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LES MOTS FRANÇAIS
DÉRIVÉS DE L'ARABE
TOUS DROITS RESERVES
REMARQUES
SUR LES
MOTS FRANÇAIS
DÉRIVÉS DE L'ARABE
PAR
HENRI LAMMENS S. J
^^^
\^-^*
BEYROUTH
IMPRIMERIE CATHOLIQUE 1890
2.I-/6 L3
PREFACE.
Nous devons au lecteur quelques mots d'explication sur le but et la méthode de ces Remarques,
Comme le titre l'indique, ce n'est pas ici un Glos- saire étymologique des mots français d'origine ara- be. Nous n'avons pas voulu refaire ce qui avait été très bien fait avant nous. Nos prétentions sont plus modestes ; les voici : appeler l'attention sur quelques étymologies nouvelles, renforcer les anciennes d'arguments nouveaux, relever quelques erreurs, enfin soumettre au jugement bienveillant des philologues certaines hypothèses, sim- ples éléments de problèmes étymologiques, que les éru- dits parviendront sans doute à élucider pleinement.
Quant à la méthode, nous n^'avions qu'à marcher sur les traces des Engelmann, des Dozy, des Devic Le pre- mier travail de l'étymologiste, disent ces illustres maîtres, est de « démontrer que le mot arabe^, dont il s'agit, a été employé dans la même acception que son dérivé ro- man » (i). Pour cela les dictionnaires existants sont d'une
(1) Engelmann.
VI,
regrettable insuffisance. C'est surtout en arabe qu'il faut se rappeler que « le dictionnaire est une source, où il est bon de puiser, mais où il est facile de se noyer. «Et quand même un lexique arabe fournirait toujours un sens bien précis, «au lieu de cette surabondance de formes aux significations vagues et contradictoires,» (i) il ne donne aucun renseignement sur l'âge du mot, sur ses acceptions particulières aux différentes époques et dans les diverses contrées de langue arabe; tous renseignements indispen- sables à qui s'occupe d'étymologie orientale. C'est donc dans les glossaires spéciaux, dans les écrivains arabes eux-mêmes qu'il faut aller chercher, et avec ces données éparses reconstituer, comme on peut, l'histoire d'un mot. Aux lexiques, aux auteurs nous nous sommes permis de joindre les dialectes vulgaires, trop peu explorés jusqu'ici et avec lesquels un séjour de plusieurs années en Orient nous a quelque peu familiarisé. Bien souvent cette com- paraison nous a apporté lumière et secours.
A la suite de Dozy et de M. L. de Eguilaz, nous n'a- vons pas craint de grossir notre liste de certains mots, qui ne sont plus usités, mais qui l'étaient encore au siècle dernier, et dont plusieurs ont été accueillis dans le
(1) Marcel Devic.
VII.
Supplément de Littré. Il semble que faisant le relevé des emprunts faits par le français à la langue arabe, nous n'avions pas le droit d^exclure ces mots de notre recueil.
Enfin nous avons essayé dans une Introduction d'établir les changements subis par les lettres arabes en passant dans le français. Peut-être nous saura-t-on gré de ne pas nous être laissé arrêter par l'autorité du regretté Mar- cel Devic, qui croit ce travail « bien difficile et ne pou- vant, ce semble, conduire, à aucun résultat positif. » (i)
Notre essai serait sans doute moins imparfait, si au désir de contribuer, dans la mesure de nos forces, à l'avancement de l'étymologie française, nous avions joint quelque chose du profond savoir et de la vaste érudition de nos illustres devanciers.
Université S^ Joseph de Beyrouth^
le 8 Décembre 1889.
(1) Ces éléments de phonétique, quoique moins précis que pour l'es- pagnol, peuvent être utiles à l'étymologiste et au lecteur: à l'étymolo- giste d'abord, qu'ils empêchent de s'écarter trop loin ; au lectem*, qui accepte plus facilement une permutation appuyée sur des exemples. Quand on a vu que le ^ est transcrit f et que l'insertion de r est fréquente dans les mots d'origine arabe, on est tout disposé à admettre que fabrègue par ex. dérive de .i^: .
INTRODUCTION.
Changements subis par les lettres arabes en passant dans le français.
I
CONSONNES (i).
Dans les quelques règles, qui vont suivre, sur les chan- gements des consonnes arabes, le lecteur remarquera facilement des analogies frappantes avec les lois phoné- tiques, qui ont régi la transformation des mots latins en mots français. Nous en relèverons quelques-unes au pas- sage. Ainsi les mutations successives, qui ont produit brodequin eX. matelas par ex., s'expliquent naturellement, quand on sait avec quelle facilité / devient r, et vice versa. Si nous ne nous abusons , cet accord des règles de la
(1) Notre système de transcription pour les lettres arabes est celui de l'Imprimerie Catholique de Beyrouth, excepté poui' les lettres suivantes; dj que nous représentons par th, ^ par kh, ^ par gh, j par ou et 2u. Nous n'appliquons pas non plus notre transcription à certains noms propres très connus et pour ainsi dire francisés. Nous avertissons aussi que pom* les mots espagnols nous n'avions pas à notre disposition certains signes ortho- graphiques d'un emploi assez fréquent.
IX,
phonétique, pour des mots appartenant à des langues d'ailleurs si diverses, prouve que ces règles reposent sur des bases vraiment solides. Nous y trouvons aussi une nouvelle justification de l'essai que nous allons produire.
(hamzé).
Cette lettre n'est pas rendue dans les mots arabes ayant passé en français. La raison en est bien sim- ple : dans le dialecte vulgaire, le hamzé ne se fait pas sentir. Le peuple dit s'^* au lieu de Sly; lu?- au lieu de Ui>. etc. (V. Bâsim le Forgeron, Manuscrit de l'Univer- sité de S. Joseph à Beyrouth, pass.) Une tendance ana- logue existe même dans l'arabe classique. Cfr. JL inter- roger et jL même sens; ^^-^ et ^ ^ ^\j (i) il^U etc. qu'on écrit et prononce avec ou sans hamzé.
C'est l'application du principe appelé par les philolo- gues «principe de la moindre action». En arabe il tend à simplifier la prononciation de certaines lettres; du ham:{é il fait un alef^ du thâ un M, du àâl un dâl, etc.
(1) Je vois cette même tendance dans ùI«-lI,o'j\' etc. Les règles du ^ ou changement du hamzé n'en sont que l'application pratique.
X.
Dans la transcription, ce principe fait omettre des fettres, comme lej- et le rpcir ex.; ou remplace par d'autres sons certaines lettres, dont rémission est trop pénible etc.
Le ^ initial reste b : burnos, baldaquin. Assez souvent il est transcrit^ (i): papegai, patagon, pataque, pastèque. Il est devenu m dans marmite, mérinjane, (Comp.O^-Ail* et ùljJla formes de ^\jJù ); et v dans vérin.
Le ^ médial reste habituellement b : chebec, abricot, habzéli. Il devient aussi v : javari^ alvarde , avicenniée, civette, maraxite (vieux franc,]; ou p: roupie, ripopée, épicerie, épinard etc.
Le ^ final est transcrit b : [ardeb ( mesure, de ^^ji ardab),nabdb; ou p: sirop, ripopée, chaloupe. Il est devenu n dans alcaron (changement fréquent dans les mots espagnols dérivés de l'arabe); v dans alcôve, a- dive ; g dans carouge. ( Voy. ce mot ).
(1) Scheler ( Dict. étymol. art. papegai) prétend que «le b arabe ne devient jamais p en roman.» Dozy et Eguilaz sont d'un autre avis.
XL
Cette lettre éprouve peu de variations : au commence- ment et au milieu^ elle est transcrite par t : tarif, térénia- bin, turbith. Dans carquois elle aurait permuté avec c. A h fin on la rend aussi par th : alancabuth.
Exception: caramoussal ou O est devenu /; mais on trouve aussi caramoassat, ( Voy. ce mot. )
Le ta marboûia (signe d'unité ou du féminin) a dans la langue vulgaire la valeur d'un ê et quelquefois d'un a ( surtout en Egypte ). Il est rendu de même en français :
é fermé: café, atlé, validé^ vilayet (i), zilcadé.
a : curcuma, chachia, almagra.
Vé fermé quelquefois s'adoucit en e muet^ comme dans calife, matamore ; d'autres fois le ta est omis, ex : ca- phar (2). Dans sourate (chapitre du Coran, de (3) %jy^) au contraire il est par trop mis en évidence.
(1) Le t final est censé représenter le cj par lequel les Turcs rempla- cent le td marboîda; quelquefois ce dernier est transcrit eh: zaptieh.
(2) De ojLâi(Voy. Ousâma Ibn Monqid. Edit. Hart. Dérenbourg p. 59 et Ibn Hauqal. p. 18 ).
(3) Et non « verset du Coran», distraction échappée à Devic. Voltaire a dit « le sura » ; la suppression du t est logique, mais non pas le masculin. Il fallait dire avec Trévoux « siirn ou sure^ s. f. »
XIÎ.
Celte lettre, prononcée par le peuple O /, rarement ^
^ (i), est rendue de même : thuban, atlé, métel, ataur (cons-
stellation, de jjîll a^A"/Aawr, le taureau), bagasse. Comp.
> pour Tarabe écrit: Zj} et L>y • Z^^\ etvlj/L etc.
Exception : ahidel, ou vl> est devenu d. On aura dit
d'abord a/w/^/ ; de JWl a/-owMa/, même sens. «Les alu-
dels sont des pots sans fin, joints ensemble dont on se sert
en chymie. » ( Nicol. L'Emery). Mais jamais le vl>
n'est rendu par g, comme le voudrait Dozy. Ni en
espagnol, ni en français on ne connaît un seul exemple
de cette transcription ( V. Girbe).
(1) Comparez Ottoman, nom de peuple: Ottomane, grand siège sans dossier; Osmanieh, décoration turque. Tous ces mots dérivent de jLil ^othmân, fondateur de la dynastie des Ottomans. On lit t_,^taub, habit, au plui*. tjLJi atidb, dans l* Histoire de Habqdr le philosophe, visir de Sanhdrîh, (Manuscrit de l'Université S. Joseph.) Cette histoire ou plutôt ce conte dans le genre des 1001 Nuits est en dialecte syrien. I/inspiration est évidemment chi'étienne et probablement libanaise.
Xllf.
Au commencement du mot, cette lettre (i) est rendue par g (doux) : genette, gerboise; j : jambette, jarre, javari, jonque; iy: djérid, djinn. Cette dernière transcription a lieu surtout dans les mots, qui ont passé en français sans modification sensible. Comparez encore: hadji, redjeb; l : zédoaire, zinzolin, zerda (2). Dans les historiens de la croisade le nom de la ville de Gebail C jJ?- ) devient Zebaris, Zebari, Zebar»
Le r. médial devient g (doux): almargen, bougie, dame-jeanne; ^(dur): narghilé, degré; ^: azamoglan. ( V. ce mot. ) arzel (3); ^ dans mosquée.
(1) On sait que le ^ gim est prononcé ghim au Caire et dans la Basse- Egypte. Au rapport de Moqaddasi, à Aden (ù'at) on faisait du ^ un ^J kâf: «jô çWj v^ ^r^J ûM:j6ir^l ù>U?ci^» (p. 66. 1. 13). Un autre ma- nuscrit dit j qàf, au lieu de :iJ . Ù paraîtrait que le Prophète lui-même au- rait quelquefois donné au ^ la valem* du iî . ( Ibid. ).
(2) ^ et j 2 permutent dans le vulgaire encore plus que dans l'arabe écrit. Dans sa remarquable Etude sur le dialecte de Damas, Mgr. David donne plusieurs exemples de ce changement. ( V. p. 12 ).
(3) Comp. encore azar nom que les alchimistes donnaient à la pierre; de _^s^ hagar, pierre. Item azazeze de ^L>j3l .
XIV,
Le rjinal devient g : auge, barge, asangue, constel- lation de la Lyre (de f^\ as-sang, la lyre); plus rare- ment ch (i) et c: bardache, doronic, (le Mlnhâg écrit fjj^) belléric, emblic, cétérac (2).
Cette aspiration, ou plutôt cette expiration très forte, est le plus souvent omise : Alep, assassin, alcool (3) autre- fois alcoholj matelas. Quand on veut la rendre, on se sert habituellement de h : habzeli, helbe, houka, fomalhaut, moharrem , fellah ; quelquefois de / ( à l'imitation des Es- pagnols ) : fabrègue ( V. ce mot), alquifoux ; plus rarement dec^q: câble, raquette, mistic, écrit aussi mistique; dech:
(1) Comparez chaloupe; ZèJù baqcha et ï^ baqga: ^ et^}ii,:^j wachch pour *>j vjagh, visage. Bâaim (texte égypt. ) a toujoui's* ^^, Jlj leur visage, pour ^,4+î.j , contraction bien natui'elle.
(2) Plante qu'on nomme aussi daurade; de ,^^44^ chîtarag, « cresson» ou passerage à larges feuilles; dentelaire de Ceylan». ( Sanguinetti ). Ce mot assez mal expliqué par Freytag désigne un remède et une plante. (V. notre manuscrit du Minhây d'Ibn Oazla). Il y a aussi iiJiaÀ^ chatrak, (Devic) que je n'ai pu retrouver dans nos manuscrits.
(3) De jsJîQl al-kohl, poudre d'antimoine. «Du noii' à noii'cir, qu'ils appellent kool et qui est fort estimé parce qu'on s'en sert pour noircir les yeux et les sourcils. » ( Lettres édifiantes. I. 602. ) D'après le Dictionnaii'e de Trévoux l'alcool s'est dit aussi d'une poudre très subtile et presque impalpable. ( Voy. aussi Pharmacopée Universelle par Nie. L'Emery ).
XV.
malech, maleck, noms donnés par les alchimistes au sel, (de ^'t. mil^j même sens), kochlani (race chevaline de l'Arabie), de jM^ kahlânî, ou kohlânî,Y. Dozy. Supplém.
Le f initial est rendu habituellement par kh, k^ c, ck (dur) : khan, khandjar, ketmie, khazine, calaf, calife, ca- roube, chalef, cheiranthe ; quelquefois par g : gala, galan- ga(i);parA, dans quelques mots très rares venus par l'intermédiaire du turc, comme hatti-chérif, et han, va- riante orthographique de khan. Ajoutez mohair a ^ contrat usuraire , de l'arabe S^l^ mokhâtara , chance , risque , danger.
Khâ médiat devient c, k, q - camocan, moka, molequin, nuque; f (changement fréquent en espagnol): alfange, fanfaron ; g : bagasse, magasin, estragon; cA dans Achernar
Khè. final devient ck^khyq: lebbeck, cheikh, rock, pastèque.
(1) V. Dozy. Glossaire des mots espagnols dérivés de l'arabe p. 13.
XVI.
Cette lettre est assez constante, et se rend habituelle- ment par d au commencement et au milieu des mots, rarement par/, comme dans targe, tartre. A la-Jin elle est rendue par d, t, c^ q\ alphard, caïd^ nébulasit, kalbéla- sit, mulâtre, baldaquin, turbith, luth(i), zibeth.
Cette lettre, qui correspond exactement au 8 des Grecs modernes (2), est prononcée par le peuple dj plus rarement
(1) De iyi\ al-^oûd, même sens: / initial est un reste de l'article arabe, qui s'est soudé au substantif Comp. lierre ( du lat. hedera ) autrefois Vîerre et Vhierre. Dans les mots d'origine latine d devient aussi t : Comp. dont [deunde ), souvent [subinde ) etc.
(2) Dans les mots qu'ils ont empAintés aux Grecs, les Ai*abes rempla- cent le ^ tantôt pai* ^ tantôt par i . L'examen des formes les plus ancien- nes, celles des poètes antéislamiques , est plutôt favorable à la première prononciation. Ex: j^:^ dUryiog, trJ->-^ xopÔQog, J^ (V- fonde), ^«^13 mdog, -^jfj (Tlinoaydos • Plus tard c'est le î qui domine: îljiv , :u;jJb^ Mvydovla. Al-Bii'oûnî écrit oil» et o^l» ishaiScov)' Appliqué à d'autres lettres, ce travail de comparaison pomTait jeter quelque lumière sur la question si controversée de la prononciation grecque.
XVII.
^(i), subit en français les mêmes transformations: d, Lataquié, (iïSV) prononcé en Syrie Lâdequié, adive, dénab, jarde, bédégar, barde, doura (2); ^, muezzin, zufa- gar (épée d'Ali; de jlliJIjS àoû'lfaqâr].
Exception : avives.
Cette remarquable uniformité dans la transcription française (3), employant constamment, à part deux ex- ceptions (4), le d comme équivalent du S peut servir à fixer un détail de phonétique arabe. La prononciation dâl est ancienne (Voy. au mai Dénab. ) Il est probable qu'elle a été longtemps la seule en Syrie, en Afrique et en Es-
(1) Par ex: oG^ menteur. Le Syrien prononcera kaddâb. Dans le texte égyptien de Bdsin le Forgeron ce mot est de même écrit oiâf kaddâb. Mais dès que le grand-juge parle, orthographe et prononciation se relèvent et oQf devient ^\jS' (V. l'édition du C. de Landberg. p. 31 ). Même dans la langue écrite le ^ et le i s'écrivent l'un pour l'autre. Cfr. ^îL- et ^iU.<ti_,j etXffS^;, ^Ijuj et iljuj . Ousâma ibn Monqid, comme VAghâni, écrit ^iljuj.; ijjili et ijjiu, Aij et ijj;; jjij et JLîli etc. {Man. de l'Université).
(2) Dans une inscription coufique de l'an 155 de l'hégire (771 ap. J. C. ) M. Clermont-Ganneau lit îJa> , minaret, avec un ^ dâl. Rien n'em- pêche de lire aveci, le coufique omettant les points diacritiques. Dans la même inscription le savant épigrapliiste relève l'expression «y|^Il j». L'emploi de Varticle n'a ici, croyons-nous, rien de fort extraordinaire, ^^^ étant un adjectif; comme s'il y avait : ^^ii _^1 j. {Jour. Asiat. Avril. 1887. p. 485 ). Dans ù\i^LJ\ ^jUS" (manus.) je lis : ^^1 J et ^^\_^.
(3) Ou plutôt romane. M. de Eguilaz, pour prouver que le i est ren- du 2, cite mézeréon; l'exemple ne prouve pas, car il y a aussi la forme ùjj jjl» bien plus connue ; nos manuscrits n'en connaissent pas d'autre.
(4) D'importation moderne. Au mot muezzin Littré renvoyé à mouez- zin, où le lecteiu' est de nouveau relancé à muezzin, sans aucune autre explication. Inutile donc d'y chercher l'historique du mot.
2
XVIIL
pagne. Les mots où le Jii est prononcé ^ auront passé de la lecture ou de la bouche des Turcs dans le langage populaire. Un simple coup d'œil les fait aisément recon- naître: JjSj» prononcé Jjjy, 'il (si) ô^l (permission) ^S (gras, substantif) et quelques autres.
Au commencement des mots, r est constant : réalgar, raïa, rebec (i).
Médiat et final il permute souvent avec / : calebasse, matelas, curcuma et culcuma, sensal, fanal, azérole, cara- col, etc. ; avec /z, dans anafin ( de jiâii) an-naftr, trom- pette). La permutation de /, r, /z, a également lieu en arabe. Par ex. : j^kL et jj^jp ^ ôy-J^ ^t ûy^ , "^^j^ et ôjlSCjI ^ ùl^ et ûW/» (V. Argan.) jl5o et Jl5o etc. (2) IVos manuscrits n'ont que jtô»
(1) M. Devic tire gâche de ôjj razza, gâche. Cette étymologie nous e»t suspecte. Ce serait l'unique exemple de j trascrit g. « Cet r accidentelle- ment grasseyé (?) a été confondu avec un rh ( gaine ) ». On verra à la let- tre ç. pourquoi nous ne pouvons admettre cette argumentation, d'ailleui's très hypothétique, de notre illustre devancier.
(2) Comparez l'arabe moderne qui de Jj^ a fait 3^, vent chaud, scii'occo ; JJt, peut-être, ( turc ) et jg^x,^ . Le premier seul est employé en
XIX.
Quelques remarques sur la phonologie de cette let- tre : j et ^ permutent souvent (i) ; j permute aussi avec js ; ainsi le dialecte vulgaire dira ^3 \aghir au lieu de j^ saghtr^ petit ; et il y a bien longtemps qu'on a relevé la leçon jj ^aqr, au lieu de ^ saqr^ (V. Sacre.) 30; pour ^Q) ♦
Au commencement le 3 est rendu par ^ : Zilcadé, zéen, zagaie; g^ j : giraffe, genette, jargon, jubis; (2) ^ : smala, satin, safran, sambac. séide. Au milieu par j^ et 5* : azérole, azédarach, lisme, assogue, kasdir ( alchimie, de jyj qasdîr, étain).
A \ajin par ^, s, (z) : raze, alcarraza, buse, frise, cafis, habbaziz, écrit aussi habbelassis, alkermès (3), cramoisi.
Syrie. Le franc, pèlerin de peregriniis, autel de altare, crible de cribrum. Le latin intelligo pour interlego. En latin les désinences aris, alis, iden- tiques de sens : aris s'ajoutait au radical, qui contient 1 ; consularis, mais mort alis.
( 1 ) Proverbes arabes de Syrie : Section de Saïda; par M. le Comte C. de Landberg. p. 354. Cfr. ^^ et j^ et Voy. sarbacane.
(2) Corap. ^a/oMo: de zelosus.
(3) «Liqueur de table fort agréable» (Bouillet); de jV^I . aZ-^zVmZv, même sens. Cramoisi et Carmin viennent également de ^^^ qirmizi, adjectif de j>^5 . L'ital. carmesino, cremisi, et le franc, populaii'e kermoisi aident à faii'e comprendre les transformations.
XX.
En résumé, deux lettres s* et j^ servent à la transcription du ^ arabe, quelque part qu'il tombe : sultan, séné, zénith, (i) mascarade, mesquin, nizeré, azimuth, ribes, cavas, terfez, fez, (2) (coiffure ainsi appelée de la ville de Fez, ^\i fâs ). Cid est une orthographe castillane.
Exception : gamache, où le ^ est devenu cL Quelque- fois dans le Liban on rencontre des personnes, qui substi- tuent facilement le ^ au ^ . C'est là un Syriacisme dont on trouve des traces dans les auteurs. La substitution contraire est plus fréquente. Ainsi « lorsque la lettre J. vient avant un ^ dans un même mot, elle est changée en un autre <j- , au moins par les femmes, qui disent, par ex. : ^jsr pour ^ soleil ; ^\j^ pour ^\jt , colle de farine. » {Etude sur le dialecte de Damas; par Mgr. David, p. i2.)Et même, hors ce cas particulier, levulgaire dira souvent jf-" au lieu de ^ etc.
(1) De c-l^ sùnt, voie, chemin, et chez les astronomes zénith. (V. De- vie ). Azimuth est le même mot augmenté de l'article. Il est curieux de constater que le français a traité le latin semita (d'où sentier et le vieux mot sente) de la môme manière que c^, changeant m en n. L'arabe c\^ ne serait -il pas le lat. semita ?
(2) Le terme militaire /Vci,j9A^a (képi) est l'adject. -«^13, de Fez. — Dans une vieille version latine du Coran Sj^i est rendu par azoara.
XXI.
1^
Pour rendre cette lettre on emploie, au commencement des mots, cA ichachia, chérif,chebec; ^ : sirop, sorbet, sé- cacul, sarrasin, sirosco. Comp. ^J» baisa et 4^^ batcha; le Minhâg écrit ^ et ^ ^ J5lL- , à côté de J»^ Jilli^ et Jïutl. Nos autres manuscrits gardent le J- dans ce dernier mot.
Au milieu on rend par ch: échecs, pacha ; ^ : usnée, assassin (i), lascar ; x [h l'imitation des Espagnols) : axir- nach, tabaxir, taraxacon; chez les Alchimistes l'arabe j^LlIII (2) an-nochâdir ou an-nochâdir (Moqaddasî) est transcrit: almisadre, amizadir, anoxadir, mixadir etc. (3)
A la fin on emploie ch : tarbouche, patache, bargache ; quelquefois s : balais ( rubis ).
(1) De %iLi9. . La double permutation du ^^i en s n'a rien d'anormal. Nous n'avons contre cette dérivation qu'une difficulté. Moqaddasî, Istakhrî etc. qui parlent si souvent des terribles Bathéniens ne connaissent pas l'appellation de hachâchî. Il en est de même des écrivains arabes de la col- lection des Historiens des Croisades, contemporains pourtant des faits qu'ils racontent. L'émir Ousâma ibn Monqid, vivant à côté des Ismaïliens, ne les désigne que sous les noms de îJLtl»..^ I ou ïjJbU . Ceux qui veulent que le terme ait été apporté en Europe par les Croisés, comment expliquent-ils le silence de ces auteui'S? Avicenne dans un célèbre passage, cité par Defrémery, où sont passés en revue tous les ^ de ces sectaires, ne parle pas plus de '^s^lL»^ ni de ,Aixij>. .
(2) Sel ammoniac. Le Minhdg (man. cit.) écrit j^Li-jJ.
(3) Voyez le Dictionnaire étymologique des mots d'origine orientale; par M. Devic. p. 3. N"^ 20.
XXII.
Le ^ Initial devient presque toujours s (i): sacre, safre, sandal, soda. Il devient ^ dans zédaron, zéro ; alezan (?). Sahara, nom du désert africain s*écrivait ancien- nement Zaara;c dans cendal. Quant à chiffre (de jus^ vide), on écrivait autrefois ciffre^ cyfre.
Le js médial devient 5", c: récif, aumusse,casba; j^: alizari, mozette, zain (?).
Le js final reste ^ : abuburs ; dans albara, il est omis.
Cette lettre est habituellement transcrite par d: dey dubb, madrague, aidée, cadie, alidade, bayad {2). Dans abit^ blanc de céruse ( chimie ), de J»Ui al-bayâd, blan-
( 1 ) En arabe même la permutation du ^ avec le ^ est tellement ft*é- quente qu'il est inutile d'en donner des exemples. Au dire de Moqaddasî. toute ville, dans le nom de laquelle entre un^, ne renferme que des sots, et s'il y en a deux, c'est encore pire : ^.,r^| ^U Sr^l VI j,^ *Ulj ^U> *^ jS» jT ^[> i^ .fO/^dj <-3--al» Ji* ùUUd . (35. 1. 10). Un autre manuscrit ajoute
(2) Poisson du Nil, de j*L-JI al-bayâd, littér. la blancheur.
XXIII.
cheur (i) le d final a été modifié en t par la prononciation. Narducci doit admettre une semblable permutation dans marmitta, qu'il dérive de Ja^^ marmid, locus ubi assan- tur carnes ; rapprochement ingénieux.
Sous l'influence persane et turque le J? devient quel- quefois ^ : zaptié, azerbe, Ramazan (2).
i.
Le ta initial et final est rendu par t : tambour, talisman, tasse, timbale, berbeth, marabout.
Médial par t, th : pastèque, patache, carthame, Naba- théen; par ^ et d (3) dans bazane, Soudan, (de i}\lsL. soliân, maître, roi. )
(1) Cfr. Dozy: Supplément aux dictionnaires arabes; œ\ïwed''une évwài- tion immense, mais pom' lequel le besoin d'un supplément se fait déjà sentir. Car à mesui'e que de nouveaux textes arabes sont publiés, le champ de la lexicographie s'étend. Aussi, à la suite d'orientalistes éminents, souhaitons- nous de voir enfin commencer a un dictionnaii'e arabe rédigé non plus comme une compilation extraite des lexiques indigènes, mais comme un vaste répertoire de la littérature, après un dépouillement exact et rigou- reux des autem's». {Hart. Dérenbourg.) Pourquoi ne pas essayer dans nos lexiques arabes de marquer l'âge au moins approximatif des mots ? comme Chassang l'a fait pour son Dictionnaire grec, simple manuel classique.
(2) Dans Bâsim on lit 7^9^^ 2^3 , au lieu de ïi3-_^-,a>« Je rencontre l'ex- pression isj^ »_jL«:> dans un de nos manuscrits chrétiens.
(3) Transcriptions fréquentes en Espagnol.
XXIV.
Cette lettre est toujours transcrite par d: alhandal, azerbe, nadir (dejvl* nazir, opposé h, en face de...) Dans la bouche du peuple le J^ a la valeur d'un Ja (i), rare- ment d'un j , ^aifij un peu grossi. Cette dernière pronon- ciation est celle des Turcs. ( Voy. Proverbes arabes de Syrie, par le comte de Landberg. p. 407.) De là, nizam.
L
Le 9^aïn n'a pas d'équivalent en français. C'est une articulation de l'intérieur de la gorge, propre aux langues sémitiques et répugnant à un gosier européen. En turc le son de cette lettre est à peine sensible. D'après M. le comte C. de Landberg, le ^ final serait également très faible en Syrie. Cette remarque est juste pour ce qui
(1) V.Youssouf. Dictionnaire Turc-Français. Introduction.-M. le Comte C. de Landberg dans le manuscrit de Bâsitn le forgeron a, noté ê^.^^ au lieu de s^li> . Le manuscrit de l'Université S. Joseph de Beyi'outh a partout la dernière leçon. Mais les exemples de cette prononciation ne maur^uent pas : «..rui»., ji^U (lunette), job- , au lieu de Sjn^ , j^u Dans la rédaction égyptienne de Bdsim on trouve encore _,4^,ïju> , ^,-ap etc.. pour^^,îjji,^^. Le manuscrit de Haiqâr le Philosophe a ja^ CJàji)^Ltf|, ^\ pour j^\ etc. ; et celui de Minhdg ad-dokkân j.^:*. poui* jk:> .
XXV.
regarde les citadins; mais quoique adouci, le ?- ne disparaît pas, même chez ces derniers. Cette lettre permute quel- quefois avec l'alef ( Proverb. Arab. 82 et 407. ) et aussi avec le r \\â, en Syrie (i) et surtout en Egypte. (V. Contes de Spitta-Bey), Serait-ce à cette particularité que nous devons l'orthographe de alhidade (2), alhaiot, mahonne^ alhabor (3), où l'on a tenté de rendre ç- par h ? Dans camard nous soupçonnons que f- final est devenu r. Rapprochez de cela la malencontreuse méprise, dont il est parlé dans Mas'oûdî. Un lettré, ou même un visir, si j'ai bonne mémoire, invitant quelqu^'un à s^'assoir lui dit J^l odrot, au lieu de oJl o^'oJ. Les deux lettres auraient donc dans la prononciation certains points de contact. M. CL. Huart cite la forme Sjyt employée àNabk,aulieude Sj_^t^ La confusion entre le f^ et le J s'explique, surtout avec la valeur syrienne, attribuée à cette dernière lettre.
( 1 ) Ainsi les enfants et surtout les femmes di/ont Jv^ji mahom, au lieu de ^^^^ ma'-hom, avec eux. D'après Mgr. David, le savant archevêque syrien de Damas, « lorsque le i vient après un ^ quiescent ces deux lettres sont changées à Damas sans la prononciation en ^ ». Ainsi L*»^..- , 14*,;-? sont prononcées smahhd et thîhhâ. Le changement de ^ en ^ se remarque encore dans ^ pour }Jà\ , vois ! Le Turc a d\JSCv pour j-Sp.
(2) V. Dictionnaire de Trévoux; le mot s'écrit plus communément sans h,
(3) « L'étoile Sirius, appelée j^l ^s^;^Jii^ ach-chi'-ra al-^aboûr, sirius pas- sant, » (Devic) ou simplement al-'aboûr. ( 'Abdurrahmân as-sûfî p. 220 ).
XXVI.
L
Cette lettre est toujours rendue par ^, gh [i): goule, garbin^, ghazel, almagra, papegai, fagarier. La seule exception à cette règle est ra^ia, mot très moder- ne, importé de l'Algérie. En Espagnol, il est également impossible d'apporter un seul exemple où le j- soit tran- scrit r.Borcegid^aWé^ué parM^Léop.deEguilaz, ne prouve pas ; r est là à la place de / et non de ^{Voy. Brodequin p. 57). M. Devic lui-même constate le fait; et pourtant ce savant est pour l'identification de r grasseyé avec le j- ( V. Dict. étymolog. Mortaise^ note.) Le principe de phonétique générale, « les ordres de lettres ne permutent point entreux » ( Brachet. XCIII ) est vrai aussi pour le ghaïn arabe.
(1) Qui est la transcription la plus approchante. (V. la note de la p. 121 ). C'était l'avis de nos aïeux; et sui* ce point toutes les langues romanes sont d'accord. Nous ne comprenons donc pas pourquoi on a proposé de donner
à cette gutturale par excellence la valeui' d'un r grasseyé. Le yafLiia des Grecs la rendrait parfaitement. Aussi les Arabes mettaient-ils habi- tuellement un ^ à la place de la lettre grecque : ^ i^ fc^ Augustus; ,_,>jitLi/i
liayi^rjTr/g, ^j^[ti FIv&ayoQag etc. Réciproquement les Maui'es d'Espa- gnes remplaçaient g par j, et ils écrivaient U-^ut hanîghâ poui* l'esp. hanef/a. (V. Fanègue; et Dozy. Supplément). Dans la Haute-Egypte le j, est prononcé ghîm. Les Arabes modernes transcrivent de même notre g par j, . Cfr. ol>0 .
XXVIL
Cette lettre est rendue par/, ph'. fagarier (i)^ felouque^, muphti, sofa, caphar, alphard, chérif, récif. Le fâ dévient p : dans paturon, et pénides; h dans hardes^ haras ( V. ces mots ) ; b dans cabas (?).
La prononciation de cette lettre varie beaucoup dans les pays de langue arabe.
Dans les villes de Syrie^ dans quelques districts de la Mésopotamie et dans certaines parties du Liban, cette lettre se confond avec le ham^é[2). Les Bédouins et les paysans de la Palestine donnent au J la valeur d'un
(1) De s^ià. Le Minhâg d'Ibn 'Gazla (manusc. déjà cité) indique claire- ment la provenance du fâghara : j;^îl ï)U- ^ J^>J (V. Fagarier). Voici la cui'ieuse remarque du Juif Aboû Mena dans le olSaJl ^\4> : « I4ÎV S^lâ c.ji—
(man. déjà cit.)
(2) «Le j permute avec le Jjn dit M. le Comte de Landberg, qui cite à l'appui l'expression Kesrouanienne ^i'^ JS ^ au lieu de ;5î> 'J'^ ^ , {Prov. 73. et 425). Il est très vrai que le gens du Kesrouan affectionnent les désinences en ch. Mais le Jj me paraît ici simplement parasite et non pas mis à la place du J .
XXVIII.
j-; comme 31 jp au lieu dej^ jî (i). Au Maroc (et il en était de même chez les Arabes d'Espagne ) le fJ et le J ne se distinguent presque pas. Dans la Haute-Egypte, à Bag- gdad (2) le J devient ghîni] chez les nomades de Méso- tamie tantôt il ^ tantôt ^. La Basse-Egypte garde la pro- nonciation syrienne.
De là : Deux manières de rendre cette lettre en fran- çais ; par le son k et par le son g (dur).
I® son /: : k, c, ch, q : café, alicate, bondic, kibla, caki- le, quintal, axirnach.
2^ par le son g (gue) : gabelle, goum, guider, bagage targe, assogue, fanègue.
Exceptions :Z'om;t:( 3); dans sarrasinle J est devenu j^.
Dans quelques mots le J n'est pas rendu : fonde, abri- cot, de Jyjjll , al-berqoûq, prononcé à la Syrienne al-ber- qoû (Voy. abricot).
il
Cette lettre est constante; on la transcrit par k, kh, c, ch, q, où le même son persiste toujours.
(1) V. Ibn Kamâl Bâdid : ^\j JaUJI lilt Je 4^1 p. 31. (Leiden).
(2) Quelquefois aussi il y est assimilé au ^ gîm. M*" Jeannier cite ^^ qarih prononcé »^^ ; ySi marmite, prononcé yj^ .
(3) Esp. borrax, de Jj^. Cû*. Minhdg d'Ibn 'Gazla à l'article Jj^ (manus. cit.) ojj^ ^5— J *^ ^Si\ .
XXIX,
Au commencement par /:, c, ch : kazine^ cubèbe, ché- bule(i), (myrobolan, de "jiiT' kâholt).
/iu milieu par k, c, q, ch: alkékenge, escafe, sequin, alchimie.
A hjïn par ch, c, q : azimech, mosch, chébec, toutena- que, écrit aussi toutenague (2).
Le ch de chébule serait-il un reste d'une ancienne prononciation signalée déjà par Mas'oûdî, qui consiste à donner au M/ la valeur d'un chîn^ Cette prononciation persiste encore à Bagdad, (3) chez les Bédouins de Syrie et en Palestine. M. Cl. Huart en donne Texemple suivant : ^^'^S^, ^^j ^y^^ <S^y, qui devient : biddî djennès wabegtb cherâsî. (Notes prises pendant un voyage en Syrie. Journ. Asiat.. 1879. ^^^^v. p. 129).
(1) Nos manuscrits disent "U^if îjtUUl , myi'obolan kâholî, on jjiT tout court : « ol?JUL43l j-aâl A>}^\ » "dit le manuscrit de Soyoûtî. C'est donc probablement un adjectif de jjif Kâhol, ville produisant du myrobolan. ( V. Yaqoût. IV. 22 1 .) L'étymologie est suggérée par Trévoux.
(2) Pour ce dernier mot comp. le latin negotium ( de nec otiurn ), negli- go ( de 7iec lego ) etc.
(3) Lettre de M"^ Jeannier, chancelier du consulat de France à Bagdad, p. 342. Journ. Asiat. OcU 1888.
XXX.
J
Les permutations s'opérant habituellement entre les consonnes de même organe, J permutera avec les liqui- des, surtout avec j et 0*
J initial est constant: limon, lebbeck. J médialse rend également par /: mamelouck, maha- leb, gala, olinde.
Souvent J médial permute avec r, rarement avec n : javari, brodequin, belléric (i). Comp. Cx^ (leçon de nos manusc) et ôM^J <i^l et ojfJ>\ ; ^^j^ et (JS^-
J final reste / : marfil, ghazel. Il permute aussi avec r(2) et/z:albor, (terme d'Alchimie, de J^l al-baûl), Gebaïl (ville ) écrit aussi Zebar^ varan, aufin. Comp. J\^ fingân
(1) Ou belliric, sorte de myrobolan. de rarabe-persan ,»dUL halilag, même sens. Le belléric est mentionné presque toujours avec l'emblique dans nos manuscrits. « i> ^ju^bi iJi vi ,pjL>.Vi ^ fJ^\ ^^Ji jrdLlJI » ( Minhâg al~bayân), Comp. aussi Mosserinss comme on appelait souvent les marchands de Mos- soul, dajis les principautés franques d'Orient. Le même changement s'observe encore à Bagdad où Ton dit qounsour pom* qounsoul, consuh ingrezi poui' inglezi, anglais; zîndjil au lieu de zindjir, chaîne. V. Lettre de M"" Jeannier, Chancelier du consulat de France à Bagdad. Journ. Asiat. Octobre 1888.
(2) Comp. JisCc? tinkdl ou jiSCj tinkàr\ d'où le finançais Tincal, borax brut, écrit aussi Tinkal et Tiukar : «s^ilt ^U3 ykj6C:JI'> {Minhdg d'Ibn 'Gazla). «CfiTc ^ ^ ùU-VI 4v ^^ \>\ jlécdl» {SoyoutL manus.)
XXXI.
écrit aussi Jlf^ Jingâl, et ^ malth, bien, beau; souvent prononcé par le vulgaire ^-^ manîh,
J se contracte, surtout quand il est final: aufe (i), al- ijuifoux^fouj (pièce du jeu d'échecs); de J.iil al-fîl l'élé- phant (2). Le vieux français disait encore auphin, aufin, aufjîn et dauphin^ syncopes de al-fil
r
Cette lettre est rendue par m dans les trois positions qu'elle peut occuper : macabre, momie, matamore, sélam, doum etc.
Au milieu et surtout à la fin du mot elle permute souvent avec n (3): Zénith, albotin, mousselin, mousson, semoun,
(1) Ou alfa; espèce de jonc; de La> halfâ ou <il>, jonc.
(2) «La pièce en question a chez le Orientaux la figure d'un éléphant. On a dû dire fi,l^ puis fol, par assimilation avec le fou ou bouffon du roi, le peuple ayant une tendance naturelle a altérer les mots étrangers pour leur donner une apparence de signification dans sa propre langue.» Devic. Nous donnons plus loin un exemple de ce procédé aux mots Berheth, Al- chimélech, Typhon, Epinard etc. L'arabe \^^ altéré en "Cf^ en est une autre preuve. V. Molequin.
(3) Dans le prononciation vulgaire de Syiie le ^ des pronoms pluriels J-<al> ou j^a> se change invariablement en ^ . Ainsi on dira ^.iiTl , ^,4^ , akalton, ^alaïhom,M\\Q\x de ^,4Jic,>i5'l , akaltom, '•alaîhom, ^^is. pour ^^CiP , pluriel vulgaire de J2t , esprit. Comparez encore dL5 et iuj , tabac pour le narghilé, u^l pour v^i ; et le classique ^J^ — ^J^ . V. The Twenty- First volume ofthe kitâb al-Aghdni. Edit. R. Briinnow. p. 65, 1. 23. ùjjT, ^jjT parallalèlement à ^j^ et ^ j^f.
XXXII.
zaccon, sélan. Cette permutation est trop fréquente dans les langues romanes pour qu'il soit nécessaire d'insister. En Espagnol le m initial peut devenir b : bodo- jen^ detlrJC^ ; baraça de ^^» Le vieux français a égale- ment Baphomet pour Mahomet. ( Voy. lettre »-; ) .
Cette lettre est ordinairement rendue par/z: nabab, cancan, nénufar (i), magazin. La règle est absolue pour J;
initial. {2)Médiale\.jînal\\ permute avec/:gengéli(deO>^ forme classique )miramolin, galangal (vieille forme de ga- langa); avecm:sumbul, ambre, mousson. « La langue portu-
(1) Ce mot est écrit tantôt ^y^ tantôt ^jJJ dans nos meilleurs manu- scrits. Le Minhâ'J d'Ibn'Gazla et le Minhdg ad-dokkân n'emploient guère que la première forme. Le livre des Merveilles de Damas (manusc.) écrit habituellement ^^ ; ce qui ne l'empêche pas de citer plus de dix passages poétiques, où le mot est orthographié ^jLJ . C'est là sans doute un de ces cas de métathèse, que l'on rencontre souvent. A moins que Ton ne préfère y voir la permutation non moins fi'équente de Idm et de 7ioûn.
(2) Excepté dans orange, où o n'est pas rendu. Dans les manuscrits arabes on rencontre souvent j^ et Zj^ au lieu de ^^ et *i^ . Comp.
le fr. aller de adnare. En grec aussi v s'assimile à X : av).Xiy(o de avV'Xêyro etc.
XXXIII.
gaisea horreur de n (i) et évite l'usage de cette lettre.» ( Dozy ). Comme exemple de la permutation de 0 et de J, l'arabe vulgaire offre ci- J 3 ^an^alakht (2) et ci^j ^al- ^alakht, devenu c<^jjlj dans l'auteur égyptien du Minhâg ad-dokkân [man, cit.), JU^^ et ûU^.. Dans les anciennes poé- sies, on trouve déjà C/j^^ ide (yii'^rjjp) et JjJu- ; J^*c*^ et Oj«£r"l etc. Faut-il admettre l'existence d'une forme (^b châlî, parallèle à <iLl chânf, galère (3) ? Cela ap- puierait la conjecture de ceux qui dérivent galée ( galère ) de l'arabe chall ( ? ), sorte de galère. Ibn Batoûta a jJb challîr ( IV. 107 ), grande barque, ou galère ( 4 ),
(1) Il n'est pourtant pas nécessaire d'admettre avec M. Dozy que les Portugais ont fait laranja de naranja puisque ^jjV lârang existe (V. Egnilaz). De cette forme portugaise lara?ija viennent peut-être orange et l'ital. arancia. Le / initial, pris pour Tarticle, sera tombé. C'est le contraire du phénomène observé dans luth.
(2) Qui est dans ^i^JI j^\>.» . Notre manuscrit ne connaît même que cette forme syrienne.
(3) Voy. Corvette p. 90.
(4) Comme dit la Table des matières des voyages d'Ibn Ratoùta. Que faut-il penser de ce mot ,;^ ? Il ne peut se rattacher à aucune racine arabe. Quant a galée, écrit galie dans la chanson de Roland et Villehar- douin, il est surtout fréquent depuis les Croisades. Pour la transcription de Jj par g, on trouvera des exemples dans Dozy. Gloss. espag.
XXXIV.
C'est une légère aspiration; elle forme comme la douce de r- h. Quand elle est rendue, on se sert pour la trans- crire de /^; hégire, hallali, cohober, mot peut-être formé sur l^ qohba, couleur brunâtre ou grisâtre. ( Littré. Sup- plém,) ; o serait devenu g dans tagerot ou tagarot, sorte de faucon, de Jy^t tâhortt, adjectif de Tâhort, ville d'A- frique (i).
Le plus souvent le <» n'est pas transcrit : achernar, café, réalgar, bézoard, carabe, olinde, manège (2).
Lettres faibles. I
Dans cette lettre Vimalé diffère d'après les pays. En Espagne Valef était souvent traité comme un simple î : v-jI
(1) Dozy. Gloss. 346. A propos de faucon, notons encore faucon tarta- rot ou faucon sahin, de cjaLà. chd'dn, faucon blanc, gerfaut; et faucon zapliar qu'il faut sans doute rattacher à ^ zafar, potitus est, ou à. ^^ ongle. Le tagarot venait de la côte d'Egypte, d'après Trévoux; de l'Afrique, s'il faut en croire d'autres écrivains. Pour que 'a conjecture de Dozy ait un fondement sérieux, il faudrait trouver dans les géogr. arabes trace des faucons de o^M" . Or Yaqoût. Moqaddasî, Ibn Hauqal, etc. parlent avec éloge des Jj-jk^ de Tâhort, miis ne soufdent mot de ses faucons.
(2) Dans la prononciation populaire le » tombe souvent aussi. ( V. Pro- verbes arabes, XL VII et 449). ^S^,^^\^ au lieu de Î4r'l3,*^ly se ren- contrent fréquemment dans nos manuscrits de rédaction vulgaii'e.
XXXV.
bâb devenait btb (i). Les Métoualis ont encore cette pro- nonciation; à Bagdad le (i , tenant la place d'alef à la fin des mots, se prononce souvent / (2). En Syrie on donne habituellement à Ta/^/ la valeur d'un (? (3), très ouvert dans le Liban, beaucoup moins sur la côte et à mesure qu'on descend vers l'Egypte, où il se rapproche de notre a. Au Caire par ex. l'alef prend le son d'un a aigu (4), comme aussi à Damas (5) .
Ces trois sons a, e^ i apparaissent nettement dans la transcription française.
A : mahonne, girafe, calaf, Chewal.
E : ben ( de ô\ ), civette, cubèbe, chebec, chalef, alkékenge, séné, carabe.
/ : zinzolin, gengéli, bougie, aubergine, abit^ alfier. Dans sirop l'alef est devenu 0. Ajoutez souche, d'abord
(1) Voy. Dozy. Glossaire espagnol, etc. p. 26. Comp. jl3 et ^,
(2) Ainsi iSjL>- hohârâ, outarde devient hdbâri. Comp. ^^jjj et ^j;^ formes anciennes de ^Ijuj (Mu^arrab. 32 ).
(3) Réciproquement e ou s est rendu par alef en arabe; de là ^j^j^"^ MaXéno^, a^^^^j^jKî Gaodoaiog, etc.
(4) Voyez poui'tant Critica arabica par M. le Comte C. de Landberg. I. 1887. p. 59. — L'imalé n'a pas lieu avec les lettres emphatiques. Ainsi le moucre le plus endurci (c'est dans cette corporation que fleurit surtout l'imalé ) prononcera ^U, tâlèb, j^i; nâtoûr, ^Jay^ kkalâs, iajU? zâhet; voilà poui'quoi l'a est conservé dans zaptié.
(5) A Damas Vimalé persiste dans quelques mots.
XXXVI.
soche: o s'est assourdi en ou et u. ( Voy. ce mot). Compar. en espagnol :{oinaiV\j) , :{oquete ( UL ), etc.
Cette lettre est rendue au commencement et au milieu par w: Wéga, Wahabite, chewal; par v (prononciation turque): validé^, vilayet, visir, café (i), carvi, divan (2); b: nabab, arquebuse. (Voy. ce mot).
La transcription espagnole gu ne se rencontre qu'au milieu du mot : bagatelle, alguazil, bédéguard.
Les transcriptions u, ou, 0 se trouvent aux trois posi- tions, que la lettre peut occuper: abutilon, looch, abou- quel, taraxacon et taraxacum (3).
( 1 ) Prononcé d'abord cahvé ; le h tombant, f est devenu v, JiiU) de même fetfa. he v est inconnu dans le Levant ai'abe. Poui' le rendre, les Arabes emploient j , ^i ou uj .
(2) De Tarabe-persan o\ji^ dlwdn, qui se dit d'un recueil de poésies, du conseil de l'empire, d'un sofa et d'un salon (Belot). De là, les divers sens du mot français.
(3) De ù^jiii-^; le Minhâg' n'a que J^_^ et jpiii.^, formes relevées par Dozy d'après d'autres sources. Devic rencontrant J^as-jl^ dans Râzî s'écrie : «évidemment (!) il faut lire o^Li^^». La forme J^^ se retrouve également dans d'autres de nos manuscrits.
XXXVII.
Le ti initial est transcrit j, y: jasmin, janissaire (mot d'origine turque), yed (i). Médiat il devient /, /, i: vilayet, haje, morfil, lyfa, (écorce d'arbre. V. Littré SuppL de ^âJ^ Itfa, même sens). Final, i : hadji, mélochie.
A rimitation du dialecte vulgaire le ci s'ajoute quelque- fois à la fin des participes présents des verbes ^ja*lî ou dé- fectueux; un /le remplace alors: cadi, wali, muphti (2).
L'article arabe.
Ordinairement le lâm de l'article s'assimile à la lettre solaire, commençant le mot suivant; excepté : aidée, aidé-
(1) Etoile de la constellation de Pégase; de ju yad, main, bras; (V. Bé- telgeuse) elle est ainsi appelée à cause de sa position.
(2) Comp. aussi ivadi employé chez quelques voyagem-s ou géographes; de tfilj ou ^^\j . (( A droite et à gauche des vallées sans eau, des ivadis dessé- chés, des lits (Je torrents.» (Cl. Huart. Voyage en Syrie. Journ. As. 1879. Janv. 107.) Wadi est dans Bescherelle. On s'étonne de ne pas le rencontrer dans le Supplément de Littré, qui a accueilli tant de vocables purement arabes comme « debab, nom arabe du taon » ; de ^J^^^ dobâb pour ^j^'^ , mouche ; cliéri, loi musulmane; de Tj^tCs c/iarî^a., même sens.
XXXVIIl,
baran, altair, écrit aussi atair^ habalzéli. ( i ) Ce sont ha- bituellement des mots scientifiques. ( 2 ). Voy. plus loin Observ. générales, p. XLVIII.
Jl se vocalise en aw^ procédé éminemment français: aubarde (V. barde, ) , auberge, aubergine, aumusse, au- queton ( V. hoqueton ), auferant ( V. haras ), aufin et auffin, vieilles formes pour al-fil (3); aucube, vieux fr, qui vient probablement de la même source que alcôve.
Jl peut aussi devenir ar : arquebuse, argoussin, arzegaie, marfil, arsenal (?); ou ol : oliban, olinde, dénébola(?); ou or comme dans orcanète. L'article est quelquefois syncopé : abricot, amarel, réagal, amarre, abit, amoise (4).
Ualef de l'article est rendu par a ou e. Au commence- ment du mot, c'est la première transcription, qui a pré-
( 1 ) Le vulgaire en Syrie traite le ^ comme une lettre solaire, et consé- quemment lui assimile le lâm de l'article. Peut-être avons-nous dans Béteigeuse (autre forme de Bételgeuse) un reste de cette prononciation.
(2) «Dans beaucoup de pays, les Arabes prononcent le J (dans J»^l) comme il est écrit, sans faire aucune attention au taschdid.» Le Rtv, J. Ferrette, missionnaire à Damas. Journ. Asiat.Oct. 1859. p. 3 15. L'obser- vation est juste, malgré son énoncé trop absolu. [\. aldéharan aidée, p. 8 et 9.)
(3) V. la lettre J. p. XXX.
(4) Vieille forme de moise. Con>p. le vulgaire Ï9.jU^I pour ô-jUI, la veille. ( Bdsim le Forgeron ; manuscrit de l'Université S. Joseph.)
XXXIX.
valu : almagra (i), alcôve etc. Il n'y a d'exception que pour éllxir. Au milieu, el est plus fréquent : abelmosc, bételgeuse, dénébalézet, etc. Dans dénébola le damma casuel a remplacé a.
n.
VOYELLES OU ACCENTS ARABES.
Afin de comprendre leurs transcriptions multiples, il est à propos d'établir la valeur que leur attribue le dialecte populaire. « Toutes les voyelles, qui ne sont pas suivies de la lettre de prolongation, qui leur est analogue, prennent, dans la bouche du vulgaire, un son vague et indéterminé, susceptible des interprétations les plus favorables, vil se- rait impossible de prouver à un honnête Arabe, qu'il a mis au passif un verbe qui devrait être à l'actif (2), car il pro- nonce J::^ et Jr^) presque exactement de la même ma-
(1) Substance rouge employée en peinture; de s^) al-maghra, ocre rouge. Moqaddasî la nomme parmi les articles exportés d'Alep. (181.1. 2.). Et plus loin sj^ ;^i> ,j^j (184. 1. 3).
(2) C'est d'ailleurs la règle générale en ^j\^ (vulgaire); ainsi on enten- dra continuellement J-fj,«-'-r^» quand il faut comprendre v»j3-^»J^^* Voyez l'explication qu'en donne l'auteur des Proverles et dictons du peuple arabe p. 264.
XL.
nière.» (i) Pour préciser davantage, disons qu'en réalité il n'existe que trois voyelles en arabe: a, i, a [ouhveï). Mais la prononciation vulgaire a doublé ce nombre, en Syrie surtout, grâce à l'influence de la langue syriaque, bien mieux douée sous ce rapport. A et /, perdant insensible- ment leur valeur native dans la bouche du peuple, ont don- né naissance k e ; h corruption de u (ou) a produit o. L'o- reille la moins exercée peut aisément découvrir encore une sixième voyelle. Elle a une valeur intermédiaire entre Ve muet et la diphtongue eu des Français, et tient des deux à la fois.
Les auteurs, qui ont traité de la phonétique romane, observent que les voyelles sont la partie mobile et fugi- tive du mot ; que la permutation des voyelles est soumise à des règles moins fixes que celles des consonnes et qu'elles passent plus facilement de l'une à l'autre. Ces observations s'appliquent encore mieux aux voyelles ara- bes. Celles-ci ont même sur les latines un notable désavantage: n'étant pas habituellement fixées par l'écri- ture, elles sont abandonnées aux mille caprices de la prononciation populaire. Qu'on ne s'étonne donc pas du
(1) Nouveau système de typographie arabe; par le Rév. J. Ferrette, missionnaii'e à Damas. Journ. Asiat. Octob. 1859. p. 301.
XLI.
luxe de transcriptions que réclament ces voyelles, sur- tout le fatha (i) et le damma. Dans la phonétique arabe, plus que partout ailleurs, on a raison de dire que les voyelles ne comptent pas ou comptent fort peu.
Diphtongues.
Il y a en arabe deux diphtongues, ai ( ^_) et au i^^) * Ces diphtongues sont prononcées é et ô k Bagdad, à Mossoul, à Alep, à Damas, à Lataquié, tandis que dans le reste de la Syrie et surtout au Liban, elles gardent leur valeur. Ces deux prononciations se rencon- traient aussi en Espagne et dans l'Afrique du Nord. Au Maroc et en Algérie, au devenait souvent ow, particu- larité qu'on observe aussi en Orient. Ainsi ^j^ est pro- noncé daum et doûm, Oj^a baràaun et bardoûn^ JjA haul et hoCd\ o^^ khoâlangân et khaulangân ; jji^ et c^y^ deviennent sannour et khannoûs en Syrie. Comp. aussi -bj>- changé en(^j^>-, à'ou houri[N.Y)Qv\c, s,v,)
(1) Si le fatha devient quelquefois i ou o, la voyelle a du latin subit en français les mêmes modifications Voy. Chassang. Grammaire fran- çaise. 1882. p. 20.
XLII,
En français ai ^ J^— ) est transcrit e : aidée, bételgeuse, nénufar, sesban, dey; ai : altair, haïk, ( on écrivait autre- fois heyque) raïes, maïdan.
La diphtongue a// C^_> est rendue par au : fardeau, chi- aoux, (dans bételgeuse, au s'est assourdi en eu); ou, u, 0 : goum, mousseline, mousson, muse, musacée, ben- join, borax.
Fat ha.
Cet accent peut être rendu par toutes les voyelles françaises. Les plus employées sont a,^;il est inutile d'en donner des exemples.
Le fatha devient / : zircon, emblique ; u, dans huila [\), dubb, (lézard d'Afrique, de ^_^^dabb,) à cause de l'emphatique Jo d; o : chott (2), (de -kl chaii, bord, rive d'un fleuve) ; encore sous l'influence du J^ t, lettre em- phatique; fomalhaut (3); bézoard, à cause de la lettre
( 1 ) Dans le droit musulman : époux temporaire d'une femme divorcée. (V. Litt.) de J>u lialâl^ époux. L'étymologie du Supplém. est inexacte.
(2) Littré. Supplément, a On peut dire que de Baasora à Bagdad, les deux rives du C/toU (c'est le seul nom par lequel le vulgaire désigne le Tigre, Didjlè est inconnu), sont bordées d'une forêt ininterrompue de pal- miers.» M. Jeannier Joum. Asiat. Octobre 1888. p. 336.
(3) 0 vient sans doute de J» fom, bouche, forme employée parallèle- ment à ^ fam ; le peuple ne connaît que ^ fomm qu'il prononce habi- tuellement -j tomm.
XLIII.
jij qui suit. Ainsi le peuple dit : ùila^ chttân, J^y>- gioûch, au lieu de ^y^ ^oioâch; ^biyâ\ au lieu de fL ^a/- yâ\ que réclament les formes grammaticales (i).
Il ne serait pas facile de déterminer quand le fatha est rendu par e, et quand on lui laisse sa valeur native, qui est a. On pourrait cependant établir la règle suivante :
Le fatha prend le son de Ve^ devant la syllabe affectée de l'accent tonique, ou longue de nature, ou devant une lettre redoublée : denab, fennec, feddan, fellah, sélam, ar- senal, bézestan. Cette règle a des exceptions : falaque (2), kantar, kazine, gazelle, etc. M^ Jeannier dit qu'à Bagdad « le fatha et le damma ne gardent leurs sons primitifs qu'avec les consonnes fortes. » Cette remarque regarde aussi la prononciation des autres pays de l'Orient. Il faut en excepter les mots cités au commencement de cet article et quelques autres en petit nombre.
(1) Dans doronic àe r^//^ daroûnag (accentuation habituelle), notre manuscrit de Soyoûtî met toujours un damma sur le ddl. Nos autres ma- nuscrits ne précisent pas ; seul ol^l îrU> ^ ^^® ^^'^^ ^jj^ •
(2) Toujours prononcé falaq avec deux fatha nettement articulés. En Egypte on dit aussi ïais falaqa . Dans Bâsim le Forgeron (dialecte égyptien) il y a une scène où le héros de cette comique histoire reçoit la falaqa. (p. 33. édit. Landberg.)
XLIV.
Damma.
La transcription de cette voyelle, comme celle du fatha, défie toute règle. Elle est rendue ou^ u,o : ouléma, bur- nous, drogman, mohatra, sultan, sumbul, curcuma, bulbul; /: cakile, mistic, oliban (i), fondique, chibouque ; a : marabout ( la} y ) maran, fomalhaut, tambour, carthame, de A9J Sur ce mot le J^^l v-j1X de Ràzî [man.^de l'Université S. Joseph ) met deux kasra, au lieu des damma que portent tous nos autres manuscrits; e : benni, felou- que. (V. ce mot).
Aubère (2) était peut-être écrit autrefois oubère (espa- gnol : hobero), 0 sera devenu a.
(1) Da ^1^1 al-lohân. Le damma est devenu i sans doute sous Tin- fluence du grec Xl^avog qu'on croyait y reconnaître. Quelques uns ne se sont pas arrêtés là et ont prétendu que Oliban était le grec 0 Xil^avog Mais «il est sans exemple que l'article grec 0 se soit accolé à son sub- stantif pour passer dans une langue étrangère. » ( Devic ).
(2) De fc^jlj^ signifiant outarde, et non pas aubère, comme Scheler {Diction, et y mol.) semble le faii'e dire à Dozy.
XLV.
Kasra.
Comme ïl latin, le kasra est au bas de l'échelle phoni- que. Aussi cette voyelle est-elle un peu plus constante. La prononciation vulgaire l'émet tantôt comme /, tantôt comme é fermé ou e muet(i) et quelquefois comme a voyelle bien plus sonore, surtout au commencement du mot. Le français a des exemples de chacune de ces prononciations; par ex. : neski, kermès, nems, almageste, validé, afrite, calebasse (2). Il y ajoute ou et 0 (rares) : bougie, mosch^ abelmosch.
Nunnation ou Tanwtn.
La nunnation, étant inconnue au dialecte vulgaire (3), 'n'a pas laissé de trace sérieuse en français. Nous n'en avons
( 1 ) Mgr. David a essayé de déterminer dans quel cas une de ces trois prononciations domine. (V. Dialecte de Damnas, p. 19 ).
(2) Comme nous Tavons fait remarquer, ces anomalies de kasra, rendu rt, sont le fait de la prononciation vulgaire. M. de Eguilaz admet que le kasra devient a et il cite comme exemple adarme, (de ^ija)l). L'«
nous paraît ici imputable au grec dod'/^iiri, ou auplur. arabe y^i^^ darâhim,
(3) Elle est conservée à l'accusatif seulement dans certaines expressions adverbiales, comme y(^% par exemple, Cil— précédement ( V. Bâsim le Forgeron et Almanacli du Bachir, 1879, 1880, etc.. Dialogues en dialecte syrien, passim)
XLVI.
qu'un exemple authentique dans :{édaron (i). Peut-être faut-il y ajouter paturon et fanfaron.
m.
OBSERVATIONS GÉNÉRALES SUR LA FORME DES MOTS.
La métathèse, ce phénomène observé dans la plupart des langues, se rencontre de même fréquemment dans la transcription franco-arabe. De là, arquebuse, brodequin, degré, cramoisi ( 2 ), Mahométan ( 3 ) , almène (de Idl al-manâ, poids arabe) etc.
Comme en grec la métathèse s'applique surtout aux liquides.
(1) a de Cassiopée, de ^Oo, sadr, poitrine. Cette étoile est placée sur la poitrine de Cassiopée. ( V. Devic).
(2) L'ancien arabe a ^j-y^Ja et ^3j^\ ôlj et ^j.a|j; j4b. ^^ JW?* ^^^' Comp. méàresié, Qixx P)\^éiï:\.Q mHena {Littvé. S uppL). Et dans le dialecte vulgaire |jl> hadâ, pour jj.] ahad, personne, j|j^ au lieu de jjjli , Maronite. Dans Bdsira (manuscrit) on lit ^<j\i dârakahom au lieu de j^<'ji\ adroLkakom, il les atteignit.
(3) Cette mitathèse est ancienne et très française. Les écrivains des croisades ont mahométois, mahomerois, et mahomerie (mosquée). Du dernier queUpes étymologistes ont voulu à tort dériver le franc, momerie.
XL VIL
V aphérèse a également laissé des traces : marfil, rac, nébulasit, miramolin. (Comp. franc, senelle de co ce ine lia). La, langue vulgaire retranche habituellement l'alef dans jui et y\ . Le peuple dit wj*3>. >^ negem boû danab^ comète ( i ). De là : patacon, le nom propre Boabdil, et la variante d'abou- quel bouquelle «nom donné par le peuple en Egypte (2) à Técu ou daller de Hollande. » (Trévoux). Comp. encore o^L^a^ expression vulgaire pour 0^^ r\ arbre bien connu (Voy. Ibn Kamâl Bâcha (3) -uiJlj J^li-i iaiô Ip *uâ7 p. 6. édit. de (iJj^Jl j^c (?). Leiden.) ôy^ j pour ôyj\ et ôyf- ,
Comme en espagnol la, finale des mots, mal perçue, est souvent sacrifiée, par ex. : caraque^ cende^ dénébola, galanga, sébeste, abouquel (4), aumusse^ darse, etc.
Les lettres /z (5) et / s'ajoutent quelquefois à la fin des
(1) Littéral, étoile pèi'e (possesseur) d'une queue.
(2) Ce même peuple donnait à Bonaparte le nom de »j^y,, boû farwa, le père de la pelisse, et au général Cafarelli celui de ,_ij. y , le père du bois à cause de sa jambe de bois. Je ne sais plus quel savant de l'expédi- tion était connu sous le nom de jljî^, à cause de ses lunettes.
(3) Ou Kamdl Bâchd Zddeh. Notre bibliothèque possède une collection manuscrite de ses lettres ou opuscules, d'ailleurs assez insignifiants.
(4) Pour ce mot le Dictionnaire de Trévoux cite encore la variante Abukesb, qui est plutôt une corruption, provenant d'une erreur de lecture.
(5) Cette lettre s'ajoute surtout après la terminaison « ( i ), comme on peut le constater dans les exemples cités.
XLVIII.
mots: bosan, camocan, caban, balzan (i), caramoussal, et peut-être amiral.
L s'intercale aussi devant les emphatiques i, Js :goul- dron, gouldran, goultran, formes de goudron C j^Ja» ) aidée, altair. Comp. l'esp. alcalde C ^^llll), etc. Le fran- çais connaît aussi l'intercalation de l, comme dans cible, anciennement cibe.
Le redoublement ou chadda[-^), soigneusement observé par le peuple, est traité avec beaucoup plus de négligence en français. Il est souvent omis; ex. : sofa, cavas, chébec, sumac, anil, rob, de Ijj . Dans ce dernier mot nos ma- nuscrits, conformément au génie d'une langue qui évite les mots de deux lettres, marquent soigneusement le chadda.
Plus rarement on observe le phénomène contraire, et l'on rencontre des redoublements introduits par le capri- ce, et que l'étymologie ne saurait justifier, par ex. : fen- nec, gemmadi, lebbeck, habelassis.
(1) Que Devic dérive avec beaucoup de M'aisemblance de «Ub (V. Balzan). Il se dit de la robe du cheval : ^j^ J??»»--" c/" *j^^— ^r'* «r»^' «j* ^\jj «a> ip -J^*^ U-^i» JS'crtJjJ |i ù'\S'\h\ *j\ J-3 j3j . ( ^.1 ) ^^3 ^c^V* ^yj ^^A^^J •t>i' J45 J*iJlj S>)b Jc?«^JI > <^^. (<i^' *2*- V- ^8). lïUM la jument de Sa 'd fils d'Abî Waqqâs est célèbre "(\^.9^i(^^îi- ^^I- 211 et xMas'oûdî IV. 213). Dans le ùU,^CJI ^jUiT (mau. cit.) il est parlé de 70000 cavaliers, tous montés sur des joj . Au siècle dernier on disait indifféremment bal- zane et balsane^ où je soupçonne que s est mis pour c et correspond à j . (V. Devic). Scheler cite «l'arabe bâlthasan (?), pounii du signe de beauté ». Voilà un mot arabe singulièrement suspect.
XLIX.
Un fait important (i) à noter dans la transcription française, c'est r introduction d'une voyelle entre les deux consonnes finales. ( 2 ) Ainsi le peuple dira : khobe^, enef, akalet, au lieu de khob^ (ji^) anf (cJ»'), akalt (cX'l).L'étymologiste rencontre souvent dans les mots français d'origine arabe cette voyelle adventice devenue le siège de l'accent tonique. Nous nous contentons d'en donner ici quelques exemples : énif, mahaleb, magazin, zénith, tiber, arratel (3). Cette particularité de prononcia- tion, observée dans l'Iraq, en Syrie, dans les États bar- baresques et en Turquie, (pour les mots empruntés à l'arabe comme habous{4) et vacouf), s'applique surtout aux mots de 3 lettres, qui au moyen du soukoûn ne forment qu'une syllabe et sont rendus par une seule émission de la voix. Mais on la rencontre aussi dans des mots plus longs.
(1) M. Devic (s. v. sirocco) a déjà parlé de ce «changement qu'éprou- vent les mots arabes de forme analogue à charq (J>i,) lorsqu'ils passent dans les langues romanes». Seulement les mots arabes ont déjà éprouvé ce changement avant leur passage dans les langues d'Europe.
(2) La même chose a lieu en hébreu, dans les formes ségolées telles que ^^12 mélek, roi, pour malk\ "l^D sêfer^ livre, pom* sifr etc. V. Journ. Asiat. Décembre. 1888. p. 503.
(3) Comp. Ottomane : grand siège sans dossier; matamore, camocan. On le voit, la règle énoncée plus haut, peut encore s'élargir.
(4) Terme de droit musulman, sorte de legs pieux; (Litt. Supp.) de ^j.j^ , même sens, prononcé habous par les Turcs.
On peut aussi observer le phénomène contraire : la syncope (i) de la voyelle arabe; ex. : large, aimée, carvi; de \ij^ ou Ijlj . Nos manuscrits ont les deux leçons. Dans nabca la syncope s'explique par la prononciation vulgaire ou par la forme <aJ nibqa»
La lettre r est souvent intercalée dans l'intérieur du mot : calibre, épinard, fabrègue, busard, marcher, mu- lâtre. Dans alfange r est syncopé (2).
Plus rarement on relève la présence d'un m adventice au milieu du mot : camphre, tambour C J-L ) tymbale. On sait d'ailleurs combien le français aime à nasaliser, surtout quant il y a comme ici, apparence d'harmonie imitative. Comp. tampon, trimbaler, trinqueballe, etc.
De l'intercalation du c nous ne connaissons d'autre exemple que cuscute (plante) de Zj^ kochoût, même sens. Le Mlnhâ^ d'Ibn ôazla (man. cit.) donne encore les
formes : CjytJ^^jl^ytJ^^liy^^'^^^ ei^^* Nos autres ma- nuscrits emploient Zj^t^ etO^^fl. Ibn el-Beithâra 1j^ Comme dans les mots dérivés du latin, les combinai-
(1) La syncope est fréquente dans les patois arabes. Ainsi X'' -^ devien- dra 1U.I». ; xIjV , <-JV , jl^ , ji/^ . Dans z^ le vulgaire maintiendra à la fois le cliadda et le soukoùn sur le Idm.
