guines , en i8o4j j'ai tâché de réunir quelques renseignemens précis sur les cleinens numériques de la fabrication du sucre de canne: un grand yngenio , qui produit 52, 000 à 40,000 arr. (367,000 à 460,000 kll.) de sucre, a généralement une étenducde Socaballerias ^, ou65o hectares, dont la moitié (moins de ~ de lieue carrée marine) est destinée à la sucrerie proprement dite {canaveral) , l'autre moitié aux plantes alimentaires et aux pâturages (potrero). Le prix du terrain varie naturellement d'après la qualité du sol et la proximité des ports de la Havane, de Matanzas et du Mariel. Dans un rayon de 25 lieues autour de la Havane, on peut évaluer la caballeria à deux ou irois mille piastres. Pour un produit* de 32,ooo arrobas (ou 2000 caisses de sucre), il faut que Yyngenio ait pour le moins 3oo nfegres. Un esclave adulte et acclimaté vaut 45o à 5oo piastres; un nègre adulte bozal , non acclimaté, 370 à 400 piastres. H est probable qu'un Dans les prix des sacres de la Havane , les deux chiOres indiquent tooioars le prix des sucres quebrado et blaneo par arroba. La piastre forte a 8 reaies, et vaut, droite de poids et de titre, 5 fr. 43 cent. : dans le commerce, elle ?aut i3 cent, de moins. ' t'oyez les tableaux des prU de 180; â 1820 dans Slat. Illuslratlons ofthe Bril. Emp. , p. 5C, et de 1783 à iSîj , dons Tooki onhigh and loa> Priées, 1824 , Appcnd. lo Pari II, p. 46-53. ' La mesure agraire, appelée caballeria, a 18 eordeles (chaque cordel a j4 tiaras) on 45i varas en carré ; par conséquent , comme 1 vara=:o»,855, d'après Rodriguez, une caballeria a 186624 'ares carrées, ou i3oi 18 mètres carrés, ou 32 ,'„ acres anglois. Il n'y a, dans toute l'île de Cuba , que très-peu de planlalions qoi puissent fournir 4o,ooo arrobas : ce sont lesyngcnios de Rio Blanco, ou du marquis del Arco , de Don Rafaël Ofarril et de Doiia Felicia Jaurregui. On considère déjà comme de très- grandes sucreries celles qui donnent annuellement 3000 caisses , ou 32,ooo arrobas (à peu près 3C8,ooo kilogrammes). Dans les colonies françoises , on ne compte généralement que le tiers ou le quart des terrains consacrés à la plantation des vivres (bananes, ignames, bâtâtes) : dans les colonies espagnoles, on perd une plus grande surface en pâturages. C'est une suite naturelie des anciennes tiabitudes des haciendas de ganado. CHAPITRE XXVIII. 4l5 nègre coûte annuellement, en nourriture, vêtement et médecine, 45 à 5o piastres, par conséquent avec l'intérêt du capital, et en décomptant les jours de fête, plus de 22 sols par jour. On donne aux esclaves du tasajo ( viande séchée au soleil ) de Buenos-Ayres et de Caracas ; de la morue salée ( bacalao ) , quand le tasajo est trop clicr; des légumes [viandas), comme calebasses, munatos, bâtâtes et mais. Une arroba de tasajo valoit, en 1804, aux Guines, 10 à 12 réaux; aujourd'hui (iSaS) elle en coûte 14 à 16. Dans un yngenio tel que nous le supposons ici (avec un produit de 32, 000 à 4o,ooo arrohas) , il faut, 1° trois équi- pages à cylindres mis en mouvement par des bœufs [trapîchen) ou deux roues hydrauliques; 2" selon l'ancienne méthode espagnole qui, par un feu trcs-lcnt, cause une grande consommation de bois, 18 chau- dières (;)?V;ïas) ; selon la méthode françoise des JwerJeVcs (introduite, depuis l'année 1801, parM.Bauli, de Saint-Domingue , sous les auspices de Don Nicolas Calvo), 3 clarificadoras , 3 peilas et 2 tratJies de tachos (chaque train a 3 piezas), en tout \i fondas. On dit vulgairement que 3 arrobas de sucre terré donnent I baril de miel, et que les mélasses suffisent pour l'entretien des frais de la plantation : cela est tout au plus vrai là où l'on faljrique des eaux-de-vie en abondance. Trente-deux mille arrohas de sucre donnent 1 5,000 bariles de miel (à 2 arrobas) , dont on fait 5oo pipas de aguardiente de cana à 25 piastres. Si , d'après ces données, on voiiloit tenter de former un état des frais et produits, on trouveroit, pour 1826 : Valeur de 52, 000 arr. de sucre (blanco et quebrado), à 24 piastres la caisse, ou les iG arrobas 48,000 piastres Valeur de 5oo pipas de aguardiente i2,5oo 6o,5oo piastres Les frais de l'y»gl^?^^■o seront évalués, pai- an, à 3o,ooo piastres. Or, le capital employé consiste en 5o caballerias de terrain , à 25oo piastres • 35, 000 piastres 3oo nègres, à 45o piastres i55,ooo édifices , moulins 80,000 cuves, cylindres, bestiaux et l'inventaire en général i3o,ooo 470,000 piastres 11 résulte de ce calcul qu'en établissant aujourd'hui un yngenio capable de fournir 2000 caxas par an, un capi- taliste retireroit, d'après l'ancienne méthode espagnole et avec le prix actuel dusucre, 6 j pour cent d'intérêt. Cet intérêt n'est point considérable pour un établissement qui n'est pas simplement agricole, et dont les frais res- tent les mêmes, quoique les produits diminuent quelquefois de plus du tiers. 11 est très-rare qu'un de ces grands yngenios puisse faire 32,ooo caisses de sucre pendant plusieurs années consécutives. Il ne faut donc pas être surpris que, lorsque le prix des sucres étoit très-bas dans l'île de Cuba (4 ou 5 piastres le quintal), on ait préféré la culture du riz à celle de la canne. Le profit des propriétaires ( Imcendados ) anciennement établis consiste, 1° dans la circonstance que les frais d'établissement ont été beaucoup moindres, il y a 20 ou 5o ans , où le caballeria de bonnes terres ne coùtoit que 1200 ou 1600 piastres, au lieu de 25oo à 3ooo piastres; le nègre adulte 3oo piastres, au lieu de 45o à 5oo piastres ; 2" dans la compensation des prix très-bas et très-élevés du sucre. Ces prix sont si différens dans une période de 10 ans, que les intérêts du capital varient de 5 à :5 pour cent Dans l'année 1804, le capital employé n'auroit été, par exemple, que de 400,000 piastres ; et , d'après la valeur des sucres et des eaux-de-vie , le produit brut se seroit élevé a 94,000 piasties. Or, de 1797 à 1800, le prix d'une caisse de sucre a été, valeur moyenne ' , quelquefois de 40 piastres , au lieu des 24 piastres que j'ai dû supposer dans le calcul pour l'année 1825. Lorsqu'une sucrerie, une grande filature ou une mine se trouvent entre les mains de celui qui en a fait le premier établissement , ' Papel pcriodico de la llav., 1801 , n" la. 4l6 LIVRE X. l'évaluation du taux d'intérêt que donnent au propriétaire les capitaux, employés ne doit pas guider ceux qui , en achetant de seconde main , balancent les avantages que peuvent offrir les différens genres d'industrie. D'après des calculs que j'ai faits à l'île de Cuba, il m'a paru qu'un hectare donne , terme moyen, 12 mètres cubes de vezou, dont on retire , par les procédés usités jusqu'à ce jour, au plus 10 à 12 pour cent de sucre brut. Au Bengal, il faut, d'après M. Bockford, six, d'après M. Roxburgh, 5 ~ livres de suc; car 28 déci- litres de vezou fournissent 45o grammes de sucre brut. Il en résulte qu'en considérant le vezou comme un liquide chargé de sel, ce liquide contient, selon la fertilité du sol , 12 à i6 pour cent de sucre cristallisable. L'érable à sucre (Acer saccharinum) rend, dans de bons terrains aux États-Unis, 45o grammes de sucre par i8 kilog. de sève ou 2 ^ pour cent. C'est aussi la quantité de sucre que fournit la betterave, en comparant cette quantité au poids entier de la racine tubéreuse. On retire de 20,000 kilog. de betteraves, cultivées en de bonnes terres, 5oo kilog. de sucre brut. Comme la canne à sucre perd la moitié de son poids, lorsqu'on en exprime le suc, elle donne , en comparant, non les sucs, mais les racines tubéreuses de la Beta vulgaris au chaume du Saccharum ofBcinarum, à poids égal de masse végétale , six fois plus de sucre brut que la betterave. Selon la nature du sol , la quantité de pluie , la distri- bution de la chaleur entre les dififérentes saisons, et la disposition plus ou moins précoce de la plante à la floraison , le suc de la canne à sucre varie dans ses parties constituantes. Ce n'est pas seulement, comme -disent les praticiens ou maestros de azucar, la partie sucrée qui est plus ou moins délavée; la différence consiste plutôt dans les rapports entre le sucre cristallisable, le sucre incristallisal)le {sucre liquide de M. Proust), l'albumine, la gomme, la fécule verte et l'acide malique. La quantité de sucre cristallisé peut être la même; et cependant, d'après les procédés uniformes que l'on emploie, la quantité de casso- nade que l'on retire d'un même volume de vezou diffère considérablement, à cause du rapport variable des autres principes qui accompagnent le sucre cristallisable. Celui-ci, en se combinant avec quelques-uns de ces principes, forme un syrop qui n'a pas la propriété de cristalliser et qui reste dans les mélasses. Une éléva- tion trop grande de la température semble accélérer et augmenter la perte. Ces considérations expliquent pourquoi les tnaesiros de azucar se regardent quelquefois, pendant une certaine saison, comme ensorcelés, parce que, avec les mêmes soins, ils ne peuvent/aiVe la même quantité de ancre ; elles expliquent pourquoi du même vezou, en modifiant les procédés , par exemple les degrés de chaleur et la rapidité de la cuisson , on retire plus ou moins de cassonade. On ne sauroit trop le répéter, ce n'est pas de la construction et de la dispo- sition seules des chaudières et des fourneaux qu'on peut attendre de grandes économies dans la fabrication du sucre ; c'est de l'amélioration des procédés chimiques , de la connoissance plus intime des modes d'action de la chaux , des substances alcalines et du charbon animal , c'est de la détermination exacte des maxima de température auxquels le vezou doit être successivement exposé dans les diverses chaudières. Les analyses ingénieuses du sucre, de l'amidon, de la gomme et du ligneux, faites par MM. Gay-Lussac et Théuard, les travaux entrepris en Europe sur les sucres de raisin et de betterave , les recherches de MM. Dutrone , Proust, Clarke, Higgins, Daniell , Howard , Braconnot et Desrones ont facilité et préparé ces perfectionnemens : mais tout reste à faire sur les lieux , aux Antilles mêmes. Il est certain qu'on ne pourra améliorer l'amalgamation mexicaine en grand avant d'avoir examiné, pendant un long séjour à Guanaxuato ou à Real del Monte, la nature des minerais mis en contact avec le mercure, le muriate de soude , le magistral et la chaux: de même aussi, pour améliorer les procédés techniques dans les sucreries , il faudra commencer, dans plusieurs yngenios de l'île de Cuba, à faire analyser, par un chimiste qui connoît l'état actuel de la chimie végétale, de petites quantités de vezou retiré , en différens terrains , et dans différentes saisons de l'année , soit de la canne à sucre ordinaire ou créole, soit de celle d'Otaïti, soit enfm de la canne rouge ou de Guinée. Sans ce travail préalable, entrepris par une personne récemment sortie d'un des laboratoires les plus célèbres de l'Europe , et pos- sédant une connoissance solide de la fabrication du sucre de betterave, on pourra parvenir à quelques perfectionnemens partiels; mais la fabrication entière du sucre de canne restera ce qu'elle est aujourd'hui, le résultat d'un tâtonnement plus ou moins heureux. Dans des terrains qui peuvent être arrosés, ou dans lesquels des plantes à racines tubéreuses ont précédé CHAPITRE XXVIII. 417 Ja culture de la canne à sucre, une caballeria de terre fertile donne, au lieu de'iSoo arrobas , jusqu'à trois ou quatre mille arrobas, ce qui fait 2660 à 354o kilog. de sucre {blanco et quehrado) par hectare. Eu s'arrêtant à i5oo arr. et. en évaluant, d'après les prix, de la Havane , la caisse de sucre à 24 piastres, on trouve que le même hectare produiroit, en sucre , pour la valeur de 870 francs; en froment, pour la valeur de 288 fr. , dans la supposition d'une récolte octuple et du prix de cent kilog. de froment, à 18 fr. J'ai fait remarquer ailleurs que, dans cette comparaison de deux hranches de cultures , il ne faut pas oublier que celle du sucre exige l'emploi de très-grands capitaux, actuellement par exemple, de 400,000 piastres pour une production annuelle de 32,ooo arrobas, ou 368,000 kilogrammes, si celte production se fait dans un seul établissement. Au Bengal, dans des terres arrosées, un acre (à 4o44 mètres carrés) rend, d'après MM. Bockford ' et Roxburgh , 25oo kilog. de sucre brut , ce qui fait 6700 kilog. par hectare. Si cette fertilité est commune à des terrains d'une grande étendue, il ne faut pas s'étonner du bas prix du sucre dans les Grandes Indes. Le produit d'un hectare y est le double plus grand que dans les meilleurs terrains des Antdles, et le prix de la journée de l'Indien libre est presque trois fois moindre que le prix de la journée du nègre esclave à l'île de Cuba. Ou comptoit qu'à la Jamaïque, en 1825, une plantation de 5oo acres (ou i5 i caballerias) , dont 200 acres sont cultivés en cannes à sucre, donnoit, par le travail de 200 esclaves, 100 bœufs et 5o mulets, 2800 cwt, ou 142,200 kilog. de sucre, et valoit, avec les esclaves, 43,ooo livres st. D'après cette évalua- tion de I\r. Stewart, 1 hectare donneroit 17G0 kilog. de sucre brut; car telle est la qualiti du sucre qu'on livre au commerce à la Jamaï((He. Nous avons vu plus haut qu'eu comptant dans une grande sucrerie de la Havane 25 caballerias ou 323 hectares pour un produit de 32,ooo à 40,000 caisses , on trouve ii3o ou 1420 kilog. de sucre terré {blanco et qucbradd) par hectare. Ce résultat s'accorde assez bien avec celui de la Jamaïque , si l'on réfléchit sur les pertes qu'éprouve le poids du sucre par le terrage , en conver- tissant le sucre brut en azucar blanco y quebrado ou sucre terré. A Saint-Domingue, on évalue un car- reau (à 3405 toises carrées = 1 —- hectare) à 4o, quelquefois même à Go quintaux: si l'on s'arrête à 5ooo livres , on trouve encore 1900 kilog. de sucre brut par hectare. En supposant, comme on doit le faire en parlant du produit de toute l'île de Cuba, que, dans des terrains d'une fertilité moyenne, la caballeria (à 1 5 hectares) donne i5oo arrobas de sucre terré ( mêlé de blanco et de quebrado ), ou i33o kilog. par hec- tare, il résulte que 60,872 hectares, ou 19 | lieues carrées marines (à peu près un neuvième de l'étendue d'un département de la France de moyenne grandeur), suffisent pour produire les 44o,ooo caisses de sucre terré que l'île de Cuba fournit pour sa propre consommation et pour l'exportation par des voies licites et illicites. On est surpris que moins de vingt lieues carrées marines peuvent donner un produit annuel dont la valeur (en comptant i caisse, à la Havane, au taux de 24 piastres) est de plus de 52 millions de francs. Pour fournir tout le sucre brut doi^t 5o miilion.s do François ont besoin pour leur consommation, et qui est actuellement de 56 à 60 millions de kilogrammes, il ne faudroit '^, sous les tropiques , que 9 | lieues carrées marines cultivées en caimes à sucre; dans les climats tempérés, que 57 j lieues carrées marines cultivées en betteraves! Un hec- tare de bon terrain semé ou planté en betteraves produit, en France, depuis dix mille jusqu'à trente mille kilo- grammes de betteraves. La fertilité moyenne est de 20,000 kilog. qui fournissent 2 -7 pour cent, ou 5oo kilog. de sucre brut. Or, 100 kilog. de ce sucre brut donnent 5o kilog. de sucre rafilné , 3o kilog. de sucre vei'geoise , et 20 kilog. de moscouadc. Un hectare de betteraves produit par conséquent 25o kilog. de sucre raffiné. Peu de temps avant mon arrivée à la Havane, on avoit fait venir d'Allemagne quelques échantillons de ce ' Ind. Rccrcal. (Calcutta, 1810, p. y'i), lîoxburg, Repcrtoiy, Tom. II, p. 4^5. ' M. Barrucl compte 67,567 arpcns des eaux et forêts (11 lieues mar. car.) pour i5 millions de kilog. do sucre brut de betterave. [Monilcur du 22 mars 1811.) Daus la culture des tropiques , j'ai admis iguo kibg. de sucre brut par hectare. Je dois des renseignemen» très-précis, sur la fabrication du sucre de betterave, à l'amitié et aux obligeantes communi- cations de M. le baron De Lessert, mon confrère à l'Académie des Sciences, qui, par ses publications botaniques, ses immenses herbiers et une bibliothèque également riche en ouvrages de science et d'économie politique . a facilité, depui* tant d'années, la rédaction des dilférentes parties de mon foyage aux Régions iqinnoxiaks. Relatioti historique , Tom. III. 5o 4l8 LIVRE X. sucre de belterave que l'on dUoit «menacer l'existence des zVe* «««cre en Amérique. » Les planteurs avoient reconnuavec une sortede frayeur que c'étoituue substance entièrement semblable au sucre de canne, mais on se flaltoit que la cberté de la main d'œuvre en Europe et la difficulté de séparer le sucre crislallisable d'une si grande masse de pulpe végétale rendroit l'opération en grand peu profitable. La chimie est par-venue, depuis ce temps, à vaincre ces difficultés; la France seule a eu, en 1812, plus de 200 fabriques de sucre de bette- rave qui travailloient avec un succès très-inégal et produisoient un million de kilogrammes de sucre brut , c'est-à-dire un cinquante-huitième de la consommation actuelle du sucre en France. Ces 200 fabriques sont aujourd'hui réduites à i5 ou 20 qui, dirigées avec intelligence , donnent un produit de 3oo,ooo kilog. '. Les habitans des Antilles , très-inslruits des affaires de l'Europe , ne craignent plus ni les sucres de bette- rave, de chiffons, de raisin, de châtaigne et de champignon, ni le café de Naples, ni des indigos du midi de la France. Heureusement l'espoir de voir s'adoucir le sort des esclaves aux Antilles ne dépend pas du succès de ces petites cultures européennes. J'ai rappelé plusieurs fols que jusqu'en 1 762 l'île de Cuba ne versolt pas plus de productions dans le commerce que ne font aujourd'hui les trois provinces les moins industrieuses et les plus négligées sous le rapport de la cul- ture, Veragua, l'isthme de Panama et le Darien. Un événement politique très-malheureux en apparence , la prise de la Havane par les Anglois, réveilla les esprits. La ville fut évacuée le 6 juillet 1764, et de cette mémorable époque datent les premiers efforts d'une industrie naissante. La construction de nouvelles fortifi- cations d'après un plan gigantesque '^ mit soudainement beaucoup d'argent en circulation ; plus tard la traite, devenue libre', donna des bras aux sucreries. La franchise du commerce avec tous les ports d'Espagne, et par intervalles même avec les neutres , la sage administration de Don Luis de Las Casas , l'établissement du Con- suladoet de la Société patriotique , la destruction de la colonie françoise de Saint-Domingue * et l'exhausse- ment du prix des sucres qui en fut une suite nécessaire, le perfectionnement des machines et des fourneaux dû en grande partie aux réfugiés du Cap François, les liens plus intimes formés entre les propriétaires des sucreries et les ncgocians de la Havane, les grands capitaux de ceux-ci employés dans des établisseraens agricoles (sucreries et caféières) , telles ont été successivement les causes de la prospérité croissante de l'île de Cuba , malgré le conflit des autorités qui embarrassent la marche des affaires *". Les plus grands changemens qu'ont éprouvés les plantations de cannes à sucre et les ateliers des sucreries ont eu lieu depuis 1796 jusqu'en 1800. On commença d'abord à substituer des manèges à mulets {trapiches de m'ilas] aux manèges à bœufs [trapiches de bucyea); puis, dans les Guines, on introduisit les roues hydrau- liques (trapiches de agua) , dont les premiers conquistadores avoient déjà fa.'t usage à Saint-Domingue; enfin (à Ceibabo), on essaya, aux frais du comte de Jaruco y Mopox, l'action des pompes à feu [bombas de vapor). De ces dernières machines, il y en a aujourd'hui 25 dans les différentes sucreries de l'île de Cuba. La culture de la canne à sucre d'Otahiti devint en même temps plus commune. On introduisit les chaudières * Quoique le prix acluel da sucre de canne non terré soit, dans les ports, de 1 fr. 5o cent. le lilug., la TabricatiOD du sucre de betterave offre encore de l'avantage dans de certaines localités, par eiemple dans les environs d'Arras. On en ttabliroit dans beaucoup d'autres parties de la France, si le prix du sucre des Antilles s'élcvoit jusqu'à a francs ou a francs 25 cent. le kilo"». , et que le gouvernement ne frappât d'aucun impôt le sucre de betterave, pour compenser la perte que les douanes éprou- veruieut sur la consommation des sucres des colonies. La fabrication du sucre de belterave est surtout proGtable là oii elle se lie au systtmc gênerai de l'économie rurale, à la bonification du sol et à la nourriture des bestiaux : ce n'est pas une culture indépendante de circonstances locales, comme la culture de la canne à sucre entre les tropiques. ^ On assure que la seule construction du fortin de la Cabafia a coûté i4 millions de piastres. 5 Real cedula de 28 de Febraro de ijSg. ^ A trois reprises , en août 1791, en juin 1793, et en octobre i8u3. C'est surtout la malheureuse et sanguinaire expé- dition des généraux Leclere et Rochambeau qui a achevé la destruction des sucrerie» de Saint-Domingue. 5 La complication des aittoridadcs y Jurisdicciones est telle que , dans le mémoire sur la situation présente de l'ile de Cuba , p. 4o, on compte i5 espécca de Ji4Zi;ados civils et ecclésiastiques. Ce morcellcaicnt de l'autorité suprême explique ce qui a été dit plus haut (p. 4oS), suc le nombre toujours croissant des avocate. CHAPITRE XXVIII. ^IQ de préparation {clarijicadoras) et des fourneaux à réverbère mieux disposés. Dans un grand nombre de plan- tations ( il faut le dire à l'honneur des propriétaires aisés), on montra une noble sollicitude pour la santé des esclaves m.ilades, pour l'introduction des négresses et pour l'éducation des enfans. Le nombre des sucreries [yngenois) étoit, dans toute l'île, en 1775, de 47'5; en 1817, de plus de 780. Parmi les premières, aucune n-i produisoit la quatrième partie du sucre que fabriquent aujourd'hui les yngenios du second rang : ce n'est par conséquent pas le nombre seul des sucreries qui puisse donner une idée précise des progrès de celte branche de l'imlustrie agricole. Dans la province de la Havane, on couiptoit en 1 763 70 sucreries. 1796 3o5 1806 480 1817 625 Tableau de la richesse agricole de la province de la Havane, en 1817. lIa7aDC Villa de Santiago . . Bejucal Villa de San Antonio, Guanajay Guanabacoa Filipinas Jarnco Guines Mataozas Santa Clara Trinidad Total SOCBEBIES ( Yngenios de azucar. ) 43 49 4 1 22 9 i55 /S 95 l'i 625 CAFKItBES (cafetales). 14 121 295 35 55 779 PÛTBEaOS^. 190 62 96 I 48 l'iS 124 200 220 45 "97 HACIERDAS de Cria. 196 26; 4o3 930 ■LA\T.VriONS ( regas) de TABAC. 76 885 i 100 i5o 1601 36 i3 8 17 10 224 i6,Ci3 3,327 872 1,684 j,i59 5,654 1,822 ■,793 2,o55 1.954 :^44i 3,914 4 2, -.68 1 l'uur ne pas altérer les Iralls caractéristiques de l'agriculture des colonies espagnoles, je m'abstiens de substituer des mots ftauçoîs aux mots espagnols consacrés par un long usage. Les Haios ou Haciendas de cria et les Potnros sont les tms et les autres des fermes à bétai) ; mais les premiers, dont l'étendue est souvent de a à 5 lieues de diamètre et qui sont dépourvus de clôture, renferment du bétail presque sauvage; ils ne demandeut que les soins de 5 ou 4 hommes à dieval {pcones) qui parcourent le pays pour y découvrir les vaches et les jumcns qui ont mis bas, et pour marquer les jeunes animaui. Les Potreros sont des pûturagcs en enclos dont souvent une petite partie est cultivée eu maïs, en bananes ou en manioc. On y engraisse les animaux nés dans tes Halos, et l'on s'y occupe secondairement aussi de Ja multipllca* tion du bétail {de pequeflas crias). 420 LIVRE X. On distingue, da-is ce tableau , les districts (Trinidad et Santa Clara) qui conservent encore l'ancienne prédi- lection pour la vie pastorale et pour l'établissement des hatos destinés à l'éducation des bestiaux ; les districts à tabac ( Filipinas, Trinidad) ; enfin ceux qui abondent le plus en plantations de sucre (Jaruco, Guanajay, Matanzas et San Antonio Abad). Les accroissemens partiels sont très-remarquables. En 1796, il n'y avoit dans le /)arti(fo de Jaruco et Rio Blanco del Korte, dans \es partidxia àa Guines et de Matanzas, que 73, 25 et 27 sucreries: en 1817, on en comptoit i5ô, 78 et gS. L'augmentation des dîmes étant, sous toutes les zones, un des signes les plus certains de l'accroissement des richesses agricoles, nous allons en consigner ici le progrès pendant i5 ans. Les dîmes (^renias décimales arrendadas) ont été affermées , dans l'évèché de la Havane ', de 4 à 4 ^^^ > comme il suit : de 1789 à 179a pour 792,586 piastres. 1793 à 1796 pour 1,044, oo5 1797 à 1800 pour 1,595,540 1801 à 1804 pour 1,804,464 On voit que, dans la dernière période, la dîme s'est élevée, année moyenne, à a,53o,ooo francs, quoique les sucres ne paient qu'une demi-dîme ou un vingtième. Pour faire connoître, par des exemples de quelques années , les rapports que conservent , je ne dis pas la pro- duction, mais les esportations des eaux-de-vie et des mélasses [iniel de purgà) avec l'exportation des sucres terrés, je consignerai ici , d'après les registres de la douane de la Havane , le résultat des années 1 8 1 5- 1 824. Pi PAS BOC0YE3 Caisses ÉPOQUES. d'eau-dc-vie. de mélasse. de sucre terré. i8i5 3 000 '7.8-4 2!4)! »» 1816 1860 26,795 300,487 1817 50,709 317,076 1818 5ai9 34,990 207,378 1819 a85o 3o,845 192,745 1833 4G3Î 34,604 261,795 i8j5 5780 3o,i45 3oo,aii 1824 56qi 2-,o46 =45,329 D'après la moyenne des derniers cinq ans, on trouve qu'à Pesportation de looo caisses de sucre terré (185,904 kilog.) correspond l'exportalion de 17 pipas d'eau-de-vie de canne et i5o Joco^e* de mélasse"^. * Documens officiels dans lesquels un distingue pour chaque période le produit de ào Paroquias et des Casas carctisadas ^ c'est-Â-dire les maisons ou habitations dont les dîmes sont réservées et destinées à la construction des églises et des hôpitaux. ^ Une pipa de aguardiente -=. i8o frascos ou 67 J gallons; 1 bocoy — 6 bariles. La pipa d'aguardîcnte de ccna qui raut aujour- d'hui, à la Havane , ^5 piastres, en valoit, de iSi5 k 181g, plus de 35. Le bocoy de miel de purga valoit 7 réaies de plata. Ou admet généralement que trois pains de sucre donnent un baril de miel de purga, à 2 arrobas. Dans le ferrage, on met souvent , après la première couche d'argile humectée {barro) qui a été foulée par les pieds des animaux sous un hangat (pisa)', une antre coucho d'argile {ùarrillo). £n ùtant celle>ci, on laisse le sucre terré encore huit jours dans le cùne (/lormû) pour que le foible résidu de la mélasse puisse s'écouler entièrement ( para cscurrir y limpiar\ CHAPITRE XXVIII. 421 Les frais énormes que causent les grands yngenios et de fréquens dérangemens domestiques , effets du luxe et du désordre , placent trop souvent les propriétaires dans la dépendance absolue des négocians '. Les emprunts les plus communs sont ceux dans lesquels on avance des capitaux à Vhacendado qui fournit chaque quintal de café, deux piastres; chaque arroba de sucre, deux reaies de plata au-dessous du prix courant, à l'époque de la récolte. C'est ainsi qu'une récolte de mille caisses de sucre se vend par antici- pation (ou refaccimi) avec une perle de 4000 piastres. La masse des affaires et la rareté du numéraire sont si grandes à la Havane, que le gouvernement même se voit souvent forcé * d'emprunter de l'argent à 10 pour cent, et que les particuliers donnent 12 ou 16 pour cent. Les énormes profits que laisse la traite des noirs et qui s'élèvent, à l'île de Cuba, dans un seul voyage , quelquefois à 100 et i25 pour cent, ont beaucoup contribué à la hausse des intérêts , plusieurs spéculateurs ayant emprunté de l'argent à 1 8 et 20 pour cent, dans le but de vivifier ce lâche et abominable commerce. Sur des terrains vierges, la première canne à sucre, plantée avec soin, donne des récoltes pendant 20 à 23 ans; puis il faut la replanter tous les trois ans. A l'Hacienda de Matamoros , il existoit, en 1804, un carreau ( canaveral ) exploité depuis 45 ans. Les terrains les plus fertiles pour la production du sucre sont aujourd'hui les environs du Maricl et de Guanajay. La variété de canne à sucre, connue sous le nom de Cana de Otahiti , que l'on reconnoît de loift par un vert plus frais, a l'avantage de fournir à la fois, sur une même étendue de terrain, j de suc de plus et une bagasse plus ligneuse , plus épaisse , et par conséquent plus riche en matières combustibles. Les raffineurs {jnaestros de azucar), qui ont tout l'orgueil des demi- savans, prétendent que le vezou [giiarapo) de la Cafia de Otahiti est plus facile à traiter, et qu'il donne du sucre cristallisé en ajoutant ■* moiïis de chaux ou de potasse au vezou. Cette canne de la Mer du Sud présente sans doute, après 5 à6 ans de culture, le chaume plus mince; mais les nœuds restent toujours plus éloignés les uns des autres que dans la Caiia creolia ou de la tierra. La crainte qu'on avoit conçue d'abord de voir la première dégénérer peu à peu en canne à sucre ordinaire * ne s'est heureusement pas réalisée. On plante la canue, à l'île de Cuba, (lans la saison des pluies de juillet en octobre : la récolte se fait de février en mai. A mesure que, par des défrlchemens trop rapides, l'île est devenue déboisée , les sucreries ont commencé à manquer de combustible. On s'étoit toujours servi d'un peu de bagasse (de la canne à sucre dépourvue de son suc), pour vivifier le feu sous les anciennes chaudières {tachos) ; mais ce n'est que depuis l'introduction des fourneaux à réverbère par les émigrés de Saint-Domingue qu'on a tenté de se passer entièrement du bois , et de ne brûler que la bagasse seule. D'après l'ancienne construction des fourneaux et des chaudières , on brûle une iarea de bois, à iCo pieds cubes, pour produire 5 arrobas desucre, ou, pour 100 kilog. de sucre brut, il faut 278 pieds cubes de bois de citronnier et d'oranger. Dans les fourneaux à réverbères de Saint- Domingue, une charrette de bagasse, à 49^ pieds Cubes, produisolt 640 livres de sucre brut, ce qui fait i58 pieds cubes de bagasse pour 100 kilog. de sucre. J'ai tenté, pendant mon séjour aux Guines, et surtout àRio Blanco, chez le comte de Mopox, plusieurs nouvelles constructions, dans le but de diminuer la dépense du combustible, d'environner le foyer de substances qui conduisent mal la chaleur, et d'obtenir que les esclaves souffrissent moins en attisant le feu. Un long séjour dans les salines d'Europe et des travaux ^ Les contrats entre les négociant capitalistes et les hacendadôs ont laissé aux derniers , surtout à l'époque de la construc- tion de tant de nouvelles sucreries, en 1798, des pertes de 3o à 4o pour cent. Les lois sont contraires à tout emprunt qui excède 5 pour cent, mais on sait en éviter les effets par des CTjntrats fictifs. [Sedano, sobre ta Decadencia dei ramo de Azucar, 1812, p. 17.) 2 Je rappelle VcmprestUo de ta Intendencia de ta Havana du 5 novembre i8o4. ' Au moment où l'on ajoute la chaux, les écumes noircissent; le suif et d'autres corps gras font aller l'écume {caehata) au fond et la diminuent. ' Sur ces variétés et sur l'histoire de leur introduction, voyez pins haut, Toni. II, 43. O"- Les caisses de sucre venant du Mitsissipi dans des bâtimens qui en chargent 3ooo, sont de pin et de cyprès. En i8o4 , elles coûtaient i4 à iS rcaux la pièce. 42 2 LIVRE X. de halurgic pratique auxquels je m'étois adonné dans ma première jeunesse, m'avoient fait naître l'idée de ces constructions qui ont été imitées arec quelques succès. Des couvercles de bois, placés sur les clarifica- doras, accéléroient les évaporations, et me faisoient croire qu'un système de couvercles et de châssis mobiles munis de contre-poids pourroit s'étendre aux autres chaudières. Cet objet mérite un nouvel examen ; mais il faut évaluer avec soin le volume du vezon [guarapo], le sucre cristallisé qu'on retire et celui que l'on détruit, le combustible, le temps et les dépenses pécuniaires. Dans les discussions sur la possibilité de remplacer, en Europe, le sucre des colonies par le sucre de betterave , on a avancé sur le prix du sucre de canne plusieurs assertions qui ne sont pas exactes. Voici de» données qui pourront servir à des comparaisons plus précises. Le prix qu'ont les sucres des colonies *, en Europe, se compose, i" du prix d'achat primitif; 2° du fret et des assurances, et 3° des droits d'entrée. Le prix d'achat dans les Antilles n'est aujourd hui que le tiers du prix de vente en Europe. Lorsqu'à la Havane , un mélange égal de sucre blanc et blond {blanco y quebrado) coûte 1 2 réaies de plata ' l'arroba , une ca-jca , à 184 tilog. , vaut 126 fr. 48 cent.; par conséquent le prix de 100 kilog. de sucre terré est de 68 francs 69 centimes , en évaluant, dans ce calcul, la piastre à 5 fr. 2; cent. Dans les colonies françoises , le prix d'achat primitif est de 5o francs les 100 kilogrammes de sucre brut, ou de 5o cent, le kilogramme. Le fret et les assurances s'élèvent aussi à 5o cent. Les droits sont de 49 fr. 5o cent, les 100 kilog. , ou de 49 T cent, le kilogramme ; d'où résulte le prix total du sucre brut dans les ports ( par exemple au Havre ) de 1 fr. 5o cent.. Le suc des betteraves , cultivées dans des climats tempérés, ne contient que le tiers ou le quart du sucre cristallisé * que renferme le vezou ou suc de la canne à sucre sous les tropiques ; mais les fabriques de betteraves gagnent, en fret, en assmances et en droits, 10 sols, ou } du prix total par livre de sucre brut sur les sucres des colonies. Si ces derniers étoient entièrement remplacés par des sucres indigènes, les douanes de France perdroient, dans l'état actuel des choses, annuellement près de 29 millions de francs. C'est par une erreur assez généralement répandue en Europe, et qui influe sur la manière d'envisager les effets de la cessation de la traite , que, dans les Antilles appelées colonies à sucre , on suppose la majeure partie des esclaves employés dans les sucreries mêmes. La culture de la canne est sans doute un des motifs les plus puissans pour vivifier le commerce des noirs; mais un calcul très-simple prouve que la masse totale des esclaves que renferment les Antilles est presque trois fois plus grande que le nombre attaché aux sucre- ries. J'ai fait voir, il y a déjà sept ans', que, si les 200,000 caisses de sucre qu'exportoit liledeCuba, en 1812, ' On ne sauroit douter qu'anjonrd'hui le profit des planteurs [hatcndados] de la Havane ne soit beaucoup moindre qu'on le croit généralement en Europe; cependant un calcul tres-ancieo de Don José Ignacio Echegoyen sur les frais de fabrication du sucre me paroîtnn peu exagéré. Cet homme, d'une grande expérience dans la partie technique, comptoitque la fabrication de 10,000 arr. de sucre causoit au propriétaire une dépense annuelle de 12,767 piastres et engageoit un capital de Co,ooo piastres. La dépense seroit par conséquent de 55 francs les 100 kilogrammes ; et , en supposant leur valeur de 65 francs (i peu prts de a4 piastres la raxa), le capital de 60,000 piastres ne porleroit, d'après des suppositions si défavorables , qu'un intérêt de 3 f pour cent. Ce calcul, qui m'a été communiqué à la Havane, date de 1798, d'une époque où les frais de fabrication, ceux d'achat de terre» et de nègres étoient bien moindres qu'ils ne le sont aujourd'hui. Mais il ne faut pas oublier, 1° que les mélasses et la production des eaux-de-vie dont la pipa vaut 25 piastres et qui peuvent s'élever à î de la valeur du sucre fabriqué, ne sont pas portes en ligne de compte ; 2° que M. Echegoyen composoit son mémoire pour prouver combien la dîme sur la production du sucre étoit vexatoire et qu'il a crn devoir exagérer les frais des hacendados. ( f'oy(z plus haut, p, 41^ > Patriota, Tom. Il , p. 63, et le mémoire déjà cité de Don Diego José de Sedano sobre ta Dccadencia del ramo de Azucar, 1812, p. 5.) '- Le comte Chaptal ne suppose aussi, en sucre brut, que 210 kilog. par 10,000 kilog. de raciuesde betteraves ou 2 ~ pour cent du poids entier. [Chimie appliquée à l'Jgr., Tom. II, p. 452). Comme les racines bien rSpées donnent 70 pour cent de suc, on peut compter que l'on retire , année commune , 5 ~ pour cent de sucre brut du suc de la betterave. Dans quelques loca- lités, ce suc contient, en Touraine, jusqu'à 5 pour cent de sucre cristallisable, de même qu'à Java, on compte quelquefois 25 à 3o pour cent de sucre dans le vezou de la canne à sucre ! Le produit d'un hectare dans cette île ne diffère cependant , pour des terrains d'une fertilité moyenne , que très-peu du produit auquel nous nous sommes arrêtés (p. 417) pour I Ile de Cuba. M. Cranfurd évalue l'acre anglois, à Java, à 12S5 livres avoir du poids de si^crc terré, ce qui fait l'iiô kiloq. par hectare. [Hisl. of Ihe Ind. Arch. , Tom. 1 , p. 4"6.) ' Rtlat. hist., Tom. II, p. 116. CHAPITRE XXVIII. 4^3 étoient produites dans de grands établissemens, moins de 3o,ooo esclaves auroient suffi pour ce genre d'industrie. C'est pour combattre des préjugés fondés sur de fausses évaluations numériques, c'est dans des vues d'humanité qu'il faut rappeler ici que les maus de l'esclavage pèsent sur un beaucoup plus grand nombre d'individus que les travaux agricoles ne l'exigent, même en admettant, ce que je suis bien loin d'accorder, que le sucre , le café, l'indigo ou le coton ne peuvent être cultivés que par des esclaves. A l'île de Cuba, on compte généralement i5o noirs pour la fabrication de looo caisses (184,000 kilog.) de sucre terré , ou, en nombre rond, un peu plus de 1200 kilog. par tète d'esclave adulte '. Une production de 440,000 caisses n'exigeroit par conséquent que 66,000 esclaves. Si l'on ajoute à ce nombre, pour les cultures du café et du tabac dans l'île de Cuba, 36, 000 , on trouve que des 260,000 esclaves qui y existent aujourd'hui, près de 100,000 suffiroient pour les trois grandes branches de l'industrie coloniale sur lesquelles repose l'activité du commerce. D'ailleurs , le tabac n'est presque cultivé que par des blancs et des hommes libres. Nous avons exposé plus haut ( p. 391), et je me suis fondé, dans cette assertion, sur l'autorité la plus respectable, celle du Consuhdo de la Havane , qu'un tiers (32 p. c.) des esclaves habite les villes et reste par conséquent étranger à toute espèce de culture. Or, si nous prenons en considération, 1° le nombre d'eufans ré- pandus dans les haciendas et incapables de travail; 2° la nécessité d'employer, dans de petites plan.' tations ou cultures dispersées, un nombre de nègres beaucoup plus considérable pour produire une même quantité de sucre que dans des cultures reunies ou grands ateliers, on trouve que, sur 187,000 esclaves répandus dans les champs, il y en a pour le moins un quart ou 46,000 qui ne produisent ni sucre , ni café , ni taliac. La traite n'est pas seulement barbare, elle est aussi déraisonnable, parce qu'elle manque le but qu'elle veut atteindre. C'est comme un courant d'eau qu'on a amené de très-loin, et dont plus de la moitié dans les colonies mêmes est détournée des terrains auxquels il étoit desliné. Ceux 795 96j»67 i8o5 268,39a 1812 641, i3i 1814 1,193,361 1818 456,6i5 1821 373,261 1822 321,140 1823 296,94a L'exportation de 1814 étoit de 60 ^ millions de kilogrammes, ce 8uo piastres par an. CHAPITRE XXVIII. 4^7 On est surpris de voir que les états d'exportation de la Havane (docuoieus publiés par le Cunsulado) nv portent, parmi les exportations pour 1816, que 3400 arrobas ; pour 182J, que i3,900 arrobas do tabac eu raina et 71,000 livres de tabac iorcido , évalués ensemble, à la douane, à 281,000 piastres; pour 1825, que 70,3o2 livres de clgarres et 167,100 livres de tabac en feuilles et côtes; mais il faut se rappeler que nulle brandie de la contrebande est plus active que celle des cigarres. Quoique le tabac de la Vttelta de ahaxo soit le plus renommé, une exportation considérable se fait aussi dans la région orientale de l'île. Je doute un peu de l'exportation totale de 200,000 boites de cigarres (valeur 2 millions de piastres) que plusieurs voya- geurs admettent pour ces dernières années. Si les récoltes étoient abondantes à ce point, pourquoi l'ilc de Cuba recevroit-elle du tabac des Etats-Unis pour la consommation de la basse classe du peuple ? Après le sucre, le café, le tabac, trois productions d'une liante Importance, je ne parlerai ni du coton, ni de Vindigo , ni ài\ froment He l'Ile de Cuba. Ces deux brandies de l'industrie coloniale sont de très-peu de rapport , et la proximité des Ktats-Unls et de Gualiiuala rend la concurrence presque Impossible. L'état du .Salvador appartenant à la Confédération de Centra Jlmerico, verse aujourd'luiij annuellement , 1 2,000 tercios, ou 1,800,000 livres d'indigo dans le coraracrce; exportation dont la valeur s'élève ;i plus de deux millions de piastres. lia culture du froment réussit au plus grand étonncnicut des voyageurs qui ont parcouru le Mexique, près des Quatro Villas, à de petites élévations au-dessus du niveau de l'Océan, quoiqu'on général elle ait encore pris très-peu de développement. I^es farines sont belles ; mais les productions coloniales offrent plus d'appâts aux laboureurs, et les cliamps des Etats-Unis, cette Crimée du Nouveau-Monde, donnent des récoltes trop abondantes pour que le commerce de, céréales indigènes puisse être effica- cement protégé par le système probibitif des douanes, dans une île voisine des bouches du Mississipi et du Delaware. Des difficultés analogues s'opposent à la culture du lin , du chanvre et de la vigne. Les liabitans de Cuba ignorent peut-être eux-mêmes que, dans les premières années de la conquête par les Espa- gnols, on a commencé à faire du vin dans leur île avec le suc de grappes sauvages '. Ces espèces de vignes propres à l'Amérique ont donné lieu à l'erreur très-répandue que le vrai "Vitis vinifera soit commun aux deux continens. Les /larrcrs monteses qui donnoient " le vin un peu aigre de l'île de Cuba, » étoient pro- bablement recueillis sur le Vitis tiliaefolia que M. W'iUdcnow a décrit d'après nos herbiers. Nulle part jusqu'ici, dans l'hémisphère boréale, la vigne n'est cultivée - dans le but de produire du vin, au sud de 27° 48' ou de la latitude de l'île de Ferro, une des Canaries , et de 2;)"' 2' ou de la latitnde d'Abushcer en Perse. CIRE. — Ce n'est pas le produit d'abeilles indigènes (Melipones de M. Latreille), mais d'abeilles intro- duites d'Europe par la Floride. Ce commerce n'est devenu très-important que depuis 1773. li'expor- tation de toute l'île, qui n'étoit, de 1774 à 1779, année moyenne, que de 2700 arrobas ^, a été évaluée , en i8o3 (en y comprenant la fraude des douanes), à 42,700 arrobas, dont 25,000 étoient destinés pour la Vrra-Cruz. liCS églises du Mexique fijnt une grande consommalion de cire de Culia. Les prix varient de * f De muchas parras inontcscs con ubas se li.i cogido vioo auaque aigu .Tgiio. •> [Ilercra , Dec. /, p. 3j3.) Gabriel de Cabrera recueillit à Cuba une tradition très-semblable à celle que les peuples de race sémitique ont de Noé , éprouvant pour la première fuis les effets d'une liqueur fcrmentée. Il ajoute que , l'idée de deux races d'hommes, l'une n»c, l'autre vftite, se lloit à cette tradition américaine. Cabrera, préoccupé des mythes des Hébreux, a-t-il mal interprété les parole:, des indigènes, ou (ce qui paroît plus probable) n'a-t-il pas ajouté un liait de plus à ces analogies de la femme nu serpent, de la tiittc (le deux frireSj du calact^snie de l'eau , du radeau de Coxcax, de l'oUcau explorateur y et de tant d'autres mythes qui nous apprennent incontestablement qu'il existoit une communauté d'antiques traditions entre les peuples des deux mondes ? Voyez mes l'ues des Cordillères et Monur}tens de rAinèriijîic , PI. xiii et xxvi ; Tom. 1, p. ii4. 2Ô5.. 2!^-, ^7^; Tom. M, p. i4 , 138, 17.';, 177, 199, 39a (éd. in-S"). 2 Lcopold ron Hurti , Phys. fJesehr. der Canar. Insclm . iSîS, p. i24- * Baynal , Tom. ïlï, p. 257. 4^8 LIVRE X 16 à 20 piastres l'arroba. Les seules exportations de la Havane ont été, d'après les registres de la douane : en i8i5 23,398 arrobaa. 1816 22,565 1817 , 20,076 i8i8 24,i56 •819 i9>573 1820 1 6,939 1822 i4j45o i8a3 ïS.ôga 1824 i6,o58 1825 i6,5o5 La Trinidad et le petit port de Baracoa font aussi un commerce considérable de la cire que fournissent les régions assez incultes de l'est de l'île. Dans la proximité des sucreries, beaucoup d'abeilles périssent en s'enivrant par les mélasses dont elles sont extrêmement friandes. En général, la production de la cire diminue à mesure que la culture des terres augmente. D'après les prix actuels de la cire, l'exportation de cette matière, par des voies licites et frauduleuses, est un objet d'un demi-million de piastres. Commerce. — Nous avons déjà rappelé dans un autre endroit que l'importance du commerce de l'île de Cuba ne se fonde pas seulement sur la richesse de ses productions et les besoins de sa population en denrées et en marchandises d'Europe, mais que cette richesse repose en grande partie aussi sur la position heu- reuse du port de la Havane , à l'entrée du Golfe du Mexique , là où se croisent les grandes routes des peuples commerçans des deux mondes. L'abbé Raynal '■ a dit, à une époque où l'agriculture et l'industrie étoient dans l'enfance et versoient à peine dans le commerce, en sucre et en tabac, pour la valeur de 2 millions de piastres , que Y île de Cuba seule pouvait valoir un royaume à l'Espagne. » Ces paroles mémorables ont eu quelque chose de prophétique : depuis que la métro- pole a perdu le Mexique, le Pérou et tant d'autres états , déclarés indépendans, elles devroient être sérieusement méditées par les hommes d'état qui sont appelés à discuter les intérêts politiques de la Péninsule. L'île de Cuba , à laquelle , depuis long-temps , la cour de Madrid a sagement accordé une grande liberté de commerce, exporte , par des voies licites et illicites, de ses seules productions indigènes en sucre, café, tabac, cire et peaux, pour la valeur de plus de i4 millions de piastres ^. C'est, à un tiers près, ce que > Hi8t. philos. , Tom. III , p. 257. ' Aux bas-prix des dernières années, on peut compter, parmi ces productions : 38o,ooo caisses de sucre (à 24 piastres )= 9, 120,000 piastres ; 3o5,ooo quintaux de café ( à 12 piastres) = 5,66o,ooo piastres. ( Voyez plus haut, p. 410, 4*4 et 424-) D'après les prix des denrées, de 1810 à i8i5, la valeur des exportations de l'île de Cuba s'élèvera actuellement à une valeur de 18 à 19 millions de piastres. Heureusement la pro- duction ou la quantité de sucres fabriqués a augmenté à mesure que les prix ont baissé : ces prix , en 1826, sont à peine de 22 piastres la caisse, tandis qu'en i8oi ils s'éloient élevés à 40 piastres. CHAPITRE XXVIII. 429 le Mexique a fourni de métaux précieux à l'époque ' de la plus grande pros- périté de ses mines. On peut dire que la Havane et la Vera-Cruz * sont , pour le reste de l'Amérique, ce que New-York est pour les États-Unis. Le tonnage des looo à 1 200 navires marchands qui entrent annuellement dans le port de la Havane s'élève ( en excluant les petites embarcations de cabotage) à i5o,ooo ou 1 70,000 tonneaux ^. On voit en outre , même au sein de la paix , souvent 1 20 à i5o bâtimens de guerre relâcher à la Havane. De 18 15 à 18 19, les produits enregistrés à la seule douane de ce port (le sucre, l'eau-de-vie, les mélasses, le café, la cire et les cuirs) ont atteint, année moyenne, la valeur de 11,245,000 piastres. En 1828, les exportations enregistrées à moins de deux tiers de leurs prix effectifs ont été (en décomptant 1,179,000 piastres en espèces) plus de 12 i millions de piastres. Il est très-probable que les importations de toute l'île , faites par des voies licites et frauduleuses , et évaluées , d'après le prix réel des denrées, des marchandises, et des esclaves, sont aujourd'hui de 1 5 à 1 6 mil- lions de piastres , dont à peine 3 ou 4 millions sont réexportés. La Havane achète de l'étranger bien au-delà de ses propres besoins : elle échange ses denrées coloniales contre les produits des manufactures d'Europe pour revendre une partie de celles-ci à la Vera-Cruz , à Truxillo , à la Guayra et à Carthagène. J'ai discuté, il y a 1 5 ans, dans un autre ouvrage*, les élémens de ces tableaux que l'on publie « sous la dénomination trompeuse de balances de commerce ,» j'ai rap- pelé le peu de confiance que méritent ces prétendus comptes ouverts entre les peuples qui font des échanges mutuels, et dont, par de faux principes d'économie politique, on croit ne devoir apprécier les avantages que d'après le montant de soldes en espèces. Les éclaircissemens (pi suivent offriront deux années (18 16 et iSaS) de Balanzas yEstados de Comercio, rédigés par ordre du gouvernement. Je n'en ai altéré aucun chiffre, parce qu'ils offrent (et cet avantage est déjà très-grand dans l'appréciation ' En i8o5 , on a frappé, à Mexico, en monnoies d'or et d'argent, pour la valeur de 27,165,888 piastres ; mais, en prenant une moyenne de dix années de tranquillité politique, on trouve, de 1800 à 1810, à peine 24 ï millions de piastres. » En i8o3 : importation de la Vera-Cruz, i5 millions de piastres; exportation (non compris les métaux précieux) , 5 millions de piastres. A la Havane , les réexportations augmenteront par l'établissement du dépôt. ^ En 1816, le tonnage du commerce de New-York étoit de 299,617 tonneaux; celui de Boston, du 143,420 tonneaux. La capacité des navires n'est pas d'ailleurs une mesure exacte de la richesse du commerce. Des pays qui exportent du riz, des farines, des bois ouvrés et du coton ont besoin de plus de tonnage que les régions tropicales , dont les productions ( cochenille, indigo , sucre et café ) occupent peu de volume , quoi- qu'elles aient une valeur très-considérable. « Essai polit., Tom. II, p. 746 ; et Rdat. hist. , Tom. III, p. 110. 43o LIVRE X. des quantités difficiles à connoître) des nombres limites au minimum. Les prix indiques dans ces états ne sont ni ceux des productions aux lieux d'origine, ni ceux que règle le cours des ports d'arrivage. Ce sont des évaluations fictives, des valeurs officielles , comme on dit dans le système des douanes ' de la Grande- Bretagne j ils sont (on ne sauroit assez le répéter) pour le moins du tiers au-dessous des prix-courans. Pour déduire de l'état du commerce de la Havane, tel que le donnent les registres des douanes espagnoles, l'état du commerce de Tile entière, il faudroit connoître les exportations et les importations enregistrées de tous les autres ports , et augmenter leur somme totale par le produit du commerce frau- duleux qui diffère selon les lieux, la nature des marchandises et leur prix variable d'année en année. Des calculs de ce genre ne peuvent être tentés que par les autorités locales ; et ce que ces autorités ont publié dans la lutte qu ils ont soutenue avec beaucoup de talent contre les Cortès d'Espagne , prouve qu'eux-mêmes ne se croient pas suffisamment préparés pour mi travail qui embrasse tant d'objets à la fois. La Jtinta del Gohierno et le Real ConsulaUo l'ont rédiger, tous les ans, pour le seul port de la Havane, sous le nom de Balanza del Comercio ^, un état des exportations et importations enregistrées dans les douanes. On distingue, dans ces états, les importations par des navires nationaux (espagnols) et étrangers; les expor- pour la Péninsule, pour les ports espagnols de TAmérique et les ports situés hors du domaine de la couronne d'Espagne. Le poids des marchandises, leurs valeurs {valor por a/oros) et les droits municipaux et royaux y sont ajoutés ; mais les évaluations officielles du prix des marchandises sont , comme nous l'avonî déjà rappelé , beaucoup au-dessous du prix-courant ^ de la place. ANNÉE 1816. A. Importation i.'î,2i<:),98(i piastres. par 536 navires espagnols 5,980,443 P- denrées et marchandises i,o32,i35 p. esclaves africains 2,659,950 en or et argent 2,288,558 par 6-2 navires étrangers « 7,239,543 1008 navires 13,219,986 ' On distingue dans ce système entre le prix réel, Vofjîciat value et le declared o\i bonafide value. ^ Ces Batanzas del Comercio de la Havane, dont quelques-uns sont imprimûs avec tout le détail minutieux des valeurs partielles , forment généralement i5 à 5o pages in-folio , et renferment plus de i8oo articles. J'en possède un très- grand nombre; mais je ne publie, dans cet Essai politique sur l'île de Cuba, que les cliiffrcs qui peuvent conduire à des résultats généraux. La même marche a été suivie dans mon Essai polilique sur la Nouvelle-Espagne. * Par exemple , les nègres introduits sont évalués à i.5o piastres par tète ; les barils de farine , à 10 piastre?. Après avoir donné la v-ileur totale de la prétendue balance du commerce, j'ai indiqué les quantités d'or et d'argent qui n'ont fait que traverser l'ile de Cuba. Pour donner une idée approximative de la consommation intérieure de l'île et de ses besoins en objets manufacturés d'Europe, j'ai désigné les mêmes articles parmi les exportations et les importations. CHAPITRE XXVIII. 43l B. Exportation 8,ô63,i35 par 497 navires espagnols 5,167,966 p. pour la Péninsule 2,419)224 p- pour les ports esp. d'Amer. . . 2,104,890 pour les cOtes d'Afrique 643,852 5,167,966 pai- 492 navires étrangers 3,195,169 989 8,363,1 35 De 2,459,991 piastres importés , l'exportation enregistrée , en or et en argent, n'a été que de 480,840 p. Parmi les arlides d'importatiori, on distingue les valeurs suivantes : farines , 71,807 barils, ou 718,921 p. , vins et liqueurs d'Europe, 463,067 p. ; viandes salées , comestibles et épiceries , 1,096^791 p. ; divers vête- mens, 127,681 p.; soieries, 282,382 p.; toiles, 3,226,859 p. ; draps et autres tissus de laine, io3,224 p.. meubles, cristaux, quincaillerie, 267,512 p.; papier, 61,486 p.; fer ouvré, 33o,368 p.; cuirs et peaux, i35,io3 p. ; planches et autres bois (de charpente) déjà ouvré, 285,217 p. Parmi les articles à'eteportation, on trouve: farines, 10,965 bar., ou i45,254 p.; vins et liqueurs, 111,466 p.; viandes salées et comestibles, 227,274 p.; divers vètemens, 48^5 p.; soieries, 47,872 p.; toiles, 1,529,610 p.; meubles, cristaux, quincaillerie, 29,000 p.; papier, 20,497 P-i fer ouvré , 9g,58i p.; sucre, 3,207,792 arrobas, ou 3,962,709 p ; café, 370,229 arrobas, ou 8475729 p.; cire, 22,365 arrobas, ou 169,683 p. ; cuirs préparcs, 19,978 p. ANNEE 1823. A. hiroRTjiTioN 13,698,735 piastres. par des navires espagnols 3,562,227 p. par des navires étrangers io,i36,5o8 B. Exportation 1 2,329, 1 69 piastres. par des navires espagnols 3,55o,3i2 p. par des navires étrangers 8,778,857 Nombre des navires entrés à la Havane, ii25, du port de 167,578 tonneaux; sortis, 1000, du port de 1 5 1,161 tonneaux. I^es productions indigènes exportées et enregistrées ont été évaluées dans cet état du commerce à 95,884 caisses de sucre blanc. 304,327 blond. 672,007 arrobas de café, première qualité. 323,917 seconde qualité. 15,692 arrobas de cire. 3o, 145 bocois de mélasse. 13,879 arrobas de tabac en rama. 71,108 livres de tabac torcido. 26,610 pièces de cuirs de l'ile de Cuba. 3,568 garafoncs de miel d'abeille. 432 LIVRE X. Or et argent importés, en espèces, 1,179,034 piastres; exportés, 1,404, 584 piastres. Parmi les marchandises et denrées importées : vêtemens faits, 2i3,236 p.; toiles et fil de lin, 2,071,083 p.; soieries, 459,869 p. ; toiles de coton, mousselines, etc., 1,021,827 p.; draps, 163,962 p.; viandes salées , riz, autres comestibles et épiceries, 3,269,901 piastres ( parmi lesquels , 43 1, 464 arr-; de tasajo, valeur 701,129 p. ; 309,601 arrobas de riz, val. 348,3oi p.; et 89,947 barils de graisse, val. 259,941 p.); farines, 74,119 barlb, ou 889,428 p. ; vins et liqueurs, 1,119,457 p.; fer ouvré, 288,697 p.; quincaillerie, meubles, cristaux et porcelaine, 464,028 p.; papier, 35,i86 rames, ou i58,337 p.; savon de Castille, 53 441 arrobas, ou 213,764 p.; suif (sebo labrado), 42,512 arrobas, ou i70,o5o p.; planches et autres bois (de charpente) déjà ouvré, 555,765 p. Parmi les objets exportés , nous distinguerons , outre les productions du pays déjà indiquées plus haut ; toiles et fil de lin, 29,526 p.; cotonnades, 69,049 p.; soieries, ii,3i6 p.; étoSes de laine, 9655 p.; meubles, cristaux, quincaillerie, 8046 p.; fer ouvré, 63,i49 p.; planches et bois (de charpente) ouvré, 23 453 p.' papier, 5572 rames , ou 22,288 p.; vins et liqueurs, 49,286 p.; viandes salées, comestibles, épiceries, 86,882 p. ; papier, 1 5,322 rames, ou 27,772 p. Voici les notions les plus exactes que j'aie pu réunir sur l'entrée et la sortie des bàtimens dans le port de' la Havane. De 1799 à i8o5, le nombre des navires entrés a été, année moyenne, de goS, en y comprenant les bâlimens de guerre. 1799 883 1800 784 1801 ioi5 1802 845 i8o3 1020 Ou évaluolt alors l'exportation des sucres à une charge de 40,000 tonneaux. De i8i5 à 1819 , le total des bàtimens entrés a été, année moyenne, de 1192, dont 226 espagnols et 966 étrangers. En 1820: entrés, i3o5, dont 288 espagnob; sortis, i23o, dont 919 étrangers. Dans les années qui suivent, on n'a tenu compte que des bàtimens marchands : entrés. sortis. j g2 1 ' 268 1 168. Parmi ces 1 268 seulement 258 espagnob. Il est entré, en outre, 95 bàtimens do gueiTe, dont 55 espagnob. jg2i '182 1 1 18. Dès 1182, il y avoit 843 étrangers; il est entré en outre i4i bàtimens de guerre, dont 72 espagnob. j823 1168 11 44- Dès 1168 (à 167,578 tonneaux), il y avoit 274 espagnols, et 708 des Etats- Unis : en outre 149 bàtimens de guerre, dont 61 espagnols, 54 des Etats-Unis et 54 anglois et françois. igjA 1086 1088. Parmi ces 1086, on coraptoit 890 étran- gers. En outre, il est entré à la Havane 1 29 bàtimens de guerre , dont 59 espa- cnob. CHAPITRE XXVII f. 4^3 ExroRTiTION ' DES PRODUCTIONS DE l'iLE DE CuBA PAR LE PORT DE LA HaVASE , DE l8l5 A 1819. ANNÉES. CAISSES DE SDCBB terré (à 184 kil.). PIPAS d'eAU-DB VIE de canne à sucre. BOCOYES de MÉLASSE. ABHOBAS DE CAFÉ (à iilil.S). ARROBAS DE CIBE (à iil"'-,5). PEAUX et cuias. VALEUR d'après les tRlX MOYEICS en piastres. l8l5 2l4>l"I 3ooo ■7,874 918,265 20,398 60,000 1 1,955,705 1816 200,487 1860 26,793 370,229 22,365 8o,uoo 10,171,872 1817 217,076 30,759 709,351 20,076 60,000 10,691,219 181S 207,378 3219 34,994 779,6,8 24,i56 60,000 21,628,248 1819 192,743 2S50 5o,845 642,-16 '9>3;3 60,000 10,776,997 Total des 5 ann. i,o3 1,795 10.909 141,265 3,420,177 109,368 330,000 56,224,04l AnnÉB moyenne. 206,359 2182 28,253 684,o35 22,253 64,000 11,244,808 En comparant, dans les tahlaïux du commerce de la Havane, la grande valeur des marchandises Importées avec le peu de valeur des marchandises réexportées , on est surpris de voir combien est déjà considérable la consommation intérieure d'un pays qui ne compte que 325,ooo blancs et x3o,ooo libres de couleur^. On y trouve , en évaluant les différens articles d'après les véritables prix-courans : en toiles et fil de lin [brelahas , plalillas , lienzos y kilo) , 2 4 à 3 millions de piastres; en tissus de coton {^zarazas miisulinns) , 1 million de piastres; en soieries [rasos y generos de seda) , 4oo,ooo p. ; en draps et tissus de laine , 220,000 p. Les besoins de l'île, en tissus d'Europe, enregistrés à l'exportation dans le seul port de la Havane , ont par conséquent excédé , dans ces dernières années , 4 millions à 4 \ millions de piastres ^. A ces importations de la Havane 1 Dans ce tableau des productions enregistrées pendant 5 années, on a évalué la caisse de sucre successivement à 16 et 12 reaies, à 22 et iS reatcs ^ à 20 et 16 rca/., à 22 et 18 reai. , à 20 et 16 real. ; la pipa d'eau-de-vie y à 35 piastres; le bocoyo de mêlasse, à 7 reaies; le quintal de café, à i5, i5, 12, 16 et 16 piastres; l'arroba de cire, à 16 piastres. "^ C'est sans cloute par une erreur de chiffres que , dans un ouvrage qui vient de paroître {Aperçu stai. sur l'ile de Cuba , i8a6, p. 2ji) , on donne à cette île 257,000 libres et 3g5,ooo esclaves. On a jeté les i3o,ooo libres de couleur dans une même classe avec les 260,000 esclaves, et on a diminué les blancs de 68,000. ' L'importation de la Vera-Cruz, en tissus [generos y ropas) , étoit , au commencement de ce siècle. Relation historique , Tom. III. 55 434 LIVRE X. (par des voies licites) , il faut ajouter : quincaillerie et meubles, plus de ; million de piastres j fer et acier, 38o,ooo p. ; planches et gros bois de charpente (ouvré) , 400,000 p. ; savon de Castllle , 3oo,ooo p. Quant à l'importation des comestibles et des boissons pour la Havane seule , elle me paroît bien digne de l'attention de ceux qui veulent connoître le véritable état de ces sociétés qu'on appelle des colonies à suo-e ou à esclaves. Telle est la composition de ces sociétés établies sur le sol le plus fécond que la nature puisse offrir à la nourriture de l'homme, telle la direction des ti'avaux agricoles et de l'industrie dans les Antilles , que , sous le climat heureux de la région équinoxiale , la population manqueroit de subsistances sans la liberté et l'activité du commerce extérieur. Je ne parle ni de l'introduction des vins ])ar le port de la Havane, qui s'élevoit (toujours d'après les registres de la douane) , en i8o3, à 4o,ooo barils ; en 1823 , à i5,ooo pipas et 17,000 barils, ou à la valeur de 1,200,000 p. j ni de l'introduction de 6000 barils d'eaux- de-vie d'Espagne et de Hollande, et de i i3,ooo barils (1,864,000 p.) de farines. Ces vins, ces licjueurs, ces farines, d'une valeur de plus de 3,3oo,ooo piastres, appartiennent à la consommation des classes aisées de la nation. Les céiéales des Etats-Unis sont devenues un véritable besoin sous une zone où long-temps le maïs , le manioc et les bananes étoient préférés à toute autre nourriture amylacée. On ne sauroit se plaindre du développement d'un luxe tout européen au milieu de la prospérité et de la civilisation croissantes de la Havane : mais , à côté de l'introduc- tion des farines , des vins et des liqueurs d'Europe, on trouve placés , l'année 1 8 1 6 , pour I î millions de piastres; l'année 1823, pour 3 ; millions de viandes salées, de riz et de légumes secs. Dans la dernière de ces deux années, l'importation du riz a été (toujours à la Havane , et d'après les registres , sans compter la contre- bande) de 323,000 «rroirt.v; l'importation delà viande sèche et salée {^tasajo) , si nécessaire â la nourriture des esclaves, de 4^5, 000 arrobas '. Ce manque de subsistances caractérise une partie des régions ti'opicales , où rim])rudente activité des Européens a interverti l'ordre de la nature : il diminuera à mesure que , plus éclairés sur leurs vrais intérêts , et découragés par le bas prix des denrées coloniales, les habitans varieront leurs cultures et donneront un avant la révolution du Mexique, de 9,200,000 piastres. Il ne faut pas oublier que le Mexique a des manu- factures indigènes dont les produits suffisent aus classes peu aisées de la population. Voyez plus haut, sur la consommation comparée du Mexique et de \enczuela, Tom. III, p. ii3. ' Dans la balanza del contercio de la Havana (i823), même les valeurs officielles sont, pour le tasujo, 755,700 piastres; pour le riz, 3C3,6oo piastres ; pour la viande de porc , 223,ooo p.; pour le lard, le beurre, le fromage , 373,000 p. ; pour la morue salée qu'on donne aux nègres avec le tasajo , 100,000 piastres. CHAPITRE XXVIII. 4^5 libre essor à toutes les branches de l'économie rurale. Les principes d'une politique étroite et mesquine , qui président à l'administration d'îles très-petites , véritables ateliers dépendans de l'Europe et habités par des hommes qui désertent le sol dès qu'il les a suffisamment enrichis , ue peuvent convenir à un pays d'une étendue presque égale à celle de l'Angleterre, couvert de villes populeuses, et dont les habitans établis de père en fds , depuis des siècles , loin de se regarder comme étrangers au sol américain , le chérissent comme leur véritable patrie. La popula- tion de l'île de Cuba , qui , en cinquante ans , excédera peut-être un million , peut ouvrir , par ses consommations mêmes , un champ immense à l'industrie indigène. Si la traite des noirs cesse entièrement , les esclaves vont passer peu à peu dans la classe des hommes libres , et la société recomposée d'elle-même, sans être exposée aux secousses violentes des disenssiôns civiles , rentrera dans les voies que la nature a tracées à toutes les sociétés devenues nombreuses et éclairées. La culture de la canne à sucre et du cafier ne sera pas abandonnée j mais elle ne restera pas plus la base principale de l'existence nationale que ne le sont la culture de la cochenille pour le Mexique , celle de l'indigo pour le Guatimala , celle du cacao pour le Vene- zuela. Une population agricole, libre et intelligente, succédera progressivement à une population esclave , dépourvue de prévoyance et d'industrie. Déjà les capitaux que le commerce de la Havane a versés depuis vingt-cinq ans entre les mains des cultivateurs ont commencé à changer la face du pays : à cette puissance , dont l'action est toujours croissante , s'en joindra nécessairement une autre qui est inséparable des progrès de l'industrie et de la richesse nationale , le développement de l'intelligence humaine. C'est de ces deux puissances réunies que dépendent les destinées futures de la métropole des Antilles. Nous avons vu que, d'après les tableaux tlu commerce de la Havane, les exportations enregistrées se sont élevées, en productions de l'île, par une moyenne de iSiS-iSig, à 12,245,000 piastres; et, dans ces der- nières années, à i3 millions de piastres '. Si les exportations enregistrées de la Havane et de Matanzas ont été ensemble, en productions indigènes et en marchandises étrangères réexportées en 1823 , de 1 5, 139,200 p.'', on peut supposer, sans exagération , que l'île entière doit avoir exporté , par des voies licites et illicites . dans cette même année 1823 , où le commerce a été très-actif, pour plus de 20 à 22 millions de piastres ^. ' Je coDsigoe ici des évaluations qui ne sont pas celles de la douane, mais des évaluations faites d'après les prix- courans dans le port de la Havane. 2 Dans l'ouvrage estimable qui a paru sous le titre du Commerce da dlxneuviime siècle, ïom. 1 , p. 25g, celte exportation de la Havane, en iSîj, est évaluée à moins de 2 millions de piastres; mais cette évaluation se foi:de sur une erreur de chiffres. Le sucre enregistré étoit de 3oo,2i 1 caxas , ou i20,oS4,4oo livres esp. , et non de C niillious de livres; l'eiporta- tion du café étoit de 22,358,100 litres esp. , et non de 3 millions de livres, {f'oycz plus haut, p. 4o9 et 424.) ' Les exportations de la partie françoise de Saint-Domingue étoient, eo 17S8, de f; millions de francs en sucre, de ;5 millions de francs en café , et de i5 millions de francs en coton, ensemble 5 i.4oo,ooo de piastres. 4'J6 livre X. Ces éyaluations en espèces varient naturellement avec le prix des marchandises et des denrées. Avant que la Jamaïque jouît d'un commerce libre, en 1820, les exportations y étoient de 5,4oo,ooo livres sterl. Ou croit assez généralement que l'Espagne tire annuellement quarante à cinquante mille caisses de sucre delaHavane. (En 1823, les états portèrent 100,766 ca^a« ; en 1826, seulement 47,547. ) Les États-Unis • font, d'après le tonnage, plus de la moitié; d'après la valeur des exportations, plus du tiers de tout le commerce de l'île de Cuba. Nous avons évalué l'importation totale de l'île au-delà de 23 à 24 millions de piastres, y compris la contrebande. La valeur des seules marchandises et productions venant des États-Unis par des navires de 106,000 tonneaux^ a été, en 1822, de 4,270,600 doUars. Les importations de la Jamaïque se sont élevées , d'après M. Stewart, en 1 820, en valeur de manufactures angloises , à 2 millions de livres sterl. L'importation enregistrée des farines ' a été , au port de la Havane : 1797 62,727 barils (à 7 \ arrobas, ou 84 kilog.). •798 58,474 >799 59,953 i8oo 54,44> 1801 64,703 1802 82,045 i8o3 69,254 En 1823, l'introduction enregistrée au port seul de la Havane a été, par les navires espagnol», 38,987 bar.; par les navires étrangers, 74,1 19 bar.; total u3,5o6 bar., au prix moyen de 167 piastres (y compris les droits), i,864,5oo piastres. C'est à la sage administration du gouverneur Don Luis de las Casas ^ que l'on doit la première introduction directe des farines des États-Unis dans l'île de Cuba. Jusqu'à cette époque, ces farines ne pouvoient être introduites qu'après avoir passe par les ports d'Europe ! M. Robinson ^ évalue l'introduction totale de cette denrée j dans les diverses pai-ties de l'ile, par des voies licites et illicites, à 120,000 barils. Il ajoute, ce qui me paroît moins certain, « que l'île de Cuba, à cause de la mauvaise distribution du travail des noirs, manque tellement de subsistances, qu'elle ne pourroit pas soutenir un blocus de cinq mois.» En 1822, les États-Unis ont importé, dans l'île de Cuba, i44'98o barils (plus de 12 millions de kilogrammes), dont la valeur, à la Havane, s'élevoit (avec les droits) à 2,391 ,000 piastres. Jlalgré l'impût de 7 piastres dont est chargé chaque baril de farine des États-Unis intro- duit dans l'île de Cuba, les farines de la Péninsule (celles de Sanlander) ne peuvent soutenir la con- currence. Cette concurrence avoit commencé pour le Mexique sous les auspices les plus heureux : pendant mon séjour à la Vera-Cruz, on exportoit déjà de ce port, en farines mexicaines, pour la valeur de 3oo,ooo piastres. D'après M. Pitkins, cette quantité a augmenté, en 1809, jusqu'à 27,000 barils, ou 2,268,000 kilog. ' D'après des documcns oEDciels , les imporlations totales des États-Unis ont été, en 1820, de 62,586,-a4 dollars, dont la Grande-Bretagne et l'Inde ont rourni 39 millions; l'iU de Cuba, 6,584,ooo; Haïti, i,i^6,ooo ; la France, 5,909,000 dollars. ^ Aperçu slatistique de l'île de Cuba , i8j6 ( Tableau B). M. Huber a ajouté à la traduction des Letlers from de Huvanna beaucoup de renscigncmens iniportans sur le commerce et le système des douanes de l'île de Cuba. L'importation de 4,270,600 dollars peut être regardée comme très-considérable; car, en 1824, celle de la Grande-Bretagne au Meiique , à Columbia , à Bucuos-Ayres , au Chili et au Pérou ne s'élevoit encore enseroble qu'à 3,377,110 livres sterl. (.4n Account of the United Prov. of Rio de la Plala, 1825, p. 172.) * Les États-Unis ont exporté en général , l'an 1820, pour 9,0-5,000 dollars de farines de froment et de maïs. L'exportation des farines épiuuve des fluctuations extraordinaires. En i8o3 , elle éluit de i,3ii,855 barils; en 1817, de 1,479,198; en ]Sa3,de 756,703 barils. * Voyez plus haut, p. 393. ^ Mem, on the Mcxican Révolution, Vol. II , p. 33u. CHAPITRE XXVIII. 4^7 Les troubles politiques du Mexique ont interrompu entièrement ce commerce de céréales entre deux pays placés tous deux sous la zone torride, mais à des élévations au-dessus du niveau de la mer dont la diiFéreace influe puissamment sur les climats et les cultures. L'importation enregistrée des boissons a été, à la Havane: •797- • 1798.. I799-- 1800. . 1801.. 1802. i8o3. 12,547 barils devin. a5oo barils d'eau-de-vie. 12,118 241a 32,073 2780 20,899 ^^92 25,921 3210 45,676 36i5 39,i3o 35.53 Pour compléter ce qui a été exposé sur le commerce extérieur, écoutons l'au- teur d'un mémoire que nous avons cité plusieurs fois et qui expose la véritable situation fie l'île. « A la Havane , dn commence à sentir tous les effets de l'accu- mulation des richesses. Les vivres ont doublé de prix dans un petit nombre d'an- nées. La main-d'œuvre est si chère qu'un nègre ùozal , récemment importé des côtes d'Afrique , gagne , par le seul travail de ses mains ( sans avoir appris aucun métier) ,4^5 réaux (2 fr. 1 3 sols à 3 fr. 5 s.) par jour. Les nègres qui exercent un métier mécanique, quelque grossier qu'il soit, gagnent ^ à 6 fr. Les familles patri- ciennes restent fixées au sol : l'homme qui s'est enrichi ne relournc pas en Europe pour y porter ses capitaux. Quelques familles sont si puissantes que Don Matheo de Pedroso, mort il y a peu de temps, a laissé, en fonds de terre , au-delà de deux millions de piastres. Plusieurs maisons de commerce de la Havane achètent, par an, dix à douze mille caisses de sucre qu'ils paient à raison de 35o,ooo ou 420,000 piastres. Les affaires qui se font annuellement dans cette place s'élèvent à plus de vingt millions de piastres. » {De la siluacion présente de Cuba, manuscrit) . Tel étoit l'état de la fortune publique à la fin de 1 800. Vingt-cinq années d'une prospérité croissante se sont écoulées depuis cette époque. La population de l'île a presque doublé. Avant l'année 1800, l'exporlation des sucres enregistrés n'avoit atteint , dans aucune année , la somme de 1 70,000 caisses (3 1,280,000 kilogrammes) 5 dans ces derniers temps ' elle a toujours dépassé ^ Depuis que la cour deMadrid a pris la résolution d'ouvrir au commerce espagnol et étranger plusieurs ports dans la partie occidentale del'ile, l'exportation des sucres enregistrés A la douane de la Havane ne doit plus être considérée comme une mesure exacte de la prospérité agricole. Le poit du Mariel, si utile aux planteurs du district de Guanajay, avoit déjà reçu son habilitacion (c'est le terme technique de la légis- lation commerciale espagnole ) par la ccrfu/e royafc du 20 octobre 1817 , mais ce n'est que depuis cinq à six ans que l'exportation du Mariel a influé sensiblement sur celle de la Havane. Le gouvernement a également 4^8 LIVRE X. 200,000 caisses , et même atteint 25o,ooo et 3oo,ooo caisses (46 à 55 millions de kilogrammes). Une nouvelle branche d'industrie, celle des plantations de cafier qui offre une exportation de la valeur de 3 ; millions de piastres , a pris naissance; l'industrie, guidée par une plus grande masse de lumières, a été mieux dirigée ; le système des impôts qui pesoit sur l'industrie nationale et sur le commerce extérieur a été ébranlé depuis 1 791 , et s'est perfectionné par des cliangemens succes- sifs. Chaque fois que la métro})ole , méconnoissant ses propres intérêts , a voulu faire un pas rétrograde , des voix courageuses se sont élevées, non seulement parmi les Hctvaneros, mais souvent même parmi les administrateurs espagnols, pour défendre la cause de la liberté du commerce américain. Récemment par le zèle éclairé et les vues patriotiques de l'intendant Don Claudio Martinez de Pinillos , une nouvelle voie a été ouverte à l'emploi des capitaux. Le commerce d'entrepôt a été accordé à la Havane, sous les conditions les plus avantageuses '. Les communications intérieures de l'ile, difficiles et coûteuses, renchérissent les productions dans les ports , malgré le peu de distance entre les côtes du nord et du sud. Un projet de canalisation qui réunit le double avantage de lier la Havane et le Batabano par une ligne navigable et de diminuer la cherté du transport des productions indigènes, mérite ici une mention spéciale. L'idée du Canal des Guiues ' avoit été cougue depuis plus d'un demi-siècle , dans le simple but de fournir, à des prix plus modiques , des bois de construction aux char- pentiers de l'arsenal de la Havane. En 1 796, le Comte de Jaruco y Mopox , homme aimable et entreprenant auquel ses liaisons avec le Prince de la Paix avoient donné beaucoup d'influence , se chargea de faire levivre ce projet. Le nivellement fut exécuté, en 1798, par deux ingénieurs d'une très-grande habileté, Don Fran- êtendu les franchises des autres ports, par exemple de Baracoa ( 1 3 décembre 1 8 1 6), de San Fernando de Nue- vitas dans l'Estero de Bagà et des Guiros (5 avril 1819), de la Bahia deGuantanamo(i3 août 1819) et de San Juan delos Reniedios, qu'on peut considérer comme le port du district de Villa Clara (23 septembre 1819). La Baliia de Jacua, où Don Luis de Clouet a commencé un établissement agricole et commercial, en y fixant d'anciens colons de la Louisiane et d'autres hommes blancs et libres , n'a point encore été habilitée. ( Memorias de la Soc. econ. de la Habana , n° 34, p. 287, 293 , 297, 3oo et 3o5. ) ' ^cuerdos sobre arreglo de derechos y establecimiento de Almacenes de Deposito. (Voyez Suplemento al Diario del Gobierno constitucional de la Habana del 1 5 de octubre 1 822.) Sans l'heureuse/runcAî'iie du port de la Havane, la Jamaïque seroit devenue le centre de toutes les opérations mercantiles avec le continent voisin. * Le nivellement a donné , en pieds de Burgos : du Ceiro près du pont de la Zanja, ioG,2; Taverna del Rey, 529,3; Pueblo del Rincon, 295,3; Laguna de Zaldivar, quand elle est pleine, 237,5; Qiiibican , 166,1; Batabano, village, 21, 3. CHAPITRE XXVIII. 439 cisco et Don Félix Lemaur. Ces officiers reconnurent que le canal auroit , dans son développement entier, 19 lieues (de 5ooo varas ou ^i5o mètres) de long, que le point de partage seroit à la Taiierna del Rey, et qu'il faudroit 19 écluses vers le nord , et 2 1 écluses vers le sud. En ligne droite , il n'y a de la Havane au Batahano que 8 i lieues marines '. Le canal des Guines seroit, ?77êmc coimne canal de pelile navigation, d'une grande utilité pour le transport des produits agricoles par des bateaux ^ à vapeur, parce qu'il se trouveroit rapproché des terrains les mieux cultivés. Nulle part les routes ne sont plus mauvaises pendant la saison des pluies que dans cette partie de l'ile où le sol n'offre qu'un calcaire friable peu propre à la construction de chemins ferrés. Aujourd'hui, le trans- port du sucre coûte , des Guines à la Havane , pour une distance de 1 2 lieues , une piastre par quintal. Outre l'avantage de faciliter les communications inté- rieures, le canal donneroit aussi une grande importance au surgidero du Batabano dans lequel, sans avoir besoin de doubler le cap Saint-Antoine , entreroient de petits bàtimens chargés de viandes salées [tasajo] de Venezuela. Dans la mauvaise saison et en temps de guerre , quand les corsaires sont en croisière entre le cap Catoche , les Torlugas et le Mariel , on est heureux de pouvoir abréger la traversée de la Terre-Ferme à l'ile de Cuba , en entrant , non à la Havane , mais dans quelque port de la côte méridionale. On avoit évalué, en 1796, la construction du canal des Guines à i million ou i ,200,000 piastres : on pense que les frais s'élèveroient aujourd'hui à plus d'un million et demi. Les prodnctions qui , annuellement, pourroient passer par le canal , ont été évaluées à 7^,000 caisses de sucre, 25,ooo arrobas de café, 8000 bocoyes de mélasse et de rum. D'après le premier projet, celui de 1796 , on vouloit lier le canal à la petite rivière des Guines qu'on amèneroit de l'Ingenio de la Holanda vers Quiblcan , 3 lieues au sud du Bejucal et de Santa Rosa ^. Aujourd'hui on a abandonné cette idée, le Rio de los Guines perdant ses eaux vers l'est dans l'irrigation des savanes du Hato de Guanamon. Au lieu de conduire le canal à l'est du Barrio del Cerro et au sud du fort d' A tarés, dans la baie de la Havane même, on voudroit se servir d'abord du lit de la Chorrera ou Rio Armendaris, depuis Calabazal ' Voyez plus haut, p. 563. î Déjà le long de la côte , des bateaux à vapeur sont établis de la Havane à Matanzas et moins régu- lièrement de la Havane au Mariel. Le gouvernement a accordé , à Don Juan de O-Farrill (24 mars 18 19), un privilège sur les barcos de vapor. 3 Pièces officielles de la Commision para el fomento de la Isla de Cuba, 1799, et JVotes manus- crites de M. Bauduy. 44o LIVRE X. jusqu'à THusillo, puis de la Zarija Real, non seulement pour faire arriver les bateaux au centre des arrabales et de la cité de la Havane , mais aussi pour fournir de l'eau aux fontaines qui en manquent pendant trois mois de l'année. J'ai eu l'avantage de visiter plusieurs fois, conjointement avec MM. Lemaur, les plaines par lesquelles doit passer cette ligne de navigation. L'utilité du jwojet est incontestable , si l'on peut amener , dans le temps des grandes sécheresses , une c{uantité d'eau suffisante au point de partage. A la Havane comme partout où le commerce et la richesse qu'il produit prennent un accroissement rapide, on se plaint de l'influence nuisible qu'exerce cet accroissement sur les vieilles mœurs. Ce n'est pas ici le lieu de comparer le premier état de l'ile de Cuba couverte de pâturages avant la prise de la capitale par les Anglois , et son état actuel depuis qu'elle est devenue la métropole des Antilles; ce n'est pas le lieu de mettre en balance la candeur et la simplicité des mœurs d'une société naissante avec lîs mœurs qui appartien- nent au développement d'une civilisation avancée. L'esprit de commerce, amenant le culte des richesses , porte sans doute les peuples à déprécier ce qu'on ne peut obtenir pour de l'argent. Or, l'état des choses humaines est heureusement tel, que ce qu'il y a de plus désirable, de plus noble, de plus libre dans l'homme, n'est dû qu'aux seules inspirations de l'ame, à l'éten- due et à l'amélioration des facnltés intellertnelles. Le culte des richesses, s'il pouvoit s'emparer d'une manière absolue de toutes les classes de la société, produiroit infailliblement le mal dont se plaignent ceux qui voient avec chagrin ce qu'ils appellent la prépondérance du système industriel; mais l'accroissement même du commerce, en -multipliant les rapports entre les peuples , en ouvrant une sphère immense à l'activité des esprits , en versant des capitaux dans l'agriculture, en créant, par les raffinemens du luxe, de nouveaux besoins, offre le remède contre les dangers dont on se croit menacé. Dans cette complication extrême de causes et d'effets , il faut du temps pour que l'équilibre s'établisse entre les diverses classes de la société. On ne peut admettre sans doute qu'à chaque époque donnée , la civilisation , le progrès des lumières, le développement de la raison publique puissent se mesurer par le tonnage, par la valeur des exportations, ou par le perfec- tionnement des arts industriels? Mais les peuples comme les individus ne doivent pas être jugés d'après un seul stade de leur vie. Ils n'accomplissent leurs destinées qu'en parcourant l'échelle entière d'une civilisation appropriée à leur caractère national et à leur situation physique. CHAPITRE XXVIII. 44ï FixANCES.— L'accroissement de la prospérité agricole de l'ile de Cuba et l'accu- mulation des richesses qui influe sur la valeur des importations ont élevé le revenu public , dans ces dernières années , à quatre millions et demi , peut-être même à cinq millions de piastres. La douane de la Flavane qui donnoit, avant 1794, moins de 600,000 piastres, et de 1797 à 1800, année moyenne, 1 ,900,000 piastres , verse , depuis la déclaration du commerce libre , dans la Trésorerie général e , un revenu net {importe Ikj uido) de plus de 3 , 1 00 , 000 piastres ' . Comme le gouvernement colonial permet la plus grande publicité dans tout ce qui regarde les finances de l'ile de Culja , on peut reconnoître , par les hudjeU des Cajas matrices de la Administracion gênerai deRcntas de la ville et juridic- tion de la Havane, fp.ie, dans les années 1820- iSaS, le revenu public, autant qu'il dépend de cette administration , a oscillé entre 3, 200,000 et 3,4oo,ooo p. Si l'on ajoute à cette somme, d'iîn côté 800,000 de différentes branches de revenus^ [directa entrada) que perçoit immédiatement la Tesoreria gênerai^ d'un autre côté le produit des douanes de Trinidad , de Matanzas , de Baracoa et de Santiago de Cuba qui , déjà avant 18 19, s'élevoit à plus de 600,000 piastres , on conçoit que l'évaluation de cinq millions de piastres , ou 2 5 millions de francs pour file entière ■^ , n'est rien moins qu'exagérée. Des comparaisons très-simples prouveront combien ce produit est considérable, relativement à l'état actuel de la colonie. L'île de Cuba ne renferme encore que ~ de la population de la France j et la moitié de ses habitans, vivant dans une affreuse indigence, consomme très- peu. Son revenu égale presque celui de la république de Colombia^; il est supérieur au revenu de toutes les douanes des Etats-Unis ^ avant l'année 1795, époque où cette confédération avoit déjà 4,500,000 habi- tans, tandis que file de Cuba n'en a que 71 5, 000. La source principale du 1 La douane de Port-au-Pi-iiice , à Haïti, a produit, en iSaS, la somme de 1,655,764 piastres; celle (le Buenob-Ayres, de 1819 à 1821, année moyenne, i,655,ooo piastres. Voyez Centinela de La Plata (septembre 1822), n° 8. Argos de Bucnos-^yrea , n" 85. ' Loterie, renia décimal, etc. ' Les dépiilés Je l'ile de Cnba déclarèrent eux-mêmes aux Corlès d'Espagne (eu mai 1821), que la somme (dtale des contributions « dans la seule province de la Havane » s'élevoit à cinq millions de piastres fortes. [Reclainucion contm la ley de aranceles , p. 7, n" (i.) Déjà, en 1818 et 181g, la recette totale de la Tréso- rerie générale étoit de 4.5*J7,ooo et 4, '05,000 piastres; la dépense, de 0,687,000 et 0,848,000 piastres. ♦ Voyez plus haut, p. 148. « En i53a, esta Isla rento Cooo pesos de oro. » Hcrera , Toni. III, p. i54. 5 En i8i5, les douanes des États-Unis qui avoient donné, de 1801 à 1808, jusqu'à iG millions de dollars , ne produisoieut que 7,282,000 dollars. Morse, Modem Geogr. , p. 658. Relation historique , Tom. III. 56 44^ LIVRE X. revenu public de cette belle colonie est la douane : elle seule produit au- delà de I, et suffit largement à tous les besoins d'administration intérieure et de défense militaire. Si , dans ces dernières années , les dépenses de la Tré- sorerie générale de la Havane se sont élevées à plus de quatre millions de piastres , ce surcroit de dépenses n'est dû qu'à la lutte opiniâtre que la métropole a voulu soutenir contre les colonies affranchies. Deux millions de piastres ont été employés à la solde des troupes de terre et de mer cpii , par la Havane , ont reflué du continent américain vers la Péninsule. Aussi long-temps que l'Espagne , négligeant ses véri- lal)les intérêts, ne reconnoîtra pas l'indépendance des nouvelles républiques, l'île de Cuba, menacée par la Colombie et la Confédération mexicaine, doit entretenir, pour sa défense extérieure, un appareil militaire qui ruine les finances colo- niales. La marine espagnole, stationnée dans le port de la Havane, coûte généralement au-delà de 65o,ooo piastres. La troupe de terre exige, par an, près de i ; million de piastres. Un tel état de choses ne sauroit durer indéfiniment, si la Péninsule ne soulage pas le fardeau qui pèse sur la colonie. De 1789 à 1797, le produit de la douane ne s'est jamais élevé, à la Havane, année moyenne, au-delà de 700,000 piastres; car les droits royaux {renias reaies) versés dans la Trésorerie étoient : 1 789 de 4/9.502 piastres. 1790 — Gi3,720 1791 — 620,202 1792 — 849,904 1 7g5 — G35,og8 1794 — 042,520 lygS — 643.585 1796 — 784,689 De 1797 à 1800, les droits royaux et municipaux, perçus à la Havane, ont été de 7,634, lîC piastres, ou, année moyenne, de 1,908,000 pia.stres : 1 797 1 ,207,0 1 7 piastres. 1798 1,822,548 1 7(^9 2,3o5,o8o 1800 2,249,680 1801 2,'7o,-97° 1 802 2,400,932 i8o3 1,637,465 La douane de la Havane a produit : 1808 ','78,974 piastres. 1809 1 9i3,6o5 1810 1,292,619 1811 1 ,469, 1 57 1814 ),855,ii: CHAPITRE XXVIII. 44^ l^ diminution des revenus de la douane, en 1808, a été attribuée à l'embargo mis sur les navires amé- ricains '; mais, en 1809, la cour permit la libre entrée des navires étrangers neutres *. De i8i5 à 181g, les droits royaux, ont été, dans le port de la Havane, de 11,5^5,460 piastres; les droits municipaux, de 6,709,347 piastres ; total, 18,284,807 piastres, ou, année moyenne, 3,G57,ooo p. , (loni les droits municipaux formoient ~. ANNLES. DBS BATIUEKS DEBECHOS DSaECHOS entrés realcs. municipales. et sortis. 18,,'; 2402 1,851,607 p. 8o4,6g3 p. 1816 3253 2,253,2o3 971,056 ■ 8.7 24Ô8 2,291,213 1,423,052 iS.S 232, 2,3Si,65S 1,723,008 18,9 23C5 2,817,749 1,781,530 Le revenu public de Vjldministracion gênerai de Renias de la juridiction de la Havane s'est élevé en 1820 à 3,651,273 piastres. 1821 3,277,639 1822 3,578,228 En 1825, les droits royaux et municipaux d'importation ont été, à la douane de la Havane, de 2,7'54,5C3 piastres. L'état du revenu public de V./ldminiatracion gênerai de Renias de la juridiction de la Havane, eu 1824, a été comme il suit : I. Droits d'importation 1,818,896 piastres. t4lmo)ari/azgo i ,8 1 7,95o p. Jllcabala 802 Armada 1 44 H. Droits d'exportation 526,816 HI, Cabotage et différentes autres branches (sel, 27,781 p.-, droits de dépôt, 164,924 p.; média anaia, armadilla, etc.); total. . . i88,4i5 1\ . Renias de tierra (droits sur les esclaves, 75, logp. ; ventes de terres, oafincas, 215,092 p.; administrations subalternes, 154,840 p.; boutiques, ou pulperias , '9'7'4 P-) elc); total 475,686 ' Ptitr. aiiitr. , Tom. Il, p. 3o5. ' [iectam. conlrn fos aranc. , p. 8. 444 LIVRE X . V. Branches auxiliaires de la Tesoreria del Ejercito {Aimirantazgo, Regisiros es- trangeros, elc 1 36,925 VI. Cmsulado, Cuartillo adicional del muelle, Vestuario de milicias, etc 80,564 Revenu total en 1 824 5,025,3oo piastres. Dans l'année 1825, ce revenu de la ville et juridiclion de la Havane a été de 3,55o,3oo piastres. Ces données jîartielles font voir que , de 1 789 à 1 824 , le revenu public a été septuplé : cet accroissement devient plus sensible encore lorsqu'on fixe les yeux sur le produit de dix administrations, ou Tesorerias Slibaltemas interiores (Matanzas , Villa Clara, Remedios, Trinidad, SantoEspiritu, Puerto Principe, Holguin, Bayamo, Santiago de Cuba et Baracoa). M. Barrutia ' a publié un tableau intéressant sur ces adminis- trations provinciales, renfermant une époque de 85 années, de i^Sâ à 1818. Le produit total des 10 caisses s'est élevé progressivement de 900 piastres à 600,000 piastres. I ^35 898 piastres. 1736 860 1737 902 1738 I 794 1739 4.747 Année moyenne 1.840 1775 123,246 piastres. 1776 114,366 1 7^^ 1 28,3o3 1778 168,624 1779 146,007 Année moyenne 1 53,5 1 5 1814 317,69g piastres. i8i5 598,676 1816 5 11,5 10 1817 524,443 1818 6i8,o56 Année moyenne 474507* Le total des 83 années a été de 15,098,000 piastres, dont Santiago de Cuba a donné 4,090,000 piastres; Puerto Principe, 2,223,000 p., et Matanzas, 1,450,788 piastres. D'après l'état des Cajas matrices , le revenu public, en 182a, a été, dans la seule province de la Havane, de 4,3i 1,86a piastres qui provenoient de la douane (5,127,918 p.) de los ramoa de directa entruda, comme loterie, dîmes, etc. (601,898p.) ,et d'anticipations sur les caisses du Consulado el du Vepoaito (581,978 p.). I.a dépense a été , dans la même année, pour l'ile de Cuba : 2,752,758 p., et, pour des secours destinés à soutenir la ' Mcm. tic la Hcal Soc. cconomica de ta Jlabana , t» 5i , p. 220. ClIAPITUE XXVIII. 445 lutlc avec les colonies conliuenlales déclarées indépendantes, 1 ,362,022 p. Dans la première classe de dépenses, ou trouve : 1,355,798 p. pour l'entretien de la troupe de terre chargée de la défense de la Havane et des places voisines; 648,908 p. pour la marine royale stationnée dans le port de '1 Havane. Dans la seconde classe des tlépenses étrangères à l'adrainistrallon locale, on trouve: 1,115,672 p., comnie solde de /i23-i militaires qui, après avoir évacué le Mexique, Colorabia et d'autres parties du continent ci-devant espagnol, ont passé par la Havane pour retourner en Espagne; 164,000 p., comme frais delà défense du château de Saint-Jean d'Llua. L'intendant de l'île de Cuha , Don Claudio Martiucz de Pinillos, fait, dans une des notes qui accompagnent VEstado de las Cajas matrices de 1822 , la considération suivante : « Si , aux frais extraordinaires de 1,362,022 piastres relatifs aux intérêts généraux de la monarchie espagnole, l'on ajoute, d'un côté, la majeure partie des 648,908 piastres destinées à l'entretien de la marine royale dont le service n'est pas circonscrit aux besoins de la défense de la Havane, et, de l'autre, les frais causés par le passage des courriers maritimes et des bâlimens de guerre, on trouvera que 2,oio,g3o piastres (presque la moitié du revenu public) sont absorbées par des dépenses qui n'ont pas un rapport direct avec l'administration intérieure de l'ile. » Combien la culture et la prospérité de ce pays ne gagneront-elles pas un jour, lorsque, dans un état de tranquillité intérieure, plus d'un million et demi de piastres pourront être employés annuellement à des ouvrages d'utilité publique, et surtout au rachat d'esclaves laborieux, tri que cela se pratique déjà , d'après la sage et humaine législation de la république de Colombia ! J 'ai vu , par les documens que j'ai recueillis dans les archives de la Vice-Royauté à Mexico , que les secours pécuniaires, qu'au commencement du 19' siècle, la Trésorerie de la Nouvelle-Espagne envoyoit annuel- lement à la HavanCj étoient : /« ) pour l'escadre, les chantiers et tous les besoins delà ^ j marine royale, d'après la cédule du 16 janvier 1790. 700,000 piastres. 14) pour l'établissement maritime de la côte des Mos- V quitos 40,000 Abmke. /a) pour le service de terre à la Havane, d'après les 1 cédules du 18 mai 1784, du 4 février 1788 et 1" novembre 1790 290,000 \b ) pour le service de terre à Santiago de Cuba 146,000 Fortifications, d'après la cédule royale du 4 février 1788 i5o,ooo Tabac , c'est-à-dire achat des feuilles et fabrication du tabac destiné pour Séville, d'après les cédules des 2 août 1744 et 22 décembre 1767 5oo,ooo Total 1,826,000 piastres. On peut ajouter à cette somme de iievf millions de francs , qui tombent aujourd'hui à la charge des caisses de la Havane, 557,000 piastres que le Mexique payoit pour secourir la Trésorerie de la Louisiane; i5i,ooo p. pour la Floride, et 077,000 p. pour l'ile de Portorico. Je termine ici X Essai polilique sur l'île de Cuba , dans lequel j'ai retracé l'état de cette importante possession de l'Espagne , tel qu'il est de nos jours. His- torien de l'Amérique , j'ai voulu éclaircir les faits et préciser les idées , à l'aide de comparaisons et de tableaux statistiques. Cette investigation , presque 44^ LIVRE X. minutieuse des faits, semble nécessaire dans un moment où, d'un côté, l'en- thousiasme qui conduit à une bienveillante crédulité; de l'autre, des passions haineuses qu'importune la sécurité des nouvelles républiques , ont donné lieu aux aperçus les plus vagues et les jilus erronés. D'aj)rès le plan de mon ouvrage , je me suis abstenu de tout raisonnement sur les cliances futures , sur la probabilité des changemens que la politique extérieure peut amener dans la situation des Antilles ; j'ai examiné seulement ce qui regarde l'organisation des sociétés humaines; l'inégale répartition des droits et des jouissances de la vie; les dangers menarans que la sagesse du législateur et la modération des hommes libres peuvent éloigner, quelles que soient les formes du gouvernement. Il appar- tient au voyageur qui a vu de près ce qui tourmente ou dégrade la nature humaine, de faire parvenir les })laintes de l'infortuae à ceux qui peuvent la soulager. J'ai observé l'état des noirs dans des pays où les lois , la religion et les habitudes nationales tendent à adoucir leur sort; et cependant j'ai conservé, en quittant l'Amérique, cette même horreur de l'esclavage que j'en avois conçue en Europe. C'est en vain que des écrivains spirituels , pour voiler la barbarie des institutions par les ingénieuses fictions du langage, ont inventé les mots de paysans-nègres des Antilles^ de vasselage noir ex. àe jiroleclion patriarcale : c'est profaner les nobles arts de l'esprit et de l'imagination , que de disculper, par des rapprochemens illusoires, ou des sophismes captieux , les excès qui affligent l'humanité et lui préparent de violentes commo- tions. Croit-on acquérir le droit de se dispenser de la commisération , si l'on compare ' l'état des noirs avec celui des serfs du moyen âge , avec l'état d'oppression dans lequel gémissent encore quelques classes dans le nord et ' Ces rapprocliemens ne tranquillisent que ceux qui, partisans secrets delà traite tles noirs, cherchent à s'étourtlir sur les malheurs de la race noire, et se révoltent, pour ainsi dire, contre toute émotion qui pourroit les surprendre. Souvent ou confond l'état permanent d'une caste, fondé sur la barbarie des lois et des institutions , avec les excès d'un pouvoir exercé momentanément sur quelques individus. C'est ainsi que M. Boliugbrote, qui a vécu sept ans à Demerary et qui a visité les Antilles, n'hésite pas de répéter '< qu'à bord d'un vaisseau de guerre anglois on donne le fouet plus souvent que dans les plantations des colonies anglolses. • Il ajoute « qu'en général on fouette très-peu les nègres, mais qu'on a imaginé des movens de correction trcs-raisonnahles , comme de faire manger de la soupe bouillante et fortement poivrée, ou de boire, avec une cuiller très-petite, une solution de sel de Glauber. » La traite lui paroît un univcrsal bene/l, et il est persuadé que si l'on laissoit retourner aux côtes d'Afrique les nègres qui, pendant vingt ans, ont joui, àDemerary, « de toutes les commodités de la vie des esclaves , » ils y feroient une belle recrue et amènerolent des nations entières aux possessions angloises. » ( Voyage to Demarary, 1807, p. 107, 108, 116, i36. ) Voilà sans doute um foi de colon bien ferme et bien naïve; cependant M. Bolingbrole, comme le prouvent plusieurs autres passages de son livre, est un homme modéré, rempli d'intentions bienveillantes pour les esclaves. CHAPITRE XXVIII. 