Library of the University of Toronto NN A S. n Digitized by the Internet Archive in 2010 with funding from University of Ottawa http://www.archive.org/details/remarqvesnecessa00mori = K RQ S NAN REMAROVES NEGESSAERES POUR LA CULTURE DES FLEVRKS- La faniere avec laquelle il les faut ultiver , & lès Ouvrages qu'il faut faire {elon chaque Mois de P'Année. Avec une Methode facile pour faire toutes fortes de Paliffades , Bojquets, '@* autres Ornemens qui fervent à l'embelliff ment des Tardins de plaifir ; @ un Catalogue des ‘Plantes les plus rares; Le tout dils- gemment obfervé par P. Morin , Fleuriffe, NOUVELLE EDITION: Asgmentés d'un Traité des Oeillers, ES de la manier? qu'illes faut cultsvuer STI 25286 A PARIS, Chez CHARLES DE SERCY , au Palais, au Sixiéme Pilier de la Grand’ Salle, vis à vis la Montée de la Cour des Aydes, à la Bonne- Foy couronnée, M. DC. LXXVIII. AVEC PRIVILEGE DY Roxr æ x Yo PT) ei NAS EX AUX armes FLEURS 1 AT fait tonte | SE) ma vie recher- Si BA che de beaucoup es de chofes curieu- riens. ET purs dire fans va- pite n "avoir pas mal reuffy a celles on 1e mefuis appliqués mais ren ayant [TOUVÉ ?æs- une f? conforme 4 mon hu- meur, que celle des Plantes, a ii) c’eff celle aufiouie me fais le les effudié pour les bien con- noiftre. On dit que c'eft un bonbenr tout particulier , quand la fatisfaition de no- fire csbrit eff iointe a l'utilité que softre Profe{ion nous apporte : A (yant receu cette faveur du Ciel, ie croirois é- treingrat , dela poffeder , [11e ne faifôis part a ceux qui aiment l'Agriculture du pen de connoiffanice que d'en 4y tirée par na propre exbe- rience. C'eff ce qit in'a por- té a donner au Public ces Re- marques chrienfes a ceux qu aiment les Fleurs, afinquils y trouvent quelque facilité a les bien cultiver. Sice def- Jéin que day pris pour leur fatisfaition ne leur déplaist pas, ie me tiendray bien ré- compen(é de la peine query ay tif pour leur en faire pre[ent. LRGEELESEELEEE Se SRE NE SEE 48 He SSDSS S 333 VTT TABLE DES MATIERES. Alendrier memori al des Ouvra- ges qu'il faut faire au lardin des Fleurs, felon chaque mois de l'Année, lanvier, | Fevrier, Mars, Avril Ma, Juin, Juillet, Aou? : Septembre , Oélobre, Novembre, Decembre, 12 Memoire des Plantes gui font [ujet- O0 D'ou D D pm [EL Len fes À perir par La gelce, 12 Plantes Les plus delicates qui crAî- Le froid au premier degré, 13 Plantes qui craignent le froid au [e- cond degré, 14 Plantes plus robulles qui craignent le froid au troifiéme degré, 16 En quels folages on afbeéts du Iarain on doit planter les Fleurs, 16 Plantes qui aiment laterre grafeé bumide, 17 Plantes qui aiment la terre ais feche, Qailles faifons font les plus LS pour Jemer les graines, 19 Quelles graines il faut femer à Printemps en pleine terre, ou dans des pots, 21 Quelles graines il faus [emer au Prix- temps ‘fur couche , pour de la eftre tronfplantées cn pleine terre ,quard elles Jeront levées, | 23 Quelles graines :l faut femer en Au- tomne}, Memoire des [aifons aufquellés me que belle Plante [e trouvé en Fleur, felon les donge mors dé l'Année, à$ Janviér, 2$ Fevrter, 25 Mars, 26 Avr} , 27 M7, 28 Juin, 29 Juiller, 30 f01/7, 31 Sipteribre, 32 Oéfobre; 34 Novembre, 35 Decémbre, 35 Des Fleurs dr FREE J 36 Catalogue des Fleurs de mrillere cdesr 37 Des herbes odorifcrentes, 38 Les Arbres, arbifeaux lofjours vers, propres À fatre Bofquets dans les Tardins de plaifir, 40 Arbres Arbriffezux tofjours verds, AI Diflinétion des Plantes felon leurs genres, AZ Catalogue des Plantes du premier ger- re, ou Boifeufes, 45 Des Arbres, 4 Des Arbniffeaux, 47 Des Plantes Lignenufes , o4 fous- Ar- brilfeaux, 49 Employ des Plantes Boifeufes Ligneufcs. Arbres propres à faire Bofquets de haute fuffaye + SE Arbres à fasre Allées couvertes, 52 Arbres commodes à faire Paliffsdes aux Allées des Bofquets, 53 Arbres propres à faire les avenuës des Matfous de Campagne, 53 Arbres qui entrent en la compofition des Plans © Vergers, 54 Plantes propres à faire hayes. s4 Arbres toñjours verds agreables à fa- re Effaliers pour ofler la veuë des FUTS, 55 Arbres qui perdent leur verdure, dont on fe [ert encore pour faire Efpaliers, 56 Arbres on Arbufles à fruits pour la plus grande partie , dont on fais Efpaliers, 57 Arbres pour les Paliffades hautes, dont on [e fers comme de murs, 57 plantes propres pour faire Palilfades d'apuy; 55 Plantes dont l'on fe [ert pour les Pa- Lifades plus baffes que celles d'a- p#y: | 60 plantes pour les bordures des plates bandes, carreaux, planches, 60 plantes pour les bordures de parterres coupez ow de broderie, _60 Lifhe de quelques Plantes fibreufes qui fe trouventordinairementdans les Iardins de plaifir, 61 Catalogue des Plantes limitagen(es plus frequentes dans les lardins des plaifir, 63 Plantes Bulbeufes que lon culrive dans les Iardins des Curicux , 64. Plantes tubercues plus Curieufes , 64 Quelques Plantes charneufes, on chaï- nues, 6 Quelques Plantes genoñilleufes, 6$ Quelques Plantes imparfaites pour fervir d'exemple, 65 Traité des Ocillers, & la maniere de Les cultiver, 66 De l'excellence de cette Fleur, 66 Sa naïiflance parmy les Fleurs, 68 Les noms @r les vertus de cette Fleur, 69 Los divers noms que Les curieux luy ont donu), 73 ‘ Les differentes couleurs di cette Fleur, 76 Les foins du lardinier pour le bien élever, 79 Du Soleil quil demande , 82 La terre qui luy et converable, 83 L'eau dont il le faut arroufer, 85 En quol temps il fleurir, 89 La Serre pour retirer cette Fleur en Hyver, G la methode de l'y con- ferver, ol Defcription de la coffe où eff La grai- ne, 0$ La pepiniere des Ocillets, 07 La methode pour biex æilleronner1o0 La façon de marcoter les Oeillessoz Si La beauté de l'Oeillet [e put con- noître par ladifhofition du feirllas ge, onfanage, 110 Les maladies des Ocillets , & leurs rcmedes, 112 Quandil faut renouveler la terre des Oeillets, 125 Catalogue de quelques Plantes à fleur , qui fe font trouvéesau de de M.Morin. Ancmones 4 pluche, 133 Ranoncule de Tripoly, 142 T. nlipes Ë 147 ris Bulbeux, 157 Fin de la Table, NESENSSSANIMNELE EI : Y< LS ET (à ES RARES ZE = CS TL DLCT ESS NN NNXE CALENDRIER MEMORIAL DES: OUVRAGES w'il faut faire au Jardin des Fleurs, felon chaque mois de l'Année, EN IlANVIER. x L faut couvrir les Plantes * qui craignent le froid , à la veille du mauvais temps, & l n’attendre pas que la terre ic par la gelée, Sur les carreaux couverts, il faut tenir des Souricieres tenduës pour prendre les Rats de Jardin, & les Mulots qui vot là chercher dequoy paiftre: l’amor- ce fera des poix,amandes, ou avelaines, À dt 2 Remarques pour la Culture L'on doit preferver les Anemones qu'on auroit plantées dans des Pots, des trop grandes pluyes , aufli-bien que des gelées : comme auf plufeurs jeu- nes Plantes qu'on auroit femées dans des pots ou caiïfles. E NME E P'K'I ÆFe Ê L faut obferver les trois articles du Mois precedent. Au commencement de ce Mois on doit femer fur couche les Plantes tardi- ves à porter leurs fleurs ou leurs fruits en ce Pays, comme Balfamine, Melan- zene , ou Pommes d'Amours , Datura, Canne d'Inde |, Pomine d’Ethiopie, Pomme Dorée , Amarante, ou Pafñe- velours ; à condition de les bien pre- ferver des gelées , les couvrant lors qu'elles font levées , de cloches de verre , jéttant encore de la paille par deflus , s’il en eft befoin; ainfi qu’on a de couftume de conferver les Melons - & Concombres. | nid _ des Fleurs. 3 EN MARS. N ce Mois on ofte les couvertures des Plantes aprés le dix ou douzié- me jour , ou mefme plus tard , crainte d'etre farpris par la queué des gelées. Il vient quelquefois de grands vents ou hales qui deffechent one , pen- dant lefquels on ne doit femer ny he" planter. A la mi-Mars on peut replanter , fi l’on veut, les Plantes fibreufes , comme les V: iolettes de Mars , Hepatiques, Pa: quettes , où Marguerires ,; Primeveres, Éllebores à Matricaires à Énpalles & autres femblables ; & aufli les Ja- cintes tubereufes. En ce mefme temps on femera fur couche diverfes fortes de OLAINES, COM- me Oeillets, Girofiée, Ba fl ic, Ceillets d'Inde , Marjol: aine , Phafcol nacarat d'inde. , Merveille du Perou, ou herbe à Suifle, Creflon d'Inde, Souci double, Volubilis des trois efpeces | Poivre d'Inde, Lenuifque, Myrthe, Carouge, ou Carobe , & d’autres que la fiat cheur de la terre ne permet pas de les y femer, Ai 4 Kemarques pour la Culture 11 faut mettre les Ceillets , Giro- flées , Myrtes, & telles autres Plantes qu'on fort de la terre , à l'ombre pen- dant huit ou dix jours, pour les prepa- xer a ne pas craindre les chaleurs de cette Saifon. L'on tranfplante les Arbriffleaux qui craignent le froid , comme les Jaflemins d'Efpagne , Orangers , Myrtes, Lau- rier-rofe, & les Cyclamens autumnaux. C’eft la meilleur faifon pour planter le Buis en compattimens, & pour mar- coter les Alaternes , & autres Arbrif feaux. Il vient quelquefois des gelées de nuit qui fe fondent le lendemain au Soleil, & durent quelquefois quatre ou cinq nuits: pendant lequel temps il faudra foigncufement couvrir les belles Tu- lippes pour les preferver ; dautant que ces selées leur caufent des taches blan- ches en leurs feuilles , dont la mort en- fuit Le plus fouvent. On doit obferver la mefme chofe aux ‘Anemones, Oreilles d'Ours, Chameiris, Jacintes brumales , & Cyclamens prin- taniers , afin de prelerver leurs Fleurs de ces gelées, des Fleurs. ; à EN "AVRIL; E commencement de ce Mois eft la meilleure faifon pour tranf- planter toutes fortes de Plantes fibreu- fes , fpecifiées au fecond article du Mois precedent. L'on fort de la terre routes les Plan- tes qui craignent le froid, fi l’on avoit oublié de les fortir en Mars. Il faut arrofer foigneufement les A- nemones , & Ranoncules, lors que la terre eft deflechée, & aufli toutes les Plantes qu'on tiendra dans des pots ow caifles. Il faut preferver des pluyes , vents, grefles , & Soleils ardens , les belles Tulipes panachées , Oreilles d’Ours, Anemones , Ranoncules , &autres bel. les fleurs ; & pour cét effet preparer & tenir des couvertures preltes dés le commencement de ces Mois. — 2 E NN. eM-A.T. ‘On tranfplante les Cyclamens autumnaux , fi on les veut chan. À lu} 6 Remarques pour la Culture ger de place ; car il n’eft pas necefaire autrement. En ce Mois la graine d’Anemone fe trouve meure , qu'il faut recueillir & garder en lieu fec,jufqu’au temps qu'on la doit femer, L'on départ les Giroflées mufquées doubles , dites Julianes, pour les multi- lier. L'on feme diverfes fortes de graines de Plantes annuelles , pour en avoir des fleurs tout le long de l'Eté , comme de Soucy double , Thlafpide Candie, Mu- fcipula , Scabieufe velourée, Cyanus de toutes fortes , & Penfée de Jardins. Les Iris bulbeux fleuriflent vers lafin de ce Mois: lors qu’ils font fleuris, l’on coupe leurs tiges , que l’on fiche en des pots pleins de terre , & les tenir ainf en une falle fraîche , les arrofant tous les jours d’eau fraîche : tout cela pour les faire durer plus long temps. On les peut auffi cranfplanter au mefmetemps, les arrofant aufli-toft qu’ils feront re- plantez. À la fin de ce Mois l’on commence à déplanter les Tulipes plus hâtives qui font deffechées. L'on couvre les autres comme au d es Fleurs. 7 Mois precedant , pour les preferver principalement des pluyes trop fre- quentes qui les endommagent. EoNbeR ‘UF-N: ‘On peut encore femer diverfes fortes de graines de Plantes an- nuelles pour en avoir des fleurs tout le refte de l'Eté, & en Automne, ainf qu'au Mois de May. Il faut recueillir les graines meures, comme de Jacinte Orientale, Narcifles, Oreilles d'Ours , Ranoncules , & au- tres femblables , & les garder en lieu fec,pour les fermer chacuneen fa faifon, L'on déplante les Tulipes, & replan- te incontinent celles qui fe trouveront dépoüillées:, on qui femblent de fe def fecher ; fort avant en terre ( ou en lieu frais moins avant ) les arrofant par le deflus pour tenir feulement la terre fraiche. À Ja mi-Juin l’on commence d’enter en écuflon les Jaflemins, Orangers , Rofiers, & autres Arbrifleaux. Il faut déplanter les Anemones & Ranoncules , aprés les pluyes qui vien À iii 8 Remarques pour la Culture nent vers la fin de ce mois, non devant. L'on peut à la fin de ce mois lever les Plantes qui ne veulent pas demeu- rer long-temps hors de terre, & les replanter incontinent , comme Cycla- mens printaniers , Jacinte Orientale ; & autres Jacintes bulbeufes , Iris , Fri- tilaires, Couronne Imperiales , Mufca- ris , Hemerocales, Martagons , & plu- fleurs autres femblables. EN FU DB EM ‘Eft la meilleure faifon pour ton- dre le Buis en compartimens. L'on peut encore lever les Cycla- mens printaniers , & les Plantes bul. beufes fpecifiées au dernier article du Mois precedent , pour les tranfplanter aufi-toft. La graine de Cyclamens printaniers fe trouve meure en ce Mois ; la faut recueillir & femer en meime temps dans des pots. L'on ente en aproche les Myrtes, Jaffemins , Orangers , Rofiers, & au- tres pareils Arbrifleaux. Depuis le commencement de ce Mois des Fleurs. ® jufqu’en Septembre , on fait des Mar- cottes d’Oeillets. EN“. if :O D ST: U commencement de ce Mois on feme la graine d’Anemones , la couvrant legerement de terre, & tien- dra t'on à l'ombre, l’arrofant fouvent, pour empècher que la terre fe defle- che. L'on plante auffi les Anemones fim- ples, pour en avoir des fleurs en Au- tomne , & tout le long de l’'Hyver. C'eft la faifon pour femer les graines de Narcifies & de Jacintes Orientales. EN S.EPT EM BRIE. î On tranfplante les Orangers, Myrtes , Lauriers-rofe, Jaflemins, & toutes autres efpeces d’Arbriffeaux qui font fujets à la gelée, ou toüjours verds ; & aufli toutes fortes de Plantes fibreufes , comme Heparique, Oreilles d'Ours, Ellebore , Capilaires , Matri- caires. Il faut femer les graines d'Orcilles 10 Rcmarques pour iatuture d'Ours, Ranoncules, Alaternes, Iris, Couronne Imperiale , Martagons , He- merocale, Tulipe , Pied-d'aloüerte , Nigelle, Thlafpi de Candie, Pavots, & generalement des Plantes annuelles qui ne font pas fujertes à la gelée. C'eft la meilleure faifon pour œillet- tonner les Oeillets, Girofiée, Auronne, Afpic,& autres Plantes ligneufes. L'on plante toutes fortes d’Anemo- nes aprés les premieres pluyes qui vien. nent en ce Mois , &aufli les Ranoncu- les de Tripoli. L'on peut commencer à planterdes Tulipes , mais il vaudroit mieux atten- dre a les mettre en terre en Novembre, parce qu'en ce dernier temps elles ne s’avancent pas tant de poufler en Hy- ver ; & par ce moyen ne font pas tant fujettes à la pourriture : ce qui en fait perir plufieurs. ——— ESN::2O%C'T°O"RRAUE: "On peut encore planter & femer toutes Jes plantes & graines fpe- cihécs au Mois precedent. Il faut mettre dans Fa terre par un beau temps, fur la fin de ce Mois, les des Fleurs. ir Atbriffeaux qui craignent la gelée ; comima Orangers, Myrtes , Jaflemins, Lauriérs-rofe, & autres femblables , en liflant toutes les portes & fenetres ouvertes , jufqu'a ce que la gelée y puifle entrer , & la fermer alors. ——— —— EE — EN NOVEMBRE. L faut preparer les couvertures pour les plantes qui font fujettes au froid, afin de les couvrir lors qu’on jugera le temps eftre difpofé à la gelée. L'on plante les Rofiers, Althea fru- tex , Lilac, Syringa, Rofier de Guel- dre , Citife, & generalement tous Ar- bres & Arbrifleaux qui perdent leur verdure , & ne font pas fujets à la gelée; comme aufli les Pivoines | & autres plantes robultes. L'on peut planter & femer encore les lantes fibreufes, & les graines mar- quée au Mois de Septembre. Voyez & obfervez les trois articles du Mois de Janvier. Ce Mois eft la meilleure faifon pour planter les belles Tulipes panachées, principalement dans les petits Jardins 12 Romaïques pour la Culture renfermez de hautes murailles, & qui n'ont guere de Soleil, E N° "D E CE M B.RE: L faut obferver encore les trois arti- cles contenus au Mois de Janvief, où . je renvoye le Leéteur, pour éviter les redites. CRRREREERERÉÉERSERE MEMOIRE DES PLANTES qui font fujetres à perir par la gelée, | D ne qu'il y a des gelées plus pres les unes que les autres, & auffi que les plantes y refñftent plus ou moins , felon qu’elles font delicates ou robuftes ; j’ay reconnu qu'il eftoit à propos d'en faire diftinétion , que je diviferay en trois claffes : En la premie- re, feront les plus tendres au froid , & qui ont peine de refifter mefme aux premieres gelées : En la feconde , celles qui ne meurent que par de plus fortes gelées : En la croifiéme , celles qui y des Fleurs. . 13 cefiftent encore davantage , & ne pe- riflent que par de grands Hyvers ; qui feront comme trois degrez de gelées qu'il faudra obferver , afin d’en garan- ur lefdites plantes par des couvertures convenables, Voicy comme jen fais la diftinction. O5 26 ei 50 QE A8 e% “2e 7 Ge Ze Ze qu Plantes les plus délicates qui craignent le froid au premier degré. Lo€ d’Affii- Gladiole d’Ethio. que. | pie. ÂAmaranthe , ou Joubarde arborée. Pafle-velours. Lis narcifle d'inde. Amaranthus trico. Melanzene “ou lor. : Pommed’Amour. Balfamine mafle. : Nafturtium indicü Bañlic. | Narcifle du Japon, Canne d'Inde. & autres Narcif- Elychrisô,ou Fleur fes des Indes. immortelle, | Oeillets d'Inde. Fiouier d'Inde | Ornithogals d'A- d'Ameriquetres-! rabie. épineux. Phafeol nacarat Figuier d'Inde de des Indes. Ra plus grande Poivrier d'Inde, efpece, Pomme d'Eshicpie 14 Romarques pour la Culture Pomune dorée. Pomme épineufe, dite Datura. Sariette d'Eté, Plantes qui craignent le froid an fecond degré. Loc d’Ame- à rique. Amomum Plinij. Anemones. Aron des Indes. Baïba-jotiis arbor. Caroubier. Chamelea des Al- pes, Cite , on Ciftus. Citronier. Cyclamens printa- niers. Cyclamen pourpre d'Eté, Cyciamen de Ve- one. Digitale feruginée d'Efpagne. Figuier d'Inde, de la plus petite ef- p£eee Fleur du Soleil. Geranion trifte, Girofliers. Hedifarum clipea- tum. Jacinte du Perou. Jaflemin d'Efpa- gne. + Jiffcmin jaune des Indes, Iris de Suze. Laurier d’Alexan. drie. Laurier-rcfe, Limonium elegans Myrte. Narcifles à Bou- quets du Levant, Oeillets. Oranger. Palnner étoiilé, Phalanguium de D. — des Fleurs. 15 Crete. aux feüilles étroi- Ranoncules Afia-| tes. uics, ou de Tri-| Sauge de Crete, poli, doubles &| Soucy double. fimples. Squille. Ranoncule de Por-| Violiers doubles, tigal. de quelque cou- Ruc de montagne,| leur qu'ils foient, sn, Te, Plantes plus robufies, qui craicnent le froid au troifième desré, Brotone, mâ- montagnes. le & femelle. Geneft d'Efpagne, Aconit d'Hyver. à fleur blanche. Adiantum verum. Grenadier à fleur Afpic. double,& autres. Bellis d'Efpagne. Jacinte à fleur dou. Calceolus mariæ ble, &autres. de Canada, Jacinte Orientale Caprier, |” zunbuline. Cineraria. ! Iris bulbeux, Cneorum Mat- ° Lavande, thioli, | Laurier. Cytifus maranthæ. Laurier-cerifier. Eryngium planum Lentifque. totum cœruleum.' Lychnis ou J 1chée Fritilaires des | blanche, double, 16 Remarques pour la Culture Marjolaine. pellier à feüille de Matricaire à fleur Sauge. double Terébinthe. Olivier. Teucrium majus. Pancration. Thimbre. Pavot épineux. | Tithimale à feüille Plante de Ja Paf| de Myrte. fon. Veronique à fleur Roimarin. | double, Ruë, . Violiers fimples Serpentaire à trois, car les doubles feiilles. | refiftent moins au Sifynrinchium, | froid. l Stachys de Mont- En quels folages ou afbets du Fardin 02 doit planter Les Fleurs, N cecy il faut confiderer quel eft je naturel de la Plante qu'on veut mettre en terre, qui confifte en deux chofes. Premierement, fçavoir fi elle eft fujette à la gelée, ou non, ce qu’on pourra apprendre par [a Table prèce- dente. Secondement, f elle aime la rerre graffe & humide, ou maigre & feche ; ce que vous apprendrez par les deux Tables fuivantes.. Et ayant par là recontit des Fleurs, 17 reconnu fa rature , il vous fera aifé de la placer au lieu qui luy fera le plus propre. Par exemple, fi vous recons noiïflez qu ‘elle craigne la gelée, ou qu’elle aime une terre feche , la faudra planter au lieu le plus chaud du Jardin: A contraire, fi elle ne craint pas l’'Hy- ver, & qu le aime une terre grafle & humide , vous la mettrez au lieu le plus froid , &àP ombre, comme celuy qui conferve plus AREAS pendant les chaleurs de l’Efté Toutes les autres Plantes fe pourront placer par tous les autres endroits des Parterres. Ainf vous leur donnerez le lieu où elles fe plairont mieux, & par conféquent pro- fiteront davantage. Plantes qui aiment la terre graffle €" bumide. Djanton. Calceolus Mariæ. À napodo 5 Caltha paluftris. phyllon. Cardamine trifo- Anemone des Bois. lia. Anemone 3. Mar-! Cerejach. thioli. | Chelidoine petite, * Baflinet double double » fimple. 18 Remarques pour Ta Culture Cotyledon. Cyclamens autum- naux, Ellebores. Eupatorion de Ca- nada. | Filix faxatilis. Fritilaires comuns. Fumettere bulbeu- Eu Gentialle. ble à molette d’e- peron Oreilles d'Ours Orobus pannoni- CUS. Penfée jaune & les communes aufli. Pervanche. Phalangion de Vir- ginie. Pilofelle grande. Hepatique de tou-| Polytric. tes fortes. Hydrophyllon. Laureole. Laurier-tin. Primevere de tou- tes fortes. Pulfatille. Pulmonaire. Limonium vulgai- Ranoncule bouton re. Lonchitis. Marguerites, Martagons. | Mezereon d’Ale- “magie. Muguer des bois. Nafturcium indi-| cum. Narcifle blanc dou- CB a'e Narciff= jaune dou. d’or. Ranoncule blanc double d’Angie- terre. Ru de mur. | . . Sanguinaria. € . | Satyrions. Sedum Serratum. Serpentaire à trois feuilles d’Ameri- que. Sifymbrium. des Fleurs. 