(2) Dozy. Glossaire des 7nots espagnols, etc. p. 23. A la syncope d'alfan- ge comparez k> vulgaii-e ^-n.",, ,-^ khamst^ach pour^^c^tx^^ khammf-achar^ quinze.
LI.
sons mr, ml intercalent un b euphonique : Alhambra (i), emblique (2) et peut-être gambra (3) ; st est adouci en ; (4) : mozarabe. [Cfr. mousselin). En espagnol les applications sont naturellement plus fréquentes, les emprunts arabes étant beaucoup plus considérables.
Le double J^ t emphatique se rend par st : estragon, pastèque, de j^l o\x'i^\ . Dans ce dernier mot le peu- ple fait toujours sentir un J^, énergiquement redoublé. C'est également Torthographe de Ousâma Ibn Monqid ; du Kitâb al-Fosoûl de Râzî, du Minhâg; de Soyoûtî et de Bàsim le Forgeron ; (manuscrits cités.) Le lexicographe Richardson, on ne sait pourquoi, ne redouble pas le t.
(1) De >1^»JI al-hamrd, fémia. de ^,,^\ ahmar, rouge; «l'enceinte et les tours de ce monument sont en briques rouges». (Littré. Supplém.) Voir Al-Maqqarî pass,
(2) Ecrit aussi emblic et amhlique, sorte de myrobolan; de ^^| /2/rty, même sens. Il est astringent, stomachique, fortifie les cheveux etc.
Miiihâf dlbn 'Gazla), L'arabe vulgaire a une certaine prédilection pour ' combinaison mh. Comparez >L>. mhalcU pom* jb halâ^ mais si ! ^jK^S - nhdreh Tpour ^j[J\ al-bdreh, hier; jy.^ peut-être, est parfois prononcé niharkî. Voy. Bdsim ( dialecte égyptien ) et Alma?iach du Bdchir
pass. Le 6 prosthétique mis par le vulgaire avant le moddre^ a été assez
souvent signalé poiu* qu'il soit inutile d'y revenir.
(3) Perdrix garnira d'Algérie (V. Litt. SuppL) Gambra n'est-il pas ii'i pour 'l^^w>. hamrd, la rouge? L'espagnol a des exemples de ^
■venu ,17. La perdrix gambra est rousse plutôt que rouge.
(4) Ou 5 : mozarabe était autrefois musarahe et mésarabe.
LU.
Enfin, comme en espagnol, un certain nombre de mots dérivent directement d'un pluriel arabe : caraque, bu- sard (i), cafre (r), tambour, calebasse (peut-être de
On peut rattacher ripopée à ^y^ ou à <lXyj roboûbât, autre pluriel de ^j , employé dans les pharmacopées arabes, par ex. dans le Minhâg ad-dokkân. Et a:{imuth } Nous croyons qu'on est aussi fondé à y voir le pluriel C^/^\ as-somoût^ que le singulier c^^-
(1) Et peut-être même buse (Voy. p. 59). Mais il nous paraît à peu près certain que busard dérive de %\'J houzât, plur. de jb. , en admettant l'insertion de r. Ce pluriel revient fréquemment dans les récits de chasse d'Ousâma ibn Monqid.
LES MOTS FRANÇAIS DÉRIVÉS DE L'ARABE.
Abattre, de JaJ^i ahbai^ dejecit, dit M. Narducci(i). L'étymologiste italien se contente trop souvent d'une ressemblance extérieure entre les mots. (2) Pourquoi demander à l'arabe des explications que le latin donne surabondamment?
Abouquel. «On se sert de piastres abouquels (3) ou Lions d'Hollande,... d'Abouquels de Hongrie, ou sequins Hongrois» (Mémoires du chevalier d^'Arvieux. VI; 445)-de ^J!^ y) Abou Kalb^ le père du chien. — u Abou-Kelb c'est-à-dire le vieux chien [sic)^ parce que ce sont des pièces de monnaie d'Hollande, sur lesquelles il y a un lion rampant, que les Arabes, qui tronquent tous les noms, appellent un chien.» Bruce. (Voyage aux sources du
(1) Seconde saggio di vociitaliane derivate dell'arabo. p. 7.
(2) Même remarque pour aita, ancora, (de^l ?) angoscia, briaco de ^j, cibura et potum largius sumpsit, mot extraordinaii^e en ce sens, — corne de UT etc..
(3) L'abouquel s'appelle aussi assalani ou. aslani «assalanis, monnaie d'Hollande, c. a. d. marqués d'un lion» (D'Arvieux) du turc o^^S ou ùy^j\ lion.
1
2 ABRI
Nil, en Nubie et en Abyssinie. édit. Panckoucke). De Monconys dans le Journal des ses voyages écrit Aboukel. Abricot. Espagnol: albarcoque, albercoque, aber- coch. — Dialecte de Majorque: albarcoc. — Dial. de Valence: albercoch. — Portugais: albricoque. — Italien: albercocca, albicocca. — Il n'est plus permis de douter que ce mot vienne de Jyj;dl albarquouq ou albirquoaq. Mais les Arabes ont primitivement emprunté JyjtJ) aux Latins, qui désignaient souvent les abricots par Tépithète prœcoqua (i), ou, si l'on veut, au grec TTQaiMnia. Dioscoride l'affirme expressément (I. 165): « rà firila do^spiaux, ^(o^aïi^TÎ de TiQaiiAÔy.ia »• Ibn El-Beithar le répète après lui, dans sa
A
description de l'abricot CJlt^), Voici ce qu'il dit d'après Dioscoride : J^jV^ (^^jjjjjL^^.Uyjl ZÀj)l\ il JII3 UUjl Uij L'abricot se nomme en langue franque barqouqia. [2) ( Ibn-Beithar, édit. d'Egypte) (3). M. le Docteur Leclerc dans sa traduction du traité des Simples d'Ibn El-Beithar conteste cette étymologie et préfère tirer abricot et Jy^.
(1) V. Forcellini s. v. prœcox.
(2) Le grec moderne ^8omoY.Y.ov abricot n'est aussi qu'une légère alté- ration de jyî^
(3) Aujoui'd'iiui dans le Levant ainsi que dans le Maghreb, l'abricot est appelé ^- , ^^
ACHE
du latin prœcocia (i). Mais alors, il est impossible d'ex- pliquer la présence de l'article arabe dans tous les mots désignant l'abricot dans les langues romanes, comme on peut s'en convaincre en examinant les formes citées en tête de cet article.
Abutilon. Plante d'agrément des pays chauds, appar- tenant à la famille des malvacées, de ùj^yj\ oûboûitloûn, Avicenne dit qu'elle ressemble à une courge (p-^) , pro- bablement par les fleurs, comme le remarque le D^ Le- clerc (2). Bocthor écrit aussi û^y^.ji' ahoutîloun, dont abutilon n'est que la transcription (3).
Achernar ou Akharnar. C'est une étoile brillante située à l'extrémité de la constellation d'Eridan. Transcription de ^^Jlj»-1 akhir an riahr, la fin du fleuve, (4) j^\ an-nahr^ le fleuve est le nom arabe de la constellation d'Eridan, (( La 34™® étoile... est de i^® grandeur; c'est celle que
(1) Cobarruviaz est aussi de cet avis. Forcellini ne semble pas non plus se douter de l'existence du mot arabe. En revanche, voici une explication qu'on n'acccusera pas de n'être pas assez savante : « on a tiré de la racine ôam^/^^ des dérivés qui à première vue paraissent n'avoir rien de commun.... ainsi bargouq est l'abricot.... Barquous (?) est le fruit brillant au teint jaune et vermeil ( ! !),.. » Journal Asiai, Novembre p. 534. Un peu moins de sanscrit et beaucoup plus d'arabe auraient évité cette bévue à l'auteur.
(2j Traduction d'Ibn el-Beithar N*^ 196.
(3) M. Edouard Gasselin dans son dictionnaire Arabe-français (arabe vulgaire, arabe grammatical) n'a pom* Abutilon d'autre traduction que jy i^Jai^,
(4) C'est la traduction du ' Eç^faro^ tov 7tOTa\iov de Ptolémée.
4 ALAN
Ton marque sur l'astrolabe méridionale, et que l'on nomme ji^l^^l la fin du Jïeuve>> [\). Arago et beaucoup d'autres astronomes écrivent Achernard (2).
Achour. Nom d'un impôt payé par les indigènes en Algérie, de j^Lp 'achour, littér. dîme (v. Zekkat).
Adagio. De j^dajja, leniter incessit. (Narducci) Nous ne citons cette explication que pour mémoire.
Adêne et Adénium. Arbrisseau grimpant d'Arabie (adenia venenata) baptisé par Forskal d'après le nom arabe û-vo 'adan\ il y a encore la forme û:-^ 'oudaïn, qui est le diminutif de û-^-
Affion. esp : afion, ancien terme de pharmacie, de ù^a ' afioûn qui vient du grec omov . Nous ne voyons pas pour- quoi M. de Eguilaz transcrit Oj*>' par ofion.
Afrite. Sorte de lutin popularisé par les Mille et une Nuits, àez^ Jic 'ifrit. Mais le peuple prononce ji^yc \ifnt.
Alancabuth. Partie de l'astrolabe, de 0^^id«i 1 al- 'ankaboût; propr. araignée (v. Devic). La forme espagno- le alhancabut a essayé de rendre par h le ^ arabe,
(1) Description des étoiles fixes par AbduiTahman As-sufi. Traduit par Schjellerup. 1874 p. 212.
(2) C'est une de ces fantaisies orthographiques trop communes aux savants qui ne sont pas au courant des langues orientales. De là en astro- nomie etc. ces transcriptions impossibles.
ALBA 5
de même dans alhansara (S^.'A:*il al-ansara),
Albacore. Poisson de mer semblable au thon ou à la bonite Esp : albacora. Ptg : albocor, albecora, Sjjxllîl de iilbakoâra; poisson, dans le P. Lerchundi.
Albara ou Albora. Lèpre blanche. Esp: albarazo. Ptg: albaraz, albarazo, alvaraz; de^j^jjJl a/i^aras, lèpre. Abou- burs ou abiiburs[i)^ transcription de ^j^\y} abou-albaras, ou ^j^j^y) aboii-albors^ est le nom donné par les habitants du Caire au Ptyodactyle d'Hasselquist, parce qu^on pré- tend que l'usage de quelques aliments sur lesquels il aurait passé, suffit pour produire la lèpre (v. Dict. d'Hist. naturel. d'Orbigny s. v. ).
Albatros. M. Marcel Devic se donne beaucoup de peine pour tirer ce mot de^j^Uil alqâdoûs. M. deEguilaz trouve que c'est fort ingénieux, mais guère satisfaisant ( Gloss. etimoL s. v. alcatraz). Nous sommes de l'avis du savant professeur de Grenade. Pour prouver son
(1) Cfr. Aboukarne «poisson qui signifie père de la corne; aussi en'a-t-il une qui luy sort du liaut de la teste.» Voyages du S"" de Mouconys I, 227. De même Abou-Hannes, nom de l'ibis sacré iC. d'Orbigny), de jil^ jA abou- hannach, composé de^^i père, ^l». serpent, reptile, insecte. L'Ibis fut ainsi appelé parce qu'on croyait qu'il délivrait l'Egypte des serpents venimeux. Bruce l'appelle Abou-Hannès, le père de Jean, parce ({u'à l'époque de la S* Jean, ces oiseaux commencent à apparaître sur les bords du Nil. C'est sans doute Abou-Hanna que l'illustre voyageur a voulu écrire, car Hnnna tp" abréviation de u>jj louhanna, signifie Jean.
6 ALBO
assertion, M. Devic devrait apporter plus que des rap- prochements et des analogies.
Alberge ou Auberge, (sorte de pêche), espagn : alber- chigo, alberchiga, alberge. port: alperche, alperxe, alpersico, sont rattachés par M. Marcel Devic à Jyjjil Albarqôuq. Les formes espagnoles et portug. semblent admettre difficilement cette dérivation. Le sens aussi pro- teste; car alberge désigne une pêche (i). Avec M. Léop. de Eguilaz (2), je préfère y voir un composé de Tarticle arabe Jl al et du latin perslcum. Ces composés hybrides ne sont pas rares en espagnol ; nous aurons l'occasion de le constater dans la suite. Je n'admets pas non plus la dérivation de J^jÂH alfirsiq, parce qu'il faudrait admettre le changement de J» f en b, dont on ne connaît qu'un seul exemple : aljico^ pour alplco:;. Quant à caba{^ de jsM j cette dérivation n'étant pas hors de conteste, on ne peut s'en prévaloir ici. (V. Cabas).
Albotin. Ce terme désignait autrefois en pharmacie le térébinthe et sa résine, de^LJ > albotm ou alboioum. L'au- teur du Glosar. etimol. de las palabras Espanolas écrit albotan, transcription évidemment défectueuse.
(1) D'après quelques naturalistes Talberg'e est aussi une variété d'abricot.
(2) Glosario eti/mol. de las palabras Eapanolas de brigen oriental. — Granada. 1886. s. v. alberchigo.
ALCA 7
Alcade. Transcription de^lAil, alqâdî le juge (v. Cadi).
Alcali. De Ql alqilâ ou Jlil alqill^ même sens. Il existe aussi une forme arabe vulgaire alqaU. « Nous nous trouvâ- mes dans une campagne pleine d'une herbe appelée Keli ou Kali, que les Arabes brûlent et en font la cendre dont on fait le savon et le verre. » (D'Arvieux II, 197. )
Alcaron. Nom du scorpion africain , Buihas afer. L. — Il est difficile de ne pas remarquer la ressemblance de ces mots avec les formes esp: alacran. val: alacrâ, aliacrâ. P/o^: alacral,alacrâo, lacrào, qui dérivent évidem- ment de ^yJI al-âqrab^ scorpion.
Alcarraza. Vase de terre poreuse pour faire rafraîchir l'eau. Esp. et Ptg : alcarraza. Basque : alcarraza , alcar- ratza. Provençal: alcarazas de j\jZJ\alkourra^, ou j^j^=é\ alkoiira^, cruche à col étroit servant à faire rafraîchir l'eau (i). Il n'est pas nécessaire de recourir avec Engel- mann «à un substantif cami'a dérivé du verbe ^_j-^? [carrasa) rafraîchir (2) » ; cette conjecture est solidement réfutée par Dozy dans le Glossaire (p. 86). «L'Académie écrit au singulier alcarazas; mais il n'y a aucune raison pour ne pas suivre l'orthographe espagnole; surtout il faut sup-
(1) Voyez notro Synonymie arabe. N^ 961. j^^iJl J : JjVI «j^JI-XaUI jJI^
(2) Engeltnann. Glossaire des mots esp. et pti^." dérivés de l'arabe — Leyde 1^61, — Le substantif de ^^ ne ferait pas Carrâsa.
8 ALDE
primer ïs qui est signe du pluriel et qui rend le mot tout à fait barbare » (Littré). Nous aurons l'occasion de faire la même remarque à propos d'autres mots d'origine arabe, que le caprice a défigurés.
Alchandes. «Mot probablement d'origine arabe, qu'on lit dans Cuba ( Hortus sanitatis. 98). Il est cité avec celui d'Abremon comme un poisson très-soigneux pour ses petits, qui s'attache aux navires et les rend immobiles». (Dict. d'hist. nat. I. 2:53 ).
Alcôve. Esp. et Ptg: alcoba. Cat, Major q. et Ptg : alcowa. Basq : alcoba. Ital: alcova, alcovo, de i2\alquoub- ba, qui signifie dôme, et aussi : petite chambre, cabinet, pavillon, et même baldaquin, comme dans ce passage du Kitab Alictifa cité par M. de Eguilaz : « Sur un trône porté par 3 mules, et sous un baldaquin orné de pierres précieuses et de saphirs (i). C>!>U)»l»M.t 4)^ Xj^ i^
Aldôbaran. De o^j^ j\\ aldabarân, étymologie bien con- nue. «On la nomme dabaran^ parcequ'elle suit les Pléiades.
* >
On la nomme aussi la suivante des Pléiades. \>\j^^ Ji^
« ^\ Je (^5^J Wl ojyJ (Abdurrahman. 1 37) En effet j,h dabjr, signifie venir derrière, suivre. C'est un des rares
(1) V. Lane. Thousand and one nights. I. 231. -et Eguilaz. s. v. alcoba.
ALDE 9
exemples de mot où le / de l'article arabe ne s'est pas assimilé à la lettre solaire suivante. Sans doute parce- qu'il aura été transcrit directement des recueils arabes d'astronomie. La même anomalie se remarque dans les formes espagn. et ptg : aldebaran, dans le major quin et le ptg : aldebara. Il y a pourtant addebaran en espag. forme absolument correcte (i).
Aidée. Bourgs et villages des possessions européennes en Afrique et dans les Indes. \}J\ii.)esp: aldea. ptg : aldeia. val: aldeya; de^-^iall alday'a, ferme, bourgade (2). Comme dans ces textes du moyen-âge : « Et nullus homo sit ausus pignorare in suas aldeas » ( Fueros de Sepulv. por Munoz p. 283). « Dono etiam et illam a/i^fam ». Dans aidée encore l'assimilation a été négligée. Devic l'attribue à la prononciation emphatique à\x ^ à qui dans les langues hispaniques entraîne souvent l'introduction d'un / [Alcalde, albayalde de ^Uil et Js>\^\ ). Mais si on veut se reporter
(1) Bien souvent l'espagnol semble ne pas tenir compte de cette assi- milation comme dans aldub (oo!!), aldica (ï^;.ila!l), aldora (SjjDI), airota, (oj^l) altamia (lijijl), altramus (.^^1) etc. Actuellement encore dans le Levant cette règle n'est pas toujours fidèlement gardée par le peuple sur- tout devant certaines lettres, le ^ par. ex. Pour Dozy le / dans aldebaran est euphonique
(2) Cfr. Edrisi. Description de l'Afrique et de l'Espagne : éd. Dozy et de Goeje. page 51. L. 19. et Ibn-Haukal ( édit. de Goeje) p. 212 L. 6. p. 217. lign. 11.
lo ALEZ
à la note de Aldébaran, on verra que ce phénomène est plus général.
Alépine. Etoffe de soie et de laine fabriquée à Alep. Le mot a été formé directement en français, ou l'on a pris Tadjectif arabe ^ halabi^ d'Alep, à l'exemple des Espa- gnols qui ont Alepi ( catal. majorq. et valen ) ainsi que aie- pin. En Espagnol alep y roue de moulin, est une corruption de wNjal) ad-doulaby roue, machine à irrigation (Eguilaz p. 151).
Alezan. Cheval qui est d'un rouge ou brun plus ou moins foncé. Esp : alazan, alazano. pal: alaçâ, ptg, alazâo. Engelmann le fait venir de J;Lai-i alhisân, equus nobilis et pulcher; Dozy, Devic et Eguilaz repoussent cette déri- vation parcequ'elle ne spécifie point une couleur de robe. Cela ne paraît pas péremptoire. Bien des mots, en pas- sant du latin dans les langues romanes, ont étendu ou restreint leur signification, (i) M. Devic propose ^^1 ahlas, colorem nigrum in dorso cum rubro mixtum habens ovis; qui fait au féminin *\ll^halsâ. Le mot, on le voit, n'a pas le sens d'alezan, et il se dit de la brebis. Pourtant halsâ s'accorde assez avec les formes alaçâ et aLi::;âo.
(1) Cfr. j\imentam en latin, toute bête de somme, devenu en fiançais ju- ment. Caballus ( ro.=îse ) a'est ennobli en devenant cheval ( V. Brachet. Dict. étymol. XXII). Voir aussi plus loin Elixir.
ALFA 1 1
M. de Eguilaz ne se déclare pas encore satisfait et il pro- pose J&3 Vl, al-a^'ar, qui signifie blond, alezan. Remarquons d'abord que le véritable sens de j^j\ est « raris pilis prœ- ditus» (Kamous. Freyt. Bostani. Belot. (i) etc.) de là on a pu passer à blond, même à brun, roux; et c'est le cas en Barbarie (V. Dozy, supplément aux Dict. et Gasselin). De al-az'ar avec l'apocope de r final. M. Eguilaz obtient la forme alaçâ et ala^âo et par le changement de r en n l'espagnol ala^an.
Alfange. Espèce de cimeterre. Esp : alfange. Val: alfang. basq : alfangea. M. Devic fait remarquer que alfange est un mot espagnol introduit en France par les écrivains du XYII""® siècle. Il vient de^^l, alkhanjar, coutelas, poignard, sabre (2) d'oij nous avons pris les formes cangiar, khanjar, khandjar. Le portugais a encore
(1) Bostani, dési-^ae l'auteur d'un grand dictionnaire arabe, nommé Ii-sJlI i»2^» • Le P. Belot a composé le Vocabul. arabe-frauç. à l'usage des étudiants —Beyrouth. 1883 et 1888.
(2) M"" Michel Chapiro, dans ses « Révélations étymologiques» (Odessa 1880), n'admet pas cette étymologie, «une telle altération, dit-il, serait sans exemple» (!) La, thèse de l'auteur est que les noms d'armes tran- chantes dérivent d'un nom d'arbre . L'étymologie d'alfange donnée par lui, est conforme à ces principes. N'oublions [>as non plus que M. Chapii*o n'est pas partisan des étymologies orientales : pour lui « les dérivations des mots romans de l'arabe sont pour la plus grande partie chimériques» [op. c t. n° 32 ) Ce qu'il prétend, c'est «l'émancipation de la langue française de l'arabe, du persan, du basque et du bas et haut tudesque» (Ibid. VI). Tout cela n'est pas bien claii*.
12 ALGA
alfageme « alfange o espada corta » (Eguil. ). Le chan- gement de £^ en /'est fréquent dans les idiomes ibériques. Cfr, alfado de Jai-l , alface de âLLi etc..
Algarade. Esp\ basg: algarada. val : algarâ. On s'accor- de à tirer ces mots de SjUll alghâra^ incursion, expédition guerrière. M. Devic a raison de dire que ce ne peut être une dérivation directe vu l'accentuation. SjUll a déjà donné l'espagnol algara qui a absolument la même signification. Mais comment s'est formé algarade} « De algara est formé le verbe algarear, crier à l'attaque, répandre J'alarme, et de là le substantif algarada dans le sens de cri, tumulte, vacarme, algara ve » (Engelm. 5*. z;. algara ). L'étymologie de M. Devic S^^^l alarrâda, catapulte, qui en espagnol est devenu algarada me semble improbable. Il n'y a là qu'une rencontre fortuite de sons. Je ne crois pas non plus pouvoir admettre S:>1^1 algarrâda, escar- mouche (?) qui ne repose que sur l'autorité de Marcel. ( i) c'est trop peu.
On ne doit pas s'étonner que de SjUll , attaque armée, on en soit venu au sens de vacarme, cris etc. On connaît l'usage des Arabes de commencer l'attaque par de foi'mi- dables cris pour inspirer de la terreur aux ennemis.
(1) ((Escarmouche: ï^i^ajl » d'où le fr. algarade» (Marcel: Vocab. franç.- ar.) M. de Eguil az adopte cette étymologie.
ALGU
Algazelle ou Algazel. Espèce du genre des antilopes vivant en Afrique; de Jljii) algha^âl, la gazelle (i).
Algèbre. Etymol. bien connue. Esp, ptg. cat : algebra basq: algebrea de j\Û a/gaZr (2) réduction. Chez les Espagnols le rebouteur est appelé algebrista , mot qui a la même origine. En arabe jJl^jfc' est casser le bras;
-xJiji^ c'est remettre en place, réduire l'os dérangé. (V. Mas'oudi. Prairies. VI. 43^).
Algorithme. Aux formes romanes citées par M. Devic ajoutez les suivantes : Esp : algurismo, alguarismo, argo- rismo. Ptg: algarismo, algorismo. Val: algoritme;de (/jj^^i alkhauâri^mi, Mathématicien arabe ( V. Devic et Journ. Asiat. 1863-1®^ sem. p. 519).
Alguazil. Ce mot vient de j/jjli alwâ^ir, visir, con- seiller. Sur le passage du sens de visir à celui d'officier de police, voyez le Glossaire d'Engelm. etDozy. Les for- mes suivantes aideront à comprendre comment jr^jjil alwâ^ir est dewenu alguazil. Esp : aguacil, alguacil. val: ahuacil, alhuascir, alguacir. majorq : agutsil. cat : agusil, agutzir, algotsir, algutsir, alquatzil. Ptg: alvacil, alvasil, alvasir, etc.. (V. Eguilaz). M. Edouard Gasselin pense
(1) Pour plus de détails V. Dict. d'hist. nat. I. 618.
(2) «de l'arabe aldjabroun» dit M. Brachet qui joint ensemble Tarticlt al et la nunnation, malgré les protestations de la grammaire arabe.
14 ALIC
que algiia:{il vient de « (^ jUll alghâsi , soldat " ( i ;. L'examen des formes hispaniques montre que cette opinion est insoutenable. Dans Argousln M. Devic voit une corruption de alguazil.
Alhagées. Légumineuses dont le type est le sainfoin alhagi. Cette plante nous est venue de l'Orient; et toutes les espèces connues croissent dans le Levant et en Egypte. Tournefort la trouva dans l'île de Syra; elle avait déjà été découverte par Rauwolfen 15^7; le botaniste allemand la nomma alhagi Maurorum, de ^\ a/hdgg. Avicenne, Ibn el-Beithar,Kazouini etc. font remarquer que c'est sur cette plante qu'on recueille la manne téréniabin ù^i-j tarangabîn. Ce dernier dit l'alhagée excellente pour la poi- trine et cite à l'appui le dicton : « ^[^jj^W j, i^li^l ce qu'il faut à la poitrine, c'est l'alhagée ». D'après les descriptions des Arabes c'est une plante épineuse, ressemblant à une asperge, mais plus grande que cette dernière.
Alhaiot. Etoile brillante du Cocher. On écrit aussi Ayuk, de Jjlil al-ayoùq^ou avec M. Schjellerup je vois une corruption de «^'b , cette constellation étant habituelle- ment nommée la chèvre.
Alicates. Petites tenailles, pinces. Esp : alicates, ali-
1
(1) Dictionn. français-arabe [s. v.).
ALLE 1 ^
cames (i). M. Defrémery le tirede J^Éll) al-laqqâi qui vient de JaÂl laqai^ recueillir, ramasser. Bocthor et Marcel tra- duisent tenailles par i?Û, sens que les dictionnaires classi- ques ont sans doute oublié de relever, mais qui a dû exister. Le même verbe nous adonné J^^ui^ milqât, pince. Dans les Chevaux du Sahara par Daumas (p. 1 94) leggate ( des tenailles) est nommé parmi les instruments du maré- chal-ferrant indigène.
Alidade; deS^UaJl al'idâda^ qui a aussi le sens de règle. Nous renvoyons pour plus d'explications aux articles de Engelmann et de M. Devic. Mais nous ne comprenons pas pourquoi ce dernier savant a admis la forme plus ou moins barbare deS^L^^ au lieu delja^^ (2).
Alizari. Nom commercial de la garance, d'oij la sub- stance appelée en chimie alqarine.-Esp : alizari. M. Devic avec raison y voit SjUiJI al'asara suc ^ jus tiré d'un végé- tal par compression ( Kam-Freyt-Bost-Belot ). Eguilaz adopte aussi la même étymologie, qui paraît être la véri- table.
Allez. Interjection. M. A. Sévillot y voit Texclamation
(1) Remarquons le n euphonique dont l'usage est fréquent en espagnol comme nous am'ons l'occasion de le remarquer.
(2) ejx^ est formé régulièrement de ^k.; tracer des lignes, tandis que S u.^* n'a aucune dérivation dans la langue.
i6 ALMA
arabe -il iA\allah, allahî et de cette façon il a expliqué comment le verbe aller s'est introduit dans notre langue. « Quand Froissard ( Addit. 128; c. 635 p. 214) se sert de ces expressions: «Allez! allez! traître!» et rappelle le grand meschef de la cité de Limoges, il parle ara- be » (i). C'est assurément fort ingénieux, mais il faudrait des preuves. Un fait curieux c'est que les arabes ont cons- tamment à la bouche l'exclamation <bl l/a allah (littérale- ment ô Dieu! ) ou comme on prononce /a//a^ qui a exac- tement le sens de allez! allons! en avant! Dans Marcel -uil est aussi la traduction de allons!
Almadie ou Almade. Esp. et ptg : almadia; radeau, bac de \j^'mi\ alnia\iîa,vdiàeQ.\x. C'est d'après l'auteur du »U-t. JJill une petite barque pour passer une rivière : j^^li^» (((2) ^1 l^jl5^ Jjl jU^l^i^l. Le même auteur fait remar- quer que le mot est arabe, mais que son acception dans le sens de « barque » appartient au langage du peuple « I4IP ^1 U^ \k\^z^\ J^ "^j^ "^ yb ». En effet \j^ est for- mé régulièrement de ^^op \ida^ passer, traverser. « Nous passâmes le soir à la maadie^ qui signifie passage... L'on
(1) Hist. géaér. des Arabes. Tome II. p. 221 —Paris. 1877
(2) - jjiiJI 'Ui, page 219. L'auteur est le célèbre Chehab-ed-din Ahmad âl-Khafagi, commentateiu* du yyf\^\ ïj^ de Hariri.
ALMA
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passe dans un bac par le moyen d'une grosse corde qui traverse d'un rivage à l'autre. » D'Arvieux ï. 214.
Almanach. Esp: almanac, almanaque. Ptg. et ait. alma- nach. Il est bien certain que le mot ne dérive pas de r^ll (i) almanâkh, endroit où les chameaux s'agenouillent, et dans le langage populaire, climat. Pour désigner un almanach, les Arabes disent ou^^-yJ taqoutm^ ou r^l*« mathoâkh, ou Z*Vjj rou:{nâma (2). Ce qui est certain aussi c'est que le mot «A,wfim/a ou àluaviayâ se trouve dans Eu- sèbe (Prépar. Evangél. T. III. 4™^ édit. Gaisford) précisé- ment dans le sens de calendrier et d'almanach. Comme il est question en cet endroit de calendriers égyptiens, il n'est pas impossible que almanach ait une origine copte. Une autre explication, c'est de faire de almanach un mot composé de l'article arabe et du latin Manacus ou Mana- chus (Vitruve) « circulus in horologio solari cujus ope... menses seu XII zodiaci signa ab umbra gnomonis indi- cantur. Hinc Itali suum habent almanacco, ab Arabibus nempe derivatum, quiarticulum al ipsorum proprium voci
(1) Comme l'insinue Bostaui dans son dictionnaire (s. v. ^y). M. de Eguilaz le dérive de « ^ull Kalendarium en R. Martin » (Glos. etimol. s. v.).
(2) On a prétendu que les Ai'abes ont fait pour almanach ce qu'ils ont fait pour almageste, alchimie, alambic, c'est-à-dire qu'ils ont accolé leur article à des mots grecs ou latins. Fort bien, mais cette opération aurait laissé des traces, comme dans les mots cités. Or on ne connaît aucun ex- emple où ^uli soit employé dans le sens de calendi'ier.
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ALMU
manacho praefigunt» (Forcell.). Ces sortes de composés ne sont pas rares en espagnol, comme almear composé de al et de mear corruption de métal. — Almarga, com- posé de al et du latin marga.
Almargen. Terme de l'ancienne pharmacie : poudre d'almargen, corail calciné, autrefois employé en méde- cine, (i) deûli-jl^ almargân, le corail (2), dont almargen est la transcription, en tenant compte de Vimalé. Le mot arabe n'est lui-même qu'une altération du grec {laçyaoirrii
Aimée. Danseuse indienne; de l'arabe almet, savante, ces femmes possédant une certaine connaissance de la musique et de la danse. (Litt.) En effet 4I U \ilma veut dire, savante, instruite, de J^ 'alima, savoir. M. Gasselin admet cette étymologie.
AlmudeouAlmoude. Esp: almud. Ptg: almude. Cat: almut; mesure de liquides en Espagne, de j[\,al moudd^ dérivé du latin modium. Cette mesure qui a varié d'après les pays se trouve décrite au N^ 1 242 des Synon. arabes.
(1) D'après Kazouini la poudre de corail est excellente pour les maux d'yeux ^^.J^j cû«3I r^y^ j Ji.jj . . . ^iT lil y^j i^Uj ^ .^ J^l ( ùl>^i ) »
a;?a^l (Kazouini ob>^^l ^Si»^ . p. 238 — Édit. Wustënfeld).
(2) V. Synonymes Arabes N** 1621, et Joui-n. Asiat. 1868 -Fév. p. 201. Devic et Eguilaz transcrivent mordjdn, en mettant im damma sui* le ^. Freytag établit une distinction entre ol^lr^ . et c\^y» distinction qui semble ignorée de Teifaclii, Kazouini, Tartouchi etc.
ALPH
Alphanette ou Alphanesse. Esp. et Ptg : alfaneque. dit. et Maj: alfanet; faucon au plumage noir assez com- mun en Tunisie et en Algérie. M. Dozy prétend que ce nom est tiré du fennec. On aurait dit d'abord dL:Âll3l bâ^ al-fanak, le faucon (propre à la chasse) du fennec; puis pour abréger, on aurait supprimé le terme bâ^, faucon. Avec M. de Eguilaz nous repoussons cette expli- cation, ingénieuse il est vrai, mais purement hypothéti- que. J'ai vainement cherché, parmi les vingt noms ou surnoms, attribués au faucon jlM^ et à son congénère l'épervier, quelque chose qui pût concorder avec alfane- que, d'où nous est venu alphanette. Je me contenterai donc d'exposer les hypothèses émises à ce sujet. Sousa propose jAi-l , alkhânlq, l'étrangleur. Un autre, s'appuyant sur le plumage noir attribué à l'alphanette, le dérive de ^^^^ ahanaki. En effet dl) U hânek est énuméré dans le 4iUI 4^5 (i ) et le Kitâb al-aàdâd (2) parmi les synonymes de :>yJ\ avec le sens de noir foncé. M. de Eguilaz voit dans alfaneque une corruption du latin faco, précédé de l'ar- ticle arabe, explication qui me semble plausible (Cfr. Glos. etim. s. v. ).
(1) P. 73-Beyi*outh. Imprim. Catholique, édit. Cheikho. S. J.
(2) ^i^ôVl U^^' 104 et 105. édit. Eoutsma.
20 ALQU
Alphard. C'est Va de l'Hydre. Transcription de :>'^\ alfard, littér : la solitaire : ^^ Jp(iâlU-Jl^ jb) ^^S}ii\j AALll^côilyjVby t^^oyll j:«ll^l . Les Arabes nomment la 1 2"^® étoile brillante, située à la fin du cou, al-fard, la So- litaire ; ils l'ont nommée Solitaire à cause de son isolement des autres étoiles qui lui ressemblent» (i). Abdurrahman As-Sufi relève vivement un astronome ignorant qui avait donné à alphard (^yll) le nom de^^l alqlrd, singe (2).
Aloës, Littré tire ce mot de l'arabe aluat. C'est sans doute ^y^\ al'oûd que l'illustre lexicographe a prétendu transcrire; effectivement 3^îl al-'oûd désigne l'aloës (Avic. Can, L. II. p. 231) (3). Seulement ce sont les Arabes qui ont emprunté leur moi iS)^ alwa, aloës, aux Latins, qui avaient aloe, es ( dans Pline et Celse ) et aloa qui est dans Isidore de Séville. La traduction arabe de Dioscoride le prouve : « jvjl S^ y^j ^j\ : alwa est la plante qui produit l'aloës » (4).
Alquifoux. Esp: alquifol (5). Variété de plomb sulfuré.
(1) Etoiles fixes ôl Abdurrahman As-Sufi. p. 236.
(2) Ibid. p. 39.
(3) Cfr. Mas'oudi : Praii-ies d'or. édit. B. de Meynai-d. I. 72-169-330- 341 etc.
(4) Dans le supplément de son Dict., Littré reconnaît l'origine latine de aloës.
(5) Comp. le portugais alquifa de JuSOl. stibium, sorte d'antimoine.
AMAL 21
M. Devic a établi l'étymologie de ce mot. Nous ren- voyons à son article. Alquifoux n'est qu'une altération de jî^l alkohl, altération très-simple, si on remarque que r- devient très-souvent /en espagnol. (Comp : alfageme de A^\ , alfage de ^t-1 , alfamar de jIiC l etc. ).
Altair. a de la constellation de l'Aigle (V. Wèga).
Alula. C'est le v ei et S de la Grande Ourse. (Arago) de l'arabe JjVUjiïïl a /-^a/;[a/ al-oâlâ, littér. le premier saut, et par abréviation JjVi al-oûlâ, le premier (i).
Alvarde. Esp: albardin. Val: albardi.-Graminée res- semblant au sparte, de c^^jill albardi, Ibn-el-Beithar, qui la décrit longuement, dit que c'est le papyrus, qu'on en fait des cordes et qu'on s'en servait pour faire du papier ( s. V. S^j, ). « Le papyrus est appelé en Egypte el berdi, mot qui n'a aucune signification en Arabe^ et qui appar- tient sans doute à l'ancien Egyptien » ( Bruce. Voyage en Nubie. T. V. p. 26).
Amalgame. M. Devic pense que ce mot a été intro- duit au XIII"^® siècle par les alchimistes. Il propose comme étymologie l'expression 4»li-lj/ 'amal al-gam'a^ ou bien4«>li-^l al-mougâma'a, l'union ( V. Devic. s. v. ). M. de Eguilaz voit dans a/zza/^am^ une métathèse dei^^H
(1) Etoiles fixes; par Abdurrahman As-Sufi (éd. Schjellerup.) p. 50.
22
AMAR
al-magma'a, lieu de réunion, réunion. On peut ajouter mA^ A'^. Mais comme l'a fait remarquer M. Devic, tant qu'on n'aura pas recueilli d'exemples des expressions ci-dessus dans les ouvrages d'alchimie arabe, les étymo- logies proposées resteront à l'état de conjectures.
Aman. Transcription de ùUl aman. C'est un terme spécial chez les Arabes, qui a le sens de sécurité, protec- tion, parole d'honneur.
Amarel. Nom vulgaire du Prunus mahaleb dans le midi de la France. Je soupçonne que c'est une altération de ^^1 al-mahlab, même signification. Le lam de l'article a disparu par syncope ( V. le mot suivant), le / du corps du mot est devenu final par métathèse.
Amarre. Esp. et P/^ : amarra. Ba^^ : amarrac. de j[\ almarr, corde, au moyen de la syncope du lam arabe, ce qui n'est pas rare en espagnol (i). Littré a recours au néerland, marren^ attacher, amarrer, et repousse l'étymo- logie arabe, sous prétexte que les langues du Nord nous ont donné beaucoup de termes de marine. Cette argumen- tation pourrait être retournée contre l'illustre auteur. Car on sait que pendant plusieurs siècles la Méditerrannée
(1) Comp: amarrido (jjaj^lt) amago (^Ii) etc. L'arabe a encore le ter- me î^^î, marasa, qui a proprement le sens d'amarre.
AMIR 23
a été un lac arabe. M. de Eguilaz n'hésite pas à adopter l'étymologie arabe dans son Gloss, étymologique.
Amiral. Il y a longtemps qu'on a reconnu dans la première partie de ce mot l'arabe juj âmîr, commandant. Mais ce qui embarrassait, c'était la terminaison al, qui se rencontre plus ou moins altérée dans toutes les formes du mot. On a bien vite répondu avec Engelmann que al demande évidemment un complément qui estjr bâhr, mer, ce qui ferait jf^^jj^l am^r al-bah.r, commandant de la mer. Cette expression, outre qu'on n'en a qu'un exemple ( Aboul-Mahasin. II. p. 116^ édit. Juynboll ), ne s'accorde pas avec de nombreux textes où amiraut, amirant^, amiral^ signifient simplement général, che de troupes, et non chef maritime d'une façon spé- ciale, (i) M. Devic, à qui nous empruntons cette der-
(1) Quand on voulait spécifier, ou ajoutait : de la mer. Voilà pourquoi on trouve dans des textes du moyen-âge almiraje de la mar et almirante de la mar. Et chez le Flamand Velthem: ammirael van der zee. Dans un Iti- néraire du XIIl'"^ sièôle, intitulé les Chemins de Bahjlone, et publié par la société de l'Orient Latin, le terme amiral revient plusieui'S fois avec un sens bien différent de. celui de notre amiral moderne: «xxiiij, Amh'aux, che- vetaines de l'ost; et chacun peut faire c chevaliers. Item encores y a Ixxx Amiraux de quoi les xl. Item encores y a xxx Amiraux.. ! Item il y a Ixx el- meccadens....)) Il me semble que ce terme d'amiraux en cet endroit est une altération de »|_yiî, oumard. pKiriel de j^\ amir, prince. Comparez pomHant ce que rapporte Niebuhr. Dans le Yérnen parmi les officiers de l'Imam, il y en a un qui porte le titre d'Emir Bahr; il a sous sa garde tous les bateaux; il doit aussi visiter toutes les marchandises qui arrivent et qui sortent par
24 ANAF
nière remarque, conclut que les désinences a/, aut, ant, at^^ etc.. restent toujours inexpliquées. Je crois que M. de Eguilaz a trouvé la véritable explication. La flotte qui maintenait les communications entre l'Afrique et l'Espagne s'appelait "^ jiVl J>-J1 ar-rahl al-Andalousi ou ^jGVI Jclj rahl al-Andalous, transport de l'Andalousie, et par abréviation J>.J\ ar-ràhl, le transport. Quand il s'agissait d'une expédition importante, le commandement des escadres était confié à un émir (i), qui prenait le titre de Jojijul âmîr ar-rahl^ commandant du convoi, de la flotte des Espagnes. Cette explication cadre admirable- ment avec le ptg. amiralh, où il n'y a qu''une simple métathèse ; avec le franc, amiral^ le français rejetant habituellement les aspirées; avec l'ital. ammiraglio^ ou le r- h s'est syncopé ; avec les formes espagn. ahnirag, almirage, almiraj et almiraje (2).
Anafin. Instrument de musique arabe (Litt.); de l'arabe-
mer. Ses fonctions étaient plutôt civiles que militaires, coname le ^j .jy Mir bahr, chez les Tiu'cs, sorte de capitaine du port.
(1) V. Ibn-Khaldoun-Proleg. etEngelm. (s. v.). Du temps d'Ibn-Khaldoan, les Arabes avaient déjà emprunté almirante aux Espagnols, et en avaient fait jdXjl, almiland (Prol. IL 32 Quatremère).
(2) Amirauté ne doit pas faire de difficulté : n est une lettre qui s'inter- cale facilement en espagnol. Pom' plus d'explications, voyez Eguilaz XXJ et p. 225. Nous faisons pourtant une réserve, c'est lorsque le savant éty- mologiste veut tirer almargen de ixaoyrjXig'
ARQU 25
persan jûJI an-nafrr^ trompette de cuivre qui rend un son très éclatant (V. Syn. arabes. n° 1473).
Anil. Plante qui fournit l'indigo; de là vient A/z/Zm^, de ^\ an-nîly même sens. «On sème là (i) en abondance une herbe nommée Nilé, dont la semence sert à faire la teinture bleue et est transportée en Egypte pour cet effet. » Voyage nouveau de la Terre-Sainte p. 7. Paris. 1679 (par le P. Naw S. J.).
Arabi. Poisson, nom que Forskal a indiqué comme la dénomination vulgaire du Mugil crenllabris (Dict. d'hist. nat.), de ij, y-' arabi adjectif formé de ^farab, les Arabes.
Argan ou Arganier. Arbre commun au Maroc ; de OUj> argâriy appelé aussi Jij\ (2) arqân etj^jiJl jj lau^ al- berber, amande berbère. Il y a aussi la forme ûU],a hargân et surtout O^^ji arghân, qui est employée concurremment avec J[£>.j\ argân par les meilleurs auteurs.
Arquebuse. Esp. arcabuz. Alix tire le mot espagnol de ^J'y^ uil al-qâboâs, de la racine ^^ , accendlt. Mais ^y}^\ n'a qu'un sens en arabe : « Vir pulcher vultu et colore » (3)
(1) À Beysan ou Bethsan, non loin du Joui'dain.
(2) Chez Edrisi p. 765. (Dozy traduit arcan). Chez Becri on trouveûli>^ et ùl?tU.
(3) ^j^'û ou tr^'lT Kabous se dit aussi d'un pistolet ou d'un petit fusil
26 ARQU
quoique d'ailleurs le verbe ^5, prendre feu, s'adapte- rait assez bien à notre étymologie. M. Defrémery pense que arcabu^ vient de ^p> \ al-qâus, arc ( i ). On sait, ajoute- t-il, que l'arquebuse avant d'être une arme à feu, était une arme à jet. Or après l'invention de la poudre, le nom de plusieurs machines de guerre passa aux armes à feu qui les remplacèrent. C'est ce qui arriva pour l'arquebuse. — Actuellement encore le verbe ^y, littéralement: tirer de l'arc, signifie dans la langue usuelle, tirer un coup (2) de fusil. Rien donc que de bien naturel jusqu'ici. Voici, pensons-nous, par quelles modifications successives jj-yll al-qâus est devenu arcabuz et arquebuse. (5) Le changement de i}\ al en arn'a rien que de normal et est fréquent en espagnol (4). (Comp. arcaduz pour alcaduz^ arcazon de ôb Jji^ etc.) Le j médial s'est changé en ^, comme dans Na- bab de i^\y , albacea de ^jil etc. Ce qui confirme cette conjecture, c'est que le verbe akauciar est employé
Mais cette signification est récente et css deux mots sont des transcrip- tions arabes de Tesp. arcabuz.
(1) Journal Asiatique. Janvier 1862 p. 92.
(2) Ajoutez ^'ijj qoum fusillade, coup de fusil (Humbert-Henry).
(3) M. Dozy ne l'admet pas et voit dans l'arquebuse, ou l'allemand ha- kenbuchse, ou le flamand haeckbuyse, arquebuse à croc. Comment expKquer alors arquebuse à croc ? C'est là une tautologie que l'illustre orientaliste accepte trop facilement,
(4) Ce changement se rencontre aussi dans des mots venus du latin ou du grec comme algnnon, algalie, etc.
ARSE 27
en Colombie dans le sens de arquebuser. Or alcauciar vient évidemment de ^yîl alqaus (V. Dozy. SuppL).
Arratel. Mesure de poids, valant environ 460 gram- mes. En esp : arrelde. ptg: arrate, arratel. basq : erraldea. Arratel est la transcription de jLJI arratl, mesure qui a beaucoup varié, et qui équivaut aujourd'hui en Syrie à environ 2570 grammes. D'après le Chev. d'Ar vieux (Mémoires. VI. 456) «le quintal est de cent Ratles et la Ratle de cinq livres trois quarts, poids de Marseille».
Arrobe. Mesure de poids, usitée dans les possessions espagnoles et portugaises, de 11 kil. 500 (Litt.) Es*/?, et ptg: arroba, arrobo. gall: arroa. basq: arrobea ; de *ij\ ar-roub' le quart. « Per V solidos parient arrobo de trigo , arrobo de ordio per XII solidos. » Texte de 1 102.
Arsenal. Esp : arsenal, cat. et Maj : darsanale. portug : arcenal. ital: arzena, arzenale. De Monconys écrit arsenac ; de ^pL Jl as-sma'a, construction, ou^iîjlas-sa/z'a, même sens. M. Defrémery a prouvé (i) que ces deux ex- pressions se disent fort bien (sans le mot jb dâr)^ d'un arsenal maritime. Le r d'arsenal, selon M. Devic, est dû probablement à la prononciation emphatique du jj^ s; ou bien n'y aurait-il pas là une réminiscence de ji^ dâr, mai-
(1) Journal Asiatique. Avril 1867 p. 416 et 1869. Juin. 1869, note.
28 ATHA
son, qui précédait habituellement îpll^sma'a? (i) Peut- être n'est-ce là qu'un des exemples, où l'article Jl al est devenu ar (Voyez arquebuse). C'est aussi l'avis de M. Defrémery (Journ. Asiat. T. XIII, 1869. p. 537).
Assassins. Les maîtres de la science étymologique ont décidé que ce mot dérive de ^l^ hachâchi^ ou '^^ixl^ hachîcht^ dérivé de JUJt^ \\achîch, le hachich. Il est étrange que dans toutes les formes du mot assassin les deux ^ ch aient disparu. En dérivant assassin de Hassan- ben-Sabah, on évitait cette difficulté. Ajoutons qu'il est assez rare de trouver chez les auteurs arabes le nom de ^\1>- ou JiiJ^ appliqué aux Bathéniens.
Athanor. Four des alchimistes, de jjdl attannoûr, foyer, réchaud, four portatif, et encore trou pratiqué dans le sol pour cuire le pain; tandis que ô} fourn^ {de funius ) est un grand four en maçonnerie (2).
(1) M. de Eguilaz tire le mot espagnol atarazana de <:^lnl) at~tarsana, ou vlàB^-^l at-tarsakhâna. Mais les Arabes reconnaissent eux-mêmes que ces mots sont pris de l'italien (V. Bostani JWl ia-at* s. v. lu-p). Le même auteur semble donner à darsena la même étymologie qu'à atarazana. Ne serait-il pas plus naturel de dériver darsena de ï*jua)l jb dâr sa?ia^a: com- me dans ce passage d'Ibn-Djobair: « la ville de Messine possède un arsenal, renfermant des vaisseaux dont le nombre est incalculable. » <1aZ.â <k-^.j >biap ,5:094 V t» Jp Jt^Oi\ jj> ^pà Xic^ jli. Ibn Khaldoun appelle de même l'arsenal de Tunis <pUo jI^ (prol. IL 35).
(2) V. nos Synonymes Arabes N"^ 917. Le j^ij est d'un usage général en Syrie, chez les gens de la campagne.
AUGE
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Aubère. Se dit d'un cheval dont le corps est couvert d'un mélange de poils rouges et de poils blancs. (Litt. ) Blanc, bai et alezan; entre le blanc et le bai. Je n'ai pas cru inutile de donner ces différentes définitions qui mon- trent que ce n'est pas le blanc qui domine dans la nuance particulière de la robe du cheval appelé aubère^ et que partant il est inutile de chercher son étymologie dans albus. Guadix a le premier proposé de dériver ce mot de (^jlJ- houbâra^ outarde, en esp. hobero, que le P. de Alcala explique par «Color de Cavallo ». Le plumage de cet oiseau présente en effet toutes les variétés de couleur énumérées plus haut: le blanc, le brun, le cendré, le noir dominent. Damiri parle seulement de la couleur cendrée du houbâra « ùj^\ (i^Uj j:J\ Jj^j-lLy^, c'est un oiseau au long cou, au plumage cendré». Le changement de (ijL>. houbara en aubère, hobero, est naturel, si l'on tient compte de l'imalé. Ajoutons que cette étymologie est adoptée par des savants comme Engelmann, Devic et Eguilaz.
Auge. Esp. et cat : auge, val: aug, aux. ital: auge. Terme d'astronomie, vient de ^jl Atig, qui signifie hau- teur d'un astre ou ce qu'on appelle aujourd'hui apsides. Ce mot n'est pas d'origine arabe, Freytag le dit persan. L'auteur du J-U)l *U^ est d'un autre avis : «'^xj^ XJ^^ ^
50 AUMU
jUil 1*1:*^. Auge est un mot indien signifiant hauteur» (i) ^\ (augoun) ne serait-il pas une altération de ànoyaLov}
Aumusse. Esp: almocela, almoçala, almozalla, almozela, almuzalla, almozela, almuzeria. ptg. gai. et bas lat : almo- ceWoi. provenç : almussa. /^tï/: mozeta. L'aumusse est une peau de martre, que les chanoines portent sur les bras, lorsqu'ils vont à l'office. Ce mot, ancien en français, vien- drait d'après quelques étymologistes, du bas-latin almucia, qui serait composé de l'article arabe et de l'allemand mut^e^ bonnet, toque. Nous ne croyons pas pouvoir ad- mettre cette explication. Si ces mots composés sont communs en espagnol, ils sont rares en français, surtout quand la dernière partie est un terme d'origine germani- que. Les formes espagnoles citées plus haut dérivent
5? ^ >
certainement de J^ I (2) almousallâ^ tapis sur lequel on s'agenouille pour prier (Dozy et Engel. ). Mais almocela et ses congénères désignent non seulement un tapis pour prier, mais aussi une couverture et même une partie du vêtement (3), un voile pour se couvrir la tête. (V. Eguilaz
(1) M. de Eguilaz propose ^j\ ou ^'ji.. Nous ne connaissons pas ce der- nier mot, du moins avec la vocalisation donnée par le savant espagnol, et surtout le sens d'élévation qu'il y ajoute.
(2) C'est sans doute par distraction que Engelmann écrit :^,o4JI qui est une faute d'orthographe.
(3) « Do omnia mea rem movilem lectorum; cozodras et plumazos, tape-
AVAN 31
S. V. almocela). De là au sens d'aumusse le passage est facile, et nous pensons qu'il a été fait.
Avanie. Le terme est certainement d'importation orientale. La lecture des anciens voyages au Levant ne laisse guère de doutes à cet égard. « Le genre de persé- cutions... n'est pas tant les tourments et la mort que les peines pécuniaires qu'on appelle Az^a/z/^s* » (i). Le mot revient souvent dans les Mémoires du Chevalier d'Ar- vieux. «Hussein-Pacha avait généreusement prêté à la nation Française une somme considérable sans intérêts, pour payer la grosse avanie que Hassan lui avait impo- sée » (T. IL p. I . et pass. ). C''est toujours dans le sens de peine pécuniaire, amende, imposition, sans aucune idée de mépris ; ce qui exclut 0^j<^ hawân, mépris, donné comme étymologie par Pihan. Bocthor traduit avanie par 0^^ oijc; 'awâriy 'awânia , expressions qu'il faut probablement mettre sur le compte de son génie inventif Pour le reste, on n^a que des conjectures sur la véritable étymologie du mot en question. M. Devic les énumère en les discutant. On peut lire son article.
des et abnozalas, simul et alifeifes, et manteles » et encore: aDe meo mobi- le... et meos vestiles, et acitaros, et collectras, et almucellas,y) V. Ducange. (1) Lettres des Lett. édifiantes, édit, Aimé-Martin, I. 252. Avanies est en italiques dans le texte.
3 2 AVIV
Avarie. E^/?. basq: avaria, ptg: avalia, avaria, ital: avaria. Nous pensons avec Dozy (i)que ce mot est d*ori- gine arabe ; jijp 'ai/^ar signifie une déchirure, un défaut; et actuellement encore chez les marchands, CJij\^\al-awâ- rîât se dit des marchandises avariées (Bocthor-Bostani- Heury). Avarie au sens de droit d'entretien d'un port pour chaque vaisseau qui y mouille, a une origine germa- nique, havaria, haveria, dans la basse latinité; delà même racine, d'oij est venu havre. Il correspond au néerlandais havery (V. Brachet).
Avicenniées. Genre de plantes voisin des Verbéna- cées et des Myoporinées ( Dict. de d'Orbigny) qui tire son nom de l'illustre Uju j} Ibn-Sînâ. Le nom d'Avicenne nous est venu probablement par l'Espagne. Or dans la Péninsule tous les noms propres arabes débutant par cf} ibn, sont transcrits aben ou aven. De là Abencerrage j^>- cf} , Averroës jl^JI cf} etc.
Avives. Esp\ adiva, adivas. basq: adibac. Engorgement des glandes parotides chez le cheval. 4*U!I ad-àiba est le terme vulgaire désignant une maladie de gorge, rendant la respiration difficile. Les médecins l'appellent ^ôîl ad-dibaha, d'où dérive peut-être la forme basque adibac.
(1) Qai est pourtant trop affîrmatif. M. Gasselin se contente de relever «l'analogie qui existe entre le mot français et le mot arabe».
AZÉD 3j
Chez Freytag oill est « Morbi species qua affici solet guttur jumenti ».
Axirnach. Terme de médecine. Tumeur graisseuse de la paupière, qui se manifeste surtout chez les enfants, de Jt^l ach'charnâq, morbus quidam oculi (Golius) ; et non pas jJ^^I ach-chirnaq^ comme écrit Devic.
Azamoglan. Jeune élève d'équitation nouvellement reçu au service de la personne du Sultan, dans l'ancien temps (i); il se dit maintenant d'un jeune serviteur chargé des fonctions les plus basses du sérail. C'est le turc ô!>Ul ^ 'agam oghlân, composé du turc ùMci oghlân^ garçon, et de l'arabe ^ agâm^ qui signifie proprement persan, et qui s'applique à tout peuple étranger, non arabe (2). Pour expliquer le changement de r: ^ en j^, M. Devic suppose que azamoglan est une transcription grecque; les Grecs remplaçant habituellement le k g des Turcs par ^ (3).
Azédarac ou Azadaracht (4). Esp : acedarac, acedara-
(1) Mallouf. Dict. Turc-français.
(2) Comme le ^doSaçog des Grecs.
(3) D'Arvieiix et d'autres voyageurs écrivent Agemoglan.
(4) On trouve encore azédarach, et azédaracha ; cette dernière orthogra- phe nous paraît tout-à-fait vicieuse. Le nom d'azadirachta a été appliqué à un arbre du genre de l'azédarac commun ( V. Diction, d'hist. natui'elle, C. d'Orbigny).
3
H AZER
que. ptg: asedarac. C'est un arbre originaire de Syrie ou de Perse , remarquable par ses fleurs violettes dont Todeur rappelle celle du lilas (i). Son nom c^jS^ljl a^âd darakht, qui nous a été transmis par les Arabes, est d'origine persane. ^^ j- 4^jUll oljut* dit Ibn-Beithar. «Son nom en persan signifie arbre libre» ou^p^l jJi^ comme dit un autre, ce qui est la même chose. Cette dénomina- tion lui a sans doute été attribuée à cause des propriétés vénéneuses (2) de ses fruits, que tous les médecins et bo- tanistes arabes ont signalées. Les femmes employaient ses feuilles pour allonger leurs cheveux, et le suc de ses fruits pour les faire pousser. Kazouini (Cosmogr. I. 249 ) dit à peu près la même chose : «^^1 jJ» j J^îl J::a» Jjij Sjlocj» Azerbe. C'est une espèce de muscade sauvage dépour- vue de saveur, dit C. d'Orbigny dans le Diction, univer. d'histoire naturelle. Ce n'est donc pas jUall as-sibâr « fructus arboris acidi saporis » ( Freyt. ). D'après Ibn- Beithar: « ^^ (S^^-'^> (iJLiil j}\ jfi> jL^l , as-sibâr est le tama-
(1) Nouvelle Flore Française par M. M, Gillet et Magne, 6°^^ édit. 1887, p. 96. L'azédarac, très commun en Syrie, y est appelé cÀJj-'j zanzalakht, et en Egypte càJjÎj zalzalacht, deux altérations de c^j^ ^Ijl.
(2) Nous croyons que les auteiu's de la Nouv. Flore Franc, exagèrent, quand ils prétendent que toutes les parties de cet arbre sont vénéneuses à haute dose. Les feuilles du zanzalakht sont très-recherchées en Syrie com- me fouiTage.
AZER 35
rin employé en médecine» (i). M. de Eguilaz (2) voit dans Tesp. acerbe (le même que notre acerbe) le latin acerbus. Mais cela s'accorderait mal avec la définition citée plus haut. Force est donc de recourir à l'étymolo- gie déjà proposée par M. De vie, d'après laquelle azerbe représenterait j^\ ad-dabr, noix sauvage, muscade, pro- noncé à la persane a^-\abr.
Azôrole. Esp : acerolla, azerola. val\ aczerola, atsarolla, atsoroll, soroUa. cat : adserola. ptg: azarola, azerola. ital: azzeruolo, lazzeruola, lazzarolo, lazarino. Tournefort écrit a^arole, a^arolier ; de jjj:>j^ a:{-^o^roûr (3) même sens. Cet arbre est commun aux environs de Beyrouth, et dans le Liban (4), oij il atteint de belles proportions, quand on le laisse pousser. Le mot n'est pas d'origine arabe, d'a- près ûawâlîqî qui le croit d'origine persane: (15) lô/fc Ul Çj^ Lj^' iL^b L'I^l i;^^ 1; jj^ijîl ^iL tiôîî ^î (6) M. de Eguilaz voit dans Sjjjcjl a^-^a'roûra une trans-
(1) Ce qui a fait penser à jl^l, c'est la ressemblance à'' azerbe avec les formes portug. azevre, azebre, azevar, qui d'après Engelmann (GIoss. p. 35) dérivent de ce mot arabe.
(2) Glosario etimol. {a. V. acerbe).
(3) La forme jj^ej)! azza^roûr est connue au Maghreb; le P. de Alcala écrit aussi le mot avec a,
(4) Où plusieurs petites localités lui doivent leur nom.
(5) Voir aussi : Aramaeische Fremdwœrter im Arabischen. par S.Frœn- kel.p. 142.
(6) Al-mu'arrab (édit. Sachau) p. 77.
j6 AZIM
cription du latin acedula^ et dérive l'espagnol acerola (qui est notre a^érole) du même mot latin au moyen de la conversion de d en r. Nous croyons que la comparai- son des différentes formes romanes d'a^érole est surtout favorable à l'étymologie arabe. C'est Tavis de Marina, Dozy, Engelmann et Devic.
Azimech. C'est Va de la Vierge; on Tappelle aussi l'Epi de la Vierge; de fJQl, as-simâk, hauteur, préémi- nence. As-simâk est donc l'étoile prééminente, de la racine Oy^dX^l^ être haut, être élevé, être prééminent (i); AclIoV S^lc^ ^J^ dit Sibawaïhi, confirmant l'explication précédente. Chez les Arabes o€\J\ désignent deux étoiles, dont la première Jj&Vi fJlcJl est notre Azimech, et l'autre fyj\ lUcJl est Arcturus du Bouvier. Arcturus a été surnommé ^\j\ armé d'une lance, parce qu'une étoile voisine s'appelle l'étendard ou la lance de simâk
fJlcJl ^jj \^j. Azimech est surnommé J>Vl le désarmé, parce qu'il est isolé.
(1) C'est aussi l'avis de M. Schjellerup, dans sa Ti*ad. de l'ouvrage d'Abd-uiTahman As-Sufi. Description des étoiles fixes p. 66.-Voici ce que dit le commentaire du Majani (,_jiVI jl?*^ Imp.Cath. Beyrouth..,) ùl^U-JI U-i^^^o-J ù^ru-Jl; lliïi ùllru ùL5}r. Cette explication est confirmée par le vers bien connu de Férazdaq.
M. Devic avoue qu'il n'a pu découvrir le sens de simâk. Voir aussi le li- vre d'Albirouni: 'j^]\i,\\ oj^l ^ ï^oUI jlJVl (p. 344. - 11.) Edit. Ed. Sachan.
BAGA j7
B
Bagage. Ei"/? : bagage./)/^: bagagem. ca^:bagatge. val: bâgaig. — M. de Eguilaz pense que ce mot a été introduit en Europe par les Croisés, qui l'auraient emprunté à l'arabe i^i bouqga ou ZtL^ bouqcha, paquet de linge et d'habits (i), terme très employé en Syrie; on en a même formé un verbe A empaqueter. Ce mot qui n'appartient pas à la langue classique, est d'origine persane i^"i « involucrum ex tela, aut corio confectum, plerumque quadrangulum, ubi involvuntur vestes vel lin- teamina » ( VuUers ). Nous renvoyons pour plus de détails à l'excellent article de M. de Eguilaz.
Cobarruvias a pensé que les Espagnols ont emprunté « bagage » aux Français. Nous croirions plutôt le con- traire. Bagage apparaît chez nous assez timidement au 16^^ siècle, tandis qu'il est déjà employé comme un ter- me usuel par Hurtado de Mendoza (mort en 1^73), Argote de Molina, Cervantes, Mariana etc.
(1) Comme dans ce passage des Mille et une nuits... j i_|-?v j3 ùISj itA et plus loin o»2JI d\C Cj> .jJù^Sj etc. (V. aJj UJ wi)l H. p. 149 etc. édi- tion du P. Salhani S. J. Beyrouth). Voir aussi les savantes notes de Qua- tremère. Suit. Mamelouks. T. I. l'"^ partie p. 12, 219, 253 etc.
^8 BAGA
Bagasse. Femme de mauvaise vie. « On n'entend que ces mots: chienne, louve, bagasse» (Molière). Esp : bagas- sa, gavasa. yoroz^ : baguassa; de l%\ bâghîsa^ féminin de jpl bâghi^ (i). « Improbitati deditus et incumbens, inhonestus et obscœnus», dans Freytag; libertin, dans Kazim. (2).
Bagasse. Canne passée au moulin et dont on a extrait le sucre etc., de Tespagnol baga^o^ disent les diction- naires. Et baga^o} C'est une métathèse de .t^ khabath, scoria ferri (3) similisve rei (Freyt.), scorie en général (4); au moyen de la transcription du f kh par g (Cf. port. ganinfa de Zl^ ) et du ^Ij th par ^. (Cf. a^umbre de ^D L'étymologie est de M. de Eguilaz. Serait-il même impos- sible que Zi\^khabitha^ par exemple, participe féminin de la même racine ^^khabath^ scortatus est, ait donné naissance à bagasse, femme de mauvaise vie? Cela s'ac- corderait à merveille avec la forme val. gavasa. Pour la transcription du <!» th par 5" nous avons l'exemple de tas-
(1) Et non hager comme écrit Littré.
(2) Notre étymologie est en somme celle de Marina, appuyée par Egui- laz. Voir dans ce dernier les autres étymologies proposées : "Cm meretrix ou plutôt î^j ou ^ij et ïi.>i9 ( Glosar. etim. s. v. hagasa.)
(3) c^i a aussi le sens d'ordures, de débris, de détritus jetés sur la voie publique, comme dans ce passage d'une circulaire du Ministère de l'Inté- rieui- en Egypte: ^)| ^^1 o^tU^Jb ï^Ull lUiUI ^ J^a^dl o-iJI Ulj
(4) Cfr. Ibn el-Beithar 5. v.
BAL A 39
quiva 'i..2S ; c'est d'ailleurs la valeur que le peuple donne à cette lettre dans presque tous les pays de langue arabe.
Bagatelle. Esp : bagatela . maj : bagatel . ptg, et maj: bagatelle, ital: bagatella. Les étymologies proposées jusqu'à ce jour étaient vraiment insuffisantes. M. de Eguilaz dérive bagatela de jLjj» bawâiil [baguatil d'après la transcription espagnole ), pluriel de ^j^\ ' bâùl, vanité, futilité. Nous ne voyons pas ce qu'on pourrait opposer à cette explication. Quanta la transcription de j par g^ elle est tellement ordinaire en espagnol, qu'il est inutile d'en donner des exemples.
Balais. Rubis (i). Esp, balaj. esp* et ptg : balax, balaxo. cat: balaix. ital: balascio; de^^^. balkhach, nom de cette pierre précieuse en arabe. Voici ce qu'en dit Al-kha- agi (2): «i>L (/j ol^-^. iSJp A ûl^- Cj- -4 j*->r ^ lt^' ^ £i3l . Le balkhach (balais) est une pierre précieuse qui vient de Balkhachân, localité du pays des Turcs, que les Per- sans appellent Badakhchân, » Teîfâchi ajoute que « Balkha- chan est une des villes principales des Turcs dans le voi- sinage des frontières de la Chine ; û-^ -^'y j^ SOclî JitJÂ
(1) Régnier a dit que sur le nez de son Pédant brillaient :
« Maints rubis balais tout rougissants de vin ».
(2) Dans jjLiJi -Ui. 5. u. Voir aussi sui' le j,»^^ les notes de Quatremè- re dans les Sultans Mamelouks.
40 BARA
Baldaquin. Esp. et cat: baldaqui. esp: balanquin, balduquin, baldoque. ital: baldacchino. La ville de Bag- dad s'appelait au moyen-âge Baldach, Baldac, [i)Baudac^ et même Baudrac (2) ; on y fabriquait de riches étoffes nommées Baudequins ou Baldaquins (3) en arabe 's/^. baghdâdl (V, Istakhrl. 93) servant à faire des tentures. En arabe même le nom de Bagdad ^llûr ^a^M^i s'écrit de bien des manières Si-UT et iiji et O'oiT et O'^ai)' et 0^-^ et :i\j^A etc.. (4). L'espagnol Z'a/ia^w/ semble bien une altération de ti^loi baghdâdt, adjectif de Bagdad. Pour les autres formes il est probable qu'elles se seront formées directement de « Baldac » comme le veut M. Devic.
Balourd et Baliverne. Ces mots n'auraient-ils pas subi l'influence de J^i> balîd, stupide. maladroit?
Barat. Patente de drogman délivrée par des consuls Européens à des sujets du Grand-Seigneur ( Bouill ) et en général : diplôme, brevet, lettre patente ; exequatur dé- livré par la Porte : « il pratiquait le Trucheman du Cadi
(1) uAlquifa de Meca, é alquifa de Baldac, e al rey de India etc..» La Gran Conq. de Ultr, II. ch. 88. — V. Trévoux, s. v.
(2) Dans un texte Provençal publié par la société de l'Orient latin. V. Quinti Belli sacri scriptores. Ed. Rohriclit. p. 192, Dans le naême recueil p. 152. Bagdad s'appelle Bactani. — V. aussi Hist. Occid. Crois. GIoss.
(3) V. Hist. Occid. IL GIoss.—Rqj. Colo?iies Fra?îques de Syrie p. 217.
(4) V. Almuarrab. p. 32. Cette divergence s'explique, le mot n'étant pas d'origine arabe. Voir aussi Yaqoût (I. p. 676. et 677. lig. l^""^ et suiv.).
BARB 41
pour inspirer à ce chef de la justice de ne point me re- connaître comme Consul, attendu que je n'avais pas mon Barat de la Porte» (D'Arvieux III. 520); du turc JL»!^ barât, même sens, venant, comme beaucoup d'autres termes administratifs, de l'arabe S^l^ (i) barâat, immu- nité, et aussi privilège royal, passe-port etc.. (Bost. Kazim). On écrit encore Bérat conformément à la pronon- ciation turque.
Barbacane. Esp : barbacana. pt g : barbacâo, barcacane. Namurois: barbakène. Ouverture longue et étroite pour l'é- coulement des eaux ; et encore : meurtrière pratiquée dans le mur des forteresses, de '/j^ barbakh, tuyau d'aqueduc, égoût etc. Seule la terminaison ane fait difficulté ; quoi- qu'il ne soit pas rare de voir cette terminaison ou d'autres semblables s'ajouter à la fin des mots dont l'origine arabe est d'ailleurs incontestable (2). Je ne connais pas d'expli- cation plus plausible que de voir dans la finale du mot qui nous occupe l'arabe-persan Z U. khâna, maison grande ou petite (3). C'est aussi l'avis de Brachet : « barbacane, dit-il, à l'origine barbaquane dans Joinville, n'est que la
(1) Et non ïi2f comme écrit Devic.