44? dans l'est de l'Europe ? Ces comparaisons , ces artifices de langage , cette impa- tience dédaigneuse avec laquelle on repousse , comme chimérique , jusqu'à l'espoir d'un abolissement graduel de l'esclavage, sont des armes inutiles dans les temps où nous vivons. Les grandes révolutions qu'ont subies le continent de l'Amérique et rArclii])el des Antilles , depuis le commencement du dix-neuvième siècle , ont agi sur les idées et sur la raison publique dans les pays même où l'escla- vage existe et commence à se modifier. Beaucoup d'hommes sages et vivement intéressés à la tranquillité des îles à sucre et à esclaves sentent qu'on peut, par un lilire accord entre les projiriétaires , par des mesures émanées de ceux qui connoissent les localités , sortir d'un état de crise et de malaise dont l'indolence et l'obstination augmenteront les dangers. Je tacherai de donner à la Im de ce chapitre quelques indications sur la possibilité de ces mesures , et je prouverai, par des citations tirées de pièces officielles, qu'à la Havane, long-temps avant que la politique extérieure eut pu influer en rien sur les opinions, les autorités locales les plus attachées à la métropole ont montré de temps en temps des dispositions favorables à famélioration de l'état des noirs. L'esclavage est sans doute le plus grand de tous les maux qui ont affligé l'humanité, soit qu'on considère l'esclave arraché à sa famille dans le pays natal et jeté dans les entrepôts d'un bàlimcnt négrier ', soit qu'on le considère comme faisant partie du troupeau d'hommes noirs parqués sur le sol des Antilles ; mais il y a pour les individus des degrés dans les souffrances et les privations. Quelle distance entre un esclave qui sert dans la maison d'un homme riche , à la Havane et à Kingston , ou qui travaille pour son compte, en ne donnant à son maitre qu'une rétribution journalière , et l'esclave attaché a une sucrerie ! Les menaces par lesquelles on clierche à corriger un nègre récalcitrant , font con- noître cette échelle des privations humaines. On menace le calessero du cafctul; l'esclave qui travaille au cafelal est menacé de la sucrerie. Dans celle-ci, le noir qui a une femme, qui habite une case séparée, qui, affectueux comme le sont la plupart des Africains , trouve , après le travail , des soins au • 2 LIVRE X. des mesures bienfaisantes adoptées d'abord par le Danemarck , les États-Unis et la Grande-Bretagne , et successivement par tout le reste de l'Europe. Ce qui s est jiassé depuis 1807 jusqu'au moment où la France est rentrée dans la pos- session d'une partie de ses anciennes colonies , ce qui se passe de nos jours chez les nations dont les gouveinemens veulent sincèrement l'abolition de la trailc et de ses abominables praticpies , prouve la fausseté de cette conclusion. D'ailleurs , est-il raisonnable de comparer numériquement les importations d'esclaves de i BaS et de 1806? Avec l'activité qui règne dans toutes les entreprises industrielles, quel accroissement n'auroit pas pris l'importation des nègres dans les Antilles angloises, et les parties méridionales des États-Unis, si la traite, entièrement libre , avoit continué à y déposer de nouveaux esclaves et avoit rendu sujierflus les soins pour la conservation et l'augmentation de la population ancienne? Croit-on que le commerce anglois se seroil borné, comme en 1806, à la vente de 53, 000 j les Etats-Unis, à la vente de i5,ooo esclaves? On sait, avec assez de certitude, que les Antilles angloises seules ont reçu, dans les 106 années qui ont précédé celle de 1786, plus de 2,i3o,ooo nègres arrachés des côtes d'Afrique. Au moment de la révolution françoise , la traite fournissoit (d'après M. Norris) 74,000 esclaves par an, dont les colonies angloises absor- boient 38, 000 5 les colonies françoises , 20,000. Il seroit facile de prouver que tout l'Archipel des Antilles , dans lequel il existe aujourd'hui à peine 2,400,000 nègres et mulâtres (libres et esclaves), a reçu, de 1670 à 1825, près de cinq millions d'Africains [ncgros bozales). Dans ces calculs révoltans sur la consommation de l'espèce humaine, on n'a pas tenu compte du nombre des malheureux esclaves qui ont péri pendant la traversée , ou qui ont été jetés à la mer comme des mar- chandises avariées '. Or, de combien de milliers ne faudroit-il pas augmenter les pertes , si les deux peuples qui ont le plus d'ardeur et le plus d'inteUigence dans le développement de leur commerce et de leur industrie, les Anglois et les habitans des Etats-Unis, avoient continué, depuis 1807, à prendre aussi librement part à la traite que le font d'autres peuples de l'Europe ? Une triste expérience a prouvé combien les traités du i5 juillet 18 14 et du 22 janvier i8i5, d'après lesquels l'Espagne et le Portugal se réservoient ' encore « la jouissance du commerce des • Toni. III, p. 4o5. Voyez aussi rclo([ucut discours île M. le duc de Bioglie (38 mars 1822) , p. '\o, 43, 98. !■ Dicen nuestros Indios del Rio Caura cuando se confiesan que ya enticiuleii que es pecado comei- carne humana; pero piden que se les permita desacostumbrarse poco a poco : quieren corner la carne liumana uua ver al mes, despues cada très meses , liasla que sin sentirlo pierdan la coslumbre. » Carias de Ins Rev.Padres Observantes, 11° 7. (manuscrit.) CHAPITRE XXVIII. 453 noirs » pendant un certain nombre d'années , ont été funestes pour l'humanité. Les autorités locales , ou , pour mieux dire, les riches propriétaires , formant VÂyiinlauiiento de la Havane , le Cunsiilado et la Société palriotiqiie , ont montré , en plusieurs occasions ■ , des dispositions favorables \m\\x Taméliora- tion du sort des esclaves. Si le gouvernement de la métropole, au lieu de redouter jusqu'à l'apparence des innovations, avoit su lirer parti de ces circonstances heureuses et de l'ascendant de quelques hommes de talent sur leurs compatriotes , l'état de la société auroit éprouvé des cliangemens progressifs , et, de nos jours, les habitans de l'île de Cid^a jouiroient déjà d'une partie tles améliorations qui ont été discutées il y a trente ans. Les mouvemcTis de Saint- Domingue, en 1 790, et ceux de la Jamaïque, en 1 794, causèrent de si vives alarmes jtarmi les haccndados de l'ile de Cuba, qu'on débattit avec ardeur, dans une Junta cconomica, ce que l'on pourroit tenter pour conserver la tranquillité du pays. On fit des réglemens sur la poursuite des fugitifs ' qui , jusqu'alors , avoit donné lieu aux plus coupables excès ; on proposa d'augmenter le jiombre des négresses dans les sucreries , de mieux soigner l'éducation desenfans, de diminuer l'intro- duction des nègres d'Afrique, de faire venir des colons blancs des Canaries et des colons indiens du Mexique , d'établir des écoles dans les campagnes pour adoucir les mœurs du bas })euple , et pour mitiger l'esclavage d'une manière indirecte. Ces propositions n'eurent pas l'effet désiré. La cour s'opposa à tout système de trans- migration , et la majorité des propriétaires, livrée à d'anciennes illusions de sécu- rité, ne voulut plus restreindre la traite des nègres , dès que le haut prix des denrées fît naître l'espoir d'un gain extraordinaire. 11 seroit injuste cependant de ne pas signaler, dans cette lutte entre des intérêts privés et des vues d'une sage politique , * Representacion al Rey de \o de Julio dp i^nO (uianuscrlt). - Reglamenio xobre los Negros Ciiiiiiiarrones de 20 de Dec. de 1 796. Avant l'aniigc 1 788, il y avoit Ijcaucoiip lie nègi-Ci fugitifs [ci marron ck) tlaiis 1rs montagnes de Jaruco , où ils éloient (]uclf|uefois apahincados , c'est-à- dire où plusieurs de ces mallieureux foriuoient, pour leur commune défense, de petits retrancliemens avec des troncs d'arbres amoncelés. Les nègres marrons, nis en Afrique, ou bozales , sont faciles à prendre; car lu plupart, dans le vain espoir de tiouvcr la terre natale, marchent jour et nuit vers l'est. Ils sont, lorsqu'on les prend, si exténués de fatigues et de faim, qu'on ne les sauve qu'en leur donnant, pendant plusieurs jours, de très-petites quantités de bouillon. Les nègres marrons-créoles se cacbent le jour dans les bois et volent des vivres pendant la nuit. Juscpi'en 170°) '^ '^^°^^ '^^ prendre les nègres fugitifs n'appartcnoit qu'à V Alcade maijor provincial, dont la cbarge étoit héréditaire dans la famille du Comte de bareto. Aujour- d'hui, tous les habitons peuvent saisir les marrons, et le propriétaire de l'esclave paie, outre la nourriture, 4 piastres par léte. Si l'on ignore le nom du maître, le Consulado emploie le nègre marron dans les travaux publics. Cette chasse aux hommes, qui a donné, tant à Haïti qu'à la Jamaïque, aux chiens de Cuba, une funeste célébrité, se faisoit de la manière la plus cruelle avant le règlement que j'ai cité plus haut. 454 LIVRE X. les vœux et les principes énoncés par quelques habilans de l'île de Cu])a , soit eu leur nom , soit au nom de quelques corporations riches et puissantes. « L'humanité de notre législation, dit noblement M. d'Arango" , dans un mémoirerédigé en 1 796 , accorde à l'esclave quatre droits [quairo consuclos) , qui sont autant d'adoucisse- mens à ses peines , et que la politique étrangère lui a constamment refusés. Ces droits sont , le choix d'un maître moins sévère ' ; la faculté de se marier d'après son penchant; la possibilité de racheter sa liberté ■* par le travail, ou de l'obtenir comme rémunération de ses bons services ; le droit déposséder quelque chose, et de payer, par une propriété acquise , la liberté de sa femme et de ses enfans '^. Malgré la sagesse et la douceur de la législation espagnole , à combien d'excès l'esclave ne reste-t-il pas exposé dans la solitude d'une plantation ou d'une ferme, là où un capataz grossier, armé d'un coutelas [machclé) et d'un fouet, exerce impuné- ment son autorité absolue ! La loi ne limite ni le châtiment de l'esclave ni la ' Informe sobre negros fugitivos {de 9 de Junio de 1 796) , par Don Francisco de Arango y Pareiio , Oidor honorario y syndico del Consulado. ■^ C'est le droit de buscar amo. Dès que Tesclave a trouvé un nouveau maître qui veut Tacheter, il peut quitter le premier dont il croit avoir à se plaindre : tel est le sens et l'esprit d'une loi bienfaisante, mais souvent éludée, comme le sont toutes les lois qui protègent les esclaves. C'est dans l'espoir de jouir du privilège de buscar amo que les noirs adressent souvent, aux voyageurs qu'ils rencontrent, une question qui , dans l'Europe civilisée, oii l'on vend parfois son vote ou son opinion , ne se fait jamais ù haute voix : quicre Vm. coniprarme (voulez -vousm'acheter)? ^ L'esclave dans les colonies espagnoles doit être évalué, selon la loi, au prix le plus bas : cette évaluation étoit, à l'époque de mon voyage , selon les localités , de 200 à 38o piastres. Nous avons vu plus haut (Vol. III , p. 4o5 et 4 '5) qu'en 1825, le pri.\ d'un nègre adulte étoit, à l'île de Cuba, de 45o piastres. En i^'SS, le commerce françois fournissoit le niîgre pour 280 a. 3oo piastres. {Page j Traité d'économie politique des colonies. Tom. II, p. 149) Un esclave coùtoit , chez les Grecs, 3oo à 600 drachmes (54 à 108 piastres) , lorsque la journée d'un manœuvre se payoit 7; de piastre. Tandis que lei lois et les institutions espagnoles favorisent de toutes les manières la »H«7iK/«?"««îO» , le maître, dans les Antilles non espagnoles , paie au fisc, pour chaque esclave affranchi, cinq à sept cents piastres ! * Quel contraste entre l'humanité des plus anciennes lois espagnoles concernant l'esclavage et les traces de barbarie qu'on trouve à chaque page dans le Code noir, et dans quelques lois provinciales des Antilles angloises! Les lois de Barbados, données en 1G88, celles des Bermudes, données en 17J0, ordonnent que le maître qui tue son nègre, en le châtiant, ne peut être poursuivi, tandis que le maître qui tue l'esclave par malice paiera 10 livres sterling au trésor royal. Une loi de saint Christophe , du 11 mars i;84, commence par ces mots : « Whereassome personshave o/late heen guilty of cuttiogoffand depriving slaves of their ears, » nous ordon- nons que quiconque aura extirpé un œil, arraché la langue de l'esclave, ou coupé son nez, paiera 5oo livres sterling, et sera condamné à six mois de prison. »Je n'ai pas besoin d'ajouter que ces lois angloises , qui ont été en vigueur il y a 3o à 4o ans, sont abolies et remplacées par des lois plus humaines. Que n''en puis-je dire autant de la législation des Antilles françoises, où six jeunes esclaves , soupçonnés d'avoir voulu s'enfuir, ont eu , d'apj'ès un arrêt prononcé en 181 5, les jarrets coupés ! {Voyez aussi plus haut, Tom. HI , p. 098.) CHAPITRE XXVIII. 4^5 durée du iravail ; elle ne prescrit })as non plus la qualité et la quantité des alimens ' . Elle permet à l'esclave , il est vrai , d'avoir recours au magistrat , pour que celui-ci enjoigne au maître d'être plus équitable : mais ce recours est à peu près illusoire ; car il existe une autre loi d'après laquelle on doit arrêter et renvoyer au maître chaque esclave qu'on trouve non muni d'une permission , à ime lieue et demie de distance de la plantation à laquelle il appartient. Conmient peut parvenir, devant le magistrat, l'esclave fustigé , exténué par la faim et par les excès du travail? S'il y parvierit, comment sera-t-il défendu contre im maître puissant qui cite pour témoins les complices salariés de ses rigueurs? » Je terminerai en citant un autre morceau très-remarquable extrait de la Reprcsciitncion ciel Ayiuitaniienlo ^ Consulado y Sociedad palriolica^ en date (lu 20 juillet 181 1. « Dans tout ce qui a rapport aux changemens à introduire dans l'état de la classe scjvile , il s'agit beaucoup moins de nos ciaintes sur la diminution des richesses agricoles que de la sécurité des blancs si facile à compro- mettre par des mesures imprudentes. D'ailleurs , ceux qui accusent le consulat et la municipalité de la Havane d'une résistance opiniâtre, oublient que, dès l'année 1799, ces mêmes autorités ont proposé inutilement qu'on s'occupât de l'état des noirs dans l'île de Cuba [dcl arr-efflo de este delicado asiinto). Il y a plus encore : nous sommes loin d'adopter des maximes que les nations de l'Europe, qiri se vantent de leur civilisation ^ ont regardé comme irrécusables; par exemple, celle que, sans esclaves, il ne peut y avoir de colonies. Nous déclarons , au contraire , que , sans esclaves et même sans noirs , il auroit pu exister des colonies, et que toute la différence auroit été dans le plus ou inoins de gain, dans l'accroissement des produits plus ou moins rapide. Mais, si telle est notre ferme persuasion , nous devons rappeler aussi à Votre Majesté qu'une organisation sociale , dans laquelle l'esclavoge s'est une fois introduit comme élément, ne peut être changée avec une précipitation irréfléchie. Nous sommes loin de nier que ce fût un mal contraire aux principes moraux de traîner des esclaves d un continent à l'autre ; que ce fiit une erreur en politique ' Une cédule royale, du 3i mai 1789, avoil tenté de régler la nourriture et le vctcaieul , mais celte ccdule n'a jamais été exécutée. - « Hasla abandono henios heclio de especies niuy favorables que pasan por iuconcusas en e^as nacianea cultas. Tal es la de que sin negros csclavos no pudiera liaber colonias. Nosotros contra este dictamen de- rimos que sin esclavitud , y aun sin negros, pudo baber lo que por colonias se etiticiule, y que la diferencia babrla estado en las mayores ganancins 6 en los luayorcs progresos. n {Bocttmentos sobre cl trafico y escla ■ vitudde negros, iSi-'i , p. 78-80. ) 456 LIVRE X. de ne pas écouter les plaintes qu'Ovando , le gouverneur d'Hispaniola , porta contre l'introduction et l'accumulation de tant d'esclaves à côté d'un petit nombre d'hommes libres; mais, lorsque ces maux et ces abus sont déjà invétérés, nous devons éviter d'empirer notre position et celle de nos esclaves par l'emploi de moyens violens. Ce que nous vous demandons. Sire , est conforme au vœu énoncé par un des plus ardens protecteurs des droits de l'humanité, par l'ennemi le plus acharné de l'esclavage ; nous voulons, comme lui, que les lois civiles nous délivrent à la fois des abus et des dangers. » C'est de la solution de ce problème que dépendent, dans les seules Antilles , en excluant la république d'Haïti, la sécurité de 875,000 libres (blancs et hommes de couleur • ) et l'adoucissement du sort de 1,1 5o,ooc esclaves. Nous avons démontré qu'elle ne pourra être obtenue par des moyens paisibles , sans la par- ticipation des autorités locales, soit assemblées coloniales^ soit réunions de propriétaires désignés sous des noms moins redoutés par les vieilles métropoles. L'influence directe des autorités est indispensable, et c'est une funeste erreur de croire «que l'on peut laisser agir le temps. » Oui, le temps agira simultané- ment sur les esclaves , sur les rapports entre les îles et les habitans du continent , sur des événemens qu'on ne pourra point maîtriser , lorsqu'on les aura attendus dans une apathique inaction. Partout où l'esclavage est très-anciennement établi , le seul accroissement de la civilisation influe beaucoup moins sur le trai- tement des esclaves qu'on ne désireroit pouvoir l'admettre. La civilisation d'une nation s'étend rarement sur un grand nombre d'individus ; elle n'atteint pas ceux qui , dans les ateliers , sont en contact immédiat avec ^es noirs. Les proprié- taires , et j'en ai connu de très-humains , reculent devant les difficultés qui se présentent dans de grandes plantations ; ils hésitent de troubler l'ordre établi , de faire des innovations qui , non simultanées , non soutenues par la législa- tion , ou, ce qui seroit un moyen plus puissant, par la volonté générale, manqueroient leur })ut et empireroient peut-être le sort de ceux qu'on vou- droit soulager. Ces considérations timides arrêtent le bien chez des hommes dont les intentions sont les plus bienveillantes et qui gémissent des institutions barbares dont ils ont reçu le triste héritage. Conuoissant les circonstances locales, ils savent que, pour produire un cliangement essentiel dans l'état des esclaves , pour les conduire progressivement à la jouissance de la liberté , » Savoir : 452,000 blancs, dont 342,000 dans les deux seules Antilles espagnoles ( Ciilja et Portoïico) , et 4*3,000 libres de couleur, mulâtres et noirs. CHAPITRE XXVIII. 4^7 il faut une volonté forte dans les autorités locales, le concours de citoyens riches et éclairés, un plan général dans lequel se trouvent calculées toutes les chances du désordre et les moyens de répression. Sans cette communauté d'ac- tions et d'efforts, l'esclavage, avec ses douleurs et ses excès, se maintiendra, comme dans l'ancienne Rome', à côté de l'élégance des mœurs, du progrès si vanté des lumières, de tous les prestiges d'une civilisation que sa présence accuse, et qu'il menace d'engloutir, lorsque le temps de la vengeance sera arrivé. La civilisation ou un lent abrutissement des peuples ne font que préparer les esprits à des événemens futurs; mais, pour produire de grands changemens dans l'état social , il faut la coïncidence de certains événemens dont l'époque ne peut être calculée d'avance. Telle est la complication des destinées humaines , que ces mêmes cruautés , qui ont ensanglanté la conquête des deux Amériques, se sont renouvelées sous nos yeux, dans des temps que nous croyions caractérisés par uu progrès prodigieux de lumières , par un adou- cissement général dans les mœurs. La vie d'un seul homme a suffi pour voir la terreur en France , l'expédition de Saint-Domingue '' , les réactions politiques de Naples et d'Espagne : je pourrois ajouter les massacres de Chio , d'Ipsara , et de Missolonghi , œuvres des barbares de l'Europe orientale , que les peu])les civilisés de l'ouest et du nord n'ont pas cru devoir empêcher. Dans les pays à esclaves , où une longue habitude tend à légitimer les institutions les plus con- traires à la justice, il ne faut compter sur l'influence des lumières, de la culture intellectuelle , de l'adoucissement des mœurs , qu'autant que tous ces biens accélèrent l'impulsion donnée par les gouvernemens , autant qu'ils facilitent l'exécution de mesures une fois adoptées. Sans cette action directrice des gouver- nemens et des législalures , un changement paisible n'est point à espérer. • L'argument tiré de la civilisation de Rome et de la Grèce, en faveur de l'esclavage, est très à la mode dans les Antilles, où quelquefois on se plaît à l'orner de tout le luxe de l'érudition philologique. C'est ainsi qu'en 1 796, dans des discours prononcés au sein de Vassemblée législative de la Jamaïque, on a prouvé, par l'exemple des éléphans employés dans les guerres de Pyrrhus et d'Hannibal, qu'il ne pouvoit être blâmable d'avoir fait venir de l'île de Cuba cent chiens et quarante chasseurs pour faire la chasse aux nègTesmar- rons. Dryan Edwards , Tom 1 , p. Syo. ^ North American Revicw, 1821 , n" 3o , p. 116. Les luttes avec des esclaves qui combattent pour leur liberté ne sont pas seulement funestes à cause des atrocités qu'elles font naître des deux côtés ; elles con- tribuent aussi à confondre, lorsque l'affranchissement est consommé , tous les sentimens du juste et de l'injuste. « Quelques colons condamnent à la mort toute la population mSle jusqu'à l'âge de six ans. Ils affirment que l'exemple qu'ont sous les yeux ceux qui n'ont pas porlé les armes, peut de\enir contagieux. Ce manque de modération est la suite des longues infortunes des colons. » Charault, Réflexions sur Saint-Domingiie , 1806, p. 16. Relation historique , Tom. III. 58 458 LIVRE X. Le danger devient surtout imminent lorsqu'une inquiétude générale s'est emparée des esprits , lorsqu'au milieu des dissentions politiques dont se trouvent agités des peuples voisins , les fautes et les devoirs des gouvernemens ont été révélés : alors le calme ne peut renaître que par une autorité qui , dans le noble sentiment de sa force et de son droit, sait maîtriser les événemens en ouvrant elle-même la carrière des améliorations. A la fin du mois d'avril, aprèsa voir terminé les observations que nous nous étions proposé de faire , M. Bonpland et moi , à l'extrémité boréale de la zone torride, nous fûmes sur le point de partir jjour la Vera-Cruz avec l'escadre de l'amiral Ariztizabalj mais de fausses nouvelles, répandues dans les feuilles publiques, sur l'expédition du capitaine Baudin, nous firent renoncer au dessein de traverser le Mexique pour nous rendre aux Iles Philipi)ines. Plusieurs journaux , et particuUèrement ceux des États-Unis, annonroient que deux corvettes fran- roises, le Géographe et le Naturaliste , avoient fait voile pour le cap de Horn; qu'ils dévoient longer les côtes du Chili et du Pérou, et se rendre de là à la Nouvelle -Hollande. A cette nouvelle, je me sentis dans une vive agitation. Tous les projets que j'avois formés pendant mon séjour à Paris , lorsque j'obsédois le ministère du Directoire pour hâter le départ du ca- pitaine Baudin , se présentoient de nouveau à mon imagination. Au moment de quitter l'Espagne, j'avois fait la promesse de rejoindre l'expédition partout où je pourrois l'atteindre. Quand on désire avidement une chose dont l'issue peut être funeste, on se persuade aisément qu'un sentiment de devoir a seul motivé la résolution que l'on prend. M. Bonpland , toujours entrepre- nant et confiant eu notre bonne fortune, se détermina de suite à diviser nos herbiers en trois portions. Pour ne j)as exposer aux chances d'une longue navigation ce que nous avions recueilli avec tant de peine sur les rives de rOrénoque , de l'Atabapo et du Rio Negro , nous envoyâmes une collec- tion , par la voie de l'Angleterre , en Allemagne ; une autre , par la voie de Cadix , en Fiance. La troisième collection resta déposée à la Havane. Nous n'avons eu qu'à nous féliciter de ces arrangemens que la prudence rendoit néces- saires. Chaque envoi renfermoit à peu près les mêmes espèces , et aucune précaution n'avoit été négligée pour que les caisses qui seroiçnt prises par des bàlimcns anglois ou franrois fussent remises à sir Joseph Banks ou aux professeurs du Muséum d'iiistoire naturelle à Paris. Heureusement les CHAPIxr.E XXVIII. 4^9 manuscrits que j'avois d'abord voulu joindre à l'envoi de Cadix ne furent point confiés à notre ami et compagnon de voyage, Fray Juan Gonzales, de l'ordre de l'Observance de Saint-François '. Cet estimable jeune homme, qae j'ai eu occasion de nommer plusieurs fois, nous avoit suivis à la Havane pour retourner en Espagne. 11 quitta l'ile de Cuba peu de temps après nous ; mais le navire sur lequel il s'étoit embarqué périt, corps et biens, dans une tempête sur les côtes d'Afrique. Nous perdîmes, par ce naufrage, une portion des doubles de nos herbiers , et, ce qui fut une perte plus sensible pour les sciences, tous les insectes que M. Bonpland avoit réunis, dans les circonstances les plus difficiles , })endant notre voyage à l'Orénoque et au Rio Negro. Par une fata- lité très -extraordinaire, nous restâmes dans les colonies espagnoles deux ans sans avoir une seule lettre d'Europe : celles qui nous arrivèrent dans les trois années suivantes ne nous apprirent rien sur les envois que nous avions faits. On conçoit combien je devois être inquiet du sort d'un Journal qui renfer- moit les observations astronomiques et toutes les mesures de hauteur à l'aide du baromètre dont je n'avois pas eu la patience de faire une copie détaillée. C'est après avoir paicouru la Nouvelle-Grenade , le Pérou et le Mexique , au mo- ment même de quitter le Nouveau-Continent, que mes yeux tombèrent comme par liasard , dans la bibliothèque publique de Philadelphie , sur la table des matières d'une Bévue scientifique. J'y trouvai ces mots : « Arrivée des manuscrits de M. de llumboldt chez son frère à Paris, par voie d'Espagne. » J'eus de la peine à cacher l'expression de ma joie : jamais table des matières ne m'avoit paru mieux faite. Tandis que M. Bonpland travailloit jour et nuit pour partager et mettre eu ordre nos collections , j'avois le chagrin de trouver mille obstacles à un départ si imprévu. Il n'y avoit dans le port de la Havane aucmi navire qui voulut se charger de nous conduire h Portobelo ou à Carthagène : les personnes que je consultois se plaisoient à exagérer les incommodités du ])assage de flsthme et la lenteur d'une navigation du nord au sud , de Panama à Guayaquil et de Guayat|uil à Lima ou à Valparayso. Ils me reprochoient, et peut-être avec raison , de ne pas continuer à explorer les vastes et riches possessions de l'Amérique espagnole qui , depuis un demi-siècle , n'avoient été ouvertes à aucun voyageur étranger. Les chances d'un voyage autour du monde, ilans lequel on ne touche généralement qu'à quelques îles ou aux côtes arides d'un continent , ' Tora. I , p. 529; Tom. III, p. 40, 47- 46o LIVKE X. ne leur paroissoient pas préférables à l'avantage d'étudier, dans ses rapports géologiques , l'intérieur de la Nouvelle-Espagne , région qui fournit à elle seule | de la niasse d'argent qu'on retire annuellement de toutes les mines du globe connu. J'opposois à ces considérations l'intérêt de déterminer, sur une plus grande échelle , l'inflexion des courbes d'égale inclinaison , le décroissement de l'inten- sité des forces magnétiques du pôle vers l'écpateur, la température de l'Océan, variable selon les latitudes , selon la direction des courans et la proximité des bas-fonds. Plus je nie voyois contrarié dans mes desseins, et plus j'en hàtois l'exé- cution. Ne pouvant trouver passage sur aucun bâtiment neutre, je frétai une goélette catalane qui se trouvoit en rade au Batnbano, et qui devoit rester à ma disposition pour me conduire, soit à Portobelo, soit à Carthagène des Indes, selon que la mer et les brises de Sainte-Marthe, qui souffloient encore dans cette saison avec violence au-dessous des 12° de latitude, pourroient le permettre. L'état prospère du commerce de la Havane et les rapports multipliés qu'a cette ville , même avec les ports de la Mer du Sud , me facilitoient les moyens de me procurer des fonds pour plusieurs années. Le général Don Gonzalo 0-Farrill , également distingué par son talent et par l'élévation de son cai'actère, résidoit alors dans ma pati'ie, comme ministre de la cour d'Espagne. Je ])ouvois échanger mes revenus en Prusse contre une partie des siens à l'ile de Cuba ; et la famille du respectable Don Ygnacio 0-Farrill y Herera , frère du général , voulut bien concourir, lors de mon départ inopiné de la Havane , à tout ce qui pouvoit favoriser mes nouveaux projets. Nous apprîmes , le G mars , que la goélette que i'avois frétée étoit prête à nous recevoir. Le chemin du Balabano nous conduisoit encore une fois , par les Guines , à la plantation de Rio Blanco , dont le propriétaire ( le comte de Jaruco y Mopox ) embellissoit le séjour par tous les moyens que peuvent ofirir le goût des plaisirs et une grande fortune. L'hospitalité, qui diminue généralement avec les progrès de la civilisation , est encore exercée à l'ile de Cuba avec autant d'empressement que dans les parties les plus reculées de l'Amérique espagnole. De simples voyageurs naturalistes aiment à rendre ici aux habitans de la Havane le même témoignage de reconnoissance que leur ont rendu ces étrangers illustres ' qui, partout où j'ai pu suivre leurs traces, ont laissé , dans le Nouveau-Monde , le souvenir de leur noble simplicité , de leur ardeur pour l'instruction et de leur amour du bien public. * Les jeunes princes de la m.-ùson d'Orléans (le duc dOrlcnns , le chic de Montpensicr et le comte de Beaujolois ) , qui sont venus des États-Unis ù la Havane, en descendant TOIiio et le Misjijslpi , et ont sciourné dans l'île de Culia pendant un an. CHAPITRE XXVII t. 4^1 De Rio Blanco au Batabano , le chemin passe à travers un pays inculte , à moitié couvert de forêts. Dans les éclaircies , l'indigo et le cotonnier sont devenus sauvages. Comme la capsule du Gossypiam s'ouvre à l'époque ou les tempêtes du nord sont les [)lus fréquentes, le duvet qui envelopjie les graines est entraîné d'une côte à l'autre; et la récolte du coton, qui est d'ailleurs de la plus belle qualité , souffre beaucoup de la coïncidence des tempêtes avec la maturité des fruits. Plusieurs de nos amis , parmi lesquels se trouvoit M. de Mendoza , capi- taine du port de Valparaiso et frère du célèbre astronome qui a résidé long- temps à Londres, nous accompagnèrent jusqu'au Potrero de Mopooc. En hei- borisant plus loin , vers le sud , nous trouvâmes un nouveau palmier ' à feuilles eu éventail {Corypha maritima) ^ ayant un fil libre entre les interstices des folioles. Ce Corypka couvre une partie de la côte méridionale, et remplace la ma- jestueuse Palma Real ^ et le Cocos crispa de la côte septentrionale. De temps en temps le calcaire poreux (de la formation jurassique) paroissoit au jour dans la plaine. Le Batabano éfoit -^ alors nn pauvre village dont l'église n'avoit été termi- née que depuis quelques années. A une demi-lieue de distance commence la Sienega , terrain marécageux qui s'étend depuis la Laguna de Cortès jus- qu'à l'embouchure du Rio Xagua, sur 60 lieues de longueur, de l'ouest à l'est. On croit , au Batabano , que la mer continue , dans ces régions , à gagner sur la terre , et que l'irruption océanique a surtout été sensible à l'époque du grand éboulement * qui eut lieu à la fin du 1 8' siècle , lorsque les moulins à tabac disparurent, et que le Rio de la Chorrera changea son cours. Rien de plus triste que l'aspect de ces marécages autour du Batabano. Aucun arbrisseau n'interrompt la monotonie du paysage : quelques troncs rabougris de palmiers s'élèvent seuls , comme des mâts brisés , au milieu de grandes touffes de Joncacées et d'Iridées, Comme nous ne séjournâmes qu'une nuit au Batabano , je regrettois vivement de ne pas pouvoir prendre des renseignemens bien précis sur les deux espèces de crocodiles qui infestent la Sienega. Les habilans désignent l'une par le ' Voyez nos Nova Gen. et Spec. , Tom. I, p. 299. ^ Oreodosa regia. ' Sur la véritable position astronomique du Batabano, voyez plus liaut, p. 365. On plaçolt autrefois , sur les cartes marines les plus rechercbées de Bellin , de San îMartin Suarcs, etc. , le Uatabauo de lo' plus au sud, par lat. 22" 53'. Arrowsraith le fait même 22" a4'j au lieu de 22° 45' 24". Les premières bonnes observa- tions faites sur la côte méridionale tie l'île de Cuba sont dues au capitaine de frégate Don "Ventura liarcaiztegui et à Don Francisco Lemaur. * Tom. III, p. 30C. 402 LIVRE X. nom de cayman , l'autre par le nom de crocodile , ou , comme on dit com- munément en es[)agnol , de cocodrilo. Ils nous assurèrent que le dernier est plus agile et plus haut sur jambes; qu'il a le museau beaucoup plus pointu que les cajmans , et qu'il ne se mêle jamais avec eux. Il est très-courageux, et l'on prétend même qu'il grimpe dans les bateaux , lorsqu'il peut appuyer la queue. L'ex- trême hardiesse de cet animal avoit déjà été signalée dans les premières expéditions du gouverneur Diego Velasquez '. Le crocodile s'éloigne jusqu'à une lieue de distance du Rio Cauto et de la côte marécageuse de Xagua, pour dévorer les porcs dans l'intérieur des terres. On en voit de i5 pieds de long, et les plus méchans poursuivent (dit-on) un homme à cheval, comme font les loups en Europe, tandis que les animaux qu'on appelle exclusivement cayw^A?^ au Batabano sont si timides qu'on ne craint pas de se baigner dans les endroits où ils vivent par bandes. Ces mœurs et le nom de cocodrilo donné, à l'ile de Cuba, au plus dangereux des Sauriens carnassiers , me paroissoient inditpxer une espèce différente des grands animaux de l'Orénoque , du Rio INIogdalena et de Saint- Domingue. Partout ailleurs, sur le continent de l'Amérique esj)agnole, les colons , trompés par des récits exagérés sur la férocité des crocodiles d'Egypte , répètent qu'il n'y a de vrais crocodiles que dans le Nil, tandis que les zoologistes ont reconnu qu'il y a en Amérique à la fois des caymans ou alligalors à museau obtus et à jambes sans dentelures, et des crocodiles à museau pointu et à jambes dentelées; dans l'ancien continent, à la fois des crocodiles et des gavials. Le Crocodilus aciiius de Saint-Domingue , dont je ne saurois distin- guer jusqu'ici spécifiquement le crocodile des grandes rivières de l'Orénoque et du Magdalena , a même , pour me servir de l'expression de M. Cuvier ^ , une ressemblance si étonnante avec le crocodile du Nil, qu'il a fallu un examen minutieux de chaque partie pour prouver que la loi de Buffon , relative à la distribution des espèces entre les régions tropicales des deux continens , n'étoit pas en défaut. ' Herera, Hist. de Ind. occid., Dec. I, Ub. g, caf. 4, p a52- ^ Cuvier, Récit, sur les ossemens fossiles , Tom. V, PI. ii, p. 27. Celle analogie frappante n'a pu être reconnue par M. Geoffroy de Saint-Hilnire qu'en i8o3, lorsque le général Rocliambeau envoya un crocodile de Saint-Domingue au Muséum d'histoire naturelle à Paris, {annales du Muséum, Tom. II, p. 57, 53.) Des dessins et les descriptions détaillées de la même espèce qui habite les grandes rivières de l'Amérique méridionale, avoient été faits par M. Bonpland et par moi, en 1800 et 1801, pendant notre navigation sur l'Apure, rOrénoque et le Magdalena. Kous avons eu le tort si commun aux voyageurs de ne pas les faire passer dès-lors en Europe, accompagnés de quelques jeunes individus. CHAPITRE XXVIII. 463 Comme, à mon second passage par la Havane, en i8o4, je ne pouvois retourner à la Sienega du Batabano , je fis venir à grands frais les deux espèces que les habitans appellent caymans et crocodiles. Il m'arriva de ces derniers deux individus vivans dont le plus âgé avoit 4 pieds 3 j)ouces de long. On avoit eu beaucoup de peine à les prendre. On les transporta , muselés et liés , sur un mulet. Ils éloient vigoureux et assez féroces. Pour observer leurs habitudes et leurs mouvemens ' , nous les plaçâmes dans une grande salle , où , grimpés sur un meuble très-élevé , nous pouvions les voir attaquer de gros chiens. Ayant vécu à rOrénoque , au Rio Apure et au Magdalena , pendant six mois , au milieu des croco- diles, nous nous plaisions à observer encore une fois, avant de retourner en Europe, ces animaux singuliers qui passent, avec une rapidité étonnante, de l'immobilité aux mouvemens les plus impétueux. Les individus qu'on nous envoya du Bata- bano, comme crocodiles^ avoient le museau aussi pointu que les crocodiles de l'Oré- noque et du Magdalena [Crocodilus aruius, Cuv.) ; leur couleur étoit un peu plus foncée , vert-noirâtre sur le dos et blanche sons le ventre. Les flancs étoien t tachetés de jaune. J'ai compté , comme dans tous les vrais crocodiles , 58 dents dans la mâ- choire supérieure, 3o dans la mâchoire inférieure. Parmi les premières, la lo* et la 9'; parmi les dernières , la i "^^ et la 4'^ étoient les plus grandes. La description que nous avons faite sur les lieux , M. Bonpland et moi , porte expressément que la 4" dent inférieure emùr-asse librement la mâchoire supérieure. Les extrémités postérieures étoient palmées. Ces crocodiles du Batabano nous paroissoient spécifiquement identiques avec le Crocodilus acutus : il est vrai que tout ce qu'on nous l'apportoit de leurs mœurs ne s'accordoit pas trop avec ce que nous avions observé nous-mêmes à l'Orénoquej mais les Sauriens carnassiers, d'une même espèce, sont plus doux et plus timides , ou plus féroces et plus courageux , dans une même rivière, selon la nature des localités^. L'animal qu'on appela Cûymrt/i au Batabano, mourut en chemin, et on avoit eu l'imprévoyance de ne pas nous l'apporter, de sorte que nous ne pûmes faire la comparaison des deuxespèces. Y auroit-il, danslesud de l'ile de Cuba, de véritables caymans à museau obtus, dont la 4" dent infé- rieure entre dans la mâchoire supérieure 5 des alligators semblables à ceux de la Floride ? Ce que les colons disent de la tête beaucoup plus alongée de leur ' M. Descourtilz, qui connoît les liabilutles des crocodiles plus que tous les auteurs qui ont écrit sur ce reptile, a vu, comme Dampier et comme moi, le Crocodilus acutus approcher souvent le museau de sa queue. Voyage d'un Naturaliste, Tom. III , p. 87. • Voynz plus haut, Tom. II, p. G.'n ; Tom. III, p. 4'- 464 LIVRE X. cocodrilo del Batahano rend ce fait presque certain ' ; et , dans ce cas , par un heureux instinct, le peuple auroit distingué, dans cette ile, avec la même justesse, entre crocodile et cayman^ que le font aujourd'hui de savans zoolo- gistes en établissant des sous-genres qui portent les mêmes noms. Je ne doute pas que le crocodile à museau aigu et l'alligator ou cayman à museau de brochet ^ n'habitent à la fois , mais par bandes distinctes , les côtes marécageuses entre Xagua, le Surgidero du Batabano et l'Ile des Pinos. C'est dans cette dernière île que Dampier , aussi digne d'éloges comme physicien observateur que comme marin intrépide, a été frappé de la grande différence qpi'offrent les cay- mans et les crocodiles américains. Ce qu'il rapporte sur cet objet, dans son \oyage à la baie de Campêche, auroit pu, il y a plus d'un siècle, exciter la curiosité des savans, si les zoologistes ne rejetoient pas le plus souvent avec dédain tout ce que les navigateurs ou d'autres voyageurs , dépourvus de con- noissances scientifiques, ont observé sur les animaux. Aj)rès avoir donné plusieurs caractères , qui ne sont pas également exacts , pour distinguer les crvcodiles des caymans, Dampier insiste sur la distribution géographique de ces énormes Sauriens. « Dans la baie de Campêche , dit-il , je n'ai vu que des caymans ou alligators ,• à l'ile du Grand-Cayman , il y a des crocodiles et pas à' alligators ^ à l'ile des Pinos et dans les innombrables creeks et estèœs de la côte de Cuba, il y a des crocodiles et des caymans à la fois ^. « J'ajouterai à ces observations précieuses de Dampier, que le véritable crocodile ((?, acuius) se retrouve dans * J'ai cru trouver une légère différence dans la position des grosses plaques [clous) de la nuque. Le grand individu de Batabano offroit, près de la tête, d'abord quatre tubercules placés de file, et puis trois rangées de deux. Dans l'individu plus jeune, je comptois d'abord une première rangée de 4 clous , puis une seule rangée de 2 , suivie d'un grand espace vide : après cet espace commencent les plaques du dos. Cette dernière disposition est la plus commune dans le crocodile de l'Orénoque. Celui du Magda- lena offre trois rangées de clous à la nuque, dont les deux premières de 4, la dernière de 2 clous. Dans les individus du Crocodilus aoutus que le Muséum d'histoire naturelle de Paris a reçu de Saint-Domingue , il y a d'abord 2 rangées de 4i et puis une de 2 clous. Je traiterai de la constance de ce caractère dans le second Volume de mon Recueil de Zoologie. Les quatre poches qui portent le musc [bolzas del almiscle) sont placées, dans le crocodile du Batabano, exactement comme je les ai dessinées sur celui du Rio Magdalena, sous la mâchoire inférieure et près de l'anus : mais j'ai été singulièrement frappé de ne sentir cette odeur, à la Havane , trois jours après la mort de l'animal , par une température de 30°^ tandis qu'à Mompox , sur les rives du Magdalena, des crocodiles vivans empestoient notre appartement. J'ai vu depuis que Dampier a aussi remarqué n une absence d'odeur dans le crocodile de Cuba, là où les caymans répandoient une odeur de musc très-forte. » * Crocodilus acutus de Saint-Domingue, alligator lucius de la Floride et du Mississipi. ' Dampier'a, Foyageaand Descriptions (xSgg), Tom. II, P. i, p. 3o et 75. CHAPITRE XXVIII. 4^5 les Antilles sous le vent qui sont les plus rapprochés de la Terre-Ferme, par exemple à la Trinité , à la Marguerite , et vraisemblablement aussi , malgré le manque d'eau douce, à Curaçao '. Plus au sud, on l'observe (et sans que j'aie rencontré avec lui aucune de ces espèces d'alligators qui abondent sur les côtes de la Guyane') , dans le Neveri , le Rio Magdalena, l'Apure et l'Orénoque jusqu'au confluent du Cassiquiare avec le Rio Negro (lat. 2° 2') , par conséquent à plus de 4oo lieues de distance du Ratabano. Il seroit intéressant de constater ou se trouve, sur la côte orientale du Mexique et du Guatimala , entre le Mississipi et le Rio Chagre (dans l'isthme de Panama) , la limite des diverses espèces de Sauriens carnassiers. Nous étions sous voiles le 9 mars , avant le lever du soleil , un peu effrayés de l'extrême petitesse de notre goélette, dont les aménagemens ne nous permettoient guère de coucher autrement que sur le tillac. La chambre {caméra de pozo) ne recevoit l'air et la lumière que d'en haut. C'étoit une véritable calle aux vivres , dans laquelle nous avions de la peine à placer nos instrumens. Le thermomètre s'y soutenoit constamment à 82° et 33° centésimaux ; heureu- sement ces incommodités ne durèrent que 20 jours. La navigation dans les canots de l'Orénoque et dans un bâtiment américain chargé de })lusieurs milliers à'arrobas de viande séchée au soleil , nous avoit rendus moins difficiles. Le golfe du Ratabajio , bordé de côtes basses et marécageuses , se présentoit comme un vaste désert. Les oiseaux pêcheurs, qui généralement sont à leur poste avant que les petits oiseaux de terre et les paresseux zamuros -^ se réveil- lent, ne puroissoient qu'en petit nombre. L'eau de la mer étoit d'un brun- verdàtre , comme dans quelques lacs de la Suisse ; taudis que l'air, à cause de son extrême pureté , avoit , au moment où le soleil paroissoit sur l'horizon , cette teinte un peu froide, de bleu-pâle, qui frappe nos peintres de paysages à la même heure dans le midi de l'Italie, et sur laquelle les objets lointains se dé- tachent avec une vigueur remarquable. Notre goélette étoit le seul bâtiment dans le golfe ; car la rade du Ratabano n'est presque visitée que par des contreban- diers, ou, comme on dit plus poliment ici, par los tralanles. Nous avons rappelé plus haut, en parlant du canal projeté des Guines "*, combien le Ratabano pourroit devenir important pour les communications de l'île de Gul)a * Seha, p. civ, Cg. i-g. ■^ Alligator sclerops et Alligator palpelirosus. * Le Percnoptère de l'Amérique équinoxiale , V'ullur aura. * Tom. III , p. 439. Relation lùstorique , Tom. TU. ^9 466 LIVRE X. avec les côtes du Venezuela. Dans son état actuel, sans qu'aucun curage ait été tenté , on y trouve à peine 9 pieds d'eau '. Le poi't est placé dans le fond d'une baie qui est terminée à l'est par la Punta Gorda, à l'ouest par la Punta de Saliuas : mais cette baie même ne forme que le fond ( le sommet concave ) d'un grand golfe qui a près de i4 lieues de profondeur du sud et nord, et qui , dans ime étendue de 5o lieues , entre la Laguna de Cortès et le Cayo de Piedras , est fermé par une innombrable quantité de bas-fonds et de cayes. Une seule grande île, dont Xarea excède quatre fois celle de la Martinique , s et dont les montagnes arides sont couronnées de majestueuses Conifères , s'élève au milieu de ce labyrinthe. C'est Ylsla de Pinos , appelée par Colomb El Evangelisla , et puis, par d'autres pilotes du 16*= siècle, Ma de Sanla Maria. Elle est célèbre par l'excellent acajou (Swietenia Mahagoni) qu'elle fournit au commerce. Nous cinglâmes à l'ESE., en prenant la passe de Don Cn'stoval , pour atteindre l'îlot rocheux de Cajo de Piedras, et sortir de cet archipel que les pilotes espagnoles désignent , depuis les premiers temps de la coiiqiiêle , par les noms de Jardins et de Bosqiiels [Jardines y Jardinillos). Les véritaJiles jardins de la Beine % plus rapprochés du Cap Cruz, sont séparés de l'archipel que je vais décrire par une mer libre de 35 lieues de large. Colomb même les appela ainsi au nsois de mai i494j lorsque, dans son second voyage, il lutta pendant 58 jours contre les courans et les vents , entre l'île de Pinos et le Cap oriental de Cuba. Il décrit les îlots de cet archipel comme verdes , llenos de arholedas y gra- ciosos 3. En effet, une partie de ces prétendus jardins est très-agréable ; le navigateur voit changer la scène à chaque instant , et la verdure de quelques îlots paroît * Les plus grandes embarcations qui entrent dans le Surgidero du Catabano calent i5 palmas (à 9 pouccî esp. ) . Les i)onnes passes sont , vers l'ouest , le Cariai del Puerto Frances , entre le cap occidenta I de l'ile de Pinos et la L.ij,una de Corlès, et , à l'est de l'île de Pinos, les (|ualre passes du Rosario, des Gardas, de la Savaiia de Juan Luis et Von Cristoval, entre les cayes et la côte de Cuba. ^ Il existe à la Havane même beaucoup de confusion géograplnVjue sur les anciennes dénominations de Jardines del Rcy et Jardines de la Reyna. Dans la description de l'ile de Cuba , que renferme le Jl^rcitrio americnno (Tom. H , p- 388) , et dans la Historia tiatural de la Isla de Cuba (Cap. i , ^. i) , rùdigce à la Havane par Don Antonio Lopez Gomez, les deux groupes sont placés sur la côte méridionale de l'île. M. Lopcz dit même que les Jardines del Rey s'étendent de la Lagiina de Corics à Balua do Xngiia ; mnls il ne rejte aucun doute bistorique que le gouverneur Diego Velasquez a donné ce nom à la partie occidentale des cayes du Vieux-Canal, entre Cayo Francês et leMonillo, sur la côte sei)tentrionale de l'île de Cuba. [Herera , Tom. 1 , p. 8 , 8 1 , 55 et aSa ; Tom. 1 1 , p. 1 8 1 . ) Les Jardines de la Reyna , situés entre Cabo Crut et le port de la Trinité, ne sont aucunement liés aux Jardines et Jardinillos de la Isla de Pinos. Entre ces deux groupes de cayes se trouvent les bas-fonds (placeres) de la Paz et de Xagua. 3 Churchill Collecl. j p. 56o. Pedro Munoz , Hist. del Nuevo Mnndo, p. 214, 216. CHAPITRE XXVIII. 4^7 d'autant plus belle qu'elle contraste avec d'autres cayes qui n'offrent que des sables blancs et arides. La surface de ces sables , échauffée par les rayons du soleil 5 semble ondoyante comme la surface d'un liquide. Par le contact de couches d'air d'inégale température, elle produit, de lo'' du matin jusqu'à 4'^ du soir, les phénomènes les plus variés de la suspension et du mirage '. Dans ces lieux déserts , c'est encore l'astre du jour qui anime le paysage , c[ui donne de la mobilité aux objets que frajipent ses rayons, à la plaine ])oudreuse, aux troncs des arbres , aux rochers qui avancent dans la mer sous la forme de caps. Dès que le soleil se montre, ces masses inertes paroissent comme suspendues en l'air ; et, sur la plage voisine, les sables offrent le spectacle trompeur d'une nappe d'eau molle- ment agitée par les vents. Une traînée de nuages suffit pour rasseoir sur le sol et les troncs d'arbres et les rochers suspendus , pour rendre immobile la surface ondoyante des j)laines et dissiper ces prestiges que les poètes arabes , persans et indous ont chantés « comme les douces tromperies de la solitude du désert. » Nous doublâmes le Cap Matahambre avec une extrême lenteur. Comme le chronomètre de Louis Berlhoud avoit conservé une très-bonne marche à la Havane, je profitai de l'occasion qui se présentoit pour déterminer, dans ce jour et les jours suivans , les positions de Cayo de Don Cristovalj Cayo Flamenco ^ Cnjo de Diego Ferez et Cayo de Piedras "*. Je m'occupai aussi à examiner l'influence qu'exerce le changement de fond sur la température de la mer à sa surface ^. A l'abri de tant d'ilôts, cette surface est calme comme un lac d'eau douce 5 les couches de différentes profondeurs ne se trouvant pas mêlées, les moindres changemens qu'indique la sonde agissent sur le thermomètre. Je fus surpris de voir qu'à l'est du petit Cayo de Don ' f'ojez les mesures de réfraction extraordinaire que j'ai faites à Ciimana , Toni. I, p. CaS-Gji . ^ Voyez mon Recueil d'Obs. astr. , Tom. II, p. 109. M. Bauza a ratlaclié mes observations à celles de M. del Rio, dans le croquis des Jardines y Jardinillos , qu'il a bien voulu me communiquer, et qui rectille la partie sud de ma carte de l'île de Cuba. {Voyez le second tirage de cette carte , celui de 1 826.) ^ J'ai trouvé, en degrés du thermomètre dcRcaumur : Mir. "J°.7 iS,8 '9v jo,7 19,6 2K5 Air. 22", 5 23,0 23,3 22,0 a4,3 24,5 23,0 Profondeur. 10 pieds. 7l Lieux. S millps ail nord de Punla Corda. entre les cayes de Las Cordas et de Don Cristoval. autour de Cayo Flamenco. goufre entre Cayo Flamenco et Cayo de Piedras. bord oriental du goufre, tout près de Cay» de Piedras. un peu plus à l'est, pas de fond , au sud de Xngua. 468 LIVEE X. Cristoval les hauts -fonds ne se distinguoiént pas par la couleur laiteuse de l'eau , comme sur le banc de la Vibora , au sud de la Jamaïqiie , et sur tant d'a;itres bancs que j'avois reconnus au moyen du thermomètre. Le fond de l'anse du Batabano est un sable composé de coraux détruits ; il nourrit des fucus qui ne viennent presque pas à la surface. L'eau est verdàtre, comme je l'ai déjà fait remarquer ; et l'absence de la teinte laiteuse est due, sans doute, au calme j)ar- fait qui règne dans ces contrées. Partout où l'agitation se propage à une cer- taine profondeur, un sable très-fin , ou des particules calcaires suspendues dans l'eau la rendent trouble et laiteuse. Il y a cependant des bas-fonds qui ne se distinguent ni par la couleur ni par la basse température des eaux , et je pense que ces phénomènes dépendent de la nature d' un J'ond dur el rocheux , dépourvu de sables et de coraux , de la forme et à la déclivité des accores, de la vitesse des courans, du manque de propagation de mouvement vers les couches inférieures de l'eau. Le froid qu'indique le plus souvent le thermomètre , à la surface des hauts-fonds , est dû à la fois aux molécules d'eau que le rayonnement et le refroi- dissement nocturnes fout tomber de la surface à la profondeur où elles sont arrêtées dans leur chute par les hauts-fonds , et au mélange de couches d'eau très-profondes qui remontent sur les accores du banc comme sur un plan incline pour se mêler avec les couches de la surface. Malgré la petitesse de notre embarcation etx la sagesse vantée de notre pilote , nous touchâmes souvent. Le fond étant mou , il n'y a pas de danger à échouer ; cependant , au coucher du soleil , près de la pasxe de Don Cristoval, on préféra de jeter l'ancre. La première partie de la nuit fut d'une sérénité admirable. Nous vîmes une innombrable quantité d'étoiles filantes du côté de la terre , suivant toute une même direction opposée à celle du vent est qui régnoit dans les basses régions de l'atmosphère. Rien ne ressemble aujourd'hui à la solitude de ces lieux qui, du temps de Colomb, étoient habités et fréquentés par un grand nombre de pêcheurs. Les indigènes de Cuba se servoient alors d'un petit poisson pour prendre de grosses tortues de mer j ils attachoient une corde très-longue à la queue du revès (c'est le nom que les Espagnols donnoient à cette espèce du genre Echeneis ' ). Le poisson pêcheur, au moyen du disque • Le sucet ou guaican des indigènes de Cuba. Les Espagnols l'appeloient d'une manière très-caractéris- tique le rêvés, coiume pour dire : poisson place sur le dos, placé à contre-sens. En effet, au premier abord, on confond la position du dos et de l'abdomen. Anghiera dit : Nostrates Reversum appeltant, gui'a versus venatur. J'ai examiné un remoia de la Mer du Sud pendant la traversée de Lima à Acapulco. Comme il CHAPITRE XXVIII. 469 aplati , garni de suçoirs , qu'il porte sur sa tête , se fixoit sur la carapace des tortues de mer qui sont si fréquentes dans les canaux étroits et tortueux des Jar- dinillos. «LeVet'è^, dit Christophe Colomb, se laisseroit plutôt mettre en pièces que de lâcher involontairement le corps auquel il adhère. » Par la même corde , les Indiens retiroient le poisson pêcheur et la tortue. Lorsque Gomara et le savant secrétaire de l'empereur Charles -Quint, Pierre Martyr d'Anghiera , firent connoitre à l'Europe ce fait qu'ils avoient recueilli de la bouche des compagnons de Colomb , le public le prit sans doute pour un conte de voya- geur. Il y a en effet quelque apparence de merveilleux dans le récit d'Anghiera qui commence par ces mots : « Non aliter ac nos canibus gallicis per aequora campi lepores insectamur, incolœ (Cuboe insulae) venatorio pisce pisees alios capie- bant '. » Nous savons aujourd'hui ^ par les témoignages réunis du capitaine Rogers , de Dampier et de Commerson ^ , que ce même artifice de la chasse aux tortues, observé dans les Jardinillos, est eniployépai leshabitajis de la côte orien- tale d'Afrique , près du Cap Natal , à Mozambique et à Madagascar. Des hommes , dont la tête ëloit couverte de grandes calebasses percées de trous, prenoient des canards en Egypte, à Saint-Domingue et dans les lacs de la vallée de Mexico , en se cachant sous l'eau et en saisissant les oiseaux par les pieds. Les Chinois , depuis la plus haute antiquité , se servent de Cormorans , oiseau de la famille des Pélicans , qu'ils envoient pêcher sur les côtes , et auxquels ils placent des anneaux au col pour qu'ils ne puissent avaler leur proie et chasser pour leur propre compte. Au plus bas degré de la civilisation , toute la sagacité de l'homme se déploie dans les ruses de la chasse et de la pêche. Des peuples qui , vraisemblablement , n'ont jamais eu de communications les uns avec les autres, offrent les analogies les plus frappantes dans les moyens propres à exercer leur empire sur les animaux. Nous ne pûmes sortir qu'après trois jours de ce labyrinthe des Jardines et vivoit long-temps 'hors de l'eau, je tentai des expériences sur le poidi qu'il pouvoit porter avant que les lames du disque lâchassent la planche à laquelle l'animal s'étoit fixé ; mais j'ai perdu cette partie de mon journal. C'est sans doute la crainte du danger qui engage le rémora à ne pas lâcher prise lorsqu'il se sent tiré par une corde ou par la main de l'homme. Le sucet dont parlent Colorah et Martin d'Anghiera étoit vraisemblablement l'Echeneis Naucrates et non l'Echeneis Rémora. [Voyez mon Recueil cC Ohs, de Zoologie , Tom. II , p. 192. ) • Femand Colomb, dans Curchill Coll., Vol. II, Cap. lvi, p. 56o. Petr. MarU, Oceanica, i533, Dec. I , p. 9. Gomara, Hist. de las Jndias, i553, fol. xiv. Herera, Tom. I, p. 55. * Dampier's Voyages, Vol. II, PI. m, p. 110. Lacépéde, Hist.nat. des poissons, Tom. III, p. i64- 4?° LIVRE X Janliniltos. Toutes les nuits on restoit à l'ancre ; le jour nous visitions les îlots ou cayes dont l'abord étoit le plus facile. A mesure que nous avançâmes vers l'est , la mer devint moins calme , et les hauts-fonds commençoient à se distinguer par une eau laiteuse. Sur le bord d'une espèce de goufre qui se trouve entre Cayo Flamenco et Cayo de Piedras, nous trouvâmes que la température de la mer, à sa surface, augmentoit subitement de 23°,5 cent, à 25°, 8. La constitu- tion géognostique des ilôts rocheux qui s'élèvent autour de Vile de Pinos devoit d'autant plus fixer mon attention, que j'avois toujours eu quelque peine à croire à ces édifices de coraux lithophites de la Polynésie , que l'on dit s'élever, des abîmes mêmes de l'Océan , vers la surface des eaux. Il me paroissoit plus probable que ces énormes masses avoient pour base quelque rocher primitif ou volcanique auxquels elles adhéroientà de petites profondeurs. La formation, en partie compacte et hthogra{)hique, en partie buUeuse du Calcaire des Guincs ', nous avoit suivis jusqu'au Batabauo ; elle est assez analogue au Calcaire jurassique; el, à en juger d'après le simple aspect extérieur , les îlots des Caymam sont composés de la même roche. Si les montagnes de Mlle de Pinos , qui présentent à la fois (comme disent les premiers historiens de la conquête) pineta et palmeta ^ , sont visibles à 2o lieues marines ^ , leur hauteur doit atteindre plus de 5oo toises : on m'a assiué qu'elles sont aussi formées d'un calcaire entièrement semblable à celui des Guines. D'après ces faits, je croyois retrouver cette même roche (juras- sique) dans les Jardinillos : mais je n'ai vu, en parcourant les cayes ipii s'élèvent assez généralement de 5 à 6 pouces au-dessus de la surface de l'eau, qu'une roche fragmentaiw , dans laqiaelle des morceaux anguleux de madrépores sont cimentés par un sable quarzeux. Quelquefois les fragmens ont un à deux pieds cubes de volume , et les grains de quarz disparoissent tellement que , dans plusieurs couches , on seroit tenté de croire que les polypiers lithophites sont restés en place. La masse totale de cette roche des cayes m'a paru un véritable agloméral calcaire , assez analogue au calcaire tertiaire de la Péninsule d'Araya '''j près de Cumana , mais d'une formation beaucoup plus récente. Les inégalités de celte roche à coraux sont couvertes d'un de'tritus de coquilles et de madrépores. Tout ce qui surmonte la surface des eaux est composé de morceaux brisés et • Foyez plus haut, Tom. III, p. SGj. ' Petr. Martyr, Dec. III, lib. lo, p. 68. » Dampier, Discourse of Wind» , Breezes and Currents, 1699, Cliap. VII , p. 85. * Ceno del Barigon. CHAPITRE XXVIII. 4?! cimentés par du carbonate de chaux enchâssant des grains de sable quarzeux. Trouveroit-on , à une grande profondeur au-dessous de cette roclie fragmen- taire de coraux, des édifices de polypiers encore vivans? ces polypiers sont-ils fixés sur la formation jurassique? Je l'ignore. Les pilotes croient que la mer diminue dans ces parages , peut-être parce qu'ils voient les cayes s'agrandir et s'exhausser, soit par les attérissemens que soulève le clapotis des vagues , soit par des agglutinations successives. 11 ne seroit pas impossible , d'ailleurs , que l'élargis- sement du Canal de Bahama, par lequel sortent les eaux du GulJ-stream , causât , par la suite des siècles , un faible abaissement des eaux au sud de Cuba , et sur- tout dans le Golfe du Mexique , centre de ce grand tournoiement du fleuve pélagique qui longe les États-Unis et jette les fruits des plantes tropicales sur les côtes de la Norwège '. La configuration des cotes, la direction, la force et la durée de certains courans et de certains vents, les changemens qu'éprouvent, à cause de la prédominance variable de ces vents, les hauteurs barométriques, sont des causes dont le concours peut altérer, dans un long espace de temps, et entre des limites assez circonscrites d'étendue et de hauteur, l'équilibre des mers -. Là où les côtes sont tellement basses, que le niveau du sol, à une lieue dans l'intérieur des terres, ne change pas de quelques pouces, ces gonflemens et ces diminutions des eaux frappent l'imagination des habitans. Le Cayo bonito , que nous visitâmes le premier, mérite ce nom ^ par la richesse de sa végétation. Tout annonce que depuis long-temps il est au-dessus de la surface de l'Océan : aussi l'intérieur du Cayo n'est presque pas plus déprimé que les bords. Sur une couche de sable et de coquilles broyées de 5 à 6 pouces d'épaisseur qui recouvre la roche madréporique fragmentaire , * «The Gulf-stream, between tlie Baliamas and Florida, is very little wider than Beliring's Strait ; and yet the water rushing tlirougli tliis passage is of sufficient force and quanlity to put the whole northern Atlantic in motion , and to make ils influence he felt in the distant strait of Gibraltar and on the inorc dis- tant coagt o/^/rica. « [Quarterly Rev. , 1818, Fevr.,'ç. 217.) Voyez, sur cette même influence qui se propage vers les Iles Canaries, Ret. hist., Tom. III, p. 70. ' Je ne prétends pas expliquer, par les mêmes causes, les grands phénomènes qu'offrent les côtes de Suède, où la mer, sur quelques points, donne l'apparence d'un abaissement très-inégal , de 5 à 5 pieds en 100 ans. (Bruncrona et Hallstrœm , dans Pogendorjfs Annalen , 1824 , St 1 1 , p. 3o8-J28. Hoff, Geschichte der Erdoberfldche , Tom. I, p. 4o5-4o6.) Le grand géologue, M. Léopold de Buch, a répandu un nouvel intérêt sur ces observations, en examinant si ce ne sont pas plutôt quelques parties du continent de la Scan- dinavie qui se soulèvent insensiblement. {Reise durch JVonvegen , Tom. II , p. 291.) Une supposition ana- logue s'est présentée aux haljitans de la Guyane hollandoise {Dolingbroke , Foyage to Demerary, p. i48)- ^ Bonito, joli. 472 LIVRE X. s'élève toute une forêt de palétuviers (Rhizophora). A leur port et à leur feuillage, on les prendroit de loin pour des lauriers. L'Avicennia nitida , le Eatis , de petites Euphorbes et quelques graminées travaillent , par l'entrelacement de leurs racines , à fixer les sables mouvans. Mais ce qui caractérise surtout la Flore ' de ces îles à coraiix , c'est le superbe Tournefortia gnaphalioides de Jacquin , à feuilles argentées , que nous trouvâmes ici pour la première fois. C'est une plante qui vit en société ^ un véritable arbrisseau de 4 pieds et demi à 5 pieds de haut , dont les fleurs répandent une odeur très-agréable. Il fait également l'ornement du Cayo Flamenco , du Cayo de Piedras , et peut-être de la plupart des basses terres des Jardinillos, Tandis que nous étions occupés à herboriser, nos matelots cherchoient des langoustes. Irrités de ne pas en trouver, ils se vengèrent de leur mécompte en grim})ant sur les Palétuviers et en faisant un affreux carnage de jeunes Alcatraz groupés deux à deux dans leurs nids. On désigne sous ce nom, dans l'Amérique espagnole "*, le Pélican brun à taille de cygne de Buffon. Avec la stupide confiance et l'incurie propre aux grands oiseaux pélagiques , l'Alcatraz ne compose son nid que de la réunion de quelques branches d'arbres. Nous comptions quatre ou cinq de ces nids sur un même tronc de Rhizophora. Les jeunes oiseaux se défendoient vaillamment de leurs énormes becs qui ont 6 à 7 pouces de long : les vieux planoierit au-dessus de nos tètes en poussant des cris rauques et plaintifs; le sang ruisseloit du haut des arbres, car les matelots étoient armés de gros bâtons et de coutelas [macheles). Nous eûmes beau leur reprodher ce manque de pitié et ces tourmens inutiles. Condamnés à une longue obéissance dans la solitude des mers, les matelots se plaisent à exercer un cruel empire sur les animaux dès que l'occasion s'en présente. Le sol'étoit couvert d'oiseaux blessés qui se débattoient contre la mort. A notre arrivée, un calme profond avoit régné dans ce petit coin de terre. Déjà tout sembloit dire : Ici l'homme a passé. * Nous avons recueilli : Cenchrus myosuroides, Euphorbia buxifolia, Balis maritima, Iresine obtusifolia; Tournefortia gnaphalioides, Diomcdea glabrata, Cakile cubcnsis, Dolichos miniatus, Parlhenlum liyste- ropborus, etc. Cette dernière plante, que nous avons trouvée dans la vallée de Caracas et sur les plateaux, tempérés du Mexique, entre 4/0 et 900 toises de hauteur, couvre tous les champs de l'île de Cuba. Les habitans s'en servent pour des bains aromatiques et pour chasser les puces si fréquentes sous le climat des tropiques. A Cumana, les feuilles de plusieurs espèces de Cassia sont employées, à cause de leur odeur, contre ces infectes malfaisans. * Voyez plus haut, Tom. I, p. 288. CHAPITRE XXVIII. 47-^ Le ciel avoit été couvert de vapeurs voussàtres qui se dissipoient vers le sud- ouest ; nous espérâmes , mais en vain , de découvrir les hauteurs de Xlle de Pinos. Ces lieux ont un charme qui manque à la majeure partie du Nouveau- Monde ; ils offrent des souvenirs liés aux plus grands noms de la monarchie espagnole , à ceux de Christophe Colomb et de Hernand Cortès. C'est sur la côte méridionale de l'île de Cuba , entre la baie de Xagua et Xlle des Pinos, que l'amiral, dans son second voyage, avoit vu, avec étonnement, « ce roi mystérieux qui ne parloit à ses sujets que par des signes, et ce groupe d'hommes qui portoient de longues tuniques blanches et ressembloient aux moines delà Merced, tandis que le reste du peuple étoit nu.» Dans son quatrième voyage , Colomb rencontra , dans les Jardinillos , de grandes pirogues d'Indiens mexicains , chargées de riches productions et marchandises du Yucatan. Séduit par son ardente imagination, il crut entendre, de la bouche même de ces navigateurs , « qu'ils étoient venus d'un pays où les hommes étoient montés sur des chevaux ' et portoient des couronnes d'or sur la tête. » Déjà « le Catayo ( la Chine) , l'empire du Grand-Khan et l'embouchure du Ganges » lui paroissoient si près, qu'il espéroit bientôt se servir de deux interprètes arabes qu'il avoit embarqués à Cadix , en allant en Amérique. D'autres souvenirs de \ lie des Pinos et des Jardins qui l'entourent se rattachent à la conquête du Mexique. Lorsque Hernand Cortès prépara sa grande expédition , il échoua en ' Comparez Lettera rarissima di Chrisioforo Colombo di 7 di Julio i5o3, p. 1 1 , avec Herera, Dec. I, p. 125, i3i. 11 n'y a rien de plus loucliant et de plus pathétique que l'expression de tristesse qui règne dans celte lettre de Colomb , éci ile à la J.imaïque , et adressée par l'amiral au roi Ferdinand et à la reine Isabelle. Je recommande surtout .i ceux qui veulent étudier le caractère de cet homme extraordinaire , le récit de la vision nocturne dans laquelle, au milieu delà tempête , une voix céleste rassure le vieillard par ces mots : (I Iddio maravigliosanienfe fece sonar tuo nome nella terra. Le Indie que sono parte de! mondo cosi ricca , te le ha date per tue; tu le liai repartite dove ti è piaciulo, e ti dette potenzia per l'arlo. Delli ligamcnti del mare Occauo cbe eraao serrati con catenc coii forte, ti donô le ibiave, etc. » Ce morceau , plein d'élévation et de poésie, ne nous est parvenu que dans une ancienne tradition italienne, c.-ir l'ori- ginal espagnol cité dans la Bibliotica nautica de Don Antonio Léon, n'a pas été trouvé jusqu'ici. J.e pounois ajouter d'autres expressions bien naïves dans la bouche de celui qui a découvert un monde nouveau : n Votre Altesse peut me croire, dit Colomb, que le globe de la terre est loin d'être si grand que l'admet le vulgaire. Sept ans j'ai été à votre cour royale, et pendant sept ans on m'a dit que mon entreprise étoit une folie. Aujourd'hui que j'ai ouvert le chemin , les tailleurs et les cordonniers même demandent le privilège d'aller découvrir de nouvelles terres. Persécuté, oublié que je suis, je ne me souviens jamais d'Hispaniola et de Paria sans que mes yeux ne se mouillent de larmes. J'ai été pendant vingt ans au service de Votre Altesse • il n'est pas un de mes cheveux qui ne soit blanchi ; mon corps est aEToiljIi ; je ne ne puis plus pleurer, pianga adesso il cielo e pianga per me la terra; pianga per me chi ha carilà, verità, gitistizia. » Lett. rar. , p. i3, 19, 54, 57- (^oye^ aussi plus haut, Tom. II, p. C18.') liclalion historique , Tom. III. Go 474 LIVRE X. naviguant du port de la Trinidad au Cap Saint-Anloine, avec sa Nave Capitana , sur un des bas-fonds des Jardinillos. On le crut perdu pendant cinq jours, lorsque le valeureux Pedro de Alvarado lui envoya (en novembre i5i8) du j)ort de Carénas ' (la Havane) trois bàtimens pour le chercher. Plus tard, en février iSig, Cortès réunit sa flotte entière près du Cap Saint-Antoine, proba- blement dans l'endroit qui porte encore le nom à'Erisenada de Cartes , à l'ouest du Batabano , vis-à-vis de l'Ile de Pinos. C'est de là que croyant mieux échapper aux pièges que lui tendoit le gouverneur Velasquez, il passa presque clandestinement aux côtes du Mexique. Etranges vicissitudes des choses humaines! L'empire de Montezuma fut ébranlé par une poignée d'hommes qui , de l'extrémité occidentale de l'île de Cuba , abordèrent aux côtes du Yucatan ; et , de nos jours , trois siècles plus tard , ce même Yucatan , partie de la nouvelle Confédération des États libres du Mexique, a presque menacé d'une conquête les côtes occidentales de Cuba. Le 1 1 mars , au matin , nous visitâmes le Cayo Flamenco. J'en trouvai la lati- tude de 2 1° 59' 39". Le centre de cet îlot est déprimé et ne dépasse la surface de la mer que de i4 pouces. Il renferme une eau très-foiblement saumàtre. D'autres cayos ont de l'eau entièrement douce. Les marins de Cuba, comme les habitans des lagunes de Venise et quelques physiciens modernes , attribuent cette douceur de l'eau à l'action qu'exercent les sables sur l'eau de mer infiltrée. Mais qu'est-ce que ce mode d'action dont la supposition n'est justifiée par aucune analogie chimique? D'ailleurs les cayes sont composées de roc et non de sables, et leur petitesse rend également difficile d'admettre que les eaux pluviales s'y réunissent en une mare permanente. Peut-être les eaux douces des cayes viennent-elles de la côte voisine, des montagnes de Cuba même, par l'effet d'une pression hydrostatique. Cela prouveroit un prolongement des strates de Calcaire jurassique sous la mer, et la superposition de la roche à coratxx sur ce calcaire '. C'est un préjugé trop répandu de regarder chaque source d'eau douce ' A celte époque il y avoit encore deux élablissemens, l'un au Puerlo de Carénas, dans l'ancienne pro- vince indienne de la Havane (//erera, Dec. I, p. 2;6, 277); l'autre, le plus £;rand , dans la Villa de San Cristoval de Cuba. Ce n'est qu'en iSig que les deux élablissemens furent réunis, et alors le Puerto de Carénas prit le nom de San Cristoval de la Habâna. Foyez plus haut, p. 401: «Certes, dit Herera ( Dec. II, p. 80 et 95), pasôà la Villa de Sau Cristoval que à la sazon estaba en la costa del sur, y despues se pasô 5.) 4"]^ LIVRE X. pores de plus de trois pieds cubes. Il ne nous restoit pas de doute que cette for- mation calcaire qui , de loin , ressenibloit assez au Calcaire jurassique , ne soit une roche fragmentaire. On doit désirer de voir examiner un jour, par des voyageurs géognostes , toute cette chaîne de cayes qui entoure l'île de Cuba , pour déterminer ce qui est dû aux animaux dont le travail continue encore dans la profondeur des mers , et ce qui appartient à de véritables formations tertiaires dont l'âge remonte à celui du Calcaire grossier abondant en restes de coraux lithophites. Ce qui surmonte les eaux n'est généralement qu'une brèche, ou agrégat de fragmens madréporiques cimentés par du carbonate de chaux , des coquilles brisées et du sable. Il importe d'examiner dans chaque caye sur quoi repose cette brèche, si elle recouvre des édifices de mollusques encore vi vans, ou de ces roches secondaires et tertiaires que, par l'aspect et la conservation des restes de coraux qu'elles enchâssent , on seroit tenté de croire produites de nos jours? Le gypse des cayes , vis-à-vis San Juan de los Remedios, sur la côte septentrionale de l'île de Cuba , mérite une grande attention. Son âge remonte sans doute au-delà des temps historiques, et aucun géognoste ne le croira l'ou- vrage des mollusques de nos mers. Du Cajo de Piedras nous commençâmes à voir, vers l'ENE. , de hautes mon- tagnes qui s'élèvent au-delà de la baie de Xagua. Nous restâmes de nouveau la nuit à l'ancre; et , le lendemain (12 mars) , en débouquant par la passe entre le Cap septentrional du Cayo de Piedras et la côte de Cuba , nous entrâmes dans une mer libre d'écueils. Sa coideur bleu d'indigo foncé et l'accroissement de sa température nous prouvoient combien la profondeur de l'eau avoit augmenté. Le thermomètre que , par 6 t et 8 pieds de sonde , nous avions vu plusieurs fois , à la surface de l'Océan , à 2 2°, 6 , se soutenoit à présent à 26°, 2 cent. Pendant ces expériences, l'air étoit, le jour, comme entre les Jardinillos , de 25° à 27°. Nous tâchâmes, à la faveur des vents variables de terre et de mer, de remonter vers l'est jusqu'au port de la Trinidad , pour trouver moins de difficultés par les vents nord-est qui régnoient alors au large, de faire la traversée à Carthagène des Indes , dont le méridien tombe entre Santiago de Cuba et la baie de Guantanamo. Après avoir passé la côte marécageuse des Camareos , où Bartolomè de las Casas , célèbre par son humanité et son noble courage, avoit obtenu', en i5i45 de son ami , le gouverneur Velasquez , im bon repartimienlo de Indios , nous ' Il y renonra dans la même année par scrupule de conscience , pendant un court séjour qu'il fit à la Jamaïque. CHAPITRE XXVIII. 4?? arrivâmes (par 21° 5o' de latitude) dans le méridien de l'entrée de la Bahia de Xagua. Le chronomètre me donna la longitude de ce point 82° 54' 22" presque identique avec celle qui a été publiée depuis (en 1821) dans la carte du Deposito hidrografico de Madrid. Le port de Xagua est un des plus beaux , mais aussi des moins fréquentés de l'île. No dehe tener otro tal en el mundo ^ disoit déjà le Coronista major Antonio de Herera ' : les relèvemens et les projets de défense faits par M. Le Maur, lors de la commission du comte Jaruco , ont prouvé que le mouillage de Xagua méritoit la célébrité qu'il avoit acquise dès les premiers temps de la conquête. On n'y trouve encore qu'un petit groupe de maisons et un fortin [castillito) qui empêche la marine angloise de faire caréner ses vaisseaux dans la baie , comme cela s'est pratiqué fort tranquillement au milieu des guerres avec l'Espagne. A l'est de Xagua , les montagnes [Cerros de San Juan) approchent de la côte et prennent un aspect de plus en plus majestueux , non par leur hauteur qui ne semble pas excéder 3oo toises ^, mais par leurs escarpemens et leur forme géné- rale. La côte , m'a-t-on dit , est tellement accore qu'une frégate peut en approcher partout jusque vers l'embouchure du Rio Guaurabo. Lorsque de nuit la tempé- rature de l'air diminuoit jusqu'à 28°, et que le vent soufïloit de terre, nous sentions cette odeur délicieuse de fleurs et de miel qui caractérise les attérages de l'ile de Cuba ^. Nous longeâmes la côte à deux ou trois milles de distance. Le 1 3 mars , peu avant le coucher du soleil , nous nous trouvâmes vis-à-vis de l'em- bouchure du Rio San Juan que redoutent les navigateurs , à cause de l'innom- brable quantité de inosquilos et sancudos qui remplissent l'atmosphère. C'est comme l'ouverture d'un ravin dans lequel des bàlimens qui tirent beaucoup d'eau pourroient entrer, si un bas-fond (placer) n'obstruoit pas le commencement du passage. Quelques angles horaires me donnèrent , pour la longitude de ce port ' Dec. I, Lib. IX, p. 253. ^ Distance estimée 3 lieues marines. Angle de hauteur non corrigé par la courbure de la terre et la réfrac- tion, 1° 47' 10". Haut. , 2^4 toises. ^ Voyez plus haut, p. 33o. J'ai déjà fait remarquer (p. 427) que la cire de Cuba, qui est un objet de commerce très-important, est due à des abeilles d'Europe (du genre Apis, Lalr.). Christophe Colomb dit expressément que, de son temps, les indigènes de Cuba ne récolloient pas de cire. Le grand pain de cette substance qu'il trouva dans l'île , lors de son premier voyage, et qu'il présenta au roi Ferdinand , dans la célèbre audience de Eaicelone, fut reconnu plus tard avoir été porté par des pirogues mexicaines du Yuca- tan. (Herera, Dec. I, p. 25, i3i , 270.) Il est curieux de voir que de la cire de Melipones a été la première production du Mexique qui soit tombée entre les mains des Espagnols, dès le mois de novembre i492. A' oyez mon Rec. d'Obs. de Zoologie, Tom. I, p. aSi ; elEssai pol. , Tom. II, p. 455. 47^ LIVRE X. fréquenté par les contrebandiers de la Jamaïque et même par les corsaires de la Providence, 82°4o'5o". Les montagnes qui dominent le port s'élèvent à peine à 23o toises '. Je passai une grande partie de la nuit sur le tillac. Quelles côtes désertes ! pas une lumière qui annonce la cabane d'un pêcheur. Depuis le Bata- bano jusqu'à Trinidad, sur une distance de 5o lieues, il n'existe aucun village; à peine trouve-t-on deux ou trois corroies de porcs ou de vaches. Cependant , du temps de Colomb , cette terre étoit habitée , même le long du littoral. Lorsqu'on creuse dans le sol pour faire un puits ou que des torrens sillonnent la surface de la terre pendant les grandes crues , on découvre souvent des haches de pierre , et quelques ustensiles en cuivre ', ouvrages des anciens habitans de l'Amérique. Au lever du soleil , j'obtins de notre capitaine de jeter la sonde; il n'y eut pas de fond par 60 brasses : aussi la surface de l'Océan étoit plus chaude que partout ailleurs; elle étoit de 26°, 8; sa température excédoit de 40,2 celle que nous avons trouvée près des brisans de Diego Ferez. A un demi-mille de distance de la côte, l'eau de mer n'étoit plus qu'à 25°, 5; nous n'eûmes pas occasion de sonder, mais le fond avoit diminué , à n'en pas douter. Le 1 4 mars , nous en- trâmes dans le Rio Guaurabo , un des deux ports de la Trinidad de Cuba , pour mettre à terre la practica du Batabano qui nous avoit pilotés à travers les bas-fonds des Jardinillos , en nous faisant échouer plusieurs fois. Nous espérions aussi trou- ver dans ce port un paquebot ( correo maritimo ) avec lequel nous devions naviguer de conserve à Carthagène. Je débarquai vers le soir , et j'établis sur le rivage la boussole d'inclinaison de Borda et l'horizon artificiel pour observer le passage de quelques étoiles par le méridien ; mais à peine étions-nous occupés de ces préparatifs, que de petits marchands catalans [pulperos) qui avoient dîné à bord d'un bâtiment étranger récemment arrivé, nous invitèrent, avec beaucoup de gaité , de les accompagner à la ville. Ces braves gens nous firent monter deux à deux sur un même cheval; et, comme la chaleur étoit excessive, nous n'hésitâmes pas d'accepter une offre si naïve. Il y a près de quatre milles de l'embouchure du Rio Guaurabo à la Trinidad , dans une direction nord-ouest. Le chemin passe par une plaine qu'on diroit nivelée par un long séjour des eaux. * Dist. 3 ^ milles. Angle de hauteur du point culminant delà Serrania, 5° 56'. * Sans doute du cuivre de Cuba. L'abondance de ce métal à l'état natif devoit engager les Indiens de Cuba et d'Haïti à le soumettre à la fonte. Colomb dit qu'à Haïti on trouva des masses de cuivre natif du poids de 6 arroia», et que les pirogues du Yucatan, qu'il rencontra sur la côte méridionale de Cuba, portoient, parmi d'autres mai'chandises mexicaines, «des creusets pour fondre le cuivre.» {^Herera , Dec. I, p. 86 et i3i.) CHAPITRE XXVII r. 479 Elle est couverte d'une belle végétation à laquelle le Miraguama , palmier à feuilles argentées, que nous vîmes ici pour la première fois, donne un caractère particulier '. Ce terrain fertile , quoique de iierra colorada^ n'attend que la main de l'homme pour être défriché et pour donner d'excellentes récoltes. Vers l'ouest s'ouvroit une vue très-pittoresque sur les Lomas de San Juan , chaîne de mon- tagnes calcaires de 1800 à 2000 pieds d'élévation, très-escarpée vers le midi. Ses sommets nus et arides forment tantôt des croupes arrondies , tantôt de véritables cornes % légèrement inclinées. Malgré les grands abaissemens de température qu'on éprouve pendant la saison des Norles, on ne voit jamais de la neige, mais seulement du givre et de la gelée blanche (escarcha) sur ces montagnes et sur celles de Santiago. J'ai déjà parlé , dans un autre endroit, de ce manque de chutes de neige qui est diffi- cile à expliquer ^. En sortant de la forêt , on aperçoit un rideau de collines dont la pente méridionale est couverte de maisons; c'est la ville de la Trinidad, fon- dée en 1 5 1 4 par le gouverneur Diego Velasquez , à l'occasion « de riches mines d'or » qu'on disoit avoir été découvertes dans la petite vallée du Rio Arimao '^, Les rues de Trinidad ont toutes la pente très-roide : on se plaint ici , comme dans la majeure partie de l'Amérique espagnole, du mauvais choix du terrain fait par les Con- {fuistadores, fondateurs de nouvelles villes ^. A l'extrémité boréale se trouve placée l'église de Nuesira Sehora de la Popa, lieu célèbre de pèlerinage. Ce point m'a paru élevé de 700 pieds au-dessus du niveau de la mer. On y jouit , comme de la plupart des rues , d'une vue magnifique sur l'Océan , sur les deux ports [Puerto Casilda et Boca Guaurabo) , sur une forêt de palmiers et le groupe des hautes montagnes de * CorypVia Miraguama. Voyez les J^ova Gen. , Tom. I, p. 298. C'est piol)ablcmeut la même espèce dont le port avoittant frappé MM. Jolin et William Fraser (père et fils) dans les environs de Matanzas. Ces bota- nistes , qui ont introduit un grand nombre de végétaux précieux dans les jardins d'Europe , firent naufrage en arrivant des Etats-Unis à la Havane, et se sauvèrent avec peine sur les cajes, à l'entrée du Vieux-Canal, peu de semaines avant mon départ pour Carlhogène. ' Partout où la roche vient au jour, j'ai vu un calcaire compacte, gris-blanchâtre , en partie poreux, en partie à cassure unie , comme dans la formation jurassique. Voyez plus haut, p. 366. 3 Tom. ni , p. 378. * Ce fleuve entre vers l'est dans la Cahia de Xagua. » La ville commencée par Velasquez auroit-elle été située dans la plaine et plus rapprochée des ports de Casilda et Guaurabo? Quelques habitans pensent que la crainte des flibustiers françois , portugais et anglois a fait choisir, dans l'intérieur des terres, sur la pente même des montagnes, un site d'où l'on pouvoit , comme du haut d'iHie vigie , découvrir l'approche de l'ennemi : mais ces craintes, ce me semble , ne pouvoicnt pas se faire sentir avant le gouvernement d'Hcrnando de Soto. La Havane fut saccagée pour la première fois par des corsaires françois, en iSjg. 48o LIVRE X. San Juan. Comme j'avois oublié de faire porter à la ville le baromètre avec le reste de mes instrumens, j'essayai, le lendemain, pour déterminer l'élévation de la Popa, de prendre alternativement des hauteurs de soleil au-dessus de l'horizon de la mer et dans un horizon artificiel. J'avois déjà tenté cette méthode ' au château de Murviedro , dans les ruines de Sagonte , et au Cabo Blanco , près de la Guayra : mais l'horizon de la mer étoit embrumé , et , dans quelques parties , interrompu par ces stries noirâtres qui annoncent , soit de petits courans d'air ^ , soit un jeu de réfractions extraordinaires. Nous fûmes reçus à la Filla (aujourd'hui Ciudacl) de Trinidad , avec la plus aimable hospitalité , chez l'administrateur de la Beal Hacienda , M. Munoz. J'observai , pendant une grande partie de la nuit , et je trouvai la latitude , près de la cathédrale , par l'Épi de h Vierge, jt du Centaure et /3 de la Croix du Sud , sous des circonstances qui n'étoient pas également favorables , 2 1° 48' 20". Ma longitude chronométrique étoit 82° 21' 7". J'appris, à mon second passage par la Havane , en revenant du Mexique , que cette longitude étoit presque identique avec celle qu'avoit obtenue le capitaine de frégate Don José del Rio , qui avoit séjourné long-temps dans ce lieu , mais que ce même officier faisoit la latitude de la ville 21° 4^' ^o". J'ai discuté cette discordance dans un autre endroit ^ : il suffit de faire remarquer ici que M. de Puységur trouva 21° 47' ï 5" , et que quatre étoiles de la Grande Ourse, observées par Gamboa, en 17147 ont donné, à M. Oltmanns (en déterminant la déclinaison d'après le catalogue de Piazzi ) , 21° 4^' 35". Le Tenienie Governador de la Trinidad , dont la juridiction s'éten- doit alors sur Villa Clara, le Principe et Santo Espiritu , étoit neveu du célèbre astronome Don Antonio Ulloa. Il nous donna un grand festin dans lequel se trouvoient réunis quelques-uns des émigrés françois de Saint-Domingue , qui avoient porté leur intelligence et leur industrie dans ces contrées. L'ex- portation du sucre de Trinidad ( en se tenant au seul enregistrement de * Tom. I , p. 556. C'est un moyen de trouver la dépression de l'horizon au moyen d'un instrument à réflexion. ■^ Tom. I, p. 628. D'après l'opinion d'un grand physicien, M. "Wollaston, que j'ai eu le plaisir de consul- ter sur ce phénomène curieux, ces stries noires sont peut-être une partie plus rapprochée de la surface de l'Océan que le Tent commence à friser. Dans ce cas, ce seroit par opposition de couleur, que le -vrai hori- zon, qui est plus éloigné, devlendroit Invisible à notre œil. 3 Rec, d'Obs. astr. , Tom. II, p. 72. J'ai adopté, dans ma Carte de l'île de Cuba, la position que m'ont donnée les observations du 14 mars 1801 ; dans la carte du Deposito de Madrid, publiée à Paris, en 1834 . on a préféré le résultat de M. del Rio. (Espinosa , Mem. , Tom. II , p. 65.) CHAPITRE XXVIII. 48l la douane) n'excédoit point encore 4ooo caisses. On se plaignoit «des entraves que le gouvernement général, dans son injuste prédilection pour la Havane opposoit , dans le centre de lile et dans sa partie orientale, au dévelopjiement de l'agriculture et du commerce ; on se plaignoit d'une grande accunmlation de richesse, de population et de pouvoir dans la capitale, tandis que le reste du pays étoit presque désert. Plusieurs petits centres , lépartis à égale distance sur toute la surface de l'ile, seroient préférables au système actuel qui avoil appelé sur un point unique le luxe , la corruption des mœurs et la fièvre jaune. » Ces inculpations exagérées , ces plaintes des villes de province contre la capitale sont les mêmes sous toutes les zones. On ne sauroit douter que , dans l'organisation politique, comme dans l'organisation physique, le bien-être général dépend d'une vie partielle uniformément répandue; mais il faut distinguer entre la prééminence qui naît de la marche naturelle des choses et celle qui est l'effet des mesures du gouvernement. On discute souvent à la Trinidad sur l'avantage des deux ports; peut-être vaudroit-il mieux que la municipalité, qui a peu de fonds disponibles, ne s'oc- cupât que de l'amélioration d'un seul. La distance de la ville à Puerto de Casilda et Puerto Guaurabo est presque la même ; les frais de transport sont cependant plus grands lorsqu'on charge dans le premier de ces ports. La Boca del Rio Guaurabo, défendue par une batterie de nouvelle construction, oflrc un mouillage sur , quoique moins abrité que celui de Puerto Casilda. Des em- barcations qui calent peu, ou qu'on allège pour passer la barre, peuvent remonter la rivière et approcher de la ville à moins d'un mille. Les paquebots [correos) cpii touchent à la Trinidad de Cuba , en venant de la Terre-Ferme , préfèrent générale- ment le Rio Guaurabo dans lequel ils mouillent en toute sûreté sans avoir besoin d'un pilote. Le Puerto de Casilda est un endroit plus fermé, plus enfoncé dans les terres ; mais on ne peut y entrer sans se faire piloter, à cause des brisans [arrecifes] des Mulas el Mulattas. Le grand môle, construit en bois et très- utile au commerce , a été endommagé en déchargeant des pièces d'artillerie : il est entièrement détruit, et l'on étoit incertain s'il valoit mieux le rétablir en maçonnerie , selon le })rojet de Don Luis de Bassecourt , ou ouvrir la barre du Guaurabo au moyen d'une machine à draguer. Le grand inconvénient du Puerto de Casilda est le manque d'eau douce : les enibarcalions sont forcées de la chercher à une lieue de distance , en doublant la pointe de l'ouest et en s'exposant , en temps de guerre , à être pris par des corsaires. On nous assuroit «pie la population de la Trinidad avec les fermes qui environnent la ville , Relation hislorique , Tom.lJL Gi 4^2 LIVRE X. dans un rayon de 2000 toises, s'élevoit à 19,000. La culture du sucre et du café ont augmenté prodigieusement. Les céréales d'Europe ne sont cultivées que plus au nord , vers Villa Clara. Nous passâmes une soirée très-agréable dans la maison d'un des habitans les plus riches , Don Antonio Padron , où se trouvoit réunie en terlulia toute la bonne société de la Trinidad. Nous fûmes frappés de nouveau de l'enjouement et de la vivacité d'esprit qui distinguent les femmes de Cuba , dans la province comme dans la capitale : ce sont des dons heureux de la nature auxquels le raf- finement de la civilisation européenne peut prêter plus de charme , mais qui plaisent déjà dans leur simplicité primitive. Nous quittâmes la Trinidad dans la nuit du 1 5 mars , et notre sortie de la ville ne ressembloit guère à l'entrée que nous avions faite à cheval avec les boutiquiers catalans. La municipalité nous fît conduire à l'embouchure du Rio Guaurabo , dans une belle voiture garnie de vieux damas cramoisi; et, pour angmenter l'embarras que nous éprouvions, un ecclésiastique , le poète du lieu, tout vêtu en velours malgré la chaleur du climat , célébra, dans un sonnet, notre voyage à l'Orénoque. Dans le chemin qui conduit au port, nous fûmes singulièrement frappés du spectacle qu'un séjour de deux ans dans la partie la plus chaude des tropiques auroit dû nous rendre familier. Nulle part ailleurs je n'ai vu cette innombrable quantité d'insectes phosphorescens '. Les herbes qui couvroient le sol, les branches et le feuillage des arbres, tout brilloit de ces lumières rougeàtres et mobiles dont l'intensité varie selon la volonté des animaux qui les produisent. On auroit dit de la voûte étoilée du firmament abattue sur la savanne! Dans la case des habitans de la campagne les plus pauvres, une quinzaine de cocuyos , placés dans une calebasse criblée de trous , servent à chercher des objets pendant la nuit. Il suffit de secouer fortement le vase pour exciter l'animal à augmenter l'éclat des disques lumineux qui se trouvent placés de chaque côté de son corselet. Le peuple dit , avec une vérité d'expres- sion très-naïve , que les calebasses remplies de cocuyos sont des lanternes qui restent toujours allumées. Elles ne s'éteignent en efFet qu'avec la maladie ou la mort des insectes qu'il est aisé de nourrir au moyen d'un peu de canne à sucre. Une jeune femme nous racontoit à la Trinidad de Cuba que, pendant une longue et pénible traversée à la Terre-Ferme , elle avoit tiré parti de la phosphorescence des cocuyos chaque fois que, de nuit, elle donnoit le sein à son enfant. ' Cocuyo. (Elater noctilucus.) CHAPITRE XXVIII. 4^3 Le capitaine du navire ne voulut pas , à cause de la crainte des corsaires , qu'on allumât d'autre lumière à son bord. Comme la brise continuoit à fraîchir, en se fixant au nord-est, on voulut éviter le groupe des Caymans, mais le courant nous entraîna vers ces îlots. En cinglant au S i SE. , nous perdîmes de vue le rivage parsemé de palmiers , les collines qui couvrent la ville de la Trinidad et les hautes montagnes de l'île de Cuba. 11 y a quelque chose de solennel dans l'aspect d'une terre que l'on quitte, et qui s'abaisse peu à peu sous l'horizon de la mer. Cette impression augmentoit d'intérêt et de gravité à une époque où Saint-Domingue, centre de grandes agitations politiques, menaçoit d'envelopper les autres îles dans une de ces luttes sanguinaires qui révèlent à l'homme la férocité du genre humain. Ces menaces et ces craintes n'ont heureusement pas été accomplies 5 l'orage s'est appaisé dans les lieux mêmes qui l'ont vu naître, et une population noire libre, loin de troubler la paix des Antilles voisines, a fait quelques progrès vers l'adoucissement des mœurs et l'établissement de bonnes institutions civiles. Portorico , Cuba et la Jamaïque avec 370,000 blancs et 885, 000 hommes de couleur, entourent Haïti , où se trouvent accumulés 900,000 noirs et mulâtres qui se sont affranchis par leur volonté et le succès de leurs armes. Ces noirs , plus adonnés à la culture des plantes alimentaires qu'à celle des productions coloniales, augmentent avec une rapidité qui n'est surpassée que par l'accroissement de la population des Etats-Unis. La tranquillité dont on a joui dans les îles espagnoles et angloises pendant les vingt-six ans qui ont succédé à la première révolution d'Haïti , continuera-t-elle à inspirer aux hommes blancs une funeste sécurité qui s'oppose avec dédain à toute amélioration dans l'état de la classe servile? Autour de cette Méditerranée des Antilles , vers l'ouest et vers le sud , dans le Mexique , au Guatimala et à la Colombie , de nouvelles législations travaillent avec ardeur à éteindre l'esclavage. On peut espérer que la réunion de ces circonstances impérieuses favorisera les intentions bienfaisantes de quelques gouvernemens européens qui voudroient adoucir progressivement le sort des esclaves. La crainte du danger arrachera des concessions (pie réclament les principes éternels de la justice et de l'humanité. 484 NOTES. NOTES DU LIVRE X. Note A. Un des problêines les plus intéressans de l'économie politique est la détermination de la consommation des denrées qui, dans l'état actuel de la civilisation de l'Europe, sont les objets principaux de l'industrie coloniale. On peut arriver à des résultats approximativement exacts, à des nombres limites, par deux voies différentes; i" en discutant l'exportation des contrées qui fournissent les quantités les plus considérables de ces denrées , et qui sont, relativement au sucre, les Antilles, le Brésil, les Guyanes, l'Ile-de-France, Bourbon et les Grandes-Indes; 2° en examinant l'importation des denrées coloniales en Europe, et en comparant leur consom- mation annuelle à la population , à la richesse et aux habitudes nationales dans chaque contrée. Lorsqu'il n'y a qu'une source unique d'un produit, comme par exemple pour le thé, les recherches de ce genre sont faciles et assez certaines; mais les difficultés augmentent dans les régions tropicales qui produisent toutes une quantité plus ou moins considérable de sucre , de café ou d'indigo. Dans ce cas , pour établir un nombre limite du minimum de la consommation , il faut commencer par fixer l'attention sur les grandes masses. Si l'on sait que les Antilles angloiseSj espagnoles et françoises exportent annuellement, d'après les registres des douanes, 269 millions de kilogrammes de sucre, il impoi'te peu de savoir si les Antilles hollandoises et danoises en produisent 18 ou 2a millions. Si le Brésil, Demerary, Berbice et Essequebo exportent i55 millions de kilogrammes de sucre, un doute sur la production de Surinam et de Cayenne qui donnent ensemble moins de 1 2 millions de kilogrammes, influe très-peu sur l'évaluation de la consommation générale de l'Europe. H en est de même de l'importation du sucre des Grandes-Indes en Angleterre, sur laquelle on a répandu tant de notions exagérées. En négligeant entièrement cette importation, on ne se tromperoit encore , dans la consommation actuelle de l'Europe, que de j^, et une seule des Petites-Antilles, par exemple la Grenade Barhados ou Saint-Vincent, envoie plus de sucre en Europe que toutes les possessions anglolses des Graodes-Indcs. J'ai déjà tra'dé aitteurs [Betation historique, Tom. Il, Tp- 122) le problème dont la solution sera discutée dans cette note ; j'avois pensé alor», d'après des matériaux moins nombreux et moins exacts, que la consommation du sucre de l'Europe, dans l'année 1818, ne s'élevoit qu'à 45o millions de livres. Ce nombre, même pour cette époque, sembleroit pécher en moins peut-être d'un cinquième ou d'un quart; mais il ne faut point oublier que, de 1818 à 1823, le prix du sucre de l'Amérique a baissé de 38 pour cent, et que la consommation est en raison inverse des prix. {Table 0/ Priées dans Tooke, jjppend. to Part IV, Id. 1824, P- 53 ; et Statist. Illustr. o/the Brit.-Emp. , 1826, p. 56.) En France, par exemple, elle a augmenté, de 1788 à 1826 , de plus de 40 pour cent ; elle a été , en 1788 , de 21 millions; en 1818, de 54 millions, et, en 182$, de plus de 5o millions de kilogrammes. C'est à cause de la rapidité même de l'accroissement du commerce colonial et de la prospérité de l'Europe qu'il est important de fixer numériquement l'élat des choses à une époque donnée. Des travaux de ce genre fournissent des points de comparaison dont l'importance sera vivement sentie par ceux qui, sur les traces de M. Tooke, voudront, dans un autre siècle, suivre le développement progressif du système industriel dans les deux mondes. I. Pboductiok. Nous n'examinerons ici l'état de l'agriculture qu'autant qu'elle verse ses produits dans le commerce de l'Europe et des Etats-Unis. Considérés sous ce point de vue, l'Archipel des Antilles, le Brésil, les Gu>anes angloise et hollandoise, la Louisiane, l'Ile-de-France, Bourbon et les Grandes-Indes, NOTES. 4^5 sont aujourd'hui les seules contrées dignes de fixer notre attention. Le Mexique a exporté, par la Veia- Cruz, de 1802 à i8o4, annuellement, de 5 millions à 5 7 millions de kilogrammes de sucre; savoir : en 1802.... 4591 '^2 arrobas évaluées à 1,476,435 piastres i8o3.... 490292 1,514,882 1804 38i,5o9 i,o97,5o5 1810.... 121, o5o 272,362 1811.... 