19 Soucy double, | Veronique grande Statice. | & petite. Thalietrum. Vetonique droite. Valeriane Greque. Violettes. Plantes qui aiment La terre maigre Œ feche. Brotone mâle Polion de montez & femelle, | gne, Afpic. | Pouliot. Caprier. | Romarinr, Ciftus. | Ruc. Coq. | Sifyrinchium, Geneft d’'Efpagne. Thym. Hyfope. | Thimbre ou Sas Lavande. | rietre toùjours Marjolaine. | verte. nn, SN ee nt me SEEN D ES Quelles faions font les plus propres pour emer Les Graines. Es graines fe peuvent fermer en diverfes faifons ; mais il y en a aucunes qu’il faut neceflairement femer au Printemps, d’autres en Automne feulement , & d’autres en diverfes fai- B ij 20 Remarques pour la Culture fons , comme l'on verra cy-aprés. Cela s'entend pout les graines qu'on con- noilt ; car pour les autres qu’on ne con- noift pas encore, comme fi l’on en re- cevoit venant de pays étrangers fans noms , ou qu'elles fuflent des plantes à nous inconnués , il faudroit en ce cas les départir en trois portions égales, pour en femer l’une en Automne en pleine terre , ou dans des pots; les deux autres au Printemps ; lune d’icelles en pleine terre , ou dans des pots , l’autre fur couche , comme les femences des plantes qui font fujettes à la gelée. €C’eft là l'unique moyen pour les élever feurement : car fi on les femoit toutes en mefme temps , & quece ne fuft pas la faifon propre , il ne faut pas douter qu’elles ne viendroient pas en perfe- étion ; & au lieu d'en recevoir du con- tentement , l’on ten auroit que du dé- plaifir. Il y a encore d'autres regles generales pour femer des graines qu'on connoift , foit qu’on les aye recücillies oy-mefme , où receuës d’ailleurs. r. Sielles font des plantes annuelles craignant la gelée , il les faut neceflai- rement femer au Printemps. -2, Sielles font des plantes annuelles, des Fleurs: 2t & qui ne craignent pas le froid , la fai- fon plus propre c’eft l’ Automne. 3. Si elles font produites de plantes vivacos ou perrennelles , il les faut fe- mer devant que feurs meres-plantes pouflent leurs germes , foit qu’elles craignent la gelée, ou non. Toutes ces différences fe remarque- ront facilement par le Calendrier me- morial cy-devant écrit, & par les Ta. bles fuivantes, Serres me, — es mr Quelles graines il faut femer au Prir. temps en p'eine terre , ou dans des pois. Laternes ; &1, lentinum Clufij. en Autom-! Ciftus , & fur la ne auffi. | couche auffi, fi Ambrette, pour en l'on veut. avoir des fleurs Coquelicoc double en Eté. | Cyanus de toutes Anagalis Eufitani-) les couleurs , ca. pour en avoir des Barba-joüis arbor. fleurs en Eté, Beleveder. Cyprés , il nya Chondrille aux que celle des Cy- fleurs carnées. ! prés mâles qui Chryfantemun Va foit propre pour B üij 22 Remarques pour la Culture germer. Cyril us maranthæx. Hyflope. Laurier-rofe, Laurier-tin. Lentifque. Lilac. Marjolaine , & fur couche auffi fi l’on veut, Mufcipula, pour en avoir des fleurs en Eté. Nafturtiumindicü, &ur chictes is Nigelle de Damas, & les autres, pour enavoir des Fleurs en Eté. Oeillets , & fur couche auffi ; on les peut femer encore en Eté, & en Automne. | Penfée,fi l’on veut. Rue. Sariette d'Eté. Scabieufe, pour en avoir des Fleurs en Eté , & Au- tomne. | Sefamoïdes coro- nopus. Soucvy double. Thlafpide Cardie, pour en avoir des Fleurs en Eté & Automne. Thym. Tymbre,ou Sariet- te toujours verte. Violiers, ou Giro- fiers, fi l'on veut. ES des Fleurs) 23 Quelles graines il faut [emer au Prin- temps [ur couche , pour de la effre tranf- plantees en pleine terre, quand elles font levées. Maranthe, ou! Melanzene , ou Pafle.velours.| Pomme d'amour. Amomum Plinij;| Nafturtium indi- & en pleine terre! cum, & en pleine auffi. terre aufli. Balfaminemäle. | Ocillers |, & en Bafilic. pleine terre fi l’on Canne d’Inde. veut. Ciftus, ou dans des) Oeillets d'Inde. pots, fi l’on veut. Pafle- velours. Fleur du Soleil. Phafeol incarnat, Geraviumtrifte. | des Indes. Girofliers , fi l’on Poivre d'Inde, veut, | Pomme d’Etiopie. Hedifarum clipea- Pomme dorée. tum, fi l’on veut. Pomme épineufe. Lentifque, & dans| Violier, ou Giro- des pots auili fier , fi l'on veut. Marjolaine d'Eté. 24 Remarques pour la Culture nn Pom se Quelles graines il faut femer en Autosnne, Laitetnes: | NÉE Ambrette, | Laurier, & la pre- Ancolies, ferver du froid en Anemone , & en, Hyver. Eté auffi. Mufcipula. Antirrhinon. | Nigelle de Damas, Argemone, | & autres. Chame-fris. Oreilles d’'Ours. Coquelicoc. Pavot. Couronne Impe-| Pavot épinenx. riale, Pied d’aloïüette de Cyanus de toutes! toutes fortes. fortes, Pulfatille. Cyclamenr. Scabieufe de mon- Divitile, tagne. Elichore noir. Thlafpi de Can- Eryngium planum.| die. Fraxineile, Tulipes. Hepatique, fi Fon À4 emoire des Fleurs. 2$ Memoire des [aifons aufquelles “FA belle Plante fe trouve en fleur, [elor Les douze Mois de l'Année. EN FANFIER. GE d’ Hy- | er D po de toutes cou. leurs. | Anemone , Yio- lerte à peluche, rouge ; & les Re- gates plantées au commencement de Septembre. Cyclamens hyver- naux. Ellebore noir. Jacintces brumales. Narcafles du Le- vant à bouquets de diverfes elpe- ces. Primeveres fimples de plufieurs cou- leurs, EN FEVRIER: Aconit d'Hyver. Anemores fimples de toutes cou- leurs, Anemone à pelue che hâtives. Crocus printaniers Ellebore noir. Hepariques ples. Iris de Perfe, Leucoyon à trois feüilles , ou Perce neige. Leucoyon exaphi- lon. Violiers jaunes à grandes fleurs , font quelquefois en fleur en ce Mois. fina- C La 26 Remarques pour la Culture M ARS. A conit d’'Hyvereft Jacintes Orienta- les. en fleur eñ ce, Jonquille fimple à Mois. ‘Anemones de tou.| tes efpeces. Chame-lris de tou- tes les couleurs, Ellebore noir, en- Mefereon core. grand calice. Iris de Perfe, Leucoyon exaphi- lon, Leucoyontriphilo. d'Ale- magne. ñ Chelidoine petite, Narcifles à bou- à fleur double. Cyclamens prin- taniets. Crocus printaniers €Chame-Iris. Fumeterre culbeu- {e, Fritilaires. quets de toutes fortes. Narcifle jaune dou« ble commun. Narcifle jaune dou« ble d'Angleterre, Narciffe jaune fim- le. Hepatique double,| Narciffe jaune dou- & les fimples en-| ble, dit de Tra- core. Hermodate , ou I- ris tubereux. Jacintes zumbuli- nes. Jacirites brümales. Jacinres eftoilées d'Alemagne, defque. Oreilles hâtif, Primevere fimple de diverfes cou- leurs. Tulipes precoxes, Trombous d'Efpa- d'Ours des Fleurs. 27 gne , qui eft une, Jacinte d’Anglerer. efpece de Jonquil- e. Violier jaune d’A- lemagne. | EN AVRIL. | Anemones de tou tes fortes. | Chame Iris de tou- tes couleurs. Couronne Impe- riale, Chevre-feüille. Cyclamens printa- niers, Deus caninus. Fritilaires de tou- tes efpeces. | Girofice fimple & double , de tou- tes les efpeces Hepatique double eft encore en fleur. - 1/7 Jacintes eftoilées d'Alemagne, Jacintes grapuc S dites grapettes. Jacintes Origntales tardives. res Jonquille double, Jonquille reflexe, ou renverfée, Iris de Florence. Marguerites, Mufcari. Narcifle à bou- quets de toutes fortes. Narcifle jaune dou. ble vulgaire. Narcifle d’Angle. : terre, dit Trom- bon double, Narafle blanc à calice orangé. Narcifle blanc dou ble. Oreilles d’'Ours. Penfée, Primevere. Pulfatille. Ranoncule de Tri< poli. Tulipes. Violeïte de Mars. Ci 28 Remarques pour la Culture EN MAT. ‘Anapodophylon. Anemone 3. de matthiole. ‘Ancholies. Blataire de toutes les couleurs. Chame Iris a feüil- le étroite. Cianus, dit Aubi- foin , de routes les couleurs. ‘Calta paluftrisdou- ble. Cotilédon de tou. tes efpeces. Digitale. Flambes de diver- fes efpeces. Fraxinelle, Gladioles. Giroflées de tou- tes fortes. Geranions de tou- tes fortes, Horminun de Crete. Hemerocalle jaune Jacinte à panache, RE DE RM RER 0 MOMMRE { Iris bulbeux hâtifs, Lys Aphodelle jaune. Lys orangé hâtifs. Lychnis, dir Jacée, double , blanche & rouge. Marguerites. Mille. feüille , à fleur jaune. Moly blane, de Difcoride. Moly à fleur jaune. Muguet des Bois, ou Lys de valée, Oeillets de monta- gne. Oeillets des Poë- tes. Penfée, Prunelle, Pivoines de toutes fortes. Phalangion des Al pes. Ranoncules de routes les efpeces, Rofe commune, de Canelle, de Guel- des Fleurs. 29 dre ,à ENS efpeces, les, & plufieurs Geranion de tou- autres, tes efpeces. Sauge. Horminum de Syringa. Crete. Sedum ferrarum. | Hieracium de tou Sifimbyum double! tes les efpeces. Talietron purpure. Jacinre tubereufe Tulipes tardives. des Indes. Valeriane de tou-| Iris bulbeux. tés fortes. Iris maritime. Vetonique grande) Iris jaune varié, &petite. d'Angleterre. Violiers mufquez,| Lychnis, dit Jacée, doubles & fim-| double, blanche ples. & rouge. EN FUIN. | Lychnis alcynæ Antirrhinon de | folio. toutes les eou- Martagons. leurs, Millefeüilla à fleur Argemone. jaune. Clematis pannoni-! Nafturtium d’Inde, Ca: ou Capucine. Cyanus de toutes! Oeillets de toutes les couleurs. | fortes. Digitale de toutes Orangers. efpeces. Ornithogalon à Filipendule. | épi. Girofiée de toutes Penfée. C iÿ 30 Remarques pour la Culture Phalangion de Vir- inie. Pied d’aloüette hà- tif. Pilofelle grande. Rofiers fe trouvet encore en fleur. Sauge à Fleur blä- che. Satyrions de plu- fieurs efpeces. : Thlafpi de Candie, & autres. Veronique, grande & petite efpece. : Viola pentagonia. EN FUILLET. Ambrette,ouFleur du Grand.Sei- .gneur. | Acanthe, ou bran- que urfine, Bañlic. | Campanelle. | Clematia , double & fimple. Cyclamen de Ve- ronne, Cyclamen PSHRPFE Jacinre odoriferant. . Digitale feruginée d'Efpagne, Eryagion planum. Fafeol d'Inde na- carat. Gantelée. Geraniontrifte, & celuy de Crete. Giroflée. Grenadier à Fleur, double & fimple, tubereufe des Indes. Laurier-rofe. Limonium. Linaire de Crete. Lychnis Chalce- donica. Lychnis , dit Iacée blanche double, Marguerites fe trouvent encore en Fleur. Millefueille, Nafturtium d'Inde Oeillets. Penfée. Prunelle. des Fleurs: 3i Pied d’aloüette | Cyclamen pourpre double, de toutes! odoriferant. L'ART Cyclamen autom= Rofe mufcade. nal Byfantin. Rofe d'outrémer. | Datura de Tur= Soucy double, quie. Thafpi de Candie.! Elychifon,ou Fleur Vetonique, grande| immortelle. & petite. Eryngion ainethy- Volubilis à feüille FU planum, de Mauve. Gantelée. EN AOUST. | Geantion de Crete Ambrette, Geranion trifte. After aticus , ou| Giroflier jaune. Oculus Chrifti. | Grenadier , double Anagalis Lufitani-| & fimple. x Hieracion petit ; Beleveder. des Alpes. Baflic. Jafemin d’Efpa- Bellis grande d'Ef_ one. agne, | Jellémin j jaune , o- Campanelle bleu, ” doriferant , des & blanche. | Indes. Canne d'Inde. Jacinte tubereufe Carline blanche. des Indes. Clematis de toutes! Laurier-rofe. les efpeces. Limonium de tou Cyclamen de Ve-| tes fortes. rone. Linaire de Crete, C üüj 32 Remarques pour la Culture nn , OU id lanche , double. Merveille du Pe- rou. Millefeüille jaune. Myrte de toutes! fortes. Nafturtion d'Inde. Oeillets d'Inde de toutes fortes, Orangers. Pañfle-velours, Penfée jaune de montagne. Pied d’aloüette de toutes couleurs. Plante de La Pa fion. Phafeol nacarat des Indes. Rofe mufcade. Rofe d’outremer. Ritro de Theo- phrafte. Soucy double, Staticé, Ehlafpi de Candie, femé en Mars, ou Avril. Vetonique. Volubilis de tou- tes efpeces. EN SEPTEMB. Amaranthus tri- color. Ambrette , femée au Printemps, Anagalis de Portu. gal. Antirrhinon de toutes couleurs. Amomon de Pline, After aticus , om Oculus Chrifh, Baflic. Beleveder, Bellis grande d’Ef- pagne, Canne d'Inde. Campanelle , Fleur blanche. Carline, blanche & noire. Coïchiques autom- naux. Cyclamens d’Au- tomne. Chryfantheum 1 a \ a des FI eus. 33 feüille menuë. | pomme d'amour. Eupatorion de Ca- Merveille du Pe- nada. | rou, Fleur du Soleil. Millefeüille jaune. Girofliers. | Myrte de toutes Gantelée, bleuë & fortes. blanche. Nafturtium d’Inde Geranion de Crete Nareifle de Perfe Geranion trifte, | automnal. Gentiane'le an- . Oeillets d'Inde de nuelle. | toutes fortes. Hieracion petit, Ocillets d’Inde fe des Alpes. trouvent encore Jaflemin d’Efpa- en Fleur. gne. Orangers, Jaffemin jaune o- Pafle-velours. doriferant des In- Penfée. ° des. Pomme dorée. acinte tubereufe Pomme d’Ethio- des Indes. L YpPIE: Laurier-rofe, Poivrier d'Inde, Linaire de Crete. | Plante de la Paf Lychnis blanc, | fon. double. | Pomme épineufe, Limonium detou- dite Datura. tes fortes. | Phalangion de Vir- Lys-narcifle des ginie. Indes. Phafeol nacarat des Melonzene , ou Indes, 34 Remarques pour la Culture Pilofelle grande. | Fleur du Soleil. Ranonculede Por.y Girofists. tugal , double &]} Geranion trifte. fimple, Gantelée bleuc & Rofe mufcade. blanche, Rofe de tous les Jaflemin d'Efpa- mois, | gne. Soucy double, | Jaflemin jaune des Staticé. Indes, Thlafpide Candie, Jacinte tubereufe femé au Printéps.. des Indes. Vetonique ferrou- Limorium de di- ve encore en! verfes efpeces. Fleur. | Lychnis blanc , Volubilis pourpré. double, EN OCTOBRE.:Melonzene , ou Amaranthus trico- ponune d'amour. lor. | Merveille du Pe- After aticus. Amomum de Pli- lou. | Millefetille jaune, ne, | marouerite fc trou- A ntirrhinon. vent fouvent en Baflic. fAcur. Belcveder. Narcifle d’autom- Canne d’Inde. ne. Cyclamen d’au-| Narciffe d'Alep. tomne. Narcifle de Perfe Colchiques au- | auromnal. tomnaux. Narcifle fpherique des Fleurs. 35 Nafturtium d'In- Veronique fe trou« de. vent encore en Ocillets d’Indes de fleur. toutes fortes. | Violettes fe trou- Orangers. vent encore en Oeillets fe trou- fleur. vent, .CNhCOreE n EN NOPEMEB. fleur. | Pafle-velours. | Antirrhinon. Penfée , femée en Girofliers. Aout. Gantelée. Pomme dorée. Marguerites. Pomme d’Etiopie, ! Oeillets. Pomme épineufe, | Penfée, Pomme d'Inde. Vetonique. Phalangium de vir- Violette double. ginie. | Jaffemin d'Efpa - Pilefelle grande. !} gne. Plante de la Paf- Rofe mufcade , fe fion, | trouventen fleur. Ranoncule de Por. Cyclamen de Perfe tugal, double &: hyvernal. fimple. | Elleborenoir hatif. Rofe mufcade, | Anemones fimples Rofe d’outremer, de toutes cou- femée au Prin- leurs. temps. Sn. Ê'N DECEAE. Statice. Anemones fimples 36 Remarques pour la Culture de toutes cou-| Soucy double. leurs & les pelu-| Oeillets. chées haftifs. Antirrhinon. Cvyclamen de Perfe! Girofiiers. hyvernal. Iris :.clufj,fe trou Cyclamend’hyver,| vent encore quel. commun. quefois en fleur. Primevere fimple, CDSERRREY nn Gt nt ns, PEER mans. ENS PR RRÉE Des Fleurs odoriferentes. A couleur & l'odeur fortles deux principales qualitez qui font aimer les Fleurs , mais fcavoir laquelle des deux eft preferable, c’eft une queftion. Il y a des perfonnes qui n'aiment gueres les Fleurs , fi elles ne fentent bon , & ceux-cy preferent toûjours l'Oeillet à Ja Tulipe, D’autres au contraire , n'en font point d’eftat , fi elles ne font re- vêtuës des plus riches couleurs , c’eft à dire des plus vives, & avec cela bien diverfifiées. Ceux-cy eftimeront plu- toft la Tulipe , que la Rofe ou l'Ocil- let. Ainfi on voit la diverfité des goufts, & j'eftime qu'en cecy chacun doit avoir la liberté de choifir ce qui eft le plus conforme à fon naturel : aufli je ne pre. des Fleurs. 37 tens pas de regler icy perfonne , mais de montrer en cette table , quelles Fleurs font eftimées , à caufe de leurs excellentes odeurs. Que fi vous mede- mandez encore de celles-cy , quelles font preferables aux autres? la mefme réponfe que je viens de faire , pourra {ervir, Catalogue des Fleurs de meilleur odeur, Reilles ,Jacinte tubereux d'Ours. des Indes. Boüillon-blanc. |Jaflémins d’Efpa- Chevre-feüille. gne. Cyanus Bifantin. Jaflemin june Cyclamen, de Per- d’Inde. fe, de Verone,& Iris pour la plus Printanier. | grande partie, Datura. : Jonquilles , pour La Fleurs de la Paf- plufpart. fion , Vigne , & Leucoyon bulbo- Feve. | fum hexa philon. Geranion trifte. | Lis blanc. l Gyroflée double & Lis afpondele jau- fimple. ne. Giroflée jaune. | LilacItalica & Per. Jacinte Orientale.| fica, 38 Remarques pour la Culture Merveille du Pe- Pommede Paradis. rou. ‘Ranoncules jau- Mezereum d’'Ale- nes, de Portugal, magne. Automnaux. Mulcari. ! Roquette fauvage. Muguets de bois. Rofes, pour la plus Narcifles , pour la grande partie. plus grande par- Safran commun. tie. Satyrium odorant. Nafturtium indi- Syringa. cum. Mille vulgaire, Nard demontagne.| Thymelée. Oeillets. Violette de Mars. Orangers. Violier mufqué Penfées cultivées. | double, SRE ES ES OS TS SES S Des Hirbes odoriferentes. A diference qu'il y a entre les Fleurs de bonne odeur & les Plan: tes odoriferentes , eft que celles-cy fentent bon en toutes leurs parties, fleurs, feüilles, branches, tiges & ra- cines , ou celles-la ne fentent bon qu'en leurs fleurs ; & mefime ce qui eft de plus remarquable , eft qu'il y ena de telles dont la telle de la Plante cft de des Fleurs. 39 tres-mauvaile odeur , comme le Sureau & le Datura à fleur double, dont les fleurs font de tres-bonne odeur ; mais les feüilles & tiges font fi puantes qu'el- les font mal au cœur , & bleflent le cerveau. Ces Herbes odoriferentes font bonnes à plufieurs ufages; les Cuifiniers s'en fervent à leurs fauces , potages, & falades ; les Medecins en beaucoup de rencontres , à diverfes maladies ; les Jardiniers à la décoration de leurs Par- rerres : mais leur ufage plus particulier eft d'en faire jonchée au Printemps & en Efté, fur les planchers des falles & chambres qu’on veut entretenir frai- ches & de bonne odeur, fi tous les m1- tins on en fait apporter de nouvelles cueillies devant que le Soleil ait feiché la rofée de deflus. Liffe des Herbes odoriferentes, Bfinte Ro -! Aigremoine odori- maine, Pon-| ferente. tique, vulgaire;&\ Afpic. autres. | Athanafe. Abrotane, | After luiea odo - Acorus verus, rata, 40 Remarques pour la Culture Bafilics. num. Baume. Melifle. Calament de mon-| Melilot. tagne, Menthe, Camomille. Origan, Coq des Indes. COrvales. Conyfa odorata. | Piment, Clinopodium. Pouliot. Diétamne de Cre-| Rue, te. l Rofmarin, Eupatorium Me-|Sauges de toutes fux. fortes. Fenoüil. | Sariet e d’Efté , & Geranion trifte. | d'Hyver, Hyfoppe. | Serpollet. Herbe à Chat. | Sperula odorata. Lavende. ! Stæchas. Matricaire. | Teucrium majus. Marjolaine. | Tragium. Marrube blanc, Tragorigan. Marum Maftice- Thym. Des Arbres & Arbriffeasx toñjours verds, propres à faire des Bofquets dans les Jardins de plaifir, N peut trouver dans ce cl'mit Orccoup d'Arbres & d’Arbril- feaux, des Fleurs. 4i feaux , qui confervent leur verdures en toutes Saifons, & qui neantmoins ne font pas propres à à compofer des Bof. quets ; d'autant que pour cé effet il faut qu'ils ne craignent point la gelée afin de pouvoir LR dans les Jar- dins en Hyver , auffi bien qu'en Éfté: de plus ils ne FAR pas eftre de na. ture à devenir trop grands avec le temps , ce qui obligeroit de les arracher alors | pour Eire place aux autres , fi ce n’eltoit qu'ils peuffenc fouffrir la taille ; car en ce cas on s’en peut fervir: par quoy je ne reprefenteray icy que ceux qui font plus propres à cét ufage, pour le foulagement des perfonnes cu» rieufes qui Vue s’en fervir. Arbres & Arbriffeaux toñjowrs verds. Laterne. | Halimus, Citromier au- Kerimes. cunes fois. | Laurier com mun, Chamælea Italica. Laurier Ceri fier. Evrilus Maran- Laurier thy m. thæ. | Laureole. Figuier d’Inde. | Ohviers. Genevriers. Orangers. } D 42 Remarques pour la Culture Pyracantha. Saviniers. Rofimarin. VÉ£. Sofcli d'Ethiopie. Difhinilion des Plantes [elon leurs genres. # Ufqu'à prefent il a efté parlé des 3 Plantes felon les diverfes proprietez qu'elles ont , comme d’eftre toüjours Vertes, d'avoir bonne odeur , ou dé faire de belles fleurs ; en quoy confifte principalement l’ornement des Jardins. {1 refte maintenant à les diftinguer er leurs claffes , ou genres , comme elles font confiderées en la Botanique. La Botanique eft un Art dépendant de l'Agriculture qui enfeigne à çon- noiftre & cultiver les Plantes. Plante eft un corps mixte vivant, moyen entre l'animal & le mineral, ayant fuc & racine, parquoy il fe fou- tient & attire l'aliment qui luy eft con venable. On peut generalement divifer Les Plantes en deux , confiderant que. Elles font parfai-| faites. ées , où impar-l des Fleurs. 43 Les plantes parfaites font celles qui sortent fruits ou femences. Elles font Boifeu- | nomment:Aïrbres fes, ou non Boi- | excedans la hau- feufes. teur de dix ou Les non Boifeufes, ! douze pieds : Ar- font de fix gen- | briffeaux , celles res, fçavoir, Fi- | qui ne parvien- breufes , Liga- | nent d'ordinaire menteufes, Bul- à celle hauteur : beufes, Tubereu-| Arbuftes , ou fes |, Charnuës ,| Plantes ligneu- Genoüilleufes. fes , celles qui Les Plantes Boi-| font plus petites feufes, c’eft à dire | que les Arbrif- qui ont leurs ra- | feaux , & les der- cines , troncs , | nicres en gran- ‘ branches & ra-| deur de cét or- meaux de bois, fe ! dre. Les Planres Fibreufes , font celles qui n'ont que des racines menuës & deliées comme des fibres ou filets. Les L'ramenteufes , ont leurs racines plus groiles que les fibreufes , les ayant comme menus cordages, ou ligamens;:! dont les nnes font fort longues , les au- tres plus courtes, Les Bulleufes ont des racines fibreu- fes ou ligamenteufes , & avec cela des TA 44 Remarques pour la Culture oignons ou bulbes , qui font prefque toutes compofées de plufieurs peaux & envelopes , excepté aufli quelques-unes qui n’ont que des écailles , qui forment leurs bulbes à la maniere des pommes d’Artichaut,qu'on nomme Bulbes écail- leufes. Les Tubereufes , ont aufli des fibres ou ligamens comme les precedentes, & outre cela des Tuberes , qui font raci- nes rondâtres de couleur roufle ou bru- ne pour la plufpart, n'ayant ny peaux, ny écailles , jettent plufieurs tiges , à la difference des Bulbes, qui n’en produi- fent qu'une à la fois fur chaque oi- gnon. Les charnuës , ont leurs racines grof. fes & longues fans envelopes , aufquel- les font attachées quelques fibres auffi, & les ont feules & uniques , comme les Raves & Naveaux ; ou en nombre & multipliées , comme les Pivoines & Af£ phodeles. Les Genoüilleufes ont des fibres ou ligamens & des racines épaifles qui de- meurent à fleur de terre , & ne font unies , ou de meline venu ; mais font comme de plufeurs pieces , qui toute- fois fe trouvent jointes enfemble à la des Fleurs. 