(2) En espagnol surtout albardin (^^^1), alfenique (jJU)l) etc. Devic renvoie ici à Amiral. Nous avons vu que la finale al représente probable- ment un înot arabe j>^, ra\il.
(3) V. nos Synonymes arabes. N° 1363. Il ne manque pas d'exemples de
42 BARB
transcription de Tarabe barbak-khaneh (rempart))) (i)ou « galerie servant de rempart devant une porte ». ( Litt. ).
Barboter. D'après Littré ce verbe viendrait du pro- vençal barbot, lyre, dérivé lui-même du latin barbitus. Barboter aurait pris un sens péjoratif; puis il aurait signifié le bruit ou barbotement dans l'eau, et finalement l'action d'y barboter. Cette étymologie demande quelques obser- vations. D'abord nous croyons que barbot dérive non pas de barbitus (2), mais de l'arabe Ja^: barbait^ sorte de lyre persane, dont nous avons fait berbeth. Les auteurs arabes, généralement assez mauvais étymologistes et com- plètement étrangers à la langue grecque, ont comparé le barbait à la poitrine du canard, et ils ont fait de ce mot un composé du persan j^ bar^ poitrine, et de l'arabe Ja»
^att. canard, j-i^^ ^zt ^\ c/M« ^^ y^^ V j*-* 3^^ ^^f^ ^,J^^ (3) JaTj; J-S>j: A^jUljJuJIj iaJl . Le Chifâ al~Ghalîl re- produit la même explication (p. 43). Plus loin (p. 54)
cette composition contraire, il est vrai, au génie de la langue arabe: com- me <jii. ^_.dC» maktab-khâneh, bibliothèque, é:[i.iijajbatrakhâneh, palais pa- triarcal etc. Peut-être cette terminaison ane est-elle produite par un n qui s'ajoute facilement à la fin des mots. (V. amiral, note 1. pag. 24).
(1) Dict. étymol. s. v. « Barbacane, mot rapporté de l'orient par les croisés, comme beaucoup d'autres termes militaires du moyen-âge» (Ibid.).
(2) Barbitus n'aurait pas donné barbot.
(3) Muarrab. 30- et jju)l Ui-. p. 55. On y verra que les Arabes tiennent à cette explication. F. Génin semble admettre que la première syllabe bar dans barboter est un péjoratif [Récréations philologiques. I. 276. et 279) .
BARD 43
il ajoute que le Ja|j; est une lyre à 3 cordes :/:> j^ Ja>j; jfcjl ^M* (i). Cette lyre devait avoir un son assez mono- tone , surtout comparée aux autres lyres beaucoup plus complètes. De là sans doute barboter aura pris le sens péjoratif et les autres significations dont parle Littré. Ajoutons que la comparaison avec la poitrine du ca- nard n'aura pas été sans influence sur le sens définitif du mot. Comparez barboteur , canard domestique ; bar- botière, mare à canard (2). Bocthor traduit barboter , agiter l'eau avec les mains, par Ja j'^ barbai, traduction reproduite par Dozy (Supplém).
Bardache. Esp : bardaxa, bardaja. Ital: bardascia; de jr^j; bardag, captif, esclave. Ce mot très-ancien en arabe (V. Muarrab. p. 6. ) vient du persan oj; bardah, captif
Barde. Autrefois aubarde. Esp. et Ptg : albarda, barda. ital: barda. La barde est «une selle de grosses toiles piquées et bourrées. » (Litt). C'est exactement le sens de ^pSj'. ou ^^jbarda'a, barda'a ( Belot-Heury-Bocth). Ce mot d'origine persane (3) n'a dans Freytag que le
(1) Voir aussi sur la finale de herbeth (Jaj^j) Prolegom. d'Ibn-Khal- doun. II. 354 ( Quatremère ).
(2) Et peut-être barbotes, navires à fond plat, comme le Marquis deMont- ferrat en fit construii^e à Tyi* pendant le siège de cette ville par Saladin ( 1188. ) V. Rey, Col. Franq. 150 - M. Gasselin traduit barboter par ^
(3) V. S. Frœnkel. p. 104 - ( op. siip. laud. ).
44 BARG
sens de « couverture qu'on place sur le dos de la bête pour adoucir le contact du bât ».
Bardeau ou Bardot. Petit mulet ; et encore : petit mulet marchant en tête, et qui porte le muletier. Esp: albardon. /ifa/ : bàrdotto. En Berry l'âne s'appelle aussi : bardaud. Littré dérive ce mot de bardcy selle. Dans ce cas bardot serait encore d'origine arabe (V. barde). Mais on peut s'étonner qu'on n'ait pas plus tôt relevé l'étrange res- semblance de sens et de forme de ce mot avec l'arabe OjSj:^ birdaun, ou comme prononce le peuple ûj^ji (i) bardouru ûj Vr désigne une bête de somme au pas lourd et pesant, un mulet (2), en latin burdo, onis, comme traduit Freytag; en grec ^ovodoor^ dont la ressemblance est encore plus frappante. Le mot d'ailleurs est ancien en arabe (3).
Bargache. «Espèce de moucheron» (Trévoux). « Une nuée de certains petits moucherons noirs, nommés bar- gaches, parurent sur le champ» P. Roger. Voyage de Terre Sainte. C'est la transcription de JJ-x barghach, espèce de moucheron. Bargache se trouve dans le i< Supplément au Did. de l'Académie, contenant les mots
(1) Ibn Awam a aussi ojAjt ^^^^ ^^ ^''-^^- H. 2'"'^ partie p. 18. et 34.
(2) V. Synon. Arabes. N^ 413.
(3) V. Moarrab. p. 72 et Aram. Fremdwœrt.S. Frœnkel. p. 106.
I
BARQ 45
adoptés par l'usage etc.. Imprimé à l'Etranger, en Tan- née 1786. »
Barge. Embarcation plate. Bas-lat: barga. ital: bargia, prov : barja. Les étymologistes sont assez embarrassés pour retrouver l'origine de ce mot. Ne pourrait-on pas le rap- procher de l>-j\ bâriga ? mot qui d'après le Qamous signifie navire de guerre (i). Un passage de Beidâwî con- firmerait cette hypothèse. Cet auteur pour prouver que rj\^ tabarrag, signifie: montrer, découvrir ses parures, (2) rapproche le verbe ^ de i^^jl^;*!- embarcation bâriga, et il explique 4».jl par ÇU 4la^ V, c'est-à-dire embarcation découverte, non pontée. Quoiqu'il en soit, il est certain que le mot a eu d'autres sens que celui indiqué par le Qamous. Il a servi tout spécialement à désigner les vais- seaux ou embarcations des pirates Indiens ; comme dans le Livre des Merveilles de l'Inde. (Traduction de M. Devic p. 114 etc.) Mas'ôudî (3), Belâdori (4) Moqaddasî (5).
Barque. « Mot qu'on n'a pas trouvé en fi-ançais avant le ï6"^^ S. et qui vient du L. barca (canot dans Isidore de
(1) V. plus loin Ramberge.
(2) Cfi'. ce passage du idtâb al-Aghâni (lI-276-éd. Salhani) sur l'arrivée de Gabala le Ghassanide. <J| JixJ c^J-j c^^ V) yJlc Vj ^5Ci jJ ^j
(3) Prairies d'or. III. 37."
(4) Edit. de Goeje. p. 435-445-446.
(5) Géographes Arabes. III. 145.- V. aussi Dozy. Suppl. sub ^jj
46 BAZA
Séville) par l'intermédiaire des formes espag. ou ital. barca... La forme barque prouve que ce mot n'est point venu directement du latin en français ; il aurait donné barche comme arca a donné archet) ( Brachet. Dict. étym.). Il est curieux de rapprocher de barque l'arabe <fj; qui est dans Istakhrî dans une lettre de l'an 3 24 (hég), oij l'on rapporte qu'un commerçant d'Oman perdit dans un incendie 400 barques * Zj^ <^j\ il Jjb-^ ; et un autre manuscrit confirme la leçon :a Jk ^2 (^-^^ ^if^ JjÏj îSjvllj \yj ùyji' 45j; la barque chez eux est une embarcation con- tenant cinquante charges», ^v, semble donc un mot ap- partenant au dialecte d'Oman. A son tour, Mokaddasî l'emploie (p. 32 -1. i.) conjointement avec 'i^\j^bourâ- kîa{ji 1. 15 ) qui est aussi dans ôauharî. Ajoutons que ^fj, barkoûs, barque, (pi. ^J>^^\x) est plusieurs fois em- ployé par Bohâ ed-din dans sa Vita Saladlnl Mais il ne paraît pas le considérer comme un mot bien compris de ses contemporains puisqu'il l'explique parjû^ ^jT^ petit navire.
Bazar. Mot d'origine persane J\j\ bâ^âr, mais qui est employé aussi en arabe avec le sens de J^ marché. Le mot est dans Istakhri (p. 72. note k) et dans un passage identique de Ibn-ôoubair p. 243, qui le signale comme
BEDA 47
un mot assez extraordinaire , et dans Yaqout passim.
Bedaine. On a donné pour ce mot des étymologies à faire dresser les cheveux sur la tête (i). Et pourtant il y a l'arabe jLi> bain (2) ventre; jL baian^ distentio ven- tris. Le changement de i? t en i dans ces deux mots n'est pas plus extraordinaire que celui de l'espag. badana de ÎJlL ( d'où notre mot basane) adama de î^tlall (3). Il^y a encore le verbe O-4 badan^ être gros, corpulent, qui a formé ÔJ<i bodn, obésité, corpulence, et û-^. badati qui désigne le corps à l'exception des pieds et de la tête, buste, tronc; et même ventre dans un passage de Chams ed-dîn de Damas (p. 165). C'est aussi la traduction de M. Mehren.
M. Gasselin dans son Dictionnaire traduit bedaine par « oj^ J'f^ [langue en général) ». Il y a là une légère con-
(1) L'expression est de A. Sédillôt. (Hist. Univ. des Arabes I. p. 2-et 422). qui s'indigne de voii* bedaine rapprochée de boudin, et de bedon (tambour).
(2) Prononcé batène par le peuple qui ne veut pas finii* sur deux soukoun.
(3) Basane est écrit bedana dans un arrêt du parlement de Paris ( V. Ducange). Il y a encore en espagnol badeha de Xi^; , baden ( ravin creusé par les eaux) de ^; - badina (mare, flaque d'eau ) de J^h . M. de Eguilaz cite encore d'autres] mots dans son introduction p. XVIII. Il faudrait ajou- ter bandullo, bedaine, dans lequel Mûller et Dozy voient une transposition de Joj^, s'il était prouvé que le mot espagnol n'est pas un dérivé de ventri culus p. ex.
48 BÉHE
fusion : J^jT ne se dit que des ruminants, (V. S/n. arab. N° 1 1 2 1 ) particularité clairement notée par Freytag.
Bédégar, Bédégard ou Bédeguard. Excroissance pro- duite sur les églantiers et les rosiers par la piqûre d'un insecte, de l'arabe-persan ^jjj^U' bâdaward^ qu'on écrit encore ^jji^l ^jjlilet ^jjSl. C'est la 5*/? ma alba,'^y-av&a X8VY.ri des anciens. Le peuple l'appelle aussi Z^j\l\ aS'j^I l'épine bénie. ( V. Devic et D^ Leclerc).
Bédouin. Esp. etptg: beduino, bedoin. May. et z^ai': bedui. Ptg: beduin, bédouin; de I^j-o Z>aia 2/^^, adjectif de jjb badou désert. Le Roman d'Aubery fait mention des Bédouins :
Aucun payen ne Beduïn
Ne me for firent vaillant un Angevin.
On trouve aussi Baduïn (i). Trévoux écrit Béduïns.
Béhen. Nom donné à deux racines différentes : le bé- hen blanc et le béhen rouge- Le béhen est originaire du Levant, de l'arabe-persan j.,^ bahman: «ôkî^ ^J'^ ^f-Oj-^^ jS-\j ja^\ . Ce sont des racines séchées, dit Avicenne, il y a deux espèces, le blanc et le rouge ».
Ben. Nom du Moringa oleifera^ dont le nom revient constamment chez les poètes. Il était autrefois très-em-
(1) Joiûville a constamment Bédun.
BETE 49
ployé en médecine. Soyôutî dans la \ ^jj\ 4^l3^ fait dire
au ben que son essence soulage toutes les douleurs : ^:>j
^/j^^t (i).
Benni, Binni, ou Bynni. Nom, suivant Forskal, d'un
grand et beau cyprinoïde du Nil du genre des barbeaux.
« On en trouve aussi dans le Tigre, dans l'Euphrate et dans
d'autres endroits de la Syrie, comme dans le lac de Qadas
(^03) voisin de Homs (2); de^l prononcé bounnî ou binnt^
species piscis, Cyprinus bynni (Freyt); carpe, dans Boc-
thor; dans Edrisi «grand poisson d'un goût très délicat;
on en trouve du poids de 5 à 10 livres. ^*\S ^^ j^— -S^jAj
( 3 ). J5b i5^b JMi o^j JMi ^^ ''C^ ^!^i (i ^j l(jj s^lj Le P. Sicard en a « vu de vingt et trente livres pesant.
On ne peut, dit-il, s'y méprendre, et on connaît à sa figure
qu'il est le lepldatus si vanté par les anciens Egyptiens. » -
Lettr. édifiantes et curieuses I. p. 532.
Bételgeuse. On écrit aussi Bételgeuse^ orthographe
( 1 ) Un peu plus loin le même écrivain confond le oO ben avec le o^ii. Cha- lef. Il n'est pas facile de voir chez les auteurs arabes la différence de ces deux arbres. V. Garcin de Tassy. Les Oiseaux et les Fleurs, p. 142. Ce qui arri- vé plus souvent ( sui'tout aux voyageurs Européens ) c'est de confondre le Béhen avec le Ban, comme Hasselquist semble Tavoir fait dans ses Voyages au Levant p. 90.
(2) V. Bibllotheca geogr. Arabum(De Goeje) GIoss. p. 194.
(3) Maghreb et Andalousie (Dozy ) p. 16. Voir aussi Bruce : Voijag. en Nubie. V. 247. Voici la description qu'en fait ^Bostani: ii'^\ dJ^*^ ■ IjiiTACi 'UJI Jiji^ '^\ ^ij^
4
fo BÉZE
moins correcte. C'est le nom de Tétoile de 'première grandeur placée à l'épaule d'Orion. Cette constellation est appelée •O^^ al^au^â^ et l'étoile qui nous occupe * Ojf ^ -*i y ad al-gau^â, bras ( i ) d'Orion à cause de sa posi- tion. Betelgeuse n'est qu'une corruption de -Ij^l jo (2). On aura écrit ou lu jo /ai, avec un ^ b. Tous ceux qui se sont occupés d'écritures arabes savent combien l'erreur est facile.
Bézestan (i Lesl Be^estains {}), dit D'Arvieux en dé- crivant Constantinople, ( IV. 486 ) sont les marchés publics. Celui que l'on nomme par excellence le Grand Be^estan est une vaste salle carrée dont la voûte fort exhaussée est soutenue par de gros pilliers de pierre à peu près comme la grande salle du palais de Paris ». C'est la transcription de oi^x ba^astân^ composé de JcJ\ (4) istân, mot persan entré dans la terminologie des géographes arabes, et qui signifie proprement con-
(1) Nous tradaisons bras, car ^7 se dit de tout le bras depuis le bout des doigts jusqu'à l'épaule, comme nous l'avons établi dans les S y non. Arabes (n<* 1624. etc. j.Cîlj -u)l)
(2) V. Description des étoiles fixes de Abd ar-rahman As-Sufi. ( 204 et 205) Trad. par Schjellerup. Important ouvrage du 10"^® siècle (ap. J. C).
(3) Du Loir écrit Bezestin. Voyage du Levant.
(4) L'a /^/ tombe en composition comme le fait remarquer laqoût à pro- pos de Tabaristân : »jjbtj ^Juàà ^V ol^^V) ,y» i>i-U ùUu.^
BEZO ^i
trée, province comme dans Turkestan, Kurdistan etc. (V. laqoût ôW\ fvf*. éd. Wustenfeld p. 40).
Bézoard. Esp : bezoar, bezahar, besuhar, bezaar, bezar. Ptg. et Cat : bezoar. Basq : bezarria. Que ces termes viennent de l'arabe, c'est ce qui est hors de doute. Mais le mot présente en arabe presqu'autant de variété que dans les langues romanes. On trouve y^jlf bê^ahr et /^j^S^ bâdqahr; Marcel donne jljj; ba^ouâr, et Bochtor j\Ajfi> bin^ahîr forme tout-à-fait corrompue. Le célèbre Teifâchî écrit presque toujours yijl bâ^ahr. Si Ton n'est pas d'ac- cord sur l'orthographe, on ne l'est guère plus sur Tétymo- logie de j^j\ qui est d'origine persane. Les uns comme Castell dérivent le mot de ^L , ^a<i, ventus, et j^j ^ahr^ toxicum; le sens serait: quasi ventus {dlss'ipâns) toxicum Selon d'autres c'est le persan j^j ^l pâd^ahr^ qui veut dire littéralement : chasse poison ^f^\ (it (i). Bézoard est donc d'origine persane mais il nous a été transmis par les traités de médecine arabe (2). « Les antidotes ou contre-
(1) Teifachi est à peu près pour cette explication iLJLdI j-*?»*! V-' j^j^^^
J^..^\ ^ j,^\ wi]»> ïjjjjJU oLjm>3 j^\ jf^jj ÏJlixJI oU*^ iJli ùc^JS" ^ vO^ r<*"J^
•^j^ Jïï^à uàl.501 cJal^) U'y- CiJ D'après lui ^jb serait composé de'iJu , hàk, signifiant propreté, et de^j, zalir, poison; le sens serait délivi'«,nt le corps du poison. En passant en Ai'abe, le mot aurait perdu le iJ, kaf. »
(2) Les Arabes distinguaient le bézoard animal, et le bézoard végétal. (Journ. Asiat.ô'^'^ série I. xi. p. 145) et lui attribuaient les propriétés les plus merveilleuses. En voici un exemple: »j>| cj,^S«)I V- o^ ;^^* >*J ^M'-^?^
52 BISM
poisons ont été appelés par les Arabes en leur langue bezahar, c'est-à-dire, en leur baragouin, conservateurs de la vie (?) » Ambr. Paré (cité par Littré).
Blanc rasis ou Blanc raisin. La seconde partie vien- drait d'après quelques-uns (i) de t^jlj râ:{i, nom du célèbre médecin arabe que nous appelons communément Rha^ès. Mais M. Devic y voit js\^^ râsâs ou j\jj ra^â:(j plomb. Chez les Alchimistes rasas, et rasasa désignaient ce dernier métal. Pour le changement de a en / il faut se rappeler que l'alef avait le son de l'i en Espagne (2).
Bismuth. Ei"/) .• bismuto. Ital: bismutta. L'arabe peut
* > offrir comme étymologie ajj othmod et ithmid qui si- gnifie proprement antimoine. La confusion entre les deux métaux est facile à comprendre. Ce qui s'explique moins c'est la présence de /dans les langues romanes et de w en allem.and. M. de Eguilaz pense que le damma de J^>\ se sera converti en un / euphonique (3)!; mais il fau- drait des exemples de ces sortes de changements : nous
ejj^ 4^ cSmj ^aî ^ J>^ à ^\ Ibn-Beithar. {cj\>^\ édit. de Boulac ).
(1) Ceux-là écrivent blanc -Rhasis (Album Rhazis).
(2) Je me demande si dans graJid raisin (papier de luxe) il n'y a pas mie altération semblable. Littré explique autrement l'origine de cette dénomi- nation.
(3) M. de Eguilaz semble ignorer l'existence de la forme j^\^ ithmid puisqu'il propose l'insertion d'un i après le b. ( V. p. 346.).
JORD 55
ne pensons pas qu'ils existent. Quoiqu'il en soit le mot est
très-ancien dans la langue arabe ; il aura été emprunté au
> grec rrrl^^c { I ) de même que son congénère \^y
Bochir. Espèce de serpent d'Egypte du genre cou- leuvre {Did. Univ. d'Hist. nat.). Nous présumons que ce mot a une origine arabe. Mais parmi les innombrables noms arabes du serpent nous n'avons trouvé rien qui con- vienne à bochir. L'examen de la racine ji.) bachar^ ne donne pas plus de résultat.
Bonduc. Plante exotique de Jol bondouq^ qui paraît
d'origine indienne ( M. Devic ). Les Arabes distinguent
deux espèces de bonduc; le premier, l'aveline, qu'ils ap-
i pellent jj^^ Vautre '(^xa J-x:^ littér : bonduc indien, qui
est la « guilandina bonduc. » Le mot Jjl-) n'est pas d'ori- gine arabe, quoique d'une antiquité respectable; des hadith en font mention (2). Ibn el-Beithar croit qu'il est tiré du persan. Les Latins appelaient les fruits du bonduc noix pontiques; «e Ponto venere, dit Pline, et ideo Pon- ticae nuces vocantur. » C'est de pontica, ou de tiovtlmp ( mQvap ) que dérivent probablement le persan et l'arabe. Bordât. Sorte d'étoffe de laine égyptienne. C'est le
(1) V. Aram. Fremdw. 143.
(2) V. j^l -lii p. 42.
54 BOST
même mot que burdo qui désigne en Espagnol une étoffe grossière, un manteau grossier. Les deux mots viennent de o^j; bourda^ étoffe grossière (i), habita manteau de laine épaisse, habituellement de couleur noire (2).
Bosan. Breuvage turc (3) fait avec du millet bouilli dans Teau (Litt.) de Sjj» boû^a^ qu'on écrit aussi 4!^. boâ^a. Le bouza de Syrie est différent du bosan défini par Littré. C'est une boisson glacée faite de lait ou d'eau de rose et de sucre. D'après Mallouf (4) le lait et le sucre entrent aussi dans la composition du Sjj> turc. L'Académie on ne sait trop pourquoi écrit bosan. Comme l'observe M. Defrémery bou^a ou bousa seraient plus corrects.
Bostangi. Quand le Grand Seigneur va se promener
(1) Devic on ne sait pourquoi transcrit berda.
(2) V. Dozy. Gloss. 243 et aussi Diction, des vêtetnents. p. 59.
(3) D'après De la Boulaye les Turcs « en boivent beaucoup et c'est ce qui les rend si robustes et si forts » Voyages.
(4) Did. turc-français. - «11 y a une liqueur blanche et épaisse nommée Busa; elle est préparée avec de la farine» (Niebuhr. Description de TAra- bie. I. 18.) Les Egyptiens dit M. de Maillet «se servent d'un breuvage an- ciennement appelé Sithus et qu'on nomme aujourd'hui Bouza qui enivre comme le vin. Il est fait avec de la farine d'orge détrempée dans de Peau et l'on y mêle quelque drogue qui entête. » Description de PEgypte. Paris 1785.- «Leur boisson est une espèce de bière. Ils l'appellent bousa; elle est fort épaisse et d'un fort mauvais goût. Voici la manière dont ils la pré- parent: ils font rôtir au feu la graine de dora ; ils la jettent ensuite dans l'eau fi'oide et après vingt-quatre heures ils en boivent. » Relation du voyage de Ch. Poncet en Ethiopie dans les années 1698, 1699 et 1700. Lettres édifiant, et curieuses I. p. 602.
BOUR 55
sur le canal « c'est le Bostangi-Bachi (i) qui tient le timon <le la Galliotte; et ce sont les Bostangis ou les jardiniers du sérail qui rament. Quand il arrive à quelqu'un de ces rameurs de rompre sa rame, le Grand Seigneur lui fait donner un sequin pour le récompenser. » (D'Arvieux. IV. 473 ). Bostangi est la transcription de ^^tu^ bostângi, mot formé de Tarabe-persan ù^ jardin et de la termi- naison turque ^ qui indique les noms de métier.
Bougie. Etymologie bien connue (2) tirée du nom de la ville de Bougie, en arabe V^ blgâ/a, qu'on prononçait vulgairement bougaïe et même bougie, en esp : bugia ptg : bugia.
Bouracan {}), gros camelot. Esp : barragan. cat : barra- gan, vat : barragâ. ptg: barragana. Bas^/a^: barracanus, baracanus. ital : baracane; de lU=^j, barrakân ou ûl^==& jf barankân, qui désignent un habit noir, ou un manteau en «bouracan », on trouve encore u^^x barnakân, <î ^===^' j: barrankânî, ei^àfè==^^j. barnakânî. Ce luxe de formes trahit un mot d'origine étrangère : <o c* J^=^ -^J 4-fi u^
(1) Ou l'intendant des jardins du Grand-Seigneur ;« il a 4000 jardiniers sous sa charge appelés Boustangis » Du Loir p. 94.
(2) Elle est de Ménage, ce pauvTe Ménage
Dont on dit tant de mal^ a du bon quelquefois.
(3) On harracan comme on disait autrefois.
56 BRAI
4^^«J), dit Algawaliqi. 11 dérive probablement du persan ù\L=ii^X barankan «vestis, indumentum» Vullers*
Boutargue. Esp : botagra. ital: buttagra. Œufs de muge, et caviar fait avec ces œufs. De rvilaT baiarikh, même sens; au sing ^jlL bitârikha. En vulgaire on dit Â^l^U batrâkha, «On vend quelquefois du bouri (muge)... aussitôt qu'on a péché on en lève la boutargue » P. Sicard. Lettres édifiantes et curieuses, édit. Aimé-Martin. T. L 5 3 1. On écrit aussi Poutargue (V. D'Arvieux I. 218). Sur l'origine de fjlL) qui n'est pas arabe V. Dozy Suppl.
Braise. Esp : brasa. ptg : braza, Bas-lat : brasa. M. de Eguilaz dérive tous ces mots de l^^ bassa^ forme vulgaire de S^^^ baswa et signifiant braise tous les deux ( I ) On peut admettre que î-o) est formé régulière- ment (quoique postérieurement à l'époque classique) de lja>^ , ^ass, micuit (Freyt.) Dans Belot l^i est un char- bon ardent pour allumer la pipe. Nous pensons que d'après l'opinion du savant Espagnol il faut admettre pour brasa (de Z^bassa) l'intercalation d'un r, fait qui n'a rien d'extraordinaire ( Cfr. baldres de ^loiô ) Pourtant cette
(1) Aux autorités citées par Eguil. ajoutez Heury. Marcel. Bost. et Se- lim Anhouri (auteur d'une compilation intitulée ^'L|)l ^Ua/»j ^UIJ^Tol^ Beyrouth. 1878. -p. 66.).
^^^^^ BROD 57
létymologie nous inspire peu de confiance. Nous préfé- Irons chercher à braise une origine Scandinave ou sans- icrite. (V. Jour. Asiat. Nov. 1853. p. 538).
Brodequin. Esp. et cat : borcegui. esp : borzegui. [ptg: borceguin. ital: borzacchino. Les formes espagnole, [ portugaise et italienne indiquent que nous avons affaire à un adjectif relatif, à ce que les Arabes appellent ^* ÎMûller avait d'abord proposé ^jx , nom de la ville de I Brousse, dont l'adjectif serait tijLjj; brôusâwî. Dozy a montré que ce n'est pas dans l'Asie mineure qu'il faut aller chercher; l^Ujj; étant parfaitement inconnu aux : auteurs espagnols ou africains. Le savant orientaliste [hollandais propose ensuite avec un luxe incroyable d'érudition une étymologie que M. de Eguilaz traite de «purement fantastique» (i) Après avoir de la sorte déblayé le terrain le Professeur de Grenade établit son explication. Borcegui est un adjectif dérivé de ^la* Bag- dad, on plutôt d'une des nombreuses formes de ce nom propre Baldac, Baudac; (2) bas-lat. baldequ'mus , baude-
(1; La qualification ne paraîtra peut-être pas trop forte à ceux qui se donneront la peine de lire l'article de M. Dozy (p. 242.) -M. de Eguilaz traite avec la même sévérité Tétymologie de Scheler ( qui est aussi celle de Diez ) proposant le flamand brooseken dimin. de hroos ; parce qu'elle n'est ap- puyée que sur une hypothèse.
(2) Comp. Baudac avec le nom propre Boahdile {^ii\j>^ y}^ qu'on trouve écrit aussi Boaudile,
58 BURN
quinus; vieux franc, boudequin (i). Le P. de Alcala cite heldraquiq qu'il traduit par cuir fin; l'espagnol a aussi baldes et baldres avec la même signification. Or, dans l'ancien français, brodequin désignait précisément une sorte de cuir. Voici par quelles permutations baldaqiy baldaquin^ baldequin est devenu brodequin. Le fatha s'est changé en damma (2), ce qui a donné boldequin; le 1 est devenu r; (3) et moyennant la métathèsenous avons obte- nu la forme actuelle brodequin. Des modifications analo- gues conformes au génie de chaque langue ont produit les autres mots appartenant aux idiomes ibériques.
BulbuL Transcript. de JÏ bolbol^ nom du rossignol en ^persan, et celui du chardonneret en arabe. Le ros~ signol n'existe pas dans le Levant; son nom arabe est jij* ou ^-Up (V. Comment. duMagânî p. 430).
Burnous. Esp. alborno^. Val : albornoç. Ptg : alber- noz. Maj : albernus. Cat: albernuz. Basq: albernoza. — Au siècle dernier on disait : albornoz et albornos ; (4) de
(1) Je n'ai pu retrouver ailleurs cette forme citée par Eguilaz»
(2) Comp. Tesp, hoque (de ^i).
(3) Ces deux li(^uides se substituent facilement l'une à l'autre : épist/e devenu épitre; grousser (de crocire) glonsser.Le rossignol s'appelait jadis lossignol.
(4) Dans le Dernier des Ahencerrages Chateaubriand écrit des « albui'nos ».
BUSE 59
^'x bournous^ qui signifie proprement bonnet long, sorte de capuchon, comme dans ces passages de Mas'oudi:
^c)' A j^ cT*^. *^'-^ <^^ '^^ ^^^^^ coiffé d'un burnous de soie
écrue haut de forme » (Prairies d'or VIII. 1 69) et ailleurs :
«jîlll) J«^ ^X '^'-^ Jcj coiffé d'un burnous haut de forme,
orné de bandes et de grelots» (i). Il s'est dit plus tard
> d'un manteau muni d'un capuchon. Le mot ^^ paraît
dans un vers du fameux Mouhalhil (Hamâsa. 420 ) :
J^X \^ té=^\ tlr^^-J ^^^ Or-? ^j^ ^^ ^^*-? « Si tu le veux, tu verras un visage découvert et le bras
d'une femme en pleurs portant un bournous. » D'oii il appert que ^x ^^ P®"^ P^s être une corruption de méri-' nos, comme un plaisant l'a prétendu; il est plus probable qu'il dérive de Biç^og — Les Berbères nomades étaient appelés ^^Lnii ^\^\ parce qu'ils ne quittaient pas le ^x ( Ibn-Khaldoun : Hist. des Berb. I. 1 06 ).
Buse. On dérive habituellement ce mot du lat. buteo. Ne serait-il pas plus simple de voir dans buse ou busard^ comme on disait encore, une altération de jl bâ^ ou îijl bâ;{tj faucon au naturel sauvage, que les Arabes em- ployaient pour la chasse (2). Le mot (Sj\ ne paraît pas
(1 ) VIII. 284. Trad. de M. Barbier de Meynard.
(2) Synon. Arab. N" 608. M. Gasseliu traduit buse par ji,lj^
6o CABA
ancien en arabe ; et la plupart des espèces de cet oiseau de proie sont étrangères aux climats tempérés.
Caaba. Temple de la Mecque. Transcription de ÇT ka'ba, cubique, à cause de la forme du bâtiment. En arabe Z^ ka'ba, se dit de tout «bâtiment de forme cubique; l^j^ Ly C *Ul ) ô^ lil » [Foqh al-logha. p, 304).
Caban. Esp : gaban. Ptg : gabâo, gabbâo. Basq : gaba- nâ. Ital: gabbano. Manteau de feutre à manches et à capuchon servant contre la pluie et contre le soleil. On disait autrefois gaban (i). Un dem-caban est un caban sans manches. D'après Brachet ce mot est venu au 16® siècle de l'espagnol gaban. Littré indique comme étymo- logie »Lp ^abâ. luabaesi un manteau d'étoffe grossière le plus souvent sans manches (2), Il est surtout porté par les
(1) On lit dans l'histoii*e des chérifs : « On fait à Mé]uin9Z au royaume de Fez des albornoses, qui sont les Gabans de Turquie » C. 65. ^ et dans le P. Le Moyne :
lia ont certes raison ces courriers lumineux
De prendre leurs gabans et leurs manteaux sur eux.
(2) Outre «Uc on a encore ««Çp et XjÇt . De ce dernier mot vient proba- blement cabaie^ longue robe dont il est question dans le Routier des côtes des Indes orientales.
CABA 6i
Bédouins : « leur aba (i) est presque toujours de baracan rayé de blanc et de noir ». Dans le Levant les gens de la campagne et les montagnards le portent aussi. L'arabe •Lp a été aussi transcrit habe^ vêtement des Arabes (Tré- voux ). — M. de Eguilaz n'accepte pas cette étymologie, elle peut pourtant se justifier : 9jiïn en espagnol se trans- crit souvent pas g comme dans algarade ( machine de guerre) de S^l^l (2). L'adjonction de n n'a ici rien de
plus extraordinaire que dans Tesp : cabacalans de ^«.^U SMJI sâ\iib as-salâ. ( Eguilaz. p. 351).
Cabas. Es/? .* capacha, capacho, capaza, capazo. Pt g : cabaz. Bas-lat: cabacus, cabacius, cabassio. — La lumière ne semble pas encore complète sur l'origine de ce mot. Mais en attendant mieux, c'est Tarabe qui fournit les ex- plications les plus plausibles. Alix propose Zôa qafa^ « sporta non magna sine ansa ex foliis palmae contexta » (Freyt. ); seulement ce mot ne rend pas compte des différentes terminaisons de cabas dans les langues ro- manes. L'étymologie de M. Defrémery est plus satisfai-
( 1 ) Dans le texte des Mémoires de d'Arvieiix aha est écrit avec un s au sing. J'ai retranché cette lettre qui doit être mise sur le compte du P. J. B. Labat, Dominicain, éditeur des ces mémoires. De temps en temps ce Père admet des transcriptions orientales dont il ne faut pas rendre responsable le Chevalier fort au coui-ant de la langue arabe.
(2) Mot écrit i^j^lpar M. de Eguilaz ; c'est sans doute une erreur typo- graphique.
62 CABL
santé sous ce rapport. Ce savant dérive cabas de ^5 gafâs, cage et aussi panier pour transporter le blé et absolument: panier (1). Pour le changement de / en p en espagnol, on a déjà alpico^, concombre, à côté de alfico^j concombre venant de ^j^jaâ!! al-faqqoâs»
Câble. Esp : cable, Ptg : cabre. Vieux franc, chable. Diez pense que capulum ou caplwn se trouvant dans Isidore de Séville ( 7® siècle ) au sens de corde, exclut Tétymologie arabe. Câble n'apparaît pourtant en français qu'au 12® siècle. Nous croyons que l'arabe peut encore prétendre à la paternité du mot. J^C. ha^/^ signifie corde, câble (2). Ce mot aura passé en français avec plusieurs autres ter- mes de marine empruntés aux Arabes. H y a plus; il n'est pas impossible que câble ne soit qu'une simple transcription d'un autre mot arabe ^-S^ kabl, lien solide, câble (3). C'est le nom d'action de ^f^kabal, compedibus constrinxit (Freyt).
(1) V. Glossaire sur le Bayan Al-Moghrib par Dozy p. 40.
(2) j^ est un terme employé couramment par les auteui'S arabes qui parlent de navigation dans le sens de cable.
(3) Fârèa Chidiac fait le même rapprochement dans le JuUI>*. Pour rendi'e câble ( de navire ) l'arabe a encore j;^ qui signifie aussi chameau.
Le grec dit aussi ^attiXo^» dans le même sens. a^dmXog de to navv
axniiov^^ dit Suidas. Le mot appartient à la langue alexandrino-byzantine»
CADI 65
Ce vers de Houdaïl fils de Houbaira est ainsi traduit par Freytag : « Et post Chalidum Djandalum non desidero noctu advenienti aut captivo vincto » (Hamâsa, 459). Et le commentateur arabe ajoute :j^J\) Jiolj jCI* Js^
Les historiens des croisades parlent de certaines ma- chines de guerre des Arabes appelées Châbles; elles étaient mues par des ressorts et des cordes bridées (1). Je ne doute pas que cette dénomination ne soit empruntée à l'arabe jS- . Or l'identité d'origine de cable et de châble est admise aujourd'hui.
Càdi. Esp, ptg : cadi, — Pluriel cat al : cadisos. Plar, cat, et pal: cadins. Transcription de ^^ qâài ou plutôt de J^G , comme tous les participes présents de cette classe de verbes employés sans l'article. Mais c'est là une par- ticularité dont le langage populaire ne tient pas compte. Le mot ^15 est prononcé qâ^t ou câ^î par les Turcs; de là le nom de ca^â ►Ua^ donné aux ressorts de justice.
Cela rappelle le fameux texte de l'Evangile : Facilius est camelum per foramen acus transire etc.. en arabe (Trad. S. J. Beyrouth) ..^l J^^-V éj\ ïjkVI sJkj J J^) ji,jj (Mat. 19-24) où j:;^ a le sens très naturel de câble. Le Coran a un texte assez approchant où j^» peut avoir cette même signi- fication de cable. ( Sourate Vil. 38. ) ù>_ii-Jo Vj Ji»Ç>JI '_^ j 'J4iJI hM li** îot)l. Les interprètes expliquent aussi le j;.f de ce passage par chameau. V. S y non. Arabes. N° 1043.
(1) Rey. Colonies Franques en Syrie, p. 38. On sait qu'au dernier siècle le mot câble était encore prononcé châble par le peuple.
64 CAFA
Cadie. Arbrisseau qui croit naturellement en Arabie (V. Dict. Déterv. ); de ^ qaàî même sens. Ce nom arabe lui a été imposé par Forskal. Il ne faut pas le con- fondre avec le (iSlS^Aad/, arbre originaire de l'Inde et de la Chine décrit par Mas'oûdî. II. 202.
Cadilesker. Grand juge turc ou chef de la magistra- ture; de ^CJi\ ^^ qâdî al-^askar^ juge de l'armée, juge principal. (V. Mille et une Nuits, pass). Il y en a deux : « les Cadileskers de Romélie et de Natolie, c'est-à-dire les grands juges d'Europe et d'Asie» (D'Arvieux. v. 5 36). Tous deux résident à Constantinople et siègent après le Cheikh ul-Islam (Jour. Asiat. Juin 1854 p. 502). « C'est un des deux cadilesquers^ dit encore le chev. d'Arvieux, qui nomme tous les cadis de l'empire chacun dans son ressort » ( VI. 446 ). Le célèbre Chehab ed-din al-Khafâgî était \j^\ ^LJi ^Is cadilesker ou grand juge d'Egypte. Comparez cadilesker avec jcU ^^ qâdî al-gond^ juge des troupes, titre donné au juge suprême en Espagne. ( Dozy. Supplém.)
Cafard (i). Il paraît assez naturel de rattacher ce mot à la racine arabe yS^ kafar, être infidèle; car l'étymo- logie latine de caphardum n'est pas sérieuse. Mais quelle
(1) On écrivait aussi cap/^ar.
CAFÉ 65
est la forme de yi^ qui a donné naissance à Cafard? Probablement un des pluriels de ji^kâfir^ mécréant (i), comme Jia^koiiffâr, jli-T^ klfâr^ % j^ kafara. Ce ne serait pas la première fois qu'un mot français dériverait directe- ment d'un plur. arabe; nous urons occasion de le remar- quer. Quoiqu'il en soit, Bocthor traduit hardiment cafard par y^i^(2). C'est aller un peu vite. Les auteurs arabes font remarquer que celui, qui ne croit pas, est^j^lf"; quant à celui qui montre des sentiments religieux qu'il n'a pas, ils l'appellent jjL^ mounâfiq (V. Synom. arabes, n^ 1083 ). Je ne sache pas non plus que j>^ soit employé par le peuple dans le sens de cafard.
Café, de l^^ qahwa (3), prononcé par les Turcs kahvé^ qui chez les arabes désigne la liqueur plutôt que le fruit. Cette signification est relativement moderne. Le sens primitif du mot est vin, liqueur (4). Le vin appelé qahwa, dit al-Kisâi, est celui qui enlève l'appétit : ^jilî ^1 ^ lyfi\ 4^UL l^,,^J^^\ l^^U . Niebuhr (Descript. de l'Arabie,
(1) D'où vient l'esp. et le ptg. cafre, dur, crnel.
(2) M. GiS3elia en fait autant ( Dict. franç.-arabe ).
(3) « Le Cahué ou Cn/fé comme nous prononçons » ( D'Arvieux V. 275. ).
(4) «Le sans primitif du mot, dit M. Devic, parait être vin.» Cela est hors de doute, comme on peut s'en convaincre par une infinité de passages d'anciens poètes. V. notre Synonymie, le ^UoVI v-jlxTp. 149. éôit. Ilouts- ma. et le Kitdb al-Aghânî. ( V. 174, VL 45 etc.. ).'
5
66 CAFT
I. 79) rapporte que dans le Yémen le café (boisson) est appelé Bânn. Il y a là probablement une confusion. Car 0: l^oun chez les arabes n'a jamais désigné que la fève (i). C'est ce mot qui a dû donner naissance au Néerlandais boofiy kafjîeboon.
Le café a été employé assez tard en Europe. Rauwolff en a parlé ( 1583 ) dans la relation de son voyage en Orient. Ce fut à Venise qu'on prit du café pour la pre- mière fois en 161 5. Il fut apporté directement de l'Orient à Paris par le voyageur Thévenot en 1667. Aussi le P. Besson pouvait-il écrire «que le café est une eau noire et bouillante, plus saine qu'agréable, inconnue en France, où elle passerait pour une boisson de lutins ». ( Terre Sainte et Sfr /^ p. 43 6). Le P. Nau se croit de mê- me obligé de la décrire à deux reprises (p. 526 et 557).
Caftan ou Cafetan. « Le cafetan est une espèce de surtout de drap ou de soye qu'on met sur les épaules des personnes que l'on veut honorer ». (De la Roque. Voyage de Syrie p. 15). Esp. et Ptg : cafetan; de l'arabe Jca^ khaftân^ vêtement décrit par Dozy ( Vêtem. arab. 1 62 ). Je
(1) «Lorsque cette fève qui en arabe se nomme jB /en ( sic) est rôtie, broyée et réduite en boisson, cette liqueur se nomme Ca/ioué, mot qui se prononce en aspirant fortement l'ii. » Descript. de l'Egypte par M. de Mail- let. II. 15.
CAIM 67
serais assez embarrassé pour établir l'âge exact de ce mot (i). Mas'oûdî l'emploie couramment dans les Prairies d'or (VIII. 52 etc). Je ne vois donc pas la nécessité de recourir au turc Otâ* , qaftân^ vêtement d'honneur. L'a- rabe moderne a d'ailleurs la forme Jia^ qaftân ( Mille et une Nuits, pass.). Au lieu de oiaTi qu'on trouve dans l'édition d'Ibn Batôuta (2), il est plus que probable qu'il faut lire Jia^'i fouchiân leçon de tous les manuscrits, et qui s'accorde mieux avec le contexte.
Caîmacan ou Caîmacam. Fonctionnaire en Turquie ; de Xu* ^\» qâiin maqâin, que notre moi lieutenant traduit fort bien. La réunion de ces deux expressions arabes en une sorte de mot composé est du fait des Turcs qui écrivent ^\ji\» qâïmaqâm, (3) «Il faudrait écrire caîmmacam selon l'étymologie » (Trévoux).
(1) Bostani, je ne sais trop d'après quelle autorité, donne à ce mot une origine persane. Eguilaz écrit ùllai»-' forme qui m'est inconnue. Le savant étymologiste espagnol n'est peut-être pas assez sévère pour l'orthographe arabe. Ainsi à l'article Cufica, il dérive ce mot de «'Jô venant de ôjT». Même remarque pour « azarca de iT^j fera, de Jjjl» (p. 320 ) cabacalans de ^La'l tjl»s-d (p. 351) pour ^>U9 ou 5>L<a5l cjUol. A l'article Arca/?^ il y a une distraction autrement grave Ce mot serait «metatesis de la diction ar. >bjl -> 4^6 s^ encuentra en Marcel » ( p. 273 ). Mais il est facile de voir que arcam est une simple transcription de ^j\ arqam, serpent très dangereux. ( Freytag ) défini dans F oqJi-al-lougha. (p. 163) « j»Ujj SIj— k^ t^JDI». Voir aussi Prairies d'or. T. V. 49. 485. 486.
(2) Edit. Defrémery. I. 351.
(3) On trouve aussi ^UL^:3 qayemaqâm.
68 CALF
Cakile et Caquilier. Le cakile maritime se trouve en abondance sur le littoral Ouest et Sud de la France, particulièrement aux environs de Boulogne-sur-Mer. C'est la transcription presque exacte de ^15 , qâqollâ^ plante alcaline longuement décrite par Ibn el-Beithar. Devic pense que c'est la même plante nommée ^O^lî par Avicenne ( Edit. de Rome. p. 249 ). C'est une erreur : la dernière est une plante odoriférante du Yémen et des In- des, qui a, comme le Cakile, des propriétés stomachiques.
Calam. Transcription de Ji qalam^ roseau à écrire ; mot qui, comme les autres termes, ayant trait à l'écriture n'est pas d'origine arabe et représente le grec Y-àhmo^ ( V. S. Fraenkel, Aram. Fremdw. 246 ).
Calebasse. Esp : calabaza. Ptg : cabaza. Sicilien : cara- vazza; de Z'jqirba, outre pour l'eau. Le 1 médial est devenu r. (Sur ce changement Cfr. Engelm. XXVIII. et Eguil. XX. et plus haut Brodequin, p. 57 ).
Calfater. Esp\ calafatear, calafetar. Ptg: calafetar. Ital: calafatare. Grec mod : ^alctcfaisiv. Voilà bien une des étymologies les plus désespérantes qu'il soit possible de rencontrer. Engelmann et Dozy ne veulent en aucune façon admettre ici une origine orientale (i). Ils ont re-
(1) M. de Eguilaz est sans doute de leur avis puisque calafatear etc. ne figurent pas dans son Glossaire.
CALF 69
cours a de vieilles formes françaises calfaiter^ calfader^ calfeder, calefeder , qui sont pour le moins suspectes (si tant est qu'elles existent), afin d'établir que le mot en question dérive de calefacere ou calefedare. Pour appuyer cette dérivation, Engelmann, à la suite de Jal, suppose que « calfater fut d'abord chauffer le navire ; le chauffeur- fut en même temps un ouvrier habile à réparer le bâtiment». Malheureusement calfater, c'est remplir d'étoupes et de fibres végétales les insterstices des planches, exactement comme l'arabe ^15 qalafa^ ferruminavit et fibris palmse vel musci stipavit navim (Freyt). Il y a là, croyons-nous, plus qu'une simple ressemblance de sens et de son. En tout cas J^ ne dérive pas des langues européennes. Bocthor a luis qalfat^ mot très-moderne , que Bostani donne comme une corruption de JaîL. galfat II y a cepen- dant contre notre dérivation une objection fort sérieuse : c'est l'existence de cette dernière forme JaiU . Les Ara- bes eux-mêmes la signalent comme d'origine étrangère. Une lettre du Calife 'Omar citée par le Mu'arrabii) donne JaiU et JpliU gilfài. Algawâlîqî ajoute que ces mots ne
( 1 ) Édit. Sachau. 49 et 50. J»uu est ainsi défini dans ce passage : « ^sJi\j> l49»Laij <;ui-JI ^\^\ jLij, c'est celui qui réunit les planches du navire et les répare. »
70 CALI
sont pas arabes. (J,^ j\p USS'\ ôjIa J^Ij . Ibn Doraïd (né en 839) donne J^U:U gilinfâx comme le terme em- ployé en Syrie pour designer le calfat. ^Ul J^. t^ill y^j 1 C^jîlj 43LIII ^)S ^\ ù}j d'^^J ' L'existence de toutes 1 ces formes montre beaucoup d'incertitude dans le terme arabe et trahit évidemment une origine étrangère. De plus wflfe ou Jî qallafne renferment pas de t et auraient dû donner calafer selon la remarque de M. Siegm. Frœn- kel (i). Ou bien l'introduction du t est-elle la suite d'une confusion faite entre ^iS et JaÂU.. On le voit, l'origine de calfater est loin d'être claire.
Calibre, de ^^15 , qâlab, qâllb^ moule où l'on verse les métaux, forme d'un soulier, ceintre servant à former une voûte. Le sens de moule, calibre, apparaît nettement dans ce vers d'AboûrAtâhiya, cité par le Kitâb al-Aghâ-
nî (III. 163). -ub j; <i i>^i j5 ^«ir^ui Ol^J>-
« Comme si les hommes avaient tous été coulés dans le même moule ». On voit que les significations de qâlib conviennent assez au sens de calibre, quoique Dozy ait soutenu le contraire (2). Le mot calibre est aussi employé
(1) Aram. Frendw. 230.
(2) Voir l'intéressant article de M. Devic qui répond à l'objection tirée de Vaccent. M. Gasselin n'hésite pas à traduire calibre par ^\3
CALO 71
par les Espagnols qui ont encore la forme calibo» Pour l'insertion de r, comp. l'esp. adufre de ^oll
Le mot Jl5 n'est pas arabe; il dérive du grec Y.al6' nov4 ou 7iaX)7z6di()f , forme en bois pour les chaussures ; c'est ce qui explique la forme ^ U qâlab^ assez étrange en arabe, mais que les Arabes eux-mêmes déclarent pré- férable à ^ l? qâllb. Cette dernière accentuation paraît surtout avoir été employée par le peuple, comme l'indi- que la forme espagnole : gallbo. En Syrie on prononce qâ- llb. L'ancien français galbe et garbe^ qui ont à peu près la même signification que calibre, se rattachent aussi à qâlib^ et aident à faire comprendre la formation de calibre. Sur garbe V. Did. de Trévoux.
Calotte. Origine inconnue, dit Brachet. L'arabe a le mot Z^ kallouta o\x kallaûta (comme prononce Dozy), qui signifie précisément calotte (i). Mais ojlS^n'est guère connu avant Maqrîsî. Il y a bien encore 'L.jH qalloûsa, forme vulgaire de ly^'Si qalansoua. Ce dernier mot est très ancien, mais il désigne un bonnet haut de forme. ( V. Aghânî et Mas'oûdî. pass* ) (2). A moins qu'on ne voie
(1) Qnatremère. Sultans Mainel. II. 2""» part. p. 70 et Dozy. Vètem, et Siippl. s. V.
(2) Do/y (Vètem.) en avait d'abord fait une calotte; il s'est rétracté depuis. L'ypithête la plus habituelle de ô^y-JiS est Jj^.
72 CAMP
dans calotte le diminutif ^vi* ^ow/ai:5'a,ÎJ^ n'est cer- tainement pas d'origine arabe; S^^iiî dérive probable- ment du latin calautlca (i). Des le treizième siècle, on trouve calota. Les mots arabes cités plus haut auraient-ils eu quelque influence sur le mot calotte? Nous laissons à de plus érudits la tâche d'élucider ce problème étymo- logique.
Camard et Camus. Origine inconnue, dit Brachet; origine incertaine, dit Littré. En arabe Jt^ aqina" signi- fie : slmus, depressus nasus ( Freyt. ). Que le ç- final ait été rendu ici par r, c'est ce qui me paraît assez vraisembla- ble. La lettre arabe, impossible à rendre dans les langues européennes, a certains points de contact avec la liquide, surtout quand cette dernière est grasseyée.
Camphre. Esp : alcanfor. Esp. et Pig: alcamphor. Ital: canfora; de jy>^ kdfoâr, même signification. On trouve aussi jyl5 qdfoûretjyiqafoûr. D'où l'auteur du Mu'arrab conclut avec raison que le mot n'est pas d'ori- gine (2) arabe, (p. 129). Le français a perdu To (resté
(1) Qu'on a lu calantiea, leçon préférable, si la dérivation arabe est fondée. Il serait piquant de voir l'arabe servant à fixer un mot latin,
(2) Dans una thèse sérieuse d'ailleurs, on n'est pas peu surpris de lire: «j^lTe Lat. camphora ortum est» (De Vocabulis in antiquis Arabum Car- minibus et in Corano pei-egrinis - S. Frœnkel. p. 1 i ).
CANC 73
dans les autres langues romanes) conformément à la règle de l'accent latin. Comp. ancre de ancora.
Cancan. Je ne puis m'empêcher de rapprocher ce mot dans le sens de bavardages^ malins propos de l'ex- pression arabe J6^j ù^ , kdn wa kân^ ou tout simplement J^J^ kân kan (i). Cette répétition du verbe kdn, il était, vient au commencement de toutes les historiettes arabes, et est employée pour signifier des bavardages, des racon- tars, des cancans enfin. C'est ce qu'atteste Al-Khafâgî :
.i\l il IV- 4)1^^.5^ cS^ i) u l^ ci'-*'*^ ' ^^^ ^^ ^^^ ^^^ une expression moderne employée pour désigner des propos futiles, de même que haït wa kaït désigne des affaires d'importance» (2). Cette même expression û^ J^ est signalée par Zamakhcharî avec le même sens dans son Commentaire sur la sourate des Grecs ( ^jj^ Sj^- ). Elle était aussi en usage pour désigner des contes rimes, débutant habituellement par 0^(V. Freyt. Dozy. Sup- léin. Mille et une nuits. I. 182, édit. Habicht). Voici ce qu'en dit Ibn Khaldoûn : u Le Û^J J^ se compose de quatre chair ( lignes, hémistiches ) ayant tous la même
(1) V. Heupy s. v. Cancan.
(2) V. j^l -ui 194.
74 CAPH
rime, mais étant de mesures différentes; le premier chair de chaque vers est plus long que le second. La lettre qui forme la rime doit-être précédée d'une des lettres faibles ^, y (S {Proleg. III. 45 2. Tr. Reinaud ).
Candi. Esp. et Ptg : cande, candi. Cat. et Plg : cadde, candil. Ital: candito; de Vadjecûr ^Xiiqandî^ formé sur JÎi qand, canne à sucre, mot d'origine persane, dit Al- gawâlîqî , connu des anciens Arabes (Mu'arrab 119) : IjilS* c^yi 'cL^zJ j^j ^\ y^W (i «U J3J ^y. ^jlj (jLull) »
^^ -k.A^J ^jZâA Ji>y^
Caphar ou CafFar (i) « Les Caphars sont de certains droits que les voyageurs sont obligés de payer à plusieurs passages, oii il y a des officiers pour les recevoir. Ces droits étaient autrefois recueillis par des chrétiens, pour l'entretien des grands chemins, aussi bien que pour em- pêcher les courses des Arabes. Les Turcs ont continué depuis cette collecte avantageuse. » (Vo/age d'Alep à Jérusal. par H. Maundrell. p. 6. Utrecht. 1705 ). Caphar représente l'arabe Zj\a^ khafâra^ protection. Il faut ratta- cher à la même étymologie le Caphar dont parle Bruce
(1) Le chev. d'Arvieux écrit toujours Caffar. «Le CafFar ou péage pour le passage n U. 15, «le catfar ou droit de passage». Ibid. 18. Littré a don- né de Caphar une définition inexacte, ou plutôt il n'a fait que reproduire la définition du Diction, de Trévoux.
CAR A 75
et qui est d'après lui un poste d'hommes percevant une contribution pour l'entretien et la sûreté des chemins (i). Sur SjU^ ou peut lire une note intéressante de Quatre- mère, Sultans Mamelouks . I. i®^® part. p. 208.
Caracole (2). Mouvement en rond, ou en demi-rond; qu'on fait faire à un cheval (Acad. ). Esp : caracol. Littré y voit l'arabe ^ ^karkar, revenir sur ses pas, recom- mencer à plusieurs reprises ; r final serait devenu 1. Je ne saurais y contredire.
Carafe. Esp : et Plg : garrafa. liai : caraffa. M. Dozy ne doute pas que le mot vienne de la racine ^"^ê garafa, puiser. Mais quand il s'agit de déterminer la forme arabe, qui a donné naissance à l'esp. garrafa^ l'illustre orienta- liste n'a plus guère que des conjectures et des analo- gies (3). Lerchundi a J!>\ j> gharràf^ petit vase; il y a encore ^j^ cruche. Mais il faudrait trouver une forme ^1^ ou au moins J»\ f- ayant le sens de notre mot caraffe.
M. de Eguilaz abandonnant franchement la racine ^^
propose Xi\^') ^ parafa ^ dont le plur. seul CJs\y) parafât ,,
(1) Voyage en Nubie. Traduct. frapç. T. I. Introduct. LXIJ.
(2) On écrit aussi caracol : « Les Thessaliens, faisant promptement le caracol, revinrent à la charge». Vaugelas.
(3) V. Gloss. p. 274.
76 CARA
se trouve dans les dictionnaires classiques avec le sens de seau de noria servant à l'arrosage des jardins. La trans- cription du zaîn par g ne fait pas grande difficulté en espagnol. Mais parafa s'adapterait mal à l'ital. caraffa, et à notre mot carafe.
Caramel. On trouve aussi caramelle. D'après Littré ce mot viendrait de l'arabe kora^ boule et mochalla, chose douce. En effet SjS^, korra^ veut dire boule dans la langue usuelle. Pour mochalla je ne vois trop à quelle forme de >U \ialâ, être doux; il peut s'appliquer. Cette étymologie ne semble rien moins que sûre.
Caramoussal. Esp : caramuzal. cat : caramussal. Le supplément au Dictionnaire de l'Académie (1786 ) écrit ca- ramoussats^ dont il fait un substantif masc. plur. D'autres écrivent caramoussat. « Le caramoussal est un vaisseau de Turquie, qui a une poupe fort élevée. Il porte seule- ment un beaupré, un petit artimon, et un grand mât avec son hunier, qui est extrêmement haut; il n'a ni misaine, ni perroquet, sinon un petit tourmentin ». ( Trévoux ). Cara- moussal paraît une corruption de ^j\» qâreb, barque, et de ^ — • , mousatiah, ponté. (V. plus loin Mistique).
Caraque. Un des plus grands vaisseaux ; il servait à la guerre et au commerce. Esp : carraca, caracoa, coracoa.
CARA -jj
Pig : caracora, corocora. Ital: caracca (i); de j^ J qorqoûr^ grand vaisseau marchand, ou plutôt de son plu- riel j^\J qarâqlr. Ce mot était employé par les arabes du désert (2). Il paraît dans les vers de Nâbigha: 19, et de Ar-Râg-ez etc. Voir aussi Aghânî XX 24. Il, 61 (édit. Salhani); Hamâsa 726. Il n'est pas pourtant d'origine arabe; on s'accorde à le dériver de aaamvQog, en lat, cer- curus. Mais il n'est nullement nécessaire de chercher son origine dans la langue malaise (3).
Caratch ou Kharadj. Capitation que payent au Grand- Seigneur les sujets non-musulmans (Litt.); de Tiif kharâg, impôt foncier, et non capitation comme on trouve par- tout (4). «■ Les Chrétiens payent le carach c'est-à-dire une capitation de 6 piastres par tête, depuis l'âge de
(1) Tous ces mots, comme l'a observé M. Devic, sont anciens dans nos langues, du XIV® siècle au moins. L'espagnol carraca est encore plus an- cien. Car on le trouve déjà dans la Cronica gênerai. M. de Eguilaz le déri- ve de ï3l^>. auquel il ne donne que le sens de brûlot. î31^ a encore le sens (h b irque. (Voir Ibn Batouta. II 116 Mas^oiuli. VI. 477, 78 et pass. Mille et une nuits ( éd. Salhani p'(55. ) et le Gloss. de Dozy s. v. faluca,
(2) Mu^arrab. 123.
(3) Cornue le voudrait M. Devic. Je crois pourtant que le savant étymo- logiste a raison quand il affirme que les formes portugaises coracora, cora- cara, ainsi que le finançais coracore,vaisseau des Philippi es. viennent direc- tement du malais {j/y) kora/côra, grande embarcation en usage par- mi les liabitants de l'archipel indien.
(4) V. S y non. arabes. n°^ 300 et 921. En Egypte les terres kliaradjis sont des terres grevées d'impositions plus fortes que les terres ouchouris. V. Répertoire de législai. égyptienne^ par Ph. Gelât.
yS CARQ
puberté; et demi-piastre de plus pour le Receveur et Collecteur » Mémoires de d'Arvieux VI. 339. On trouve aussi Carache et Carag,
Caroube ou Carouge. (i). Esp : garroba , garrubia, algarroba. Val: algorfa, garrofa. Ptg: alfarroba. Ital: carruba. « Le Caroubier ou caroulier, dit d^'Arvieux ( II. 250) est un arbre de médiocre grandeur qui pousse une quantité de branches et de rameaux qui s'étendent beau- coup et font un bel ombrage»; de î^j^ kharrouba ou ^^yT khornoub^ même sens ; cette dernière forme est préférée par Ibn-el Beithar. De Zjj- vient carrobe, com- me on disait autrefois. En Languedoc on dit encore carroube. On appelait carrobes « certaines fèves qui vien- nent en abondance dans l'isle de Chypre; la plupart des habitants s'en nourrissent» (Trévoux). Ces fèves sont des caroubes que Chypre produit encore en quantité.
Carquois. Après les savants articles de Defrémery, Dozy, etc. il est prouvé aujourd'hui que ce mot dérive de Tarabe, qui vient lui-même du persan; JJ^y , terkech, car- quois a fait J^-iT/ tarkâch, (2) et JJ^j (3) tarkach^ sig- nifiant tous les deux carquois.
(1) On trouve aussi carouclie.
(2) Voir Sultans Mamelouks I. 1 à 13 et Dozy supplém.
(3) Cette forme est dans le Chifa al-GhallI avec la remarque sui-
CASE 79
Casauba, Casba, Casbah. Forteresse, de 4^ gasaba, qui parmi ses nombreuses significations a celle de forte- resse. « Le principal château (d*Alger) est appelé Valcas- sahe ». (D'Arvieux III. 231).
Caserne, de ^jl^ qaisâriyâ (i). Ce mot qui en Orient signifie halle, ba^ar, a eu dans le Nord de l'Afrique le sens de caserne ( V. Dozy supplém. ). En Algérie « on appelle Caisseries (2) de grandes et vastes maisons faites comme nos cloîtres, oij logent les soldats (3). Elles ont une vaste cour, au milieu de laquelle il y a plusieurs fon- taines. Les chambres qui sont tout autour sont distribuées, de manière qu'il y a huit hommes dans chacune. Ce grand nombre d'hommes, qui logent dans le même lieu, n'em- pêchent pas que tous ces appartements ne soient fort propres». (D'Arvieux III. 230). Rappelons que les ca- sernes ne datent en France que de la fin du XVII siècle. Au commencement du règne de Louis XVI elles étaient
»
vante : *^ »y»>a>j ùjJ^jH <j> >.U-JI yt^ ^-^^^ J^J )
(1) Du latin cœsarea, ou si l'on veut, du grec Y.aLGaQ8Ïa
(2) Kazimirski et M. Edouard Gasselin n'hésitent pas à traduire caser- ne par ïîjU-Ad
(3) Et dans la table des matières des Mémoires du cliev. d'Arvieux caisserie est expliqué par caserne. «Les arabes de la Terre-Sainte nom- ment caser les ce qu'on appelle ailleui's des Kans et des Caravanseras». Trévoux.
8o CASS
loin d'être générales et la plupart des soldats logeaient encore chez les habitants.
Casse. Poêlon, chaudron, vase à puiser et à boire, grande cuiller. Esp: cazo. Plg : caço. Ital : cazza. M. Devic propose de dériver tous ces mots de ^^kas, coupe (i). M. de Eguilaz propose une étymologie qui est définitive l^^ qâs'a, scutella, lanx escaria, dans Freyt. C'est une grande écuelle qui peut contenir de la nourri- ture pour environ lo personnes. Cette même capacité est indiquée par Tha'alabî .* (2) S^«îl J»l 4». Jl *J^ ^«^ Le même auteur observe qu'elle était en bois, comme toutes les écuelles des Arabes : <^^^ ^ ^^ f;|-^j
Cassis ou Cacis. Boisson, dont l'origine est inconnue (Litt. Brachet). En arabe ^-JT' kasts est une liqueur fermentée extraite des dattes (3). Littré remarque que
(1) M. Devic ne trouve ce mot pour la l^'^'^fois que dans le J\Us, s^^^, sîrat '■Antar, Aventures d'Antar. Or le Kitdb al-Aghâni en parle déjà," de même Tha'^âîabi (mort en 1038) dans son bel ouvrage lexicographique ïiUI *29. foqli al-lougha, (La Jurisprudence ou la Critique du langage page 15). Il y établit d'après Aboû-'Obéida ( 733-826 ) la synonymie de ^^JS'Kâs et ^-vû^ Zougngâ, verre. ^_^lf est encore dans 'Alqama ( 13-38) et dans A'châ cité par Yàqout ( II. 538 ).
(2) îiUI Kii p. 264. Edité parle P. Cheikho S. J. Beyrouth.
(3) On lit dans une note de la traduction àxiDhuân d'al Han^d'que «les Arabes buvaient peu de vin, même avant les prohibitions de l'Islam; leurs orgies consistaient d'ordinaire à se gorger de lait» p. 213. Cette assertion déjà émise par Ibn Khaldoûn dans ses Prolégomènes ne tient pas devant la lecture des poésies antéislamiques et du Kitâh al-aghânî, ce miroii* fidèle
CEND 8i
quelques personnes prononcent Ts final de cassis , usage qu'il n'a garde d'approuver. Et si c'était une trace de son origine arabe?
Cavas ou Cavass(i). Sorte de janissaire ou gendarme employé dans les consulats; de ^\j» qawwâ s ^{prononcé cavas par les Turcs ) signifiant proprement archer.
Cendal ou Cende. Esp : cendal. Ptg : sendal. Engel- mann avait d'abord admis ce mot dans son Glossaire. Dozy lui répond que J-\i^ , sandal, est un emprunt fait par les Arabes aux Européens. Je n'oserais être aussi affir- mât! f; J-u^ , il est vrai, ne se rencontre pas, avec ce sens, dans les dictionnaires classiques. Mais il ne me semble pas impossible que ces tissus qui nous arrivaient de l'Orient aient gardé leur nom arabe. Les cendes ou cendeaux de Tyr étaient, nous dit Edrisi, d'une qualité supérieure et formaient un important objet^d'exportation (2). Un article des assises de Jérusalem obligeait les fabricants de cen-
de la vie des anciens Arabes. D'où viendraient les innombrables noms don- nés au vin par les Arabes ? Que signifie le serment si familier aux vieux guerriers du désert: Je ne boirai du vin qu'après m'être vemgé'^ [Aghan. I. 207. II. 53. .84. 158 etc.. éd. Salliani). Les Mohalhils n'étaient pas rares Le vin, le^U , ou marchand de vin, paraissent dans les moindres petits campements. L'histoire racontée au 1^"^ I. d'Aghani (p. 255) est réellement topique; elle prouve que l'usage du vin était général dans la Péninsule. On peut voir aussi S, Frœnkel ( Aram. Fremdw. p. 154).
(1) Cette dernière orthographe est de Littré. ( SuppL).
(2) F. Michel. EisL de la soie. T. I. 83. et Rey. Colon. Franq. 215.
82 CHÂC
des, cendal ou syndous à présenter leurs pièces en blanc à l'examen (i). Maintenant que l'arabe J-u^ dérive de (jivdcâv , je n'y vois aucune difficulté (2).
Censal. Courtier. Ital: sensale; de jLs^ simsâr, mê- me sens. Bocthor donne aussi la forme jU^ , sîmsâr; Marcel a même Jl^ , simsâl (V. sensal). Sur l'origine de jl^c^^ etc. Voir Aram. Freindw (186). L'établissement des censaux à Marseille est ancien. En 1 5 99 on y comp- tait déjà 3 8 censaux ; il y avait défense à toute autre per- sonne d'exercer cette charge.
Chachia ou Chéchia. Bonnet rouge fabriqué dans la
Tunisie. C'est la transcription de t^\^ châchîya,C{\Àesi
un adjectif de ^\^ chachy bonnet de mousseline (3) dont
on entoure le tarbouche ou bonnet, comme le dit al-Kha-
îî > - >
îk^\ : jAj Ua^- ^^ ^1 j^ij ^j.\J\ Je lii^ J-jj»^ y» C J.b )
^j^l ^1 ^A Jyi« « châch est cette pièce d'étoffe qu'on roule autour de la tête et qui prend alors le nom de tur- ban. Le mot est emprunté à la langue indienne » (4)
(1) Assises de Jérusalem T. II. 36.
(2) Da même mot grec les Arabes avaient déjà fait ^li;J, ( V. Syn. Ar.)
(3) Comme dans ce passage des Mille et une nuits : '^o^» cr-i-i- a-b J^J (II. 370. édit. Salhani) et cet autre de Soyoûtî: crUx5CJI jvKJ^jh i> j^ ^P^3
(4) D'après cette remarque de Fauteur du jjii]) ^LLi, ne serait-il pas per- mis de conjecturer que ïliLi est un adjectif formé du nom de la ville de jiLi Châch où cette étoffe aui'ait été fabriquée (V. Yaqout III. p. 233).
CHAL 85
( lJii;il *iÂt ). Dans Niebuhr le tarbouche est appelé /cr^ (^ij) , et sach C ^\t )est la pièce d'étoffe dont on le couvre (i).
Chaban. Huitième mois de l'année musulmane (2), de OL»t cha'bân. Du Loir écrit chahban. « La lune de chah- ban est une des trois pendant lesquelles les Mosquées sont ouvertes pour le Temgld ou la prière de minuit » (p. 145 ). On trouve encore chavan et même chuan «Cha- ban était ainsi appelé parce que les Arabes se disper- saient (.^Ju^ tacha^'^ab ) pour chercher des citernes et pour piller))(Mas'oûdî. m.p. 418).
Chaland. Bas lat : chelandium, chelandrium, salandra. Sorte de bateau plat. Ce mot se rencontre déjà dans la chanson de Roland. M. Devic hésite donc à y voir l'arabe l^olb chalandî, navire, qui servait aussi en temps de guerre. On trouve encore (S'^^ charandi '(3 ). ( Ibn-Hau- qal p. 132-2 et 19). Les deux formes sont des transcrip- tions du Byzantin lalàv^Lov. Au moyen âge on disait encore salandre^ calandre et même palandrie, dénominations bien connues des croisés (4).