101,016 25i,o4o 1812.... i2,23o 30,575 Mais la diminution des prix (de 3 piastres par arroba, en i823; à i | piastres en 1825), la cherté des transports de Cuernavaca , Puente d'istla et Valladolid de Mechoacan au port de la Vera-Cruz, et les troubles politiques ont entièrement fait cesser l'exportation des sucres mexicains. Celle du Venezuela , de Cayenne, de Guayaquil et du Pérou n'appartient qu'au commerce de cabotage, aux échanges de produc- tions que font entre elles plusieurs parties de l'Amérique espagnole. Nous avons exposé plus haut (Tom. III, p. 412) que tout l'Archipel des Antilles a exporté, annuellement, de 1823 à 1825, d'après les legistres des douanes (et dans cette discussion nous faisons d'abord abstraction du produit du commerce illicite) , pour le moins , 287 millions de kilogrammes de sucre, dont | brut et j terré. L'île de Cuba seule verse dans le commerce licite 56 millions de kilogrammes à'azucar blanco y quebrado. En divisant les 287 millions de kilogrammes de sucre que donne l'Archipel entier, parmi les Grandes et les Pelites-Antilles, on trouve que le partage est à peu près égal à une époque où, dans l'île d'Haïti, le produit de la culture de la canne à sucre excède à peine la consommation intérieure, ("uba et la Jamaïque, dont les surfaces réunies sont de 44^0 lieues carrées marines et les esclaves au nombre de C23,5oo, exportent ensemble i36 millions de kilogrammes (avec la contrebande , i5o millions); les Petites-Antilles , avec 940 lieues carrées et 524,ooo esclaves, exportent i44 millions de kilogrammes. En comparant les pays qui versent aujourd'hui les quantités les plus considérables de sucre dans le com- merce de l'Europe et des États-Unis, on les trouve, sur l'échelle de l'industrie agricole, placés dan.s l'ordre suivant ; Brésil 1 25 millions kilog. ( Saint-Domingue a donné, en 1788, plus de 80 millions kil.) Jamaïque (area, 460 lieues carrées marines) 80 Cuba (area, 36i5 I. c), y compris le commerce illicite 70 D'après les registres des douanes , 56 millions kilog. Guyane angloise 3i Guadeloupe ( area , 55 lieues carrées) 22 Martinique (area, 3o lieues carrées) 20 Ile-de-France (area, 108 lieues carrées) i4 Louisiane (résultat douteux) i3 Babbados ou Saint- Vincent, chaque île 12 j Area delà première, i3 1. c; de la seconde, 11 1. c. Grenade et Antigua , chaque île 11 Area de la première, i5 1. c. ; de la seconde, 7 j 1. c. Surinam 10 Grandes-Indes 10 Trinidad ( area, iSg lieues carrées) • 9 Ile-ue-Bouhbon (area, 190 lieues carrées) 8 Saint-Christophe et Tabago , chaque île 6 Area, de 5 et de 12 lieues carrées. Dominique, Kevis et Montserrate, chaque île au-dessous de. . . .; 2 486 NOTES. ANNÉES. IMPORTATIONS des ANTILLBS AnCLÛlSES dans les ports de la Grande-Bretagne. EXPORT.\TIO> DE LA GRANDE-BRETAGNE. EH laLAnDE. à DIFFÉaENS PIVS. TOTAL de la réeiportation. '76. 1763 1763 i,.Si7,737 cwt 1,438,086 1,765,838 1,488,079 1,337,169 i3o,8i 1 cwt. 100,483 1 59,330 1 35,84 1 163,616 4i4,338cwt. 366,327 398,407 371,453 191.760 676,059 cwt. 466,810 567,637 497.294 344.57» 1764 1765 Quantité moyenne annuelle. 1,485,377 133,796 364,434 488, 300 1,492,096 1,839,731 1,80^,080 3,039,735 3,031,059 307,163 189,555 300,886 334,733 373,638 83,665 48,678 37,323 55,<8i 190,668 389,716 258,355 238,309 380,314 465,3o6 ''7J \l7iy/. :'.'.'.'.'.'.'.'.'. '.:.'. Î775:. :.:.::. :..:..: Quantité moyenne annuelle. 1,855,336 318,993 83,923 501,9.5 1,080,848 1,374,369 1,584,375 1,783,386 3,075,909 163,961 96,640 173,4.7 i43,i39 310,939 ii4,63i 49,816 177,859 233,076 335, 304 377,583 146,456 551,356 564,315 434,143 1783 1783 1784 1785 Quantité moyenne annuelle. 1,579,537 167,317 167,615 3.4,730 1,808,950 1,980,973 a,ii5,3o8 3,330,036 1,871,368 1^1,391 ii5,3o9 145,333 165,798 147,609 ■267,597 6u8,83i 360.006 793,564 551,788 408,688 634,. 3o 605,338 946,. 63 699,397 'y, 'y* Quantité moyenne annuelle. 3,031,335 i4o,646 496,075 656,731 iSoi 3,739,364 4,119,860 3,935,400 3,968,690 3,933,355 3,673,037 115,916 '79.978 144,646 163,711 i53,3o5 127,538 863,89. 1,747.37,' 1,577,807 763,485 808,075 79'.439 976.807 1.9^7.349 i,533,6i3 916,196 961,376 y '8,757 j803 i8o3 i8o4 i8o5 , . . 1806 Quantité moyenne annuelle. 3,589,734 145,480 1,058,356 i,3o5,8i6 S,974,i35 4,759,435 3,897,221 373,943 103,039 335,468 1,335,748 1,317,510 556,603 1,496,691 1,3.9,349 690,870 1810 î8ii Quantité moyenne annuelle. 4,310,376 356,8 16 933,210 1,168,970 NOTES. 487 Je rappelle que le quintal aiiglois, ou cwt, est égal à 5o | kilogrammes. Le tableau qui précède a été rédigé dans Y Inspector-generals Office of the Custom-house , à Londres, sous la direction de M. William Irwiiig. De 1812 a i8i5 , l'exportation des Antilles angloises, de Demerary, de Berhice et d'Essequebo a été en 1812 de 3, 55 1, 449 cwt i8i3 3,5oo,ooo 1814 5,408,793 i8i5 5,495,116 Les Guyancs angloises seules ne versèrent encore à cette époque , dans le commerce, que 340,000 cwt par an. {Stat. Illustr. , p. 56.) Le tableau suivant, tiré des Parliamentary Reiurng, comprend l'exportation du sucre des Antilles et de la Guyane aux différens ports de la Grande-Bretagne, dans les années 1816-1824. ANTILLES AHGLOISBS. ESCLAVES eo 1833. 1816. (cwt.) 1817. (cwt.) 1818. (cwt.) ,8.9. (cwt.) 1820. (cwt.) 1821. (cwt.) 1822. (cwt.) 1823. (cwt.) 1824 ( cwt. ) Ex}nii talion moyenne ISlGi 1S2-1. (cwt. ) Jamaïque Antigua Barbado9 Dominique Grenade Monscrrate 349,383 00,985 73,345 16,554 25,58o 6,593 9,361 19.8'7 13,794 34,252 i4,3i4 6,460 23,537 1,389,41 1 197,300 288,623 47,o35 266,055 28,981 -1,655 .24,757 69,830 263,433 139,157 51,093 132,895 1,717,259 179,370 33l.) 1817. (cwt.) !8i8. (cwl.) •8.9. ( cwt. ) 1820 (c«t.) 1821. (cwl.) 1822. (cwt.) 1823. (cwt.) 1824. (cwt.) lixporlation moyenne. (cwl.) Demerary Berbice 77.3/0 23,356 333,443 i5,3o8 377-796 i4,i58 420,186 ■7.764 480,933 39,967 •536,561 37,696 492,1 16 53,257 53o,948 55,357 607,858 55,995 613,990 64,608 487,095 58,235 Total de la Guyane aogloise. 100,726 358,751 59 1,9 54 437,950 510,900 574,257 545,4o3 586, 3o5 663,853 678,598 5^5, 33o L'exportation pour les ports de l'Irlande n'est pas comprise dans ce tableau : elle a été, d'après les renseignemens qui m'ont été obligeamment communiqués par M. Charles Ellis (aujourd'hui lord Seaford): 1821 de la Jamaïque 21,786 cwt; des autres Antilles angl. i25,o37 cwt; de la Guyane angl. 24,843 cwt. 1822 15,716 93,406 22,527 "823 28,490 149994 2i,6o5 1824 30,47a »55,i97 3i,5o8 On voit, par l'ensenible de ces renseignemens, que la production .-i presque doublé, à Demerary et à Berbice, de 1816 à 1820; que celle de la Jamaïque a diminué, dans les dernières années, presque 488 NOTES. de |; mais que l'accroisseinent de la production dans plusieurs des Petites-Antilles, surtout de Trluidad, d'Antigua et de Sainte-Lucie, a rendu cette diminution moins sensible pour le commerce de la Grande- Brelagne. Le Brésil qui, dans les années de grande sécheresse, n'offre qu'une exportation de 90 raillions de kllog. , s'est élevé, en 1816 , d'après les recherches de M. le baron De Lessert, à i3o millions. LsL Louisiane (avec plus de 75,000 esclaves) exporte probablement aujourd'hui près de i3 millions de kll. de sucre. En 1810, JM. Pilkin évaluoit la production à 5 millions de kilog. ; mais en 181 5, on prétend que la récolte totale s'est élevée à 40,000 boucauts ( à 1000 livres la pièce). Les Guyanes augloise et hollandoise peuvent être évaluées ensemble à une exportation de !\o miHiuti» de kilog. La colonie de Surinam seule donna : 1 820 1 8,086,000 livres. 1821 18,549,000 1822 17,964,000 1 825 20,266,000 Dans les îles de France et de Bourbon, la culture de la canne à sucre fait des progrès cxlraordinairo. Quoiqu'on puisse admettre que, dans cette dernière ile, elle ne soit devenue de quelque importance que depuis 18 14, l'exportation des sucres de Bourbon a déjà été en 1820 de l\,h(\i,ooo kilog. 1821 4>926,ooo 1822 6,995,000 1823 5,608,800 Je dois ces renseignemens officiels à M. le comte Des Bassaj-ns de Richemond , ancien intendant de la colonie. La récolle de 1823 a été diminuée par un coup de vent qui eut lieu le 24 février de la même année. D'après les rapports du commissaire-ordonnateur, on pensa que la production de 1825 pourroit s'élever à 8 milloins de kilogrammes; mais il ne faut pas oublier que l'administration tend à exagérer la richesse de l'île aCn de justifier l'accroissement des impôts-, tandis que le Comité consultatif tend à faire paroître les revenus de la colonie moins considérables, pour prouver qu'ils '^ont hors de proportion avec les charges. M. Rodet, dans son intéressant ouvrage sur le Commerce extérieur de la France et la ques- tion d'un Entrepôt à Paris (1825, p. i5o), porte l'exportation des sucres de Bourbon dans la métropole, dans les quatre années 1820-1823, seulement à i3,5o3,ooo kilog. Sir Robert Farquhar, ancien gouverneur de l'Ile-de-France, a vu s'élever l'exportation de cette colonie, qui étoit, en 1820, de 8 millions de livres jusqu'à i5 millions en 1821, et jusqu'à 25 millions en 1822. On croit qu'elle excède aujourd'hui 3o millions de livres. Les sucres de l'Ile-ile-France et des Grandes-Indes étant compris, dans les tableaux des douanes angloises, sous une même dénomination, et la majeure importation des sucres des Grandes-Indes dans tous les ports de la Grande-Bretagne n'ayant été, avant 1822, que de 14 millions de kilogrammes ( quantité qui correspond à l'année 1 820) , 11 est probable que l'exportation des trois Présidences de l'Inde n'a pas dépassé, dans cette même année 1820, la somme de neuf à dix millions de kilogrammes. D'ailleurs , tout le sucre des trois Présidences ne reQue pas plus que le sucre de l'Ile-de-France aux seul» ports de la Grande-Bretagne. Par exemple, d'après les rapports faits de 1814 à 1821 sur l'état du commerce extérieur à Calcutta et à Bombay, ces ports ont exporté, pendant les sept années, en sucre du continent des Grandes-Indes angloises, pour la valeur totale de 24,4 ",000 roupies, dont 10 ' millions pour l'Angle- terre, 2 millions pour le reste de l'Europe, et 5 ; millions pour les Etats-Unis. L'exportation des trois Prési- dences aux ports de la Grande-Bretagne qui, en i8i5 , étoit pour la valeur de i,i3g,4oo roupies, s'étoit élevée, en 1821 , à 2,097,800 roupies. {On Protection to fFest-Iiidia-Sugar, 1823, p. i54- ) NOTES. 489 II. Consommation. On peut déterminer avec assez tle précision la production du sucre, ou plutôt les quantilés de sucre exportées et enregistrées en Amérique, aux îles de France et de Bourbon, et dans les Grandes-Indes vers l'Europe et les Elats-Unis; mais il est beaucoup plus difficile d'évaluer la répartition de cette masse entre les diffcrens peuples. Nous verrons bientôt que cette consommation n'est connue avec quelque certitude que dans la Grande-Bretagne, en France et aux États-Unis, trois pays qui consomment ensemble 23o millions de kilogrammes : les notions statistiques recueillies sur les étals allemands, la Hollande et l'Italie otTrent des données peu satisfaisantes, les réexportations étant en partie confondues avec la consommation intérieure, et la complication des frontières augmentant les effets du commerce frauduleux. En comparant la population, le bien-être et les habitudes des peuples de l'Angleterre et de la France, avec ces mêmes élémens de calcul dans le reste de l'Europe, on a de la peine à concevoir où cette prodigieuse quantité de sucre (495 millions kilog. , ou g,744»ooo cwl) qui est exportée annuellement des ports des Antilles, du Brésil, des Gujanes, des îles d'Amérique et de la Pénin- sule de l'Iode , est employée. La consommation intériem-e de la Grande-Bretagne est aujourd'hui de 142 raillions de kilogrammes : elle a même été deux fois, en 1810 et i8n, de 182,521,000 kilog. et de 163,952,000 kilog. Elle s'est accrue dans la progression suivante depuis la fin du 17° siècle : année moyenne, de 1690 à 169g 200,000 cwl ou 10, 160,000 kilog. 1701 à 1705 260,000 1 5,208,000 1771 à 1775 1,520,000 77,216,000 1786 à 1790 1,640,000 83,3 12,000 1818 à 1822 2,577,000 i5o,9i2,ooo La consommation du sucre a donc augmenté près de treize fois en 124 ans [Report ofa Committee oj the Liverpool East India Association, 1822, p. 4'- Stat- Illustr., p. 67), tandis que la population a plus que doublé ( Voyez plus haut, p. 168 ). Cette dernière étoit, en 1700, en Angleterre, de 5, 475, 000; en Irlande, douze ans plus tard, de 2,099,000; en Ecosse, en 1700, probablement de 1 7 million. Total des Royaumes-Unis en 1700, à peu près 9 millions; en 1822, plus de 21,200,000 âmes. En réunissant la consommation du sucre dans toutes les îles britanniques (dans la Grande-Bretagne et l'Irlande), on trouve, année moyenne : de 1761 à 1765 i,i5o,943 cwt ou 57,462,000 kilog. 1771 à 1775 i.753,4'4 89,023,000 1781 à 1785 1,422,024 72,259,000 1791 à 1795 .... i,525,25o 77,485,000 1801 à 1806 2,33),598 118,455,000 1809 à 1811 5,288,132 167,036,000 Le tableau suivant offre le rapport entre l'importation totale dans les ports de la Grande-Bretagne (sans l'Irlande) et les foibles quantités de sucre que fournissent jusqu'à ce jour les Grandes-Indes *: ' L'inégalité des droits payés à l'entrée des ports de la Grande-Bretagne, pour le» sucres de» Antilles et de la Péninsule de l'Inde, est la cause principale qui empêche le commerce de cette dernière denrée de devenir très-important. Cette inégalité date de l'acte du parlement de ijS/^ et elle a augmenté encore par les édits de i8i3 et 1821. Elle est de 10 sh. par cwt. qui a 50^", 79. « Si les droits du sucre asiatique et américain étoient les mêmes , dit M . Cropper, si dans la Péninsule de l'Inde on encourageolt la culture de la canne à sucre, en 10 ans cette partie de l'Asie l'oorniroit à toute la population de l'Europe. • [Letterto Witliam IVMtrforce , p. 48.) Relation historique , Toin. III. 63 49« NOTES. QWAKTIxis DE SUCRE IUPOBTÉES, HÉEXPOSTixs ET CONSOMMÉES DANS LA GraNDE-BreTAOI ANNÉES. llIFaBTlTIO.1 totale. iMPoamiOH d^ sucre drj Grandes- Indes, RÉ SCCas BBOT. EXPORTATI StCBBBAFFinâ. ON. TOTAL. SCCBB 65 millions kil. Nous avons évalué plus haut (Tom. III, p- 4io) l'exportation moyenne de la Jamaïque, de 1816 à 1824, pour les ports delà Grande-Bretagne et de l'Irlande (exportation qu'il ne faut pas confondre avec la production), à 1,697,000 cwt, ou8i, 127, 000k. Celle du reste des Antilles angloises a été de i,634,ooo cwt, ou 83,007,000 kil.; total 3,23i,ooo cwt, ou plus de 164 millions de kilogrammes. En s'arrêtant aux dernières cinq années (1820-1824), on trouveroit, d'après les mêmes données of- ficielles, année commune, pour la Jamaïque, 1,573,000 cwt, ou 79,908,000 kilog. ; pour les autres Antilles angloises , 1,564,000 cwt, ou 79,451,000 kilog.; total 169,359,000 kilog. La différence, selon qu'on prend les moyennes depuis 1816 ou depuis 1820, n'est donc que de 4 ï millions de kilogrammes, ou 88,5oo cwt, quantité beaucoup moindre que les variations qu'é- prouvent les exportations des sucres de la Jamaïque pour l'Europe en deux années subséquentes. En rangeant les Antilles angloises d'après les quantités de sucre qu'elles versent actuellement dans le commerce, on obtient l'ordre suivant : Jamaïque'; Saint- Vincent et Barbados , presque à égalité de production ; Gre- nade, Antigua, Trinidad, Tabago, Saint-Cbristophe, Sainte- Lucie, Dominique^ Nevls, Montserrata, Tortola. Antilles espagnoles 62 millions kil. On s'arrête dans ce tableau aux seules quantités enregis- trées ■■ avec la contrebande , l'exportation de Cuba seule est de plus de 70 millions de kilogrammes. Antilles feançoises 4» millions kil. La population esclave des Antilles françoises et espagnoles est exactement dans le même rapport que l'exportation du sucre ; ce qui prouve la grande fertilité du sol de l'île de Cuba; car près d'un tiers des esclaves de cette île habitent les grandes villes. (Tom. III, p. 391, 423.) Antilles uollandoises , danoises et suédoises 18 millions kil. 287 BRÉSIL 125 millions kil. En 1816, l'exportation a même été de 5,20o,ooo kllog. plus grande : mais nous avons déjà rappelé plus haut , dans des années de grande sécheresse , que l'ex- portation diminue jusqu'à 91 millions de kilogrammes. 494 NOTES. GUTANES ANGLOISE , HOLLlNDOISE ET FRANÇOISE 40 luillioDS kil. En s'arrêtant aux dernières cinq années ( 1820- 1826 ) , l'exportation de Deme- rary, Essequebo et Berbice , ou de la Guyane angloise, a été de 30,937,000 kilog. On voit que la culture de cette partie de la Guyane augmente à mesure que celle des Antilles angloises tend un peu à décroître. La moyenne, de 1816 à 18241 a donné, pour la Guyane angloise, 525,ooocwt, ou 267 millions de kilogrammes, ce qui annonce un accroissement annuel d'exportation de 4 i millions kilog. , ou de I; tandis que les Antilles angloises ont diminué, d'après la comparaison des moyennes, de 1816-1824 et de 1814-1824, aussi de 4t initiions de kilog., ou de ^. LOUISIANE ,3 millions kil. GRANDES INDES, ILE-DE-FRANCE ET BOURBON 5o mUlions kil. Ile 'de-France, la millions kilog. ; les Grandes-Indes , au plus 10 millions kil, ; Bourbon^ 8 millions kilog. Les exportations pour les États-Unis .sont réunies, comme partout, dans ce tableau, A celles pour l'Europe. Si les Grandes-Indes dévoient remplacer les Antilles angloises, il faudroit que leur exportation en sucre fût 16 fois plus grande. Total 4g5 millions kil. J'ai indiqué minutieusement les sources dans lesquelles sont puisés les clémens du tableau général ; san> l'indication des documens employés, des recherches de ce genre ont peu de valeur. 11 faut que le lecteur soit mis en état d'examiner les données partielles. Le doute ne porte aujourd'hui que sur de petites quantités (par exemple, sur les exportations de Porlorico, Curaçao, Saint-Thomas), ou sur l'inégale production des sucres au Brésil. En évaluant ces oscillations , ou l'ensemble des incertitudes qui restent , à 35 millions de kilog. , la somme totale de l'exportation ne varieroit encore que de tj. Si l'on décompte 38 millions de kilog. pour la consommation des États-Unis et du Canada anglois, il reste 4^7 millions de kilogrammes de sucre (dont 5 brut et g terré) pour l'importation annuelle en Europe. C'est un nombre limite au minimum : car les élémens de ces calculs sont tous puisés dans les registres des douanes, sans ajouter rien pour le produit du commerce frauduleux. En divisant la masse de sucre brut consommé en Europe par le nombre des habitans (208 ^ millions) , l'on trouve 2 \ kilog. par tête; mais ce résultat n'est qu'une stérile abstraction aritlimé- tique qui conduit tout aussi peu il des con.sidérations utiles que ces essais de répartir la population qur renferment les régions cultivées des Etats-Unis ou de la Russie surl'area totale de 1741O00 et 616,000 lieue^ carrées marines. L'Europe compte -~ ou 106 millions d'habitans qui, accumulés dans l'Empire britan- nique, les Pays-Bas, la France, l'Allemagne proprement dite, la Suisse et l'Italie, consomment une prodi- gieuse quantité de sucre; et ^ ou ^3 millions dispersés en Russie, en Pologne, en Bohême, en Moravie et en Hongrie, pays où l'indigence de la majeure partie des habitans rend la cousoraination siiigulière- ment petite. Ce sont là les points extrêmes de l'échelle, sous le rapport du luxe ou des besoins factices de la société. Pour faire apprécier l'aisance de la population de l'AlleraagTie, je rappellerai ici que, dans le seul port de Hambourg, ou a importé, en 1821, près de 45 millions de kllo^. de sucre: tandis qu'en 1824, l'Importation a été de 44. 800 caisses ou 29,120,000 kilog. du Brésil; de 23, 800 caisses ou 4,379,000 kilog. de la Havane, et de 10,600 barriques ou 8,480,000 kil. de Londres; total 41,979,000 kil. En 1825, on a importé: 31,920 caisses ou 20,748,000 kilog. du Brésil; 4^,255 caisses ou 7,774,900 kilog. de la Havane, et 20,5o6 barriques ou 16,404,800 kilog. d'Angleterre; total 44,927>ooo kilogrammes. Cette importation de Hambourg, en 1825, n'étoit par conséquent que de { inférieure h. celle de la France entière. Le port de Bremen a importé, en 1826, près de 5 millions de kilog. ; celui d'Anvers, dans la même NOTES. 495 année, 10,758,000 kilogrammes. Dans le sud de l'Allemagne, où la consommation du sucre est aussi très- considérable , les complications du transit et de la contrebande rendent les reclierches statistit|ues très-difficiles. Comment admettre, par exemple, avec M. Memniinger, que, dans le royaume de Wur- temberg où il règne une grande prospérité, 1,446,000 d'habitans ne consommeroient que 980,000 kilog. de sucre par an? En décomptant de 45? millions de kilogrammes de sucre brut, importé en Europe, 204 7 millions pour la consommation de la France et des trois Royaumes -Unis , et en supposant encore 2 kilog. par tête (supposition bien forte) pour la population de 76 millions dans les Pays-Bas, l'Allemagne proprement dite, la Suisse, l'Italie, la Péninsule ibériennc, le Danemark et la Suède, il reste près de 100 7 millions kil. pour l'Asie-Mineure, les cotes de Barbarie , les gouvernemens occidentaux, de la Sibérie et l'Europe habitée par des peuples de races slave , liongroise et turque. Or les populations de Maroc, d'Alger, de Tunis et de Tripoli sont assez considérables; elles s'élèvent à un total de 24 millions. L'Asie-Mineure a plus de 4 millions : en ne comptant que la population du littoral, couvert de grandes villes commerçantes, on peut supposer, sans exagération, pour les côtes d'Afrique, de l'Asie-Mineure et de la Syrie, une exportation de 10 millions de kilog. de sucre brut. De ces données, il faudroit conclure que les 80 raillions d'habitans qu'offrent l'Europe slave, madjare et turque (laRussie, la Pologne, la Bohême, la Moravie, l'Hongrie et la Turquie) consomment encore 1 7^ kilog. par tète. Ce résultat a de quoi nous surprendre, si l'on compare l'état actuel de la civilisation de ces contrées à celui de la France. On s'atlendroit à une consommation beaucoup moins forte : cependant l'évaluation du sucre exporté d'Amérique et des Grandes-Indes pour l'Europe et les Etats-Unis, bien loin d'être exagérée, est probablement au-dessous de la réalité. Si la fraude de^ douanes rend la consommation de la Grande-Bretagne et de la France (deux pays qui ont servi de type dans les raisounemens qui précèdent) plus considérable qu'on ne le suppose, si l'on veut admettre que les François et les Anglois consomment encore plus que 1 5 et g | kilogrammes par tête , il ne faut pas oublier que la même cause d'erreur agit sur l'évaluation des exportations dans l'Amérique et les Grandes-Indes. Dansl'année 1810 où la Grande-Bretagne a consommé presque 177 i millions de kilog., le quotient a été de 12 5 kilog. par tête. Il seroit à désirer qu'un écrivain qui eût l'Iiabitude de la précision dans les recherches numériques et qui pût puiser à de bonnes sources, voulût traiter, dans un ouvrage particulier, les problêmes importans delà consommation européenne du sucre, du café, du thé et du cacao à une époque donnée. Ce tra- vail exigeroit plusieurs années, car beaucoup de documensne sont point imprimés et ne seront obtenus que par la correspondance active des plus grandes maisons de commerce de l'Europe. Je n'ai pu me livrer à ces recherches dans toute leur étendue. Le temps approche où les denrées coloniales seront en grande partie le produit non de colonies, mais de pays indépendans ; non d'iles, mais des grands contiuens de l'Amérique et de l'Asie. L'histoire du commerce des peuples manque de données numériques qui se rapportent à l'état de la société entière, et cette lacune ne peut être remplie que lorsqu'à une époque où de grandes révolutions menacent le monde industriel, on a le courage de recueillir les matériaux qui se trouvent épars et de les soumettre à une critique sévère. Je terminerai ces recherches en comparant les productions du sucre de canne , du sucre de betterave et du froment sous les tropiques et dans la région moyenne de l'Europe. A l'île de Cuba, l'hectare donne i33o kilog. de sucre terré; valeur, dans le lieu de la production, 870 fr., en comptant le prix de la caisse de sucre (ou de 1 84 kil.) à 24 piastres. {Voyez plus haut, p. 417 et 422.) Entre la Havane et Matanzas, on regarde comme extrêmement élevé le prix des terres lorsqu'une caballeria coûte 25oo à 3ooo piastres : ce n'est cependant qu'à peu près looofr. l'hectare; car une caballeria a i3 hectares. On sait que, dans les environs de Paris, le prix des terres s'élève de aSoo à 3ooo francs. Des terrains d'une médiocre fertilité y donnent 5oo kilog. de sucre brut debeflerave par hectare, valeur 45o francs : mais on assure que, dans des terrains trbs-fertiles , dans la Beauce et la Brie, l'hectare rend plus de 1 200 kil. En France, en supposant une récolte octuple, un hectare de terrain produit 1600 kilog. de froment, valeur 288 francs, en comptant les 100 kilog. de froment, de 16 à 20 francs. Lavoisier évaluoitlc kilogramme de blé 4 sous, ce qui fait aussi 20 fr. les 100 kdog.. Un 49^ NOTES. hectare donne par conséquent, à j près, le même poids aux Antilles, en sucre de canne que sous la zone teiupéi-ée en froment. Les graines amylacées d'une céréale ne pèsent, par produit d'hectare, que 270 kilogrammes de plus que le sucre cristallisé tiré des nœuds de la canne à sucre sous les tropiques. Un individu adulte consomme, dans la totalité de la France, » v à 1 j livres de pain par jour, ou 200 kilog. de froment par an. Lavoisicr coraptoit 11,667 millions de livres pesant de froment, seigle et orge pour une population de 24,676,000 [Pettchet , Stat. de la France, p. 286I, ce qui fait annuellement à peu près 23o kil. par individu. A Paris, la consommation du pain n'est que de 168 kilog. par an. ( Chabrol de Volvic, Rech. Stat. , 1823, p. 73. ) On consomme par tète en France 125 fois, en Angleterre à peine 23 fois plus de froment que de sucre. La dépense en pain est évaluée, à Paris, à plus de 38 millions de francs; tandis que la dépense annuelle en sucre, dont cependant une grande partie est réexportée pour les départemens, s'élève à 27 millions de francs {Budget et Comptes de la ville de Paris pour 1 826 , p. xvi). J'ai énoncé plus haut les produits de la culture de betterave , tels qu'on les a évalués dans les environs de Paris, et d'après les procédés usités il y a 4 ^ ^ ■""• Comme cette culture continue à exciter une vive curiosité dans les Antilles , je rapporterai ici les données plus récentes qu''a exposées M. de Beaujeu , dans un mémoire très-intéressant présenté à l'Académie des sciences , au mois d'août 1826. Ce grand agricul- teur a bien voulu rédiger pour moi l'extrait de son mémoire-, et, comme les résultats qu'il obtient sont très-supérieurs à ceux des méthodes plus anciennes, je les consignerai ici textuellement : (. En considérant en grand la culture de la betterave à sucre , surtout de la varicté jaune dans les parties de la France qui lui conviendraient particulièrement, telles que la Beauce, la Brie, partiedclaNormandie, les plaines du nord du royaume, j'évaluerai, dit M. de Beaujeu, le produit ordinaire d'un hectare à 3o,ooo kil. ' d'après les résultats de ma propre expérience. Dans les pays moins fertiles, 20,000 kil. sont une évaluation assez forte. Cette même variété jaune de betterave doit donner auplus 5 , au moins 4 pour cent de sucre brut, y compris celui qui est fourni par la recuite des mélasses. Or, en comptant, dans les pa,-ties /ertiles de la France, par hectare, 3o,ooo kilog. de racines, on tirera de ces racines bien râpées, bien travaillées en saison propice , 1200 à i5oo kil. de sucre brut; et , par le raffinage, 760 kil. de sucre en pain; 45o kil. de vcrgeoises et 3oo kilog. de mélasse propre à donner de l'eau-de-vie ; ce qui fait 5o pour cent de sucre en pain, 3o pour cent de vergeoise, et ao pour cent de mélasse. On peut calculer sur uue moyenne de 1000 à 1200 kilog. de sucre brut par hectare dans l'état de perfectionnement où se trouve actuellement l'art de la fabrication des sucres indigènes. ■ « Les betteraves, produites par un terrain fertile qui fournit 3o,ooo kil. l'hectare, doivent donner, au rà- page, 75 pour cent* de jus ou suc exprimé, et alors on a de 5 3 à 6 j pour cent de sucre brut du suc de betterave, en y comprenant celui qui provient de la recuite des mélasses, devenue très-avanlageuse d'après le perfection- nement de la fabrication du sirop. 11 n'existe en France, pas à ma connoissance , en 1826, plus de 5o fabriques de sucre de betteraves qui peuvent fabriquer au plus 5oo,ooo kilog. de sucre brut de diverses qualités; mais la plus grande partie de ces fabriques sont loin de donner 5o pour cent de sucre en pain. Ou a toujours compté qu'en 1812, il existoit aoo fabriques qui dévoient fournir uu million de kilogrammes de sucre brut; mais beaucoup de ces fabriques n'ont pu réussir à faire autre chose que des sirops ou de la moscouade de la plus mauvaise qualité, dont l'emploi est très-difficile. Dans des terrains fertiles, il est facile d'obtenir une bonne récolte de betteraves tous les trois ans : depuis long-temps j'en ai une sur deux années, là où le sol est le plus approprié sl cette culture. Si la consommation actuelle de la France étoit de 56 millions de kilogrammes de sucre brut, il ne faudroit que 168,000 hectares de bonnes terres, dont 5 , ou 56,000 hect. cultivés tous les ans en betteraves, pour fournir le sucre nécessaire à tout le royaume. » * Comparez plus kaut , Tom. III, p. 417. > Tom. III , p. iii , Dote >. NOTES. 497 Observations MÉrÉoHOLooiQUEs faites au jardin botanique de la Havane, en 1826, par Don Ramon DE LA SaGBA, TROFESSEUIl d'hISTOIRE NATURELLE. EARO.ViiTRE. THERMOMÈTRE CENT. HYGROMÈTRE. MOIS. _ ^ MOVEN- • -^^ MOYEN- DIRECTION DES VENTS. HAS. uiy. NE'. UAX. NK3. NES. po ii 28 5,5 <>■■ '■ 27 1 1 ,8 pol, 2S 1, 26», 5 .5",o 210,42 97°, 0 690,0 73°. 29 E et ENE, S. SSE et SO, 19. KNE et NO, !■>. Février 28 5,5 27 11,5 iS 4.5 26,5 i5,o 22,85 95,0 70,0 80,45 SO, S et SE, 38 NE, N et NO, 21. E et ENE, i5 Mars 28 1,9 27 9.3 11 1,92 29,5 19,0 23,-2 g'i.o 70,2 88,47 S pt SE, 65. N et NE, 12. E et ENE, 10. Avril 28 2,5 27 10,0 28 1,32 3o,2 19,0 24, i5 98,0 G6,o 84,94 S et SE, 34. N et NO, i5. E et ESE, j3. Mai 28 1,5 28 0,1 28 '.09 3o,2 21^9 25, 06 97,0 75,2 83,54 S et SE, 17. NE, 12. E et ESE, 18. Juin 28 2,1 27 10,3 28 0,45 3i,o 23,0 28,12 96,0 77,3 87.41 S et SE, 33. NE et NNE, 16. E, ESE et ENE, 21. Juillet 28 2,8 28 0,2 28 1.79 3i.7 30,0 28,22 96,0 7',8 85,19 SO et SSE, 37. NE, 1 1. E et ESE, 22. Août 28 .,7 28 0,0 28 .,42 3i,6 21 0 96,2 78,0 86,98 S et SE, 4o. NE, 18. E et ESE, 23. Septembre.. 28 0,7 27 10,5 '7 i,3i 3", 4 23;9 28,.'.= 96,0 82.1 88,65 S et SE 48. NE et NO, 22. E et ENE, 5. Octobre 28 1,8 '7 7.5 28 0,24 3o,4 24,1 v.w 99,0 81,0 90,42 S et SE, 22. NE et NO, 45. E et ENE, 16. Novemkre. . 28 2,9 2711,8 28 1,24 »7.8 ■ g.» 23,54 99,0 75,0 87,26 S et SE, 32. NE, 19. NNE et ESE, 22. Décembre. . 28 4,9 28 0,3 28 >,45 28.0 i5,4 21,62 99,0 71,0 84,24 ■S, SE et SO, 26. N, NE et NO, 44- E et NNE, 14. Moyennes „n Ii po ti no 1, SO, S, SSE et SE, 407. NE, N et de l'année. 28 5,5 »7 7.5 28 i,o5 3.0,7 i5»,o 2i°,9 99°><> 66° ,0 85°,45 NO, 259. ENE, E et ESE, 197. Janvier, 7 jours de pluie. Février, 9 jours de pluie. Le baromètre a atteint sa plus grande élévation dans ce mois et dans les deux qui précèdent. Mars, grandes averses pendant 7 jours; grêle, ^vril et mai, peu de pluie. Juin, 8 jours de pluie. Juillet, commencement des tempêtes du sud; orages; 8 jours de pluie. Août, beaucoup de calmes par des vents S. et SE.; 7 jours de pluie. Septembre, calmes qui pré- cèdent les grains (chubascos) de vent du sud; grandes chaleurs; i5 jouis de pluie. Octobre, fortes averses par un ciel qui annonce l'ouragan dont la Trinidad de Culja a souffert beaucoup le 1'' octobre. Le même jour on observe une énorme descente du baromètre. Novembre, peu de pluie; gros nuages au sud et sud-ouest. Décembre, les vents N. et NO. dominent; quelques grains; ciel corvert et brumeux. Dans toute l'année, 76 jours de pluie. En comparant celte seule année d'observations de température de la Havane avec la moyenne des trois années de Ferrer (Tom. HI , p. 378), nous trouvons : Température moy. annuelle en 1825. . 24°,9; de 1810 à 1812.. 25°, 7 Temp. moy. du mois le plus chaud. .. . 28°, 5; 28°, 8 Temp. moy. du mois le plus froid 2l°,4; 2j",i Les instrumens ont été comparés à ceux de l'Observatoire royal de Paris. Le baromètre est divisé eu pouces et lignes (anc. div. fr.). Le thermomètre est centésimal, h' hygromètre est à cheveu, de la construc- tion de Saussure. Les chiffres ajoutés à la direction des vents Indiquent, non la durée, mais combien de fois le vent a soufflé de tel ou tel rumb. Les moyennes sont tirées de l'ensemble des observations faites trois fois par jour. Les variations horaires du baromètre ont été de a'',7 à j'',7. Relation historique , Tom. III. 63 498 NOTES. De la température des différentes parties de la zone toi ride au niveau des mers. La connoissance exacte du climat de la Havane et de Rio Janeiro, situés sous les tropiques du Cancer et du Capricorne, complète les notions que nous avons acquises sur les températures moyennes des différentes parties de la région équinoxiale. Celle région offre sans doute le 7naximuiu de chaleur moyenne annuelle sous l'équateur même; mais la chaleur décroît presque insensiblement depuis l'équateur jusqu h 10° de latitude; elle décroît avec plus de rapidité du parallèle de i5° à celui de 23°. Ce qui frappe le voyageur en allant de l'équateur vers les tropiques, est moins le décroissement de la température moyenne annuelle , que l'inégale distribution de la chaleur entre les différentes parties de l'année. On ne sauroit douter que les élémens numériques de la Climatologie tropicale ne soient encore lom d'être déterminés avec une égale précision : on doit travailler constamment à les perfectionner ; mais déjà , dans létal actuel de la science, on peut assigner a ces élémens de certaines limites d'erreur qu'il n'est pas probable de voir dépasser p;u: de nouvelles observations. Nous avons reconnu plus haut (Tom. III , p. 374 ) que les températures moyennes de la Havane, de Macao et de Rio Janeiro , trois endroits situés au niveau de la mer, ii l'extrémité de la zone équatoriale, dans les deux hémisphères, sont 250,7; 23° 3- 25° 5 cent., et que ces différences proviennent de la répartition inégale des terres et des mers voisines. Quel est le degré de température qu'on doit admettre poiu: l'équateur? Cette question a été aiiitée récemment dans un mémoire que M. Atkiuson a publié dans le second volume des Memoirs of the Astronomical Society of London {}^. iS^-iSS), et qui renferme des considérations très-judicieuses sur plusieurs points imporfans de la Météorologie. Le savant auteur tâche de déduire de me.s propres observa- tions , en employant les artifices du calcul le plus rigoureux , que la température moyenne de l'équateur est , pour le moins, de 29°,2 du thermomètre centigrade (84°,5 F.), et non de 27°,5 (8i°,5 F.) , comme je lai supposé dans mon Essai sur les lignes isotliermes. Kirvvan s'étolt arrêté à 28°, 8 ; M. Brewster, dans =es Formules climatériques , à 28°,2. ( Edimb. , Journal 0/ Science , 1826, n" 7, p. 180.) S'il étoit question, dans celte discussion, de la température moyenne d'une bande équatoriale entourant le globe entier et limitée par les parallèles de 3° N. et 3° S. , il faudroit examiner avant tout la tem- pérature de l'Océan équatorial; car il n'y a que j de la circonférence du globe qui, dans cette bande, ap- partient à la Terre-Ferme. Or la température moyenne de l'Océan, entre les limites que nous venons d'énoncer, oscille en général entre 26°,8 et 28». Je dis en général , car on trouve quelquefois entre ces mêmes limites des maxima restreints à des zones qui ont à peine la largeur d'un degré, et dont la tem- pérature s'élève, par différentes longitudes, de 28°,7 à 29°,3. J'ai observé cette dernière température, qu'on peut regarder comme extrêmement élevée dans l'Océan- Pacifique, à l'est de> îles Galapagos, et récemment M. le baron Dirckinck de Holmfeldl, officier trcs-instrnit de la marine danoise, qui, ii ma prière , a fait un grand nombre d'observations thermométriques, a trouvé (lat. 2° 5' N. ; long. 81» 54' O.) , presque sur le parallèle de la Punta Guascama, la surface de l'eau à 3o°,C. Ces maxima n'appartiennent pas à l'équateur même ; on les observe tantôt au nord , tanlùt au sud de l'équateur, souvent entre les 2° ; el 6° de latitude. Le grand cercle qui passe par les points oîi les eaux de la mer sont les plus chaudes , coupe l'équateur sous un angle qui semble varier avec la déclinaison du soleil. Dans l'Océan-Allantique, on est même venu plusieurs fois de la zone tempérée boréale à la zone tempérée australe, sans avoir \u monter, dans la bande des eaux les plus chaudes, le thermomètre centigrade au-dessus de 28». Les maxima y ont été pour Perrins, 28°,2; pour Churruea, 28°,7; pour Quevedo, 28»,6; pour Rodman, 28°,8; pour John Davy, 28°,!. L'air qui repose sur ces eaux équatori.iles , e=t de 1" à 1° ; plus froid que l'Océan. 11 résulte de ces faiU que, sur les | de la cireonféreuce du globe, la bande équatoriale pélagique, loin d'offrir une température moyenne de 29°, 2 (84»,5 F.), n'a probablement pas même 28°,5. M. Atkinson lui- même convient (p. 171) que le mélange de parties océaniques et continentales tend à diminuer la tempéra- rature moyenne de l'équateur. Mais en se bornant aux seules plaines continentales de l'Amérique NOTES. 499 méridionale, ce savant adopte pour la zone équatoriale (de i° N. à i° S.), d'après différentes suppositions théoriques, 29", 2 ou 51°. Il fonde celte conclusion sur le fait que, déjà, par 10° 27' de latitude, à Cumana, la température moyenne est 27'',6, et que, d'après la loi de l'accroissement de la chaleur du pôle à l'équateur (accroissement qui dépend du carré du cosinus de la latitude) , la température moyenne de l'équateur doit être pour le moins au-dessus de 29°, 2. M. Atkinson trouve la confirmation de ce résultat, en réduisant au niveau des mers équatoriales plusieurs des températures que j'ai oLservées sur la pente des Cordillères jusqu'à 5oo toises de hauteur. Tout en employant les corrections qu'il croit dues à la latitude et à la diminution progiessive de la chaleur dans un plan vertical, il ne se dissimule pas combien la position des lieux, sur de vastes plateaux, ou dans des vallées étroites , rend incertaines une partie de ces coTtections. {Jllem. 0/ ihe ^str. Soc, Tom. II, p. i49. >58, 171, 172, 182, i83.) Lorsqu'on étudie le problème de la distribution de la chaleur à la surface du globe dans toute sa généra- lité, et qu'on le débarrasse des considérations accessoires de localités (par exemple des effets de la configu- ration, de la couleur et de la nature géognostique du sol, de ceux, de la prédominance de certains vents, de la proximité des mers, de la fréquence des nuages et des brouillards, du rayonnement nocturne vers un ciel plus ou moins serein, etc.), on trouve que la température moyenne d'une station dépend des diffé- rentes manières dont se manifeste l'influence de»la hauteur méridienne du soleil. Cette hauteur détermine à la fois : la durée des arcs semi-diurnes ; la longueur et la diaphanéité de la portion d'atmosphère que les rayons traversent avant d'atteindre l'horizon ; la quantité de rayons absorbés ou échauiïans (^quautité qui augmente rapidement quand l'angle d'incidence compté du niveau de la surface s'accroît); enfin le nombre de rayons solaires qu'un horizon donné embrasse. La loi de Mayer, avec toutes les modifications qu'on v a introduites depuis trente ans, est une loi empirique qui représente la généralité des phénomènes par approxi- mation et souvent d'une manière satisfaisante, mais que l'on ne sauroit employer à combattre le témoignage des observations directes. Si la surface du globe, depuis l'équateur jusqu'au parallèle de Cumana, étoit un désert comme le Sahara, ou une savane uniformément couverte de graminées comme les LIanos de Cala- bozo et de l'Apure , il y auroit indubitablement un accroissement de la température moyenne depuis les 10° ^ de latitude jusqu'à l'équateur; mais il est très-probable que cet accroissement n'atteindroit pas i de degré du thermomètre centésimal. M. Arago, dont les importantes et ingénieuses recherches s'étendent sur toutes les branches de la Météorologie, a recoimu, par des expériences directes, que, depuis l'inci- dence perpendiculaire jus(|u';i 20" de distance zénitale, la quantité de lumière réfléchie est à peu près la même. 11 a trouvé aussi que l'effet pbotomélrique de la lumière solaire varie extrêmement peu, à Paris, au mois d'août, de midi à trois heures du soir, malgré les changemens dans la longueur du chemin que parcourent les rayons en traversant l'atmosphère. Si j'avois fixé la température moyenne équatoriale en nombres ronds, à 27° '-, c'étolt pour attribuer à la zone équatoriale proprement dite (de 3° N. à 3" S.) la température moyenne de Cumana (27°,7). Cette ville , environnée de sables arides , placée sous un ciel toujours serein, et dont les vapeurs légères ne se résolvent jiresque jamais en pluie, offre un climat plus ardent que tous les lieux qui l'environnent et qui sont ogiilement placés au niveau de la mer. En avançant dans l'Amérique du Sud vers l'équate ur, par l'Orénoque el le Rio Negro, la cbaleur diminue , non à cause de l'élévation du sol qui, depuis le fortin de San Carlos , est très-peu considéralde, mais à cause des forêts, de la fréquence des pluies et du manque de diaphanéité de l'atmosphère. 11 est à regretter que les voyageurs, même les plus laborieux, soient si peu en état d'avancer les progrès de la Météorologie, en augmentant nos connoissances sur les températures moyennes. Ils ne séjournent pas assez de temps dans les pays dont on voudroit connoîlre le climat; i's ne peuvent recueillir pour la moyenne annuelle que les observations que d'autres ont faites, et le plus souvent à des heures et à l'aide d'instrumens qui sont loin de donner des résultats exacts. A cause de la constance des phénomènes atmosphériques sous la zone la plus rapprochée de l'équateur , un court espace de temps suffit sans doute pour donner approximati- vement les températures moyennes à différentes hauteurs au-dessus du niveau de l'Océan. Je me suis partout livré à ce genre de recherches; mais le seul résultat bien précis que j'ai pu rapporter, e qui est tiré d'obser- 5oO NOTES. vations faites deux fois par jour, est celui de Cumana. (Comprez, sur le degré de confiance que méritent le.i températures moyennes. Bel. hist., Tom. I, p. 4ii , 547, 63 1-657, ^84; Toin. II, p. 73, 418, 463; Tora. III, p. 3i4-320, 371-382.) Les véritables élémens numériques de la Climatologie ne peuvent être déterminés que par des personnes instruites qui sont établies, pour un grand nombre d'années, dans les différens lieux de la terre; et, sous ce rapport , la régénération intellectuelle qui se prépare dans l'Amérique équatoriale libre i depuis le littoral jusqu'à deux mille toises de hauteur sur le dos et la pente des Cordillères, entre les parallèles de l'ile de Chiloé et de San Francisco de la Nouvelle-Californie, aura l'influence la plus heureuse pour les sciences physiques. En comparant ce que l'on savoit il y a quarante ans sur la température moyenne de la région équatoriale avec ce que nous en savons aujourd'hui, on est étonné de la lenteur des progrès de la Climatologie positive. Je ne connois jusqu'à ce jour qu'une seule température moyenne observée avec quelque apparence de précision entre les 5° N'. et 3° S. ; c'est celle de Saint-Louis de Maranham (lat. 2° 29' S.) au Brésil, que le colonel Antonio Percira Lago trouve, d'après des observations faites en 1821 , trois fois par jour (à 20 ', à 4'' et à 11), de 27°, 4 cent. {Annaea das Sciencias, dos Arte» e das Letras, 1822 , Tom. XVI, PI. 2, p. 55-8o.) C'est encore o°,3 de moins que la température moyenne de Cumana. Au-dessous de 10° 7 de latitude, nous ne connoissons que les températures moyennes de Batavia (lat. 6° 1 2' S.) 26'',9 cent. Cumana (lat. 10° 27' N.) 27"',7 Kntre les 10° i de latitude et l'extrémité de la zone torride, suivent : Pondiciiéry (lat. 1 1° 55' N.) 29",6 Madras (lat. iS" 4' N.) 26",9 Manille (lat. i4» 36' N.) 250,6 Sénégal (lat. i5" 53' N.) 26",5 Bombay (lat. 1 8" 56') 26»,7 Macao (lat. 22° 1 2' N. ) 23<',3 Rio Janeiro (lat. 22° 54' S.) 23°, 5 La Havane (lat. 23° 9' N.) 25",7 En rappelant , d'après les observations du colonel Pereira , Maranham (lat. 2° 29' S.) 27'>,4 Il paroît résulter de ces données que le seul endroit de la région équinoxiale, dont la température moyenne excède 270,7, est situé par les ia° de latitude. C'est Pondiciiéry dont le climat ne peut pas plus servir à carac- tériser toute la région équatoriale que l'Oasis dcMourzouk, où l'infortuné Ritchie et le capitaine Lyon assurent avoir vu, pendant des mois entiers (peut-être à cause du sable répandu dans l'air), le thcrm. de Réaumiu- entre 38° et 43°, ne caractérise le climat de la zone tempérée dans l'Afrique boréale. La plus grande masse de terres tropicales est située entre les 18° et 28° de latitude nord, et c'est sur cette zone aussi que , grâce à l'établis- sement de tant de villes riches et commerçantes, nous possédons le plus de connoissances météorologiques. Les trois ou quatre degrés les plus voisins de l'équateur sont une terra incognita pour la Climatologie. Nous Ignorons encore les températures moyennes du Grand-Para , de Guayaquil et même de Cayenne ! Lorsqu'on ne considère que la chaleur qu'atteint une certaine partie de l'année, on trouve, dans l'hémis- phère boréal, les climats les plus ardens sous le tropique même, et un peu au-delà. A Abusheer, par exemple (lat. 28" ~) , la température moyenne du mois de juillet est de 34°. Dans la Mer Rouge, on voit le NOTES. 5oi thermomètre centésimal, à midi, à 44°; la nuit, à 54" ^. A benaiùs (lat. nâ" 20') , la chaleur atteint, en été , 44° , tandis (iifelle descend , en hiver, à 7", 2. Ces observations de l'Inde ont été faites avec un excellent thermomètre à muxima de Six; la température moyenne de Benarès est de 25",2. Les chaleurs extrêmes que l'on observe dans la portion méridionale de la zone tempérée, entre l'Egypte, l'Arabie et le Golfe de Perse, est l'eflet simultané de la configuration des terres environnantes, de l'état de leur surface, de la diaphanéité constante de l'air dépourvu de vapeurs aqueuses et de la durée des jours qui croissent avec les latitudes. Entre les tropiques même, les grandes chaleurs sont rares et n'excèdent généralement pas, à Cumana et à Bombay, 52°, 8; à la Vcra-Cruz, 55", 1. 11 est presque inutile de rappeler qu'on n'a consigné dans cette note que des observations faites à l'omljre et loin de la réverbération du sol. A l'équaleur, oii les deux hauteurs solsticialcs atteignent C6" 5 2', les passages du soleil par le zénith sont éloignés l'un de l'autre de 1 86 jours; à Cumana , la hauteur soslt. d'été est de 76° 69' ; celle d'hiver, de 56° 5' , et les passages par le zénith (17 avril et 26 août) s'éloignent de i5i jours. Tlus au nord , à la Havane, on trouve, haut. sobt. d'été , 89° 4i'; d'hiver, 43° 23'; distance des passages (12 juin et i'' juillet) , 19 jours. .Si ces passages ne se reconnoissent pas toujours avec une égale évidence dans la courbe des mois, c'est que leur influence est masquée dans quelques lieux par l'entrée de la saison des pluies et par d'autres phénomènes électriques. Le soleil est, à Cumana, pendant log jours ou plus exactement pendant 1275 heures (du 28 octobre au 14 février suivant), plus bas que sous l'équateur; mais dans cet intervalle, son maximum de distance zénithale n'excède pas encore 55° 55'- Le ralen- tissement de la marche du soleil en approchant des tropiques augmente la chaleur des lieux situés plus loin de l'équateur, surtout vers les confins des zones torride et tempérée. Près des tropiques, par exemple, à la Havane (lat. 23° 9'), le soleil emploie 24 jours à parcourir un degré de chaque côté du zénith; sous l'équateur, il n'emploie que cinq jours. A Paris (lat. 48° 5o') où le soleil baisse au solstice d'hiver jusqu'à 17° 42', la hauteur solstieiale d'été est de 64° 58'. L'astre calorifiant est, par conséquent, à Paris, du i" mai au 12 août, pendant l'intervalle de io3 jours, ou de 1422 heures, aussi haut qu'il l'est, à Cumana, à une autre époque de l'année. En comparant Paris à la Havane, on trouve, dans le premier endroit, du 2G mars au 17 septembre, pendant 175 jours, ou 2407 heures, le soleil aussi haut qu'il l'est dans une autre saison sous le tropique du Cancer. Or, dans cet intervalle de 175 jours, le mois le plus chaud (juillet) a eu, d'après les registres de l'Observatoire rojal de Paris, de 1806 à 1820, une température moyenne de i8°,6, tandis qu'à Cumana et à la Havane, lorsque le soleil s'abaisse dans le premier endroit jusqu'à 56° 5', dans le second jusqu'à 45"25', le mois le plus fioid oITre encore, malgré des nuits plus longues, à Cumana, 2G°,2 ; à la Havane, 21°, 2 de chaleur moyenne. Dans toutes les zones, la température d'une partie de l'année est modifiée parla température des saisons qui ont précédé. Sous les tropiques, les abaissemens de températures sont peu considérables , parce que la terre a reçu , dans les mois antérieurs , une masse de chaleur moyenne qui équivaut, à Cumana, à 27°; à la Havane, à 25°,5 du thermomètre centigrade. D'après l'ensemble des considérations que je viens d'exposer, il ne me paroît aucunement probable que la température équatoriale puisse atteindre 29°, 2, comme le suppose le savant et estimable auteur du mémoire sur les rt^/ractions astronomiques. Déjà le père de Ëhza , le premier des voyageurs qui conseilla d'observer aux heures les plus froides et les plus chaudes du jour, avoit cru trouver, dans les années 1686 et 1699, en comparant Siara, Maiacca et Batavia, «que la chaleur n'est pas plus gi-ande sous l'équateur que par les i4° de latitude, n Je pense qu'il existe une différence, mais qu'elle est tiès- petite et masquée par l'effet de tant de causes qui agissent simultanément sur la température moyenne d'un lieu. Les observations recueillies jusqu'à ce jour ne nous donnent pas la mesure d'un accroissement pro- gressif entre l'é^iuateur et la latitude de Cumana, Relation historique , Tom, HI. 63 ft. vv«, «''v.'^ «/«.'^ ^'Vw x^.^- «• LIVRE XL W% '«/V«<«/V^«/V^»«*'%>^ A/V^ CHAPITRE XXIX. TRAVERSEE DE LA TRINITE DE CUBA AU RIO SINU. — CARTHAGENE DES INDES. — VOLCANS d'air DE TURBACO. — CANAL DE MAHATES. 1^0 US aperçûmes l'ilot le plus oriental du groupe des Pclils-Caymans ^ le 1 7 mars au matin. En comparant Yestime avec la longitude chronométrique , je reconnus que les courans nous avoient portés , en 1 7 heures de temps , 20 milles à l'ouest. L'îlot que les pilotes anglois appellent Cayinanhrack^ et les pilotes espagnoles Cayman chico oriental^ forme un mur rocheux, nu et escarpé vers le sud et le sud-est. Sa partie nord et nord-ouest est basse , sablonneuse et couverte d'un peu de végétation. La roche est divisée en iiancs horizontaux assez minces. D'après sa blancheur, et à cause de la proximité de nie de Cuba , je la croirois de Calcaire jurassique. Nous nous approchâmes de l'extrémité orientale du Caymanhrach jusqu'à l\QO toises de distance. La côte voisine n'est pas tout-à-fait libre de dangers et de brisans : cependant la température de la mer à sa surface n'avoit pas sensiblement diminué. Elle étoit de 2 5°,5 ; tandis que , par 20° aS ' de latitude , en pleine mer-, à i5 lieues de distance du Cayman- hvack et des Cayos de lus doce léguas , je l'avois trouvée de ■2.5'^, i du thermu- mètre centigrade. J'ai rappelé, dans un autre endroit, les doutes dans lesquels ont été enveloppées si long-temps les positions astronomiques du Grand et des deux Petits-Caymans '. Ces doutes ne seront entièrement levés que lorsqu'un même observateur, muni de plusieurs chronomètres , aura examiné successive- ' Foyez plus haut, p. 32g , et Analyse raisonnée de la Carte de l'île de Cuba , p. 23. La longitude (83° 46') que l'amiral Roussin assigne au Cap AO. du Grand-Cayraan s^accorde très-bieni avec la longitude du Cap SE. (83" 25') trouvée par le capitaine Wallace Montealli, en 1820. Voyez Chart o/tlie Mexican Sea hy Purdy and Mackellar (décembre i823). La belle Carie des Indes occidentales, par le capitaine De Mayne (Lon- dres , 1 824) , place aussi le Cap NO. du Grand-Cayman 83" 5o'. CHAPITRE XXiX. 5o3 menl les trois îlots et déterminé leurs longueurs et leurs distances respectives en les liant au méridien du Cap Saint-Antoine ' , Le garde-temps de Louis Bcrthoud me donna, pour la longitude du Cap oriental du Caymanhrack , 82° 7' 37", en supposant le port du Batabano 84° 4^ ' 56", et la ville de la Trinidad de Cuba 82° 21' 7". La latitude réduite par Yestinie et les rumbs de vent à l'observa- tion méridienne me paroissoit 19° 4o' 5o". Don Ciriaco Cavallos , qui a visité ces parages un an après mon voyage, la fait 19° 4^' '■> niais la longitude à laquelle il s'arrête par le transport du temps de l'Aguadilla de Portorico, est de 8' plus orientale que la mienne ^. C'est une opinion très-répandue parmi les pilotes que la déclinaison de l'aiguille aimantée , autour du groupe des Caymans , diffère beaucoup de celle que l'on observe à l'extrémité occidentale de la Jamaïque et près de l'Ile de Pinos. La nature calcaire de la roche et les expériences magné- tiques faites dans ces parages ^ favorisent peu cette supposition. Lorsqu'on navigue sur une mer où les courans sont variables avec les vents et les saisons 5 lorsqu'on counoît très-imparfaitement le gisement relatif du point de départ , et des ilôts qu'on veut éviter , il est tout naturel de voir souvent paroître ces îlots là où l'on s'y attend le moins. On accuse la boussole quaiid on ne devroit se ])laindre que des incertitudes de Vestime on de l'imperfection de la géographie astronomique. Aussi long-temps que nous eûmes en vue le rocher du Caymanbrack ., des tortues de mer d'une dimension extraordinaire nageoient autour de notre embar- cation. L'abondance de ces animaux avoit fait donner, par Christophe Colomb , au groupe entier des Caymans , le nom de Pehascales de las Tortugas , rocher des tortues. Les matelots voulurent se jeter à l'eau pour prendre quelques-uns de ces 1 La Carie de XOceano Atlantico, publiée par le Dépôt hydrographique de Madrid, ea 1804, réduit le canal entre le Grand-Cayman et le Petit-Cayman occidental à 5o milles. Ce canal est, d'après De Mayne, de ^& ■ d'après Livingston et Purdy , de i ° 1'. Le capitaine Mackellar et De Mayne diffèrent aussi de 5 milles sur la longueur du Grand-Caj-man. - Les Cartes récentes de De Mayne, Livingston et Mackellar placent le Cap oriental du Caymanbrark par 82° i5', d'où résulte une diflërence de 7' vers l'ouest. ' Le plan très-détaillé du Grand-Cayman, par Purdy et Mackellai-, indique la déclinaison magnétique, à Boddentown , de 8" Est ; elle est , dans le canal de Yucatan , 8° ; , mais , à la Havane et à Kingston , de i^" o' à 6" 45'; au Cap Beata, comme à Curaana, 4" 0' h 4° '5'. Dans ces parages, les courbes de variation magnétiqne sont dirigées du SE. au ISO. D'après les observations très-précises du capitaine Sabine, l'incli- naison magnétique étolt , à la Jamaïque (Port Ilenderson) , 40° 58' ; au Grand-Cayman, 48° 48'; à la Havane , Si" 55'; tandis que les intensités magnétiques étoient représentées, dans ces trois endroits, par les nombres 1/12; 1,65 et 1,72. Prndulvm Ej-per.iiS'i^t), p.474 61490. Cette marche des phénomènes est très-régulière. 5o4. LIVRE XI. animaux ; mais le grand nombre de requins qui les accompagnoient rendirent cette tentative trop périlleuse. Les requins clouoient leurs mâchoires dans de gros crochets de Ter qu'on leur ofFroit. Ces crochets étoient bien aiguisés et (faute dUanzuelos encadenados) attachés à des cordages : on parvenoit à soulever ces requins jusqu'à mi-corps , et nous fûmes surpris de voir que des indivitlus qui avoient déjà la gueule ensanglantée saisissoient de nouveau celte espèce d'hameçon pendant des heures entières '. A bord d'un bâtiment espagnol, la vue des requins rappelle toujours aux matelots le mythe local des côtes de Venezuela, où la bénédiction d"un saint évêque ^ a adouci les mœurs des Squales qui , partout ailleurs , sont l'eiïioi des marins. Ces requins si doux du port de la Guayra seroient-ils spécifiquement différens de ceux qui, dans le port de la Havane, causent souvent les accidens les plus terribles? Les premiers appar- tiendroient-ils au petit groupe des Emissoles à dents en petits pavés que M. Cuvier ^ a séparé des Mdandres ^ sous le nom de MustelP. Le vent fraîchit de plus en plus du sud-est , à mesure que nous avançâmes vers le Cap Negril et vers l'extrémité occidentale du grand banc de la Vibora. Nous fûmes souvent forcés de prendre des ris ; et , à cause de Textrème petitesse de notre embarcation, nous étions presque constamment sous l'eau. Le i8 mars, à midi, nous nous trouvâmes par i8° 17' 40" de latitude et 81° 5o' de longitude. L'horizon, jusqu'à i5° de hauteur, étoit couvert de ces vapeurs roussàtres qui sont si communes sous les tropiques , et ne semblent jamais affecter l'hygromètre à la surface du globe. Nous passâmes 5o milles à l'ouest du Cap Negril du Sud , à peu près siu- le point où plusieurs cartes indiquent un bas-fond isolé dont la posi- tion rappelle celui du Sancho Panlo , vis-à-vis le Cap Saint-Antoine de Cuba. * Vîdinms guoque Sqiialos , quoiiescnnque hamo îcii dimidia parte corporis eflttctibua extraltehantur, cita alvo stercus emittere haud absimile excrementis caninis. Commovebat inteatma {id arhitramur) sttbitus pavor. Quoi(iue la forme et le nombre des dents changent avec l'Age , et que les dents se développent successi- vement dans les Squales, je doute qu'on puisse admettre, avec Don Antonio Ulloa {Memorias sécrétas de America dirigidas al Marqués de la Ensenada , Tom. I , p. 5) , « que les jeunes requins ont 2 , les vieus 4 rangées {andanas) de molaires. » Les Sélaciens , comme beaucoup d'autres poissons de mer, s'accou- tument très-bien à vivre dans l'eau douce ou dans une eau très-peu saumàtre. On observe que les requins [tiburones) abondent depuis quelque temps dans la Lagttna de Maracaybo, oii ils ont été attirés parles cadavres jetés à l'eau lors de fréquens combats qui eurent lieu enti'e les royalistes espagnols et les républicains colombiens. [Manuscrits de M. Plée, naturaliste-voyageur du Musée d'histoire naturelle de Paris, Partie VI, fol. 88. ). ' Voyez plus haut, Tom. I, p. 546. ' Régne animal, Tom. Il, p. 128. CHAPITRE XXIX. 5o5 Nous ne vîmes aucuQ changement dans le fond. Il paroit que le Rocky skoal , à 4 brasses près du Cap Negrll, existe aussi peu que le rocher [Cascabet) que l'on a cru long-temps marquer l'extrémité occidentale de la Vibora [Pedro Banc), comme Portland Rock où la Sala en désigne l'extrémité orientale. Le 19 mars , à 4 heures du soir, la couleur bourbeuse de la mer nous annonçoit que nous avions atteint cette partie du banc de la Vibora où l'on ne trouve ])l'us i5 , mais à peine 9 à 10 brasses d'eau. Noire longitude chronométrique étoit 8i" 3' ; notre latitude, probablement au-dessous de 1 7°. Je fus surpris que, lors de l'observation du midi, par 17° 7 ' de latitude , nous n'eussions point encore vu un changement dans la couleur de l'eau. Comme j'ai traversé deux fois le banc , dans sa longueur et sa largeur, et que j'ai tâché d'y déterminer la position des principaux dangers , il me sera permis d'ajouter ici que la 'seule carte du capitaine De Mayne m'a paru conforme à ce que j'ai observé sur la véritable forme et les limites australes et orientales de la Vibora. Cette carte indique avec beaucoup de précision la dimi- nution subite du fond par les 16° 54' et 17° 5' de latitude et les 81° 2' de longitude dont je viens de parler, de même que les brisans 24 milles au sud-est des Pedro Kays [Nordcsl Kays) , sur lesquels nous avions manqué de nous perdre dans la nuit du 6 décembre ' , en allant de Nueva Barcelona à la Havane. ' Tom. II[, p. 528. Le General Chart of the TVest Iniies publié en 1824, par ordre de l'amirauté angloise, place « une roclie 5 pieds au-dessus de l'eau,» par lat. 16" /jg' et long. 80° 32'. De cette roche s'étend une chaîne de brisans {breakers) à 32 milles de distance dans la direction SE.-NO. vers l'îlot de Savonna ou South JFest Kaj, et plus loin, vers les îlots de Pedro Kays. L'écuell qui nous mit en danger dans la nuit du 6 décembre , et sur lequel nous aurions indubitablemenl échoués sans la vigdance d'un pas- sager, M. Fernandez , se trouve , d'après mes observations par it>° 5o' de latitude, et 80° 44' de longitude. Cette longitude a été déduite, par M. OItmanns, d'angles horaires que j'avois pris la veille, peu avant le coucher du soleil, et dans la matinée du 7 décembre. Daulres combinaisons sur les erreurs de Vcsiime ra'avoient donné, sur les lieux même, une longitude plus orientale. Lorsque du South Kay ou des plus australes des Pedro Kays, on gouverne au SO. à 18 milles de distance, on entre dans ces brisans qui se suivent du NNE. au SSO. , mais dont l'extrémité australe tourne vers le SE. , comme dans un sac. J'ai d'ailleurs quel- ques motifs de croire que le banc de la Vibora , indiqué par la couleur sale des eaux, s'étend au sud de Pnden Kays, un peu plus vers le sud que l'indiquent les cartes, même celle de M. De Mayne. Quant à la Piedra del Monarca des cartes espagnoles (la roche sur laquelle le vaisseau elMonarca a manqué de se perdre en 1798), elle ne peut être placée comme l'indique M. Espinosa (Memorias del Deposito hidrografico de Madrid, Vol. II , p. 68), par latitude 16° 44' 26" et long. 80° 23' 23". Cette position , d'après les limites que la Carte de M. De Mnyne assigue au banc de la Vibora , tomberoit hors du banc , à 10 milles de distance au sud. II l'aut cependant rappeler dans celte discussion que M. De Mayne diffère des Caries du Deposito et de celles de Purdy et Livingston, à la fois dans les longitudes absolues et relatives de la Jamaïque. Il place le Cap Negril et l'exlrémilé occidentale de la Vibora, de i5' et 10' plus à l'est, et le Port Royal avec le capitaine Sabine {Pcndul. Exper. , p. 4o>) 5 par 79" i3'; tandis que, d'après les observations de Macfarlane et de Candler, Relation historique , Tom. 111. 64 5o6 LIVRE XI. Les bàtimens espagnols destinés du Batabano ou de Trinidad de Cul)a à Carlha- gène ont Thabitude de passer sur le banc de la Vibora , dans sa partie occidentale, par i5 à i6 brasses de fond. Les dangers des brisans ne commencent que lorsqu'on dépasse le méridien de 80° 4^' de longitude occidentale. En rasant le banc- dans son bord austral, comme font souvent les pilotes dans la traversée fie Cumana ou d'autres ports de la Terre-Ferme au Grand-Cayraan et au Cap Saint- Antoine , il ne faut pas s'élever, sur les accores , au-dessus de iG° 47 ' ^^ latitude. Heureusement les courans portent sur tout le banc au SO. En considérant la Vibora non comme une terre submergée , mais comme une partie soulevée de la surface du globe qui n'a pu atteindre le niveau des mers, on est frappé de voir que ce grand îlot soumarin offre, comme les terres voisines de la Jamaïque et de Cuba, les plus grandes hauteurs vers son bord oriental. C'est là que se trouvent placés Poriland Kock , Pedi-o Kays et Suuth Kay\, environnés de brisans dangereux. Le fond est de 6 ou 8 brasses ; mais , en avançant au milieu du banc, le long de la ligne de faite, d'abord vers l'O. , et puis vers le NO-, le fond devient successivement de 10, 12 , 16 et 19 brasses. Lorsqu'on considère sur une carte la proximité des hautes terres de Saint-Domingue, de Cuba et de la Jamaïque qui avoisinent le FF indwarcl-Cliannel , la position de l'îlot Navaza et du banc des Hormigas , entre les Caps TUjuron et JMorant , enfin cette chaîne d'écueils qui se suivent depuis la Vibora , par Baxo Nuevo , la Serranilla et Quila-Sueno, jusqu'à la Sonde des Mosquitos, on ne peut méctm- noître , dans ce système d'îlots et de bas-fonds , la trace presque continue d'une arête de soulèvement dirigée du NE. au SO. Cette arête et l'ancienne digue qui lioit, par l'écueil de Sancho Pardo, le Cap Saint-Antoine à la Péninsule de Yuca- tan, divise la grande Mer des Antilles en trois bassins partiels, semblables à ceux que l'on reconnoit dans la Méditerranée '. J'ai examiné, dans cette traversée, comme je l'avois fait ^ en allant , sur un bâtiment américain , avec le capitaine Newton , de Nueva Barcelona à la Havane, l'influence qu'exerce la profondeur de la on l'avoit cru jusqu'ici par 79" 5' 3o". Voici la comparaison de quelques autres points que je n'ai pu relever qua de grandes distances. J'ai trouvé (en 1801) : Cap Deata, 75° 5o' (De Majne, ^S" 55'); Caijt Abacuit , long. jG" 7' 5o" (De Mayne , ;6" 8') ; Ranan, ou JMorant Kays, centre -8° 2Ô' 35" (De Mayne , 78° 20') ; Cup Poriland, long. 79° 19', mais vu 11 5o' de distance (De Mayne , ;9'> 52') ; Pedro Kays, en se servant d'angles lioraircs que j'avois pris 3 heures auparavant , d'après M. Oltmanns , long. 80° 5' ; d'après mon calcul fait à hord, et les combinaiiions de l'estime {Obs. a^r.. Introduction, p. sliii), long. 8° i3' ;:i5"(De Mayiie, 80° i4'). ' Voyez flus haut, Ton^. III, p. a.'JC. ' Toni. III, p. 528. CHAPITRE XXIX. 507 mer sur la température de sa surface , mais ces tentatives réitérées n'ont pas été heureuses. J'ai trouvé, entre le Caymanbrack et le parallèle du Cap jNegril, par conséquent au nord du banc de la ^'ibo^a , dans les eaux les plus profondes , 25°,5 cà 25°, 8. Sur le banc même, par 9 ou 10 Inasses de fond, l'eau de la mer la plus trouble indiquoit encore 2 5°, 6. Est-ce la rapidité des courans qui empêche le banc d'exercer son action sur la température? Plus au nord, entre les Jardines y Jaixlinillos , et surtout près des brisans de Diego Ferez , j'avois trouvé, selon les changemens de fond, jusqu'à 4°5'^ fie différence. Dans la Sonde de Campéche ', par i5 brasses, la température baisse, à la surface, de a°,5 : sur le grand Banc de Terre-Neuve, j'ai vu (en juillet i8o4) , le thermomètre, entre 8°, 3 et ia°,2 , lorsqu'il se soutenoit, loin du banc, hors du Gulf-shvain, à 19°, 4 5 ^^ans le GuIJ'-slream^ à 2i°,i. ]M. Sabine, dans un ouvrage rempli d'observations importantes sur la distribution de la chaleur sur le globe, regarde aussi la lapidité des courans comme la véritable cause de la non-inlUience de certains bas-fonds ^ sur la température de l'Océan. Cette circonstance est très- importante pour la sûreté de la navigation. Un changement soudain dans la chaleur des eaux doit toujours fixer l'attention des pdotes : elle lui révèle , soit un changement dans les courans , soit la proximité d'un banc 5 mais de même qu'il y a des bancs qui ne se manilestent pas par la couleur des eaux, de même aussi il y en a qui n'affectent pas d'une manière sensible la température de l'Océan. En général ( et c'est encore pendant les quatre jours que j'ai passés sur le grand Banc de Terre-Neuve que j'ai été frappé de ces différences) , en général , il m'a paru que les abaissemens de température sont les plus grands sur les bords {accores) des bancs , et qu'elles augmentent peu vers le milieu. Ce phénomène ne semble-t-il pas prouver que le froid des bas- fonds est moins produit par les molécules d'eau qui se refroidissent par rayonne- ment, à la surface de l'Océan, pendant l'hiver, ou de nuit, en été, et tombent 1 Observations mamiscrites de Don Lucas A Uman. Le ao fcvrier 1820, par lal. 22° i4', long. 89° ^j' ; mer, 25" (air, 2;°,5): le 21 février, par lat. 21" 53', long. 90° i5'; mer, 22'',5 (air, 24",5). Vo;irz aussi plus haut, Bel. hist. , Tom. T, p. 55, 274, 558. La diminution de température, observée au nord de Tabago , a été probablement produite par quelque cause accideulelle. Le bas-fond que la Carte de Borda indique comnie réunissant Tabago et la Grenade , se trouve supprimé sur les cartes marines les plus récentes. Ccpeiulant ce» mêmes cartes marquent, à 12 milles de distance du Cap Sud de la Grenade, des sondes de 18 et 19 brasses de ibnd. Cette terre porteroit-cllc sa sonde plus au large? ^ Pendant ce temps, a midi, l'air, sur le banc, étoit entre i4",j et i5",5. (Observations du thermo- mètre centigrade, comme toujours dans cet ouvrage, lorsque le contraire n'est pas expressément indiqué.) » Par Picmple, sur les côtes de Maranham. {Sabine, Peiidithtm Ea:j)c>:,]p. '\\j.) 500 LIVRE XI. vers le fond , que par le soulèvement des couches inférieures de l'Océan , et leur mélange avec les couches supérieures près des accores des bancs? La couleur des eaux troubles sur le bas-fond de la Vibora n'est , à proprement parler, pas laiteuse comme la couleur des eaux dans les Jardinillos et sur le banc de Bahama : elle est d'un gris sale. Ces différences de teintes si frappantes sur le banc de Terre-Neuve, dans l'archipel des îles Bahames et sur la Vibora, ces quantités variables de matières terreuses, suspendues dans les eaux plus ou moins troubles des sondes peuvent, par l'absorjjtion également varialjle des rayons de lumière, contribuer jusqu'à un certain point à modifier la température de la mer. Là où les bas-fonds sont, à leur surface, de 8° à io° plus froides que les mers environnantes, on ne peut être surpris du changement de climat qu'ils produisent localement. Une grande masse d'eau très-froide, comme sur le banc de Terre-Neuve , dans le courant du littoral péruvien (entre le port du Callao etPunta Parina ') , ou dans le courant africain près du Cap Vert ^, influe nécessai- rement sur l'atmosphère qui recouvre la mer et sur le climat des terres voisines ; mais il est moins aisé de concevoir que de très-foibles changemens de température (par exemple d'un degré centésimal sur le banc de la Vibora) puissent donner à l'atmosphère des bas-fonds un caractère particulier. Ces îloLs soumarùis agissent- * J'ai trouvé , au mois d'octobre 1 802 , la surface de l'Océau-Pacifique , sur les cdtes de Truxillo , à 1 S^.S cent, j dans le port du Callao, en novembre, à iSOjS ; entre le parallèle du Callao et de Punta Parifia , en décembre 19», et progressivement , lorsque le courant avance vers l'équateiir et décline vers l'ONO. , 20°,5 et 22°,3. Dans ces mêmes parages, la température de la mer hors du courant a été, aux mêmes époques, de a^OjS. Ce pblénomène, qui est d'une haute importance pour le climat lu Pérou le long du littoral, devoit me frapper d'autant plus que, Jusque-là , aucun voyageur n'avoit vu décroître, loin des bas-fonds , la température des mers entre les tropiques, jusqu'à i S'ils (Co Fahr.). Le grand nombre d'observations faites par différens navigateurs, entre les 14° nord et i4"sud, fixoit, pour cette région tropicale, les limites extrêmes de la température de l'Océan , à sa surface, à 22",4 et SCjô. La première de ces tempéra- tures règne , au mois de juillet, dans le canal entre l'île africaine de Saint-Thomas et l'Ascension ; la seconde a été observée vis- à-vis de Punta Gunscama, sur les côtes du Pérou, par 2° S' de latitude boréale. Les limites moyennes de la région tropicale ne sont que 25° et 28°. Un officier très-distingué de la marine royale danoise, le baron Dirckinck de Holmfeldt , a confirmé récemment (on iSîS) mes observations sur le courant d'eaux froides du Pérou; il a trouvé les eaux du Callao, en août, iS»,;; en juin, i8",i ; en mars, 190,5; en janvier et en février, de 22° à 24°,6. En mars et avril, les eaux étoient hors du courant et au nord de 2" ; de lat. austr. à 26",4 et lef,-^. Je discuterai , dans un autre endroit, l'influence que la garua et la mollizna , c'est-à-dire les vapeurs qui, sur le littoral du Bas-Pérou, voilent le soleil depuis les mois d'avril et de mai jusqu'en novembre, exercent sur la température d'une portion de l'Océan, en alFoiblissant l'action des rayons absorbés par la surface de l'eau. * Entre les Caps Manoel et l'île Gorée, ou le capitaine Sabine a trouvé, en mai 1822, la surface de l'Océan de i7",7 à 200,5; tandis que, hors de ce courant qui porte au SSE. , la température étoit de 220 à a3o {^Pendul. Exper., p. 434.) CHAPITKE -\XIX. 500 ils sur la formation et l'acciunulation des vapeurs vésiculaires d'une autre manière que par le i-efroidissement des eaux de la surface? En quittant le banc de la Vibora , nous voulûmes passer entre le Baoco Nuevo et la vigie du Comhqy. On croyoit, à cette époque, le premier dans le méridien de l'extrémité occidentale de la Vibora , par 8 1° 28' de longitude et i5° 5^' de latitude. Quelques années plus tard , en i8o4, le collaborateur de Fidalgo , le capitaine de frégate , Don Manuel del Castillo , fut envoyé pour fixer les positions des roclies du Roficodor, de Serrana , de Serrnnilla et des dangers voisins; il l)laça le Baxo Nuevo par i5° 49' de latitude et 80° 56' de longitude '. Si telle est effectivement sa position , et je suis porté à en douter, nous devrions presque avoir rasé ce bas-fond dans la journée du 20 mars , où nous nous trouvâmes , à midi , par 16° 5' de latitude. Ma longitude chronométrique étoit , le jg , sur le banc de la Vibora, de 81° 6' ; et, le 22 mars, sur le parallèle de iS" 4''? de 80° 49'- Il résulte,^ de ces données précises que , sans compter sur des variations partielles causées par des courans , notre route doit nous avoir fait traverser le paral- lèle àeBaxo Nuevo, par le méridien de 80° 55' . M. De Mayne paroît douter entièrement de l'existence de ce bas-fond. Cet habile navigateur ne marque , sur sa carte, que le Comboy (lat. i5° 4°' ? long* 80° 12') que M. Castillo avoit cherché vainement entre les i5° 1:^5' et i5° 54' de latitude. Il faut espérer que de nouvelles observations fixeront la longitude du Baao Nuevo qui peut devenir si dangereux aux bàtimens qui vont de la Havane à Portobelo et à Carthagène des Indes. Je n'ai pas cru devoir passer sous silence les doutes que m'a fait naître ma propre expérience. La température de la mer étoit parles 16° 5' et i3°36' de latitude, constamment 26°, 6; 26°,8; 26°,5. 22 mars. — Nous passâmes plus de 3o lieues à l'ouest de Roncador. Ce bas-fond porte le nom de Ronjleur, parce que les pilotes assurent, d'après d'anciennes traditions, qu'on l'entend ronfler [roncar) de très-loin. Si ce bruit a effectivement lieu, il se fonde sans doute sur un refoulement périodique de l'air comprimé dans une roche caverneuse. J'ai observé le même phénomène sur plusieurs côtes , par exemple dans les promontoires de laves de Ténériffe , dans le ' Comparez les deux éditions de la Carta del Mat de las Antillas , publiées par le Dépôt hydroera- phique de Madrid, eu i8o5 et 1809. ^ Je regrette de ne pas trouver sur mon journal déroute les longitudes chronométriques des 20 et 21 mars. Ce journal indique simplement que, pendant deux jours, j'avois pris des distances lunaires pour comparer la méthode de calcul de Borda avec celle de Bodtwitsch qu'on trouve exposée dans XAlmanaquo nautico dv Cadiz, 1801 ; mais les résultats des distances ne sont pas portés sur les registres. 5 I O t I V R E X I. calcaire de la Havane ' et dans les graiiiles du Bas- Pérou, entre Tnisdlo et Lima. Aux îles Canaries, on avoit même conçu le jirojet de placer une machine sur l'issue de l'air comprimé , et d'employer la mer comme force motrice. Tandis que l'équi- noxe d'automne [el Corrlonazo de San Francisco) est redouté partout dans la Mer des Antilles, à l'exception des côtes de Cumanaet de Caracas, l'équinoxe de printemps ne produit aucun effet sur la tranquillité de ces régions tropicale^. C'est un phénomène presque inverse de celui que l'on observe dans les hautes latitudes. Depuis que nous avions quitté la Vibova , le temps étoit d'une beauté remarquable. La surface de la mer bleu d'indigo , qirehjuefois violàtre , à cause de la quantité innombrable de méduses et d'œufs de poisson [piirga de mar) qui la couvroient, étoit mollement agitée. Le thermomètre se soutenoit, à l'ombre, de 26° à 27°; pas un nuage ne se montroit à l'horizon, et cependant le vent étoit constamment nord, au plus iN>^0. Devoit-on attribuer à ce vent qui refroidissoit les hautes couches de l'atmosphère, et y produisoit des cristaux de glace , les halos qui se formèrent pendant deux nuits successives autour de la lune? C'étoient les halos de la petite dimension, du diamètre de 45°. Je n'ai jamais eu occasion de voir et de mesurer ceux ' dont le diamètre atteint 90°. La dispani- tion d'un de ces halos lunaires fut suivie de la formation d'vm gros nuage noir qui fit tomber quelques gouttes de pluie; mais bientôt le ciel reprit son immuable sérénité , et l'on vit une longue série d'étoiles filantes et de bolides qui se mou- voient dans une même direction contraire à celle du vent des basses régions. 2 3 mars. — La comparaison de Ves/ime avec la longitude chronométrique manifestoit la force d'un courant qui portoit vers l'OSO. D.ms le parallèle de 17°, sa vitesse avoit été de 20 à 22 milles en 24 heures. Je trouvai la température de la mer un peu diminuée : elle n'étoit , par lat. 12° 35' , que de 25°,9 (air 27°,o). Pendant toute la journée, la voûte céleste offrit un spectacle curieux qui frappa jusqu'aux matelots les plus indolens , et que j'avois déjà remarqué le 1 3 juin 1 799. Il y avoit une absence totale de nuages : on ne remorquoit pas même ces vapeurs légères qu'on apjjclle sèches; cependant le soleil coloroit d'une belle couleur rose l'air et l'iiorizon de la mer. Vers la nuit, le ciel se couvrit ' Voyez plus haut, Tom. 111, p. 367, note 2. ' Dans le premier Yoyage du capitaine Parry on a mesuré des lialos dont les rayons étoient 22" 7; 22° 52'; ÔS" el 40°. [North-west Passage , 1821 , p. i ly, i5: , i55, 172.) Peut-on se tromper avee un instrument de rùfleiion, à cause de la pâleur de la bande laiteuse, de plus de 20', dans le cas où l'on ne se laisse pas guider par la position de quelque étoile située aux limites de la couronne? [Scoreshy, Groenland, p. 277-US3.) CHAPITRE XXIX. 5ll dabord de gros nuage, ])leuàties; et, lorsque ceux-ci disparurent, on vit, à une immense hauteur, des flocons de nuages régulièrement espacés et rangés par bandes convergentes. La directioji de ces bandes étoit du NNO. au SSE. , ou plus exactement N. 20° 0. , par conséquent contraire à la direction du méridien magnétique. L'espacement uniforme qu offroient ces petits groupes de vapeurs devoit-il être considéré comme l'effet d'une répulsion électrique telle qu'elle se manifeste dans les figures de Lichtenberg sur l'éleclropliore , dans la congélation des vapeurs sur nos vitres et dans les deudrites de manganèse qui couvrent les fentes du calcaire jurassique? Je vis avec surprise que les points de convergence ou les pôles de ces bandes de nuages ne restoient pas immobiles , mais qu'ils s'approclioient peu à peu des pôles du monde , sans cependant les atteindre. Les vapeurs devinrent invisil)les vers les deux heures du matin. J'ai fréquemment observé depuis ce phénomène qui rappelle quelques apparences d'aurores boréale et australe, et qui n'est certainement pas le simple effet d'une illusion d'optique (de stries parallèles de nuages placées dans la direction des vents). Il se montre dans toutes les saisons , surtout dans des nuits très-calmes , à Quito , au Mexique, en Italie et en France. Je l'ai désignée dans mes journaux sous le nom de /mndcs polaires , mobiles ou immobiles. Les dernières sont souvent placées dans le méridien magnétique du lieu. Beaucoup de physiciens en Europe ont fixé leur attention sur ces bandes : il est à désirer qu'on mesure avec précision l'azimulh de leurs pôles , la direction et la vitesse de leur mouvement , leurs rappoits avec la déclinaison horaire et avec l'intensité des forces magnétiques. 24 mars.— ^ous entrâmes dans cette espèce de golfe qui est fimité à l'est par les côtes de Sainte-Marthe , et à l'ouest par celles de Gosta-Rica ; car les embou- chures du RioMagdalena et du Rio San Juan de Nicaragua se trouvent sous le même parallèle , à peu près par les 11° de latitude. La proximité de l'Océan-Pacifique , la configuration des terres voisines , le peu de largeur de l'isthme de Panama , l'abaissement du sol entre le golfe du Papagayo et le port de San Juan de Nica- ragua, le voisinage des montagnes neigeuses de Sainte-Marthe, et nombre d'autres circonstances qu'il seroit trop long d'énumérer ici, donnent à ce Golfe un climat particulier. L'atmosphère y est agitée par des brises très-violentes , connues en hiver sous le nom de brizotes de Santa Maria, Lorsque le vent fléchit, les cou- rans portent au NE. ; et ce conflit , entre les petites brises (de l'E. et du NE.) et le courant, rend la mer grosse et houleuse. En temps de calme, des embarca- tions qui vont de Garthagène au Rio Sinù, à l'embouchure de l'Atralo et à Portobelo , sont ralenties dans leur marche par les courons de la côte. Les vents 5l2 LIVRE XI. pesaas ou brizotcs dominent au contraire le mouvement des eaux , et le changent dans une direction opposée , vers TOSO. C'est ce dernier mouvement que le major Rennell, dans son grand et ingénieux travail hydrographique, appelle drifl, et qu'il distingue des vrais courans qui ne sont pas dus à l'action locale du vent, mais à des différences de niveau dans la surface de l'Océan , à des exhaussemens ou accumulations d'eau dans des parages très-éloignés. Les observations qu'on a déjà recueillies sur la force et la direction des vents , sur la température et la rapidité des courans , sur l'influence des saisons ou de la déclinaison variable du soleil , ont suffi pour débrouiller en gjraud le système compliqué de ces fleuves péla- giques qui sillonnent la surface de l'Océan , mais il est moins facile de concevoir les causes des changemens qu'éprouve le mouvement des eaux dans une même saison et par un même vent. Pourquoi le Gulf-stream se porte-t-il tantôt sur les côtes de la Floride , tantôt sur le bord du Banc de Bahama ? pourquoi les eaux coulent-elles pendant des semaines entières de la Havane à jMatanzas , et ( pour citer un exemple de la corriente por arriha , qui s'observe quelquefois '■ daus la partie la plus orientale de la Terre-Ferme, par des vents également mous) delaGuayraau Cap Codera et à Cumana? 25 mars. — A mesure que nous avançâmes vers les côtes du Darien , le vent NE. augmenta avec violence. Nous aurions pu nous croire transportés dans un autre climat. La mer devint très-grosse pendant la nuit; la température de l'eau se maintenoit cependant (de lat. i o° 3o' à 9° 47 ' ) ^* 25°, 8. Nous aperçûmes, le matin, au lever du soleil, une partie de l'Archipel ' de Saint-Bernard qui ferme au nord le Golfe de Morrosquillo. Une éclaircie entre le nuage me permettoit de prendre des angles horaires. Le chronomètre donna , à la petite île de Mucara , 78° i3' 54" de longitude ^. Nous passâmes sur l'extrémité méridionale du Placer de San Berna rdo.hes eaux étoient laiteuses, quoiqu'une sonde de 25 brasses n'indi- quât pas de fond. Le refroidissement de l'eau ne se fit point sentir, sans doute eucore parce que la rapidité du courant s'y opposoit. Au-dessus de l'Archipel de Saint- Bernard et du Cap Boqueron se montroient, dans le lointain, les montagnes de Tigua. Le gros temps et la difficulté de remonter contre le vent engagèrent le capitaine de notre chétive embarcation de chercher un abri dans la rade du Rio Sinù , ou , pour ' Comparez plus haut, Tom. I, p. 543; Tom. II, p. io4. * Il est composé des îlots Mucara, Ceycen, jMaravilla, Tiutipan, Panda, Palma, Mangles et Salaïuanquilia qui s'élèvent très-peu au-dessus de la mer, mais dont quelques-uns ont la forme de bastiou. Il y a deux passages de 17 à 20 brasses au milieu de cet Archipel. De grands hàtimeiis peuvent naviguer entre Isla Panda et Tintipan , comme enlre Isla de Mangles et Palma. s Obs. astr , Tom. II, p. i4a. CHAPITRE XXIX. 5l3 mieux dire, près de la Piinta del Zapole , située à l'extrémité de la rive orientale de XEnsenada de Cispata^ dans laquelle se jette le Rio Sinù ou Zenù des premiers Conquistadores. Il pleuvoit à verse , et je prolitai de cette occasion pour mesurer la température de Teau de pluie. Elle étoit de 26°, 3, tandis que le thermomètre à l'air se soutenoit , dans un endroit où la boule n'étoit pas humectée , à 2l\°^'6. Ce résultat différoit beaucoup de celui que j'avois obtenu à Gumana, où l'eau de pluie étoit souvent d'un degré plus froide que l'air '. Revenu à la Terre-Ferme de l'Amérique méridionale , je vais jeter un dernier coup d'œil sur le bassin entier de la Mer des Antilles. Je réunirai, dans un seul tableau, les indications de température que renferment mes journaux de navigation : j'ajouterai ce que j'ai pu tirer des notes manuscrites de plusieurs voyageurs qui, à ma prière , se sont livrés au même genre de recherches, et dont les thermomètres ont été rectifiés avec soin. ' Comme, sous les tropiques, il ne faut que peu de temps pour recueillir, dans un vase à large ouver- ture et rétréci vers le fond , quelques pouces d'eau ; je ne crois pas qu'il puisse y avoir erreur dans l'observation, chaque fois que la chaleur de l'eau de pluie difl'ère de celle de l'air. Si la première est moindre , il y a simplement à craindre qu'on n'observe qu'une partie de l'efTet total. Dans la vallée de Mexico, j'ai trouvé, vers la fin de juin, la pluie à i9°,2 ou i9°,4) quand l'air étoit i7°,8 et i8". En général, il m'a paru qu'il n'y avoit, sous la zone torride, tant au niveau de l'Océan que sur des plateaux de 1200 à i5oo toises de hautenr, que les pluies d'orage, dont les grosses gouttes restent très-éloignées les unes des autres, qui soient sensiblement plus froides que l'air. ( Voyez plus haut, p. 3i8.) Ces gouttes amènent sans doute avec elles la basse température des hautes régions. Dans les pluies que j'ai trouvées plus chaudes que l'air, deux causes peuvent agir simultanément. De gros nuages s'échauffent par l'absorption des rayons du soleil qui frappent une de leurs surfaces [Lignes isoth., p. i3; Fresnel dans le Bull, de la Soc. philom., 1822, p. 200), tandis que les gouttes d'eau, en tombant, causent de l'évaporalion et produisent du froid dans l'air. Cette température de l'eau de pluie, qui m'a souvent occupé pendant mou voyage, est devenu un problème plus important encore depuis que W. Boisgiraud, professeur de physique à Poitiers, a constaté qu'en Europe, la pluie est généralement assez froide, relativement à l'air, pour qu'il y ait précipitation de vapeurs sur la surface de chaque goutte, et depuis que ce physicien a cherché dans cet effet la cause de l'inégale quantité de pluie recueillie à différentes hauteurs. ( Arago dans ses ^nn. de Chimie, dc'c. 1826, p. 4 '7-) Lorsqu'on se rappelle qu'un seul degré de refroidissement précipite plus d'eau sous le climat ardent des tropiques que par une basse température de 10" à 12", il ne faut pas être surpris de l'énorme grosseur des gouttes de pluie qui tombent à Cumana, à Carthagène ou à Guayaquil. {Foyez plus haut, Tom. II, p. 466.) Relation historique , Tom. III. 65 5l4 LIVKE XI. Températube de la mer des Antilles a sa surface, au sud du canal de Yucatan. LATITt'OB, 'l5' 31 i<) 31 56 31 58 31 45 31 44 30 43 30 43 30 i3 «> 45 >9 ùb i8 45 i8 37 17 5i 17 5o >7 47 17 33 17 33 17 18 17 18 17 i5 17 13 '7 • 16 58 16 53 16 36 16 36 i5 3 i5 3 .4 3o i3 58 i3 iS 13 4i U 36 12 2i II i5 11 i5 10 5o 10 45 10 40 10 36 10 3o 10 = 7 10 10 LONGITUOS occideutale du nii'i iilicn de Paris. 84° 3;' 84 3 83 35 84 5 83 4i 8- 18 86 45 86 35 85 11 83 p 83 4o 83 30 lî i3 18 79 9 70 43 81 8 78 33 it 7 5 68 i3 80 3 7fi 7 Si 0 8a 10 65 73 7* 43 i3 43 75 5 61 55 80 49 68 16 69 10 66 3 64 10 66 3o 63 45 65 0 68 35 66 31 6, »7 80 10 66 3o 64 35 TBMPKRATLBB de la mer. (Th. cent.] (33%5) (.4,5) (»,/) (33,1-) 36,8 36,7 (34,6) 25,0 35,U 35,5 3S,0 28,3 35,6 38,3 38,3 35,0 35, u 35,8 36.8 35,0 (36,0) 35,0 (36,4) 36,6 (35,6) (»5.7) 34,5 27,0 27.3 38,3 36,0 36,8 38,5 35,6 25,9 38,5 35,4 »7.7 25,8 (33,0) 36,9 (33 ) 36,S a5,9 36,1 (39>') IBMPÉBATOBB de l'air. (77.. renl.) 3S°,7 V.7 3o,4 39.3 3o,7 27,3 19.8 36,8 38,1 37,0 30,3 V.5 38,6 38,5 28,1 a6,a 36,0 a3,5 26,3 35,4 36,3 23,3 33,0 35,8 26,8 33.3 24,3 25,7 26,4 33,8 38,4 3^,2 37,3 35,1 25,4 =7>4 37.7 34,7 a8,o 37,0 REMARQUES. Uumboldt, mars iSoi, au sud de Cuba, dans les Jardines y fond, 7 pieds. Id. , près Cayo Flamenco; food , 10 pieds. 2d. , un peu à l'est de Cayo de Piedras; fond , 10 pieds. /(/. , près Cayo de Diego Ferez ; fond , 8 pieds. Id.y tuer profonde, vis à-vis de l'erab. du Uîo San Juan. /(/. , dèc. 1800, près du Cap Saint-Antoine. Jd. , déc. , près du Cap Corientes , vent violent NNE. , courant portant à l'ESE; mer profonde. Alaman , février 1820. Id., entre l'île des Pinos et Je Grand-Gayman. liumb. , uiars 1801, près du Caymanbiack. /rf. , déc. 180a, près du Grand-Caynian. Sabine, nov. 1832, entre la Jamaïque et le Cîrand-Cajman. Aiaman , févr. 1820, entre U Jamaïque et Cuba , au SE. du Cap Cruz. Sabine, nov. 1833 j entre la Jamaïque et Saint-Domingue. Id. , nov. Aiaman , février 1820 , au SSO. du Cap Tiburon. Id. , février, au SSO. du Cap Engano. Humb-, mars iSoi , à l'oc. du Cap Negril (long, un peu dout.). Id. , décembre iSoo , vent KNO , au sud de Morant Kays. Aiaman , février 1820 , au lud du Cap Beata. Humb. , déc. i8uo, sur la Vibora; fond, iS brasses; vent NNE. Aiaman, février 1823, au sud de Portorico. Humb. , décembre, sur le banc de la Vibora, près Pedro Kays. Id., décemb. 1800, venf NNO. , dans ie méridien du Cap Abacou. /(/., mars 1801 , sur le banc de la Vibora; fond, 10 brasses; courant au SO. (long, un peu dout.). Id. y décembre iSoo, sur les accores orientaux de la Vibora; vent NO, , eaux troubles, (long, un peu dout.) Aiaman, février 1822, au SSO. de Sainl-Eustache. Humb., décembre 1800, au sud de Saint-Domingue. Id. , décembre, courant à l'ONO. au milieu du bassin , entre Curaçao et le Cap Saona, Sabine, octobre 1S23, au milieu du bassin, entre les Caps Saint-Roman et Beata. MM. Martin et Dupont, janvier i8a6 , à l'est de la Marti- nique. Humb. , mars 1801 , au milieu du bassïo, entre la Jamaïque et le Darien , presque dans le paraitéle du Roncador. Sabine, octobre 1833, au milieu dit bassin, presque dans le méridien du Cap Codera et dans le parallèle de l'île Saint- Vincent. Humb., novembre, vent ENE , 4o milles au nord de Los Roques. Id.^ mars 1801 , au milieu du bassin, entre la Vibora et l'isthme de Panan^a , dans le parallèle de l'ile Saint-Andrcvvs. Sabine, octobre 1S33 , entre Ista Blaoca et les Grenadines. Humb. , au nord de la Buca de Dragos. (lat. dout. ) Boussingault , nov. 1822, au nord de l'ile do la Marguerite. Humb., juillet 1799 , à l'est de Tabago. Id. j juillet , vis-Â-vts du Cabo de très Puntas ; fond de 33 br. BoussingauU , novembre 182:3, près du la côte de Venezuela. Humb.. aoi'it 1791)» a Puntn Araya , sur la cOte septentrionale, entourée de bas-fonds. Bous^iiigault , novembre 1833, dans le port de la Guayra. Uumb. , mars 1801 , à l'ouest de Caribagéne des Indes, presque dans le méridien du Golfe de Darien. Id. , octobre iSoo. Sabine, octobre, dans le Golfe de Paria. CHAPITKEXXIX. 5l5 Le tableau ' qui précède n'a rapport qu'à la Mer des Antilles proprement dite , qui se termine vers le nord au détroit de Yucatan , et qui , d'après des aperçus géologiques ^ , est divisée en deux bassins partiels , ceux à' Honduras et de la Mer des Caribes. Cette Méditerranée de l'Amérique offre une surface de plus de 60,000 lieues carrées marines , quadruple de l'étendue de la France ; elle a par conséquent' de la surface de la Méditerranée d'Europe; mais, comme sa température s'écarte moins dans les diflërentes saisons de celle de l'atmosphère , elle influe aussi moins puissamment sur le climat des contrées voisines. Elle s'étend, en prenant pour limites extrêmes le fond des anses ^, de 7° 55' à 22° 4°' ^le latitude ; mais si l'on se borne à considérer la position géographique de la majeure partie de sa surface, les températures désignées dans le tableau n'appartiennent qu à une bande océanique de Sao lieues marines de longueur comprise entre les parallèles de 11 et 19°. J'insiste sur ces circonstances de localités, parce que les masses continentales, comme les masses liquides, placées sur les bords de la zone tropicale, entre les 21° et 28° de latitude, participent déjà, dans une partie de l'année, du climat de la zone tempérée. Entre le Cayman, le Cap Corientes et les côtes de Yucatan , les vents du nord ne tendent pas seulement à refroidir l'air qui repose sur l'eau; ils causent aussi des contre-courans du N. et NO. qui mêlent des eaux de différentes latitudes. Ces modifications acciden- telles de la température normale caractérisent les parages qui avoisinent le tropique du Cancer; elles s'observent surtout très-fréquemment dans le Golfe du Mexique, dans cette partie de la Mer des Antilles qui s'étend au nord du Canal de Yucatan jusqu'au parallèle de 29° î, et qui a près de 54, 000 lieues carrées. 11 en résulte que ce Golfe est bien plus intéressant pour l'étude du • Voici quelques éclaircissemens sur les observations plus récentes ajoutées à celles que j'ai faites peu dant les traversées de 1800 et 1801. M. Lucas Alaman , ancien ministre secrétaire d'état de la Confédé- ration mexicaine, a passé du Havre à la Désirade, et de là à la Vera-Cruz, en janvier et février 1820. Le capitaine Sabine, muni d'cxcellens chronomètres, a fait la traversée des bouches de l'Orénoque à la Jamaïque et au Cap Saint-Antoine , en septembre et oclobre 1822. M. Boussingault, professeur de Chimie à l'école des mines de liogota , a observé la température de l'eau au lever du soleil et à 2'' après midi, lorsque la température de l'air est à son minimum et à son maximum, dans la traversée d'Anvers à La Guayra, en novembre 1822. Les observations de W. Martin, agent général du gouveincment françois à Mexico, ont été faites à bord de la frégate l'Amphitrite, conjointement avec M. Dupont, enseigne de vaisseau, en passant de la Martinique à la Vera-Cruz, en février 1826. Les thermomètres employés par les voyageurs françois ont été .comparés , avant le départ , soit à ceux de M. Gay-Lussac , soit à ceux de l'Observatoire de Paris. Tous ces résultats, à l'exception de ceux de M. Sabine, sont restés inédits. * Tom. m, p. 256. ' Dans le Golfe d'L'raba ou du Daricn et dans le Golfe du Batabano. 5l6 LIVRE XI. mouvement giratoire des couvaus qui longent toutes ses côtes, que pour la détermination des températures moyennes propres à telle ou telle latitude. C'est dans une autre partie de cet ouvrage qu'on trouvera réunies en tableaux les observations thermo métriques que j'ai faites entre la Vera-Cruz, les bouches du Mississipi et la Havane. Il suffit de rappeler pour le moment que la température de l'eau dans le Golfe du Mexique est modifiée par les vents qui régnent à l'embou- chure de trois canaux de communicalioji , ceux de Yucatan , de Bahama ' et de la Floride. La mer des Antilles et le Golfe du Mexique forment ensemble le plus vaste bassin de mer intérieure que l'on connoisse dans le monde entier, un bassin de 1 o4,ooo lieues carrées , et par conséquent de 1 3,ooo lieues plus étendu que la Mé- diterranée qui sépare l'Europe de l'Afrique ''. Il est remarquable aussi que le grand axe de ce bassin est dirigé du SE. au NO. , comme celui des Cordillères de Veragua, de Guatimala et du Mexique, rorntnelesc-ntesde l'Âiuérique méridionale, depuis le Cap Saint-Roque jusqu'à l'embouchure de l'Orénoque. En examinant les températures de la surface de l'eau dans la Mer des Antilles, on y reconnoît une double iniluence de saison et de latitude. Les maxima (de 27° à 28°) tombent généralement en février et mars ; les mininia (de 25° à 26°) en novembre et décembre. Les variations qu'éprouve la déclinaison du soleil , l'intervalle plus ou moins long entre les deux passages par le zénith , et d'autres causes qui ont été énumérées ailleurs , agissent à la fois sur l'eau et sur l'air. Les différences de température moyenne de l'air dans les mois les plus froids et les plus chauds sont , sur le bord méridional de la Mer des Antilles ; par exemple , à Gumana , de 3°; vers lenord, par les 18° et 19° de latitude^, de4°55 à 5°. Il résulte de ces observations que , même dans des parages où les différences mensuelles de température atmosphérique sont extrêmement petites, Y étendue des varia- tions, autant qu'elle appartient aux saisons seules , est encore moindre dans l'eau que dans l'air *. Quant à l'influence des latitudes, ou plutôt de certaines positions géographiques , elle est entièrement due aux courans et au mélange des eaux de ' Canal viejo , Old Bahama Cliannel qui communique, par l'embouchure de Santander, au Canal Chap. III, p. 2Ô5. ' J'ai conservé, sans altération, les plus petites fractions qui naissent de la conversion Jes degrés de Fahrenheit ou Réaumur en degrés du thermomètre centésimal. CHAPITRE XXIX. 5l9 TEMPÉnATCBE DE l'OcÉAN-AtLANTIQDE A SA StRFACE, DAhS LES ZONES DE 0° à 45" DE LATITUDE BORÉALE. lONGliyDB TEUFÉBAT. LATITCDB de à l'uccident ZONES. SAISOKS. boréale. du mciidieii de Paris. la mer. Th. cent. REMARQUES. 45° Janvier. .. . 46-49' n-Sa' 11°, 2 Alaman, 1820, Janvier. . . . 46 10 11 55 12,2 Martin et DupoDt, 1826. Janvier. . . . 45 11 17 37 12,9 Baudrand , i8a6. JuÎD 44 5o i3 39 16,3 Idem. Octobre 44 Ji 24 3 16,7 Kieyclnet, 1820. Mai 44 ao 28 54 i5,o Quevedo, i8u3. Juin 44 20 .3 7 16,0 Humboldt , 1799. Janvier. . . . 44 o 11 4o ■2,9 Sabine, 1822. ( Rennel , ii'>,4.) 4o" Janvier. . .. 40° 46' 19° 16' i5»,o Alaman, 1820. Janvier. . . - 4o 5 a 18 20 i3,3 Martin, 1826. Octobre 4o 25 29 38 '9.7 Freycioet, 1820. Juin 40 12 3o 57 i9>' Baudrand , 1826. Mai 4o 0 32 46 '7.7 Quevedo , i8o3. Juin 39 10 16 18 l5,o Humboldt, 1799 ( Tent nord). Janvier. .. . 