45 maniere d’un genoüil qui joint la cuiffe avec la jambe. Les Plantes imparfaires font engen- drées de putrefaétion , ou des fucs & fels vegetables , ne portant fruits ny fe- mences que tres-rarement, & fonten comparaifon des plantes parfaites , ce que les infectes font aux Animaux par- faits. Aprés avoir donné la définition de la Plante , la divifion en fes efpeces ou genre fubalternes , leurs defcriptions ou definitions , il en faut drefler des ta- bles, afin de les mieux faire compren- dre , en obfervant l’ordre de leur divi- fion , ainf qu'il enfuit. Catalogue des Plantes du premier genre» on Boifenfes, Et premierement des Arbres, Bricotiers. Carouge , ou Ca- Acaciadel’A-|! roubier. merique. Cerifiers. Amandiers. Charme, Arbor Judæ. Chaftaigniers. Aune. Chaftaignier de Boulcau, Cheval. D ïj A6 Remarques pour la Culture €hefnes. . Micocoulier. Cormier. Nefliers. Cornoüiller, Noyers. Cypres. Olivier franc & Erables, fauvage. Figuiers. Ormes. Frefne. Peuplier, Grenadier à fleur, Pins. & fruit. Piane. Guiniers, Poiriers. Heftre. Pommiers. If. Pruniers. Jujubiers. Sapin. Lauriers commun.| Sorbier. Lieges, Tilleu. Meleze.. Yeufe. Meuriers, Ypreau. L'on remarquera qu'il y a beaucoup plus d’Arbres que ceux qui font fpeci- fiez cy-devant ; mais on n'a voulu mMCt= tre que ceux que l’on peur avoir aflez ficilement en France, & dont la culture n'eft pas tout a fait impoffible. é des Fleurs. 47 ERLLREFEENEELE SLELE Des Arbriffeaux. Cacia d'E - Coccigria deThee« gypte. phraite. Agnus caftus. Coïgniers. ÂAlaterne, Coignafiers. Alifies. Coudrier; ou Noïi- Amandier nain, | fetier ia auvage & Amomum, ou So- franc. lanum arboref - Cytifus. cens. | Cytroniers. Anagitis, , Efpine vinette. Arboufier, Framboifer. Arbre à poifon. | Fufain. Aubergiers. | Geneft d’Efpagne. Aubefpine. | Genevriers. Azarolier. Crenadiers à fleur Baguenaudier. _ & à fruit, Barba-joüis. Groifeliers & Ri- Büis. bes, Cerifier nain, Houx commun & Ceterach. épineux, Petits Chefnes, dits Halime. Efculus, Hemeris, | Jafemin commufr, Chamelea trico-|" d'Alexandrie à à cos , des Alpes. | fleur double,d’Ef. Cilus, pagne, des Indes, 48 Remarques pour la Culture à fleur jaune. Pommier de Para= Kermes. gis , ou de Saint Laburnum. ean, Lautier d’Alexan-| Pommiers nains, drie | Cerifñer,| ent:zfurceluyde Rofe, Thym. Paradis. Laureole. Prunelier , ou Pru- Lentifque. | nier fauvage des Lilac commun &' hayes. de Perfe, Raifins d’Ours, où Limoniers. _ una urfina. Mefereum d’Ale-" Rhamnus. magne. | Romarins. Myrte mâle àPeur,! Rofiers. femelle , fimple Rofier de Guel- & double. | dres. Nerprun. Roure. : Orangers, : Sabines , ou Savi- Palivre. niers, Palmier étoilé, Sumac. Pefchors. Sureau, Piftachier. | Syringa. Phillyrea. Tamaris. Poiriers nains, en- Terebinche. tez fur le Coi- Troefne. Fognier, ou Coin-| Viorne. dafier. Î On ne doit pas s’étonner de rencon- ter icy au rang des Arbrifleaux , des Plantes des Fleurs: 43 Plantes qui ont déja efté mifes en celuy des Arbres ; car la raifon en eft qu’au climat de Paris , elles ne s’élevent pas {1 haut qu'en d’autres Provinces; ou que par l’artifice de l’entagne , elles . -meu- rent plus bafles. Des Plantes Ligneufes ,;_ ou Sons. Ar- briffeaux. Spic. brotonum , mâle. Canne ou | Hyflope. Rofeau d'Inde! Joubarbe arbufte, non fleuriflante, | Lavande. Caprier. Marjolaine. Chevre-feüille. Plante de la Paf Cineraria, ou Ja- fion. cobée marine. Ruc fauvage. Cematis. Sauges. Cneoron de Ma-| Teucrium arboref. thiole, cens. « Cypres ou Abro-| Thyim. tonum , femelle. |! Thymbre, Garderobe , ou A- | On auroit pû mettre un bien plus grand nombre de Plantes Ligneulfes ; mais on s’eft contenté de faire mention feulement de celles qui fervent d’osnce ment aux Jardins, : E so Remarques pour la Culture Il refte maintenant à faire voir l’em- ploy de toutes ces Plantes Boifeufes; dautant queles unes font propres à faire des Bofquets , des Allées, & des Ave- nues , d'autres des Plants ou Vergers, autres des Efpaliers , autres des Paliffa- des hautes ou d’appuy , autres des Bor- dures & Parterres, & enfin les autres à couvrir des Berceaux ou Cabinets. E La efté parlé cy-devant des Arbrif- feaux verds pour les petits Bofquets des Jardins de plaifir des Villes ; mais pour les Maifons de Campagne , où l'on taille ordinairement en plein drap, Ton y defire le Bofquet de haute fuftaye, comme l’un des principaux ornemens de ces lieux-là. Pour cét effer il eft bon de fçavoir quels Arbres y font les plus comimodes , & les confidérations que Von doit avoir fur ce fujer. L'on y peut proceder en deux façons ; l’une par fe- mences , l’autre par plant enraciné, Si l’on fe fert de la premiere maniere, qui demande un long-temps , l’on doit faire élection , entre les Arbres que l’on peut facilement recouvrer, des femences de ceux qui croiflent aufli promptement les uns que les autres , autrement ceux qui font de plus tardive venue, periront des Fleurs. TS fous ceux qui prenant le deflus leur oftent tout l’air qui les fait vivre. Si l'on met en ufage le plant enraciné, la mefme aonfideration doit encore avoir: lieu , fi on ne compenfe adroittement Ia tardiveté des uns en les prenant déja plus avancez , & de plus grand âge , à Ja hativeté des autres moindres en âge, & en force, afin qu’ainfh tous enfemble ils puiffent de mefine venue prendre leur _ accroifflement, Voicy les Arôres propres à faire Bofquets de haute. nffaye. Acacia de l’Ame- If. rique. Liege. Alizier. | Meleze, Atbor Judæ, : Meurier. Aune, | Noyers. Bouleau, | Ormes. Charme. | Peuplier, Chaftaigniers. | Pins. Chaftaignier de | Plane. Cheval. Sapin. Chefnes. | Sorbier, Cormier. Sicomore, Gornoüiller. Tilleu. Erables. Tremble, Frefne. Yeufe. Heftre, | Ypreau, Fi S2 Resarques pour la Culture N pratique des Allées dans Jes Bofquets, pour y prendrele plaifir & la fraicheur de la promenade; & l’on defire quelquefois qu'elles foient cou- vertes , vu bien à Ciel ouvert. Si l’on veut de celles-là , on les bordera prin- gipalement des Arbres qui fuivent. Arbres à faire Allées couvertes, [Acacia de l’Ame-| Ormes. rique. Sicomore. Chaftaigner de |Tilleu. Cheval. Ypreau. MNoyers. r Elles qu'on voudra à Ciel ouvert, doivent eftre bordées des autres Arbres du Bois , qui s’élevent plütoft en hauteur qu'en largeur ; ou bien fi Von y employe tous arbres indifferem- ment , il les faudra faire tailler au croif- ant. Il y a encore une autre forte d’Al- lée à Ciel ouvert qui eft bordée de Pa- liflades, à laquelle s’accommodent plus heureufement & plus agreablement les fuivans. des Fleurs. $3 e Arbres commodes à faire Palifañes ans Allees des Bofquets. Charme. Erables. Cypres. | ‘On fait ordinairement plufieurs Allées , que l’on nomme Avenuës, par lefquelles on aborde les Maifons de Campagne. Les Arbres qu’on y em= ploye, font le plus fouvent ceux qui fuivent, Arbres propres à faire les Avenués des M aifons de Campagne, Acacia de FAme-| Ormes. rique, re: | Peupliers. Cerifiers, | Pins. Chaftaigniers. Plane, Chaftaigner de |Poiriers, Cheval, Pommiers. Coudriers. Pruniers, Cypres, Sicomores, Meuriers. Tilleu. Noyers, . | Trembles. Oliviers. Ypreau. Es Plans & Vergers ne differear qu'en ce que ceux-la font en E ij s4 Remarques pour la Culture pleine Campagne , ceux-cy enclos de murs , ou du moins de hayes. Ils font compofez d’Arbres plantez ordinaire- ment à la ligne , ou d’une forte d’Ar- bres , felon la nature du terroir, ou de plufieurs fortes | lors que la terre les peut fouffrir., On n’employe gueres que les fruitiers , qui font ceux qui fui- vent. Arbres qui entrent en la compofirion des : Plans © J'ergers. ‘Abricotiers. Grenadiers, Amandiers. Guigijers. Aubergiers, Jujubiers. Azaroliers, Limoniers. Cerifiers. Neffliers,. Chaftaigners, Noyers. Coigners. Oliviers francs. Coignafliers. Orangers. Cormiers. : Pefchers. Cornoüillers. Pommiers, Cytronniers. Poiriers. Figuiers. Pruniers. Hacun fçait aflez que les Plantes propres à faire hayes font les [ui- vantes, des Fleurs. 55 Aubefpines. Rhamws. Coudriers. Ronce. Efpine vinette, Rofiers. Fufan. Sureau. Nerprun. Et autres Arbres Balivre. fauvages, Prunelier. Es Efpaliers qui font dredez pro- che des murs , fe font à diverfes fins.Car on les fait, ou à deflein d’ofter la veué des murailles ,| ou bien pour mettre les arbres qui les compofent, à couvers des vents & des gelées , ou faire ainfi meurir mieux leurs fruits, Si c’eft afin de ne borner la veuë que par La verdure, les Arbres & Arbrifleaux toû- jours verds y font les plus agreables. e Arbres toñjours verds , agreables à faire Efpaliers pour offer la venue des murs. Alaternes, Rofe, & Thym:. Büis. Lierre, é Chefnes verds. Myrtes. Cyprés. | Pervenchés. Houx. Phillyrea. Jafmin commun. | Rommarins, Laurier , Cerifier, E iii 56 Remarques pour la Culture Ncore que les Plantes fuivantes ne foient pas toûjours verdes, on ne laifle pas de s’en fervir affez fouvent, Autres qui perdent leur verdure, dont on fe fert encore pour faire ESfaliers. Capriet. | Grenadiers, Charme. | Lilacs. Chevre-feüille. | Piftachiers. CElematis. Rofiers. Coigners. Syringa. Coignaffiers. Trocfne. Coudriers. | Treilleà Verjus. O N fe peut encore fervir des Plan- tes qui fuivent; mais c’eft à re- commencer tous les ans; dautant que fa plufpart perit entierement chaque année , ou au moins tout ce qu'elles pouflent hors de terre, Balfamine , femel-| Pepons. le. Phafeol des Indes. Convolvulus. Plante de la Pal Latyrus. fion. Nafturtium d'Inde, Tolubilis. Es autres Efpaliers font compofez des Aïbres , ou Atbrifleaux fui- vans. des Fleurs, 57 Arbres on Arbuftes à fruits pour La plus grande partie, dont on fait Efpaliers, Abricotiers. | Jaflemin d’Efpa- Amandier naïf, | gne. Aubergiers. | Limoniers, Azarolier. | Pefchers. Cerifier nain, | Poiriers nains, Cytronniers, | Pommier de Para- Figuiers. | dis. Grenadier à fleur Vignes rares. & à fruir, Es Paliflades different des Efpa- liers, en ce que ceux-cy font roû- jours épaulez d’un mur,& celles-là font face de deux coftez , bordant ordinai- rement une Allée , & la feparent de quelque Parterre, On peut les reduire à trois fortes , la premiere haute, qui borne la veuë , & l’empefche de décou- vrir ce qui eft de l’autre cofté ; la fe- conde d’appuy , fur laquelle on fe pour- roit commodément accouder, laiflant la veuë libre par deffus ; & la troifiéme bafle , que la veu£ commande de haut en bas. Les Paliffades hautes dont on fe fert comine de murs pour feparer une partie s8 Remarques pour la Culture du Jardin d'avec l'autre , fera rarement faite de fruitiers , mais bien des arbres fuivans. Acacia de l'Ame-| Cytronniers, rique. Erables, Alaternes. Figuiers. Chefnes verds, Grenadier à fleur Charmes. & à fruit, Chaftaioner. Laurier commun, Coudriers. Limoniers, Cyprés. Remarquant fur ce fujet, que ces fortes de Paliflades reüfliflent mieux d'une feule forte de ces Arbres que de plufeurs méêlées corfufément enfem- ble. Il eft vray qu'avec les Cyprés il eft bon de joindre quelques autres Arbres qui faflent liaifon ; dautant que ceux- là n'en faifant point du tout , la Paliffa- de n’en eft pas ny bien affermie , ny de bonne clofture , laiffant toûjours ler. pace libre entre deux Arbres. Les autres Paliffades , depuis celle - d'appuy qui doit eftre de trois pieds & demy à quatre de hauteur. jufques à huit ou neuf pieds , peuvent eftre faites de tous les Arbres fuivans. Abricotiers, Azaaolier. Alaternes, Boûis, des Fleurs. 59 Charme. Orangers. Cerifiers. | Phillyrea. Coigners. Piftachier. Coignafliers. Poiriers. Grenadier à fleur Pommiers. & à fruit. | Pruniers. Guigniers. | Rofiers. Houx. | Rofiers de Guel- Laurier , Cerifier, dres. & Thim. | Romarins, Lilac commun de Svyringa. Perfe, | Trocfne. Myrthes. Ces Arbres neanmoins ne feront pas employez indifferemment enfemble, car les fruitiers s’accordent fort bien entre eux ; mais non pas avec les autres. Ceux qui font toûjours verds doivent aufli aller enfemble, & non point avec ceux qui mettent bas leur verdure, Enfin ceux qui fe dépoüillent , & qui ne font pas du rang des fruitiers feront mis en ufage encore en particulier. Les Paliffades au deflous de celles d’apuy, fe font ordinairement des Plan- tes fuivantes. Abrotonum femel- | Afpic. le. Boüis. Amandier nain. Framboifiers, €o Remarques pour la Culture Groifeilliers, Rue. Hyflope. Sauges. Lavende. Teucrium arboref- Mvrthes. cens, Ribes. Obfervant de n’employer en chacune de ces Paliffades bafles qu’une feule de ces efpeces de Plantes dautant qu’ou- tre l’inegalité de leur verdure , qui ne cauferoit pas un bel effet à la veuë, vou. Jant eftre cultivées & taillées diverfe- ment,elles ne reüffiroient pas enfemble, Pour les bordures de Platte-bandes, Careaux, & Planches , elles peuvent eftre faites de Büis. tres petit Oeiller Fraifiers, des Alpes. Hyflope, Sauges. oubardes. Staticé de Pline, Myrthes. Thym. Nompareille , ou’ Violette de Mars. Quand aux bordures des Parterres coupez, ou de broderies , l'on y em- ploye plus communement le Boüis , ou Je Myrte , & quelquefois les Violettes de Mars ; mais il faut retailler conti- nuellement, neanmoins elles ne laiffent pas de faire un aflez bel effet dans fes grands lieux, des Fleurs: 61 Tout ce qui a efté dit cy-devant de lemploy des Plantes Boifeufes & Li- gneules enfuire de leurs Caralogues, n’eft pas de l’Autheur , neanmoins on l’ya joint, comme eftant chofe du fujer, & mefmes necellaire pour faire voir quoy elles peuvent eftre employées. CSSS SSSSSSSS5555S5 Liffe de quelques Plantes Fibreufes , qui [e trouvent ordinairement dans Les Lardins de plaifir. Biotone. | Argemone, Adiante. | Armeries, Ambrerte, ou fleur After purpuré de du Grand Sei -! Montagne. gneur. Aubifoin, dit Cya- Amarante ,oupaf-| nus. fe-velours. Balfimine, mâle & Amarante de trois! femelle, couleurs. | Bafilic. Anagallis ,ou Cref- Baume,ouMenthe. fon. | Bellis grande d’Ef- Ancholies. pagne. Anemone troilñié- Belveder. me de Mathiole, Blattaires. Anthirrinon, | Boüillon blanc, 62 Remarques pour la Culture Campanelles. Girofflier , ou Vio= Camomille. lier. | Cradamine. Hedifaron Clypea. Condrille, tum, Cotiledon. Hepatique. Chryfantemon, Hieracius. Coq. Joubardes. - Coquelicoc,ou Pa-| Limoniun, vot des bleds. Lonchitis. Coquelourde , ou} Lychnis , ou Jacée, Oeillet Dieu , ou} Lyfimachie. Lychnis corona-| Marouerites ou ria, Bellis. Cortufe de Ma-| Marrube. thiole. Matricaite, ou Ef- Cotiledon. pargoute. Cyanus, ou Aubi-| Malanzene, ou PG- foins. mes d’amours, Digitales. Müillefeüilles, Elichryfon,ou fleur, Muguer. immortelle. | Mufcipula, Eryngion. | Nafturtium. Eupatoire de Ca- Nigelles. nada, | Oculus Chrifti,:ou Figuiers d'Inde, After aticus. Filix. Oeillets. Gantelée. Oeillets d'Inde, Gentianelle. Oreilles d'Ours. Geranion deCrete.l Pafle-velours, 4 1 | { des Fleurs. 63 Pavots. | Sariette d’Efte. Pavot épineux, | Soucy double. Penfées. Seabieufe de Mon- Pervenches. | ragne. Phafeol nacaratdes Veronique, Indes, | Violier mufqué Poivre d'Inde. double. Pomme d’Etiopie. | Violiers, ou Vio. - Pomme dorée. | lettes de Mars. Pomme d’amours. | eZ 20 @ 2e en 70 ex" 10 2 10 20 29 eZ Catalogue des Plantes Ligamenteufes plus frequentes dans les Fardins de plailir. Loc. Franxinelle. Afphodeles. | Geranion trifte, Canne d'Inde. Hieracium, Carline. Lys Afpodelle jau- Caltha paluftris. | ne. Chelidoine petite Pafle-Rofe, double. Pivoines. Condrille. Ranuncules, Elebore. Sefamoides, Eryngien, Stachis de Mont- Filipendula. pelier, Fleur du Soleil, On à rangé icy les Plantes qu'on 64 Remarques pour la Culture nomme vulgairement Grumeufes avec les Ligamenteufes , d’autanc qu’elles ne différent entr'elles , que par la grandeur ou petitefle de leurs ligamens. Blantes Bulbeufes, que l’on cultive dans Les fardins des Curieux. Colchiques. , Lys narcifles, Crocus. |! Martagons, Couronnes Impe--Molys. riales. Mulcaris. Fritilaires. Narcifles. Fumeterre. Ornithogalons. Gladioles. Pancration. Hemerocalles. Safrans. Jacinte. Squille. Iris. Sifyrinchium. Leucoyons. Tulippes. Lys. Plantes T'uberenfes plus curieufes. Aconit d'Hyver. | Calceolus Ma- Anemones à peti- riæ. tes feüilles & à Condrille. larges feüilles. | Colocaflia, Aron des Indes. Hermodate, Baflinet des prez, Jacinte. double. Serpentaire. Cyclamens. Quelques des Fleurs. 6$ #] Quelques Plantes Charneufes ; ow Charnues. Acanche, où Bran-! Lathyrus.. que urfine.. , Raves, Bete, | | Ces Plantes font feulement pour fer= vir d'exemple ; dautant que de cette efpece on n'en cultive gueres dans les Jardins à fleurs , que la Branque urfine & le Lathyrus. Quelques Plantes Genouilleufes, Chame-Iris. Flambes. Celles-cy pareillement ferviront d’ez xemple. Quelques Plantes imparfaites pour fervis à exemple, Champignons, | Guy. Coral. Lychen. Cufcute, | Moufles, Efponges, | Ha ee ES 66 Remarques pour la Culture FEEX RÉRTASIRRRRRERE es V9 € 2e : AB 7 vit er LR RÉ ELÉRRÉSÉSSS T'RAII TE DES ŒILLETS ET LA MANIERE de les cultiver. ce De l'Excellence de certe Fleur. Es Curieux engagent au combat l'Oeiller avec la Rofe, pour fça- voir. fi l’un fera le Roy , 8e l’autre la Reyne dans la petite Monarchie des "Fleurs. Pour moy je ‘admire comme une grai- ne ( qui n’eft qu'un atôme) ayant pouifé quelques feüilles , courtes groffes, & finiffant en pointe ; & en faitre jerté plufieurs tiges rondes & notieufes , ve- nant enfin peu à peu à fe fortifier, RE des tendres branchettes qui fortent de a cime , au bout defquelles la main d'un excellent Ouvrier attache de pe- tits tuyaux verts , découpez & chique- des Fleurs. =6 tez aux extremitez , lefquels voulant épanoüir & montrer les trefors qu’ils enferment, un poinçon de couleur com mence à paroiltre qui petit à petit fent la prefle, & par un fecret accroiflement prend des forces pour fe mettre en li= berté, & ouvrir la prifon étroite qui le tient efciave. Ce qu'ayant tranché elle fe jette de= hors, défait les plis de fes feüilles, affine fes couleurs, tire du fond de la fleur trois menus cheveux d'argent, & l’ef- pace de plufieurs jours agence joliment en rond fa délicate dentelle, remerciant avec ufure la main foigneufe du Jardi. nier qui la cultive par la beauté de fes couleurs , & la douceur de fon mufc , dont elle embaume l'air : Beauté d’au- tant plus rare que la cofte de l’Oeillet eft grofle & longue , que la couleur eft vive & naturelle , que le panache eft grand & bien étendu depuis le fond de la fleur jufques aux extremitez, & qui jette fans crever , les feuilles avec une agreable confufion. Et voila l’Oeiller, que les uns croyent ainfi nommé pour marque de fa beauté, ne fervant pas moins à relever l'éclat de nos Parterres, que les yeux à enri- Q Fi 68 Remarques pour la Culture chir le vifage de nos mortelles Deeffes, dont ils font le principal ornement , & comme les agreables Idoles , à qui on prefente des Sacrifices fur ces Autels animez. D'autres l’appellent Giroflée , d’au. tant qu'elle répand une fuave odeur de Clou-de-girofle , & que plufieurs éle- vent avec fi grand foin & curiofité, qu'il femble aujourd’huy qu’eftant pref- que le dernier venu , il foit le premier en eftime , d'autant qu'il ne fe dérobe point à nos yeux l’elpace de neuf ou dix mois , comme fait la Tulipe ) fi fort néanmoins en eftime ) pour montrer puis aprés huit ou dix jours fon écar- late rayonante , & fon émail de diverfes couleurs , puis qu'en tout temps il étale une belle verdure , donne des fleurs au plus fort de l'hyver, & n’enfanglante point nos mains en le cueillant , comme fait la Rofe par fes épines. Sa nai[ance parmy les Fleurs. Le petite Graine eftant entée en . terre, germe en bien peu de jours, & par fes minces chevelures s’attache fortement à fa mere nourice, dont elle tire fon principal aliment , pour nous des Fleurs. 