(1) V. de Sacy Chrest. ar. I. p. 199.
(2) Et non pas troisième mois comme écrivent Trévoux et Gasselin.
(3) Deux fois M. Paulin Paris a trouvé chaland écrit charlan. On trouve aussi chalan. Mais les plus anciens textes ont un t.
(4) Rey. Colon Franq. 160.
84 CHAL
Chalef et Calaf. « Le Calaf est un petit saule qui ne s*élève jamais à une hauteur considérable, dont le tronc est droit, la feuille ovale, faite comme une lancette et profondément dentelée à ses bords. Il n'y a point d'arbre plus fameux en Egypte à cause de l'eau que Ton tire de ses fleurs... Ils l'emploient dans toutes sortes de maladies. Il y a des Apothicaires au Caire dont l'unique emploi est de vendre du Calaf] c'est le nom qu'ils donnent à cette eau». (Hasselquist) Le Dictionnaire de Déterville l'ap- pelle macahalef et il considère comme très-probable que le Calaf est un Chalef. Effectivement les deux mots vien- nent de Js!^ khalâf. saule d'Egypte qui paraît être le même arbre que le ô\ ban. Quant à macahalef c'est une transcription vicieuse de ^!>tUl '■\a ma al-khalâf eau de Chalef ou de calaf (i), différente de ^%-\ ^:> , l'essence dé fleurs de Chalef décrite par Ibn el-Beithar. (IL io8).
Chaloupe. Esp : chalupa. It : scialuppa. On considère généralement ces mots comme une altération du néerlan- dais sloep. Avec M. de Eguilaz je préfère les tirer de ÎJU galba ou goulba, grande barque (i), faite de planches
(1) Y. Glossar. Geograph. Arab. éd. de Goeje p. 37 «l'eau de Calaffe est un sudorifique et un cordial excellent qui se tire par distillation des fleui's de Tarbre qui porte ce nom ». Descriptmi de l'Egypte par M. de Maillet. Tré- voux écrit machalaf mais il a tort d'obliger à écrire collaf au lieu de calaf.
(2) Je soupçonne que les galveites dont Niebuhr parle fréquemment dans
CHAR 85
jointes avec des fibres de cocotier (Ibn Batoûta. II. 1 58). Ce mot revient souvent dans Edrisi, Ibn ûoubair, Maq- rîzî etc.. et longtemps avant ces écrivains dans le Livre des Merveilles des Indes, (p. 93 ).
Charabia. Esp. et Pég: algarabia. Basq: algarabià. Pig: algaravi'a, algravia, arabia. On s'accorde générale- ment à dériver toutes ces formes (i) de ^^fjil al'arabîa proprement : la langue arabe. De là on aura passé au sens de baragouin. Le ch qui commence le mot français peut
c ^ ^
être comparé avec l'espagnol alcaraviat (de 4^.j«il) oii le p- est réprésenté par un c dur. (2) M. A. Sédillot dit que charabia « est tout simplement le jargon arabe char ou jar arabiah » (3). En effet Z^^j^yt charr 'arabîa, con- viendrait à merveille à charabia. Mais il faudrait, comme toujours, des preuves à l'appui de cette conjecture. (4)
la Description de l'Arabie ne sont autre chose qu'une transcription de sjii* Voii* poui'tant la note de la p. 1 52 du Voyage en Arabie. T. II.
(1) Pour les formes espagn. le doute n'est plus permis. Comp. ce texte: «palabras que se dicen en algarabia : non hay otro sinon Dios, é Mahomad es su mensagero» (Castigos e docum. del rey D, Sancho p. 135).
(2) Comp. le texte d'Ambroise Paré où Tarabe est qualifié de baragouin (V. Bézoard).
(3) Hist. des Arabes. I. 423.
(4) M. Sédillot oublie trop souvent de les donner. Ce qui est encore désespérant dans les innombrables étymologies orientales qu'il propose, c'est que les mots ne sont jamais transcrits en arabe. Voici d'ailleurs quelques échantillons de ses connaissances étymologiques. Abandon d'après M. Sédillot vient de l'arabe abadoun (?). Baisser, abaisser du verbe arabe
86 CHEI
Sans cela la science étymologique rentre dans la voie des rapprochements arbitraires, d'oij elle a eu tant de peine à sortir.
Chebec. Bâtiment à 3 mâts de la Méditerranée. Ancien franc: chabek. Esp: jabeque; javeque, xabeque, euxabe- que. Val: jabech. Ptg: xabeca. Cat: xabech, xavega. Ital: sciabecco. Tous ces mots n'ont rien à faire avec le turc (^- sounbakt, (i) et dérivent de l'arabe fJLt , choub- bâk ou chabbâk^ même signification, qui date au moins du ■^yme gi^^g^ (^ Lorsquc la goélette maltaise ou le chebek arabe est bon marcheur... » B. de Krafft. Tour du monde i^'^sem. 1861. p. 66. A moins qu'on ne préfère J^ chaboâq, navire qui est dans Moqaddasî (2).
Cheikh^ Cheik ou Sheik. Transcription de j^ cheikh ^ litt : vieillard. A propos du titre de vieux de la montagne donné par les historiens des croisades au prince des
bassa, à la 4°^® forme abassa. La plupart des noms de grades militaii'es sont aussi d'origine arabe. Maréchal vient de maresh-al-kyla ou mehella, le gardien des forteresses ou du camp. De même caporal, sénéchal (seich-al- cazar ) connétable ( connetioun ? ! ) général etc.... (V. Hist. gén. des Arabes. Append. I.) Pour être exact ajoutons que dans plusieurs de ces étonnantes étymologies M. Sédillot suit Narducci, guide souvent dangereux. Comme historien M. Sédillot n'inspire guère plus de confiance que comme étymolo- giste V.La Poésie Arabe Anté-islamique. Par M. René Basset, p. 78.
(1) Comme le voudrait Devic. Voir aussi Dozy (SuppL) L'étymologie acceptée par Littré dans son Supplem.. ne semble pas non plus admissible.
(2) Géographes Arabes. III. Vol. p. 32. L. 2. (édit. de Goeje).
CHIA 87
Assassins, on lit dans les Lettres édifiantes: «Nos vieux historiens ont mal entendu l'Arabe. Scheik signifie vieux^ senior] mais il signifie aussi Seigneur. Il n'est pas vrai que les Assassins choisissent pour prince le plus ancien de la nation; il fallait donc traduire le Seigneur de la montagne. » (VII. p. 206. Paris-1728).
Chérif. (( On appelle chérifs tous ceux qui descendent de Mahomet ou Muhamed... Ils portent un turban verd: il n'est permis à aucun autre qu'aux chérifs de porter ce turban.» (i) C'est la transcription de ^^j^ charîf, illus- tre, noble. Le prince de la Mecque ne porte le titre de Chérif qu'en vertu de cette même descendance.
Chewal. Dixième mois musulman, de Jl^t. chawwâl^ parce que «les chameaux dressent leur queue dans cette saison... Les Arabes ne permettaient pas le mariage pen- dant ce mois » (2).
Chiaoux ou Chaoux. De J^jb chawoûch ( Gasselin) mot pris du turc J-jU- tchâouch, huissier, appariteur, sergent d'infanterie, chiaoux. On trouve aussi chaoulx dans les anciennes relations.
Chibouque. Pipe de jJ: chobouq , tuyau de pipe ou
(1) D'Ai'vieux I. 84.- Sur les noms que portent les Chérifs dans les diffé- rents pays arabes V. Niebahr Description de l'Arabie p. 16.
(2) Cfr. Mas'oûdi 111. 419 et Chams eddin de Damas, p. 401.
88 CIVE
> >
dit choboukj comme écrit Bocthor. Les deux formes
viennent du turc Jj^ tchoboûq^ baguette et pipe.
Cid. De a^ sa/ïd, seigneur, prononcé vulgairement sîd : de là Stdîy monsieur ( ^s^ ^
Cime. Esp. ItaL Prov : cima. Ptg : cimo; « du htm c/ma et cuma, tendron, cœur de chou » nous dit Littré. Pour ma part, je trouve plus satisfaisant de rapprocher cime de Z^^ , qimma^ cime, sommet (de la montagne etc.. ).
Cimeterre. Du persan >!«.-!- chlmchtr, même sens. Le turc a le même mot. M. Mie. Schapiro le dérive du grec ^vfia etc. [Révélât, étymol. n^ 38) et ne conçoit pas « com- ment le persan schimschlr s'est métamorphosé en cime- terre ».
Civette. Esp: civeta. Ital: zibetto. Le mot civette (i) ne date que du 16"^® siècle. Il vient de 3I j , ^abâd (2) qui désigne la substance parfumée que sécrète l'animal de même nom, appelé par les Arabes ^IJl U , ^att a;^- :{abâd, chat qui fournit la civette, le gatto ^ibetto du P. Ange de S. Joseph. L'auteur du Qâmoûs veut absolument
(1) Ou plutôt Civetta, que Belon aurait employé le premier en 1553.
(2) M. deEguil. dérive civeta de «sjoj, zebeda, muscum». Nous ne con- naissons pas ce sens à sjj^ , zouhcla. Ce mot signifiant crème de lait, écu- me, beurre frais. Aux Indes «outre les chats ordinaires, il y en a d'autres entièrement semblables à eux, qui produisent cette matière odoriférante que nous appelions en France Civette et que les Portugais nomment algalia.ï> (R. P. Philippe, p. 374) de ïJu)I.
COIF 89
que ce soit le chat vulgaire. Le Chérif el-Edrîsî dit positi- vement que la civette est plus grande que notre chat domestique. Dans Aghânî (II, 5 2. Salh,) ^Ij est expliqué par peaux parfumées, l^ ^\j li. 3>U y>j ^Ij
Le^Zibeth est une variété de civette vivant dans les Indes et dans les îles de l'archipel Indien. Ce nom imposé par Buffon se rapproche encore plus que civette de l'ori- ginal arabe ^Ij . Voici comment Mas'oudi décrit cette espèce indienne: ^jWîLJlS^^l jîl -uil JsJ\ (O CJy^j cjiL cJjj»!^ ..^Jall l^cj^ ^ -n^ U Jo Ij jy^ls^ sjr* Sj^i^ ^^L-Vi s^^ ...Jall ^ wJl lâifcj ^IJl . Parmi les petites espèces de quadrupèdes de l'Inde on trouve le zibeth ; il y est aussi commun que le chat en pays musulman; comme lui, il a le pelage tigré. C'est de ses mamelles surtout qu'on tire lepré- cieux parfum appelé lait de zibeth» (Prairies d'or. III. 57) D'après Chams ad-dîn de Damas « la civette abyssinienne est meilleure que l'espèce indienne, ^ j^ ^.Ixi-l ^ijjj
^iS^i^ (2) »
Coiffe. Esp : cufia. // : cuffia. Mijller a proposé de dé- river coiffe de Zi^koâfija^ coiffure arabe bien connue.
(1) Pour le sens de ci\^-^ que Freytag semble confondre avec ^jyknouB renvoyons à nos Synonymes Arabes N** 1 540.
(2) jy^]j j^\ ^'bfcP. Edit. Mehren p. 159.
90 CORV
Dozy a montré que cela n'était pas sérieux, o^est un mot arabe qui ne paraît pas remonter au delà de Tépoque de Maqrîzî.
Corvée. Pihan le fait venir deZ'^^ korba^ tristesse, sollicitude, sens évidemment trop éloignés de corvée. Nous croyons l'étymologie latine beaucoup plus fondée. Telle n'est pas pourtant la pensée de M. A. Sédillot : « Au mot corvada qu'on rencontre dans un capitulaire de Charle- magne on aurait pu indiquer le terme arabe corveh (i) qui a la même signification. Les Musulmans qui oc- cupaient la Gaule méridionale depuis plus d'un siècle imposaient aux habitants des corvées que nous appelons aujourd'hui des réquisitions^ et il ne serait pas surprenant qu'on leur eut emprunté ce nom.» (Hist. des Arab. II. p. 221 ). Accordé! Mais tant qu'on n'aura que '^f ou corveh^ l'étymologie de corvée n'aura guère avancé.
Corvette. Esp : corbeta. Ptg : corveta. Ce mot ne
(1) Que peut bien représenter corveM M. Sédillot est réellement découra- geant. Ailleiu'S à propos de curée il propose comme étymol. l'arabe « Kureh, action de dévorer». A quel mot fait-il allusion? serait-ce jj^ , qariv, vase quo canis bibere solet (Freyt.), est-ce j"^}, qirâ, repas donné à un hôte, du verbe ^j^j , auquel Bocthor donne le sens de dévorer (au figuré ) ? U y a en- core ja^ , qarad, [ronger. Quoiqu'il en soit, les formes anciennes de curée établissent sa dérivation de cuir, explication qui inspire tant de dégoût à M. Sédillot.
CRAV 91
viendrait-il pas de ^\ J- ghorâb^ corvette, comme tra- duit M. Amari (Bibl. Arab. Sic. ). Dans un manuscrit arabe du Vatican on trouve cette description : « "^^juLil U 4jylJA!j ^Ull ^Jj Uli^ v>Hjb ^*^ wJJ^it cjijill ^^^»-*-ij. Quant à la galère, appelée autrement gorâb, elle est mise en mouvement par 140 rames, et porte des combattants et des rameurs. » (V. Quatremère. Suit, mamel. I. i^® p. 142). C'était donc un navire de guerre. V. plus loin Gabarre (i).
Couscous et Couscoussou. De ^j^Z^ kouskous et j-*$Cl^(2)A'ow5'^oi/5'0^,même sens, de ^^^i^5'>^a^^a5', broyer menu. « Le couscoussou n'est autre chose que de la farine aspersée légèrement d'eau, qui à force d'être remuée se forme en petits grains comme des têtes d'épingle. Ils l'apprêtent avec la viande et le beurre à peu près comme le ris.» D'Arvieux. V. 280 (V. Dozy. Supp.).
Cravache. Esp : corbacho. M. de Eguilaz assigne com- me origine au mot espagnol l'arabe ^L '^^ kirbag, dé- rivé du turc ri j5 , qorbâch. Il est plus probable que tous
(1) V. aussi Ibn Batoûta. IV. 59. Dans un curieux passage Al-'Aïni joue sur le double sens du mot. V. Historiens Orientaux des Croisades n. 1^^" part. p. 242.
(2) Forme préférée par Maqqarî, Ibn Batoûta etc.
92 CURC
ces mots ont une origine slave : c'est d'ailleurs l'opinion des Turcs eux-mêmes (i).
Croupe. Namur : crupe. Prov : cropa. Cat : gropa. Esp : grupa. Plg : garuppa. It: groppa. J'adopte l'opinion de Narducci qui dérive l'ital : groppa de J^ ghorâb , « proeminentior pars coxse in equo et camelo quse supra caudam est. » ( Freyt. ) Du Cange dérive croupe de l'ital : groppa] ce qui revient au même.
Cubèbe. Esp : cubeba./^a/: cubebe. Vieux fr,: cubebbe; de ^,15^, kabâba^ même signification (2). M. Devic ob- serve qu'aucun dictionnaire arabe ne donne la voyelle w, ow, pour la première syllabe tandis qu'elle se trouve dans toutes les formes européennes. Cela tient, croyons-nous, à la prononciation populaire arabe, qui donne une valeur vague, entre u et oa, à la syllabe précédant la longue af^ fectée par l'accent tonique.
Curcuma. Esp, Ptg. Ital: curcuma. C'est une plante dont la racine est appelée dans le commerce safran des Indes. Aux Indes le curcuma remplaçait le safran, dit Ibn Batoûta ô\jis.'j\ j9^ /^A-*^ y^ (III. 103). On trouve culcu- ma dans un tarif français du XVII"^® siècle; de ^f
(1) V. MaUouf.-et Dozy. Suppl
(2) Synon. arabes N*^ 1088.
CURC 9j
" J-K.
kourkoum^ ou iS^y ^ kourkouma^ safran. û'y^Ji j*j ^/T^ <^5^Sa^!^l (Mu'arrab). Il paraît que la coquetterie fémi- nine en fait usage en Arabe pour teindre le visage, le cou, le bras etc. (V. Journ. Aslat. 1845. N^^^* P- 39^-)- On lit dans un hadîth: « ^♦S^iif'jiU ^^>- ^y^j)>- 4:>.j jC . Le vi- sage de Gabriel s'altéra et prit la couleur du safran».
L'Avicenne de Rome donne la leçon U.«y^ , qourqouma'â, que les dictionnaires n'ont pas relevée; avec raison, selon nous. C'est là sans doute une des nombreuses fau- tes dont fourmille le texte imprimé d'Avicenne (i).
(1) Tout comme un manuscrit du "Ui* du grand Philosophe arabe que nous avons sous les yeux. - Cfr. Journal Asiat, ( Janv. 1867. - p. 22 ) une excellente remarque du D"^ Leclerc. Dans ce même article le savant médecin relève une foules d'erreurs. Nous ne voyons pas pourtant pourquoi il donne le nom de hims au pois chiche, l'Arabe ne possédant que les formes ^t*» m'mmas, et ^_,fli>, hï'mmfs. (Cfr. Mu^arrab. 53.) Le peuple prononce hommos-
94 DAME
Dalle. Esp : adala. « Terme de Marine. Petite auge qui sert dans un brûlot à conduire la poudre aux choses combustibles » ( Trévoux ). Tuyau qui sert à conduire l'eau de la pompe hors du vaisseau. On a déjà fait remar- quer avant nous que ce mot ne peut pas dériver de îî Vi» La véritable étymologie est donnée par M. Schapiro, Révélations étymologiques, N° 78. Aux mots cités il peut ajouter dalots, morceaux de bois percés et disposés en pente le long du tillac, qui passent au travers du bordage et servent à faire écouler l'eau des pompes et des gout- tières.
Dame- Jeanne. Esp : damajuana. Ce curieux mot paraît bien avoir une origine arabe et aura été probablement « introduit par le commerce avec le Levant». (Litt.) Voici comment Bostani décrit la dame-jeanne: Zt^\j Sjvi^^o-Uj U^Alt ^^jS ^JLisCL;^ j:*il 4^^ ^Jt' C'^st une grande' bouteille revêtue d'osier ou de jonc. Et à côté de 4^ (^b dâmigâna ( qu'il préfère ) il cite les formes vulgaires oVi damagâna, et Z\f^^ damangâna. Le même auteur
DENA 95
prétend que le mot est d'origine persane. Heury traduit dame-jeanne par ^1^^ (i) damangâna.
Danek ou Dank. Esp : danique. Cest la sixième par- tie d'une drachme arabe, qui pèse douze carats. (Trévoux) Transcription de jllS dâniq.
Darse. Esp: et Cat : d'arsena. Cat : etMaj: drassana, drasena. It : darsena; de 4*:^ jl^ dâr-san'a^ ou ^clji^jb dâr-sanâ'a (2). Ce qui confirme cette dérivation, c'est que sur le littoral méditerranéen au lieu de darse on disait aussi darcine et darsine.
Degré. Esp : adaraja, adraja. Esp. Cat. et Ptg : darga. Les formes ibériques dérivent évidemment de a>-j^ daraga , degré , échelle , gradin , avec l'article ^joîl ad- xlaraga. Je préfère y voir aussi l'origine du français degré^ venu de ^j^ , daraga, au moyen d'une métathèse, dont l'esp : adraja nous offre un exemple assez approchant. L'a- rabe ^j^ daraga a d'ailleurs tous les sens du franc, degré.
Denab. C'est l'a du Cygne ; de w^ ^ da/za/^, queue, à cause de sa situation sur la queue de l'oiseau qui figure
(1) Qu'il signale comme vulgaire. Le nouveau dictionnaire frmiçais- arabe par le P. Belot (en préparation), ouvi'age très complet, donne les mêmes formes.
(2) Voii' Arsenal et comp. ce passage d'Edrisi; Edit. Dozy. p. 90. «<i.l^b C/i-Jlj ^\J.\j JJ^UVI »U.iV îtUo jli U^j» Les deux formes ïtUo j\:> et î*io jU sont employés indifféremment par Ibn Batoûta. IV. 356, 357, 359.
96 DENE
la constellation, (i) On sait que la véritable prononciation du S est entre le z et le d pur ; le 5 du grec moderne représente exactement le S arabe. Mais dans tous les pays de langue arabe le peuple lui donne presque toujours la valeur d'un d pur. Cette particularité de pro- nonciation date de loin. Le grammairien Al-laith (2) remar- que qu'elle était générale dans toute la tribu de Rabî'a.
Dénébola. B. du Lion (Arago. et Bescherelle) Alté- ration de JL-Vl ^>S danab al-asad^ queue du Lion ( V. JSébulasit)» On dit aussi dénébalé^efy altération moins forte.
Dey. L'étymologie de ce mot a été indiquée il y a plus de 200 ans par le chevalier d'Arvieux. «Le mot Day signi- fie en langue turque un oncle du côté maternel. La raison- pour laquelle ils (les Algériens) ont donné ce nom au Chef de leur République, c'est qu'ils regardent le Grand- Seigneur comme le père, la République comme la mère des Soldats, parce qu'elle les nourrit et les entretient, et le Day comme le frère de la République et par consé-
(1) V. les planches qui terminent la C osmogi^aphie de C hems-ed-din Ed'Dùnichqui (éd. Mehren). Voir aussi Les Etoiles fixes d'Abdurrahman As-Suû p. 79.
(2) Il s'appelait Aboul-Harith Al-laith-ben-Sa^d al-Fahmî, et vécut de 694 à 782 de l'ère chrétienne. Ce personnage n'était pas moins célèbre par son érudition que par ses immenses richesses. Il jouissait d'un revenu annuel de 80 000 diiiars, soit environ 12 00000 de francs.
DJÉR
97
quent comme l'oncle maternel de tous ceux qui sont sous sa domination» (i). Ce n'est donc pas de l'arabe cfb dâ'L, missionnaire, qu'il faut dériver ce mot, mais du turc (ib dâî ou (^U dâî (2) oncle maternel (3 ).
Djérid ou Gérid. Jeu favori des Orientaux. «Voici la manière dont ils font cet exercice. Ils se séparent en deux corps,... poussent leurs chevaux à toute bride, et tâchent par cent détours de gagner la croupe de celui contre qui ils combattent, et lorsqu'ils se trouvent assez proches, ils lui dardent sur le dos le bâton qu'ils ont à la main droite» (4). Djérid est la transcription de jo y^ garîd^ proprement : branche de palmier dépouillée de feuilles, de ^^ dépouiller; et absolument: bâton employé dans les joutes ou Djérid. Le djérid s'appelle aussi l'exercice du Meidan (5), expression encore usitée de nos jours dans le Levant. Le meidan ou m'idan est une place publique dans les villes de l'Orient. C'est la transcription de ù\^jS maïdân ou mtdan, esplanade, hippodrome. Le mot a passé
(1) Mémoires du Chevalier d'Arvieux III. 249.
(2) Ou encore Jll» , tdii ( Bianchi). -
(3) V. les judicieuses remarques de M. Defrémery. Joimi. Asiat. Janv. 1862. p. 85-et 1867-p. 180.
(4) D'Arvieux. II. 325.
[ô] Op. cit. II. 325. - «Ils n'ont ici que le meidan c-à-d. la coui'se des chevaux; les cavaliers se lançant des bâtons etc.» La Syrie et la Terre Sainte au XVII^^ siècle par le P. Besson.
7
98 DJIN
en turc avec la même sigffification. Beaucoup de villages du Liban ont encore leur meidan. C'est là que les émirs et les cheiks venaient se livrer aux divertissements de la fantasia et du djérid.
Djinn. Transcription de ^ , djinn» Par ce mot les Arabes désignent tous les êtres invisibles, mêmes les Anges. Pour eux les créatures raisonnables sont divisées en 2 classes: J:-^ o^^^ 'hQs hommes et les djinn, (i) Car «génie» rendrait mal le sens du mot. Dans une signifi- cation plus restreinte les djinn désignent une classe d'êtres assez mal définis, sur lesquels nous n'avons que des notions vagues. Ils tiennent le milieu entre l'ange et l'homme; ils ont été créés du feu. Parmi eux il y en a de bons et de mauvais; il y en a qui se convertissent, et d'autres qui persistent dans l'erreur (2). D'après une opinion, popu- larisée surtout par les Mille et une Nuits, les génies man- gent, boivent et propagent leur espèce; ils sont en outre sujets à la mort (3). Bref! les djinn sont distincts des dé- mons qui sont toujours des êtres malfaisants et confirmés dans le mal.
(1) Comme dans ce vers d'Antar, où l'Achille arabe déclare qu'il .ne craint personne : C>>j CJl ^li-l 'c— l* ^y\ O ^r**«^ ^'-^d
(2) Le Coran ( sourate LXXIl ) parle de génies musulmans et d'autres qui sont infidèles V. aussi Qazwînî. Cosmogr, I. 368. et Damîrî. I. 229.
(3) Dîvân d'aï- Hansâ. Traduit par le P. de Coppier. V. note de la p. 167.
DOUA 99
Doronic. Esp : doronica. Ptg : doronico. Plantes de la famille des synanthérées. C'est une altération d'un mot arabe qui se présente sous les formes suivantes, /j^ daranagj / \j^ darânag, fjj^ daroânag* La dernière for- me est celle de l'édition égyptienne d'Ibn el-Beithar; Leclerc lit / j^ douranag. D'après l'auteur du traité des Simples, c'est « une plante abondante dans les montagnes de Beyrouth en Syrie ; on en trouve aussi à Kafr Solwân dans le Liban » (i).
Douar. Esp : aduar (2). En « Algérie, dit d'Arvieux, on appelle une tente Dar et Douar au pluriel. Ainsi un Adouar (3) est un amas de plusieurs tentes, ce qui fait un village portatif et ambulant » ( III. 235). j\:> dâr, maison a parmi ses nombreux pluriels j\j^\ adwâr. Dozy donne comme étymologie de douar le mot j\j^ douwwâr qui fait au plur. jljil (Bocth.) jjljji (Paulmier ) et jj^j^ (Cher- bon.- Gasselin etc. ).
( 1 ) Plus loin il répète encore qu'elle se rencontre surtout dans les mon- tagnes de Beyrouth. Ibn el-Beithar avait exploré le Liban où il avait dé- couvert plusieurs plantes nouvelles.
(2) L'esp. aduar peut représenter le plur.jlj^l ouïe sing. j\j'j^\ .
(3) «Leui's tentes qui composent leurs Adoûards (sic) ou Villages ambu- lants etc..» ( D'Ai'vieux 'IV. 28). «Ils dressent leurs tentes les unes proches des autres ainsi qu'en un camp. Tout cela joint ensemble s'appelle un douar y> P. Dan.
loo DOUM
Douane. Au 1 7"^® siècle Ménage dérivait déjà ce mot de o^yji dîwân^ qui, chez les écrivains du Maghreb et de TAndalousie, a la signification spéciale de bureau de doua- ne. Voir les nombreuses autorités citées (i) par Dozy ( Gl. Esp. et Suppl. ). Dans le Livre des Merveilles de l'Inde (X"^® siècle ap. J. C) douane est traduit par ojs:-^ ou Jâl^ (p. 119) lieu d'inspection L ojà:^ il ^Ui^\ l£> l^i ^^ Ja^l . Il y a sur le rivage un bureau de douane, 011 l'on perçoit une taxe sur les marchandises.»
Doum ou Doume. Palmier nain de la Haute Egypte Voici comment le P. Sicard décrit « une forêt de doums ou dattiers sauvages. Cet arbre que l'on ne voit en Egyp- te que depuis Girgé, en tirant vers la Nubie, a cela de singulier sur tous les autres arbres, que son tronc se di- visant et se fourchant en deux parties égales, chaque branche se subdivise en deux autres, qui se partagent chacune de même façon jusqu'à ce qu'elles parviennent à la cime des dernières branches. Ce ne sont que ces dernières branches qui produisent des feuilles semblables à celles des palmiers. Le fi*uit, qui est de la couleur de son écorce est gros comme une petite grenade. La chair
(1) On peut y ajouter le passage du Collier de perles de Badr ad-dîn Al- 'Aïnî où il est parlé de droits de douane 'Cj\yji\ J^!l (V. Historiens des Croisades. II. 1""^ pratie. p. 223).
DROG loi
est si dure qu'une hache bien affilée ne l'entame qu'avec peine (i). Les paysans... trouvent moyen d'en venir à bout. » (2) Doum est la transcription de ^j^ daum ou doâm. Cette dernière prononciation est celle de presque tous les voyageurs. Poncet dans sa relation d'Ethiopie (3) l'appelle doini Bruce (Nubie. I, 228 et V. 60) écrit doom, (Prol. Ibn Khal. II. 216).
Drogman ou Dragoman. Esp : truchiman. Ptg : turge- man. Cat : turcimany, trutximan. // : drogmano, dragomano, turcimanno; de ô^>-j tourgoumân^ interprête. Il y a encore les formes CA^j tourgamân^ et ûi«->-J' targamârij ce que les Historiens des Croisades rendent par Durgeman ( V. Hlst. Occid. II. Gloss. ). Drogman et surtout Dragoman ont certainement subi Tinfiuence du grec moderne ôçayoïiavo^, (4) Truchement n'est qu'une variante qu'on rencontre déjà au XV^^® siècle. D'Arvieux écrit constam- ment trucheman.
( 1 ) On en fait encore une grande consommation au Caire. V. Missions Catholiques. 1882-p. 539. -Ce qu'on mange au Caire^ article du P. Jullien.
(2) Lettre au Comte de Toulouse dans la collect. des Lettres édif, (éd. Martin ) T. I. p. 473.
(3) Lettres, édif. I. 604.
(4) V. le substantiel article du Dict. de Trévoux au mot drogman. F. Gé- nin ( Récréai. Pkilol.) raille souvent les Révérends Pères. C'est peut-être pour leui' faire payer l'honneur d'avoir enregistré mainte étymologie orientale qu'on voudrait mettre à l'actif d'auteurs beaucoup plus modernes.
102
ÉBLI
Dubhé. Étoile appartenant à la constellation de la Grande Ourse ; de ^A^^W ad-dîbâ\ les Hyènes. {V. Cos- mographie de Chems ed-dln^ éd. Mehren, fig. 2.)
Ébahir. Il y a en Rouchi le participe ^aA/, étonnant; au 1 6^"^ siècle la lettre h était encore aspirée dans ébahir. Tout cela, joint à l'insuffisance des explications données jusqu'à ce jour, fait penser à c*^ bah'ita^ s'ébahir, comme traduisent Bocthor, Heury etc. ou bien àc-J- 1 abhata, éton- ner, ^'Z^aA/r (i), comme dans Ibn-ôoubair p. 148 et 239. A moins que l'on ne préfère ^1 abhara^ éblouir, auquel conviennent mieux le vieux radical baïr^ étonner, l'espag. embaïr, faire illusion, et l'italien : baire, étonner.
Éblis ou Iblis. Le démon, de ^jM^ iblts, altération de àiàSoloi» Certains étymologistes arabes voudraient dériver ^jAi) de ^jJji ablas, désespérer, «Iblis ayant désespéré de la miséricorde divine». Al-ôawâlîqî, sans toutefois établir la vraie origine du mot, leur répond que si le mot était
(1) Dans l'ancien franc, ébahir était actif. Littré a raison de regretter qu'il n'en soit plus ainsi.
ÈCHE
105
arabe il se déclinerait • • •^^\ j^lj ùb c^j*». ^J^ ^^^^-i cJ^ i:« ùl^/^l ( Mu'arrab, 17.)
Échecs. P/g- : escaques. It : scacchi. - On a proposé l'arabe ^1 ach-cheikh] mais la présence de Va dans escaques et scacchi ne le permet pas. Echecs vient de ollil ach-châh,, formé de l'article arabe et du persan chah., roi. « Le joueur qui met le roi sous le coup d'une prise avertit son adversaire en disant: ech-châh, le roi!» (Devic). La présence du c dans échec s'explique par la manière dont les Arabes faisaient sentir le 0 A persan final; ils lui donnaient habituellement la valeur d'un J, d'un (^ ou d'une autre lettre sonore (i).
L'expression échec et mat est une altération de oU ©11)1 ech-châh mât., que M, Dozy avait d'abord traduit par « le roi est mort » prenant oU , mât., pour le verbe arabe mourir. Plus tard dans son Supp. il s'est corrigé (2). oU mât serait tout simplement un adjectif persan signifiant étonné, surpris (j^ ) On dit indifféremment CX^ e\t chah mâtj ou CjC^ chahmât, d'où l'ital: scacco matto;
(1) Compar. .^fdJJ (d'où le franc: Belléric, sorte de myrobolan ) venant de persan JjiJ-et Emblic de ,jd/.i amlag, du persan ^Jl-T, amleh. On écrit en- core Emblique et Amblique. Poui* le changement du y en J comp. Jaj^ du persan «oj^^^ , et ja^ du pers. <i>U. ( Muarrah. 42 ) etc.
(2)" Sur les observations de M"^ Gildemeister et de Mirza Kasem-Bey.
04
ÉLIX
ou bien oU oLlil echchâh mât, d'où vient notre échec et mat et l'espagn : xaquey mate. La présence de la. particu- le conjonctive me semble due à l'aspiration médiale (o) de OUaL^l ech-châhmât, qui dans la prononciation du peuple devient ech-chahémat.
Élixir. Esp. Ptg : elixir. It : elisire. Cétait chez les alchimistes la matière, qu'on répandait sur les métaux, pour les changer en or ; de jiS^^lal-lksir, pierre philo- sophais La formation en est ainsi expliquée par les Mille et une Nuits. [\\\, 191. éd. Salhani): « ôÔa ci (^^Ij^jViO^
r^ C-^* V:^"^^ û^^^ i^ -^^-^ cT^"*''^ <y crjf J^* ^ *-^jf^ «^/èoII l^ û^ftJi^a) j l^: jâ^Li lju5 1 jwijj ejl^ 1 ^5^ . Les fleurs de cette île desséchées par le soleil tombent et sont em- portées par le vent. Elles se ramassent sous des pierres oii elles se changent en iksir, qu'on ramasse et dont on fait l'or. » (i) Khafâgî rapporte ( JJUil «^U^ ) qu'on l'ap- pelle encore ^f^ ^ . Il est parlé de ïiksir dans le *iJ^^ d^Ibn-Mo'tarr (mort en 909 ).j<S^\ vient de i7(>oV, sec. (2) Il a subi une dérivation de sens analogue à celle d'alcool; le mot ne se dit plus que de liqueurs (3) résultant d'un
(1) V. IbnBatoutal. 136. et Ibn Khaldoûn. Prolégom. III. 192. 229.
(2) Ménage rattachait ,J^^\ a la l'acine ^ briser, «l'élixir ayant la force de rompre les maladies».
(3) Cette dérivation de sens avait déjà eu lieu en arabe, car là aussi il se disait de préparations liquides (Dozy. Suppl. ).
ÉMIR 105
mélange de certains sirops avec des alcoolats» (M. Devic).
Émir. Prince; de ju\ , amtr, commandant, prince. Dans les historiens latins des Croisades ce mot est transcrit de la façon la plus variée : amirarius, ammirams, ammirarius, ammir avis sus ^ admir avis sus ^ amiratus, admi- ratus^ amiralius, admiralius (i), admiralis ^ amiraldus. D'oij vient ce luxe incroyable déformes? (2) surtout de celles terminées en alis, aldus etc? Est-ce un souvenir du titre J^jjiju\ amtr al-go/oâch, commandant des troupes, porté à l'époque des croisades par le premier visir (3) des Califes d'Egypte? (V. Aboul-Féda. I. 34, 1"^ Vol. des Hist. Orient. Crois. pas'S'. ) ou bien de *\j^\j.a\ amtr al- oumarâj prince des princes, et d''autres titres analogues qui allèrent se multipliant à la cour des Atabecs et des Sultans Mamlouks, et qui débutaient toujours par ... JU^l amîr a/... (4) .
(1) Comp. le néerlandais admiraal, amiral.
(2) Toutes n'ont pas été relevées ici. Qu'on n'oublie pas que clans tous les passages aux quels nous avons emprunté ces formes (V. Tables et Gloss. des Hist. Occid. des Croisades) il s'agit toujours d'émirs commandant les troupes de terre.
(3) Avec qui les croisés eurent tant affaii'e.
(4) aEmin ou Emir (c'est-à-dire commandant) est une appelation honorifique que portent tous ceux des musulmans issus de Mahomet. Par extension, ils ont seuls le droit de porter le turban vert... ». Hist. générale de l'Eglise. Tome XV. p. 380, par l'abbé Darras. Dans ces lignes Féminent historien confond émir, émin (de CAm\,amîn, loyal, fidèle) etchérif.
io6 ÉPIC
Enif. L'ô de la constellation de Pégase. C'est la pronon- ciation vulgaire de^-Âî^a/z/, ne^-, ^^ ^\ Ji}< anf al-faras^ le nez du cheval ou Pégase, appelé en arabe JâcVi ^yll al'faras al-a'dam, le grand Cheval. Au lieu de ^yil J^\ cette étoile est appelée beaucoup plus souvent ^Jà\ L bouche du cheval, ou ^yll ^ji^^T lèvre du cheval, noms qui indiquent mieux sa position. (V. Abdurrahmân Es-su/i, Ed. Schjeller. p. 1 1 3 ).
Épicerie. Il me semble prouvé que l'espagnol abaceria^ boutique où l'on vend du vinaigre, de l'huile, des légumes etc. dérive de j\j\ ab^âr ou de j^jU abâ^ir, condimen- tumoUae, aromata etc. (Freyt. ), épicerie dans Heury. C'est aussi l'explication du Cheik Mohammad 'Abdoû dans son commentaire sur la \jj^\ 1«IL» de Badi'uz-Zamân (i). D'après c( l/yij Jiyîlj JiUlir4.x^y ^ULUi *^jp U^jWi » cela serait-il téméraire d'assigner au mot français la même origine? M. Sédillot pour sa part affirme que épicerie vient de « ebe^eri^ marchandises. » Le mot est mal tran- scrit et encore plus mal traduit, mais l'étymologie mérite considération.
(1) Séances de Badi^uz-Zaman al-Hamadânî commentées par le Cheik Moh. Abdou. - Imprimer. Catliol. Beyrouth. 1889. -En français les épice- ries désignent les drogues et «surtout celles du Levant» (Trévoux).
ESCA 107
Épinard. Esp : espinaca. Ptg: espinafre. Le vieux franc, a les formes : espinace, espinoche. On s'accordait généralement pour dériver ce mot du latin spina. M. Devic a fait justice de cette étymologie qui ne repose sur rien de solide. Il paraît prouvé que épinard vient de PAk^\ (i) îsfânâkh ou 'A — I isbânâkh^ même sens. Les formes ^\U\ , isfânâg, ou ^l^-l isfinag ont probable- ment donné naissance au flamand spinage. Ibn el-Beithar (édit. Boulac) donne encore 'Aj ^abânakh, et le dia- lecte vulgaire a '^ÇS sabâiiakh et ^Up sabânakh.
L'épinard était inconnu aux Grecs et aux Romains; il fut introduit par les Arabes en Espagne, d'où il se ré- pandit dans le reste de l'Europe, Il croît spontanément en Orient. Au XI"^^ siècle Ibn-Haggâg avait déjà com- posé un traité sur l'épinard, où il assure qu'à Séville on en semait de précoces en Janvier (2).
Escafe. Soulier, chaussure. Escarpin soulier léger qui laisse le cou de pied à découvert (Litt). Escajignon, (vieux mot) même sens que escarpin. Il est difficile de ne pas songer à ^Isdl iskâf^ J^J\ askaf^ ^^\ ouskoûf^
(1) Forme la plus classique donnée par Qazwînî (Cosmogr. I. 272 1. Ibn el-Beithar etc..
(2) Agriculture à'lhiûraX-k\y\v km. (Trad. Clément-Mulet II. 154).
io8 ^ ESTR
tilSCll iskâfi^ signifiant cordonnier. Les souliers des Ara- bes rappellent fort bien les escarpins^ leur nom ^U^ viendrait même de Ja>-^ khaff^ être léger. Devic ratta- che à escafe et à escarpin les mots suivants ; escoffraie, boutique de marchands de cuirs ; escofjîer^ marchand de cuir. Je n'oserais l'en blâmer :^l5Cll est ancien en arabe; on le rencontre dans le Z^\ 4a* et longtemps avant dans le poète Al-A'châ ; (il5Cli est un nom propre porté dès les premiers temps de l'Islam.
Estragon. L'étymologie arabe de ce mot a été solide- ment établie par M. Devic. La forme ùy^ j^ iarkhoûn (i) même sens, est la plus ordinaire. On trouve aussi û^>/ tarkhoun^ ô^^j^a iabarkhoun et ô^^ talkhaun. Il paraît que le mot ûj^J^ était Jadis trouvé bien dur par certains délicats: Ô^^SC^ «Jâil îdilj ^c**! -\x^ jy^jU] ^\ ^jj]k\\i ))j
^\ ju\ JjîD Oj^' oU-->'J f-LI^I ^ai^ /v^iâ*» oU-« J^J »I«li) ^31 'Cysu^^ *Uc
oU«/» (^1 j.^1 J^. « Ces gens évitent de prononcer le mot tarkhoCm à cause de la dureté des lettres qui le commen- cent; ils emploient donc des circonlocutions et le font passer comme menthe. Quelques-uns l'appellent A^rZ?^ des
(1) D'où vient en di^oite ligne targon que Trévoux déclare être la même chose qu'estragon. Devic n'a pas signalé cette forme dans son article si savant d'ailleurs sm* estragon.
FABR 109
affamés^ d'autres, camphre du cœur\X,o\xi cela pour désigner Je tarkhoûn. » ( Geogr. Arab, Gloss. p. 289 ).
Eyalet. Nous qu'on donne quelquefois au Vilayet ( V. ce mot. ) de aÎI [ iyâla^ prononce eyalé ( c^\i\ ) par les Turcs, et qui dérive de JT être à la tête.
Faal. Noms que les habitants de Saint-Jean d'Acre donnent à un recueil d'observations astrologiques qu'ils consultent en beaucoup d'occasions. ( Dictionnaire infer- nal par Collin de Plancy ). C'est l'arabe JI5 /a/, présage.
Fabrègue. Plante dont les feuilles ressemblent à celles du serpolet [lÀiu). Esp: alhabaca, albahaca, alabega, alfabega, alhabega. Cat : alfâbrega; de jil al-habaq, qui désigne, le basilic dans le Levant et en Algérie (i); ou plutôt c'est un nom générique qui s'applique à des plantes la plupart labiées. Il ne faut donc pas s'étonner de voir jljj si mal défini par les dictionnaires, vu que l'arabe compte une dizaine de plantes au moins qui méritent ce nom. (2) Le changement de ^ (h) en /ne doit pas arrê-
( 1 ) V. Marcel - Pauloiier - Heury - Bocthor etc. (2) V. Ibn el-Beithar et Dozy. Suppl.
1 1 o FALA
ter. Fabrèque nous est venu probablement par l'espagnol ; or en cette langue le C initial ou médial se change en /.
Fagarier. Plante exotique de la famille des xanthoxy- lées, de o^J^Ji fâghira. D'après Avicenne le fagara est un fruit apporté de Sofala. D'autres auteurs arabes le font venir du Soudan. Le Livre des routes et des provinces indi- que aussi l'Inde comme pays de provenance. D'après le Dict. de Trévoux, le «fagara est un petit fruit des Indes. » Le Suppl. au Dict. de l'Académie dit que c'est un « petit fruit des Philippines; il est aromatique, fortifiant et ré- chauffant. »
Falaque. Esp : falaque. Ptg : falaca. « Instrument de supplice (i) usité au Maghreb» (Litt.) et en Orient «Le
(1) Voici ce que dit un vieux missionnaire d'Orient de «la peine du Falaq que les écoles de Syrie avaient emprunté à la justice turque et sans laquel- le un maître arabe se serait cru désarmé en face de ses élèves. Qu'on se figure un rouleau de bois de 75 à 80 centimètres de long et une corde de plus d'un mètre solidement fixée à deux trous pratiqués aux extrémités du rouleau, voilà le Falaq ; et voici maintenant la manière d'en faire usage. Le patient se déchausse et s'étend sur le dos, au beau milieu de la classe. Au.^sitôt deux de ses camarades lui passent sans pitié les deux pieds sous la corde du Falaq. Après l'avoir fixée un peu au-dessus de la cheville, ils la raccoui'cissent en la roulant sur la pièce de bois, jusqu'à ce que les pieds y soient pris comme dans des ceps. Alors les deux aides soulèvent leFalaqà^xm bon demi-mètre et l'exécuteur décharge horizontalement sur la plante des pieds une série de coups de baguette.... J'ai hâte d'observer que ce procédé est to:ïibé en désuétude dans presque toutes les écoles chrétiennes, grâce à l'influence des missionnaires. Mais en 1850 le Falaq régnait encore en maî- tre dans les écoles. » Lettres de Mold. T. III. 84. Cette publication étant assez rare, nous avons cru devoir citer le passage in extenso malgré sa longueur.
FANF 1 1
cady rinterrogea... Il fut couché par terre et on apporta les falaques pour lui donner des coups de bâton » (D*Arv. VI. i66)de Jô falaq, même sens, et non llS» falaqa^ comme écrivent presque tous les étymologistes. Falaca se trouve pourtant dans plusieurs relations (V. Dozy. Gloss. 262) et dans le Diction, de Trévoux. L'addition du S paraît propre au Maghreb, En Syrie on ne connait que jU falaq. Les Persans ont 45aj
FanaL Esp. Cat. et Plg : fanal. //; fanale. Bas lat : fanale, fanarium; dejLi5,/a/zar, lanterne, fanal, phare (i). Le mot arabe est sans doute d'origine grecque, et doit probablement son origine à cpavâQLov
Fanfaron. Esp : fanfar ton. Cat: fanfarro. P/^: fanfar- râo. Gallic: fanfurrîna. Basq: pomparroya. //.• fanfano. Marina propose j^* , fankhar^ gloria se jactavit inani (Freyt. ) Cette explication rend parfaitement compte de la nasalité qui se retrouve dans toutes les formes citées (2). On n'en peut pas dire autant de j\»jfarfâr^ multiloquus ( Freyt. ) léger, inconstant. Fanfaron doit-il se rattacher
(1) V. Synonymes arabes p. 164.
(2) La transcription du ^ par f est trop fréquente en espagnol pour qu'il soit nécessaii'e d'en donner ici des exemples. Dans ^>^ il est facile de re- connaître la racine ^ , se vanter, et ses congénères ji^i , s'enorgueillir, î-uicià , î^iiti , y,^ , etc..
112 FAQU
à Fanfare} Diez fait de ce dernier mot une onomatopée. Littré avoue qu*on ne lui trouve pas de racine, (i)
Faquin. Huet a proposé jpi faqîr^ « comme étymo- logie de l'italien fachino, portefaix, qui est notre fa- quin (2) ; esp ; faquin, ptg : faquino (balayeur de la Patriar- chale de Lisbonne). Le changement de r en n ne ferait pas grande difficulté; mais nous manquons d'arguments à l'appui de cette conjecture » (M. Devic ). Elle peut être définitivement abandonnée. Le ptg. faquino est de la même racine que facho, fagot de menu bois; faxo, terme populaire pour dire bois; le latin fax, facis, torche, flambeau en bois (3), facula, éclat de bois, he faquin était originairement une figure de bois en forme d'homme, con- tre laquelle'on s'exerçait au maniement des armes (Trév.) de là le sens de portefaix, coquin, homme de néant etc {4).
( 1 ) Sédillot tire fanfare «de l'arabe fanchara, même sens (?) » Hist. II. 2 1 9. Narducci donne comme étymologie de fanfarone jlj^ qu'il transcrit farfa- ron. C'est attacher trop d'importance à la nunnation, pour expliquer la terminaison o;ie.Même remarque T^oar gabbano de -tLc soigneusement trans- crit abâon. (V. Narducci. s. v.)
(2) Faquin, au sens propre : portefaix (V. Littré) ; ne pas confondi*e avec aZ/a^-wm (Trévoux), altération de *^i)| al-faqîh, le ^nvisconsiûte. et qn on trouve écrit faquis, foquis, nfoquis, ce sont lor prêtres » Estoire de Brades Empereur. Hist. Crois. II, 384, où le Glossaii'e donne foquis comme! une variante de faquir (?).
(3) Proprement : morceaux de bois fendus dont on faisait des flambeaux. V. Syn. latins de Gardin Dumesnil. n° 1 074.
(4) V. M. Schapiro n*' 75, qui apporte à l'appui une abondance de preu- ves, ne laissant plus rien à désirer.
FARF II j
Farde , Fardeau. M. Devic prouve très pertinemment que ces deux mots dérivent de o^j , farda ou de ^j fard, ballot, sac, charge de chameau (i). Mais nous hési- tons à le suivre, lorsqu'il s'efforce de démontrer que l^j farda, est « arabe non seulement par l'usage, mais aussi par l'étymologie ». Nous pensons que le mot arabe doit se rattacher plutôt à (^ôqtoç fardeau, charge (2). D'après M. Génin (5) fardeau «primitivement hardeau, hardel » se rattache à ahart dont le fardeau est lié. »
Farek. C'est la Bauhinie acuminée décrite par Bruce {voyag, V. 73 ) «Le nom de farek, dit le célèbre voya- geur, lui a été donné à cause de la manière dont sa feuille est divisée»; àe3J^fàreq part. prés, de 3'^fo,raq diviser,
ou de 3} fareq, dispersé, d'où ^j J^ji , terre dont la végétation est clair-semée.
Farfadet En Ital: farfalla signifie, papillon, homme volage] dans le pays de Côme, farfatala, homme volage. On peut sans témérité rattacher ces mots à j\»j farfâr
(1) V. Glossar. Geogr. arabum p. 314.
(2) De Sacy considère de même s^^ comme étranger à la langue arabe.
Voir aussi Fart, de M. de Eguilaz p. 396. où sans doute çfOQTtog est un
mendum typogr. pour ç^ôotog*
(3) Récréations philolog, 1. 335.
8
114 FEDD
( V. Fanfarron ). L^arabe vulgaire a encore jy^ forfoûr^ papillon (Bocthor.-Heury, etc.)
Fargue ou Falque. Petits panneaux placés sur les bords des bateaux pour les exhausser. Esp : falca. Dozy se donne des peines infinies pour dériver ces termes de la racine ^^halaq, entourer, d'où jU. halq clôture, mur d'enceinte. Cette étymologie peut être rejetée : l'idée fondamentale de falca^ falcas^ falque est bois. Ces mots doivent être rattachés au grec g)«^>t?75 , planche de navire, lat: falx^ faux, hache des bûcherons; français: fauque^ planche à coulisse ; fauconneau^ pièce de bois posée en travers (Litt.), vieux franc : fauc^ faucois^ buisson. Ptg : falqueador, charpentier.
Farsanne. Chevalier, Cavalier. (Trév.) Le mot est aussi dans le Suppl. au Did. de r Académie (i 786). Transcrip. de ôL^ forsân, plur. de ^^jlj ,/ar^5', cavalier. «Les Maures appellent les chevaliers chrétiens Farsannes» Gollut. Mémoires des Bourguignons. IV. c. 32.
Feddan. Esp : fadan, fadin. Mesure agraire en Egypte, qui vaut 3 3 3 kasabah carrées et 1/3 ; la kasabah a 3 "^, 55 (i) de longueur ( Litt. Supp. ); de u^-^ faddân^ agri
(1) Cfr. Répertoire de la législation et de radministration égyptiennes par Philippe Gelât, artic. arpentage.
FELO 1 1 5
spatium quadringentorum kazebeh (Freyt. ); Bocthor lui donne le même sens (i). En Syrie \efeddan c'est ce qu'une paire de bœufs peut labourer en un jour. Dans Edrisi (2), Ibn al-'Awâm (3), Qazwînî (4), Ibn-Batoûta (5) û\ji a le sens de champ ( ager ).
Fellah. Transcription de r-SU fallâh^ laboureur (6).
Felouque. Esp : faluca. Ptg : faluga. It : feluca, filuca, filluca ; en franc, du XVIP® siècle, falouque. Les étymo- logistes rattachent généralement tous ces termes à dlij foul/Cj ou à ^Jfi , faloûka, désignant un petit navire, une felouque. Engelmann hésite à accepter cette dérivation. Il n'est pas loin d'admettre que les Arabes ont emprunté <5^ , faloûka, aux Italiens ou aux Espagnols. Dozy s'écrie que cette étymologie doit « être rejetée immédiatement et sans réserve , dU^ , foalk, étant un vieux mot employé seulement par les poètes, et étranger à la langue parlée au moyen-âge. » Voilà qui est exagéré ' dlJb , folk, est un
(1) s. V. champ - Marcel. ( s. v. terrain ) (2j Descrip. de TAfi-ique ( Dozy. ) p. 154.
(3) II. p. 39. Voir note du traducteur.
(4) *;i:^ jiu ôl>j oj> Jj II. p. 364. 1. 7.
(5) ^\jA j ifi^j 1^1x29 ol>n L»-!) Jù. ( Batoûta. IV. )
(6) ((Les~ naturels du pays et les Bédouins fixes sont tous compris ici sous le terme générique àeFélaques c.-à.-d. paysans ou villageois... Dans la bouche des Turcs ce terme est si injurieux que sïls veulent marquer pour quelqu'un le dernier mépris ils se contenteront de dire, c'est un Félaquey> Description de l'Egypte par M. de Maillet. I. p. 25.
ii6 FELO
mot moins savant que ne le prétend Dozy. Il se trouve dans les Mille et une Nuits, non seulement dans les éditions existantes, mais encore dans les manuscrits, comme dans celui de TUniversité S^-Joseph ( Beyrouth), où le mot d\l» est répété à satiété ; et ce qui me paraît décisif, on le lit dans un passage de Mas'oûdî (i) (I. 292.) et dans un autre de Zamakhcharî. Les PP. Heury et Belot ( ce dernier dans ses deux dictionnaires) n'hésitent pas à tra- duire felouque par dl^ dont le diminutif ïSCSi folaïka est employé en Syrie (V. Le Journal arabe, le Bachir^ 27 Nov. 1889.) Le mot dllj existe aussi en turc avec le sens de navire, bateau, petit vaisseau. Les Turcs ont dû remprunter aux Arabes avec le sens que ces derniers y attachaient. L'existence de haloque en espagnol, qui se rattache étymologiquement à faluca prouve aussi que le mot dlij ou ^S^j était employé au moyen âge (2).
Quant à la prétention de Dozy de dériver felouque de 45 r^5- harrâqa^ nous hésitons à l'admettre. Il est bien vrai
(1) Je ne comprends vraiment pas ce qui porte le savant étymologiste à contester la valeur de ce passage. dAJU y est employé par Tauteur dans le sens de vaisseau ; et cela sans autre explication; ce qui prouve que le mot n'est pas exclusivement poétique. Les critiques de Dozy contestant la valeur probante des passages des Mille et une Nuits sont plus heureuses. Il est certain que souvent le contexte réclamerait plutôt duT kalak, radeau, que dU». Mais comment admettre que les copistes aient remplacé vîAlf par du*, si ce dernier mot est aussi inconnu que le prétend Dozy ?
(2) Voii' le substantiel article de M. de Eguilaz p. 394.
FOMA 117
que 4Îl^ne signifie pas seulement brulôt, mais encore barque (i), surtout barque de plaisance. Mais de là à felou- que il y a encore une certaine distance; et il faudrait prouver qu'elle a été franchie, malgré les difficultés pho- nétiques, qui ont bien aussi leur importance (2).
Fennec. Bruce a longuement décrit ce quadrupède dans ses Travels p. 1 28. Ce qui est moins louable chez lui, c'est d'avoir ajouté un n h l'arabe dii fanek. Chams ad-dîn, le cosmographe damasquin en fait «un animal de la grandeur de la gazelle (3); JljilljJ^ ciô^j-?- ^3 Les moder- nes lui donnent des proportions beaucoup plus modestes. Les passages de Mas'oûdî et d'Ibn el-Beithâr, où il est question de fourrures de fennec provenant des bords du Volga ou des pays slaves, ne doivent pas s'appliquer à no- tre db qui paraît être un animal exclusivement africain (4).
Fomalhaut. Étoile de première grandeur, a du Poisson austral. En arabe O^ ^ fam al-hoûtj la bouche du pois- son, ou ^di^^J^ f^ 9 la bouche du Poisson austral (Ab- durrahman as-sufi, p. 189 et 2Ç 5 ).
(1) Voir notre note 1. p. 77.
(2) Dans le livre des Merveilles des Indes il est parlé d'un canot appelé ji^ ce que le traducteur M. Devic rend par felou ^i)l ^J.\ ^j^ ruiJI iili
(3) Edit. Mehren. p. 238.
(4) V. Bakrî p. 171. et les articles de Dozy et DeTic.
FOND
Fonde, Fondic, Fondique, Fondouc et Fondue. On
trouve encore fondigue. — Esp : alhondiga, alfondeca, alfondega, alfondiga, fondaca, fonda. Maj : alfondec. Gall: alfondiga. Cat: alfondech. //: fondaco (i). Tous ces mots ont signifié boutique, magazin, hôtellerie pour recevoir les marchands étrangers, ce qu'on appelle aujourd'hui un khan dans le Levant. A Alexandrie dit le chev. d'Arvieux, les nations d'Europe ont «toutes leurs Fondlques qui sont de très-grandes maisons comme les khans ou karavanse- rails » I. 176. Dans les principautés fondées par les Croi- sés la. fonde était une sorte de bourse, où les marchands se réunissaient et traitaient d'affaires commerciales (2). A Jérusalem on appelait cour de la Fonde un tribunal de commerce (3). Tous ces mots dérivent de 3-^ foun- douq, que Al-gâwilîqî dit être « dans le dialecte de Syrie un khan où descendent les voyageurs, comme on en trouve sur les chemins et dans les villes : ù\^ ^1^11 JaI ^ (4) J-ûiîl
(1) Sigûifîe locanda en Sicile. Cfr. Amari. Bibl. Arah. Sicul. p. 826.
(2) Rey. Colon, franq, 191.
(3) Ibid. p. 59.
(4) Il existe aussi une forme j^9, attestée par le Ma'^arrab: ^ , ûUJI^Aj JJLUJ) j::i Ja îfrUaS ^ Çj)__^l c^ic-w : -\yi]\ Les deux formes sont cer- tainement d'origine grecque et dérivent de Ttavdoyislop ou TTardoiatov, au- berge. La tribu de Qoudâ'^a était établie en Syrie depuis le 11"^® siècle ap. J. G. (V. Hamza Al-Asfahâni).
FUTA 119
(Mu^arr. 109). J\A\j j'>îl à ûp & ^iJ» i^> jll OtW j^ Fonde représente J-uJ prononcé /onio' , à la manière syrienne, c'est-à-dire en émettant le J sans explosion et en lui donnant la valeur d'un simple hamzé.
Frise. Terme d'architecture. Esp : alfiz, friso. Ital: fregio. Dozy et après lui Eguilaz dérivent ces termes de X '^i » ^f^Ui corona et supercilium parietis ad pluviam arcendam. (Freyt). Chez Boct. Belot et Heury c'est frise. Je n'ai aucune raison de ne pas admettre cette hypothèse, qui me semble la plus plausible de toutes celles propo- sées jusqu'à ce jour. (Plur. V. Dozy Glos. 270). (i)
Futaine. Esp : fustal, fustan. Cat. fustani. Val. fustany. Ptg: fustâo. It : fustagno; de oJai> fouchtân (2), étoffe de coton dans Ibn-Batoûta (I. 351) S^oll jLuW ^U ^ t>- ûikliil (V. Dozy. Suppl. ) P. de Alcala a Jlklj ou Jlii; futaine. M. de Eguilaz voit dans fustal et fustan une alté- ration de Jglla»3 , foustât (3) nom de la ville du Caire.
(1) Dozy pense que ji^\ vient de Joogjoo );,•. Tel n'est pas l'avis de Frsen- kel [Aram. Fremdw. 22) Pour les autres étymologies proposées. V. Litt. et Journ. A^iat. Nov. 1853. Littré croit que frise a"* est formé au XVI^»® siècle de l'esp. friso.
(2) On trouve fusteiii, signifiant une étoffe, dans un acte fait en 1407.
(3) Bochart dérivait futaine directement de fustat, nom du Caire.
120 GABE
C'est sans doute aussi l'opinion de Littré quand il parle de Fouchtân, faubourg du Caire, d'où l'on apportait la futaine.
Gabajpe (i). Esp : gorab, gorabo, corabo, currabi, gua- rapi. Tous ces mots ne viendraient-ils pas de ^\ j. ghow- râb^ vaisseau, galère, brigantin? Gabarre serait une métha- thèse du mot arabe. D'après Al-Khafâgi kJ\j^ ghourâb, est un mot tout-à-fàit propre au Maghreb (2). On le rencontre aussi avec le sens de galère dans le Vot/age en Espagne (}) d'un ambassadeur Marocain (i 690-1 691 )
Gabarî et Gabarit. Littré dérive ce mot de l'esp. galibo^ autre forme de calibre et venant tous les deux de l'arabe ^^15 qâlib^ forme ( V. Calibre ). Gabarit a été appelé aussi calibre et garbe.
Gabdlle. Esp : alcabala, alcavala, gabela. Ptg : alcava-
(1) Et le diminutif Gaharot.
(2) jjuj) »ULà, p. 162. V. aussi Syn. Arab. N» 969.
(3) Traduit de Tarabe par H. Sauvaire. Paris. 1884. Le traducteui* met en note : « aghréhah pi. de ghorâh, corbeau » ; c'est le sens littéral du mot. Al-khafâgî se demande si ce nom est le résultat d'une comparaison faite avec le corbeau «4jj^â)I JS' ja J» ^j^\ V» Le plus simple est d'y voir une altération du latin carabus.
GALA 121
la, alcaballe, alcabella, gabella. // : gabella. Tous ces mots dérivent bien de 3 li qabâla, qui a signifié, impôt, taxe, droit de douane, etc.. (V. Gloss. du Boy an par Dozy p. 3 8). On a objecté que le J ^ ne deviendrait jamais g dans les langues romanes. Dozy a suffisamment répondu à cette difficulté ( Gloss, p. 75). Ajoutons que ce changement a lieu même en arabe. Car dans bien des districts le J q se prononce y^gh, lettre avec laquelle il a une grande analogie (i). Comp en esp. galapago de jS y galibo de
JB , etc.
Gala. L'origine arabe de ce mot, abandonnée aussitôt que proposée par Engelmann, est absolument repoussée par Dozy. Devic et Eguilaz la passent sous silence. C'est pourtant, croyons-nous, Tarabe qui fournit l'explication la plus plausible. Si Ton observe que gala est souvent as- socié à l'idée de vêtement, de costume, on hésitera moins à le rapprocher de i^ , Mil'a, vêtement de gala, comme dit M. Barbier de Meynard dans sa belle traduction de Mas'oûdî : VllI. 339.!^ ii>l "u; ^U^ Je ji^xrJii J^ et ail- leurs : c\:^J.\ju^ iai' oô* cJL«i-l ^^\ ( VII-270. ) M"" Amari
(1) Ce sont deux lettres gutturales. Aussi ne comprenons-nous pas pour- quoi quelques grammaires conseillent de donner au ç. la valeur d'un r gras- seyé. C'est là une prononciation inconnue en Orient.
122 GAMA
traduit de même 4*U par Casacca dl gala (Bibl. Arab. Sicula). Engelmann avait opposé que le f ne se change jamais en^. Dozy réfute solidement cette objection (i) dans son Gloss. espag. ( p. 1 3 ).
Galanga. Esp, Ptg : galanga. Esp : garengal, garingal. Cat : galangal, calanca. Ancien français : galangal, garin- gal. Toutes ces formes dérivent d'un mot arabe, qu'on rencontre écrit C^^ /ihalangân, ô\fy- /chaulangânj Olf^jii khâwalangân, plante des Indes Orientales. ( V. Ibn al-Beithâr. n° 829. Trad. Leclerc.) Le galanga J^j^ avec un damma sur le r- , paraît dans un précepte (2) en
vers didactiques cité par Mas'oûdî (VIII. 402 ):
>
« Puis du sel et du galanga que les mains se sont fatiguées à lier » ( Trad. de B. de Meynard. )
Gamache (3). Bottine, ou bas de drap, ou de toile cirée, qu'on met par-dessus les autres pour les garantir. ( Trévoux ) Avec M. Devic J'y vois le nom d'une ville
(1) Comp. algorithme de j^jj\j9i\ , galanga de ùl?«Jli-- Pihan dérive gala de »:>\.f , splendeur. On peut "ajouter "j^ honneur, 'mais ce sont là de purs rapprochements, ne reposant que sur une ressemblance de son.
(2) Culinaire.
(3) Trévoux écrit avec 5.
GEMM 125
africaine ^j^ , Gadamès ( État de Tripoli ), puisqu*au rapport de Qazwînî « de cette ville du Maghrib on ex- portait des cuirs moelleux comme une étoffe de soie ;
(Cosmographie II. 3 8) «. ^*:il àj>-\ c^U \^^1:>J>\ à l^y ^^V Pour plus de détails nous renvoyons aux excellents ar- ticles de Dozy et de Devic.
Garbin. V. Maugrebin.
Gabelle. Esp : gacel. Ptg : gazel. Esp. et Maj : gasela. Ancien Ptg: gazella, gasella. Gall: gancela. De JIjp gha^âL même sens. Dans la plaine d'Antioche « il y a quantité de venaison, e4 sur tout des biches qu'ils ap- pellent Gabelles en leur idiome. » R. P. Philippe de la T. S. Trinité (i). Et dans le désert situé entre Alep et la Mésopotamie « il parait souvent des troupeaux entiers de Biches, appelées en vulgaire Ga^eles^y p. 76. Effecti- vement en vulgaire Jljc^ est prononcé gha^êL
Gemmadî. Cinquième et sixième mois chez les Musul- > mans, de (S^^ goumâdâ «Les deux goumâdâ rappelaient
la congélation de l'eau, pendant ces deux mois, qui avait
lieu à l'époque, où ils reçurent leur nom». (Mas'oûdî.
III. 418.)
(1) Voj/jje en Orient (p. 18) fait en 1631 par un missionnaire Carme.
124 GERB
Genêt. Esp : ginete. Cheval d'Espagne, petit mais bien conformé (i). Dozy a prouvé que ces termes dérivent de otj :{enâta^ nation berbère, connue pour la valeur de sa cavalerie. Trévoux avec raison réprouve l'orthographe genest quand il s'agit du genêt d'Espagne.
Genette, courte lance, a la même origine. Les Gêné- taires étaient des cavaliers armés à la légère et vêtus à la moresque, qu'on trouve dans les armées espagnoles jusqu'au XVP® siècle. Commines fait mention des gené- t air es.
Gengéli. Espèce de sésame. Esp: aljonjoli, aljonge. Cat: aljenoli, ajonjoli. Basq: ajonjoli. Ptg : zirgelim, ger- gelim. De "^^ gongolî, qui se trouve dans P. de Alcala, conjoinctement avec J^^ gongoltl^ et t>lf^ gongoltn (2). Ce sont autant d'altérations ou formes vulgaires ( espa- gnoles) de Ù^J^ go Igolân, sésame, dans Ibn el-Beithâr (N® 499, Leclerc), chez d'autres «semen coriandri ; nomen sesami sua obsitum membrana» (Freytag et Mohît)û!>^ était prononcé gongoltn en Espagne, Timalé donnant à Va long la valeur de ê et même de /.
Gerboise. Esp : gerbo; de ^^x , yarboû\ sorte de rat
(1) Comme un genêt furieux qui porté de capric
Franchit en bondissant les bornes de la lice ( P. Le Moyne ).
(2) D'où dérivent sans doute jugeolme, jugoline qu'on trouve dans le vieux français.
GERB 125
très commun dans les déserts d'Arabie (i) et dans le Nord de l'Afrique. Il paraît que les Arabes ne dédaignaient pas la chair de cet animal. Aussi l'empereur Nicéphore (2) les appelait-il jjjjvil JaI , le peuple qui aime les gerboises. A la cour du sultan de l'Inde un émir arabe était appelé le mangeur de rats ; « parce que les Arabes mangent la gerboise, qui est une sorte de rat; 6^^ V^' "^J" ^ jUîl 4J:y>jç^jvîl . IbnBatoûta. T. III. 282. Dans les diction- naires algériens on trouve aussi la forme 9y/j>-^arboâ\ (3) D'après Bruce ce serait même la forme que les Arabes emploient de préférence. Le même auteur déclare que la chair de la gerboise (4) ne diffère guère de celle du lapin. ( Voyage en Nubie. V. p. 149 et 1 5 1 , etc. ). Niebuhr écrit jarboa et rapporte que les Arabes en mangent volontiers. {Descript. Arab. ï. 234). La forme garbuka donnée par
(1) Palgrave- Voyage en Arabie, passim.
(2) Il s'agit de Nicéphore II. Phocas; il conquit la Cilicie, la Syrie et Chypre. Le passage mérite d'être cité en entier: Ja'iu.^^^^^I, ii.|0 j>i2J Ji3
La plante '^^ est expliquée un peu plus haut: *^ ^^ ^4^ ^H JlS; c-J ^j »
« *i ùyi'yiciii *JJJ^-lj ( Almoqaddasî. 254. note i Edit. De Goeje ).
(3) Dans une revue arabe l'Eglise catholique ( II. ann. p. 274) je trouve ^yj». employé avec le sens de marmotte^ bien distinct de p^^, cité quelques mots plus loin.
(4) Qu'il nomme constamment jerboa.
126 GIBB
Hasselquist (Voyages au Levant. II. 6. ) est une preuve de Texistence deg^^jr prononcé garbou^ par les Egyptiens (i).
Ghazel ou Gazel. Petite pièce de vers amoureux chez les Arabes. (V. D'Herbelot. Bibliothèque Orientale.) C'est la transcription de Jj^ gha^al, même sens. Aboû Nasr Al-Qâsim fils d'Ahmad Al-K.habzârzî réussissait tellement dans ce genre poétique que « presque tous les airs en vogue aujourd'hui, dit Mas'oûdî, sont sur des paro- les de sa composition. ))( Prairies d'or. VIII. 372, 374.) Il était contemporain du célèbre historien.
Gibbar. Cétacé. C'est le Baleinoptère Gibbar, ou Baleinoptère à ventre lisse. .« Ce semble être l'arabe ^(^ gabbâr, géant» dit M. Devic. Effectivement le Gibbar est plus grand et plus vigoureux que la Baleine ordinaire, et atteint jusqu'à 3 3 mètres de longueur. Mais on peut se demander pourquoi on aurait imposé un nom arabe à un cétacé, qui fréquente surtout les mers du Nord; quoiqu'il paraisse aussi dans l'Océan indien. Les auteurs arabes n^en parlent pas. Aussi a-t-on avec raison cherché à gibbar une étymologie latine (V. Devic. Dict. étym. s. v.).