09 a 24 9 i5,a Baudrand, 1826. 35» Décembre. . 36=38' 74-49' '6°>9 Sabine, 1822, hors du Gulf-stream. Janvier. . .. 35 5o 20 40 17,0 Martin et Dupont) 1826. Janvier. . .. 35 46 24 52 i5,8 Alaman, 1820. Octobre.. .. 35 16 10 25 23,5 Clitirruca , 1788. Juin 35 8 ,7 i5 16,2 Ilumhuldt, 1799. Juin 35 2 5o 4 25.9 Baudrand , 1826, Décembre.. 35 4 77 '4 (25,2) Sabine, 1833, dans le Gulf stream. Mai 34 59 4i 10 18,8 Quevedo , i8o3. Octobre. .. . 54 Sa 11 26 23,7 Morris, 1807. Octobre 34 5o 35 34 22,5 Freycinet , 1S30, Janvier. , . . 34 49 29 28 18,9 Baudrand , 1S26. 7,0" Mai 30° 46' Z&'iS' 20°, 5 Quevedo, i8û3. Octobre. . .. 3o 39 36 I 24,8 Freycinet, 1820. Janvier 3o 33 3a 27 20,1 Baudrand , 1826. Mars 3o 3a 19 21 16,3 Dirckink, 1834. Novembre.. 3o i5 ■9 7 23,4 lïuusitingaiilt , 1832. Janvier. . . . 3o 5 23 45 18,3 Martin et Dupont , 1836. Janvier. ... 3o 2 3o 20 18,1 Alaman , 1S30. Juin 39 4i 52 26 27.5 Baudrand , 1S36. Octobre . . . 29 MO 32 25 24.4 Morris, 1807, Juin 29 18 16 4o '9.Î Humboldt , 1799. Novembre.. 28 33 74 36 22,2 Morris , 1807. 25° Octobre.. . . aC» 8' 35» 54' ae-ja Freycinet, 1820. Mai 25 49 26 20 20,7 Perrlns, 1800. Avril aS 39 39 54 21,6 Quevedo i8o3. Novembre.. 25 20 8. 57 26,9 Sabine , 1833. Janvier. . . . 25 i5 33 49 20,6 Alaman , i8iO. Juin 25 i5 20 17 20,0 Humboldt , 1799. Freycinet , 1817. Octobre 25 4 33 i3 22,4 Novembre.. 25 3 68 3 26,1 Morris, 1807. Novembre.. 25 0 20 0 24,5 Boussingault , 1822. Juin 24 57 59 59 27^6 Baudrand , 1826. Janvier. . . , 24 48 36 24 22,7 hicm. Janvier. . . . 24 5o 21 0 '9.4 Sabine, 1823 ( Rennel! , 20>,i). 1 Septembre. 34 26 22 37 23,9 Duperrey, 1822. 1 Novembre.. a4 21 32 10 25,0 Morris, 1807. 1 Janvier. . . . 24 18 3j 5o 21,5 Martin et Dupont, 1826. II Avril ai 16 aa 17 '9.' Dirckiockj 1824. 520 LIVRE XI. Température de l'Ochan-Atlantique a sa surface, daks les zones de o" a 45° t"^ LATITUDE BORÉALE. ContlTlUalion. LO.ICITUDS IBHpâBAT. LATITCDK d loccidLnl de ZONES. SAISONS. boréale. du mctuliLii de Paris. la mer. TA. ccnl. REMARQUES. 20° Janvier. ... H'il' 38«23' 33'>,6 Baudrand, 1826. Janvier. . . . ai 39 3 2 3o 34,3 Chappe, 1768. Juin ao 43 64 13 38,3 Baudrand , l8a6. Oclobrr ao 4a 34 4; 36,5 Freycinet , 1820. Novembre.. 30 33 35 49 36,1 Boussingault , iSaa. Janvier. . . . ao ao 49 34 34.0 Martin et Dupont, i8a6. Novembre.. au ao 36 ati 33,8 Fri-ycinet , 1817. Juin ao 8 38 5i 21,2 Humboldt, 1799. Janvier. .. . 19 59 45 3 a3,4 Alainan, 1820. Avril 19 5.) 41 53 a3,3 Quevedu, i8û3. S(;pterabre, '9 i? 35 4o a4-9 Duperrey 1823. Janvier. .. . 19 ao 35 10 31,3 Sabine, l8aa. Avril .9 3 a4 57 31,0 Dirckinck, i8a4. l5" .Septembre. Février . . . 1705I' 37. 37' 35«,6 Duperrey, 1833. 16 II 58 56 35,3 Martin et Dupont, i8a6. Janvier. . .. i5 ag 4a 10 23,0 33,8 Uaudrand , 1826. Avril l5 a4 39 45 Quevedo , i8o3. Juillet i5 18 4a 31 3Ù,0 Humboldt, 1799. Novembre.. i5 4 5i 4 37,3 Uouasinganlt 1823. Octobre. . . . l4 a8 37 44 35,2 Freycinet, 1817. Novembre. . i4 i4 3o .1 27.6 Idem , i8ao. 10° Septembre. 1 10 6' 35»46' 36', 1 Duperrey, 1S33. Juillet 10 46 60 54 35,8 Humboldt, 1799. Freycinet , 1817. Novembre.. 10 38 35 44 36,5 Octobre 10 16 23 25 36,4 Cburruca , 1788, Avril 10 13 36 5o 38,3 Rudmao , i8o3. Mars 10 7 34 3o 33,8 Perrins , i8o4. Octobre.. . . 9 48 a6 26 37.8 Freycinet , 1830. Avril 9 57 24 58 25,0 Dirckinck, iSj4. Janvier. . ., 9 '9 46 . 35,6 Baudraud , i8a6. Avril 7 Roue, lat. ^i" 53' ; temp. moy. an. , i5o,5 ; janvinr, "",6; mai et juin, 20°, 2. 35» Dec.-Janv. iC»,5 Jtjin-Oct.. si°,3 iS%9 i5»,8 .25'',9 Palbbub, i;it. 3So6'; temp. moy, an., 17", 5 ; janvier, 11°, 3; mai et juin, 2u°,o j juin et octobre , 22*', 6. 3o» Janvier .. .S%7 Juln-Nov. 23-,5 21'',0 i6«,3 Î7S3 Caire , lat. ôo* 2'; temp, moy. an. , 22°,4; janvier, i3'',4; jnîn-novembre , 27",!. j5« Janv.-.\vr. 20°,- Sept.-Nov 2,>,5 aSOiO i9°,i 27»,6 Sainth-Cboix de Téhébiffb, )at. 28*29'; tcmp. moy. an-, 2i°j5\ janvier, i7°,6 ; janr.-avr., 18", G; juin-nov. , 25", 9. 20' Janv.-Avr. ii'fi Juin-Nov.. 25°,9 24» ,3 2.«,3 28°, 2 II AVARE, lat. 25" 9'; temp. raoy. an. , 25^,7; janv. -avril, 35",4 ; sept.-nov, , 25*, 2. lô" Janv.-Avr. î4«,3 Juill.-Nov. 24%6 24»,5 23°, 8 27»,2 10° Janv.-Avr. 25«,S JuiU.-Nov. 26'', 2 26°, 0 23«,8 27%8 CuMANA, lat. 10* 27'; terop, moy. an., 27*, 6; janvier-avril , a7'',3 ; juillet-nov. , 37°,7. 5> Janv.-Avr. 5;%i Sept.-Nov. 27-5 27«,2 26", 5 28°,3 0° Mars-Mai. 27°.9 Sept.-Nov. 25",G 26%; 23», 3 28»,4 Saw Lois db MABAPsniM, t. moy. an. , 27*, 4- Les éléinens numériques du tableau qui précède sont choisis sur plus de sept cents observations de température faites dans l'Océan- Atlantique boréal. J'ai dû réunir ce grand nombre de matériaux pour étendre et rectifier mon travail sux les lignes isothermes. La plus vaste partie de la surface du globe étant couverte d'eau de mer , la température qu'offre cette eau dans les différentes saisons de l'année, la position relative des mers et des continens, et la direction des vents domi- nans qui transportent les temj)ératures d'une zone à l'autre , sont les trois causes les plus importantes desquelles dépend la différence des climats. Si 8000 observations suffisent à peine pour fixer la température moyenne des mois dans un lieu quelconque du continent , un très-petit nombre d'observations faites sur mer nous fournissent des résultats assez précis sur les variations qu'éprouve l'Océan ' Aux. journaux de route ilojà cités plus haut , p. 5 1 5 , note i , il faut ajouter comme les sources priacipalcs dans lesquelles les clémens nitmériques du tableau ont été puisées : les deux journaux inédits de M. Morris , com- mandant la corvette améric.iinc le Hornet , et de M. Quevedo , capitaine de vaisseau commandant la Rnfina, qui, dans son voyage dii Caliaode Lima i Cadiz, s'est servi de thermomètres comparés aux miens; les obser- vations déjà publiées de Wales, Rennell, Chappe, Rodman, Perrins et Churruca. Relation historique, Tom. III. 66 5^22 LIVRE Xî. à différentes saisons et par différentes latitudes. Un grand nombre de Journaux de route tendent à prouver, et ma propre expérience le confirme', que, dans des espaces qui surpassent l'étendue de la France , la température de l'Océan reste la même, dans un mois donné, à i°,2 ou 2° près. Ces divers journaux nous apprennent aussi que, dans les mêmes zones pélagiques , les différences des mois atteignent , depuis l'équateur juscp^i'ù 3Co de latitude boréale , à peine 4° à 5°. Sur les continens , par exemple par les 45° ^^ latitude boréale , les températures moyennes des mois de janvier et de juin diffèrent de 20°, quand , sous le paiallèle correspondant , dans l'Océan-Atlanlique , ces mêmes mois ne diffèrent que de 3°,6. La tempéra tme de l'air continental est, de jour, dans la saison lapins chaude, entre les tropiques , souvent de 7° 39° plus élevée que de nuit. Sur mer, l'influence des heures est si petite que, pendant long-temps, elle avoit été révoquée en doute '. Pour vérifier les observations de M. John Davy, dans son voyage d'Angleterre à Geylan , j'ai invité plusieurs de mes amis à observer la chaleur de l'air et de l'eau à différentes époques du jour et de la nuit. Le tableau le plus précieux de ce genre d'observations est celui que je dois au zèle éclairé du lieutenant de vaisseau , M. deDirckinck, qui a régulièrement observé, dans les deux hémis- phères , à g^ du matin , à midi , à ô'* du soir et à minuit. Comme le bâtiment ne reste pas dans un même point, on pourroit craindre que les observations fussent affectées de l'influence du changement de lieu : mais ce doute disparoit • J'ai trouvé, dans la Mer du Sud, en plongeant le thermomètre centésimal journellement dans Teau, à différentes heures du jour, que, sur une longueur de 56o lieues marines, la température de la surface ne varioit pas de 2", -2. De lat. 0° 35' sud (long. 84" 45') à lat. iG" 5^' nord (long. 102» 5i'), celte température a été de 27°, a à 2g'',4. Voici d'autres preuves de cette admirahle uniformité dans la distri- bution de la chaleur à la surface de l'Océan : M. Dirckinck de Holmfeldt, dont je possède plus de 600 observations faites dans l'Oeéan-Atlantique et dans la Mer du Sud , avec un thermomètre comparé à ceus de M. Gay-Lussac, de lat. 52° 45' N. (long. 17° 4/) à lat. 28° 55' (long. 20" 55'), eu mai, i6'',4à iS^a. (Différence de la chaleur de l'Océan dans cet espace, i°,8.) Le même observateur, de lat. 2° 2G' N. (long. 24" 18') à lat. 22° 5(>' S. (long. 41° i5') , en avril , 260,2 à 27°, 7. (Diff. , i'',5.) — M. Quevedo , de lat. 20" 25' S. (long. q8" 5;') à lat. 9° 25' N. (long. 36° 5i'), en mars, 26",2 à 27°,3. (Diff., i",i.) Le même observateur, de lat. 4o° 28' N. (long. 55° 55') à 44° i5' N. (long. 26" 26') , en mai, i5",o à 17°, 7. ( Diff., 30,7.)— M. Boussingault , de lat. 18° 54' N. (long lii" 17') à 11° 57' N. (long. 69° 49')j ^" novembre , de a6°,6 à 27°, 9. (Diff., i°,3. Thermomèti-e comparé à celui de l'Observatoire royal de Paris.) — MM. Martin ît Dupont, de lat. 21° 5i' N. (long. 4"° 20') à lat. 17° (\o/ N. (long. 55° 35'), en février, de 25°,o à 24°, 2. 'Diff.» i°,2- Tberm. comparé à ceux de M. Gay-Lussac.) — Le général Baudrand, de lat. 46° 42' N. (long. 1 5° 55') à 41° 32' N. (long. 20° i5'), en janvier, de 12°, 8 à i4°. (Diff. , i°,2.) Le même observateur, de lat. 3i° lo'N. (long. 4o° 20') à lat. i7°4o'N. (long. SS'SS'), en février, de 25°,a à 24f,3. (Diff., i",i. Therm. comparé à ceux de M. Arago.) * Voyez plus haut, Tom. I, p. a56. CHAPITRE XXIX. 523 lorscjii'on voit que les mêmes températures reviennent aux mêmes heures pendant quatre ou cinq jours de suite dans des traversées de i5o à 200 lieues. ÎI faut plutôt se défier des observations faites en pleine mer pendant un temps de calme, ou à l'ancre près de terre. Dans le premier cas , le moindre changement qu'éprouve la surface du liquide en varie la haute température : dans le second cas , en rade ou dans les ports , les marées ' et réchauffement inégal du littoral avec lequel la mer est en contact causent des variations périodiques qui sont purement locales. L'ensemble des observations thermométriques de M. de Dirckinck donne , pour la différence de la température de la mer, à midi et à minuit, o°j'j6. Les extrêmes ont été, dans le même jour, o°,3 à i°,2. Souvent la chaleur n'a pas du tout diminué dans la nuit , quoique la température de l'atmosphère eût baissé de 3°. Les observations de mon savant ami, M. Boussingault, donnent, pour le lever du soleil et 2'' après midi , en novembre : diflférence moyenne de l'eau de mer, o°,52 ; différence moyenne de l'air, aux mêmes jours , i°,4- Les limites extrêmes des températures, en 24^, ont été o°,i i et o°,74. Le lieutenant-colonel Wilson a continué ces recherches , à ma prière , dans la traversée du bateau à vapeur V Entreprise de Falmouih au Bengal. Yoici les résultats de cet obser- vateur : différence moyenne entre los températures de la mer, à 2^ après midi et au lever du soleil, d'août en décembre , 0^,9; maximiiin ^ de la température de la mer, 29^,4, par lat. 8° ^1' sud et long. or. 88° 3^ ' , l'air étant à 28°, 3 j plus grande .différence entre l'air et la mer, lorsque la température de l'air étoit supérieure à celle de l'Océan, 4°548 en août, par lat. 3cf ly' sud; lorsque la température de l'air étoit inférieure, 3°, 08 en octobre, par lat. 33° i3' sud; maximum de la température de l'atmosphère pendant tout le voyage, 3o°,2j variation moyenne de la température de l'air en 24^', i°,6. Il ne faut point oublier, en discutant l'ensemble des résultats communiqués par M. Wilson , qu'ils sont lires d'oljservations faites au nord et au sud de l'équateur, dans les zones tempérées et tropicales. En cojnpidsant mes differens journaux de route de l'Atlantique, de la Mer des Antilles et de l'Océan-Pacifique , je trouve, depuis le lever du soleil jusqu'à 3*^ après midi, dans la zone tropicale, pour l'augmen- tation de la température ^ de l'air, de o°,8 à i°,3. M. Arago, qui s'est livré à ' Tom. I , p. 275 , 290. * Tom. III, p. 498. ^ J'ai choisi des jours entièrement sereins , où souffloit une petite brise. Les instrumens ont été placés au vent, le plus souvent éloignés de plusieurs pieds du corps du bâtiment , dont réchauffement peut causer 524 LIVRE XI. ce même genre de recherches, a fait voir qii'une telle augmeulation prouve que l'absorption des rayons du soleil par leur passage à travers les diverses couches de ratmosj)hère est bien plus considérable qu'on ne l'a cru jusqu'ici. Au milieu de l'Océan , l'accroissement de la chaleur de l'air, après le passage du soleil par le méridien , ne peut être dû qu'à l'extinction de la lumière dans l'air ; car, selon l'observation du grand physicien que je viens de nommer, cet accroissement s'observe même dans des circonstances où l'eau reste moins cliaude que l'air. L'étendue moyenne des oscillations mensuelles de la température dans le vaste bassin des mers est , sous la zone tempérée , par 45° de latitude , sept fois ; entre les tropiques, six, plus petite dans l'eau que dans l'air. La surface de l'eau ne s'échauffe pas beaucoup pendant le jour, parce que le mouvement des vagues mêle la couche supérieure avec des couches plus basses. Pendant la nuit , l'effet du rayonnement est diminué, parce que les molécules refroidies descendent. Il y a une tendance constante dans l'eau à conserver une température uniforme. Généralement , du moins entre l'équateur et les 48° de latitude boréale et australe, l'eau est plus chaude que l'air. En examinant , à ma prière , le nombre de fois que l'air a été plus chaud que l'eau , loin des côtes , M. Duperrey a trouvé , dans son expédition autour du monde, hors des tropiques, le rapport de ce nombre à celui des observations qui donnent un résultat directement inverse , de nuit , 3 «\ I ; de jour, 2 à 1 3 à midi, i ,3 à i . Dans la région des tropiques , ces trois rapports ont été, sur 1 3 1 4 observations , 6 à i ; 4 : M ^"^ ^ 34 à i • Dans cette même de graves erreurs. Les ilifférences partielles s'élevèrent à i°,8 , et même à 2"',4 {voyez, par exemple , plus haut, Tom. I,p. 274); mais ces anomalies sont rares. L'apparition du soleil à l'horizon agite généralement un peu l'atmosphère; de sorte que, sur mer, j'ai préléré observer une demi-heure plus tard. Les diirérences de g*" du matin et de midi sont si petites sous la sphère droite, que les navigateurs qui ont choisi ces époques n'ont pu évaluer qu'une hien foible partie du phénomène. Comme il s'agit, dans le cours de cette discussion, d'élémens numériques très-petits, il sera utile de rappeler qu'un demi-degré de l'échelle de Fahrenheit équivaut à CjaS du thermomètre centésimal, et que les doutes qu'on peut élever quelquefois sur les valeurs absolues ne s'étendent pas aux valeurs relatives ou différentielles. ' Sur 167 observations faites dans deux voyages autour du Cap Horn , par MM. Quevedo et Dirckinck , en mars et en novembre, lorsque par les 56° et Sg" sud on a trouvé l'eau de a» i 3», l'air a été , au sud du parallèle de 35°, encore 77 fois plus chaud que la mer, ce qui peut être attribué au courant du pôle austral. Dans ma traversée des côtes d'Europe en Amérique , le rapport a été , dans la zone tempérée , de i : 'i. Le général Baudrand l'a trouvé , en janvier, de i ; i,5 ; M. Martin , de même en janvier, de J : 9. Le rapport tropical a été , pour M. Quevedo , de 1 : 38 ; pour le général Baudrand , de 1 : 32 ; pour M. Boussingault , de I : 16 ; pour moi, de 1:15. M. de Freycinet, en examinant l'immense nombre d'observations recueillies dans le voyage de VVranie, trouve aussi l'eau généralement plus chaude que l'air, à l'exception des mers du Japon , et au SE. de Madagascar. Hors des tropiques, la seule observation de midi lui donne la chaleur de l'air supérieure à celle de l'eau. CHAPITRE XXIX. SaS légion, le maximum de la différence entre l'eau et l'air a généralement lieu avant le lever du soleil ; cette différence est , terme moyen, de i°,2 à i°,6 ; mais , à 2*^ après midi, la mer est souvent à peine de o°,4 à o°,6 plus chaude que l'atmosphère : aussi l'excès de la température de l'air sur celle de l'eau se présente beaucoup plus souvent, de midi à 2^', qu'à des époques plus rapprochées du lever ou du coucher du soleil. On voit , par l'ensemble de ces faits , que l'état le plus habituel de l'Océan , depuis l'équateur jusqu'aux 48° de latitude boréale et australe, est celui où la surface liquide est plus chaude que l'atmosphère qui la recouvre. Entre ces limites, la mer tend constamment à chauffer l'air ; cet effet calorifiant n'est pas restreint , comme on l'admet généralement , à quelques mois d'hiver ; il se manifeste pen- dant l'année entière , parce que le nombre des heures où la mer est plus chaude que l'air excède ' de beaucoup le nombre de celles où la température de l'atmosphère est supérieure à la température de l'Océan. En examinant le tableau des observations partielles, on voit que de 3o° à 45°, entre les parallèles du Cap de Geer et de Bordeaux , la température de l'Atlantique à sa surface ne change pas seulement avec la latitude et les saisons , mais aussi avec les longitudes. C'est la grande rivière pélagique , connue sous le nom de Gul/'-siream qui produit cet effet : il est plus sensible au sud des 35°, là où le courant est le plus rapproché des côtes des Etats-Unis qu'au nord des Iles Açores où, se portant vers les côtes d'Irlande, il perd de sa température en s'élargissant. Si l'on étudie les tempéralures moyennes annuelles des différentes zones de l'Océan-Atlantique boréal, on remarque qu'elles diffèrent très-peu de celles des côtes orientales, tandis qu'elles sont supérieures à celles des côtes occidentales. L'Atlantique , et ce fait est important pour l'histoire physique de notre planète , appartient au système des climats qui régnent dans la partie ouest de l'Ancien-Continent. Les eaux chaudes du Gulf-siream lui donnent cet avantage dont les régions cisallégha- niennes de la grande Confédération du nord profiteroient bien plus, si l'air qui repose sur l'Océan prenoit toute la température de l'eau , et si au nord du paral- lèle de 35° les vents de l'est étoient plus fréquens que ceux qui soufflent de l'ouest. Milan, Rome, Palerme, le Caire, Sainte-Croix de Ténériffe et la Havane, six * L'assertion de M. Kirwan (JEstim. de la temp. , p. 47)) si souvent répétée dans d'autres ouvrages, « que l'eau est généralement plus froide en été que l'atmosphère qui repose sur la mer , « n'est pas exacte. Elle ne l'est pas même toujours pour les heures de midi à a*" , quoique Voir de la mer rempli de vapeurs vésiculaires , et moins diaphane, absorbe souvent mieux les rayons solaires que l'air conti- nental pendant les jours sereins d'été. Saô LIVRE xr. points dont on connoitle climat par un très-grand nombre d'observations précises, peuvent nous fournir, par interpolation ', les températures moyennes de l'air continental entre les 45° et 25° de latitude. C'est cette partie de l'atmosphère que nous allons comparer à la température de la surface de l'Océan. AIR CONTinEnTAL OCÉAN AIR COSTINBUTAL LAIITl'DE. dans la partie ocidentale ATLAKTIQUB. danâ la partie orientale de l'Ancien- (eau). du Nouvcau- ContioeDt. Cuntinent. aS" 24°,4 il-fO :^o 31,0 31,1 19.4 55 '9'5 )8,8 16,0 4o .6,5 iG,7 12,5 45 i5,o i4,o 8,J ' Pour mettre constamment le lecteur dans le cas de pouvoir refaire les calculs fondés sur la connois- sance des faits, je rappelle que les températures moyennes de l'atmosphère continentale sont celles que j'ai consignées plus haut ( p. 5oi ) , et qu'elles se fondent sur les norahreuses observations de M. Reggio (1787-1812) pour Milan; de MM. CalandrcUi, Guillaume de Humboldt et Schouw, pour Rome; de M. Marabitti, pour Palcrme; de MM. Niebuhr, Noiiet et Coulelle , pour le Caire; de MM. Escolar et Léopold de Buch , pour Sainte-Croix de Ténériffe ; de M. Ferrer, pour la Havane. La température moyenne du Caire étant vraisemblablement un peu plus élevée qu'elle ne devroit l'être d'après la latitude du lieu, j'ai pris (dans le système de climats des parties occidentales de l'Ancien-Continent) la moyenne des températures du Caire et de Saiute-Cioii deTéuériffe, et j'ai cherché , par cette moyenne et la Havane , la température correspondante ù la latitude de aS". Comme les lignes isothermes, près des tropiques, deviennent parallèles aux parallèles à l'équateur, la Havane , malgré sa position toute occidentale , a pu servir de terme d'interpolation. Si l'on objectoit que les nombres que présente le tableau des résultats, comme indiquant par approximation les températures moyennes annuelles de l'eau de mer, ne sont pas déduits de tous les mois de l'année , mais seulement de 5 ou 6, je rappellerois que l'erreur de ces nombres ne peut être que très-petite, parce que les températures d'hiver et d'été sont prises de mois groupés autour des tninima et maxima annuels (les mois de janvier et de juillet). Les résultats auxquels je me suis arrêté, et que je rectilîerai dans un autre ouvrage , sont, comme le tableau les désigne , des nombres-limites au mini- mttwi. Voici les preuves de ce que j'avance : temp. moy. de Paris pour cinq années, prises au hasard (1816, 1818, 1820, 1821, 1826), en la cherchant par les mois les plus chauds et les plus froids ; ; {i'fi + ï5°,6) ou9°,i (vr. 9",5): ^ ( a»,! -f- 20%j ) ou ii",! (vr. ii°,3); ^ (o»,7 + 180,7) ou 9°, 7 (vr. 9°,8);i (5»,i -|-20°,i) ou ii"',6 ( vr. iiOjO); \ ( i'>,7 -|- 2i°,2 ) ou ii°,4 ( vr. 11°, 5). Ces mêmes comparaisons donnent, en prenant un grand nombre d'années, pour Milan, 7 (o°,5 -f 23°, 7) ou i2°,i (vr. i3°,2) ; Rome, 7 (7°;6 -|- 230,7), ou i5o,6 (vr. i5o,5) ; Palerme, ^ (iio,3 + 240,7) ou 180,0 (vr. 17°,4) ; Caire i (i5o,4 + 29'',7) ou 2io,6 (vr. 22°,4). Les limites des erreurs deviennent plus étroites encore si l'on emploie trois mois d'hiver et trois mois d'été. CHAPITRE XXIX. 5^'^ Il est probable qu'au nord du parallèle de 45°, surtout entre ce parallèle et celui de 65°, la température moyenne annuelle de la mer est supérieure à celle de l'air continental des terres de l'est. Dans les terres situées à l'ouest , dans le système de climats de l'Amérique orientale, les températures correspondantes à 3o°, 35°, 4o° et 45° sont approximativement i9°,4; i6°,oj 12°, 5; 8°,2. La chaleur moyenne annuelle de l'Océan-Atlantique , entre les parallèles du Cap Hatteras et de la Nouvelle-Ecosse , entre 35° et 45° de latitude , est , par con- séquent , dans la totalité de son étendue , de 3° à 6° plus élevée que la chaleur moyenne annuelle de l'air qui repose sur la partie orientale du Nouveau-Continent. La coïncidence qu'offre la plupart des élémens numériques qui expriment , dans mon travail , les températures moyennes de la mer sous différentes zones , avec les chiffres que présente le tableau de Kirwan , est d'autant plus remar- quable que les résultats ont été trouvés par des méthodes entièrement différentes. J'ai employé directement , pour chaque zone , les températures observées dans les mois les plus froids et les plus chauds , tandis que Kirwan n'a fait usage que de deux observations correspondantes aux parallèles de 4°° 6t 5o°. Il trouve toutes les autres températures par la loi du carré du sinus des latitudes. Les erreurs de la formule de Mayer sont en effet peu considérables jusqu'au parallèle de Paris, lorsqu'on se borne à un même système de climats, c'est-à-dire lorsqu'on suit des méridiens qui passent par les sommets concaves ou les sommets convexes des lignes isothermes ; mais les erreurs de cette formule augmentent pro- digieusement, soit en confondant les différens systèmes de climats, soit en avan- çant, dans une même longitude, à compter du méridien qui passe , par un des som- mets des courbes isothermes , de 5o° de latitude vers le pôle. Dans l'état actuel de la théorie de la chaleur, il est prudent de s'en tenir aux simples résultats des obser- vations, et de n'avoir recours aux iuterpolations qu'entre des points très-rapprochés. Si, par les 45° de latitude , les parties occideulales de l'Ancien et les parties orientales du Nouveau-Continent , ne diffèrent , dans la température moyenne de l'année , que de 5°,8 , cette différence s'élève, entre les 69° et 73° de latitude boréale, sur les parallèles de l'Ile Igloolisk et du Port Bowen , à 1 5° et i G° du thermo- mètre centésùnal. Après avoir jeté un coup d'œil général sur le bassin de l'Atlantique , et comparé la température moyenne annuelle de l'eau à la température de l'air continental près des côtes de l'Océan , il me reste à examiner la distribution de la chaleur dans les différentes saisons. On est d'abord frappé de la haute température (i 2,3) observée en pleine mer, au mois de janvier, par 45° de latitude, lorsque , sur Sab LIVBE XI. le continent de l'Europe , la température moyenne de ce mois descend , à Milan, à CjSj à Londres, à 3°,2 ; à Brest, à 6°. Il résulte d'un grand nombre d'observations que j'ai réunies, que les températures hivernales de io° à ii° se conservent, loin des côtes, dans l'Atlantique, jusqu'aux parallèles de 47° et 48° î ; et , comme dans ces mêmes parages, la surface de la mer est très-habi- tuellement, en juillet et août , de i5° à 1 7°, la température moyenne annuelle de la mer y est aiissi pour le moins de i3°,5 ; tandis que , sur le continent , par les mêmes parallèles , la température annuelle de l'air n'est que de 10°, 8. Par ces latitudes , l'Océan tend non seulement à égaliser les températures des côtes en différentes saisons , il contribue aussi à les élever j car, si, en juillet et en août, l'air continental est de 3°, 5 plus élevé que la surface de la mer, celle-ci excède , au mois de janvier, de g° la température de l'air dans l'intérieur des terres. Les continens profitent, en hiver, de la haute température des mers, et par les vents qui s'échauffent au contact avec l'eau, et par les vapeurs qui se condensent et transportent le calorique du sein des mers vers les côtes. Même par les 65° et 70° de latitude boréale , la température moyenne annuelle de la surface de l'Océan est encore (d'après M^L Rennell et Sabine) 5°,5 ou très-près du maxi- mum de la densité de l'eau , quand , par les mêmes parallèles , les températures moyennes de l'air, à Uleo, Umeo et Enontekies, sont de + o°,6 à — 2°, 8. Telle est l'influence qu'exerce le bassin des mers (une vaste surface liquide, dans laquelle des molécules d'eau refroidies par rayonnement descendent vers le fond) , sur l'augmentation de la température moyenne du glol)e. L'étendue des oscillations ou la différence des maxima et minima, moyens de l'été et de l'hiver, est, dans la mer, par les 3o° et4ô° de latitude, de 3°,6 à k"fi; dans l'air continental, elle s'élève, en Europe, à i5° ; en Amérique, à 22°. Entre les 35° et les 20° de latitude , entre les parallèles des Açores et du Cap Blanc , on reconnoit, dans le tableau qui précède, et l'influence des longitudes plus occi- dentales , et une grande égalité de température, lorsque d'^s navigateurs ont passé par les même parages , en différentes années, dans des saisons correspondantes '. * Comparez, par exemple, mon observation, lat. 55° 8', avec celle tlu général Baudrand , lat. 35° 2', mais 33» de longitude plus à l'ouest; les observations de M. de Freycinet, en octobre 1817 et 1820, par lat. a5<> 4' et 26" 8' entre elles, et avec l'observation de M. Duperrey, en 1 822 , par lat. 24° 26' ; mon observation, lat. 20» 8', et celle du général Baudrand, 36° de longitude plus à l'ouest ; les observations de M. de Freycinet, en 1820, et de M. Boussingaull, en 1822, faites toutes deux en automne, presque dans les mêmes parages , lat. 20° 42' et 20° 53', long. 55° 49' et 36"> 26'. La chaleur des eaux augmente assez généralement vers l'ouest : dans les hautes latitudes, parce qu'où approche du Gul/streum qui s'élargit: dans les ba^ses latitudes, à CHAPITRE XXIÏ. 529 Au sud du tropique du Cancer dans la grande vallée de l'Adanlique comme dans la Mer des Antilles, les changemens dans la déclinaison du soleil n'agissent sur la chaleur de l'eau qu'en dérangeant l'équilibre atmosphérique entre l'hémis- phère boréal et l'iiémisphère austral, et en modifiant les limites des vents alises et les courans. Deux passages du soleil par le zénith , à des époques plus ou moins rapprochées , y rendent illusoire la bipartition climatérique de l'année. En comparant le bassin de la Mer des Antilles et celui de l'Océan -Atlantique dans les limites correspondantes de 10° à 20°, on trouve la mer libre moins chaude que la mer intérieure. On est surtout frappé de la basse température des eaux (2 1°,3 à 23°,8) dans les parallèles du Cap Yert et du Cap Marie, entre i5° et 19° de latitude. Sous l'équateur, et quelques degrés au nord , le grand canal qui sépare l'Afrique du r)résil offre des variations de chaleur très-remarquables aussi. Le Golté de Guinée appartient, comme celui de Panama, aux régions pélagiques les plus ardentes (de 28° à 28°,8) que l'on connoisse dans la région équinoxiale. En avançant vers l'ouest depuis le méridien de Paris jusqu'à i5° et même aS^ de longitude occidentale, Wales, Sabine et Duperrey ont trouvé l'eau de la surface, en juillet et septembre, à 22°, 2, 23°,3 et 24°,5. Ce sont là des refroidissemens l)ien extraordinaires pour une région de l'Océan voisine de l'équa- teur et à plus de 200 lieues de distance du continent '. On les attribue avec raison à des courans qui viennent avec force de la zone tempérée australe. Le capitaine Sabine a prouvé récemment que le thermomètre peut indiquer au navigateur la limite entre les eaux chaudes du courant de Guinée qui porte au sud-est et les eaux plus froides du courant de l'Atlantique , dont la direction est diamétralement opposée. Il ne faut pas croire cependant que cette basse température de 22°^ à 24° 7 appartienne à toutes les saisons et au canal entier. En mars et en avril , MM. Perrins et Dirckinck ont déjà trouvé , près des méridiens de 22° et 26°, l'eau de l'Atlantique à 27°, 7 et 28°,2. Dans ces mêmes longitudes, mais 5° plus au nord, Rodman a observé le maximum de 28°,8. Je pense que personne encore n'a trouvé le thermomètre plus élevé dans le bassin que nous examinons dans ce moment. Les températures extrêmes de 3o° et même de 3o°,6 n'ont été observées, l'ouest de 25° de longitude, parce que les courans entre la Gambie et la Guyane portent au NO. et amènent les eaux de la zone de 4° à G" vers des parages plus septentrionaus. • Dans tout le voyage de Tf/ran^V autour du monde, commandée par M. de Freycinet, la température de l'Océan équatoiial n'a jamais été trouvée au-dessous de 20", 7, et cette dernière température n'a même été observée que vers l'extrémité de la zone tropicale, à peu près à l'est de Rio Janeiro, par lat. 22° i3' sud, et long. 20° 45', donc à phisdeioo lieues de l'Ile Martin Vaz. {Comparez aussi Saôme, Pend., p. 441.) Relation hisloritjue , Toin. JII. 07 530 LIVRE XI. loin des côtes et par une brise fraîche, que dans la Mer du Sud. Je termine ici la discussion des élémens numéricjues qu'offre la Climatologie de l'Océan. Ce sont des considérations générales que j'ai cru devoir rappeler avant de m'enfoncer de nouveau dans l'intérieur des terres. Je n'ai revu l'horizon de la mer qu'après i8 mois d'absence du haut des Cordillères du Pérou, en descendant des Andes de Guangamarca , dans l'hémisphère austral. Arrivé à cette époque de mon voyage , j'examinerai si , au sud de l'équateur, à latitudes égales , la température moyenne annuelle des eaux de l'Océan est moins élevée que dans la Mer des Antilles. Notre traversée de l'Ile de Cuba aux côtes de l'Amérique méridionale eut son terme à l'embouchure du Kio Sinù : elle avoit été de i6 jours. La rade dans la- quelle nous étions mouillés près de la Punta del Zapote , étoit d'un très-mauvais ancrage. Par une mer clapoteuse et un ressac violent , nous eûmes même quelque peine à atteindre la côte dans notre canot. Que cette terre nous parut belle! qu'elle doit le paroître au petit nombre de voyageurs qui , sensibles aux charmes de la nature, à l'aspect d'une épaisse forêt, surmontée de palmiers, ne mesurent pas leurs jouissances d'après la civilisation des lieux où ils débarquent! Tout annonçoit que nous abordions dans une région sauvage et rarement visitée par des étrangers. Quelques maisons dispersées forment le village du Zapote : nous trouvâmes réunis , sous une espèce de hangar , un grand nombre de marins , tous hommes de couleur , qui avoient descendu , dans leurs pirogues , le Rio Sinù pour porter du maïs , des bananes , de la volaille et d'autres objets de con- sommation au port de Carthagène. Ces pirogues , de 5o à 60 pieds de long , appartenolent la plupart à des planteurs (Jiaciendados) de Lorica. La valeur de leur chargement s'élève, dans les plus grandes embarcations, à 2000 piastres. Les pirogues sont à fond plat ; elles ne peuvent tenir la mer, lorsqu'elle est très-agitée. Depuis 10 jours, les brizoies du NE. souffloient avec violence sur cette côte, quand , en pleine mer, jusqu'aux 10° de latitude, nous n'avions eu qu'un petit frais et une mer constamment belle. Dans les courans aériens , comme dans les courans pélagiques , quelques couches des fluides se meuvent avec uneextrême vitesse , tandis que d'autres qui en sont voisines , restent presque immobiles. Les zamhos du Rio Sinù nous fatiguoient de leur questions oiseuses sur le but de notre voyage , sur nos livres et l'usage des instrumens : ils nous regardoienl CHAPITRE XXIX. 53 C avec méfiance et pour échapper à leur curiosité , nous préférâmes , malgré la pluie , d'aller herboriser dans la forêt. Comme de coutume , on avoit essayé de nous faire grand'peur des Boas {Traga-Venado)^ des vipères, et de l'attaque des jaguars. Depuis un long séjour dans les missions des Indiens Chaymas et de rOrénoque , nous étions habitués à ces exagérations qui naissent moins de la crédulité des indigènes que de leur plaisir malin de tourmenter les blancs. Dès qu'on a quitté les côtes du Zapole, couvertes de palétuviers ', on entre dans une forêt remarquable par une grande variété de palmiers. Nous vîmes , pressés les uns contre les autres , les troncs du Corozo del Sinii^ qui formoit jadis notre genre Alfonsia et qui donne de l'huile en abondance ; le Cocos butyracea , appelé ici Pal ma diilce ou Pabna real . et très -différent de la Pahna real de l'île de Cuba 3j la Palmrt amarga ^ à feuilles en éventail qui servent à couvrir les toits des maisons, et le Latta "*, semblable au petit palmier Piritu de l'Orénoque. Cette variété de palmiers avoit déjà frappé les premiers Conquistadores ^. L' Alfonsia ou plutôt l'espèce d'Elaîis , que nous n'avons vu nulle part ailleurs , n'a que 6 pieds de hauteur j son tronc est extrêmement gros, et la fécondité de ses spathes telle qu'elles renferment plus de 200,000 fleurs. Quoique un grand nombre de ses fleurs (un seul arbre en offre à la fois ^ plus de Goo,ooo) avortent , le sol reste couvert d'une couche épaisse de fruits. Nous avons fait souvent la même observation à l'ombre des palmiers Mauritia , du Cocos butyracea , du Seje , et du Pihiguao de l'Atabapo. Aucune autre famille de plantes arborescentes n'est au^si prolifique dans le développement des organes de la floraison. L'amande du Corozo ' Rhizophora Mangle. ^ On appelle Corozo, dans l'Amérique espagnole, des palmiers à feuilles pennées, les plus différcns de genre et d'espèce : Le Corozo del Sinà, dont le tronc est court, gros et lisse, est l'Elœis melanococca de M. Martius ( Palm., p. 64, Tab. XXXIII, LV). Je ne puis avec M. Brown le croire identique avec l'Elaeis guineeusis {Herbal of Congo River, p. 37), puisqu'il végète spontanément dans les forêts du Rio Sinù. Le Corozo de Caripe est mince, petit et couvert d'épines; il approche du Cocus aculeata de Jacquin. Le Corozo de los Maranos de la vallée de Cauca, un des palmiers les plus élancés est le Cocos butyracea de Linné. Voyez Runlh, dans Humb. et Bonpl., Nov. Gen. , Tom. I, p. 3oi-5i5. ^ Voyez plus haut, p. 35o. * Peut-être du genre Aiphanes. * Pedro de CieçadcLeon, natif de Séville, qui passa, en i53i, àj'àge de treize ans, dans les contrées que je décrij ici, rapporte que « las tierras comarcanas del Rio Cenù y del Golfo de Uraba siaii llenas de iinos palmarès muy grandes y espessos , que son unos arboles gruessos y llevan nnas ramas coma pahna de datiles.» Voyez La Chronica del Peru nuevamenta escrila (Anvers, i554), p 21 et 204. '^ J'ai compté avec soin combien de fleurs renferme uu pouce carré sur chaque anœuium dont 100 à 120 se trouvent réunis dans une spathe. 532 LIVKE XI. del Sinù est pilée dans l'eau. La couche épaisse d'huile qui surnage, est purifiée par la cuisson , et donne la manteca de Corozo qui est plus épaisse que l'huile du cocotier, et qui sert pour l'éclairage dans les églises et les maisons. Les palmiers de la section des Cocoinées de M. Brown sont les oliviers de la région tropicale. A mesure que nous avançâmes dans la foret, nous commençâmes à trouver de petits sentiers qui paroissoient frayés récemment à coups de hache. Leurs sinuosités nous ofFroient un grand nombre de plantes nouvelles : Mougeotia mollis , Nelsonia albicans , Melampodium paludosura , Jonidium anomalum , Teucrium palustre, Gomphia luceus et un nouveau genre de Composées , le Spira- cantha cornifolia. Un superbe Pancralium embaumolt l'air dans les endroits humides , et nous fesoit oublier combien ces forêts sombres et marécageuses sont d'un accès dangereux pour la santé. Après ime heure de chemin , nous trouvâmes , dans mie éclaircie , plusieurs habitans occupés à récolter du vin de palmier. Le teint noirâtre des Zambos contrastoit singulièrement avec celui d'un petit homme à cheveux blonds et à visage blême , qui ne sembloit prendre aucune part au travail. Je le crus d'abord un mousse échappé à quelque bâtiment de l'Amérique du nord; mais je fus bientôt détrompé. Cet homme blond et blême étolt un de mes compatriotes , né sur les côtes de la Baltique : il avoit servi dans la marine danoise, et demeu- roit, depuis plusieurs années, dans le haut du Rio Sinù, près de Santa-Cruz de Lorica. Il étoit venu au Zapote pour voir, comme disent les fainéans du pays , «d'autres terres et pour se promener im peu» (^/>ara ver tierras j /msear no mas). La vue d'un homme qui pouvoit lui parler de sa patrie ne sembloit être d'aucun charme pour lui; et, comme il avoit presque oublié l'allemand, sans s'expliquer bien clairement en castillan , notre conversation n'étoit guère très- animée. Pendant les cinq ans qu'a duré mon voyage dans l'Amérique espagnole, je n'ai trouvé occasion que deux fois de parler ma langue natale. Le premier Prussien que je rencontrai étoit un matelot de Memel, qui servoit sur un vaisseau d'Halifax ' , et qui ne voulut se faire conuoître qu'après avoir tiré quelques coups de fusil sur notre pirogue. Le second, celui du Rio Sinù, avoit des intentions entièrement pacifique3. Sans répondre aux questions que je lui adressois, il répétoit sans cesse, avec un doux sourire , « que le pays étoit chaud et humide ; que , dans les villes , en Poméranie , les maisons étoient plus belles cpi'à Santa-Cruz de Lorica, et que, ' Voyez plus haut, Tom. III , p. 43- CHAPITRE XXIX. 533 si nous restions clans la forêt, nous aurions les caleiituras, ces fièvres tierces dont il avoit souffert pendant long-temps. » Nous eûmes bien de la peine à témoigner à ce brave homme notre reconnoissance pour un avis si bienveillant ; car d'après la sévérité de ses principes , qu'on auroit pu taxer d'un peu d'aristocratie , un homme blanc, fùt-il nu-pieds, ne devoit jamais accepter de l'argent « en pré- sence de cette vile populace jaune » [gcnfe parda). Moins dédaigneux que notre compatriote européen , nous saluâmes poliment le groupe de gens de couleur qui étoient occupés à puiser , au moyen de grandes tiitamas ou fruits du Crescentia Cujete , du vin de palmier dans le tronc des arbres abattus. Nous les priâmes de nous expliquer cette opération que nous avions déjà vue pratiquer dans les missions des Cataractes. La vigne du pays est la Pahna dulce, le Cocos huty- racea^ que , près de Malgar, dans la vallée de la Magdalena , ou appelle Palmier de vin^ et ici, à cause de son port majestueux. Palmier royal. Après avoir renversé le tronc qui diminue très-peu vers le haut , on creuse au-dessous de la naissance des feuilles {/rotules) et desspathes, dans la partie ligneuse une exca- vation de i8 pouces de long sur 8 de large , et 6 de profondeur. On travaille dans le creux de l'arbre comme si on vouloit construire un canot. Après trois jours, on trouve cette cavité remplie d'un suc blanc-jaunàtre , très-limpide, ayant une saveur sucrée et vineuse. La fermentation paroît commencer dès que le tronc est abattu , mais la vitalité des vaisseaux se conserve ; car nous avons vu que l'écou- lement de la sève a lieu , même lorsque la cime du palmier ( la partie où naissent les feuilles) se trouve placée d'un pied plus haut que le bout inférieur, celui des racines. La sève continue h. monter comme dans les Eu})horbes arjjorescentes récemment coupées. Pendant 18 à 20 jours, on récolte journellement de ce vin de palmier-, le dernier est moins doux , mais plus alcoholique et plus estimé. Un arbre donne jusqu'à 18 bouteilles de sève , chacime d'un volume de 42 pouces cubes. Les indigènes assurent que l'écoulement est plus abondant , lorsqu'on brûle les pétioles des feuilles qui restent attachées au tronc. La grande liumidité et l'épaisseur de la forêt nous forroient de retourner sur nos pas , et de gagner le rivage avant le coucher du soleil. En plusieurs endroits , la roche calcaire compacte , peut-être de formation tertiaire, se inontroit au jour. Une épaisse couche d'argile et de terreau rendoit l'observation difficile; mais un banc de schiste carburé et luisant me sembloit indiquer la présence de formations plus anciennes. M, Pombo ', dans un rapport fait au nom de la chambre de com- * Informe del Real Consulado a la Suprema Junta provincial , 1810, p. 45- Dans le Mémoire manu- scrit que l'arclievèque vice-roi , Gongoia, laissa, en 1789, ù son successeur le viceroi Fray Don Francisco 534 LIVRE XI. merce de Carthagéne, affirme positivement qu'il y a de la véritable houille sur les rives du Sinù. Nous rencontrâmes des Zambos qui portoient sur leurs épaules ces cylindres de palmito, si improprement nommés choux palmistes^ de 3 pieds de long et 5 à 6 pouces d'épaisseur ; l'étoilement leur donnoit une blancheur éblouissante. Il paroit que les tiges de palmier sont , depuis des siècles , une nourriture recherchée dans ces contrées. Je la crois bien innocente , quoique les historiens racontent que, lorsque Alonso Lopez de Ayala étoit gouverneur d'Uraba, beaucoup d'Espagnols mouroient « pour avoir mangé immodérément du palmito , et bu en même temps une grande quantité d'eau. » En comparant les fibres herbacées et nourrissantes des jeunes feuilles de palmier non développées au sagou du Maurilia^ dont les Indiens Guaraons font du pain, semblable à celui de la racine du Jatropha IManihot, on se rappelle involontairement l'analogie frappante que la Chimie moderne a trouvée entre le ligneux et la fécule amilacée. Nous nous arrêtâmes sur le rivage pour recueilhr des lichens, des opegraphas et un grand nombre de fonges (Coletus, Hydnum , Helvela, Thelephora) qui étoient attachés aux palétuviers , et qui , à mon grand étonnement, y végétoient , quoique humectés par l'eau salée. La nuit nous surprit^ et, comme nous eûmes le mal- heur de briser un aviron en retournant dans un petit canot à notre bord, nous eûmes assez de difficulté à nous rembarquer par une mer houleuse. Avant de quitter cette côte , si rarement visitée par les voyageurs et décrite dans aucun ouvrage moderne, je vais réunir ici quelques notions que j'ai recueillies pendant mon séjour à Carthagéne. Le Rio Sinù s'approche , dans son cours supérieur, des afïluens de l'Atrato , qui est de la même importance pour la pro- vince aurifère et planitifère du Choco que le sont la Magdalena pour le Cun- dinamarca , ou le Rio Cauca pour les provinces d'Antioquia et de Popayan. Les trois grandes rivières que je viens de nommer forment jusqu'ici les seules routes du commerce, on peut presque ajouter les seuls moyens de commu- nication pour les habitans. A douze lieuesde distance de l'embouchure du Rio Atrato , ce fleuve reçoit , à l'est, le Rio Sucio : c'est sur ses bords qu'est situé le village indien de San Antonio. En le remontant au-delà du Rio Pabarando ' , on arrive dans la vallée du Sinù. Après plusieurs essais infructueux dictés par l'esprit Gil y Lemos, il est m«^me question de mercvire sulfuré trouvé en petits morceaux arrondis dans le haut du Rio Sinù. Ces morceaux ont sans doute été arrachés par des ton-ens à quelques filons de la Sierra de Abibe. Je décrirai plus bas ce cinnabre de lavage (en pepitas) propre aux terrains d'attérissement des tendes de Qiiindiù. ' Affluent du Rio Sucio. Voyez Pombo, Injorme, p. loi, et Carte manuscrite de l'Atrato, tracée, en 1780, par Don Juan Donoso, capitaine du corps des ingénieurs de S. M. C. CHAPITRE XXIX. 535 guerroyant de l'archevêque Gongora pour établir des colonies dans le Darien del Norte et sur la cote orientale du Golfe d'Uraba , le vice-i'oi Espeleta conseille à la cour de fixer toute son attention sur le Rio Sinù, de détruire la colonie du Cayman, d'agréger les colons au village espagnol de San Bernardo del Viento , dans la juridiction de Lorica , et de pousser de ce poste , qui est le plus occiden- tal, les conquêtes paisibles de l'agriculture et de la civilisation vers les rives du Pabarando, du Rio Sucio et de l'Atrato '. Le nombre d'Indiens indépendans qui habitent les terres entre Uraba , Rio Atralo , Rio Sucio et Rio Sinù, étoit, d'après un dénombrement [padron) formé en 1760, de moins de 1800, répartis en trois petits villages (Suraba , Toanequi et Jaraguai). A l'époque de mon voyage , on comptoit cette population de 3ooo. Ces indigènes , compris * Relaci'on del govîemo del Escelentisimo Hefior JJon José de Espeleta en el Nuevo Reyno de Granada para entregar el mando al Escelentisimo Senor Don Pedro de Meiidinuetta , en 1796 (manuscrit), Cap. V, fol. 85. Je vais consigner ici quelques rcnseignemens que j'ai puises dans plusieurs documens ofSciels pendant mon séjour à Cartliagène des Indes, et qui n'ont point encore été publiés. Dans le i6° et 17' siècle, le nom de Darien fut donné vaguement à toute la côte qui s'étend depuis le Rio Damaquiel jusqu'\la Punla de San Blas, surs" \ de longitude. Les cruautés exercées par Pedrarius Davila ren- dirent presque innaccessible aux Espagnols un pays qui fut un des premiers colonise par eux. Les Indiens Darienes et Cunas restèrent les maîtres de la côte, comme ils le sont encore à Poyais, dans la terre des Mosquitos. Des Écossais firent, en 1698, les établissemens de la Nouvelle-Calédonie , de la Nonvelle- Édimboitrg et du Port Écossais dans la partie la plus orientale de l'isthme, un peu à l'ouest de Punta Carreto. Ils en furent chassés bientôt par les Espagnols; mais, comme ceux-ci n'occupèrent aucun point de la côte, les Indiens continuèrent leurs attaques contre les bateaux du Choco qui descendoient de temps en temps le Rio Atralo. L'expédition sanguinaire du maréchal-de-camp Don Manuel de Aldarete, en 1729, ne fit qu'augmenter le ressentiment des indigènes. Un établissement pour la culture du cacaoyer, tenté dans le territoire d'Lraba, en 1740» P^r quelques colons françois, sous la protection du gouvernement espagnol n'eut aucun succès durable; et la cour, excitée par les rapports du vaniteux et remuant archevêque vice-roi Gongora, ordo:ina, par la cédule du i5 août 178J, «soit la conversion et conquête, soit la destruction [rediiccion ù extincion) des Indiens du Darien. « Cet ordre, digne d'un autre siècle, fut exécuté par le maréchal-de-camp Don Antonio de Arebalo; il trouva peu de résistance, el forma, en 1785, les trois élablisscniens et fortins du Cayman sur la côte orientale du Golfe d'Uraba, de la Con- cepcion, de Carolina et de Mandinga. Le Lele ou grand-prêtre de Mandinga prêta serment de fidélité au roi d'Esj)agne; mais, en 1786, la guerre avec les Indiens Darienes se ralluma, etfiiiitparun traité conclu, le 27 juillet 1 787 , entre l'archevêque vice-roi , et le cacique Bernardo. Les fortins et les nouvelles colonies, qui ne brillèrent que sur les cartes envoyées à Madrid, augmentèrent la dette du trésor de Santa-Fe de Bogota, en 1789, jusqu'à la somme de 1,300,000 piastres. Le vice-roi Gil Lemos, plus sage que son pré- décesseur, obtint de la cour {Real Orden de 2 Abril 1789) la permission d'abandonner la Carolina, la Concepcion et Mandinga. On ne conserva, à cause de la navigation de l'Atrato déclarée libre sous l'ar- chevêque vice-roi, que l'établissement du Cayman : on voulut le transférer dans un site plus sain, celui d'Uraba ; mais comme le lieutenant-général Don Antonio Arebalo parvint à prouver que les frais de celte translation s'élèveroient ù la somme de 40,000 piastres, on détruisit aussi , par ordre du vice-roi Espeleta^ en 1791 , le fortin du Cayman , et on força les colons à se réunir à ceux du village de San Bernardo. 536 LIVRE XI. sous le nom général de Caymanes ^ vivent en paix avec les habitans de San Bernardo del Viento ( puehlo de Espaholes) , placé sur la rive occidentale du Rio Sinù , plus bas cpe San Nicolas de Zispata , et assez près de l'embouchure de la rivière. Ils n'ont pas la férocité des Indiens Darienes et Cunas de la rive gauche de l'Ati'alo. Ceux-ci ont souvent attaqué les pirogues destinées au commerce avec la ville de Quibdô dans le CIioco j dans les mois de juin et de novembre , ils font même des incursions sur le territoire d'Uraba pour y recueillir le fruit des cacaoyers qui sont les restes d'anciennes plantations des colons françois. La qualité du cacao d'Uraba est excellente, et les Indiens Darienes viennent quel- quefois le vendre avec d'autres productions aux habitans du Rio Sinù , en s'intro- duisant dans la vallée de cette rivière par un de ses allluens , le Jaraguai. On ne sauroit révoquer en doute que le Golfe de Darien n'ait été considéré , au commencement du 16'' siôclo, comme une anse dans le pays des Caribes. Le mot Carihava s'est encore conservé dans le nom du cap oriental de cette anse. Nous ne savons rien sur les langues des Indiens Darienes , Cunas et Caymanes j nous ignorons entièrement si des mots caribes ou arouaques se retrouvent dans leurs idiomes ; mais , ce qui est certain , c'est que , malgré le témoignage d'Anghiera • , sur l'identité de race qu'offroient les Carilies des Petites-Antilles et les Indiens d'Uraba, Pedro de Cieça, qui a vécu si long-temps parmi les derniers, ne les nomme jamais ni Caribes ni Canibales. Il décrit les hommes de cette tribu comme nus , à cheveux longs , et parcourant les pays voisins pour faire le commerce; les femmes comme propres, bien vêtues, bien peignées et extrême- ment prévenantes [amorosas y galanas). « Je n'en ai pas vu , ajoute le Concjuis- tador, de plus belles dans toutes les terres des Indes que j'ai visitées : elles ont un défaut cependant, celui d'avoir trop souvent des entretiens avec le diable.» ^ ' Voyez plus haut, Tom III, p. 12 et 20, note 5. » La Chronica del Peru, p. 21 et 22. Les Indiens du Darien, d'Uraba, du Zenu (Sinù), de Tatabé, des Vallées de Nore et de Guaca, des montagnes d'Abibe et d'Antioquia sont accusés, par le même auteur, de la plus féroce anthropophagie, et c'est peut-être cette circonstance seule qui a fait naître l'idée qu'ils étoient de la même race avec les Caribes des Antilles. Dans la célèbre Provision real du 3o octobre i5o3 d'après laquelle il est pernxis aux Espagnols de faire esclaves les Indiens anthropophages de l'Archipel de San Bernardo, vis-à-vis l'embouchure du Rio Sinù, d'Isla Fuerta, Isla Dura (Barù) et de Carthagène [gente que se dice Canibales) , il est plus question de mœurs que de race, et la dénomination de Caribes est en- tièrement évité. Cieça assure que les indigènes de la VaUée de Nore enlevèrent des femmes de tribus voi- smes pour manger d'abord les enfans qui naissoient de l'union avec les femmes étrangères, et puis ces femmes même. Prévoyant qu'on ne voudra pas ajouter foi ù cette horrible dépravation de la nature hu- maine, déjà observée cependant par Colon dans les AntiUes, il cite le témoignage de Juan de Vadillo qui CHAPITRE XXIX. 537 Le Rio Sinù , par sa position et sa fertilité , est de la plus haute importance pour l'approvisionuemeiît de la place de Carthagène. En temps de guerre , des vaisseaux ennemis ont coutume de se placer entre le Morro de Tigua et la Boca de Matu- nilla , pour intercepter les pirogues chargées de subsistances. Dans cette station , ils ont été quelquefois exposés à l'attaque des chaloupes canonnières de Carthagène. Ces dernières peuvent passer par le canal de Pasacaballos , qui , près de Sainte- Anne, sépare l'ile de Barù du continent. Depuis le 16" siècle , Lorica est restée la ville principale du PJo Sinù; mais sa population, qui, en 1778, sous le gouverne- ment de Don Juan Diaz Pimienta , s'élevoit à 4ooo âmes , a diminué considérable- ment, parce qu'aucun travail n'a été fait pour garantir la ville des inondations et des miasmes délétères qu'elles produisent. Les lavages d'or du Rio Sinù, jadi* si importans, surtout entre ses sources et le village de San Geronimo , ont presque entièrement cessé , de même que ceux de la Cicnega de Tolù , d'Uraba et de toutes les rivières qui descendent des mon- tagnes d'Abibe '. « Le Darien et le Zenù , dit le bachelier Enciso , dans son Précis de Géographie^ publié au commencement du 16" siècle, est un pays si riche en pépites d'or , que , dans les eaux courantes , on pèche ce métal avec des filets. » Excité par ces récits, le gouverneur Pedrarias envoya, en i5i5, son lieutenant Francisco Becerra au Rio Sinù. Cette expédition eut les suites les plus funestes, car Becerra et sa troupe furent massacrés par les indigènes, dont les Espagnols, d'après la coutume du temps , avoient enlevé un grand nombre comme esclaves a observé les mêmes faits, et qui vivoit encore en i554» lorsque la Chronica del Peru parut en Belgique. Voyez , sur les mœurs des Indiens de Nore, et le lit de voyage d'un grand seigneur indien appelé Nabonuco, l. c. , p. 29 et 5o. Quant à l'étymologie du mot canibale , sur laquelle j'ai énoncé des doutes ailleurs, {voyez plus haut , Tom. II, p. 5oo , note i ) , elle me paroît entièrement éclaircie par la découverte du Journal que Colomb a tenu pendant son premier voyage , et dont Bartholomè de las Casas nous a laissé une copie abrégée. » Dice mas cl Almiraute que en las islas passadas estaban con grau temor de carib y en algunas los llamaban caniba , pero en la Espaîiola carib y son gcnte arriscada , pues andan por todas estas islas y comen la gente que pueden haber. n [Navarrete, T. I, p. i35.) Dans celte forme primitive des mots, il est facile d'entrevoir que la permutation des lettres r et re, effet du défaut d'organes de quel- ques peuples, a pu changer carib en canib, ou caniba. Geraldini qui, d'après la tendance de son siècle, chercha , comme le cardinal Bcmbo , à latiniser toutes les dénominations barbares, reconnut , dans les Canibales , des mœurs de chiens , à peu près comme saint Louis voulut renvoyer les Tatares ou Tartares <' ad suas tartareas sedes unde exieriut. » ' Celte chaîne de montagnes forme un des rameaux du nœud d'^ntioquia. Elle semble terminer vers le nord par le Cerro del Aguila , près de la Punla de Uraba. Le fameux capitaine Francisco César la traversa le premier : Cieça y trouva un grand nombre de ponts suspendus. Il distingua les montagnes d'Abibe et la Province de Dabaybe (Dobaybe), le Dorado de ces contrées. Voy. plus haut, Tom. III, p. 1 28 (note I ), 2o5 et 206. Cieça, cap. X et XII, p. 26 et 29. Herera, Dec. I, lib. 9, cap. G ; Dec. II, lib. 2 , cap. 4 . Relation historique, Tom. III. (>8 538 LIVRE XI. pour les vendre aux Antilles. Aujourd'hui, où la Province d'Antioquia offre, dans ses filons aurifères , un si vaste champ aux spéculations des mines, il seroit pru- dent sans doute de préférer aux lavages d'or, dans les terres fertiles du Sinù, du Rio Damaquiel , d'Uraba et du Darien del Norle , la culture des productions co- loniales , surtout celle du cacao , qui est d'une qualité supérieure. La proximité du port de Carthagène rendroit aussi d'une haute importance pour le commerce de l'Europe la récolte extrêmement négligée du quinquina. Cet arbr^ précieux végète aux sources du Rio Sinù, comme dans les montagnes d'Abibe et de Maria. Nulle part ailleurs , si nous en exceptons la Sierra Nevada de Santa Marta , les véritables quinquinas fébrifuges à corolles velues se trouvent aussi rapprochés des côtes. Un mémoire, rédigé par le prieur du Consulndo de Carthagène , Don Ignacio Pombo, renferme les vues les plus utiles sur la colonisation du Rio Sinù , sur l'établisse- ment d'un courrier qui iroit de Lorica jjar terre à Uraba , et de là par eau à Quibdô , après avoir laissé la correspondance d'Antioquia à l'embouchure du Bebarà; enfin, sur le commerce des bois de construction, auquel semblent inviter les rivières qui descendent de la Sierra de Ahibe et des montagnes du Choco , tels que le Sinù , le Damaquiel , le Suriquilla , le Sucio et l'Atrato. Le Rio Sinù et le golfe de Darien n'ont point été visités par Colomb. Le point le plus oriental vers lequel ce grand homme toucha la terre , le 26 novembre 1 5o3 , est le Puerto de Retreto , appelé aujourd'hui Puerto de Escribanos , près de la Punta de San Blas, dans l'isthme de Panama '. Deux ans auparavant, Rodrigo de Bastidaset Alonso de Ojeda, accompagnés d'Amerigo Vespucci , avoient dé- couvert toute la côte de la Terre-Ferme, depuis le golfe de Maracaybo ^ jusqu'à Puerto de Retreto. Comme, dans les volumes précédens, j'ai souvent eu occasion de parler de la Nouvelle- Andalousie , je vais consigner ici la remarque histo- rique sur le sens primitif de cette dénomination. Je l'ai trouvée , pour la })re- mière fois, dans la convention que fit Alonso de Ojeda avec le Conquistador Diego deSicuessa, homme puissant •', disent les historiens du temps, «parce qu'il étoit un courtisan flatteur et à saillies heureuses. » On appela, en i5o8. Nouvelle- Anda- lousie, tout le pays depuis le Cap de la Vêla jusqu'au Golfe d'Uraba, où com- mençoit la Castilla del Oro. Le Rio Sinù appartenoit par conséquent alors à la Nouvelle- Andalousie , nom qui depuis a été restreint à la Province de Cumana. * Voyez Cuarlo Viage del Almirante dans Navarrete, Col. de los descubr. esp., Tom. I, p. 285, a88. ^ Ce Golfe s'appela alors Golfe de Coquibocoa ou Venezuela. [Herera, Dec. I, lib. ^, cap. ii.) Le premier de ces noms s'est conservé dans le Cap voisin de Chichibacoa. ^ Ténia fabor, porser gran cortesano y de biienos diehos. CH A.PITRE XXIX. 539 Un heureux hasard m'a fait voir, pendant le cours de mes voyages, les deux extrémités de la Terre-Ferme , la côte montagneuse et verdoyante de Paria , où Christophe Colomb , dans son exaltation poétique, plaçoit le berceau du genre humain " , et les côtes basses et humides, qui s'étendent de l'embouchure du Sinù vers le Golfe de Darien.La comparaison de ces sites, redevenus sauvages, confirme ce que j'ai avancé ailleurs sur la marche bizarre et quelquefois rétrograde de la ci- vilisation en Amérique. D'un côté, la côte de Paria , l'île de Cubagua et la Mar- guerite; de l'autre, le Golfe d'Uraba et le Darien ont reçu les premiers colons espagnols. L'or et les perles, qu'on y trouvoit en abondance, parce que depuis un temps immémorial ils s'étoient accumulés entre les mains des indigènes, donnoient à ces contrées, dès le commencement du 1 6* siècle, ime célébrité popidaire. A Séville et à Tolède , à Pise , à Gènes et à Anvers , on prononroit leurs noms comme ceux d'Ormuz et de Calicut. Les pontifes de Pvome les cousignoient dans leurs bulles; Bembo les nomme dans ces pages admirables qui ont ajouté à la gloire de Venise , et survécu à sa liberté. Il y a je ne sais quoi de séduisant dans le vague d'un commencement heureux ; l'imagination ci'éatrice de l'homme agrandit librement ce qui n'est qu'ébauché. Ce charme d'un espoir indéfini , ce plaisir d'ajouter , par le pouvoir de la pensée , à ce que le monde réel a d'étroit et de limité, se montre partout, dans le germe des grandes découvertes , comme dans les productions non terminées des arts du dessin ; dans le premier développement d'un beau caractère, comme dans cette jeunesse naïve et confiante des peuples qui s'essayent à construire leur édifice social. L'Europe, à la fin du i5° et au commencement du i6* siècle, ne vit dans les parties du Nouveau-Monde découvertes par Colomb , Ojeda , Vespucci et Rodrigo de Bastidas , que les Caps avancés de cette vaste terre de l'Inde et de l'Asie orien- tale , dont les immenses richesses en or et en diamans , en perles et en épiceries , avoient été vantées dans les récils de Benjamin de Tudela, de Rubriquis, de Marco Polo et de Mandeville. L'imagination remplie de ces récits, Colomb, le 12 juin 1494; fit dresser devant notaire un acte • dans lequel 60 de ses compagnons , pilotes , matelots et passagers , cerlifioient par serment que la côte méridionale de Cuba faisoit partie du continent de l'Inde. La description des trésors du Catay et de Cipango , de la ville céleste de Quinsay et de la province de Mango , C|ui avoit enflammé ses désirs dans son jeune âge , le poursuivirent comme des fantômes jusqu'au déclin de ses jours. Dans son quatrième el dernier ' Navarrete, Tom. II, p. i43; et Muûoz Hisi. del Ntievo Mu7ido, Toin. I, p. 217. 54o LIVRE XI. voyage , en abordant aux côtes de Cariay (Poyais , ou Mosquito-CoasC) , de Ve- ragua et de l'Isthme, il se croyoit près des bouches du Gange •. Ces illusions géographiques , ce voile mystérieux qui enveloppoit les premières découvertes , contribuèrent à agrandir les objets et à fixer l'attention de l'Europe sur des régions dont les noms sont à peine connus parmi nous. La Nouvelle-Cadix , comptoir principal de la pèche des perles, s'élevoit dans un îlot qui est redevenu inhabité. L'extrémité de la côte rocheuse de Paria est également déserte. Plusieurs villes ont été fondées à l'embouchure du Rio Atrato , sous les noms de ÏAtitigua ciel Darien, à'Uraba ou de San Sébastian de Buenavîsta. C'est dans ces lieux si célèbres au commencement du 16" siècle, que se trouvoit rémiie , comme disent les historiens de la conquête, la fleur des héros castillans : c'est de là que sor- tirent Balboa pour découvrir la mer du Sud ; Pizarro , lorsqu'il conquit et ra- vagea le Pérou; Pedro de Cieça qui, toujours en combattant, suivit laf chaîne des Andes, par Antioquia , Popayan et Couzco jusqu'à laPlata, après avoir fait par terre un chemin de 900 lieues. Ces villes du Darien sont détruites: quelques masures éparses sur les collines d'Uraba , des arbres fruitiers de rF.urope mêlés aux arbres indigènes , désignent seuls aux voyageurs les sites qu'elles ont occupés. Presque dans toute l'Amérique espagnole, les premières terres qui avoient été peuplées par les Concjuistadores, sont retombées dans la barbarie '. D'autres con- • « Tambien ôic.e.n qiip. la mar Raxa a C.iguare y de alli a diez jornadas es el Rio de Guangues : parece que estas tierras estan con Veragua como Tortosa con Fuenterabia o Pisa con Venecia. » Ces mots sont tirés de la Lettera rarissiîiiade Colomb, dont j'ai fait mention plus ha\it (ïom. III, p. 4/3), et dontl'ori- ginal espagnol vient d'être retrouvé et publié par le savant JI. Navarrete, dans sa Coleccion de Viagea , Tom. I, p. 299- ' En compulsant avec soin les témoignages des historiens de la Conquête, on observe quelques contradic- tions dans les époques assignées à la fondation des villes du Darien. Piedro de Cieça, qui a été sur les lieux, affirme que, sous le gouvernement d'Alonso de Ojeda et de Nicuessa , la ville de Nuestra Senora Santa Maria el Antigua del Darien fut fondée sur la côte occidentale du Golfe ou Culata de Uraha , en i Sog ; et que plus tard {dospues desto passado) Ojeda passa à la côte orientale de la Culata pour construire la ville de San Sébastian de Uraha. La première, appelée par abréviation Ciudad del antigua, eut bientôt une popula- tion de 2000 Espagnols, tandis que la seconde , la Ciudad de Uraba, resta déserte , parce que Francisco Pi- zarro, connu depuis comme conquérant du Pérou, fut forcé de l'abandonner, ayant demandé vainement des secours à Saint-Domingue (CAronîca del Paru, cap. 6). L'historien Hercra, après avoir dit dans le 1 5' cha- pitre de sa Description géographique des Indes occidentales , que la fondation de V Antigua a précédé d'une année cclled'LVaia ou Saint-Sébastien, affirme le contraire dans le chapitresuivant, et dans la Chronique même [Dec. I, US. IV, cap. XI; lib. VU, cap. XFI ; lib. VIII, cap. XI; lib. X, cap. XVII; Dec. II, lib. IV, cap. I ; Dec. V, lib. II, cap. IV. Deacript. géog., éd. i6oi , p. 4i et 45.) D'après la Chronique, c'étoit déjà, en i5oi , qu'Ojeda , accompagné de Vespucci et pénétrant pour la première fois dans le Golfe d'Uraba ou du Darien , «résolut de construire en bois et en briques non cuites un fortin à l'entrée de la Culata. » Cette entreprise ne paroît cependant pas avoir été exécutée; car, en i5o8, dans la convention CHAPITRE XXIX. 54l trées j découvertes plus tard , ont attiré l'attention des colons. C'est la marche naturelle des choses lorsqu'il s'agit de peupler un vaste continent. On peut espérer que sur i)lusieurs points on reviendra vers les lieux qui avoient été choisis les pre- miers. On a de la peine à concevoir que l'embouchure d'une grande rivière , descendant d'un pays riche en or et en platine , soit restée inhabitée. Cependant l'Atrato , jadis appelé Rio del Darien, de San Juan ou de Dabayba, a eu le même sort que rOrénoque, Les Indiens qui errent autour du Delta de ces fleuves sont restés à l'état sauvage. Il est inutile d'invoquer les grandes ombres de Christophe Colomb et de Vesinicci , dont l'un reconnut en i4g8 le canal de Pedernales , une des bouches de l'Orénoque, et l'autre , en i5oi , le Golfe d'Uraba. Les dates seules sufFisent pour déposer contre l'incurie de la métropole et contre l'esprit des siècles qui ont suivi l'époque des grandes découvertes. Nous levâmes l'ancre dans la rade duZapote, le 27 mars, au lever du soleil. La mer étoit moins grosse et un peu plus chaude; cependant la fureur du vent étoitlamême. Nous vîmes suivre au nord, jusqu'au Morro de Tigua, une série de petits cônes d'une forme extraordinaire , connus sous les noms de Tetas de Sautero , de ToKi , de Rincon et de (Jliichimar. Les deux derniers sont les plus rapprochés de la cote. Quelques angles de hauteur des Teias de Tolù leur don- noient à peine 240 toises : elles s'élèvent au milieu de savanes, dans lesquelles on recueille sur les troncs du Toluifera lialsamum , le précieux baume de Tolù, jadis si célèbre dans les pharmacies d'Europe , et dont ou fait un petit commerce au Corozal, au Caimilo et h la ville de Tacasuan. Dans les savanas allas del 7o/ii, errent des bœufs et des mulets à demi-sauvages. Plusieurs de ces mornes, entre la Cienega de Pcsquero et la Punta del Comissario , sont accouplés deux à deux comme des cônes basaltiques ; il est cependant bien probable qu'ils sont calcaires, semblables aux Tetas de Managua, au sud de la Havane. Nous qu'Ojeda et Nicuessa firent sur les limites de la Nueva Andahisia et de la Castilla del Oro , ils promirent de bâtir chacun deux forteresses. Dans les <;' et 8' livres de la première Dccade , Herera place, au com- mencement de i5io, la fondation de San Sébastian de Uraba, comme de la ville la plus ancienne du con- tinent de l'Amérique, après celle de Feragua que Colomb fonda, en 1 5o3, sur le Rio Belen. Il raconte com- ment Francisco Pizarro abandonna cette ville, et comment la fondation de la cHtcfarfrfe/^n^îg-ifa par Enciso, vers la fin de l'année i8io, fut la suite de cet événement. (Léqn \ érX^ea. Antigua en évêché, en i5i4 : ce fut la première église épiscopaledu Continent. En i Sig, Pedrarias Davila fit croire, par de faux rapports, à la cour de Madrid, que le site de la nouvelle ville de Panama étoit plus sain que celui de VAnligua. On força les habilans d'abandonner cette dernière ville, et l'évêché fut transféré à Panama. Pendant treize ans, le Golfe d'L'raba resta désert jusqu'à ce que le fondateur de la ville de Carlhagène , Pedro de Heredia , après avoir fouillé les tombeaux ou /macas du Rio Sinii pour y recueillir de l'or, envoya, en i532, son frère Alonso pour repeupler le site d'Uraba et y reconstruire une ville sous le nom de San Sébastian de Buenavista. ) 542 LIVRE XI, passâmes dans l'Archipel de San Bernardo, entre Tile Salamanquilla et le Cap Boqueron. A peine avions-nous quitté le golfe de Morosqaillo , que la mer devint si houleuse, que notre petite embarcation étoit presque constamment sous l'eau. Il faisoit un beau clair de lune, et le capitaine cherchoit vainement un abri à la côte, au nord du village du Rincon. On jeta l'ancre par 4 brasses; mais ayant découvert que nous nous trouvions sur une roche de coraux , on préféra de courir des bordées en pleine mer. La côte 0 une configuration singulière , depuis le Morro de Tigua , où cesse le groupe de petites montagnes qui s'élèvent chacune isolément de la plaine. On trouve d'abord un terrain marécageux , de 8 lieues carrées , entre les Bocas de Maiuna et Matunilla. Ces marécages se lient par la Cienega de la Cruz^ au Dique de Mahates et au Rio Magdalena. \JIte de Barà, qui, avec l'ile de Pierra-Bomba, forme le vaste port de Carthagène, n'est, à ])roprement parler, qu'une péninsule de i4 milles de long, séparée du Continent par le canal étroit de Pasacaballos. De même qu'un groupe d'îles (l'Archipel de San Bernardo) est placé vis-à-vis le Cap Boqueron ; un autre Archipel (celui duRosario) , accom- pagne l'extrémité méridionale de la Péninsule de Barù. Par les io° | et ii° de latitude, ces déchiremens de la côte se répètent. Les Péninsules près de YEnsenada de Galera de Zamba et près du Port de Savanilla offrent le même aspect que la Péninsule de Barù. Les mêmes causes ont produit des effets semblables , et le géognoste ne doit pas négliger ces analogies dans la configuration d'une côte qui , depuis la Punta Caribana près de l'embouchure de l'Atrato , jusqu'au-delà du Cap de la Vêla , sur 1 20 lieues de longueur , a la direction générale du SO. au NE. Le vent se calma pendant la nuit. Nous ne pûmes avancer que jusqu'à l'île diArenas^ près de laquelle nous mouillâmes. Je la trouvai par 78° 2' 10" de longitude ', en supposant Carthagène à 77° 5o' o". Lorsque j'arrivai à Carthagène, je pus comparer ce résultat chronométrique à celui qu'avoit obtenu M. Fidalgo. Cet habile navigateur plaçoit l'île d'Arenas 10' 35" à l'ouest du méridien de la cathédrale de Carthagène. Le temps devint orageux pendant la nuit. Nous mîmes de nouveau à la voile, le 29 mars au matin, dans l'espoir de pouvoir entrer le même jour à Boca Chica. La brise souffloit avec une violence extrême. Nous ne pûmes remonter avec notre frêle embarcation contre le courant et le vent. J'ai rarement vu la mer plus grosse. Les lames déferloient en écumant sur le pont. Nous étions à courir de petites bordées , lorsque , par une fausse manœuvre, en amar- • Ohs. ttstr., Tora. II, p. 142- CHAPITRE XXIX. 543 rant les voiles (nous n'avions que quatre nmatelots) , peut-être aussi par la faute du timonier , nous fûmes pendant quelques minutes dans un danger assez imminent. Le capitaine, qui n'étoit pas un marin bien hardi, ne voulut plus remonter la côte ■ nous nous re'fugiàmes , vent arrière , dans une anse de l'ile de Barù , au sud de la Piinta Gigantes. C'étoit le dimanche des rameaux; et le Zambo, qui, après nous avoir suivi à TOrénoque , ne nous a quittés qu'à notre retour en France , ne manqua pas de nous rappeler que , le même dimanche , l'année j)récédente , nous avions aussi manqué de sombrer sous voile, au nord de la Mission d'Uruana '. Il devoit y avoir, dans la nuit, une éclipse de lune, et, le lendemain, une occul- tation de a de la Vierge. L'observation de ce dernier phénomène auroit pu devenir très-importante pour la longitude de Carthagèue. J'insistai eu vain auprès du capitaine pour qu'il me donnât un de ses matelots, qui pût m'accompagner par terre au fortin de Boca Chica. La distance étoit de cinq railles; on m'o])jecta l'état inculte de ces lieux, dans lesquels il n'y a ni habitations, ni sentiers. Un petit incident qui au- roit pu rendre le dimanche des Rameaux \A\.\s fa lai encore ^ justifia la i)rudence du capitaine. Nous voulûmes, par un beau clair de lune, recueillir des plantes sur le littoral ; et , à peine étions-nous près de terre , dans notre canot , que nous vîmes sortir des broussailles un jeune nègre tout nu, chargé de chaînes, et armé d'un coutelas. Il nous engageoit de débarquer sur une plage couverte de gros palétuviers comme dans un endroit où la mer ne brisoit pas ; il oftVoit de nous conduire dans l'intérieur de l'île de Barù , si nous voulions lui promettre quelques vétemens. Son air rusé et farouche , la question souvent i'é})étée si nous étions Espagnols des pa- roles inintelligibles, adressées à des compagnons qui restoient cachés derrière les arbres, nous inspiroient quelque défiance. Ces noirs étoient_, à n'en pas douter des nègres marrons , des esclaves échappés de la prison où on les tenoit daus les fers. Cette classe de malheureux est le plus à redouter; ils ont le courage du déses- poir , et un désir de vengeance excité par la rigueur des blancs. Nous étions sans armes : ils paroissoient être plus nombreux que nous, et ils nous engageoient peut-être à débarquer pour se mettre en possession de notre canot. Nous crûmes qu'il étoit plus prudent de retourner à notre bord. L'aspect d'un homme nud errant sur une plage inhabitée , n'ayant pu river les chaînes qui entouroient son col et le haut de ses bras , nous laissoit des impressions bien douloureuses. Elles ne pouvoient être augmentées que par les regrets féroces de nos matelots , qui au- roient voulu retourner à terre et saisir les fugitifs , pour les vendre en secret à Car- * f^oifez plus haut, Tom. II, p. 25o. 544 LIVRE XI. thagène. Dans les climats où règne l'esclavage, les âmes se familiarisent avec l'aspect de la douleur , et étouffent cet instinct de la pitié qui caractérise et élève la nature humaine. A l'ancre , près de l'île de Barù, dans le méridien de Punta Gigantes, j'observai l'éclipsé de lune du 29 mars 1801. L'emersion totale eut lieu à ii^3o' i2",6 temps moyen. Quelques groupes de vapeurs , éparses sur la voûte azurée du ciel , rendirent incertaine l'observation de l'emersion. Je mesurai avec le sextant le pro- grès de l'éclipsé , méthode qu'on ne sauroit assez recommander aux. marins , parce qu'on peut l'employer par une mer houleuse , et qu'elle multiplie les moyens d'observation. Pour tirer avantage d'un phénomène regardé généralement comme peu important dans la détermination des longitudes , il faut pouvoir compter sur la compensation fortuite des erreurs. M. Oltmanns ' a discuté cette observation : il en déduit la longitude de 5''ii'22''. Le chronomètre m'a donné i4")7 en temps , pour la différence des méridiens de Punta Gigantes et de Carthagène des Indes. Pendant l'éclipsé totale , le disque lunaire , sans disparoitre , présentoit , comme cela arrive presque toujours, une teinte rougeàtre ; les bords, examinés avec une lunette de sextant, étoient fortement ondoyans, malgré la hauteur considérable de l'astre. Il me paroissoit que la lune restoit plus lumineuse que je ne l'ai jamais vue sous la zone tempérée. On conçoit que la vivacité de la lumière ne dépend pas uniquement de l'état de l'atmosphère , qui réfracte , plus ou moins affoiblis , les rayons solaires, en les infléchissant dans le cône d'ombre, mais qu'elle est modifiée aussi par la transparence variable de la partie de l'atmosphère à travers laquelle nous apercevons la lune éclipsée. Sous les tropiques , une grande sérénité du ciel , une dissémination uniforme des vapeurs, diminuent l'extinction de la lumière que le disque lunaire nous renvoie. Je fus singulièrement frappé , pendant l'éclipsé , d'un manque d'uniformité dans la distribution de la lumière réfractée par l'atmosphère terrestre. La région centrale du disque présentoit mie sorte de nuage arrondi, une ombre dont le mouvement étoit de l'est à l'ouest. La partie où l'emersion devoit avoir lieu étoit par conséquent, peu de minutes avaut, beaucouj) plus éclairée que le bord occidental. Doit-on attribuer ce phénomène à l'inégale pureté de notre atmosphère , à une accumulation locale de vapeurs qui , par l'absorption d'une partie considérable de la lumière solaire, en infléchissoient moins , d'un côté , dans le cône d'ombre de la terre ? Si une cause semblable , dans les éclipses centrales périgées , rend quelquefois le disque entièrement invisible , n'est-il pas arrivé » Obs.aatr., Tom. II, p. i45. CUAPITKE XXIX. 545 aussi qu'on vit seulement une petite portion de la lune , un disque irréguliève- ment échancré, dont différentes parties étoient successivement éclairées? Le 3o mars au matin , nous douLlàmcs la Punta Gigantes pour faire voile vers la Boca Cliica , entrée actuelle du port de Carthagène. Il y a de là au mouillage près de la ville encore 7 à 8 milles; et, quoique nous eussions pris un practicu pour nous piloter , nous touchâmes plusieurs fois sur un fond de sable. Au mo- ment de débarquer , j'appris , à notre plus grande satisfaction , que l'expédition chargée de relever les côtes , commandée par M. Fidalgo , n'étoit point encore en mer. Cette circonstance me donna non seulement la facilité de me rassurer sur la position astronomique de plusieurs villes du littoral qui m'avoient servi de points de départ pour fixer chronométriquement les longitudes des Llanos et de rOrénoque ; elle contribua aussi à m'éclairer sur la direction future de mon voyage au Pérou. La traversée de Carthagène à Portobello, et le passage de l'Isthme par le Rio Chagre et Cruces, sont également courts et faciles; mais il étoit à craindre qu'en séjournant long-temps à Panama avant de trouver une occasion pour Guayaquil , la navigation de la Mer du Sud dans une direction contraire aux vents et aux courans ne fut extrêmement longue. Je renonçai avec peine à l'espoir de niveler à l'aide du baromètre les montagnes de l'Isthme, quoiqu'il eût é^é difficile de prévoir alors que, jusqu'au moment où j'écris ces lignes, en 1827, pendant que les mesures se sont accumulées sur tant d'autres points du Mexique et de Colombia, on resteroit dans la même ignorance sur la hauteur de ï arête qui divise les eaux dans l'Isthme. Toutes les })ersonnes que nous consultâmes s'accordoient à nous prouver que le voyage de terre, le long des Cordillères , par Santa-Fé de Bogota , Po])ayan , Quito et Caxamarca , seroit préféraljle au voyage de mer, et qu'il nous offriroit un champ immense à exploiter. La prédilection qu'ont les Européens pour les tierras frias , pour le climat froid et tempéré qui règne sur le dos des Andes , donnoit plus de poids à ces conseils. On connoissoit les dislances , mais on se trompoit sur le temps que nous met- trions à les parcourir à dos de mulet. On ne devinoit pas que , dans un chemin de 600 lieues qui offre un intérêt de géographie et de botanique à chaque pas , il faudroit plus de 18 mois pour aller de Carthagène à Lima. Malgré ce retard, ou plutôt à cause même de la lenteur avec laquelle nous avons traversé le Cundina- marca, les provinces de Popayan et de Quito, je n'ai point à regretter d'avoir sacrifié le passage de l'Isthme au voyage de Bogota. Ce changement de direction m'a offert l'occasion de tracer la carte du Rio Magdalena , de déterminer astro- nomiquement la position de 80 points, situés dans l'intérieur des terres, entre ReliUion histori<]ue , Tont. III. G9 546 LIVRE XI. Carthagène, Popayan , le cours supérieur de la Rivière des Amazones et Lima , de reconnoîlre l'erreur de la longitude de Quito , de recueillir plusieurs milliers de plantes nouvelles, et d'observer sur une vaste échelle les rapports qu'offrent les ro- ches de porphyre syéuitique et de trachyte avec le leu des volcans. Les résultats de ces travaux, dont il ne m'appartient pas d'apprécier l'im- portance, ont été publiés il y a long-temps. Ma carte du Rio Magdalena, mul- tipliée par des copies dès l'année 1 802 en Amérique et en Espagne , et compre- nant le pays entre Almaguer et Santa Marta, de i°54' à 11° i5' de latitude, a paru en 1816. Jusqu'à cette époque, aucun voyageur n'avoit entrepris de décrire la Nouvelle-Grenade , et le public hors de l'Espagne ne connoissoit la navigation de la Magdalena que par quelques lignes tracées par Bouguer : ce savant avoit descendu cette rivière depuis Honda; mais, comme il manquoit d'inslrumens astronomiques , il n'avoit fixé que 4 ou 5 latitudes , au moyen de petits gnomons construits à la hâte. Aujourd'hui, les relations de voyages en Amérique se sont singulièrement multipliées. Les événemens politiques ont conduit dans les pays qui se sont donné des institutions libres un grand nombre de personnes trop empressées peut-être de publier leurs journaux en revenant en Europe. Ils ont décrit les villes, où ils ont résidé, et l'aspect de quelques sites remarquables par la beauté du j)aysage : ils ont fait connoître le vêtement et la nourriture des habitans , les différens modes de voyager, en j)irogue, en mulet, ou à dos d'homme. Ces ouvrages , dont plusieurs sont agréables et instructifs , ont familiarisé les peuples de l' Ancien-Monde avec ceux de l'Amérique espagnole, depuis Buénos-Ayres et le Chili jusqu'à Zacatecas et le Nouveau-Mexique. Il est à regretter que le manque d'uiu connoissance appro- fondie de la langue espagnole , et le peu de soin qu'oiï a pris de saisir les noms des lieux , des l'ivières et des triJDus , ait causé les méprises les plus étranges ; il est affligeant aussi (et les habitans de l'Amérique méridionale ont surtout à s'en ])laindre) que, dans un langage sans dignité et sans goût, les mœurs des habitans aient été peintes de la manière la i)lus injuste et la plus dédaigneuse. Touchant avec légèreté à ce qu'il y a de i)lus sérieux dans la nature humaine, voulant carac- tériser les peuples comme on caractérise des individus , on a fait revivre de nos jours , dans quelques relations de voyage , ces énimiérations de vices et de vertus qui défiguroient les anciens traités de géographie, et qui ne sont fondées que sur le vague des croyances populaires. On a oublié que les grandes sociétés humaines, en ce qu'il y a de généreux ou de pervers dans leurs penchans, offrent toutes un certain air de famille, et qu'elles ne se distinguent les unes des autres que par des nuances graduées , par la prépondérance de quelques facultés intellectuelles , de CHAPITRE XXIX. 547 quelques dispositions de l'àme dont le dérèglement constitue ce qu'on appelle les délauLs du caractère national. Dans la publicatioa tardive de ma Relation historiqiw , que j'ai fait précéder d'ouvrages de sciences d'un intérêt circonscrit, j'ai été devancé par des voyageurs qui ont traversé l'Amérique vingt-cinq années après moi. J'ose néanmoins me llalter que tout ce que les pages suivantes ofTient de plus essentiel est aussi nouveau aujourd'hui que si je l'avois lait connoitre immédiatement après mou retour en Eu- rope. Une telle assertion doit paroilre prétentieuse et hardie à ceux qui s'imaginent qu'une région est connue dès qu'elle est traversée , dans tous les sens , par des armées , ou visitée pur un grand nombre d'Européens que des spéculations com- merciales y ont attirés; elle paroîtra irréprochable et naturelle, si l'on veut se placer sur le terrain que l'auteur de eet ouvrage a choisi de prélércnce. Depuis le milieu du iS" siècle, depuis les observations purement astronomiques de La Condamine, de Bougner , de Don Geoige Juan et d'UUoa, jusqu'à l'époque de mon voyage, aucune page n'a été publiée en Europe' qui traitât, même de la manière la plus imparl'ailc, de la configuration de la surface, de l'étendue et de la hauteur des plateaux , des modifications du climat ou températures moyennes , de l'aspect et de la distribution des végétaux , de la constitution géognostique du sol, des variai Ions d'inclinaison et de forces magnétiques. Les guerres de l'indépendance ont ouveitces belles régions du globe à l'industrie et au commerce de l'Europe; mais les livies qui ont paru depuis sur la république de Colombia et sur le Pérou, ont été composés par des peisoinies que leurs occupations , et peut-être aussi l'état de leurs connoissances, ne mettoient jias à même de répandre du jour sur la géogra- phie physique des contrées qu'elle^ ont visitées. J'ai supprimé, dans la rédaction de mon journal, tout ce qui a déjà été dit sur l'aspect et la construction des villes , le vêtement des différentes castes , le matériel de la vie commune, et les moyens de transport. Je me suis surtout abstenu de cette polémique qui rend la lecture des voyages si fatigante. Désirant ardemment éviter l'erreur, je ne me suis point occupé des opinions de ceux qui ont écrit sur le même sujet. J'ai désiré con- server à la relation de mon voyage son indépendance de circonstances passagères , et le caractère qui lui est propre , celui d'un ouvrage de science. C'est pour at- teindre ce but, que je me suis efforcé surtout de retracer à l'imagination le tableau ' A Sanla-Fe de Bogoià, an Journal instructif, publié par M. Caldas, en 1807 et 1808, sous le litre Ai Semanaiio, a l'ait tonnoitre, eu outre de la traduction de mon Tableau physique des Régions équinoxiaies , plusieurs oijservalions de Météorologie et plusieurs mesiu'esde hauteur faites à l'aide du baromètre dans les provinces de Popavau cl d'Autioijuia. 548 LIVRE XI. ])hysiqiie des Cordillères ' et des plaines , ces forces d'une nature puissante et agitée , qui féconde et détruit tour à tour, cette influence éternelle que la confi- guration de la terre, le cours des rivières qui la sillonnent, la couche végétale qui la recouvre , exercent sur l'état social , les institutions et les destinées des peuples. Pendant les six jours que nous restâmes à Carlhagène , nos courses les plus intéressantes étoient dirigées vers la Bocu Grande et la colline de la Popa qui domine la ville et offre une vue extrêmement étendue. Le port, ou plutôt la hahia^ a près de 9 ; milles de long, si l'on compte toute la longueur depuis la ville (près du faubourg de Jchemaui ou Xcxemani) jusqu'à la Cicnegu de Coco. Cette Cienegu est une des anses de Vile iîarù , au sud-ouest de XEsleio de Pasacahcdlos , par lequel on arrive à l'ouverture du Dujuc de Mahates. Les deux extrémités de la petite île de Pierra Bomba forment, au nord , avec une langue de terre du conti- nent , au sud , avec un Cap de l'île de Barîi , les deux seules entrées de la baie de Carthagène : la première s'appelle ^ocrt Grande ^ la seconde Boca Chica. Cette conformation extraordinaire du terrain a donné lieu , depuis un siècle , à des théories directement opposées sur la défense d'une place, qui, après la Havane et Portocabello , est la plus importante de la Terre-Ferme et des Antilles. Les ingé- nieurs ont été en contradiction relativement au choix de l'ouverture qui devoit être fermée , et ce n'est pas , comme on le dit dans })lusieurs ouvrages , après le débarquement de l'amiral Vernon, en 1741 ? que l'on a conçu pour la première fois l'idée de combler la Boca Grande. Les Anglois forcèrent la petite entrée, lorsqu'ils se rendirent maîtres de la l)aie : mais, ne pouvant prendre la ville de Carthagène , qui Ht une résistance valeureuse , ils détruisirent le Cnslillo Grande^ appelé aussi de Sanla-Criu ^ et les deux fortins de San Luis et San Jase qui défendoient la Boca Chica. Ces événemens firent une vive im- pression dans des régions dont les habitans étoient accoutumés à une paix non interrompue. La négligence avec laquelle se faisoit le service de la place de Car- thagène, en 1735 , étoit si grande * que « les sentinelles habitoient , sans être re- • Depuis le mois de novembre 1822, trois voyageurs, dont j'ai déjà cité souvent les travaux avec éloge, MM. Boussingault , Uoulin et Rivero ont commencé à répandre un nouveau jour sur des parties de Colombia que je n'ai pu visiter, par exemple, sur le clicmin de Nucva Valencia, par Mcrida et Pamplona , à Bogota, sur les rives du Meta et sur la province d'Anlioquia. Je dois surtout à l'amitié de M. Boussingault des notss manuscrites qui ont été publiées dans les .annales de Chimie et de Physique , et qui prouvent la variété et la profondeur de ces connoissances. ^ La entrada anligua era por un angoslo canal que llaman Boca Chica, dit Don Jorge Juan dans ses Notices secrètes adressées au Marquis de la Ensenada ; de résultas de esta invasion se acordo dejar ciega y impassable la Boca Chica y volver a abrir la antigua fortificandola. ( Not. secr. , Tom. I , p. 4. ) CHAPITRE XXIX. 549 levées , leurs guérites pendant deux ou trois mois 5 ils y couchoient comme à une maison de campagne , et alloient le jour travailler en ville. » La fausse crainte qu'inspiroit à quelques ingénieurs la proximité de la ville à la Boca Grande , motiva , après l'expédition angloise , la détermination que prit la cour de Madrid de fermer cette entrée sur une distance de 2640 varas "". On trouva 2 ; à 3 brasses d'eau et un mur ou plutôt une digue en pierre , de 1 5 à 20 pieds de hauteur, fui élevée sur pilotis. Sa pente, du côté du Ilot, est assez inégale et rarement de 45°. C'est un ouvrage immense, terminé sous le vice-roi Espeleta, en ïygS; il a coûté la vie à plusieurs centaines de galériens. Les frais se sont élevés , d'après les comptes que l'on trouve dans la Conladuria , à un million et demi de jnastres; mais il est probable que le général Arevalo a ajouté 400,000 piastres, ])rises sur les fonds destinés aux fortifications de Boca Cliica et du Caslillo de San Lazaro. Ces fortifications ont été exécutées depuis 1786, d'après les plans tracés par le brigadier Don Augustin Cramer ; mais le oomble- ment de la Boca Grande ne doit point être attribué à cet habile ingénieur. Le travail étoit déjà commencé ^, lorsqu'il visita les places de Carthagène et de Portobelo, et l'on sait par tradition (pi'il étoit aussi contraire à cette entreprise, que l'avoit été Don Jorge Juan. L'art n'a pu réussir à vaincre la nature. La mer tend à fermer, par des alluvions, la Boca Clnca^ tandis qu'elle travaille sans cesse à ouvrir et à élargir la Boca Grande. Les courans qui, pendant une grande partie de l'année , surtout lorsque les vendavales souillent avec violence , re- montent du SO. au NE., jettent des sables dans X^Buca Cliica ^ et, ])lus loin , dans la baie même. La passe, qui a 17 à 18 brasses de profondeur, devient de plus en plus étroite "*, et si l'on n'établit pas un curage régulier par des machines à draguer, les vaisseaux ne pourront plus entrer sans risquer d'échouer plusieurs fois. C'est cette petite entrée qu'il auroit fallu fermer : elle n'a que 260 toises d'ouvertme , et la passe ou canal navigable occupe 1 10 toises. Le bas-fond de la Salmedlna la rend dangereuse pour les bateaux qui viennent du ]N0. , et sa distante au port ou mouillage près de la ville (distance de 7 milles), rendroit très-lente la sortie des vaisseaux de guerre dans le cas d'une agression du côié de l'Océan. ' L. c. , p. i3i. ' Plus de 1 100 toises , dont seulement 270 toises en mur. ^ Relacion dcl Oovierno del Excelleniissimo Seïior Don Jose/de Espeleta, i7()(Jj l'art. IV, eap. 8, fol. I ig (manuscrit). ■* On peut voir, au pied des deu.x forts (San José et San Fernando ), construits pour la défense de la Boca Chica , combien la terre gagne sur la mer. Des langues de terre se sont formées de l'un et de l'autre côté, comme aussi devant le Castillo del Angel, qui domine vers le nord le fort de San Fernando. 