69 donner en fa Saifon des fleurs confor- mes , autant qu'il eft en elle, à la tige dont elle a efté tirée; Et pour nous in- ftruire auffi bien que le grain de fro- ment de la Refurreétion general des Corps à la Confommation des Siecles, nonobftant la Pourriture de nos Tom- beaux , & le combat des Elemens qui nous a reduiten cendre; puilque l’un & l’autre demeureroit fteril s’il ne mouroit dans la terre, comme nos corps fans aucun falaire de leur merites, fi aprés une honteufe Sepulture ils n'eftoient rappellez à une meilleure vie. Le nom cÿ Les vertus de cette Fleur. E fçay bien mon Leéteur , que fous ce nom d'Ociller, il y a plufeurs & différentes efpeces de cette Fleur qui compofent diverfirez de noms, & qui en pouroient établir & conftituer un genre particulier , comme Armeria , Sus perba, Ayacinthus , Tunica , Veronica, Flos Africanus , Othonna , Staticé, Mulfcipula , five Armoraria , que les François denomment Oeillets |, comme Oeillets d'Inde, Ceillers de Poëte, Pe. tites amourettes , & que les Latins mo« dernes comprennent fous le nom de F ïij 70 Remarques pour la Culture Cariophylus tant à raifon de leur re- femblance à l’œil pour les François, que de leur odeur de Clou-de-girofle pour les Latins.Mais mon deflein eftant tout particulier , fi defirez avoir une parfaite connoiflance de toutes ces ef- peces , je vous renvoye aux Autheurs qui en ont tres-amplement traitté, comme Dalechans en {on Hiftoires des Plantes ; Lobel & Pena en leurs Obfer- vations, & Dodonée au Livre des Plan- tes Coronaires.Pour moy jeme reftratns à la feule efpece qui à plus d'éclat entre toutes les autres, & qu’un chacun efti- me plus particulierement comme l’uni- que Fleur & le favory du Jardin des Curieux, les autres efpeces eftant plü- toft pour les amateurs de la Medecine & des Plantes en general , que pour la fatisfaction de ceux qui s’attachent feu- lement à la beauté. Renfermant donc mon difcours dans les bornes de la re- ftriétion que j'ay prife, je diray que plufieurs courtifent POeillet , qui n’en {çavent pas le veritable nom, foit peut eftre que jadis elle n’ait pas efté en efti- me , foit que mille autres fleurettes qui luy refflemblent l'ayent confondue par- my une multitude de Plantes des Prez, | | | des Fleurs. ni des Campagnes, & des Jardinages, ainfi que j'ay remarqué cy-devant, On l’ap- elle communément Oeillet, à caufe de fa beauté & de la conformité qu’il a en fa figure à l’Oeil , cette precieufe partie du corps humain , foit que ceux qui ont fait l'anatomie de l’un & de l’autre , y rencontrerent proportion des trois humeurs vitrée, criftalin, & globe d’eau que les tuniques y foient fembla- bles , laragnée , la recticulaire lunée, la dure & deliée; foit qu’il s’y trouve de tendres filamens qui correfpondent aux mufcles, qui fupportent , condui- fent , menent & ramenent ces deux beaux Aftres du microcofme. Quelques-uns le prennent pour la -Giroflce, & leur raifon aveugle, eft la fuave odeur du Clou.de- girofle qui en Jort, & qui embaume ceux qui le por- tent. D’autres le font pafler pour un Nar- cifle, tant la difpofition de cette Fleur, la varieté de fes couleurs, la verdeur de fon feüillage, l’abondance & la durée de fes boutons leurs plaifent. Enfin ce que le vulgaire appelle Oeil- let , les Sçavans l’ont nommé Tunica, & nous afleurent que de fes petires 72 Remarques pour la Culture feüilles on peut faire un Vinaigre tres delicat lequel non feulement reçoit la grace de la faveur de cette Plante, mais contient en foy par infufion une vertu animée , qui fait que d'ordinaire dans ce Vinaigre nait & fourmille une quan cité de petits Vers , qui vivent & fe nourriflent dans cét efprit acide qui caufe la corruption & la mort aux aus tres Animaux , lefques font aufli petits que des Atomes , & ne paroiflent que dans leur mouvement ; ledit Vinaïgre n’en devient pas toutefois mal fain, fi on le met en fauce ou en falade. Pour ce qui eft de ces petits Vers , j'eftime (comme je montreray au Chapitre des Maladies) que ce font les mefmes en- nemis qui ont perfecuté noître Fleur du. rant fa vie, qui l’accompagnent aprés fa mort, & la fuivent jufques au tom- beau. L’Ociller eftant alambiqué & diftille en eau, fert d’un remede exquis pour le mal caduc. Mais fi on en compofe de la conferve, c’eft la vie & les delices du cœur humain, agité de quelque batte- ment ou palpitation extraordinaire, puis qu'il s’appaife & devient tranquille, aufli-toft qu'il fenc dans l’eftemach la ja moindre des Fleurs. 73 moindre partie de certe douce manne, Experience fans doute quiluya don- nc le titre du gencreux Ajax dedans nos vicilles Fables | puis qu'outre ce port agreable de fa tige & de fes Fleurs, qui n'a rien de rampant Contre terre, mais je ne fçais-quoy de noble & de maje. ftueux , il a encore cette perfection & qualité fecrete , d’affermir lé cœur de l'homme tremblant par lècheté , ou par infirmité , & de le remettre dans fon afliette naturelle. Les divers Noms que les Curieux luy oft donné, À Sainte | Le Bourdelais, Croix. Le Tournefien pur. L’Imperial. Le Tournefien vio. Le Royal. let. - L'Admiral. L’Allemand. L’Archiduc. Le Portugais. Le Duc. Le gris de Roüex. Le Prince. Le Saint Denys. L'Augufte. La Sainte Marthe. La Reine des | Le gris de Paris. Fleurs. Le Boifliconte. La Marquile. Le Beau Vaillant. Le Parifien. Le Gris dela Rei- Le Picard, ne. G 74 Remarques pour la Culture L'Obertin. geant, Le Pourpre Oùa-! Le Mommorency. Jon. De Creil pur. Le Nompareil. De Creil panaché, LeCinquante mille Morillon violer, francs. Morillon de Gan. L'Incarnadin de | Morillon Pourpre. Chalis. Morillon la Vigne. Le Soloré. MorillonMadame. Le Rubican. Morillon Bour- Le Nacarat. geois. d L’Incarnat de l'If- Le Monftre , ou le: | Creftede Cec. Le Marbrié. :‘ | L’Hérmite, Le Celeftin. Le Sauvage. Le Cappucin. Le Pauvre. L'Augultin, L'Huguenotte, Le Pourpre E- L’Antihuguenotte. roüard. Le Marbré. Le Suifle Violet. | La Provence. Le Hulot blanc. | Le Grain fec. Le Hulot gris. Le Beau Soldat, Le Hulot tiqueté. | Le Gris d’Aras, Le Colombin pur. La Plante, LeColombin chan- Ce font les beaux noms des Oeillets, & plufieurs autres à moy encore incor- nus , que les Curieux ajoûteront s'il leur plajft à ce Chapitre : Oeillets di- des Fleurs. 75 ftinéts feulement en couleurs , & les enfans de differens Peres , qui les ont veu tous les premigrs fleurir fous leur conduite & jetter des bourons & des fleurs , non encore formées par la Na turc, Le plaifi qu'il y à d'en élever quel- que beau & rare, outre le profit qu’il apporte à fon Maiftre , eft de le voir vifité de plufieurs jardiniers, efperans en tirer quelque douceur, & courtifé de quantité de Perfonnes, de condition & de merite, qui viennent en examinet routes les parties , remarquer le feüil- lage , diftinguer lès couleurs , y trouver, ou cacher les defauts , felon l'efprit ge- nereux ou envieux qui l'anime , & ce avec le petit poinçon d'argent qui en developpe les merveilles pour ne pas alrerer fa beauté par l’attouchement d’une ma'n échauffie, Je fouhairte fouvent certe bonne for. tune à tous ceux qui le cultivent, à la charge qu'ils le feront tirer au naturel par quelque adroit pinceau ; & qu'il nous en confervent la race , fi non ea effet , du moins en peinture, G ij 76 Remarques pour la Culture Les differentes couleurs de cette Fleur. ’Intereft & la curiolté ont inventé pluficurs moyens de panacher & chamarer de diverfes couleurs les Fleurs de nos Jardins , comme de faire des Rofes verdes , jaunes & bleues, & mé- me en bien peu de temps donner deux ou trois coloris à un Oeillet , outre {on teint naturel. Par exemple ayant pul- verifé de la terre grafle cuite au Soleil, & l’arroufant puis aprés l’efpace de quinze ou vingc jours d’une eau rouge, jaune où autre teinture , lors que l’on y aura femé la graine de cette Fleur d’une couleur contrairea cét arroufoir artifi- ciel. Quelques-uns l'ont femée & greffée dans le cœur d’une ancienne racine de chicorée fauvage , la reliant puis aprés étroittement , & l’environnant tout au tour d’un fuminer bien pourry , d’où on a veu fortir { par le orand foin du Jardinier ) un Oreiller bleu, autant beau, qu'il eftoit rare, D'autres ont enfermé dans une petite cane bien déliée & frefle, trois ou qua- tre graines de noftre Fleur , la couvrant foigneufement de terre & de bon fu- des Fleurs. 77 mier ; lefquelles femences de diverfes tiges fe mettans toute en une, & ne faifans qu’une racine , ont enfuite pro= duit des branches admirables pour l& diverfité & varieté de leurs Fleurs. Enfin quelque fubtil Fleurifte a ap= iqué fur une tige divers écuflons d'Oillets differens , qui ont pouflé des Fleurs de leur couleur naturelle, & qui ont ravy les yeux des Ignorans , ne fça- chans pas la caufe de ces diverfes pein< tures. ; Mais fans tous’ ces artifices qui font un grand effort à la Nature , la violen= tant à produire ce qu’elle ne veut pas, & la forçant d’accommoder fa feve à un écuffon étranger , lequel ayant lan= guy quelque temps .caufe fouvent mort à la tige qui luy a donné la vie, puniffant ainfi la curiofité d’une maira trop hardie, C'eft une recreation innocente de voir cette Fleur d’un fatin blanc comme neige, cette autre d’une écarlate étin= celante, celle-cy enfanglantée de mille petits filets, celle-là détranchée d’une agreable confufion de brillantes étoilles fur un fatin rouge ou colombin. Allez fouvent il arrive que Îur une G iij 78 Remarques pourla Culture mefme tige le Suifle prend diverfes fi. vrées & chamarre fes veflememens de paflemens bien fantafques. Bref pour tout dire en un mot, la palette du Pein- tre chargée de carnation , de fin azur de laque de Venile, de cendrée, de verd de terre,de mafficot, de blanc de plomb, & de vermillon d’Efpagne , ne fournit pas encore les meres couleurs neceflai- res à fon imagination pour en tirer, une parfaite 1mage. Et aprés tout, un peu de foin & de boug, deux poignées de terre , & un rayon de Soleil , produifent tous ces miracles, que toute l’induftrie des Hom- mes, le pinceau des Maiftres les plus habiles , & le burin le plus hardy , ne peut contrefaire , aflez glorieux d'en eftre le petit copifte, & de nous faire connoiftre par le nom de la Fleur qu’il grave au bas de fon ouvrage, qu'il n'a pû nous exprimer ce qu'il ft contraint de nous dire. Ce qui fait, mon cher Leéteur , que je vous invite d'en reconnoiftre l’Au- theur | pour avotiier ingenuement avec moy, à moins d’eftre un aveugle volon- taire, que Dieu a tellement compofé toutes les creatures, que l’on ne peut en des Fleurs. 7% examiner la moindre, fans y rencontrer auffi-roft quelque trait furnarurel de for amour & de fa puiflance , bien plus adroittement que cét Ancien , y ayant gravé par tout fon image, que l’Eternité ne pourra jamais effacer. Les foins du Fardinier pour Le bien élever] ‘Experience ayant fait connoiftre aux curieux de cette Fleur ;, que læillec ne s’aime pas en pleine terre, & que dans les planches les mieux culti- :vées de nos parterres, où la Tulipe étala fes beautez & fair merveilles, fon feüil4 lage flécrit; & fes petits boutons avord tent ; en fa tendre jeunefle on ie plante dedans des bonichons percez qui dei viennent des pots parfaits |, & plus grands quand il eft en un âge plus avan= cé; Et enfin que l’on change en des vai£- feaux plus fpacieux , que les Jardiniers - appellent des meres , alors qu'il eft ent {a force , afin que rien ne luy manque en fa vieillefle, & qu’il puiffe porterles petits porelers & les entonoirs dont on fe ferc pour marcoter fes œilletons , & provigner les montans que le Maiftre y trouvera. Or c’eft un plailir de le voir tantof& G üiij 80 Remarques pour la Culture dans un treillis d’ofier qui fe voute fur fa tefte, & qui foûtient par divers cer- cles les branchcttes qu’il jette de toutes part. Icy on le traite à la ruftique , luy donnant deux ou trois baguettes pour foutenir ces rameaux & empêcher que le vent ne les déchire. Quelques-uns le gardent comme un prifonnier d'importance , l’enfermans dans une petite Baftille, où il ne voit le jour qu'à travers des barreaux d'un fil de fer bien delié, & acolans fes mon- gans de quelques lien de plomb bien œendres & délicats , qui les arrefte en place fans les meurtrir. D'autres accouplent fes tiges à des houffines bien polies & peinturées de noir, avec des anneaux ou petites bou- cles d'argent, ce qui releve beaucoup l’éclac de fes couleurs. Enfin les porce- laines & quaifle d’yvoire ou d’ébeine luy fervent quelquefois de glorieux ber- ceaux , où il femble qu'il fe furmonte luy-mefne & s'efforce à faire merveil- les , tant il eft ravy defe voir fi fouvent courtifé de fon Maiftre , & flaté de la main délicate qui prend le foin de fa nourriture. Cela n'empêche pas toutefois que des Fleurs. 81 l'abondance des feüilles que la Nature enferme dans fon bouton ne le falfe rever & qu'il n'ait befoin d’un fecours artificiel pour fupléer à ce defaut. De fai: quelques-uns d’une pointe d’épin- ole entr'ouvrent fa petire dentelle pour luy aider à s’épanoüir rondement. D'autres y appliquent la peau d'une féve écoflée , laquelle venant à fe fe- cher foutient également fon peinturé feüillage. Le Jardinier à la ruftique , y pale le filet arrefté d’un fimple nœud, & le curieux y fait entrer doucementun anneau d'argent , pour reparer , avec honneur le manquement auquel toute fon induftrie n’a pû remedier. Bref les amateurs de cetre Fleur en- tierement épanotye, pour la faire durer un plus long-temps , coulent un petit rond de carte, ou blanche, ou noire, felon la couleur de l’œillet par deflous fes feülles, qui embrafle mignardement fon tuyau , & qui le conduit avec ma- jefté jufques au tombeau ; mais l’efpace de quinze jours & davantage , il le fait beau voir agencer joliment fes feüilles pefle-meflées de diverfes couleurs , & trancher du petit Prince, pour ne pas | dire du Roy des Fleurs. 8: Remarques pour la Culrure Le Soleil qu'il demande. L fe remarque , que fi l’œillet ef placé tellement à l’ombre, qu'il ne voye point de Soleil , jamais il ne pro- firera , non plus que le refte des plantes qui urent la vie & l'entretien de ce bel Aftre. ne faut pas tout à l’oppofite l’ex- pofer direétement à toutes fes ardeurs; car autrement l’humide radical qui l’en- tretient venant à fe defltcher, la féve Juy manqueroit & le reduiroit bien-toft en cendre, Et comme un aliment bien preparé, & une nourriture bien délicate, entretient cette Fleur épanotiye , les accidens d’une famine prochaine la fe. roient bien-toft flétrir, & en peu d’heu- res éclipferoient toute fa beauté, fitelles cuifantes chaleurs devoroient brufque- ment la portion de l’humeur qui la doit conferver un mois entier. C’eft pourquoy lafpect du Soleil qui luy eft convenable , doit eftre le levant ou le couchant, où il fera merveille, tant pour fa verdure que pour fes Fleurs, & au furplus un grand air; les. lieux humides, fombres & aquatiques, eftans plus propres à l'enfevelir qu'a l'entre- des Fleurs. 83 tenir , quoy que pour un temps fon feüillage y femblera profiter, car jamais il n’y portera Fleurs, ou bien elles y feront toutes malades , & comme ayant les pâles couleurs. C'eft le confeil des Maiftres , qui tiennent le folage fi necellaire à tout leur ouvrage, que tranfplantant un ar- bre d’un licu en un autre , ils ont un foin particulier de luy tourner le vifage au mefine Soleil qu'il avoit dedans fa pepiniere, ou le long de l'efpalié d'où il a efté arraché. Toutefois l’experience m'a fait con- noiftre , qu’en expofant noftre Fleur au grand Soleil, & l’arroufant foigneufe- ment tous les jours , vifiblement on la fera croiftre & profiter davantage en huit jours , qu'elle ne feroit autre part en trois mois. Mais fi larroufoir de fon Maiftre l’oublie un jour ou deux , il eft certain qu’elle eft perdue fans refource. . La terre qui luy eff convenable. Our élever feulement une Fleur , il faut chercher une terre vierge & qui ne reflente rien de la malediétion gene. rale de produire des ronces & des épi- ne; fi elle eft grafle & trop materielle, 84 Remarques pour la Culture l'œillet n’y eft pas fi-toft planté qu'il y y étouffe , comme fi la pefanteur ser en peu de temps fouffoqué. Si elle e grafle & trop moileufe , il y prend là jaunifle, & aprés une langueur ennuyeus fe il y expire. Si on la fume trop, il y fuce petit à petit un venin qui l’em- poifonne & le tué. S'il la trouve trop argilleufe & comme de la glaife , aprés en avoir goûté par quelques nouvelles racines que fa fraîcheur luy fait pouffer d’abord , bien-toft en fuite il pourrit & fe dépoüille de la rendre écorce qui le couvre. Quelques-uns luy labourent des plan. ches entieres, ou luy deftinent de grands vaifleaux remplis d’une terre d’égoût, - laquelle ou par trop d’humidité , ou par quelque fecrete qualité qui luy eft en- nemie, & luy caufe des maladies mor- telles. D’autres mixtionnent du fumier de Vache ufé avec de la terre franche; du Tarot bien confommé , & une poi- gnée ou deux du mar de raifin . ce qu’ils croyent fervir d’antidote ou prefervatif contre tous les accidens des faifons qui Pattaquent , principalement en Hyver, pour la chaleur douce & moderée que cela peut jetter dans Le vai ffeau où cette des Fleurs. 8s belle Fleur eft plantée. Il y en a qui ramaflent de {a cendre & dela poufliere, plutoft que de la ter- ce , qui fe trouve dans le creux des vieux Saules à demy pourris, & difenc qu'elle eft tres-propre pour faire re- prendre les œillerons que l’on y plante. Tout cela neanmoins eft preique fans beaucoup de bon fuccés. Pour moy j’e- ftime qu'urie bonne terre bien criblée, mélangée d’un peu de vieux tarot bien pourrye , avec une ou deux poignées de fablon noir, que c'eft fa vraye nourritu- re, & l'aliment le plus proportionné à fa nature, Toutefois fi mefme parmy les fleurs comme entre les Hommes, il ya divers appetits felon leurs differens temperamens , le foigneux Jardinier y fatisfera à peu de frais. L’ean dont il le faut arroufer. C Eux qui courtifent cette fleur, doi- vent je fouvenir de mettre la cru. che dans les mains de la Prudence pour l’arroufer avec difcrerion, plus ou moins {elon la diverfité des Saifons ; au Prin- temps, judicieufement ; en Efté, libe- ralement ; durant l’Automne ,rarement & tout le long de l'Hyver, tres-échar- 86 FR emarques pour la Culture cement : mais point du tout lors qu'il gele, ou que les neiges viennent à fon dre. * Je fuppofe que le Ciel le prive de fes pluves reolées , de fa douce rofée, & de quelques oragés paflagers que la foudre & les tonnerres produifent aflez fou- vent fur noftre hemifphere; le ferviteur pour lors n'ayant qu'a fe repofer & re- mercier la main du Souverain qui don- ne la pluye dedans fon temps; cét arrou. foir celefte faifant mille fois mieux que toute l’induftrie des Hommes : mais s’il vient à manquer, on pourra pratiquer le confeil cy-deflus. Il eft fecondement tres-dangereux, en quelque faifon que ce foit, de l’ar- roufer d’une eau froide & fraîchement puifée ; car vifiblement aprés on le voit perir , ou luy arriver des maladies in curables. Troifiémement, l’eau fale & puante ne luy eft pas propre, bien moins encore qu'aux autres Fleurs qui font en pleine terre, attendu qu'ayant infecté tout le pot qui contient fa nourriture , cette odeur y demeure long-temps , qui atta. que enfin fes racines , lefquelles venant à {e dégoûter de leur aliment ainf cor des Fleurs. 87 rompu, il faut aprés qu'il meure Quatriémement , toutes Les eaux im- bucs de quelque teinture , telle qu'elle puifle eftre, luy font du tour contraires, quoy qu’en dilent ceux qui s’en veulent fervir pour luy donner de differentes couleurs : car outre que cetteexperience eft encore inconnue , il eft tres-certain qu'il y a des qualitez dans ces bois & matieres propres aux Teinturiers, qui font ennemis de nos Fleurs, Que fi je me trompe, j'offre à me dedire lors qu'elles auront montré d’autres effets de leurs fecretes vertus ; mais cela eftant dou- teux j'aimerois mieux ne m'en pas fer- vir. Cinquiémement, l'eau degourdie fur le feu, & tiede, ne luy eft pas faine, & comme à plufeurs perfonnes elle cäufe des défaillances de cœur & provoque des vomiflemens ; de mefine ellea je ne fçay quelle antipatie contre les Fleurs & contre les Arbres, mais fi grande, que mille epreuves nous ont fait voir qu'elleles fait mourir tous vivans. Enfin l’eau quieft à fonufage, & for- table à fon temperament, elt celle des rivieres , des fontaines & des puits , re- {ervée dans un baflin ou quelque autre 88 Remarques pour la Culture vaifleau, expofé aux ardeurs du Soleil, & doucement preparée par la reverbe- ration de fes royons ; Le mefme Aftre qui aprés Dieu a fervy à fa generation, contribuant ce qui eft neceflaire à fa confervation ; & ainf l’arroufant avec difcretion de cette liqueur naturelle,fans beaucoup moüiller fon feüillage , qui autrement jaunit & fe fane , on le verra profiter avec plaifir & contentement; encore faut-il que le por où il eft planté foit percé par le bas pour égouter ce qui fera fuperfu ; comme la fentine du vaif feau pour le décharger de ce qui l’in« commode ; car autrement l’humidité de cette boüe , & l’ordure de ce mortier, empoifonnera bien-toft fes racines , & le fera mourir. Mais qui voudra le regaler , qu'il le moüille du jus de fumier de Vache, car enyvré de ce neétar il fera des mira- cles. Bref que celuy qui le nourrit & le conferve , fe fouvienne de la maxime d’un plus grand Maiftre que luy ; qu'il le grave fur le frontifpice de fa mailon; au pied d’eftail de toutes les figures de {on jardin , dedans les grottes & fontai. nes de fon Parterre: Que celuy qui plan- 6C OU - des Fleurs. 89 te @u celuy qui arroufe, travaille inuti- lement, fi Dieu par fa fainte benedi- étion ne fait croiftre & profiter ce qu'il cultive. En quel temps il fleurir. E l’appellerois volontiers la Fleur im= mortelle , puis qu'en toutes les fai- fons de l’année il nous donne des fleurs. Les marcottes avancées dans l’Autom- ne, & qui ont eu le loifir defe fortifier, pouffent mille boutons fi-coft qu’elles fentent la douceur du Printemps. Les meres qui marchent plus lentement en foifonnent tout l’Efté,& par des reguins agreables, ou des æœilletons plus tardifs,, en enrichiffent l’arriere-faifon , qui les nourrit plus gros & plus long-temps, à caufe des violentes ardeurs du Soleil, qui pour lors ne font pas fi brulantes. Il ne refte que le froidureux Hyver (qui dépoüille tous les Arbres , qui couvre de neiges, de grêles & de frimas les campagnes ; qui fait de nos lieux les plus delicieux des affreufes folitudes } lequel ne peut par ces glaces , ces vents & fes tempeftes , empêcher ce petit fa- vory de nous donner lé bon jour , quoy que tres-melancolique & ennuyé de voir H 90 Remarques pour la Culture des nuits fi longues , comme fi le mogde avoit perdu fon Soleil. Il eft vray que pour lors fon feüillage perd ce verd-gay qui luy eft ordinaire, & devient plus morne , fes branches font plus languiflantes , fes boutons plus mal faits , & fes fleurs moins colo rées ; mais neanmoins il eft encore a- greable , & ne laifle pas de jetter une fuave odeur, & de fe trouver avec ma- jefté au milieu de quelque verdure arti- ficielle pour compofer des bouquets. Plufeurs fois entrant dans la ferre des curieux , j'ay.efté furpris, & ay crû eftre tranfporté en cette region de Tar- tarie, au Royaume de Montoal, oùune partie du jour eft extrémement froide, & l’autre agreablement chaude, dautant que j'y trouvois un Printemps de ces Fleurs , cependant qu’au dehors les nei- ges couvroient nos maifons , & la gelée glaçoit le cours de nos rivieres. Or c’eft en ces lieux que je dis qu’il fléurit en Hyver; car autrement fi les pierres fe fendent, fi la terre s’endurcit comme un Rocher, fi les Hommes & fes animaux furpris du froid. meurent par les chemins ; comme ces délicates plates pourroient-elles refifter à de & des Fleurs. 