(1) Les transcriptions arabes de ce voyageur sont habituellement inexactes. Ainsi sous sa plume ^u^ pigeon devient haram, ^u^ toui'te- relle est transcrit jamara etc.
GOUL 127
Girafe. Esp : girafa, jirafa [ancienn. azorafa). It : giraffa; de Âîl/3 , :{arâfa^ ^ourâfa. On trouve aussi 43I jj , ^owr- râfa, et *iJ^j>-, gourâfa^ forme moins classique, mais très voisine du nom de la girafe dans les langues romanes (i).
Girbe. Vieux mot désignant le péritoine. Ptg : zerbo. Pig. et ItaL zirbo. Dozy,^ suivi trop facilement par Devic, dérive :{irbo de ^j tharb, même sens. M. de Eguilaz prétend que c'est là une distraction du savant étymologiste Hollandais, vu que Zirbus se rencontre dans Cœlius Apicius avec le sens de membrane qui enveloppe les Intestins, S'il y a emprunt,, il a été effectué au détri- ment du latin.
Goule, Gholes, Gaïlan. L'auteur du Dictionnaire infer- nal en fait trois classes distinctes de démons malfaisants, vampires etc.[En réalité tous ces mots dérivent de Jjê ghoâly démon qui dévore les hommes (2) et qui d'après Chams ed-dîn tient le milieu entre l'homme et le djinn (p. 72. 92 ), au plur. o^ghaïlâny d'où Gailan. Algol,
(1) Sur la Gii'afe V. Qazwînî. Cosmographie (édit. Wusfc) I. 383. II. 12 13.25.
(2) Synon. arab. n° 870. — «Venez sans remords,
Nains aux pieds de chèvre Goules dont la lèvre, Jamais ne se sèvre, Du sangnoii* des morts.» Victor Hugo. Ballades: La Ronde du Sabat.
28 GUID
étoile de la constellation de Persée est la transcription de J^) alghoûl. Persée est appelé en arabe J^l ^b J-^^ portant la tête de la goule, parce qu'on le représente tenant suspendue la tête de Méduse (i). Goule est féminin en français, parce que dans les auteurs arabes il est habi- tuellement de ce genre. Cfr. Mas'oûdî III. 319.
Goure. Terme de pharmacie ; toute drogue falsifiée ; et, dans le langage populaire, attrape, de Tarabe gharur, tromperie, dit Littré. Cette explication est exacte. En effet jjjl ghouroâr, (2) signifie tromperie.
Grèbe. Oiseau plongeur. M. Devic le rapproche de ^^^i ghaïhab, qui serait une sorte de pélican. Nous ren- voyons à son article. Damîrî dit expressément que s.^ est le mâle de l'autruche, Xâ\ ^S ^^1 (3), sens qui ne s'accorde guère avec le rapprochement imaginé.
Guider, De ^lî qâd, conduire, guider (Narducci).
(1) V. Ahdurrahman As-Su/i. 86 et Cosmogr. de Chams ed-din (Mehren) figur. 11.
(2) Et non gharur qui correspond à j/^^ , gharour, adjectif de la même racine ^ , tromper
(3) C'est d'après Damiri que Freyt. a traduit struthiocamelus mas. Dozy dans son Supplément semble approuver l'explication de M. Devic.
HABZ 129
I
H
Habesch de Syrie. Sorte d'oiseau de passage, tenant du pinson et du canari, qu'on trouve décrit dans le Dic- tion. d'Hist. naturelle de Déterville. Est-ce une tran- scription de l'arabe ZtL>-\\abbâcha, serin ou canari? (i).
Habzéli et Habalzélin (2). Cest le Cyperus esculentus^ plante appelée aussi souchet comestible ( Nouv. Flore Franc.) de i ')\'i,^>-\).abb a^^alam. Ibn el-Beithâr l'appel- le encore i j , ^alam, tout court et il en fait un cryptoga- me : « il ^Aj ^3 ïjy ». Il ajoute que c'est la même plante que le }yj^\ ^.^ \\abb al'a^^t^, d'où les noms de Habelas- sis, Haba^i^ donnés au souchet comestible par certains botanistes. Cette plante était autrefois très commune en Espagne, et y est encore cultivée ainsi que dans le Midi de la France. D'après l'écrivain Chams ed-dîn de Damas (( le habb al-'azîz frais est comme le lait caillé et sucré ; on ne le trouve que dans le pays de Qastîlia, appartenant à la province d'Ifriqîa, où il pousse sans être semé, sur un ter- ritoire à part; on le reconnaît à son feuillage, qui ressem- ble à celui de l'ache » ( Edit Mehren. p. 275.)
(1) V. Bocth. et Dozy. Siipplém. aux diction, arabes.
(2) Dans habalzélin rassimilation avec la lettre solaire a été omise,
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30 HA JE
Hadji. Transcription de ^^U hagg/, pèlerin, et spé- cialement, celui qui a été à la Mecque. En parlant de l'élection du Dajr de Tunis, le chev. d'Arvieux observe qu'il doit être aHag/y c'est-à-dire, qui ait été à la Mecque. Hagy signifie Pèlerin (i), ce qui est une distinction chez les Turcs » Mémoires IV. p. 5 1 .
Haïk. Esp : jaique, hayque. — «Noms dans l'Orient d'un vêtement très-léger... c'est une pièce d'étoffe non taillée.» (Litt). Dozy le décrit longuement dans ses Vêtements arabes ; il y voit les termes di.'U hâïk ou dCi hâïky qui manquent dans le Dictionnaire. « Je crois ce- pendant, ajoute-t-il, qu'ils sont d'origine arabe et qu'ils dérivent du verbe ifU , tisser. »
Ha je. Cest l'espèce de vipère à laquelle les anciens ont donné le nom d'aspic de Cléopâtre ou d'Egypte ; de iXhaf/a, nom générique du serpent en arabe. «Les Arabes l'appellent Haje. On la trouve en Egypte. Lorsqu'elle est irritée, elle enfle sa gorge et son cou quatre fois plus que
(1) Le R. P. Philippe de la T. S. Trinité entrevoit mieux: «La Mecque est la patrie de Mahomet ; d'où vient que ceux qui y vont et qui sont appel- iez Agi, possible du mot Grec àyiog^ c'est-à-dire Sainct, jouissent de plu- sieurs privilèges.» Voyage d"Orient. p. 314. jf[9, est la forme tui*co-per- sane de l'arabe ;^b. . La forme ^>b. relevée par Golius est inconnue au peu- ple, qui emploie indifféremment "^^U. et ^j. . V. Lict. Turc-Franç. par Yous- souf.
HARA I j I
i
ne l'est son corps ». ( Hasselquist. IL 48 ). Ce détail s'ac- corde bien avec le vers de Lucain ( Phars. IX. 701 ).
Aspida somniferam twnida cervice levavit Outre la vipère Haje il n'y a que le serpent Naja de l'Inde qui a la particularité d'offrir un gonflement remarquable du cou (Diction, des sciences, par Privat-Deschanel ).
Hallali. C'est une onomatopée, dit Brachet. Sédillot a raison de ne pas se contenter de cette explication. Il est beaucoup plus naturel de voir dans hallali une imitation du cri de guerre des musulmans 4I1Î V' 4II V la ilah illallah, il n'y a de Dieu que Dieu! prononcé avec l'imalé; cri représenté par alilies dans diverses relations.. L'espagnol a lelilies ( Don Quichote) //////, leli etc.. Ajoutez que JU hallala, signifie pousser le cri ^\ VUl V , il n'y a de Dieu que Dieu. (i).
Hanéfite ou Hanifite. Appartenant à la secte ou au rite d'Abou-Hantfa ^iJs- j)i une des quatre sectes orthodoxes chez les musulmans. Les Turcs sont du rite hanéfite.
Haras. Diez et Littré ne trouvent pas de meilleure éty- mologie à proposer que ^j /ara^, cheval. On a ob- jecté la difficulté du changement de / en h. On en a
( 1 ) M. de Eguilaz cite ( p. 437 ) l'expression ancienne leald signifiant: on î nullement ! de Ci\ V, non ! (par) Dieu! en sous entendant le ^12! I jlj.
ip HARE
pourtant des exemples dans hardes, (i) dans hors (foras), dehors (deforis). L'espagnol nous offre faluca et haloque ( V. felouque), fangea et hanega, Tun et l'autre de Z^9 • Il est vrai que haras n'a pas de correspondant dans les lan- gues romanes, hors le bas lat. haracium, et l'espagnol alfa- ras, qui signifie proprement un cheval de race. On trouve pourtant dans Trévoux que « haras, signifie aussi les che- vaux et cavalles de bon poil, qui font le haras.» Les haras de l'Europe ont été peuplés de chevaux arabes. Serait-il étonnant qu'on eut emprunté ce terme aux Arabes? D'a- près Littré le vieux français auferant ne serait autre que ^yil , alfaras, J'inclinerais aussi à rattacher à la même origine le verbe Harasser (V. Littré), et surtout Har/- delle (2). Harasser dans le principe s'est dit des chevaux fatigués, et ensuite, au figuré, des hommes. (V. Maïdan : note. )
Harem. Esp : haren. Esp. Ptg, Val : harem ; de ^j>- haram, littér. chose défendue, illicite, et gynécée. « Les Persans sont extrêmement jaloux de leurs femmes ; c'est pourquoi ils leur bastissent des appartements en la plus
(1) Au 12™® siècle on disait /«rc?e.s. Engelmann propose comme étymo- logie j9'Jifard «panmis, seu vestimentum» (V. Devic).
(2) Brachet [Dici. étym. Introd, LXI) admet l'origiae arabe de haras, ainsi que de hasard. Dans haridelle, la finale elle est peut-être une termi- naison dirainutive ayant le sens péjoratif.
HATT 1^5
intérieure partie de leurs maisons... Nul homme n'y entre, si ce n'est qu'il soit eunuque et c'est pour cela que ce lieu est nommé Aram^ c'est-à-dire, lieu défendu ». R. P. Philippe, p. 3 27. Pour désigner les femmes qui habitent le harem, on dit Çf- hartm.
Hasard(i). Esp, pt g: azar. Val: açar, atçar. Cat: atsar, atzar. Basq : azarâ. // : azzardo, la zara. Ce mot ayant signifié primitivement jeu de dés ou plutôt le point de six (Génin. I. 132) on s'accorde généralement à le faire venir de y^jil , a^-^^a/zr, dé à jouer, sens qui doit être re- lativement moderne ; car on ne le trouve que dans Boc- thor et Heury (2). Marcel a jUj , ^ahâr. Le Mohît le donne aussi mais avec la note Soî^^. En turc j^j ^ {^r, signifie dé (Meninski et R. Youssouf p. 1 29 5 ). On le voit, l'origine de hasard est encore pleine d'obscurité.
Hatti chérif. « On appelle Khat cher if un Ordre ou commandement du Grand Seigneur, conçu dans les ter- mes ordinaires, au bas duquel le Sultan écrit de sa main : que ce commandement soit exécuté selon sa forme et
(1) Eci'it primitivement azard; et il n'y a pas bien longtemps que le h de hasard est aspiré. Au sujet de ce mot, Génin affirme «qu'il vient de l'arabe».
(2) ^j «dé» ne se trouve pas dans ^J^\ vj_^l dictionnaii'e arabe par iM''Sa4d Chartouni, Imprimerie Catholique. Beyrouth 1889. (le P^ vol. a seulement paru). Cet ouvrage ne s'occupe que de la langue classique.
1^4 HELB
teneur. C'est à cause de cela qu'on l'appelle Khat-Chénf c'est-à-dire ligne noble». (D'Arvieux. III. 302). Cette ex- pression ^ijt L:^ Khatt charîf employée par la chan- cellerie ottomane est en effet formée de deux mots ara- bes -Uî" kha% ligne, écriture, et <Jijt charîf, illustre (i), prononcé chérif* Hattl huma/oun, expression analogue, est la transcription de ûyl/" ia^ Khatt houmâ/oûn ; Jy\^ houmâyoân est persan et signifie auguste, royal.
Helbe, Hebbe ou Helbeh. Fenugrec de ll>- , houlba. Le fenugrec ou saine graine est cultivé comme fourrage dans l'Europe méridionale. En Orient sa graine sert en- core à la nourriture de l'homme. Râzî, Avicenne, Ibn el-Beithar et la plupart des médecins arabes le conseil- lent contre la constipation. Avicenne, cité par Qazwî- nî (2), lui reconnaît encore d'autres propriétés, comme de faire disparaître les cicatrices^, d'entretenir la fraîcheur du teint etc. De là le dicton populaire : « ti U jj-U) Je ) «CèS l;j^^ UjjitV ^ii-l . Si les hommes connaissaient la va- leur du hoLilba, ils l'achèteraient au poids de l'or ». Et ce proverbe Egyptien : «Heureux sont les pieds qui marchent
( 1 ) « Ils les accusèrent d'avoir établi une église publique, sans avoii* obtenu le Kata-Chérif du Grand Seigneur» (D'Arvieux. VI. 365. ) L'z qui se trouve au milieu de Hatti-Chérif« marque en persan l'union du substantif avec son adjectif » ( De vie ).
(2) o^s^il wjVt (Édit. Wustenfeld) p. 279.
HOUL 135
sur la terre où est semée la helbe ». Vansleb. loi.
Henné. Parmi les plantes particulières à TEgypte le P. Sicard énumère « le henné, dont le jus est d'un beau rouge » (i) de ^Us- Winnâ, même plante. La coquetterie orientale en fait grand cas. (Cfr. Aghâni. éd. Salh. I. 292 et pass. ),
Houle. Voici un exemple de mot pour lequel les rap- prochements avec l'arabe semblent tout naturels. M. Devic a essayé et il propose Jy^ haul^ qui signifie pro- prement terreur, objet terrifiant, mais qui souvent pour- rait se traduire par houle. Il en cite trois exemples plus ou moins concluants. (2) On pourrait y joindre le suivant d'Ibn- Batouta (II. 180) : « <^^f^ IJ^ le J^\ J, c^il\ [JU.\ : nous préférâmes passer la nuit sur mer, malgré la houle. » De même, p. 218. Mais quelques lignes plus loin (p. 219) J^a reprend le sens de tempête, bourrasque, par lequel d'ail- leurs on peut toujours le traduire (3). Maintenant ces rap-
(1) Discours sur l'Egypte, dans la précieuse collection des Lettres édifiantes.
(2) Qui empêche de traduire {Merveilles de l'Inde): ^pjl li* Jy^ ^4*51» <3.)^.lj de la sorte : ne vois-tu pas Tétat horrible de cette mer et de ses va- gues ? A la p. 76 du même ouvrage, il est absolument impossible de donner à Jjj» le sens de houle.
(3) V. Gloss. d'EdrisL (édit. Dozy) p. 385 et Gloss. d'Ibn Djobair. (édit. Wright) p. 35. Dans Marcel, etc. Jyî est prononcé J^ houl (V. tem- pête) Aux exemples cités dans l'article ajoutez aussi: ^Ji Jiyki ^ ^.^^^cii^j <^\J-j 5-îl?t&j (Mille et une Nuits. Edit. Salhani.lW. 189.).
1^6 IMAR
prochement9^sont-ils suffisants pour permettre d'affirmer que houle est d'origine arabe? Nous ne le pensons pas. L'étymologie germanique nous paraît beaucoup plus probable.
I
Imam ou Iman. Transcription de aUI imâm. Pour les fonctions d'îmam on dit Imamat et quelquefois Imanaty comme écrit M. Engelhardt dans son livre sur la Turquie et le Tan^imat (p. 9). u A un des bouts de la mosquée^ du côté du midi, il y a une niche, où se met Vlman, qui est le curé de la mosquée. » Paul Lucas (i).
Imaret. Sorte d'hôtellerie où les étudiants vont pren- dre leur nourriture^ et aussi hospice: « Dans toute la Tur- quie il y a des hôpitaux appelés Imarets, où les pauvres de quelque religion qu'ils soient sont assistés. » Du Loir. p. 189. Imaret est la prononciation turque de l'arabe Sjl/- 'imâra, littér. construction, bâtisse, qui a en turc le sens d'hôtellerie et d'hospice. (Dict. de R. Youssouf.)
(1) Voyage du Sieur Paul Lucas fait en MDCCXIV, etc. par ordre de Louis XIV... Tome L p. 88.
JAMB n7
Jambette. Eiy? .-ganibete, canivete, jambette. On ren- contre jambette « avec le sens de couteau de poche dont la lame se replie dans le manche. Je le ferais venir de iUi>- ganbiya^ qui manque dans les dictionnaires^ mais que l'on trouve souvent dans les relations de voyage avec le sens de poignard ». Defrémery. (i)Dozy accepte l'étymologie et la renforce de nouvelles citations (2). M. deEguilaz pen- se que ganibete est la transcription de canivet (3 ), diminutif de canif. Cette explication conviendrait peut-être aux for- mes espagnoles ; mais peut-elle s'adapter au mot français jambette} (4) M. Michel Schapiro ne voit dans le mot, qui nous occupe, qu'un diminutif de jambe ou gambe dont le sens primitif serait bois, et il lui compare jambage de porte, rital: gambo^ tige^ tronc, etc. (V. Révélations éty- mologiq. n° 70). J'avoue que cette dérivation me paraît beaucoup plus plausible que les précédentes.
(1) Joiirn. Asiat. Janv. 1862.
(2) Cfr. Gloss. Espag. p. 290.
(3) Ecrit (janivet par le savant Espagnol. Sur canivet V. Littré s. v. canif et Révélations étymolog. n^ 6ô.
(4) Dozy pense que l'esp. jambette a été emprunté au français.
JASE
Jaque. Armure faite de mailles de fer couvrant le corps depuis le cou jusqu'aux cuisses (Litt.). Esp. : Jaque, jaco. Ptg : jaque. It : giacco. M. de Eguilaz propose de dériver ces mots de "dit chakk, lorica augustis angulis contexta (Freyt),
Jarre, (i) Grande cruche; de ix ^cif'ra, même sens. C'était autrefois un terme spécial à la marine; et encore, une mesure pour les liquides usitée au Levant. « La jarre de Mételin est de 50 ocques » (Trévoux).
Jaseran. Esp : jacerina, jaceran, jaseran, jasaran. // .• ghiazzerino. Diez le fait venir de j\j>- ga^âïr, Alger, parce que V espagnol ja^arino signifie Algérien et « qu'il est dit (?) qu'Alger fabriquait d'excellentes cottes de mailles. » Mais, comme l'observe Dozy, on ne voit nulle part chez les auteurs arabes trace de cette industrie algérienne (2). Le savant Orientaliste voit donc dans jacerina un mot com- posé pour les deux dernières syllabes de l'arabe ^ j 3 , ^ari, maille et cotte de mailles, et pour la première, du mot jaque, (Voir plus haut). M. Defrémery trouve peu probable cette réunion d'un mot roman à un mot arabe; et il re- court à une étymologie purement persane (3). On a encore
(1) On G iarre (TréYOux).
(2) Voir pourtant Eguilaz. p. 431. s. v. jasaran.
(3) Journ. Asia. 1869. Mai. p. 529.
JULE 139
assigné à jaseran une origine flamande i^ycere, r/n^, » anneau de fer. Le vieux franc, ja^erenc serait assez favo- rable à cette dernière hypothèse.
Javari. Sanglier de l'Amérique méridionale, plus con- nu sous le nom de pécari C'est V espagnol jabali, jabalin, qu'on rencontre aussi sous les formes de jauari, javari j ■javall, javalin\ de "^t gabalî, montagnard, le sanglier étant appelé porc des montagnes, comme dans P. de Alcala qui traduit puerco montes 0 javal'm par Khin^it djavali. Le J médial et final en passant dans les langues romanes devient souvent r. Comp. l'esp. arcadu^ de ^jM\ et aceire de jkJI. Voir aussi notre Introduction.
Jonque. Esp : junco. Ces mots sont d'origine chinoise. « Les vaisseaux de Chine, dit Ibn Batoûta, sont de trois espèces ; les grandes sont appelées gonoûk, au singulier gonk ; U-\c^lj "^j^^ (j?^ ^r* -^^^ <J^^ ^jMÎ ùv^I .^Ji^j^j « dU>-(IV. 91-95 etc. 239-264. etc. ). V. aussi Freytag.
Jubarte. Sorte de baleine . « C'est le même mot que gibbar » M. De vie. — V. Gibbar,
Julep. Esp : julepe. Ptg : julepo. Majorq : culepe // ; giulebbo, ginlebbe de l'arabe ^M^ goulâb ou goullâbj eau de rose; sirop (i). Ce mot d'origine persane est
(1) Sacy. Ahdallatif.p. 317, note 12.
I40 , KADA
ancien en arabe. On le trouve cité dans un hadith attribué à 'Aïcha. (i).
K
Kabyle. De ^ qabîla, tribu; les kabyles étant orga- nisés en tribus fédérées. Pour les autres étymologies proposées V. La Grande Kabylie par le général Daumas. p. 5.
Kadaïf ou Kataïf . « Mets ou entremets arabe composé de pâte, de miel et de noix pilées; ce plat est surtout confectionné pendant le Ramadhan. » (Gasselin; Dict. franç.-arabe ) ; de J^^Wai qaiâïf ^ même sens, pluriel de
Zuh» . Voici sur les qatàif des vers de Ahmad, fils de Yahyâ(2).
jJl\ yt>- ^'A\ /lilj )j^\ c.^ J^ ^'L-U
tiJ^tiC^l? Ù CjJj^ jj^ ^A^ iS'^ (i ^
jjiil ^ji. ^j-[^ JJ^^
« Des kataïf Car cies, comme la banane^ avec des amandes et du sucre raffiné ; elles nagent dans des flots d'huile de
(1) Almu^arrab ( éd. Sachau) p. 47. « Julep est un mot Persian qui sigoi- fie breuvage doux. Le julep des Anciens étoit beaucoup plus sucré qu3 le nôtre; car c'étoit proprement un sjrop clair.» {Pharmacopée Universelle. par Nie. L'Emery. p. 73 ).
(2) Voir sa notice dans le commentaire du Magânî p. 445.
KAND 141
noix, et ma joie, quand elles deviennent mon bien est comparable à la joie d' Abbâs , lorsqu'il touchait au suc- cès » (i). Ibn Roûmî a chanté aussi les kataif:
<( Puis viennent des kataif délicieuses, »
Kafis. Mesure de capacité pour les grains en Tunisie; il équivaut à 650 litres environ ( Gassel. ) ; de iû5 qcift:{^ qui se trouve déjà dans les poésies antéislamiques. On trouve aussi Caffis^ mesure pour les grains à Alicante.
Kaïd. Étoile de la Grande Ourse : les Arabes « nom- ment l'étoile de l'extrémité de la queue M\ , alqâid, le Gouverneur » (2), littér. le conducteur, de ^15 ducere.
Khamsin ou Chamsin. Vent d'Egypte ; de c^-^ Ma/z^i'm , cinquante. « On l'appelle hamséen parce qu'il a coutume de souffler à la Pentecôte» dit Bruce (3) ou mieux dans « l'intervalle de Pâques à la Pentecôte, lequel ils (les Egyptiens ) nomment khamsin en arabe, c'est-à-dire cin- quantaine » (4).
Kandoul. De Jj -Û5 , qandoûl^ arbre du Levant, d'oii l'on tire une huile appelée huile de fleurs de kandouL
(1) Tradact. de M. B. de Meynard. Yoii* aussi Prairies d'or VIII. 406.
(2) Abdurrahmayi Es-Sitfi. p. 50. Trad. Schjellerup.
(3) Voyage en Nubie. I. 105.
(4) Lett. édif. I. p. 581.
142 KHAN
Khandjar. V. Mfange. On écrit aussi khandger, a Les femmes turques, dit Du Loir^ attachent à leur ceinture un Mandger, c'est-à-dire poignard, qu'elles portent plutôt par galanterie que par bravoure » p. 185. Le sieur Paul Lucas dans son Voyage a constamment ganglar.
Kantar. Nom en Egypte d'un poids de 45 kilogrammes environ (Lit). C'est la transcription de jlL:*, qantâr, mê- me sens ; jlkS vient lui-même du latin centenarium [pondus),
Kazine ou Khazine. « Le trésor du Grand-Seigneur qu'ils appelent khazine est un peu au-delà du. Divan. Là on met les Registres des recettes, les comptes des Pro- vinces... » Du Loir. Voyage du Levant. 81. De ôj^ kha^îna, trésor, de la racine ûj^ kha:{an , emmagasiner , serrer. Cette même racine nous a donné magasin (i), de ù'/- , makh^in, lieu de dépôt, magazin. « Il construisit des chambres, des magasins Cû3^\ un four et un bain.)) (IbnBat. IIL 29^, 299, etc.). Esp : almacen, almazen. magacen. Ptg : almazem, armazem. Esp. et Val: alma- gacen. Ces formes ne laissent aucun doute sur l'origine arabe de magazin.
Khan. « Le nom de khan se donne en ces quartiers
(1) M. Gasselia se contente de relever «l'analogie» de magasin avec o^j>. Il y a là plus que de l'analogie.
KIOS 143
d'Orient à certaines maisons bâties pour servir de retrai- tes aux voyageurs... Les grands sont d'ordinaire compo- sés de quatre grands corps de logis à deux étages ; dans le bas sont les magazins et les écuries, et dans le haut sont les chambres à loger, dont les portes s'ouvrent sur une galerie qui règne tout à l'entour du khan... Il y a aussi dans les villes de ces khans, destinez pour les différentes sortes de marchandises qui se débitent en gros ; et pour cela, on nomme les uns les khans des soyes, les autres du ris, des galles^ etc.» (P. Nau. Vo/. en Terre-Sainte p. 549). Au lieu de khan on trouve aussi camp dans les anciennes Relations. « Il y a (à Alep) un grand nombre de bâtiments faits comme des monastères ; on les appelle camps. Nous allâmes au grand camp qui est la demeure de M. Dupont, consul français» (Lett. édif p. 198). Khan est la trans- cription de l'arabe-persan ô\^khân, même sens. Dans le sens de prince, le mot a la même origine et la même orthographe.
Kibla ou Kiblat. « Point vers lequel les musulmans doivent se tourner en faisant la prière » ( De Slane ) ; de Z^ qibla^ qui signifie chose placée en face. Les musul- mans sont souvent appelés gens de la klbla, (V. IbnKhal- doûn. Prolégom. II.171).
Kiosque. Du persan-turc d\tj^ , koûchk, même sens.
144 KIOS
Le mot nous est venu par les Turcs qui font sentir un i brer(i) après il K. (2). Ibn Batouta apprit le mot à la cour de Dehlî. Le Sultan, dit-il, «ordonna à son fils de lui bâtir un palais, ou, comme ils l'appellent un kochk^ avec un damma sur le kâfe\. un soukoûn sur le chîn. o-\lj y>\
(III. 212 et 213). Le mot se rencontre aussi dans les Mille et une Nuits sous cette forme arabisée de dliS^ kochk (V. Dozy. SuppL), et dans ï Histoire des Atabecs de Mosssoul d'Ibn al-Athîr. (V. Histor. Orient, des Croisades. II. i^^part. p. 341).
(1) Le Mollît écrit dli.f Kichk, accentuation en désaccord avec l'ori- gine persane.
(2) Comme dans sérasqiiier de j:L^j^\Kiamil, de j.a\S' Kâmil etc. ( V. la lettre K dans le Diction. Turc-Français, en caractères latins et turcs par R. Youssouf.). Dans un poème grec moderne je trouve yicoGMOP,
qui est ainsi expliqué en note: yj y,iô(yy,iov sïvs tovqv.iwv dsQLvov û'Urnia.
LEBB Î45
Lazuli ( Lapis- ). Voy. A^ur,
Laskar. Matelot indien. Pl^ : lascarim, lascar, liscarim, liscar ; du persan f.'Û , lachkar^ armée, troupe, qui vient de l'arabe ^lil , aWaskar, armée. Il est probable que les Arabes ont à leur tour emprunté ce mot au grec by- zantin è'^éoy.rjTov (exercitus) V. S. Frœnkel. Aram. Fremdw. p. 239. (i) Sérasquier ou Sérasquier, commandant en chef de l'armée en Turquie vient de jC^j^ , ser ^askar, formé du persan j-^ , ser, tête et de fl^s> 'askar , armée. Sur l'insertion de Ti Voir Kiosque.
Lebbeck. Acacia africain et asiatique nommé par Hasselquist « mimosa lebbeck, acacia d'Egypte, en arabe Lebbeck » (2) ; de j«7^ labkh. Forskal donne le nom de Icebach et lebbek, à cet acacia cultivé fréquemment en Egypte et en Arabie à cause de l'ombrage qu'il procure. Les belles promenades du Caire sont plantées de cet ar- bre incomparable, qui atteint jusqu'à 1 5 mètres de hauteur.
(1) Les Philologues Arabes pensent au contraire que jC-p leur vient du persan (Almu'arrab. 105).
(2) Voyages, p. 68 et 154.
lO
146 LIMO
Il ne faut pas le confondre avec le lèbakh ou perséa, (i) qui n'existe plus en Egypte. M. Devic pense que «le nom du genre lébeckie ( Lebeckia ) qui comprend des arbustes du cap de Bonne-Espérance a la même origine étymo- logique.» Avec le Dictionnaire de d'Orbigny nous pré- férons y voir un adjectif-formé sur un nom propre.
Lésine. (2) Ce mot a avec l'arabe ô'j , la^lna^ être serré, être étroit, une telle ressemblance de sens et de forme qu'il y a lieu de s'étonner qu'on n'y ait pas fait plus d'attention. On dit ô*} J^ , ^dich la^in^ vie mesquine, plein de lésinerie.
Lilas. Esp : lila, lilac ; de dlU lîlak ou i!!>U , lîlâk, même sens. Jusqu'à la fin du 18^® siècle, on disait en français indifféremment lilas et lilac, d'où Lilacée.
Limon. Fruit. Esp, : limon. Ptg. : limâo. Cat. llimo, llimona. It : limone; de 6/^ , laimoûn, même sens. On trouve aussi y^ , Itmôu , Dans Moqaddasî le ôj^\ Itmoun, est décrit comme un fruit propre à l'Inde, res- semblant à l'abricot, mais d'un goût fort acide. ^^\^j
(1) Relat. d'Ahdellatif. p. 47. On lit dans le Qamous: 'j'^a>è\ Jàk lij o^ <^\1\ 'JfùS : *JI >^jt5^r^) Ju:; -àl Jl J^ t>: ùI ^k De Sacy propose de lire Lto notre prophète au lieu de uç et pense que cette tradition se rapporte à Mahomet.
(2) On a écrit lezine. Régnier même a dit lézina ( substantif).
LOOC 147
1-u ^ua^L Jjr^\ Jt* SjC jftj ^:^c^ ( -uJI ^^1 ) . L/ah^ (espèce de citronnier) Esp. Ptg : lima. Maj. et Va/ : llima, vient de J lîm, nom générique des c///*i^5'; ou de U /^/72a, nom d'unité à Tripoli de Syrie, oij on cultive un citron nommé ^A^ J lîm baladî\ lime du pays.
Lisme. Droit payé aux états barbaresques pour la pê- che du corail; de t*j)} , lâ^lmaj littér. : chose obliga- toire, et aussi impôt, dans Edrîsî, Ibn Hauqal (v. Glossar* sur Edrisi p. 376). Z*'j^ ll^ma, est une forme moderne qui s'adapte encore mieux à Usine (V. Cherbonneaa. Dict. fr.-ar. et Do^. Suppl.). On appelle les ma ou le:{ma en Algérie un impôt de capitation payé par les Indigènes (i) A Alger dit le chevalier d'Arvieux : « on lève tous les ans les Liâmes et les Garâmes (2) qui sont comme les Tailles, les Impositions et les Conditions que les Maures de la campagne payent à la milice » (mémoires III. 253).'
Looch. Ptg : looch, lohoc. Terme de pharmacie, de jP la'oûq (3) litt. : ce qu'on lèche, potion, médicament qu'on prend à petites gorgées, de ji laaq, lécher , qui
( 1 ) Voir plus loin le mot Zekkat
(2) De 7^\^ dette impôt, taxe d'où en espag. garrama, contribution chez les Maures.
(3) On dit aussi j^ lo^oàq; forme vicieuse relevée par Harîrî [u^V^S %j> p. 102. édit. Tliorbecke) mais qui se rapproche plus des dérivés européens.
148 LUTH
a en médecine le sens de prendre un loock (V. Ibn Beith. s. V. sl^). Voici un Jj«) contre la toux indiqué par Soy-
oûtî : (i) « v^j J^ J--*> j^^^y(ÂA o^jj, ; on fait cuire des graines de lin pétries dans du miel d'abeille ».
Luth (2). Esp: laud. Ptg'. laude, alaude. ltal\ liuto, leuto ; de ^y I aroâd, nom du même instrument. On peut lire dans Mas'oûdî (VIII. 88 et 99.) ce qu'il dit sur l'ori- gine du 'oâd. Voir plus loin Rebec,
(1) ùy>.iM diuîlj ùyjdl JiSOl ^VjS" Edit d'Egypte, p. 165. nLooch, eclegma et Linctus sont 3 mots qui signifient une même chose, léchement, sucement; le premier est Arabe.» ( Pharmacopée U?iiv. par Nie. L'Emery.fp. 271).
(2) «On peut écrire aussi Lut. » ( Trévoux). |
MACH 149
M
Macabre. Esp : almocaber. Ptg : almocâvar. almocô- var. Esp : macabro. Tous ces mots viennent évidemment de j^*[i)^ maqâblr^ pluriel de Sju* maqbara, tombe et surtout cimetière ; car la forme ^^ indique un collectif. Cela étant vrai pour les langues ibériques ; pourquoi dans le français macabre faire intervenir chorea Macchabœorum) Puisque dans aucune des danses macabres, qui nous res- tent, les Macchabées ne figurent aucunement. Pour s'en convaincre, on n'a qu'à lire l'article : Danses des morts dans \e Dictionnaire infernal {2), Avec l'étymologie arabe, forme, accent, sens, (3) tout s'explique naturellement, tandis que l'étymologie latine soulève de sérieuses, pour ne pas dire insurmontables, difficultés.
Mâche. Plante du genre des valérianes, qu'on mange en salade. Probablement de mâcher, dit Littré. Bocthor traduit mâche par^^U, mâch (4). Mais pour faire accepter
(1) Avec ou sans l'article al.
(2) V. aussi Gloss. étymol. de M. Devic s. v. macabre. Littré maintient l'étymologie latine dans son Supplément.
(3) La danse macabre est la danse ^u> du cimetière ou des tombeaux.
(4) Devic dans son Glossaii'e se demande « si Bocthor a fait quelque con-
150 MACH
cette étymologie il faudrait des autorités plus sérieuses (i). J^-U n'a dans aucun dictionnaire ni auteur le sens de salade ou d'herbe. Ibn Batoûta après avoir dit que le mâch est une espèce de pois ù^i^\ ^ ^ ( III. i ^ i ) ajoute plus loin que dans l'Inde « on donne aux animaux en place de fourrage vert des feuilles de mâch » ( p. 132). Mais de là à l'identi- fication que nous combattons, il y a loin. Ibn el-Beithar cite selon, son habitude, les opinions de plusieurs mé- decins-botanistes. Or tous s'accordent a en faire un légume du genre des pois ou des lentilles. Le livre de l'Agriculture d''Ibn al-'Awâm (II p. 67) ne parle pas autrement. Dans la suite de son traité des Simples Ibn el-Beithar revient bien des fois encore à J^U ; mais jamais dans ses expressions rien qui permette d'en faire une herbe. Enfin on peut voir sur mâche une excellente note de Tillustre de Sacy [Abdallatif. p. 119, n^ 118). Ajoutons que le P. Sicard dans le Plan de son ouvrage sur l'Egypte dit expressément que le « mach est une espèce de haricot de l'Iémen. »
fusioa ou si vraiment ^^iu se prend dans le sens de notre mâche ? ». Dozy dans son Supplém. reproduit ce passage sans rien ajouter. D'après Trévoux « mâche est un mot arabe, c'est un grain rond, sain. On le mange comme les lentilles... On fait un mets composé de ris et de mâche».
(1) Sui* la valeur du Diction, de Bocthor, Voir ce que dit le comte C. de Landberg dans la Préface de Bâsim le Forgeron ( p. XII. ) On trouvera peut-être le jugement sévère. Mais n'est-il pas quelque peu mérité?
MAHA 151
Madrague. Esp : almadraba. Pêcherie pour le thon (i). Deux explications sont en présence. M. Dozy fait venir le terme espagnol de ^"yjS , al-ma^raba, du verbe ^jj :{a^aba, entourer d'une haie. On peut voir son argumen- tation p. 148 de son Glossaire. Seulement on ne connaît pas encore d'exemple on le 3 j T^'^*^ soit devenu d (2). Je préfère l'étymologie de M. Defrémery (3) qui propose ^j-^ madraba, de u-j^ daraba, planter, enfoncer un pieu (V. Journ. Asiat. Mai. 1869 p. 538 etEguilaz p. 207).
Mahaleb ou Magalep. En botanique : Prunus mahaleb. « Nom arabe devenu nom vulgaire et spécifique du ceri- sier mahaleb » Littré. de ^.1^ , mahlab^ même sens. Ses fruits odoriférants ont été décrits par Râzî, Avicenne, Ibn al-Beithâr, Ibn al-'Awâm; Livre de l'Agriculture. II. i^^ partie. 367. ) etc.
Mahari (4). « Il est des dromadaires (5) que l'on dresse pour être montés et que les Arabes désignent sous le nom de maharL Le mahari ne constitue pas une race à part; c'est tout simplement un animal de choix que sa
( 1 ) V. description de la Madi*ague dans le Dict. Déterville à l'art, thon.
(2) M. Dozy aurait dû dans son Introduction donner au moins un exem- ple de ce changement. Il est probable qu'il n'en aui^a point trouvé.
(3) Ou plutôt du P. Guadix, qui l'a émise longtemps avant le savant français.
(4) M. Barbier de Mejuard dit maliarite.
(5) C. Flaubert : Magasin Catholique illustré. 1853. p. 285.
1^2 MAHA
conformation individuelle rend apte à faire par jour des courses soutenues de loo à 1 50 kilomètres... Le mahari marche et trotte à l'amble et son galop est si rapide que le meilleur cheval ne peut le suivre. Les Arabes désignent sous le nom de àjemel[i) le dromadaire de somme, de mahary^ celui de course. » C'est la Transcription de (SJ^ mâhârîj pluriel de Z j^ . Ce nom leur viendrait de Mahr-Ben-Haidan père d'une tribu du Yémen ou de la ville de Mahra dans l'Oman. Les Arabes ne tarissent pas en éloges sur ces merveilleuses montures. Elles devancent les coursiers les plus rapides; elles volent, selont l'ex- pression d'Ousâma ibn Monqid(p. 8. 2^^ lig.): «jJ*(ijl^lb^^ elles comprennent les moindres signes du cavalier et souvent préviennent ses désirs (V. Ibn Batouta. III. 421 ). « C'est cette même race (2) que Diodore et Strabon ont nommée camelos-dromas, et qui seule devrait porter le
nom de dromadaire.» On donne parfois comme synonyme de mahari le mot raguahil (3). Ce dernier représente
^\>fôJ rawâhil^ plur. de Z^yjqui se dit d'une magnifique chamelle de race, choisie exclusivement comme monture
(1) J->*. gamil, distinction établie ici est exacte.
(2) Dict. Déterville qui écrit maihari.
(3) Déterville. XIII. 526.
MAID 1 5 3
et à qui on n'impose jamais des fardeaux (i). Voici com- ment ce terme est expliqué par l'auteur de îiill ^ (la Cri- tique du langage) jî3-l Ucj i^l^l Je 4^1 J^Jl Ujfc-i lil ( 3^lj ) ^ ^jlâil ^j— >-j , et il cite a l'appui le hadith sui- vant (2) : 4Ub \^ ^ :>l5CV L'U J.V^ldl
Mahométan. Nom formé sur j.^^ Mouhammad, litt. le loué, l'exalté, ou plutôt sur la transcription vicieuse Mahomet, qui a prévalu.
Mahonne. Esp : mahona; galère turque. On a proposé l'arabe 0>s^^ m^'of/AZ, vase; marmite, ustensile. D'^après Mûller le mot arabe en passant en turc aurait pris le sens de galère. Je n'ai pu retrouver û^pU en turc; mais en revanche cette langue fournit ^y^ ma'oâna, «ÛjpU mâ'oûna 4ÎjU , mâoâna (V. R. Youssouf. Die. Turc-Fr, ) allège, gabarre, bateau. C'est évidemment là qu'il faut chercher l'origine de mahonne,
Maïdan ou Meidan. Les Croisés avaient emprunté aux Indigènes les exercices du Meidan (3). On peut lire à ce
( 1 ) Celles qui portent des fardeaux s'appellent Jj»,Ijj • De là le sens figu- ré en parlant d'un homme de peu de valeur: J>»ljj]| ^i» [J\ J>bJI o^ j^ lt^- (Foqhal-lougha. 158).
(2) Foqh. p. 157. Compar. Aganill. p. 277 (édition Salhani) zç^ j^
(3) Quelques auteurs ont même pensé que les tournois ne sont qu'une imitation du jeu équestre du djérid ou du meidan. (V. Rey. Colonies Franq. 54. ) Les chevaliers francs se rendaient chaque année aux bords du Kison,
1^4 MANG
sujet une drolatique histoire dans Ousâma ibn Monqid (p. loi et 102). Pour l'étymologie Voir Djérid.
Mamelouk. Esp. Ptg : mameluco. Vat : mameluch. /^; mammaluco; de ^jiji , mamloûk, littér. celui qui est possédé. En Syrie et en Egypte fJ^ désigne un esclave blanc, tandis que le terme -^(i) ou A^U.(en Afrique) est réservé aux esclaves nègres (2). De fait les Mamelouks étaient d'origine Circassienne. Il semble donc que Mala- moque^ albatros au bec noir, au plumage entièrement noir ne peut pas être une altération de fJ^C* , comme le vou- drait M. Devic.
Manège. Esp : manejo. On trouve dans les Diction- naires : « manège de maneggioy manus)). Pour ma part, je préfère le rapprocher de ^^ manhège, via aperta et manifesta (Freyt.) et aussi, direction, manière de se com- porter. Sur l'omission de © médial. V. Introduction»
Mangala. Jeu arabe sur un damier . de douze cases avec 72 coquillages ( Kazimirski ). Ce jeu très connu en Orient est longuement décrit par Kiehuh: [Voyag. en Arable. I. 1 39 et Mille et une Nuits, édit. Habicht. I. 257).
pour y célébrer le haraz, où tous s'excerçaient à des joutes, auxquels les Sarrazins prenaient part. — Saint-Génois. Mém. de l'Acad. royale de Bel- gique. T. III.
(1) Même a^ désigne absolument un nègre, esclave ou non.
(2) V. Prol'eg. dlbn Khaldoun III. p. 291. Mr. de Slane, note 1.
MARA 1^5
C'est la transcription de ^a-u , minqala^ qui se rattache à la racine Jaj transporter. On écrit aussi, îi^^ manqala,
Marabotin. Monnaie d'or, qui eut longtemps cours dans le midi de la France. (V. Douillet. Dict. Scienc. ) Au lieu de marabotin on trouve aussi marmotin, qui n'est qu'une corruption du premier. Prov: maraboti. Bas. lat : marabotinus, merabatinus(i). Il est souvent parlé de cette monnaie dans plusieurs titres de la ville de Montpel- lier (2). Marabotin dérive certainement de ù^}f morâ- bittîi ou OvLi ,11 al-mourâbitîn , nom de la dynastie des Almoravides, sous lesquels cette monnaie fut frappée. Les marabotins ayant dans la suite des temps perdu con- sidérablement de leur valeur, devinrent des maravédis, qui ont absolument la même origine. (V. Dozy. Recher- ches, p. 470 ).
Marabout. Esp. et Ptg : morabito. Pig : morabita, marabuto. Cat. Val et Maj : morabit; de la>)J morâblt, qui est assidu, appliqué, u Des mérabouts jetèrent dans le puits soixante-dix outres en pierre » Baron de Krafft (3).
(1) Voy. les autres formes dans le Dict. de Trévoux s. v.
(2) Les évêques de Maguelonne étaient en partie Seigneiu^s de Mont- pellier et il paraît par deux vers de Théodulphe d'Orléans que la monnaie des évêques de Maguelonne portait des inscriptions arabes:
Ipse gravi numéro nummos fert divitis auri, Quod Arahuyn sermo sive charade?' erat.
(3) Tour du Monde. Promenade dans la Tripolitaine. 1861. 1®"^ sem.
56 MARA
-Ce qui confirme cette dérivation c'est que la dynastie des Almoravides (V. le mot suivant) a été longtemps appelée en fi-ançais la dynastie des Marabouts] et ce passage d'une ancienne relation où l'on lit que « les mora- vîtes sont une espèce de leurs prêtres. » (i).
Maran, Marane ou Marrane. Terme injurieux dont les Français appellaient les Espagnols (2); il se disait en- core des Maures de la Péninsule, et des chrétiens d'ori- gine juive etc. « Ce serait proprement un africain^ dit Trévoux, mais dans les poésies de Marot, c'est une injure. Dans le temps que nous autres français étions ennemis des Espagnols, nous les traitions de marranes^ comme ils nous traitaient de ga vaches. Gloss. sur Mxrot. « Nous ne devons pas croire» que les Espagnols soient meilleurs chrestiens que nous... le marranlsme est plus fréquent en Espagne que l'hérésie en France. » — Guy Coquille (cité dans Littré, Sup pleine ni). Marrane, en espag. marrano, en portug. marrâo. n'est autre que ûly morrân^ qui d'après le P. la Torre, est un terme employé par les Arabes du
p. 79. Eq turc murahit 1,,|^ signifie marabout (R. Youssouf). C'est donc de la^i^ que le mot dérive et non àe^yy> m%rboàt, comme on trouve enco- re souvent.
(1) Voy. aussi Trévoux s. v. Morahites.
(2) La couleur marrane était la couleur Espagnole. On trouve dans La Fontaine.
«Peuple hérétique et maran.r) — VLrelai sur les Hollandais.
MARF 157
Maroc dans la même acception que les mots espagnol et français, c'est-à-dire, maudit, excommunié etc.
Marcher. Hypothèse pour hypothèse, j'aime autant celle qui rattache marcher à ^1« , mâcha, même sens. Pour l'insertion de rvoir l'Introduction du Gloss. deDozy p. 23 et la nôtre.
Marfil ou Morfîl. Ivoire tel qu'il est livré par les nè- gres, sur les côtes d'Afrique. Lorsque le morfil est coupé et travaillé, il s'appelle ivoire, dit un exemple cité dans Trévoux. Esp : marfil. Ptg : marfim. Basq : marfilà. On a proposé comme étymologie J^l ^t , nâb al-ftl, litt : dent de l'éléphant, terme par lequel les Arabes désignent l'i- voire. Cette dérivation oblige d'admettre des altérations trop fortes. De plus elle n'explique pas l'existence des formes almafil et olmafi^ plus anciennes que marfil. C'est ce qui m'engage à accepter comme très probable l'hypo- thèse de M. de Eguilaz qui voit dans marfil une altération de JJI ^Jap , 'azm al-fîl, os de l'éléphant, par l'aphé- rèse de la syllabe az. Que l'ivoire ait été appelé JJÎI Jàs. , il le prouve par un texte arabe très-curieux (i)
(1) V. Glosar. etim. p. 444. A propos de j^l ^U nah alfil. M. Dozj fait observer que le génie de la langue arabe ne permet pas la suppression de l'article et de dii-e ndb fil. Cette remarque, si juste pourtant, est contestée par M. Devic qui cite à l'appui j^j ^r-» sinnfîl dans Bocthor. Mais nous ne
158 MARM
L*aphérèse admise dans marfil n'est d'ailleurs pas plus forte que celle du ptg. ema^ autruche, de iXi , na'âma, même sens.
Markab. Etoile de Pégase ; elle est située dans l'aile de cette constellation. C'est la transcription de l'arabe w^-* markab, litter. monture.
Marmite. Esp. et Lombard : marmita; de 4^ j; borma, marmite surtout en pierre (i ), mais il s'est dit aussi d'un us- tensile en métal ; ( V. Geogr. Ar. Glors. 1 89 ) et Beaussier à raison de traduire l*^ P^^ «grande marmite en terre ou métal » . Chez Moqaddasî il est tout simplement syno- nyme de jjJ. Dans la cuisine d'un couvent Copte le P. Sicard vit «trois grandes marmites de pierre, celles-ci cuisent fort bien et durent des siècles. Cette sorte de pierre se nomme baram )> (Lett. édif I. p. 45^.) Il dit
sommes pas loin d'y voir une des nombreuses fautes de détail échappées au lexicographe égyptien. Quoiqu'il en soit près de Beyrouth sur un tertre do- minant le iVa/ir-5e^row^/i se trouve un petit village appelé Sinn el-fîl j^vâil t^. L'article s'y fait toujours bien sentir; et cela date de loin, puisque au temps des croisades le lieu s'appelait Senesfil comme l'atteste Rey ( Colon. franq. p. 524 ).
(1) Pour le changement de ^ en m. Comp. les variantes orthographiques du nom de Balbec (vU-U) dans les écrivains des Croisades, où l'on trouve Malhec, Maheth, Mauhec. (Quinti Belli sacri Scriptores Minores, éd. R. Rohricht) «adoncques seront prises Malbec et la Chamelle» p. 237. La Chamelle désigne la ville ;de Homs « Vastabunt. Alabeth^ p. 213- « Maubecï) p. 2}^* Guillaume de Tyr écrit de même Malbec.
MASC 159
ailleurs que cette pierre se durcit au feu, et que les ri- ches et les pauvres s'en servent » {Id, 477).
Marmouset. J'inclinerais à rapprocher ce mot de l'esp: mamarrache et momarrache , altérations de moharrache^ et qui signifient marmouset^ petit homme grotesque, et qui dérivent de ^"^^ mohrrig , bouffon , plaisant , comme M. Dozy l'a prouvé (Gloss. Esp. 307, 308 etc,). Mar- mot aurait la même origine. Tel n'est pas pourtant l'a- vis de M. F. Génin. (V. Récréations Philologiques. 182).
Marquise. Toit. Les dictionnaires ou ne disent rien ou ne donnent sur l'origine de ce mot que des explica- tions embarrasées. Si ce n'était abuser du droit de faire des conjectures, nous verrions dans marquise une porte altération, de JbJ' ar-riwâq, ou arrowâq^ qui a toutes les significations du mot français : espèce de surtout qui se met par dessus les tentes, pour les garantir de la pluie; toit avancé; cloître] péristyle. Jljj est ancien en arabe comme on peu le voir dans S. Frœnkel {Aram. Fremdw. 1 66). De Jlj j on a fait ô^^bj , qui désigne les Stoïciens, oi àno rfi^ 2Toag • M. F. Génin donne de marquise une étymologie saxonne ( Recréât* 207).
Mascarade. Esp. et Ptg. : mascara. Val maixquera, masquera, Ital : maschera. Il y a longtemps que Ménage
i6o MATA
avait assigné à ce mot une origine arabe. Les étymolo- gistes postérieurs n'ont pas eu de peine à prouver que mascarade vient en effet de l/^ maskhara ( i ), bouffon- nerie , grosse farce (Bost.); et même masque, personne masquée (Belot), mascarade (Heury). Il est certain que même en français mascarade a eu le sens de bouffonnerie, que Littré n'a pas suffisamment indiqué. En 1631 le R. P. Philippe de la T. S. Trinité écrivait que les Arabes « festinent et font des mascarades toute la nuit et dorment tout le jour.» p. 321. Dans ce passage le Carme mission- naire a sans doute voulu rendre l_f^ maskhara. Le franc. Masque est souvent rattaché étymologiquement au même mot arabe, dont il ne serait qu'une abbréviation (2). M. de Eguilaz y voit '-^ maskh^ métamorphose, et tout spécialement celle qui transforme l'homme en bête , chien (2), singe etc., Cfr. S/non. Arab» 188 et Chams ed-dîn de Damas, p. 275. Cette explication n'est pas improbable, étant donné la façon cavalière, dont le fran- çais traite la finale des mots arabes. (V. Introduction ).
Matamore. Esp. Ptg : mazmorra. Val, : maçmorra Ptg: masmorra, matamorra. Cat : marmorra, massmorra de
(1) Les Persans ont pris le même mot dans le sens de moquerie, risé (V. Berge. Dict. Pers-Franç. s. v.).
(2) V. à ce sujet une plaisante histoire dans Aghânî (I. 257. édition Salhani ).
MATE i6i
Sj^k« maimoûra^ fosse souterraine, silo; et aussi pri- son, de jjL tamar^ cacher, a II y a des criminels que l'on pend par les pieds sur la bouche d'un puits ou d'une ma- tamore; c'est ainsi qu'on appelle des puits secs et pro- fonds, où l'on conserve les grains et les légumes. ))(i) On peut lire dans Aboûl-Fédâ l'histoire de la matmoâra creusée pour servir de prison à An-Nâsir Dâwoûd (Histor. des croisades T. I. p. 137).
Matelas. Esp : almandraque, matraque. Esp. Pig : al- madraque Cat : âlmatrach. Prov : almatrac. dlm'mut, esp. et ptg : almadraqueja, almadraquexa. It : matarazzo, ma- terasso. Vieux fr. : materas, matteras, matelat; de rj^ matrahy lieu où l'on jette, lit (2), de t-^L tarah, jeter. Tout homme qui a passé par l'Orient comprend comment de jeter on est arrivé à l'idée de lit. Les lits des Orientaux sont de simples couvertures ou des matelas fort légers, qui pendant la journée sont roulés dans un coin, et qu'on étend le soir, ^j farch, mot dont on se sert habituel- lement pour désigner un lit vient de même dej-ji farach^ étendre par terre. « Les Arabes couchent d'ordinaire par terre sur un matelas l>.\^ ; toute la litterie nécessaire
(1) D'Ai'vieux, m. 278.
(2) V. ^j\ji,\^ji\ Dict. de l'arabe classiq. f par M. Saïd^^Chartouni; - et Dozy. Supp.
II
i62 MELC
s'appelle ^j » (Proverbes arabes, par le O^ de Land- berg.p. 349).
Maugrebin et Mogrebin. De ^,J^ maghribt, adjectif formé sur ^J^ maghrlb ^ occident, qui est notre mot Magreb. Le nom de Megrebin, comme écrit le P. Nau, « se donne aux Mahométans, de devers Algier et Maroc, parce qu'ils sont occidentaux » (i). En Orient, Maugrebin est souvent synonyme de sorcier ; et cela était déjà reçu du temps du missionnaire que nous venons de citer (2). V. aussi ^ Jl . pass,
Garbin, vent du sud-ouest, en ital. garbino, se rat- tache à la même racine ; de J^J- gharbî , adject. de ^j> occident. Dans le Languedoc on appelle aussi Garbin un petit vent frais, qui s'élève vers midi dans l'arrière-saison.
Médresseh. Collège. C'est la prononciation turque de l'arabe l-j-u madrasa , lieu d'étude, de ^j^ daras, é- tudier , sur la forme Z»^ , comme Sju^ (V. Macabre).
Melchites. C'est le nom donné aux Chrétiens Grecs du Levant; de ^^==£U , malakî, royaliste, adjectif de diU , malek, roi (3). La raison historique est connue:
(1) Voyage nouveau de la Terre-Sainte, p. 621.
(2) Ihîd.^. 621.
(3) «Les Grecs qui confessent deux natures en J. C. selon le concile de Chalcédoine.... sont appelés melchites c-à-d. royalistes, du mot arabe 7nelek, qui signifie roi... Il n'est pas difficile de reconnaître l'étymologie du nom des
MESC 165
à Tépoque de l'hérésie eutychienne, les empereurs de Byzance, catholiques pour lors, protégeant les saines doctrines , les hérétiques donnaient la qualification de melchltes à tous les bons catholiques. Voir ce qu'en dit le P. Nau dans son Voyage Nouveau de la Terre Sainte p. 212. Fleury écrit Melquites.
Mélochie. Plante de la famille des malvacées , de If-^ , moloâkhia^ (V. Molequin) .
Mérak. C'est ? de la Grande Ourse (i). Transcri- ption de Jl Jl 1 almaràqq. « Elle est parmi les étoiles bril- lantes de la troisième grandeur; Ptolémée la dit de la deuxième ». ('Abdurrahmân as-Sûfî. 49 et 54).
Mescal. Esp : mitical. Ptg : métical, metical, methcaes, iplur, Ptg, ) « Petit poids de Perse, qui fait environ la centième partie d'une livre de France de seize onces. C'est le demi-derhem (2), ou demi-dragme des Persans.» (Trévoux) Transcription de Jlâ^.-. m/s"^^/, (ou mesqâld''â-
Melchites. L'empereur Marcien et les empereurs suivants, si l'on en excepte peu d'entre eux, employaient leur autorité à faire recevoir le concile deChal- cédoine; c'était la foi des empereurs, et ceux qui avaient la même foi furent appelés melchltes ou royalistes». LeUre du P. Bu Bernât (en 1711 ). Lett. édif. 576. Sui- les Melchites ou ;!fed/. V. Mas'oûdî, al-Makîn eia.pass.
(1) Ai'ago. Astronomie populaire I. 338.
(2) Actuellement on dit plutôt Dirhem de l'arabe ^j^ dirham, dérivé
de doa'/^(iij, de même que le français Dinar est la transcruption de jUji dinar {d\i gv. ôr-paQtov)
104 MINA
près la prononciation vulgaire) poids bien connu. Douillet parle aussi d'un instrument de musique, en usage chez les Turcs, et qui n'est autre chose qu^une espèce de flûte de Pan, qui ne compte pas moins de vingt-trois tuyaux. [Dld. Scienc.) Effectivement Jl^t* [misqâl), «est une sorte de fifre fait d'une rangée de roseaux. » R. Youssouf.
Mesquin. Esp : mesquino, merquino. Cat : mesqui. Val: meçqui. Ptg : mesquinho. // ; meschino. Transcription de j\5Cl^^, miskîn, pauvre prononcé vulgairement meskîn (i). Pour la synonymie du mot et celui de jCà faqîr , pauvre, d'où nous avons pris fakir et faqair. V. nos Synon. arab. n^933.
Mézérion , Mézéréon ou Almézérion. Plante ; de l'arabe-persan J.^j:^^ o\x ùyjj\* mâ^arlyoûn, qui manque dans Freytag, mais que donnent Avicenne^, Ibn el-Beithar, Qalioûbî, Bostani, etc. (V. Devic. Did. étym. et Jouni, Asiat. 1870. Janvier p. 68).
Minaret. Esp : minarete. On assigne généralement comme origine à ce mot Sjll* , [manâra^ proprement , lieu où il y a une lumière ; (2) puis, lampe, chandelier, fanal et enfin minaret; d'où le turc ejLu , minaré^ mina-
( 1 ) ùfiLj> a aussi le sens de mesquin chez les Turcs (V. R. Youssouf. Dict. s. V. miskin.) LU (^) «J^-^ ^®^ P^^^' «3S^ ^^1' ^^ forme îliU;;.
MIRZ i6^
ret. Dans ce dernier sens les Arabes se servent surtout de Z SU madana ( i ), lieu d'où le mue^^in ( ù,S^ i ) appelle à la prière, de û il • Aussi inclinerais-je à croire que le mot nous a été transmis par les Turcs, ou bien qu'il dé- rive du pluriel arabe OljLu , manârât. Le terme SjL« est pourtant employé par les Arabes (2) u Jldl Jp cS'^\ » dit Moqaddassî (44. et pass.) . Quoiqu'il en soit, l'esp. mina-
rete semble bien devoir se rattacher à la forme OljL* *
(Eguilaz. 453 ). Dans les Voyages du Sieur Lacas on lit (( minarats tours faites en pointe et à plusieurs étages »
I. p. 89.
Miramolin. On trouve en esp : miramamolin, miramulim^ et même miramomni Ce sont des altérations de i>:uy.l ju^ amtr-al~moâmentn, prince des croyants.
Mirza. En Perse, dit le R. P. Philippe de la T. S. Tri- nité, «les Princes sont appelés mir^a)). p. 326. C'est la transcription du persan \jju mîr^â^ pour oilj >** amîr- ^âdeh^ fils d'émir. Emir est arabe; 7^l/(?A est persan. Ce mot mir^a « placé avant le nom d'une personne signifie un homme lettré ou simplement monsieur] quand il suit un
(1) «Mosquées dites en Ai*abes gamea et les clochers, madenen Voyages de M^ de Monconys I, 355; et ailleurs: «clochers, dits minares en Tui*c, et madenhe en Arabe». (I. 385). Inutile de faire remarquer que muezzin vient de o'i>i prononcé mouezzen. V. Introd. lettre i
(2) Ibn Hauqal et Istakhrî ont le collectif ji> mandr.
i66 MOHA
nom propre il s'emploie pour désigner un prince du sang » Berge. Did. Pers. Franc. Compar. l'espag. mirqae- bir de j^j^^ amîr kabîr] et le turc [jl>« et (^V^ji* ou mîr est la contraction de l'arabe amîr. Cette coutume de retrancher le hamzé au commencement de certains mots très employés est particulière au langage populaire ; qui par ex. dans les mots composés de y) aboâ , père , possesseur, prononce boa. ( i ) Voy. plus loin Patacon.
Mistique ou Mistic. Esp : mistico. Cat : mestech. Sorte de barque. Altération de f^^^ mosaiiah. (2), barque pontée qui a un ^ , pont; d'autres traduisent barque armée
(Y.Dozy.Suppl.s, ^ ).
Mobed. Ministre de la religion de Zoroastre , sorte de prêtre Persan; de l'arabe-persan j<ijA moâbed. Ce mot se rencontre trop fréquemment dans les auteurs arabes, pour qu'il soit nécessaire d^insister.
Moharrem. Premier mois des Musulmans; de ^y-
moharram, sacré, interdit. C'était un des mois sacrés
(Mas'oûdî. III. 419.). ((jnoharram porte ce nom parce
que dans ce mois la guerre est interdite » (Chams ed-dîn.
401 .) Trévoux écrit maharum. ( V. Introd. lettre S . n. ).
(1) C'est ce système de prononciation qui a fait donner au dernier roi de Grenade le nom de Boahdil au lieu de Abou Abdallah ^\j^ y\ .
(2) V. M. Devicqui est d'un autre avis.
MOLL 167
Moka. (( Le meilleur café, dit Palgrave, est celui de l'Yémen, connu dans le commerce sous le nom de moka (i), parce que la ville de ce nom est le principal port d'où il est exporté ». Le nom arabe de Moka s'écrit ^mokhâ. (2)
Molequin. Terme de teinture; vert molequin, vert de mauve; de \f-^ maloâkhiâ, mauve des jardins, ^Sj^^ jLall , d'après les auteurs arabes, qui prônent ses pro- priétés émollientes. U->U vient lui-même de [lolôm^
II y a encore les formes \Jsss>j^ et ifj<^ moloûkîya^ em- ployées surtout en Syrie et qui se rapprochent plus du français (3).
Mollah. De iXy , maulâ^ maître, (4) prononcé vulgai- rement en Turquie M^ molla, « Leurs docteurs sont appelez moulai) R. P. Philippe. 326. On le fait encore
venir de !SU mollâ, ou Mi* moula, sorte de prêtre en
(1) Ceux qui s'imagineraient en Eui'ope boire du vrai Moka pouiTout se détromper en lisant la p. 31 du 2™® vol. de Palgrave. Voyage en Arabie.
(2) éija Jp vl?Jb -^Ml 9rjl> ^if- o^ j,4i^ ia-LJI S^fS^lc JLojJ X;jJOi [àtJ» »
J>LJI ip » (Moqaddasî. 58.) Ailleurs Fauteur se contente de relever le nom. D autres géographes de l'époque ne prennent pas même ce soin.
(3) Molequin semble avoir désigné une étoffe amolequins arabes» ( La Rose. 21206 ). Peut-être était-elle teinte en vert de mauve.
(4) Ce terme signifie aussi esclave. C'est un de ces mots que les Arabes nomment ^IoôI contraires, malheureusement trop nombreux dans la langue et ayant des significations diamétralement opposées. Sur 'Jy V. ujL-XS' iIjUoVI Kdit. Houtsma. p. 29. etc.
i68 MOMÎ
Tartarie (V. Bost. s. v. ). De J,^ on a formé le verbe
^]y donner le titre de mollah (Cfr. Ibn Ûobair Ed.
Wright, p. 299. et Gloss. sur le même auteur p. 54. )
Momie, Esp, et Ptg: momia. Ptg : mumia. // : mummia;
de l^y moûmia ou \^y* moumiâ, (i) qu'on dérive de l'a-
> rabe persan ^y moûm^ cire. (V. Istakhrî. 1 50.) La V^y est
une substance commune en Egypte dont on se servait pour
embaumer les morts; témoin ce passage d'ibn el-Beithâr :
JÛZ7 Vj U.I4 ^A^Lo^l ^'ai- J.>. ^t^^ ^^i f^ (2 ). La /?20/7z/^
des tombeaux se trouve abondamment en Egypte. C'est un mélange avec lequel les Grecs jadis embaumaient leurs morts pour les conserver et les préserver de toute altération» (3). «La Mummie minérale, dit Hasselquist, est une substance bitumineuse, luisante, friable, noire et presque sans odeur.... Les Egyptiens prétendent que c'est un vulnéraire excellent. Ils en composent un on- guent en la pulvérisant et la mêlant avec de l'huile de senteur. Cassez la jambe à une poule; oignez-la avec cet
( 1 ) M. de Eguilaz distingue nettement les deux formes: \^yi serait le pissaphalte et i^y la momia égyptienne. Sans doute le savant profes- seur doit avoir ses raisons pour faire cette distinction. Moqaddasî a encore *%V^ (428). En Persan \^y^ a le sens de pétrole. ( V. Berge ).
" (2) V. oli>» dlbn el-Beithâr IV. p. 169. ( édit. de Boulac ) et la remar- que du D'' Leclerc dans la traduct. du même auteur n° 2190.
(3) V. Dict. Détei'ville s. momie et Relat. d'Abdellatif. p. 201.
MOUC 169
onguent, et si la Mummie (i) est véritable, elle sera gué- rie au bout de trois heures. » (II. 102). On trouve aussi la forme (ii^>* dans Istakhrî, Tha'àlibî (Latâïf) etc.
Mosch. Plante originaire d'Asie. La semence s'appelle ambrette^ graine musquée, et aussi abelmosc, de di^U l^^ \iabb al-Misk, litt. graine de musc. Mosch est la tran- scription de dLw^^ misk. Tournefort appelle cette plante : Ketmia Egyptiaca semine moschato. Rochefort et le P. du Tertre l'appellent herbe au musc.
Mosette ou Mozette. Voir Aumusse : c'est le même mot, moins la syncope de l'article al. L^aumusse ou aulmu- ce était une sorte de coiffure en peau. Sous Charles V (de France) on rabattit l'aubnuce sur les épaules, et on commença à se couvrir la tête d'un bonnet.
Mosquée. Esp : mesquita. It : meschita. Vieux franc. meschite, musquette. De a5^*-* masgid, lieu où l'on se prosterne, où Ton adore.
Moucre. De Monconys écrit moukre, orthographe sui- vie par beaucoup d'auteurs. Esp : almocrebe. Ptg : al-
(1) Dans son Voyage d'Orient le R. P. Philippe de la Très-Sainte Trini- té explique bien autrement la formation de la momie : « L'on rencontre en divers endroits de ce désert ( Arabique ) quantité de collines de sable... Les passants en sont quelquefois ensevelis, et de leui's corps desseichez par le sable se fait la Mommie que les Arabes trouvent lors que les vents empor- tent delà ces collines.» p. 75.
I70 MOUC
mocreve almucreve, almoqueve, almoqueire; de (SJ^^ al-moukârî, (i) part. près, du verbe ^j^ , louer (des montures) : « â-J^îl ^ ô^ly «-^ Jcj ôj^lli Ip jUlj
i>îCi-b ùv»-Silb . Il défraya Mâmoûn, ses généraux et jusqu'aux moucres, matelots et portefaix. » ( Mas'oûdî. Prairies d'or. VII. 66). Le pluriel populaire \j\S^ , mou- kâriyé, est déjà dans Ousâma ibn Monqid: t^^}\ ^^j
6j^l«f-b * jiS^b » (p. i8). Le français moucre a négligé l'accent tonique arabe ; c'est le portugais almoqueire qui se rapproche le plus de (^jlsCTl prononcé vulgaire- ment almokért^ en donnant à Vé la valeur d'une longue bien marquée. A moins que moucre, ne dérive de jZ^ moukr^ qui loue;, qui donne à louage (Belot) forme qui n'est plus employée par le peuple, mais qui a pu l'être ja- dis ; témoin ce passage des Mémoires ( 2 ) d'Ousâma ibn
(1) Devic traduit t^j5C>« par conducteur ou loueur de chameaux. Cette traduction peut se justifier. Pourtant il est remarquable que dans la prati- que on distingue constamment le moucre du chamelier: le lecteur a déjà pu le remarquer dans le texte d'Ousâma. Cette observation n'a pas échap- pé au Comte Carlo de Landberg : «Le chamelier, dit-il, n'a jamais le nom de moucre, trop bas pour son rang et sa noble monture. » Et il cite la hère réponse que lui fit un chamelier : « jLk3 ^yi>Jj jU5 fiaSi j>ô ïjjIO U ^ • Nous autres ne sommes pas moucres; nous traversons les déserts, et nous char- geons un quintal.» (Prov. Arabes. 204.) Ce livre est rempli d'obser- vations de ce genre, qui dénotent une profonde connaissance de la vie des Arabes. Que ne pouvons-nous le louer sous tous les rapports !
(2) Editées par Hartw. Dérenbourg. p. 59. Ces Mémoires sont écrits dans un style tout-à-fait populaire.
MOUS 171
Monqid, émir contemporain des croisades.: « Ji) (ijb
\\}\ sl.^ <i^ iui- Otji ii JIa) (i^^ J^>> ) il loua le mulet d'un chrétien, nommé Yoûnân, qui le conduisit à l'endroit convenu ».
Mousselin. Lieutenant d'un pacha. (Bouillet. Scienc.) De p.L.^ , moiisallim, part. prés, de Jî- sauver. C'est le nom donné autrefois au gouverneur d'une ville (i) par délégation, ou au sous-gouverneur d'un district. La forme
régulière est J^^ , moutasallim^ mais dans la pratique le Zj t se supprime. Presque toujours la forme J^ devient jld dans la bouche du peuple, qui cherche à simplifier. La langue écrite connaît aussi cet emploi.