55o LIVRE XI. A la Boca Grande , le courant qui descend du promontoire de Qalera Zamba travaille sans cesse à détruire ce que l'art a formé. Les contrebandiers et les pé- cheurs ont secondé les efforts des vagues. La digue a été enlevée , vers le sud, sur plus de 20 pieds de longueur. En 1800, cette brèche offroitg pieds de fond, et, après une vive contestation parmi les autorités , sur la possibibilité d'une attaque ennemie par la Boca Grande, le commandant du port de Carlhagène , Don Joa- quin Fidalgo, lit sortir toutes les tanchas canoneras à travers la digue rompue. On a depuis diminué de nouveau le fond jusqu'à 3 ou 4 pieds, mais les réparations qu'on fait sont de peu de durée. Si l'on prend un jour la résolution d'abandonner la Boca Chica , et de rétablir la Boca Grande dans l'état que la natui e semble lui prescrire, il faudra établir de nouvelles fortifications au SSO. de la ville. Cette place de guerre a exigé, de tous les temps, pour son entretien, de grands sacri- fices pécuniaires ; et, sous l'ancienne domination es})agnole, elle est devenue plu- sieurs fois la cause des plus cruels embarras financiers. La construction des forti- fications, le comblement de la Boca Grande ^ et les armemens du vice-roi Don ]\Ianuel Antonio Flores ', donnèrent occasion à l'introduction de la régie du tabac et à ces vexations d'un BegeiHe Fisilador^ qui, en 1781 , excitèrent le peuple à la révolte, d'abord au Socorro et puis à Zipaquira, presque aux portes de la ca- pitale de Bogota. Sous l'administration du vice-roi Don Pedro de Mendinueta , qui a laissé la réputation du plus honorable désintéressement, les dépenses annuelles de fortification, artillerie et marine, s'élevèrent à Carthagène , à 980,000 piastres , et, pour l'Isthme de Panama, à 4oOjOOO piastres. Si la ré{)ublique de Colombia ne simplifie pas considérablement le système de défense de son littoral , qui a une étendue de 660 lieues marines ^ , elle aura le choix ou de voir peu à peu tomber en ruine les nombreuses fortifications de Cu- mana , du Morro de Barcelona , de la Guayra , de Portocabello , du Castillo de San Carlos situé à i'embouchure du lac deMaracaybo, du Toieon de San Jorge de Rio Hacha, du Morro de Santa Marta, de Carthagène des Iodes, de Portobelo , du Fuerte de San Lorenzo de Chagre , de Panama et de Guayaquil , ou de faire an- nuellement, pour leur entretien, des dépenses qui seroient mieux employées à l'agrandissement de la marine militaire. C'est sur le bon état de cette marine , sur l'insalubrité des côtes, et sur une sage dislocation des milices que doit être fondée la défense de Colombia. ' La dette du trésor éloit, à la lin de l'administration du Vice-Roi Flore, de 889,400 piastres. ' Voyez plus haut, Tom. III. p. 89. CHAPITRE XXIX. 55 1 L'insalubrité de Cartliagène , exagérée dans les récits de ceux qui habitent la partie élevée [tierras frias) de Colonibia , varie avec l'état des grands marais dont la ville est entourée à l'est et an nord. La Cienega de Tcsca a plus de i5 milles de long. Elle communique avec l'Océan, là où elle s'approche du village de Guayeper. Lorsque, dans des années très-sèches, des attéiissemens em- pêchent l'eau salée de couvrir toute la plaine, les émanations, qui s'élèvent pendant la chaleur du jour, le thermomètre se soutenant entre 28° et 32°, deviennent très-pernicieuses pour la santé des habitans. Un petit terrain hérissé de collines, sépare la ville deCarthagène et l'ile deMauga de la Cienega de Tesca, Ces collines, dont quelques-unes atteignent plus de 5oo pieds de hauteur , dominent la ville. Le Caslillo de San Lazaro se présente de loin comme une grande pyramide rocheuse ; examiné de près , ses lortilicatious sont moins for- midables. Des couches d'argile et do sable , api)artenant à la formation tertiaire de nageljluhe^ sont revêtues de briques, et offrent un genre de construction qui se dégrade facilement. Le Cerro deSania^laria de la Popa ^ couronné par un cou- vent et par cjuelques batteries, s'élève au-dessus du fortin de San Lazaro : il méri- teroit, à cause de ce tte circonstance même, des ouvrages plus solides et plus étendus. L'image de la Vierge , conservée dans l'église du couvent est depuis très-long- temps révérée par les marins. La colline même forme un dos allongé, de l'ouest à l'est; elle est terminée par un mamelon , ce qui lui donne l'aspect de la poupe d'un vaisseau. La roche calcaire , remplie de cardites , de méandrites et d'autres coraux pétrifiés , ressemble assez au calcaire tertiaire • de la Péninsule d'Araya , près de Cumaua. Elle se fendille et se décompose dans les parties abruptes du rocher , et la conservation du couvent , dont les fondemens sont si peu solides, est regardée par le peuple comme un des miracles de la Patronne du lieu. Près du Cerro de la Po/ja, se montre au jour, sur plusieurs points, une brèche à ciment calcaire, renfermant des fragmens angulaires de lydienne. Cette formation de nagcljluhe est-elle superposée au calcaire tertiaire à coraux? Les fragmens de pierre lydienne proviennent^-ils d'un calcaire secondaire ^, analogue à celui de Zacatecas et du Morro de Nueva Barcelona? Je n'ai pas eu le loisir de résoudre ces questions. La vue dont on jouit à la Popa est des plus étendues et des plus variées. Les sinuosités et le déchirement des côtes lui donnent un caractère particulier. On m'a assuré qu'on voit quelquefois , des fenêtres du couvent et même en pleine mer, devant le ' Voyez plus haut , p. a63. ' L. c, Tom. I, p. 537; Toui. III, p. 4o- 552 LIVRE XI. fortin de Boca Chica , les cimes neigeuses de la Sierra Neimda de Santa Maria. La distance de la Hoirjueta à la Popa est de 78 milles marins. Ce groupe de mon- tagnes , d'une hauteur colossale , est le plus souvent enveloppé de nuages épais : il reste surtout voilé pendant la saison où les brises soufflent avec violence. Quoiqu'il ne soit éloigné de la côte que de 45 milles , il sert si peu de signal aux marins qui clierclient le port de Sainte-lMartlie , que l'expédition de Fidalgo , pendant tout le temps de ses opérations près du littoral , n'a pu relever les Nevados qu'une seule fois. Une triste végétation de Cactus, de Jatropha gossypifolia, de Croton et de Mimosa, couvre la pente aride du Cerro de la Popa. En herborisant dans ces lieux incultes , nos guides nous montrèrent un buisson épais ^Acacia cornigera , devenu célèbre par un événement déplorable. De toutes les espèces de Mimo- sacées, cet Acacia est celle qui est armée des plus fortes épines; elles ont jusqu'à deux pouces de longueur, et comme elles sont creuses, elles servent d'habitation à des fourmis d'une taille extraordinaire. Une femme , fatiguée de la jalousie et des reproches un peu fondés de son mari, avoit conçu un projet de vengeance des plus raffinés. Elle parvint, à l'aide de son amant, à le garotter et à le jeter, de nuit, dans un buisson de Mimosa cornigera. Plus il se débattoit, et plus les épines ligneuses de l'arbre lui déchiroient la peau. Ses cris attirèrent les })assans ; après plusieurs heures de souffrances , on le trouva couvert de sang , et cruellement tourmenté par les fourmis. Ce genre de correction, infligé à un mari jaloux, est peut-être sans exemple dans l'histoire des perversités humaines : il caractérise chez les basses classes de la société, une violence de passions dont on doit encore moins accuser le climat que la grossièreté des mœurs. L'occupation la plus importante à laquelle je pus me livrer à Carlhagène étoit la comparaison de mes observations avec les positions astronomiques , fixées par les officiers de l'expédition de Fidalgo. Jamais communication n'avoit été offerte avec [)lus de franchise et d'obligeance que celle dont j'ai consigné les résultats dans un autre ouvi'age. Dès l'année 1787 (sous le ministère de M. Valdès) Don Josef Es])inosa , Don Dionisio Galiano et Don Josef de Laiiz avoient jiroposé au Gou- vernement Espagnol de les charger du relèvement des côtes de l'Amérique , })Our étendre X Atlas de ToJîFio aux colonies occidentales. Le plan de ces officiers, qui depuis ont donné tant de preuves de leur instruction et de leur zèle, fut approuvé ; mais ce ne fut «pi'en 1 792 que quatre brigantins, sous les ordres de Don Cosme Churruca et Don Joaquin Francisco Fidalgo sortirent de Cadiz pour com- mencer leurs opérations scientifiques à l'îki de la Trinité. Churruca commença le CHAPITRE XXIX. 553 relèvement des Antilles, qu'il ne put étendre que jusqu'à la partie orientale de Saint-Domingue. Une nouvelle guerre maritime , des plaintes qui s'élevoient dans les colonies sur les frais de l'expédition , quelques mésintelligences avec le capitaine général de Porto-Rico et l'amiral Aristizabal , forcèrent Churruca de retourner en Espagne, dès le commencement de l'année 1795. Le roi lui confia le commandement du vaisseau le Sainl-Jean , et il périt glorieusement dans la bataille de Trafalgar, à peine âgé de quarante-quatre ans. Don Joaquin Fran- cisco Fidalgo et Don Manuel del Castillo conduisirent avec plus de succès le relèvement du littoral, depuis File de la Trinité jusquà l'Escudo de Veragua. C'est à ces officiers, comme à MM. Noguera et Ciscar, que l'on doit un des plus beaux ouvrages de l'Hydrographie moderne. Une partie des côtes étant excessivement malsaine , beaucoup de pilotes ont succombé aux fatigues et à la chaleur humide du climat. Pour éviter les interruptions dont une nouvelle guerre avec l'Angleterre menaroit les travaux de l'expédition , M. Fidalgo se rendit lui- même à la Jamaïque où il fut accueilli avec la plus noble hospitalité. On assure que l'ensemble de ces travaux de relèvement a coûté aux caisses de la Nouvelle- Grenade, pendant dix-huit ans, près d'un million et demi de piastres '. Malgré la force du roulis , dans une embarcation extrêmement petite , mon chronomètre de Louis Berthoud donna la longitude de Carthagène à 8" près telle qu'elle résulte de l'ensemble de bonnes observations célestes. J'obtins , pour la différence des méridiens du Morro de la Havane ^ et de Carthagène , 6° 55' 10", d'où résulte, pour la longitude du dernier port, 77°47'57". L'occultation du 23 mars, observée par M. Noguera, habile collaborateur de Fidalgo, a offert à M. Oltmanns 77°48 ' iS". J'ai trouvé (avril 1 80 1) l'inclinaison de l'aiguille aimantée ' Pombo Informe de 12 novembre 1810, p. m. Tout ce qui précède jusqu'à la fin de la 69' feuille, a été rédigé et imprimé à Paris avant mon départ pour Berlin, au printemps de 1827. La rédaction des autres feuilles qui terminent le Volume III est postérieure à mon retour de Sibérie et des côtes de la Mer Caspienne , c'est-à-dire postérieure à l'année 1829. Cette indication précise des dates m'a paru indispensable pour justifier l'omission de découvertes physiques et d'aperçus gi'ognostiques qui ne pou- voient point m'étre connus aux différentes époques de la continuation de mon travail. * Rec.d'Obs. astr. , Tom. II, p. 188. M. Oltmanns trouve, pour Carthagène des Indes, par les anciennes observations du père Feuillée , de Herera, de Don Jorge Juan et d'L'lloa, ;•• 1 1' 2' ; par les satellites de Jupiter, observés par M. Noguera, 5*" 11' 25". Il s'arrête à 77° 5o' o' (Z,. c. , p. 172-185). Le capitaine du vaisseau, M. Tiscar, a communiqué à Don Felipe Bauza les résultats de deux occul- tations d'étoiles et de l'éclipsé du soleil du 21 février i8o3, observés à Carthagène, 77° 47' 26', 2; 77° 48' 22', 5 et 77° 49' 55", 5. Le passage de Mercure sur le disque du soleil (le 9 novembre 1802) a donné à M. Tiscar 77* 46' o' ; mais à M. Oltmanns 77° 53' 27. Je crois que la longitude de Carthagène oscille entre 77' 48' et 77° 5o'. M. de Maine la fait de beaucoup trop occidentale, 77" 58'. Reldlian liislorique , Tom. lll. 70 554 LIVRE XI. 39°,35 (nouvelle division), et l'intensité des forces de 240 oscillations correspon- dantes à 10' de temps. Je rappelle, à cette occasion , que le même instrument m'avoit donné à Madrid (janvier 1798 ) , incl. 75^,67 ; oscill. 24 i. Ces observa- tions comparatives entre elles sont devenues très-importantes pour la théorie des forces magnétiques : elles ont fait apercevoir les premières que les lignes isodynamù/ues ne sont aucunement parallèles aux lignes d'égale inclinaison , c'est-à-dire que les forces ne diminuent ])as comme les inclinaisons. J'ai placé ma boussole d'inclinaison de Borda au pied du Cerro de la Popa^ près de Car- thagène , dans un bosquet de mimosacées. J'ai obtenu dans le même lieu , pour la déclinaison magnétique (avril 1801), 7° 2' nord-est. Cette déclinaison paroit avoir diminué pour le moins depuis l'année 1795, car il seroit hasardé de recourir à des observations beaucoup plus anciennes '. L'expédition de M. Fidalgo a trouvé au Môle de Cartbagène, par un téodolite de Ramsden : en avril i ^gS 7° 5o' en mars 1 796 7 44 en mars 1 7()7 7 34 en avril 1801 6 58 Les observations que M. Fidalgo a bien voulu me communiquer ont été faites avec beaucoup de soin , el la boussole du téodolite de Ramsden a donné , en 1 80 1 , à quelques minutes près , la même déclinaison que l'appareil de 1 2 pouces de long, construit d'après les principes de Lambert, dont je me suis servi pendant le cours de mon voyage. C'est à cause de cette harmonie que je consignerai ici , d'après les manuscrits inédits de M. Fidalgo , les résultats obtenus par ce navigateur le long de toute la côte de la Terre-Ferme : Santa Marta (avril 1 794) , var. auNE. 7°525; Rio Hacha (juillet 1 794) , var. 7° 2 ' ; Vêla de Coro (juin 1 794) , var. 5° 56'; Porto-Cabello (mars 1794)5 var. 5° 45'; LaGuayra (janvier 1794) j var. 5° 21'; Morro de Barcelona (décembre 1798), var. 4° 5o'; Cumana (novembre 1793), var. 4°45'; (j'ai trouvé à Cumana, en novembre 1799, var. 4° ï4')j '^^ ^^ ^^ Trinité à Puerto Espaùa (août 1792), 4° 36'. Si l'on ajoute à ces résultats les déclinaisons que j'ai observées ^ dans l'intérieur des terres , ' Décl. magn. à Carthagène, en janvier 1706, observée par le père Feuillée, 7° 12'; en août 1720, observée par le capitaine Matthews, 6° 5o' NE. (Hansteen, Vntersuchungen iiher den Alagnetismus der Erde, Tom. I. Jlnhang, p. 27). Ces déclinaisons ne sont-elles pas trop petites ? Les observations anciennes de Feuillée, Matthews et Harris méritent bien peu de confiance, et il seroit extraordinaire que la décli- naison, dans un même siècle et dans un même hémi.sphère magnétique, ait diminué de 1 793 à 1 80 1 à Car- thagène et que d'après Harris elle ait augmenté à la Havane de 1732 à 1801. (Voyez plus haut, p. 062.) * Tom. I, p. 433, 5i6; Tom. II, p. 3o, 49» 1 15, 190. CHAPITRE XXIX. 555 à Caracas, Hacienda del Tuy, Hacienda de Cura, Calabozo et Garipe, on leconnoîtra , malgré l'influence de quelques perturbations locales, ime marche très-régulière des phénomènes. Les élémens numériques de la théorie du magné- tisme terrestre ne peuvent être déduits que d'observations qui sont comparables entre elles. N'ayant point été assez heureux pour traverser l'isthme , je n'ai pu , par des com- paraisons ' faites dans un court intervalle de temps à l'embouchure du Rio Chagre et dans le golfe de Panama , résoudre les doutes énoncés si souvent sur les hauteurs relatives de l'Océan-Atlantique et de la Mer du Sud. J'ai dû me borner à constater dans chaque port , par les moyens qui étoient à ma disposition , l'état diurne de la pression barométrique. Il ne s'agit ici que de la comparaison de hau- teurs apparentes ; car les incertitudes qui enveloppent les effets de la capillarité, ne permettent pas de donner, avec la même précision, les hauteurs vraies^ les moyennes de la pression absolue de ratmos[)hère au bord de la mer. J'ai trouvé , en réduisant les dilatations du mercure à zéro de température ' pour Cumana, o'",75858; pour Carthagène , o", 7 5868 ; pour la Vera-Gruz , o'",75859 ; d'où il résulte pour l'Océan-Atlantique, par des élémens auxquels le jeu des variations horaires a donné accidentellement une concordance beaucoup plus grande que ne le comporte la nature des phénomènes > o™, 75862. Mes observations du Callao etd'Acapulco ont offert pour la Mer du Sud^ des deux côtés del'équateur, o", 75885 et o™, 75899, par conséquent pour la Mer du Sud, toujours en réduisant les observations à zéro de température, o", 75892. M. Arago a déjà discuté une partie de mes observations ^ , à l'occasion de ses importantes recherches sur les hauteurs * Les comparaisons tentées par Don Jorge Juan avoient donné pour résultat l'égalité du niveau des mers voisines. Voyez mon Essai polit, sur la Nonv. Esp. (2'' éd.). Tom. I, p. 323. ■^ Je n'ai pas supprimé les fractions de millimètre qui résultent des réductions. Il ne s'agit, dans la discussion qui va suivre, que de la hauteur relative des ./(/ers tropicales (de la Mer des Antilles et delà partie de la Mer du Sud située sous la zone torride). Quant à la comparaison des différentes zones, j'ai indiqué plus haut (p. 5i4) que la hauteur moyenne du baromètre est un peu plus grande au niveau des mers d'Europe qu'au niveau de la Mer des Antilles. J'ai rappelé en même temps les méthodes d'observations qui pourroient rendre ce résultat plus certain. ^ ^'Innales de Chimie etdephys. , Tom. I, p. 55 et 64- Deux nivcUemens barométriques de M. Parrot et d'Engelhardt, qui inspirent beaucoup de confiance, prouvent que la Mer Noire, à l'embouchure du Kuba, est ou de io5 ou de 92 mètres (moyenne 002 pieds) plus élevée que la mer Caspienne à l'em- bouchure du Terek. Des combinaisons de hauteurs moyennes barométriques d'Astrakhan et des bords de la Baltique, publiées par MM. Pansner et Inochodsow, font varier cette différence de niveau et ne la fixent qu'à i55 et i85 pieds. Il n'est cependant guère probable que la Baltique soit considérablement plus basse que la Mer Noire. Je discuterai, dans un autre endroit, le nivellement barométrique par stations d'Orenbourg à Gurieff, exécuté par MM. de Helmersen et Hofmann, et mes propres observations baromé- 556 LIVRE XI. relatives des mers. Les résultats moyens que je publie dans ce moment se fondent sur l'ensemble des hauteurs barométriques que j'ai observées dans les ports de Gumana , de Carthagéne, de Vera-Gruz, de Callao et d'Acapulco, et que M. Oltmanns vient de calculer de nouveau ' en les débarrassant de l'effet régulier des variations horaires du jour et de la nuit. J'ajouterai que si la légère différence entre le nombre omj'ySSga et celui qui représente la pression moyenne au niveau de l'Océan Atlantique ne pouvoit être attribuée aux erreurs de l'obser- vation et de l'instrument, il en résulteroit que la Mer du Sud seroit plus basse que l'Océan- Atlantique d'environ 3 mètres. D'autres observations, faites à Guaya- quil et sur les côtes de Truxillo, me donneroient une différence un peu plus grande encore et dans le même sens ; mais il faut se rappeler que je ne me suis servi de mes baromètres que pour les opérations d'un nivellement géologique qui exigent beaucoup moins de précision que la détermination très-délicate du niveau relatif des mers. Si l'on vouloit lever complètement les doutes que présente encore la grande question de l'élévation relative des deux Océans, il faudroit recueillir des observations faites pendant une année entière, avoir recours à des instrumens plus précis et moins exposés à de longs voyages de terre que les miens ; tenir compte à la fois des inégales hauteurs des marées , des heures différentes de l'établissement du port sur les deux côtes opposées de l'Amérique, et des variations horaires du baromètre qui, très-régulières, quant aux époques où elles arrivent, ne le sont pçis tout-à-fait autant qu'on l'a supposé, quant aux quantités qui les mesurent. Quoi qu'il en soit, les observations que je viens de rapporter, prouvent déjà que s'il existe une différence de niveau entre triques faites à l'embouchure du Wolga, à Sarepta et sur les bords du Don. Le nivellement de M. Le Père donne à la Mer Rouge une élévation supérieure à la Méditerranée , selon l'état des marées ( des hautes ou basses eaux ) de 24 à 5o~ pieds. Les lacs amers sont de 24 pieds au-dessous du niveau de la Méditerranée. ' En janvier 1828. En admettant pour les hauteurs moyennes du baromètre aux bords des deux mers, o", 75862 et o", 75892, il ne s'agit pas, je le répète, de hauteurs absolues, mais de résultats que m'ont donné les mêmes instrumens ou plutôt différens tubes comparés, soit directement entre eux, soit au moyen d'un autre instrument. J'ai pu observer avec le même baromètre à cuvette, à Cumana, à la Havane (en 1801 ), à Batabano et à Carthngène des Indes. Ce dernier port n'a pas été comparé directe- ment aux bords de la Mer du Sud, mon baromètre s'étant brisé dans la vallée du Rio Magdalena ; mais le même tube barométrique a été employé à Popayan , Quito, Truxillo, Callao, Guayaquil, Acapulco, Vera-Gruz, et (en mars 1804) à la Havane. Par ce moyen, je n'ai pas seulement comparé les côtes du Pérou à celles de la Vera-Crur , j'ai aussi pu , par la Havane , dont en 1801 j'avois trouvé la hauteur baro- métrique moyenne sensiblement égale à celle de Cumana et de Nueva-Barcclona, lier Acapulco et la Vera-Gruz à Carthagéne. CHAPITRE XXIX. 557 l'Atlantique et la Mer du Sud , différence qui peut être l'effet du courant qui porte vers les côtes orientales de l'isthme , elle doit être très-petite ' . Il faut de ces circonstances extraordinaires de courans, d'évaporation ou d'affaissement pour produire de grandes inégalités de niveau , et des causes qui sont purement locales ne peuvent guère , par leur nature, embrasser les grands bassins des mers. Presque au moment de mon départ de Paris pour Berlin, en avril 1827, j'ai reçu une belle série de hauteurs barométriques au nombre de 58, observées pendantdeux jours et deux nuits au port du Callao , par M. Pentland et Don Mariano de Rivero, au moyen d'un excellent baromètre de Fortin. Ces hauteurs réduites à zéro de température donnoient, en juin 1826 pour les bords de la Mer du Sud, 0111,76071 , hauteur qui n'est que de ih de millimètre moindre que celle que M. Arago assigne à la hauteur barométrique moyenne des côtes de iS^ormandie. Or, M. Boussin- gault avoit trouvé, en novembre 1822 , par ce même baromètre de l'excellente construction de Fortin , au port de la Guayra ', par conséquent aux bords de la Mer des Antilles, o™,76oi7. La comparaison de ces deux chiffres (en supposant toujours que le tube du baromètre n'ait pas été changé ou qu'il ait été remplacé par un tube de même diamètre) semble confirmer le résultat que j'avois obtenu par des moyens moins précis. Nous prolongeâmes notre séjour à Carthagène autant que l'exigeoient nos • Le résultat de mes observations barométriques publiées il y a plus de vingt-cinq ans, vient d'être confirmé par le nivellement géodésique de l'isthme de Panama, qui a été exécuté, en 1828 et 1829 (d'après les ordres du général Bolivar), par MM. Lloyd et Falmarc CPkil. Trans./or i83o, p. 84^. Ils n'ont trouvé la hauteur moyenne de la Mer des Antilles que de 3 î pieds anglois inférieure à la hauteur moyenne de la Mer du Sud; mais à l'époque des basses eaux, cette dernière Mer est de quelques pieds plus basse que le niveau de la Mer des Antilles à l'embouchure de Rio Chagres. Il arrive, par l'inégale hauteur des marées et par la différence des époques de l'établissement du port , que dans l'espace de 1 2 heures , c'est tantôt l'une, tantôt l'autre des deux Mers qui est la plus élevée. Le nivellement géodésique de MM. Lloyd et Falmarc donne , pour le point culminant du chemin de Panama à Cruces et à Portobello, 635 pieds anglois. Ce point est situé dans les ^Itos de Maria Henrique. J'avois estimé, d'après des données vagues, recueillies sur le climat et la distribution des végétaux, l'élévation du point culminant du chemin qui traverse l'isthme, de 55o pieds anglois {Foyez la seconde édition de mon Essai polit. , Tom. I, p. 202-248). * Voyez plus haut, p. 373 et 3j3. La moyenne o", 76017 a été déduite par M. Arago des maxima et des minima observés. M. Boussingault s'arrête pour l'ensemble de ces observations de la Guayra (en les réduisant toujours à zéro de température) ào",76ooi. Les réductions se fondent sur le travail de MM. Petit et Dulong. J'ai d'ailleurs déjà rappelé, dans un autre endroit, que tous ces résultats ne sont qu'approximatifs; car les observations horaires devroient s'étendre sur plusieurs mois pour offrir l'avan- tage des compensations. Dans un même mois, les moyennes des maxima et des minima diurnes peuvent varier, sous les tropiques, de plusde^de millimètre, le mercure, malgré la régularité de la marche par rapport aux époques, ne revenant pas aux mêmes heures à la même hauteur absolue. 558 LIVRE XI. travaux et la comparaison de mes observations astronomiques avec celles de M. Fidalgo. La société de cet excellent marin , celle de M. Pombo et de Don Ignacio Cavero (jadis secrétaire du vice-roi Gongora) , devinrent pour nous une source féconde d'instruction statistique. J'ai eu plusieurs fois occasion de citer les mémoires de M. Pombo sur le commerce du quinquina et sur l'état de popu- lation et d'agriculture de la province de Carthagène. Nous trouvâmes aussi dans la maison d'un officier d'artillerie (du brigadier Don Domingo Esquiaqui ) , une collection très-curieuse de dessins , de modèles de machines et de minéraux de la Nouvelle-Grenade. D'un autre côté, les processions de la Pascua nous offroient un spectacle bien propre à caractériser le degré de la civilisation et les mœurs du bas peuple. Les reposoirs étoient ornés d'une immense quantité de fleurs, parmi lesquelles le Plumiera alba et le P. rubra brilloieiit avec le plus d'éclat. Rien n'approche de la bizarrerie des costumes des personnages qui jouoient un rôle principal dans ces processions. Des mendians , ayant une couronne d'épines sur la tête , demandoient l'aumône im crucifix à la main. Leur figure étoit cou- verte d'un drap noir. Ils alloient dé maison en maison , et payoient quelques piastres au clergé pour avoir le droit de quêter. Pilate étoit en habit de soie rayé 5 les apôtres, assis autour d'une grande table couverte de confitures , étoienl portés sur les épaules des Zambos. Au coucher du soleil , on voyoit dans les rues principales des mannequins de Juifs , vêtus à la françoise , le corps rempli de paille et de fusées , suspendus à des cordes à la manière de nos réverbères. La populace attendoit, pendant plusieurs heures, le moment où « le feu seroit mis à los judios. » On se plaignoit que les Juifs , à cause de la grande humidité de l'air, brùloient moins bien qu'à l'ordinaire. Ces « saintes récréations » (c'est la dénomination qu'on donne à ce spectacle barbare) ne sont pas faites pour adoucir les mœurs. Craignant d'être exposés trop long-temps à l'insalubrité de l'air de Carthagène, nous nous retirâmes dès le 6 avril au village indien de Turbaco (l'ancien Taruaco') situé dans un canton délicieux , à l'entrée d'une vaste forêt , près de 5 lieues au sud- sud-est de laPopa. Nous étions bien aises de quitter une mauvaise auberge {fonda), remplie de militaires qui étoient les restes de la malheureuse expédition du général Rochambeau. D'interminables discussions sur la nécessité des cruautés qui avoienl été exercées sur les noirs de Saint-Domingue, me rappeloient involontairement ' Cièça,p. i-io. {Herera, Dec. l , p. aSi). L'ancien nom de Carthagène des Indes étoit, d'après Colon (/. c. , p. '5!{6) Presque entièrement dépourvu de réactifs dont la boîte avoit été brisée , je n'ai pu noter sur mon journal que quelques faits isolés. L'eau des Votcancitos nç brunit pas le nitrate de plomb ; elle précipite en contact avec l'acide oxalique et avec le nitrate de cuivre. ■>■ J'ai souvent examiné, àTurbaco, l'eau de pluie pendant l'orage, au moyen de l'acide oxalique, et je l'ai trouvée constamment dépourvue de chaux, quoique quchpies chimistes aient assuré le contraire. Parmi les sources du Turbaco , celle A'Aroyo IpJos est la plus pure , tandis que celle de Torccillo abonde en chaux. A Carthagène des Indes et dans les environs, on ne se sert que de l'eau de pluie. Quand ceUe eau est recueillie là où elle a été en contact avec des toits couverts de feuilles de Corypha lectoruni, elle est uiéléc d'une matière cxtractive jaunâtre et amère, ce qui justifie la dénomination de Palma amarga donnée à celle espèce de Corypha. 564 LIVRE XI. de temps après mon retour du Mexique à Paris que nous avons déterminé, M. Gay-Lussac et moi , entre quelles limites on peut reconnoitre l'hydrogène noyé dans une grande masse d'azote '. Comme les environs de Turbaco , surtout les Canaverales (plantations de canne à sucre) , abondent en insectes phosphorescens ( Elater noctilucus) , je pro- fitai de l'occasion de répéter sur ces animaux , dans l'air dégagé des V olcancilos , une partie des expériences que j'avois faites quelques années auparavant sur le bois Itdsant. Le phosj)hore ne luisoit, dans cet air récemment recueilli, que })endant 4o à 5o secondes j la phosphorescence de l'insecte cessoit au bout de i8 à aS secondes. Je fis entrer quelques bulles d'air almosphérique dans le tube, et à l'instant la lueur reparut. Le bois de saule phosphorescent m'avoit offert le même phénomène". Sil'Elater etle bois luisent sous l'eau de rivière, c'est sans doute parce qu'un air riche en oxygène est dissous dans cette eau. Il parois- soit d'ailleurs qu'un séjour prolongé dans l'air des })etits volcans rendoit l'Elater malade. Retiré du flacon, sa phosphorescence étoit très-foible; elle augmenta, soit en la pinçant avec les doigts, soit par l'irritation galvanique en touchant les deux extrémités du corps de l'insecte avec du zinc et de l'argent ^. D'où naît cette énorme masse d'azote qui se dégage dans les volcans d'air de Turbaco , et que dans une seule journée on peut évaluer à un volume de plus de 3ooo pieds cubes? Lors de mon voyage en Amérique, j'étois très-porté à regarder le phénomène des salses comme un petit phénomène local. J'avois vu que l'argile grise muriatifère (le salzthon des minéralogistes allemands) décomposolt d'énormes volumes d'air atmosphérique dans les excavations {sinhwerké) creusées au fond de certaines mines de sel gemme pour y introduire l'eau douce 4. Je m'imaginois que l'azote des V olcancilos pouvoit être également dû à de l'air introduit dans l'intérieur de la teiTC et décom})Osé très-près de sa surface par le contact de quelques couches d'argile schisteuse et carburée , telles que je les avois vues répandues dans les * Journal de Physique , année 1 806. * Humb. iiber der Lv/tkreis , p. 65. ^ Ces effets de l'irritation vitale se maniTestent éguleineiit dans la phosphorescence des méduses {f^oy- plus haut, Toni. I, p. gg). Dans l'état naturel, l'Elater luit très-peu, lorsqu'il reste tranquille. La lueur devient très-vive dès qu'il commence à courir. Les deux plaques rondes qui répandent la lumière selon la volonté de l'animal, offrent des lames cornées, transparentes et bordées de poils roides. Ce sont ces lames qui sont intérieurement tapissées d'une matière mucilagiiieuse, blanc-jauuàtrc et phosphorescente lorsqu'on la frotte. Enlevée avec le scalpel , la matière a lui pendant trois à quatre minutes sur mes doigts. Quel est le mouvement vital par lequel l'in.secte modifie à son gré la quantité de lumière qu'il veut répandre, comme le Gyninole dirige à volonté la décharge de ses organes électriques par dehors ? * Par exemple, à Hallein , à Berchtesgaden. CHAPITRE XXIX. 565 formations secondaires (et tertiaires) le long du littoral ■ , depuis le Rio Sinù jusqu'à la côte de Paria. Je ne connoissois alors que par quelques récits de Dolomieu et par des descriptions très-imparfaites les volcans de boue de la Sicile , dont Strabon - avoit déjà fait mention ; l'ensemble des phénomènes très-compliqués des sahes , les flammes quelles projettent à de certaines époques, les blocs de pierre qu'elles lancent lors de leur première éruption, m'étoient inconnus comme à la plupart des géognostes de cette époque. Depuis une quinzaine d'années, nos vues se sont heureusement agrandies. On a reconnu que les volcans actifs , vomissant des laves , des scories, des torrens de vapeurs acidulées et des fluides aérilbrmes ; que les eaux thermales , quelque soit leur température ; que les salses (petits volcans d'air, de boue et de naphte) et les tremblemens de terre sont des phénomènes intime- ment liés entre eux , les effets d'une même cause , dont le centre d'action se trouve à une grande profondeur dans l'intérieur du globe. Les salses ou volcans de boue de la prcsqu ile de Taman et des bords de la Mer Caspienne ont offert de temps en temps de grandes éruptions ignées, des jets de flammes qui ont été aperçus de très-loin et précédés de fortes secousses : cependant dans l'état ordinaire, le volcan de boue de Taman, décrit par Pallas et Parrot, ne présente, comme les P^olcancitos de Turbaco , que des mares au sein desquelles se dégage non de l'hydrogène , mais de l'azote ^. Au contraire, dans la salse de Terrapilata, en Sicile, qui ressemble à celle de Macaluba, le père La Via a pu enflammer le gaz d'un des petits cônes; la flamme azurée s'est élesée à 5 pieds de hauteur '^. Les fluides gazeux sortant d'autres salses n'ont point été ana- lysés avec soin ; on ignore jusqu'ici les rapports d'hydrogène , d'azote ^ et d'acide carbonique que })euvent oflrir ces mélanges aériformes. Les analyses faites à Turbaco et à Taman prouvent déjà qu'il n'est pas vrai que les volcans de boue , à toutes les époques , ne dégagent que de l'hydrogène. Ils ont leurs stades comme les volcans proprement dits (le Vésuve, l'Etna, le Tonguragua , le Cotopaxi) qui versent dans l'atmosphère des vapeurs et des fluides aériformes entièrement différens , lorsqu'ils sont en action et dans l'état d'un long repos où ' Près de Carthagène des Indes , une formation de gypse argilifère vient au jour : près de Cumaua . cette argile du gypse est carhuiée et bitumineuse. ■^ Salse de Macaluba, près Girgenti. 3 Parrot, Reise , Tom. I, p. 71. JVouv. Ann. de Chimie, Tom. I, p. 58. Sur les salses découvertes récemment dans le pays des Birmans, voyez Leonliard Min. Taschenb. , nov. iSaG, p. A70. ■* Giornalc Arcadico, Vol. LXXX , août i8a5, p. 174- s Combien de temps n'a-t-on pas méconnu l'azote mêlé au gaze hydrogène sulfuré des eaux thermales : Boussingault , sur les eaux thermales de Mariara etv/»^/arfa, .sur celles delà France méridionale dans les Ann. de Chimie , Tom. XVIII , p. 1 13 ; Longchamp, sur les eaux d'Unghien , p. 68. 566 LIVRE XI. ils ressemblent à des solfatares. Les volcans qui produisent de l'hydrogène , du naphte , de l'asphalte , des boues argileuses et du sel marin sur les deux rives de la Mer Caspienne, présentent, dans un petit espace de terrain, une grande variété de phénomènes étroitement liés ensemble , et sur lesquels le Périple de la Mer Cas- pienne , que publie dans ce moment M. Eichwald (ancien professeur de l'université de Kasan) , va répandre le plus grand jour. On a trop long-temps confondu les salses de Bakou et de toute la j)re5qu'ile d'Abcherou avec les feux de Pietra Mala en Italie. Les Tatares afFirmenl que la plupart des gouffres de naphte des côtes orientales ' et occidentales de la Mer Caspienne se sont ouverts en jetant des flammes et en lanrant des fragmens de roches. Ces fragmens , d'un volume très- considérable , ont été observés près des salses du golfe de Balkhan et à l'île Tchelekan, par M. Eichwald, et près des salses de Monte Zibio , p5r M. Ber- trand-Geslla \ Ils manifestent l'action des fluides élastiques qui ont soulevé et brisé des couches secondaires. Une série de pliénomènes étroitement liés entre eux , » C'est la liaison de ces phéiioiuènes ignés avec les porpliyrcs à grenats , les niélapliyrcs et les syéniles, sur les côtes orientales de la Aler Caspienne, qui indique la présence de roches cristallines sous les cal- caires coquillers de liakou. - Je vais consigner ici une note que cet excellent observateur a bien vouhi me communiquer sur les roches lancées par le Volcan de houe di: Monte Zibio : « A , de lieue au sud-ouest du bourg de Sassuolo, au pied du Monte Zibio, on voit une salse qui a fait des éruptions très-fortes il y a quelques années, mais qui n'est plus maintenant en activité : elle offre un cratère qui peut avoir 20 pieds de hauteur el 40 pas de diamètre à sa base. Au milieu de ce cratère , il y a un trou de 2 à 3 pieds carrés rempli d'une eau bourbeuse de laquelle se dégagent quelques bulles d'air. Le bord du cratère est échancré du côté du sud-ouest; c'est de ce côté qu'ont lieu les coulées. Cette salse doit avoir produit de grands effets à en juger par les débris qui l'environnent. Ces débris sont des calcaires compactes secondaires traversés de veines spathiques , et des psammites calcaires, micacés et jaunes. Tous ces fragmens sont mêlés avec de» argiles bleues semblables à celles delà formation gypseusc de Monte Ventoso et de Castel di gesso. On trouve aussi dans ces argiles quelques fragmens de sélénite. Tous ces débris sont disposés par grandes coulées qui descendent vers Sassuolo. Les flancs du cratère sont formés des mêmes débris que les coulées. Il n'y a donc nul doute que cette salse ne sorte de la formation du Macigno avec gypse, au milieu de laquelle elle est placée. Tous les fragmens de calcaire compacte et de psammite micacé jaune, Li veines .spathiques . lancés par la salse de Sassuolo , sont mêlés sans ordre avec des argiles bleues ; le tout est disposé par grandes coulées qui descendent vers le bourg, par conséquent vers la base du Monte Zibio. (;es coulées sont traversées par des ravins qui ont dû être formés par les eau.t sortant de la salse. Ou voit parfaitement ici que cette salse s'est ouverte dans la formation secondaire ; si d'autres salses se sont ouvertes dans des argiles bleues tertiaires, ce n'est pas une raison pour croire qu'elles appartiennent à ces terrains récens : elles n'en ont pas moins leur siège dans la formation secondaire, comme les feux de Pietra Mala et de Barigazzo. La salse deSassuolo est la seule qui agisse sur une grande échelle , el c'est celle qui offre le plus l'aspect d'un petit volcan. Sans doute, peu de jours après la dernière éruption de cette salse, les bords du cratère ont dû être beaucoup moins obtus, par consé- quent beaucoup plus élevés (|u'ils ne le sont actuellement. » Qu'est-ce que les détonations formidables {blowing 0/ ilie mouniains) qu'on entend en été aux sources bouillantes du Washita et Little Missoury, CH\PITRE XXIX. 567 simples ou compliqués, constans ou intevmittens dans leur action , se manifeste dans les salses des deux continens. Ces salses sont si variées dans leur aspect, qu'à une époque donnée , on a de la peine à les désigner par un même nom. La chaleur souterraine qui s'y développe par intervalle ( par exeuiple dans l'éruption ignée de Gokmali , le 27 novembre 1827), prouve leur communication avec des crevasses très-profondes , avec la source commune des volcans , des eaux thermales et des tremblemens de terre. Qu'il y a loin des salses lançant des flammes et de gros quartiers de roche à ces paisibles volcans d'air de Turbaco , qui semblent nous présenter en miniature les soulèvemens des montagnes de notre planète et de celles de la lune par l'expansion de fluides élastiques ! Le séjour que nous fîmes à Turbaco fut des plus agréables et des })lus utiles pour nos collections ])Otaniques. Encore aujourd'hui, après un si long inter- valle de temps , revenant des bords de l'Obi et des confins de la Dzongarie chinoise, ces forêts de bambousiers, celte sauvage abondance du sol, ces or- chidées , tapissant les vieux troncs d'ocotea et de figuier de l'Inde ' ; cet aspect majestueux des montagnes neigeuses, ce brouilla) d léger couvrant au lever du soleil le fond des vallées; ces bouquets d'arbres gigantesques qui s'élancent comme des îlots de verdure au-dessus d'une mer de vapeurs, se présentent sans cesse à mon imagination. Notre vie de Turbaco étoit simple et laborieuse ; jeunes , unis de goûts et de caractères , toujours j)leins d'espérance dans l'avenir , à la veille d'un voyage qui devoit nous conduire aux plus hautes cimes des Andes, à la vue de volcans enflammés, dans un pays perpétuellement agité par des trem- blemens de terre, nous nous sentions plus heureux qu'à aucune autre époque clans le sud-ouest tics Étals-Unis. (Voyez les observalious de M. Duubar, cxposrcsdans le Message ofihc Pies. U. St., 180G, p. 168.) ' Ncoltia squaniiilosa, Vaiiilla aromatica et le superbe Catasetum inaculutiun (\e CeLolleta des indi- gènes) congénOrc au C. macrocarpum de Cayenne, décrit dans les manuscrits de Richard. Je citerai après ces Orchidées, d'autres plantes en gi-ande partie nouvelles de la More de Turbaco : Piper hispidum , P. albiduni, P. tenue, Pothos violaceuni, Paspalum varicgatum, Panicum jumenloruni . Urtica ulniil'olia, U. baccifera, Croton fcrrugineus, Acalyplia Icptostaehya , A. caudata , Tragia volubilis. Passiflora glabrala , P. misera, Aristolochia tinbacencis, Gyrocarpus ainericanus, PauUinia turbacencis, Triplaris americana, Iresine elongata, I. elatior, Justicia pecloralis , Elytraria frondosa , Asphelandra pulcherrima , BIcchum Drownei, Ruellia macrophylla, Stachytarphita orubica , Ardisia turbacensis , Witheringia macrophylla, Solanum crotouifolium, Cestrum pendulinuui, Spa4hodea obovata , Anipliilo- phium macrophyllum, Cerbera nitida, Tabernœmoutana jasminoïdes, T. tertrasti-cliya , Verbesiua turbacensis, Psychotria ardisiaefolia , Vcrnonia gracilis, V. odoratissima , Klciiiia porophyllum, Aralia turbacensis, Cuparia scrobiculata, Hippoeratea verrucosa, Banistera tilixfulia, Bunchusia cornilblia, Oduntandra acuminata, Malvaviscus arboreus, Cavanillesia platanifolia , Pirigara superba, Prosopis dubia, Neurocarpum macrophyllum, Rudolphia dubia, Ilbinocarpus cscclsa, Ocotea turbacensis. 568 LIVBE XI. de notre expédition lointaine. Les années qui se sont écoulées depuis , pas toutes exemptes d'amertumes et de peines , ont ajouté aux charmes de ces impressions; et j'aime à croire que , du fond de son exil , dans l'hémisphère austral , dans les soli- tudes du Paraguay , mon malheureux ami , M. Bonpland , se souvient encore quelquefois avec délices de nos herborisations de Turbaco , de la petite source du Torecillo, delà première vue d'un Gustavia en fleur, ou du Cavanillesia chargé de fruits à côtes membraneuses et diaphanes. Pendant les dix jours ' que nous habitâmes la belle campagne de don Ignacio Pombo (c'était au commencement du mois d'avril), la température de l'air se soutenoit constamment entre 25,7 ^' ^^ degrés centésimaux , tandis qu'à Carthagène elle s'élevait à 3i° et 34", 5, différence qui tient à d'autres causes qu'à la petite élévation du sol. Dans les couches inférieures de l'atmosphère , à des hauteurs peu considérables , le décroissement du calorique dépend d'un grand nombre de petites causes locales. Pendant les nuits claires, le serein étoit plus abondant que je ne l'avois observé le long du littoral de l'Amérique du sud. Cet effet du rayon- nement du sol vers un ciel extrêmement pur , me faisoit presque perdre la détermination de la latitude de Turbaco au moyen des grandes étoiles du ciel austral; la rosée ternissoit l'horizon artificiel, et les hauteurs circumméridiennes du soleil étoient trop grandes pour les mesurer au moyen d'un instrument de réflexion. Je trouvai la latitude ^ par x et par S du Centaure io° i8' 5". La santé de M. Bonpland ayant cruellement souffert pendant notre navigation ' Marche de l'hygromètre de Saussure, moyenne des observations de plusieurs jours : Gh matin 89° th. 19° R. o" •••• 87 midi 84,5 th. 21° 4'' 79° Gh 87,3 minuit 89" th. 18", 7 Les époques des marées atmosphériques étoient aux mêmes heures qu'à Cumana. Les différences des mai. et min. s'élevoicnt de 0,9 à i,3 lignes du 14 au 17 avril. * Ces résultats, publiés dans mon Recueil d'Observations astronomiques, se fondent sur les déclinaisons des étoiles australes déterminées par La Caille, en 1750. II falloit avoir recours à ces déterminations anciennes, parce qu'en 1810 on n'en connoissoit pas d'autres. On pouvoit craindre les effets du mouvement propre des étoiles dans un si long intervalle de temps, quoique des comparaisons avec des étoiles dont la déclinaison est boréale, m'eût prouvé, à la Havane, que, du moins pour Canopus, ce mou- vement propre étoit très-petit. Enfm, M. Fallows, en 1824, a levé une grande partie de ces incertitudes par de belles observations faites au Cap de Bonne-Espérance. En substituant aux déclinaisons de La Caille celles de l'astronome anglois, et en réduisant ces dernières à l'époque de mon voyage, on trouve que jcs corrections ne s'élevoient pour a. Crue, qu'à 2',a; pour (S Cent., qu'à o',3, et pour Canopus, au plus à 8',2. CHAPITRE XXIX. 569 sur rOrénoque et le Cassiqiiiare, nous résolûmes de suivre les conseils des indi- gènes , et de nous pourvoir de tous les moyens de commodité qu'offroit alors le voyage du RioMagdalena, fréquenté par ceux qui remontent de Carthagène et de Santa Marta à Honda. Au lieu de coucher dans un liamac , et par terre étendus sur une peau , par conséquent exposés à tout le tourment nocturne des mnsquitos , nous suivîmes l'usage du pays , en nous procurant des matelas , un lit de camp , facile à démonter , et surtout un toldo , c'est-à-dire un drap de coton , d'un tissu très-serré , qui se replie , avec beaucoup de précaution , sous le matelas , et forme une espèce de tente, tellement fermée que les insectes ne peuvent y pénétrer, à moins que l'extrémité du toldo n'ait été dérangée fortuitement. Deux de ces lits, renfermés dans des cylindres de cuir épais, forment la charge d'un mulet. C'est un appareil qu'on ne sauroit assez louer , et bien supérieur aux rideaux de gaze (movisquitiers) dont on se sert en Europe , et qui plus frais sans doute que le loldo , laissent des ouvertures accessibles aux cousins. Nos provi- sions [el rancho) étant faites pour un long trajet sur la rivière , nous quittâmes Turbaco le i g avril, à onze heures de la nuit. Nous eûmes pour compagnons de voyage un vieux médecin français, M. de Rieux, natif de Garcassonne, et le jeune fils de l'infortuné Nariiïo , conduit par son oncle , don JVIariano Monténégro. C'étaient des personnes dont le sort inspiroit un vif intérêt, en rappelant doulou- reusement, par lenr conversation, l'état d'o})pression sous laquelle gémissoit alors ce malheuieux pays. M. de Rieux , homme aimable et d'un esprit très-cidlivé , étoit venu d'Europe comme médecin du vice-roi Ezpeleta. Accusé de menées poli- tiques , il fut arraché de sa maison à Honda , en 1 794 5 chargé de fers , et traîné à Carthagène dans les prisons de l'inquisition. Le séjour dans un endroit humide et malsain , lui causoit des accès de cécité chronique. Pendant plus d'un an , il ne lui fut jamais permis de donner de ses nouvelles à sa femme et à une mère infirme , que le chagrin enleva bientôt. Sa fortune fut dis])ersée; et comme on ne put rien découvrir pour le trouver coupable, les juges, pour se débarrasser de lui, l'envoyèrent ( hajco pariido de tegistro) dans les prisons de Cadix, où l'on ne s'occupa guère de son procès. Il y fut traité avec plus de douceur, et parvint à s'échapper sur la côte d'Afrique. A Tanger , il conçut le projet hardi de retourner en Espagne, et d'aller droit à Madrid pour se présenter aux ministres et solliciter la protection de l'ambassadeur de France, le brave amiral Truguet. Il perdit deux ans en vaines sollicitations. Enfin, M. d'Urquijo vint à lemplacer le prince de la Paix. Cet homme d'état étoit ennemi juré de l'inquisition qui l'avait persécuté très-jeune, à cause de quelques essais littéraires, et qui , plus tard, a contribué à sa Relation historique , Tom. III. 72 ^7° LIVRE XI. chute. M, d'Urquijo se montra sensible au récit des malheurs de M. de Rieux ; et , par un de ces changemens de fortune bizarres , si communs alors dans la péninsule, le médecin français fut envoyé , avec deux mille piastres fortes de pension » dans le même pays où on l'avoit mis aux fers et accusé de haute trahison. On lui donna le titre à^inspecteur général des quinquinas , dont les arbres croissent dispersés dans les forêts, et on lui ordonna de cultiver la canelleetlanoix muscade, quoique le Laurus de la province de Los Canelos et TOtoba difîèrent entièrement, par leurs caractères spécifiques et la faiblesse de leur ai orne, du Laurus cinnamo- mun et du Myristica moschata des Grandes-Indes. On s'imagine facilement avec quelle émotion M. de Rieux devoit remonter ce même fleuve qu'il avoit descendu enchaîné comme prisonnier d'état. Nous l'avions déjà rencontré à la Havane, et sa société nous étoit d'autant plus agréable , qu'il étoit accompagné de son fils, jeune homme de belle espérance, qui aimoit à dessiner des végétaux d'après nature. Un citoyen , dont le nom a marqué depuis dans l'histoire ■ de la révolution de Cundinamarca et qui , comme président de la république, a sauvé miraculeusement sa vie de la bataille perdue de Pasto, parce qu'il étoit resté trois jours, errant sans nourriture dans les forêts , avoit été arrêté en même temps que M. de Rieux. Don Antonio Nariùo se trouvoit retenu dans les prisons de Santa-Fe de Bogota , lorsque je fis la navigation du Magdalena avec son fils, enfant de douze ans, et avec son beau-frère , M. Monténégro. Ce dernier avoit séjourné long-temps au Choco et dans la province d'Antioquia , à cause du commerce de la poudre d'or [cl rescate del oro de lus lavaderos). Il me fit connaître le premier le petit canal de la Ras- padura , et la proximité dans laquelle se trouve le golfe de Cupica, aux bouches de l'Atrato '. C'était par un singulier hasard, que le jeune fils de Don Antonio Narifio remontoit la rivière dans un même cannot, avec le compagnon d'infortune de son père , auquel le vice-roi Mendinueta , cédant aux sollicitations du célèbre botaniste, M. Mutis, adoucissoit l'amertume de la prison autant que la rigueur des ordres de la cour pouvoit le lui permettre. Tout nous faisoit espérer alors la prochaine déli- vrance de Don Antonio Nariùo , l'un des négocians les plus instruits de l'Amérique espagnole ; mais il n'est sorti de sa prison de Bocachica que pour être installé premier magistrat d'une république naissante , et pour affronter le double danger de la défense extérieure et des troubles civils. Il y a quelque chose de si dramatique dans ' Reslrepo, Hist. de la Revol. de Cotombia, Tom. II, p. 66, 180, 194, ouvrage estimable, mais dans lequel Si. Narino est Iraité quelquefois avec une amertume qui, j'ose l'espérer, ne sera pas' approuvée par la postérité. ' Foye« plus haut, Tom. III, laS, 127, 129. CHAPITRE XXIX. 57 I ce mélange d'infortune et de succès, qu'on me pardonnera d'être entré dans quelque détail sur les personnes qui nous accompagnoient de Turbaco à Santa - Fe. Je n'ai point vu M. Nariiïo dans sa prison pendant mon séjour dans cette dernière ville ; mais quelques années plus tard , déjà déchu de ses grandeurs républicaines et mili- taires , au moment où il se préparoit à retourner dans sa patrie pour prendre part au congrès de Cucuta , il est venu me remercier, à Paris , des soins qne M. Bonpland et moi nous avions donnés à son jeune fds, afFoibli par les fatigues de la navigation sur le Rio Magdalena. Etranges destinées des hommes qui vivent dans les temps où de grandes agitations politiques ébranlent la société humaine! C'est à cause du mauvais état de l'embouchure du Rio Magdalena , appelé par Cieca " Rio de Santa Marta , que l'on n'a que deux moyens de se rendre à Honda , soit en arrivant de Santa Marta par la Cienef^a et le CaFm Siicio à Baranquilla et Soledad, soit en entrant par la Cicnega de Pasacuhallos dans le canal [diqut] de Mahates, qui est un bras latéral et en partie artificiel du grand fleuve ; il s'étend, dans la direction de l'est à l'ouest , de Barancas Nuevas à Rocha. Gomme l'extrémité occidentale de ce passage dans laquelle le canal se lie à des mares d'eau salée, offre une navigation assez difficile, les voyageurs se rendent généralement de Carthagène ^ par Turbaco et la voie de terre à Mahates pour s'embarquer sur la rf/f/uedansun point intermédiaire plus rapproché de Barancas Nuevas. C'est ce dernier chemin que nous suivîmes aussi avec les bagages que nous devions traîner avec nous de Carthagène à Lima, à une distance de plus de 700 lieues, espérant toujours rencontrer, soit au Callao, soit à Yalparaiso, l'expédition du capitaine Baudin. Parti de Turbaco par une nuit fraîche et très-obscure , nous eûmes à traverser une forêt de bambousiers , semblable à celle que l'on trouve dans le chemin de Turbaco à Ternera , dont les troncs , courbés vers le sommet , s'élèvent à 40 ou 5o pieds de hauteur. Nos muletiers avoient de la peine à reconnoître le sentier, qui étoit étroit et extrêmement bourbeux. Des essaims d'insectes phosphorescens éclairoient la cime des arbres , semblables à des nuages mobiles qui répandaient une lumière douce et bleuâtre. A la pointe du jour, nous nous trouvâmes à Arjonaj c'est la limite de la forêt des bambousiers , graminée arborescente , qui ne forme que des groupes isolés dans la partie NE. de l'Amérique du sud (sur les côtes de Cumana et de Caracas) comme sur les rives du Cassiquiare ^ , tandis que vers le NO. ' Page 63. Herera , Descr. qiœ précède la Dec. I , p. 43- ' La force de la bri.se et des courans empêclicroit le plus souvenl les bdtimcns de remonter ver» re.il , lors même que l'emboucliure du fleuve seroit navigable et non obstruée par des attérissemens. ' royez ïMsNov. gen. , Tom. I. p. 200, et nos Plant, eqnin., Tom. I, p, jS, PI. xxi. ^72 LIVRE XI. et surtout dans le passage des Andes de Quindiii , elle couvre de vastes étendues de teirain , et porte le véritable caractère d'une plante sociale. Nous traversâmes le dique à un quart de lieue de distance au SO. de Mahates , non dans un radeau (il n'y en avoit pas), mais dans un petit canot qui passe et repasse dix à douze fois pour chercher les bagages , tandis que les muletfe sont obligés de nager. Ce canal , très-important pour le commerce de Carthagène , étoit alors dans l'état le plus misérable, rempli d'atterrissemens , et pendant sept mois de l'année presque dépourvu d'eau. Le sol est argileux ' , et pendant lesgrandes crues duMagdalena, un courant impétueux entraine les l)erges qui ne lui opposent aucune résistance. Le terrain est si uni, que les eaux salées arrivent , par le reflux, jusqu'à San Estanislao, quelques lieues à l'est de Mahates. Le gouvernement es- pagnol percevoit annuellement, en temps de poix , près de 4o,ooo piastres de droits pour les marchandises qui passent par le canal , et qui paient dique entcro ou medio di'aue, selon la quantité d'eau qu'offre le passage. On pense que 80,000 piastres auroient suffi pour curer le canal et pour construire une écluse , par laquelle on pourroit régler la dépense des eaux. Nous attendîmes presque tout le jour, dans le misérable village de Mahates, les bêtes de somme qui dévoient transporter nos effets à l'embarcadère du Rio Magdalena. Il faisoitune chaleur affreuse ; car dans cette saison , on ne sent presque pas un souffle de vent. Nous restâmes tristement étendus par terre sur la grande place ; mon baromètre avoit été brisé au passage du dique, c'étoit le seul qui me restoit alors. Je m'étois bercé de l'espoir de pouvoir mesurer la pente de la rivière , tout en déterminant la vitesse du courant et la position des lieux par des observations astronomiques. Il n'y a que les voyageurs qui puissent sentir ce qu'il y a de pénible dans un pareil accident, qui s'est répété pour moi si souvent dans les Andes, au Mexique, dans le nord de l'Asie, et toujours avec un sentiment de douleur également vif. De tous les instrumens dont un voyageur doit être mimi , le baromètre est celui qui , malgré tous ses perfectionnemens , cause encore le jilus d'embarras et de chagrin. Il n'y a que les chronomètres qui, changeant quel- quefois subitement leur marche, sans qu'on j)uisse en deviner la cause, font naître les mêmes plaintes. En effet, lorsque, chargé d'instnunens de jihysique et d'astronomie , on a terminé des voyages de quelques milliers de lieues ' Ces bancs d'argile semblent alterner avec un grès Irès-friable, dans le terrain bas et humide an nord de Allas Savanas de Tolit et des Montaiias de .Maria , premier gradin du grand Nœud des mon- lagnes d'jlniioquia. Les plateaux de Turbaco et d'Arjona s'élèvent comme des îlots calcaires dans cette plaine entre la rive gauche du Magdalena et les cotes opposées aux îles de Sau Bernardo , du Rosario et de Galera Zamba. CHAPITRE XXIX. BjS à travers les continens, on est tenté de dire, à la fin de sa carrière : heureux ceux qui voyagent sans instrumens qui se brisent , sans herbiers exposés à se mouiller, sans collections d'animaux qui se dégradent; heureux ceux qui par- courent le monde pour le voir de leurs yeux , tâcher de le comprendre , recueillir les douces émotions que fait naître Taspect de la nature, dont les jouissances plus simples , sont aussi plus calmes et moins sujettes à être troublées. Nous vîmes entre les mains des indigènes plusieurs belles espèces de grands aras [guacamnjos) qu'ils avoient tués, dans la forêt voisine , pour les manger. Nous nous mîmes à disséquer les cerveaux volumineux de ces oiseaux , bien moins intelligens que les perroquets. Je dçssinois ' les parties à mesure que M. Bonpland les mettoit à nu ; j'examinois l'os hyoïde et le larynx inférieur de ces belles espèces , qui articulent bien difficilement des sons , et dont la voix est si rauque. C'étoit un genre de recherches sur lesquelles M. Cuvier avoit tout récemmentfixé l'attention des anatomistes , et qui avoient eu beaucoup d'attrait pour moi. Je connnenrai à me consoler de la perte de mon baromètre. La nuit ne me permit pas de déterminer la latitude par une observation d'étoile. Des hauteurs de soleil me donnèrent, par la longitude de Mahates, 77°35' 33", ensupposant Carthagène par 'j'j°5o' o". Le 20 avril , à trois lieures du matin , par une fraîcheur qui nous parut déli- cieuse, quoique le thermomètre centigrade se soutînt à 22", nous étions déjà en roule pour l'embarcadère du Rio Magdalena au village de Barancas Niievas. C'étoit encore une forêt épaisse et majestueuse de Cavanillesia , de bamboux , de palma amarga et de Mimosacées , surtout d'Iiiga à fleurs pourpres , que nous eûmes à traverser. A moitié de la distance de Mahates à Barancas s'elevoit un groupe de cabanes élégamment construites en tiges de bambousiers et habitées par des Xnmbos. Ce mélange d'Indiens et de nègres est très-commun dans ces con- trées. Les femmes de la race cuivrée ont un grand penchant pour la race africaine , et beaucoup de nègres du Choco , de la province d'Anlioquia et de la Similarra , après avoir acquis leur liberté comme fruit de leur industrie, se fixent dans la vallée du fleuve. Nous avons rappelé souvent combien la sagesse des i)lus anciennes lois espagnoles favorise l'affranchissement des noirs , tandis que d'autres peuples de l'Europe, qui se vantent d'une haute civilisation, l'ont entravé et l'entravent encore par la méfiance d'une législation absurde et inhumaine. Partout où le luxe de la végétation , excitée par le double stimulant de la chaleur et de l'humidité, permet d'examiner la constitution géognostique du sol , on ne trouve plus, à l'est de Mahates, ces formations récentes de calcaire rempli ' Humb., Obs. de Zoologie et d' Anatomie comparée, Tom. I , p. i8, PI. ii. ^ik LIVRE XI. de madreporites qui s'élèvent entre Carthagènee t Turbaco. La roche dominante devient ici un grès à ciment argileux , séparé en bancs dont la direction est très- régulière du NE. au SO. ' , et l'inclinaison de 70° au NO. Ce grès de la Nouvelle- Grenade, partout où j'ai pu l'observer entre les 4° et 9°^ de latitude boréale, est composé de couches alternantes de grès quarzeux et schisteux à petits grains, et de véritables conglomérats (poudingues) qui enchâssent des fragmens anguleux (ayant 2 à 3 pouces de largeur) de pierre lydienne, de thonschiel'er , de gneis et de quarz. Ces débris de roche primitive se montrent surtout près de Honda et de l'Espinal. Le ciment du grès est argileux et ferrugineux ', quelquefois même un peu siliceux. Les couleurs de la roche varient du gris-jaunàtre au rouge-brunàtre. Cette dernière nuance est due à l'oxidede ter ; aussi trouve-t-on partout de la mine de fer brun , très-compacte, enchâssée dans le grès par nids, en petites couches et en filons irréguliers. La pierre lydienne du plus beau noir, rarement traversée de filets de quarz, est beaucoup plus abondante dans les agglomérats grossiers que ne le sont les fragmens de roches primitives. Partout le grès schisteux à petits giains l'em- porte, pour sa masse, sur les conglomérats à gros fragmens. Nous verrons bientôt que sur les hauteurs , à 800 ou 1 000 toises au-dessus du niveau de l'Océan , ces conglomérats disparoissent presque en entier. Près de Zambrano , sur la rive occidentale du Rio Magdalena , au sud de Ténériffe, le grès prend une structure globuleuse. J'y ai vu des boules aplaties , de 2 à 3 pieds de diamètre , qui se séparent , par décomposition , en douze ou quinze couches concentriques. Le grès de ces boules , qui près du deseniharcadero de Barancas Viejas se montrent à la surface du sol sous la forme de petites éminences coniques, est d'un grain extrêmement fin. Je terminerai ce chapitre en rappelant quelques observations générales d'après lesquelles cette formation arénacée du clique de Mahates et de la vallée du Rio Mag- dalena se présente intimement liée à la grande formation des plaines ( llanos ) de rOrénoque ^. Une masse de grès, d'une étendue prodigieuse , couvre presque sans interruption , non seulement les basses régions plus septentrionales de la Nouvelle- Grenade , entre Mompox , Mahatès et les montagnes de Tolù et de Maria , mais aussi tout le bassin du Magdalena , entre Ténériffe et Melgar , comme le bassin du Rio Cauca entre Carthago et Cali. Quelques fragmens épars de grès schisteux ou ' D'après la boussole de Freiberg, hor. 3,4. ^ Lorsque ces bancs de grès ferrugineux alternent avec des bancs de grès argileux, faciles à se décom- poser, ils forment des saillies dans les berges; ce sont des bandes qui avancent de plusieurs pieds. * Voyez plus haut, Tom. III, p. 256. CHAPITRE XXIX. 575 charbonneux [kohicnschiej'er) trouvés près de l'embouchure du Rio Sinu ' , à l'est du golfe de Darien , rendent assez probable que cette formation arénacée s'étend même vers le Rio Atrato et vers l'isthme de Panama. Elle s'élève à de grandes hauteurs sur le rameau oriental de la Cordillère , vers les Paramos de Chingàsa et de Suma Paz. J'ai pu suivre le grès de la Nouvelle-Grenade, presque sans le perdre de vue un seul instant, depuis la vallée du Magdalena (depuis Honda et Melgar) par Pandi , jusqu'au plateau de Bogota, même jusqu'au-dessus du lac de Guatavila et de la chapelle de Notre-Dame de Montserrale. Il s'adosse à la grande chaîne de montagnes qui forme le partage d'eau entre les affluens du Magdalena et ceux du Meta et de l'Orénoque , jusqu'à plus de 1800 toises de hauteur au-dessus du niveau de la mer. Plusieurs terrains secondaires ( le grès avec des couches de véritable houille, le gypse acconipagnant le sel gemme, un calcaire presque déj)ourvu de pétrifications) que dans le plateau de Bogota on seroit tenté de prendre pour un groupe die formations locales^ remplissent le bassin deFunza, et descendent jusque dans des ravins dont le niveau est de 7000 pieds i)lus bas. En allant de Honda à Santa-Fe , la couche de grès semble, il est vrai, inter- rompue dans l'étendue de son recouvrement par le thonschiefer de transition ' de Villeta, mais la position des sources salées de Pinceima et de Pizarà, près de Muzo , me porte à croire qu'aussi de ce côté-là , sur les l'ives du Rio Negro , affluent du Magdalena (entre les schistes amphiboliques et carbures de Muzo, renfermant des émeraudes et les schistes de transition avec filons de cuivre de Villeta) , le grès houiller et le gypse muriatifère du plateau de Bogota et de Zipa- quira se lient aux terrains arénacés homonymes qui remplissent la vallée du Magdalena entre Honda , le détroit de Carare et Zambrano. Le grès des basses régions, partout où il n'a pas été relevé par quelque couche de roche cristalline (vulgairement appelée primitive ou intermédiaire) offre des bancs assez horizon- taux. Sur les hauteurs au contraire, les bancs inclinent par groupes , et d'une manière assez constante. Le grès du plateau de Bogota et celui que l'on observe en montant aux deux ctapelles placées au-dessus de la ville de Santa-Fe , à 1 65o et 1 687 toises d'élévation , sont uniformément com[)osés de très-petits grains quarzeux On n'y découvre presque plus de fragmens de lydienne ; les grains de quarz se rapprochent tellement que la roche prend quelquefois l'aspect d'un quarz grenu. C'est ce même grès quarzeux qui forme le pont naturel d'Icouonzo, que nous avons tra- versé en allant de Santa-Fe à Popayan et à Quito. Ces roches arénacées ne font ' Tom. III , p. 553. " Scliisle iiitermcdiaiic 5^6 LIVRE XI. généralement pas effervescence avec les acides. Outre la mine de fer brun et (ce qui est assez remarquable) outre quelques nids épais de graphite très-pur, cette formation renferme aussi, et à toutes les hauteurs, des couches d'argile brune, grasse au toucher, et non micacée A Gachansipa, à Chaleche et à la colline de Suba , dans le bassin de Bogota , cette argile devient quelquefois fortement carburée et passe au hrandschiefer des géognostes allemands. Le sel purgatif de la Mesa de Palacios , près de Honda est un sulfate de magnésie , célèbre dans ces contrées ; il se montre en efflorescence sur les couches argileuses du grès. Presque nulle part cette roche ne présente des couleurs hétérogènes mélangées par zones , ni ces masses d'argile non continues et à forme lenticulaire qui caractérisent plus particulièrement en Allemagne le grès hiqarré '. A ce tableau général, je dois ajouter quelques considérations sur le gisement de la roche qui nous occupe. J'ai vu reposer immédiatement la formation de grès argileux du Rio Magdalena et du plateau de liogotà , sur un beau granité rempli de tourmaline (Penon de Rosa, au nord de Banco, et à la cascade de la Pena , près de Mariquita ) j sur le gneis ( Rio Lumbi , près des mines d'argent de Sainte - Anne) } sur le thonschiefer de transition (entre Alto de Gascas et Alto del Roble, au nord-ouest de Santa-Fé de Bogota, en descendant vers Villeta). Je ne connois jusqu'ici aucune autre roche secondaire qui soit placée au-dessous du grès de la Nouvelle-Grenade. Cette formation renferme des cavernes près de Facatativa et de Pandi ; elle offre des couches puissantes, non de lignites , mais de houille feuilletée et compacte, mêlée de jayet [pechkohle) ^ entre La Palma et Guaduas , à 600 toises de hauteur j près de Vêlez et la Villa de Leiva ; à Chipo, près de Canoas; à Suba ; au Cerro de los Tunjos, à la grande éléva- tion de 1870 toises. Les restes de corps organisés du règne animal sont extrême- ment rares dans ce grès- Je n'y ai trouvé qu'une seule fois des trochîlites presque microscopiques dans une couche d'argile endurcie intercalée. G'étoit un peu au sud d'Icononzo , dans le Cerro du Portachuelo. Il seroit possible que les houilles de Guaduas et de Canoas fussent un terrain plus lécent , superposé au grès de Bogolà j cependant rien ne m'a j)aru annoncer cette superposition. Je n'ignore pas qu'en Europe , la houille piciforme (jayet, pechkohle) appartient plus particulièrement aux lignites ' du grès tertiaire et des basaltes épanchés sur des troncs d'arbres dicotylédons ; mais elle forme aussi , et bien incontestablement, de petites couches ' Bunte Sandsiein superposé au zechatein : c'est new red sandstone et red mari au-dessus du magnesian limestone. ' Braunkohle. CHAPITRE XXIX. 5']'] dans la houille schisteuse {schieferkohle) du terrain de grès rouge et de porphyre quarzeux. Les formations qui recouvrent le grès de la Nouvelle-Grenade, et qui paroissent le caractériser plus particulièrement comme grès rouge dans la séné des roches secon- daires, sont le calcaire fétide (cou Huent du Cano Morocoy et du Rio Magdalena) et le gypse feuilleté (bassins du Rio Cauca, près de Cali et de Rio Funza, près de Santa-Fe de Bogota). Dans ces deux bassins du Cauca et du Funza, dont la hauteur absolue difiêre de 900 toises, on voit se succéder de bas en haut, très- régulièrement, trois formations : celles de grès rouge ou houiller, de gypse feuilleté et d'un calcaire compacte. Les deux dernières ne constituent peut-être qu'un même terrain qui représente la formation du zechsteiii, et qui, généralement dépouivu de pélrificatiotis dans ces hautes régions tropicales, rentérme quelques ammonites, des vertèbres de crocodile et des empreintes de poissons ', près de Tocayn)a , dans la vallée du Magdalena. Le gypse manque souvent , mais à la grande élévation de i4oo toises (à Zipaquira , Enemocon et Sesquiler) , il est muriatitère, offrant dans l'argile grise et brune {salzlhon) avec de puissans dép Jts de sel gemme qui , depuis des siècles , sont l'objet de grandes exploitations. Ces dépôts , remplissant des fentes , paroissent sans doute , d'après des obser • vations \A\is précises laites récemment en Europe , appartenir jtlus généralement au keuperel au muschelhalk, c'est-à-dire à des formations beaucoup i)lus récentes que le zechstein ; il se pourroit qu'aussi , dans le bassin de Bogota , le grès rouge fût immédiatement recouvert de ces formations muriatifères , et que le gypse de Zipaquira et le calcaire de Tocayma fussent également éirangers au véritable zechstein : les journaux de mon voyage ne me permettent que d'indicjuer ces doutes dont la solution appartient à des géognostes qui visiteront ces régions tropicales sous l'iniluence de nouvelles idées siu' les types de formations les plus répandues. D'après l'ensemble des faits que je viens de réunir sur le gisement du grès de la Nouvelle -Grenade, je n'ai pas hésité de regarder cette roche , qui a pris un développement extraordinaire, comme un grès rouge {loles liegeude) , et non comme un grès bigarré [bnnle sandstein , grès de Nebra). Je n'ignore pas que des couches fréquentes d'argile et de mine de fer biun se sont dévelo]ipées plus particulièrement dans ce grès bigarré, et que les concrétions oolithifornies {rog- genstein ) manquent très-souvent dans cette roche. U n'est pas douteux qu'en Europe le grès bigarré placé eu dessus du zeclislein , présente aussi quelques ' Poissons à grandes écailles. M. Valcnciennes , qui a examiné un échantillon (ine j'ai déposé au Musée de Berlin , rapproche ce poisson , p:ir la l'orme de son dos et de la ligne latérale, du genre Vasirès {Sudie). Relation historique , Tom. III. 1^ ^7^ LIVRE XI. traces de houille , de petites couches de grès extrêmement quarzeux (quarz grenu) et du sel gemme. Toutes ces analogies me paroitroient très-importantes , si des couches de conglomérat grossier, alternant dans les basses régions avec des couches de grès à petits grains , si des fragmens anguleux de pierre lydienne et même de gneis et de micaschiste , enchâssés dans les conglomérats intercalés , ne caractérisoient pas le grès de la Nouvelle-Grenade, comme parallèle au gi'ès rouge. Lorsque le grès bigarré (par exemple dans le nord de l'Angleterre ou à la Wimmelburg, en Saxe) présente des fragmens de granité et de sycnite, ces fragmens sont arrondis , et simplement enveloppés d'argile ; ils ne forment pas un conglomérat compacte et tenace à fragmens angulaires comme dans le grès rouge ou houiller. Cette dernière roche , la plus ancienne parmi les roches secon- daires , abonde dans le Mansfeld , comme dans la Nouvelle-Grenade , en masses intercalées d'argile ', et en petites couches de mine de fer brun et rouge '. La struc- ture globuleuse qu'offre le grès des rives du Magdalena , près de Zambrano . se retrouve dans le grès rouge ou houiller de la Hongrie , à Klausenburg , dans le conglomérat ancien et blanchâtre^ de Saxe, qui lie le grès houiller au zechstein, et même près de Lausanne , dans le molasse d'Argovie (le grès tertiaire à lignites). C'est l'ensemble des rapports de gisement , qui détermine l'âge d'une formation j ce ne sont pas sa composition et sa structure seules. Il est des pays où le grès rouge et le grès bigarré peuvent être considérés comme une même formation , dans laquelle des bancs de zechstein se trouvent développés ou manquent en- tièrement. Le grès rouge de la Nouvelle-Grenade semble plonger dans la partie septen- trionale du bassin du Rio Magdalena, entre Mahates, Turbaco et la côte de la Mer des Antilles, sous un calcaire tertiaire rempli de madrépores et de coquilles marines; mais lorsqu'on s'élève à i4oo toises, la formation calcaire et de gypse muriatifère qui supporte le grès rouge , est couverte dans le Campo de Gigantes , à l'ouest de Suacha, dans le bassin de Bogota, de dépôts d'alluvion remplis d'énormes ossemens de mastodontes. D'après la tendance de la géognosie moderne à étendre le domaine du terrain tertiaire aux dépens du terrain secondaire , on pourroit être tenté de regarder le grès de Honda , le gypse avec sel gemme de Zipaquira et le calcaire de Tocayma et de Bogota , comme des formations posté- rieures à la craie. D'après cette hypothèse , les houilles de Guaduas et de Canoas ' Près de Cresfeld, Eisleben et Rothenbcrg. * Près de Bourgôrner et de Hettstedt. ^ Le Weiss-Liegcnde de Helbra. CHAPITRE XXIX. 579 deviendroient des lignites , le sel gemme de Zipaquira , d'Enemocon , de Sesquiler et de Chamesa deviendroient des dépôts tertiaires, comme on le prétend de plu- sieurs dépôts salifères de la Toscane , de l'Europe orientale et de l'Asie. Je n'ai pas été assez heureux jusqu'ici pour voir des empreintes de fougères dans la houille de Canoas ; mais sur le plateau de la Nouvelle-Grenade , la rareté , ou plutôt le manque presque total de corps organisés fossiles jusqu'à dix mille pieds de hauteur perpendiculaire , la puissance de ces couches arénacées et calcaires , uniformément répandues , très-compactes , nullement mélangées de sables , dé- pourvues de rognons de silex et d'infiltrations siliceuses , s'opposent à ce change- ment hypothétique du terrain secondaire en terrain tertiaire. Il paroît que le grès, que j'ai vu monter jusqu'à 1700 toises de hauteur à la partie occidentale du Paramo de Chingasà , dépasse la crête de la Cordillère orien- tale, en se prolongeant vers les plaines de Casanare ; du moins MM. Boussingault et Rivero , les seuls géognostes qui aient visité ces contrées après moi , ont trouvé le grès rouge dans les plateaux de Barquesimeto , Tocuyo , Merida etTruxillo , et de la véritable houille près de Carache, au sud du Paramo de las Rosas, Les dépôts de sel gemme et les sources salées se suivent en traversant la Cordillère orientale (celle à laquelle la ville de Santa-Fe de Bogota est adossée) depuis la vallée du Rio Negro, affluent du Magdalena, jusqu'à celle du Meta, affluent de l'Orénoque; depuis Pinceima et Zipaquira jusqu'à Chita, Chamesa et leReceptor, dans une direc- tion du SO. au NE. C'est comme une crevasse muriatifère qui traverse l'axe longi- tudinale delaCordillèie. Cette identité de formations secondaires, ou dépôts de grès uniformément répandus (quoique sous des inclinaisons de strates très-différens) dans les basses régions du Magdalena et les plaines entre le Meta et l'Apure , comme sur les plateaux et le dos des montagnes, me semblent, dans l'état actuel de nos connoissances , des indices irrécusables du soulèvement de la chaîne entière. Ce sont des faits géognostiques qui (selon M. Pentla::d) se retrouvent dans les grès des basses régions du Chili , du plateau de Titicaca et des rives du Béni, et qui se lient très-naturellement aux faits que MM. Léopold de Buch et Elie de Beaumont ont recueillis , avec tant de sagacité , dans l'Ancien Continent, sur l'origine des montagnes et leur ancienneté relative. 58o ADDITIONS. ADDITIONS. PoiR compléter ce roisième volume, dont la publication a été long-temps interrompue par mon voyage aux moutugnes de l'Oural et de l'Altaï , à la frontière de la Dzongarie chinoise et aux bords de la Mer Caspienne, j'ajouterai ici, i" quelques notions précises sur la Géographie astronomique de l'île de Cuba ; 2° des tableaux statistiques de cette île offrant les progrès de la culture , du commerce et de la prospérité depuis l'année 1826 jusqu'à la fin de l'année 1829, d'après des pièces officielles; 3° le résumé de toutes les observations d'inclinaison et d'intensité magnétiques, que j'ai faites pendant mou voyage aux régions équinoxiales. 1. GÉOGRAPHIE ASTRONOUIQIE DE l'iLE DE CUBA. Dans l'Atlas géographique qui accompagne cet ouvrage comme dans mon Atlas du Mexique, je me suis proposé de rectifier la géographie de l'intérieur de l'Amérique, d'après les résultats des observations astro- nomiques que j'ai recueillies, et en grande partie calculées *, pendant le cours de mes voyages au nord des parallèles de Liœa et de la Rivière des Amazones. L'ne partie des cartes ont été dessinées par moi sur les lieux même, ou après mon retour en Europe; d'autres ont été, soit terminées d'après mes esquisses, soit rédigées d'après l'ensemble des positions que j'avois discutées, par les géographes habiles qui ont bien voulu prendre part à la publication de mes travaux. Dans l'un et l'autre cas, les erreurs de l'Atlas de l'Amérique équinoxiaie ne doivent être attribuées qu'à moi seul. J'ose me flatter qu'en prononçant un jugement sur ces essais de perfectionner progressivement la Géographie de l'Amérique espagnole , on aura égard aux époques précises où chaque carte a été publiée. On examinera si l'auteur a employé l'ensemble des matériaux qui cxistoient alors, et dont il pouvoit avoir connoissance, s'il les a combinés avec justesse, s'il en a enrichi le nombre par ses propres observations. Dans des pays qui ont été le théâtre de grandes opérations géodésiques, le tracé et la rédaction d'une carte se réduisent à une opération graphique d'une extrême simplicité : les combinaisons cessent lorsque par un réseau de triangles on a déterminé avec précision les rapports de distance et de gisement. La Géo- graphie de l'Amérique est loin de cet état de perfection qui exclut le tâtonnement et le choix pénible entre des matériaux d'une valeur très-inégale. Une grande partie des côtes (dans le nord de Cuba, au Choco, dans le Guatimala et au Mexique , depuis Tehuantcpec jusqu'à San Blas) , n'ont point encore été relevées avec soin. Dans l'intérieur des terres, quelques positions astronomiques éparses peuvent seules guider le géographe. Lorsque ces points, suffisamment rapprochés, se groupent par systèmes et se réunissent par des lignes chronométriqnes , la certitude devient plus grande ; mais, pour éviter, dans la suite des temps, le danger des changemens partiels tentés sur des points qui dépendent les uns des autres, il est indis- pensable d'exposer, dans l'analyse de chaque carte, la nature des élémens qui lui ont servi de base. C'est ainsi que, dans les travaux que j'ai exécutés dans l'Amérique méridionale, les steppes (llanos) de Venezuela, l'Oiénoque, le Cassiquiare et le Rio Negro forment un seul système de positions rattaché ' f'ovci les résultats de ces premiers calculs, dool plusieurs copies circulent en Amérique, comparés aux résultats définitifs de M. Oltmanns, dans le Recueil d'Obs. asir. et de mesures barom., Tom, 1 , p. xi , que j'ai publié, de 1807 k 181 1 , conjoin- tement arec ce savant laborieux et fiiodeste. ADDITIONS. 58l par le transport du temps à Cumana et à Caracas, dont la position se fonde sur des observations astro- nomiques absolues '. Plus à l'ouest, j'ai lié en un second système le Rio Magdalena, le plateau de Bogota, Popayan, Pasto, Quito, la Rivière des Amazones et le Bas-Pérou , depuis les 10° 26' de latitude nord jusqu'aux 12° 2' de latitude sud. Ce dernier groupe de positions, qui aboutit d'un côté à Cartha- gène des Indes, de l'autre au Callao de Lima, a été joint récemment au premier par une ligne chronomélriquc dirigée de l'ouest à l'est. MM. lloulin, Rivero et Boussingault ont porté, en mars 1824, le temps de Bogota à l'embouchure du Rio Meta , qui se trouve environ G' en arc à l'est du village indien de Cariben ; ils ont trouvé la difTérence du méridien de cette embouchure avec le méridien de Bogota , de o 26' 7', taudis que mes observations faites sur un rocher [Piedra de la Paciencia) qui s'élève au milieu de la Boca del Jfleta, en avril 1800, cl à Santa-Fe de Bogota,, en juillet et septembre 1801, donnent pour la difFéreuce de longitude o'' 25' 58' ^. Voilà donc Cumana ou le Delta de l'Oréiioque lié par une série d'opérations dans l'intérieur des terres, aux côtes de la Mer du Sud, près du Callao dans le Pérou. Je cite cet exemple , qui offre une ligne chronome'irique de 640 lieues de longueur, et dans laquelle plusieurs points intermédiaires se fondent sur des observations absolues, pour prouver comment les gouvernemens libres de l'Amérique pourraient , parle seul emploi de moyens astronomiques, se pro- curer, en peu de temps et à peu de frais , le canevas des cartes de leur vaste territoire ; je le cite surtout povir rappeler la nécessité d'une analyse raisonnée des travaux qui ont été tentés ju.squ'ici. On ne saurait ni perfectionner ce qui a été ébauché, en rectifiant les points intermédiaires , ni faire connoître les espaces qui ne sont point encore suffisamment remplis, sans mettre les géographes en état d'apprécier par eux-mêmes le degré de certitude qu'on s'est flatté d'atteindre. La publication de ces Analyses rai- sonnées devient surtout indispensable pour les progrès de la Géographie astronomique , lorsque de grands changemens de position et de configuration ont dû être introduits dans des cartes nouvelles et que des ehangemens futurs exposeroient à de graves erreurs , si l'on ne connoissoit pas avec précision la liaison ou dépendance relative d'un certain nombre de positions. Dans la construction de la carte de l'ilc de Cuba , je me suis servi des observations astronomiques des plus habiles navigateurs espagnols, et de celles que j'ai eu occasion de faire à l'ouest du port delà Trinidad , au cap Saint-Antoine, à la Havane, entre cette ville et le Batabano, et dans les Jardines y Jardinillos, depuis Punta Matahambre jusqu'à la Boca du Rio Guaurabo. L'ensemble de mes propres observations a été publié dans le plus grand détail dans le Rcc. d'Obs. astr., Tom. II, p. i5-i47, 5C7. Sur la carte de l'île de Cuba, rédigée en 1819, et publiée en 1820, on trouve placés, vers le sud, le port du Batabano et les Cayos Flamenco, Piedras et Diego Ferez, le port de Trinidad et le Cabo-Cruz, dans leurs véritables positions; mais la latitude de la côte septentrionale de l'île de Pinos % et toute la configuration de la côte méridionale de Cuba, depuis le cap Saint-Antoine jusqu'à l'extrémité orientale des Cayos de las doce léguas, y étoieut aussi fausses que sur les cartes, d'ailleurs bien dignes d'éloges, publiées jusqu'à cette époque par le Deposito hydrografico de Madrid. Ce n'est qu'en 1821 que parurent les rectifications importantes de la côte méridionale de Cuba , faites en 1793 par le lieutenant de vaisseau Don Ventura de Barcaiztegui, et , en i8o4, par le capitaine de frégate Don José del Rio. Dans le second tirage de ma carte de l'île de Cuba (celui de 1826), ces rectifications ont été adoptées entre Punta de la Llana et le cap Saint- Antoine , comme (à l'exception de la position de Trinidad) entre la Cabeza del Este de los Jardinillos et Cabo de Cruz. La partie intermédiaire, depuis long. 83<> 3o' jusqu'à 86' 20', entre la Laguna de Certes , l'Isla de Pinos et J'Ensenada de Coehinos, est copiée d'un croquis que mon savant ami. Don Felipe Bauza, ancien directeur du Dépôt hydrographique à Madrid, a bien voulu tracer pour moi, au mois de mai 1825, pendant mon séjour à Londres. En me transmettant celte * Eclipses de soleil, satellites de Jupiter, distances lunaires. 2 Recueil (t'Otjs. astr., Tom. I, p. 322; Tom. II, p. 256. * Comparez Purdy, Coloml. .Yay. , p. ijS. 582 ADDITIONS. esquisse, l'infatigable compagnon de l'expédition de Malaspina me mande qu'il a combiné et réuni mes déterminations avec les relèvemens de M. Del Rio, et qu'il est occupé à terminer une grande carte de l'île de Cuba en quatre feuilles , pour laquelle il a soumis l'ensemble des matériaux qu'il possède à de nouvelles discussions. Le nom de M. Bauza est garant de l'excellence d'un tel ouvrage. L'histoire de la Géographie de l'île de Cuba a eu les mêmes phases que la Géographie des autres Antilles et des côtes orientales du Nouveau-Continent. On a commencé par placer tous les points trop à l'ouest. Christophe Colomb ' déduisit de ce qu'il appelle las reglas de la Asironomia , que le cap Saint- Antoine se trouvoit ^5" à l'ouest du méridien de Cadiz. Cette erreur de 5° \ fut augmentée encore de 4" dans la mappemonde du célèbre Piloto Mayor Pedro de Médina *, publiée en i5;6. Le Quarteron de Bartholomè de la Rosa, conservé dans le Dépôt des cartes à Madrid, place encore, en 1^55 , la Havane par 79° 1 4' à l'ouest du méridien de Cadiz; erreur de 5° g', quoique déjà , en 172g, Cassini ' avoit déduit des observations d'éclipsé de lune et de satellites de Jupiter, faites à la Havane par Don Marco Antonio de Gamboa, de 1716 à 1725 , la véritable longitude de cette capitale avec une erreur moindre de 45' en temps. M. Oltmanns a discuté *, avec beaucoup de sagacité, et calculé de nouveau, d'après les tables de Bùrg et de Triesnecker, les observations de Gamboa; il en a tiré le résultat moyen de 5^ 58' 67' La vraie longitude du Morro de la Havane est S*" 38' 49'; harmonie bien surprenante dans ce genre d'observations. Si le Quarteron de Don Bartholomè de la Rosa erre dans les longitudes absolues, et place la Havane de nouveau de 3° j trop à l'ouest, il offre au contraire, comme observe M. Espinosa, les longitudes relatives avec une rare précision. Les différences de méridiens du Morro de la Havane, de Punta de Guanos et de Cayo Largo, à l'entrée du Canal de Bahama, y sont exactes; mais cette précision dans les gisemens, si importante pour les navires qui veulent éviter, en débouquant, les bas-l'onds de la Floride et le Placer de los Roques (Sait Keys) , se montre même déjà dans les anciennes cartes manuscrites du capi- taine Francisco de Seisas y Lobera ^, construites en 1692. Don Vicente Doz, de retour de son voyage en Californie , où il avoit observé le passage de Vénus avec l'abbé Chappe, s'arrêta dans l'île de Cuba; il fit la longitude de la Havane 85° 7', erreur de plus d'un demi-degré. Une longitude toute semblable (85° 10' ) a été adoptée dans le célèbre Mapa del Seno 3Iexicano de Don José de San Martin Suarez, rédigé en 1787 d'après les conseils d'une réunion de pilotes à la Havane. Cette carte , qui pendant long-temps n'a été que trop répandue, est devenue la cause d'un grand nombre de naufrages. ' Aa mois de juio i494 ' l'Amiral observa aussi un éclipse de luoe sur la côte méridionale de Saint-Domingue , en septembre i494, pri^s d'Adamaua (aujourd'hui Isleta de Saona ) , un peu à l'ouest de Cabo Engafio. Il trouva la différence avec le méridien de Cadiz de S"* a5', ce qui donne une erreur de longitude de 8° 45'. (Hcrcra, HUt. de tas îndlat occ, Dec. 7, p. 56 et 58.) ' Voyez la traduction Françoise par Nicolas de Pficoiaï, géographe du roi Henri II, p. 64. Cette mappemonde donne, lat. de Londres 58*, différence des méridiens du cap Saint-Antoine et de Teniixtitlan (Mexico) , iS" ; erreur 4°- La véritable longitude de Mexico , telle qu'elle a été reconnue (en 177S) par Velasquezct Gama , et confirmée par Don Dionisio Galiano ^en 1791) , et par moi (en i8o5) , est 6® 45' 42'- Si M. de Navarrele , dont j'honore les talens iittéraires et la vaste érudition , avoit lu l'Analyse raisonnée de mon Atlas de la Nouvelle. Espagne [Essai pot. ,Tom. I , p. xv ) , il n'auroit point adressé « à un voya- geur étranger • le reproche que l'on trouve consigné dans la Corresp. astr. de M. de Zaeb , Tom. XIII , p. 56. II n'aurait point eu recours aux éclipses de lune observées par le jésuite Sanchexcn i584, et il se seroit convaincu qu'en publiant le résultat de mes observations de satellites, de distances lunaires, d'azimut et de transport de temps, je me suis empressé dédire que mon défunt ami, Don Dionisio Galiano, avoit trouvé, avant moi, pour la longitude de Mexico, ô' 45' 49', quoique la carte du Golfe du Mexique, publiée par le Deposilo hidrografico de Madrid, en 1799, et une note communiquée par M. Espinosa , lors de mon départ pour Cumana , indiquassent 6' 5j' S'. J'ai été même le premier (Rec. d'Obs. astr. , Tom. II , p. 496) à publier les observations mexicaines de l'expédition de Malaspina. (Pour désigner plus brièvement les méridiens d'après lesquels les longitudes sont comptées dans ce mémoire , je me servirai , dans la suite, comme dans les observations thermométriques , de simples initiales. Gr. , Cz. et P. indiqueront les méridiens de Greeawicb, de Cadiz et de Paris.) 5 Mtm. de i'Acad. pour 1739, p. 4*a. * Rec. d'Obs. astr. , Tom, II , p. 20-3i. ^ Mcnxorias de los Naveg. Esp,, Tom. I, p. qS ; Tom, 11, p. 45. ADDITIONS. 583 Depuis les années 179a et i^gS, a commencé une nouvelle ère pour la Géographie de l'île de Cuba et de toutes les côtes du bassin des Antilles. Les travaux de Barcaiztegui , la Rigada , Churruca, Ferrer, Del Rio, Cevallos et Robrcdo se succédèrent en rectifiant le contour des côtes; et, grâce aux calculs et aux savantes discussions de MM. Ferrer ' et Oltmanns ^, la Havane devint un des ports de l'Amérique dont la position astronomique est le mieux fixée. Don Ventura de Barcaiztegui a relevé, de 1790 à 1794, le littoral entre Santiago de Cuba et Punta Maternillos, à l'entrée orientale du vieuo! Canal de Bahama. Les travaux de Don José Del Rio ( 1802-1804) embrassent la côte méridionale entre le cap Saint-Antoine et le Cabo de Cruz. Le peu que nous connoissons (depuis 1792) du Vievx Canal même est dû au zèle du Capitan de Correos , Don Juan Henrique de la Rigada ^. Mais dans cette partie, entre Punta Mater- nillos et le port de Matanzas, comme plus à l'ouest, entre Bahia Honda et le cap Saint- Antoine, il reste encore beaucoup à faire par des moyens astronomiques. Les po.sitions en longitude y sont entièrement incertaines, et malheureusement ces incertitudes s'étendent sur un espace de i35 lieues marines de longueur. Quant à] l'intérieur de l'île de Cuba , c'est une terra incognîta, à l'exception du triangle entre Bahia Honda, Matanzas et le Suigidcro del Batabano. C'est dans ce triangle que j'ai déterminé astronomi- quement les positions du Fondadero, près de la Yilla de San Antonio de los Banos, de Rio Blanco, de l'Almirante, de Antonio de Beitia, du village de Managua et de San Antonio de Bareto. A l'est des Guines, j'ai fait us.ige, pour tracer l'intérieur de l'île, de deux croquis à grands points, rédigés à la Havane même , en 1 8o3 et 1 8o5 : mais ces deux croquis ne sont que trop souvent en contradiction entre eux. La forme générale de l'île de Cuba dépend de la position précise du Cap Saint-Antoine, de la Havane, du Batabano, du Cap Cruz et de la Punla Maysi. La Havane et le Batabano déterminent le minimum de largeur de l'île, qui est de 8 j de lieues marines, tandis que d'anciennes cartes (même encore celles du l>(?po«îïo , publiées en 1799), lui donnent 16 lieues. Quelque grandes que soient les imperfections de ma carte pour l'intérieur de Cuba, elle est du moins la première qui offre les contours tracés d'après l'ensemble des positions astronomiques dont nous devons la counoissance aux travaux des navigateurs espagnols. Les noms de toutes les ciudades et villas s'y trouvent indiqués, mais sans que l'on puisse aucunement garantir la précision de leur distance respective. Ces indications sont importantes pour ceux qui se livrent à des recherches statistiques sur l'inégale répartition de la population. La lon- gueur, la composition et la similitude des noms (San Felipe y Santiago del Bejucal , Santiago de las Vegas, ou Compostela, San Antonio Abad ou de los Banos) ont causé beaucoup de confusion sur les anciennes cartes. Ayant indiqué , en général, les sources auxquelles j'ai puisé, je me bornerai à un petit nombre d'indications partielles. Havane. — Le chronomètre m'avoit donné, parle transport du temps de Nueva-Barcelona, mais après 26 jours de navigation par une mer très-houleuse, pour le Morro de la Havane, 5'' 38' 4o', en supposant Nueva-Barcelona 4'' 28' 19', 2. Huit éclipses de satellites de Jupiter, que j'ai observées conjointement avec Don Dionisio Galiano , et les observations beaucoup plus nombreuses de M. Robredo', ont offert à M. Oltmanns, pour résultat définitif, 5" 38' 52*5, ou 84° 45' 7', 5. Depuis mon retour en Europe, sur- « Cmn. des Temps pour 1817, p. 3i8-537. Trans. of the Amer. Phil. Soe. , Vol. VI, p. 107. * Rec. d'Obs. asir. , Tom. II, p. 47-54 et 81, où se trouTe VÉlal de la Géographie de l'Ile de Cuba , en 1S09 , par M. Oltmanns, p. 81. ' Nueva Carta del Canal de Bahama , i8o5 , d'après les obsertations de Don Dionisio Galiano dans le Navio San Fulgencio (1799), de Don Mariano Isasbirivil, dans la Goleta EUsabet (1798), de Don Francisco MonlPs dans le Kavio Aiigel (1799), et de Don Tomas Ugarte dans le Navio San Lorenio (1794). L" gisemens et les différences de longitude entre Matanzas, Cayo de Sal (à l'extrémité occidentale du Placer de los Roques) , Baxo Nicolao, Cayo de Piedras, la Crui del Padre et le Megano oriental sont de la plus grande importance pour la sûreté de la navigation. J'ai eu aussi en vue, surtout pour la première édition de ma carte, les anciens travaux du i)e/)Oti((> de Madrid : Seno Mexicano , 1799 (corregido i8o5) j Carta de una parte de las Islas Antillas, 1799 (corregida i8o5); Carta de la Isia de Santa Domingo y parte oriental del Canal Viejo de Babama, tSoi. ' Rec. d'Obs. astr. , Tom. II , p. 89. 584 ADDITIONS. tout de 1806 à 1812, Don José Joaquin de Ferrer et Don Antonio Robredo ont observé à la Havane un plus grand nombre d'occultations d'étoiles qu'on n'en a jusqu'ici po.ir aucun lieu de l'Amérique. Dans un mémoire que Jl. Ferrera remis, sur son passage par Paris (en juin 1814), à M. Arago, etqui a été publié dans la Connoissance des Ttiinps, pour l'année 1817, le navigateur espagnol, dont tous les amis des sciences ont regretté la perte prématurée, fixa le Alorro par84°43 44' > niais , dans un autre mémoirema- nuscrit, plus récent , confié à M. Bauza, il s'arrête à 84° 4^ 19', en supposant Cadiz de 8° 37' 45' à l'ouest de Paris. Dans le Recueil d'observations astronomiques , nous avons donné, M. OUmanns et moi, pour la différence des méridiens du Morro de la Havane et de la Vera-Cruz, i3° 45 Sa'. M. Bauza , qui a soumis les positions de la Havane, de Vera-Cruz et de Portorico à de nouvelles discussions', trouve i3° 45' 4o',5 ; ce qui diffère de notre résultat de moins d'une seconde en temps. Différence méridienne entre le Morro de la Havane et le Fort Roj'al de la Martinique, dans l'expédition de laBayadére, d'après M. Glvry, 21° 21' 2G'. Bahia-Honda. — Le Potrero de Madrazo, point le plus méridional de la baie, est, d'après Ferrer'^, par lat. 22° 56' 7', long. 0° 49' aC, à l'ouest du Morro de la Havane. M. Bauza, en se fondant sur cette obsei- vation, place l'embouchure de la baie, entre le Morillo el Punta de Pescadores, de 85° 3r 11', en supposant le Morro de la Havane 84" 4^ 19'. CaboSan Antonio. — Mon chronomètre a donné à l'attéragc 87° 17' 22', et je place le cap de 2° 34' i5' à l'ouest du Morro de la Havane. M. Espinosa, dans les Klemorias del Deposilo hidrograjico de Madrid, s'était arrêté à 87° 8' 4'' j mais comme il place le Morro de la Havane un peu plus à l'ouest' que moi , il faut s'en tenir aux différences des méridiens qui résultent, d'après les JUemorias , de 2° ï4 27'. Cepen- dant M. Del Rio^ avoit trouvé aussi 78" 5(j' o' Cz., ou 87° iC 45' P., ce qui ne diffère de mon résultat que de 87' en arc. Le capitaine Monteath trouve 87° ig' 23', mais ce résultat paroit dépendre de la longi- tude de Port-Ro}'al à la Jamaïque , que les navigateurs anglois ne fixent pas uniformément ^. Batabano. — L'original espagnol de la carte de Don José del Rio*", offre lat. 22* 42' 5o', long. 84*43 '5'. M. Espinosa avoit indiqué, dans le Tableau des positions, lat. 22" 43' 10'. Des opérations géodésiques de M. Le Maur, M. OUmanns a déduit, lat. 22° 4^' 19', long. 84° 45' 56'. M. Bauza, d'après différentes combinaisons, s'arrête à lat. 22° 45' 34', long. 84° 46' 23'. Tetas de Managua. — Ayant observé, au nord et au .sud de las Tetas, dans le village de Managua , et à San Antonio de Bareto", je supposois le Teia oriental 22° 57' 38". H est important de bien examiner les opérations trigonométriques de Don Pedro de Silva, qui m'ont été communiquées par M. Robredo, et qui semblent donner une latitude plus boréale ; mais ces opérations dépend nt des positions absolues du clocher de Guanabacoa et du Mirador del Marques del Real Socorro *. Trinidad. — J'ai discuté la latitude de celle ville pendant mou second séjour à la Havane ' , et je n'ai point suivi la position de la nouvelle carte espagnole tracée d'après les observations de M. Del Rio, qui donnent 21° 42 4o'. Trois étoiles observées dans des circonstances qui n'étoient pas également favo- rables, m'ont donné, dans la seule nuit que j'ai pu observer à la Trinidad ,21° 48 20'. Déjà Gamboa et ' Sobre la siluaeton geografica dt la Bavana, de Vera-Cruzy Puerlo-Rico , i8a6 ^manuscrit). * Conn. des Temps y 1817, p. 5oi-355. ' Les Memoritts placèrent le Morro , d'abord 76° 0', Cz. ; puis comme résultat plus précis 76° 6' jy', Cz. (Tom. II , p. 67 et 91.) * KèsuUats des observations originales communiquées par M. Bauza, qui fait le cap Saint-Antoine 87" 17' aa'. = M. Oltraaons, par le passage de Mercure et des hauteurs lunaires, 79° 5' 5o' ; M. Bauza, 79° 3' aâ' ; Du Mayne et Sabine , par des di>tances lunaires, 79'» i5' 3o'. ' L'édition françoise publiée au Dépât de la marine royale : lat. aa» 44' , '""g. 84° 4a'' ' Relat. bisl. , Tom. III , p. 635. « Rec. d'Obs. astr., Tom. II, p. 567. La Teta oriental, d'après Ferrer, lat. aa» 58' i8',5 , long, à l'oc. du Morro 0» a' 48' ; d'après Del Rio , lat. ai" o'. Carte du Dépôt françois, lat. aa° 1'. ' fier. d'OI/s. as(r. , Tom. Il , p. 71. ADDITIONS. 