98 granges rigueurs >? & rajeunir par la beauté de leurs couleurs , la nature, qui femble expirer en ce temps, reduire à une extréme viellefle , & qui n'a pas un cheveu qui ne foit blanc comine neige. Cependant que par le Chapitre fui- vant je difpofe la ferre pour les y retirer, fouvenez-vous, mon cher Lecteur, de ne point rompre, ny coupper les bran- ches des pieds d'Oeillers, defquels vous fouhaitrez avoir quelques agreables re- guins , fi vous le faites n’en attendez point ; mais fi vous les y laiflez, je vous en promets , & peut-eftre de fi beaux qu'ils furmonteront toutes vos efperans ces, La Serre pour retirer cette Fleuren H Ty Vers .© la methode de l'y conferver. GE que la difpofition de noître Païs natal ñe nous donne pas, &ée que noûs ne pouvons faire dans l’étenduë de rous nos heritages , quelques curieux le pratiquent dans l'enclos de leurs ferres, y renfermans les Orangers, Citroniers, Jaffemins d'Efpagne , Grenadiers, Myr: ches., Lauriers-rofes, Ocillets, Giro: flées & autres Planres-precieufes ; ef. H ij 92 Remarques pour la Culture quelles ils entretiennent tout l'Hyver avec grand foin & vigilance , fuppleane par une chaleur externe à l'éloignement de la caufe feconde qui eft le Soleil: Et c'eft cette pratique qu'il nous faut main. tenant décrire pour avoir des œillets tout le long de cette fâcheufe faifon. La demeure propre poûr preferver les œillets de la gelée l’efpace de trois ou quatre mois , doit eftre un lieu fec, & expolé autant que l’on peut au Midy, fans aucuns jours ny ouvertures du côté de la bife ; & au cas que pour la cime- tric du lieu il s’y en trouve, il les faut bien fermer de bons chaflis & contre- vents. Là-dedans on dreflera des tablettes par degrez fur lefquelles on pofera en ordre les pots d’œillets en telle maniere que les yeux du Maiftre les puiffe tous voir. Cela fait, environ lamy-Novembre, on ‘aura le foin de leur donner de l’air par l'ouverture des feneftres , lors que le Soleil les pourra regarder, quand ce ne feroit que pour leur dire bon jour & bon foir; comme par exemple depuis dix heures du matin, jufqu’à trois ou quatre heures du foir , & ne les point arroufer des Fleurs. S3 du tout , finon en cas que l’on s’apper- ceut vifiblement qu’à quelques-uns les feüilles vinflent à faner , & quelques montans à baifler la tefte, faute d'un etit fecours , car alors il faudra mettre de l’eau dédormir au Soleil , & environ fur le midy les moüiller mediocrement, renant bien garde de ne point verfer d’eau fur fon feüillage , ou le long de fa tige , & que cette moüillure neceflaire ne fe fafle pas au temps qu’il gele, car il vaudroit beaucoup mieux les laifler faner , qui n’eft qu'une marque de foi- bleffle , que de les tuer tout à fait. Pour le feu qui eft requis à la ferre durant l’'Hyver, je l’approuve dans les fortes gelées | pourveu que ce foit ra- rement, & qu'il fe fafle feulement de charbon bien fec ; car fi c’eft fouvent, cela les attendrit, & les rends fi déli- cats , que les voila perdus , fi une fois le Jardinier y manque. Mais fi c’eft un brafer de flame & de fumée; tenez pour certain que ce fera un miracle, fi quel- qu'un en réchape. Que fi vous demandez le temps au- quel il faut mettre en liberté tous ces petits prifonniers, je vous diray qu’il eft tres-dangereux de le faire avant la H ïj 94 Remarques pour la Culture Lune de Mars , à caufe des dernieres gelées, pluyes froides , ou grélons. Que fi la douceur du temps vous invite à le faire auparavant , ne vous plaignez pas puis aprés , fi eftans furpris de quelque neige fonduë , le chancre , la pouriture, & le blanc, ravagent toutes vos fleurs. ay veu une ferre garnie des plus beaux œillets de Paris, laquelle fut en- uerement perduë pour les avoir arrou- {ez durant un temps difpofé au froid; car cette eau€ mal preparée ayant at- rendry leur petite écorce , & venant par aprés a fe rafroidir , toutes les tiges fe pelerent à un doiot preft de terre; fi bien que toute la tefte eftant encore verte, & les racines vives , cela vous euft fait compañfion de les regarder petit a petit fe rider , flétrir , & comber les uns fur les autres, comme fe donnans le baifer de paix, & en mourant fe difans adieu. Ce trifte fpectacle m'en a depuis fait tirer l’experience fur des œillets peu confiderables , qui m'ont confirmé dans le confeil que je donne. Chacun pourra toutefois prefenter à boire à ces pauvres alterez, en quelque temps qu'il luy plaira , nonobftanc tous Les avis à ce contraires , puis que cha- des Fleurs. 9$ eun eft maiftre de fon bien, & en peut difpofer à fa fantaifie, Defcription de la Coffe où eff la graine. ‘Ocillet ayant fervy à la Nature d'un petit cabinet de curiofitez, pour y étaler toutes les beautez qui pa- roiflent en cette fleur peu à peu fe chan ge en un magazin prefque impercepti- ble à nos yeux , dans lequel il fe voir autant de pieces miraculeufes , que la main du Toutpuiflant y forme de grai- nes pour en perpetuer l’efpece. Une mince pellicule y eftancnée, ün brin de cotton s’y attache qui tient au fond de la fleur , fur lequel la Nature arange de petits grains qui ne font que des atomes de lait, emmaillotez chacun en fon petit lange. Or cependant que la Divine Provi- dence fe cache pour y faire le refte, ce fourreau s’endurcit & fe ferme pour dé. rober aux yeux des hommes les miracles qui s'y vont operer, dontils ne font pas capables. Car alors cette commune nourice donne le lait & la fubftance à trous ces petits prifonniers qui s’engraiflent & enflent petic à petit , s’attachans opi- 96 Remarques pour la Culture niâtrement & fortement à la grape où épy qui les nourit, par un poinét plus obfcur qui paroiit fur la graine blanche, & qui n'eft autre que le germe de l'œil. let. Ainfi ce foureau armé contre Les injures du temps , cft fermé aux orages de l’air, qui pouroient autrement noyer dans FA cette race innocente. Le Soleil par fa chaleur perfeétionne tout cét ouvrage, vivifie ce germe, meu- rit ces grains , les défile fubtilement les uns des autres , feche la boure qui les entoure fend cette guaine en cartiers, & de ce petit cofret fort une femence plate & noire , qui marque en une extrémité un point tout blanc , l'entretien des pe- pinieres, & le fond fur lequel on bâtit toutes les efverances des raretez futu- res, Le temps pour la recueillir eft celuy auquel elle fera feche & bien houtée : car d'attendre plus long-temps, c’eft la perdre, puis que d’elle-mefme elle tom. be , ou les petits oifeaux la dérobent. Voilales miracles que la Nature opere tous les jours à nos yeux & dedans nos mains , par la force de cette parole in- crée , qui commanda autrefois à la terre de produire, & aux arbres & autres plantes des Fleurs. 27 plantes de donner les femences propor.- tionnées à leur eftre. Parole aufli puif- fante maintenant qu'aux premiers mo- mens qu’elle fur prononcée , & quifera toûjours écoutée des creatures les plus infenfibles pour luy obeïr promptement. Heureux fi nous les imitons aufli bien dans les mouvemens de la grace, qu'el- les nous en donnent l'exemple dedans l’æœconomie de la Narure, La pepiniere des Ocillers, L feroit facile d'élever de beaux œii- lets , fi chaque tige portoit dela grai.. ne,& quecette graine ne démentit point les couleurs & la grofleur de la mere qui l’a produite ; Mais l’un & l’autre venant à manquer , c’eft ce qui fait que certe plante eft rare quand elle eft belle, & que ceux qui par une bonne fortune l'ont rencontrée, la gardent precieufe. ment, & ne la communiquent qu’à force d'argent , de faveur , ou de prieres. De plufeurs coffes qui fe difpofent à grainer, la Nature n’en acheve que bien peu; & fi elle en perfeétionne quantité fur une mefme tige, les œillers qui en proviendront font en danger d’eftre tous funples & communs, Ï £8 Remarques pour la Culture Ce qui fait que les Maiftres du Mé- “sier n'en laiflent qu'une ou deux fur la maiftrefle branche , lefquelles eftant nourries en bonne table , & délicates comme des enfans de bonne inaifon, une multitude de puifnez ne partageans point avec elles les biens de la famille, & la féve qui les entretient, c’eft par aprés grand accident fi telle femencene fait des Auguftes , des Rubicans, & des Princes, J'avout que l’Imperial, le Royal, & autres d’illuftre tige, nefortiront pas de parens vils & de bafle condition; auffi {eroit-ce perdre fon temps que d’en at- cendre : mais je dis que la graine de ces œillets remarquables cultivée , comme je montreray cy-aprés , furpañfera l’ef- erance & l’ettente de fon Maiftre, L'ayant donc recueillie ny trop tof, de crainte que la Nature n’y ayant pas mis la derniere main , le germe fe pou- rifle en terre ; ny trop tard, de peur de n'y en plus trouver , mais autant qu'il fe pourra faire en pleine Lune , vous la mettrez un peu eflorer , afin qu'elle ref- pire l'air, qu’elle s’y endurcifle, & que fortant d’une étroite prifon, elle n’entre pas aufli-coit dans le tombeau, Et ce- des Fleurs. 99 pendant vous difpoferez quelque vaif- {eau portatif, le rempliflanc d'une terre mixtionée comme eft dit cy-deffus, bien pañlée & criblée , dedans laque Le vous femerez clairement la graine prefque à fleur de terre , que vous arrouferez in- continent , pour expoler par aprés le tout en plein Soleil,lequel par fes rayons montrera bien-toft les effets de fa puif- fance. C'eft à faire au Jardinier d’arrou- fer cette petite pepiniere à proportion que la fecherefle fera grande, & de la retirer dans Îa ferre avant les premieres gelées , lefquelles pour longues & rudes qu'elles puiflent eftre , ne l’endomma- geront pas beaucoup, fi elle a efté femée de bonne heure, & fi elle a eu le temps de fe fortifier , car autrement je n’en répondrois pas. Le Printemps veau , il faudra l’expo- fer au jour , afin d’aprivoifer ces petits nouveaux nais, leur faire goûter dou. cement l'air & l’afpect du Soleil, fous lequel deformais ils doivent vivre. Et connoiflant par leur verd guay , & leurs pecits bras plus ouverts qu'à l'ordinaire, qu'ils en font contens , on leur donnera à chacun un bonichon , les fevtant dou cement , & les enlevant avec leur petite li 100 Remarques pour la Culture motte , fans blefler ou déchirer leurs tendres chevelures ; ou fe voyans au large & fans compagnons qui partagent la portion, au dedans ils fortifieronrt leurs racines , & au dehors ils foifone- ront à merveille, & travailleront fi bien, qu'ils recompenferont leur Maiftre dans peu de mois de tous les foins qu'il a pris d'eux au temps de leur enfance. La methode pour bien œilletoner. L n'y à point d'artifices que les Champs & la Ville n’ayent inventé pour faire prendre racine à des petits œilletons feparez de leur tige ; les uns en ont planté dedans la terre de Saule, pour eftre extrémement lecere, & ayant je ne fçay quelle qualité fecrette pour s'attacher fortement à ce qu’elle em- braffe ; les autres ont preparé du crotin ur, & ayant encore un peu de chaleur, où ils ont fait de nouvelles épreuves. Il y ena qui ont pétry du taro avec de la terre glaife, de laquelle compofi- tion ils en ont enveloppé plufeurs pieds. Quelques-uns les traitent comme on fait les crofiets des vivres, les cou- chant doucement fur quelque bout de conche. Communément on les fend , & Le des Fleurs. 1ôt puis on les met en terre, ayant jetté & rellerré dans l’ouverture deux ou trois grains d'orge ou d'avoine , afin que ce germe venant à fortir , il anime fon vois fin par fa vigueur & fon exemple à en faire autant. Il ÿ a des mains fr heureu- {es | que tout leur reüffit ; & encore qu'elles ne foient celles d’un Taumatur- gue, qui feroient reverdir des bâtons à elles les plantoient : c’eft pourquoy je nc b'âme aucunes de ces methodes.Mais celle que j’ay veu pratiquer par les fca- vans Maiftres, eft bien digne de tenir icy fa place , puifque par mes propres experience je l'ay trouvée infaillible, I ya de la fcience à bien tailler un œilleton , tant afin qu'il reprenne faci- lement, qu'à ce qu'il ne tué fa mere pour remerciment de fon education , en luy difant adieu, L’arracher de fa tige, & y laïfler une longue playe qui fuit neceflairement la nain meurtiiere qui le veut avoir de la forte, c’eft aflez pour cüer l’un & l’au- tre : Et fi on y veut prendre garde , cette cicatrice ne fe guerira qu'aprés plufieurs mois , durant lefquels la tige eft fufce ptible d’une PSP: Pop gangrene, Pour à quoy obvier il le faut couppez En] so Remarques pour la Culture avec des cifeaux , non pas tout joignant le maiflre montant où la Nature l’a at- taché, mais à deux ou trois nœuds prés du cœur de l’œilleton; par ainfi il arri. vera que ce refte qui demeure en pouf. fera de nouveaux ; & que celuy qui eft coupé n'aura pas tant de bois à entrete- nir, Un œilleton feul, & qui ne fera point chargé de beaucoup de rejettons, reprendra plus facilement qu’un autre, à caufe qu'il fuccera aflez de douceur de la terre pour s'entretenir jufques à tant qu'il fafle chevelure ; ce qu'il ne peut pas , lors que fa famille eft grande. Les plus forts ne font pas les meil- leurs , & les plus petits languiffent trop long-temps. Il faut les prendre de bon- ne forte, ny laiffer que deux ou trois nœuds tour au plus, les fendre en qua- tre, & commencer la fente au dernier defdits nœuds pour la terminer au fe- cond , ébarbant à deux ou trois doits prés du cœur de l’œilleton , routes les extremitez de fon feüillage; puis l'ayant mis en ce lugubre équipage, vous le jet- cerez dans un feau d’eau pour y prendre de nouvelles forces, & y apprendre à chercher fon pain fans plus eftre à char- ge à perfonne. des Fleurs. 103 Quelques heures écoulées, vous le verrez plus verd que jamais, & ou- vrant largement comme une rave fen- duë les quatre parties de fa cicatrice, bien deliberé de travailler à fa confer- vation , & de ne fe laifler pas mourir, Alors l'ayant retiré de ce bain falu- taire , vous le mettrez dans une caifle difpofée à cét effet, l'y enfonçant dou- cement iufques au fecond nœud , à ce que la terre entre dans cette delicate ouverture, & qu’elle l'invite à lem- braffer promptement par quelques nou- velles chevelures , l’arroufant par aprés d'une main liberale, & continuant en fuite avec grand foin , fans permettre aucunement que le Soleil le regarde, Ce petit famelique en tres-bon ap- petit, & affamé de manger , fe voyant entouré de bons morceaux & n'avoir aucunes dents pour s’en fervir,ny mains pour les prendre , fuccera fortement la feve de la terre qui Penvironne, mais avec tant de-vivacité, que de petites pointes blanches fortiront d’entre l’é- corce & le bois , qui croiftront comme des cheveux , & enfin qui deviendront des racines , par le fecours defquelles il grandira , & fe fortifiant donnera des L ji 104 Remarques pour la Culture Fleurs en fa faifon toutes pareilles à la tige, dont il a efté fevré, fi elles ne font plus vives & plus belles. Ouvrage fe- cret qui paroiftra bien-toft au dehors par des jets nouveaux , & un feüillage qui multipliera de toutes parts. Si cela arrive un peu avant l'Hyver , il ne fau- dra pas toucher à ce petit trefor ; mais fi c'eft au Printemps, il ne faut rien craindre de le tranfplanter avec fa mot. te, & de le mettre au large. Cette invention eft d'autant plus confiderable, que l’on peut facilement tranfporter , de cenc , & deux lieucs, quantité de beaux œillets fans aucuns frais de chariages ou de voitures , & en- lever toutes les richelfes de la Picardie fans craindre les voleurs des grands che- mins. Ce qui n’eft pas fi facile , lors que ce font des marcottes , come je diray au Chapitre fuivant. La façon de marcoter les œillets. Es œilletons propres à marcotter, fe rencontrent tout joignant le maiftre pied de l'œillet , ou attachez plus haut à des montans élevez. Pour les premiers , les ayant fendu d'un nœud à autre , par le moyen du petit des Fleurs. 105 couteau qui aura pafñlé delicatement tout par le milieu de la tige, fans l'avoir entierement coupé , mais feulement en- trouvert , il faudra couler doucement dedans certe ouverture un brin de ver- dure , ou quelque petit morceau de la plus large feüille de l'Oeillet, pourterir cette fente ainfi entrebaillée , afin que la terre puifle mieux s’y glifler, & gue- tir promptement cette playe ; par le baume fecret qu'elle y appliquera : Et pour cc faire on couchera cette marcotte dedans le pot que l’on couvrirade terre; aprés l'avoir arrefté d’un petit crochet, de crainte qu’elle ne fe releve , prenant bien garde de ne la pas éclatter au lieu où elle fe colle à la maiftreffe tige , ou de la cafler en quelqu'un de fes autres nœuds , car autrement tout le travail feroit inutile. Si les marcottes font hautes & éle- vées les ayvantentr’ouvertes, comme eft dit cy-deffus , illes faut plier adroite- ment entre les nœuds jufques à ce qu’el. les foient affez courbees pour les cou- cher en terre , ou bien fe fervir de cer- tains petits entonnoirs de fer blanc ou de potelets deftinez à cét ufage, foûte- aus fur des fourchettes. Inventions que 106 Remarques pour la Culture les Maiftres nous ont donné , & que je ne m'amuferay pas à décrire, la prati- que les ayant rendus tout communs, Tant y a que par leur fecours il n'y a branche que l’on n'embrafle, œilleton que l’on ne marcotte, & montant que l'on n’arrefte pour luy faire prendre chevelure, On en peut mettre plufeurs enfemble, felon qu’elles font difpoftes, qui ne manqueront pas à reprendre toutes , pouveu qu'elles ñne fe reñcon- trent pas proche les bords, ouvertures, & petits parois , foit des pots ou des petits entonnoirs ; car fi cela arrive ils -ne feront rien, la terre ne les ayant pù embraffer. D'unfeul maïftre pied on entire quel quefois des vingt & trente marcoïtes, fans toutefois lavorter , luy laiffane toujours quelque œilleton pour l’entre- tenir, & l’animer à repouffer autant de nouveaux rejettons que l’on luy a fair de bleflures. Ce qui arrivera , fi Parroufoir les vi-' fite fouvent, Ce qu'il ne faut point craindre de faire, non plus que de les expofer au grand Soleil , puifque les chaleurs de j’un , & l'humidité de l’au- tre, doivent achever cét ouvrage, des Fleurs. 107 C'eft un prodige dans la Nature, de voir un éc |, ou une greffe, fe coker fi fortement à l'arbre où elle eft appli- quée , qu'en peu d'années, un fauva- geon fe trouve chargé de fruits excel- lents; & un tortu Coignaffier meta- morphofé en un Poirier de bon Chre- ftien : Mais à mon avis ce n’eft pas un moindre ( en matiere de Fleurs } de voir une main invifble attacher des cheve- lures & des racines à des rameaux en- tr'ouverts, & reflufciter par une nou- velle vie autant de plantes , qu'un ap- prentifpeu experimenté auroit cru avoir enterré de morts. D’autres Maiftres du meftier ayant incité le nœud de la marcotte, fontune entaille au deffous , enlevant la piece jufqu’a lincifion faire , par ce moyen arreftans la feve qui monte à ce nœud, & de l’autre luy laiffans un petit conduis pour luy porter la vie , d’où il arrive que ce nœud venant infenfblement à groffir , en peu de jours il jette de tou- tes parts de petits germes blancs , qui deviennent des cheveux, & ces cheveux fe changent en racines , qui foifonnent peu aprés en abondance, portans toute la féve à la marcotte , qui n’eft aucune- 108 Remarques pour la Culture ment affoiblie par cette methodé , & fe trouve hors des dangers dela plufpant des maladies qui accucillentles Oeillets marcotez , felon la premiere invention, à caufe de la grande cicatrice qu’ils rez çoivent , & du chanere cui s’attache le plus fouvent à leur moëlle, Certe me thode eft d’une facile pratique, & plus feure que toutes les autres | pour les raifons cy-devant alleouées: s’en fer- vira toutcfois qui voudra , mais enfin il eft vray que l’une & l’autre incifon fait ce miracle de donner la vie aux morts , & d’une plante d’œillets en produire tout autant que la main du fçavant jardinier y trouvera de mar- cottes.. Quinze jours ou trois femaines de temps rendent cette propoftion fi veri- table , que celuy qui à fait telles mar- coites , les a fouvent promifes,venduïs, ou troquées , fans y avoir prealable- ment regardé ; & celuy qui les achete, y appofe feurement fon cachet, comme eftant tout certain.du fuccés de ce tra- vail. Succés qui fe rend enfin fenfble, puis que l'on trouve à chaque playe un bouquet de filamens & blancs cheveux atrachez à la terre, & fe haftans de fe des Fleurs. 109 fortifier, comme prévoyans ce qui leur doit bien-toft arriver. Qui n’eft autre que la recherche du Jardinier à fevrer tous fes petits nourif- {ons , ou plüroft à leur fervir de fage- femme pour couper adroitement la par- tie par laquelle ils font encore adherans à leur mere, & par laquelle ils ont tiré l'entretien de leur vie durant le temps de leur bleffure : ce qu'étant fait, on les enlevera doucement de l’entonoir, ou porelet, avec la petite motte pen- dante aux racines , & on les plantera dedans les bonichons deftinez aux Fleurs de cét âge, où cette derniere coupe & incifion venant encore à prendre che- velure, en peu de mois on les verra _cruftre puiflamment, & former autant de maiftrefes & vieilles tiges , que l’on aura compté de nouvelles marcottes. C’eft perdre fon temps & fa peine, de fire couchure d’un dard où montant; car eftant tout plein de moüelle, il eft fort fujet à pourriture, & ce fera un grand miracle s’il.