Mousseline. Esp : murselina. Ptg : musselina. Val: mosolina. Maj : mossolina. // : mussolina de Ji-f^^ mausilî, adjectif de J-f jl^ almausily nom de la ville de Mossoul. Quand d'Herbelot écrit moussai il veut sans doute reproduire la forme vulgaire ^y mousallt, (2) mossoulin. Les fabriques de Mossoul étaient célèbres pendant le moyen-âge non pas seulement par les «draps
( 1 ) c( J'avais une lettre pour le Muselem c'est ainsi qu'on appelle en Tur- quie le commandant d'une ville » Hasselquist. I. p. 59. D'Arvieux se rappro- che plus de la forme arabe et écrit mutsallem et mutsellem: «le mutsellem fait toutes les fonctions du Gouverneur quand il est absent » VI. 429.
(2) Qui a donné naissance à des noms de familles originaires de Mos- soul. Le nom de J^y est commun en Syrie.
72 MOUS
de soie et d'or qu'en appelle mosalen » (Marco Paolo) mais encore par des étoifes légères comme nos mous- selines (i). Ce dernier mot est traduit par J^y dans Bocthor, Heury etc.. D'autres traduisent mousseline par J^^ . Ces deux mots ^y JXt se rencontrent fré- quement ensemble. Ce qui ne peut que confirmer l'étymo- logie arabe de mousseline. Rappelons que dans les Etats Latins du Levant les Moussoulins ou Mosserins tenaient le premier rang parmi les négociants indigènes. ( 2 ) Dans les Mille et une Nuits les Z^\y ou marchands de Mossoul jouent également un rôle important. C'est le déguisement que prend le calife Harôun pour faire ses tournées nocturnes dans Bagdad. (V. Bâsim le Forgeron. Manuscrit de l'Univ. S. Joseph, folio. 2. recto).
Mousson. Esp : monzon. Ptg : mouçaô. It : mussone de ^j^ mausim, prononcé quelque fois moûsim (3), époque fixée, fête, foire (4). « On appelle mausim en Yemen le temps de l'année, qui comprend les 4 mois d'Avril, May,
(1) Cfr. Dozy. Suppl. et Rey. Colon franques. Chap. Commerce pass.
(2) i^ey.ibid. p. 199.204.
(3) Comp. jo^ , nom de la ville de Mossoul, prononcé mousel au lieu de manuel. — « Mouason, mot qui vient de l'arabe et signifie saison parce que ces vents soufflent 6 mois dans un sens et six mois dans l'autre. » Arago. IV. 585.
(4) Comme la foire de tiSCc . Cfr. Aghani éd. Salh. II. 262 et pass.
MUFT 175
Juin et Juillet ; c'est alors que les vaisseaux des Indes ont coutume de partir.» (Niebuhr. Yoy, Arab. I. 3 5 1 ). En Syrie ^y signifie moisson (i), récolte, spécialement, récolte des vers-à-soie. Il signifie encore saison. Ainsi on dira: x^M<^\^y* , la vigne a bonne apparence; la récolte des raisins s'annonce bien. ( V. l'Introduction : lettre ù).
Mozarabe. (2) Esp : muztarabe , muzarabe , mozarabe. Ptg . et Cat\ mosarabe. Val: moçarab, musab. — Ce nom, dit Engelmann, désignait les Chrétiens vivant au milieu des Maures, et en particulier ceux de Tolède « Ego Adefonsus ad totos Muztarabes de Tolèto tam caballeros quam pedones » ( dans Munoz ). De ^jC^a moiista'rib, arabisé. On sait que les Arabes se divisent en ^jjW 'àriha, Zj»Za , mouta^arnba^ et Z^r...^ mousta'riba. Ce dernier terme désignait les descendants d'Ismaël fils d'Abraham, qui étaient venus s'établir au milieu des habi- tants primitifs de la Péninsule Arabique.
Mufti ou Muphti. Esp. et Ptg : mofti. Ptg : mufti, mu- phti. Cat : musti ; de J.â^ mouftl, jurisconsulte, celui qui
(1) On aura remarqué la curieuse ressemblance de ces mots. Je serais d'ailleurs embarassé de rattacher ^^ à une racine arabe.
(2) Les anciens dictionnaires français ont encore musarabe, et mesa- ra6e.(V. Introd.).M
174
MULA
rend d'après le texte de la loi des décisions juridiques (i) ou iSy^fcitmâ. Ce dernier mot prononcé à la turque est devenu Fetva, qu'on écrit aussi Fetfa. « Le mufti à donné un Fatoué ou commandement, par lequel il déclare que selon la Loi etc. » D'Arvieux VI. 367. — « Aux obsèques du Sultan Mourat le muphti fit une oraison funèbre, et après chanta avec les Imans les prières ordinaires pour les morts. » Du Loir. p. 120.
Mulâtre. Esp, et Ptg : mulatto.Dans Trévoux on trouve mtilat^ mulâtre, mulatte. « On appelle A^a , mouwallad, celui qui est né d'un père arabe et d'une mère étrangère, ou d'un père esclave et d'une mère libre. C'est, je pense, de là et non de mulus que vient mulâtre » (de Sacy. chrest. ar.). Voilà l'explication généralement admise (2). Dozy la repousse sous prétexte que jJ^ n'a jamais désigné un mulâtre. Effectivement les dictionnaires de la langue clas- sique ne donnent pas ce sens. Mais -xij^ s'est dit d'un enfant dont le père ou la mère étaient de condition ser- vile, ou bien d'après Ibn-Qoutaïba «d'un esclave né dans votre maison», par opposition à-\ij (3); de là, au sens de
(1) Sy?i. Arab.n" 962.
(2) Par Defrémery, Engelmann, Devic, Egiuiaz.
(3) Esclave acheté jeune et qui grandit chez vous. V. Srjnon, Arab. n" 179.
MUSC 175
mulâtre il n'y a pas loin. Car les esclaves nègres étaient nombreux en Arabie, comme l'atteste Moqaddasî. (59. lig. 18.) Bocthor, Beaussier, Paulmier (i) ne font aucune difficulté de traduire métls^ mulâtre parjd'^ (2).
Musacées. Famille de plantes dont le bananier est le type. M. Devic prouve pertinemment que ce mot est l'arabe jy , mau^^ l'^y mau^a^ bananier, latinisé par les botanistes sous la forme de musa. Cette plante nous est venue de l'Orient, oij sa culture était fort développée dans les principautés franques [}). En Egypte avec les feuilles on faisait du papier. Les Malais allaient plus loin; ils s'en servaient comme de papier à cigarettes. Ils y enveloppaient les pains de sucre, pour être expédiés en Europe (4).
Muse. Nom donné à quelques figues d'Egypte plus douces que les autres (Litt. ) vient évidemment du même mot ( M. Devic). Cela paraît au moins très probable.
Musc. Il ne vient pas de l'arabe di^/., misk^ comme
(1) Et le P. Belot dans son Dictionnaire Français-Arabe (en pré- paration ).
(2) V. Dozy Suppl, s. v.
(3) Jacq. de Vitry. Ap. Bongars. p. 1099. — « Musa : plante qu'on a; «pille Bananier dans les Isles de l'Amérique... le fruit est appelé amusa ou musa par les Indiens. » Dict. de Trévoux.
(4) Du Tour. Dict. d'His. Nat. II. p. 537.
176 MUSU
pense M. Gasselin, mais du lat. muscam (i). L'arabe dL.-. est d'origine persane [Mu'ar. 143) ^^Jaîl • dLib
Musulman. Es*/) ; mosoliman, musulman. Ptg : musul- mane. La plupart des étymologistes se contentent de dire : (( de JlL* mouslem, au pluriel : iJu-L.^ mousUmîn , qui fait profession de l'islam » (2) Cette explication ne rend pas compte de la terminaison an* Musulman nous a été transmis par les Turcs, qui disent vulgairement oLi--* mot qu'ils prononcent musulman et qu'ils emploient comme un singulier. (V. Dld. de R. Youssouf). Ils l'ont emprunté aux Persans qui disent oUi-^^ niosolmân , (V. Berge. Dictionn. Persan. Français). C'est de l'a- rabe ^l.*w4 mouslim, que dérivent directement les formes espagnoles : musolime^ muslime, mu^lemo, moslemita.
(1) Oa 7nuscus qui est dans Arnobe et Apulée.
(2) Islam transcription de ^.^A^l isldin, litter. résignation (à la volon- té de Dieu ). On en a formé un adjectif: Islamite (V. Engelhardt. La Tur- quie et le Tanzimat) Cheikh ul-is'.aoi est la transcript. de ^>L-VI ^uâ, le chef de l'islam.
NABA 177
N
Nabab. Esp. Maj. : nabab. Esp. et Ptg : nababo; de Tarabe U^y nowwâb, pluriel de ^l* nâïeb , lieutenant , vice-roi. Le mot a été emprunté par les Portugais à rhindoustani. Or dans cette langue, remarque de Sacy, on emploie souvent des pluriels arabes^ comme des sin- guliers. Comparez Omara ( écrit plus souvent omhra ) de «^1^1 omarâ\ pluriel de jul amir, prince, qui est devenu dans rinde un nom de dignité : « UOmhra est obligé de fournir deux chevaux à ses soldats. » P. Catrou, Comme Ta fait observer M. le comte C. de Landberg, (i)((la plupart de ces singuliers ont été formés sur un sol étran- ger par des peuples, qui comprenaient peu la langue ara- be . » (2) Voy. Raia.
Nabathéen. Adjectif de Jai nabat, nom que les Ara- bes donnaient à certaines tribus, qui n'étaient pas d'ori- gine arabe. « Quant à moi, dit Palgrave [V Arabie cen- trale. II. 213), je verrais dans le mot Nabathéens moins le
(1) Proverbes Arabes. P. 195.
(2) C'est ainsi qu'au moyen-âge des plui'iele latins neutres de la 2"^® dé- clin, étaient considérés comme des singuliers et traités en conséquence ; P'ir ex : folia, poma, libra etc. (Nouv. Gramm. franc, par Chassang, p. 37).
12
178 NAFE
nom d'un peuple qu'un terme de convention. Les Syriens et les Arabes appellent ainsi toutes les populations qui habitent la vallée du Tigre et de l'Euphrate quelle que soit leur origine. »
Nabca, Esp. et Ptg : anafega. Fruit d'une espèce de jujubier, ayant la grosseur d'une cerise^, de iïJ nabiqa, et nibqa, nom d'unité de j^ nabiq. Chez les Arabes, c'est le fruit du j-u sidr, : « ojOo\y <-* jjj^j^ j-^' (^^ j^ «3r^' jxJlZf--" î^ jibjji^ » ( Moqaddasî. 204. lig. 6). Freytag l'appelle Rhamnus nabeca, et les Botanistes Rhamnus Spina Christu «Il y a toute apparence, dit Hasselquist (II. 91 .) que c'est l'arbre, qui fournit la couronne d'épine, que l'on mit sur la tête de Notre Seigneur (i) » Sur les discussions soulevées à propos du nabca V. Relation d'Abdellatif. 30,60 et 69, et traduction d'Ibn el-Beithar N^ 1165.
Nafé. « Depuis un certain temps le charlatanisme a prôné une pâte^ un sirop dits de nafé, nom arabe. Ces préparations sont composées avec le fruit de la ketmie. (2) On connaît les propriétés adoucissantes de cette plante; mais il n'était pas besoin d'aller chercher un nom arabe
( 1 ) Le voyageur suédois écrit aussi tiaba, peut-être d'après la pronon- ciation levantine et égyptienne du J g. (Voy. introd. lettre J ,) (2) Plante; de '^^J:ii. Khatmî ou K/iiVni, même sens.
NARG 179
inconnu, pour servir d'appât à la crédulité publique. » (i)^ Nafé vient, non de l'arabe ^ nafha^ odeur, mais du per- san 43I* nafé, qui est peut-être le même mot, et qui si- gnifie vésicule de musc. (Devic). L'arabe ^ nafha a for- mé aussi naffe (eau de), en espag : agiianafa, nafa et nefa. Aguanafa est un mot hybride composé de l'esp ; agaa, eau, et de nafa représentant l'arabe 4^ (V. Eguill. 69.)
Narghileh ou Narguilé. Ce mot est proprement d'o- rigine persane. L'arabe J^>-j^ nâragtl, vient du persan J^k nârghtl, et signifie noix de coco, et ensuite la pipe orientale nommée narghileh ( <L>-jk nârgilé ), non pas comme on l'a écrit, parce q\ie la capsule qui renferme le tabac est formée d'une noix de coco, ce qui ne serait guère pratique; mais parce que, au lieu du flacon de verre ou de cristal, destiné à contenir l'eau, on se sert souvent d'une noix de coco ou d'une boule en métal, ayant la forme de ce fruit (V. Proverbes arabes. Landberg. p. 69). Cette pipe est vulgairement appelée en Syrie ^di^l arkhîlé, mot oij la forme persane est à peine altérée. (2) Niebuhr écrit
(1) Diction, des Sciences, Privat-Deschanel et Focillon.
(2) Dans le Tour du inonde P*" sem. 1861 M. SpoU parle d'une pipe syrienne appelée chuchet, qu'il compare au narghilé. Est-ce de ^Li^ duché, narghileh, ou de houka (mot francisé, du turc "ÔJ- ) qu'il veut parler ? M. Spoll est' peu exact dans ses transcriptions. Il l'est encore
i8o NEMS
e^niCTÎ anktré, c'est probablement ojpj^ arkîré^ qu'il faut lire. [Description de l'Arabie. T. I. 83).
Natron. Esp : anatron. Val : anatro; deûjjlâ natroân , soude carbonnée native. « Je partis pour aller voir le lac de Nitrie ou Natron. On y tire tous les ans 36 000 quin- taux de natron pour le Grand-Seigneur.» (P. Sicard. Lett* édif.l.^^ci.)
Nébulasit. Etoile |^ de la queue du Lion. C'est une al- tération de J<J)}\ ^ S àanab ul asad^ queue du Lion, oij la première syllabe a disparu comme dans Marfil Compa- rez Kalbélasit (de JuVi ^9 , cœur du lion) nom que les an- ciens traités d'astronomie donnent à l'a du Lion ou Ré- gulus (V. Régulus.)
Nems. Nom imposé par Buffon à l'ichneumon ou man- gouste d'Egypte; de ^^ /z//?25^ même sens. (i). Cet ani-
moins dans les détails qu'il donne sur Beyrouth et le Liban. « Sannin, point le plus élevé du Liban» (p. 2). «les Pins plantés par Fakhr el-Din. » ( p. 3 ) quand Edrisi et Guill. de Tyr en parlent. « Chapelle gothique (?) dédiée à S* George »( p. 8. ) «Nahr e/-L^6a^^ (sic.)» tout cela au sortir de Beyrouth, ( p. 9 etc. ) Un voyage plus récent ( Tour du Monde. 1880 l®"" semestre) ne manque pas non plus d'erreurs de ce genre. La fable de la forêt de Pins, plantée par Fakhr ed-din, est repro- duite; à la p. 180 on est étonné d'apprendre que Beyrouth possède «un hôpital très bien tenu, édifié par les dames de Nazarethn etc. Il y a peu de récits de voyages en Orient, où l'on ne puisse relever des inexactitudes encore plus graves. Le malheur est qu'on continuera à les citer comme des autorités.
(1) Synon. Arab. n^ 1489. « Nems, nom égyptien de la mangouste d'Egypte.» (Déterv.)
NENU i8i
mal est longuement décrit par Damîrî qui ne manque pas de lui attribuer les plus curieuses propriétés. « Les Fran- çais établis en Egypte l'apellent le Rat de Pharaon. Il y a apparence qu'ils ont été trompés par la ressemblance qu'il a avec le rat ordinaire par son poil et sa couleur.... Les Arabes ne l'appellent point Phar, rat, mais Nems. » (Hasselquist. H. 5.)
Nénufar. Esp. Cat. et Ital : nenufar. De l'arabe jyj^ ninoûfàr ou naïnoûfar^ qui est dans Moqaddasî (p. 443 ), Mohît, Belot; ou de y^J nîloâfar ^ comme écrivent al-Bîroûnî ( i ), Ibn el-Beithâr, Syoûtî (ôy-^^3^^ ) et la plupart des dictionnaires arabes ou persans. Au lieu de )yxs ou j«>U , on trouve parfois }y noûfar : c'est un mot d'origine persane dont nos botanistes ont fait Nuphar, (2) « genre de plantes de la famille des Nymphéacées» (d'Or- bigny). Le nuphar jaune abonde dans les étangs et ruis- seaux de la France.
M. Devic suppose que ^>U est un « composé de ^p nil^ indigo (3) et jy noûfar. » Cette hypothèse est plau-
(1) Alheranï's India. édit. Ed. Sachau; texte arabe p. 195. On y trouve aussi la forme ^nj , aiusi que ojhjS^^ et ùl"_^>U
(2) Dans Ronsard on trouve « le blanc neufart » ; citât, de Littré.
(3) D'où Anil (V. plus haut). Cfr. ce texte de Moqaddasî : ^;i„ai.^/.j
82 NICH
sible; à moins qu'on ne préfère voir dans jj^^Q noûfar du Nil, Les fleurs du nénufar sont appelées J^H ^1^ fiancées du Nil; et Ton 'sait que cette plante était sacrée pour les anciens Egyptiens^, qui en ont couvert leurs mo- numents.
Neskhi. Transcription de ^^^ naskhî. L'écriture
neskhi est plus simple que le divani ( ^\y^) qui est celle du Divan ou chancellerie ottomane. Ce nom lui viendrait de ce qu'elle est surtout employée dans les transcriptions des copies, de >**^ transcrire (i). On l'ap- pelle aussi ^\^ kanâïsî^ (écriture d'église) , parce que les livres des offices dont on se servait dans les églises étaient de cette écriture simple et courante. Au lieu de neskhi Trévoux a neskré, forme à rejeter.
Nichan. Décoration turque. Du persan J^ nichân , marque, insigne, employé par les Turcs dans le sens spé- cial de décoration (R. Youssouf), et que les Arabes
De ce ijjjv /dzowarc?, (98. 1. 10.) «ijjjV iJlfi) ^rjk; V iSJi\ i+U ^^1 \J^ lâzaward, écrit aussi ^jj^-S vient notre mat Azur ; le / initial reparaît dans « Japis lazuli ».
(1) «Amba Kirollos paraît avoir une cinquantaine d'années... Avant son élévation au patriarcat il se nommait Johanna-el-nassekh ( Jean l'Ecri- vain). C'était un habile copiste.» P. Juliien. S. J. Voyage dans la Basse- Th-ébaïde.
NUQU 185
transcrivent ùl^i^ nichân. (V. Heury etc.)
Nizéré. Essence de roses. De Cx.j^ nisrîn, rose musquée, rose pâle ou rosa canina. Les auteurs arabes ne la séparent presque jamais de ci^\jâsimîn^ d'oij nous avons fait Jasmin»
Noria. Esp : noria, nnora, anoria , anaora , alnagora. Gall. : nora. Ptg : nora; de Sj^&l* nâ'oûra, même sens. Il est curieux de voir le Syrien Moqaddasî se croire obligé d'expliquer Sjy^L* par ^'^/^ ( i ) quoique %jy^^ ait tou- jours été d'un emploi fréquent en Syrie. ( V. Ousâma ibn Monqid. p. 105.) Le terme arabe est d'origine araméenne ou hébraïque (i) et n'a probablement rien à faire avec la racine arabe ^ dont Devic le rapproche ; ojjsX étant aussi bien connu au Maghrib (V. Ibn Batoûta ï. 142. 14; IV. 222, etc.) et en Espagne (V. P. de Alcala).
Nuque. Ce mot a été employé par les anciens méde- cins dans le sens de moelle épinière. Bochart et Du Cange avaient depuis longtemps assigné une origine arabe à ce mot (2). Effectivement 9-^ nokliâ' signifie
(1) Sur la différence des deux termes V. Syn. Arab. N° 1401. « Juxta fluuien Toleti et in ipso ilumine molendinum aut alnagora sive piskera edificare qui sierit. » Texte de 1118.
(2) C'est aussi l'avis de Defrémery et de Devic.
i84 NUQU
moelle épinière. On trouve aussi Mè avec unfatha sur le
noun. C'est sans doute le nacha de nos anciens étymolo- gistes.
Quant à dériver nuque du néerlandais nocke, colonne vertébrale, [i)nek^ nuque, la chose souffre beaucoup de difficultés. (Voy. Littré. s, nuque).
(1) Comme le propose Brachet. Diction, étymologique, s. v.
OLIB 185
Ocque. Poids usité dans l'empire ottoman. L'ocque est (( la douzième partie du ratl ; l^j)\ ^1p L^l jLj Jp . » [Mcqaddasi. p. 182. 1. 2.) De liji oâquîa^ et tij , même sens; ou plutôt de la forme vulgaire aîjI , oûqqa^ (le turc dit 43ji ) . Sur l'origine de ^Jjl . V. Aram. Fremdw.p. 201 (( Ce nom de poids, dit M. H. Sauvaire, me paraît relative- ment moderne^ et il était inconnu à l'époque de Mahomet : les lexiques arabes n'en font aucune mention» (i). En Syrie ^\ est un demi-ratl et o;l le 1 2^^ au ratl.
Ogre. M. de Eguilaz dérive Tesp. ogro de Jy- ghoâl, sorte de démon qui dévore les hommes, et dont nous avons fait Goule, Mais le mot arabe ne rend pas compte de l'o initial. Il semble préférable de dériver ogre du latin orcus ( Brachet Dicf. étymoL).
Olibau. Encens. Terme de Pharmacie Je pense avec M. Devic que le mot dérive de JC^\ al-loubân, même sens. Vo du commencement représenterait l'article al devenu
(1) Journal Asiat. Mai. 1885. p. 500. 7!L)j\ est dans Ibn Doraïd. ^_,i;5' Jlïii-VI , 188. Bokhârî. I. 355. Qâmoûs. etc.
i86 OLIB
ol. On a des exemples de ce changement, entre autres : Je mot Olinde; la forme olma/ik côté de alma/i (V. Mar- fil). «L'Olibanum ou encens, dit Hasselquist, croît dans les deux Arabies, d'où on l'apporte à Giedda qui est le port de la Mecque ». ( Vo/ages II. 96). « L'encens de Mahra (en Arabie), au rapport d'Ibn Hauqal, était trans- porté dans l'univers- entier ; ^ JlJVl Jl J^ «iâil Ji^\j «4j ^J{Àa (^jbj fJbsi (p. 3 2. 1. 13.) Chercher dans Oliban, oleum Llbani n'est pas sérieux puisque le Liban ne produit point d'encens. ûU a encore donné naissance à un autre mot français Benjoin. Esp : benjui, benjugi. Ptg : beijoim, benzoin, beijuim. En arabe le benjoin se dit i^jU ùU' lobân gâwî (i), littér. encens Javanais. Le meil- leur benjoin nous venait de Sumatra appelée SjU Gâwa, par les géographes Arabes. Le témoignage d'Ibn Batoûta est formel sur ce point. (IV. 228). L'île de Java est ap- pelée par lui ©jU J^ MolGâwa ou la Gâwa primitive (2). Le R. P. Philippe de la T. S. Trinité l'appelle toujours la Grande Jave. Voici ce que ce missionnaire dit du benjoin : «Aux Royaumes de Sian, de Camboïa, de Pegu, et aux autres voisins il y a des arbres fort hauts (3), d'où distille
(1) Au moyen de l'imalé lohén gêwi V. Dozy Gloss. 239.
(2) Traduction Defrémery. IV. 239.
(3) Ibn Batoûta les dit au contraire petits. IV. 240.
OR AN 187
la gomme odorante, que l'on appelle vulgairement Benjoin; la plus excellente est la noire.» Voyage en Orient, p. 395. (Voy. Introduction. Damnia, note.)
Olinde. Sorte de lame d'épée très fine. Olinde repré- sente bien Tarabe JcÀ\ al-hind, les Indiens, qu'il faut mettre à côté des formes esp : alinde, alhinde, alh/nde. On sait combien les lames indiennes oU;, si l'on préfère, les épées faites avec le fer importé des Indes (i), sont vantées dans les documents que nous ont laissés les anciens Arabes. La multiplicité des formes qu'ils employaient pour les désigner suffirait seule à le prouver: ol^,. mouhannad^ (i-^^. , hindî^ Jb-UA hindwânt^ se rencontrent souvent dans les poètes antéislamiques. (2).
Orange. Esp : naranja. Cat : naronja. Ptg : laranja. It : arancia. Vénitien : naranza. Grec mod, rsoâpt'Çc de /jt nârangy en persan diijl* , même sens. Orange a été altéré par l'influence de or ou de awrw/??. On trouve aussi ^jV lârang, d'oij le ptg : laranja. (V. Introd. 0- i^ote 3) Il
(1) V. Journ. As. 1854. Janvier, p. QQ. et la traduction du Divan d'al- Han.sâ p. 128.
(2) Ajoutons que la plupart des armes ont été empruntées par les Ara- bes aux peuples q'ii les entourent et gardent dans les noms qu'ils portent des traces de cette origine. L'arc et la lance sont des armes vraiment ara- bes. On ne pourrait être aussi affirmatif à l'égard des autres.
i88 ORAN
n'est pas inutile de rappeler que les anciens ne connais- saient pas l'orange (i), que son introduction en Europe par les Arabes n'est pas antérieure au XI"^® siècle. Aussi a-t-on remarqué avec raison que la fable du jardin des Hespérides doit concerner un autre pays que le Magh- reb (2) ou un autre fruit que l'orange. Bodée pense que Xesîomeuses pommes étaient des coings, malum c/donium, lifjlov %v8(hvLov. On pourrait y voir aussi des cédrats, fruits bien connus de l'antiquité; la Bible en fait mention, tandis qu'elle ne dit mot des oranges.
-'tr-^-~s:±:^(k^2::^r^^r^
(1) Ce qui n'empêche pas Quicherat de traduire orange par malum au- reum qu'il attribue à Varron et à Virgile. Ce poète n'en a pas parlé. Au lime liyi^Q (Jes Géorgiq. v. 126 c'est le citronnier ou le cédratier qu'il décrit. Les mala aurea de la S""^ Eglogue (v. 71.) sont probablement des coings. Au témoignage de Mas '^oûdi, le calife al-Qâhir possédait «un petit jardin planté d'orangers qu'il avait fait venir de l'Inde, par la voie de Basra et de rOmân; j^^\ jsj^ ^^ j^ i^^. oU^j S^âJI ^^ -uîl J«.>j z<^J^\ -ui ^o*- «^^^^--^ (VIII. 336).
(2) Suivant Qoutsami, un des auteurs cités dans V Agriculture Naha- théenne «l'orange est originaire de l'Inde, cultivée et venant bien dans la plupart des pays, ceux surtout qui inclinent vers une température chaude. ojOI JI ïb'lll LoJ- ùloUI J 'l?6ij în.Ujj 'jx^ ou; 1^ÎJU1».
LWgricultui'e d'Ibn-Awa n dit de même que l'oranger est un végétal indien (v. Limon). Cet arbre originalité de Médie s'est introduit en Ai*abie au IX""^ siècle; de là il a passé en Syrie, en Egypte, et dans le reste de l'Afrique Septentrionale o'^»-; ^j^ lA^J-^) -uj x^\ ô^j\ ^ sJ^ îîujUI j>^ . . . ^^-Li-ll^i:)! ^* ^J^i-^_^J^\ t^-UI jj:> j -ATjb. ^U.)lj Jt^lj oj^\ (jl Jw 'J ci^«j Vj -X4«iùir Uj^aj»j c^\xJ^^ ( Prairies d'or IL p. 438 et VIII. 336,)
PAPE 189
P et Q
Pacha. Le mot vient du turc Llli pâchâ. Mais les formes Bassa, Bacha^ Bascha^ qu'on rencontre dans les auteurs et surtout dans les récits des voyageurs sont dues à l'in- fluence de l'arabe qui n'ayant pas de p prononce bl bâcha. Même remarque pour Babouche ( pantoufle ) de l'arabe J^jjl , bâboûch^ ou ^l bâboâg (V. Dozy suppl) qui dérive lui-même du persan ^^\^ , pâpoûch. Au dernier siècle on écrivait papouche et pabouche. Cette dernière orthographe est celle de Galland dans les Mille et une Nuits. En décrivant le costume des Arabes, d'Arvieux ajoute : « Leurs babouches sont des espèces de pantoufles de maroquin, qui leur tiennent lieu de souliers, qu'ils quittent quand ils veulent s'asseoir. » ( T. V. 288 ).
Papegai ou Papegaut. Esp : papagayo. Ptg : papagaio. Cat : papagall. // .* pappagallo Vieux franc : papegault ; de 'Uo Ulo (i) ou sU-j babaghâ (2). Le peuple dit encore
(1) XviJI w^'btfr P- 115 Chams ad-din Ad-Dimachqî.
(2) Albîroûnî; Mas'oûdî, Prairies d'or. III. 56. écrit n^ plur. ^u. Voici un passage de Qazwinî sur cet oiseau ^l_:)l ^^^f^i^.^ J^^J- ûùJj . . . ( U-JI ) •l,.J:u^~Î3jj»xi, Jb j '»Lu>» i^jju Vj 'o-u«j . M. Devic a déjà relevé Tétrange
[ço PARA
JUlT babaghâl^ auquel semble se rattacher le catalan et l'italien. Quant à la forme O^i ou même 0^. elles sont employées en Egypte. Bocthor a noté la première. BufFon a donné le nom de Papegal à un groupe de perroquets exclusivement américains, distincts des autres espèces en ce qu'ils n'ont pas de rouge dans les ailes (i). Le célèbre naturaliste ne fut pas plus heureux en cette occu- rence que lorsqu'il imposa le nom d'alga^elle à une espèce qui ne diffère pas de la gazelle proprement dite. Les Arabes tiraient leur^ perroquets des Indes. Mas 'oûdî nous représente le calife Al-qàhir dans son bosquet d'orangers où l'on avait réuni « les perroquets etc. ame- nés de tout pays; jU^Vb ^^^ j^ '^^^ ^-J^ -^^ ^ A^b (VIII. 3 37). '"^ • ■ ^^
Para. Ce mot dérive du turc-persan © jli para, en arabe Sjl bûra. Il n'est pas inutile de faire remarquer que le para ne vaut qu'un demi-centime et non pas 4 centimes, comme le prétend M^ Devic dans son Glossaire. En Orient n'avoir pas un para est synonyme de n'avoir pas
étymologie de M. Génin (I. 438 ). «Le papegault a certainement (!) reçu ce nom de ce qu'il pape...^^ Oh! si Ménage ou Trévoux avaient fait cette trouvaille, comme M. Génin aurait ri des Révérends Pères ! M. Génin ne doute pas, n'hésite pas. « En vérité, il serait bien utile d'hésiter quel- quefois», comme le spirituel auteur Ta dit ailleurs. Le flamand a Papegaai.
(1) Dict. d'Hist. nat. (d'Orbigny.)
PATA
191
un Uard. « Le parât vaut en Candie six liards de France... A la Canée on en donne 44 pour l'abouquel ou piastre d'Hollande » ( Trévoux ). Actuellement le para est la qua- rantième partie de la piastre turque, dont la valeur va- rie souvent; elle est à Beyrouth de 18 centimes 1/2.
Pastèque (i). Il est admis que les mots esp. ou ptg: albu- dega j albudleca, pateca représentent ^i^t^l al-btttikha, prononcé vulgairement albatttkha ou battech, comme é- crit Hasselquist (Voyages. II. 88), avec un fatha sur le V b. Je n'hésite pas à assigner la même origine à pastèque, (V. Introd. Obs. gén.) C'est aussi l'avis de Clément-Mul- " let (2). (Voir l'article de Devic, qui conserve des doutes à cet égard).
Patache. Anciennement : vaisseau de guerre rond et de haut bord; actuellement : bateau servant pour la police des ports. Esp : albatoza, patache. Ptg : albatosa. pataxo, patacho. // : patacchia , patassa. Probablement de ^.lU baichaj ou îUs) baisa, vaisseau de guerre. Le mot n'est pas ancien dans la langue arabe. Mais à partir des Croi-
( 1 ) « Ces jardins (d'Alep ) sont remplis de pastèques; c'est ainsi qu'on ap- pelle ces prodigieux melons d'eau si sains et si excellents... Leur chair est d'un beau rouge, délicate et se fondant en une eau sucrée, qui rafraîchit infiniment et qui ne fait jamais de 'mal. C'est la ptysanne ordinaire des malades» (D'Arvieux. VI. 413 ). !
(2) Jour?i. Asiat. 1870. Janv. 98.
192 PATA
sades il est employé couramment par les auteurs Orien- taux, (i) qui n'ont pas trop Tair de le considérer comme un néologisme. Dombay a J^IU batâch, grand navire à deux mâts, que M. de Eguilaz traduit par navis belUca, sans nous donner les raisons de cette interprétation fnsolite.
Patagon ou Patacon. Monnaie des Flandres faite d'ar- gent, qui a valu d'abord 48 sols et depuis 58 sols. (Trévoux). On la confondait souvent avec les réaux es- pagnols. La piastre d'Espagne était appelée pataca en Portugal ; patacca en Italie ; pataque, (2) pacfac en France. Le patac d'Avignon , monnaie bien connue en Pro- vence et en Dauphiné, a vraisemblablement la même origine. A tous ces mots les anciens étymologistes ont trouvé des explications dont la plupart appartiennent au domaine de l'imagination. Il semble plus naturel de les faire venir de ^IL y) aboâ tâqa (3), littér : le père de la fenêtre. « Lorsque les écus d'Espagne avec des armes à plusieurs écussons parurent pour la première fois en
(1) Ibn Athîr. {^^j\y:\\ ^[f)Bo\i3i,-ed-dm{Viki. S al.) Nowaïri, Aboul- féda, Maqrîzî. ( Quatremère). i/ame/oM^5. II. 86-272. Ousâma ibn-Monqid (féd. Dérenbourg) p. 25 etc.
(2) La pataque était aussi une monnaie des Etats Barbaresques; et une monnaie turque, d'une valeur bien supérieure à la première.
(3) Dans le Voyage au Ouaday par Perron on trouve ahoû chebbâk ( ^A iîlli ) dénomination rigoureusement synonyme de aboû tâqa.
PATA
19?
Egypte, les Kahiréniens, ou ceux du Caire, les nom- mèrent abutâka^ ou par abbréviation, Butaka, c'est-à-dire la monnaie aux fenêtres. Les Européens, qui négocioient alors en Egypte, lui donnèrent de là le nom de Patack, comme on y nomme encore aujourd'hui Pataks les écus d'Allemagne; quoique ces derniers soyent rarement appelés abâ-tâka, non plus que les piastres d'Espagne» (i). On connaît l'habitude des Arabes de former des com- posés avec j>\ aboû^ père. On en a eu un curieux exemple dans Abouquel (2) ( V. ce mot). On sait aussi que dans la Haute-Egypte et dans le Soudan la monnaie préférée des indigènes est le thaler autrichien à l'effigie de Marie- Thérèse, appelé jvLjj boâ iair ou^Lj>l aboû taïr, le père de l'oiseau, à cause de l'aigle qui y figure. La raison de cette préférence est indiquée parNiebuhr (3). Lorsqu'on s'aperçut à Vienne que les thalers passaient de plus en plus en Egypte, la Monnaie en fit à plus bas titre. Mais les Egyptiens ne s'y trompèrent pas. Et voilà pourquoi on donnait dans tout le Levant cinq pour cent de plus pour
(1) Niebuhr. Description de l'Arabie. II. 49. «Le prix de notre passage était de 27 pitakas, qui valent à peuples 6 livres 5 shellings sterling.» Bruce. Voyage en Nubie. I. 50.
(2) Ajoutez abouburs, aboiikarne, etc. (V. Intvod. Observât, gén.)
(3) Ibid. - « La seule monnaie connue au désert est le thaler autrichien de Marie-Thérèse, » M. Jeannier, chancelier à Bagdad. 1888.
13
194 PATU
les écus frappés avant 1756. Enfin une autre monnaie européenne, devenue assez rare, porte encore en Orient le nom de v'-Ujj1 aboâ madfa\ le père du canon. Toujours pour les mêmes raisons, qui ont valu à Tabouquel, au pata- gon, etc. leurs pittoresques dénominations.
Patar, Patart ou Patard. C'était encore une monnaie de Flandre et des Pays-Bas, de la valeur d'un sou,
(( qui n'avait vaillant un patart » dit Villon. On voit dans ces mots une corruption de Peter (Pierre) parce que le patar a sur une de ses faces l'image de S*^ Pierre.
Devic rattache Patard à ^IL j)J . On peut objecter que Vaboâ tâqa des Arabes a toujours désigné une monnaie autrement importante que le patar flamand, qui signifie une obole, un liard.
Paturon ou Potiron. Nom de quelques champignons comestibles qui croissent dans les pâturages. Probable- ment de l'arabe Ja^ fotr ou J^ fotor, qui désignent le champignon vénéneux (i), d'après certains lexicogra- phes ; Tespèce comestible s'appelant beaucoup mieux Ja» fit/. La terminaison on viendrait-elle de la nunnation, com- me dans ^édaron^ (Pour ^ devenu /?. V. Introd.)
( 1 ) Cette distinction est inconnue à Ibn el-Beithar chez qui ^ désigne simplement le champignon. Aussi Devic prétend-il que Freytag a eu tort de
QUIN 195
Pénide(i). Sucre tors, cuit à la plume avec une dé- coction d'orge. ( Bouill. Scien.). Ce terme a été introduit par les apothicaires. Il vient de l'arabe Jûl> fânîd^ dérivé lui-même du persan JLÔli pânîd « species dulciorum, sac- charum. ^) Alphénic (2), autre nom de pénide, est le même mot arabe augmenté de l'article. Le Dict. de Trévoux écrit Alphœnix et prétend qu'on a donné au sucre tors « ce nom extraordinaire pour le faire valoir». Cette fois les Aristarques de Trévoux font erreur.
Quintal. Esp, et Ptg : quintal. Catal: guintar. Ital: quintare. De jlk5 qiniâr , vulgairement prononcé qan- târ; d'où Kantar, [Y. ce mot.) de même que de i^ln? qtrât graine de caroubier, son poids, nous avons fait Carat; esp : quilat. E^/?. et Ptg: quilate. Ital: carato. Le carat a été autrefois appelé chlra ou chirast. Nous avons indiqué Tétymologie de J^in* dans les Synonymes arabes n^ 1072.
n'attribuer à Ja* d'autre sens que celui de fungus terrœ multum vene- nosus.
(1) Le Diction, de Trévoux ne connaît que le plur. pénides. La Pharma- copée Universelle fait de même. Ce dernier ouvrage écrit encore épenides.
(2) Esp. alfenique. Ptg: alfenim; en latin de pharmacie penidia. « On prétend que ce nom vient de poeiia, peine, parce que cette préparation de sucre donne bien de la peine à faire. » Pharmac. universelle.
içô RAIA
Rac, Arac, et Arack. Esp : arac, erraca. Ptg : araca, arak, araque, orraca, rak. Tous ces mots représentent l'arabe J^ 'araq, liqueur extraite du palmier, qu'on fai- sait fermenter. (V. Mohît et S. 'Anhoûrî) et dans le vul- gaire, eau-de-vie, (Mohît, Heury, Belot). Il y a aussi la forme J^p 'araqt (Damas), d'où dérive probablement l'expression populaire riquiqui, pour désigner de l'eau- de-vie ( i ). En turc usuel jj> 'araq devient rake , eau-de- vie. (V. R. Youssouf s. V, 'arak).
Raia. Nom des sujets de l'empire turc soumis à la ca- pitation. (Littré.) C'est la transcription de \i\s>j ra'âïâ^ pluriel de l'arabe ^j , proprement troupeau, et au figuré sujet. Sous l'influence turque (2) l Uj ra'âiâ, a été em- ployé, comme un véritable singulier, pour désigner un sujets un raia. Ce n'est pas la première fois que le dialecte vulgaire employé un pluriel, auquel il donne la valeur du
(1) Voy. les Proverbes arabes de M"^ le Comte C. de Landberg. p. 180. Comme toujom^s, la description de l'autem* est d'une rigoureuse exactitude.
(2) uRi^aya blp^, plur. de re'^ayé, troupeaux, sujets tributaires; singu- lier (comme mot turc) sujet non musulman de l'empire ottoman; en ce cas, on prononce ra^ya.y) R. Youssouf. Diction, turc - franc.
RAIS 197
singulier. Le comte C. de Landberg en a cité un certain nombre d'exemples. (Proverbes, p. 195.) Mais ni en turc ni en arabe lUj n'a le sens méprisant, qu'ont voulu y voir certains voyageurs (i), pas plus que le muiiha Xaœv d'Ho- mère. « Tous, dit un hadîth, vous êtes responsables de votre troupeau,)) c-à-d. de votre famille J^.^ >^é=5l5 C>s>j jf> . Parmi les conseils adressés par Abdelmalik, fils de Sâlih, à Rachîd il y a celui-ci : « (i libj • iJVj U ^1 J^ fJlUj . Craignez Dieu dans l'exercice de votre pouvoir, redoutez-le en gouvernant les sujets (ra'âyâ) qu'il vous a confiés. )) (Mas'oûdî. VI, p. 303).
Raïs ou Réïs. (2) Capitaine de navire. Esp : arraez. Ptg : arraes, arrais, arraiz, arrayo. Maj, arraes, array. Cat. ar- raix; de ^j raîSj chef, mais qui a aussi le sens spécial de capitaine de vaisseau (Cfr. Moqadd. 31-I. 13. Mas- ''oûdî : I. 282. et les Mille et une Nuits, pass.) « On répéta au Rais ou Capitaine ce qu'on avait dit aux trois officiers.)) (D'Arvieux. VI. 202). « Notre Raïs me dit alors qu'il car- guerait un peu les voiles. )) (Bruce. Voyage I. 93 et pass).
(1) Tour du Monde. \^^ sem. 1861. p. 70. Promenade dans la Tripoli- taine.
(2) « Où de fortuné estoient deux Chaoul^ Turcs, avec quelque troupe d'autres: dix Rays, c'est-à-dire Rois de Barque». Histoire nouvelle du mas- sacre des Turcs faict en la ville de Marseille en Provence, le 14 de Mars, mil six cents vingt etc. Lyon. MDCXX.
[98 RAMB
Dans le dialecte vulgaire on écrit ^j qu'on prononce raïès ou reïes. Comme dans ce passage des Mémoires de l'émir Ousâma ibn Monqid (i) : O^j^ ^J^ ^^^ dlliS^^ ^"■jl dllU Ua* ^j.^ J-^^-^ • » Nous en étions là quand le raïès (2) Yoûnân arriva précipitamment. Nous lui criâmes qu'y a-t-il, ô raïès} ».
Ramadan. Esp. Ptg : ramadan. Ptg : ramadâo. Cat. et Val : ramada. « Nous avons été obligés de séjourner à Alep, à cause du ramadan; c'est le carême des Turcs. » (Lett. édif. 198). Ramadan ou i^a/Tzaj^a/z' comme pronon- cent les Turcs est la transcr. de ô^J ramadan^ 9°^® mois musulman. Comme le Thermidor républicain, « il doit son nom à la chaleur brûlante qui se dégage du sol pendant ce mois, » dit Mas oûdî, ou comme s'exprime Al-Bîroûnî : J^i S-C j^^ ô Ja^j^ Sjl^ ( Chronol. Orien- tale. Édit. Sachau. p. 60.)
Ramberge. C'est, dans Bouillet, une très ancienne es- pèce de navire de guerre de la Méditerrannée, adopté par les Anglais ; elle était de la force d'une frégate. Ce mot serait composé de rame et de berge. Berge et Barge sont un seul et même terme, qu'on employait autrefois indifféremment l'un poyr l'autre. Cela me semble confir-
(1) jLspVI UcS"'-, édité par Hartwig Dérenbourg. p. 59. Paris.
(2) Il s'agit ici d'im conducteur de caravane, d'un chef-moucre.
RAZE 199
mer Tétymologie proposée à barge. Ce dernier mot ne si- gnifie plus qu'une embarcation plate. Mais il a désigné ja- dis un grand navire (i) : « Navem magnam quam Bargam vocant» (In diplom, an. 1080. ap. Mirœum in DipL Belg. /?. 295); et encore : un navire de guerre, comme l'indique son composé ramberge» Le Dict. de Trévoux pense aussi que les barges étaient de grandes barques armées. Barge et ramberge dériveraient donc bien réellement de l'arabe 4^jl bâriga^ vaisseau de guerre.
Rame. Esp : resma. Cat : raima. It : risma, Vieux fr, : rayme; de l« jj ri^ma^ paquet de hardes (2); et vulgaire- ment : cahier des charges et impositions conservé chez le wali, rame de papier. (Bocthor et Dozy. Supp.) On trouve aussi Z*jj ra^ma (3). J'assigne la même origine à « coton de rames)), qui se disait autrefois d'un coton filé de médiocre qualité venant de Judée^, et dont on se servait pour faire la trame des voiles de navire.. (V. Trévoux et Bouill.) Car t^jj signifie aussi ballot
Ra^e (huile de). « Les Provençaux distillent en grand le galipot. Ils en tirent une huile qu'ils nomment huile de ra:^e, » (Bosc) M. Devic voit dans ce dernier mot l'arabe
( 1 ) V. Du Bellay Mémoires. Livres X.
(2) Gompar. Aghani 1. (éd. Salh): (f-^^ ^\J \^ ^jjj> . .C-Lfl lj,,<a>b»
(3) Voir le savant article du Glossaire de Dozy. p. 333.
200 RAZI
jjl ar^: Ce nom s'applique en effet au pin, au sapin, au cyprès et à d'autres arbres résineux, (i) Quand il s'agit du cèdre proprement dit, les savants arabes se servent plutôt de i>j^ charbîn , qu'il faut peut-être lire jCjl. ( sapplnus ). « Avicenne a employé le même mot défiguré par les éditeurs de Rome (2) sous la forme de ^°jt adoptée trop facilement par Freytag». (D'' Leclerc.) Ra^e ne serait donc qu'une métathèse de jji . En espagnol are^ et alerce (3) désignent le cèdre; il est facile d'y reconnaître jjl . « JUl) jjû\ Jt« ^^ » dit le manusc. deHabqâr le Sage; et plus loin il est question de ùLJ jji ♦
Ra^îa ou Razzia. Ptg. gacia, gazia, gaziva, gazu, gazua. De 4^jU ghâ^ia^ forme algérienne de Sjjp gha^wa, atta- que, incursion militaire (4). Le mot ne date en français que de la conquête de l'Algérie. Dans les Alpujarres
(1) En Syrie et surtout dans le Liban jj\ désigne le cèdi^e; «les cèdres que les habitants appellent Ars (sic) » Voyage du R. P. Philippe. 159. Dans les Litanies arabes la S*® Vierge est appelée oUJ «jjl cèdre du Liban.
(2 ) Les éditions d' Avicenne sont malheureusement incorrectes. Les ma- nuscrits ne le sont guère moins. J'ai sous les yeux im manuscrit du oLsT 'UiJI de l'illustre Philosophe, qui donnera bien du travail à son futur éditeur.
(3) a Alerce. Arbre du Chili en Amérique. Ces arbres sont plus gros que le cyprès. Leur bois est rouge, mais avec le temps il perd la vivacité de sa couleur et prend celle du noyer. Ces arbres sont d'une grosseur pro- digieuse...» Trévoux. Sur jj et oy,^ V. Niebuhr. (Descript. I. 2 10-).
(4) (( ojjè y Sljp expedicion railitar: campana: guerra » Chrestomathie arab. du P. Lerchundi et Simonet p. 284.
REAL
20I
racla^ ricia, (même origine) ont le sens spécial de dégât, dévastation (i). V. Introduction lettre j-
Réalgar et Réagal. Vieux fr: réalgal, riagal. Esp: rejalgar. Cat : realgar. It : risigallo. Bas-lat : risagallum. De jUll ^j rahag al-ghâr, littér. : poudre de la caverne. Dozy suppose que ce nom a été donné à Tarsenic parce qu'on le tirait des mines d'argent. Ce n'est là qu'une supposition. L'Ibn el-Beithâr de Boulaq a partout jUll ^j rahag al-fâr, poudre des rats. Le traducteur allemand et le D^ Leclerc reproduisent la même leçon. Ce dernier la maintient malgré les critiques de M. Defrémery. Nous croyons que c'est la vraie. Le contexte d'ibn el-Beithar semble le prouver. Après avoir dit ( article fJjîU ) que l'arsenic s'appelle jlli) ^, poison des rats, il ajoute que dans le Maghreb on l'appelle poudre des rats jUll /j (2). Pourquoi lire jUîl , la caverne au lieu de jUll , les rats} Ailleurs ( article "dl-^ ) le botaniste arabe relève le nom de dllU" v»jj;J , litt.- poussière qui tue, donné dans l'Iraq à l'arsenic. Il ajoute encore une fois qu'on lui donne le
(1) « Gazua, espèce de Croisade chez les Maui-es». (Trévoux). — « le com- mandement des chérifs, et la multitude qui les suivait, jointe à la supersti- tion de la Gazua, y faisait accourir tous les habitants.» Hist. des Chérifs.
(2) L'arsenic rouge se dit en Berbère rahaclj el ahmar. Dictionnaire français-berbère par le P. Gras. S, J. essai manuscrit. C'est l'expression arabe.
202 REBE
nom de poison des rats, et dans le Maghreb celui de jUil i^j (i). Franchement le sens s'accommode-t-il de jlc? Pourtant Taccord des formes romanes terminées toutes par gar, gai semble indiquer l'existence de jUîl 4*^ venu sans doute de la confusion très ordinaire entre le h- et le Ji placés au milieu du mot (2). Chams ed-dîn de Da- mas a pourtant un texte favorable à l'opinion de Dozy. « A Calatrava, dit-il, se trouve une caverne où l'on recueille le réalgar, appelé aussi dtk bardîk et poison des rats :
^< . jUil >v- il <%^ dX^yf àX:> 4I : Jfcj jUîl A 4J (^ôll jUll Lj (p. 242 ). Ajoutons que ce passage ne se trouve que dans les manuscrits de Paris et de Copenhague.
Rebec. Esp : rabel. Gallic. : rabela. Cat. et Val: rabell.
Ptg : rabil, rebel, rebeca, rabeca, arrabil, arrabeca. It :
ribeca, ribeba. V, fr: rubebe de Z^j rabâba {Journ, As,
186^. Juin. 565 ) ou ^\j sorte de violon ou de vielle :
Me rendre en me torchant le bec.
Le ventre creux comme un rebec. (Régnier ).
Parmi les instruments des Grecs, Mas'oûdî ( VIII. 91 ) cite la lyre qui n'est autre, dit-il, que le rebâb;
(1) Une ligne plus loin Ibn el-Beithar cite Râzî: , oU jU)l ij> jTb. . , . <s^ ^C^j -Wj 9^-96-0 ^o>j ^^»1 ]^\ Cjj<^J^ jUJI dUi "^zj oj\3 Ij^Cj^j •
(2) On peut en faire l'essai : les compositeurs arabes confondront 8 fois sur 10 ces lettres. L'expérience s'est renouvelée sur cette page même.
RÉBI
205
^IJ) jfc^ yil ♦ V. aussi sur le rabâb. Ibn Khaldoûn. Prolég. IL 412. (i) Le c final de rebec étonne moins quand on voit que la dernière consonne a été bien diversement rendue dans les langues romanes. Le passage suivant de Guil- laume de Machaut renferme plusieurs noms d'instruments empruntés à l'Orient parle Moyen- Age.';
Orgues, villes, micanons
Rubebes et psaltérions
Leus, moraches et guiternes...
Cymbales, citoles, naquaires (2)...
Cors sarrasinois et doussainnes
Tabours, flaûstes [traverseinnes...
Trompes, huisines et trompettes
Guigues, rotes, harpes, chevrettes
Cornemuses et chalemielles.
( Edit. de la Société de l'Orient latin, p. 36").! Rébi. Deuxième et troisième mois, de l'année musul- mane; de ^.j rabf. Pour les distinguer on les appelle JjVi *->j rabf premier et (iWl •-)j deuxième rabî\ ou
(1) Les jours de fête, on peut encore voir dans les villes du Levant les Bédouins, qui viennent racler leur monotone rebabé.
(2) De ôj\i5 naqâra, timbale ou de nS^ noqaira, SjÛJ naqgâra, etc. Tous ces mots signifient tamboui*, timbale ( V. Dozy Abbadid. 243 ).
204
RÉDI
^Vl «-> (i) dernier rabi\ i^^^j signifie litt. printemps. (2) Il a été appelé ainsi ou parce que « les deux rabf corres- pondaient à l'époque, oia les Arabes campaient sur les pâturages {*i^j raba') avec leurs troupeaux; si l'on ob- jecte que le campement avait lieu aussi pendant d'autres mois, on doit remarquer que ces deux mois furent nom- més pour la première fois ainsi au moment du pâturage et qu'ils conservèrent leur nom lorsque le rapport entre les noms des mois et les saisons n'existait plus. » ( Mas-
^oûdî.III. 418).
Récif ou Ressif. Ce terme n^est pas très ancien en français, et nous est venu probablement de l'Amérique -espagnole. (V. Dict. Trévoux. ) Esp : arracife. Esp. et Ptg: arrecife. Val: arracif, arrecif Plg: arrife, recife; de ,Ju^j rastf, chaussée (dans tous les sens), trottoir, (Mohît) levée, digue (Dozy. Gloss. et suppL ) et même quai d'un port. Voir dans Le Bachir (18 déc. 1889. 4"^" p. i^^ col.) un article sur le rachat des quais de Smyfne juj) Ja^j* Rédif. Ce mot désigne l'armée de réserve en Tur- quie ; de l'arabe J»^j radîf^ qui vient après, qui vient
(.1) Cfr. CAl^Ui, ^\ ^j jya w>U9 j^Ji>\ a-iCA< J^ >-VI /t^.j jU- cJlJ i» istîyVI» (Ibnal-Athîr. ^^jl^îl jAir ). " "
{^) Chams ed-din. p. 401. — Ou d'après Al-Bîi'oûnî; «j. .jl^Vlj y^jU Cuyjj i!>i-~J l>VO >-*lJ^^ d*^ 5-*— 3 fc^iJI J-^l 7^ Jl <r-i ^ » (Chrouol. 60).
RIBE m
à la suite (i). Dans l'arabe classique s^^j se dit de cqIuï qui monte en croupe.
Kedjeb; 7^ mois musulman. De,^^j rageb : d'après Chams ed-dîn « parce qu'il est le milieu des mois, v-^b-> désignant les jointures des doigt du milieu, ou parce que les Arabes tiennent ce mois en grande estime, le verbe raggab signifiant estimer.» ou encore : « parce qu'ils évitaient tout mouvement pour combattre ; rogba signifie étai ; de là J*ip ^^ w^j-* palmier étayé, (al-Bîroûnî Chronol. 60. et 32^). Redjeb était aussi un des mois sacrés (2).
Régulus. Etoile de première grandeur, ou le cœur ou r (X du Lion (V. Nébulasit ). Régulus est une altération de -^Vl J>-j rigl al-asad, pied du lion, nom donné quelque- fois à cette étoile et qui lui convient mieux que tout autre à cause de sa position (3).
Ribes. Nom scientifique du genre Groseillier, appelée encore Rhubarbe, Groseille, Rheum Ribes (Linné). De
(1) V. Engelhardt. La Turquie et le Tanzimat. p. 71.
(2) û>U)L. : 5^ ùj^LJoiV \y^^'i >>VI cjS^JS ^ cJlSj v^J y»J >l^l j^\
. -iL-vi 'jjVij . 'jjVi j.^; c_Aii y^j. oijiyii j-ô ùjiUïi Vj oj^uLi Vj ù^ui^
^4iJI ^^ij^^lv^l c;>»S:-VI l>^-| .^j Ji^ lil l^ir. (Agani II. 114. Ed. Salhani ) . '^ était le nom païen de ,^^j . Car dans le s!iaIj. les mois avaient des noms différents de ceux que l'islam a fait prévaloir. (V. al- Bîroûnî, Chronologie Orientale. z3U\ jijvi loc. cit.)
(3) Chams-eddin. fig. 22. On y verra que Régulus se trouve dans le pied du Lion. Mehren traduit ^jj par doigts du milieu. (?)
2o6 RIBE
jj-Cj , rîbâs, (i) même sens. La lettre ^, du mot fran- çais, représente le ^ arabe. Ibn el-Beithar dit que cette plante est commune en Syrie, (2) et dans les contrées septentrionales. Al-Basrî la met sur les montagnes froi- des et couvertes de neiges. Dans la Cosmographie de Chams ed-dîn de Damas elle est au nombre des plantes poussant naturellement et sans culture sur le Liban. (V. p. 199). D'après Moqaddasî, l'espèce la plus estimée, celle qui « figurait sur les tables royales » était exportée de Nîsâpoûr. f 3 26. note e ). On a fait en Europe des essais d'acclimatation d'après des individus provenant de graines envoyées du Liban en 1788.
Ce nom de ribes doit son origine aux apothicaires, dont on connaît les goûts arabesques comme aurait dit Guy Patin (3). Ils appelaient rob de ribes le suc confit des groseilles rouges.
(1) Prononcé rihès au moyen de l'imalé.
(2) L'espèce paraît y être indigène; voilà pourquoi on l'appelle encore Rhubarbe de Syrie» Voy. aussi Al-Bîroûnî. Chronol. 99 et 100 .
(3) Le courageux médecin batailla toute sa vie^(contre les apothicaires. «Je m'en vais, dit-il dans une de ses lettres, travailler à quelque chose con- tre la cabale des Apothicaires... en laquelle seront refutés le bézoard... les confections de hyacinthe et d''alkermès, les fragments précieux et autres bagatelles arabesques. » L'alkermès, le julep, mais surtout le bézoard l'in- dignent et sont constamment ^nommés dans sa correspondance. Dans une lettre de 1647 il se vante d'avoir si bien secoué le bézoard « qu'il n'en de- meura que poudre et cendre. » D'après lui « il ne faut guère de remèdes...
ROB 207
Rigel. Etoile ^ d'Orion située dans le pied de cette constellation. De là sa dénomination J>-j ng/, prononcé vulgairement rigel. (V. Introd. Observât, génér.)
Risque. M. Devic s''efrorce de rapprocher étymologi- quement risque de Jjj ri^q, qui effectivement signifie chance, chose arrivée fortuitement. Le mot français peut à la rigueur être ramené au sens de l'arabe. M. de Eguilaz ne croit pas pourtant devoir accepter cette étymologie. Conservant les mêmes scrupules que l'étymologiste espagnol, nous renvoyons à son article.
Rob. Esp. arrope, rob. Cat, Val: arrobe. Port, arrobe. Basq : arropea. Rob « est en usage dans les boutiques des Apothicaires, quoiqu'originairement il soit purement arabe, oij il signifie un simple suc desséché au soleil, (i) ou sur le feu, afin qu^il se puisse garder longtemps... Quelquefois on le confond avec looch. » (Trévoux). En effet ^j robb est le suc ou le Jus des plantes épaissi par la décoction; de ce mot on avait fait ^o j rabbab (2), faire
la quantité desquelles est propre à entretenir la forfanterie des Arabes au profit des Apothicaires... L'infusion de trois gros de séné purge aussi bien qu'un tas de compositions arabesques. Le peuple est lassé de leur tyrannie barbaresque, et de leur forfanterie bézoardesque. » Bref! il y a peu de lettres où il n'y ait une charge contre « ces cuisiniers arabesques» c'est-à-dire, les Apothicaires. (Lettres. Edit. de Cologne. MDCXCII. Vol. l. 30. 46 et pass.)
(1) Celui-ci était le plus estimé des Aiabes (V. Ibn al-'Awâm, 11.399.
(2) V. Ousânaa Ibn Monqid (éd. H. Dérenbourg. p. 99). Le passage
2o8 ROCK
du rob, forme que les dictionnaires n'ont pas relevée, quoiqu'ils aient ^y morabbab, confit, dont le peuple à fait d^.*, confitures; (V. Heury. s. v. ) Quant aux robs, on sait combien la médecine arabe les multipliait. On n'a qu'à consulter, pour s'en convaincre, la Table d'ibn el- Beithar. (Trad. Leclerc.) Dans les anciennes pharma- copées françaises on rencontre robub^ employé comme synonyme de rob ; c'est l'arabe ^^j roboCib^ pluriel de Ljj robb. A ce dernier pluriel M. Devic propose de ratta- cher Ripopée (écrit autrefois ripopé et rippopé). Le changement de b en p a déjà eu lieu dans les formes hispa- niques, comme rop, an ope*
Roclie. Un des noms du borax impur de l'arabe Rakka nom moderne (?) de la ville d'Edresse (Litt. abrégé). C'est Roha qu'il faut lire; car Uj ou Ujl est le nom arabe d'Edesse, mentionné dans Istakhrî, Ibn-Hauqal, Mas'oûdî etc.. Le nom moderne est Orfa, en turc *ijj^î
Rock. Esp : rocho. Oiseau fabuleux de fj rokh , même sens. ( Ibn-Batouta IV. 305) en parle sérieusement. Le
mérite d'être transcrit : « JôJIj c^^JK^ LSJj i_J>-J ù^ia>»-np oLX-l ôi'C
iLr>_i>>. Le texte imprimé porte ojl^ forme grammaticale(?) ; nous avons écrit Aj jli conformément à la leçon du manuscrit, notée par l'éditeur lui-même. C'est là une incorrection , que le dialecte vulgaire de Syrie garde opiniâ- trement. 11 dira par ex : \^^ au lieu de ^S^j que réclamerait la syntaxe.
ROUP 209
crédule Damîrî dans un long article qu'il lui consacre donne « à chacune de ses ailes loooo brasses ; (i JÛ» rj' 5-1 ^V 1 S^ J^lyl is-L:^- 0/j' lA^I jj^>- ^^» Les Mille et une Nuits ne sont pas plus outrées (i ).
Anciennement au jeu d'échecs la tour portait le nom de Roc ( Trévoux s, v, ) ; de rj ro/ch, (Al-Bîroûnî. L'Inde. 202. lig. 17). De ce mot on a formé le terme Roquer qui appartient au même jeu. (V. Bouillet ).
Roupie. Esp : rubia, rupia. Ptg : ropia. M. de Eguilaz propose comme étymologie l'arabe ^f j roubâ'î, le quart du dinar. On peut voir sur ^L j le Supplém. de Dozy et le Glossaire de la Bibllotheca Arabo-Sicula de M. Amari. Actuellement le •/^ roub\ en Orient désigne le quart du Magîdî (2). Il y a encore en turc 4l*j j roub'iyé qui désigne
(1) A comparer avec les [récits du jc^l ^'1:^^ ^liLf p. 6. 8. 12. garan- tis authentiques. Il est vrai, qu'en dépit des ^lu-l c'est un recueil de contes. Leur exagération paraît presque excusable quand on voit un auteur à prétentions scientifiques comme Chams ed-dîn de Damas parler « d'un œuf de rokh grand comme une coupole » suffisant à tout l'équipage d'un navii'e etc.. (V. op. sup. laud. p. 161).
(2) Monnaie d'argent dont la valeur varie; d'après l'Almanach du Béchir (1890) elle équivaut actuellement à 4 f r 15. cent. Le Diction.de Trévoux parle d'une ancienne monnaie turque appelée roup et qui valait un quart de piastre d'Espagne. C'est bien là notre ^j .
'AXXoq atûooi; ^lè (mvTZia^ âXXog fiè aaQayooaia*
( Poèmes historiques, par E. Legrand. 214 ). Dans ce passage
210 SACR
une petite monnaie en or (Mallouf). M. Devic voit dans roupie le persan 'u^jj , roupia, mot d'origine hindoue.
Sabot. Voir Savate.
Sacre (i). Faucon. Esp. et Ptg : sacre; de y^ saqr (2), faucon employé pour la chasse. Les sacres j^ figurent honorablement dans les intéressants récits de chasse (3)
il est facile de reconnaître les JijJÎ ou J^'j^ , le ^ j ou t6 qovtil . Celui-ci « valait 31 aspres, c'est-à-dii*e à peu près le quart de la piastre ou de r àaXavl . . . Cette monnaie marquée au lion de Hollande valait une
piastre et deux paras. On accentue dcrXavt quand ce mot désigne le lion. » (Ibid. Glossaire.) Voy. Abouquel note. M. Legrand se demande dans son Glossaire si 7taQSaÇ(x)\iiévog encadré ne vient pas de TZSQiôâ^oo» Le mot vient du turc-arabe j\jj> cadre, comme Byzantios l'a déjà indi- qué. Il y a d'autres mots dont M. Legrand aurait pu signaler l'origine
orientale ; p. ex : 2cvl , plateau vient de ï^iao . même sens; tovSIst ( 70 )
est le turc-arabe ^j:i , gouvernement; gbptovm, l'arabe Jjx^ , ro aayâvi l'arabe ^jy^^ sahn, prononcé vulgairement en turc sahan, etc.
( 1 ) Il y a longtemps que Ménage avait proposé comme étymologie l'a- rabe sacron, où on représente la nunnation.
(2) V. Syn. arab. n° 608. « En Egypte, dit M. de Maillet, on prend une petite espèce de faucons, que l'on nomme Saer, (lisez sacr) dont l'Egypte doit fournir un certain nombre qu'elle entretient poui* la chasse du Grand-Seigneur ». Description de l'Egypte. II. 22.
(3) Ces pages contiennent des notions très curieuses, non seulement pour la lexicographie arabe, qui y trouvera beaucoup de termes de vénerie
SAFA 211
d'Ousâma ibn Monqid (p. 141. 142, etc.). Ce mot était connu des Arabes du désert, qui n'ont par conséquent pu l'emprunter aux langues romanes. Cette remarque est d'Engelmann qui renvoie au divan des Hod^ailites p. 208 Ajoutez-y le divan de Hansâ' (éd. Cheikho.) , le Hamâsa 265 et leMu'arrab 28. 1. 3. Le mot n'est pas pourtant d'o- rigine arabe; c'est la transcription du latin sacer (i).
« Quam facile accipiter saxa sacer aies ab alto. » (Eneid. XI. 721). Dans la tribu de Tamîm, au rapport d'Ibn Doraïd, au lieu de ji^ on disait Jj ^aqr. (V. Introd.)
Safar. Deuxième mois de l'année musulmane. Trans- cript. De y^ safar , « parce que durant ce mois, où les Arabes font des expéditions, leurs maisons restent vi- des » (2). Cette explication est connue de Mas'oûdî, qui en donne une seconde (III. 417). D'après lui «Safar
qu'aucun lexique n'a relevés, mais encore poui* l'histoire de la chasse au temps des Croisades. Ils complètent admirablement les quelques détails réunis sur cette matière par M. Rey. (Colonies. 55). On y voit que sur le terrain de la chasse émirs et chevaliers s'entendaient à merveille, et échan- geaient amicalement faucons, chiens, et surtout des onces ( x^ ) que les éleveurs arabes ( iLjs ) parvenaient à dresser d'une manière surprenante. Voir sur ce dernier point p. 152 (Ousâma).
(1) Ce n'est pas le seul terme fourni par la langue latine à l'idiome du désert. Nous en avons relevé un certain nombre dans les notes des Synon. arab. Le même radical sacer a encore contribué, selon nous, à la formation de jû^ saqqâr, maudit, scélérat exécrable, qui ne peut se rattacher à au- cune racine arabe.
(2) Chams ed-dîn de Damas p. 401.
212 SALE
devait son nom aux foires dites safarîya qui se tenaient dans le Yémen, etc. » (i)
Safre ou Saffre. Oxyde de cobalt. En espagn. ^afre est un oxyde de bismuth, demi-métal d'un blanc jaunâtre ( Dozy. Gloss. ) Ces mots sont certainement d'origine orientale. On peut y voir y^ , sofr^ cuivre jaune, ou Sy^ so/m, couleur jaune. Devic se demande si safre n'est pas « ô\J^j :{a'faràn^ safran (2) privé de sa finale, comme dans le pluriel yl^j ^a'âjir. Les alchimistes appelaient safran de Mars (3) l'ocre rouge; et le safran des métaux était une préparation pharmaceutique où entraient du soufre et de l'oxyde d'antimoine. »
Salep (4). Substance alimentaire tirée des tubercules d'orchis et dont les Orientaux font grand usage. Le salep nous arrive ordinairement de la Perse où on le prépare en grande quantité. Les tubercules ont une faible odeur de bouc surtout lorsqu'on les humecte (5). Salep vient de wic^ sahlah, salep. En arabe Torchis porte le nom de
(1) Al-Bîroûnî, qui avait d'abord expliqué, comme Mas'oûdî, le nom de Safar, ajoute à la fin de sa Chronologie Orientale : olT »UjJ ij^ Ji^j ^^1^1 ^À-acâ cjy^j^ jr^^-f^„ ' P* 325.
(2) Inutile de faire remarquer l'origine arabe de notre mot safran.
(3) jua>JI ûl^J en arabe.
(4) Esp : salep. Ptg : salepo, formes modernes et probablement dérivées du français.
(5) V. Diction. d'Orbigny s. salep.
SAPH 213
,«JLdl ^a^ khasâ ath-thaleb, testicules du renard (i), ex- pression qui serait devenu ..J*^ thalab^ et que les Persans prononcent salep,
Sambac. Arbrisseau nommé aussi jasmin d^'Arabie ; de jj j ^anbaq, oleum jasmini, jasminum album. (V. Moqad- dasî. pass. et Freyt. ) En Syrie c'est le lis blanc, qui croît sur le Liban (2). En turc j Jj ( prononcé ^ambaq en turc vulgaire) a aussi le sens de lis. (V. Dict. turc-franç. de R. Youssouf. ) Mais la signification propre du mot est jasmin blanc.
Sandal ou Santal. Esp, Ptg. Cat» Ital: sandalo. Ce mot a été écrit aussi en français sentail. Nous pensons avec Devic que malgré le grec aavTâlov , le mot a subi l'in- fluence de JjLU? sandal^ même sens, à cause de la persis- tance du d dans la plupart des formes romanes. Gawâlîqî ne croit pas Ja:u^ arabe ( Mu'arrab. p. 100). Devic lui assigne une origine indienne. Au rapport de Mas'oûdî, Zobeïda «fut la première qui se servit de palanquins d'argent, d'ébène et de sandal. » (Prairies d'or. VIII).
Saphène. Nom de deux veines de la jambe. Esp : safina. Ptg, safena; de ^U> sâfin^ qui est dans Gauharî^ et que
(1) V. Traduct. d'Ibn el-Beithar, par le D*" Leclerc.
(2) Spécialement sur le mont Gharîh , ( ^^ j^ ) ou montagne étran- ge, qui domine la vallée de Ghazir.