585 M. de Puységur avoient trouvé, l'un , 21° 46' 55' ; l'autre, 21° 4?' '5'. En venant des Jardinillos de l'île de Pinos , j'ai obtenu , par le transport du temps de la Havane, pour la différence de longitude du Morro de la Havane et du Tueblo de la Trinidad, à la Popa, 2° 22'. Celte longitude coïncide" avec celle de la carte spéciale de M. Del Rio, qui trouve 82° 23' 45'. Le Puerto Casilda est de 5' 3o' plus au sud delà ville, mais dans son méridien. Del Rio place, d'après ses notes manuscrites, Boca de Guaurabo (Pointe Sud) par lat. 21 "42 24» long. 75° 49 45' Cz. Cabo de Cruz. — J'ai suivi la position de M. Ferrer : lat. 19" 47' '6', long. 4° 38' 29' à l'est du Morro de la Havane. Del Rio ^ : lat. 19° 49' 27", long. 80° 3' 27'. Morro de Santiago do Cuba. — M. Oltmanns , en rapportant les observations de Don Ciriaco Cevallos à la position de Portorico , trouve 78° 21' [\i' . Jl. Bauza adopte, pour le Morro de Santiago, 78° 16' 4»'» et pour le Puerto de Guantanamo , 77° 35' 30'. Ma carte place ce dernier par 77° 38'. Punta de Maysi. — Voilà encore une position qui dépend chronométriquemeut de celle de Portorico. De nouveaux doutes ont été jetés sur la longitude de ce dernier lieu qu'on croyoit fixée avec une extrême précision. M. de Zach ^ la trouve même incertaine de 5' à 6' en arc. Les résultats diffèrent de celte quantité selon qu'on confond ou qu'on sépare des observations d'une valeur très-inégale. M. Bauza , en supposant le Mono de Portorico 69° 5o' 44,5 Cz. , obtient pour Punta de Maysi 76° 26' P. D'excellens chronomètres de Don José Luyaiîdo ont donné pour Punta de Malcrnillos, lat. 11' 09' 40', long. 70° 46' 23' à l'ouest de Cadiz, et pour les trois points suivans : Punta de Mangles, 19° 62' 33'; Cayo de Moa, 21° 17' 10'; Cayo de Guinchos, 18" 2' 9', à l'est du château de S. Juan de Ulua, que nous plaçons par long. 98" 29'. J'ajouterai encore, d'après le relevé original des observations de Don José Del Rio: Boca dcl Rio San Juan ■•, Pointe NO., lat. 21° 48' 18', long. 74" 3' 5' Cz. ; Boca de Xagua , lat. 22" r 7', long. 74° 18' ; Punta Malahambre. extrémité N'O., lat. 22° 21' 34', long. 75° 53' 29'; Cayo Flamenco, lat. 22" 1' o", long. 75° 20' 8'; Cayo de Don Cristobal, le plus méridional S Pointe Sud , lat. 22" 5o' 3", long. 75° 35' 3o' ; Picdras de Diego Percz , lat. 22° 1' Sg', long. 75° i8' i5'; Cayo de Piedras» (pas à confondre avec un autre Cayo de ce nom, près de BocaGrande, à l'est du Cayo Breton), lat. 2 1° 57' 39", long. 74° 49' 48'. Le cap SE. de l'isle Anguila a été trouvé par le capitaine Du Mayne, qui a beaucoup enrichi la Géogra- phie des Antilles, lat. 23» 29' 3o', long. 79" 27' o' Gr. ou 81° 47' i5' P.; mais M. Bauza préfère 81° 45' 19'. Je suis resté très-incertain .sur la véritable position de Villa del Principe, où Gambon observa les hauteurs méridiennes de plusieurs étoiles, et (le i5 août 1714) une immersion du premier satellite de Jupiter. M. Oltmanns trouve , pour la latitude qui paroit être très-sùrc , 21° 26' 34'; mais, en adoptant la long, de 80" 39 3o', la Villa del Principe coïncideroit presque avec le méridien de Sabana la Mar, près ' Memorlas dcl Dep. (Tom. II, p. Gh) : Tiinldad , Piieblo , long. Ss'sS'Si'; mon chronomùtre, 8j» si' 7'. ^ Je continue à citer les observations originales de cet officier, qui m'ont été communiquées par M. tauza, î Correspondance astron., Tom. XIII , p. 128. Le Morro de Portorico résulte d'après les calculs de l'occultation d'Aldcbar.in du 21 octobre ijgS, faits en 1816, par Don José Sanchez Cerquero (aujourd'hui Director del Observatorio de la Ciudad de San Fernando), par 68° 27' i5' ; d'après M. Ferrer {Conn. des Temps, 1817, p. Saa), par 68» 28' 3' ; d'après M. Cauia , par 68° j8' 29'; M. de Zach, 68° 3r3'. Les calculs de la seule occultation d'AIdebaran avoient donné à M. Oltmanns (/tec d'Obs. astr., Tom. II, p. 125) fiS» 35' i5"; la moyenne de l'occultation des distances lunaires et des déterminations chronométriques est de 68° Zi' 3o'; mais M. Oltmanns préfère 68° 33' 3o'. Portorico oscille par conséquent entre 68° 28' et 68° 34', et sa posi- tion est bien moins certaine que celle de la Havane, de Vera-Cruz, de Cumana et de Carthagène. C'est en supposant Portorico 59° 5o'44',S Cz. que M. Bauza trouve, par de laborieuses recherches, pour la dilférence de longitude du Morro de la Havane il de Portorico, iG° 12' 16", 5 ; pour la différence de Vera-Cruz et de Portorico , 3o° o'. » Hcl. /iis(.,Tom. III , p. 4;8. J'ai donné, p. 38'i et 385 , une liste de tous les mouillages de l'ile de Cuba. * Certainement pas le même Cayo dont j'ai détermine appronimativement la latitude à 22" 10'. [Ol/s. astr., Tom. Il, p. 110.) « J'ai trouvé lat. ai- 56' 4o', mais long. 1° 8' 44' à l'ouest du Batabauo. Il ne faut point oubher que les longitudes absolues se fondent tontes sur celles du Batabano , que je place 84° 45' 56' ; M. Dcl Rio, 84° 43' ï5 . Relation historique, Tom. III, 74 586 ADDITIONS. de la Puota de Judas , à l'est du point où , d'après les cartes manuscrites qui m'ont été envoyées de la Havane, j'ai placé Moron. Celte manière de rattacher Villa del Principe à la côte septentrionale , me paroît très-hasardée dans l'élat actuel de la Géographie du Vieux-Canal de Baluima. Il est assez certain qu'il existe de grandes erreurs de longitude à l'ouest de Punta Maternillos; mais est-il probable qu'elles atteignent un degré ? Nous l'ignorons jusqu'ici. MM. Ferrer et Luyando ont déjà reconnu une erreur de a8' en arc dans le Cayo de Guinciios. M. Bauza me mande que dans la carte manuscrite levée par ordre du comte Jaruco (carte qui est très-défectueuse pour les distances et la configuration de la côte) , la Villa (aujourd'hui Ciudad) de Santa-Maria del Puerto Principe est placée S. 36° O. de la Silla de Cayo Romano, à la distance de 54 milles; mais comment accorder une position si occidentale avec la carte manuscrite de Don Francisco Maria Celi, dans laquelle la Villa del Puerto Principe est placée à peine 0° i6' à l'ouest de l'embouchure de Rio Maximo, et en même temps dans le méridien ' de Cayo Confites? J'ai, dans la seconde édition de la carte de Cuba, supprimé le nom de Puerto Principe, emprunté à la carte de Jeflerys. Il est certain cependant (et le plan manuscrit de Celi l'indique) qu'il existoit jadis , à l'est du Punta Curiana , entre les embouchures du Rio Caunao et de Rio Jiguei , un lieu habité qu'on appeloit Embarcadero del Principe. La ViUa de Santo Espiritu se trouve, d'après de bonnes observations de latitude de Gamboa, par ai» 57' 57'. Une seule éclipse de satellite fait osciller la longitude entre les méridiens de 81» 47' et 82° 9. Les Caymans. — J'ai discuté, dans un autre endroit^, la position de ces îlots qui errent depuis long- temps sur nos cartes hydrographiques. Les belles cartes du Deposito de Madrid ont assigné , à différentes époques, au cap NE. du Grand-Cayman (de 1799 ^ '8o4), 82° 58' ; (en 1809), 83'>4o'; (en 1821), de nouveau, 82' Sg'. Cette dernière position, indiquée dans la carte de Barcaiztegui et de Del Rio, est identique avec celle que j'avois cru pouvoir déduire de quelques hauteurs de soleil prises par un gros temps, à 12 milles de distance, lorsque les pilotes disoient se trouver, d'après les relèvemens de la bous- sole, dans le méridien du centre de l'île. L'horizon étoit mauvais et brumeux, cependant les angles horaires s'accordoient assez bien pour ne pas laisser un doute de 12' en temps sur la longitude du vaisseau. Peut-on admettre un dérangement considérable dans la marche du chronomètre de Louis Berthoud, quand, 6 jours plus tard, la même montre a donné, avec beaucoup de précision , la longi- tude du cap Saint-Antoine (87° 17' 22')? Il est plus probable que je ne me trouvois pas vis-à-vis du centre du Grand-Cayman, et que le jeu des attractions magnétiques a causé de graves erreurs dans le relèvement par la boussole. Voici d'autres données : Carte de Purdy, d'après les observations du capi- taine Livingston (1823), au cap SO. du Grand-Cayman, 85° 62' ; au cap NE., 83° 24'. Carte de la côte méridionale de Cuba , édition du Dépôt françois de la marine, publiée en 1824, et rectifiée par le capi- taine Roussin, qui (conjointement avec le savant hydrographe M. Givry) a tant perfectionné la géographie du Brésil, cap NO. 83° 4G' (lat. 19° 24') ; carte du capitaine Du Mayne, cap NO., 83° 49' i5' (lat. 19° 22' 3o'); cap SO., 83° 47' (lat. 19» 14). C'est cette dernière position qui a été adoptée dans la seconde édition de la carte de l'île de Cuba. M. Sabine rapporte le lieu de ses observations sur l'intensité des forces magnétiques 3 à lat. 19° 25' (?) et long. 83° 25' i5'. La carte de Del Rio donne, pour la long. NO. du Pctit-Cayman {Cayman Chico occidental des navi- gateurs espagnols ) , 82° 25'; mais M. Bauza adopte 82° 2' (lat. 19° 44'). J'ai trouvé le cap oriental du Caymanhrac {Cayman Chico oriental des navigateurs espagnols j en liant ce point chrouométriquement* « Le plan très-détaillé de CeU, levé à la boussole, figure, 17 lieues à l'ouest de la Villa del Principe, une Serrania de piedra yman. Des attractions magnétiques peuvent avoir beaucoup altéré les résultats des relèvemens. ï Comparer mon ««:. d'Obt. astr. , Inirod. , p. XLiii , Tom. II , p. m4 ; Rtlat. hist. , p. Sag. Memorias del Deposito hidrogr. , Tom. II, p. 66. ' Pendalum Exper. , i8a6, p. 4oi. » Rcc. d'Obs. astr., Tom. II, p. uj. ADDITIONS. 587 à Trinidad de Cuba, après 36 heures de navigation , 83° 7' 37". Le transport du temps de Portorico avoit donné à M. de Cevallos 81° 69' 36"; en supposant l'Aguadilla 0° 69' 54" à l'ouest du Morro de Portorico, et celui-ci avec M. Oltmanns par les 68° 33' 80". Tant de doutes sur le Grand-Cayman et les deux Petits-Caymans , que les navigateurs confondent quelquefois , ne seront définitivement levés que lorsqu'un même observateur, muni de plusieurs chronomètres, aura examiné successivement les trois îlots et déterminé leurs longueurs et leurs distances respectives S en les liant au méridien du cap Saint-Antoine. C'est en prenant ce même cap pour base de toutes les opérations faites sur la côte méridionale de l'île de Cuba, qu'on peut examiner le degré de discordance réelle qu'offrent les résultats des différens observateurs. Le capitaine de frégate Don José Del Rio, par exemple, ne donne pas dans les notes manuscrites, la longitude du Morro de la Havane; mais en réduisant les Jariinillos au cap Saint- Antoine, qu'il ne place que de 37" en arc plus à l'est que moi, on reconnoît que ce navigateur suppose les Cayos généralement de 4', quelquefois même de 6' à 9' plus à l'est que moi. Différence des méridiens du cap Saint-Antoine et du Cayo Flamenco. . 5» 18' 5a'. Del Bio. 5» j3' 5o'. Humboldt. Piedrasde Diego Ferez 3« so' 45'. Del Rio. 3« i4' ao'. H. Cayo de Piedras 3° 49' 'a'- Del Rio. 3» 4o' 10'. H. Plus à l'est , les différences deviennent brusquement plus petites , car nous trouvons la différence de longitude du cap Saint-Antoine et de Del Rio. Humlioldt, Rio Sao Juan 4° 35' 55'. 4° 36' 33'. Boca de Xagua 4° ai' o'. 3° aS' o'. Trinidad » (ville) 4" 53' o". 4° 56' iJ'. Je doute que le cap Saint-Antoine ait été réuni au Cabo de Cruz par une triangulation continue ; et , dans l'emploi des chronomètres , l'incertitude des angles horaires pris au-dessus de l'horizon de la mer , peut se compliquer avec celle qui naît de la marche inégale des montres. Ce qui me por- teroit à croire que l'erreur est peut-être moins de mon côté , c'est que l'accord est assez grand entre mes longitudes des Jardinillos et celles qui ont été publiées par M. Espinosa. ( Voyez l'Introduction de mon Rec. d'où. astr. , Tom. I, p. xlvi. ) La différence moyenne n'est que de 12" à i5" en temps. I Déjà William Dampier ne jugea que de i5 lieues marines l'intervalle entre le Cayman Chico occidental et le Cayman Grande. ( foyages and Descriptions , éd. de 1696, Tom II , Part, i, p. 3o. ) » Carta del Rio Caaurabo kvantada , en i8o3 , par et capilan de frelata Don José Del Rio. 588 ADDITIONS. NOMS DES LIEUX. LATITUDE BOBÉILE. Cayo Flamenco ... , , Cayo de Don Crislobal Piedras de Diego Perei Cayo de Piedras PuDta Matahanibre. ... aa" 2' 3o' jï° 11' 4' ja" o' 4o' ai» 56' 4o' aa» 18' 5' LONGITUDE À l'est du batabaho. 12" 5' So' 72" 1' 39* 21" 57' 39' 22» ai' 54' 46' 11- a5' 11' 46' 4i' 8' 46' HOMBOLDT. o» 42' 'i' o" a4' 56' 0° 42' 54' i» 8' 44' o» 6' 5G' Quant aux latitudes des Jardinillos qui ne sont pas les mêmes dans les manuscrits de M. Del Rio et dans le tableau de M. Espinosa, je dois rappeler ici que je n'en ai déterminé aucune à terre, mais qu'elles ne sont qu'approximatives et conclues de hauteurs méridiennes prises antérieurement. A DDITIONS. 589 TABLEAU DES POSITIONS GÉOGRAPHIQUES DE L'ILE DE CUBA, DÉTERMIWÉES PAR DES OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES NOMS DES LIEUX. LATITIDE BORÉALE. Ui.VAnE, fanal del Morru . Teta obiental D£ Managua . Managua, village. San Antonio de Babeto. Rio Blanco El Almibante San Antonio de Beitia. El Fondadebo Los GuiNES Ingenio db Sbivabo San AntOiMo de los Baîios .. Madeuha, village Cafetai, DR San Rafaël .... Mesa del Mahibl ToRBEON DKL MaBIEL Matanzas , ville Pan de Matanzas Pt'^TA de Guahos , Madbazo Mobillo de B ahi A-Honda, .. . Pan de Gt'AlXABON Cabo Sas Antonio. . . , Batabaxo Cayo db Don Cbistobal Cayo Flamenco Las PiEDBAS DE Diego Pebez. Cayo de Piedbas BocA DE Xagua , pointe occi- dentale BocA DEL Rio San Juan, pointe INord Tbihidad , ville Cabo de Cbiz Sa>tiago DE Cuba (Morro).,.. PUEHTO DE GuaNTANAHO Cabo bdeno Cabo Maysi Cayo de Moa PuNTA DE MULAS PdnTA m AIEBNILLOS Cayo db Gi^ikchos Cayo A'bbde Cavo de '.onus Cayo Confitks Caïo Santa Mahia Santa Mabi v de Puebto Pbin ciPE , ville Santo E,spiritu , ville Ilb Angl'ila , cap S. E 23" 9' 24%3 32 58 3 32 58 48 22 56 54 32 5l 34 2 2 57 36 32 53 23 3 3 5l 34 22 5o 27 22 5a i5 22 53 3i 22 55 o 22 57 16 3 2 57 34 55 20 9 27 22 56 7 22 5q 0 22 47 3i 21 49 54 22 4i '9 22 10 0 22 0 0 21 58 10 21 56 4o 32 1 7 21 48 18 21 47 20 19 47 »6 19 57 29 20 6 10 20 16 40 21 4 35 3 1 39 4o 6 5o 21 11 44 22 3g 24 2 1 26 34 2 1 57 36 23 29 3o LONGITUDE à l'ouest DE PARIS. 84° 43' 7'>5 84 4o o 84 37 34 84 3i i5 84 36 7 84 39 i3 84 54 3o 84 85 85 83 12 2à 9 28 3 57 59 49 85 32 33 85 85 3i i5 44 36 u 84 84 84 83 17 22 45 56 21 0 3 32 5 2 37 .2 a5422 82 4o 5o 82 21 7 80 78 77 76 76 77 77 79 So 79 79 80 16 35 35 3o 12 56 24 59 55 3 52 4i 36 3i 25 o 32 i5 o 32 43 45 Si 16 5o NOMS DES OBSERVATEURS, et Remarques. 45 Robredo, Ferrer, Galiano , Huniboldt (Résultat définitif de M- Oltmanns en 1808J. Ferrer s'arrêta, en 1817, à 84° 42' 44'; pl"8 'ara, par 21 occulta- tions d'étoiles, k 84° 42' 19'. Le Maur, Ferrer, Humboldt. Humboldt; longit. incertaine, lat. sûre à 10' ou 12' pr^s. Humboldt. Id. Id. Id. (près de la ville San Antonio de los Banos), Hum- boldt. Le Maur. Jd. Id. Ferrer. Id. Id. (la Mediania de Guanajay). Id. Id. Id. Id. Id. (point le plus méridional de la baie de Uahia Honda). U. Id. Humboldt. Le Maur, Humboldt. Id. Humboldt. Les latitudes dans les Jardines et Jar- dinillo», non observées à terre, mais conclues I d'observations faites hors du méridien des Cayes. Del Rio, Humboldt. Gamboa , Puységur , Humboldt (latit. contes- tée). Cevallos, Bauza, Ranza. Ferrer. Ferrer (Bauza , long. 76° 26'). Luyando. Fener. Luyando. Luyando ; dans le canal Viejo de Bahama. Ferrer. Id. Id. Id. Gamboa , Oltmanns. Oltmanns. Du Mayue. 5gO ADDITIONS. On s'est borné, dans le tableau des positions de l'île de Cuba , à un très-petit nombre, parmi les- quelles les plus importantes ont été discutées dans les pages qui précèdent. Comme ces positions dépendent presipie toutes de la détermination précise du méridien de U Havane (celui du Morro) ■ on a eu égard aux 23" en arc dont M. Ferrer, d'après un Mémoire publié en 1814, et au\ 48" en arc dont M; Bauza (d'après un Mémoire de M. Ferrer rédigé peu de temps avant sa mort) placent le méridien plus à l'est que M. Oltmanns. Si j'ai indiqué dans le tableau des positions le résultat ancien de M. Oltmanns, ce n'est que pour conserver plus d'harmonie pour d'autres points avec les tableaux insérés dans mon Recueil d'observations astronomiques. D'ailleurs il ne s'agit ici que de différences de longitudes entre le Morro et les autres points ( les caps, les cayes, etc.), et pour ceux-ci un doute de 3" en temps se perd entre les variantes lectiones. En excluant les éclipses du soleil, dont celles du 21 février i8o3 et du 16 juin 1806 donnent une longitude très-occidentale, et n'ayant égard qu'aux seules occultations (au nombre de 16 publiées par M. Ferrer jusqu'en 1814), je trouve pour le Morro de la Havane 84*42' i8",5. De ces 16 occultations, 10 ne s'écartent pas au-delà de 1" en temps du résultat moyen. On peut croire que les tableaux de positions seroient plus utiles aux navigateurs et aux géographes, s'ils présentoient , en général, les limites extrêmes entre lesquelles, dans l'état actuel de nos connois- sances , oscille chaque longitude. 11 n'est pas aisé de tirer un résultat d'observations d'inégale valeur ; et, dans ce procédé qui exigeroit l'emploi du calcul des probabilités, les géographes ne suivent qu'un système de tâtonnement. D'un même nombre d'occultations d'étoiles , par exemple , qui oscillent autour d'une longitude moyenne de 2" à 8" en temps , on peut tirer des résultats très-différens selon qu'on prend la moyenne de toutes les observations ou qu'on en exclut quelques-unes. Le problême est plus difficile à résoudre encore lorsqu'on balance entre les limites des erreurs d'un petit nombre d'occulta- tions, d'éclipsés de soleil, ou de passages de planète, et les limites des erreurs d'un très-grand nombre de satellites , de passages de la lune au méridien , ou de distances lunaires. Les longitudes extrêmes , entre lesquelles oscille chaque lieu , sont à considérer coname les maxirtia et minima moyens des tem- pératures de l'année. Ces limites doivent rappeler que, d'après les connoissances acquises dans l'état actuel de la géographie astronomique , il est extrêmement probable qu'un lieu ( par exemple le port de Carthagène) n'est situé ni plus à l'est que 77° 4?' 5o" , ni plus à l'ouest que 77° 5i' i5". Comme les observations dont les résultats sont le plus rapprochés des limites extrêmes, n'offrent pas un égal degré de certitude, la longitude qu'aujourd'hui on peut regarder comme lu plus probable, n'est aucu- nement la moyenne des longitudes extrêmes. Le tableau suivant offre un essai de réunir dans un petit espace, et pour 20 positions fondées sur l'observation de phénomènes célestes, tout ce qui peut faire juger de la confiance que mérite le résultat définitif. L'expression généralement usitée de longitude chronométrique est excessivement vague, si l'on ignore quelle position a été adoptée pour le lieu du départ. J'ai constamment ajouté cet élément à la différence des méridiens qui a été obtenue par des chronomètres. ADDITIONS. TABLEAU DES POSITIONS GÉOGRAPHIQUES DE L'ILE DE CUBA. 5g I NOMS DES PO SITIONS. CiiBiAPTA [CastiUo de San Aa- tonio) La Guayha (raôle) CAaTHAGiNB DBS Ihdks (cathé- drale HAVAiiE(Morro). PuBBTO Rico (Morro). FoaiRoïAL (Martinique). . . PoBi-RoïAt (Jamaïque). . . . FoaT-Wn,i.oocHBï (Barbade). Ils Anbatomibiu (Brésil. ... Rio Jabeibo (ile Ratos) Mo.NTE-ViDBO Valpabaiso (castillo del Ro- sario) LIMITES EXTRÊMES. CoQVIHBO. 66° 29' i5' et 66° 3i' 10' 69 23 10 et 6y 29 00 77 47 5o «' 77 5i i5 84 42 19 et 84 45 10 68 27 45 et 68 34 00 63 25 4o et 65 28 6 79 3 45 et 79 i3 3o 61 55 45 et 61 57 3o 5o 58 12 et 5i 1 i5 45 32 35 et 45 36 55 58 3o 22 et 58 57 10 74 00 00 et 74 >» 00 75 38 00 et 73 47 45 REMARQUES. Probablement 66° 3o' o*. — Ed. de soleil. Sat, Dist. lun. (Ed. de sol. 4^ 25' 45'. Sat. 4»' 25' ôfyS. Dist. lun. 4»» aS' 52*, 5. DiiFér. mér. chionometrique de C. et St -Croix-dc- ïénùriHe, S** ii' 52*; doù long, chion. 4** 26' 4'' Uum- boldt , Oltmanns). Prob. 69" 27' o'. — Sat, Dist. lun. (Sat. 69* 3o', Ferrer, Oltmanns. Dist. lun. 69» iS', Ferrer, mais tables de Ma- s 3n ) . Prob. ;;" So'. — Pass. de Merc. Occult. Sat. (Pass. de Merc. 77" 46') Fidalgo , Rubredo, Tlscar. Occult. 77» 4?' 54', Fidalço, Tiscar. Occult. 770 ^8' i5", IVogucra, Oltm. Occult. 77" 5i'45', Ferrer. Ecl. de sol. 77" 49' 55', Tiscar, Robredo. 831.77° 5*' *^"' Nuguera, Oit. Différ. mér. chron. de C. et du Morro de la llavane, 6° 54' i5'; d'où long. 77° 48' 4', Humboldt). Prob. 84** 42 II)'.— Occult. Ecl. de sol. Sat. (21. Occult. S4° 42' 19", Ferrer, Robredo. Ed. du sol. 84° 44' 24', Ro- bredo, Ferrer; mais d'après les tables plus récentes. OU. 84" 43' li\ Sat. 84° 42' 54' Humboldt, Galiano, Robr., Oltm. Différ. mér. cbrou. du M, et de Puertorico, 16* 12' 16', 5, Rauza). Prob. 68° oV la'.— Occult. Dist. lun. (Occult. d'AIde- baran, sous des circonstances peu favorables, 4'' ^3' 22', Churruca, Lalande; 4*" 35' 36', Méchain ; 4'' 33' 58',6, Triesneckcr ; 4^ 34' 7', 6, Wurm ; 4'' 33' 38', Ferrer ; 4*" 34' 22', 9 . Oltmanns ; 4'' 53' 46', Cerquero ; 4*" 54' 4'» ^acb- Dist. lun. 08" 24'4 •") F^'"*'6f, mais par des tables plus réc. Oltm. 68° 27' 45' Long. Cbron. par la Havane, 6S* 3o' 5' ; par Vera-Cruz , 68" 29', Rauza, Oltmanns). Prob. 63" 26' o' — Passaf^e de la lun. Sat, Chron. (Pass. lun. 6.')° 26' o', Pingre , Oltm. Diff. mér. chron. du F. R. et du Cap François, li"* 10' 36', d'où long, cbron. 63° 27' 34'ï de F. R. et Falmouth à l'iled'Antigoa o*,44' 0'; d'où long, cbron. 63° 28' 6', Borda]. Prob. 79° 5' 3o'. — Passage de Merc. Ascens. dr.de la lune. (Pass. de Merc. 79" 5' 45', Macfarlanc , Candier , Oltm. Arc. dr. lun. 79° 7' i5', Mad'arl. Oltm. Long, chron. 79" i3' 3o', Sabine; 79° 12' 45*, Du Mayne). Prub. 61» 56' 48'. — Occh/(. Sat. (5 Occult. 4»» 7' 43',7, Maskclyne , Oltmanns ; 1 2 sat. 4'' 7' 5o', Mask., Q\\..). Prob. 5i* 1' i4'. — Dist. lun. Chron. (Dist lun. 5i" i' 17', Duperrey. Diff, mér. chron. d'A. et Sl.-Croixde-ïén., 32° 27' 48' ; d'où long, chron. 5i°o'53', Roussin , Givry ; d'A. et l'île Ratos, 5« 25' 52*, Givry, Fouque, Larligue; d'où long, chron. 5 1° o' 46' ). Prob. 45" 55' 14' — -^«^ (au nombre de 285 Im. et Em.). Dist. lun. Chron. (70 sat. 4&° 36' 55', Dorta Prem. sat. seul 45° 56' 4o'. Long. Chion. 45° 35' i4', Givry ; 45° 3»' 33', Fouque ; 45* 56' 22', Fieycinet ). Prob. 5S° 34' 20'. — Pass. de Mercure. Occult. Sat. (Pass. de Merc. 58° 3o' 22', Malasp. Occult. 58° 37' 1 1', Malasp. Sat. 58" 3o' 55', Varela). Prob —Occult. Ed. de Sol. Sat. Dist. lun. (Occult , 73° 51' i5'. Hall , Foster ; mais d'après Ollrn., 74** n' tq' . Ecl. de sol., 74" 8' i5', Feuillée et Méchain; 74° 7' 21', Feuillée et Tri« snecker. Sat. 74° o' 25', Malasp. Méchain; 74» i4' i5', Oltm. Dist. lun., 73° Sy', Lartigue. Diflér. mér. chron. de V. et Callao, 5'' 3o' 4"', Malasp. ; S** 5i' 47", Hall; S** 5o' 43", Larligue; d'où long. moy. chron., 74° 5' 27'. Ditlér. chron. mér. de V. cl Qniica, o" 4y' 2'). Prob — Occult. Sat. (2 otcult., 73" 4?' 45', Malasp, Tiscar; 2 sat., 73° 38' o', Malasp. DiMér. mér. chron. de C. et Valparaiso , O" 16' 16', moy. de Malasp. et Hall ; de C, et Callao, moy. de l'Atrevida , de la Dcscubicrta et de Rasil Hall, 5" 4?' »y' ; d'où long. cbifMi., 73° 46' 44'* Bauza prdère pour Valparaîso, 74* 5' i8%5; pour Go- qaimbo, 75° 43' 54' ). Sga ADDITIONS. NOMS DES POSITIONS. LIMITES EXTBÊMES. UE MARQUE S. Callao (Fuerte Sao Felipe). GcAVAQUii. (niùle de la ville) QciTO (grande place). Pa.-vaua (cathédrale). AcAPuLCo (môle). .Sa\ Blas (Contaduria), Veba Cai'2 (mûlc). 79» 53 oo' et 79° 35 10' Î3 i4 00 et 82 iS 25 81 4 i5 et Si 6 3o 3i 38 45 et 81 44 5o 102 9 3o et lo-i i3 00 107 55 4o et 107 38 5o 98 28 00 et 98 7o i5 Prûb. 79* 34' 3o^ — Passage de Mercure. Sal. Dist. Iiin. (Pass. de More, 79° 34' 3o', HuQib. et Ollni. Si» sat., 79° 3i' 55", obs.  Lima, Oltin. Un sat., 79° 35' 54', Malasp., OItm. Dist. lun., 79" .>g' 4i', Lart. ; 79° 34' 5', Diipernj). Prob.S2° l8' lo'.—Ôccull. Ed. liin. Chron. (Occult., 82° iS' 11', Malasp., Oltmanns. Ecl. lun. comparée S 6 obs. corresp.82' 18' 25', Malasp. et Oltm. DiU'. nitir. chron. Je G. et du Callao, 2° 43' 4o'i Uumbuldt ; d'où, long, chron., 82° 18' 10'; de G. et Callao, 2° 39' 53', Malasp.; a» 33' 3(;', Hall). Prob. 8i- 4' 38'. — 5a<. Ecl. de lun. Ditl. lun. (Sat., S'' 24 17', Ulloa.Godin, Oltmanns. Ecl. lun. ,5''24' ig'.UIIoa, OItm. Oist. lun., 5'' 24 a6', Humb. Dillér. mer. chron. de Q. et de Popayan, o'* 8' ao',3; d'où long, chron., 5** 24' 21', Uumb.). Prob —Occull. Sat. (2 occult., 81» 38' 17', Ma- lasp., Tiacar; 2 sat., 81 "'47' '5', Malasp. Différ. mer. chron., deP.it d'Acapulco, 20° 33' 5', Malasp.; d'où long, chron., 8i« 36' ?S'. Plusieurs autres combinaisons chron-, par Por- tobelo et Carthagènc des Indes, donnent à M. Bauza, long. 81» 43' 33'). Prob. 102° 9' 33'.— Occu/f. Sat. Dist. lun. (Occult. 6'' 48' 5o',5. Malasp., OItm., .Sal. 6" 48' 58', Mal., OItm. Dist. lun., G' 48' L.6', Humboldl. DilT. mer. chrou. d'A. et de S. Blas, o' ai' 22', Malasp.; o' 21' 38', Hall ; d'où long. chron. moy., 6' 48' 58' ; d'A. et de Guayaquil, 1'' 19'27', Uumb. ; d'où long, chron., 6'' iiS' 39',8.) Prob. 107° 35'48'.—C>i:f.i/<.5a(.Oisf./«n. (Occull., 107° 38' 42', Hall et Poster; un sat., 107» 34' 35', Malasp. et Ollni.; éd. lun. 107° 36' 45', Malasp. OItm.; dist. hio , 107" 37 24'; Hall ; M. Baoza s'arrOte pour Acapulco à 102" 12' 4i': pour S. Blas, 107* 37' 4'). Prob. 98° 29 o'.— Occull. Sal. Dist. lun. Chron. (Oc- cult., 6' 53' 5/, Ferrer, Oltmanns- Sat. G' 33 52', Ferrer et OItm. Opérations hypsom. 6'' 34' »', Humb., Par une éclipse de soleil observée à Tabasco, 6''33'54', Ferrer. DiOér. mér. chron. de V- et Morro de Portorico, a*" o' o', Bauza; de V, et du Morro de la Havane, i3«» 45 44', Montes, Ferrer, Isasbiribil ; d'où long, chron., 98* 28' 5' ; de V. et Cap-François, 23° 5o' 8', Borda, F'errer, Chur- ruca ; d'où long, chron., 98° 28' 18'). (En examinant dats ce tableau les limites entre lesquelles oscillent les longitudes, on se forme une idée assez précise de l'état actuel de nos connoissauces de Géographie astroiioiuique américaine. L'ensemble des positions donne un peu moins de i5' en temps pour l'étendue moyenne des oscilla- tions ; dans la moitié des longitudes indiquées, les extrêmes ne s'écartent que de y',?.) II. TABLEAUX STATISTIQUES DE l'iLE DE CUBA POUR LES ANNÉES l825 ET 1829. C'est un objet d'un vif intérêt politique que de suivre l'accroissement progressif de la prospérité d'une des Grandes Antilles, dans laquelle les hommes libres forment encore trois cinquièmes de la population, et qui, par sa position géographique, par l'admirable fertilité de son sol et par l'intelligence de ses habitans, offre un vaste champ à la civilisation humaine. J'ai présenté dans le sixième Livre de cet ouvrage les élémens numériques de cette prospérité, telle qu'elle s'étoit développée jusqu'à la fin de l'année 1825. J'avois discuté, d'après mes propres observations et les documens olTiciels qui exis- toient alors, la situation géographique du pays, la configurations du sol, sa constitution géognostique , sou climat, la division administrative , judiciaire et ecclésiastique, l'état général de la population ADDITIONS. SgO considéré dans ses rapports avec l'étcntluc territoriale, la division des castes, les progrès simultanés de resclavage et de l'afFraucliisscment, la nature des produits agricoles et leur estimation numérique, le com- merce, les finances et la force militaire. Tandis que je m'occupois de cette étude des faits, le gouvernement espagnol, éclairé sur ses propres intérêts, fil poursuivre de son côté . sur les lieux mêmes, un travail statistique, entrepris dès l'année 1817, d'après les ordres du capitaine général de l'île de Cuba, Don Francisco Dionisio Vives. Mécontent des notions vagues et incohiplètes qu'on trouvoit réunies à la Havane, ce chef actif et expérimenté envoya, en iSiS, aux frais de l'tlat, des com- missions dans différentes parties de l'île , pour recueillirdes documens statistiques. Le résumé de ce travail, puissamment secondé par un administrateur habile , l'intendant Don Claudio Martinez de Pinillos Condc de Villanueva , a été publié à la Havane , sous le titre de Ciiadro estadistico de la siemprefiel Isla de Cuba, correspondknte al ano de 1 827, formndo por una Comision de gefcs y officialcs de ordeii y bajo la direccion del Escelentieimo Seiior Capitan General Don Francisco Dionisio Vives , precedido de una descripcioii historica, fisica, geugrafica , y acompaitada de qnantas notas son conduccntes para la ilustracion del cuadro^. Les auteurs du nouveau Tableau Stalstistiquc ont refondu ' dans leur ouvrage, comme ils l'énoncent eux-mêmes , une partie de mon Essai politique, publié à Paris à la fin de l'année 1826. .le dois les remercier de la bienveillance particulière avec laquelle ils ont traité mon travail, le « premier et le seul qui (selon eux ) a fait connoîtie, avant 1829, les richesses territoriales de l'île de Cuba n . A l'époque où je fis paroître mon Essai, on n'avoit fixé, par aucun dénombrement postérieur à celui de 1817, la population de cette belle colonie; je l'évaluai , d'après des considérations générales , pour la fin de l'année i83.'>, à 715,000, dont 1^25, 000 blancs. Le recensement de 1827, ordonné par le général Vives, et publié dans le Cuadro estadistico, a donné 704,487 , dont 3ii,o5i blancs. Le pre- mier devoir du voyageur est l'amour de l'exactitude des faits. Si le désir ardent de remonter aux sources, de démêler la vérité dans l'insuEfi.sance des élémens de discussion , si l'éloignement pour les conjectures vagues et de vaines déclamations se manifestent dans ses ouvrages, le voyageur n'a point à redouter la critique de ceux qui, sur les lieux mêmes, sous des circonstances plus heureuses, étudient le sol natal. C'est à ce simple amour du vrai, à la candeur seule avec laquelle j'ai présenté les bases numériques des résultats auxquels j'ai cru pouvoir m'arrêter dans des discussions de science ou d'économie politique , que je peux .seul attribuer les jugemens bienveillans qiic simultanément, dans deux pays divisés d'opi- nions , au Mexique et à l'île de Cuba, on a porté sur mes travaux statistiques. C'est, je l'avoue, une bonne fortune à laquelle il étoit difficile de s'attendre dans les temps orageux où nous vivons. Toujours inté- ressé à perfectionner mes travaux, je vais réunir succinctement dans ce Supplément les données les plus importantes qu'offre le Rapport officiel publié à la Havane; j'y ajouterai quelques réflexions que de nouveaux élémens numériques ont fait naître , et auxquelles conduit l'étude positive des faits. Je persiste à croire que les tableaux de la population des Antilles divisée par castes , n'ont besoin d'aucune inter- prétation. Tout l'avenir du Nouveau-Monde semble inscrit dans ces inventaires du genre humain ; avenir funeste et alarmant si l'on hésite encore long-temps à prendre des mesures énergiques dans les colonies, si une législation humaine et de .sages institutions ne conduisent pas à l'émancipation pro- gressive des noirs. ÉTESDtlE DE L4 SURFACE. L'aréa de l'île de Cuba atteint celle du Portugal, et à j près l'aréa de l'Angleterre, sans le pays de * Tableau statistique de la très-Gdéle île de Cuba pour l'aonée 1827, rédigé par une Commission administr.ilive , d'après lus ordres de M. le Capitaine général Don Francisco Dionisio Vives, ouTi âge précédé d'une description Uislorique, pbjsique et géographique et accompagné de notes explicatives du tableau. (A la Havane, 1839.) ï Cuadro eitad. , Inirud, et p. 56 , i3, i|, i8, a&, 37. Relation historique, Tom. III. 78 594 A D D I T I o r( s. Galles. D'après les cartes nouvelles construites' à la Havane, on a trouvé , en 1829, l'étendue de 1=^ surface en milles carrés : Partie du gouvernement de la Havane qui s'étend depuis le cap Saiat-Àntoine jusqu'aux limites du gouvernement deTrinidad et de la colonie Fernandine 8,48a j Gouvernement de Matanzas 4^9 t Colonie Fernandine aa 7 Gouvernement de la Trinidad 6,18a Lieutenance de Puerto Principe 6,293 7 Gouvernement de Santiago de Cuba 1 1,048 Ile de Cuba 3i,468 Iles et Cayes adjacentes «,339 {- Total 32,807 i Comme trois de ces milles forment une lieue marine de 20 au degré , les 3a, 807 7 millas cuadradas équivalent à 3,645 lieues marines carrées. L'évaluation de l'île de Cuba seule (3 1,468 m. c. ) n'est que de 25 lieues carrées plus grande que celle à laquelle je me suis arrêté , d'après les calculs 3e M. Bauza , dans V Essai politique *. Il reste par conséquent bien prouvé , par des procédés graphiques qui se con- firment réciproquement, qu'avant la publication de mon ouvrage ou s'étoit trompé de plus de \ sur l'aréa de la plus grande des Antilles. POPIIATIOM. Depuis la publication de VEssai politique sur l'île de Cuba , la population a été déterminée par un dénombrement fait avec beaucoup plus de soin que les dénombremens précédens de 1776, 1791 et 1817. Le censo de 1827 s'est élevé à 704,487 ûmes , et avec les garnisons , les équipages des vaisseaux et les étrangers sans domicile , à 730,362. RÉStILTAT GÉRÉSAL DC DÉNOMBBEMENT DE 1827. HOMMES. Blancs i68,653 Libres de couleur 5 1 ,962 Nègres et mulâtres esclares 183,190 4o3,9o5 Parmi les io6,494 libres de couleur , il y avoit : PBUMBS. tout. 141,398 3ii,o5i 54,53. 106,494 io3,65i a86,94i 5oo,58j 704.487 HOMMES. HuUtrea libres 38,u58 Nègres libres a3,9o4 51,962 rSMMES. 29,456 25,0^6 54,532 TOTAI.. 57,5i4 48,980 106,494 * Ces cartes se fuDclent sur celles du Deposito liidrogiaCco de Madrid , le Portulano de la Isla de Cuba, et sur mes propre» observations astrODOmiqucs. Cuadro estad. , p. 39. ' Dans le nouveau calcul , on a comprit les • bahias y ensenadas ■ . Parmi lec iles adjaceotes les plus grandes sont Isla d< Pioos, 865 \ milles carrés; Cayo Romano, 172; Cayo Cru», Jg m. c. ADDITIONS. 5g5 En supposant exact le recensement de 1775, qui donnoit 170,862 , on trouve qu'en cinquante-deux ans la population totale de l'île a quadruplé ; l'augmentation partielle auroit été D'Hommes blancs i i4i09*^ De Femmes blanches 101, 534 De Mulâtres libres 18,037 De Mulâtresses libres 2o,45o De Nègres libres 1 7)945 De Négresses libres '9)447 De Nègres et Mulâtres esclaves 1 54,5 16 De Négresses et Mulâtresses esclaves 88,090 La population de 1827 était divisée de la manière suivante : nANR T.R5 VILLES ET VILLAGES. blancs, a/franchis. esclaves. i6l)32l 7*)225 65,954 DANS LES pf.ANTATiows {Itaciendas y fneas). blancs, affranchis. esclaves. 149, -3o 35,27» 220,988 Les 220,988 esclaves répartis dans les champs , se trouvent à peu près au nombre de 70,000 dans les plantations de sucre, au nombre de 5o, 000 dans les ca/etales. Plus de 100,000, la moitié de tous les noirs esclaves des champs , appartiennent à de petites plantations {fincas meiiores) , à des cul- tures dispersées , où l'on ne produit que du maïs, des bananes et des fourrages. Ce dernier résultat de même que , l'accumulation d'un si grand nombre d'esclaves dans les villes , sont des objets d'un intérêt politique bien puissant dans un pays dont la population est composée de tant d'élémens hété- rogènes. On ne connoit point les procédés suivis dans les opérations des quatre recensemens qui ont eu lieu depuis 1775, mais il n'est pas douteux que dans un pays dans lequel la civilisation a fait des progrès si rapides, le dénombrement de 1827 ne doive être le plus exact de tous. L'inégalité de précision dans les opérations antérieures , rend les comparaisons et l'évaluation des accroissemens progressifs de la population de 1775 à 1791 , de 1791 à 1817, de 1817 à 1827 peu sûres. On ne peut admettre la probabilité des résultats de ces comparaisons de seize, vingt-six et de dix ans qu'entre de certaines limites des maxima et des minima. Il me paroît, par exemple, peu probable que le nombre des alFranchis ou libres de couleur ait diminué, au lieu d'augmenter, de 1817 à 1827. Dans la première année le censo donna 114,057 pour une population fotale * de l'île, de 551,998; le censo de 1827 n'admet d'affranchis [pardos y moreiios libres) que 106,494 sur une population totale de 704,487; le rapport des affranchis à la population entière auroit par conséquent été réduit de 20 à i5 pour cent. Si les affranchis s'étoient multipliés, de 1817 à 1827, dans la même progression que les blancs, leur nombre aurait dû être en 1827, de i44)000. Il y a bien des raisons pour ne pas admettre cette égalité de progrès dans la population des blancs et des libres de couleur , mais le triste résultat de la dimi- nution des derniers ne paroît aucunement probable dans un pays où la religion , les mœurs et la législation favorisent l'affranchissement. Les auteurs du Rapport officiel soupçonnent eux-mêmes des erreurs dans le recensement de 1817 , non seulement par rapport i la proportion des sexes , mais aussi par rapport au nombre des affranchis '^. La probabilité de ces erreurs augmente par le simple aspect du tableau qui présente le mouvement de la population de l'île en 1827. * J'admets ici le chiïTre de 551,998 qu'offre le Cuadro cslad.^ au lieu de 573,^63 que donne le détail officiel du dénombre- oient de 1817, que je possède. En ajoutant 3a,G4t blancs {transeuntes y de los buqucs) et 25,976 nègres esclaves importés dans la même année 1817, le recensement de 1817 offre un résultat assez différenl de celui du Cuadro eslad.^ savoir pour 1817: blancs, 290,021 ; libres de couleur, 115,691; esclaves, 225,261 , total de l'ilc , 630,980. Tel étoit aussi le nombre auquel s'arrêta la Depiilacion Provincial dans un mémoire piéseati aux Cortés. J'ai discuté , plus haut , les variante) kelioMS du lecensement de 1817 (Tom. III, p. 395, 596). 2 Cuadro est. , p. gi) , a' 2. 596 ADDITIONS. CASTES. flAlSSAHCBS. DÉCÈS. inFLCBnCE du mouvement 5ui la [>ojiul.iIiun de 1S37. Blancs 13,938 3,048 ■.778 13,739 6,632 >.J79 .,573 7,08 1 3,3 p. C. '.9 0,4 '.9 Mulâtres libres Noirs libres Mulâtres et noirs libres Total 5o,48î 16,665 '.9 Il ne faut pas oublier en discutant les progrès partiels des dlfférenles classes dont se compose la populution , que les accroissemens ou décroissemens partiels ne sont pas seulement la suite du mouve- ment naturel , des rapports des naissances aux décès , mais qu'ils ont été modifiés par les émigrations fréquentes d'hommes blancs d'Europe , du Mexique et de Colombie à l'ile de Cuba , par le passage (frauduleux) des mulâtres à peau peu basanée, à la classe des blancs, et parle commerce clandestin des esclaves africains '. L'Ile de Cuba égale prcsqu'en surface l'aréa totale des autres Grandes et Petites Antilles. Si tout l'Archipel américain a près de 7,800 lieues marines carrées avec une population de 2,855,ooo , l'île de Cuba en • Plusieurs journaux d'Europe, très-estimables d'ailleurs {Culumbns , 1827, Februar, p. 168-170. fVclmaT, Ceogr. Epheiner., Tom. XXI , p. 353 ) , ont rapporté un prétendu recensement de l'ile de Cuba, du 8 avril 1836, oOrant les résultats suivacs : Blancs 518,998 Hommes de couleur libres 70,330 Esclaves 5*7, Su Total 936,330 Un coup d'œil jeté sur le recensement officiel de 1817, ponvoit faire deviner la fausseté de ces nouvelles évaluations. J'avois tâché de rendre très-probable, par des raisonnemcns appuyés sur des faits, qu'en 1825 la population de l'ile devoit être composée de Libres 4^o,ooc Blancs 335,ooq Libres de couleur 1 3o,ooo Esclaves 360,000 Total 7 1 5,000 Je présentois ces chiffres comme nombres limites du minimum ( Voyez plus haut , Tom. III , p. 087 et 393 ) et le ri censément de 1S37 que je n'ai appris à connottre que depuis mon séjour à Paris (en octobre i83o), m*a prouvé qu'à l'exception des libres de couleur, dont je devois exagérer le nombre à cause des erreurs du censo de 1817, mes conjectures se sont trouvées assez justes. Le dénombrement de 1837 donne, en ajoutant les 36,075 trunseuntcs, garnisons et équipages des navires : Libres , 443,6ao Blancs 337, ' '^ Libres de couleur 106,494 Esclaves 1^86,94 3 Total 730,563 La prospérité des cultures et du commerce', les émigrations du continent américain espagnol et les arméniens ont fait accroître la population de 1835 à 1837. 5 Tom. III , p. 388 ADDITIONS. 597 occupe 5,600 lieues carrées avec une population de 730,600. Sur la moitié de l'aréa de l'Archipel, Cuba n'offre pas le quart de la population totale. Si l'île de Cuba avoit la deiisitt: de la population de la Jamaïque, elle présenteroit déjà 3 millions d'habitans ; mais quel contraste dans la distribution actuelle des castes ! Ir-EDsCiB*. Jauaïqub. Blancs luo 100 Libres de couleur iVo Toj hsclaves loô loi, Les nègres de race pure forment aujourd'hui presque les deux tiers ; les blancs forment un sixième de la population totale des Antilles; mais depuis l'émancipation de Saint-Domingue , c'est-à-dire depuis l'établissement d'une colonie africaine en Amérique, cet Areliipel offre déjà (à côté de 1,170,000 es- claves ) 1,200,000 libres de couleurs mulâtres et noirs, et 483,ooo blancs, par conséquent \ d'hommes libres sur | d'esclaves. J'avois évalué, pour l'année 1825, la population relative (XcYWc de Cuba, de 197 individus par lieue marine carrée. Le Rapport officiel la trouve, pour 1827, de 201 individus ; mais la densité de la popu- lation est très-différente dans les parties occidentale , centrale et orientale de l'île. Cette division en trois Departementos militares est très-moderne. Voici les limites de chaque division : DÉPAKTEMERT DE l'Odest. 11 Comprend toute la partie occidentale de l'île, depuis le cap Saint-Antoine jusqu'à une ligne qui se dirige de l'embouchure de la petite rivière de Sierra Rlorena, par San Felipe, Yaguaramas elle Rio Hanabana à la grande Cienega de Zapata, et au fond de l'Ënsenada de Broa. DÉPARTEMENT DU CENTRE. Il s'étcnd de la limite orientale du département de l'Ouest jusqu'à une ligne qui se dirige de Nuevas-Grandes sur la côte septentrionale, vers l'embouchure du Rio .lobabo. DÉPARTEMENT DE l'EsT. Il s'étcnd de la limite orientale du département du Centre , jusqu'à la pointe de Mayzi. La distribution de la population (sans les transeuntes) est consignée dans le tableau suivant : DÉPAUTEMENS. LIKtltSUARIHES carrées. POPfLATlO.-ï CD 1827. SLtt UNE LIEIE marine carrée. 849 408,557 4Si, c^unl 194 blancs , 54 all'iancbis , 255 esclaves. (Havane, M.itnnzfls, Final de! Rio, Sati l'Vlipe y Santiapo, liejikcal, Ja- niro , Siinta Maria del Bosariu, San Antonio Abad , UaCabano, Giiines). Dkç, nu Cembe i/iso » 64 ,4 97 ii5, dont 69 blancs, 17 aflVancliis, 29 esclaves. Puerto Principe, ISuevilas, Trinidad, Santa Clara, Santo Espiritu , San Juan de los Itemcdius), liV i3i,453 106, dont 58 blancs, 39 adr. , 59 esclaves. ( Sanliagu de Cuba , Bayamo , Guisa , llulguin, liaracoa, Jiguany ). 3496 704,487 301, dont 89 blancs, 5o allrancbis, 82 esclaves. 5g8 ADDITIONS. Dans le centre de l'île, les esclaves sont aux hommes libres dans le rapport de i à 3; dans l'est , comme i à i •^; dans l'ouest, dans la partie la plus cultivée, comme i à i ■—. CLASSES DE LA POPULATION. DÉPABTEMBHT de l'ouest. DéPiaiEMBRI du centre. DÉPiBTEMBm de l'est. ILS DE Cl'Bi. Blancs o,4o Ojll 0,49 6,6o o,iS o,}5 0,56 0,27 0,37 0,44 o,i5 0,41 Libres de couleur ( La population totale est prise pour unité). 1,00 1,00 1,00 1,00 Si, au lieu de s'arrêter, comme dans le tableau qui précède, au résultat de 704,487, comme population fixe en 1827, on évalue la population totale ù 730,562, en ajoutant 26,076 hommes blancs qui composent les équipages des navires et la garnison , on trouve pour toute l'île de Cuba : Blancs 0,46 Libres de couleur o, 14 Esclaves 0,39 Je m'étois arrêté ', pour la distribution des castes, en i8a5, aux rapports 0,46, 0,18 et o,36. AGRICULTURE. SccHE. —J'ai publié ^, presque année par année, l'exportation du sucre par le port de la Havane . de 1786 à «824. EUe a été De 1760 à 1763 , de 1 3, 000 caisses. De 1 770 à 1778 5o,ooo De 1786 à 1796 . 80,095 De 1796 à 1800 i34,75o De 1800 à 1810 177,998 De 1810 à 1820 207,696 De 1 820 à 1 825 25o,584 En 1826 271,015 En 1827 26A,g5i En 1 828 268,586 ■ En 1829 260,857 Mais l'exportation du sucre par le port de la Havane n'offre plus une mesure exacte des progrès de l'industrie agricole , depuis que dans la proximité de la capitale la culture du sucre a fait place à d'autres genres de culture , et depuis que le commerce des autres ports (de Matanzas, Santiago de Cuba, Principe, ou plutôt Nuevitas, Tiinidad, Holguin et Manzanillo) a si rapidement a-jgmenté. L'exportation de tous les puertos habilitados de l'île a été, en 1827, de 5,878,924 arrobas de sucre; savftir ; ' Tom. III, p. 388. » t. t. , p. 409. ADDITIONS. 599 Par la Havane 3,974>>65 arrobas. Par Matanzas I,2i4)5g3 Par la Triiiidad 4i4,453 Par Santiago de Cuba 241, 3io Par Nuevitas i5,oii Par Holgnin i4,o58 Par Maiizanillo 4,83a Par Jagiia 5oo Total 5,878,924 arrobas ». Comme dans cette évaluation la caisse de sucre n'a été supposée que de i5 arrobas au lieu de 16, le Rapport ojiciel s'arrête, pour l'exportation totale de 1827, à 6, 3oo,ooo arrobas, ou 393,760 caisses de sucre'. Je l'ai évaluée, pour 1825 et les dix années qui précèdent, à une quantité moyenne de 3o5,ooo caisses ; et, avec la contrebande, à 38o,ooo caisses 3. L'exportation de toute l'île de Cuba a été, en 1828, De 5,967,066 arrobas de sucre. 2,606,7 3g arrobas de mélasse ou tniel de purga. 2,664 pipas d'cau-de-vie de canne. La consommation de sucre dans l'île de Cuba, que j'avois cru être, en 1825, au plus de 88,000 caisses *, est évaluée lujourd'liui à 1,792,000 arrobas, ou 1 12,000 caisses (presque 20 millions de kilogrammes), sans compter 4o,5oo arrobas de raspadura *. C'est plus du quart de toute la quantité de sucre exportée I Lorsqu'on se rappelle que presque seule la population libre consomme du sucre à l'île de Cuba, on trouve avec surprise une consommation de 46 kilogrammes par tête ", quand, dans la Grande- Bretagne , on ne consomme que gf; en France, à peine 2 kilogrammes. L'année 1776, il n'existoit dans l'Ile de Cuba que 473 sucreries {yngenios) , dont le produit des récoltes s'élevoit à i,3oo,ooo arrobas; aujourd'hui le nombre de sucreries s'élève à 1000, dont 449 dans le département de l'Ouest. 246 du Centre. 5o5 de l'Est. Total 1000 Le produit de la récolte des sucreries a été, en 1827, de 8,091,000 arrobas, ou 5o5,6oo caisses. On pense qu'en 1 832 le produit pourra atteindre 10 millions d'arrobas , ou 625,000 caisses, car plus de 200 nouvelles sucreries sont en construction , dont près de la moitié dans le voisinage de Matanzas. Café. — L'exportation du café par le port de la Havane étoit, eu i8o4 , à peine de 5o,ooo arrobas; mais De i8i5 à 1820, année moyenne... 727,418 arrobas. De 1826 1,221,609 De 1827 1,435,487 De i8ag.. 1,130,671 ' Sans compter 74,o83 bocoyes de miel de purga et ^4^7 pipas d'eau-de-vie de canne à sucre. ' Je rappelle qu'une caisse (co/n de azucar) est égale , sans la tare , à 16 arrobas ou i83 kil.,904. » Tom. III , p. 411. ' L. c. , p. 4'o. Dans le tableau (p. 491), je me suis arrêté à 6a, 000 caisses. Cuadro eslad., p. a8, ^ La consommation intérieure de l'eau-de-vie de canne à sucre a été, en 1827 , de 3a,6ou pipas. 6 En supposant même que toute la population libre et esclave, au nombre de 730,562, consomme les 1,793,000 arrobas de sucre et les 40|5oo arr. de raspadura, oo trouve encore < pour l'aDoée 1827, une consommation de 37 Lilogr. par tête. OOO ADDITIONS. Tous les ports de l'Ile de Cuba ont exporté en 1827, d'après les déclarations faites à la douane , plus de 2 millions d'eirrobas de café; savoir : Par la Havane 1,433,487 arrobas. Par Santiago de Cuba 379.597 Par Matanzas 1 78,958 Par Barucoa 5,387 Par Trinidad 4, • 54 Total 2,001,583 arrobas. Mais comme chaque sac de café renferme quelques arrobas de plus que les six arrobas déclarés à la douane, il faut ajouter à celle exportation 282,000 arrobas ; de sorte que la véritable exportation de l'île aété,en 1827, de 2,285,000 arrobas ; ce qui, comparé à une récolte de 2,883, 000 arrobas, annonce une consommation intérieure de 600,000 arrobas. Le nombre total des plantations de café [cnfetales) s'éleva dans la mémo année à 2,06;, dont, dans le Département de l'Ouest , . . 1,207 du Centre i35 de l'Est 725 Total 2,067 Quoique les plantations de café ne paient pas de dixmes, et qu'elles exigent beaucoup moins d'es- claves ( il n'y en a que 5o,ooo dans 2,067 (■"/''taies, et 70,000 dans 1000 plantations de canne à sucre ) . cette branche de l'industrie décroit sensiblement à cause de la concurrence des Grandes-Indes et à cause de l'extrême inégalité des récoltes '. Il y a dans ce moment une tendance dans l'île de Cuba de remplacer les cafiers par de la canne à sucre. Aussi , d'après les registres des douanes , l'exportation du café a sensiblement diminué, depuis 1827, dans les ditfércns ports de l'île. Voici le tableau do cette exportation, sans altérer le poids des sacs de café , d'après la supposition d'un contenu illicite. Nous venons de voir que l'exportation totale a été, en 1827, de plus de 2 millions d'arrobas; en 1828 et 1829, elle ne s'est élevée qu'à 1,284,000 et 1,736,000 arrobas. PORTS HABILITÉS, 1828. ( ABBOBAS). 1829. ( ABBOBAS ). 794. 49G 375,67. 96,110 11,635 5,736 44" l,l3o,n;i 598,979 191,575 9,953 5,073 9 Santiago de Cuba Trinidad Baracoa Jagua et Principe Total .... 1,284,088 <,756,a57 ' Inégalité qui s'élève d'une année à l'autre , surtout dans les plaines, de 4 à 1 , même de 6 à 1. Firytt le mémoire de bon Tranquillino Sandalio de Noa , dans les Analts de Cttncias de M. Ramun de la Sagra, 1829, n» 30, p. «6. ADDITIONS. 60 1 Le prix du café (indiqué par quintal espagnol de 45li-il.,9) , qu'on a vu osciller à la Havane de 3 à 5o piastres, et qui en 1819 étoit encore de 17 piastres, est descendu, en 1829 et i83o, à 4 et 5 piastres. Mais aussi , d'après mes recherches , la quantité de café exporté de l'Archipel des Antilles par les seules voies licites, s'élève déjà à plus de 58 millions de kilojpammes. M. Ramon de la Sagra , dans un intéressant mémoire sur l'abaissement du prix des denrées coloniales, évalue , en 1828 , l'im portation du café en Europe à 3,267,000 quintaux espai^nols ( environ i5o millions de kilogrammes); l'importation du sucre, à 8,824,000 quintaux espagnols (environ 40G millions de kilogrammes), dont il croit que du café seulement 2,o52,4oo quintaux (94 ; millions de kilogrammes), du sucre seu- lement 0,958,000 quintaux (320 millions de kilogrammes ) ont été consommés en Europe, et que i,2i5,ooo quintaux de café et i,8f>C,ooo quintaux de sucre sont restés aeciunulés dans les magasins '. Il résuUeroit de ce calcul que l'Europe auroit reçu la moitié plus de sucre, et un quart plus de café qu'exige la consommation intérieure de 208 millions d'habitans d'Europe. Tabac. — Quoique les cantons qui produisent le tabac le plus aromatique soient placés à l'ouest de la Havane dans la J'uelta de Jlbajo, il y a cependant aussi à l'est de la capitale, dans le Vuelia de Arriba d'excellent tabac, sur les rives de Mayari, dans la province de Santiago de Cuba, à Himias , près de Puerto Principe, et à Hoyo de Manicaragua, près Villa-Clara. La récolte a été, en 1827, de 61,900 cargas, ou environ 5oo,ooo arrobas, dont on a exporté 79,000. La culture de cette production précieuse de l'île est entièrement libre* depuis 1821. Le cultivateur ne paie que 6 pour cent de la valeur du tabac. Pour prouver combien cette branche de l'agriculture coloniale est importante, je n'ai qu'à rappeler que le prix du tabac exporte de l'île en 1828, a été de C44,ooo piastres; en 1829, de 8G8,5i3 piastres, et pourtant dans ces évaluations on n'a admis que les prix tres-bas de la déclaration de négocians dans les douanes. NOMS DES PORTS. Havane Cuba Matanzas Baracoa Gibnra Maazanillo , Trjnidatl , clc . . . Total du tabac exporté Valeur en piastres.... 1828. En FEUILLES ; arrubes 14,289 34,960 i,8o5 94s 70,( aa^.SaS EH CIGABSS; livres. 206, oiS 990 6o3 043 56o i,5i6 210,355 420,670 1829. Blf FEUILLES ; arrobes. 14,109 8o,S6i 8y6 3,611 25,359 66G 125, 502 391,124 Kn cicAEEs ; livres. 335,699 3,971 2,525 i,8oa 1,466 243,443 477. '89 1 II seroit à désirer que l'auteur du mémoire cité [Anales de Ciencias , i8jg, Tom. III , p. 5) indiquât les sources dans lesquelles il a puise les élémens de ses calculs tel que je l'ai fait dans mon travail sur la consommation du sucre en Europe. Je crois avoir prouvé minulicuscment qu'en 1826 l'importation du sucre en Europe , a été de plus de 45/ millions de kilogiammes. C'étoit un nombre limite au minimunt. Voyez plus haut , Tom. III , p. 494. ' Le monopole royal du tabac [cl estanco) a été aboli par le décret du 25 juin 1817; mais la Factoria n'a cessé qu'en juillet i8ai. Relation historique , Tom. III. 7^ 6o3 ADDITIONS. Cire. — L'interruption du commerce avec le Mexique a nui beaucoup à cette branche de l'industrie coloniale. La Yera-Cruz a reçu, depuis iSoo, plus de aS.ooo arrobas de cire par an. L'exportation de la Havane qui, de i8o5 à 1820, s'élevoit, année moyenne, à 2 1 ,000 arrobas , n'a été en 1826 que de 14,000 , en 1827 que de ii,3oo ; toute la récolte de la cire a été évaluée, en 1827, à 63,ooo ar- robas, dont nie a exporté 22,400. Les cultures du cacao, du colon et de l'indigo sont restées presque nulles; l'ile n'a produit en 1827 que 60 arrobas d'indigo, à peine 38,ooo arrobas de coton, et 52 1,000 arrobas de riz'. De même les ré- coltes du froment dans les juridictions de Villa-Clara, San Juan de los Remedios, et Santo Espiritu, ont offert dans ces dernières années si peu d'appât au cultivateur, qu'on ne les évaluoit, en 1827, qu'à 40 quintaux. C'est la culture du maïs qui est de la plus haute importance; on en eslimoit le produit, »sn 1827, à plus de 1^600,000 fancgas (valeur de 3,200,000 piastres), et cependant on introduisoit encore pour la consommation intérieure 70,000 arrobas de maïs en grains , et 5,ooo barils de farine de maïs. On pense assez généralement que les f de la surface de l'ile de Cuba sont encore sans culture. COMMERCE ET FINANCES. La Havane occupe depuis vingt ans une des premières places parmi les villes commerçantes du globe. Avec les progrès de l'industrie agricole et du commerce, les finances de l'ile de Cuba, dont la prospérité est fondée en grande partie sur le système des douanes , ont acquis un accroissement considérable. Voici les valeurs des exportations et importations ( en piastres fortes) de toutes les produc- tions et des marchandises entrées ou sorties par les poris de la Havane, Santiago de Cuba , Principe, Matanzas, Trinidad, Baracoa, Gibara, Jagua et Manzanillo. Ce sont des évaluations officielles de la douane, et qui ne peuvent conduire par con.séquent au véritable montant des soldes en espèces. Elles acquièrent cependant de l'importance , lorsqu'on se rappelle qu'obtenues par les mêmes procédés , elles offrent des élénaens numériques comparatifs entre eux, et qu'elles manifestent les progrès du mouvement commercial. ILE DE CUBA. 1827. 1828. 1829. 17,352,854 14,286,192 19,534,922 i3, 114,062 18,695,856 >3,952,4o5 5 1,639,046 33,649,284 32,648,261 Cet immense commerce s'est fait par Navires entrés dans les ports de l'ile en 1827 184 1; en '828 1889 dont espagnols i83 279 Navires sortis de» ports de l'ile "649 '^*^ dont espagnols ï84 ■ ■ 3o4 On ne compte parmi ces navires employés dans le commerce maritime, ni les vaisseaux de guerre ni les petites embarcations de cabotage. Le nombre des derniers s'élève , poiu- les besoins de la capitale , jusqu'à quatre mille; le tonnage employé dans le commerce de l'île , est de 277,000 tonneaux (en ne comptant que les 1,889 navires entrés dans les ports habilités); les États-Unis de l'Amérique du Nord en occupent ' La consommation de l'île en ri/, est de plu» d'un million d'arrobas, dont la moitié est importée des États-Unis. L'eipor- tation totale du rii a été , en 1828 , de 61 1,000 arrobas ; eo 1829, de 58i,ooo arrobas , ou d'une valeur de plus de 700,000 piastres. ADDITIONS. 6o3 plus de la moitié. Le tableau suivant facilitera la comparaison de l'importance relative des différens états qui font le commerce avec l'île de Cuba. PUISSANCES MARITIMES. Etats-Unis de l'Amérique du Nord Espagne Villes anséatiques . Grande-Bretagne. France , Pays-Bas Russie Italie Portugal Danemark Suède EXPOaTATlOW ( en piastres). 3,177,000 1,556, 000 1,927,000 1,613,000 755,000 882,000 719,000 235,000 12,000 2S,uon 56,000 NOMBRE DP.S ."(AViaEti enIri'S dan^ les ports de l'île de Cuba 1 175 34 20C 77 53 i3 7 1 53 y 1829. IHPOBTATIOK (en piastres), EXPORTATION (en piastres]. 5,734,000 4,961,000 1,006,000 i,S5S,ooo 1,246,000 34 » »ooo 59,000 56,000 88,000 3,191,000 2,292,000 1 ,333,000 1,729,000 908,000 1,073,000 885,000 296,000 7,000 l4,000 Parmi les importations pour la valeur de i9,535,ooo et 18,696,000 piastres dans les différens ports de nie de Cuba en 1828 el 1829, on a consigné , d'après les registres des douanes : OBJETS PRINCIPAUX du COMMERCE d'iMPORTATIO:^. Farines de céréales, riz, maïs et légumes secs. Boissons* (vins, liqueurs, eau-de-vie, huiles). . Beurre , fromage , suif, cbandellcs Viandes { tasajo 2, jambons) Vivres divers ( vaches , moutons , etc.) Morue , poissons secs ou salés Fruits secs (liguen , amnndcs , raisins , oUres ). . . Épiceries Tissus 3 de coton. Tissus de lin (toiles) , Soieries Tissus de laine Pelleteries, cuirs Bois étranger (ouvré ou en planches) Métaux, or et argent * IMP0BTA.T10H en 1827, (évaluai ion t-ii pi.istics) 1,219,580 1,043,225 1 ,o52.oo3 342,748 3o8,Si7 i7i,oi8 91,626 1,387,686 2,5oH,6a5 r6G,8Go 4o2,oSo 451,518 543,919 i,j5S,45i IMPORTATION en 1828, (év.iltialinn en pirislrCs). 3,471,^75 i,5i8,3i8 i,i63,5o9 837,676 421,228 296,941 225,299 58,95; 1,590,472 2,486.287 585,919 360,340 435,964 653,8^7 3,33i ,289 IMPORTATION en 1829, .tliialion eu [li.isties) 5,546,924 i,4o3,383 1,127,176 1,075,447 241,780 320,427 i32,5i8 102,996 2,035,920 1,598,325 471 223 309.734 474»4i5 624,421 2,i57,2o5 * Eo descomptant ce qui est réexporté , on trouve , pour la consummation intérieure de l'île en boissons , au moins pour la valeur de 1,160,000 piastres par an, parmi lesquels 900,000 arrobes de vin rouge et blanc. 2 On consomme dans l'île, surtout pour la nourriture des esclaves, au moins 4oo,ooo arr. de iasajo (viande sèche un peu salée). ' Le rapport ofGciel évalue la consommation intérieure de l'île, pour 1827, de 1 millions de piastres en toiles de lin ; de 1 ,i5o,ooo piastres en tissus de coton ; de 366, 000 p. en tissus de laine ; de 56o,ooo p. de soierie , et de io5,ooo rames de papier, ^ L'exportation de l'or et de Pargeot n'a été , en 1828, que de 986,366; et, en 1829, que de 913,539 piastres. 6o4 ADDITIONS. Lorsque je publiai VEasai politique sur l'île rie Culu, on ne possédoit encore des données statis- tiques officielles que relativement au conimerce de la Havane et de Matanzas. Il est vrai que ces deux ports, à en juger d'après les droits d'entrée payés à la douane, occupent |, à en juger d'après les droits de ««"■''e» ■— de tout le commerce de l'île : cependant, quelque fondée que pouvoit être une évaluation de l'importation et de l'exportation licite totale de cette riche colonie, on ne devoit la considérer que comme purement approximative. Depuis l'année 1826, l'intendant de l'île, le comte de Villanueva, a fait ajouter, parles soins de Don Raimundo Pascual Garrich , aux balances annuelles du commerce de la Havane une balance générale du commerce de tous les ports de l'île. Ces tableaux statistiques, rédigés d'après les registres officiels des douanes, sont plus instructifs que la plupart de ceux qui paroissent en Europe. Ils ne sont pas seulement indispensables jiour diriger l'administration et pour ceux qui fondent l'examen de la société civile sur l'étude positive des faits, ils offrent aussi une grande utilité aux négocians qui, dans leurs relations commerciales avec les différens ports de l'île de Cuba, ne peuvent diriger leurs spéculations que d'après la connoissance spéciale des consommations partielles. Un coup d'oeil rapide, jeté sur le tableau qui précède, confirmera, je l'espère, ce que j'ai dit dans un autre endroit ' sur la mas.se de substances nourrissantes que demande annuellement au commerce extérieur une population de moins d'un demi-million d'hommes libres placée sur le sol le plus fertile , et le plus capable , par son étendue , de nourrir une population pour le moins six fois plus considérable *. En ajoutant la valeur d'un million et demi de piastres de vins d'Europe, d'eaux- de-vie ', et d'huile aux farines, au riz, à la viande et poisson salés, au beurre et aux fruits secs, on trouve, en comestibles, une importation annuelle de sept millions et demi de piastres! Comme les farines de froment sont un si grand objet de commerce pour l'île de Cuba, et qu'on peut juger bien mieux de leur consommation par l'indication des poids que par celle des valeurs officielles et enregistrées , nous allons consigner ici que l'importation dans toute l'île a été en «828 de 196,700 barils * — 1829 — 204,200 Le seul port de la Havane en a reçu en 1828 i55,4oo barils — 182g 139,600 Les farines importées dans les ports de Santiago de Cuba, de Matanzas et de Trinidad, s'élèvent à 0,000, iG,ooo et 10,000 barils Les importations de tissus, pour la valeur de cinq millions et demi de piastres , se composoient (en ne nommant que les objets les plus importans des manufactures d'Europe) 1° en coton, de 92,600 pièces de serazas, de 122,000 douzaines de mouchoirs, de 87,000 pièces de mousseline; 2° en toiles, de 88,Coo pièces de platitlas, de 44)OOo pièces de listados, de 68,000 pièces aCestopillas , de 27,700 pièces de riisias , etc. A ces reuseignemens sur le commerce de l'île de Cuba , nous ferons suivre un aperçu succinct du mouvement commercial de la capitale. • Toin. III, p. 455-457. ' Tom. m , p. 591. * A mesure que le prix du sucre a baissé , on met plus de soin dans l'île à la fabrication du rbum. L'exportation des liqueurs étrangères diminuera non seulement en employant des appareils de distillation perfectionnés , mais aussi en tirant parti, à cûté des mêlasses, de la canne à sucre exprimée {baf^azo) qui renferme encore une quantité considérable de substance sucrée et fermentable. Voyez Ramon de la Sagra dans les Anales de la Ilabana, 1829, n" 20, p. aa4- En iSa-, toute l'île n'avoit encore que 3oo alembics. ' L'Espagne seule en a importé 101, 5oo barils. ADDITIONS. COMMERCE DE LA HAVANE EN 1828. 6o5 COMMERCE NATIONAL. A. IMPORTATION. En navires espagnols i3o,oi4 piastres. En navires étrangers 3,5o4,022 Total 3,934,o36 B. BXPOBTATION. En navires espagnols 590,803 piastres. Eu navires étrangers 643, o5j Total 1,233,855 Deposlto : Entrée , 1,545, 121 piastres. Consommation 357,938 1,903,059 Sortie 1,342.572 Reste 560,487 BALANCE GÉNÉBALE. Importation nationale 3,934,o36 piastres. Importation étrangère 9,970,300 Deposito d'entrée et de consommation. 1 ,91,3,059 Total 15,807,395 Exportation nationale 1,233,855 Exportation étrangère 6,626,059 Deposito de sortie 1,342,571 Total 9,2U2,4S5 COMMERCB ETRANGER. A. lUPOHTATlON. En navires espagnols 242,o58 piastres Des Villes anséaliques 1,584, 108 Dm Danemark 60,907 Des États-Unis 4,676>54o De France i,4o5,4i8 D'Anglcteire i,^4',445 D'Italie 28,63i Des Pays-Bas 276,760 Du Portugal i55,o58 De Russie 85, 616 De Suède 13,959 Total 9,970,300 B, EXPORTATION. En navires espagnols 560,259 Des "illes anséatiqucs 1,345,129 Du Danemark 4,?46 Des Étals-Unis 2,022,879 De France 5o6,P43 D'Angleterre 1,081,170 D'Italie 108,270 Des Pays-Bas 587.985 Du Portugal ii,o53 De Russie 381,920 De Suède i6,4o8 Total 6,626,o5j Quoique le nombre des années qu'embias.sent les tableaux statistiques publiés à la Havane ne soit point encore très-considérable, et que les influences d'évéuemens accidentels ne disparoissent qu'à mesure que les évaluations s'étendent sur un intervalle assez long pour produire des com- pensations , on observe pourtant dans les données qui précèdent, cette stabilité numérique ou ces accroissemens lents et progressifs qui caractérisent un état de commerce solidement fondé. Nous trouvons, pour l'année 1829, pour la Havane: Impiirtation pour la valeur de i4,925,4oo Exportation 9,335, 100 Mouvement du commerce 34,260,500 Le tableau suivant indique la part que les différentes nations ont eu à ce mouvement du commerce de la Havane : 6o6 ADDITIONS. PUISSANCES MARITIMES. IMPORTATION. 1829 (piastres). EXPOETÀTION. 1829 ( piastres). I. CoHUBaCB KATIORAL. 950,597 3i097,590 610,797 4,o86,35o 1,048,985 ■,548,779 913,601 389,768 13,961 56, 144 >9>775 890,964 688,437 371,941 i>99''774 58a,8o6 1,310,955 i,o4i,i5i 5o8,744 6,678 8S,436 496,355 II. CoUUEaCE ÉTHAnCBS. . .- Hpi Pavs-Ras. , . . U résulte de ces données partielles que le commerce national s'est élevé, en 1829, pour l'importation à 4)077,987 piastres. — l'exportation à 1,579,391 Ce mouvement du commerce national de 5 7 millions de piastres a été presque trois fois moindre que le mouvement du commerce étranger : Valeur de l'importation étrangère 8,597,015 piastres. — de l'exportation étrangère 6,296,781 Dépôt d'entrée et de consommation 2,25o,4i3 Dépôt de sortie 1,458,925 Des productions de l'île de Cuba, le seul port de la Havane a exporté en 1829 , 3,912,855 arrobes de sucre. 3 1,460 bocoyes de mélasse {miel de purga ). 3,487 pipes d'eau-de-vie ( de canne à sucre ). 1,130,671 arrobes de café. 233,700 livres en cigares {tabaco torcido). 14,109 arrobes de tabac en feuilles ( tabaco en rama ). L'importation en comestibles a été dans la même année 1829, à la Havane, de 1 39,500 barils de farine* de 421,700 arrobes de riz; de 479,900 arrobes de tasajo ; de 200,000 arrobes de morue , etc. J'ai fait voir, dans mon Essai politique sur l'île de Cuba, que, par l'accroissement de la richesse agricole et les progrès de la consommation intérieure, à la fin de l'année 1825, le revenu de l'ile excédoit de beaucoup 5 millions de piastres. Les notions que nous avons acquises depuis cette ADDITIONS. 6on époque , par des voies officielles , prouvent que cette évaluation , qu'on a taxée d'exagérée, étoit , comme la plupart des données statistiques que j'ai publiées , un nombre limite au minimum. Les différentes branches ' du revenu public (ramos de Real Hacienda ) se sont élevées, en 1827, presqu'à 8 7 millions de piastres; savoir : Intendance de la Havane 6,1 g 1,1 66 piastres. de Santiago de Cuba. . . . 912,31g de Puerto Principe 755,876 Subdélégation de Matanzas 604,61 3 Total 8,469,974 piastres. En s'arrêtant au produit seul des douanes, on trouve, pour l'année 1828, dans les différens ports de l'île de Cuba : NOMS DES PORTS. Havaoe Santiago de Cuba, l'uerto Principe. . Matanzas Trinidad , Baracoa Gibara Jagua ManzaoiUo Total . TONNAGE d'entrée. 169,889 35,^76 4,j85 55,5a3 18,291 1,167 1,869 ï,454 8,113 277,066 DBOITS d'importation (piastres ). 5,089,380 563,955 39,08a 3o5,o20 297.725 10,025 10,587 25,556 5i,i65 4,194,495 TONNAGE de sortie. i36,259 3a, 309 3.479 3o,i5i 17,616 9'7 1,272 '.929 5,996 2a9,83o DROITS d'exportation (piastres). 721,712 87.278 8,198 307,444 76,624 1,466 3,o55 2,43s 6,439 i,ii4,64i Il résulte de ce tableau que les douanes de l'île entière ont perçu, en 1828, pour l'importation 4>'94>495 piastres. — l'exportation 1,114,641 Total des droits 5,309,1 36 ' Ces branches sont : les douanes maritimes ; 6 pour cent de la vente des biens fonds (fincas) , esclaves et animaui (j'eiu- ploie des expressions malheureusement sanctionaées par la législation des peuples civilisés de l'Europe!); 3 pour cent payés de la consommation intérieure; 6 pour cent de la libre récolte du tabac; impôts de boutiques [ticndas); vente du sel ; papier timbré ; dîmes ; ventes de terres et revenus de maisons appartenant à la Real Hacienda. 6o8 A DDITIONS. DROITS PERÇtS DANS LES DOCAXES DE l'iLE DE CrBA EN 1829. PORTS. TonnAGE des navires entrés. DBOITS sur rim|)Oi talion , (piastres). TONnACE des navires sortis. OBOITS aiti- rcx|iurl.ilion , (piastres). i53,854 3',734 5,379 3i,33i ■ 8,885 1,431 3,139 1,436 3.194 3,989,418 3ol,S43 45,3 1 3 3i6,3io 313, 5i6 7,6(jG 8,535 3 i ,6 1 3 35,3.54 144,487 =4,876 5,1 36 39.770 '7,009 1,100 3,033 1,468 3,883 745,410 io8,o5o 9. '77 29'. '93 84,7»7 1 611 5,ii4 3,705 7>î84 MataDzas Gibara ManzaDilto Total 349,353 3,938,596 228,750 1,255,371 La somme totale des droits perçus dans les douanes de l'île entière a donc été, eu 1829, de 5,193,967 piastres. Pour pouvoir juger du revenu général de l'ilc de Cuba, dans les deux dernières années de 1828 et 1829, il faut ajouter aux droits maritimes (ceux des douanes dans les ports) les renias territoriales. Il résultera de l'aperçu suivant que le revenu général qui, en 1827, n'étoit évalué, dans le Cuadro estadistico, publié par ordre de M. le capitaine général Vives , qu'à 8 \ millions de piastres, s'élevoit, en 1828, à 9,086,406 piastres; en 1829, à 9,142,610 piastres. En 1828 : Rcntas marilimas , 5,3o9, i36 piastres. Reniai lerrilorialcs 3,777,270 Revenu total 9,086,406 En 1829 : Renias maritimas 5,193,967 piastres. Reniai lerrilorialet 3,948,643 Total 9,143,610 On peut être surpris de ce résultat dont l'exactitude n'est pas douteuse, lorsqu'on se rappelle que le revenu de l'île de Cuba appartient à un territoire habité par une population de 730,000 habitans, et dont i vivent dans la plus affreuse misère , et que ce revenu est supérieur au revenu actuel de la République de Colombia • dont l'aréa du territoire est vingt-cinq fois, la population quatre fois plus grande. ' Un homme d'état, M. Restrepo, alors ministre de l'intérieur de la République de Colombia, évalue pour l'année 1824 , le revenu total de son pays, à 8,446,ooo piastres. Dans ce budjet soat compris: Les douanes avec 3,903,500 piastres. Le tabac 908,000 La contribution directe 430,000 Les dîmes , 428,000 Hutoria de la Revolucion de Colombia, 1837, Tom, 1, p. 375. Quanta l'état politique des pays qui composent aujourd'hui ADDITIONS. 609 Lorsque la monarchie espagnole se trouvera en paix avec l'Amérique espagnole libre du continent, une partie considérable de ce revenu de neuf millions de piastres pourra être employée pour augmenter l'industrie et la prospérité intérieure de l'île , pour améliorer progressivement le sort des noirs. Aujour- d'hui , le tableau des caisses publiques {Caa-as matrices) indique un nombre considérable de dépenses qui sont les suites de la révolution dans les colonies et de la continuation des arméniens. En 1828 et 1829, on trouve , sur un total de dépenses publiques , à la Havane seule , 6,335,ooq et 6,620,000 piastres, dont : EMPLOI DES FONDS PUBUCS. Dépenses d'administration intérieure de l'île de Cuba Envois à la Péninsule Dépenses de la marine Solde , pcDsioDS et gratifications des employés militaires et civils de la c6te ferme du Mexique et des Florides Dépense totale des Caxas matrices de la Havane 1828. 3,4iï)7o6 84o,o63 i,708,838 374,123 6,334,729 1829. 4,243,608 550,357 1,479,334 346,704 6,6jo,oo3 Dans le port de la Havane, les droits maritimes {aduanas) se sont élevés, en 1838, à 3,8 11,000 piastres; en 1829, à 3, 735, 000 piastres '. Ils forment par conséquent plus de | de tous les revenus des douanes de l'île. la République de Colombia , M. Restrepo , muni sans doute de plus de documens ofllciels que moi, s'arrête, pour le commencement du 19' siècle, à des résultats qui ne différent pas beaucoup de ceux que j'ai présentés. J'avois estimé le revenu public, an maximum , à 6 J- millions de piastres {Voyez plus haut, p. i48). M. Restrepo l'estime à 5,323,ooo piastres, dont Venezuela donnoit 2,179,000 piastres ; JVueva Granada , 2,453, 000 piastres ; Quito, 591,000 piastres [Hist. de ta Revo/. , Tom. I , p. 271). J'ai évalué la population de Colombia a 2,785,000 (Tom. III , p. 64 , 66, 68 , 339, 34o ). M. Restrepo s'arrête (Tom. I , p. 216) , pour iSio , à 2,900,000. Le tableau suivant présente la distribution numérique des races telle qu'il la suppose , mais sans donner les fondemens de ses évaluations. CASTES. VENEZtELA. nUEVA GHANADA. Ql'lTO. TOTAL de Colombia. Blancs 200,000 307,000 455,000 60,000 877,000 3i3,ooo i4o,ooo 70,000 157,000 393,000 ^2,000 8,000 1,254,000 913,000 61 5,000 1 53,000 Libres de cou Total 900,000 1,400,000 600,000 2,900,000 11 ne faut point être surpris que ce tableau , composé du temps de la Rcpubtiquc, renferme un nombre de blancs bien plus considérable que les tableaux formés du temps de la domination espagnole, les bommes de couleur trouvant aujourd'hui la plus grande facilité de se blanchir {blanqucarse) sans décret de VAudiencia. • Aussi dans la belle île de Portorico , l'état des finances s'est amélioré d'une manière très-remarquable dans les der- nières années. Le revenu de l'île n'ctoit , en i8a3 , que de 362,ooo piastres; en 1828, les rentas se sont élevées à 691,800 piastres. Dans la même année , d'après un rapport ofGciel, l'île avoit une population de 284,900, dont seulement 28,400 esclaves; prés de 162,000 blancs, et 92,000 bommes de couleur libres. Les libres étaient par conséquent aux esclaves dans le rapport t/e 9 à 1 , tandis qu'à l'ile de Cuba, le rapport est do 1 j à 1 ; et à la Jamaïque, de 1 à 3 f Dans le recensement des blancs ( 123,982 blancos y iS,r)u6 agi igados easi lodos de la misma clase de blancot), 3,5oo individus de Relation historique , Tom. III. 77 6io ADDITIONS. DÉPAttTBMENT DE l'OdEST. Étendue, des 21° 5g' aux aS" 13' A5' de lat. et des 80" 3' hy' aux 87° 16' 52* de longitude occidentale de Paris '. Ports sur la côte septentrionale : Bahia Honda, Havane, Matanzas, Cabaûas et Mariel; sur la côte méridionale, les fondeaderos des petits golfes de Corrienles et de Corlès. Havane. Lorsqu'on se rappelle que le dénombrement de 1810 offre déjà une population * de g6,3o4 âmes, sans y comprendre les étrangers non domiciliés [transeuntes] el la garnison, on peut être surpris de voir que le Rapport officiel de 1 827 n'évalue la population qu'à 94,000 , el , avec les transeuntes, mais sans la garnison, qu'à 112,000. Des 94,000 domiciliés, il y avoil , selon cette éva- luation qui me paroit un nombre limite au minimum : 39,980 dans l'enceinte de la ville et 5A,oA3 dans les faubourgs (estramuros). POPCIATION DE lA HaVANE. DIVISIONS. BLAKCS. Ml'LATRES ^■ÈGIlES TOTAL delà POPOLATIO». LIBBBS, SSCLAVB9. L1BBKS. ESCLAVES. 19,190 6,6ao 6,545 6,o34 3,171 .,a4> 3,758 498 564 5,53i a,oi4 i,ai8 6a6 485 96 333 58 54 680 110 5i 5i aa 10 69 3 8 4,517 3,945 4,996 794 ^aa 68 464 5 i36 ia,a6a a,906 3,ao3 a,335 609 1,001 1,069 348 97 39,980 15,595 i5,oi3 9,846 5,709 a,4i6 5,693 91a 859 Faubourgs : La Salud Cerro.. Kegla Casa btanca Hôpitaux , presidios, etc. . . 46,6ai 8,ai5 1,010 ■5,347 aa,83o 94,023 La capitale renferme par conséquent, sans compter la garnison et 18,000 individus (libres) non domiciliés , sur 94,000 âmes : Hommes libres 70,300 Blancs 46, 600 Libres de couleur a3,6ao Esclaves 23,8oo Total 94>oou la garnison et des équipages des navires ne Eont pas compris. Le produit des sucreries .{yngenios) n'& été, en 1839, que de 365,000 quintaux de sucre terre et de 3,i 18,000 cuartiUos des rhum {Jnates d& Ciencias , Habana, i83o , n" 3i, p. 3i4 )• ^ Je ne fais dans ce supplément à la statistique de l'ilc de Cuba , aucun cbangement aux positions astronomiques que le Cuadro e^ta^titico adopte pour les limites des Departemens. D'après mes observations, l'extrémité occidentale du Départe- ment de l'Ouest, le Cabo San Antonio est par 87° 17' aa". Si le Morro de la Havane se trouve par 84° ^V ;",5 et Cumana (Castillo de San Antonio) par 66" 3o' o", je place, avec M. Oltmanns, la Havane 56', 5" en arc plus à l'ouest que les marins espagnols qui ont travaillé au Cuadro tstadistieo. Je n'ai , dans les positions qui suivent , pas tenu compte de cette petite différence. ' yoytx plus haut, p. S56. La ville de Mexico comptoit , en i8ao plu» de 170.000 âmes ADDITIONS. 6ll On trouve, en nous arrêtant à des rapports plus faciles à saisir, que, dans la capitale, le nombre des esclaves est relativement beaucoup plus petit , et le nombre des libres de couleur beaucoup plus grand que dans l'île entière. Ile EniiÈBB. Blancs o,44 Libres de couleur 0,1 S Esclaves o,4i C1PITAL8. o,5o o,a5 0,25 Total 1,00 Le nombre des hommes libres est à la Havane, à celui des esclaves, comme 3 à 1 , et , si l'on ajoute la garnison et les étrangers non domiciliés ( transeuntes), probablement dans le rapport de 4 à i. Les belles observations météorologiques faites depuis l'année 1826, au jardin botanique de la Havane, par M. Ramon de la Sagra, ont répandu un nouveau jour sur le climat d'un point du globe, d'autant plus important qu'il est placé presque sur la limite de la zone equinoxiale. Les résultats obtenus depuis les dernières cinq années , confirment en général et d'une manière très-remarquable ceux que j'avois tirés ' des observations de MM. Ferrer et Robredo, faites à la Havane et à Dbajay, de 1796 à 1800, et de 1810 à 1812. Pour mieux développer l'eUsemble des phénomènes climatériques, je vais offrir ici, pour une même année *, l'ensemble des variations thermométriques , barométriques et hygrométriques. MOIS THEBMOMETRE CENTESIMAL. BAaOMÈTnE ^ PLUE s ^ -M '■ H ■- R de l'année 1S29. (Havane). leiiil.^i.ilu i moyenne àt:s mois. Maxima moyens des mois- Minim6 26,8 22,5 28,6 21,0 29,80 29,76 29.79 1 8 80 Mai 25,2 '7.8 22,6 29,6 20,2 29,70 29,62 29,-4 10 0 S9 Juin. . . . 26,2 29,2 25,0 3o,6 24,0 29,75 29,65 29,7'i 6 4 87 Juillet .. 27,0 29,6 23,7 3o,5 34,0 29,80 29.72 29,82 7 0 94 Août 26,5 28,9 25, u 5o,5 25,0 39,75 29.67 29,74 a u 90 Sept 2G,0 28,5 25,S 3o,8 23,0 29>72 29,58 29,70 2 3 89 Octobre. 25,0 >/-.7 21,5 29,2 20,5 59.64 29,62 29,62 G 3 88 Novenib. 23,o 25,0 21,0 27,0 iS,o 29,75 29.69 29,70 7 7 88 Décemb. 1 2f,0 34,7 18,5 26,4 i4,o 29,77 29.70 29>;4 0 10 90 74,6 26,8 2 1, G 26,9 19,0 29.77 29,68 29,76 48 8 87,2 » Vol. 111, p. 571-582. ' Anales de Ciencias y HabanOy i85o, n* 5i , p. 202-209. On peut regretter de trouver, dans ces tableaux thcruiomt- Iriqucs, si iVéquciimicnt des indications de degrés sans iVactions. Aussi les hauteurs baromt-triqnes ne présentent qu'im- parfaitement les maxiina et miuiiua des variations diurnes. Les vraies époques sont 3^ ^ à 4'' après midi , et lo** à 1 1^ du soir. f'oyez plus haut, Toui. III, p. ôu^. 6l2 ADDITIONS. Le Département de l'Ouest renferme six Ciudades : ha Havane. San Carlos de Matanzas (population ii,3oo, dont 3ioo esclaves et 2000 libres de couleur ). Santiago. Bejucal. Jaruco, Santa Maria del Rosario. Trois \illas : Guanahacoa (population 9100, dont 220oesclaves et 1800 libres de couleur). Guines ( population 3ooo). San Antonio de Abad (population 25oo). On a compté, en 182;, dans ce département , 449 plantations de canne à sucre; 1207 planlalions de cafier; 400,000 bœufs et vaches; 80,000 chevaux; 10,000 mulets, et 26,000 chèvres et brebis. L'île des Pinos, qui appartient au Département de l'Ouest , est restée presque entièrement dépeuplée : on y compte à peine 200 habitans. Récemment, sur les rives du Uio de Casas, on a établi une petite colonie soas la dénomination de Nueva Gerona ou de Reina Amalia. DÉPABTEMENT DU CENTRE. Entre les 20° 57' et 22055' de latitude, et les 79° i3' et 84" 52' de longitude, limite orientale, une ligne qui s'étend du port de Nuevas Grandes à l'embouchure du Rio Jobabo. Trois Ciudades : Santa Maria de Puerto Principe, capitale du Département du Centre (population ^9,100, dont 9900 esclaves et 6200 libres de couleur, 33,ooo blanc, ). Trinidad de Cuba ( population ia,5oo, dont 2900 esclaves et 4000 libres de couleur). Trois Villas: Fernandina de Tagua, fondée eu 1819. Santa Clara (population 85oo, dont 1700 esclaves et 23oo libres de couleur). Sanio Espiritu (population 10,800, dont 2200 eslaves et 2800 libres de couleur). San Juan de los Remedios (population 6200, dont 900 esclaves et i4oo libres de couleur). On a compté, en 1827, dans ce Département qui renferme, autour de la Villa de Santo Kspiritu , les terrains les plus fertiles de toute l'île de Cuba, 246 plantations de canne à sucre {yngcnios y tra- piches) et i35 cufetales. Le bétail s'est élevé à 6o5,ooo bœufs et vaches; 88,000 chevaux; 44oo mulets et 7200 chèvres et brebis. DÉPARTEMENT DE l'EsT. Entre les 20° i3' et 21° 28' de latitude, et les 76° 25' et 80° 2' de longitude. Ou compte, dans ce Département monUgneux de l'Est , trois Ciudades : Santiago de Cuba, avec une population de 26,000 âmes, dont 7400 esclaves et 19,000 libres de couleur. San laidoro de Holguin et Nuestra Senora de la Asumpcion de Baracoa (population 2800)- ADDITIONS. 6l3 Deux Villas : Nuestra Sei'iora de la Caridad de Cobre. Bayamo (population ySoo, dont i5oo esclaves et 3 200 libres de couleur). Plantations de canne à sucre, 3o5; cafitales, 725. Bétail : vaches et bœufs, 196,000; chevaux, 38,ooo ; mulets, 4700; chèvres et brebis, i2,3oo. J'ai consigné ce dénombrement, correspondant à l'année 1827, parce qu'il caractérise l'économie rurale d'un pays situé sous la zone torridc. Je n'ai pas fait usage, dans ce supplément à mon Essai politique sur l'île de Cuba, des Letlers writlcn in the Interior of Cuba in Fetruary and May 1828, by Ihe laie Rev. Abiel Abbot, ouvrage composé par un ecclésiastique de Massa- chussets , et imprimé à Boston. L'auteur, entièrement dépourvu de critique , connoit le recensement de la population de 1817 et n'en admet pas moins naïvement une population totale d'un million d'iiabitans , dont une moitié libre et 1 autre esclave 1 11 compare avec plus de justice l'état des nègres de Cuba et des états méridionaux de l'Amérique du Nord dans lesquels une législation atroce tiouve d'officieux défeîiseurs parmi des hommes blancs qui se croient les plus avancés en civili- sation. (Voyez The Southern Jicvicw , Nov. 1839, Charteslovon , p. 35S , 358,565,367.) Suivent, (es Tableaux 1 , 2 , 3 «« 4. POPULATION DE L'ILE DE CUBA, Di DÉ PARTE MENS. Déparlement de l'Ouest. Département du Centre. Département de l'Est . . . Total de la population permanente de l'Ile de Cuba BLANCS. De 1 à i5 ans. HOMMES. Au-delà de i5 ans. 31294 a 1047 9814 6ai55 58a52 33400 15866 1 06498 TOTAL des HOUUBS, 89626 63447 a568o ■68655 De 1 à 12 ans. FEMMES. Au-delà de 23i 17 17351 85a8 48996 TOTAL des FBMUES. 5a4i5 37425 13562 7553a 44776 22090 9340a 142398 TOTAL des i65o58 98223 47770 3iio5i MULATRES LIB ; De 1 à >5 aos. HOMUES. Au-delà de i5 ans. 3iio 3637 5210 5iai 4593 6387 11957 16101 TOTAL des HOUMBS. 8231 8230 11697 28o58 De I à la aos. F£UM ~-^^ I Au-dil de. la ao ] 3340 3a54 3888 10482 65 35 189 En ajoutant au résultat de 70494^7 I^s militaires et les équipages des bâtimens , formant 26,075 individus, on trouve le total ( a COMPARAISON DES DÉNOMBREMENS DE L'ILE DE CUBA EN 1817 ET 1827; EFFET DU MOUVEMENT DE LA POPULATION. Résultat du dénombre- ment de 1817 Résultat du dénombre- ment de 1S27 Différence. BLANCS. Hommes. 129656 I 68653 38997 Augmeot. 109140 142398 33258 Aagmcnt. 238796 3i io5i 72255 Aagmenl MULATRES LIBRES. Hommes. 3o5l2 28o58 2454 Diininot 29170 29456 a86 AagmenL 59682 57514 ai68 NOIRS LIBRES. a8373 23904 4469 26002 26076 926 54375 48980 5395 MULATRES ET NOIRS ESCLAVES. [lummes 124324 183290 68966 74821 103652 28831 Augnirnt. 199145 286942 87797 TOTAL t géaénlal 55199! 70448; i6248< Au;; meut N» I. RES LE DEINOMBREMEINT DE 1827. TOTAL des MULATRES libres, i5o5o •24297 57614 NOIRS LIBRES. De 1 à i5 ans. HOMMES. Au - delà de i5 aDS. 4006 2179 aai7 8402 8998 2887 3617 i55o2 TOTAL des HOHUBS. i5oo4 5o66 5834 23904 De 1 à la ans. FEMMES. Au-delà de la ans. 3416 1710 2283 7409 11477 2420 3770 17667 TOTAL des FBHUBS. 14893 4i3o 6o53 25076 TOTAL des ROias libres. 27897 9'96 11887 48980 MULATRES ET NOIRS ESCLAVES. De 1 à i5 HOMMES. Au-delà de i5 ans. 236 1 5 39:0 336o 3o885 101773 24488 26144 i524o5 TOTAL des HOMUfiS. 125388 28398 29504 183290 De 1 à 12 ans. FEMMES. Au - delà de 15227 2332 3407 20966 568oo 1 1298 14588 82686 TOTAL des FEUUBS. 72027 i363o ■ 7995 io3652 TOTAL des HOLATBBS et des no I Bs esclaves. 197415 42028 47499 286942 a _ a a a f 408537 164497 i3i453 704487 lulation fixe et mobile de l'Ile de Cuba, de 75o,562 âmes. MOUVEMENT DE LA POPULATION DE LTLE DE CUBA EN 1827; NAISSANCES, MARIAGES ET DÉCÈS. DEPARTEMENS. Département de l'Ouest. Département du Centre. Département de l'Est. . . Total. BLANCS. 7254 3559 21 15 12928 1156 456 256 186S 4044 1569 1019 6602 MULATRES LIBRES. 786 768 «494 3o48 62 44 i58 244 5o4 327 548 '^79 NOIRS LIBRES. Nabs. 1 101 421 256 Mariage.- 85 25 3i 141 1143 188 242 i575 MULATRES ET ^OIRS ESCLAVES. 9344 1243 2>4. 12729 1221 1 10 5o i38i 5491 486 1 104 7081 TOTAL GÉNÉRAL. MariiigCî i8483 599' 6007 2524 635 475 3654 2670 2913 [6665 POPULATION DU DEPARTEMENT OCCIDENTAL DE E VILLES ET FONDS RURAUX. La ciudad de S. Crisfobal de la Havase, en y comprenant les faubourgs (barrioa estramuros) et 4^ cantons ruraux (partidos rurales) renfermant 42 villages et 24 hameaux {aldeas) Le gouvernement de la ciudad de S. Carios de Matanzas, qui renferme une ciudad, 7 villages et a hameaux Lieutenance {tenencia de gobierno) de Final nEt Rio, avec 7 partidos rurales qui renferment 8 villages et 7 aldeas La ciudad de Santiago, avec ses \o partidos rurales, renfer- mant 9 villages et 7 aldeas La ciudad de S. Felipe t Sastiago bel Bejdcal, sans les par- tidos rurales La ciudad de S. Juan de Jabbco. sans \es partidos rurales La ciudad de Sta. Maria delRosario, sans les partidos rurales. . La villa de Goahabacqa, avec 2 partidos rurales renfermant 2 villages La villa de S. Jolian de los Gdines, avec 3 partidos rurales qui renferment 3 villugcs La villa de S. Antohio âbad, avec 2 villages Total de la population fixe . BLANCS. HOMMES. De 1 à i5 ans. 17662 3o85 2i3o 3o02 478 352 55o 1458 1549 1068 \ii-delà de iS ans. 35oi5 5909 33i3 49*4 690 577 756 25g5 2827 1626 31294 TOTAL des hommes. 52677 8994 5443 7926 1.68 909 1286 4o55 4376 2694 FEMMES. De 1 à 13 ans. Aa-delà de 13 ans. 58232 89026 i3o4o 2377 i4i5 23o4 267 234 389 ii33 1068 900 30954 53oo aSai 4367 7'9 63o 679 2839 2402 1704 23117 TOTAL des femmes. 43994 7677 4236 6671 976 864 1068 3972 3470 2604 524i5 total des blancs. 75532 9667 16671 9679 «4597 2144 1773 2354 8025 7846 5298 i65o58 MULA, HOMMES. De là iS ans. Au-delà de i5 ans. 1729 234 600 i55 43 23 >7 187 63 59 3iio 3o36 336 947 242 57 33 23 267 92 TOI d. homn 4: 5l21 8: En ajoutant 21,000 individus des garnisons, des équipages des navires, etc., il résulte pour la population vague et fixe. COMPARAISON DES DENOMBREMENS DE 1817 ET 1827. Résultat de 1827. Résultat de 1817. Différence. BLANCS. Homn 89526 75982 13544 Augment. Femmes. 7553a 5772a 17810 Augment. MULATRES ET NOIRS LIBRES. Hommes. 21235 20779 456 Angment. Femmes. 24829 20097 4732 Augment. MULATRES ET NOIRS ESCLAVES. Hommes. 125388 83169 42219 Augment. Femmes. 72027 38456 33571 Augment. TOTAL. 408557 296205 iia33a Augment. Il y a dans ce département de l'Ouest 62407 mariages de blancs. 2279 mulâtres libres. 3916 noirs libres. 19558 mulâtres et noirs esclaves. N° [L .E DE CUBA, D'APRÈS LE DÉNOMBREMENT DE 1827. s LIBRES. NOIRS LIBRES. MUJ LATRES ET NOIRS ESCLAVES. TOTAL DE L DÉPARTEMEN FEMMES. HOMMES FEMMES. HOMMES. FEMMES. TOTAL TOTAL 1 TOTAL 1 des ■^ g " ""** —'^—i """^^ des i—--^— "' ^ ■""^ des """^ "^ _^-~_ mulâtres S l )e Au-delà TOTAL De Au-delà TOTAL De Au-de!à TOTAL De Au-delà TOTAL De Viidelà TOTAL et des ^ S la de dM mulâtres iài5 de des là 12 de des noirs 1 à i5 de des là 12 de des noirs i. s is. 13 aos. femmes libres. aos. i5 ans. bommes. ans. 12 aDS. femmrs libres. ans. i5 ans. hommes. ans. 12 ans. femmes. CîClav'os. v> 0 256 4101 6357 1 II22 2818 6452 9270 2574 8656 1 123o 2o5oo l35l8 55654 69172 8927 3 1436 4o363 109535 237828 198 467 665 1235 234 397 63 1 ,76 56o 736 1367 2469 ■4299 16768 2o56 7698 9754 26622 45795 436 1025 1461 3oo8 229 572 801 i63 431 594 1395 588 3079 5667 468 969 1437 5io4 19186 110 '97 3o7 704 265 618 883 180 576 756 .639 53o5 i6386 ï969> 1857 949' ii348 5 1039 47979 32 75 io5 ao5 74 124 198 28 88 116 3i4 229 705 934 161 377 538 1472 4i35 21 3q 60 1 16 3i 67 98 25 58 83 181 121 454 575 77 275 352 927 2997 14 26 4c 80 20 36 56 12 48 60 116 190 612 802 94 28b 38o 1182 3732 iSi 407 55f 1002 i35 528 465 106 574 710 .173 i365 2909 4274 587 1675 2262 6536 16746 52 106 i5f i 5i3 IIO 248 358 58 236 294 659 i354 6090 7444 738 38oo 4538 11982 20793 70 i55 22: ) 372 90 i56 246 64 a5o 3i4 56o 476 i585 2061 262 79^ io55 3ii6 9346 340 6596 993( 5 18167 4006 8998 i3oo4 3416 11477 .4893 2789; 236i5 101773 125388 16227 568oc ) 72027 197415 408537 429,537 àmes. MOUVEMENT DE LA POPULATION EN 1S27. M tULATRES NOIRS MULATRES NOIRS BLANCS. LIBRES. LIBRES. ESCLAVES. ESCLAVES. TOTAL. Naissances 7254 786 IIOI 245 9097 18485 ii56 62 85 l3 1208 2534 Décès 4044 5o4 1143 1 11 538o Il 182 POPULATION DU DÉPARTEMENT CENTRAL DE L'ii VILLES ET CANTONS RURAUX. La ciudad de Santa Maria de Pcerto Principe, avec 24 cantons ruraux renfermant 3 villages et 9 hameaux [aldeas) g / La ciudad de Tbinidad , avec 6 partidos rurale* renfermant %i i3 aldeas S \ La villa de Santa Ciara, avec 17. partidos rurales et la colonie ^-. 1 de Santo Domingo ; en tout une villa , 3 villages et 23 al- g / deas -^ 1 La villa de Sakto Spiritc , avec 1 5 partidos i-urales renfermant z I un village et 1 a aldeas 5 [ La villa de San Juan deLOS Rejiedios, avec 10 partidos rurales 5 \ renfermant un village et 2 aldeas BLANCS. HOMMES. De 1 à i5 ans. 7839 Total du gouvernement de Trinidad. Gouvernement de la ciudad et colonie Fernandina de Jagca, avec 5 harrios ruraux Canton rural de Yagcaramas, appartenant à la juridiction de la Havane , avec a aldeas Total de la population fixe. 25i9 6260 3283 1694 Au-delà de i5 ans. 13753 12766 249 205 21047 3773 5941 5711 25i5 17940 418 289 32400 TOTAL des hommes. 21592 629a 11201 8994 4209 30696 667 492 53447 FEMMES. De 1 à 12 ans. 6695 1905 4a24 3i5i 1010 10290 Au-delà de 12 ans. 11088 3i36 537a SogS 2235 i5838 208 i58 17351 254 245 27425 TOTAL des femme*. 17783 5o4i 9596 8246 3245 TOTAL des blancs. 39375 26128 462 io3 44776 11 333 2079; 17240 7454 1114 128É1: 56824 1129 895 98aa3 659 767 755 3o8 84:1 ii5 88ti 35d 2489 324'! ai i3 3637 4! 1; 459^1 En ajoutant 1676 individus des garnisons^ des équipages des navires, etc., il résulte pour la population vague et fixe. COMPARAISON DES DENOMBREMENS DE 1817 ET 1827. BLANCS. Résultat de 1827. Résultat de 1817. Différence. Hommes, 55447 39457 13990 Attgment. Femmes. 44776 35697 9079 Augment. MULATRES ET NOIRS LIBRES. Hommes. 13296 11691 i6o5 Augment, Femmes. log5o 116-5 725 Diminution. MULATRES ET NOIRS ESCLAVES. Homn 28398 17905 10493 Augment. Femmes, i363o i3i68 462 Augment. TOTAL. 164497 1 29593 34904 Augment, ^^ __ _N 'in. DE CUBA, D'APRÈS LE DÉNOMBREMENT DE 4827. lES LIBRES. NOIRS LIBRES. MULATRES ET NOIRS ESCLAVES. TOTAL DE LA DÉPARTEMENT FEMMES. TOTAL HOMMES. FEMMES. rOTAL HOMMES. FEMMES. TOTAL des De 1 à la Au-delà de TOTAL des des nulâlres De 1 à i5 Au-delà de TOTAL des De là 12 Au-delà de TOTAL des des noirs De là i5 \u-delà de TOTAL des De 1 à la .\u delà de TOTAL des mulâtres et ies nuira ans. la ans. emmes libres. ans. i5 ans. hommes. ans. li ans. femmes libres. ans. i5 ans. liommes. ans. 12 ans. femmes. esclaves s s l320 680 2000 4400 811 608 »4>9 587 5o5 1092 25ll 904 8977 9881 204 5619 5823 15704 61990 538 8l5 i353 2857 570 H22 1692 385 742 1127 2819 1225 7709 8934 59. 2172 2765 11697 28706 576 885 1461 3379 434 45a 866 329 44^ 771 1637 735 2730 3465 7.6 i4o3 2119 5584 5 1397 522 839 i36i 3ooa 23 1 367 598 292 45o 742 i34o 646 3499 4145 552 1284 i836 5981 27563 a54 266 520 II 87 128 347 475 102 256 358 853 299 1 170 146g '99 53c 729 2198 1 1672 1890 28o5 4695 10425 i363 2268 363 1 1108 1890 2998 6629 2905 i5io8 i8oi3 2o58 5389 7447 25460 3oi 99338 16 39 55 125 0 » ■ » » « 1) 52 i35 .8; 29 85 114 i555 28 42 70 100 5 II 16 j5 25 40 56 49 268 3,; 4" 20. ) 246 563 1614 3254 3566 6820 i5o5o 2179 2887 5o66 1710 2420 4i3o 9' 96 3910 24488 2839? 2332 1129! i i363o 42028 164497 166,172 âmes. MOUVEMENT DE LA POPULATION EN 1S27. MULATRES NOIRS «ULATRES NOIRS BLANCS. LIBBES. LIBRES. ESCLAVES. ESCLAVES. TOTAL. Naissances 3559 768 421 l5l 1092 599' Mariaces 456 1569 44 327 25 20 90 635 Décès 188 79 407 2670 POPULATION DU DÉPARTEMENT ORIENTAL DE L',l| VILLES ET CANTONS RURAUX. La ciudad de Santiago de Cuba, avec 41 cantons ruraux [partidos rurales) renfermant une villa , 3 villages et 26 aldeas Lieutenance {tenencia de gobierno) de la villa de Bayauo, avec ig purtidos rurales renfermant 2 villages et 20 aldeas Lieutenance de la ciudad de Hoigcin, avec 18 partidos rurales renfermant 3 aldeas Lieutenance de la ciudad de Babacoâ, avec 12 partidos rurales renfermant 6 aldeas Lieutenance de Jigdant , avec t\ partidos rurales renfermant 3 al- deas Total de la population fixe BLANCS. HOMMES. De là iS ans. 2687 3087 2487 660 893 Au-delà de i5 ans. 6354 4019 3945 38 1 1167 9814 i5866 TOTAL hommes. 9041 7106 6452 1041 ao6o FEMMES. De I à 12 ans. 2210 2690 2453 486 689 2568o Au-delà de la ans. 4425 3931 3297 797 TOTAL femmes. TOTA.L des blancs. 8528 i3562 6635 6621 5760 1283 1801 22090 MUi HOMM De làiS 15676 13727 12182 2324 386 1 47770 Au -de a de I ans. |5 an a 222 1 166 601 366 36 1 5210 212 ) 27c f 05 I 3c 5i 638.1 En ajoutant 3400 individus des garnisons, des équipages des navires , etc., il résulte pour la population vague et fixe. COMPARAISON DES DÉNOxMBREMENS DE 1817 ET 1827. Résultat de 1827 Résultat de 181 7 Différence . . BLANCS. Hommes. 2568o 14700 10980 Angment. Femmes. 22090 15887 62o3 Angment. MULATRES ET NOIRS LIBRES. Hommes. 17431 26435 9004 Diminution. Femmes. 18753 23400 4647 Diminution. MULATRES ET NOIRS ESCLAVES Hommes. 29604 233oo 6204 Augment. Femmes. '7995 23200 52o5 Diminution. TOTAL. i3i453 126922 453i Augment. mi N° IV. ; DE CUBA, D'APRÈS LE DÉNOMBREMENT DE 1827. lES LIBRES. NOIRS LIBRES. MULATRES ET NOIRS ESCLAVES. 4 0 >, — FEMMES. lOTAL HOMMES. FEMMES. TOTAL HOMMES. FEMMES. TOTAL des De 1 à 13 ans. Au-delà de 12 ans. TOTAL des femmes. des rnulàtrcï liWcs. De làiS aas. Audelà de i5 ans. TOTAL des hommes De 1 à la ans. Au-delà de 12 ans. TOTAL des femmes. des noirs lilucs. De là i5 ans. Au-ilclà de j5 ans. TOTAL des iiommcs De là 12 ans. Au-delà de 12 ans. TOTAL des femmes. cl ic3 noir.- enclaves "S s 1817 3791 56o8 995a 1235 1912 3i47 12p3 2435 3708 6855 2171 21210 23381 2632 12026 14658 38o39 70522 1270 55io 4780 9'44 353 782 ii35 427 741 1168 23o3 534 2218 2762 329 «490 1819 4571 29745 219 541 760 aoi8 24. 393 634 116 '94 3io 944 341 «599 1940 148 497 645 2585 '7729 302 479 781 i539 171 241 412 143 .87 33o 742 255 795 io5o s6o 409 669 '7'9 6324 280 49' 771 i644 217 289 5o6 324 2l3 537 1043 59 322 38 1 38 166 204 •7995 585 47499 7i33 3888 8812 12700 24297 2217 3617 5854 2283 3770 6o53 11887 336o 26144 29604 3407 i4588 i3i453 i34,853 âmes. MOUVEMENT DE LA POPULATION EN 1827. MULATRES NOIRS N IULAXRES NOIRS BLANCS. LIBRES. LIBRES. ESCLAVES. ESCLAVES. TOTAL Naissance Mariages. s 2Il5 256 inia 1494 i38 5A8 256 3l 242 224 6 85 1918 44 lOIQ 6007 475 2Ql3 Dé ADDITIONS. 6l5 ni. OBSERVATIONS D INCLINAISON ET D INTENSITE DES FORCES lIAGNÉTIQt'ES. Les observations sur les variations du magnétisme terrestre à différentes latitudes , que je réunis à la fin de ce volume , embrassent le travail auquel je me suis livré depuis trente-deux ans avec les instruaiens comparables entre eux en Amérique, en Europe et en Asie, dans l'hémisphère boréal, sur un espace de 188" de longitude , depuis les frontières de la Dzoungarie chinoise jusque vers l'ouest à la Mer du Sud qui baigne les côtes du Mexique , et en latitude depuis les 60° nord jusqu'aux 12" sud. Ces observations, qui n'ont jamais été publiées dans leur ensemble, n'ont rapport qu'à l'Inclinaison de l'aiguille aimantée et au décroissement de l'intensité des forces magnétiques du pôle vers l'équateur magnétique. Je n'ai ajouté qu'un très-petit nombre de déclinaisons; j'en ai exclu entièrement les recherches que j'ai entreprises conjointement avec d'autres physiciens, et sur une très -grande échelle, pour déterminer, à des époques fixées d'avance, les variations régulières ou accidentelles (sujettes à des perturbations) qu'éprouve une aiguille de déclinaison , suspendue à un fil sans torsion et observée d'heure en heure au moyen de micromètres microscopiques. A une époque où les phénomènes du magnétisme terrestre, et les lois auxquelles ces phénomènes semblent être assujétis , occupent si vivement les esprits, il m'a paru utile aux progrès des sciences de réunir un grand nombre de résultats obtenus par les mêmes procédés , et qui offrent les élémens numériques sur lesquels la théorie future des variations du magnétisme terrestre doit être basée. La grande multiplicité des pôles magnétiques ' imaginés pour expliquer les différentes manifestations de la charge électro-magnétique de notre planète, fait sentir de plus en plus, je pense, le besoin de bien préciser les élémens numériques. Le système de l'attraction universelle conçu par Newton , a fait oublier le système compliqué des épi- cycles de Plolémée. C'est aux géomètres à nous débarrasser, par quelque grande vue de philosophie naturelle , de cette complication de pôles magnétiques. Je divise l'exposé de mes observations en trois groupes: le premier fréseute le système des Inclinaisons et des forces, dans les années 1798-1803 , en Espagne, aux îles Canaries, dans l'Océan-Atlantique, dans l'Amérique équinoxiale , au nord et au sud de l'équateur et dans la Mer du Sud ; le second embrasse les observations faites en i8o5 et 1806 en France, en Italie, en Suisse et en Allemagne; le troisième offre les résultats que j'ai obtenus dans les années 1826-1829 ^" Allemagne, en Prusse , dans la Russie européenne , sur les bords de la Mer Cas- pienne et dans le nord de l'Asie entre l'Oural, l'Altaï, la steppe des Kirghises et les frontières de la Chine. A. PREMIER GROUPE u'oBSERVATlONS. Un petit nombre des résultats qui forment ce groupe a été publié immédiatement après mon retour du Mexique^. 11 a servi aux calculs d'après lesquels MM. Biot, Hansteen et Morlet ont fixé à différentes époques la position de l'équateur magnétique. D'autres se trouvent dispersées dans les trois volumes qui ont déjà paru de mon foyage aux Régions éqvinoxiales du Nouveau-Continent^. Le véritable but de ces observations, faites dans les quatre années qui ont précédé l'année i8o3 , étoit la recherche de la loi d'après laquelle l'intensité des forces magnétiques varie à différentes latitudes de l'équateur aux pôles magné- tiques : j'ai été assez heureux de découvrir cette loi (l'accroissement progressif des basses latitudes au pôle) dans mon voyage au Haut-Orénoque et au Ilio Negro pendant l'été de 1800, et j'ai regardé ce 1 Dans chaque hémisphère plusieurs physiciens admettent a pôles d'Inclinaison, a pûles de oiaxjma d'intensité, etc. * Hansteen Erdmagnetismus , p. 67. ' f^oyet Tom. I, p. 256-264, a8S, 365 , SgS, 4oi , etc; Toni. II , p. 5o , 48, 54, iiS, igo, etc. ; Tou. III , p. 36o-563 , 554, etc. 6l6 ADDITIONS. résultat comme le plus important de ceux que j'ai pu recueillir pendant mon voyage en Amérique. La même aiguille de la boussole d'Inclinaison qui avait donné en lo minutes de temps, à Paris, 245 oscil- lations, à Cumana (lat. io''28'bor.) 229, n'en donnoit à San Carlos del Rio Negro (lat. 1° 53' bor.) que »i6 , et sous l'èquateur magnétique que j'ai traversé sur le dos de la Cordillère des Andes du Pérou , entre Micuipampa (lat. 6° 44' austr.) et Caxamaraca (lat. 7° 8' auslr.) , que 211. Ce passage de l'èquateur magnétique eut lieu en septembre 1802 , et, un mois plus tard , je vis de nouveau l'intensité augmenter dans l'hémisphère magnétique méridional , en m'éloignant de l'èquateur magnétique. L'intensité des forces à Lima éloit mesurée par 2 19 oscillations. En publiant cette loi' de l'accroissement de l'intensité vers les deux pôles (boréal et austral), j'ai fait voir comment, dans le Système américain , les forces varient régulièrement par zones. La grande intensité des forces observées à Carthagène des Indes , à la Havane et au Mexique, prouve d'ailleurs que le ralentissement des oscillations sous l'èquateur magné- tique ne peut aucunement être attribué à une diminution de forces dans le magnétisme de la boussole dont je me servois dans ce genre de recherches. C'est aussi celte même grandeur de Tinlensité exprimée par 2io o.scillations à Carthagène des Indes (lat. bor. 10° 25'), comparée, en avril 1800, aux 241 oscil- lations de Madrid (lat. bor. 40° 25'), qui ont fait apercevoir un fait très-important pour la théorie du magnétisme terrestre , celui du manque de parallélisme des lignes isodi/namiques et d'égale Inclinaison. A Madrid, cette Inclinaison était, en octobre 1798, de 77'',62 (nouv. div.) , tandis que je trouvois l'Incli- naison à Carthagène des Indes de 39°,35. Presque à la même époque, et dans une longitude encore plus occidentale, ma boussole de Borda faisoit 2^6 oscillations en 10 minutes de temps à la Havane (lat. bor. 20° 9', Incl. magn. 59», 3o), lorsqu'à Paris (lat. bor. 48° 5o', Incl. magn. 77°, 62) elle en avoit fait 245. Tous ces phénomènes d'accroissement de force dans les deux hémisphères magnétiques de l'èquateur vers les pôles magnétiques et de non parallélisme des lignes isodynamiques avec les lignes d'égale Inclinaison , ont été confirmés dans ces dernières années par les nombreuses observations faites dans les expéditions angloises aux régions polaires , dans les voyages autour du Monde des navigateurs françois , dans les voyages de terre entrepris par M M. Hansteen et Erman dans le nord de l'Asie. La com- paraison des intensités de la Havane et de Londres (et l'intensité des forces de Londres diffère très-peu de celle de Paris) a été tentée de nouveau par M. Sabine , vingt-quatre ans après l'observation que j'avois faite à l'île de Cuba. En nommant la force sous l'èquateur magnétique près de l'île Saint-Thomas , dans le golfe de Guinée, le physicien anglois trouve l'intensité des forces, à la Havane et à Londres, dans le rapport de 1,72 à 1,62. Telle est la position du pôle magnétique boréal que la distance polaire de la Havane est plus petite que les distances polaires de Londres et de Paris. Lorsqu'on se porte vers le sud dans la partie occidentale de l'Amérique, entre les 79° et 81 "de longitude, on commence à trouver ( je parle de l'état des choses au commencement du dix-neuvième siècle) , le minimum de l'intensité des forces près l'èquateur magnétique même , qui paroît se trouver sous les 7° de latitude australe et 81° de longitude à l'ouest du méridien de Paris. C'est donc là le na;u(2 de la courbe sans Inclinaison avec la courbe isodynamique du /«/«//»!