échape l’'Hyver fui- want. I n'ya point de faifon limitée pour cét ouvrage , puis que toute l’année y cft propre, pourveu que les œilletois no Remarques pour la Culture foient allez forts. Qui voudra toutefois en avoir prompte expedition , qu'il tra- vaille de bonne heure , afin que les marcotes qu'il fevrera ayent Ie loifir de fe fortifier avant l'Hyver. k Et voila tous les fecrets -du meftier, peut-eftre un peu obfcurs en leur def- cription , mais que la pratique d'une heure peut rendre tres-facils & heureux à executer, Si la beauté de l'œillet [e peut connoiftre par la difpofition du feuillage ; ou fanage. Uelquefois vous verrez dans une planche d’æillets une de ces plan- tes toufucs , verte, jettant un feiiillage recoquillé, large & épais, pouflanture tige forte & genereufe, à plufieurs gros nœuds , comme fi la Nature en vouloit faire une colomne pour y pofer une pie- ce de Cabinet , ou quelque Fleur ad: mirable. Attendez encore fept ou huit jours , & voila un long tuyau qui s'at- tache à ce montant , duquel enfih for- cent quatre ou cinq feüilles d’un œillec incarnat, plus fimplement veftu qu'un Hermite, & plus pauvre que le pauvre mefine , qui eft tout le grand tréfor qui des Fleurs. 114 eftoit fi precicufement enfermé dedans cette cofle, & d’où l’on attendoit avec impatience & grands prepatatif la naif- fance d’un Imperial , ou d’un heritier de cinquante mille francs. Autrefois tout au contraire d’une mince & tendre verdure d’œillets, donc les branchettes , les montans , & les feüilles font tres-délicaies | on verra naiftre des Augultes, des Princes, & des Ducs; la maiftrefle main qui les tire du neant, l'ayant voulu ainf fans autre raifon que fa volonté, afin que l’'Hom- me n'attribua pas feulement aux caufes fecondes tant de beaux ouvrages qui pas roiffent à fes yeux, mais qu’il reconnut Dieu qui en et la premiere & princi- pale , qui conduit & anime toutes les autres, qui fait dés le commencement du Monde d’une poignée de terre un Homme, & d'un rien tout l'Univers, dans la Police , d’un pauvre Ber- ger , un Empereur ; dans la Grace , de quelques ignorans Pefcheurs , des Apoñtres ; & dedans la Nature, d’un peu d'eau & de paille, des Fleurs, & ce d'autant plus belles & précieules, que la tige qui les produit en a moins d’ap- parence. re Remarques pour la Culture 11 eft vray que les Sçavans aprés une longue pratique, connoiftront bien par le fanage & la verdure, les efpeces de plufeurs œillets , comme de la Plante, du Monftre, de l'Imperial, du Picard, de quelques Morillons , & autres; mais il eft impoffible par cét exterieur , non pas mefme par l'épaifleur & la fermeté des feüilles , qu’ils jugent de la beauté des Fleurs que ces meres tiges produi- Font. à Les maladies des œillets, & leurs remedes, pouflant des œilletons de toutes parts , & fe preparant à donner upe a- greable moïflon de Fleurs, puis tout à coup pâle, ridé , & tout flétry, la tefte penchante , & montrant jufques au cœur fes feüilles feches & retreflies, fait croire que c’eft un pauvre infirme qui demande fecours , & c'eft un mort qui eft déja pourry en terre. De fait qui voudra l’arracher , en remarquera des racines noires & puantes , l'écorce qui s’en va en filace, & le bois tout putre- fé , fans que l’on puifle fçavoir ny la caufe Ï "Oeillet jettant un gros feüillage, des Fleurs. 1j, caufe de cette maladie , ny Le remede pour la guerir, Ces accidens inopinez m’ayans fait confulter les Doéteurs en cét Art, on m'a fait. voir que c'eft un chancre qui mange l'Oeillet jufqu'au cœur, caufé par quelque pluye froide , ou quelque vent malin : f vous defirez le fecourir en ce trifte eftat , coupez & tailiez promptement & fans mifericorde juf- qu'au vif, cout ce que le mal a déja corrompu :.fi voftre Fleur a encore un peu.de vie, vous la fauverez, finon elle eit morte & fans remede... Seconde maladie, En plein Efté la féve de la terre ani- mant toutes les plantes a-pouffer de nou veaux jets, & noftre Ocillet multipliant de tous endroits, un petit vermiffleau vient l’actaquer, que les Maiitres ap pellent la Nuile , qui n’eft autre chofe qu'un arome ; & un rien vifble ; mais ce rien a un corps , des-pieds, des aifles, & des yeux, que nos yeux ne peuvent prefque voir le petit venin qu'il jette eft trop fenfible , mais quand il en faut pu- nir l’autheur , il court , il vole, il faute, il paroift , & n'eft plus, puis tout à cou il fe montre & devient invifible. Que & K. tr4 Remarques pour la Culture aprés une longue patience , une fubtile recherche, & une adrefle particuliere, vous en furprenez un fur le fait, voftre colére fe pañle à divifer un poiné qui n'eft point , puis que vous ne trouvez plus qu’un brin de pouffiere. Il porte neanmoins un fi grand dom mage à noftre Fleur, qu'auffi-toft qu’elle le fent, elle ne develope plus fes feüil- les , fon tein commence à jaunir, & le plus beau fcüillage qu’elle aye pouflé , en devient tout galeux & ridé , les œil. letons en avortent, le cœur de la mar- cote s’en pourrit, & n'en faut plus ef- perer de l’année aucun profitny hon- neur, Ce qui fait que ceux qui connoiffent leurs Oeillets attaquez de cette maladie, & la jugeans tres-dangereuie , ne par- donnent à pas un, fi beau, ou fi rare qu'il puifle eftre; mais luy arrachent le cœur qu'ils brulent ou écrafent, hazar- dans de le faire mourir , ou de le forcer à repoufler quelques nouveaux œille- tons, plutoft que de l’abandonner au pillage de ces petits voleurs. On ne fçait pas encore ce qui produit ces petits avortons , mais On a éprouvé que pour les faire mourir , il faut ouvrir. des Fleurs. 115 foigneufement les feüilles qui fe trou- vent fermées fur i’ Veiller, où cette mé- chante vermine eft fans doute renfer- mée, pour y jetter du petun pulverifé, ou de l'eau dans laquelle on en ait mis tremper ; ou à faute de tout cela, un peu de cendre bien criblée; car alors la place n'eftant plus tenable, cette maudite Îe- gion l’abandonne. Troifième maladie. Le perce oreille perfecute encore ex- trémement l'Ocillet, tant en fon fanage qu'en fes fleurs , fuçant la petite rofce qui l'entretien , & infeétant de petites taches noires toutes fes couleurs , cel- lement qu'un bouton n’eft pas fi-coft épanoüy, qu'il eft remply d'ordure, ou que fes feüilles ne tombent , rongées qu'elles ont efté par cette befte affamée du doux miel qu'elle trouve dans cette cofle, Ceux qui leur font la chaffe , at- tachent des cornichons aux baguertes qui foutiennent les dards de l’Oeillet ; mais pour les exterminer il ne faut que mettre fur le pot un morceau de linge humide , car s’y anaflins tous en trou- pe, il fera facile de les y tuer. Quatrième maladie, .- Environ le commencement de lPAu- K i 116 Remarques pour la Culture tomne , une efpece d’araignée verte & veneneufe fe jette fur le feüillage de l’'Ocillet, où elle file une toile dont elle fe couvre, & fous laquelle elle fait le guet pour furprendre les petits mouche- rons qui viennent fucer la rofée & le miel de noftre fleur , laquelle voulant s’exempter de loger ce mauvais hofte, replie fes feüilles , & les ferme autant qu'elle peut-, mais en vain , fi bien que s'y trouvant contrainte , VOUS la VOYEZ: jaunir petit a-petit, & abandonner tou- tes les feüilles qui font infectées de ce venin, qui fanent & fletriflenr.en bien: peu de témps. Or ce feroit peu, fi cette malicieufe befte arreftoit-là ces entreprifes | &: n'inventoit point d’autres rufes. En ce temps. l’Oeiller commençant à grainer, ilarrive que ce larron domeftique perce & fait ouverture dans fa coffe , où im- perceptiblement & en fecret il dérobe le petit tréfor que la Nature v cachoit:; fi bien que le lardinier venant pour faire la recolte de fes precieufes femences, n'y trouve plus rien, mais feulement la breche par où le voleur eft entré & for ty, fans que l’on puifle le découvrir, fi onn'y regarde de bien prés. Qui vou- des Fleurs. 117 dra éviter cét accident , qu'il veille à farprendre l’animal qui en eft la caufe, car en vain on criera puis aprés au voz leur , lors que tout fera pris & dérobé. Pour moy ayant découvert le mal, je crois y avoir donné le remede, puis que de montrer cét ennemy, c’eft apprendre le moyen de le vaincre. Cinquième maladie. Le limacon, la fourmis, & une ef pece de chenille blanche , luy font en- core une cruelle guerre. Le premier, af- fez frequent és lieux humides & aquati- ques , s’attachant à fes dards ou mon- tans', les coupe en deux, & aprés avoir bavé fur toutes les fleurs , cherche une autre branche pour la ronger , ne ceflant jamais qu'il n'ait ravagé tout lOciller, où il s’eft une fois. opiniätrement atta- ché. La fourmis ayant aperceu une de ces fleurs épanoüye , attirée qu’elle eft par lodeur qui en fort, & qui fans doute ne luy déplaift-pas, fuivie d’un petit ba- taillon de gens de pied , l’afliege rude- ment , force ces rempaïts, entre dedans fes murailles , & en moins de rien le met au pillage , luy tirant fa feve fucrée qui nourrit fes feüilles , lefquelles tom- à K iij 118 le marques pour la Culture bent incontinent de toutes parts fans mot dire, crians au voleur ; langage que le Jardinier entend fort bien par les yeux, & auquel s’il eft adroit il répond diligemment par les mains, défaifant luy feul une armée entiere fans répan- dre une goute de {ang ; & fi tel fecours n'eft bien prompt , 1l ne faut atrendré de vos Oeillets ny fleurs pour le prefent, ny graines pour le futur. La chenille eft feule, mais neanmoins elle ne fait pas un moindre degaft que cette lesere infanterie; degait d’autant plus dangereux, que la caufe en eft pref- que inconnue aux yeux les plus clair: voyans ; car ce méchant animal {e reti- ranc du jour fous le pot de l'Oeillet , le long des rebords , ou dans le nœud des petites baguettes qui le foutiennent, juiques à remps qu’il ait trouvé fon lo: gement, la nuit feulement il £e mec en campagne , & va à la picorée de toutes les plus belles de nos Fleurs encore en bouton, & avant qu’elles viennent à fe | developper, perçant en rond Île tuyau ou graine d’une dent aiguë, s'y renfer- mant bien fouvent pour fucer à plaifir, & piller le petit magazin de graines que la nature y prepare: fi bien que vous ne des Fleurs. 119 voyez jamais une eur d'Oeillet en fx perfection , mais les unes à demy man- gées, & les autres entierement perduës. Le remede à ces maladies, ou plutoft les moyens pour refifter à tant d’enne- mis ; ne font autres que de furprendre rels efpions fameliques , & fans autre forme de procés leur faire prompte & bricve juftice, . Sixime malaïie, Si PEfté eft chaud & fec, la feve de noftre fleur devenant vifqueufe & gluante, & ce qui luy eft contraire, on s’'apperçoit qu’elle plie fon feüillage qui fe colle fi étroitemement, & s’attache fi opiniâtrement l’un à l’autre, qu’à peine le peut-on feparer fans le rompre, C'’eft toutefois le fecrec de le preferver d'une pourriture prochaine , laquelle fans doute luy arriveroit , fi la main du Medecin n’y apportoit le remede. Les impatiens par une trop grande cruauté, luy arracheñt jufques au cœur rout ce qu'ils trouvent ainfi bleflé ; ce quin’eft pas guerir un malade, mais bien achever de tüer un pauvre languiffant, Septième maladie. Je fçavois bien que Dieu irrité denos crimes , chaftie aufli-bien les Villes par no Remarques pour la Culture le fleau de la pefte comme il punivles peuples par celuy de la guerre ; mais jufques à prefent j'ignorois qu’un air empefté & corrompu eüût aflez de mali- gnité pour infefter nos jardinages, & faire pourrir en un moment une petite foreft de Fleurs, Je n’ay veu ce defor- dre que rarement, & ce aux années fei- ches , és lieux marécageux , lors des foudres, éclairs & tonnerres : Mais s’il eft vray que le Pommier eftant en fleur, ne portera que peu ow point de fruit , fi en ce temps la faifon produit quantité d’éclairs, de mefine les boutons de nos Oeillets ne s’épanoüyront jamais ; fi un mauvais air corromp le lieu de leur de- meure ; mais feulement poufleront une quantité de feüilles en defordre, & tou- tes livides, lesrefte de la tige & du fa- nage, eftant frais & en fanté. Les cu- rieux qui ouvriront le cœur de ces cof- fes moribondes , les trouveront-toutes noires & puantes. Le remede à ce mal doit eftre le changement de lieu pour les infirmess & au cas que cela ne {e puifle com- modement faire, on allumera des feux aux environs des fleurs ; & tout aïnfi que par ce moyen celuy-là garantit fa patrie. des Fleurs. {2E patrie d’une generale peftilence, de mê- me nous prelerverons nos Ocillers de cette vilaine contagion, Huisième maladie. L'experience & l'amour que les cu- rieux portent à cette fleur, ontinventé des remedes à tous ces maux prece- dens ; mais pour celuy que les Fleu- riftes appellent le blanc , qui n’eft au- tre qu'une dangereufe gangraine, ow plûtoit une pelte mortelle , il n’y a {cience , connoiflance, herbes , ercifi- ces, mixtions , changement'd'air ou de nourriture, qui puifle fauver l’Oeiller qui en eft une fois attaqué. Cette maladie eft nommée le blanc, d'autant que l'Oeiller qui en eftinfe- te ; au lieu de poufler une belle ver- dure , blanchit de tous coftez, & {e- che peu à peu, comme fi enfin ilavoit paflé par le feu : & lé venin quil’ cmpoifonné ( qui n’eft autre à ce que j'eftime qu’une eau infectée ou un mau- vais vent ) eft fatal, que fi vous fevrez & enlevez une marcotte ou Oeilleton d'une tige ainfi corrompuë , ce pauvre enfant peu à pen fuivra fon pere, & tous deux fecheront en peu de jours. Ceux qui ont fait l'anatomie de ces D L vis Remarques pour la Culrure pauvres defunts , ont remarqué qu’ils ‘ont les racines noires, & d’une tres- mauvaife pdeur , & que le petit fila- nent qui portoit en fanté la feve par toutes les branches , eft changé en cire jaune détachée entierement du bois & de l’écofle de l'Ocillet, & le refte des parties tout noir & brûlé, e ne m'arefteray pas à rapporter icy plufeurs ordonnances de tres-fca- vans Medecins ; comme de Parroufer du jus de fumier de Vache, luy laver les racires dedans un fceau d’eau claire : le replanter en une verre plus fablon- neufe , le faire fuer dedans un fumier brûlant , mefme pafler par le feu le pot où l'Oeillet eft devenu malade , avant de s’en fervir pour un autre, lequel fans doute y prendroit la mefime conta- gion. etter bien loin cette terre ainf em- peftée, qui pour l'ordinaire fent le ci- metiere & la terre de trépallé , & mille autres pratiques inventées , puifque tout cela eft enfin inutile , & que ceux qui fçavent la malignité de ce venin, jettent fur le fumier le premier de leurs Oeillets qu'ils en trouvent empefté À fut-il Prince, Duc ou Archiduc, des Fleurs. 123 Le prefervacif à tant de maux eft de ne fouffiir jamais fur un Ociller des feüilles mortes, jaunes , ou languiflan- tes, non plus que les chicots fecs & pourris , car cette partie gaftée fans doute en infeétera unc autre, & l’eau fe couiant doucement par cette petite ouverture putrefiée, produira enfin le chancre qui ruincra tout. ue fi autrefois au Temple d'Epi- daure , les malades erouvoient les reme.. des neceflaires pour recouvter leur fan té, & pour en remercier les-Dieux ; attachoient le tableau de leur guerifon ; je fouhaiterois rencontrer une pareille fortune pour nos petits malades , m'en düût-il couter autant qu'à ces pauvres refufcitez, & un plus raifonnable re metciment à une fule Divinité. È Et je ne doute pas que s’il fe trouvoit un Medecin qui vouluft entreprendre ces belles cures, que l’on ne le couron- nât comme jadis Hypocrate d'un dia- deme d’or, en luy dreffant quelque glorieufe Statuë. Peut-eftre qu'il n'auroit pas les ga- ges du public, comme Erafiftratus cent talens d’or du Roy Prolomée , ou dix inille ecus tous les ImOÏs comme Jacques Li 7 \ 124 Remarques pour la Culture Cotrier de Louis XI. Mais enfin il connoiftroit par les hiberalitez des cu- rieux, qu'il n'augoit pas en vain com- muniqué fon fecret. Pour moy connoïflant bien par {la fragilité de noftre eftre , que l'Homme du berceau court au tombeau; & ny le Sceptre qu'il porte , ny les coucelas dont il menace , ny la clef de fes tre- {ors qu'il offie , ny les fciences def- quelles il s’enorgueillit , ny la beauté dont il fe flatte , ny les Palais où il ha- bite, ny les armées qui l’environnent, n'empêchent pas que la mort nele fai- file au coler, & le reduife en pouffic- re ; à plus forte raifon tout le refte des compolez de la Nature, qui ne font que fes fujers & fes efclaves. Tout ce que j'ay fait en ce Chapi- tre , a efté d’imiter ces peuples anciens qui expofent leurs malades en public, afin que les paffans leurs difent les re- medes qui les ont guaris eux ou leurs amis, lors qu'ils fe font trouvez atta- quez des mefmes infirmitez , conjurant ceux qui peuvent fecourir nos Fleurs ma- lades , d’ajoûcer à cet ouvragele nom de l'herbe qui a fes nobles qualitez, ou ce- Juy du Saint qui fait ces grands miracles. des Fleurs, 125 Quand il fant renouveler la terre des Oeillets. Ette Fleur, comme nous avons dit, ne fe plaifant pas en pleine térre , mais dedans des pots avec une mediocre nourriture , il elt tres-certain que cet aliment ne peut pas toüjours durer , les racines qui s’en nourriffent, & par elles toute la tige, épuifans en- fin la fubftance qu’elles y trouvent, a- prés quoy faute de provifion il faut ne- ceflairement qu’elle meure, l'eau dont ou l'arroufe par aprés luy fervant com- me à un Homme affimé pour appaifer fa foif, mäis non pas à le nourrir. Partant il eft befoin d’y pourvoir, & ce comme nous dirons cy-aprés, en deux temps differens de l’année , fça- voir ,au Printemps & à l’Automne ; la premiere pour pafler tout l’Efté , & la feconde pour vivre durant l'Hyver. __ Pour cet effet, mon cher Lecteur, vous choifirez un vaifleau quelque peu plus-grand que celuy duquel defirez ti- rer voftre Oeiller , dedans lequel ayant mis deux ou trois poignées de terre | prepare conume nous avons enféigné, L ii; "6 Remarques pour la Culture vous renverferez fur une main voftre pot d'Oeillets , le fecoüiant doucement a ce qu'il en forte avec toute fa motte, prenant garde qu'il n'échape, ou que des morceaux de terre ne tombent fur luy , qui froifleroient ou éclateroient fes æœilletons. Cela fait, & le tenant à voftre dif- poñtion, vous luy taillerez d’un cou- teau deux ou trois doigts en rond tou- tes fes chevelures petites ou grofles , vieilles ou nouvelles , felon qu’elles fe rencontreront , rafraichiflant pareille- ment le deflus & deffous de ladite plan- te; puis en cet eftat vous le poferez au milieu du vaifleau preparé à ce deffein , le rempliflant de bonneterre, & l’arroufant aufli-toft , afin que tout fe lie par enfemble, & que la Nature anime toutes ces menuës racines à en poufler d’autres , & à guerir les playes qu’elles ont receuës. Ceux qui fe contentent de jetrer fur le pot une ou deux poignées de terre nouvelle, ne font rien qui vaille, fi- non qu'ils martyrifent noftre Fleur com me le miferable Tantale de la Fable, qui prend toûjours ce qui fuit fans cef- {e , qui mord dedans le fruit qu'il croif … TPE TRS Fe. des Fleurs. 