214 SARB
Tha'âlibî dans le ^iOl -u3 ( Ed. Cheikho. p. 1 1 1 ) explique par : « veine de la jambe; ^Lal) JUl ^i ». On trouve aussi ùû- safîn, et ùjJL sâfîn. Il est difficile de rattacher ces formes à une racine arabe. Aussi ne vois-je aucune dif- ficulté à admettre que j^U dérive de aacpi^vr^s, visible, apparent « à cause de la situation de ces veines.» (Devic). Sarbacane. La forme correcte est sarbatane (i) qui se trouve dans Balzac (XVIP* s. ). Le changement est dû sans doute à l'influence de canne qu'on croyait y retrouver (Litt. ). Es/?: cebratana, cerbatana, zarbatana, zebratane. H^ : sarabatana, saravatane. La forme classique est ^'>IL j ^abaiâna^ ou Z^^ sabatâna, même sens. Mais il est certain qu'un r s'est glissé après la première syllabe. On trouve 4J IL jj ^arbaiâna^ forme qui n'était pas seu- lement connue en Espagne. Harîrî observe que déjà de son temps le peuple disait <Jlia> jj ^cirbatâna au lieu de olkw. sabatâna (2). Cest naturellement la forme employée par l'émir Ousâma ( p. 1 64. ) : « b \jy^as^ ^\j ^iL jj ^^j illla:i-l5 45-Ui) iisAJ i:^ v_i3lj 1*1 JaîU . Je tenais une sarbacane
(1) Le Dict. de Trévoux donne sarbatane, tout en avertissant que sar- bacane est plus usité.
(2) V. l»i:;i)| liJ (s. V^kjjj ) Cet ouvrage est une compilation assez- indigeste d'un Raja Indien. Cfr. aussi Harû'i t;^!^-)! «j^ • p- 187. éd. Thorhecke\ et le Commentaire a^\yii\ Sji 7.^ d'Al-Khafâgî. édit. de Constantinople. ( Imprimerie ^\^\ )
SAVA 215
quand j'aperçus un moineau sur le mur, au pied duquel je me tenais. Je lui lançai une balle, mais je le manquai. »
Sarrasin. Esp, Ptg : sarraceno, sarracin. Cat : sarrahi, sarrayn, Val: sarracé. De c^jt charqiytn, pluriel de (i^ charqi, Oriental, adjectif de J^ charq, Orient. (Voy. Introduction : Observât, générales,)
Satin. Probablement de (iy:> j , :^aïtoânt, adject. de la ville chinoise de Tseu-thoung, que les Arabes appelaient Zaïtoûn (i), où se fabriquaient des étoffes de satin. Bouillet assure que le premier satin est venu de Chine. L'arabe ^eitoânî est peut-être le ^atouin ou :{atoui^ que Du Gange prétend être un vieux mot français signifiant satin et dont il voudrait dériver ce dernier mot.
Savate. Esp: zapata, zapatoP/g-: zapato. It : ciabatta. Bai'/a^: sabbatum; de \s\^sabbâi, savate, pantoufle sans talon qui laisse le cou-de-pied à découvert. Le mot n'est pas dans Freytag. Le Mohît le donne avec la note Soî^. On le trouve aussi dans Bocthor, Dozy, Paulmier^ Belot, Heury (s. savate); Marcel (s. soulier) donne ]aC^ sans le redoublement du ^ b, et ]aLJ sabbat (2). A savate doit se rattacher étymologiquement sabot.
(1) Pour plus de détails Y. Dozy. Gloss, s. v. setuni.
(2) Cfr. l'hypothèse de M. de Eguilaz sur l'étymologie de zapato. 11 nous a été impossible de retrouver le latin sahatenum. — A Constantine « les
21 6 SCHI
Sbirre. It: sbirro, birro. Esp: esbirro. D'après M. Narducci de j\J\ asbar, coegit, detlnuit. Mais ce n^'est pas habituellement le passé d'un verbe arabe qui a fourni des substantifs; surtout quand le sens est si vague, comme c'est le cas. J'aimerais autant recourir à iJLp sabbâra^ sentinelles, soldats qui font le guet, ou à (ijL^ sabârî, soldats d'élite (Dozy. Supp. ), ou à birrum^ casaque rouge (Litt.). Le lecteur décidera.
Scheat, Sheat et Sead. C'est le r de Persée (i). De OçL sâHd^ littér. avant-bras. Sead serait l'orthographe la moins illogique. Voltaire, Arago, etc. écrivent sheat.
Schiite. Sectateur d'Ali; adjectif formé de 'U^ Chfa, secte, et surtout, celle des Schiites; ou peut-être de ^^^ chia'î adject. de 4»J;. Dans les écrivains arabes ce mot est très souvent opposé aux Sunnites ou musulmans, qui suivent la tradition ou ^l- ^ sonna : celle-ci contient les paroles et actions du Prophète. En parlant des sectes re- ligieuses de l'Arabie, Moqaddasî indique clairement cette opposition : « ^\j . . . L- r-jj •L-*i^j ^^j ^Si /v^*^-^j
chaussures les plus communes, très larges et très découvertes s'appellent sebbat ». Magasin pittoresq. 1878. p. 57.
(1) Devic écrit; « Sheat, étoile de 2™" grandem' ^ de Pégase ». Or dans Pégase il n'y a pas d'étoile nommée opU , il y a bien ^jUI ju^, mais il serait violent de l'identifier avec Sheat.
SEID
217
(p. 66. lig. 3) « ♦ ZJU* ' ♦ • S-u^j û^ Zu^j ' Zc^^^j j\^^ (^\j\ Sébeste. Fruit du sébestier, le même arbre que le j>3 d'après Ibn el-Beithar. Or le j>j> est l'arbre à glu, bien connu en Syrie. «Ses environs (de Beyrouth) sont de bonnes terres... avec des sébestes dont on tire la glu.... On fait de ce fruit concassé et bouilli une glu excellente et on transporte beaucoup de ces fruits en Europe » (i) ; de Ol^- sabastârij sébestier.
Sébile. On a proposé l'arabe-persan J^*j ^anbîl^ ou ^y/j ^abtl, qu'on rencontre aussi sous la forme de jJj ^îbbîl. Tous ces mots sont anciens en arabe et signifient : panier d'osier destiné à renfermer les dattes, corbeille^ sac, besace (V. S/n, Arab. M° 624). Dans son introdu- ction Moqaddasî nous dit « qu'il a tour à tour possédé nombre d'esclaves et porté le panier sur sa tête ; cJ^j
à:^J\ iS^^'> i^ "^^-^ -b*^' ^> ( P- 44- ^ig- 10.)
Sécacul ou Seccachul. «Plante qui croît auprès d'Alep en Syrie... Sécacul est un mot arabe » (Dict. de Trévoux). Esp. et Cat : sécacul. Le sécacul est une sorte de pa- nais ; de J»U* chaqâqol, même sens.
Séide. De 0:3 laïd, nom d'un affranchi du Prophète,
(1) D'Arvieux. Mémoires I. 339. - II. 334. V. aussi Relat. d' Ahdellatif. page 70.
21 8 SÉLA
aveuglément soumis à ses ordres. (V. Al-Makîn. Historia Sarracenica p. 9. edit. d'Erpenius). Ce nom a été tran- scrit Séide par Voltaire dans sa tragédie de Mahomet (i). C'est à tort que Brachet (Dict. étym. Introd. LXIII) voit dans Séide « la francisation de Tarabe Saïd » qui corres- pondrait à JL»--. sa'td^ heureux , félix. La transcription dej par s est très fréquente en français, comme on peut s'en convaincre par les nombreux exemples cités dans notre Introduction (V. Lettre 3 ).
Sélam ou Sélan. Bouquet de fleurs dont l'arrange- ment forme un langage muet(Litt.); de ^%^ salam, salut, paix (2). Nous ne saurions déterminer comment de salut on est arrivé au sens du franc. sélam. Cette dernière significa- tion n'existe ni dans la langue classique arabe ni dans le dialecte vulgaire. Faut-il assigner la même origine à un autre Selam} On appelle ainsi dans l'Amérique « certains postes disposés le long des côtes, oij les Espagnols met- tent des Indiens en sentinelle ; ce sont comme des es-
(1) Séide ne se trouve pas dans la 6°** édit. du Diction, de l'Académie.
(2) Premier mot de la formule de salutation ^Jic. y:^ salâm '^alaïk, la paix, le salut sur toi ! d'où Salamalec. On trouve dans d'Arvieux « on lui fait une grande salamalée^ c-à-d. une profonde révérence » I. 85. L'éditeui* aura mal lu. C'est évidemment salamalec qu'il faut. « On s'est longtemps servi de cette formule à Paris, dans les repas, pour saluer une personne en buvant à sa santé ». Bouillet (Dict. scien ).
SENS 219
pèces de guérites» (Trévoux). Mais on ne voit pas que A%^ ait eu le sens de signal.
Séné. Plante et médicament purgatif. Esp : sena, senes. Plg: sene, senne. Cette plante croît spontanément en Arabie et en Egypte, (i) Ce dernier pays a eu long- temps la spécialité d'en fournir toute l'Europe. Le séné d'Alep, ainsi nommé de son point d'exportation, est moins commun en Occident. La quantité de séné qu'on trans- portait annuellement dans les entrepôts de Boulac s^éle- vait à environ 2 millions de livres par an. a On en fait 3 lots : un pour Marseille, le second pour Ligourne (sic), et le troisième pour Venise» (2). Séné est la transcription de l'arabe iL (3) sanâj même sens. Parmi les productions de l'Arabie Moqaddasî cite le séné de la Mecque ( 98. lig. 13).
SeusaL « Tout le commerce du Levant se fait par le
(1) «Le séné croît natui'ellement dans l'Egypte, dans la Syi'ie, dans l'Arabie, qui semble être le pays des drogues médicinales et des aromates» (D'ArvieuxI. 341.)
(2) V. Hasselquist. Voyag. au Levant : II. 101. et Dici. Univ. (VHist. nat. D'après le P. Sicard le séné ne vient pas en Egypte « quoique les Egyptiens en fournissent une grande quantité à TEm^ope; ils le tii'ent de la Nubie » . Discours sur l'Egypte.
(3) Ou 'Cl^ avec le madd.
Enfin d'habiles gens et des têtes bien saines
N'am'aient jamais ici fait venir le séné.
Que la nature avait tout exprès condamné
A prendi'e sa naissance dans des terres lointaines ;
De peur que notre monde en fut empoisonné. N. Ch. De Vers.
220 SEQU
moyen des Sensals ou Courtiers. La plupart des Censals sont Juifs ou Arméniens. Ces gens entendent le négoce en perfection et y sont très-rafinez. A l'égard de la bonne foi il y .en a infiniment du côté des Turcs ; mais on les a trompés tant de fois qu'ils sont plus sur leur garde. Natu- rellement ils aiment la Justice et la droiture; ils tiennent leur parole, il ne faut point de notaires avec eux.» (V. D'Arvieux. I. 79, qui écrit indifféremment sensal, censal et sansal), Sensal dérive comme Censal {dont il n'est qu'une variante orthographique ) de jl-^jr" , simsâr. Une ancienne tradition rapporte que ce nom aurait été changé par Mahomet en celui de jl^ , marchands ; ^^ ^ ^-^' ^^
On peut voir dans le Mu'arrab d'al-Gawâlîqî les autres preuves de l'ancienneté de ce terme jUc^ (p. 90 et 91).
Sequîu. Esp : cequi. Pig: sequim, zequim. It : zecchino. Grec mod : ^^8MPt et ^^^y^lvù (i); de ^J^ sikkî^ denarius, adjectif formé de 'Ù^ sikka^ coin à frapper la monnaie, et aussi monnaie en général.
Le vieux mot français Sequin, épée, est la transcription à peine altérée de 0^ sikktn, couteau.
(1) V. Poèmes historiques en grec vulgaire^ par Emile Legrand. On re- marquera comment le grec garde fidèlement l'accent tonique de cnSC- .
SHER 221
Sesban, Sesbane et Sesbauie. Genre de la famille des Légumineuses-Papil^ionacées, très communes en Egypte et en Palestine ; de ûÇ^^ saïsabân^mème sens. D'après le docteur Figari les feuilles de cette espèce sont employées comme purgatives en Egypte presque aussi souvent que celles du séné, (i) On ne voit pas comment cela s'accor- de avec l'assertion des Oby^ d'Ibn el-Beithar: « la sesbane constipe : 4«Jaîl ^_^ . » A part cela; les descrip- tions des modernes cadrent avec celles des auteurs arabes.
Shagarag ou Sheregrig. La première orthographe est de Shaw; la seconde de Bruce. C'est un rollier de la grosseur et de la forme du geai, avec un bec plus petit et des pieds plus courts ; le dessus du corps brun, la tête^ le cou et le ventre d'un vert-clair ; des taches d'un bleu foncé sur les ailes et la queue. Le mot est une altération de Jj3^^ chiraqraq ou 3^}J^ charaqrâq^ qui d'après les dictionnaires désigne le pivert. On trouve aussi Jl^ chaqrâq, Bruce pense que le Sheregrig doit son nom à l'éclat de son plumage et il le dérive d'un mot qui signi- fie briller {Vojag.Y. 215), sans doute de Jjt charaq, briller.
(1) Dict. d'ffist. Nat. (d'Orbigny).
222 SIRO
Simoun ou Semoun. Esp : semun; de ^yr' samoûm^ vent brûlant, littér. empoisonné, de ^ samm^ empoi- sonner, (i) D'après le ^.Jiîl i^ le ^^.^ et le j/j>. haroâr (de "j- chaleur) désignent tous deux un vent brûlant. Aboû 'Obeida et le Kitâb al-Gerathîm (2) établissent en- tre ces deux mots une distinction : le samoûn serait le vent chaud qui souffle le jour, et le haroâr celui qui se fait sentir la nuit (V. Glossar. Biblioth. Arab SicuL II. 830.) Sur les terribles effets du semoum on peut voir Ibn Batoû- ta. I. 259 et 261.
Siroco ou Siroc. [De J^ charq, orient, disent les étymologistes, ou de i'jt charqi, oriental (vent.) Seule- ment à la place du soakoûn arabe, toutes les langues européennes mettent un 0 qui porte Taccent tonique. Ital : scirocco, scilocco. Esp. xaloque, jaloque. Maj. xeloque Cat, xaloch, xaloque Ptg, : xarouca. Val jaloch. Prov. : si- roc, eyssiroc. (3) Cette unanimité ferait croire à Texistence d'une ancienne forme vulgaire 3)j^ charoûq, Aujour-
(1) D'après Niebuhi'les Arabes reconnaitraient le simoumà une odeiir de souffre (I. 11), Palgrave, qui donne du simoun une description détaillée et quelque peu théâtrale, ne dit rien de semblable V. Voyage en Arabie I. 22.
(2) V, XiOl *Si p. 355. D'importants extraits du Kitâb al-Gerathîm ont été publiés à la suite du uUI *2» , par le P. Cheikho S. J.
(3) Devic cite encore d'autres formes où Vo persiste toujours.
SODA 223
d'hui le peuple dit J^ choloûq ou cheloûq comme on prononce. Les Européens résidant au Levant n'ont pas d'autre terme pour signifier ce vent chaud et désagréable, qui souffle du côté de l'Est, surtout en automne et au printemps.
Quoiqu'il en soit, en partant de 3jt on peut appliquer à sirocco l'explication phonétique dont nous avons parlé dans l'Introduction à propos de énif^ algénib, camocan, sarrasin. Ce dernier exemple surtout aide à faire com- prendre la présence d'une voyelle adventice portant l'accent tonique.
Soda. Mot employé en médecine pour signifier le mal de tête ou céphalalgie ( Bouill. Scien. ) Transcription de ç-lo^ so^' (i) mal de tête; tandis que XilZ. de jt fendre est la migraine; comme l'établit nettement le passage suivant du Foqh al-lougha (p. 121 ) ^5 ^\J\ à ^)^ Ù^V^^ ^I!: ^ ^\j\ j^ f\, J^ iSlj ç.l-uall ; Qalîoûbî dit aussi que (( la 4LI!: est la soda ou céphalalgie, quand elle est bornée à l'un des côtés de la tête ; ^U -uL ^i^ j-i-UallT^ aLUîI «^IJl (V. ÙJI ^.Uli . Journ. asiat. Oct. 1865. p. 396. )
(1) Et nou de souad, comme le prétend Bouillet. De p,|jud0n a formé ^.jua causer le mal, de tête. ^jOJ JJ9J pâ^ ^yi\ ; (Al-Bîroûnî. ChronoL Orient.) passage à ajouter aux exemples cités dans Dozy. Supplém. s. ^jua .
224 SOFA
« Galien parle du silure et dit que pour calmer instanta- nément une violente douleur de tête ou une migraine, il faut rappliquer vivant sur la tête du malade le cJl»>. 6^ . il Xiltj\ j^j^tçAj.^ A) yy* ^Ijl (i). C'est sans doute par une distraction, dont les plus grands savants ne sont pas toujours exempts, que M. Barbier de Meynard traduit ici XLlt par blessure. Le contexte d'ailleurs demande autre chose.
Sofa ou Sopha. Esp. Ptg, et Ital. sofa. Ptg : sopha. De 4Â,^ soffa, coussin que l'on met sur la selle. Ce mot a si- gnifié encore plus tard estrade, banquette, (2) divan et sofa. Dans Mas'oûdî, le père d'Ibn Bassâm est représenté « assis sur un sofa^ au milieu de sa chambre, d'où il pou- vait jouir de la vue de son jardin, de son enclos de ga- zelles, etc. « OVjiil J^ Jcj ij\l^\ ^ L:-« ^j^jfiij 4fl^ ej-U? (jij
(VIII. 269). Le mot est aussi dans Ousâma fils de Mon-
(1) Praii'ies d'or. IL 392. Tout en reconnaissant le mérite de TœmTe de M. B. de Meynard, nous osons prendre la liberté de lui signaler encore la traduction inexacte de quelques passages du discours prononcé par ^Alî à la bataille de Siffin (IV. 355), et dans le V"^^ vol. les pages 29 et 30. Nous avouons que ce dernier morceau est d'une difficulté désespérante. Quand on en demanda l'explication dans la classe de rhétorique arabe de notre Université, des élèves, d'ailleurs intelligents, avouèrent n'avoir pas com- pris; et pourtant c'était leur langue.
(2) Cfr. cette comparaison originale de Moqaddasî sur la Péninsule arabique : « ^ ^^^ i^i ^'j j5 J> jil l^ îlo Jx^ S^ j?JI oi* J^ ù\
îi-JI Ifilj Jl UjJU» ...»
SORB 225
qid (p. 7 etc.) dans le sens de banquette ou sofa.
On appelait Z.^\ ^\ (i) certains pauvres mouhâgirs^ qui dormaient dans la mosquée de Médine pendant la nuit. On est parti de là pour dériver Soufi (V. ce mot) de ^^•
Sorbet. Ei'p ; sorbete. Ptg : sorvete. //a/ ; sorbetto ; de la forme pluriel Zj\jt charbât, prononcé vulgaire- ment charbèt ; ou simplement de i^ comme dans ce passage d'Ibn Batoûta : « on apporte des coupes rem- plies de l'eau du sucre candi, c'est-à-dire de sirop délayé dans de l'eau. On appelle cela du sorbst ; ^Ic S^ r\^\ i\ \j^\ dDS û^l^ j <J^\ yfcj OU) » ( III. 1 24, 207 et pass. ) « Le cherbet, ou comme nous disons le sorbet^ ne se trou- ve que chez les Princes et quelquefois chez les Cheikhs, qui sont riches. (2) On le sert dans les visites comme nous servons en France la limonade , Torgeat et autres li- queurs. )) (D'Arvieux, V. 272.) Le persan et le turc ont aussi sZ^'A' dans le sens de sorbet.
(1) Dans une note de la traduction des Prolégomènes d'Ibu Khaldoûn îlall JaI est rendu par gens de la banquette ou sofa ( III. 86. ) et l'on ajoute que ces mohdgirs « se tenaient assis sur une banquette, à l'ex- térieur de la mosquée, pendant le jour » (Ibid.) Seulement 7Xa désigne ici un endroit du temple, couvert avec des branches de palmier. (Cfr. Freyt. Mobît, :>j|^| ^j\ et Dict. arabes en gén.)
(2) « Le Sorbet est une espèce de limonade, musquée et ambrée, qui est assez bonne » P. Nau. Vog. de la T. Sainte, p. 557. Du Loir écrit ha- bituellement cherbet : « Il nous fit boire du cahué et du cherbet, et il nous
'5
226 SOUF
A la même racine se rattache Sirop. Il vient de ^\jt charâb, qui en vulgaire a le sens spécial de sirop ( Belot , Heury, etc. ) ; sens qu'on retrouve aussi dans les traités de médecine arabe : « ^\j-t\^ J^\ ©6.,^^ juajj ; on le rend épais comme du sirop, au moyen du sucre )> dit Qalioûbî, en pariant d'une décoction. ( V. il^\\ ^XA^ de Qalioûbî, passim.)
Souche. Berry : soche. Bourguign : suche. Prop : soc, socca. It : zocco. Esp : zoca. Cat. et Val : soca. Bas lat : zoccus, soccus. D'après Brachet l'origine de souche est inconnue. M. de Eguilaz fait remarquer que :{Oca en An- dalousie désigne la tige de la canne à sucre, et il n'hésite pas à y voir l'arabe JL sâq, tige d'une plante. Pour les changements phonétiques voy. l'Introduction : alef,
Soufi. Ecoutons Ibn Khaldoûn : « Lorsque dans le se- cond siècle de l'islamisme le goût pour les biens -du monde se fut répandu. . .on désigna les personnes qui se
consacrèrent à la piété par le nom de soufis... Soufi vient
> très probablement de ^Jy^^oûf, laine, car la plupart de
ces dévots portaient des vêtements de cette étoffe pour
se distinguer du commun des hommes, qui aimaient le
fit parfumer sous une tavayole, que deux valets tenaient étendue sur notre tête » p. 315. Dans les Voyages du Sieur Lucas on lit sorbec.
SOUF 227
faste dans les habits.» (i) Voilà l'étymologie générale- ment admise. Al-Qocheïrî (2) n^en veut pas. D'après lui « on ne saurait assigner à ce nom une étymologie, qui soit tirée de la langue arabe et conforme à Tanalogie ; on ne peut pas le dériver de soi2/, laine, vu que les soufis n'avaient pas l'habitude de se distinguer des autres en portant des vêtements de laine. » (3) Il se peut bien que Al-Qocheïrî ait raison et que j,^ ne soit qu'une trans- cription de (^o(f6g. On a pu donner ce nom aux sages de Vîslam, de même que les Pères de l'Eglise appelaient g)<Ao(70(3pot les moines chrétiens. Les Arabes perdant de vue cette dérivation, comme pour beaucoup d'autres termes (4), auront cherché à souji une origine dans leur propre lan- gue (5). C'est exactement l'opinion de l'illustre Al-Bîroûnî. Après avoir résumé la doctrine des philosophes (^J^l) grecs, il ajoute : « \y.^ ^b ^ ^}{S r^ /-M^-Vl (J w*aS llj
^poc ç^ ^}^^ /^b i^l ci' ltP^ Ctr^ (^^^, <--^' "-Îj* f-J (^é*^\
( 1 ) Prolég. m. 60.
(2) Théologien musulman, mourut en 1072 de J.-C. Voy. la note que lui consacre De Slane Prol. I. 456.
(3) Comparez pourtant ce que raconte Moqaddasî. p. 415. ligne 7 : ïl-vô ci>-tf *^\^J • ♦ ♦ v^l 0-Ua3 . Aussi les soufis le prennent-ils pour un des leurs : « 'jj;^ uijVI ijiij J j,^ c^,J Oi îuâ^l ,^Jb^ Jl b-à-vj » • (Ed. de Goeje. )
(4) Cfr. Jx{jf , dUll J^l Alchimélech , ùl5>.
(5) Dans Mas'oûdi le costume d'un soufi est ainsi décrit: « oU *Jlt J>j Z^-j^ i^y^ j:^,r> (VII. 39) .
228 SULT
♦ (2) « ^^\ sJyP ^ ju>3 ^':> -U) Ji^ < (l ) ^♦^L-^ ^1 [Al-Biruni's India. Edit. E. Sachau. p. 16. lig. 6).
Sucre. Du lat. saccharum dit Brachet. Mais saccharum n'aurait pas fait sucre. Comment expliquer d'ailleurs l'ac- cord des langues européennes à prononcer a au lieu de a. ( 3 ). Le sucre n^'a été vraiment connu que depuis les croisades, et surtout depuis que des ouvriers Tyriens ap- portèrent à l'Europe les secrets de la fabrication syrien- ne (1239). L'exportation du sucre formait un des princi- paux articles du commerce de Tyv [Moqad. p. 180.) Pour conclure nous croyons avec M. Devic que sucre a subi l'influence de Jd- soukkar^ même sens. (4)
Sultan. Vieux franc. : soudan et soldan qu'on trouve encore dans Fléchier. « Un Religieux de S'^ François du
(1) V. plus haut sofa.
(2) L'éminent écrivain consent ensuite à faire mention honorable de l'ingénieuse explication trouvée par 'j^xll ^ciM j>\ • La voici : « jj-ll)l ^jUj
j^^ Jl-d ^si -3'iP ^,— VI \Sa JsJI C^J >Jj^\ ^^ UîZi.* ojjiàj CijG ljj»XX>lj 'à^^\ j
"j^-âîl w-.|j J>- . (Al-Bîroûnî, ibid).
(3) V. Dict. étym. de M. Devic (s. sucre).
(4) Le Diction, de d'Orbigny affirme que la culture de la canne à sucre ne fut introduite en Syrie qu'au XIV^® siècle. C'est une erreur. Les Croi- sés en arrivant en Ôyrie y trouvèrent en pleine prospérité cette industrie, qui ne fit que s'accroître sous le gouvernement des rois latins. (V. Colon, franq. 248). Dans la province de *^Omân la canne à sucre était cultivée en grand du temps dlbn Hauqal. (V. Edit. de Goeje. p. 36. note m.) La vallée du Jourdain était couverte de plantations de cannes à sucre, wLoSVI ç,j\y (Moqaddasî. 162 lig. 9.)
SUMA 229
couvent de Jérusalem vint député du Soldan d'Egypte
vers les Rois Catholiques.» Histoire de Ximénè s. II, p. 158.
> Quant à Soudan (géogr.) il vient de 0^^^ soûdân, plur. de
^yJ aswadj noir. Le Soudan est appelé par les Arabes ûb^l :>>l bilâd as-Soâdân [i) ^ pays des noirs. Sur la sy- nonymie d'Abyssins^ Zeng et Soudan on peut consulter les Prolégomènes d'Ibn Khaldoûn. I. 171. Trad. de Slane.
Sumach ou Sumac. Plante appelée aussi vinaigrier. Esp: zumaque, çumaque. Ptg : summagre. //: sommaco; de jCl soummâq, même sens, qui porte en arabe le nom de sumac des corroyeurs (2), parce qu'il était employé par les tanneurs. On s'en servait aussi pour assaisonner les mets ou comme collyre, après l'avoir fait mariner dans l'eau de rose. Actuellement encore « c'est pour l'Oriental un ré- gal de saupoudrer sa galette de pain des graines extrê- mement acides du sumac. » ( 3 ) Dans la Pharmacopée Universelle le sumach est nommé parmi les remèdes res- serrants. Le jt^ est encore cité parmi les productions de
(1) « oLiy etùb^^ se disent des hommes seulement ; s'il s'agit des animaux on emploie ja^^ et ^^^ » . De Slane.
(2) Ce nom lui est conservé en français. — «La glu qu'on tire du fruit de l'arbre, appelé cordia sebesten est un des articles les plus considérables de son (la \ille de Seyde) commerce.... Le sumach y est aussi fort abondant. » Hasselquist I. 240.
(3) Souvenirs bibliques; par le P. JuUien. S. J.
230 SUMB
la Syrie dans Moqaddasî ( i8i ), Yaqoût (IV. 1005. ) Ibn Hauqal parle du sumac de Sangâr en Mésopotamie, et dans les environs d'Alep une montagne en avait retenu le nom : Jlr-'i J^ mont du sumac. (V. Geogr. arab. Gloss. 264. édit. de Goeje. )
Sumbul. Plante ombellifère de la Perse dont on extrait une matière médicale ( Litt. ) ; de Tarabe-persan JJ- sounbouU qui désigne le nard indien. Aujourd'hui on s'ac- corde à en faire une Valériane (i). Râzî et Ibn el-Beithâr en font des descriptions détaillées. Le Sounboul croît aussi en Syrie (Moqaddasî. p. 181. 1. 11).
(1) D"" Leclerc. Traduct. d'Ibn el-Beithâi\
TABA 231
Tabaschir, Tabashir, et Tabaxir. Transcription de jClCU iabâchîr, concrétions siliceuses, qui se forment dans les entre-nœuds des bambous (i). Ce fait singulier de concrétions pierreuses à l'intérieur des végétaux a frappé l'imagination des peuples^, qui habitent les contrées, oij croissent les bambous. Aussi leur ont-ils attribué des propriétés merveilleuses. Râzî, Avicenne, Ibn el-Beithâr, Soyoûtî^ Qalioûbî sont unanimes là-dessus ; (2) et le Dict. de Trévoux n'a garde de médire du tabaxir. Voici à pro- pos de cette singulière panacée une épigramme d'Ibn Bassâm, contre son propre père Aboû ôaTar ;
« Le pain d'Aboû-6aTar est un tabaschir plein d'aromates et de simples. C'est un remède à tous les maux, douleurs de ventre, de la poitrine et flux de sang.» (Cité par Mas^oudi. VIIL 262 ).
(1) C'est la définition de Massergouaïhi, cité par Ibn el-Beithâr : 'j-i^\ 1-2)1 o>> j Ji>.ji «^ yh jji-lJa)!. Le tabaschir est une substance, qui se trouve à l'intérieur de la canne indienne ».
(2) Voici ce qu'en dit Syoûtî : itiJL«3l J,-iù)lj >»jl)I oJ3j JU-JI ^ fJci ji-jjVl yiUtiiJI t-^j ïki>JI n-jilij j^\j^ ;ojl iiSlS ii-jj.îXpi ^j^j jjJUa)! ^jj
( ùy«^l ciUi3lj ù>9jJlI Jéai\ )• CrÇoJjUj .
252 TALC
Tabis. Étoffe de soie (i). Esp.Ptg. Ital : tabi. Bas lat: attabi. Vieux fr : thabit, zatabiz. De c^Èp 'atéâbt, étoffe de soie, comme le dit expressém.ent Istakhrî (199. 1. 3.). ^^JCj^' ^L^l JL-j c^bJ); rattâbî et autres étoffes de soie»: Ou comme parle Ibn Hauqal \^^J^\ u-jLi!l JLj ^^ilj c^ÉJ*- (261. lign. II.)
Talc. Esp\ talco. talque. Ptg: tâlco. De ji£ ta/^, même sens. De Monconys écrit talk. Ibn el-Beithâr nous apprend qu'on en fabriquait des vitres pour les bains etc.. ttUjII aII« pAjj Ol*L^ (ijUa^ ^J^* Les alchimistes en faisaient aussi grand usage ; voici sur le talc une de leurs formules conservée par Mas'oûdî.
«Prends le talc avec l'ammoniaque et avec ce qui se trouve dans les chemins ; prends une substance qui res- semble au borax et pondère tout cela sans commettre d'erreur; puis si tu aimes ton Seigneur, tu seras maître de la nature.)) (2)
(1) « Ma grande Croix de chevalier était passée dans une large ruban de tahis blanc. » (D'Ai'vieux. III. 510). Sui* jô:& V. Dozy et Suit, Mamel.
(2) Prairies d'or. VIII. 176. Trad. de M. Barbier de Meynard. Dans
TAMB 23)
Talisman. Esp : talisma. Pig : talismâo. Val : talisma. De ^1% \ilasm ou tillasm^ même sens, du grec zéXeafia.
Voici à propos de ^J^ un spécimen de la science
des étymologistes arabes : « JiÂl jtil • ♦ • ^>U Jly i ^J j^^b
. JaL^ ^p| <r-l ^^ ^;> i^lTi:! : ^tl) . ji^^V S-Up 'ôIû^ jl>^ Sur ce mot il y a trois opinions principales... d'après la deuxième, c'est un mot grec signifiant nœud insoluble; d'après la troisième c'est un anagramme de JaL,^ » (i).
Tambour. Esp : tambor, atambor. Ptg: tambor. Bas lat: tabur, taburcium, taburlum. //.• tamburo. Il me semble difficile de dériver ce mot de l'arabe jj3a tonboûr, qui dans la langue classique ou parlée n'a jamais désigné qu'une lyre (2), guitare, ou mandoline, comme traduit M. Bar- bier de Meynard. La dérivation du persan >^ tabtr (3) me parait également forcée. A toutes ces explications
ces vers noas rencontrons le mot borax qui dérive de Faratjp Jj,^ boûraq, même sens, venant lui-même du persan ojy hoûrah. « On trouve le borax en Perse » (Trévoux. ) Le pluriel de Jj^ est Jjl^^ employé quelques li- gnes plus haut par Mas 'oûdi (175). Tout ce passage est cm'ieux. On y rencontre plusieurs termes d'alchimie, les élixirs obj-i'VI -, les alambics (de ^yVI ) . les cornues, la solidification du mercure, etc.
(ly^.Ajr-Râgheb: ^ikLl "L^^^j ^\J\ x:^Jl^ V. aussi jjiiJI 'Ui^ p. 153. Cet anagramme rappelle assez-bien celui qu'on fit sur la « révolution fran- çaise », un Corse te finira.
(2) Mu'-arrab. p. 102 et le Kitâb al-AghânU pas. Mas^oûdî VIII. 15. 89.91 etc. Hist. Orient, des crois, pass. Cfr. pourtant le- ojj^ de Bâsim le Forgeron (texte, égypt. p. 5 ).
(3) Devic. Dict. étym. s. tambour.
234 TANZ
je préfère l'arabe jlU tabl, tambour, au pluriel JjJ^ touboâlj avec lequel tabour (i), tabourln^ tabouriner, ta- bourdeur, comme on disait autrefois, ont bien de la ressemblance. Il suffit d'admettre le changement de / en r (2). De tabour dérive Tabouret. A cause de la commu- nauté d'origine nous faisons suivre ici :
Timbale. Esp : atambal, atabal; en ital: taballo, vient encore de J-U iabl, (vulgairem. prononcé tabal. V. Introd. Observ* gén.) qui désigne en général un tambour. Les tim- bales nous sont venues de l'Orient. (Trévoux ). Ici encore un m s'est glissé avant le b^ peut-être sous l'influence du lat. tympanum. Pour expliquer l'insertion de m dans tam- bour on peut en rapprocher trombe dérivé du latin turbo.
Tandour. Instrument de chauffage chez les Turcs, de jj:Lr tannoûr (V. athanor et Prov. Arab. 14.) four, duquel les Turcs ont fait tandoûr. V. jj j.:j dans Mallouf
Tanzimat. Ensemble des réformes administratives
(1) Cette étymologie est assez clairement indiquée dans le Dict. de Trévoux.—» Des jarres, dont l'ouverture paraît recouverte d'un parchemin, et qui cordées sur les côtés comme un tambour étaient sans doute cette espèce d'instrument nommé tabor, qui dans les premiers siècles s'accor- dait avec la harpe, et dont on se sert encore en Abjssinie.» Bruce Voyage en Nubie I, 140. En note on ajoute que l'instrument tabor se nom- me aussi Tabret.
(2) V. Introduction. « Tel noise i avait de tabour z et de tymbres, de cornes, de criz etc. » Continuateur de Guillaïune de Tyr. ( Historiens Occi- dentaux des Croisades. H. p. 543 .
TARB 2^5
décrétées par le Sultan Abdul-Medjid (i). De cXlkS tanzîmât,p\ur.de JkS taniim^ j-i^a^ de Jaî, mettre en ordre. A la même racine se rattache Ni;{am, troupes régulières en Turquie; de ^llaî nhâm^ ordre. C'est aussi le titre du roi du Décan dans l'Hindoustan. Sur la pronon- ciation turque de J^ Voy. Introduction,
Taraxacum ou Taraxacon. Chicorée sauvage; de ôJÂi^Jatarakhchaqoûny même sens. Ibn el-Beithar en parle sous les rubriques ùy-l^ji^ et l-U* . M. Devic croit aussi avoir trouvé la forme ûy^jt iarachaqoûn encore plus voisine de taraxacon ( V. Dict. étym. s. v. ) Dozy ( Supplém. ) note ^^)^ et autres altérations plus ou moins fortes de ôyit^ja .
Tarbouch. Bonnet de couleur rouge ( Litt. ) Transcri- ption de J-y^j» tarbouch ou ^y ja iorboûch, même sens* C'est probablement une altération de J^ji^ , mot sur lequel on peut consulter Quatremère (Sultans Mamelouks. I. i^^ part. p. 245). Le comte Henri de Champagne écri- vit à Saladin pour « lui demander un habit d'honneur : Tu sais, lui disait-il, que l'usage de la tunique et du char- boûch est chez nous un déshonneur. Je les revêtirai de
(1) La Turquie et le Tanzimat. par Ed. Engelhardt. Paris. 1882.
2^6 TARG
ta main, par amitié pour toi. J^jî^^b *U]l ^ 0^ J^ sZ^\ ♦ « dlî £^ diu L^l tij^,.-P 1*-up (i). Dozy(y^/^m^/i/5'.p. 220. 250 et 289), a longuement décrit le tarbouch (2).
Targe. Espèce de bouclier (3) carré et courbé. « Il y avait sur la selle de chaque cheval de main une Targe ou bouclier de vermeil doré. » (4) Esp : tarja, adarca, adarga. Cat. et Ptg : darga. Ptg : adarga. Il est plus que proba- ble que les formes hispaniques dérivent de 4»jjJI (5) ad-
(1) Kâmil d'Ibn al-Athîr. Histon Crois. II. P° part. 59.
(2) Il est à croii'e que si l'illustre savant avait séjourné quelque temps en Orient il aurait modifié quelque peu sa description du tarbouch, ainsi qu3 de certaines autres parties du vêtement arabe. On peut en dire au- tant de quelques articles de son Suppl. aux Dict. arab. où il lui échappe des confusions regrettables, par ex. au mot ï-o— . N'ayant pu comprendre la description qu'en fait le Mohît, il se demande si c'est un meuble, une table. Si M. Dozy était venu en Syrie, il aurait vu que ï^o-. n'est autre chose qu'un trépied terminé par ime plate-forme à la partie supériem'e . On s'en sert pour cueillir les fruits et les feuilles de mmier. Dans les Mille et Une Nuits de Habicht (IX. 291, 341,350) ï^u-. doit signifier encore un petit trépied. Macnaglitenet leP. Salhani(III. vol.) lisent partout ZyoS qui samble plus naturel. Mais le manuscrit des Mille et Une Nuits de la bibliothèque de l'Université S. Joseph maintient partout la leçon ijju- .
(3) De ses plumes te couvrira ♦
Seur sera sous son asile Sa défense te servira De targe et de rondele
Marot. Psaume 91.
(4) Voyage d'Alep à Jérusalem en 1697, ^par Henri Maundrell , cha~ pelain de la Facture Anglaise à Alep.
(5) Xfj^ daraka, donné par M. de Eguilaz m'est inconnu, à moins que
ce ne soit une faute d'impression. Le Grec moderne a taQjiX , bouclier.
TARI 237
daraqa, bouclier en cuir, mot connu au vulgaire, comme à la langue classique. (V. Ousâma p. 91. 157). Pourquoi donc assigner targe et à targette (i) une origine germa- nique ? Comp. encore Tarjette, morceau de gros cuir pour protéger les mains. (Trév.) De îdjall dérive encore le ter- me Adargue, qui désigne un petit bouclier adapté sur une lance courte. On peut voir la description d'une adargue mauresque dans les Armes et les Armures de P. Lacombe p. 225. Elle rappelle assez-bien le bâton recouvert de fer- blanc, avec lequel les Bédouins parent le coup de lance et qui a conservé le nom de bouclier. (2) De targe serait venu y^^ar^w^r (autrefois ^ar^i/^r), comme si l'on se cou- vrait d'une targe. Ce verbe signifiait jadis, selon Borel, se couvrir le corps de ses bras, en mettant les poignets sur les flancs.
Tarif. Esp. et Ptg : tarif Esp : latarif. Transcription de sJiij>!} ta'rîf, nom d'action de ^js> faire connaître, publier. En turc ^^jH ta'rîfa a de même le sens de tarifa taxe. Le dialecte vulgaire de Syrie emploie aussi de préférence îi j*^ ta^rifa.
(1) Qui dans l'ancienne langue désignait un bouclier. Targette est-il le diminutif de targe, ou la terminaison ette tient-elle la place du ta marboûta ? — Voy. pourtant :3jii, dans Dozy. Supp.
(2) V. Le Dîwân d'Al-Hansâ, traduit par le P. de Coppier. S. J. p. 47. Beyrouth, Imprim. Catholique.
2^8 TASS
Tartre. Esp. Ptg, It: tartaro ; de (i^j^ dourdî, dépôt, sédiment d'huile, de vin, tartre. En arabe ^j3 darad, aurait aussi le sens de tartre ou carie des dents, d'après Freytag, qui oublie de citer ses autorités. Le tartarum des Alchimistes est une altération de <S^J^ dourdî, re- pris par les Arabes sous la forme de jà^J^ tarûr. (Bocth.
Heury etc). Certains dictionnaires écrivent aussi j^j tartîr.
Tasse. Esp : taza. Plg : taça. It : tazza. De ,^ tass^ mot d'une haute antiquité, comme on peut le voir dans le Mu'arrab (p. loi) et dans Frœnkel [De Vocab. in antiq» Arabum carminibus peregrlnis). On trouve encore la forme c^L iast, moins arabd, mais qui se rapproche plus de roriginal persan c^7 tast. (i) lÀl^ lâsa^ avec le sens d'écuelle , tasse, se rencontre fréquemment dans les Mille et une Nuits et dans Bas un le Forgeron. (Manuscrit de l'Univ. S. Jos. pass). Le célèbre Ménage, qui a donné tant d'étymologies bizarres, n'était pas loin
(l) On voit un changement analogue dans "J^ brigand, qui était pri- mitivement ^^, (transcrip. de Xr^atr/g ) au plu. cjj^ • (V« Syn. Arab, p. 422. note). Dans I»lk-j il y a eu un dédoublement en sens contraire, qui, de l'ancien j^ilà (fossatum, çpoaaaTOP ) a fait J»ik-i • Au lieu de ^ on trouve aussi ^^0, tas, etc. (Mille et ime Nuits, pass ).]
TERF 259
de la vérité quand il assignait comme origine à tasse Tarabe tâsson, grand verre.
Téréniabin ou Tringibin. Manne de Perse (i), dont le nom français se présente sous les formes les plus variées, De c^j farangabtfij mot d'origine persane, écrit 0}-^^ targabîrij dans un manuscrit de Qalioûbî. <(La manne nom- mée Tarandjubîn ou Tarandjubll se recueille en grande quantité dans la contrée à'Isfahan sur un petit buisson épineux. Je me fis montrer de cette sorte de manne à Basra et je trouvais qu'elle consistait en petits grains ronds, jaunes... Dans le Kiurdestâriy à Mosul, Merdin, Dlarbekr, hfahân on ne se sert que de manne au lieu de sucre. » ( Niebuhr. Descr. I. 207 ). Moqaddasî avait déjà signalé cette particularité : (p. 125. lig, 11) « ^^ Jj \zjj « JJJL ^J\ ^ .
Terfez. Truffe qu'on trouve dans les déserts de T Afri- que. Elle est blanche et d'une saveur rappelant celle de la viande ( Déterville et Trévoux s. v. ). Transcription de ^\»j torfâSj tirfâs, mot qui en Berbère désigne la truffe, comme le dit l'Ibn el-Beithar de Boulac, qui écrit J-l*^ (2)
(1) Voir plus haut Alhagées.
(2) Forme paraissant être une des nombreuses fautes, qui défigurent l'édition égyptienne.
240 TOMA
tlrfâch : « \xj^\ sLSo i ^ J^l*/ ». Bocth. et Dozy Suppl.
Teskéré. Passe-port. Prononciation turque de ifjl tadktra, propr. souvenir, et ce qui aide à se souvenir. Il est employé couramment dans le sens de billet, certi- ficat, passe-port etc.
Tiber (i). Poudre d'or; en esp : tlbar. De jjT, fibr, transcrit fibar par Eguilaz. Ce mot désigne l'or natif, les lingots d'or, et en général : l'or avant qu'il soit travaillé : pj^-4 j^ *b U Vl jÇ^ ^<fcill JtjiV (2). On peut voir dans Qazwînî ( Cosmogr. II. p. 11.) la curieuse description du Pajs de la poudre d'or j\:ll ^>l , bilâd at-tibr^ que nous nom- mons Côte d'or, (Afrique). L'arabe jy tibr^ est devenu tiber par un procédé phonétique, que nous avons signalé dans l'Introduction.
Toman. Monnaie de compte chez les Persans (V. Berge. Dict. Pers-Franç. ) « Le Sophi lui a fait présent de quatre mulets chargés de la valeur de 3 000 tomans, ou ^0000 écus chacun» (3). C'est un mot d'origine
(1) Le Dict. de Trévoux écrit « tibir , nom que l'on donne à la poudi*e d'or en plusieurs endroits des côtes d'Afrique ».
(2) îiUI aSj de Tha<âlibî.
(3) Lettre de Mgr. l'évêque de Césarople ambassadeur en Perse, au Chevalier d'Arvieux. Mémoires. VL 145. et plus loin : « Il en a coûté au peuple 100 000 Tomans, c'est-à-dire envii'on cinq millions, à raison d'un Toman, ou cinquante francs » , Tournefort a sur le toman un ciu'ieux passage : « un toman vaut douze écus et demi romains, qui font dix-huit
TURB 241
tartare qui signifie proprement dix mille. De ô[*y toâmân ; dans le Dictionnaire turk-oriental ( Pavet de Courteille) û^ signifie aussi 10,000 dinars. Rubruquis écrit tumen. Marco Paolo tomman et d'Herbelot touman. CX*y a passé aussi en arabe. (Cfi*. Ibn Batout. IV. 300.)
Toque. On a rapproché ce mot de 4JIL tâqt/a, sorte de calotte. (Dozy. Vêtements. 280. ) Mais que toque dé- rive de ÎJIL , c'est ce qui ne nous semble nullement prouvé. Nous croyons que le mot en question a une ori- gine celtique : toc en bas-breton signifie chapeau. On disait anciennement torque ou lieu de toque»
Toutenague, Tintenague et Tintenaque. Pt g : iuie- naga. « Alliage de zinc, de cuivre et de nickel, qui nous vient des Indes et de la Chine» (Dict. Déterville). Le mot toutenague, dit M. S. de Sacy, vient assurément de toutla (V. Tuthie ) et peut-être est-ce un mot . purement persan iltLô^ toâtiânâk , substance d'une nature analogue à la tutie. » ( Chrest. III. 453) Bocthor traduit toutenague par j-u^ \Zy litt. : tutie minérale.
Turbith. Esp : turbich, turbit. Ptg. et Cat : turbit. Plante ombellifère, employée jadis comme purgatif; (i) de
Assassins (lisez a^^a/a/iîs ) ou Abouquels ; ce sont des écus que Ton frappe en Hollande pour le Levant. » Voyage. II. p. 31 1.
(1) — «...juj^l i*>s3 >UI Cil»( Qalioûbî : ïXJI i^A^\ ).
i6
242 TYPH
l'arabe-persan JoJ tourbld^ tirbid. On trouve aussi \} tourbaà, « Le Jurbith minéral seu Praeclpitatum flavum est une préparation de mercure jaune, vomitive, purgative » (Pharmacopée universelle, p. 51). Un mauvais plaisant s*est imaginé de dériver turbith de turbare « à cause qu'il trouble toute l'économie du corps. »
Tuthie ou Tutie. Oxyde de zinc. Esp : tutia, atutia; de ^LojT (i) toâtlâ, substance minérale dont les Arabes faisaient usage pour fortifier les yeux. Le mot est ara- bisé ^j*^ (V. Mu'arrab. p. 39); c'est la transcription de TovTla a Les femmes arabes noircissent légèrement les bords de leurs paupières avec une poudre composée de tut le qu'on appelle Keheh) (D'Arvieux. V. 297). La tutie nous venait autrefois d'Alexandrie; elle est « dessicative, propre pour les maladies des yeux. » (Trévoux).
Typhon. Esp : tifon. Ptg : tofaô , tofano. Ouragan , tourbillon dans les mers de Chine et du Japon. Navarette et Littré après lui dérivent typhon du chinois. Ne vien- drait-il pas de Cj^JJ toûfân^ pluie torrentielle couvrant tout, inondation, [Al-Bîrounf s Indla, p. 193), ouragan, tourbillon? On ne peut douter que les formes portu-
(1) Avec un hamzé à la fin, mieux que u>jj . Le jjuîl 'Ui* le dit ex- pressément (p. 59). ^jji^^j çj^ j^CjU ^ Ljj7.
TYPH 245
gaises ne soient tirées directement de l'arabe. Il n'y a pas si longtemps encore qu'on disait : « Toufan. s. m. tour- billon de vent, qui agite la mer de telle façon que les va- gues bouillonnent en la même manière qu'on voit bouillir l'eau sur le feu (i). » (Trévoux). Renaudot trouvant la description d'un toufân dans une Relation arabe, traduite par lui, fait la réflexion suivante : « Nos auteurs (2) re- marquent que la côte de la Chine est sujette à de grandes tourmentes, et particulièrement à des coups de vent qu'ils appellent Toufan en leur langue, du mot grec Tixp(6p , » Cette observation est juste ù^j^ toâfân , qu'on serait tenté de rattacher à la racine sJlL tourner, avec le mot ûl^^ iawafâny qui n'en diffère que par l'accentuation, est vraisemblablement dérivé du grec. Et il est aussi probable que notre vieux mot toufan aura été réformé sur le type de
(1) C'est la traduction du texte arabe: a-^jj -ui î»i24Î jL-^JI «i* ^ jO «.jj-^lùUur^ jj. ot-^^j ojip . V. ^jljdl ;a-JL- . Chaîne des Chroniques II. p. 12. Cet ouvrage fut traduit 'en 1718 par l'abbé Renaudot. Reynaud a depuis édité le texte arabe en y joignant une traduction plus fidèle.
(2) C'est-à-dii'e les auteui's arabes que Renaudot traduisait; il s'agit de la Chaîne des Chroniques c«jjI^I il
244
USNÉ
u
Uléma ou Ouléma. Esp. CaU Val: ulema ; de^Lip 'oulamâ , pluriel de iU 'âlem, ou JIp ^alîm , savant. « Les uléma sont plutôt des magistrats, et le corps des uléma, c'est la magistrature; ce qui n'empêche pas les uléma d'être de véritables docteurs de la loi musulmane et d'avoir des élèves vulgairement nommés softa,)> (i).
Usnée. Esp. Ptg : alosna. Plg : losna. Genre de plantes de la famille des lichens. Elle était employée pour for- tifier l'estomac. De ^\ouchnaj mousse, lichen; mot d'origine persane. On l'appelle encore j^\ îaJl , calvi- tie de la vieille, et ^jyW ^\j..^ , cure-dent des singes, parce qu'elle temt la bouche quand on l'emploie comme dentifrice. VAl-Mansoûrî de Râzî et les Simples d'Ibn el-Beithâr font mention de l'usnée. Cependant les auteurs
(1) Garcin de Tassy. Jour. Asiat. Juin 1854. p. 475. Un softa est un étu- diant en théologie chez les Turcs.C'est la transcription du turc i::»^ soûfta, ou i:â^^ , altérations du persan éS:^j^ soûkhta, brûlant ( de l'amour de Dieu et de la science ).
USNÉ
245
arabes ne semblent pas avoir connu l'usnée humaine^ c'est-à-dire les lichens, qui poussaient sur les crânes des morts, exposés à l'air, et spécialement des pendus. La superstition populaire lui attribuait les plus merveilleuses vertus, (i)
»?^4
(1) On s'est à ce propos apitoyé sur « Tignorance et la barbarie de nos pères». Le comte de Maistre dans je ne sais plus quel endroit de son Exa- men de la Philosophie de Bacon raconte que le grand chancelier, qui se croyait pourtant bien au-dessus des préjugés vulgaii'es, attachait beaucoup de prix à la possession du crâne d'un Irlandais couvert de mousse. La Pharmacopée u?iiverselle de Nie. L'Emery a un paragraphe sur la prépara- tion du crâne humain. Elle recommande de « choisii* celui d'une personne morte de mort violente» p. 124.
246 VARA
Validé. Sultane palidé c'est-à-dire sultane mère ; pro- nonciation turque de Salij wâlidâ, mère, en turc cMaL' eoib validé soultân. C'est la mère du sultan régnant, elle a un rang officiel à la cour ottomane. « Le plus beau Khan est celui de la Sultane Validé, ou mère de l'Empereur Maho- met quatrième. On l'appelle Validé Khana » . D'Arvieux. T. IV. 484.
Varan. Grand lézard d'Egypte. « Les Arabes nomment ouaran l'espèce d'Egypte; ce nom francisé et latinisé a fourni les dénominations génériques. Les espèces du gen- re Varan sont, après les Crocodiles, les Sauriens qui at- teignent les plus grandes dimensions. » (i) Varan est une altération de Jjj waral « Nous aperçûmes, dit le P. Si- card, un lézard nommé ouaral,,. Cet animal ressemble au crocodile, à l'exception qu'il est plus petit, n'excé- dant pas la longueur de trois à quatre pieds^ et qu'il ne vit que sur terre » . (2) En Algérie d'après M. Cherbon-
(1) Diet. Univ. d'Hist. Nat. et Relation d'Ahdellatif. p. 142 et 160.
(2) Lett. édif. I. 505. Le reste du passage est curieux: «Comme il est
VILA
247
neau on pronoce ouaran. Forskal écrit aussi varan. Peut- être faut-il voir dans ce mot Tinfluence du pluriel oVj^ wirlân. Sur la forme Oj-? waran au lieu de jjj waral on peut voir le Supplém, de Dozy.
Vilayet. Province ; la plus grande division territoriale en Turquie, appelée aussi Eyalet (i). Vilâyet est la pro- nonciation turque de l'arabe ^ Vj wilâ/a, province, pré- fecture. Vali ou Wall est de même la transcription de Jb ou ^^j wâlt, (V. Cadi) gouverneur. (2). Tous ces mots sont formés du verbe (\, j walia^ être préposé.
fort friand du lait de chèvre et de brebis, il se sert d'un expédient pour les traire. 11 entortille fortement avec sa longue queue une des jambes de la chèvre ou de la brebis, et la suce tout à son aise». Dans son récent voyage (1884) au Désert de la Basse-Thébaide le P. Jullien S. J. parle aussi «du ouaran ou crocodile du désert.» L'origine du varan est ainsi expliquée par Chams ed-din de Damas: J.J ^^yj^r^JI ôjj Ji^l J^'^'j. ùl^-> j,^2jXJI»
.ft 0^,20- ùlS':n!l J j^. U.9 C^L-w ùir*^ (Ed. Mehren. 91 ).
( 1 ) Ces deux ihots ne diffèrent que par l'étymologie: Eyalet vient de au gouvernement, administration, ( V. plus haut ) comme dans ce texte d'Al-Biroûnî: x^i^l Jl ^ u^ CJir;JbVI jy\ û» Ij^^- Le passage mérite d'être cité en entier, il fait trop honneur au génie élevé de l'écrivain arabe. Voici donc le début de son chapitre sur les châtiments chez les Indiens: iJj ^ ^sJ) liSj ^n*»JI Je- *cV* ^4^^ k^\,^^\ JU; k^ Je ^^ JWI Jli^» ►ipojij c^>V) :^i ^ J6^\ JhS ùSi^j ûULJaJ) v^-oip oiii- ùi-A,Ji)i (/jj 'k^\ j:^\
j^J^\ VJU ,^tlL«^U< l^-aî U^l jAl ^SCJj ZlôlJ S„ru- </,.^^) (/j . -nsJb jJOJ
:i-UJI ::^ V Uj*-niJ ïS>t)l ^>i (India. p. 280). (2) On ht dans les Mémoires de Trévoux: «Wali est prœfectus, prœses provinciœ, prœtor, mais non pas possessor ( coname Erpenius l'avait pré-
248 VIZI
Visir ou Vizir. Prononciation turque de jj)j wa^ir, aide. Sur l'étymologie de ce mot on peut voir Khalll Dhahéri^ (Chrestom. de Sacy. IL 9.) et sur les fonctions de visir sous les différentes dynasties Ibn Khaldoûn (Pro- ég. II. 4. etc.) Actuellement le titre de vi^ir est donné dans l'empire ottoman à tous les ministres à portefeuille. Le grand vizir prend ordinairement le titre de Jàtl jJU> sadr azam.
tendu); car à parler exactement, Walin ( lisez ^Jij) ne se peut dii'e d'un possesseur, que pour marquer l'administration ou Vautorité, et nullement la possession.)) Remarques critiques sur les Proverbes arabes, p. 1464. Août 1770. L'auteur se trompe, quand dans le proverbe: «iJl VjJ^UJI 'q1J.\ l» . . . ^JIp » il propose de lire nÇ^i, liivilâin au lieu de |v>î lawlâ, leçon soup- çonnée par Erpennius. Mais sa remarque sui* le sens de wali est exacte.
WÉGA 249
W
Waggart. « Plante qui fournit un médicament ; sans doute de wadjar, faire avaler un remède. )> (i). En effet ^j wagar signifie « medicamentum j^j in os indidit » (Freytag). Persuadé que les substantifs français sont venus de substantifs arabes nous dériverions plutôt waggart de ju>-j wagoâr. Mais cette étymologie nous inspire peu de confiance. Nous la mentionnons faute de mieux.
Wahabites. Secte musulmane d'Arabie; elle tire son nom de son chef Mohammad fils de 'Abd al-Wahhâb, ^Uj wahhâb. Sur ces sectaires on peut voir le Voyage en Arable de Palgrave.
Wali ou Vali. Voy. Vilayet.
Wéga. Etoile de i^® grandeur, « de la Lyre. De jljIj wâql\ tombant. « Les astronomes, dit Alfergânî, mettent Wéga parmi les étoiles de première grandeur ; ^]àÀ\ \jj^ «JjV^ J^l (i ^^jil^l Jl* Z^\ . D'après Abdurrahmân
(1) Lucien Gautier. Revue critique d'histoii'e et de littératui*e. p. 363. 15 Dec. 1877.
250 WÉGA
As-Sûfî (i) cette étoile a été nommée Jijll^Jl an-nisr al- ivâqi' , Taigle tombant, parce que les Arabes l'ont com- parée à un aigle, qui ferme les ailes comme pour se laisser tomber. De même l'étoile AUair (écrit aussi Atair) a été appelée JlklI^J^I an-nisr at-tâïr, l'aigle volant, «parce que l'aigle tombant >^\J\ j^\ est situé en face, et comme à cause de ses ailes il s'appelle le Tombant f^\j l'autre aigle s'appelle le Volant Jilaî) at-tâïr, parce qu'il étend les ailes comme s'il volait » (2).
(1) Edit. Schjellerup.
(2) A cette explication d'un astronome de profession joignez celle d'Ibn- Qoutaïbarcrtjjl ù>o^ ^V ^\j Jj^ J^S uJlj . Ûk^ . ^1 t"^ j» JOall .^1 » ( ^Si]) cj^l ) « ^\j Jll» iJir ^^\ U^-i» j3 : ù>J>iij 5ci-l^ <> • BouiUet fait de Wéga un astronome autrichien. Cette distraction est relevée comme elle le mérite par M. Devic. ( Dict. étym. ).
ZACC 251
Zaccon, Zacon et Zachum. Esp : Zacoum. Ptg : Zacum. «Il est fait mention dans la Bible d'une plante désignée sous ces noms, dont le fruit jaune est semblable à une prune et fournit une huile employée par les Hébreux comme fondante ». (i) C'est ce que les voyageurs en Terre-Sainte appellent l'huile de Zachée , et qu'ils si- gnalent comme un vulnéraire précieux, (2) La plupart des auteurs font du Zaccon une espèce de prunier d'Orient. Hasselquist n'est pas de cet avis et demande si ce ne serait pas « l'olivier sauvage qui est commun dans les plaines de Zéricho. Les Arabes tirent de son fruit une huile qu'ils vendent aux voyageurs et prétendent qu'elle guérit les blessures. Le noyau de son fruit est de la gros-
(1) Dictiom). de d'Orbigny, s. v. et Palestine par Mimk.
(2) ((Il y a une huile médecinale et vulnéraire, que l'on fait du fruit d'un arbre nommée Zacchoum. C'est un arbre d'une grandeur médiocre, plein d'épines longues très-piquantes, il jette quantité de branches assez minces, mais d'un bois fort, qui est couvert d'une écorce assez ressemblante à celle des citronniers. Sa feuille a du rapport à celle des pruniei's pour la figui'e, mais elle est un peu plus ronde, et beaucoup plus dure et plus verte. Son fruit aussi ne revient pas mal à la prune... Je m'imagine qu'on l'a appelé Zacchoum du nom de Zachée» (P.Nau p. 351 ).
252 ZAIN
seur d'une noix de figure ovale et a 4 côtés.» [Vo/agedans le Lev. IL 90). Zaccon n'est qu'une légère altération de pî3 ^aqoâniy arbre très commun dans le Ghôr et les en- virons de Zéricho, d'après Ibn el-Beithâr, qui en fait une description concordant avec les traits principaux four- nis par les savants et les voyageurs européens.
Zahorie. « Nom qu'on donne à ces gens qui ont la vue si perçante qu'ils voient au travers les murailles et dans les entrailles de la terre. C'est chez les Espagnols et les Portugais qu'on voit de ces sortes de Zahorles » (Trévoux). Aussi Zahorie n'est-il autre que l'espagnol ^ahorî^ même sens, dans lequel Dozy voit l'arabe iS/ô :{oharîy (i) géomancien. (V. le Gloss. esp» 361). Avant lui le P. Benoît Feyjoo avait présumé que le mot était d'o- rigine arabe.
Zain. Esp. Ptg. et Ital : zaino. Dozy se demande si c'est une altération de <^\ asamm, qui chez Bocthor sig- nifie :^ain. Les transformations phonétiques pourraient être expliquées : le u^ initial ou médial (2) étant souvent transcrit j(. (V. Introduction). Mais suffit-il de l'autorité
(1) '^^j , serviteur de la planète Sy^j)!, qui est Vénus, comme ledit Al-Bîroûnî. i(jLu^jJ\ oybjîl » .
(2) Le harhzé initial aui'ait été supprimé comme dans camard de ^) aqma^ ; frise de j^^l , le mîm aurait permuté avec le noûn.
ZAPT 253
de Bocthor pour faire passer une traduction aussi méta- phorique que celle de :^ain par ^^1 . Tha'âlibî (^iilUiJ) dans le chapitre, qu'il consacre aux couleurs et spéciale- ment aux nuances de la robe du cheval, ne mentionne pas ^\ , pas plus que l'auteur du ^ia^^V» ^B^, lorsqu'il énumère (p. 104 et 105) les synonymes de ^y^\ noir. Le dialecte populaire est également muet sur ce point.
Zammara. Genre d'Hémiptères de la section des Homoptères, tribu des Cicadiens, créé au dépens du grand genre Cicada; de jUj ^ammâr, joueur de flûte, de la même racine qui a donné jl*y^ mi^mâr ^ flûte et :)y* y ma:{moâr^ psaume (de David).
Zaouia. « La ^aouia, dit le général Daumas (i), est tout ensemble une université religieuse, et une auberge gra- tuite. » Es-Senousi « a élevé une zaouia magnifique, le plus beau monument de l'Afrique entière.» Cardinal Lavigerie. Lettre à la conférence de Bruxelles. 1890. C'est la tran- scription de l^j^y,) , qui signifie proprement, angle, coin, cel- lule. En Orient ^âouia a un sens moins large; il se dit d'une petite mosquée, d'un ermitage, etc. (Ibn Batoûta. Voyages, passim).
Zaptieh. Nom des gendarmes chez les Turcs (Litt); de
(l) La Grande Kahylie. p. GO.
2'yi ZÉDO
ïlLU dâbltî/ a, agents de police, gendarmes, prononcé à la turque ; de L.^ da^at, «firmitertenuit. » Dans Bâsim le Forgeron (texte égypt. p. 38.)i>laU dâbitîn, les saisis- sants, (partie, plur. de Ja^ ) est orthographié ijJa>lt lâbiiîn (i).
Zarater. Un des noms de l'étourneau (Dict. Déterv.) formé sur Tarabe j^jj ^arâ^ir (2), pluriel de jjjjj ^or^oûr, étourneau (V. Glossaire d'Edrisi, p. 311. Dqzy).
Zarnech ou Zénic. Mercure (?) philosophai, (3) terme d'alchimie. (Trév.) L'arabe a jJj et > j (Ibn Mâgid), mer- cure; d'oij Zaibar, mercure en alchimie. Zarnich, ou Zarnec (Devic) est l'orpiment et dérive de '^'jj ^arnîkh, arsenicjaune.ZarnechjZénic sont sans doute la même chose.
Zédoaire. Esp et Ptg : zedoaria. Ptg : zedoeira. Esp. ancien : çetoal, sitoval, sitouar. Prov : zeduari. // : Zetto- vario ; de l'arabe-peasan j\j^j ^adwâr, ou jijJb- gadwâr,
(1) Voici le texte : ^j vi é^jj Jli Vj o^^j'j *.j l_>l_::>l JUJI ïpU^ lilj
(2) Comp. « Alzarasir, nom arabe de l'étourneau. » (Dict. cFhist. nat. 1. 283) transcription de ^ j)jj)l .
(3) Si Trévoux ne fait pas erreur. — Zénic n'est pas dans Devic (article Alchimie ) pas plus que zerci, vitriol ( ^\j ) et zadir, autre terme de philo- sophie hermétique. C'est Vénus, pris pour le vert-de-gris. De %yLj zohara Vénus (planète). A propos de jjj, voici la spirituelle description d'un avare, d'après un poète arabe :
ZERD 255
Cette plante excitante était fort appréciée des Croi- sés, qui rappelaient citouart. Le Dict. de Déterville écrit constamment ^éodaire, C*est là une métathèse que réprouve l'étymologie.
Zéen. Chêne zéen, espèce de chêne d^ Algérie dit aussi chêne ^ang^ dont le bois est remarquable par sa densité (Litt.), de ô\j ^ân, même sens. On se servait de ses ra- meaux pour faire des lances. Cfn remarque du D^Leclerc: Ibn el-Beithâr : N"^ 108 1, et le géographe Bakrî. (i)
Zekkat. Impôt; de o\^=s=^j ou Sj$o :{akâ, aumône, im- pôt. Sfe^ ^akâ signifie proprement pureté , purification, comme ^y ta^kia; l'aumône, comme disent les Arabes, étant un moyen de purifier les richesses (2). Il signifie aussi, augmentation, accroissement, impôt « La les ma se payait avant 1855... elle a été remplacée par les impôts achour et ^ekkat, » Lettre de l'empereur Napoléon III, sur la Politique de la France en Algérie.
Zorda ou Zerdo. Noms donnés mal à propos au fennec par Sparmann. Zerda est une altération de '^j>- gorad,
(1) Journ. Asiat. 1859. Janvier, p. 72.
(2) aZacak. s. f. C'est le nom que les Mahométans donnent à la partie de leui's biens qu'ils doivent distribuer selon leiu* loi aux pauvres. Ce n'est pourtant pas proprement une dîme... car 1° elle ne se donne point aux Imans, 2° elle ne va qu'à un quinzième » ( Trévoux ), et même à moins. Cfr. Moqadd. 366. V : JS . :u^ ^j^ ^X» c/" U^» S^' ^ !>**^' cU* •
256 ZILC
sorte de rat qu'on prononce vulgairement gorad. (V. Bruce. Voi/age en Nubie. V. 1^7. ) Le JJ^ g se transcrit souvent j^. (V. Introduction.)
Zérumbet et Zurembet, Esp : zurumbet, zerumbet. Transcription de Tarabe-persan ^U'jj ^oronbâd, plante longtemps considérée à tort, selon Leclerc, comme sy- nonyme de ^édoaire ( V. Traduct. d'Ibn-Beit. ). On trouve aussi ^érumbert,
Zibeth. Viverra zibetha Linn. Nom d'une espèce in- dienne du genre Civette. Transcription de 3I3 ^abâd. (V. Civette.)
Zigzag. D'après A. Sédillot de ^ j ^fg, tables astro- nomiques : « ôLd/- (^ill £*}\ (\, eLiw ; nous avons établi ce fait dans nos tables astronomiques. » ( Al-Bîroânî : India, p. 300 etc. Voy. aussi îJltl ûjyll (i ^Ul jl* Vl ♦ pass. Edit. Sachau).
Zilcadé, Zilhagé. Les deux derniers mois de l'année musulmane. Il faudrait plutôt écrire Zoulcadé, Zoulhagé, (i) selon l'arabe Saiuilji do^'/^a'^a, et&^lji doû^l h/gga. La première partie de ces deux mots est jS doâj pos- sesseur, à laquelle correspond en vulgaire Boâ ou aboâ
(1) La première orthographe a prévalu depuis Montesquieu.
ZIRC 257
(V. Patacon). Sju5 qa'da , signifie séance , session , état d'un homme qui est assis, au repos, (i) Pendant ce mois les Arabes du désert s'abstenaient de guerroyer, i^^ h/gga, signifie pèlerinage; c'est en ce mois qu'on se rendait à la Mecque.
Zinzolin. « Couleur d'un violet rougeâtre; de l'arabe djoldjolân, semence du sésame dont on fait cette couleur» (Littré). Qu'on se reporte à Gengéli on y verra, outre OMf^ golgolân, la forme û^ gongoltn , d'où dérive probablement zinzolin. Cette étymologie avait déjà été indiquée par Bochart.
Zircon. Pierre précieuse. Nous y voyons une trans- cription de ôyjj ^arqoûn , mot qui ne paraît pas d'o- rigine arabe; la forme est tout-à-fait étrange (2). C'est probablement le persan ôfïj ^argoûn, couleur d'or, qui a déjà donné à l'arabe un des multiples noms du vin i)y>-ïj ^argoûn^ et peut-être aussi ù^ïj :{arqoûn (3). M.
(1) Cfr. Mas^oûdî. Al-Bii'oûnî (Chronologie Orientale) et Chams ed-dîn.
(2) Quand on se trouve devant un singulier arabe terminé par le' si- gne du pluriel externe oj oân, on peut conclui'e que le mot est de provenance étrangère.