<»« des forces; mais cette dernière courbe, je l'ai poursuivie à l'ouest de la Cordillère des Andes dans le littoral du Pérou, vers Casma et Huarmay, jusqu'au 10° de latitude australe. Cette direction du nord au sud , avec une légère Inclinaison au sud-est, est un phénomène que M. Adolphe Erman, dans son courageux voyage de Sibérie, a trouvé répété pour la ligne dont lintensité égale 1.60; il a vu la ligne isodynamique 1,60 couper presque à angle droit les courbes d'égale Inclinaison et descendre du NXO. vers le SSE. , d'Obdorsk, près des bouches de l'Oby à Tomsk; j'ai traversé cette même branche isodynamique l'année dernière en me rendant de l'Oural à l'Altaï. Il me paroît très-probable que la ligne isodynamique du minimum des forces et le nœud péruvien de l'èquateur magnétique (le point d'intersection des équateurs géographique et magnétique) se soient portés depuis l'époque de mon voyage, de l'est à l'ouest. Nous discuterons dans un autre endroit la ' Journal de Phyiiquc , Tom. LXIX, p. 453. La petite iotensilc de S. Felipe (209) est-elle l'elTet d'une perturbation locale :" ADDITIONS. 617 question de savoirs! les observations nombreuses de M. Duperrey, commandant de l'expédition de la Co- qtcitle [1812-} 825), n'indiquent pas ce mouvement pendant la rouledu CallaoàPaïta : il suffit de rappeler ici que d'après les observations de M. Adolphe Erman faites à son retour du Kamtschatka à Rio Janeiro, par les j35° de long, occid. de Paris dans la Mer du Sud , sur l'équateur magnétique, l'intensité des forces magnétiques a été trouvée sensiblement telle , que 54° de longitude plus à l'est , et vingt-six ans plus tôt, je l'avois trouvée sur l'équateur magnétique au Pérou. M. Adolphe Krman , au moment de son départ pour la Sibérie, en 1828, avoit comparé ses aiguilles d'oscillation aux miennes, c'est-à-dire il avoit pys pour point de départ l'inten.sité dès forces à Berlin , dont j'avois déterminé ' le rapport à l'intensité sur l'équa- teur magnétique au Pérou, comme i,37o3: i. Il a vu augmenter cette intensité dans le nord-est de l'Asie à Kanfe (lat. Sf)" 53', long. in"44'EO jusqu'à 1,7328, et décroître dans la Hier du Sud sur l'équateur magnétique^ entre les 144° 20' et 125° 20' à l'ouest dn méridien de Paris jusqu'à 0,9978, quan- tité qui diffère très-peu de l'unité. Comme l'intensité des forces magnétiques n'est pas une fonction de l'Inclinaison, et que les lignes isody- namiques ne sont aucunement parallèles aux lignes d'égale Inclinaison, on ne peut être surpris de voir que tous les points de l'équateur magnétique ne m.nnifesteiil pas les mêmes intensités : celles de Londres, de Paris ou de Berlin , ne peuvent par conséquent offrir les mêmes élémens numériques, si on prend pour unité l'intensité des forces sur l'équateur magnétique au Pérou, sur les côtes occidentales d'Afrique ou dans l'Archipel des Grandes-Indes. Les lignes isothermes , comme je l'ai démontré dans plusieurs /né- moires, deviennent sensiblement parallèles à l'équateur à mesure que l'on s'approche des tropiques ; mais il n'en est pas ainsi des lignes isodynamiques de M. Hansteen, qui coupent quelquefois (par exemple au Pérou) l'équateur magnétique à angle droit. Ayant transporté les mêmes aiguilles ou des aiguilles com- parées entre elles de Paris au Mexique, à l'équateur magnétique dans le Pérou, à Berlin, à Pétersbourg, sur les bords de la Mer Caspienne et dans le nord de l'Asie, j'ai exprimé les forces, dans ces différens lieux de la terre, en prenant pour î«2/ît' l'intensité que j'avois trouvée sur l'équateur magnétique au Pérou, ou plutôt sur le point d'intersection de cet équateur avec la ligne isodynamique du minimum des oscil- lations. Dans cette supposition , je trouve pour Paris 1,3483; pour Milan , i,3i2i ; pour Naplas, i,2745' Les observations très-précises de M. de Rossel à Surabaya, dans l'île de Java, et celles du capitaine Sabine, près d^- l'île Saint-Thomas, 5' au nord de l'équateur, indiquent que l'intensité des forces est moindre sur l'équateur magnétique près des côtes occidentales de l'Afrique (long. 40° 24' O.) et dans l'Ar- chipel des Grandes-Indes, que dans la portion de l'équateur magnétique qui traverse le Pérou^. De même M. Adolphe Erman a observé que, sur les côtes orientales de l'Amérique du Sud , les forces magnétiques sont beaucoup plus foibles à égale distance du pôle austral terrestre que sur les côtes occidentales. L'in- tensité = i, trouvée à l'ouest du Nouveau-Continent, sur l'équateur magnétique dans la Mer du Sud, par i35° de long. occ. et 1" 55' de lat. austr. , se manifeste sur les côtes du Brésil , déjà vers les 38° de latitude australe, tandis que l'Inclinaison y est encore de plus de 87° S. Il me paroit toujours plus probable que le minimum de l'intensité des forces magnétiques à la surface du globe, comparé au maximum , n'est pas dans le rapport de 1 : 2, mais bien au-delà de i : 2,6. Le but principal des observations renfermées dans le Premier Groupe étant la détermination précise de * Voyez mon /îec. d'Obs, astr.^ Tora. I, Inirod., p. lxx. * Pour juger de la conGance que l'on peut accorder à la détermination de la position de l'équateur magnétique, il faut distinguer entre les points fixés par l'observation directe (le voyageur ayant observé sur l'équateur même ou très-près) et les points qui ne se fondent que sur des réductions, d'après des observations d'Inclinaison faites à ij» ou i5° de distance (en latitude) de l'équateur magnétique. M. Adolphe Erman a trouvé cet équateur, par observation directe: à 1» i' au sud de l'équateur terrestre, par 144° ao' de longitude occidentale ; à 1° 49' sud par 126» 20' de longitude occidentale de Paris. On peut admettre , d'après les observations , que M. Adolphe Erman a obtenues dans l'e.ïpcdilion du capitaine Hagemeister, qu'entre les méridiens que je viens de nommer, l'équateur magnétique (en i83o) étoit par les i» 55' de lat. austr., à peu prés parallèle à l'équatjur terrestre. ' ^oyci plus haut, Tom. III, p. 36i. Belation hislorlque , Tom. III. 7° 6l8 ADDITIONS. V accroissement des /brces de l'équateuraux pôles magnétiques, nié par Cadenvish et lord Mulgrave , les Inclinaisons que présente ce même Groupe ne méritent pas la même confiance.* que celles du Second et du Troisième Qtonçes. Dans les trois groupes d'observations, c'est la boussole d'Inclinaison de Borda qui a été employée, construite pour les voyages d'Amérique et d'Italie par M. Le Noir, pour le voyage de l'Asie septentrionale par M. Gambey. Dans le premier groupe, la division du cercle a été centesma/e; l'intensité des forces a été mesurée par l'aiguille d'Inclinaison (par conséquent par l'aiguille perpendicu- laire) placée dans le méridien magnétique. Le tableau indique le nombre des oscillations de cette aiguille , comptées en lo minutes de temps à un chronomètre de Louis Berthoud. Le plus grand nombre des longitudes et latitudes que présente ce tableau résultent de mes propres observations astronomiques ; de même les hauteurs au-dessus du niveau de l'Océan ont été déterminées par mes mesures barométriques. On n'a point modifié les observations d'intensité par la correction qui pourroit les réduire à la même tem- pérature. La nécessité de cette correction a été prouvée par les ingénieuses recherches de M. Kupfer \ mais les variations de température dans ces trois groupes d'observations ont été trop peu considérables pour influer d'une manière très-sensible sur le nombre d'oscillations qui expriment l'intensité des forces. Comme à l'époque de mon voyage l'attention des pby.siciens n'avoit point encore été fixée sur l'influence de la température atmosphérique, je n'ai point trouvé d'indication des températures sur mon registre magnétique. Il m'a été cependant très-facile d'y suppléer approximativement , ayant généralement marqué ( dans les heures qui précédoient l'observation de la boussole de Borda ou qui suivoient ces observations ) les variations du thermomètre, soit à cause des mesures de hauteur au moyen du baro- mètre, soit à cause de mes travaux météorologiques. J'ai préféré laisser en blanc la colonne des températures lorsque je n'ai pu en trouver dans mes journaux une indication certaine. L'influence de la chaleur sur l'intensité des forces d'une aiguille dépend essentiellement de la trempe : chaque aiguille oflre par conséquent un caractère d'individualité, et la boussole de Borda, qui a été employée dans le premier groupe des observations étant restée à l'Ecole des Mines de la ville de Mexico , la correction relative à la température (par exemple de o",oo9 ou o",oi3 pour i" Réaum.) seroit hasardée. .le n'in- siste ici sur l'utilité des indications thermométriques que pour faciliter la comparaison des intensités de deux lieux, et pour faire juger en quel sens (d'accroissement ou de décroissemeut de forces) l'influence des températures peut avoir agi. Les déclinaisons magnétiques ajoutées au tableau se fondent toutes sur mes propres observations, et ont été déterminées au moment du passage du soleil par le méridien. • Voyez plus haut, Tom. I, p. 517. « Annales de Chimie et de Pbys. , Tom. XXX, p. n3 , et Voyage au Mont Elbrouz dans U Caueaie, 1800, p. 78. ADDITIONS. 619 TAîiEAr DES Obsertatiohs d'intessité et d'incuhaison magnétiques faites dans les années 1798-1804, depuis les 48° 5o' de latitude boréale jusqu'aux 12° de latitude australe, et depuis les 5° 2' de longitude orientale jusqu'aux 106° 22' de longitude occidentale, en France, eu Espagne, aux Iles Canaries, dans l'Océan-Atlantique , en Amérique et dans la Mer du Sud, par Alexandre de Humboldt. LIEUX ÉPOQUES. IKTEHSITÉ ncLimisoi» LATITUDES umoiicoBs UACTEnas TBUPéaAT. NATURE ,1c l'a,g„,llc des lieux SES EOCHES VOISINES 1798, >;99- de la force des lieux des lieu;. de l'air. d'observation. ina:^nélMiuc. aimantée (div- rent.) d'observation. d'observation. l'obscrvaliun (en mdlrcs) (cent.) REMARQUES. A. France. I. Paris Octobre. . a45 77",62N. 48°5o'i4'N- 0" 0' 0" 65 '7° 1. Conjointement avec M. de Borda. Formations tertiaires. Décl. magn. 22» i5' NO. 3. Marseille Octobre.. a4o 7>.97 43 17 49 3 2 0 E. 3o 20 2. Conj. avec MM. Thulis et Blancpain. Décl. m. 20° 55' 30" (Observât, de la marine.) Nageiflouhe. 5. Nismes Décembre a4o 73,10 43 5o 8 2 1 3o 25 9 3. Coteaux de la formation crayeuse. 4. Montpellier.. .. Janvier.. . a45 -3,75 43 36 16 1 32 3o 45 6 4. Conj. avec M. Chaptal. Sa- bles et grès coquilliers (snba- péuins). 5. Perpignan Janvier. .. 248 73,27 42 4» 3 0 33 54 '7 8 5. Dépôts de transport repo- sant sur des sables coquilliers tertiaires. B. Espagne. 6. Geroua Janvier... 232 72,28 4l 52 0 0 27 0 .... 8 6. Granité , gncis. 7. Barcelona Janvier.. . 245 72,32 4. 23 8 0 9 35 6. 12 10 7. Granité. A l'obserratoire de M. Méchain. 8. Cambiils Février.. . 24. 71.27 4o 55 0 i 35 0 5 12 8. Calcaire secondaire. 9. Valencia Février.. . 255 71,26 39 28 4» 2 45 5 17 14 9. Calcaire secondaire , grès. 10. Madrid Mars 240 75,67 4o 25 5 6 2 3o 7 10. Formations secondaires. Décl. m. 22° 2'o'' NO. 11. Guadaïama. .. ■ Mai 240 73,95 4o 39 0 6 29 0 i3 11, Granité. 12. S. Xidrian Mai 2Ô5 72,87 i5 i3. Meditiadel Cani. Mai 240 74,o5 41 24 0 n 5 0 i3. Calcaire jurassique. 14. Villa el Pando.. Mai 240 74.27 4i 53 0 7 48 0 14. Formations secondaires. i5. Villa Franca. . . Mai 240 76,62 42 36 4o 8 22 i5 '7 tS. Schiste de transition. 16. Sobrado Mai 248 76,20 16. Schiste ferrugineux. 76,61 43 29 3o 10 35 i5 i4 ..... 17. Conj. avec M. Herera, gra- nité , micaschiste. G. Océan atlantique et tles Canaries. 18. Sur mer Juin 242 75,76 38 52 0 16 22 0 16 18. Bonne observation. 19, Sur mer 242 75,35 37 26 0 16 32 0 i5 19. Calme entre le cap St- Vin- cent et les Açores. ao. Sur mer Juin i34 73,00 34 3o 0 16 55 0 16 20. Calme plat. ai. Sur mer Juin 23; 7', 90 3i 46 <^ 17 4 0 "7 21. Dout. surtout l'intensité. (à l'est de Madère.) aa. Rade de S. Croix de Ténériffe... Juin 208 69,35 28 28 3o 18 33 5 >9 22. Bonne. Laves basaltiques. a5. Sur mer Juin.. .. 239 67,60 24 53 0 20 58 0 21 .3. Très-bonne ; au S. E. du cap Bajador. 24. Sur raer Juin 23; 64,65 21 29 0 25 42 0 ao 24. Très-bonne. Cent lieues au nord des îles du cap Vert. a5. Sur mer Jviin. .. . 236 63,52 19 54 0 28 45 0 >9 25. Bonne. 1 16. Sur mer Juillet... aSi, 5G,3o i4 i5 0 48 3 0 a3 26. Bonne. 620 ADDITIONS. NATURE ÉPOQUES. IT^TBRSITÛ INCLINAISON LATITtDES LONGITUDES HAUTELBS TEMPKBAT. LIEUX de r...i;llilU- des lieux DBS BOCHES VOISIMBS de la force des lieux des lieux de l'air. '799' aimantée d'ol>ser\atioii et d'obsehvatios. 1800. nugiiëtû]ue. («liv. CClll,} d'observation. d'observation. (en métic^)- (cent.) REMARQUES. 37. Sur mer Juillet. . . j34 5o%67N. 13" 3' o'N. 53» iS- o'O. 31 27. Inclinaison bonne , inten- sité douteuse. a8. Sur mer Juillet, . . "7 47,o5 Il 10 64 5 1 0 33 38. Bonne. •29. Sur mer Juillet... J39 46,95 10 46 0 Co 54 0 25 39. Bonne. 4 lieues au N. de la côte montagneuse de Paria. D. Province de Nutia Andatusia. 3o. Cumana Août "9 43,65 43,75 10 37 52 66 3o 0 10 36» 5o. Conglomérat à ciment cal- caire. Décl. m. 4" 1^' 1^' N^- Novcmbie 339 La seconde observ. après le tremblement de terre du4 nov. 3i. Quetepe Septemb. 43,70 10 24 0 66 27 0 373 28 5i. Formation calcaire. 5a. Cerro del Im- posible Septemb. 335 43,5l 10 26 0 66 26 8 480 24 53. A la casa de la Polvoia, calcaire alpin. 35. Cumanacoa. .. . Septemb. 33S 43,60 10 16 11 66 18 5o 202 23 55. Calcaire poreux. 34. Plateau du Co- collar. .... ....... Septemb. 339 43,10 10 9 37 ■66 19 31 795 31 54. A la pente du Turimiquiri. 55. Couvent de Ca- risse. > Septemb. 339 43,75 10 10 i4 66 i3 47 804 '9 35. Formationscalcaires. Décl. m. 3°i5'NE. E. Province de Fene- z ucta. 36. Caracas Janvier. . . 333 43.90 10 5o 5o 69 35 0 S70 17 36. A la Trinidad , gncis. Décl. m. 4° 38' 45' NE. 37. Silla de Caracas. Janvier... 33o 41.90 10 5i 5 69 ai 38 263 1 11 57. Schiste micacé. Sommet or. de la Silla. 38. Venta de AvUa . Janvier. . . i-cà 4i.75 10 33 9 69 37 47 1182 '9 38. Gneis avec couches de cal- caire grenu. 39. La Guayra Janvier. . . 337 42.30 10 36 19 69 37 0 8 26 3q. Gneis. Décl. m. 4' 20' 55" NE. 4o. Hac. de Cura. . . Février. . . 33o 4". 20 10 i5 4o ~û i5 12 441 33 4o. Vallées d'Aragua , granitc. Décl. m. 4° 48' 5o' NE. 41. Hac. del Tuy.. . Février. .. 338 41,60 10 16 44 69 47 35 576 32 4i. Schiste micacé. 42, La Victoria Février. . . 336 4o,So 10 i5 55 69 5o 43 525 24 42. Granité recouvert de cal- caire marneux. Perturbations magnétiques entre n.4 1 et 42. 43. NuevaValencia. Février. . . 334 41,75 10 9 56 70 35 48 456 23 43. Granité. 44. Calabozo Mars 333 38,70 8 56 8 70 10 4o 102 37 44. Milieu des LIanos , grés. Décl. m. 4o« 54' 10* NE. F. Province de fa- rinas. 45. San Fernando de Apure Mars 333 36,7oN. 7 53 13 ;o 20 1 i 54 38 45. Conglomérat ferragineux. Savanes de l'Apure. G. Province de la Guayane. 46. Carichana Avril 337 53,70 6 54 5 70 1 5 0 26 46. Granité. 47. Atures Avril 333 52,35 5 37 34 70 19 21 37 47. Première Grande Cataracte de l'Orénoque. 48. Maypures Avril . .• • 3i,io 5 i5 32 70 37 33 182 3i 48. Seconde Grande Cataracte 49. S. Fernando de Atabano. . . ... de l'Orénoque. Mai 319 59.70 4 2 48 70 3o 46 aS 4g. Gneis; prés de l'embou- chure du Rio Alabapo dans lAt.au.au^.. ......... l'Orénoque. 5o. San Baltbasar. . Mai 27.80 3 i4 23 70 l4 21 26 5o. Granité. ADDITIONS. 6a I LIEUX ÉPOQUES. triTBNSlTK INCLINAISON drlaiguille LATITUDES LO.NCITUDES HAUTEUaS (les lirux TEMPÊa*T. NATURE DES BOOBES VOISINES 1800, de la force des lieux de l'air. aimantée d'objervalioii et D OBSERVATION. 1802. m.i^^netiijuiv (d.v. CLiit. ) d'observation. d'observation. (en niétics) (cent.) EFMARQUES. 5i. Javita Mai 218 26»,4oN. 2» 48' o'N. 70°, aa' 9"0. 323 34 5i. Syénite, au milieu de fo- rêts épaisses sur les bords du 52. S. Carlos dcl Rio Rio Temi. MaL ai6 22,60 1 53 42 2 4 7 69 58 39 69 27 26 248 22 53. Granité ; au Fortin. 53. Syénite , aux bords du 53. Maadavaca Mai 25,25 28 Cassiquiare. 54. Esmcralda Mai 217 28,25 3 11 0 68 33 19 259 53 54. Gneis ; au pied du Duida. 55. S. Thomas de la Nu«Ta Guayana . . . Juillet. . . 122. .19.00 8811 66 i5 ai 3o 55. Schiste amphibolique. H. Province de Nueva Barcelona. 56. Nueta Barcelo.ia Aoflt 2j4 42,20 10 6 52 67 4 48 8 27 56. Cale, jurassique. Bord du Rio Nevery. J. Ile de Cuba. iSoi. 5j. HavaDc Janvier.. . 246 59,30 33 9 27 84 43 8 3 24 57. Dans le port : formations calcaires. Serpentine de Gua- K. Royaume de la navacoa. Nouvelle-Grenade. 5S. Carthagène des Avril. . a4o 39,35 77 5o 0 7 29 58. Au pied du Cerro de la Po- pa. Décl. m. 7° 3' NE. 59. Mompox Avril 231 37,34 9 '4 11 7« 47 45 128 34 59. Grès; au sud des formations trappéennes. Décl. m. 7» 32' 60. Morales Mai 23o 36,i5 8 i5 3o 76 ai i5 137 32 60. Calcaire fétide. Phonolite prés Morocoyo. 61. Boca de Nares. . Juin 225 3i,25 6 9 49 77 ' ■> 3i 61. Grès. 63. Honda J uin 223 29,35 5 II 45 77 '3 45 283 27 62. Grès avec kieselschiefer. 63. S. Fe de Bogota. Août 226 27,15 4 35 48 76 34 8 2661 18 63. Formations secondaires. Décl. m. 7» 35' NE. 64. Chapelle de Ntra Sra de Guadalupe. . Août 224. 26,80 0290 10 64. Un peu à l'est de Santa Fe de Bogota. 65. Ibague Sept 226 26,95 4 27 33 77 40 5 1370 22 65. Grès au pied de la cordil^ 1ère granitique de Quindiù. 66. Carthago Octobre.. 219 A'7 4 4i 0 78 26 39 964 24 66. Vallée calcaire de Rio Cauca. 67. Popayan Novembre 223 33, o5 1 a6 17 79 0 9 1772 18 67. Porphyre trachytique. 68. Village de Purace Novembre 320 21,S0 a i5 18 78 54 i3 2643 .3 68. Au pied du Volcan. 69. Volcan de Purace Novembre 20, 3o 2 18 5o 78 47 3o 4433 7 69. Sommet du volcan ; tra- cbyte avec obsidienne. 70. Almaguer Décembre 118 20,85 1 54 29 79 '5 21 2268 iS /O. Micaschiste. 71. Pasto 216 19,05 1 i3 5 79 4i 4o 2615 i6 71. A l'est du volcan trachy- tique de Pasto. 1802. 72. Villa de Ibarra. Janvier., . 2.4 i6,52 0 21 0 N. 80 38 4o 23o8 •7 72. Pied du volcan d'imbabum. L. Koyaumede Quito. 73. Quito 21S i4,85 0 i4 0 S. 81 4 38 2908 16 73. A la pente du volcan de Rucu-Pichincha. 74. ChiUo 0 18 27 81 0 53 2614 18 74. Plaine de Cachapamba. 75. Caverne du Vol- can d'Antisana. . , . Mars 23o i5,i8 0 32 52 4860 »7 75 Trachyle à base d'obsi- 76. S. Antonio de dienne. Lulumbamba Juin 220 16,02 0 0 0 81 a 0 3487 23 76. Equateur géographique. Vallée étroite. 77. Aljiusi Juin 217 10,70 a |3 22 81 ao 38 2432 18 77. Micaschiste. 022 ADDITIONS. LIEUX ÉFOQCES. IRTEnSITÉ [tlCt.mALSON de l'jisuillc LATITUDES I.01IC1ICD1S8 HlUTEUas des lieux d'uhjenation TBMPÉBAT. NATURE DES B0CHB6 VOISinES l803, de la force aimantée. des lieux des lieux de l'air. et d'observation. i8o3. io3^néli()U.: (div.ceat.; d'observation. d'observation. (en mclrcs). (cent.) aEMABQlES. 78. Riobamba Nue- vo Juin 319 i3«,4oN. i«4r46'S. 8i« 4' 38' 3890 31» 78. Grande plaine couverte de ponces. 79, CueDca Juillet... 2l4 9,Î5 a 55 3 8i 33 38 3653 '9 79. Grès. 80. Lo&a .( » Juillet... Juillet . . . aia aia 6,00 5,07 4 0 0 4 i3 24 Si 43 3i 81 54 3 2063 3093 i£ >7 80. Granité. 81. Syénite porpbyrique. 81. Gonzanama M. Roy. du Pérou. 8a. Ayavaca Août ai3 3,85 4 37 56 83 119 3743 36 83. Porphyre trappéen. 83. Gualtaquillo. . . . Août . .. . 2l4 3,o5 4 53 28 81 54 37 1375 21 83. Bords du Cachiyacu. 84. Guancabamba . , Août îi3 4,55 S 14 i5 81 43 43 3003 '7 84. Porcbyre basaltique. N. Province dt Jaen. 85. San Felipe Août ao9 a,3o 5 46 6 81 56 49 I9'4 33 85. La plus petite des intensités que j'ai observées. 86. Huertas lie Pu- cara Août aia i,5o 5 56 0 81 44 5 9G5 "7 86. Porphyre ampliiboUqne. 87. Fasso de Cha- maya Août .... aia 3,o5 6 10 0 507 38 87. Grès. 88. Bords de la Ri- vière des Amazones. Août aia 3,55 54747 81 8 19 577 3o 88. Vis-à-vis la Cataracte de Rentema. 89. Tomependa .... Août 2l3 3,55 5 5i a8 80 57 3o 4o3 33 89. Bords du Rio Chincbipc. 0. Roy. du Pérou. 90. Montan Septemb, 313 0,70 6 33 9 81 10 4S 265o 18 90. Dans une ferme près du vil- lage de Santa Cruz. 91. Micaipampa.... Septemb. 311 o,4aN. 6 44 35 81 0 3o 36i8 7 91. Calcaire argentifire du Cer- ro de Hualgayoc. ga. Caïamarca Septemb. 2l3 o,i5S. 7 8 38 80 55 37 2869 i5 92. A l'ouest des trachyte» de Yanaguaoga. 93. TruxUlo Septemb. aai 3,1 5 8 5 4o 81 33 37 63 >7 93. Au SO. de la Campana de Truxillo. 94. Santa Octobre.. Octobre.. Octobre. . 2l5 an 2U 4,55 6,X3 6,80 8 59 3 9 38 0 10 4 0 80 57 46 8a 56 8 80 4a 0 87 5 6 16 '7 i5 94. Granité. 95. Désert du Pérou. 96. Désert. 95. Casma 96. Guarmey 97. Huaura Octobre. . 313 9,00 Il 3 5 79 57 0 3 i5 97. Désert. 98. £1 Ramadal Octobre . . 31a 10,35 11 33 3o 79 43 3 4 16 98. Presque au bord de la Mer du Sud. QQ. Lima Octobre.. 219 11,10 S. 12 a 34 79 27 45 •74 18 99. Granité et roches diallagi- yy ».•".« .......... ques. P. Mer du Sud. i8o3. Janvier . . 100. Sur mer 317 9,aoN. S 13 S 0 33 100. A 2 lieues au S. du Mucrto. Calme. 401. Sur mer Janvier .. 318 11,00 3 3 0 S3 7 0 0 33 loi. Près du Fondeadero de la Punà. Q. Royaume de Quito. 102. Guayaquil Février . . 317 11,95 2 i5 0 S. 8a tS 10 10 3j 102. Plaine d'alluvion. R. Mer du Sud, io5. Sur mer Février . . 17,05 0 17 5 N. 25 De io3à ii3 par une mer peu calme. 104. Sur mer Février . . . . . 19,10 I 4 0 86 18 0 34 1 io5. Sur mer Mars ... aa,20 3 18 0 86 37 0 30 Les observations io5-iio, ii4, 116-118 bonnes à J degré prés. ADDITIONS. 623 NATURE LIEUX EPOQUES. INXBnSITé LAIITUDBS LOBOITODES HAOTEOBS XBUPBHAT. i8o3, de la force Je l'.nisuillc aimantée. des lieux des lieux des lieux de l'air. DBS ROCHBS VOISIBBS et D OBSEEVATIOM. i8oi. magnétique. (div. cenl.) d'observation. d'observation. (eniaètrea) (cent. ) MMA1QCE3. io6. Sur mer Mars 2J°,o5N. 2''3o' o'N. 86» 3r 0' . . 25 107. Sur mer Mars 2 1 ,60 2 27 0 88 11 0 26 108. Sur mer Mars . , 22,80 3 12 0 89 36 0 28 109. Mars 23,4o 3 65 0 91 60 3i Seulement bonnes à moins de 2° près les observations io3, ;io. Sur mer Mars 23,70 4 55 0 92 11 0 .. 32 104, 11! et ii3. 111. Sur mer Mars 27,50 6 28 0 94 54 0 28 lia. Sur mer Mais 3o,3o 8 55 0 99 47 0 •• 25 Douteuses à 2» près les obser- vations 112 et iiS, ii3. Sur mer Mars 34,5o 10 27 0 102 11 0 .. 27 114. Sur mer Mars 56,5o 1160 io3 42 0 .. 26 ii5. Sur mer Mais 38,5o 12 23 0 io5 38 0 ■* 22 1.6. Sur mer Mars 37,30 i3 16 ,0 106 17 0 25 117. Sur mer Mars 39,50 i3 5i 0 106 22 0 .. 21 118. Sur mer Mars •• 42,5o i5 26 0 io5 5i 0 22 S. Royaume de la Nouveite-Espugne. 1.9. Acapulco Mars .. 43,20 16 5a 53 102 9 33 8 26 119. Granité. 120. Tepecacuilco. . Mars •• 46,10 18 20 0 101 5i 33 1012 36 120. Calcaire poreux traversé par la phonolite. 131. Mexico Décembre 1804. 242 46,85 19 25 45 loi 25 3o 2278 20 121. Amygdalûïde poreuse. Décl. magn. 8» 8' NE. 12a. Queretaro .... Août 47.85 20 36 39 102 3o 3o 1940 26 122. Porphyre schisteux. 123. Guaaaxuato.. . Août •• 48,75 21 u i5 io3 i5 0 2084 21 123. Schiste de transition et porphyre. Décl. 8° 48' NE. 124. Valladolid .... Août 47,40 19 42 0 io3 12 i5 1951 23 1 24. Formations trappéennes. En comparant les observations d'intensité magnétique que j'ai faites à la Guayra, à Caracas et à la Silla ; à Santa Fe de Bogota et à la chapelle de Notre-Dame de la Guadeloupe; à Popayan et au village de Purace, on croit reconnottre une variation sensible de la force qui décroit à mesure que la hauteur aug- mente. Ce résultat est conforme aux résultats que M. Rupfer a tiié récemment des observations du Caucase et de celles faites par M. Gay-Lussac dans sa mémorable ascension aérostatique. {Voyage au Mont Elbrouz, i83o, p. 70 et 88.) B. SECOND GBOCPB c'oBSEEViTIONS. Je réunis dans ce groupe les observations d'Inclinaison et d'intensité magnétiques que j'ai faites con- jointement avec M. Gay-Lussac depuis le i5 mars i8o5 jusqu'au 1" mai 1806. La boussole d'Inclinaison dont nous nous servîmes avoit été exécutée par Le Noir pour le voyage d'Entrecasteau.^. Les pôles de l'aiguille ont été changés à chaque observation : l'intensité des forces a été déterminée par les oscillations d'une petite aiguille horizontale suspendue à un fil sans torsion. La troisième colonne du tableau suivant indique le nombre de secondes qu'il a fallu dans chaque lieu à notre aiguille horizontale pour faire 60 oscillations. M. Gay-Lussac, en corrigeant par l'Inclinaison, a comparé les forces magnétiques à celles de l'équatcur magnétique péruvien , supposée =1,0000. Les lieux ont été rangés non d'après leur latitude géographique, mais dans l'ordre de leurs distances polaires magnéfi({ues. Les Inclinaisons sont le» résultats moyens de deux aiguilles qui généralement, lorsqu'on a pu observer avec soin, n'ont différé l'une de l'autre que de 6 minutes. {Mémoires de la Société d',/lrcueil , T. I , p. 1-22.) 6^4 ADDITIONS. TABLEACDES OBSERVATIONS b'iNTENSITÉ ET d'iNCHNAISOR MAGKÉTIQCES, FAITES EN 1 8o5 ET 1 8o6 , EN FBANCE , EN SriSSE, EN ITAIIE ET EN ALLEMAGNE. PAR J. L. GAT-IUSSAC ET A. DE JUIMBOLDT. LIEUX des OBSERVATIONS. I. Berlin a. Magdebourg. . . 3. Gùttiogue, , . . . 4. Clères 5. Heidelberg. . . . 6. HeilbrouQ .... 7. Paris 8. Tubingen 9. Welleadingen. 10. Villeneuve-sur- Yonnc 1 1. Lucie-le-Bois. . 13. Zurich i3. Lucerne 14. Altorf i5. Ursern j6. Ho.spice du Sl.- Gothard 1 7. Aîrolo 18. GoiDo .. ig. LyoD 20. Saiot-Michel . . 31. Modèoe 33. Laos-le -Bourg.. 33. Hospice du Mont-Cenis.. 24. Turin 35. Milan 26. Pavie 37. Plaisance 38. Parme 39. Modène 3u. Bologne 3i. Gênes 33. Bimini 35. Faeoza 54. Pezaro 35. Florence 36. Spoleto 37. Nocera 38. Borne îg. Tivoli 40. Naples 4». Portici Ù2, Hermitage de S. Salvador. . 43. Cratère du Vé- suve INTENSITES. — .llKCt.lNAI50NS. TEMPS pour Ga osciUalionà horizontales 3l6',5 3i6,5 3i6,3 3i4,o 3o5,2 3o6,4 3o4,i 3oi,4 3oi,S 3o3,3 399.4 =97.3 398,8 396,4 agi.S 297.' 396,0 395,0 295,5 291,5 390,3 393,0 390,0 385,4 381,8 281,6 379,0 279,0 390,3 FOaCB comnaiie à celle sOMs l'etiualeur ma=r.. Per 1,3703 1,3435 1,3483 1,3569 1,3328 1,3069 i,3i38 1 ,3090 i,3to4 1,3334 1,3488 1,0227 1,3441 1,3364 i,3iai 1,3641 1,2745 1,2883 i,3o36 1,1933 ( UESDEB ancienne.) 69° 53' 69 35 69 39 70 8 68 39 68 1 69 12 68 4 67 57 68 10 67 37 67 10 66 55 66 42 66 13 66 55 66 13 66 i4 66 12 66 6 66 9 66 22 66 3 65 4o 65 26 65 o 65 7 64 55 64 48 64 45 63 48 63 54 64 18 65 57 62 5i 61 57 61 35 60 5o 62 i5 63 o UTIIOOBS. 5a ^3i 3o' 53 8 4 5i 33 5 5i 47 4o I 49 34 3o i8 5o ■4 48 3i 4 48 8 49 47 33 0 LOnGlTUDES ^ l'est de Paris. 9 '8 44 7 33 O 3 46 5i 6 21 33 6 43 i5 6 22 i5 6 13 3o HlUTEUaS au-dessus du niveau de la mer. \b:u mctrcâ .) 45 48 22 45 àS 52 45 a3 17 45 17 io 45 14 10 45 4 i4 45 38 s 45 10 47 45 3 44 44 48 r 44 58 35 44 29 36 44 25 o 44 3 45 43 55 1 43 46 3o 4i 53 54 4o 5o ti 4o à8 4o 6 45 36 2 39 9 5 20 o 6 Si i5 6 49 33 7 »» «7 8 0 19 8 54 58 9 o i5 6 38 o 10 12 36 10 33 21 8 55 o 10 7 3o Il 56 o 12 7 10 4o 76 i34 l32 162 65 376 44o 95 436 45o 494 2075 36 186 206C 33o 128 86 95 13 1 16 6 30 10 74 280 58 240 10 16 588 loSa NATURE Sables. Grès. Calcaire coquillier. Sables- Granitc. Grès. Calcaire, gypse. Grès. Calcaire. Grès. Grès. Calcaire. Micaschiste. Granité de nouvelle formation. Micaschiste. Calcaire. Gneis. Schiste de transition. Schiste. Micaschiste. Serpentine. Sables. Sables. Grès. Calcaire de transition. Grès (Graawakke). Calcaire jurassique. Calcaire. Laves basaltiques, tuf. Calcaire d'eau douce. L.1VCS anciennes. Laves. Laves très-récentes. ADDITIONS. 6a5 Depuis l'époque où j'ai réuni les résultats d'Inclinaison renfermés dans ce tableau, j'ai eu occasion de faire de nouvelles observations . et avec une précision plus grande (en me servant d'\ine boussole de Gambey) . dans les mêmes lieux. J'ai pu déterminer les changemens annuels d'Inclinaison causés par le mouvement du nœud (le point d'intersection des équateurs magnétique et géographique) , et modifiés par la forme de la courbe qui représente l'équateur magnétique. Ces changemens ont été l'objet d'un Mémoire que j'ai lu à l'Académie de Berlin le 2 avril 1 829 , immédiatement avant mon départ ponr la Sibérie. La com- paraison de 1798 et 1810 donne pour Paris 5' de diminution annuelle d'Inclinaison magnétique, celle de 1810 et 1825 donne 3',3. Ce ralentissement dans la diminution de l'Inclinaison à Paris n'avoit pas échappé à la sagacité de M. Arago, qui en a déjà parlé dans V^umiairedu Bureau des Longitudes pour l'année iSaS. Ici, comme dans les recherches astronomiques, la précision des ré.sultats augmente avec le nombre des années écoulées Le voyage qu'a fait M. Arago en Italie, il y a cinq ans, m'a fourni d'autres comparaisons: je trouve de i8o5 à 1826, pour Turin, une diminution annuelle de 3',5 ; pour Florence, de 3',3. Berlin me donne 5',;; la Havane, de 1800 à 1822, en me fondant sur les observations du capi- taine Sabine, 3',9. Il est bien remarquable (et ce phénomène tient sans doute à quelque cause locale dans l'intérieur du globe) qu'à Gottingue, placé entre deux endroits, Berlin et Paris, qui se corres- pondent quant à la diminution annuelle, on ne trouve, d'après les observations que j'y ai faites avec le plus grand soin, une fois en i8o3, conjointement avec .AI. Gay-Lussac, et une autre fois en 1826, con- jointement avec M. Gauss, que 2', 8 au lieu de 3', 7 et 3', 3. Lyon sembleroit fournir un ralentissement de décroissement annuel en Inclinaison plus considérable encore (1^,7) ; mais les résultats obtenus par M. Arago et par moi ne sont pas tout-à-fait comparables, chacun de nous ayant observé près de Lyon dans des points différens, au milieu de vallée» où s'élèvent des monticules de roches appelées jadis primitives. Voici les fondemens des calculs que je viens de consigner ici : Berlin. J'ai trouvé en décembre 1806, Incl. 69* 53'; en décembre 1826, au jardin de Bellevue , con- jointement, avec MM. Encke et Erman , 68" 39' (moyenne de deux aiguilles, dont l'une donna 68° 38', l'autre 68° 40') : différence, 1° 14', en diminution' annuelle, S',/. Une observation faite en avril 1829 m'a donné 68° 3o' 4o". Paris. J'ai trouvé en 1798, Incl. 69° 5i', le 18 septembre 1826, conjointement avec M. Mathieu, 67° 56' 56" (par une aiguille, 67° 56',75; par l'autre, 67° 56',37). D'après M. Arago, en octobre 1810, IncL 68" 5o'; en 1826, en AoiJt, 68° o'. Londres. Dinninution annuelle de 1776 à 1806, de4'>3. Gottingue. J'ai trouvé en décembre 1 8o5 , Incl. 69° 29' ; en 1 826 , au mois de septembre ', 68° 29' 26" (une aiguille, 68° 3o' 7"; l'autre, 68" 28' i5"). Florence. M. Arago trouva le 26 septembre 1825, au jardin Boboli , 62° 56', tandis que, le 26 sep- tembre i8o5, nous avions trouvé , M. Gay-Lussac et moi, aux Caccini, 65° 57'. Dans les observations suivantes, je vais distinguer par A. et B. les résultats partiels des deux aiguilles que j'ai employées depuis 1826 jusqu'en 1829 en France, en Allemagne et en Sibérie, toujours en plein air. •Metz. Plaine entre Montigny et l'ouvrage à cornes de la citadelle, à 200 toises de distance de la lunette, le 2 septembre 1826 , à cinq heures et demie du soir, 67° 29' 5" (aiguille A. , 67° 29'; aiguille B., 67° 3o'). ' M. Erman a trouvé, avec des instrumens d'une construction semblable aux miens, mais par des méthodes d'observation différentes, à Berlin, en 181a, Incl. 69" iC; en 1S24, Incl. G8» 48'; en 1826 (en novembre), dans le jardin de l'Hôpital françois, 68° 45' , moyenne de deux aiguilles , dont l'une donna 68» 4i' 45', l'autre 68° 48' 4y'. Euler, dans sa TUoric de l'Inclinaison magnèticiuc (il/cni. de Berlin, 1-53) , admet, pour l'année 1755, Incl. 71» 45' ou 72° 4^' , ce qui indiquerait (si l'on pouvoit se fier à des observations faites au moyen d'instrumens si imparfaits) jusqu'en 1826 une diminution annuelle de 2', 6 ou 3', 5. ' M. Mayer trouva, à la même époque , par le moyen des poids ajoutés à une aiguille, 68» 26'. Relalioa historique , Tom. 111. 79 626 ADDITIONS. Francfori-sur-le-Mein. En septembre 1S26, au jardin de 51. de Sommering, 6/ Sa' (A. 67° 54': B. 67° 5o'). Tepliiz. Au Spitalberg, un peu au nord de la Schlakkenburg, le 11 juillet 1828, Incl. 67" ig'.S (A. 67° i9',3;B. 67°i9',8). Prague. Le ig juillet 1828, de cinq à sept heures du soir, au jardin de M. le comte de Bucquoi, près Bubenatsch, à 1000 toises de distance au nord de Prague, conjointement avec l'astronome M. Hallaschka, 66" 47',6 (A. 66« 47',7 ; B. 66" 47',5). Montagne (phonolitique) de Millischau , à 326 toises de hauteur au-dessus de Prague. Le 26 juillet 1 828, au sommet, 67° 53',5 (A. 67° 54', 7; B. 67°52',4), Inclinaison très-grande, en la comparant avec celles de Teplitz et de Prague. Il est probable que des masses cachées dans l'intérieur du cône phonolitique causent cette perturbation locale. Freiberg, dans l'Erzgebirge. Le 3i juillet 1828, à la mine du Churprinz, à la surface du sol, entre dix et onze heures et demie du matin, 67° ôa'jgg (A. 67° 33', 87 ; B. 67° 32', 12). Température de l'air, |5°,8 cent. Dans l'intérieur de la mine du Churprinz, le 3o juin 1828, entre deux et trois heures de l'après midi, dans une galerie perpendiculairement au-dessous du point où l'observation fut faite le 3i juin et à i53 toises de profondeur (septième Gezeugstrekke , sur le filon Ludwiger Spath, 80 toises à l'est du puits de tirage), conjointement avec MM. Reich et Freiesleben , 67° 35',o5 (A. 67° 37', 4 ; B. 67° 3a',7). Température de l'air de la mine, i5',5 cent. Dresde. En août i8a8, devant la porte de Dippolswalde , dans un champ, conjointement avec M . Blochmann , 67" 45',8 ; (A. 67° 44',7 ; B. 67'" 46',9). Lyon. En mai i8o5, sur la colline de Notre-Dame- des-Fourrières, 66° i4'; en septembre 1825, dans «n jardin près de Lyon, 65° Sg'. La différence moyenne de mes deux aiguilles a été en France et en Allemagne , de 1828 à i8ag,de i',tS et en excluant les deux observations assez satisfaisantes d'ailleurs de Fraiicfort-sur-le-Mein et de la mine de Freiberg, seulement de i',3. C. THOISIÈME GROUPE d'oBSEBVATIONS. Les vingt-sept observations d'Europe et d'Asie que renferme ce groupe ont été faites avec le plus grand soin. Pour pouvoir juger du degré de précision qui a été obtenu en employant deux aiguilles dont les pôles ont chaque fois été tournés, comme dans le second groupe, j'ai ajouté les résultats partiels. L'erreur moyenne de toutes les observations, ou plutôt la différence moyenne de» deux aiguilles a été de i',7; souvent elle a été au-dessous d'une minute; ce qui, comparé aux résultats obtenus il y a quinze ans , prouve l'excellence de construction dans les instrumens que la physique et l'astronomie doivent au talent de M. Gambey. J'ai constamment observé en plein air dans des endroits dont je pouvois déterminer la position astronomique et la hauteur au-dessus du niveau de la mer au moyen d'instrumens de réflexion , de deux montres de longitude, et de deux baromètres de Fortin et de Bunten. En Sibérie, comme dans le voyage aux CordiUères des Andes, j'ai mis beaucoup de soin dans le choix des lieux d'observation , en me plaçant loin de la demeure des hommes. Ce soin est surtout indispensable pour la détermination de l'intensité des forces magnétiques. Je n'ai point encore eu le temps, depuis mon retour de Uussie, de terminer les réductions nécessaires pour la publication des observations d'intensité. Il suffit de rappeler ici que j'ai constamment fait osciller plusieurs cylindres à la fois, et qu'ainsi , par mes seules observations, les différens systèmes des forces sous l'équalcur magnétique au Pérou, à Mexico, à Paris, à Naptes, à Berlin, à Moscou, à Tobolsk et sur les rives de l'Oby, se trouvent comparés entre eux. J'ai tiré grand parti dans ce dernier voyage d'une tente , dont tous les anneaux métalliques étoient en cuivre rouge; je n'eu ai cependant fait usage que lorsque les pluies et l'horrible violence des veuls du sud-est qui soufflent de la steppe des Kirghises ou du plateau de la Mongolie m'y ont forcé. ADDITIONS. 627 Tableau d'obsebvaiioks d'inclisaisos de l'aigcuie aiuastée , faites en 1829, pesdaht le coues o'rs votage A l'OFEAl, A l' ALTAÏ ET A LA MEB CASPIENSE , PAR A. DE DCMBOIDT. LIEUX D'OBSERVATIONS. 3. 4. 5. 6. 7- 8. 9- 10. i3. i5. 16. LATITUDE boréale- Berlin Kânigsberg ■ ■ • • Sandkrag , vis-à -vis Memel Pétersbourg Moskou Kasan Ekaterinenbourg Beresowsk Nijney Tagilsk Nijney Turinsk Tobolsk Barnaul Smeiaogorsk Ust-Kamenogorsk Omsk Fetropawlowski TroiUk Miask Slatoust Kyschtim Orenbourg , Uralsk Saratow Sarepta Astrakhan . Itc Birutscbicassa dans la Mer Caspienne.. , Woronesch 54 4a 5o 55 4a i3 59 56 3i 55 45 i3 55 4; 5i 56 5o i3 56 54 00 57 55 00 58 4 I 00 58 11 43 53 19 00 5i 8 00 49 56 00 54 57 00 54 5a 00 54 5 00 54 58 00 55 8 00 55 37 00 5i 46 00 5i 11 00 5i 3i 00 48 3o 00 46 31 00 45 44 on 5l 39 00 LOnClTtDE or. de Paris. 11" 3' 30" 18 9 4» 18 47 3o 27 59 3o 35 17 o 46 4? 3o 58 14 i5 58 lA i5 57 56 i5 57 55 i5 65 56 i5 81 46 o 80 a5 00 79 55 00 71 i5 00 66 48 00 59 i3 00 57 A4 00 57 28 00 57 58 00 5a 46 iS 49 2 00 43 44 00 4i 59 00 45 45 00 45 18 00 36 54 00 IXCLINAISONS. UOYBHPP. des2ai2uilles. 68° 3o',7 69 25,8 69 39,8 7' 6,7 68 56,7 68 26,7 69 9,75 69 l3,2 69 29,8 70 58,7 70 55,6 68 9,8 66 5,5 64 47.6 68 54,2 68 18,4 67 l4,2 67 4oiî 67 43,2 68 45,9 64 4o,7 64 19,3 64 4o,9 62 i5,9 59 58,3 59 21,4 65 12,0 Aiguille A. 69» 25 ',2 69 4o,4 71 3,4 68 57,5 69 9,8 70 57,5 70 58 68 8,8 6t; 5,9 64 48.0 68 56,5 68 18,2 67 i4,6 67 4i,5 67 4a,9 68 44,4 64 4i,5 64 18,5 64 39,1 62 16,6 59 59,7 59 a ',6 65 9,2 Aiguille B. Cg» 26',3 69 39,3 71 10,0 68 56,0 69 &.- 70 59,9 70 53,3 68 10,8 66 5,1 64 47,2 68 52,2 68 18,6 67 i3,7 67 39,0 67 43,6 68 47,5 64 39,9 64 20,2 64 42,7 62 l5,2 59 57,0 59 21,2 65 14,9 Note supplémentaire a la descbiption des petits volcans de tdrbaco (vol. m, p. 561-567). Les phénomènes volcaniques n'appartiennent pas, dans l'état actuel de nos connoissanccs , à la géo- gnosie seule : considérés dans l'ensemble de leurs rapports , ils sont un des objets les plus importans de la physique du globe. Les volcans enflammés paroissent l'effet d'une communication permanente entre l'intérieur de la terre en fusion et l'atmosphère qui enveloppe la croûte endurcie et oxidée de notre planète. Des couches de la es jaillissent comme des sources intermittentes de terres liquéfiées ; leurs 628 ADDITIONS. nappes superposées semblent répéter sous nos yeux, sur une petite échelle, la formation des roches cristallines de différcns dges. Sur la crêlc des Cordillères du Nouveau-Monde, comme dans le sud de l'Europe et dans l'ouest de l'Asie, se manifeste une liaison intime entre l'action chimique des volcans proprement dits, de ceux qui produisent des roches , parce que leur forme et leur position, c'est-à-dire, la moindre élévation de leur sommet ou cratère, et la moindre épaisseur de leurs flancs (non renforcés par des plateaux ) permellciit l'issue des matières terreuses en fusion , avec les salses ou volcans de boue de l'Amérique du Sud, de l'Italie, de la Tauride et de la Mer Caspienne, lançant d'abord des blocs (de grands quartiers de roches), des flammes et des vapeurs acides; puis, dans un autre stade plus calme et trop exclusivement décrit , vomissant des argiles boueuses , de la iiaphte et des gai irrespirables (de l'hydrogène mêlé d'acide carbonique et de l'azote très-pur). L'action des volcans proprement dits manifeste celte même liaison avec la formation, tantôt lente, tanl(U brusque, de bancs de gypse et de sel gemme anhydre, renfermant du pétrole, de l'hydrogène condensé, du fer sulfuré, et parfois (au Rio lluallaga, à l'est des Andes du Pérou) des masses considérables de galène; avec l'origine des sources thermales ; avec l'agroupemcnt des métaux déposés , à diverses époques , de bas en haut , dans les filons , dans des amas (SlocLwerke) et dans la roche altérée qui avoisinc les crevasses métallifères; avec les tremblemens de terre dont les effets ne sont pas toujours uniquement dynamiques, mais qui sont accom- pagnés quelquefois de phénomènes chimiques, de dévcloppcmens de gaz irrespirables, de fumée et de phénomènes lumineux ; enfln, avec les soulèvcmens instantanés ou très-lents et seulement perceptibles après de longues périodes , de quelques parties de la surface du globe. Cette connexion intime entre tant de phénomènes divers , celte considération de l'action volcanique comme action de l'intérieur du globe sur sa croûte extérieure, sur les couches solides qui l'enveloppent, a éclairci , dans ces derniers temps , un grand nombre de problèmes géognostiques et physiques qui avaient paru jusqu'ici insolubles. L'analogie de faits bien observés, l'examen rigoureux des phénomènes qui se passent sous nos yeux dans les différentes régions de la terre, commencent à nous conduire progressivement à deviner [non en précisant toutes les conditions , mais en envisageant l'ensemble du mode d'action ) ce qui s'est passé à ces époques reculées qui ont précédé les temps historiques. La volcanicitJ , c'cst-à-dirc l'influence qu'exerce l'intérieur d'une planète sur son enveloppe extérieure dans les dillérens stades de son refroidissement , à cause de l'inégalité d'agrégation ( de fluidité et de solidité ), dans laquelle se trouvent les matières qui la composent, cette action du dedans en dehors (si je puis m'cxprimer ainsi) est aujourd'hui très-affoiblie, restreinte à un petit nombre de points, intermil- lenle , moins souvent déplacée, Irès-simplifiée dans ses effets chimiques, ne produisant des roches qu'autour de petites ouvertures circulaires ou sur des crevasses longitudinales de peu d'étendue , ne manifestant sa puissance, à de grandes distances, que dynamiquement en ébranlant la eroiite de notre planète dans des directions linéaires , ou dans des étendues ( cercles d'oscillations simultanées ) qui restent les mêmes pendant un grand nombre de siècles. Dans les temps qui ont précédé l'existence de la race humaine , l'action de l'intérieur du globe sur la croûte solide qui augmcntoit de volume , a dû modifier la température de l'atmosphère, rendre le globe entier habitable aux jiroduetions, que l'on doit regarder comme tropicales, depuis que, par l'elfet du rayonnement, du refroidissement de la surface, les rapports de position de la terre avec un corps central ( le soleil ) ont commencé i déter- miner presque exclusivement la diversité des climats d'après la diversité des latitudes géographiques. C'est dans ces temps primitifs aussi que les fluides élastiques, les forces volcaniques de l'intérieur plus puissantes peut-être, et se faisant jour plus facilement à travers la croûte oxidée et solidifiée, ont crevassé cette croûte , et intercalé, non seulement par filous (dykes), mais par masses très-irrégu- lières de forme, des matières d'une grande densité (basaltes ferrugineux, melaphyres , amas de mé- taux ), matières qui se sont introduites après que la solidification et l'aplatissement de la planète étaient déjà déterminés. L'accélération qu'éprouvent les oscillatious du pendule sur plusieurs points de la terre offrent souvent, par cette cause géognostique, des apparences trompeuses d'un aplatissement plus grand que celui qui résulte d'une combinaison raisonnée des mesures trigonométriques et de la théorie des ADDITIONS. 629 inégalités lunaires. L'époque des grandes révolutions géognostiques a été celle où les communications entre l'intérieur fluide de la planète et son atmosphère étoient plus fréquentes, agissant sur un plus grand nombre de points , où la tendance à établir ces communications a fait soulever, à différens âges et dans diQ'ércntes directions (vraisemblablement déterminées par la diversité de ces époques), sur de longues crevasses, des Cordillères, comme l'Himalaya elles Andes, des chaînes de montagnes d'une moindre élévation , et ces rides ou arrêtes , dont les ondulations variées embellissent le paysage de nos plaines. C'est comme témoins de ces .soulèvemens , et marquant (d'après les vues grandes et ingénieuses de M. Elie de Beaumont) l'âge relatif des montagnes que j'ai vues dans les Andes du Nouveau-Monde , à Cundinamarca, des formations puissantes de grès s'étendre des plaines du Magdalena et du Meta, presque sans interruption , sur les plateaux de quatorze à seize cents toises de hauteur, et récemment encore dans le nord de l'Asie , dans la chaîne de l'Oural , ces mêmes ossemens d'animaux anti-diluviens (si célèbres dans les basses régions de la Kama et de TYrtiche) mêlés , sur le dos de la chaîne , dans les pla- teaux entre Bcrcsovfsk et .Iékathcrinbourg,à desterrainsde rapport, riches en or, en diamans et en platine. C'est encore comme témoin de cette action souterraine des fluides élastiques qui soulèvent des continens, des dômes et des chaînes de montagnes, qui déplacent les roches et les débris organiques qu'elles ren- ferment, qui forment des éminences et des c^eux lorsque la voûte s'affaisse, qu'on peut considérer cette grande dépression de l'ouest de l'Asie, dont la surface de la Mer Caspienne et du lac Aral forme la partie la plus basse (5o et 32 toises au-dessous du niveau de l'Océan ); mais qui s'étend, comme les nouvelles mesures barométriques faites par MM. Hoffmann, Helmcrsen , Gustave Rose et moi, le dé- montrent, loin dans l'intérieur des terres, jusqu'à Saratowet Orenbourg sur le Jaïk, vraisemblablement aussi au sud-est, jusqu'au cours inférieur du Sihoun (Jaxartes) et de l'Amou (Djihoun, Oxus des an- ciens). Cette dépression d'une portion considérable de l'Asie, cet abaissement d'une masse continentale de plus de trois cents pieds au-dessous de la surface des eaux de l'Océan , dans leur état moyen d'équi- libre, n'a pu être considéré jusqu'ici dan» toute son importance, parce qu'on igiioroit l'étendue du phénomène de dépression dont quelques parties des contrées littorales de l'Europe et de l'Egypte n'offrent qu'une foibic image. La formation de ce creux, de cette grande concavité de la surface dans le N. O. de l'Asie, me paroît être en rapport intime avec le soulèvement des montagnes du Caucase, de i'Hindou- Kho et du plateau de la Perse, qui bordent la Mer Caspienne et le Mavcralnehere au sud; peut-être aussi plus à l'est, avec le soulèvement du grand massif que l'on désigne par le nom bien vague et bien incorrect de plateau de l'Asie centrale. Cette concavité de l'ancien monde est un pai/n-cratdre , comme le sont , sur la surface lunaire, Hipparque, Archimède et Ptolémée, qui ont plus de trente lieues de diamètre, et qu'on peut plutôt comparer à la Bohême qu'à nos cônes et cratères de» volcans. FIN DD TROISIÈME VOLUME. %V»\%VV\M«VVtVl'%bVVV«iV\%Vt.VVVV«%tAV\VV\%«V^M'VVVVVtt«V\^VV%VM'«VVV%k««VM/V«lV\tV TABLE DES MATIERES CONTENUES DANS LE TROISIÈME VOLUME. IjIVRE IX. Chapitre XXV. Llanos del Pao , ou partie orientale des plaines (steppes) de Venezuela. — Missions des Caraïbes. — Dernier séjour sur les côtes de Nueva- Barcelona, de Cumana et d'Araya, p. i. Chap. XXVI. Etat politique des provinces de Venezuela. — Etendue du territoire. — Population. — Productions naturelles. — Commerce extérieur. — Communi- cation entre les diverses provinces qui composent la république de Colombia , p. 56. Notes du Livre. A. Résultats des recherches les plus récentes sur les lignes de fortifications et les tumulus trouvés entre les Rocky-Mountains et la chaîne des Alleghanis , p. i55. B. Comparaison des grandes divisions politiques de l'Ancien et, du Nouveau Monde, p. i63. C. Etat des Missions de l'Observance de Saint-François , sur les bords de l'Oré- noque , de Gassiquiare , du Rio-Negro, de l'Atabapo et du Carony, p. 169. D. Population de l'ancienne vice-royauté de Buenos-Ayres, p. 176. E. Données principales sur l'accroissement rapide de la population des Etats- Unis, p. 177. F. Notions sur les contestations au sujet des limites entre les couronnes d'Es- pagne et de Portugal, p i83. G. Composition chimique du suc du Palo de la Vaca, p. 186. Esquisse d'un tableau géogaostique de l'Amérique méridionale au nord de la Rivière des Amazones et à l'est du méridien de la Sierra Nevada de Merida, p. 188. LIVRE X. Chap. XX Vil. Trajet des côtes de Venezuela à la Havane. — Aperçu général de la population des Antilles comparée à la population du Nouveau Continent, sous les rapports de la diversité des races , de la liberté personnelle, du langage et des cultes, p. 322. aSa TABLE DES MATIERES. Chap. XXVIII. Essai politique sur l'île de Cuba. — Havane. — Collines de Guana- vacoa , considérées sous des rapports géognostiques. — Vallée de los Guines. — Batabano et port de la Trinidad. — Jardin du Roi et de la Reine, p. fj^S- Notes pu Livke. A. Recherches sur la consommation des denrées coloniales, p. 484- Observations météorologiques faites à la Havane en 182S, p. 487- LIVRE XI. Chap. XXIX. Traversée de la Trinidad de Cuba au Rio Sinù. — Carthagène des Indes. — Volcans d'air de Turbaco. — Canal de Mahatès, p. 5o2. Additions. 1. Notions précises sur la géographie astronomique de l'île de Cuba, p. 58o. 2. Tableaux statistiques de celte île offrant les progrès de la culture, du com- merce et de la prospérité , depuis 1826 jusqu'à la fin de 1829, p. 692. 5. Résumé de toutes les observations d'inclinaison et d'intensité magnétiques faites par l'auteur en Amérique , en Europe et en Asie , p. 61 5. Note supplémentaire à la description des petits volcans d'air de Turbaco, p. 627. FIN DE LA TABLE DES MATIERES. INDEX VON HANNO BECK Die Schreibimg der Namen folgt im allgemeinen der Quelle, auch in der Anwendung der spanischen Akzente. AUerdings wurden zahlreiche Druck- fehler des Werkes, vor allem bei Personennamen, ausgeglichen. Zum Register selbst siehe Band I, S. Xf. der Einfûhrung. © 1970 F. A. Brockhaus Komra.-Gesch. GmbH, Abt. Antiquariutn, Stuttgart. Aile Rcchte fur den Index-Teil, auch die des auszugsweisen Nachdrucks, der photomechanischen Wiedcrgabe und der tjbersetzung, vorbehalten. ROUTE BAND I La Coruna 51, 61 5. Juni 1799 Abreise 61 Kanarische Insein 82 ff. Teneriffa 99 Besteigung des Pico de Teyde 115iF. Pflanzenwelt des Pico de Teyde 181 ff. Bevôlkerung 195-197 25. Juni 1799 Abfahrt von Teneriffa 198 27. Juni 1799 Wendekreis des Krebses 198 Sargassomeer 202 3. und 4. Juli 1799 „Maalstrom" 207 4./5. Juli 1799: Kreuz des Sûdens 208 Insel Tabago 212 14. Juli 1799 Tod des jûngsten Passagiers 215 16. Juli 1799 Ankunft in Cumana nach 41tàgiger Uberfahrt 224 Cumana 289 Erste Pflanze in Siidamerika gepflùckt 290 19. August 1799 Besuch der Halbinsel Araya 325 4. September 1799 Aufbruch zum Besuch der Chaymas-Indianer-Missionen 355 Imposible-Gebirge 362-365 San Fernando (die erste Mission, die A. v. H. sah) 372-375 Cumanacoa 378 ff. Cocollar 396 Ersteigung des Gipfels (Turimiquiri) 398 ff. 14. September 1799 Mission San Antonio 402 f. Mission Guanaguana 403 f. Cuchilla 406 f. Kloster von Caripe 409 ff. 636 Route Besuch der Hohle des Guacharo (18. September 1799 Aufbruch) 413 Mission von Catuaro 442 Cariaco 444 f. Fahrt nach Cumana 452 ff. Zweiter Aufenthalt in Cumana 508 ff. 18. November 1799 tlberfahrt Cumana - La Guaira 528-545 21. November 1799 Ankunft in La Guaira (nicht Caracas) 545 2.3.-27. Januar 1800 Exkursion nach Cabo Bianco 545 Besteigung des Gipfels der Silla 594-617 Eine Stunde auf deni Gipfel 608 ff. BAND II 7. Februar 1800 Abschied von Caracas, Aufbruch zur Orinoco-Reise 1, 29 Vorschau der Route 29 Bis 1. Mârz 1800 Porto Cabello 101-106 Verzicht auf Besuch der Gebirge von Merida 115 Barbula -> Guacara 115 Nueva Valencia 115 6. Marz 1800 Verlassen der Tâler von Aragua 132, 135 Villa de Cura 135 La Guadelupe 160 Calabozo 169 24. Màrz 1800 Aufbruch von Calabozo 190 27. Màrz 1800 Villa de San Fernando 196 Weitere Route 209 30. Màrz 1800, 16 Uhr, Abreise von Villa de San Fernando 210 Fahrt auf dem Rio Apure Ende der Apure-Fahrt 230 Boca de la Tortuga 240 Passage von Baraguan 253 Pararuma 257 Art des Flufîreisens 270 f. Carichana 275 11. April 1800 Abreise von Carichana 282 Raudal de Cariven 284 Route 637 Einmûndung des Meta 285 Piedra de la Paciencia 285 San Juan Nepomuceno de los Atures 295 Mission von Alures 298 16. April 1800 327 17. April 1800 354 Raudal de Garcita 356 18. April 1800 356 Raudal de Guahibos 357 San José de Maypures 359 Raudal von Maypures 359 21. April 1800 Abreise von Maypures 376 23. und 24. April 1800 390 26. April 1800 405 30. April 1800 409 I. Mai 1800 414 6. Mai 1800 436 Mission Maroa 468 Mission San Miguel de Davipe 469 Insel Dapa 472 San Carlos 474 10. Mai 1800 Beginn der Rûckfahrt auf dem Rio Negro 490 Beginn der Casiquiare-Fahrt 491 II. Mai 1800 Abreise von San Francisco Solano 495 12. Mai 1800 499 13. Mai 1800 507 18. Mai 1800 511 21. Mai 1800 Ende der Casiquiare-Fahrt 514 23. Mai 1800 Mission Esmeralda verlassen 576 24. Mai 1800 584 24.-27. Mai 1800 590 31. Mai 1800 596 Carichana 606 Uruana 608,620 7. Juni 1800 Abschied von Uruana 624 8. Juni 1800 627 638 Route 9. Juni 1800 628 10. Juni 1800 631 In Angostura 635 BAND III Abschied von Angostura 1 Reise durch die Llanos von Venezuela 2 13. Juli 1800 Ankunft in Cari 5 Abreise von Cari 22 15. Juli 1800 Ankunft in Villa del Pao 23 16. Juli 1800 Santa Cruz de Cachipo 28 Ankunft in Nueva Barcelona 37 26. August 1800 Mieten einer Lancha zur Fahrt nach Cumana 42 Von englischem Schiff aufgebracht 43 Ankunft in Cumana 44 3.-5. November 1800 erneuter Besuch der Halbinsel Araya 46 16. November 1800 Abreise von Cumana nach Nueva Barcelona 55 24. November 1800 Beginn der tîberfahrt von Nueva Barcelona nach Kuba 26. November 1800 323 9. Dezember 1800 329 Aufenthalt auf Kuba 360^65 9. Marz 1801 465 11. Màrz 1801 474 17. Marz 1801 502 19. Marz 1801 505 22. Màrz 1801 509 24. Marz 1801 511 Rio Sinù 530 27. Marz 1801 541 30. Màrz 1801 545 Cartagena de las Indias 548-558 6. April 1801 Turbaco 558 17. und 18. April 1801 Turbaco 563 19. April 1801 Aufbruch von Turbaco 569 20. April 1801 Beginn der Reise nach Barancas Nuevas 573 TABELLEN (Messungen, Vokabularien u. a.) BAND I 1. Mittlere Temperatur verschiedener Stâdte 49 2. Dichte des Meerwassers 74 3. Schneegrenzenbeobachtungen 110 4. Barometer- und Thermometermessungen 130, 131 5. Thermometrische Beobachtungen auf dem Pic von Tenerififa 142 6. Messung von Neigungswinkeln 152 7. Vulkanhohen 153 8. Bevôlkerung der Kanarischen Insein 195 9. Oberflâchentemperatur des Atlantiks 230 10. Temperatur des Atlantiks 233 11. Temperatur des Atlantiks zu verschiedenen Jahreszeiten 235 12. Vergleich der Meerestemperatur in beiden Hemisphàren 238 13. Vergleich der Lufttemperatur in beiden Hemisphàren 240 14. Hygrometrische Beobachtungen im Atlantik 245 15. Cyanometer-Beobachtungen im Atlantik 250 f. 16. Magnet-Inklination und Intensitât im nôrdlichen Atlantik 1799 259 17. Tagebuch der Route und der physikalischen Beobachtungen 267-275 18. Beobachtungen und Messungen auf Teneriffa 278, 279, 280, 281, 282, 285, 287 19. Vergleich Chaymas- und Tamanakensprache 482 20. Wôrter aus dem Indianischen 490 f. 21. Indianerstâmme der Provinzen Cumana und Barcelona 491-497 22. Liste von Grammatiken amerikanischer Sprachen, die Humboldt in Europa gesammelt hat 504 23. Vokabular der Chaymas-Sprache in den Missionen von Caripe 505-506 24. Langenmessung von Cumana 511 25. Barometer-, Thermometer- und Hygrometermessungen in La Guaira 548 26. Lange, Breite, magnetische Beobachtungen mehrerer Orte 613 640 Tabellen 27. Astronomisclie Beobachtungen 624 f. 28. Luftspiegelungen 626, 627, 628, 629 29. Thermometer- und Hygrometermessungen vom 28. November 1799 bis 22. Januar 1800 633-637 30. Mittlere Temperaturen 638 BAND II 1. Erdbeben und Vulkanismus um das amerikanische Mittelmeer 19 2. Vulkanische und andere Erscheinungen, von denen man glaubt, dalî sie mit den Ursachen der Erdbeben und Lavenergùsse zusammenhàngen 25-27 3. Kaffeeproduktion 36 4. Hygrometermessungen 45 5. Indigo-Ausfuhr 60 6. Baumwoll-Ausfuhr 62 7. Kakao-Ausfuhr von La Guaira 1789-1797 120 8. Kakao-Einfuhr Spaniens von Caracas 1789-1793 120 9. Kakao-Produktion der Provinzen der Capitania gênerai de Caracas 121 10. Durchschnittliche jahrliche Kakao-Erzeugung 121 11. Genulîmittelverbrauch Europas 122 12. Bevolkerungsstatistik (Missionen von Piritu) 307 13. Fùnf neue Insektenarten, von Latreille geprûfte Beschreibung 340 14. Wortliste (Macos-Macos-Indianer) 355 15. Vergleich von Wortcrn der Pareni- und der Maypure-Sprache 366 16. siehe 15 367 17. Vergleich der Fahrzeit mit Benutzung der Pimichin-Portage und des Casiquiare 423 18. Sprachvergleich der Worter „Sonne" und „Mond" einer groBen Zabi neu- und altweltlicher Sprachen 439 f. 19. Barometer-, Thermometer- und Hygrometermessungen in San Carlos del Rio Negro 464 20. Breite und Lange von Esmeralda, nach Humboldt und Kartographen 521 21. Temperaturverglcich Wien-Dresden (Donau-Elbe) und Orinoco: FluBtemperatur im Sommer, Lufttempcratur des heilîesten Monats, mittlere Jahrestemperatur 583 Tabellen 641 22. Synonymie des Wortes „Tabak" in 13 Indianersprachen 622 23. Einwohnerzahl von Angostura und Stabrock 647 24. Vergleichende tJbersicht einiger grofier Flûsse der Neuen Welt 655 25. Orinoco, Amazonas, Nil: Beginn des Hochwassers, Maximum und Minimum des Wasserstandes 663 BAND III 1. GrôBenvergleich von Llanos, Pampas und Sahara 35 2. Oberflâche und Bevolkerung der spanischen, portugiesischen und angloamerikanischen Besitzungen in Amerika 64 3. Zusammensetzung der Bevolkerung Neu-Spaniens (ohne Guatemala) 1810 66 4. Neuer Staat Colombia: Zusammensetzung der Bevolkerung in den Provinzen Cumana, Barcelona, Caracas, Coro, Maracaibo, Varinas, Guayana, Insel Margarita 67 5. Zabi der Sklaven einiger Ortlichkeiten 68 6. Bevôlkerungszahl der Departementos und Provincias von Colombia 68 f. 7. Bevolkerung der ehemaligen Presidencia Quito 69 8. Wachstum der Bevolkerung der U.S.A. 70 9. Bevolkerung Brasiliens 71 10. Bevolkerung Amerikas 72 11. Umfang der Republik Colombia 79 12. Territorium der U.S.A. 87 13. Venezuela und Neu-Granada: Areal und Bevolkerung 93 14. Provinzen Cumana, Barcelona, Caracas: Areal (Llanos und gebirgigere Telle) 94 15. Vergleich relativ kleiner Bevôlkerungszahl in einigen Teilen Europas mit relativ groBer Bevôlkerungszahl in Amerika 95 16. Fleischverbrauch sùdamerikanischer Stàdte 103 f. 17. La Guayra: Import und Export 1789, 1792, 1794, 1796, 1797 107-109 18. Breitenunterschiede zweier Karten 126 19. Zehn Kanàle mit 300-580 FuB Hôhenunterschied 130 20. Schiffstonnage und Tiefgang in FuB 134 21. GrôBenvergleich von Erdteilen und Staaten in Quadrat-Seemeilen (inklusive Bevolkerung) 164-166 642 Tabellen 22. Schatzung des amerikanischen Areals in Quadratmeilen (inklusive Bevolkerung) 166-167 23. Areal und Bevolkerung der spanisch-amerikanischen Kolonien 168 24. Stand der Piritu-Missionen (Nueva Barcelona) 1799 169-170 25. Stand der Missionen am Orinoco, Casiquiare und Rio Negro (Spanisch-Guayana) 1796 170-171 26. Missionen am Carony (Spanisch-Guayana) 1797 171-172 27. Indianerstàmme des Orinoco-Gebietes (alphabetisch) 173-174 28. Bevolkerung des ehemaligen Vizekonigreiches Buenos Ayres 176-177 29. Bevôlkerungswachstum der U.S.A. von 1790 bis 1820 178 30. Ergànzungen zur letztgenannten Tabelle 178 31. Bevolkerung der U.S.A. 182 32. Hochste Gipfel, mittlere Hohe, Verhàltnis der mittleren Hôhe zu den hôchsten Gipfeln 192 33. Knoten und Ketten der Anden in Sùdamerika 207 34. Der Ostrand der Rocky Mountains in verschiedener Breite 212 35. Die wichtigsten Zuge der Kordilleren im Nordosten von Darien 2t3 36. Vier Gebirgsgruppen nordôstlich des Gebirgsknotens von Loxa 213 f. 37. Amerika, im Osten der Anden (Gebirgssysteme und Gipfelpunkte) 232 38. Maxima der Gipfellinien unter denselben Breitenkreisen 233 39. Gebirgiger Teil und Ebenen Sûdamerikas in Quadrat-Seemeilen 243 40. Erlâuterungen zu seiner Karte von Colombia ( 1825 ) 268 41. Kurze tlbersicht der Hôhen der bemerkenswertesten Orte Venezuelas ûber dem Niveau des Meeres 269 42. Stûndliche Barometerânderungen in Cumana, beobachtet von Humboldt und Bonpland 271-273 43. Stiindliche Barometerânderungen in La Guayra, beobachtet von Boussingault und Rivero 273 44. Stûndliche Barometerânderungen in Lima, beobachtet von Humboldt 275-276 45. Stûndliche Barometerânderungen im Hafen von Callao, beobachtet von Humboldt 276 46. Stûndliche Barometerânderungen an den Kûsten von Afrika (Sierra Leone) und Tahiti, beobachtet von Cap. Sabine und Iwan Simonoff 277 47. Stûndliche Barometerânderungen in Chittledroog auf dem Plateau von Mysore, beobachtet von Kap. Kater 277 Tabellen 643 48. Stûndliche Barometerànderungen m Caracas, beobachtet von Humboldt 278 49. Stûndliche Barometerànderung in Ibague, beobachtet von Humboldt 279 50. Stiindliche Barometerànderungen in Popayan, beobachtet von Don Josef Caldas 279 51. Stûndliche Barometerschwankungen in Mexiko und Quito, beobachtet von Humboldt 280 52. Barometermessungen in Kalkutta 286 53. Barometermessungen in Kalkutta 287 54. Barometerbeobachtungen in Payta 1823, ausgefûhrt von Duperrey 289 55. Barometerbeobachtungen in Rio de Janeiro, ausgefûhrt von Freycinet 291 56. Barometerbeobachtungen in Rio de Janeiro 1785, ausgefûhrt von Dorta 292 57. Barometer- und Thermometerbeobachtungen in Macao 1814, ausgefûhrt von Abbé Richenet 293 58. Atmosphârische Gezeiten am Morgen in Caracas 295 59. Atmosphârische Gezeiten am Morgen in Cumana 296 60. Beobachtungen in Katmandu (Népal), Hohen und Temperaturen, von Francis Hamilton 297 61. Mittel von Barometer- und Thermometerbeobachtungen in Rio de Janeiro, von Dorta 298 62. Barometermessungen in Bogota, von Caldas 300 63. Mittlere, stûndliche Barometerànderungen fur sieben Monate auf dem Hochland von Bogota, von Boussingault und Rivero 300 64. Durchschnittliche Barometerhohen der Tage und Umfang der Schwankungen wâhrend eines Tages auf dem Plateau von Bogota, beobachtet von Caldas 301 65. Barometer-Maxima und -Minima auf dem Plateau von Bogota, beobachtet von Boussingault und Rivero 302 66. Monatliche Mittel des Barometers in Bogota und Strafîburg 302 67. Havanna: Barometrische Monatsmittel 1810-1812 304 68. Barometrische Jahresmittel 307 69. Barometrische Maxima (9 Uhr) in Bogota, beobachtet von Boussingault und Rivero 310 644 Tabellen 70. Beobachtungen stûndlicher Barometerànderungen 1824, ausgefûhrt von Boussingault 311 71. Résumé der stûndlichen Barometerànderungen von 25° sûdlicher bis 55° nôrdlicher Breite (Meeresniveau bis 1.400 Toisen Hohe) 312 72. Thermometerbeobachtungen von Humboldt 315-316 73. Cyanometerbeobachtungen von Humboldt 316 74. Niederschlâge in Cumana 318 75. Thermometerbeobachtungen von Faustino Rubio 1800 319 76. Mittlere und extrême Temperaturen von Cumana 320 77. Bevôlkerung der Antillen Ende 1823 331-335 78. Schwarze Bevôlkerung Kontinental- und Insel-Amerikas 338 79. Bevôlkerung der Antillen 338 80. Verteilung der Rassen im spanischen Amerika 339 81. Verteilung der Rassen im kontinentalen und insularen Amerika 340 82. Verteilung der Bevôlkerung Amerikas nach Konfessionen 341 83. Ubergewicht der Sprachen in der Neuen Welt 343 84. Offizielle Zâhlung Havannas nach Farbe, Alter und Geschlecht 1810~ 352 85. Offizielle Zàhlung der Vorstadt La Salud 1810 353 86. Offizielle Zàhlung der Vorstadt Arrabal de Jésus Maria 1810 353 87. Offizielle Zàhlung von Arrabal de l'Horcon 1810 353 88. Offizielle Zàhlung von Arrabal de Le Cerro 1810 354 89. Offizielle Zàhlung von Arrabal de San Lazaro 1810 354 90. Offizielle Zàhlung von Arrabal de Jésus del Monte 1810 354 91. Offizielle Zàhlung von Régla 1810 355 92. Allgemeines Résumé der Bevôlkerung Havannas 1810 a) nach Farbe, Alter, Geschlecht 355 f. b) nach Vorstàdten 355 f. 93. Bevôlkerungswachstum Havannas und seiner Vorstàdte 1791-1810 356 94. Vermehrung der Bevôlkerung allein fiir den Barrio extra muros de Guadelupe 1800-1810 357 95. Havanna und Vorstàdte: Heiraten, Geburten, Todesfàlle fur verschiedene Jahre 358; Statistik zweier Hospitàler 359 96. GroBe Antillen: Oberflàche, Bevôlkerung pro Quadratmeile 363 97. Mittlere Jahrestemperatur des heilîesten und kàltesten Monats fur Havanna, Macao und Rie de Janeiro 374 98. Temperaturbeobachtungen von Ubajay (Stadt auf Kuba) 377 f. Tabellen 645 99. Temperaturbeobachtungen von Havanna, Ubajay und Cumana 378 100. Barometrische Mittel von vier Monaten, beobachtet von Ferrer 380 101. Barometrische Maxima und Minima und Mittel sowie mittlere Temperaturen, beobachtet von Robredo 380 102. Gang des Barometers wâhrend des Orkans vom 27./28. August 1794 in Havanna, beobachtet von Ugarte 381 f. 103. Lange und Breite von 50 Hàfen und Ankerplàtzen Kubas 384 f. 104. Bevôlkerung Kubas 1775-1817 387 105. Bevôlkerung Kubas (Freie und Sklaven) 387 106. Bevôlkerungsvergleich (Antillen, U.S.A. und Brasilien) 388 107. Territoriale Einteilung Kubas und Bevolkerungsverteilung 391 108. Bevôlkerung Kubas 1775 393 109. Bevôlkerung Kubas 1811 394 110. Volkszâhlung (Kuba) 1817 395 111. Bevôlkerung von vier Distrikten der Provinz Kuba 402 112. Negersklaven-Einfuhr ûber Havanna 1790-1820 404 113. Jâhrliches Mittel der Negersklaven-Einfuhr, Vergleich Kuba- Jamaika u. a. 404 114. Sklaven in den U.S.A. 405 115. Zuckerexport (Havanna) 1760-1824 409 116. Zuckerexport (Antillen, Brasihen, Guayana) 412f. 117. Zucker: Kosten und Ertràge 1825 415 118. Zuckersiedereien 1763-1817 419 119. Der landwirtschaftliche Reichtum der Provinz Havanna 419 120. Anwachsen des Zehnten 1789-1801 420 121. Export (Branntwein, Sirup, Zucker) 1815-1824 420 122. Kaffee-Produktion. Zahl der Pflanzungen der Provinz Havanna 424 123. Kaflfee-Export des Hafens Havanna 1804-1824 424 124. Kafl'ee-Export GroBbritanniens 425 125. Wachs-Export des Hafens Havanna 1815-1825 428 126. Kuba: Ein- und Ausfuhr 1816 430f. 127. Kuba: Ein- und Ausfuhr 1823 mit Liste der ausgefuhrten Gûter und eingefùhrten Waren 431 f. 128. Ein- und Auslaufen der Schiffe (Hafen Havanna) 1799-1824 432 129. Export Kubas (Hafen Havanna) 1815-1819 433 130. Mehleinfuhr (Hafen Havanna) 1797-1803 436 646 Tabellen 131. Getrànke-Einfuhr (Hafen Havanna) 1797-1803 437 132. ZoUeinnahmen in Havanna 1789flF. 442 133. ZoUeinnahmen und Zahl der ein- und auslaufenden Schiffe Havannas 1815-1819 443 134. Verschiedene Einkûnfte Havannas 443 f. 135. Totaleinkûnfte von zehn Provinzenkassen Kubas 1735-1818 444 136. Finanzhilfe Neu-Spaniens fur Kuba zu Beginn des 19. Jh. 445 137. Temperaturen des Meeres, der Luft und der Meerestiefen von 71/2 bis 80 FuB 467 138. Zuckerexport Mexikos ûber Veracruz 1802-1812 485 139. Amerikanische Zuckerexportlànder und ihr Export 485 140. Zuckereinfuhr der engHschen Antillen in die Hafen Grofîbritanniens und der Export GroBbritanniens 486 141. Zuckerexport der englischen Antillen und anderer englischer Besitzungen 1812-1815 487 142. Zuckerexport der englischen Antillen und Britisch-Guayanas mit Zahl der Sklaven fur 1823 von 1816 bis 1824 nach engHschen Hafen 487 143. Zuckereinfuhr in irischen Hafen 1821-1824 nach Herkunft aus britisch-amerikanischen Kolonien 487 144. Zuckerexport nach Surinam (niederl.) 1820-1823 488 145. Zuckerexport der Insel Bourbon 1820-1823 488 146. Zuckerverbrauch GroBbritanniens ca. 1690-1822 489 147. Mittlerer jàhrlicher Zuckerverbrauch aller britischen Insein 489 148. Menge des importierten, des wieder exportierten und des verbrauchten Zuckers in GroBbritannien 490 149. Teilweiser Verbrauch ostindischen Zuckers 1808-1822 in GroBbritannien 490 150. Zuckereinfuhr Frankreichs 1816-1821 491 151. Zuckereinfuhr Frankreichs 1822-1825 491 152. Vergleich: Zuckerverbrauch, Bevolkerung und jàhrlicher Verbrauch pro Kopf fur Kuba, GroBbritannien, U.S.A. und Frankreich 492 153. Zuckererzeugung insgesamt nach Lândern 493 f. 154. Meteorologische Beobachtungen 1825 im Botanischen Garten in Havanna 497 155. Havanna 1825: mittlere Jahrestemperaturen 497 156. Mittlere Temperaturen tropischer Stâdte 500 Tabellen 647 157. Meerestemperatur (Oberflâche) im Sûden Yucatans 514 158. Oberflàchentemperatur des Atlantischen Ozeans (0°-45° nôrdlicher Breite) 519f. 159- Ergebnisse: mittlere Temperaturen der Oberflâche des Atlantischen Ozeans mit Vergleichswerten 521 160. Kontinentale Luft im westlichen und ôstlichen Atlantik (25° — 45° nôrdlicher Breite) 526 161. Hygrometerbeobachtungen in Turbaco 568 162. Vergleich von Lângenbeobachtungen 587 163. Vergleich von Langen und Breiten (Kuba) 588 164. Tabelle der Langen und Breiten von Orten auf Kuba 589 165. Tabelle geographischer Positionen Kubas und des sûdamerikanischen Gebietes 591 f. 166. Oberflâche Kubas 594 167. Volkszâhlung auf Kuba 1827 594 168. Vermehrung der Bevôlkerungselemente Kubas seit 1775 595 169. Geburt und Tod der verschiedenen Bevôlkerungselemente Kubas 596 170. Zur Bevôlkerung Kubas 596 f. 171. Bevolkerungsverteilung in den Departementen Kubas 597 172. Bevôlkerungsklassen Kubas 598 173. Zuckere:^port Havannas 1760-1829 598 174. Zuckerexport nach Hâfen 599 175. Kafi'ee-Export Havannas 1804-1829 599 176. Kafi'ee-Export der Hafen Kubas 1827 600 177. Kaff^eeplantagen in den Departementen Kubas 600 178. Tabakexport Kubas 1828 und 1829 nach Hâfen 601 179. Kubas Import und Export 1827-1829 602 180. Zahl der ein- und abgehenden Schiffe Kubas 1827 und 1828 602 181. Kuba: Import und Export fremder Lânder 603 182. Einfuhrgûter nach Kuba 1827-1829 603 183. Einfuhr der Insel Kuba und Havannas 1828 und 1829 604 184. Kubas Handel 1828 605 185. Kuba: Import und Export 1829 605 186. Kuba: Import und Export 1829 606 187. Export ûber Havanna 1829 606 188. Einkimfte von Intendancias auf Kuba 607 648 Tabellen 189. Kuba: Zolleinkunfte 1828 607 190. Kuba: 1829 in den Hàfen eingenommene Zollgebûhren 608 191. Einkùnfte der Republik Colombia 1824 608 192. Verwendung ôffentHoher Mittel in Havanna 1828 und 1829 609 193. Bevôlkerungselemente sûdamerikanischer Lândcr 609 194. Bevôlkerung Havannas 610f. 195. Havanna: meteorologische Beobachtungen 1829 611 196. Angaben zu den Departementen Kubas 612 f. 197. A. V. Humboldts Beobachtungen magnetischer Intensitàt und Inklination 1798-1804 619-623 198. A. V. Humboldts und Gay-Lussacs magnetische Beobachtungen 1805-1806 624 199. A. V. Humboldts magnetische Beobachtungen wâhrend seiner russischen Reise 1829 627 ANHANG ZU BAND III 200. Kuba: Volkszàhlung 1827 Tafel No. I 201. Kuba: Vollcszàhlung 1827 im westUchen Département Tafel No. II 202. Kuba: Volkszàhlung 1827 im Zentral-De])artement Tafel No. III 203. Kuba: Volkszàhlung 1827 im ostlichen Département Tafel No. IV REGISTER Abbot, Abiel: 111:613 Abd AUatif : 11:505 Abessinien: 11:452,659,661 Abplattung dcr Erde: IIl: 25 Acacia de Niopo: II:620ff.. 623 Acapulco: III: 54 Achsenberg (Schweiz): I: 393 - III: 255, 258 Acosta, Joséd': 1:317-11:92,117 Acuna SJ, Pater Christoval de: II: 448, 449, 453, 455, 462, 463, 482, 527, 528, 530, 531, 532, 533, 535, 537. 538f.. 679, 682, 705, 717, 719 III: 223, 226, 227 Adams, ... (Matrose): 111:23 Adanson, Michel: I: 118, 277 - III: 283 Adersbach(Bôhmen): 11:382 Affen: II: 264-268, 331-333. 560f. Affen, gesammelt von A. v. Humboldt und Bonpland: 111:45 Afrika: III: 500 Aguado, Pedro: II: 454 Aguas calientes: III: 40 Aguilar, Don José de: III: 396 Aguirre, Lopez de: II: 96f., 129f., 453, 527, 528, 529, 629, 698, 707 Âgypten: II: 505, 602 III: 41,59, 101, 139, 156, 163 Àg>-pter: 11:601,659 Ainu: III: 157 Airolo: II: 146 Alton, William: I: 114 Akademiker, die franzosischen (d. i. La Condamine u. a.): III: 124f. Akbar, GroDmogul von Indien: II: 403 Aktiengesellschaft (Kanalbau): III: 141, 142 Aktivitat, unkluge der Europiier: III: 434 Alabama: 111:62 Alaman, Don Lucas: 111:507,515 Alaska: 111:57 Alaun: 111:46-54,105 Albaredo, Don Eusebio: III: 184, 185 Albujar, Juan Martin: II:699f., 702 Alcedo y Herrera, Antonio: III: 23 Alcocer, José Miguel: III: 394 Aldarete, Don Manuel de: 111:535 Alëuten: III: 158 Alejandro, Don José Maria: III: 321 Alexander VI., Papst: II: 441 - III: 183, 399 Alexander der GroCe : 1 : 502 Algier: 11:464 AUegheny: 111:160,191,228,258 Allen, John: 111:267 AUen, William: 1:9-11:426-111:331 Alligator: III: 464 AUuvionen: 111:257,258 Almeida de Serra, Don Ricardo Franco: III: 224, 230 Alpen: 1:32,603 - 11:21,78,155,323,388 III: 191, 192, 193, 194, 208, 209, 215, 234, 250, 252, 255, 257, 259, 260 Allai: 111:194,227 Altdorf (Schweiz): 111:258 Altenberg (Sachsen): II: 238 Alter, relatives: III: 248, 250, 256, 259, 260, 265, 364 Alvarado, Alonso de: II: 129 Alvarado, Pedro de: 111:474 Alzate, Pater Antonio José: III: 283 Amadou de fourmis: II: 624 Amalgamation (Silber): III: 416 Amazonas: II: 310-311, 640, 650, 651, 653, 654, 655, 658, 708 III: 199,247,257 Amazonen: 11:481-488-111:18 Amazonenstein: II: 482 Ameisen, weiBe: III: 130 Ammoniten: I: 441 Ampudia, ...: 11:679 Amur: II: 617 Amyot, Joseph: II: 326 Analogien: II: 598 III: 161, 208, 254, 258, 261, 469 Ananas: II: 541, 542, 565 - III: 351, 561 Anasco, Pedro de: II: 679 Anaxagoras: 11:326-111:266 Anden: II: 526 Anden von Mexiko: 111:264 Anderson, William: I: 108 Andivieles, ... (Bewohner von Lamas): II: 552 Andujar, Pater ... : 11:637 Anglo-Amerikaner: III: 57, 63 Angostura : II : 633 ff., 657, 664, 665, 667, 66 Angulo, ... (Gouverneur 1671): III: 38 Anisson SJ, Pater ...: II: 275 Anthropogene Landschaft: I: 399 Antillen, englische: III: 411f. franzôsische: 111:412 GroBeund Kleine: 111:13 650 Register AntiUen-Meer: III: 515 Antillon, Isidoro : 11:422 III: 88,91, 163, 180 Antoninus Plus, rôm. Kaiser (nicht Antonio): II : 283 Anville. Jean Baptiste Bourguignon d': II: 190, 229, 285. 292, 404, 453, 456, 458, 468, 478, 497, 520, 529, 536, 585, 629, 639, 650, 656, 676, 681, 685, 688, 703, 705, 707, 708, 709 III: 24, 74, 219, 241 Appalachen: III: 365 Apenninen : 1 : 407 - III : 260 Apfelbaume: I: 587 Apfelsine: 11:328,329,477 III: 370,376 Apollonius von Rhodus: III: 163 Appenzell: III: 194 Après de Mannevillette, Jean-Baptiste- Nicolas- Denis de : 1:277 Âquator, magnetischer: II: 488-490 III: 199, 361, 615, 616, 617, 626 Araber, arabisch: II: 500, 686 Arabien: III: 424 Arago, Dominique-François- Jean: I: 35, 80, 199, 253, 257, 514, 623 III: 136, 284, 285, 288, 297, 305, 306, 313, 314, 317, 326, 372, 499, 513, 522, 523, 524, 555, 557. 584, 625 Aral-See: 11:515-111:629 Arango, Don Francisco de A. y Pareno : III: 394, 402, 407, 454 Arco, Marquis del: III: 414 Arcy de la Rochette: I: 21 Ardennen: III: 250 Arebalo, Don Antonio de: III: 535 Arezzo: II: 524 Arguelles, Augustin: III: 394 Arica: III: 198 Aristophanes: II: 368 Aristokratie : 1:593 Aristoteles: I: 174, 202 - II: 326, 327 Aristoxenes: II: 326 Arithmétique palpable (ou manuelle): III: 20 Ariztizâbal, Gabriel de: II: 102, 458, 553 Arkansas: 111:31,62,210.247,258 Armiga, ... : I: 104 Amo: 11:516,524 Arrate, Don Félix de : 111:365,400 Arriaga, Frei Julien: III: 185 Arrowsmith, Aaron: I: 21 II: 190, 404, 447, 458, 468, 478, 497, 498. 523, 568, 629, 649, 687 III: 77, 81, 85, 86, 87, 133, 223, 225. 226, 238, 241, 461 Artedia SJ, Andrés de: II: 528, 531 - III: 227 Artigas, ...: 111:85 Aruba: III: 219 Arzte, âgyptische: II: 505 Aschanti, die: III: 21 Asiento-Vertrag (Marz 1713): III: 403 Asphalt: III: 368 Asphalt-See auf Trinidad: I: 405 - II: 25 Astarloa y Aguine, Don Pablo Pedro de: I: 489 Astrachan: III: 555 Asturien: III: 215 Atacama: III: 196 Ataruipe -* Hdhle von Ataruipe Atkinson, Henry: 111:498,499,517 Atlantisches Tal: II: 19 Àtna: 11:16-111:565 Atrato, Rio: 111:123,124,127,128 .Atures-Papagei: II: 599 Atwater, Caleb : 111:156 Aublet, Jean-Baptiste-Christophe-Fusée : 11:422.425.433 Aubuisson de Voisins, Jean François de: 1: 227, 244, 284 - II: 74 Aufenthalt, zweiter, auf Kuba (1804): III: 463 Ausbreitung des Schalles: II: 324^327 Autor der „Corographia Brasiliensis": II: 466 -III: 225 Autor der „Mécanique céleste" — >- Laplace: II: 50 Auvergne: 11:13,16,21,137 Avalo, Don José: 1:620,622 II: 128,674- III: 106 Avity, Pierre d'. Seigneur de Montmartin : III: 22 AvogadriSJ, ...: 11:534 Ayala, Alonso Lopez de: III: 534 Ayllon, Luis Velasquez de: III: 163 Azara, Félix d': I: 346 II: 171,215,220,266 III: 185, 186,241, 500 Azoren: III: 193 Bacon, Francis: III: 152 Bagirmi: 11:526 Bahia: III: 357 Bailli,...: 111:415 Bailly, Joseph: I: 553 Bajon, Bertrand: II: 177 Baker....: 111:403 Baku: 111:566 Baibi, Adrian: III: 71, 86, 90, 168, 181, 376, 413 Balboa, Vasco Nûnezde: 111:400,540 Baleato, Don Andrés: III: 75 Balfour: 111:284,286 Bali: 111: 198 Ballons aérostatiques: I: 613 - II: 582 Ballots de papier zum Pflanzentrocknen: II: 542 Register 651 Balsam: 111:541 Baltimore: III: 357 Banane: I: 104, 109, 111, 387, 454, 460, 461, 587, 621 II: 35, 40, 42, 53, 70, 80, 113, 117, 132, 284, 328, 354, 369, 400, 428, 542, 545, 546, 548, 555, 590, 643 III: 19, 36, 99, 106, 375, 376, 408, 414, 434, 530, 560 Banks, Sir Joseph: I: 11, 78, 171, 324 II: 426 -III: 458 Barancos: I: 120 Barata, Don Francisco José Rodrigues: II: 683 - III: 224 Barataro, ...: III: 376 Barba, Pedro de: 111:399 Barbados: 111:411 Barbara, Kijnigin von Spanien oo mit Ferdinand VI.: III: 184 Barbaren des ôstlichen Europas: III: 457 Barbé-Marbois, François comte et marquis de: I: 523 Barbie du Bocage, Jean-Denis: II: 685 Barcaiztegui, Don Ventura de: III: 329, 362, 384, 461, 581, 583, 586 Bareto, ..., comte de: III: 453 Bargas, Dona Maria: II: 630 Barometer: II: 565 III: 270-314, 379,459, 572 Barometer (abgeleitete Gesetze): III: 307-314 Barquisimeto (Stadt, Gebirge): I: 572,619 II: 96, 97, 119, 124, 125, 126, 127, 153, 166, 196 III: 99, 100, 101, 105, 202, 206, 208, 215, 216, 257, 265, 579 Barrio, Del . . . : 111:66 Barros SJ, André da: II: 650 Barrow, Sir John: I: 116 II: 86, 223, 321, 502, 665 Barruel,...: 111:417 Barrutia, . . .: III: 444 Barrutieta, Fray José Joaquin: II: 461 Barton, Benjamin-Smith: I: 504 III: 159 Basait: I: 88, 106, 111 - III: 264, 265 Basken (Iberer): 111:8,13 baskisch: 111:160,172,174 Bassayns de Richemond, comte des: III: 488 Basseeourt, Don Luis de: III: 481 Bastidas, Rodrigo de: III: 538, 539, 559 Batallez (Rio Magdalena): 11:617 Batate: 111:414,415 Batavia: III: 282, 501 Baudin, Thomas Nicolas: I: 42, 56, 113, 131, 166, 257 III: 458, 571 Baudrand, Etienne-François-Henri: III: 522, 524, 528 Baumwolle (Baum, Anbau u. a.): I: 387, 399, 404, 449, 452, 460 II: 56, 57, 59, 62, 63, 64, 70, 95, 114, 123, 198, 506, 591, 648, 652, 669, 673 III: 4, 58, 80, 98, 100, 110, 113, 115, 408, 423, 427, 433, 461, 602 Bauza, Don Felipe: I: 46 - II: 442 III: 77, 85, 86, 196, 241, 362, 363, 384, 385, 467, 553, 581, 582, 584, 585, 586, 590, 594 Bayerische Alpen: 111:259 Bayerische Ebene: 111:37,208 Bayly, William: 1:257 Bayreuth: I: 517 - II: 203 - III: 248, 318 Beatenberg (Schweiz): I: 424 Beatty, Benjamin: 111:159 Beaufort, Henri de: 111:305 Beaujeu, de: 111:496 Beautemps-Beaupré, Charles-François : III: 144 Becerra, Francisco: III: 537 Bedrohung der amerikanischen Zucker-Inseln durch Riibenzucker: III: 418 Beduinen: III: 28 Befestigungen: III: 155-163,549-550 Begriindung seiner geologischen Beschreibung Siidamerikas : 111:266 Beilstein, der: 11:483 Belalcazar, Sébastian de: II: 679, 696 Belem: 11:650 Belgien: 111:262 Belgrad: II: 148 Bellin, Jacques-Nicolas d. À.: III: 461 BeUo, Don Andrés: III: 68 Belmore, Lord : 11:324 Belzoni, Giovanni Battista: III: 41 Bembo, Pietro : 1:470,482,486 II: 503, 568,694,695 III: 183, 265, 537, 539 Ben Jelow, Hadschi Talub: III: 23 Benares: 11:406-111:501 Benedictus, Alexandre: I: 377 Benedikt XIII., Papst: 11:671 Bengalen: 111:416,417 Bennet, John: 1:264,265 Benzenberg, Johann Friedrich: I: 80, 524, 526 Benzoni, Girolamo: I: 324, 341, 571 II: 117, 130,647 - III; 57 Beobachtungen, astronomische: III: 459 Beobachtungen, barometrische: III: 459, 555-557 Berchtesgaden : 1 : 334 - II : 78 - III : 564 Bergbau: 1:619,622 II: 126, 138 Bergbaus Siidamerikas, Zukunft des: III: 266 ff. 652 Register Berichte, fehlerhafte: 111:546 Bering-StraCe: II: 526 BerUn: II: 136, 467 - III: 285 Bern: III: 209 Bernardin de Saint-Pierre, Jacques-Henri: I: 209-11: 314 Berquen, Louis de: I: 342 Berrio, Antonio de: II: 638, 699, 700, 701, 702, 703, 704 Berthollet, Claude-Louis, comte de: III: 187 Berthoud, Louis: 1:53,64,81,267 111:618 Bertran, Fray Luys : III : 398 Bertrand-Geslin, M.: III: 566 Berzelius, Jôns Jakob, Baron: II: 302 Beschreibung des spanischen Guayana: II: 637 ff. Bessel, Friedrich Wilhelm: III: 306 Besuche in Europa von Kubanern u. a.: 111:407 Bétel: 1:467 Béthencourt, Jean de: 1:92 Beudant, François-Sulpice: I: 333 Bevolkerung, relative: III: 90, 268, 330, 392, 401, 406, 407 Bevôlkerungsakkumulation, akzidentelle : III: 95 Bevolkerungsdichte: 111:392 Bevolkerungsverteilung : III: 88 Bewohner von Buchara : III : 20 Bewohner der Siidseeinseln (Diebe): II: 328 Bex: I: 335 Bèze. Pater ... de: 111:282 Bézout, Etienne: I: 281 Bibliothek, offentliche von Philadelphia : III: 459 Bichat, Marie-Francois-Xavier: II: 615 Bieler See (Schweiz): II: 78 Bienen: 111:409,427,477 Bienenstôcke: 111:409 Bifurkation der .-Vnden: III: 198, 206 Bifurkationcn: II: 450 f., 479, 666, 671 Bifurkation des Orinoko -> Casiquiare Bdin (Bohmisches Mittelgebirge): II: 141, 142 Biliner Stein: 111:265 Billiet, A. ... : III : 295, 300, 306 Billings, Joseph: 1:499 Bingen: II: 595 Biot, Jean Baptiste: I: 206, 259, 262, 284, 629 ff. II: 326,489, 582 III: 361, 615 Bischof von Caracas: III: 39 Bison: 11:607-111:158 Bjôrn(Wikinger): 111:159 Bladh, ...: 1:228 Blaeuw, Johannes: 11:532,708 Blandin, Bartholomé: II: 34 Blattern: 11:304 Bhgh, William: 1:326-11:43 Bloch, Marcus-Ehezer: 11:178 Blochmann, Rudolf Sigismund: III: 626 Blondeau, ...: 1:263 Blumenbach, Johann Friedrich: II: 573,600-111: 157 Boas, die: 111:531 Bobadilla, Don Francisco: II: 469 Bochctta, la: III: 248 Bockford: 111:416,417 Bockmann, Johann Lorenz: I: 523 f. Boden, der klassischc der Astronomie des 18. Jahrhunderts: 111:201 Boden: 111:371 Boethius: II: 326 Bogen, regenbogenartiger: III: 326 Bogota: II: 451 Bohmen: 111:265,629 Bohmisches Mittelgebirge: I: 83, 88-11: 314 Bohne: II: 328 Boisgiraud, ... : III: 513 Bolanos(Mexiko): 111:264 Bohngbroke, ...: 11:647 III: 77, 220,446,471 Bolivar, Simon: III: 110, 342, 557 Bombay: III: 136 Bonn: 1:83-11:458 Bonnard, Robert-Alexandre de: II: 193 Bonne, Rigobert: II: 703 Bonpland, Aimé: I: 1, 2, 12, 15, 17, 18, 20, 25, 34, 43, 44, 47, 56, 78, 212, 262, 264, 286, 291, 300, 376, 399, 420, 479, 497, 509, 510, 512, 513, 519, 520, 521, 523, 528, 543, 545, 552, 555, 572, 590, 596, 597, 605, 607, 614, 629 II: 2, 12, 15, 37, 39, 179, 180, 181, 183, 187, 213, 214, 250 (!), 261, 271, 280, 300, 315, 330, 343 ( !), 344, 363, 365, 383, 406, 421, 422, 430, 461, 474, 490, 495, 506, 509, 510, 512, 551, 553, 554, 555, 557, 558, 560, 561, 585, 604, 606, 617, 618, 635, 637, 640, 672, 673, 715 III: 25, 29, 39, 44, 45, 48f., 60, 101, 105, 221, 248, 258, 284, 327, 348, 377, 458, 459, 462, 463, 568, 571, 573 Bonplandia trifoUata: II: 673 Boos, Franz (nicht Bose): I: 216 II: 38, 89 Borda, Jacques-François de: I: 80, 81, 83, 116, 117, 118, 123, 132, 146, 152, 154, 257, 258, 260, 276, 277, 278, 279, 280, 282, 283, 284, 285, 286, 287, 288, 515 III: 361, 507, 509, 616, 618 Bordeaux: II: 657 Register 653 Bornéo: I: 535 Bornu: 11:526-111:35,371 Bory de Saint-Vincent, Geneviève-Jean-Baptiste- Marcellin: I: 150, 179 Bosch, Baron Johannes van der: 11:665-111: 341,412 Boston: 111:116,144,357,429 Botanische Gàrten: I: 113 (Teneriffa), 216 (Schônbrunn) II : 87 (Berlin, Malmaison, Paris) III: 350 (Kuba), 408 (Kuba) Bottnischer Busen: II: 524 Boturini de Benaducci, Lorenzo: III: 20 Bouchenroeder, F. de: III: 80 Boudier, Pater: 111:282 Boue, Ami: 111:261,262,266 Bougainville, Louis-Antoine, comte de: I: 44, 191 -II: 43 Bougucr, Pierre: I: 126, 248, 251,253, 276, 326 II: 155, 535 III: 195, 200, 282, 283, 299, 308, 313, 546, 547 BouiUon-Lagrange, Edme: II: 130 Bourguignon SJ, ...: I: 171 Boussingault, Jean-Baptiste-Josephe-Dieudonné : III: 106, 124, 186, 187, 203, 215, 216, 217, 246, 255, 256, 257, 270, 281, 284, 296, 297, 300, 301, 302, 308, 309, 310, 313, 320, 515, 522, 523, 524, 528, 548, 557, 565, 579, 581 Bouvard, Alexis: 111:313 Bovadilla, Don Francisco: II: 474, 475, 570, 576 Bowdich, Thomas Edward: II: 341, 524 Bozen: 111:209 Brackenridge, H. M.: III: 70, 156, 157, 176, 177 Braconnot, Henri: II: 130, 619 III: 31,416 Brahmane, ein: II: 504. Brahmaputra: II: 526, 659 Brandenburg, Mark: 111:407 Brandes, Rudolf: 1:524,526,625 Brasilien: 11:149,715,716 III: 71, 250, 265, 267, 291, 292, 365, 412, 413, 423, 450, 451 Braunkohle: 111:576 Bréauté, Eléonore-Suzanne-Nell-Suzanne de: III: 306 Bredemeyer, Franz: 1:216 II: 38, 39 40, 89, 107, 131 Breisiak, Scipio: 1:128,136 III: 261, 262 Bremen: 413, 494 Bremontier, Nicolas-Thomas: II: 657 Brenner: III: 209 Breschet, G.: 11:616 Bresseau, ... : III : 45 Brewster, Sir David: III: 517 Bristok, ...: III: 14 Broglie, AchiUe-Charles-Léonce-Victor, Duc de: III: 452 Brongniart, Alexandre: I: 333 II: 193,483 III: 263, 267, 367 Brook-Taylor: I: 263 Brotbaume: II: 637 - III: 36 Broussonnet, Pierre-Marie-Auguste : I: 89, 109, 111, 167, 182, 188, 639f. Brown, John: 11:617 Brown, Robert: 1:437,601 II: 87, 315, 385,421 III: 376, 531 Briicke von Icononzo: III: 575 Brué, Etienne Robert: III: 87, 180, 219 Bruncrona, ... : 111:471 Buache de la Neuville, Jean-Nicolas: II: 537, 5,38- III: 77, 226 Bucareh, Don Antonio: III: 119 Buch, Leopold v. : I: 27, 41, 130, 151, 156, 227, 228, 331, 335, 393, 431, 563, 613, 639, 640 II: 21, 139, 143, 145, 420, 483, 496, 523, 524 III: 209, 243, 246, 236, 257, 258, 260, 261, 262, 264, 294, 313, 369, 374, 427, 471, 526, 579 Buchanan, ...(USA): 11:607 Buchara: III: 161 Bûcher A. v. Humboldts: 1:320,515 II: 55,61, 102,250, 251 III: 530 Buenavjsta, comtesse de: III: 360 Bueno, Fray Ramon: 11:586,610,624 III: 172 Buenos Aires: II: 584, 654 III: 30, 37, 83-85, 266, 324 Buff, Heinrich: III: 262 Buffalo: III: 140 Buffon, George-Louis Leclerc de: I: 48, 388, 502 II: 266 -III: 93,462 Bunten, ...: 111:626 Buntsandstein: III: 576 Burckhardt, Johann Ludwig: II: 320, 324, 325, 605, 615, 661 III: 41 Burg, Johann Tobias: I: 26, 510 III: 582 Burgorner (Thùringen): 111:578 Burgtonna (Gotha): I: 393 Burkersdorf (Sachsen): 1:564 Burma: 11:524-111:565 Burman: II: 111 Biisch, Johann Georg : 1 : 625 654 Register Cabildo de Caracas: II: 631 Cabrera, Gabriel de: III: 427 Cadamosto, Aloisius (Luigi, Luys): I: 118, 174 Cadet de Gassicourt, Louis-Claude: II: 111 Cadiz: 11:657-111:407 Cagigal, Manuel: I: 87, 93, 105, 211, 223 Cailliaud, Frédéric: III: 257, 258 Calabozo: II: 169 f. Calandrelli, Abbé Giuseppe: III: 526 Caldas y Tenorio, Francisco José de: I: 125, 584 II: 56, 125,460 III: 68, 128, 129, 191, 204, 209, 279, 299, 300, 301, 302, 309, 313, 547 Caldcleugh, ...: 111:370,423 Calvo, Don Nicolas: 111:415 Camara, ... da: I: 163 Camden, William: II: 623 Camôes, Luiz Vaz de: II: 445 Camper, Peter: III: 16 Canadas (kleine Schluchten): I: 121 Canadian River: 111:258 Canal du Centre: III: 125 Canal de Guines (Kuba) : III : 438-440 Candler, ...: 111:505 Candolle, Augustin Pyramus de: I: 184, 186 II: 111, 114,421,431 Canigou: II: 323 Cantal (Frankreich): 11:86 Caracas: 1: 565 ff., 576-589 II: 645,702 Careùo, Don José: III: 24 Carey, Henry Charles (nicht: Carcey oder Cary, Carry): 111:180,182,338 Cariaco : 1 : 445 Carica Papaya: III: 187 Carolina (USA): 111:389 Carrara : 1 : 394, 428 Cartagena de las Indias: III: 535, 542, 548-558 Carvalho, José Simoens de: 11:497 III: 86 Cary, John (nicht: Carry): II: 686 III: 268 Casa Enrile, Marquis de: III: 403 Casa-Valencia, Conde de: II: 170 III: 110 Cascarilla oder Corteza del Angostura : II: 673 Casiquiare: I: 530 II: 116, 202, 388, 391, 392, 403, 423, 437 f., 490-540, 575f., 681 III: 238 Casiquiare - Entdeckungsgeschichte: II: 526-539 Casiquiare - hydrographischer Vergleich der Bifurkationen : 11:515-526 Cassan, ...: 11:74-111:290 Cassini, Dominique: I: 276 II: 48,49, 524 -III: 582 Castellanos, Juan de: II: 454 Castillo, Don José Maria del: III: 148 CastiUo, Don Manuel del: 111:509,553 Caulin, Fray Antonio : 1 : 390 II: 136, 226, 229, 277, 285, 293, 295, 297, 322, 403, 404, 437, 456, 457, 458, 468, 470, 478, 497, 532, 537, 567, 568, 575, 580, 629, 631, 677, 681, 684, 686, 688, 690, 702, 710, 711 III: 80, 172, 219, 224, 225, 226 Cavallos, Don Ciriaco: 111:503 Cavanilles, Antonio José: I: 47, 279 - II: 672 Cavendish, Henry: I: 257, 261, 321, 423 II: 189- 111: 284,618 Caventou, Joseph Bienaimê (nicht: Caventon): II: 673 Cavero, Don Ignacio: III: 558 Cavo, Andréas: 111:393 Caxigal, ... de: I: 536 Cayenne: 111:282,413 Cayley, Arthur: 11:704 Cayman: 111:462,463,464 Cayman-Inseln: 111:259 Celi, Don Francisco Maria: III: 586 Centurion, Don Manuel: II: 354, 392, 574, 577, 632, 674, 705, 706, 711 Cereso, Pater Eugenio: 11: 422, 424, 427, 430 Cerro del Bergantin: III: 40 Cervantes, Miguel: 1:48,324 César, Francisco : 111:537 Cevallos, Don Ciriaco: III: 583, 585, 587 Cevennen: 111:215 Ceylon (= Ceylan): I: 342, 405 II: 111,383 Chabrol de Volvic, Gilbert- Joseph-Gaspard, comte de: 111:396 Chacon, ... : II: 545 Chaldaer: III: 13 Chamisso, Adelbert v.: III: 367, 474 Chamonix (Schweiz): I: 143 Chaparral: II: 167 Chapelain, Owen: III: 159 Chapelle, Duc de la : 111:294 Chaplain, Abraham: III: 159 Chappe d'Auteroche, Jean-Baptiste: I: 232 Chaptal, Jean- Antoine, comte de Chanteloup: I: 410 -III: 422,491 Charleston: 111:357 Charlevoix, Pater Pierre-François-Xavier: III: 14,20 Register 655 Charpente du globe (Erdgezimmer): I: 21 -III: 190, 198 Charpente (osseuse) des montagnes du Brésil: III: 229 Charpentier, Jean de: III: 194, 244, 252, 255, 260 Chateaubriand, François René, vicomte de: I: 34 Chastenet, Jacques-Françcois-Maxime, marquis de Puységur: I: 277 Chemie, moderne: III: 534 Children, John George: II: 300 Childrey, Josua: II: 48 Chile: III: 70, 85 f., 195, 266 Chiloe: 111:195,196 Chimborazo: 1:617 III: 187, 201, 222, 254 Chiminello, . . . : 111:294 China: I: 348 - II: 518, 708 III: 20, 146, 158, 162, 168 Chinarinde -^ Cinchona —>■ Quinquina Chinesen: 11:601,603,607 111:20,469 Chinin: III: 4 Chisholm, R. M.: 111:317 Chladni, Ernst: 1:521,525 Cholula: 111:161 Chonvalon, Thibaut de : II : 272, 612 Churchill: 111:466,469 Churruca, Don Cosme Damiàn de: I: 81, 84, 211, 212, 232, 281 II: 648,649, 652, 702 III: 195, 360, 498, 521, 552, 553, 583 Chwostoff, ...: 1:499 Ciara (Brasihen): 111:318 Cieça de Léon, Pedro de: III: 536, 537, 540,558, 571 Ciccohni, ...: I: 510 Cicero: III: 10 Cid el Campeador: I: 349 Cimarrones — > Neger, fliichtige Cinchona: I: 114, 367 ff., 448, 555 II: 124, 125, 375, 636, 638, 672, 673, 713 III: 97, 101-102, 121, 200, 205, 215, 538 Cincinnati: II: 5 Ciscar, Gabriel: 111:321,553 Cisneros, Pater Diego : III: 197 Clark, William: II: 304, 608 III: 157, 159, 179 Clarke, Edward Daniel: III: 416 Clarkson, Thomas : 111:331 Clausade, ...: 11:74-111:136 Clausthal: 111:139 Clavero, Don Gabriel: II, 498 Clavijo, José: 1:48,160 Clavijo, Rafaël: I: 52 Cleland, James: III: 168 Cloquet, Hippolyte: 11:616 Clouet, Don Luis: 111:438 Clusius, Carolus: 11:480,481,558 CocheniUe: III: 102, 120, 429, 435 Cochrane, John Dundas: III: 321, 559 Code noir: III: 454 Colbert, Jean-Baptiste: III: 135 Colebrooke, Henry Thomas: II: 406 III: 192, 291 CoUet-Descotils, Hippolyte Victor: I: 9, 137 Cologan, Bernardo: I: 115, 146, 179, 278, 279 Colombia (RepubUk): 111:60,77-82 Colombia : Finanzen: III: 148f. Kanalbau in Mittelamerika: III: 117-147 MetaUische Produktion: III: 104-106 Pohtik: III: 149-154 Produktion: 111:97 Colonial Office: 111:336 Colorado: III: 245 Colquhoun, Patrick : 11:36,122 III: 411,425 Columbia River: III: 119 Corner See: III: 194 Commerson, PhiUbert: I: 45 - III: 469 Compagnie allemande des Welser: I: 389 II: 689,698 Compagnie des Biscayens de Guipuzcoa: II: 119 Condorcanqui, Andrès: I: 574 Condorcanqui, José Gabriel: II: 714 Congrès des pilotes et des cosmographes, 1524: III: 183 Conquista: 111:449,457 Contreras, Pedro de: II: 130 Conucos: I: 370 Cook, James: 1:41,65,225,257,288 II: 43,439-111: 179, 399 Copper Mine River: III: 194 Copper Mountains: III: 369 Coquebert de Montbret, Charles-Etienne, Baron de: III: 163 Coquerel, Charles: 111:242 Coquimbo (Chile): 11:126 Cordier, Pierre-Louis-Antoine: I: 121, 123, 132, 133, 135, 155, 166, 169, 281, 284, 285, 286, 537 II: 144 - III: 53 Coro: II: 197, 692, 693, 698, 700 Coronado, Francisco Vasquez de: III: 157, 158 Coronelli, Vincenzo Maria: II: 455, 682 Corral, Don Miguel del: III: 119 Correa, Peter: I: 71 Correa de Serra, ... : II: 559 III: 71,267 656 Register Cortès, ...: 11:21,331,588 III: 9,214, 245 Cortéz, Hernân: 1:496,592 II: 117,118,622 III: 119, 350,473,474 Costa, José Joaquim Victorio da: II: 497 - III: 86 Costanzo, Don Miguel: II: 465 - III: 213 Cotentin (die Halbinsel): III: 250 Cotopaxi: 1:394-111:565 Cotte, Pater Louis: 1:257-11:74 III: 281, 283, 294 Coulomb, Charles-Augustin de : 1 : 263 Courade, die: III: 163 Courant de rotation: III: 219 Courejolles. ...: III: 325 Court de Gcbelin: III: 163 Cousin, Don Miguel: II: 169, 191 f. Coutelle, Jean-Marie- Joseph: III: 294, 305, 526 Cramer, Don Augustino: III: 119, 120, 147, 549 Crawfurd, John: II: 607, 652 - III: 422, 424 Cranz, David : 1 : 499 - II : 574 Crcsfeld (Sachsen) : 1 : 429 - III : 578 Creuzer, Friedrich: II: 588 Croker, John Wilson: 111:396 Cropper, James: III: 331, 406, 489 Crosse, John: I: 277 Cuença: II: 705 Cuesta (FamiUe): 111:360 Cumana: 1:288-308 Cunha, Ayresda: 11:709 Curaçao: III: 219 Curare : II : 267, 433, 479, 506, 547-556, 570, 623, 624, 692 Curson, Samuel: 111:290 Cutler, Manasseh: III: 232 Cuvier, Georges, Baron de: I: 20, 78, 333 II: 177, 178, 202, 266, 374, 594 III: 157,462, 504,573 Daça, Luis: 11:694,695,696 Dalmatien: II: 572 Dalrymple, Alexander: I: 21, 257, 523 Dalton, John: 1:245,311-11:73 Dame aus San Carlos: II: 331 Dampier, William: I: 214 III: 463,464, 469,475, 587 Danemark: I: 323 - III: 131, 452 Dàncn: III: 174 Daniell, John-Frédéric: III: 270, 308, 416 Dante, Alighieri : 1 : 209, 354 - II : 336 Danzig: 111:89 Dapicho: II: 408 f., 424, 425 Daprcs de Mannevillette — Apres de Mannevillelte, Jean-Baptiste-Nicolas-Denis de: I: 277 Darfur: 111:35,206 Dattelbiiume: I: 455 Daudin, François-Marie: II: 364 Dauxion Lavaysse, Jean-François: III: 10, 107, 110 Davey, ...: 111:159 Davidoff, ... : 1 : 499 Davila, Pedrarius: III: 535, 541 Davy, Humphrev: II: 583 - III: 31 Davy, John: II': 111, 387 - III: 498, 522 Debrecen: II: 148 Dechcn, Ernst Heinrich Karl von: III: 261,262 Delambre, ChevaUer Jean-Baptiste-Joseph: I: 56, 127, 287, 423, 510 Dclamétherie, Jean-Claude: I: 422 III: 188 Delessert, Baron Jules-Paul-Benjamin: III: 417, 488 Delgado: 1:413 Delille, ... (Chemiker): 11:552,555 Delisle (aîné), Guillaume (= De l'Islc): II: 455, 529, 532, 682, 704 - III: 219 Delpeche, ... (Drucker): 1:594 Delta(s): 11:521,523,649,650 Deluc, Jean André (= de Luc): I: 170, 244, 247, 248, 280, 281 II: 508 III: 36, 308, 314, 317 Deluc d. J., Jean-André: 1:242 Depons — > Pons, de Dcposito hidrografico de Madrid: III: 362 Derby (County): 1:409,414 Derby shire: 11:408 Desagiie de Huehuetoca: III: 208 Desagùe Real (Mexiko): II: 71 Deschnew, Semen: II: 526f. Descotils — > Collet-Descotils Descourtilz, Michel-Etienne: II: 213 III: 463 Desfontaines, René Louichc: I: 43, 295 Desmonte: 111:370 Desrones, ... : 11:416 Deucalion: II: 662 Deutsche, deutsch, Deutschland: I: 264, 383, 389, 429, 476, 485, 486, 496, 517, 523, 526, 581, 617, 622 II: 120, 130, 148, 172, 233, 279, 368, 385f., 408, 449, 520, 556, 563, 588, 616, 653, 670, 674, 689, 698, 718 III: 14, 19, 36, 43, 56, 58, 87, 88, 131, 165, 173, 174, 219, 257, 344, 349, 368, 494, 495, 532, 615 Dcvilliers du Terrage, René-Edouard : II: 283 Register 657 Dey von Algier: I: 43 Diamanten: I: 342 II: 684, 689, 701 III: 253, 539, 629 Diaz del Castillo, Bernai: 1:471 Diaz de la Fuente, Don Pedro Apollinario: II: 448,536,543,580,710,711 III: 184, 185, 223 Diebskeller(Sachsen): 1:425 Diencr, ein (Mulatte) A. v. Humboldts: II: 636 Diesbach (Schweiz): III: 257 Diodor von Sizilien: II: 563 Dioskorides, Pedanius: II: 179 Dirckinck-Holmfeld, Arnold-Christian-Leopold v. : III: 498, 508, 523, 524, 529 Dixon, ...: III: 25 Dixon, George: I: 225 Dnjepr: 11:312,317,318,708 III: 190 Dobrizhoffer, Martin: 111:85,241 Doizan, François: II: 627 - III: 3 DoUond, John: 1:265,288-111:303 Dolomieu, Dieudonné Sylvain de: I: 136, 155, 162 -III: 565 Don: 11:147,148-111:36 Donau: 1:479 II: 147, 148, 443, 515, 583, 650 Don Carlos: III: 185 Dondorf (Franken): 111:366 Donoso, Don Juan: III: 534 Dorado, El : II : 448, 449, 452, 463, 486, 530, 543, 571, 574, 602, 621, 674-719 III: 224, 225 Dorta, Benito Sanchez: III: 292, 298, 303, 305, 373 Douwes: II: 488 Doz, Don Vicente: III: 582 Drachenbaum von Orotava: 1:117-119 Drake, Daniel: 111:234 Drake, Sir Francis: 1:66-111:159 Dreiteilung der Andcn: III: 202 Drift: 111:512 Drouet, ...: II: 12 Druck, hydrostatischer: III: 474 Druckerei: I: 594 Duab (Ganges): 11:539 Ducros, ... : II: 156 Duida-Gebirge: 11:541-111:4 Dulong, Pierre-Louis: 111:557 Duméril, Constant: 11:243 Dunal, Félix-Michel: 11:375 Dunbar, ...: 111:567 Dupcrrey, Louis-Isidore: III: 284, 288, 524, 528, 529, 617 Duponceau, Pierre Etienne: III: 174 Dupont,...: 111:515,522 Dupuget -> Puget, ... du Dutrone de la Couture, Jacques-François: III: 316 Duval, Pierre: 11:455 Eaton, Amos: III: 234 Ebenen Siiddeutschlands: III: 248 Echegoyen, Don José Ignacio: III: 422 Edens, ...: 1:121 Edwards, Bryan: III: 132, 378, 403, 411, 412, 457 Egede, Hans: I: 499 Eger, die: 111:53 Ehefrau, eine: III: 552 Ehemann, ein: III: 552 Eider- oder Holstein-Kanal: III: 131, 134 Eifel: 111:250 Eigentiimer einer Pflanzung, ein: II: 218f. EinfluB der Konfîguration des Landes: III: 89 EinfluB des Meeresgrundes auf die Lufttemperatur der Oberflache: III: 467 f. Einfuhr von Sklavinnen : 111:402 Einwohner von Tahiti: II: 598 Eis: III: 373 (Kuba), 374(Kanton) Eisack: III: 209 Eisenbahn: III: 121, 131 Eisleben: 111:578 Elbe: 11:583-111:13 Elbrus: 111:623 Elche (Spanien): 1:455 El Dorado -* Dorado, El Elemente, numerische : 111:371 Eleuthera: III: 383 ElFerrol: 111:54 Elie de Beaumont, Jean-Baptiste: III: 579,629 Elisabeth I., Kônigin von England: II: 486,646, 704, 705,714, 716 Ellicott, Andrew : 1:522,523 Ellis, Charles (= Lord Seaford): III: 330, 487 Ellis, Henry: 1:73,228,236 Elphinstone, Mountstuart: III: 451 Else: 11:520 Emigranten, franzôsische: 11:115 III: 480 Emmert, ... : II: 673 Empâran, Don Vicente: I: 115, 291, 292, 376 III: 45,55 Empereur Inga de la Guyane: II: 704 Ems: II: 520 Encke, Johann Franz: III: 625 Encomenderos: 11:92,93-111:398 658 Register Engelhard, Otto Moritz Ludwig v. : • III: 299, 555 England: 111:346,358,412 Englânder: II: 15, 446, 683, 702, 703 III: 174, 398 Entradas (conquistas apostolicas) : II: 274f., 473, 578, 594,635 Entrecasteaux, Joseph- Antoine Bruni d': I: 65, 142, 173, 225, 257 Ephemeriden: III: 43 Ephesus: 111:266 Epprechtstein : II: 100 Eratostenes: 1:50-11:660 Erdbeben: I: 291, 297, 299, 307, 308, 319, 394. 