127 tenir, & qui luy échappe; bref qui meurt de faim fans pouvoir mourir; puis que c’eft au fond & au bas de fes racines où il a befoin de ce fecours , & non pas au tour de fa verdure, où tel le affiftance devient une charge qui le fuffoque, qui engorge fes œilletons, & qui enfin pourrit fa tige. Quelques uns l’arrachent à force de fa terre natale, pour luy en donner de nouvelle ; & ceux-là reflemblent au perfonnage , qui pour faire une fois bonne chere à fon amy, voudroit au- paravant à force de jeûner qu’il fût prefque mort de faim ; ou au jardinier lequel au lieu de bien cultiver fes ar- bres, les tranfplanteroit tous les ans aux lieux qu’il jugeroit plus avantageux : pour les y faire fructifier, Or tout de mefme que celuy-cy par ce continuel changement perd tout enfemble l’ar- bre , le fruit , fon temps, & fon tra- vail ; de mefme noitre Fleurifte enle- vant ainft brufquement fes Oeillets ; rifque à tout perdre, lorfque peut-ê tre il auroit deflein de bien faire, Les autres qui le mettent en terre avec fors pot , enferiment un prifonnier entre quatre murailles, & fonc aflez cruels Lis} 118 Remarques pour la Culrure de l'y regarder par les barreaux , fans luy donner aucune provifion pour le {uftenter ; & il arrive ou que ce pauvre captif au defefpoir mange à belles dents fes chaifnes & fes liens , ou qu’à de- my enragé il fe devore foy-mefme. La plufpart pour la peine qu'ils trouvent à le changer ( comme nous avons dit ) l’abandonnent entierement, & veulent que l’efpace de plufeurs an- nées il fafle bonne chere de rien ; qu’é- tant affieoé dedans fon fort , fans Ja- mais fe rendre fur peine de la vie, il refifte à mille aflauts, comme aux cha- leurs de l’Efté , & aux rigueurs de l’'Hy- ver , aux maladies , & à une armés ennemie qu'ila perpetuellement fur les bras ; & cout cela fans parler de ravi- tailler la place, & par quelques le- gers convois luy fournir des vivres, nonobftant que par fa crifte contenan- ce & fon langage muet ,il montre af- fez fon extrême neceflité. Enfin quelques aprentifs en noftre Jardinage voyans leurs Oeillets qui féchent & languiflent faute de nour- riture; en plein Efté, &c au milieu des plus cuifantes ardeurs du Soleil, felon que le loifir ou la fantaifie leur prend, des Fleurs: 119 ils les arroufent, les changent de terre, les remuent & les raillent , femblables au Medecin ignorant, qui commande- roit de faire grande chere au malade fi-coft que la fiévre l’auroit quitté ; ou au Gouverneur mal-avifé qui permet- troit à fes foldats de vivre à diferetion, & faire des exceflives débauches aprés les grandes incommoditez d’un long fiege. Car tout ainfi que le premier tuc- roit fon malade , fourniflant la matie- re au redoublement de la fiévre, & le fecond perdroit fa garnifon y fouf- frant ces cxcés au fortir d’une extrême neceflité ; de mefme le jardinier rui- nera toutes {es Fleurs , fi aprés une longue difette ou d’eau ou de terre, il les creve tout à coup de l’un ou de l'autre. Je compare un pauvre Ocillet en ce temps à quelque Citoyen infortuné, qui void brüler fa maifon ; il court à fes enfans qu'il entraine, il encre, il fort , 1l crie à l’aide, il cherche ce qu'il ne fpeut plus voir , il enleve tout ce qu'il rencontre , il retourne pour emporter fon lit, il jette un meuble par les feneftres , brefon le croiroit une Sa- 130 Remarques pour la Culture lemandre qui vit dedans les flammes ;. lors que tout à coup un torrent de feu linveftit, lebrüle, & à peine peut-il trouver la porte pour fe fauver. Il en va de mefme pour noftre pau- vre Fleur, changée , deracinée , & re- muée en Ffté ; car la chaleur affiegeant fon vaiffeau dedans & dehors, il prelle fes racines de faire la quefte, & de fu- cer quelque douceur pour luy fubve- nir , fes œilletons penchent la tefte, & fans parler, crient au voleur; fes montans alterez implorent [2 mifericor- de du Jardinier ; il fait ombre de fon feüillage courbé à fa tige échaufée; il hate la nuit de venir, En efperant la roice'; mais le Soleii achevant de le biüler, & l’arroufoir ne venant prom- prement au fecours, en deux où trois jours le voila mort fans refource Qne fi aprés tous ces avertiflemens, quelqu'un me demande quand & com- ment il faut donc traiter cette Fleur ; qu'il arprenne qu'un jour un de nos Rois recherchant d’un fage Perfonnage les moyens pour bien policer fon Royaume ; Cet Homme experimenté prit une carte blanche, & écrivit def- fus ce mot, Modus, qui veut dire, . Le 4 rdc mes des Fleurs: 131 tout avec prudence. C’eft ie dernier avis que je donne , qui reglera & ferareüf- fir tous les autres. SÉSRGCEUN SN IRSISESS CATALOGVE DE QVEL- ques “Plantes à Fleurs , qui fe fonttrouvces au lardin de °P. Morin Fleurifte, Avertifflement, aux Curieux toychan les Ançemones à pluche, UV L ya trois ans que je fs imprimer le Catalogue des principales Fleurs qui éffoient en ce temps-là en mon Fardin, Afin de le communiquer aux curieux Fleu. riffes éloignez de cette Ville, & par ce moyen leur faire connoiffre celles que je poedois pour lors , pour aprés leur en de. partir 4 prix raifonnable, felon mor pouvoir ; ce qui 4 reuffi affeX bien felon mon intention. Or depuis ce temps-là l'ay acquis de divers Pays quantité d'au. tres belles Fleurs , principalement des 2 AVERTISSEMENT. Anemones de plus de cent efpeces dif. ferentes , dont la pluf part ne s’effoient pas encore veucs en France, © que j'ay laif- [e voir aux Curieux de cette Ville qui les ont adrmiré:s ; d’une partie defquelles J'ay fait la defcriprion quand elles é- toient en fleur, ayant laifé à décrire l’au- tre partie pour quelques cmpêchemens que j'ay eus: ce que j'efpere d'achever l'année prochaine ; ff je les puis conferver. Ce- pendant je vous en reprefente icy les cou- deurs avec les noms qu'on à donneX à celles qui n'en avoient pas encore, afin que par ce moyen elles puiffens effre con- nues d'un chacun. Ÿe donne encore avis aux Curieux queje n'enrens parler en ce nieh que Get rennes nlurhéee; creme des plus belles € les plus (Fiances de tou. tes: Laiffan: à décrire Les lierrées , & celles qu'on appelle bermaphrodites ; ainfe nommées à caufe qu'elles participent dela mature des deux efpcces fufdites. C’eft à fcavoir des pluc'ées en leur verdure &. fenillages , @ des lierrees en leurs fleurs, Quoyque ces hermaphrodites ne foient fi. belles que les pluchées , je ne laiffe pas pourtant d'en avoir de plufieurs efpeces, comme anffi des licrrées afin de pouvoir con. tenter au befcin les plus curieux Fleuriffes. L 2 53 LE DRÉEIEELELELELTE CATALOGUE DES ANEMONES APE UGH B: * Albanoïife, eft toute blanche, fi- non un peu d'incarnat au fond des grandes feülles & de la pluche. Albertine, eft de couleur de chair nuée d’incarnat aucuns la nomment Pa- rangon où Pafle-Scalla. Abicante ; fes grandes feüilles font d’un blanc fale, fa pluche eft blanche à Vextremité , couleur de rofe : en Bre- tagne on la nomme Carnée. Amarantine , {es grandes feüilles font d'un rouge blafard , fa pluche d'une a- marante brun, fur laquelle vient par fois une houpp: ou fiuquer incarnadin. Angelique, eft blanche , à pluche gris delin : celle-cy a efté élevée de graine en cette Ville, & eft encore rare. Afiatique, {es grandes feüilles font blanches mélées d’incarnadin , fa plu- che eff de couleur de grenade mêlée de blanc. &34 Catalogne Affcrie, qu'aucuns nomment Affrée: eft blanche mêlée d’incarnat , fait grof- {es Fleurs, Auguffire, fes grandes feüilles fonte blanches méêlées d’incarnat, fa pluche couleur de feu, Blanche vulgaire, celle-cy eft toute blanche, les Fleurs en font petites. Blenë , ou quai Blere , fa Fleur en fon entrée approche du bleu, par aprés s’éclaircit, & finalement devient gris delin. Boulosoife, fes grandes feüilles font blanches à fond incarnat , à pluche entremélée de blanc , d’incarnat & ci- iron ; clle demeure long-temps en Fleur, {a pluche eft fort bien rangée. Briote, a les grandes feüilles blan- ches mélées d’incarnadin , fa pluche toute incarnadine. La Bury, eft d’un blanc fale mêlé d’incarnat , fa pluche eft fort étroire, Candiotte , a les grandes feüilles d’un gris blanchâtre, fur fond incarnat, fa pluche incarnate bordée de feüille-mots te verdâtre, Cafandre, eft toute de couleur de Fleur de Pêcher , plus haute en couleur que la Perciquine vulgaire. CL] des Anemones. 139 Carnea groffs, eft toute couleur de chair en incarnat fa pluche aflez large: elle a efté élevée en Italie, CaXerie ou Cazertame , a les grandes feüilles rouges bordées de couleur de foulf:e, la pluche d’un haut rouge de feu. Celeffine, a les grandes feüilles blan- ches , fa pluche blanche mêlée de ci- tron qui blanchit fur la fn. Celidée, porte les grandes früilles blanches mêlées d’incarnar, fa pluche celadoninêélé de couleur de role, Clirie , cit de couleur de chair entre- mêlée d’incarnadin , fa pluche fort bien rangée à la maniere de Fleurs de fou- cy double ; & eft l’une des plus belles Anemones à pluche qu’on puifle voir. Colombine, celle-cy eft toute d'une couleur qui retire plus à la Fleur de Pêcher qu'au Colombin ; parquoy elle a efté mal-nommée ; elle eft fort vul. gaire, … Cordon violet, ou cinq couleurs, æ& les grandes feüilles & la pluche rouge, fa fraife ou coïdon ( qui croift plus qu'aux autres Anemones ) devient de couleur violette tirant fur l'Amarante | peu de jours avant quelle défleuriffe ; 136 Catalogne fa tige ne fe foûtient pas bien droite, ce qui fait qu'on ne l'eftime gueres. Cramoifie, et d’un rouge brun ve- louté, fa pluche fort bien rangée. Damafine , eft incarnate & blanche, panachée diftinétement ; c’eft l’une des plus belles Anemones qu’on puille voir, & avec cela fort rare. Dorifinene, {es grandes feüilles font “ incarnates mêlées de blanc, fa pluche rougeätre. Exiflée, Perciquine nouvelle & tres- belle. Extravagante, ainfi nommée à cau- { que fa pluche eft d’une figure toute extraordinaire ; fes couleurs font blan- ches, rouge & verte. Gabrielle, fes grandes feüilles font blanches, fa pluche verte, blanche & inçarnate, Galipoly de Tonloufe, eft de couleur de feu mêlée de blanc. Gayctane, {es premieres Fleurs font blanches à pluche pourpre, mais les dernieres deviennent colombines mé- lées de Fleur de Pêcher. Heriffée ; fes grandes feüilles font rouges , & quelquefois mélées de -blanc; fa pluche eft de couleur de feu. ; Incarnadine des Anemones. 147 _, Zucarnadine d'Efpagne ; celle-cy por- te le nom de fa couleur qui eft tres- vive ; elle eft fort commune par tous les Jardins des Fleuriftes. er: ft de couleur de chair mêlée de rouge; fa pluche couleur de brique. Indique ; fes grandes feüilles font couleur de chair mêlée d’inéarnat, fa pluche celadon blanchiflant mêlé de rouge. uliane, a les grandes feüilles blan- ches mèlées d’incarnat ; fa vluche eit incarnate. - Limofine , eft des mefmes couleurs de l’Extravagante, verd, rouge, & blanc, & luy refflemble affez du refte. Lionoife , a les grandes feialles & la fraife ou cordon gris blanchaftre à fonds colombin , fa pluche colombine à l’extremité verte. Mantuare, eft de couleur de citron à fonds incarnat. Atarçnerite de Martelleri, eft de couleur fianete; fa pluche qui reflem- ble aflez bien à une fleur de Maïgue- rite , eft fouvent entremélée d’uneau tre pluche , qui vient plus large quel: premiere. M 138 Catalooue Melidore , eft route de couleur de feu; brune , à fond blanc. M cteline , eft d’un gris fale mélé de vert & d’incarnat, Milancife, eft une Perfiquine nou- velle qui fait de groffes Fleurs, M orefque ; eft d’un mêlé d’incarnar, {a pluche eft étroite. Morstte, eft de couleur de chair; la pluche blanche , aux poinres-rouges, M orine , eft d’un haut violet ,appro- chant du pourpre, tant en fes grandes £eüilles, qu’en fa pluche. Nanroife , eft toute incarnate ; elle vient de belle hauteur, & a efté enle. vée en Bretagne, Natolie, eftblanche , meflée d'incare nadin , tant en fes grandes feüilles , qu’en fà pluche. Noiron , ales grandes fueilles rouge, fa pluche rouge , meflée d’une couleur noiraftre. O'inde , a les grandes fueilles violet. tes, quelquefois bordées de blanc : fa pluche eft toute violette. O'ientale, eft d’un gris lavande , ti- rant fur la couleur d’ardoife , tant en f& pluche , qu’en fes grandes fucilles ; elle fut de groiles fleurs. | des Anemones. 139 © Panne iabelle ; on la nomme ainfi à caufe que fa pluche eft de couleur ifa- belle ; fes grandes fucilles font colom- bines , où plutoft couleur de Fleur de Pefcher : Il faut noter que celle-cy eft fujette à dégenerer en fa pluche , la- quelle change par fois fa couleur , & devient comme les grandes fueilles. Parifienne , a {es grandes fueilles blans ches ; fa pluche au commencement eft couleur de citron pale , qui blanchit aprés. Parmelare , porte les grandes fueil- les blanches à fond rouge , fa pluche couleur de rofe incarnat , & fueille morte jaunâtre. Perciquinr , eft toute de couleur de Fieur de Pefcher , fa pluche bien ran- oée, & eft fort commune à Paris, Picarde, nommée d’aucuns funon, cft blanche , meflée de couleur de Fleur de Pefcher , tant en fa pluche qu’en fes grandes fueilles : elle produit de grofles Fleurs. Piedmonroile, fes grandes fueilles & fa pluche font d’une ifabelle tirant fur l'incarnat, _ Provençale, eft verte, & Fleur de Pefcher , aflez belle. M ij 140 Catalogne Quatricolor , dite à Paris Amarante régate : J'en ay de quatre ctpeces. La premiere porte fes grandes fueil- les rouges meflées de blanc , fa pluche d'un Amarante brun , & une houpe ou floquete rouge au milieu. La cuade porte fes grandes fueilles toutes rouges , fa pluche Amarante brun , fa houpe de nacarat bordé de blanc. La troifiéme , dite Belle Françoile, a les grandes fueilles blanches , meflées d’un peu de rouge ; fa pluche eft d’A- marante brun , comme les autres pre- cedentes , fa houpe incarnadine. La quatriéme a les grandes fueilles rouges meflées de blanc , fa pluche Amarante brun , excepté le milieu qui eft incarnat : celle-cy eft la plus rare des quatre. Ranonculée , la fleur de celle-cy eft toute de pluches larges , ne portanc pas de grandes fucilles comme les autres Anemones : elle eft de couleur rofe- feche, tirant au violer. Reçate, eft rouge , meflée de blanc, principalement en fes grandes fucilles. Konge vulgaire , celle-cy eft toute rouge, qui eft tres-commune, & eft la des Anemones. 141 premiere Anemone pluchée qu'on a apportée en France, qui fur en l'an 1596. La faint Carle', eft d’un blanc fale, & rouge vers le fond ; fa pluche eft fort déliée. Sançuine de Martelleti , celle-cy eft toure rouge ; fa Fleur n’eft pas fi gran- de que la Rouge vulgaire. Scalla , a les grandes fueilles d’un blanc fale, la pluche couleur de feu. Sermonette , a les grandes fueilles, & la pluche couleur de feu, entremeflée de chamoïs, .Synople , eft toute carnée, differente _ toutefois de la Carneagroffa, cy-devant | | décrite. Syrienne , fes grandes fueilles font ifabelle pâle nué de carné , fa pluche verd-clair,nné auffi de couleur de chair. Tofcane.eft d’un rouge blafard ,meflé quelquefois de fueille-morte : elle dure plus long-temps en fleur que beaucoup d'autres. Tripolaine, eft de couleur de citron blanchiffans , s’éleve haut de terre & fait de grofles Fleurs. Turquoife ; eft blanche à fond incar- nat, tant en fa pluche qu’en fes gran- des feüilles ; elle eft tres-rardive à fleu- M iij f4E Catalogne . . . € * sir, & fait fes tiges hautes, l'itlorienle , a fes grandes feüilles cou leur de chair; mêlée d’incarnat , fæ ) > pluche feiulle-morte $ incarnate. Violette vulgaire. celle-cy en fleurif- fant eft toute violette | mais aprés elle s'apalit, & devient grifâtre: les Ita- liens la nomment Pavonaflo ; les Flae mans , Cul de Tahon. SÉSSSESSIESEVESESE CATALOGUE DES. R AN.O.NCHMEAESS DE TRIPOLY. Avertiflemment, À Plante que Charles de l'Eclufe nomme dans (es Livres, Ranonculus À fiaticus grumofa radice , -{} ce que nous nommons en François , Ranoncule de Tripoly, 1l y en à diverfes efpeces ; les sms por'ant Fleurs fimples, les autres don ble’, Pour bien entendre la defcriprion que j'en faits, il faut [cavoir qu'il y en a qui ne portent qu'une [eule couleur :les jes autres en portent plufieurs , dons le AVERTISSEMENT, r4s dehors des feñiiles de La Fleur [e trouve quelquefois d'une couleur , mais Le de. dans d'une autre. Parlant de ces derniers, je commenceray 4 nommer la couleur du dehors le premiere, à caufe que celle-là qui s'apperçoit la premiere à noffre veuë, lors mefme que la Plante n’efFencore qu’en bouton ; pris la couleur qui eff par le de- dans de la Fleur, ce que je nommeray fond : le bouton noir en forme de T'ulbar qui ef au mmlieu dechaque Fleur des Sim ples où[e forme La fémence , ne varie point de couleur : c'eff pourquey je n’en parleray pas en décrivant leurs Flewrs cy-aprés. Fe CommMENCErAy par CEUX QUI NE portent QU'I= ne couleur, @ font fimples, RRSERELELERREEEERÉ CATALOGUE DES RANOM cules de Fripoly. r 1 Blanc, Ranoncules fimples, | Jaune Je de fimple couleur À font Fa des. aune pâle, ï Couleur de Citron: & fçavoir le Rouge brun , qui 1 et odoriferant, 144 Catalogue RANONCULES SIMPLES de double couleur. L'affricain , eft jaune doré , marqueté de dacarat , fur fond jaune, L'aursre , eft jaune panaché de naca- rat par le dehors de la Fleur , fur fond jaune d’aurore, Befinçon , celuy-cy eft d’un jaune pâle, marqueté de rouge , fur fondjaune. Calabrors , eft chamois bordé de rou- ge, fur fond chamois. + Drap d’or, eft jaune doré, mêlé de rouge par le dehors de la Fleur , de for- te qu'il reflemble à du drap d'or; ce quieft caufe qu’on Îe nomme ainfi. M clidor, eft rouge cramoify , bordé d’ifabelle par dehors la Fleur feulement; le fond eft ifabelle. Parmefan, celuy-cy eft jaune doré, bordé de rouge, fur fond jaune. Pale-rofe , eft de couleur de rofe vermeille, nué de blanc, fur fond blanc. Romain, eft chamoit, marqueté de rouge par le dehors de la Fleur, le fond eft chamois. Rofe frife , celuy-cy eft blanc & cou- leur de rofe par le dehors feulem cne fur fond blanc, j Satiné, Catal. des Ranoncules: 145$ Satiné , eft blanc, marqueté de rou- ge par le dehors , fur fond blanc. Sydonien , elt chamois,, marqueté de rouge , fur fond chamois. f Rouge cramoify, ou fang de Bœuf.… Geant ou Peaune de Ro- me, eft toute rouge, fait | grofles Fleurs ; mais les fetilles n'en font pas bien mHiest se Pi Geant de Conftantinople; celuy-cy porte fes Fleurs | plus grandes que le prece- Ranoncule ; dent ;auffi fes feüilles font doublé , C mieux rangées. de fimple( Jaune à fcüillede ruë ; ce- couleur , } luy-cy porte fes Fleurs plus dit, petites que les precedens. aune d'Italie, à feüille d’ache , fes Fleurs reffem- blent à celles des grands Ubaflinets doubles, 146 Catal, des Ranoncules. fr Bofuel; celuy-cy provient du petit Rat orangé vul. gaire, lequel s’eft rayé de ? jaune, Geant ou Paune de Ro- me , rayé de jaune, il eft fujet à varier , portant par Rasonculel fois plus de rouge que de double. f jaune, & quelquefois plus 4ë At de Jaune que de rouge : J'en couleur , | ê un 4 Fleur à prefent a dit, eft prefque tout jaune : si | revienttous les ans de mef. \ me , je l’eftimeray le plus je le garde. beau de tous > Uray fur certe efperance la. RES mes KE 147 DER RES RENE LE LE TES CATALOGUE LS. LU EE Er PROETA RE, Ntre les plus belles F'eurs, iln'yen F: point qui fe diverfifient en tant de conteurs © manieres que les Tulipes ; ce qui les a fait nommer à bon droit , Reine des Fleurs : Et qui les voudroit fpecifier toutes , n’auroit jamais fair; Car on en découvre to les ans de nouvelles provc= nantes de leurs femences , qui appetent naturellement ce changement de couleurs. c'eff pourquoy fans vouloir décrire toutes celles qui fe laifflent voir an Printemps à nos yeux, je me contenteray d'en repre_ fenter icy quelques-unes des miennes les plus confiderables , avee leurs noms par ordre alphabetique ; qui fervira comme d'une vive peinture pour les faire connoi- tre aux Curieux , qui ( effant éloiqnex d'icy, © n'en pouvant avoir leurs 122 traits ) font defireux de [çavoir qui [ons celles que nous effimons à Paris, Encore que j'en aye bne grand quantité de plu: / N ij 148 PREFACE, fieurs efbeces ; je me contenteray tou: tefois d'en reprefenter en ce lieu de cens fortes differentes des plus belles , qui eff un nombre complet © affeX fuffifant pour remplir uncarreau ou planche de mediocre grandeur : © je ne l'effimerois pas moins effant compofé de ce nombre bien choifi, qu'un autre qui en contiendroëit trois foss davantage de mediocre ou c'e moins belles, preferant en cela La qualité à la quantité, qui eff neanimoins recherchée de la pluf- part, C pour y parvenir, j'ay retranché plufieurs noms de Tulipes que j'avois mis dans mon premier Catalogue, & j'en ay adjoñté d'autres plus belles en leur place, efperant par ce moyen contenter davantage les anciens Curieux , qui recherchent ordi. nairement les chofes belles nonvélles. Et pour la fatisfathon des nouvearx , ou de ceux qui ne voudroient pas faire la dépenfe pour acquerir les plus rares ( qui ordinairement font cheres ) je eur donne avis que j'en conferve encore dans mon Fardin beaucoup d'autres epeces moin- dres @ vulgaires, que je puis donner à juffe prix : mon deffein eftant de fais. faire à la curiofité de tous les amaieurs des Tulipes, Catalogue des Tulipes. 149 Faut noter que celles qui font mar- quées d’un P. au bout des lignes , font precoces , c’eft à dire des plus hâtives à fleurir : |A. marque les medionnelles: toutes les autres font tardives, CATALOGUE DES TVLIPES: *Acolte ou Parangon d°Acoffa , à la Fleur blanche panachée de pourpre & de gris de lin, Aämiral Caflelein vethifie ; blanc; rouge, clair, & colombin. ÆAgate dentelée, colombin chargé, rouge & blanc. Agate Morin, eft blanche, gris fale, & pourpre, Agate Royale, pourpre paliffant, rou- ge, & blanc. Albertine, gris de lin lavé, & blanc environné de trois pourprez par menus panaches. Alquife , eft panachée , de jaune & touge : cette Fleur eft de belle forme, qui vient fur une tige droite & ferme, & n'eft pas fautive. Ambrife , colombin, rouge & blanc. | N ü | 30 Catalogie Amarantine , pourpre, & blanc, Æmidor, eft de couleur de pain d’é- pice, peu de rouge , ifabelle jaunâtre, & amarante: quand il eft reétifié, c’eft une des belles Fleurs qu'on puiflé voir. Amarille , porte trois couleurs , qui Yont pourpre clair , rofe-feche |, & blanc. Andimion , amarante , blanc de lai, & peu de rouge. Angloife , colombin , rouge , & blanc. Auguffine , eft panachée de violet & de blanc. Bafloife , eft de trois couleurs , rou- ge, colombin, &blanc. ., Beaupré , rouge & blanc. Bcllerofe, eft gris de lin , rougemoït, & beau blanc. Bellincourt , eft de couleur de feu, & blanc de lait. Mes Befançonne , colombin & chamoïs blanchiffant. | Brabançonne, pourpre blanc de lait , & peu dc rouge. Caillarde , eft de quatre couleurs È colombin, chamois, incarnat , & Jaut- ne doré. des Tulipes: 162 Carite , eft fiamette, rouge , & blanche. Cartie, gris rougeâtre, & chamois, Cedanulle, eft panachce, de pourpre, blanc de lait, & peu de rouge. Celeffine, violet pourpré, & blanc de lait. Du Chefne, pourpre , blanc de lait , & peu de rouge. Chinoife , eft de quatre couleurs ; gris , colombin , rouge , & chamoïis. Citadelle ou Pafle-Citadelle , eff de trois couleurs, gris de lin , pourpre & blanc. Corintie , jaune doré , blanc , & rouge. Dolincourt ; eft pourpre, rouge & blanc. Dorade, rouge, & chamois blan= chiflant. P: Dorilee, violet, & blanc de lait. Duleine , blanc de lait & couleur de laque. Elife ; pourpre, violer , & blanc, dés fonentrée, Eriffée , blanc , & pourpre. Erimante, eft feüille-morte, rouge ; & jaune , c'eft l’une des plus belles Tulipes du temps, N iii 152 Catalogue | Efperance , jaune blanchifant , fiamet & rouge. Effampe ; colombin , blanc, & in- carnat. Effoillee , violet & blanc ,approchant fort aux couleurs de la Dorilée. _ Eugene, rouge, brun & blanc, P. Eufebe, colombin, rouge, & cha- mois. Euriftée , colombin mêlé de blanc, eft de fin panache. Faufline , eft d’un colombin rougeä- tre ; & blanc fatiné, {ur un fonds bleu, & eft fort bien panachée, Felicité, rouge mort, & jaune bor- dé d’un filet rouge. Flamboyante colombine , eft colombine, panachée de blanc. | Fleuricourt , eft panachée d’un haut pourpre, avec un blanc de lait, & peu de rouge : c'eft une des plus belles fleurs qui porte du pourpre. M. Fleurimont ; gris delin , pourpre, & blanc. | Fleurifette, gris, incarnat, & cha- mois. Frigienne, eft panachée d’un es d’écarlate , avec un blanc de lait, P. rronteyale , couleur de rofe, rouge des Tulipes: 153 & blanc ; fa Fleur eft d'une tres-belle forme. Galarée, eft panachée d’un ifabelle blanchiffant , avec du jaune doré, qui font des couleurs à la mode, Geande , colombin, rouge , & blanc, & n'eft guere fautive, Gentille , colombin changeant | & chamois, Generale Picot ; haut pourpre, & blanc de lait , eft afflez femblable à Fleuricourt, Helene, eft de couleurs fort appro- chantes de la Geande , à fçavoir Co- lombin, rouge , & blanc. Heliodore , eft de quatre couleurs af- fez diftinétes , fçavoir , orangé , jaune, gris de lin, & rouge, qui font les-cou- leurs à la mode, M. Herian, eft panaché d’un rouge brun, avec du chamois qui blanchit en deux ou trois Jours, Herculée , eft panachée d’un rouge de fang , & de blanc de lait. Imperiale , eft de trois couleurs , pourpre brun , blanc de lait , & peu de rouge. Fenace , rouge mort , fur fond de chamois , elt de cres-fin panache. 