(3) V. Dozy. Suppl. s. v. A propos de opjj faisons une dernière fois remarrpier avec quelle facilité les liquides permutent entre elles. Au lieu de ûjSjj on trouve ùj2JL- et ù^.r^ • Dans le MostaHnî on lit ; ojSj,,^! ùjSjjli y>j . Comp. Introduction. Lettres j . J et ^ •
17
258 ZIRC
Devic dérive du même mot persan ofn ^argoûn, le français Jargon y gemme de couleur jaune tirant sur le rouge, dont les minéralogistes font une sous-espèce du Zircon. Le «Jargon» est originaire des Indes et du Pégu. Comp. VEsp, azarcon , açarcon. Ptg, azarcâo, zarcâo. (Eguilaz. 3 20.) Ajoutons ici Zarca qui en alchimie désigne l'étain. C'est probablement une altération de ùyjj ^ar- qoûn ; car au sujet de ûyjj on lit dans le Mosta'înî *^^Vl ^ ^^^^'' ^^^^ (V- E)ozy. Gl. Esp. 225.) Zarca n'est pas dans Devic.
APPENDICE.
Liste des autres mots français d'origine arabe (i).
Abdallas. Nom donné aux religieux en Perse; de -îiiij^ 'abd Allah, serviteur de Dieu. (V. Littré.)
Aigrefin. Monnaie; peut-être de cij--^ achrafi mon- naie persane. (V. Devic ).
Alchimie. De LjCH al-kimlâ^ composé de l'article al
et de U-^ , mot d'origine grecque.
Alfier. Porte-drapeau ; de ^M al-fârls, le cavalier. Le Dict. de Trévoux a aussi « Aljière : porte-enseigne. Ce mot se dit des officiers ou Flamans, qui servent en cette qualité. »
Alhandal. Coloquinte; de jl^ al-hanzal , même sens.
(1) Afin de rendre notre travail moins incomplet, nous réunissons dans cet appendice les mots d'origine arabe sur lesquels nous n^avons rien de spécial à dire. Pour les détails nous renvoyons à l'excellent Dictionnaire étymologique de M. Devic, publié à la suite du Supplément de Littré, et par conséquent entre toutes les mains. On pourra aussi consulter avanta- geusement le Glossaire espagnol de Dozy, qui tout en traitant des idiomes hispaniques a éclaii'ci l'origine de bien des mots français.
26o ' ATLE
Alkékenge. Plante; de ^ \^\ al-kâkan^ , même sens. On trouve aussi les formes fr. alquaquenge, alkéquenche.
Almageste. De (Ja—i* al-magistî, nom donné en arabe au grand ouvrage de Ptolémée, corruption de ^vcîtr}
Almicantarat ou Almucantarat. (Astronomie); de Zj^JsIaW al-moqaniarât, cercles de la sphère parallèles à l'horizon. On trouve aussi almicantarat s , forme où s apparemment représente le pluriel arabe ( V. al-Bîroûnî. India. p. 167. 1. 20.).
Ambre. De jup 'anbar, ambre gris. Le terme arabe composé avec liquide a formé Liquidambar.
Antimoine. Peut-être de A\ outhmoud (V. Bismuth).
Arzel. De J>-jl ar^al^ même sens. « Les superstitieux croient que ces sortes de chevaux sont infortunés » (Trévoux).
Assogue. Navire pour le transport du mercure (i); de Jjijîl a\-^âoùq, le mercure. Ce mot se prononçait ^îjjli a^-^oiiqa, en Espagne.
Atlé. Espèce de tamarisc; de ^tl a/A/a, même sens. La chaire de Mahomet était en bois de tamarisc. (V. Ibn
(1) Voir Dict. de Trévoux.
CALI 261
Batouta.T.I. 275.)A JJl ou Jl^XJl (Aghânî. XXI. 191. 1. 2.) rattachez Ithel «sorte de mélèze fort abondant en Arabie et qu'on ne trouve nulle part ailleurs. » Palgrave. Ayan. Magistrat turc chargé de veiller à la sûreté pu- blique; de oUl ayân plur. de 0^ V/:/z, œil.
Azoth. Prétendue matière première ; de Jj^jl-^ a^-:{âoûq^ mercure.
Ballote. Chêne à glands comestibles ; transcription de i»^^ balloûi^ même sens.
Balzan. D'après M. Devic de ^ti» balqâ^ fémin. de jll ablaqy bigarré de blanc et de noir.
Bangue. Chanvre de l'Inde; de ^' bang^ même sens. On écrivait autrefois Benge et plus souvent Benghe.
Benetnach ; ^ de la Grande-Ourse ; de Jl*» Zj\ — 0 banât na'chj les filles du cercueil, nom arabe de cette constellation.
Boudjou. Pièce d'argent en Barbarie, de^j» boûgoû,
M. Gasselin traduit boudjou par j>-j» Jlj rîâl boûgoû.
Bran. Bœuf sauvage en Provence. Peut-être de oU barrân, signifiant étranger, et aussi, sauvage.
Calife. De ZA^ khalîfa, successeur, a Khalifa. Nom en Algérie du chef indigène le plus élevé dans la hiérar- chie. C'est le même mot que calife. » (Littré).
202 COLC
Carabe. Ambre jaune; de Tarabe-persan \j^kahribâ^ succin.
Carthame. De Ap'j qortom, même sens.
Carvi ou Chervis. De \ij^ karawiâ^ même plante. (Ibn Hauqal, p. 50.) On écrit aussi chervi sans s\ ce qui est bien plus conforme à l'étymologie.
Cheiranthe. Giroflée. D'après Léman : de deux mots grecs y/i^Q et ('^vdoi; ^ ou bien de «^^og et de cheirl, nom arabe des giroflées. Chéri, Alcheiri et Keiri, noms de di- verses variétés de giroflées, viennent aussi de ^j^Kheî- rt, giroflée (V. Ibn-Beith. IL 82 et Mas'oûdî. VIII. 270).
Chiife et son dérivé Chiffon ; de sJit^ chiff, étoffe légère et transparente. Le mot fi-ançais chiffe a encore mainte- nant la signification d' « étoffe légère et de mauvaise qua- lité ». (Litt.) La terminaison on dans chiffon est pour le diminutif et non la nunnation, comme on l'a écrit. (V. Génin. Récréât, philolol. 86 ).
Chiffre. De Jl^ sifr, vide. Zéro est étymologiquement le même mot.
Coran et Alcoran; àe J^} qorân , lecture. Aboran, malgré l'autorité des classiques, tend à disparaître.
Colcothar. Transcript. de jlla^b qolqoiâr^ corruption de 'f^aXv.av&og ou yc(.XY.àvQ^ri,
FIRM 26^
Corge ou Courge. Paquet de toile de coton des Indes (Litt.) Probablement de rj^khorg, besace, sac de vo- yage. Dans ce dernier sens le mot est très employé dans le dial. vulgaire. (V. Ousâma ibn-Monqid p. 8, 53, etc.).
Coufique. Ancienne écriture arabe; du nom de la ville de 4»^ koûfa, la rivale grammaticale de Basra.
Courban. Fête musulmane; de ù\j qourbân, sacrifice.
Cuine. Cornue qui servait à la distillation de l'eau-forte. Probablement de ZSi qanina, bouteille, fiole, écrit aussi ÂA^5^ qinntna. (V. Freyt., Belot et Ousâma p. 100.)
Damas. Etoffe; du nom de la ville de Syrie, en arabe jt^ ^ dimachq. « Le J ^ final fait comprendre la forme des dérivés damasquiné, damasquette » (Devic) ou plu- tôt ces termes ont été formés sur le latin Damascus.
Doura. De Sj S dourra, même sens.
Élémi. Résine du balsamier élémifère. Peut-être de </V lâmîj gomme élémi. Mais il n'est pas impossible que les Arabes nous aient emprunté ce terme, récent chez eux. Etymologie douteuse, (V. Dozy, Gloss. et Devic).
Filali. Industrie des cuirs dont le siège principal est Tafilet dans le Maroc. C'est l'adj. U^^ ftlàlt, de Tafilet.
Firman. Du persan ù^jjirmânj ordre royal, ordon- nance. Le mot a passé en turc et en arabe.
204 IRAD
Foutah. De l'arabe-persan ^Ly foûia.
Genette. Quadrupède africain, de JaJ^ garnaity même sens.
Goudron. De c)\Ja» qairân^ (i) même sens. (V. Introd.).
Goum. Contingent militaire des tribus algériennes, de Ay qaum^ troupe, prononcée ghoûm en Algérie (V. Devic et Gasselin).
Gourbi. Hutte, ou village de tentes en Algérie; de l'a- rabe algérien (J,j gourbi.
Grabeler. Eplucher ( Pharmacie). Ce mot semble avoir subi l'influence de Jlj& gharbâl^ crible.
Haret. Chat sauvage. Devic le rapproche de S^a hirra, chat.
Harmal. Plante ; de J^ ^ \\annaU même sens ; ou du
latin harmala^ qui est dans Apulée.
Hégire. De S^ hagra, émigration (de Mahomet).
> Hoqueton. Vieux fr. auqueton, aucoton, etc. de JLull
al-qotorij le coton ; d'oii Coton lui-même.
Houri. De (Sjj>- ^oûrî, même sens.
Iradé. Décret impérial en Turquie. Transcription de l^\j\ irâda, volonté, prononcé avec l'imalé.
( 1 ) « Algatrane Espèce de poix. Elle se trouve dans la baie que for- me la Pointe de S*® Hélène, au sud de l'isle de Plata». (Trévoux) C'est la transcr. de cii^^^l al-qatrân, le J q étant souvent prononcé $. gh.
MEDJ 265
Jarde ou Jardon. Tumeur qui se développe à la partie externe du jarret du cheval; de Sj>- gamd, même sens.
Jubis. Raisins secs en caisse ; de ^3 ^abtb , raisin sec.
Jupe. De 4^^ goubbdy robe. (V. Dozy. Vêtements.)
Kermès. De y^j, qirnil^^ même sens. (V. Carmin.)
Kharbéga « Nom d'un assemblage de trous, que l'on creuse symétriquement sur une surface plane, et dans lesquels on pose des cailloux ou des noyaux de datte, en guise de pions : 4a>^ kharbéga , » (Cherbonneau. Diction- naire franc -ar. pour la conversation en Algérie).
Laque. Gomme laque; de l'ar.-pers. dli lakk^ ou ilV lâk.
Marcassite. De liuLjy marqachîthâ^ même sens.
Matassins. De ù^y^ moutawaggihîn^ plur. de 4>-^ moutawaggih^ masqué. (V. Dozy. Gloss.)
Matraca. Roue garnie de marteaux de bois ; de ^Ja* mitraqa, marteau ; vulgairement mairaqa; d'où Matraque, bâton^ trique en Algérie.
Matras. Vase employé en chimie ; de S^k* matara, outre de cuir.
Medjidieh. Décoration instituée par le sultan Abd-ul- Magîd, en arabe J^ j^ 'abdoul-magîd, le serviteur du
266 ORCA
Glorieux (c-à-d. de Dieu). Medjldieh est un adj. fém. i jl^ formé sur magtd, glorieux.
Mérinos. Probablement de la tribu des Béni-Mérîn, établie aux environs de Tlemcen. (V. Litt. Suppl.)
Metel, Methel ou Pomme mételle ; de J^i* mâthil, même sens.
Moire. De j^ mokhaîyar. Ménage écrit mouaire,
Moise. Terme de charpente ; de (ij^^ mowâ^t, parallèle.
Moringe. Le même arbre que le ben, de ^y mirnagy ou de /y mirnah. ou morannah.
Mortaise. Peut-être de j7^ morta:{^ , planté, fixé (Devic).
Moustapha du Mustapha. Gros homme barbu ; venu sans doute d'un ^yk^^ Mostafâ quelconque. (V. Litt. ) Mustapha est aussi une variété d'oeillet.
Orcanète. Plante originaire de l'Orient avec laquelle on colore l'alcool employé pour les thermomètres. On l'appelle encore alcana, alkanna, alkanet^ et alhenna. Bocthor traduit orcanète par ^l^l l>- \vinna al-ghoâla^ ou J^il Ia>- litt : h.inna de la goule, qui est aussi une plante tinctoriale. Pour les transformations qu'a subies al-hinna avant de devenir Orcanète V. Devic,
TART 267
Raquette. Ce mot désignait primitivement la paume de la main; de î>-b râha, même sens (V. Devic).
Récamer. Broder en relief; ^j raqam^ même sens.
Romaine. Instrument de pesage; de ^Uj rommâna^ même sens.
Smala ouZmala;de U*j :{amla, famille d'un chef et son mobilier.
Solive. Devic rattache ce terme de charpenterie à s^salab^ arbre d'une longueur notable. Peut-être ce mot est-il d'origine celtique.
Sophi «de Sy^ sefwt , adject. dérivé du nom du cheikh Séfi, sixième ancêtre du chah Ismaïl, fondateur de la dynastie des Séfis » (Defrémery. ) On a dit sophi sans doute par confusion avec soufi. (Voir ce mot ).
Tamarin. De (i-u* ^^ tamar hindt, datte indienne.
Tare. De ^Jh tarha, de la racine r^ tarah, jeter.
Tartane. Petit navire de la Mediterrannée. Esp : tarida. Plur. Val: terides. On veut généralement que tartane dérive de l'arabe. Est-ce de SJb^ iarîda, vaisseau de transport (i), d'où les croisés avaient fait taride} Mais alors d'oij vient la finale ane^ L'arabe possède -encore la forme ^l^L tarâd,
(1) Sultans Mamelouks. T. I. l'-^part. p. 144.
268 ZAGA
Thuban. Etoile de 3 ^^ grandeur dans le Dragon ; de ôU^ thou'bân, dragon.
Trique. Ne trouvant rien de mieux je propose de rat- tacher ce mot à J^L taraq^ frapper.
Vacouf et Wacouf. « Nom dans l'Algérie ( et dans les pays musulmans ) des biens appartenant aux mosquées. On écrit plus souvent vacouf)^ (Litt.) conformément à la prononciation turque de ôyj woqoâf^ pluriel de ^j waqf^ legs pieux; ou simplement de ce dernier mot, qui dans la bouche des Turcs devient vaqoûf\ ^j a passé également en Persan.
Valise. Peut-être de ^j waltha, saccus frumentarius, cophinus magnus. (V. Devic).
Zagaie. Arme dont se servent les Maures, qui est une espèce de javelot. Les Turcs ont aussi des Zagaies. (Trévoux.) Le mot est emploie dans toute l'Afrique et même en Australie. De ÎiIpJ ^agâïa, mot d'origine ber- bère, et que les Arabes emploient dans le sens de baïon- nette (Bocthor.) Ar:[egaie est le même mot avec l'article. C'est «une lance anciennement employée par la cavale- rie ; elle était courte et ferrée par les deux bouts. » (Littr é . Supp lém . ) .
ZOUI 269
Zouave. Nom pris d'une confédération de tribus kabyles.
/ Zouidja. Terme d'administration en Algérie; éten- due de terre que deux bœufs peuvent labourer dans la saison (Cherbonneau). Transcription de ^L^jj ^ouiga^ qui se rattache à jo J former une paire (Devic).
ADDITIONS ET CORRECTIONS
Page 5 . note. Aboukorn est aussi le nom d'un quadru- pède du Soudan, qui porte au front une protubérance osseuse, mince et droite; de ,j} y) aboû qorn, littér. le père de la corne. L'itiré. Supplément s. v.
Adive. C'est un animal qui ressemble beaucoup au chacal. Esp. et|Ma/: adiva. Plg: adibe. Maj: adiré. «Les Arabes et les Barbaresques, dit Sonnini (i), l'ap- pellent thaleb\{2) et les paysans Egyptiens abou-hussein^ c'est-à-dire père de hussein, (^)... On trouve les' adives
(1) Hist. Nat. T. I.p. 108.
(2) ^_^ tha'-lab, reRâvà. Dozy blâme les voyageurs, qui ont cru recon- naître ie renard dans l'adive. Comme le fait remarquer M. de Eguilaz adivi (ou ï^iîl) parait avoir désigné aussi le renard. Il cite à l'appui l'ex- pression uva de raposa qui dans P. de Alcala correspond à ainab a dih. Et chez les médecins arabes ^ji\ ,_^ , morelle noire, est synonyme de ^JL«2!I sjxs-, .Rien d'étonnant en cela. Car dans les descriptions que les natu- ralistes nous ont laissées de l'adive on voit que ce quadrupède tient beau- coup du renard.
(3) Lisez crt-ai_^.l cihoû housaîn, sm'nom du renard en Arabe. Ce qui prou- ve que l'adive était considéré comme un renard en Egypte. Sonnini semble avoir compris cru.> housaîn avec un y« et en faii'e un nom propre. La dis-
ADIV
dans presque tous les pays que fréquentent les chacals^ c'est-à-dire en Afrique et dans quelques parties de TAsie.» Adive vient évidemment de ^Ull ad-dîb, prononcé vul- gairement addth. Ce mot signifie proprement loup. Mais il est incontestable qu'en Algérie et dans le Maghreb il a désigné aussi le chacal (V. Dozy Gloss. 45 . ) ^1 semble qu'il en ait été de même en Orient. Dans le désert Ara- bique, raconte le R. P. Philippe de la S. Trinité « il y a un animal qu'ils nomment D//^, assez semblable au loup , mais d'une autre espèce, comme il est aisé de juger par ses hurlements.» p. 'j^. Dans cette description il est facile de reconnaître le chacal, dont le hurlement est tout-à-fait caractéristique. On trouve encore chez les naturalistes adiré, au lieu de adive, et même adil. Belon définit Vadîl: une «bête entre loup et chien^ que les Grecs nomment vulgairement sqailachi, et croyons être le chryseos ou lupus aureus des anciens Grecs. » Buffon rapporte que beaucoup de dames à la cour de Charles IX avaient de s
tinction entre le ^ et le ^Ja échappe facilement à une oreille européenne ; quoique ces deux lettres différent autant que le b et le p. Il faut en dire au- tant du i et du ja quoique Dozy {Gloss. p. 208). ait écrit que ces deux lettres se prononcent presque de la même manière. Quelques années de séjour en Orient aiu'aient encore modifié cette opinion du savant professeur.
272 ALCH
adives au lieu de petits chiens. Cette fantaisie ne dura qu'un temps.
Albacore. Wicquefort écrit albicore. «Les alblcores que l'on tuait étoient la plupart aussi grands que des Thons.» Quelques anciennes relations portent albo- cores ( forme portug, ) et appellent albocorets les jeunes albacores.
Albogues. Esp\ albogue (espèce de trompette). «Ce sont deux instruments de cuivre, en manière de chan- deliers, qu'on frappe l'un contre l'autre] pour en tirer u;i son, qui s'accommode bien avec la cornemuse et le petit tambour (i). Ce nom-là est morisque. » C'est l'arabe J^l al-boûq, la trompette.
Alchimélech. Pfg: alchimelech. «C'est, dit Bosc, le nom arabe d'une espèce de mélilot, qui croît en Egypte». Effectivement alchimélech semble une corruption de dlill Ji'i^^ ikltl al-malekj qui désigne le mélilot en arabe, dllll JJfl à son tour est une altération du grec fisXlhnop Ibn el-Beithâr Taffirme expressément : « ^jJ^\ j» ^^^U dlili » (2). Mais, les Arabes, à qui a^j^J-^^ ou [laUlmùv ne disaient rien l'ont transformé par un procédé éminem-
(1) Dict. Trévoux 5. t).. -
(2) Trad. de Leclerc 11° 128. et Edition de Boulac. I. p. 50.
ADDITIONS 275
ment propulaire dans le nom poétique de dlill JiS^l c'est-à-dire, la couronne royale. Voici les propriétés
que lui attribue Ibn Gazla : a UJl ç\j^\ c^j Ji^j 1 ju^ Jslm
j^l J^l ^i\) •IJU-Vb J^lÂl^ ci ( man. déjà cit. ).
Alcôve. Dans le passage arabe cité, traduisez : a sous un pavillon». Pour le sens de pavillon, dais, baldaquin Cfr. Ibn Batoûta III. 263, 287 et pass.; palanquin, litière couverte: Mas'oûdî VII. 108. Quant au sens d'alcôve, on le trouve dans Ibn Khallikân : « Z" ^ l/j aJ il cJ^ [^9)}\ *\lt]\j sJuJi\ j, ^jj^)! ; il avait une alcôve d'hiver etc.». Historiens Orient, des Croisades A\\, ^^c). — Du Loir [Voyage du Levant p. 70) parle des alcôves con- tenant le lit chez les Turcs.
Aliboron. Ce terme étant invariablement accompagné de maître^ je ne puis que souscrire à l'étymologie de Devic, qui dérive aliboron de Jjjuîl al-bîroûnt (1), sur- nom du fameux jjjuil -^^ ù: -W^Ol^jj'J • Ce savant, contemporain et rival d'Avicenne, a joui d'une réputation immense, non seulement chez les Arabes, mais encore chez nos ancêtres, qui en faisaient un grand magicien, possédant à un haut degré le don de prédire les choses
(1) Ou al-baïroùnî.
18
274
ALMÉ
futures (i). «Le nombre de ses ouvrages, dit Al-Baïhaqî, dépasse la charge d'un chameau ; «jvio J-?- Ac ^[^ vIj^Ij» On peut en voir l'interminable liste (2) dans l'introduc- tion de la Chronologie Orientale ( aJU) jWl . édit. Sachau). On se demande comment un homme a pu suffire à cette tâche. Ainsi «sa main ne quittait pas la plume ; Jjli il5o V UaII oJj» (Ach-Chahrazoûrî). Elle aborde tous les sujets : théologie, mathématiques, jurisprudence, astronomie, astrologie judiciaire, science des talismans, etc. Et dans les travaux vraiment scientifiques Aboû-Raihân mon- tre souvent une élévation, une supériorité, qui dénotent une intelligence d'élite. (3) Quoi d'étonnant que son nom soit devenu synonyme de maître, « de personnage éminent.? » (Littré) . (4)
Aimée. «Les aimées forment en Egypte une caste à part. Elles sont beaucoup plus cultivées' que les autres
(1) Dictionn. infernal, avt. Abou-Ryhan,
(2) L'article que M"^ Leclerc consacre à Al-Bîroûnî, dans son Histoire de la médecine arabe, ne fait pas suffisamment, croyons-nous, ressortir cette prodigieuse activité.
(3) Voy. par ex. son livre sur Vhide que nous avons cité fréquemment.
(4) Scheler (art. alihoron) parle «d'un subst. arabe alhordn^ âne ( plutôt bête de somme).» Ce mot arabe n'existe pas. C'est ûji-nîl, al-hirdaun que le savant lexicographe a voulu dire. A l'art, almanach il est question de «l'arabe wanay, feuÛles, d'un verbe manaj.y> Tout cela nous est inconnu.
ADDITIONS 275
femmes de l'Orient, savent livre et écrire et un grand nombre sont poètes » . Du Belloc, Revue du Monde Ca- tholique, p. 490, Sept. 1889.
Alula. «Les étoiles des pattes se nomment, l etft Ta- nia, V ei^ Alula, t Talita. » (Arago. Astron. pop. I. 338), Tania et Talita sont des prononciations vulgaires de ÎJt thânia, deuxième, et de 4^1 ^ thâlitha, troisième (i), en sous-entendant Vfi saut. (Abdurrahmân. 5 3 .) Alcor, qui se trouve dans la queue de la Grande Ourse «ne vient-il pas de lj\y>- ou même de ûb^ '^ ^> (2). Cela paraît vrai- semblable. Phegda et Mégre^ (3), 7 et 5 de la même constellation représentent respectivement i^ fakhà^ fikhà, cuisse; (V. 'Abdurrahmân. 5 3 ) et jJ^a maghre^, ou ^ il) 3^ racine delà queue [Ibid.).
Amarre. L'origine germanique paraît pourtant aussi probable ; le contraire de amarrer est démarrer. Nous disons en note que ^j% ou 4-^ a proprement
(1) La 4"^* patte n'a pas de nom spécial, les deux pieds antérieurs, collés ensemble, sont désignés sous^Ie nom collectif de talita ou ^iJUJl Sjisll (V.Chams ed-din de Damas, fig. 2).
(2) Note de M. Schjellerup. p. 50. Alcor est appelé par les Arabes J-Ud saïdaq, le fidèle ( ^Abdui'rahmân. 50 ) , et non l'épreuve comme traduit A. de. Humboldt.
(3) Voy. Ai'ago. Astron. Populaire loc cit.
276 AUBE
le sens d'amarre. Cela est exact; mais il signifie primi- tivement corde (Aghânî. XXI. p. 193. 1. i) Il apparaît dans un vers de Motalammis. {Ibid> 192. 1. 23).
Amogabare. Ancienne milice espagnole; Esp. : almo- gavar, almugabar. Cat. : almogaver, almugaver. (V. Eguil.) Trévoux se trompe quand il dérive «Amo^a^ar^ de mugabar qui vient de g abar^ (lisez jL>. ) géant, fier»; c'est j^Uli al-moghâiver qu'il fallait dire, soldat qui court la campagne pour faire une razzia, une algarade dans le sens étymologique de ce dernier mot.
Assaki. Sultane favorite. Littré (i) dans son Sw/?/?/. donne la véritable étymologie; ^jCl^U. khâssekî, formé de l'arabe lA^ khâssa, et de àkî^ terminaison turque. Sous les Sultans Mamelouks les Khassékis étaient les intimes du sultan. A la cour ottomane ,J^\^ s'emploie encore pour désigner les personnes attachées au service intérieur du palais, et surtout la sultane préférée, qui pour cela s'appelle Û^LU jC^U khâssekî soliân,
Au.hergine,Esp,Plg. Va/.: berengena. Ptg.: bringela.Ca/.: alberginiera.£'s'/?.:alberengena.Ca^.Ma/.:alberginia.D'Ar-
(1) Résumant Quatremère : Suit. Mamel I. vol. 2«i« p. 159.
ADDITIONS 277
vieux a merinjane ; de J^:\ibâdln^ân ou bâdingân (i). Le vulgaire dit CM^- betingân et cMj^^ bidangân. L'arabe africain dn})\^>\bâdin^âl. Le Mahâsin ach-Châm (2) met le u^^[ au nombre des plantes propres à Damas. Parmi les vers qu'il cite on remarque les formes r-x:^ et 4o.JU) et même l'épithète ^-u^ appliquée à un repas où abonde l'aubergine. Dans Mas'oûdî il est également question «d'aubergines àlaBourân (3), bonnes à ravir; O^^^.J -cj::!* di^J 4* • ùbji (VIII. 395). Pour les autres formes françaises et orientales du mot nous renvoyons au savant article de M. Devic.
Page 32, ligne 17, lisez : j^j cd
Azédarac. Conformément à l'étymologie persane nous écrivons c-^j^^t^ , mot que les auteurs d'accord avec nos manuscrits orthographient habituellement avec un seul i . ( Les deux Mlnhâg^ Splendeurs de Damas, etc).
(1) Cette forme est celle du Mu'arrab, d'Ousâma ibn Monqid, d'Ibn 'Gazla, de Soyoûtî ( jlkJI cfl cjb>i>»^rû2>*/»«^aûuscrit.), etc. Devic ne la men- tionne pas. ùl?JiU avec un dâl est adopté par la plupart des autres manu- scrits de notre bibiothèque : Minlidg ad-dokkân, le Kitdh al-Mougiz de 'Alâ ad-dîn, etc.
(2) Man. déjà cit. L'auteur énumère deux espèces d'aubergine : ^^♦^Vl
(3) Allusion, croyons-nous, à la célèbre épouse de Mâmoûn.
278 - BAZI
Notre traduction «pour allonger leurs cheveux» est peu claire. Mettez : «pour faire grandir.» Cette propriété est également attestée par Ibn ûazla : ^^t^iSl ^it^ll J^y^j» a ^_;-yl 4j ; et par Ibn Mâgid. ( manusc. cités).
Axirnach : de 3\^\ (i) avec kasra^ accentué delà sor- te jusqu'à trois fois dans Ibn Mâgid (^Uûli ljy>-^\ manusc) N'ayant chez aucun auteur arabe trouvé une description précise de cette maladie, je crois à propos de transcrire les premiers vers que lui consacre notre manuscrit.
iycj^ (^ cfilS fi^:^ i i>ill /i^ Sjju». àf C^
Pa^. 39. //g-, i®^^ et 2°^®. Trop général; à comparer avec ce que nous disons dans l'Introduction à la lettre ^
Balle. Paquet de marchandise. N'admettant pas que ce vocable ait la même origine que halle à jouer, je pro- pose de le dériver de l'arabe-persan Z\ bâta, sac (2).
Bazin. Etoffe. J'y verrais volontiers l'arabe }. ba:{:{^
(1) jj>à, paraît une simple faute d'impression chez Devic.
(2) yu ballot, en vulgaire, est un emprunt fait à l'Europe.
ADDITIONS 279
pannus lmeus,bombacinus, sencus(i). J'assignerais lamê- me origine à bombas in et bomba^ine* Plus tard ces deux termes auront été réformés sur le lat. bombix et le bas grec ^aiiSâMov^ qu'on croyait y reconnaître.
Betelgeuse. «De ibt al-djaiqâ, épaule (2) d'Orion. La forme Beldelgeuse semble confirmer cette étymologie, la lettre / pouvant provenir de la prononciation empha- tique du if.» (Luc. Gautier). Cette explication sera con- vaincante le jour 011 l'on signalera chez les astronomes arabes *ij^l Ja)J ibt al-gau^â pour Betelgeuse. Malgré nos recherches, nous n'avons trouvé que «-^j^-^ et -ij^U^^X^» épaule d'Orion. De w^ à Jajj il n'y a pas loin, et peut- être ne faut-il pas désespérer de rencontrer ]ai)
P. 52. /. it;. lisez : la présence de b. A la ligne 17 c'est encore b qu'il faut lire.
Bourrache. On prétend que ce nom de plante dérive de l'arabe. Est-ce de J^Ty, boû kharich, nom de la bourrache dans Ibn el-Beithâr ? (Voy. trad. D^ Leclerc n^ 2024).
ir
(1) Il y a encore ûx<H 1 étoffe de soie. ( Mu'arrab. 79. et Aram. Fremd- vjorter p. 42).
(2) Littéralem. aisselle. Au lieu de Jajl Scaliger écrit J^l, hât\ que M. Schjellerup fait suivre d'un point d'interrogation. i,b est la forme vul- gaire de LjI , (V. Belot. Dict. fi\-ar. et Landberg. Prov. 266 ).
28o CAMO
P. 67. 1. 8. Au lieu deOila-i lisez JÙx^j ainsi que l'indique la transcription européenne.
P. 67. lig. 10. Mettez un tréma sur Vi : caïmacan.
Calioun ou Galioun. Pipe orientale ; du persan ùj^ qalioûn ou ùiS» qal'iân, dont en Syrie on a fait û>^ gha- lioân (i), pipe dans le genre du chibouque. (V. Mohît, Bocthor, Heury). Dans les relations de voyage on trouve encore les formes calian, kalian et kaléan.
Camocan. Esp. : camocan, camucan, çamoçan, can- nucan. y/^w,r/r. : kamoukas, camocas. Probablement de \9Skamkha ou kimkhâ (2), mot qui est dans Ibn Batoûta (IV. 269 et pass.) dans les Mille et une Nuits IV. p. 3 58. éd. Habicht, dans Bostani, etc. avec le sens de brocart (V. Dozy. Gloss.) Canque espèce de toile de coton qui se fabrique à la Chine «paraît être le même mot.» (Devic). J'assignerais la même origine à Cancanias «atlas (3) ou satin que l'on tire des Indes Orientales. M. de Jong dans un manuscrit de Tha'âlibî (Latâïf al-ma'ârif) a trouvé
(1) Pluriel : ov^. Dans un dialogue (arabe vulgaire) on lit ; '^j.^^ [a j| » « wj,/w. ykj à^jtf Jj-»^ "^ jAl I4-» lj-..9t-j U S\f\ [^{Almanach du Bachir. 1880.* p. 92*)."*
(2) Qui paraît être la meilleure leçon.
(3) Transcription de l'arabe ^^Ji»] «pannus glaber sericus, nostrum Atlas » ( Freyt ). V. atlas dans Trévoux.
ADDITIONS 281
jUiT! Dozy se demande s'il ne faudrait pas lire 0^3^-'^ ( Gloss. Esp. 246). Camocan et Cancanias rendent cette conjecture bien probable.
P. 74. lig. 4; lisez : Trad. de Slane.
P. 92 : ï> ÛT^avec damma est dans Ibn Mâgid.
Dague. Malgré le Portug. adaga nous pensons que ce mot ne se peut rattacher à aucune racine arabe. L*é- tymologie germanique est très satisfaisante.
Dubhé. Corrigez ainsi : de 4>3 doubba, ourse. Elle est au centre de la Grande Ourse.
P. 108. 1.4. Escoffraie doit probablement naissance à schapraey (V. Scheler) mot très usité en Flandre avec le sens d'armoire, garde-manger; le sens primitif d'es- coffraie étant établi d'ouvrier, ou «grosse table qui sert à plusieurs artisans à préparer leur besogne.» (Trév.).
P. 108. note : targon est cité par Devic.
Fanègue. Esp. Cat, Ptg : fanega. Val : fanega. Esp : hanega. La fanègue est une mesure d'Espagne pour les substances sèches (i), équivalant à 60 litres. (Littré). Ce mot ne date en France que du milieu du siècle dernier. On écrivit d'abord fanega, qu'on faisait masculin. La première fois que ce terme parut avec une terminaison
(1) Pour les liquides, dit M. Devic; détail à corriger.
282 GARA
française et le genre féminin, ce fut dans la Relation du voyage de la mer du Sud par Frezier. Fanéga et Fanègue viennent de ^Iji faniqa «mensura aridorum in Hispania dimidium kafizi continens » (de Goeje) ; ou comme dit Moqaddasî : ^Lij y^j ^p oIê »)JIj MLj ô^L« ^^jGVI jC^ » ^< • jûaII Jsl^ . Dozy ( p. 240. 1. 5 ) traduit XiS par boisseau. (Supplément aux dict. ar,).
P. 1 16. 1. 7 : dto foulq est encore dans le titre de l'ou- vrage bien connu de Soyoûtî : ô^^i dllâîlj ôyA\j^\ ; le Trésor caché et la Felouque chargée, où «dli* ne figure pas pour la rime.
P. 122. 1. 9 : et o^y^ khaulagân. Ibn Mâgid. man.
Garance. Au 13^® siècle warance, plus tard warenche, garance.-Volci la filière imaginée pour l'étymologie de ce vocable : varantia (Ducange) pour verantia^ qui lui- même est pour verans color, sive verus^ hoc est vere ruber. C'est là un tour de force, dirons-nous avec Sche- 1er. L'arabe nous fournit heureusement une explication plus naturelle :^j-jj wars est une plante rouge (Avicenne : Qânoân et Ibn 6azla : Minhâg) servant à la teinture, ou comme parle Ibn Hauqal : (p. 3 1 . 1. 15). J^ à j^\ OL*» « 4) i.^ i)^}s:)\ . De là ^jj c-j^ habit rouge, littér. teint avec le wars, La plus belle espèce de garance venait
ADDITIONS 283
d'Orient, ((d'où elle paraît originaire». (Privat-Descha- nel.) D'après les Arabes le <j-jj ne se rencontre qu'au Yémen (i). En français la garance porte déjà le nom ara- be d'ali^ari (V. ce mot) ^jj est prononcé waras;\a. lettre n est adventice (Cfr. Introd. Observ* génér.).
Gemmadi. Sur cette transcr. incorrecte écoutons Ibn Kamâl-Bâchâ : ^^L 1^>*H ^^i^lj ^U^U JUIj cijlXii^»
« ijvTj^ C-jblj . ( 4Ju . p. II). Toutes ces fautes se ren- contrent en effet chez les Turcs qui disent JjVi (iSL?- Dans nos manuscrits le mot est souvent écrit (i^l?* ; et dans les inscriptions de Cordoue on trouve (iil-^-, j^Vl (i^l?-
et JjVl cf^lr (2).
Hanéfîte. Les autres sectes orthodoxes sont les Cha- féites (disciples de l'imâm ^Wl), les Hanbalites (disci-
(1) Cfr. AsmaH : «^ijjVI j^j w-aJIj ùUUb o-Jî^l = ù*^^."^^ ûjSC: V ^&^ . V. aussi Ibn el-Beithâr : « le "wars d'Inde est rouge, d un rouge éclatant. » N° 2283. et le Minhâg ad-dokkân : Jjj ùsJI jj,^ Ji/» ojjj . .^1 ^'^. cy* ^, 0,ji Ul-hjI >^. c;>"u ( man. cit.)
(2) Inscripcioiies arabes de Cordoba, par R. de los Rios. pass. J'y rencontre aussi les expressions : ^.^1 , ^^1 ^^i- ; ce qui confirme notre observation précédente. ( Introd. XVII. n. 2.) Dans le j^^\^ ^15C>I ç3 tA^s-U)) k^Uf (man. Univ. S. Joseph) on trouve également yj>X\. Le héros de cette histoire est un certain J^JiSJs-, vizir de Saladin, sur le compte duquel on met les plus di'ôles aventures. N'est-ce pas l'origine du karagouz ou caragueuz des Turcs (V. Littré. Supplém. et Devic).
284 MAND
pies de jLwJI ^Us- 0: -^^0 ^^ ^^s Malékites (disciples de
p. 1 39. l. 9; lisez : khin^ir, 1. 21 lisez : giullebbe.
P. 142. 1. 14. Un autre mot, étymologiquement sem- blable à magazin, est Magzem «qu'on écrit habituelle- ment mag:{en ou magh:{en.)) (Littré. Suppl) Mais pour- quoi ajouter que l'orthographe exacte est matchen ? Le t surtout est de trop.
P. 145. 1. 8. — lisez : Sérasquier ou Séraskiev.
P. 1 5 1. 1. 4. lisez :{araba; à la 9^® 1. ajoutez : la p. 546 de L. de Eguilaz.
P. 152. note I. lisez : jl.^ gamal,
Mandille. Esp. Ptg* Val Prov, et vieux fr : mandil ; de JjoI* mandil ou mindîl[i), sorte de long voile en coton à l'usage des femmes (2). Comp. JxoJ J» juic jju • (Aghânî. IV. lyi.Boulac).
(1) La première accentuation est la plus ancienne et la plus conforme a l'original mantile ou au bjzantin iiavôr/Xiov» Mindil doit naissance à la forme J;j»i/i à laquelle l'ont ramené les Arabes. Même remarque pour ^j^ tirrîkh, petits poissons, de 7a()f/oc ; jjjùS demrdrjXa, JjXs} blâmé par Ibn Kamâl Bâcha est étymologiquement la meilleure forme.
(2) V. Syn. Arab. n. 807. Scheler ne connaît à l'arabe que le sens de «linge à essuyer.» C'est là une traduction insuffisante. L'œuvre du savant professeur de Bruxelles gagnerait, si on en revoyait les étymologies ara-
ADDITIONS 285
P. 1 5 6. 1. 2. lisez : V. le mot précédent.
Maraud. Le sens primitif de maraud étant gueux, misé- rable, nous croyons qu'il est chimérique de le rattacher à ^ji* mâridj qui signifie rebelle, et aussi, sorte de Djinn. La forme ^jj^ maroûd, si elle était employée, aurait le sens de ^jU mârid,
P. 158. note I. Le Mu'arrab (p. 7) met le mîm au nom- bre « des labiales qui sont : ^. e-». ^ ».
P. 159. lig. 1 3 ^^ lisez : une forte altération.
Molequin; du L. molochinus. Le reste est à effacer.
Moucharaby. Balcon grillé des maisons turques. Nous croyons avec M. Lucien Gautier {Revue critique, art. cit.) que Ton pourrait admettre ce vocable dans nos dictionnaires. Il vient de £»j^ machrabîa (Mohît), ainsi appelé, paraît-il, parce qu'on y laisse rafraîchir le '^jt^ ou gargoulette. Ne pourrait-on pas aussi le rattacher à ^j^A mocharrab (Golius), mêlé, enchevêtré, et à Z\jt charrâba, flocon du tarbouch? Rien n'est en effet plus capricieusement enchevêtré que les carreaux en bois sculpté de certains moucharabys.
bes, surtout les transcriptions. Ainsi il n'est plus permis de répéter avec Ménage que iksîr (élixir) «est issu du verbe kasara»; dans (.(aba?i (art. ca- ban) capote avec des manches et un capuchon» n est de trop. Qu'est-ce que l'arabe, nhard, impedimentum» "i {N. farde) Marabout vient de morahît et non de marahath, qui ne correspond à aucun terme* arabe.
286 REAL
Noria. La noria reçoit en Egypte le nom de ^jL sâqia^ de ^ arroser, et qui signifie proprement ruisseau, canal, rigole ; îiL avec le sens de noria est dans Moqaddasî, Ibn Hauqal etc. Littré (Supplément) a noté «Sakieh, s. m. pompe à chapelet en Egypte».
P. 184. 1. I il OblSill ày^j Jj\ xifà^Xi^. r^ ' ^ *''i'\j^\jA ancien manuscrit de médecine de notre bi- bliothèque sans indication de titre ni d'auteur. Ibn Mâgid emploie 9^ dans le sens de moelle, qui est aussi celui du vulgaire.
P. 195.1. 16. A J^lrt5 qîrâi Littré rattache «Quirat s. m. Terme de droit maritime. Part de propriété d'un navire indivis.» (Supplém.)
P. 200. 1. 10. Lisez Htqâr ou Haïqâr C jU*>. ); de mê- me p. XII, note. Sur jlL>. Cfr. Mu'arrab. p. 54.
Réalgar : jW) J::*^ <S-^^ L^^j d^J^ ci • jIâII A : jU!l ^ C^ii ^1 Jaij {Minhâg ad-dokkân. man. cit.)
P. 203. 1. 10. L'orthographe usitée est nacaire.
P. 21 1. 1. 20 (note). Dans les déserts de Syrie, Ton- ce est encore employée pour la chasse. V. Lettres de Mold III. p. 441 ; on y trouvera la description d'une de ces chasses. L'auteur y confond la panthère avec
ADDITIONS 287
Tonce. Cette confusion se retrouve d'ailleurs dans la plupart de nos dictionnaires d'histoire naturelle.
Samorin ou Zamorin. Nom du souverain de Calicut, qu'on retrouve souvent dans les relations des voyageurs ; de (iyL sâmarî, pensons-nous. V. Ibn Bat. IV. 89. 94.
P. 217.1. i. Lisez : ZJ:. j^j — 1. 8. Lisez : Ob^x- Il est rafraîchissant, d'après Soyoûtî : jJa>^\ ^^^1^ [man, cit.),
P. 218. 1. 5. La transcription saï d {Brachet) peut correspondre encore à J.I- saï/ed, seigneur. Comp. Tesp. «^^aida, senora.» (Eguilaz.) identification repoussée par Dozy.
Taraxacon. Û^J^ que je ne connaissais que par Devic m'est fourni par notre beau manuscrit du Minhâg ad-dokkân à côté de û^Il>-jL
Taude. Banne de toile ; du vieux flam. telde. L'arabe a ai zolla^ operimentum, umbraculum. Mais il faudrait admettre l'insertion d'un d, et la transcription de J^ z par t. Ce serait l'unique exemple de cette transcription en français et en espagnol.
P. 260. 1. 16. Le Mu'arrab (p. 76). écritjjji3
P. 262. Colcothar. jlLliï est dans Ibn Mâgid(3^l S3^jVi. manusc. ) il est dans le Minhâg d'Ibn ûazla avec c^
288 ADDITIONS
et ^Jui5 . Qazwînî a jcliî; ces deux formes sont aussi en marge du Minkâg. Ibn Mâgid a même jlLlU qui est encore plus grec. Colcothar n'a donc pu être forgé par Paracelse.
P. 263. Élémi. (/V n'était connu que par Antâkî, ( Dozy. Suppl. ) et par Qalioûbî. ( i ) Voici un passage du Minhâg ad-dokkân : ^^ 3^ J^\ Cy* J^ S^*^ ^^ y> » ( (/V ) « ^l^^îl ^Ici 4i)ij CjU-IjU ^i* -uAl (2); et un autre de l'A- brégéd'Ibn el-Baitâr (3) par Soyoûtî: : iu Sx ^ î/>lîl»
P. 266. Métel. Jl*j ♦ Uui i-U j_^j j5_^ 3_^ y^> • J»^ 3j^ ^^ « u^j^-î' 0-* ^ ^'^ J^ ^-^ • ( ^'^^hàg ad-dokkân ; man. cit.)
Moringe. Le Minhâg (Ibn ôazla ) porte ^y (sans accents) : ^iJfcîl ^i ^l jUyi>j (i-UA 3^. Dans ce passage les points diacritiques font presque complètement défaut.
(1) Voy. aussi Dozy. Gloss. Espagnol.
(2) La copie de notre manuscrit a été terminée en 1039 de Thégire, (1629 de J. C.) L'ouvrage est daté de 658 ( V. Hâg' Khalîfa). 1259 de J. C.
(3) Une note finale avertit que ce manuscrit a été achevé le 2 de Rabî'al-Akher 1014 de l'hégire (1605 de J. C.)
INDEX DES MOTS FRANÇAIS ^
A |
Albor |
XXX |
|
Albogues * |
272 |
||
Abattre |
1 |
Albora |
5 |
Abdallas ^ |
259 |
Albornos '' ; Albornoz |
58 |
Abencerrage Abit |
32 XXII |
Albotin Album Rhazis |
0 ^^52 |
Abouburs '' |
5 |
Alburnos * |
■^58 |
Abou-Hannes " |
*5 |
Alcade |
7 |
Aboukarne |
*5 |
Alcali |
7 |
Aboukel |
2 |
Alcana |
266 |
Aboukorn |
270 |
Alcaron * |
7 |
Abouquel Abricot |
1 2 |
Alcarraza Alcarrazas |
7 7 |
Abuburs * |
5 |
Alchandes * |
8 |
Abutilon |
3 |
Alcheiri |
262 |
Achernar |
3 |
Alchimélech * |
272 |
Acbour |
4 |
Alchimie |
259 |
Adagio |
4 |
Alcool |
XIV |
Adargue * |
237 |
Aie or an |
262 |
Adène, Adénium |
4 |
Alcôve |
8; 273 |
Adil, Adiré * |
270 |
Aldébaran |
8 |
Adive |
270 |
Aidée |
9 • |
Affion Afrite |
4 4 |
Alépine Alezan |
10 10 |
Aigrefin Akharnar |
259 3 |
xilfa Alfange |
XXXI 11 |
Alambic Alancabuth |
*232 4 |
Alfaquin * Alfier |
*112 259 |
Albacore * Albara Albatros |
5; 272 5 5 |
Algarade Algazel * Algazelle |
12 13 13 |
Alberge Albicore * |
6 272 |
Algèbre Algorithme |
13 13 |
Albocorets '' ^ |
272 |
Alguazil |
13 |
* L'astérisque indique que le mot ou la forme ne se trouvent pas chez De\'ic; joint au chiffre, il renvoie aux notes.
— 291 —
Alhabor |
XXV |
Amalgame |
21 |
Alliagée |
14 |
Aman |
22 |
Alliagi |
14 |
Amarel * |
22 |
Alliaiot |
14 |
Amarre * |
22; 275 |
Alhambra * |
L |
Amblique |
L |
Al bandai |
259 |
Ambre |
260 |
Albenna |
266 |
Amiral, Amirantz * |
|
Alhidade " |
XXV |
Amiratz. Amiraut |
23 |
Aliboroii |
273 |
Amogabare * |
276 |
Alicate |
14 |
Anafln |
24 |
Alidade |
15 |
Anil, Aniline |
25 |
Alizari |
15 |
Antimoine |
260 |
Alizarine |
15 |
Arabi ^ |
25 |
Alkanet |
266 |
Arac, * Arack |
196 |
Alkékenge |
260 |
Arcan |
*25 |
Alkéqueruîbo * |
260 |
Ardeb |
X |
Alkermes |
XIX |
Argan, Arganier |
25 |
Allab |
16 |
Argousin |
14 |
Allez ' |
15 |
Arquebuse * |
25 |
Almade, Almadie |
16 |
Arratel |
27 |
Almageste |
260 |
Arrobe |
27 |
Almagra |
xxxix |
Arsenal |
27 |
Almanach |
17 |
Arzegaie * |
268 |
Almargen |
18 |
Arzel |
260 |
Aimée ' |
18; 274 |
Asangue |
XIV |
' Almène |
XLVI |
Aslani, Assalani * |
M |
Almézérion |
164 |
Assaki "" |
276 |
Almicantarat |
260 |
Assassin |
^ XXI; 28 |
Almoravides * |
155 |
Assogue |
260 |
Almoude, Almude |
18 |
Ataur |
XII |
AlmucantaVat |
260 |
Athanor |
28 |
Alphanesse |
19 |
Atlas '^ |
280 |
Alphanette |
19 |
Atlé |
260 |
Alphard |
20 |
Aubère |
29 |
Aloës |
20 |
Auberge |
- 6 |
Alpbénic |
195 |
Aubergine |
276 |
Alquifoux |
20 |
Aucoton |
264 |
Altair, Atair |
250 |
Aucube * ♦ |
XJLXVIII |
Aludel |
XII |
Aufe, Auffin, Aufin |
XXXI |
Alula * |
21; 275 |
Auge |
29 |
Alvarde |
21 |
Aumusse * |
30 |
— 292
Auphin |
XXXI |
Barboteur |
43 |
Auquel on |
264 |
Barbotière |
43 |
Avanie |
31 |
Bardache * |
43 |
Avarie |
32 |
Barde |
43 |
AveiToës |
32 |
Bardeau ^ Bardot * |
44 |
Avicenniée |
32 |
Bargache * |
44 |
Avives |
32 |
Barge " |
45 |
Axirnach |
33; 278 |
Barque * |
45 |
Ayan |
261 |
Barracan |
55 |
Ayuk |
14 |
Bassa*, Bascha * |
189 |
Azamoglan |
33 |
Baudac |
40 |
Azadaracht * |
33 |
Baudequin * |
40 |
Azadirachta * |
*33 |
Baudrac " |
40 |
Azédarac |
33 |
Bayad |
XXII |
Azédarach * |
*33 |
Bazar |
46 |
Azerbe |
.34 |
Bazin * |
278 |
Azérole |
35 |
Bedaine * |
47 |
Azimech |
36 |
Bédégar, Bédégard, |
|
Azimut 11 |
XIX; LU |
Bédéguard |
48 |
Azoth |
261 |
Bédouin |
48 |
Bélien |
48 |
||
B |
Beldelgeuse * |
279 |
|
Belle rie, Belliric |
*XX |
||
Babouche |
189 |
Ben XX.N |
:V;41 |
Bagage " |
37 |
Benetnacli |
268 |
Bagasse * |
38 |
Benge, Benghe * |
261 |
Bagatelle * |
39 |
Benni |
49 |
Balais |
39 |
Bérat * |
41 |
Baldac, Baldach ' |
40 |
Berbeth |
42 |
Baldaquin |
40 |
Betelgeuse 49; 279 |
|
Baliverne '^ |
40 |
Beteigeuse |
49 |
Balle ' |
278 |
Bézestain '', Bézestan |
50 |
Ballot e |
261 |
Bézestin * |
^^50 |
Balourd * |
40 |
Bézoard |
51 |
Balzan |
XL VIII; 261 |
Binni |
49 |
Bangue |
261 |
Bismuth |
52 |
Baphomet * |
XXXII |
Blanc-raisin |
52 |
Barat |
40 |
Blanc rasis |
52 |
Barbacane |
41 |
Bochir * |
53 |
Barbot |
42 |
Bombasin/Bombazine * |
279 |
Barboter |
42 |
, Bonduc |
53 |
/6 |
b'^ — |
||
Borax |
*2;232 |
Calebasse * |
68 |
Bordât |
53 |
Calfater |
68 |
Bosan |
54 |
Calian ^ Calioun |
280 |
Bostangi |
54 |
Calibre |
70 |
Boudjou |
261 |
Calife |
261 |
Bougie |
56 |
Calotte * |
71 |
Bouquelle |
XLVII |
Camard * |
72 |
Bouracan |
56 |
Camocan, Camocas |
280 |
Bourrache |
279 |
Camphre |
72 |
Bout argue |
56 |
Camus '^ |
72 |
Braise * |
56 |
Cancan * |
73 |
Bran |
261 |
Cancanias * |
280 |
Brodequin |
57 |
Candi |
74 |
Bulbul |
58 |
Cangiar |
11 |
Burnous |
58 |
Canque |
280 |
Buse* |
59 |
Caphar |
74 |
Busard * |
LU |
Caquilier * |
68 |
Bjnni |
49 |
Carabe |
262 |
Caracole |
75 |
||
C |
Carafe |
75 |
|
Caragueuz |
*283 |
||
Caaba |
60 |
Caramoussal '^ |
67 |
Cabale * |
60 |
Caramoussat * |
76 |
Caban |
60 |
Caraque |
76 |
Cabas |
61 |
Caratch |
77 |
Câble * |
62 |
Carmin |
*3;XIX |
Cacis * |
80 |
Caroube |
78 |
Cadi |
63 |
Carouche * |
*78 |
Cadie |
64 |
Carouge |
78 |
Cadilesker |
64 |
Carquois |
78 |
Cadilesquer * |
64 |
Carrobe * |
78 |
Cafard |
64 |
Carthame |
262 |
Café |
65 |
Carvi |
262 |
Cafetan * |
66 |
Casauba |
79 |
Caffar |
74 |
Casba *, Casbah |
79 |
Caftan |
66 |
Caserne * |
79 |
Caïmacam * |
67 |
Casse |
80 |
Caïmacan |
67 |
Cassis * |
80 |
Cakile |
68 |
Cavas *, Cavass * |
81 |
Calaf |
84 |
Caza* |
63 |
Calam |
68 |
Cendal |
81 |
— 294 — |
|||
Cendo * |
81 |
Coufique |
263 |
Censal |
82 |
Courban |
263 |
Cétérach |
XIV |
Courge |
263 |
Chaban |
83 |
Couscous, Couscoussou 91 |
|
Cliâble " |
62 |
Cramoisi |
*XIX |
Chachia |
82 |
Cravache |
91 |
Chaféite " |
283 |
Croupe * |
92 |
Chaland |
82 |
Cubèbe |
92 |
Chalef |
M9 |
Cuine |
262 |
Chaloupe '' |
84 |
Curcuma |
92 |
Chamsin |
141 |
Cuscute |
L |
Chaoux |
87 |
||
Charabia |
85 |
D |
|
Chébec |
86 |
||
Chébule |
XXIX |
Dague " |
281 |
Chéchia |
82 |
Dalle |
94 |
Cheik, Cheikh |
86 |
Damas, Damasquette |
263 |
Cheikh ul-islam |
*175 |
Dame-jeanne |
94 |
Cheiranthe |
262 |
Danek \ Dank * |
95 |
Chéri XXXVir ; 262 |
Darcine *, Darsine * |
||
Chérif |
87 |
Darse |
95 |
Chervi |
262 |
Dauphin |
XXXI |
Chewal |
87 |
Debab * |
xxxvir |
Chiaoux |
87 |
Degré "^ |
95 |
Chibouque |
87 |
Denab |
95 |
Chiffe |
262 |
Dénébalézet * |
96 |
Chiffon |
262 |
D'énébola * |
96 |
Chiffre |
262 |
Dey |
96 |
Chott |
XLII |
Dinar |
*163 |
Cid |
88 |
Dirhem |
" 163 |
Cime * |
88 |
Divan |
XXXVI |
Cimeterre |
88 |
Divani |
182 |
Civette |
88 |
Djérid |
97 |
Cohober * |
XXXIV |
Djinn |
98 |
Coiffe |
89 |
Doronic |
99 |
Colcothar |
262 |
Douar |
99 |
Coran |
262 |
Douane |
100 |
Corge |
262 |
Doum *, Doume |
100 |
Corvée |
90 |
Doura |
263 |
Corvette |
90 |
Dragoman, Drogman |
101 |
Coton |
264 |
Dubb |
XLII |
295
Dubhé •" |
281 |
Fellah |
113 |
Felouque |
115 |
||
E |
Fennec |
117 |
|
Fez |
XX |
||
Ébahir * |
102 |
Filali |
263 |
Éblis |
102 |
Firman |
263 |
Échecs |
103 |
Fomalhaut |
117 |
Élémi |
263 |
Fonde |
118 |
Élixir |
105 |
Fondic, Fondique |
118 |
EmbHc, Emblique |
L |
Fondouc, Fondue * |
118 |
Émir |
105 |
Fou |
XXXI |
Énif |
106 |
Foutah |
264 |
Épicerie '' |
106 |
Frise * |
119 |
Épinard |
107 |
Futaine * |
119 |
Escafe |
107 |
||
Escaflgnon |
107 |
G |
|
Escarpin |
107 |
||
Escoffraie 108 |
281 |
Gabare * |
120 |
Escoffier |
108 |
Gabari *, Gabarit ' |
120 |
Estragon |
108 |
Gabarot * |
M20 |
Eyalet |
109 |
Gabelle |
120 |
Gâche |
* XVIII |
||
F |
Gaïlan * |
127 |
|
Gala' |
121 |
||
Faar |
109 |
Galanga |
122 |
Fabrègue |
109 |
Galbe |
71 |
Fagarier XXVII |
, 110 |
Galée " |
'xxxni |
Falaque |
110 |
Galie * |
XXXIII |
Falque |
114 |
Galvette ' |
^^84 |
Fanal " |
111 |
Gamache |
122 |
Fanéga, Fanègue |
281 |
Gambra * |
LI |
Fanfare * |
112 |
Garance * |
222 |
Fanfaron * |
111 |
Garbe " |
71 |
Faquin |
112 |
Garbin |
123 |
Farde, Fardeau |
113 |
Gazel, Ghazel |
126 |
Farek ^ |
113 |
Gazelle |
123 |
Farfadet * |
113 |
Gemmadi |
123 ; 283 |
Fargue |
114 |
Genêt |
124 |
Earsanne * |
114 |
Genette |
124; 264 |
Féci |
' XX |
Gengéli |
124 |
Feddan " |
114 |
Gerboise |
124 |
296
Gérid |
97 ] |
Hoqueton |
264 |
Gholes " |
127 |
Houka |
'179 |
Gibbar |
126 |
Houle |
135 |
Girafe |
127 |
Houri |
264 |
Girbe |
127 |
Huila " |
XLII |
Goudron |
264 |
||
Gouldran, Gouldron * |
let J |
||
Goultran |
XLVIII |
||
Goule |
127 |
Iblis |
102 |
Goum |
264 |
Imam |
136 |
Goure * |
128 |
Iradé |
264 |
Grabeler |
264 |
Islam |
* 176 |
Grand raisin * |
^52 |
Jambette * |
137 |
Grèbe |
128 |
Jaque * |
138 |
Guider * |
128 |
Jarde |
265 |
Jardon |
265 |
||
H |
Jarre |
138 |
|
Jaseran |
138 |
||
Habalzélin, Habzéli |
129 |
Javari |
139 |
Habaziz, Habelassis |
129 |
Jonque " |
139 |
Habe |
61 |
Jubarte |
139 |
Habesch |
129 |
Jubis |
265 |
Habous * |
XLIX |
Jugeoline, Jugoline |
' 124 |
Hachich |
28 |
Julep |
139 |
Hadji |
130 |
Jupe |
265 |
Haïk * |
130 |
||
Haje |
130 |
K |
|
Hallali |
131 |
||
Hanbalite * |
283 |
Kabyle |
140 |
Hanéflte % Hanifite |
131 |
Kadaïf* |
140 |
Haras |
131 |
Kafis" |
141 |
Harem |
132 |
Kaïd |
141 |
Haret |
264 |
Kaléan *, Kalian |
280 |
Harmal |
264 |
Kali* |
7 |
Ha,sard |
136 |
Kamoukas |
280 |
Hatti-chérif |
133 |
Kandoul " |
141 |
Hebbe |
134 |
Kantar * |
142 |
Hégire |
264 |
Karagouz * |
233 |
Helbe, Helbeh |
134 |
Kasdir |
XIX |
Henné |
136 |
Kataïf* |
140 |
Heyque * |
XLH |
Kazine, Khazine |
142 |
— 297 — |
|||
Keiri |
262 |
Mahonne |
153 |
Kermès |
265 |
Maidan |
153 |
Khalifa " |
261 |
Malckite * |
284 |
Khamsin |
141 |
Mamelouk |
154 |
Khan |
142 |
Mandille * |
284 |
Khandjar, Khanjar |
11 |
Manège * |
154 |
Kharadj |
77 |
Mangala " |
154 |
Kharbéga |
265 |
Marabotin * |
155 |
Kibla, Kiblat |
148 |
Marabout |
155 |
Kiosque |
142 |
Maran *, Marane *, |
|
Kochlani * |
XV |
Marrane * |
156 |
Marcassite |
265 |
||
L |
Marcher * |
157 |
|
Marûl |
157 |
||
Laque |
265 |
Markab |
158 |
Laskar |
145 |
Marmite " XXIII |
;158 |
Lazuli |
145 |
Marmot " |
159 |
Lebeck |
145 |
Marmouset * |
159 |
Lésine * |
146 |
Marquise * |
159 |
Lilas |
146 |
Maraud |
285 |
Lime |
147 |
Mascarade |
159 |
Limon |
146 |
Masque * |
160 |
Lisme |
147 |
Matamore |
160 |
Looch |
147 |
Mat |
103 |
Luth XVI; 148" |
Matassins |
265 |
|
Lyfa |
XXXVII |
Matelas |
161 |
Matraca |
265 |
||
M |
Matraque |
265 |
|
Matras |
265 |
||
Macabre |
149 |
Maugrebin |
162 |
Mâche |
149 |
Me^jidieh |
265 |
Madrague |
151 |
Médresseh |
162 |
Magalep " |
151 |
Mégrez |
275 |
Magzem *, Maghzen |
* |
Melchites |
162 |
Magzem '' |
284 |
Mélochie |
163 |
Mahalep |
22 ; 151 |
Mérak " |
163 |
Mahari |
151 |
Mérinos |
266 |
Mahomerie * |
XLVI |
Mescal |
163 |
Mahomerois * |
XLVI |
Mesquin |
164 |
Mahometan |
153 |
Metel, mételle, méthel |
266 |
Mahometois * |
XLVI |
Mézéréon |
164 |
298 —
Mézérion |
146 |
Nabca |
178 |
Midan |
153 |
Nacaire, Naquaire |
286 |
Minaret |
164 |
Nadir |
xxrv |
Miramolin |
165 |
Nafé, Naffe |
178 |
Mirza |
165 |
Nargliileh, Narguilé |
179 |
Mistic, Mistique |
166 |
Nâtron |
180 |
Mobed |
166 |
Nébulasit |
180 |
Mogrebin |
162 |
Nems |
180 |
Moliarrem |
166 |
Nénufar |
181 |
Mohatra |
XV |
Neskhi |
182 |
Moire |
266 |
Nichan |
182 |
Moise |
266 |
Nizam |
235 |
Moka |
167 |
Nizéré |
182 |
Molequin |
285 |
Noria |
183 |
Mollah |
167 |
Nuphar |
181 |
Momie |
168 |
Nuque |
183 |
Morfîl |
157 |
||
Moringe |
266 |
0 |
|
Mortaise |
266 |
||
Mosch * |
169 |
Oc que |
185 |
Mosette * |
169 |
Ogre |
185 |
Mosquée |
169 |
Ohban XLI\ |
^;185 |
Moucharaby * |
285 |
Ohnde |
187 |
Moucre, Moukre * |
169 |
Omara *, Omhra * |
177 |
Mousselin, Mousseline |
171 |
Orange |
178 |
Mousson |
172 |
Orcanète |
266 |
Moustapha *, Mustapha |
^ 266 |
Osmanieh * |
xn |
Mozarabe |
173 |
Ottoman, Ottomane |
XII |
Mozette * |
169 |
Ouléma, Uléma |
244 |
Mufti, Muphti |
173 |
||
Mulâtre |
164 |
PetQ |
|
Musacées |
175 |
||
Musc |
175 |
Pabouche \ Papouche * |
189 |
Muse |
175 |
Pacha |
189 |
Musulman |
176 |
Palandrie * |
83 |
Papegai, Papegaut |
189 |
||
■ xN |
Para |
190 |
|
Pastèque |
191 |
||
Patac *, Patacon |
192 |
||
Nabab |
177 |
Patache |
191 |
Nabathéen |
177 |
Patagon |
192 |
— 299
Pataque |
192 |
Rock |
208 |
|
Patar \ Patard, Patart |
194 |
Romaine |
267 |
|
Paturon *, Potiron |
194 |
Roquer |
209 |
|
Pénide |
195 |
Roupie |
209 |
|
Phéci |
*XX |
* |
||
Phegda " |
275 |
S |
||
Poutarg'ue |
56 |
|||
Quintal |
195 |
Sabot * |
215 |
|
Quirat * |
286 |
Sacre Safar |
210 211 |
|
R |
Saffre, Safre |
212 |
||
Safran |
212 |
|||
Rac |
196 |
Sahin * |
♦ |
XXXIV |
Raguahil |
152 |
Sakieh ^ |
286 |
|
Raïa |
196 |
Salamalec |
'218 |
|
Raïs |
197 |
Salandre * |
, Zalandre " |
83 |
Ramadan |
198 |
Salep |
212 |
|
Ramberge " |
198 |
Sambac |
213 |
|
Rame |
199 |
Samorin *, |
Zamorin |
287 |
Raquette |
267 |
Sandal |
213 |
|
Rasas |
52 |
Sansal |
220 |
|
Ratle • |
27 |
Santal |
213 |
|
Raze |
199 |
Saphène |
213 |
|
Razia, Razzia |
200 |
Sarbacane |
214 |
|
Réagal, Réalgar |
201 |
Sarrasin * |
215 |
|
Rebec |
202 |
Satin |
215 |
|
Rébi |
203 |
Savate "^ |
215 |
|
Récamer |
267 |
Sbirre |
216 |
|
Récif, Ressif |
205 |
Scheat |
216 |
|
Rédif |
204 |
Schiite |
216 |
|
Redjeb |
205 |
Sébeste |
217 |
|
Régulus * |
205 |
Sébile |
217 |
|
Réïs |
197 |
Sécacul , k |
Seccachul |
217 |
Ribes |
205 |
Séide |
217 |
|
Rigel |
207 |
Sélam, Sélan |
218 |
|
Ripopce LU |
;208 |
Semoun, Simoun |
222 |
|
Riquiqui |
196 |
Séné |
219 |
|
Risque |
207 |
Sensal |
220 |
|
Rob |
207 |
Sequin |
220 |
|
Roc |
209 |
Séraskier, |
Sérasquier |
145 |
Roche |
208 |
Sesban, Sesbanie |
221 |
— 300 — |
|||
Shagarag * |
221 |
Tarbouch |
235 |
Shead |
216 |
Tare |
267 |
Sheik |
86 |
Targe, Targette *, |
|
Sheregrig * |
221 |
Tarjette * |
237 |
Siroc, Siroco |
222 |
Targuer |
237 |
Sirop |
226 |
Taride * |
267 |
Smala |
267 |
Tarif |
237 |
Soda |
223 |
Tartane * |
267 |
Sofa |
224 |
Tartarot * * : |
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Soldan |
228 |
Tartre |
238 |
Solive |
267 |
Tasse |
238 |
Sopha |
224 |
Taude " |
287 |
Sophi |
267 |
Téréniabin |
239 |
Sorbet |
225 |
Terfez * |
239 |
Souche * |
226 |
Teskéré * |
239 |
Sultan XXIII |
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Thuban |
268 |
Soufi |
227 |
Tiber |
240 |
Sourate |
XI |
Tibir * |
*240 |
Sucre |
228 |
Timbale |
234 |
Sumac, Sumach |
229 |
Tincal, Tincar, Tinkal |
•XXX |
Sumbul |
230 |
Tintenague |
241 |
Tintenaque |
241 |
||
T |
Toman |
240 |
|
Toque |
241 |
||
Tabaschir, Tabashir *, |
Toufan *, Typhon * |
243 |
|
Tabaxir |
231 |
Toutenague |
241 |
Tabis |
232 |
Tringebin |
239 |
Tabour |
234 |
Trique |
268 |
Tabourdeur |
)) |
Truchement |
101 |
Tabouret |
» |
Turbith |
241 |
Tabouriii |
)) |
Tuthie, Tutie |
242 |
Tagarot *, tagerot * XXXIV |
|||
Talc |
232 |
U à 2: |
|
Talisman |
223 |
||
Talita * |
275 |
Usnée |
244 |
Tamarin |
267 |
Vacouf*, Wacouf |
268 |
Tambour |
233 |
Vali,\Vali |
249 |
Tandour |
234 |
Validé |
244 |
Tania * |
275 |
Valise |
260 |
Tanzimat |
234 |
Varan |
246 |
Taraxacon, Taraxacum |
235 |
Vilayet |
247 |
301 —
Visir, Vizir |
248 |
Zédaron |
XLVI |
Wadi* |
* XXXVII |
Zédoaire |
254 |
Waggart * |
249 |
Zéen |
255 |
Wahabite |
249 |
Zekkat |
255 |
Warance *, Waranche * 281 |
Zénic * |
254 |
|
Wéga |
250 |
Zénith |
XIX |
Yed |
XXXVII |
Zerci " |
^254 |
Zaccon *, Zachum * |
•) |
Zerda % Zerdo * |
255 |
Zacon * |
251 |
Zérumbet, Zurembet |
250 |
Zadir ' |
^ 254 |
Zibeth |
256 |
Zagaie |
268 |
Zigzag * |
256 |
Zahorie * |
251 |
Zilcadé |
256 |
Zain |
251 |
Zilhagé |
256 |
Zammara * |
253 |
Zinzolin |
257 |
iZaouia |
253 |
Zircon |
257 |
Zaphar |
* XXXIV |
Zmala |
267 |
Zaptieh* |
253 |
Zouave |
269 |
Zarater |
*254 |
Zouidja |
269 |
Zarca * Zarnech |
258 254 |
Zufagar |
XVII |
INDEX DES MOTS ORIENTAUX ^
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* Arabes, turcs, persans. Les mots arabes sont rangés, non par racines, mais par ordre alphabétique.
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REMARQUES
SUR LES
MOTS FRANÇAIS
DÉRIVÉS DE L'ARABE,
PAR
HENRI LAMMENS S. J
BEYROUTH,
IMPRIMERIE CATHOLIQUE,
1890.
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Petit in-8^ 528 pages. 1889. Par le P. H. Lammens S. J. Fr. afifr.
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LE DIWAN D'AL KHANSA. (Texte et traduction.)
In-8^ 338 pages. 1889. Par le P. de Coppier S. J. Broché 5 » 0,45
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Grand in-8°. 1890.
Edité et annoté par le P. A. Salhani S. J.
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A 993