395, 5I2f.,- 514, 589 II: 1-28, 632, 639, 642f. III: 52, 216, 220, 254, 265. 288, 628 Erdôl -> Petroleum Erhebung der Gebirge : III : 230 Erie-Kanal: III: 140 Erie-See: III: 119, 140 ErikRaude: 111:159 Erman, Adolf : 1:265 III: 616,617,625 Emte der Schildkrôteneier : II: 240-250. 251, 256, 264, 287 Erosion, langsame : 111:209 Erosions continuelles de l'Océan, des: 111:47 Erosions successives: III: 209 Erscheinungen, ortliche: III: 220 Erzbischof von Mexiko : 111:344 Erzgebirge: II: 31 Escalante, Pater ... : III: 157 Escher v. d. Linth, Hans Konrad : I: 331,609 Eschwege, Wilhelm Ludwig v. : II: 715, 716 III: 228, 229. 230. 231. 244, 250, 265. 267. 284, 291.312 Escolar, ...: 1:610-111:374,526 Eskimo: I: 472, 477, 499 ff., 522, 523 II: 336, 573,574,598,625 III: 157,400 Espeleta, Don José de: III: 147. 535, 549, 569 Esmark, Jens: I: 162 Esmeralda: II: 541 Espana, Joseph und Frau: I: 561, 574 III: 38 Espinosa y Tello, Don José : I: 54, 219, 538 II: 442,648 III: 39, 85, 196, 241, 304, 329. 360. 475. 480, 505, 552, 582, 584, 587, 588 Espira, Jorge de -> Speier, Georg v. Esquivèl, Juan de: III: 18 Essai politique sur l'ile de Cuba A. v. Humboldts: III: 345-458 Essai politique sur le royaume de la Nouvelle-Espagne A. v. Humboldts: II: 444. 506, 526, 542, 615, 625, 652. 689, 708 III: 56, 65, 69, 71, 75, 85, 86, 104, 113, 117, 121, 126, 132, 141, 145, 148, 153, 156, 157, 158, 168, 180, 198, 210, 211. 266. 267. 303. 347, 357, 365, 370, 429, 477, 492 Etrurien: II: 524 Etsch: 111:209 Eudoxos von Knidos: II: 660 Euganeen: III: 193, 264 Euler, Leonhard: III: 625 Euphrat: 11:539,658-111:13,175 Europa, lateinisches : III: 56 Europâer: 11:672-111:348 Evangelische : III: 242 Eversman, Eduard Friedrich: III: 161 Faden, WiUiam: II: 478, 497, 636 Fahlberg, Samuel: II: 180, 184 Faleiro. Francisco: III: 183 FaDows, Fearon: III: 568 Falmarc, ...: 111:557 Farben, hergestellt von Indianem (Bemalung): II: 258-264 Fareras, Don Félix: II: 637 Farquhar, Sir Robert: III: 284 Faunen verschiedenen Alters: III: 263 Faxardo, Francisco und Frau: I: 619f. Faxardo, Lucas: III: 38 Federmann, Nicolaus: II: 692. 693. 694, 696 Feigen: 11:47.408 Feijo y Monténégro, Benito Jerônimo: I: 410 Feldspat: II: 483 Felsen der Mutter, der (F. der Guahiba-Indianerin) : II: 410-412 Ferdinand V.. der Katholische, Kônig von Spanien: I: 497,618-111: 162,473,477 Ferdinand VL, Konig von Spanien: III: 184, 185 Ferdinand VIL, Kônig von Spanien: II: 237- III: 109 Fernandez, ... (Passagier): III: 505 Ferrer, Don José Joaquin de: I: 547, 555 II: 30 III: 39. 77, 179, 303, 313, 360. 362. 365. 372, 378. 379. 380. 383. 384. 526. 583, 584, 585, 586, 590,611 Ferreyra SJ, Jean: II: 535 Feuerland: III: 195 Feuerwaffen: II: 210, 217, 226 Feuillée, Pater Louis: 1:276,288 111:553,554 Register 659 Fezzan: III: 4, 24 Fichtelberg (nahe Wunsiedel): I: 414, 557, 564 II: 100, 126 Fichtelgebirge : I: 423 II: 145, 715 III: 250, 256 Fidalgo, Don Joaquin Francisco: I: 211, 219, 296, 301, 304, 321, 328, 363 II: 101, 648, 649, 702 III: 26, 125, 214, 509, 542, 545, 550, 552, 553, 554, 558 Fidschi Insein: III: 8 Fieber, auch Gelbes Fieber u. a.: I: 448, 451, 509, 545, 549 ff., 552 ff., 557, 588 f. II: 102, 299, 303, 643, 668 III: 351,358,481 Fiebermittel: 11:375,482 Figueroa, Rodrigo de: III: 17, 18 Filson, Jobn: 111:20,159 Findlinge (= erratische Blôcke): III: 36,37 Fischerei: III: 468 f. Fischfang: 111:469 Fischraehl: II: 563 Fitzclarence, Lord George-August-Frederic : III: 23 Fjord, norwegischer : III: 55 Fjorde: 111:195,212 Fleiscb, gedorrtes ->■ tasajo Fleuriau de BeUevue, Louis-Benjamin: I: 160, 162 Fleurieu, Charles-Pierre Claret, comte de: I: 64, 75,83, Uô', 277 FUnders, Malthew: 1:427-111:281 Florenz: II: 524 Flores, Don Manuel Antonio: III: 550 Florida: III: 345, 346, 377, 409, 445 Fliisse, abfluBlose (= innere Fliisse): III: 217 Flusse Indochinas, majestâtische: II: 659 Font, Pater Pedro: III: 157 Fontana, Felice: II: 550 Fonte, Don José: 111:66 Forell, Philipp, Baron V. : 1:46 Forlani, Paulo di: 11:529,709,713 Form des Granits: II : 492 Forneri SJ, Pater: 11:303,355,396 Forskâl, Per: I: 79 Forster, Georg: 1:41,228,236 Fortin, Jean: 111:127,313,626 FossiUen: III: 264 Fossombroni, Graf Vittorio : II: 524 Fourcroy, Antoine-François comte de: II: 85, 107, 113, 552,620 Francia, José Gaspar Tbomas Rodriguez: III: 177 Fiancœui, Louis-Benjamin: III: 410 Franeker (Holl.): 111:294 Franken: 11:143-111:366 Frankfurt am Main: I: 155 - II: 241 Franklin, Sir John: III: 167, 194, 250, 256 Franklin, Benjamin: I: 55, 311 II: 6, 27, 172 Frankreich: I: 622 III: 58,91,358,407,412 Franqui, ... (Besitzer eines bot. Gartens): I: 116-118 Franzini, Marino-Miguel: III: 267 Franziskaner: 11:245-111:6,39 Franziskanermônch, ein: 111:19 Franzose, ein: III: 3 Franzosen: II: 446 - III: 535, 536 Fraser, John: 111:479 Fraser, William: 111:479 Frau, eine kriegerische : III: 128 Frauen, kriegerische : II: 704f. Free coloured population: III: 336 Freiberg (Sachsen): II: 12, 407, 491 III: 139,251 Freienwalde (Brandenburg): III: 53 f. Freiesleben, Johann Karl: I: 88, 155, 393f. II: 24 III: 256, 257, 261, 626 Fresnel, Augustin- Jean: III: 513 Freunde in Cumana: III: 44 f. Freycinet, Louis-Claude de Saulses de: I: 257 III: 284, 291, 399, 524, 528, 529 Fribourg: 111:209 Friede vonUtrecht: 11:527,532 Fritz, Pater Samuel : II : 448, 449, 456, 462, 463, 498, 531f., 537, 568, 679, 698, 705, 717 III: 223 Fuente, Don Apollinario de la ->- Diaz de la Fuente Fùhrer(A. V. H.): 111:28,41,552 Gabbro: 11:483 Gaillard,...: 11:262 Galapagos-Inseln: I: 91 Galenos, Claudius: II: 179 Galiano, Don Dionisio Alcalâ: I: 84, 232 III: 77, 179,360,552,582,583 GaUcien: 111:215,255 GaUndo, Juan: 1:92 GiiUsch: 111:159,160,174 GaUsteo, Don Manuel: III: 320 Gallatin, Albert: III: 178, 179, 180, 235, 406, 491 GaUesio, ...: 111:370,376 Gallien: 111:30 GaUiffet, Marquis de : III : 423 Galvani, Luigi: 11:182,188 Galvez, comte Don José de: I: 621 - II: 712 660 Register Galvez, Don Matis de: III: 320 Gama, Antonio Leôn: 111:283,303,582 Gama Lobo, Manoel de: II: 497 Gambey, Henri-Prudence: III: 618, 625, 626 Gambia: 11:661,672 Gamboa, Don Marco Antonio de: III: 480, 582 584, 586 Ganges: II: 406, 414, 523, 539, 650, 655, 658 659, 661, 664 III: 162, 175, 540 Garces, Pater Francisco: III: 157, 158 Garcia, Pater Gregorio: I: 487 - II: 503 III: 20 Garcia, Pater Sébastian: III: 22 Garci-Gonzalez, ... : II: 97 Garcia, Fray Gregorio: II: 527 Garcilasso de la Vega, genannt der Inka: III: 195,399 Gardoqui, Don Diego: III: 99 Gamier, John: III: 43, 44 Garonne, la: II: 657 Garrich, Don Raimundo Pascual: III: 604 Gama: 11:464-111:508 Gaspari, Adam Christian: III: 90 Gaultier, aUas Gautier, Jean-François: I: 501 GauB, Karl Friedrich: 111:625 Gaylenreuth (Franken): I: 414, 425, 429 Gay-Lussac, Louis Joseph: I: 35, 36, 80, 102, 129, 130, 136, 143, 164, 246, 247, 257, 258, 262, 263, 517, 526, 616 II: 113, 185, 186, 205, 272f., 554, 582, 620 III: 53, 136, 262, 317, 361, 416, 515, 522, 564, 623 Gaze, Théodore de: II: 326 Gébelin, Court de —>■ Court de Gébelin Gebrauch des Wortes „amerikanisch" : 111:64 Gefangene dël: Englander, spanische: II: 702 Geflùgel: III: 530 GeisUicher, ein (Missionar): III: 5 Gemûse: 11:328-111:415 Generalkapitan von Caracas: II: 497 Genf: II: 388 GenferSee: 11:66,67,78,79 III: 197 Genua: 111:248,376 Geoffroy = Geoffroy Saint-Hilaire, Etienne: 1:439 — 11:244,595-111:462 Géognosie posiUve: III: 249, 250, 251 (nicht ,, géographie positive"), 261, 266 Géographie, astronomische: III: 503 Géographie, mineralogische : III: 220 Géographie, physikalische : III: 196, 244, 547 Géologie : I: 27, 50f., 147-181, 262, 265, 315, 325, 328-344, 407 f., 423-429, 525, 535, 537, 542 f., 56£f., 578 f., 608, 617ff., 639 II: 21, 31f., 46f., 69, 99f., 104, 136-146, 237, 238, 299-304, 491, 496, 516 III: 24-25, 36f., 54, 188-270, 222, 247, 248, 257, 260, 261, 327, 364-369, 461, 470f., 573-579 Géologie des corps organisés: III: 263 Géologie, rein systematische : III: 124 Géologie, vergleichende: 111:193 Georg-StoUen (Clausthal): 111:139 Georgia (U.S.A.): 111:389 Geraldini, ...: 11:503 Geraldini, Bischof : II : 485, 706 f., - III : 537 Gérard, François Pascal, Baron: I: 35,639 Gerbereien: II: 673 Germanen: II: 718 Gerraanien: III: 20, 30, 160 Gersdorf, ... : 1 : 265 Geschichte der Pflanzen (A. v. H.): II: 363 Gesellschaft, Meteorologische in Mannheim: III: 294 Gesetz von 1504: II: 503 Gesetz, niagnetisches, entdeckt von A. v. H.: III:615ff. Gewàsser-Kurven: II: 663 Geyer(Ort): 11:31,238 Gibraltar: 1:429-111:121 Giesecke, Cari: II: 341, 465, 573, 625 III: 195 Gifte, amcrikanische : II: 551 Gil y Lemos, Don Francisco: III: 533f., 535 Gilhar, Pater Narcisse : 111:200 Gih, Filippo Salvadore: I: 422, 480, 481, 491, 494, 504 II: 23, 117, 202, 219, 226, 234f.{!), 238, 244, 256, 275, 276, 285, 293, 296, 297, 306, 331, 365, 366, 374, 375, 381, 383, 398, 399, 404, 477, 485, 486, 487, 533, 534, 535, 537, 547, 567, 572, 580, 587, 589, 591, 595, 599, 602, 621, 624, 627, 630 III: 14, 163, 222 Gilpin, George: I: 257 Gioeni, Giuseppe (aus dem Hause der Herzôge von Angio): I: 168 Girard, Pierre-Simon: II: 302, 655, 661, 663 GivTy, Alexandre-Pierre: III: 584, 586 Glarus(Kanton): 1:391 Glauber-Salz: 111:446 Gletscher(Schweiz): 11:318 Gloriela de Cocuy, la: II: 477 Glos, ...de: 111:281 GmeUn, Johann Georg: I: 79, 334 II: 151, 584 Gobi, die: II: 148, 149, 151 Godawari: II: 524 Godin, Louis: III: 282, 283, 288, 290 Register 661 Godoy, Don Manuel: 111:438,569 Gogueneche, ... : III: 123, 206 Golbéry, Sylvain-Meinrad-Xavier: I: 118- II: 613 Gold: 1:618-111:204,210 Gold(produktion): III: 267, 537, 538, 539 Golf von Darien : 11:653 Golf-Strom (= Gulf-stream): I: 66 ff., 69, 71, 72, 76, 203, 206, 255 III: 324, 345, 382, 471, 507, 525, 528 Gomara Francisco Lopez de: I: 439, 467, 470, 498, 573, 574, 607 III: 16, 19, 162, 366, 373, 399, 400, 469 Gomez, Don Antonio Lopez: III: 410, 466 Gôngora, Antonio Caballcro y: II: 277 III: 533f., 535, 558, 559 Gonzales SJ, Pater Francisco: II: 295 Gonzales, Juan: II: 700 Gonzales, Fray Juan: I: 529 II: 570, 600, 618 - III: 40, 47, 393, 459 Gosselin, Pascal François Joseph: I: 172 -II: 656 Gotisch: III: 160 Gôttingen: I: 517, 522 III: 251 (calcaire de Gottingue), 260-262 Gouverneur, ein englischer: III: 16 Gouverneure von Kuba: III: 387 Gower, Sir Erasmus: I: 76 Goyeneche, Antonio de: II: 394 Grabhûgel: III: 155-163 Grafschaft Glatz: II: 143 Graham, Goerge: I: 260 Granit: 111:221 Grausamkeiten: III: 18, 457 Greiffenstcin (Sachsen): II: 100 Grenze, obère der Zone des Waschgoldes: III: 204 Grenze, untere des Getreideanbaus: III: 100 Grenzen, natiirliche: II: 666, 718 III: 29, 74, 85 Grenzen der Zivilisation : III: 74 Grenzen, politische: III: 74, 83 Grenzexpcdition, die spanische: II: 492f., 580f., 630, 632, 633, 634, 711 III: 73, 184-185 Grenzkommissionen, Geschichte der: III: 183-186 Grcnzzahlen: 111:336 Greueltat, eine: 11:631 Griechen, griechisch: II: 661, 662, 670, 688 III: 14 Griechenland: III: 59, 89, 457 Griechenland, GroB- (Magna Graecia): II: 598 Grindelwald: 1:389 Gronland : II : 465, 607, 625 III: 156, 195 Gronlander: I: 499 GroBbritannien: 111:425,452 GroBe Seen (Nordaraerika): III: 37, 155 GroBôrner (Thùringen): 111:258 Gruber, Abbé: 1:625 Grundbesitzer, humane: III: 456 Grynaeus, Simon: I: 118 Guacharo-Vogel — > Steatornis Caripensis Guaitnard, ...: III: 367 Guanaxuato: 111:210,413,416 Guanchen: I: 189-194 - III: 10, 398 Guatavita-See: II: 694, 696 Guatemala: III: 58, 66, 76, 209 Guayana (engl., niederl., franz.): III: 41 2 f., 449 Guayaquil: 11:418,480-111:348 Guérillas: III: 33 Guevara y Vasconzelos, Manuel de: I: 590, 595 II: 39, 105, 378 Giildenstadt, Anton Johann: II: 151 Gumilla, Pater José: 1:439 II: 168, 229, 232, 241, 249, 261, 276, 285, 288, 293, 296, 322, 336, 385, 394, 404, 531, 532, 533, 535, 547, 610, 611, 618, 629, 639, 657 Gummi: III: 416 Gunther, ...: II: 130 Gutierez de Aguilera, Fray : II : 544 Guzman, Fernando de: I: 309 - II: 130 Gymnotus electricus: II: 173-190 III: 564 Haase, die: 11:520 Hadley, John: 1:199 Haenke, Thaddaus: 1:48-111:82,197 Hagel: II: 272 f. Haiti: 111:57,162,163,337 Hakluyt, Richard: 11:685,707 Haies, Stephen: 1:311 HaU(Tirol): 1:336 HaU, Basil: 111:195,197,210 Hall, James: 1:89,160,161 Hallaschka, Franz Ignaz: III: 626 Halle: III: 54 Hallein: 1:335-111:564 Haller, Albrecht V.: 1:321 Halley, Edmond : 1:199 Hallstroem, Nicolaus Halma: III: 471 Halo, ein: 1:322,514 III: 323, 329, 510 Hamburg: 111:413,494 Hamilton, Francis: III: 168, 268, 297 Handel mit den Griechen: III: 403 Hannibal: 111:457 Hanno: I: 172, 173 Hansteen, Christopher: 11:489 III: 361, 5.54,615,616,617 662 Register Hapel Lachênaie, Thomas-Luc-Augustin; III: 372, 373 Hardenberg, . . . V. : 1:523 Harris, ...: 111:362,554 Harvey, ...: 111:70,178,517 Harz: 1:581 11:136,233,314 111: 36, 139, 247, 260 Hasli-Tal (Kanton Bern): II: 51 Hassel, Johann Georg Heinrich: III: 117, 167, 168,399 Hastings, Sir Warren: 11:664 Hatchett, Charles: 11:113 Haus in Cumana (A. v. H.): 111: 45 Hausmann, Johann Friedrich Ludwig: 111: 261 Haute: 111:409,428 Haùy, René-Just: I: 88, 155, 517, 564 11:483 Hawaii (Sandwich-Insehi): III: 8, 122, 193 Hawkins, ...: 1:171 Hayes, ...des: 111:281 Hearne, Samuel: I: 499 - III: 194 Heberden, ...: 1:277 Hebràer: III: 21 Heckwelder, John Gottlieb Emestus: III: 160, 174 Heeren, Arnold: I: 173 Hegemeister, ... : III: 617 Heideland, das: II: 147 Heinrich II., Konig von Frankreich: III: 582 Heinrich der Seefahrer, Prinz: II: 90 Helbra: 111:578 HeLopolis: 11:601 Helmersen, Gregor v. : III: 629 Hemmer, Johann Jacob: III: 294 Henriquez, Antonio: I: 621 - II: 126 Heraklit: III: 266 Herbert,...: 111:191,192 Heredia, Alonso de: III: 541 Heredia, Pedro de: III: 541 Herera, Alonso de: II: 291, 624, 629, 633, 680, 689,691,692 III: 553 Herera, Antonio de: II: 503, 527, 529, 624, 694, 697 III: 162, 163, 329, 365, 376, 400, 427, 441, 462, 466, 469, 473, 477, 537, 538, 540, 541, 558, 559, 571, 582 HermeUn, Samuel-Gustav Baron von: II: 524 Herodot: III: 32 Herrenschneider, ... : III : 302, 306 Herrera, José: I: 547 Herrgen, J. Christiano : 1:48,147,160 Herschel, Friedrich Wilhelm: I: 518,623,625 Hervas, Abbé d' : 1 : 480, 504 - II : 366 Hesiod: I: 24 Hettstedt: III: 578 Heuscheu[er]ne (Schlesien): I: 425 Hieroglyphen (Felszeichnungen): 11: 239, 252 Higgins, William: 111:416 Himalaya: I: 617 II: 526, 566 III: 189, 192, 193,227,297 Himmelsfùrst (Sachsen), Bergwerk: 11: 138 Hindu: 11:662,688 Hindukusch : 1 : 458 - II : 566 III: 189 Hiob: I: 340 Hochwasser des Orinoco: II: 660 Hodgson, Adam: III: 336 Hodgson, Brian Houghton: III: 191, 192 Hodgson, David: 111:331 Hof: 1:524 Hoff, Karl Emst Adolf v.: III: 265,471 Hoffmannsegg, Johann Centurius, Graf v. : I: 188 Hofmann, Ernst Kari: 111:629 Hofmann, Friedrich: III: 261 Hogendorp, Carel Sirardus Willem, Graaf van: II: 36 Hôhe, mittlere: III: 191, 231, 232 Hôhenmessung, barometrische : III : 299 Hôhle von Ataruipe: II: 352, 596-600, 603 III: 22 Hôhle des Guacharo-Vogels : I: 393, 413-422 AUgemeine Betrachtungen : I: 422-431 III: 259, 379 Hohlen : 1:414, 423, 424, 425, 428, 429 Holkar: 11:396 Holland: 111:36,37,173 Holland, Lord: 111:330 HoUander: II: 119, 397, 453, 471, 529, 572, 573, 638, 671, 672, 674, 703, 717 Home, Sir Everard: II: 555 Hondius, Jodocus: II: 448, 456, 526, 528, 681, 682, 685, 687, 702, 703, 704, 707, 709, 713 III: 12 Honduras: 11:480,760 Honig, wilder: 11:256 Hooke, Robert: I: 199, 263, 296 Hooker, Sir WiUiam Jackson: II: 315 Horaz: I: 606 Horizontahté des plaines: III: 257 Hornemann, Friedrich: I: 192 - II: 146 Homer, Johann Caspar: I: 246 - III: 284, 293 Horsburgh, James: III: 284, 290, 294, 308 Register 663 Hortiz, Thomas: III: 18 Horton, Sir Robert John Wilmot: III: 330, 341, 400 Hortsmann, Nicolaus: II: 530, 571, 585f., 629, 683, 684, 688 III: 224, 225, 253 Howard, Lord Charles: 11:702 Howard, Luke: 111:416 Huber, ...: 111:436 Hudson River: III: 140 Hiigel, kûnstlicher: III: 161 Humanitat: 111:423 Humanitât der altesten spanischen Sklavengesetze: 111:454 Humboldt, Alexander v. : Leben, Reiseleben, Vorkoramnisse, Leistungen: I: 1, 27, 40, 88f., 129, 143, 148, 204, 208f., 212, 217, 262, 263, 277, 288, 320, 414, 421, 427, 428, 508ff., 514, 516f., 518, 522, 529f., 531, 532, 539, 545, 557f., 561, 590ff. II: 57, 61, 80, 85, 100, 114f., 143, 147, 161, 162, 173, 179, 191, 196, 200, 225, 250f., 257, 261, 262, 263, 269, 277f., 280, 282, 294f., 300, 317, 357, 401, 415, 416f., 437f., 451, 455, 474, 476, 484, 488, 504, 512, 526f., 527, 538, 551, 554, 594ff., 604f., 610, 617, 624, 627, 630f., 635, 696, 705, 714 III: 1-2, 28, 37, 39, 41, 43, 44, 55, 60, 81, 97, 100, 104, 128, 133, 136, 141, 149, 156, 160, 181, 188, 189, 199, 205, 216, 245, 246, 248, 249, 250, 251, 256, 257, 259, 260, 262, 263, 264, 265, 266(!), 284, 285, 288, 294, 303, 313, 342, 348, 376, 377, 385, 421, 427, 436, 458, 459, 460, 461, 462, 468 f., 505, 532f., 542f., 564, 567, 571, 572f., 615f. Eigene Werke und Aufsâtze, Briefe, Plane u. a.: I: 1, 15, 16-25, 34 f., 40, 85, 88f., 102, 126, 315, 361, 367, 379, 416, 421, 422, 438, 461, 510, 549, 596, 599 II: 19, 20, 29, 31, 43, 55, 72, 84, 101, 102, 108, 109, 112, 113, 121, 130, 152, 155, 160, 163, 167, 168, 173, 176, 177, 179, 190, 192, 203, 206, 212, 225, 226, 239, 250, 252, 259, 264, 265, 267, 286, 296, 314, 316, 319, 331, 332, 359f., 363, 370, 371, 376, 378, 384, 390, 396, 400, 404, 407, 410, 420, 422f., 431, 433, 436, 449(1), 450, 459, 464, 470, 479, 483, 488, 489, 490f., 493, 496, 497, 504, 506, 509, 510, 513, 521, 522, 526, 555, 559, 576, 577, 582, 586, 592, 594f., 598, 600, 612, 614, 615, 621, 622, 623, 624, 625, 626, 627, 633, 636. 649, 652, 653, 659, 660, 662, 672, 677, 688, 693, 699, 702, 703, 708 III: 1-2, 4, 5, 9, 20, 22, 26, 27, 28, 30, 41, 46, 64, 65, 80, 81, 85, 93, 100, 104, 113, 117, 123, 156, 157, 158, 163, 179, 180, 183, 184, 188, 189, 191, 195, 197, 209, 211, 221, 228, 237, 239, 244, 247, 305, 313, 323, 328, 360, 368, 417(1), 427, 464, 469, 477, 506, 512, 531, 542, 553, 555, 564, 568, 573, 581, 582, 583, 584, 586, 587, 590, 617 Humboldts Verbesserungen in der Zucker- gewinnung auf Kuba: III: 422 Humboldt-Strom (Peru-Strom): III: 508 Humboldt, WUhelm v.: I: 24, 44, 45, 477, 482, 486, 488, 504 II: 440 III: 13, 19, 22, 159, 160, 172, 174, 176,459, 526 Hund, ein groBer (A. v. H.): II: 215, 217, 221, 228, 288, 513, 583 Hunde: 1:468 Hunde, stumme: II:624f., 692 Hunde auf Kuba : III : 453, 457 Hune, Albert: 111:398 Hùnengraber (-bette): 11:233 Hunter, John: I: 120, 501 Huskisson, WiUiam : 111:490 Hutten, Philipp v. (auch FeUpe de Urre): II: 197, 448, 454, 458, 462, 621, 676, 679, 680, 691, 696, 697, 698, 700, 708 Huttons Théorie: II: 13 Hydrographie, vergleichende: II: 526, 662 Hypothesen, geologische: 111:203 Ideler, Ludwig : 1:173 Identitàt der Schichten: I: 391 - III: 188 Ile de France (Mauritius): III: 145 Ilefeld (Harz): 111:264 lUiger, Karl: 11:266 Illusionen, geographische : III: 540 Illusionen, groûe: 111:389 Impfen: I: 577 Indianer : Indianer - aUgemein: I: 343, 345, 354, 403, 458£f., 462, 465, 471 f., 533, 570, 574, 575 II: 40, 57, 97, 101, 228, 428ff., 435, 439 III: 172-176, 541 Indianer-Auf stand 1776: II: 575 Indianerkriege : II: 395-399 Abiponen: III: 85 Abirianos: II: 585 Achaguas: 11:210,369-111:175 Achirigotos : II : 486 Acoquouas: III: 10 Acuvajos: II: 684 Aikeani-benanos: II: 487 Akanzas: II: 573 Albanis: 11:297 Albinos: 11:573 Algonkin (Leni Lenapes): II: 427 - III: 7, 8 Alkalde, ein indianischer: II: 501 Allighewi (= Talligewi, Talligeu): III: 160, 161 664 Register Indianer : Amalivaca, Vater der Tamanaken: II: 586-589 Amejes: II: 714 Amuizanos: II: 397 Amulett: 111:255 Apachen: III: 157 Apalachites: III: 11, 14 Ariguas: II: 573 Arimuicaipi (ein Indianer): II: 705 Arivirianos: 11:542,573 Arkansas: III: 160 Aromaja (Kazike): II: 701 Aniacas: 11:670,671,690 III: 11, 14, 536 Atahualpa: 11:694,700,702,714 Ataruipe -* Hôhle von A. Attakapas: III: 14 Aturajos : II : 684, 687 Atures: II: 297, 352 f., 598, 599, 687 Autochton: III: 13 Avanos (= Avani): II: 369, 564, 585 Avarigotes: 11:398,588 Azteken: I: 472 II: 373,427,662 III: 157, 158, 160, 161 Befestigungen : III: 155-163 Begriffe aus der Indianersprache: I: 490 ff. (Liste) Bcmardo (ein Kazike): 111:535 Bestrafung eines jungen Indianers: II: 269 Betoyes: II: 704 Birû, ein Kazike: III: 123 Boanes: II: 573 Bochica, GroBpriester: II: 588, 693, 694, 695, 696, 697 Briicke von Lianen: II: 570 Brydones: III: 159 Cabres (= Caveres): II: 197, 252, 297, 355, 368, 369, 386, 395, 396, 397, 398, 502, 551, 585, 691, 711 III: 15, 175 Cajamu (Hauptling der Marepizanas) : II: 396 Calibis (Caribis) : II : 422, 425 Calinago: III: 10 Callilehet: 111:241 Callipinan: III: 10 Campos: II: 714 Caracas: III: 172 Caraïbes: III: 13 Caramares: III: 162 Carina (Câlina): 111: 10 Carina (= Kariben des Festlandes): III: 161 Caripuna: III: 10 Cassipagotos: II: 681 Indianer: Catarapènes: III: 185 Cauriacami: 11:533 Caveres: 11:259,261 Caymanes: 111:536 Chadogees: 111: 159 Chaymas: I: 221, 355, 372ff., 412, 439, 440, 459, 462f., 465ff., 470, 472, 478f., 482£f., 485, 487, 488 II: 57, 174, 211, 237 III: 16, 100, 111, 219,531 Chepewyans: I: 472 - II: 5, 356 - III: 157 Cheruvichahenas (= Cheruvichahenas) : II: 468, 493, 504 Chichimeken: 111:158,161 Chiquitos: III: 10 Chiricoas: 11:297,386 Chuncos: 11:714 Cocuy, Hauptling der Manitivitanos : II: 396, 397,477 Cocuys Schwester: II: 396 Conchocando de Lican, der: III: 13 Confachites (= Confachiqui): III: 14 Coreguajes: II: 454 Coroatos(Bras.): 111:284,291 Corotos: II: 579 Cumanagotos: I: 465, 495 f., 533 II: 215, 573-111: 42 Cumanches: 11:625 Cunas: 111:535,536 Cundinamarca, das Reich: 11: 694 Curacicanas: II: 297, 591 Cuseru (Hauptling der Guaypunabis): II: 396, 397, 398, 399 Daricavanas: 11:417 Darienes: III: 535, 536 Delawares (= Lenni-Lenapes): 111: 160, 161, 174 Dolmetscher, indianische: II: 531 Dorado, mexikanisches: III: 157 Durimundi: 11:584 Echinavis: 11:420,435 Epureinei: 11:681,703 Equinabis: II: 624 Erde essende Indianer: II: 252 Erlebnis zweier Indianerkinder: II: 329 f. Felszeichnungen: II: 240, 482, 585-589, 601, 629, 684 III: 9, 175, 221, 238, 239 Figuren, symbolische: III: 9, 238 Fischerei: II: 609 - 111: 469 Frau, eine indianische: II: 699 Frauen, die: I: 466, 469, 470f., 473f. II: 262, 263, 305 f., 352, 439, 563 f., 611 III: 6f., 10, 11, 14, 18, 163, 536 Fiirst, der vergoldete: II: 694 Register 665 I nd i a ner : GaUbi(= Caribi): 111:3,10 Garipons: II: 425 Geophagie: II; 608-620 Graber: II: 327, 352, 596-600, 602f. Grabhùgel: III: 155-163 Guaharibos: III: 224 Guaharibos (blancos): II: 558, 570, 571, 572, 577 Guahibo, ein: II: 505 Guahibos(= Guajibos): 11:219,220,261,268, 275, 279, 286, 287, 288, 289, 297, 298, 308, 352, 365, 369, 410ff., 505, 598, 611 Guainares: 11:569,572 Guajiros: 11:613,621 Guamos: II: 219, 220, 227, 240, 297, 372, 573, 606, 609, 618 III: 175 Guananas (= Gualachas): II: 670 Guanes: II: 679 Guanin: III: 162f. Guaraken: II: 624 Guaranis (= Guaranys): III: 10, 687 Guaraon: 11:650,653,656,666,703 III: 4,94, 534 Guaraounos (= Guaraunos): I: 297f., 459f., 462, 465, 492ff. II: 601, 653, 670 III: 398, 399 Guaricotos: II: 232 Guatiaos: III: 18 Guayacas: 11:572,669,670 Guayanas (= Guayanos): II: 573, 666, 669, 670 Guaypes (= Guayupes): II: 679, 697, 698 Guaypunabis (= Uipunavis): II: 263, 297, 372, 395, 396, 397, 398, 399, 502, 691, 711 III: 175,222 Guaypunaves -> Guaypunabis Goubaniens: 111:53 Guaicas: II: 558, 567, 569, 570, 571, 572, 577 Guayquerie, ein: II: 640 f. Guayqueries: I: 220, 221, 289, 297f., 328, 330, 459, 462, 494, 520, 530, 543 II: 173,640 III: 44, 52, 219, 220 Guipunaves: II: 534, 585 Hatuey (Kazike, Kuba): III: 399, 400 Hauptbnge: II: 395ff. Herrschaftsnachfolge: 111:21 Holztransport: III: 41 f. Huaques: II: 460 Hunde, groCe: II: 708 Hundesitten: III: 537 Huronen (= Wianddts): III: 14, 21 Hypothesen, gewagte: II: 572 f. Ind i a ner : Igaruanas: II: 656 Imu, Hâuptling der Marepizanas: II: 396, 397,492 Indianer, ein aller. Curare bereitend : II: 548, 556 Indianer, die europâische Sprachen sprechen soUen: III:159f. Indianer, ein junger: I: 343 Indianer, ein junger: III: 253 Indianer in Kanada, ein: II: 579 Indianer, die kleinsten: II: 572 Indianer, von einer Natter gebissen: II: 430f. Indianer von Neu-Granada, ein: II: 694 Indianer Nordamerikas: II: 356 Indianer vom Rio Guaisia, Begleiter A. v. H. 's: II: 504 Indianer von Tacunga, ein: II: 679 Indianer, unabhiingige: III: 535 Indianerin (Cauriacani), eine: II: 533, 535 Indianerin, eine junge: II: 214, 641, 642 Indianermadchen, ein junges, nacktes: II: 191 Indianerstârame des Orinoco: III: 173-174 Indio tuerto: II: 691, 696 Indios blancos: II: 569, 570, 572, 574 Indios del monte: II: 574 Inka: II: 373, 506, 614, 687, 689, 699, 702, 705, 713, 714 III: 30,83, 85, 175, 194 Ipurocotos: II: 705 Irokesen (= Mengwis): III: 160, 174 Jaos: II: 685 Jaruros -» Yaruros Javita (ein IndianerhauptUng): II: 416f., 424 Juncos: III: 86 Jurado (IndianerhauptUng): II: 706 KannibaUsmus: II: 417, 477, 501, 503, 556 III: 6, 12, 13, 17, 22, 162, 536, 537 Karibe(n), der, die: I: 221, 461, 462, 463, 465, 478, 481, 483f., 496 f. II: 97, 154, 197, 215, 233, 235, 240, 258, 260, 261, 262, 263, 274, 275, 276, 279, 292, 297, 309, 369, 372, 386, 395, 396, 397, 398, 422, 439, 453, 463, 471, 472, 487, 502, 503, 530, 539, 563, 572, 573, 577, 588, 592, 598, 599, 602, 634, 644, 666, 669, 670, 671, 672, 674, 681, 685, 686, 687, 692, 699, 700, 701, 713, 717 III: 2, 3, 5, 6-22, 24, 25, 28, 42, 161, 162, 163, 172, 175, 227, 236, 536 Kariben-Missionen : III: 2, 28 Karnak(Àgyptcn): 11:283 Kazike, ein alter: II: 703 Kaziken, zwei indianische: III: 18 666 Register Indianer: Kleidung: III: 5f. Kônig von Cundirumarca: 11:679 Konig von Morequito : 11:701 Koriaeques: 111:42 Lama d'Iraca: II: 695 Lele(GroBpriestcr): 111:535 Lenni-Lenapes —* Dclawares Macapu, Hauptling der Guipunaves: II: 396,534 Maco, ein junger: II: 355 Macos (= Piraôas oder Piarôas): II: 220, 259, 263, 268, 276, 288, 290, 297, 298, 308, 315, 355, 365, 366, 369, 542, 551, 596, 603, 606 III: 16, 175 Macos-Macos: II: 355 Macusis: II: 684 Mahas: II: 304 Maisanas: II: 492 Majanaos (= Maanaos?): II: 687 Manaos (= Manoas): II: 448 f., 679, 680, 687, 697, 698, 700, 705, 713 - III: 223 Manco-Capac: II: 588, 714 - III: 197 Mandanes: II: 573 Manitivitanos (= Manitivitains): II: 396, 397, 398, 417,477 III: 175 Manivas: II: 458 Manoas -> Manaos Mapoyes (= Mapoi): II: 273, 276 Mapojos: II: 573 Maquiritares : I: 501 II: 220, 279, 297, 542, 572, 573, 575, 585, 691 III: 185 Mara (IndianerhàuptUng): 11:492 Maravitains: III: 16 Marepizanos: 11:396,397,398,492 Mariqui tares : 11:588 Massageten: 11:601 Maypures: II: 203, 214, 258, 259, 261, 275, 276, 292, 297, 330, 338, 355, 365, 368, 369, 371, 398, 463, 466, 547, 564, 585, 591, 620, 625, 691, 710 - III: 161 Memnon: 11:283 Menschenjagden: II: 397, 672 Miamis: I: 500 f. Mologagos: II: 573 MongoUd: 111:8 Monotheismus : III: 399 Montezuma : 1 : 47 1 - II : 588, 623 Montezuina-IUiuicamina : 11:588 Môrder, ein indianischer: II: 501 f. Mosquitos: III: 143, 145, 236, 535 Motilones: III: 205 Moxos: 11:368,371 Indianer: Muiscas (= Muyscas): II: 662, 696 Musik: 11:409 Muskoghees (= Natchez): II: 427 - III: 7 Mutter, eine jungc und ihre Kinder: II: 642 Mythen: 11:481 Nabonuco, groBer indianischer Edelmann: III: 537 Nacktheit: III: 7 Nanticokes: II: 603 Natchez: III: 21 Nhengahybas (= Igaruanas): II: 650, 656 Ojes: 11:573 Omaguas (oder Omeguas): II: 427, 462, 621, 622, 670, 678, 679, 680, 687, 691, 696, 697, 700, 708, 713, 717 - III: 10 Omahas: III: 156 Orejones: II: 703 Orinoqueponi : II: 681 Otoes: III: 211 Otomaken: II: 209, 220, 226, 227, 240, 252, 258, 260, 262, 275, 279, 285, 343, 369, 372, 543, 573, 601, 606, 608ff., 691 111: 16, 161, 175 Pajuros: 11:486 Pacimonales: 11:493 Palenques: 11:215,232-111:42 Palicours: III: 10 Panis: III: 157 Panos: III: 20 Paravenas: 11:573 Parecas: II: 297, 365, 398, 463, 588, 603 Parenis (= Parenas): II: 297, 365, 368, 369, 396, 585 Pariagotos (= Parias): I: 491f., 497 f. -II: 670 Pariginis: 11:420,422 Paudacotos: 11:573 Pevas: 11:355,551 Piraôas -» Macos Piritus: 111:42 Poignave, ein: II: 505 Poignaves (= Puinaves): II: 368, 395, 458, 505, 572 Poimisanos: II: 420 Polygamie: II: 563 Priesterkônige : 111:21 Puchirinavis: II: 417 Puinaves — >• Poignaves Puruays: III: 13 Pyramide von Cholula: III: 161 Quaquas: I: 495 II: 297,398,486,487 III: 172 Quarega, Sonnenpriester Oder maguas: 11:698 Register 667 Indianer: Quawpas: 111:210 Quetzalcohuatl: 11:488,588,589 Quippus: III: 20 Quiriquiripas: 11:588 Quirupas: II: 297 Roukouyenes: 111:226 Saliva-Indianer, ein: II: 336 SaUvas: II: 259, 260, 261, 271, 275, 276, 279, 280, 282, 288, 297, 305, 336, 355, 534, 551 Savannen-Stamme: 11:609 Sayri-Tupac: II: 714 Schmied, ein indianischer: II: 399 Seigneur doré, le: II: 694 Selbstmord: 111:399 Sercucuraas; II: 623 Shawnees (= Shawanoes): III: 8, 21 Sioux (= Nadowessier, Narcota): 111:8, 157 Skelette: II: 596-600 III: 9, 22, 160 Skulpturen: 111:247 Sohn des Kônigs von Morequito: II: 701 Solkeeks: III: 16 Sonnentempel, ein: II: 693, 694, 697 Sprache: I: 475, 476ff., 479, 480, 482ff., 4908". II: 505 Sprache der Miinner und Frauen, verschiedene: III: 10, 11, 12, 14, 161 Tamanaken: I: 481ff., 485, 488, 491 II: 179, 203, 214, 215, 226, 233, 238, 250, 258, 259, 261, 275, 292, 296, 305, 355, 365, 371, 398, 399, 463, 487, 513, 543, 547, 564, 567, 573, 586, 587, 588, 589, 601, 603, 669, 676, 690, 691, 699 III: 20, 175, 221,227 Tamas: II: 454 Tânze der Indianer: II : 468, 469, 557 Taparitos: II: 623 Tapoyranas: III: 16 Tep, Hauptling der Cabres: II: 398 Teocalli: III: 161 Teques: 1:620-11:701 Tiahuanaco: III: 197 Ticunas: 11:551,552,553 Tivitivas (= Tibitibies): II: 703 Tlascalteken; 111:20 Tolteken: 11:373,427,484,601 III: 158, 160, 161 Tôpferei : 1 : 345 - II : 435, 503, 598 Totimaken: 11:439 TupacAmaru: 1:574-11:714 Uaraù (= Guaraunos): II: 653 Viras: II: 573 Vochi, Bruder von Amalivaca : II : 587 Vokearos: 11:487 Indianer : Volk, unbekanntes, indianisches: III: 247 Wald-Stamme: 11:428,609 Wampum (= Quippu): III: 20 Wanderung der Tolteken: III: 601 Xibaros: II: 551 Yabipais: III: 157 Vaguas: II: 551 Yaruros (= Japuin): II: 211, 258, 275, 279, 285, 292, 303, 369 Ygneris (= Igneris): III: 11, 12, 17 Yuripari (= Uriapari, Viapari): II: 689 Zaque de Tunja: II: 694, 695 Zippa de Bogota: II: 694 Indien: 1:458,518-111:20 Indigo: I: 384 f. II: 32, 46, 57, 59-60, 62, 71, 77, 86, 88, 94, 95, 198, 259, 260, 475, 506, 545, 648, 669 III: 58, 98, 115, 120, 133, 408, 423, 427, 429, 435, 461, 484, 602 Indockina: II: 523 Indus: II: 403, 650, 655, 658 - III: 175 Infortunatae Insulae: II: 707 Ingenhousz, Jan: II: 184 Ingenieure, franziisiscbe: III: 352 Ingenieure, spanische: III: 352 Inochodsow, ... : III: 555 Inquisition: 111:569 Insel, untermeerische: III: 506 Insein - Kontinent: III: 325 Innsbruck: III: 308 Instrumente (A. v. H.): I: 1, 41, 57-60, 320, 594 II: 161, 173 (!), 407, 418f., 476, 565, 683 III: 2, 42, 45, 314, 317, 318, 467, 497, 530, 554, 572, 573, 618 Inverness (Ort): III: 132 Ipecacuaiïa: 111:98 Irawadi: 11:523 Irkutsk: 11:443-111:92 Irland: 111:392,397,411 Irrtum, mineralogiscber : II: 543 Irtysch: II: 151, 156 Irwiug, William: 111:487 Isaaco: II: 214 Isabella, Konigin von Spanien: III: 162, 473 Isasbiribil, Don Mariano: III: 583 Ischel: 1:335 Isodynamen: II: 488 f., 490, 636 III: 361, 554,616,617 Isothere: III: 195 Isothermen : 1 : 379, 600, 605 II: 55, 433 III: 93, 195, 232, 374, 375, 498, 513, 521, 526, 617 668 Register Isthraus von Darien: III: 118 Isthmus von Nicaragua: III: 118, 120 Isthmus von Panama: II: 434 - III: 118, 206 Isthmus von Suez: III: 126 Isthmus von Tehuantepec: III: 118, 119, 120 Itacolumi: II: 715 Italien: 11:524-111:89 Itterstadt (bei Weimar): 1:523,524 Iturriaga, Don José de: I: 529 II: 51, 237 (!), 285, 286, 395, 397, 442, 498, 535, 536, 537, 630, 634, 711 III: 184, 185 Jacob: III: 267 Jacquin, Nikolaus Joseph Freiherr v.: 1:41 -II: 58,82-111: 472,531 Jaffa: 111:89 Jagd: III: 469 Jager, vierzig: III: 457 Jaguar, der: II: 584 Jahrl913: 111:61 Jahreswàrme, mittlere: III: 136 Jamaika: 1:411 III: 376,411, 417,436,438 James, Edwin: III: 210, 211, 234, 245, 258 Jameson, Robert: 1:423 Janson, Adrian: II: 638 Japan: I: 348 II: 484,695 III: 146, 158, 524 Jardin des Plantes (Paris): II: 640 Jardines y Jardinillos (Archipel): III: 466, 469f., 472, 473, 474, 475, 507 f. Jardinillos (Archipel) -* Jardines y Jardinillos Jaruco y Mopox, Graf: III: 360, 366, 418, 438, 460, 477, 586 Jaurregui, Doiia Felicia: III: 414 Java: 11:20,43,44,547 III: 198, 358, 361, 363, 422 Jeannct, ... : III: 45 Jefferson, Thomas: I: 386, 429 Jefferys, Thomas: I: 322 - III: 586 Jena: II: 203 Jenissei: 11:592,617 Jérusalem: I: 618 Jessop, ... : III: 134 Jesuiten: II: 227, 232, 245, 252, 271, 273, 274, 276, 285, 286, 287, 289, 328 f., 352 f., 369, 385, 397, 506, 534, 536, 579, 599, 630, 674 III: 222, 402 Johann V. von Portugal: III: 184 Johanngeorgenstadt: 11:31 Johnstone, ... : I: 281 JoUois, Jean-Baptiste-Prosper: II: 283 Jomard, Edmc-François: II: 283 III: 95, 163, 305 Jonctiana (Repubhk): III: 141 Jordanis: I: 466 Joria (Piémont): 111:369 Jornandes -^ Jordanis Juan, Don Jorge: III: 126, 183, 185, 299, 313, 547, 548, 549, 553 Juarros, Don Domingo: III: 66, 127, 134, 209, 376 Juba: 1:92 Juden: 1:468-111:242,558 Juliac, ...: II: 101 JuUus IL, Papst: III: 183 Jupiter Ammon: III: 258 Jura (Gebirge): III: 36, 40, 208, 234, 257 Jura(geol.): 111:366 Jussieu, Joseph de: I: 368, 549 Jutland: 11:147-111:32 Kaffee, Kaffeebaum u. a. : I: 399, 412, 452, 453, 587, 595, 611 II: 32, 34-38, 40, 46, 53, 55, 56, 57, 59, 77, 123, 475, 507 III: 98, 100, 101, 366, 371, 390, 401, 408, 409, 410, 421, 424-426, 429, 438, 482, 484, 495, 599-601, 612 Kairo: 11:464,467,607,661,664 III: 139, 294, 372, 526 Kakao: 1:449,450,451,454 II: 35, 58, 59, 77, 94, 114, 116-124, 125, 198, 260, 399, 434f., 475, 479, 511, 545, 558, 648, 669 III: 42, 58, 98, 109, 110, 115, 121, 238, 435, 495, 535, 536, 538, 602 Kalifen, die: 111:140 Kalkutta: 111:133,371,375 Kambodscha: 11:524 Kamele: I: 82, 105f. - II: 91-93 - III: 121 Kamtschadalen: 1:472 Kamtschatka: III: 57 Kanada: 11:599,602-111:20,258 Kanal (Guines): III : 439, 440 Kanal von Huehuetoca: III: 140, 141 Kanal, Kaledonischer III: 120, 121, 130ff., 133, 134, 138, 139, 321 Kanal der Konigc: III: 140 Kanal (Kuba): 111:370 Kanal (Nicaragua): 111:320-321 Kanal von Raspadura: III: 118, 127, 128, 204, 370 Kanalbau in Mittelamerika: 11:92 III: 117-147 Kanale, europâische: III: 130 ST. Kanale (Languedoc, Briare, Clyde): III: 120, 125 Kanarische Inscln: I: 81-198, 639f. Allgeraeines (Wirtschaft, jetzige Bevôlkerung, Kultur) I: 195-197 Register 669 Kanarische Insein; Géographie der Pflanzen I: 181-188 Géologie I: 147-181 Guanchen I: 189-194 Pico de Teyde 1 : 93-98 II: 16 -III: 471 Kanton (China): III: 122, 133, 145, 146, 292, 371, 374, 375 Kaolin: 111:54,105 Kap der Guten HoiTnung: III: 133, 144, 145 Kap Hoorn: III: 121, 133, 144 Kapitan, ein: III; 326, 328 Kapitâne von Humboldts SchifF, verschiedene : III: 483, 543 Kapuziner: II: 592 Kapuziner, ein: II: 194 Kapuziner, ein junger, Professer der Mathematik: I: 597 f. Kapuziner-Missionar: I: 374 Karl IL, Konig von Spanien: III: 184 Karl III., Konig von Spanien II: 93 - III: 350 Karl IV., Konig von Spanien: II: 422, 499, 578 III: 99 Karl V., roraisch-deutscher Kaiser: I: 341, 354, 389, 592 II: 52, 129, 130, 471, 689, 707 III: 19, 119, 154 Karpaten: II: 151, 519, 520, 567 III: 197, 234 Karsten, Dietrich Ludwig Gustav: I: 135, 155, 164 Karten, allgemein: III: 26, 185 Karten (Humboldtj): I: 11, 19, 21, 69, 232 II: 29, 219, 286, 360, 391, 393, 396, 403, 432, 437, 455, 458, 509, 522, 564, 590, 592, 626, 631, 668, 688, 710, 717 III: 76, 77, 78, 81, 117, 120, 197, 202, 205, 237, 268, 384, 386, 467, 480, 546, 580, 581, 582, 583, 584, 585, 586 Karte von Kuba (A. v. H.): III: 384, 386, 467, 480, 502, 581, 586 Karten (anderer): I: 21, 69, 152, 207, 208, 212, 219, 260, 321, 329, 344, 395, 454 II: 22, 148, 152, 157, 190, 211, 273, 285, 286, 292f., 296, 297, 376, 395, 404, 437, 442, 447, 448, 455, 456, 458, 468, 470, 471, 473f., 478, 488, 492, 493, 498, 500, 508, 509, 512, 515, 519, 521, 523, 524, 527, 528, 529, 531, 535, 536, 537, 538, 542, 575, 577, 579, 580, 629, 630, 649, 656, 665, 670, 671, 675, 676, 677, 681, 682, 683, 685, 686, 687, 690, 697, 699, 702, 703, 704, 705, 706, 707, 708, 709, 710, 711, 712, 713, 714 III: 12, 23, 24, 35, 39, 64, 73, 74, 76, 77, 78, 80, 81, 82. 83, 86, 87, 122, 123, 124, 126, 129, 132, 133, 162, 168, 179, 180, 181, 186, 190, 194, 195, 197, 211, 215, 218, 219, 223, 224, 226, 227, 230, 231, 238, 239, 240, 241, 268, 324, 328, 329, 362, 383, 384, 461, 477, 480, 502, 503, 505, 506, 507, 509, 534, 580, 581, 582, 583, 584, 585, 586, 594 Karthager: II: 397 Kartoffel: I: 383 f. - II: 40 - III: 408 Kaspi-See: 11:515,507 III: 565, 566, 617, 628, 629 Kastanien aus Brasilien — i^ Parâ-Niisse Kasten Indiens: I: 468 Kastilien: II: 715 Katalane, ein (Ilandler): II: 327 Katarakte: III: 226 Kater, Henry: 111:277,281,284 Kathay: III: 539 KathoUken: III: 242 Kattegat: III: 131 Kaukasus: 1:458,603-111:623 Kautschukpflanzen; II: 425 £f. Kelly,...: 111:410 Kelten: III: 8 Keltisch: III: 159, 160 Kelto-Amerikaner: III: 160 Kentucky: 1:461-111:8 Keuper: 111:577 Keymis, Laurence: II: 528, 638, 685, 687 III: 175,225 Kiel: III: 131 King, Rufus: 111:451 Kingston (Jamaika: 111:379 Kirgisensteppe: III: 626 Kirschbaume: I: 587 Kirwan, Richard : 1:232,236,239 III: 304, 498, 516, 525, 527 Klaproth, Heinrich JuUus v.: I: 9, 135,496 II: 156, 301, 318 III: 53, 168, 172 Klausenburg: III: 578 Kleinasien: III: 59 Kleinschrod, ...: 111:261 Klima, exzessives: 111:92 Klima, kontinentales: III: 374 KUmate, System der: 111:527 Klimatologie: II: 379ff., 658f. III: 375, 498-501, 515 Klimatologie des Ozeans - numerische Elemente: III: 513-530 Klingstein: II: 483 Koch, ein amerikanischer: III: 326 Kontaktgestein: III: 246 Koka: 1:467-11:117,613,617 KokosnuB-Anbau, u. a.: I: 454, 455 II: 316, 421, 652 III: 23, 55, 102,318, 370 670 Register Kolonialsystem: II: 478 - III: 449, 450 Kolonien, afrikanische (Bevolkerung): " III: 341 Kolonisation der neuen Zeit (der Spanier), Unter- schiede zu den Griechen, Besonderheiten: I: 349-352 Kolonisation, spanische: III: 400 Kolonisten, franzôsische: 11:709 Kolumbus, Christoph: I: 71, 214, 260, 298, 328, 461, 467, 470, 497f., 506f., 618 II: 159, 375, 487, 503, 651, 702, 706, 707 III: 10, 17, 329, 350, 376, 387, 398. 399, 400, 466, 468, 469, 473, 477, 503, 536, 537, 538, 539, 540, 541, 558, 582 Kolumbus, Don Diego : II : 104 - III : 400 Kolumbus, Ferdinand: I: 470, 498, 506 f. II: 485, 702 -III: 162,469 Kommandant, ein: 11:445 Kommandant eines portugiesischen Forts: II: 531 Kommandant von San Carlos — >• Bovadilla, Don Francisco Komotau (Bohmen): III: 53 Konfekt: 111:410 Konfitûre: 11:91 Konfôderation, afrikanische, der freien Staaten der Antillen: III: 389 Kongo: 11:464,524,659,662,708 KongreB der Kosmographen, 1524, 1682: III: 183, 184 Kônig, Charles Dietrich Eberhard: II: 300 -III: 10 Konigsberg: III: 294 Konquistadoren: 1:351,592,620 II: 92, 197, 487, 527 III: 15, 18, 158, 162, 205, 365, 366, 399, 418, 531, 540 Konsul, der franzôsische auf St. Thomas: II: 107 Kopais-See: III: 83 Koptische, das: I:489f. KoraUen: 111:367,383,468,470 KoraUenbanke: 111:247 KordiUeren: III: 123 Korea: III: 168 Kormorane: 111:469 Korsen: 111:163 Kotzebue, Otto V.: 111:4,213,474 Kraft: 1:259 Kraft der Volker, politische: III: 92 Krankheiten, katarrhalische: I: 588 Kraterland der Alten Welt : III : 629 Kreolen : 1 : 345, 436, 449, 549, 572, 605 Krim: III: 101 Krobsdorf (Schlesien) : 11:145 Krokodil(e): II: 212-215,401,402.404,405,406, 590, 605, 606, 617, 618, 640-643 III: 42, 462-465 Krusenstern, Adam Johann v. : I: 65, 225, 229, 247 II: 446- III: 213, 284, 313 Krzessowice: III: 259 K ub a : III: 58, 66, 77, 345-458, 347 (!) Allgemein: 111:345-347 Anbau: 111:369-371 Ausdehnung: 111:362-365 Ausfuhr: 111:429 Bevolkerung : III : 387-407, 594-598 (StaUstik) Einfuhr: 111:429 Essai politique sur l'îie de Cuba: III: 345-348 Festungen: III: 418 Finanzen: 111:441-445 Géographie, astronoraische: III: 580, 592 Géologie: 111:365-369 Handel: 111:428-440 Handel und Finanzen : III : 602-607 (Statistik) Havanna: 111:348-362 Kaffee: III: 424-426, 599-601 (Statistik) Kakaou. a.: III: 602 (Statistik) Klima: 111:371-382 Kultur, geistige: III:407f. Landwirtschaft: III: 408-428, 598-602 (Statistik) Nautische Verhaltnisse : III: 382-385 Oberflache: III: 593-594 (Statistik) Sklaven: III: 388^06 Skiaverei: 111:446-458 Stâdtegrùndungen: III: 400 Statistik 1825 und 1829: 111:592 SterbHchkeit der Neger: 111:406 Tabak : III : 426-427, 601 (Statistik) Verwaltung : Gerichtsbarkeit: III: 388f., 408 Gesundheitswesen: 111:408 kirchliche V.: III: 385 f., 408 mihtarische V.: III: 385 f. Volkszahlung: 1827: III:TafelNo. I im westl. Département 1827: III:TafelNo. II im Zentral-Departement 1827: III:TafelNo. III im ôstl. Département 1827: III:TafelNo. IV Wachs: III: 427, 601 (Statistik) Wert der Produktionen: 111:428 Zuckerrohr: 111:408-428 Zukunft Kubas: 111:435 Register 671 Kuhbaum: II: 106-114, 130f., 558 III: 102, 186-187 Kuhstall (Sachsen): 1:425 Kult des Reichtums (Kuba): 111:440 Kunth, Cari Sigismund: I: 493 II: 130, 363, 433, 549, 560, 652, 672 III: 531 Kupfer: 111:256,366,369,618,623 Kurbis: 11:132-111:415 Kurilen: III: 158, 232 Kyffhàuser: II: 616 - III: 257 Labat, Pater J. B.: 1:555 La Billardière, Jacques- Julien Houtou de: I: 26, 81, 116, 128, 141, 142 - II: 612 Laborde, Alexandre-Louis- Joseph, comte de: I: 46 Labrid, Don Nicolas de: II: 397 Labrid, Gervais de: 11:671 La Caille, Abbé Nicolas-Louis de: I: 257, 276 - II: 48 - III: 568 Lacépède de La ville, Bernard-Germaine-Etienne: III: 469 Lacerda, Francisco José de: III: 86 La Condamine, Charles Marie de: I: 126, 152 II: 2, 155, 230, 293, 310, 311,320, 353, 355, 388f., 394, 449, 453, 455, 456, 457, 458, 460, 463, 466, 471, 481, 484, 485, 486, 498, 533, 534, 535, 536, 550, 551, 568, 589, 621, 635, 640, 656, 676, 689, 717 III: 25, 26, 37, 86, 195, 200, 201, 202, 223, 227, 282, 283, 299, 313^547 La Coruiia (Spanien): I: 51, 52, 53, 61 III: 318 La Cruz Cano y Olmedilla, Juan: II: 136, 190, 285, 437, 456, 458, 468, 478, 488, 492, 497, 508, 531, 536, 537, 538, 542, 543, 568, 575, 576, 579, 580, 636, 640, 649, 677, 682, 684, 687, 688, 693, 702, 709, 710, 711, 712 III: 23, 74, 80, 81, 99, 126, 128, 129, 205, 226, 238, 241 Laet, Joannes de: I: 329, 342, 345 II: 108, 558 - III: 161, 376 Lagerung, muldenformige: III: 247 Lago, Antonio Bernardino Pereira: III: 500 Lago Agnano (ItaUen): II: 86 Lago Maggiore; II: 156 La Guayra : 1 : 545 ff. - II : 645 La Hontan, Louis Armand de Lom d'Arcre, Baron de: 11:427 Lalande, Michel-Jean-Jérôme Lefrançois de: I: 46,256-111: 270 Lamanon, Paul Robert, Chevalier de: I: 125, 141, 280, 284, 333 III: 270, 283, 284, 292, 293 Lamarck, Jean-Baptiste de Monnet, Chevalier de : I: 333 Lamas: II: 428, 691, 698 Lambert, ... : I: 367 Lambert, Johann Heinrich: III: 554 Lambton, William: 111:25,233 Lamétherie -^ Delamétherie Lamouroux, Jean-Vincent-Félix: I: 203 Larapagnano, Louis: I: 341 Lampsack, Xenophon de: III: 182 Lànder, baltische: 111:36,257 Landschaftsmaler: 111:465 Langern, Arnoldo Florentio a: II: 707 Langsdorff, Georg Heinrich v. : I: 246 II: 433,496 III: 42, 284, 293 Lanz, Don José de: 111:27,299,552 Lapérouse, Jean François de Calaup, comte de: I: 65, 121, 122, 242, 261, 613 III: 213, 270, 284 Lapie, Pierre: III: 224 Laplace (= La Place), Pierre-Simon, Marquis de: I: 17, 46, 245, 276, 281, 284, 285, 286 II: 50 - III: 306, 309 Lappen: 1:361,501-11:619 Lappland: I: 41, 402, 431, 603, 604, 607 III: 91 Larea, Juan de: I: 163 Larrey, Jean-Dominique: I: 552 Las Casas, Bartholomé de, Bischof von Chiapas: I: 461 - III: 476, 537 Las Casas y Aragorri, Don Luis de: III: 350, 356, 392f., 394, 401, 418, 436 Lastarria, Don Miguel de: III: 241 Latium: II: 524 Latreilie, Pierre-André: I: 20 II: 229, 338, 339,624 Laugier, André: I: 414 - III: 262 Laurencit, ... : II: 326 Laurent, ...: III: 139 Laurie, ... : II: 686 Lausanne: III: 578 Lauenstein (Franken): II: 12 La Via, Pater: 111:565 La Victoria: II:50fif. Lavie, Don Pedro : 111:38,41 Lavoisier, Antoine-Laurent de: I: 321, 337 II: 53- III: 495 Lea, Isaac: 111:180,182 Leake, Wilham Martin: II: 656 Le Blond, Jean-Baptiste: I: 326 - II: 21, 22 III: 226 Lechenault de la Tour, ... : III: 252 Leder: III: 115, 409,429 LeDru, ...: 111:373 Le Gaux, ... : II: 74 672 Register Le Gentil de la Calaisière, Guillaume: I: 630 LpGros, ...: I: 113, 115, 131, 179, 281 LeifErikson: 111:159 Leinen: III: 433 Lemaur, Don FeUx : 111:439,440 Le Maur, Don Francisco M.: 111:77, 363, 365, 438f. 440, 461, 475, 477, 584 Lemnos: II: 616 Le Monnier, Louis Guillaume: I: 257, 261 Lena: 1:458-11:592 Lenoir, ... : 1:517 Le Noir, Etienne: III: 618 LeoX., Papst: 1:354,497-11:706 III: 17, 385, 541 Léon, Don Antonio: III: 473 Léon, Juan Ponce de: III: 18 Leonardo da Vinci: I: 363 Leonhard, Cari Ciisar v.: III: 243, 261 Lepage du Pratz — >■ Pratz Lepechin, Iwan Iwanowitsch: I: 334 Le Père, Jean-Baptiste: Ul: 126, 139, 556 Lescallier, ...: III: 10,16 Leschenault de la Tour, Jean-Baptiste-Louis- Claude-Théodorc: 11:555,612,618 LesUe, Sir John: 1:241,252 Lewis, Meriwether: II: 304, 608 III: 157, 159, 160, 179 Leyes de las Indias = Recopilaciôn de leyes de los reynos de las Indias (1680): III: 46 Lias: 111:258,266 Lichtenberg, Georg Christoph: I: 517 - III: 511 Lichtenberg (Franken): II: 143 Lichtenstein, Martin Hinrich: 1:277 Liechtenstern, Joseph Marx Freiherr v. (nicht Lichtenstern): 11:172 Limpias, Pedro de: II: 696, 698 Lindenau, Bernhard v. : III: 362 Linhares, Graf v. : III : 224 Linien, chromatische : III: 26, 27, 581 Linien gleicher Inklination: III: 554, 616, 617 Link, Heinrich Friedrich: I: 187 Linné, Karl v.: I: 114 II: 400, 637 III: 176, 184, 531, 561 Linz: II: 633 Lipszky, Jânos v. : II: 519 Literatur, franzôsische und italienische : 1 : 593 Little, ...: 1:146,281 Livingston, Andrew: III: 329, 503, 505, 586 Livorno: III: 413 Llaneros: 1:364-11:167-111:34,35 Llanos (Pampas, Savanne, Prairie, Steppe, Ebene) : I: 496(!), 529 II: 146, 151, 152, 157, 159, 169, 584, 591, 627 III: 28-37, 174, 237 (Hinweise), 247, 257, 264 Lloyd, George: III: 557 Lôfling (= LoefUng), Pehr: I: 79, 216 II: 536,637 - III: 184 Loire: 11:515,536-111:125 Lombarde!: I: 89 - II: 156 III: 2, 37, 88, 209, 236, 248 Long, Stephen H.: III: 181, 210, 211, 235, 245, 247, 258 Longisland: 111:383 Lopez, ...: 111:80,81,99,126,128 Lopez, Pater ... : 11:671 Lopez, Don Antonio: III: 365 Lopez, Luis: III: 68 Lorenzana, Kardinal: II: 445 Lorrain, Claude: 11:382 Losada, Diego: I: 592 Lott, ... van der: II: 179 Louisiana: 111:8,258,413,438,445 Louville, Jacques-Eugène d'Allonville, Chevalier de: I: 623 Louvre: I: 415 Lowe, ...: 111:267 Lôwenorn (Lewenorn), Paul v. : I: 259 Loxodromismus (A. v. H.): III : 50, 248, 249, 250 Lozano, Francisco: I: 376 Ludwig IX., der Heihge, Kônig von Frankreich: III: 537 Ludwig XIV., Kônig von Frankreich: III: 135 Ludwig XVI., Konig von Frankreich: III: 449 Luftspiegelungen: I: 626 — II: 165 III: 4, 27, 29, -35, 51,467 Liineburg : 1 : 336, 393 - II : 147 Luther, Martin: 1:497-11:97,129 Luyando, Don José: III: 585, 586 Lyell, Sir Charles: 111:369 Lyon (Frankreich): 111:251,357 Lyon, George Francis: III: 4, 24, 500 Macao: III: 146, 292, 371, 372, 373, 374, 375 Macartney, George, Earl of: I: 65, 166 — III: 43 Macaulay, ...: 111:331,341 Mac-Carthy, Sir Charles: 111:331 Macfarlane, Robert: III: 505 Machete, die: 11:413,454 MackeUar, ...: 111:502,503 Mackenzie, Sir Alexander: I: 472 - II: 5 III: 157, 159, 194 Mackintosh, Sir James: III: 331 Madagaskar: III: 469, 524 Madariaga, Don José Cortès: II: 286, 451 III: 247 Madeira (-wein): II: 469 Madoc-ap-Owen: III: 159 Madura: 111:25 Maestre, Don Ignacio: 111:321 Register 673 Magalhâes, ... de (Instrumentenmacher): III: 292 Magdalena, Rio: III: 534 Magellan, Fernando: 11:706,707 III: 183 Magendie, François: II: 552, 553, 555, 615, 617 Magnetischer Nordpol: III: 361 Magnetismus : I: 260, 401 515ff., 545, 596, 612 II: 30, 54, 190, 280f., 376, 405, 409, 420, 488-490, 507, 584, 633, 636 III: 361, 362, 460, 503, 511, 553-555, 615-629 Mailand: 111:99,209 Mairan, Jean-Jacques: II: 49, 50 Mais: 1:412,452,534,621 II: 56, 107, 298, 308, 328, 369, 409, 475, 506, 542, 607, 610, 618, 620 III: 19, 31, 115, 351, 360, 371, 399, 408, 415, 434, 530, 560, 602 Maistre, Xavier comte de: III: 399 Malaien: 1:462,475,499 III: 13, 156 Malakka (Halbinsel): III: 13, 501 Malaspina di Mulazzo, Alessandro: I: 61 - II: 442,654 III: 83, 86, 196, 197, 213, 241, 582 Malte-Brun, Konrad: III: 161, 241, 267 Malthus, Thomas Robert: I: 197 - III: 61 Malwinen: III: 195 Manassarovar-See: III: 168, 192 Mancilla, Pater Bartholoraâus: II: 400, 461, 462 III: 223 MandeviUe, Sir John: III: 539 Mangili, Giuseppe: II: 551 Manila: III: 145,292 Maniok 1:460,461 II: 80, 94, 107, 113, 220, 284, 298, 328, 354, 369, 428, 472, 473, 506, 542, 546, 549, 564, 586, 620 III: 31,42,360, 399,408,434 Mann, der Pferde kaufte, ein: II: 196 Manneron, ... : I: 121 Mannheira: 111:294 Mansfeld: 1:391-111:578 Manterola, José de: II: 42, 44 Manzano, Antonio: II: 77 Marabitti, ...: 111:526 Maracaibo-See: 1:619 Mar Blanco (my thisches, inneres Meer in Guayana) : II: 680, 710, 711 Marbois, comte de -* Barbé-Marbois Marc,...: 11:673 Marcellin, Ammien: 11:365 Marchand, Etienne: I: 65, 97 - III: 179 Marche de la civilisation: II: 659 Maréchaux, ... : I: 265 Maria, Jungfrau: III: 39, 551 Marienberg im Erzgebirge: I: 314, 407 Mark Brandenburg : 111:407 Marne (FluC): 11:457 Marquesas-Inseln: 11:446 Marqué-Victor, ... : III: 295, 300, 306 Marsden, William: I: 192, 475 - III: 172 Martaban: 11:523 Martin,...: 111:515,522 Martinez, Juan: 11:238,699,700 Martinez, Pasquel: I: 626 Martius, Karl Friedrich Philipp v. : III: 191, 228, 238, 247, 531 Martyr d'AnglUera, Petrus: I: 456, 497f., 507 II: 485 III: 6, 10, 12, 17, 18, 20, 128, 161, 162, 216, 253, 261, 365, 400, 468, 469, 536 Masham, Thomas: 11:638,685,687 Maskelyne, Nevil: I: 423 Mason, Charles: 111:25 Massachusetts: III: 145 Masse, Etienne Michel: III: 401 Masson, ... : I: 27 Mathieu, Claude-Louis: I: 280, 284, 630 III: 64, 72, 168,625 Mathison, Gilbert Farquhar: III: 399 Matières médicales: 11:481 Matto Grosso: II: 716 Mauren, die: 111:399 Mauseturm von Bingen: II: 595 Mayer, Johann Tobias d. J.: III: 625 Mayersches Gesetz: 111:499,527 Mayne, ... de: III: 502, 503, 505, 506, 509, 553, 584, 585, 586 Méchain, Pierre François André: I: 45, 284 Medford, ...: 11:63 Médina, Pedro de: 111:582 Medizin: 11:624,673 Medrano, Pater Francisco: 11:454 Meeresstrômung: III: 510f., 515f., 517, 518 Mégnié, P. B.: 1:258 Mehl: 111:436 Meiners, Christoph: 11:151 Meinicke, Cari Eduard : 111:257 Meisner, ...: 111:257 Mékong: 11:523 Mêlasse: III: 429 Melish, John: III: 87, 178, 180, 211, 363 MelUs SJ, Pater: 11:303 Melograni, . . . : 111:262 Memminger, Johann Daniel Georg: III: 495 Memnon: II: 283 Mémoires A. v. Humboldts: II: 497, 498f. (!) Menam: II: 523 Mendana, Pedro: I: 621 Mendinueta, Don Pedro de: III: 147, 535, 550, 570 674 Register Mendoza, ... : I: 515 Mendoza, Hurtado de: II: 714 Menschenaffe in Sudamerika: II: 331 ff. Menschlichkeit: 111:389 Merk, ...: 1:499 Mesas(= kleine Plateaus): 11:31,32 Mesopotamien: II: 539 Mesopotamien zwischen Orinoko uud Amazonas: II: 539 Messung zur Bestimmung der Erdgestalt : 111:25 Messungen (ohne Tabellen A. v. H.): I: 13, 16f., 21, 26, 55, 63, 64, 89, 96, 102, 117, 125, 127, 213, 224^288, 323, 326, 337, 361 ff., 379ff., 395, 396f., 411, 430, 431, 433, 510-527, 538, 547f., S55f., 558, 560, 578, 584f., 604, 607f., 614 II: 29f., 33, 41, 44, 48, 54, 78, 115, 134, 136, 153, 164, 190, 201, 203, 210, 215, 229, 232f., 252, 254, 280, 285, 289, 296, 321, 333f., 375f., 379, 390, 393, 401, 404, 405, 407, 409, 417, 418, 419, 424, 437, 457, 463-466, 488-490, 496 f., 507, 509f., 520, 533, 565, 567, 572, 575, 576, 578, 582f., 583, 584, 589, 590, 595, 607, 626, 627, 630, 632, 633, 634, 636, 637, 640, 652, 655, 661, 682f., 688, 696 III: 2, 23, 24, 25, 34, 39, 40, 41, 43, 45, 48, 72, 80, 85, 196, 200, 201, 204, 208, 215, 216, 218, 228, 239, 281, 282, 297, 314, 322, 327, 328, 329, 360, 361, 362, 363, 365, 383, 465, 470, 476, 477, 480, 502, 503, 504, 505, 506, 507, 508, 509, 513, 522, 542, 546, 553f., 568 Messungen in Llanos und Pampas: III: 25 Mestize(n): 1:359,474,501,540 II: 57, 80, 103, 572, 599 III : 449, 450 Mestize, ein aller: II: 80 Metalle, kostbare : 111:429 Météorologie: III: 375 Météorologie der Tropen (-> Klimatologie): II: 200-209- III: 371-382 Meteorologische Gesellscbaft Mannheim: III: 294 Mexikaner: 1:471-11:622 Mexiko: III: 58, 61, 65-66, 256, 266, 288, 303, 347, 428, 429, 436, 437, 485 Mexiko-Stadt: 111:357 Michaux, André: I: 43, 118 Michigan-See: III: 119 Midshipman, ein: III: 43 Miguel, Kônig: 11:487 MilchgenuB: 11:607 Minas Geraes: 11:715 , 718 III: 190, 267 Missionar, ein: II: 240 Missionar, ein: III: 15 Missionar, ein: III: 28 Missionar, der alte von Mandavaca: II: 504 Missionar, ein grausatner: II: 410-412 Missionar, ein junger: 11: 195 Missionare: I: 3541., 403, 412 II: 562 f., 574, 578 f. III: 17. 174 Missionare, aufsassige: II: 544 f. Missionen: I: 355ff., 373f., 375, 402, 413, 458ff., 465f., 476, 478, 567 II: 234, 434f., 493, 578f., 668-674 III: 74, 75, 125, 169-172 Missionsort (Beschreibung): I: 372, 373 Mississippi: II: 403, 526, 607, 650, 655, 664 III: 245 Missolungi: III: 457 Missouri : II : 320, 403, 607, 655 III: 8, 31,62, 258 Mitchell, ...: 1:257 Mitchill, Samuel Latham: 111:156,159 Mitla, die Ruinen von: II: 598 Mittelgebirge : III: 265 Mittelmeer, amerikanisches : III: 483, 515 Mittelmeergebiet: I: 454 - II: 255 Mittweida (Sachsen): 111:253 Moa Loa: III: 193 Mozambique: III: 469 Mohawk River: III: 140 Molasse: 1 : 333 III: 251, 255, 257, 258, 262 Mobna, Pater Juan Ignacio: III: 168, 196 Moll, ...: 111:517 Molukken: III: 183, 184, 220 Mompox: 11:257,339,341,-111:464 Mona Lisa (von Leonardo da Vinci): I: 363 Mônch, ein intelligenter: 11:415 Mônch, ein (Pfarrer von Novita): III: 127f. Mondkrater: 111:629 Monge, Gaspard : 1 : 625 Mongès, ...: 111:270,284 Mongolen: 11:502 III: 18, 156, 157, 161 Mons Albanus (nahe Rom): I: 394 Monstruosité en géographie: II: 538 Monsune: 111:290,308 Montagne Pelée: 1:326-11:21,22 Montana, Antonio: I: 512 Mont Blanc: 1:609,610 II: 13, 323 III: 192, 222, 337 MontCenis: 1:263-111:192 Mont d'Or: Il : 13-111:53, 233, 234 Monteath, WaUace: III: 502, 584 Monténégro, Don Mariano: III: 569 Montera, Francisco de: II: 51 Monte Rosa: 111:192.213 Register 675 Montes, Don Francisco: 111:583 Montesquieu, Charles Louis de Secondât, Baron delà Brède et de M.: III: 154 Monteverde, ...: II: 129 Monte Zibio: 111:566 Montezuma: 111:474 Montpellier: 111:99 Montûfar, Don Carlos Aguirre y: II: 389 Monumente nationalen Ruhmes: III: 57 Moorcroft, William : 111:191 Morales, Andrés: III: 253 Morauen: I: 128-11: 318 Moreau de Jonnès, Alexandre: II: 21, 22 III: 263, 290, 304, 367, 423, 516 Moreau de Saint-Méry, Médéric-Louis-Élie: III: 290 Morelada, Don José: III: 195 MoreUo, Pater: 11:23 Moreno, Alonso Diaz: II: 95 Moreno de Mendoza, Don Joacquin: II: 638 MoriUo, Don Pablo: III: 110 Morillo, Pater : 11:469 Morlet, C.A.: 111:615 Morris,...: 111:521 Morse, Jedidiah: III: 180, 181, 233, 338, 363, 405, 441 Mosheim, Johann Lorenz: 11:653 Moskau: 111:626 Moskitos: II: 290, 334-351, 379, 386, 401, 424, 490f., 494, 499, 508, 511, 512, 544, 581 f., 627 III: 477, 560, 569 Mossy, ...: I: 281 Mount Elias: 111:204,213 Mousely, ...: 111:284 Mozino, José Mariano: I: 48 - II: 87 Muggendorf (Franken) : 1 : 409, 414, 420, 424, 425 Mulatte, ein: II: 87f. Mulatten: 1:474,545,561,572 II: 64, 127, 543, 632 III: 337, 389, 449, 450, 456, 480 Mulattin, eine: 11:415 Mulgrave Lord: 1:81,257 III: 618 Munàtos: III: 415 Muiioz, ... (Verwalter): 111:480 Munoz, Juan Bautista: 111:539,706 Murcia: I: 455, 553 Mursuk: III: 24, 500 Muschelkalk: 111:577 Musik: I: 593 MuskatnuB: 111:570 Musschenbroek, Pieter van: I: 260 Mussinet (Piémont) : 111:369 Mutis, Don José Celestino : 1 : 405, 410, 603 II: 21, 56, 315, 383, 431, 510, 555 III: 123, 283, 300, 309, 570 Mutter, eine junge: II: 61 Mythen der Hebrâer: III: 427 Nachkomme von Conzalo Ximenez de Quesada: II: 696 Nagelfluh: III: 251, 257, 258, 263, 551 Naila (Fichtelgebirge): 11:238 Nairne, Edward: I: 257 Napoléon I.: III: 139 Narino, Don Antonio: III: 569, 570, 571 Narino, Grigorito : 111:569,570,571 Nârvaez, Pânfilo de: 111:381 Naturforscher, ein hollândischer, unbekannter III: 282 Naundorf: 111:251 Nava y Crimôn, Alonso de, 6. Herzog von Villanueva del Prado: I: 15, 16, 113 Navarete, Don Manuel: I: 299 III: 47, 55, 66, 111, 582 Navarrete, Martin Fernandez de: III: 537, 538, 539, 540 Navarro y IVoriega, Don Fernando: III: 65f. Neapel: III: 209 Necker, Jacques: 1:329-11:36 III: 396 Née, Don Luis: 1:48-111:86,196 Neffe von Amerigo Vespucci: III: 12 Neffe von Don Antonio de UUoa: III: 480 Neger: I: 448, 449, 466, 469, 545, 561, 570, 571, 587, 595, 606f., 616 II: 33, 43, 55, 64, 89, 107, 121, 127, 308, 487, 570, 573, 612, 617, 630f., 631, 642 ni: 9, 16, 57, 66, 336, 337, 346, 358, 389, 390, 445-458, 483, 596, 597 Neger, ein: II: 642 Neger, ein alter: II: 161 Neger, flûchtige (Cimarrones): III: 453 Neger, freie: 111:336 Neger, ein junger, nackter: III: 543 Neger von Mungo Park, der: II: 641 Negerin, eine: 11:631 Negerin, eine alte: II: 50 Negritos, die: 111:400 Neiges perpétuelles (ou éternelles): I: 110, 182f., 602, 605 II: 311, 380, 387, 653, 659, 660 III: 100, 189, 191, 193, 195, 196, 197. 199, 202, 203, 211, 214, 232, 233 Nell de Bréauté — *- Bréauté Nelson, Horatio, Viscount: I: 100 Neptunismus: 111:193,560 Neuenburger See (Schweiz): 11:66 Neufundland: III: 156 676 Register Neukaledonien: II: 613, 6H, 616 Neu-Spaiiien -^ Nouvelle-Espagne Neveros: I: 124 New Orléans: 111:357 Newton, ... (amerik. Kapitàn): III: 506 Newton, Sir Isaac: 1:255-111:615 New York: 111:140,357,429 Niagara: 11:320 Nicaragua-See: 111:61,320,321 Nicholls, ...: 1:275 Nlcholson, William: 1:265,275 Nicolas, François de: III: 582 Nicolaus V., Papst: II: 441 - III: 183 Nicolosi (nicht: Nicolosio), Giovan-Battista : III: 219 Nicuessa, Diego de (nicht: Sicuessa): III: 538, 540, 541 Niebuhr, Carsten: II: 165 - III: 526 Niederkalifornien : III: 194 Niederschlagshôhen: III: 136,318-320 Niger: II: 432, 456, 524. 526, 661, 704 Nil: II: 466 f., 500, 526, 607, 649, 651, 654, 655, 658, 659, 661, 664, 708 III: 13, 139, 140, 175 NU, Blauer: 11:500 Nino, Alonso: 1:328 Niza, Fray Marcos de: II: 708 III: 157, 158 Njemen: III: 190 Noa, Tranquillino Sandalio de : 111:600 Nocera (Stadt): 1:407 Noguera, Fernando Maria: I: 211, 219, 553 NoUet, Abbé Jean-Antoine: 1:410 NorderUng, ...: 11:180 Nordwind (Mexiko): 111:303 Nordwinde (amerik. Mittelmecr): III: 329,374, 382 Norris, ...: 111:452 Nortes -> Nordwind Norwegen: II: 524 III: 114, 195,264,369,471 Nouet, Nicolas- Antoine : I: 257 III: 526 Nouvelle-Espagne: 1:459,461 III: 58,76 NouveUe-HoUande: 11:500,544 Nubien: 11:661-111:41 Nueva Valencia : II : 95-97 Nugent, ...: 11:22 Nuix, Don Juan: 111:399 Nutka: 111:144,179 Nuttal, Thomas: 111:235 Oasen: 111:32 Ob: 11:151,156,592 III: 616, 626 Obdorsk: 111:616 Obérer See: 11:579 Oberpfalz: II: 238 Obsidian: I: 158-165 Ocampo, Sébastian de: III: 400 Ochotsk: 111:57 Ochsenkopf: II: 100 Odenburg: II: 148 Oder: II: 515 Odin: 1:479,500 Oeynhausen, Cari v.: III: 255, 257, 260, 261, 262 O'Farril, Don Gonzalo: III: 460 O'Farril y Herera, Don Ignacio: III: 460 O'Farril, Don Juan de: 111:439 0'Farril,DonRafael: 111:414 Officiers de la monnaie de Londres: II: 716 Ogowe: II: 524 Ohio: 11:312,320,373,403 III: 62, 258 Oiçow (Galizien) : 1 : 407 - III : 259 Ojeda, Alonso de: I: 328, 467 - II: 707 III: 162, 538, 539, 540,541 Olbaum: 1:455 Oldenburg: 11:147 Olfers, Ignaz v.: 111:228 Olmas, Pater: 11:295,303 Olmo SJ, Francisco de: II: 383 Oltmanns, Jabbo: I: 26, 219, 283, 288, 510, 566 II: 497, 521,649 III: 75, 76, 180, 214, 285, 360, 363, 385, 480, 505, 506, 553, 555, 580, 582, 583, 584, 585, 587, 590, 610 Onega-See: 11:482 Ontario-See: 111:61 Opium: 1:555-11:615 Optique, eine ( = Panorama): 11:136 Optisches Phanomen: III: 326 Oranje: 11:320 Ordaz, Alvaro de: 11:692 Ordaz, Diego de; II: 238, 291, 633, 689, 690, 691, 692, 693, 696, 699, 700 O'Reilly, Alejandro, Graf de: III: 360,363 Orellana, Francisco de: II: 372, 453, 485, 487, 514, 527, 528, 529, 679, 690, 691, 693, 695, 696, 697, 698, 699, 713 Orenburg: 111:629 Orfila, Mateo José Buenaventura : II: 551,673 Oriani, Graf Barnaba: II: 156 - III: 313 Orinoco, Rio: II: 650, 651, 652, 653, 654, 655, 658, 691, 707 Orkane (amerik. Mittelmeer): III: 380, 381 Orléans: 11:413 Register 677 Orlet, ...: 11:489 Orographie Innerasiens: III: 220 Orosco, Don Vicente (Angostura): II: 354 Orpheus: 11:484 Orta, Bcrnardo de: I: 547 - III: 303, 315 Ortal, Geronimo de: II: 691, 692, 693, 694, 697 Ortega, Casimir: 1:48 Ortelius, Abraham: II: 707, 708 Ortsbestimmung: III: 26 Osnabriick: II: 147 Ostsee: 111:37 Oudney, Walter: 111:371 Oviedo, Fernando: II: 694, 695 Oviedo y Banos, José: I: 581 II: 68, 70, 104, 482, 485, 486, 555 Ozark-Gebirge: 111:210 Ozonne, ...: I: 118 Pâchter, cin franzôsischer (Doizan, François): II: 627 -III: 3 Padilla Guardiola, Juan de: I: 344 Padron, Don Antonio: 111:482 Page von Hcrnan Cortéz, ein: II: 117f. Page, T. J.: 111:337,454 Palacio-Faxardo, Don Manuel (nicht: Palacio oder Palacios): II: 14, 127, 158 III: 68, 102 Pallas, Peter Simon: I: 15, 334 II: 151, 161 -III: 565 Palassou, Pierre-Bernard: III: 244, 248 Palmae montanae: II: 653 Palmen: III: 531-533 Palmwein: 111:532,533 Pampas: I: 568 II: 147, 152, 154, 523, 584 III: 85, 240f. Pamplona, Francisco de: I: 465 Panamakanal (Idée): III: 89, 117, 299 Pandschab: II: 539 Pansflote: 11:557 Pansner, L. v.: III: 555 Papaya: II: 643 Pappenheim : 1 : 407 - III : 366 Papua, die: 111:400 Parallelismus der Schichten (A. v. H.): III: 244 Parâ-Niisse: II: 474, 548, 556, 557-562, 569 III: 102 Paramo: 1:327,602,604,619 II: 660- III: 203, 205 Paranâ: II: 654 Paris: 11:417-111:209 Park, Mungo : 1:31-11:114,214,641 Parrot, Friedrich v.: III: 295, 299, 555, 565 Parry, Sir WiUiam Edward: 111:510 Partridge, Alden: III: 191, 232 Pas de Calais: III: 139 Pascal, Biaise: 1:275 Pasigraphie (A. v. H.): I: 27 Pasley, ...: 1:279,280,284 Passe(A. V. H.): 1:47-11:474 Patrin, ...: 11:617 Paul,...: 1:263 „Paul et Virginie" von Bernardin de Saint-Pierre: I: 209-11: 314 Pavon, José: 1:48,437 PaysdeVaud: 11:67 Pearce, ...: 111:284 Pedrarias, ...: 111:537 Pedroso, Don Matheo de: 111:437 Pegnitz (Franken): 111:366 Pelage, Don: 1:349 Pelasger, die: 111:8 Penig: III: 253 Perlen: 111:98,105 Pelletier, Pierre- Joseph: 11:673 Penalver, Pedro : II : 89 Pennsylvanien: III: 330 Pentland, Joseph Barclay: III: 557, 579 Peones Llaneros: II: 160 Peralta, Gaspar de : 111 : 403 Pérès da Silva Pontes Lemos, Don Antonio : 111: 186 Perlasca, Don Andrés: 1:100 Perlen : 1 : 340-343, 620 - III : 539 Péron, François: I: 57, 73, 169, 228, 236, 242 Perrier, ...: I: 275 Perrins, ...: 1: 232, 237 III: 498, 521, 529 Perronet, Jean Rodolphe: 111: 131 Perser: 11:688 Persien: II: 602 Persische, das: 11: 670, 686, 691 - 111: 14 Peru: III : 70, 82f., 428 Peruani, ...: III: 350 Perugia: 111:260 Petit, Alexis Thérèse: III: 557 Petrarca, Francesco: I: 354 Petroleum: 1:344,347,446 II: 26, 27, 566 III: 49, 105, 246, 254, 259, 261, 262, 368 Peuchet, Jacques: II: 172 - III: 394, 491, 496 Pfalz: 111:37 Pfarrer in Turbaco, der: 111: 560 Pfeilgift: 11:267 Pflanzen, Végétation: 1: 8, 17-19, 86, .88, 104, 109, lUf., 114, 117ff., 121, 138f., 168, 181-188, 290f., 295, 300, 303, 345, 356, 357, 362, 366, 367, 368f. (!), 370, 381 f., 384, 389f., 396, 397, 399, 400, 401, 403, 404, 405, 409, 414, 415, 421, 428, 435, 436, 437, 438, 444, 453, 454, 455, 456, 466, 467, 493, 496, 509, 528f., 678 Register 531, 538, 539, 541, 542, 580, 581, 587, 596, 598f., 600, 601 ff., 605, 615, 622 II: 33, 37-38, 39, 40, 41, 44, 47, 50, 62, 66, 81, 82, 86, 87, 88, 89, 93, 94, 95, 98, 99, 101, 104, 106-114, 116-124, 124f., 128, 130f., 161, 166-169, 190, 195, 199, 212, 216, 217, 222, 225, 227, 228, 236, 258, 259, 279, 280, 287, 290, 298, 313, 314, 315, 316, 317, 362, 363, 370, 374, 376, 377, 382, 383, 384, 385, 389, 390, 399, 402, 405, 406, 407, 408, 409, 412, 413, 420, 421-427, 430, 431, 432, 433, 434, 435, 447, 465, 469, 470, 474, 478, 479. 480, 481, 491, 495, 496, 506, 507, 509, 510, 511, 541, 542, 547, 548-556, 557-562. 563, 566, 568, 569, 570, 584, 585, 587, 593, 594, 596, ■597, 600, 617, 618, 620, 621, 622, 624, 628, 636, 637, 652, 653, 667, 669, 672, 673, 679, 703, 713 III: 3, 4, 19, 21, 25, 30, 31, 32, 33, 35, 36, 39, 40, 41, 42, 44, 48, 49, 50, 51, 97, 98, 100, 101, 102, 103, 114, 115, 175, 186, 187, 189, 222, 227, 235, 238, 240, 241, 243, 257, 318, 322, 324, 350, 351, 352, 368, 369, 370, 371, 375, 376, 401, 408, 409, 461, 466, 471, 472, 483, 502, 530, 531, 532, 533, 534, 541, 558, 560, 561, 563, 567, 568, 570, 571, 572 Pflanzen, gesellige: III: 31, 32, 370 Pflanzengeographie: I: 18 f., 181 ff., 290, 600 II: 56 III: 125, 235, 240, 294, 300, 370, 376, 377 Pflanzengurtel: I: 181-188, 581, 600, 639 Pflanzengurtel Teneriffas, fùnf : I: 182-187 Phanomen, psychologisches: III: 28 Philadelphia: ' III: 357 Philipp IL, Kônig von Spanien: I: 341 II: 52,96, 129, 130,453,698 III: 184 Philipp III., Kônig von Spanien: II: 471 -III: 399 Philippinen: 11:581-111:347 Phônizier: II: 397 - III: 143, 163 Phonolith: 11:483 Piazzi, Pater Giuseppe: III: 480 Pictet, Marc-Auguste: I: 124, 243 Piedra Mapaya: II: 569 Piedra del Tigre : 11:407 Pierre des yeux: I: 346 Pierres vertes (Pierre des Amazones = Art Saussurit): 11:481-483,571 III: 10 PietraMala: 111:565,566 Pigafetta, Antonio: I: 535 Pike, Zebulon Montgomery: I: 22 II: 5 -III: 76, 157, 159, 211 Pilot A. V. Humboldts: III: 468 Pilot Humboldts, der indianische: II: 213, 251, 257,491, 511, 592 Pilsen: II: 12 Piment: II: 542, 552 Pimienta, Don Juan Diaz: III: 537 Pin, ...: II: 74- III: 136 Pineda, Gonzalo Diaz de: 11:679,695 Pingre, Alexandre-Guy : I: 277 Pinillios, Don Claudio Martinez de, conde de Villanueva: 111:438,445,593 Pinus occidentalis: 111:376 Pinzon, Vincente Yanez: II: 529, 706, 707, 708, 709 - III: 183 Pisa: 11:524 Pitkins, ...: 111:413,436,488,492 Pius VI., Papst: 111:385 Pizarro, Francisco: I: 592 - II: 447 III: 540,541 Pizarro, Gonzalo: II: 679, 695, 696, 697 Pliine(A. V. H.): 11:422 Planer,...: 111:294 Plantagen: 111:405 Platin: 111:202,203,204,541,629 Platte River: III: 258 Playfair, John: 111:161,281 Plée, Auguste: 111:504 Plinius, Gaius Secundus d. A.: I: 174, 313 II: 563 -III: 183, 247 Plinius, Gaius Caecilius Secundus d. J.: III: 22 Plutarch: 11:326 Plutonismus, modemer: III: 266 Pocken: 1:577 Podmanitzky, Joseph, Baron von II: 148 Podocarpus: III: 376 Pohl, Johann Emanuel: ITI: 228 Poinsett, ...: III: 396, 402 Poirson, Jean-Baptiste: 11:497 Polen: 1:390,524 11:55, 151,519 III: 90, 190, 197,494 Poh, Martino: I: 167 Pohtik, engherzige: III: 435 Polo, Marco: 111:539 Polynésien: 111:145,470 Polynesier: III: 400 Pombo, Don Ignacio: III: 123, 128, 204, 214 533, 534, 538, 553, 558, 559, 561, 568 Pommern: 111:532 Poncius, Johannes: III: 17 Pondichéry: 111:282,500 Pongo de Manseriche (Amazonas): II: 320, 640 III: 37, 199 Pongo de Rentema (Amazonas): II: 640 III: 199 Pons, François-Raymond-Joseph de: I: 298, 545, 571 II: 34, 71, 80, 116, 137, 170, 497, 643, 644,664 III: 67,99, 107 Pontes, Antonio Luis: III: 86 Register 679 Pontes (Pires de Syeva Pontes Leme), Don Antonio: III: 224, 225 Popayan: II: 459 Popocatepetl: II: 689 Poprad: II: 519,520-111: 197 Porphyrschiefer : II: 483 Portlock, ... : 1 : 499 Porto Cabello: II: 101, 104-106 Portugal: 111:357,358,362 Portugiesen: I: 522 II: 353, 397, 471, 472, 476, 497, 529, 532, 534, 535, 543, 568, 577, 596, 599, 617, 683 III: 56, 224,403 Portugiesisch-Amerikaner: III: 63 Portulan: III: 162 Porus, Kônig von Indien: II: 403 Posidonius: I: 292 Potomac: II: 643 Potosi: III: 254 Pouqueville, François-Charles-Hugucs-Laurent : III: 233 Pourret, Abbé Pierre-André : 1 : 48 Poussin, Nicolas : 11:382,596 Pozo, Carlos del: II: 128, 172, 188, 192, 201 Prârien: II: 149 Prâsidcnt der Missionen: II: 593 f. Prat, Don Narciso Coll y: III: 265 Pratz, Le Page du: III: 20 Predazzo: 111:258 Preisschwankungen (Zucker): III: 414 PreCburg: II: 148 Preston, ...: 11:702 PreuBe aus Memel, ein: III: 43 PreuBen: 111:330,358,397 Prévost, Pierre: I: 199, 251 Prichard, James Cowles II: 573 Priester Johannes: III: 157 Prinzen, drei junge des Hanses Orléans: III: 460 Profile (A. V. H.): 1:19,152,558,560 III: 142, 189, 270 Profil W. L. V. Eschweges: 11:716 Prony, Gaspard-Clair-François-Marie Riche, Baron de: 11:74-111:136,137,285 Proust, Joseph-Louis: I: 48, 265 III: 365,416 Provençal, Jean-Michel: I: 204, 206 - II: 177 Ptolemaer: III: 140 Ptolemâus, Claudius: 1:54-11:706 III: 172,615 Puerto Rico: 111:58,66,77,445 Puget, Edme-Jean-Antoine, comte du: II: 21 III: 369 Pugnet, Fray Francisco: II: 459 - III: 223 Puna: 1:327 Punkte, fùnf, die fiir Verbindung Atlaiitik - Siid- see in Frage kommen: III: 117 Purdy, John: III: 324, 329, 384, 502, 503, 505, 586 PuBta: II: 148 Puységur, ... de: 111:480,585 Pygmâen, die: III: 160 Pyramiden: III: 161 Pyramiden von Gizeh: 111:130 Pyrenaen : 1 : 604 II: 155, 323, 567 III: 195, 198, 215, 234, 252, 256, 257, 260, 369 Pyrrhus, Konig von Epirus: II: 378 - III: 457 Quarecas, die (schwarze Bevôlkerung) : III: 400 Quellen: 1:361,453 Quellen (Manuskripte, Karten): III: 224 Quellen des Orinoko : 11:508 Quellen, heiBe: III: 216 Quesada, Gonzalo Ximenez de: II: 454, 693, 695, 696, 697, 699 Quesada, Heman Perez de: II: 531, 679, 696, 697, 698 Qucvedo, ... : III : 498, 521, 522, 524 Quindiu: 111:534,572 Quinoa: 111:408 Quinquina: III: 101-102 Quinsay: III: 539 Quiros, ...: 11:707-111:113 Quito: I: 579 Raleigh, Sir Walter : 1 : 493, 495 II: 238, 291, 405, 447, 485, 486, 528, 530, 547, 555, 558, 623, 634, 638, 646, 647, 653, 680, 681, 682, 685, 687, 693, 699, 700, 701, 702, 703, 704, 705, 707, 713, 714, 716, 717 III: 12, 159, 175, 224,225, 227 Rarairez, . . . : 111:85 Ramirez, Don Alexandro: 111:408 Rarairez, Don Francisco: III: 365 Ramond de Carbonnières, Baron Louis-François- Elisabeth: I: 17, 46, 119, 143, 276, 284, 285, 286, 306 III: 191, 244, 284, 287, 294. 295, 300, 302, 303 305, 308 Ramusio, Giovanni Battista: II: 117 Rasse, afrikanische : III: 330 Rasse, amerikanische: III: 560 Rasse, germanische: III: 56 Rasse, kaukasische: 111:156 Rauber, berittene: 111:28 Rauchen, das: 11:622,623 Raumer, Karl Georg v.: II: 139, 145, 483 Ravago, ...: 11:672 Raynal, Abbé Guillaume Thomas François: I: 454 III: 393,399,426.427,428 680 Register Rea, Juandela: 1:490 Real Soeorro, Marqués del: 111:365 Redhead, ...: 111:85,197 Regen: I: 456 Regen tropischer: 111:39,238 Regenwasser-Temperatur: 111:513 Régente Visitador: 111:550 Reggio, ...: 111:526 Région der Palmen: 111: 346 Regnault, Henri-Victor: II: 302 Reich, Ferdinand : 111:626 Reinage, Juan de : Il : 92, 93 Reinwardt, Caspar Georg Cari: 111: 517 Reis: 11:475,506,590,669 111:429,434,602 Relation historique (A. v. H.): 1: 15, 28, 31, 40,224 11:449 III: 248, 547, 553, 580 Relief, das: 111:89,243,244 Relinchon, FeUx: 11:285 Remboldt, Heinrich: 11:698 Remusat, Abel: 111:172 Rennell, Sir James: I: 21 II: 159, 230, 655 III: 512, 521, 528 Rennie, George: III: 134 Rensselaer, Stephen van: III: 234 Requena, Don Francisco : II : 460, 462, 473, 497, 498 III: 185, 225 Resanoff, . . . : 1:499 Restrepo, Don José Manuel: III: 124, 205, 570, 608, 609 ReuC (Schweiz): 11:99 Revillagigedo, Juan Vicente de Gûeraes y Pacheco dePadilla: 1:573-111:119 Revolutionen der Erde (geol): III: 367 Reynel, Gomez: III: 403 Rhein: 11:515 Rhône: II: 388 Ribeiro, Diego : 1:321 II: 471, 486, 527, 707, 708, 709 Riccioh, Giovanni Battista: I: 275 Richard, Louis-Claude-Marie: I: 18, 367 II: 433, 560, 672 Richardson, John: III: 194 Richelsdorf (Riegelsdorf): 1:391 Richenet, Abbé: III: 292, 293. 305, 373, 374 Richeprev, •.. de: III: 449 Richer, Jean: 111:282,313 Richler SJ, Pater: 11:531 Richter, die: 111:569 Rickman, ...: III: 163 Rieux, Louis de: 111:561,569,570 Rieux, Louis Francisco de: III: 559, 561 Riffault des Hêtres, Jean-René-Denis: III: 410 f. Rigada, Don Juan Henrique de la: 111: 583 Rio, Andrés Manuel del: 11: 140, 300 Rio, Don José del: III: 362, 384, 467, 480, 581 582, 583, 584, 585, 586, 587, 588 RioAtrato: 111:534,535 RioBranco: 11:662 RioCauca: 111:204,205,534 Rio Colorado: II: 708 Rio Conorichite: II: 470 f. Rio Grande del Norte: 111:211 Rio de Guayaquil: II: 655 Rio de Janeiro: III: 265, 267, 348, 357, 371, 372, 373, 374 Rio Magdalena: 11:659,708 III: 140, 204, 205 Rio Negro : II : 466 (Farbe), 662 - III : 247 Rio Paraguay: 11:655,687 RioSinii: 111:530 Rio de Vicente Pinzon: II: 708 Rio de la Plata: II: 441, 654, 655, 658, 659, 688 III: 29 Rio Tapajôz: II: 688 Rio Tocantins: 11:650,654,688 Ripartimiento de Indios: 111: 476 Ritchie, Joseph: 11:526-111:4,500 Ritter, Cari: I: 523f. Il: 75, 450, 518, 525 III: 172 Rivero, Don Mariano de: III: 106, 124, 186, 187, 203, 215, 216, 217, 255, 257, 270, 281, 284, 296, 297, 300, 301, 302, 308, 313, 320, 548, 557, 579. 581 Robertson, William: 11:695-111:399 Robinson, Davis: III: 118, 125, 134, 436 Robles, Don Juan Pablo: 111: 125 Robredo, Don Antonio: III: 77, 303, 304, 365, 372, 373, 378, 380, 583, 584, 611 Rocharabeau, ...: 111:462,558 Roche, ...la: 111:261 Rocky Mountains: 111:245,252,258 Rodet, ... : III : 412, 425, 488, 491 Rodman. ...: 111:498,521,529 Rodney, Caesar Augustus: III: 70, 176 Rodriguez, Christoval: II: 172 Rodriguez de Elvas, Antonio: III: 403 Rodriguez, José: III: 193 Rodriguez, Don Nicolas: II: 683, 684, 706 III: 224, 225f., 226,414 RogerdeNyon, A.: 111:233 Rogers, ...: 111:469 Rom: 111:457 Roman, Pater Manuel: 11: 271, 276, 396, 532, 533, 534 f., 536 - 111: 185 Romay, Don Tomas (Autor): 111:393 Rosa. Bartholomâus de la : III : 582 Register 681 Rose, Gustav: 1:164-111:629 Rosily, ... de: 1:277 Rossel, Elisabeth-Paul-Edouard: I: 81, 257, 260, 261 II: 489- III: 361, 617 RoteUa S J , Pater ... : Il : 394, 629 Rotes Meer: 111:139,140 Rothenberg: III: 578 Roulin, François Désiré: III: 548, 581 Rousseau, Jean-Jacques: II: 67 - III: 15 f. Roussin, Albin-Reine, Baron: II: 649 III: 136, 329, 502, 586 Roxas, Don Clémente : 1 : 46 - III : 193 Roxburgh, William (?): II: 87 - III: 416, 417 Rozière, ... de: 11:300-111:258 Rûbenzucker: 111:418 Rubio, Faustin: II: 164 - III: 314 Rubruk, WiUem: 111:539 Riickkauf von Sklaven: III: 445 Rudolphstein: II: 100 Ruiz, Hippolyto : 1:48,218,437 Ruiz Blanco, Pater ... : 1 : 495 Rum; 11:44 Russen - RuCIand : 1 : 377 - Il : 496 III: 20, 57, 349 Russisch-amerikanische Companie: II: 443 Russische Reise 1829 (A. v. H.): III: 580 RuBland: III: 168 Ruysch, Hans: II: 706 Saaz: III: 53 Sabine, Sir EdwarcJ: III: 270, 277, 281, 284, 361, 503, 507, 508, 515, 528, 529, 586, 616, 617, 625 Sachsen: III: 36 Sacy, Antoine-Isaac Silvestre de: I: 489 - II: 500 Sago-Palme : II : 316, 652 - III : 4, 35 Sagra, Ramon de la: III: 600, 601, 604, 611 Sagunt: 111:480 Sahagûn, Bernardino de: II: 484, 589 Sahara: II: 146 - III: 37, 247, 257, 375 Saint-Crii q, comte de: III: 491 Saint-Hilaire, Augustin de: III: 84, 102, 228 229, 267 413 Salcedo, Diego Lopez: III: 138 Salinas, Marquis de: III: 141 Saline: I: 327 ff., 330 - II: 103 - III: 47 Salle, Gadifer de: 1:92 Salsen (Turbaco): III: 561-567 Sait, Henry: 11:324 Salz : 1 : 328, 329, 330 ff. - II : 431 f., 657 III: 105 Salzburg: I: 41, 265, 359, 391, 497, 610 II: 78, 203, 715 III: 318 Salzfluh: I: 423 Sammlungen (A. v. H.): I: 8, 9f., 12, 333, 530, 543 II: 250, 595 III: 2, 40, 42, 45, 53, 458-459, 576 Samojeden: 1:497-11:355 San Carlos: II: 632 San Fernando de Apure (^ Villa de San Fernan- do): 11:196,197,198 San José de Maravitanos: II: 473, 474, 477 San Martin Suarez, Don José de: III: 582 SanchezSJ, ... : III: 582 Sanchez, Francisco: II: 209 Sanchez, Miguel: II: 237 Sanchez Cerquero, Don José: III: 363, 385 Sande, weiBe und trockene: III: 467 Sandelholz: III: 145 Sandwich Insein — > Hawaii Sangay (Vulkan): III: 200, 201 Sankt-Bartholomaus-See (Berchtesgaden) : II: 78 Sankt Bemhard : 1:558-111:192,211 Sankt Gotthard: I: 332, 364, 556, 558, 585, 604 II: 99, 146, 565 III: 192, 248, 253 Sankt-Lorenz-Strom: II: 526 Sankt-Peters-Dom: III: 130 Sanskrit: 1:486-11:670-111:14 Sanson,Nicolas: II: 394, 455, 456, 461, 529, 531, 532, 681, 682, 685, 687, 703, 704, 707, 708, 713 III: 219, 226 Santa Clara, ..., Graf v.: III: 350 Santa Maria (Handelshaus): III: 360 Santander: III: 436 Santiago de Chile: III: 196 Sântis: 1:424 Santo Domingo: I: 571 - III: 376, 414, 418 Santos, Don Antonio: II: 469, 493, 529f., 571, 575, 577, 678, 683, 684, 687, 706, 710 III: 224, 225 Santos, Juan: II: 714 Saône: III: 125 Saratow: 111:629 SarsapariUe : II : 476, 478, 480, 481, 499 Satledsch: II: 526 Saualpe (Steiermark): III: 369 Saulen des Herkules: II: 569 Saussure, Horace-Bénédict de: I: 31, 142, 242, 243, 244, 246, 247, 250, 251, 253, 263, 265, 615 II: 78,483 III: 31, 191, 248, 292, 314, 317, 497 Saussure, Théodore de: I: 143 Savagi, ...: I: 141 Savanne(n) : 1 : 590 - III : 409 Say, Jean-Baptist: III: 336 Schamo (= Gobi): 11:279 682 Register Schande, ewige des christlichen Europas: .III: 403 Scharfenberg (bei Meiflen in Sachsen): II: 303 Scbauenstein: I: 557 - II: 31 Scheibenberger Hûgel: I: 89 Schelde: 111:32 Schick, Gottlieb: 11:556 ScbifT, ein amerikanisches: III: 55 Schiffsbauholz: II: 667 - III: 114 Schildkrote(n): II: 240-250, 401, 424, 626 III: 329,468,469, 503 f. Schilling, ...: II: 188 Schirokko: I: 582 Schlamm-Vulkane (Tiirbaco): III: 561-567, 627-629 Schlangen: II: 363-364, 436 - III: 530, 531 Schlegel, Friedrich: 1:24,486,506 Schlesien: 111:256,369 Schmidtmeyer, ...: III: 177 Schnarcher (Harz): 11:233 Schnee (auch -> neiges perpétuelles): III: 375, 378 Schneeberg (Franken): II: 100, 234 Schneeberge: III: 220 Schneegrenze (la limite inférieure des neiges): III: 195, 196, 197, 202, 211 Schneehôhe (Pico de Teyde): I: 124, 280 Schoepf, Johann David: II: 243 Schokoiade: 11:91,117-111:410 Schonau (Schlesien): II: 143 Schonberg (Sachsen): II: 12 Schonbrunn (Botanischer Garten): II: 39, 58, 89, 108 Schot, Josef van der: 1:41,42 Schotten: 111:535 SchotUand : III : 250, 330, 369 Schottw-yl (Schweiz): III: 257 Schousboe, Peder Kofod Ancher: I: 118 Schouw, Joachim Frederik: III: 526 Schreber, Johann Christian Daniel: II: 251 Schuster, ein spanischer: I: 339f. Schwaben: 111:208,248 Schwarzwald: 111:234,257 Schwarzwasserflùsse : II: 386 f., 388, 389, 391, 402, 404, 491, 500 Schweden: III: 114, 220, 358, 471 Schwefel: 111:534 Schweine: II: 330 f. Schweiz: I: 63, 357 f., 390, 406, 441, 604, 609, 610 II: 78, 144, 387 III: 206, 208, 227, 255, 257, 260, 465, 495 Scopoli, Giovanni Antonio : 1 : 428 Scoresby, William: III: 195, 510 Scribonius Largus: II: 179 Scylax: 1:172,173,203 Seaford, Lord -^ EUis, Charles Secta diabolica de Calvino y de Lutero: II: 672 Sedano, Don Diego José de: III: 422 Sedeno, Antonio: II: 230, 629 SedUeau, ...: 11:74 See von Gemunden (in Osterreich): I: 393 See von Tacarigua: II: 132 See von Valencia: II: 66-82, 217 Seen in den Anden: III: 208 Segario (Sardinien): III: 54 Segeberg (Holstein): 1:336 Seide: 1:405-111:433 Seine: 11:437,457,515,536,640 Seixas y Lobera, Francisco de: III: 582 Semarang: II: 612 Seneca: 1:297,313-11:326 Sénégal: 11:650,672 Sergeant, ein alter: II: 134f. Serpa, Hernandez de: 11:702 Serra, Almeida: III: 230 Serres, Marcel de: III: 306 Sessé y Lacasta, Martin: I: 48, 87 Severn (FluB in England): II: 655 Sevigné, Marie, Marquise de: II: 117 Sextant: III: 324 Seybert, ...: 111:178,492 Sforza, Galeazzo Maria: I: 341 Shuckburgh-Evelyn, Sir George Augustus William: 1:280-111:313 Siam: 11:523,524-111:501 Sibirien: 11:592,625 Siedler, slawische: III: 57 Siedler, weiUe: 1:462 Sierra Leone: 11:690 Sierra Nevada de Santa Marta: III: 559 Siesta: 11:622 Sigaud de la Fond, Joseph-Aignan: II; 172 Silberminen, reichste der bekannten Welt: III: 210 SUla, la (Caracas): I: 595-617 II: 434, 565 III: 253, 323, 325 SUva, Don Pedro de: II: 699, 700 - III: 584 Siméon le Sisanite: 11:653 Simocatta, Theophylactes: 11:326 Simon, Fray Pedro: II: 130, 453, 454, 527, 680, 693, 695, 703 Simonoff, Iwan: III: 277, 281, 284, 293, 294 Simplon: I: 332. 424, 564 - III: 192 Singapur: III: 290 Sitten, gesellschaftliche (Kuba): III: 440 Siwa(Oase): 111:257,258 Six, ...V.: 111:292 SiziUen: III: 57 Skandinavien: 111:24 Skelette (fast 600): 11:597 Register 683 Skioldebrand, Erik (?): 1:43,44 Sklaven, Sklaverei: I: 323-325, 443f., 512, 534, 535, 570f., 572 II: 43, 62, 64, 107, 118, 119, 126, 160, 228, 397, 487, 531, 533f., 539, 592, 605, 631, 642, 671 III: 17, 19, 58, 178, 179, 180, 330ff., 336, 346, 387, 388-406, 398 (!), 405 (!), 434, 435, 445-458, 483, 543, 544, 595, 596, 597, 598, 607, 611, 613 Sklavengesetze, englische: III: 454 Sklavensee, GroBer: II: 625 - III: 92, 194 Sklavenstaaten, atlantische: III: 80, 346 Slawisch: III: 174 Smaragde: II: 689 Smith,...: 1:639 Smith, Benjamin Barlon: II: 426 Smith, William Henry: 111:233 Sobrevieta, Pater...: III: 198, 240 Soerabaja — >- Surabaja Solano, Don José: I: 529 II: 51, 285, 296, 322, 359, 395, 397, 398, 399, 404, 437, 442, 445, 471, 492, 497, 498, 521, 535, 537, 543, 574, 677, 709, 710, 711 III: 184, 185,222 Soldat, ein alter: II: 542 Solinus, Gains Julius: I: 174 Solis, Juan Diaz de: II: 706 Sommer,...: 111:306 Sommer der heiBen Zone: II: 253 Sommerring, Samuel Thomas v. : II: 573 III: 157,628 Sonde thermométrique: I: 60 - II: 78 Sophismen: 111:399 Soto, Hernando de: III: 14, 399 Sotto, Don Nicolas: II: 210, 240, 333, 359, 474, 604f., 628 Sousa y Figueira, Don Gabriel de: II: 536 Southey, Robert: II : 448, 452, 453, 462, 529, 704 Souza, Pedro Alexandrino de: III: 86 Souza Coutinho, Don Rodrigo de: III: 186 Spallanzani, Lazzaro: I: 163 Spanier: II: 529, 543, 567, 568, 572, 577, 580, 617, 622, 623, 660, 665, 685, 691, 692, 693, 699, 703, 705, 714 III: 17, 56, 224, 403 Spanisch-Amerikaner: III: 63 Sparrmann, Andréas: I: 240 Speier, Georg v. (= Jorge de Espira): II: 451, 454, 679, 692, 693, 694, 696, 697. 698 Spix, Johann Baptist: III: 191, 228, 247 Splugen: 1:332-111:211 Sprache, spanische: 1:600 Sprachvergleich: I: 462, 463, 475, 477, 481, 482, 485, 486 II: 366f. -III: 172, 174 Staaten im Staat (Missionen): II: 668 Stadt, alteste Sûdamerikas: III: 541 Statistik: 111:336,390,398,399 Staunton, Sir George: I: 118, 166 Steatornis caripensis = Guacharo-Vogel: I: 416 -III: 259 Steben (Franken): I: 557 - II: 12, 143 Steetz, WUUam: 111:383 Steffens, Henrik : 1 : 336 - II : 24 Steierraark: 1:41-11:70,565 Steinbutter: 11:616 Steininger, Johann: III: 249 Steppen Asiens: 111:257 Steppen der Wolga: III: 35 f. Steppenflûsse: II: 75 - III: 242 Sternbilder, siidliche: III; 36 Stewart, Charles James: III: 411, 417, 436 Stewart, Isaac: III: 159 Strabo: I: 50, 53, 174, 324, 365 - II: 656 III: 474, 565 Strathallan, Vicomte de: III: 292 Streichen und Fallen: III: 50 Streitberg (Franken): II: 382 - III: 259 Strômungen, pelagische: III: 209 Stubb, Henry: 111:325 Studium der Géographie des 16. Jahrhunderts: III: 161 Stufen menschUcher Entwicklung: II: 428 Stukeley, William: 1:311 Styliten(Sekte): 11:653 Suares, San Martin : 111:461 Sudanneger: III: 400 Suez: I: 537 Suez-Kanal: III: 139, 145 Sumatra: 1:475-111:13 Sumbawa: III: 198 Sund, der: 111:131 Surabaya: 111:361,612 Surville,...: II: 285, 297, 437, 497, 508, 537, 543, 568, 575, 576, 579, 580, 677, 687, 688, 711, 712 - III: 184, 219, 225, 226 SiiBwasser im Meer: III: 474f. Swart, Olof: 1:181-11:131,377 Swinden, Jan Hendrik: III: 294 Sylva Pontes Leme, Don Antonio Pires de: III: 224 Syphilis: 11:480 System innerer Fliisse, ein: III: 242 Tabak: I: 381-384, 387, 467 II: 40, 77, 83, 260, 277, 475, 542, 552, 617, 622, 623, 647 III: 98, 99, 148, 349, 360, 366, 390, 401, 403, 420, 423, 426-427, 550 Tacitus, Publius Cornélius: I: 191, 502 II: 324, 574, 718 Tagebuch (A. v. H.): II: 250, 410 III: 322, 326, 509, 511, 513, 563, 577 684 Register Tahiti: 111:399,416,421 TaUedo, Don Vicente: III: 123, 124 Talweg: II: 514, 517, 519, 521, 522, 534 III: 237, 239 Taman: III: 565 Tamarinde: 11:328,329 Tamaron, ... (Bischof von Durango): II: 625 Tanner, Henry Schenck: III: 233, 234 Tardieu, Ambroise: III: 87 Tarentaise, la: III: 250 Tasajo: 11:647,648 III: 103, 115, 120, 326, 327, 347, 349, 415, 434, 439 Tataren: II: 502 - III: 18, 20, 156, 566 Tatra: 11:519,520-111:197 Taunus: 111:250 Te Deum: III: 185 Tee: 11:37-111:145,495 Tegemsee: III: 194 Telford, Thomas: 111:134 Tempelman, ...: IH: 168' Temperatur des Erdinnem: I: 430 - III: 379 Temperatur, mittlere: III: 518, 525, 527, 528 Teneriffa -^ auch Kanarisebe Inseln: I: 182-187 111:374 Tennessee: III: 62 Tenochtitlan : II: 506 Terra incognita : 111:226,231 Teufelsmauer (bei Wernigerode, Harz): II: 136 -III: 247 Texeyra, ...: II: 528, 530 Textures caverneuses des formations calcaires: III : 366-369 Theiss: 11:147 Themse: 11:655-111:144 Thénard, Louis-Jacques: II: 620 - III: 416 Theodektes: 1:502 Theokrit: 1:490 Theophrast: 1:631 Thibault de Chonvalon, Jean-Baptiste-Mathieu: III: 283, 290, 298 Thompson -^ Thomson Thomson, G.: I: 160, 161, 167 Thun: 111:209 ThunerSee: 1:424-11:78 Thuret, ...: 111:413 Thuringen: 1:428-11:25,194 III: 256, 257,258 Thûringer Wald: III: 257, 264 Tiber: II: 524 Tibet: 11:564,594-111:168 Tibet, das, der Âquinoktialregionen der Neuen Welt: III: 201 Tiere : I: 8, 9, 10, 19 f., 204, 222, 223, 289, 295, 296, 301, 303, 304, 305, 338, 339, 342, 344, 345f., 371, 387, 388, 389, 416f., 438. 439, 440, 453, 457, 480, 534, 535, 541, 545f., 612 II: 24, 38, 39, 79, 80, 81, 86, 87, 88f., 91-93, 96, 100, 106, 118, 132f., 162, 163, 165, 166, 170-172, 173-190, 191, 192, 193, 195, 199,200,201,202, 210, 212, 215-218, 219, 220, 221, 222, 223, 224, 225f., 227, 228, 229, 231, 236, 240-250, 251, 252, 253, 255, 256, 257, 263, 264-268, 270, 281, 282, 288, 289, 314, 328, 329, 330-351, 363f., 374, 375, 384, 390, 401, 402, 403, 404, 405, 406, 413, 415, 416, 428, 430f., 432, 433, 434, 464f., 466, 467, 468, 469, 472f., 491, 493-495, 499, 503, 507, 508, 510, 513, 544, 546, 552, 553, 554, 556, 557, 558, 560, 561, 583, 584, 586, 590, 594, 595, 597, 599, 600, 601, 604, 605, 606, 617, 618, 624, 625, 626, 640 f., 669, 691, 708 III : 2, 4, 22, 23, 29, 34, 36, 41, 44, 45, 50, 89, 103, 104, 110, 115, 121, 130, 143, 144, 158, 259, 324, 368, 409, 461-465, 468-470, 472, 475, 477, 482, 503f., 510, 552, 559, 560, 564, 573 Tiergeographie: 111:263 Tierra caliente: 111:30,100,214 Tierrafria: 111:30,100,101 Tierra templada: III: 100 Tierras huecas: III: 562 Tierras olorosas : 11:617 Tillard, ... (capitaine): I: 171 Timbuktu: II: 149, 197, 540 - III: 23 Tippo: 11:396 Tirol (auch SùdUrol): 1 : 356, 390, 497 II: 70 III: 37, 194, 209, 246, 252, 256, 262, 264 Tiroler, die : 1:497 Tiscar, ...: 111:553 Titicaca-See: III: 197, 208, 209 Titien -^ Tizian Tizian (=Tiziano Vecelli): 11:596 Toaldo, Giovanni: III: 310 Tobolsk: 111:92,626 Todd, Robert BenUey: II: 174, 188 Tofino de San Miguel, Vicente: I: 53, 83, 288 III: 552 Tomate: II: 82 Tomsk: III: 616 Tooke, Thomas: III: 267, 414, 484 Torero, der: II: 642 Toro, zwei Briider des Marquis del: I: 36 - II: 51, 76, 89,92, 115 Torre, ... Marquis de la : 111:350,392 Torre, Fray José Antonio de: 11:275 Terres, Don Manuel: III: 101 Torricclli, Evangelista: III: 281 Toscana: III: 579 Toumefort, Joseph Pitton de: I: 227 Tovar, Don Domingo, comte: I: 536 — II: 51, 54, 58, 88 Register 685 Trail, ...: 111:284 Tralles, Johann Georg : 1:625 Trauben, wilde: 111:427 TrauUée, ...: 1:118 Trembley, Abraham: 1:280,284 Trierer Land (Gebiet von Trier): II: 653 Triesnecker, Franz v. : 1 : 288, 510 - III : 582 Triest: 111:413 Trinidad: 1:452-111:428 Trockengemûse : III: 434 Trockenheit: I: 365 Tromben, die: III: 326 Tropen: III: 371 Tropengewitter: II: 358 Truguet, Laurent-Jean-François: III: 569 Tschandernagor: III: 282 Tscherning: III: 53 Tschugassen, die: 111:157 Tschuktschen: 1:499 Tuckey, James Kingston: II: 158, 233, 252, 300, 309, 320 III: 77, 145,281,376 Tumbach (Franken): 111:366 Tunguragua: III: 565 Tungusen: I: 458 Turbaco: III: 558, 561-567, 627-629 Tiirken: 1:498 Typhus: I: 550£f., 588f. - III: 39 Ûbergewicht der Frauen: III: 357 Ubite, Fray Juan de, Bischof: III: 385 Ugarte, Don Tomas de: III: 304, 381, 583 UUoa, Don Antonio de: I: 589, 623 - II: 133 III: 125, 183, 185, 313, 480, 504, 547, 553 Unabhangigkeitsbewegung : I: 561 f., 574 f., 591 Unalaska: 11:496 Unanue, HipoUto : III : 290, 291 Unendlichkeit des Raumes: III: 33 Ungarn: II: 519 Ungarisch: III: 174 Upsala: 1:564 Ural: 11:482-111:615 Urijino (Japan): 11:98 Urpin, Juan de : 1 : 329 - III : 38, 39 Urquijo, Don Mariano Luis de : 1 : 46 II: 497, 499 f. III: 183, 561, 569, 570 Urquinaona, Pedro de: III: 103, 110, 265 Urre, Felipe de -^ Hutten, Philipp v. Ursua, Pedro de: II: 130, 527, 680, 698, 699 111:227 Uruguay: II: 654 Ustariz (Familie in Caracas): II: 51, 55 V....a, ...: II:630f. Vaccine: 1:577-11:304 Vachacos (schwarze Ameisen): II: 412, 472, 500 Vadillo, Juan de: III: 536 Vahl, Martin: 1:368 Val d'Abbeville, P. du: II: 713 Valdès, ...: 111:179 Valdés, Don Pedro: III: 387, 552 Valenciana (Mexiko): III: 135 Valenciana, Graf de la : III : 141 Valenciennes, AchiUe: II: 225 - III: 577 Valor, Pater Francisco: II: 509, 590 Vancouver, George: I: 65 - III: 43, 179 Vanille: 11:124,384,600-111:102 Varela, Don José : 1 : 83, 1 18, 132, 277, 278, 279, 280, 285, 287, 288 III: 73, 185, 241 Varela y Ulloa, Don Pedro: III: 399 Varin, ...: 111:281 Vater, Severin: 1:24,193,481,504 II: 355,621-111: 22, 172 Vaucher, ...: I: 75 Vaugondy, Robert de: 11:682 Vauquelin, Nicolas Louis: 1:9,134 II: 85, 111, 113, 130, 552, 609, 613, 614 III: 53. 187 Vega, Félix Lope de: 11:445 Vejuco de Guayca: 111:3 Velasquez, Don Diego: III: 387, 399, 400, 462. 466, 474, 476 Velasquez y Cardenas de Léon, Joaquin: III: 582 Venezianer: 1:342,345 Ventura,...: 1:192 Vera, Domingo de: II: 699 Vera Cniz: 11:645 Vereinigte Staaten von Amerika : III : 30, 57, 58, 61, 70, 71, 177-183, 427, 429, 434, 436, 441, 451, 453 Verengung von Fliissen: 111:204,205 Verfiigung, konigliche, vom 22. April 1804: III: 402 Vergleiche (A. v. H.): I- 83, 152, 546, 556, 559, 564, 591, 622 II: 31, 51, 67 (!), 73, 118, 128, 148, 151, 230, 279, 285, 392, 417, 655, 712 III- 87, 88, 91, 94, 95 (!), 96, 99, 101, 138, 189, 191 195, 231, 232, 234, 236, 258, 263, 268, 277, 305, 307, 314, 318, 330, 336, 363, 365, 371, 373, 397, 407, 410, 417, 429, 441 (!), 465, 469, 495f, 552 Vergleich von Breitenbestimmungen Humboldt-Boussingault: III: 257 Vergleich Kolonialzucker - Rubenzucker: 111:422 Vergleich der Zuckerinseln (Westindien) : 111:411 686 Register Verguin, Jean- Joseph: I: 276 Vermessung, trigonometrische: III: 27 Vernon, Edward: III: 548 Versteinerungen : 111:248 Verteidigung, militarische : II: 645-647 III: 383 Verteilung der Pflanzen: I: 356, 602 f. II: 87, 384 f., 593 Verteilung der Tiere: 11:404 VerteUung der Warme: III: 232 Vertrag von London 1818: III: 87 Vertrag von Tordesillas: 11:441 III: 183, 184 Vertrag von Utrecht: II: 708 - III: 86, 184 Vertrag von Washington 1819: III: 87 Vertreibung der Mauren: III: 399 Vespucci, Amerigo : 1 : 328, 485 II: 706, 707 III: 12, 183, 538, 539, 540, 541 Vesuv: I: 394, 427 II: 14, 15, 16 -III: 262,- 565 Victor, Marqué ->• Marqué-Victor Viedma, Don Francisco de: III: 197 Viera, ...: 1:169,173,179 Vigil de Quinones, Don Joaquin: III: 396 Villa de Upata: 11:669 Villalpando, Luis: II: 702 ViUanueva, Graf v.: III: 604 Vince, Samuel: I: 625 Vinland: III: 156 Virgil (Publius Vergilius Naso): II: 364 Virginia: 1:429-11:623 Vives, Don Francisco Dionisio: III: 593, 608 Vôgel: I: 145 Vôgel, gesammelt von Humboldt und Bonpland: III: 45 Vogesen: 111:234,250 Volcancitos: III: 560 Volney, Konstantin-François-Chassebœuf, Baron de: 1:33,67,481 II: 258,439 Volta, Alessandro: II: 187 - III: 318 Voraussagen: 111:97 Vorurteile, theoretische : III: 206 Vulkane, Vulkanismus: I: 12,41,84,88,96, 101, 102, 112f., 116f., 126, 129, 130, 132, 133, 136, 138, 147 ff., 151 ff., 174 f., 176-180, 316, 394 f. II: 2, 3,4, 5-28, 452f. III: 193, 203, 210, 220, 254, 262, 264, 265, 369, 560-567 Vulkanismusstreit: III: 560 Vulkanitat des Gesteins: 111:193 Waag: 11:519,520 Wabash: III: 119 Wachs : III : 409, 427, 477, 602 Wafer, Lionel: III: 125 Wahlenherg, Goran: 1:227,228,431 II: 341, 519 -III: 234 Walckenaer, Charles: 11:706 Wales, William: 1:228-111:521,529 Wallace. James: I: 72 Wallcnstein, Jules de: 111:306 Walsh, Robert: II: 184 - III: 451 Wanderungen: I: 3, 18, 72, 118, 317, 454, 458, 467, 495, 534, 601 (!), 602 II: 90f., 315, 317, 345, 371, 374, 440, 464, 467, 588, 625, 670, 693 III: 7, 8, 9, 13, 14, 24, 157, 158, 161, 172, 247, 377 Warden, David Bailie: III: 159, 180, 181 Washington: 11:643 Wasserfalle : Atures II: 292 Maypures II: 292 Tequendama II: 291 Wassermelonen: I: 456 Wasserscheide: III: 158 Webb, W. S.: 111:191,192 Weichsel: 11:515,708-111:197 Weimar: 1:524 Weinbau: 111:58,427 Weiss, ...: 1:265 Weifle: I: 474, 561 f., 574, 592, 593 II: 89,95, 342,576, 580, 700 111:483 WeiBwasserflusse: II: 387, 388, 389, 402, 404, 491, 492, 500, 574 Weizen: 111:427 WeUs, ...: 111:373 Welser, die : 1 : 389 - II : 689, 698 Wendestunden (heures tropiques): III: 287 Werra (= Weser!): II: 520 Werner, Abraham Gottlob: I: 155, 427, 483 II: 491 - III: 248 Weser (= Werra!): II: 520 Westerwald : III : 250 Westfalen: 111:37,262 Whittle, John: 11:686 Wied, Maximilian Prinz zu: II: 584, 593 III: 228 Wiederstedt (Thùringen): 111:257 Wiege der Menschheit: III: 539 Wieliczka (Polen): 1:335 Wien: 11:633-111:318 Wiener KongreB: II: 708 - III: 86, 226, 451 Wilde, der, die: I: 460, 476, 529, 611 - II: 97 WiUdenow, Cari Ludwig: 1 : 25, 181, 187, 367, 397 II: 40, 82, 433, 549, 620, 672, 673 III: 102,427 Williamson, ...: 11:180,189 Wilmot -> Horton Register 687 WUson, ...: 111:373 WUson, ...: 111:523 Wimraelburg (Sachsen) : 1 : 429 - III : 578 Wissenschaften, exakte : 1 : 594 Withmore, ...: 111:423 Witt Clinton, ... de : III : 1 56 Wôlfe: 111:462 Wolga: 11:147,148,151,708-111:36 Wolken: 11:582-111:511 WoUaston, William Hyde : 1 : 625 - III : 187, 480 Wunsiedel (Franken): I: 423 Wiisten: 111:32,35 Xalapa (Mexiko): 11:645 Xavedra, ... de: 11:42 Ximenez, P. Fernando: III: 22 Ynciarte, Don Felipe de: 11:635,665 Yngenio(s): 111:414,415,419,420 York(county): 1:419 Young, Thomas: 1:313,623-11:324 Yrisarri, ...d': 111:70 Ysasi, Don Joaquin: III: 321 Yturbiri, Mathias: I: 396, 397-398 Yturbur, Don Mathias : 11:640 Yucatan: II: 623, 706 - III: 473, 474, 477 Yungas: 111:195 Zach, Franz Xaverv.: 1:26,280,365 III: 362. 385, 582, 585 Zamang del Guayre: II:58f. Zambo(s): II: 57, 64, 127, 543, 554, 642 III: 16, 449, 530f., 532, 534, 558 Zambo, ein : 1 : 508 ff. - III : 28 Zambo, ein (Humboldts Begleiter): III: 543 Zanoni, ...: I: 152 Zea, Pater Bernardo : II : 257, 258, 288, 298, 308, 331, 334, 352, 354, 358, 410, 468, 472, 473, 494, 511, 594, 595, 602, 603, 605 Zea, Francisco Antonio: II: 664 - III: 78 Zenitalregen : II: 661, 662 Zerepe (ein junger Indianer, Dolmetscher Humboldts): II: 269, 595f. ZerepesFrau: II:595f. Zerstôrung kleiner Wàlder: 111:370 Zeugnis der Geschichte: III: 399 Zigarren: 111:426,427 Zigeuner: III: 13 Zimt: 1:405-11:679 Zinnwald: 11:238 Zinzendorf, Nikolaus Ludwig Graf v.: I: 413 Zipangu: III: 539 Zipaquira : 1 : 334, 335 - II : 694, 696 Zisterne: I: 344 Zitrone (Baum u. a.): 111:370 Zoblitz (Sachsen): 11:40 Zobten (Schlesien): 11:143 Zodiakus: II: 661 Zonen Venezuelas, drei: 111:102 Zucker, Zuckerrohr: I: 399. 412, 452, 454, 586 II: 32, 42, 43, 44, 53, 55, 58, 70, 77, 86, 89-92, 94, 119, 121, 125, 211, 212, 384, 506, 545, 590f., 648, 669 III: 58, 80, 98, 100, 101, 106, 370, 371, 376, 390, 397, 401, 408, 409, 410 (!), 412, 413, 414, 415, 416, 429, 480, 482, 484, 564, 598f., 612 Zuckergewinnung : Maschinen III: 418f. Verbesserungen III: 416 Zuckerkisten: 111:421 Zuckerpressen: III: 409, 418 Zuckerrûbe: III: 495 f. Zuckerrûbcnfabriken : III: 418 Zuckerverbrauch Frankreicbs: III: 491 Zuckerverbrauch und -ausfuhr GroDbritanniens : III: 486-491 Zuckerverbrauch der U. S. A.: III: 491 f. Zukunft: III: 389 (politisch) Zusammentreffen der drei Conquistadoren 1538: 11:696 Zypern: 111:256 688 Reproduktion und Druck: Omnitypie-Gesellschaft Nachf. Leopold Zechnall, Stuttgart Gebunden von der Grolîbuchbinderei Sigloch, Kunzelsau University of Calltomla SOUTHERN REGIONAL LIBRARY FACILITY 405 Hllgard Avenue, Los Angeles, CA 90024-1388 Return this materlal lo the library from which It was borrowed. tî /^ 1 / yÇ SOUTHERN REGIONAL LIBRARY FAClUTY A 000 714 432 2 UC IRVINE LIBRARV 3 1970 01630 8212 /rMMffiiiiffiiSi-"-