154 Catalogue Felicourt , couleur de tuille jaune 8e rouge, qui font des couleurs qu’on re- cherche à prefent, Folevhe. ifabelle rougeâtre , panas chée de jaune , avec un peu de rouge. inlianr , de trois couleurs , colom- bain , blanc & gris. T'rre. eft panachée de deux rouges, fur un ford fatin. L’amie où Agathe perrnchor, eft gris de lin , & blanc par menuës pana- ches. Laëtince, eft de couleurs fiamet, blanc & rouge. | Lapponie , colombin , blanc , & rouge, Leandre, colombin , rouge , &cha- mois. Lifa, rouge , orangé , & jaune par menues panaches. Mayence entre en Fleur incarnate & chamois , puis elle fxit paroiftre du co- lombin & du rouge, Melicee, eft incarnat , blanc , & cou- leur de rofe. Melinde, pourpre brun, & blanc de de lait. Morfor, incarnat , rouge , & cha- nois blanchiflant. Morine, eft incarnat chargé, avec des Tulipes. 155 du blanc dés l'entrée de fa Fleur. Montre, on l’a nommée ainfi, à caufe qua fa Fleur eft fort monftrueufe, a pour couleurs le jaune & rouge , com- me du drap d'or. Montre double , cette Tulipe porte ordinairement plus de fix-vingt feuilles en chaque Fleur > qui eft rouge, jaune, & orangée; & en fporte pour l’ordi- naire oi quatre fur fa tige, qui eft aufli: environnée-de:neuf oudie feüilles. Nantoife, eft gris de lin chargé mê- I de rouge, & panaché de blanc. Nicée, rouge fur fond blanc fatiné, Noiron, ft d’uu rouge de fang de bœuf, colombin chargé “& chamoïs. limpe » €ft de trois couleurs, fça- voir d'un famer tirant fur le gris blanc, & rouge, M. Ondee , cette Tulipe eft admirable, principalement à caule de fes iles qui font d’une belle largeur , du mefme verd des feüilles d’ Oeillets , toutes bien godronnées & environnées d’une AE auffi blanche que des lys ; telle- ment qu’on peut dire que c’eft un chef- d'œuvre de la Nature ; fa Fleur eft tou- te blanche, 56 Catalogue Opale, eft de quatre couleurs, co Jombin chargé, jaune doré , rouge & blanc ; mais ces couleurs , viénnent fouventesfois enfemble : fi bien qu’on ne l’eftime pas tant que fi elles étoient diftinétement panachées. Orientale Morin, celle-cy eft de trois couleurs affez diftinétes , fçavoir, ris de lin, blanc & pourpre. Palamede, eft de trois couleurs , co- lombin, rouge & blanc; fa Fleur eft ample, & s'éleve aflez haut de terre. Panfilie, celle-cy porte un beau gris de lin bordé de pourpre , panachée de blanc de lait , à grandes pieces comme appliquées. Pall-zaiblon , eft d’un beau violet, avec du pourpre, & du blanc de lait, Perriandre , tres-beau paltot , eft panaché rouge brun , avec du jaune doré. Quirinus ; eft de trois couleurs , rou- ge velouté , colombin , & blanc de lait. Raphaclle , rouge, orangé, & jaune. Raimonde , ef blanche & rouge, P. Richemont ; eft de trois couleurs , gris: de lin , rouge & blanc. | Rofés , incarnat chargé & blane. des Tulipes. 157 Sultane ; eft l'Agare Royale recti- fée, & porte aufi les mefmes couleurs, fçavoir , pourpre rouge & blanc pà- liffant. T'amife , eft panaché de trois couleurs, pourpre, violet, & blanc, P, Tarante, eft blanche , panachée de rouge. Tencbreufe , eft une efpece de Paltot panachée de rouge & de jaune, La Vallée, eft pourpre & blanc. Unique de Delphes , eft panachée de violet , & blanc , avec un peu de pour- pre. : Virginie , eft de couleur de rofe, chamois , avec un peu de rouge. HRRSEMENERÉENEEERS CATALOGUE DES IRIS BULBEUX.: AVERTISSEMENT. Es Iris Bulbeux portent ordinaire- mont neuf fenilles en chaque fleur; les extremitez des trois feüilles qui s’in. clinent @ panchent vers la terre, [e nom ht Mentens ; les trois qui [ont jointes à us AVERTISSEMENT cclle.cy; G dont l’extremire fe releve en haut, fe nomment Lançgies; © les trois fuperieures qni s'elevent au diffus des au- tres pour former la fleur , [e nomment é- tendarts ou Voiles, Faut noter que tous I- ris Bulbeux aux feuilles étroites portent une marque jaune affez large , au milieu de chaque [ufdit menton ; ce qu'on nom- me Ecuffon jaune, duquel je ne feray men- tion cy-aprés y puis qu'il eff commun à tous cefdits Ir6, © auffi afin d'éviter les re. dites, La varietédes couleurs qui fe rencontre aux Iris eff grande > provenant en partie des divers climats on ils font élevez, € de là d’où [ont venués tant d’efpeces diffe. rentes. © à qui on a auf} donné diffe- rens noms, ou de ceux qui les ont elevez Les premiers de graine, ainfi qu'on pour= ra remarquer en Ceux que je Vais décrire. [ Gate, a les mentons & À À les langurs d’un jaune do- ré mêlé de tette d'ombre, les PIris, à étendarts gris , panachez de violet, d'Afrique, a les mentons ] jaunes , mêlez de bleu , les lan Vgues de bleu clair, les éren- Catal. des Iris Bulbeux. 159 { darts violets. | d'Alep, ales mentons jau- | nes, les langues & étendarts blanc foupe de lait mêlé de jaune, d'Amboife. ales mentons jau- nes ; les langues jaune & bleu, les étendarts d’un gris de lin al | pale, des Anciens, a les mentons | blancs, bordez de bleu pâle, les langnes & les érendarts | bleus ; il eft tres-odoriferant & tardif à fleurir. d' rabie , a les mentons d’un jaune doré, les langues de feüil_ le-morte enfumée , les éten- darts violets. d'Armenie , a les mentons | jaunes & feülle-morte , les Janoues d’un jaune pâle , mêlé de fcüille-morte , les étendarts violets. d’#uverone , a Les mentons jaunes & mêlé de bleu , les lan- : gues de pur bleu ; les étendarts | as violets , panachez de bleu & de feüille-morte, V du 305, a les mentons jaune 160 Catalogue pâle , les langues & les éren- darts blancs , tirant au bleu pä- le , il demeure nain , au refte reflemble à l’Iris de Caftille. Blaifois , a les mentons de jaune & d’aurore , les langues jaunes , mêlé de bleu , les éten- darts gris de lin , rayez d'au rore en long par le milieu. des Bretons ,alesmentons & | les langues jaunes ; les éten- darts d'un blanc terny. de Brie ,a les mentons jau- nes , les langues blancs, aux ex- } tremitez jaunes ; les érendarts $ font blancs panachez de bleu. de Bologne , a les mentons, les langues & les étendarts d’un :{ blanc fulphuré. de Calabre , porte fa Fleur toute Jaune. Cameloté, a les mentons j1u- ne & feüille-morte , les langues de couleur de triftamie, les ë- i rendarts couleur de gorge de ramier & fcüille-morte ; c’eft l’Iris des Morins lors qu'il fe panache, foit par vicillefle , ou Lautre indifpolition , ainfi que font - SR Gaetan lIris. des Iris Bulbeux: 161 f font les Tulipes de fimples cou- | leurs , qui fe panachentavec le temps. de Candie, a les mentons | d'un verd d'Olive jauntre ; les | langues auffi font de la meme couleur , entremêlée de bleu , pale , les étendarts font gris de lin. | de Cafhlle, a Îes mentons: [jaunes , les langues & les éren- darts couleur de foupe de lait. qui eftun blanc impur, de la Chine ; eft panaché de bleu; il demeure nain ,ne s’é- levant de terre que de la hau- teur de demy pied , ou environ. de Crete , eft tout blanc, s’é- leve haut, & fait fa Fleur aflez ample. | Damace, eft bleu , paraché de violet: c’eft l’Iris de Portus- | gal quand il fe panache d'Egypre, a les mentons & les langues blens , les étendarts | violets.. Érii de Florence, eft tout blanc comme l’Iris de Crete cy-de- Kvant. décrit : mais. celuy - « 162 Catalogue Mne croift pas fihaut , & fa Fleur n'eft pas fi ample. de la Floride, a les mentons d’un bleu mêlé , les étendarts violets, mélez de gris de lin, de la Frontiere , a les mentons bleus & jaunes ; les langues font d’un bleu chargé les éten- darts violets. des Fexillans , a les mentons de couleur feüille-morte , les lan- gues triftamie , les eftendarts couleur de gorge de Pigeon ra- mier. re de Gafcogne ,a les mentons & les langues d’un gris de perle, les érendarts de bleu pâle. Grand Seigneur, a les men- tons d’un jaune qui eft bordé de feüille-morte , les langues gris de lin mêlé, les étendarts gris de lin charnée le] _de'Grece, a les mentons & {les langues de bleu mêlé d'un peu de jaune , les étendarts vio» lets avec du blanc. de Guinée . a les mentons de | couleur feüille-morte , les lan- {gues d’un bleu mélé, les éten- \ des Iris Bulbeux. 163 {darts font ‘violets. { des Zndes, a les mentons & les Jangues jaunes, les étendarts | | Re dun oris de lin mêlé de | violet. (L. de la Fudée, a les mentons jaunes 2e de bleu; les lan A & les étendarts lose d’un violet chargé ; il porte fa Fleur plus courte que les autres I- ris, de Labbé , a les mentons , les l'ÉnAU & les étendarts d’un l’Iris. 4 haut pourpre , eft tardif à fleu- yrir, & ne croift guere haut; quand il pouile Lors de terre, le fourreau de fes feüilles ef | verd, marqueté d’un pourpre, ou rouge pourpre à la maniere de la Phone nommée grande Serpentaire. Levantin , a les mentons ifa- ie mêlé de terre d'ombre, es langues d’un blanc & Le bleu à les étendarts de bleu me lé de violet. des Lombards , a les mentons L& langues blancs ; Îcs êren- darts font bleus. O à 164 Catalogue [ de Loraine , a les mentons- blancs , les langues & les éren. 4 darts blancs , tirant au bleu | mourant. | de Lybie, a les mentons jau- nes ; les langues & les érendarts font d’un jaune mêlé. de Maccdoine , a les mentons & les langues d’aurore & jau- ne , les étendarts couleur de gorge de Pigeon ramier. des Maldives, a les mentons | d’un jaune paille , meflé de blerr,, les étendarts de clair bleu, mê- lé de jaune, ÉIris, J de Melinde , eft tout cou= \ leur de penfée, excepté l’écuf- fon qui eft jaune doré, & plus petit qu'à aucun autre Iris. de la 7evique, a les mere tons jaunes , les langues jau- nes, meflées de bleu , les éten- darts gris de lin & violets. de Milan, a les mentons &- les langues d’un clair bleu, les érendarts. gris de lin. des Moluques, ales mentons. de jaune d’aurore, les langues {couleur de citron, meflé de bleu f k EE nd RP Don  namcas des Iris Bulbeux) 1€ÿ ffes eltendarts bleus à fonds violet. Oriental . ales mentons d’un bleu violer & jaune , les langues violettes , les étendarts font violéts, panachez de pourpre: | c'eft l’un des plus beaux Iris qu'on puifle voir , & avec cela: left pas commun en ce pays. Parfait, les mentons font d’un | violer rougcâtre, panachez de pourpre , les langues de violet meflé , les étendarts font d’un violer fort vif; il pañle pour- Pris l’un des beaux Iris du temps. de Parme, cet Iris eft tout: violet, mais bien plus beau & plus rare que l’Iris de Portu- gal, qui eft de cette couleur: auf. de Picardie, a: les mentons feüille-morte & bleu enfumé ; ? les eftendarts font couleur de | gorge de Pigeon ramier. de Picardie panaché , les men- tons de celuy-cy font meflez de fcüille-morte & de pourpre , les langues d’une feüille-morte en- Lfumée, les érendarts font de O ii, 166 Catalogne pourpre, colombin, & un peu de feiülle-morte: c’eftl’Iris pre- cedent lorfqu’il fe panache par vicillefle | comme font aufi les | Tulipes. des Poëtes ; a les mentons d’un verd d'Olive meflé de bleu, les langues & les étendarts font | bleus. de Poitou, ales mentons & les langues jaunes ; les eften- ! darts font feüille-morte. | de Portugal ; eft fort commun | il porte fa Fleur toute violette, _. 1&eft des plus hâtifs. l'iris. qu Puy, a les mentons jau- nes , & de couleur de terre d'ombre, les langues d’un bleu meflé de terre d'ombre ; les é- : tendarts font d’un violets pers, des Pyrenées ; a les mentons | jaunes , les langues , meflées de || bleu ; les eftendarts font de 4 clair bleu, { Rochetain , porte fes mentons | & fes langues jaunes ; les éten- | darts font gris de lin. | Royal, a les mentons feüil- Ue-morte pâle , panaché de ter. des Iris Bulbcux. 167 fre d'ombre, les langues fueille- morte fale , meflez de bleu, les étendarts gris de lin, pana- chez de violer. de Savoye , a les mentons jau- ne d'aurore; les langues font d'un jaune enfumé ; les éten. darts fueille.morte. de Savoye panaché , eft le pre- Lars lors qu’il panache par vieilleffe, comme il advient à plufieurs autres Iris, & aux Tulipes auffi. Pris d Senois, eft tout jaune comme * | l'iris de Calabre ; mais celuy- | y porte ordinairement cinq ou fix Fleurs fur fa tige, lors | principalement que {on bulbe left aflez gros ; autrement il | n'en porte que deux ou trois, comme la plufpart des autres Iris. | de Sicile, eft tout jaune auffi mais fa Fleur n’eft fi ample que | l’Iris de Calabre cy-devant dé- crit. des Suifles, à les mentons | jaunes les langues & les éten- dars font jaunes meflez de bleu, 168 Catalogue | L Syrien , a les mentons de’ terre d'ombre: les langues & les étendarts font de clair bleu. | de T'arrarie, a les. mentons- | d’un jaune pâle mflé, les éten- darts de bleu impur., | de Touraine , a les mentons (F& les langues de jaune bleu ,. les étendarts bleus. de Turquie . a les mentons: d’un minime clair : les langues font d’un bleu meflé de fualle- morte, les étendarts violets. des Vallées , a les mentons l'Zrie, (de bleu, meflé de fueille-mor- ce , les langues d’un bleu meflé: les étendarts violets. des j alois, porte les men- }rons jaunes , es langues font d’un jaune meflé , les étendaïts. oris de lin fale , rayé de jaune: eu long par le milieu , il ref- | femble fort à l'Iris Blaifois cy- devant décrit. ? | des Vaudois , eft tout bleu ; excepté l’écuflon jaune qui eft au milieu de chaque menton, & porte fouvent douze ou quinze feüilles en fa fleur. Venifien, cé aux Curieux. 169 Venifien , porte les memtons l'Iris d’un bleu meflé de blanc , les langues bleus , les eftendarts : font violets. US nee MEste ENS Advis aux Curieux. Utre les Plantes cy-devant dé crites , j'en ay encore d’autres tres-rares , dont je n’ay eu le temps d’ert faire des LE, particulieres , d'autant que je n'en poflede la plus g grande par tie que depuis peu, par le: deceds - René Morin mon Frere, Homme qui pendant fa vie aefté aufi curieux qu’au- tre de l'Europe. J'ay jugé à propos d'en faire icy un oct ele en gros pour la farisfaction de ceux qui fonc amateurs des chofes rares. Plufieurs Simples rares & cutieux. Beaucoup de Plantes Boifeufes & Ligneufes. Quantité de Fibreufes. Force Ligamenteufes , & abondance de Hélbeufes , Tubereufes, & Genoüil. leufes, Fes lefquelles 4 _y a de belles Jacintes, Colchiques , Jonquilles, & Narcifles, BP 170 Avis Lys-Narcilles des Indes de plufeuts efpeces. Autres Plantes des Indes. Courrnnes Imperiales à grandes Fleurs , à plufieurs eftages , à Fleur dou- ble, à Fleur jaune, & à feüille rayée ou de la Chine. Sur tout une grande diverfité de Tu- lipes de la Chine, c’eft à dire à fueille rayée , entre lefquelles il y en a d’aufl£ belles , bien panachées de couleurs auf- firares & fantalques , que des pana- chées ordinaires. Excellentes Anemones à larges fueil- les, & 'diverfité de celles qu'on nom- me hermafrodites. Mufcaris nouveaux de diferentes couleurs des Anciens , & quelques-uns de la Chine, ou à fueilles bordées. Cyclamens de Veronue, rares, de Sevant , da Mont-Lyban, de Scyo , de Corfou , de Perfe, d’Antioche , a; Fleur fimple & double. Huguereau , de differentes couleurs , d’an aflortiment defquels on peut avoir des Fleurs toute l’année. Oreilles d'Ours de toutes couleurs. Enfin nombre de Capilaires tres- beaux & rares, dont la plufpart ne por- . : aux Curieux. 17È tent pas de Fleurs , neantmoïins l’on en peut faire eftat , tant à caufe de leurs facltez medecinales , que pour leur verdure , qui eft la plus belle, nette & agreable qu'on puifle voir, & qui avec cela dure tout le long de l’année. Ils fe conferyent facilement dans les Jardins , fans aucune culture, poùrveu qu'on les plante en lieu frais, on au tre part à l'ombre de quelque murail- le, & que le Soleil n’échaufe guere, EIN, du Roy. OUIS par la grace de Dieu Roy de France & de Navar- PN :e : À nos Amez & Feaux ÆS Confeillers, les Gens tenans nos Cours de Parlement, Maiftres des Requeftes Ordinaires de noftre Hôtel, Baillifs , Senefchaux, Prevofts, leurs Lieutenans, & à tous autres nos Off- ciers & Jufticiers qu'il appartiendra : Salut, Noftre amé CHAREES DE sERCY Libraire à Paris, nous à fait remontrer qu'avec grande peine & dé- penle il a recouvré deux Manufcrits de Jardinage, qui traitent de la Taille des Arbres, les banter, greffer @ cultiver : pour faire des Efpaliers , € pour toutes des chofes neceffaires pour les Fardins : Comme auffi la maniere d'élever toutes fortes de Fleurs, chacunes felon leurs ef- pects, @ les facons qu'il faut faire pour les culsiucr: Lefquels il defireroit faire imprimer, avec l’'Abregé des bons Fruits, @ Les Remarques pour la. culture des Fleurs : Compofez parle Sieut Mori, qu'il a cy-devant fait imprimer en ver- tu de deux Permiffions que nous luy avons accordez , lefquels font bientoft expirées : mais l’Eypofant craint qu’a- prés avoir fait une dcpenfe qu'il auroit faite pour l’impreflion defdits Livres ; C’eft pourquox il nous a tres-humble- ment fupplié de luy accorder fur ce nos Lettres neceflaires. A ces Causes, defirant favorablement traiter l'Expo fant, Nous luy avons permis & per- mettons par ces prefentes, d'imprimer lefdits Mañufcrits | & reimprimer |’A- bregé des bons fruits, & les Remar- ques pour la culture des Fleurs dudit Morin , conjointement ou feparément, ainfi que bon luy femblera, & iceux faire vendre & dcbiter en tous les lieux de noftre Royaume , & Terre de n6- tre obeyflance , pendant le temps & . efpace de dix années ; à commencer du jour que chacun defdits Livres feront achevez d'imprimer pour la premiere fois. Durant lequel temps faifons tres exprefles inhibions & défenfes à tou- tes perfonnes de quelque qualité & condition qu'elles foient , d'imprimer ou faire imprimer, vendre ou debiter lefdits Livres, fous quelque pretexre que ce foit , fans le confentement dudit Expofant, ou de ceux qui auront droit de luy, à peine de fix mil livres d’a- nendc payable fans déport pour cha- cun des contrevenans ; applicable un tiers à l'Hôpital General , un tiers aux dénonciateurs , & l’autre tiers à l’Ex- polant , confifcation des Exemplaires contrefaits , & de tous defpens, dom- mages & interefts. Et outre défendons à tous Marchands Forains , nos Sujets & Etrangers : d'en apporter vendre ou échanger en noltre Royaume, fur les mefmes peines que deflus , & de con- fifcation des autres marchandifes qui s’y trouveront jointes ; à la charge d'en mettre deux Eyemplaires en noftre Bi. bliotheque publique, un au Cabinet de noîftre Cafteau du Louvre , & un er celle de noftre tres-cher & Feal Che- valier Garde des Sceaux de France le Sieur d’Aligre , avant que de les expo- fer en vente , à peine de nullité des prefenses : Du contenu defquelles vou- Îons que vous faffiez jouyr & ufer ledie Evpofant . ou ceux qui auront droit de luy , pleinement & paifñblement, & qu'en mettant au commencement ou à la fin de chacun des Exemplaires un Ex- trait des prefentes , elles foient tenuës pour bien & deëment fignifiées |, & qu'aux copies collationnées par l’un de nos Amez & Feaux Confeillers & Se- cretaires , foy foir abjoûtée comme au prelent Original. Sr MANDONS au premier Huiflier , ou Sergent fur ce requis , de faire pour l’execution des prefentes tous Actes Exploits que be- foin fera , fans demander autre permif- fion, nonobftant mefme Clameur de Haro, Chartre Normande, & autres Lettres à ce’ contraires CAR TEL EST NOSTRE PLAISIR. Donnéaà Pasis le douziéme jour de May mil lix cens foixanse-treize. Et de noître Re- gne le trentiéme. Par le Roy en fon Confeil, BeErRAun. Regiftré fur le Livre de la Communauté des Libraires & Imprimeurs de Paris le 54, May 1673. fuivant l’Arreft du Parlement du 8, Avril 1653. & celuy du Confeil du 27. Fegrier 1665; Signé THierry, Syndic, AcheveX d'imprimer ponr la prermere fois le 12. Mars 1677. Les Exemplaires ont efté fournis, Li tr a % er Te Û Pa AE # ri ; pat Er Ë 2 À Ha dome ÿ A FU he Fe rs | FRS: DA HT: SA ss ù 24 SRE 1 mr L a (FE EDR LE FE pd = 2 à y © / FHhae % ee vf 2f à" + > j NE PME Nf 4 A TOR AT Mie PES FATIAET Le hp atre.