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Pre - } de 2 # MALE ‘ Hans Ve ? ge A: HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE 4° PARTIE REPTILES, PATRACIENS AVEC 55 FIGURES DANS LE TEXTE PAR Albert GRANGER Membre de la Société Linnéenne de Bordeaux LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, ÉbITEURS 46, RUE DU BAC rs PARIS,:7° HISTOIRE NATURELLE FRANCE 4° PARTIE REPTILES, BATRACIENS CIERARY Or th [ / | MUSÉE SCOLAIRE DEYROLLE HISTOIRE NATURELLE FRANCE 4: PARTIE REPTILES, BATRACIENS avec 85 figures dans le texte PAR Albert GRANGER MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX PARIS ÉMILE DEYROLLE, NATURALISTE 46, RUE DU BAC, 46 1 /] Mt Les d "M FAT j 11 | ! VOTE (o ou nl INTRODUCTION De toutes les classes d'animaux, la plus négligée est incontestablement celle des Reptiles, et les amateurs d'histoire naturelle n'ont, en général, aucun penchant pour cette étude cependant si intéressante. D'une part, les légendes dues à l'imagination populaire, les pré- jugés encore si nombreux sur ces êtres le plus souvent _inoffensifs, et, d'autre part, la répulsion naturelle que l’homme ressent à la vue des Reptiles sont les causes de l'abandon d’une étude qui rencontre si peu d’adeptes parmi les naturalistes. Nous avons cherché dans ce volume à faire mieux connaitre les mœurs de cette classe d'animaux, à les réhabiliter dans l’opinion publique et, en indiquant les services qu'ils rendent souvent à l’agriculture, à sauver - ces pauvres deshérités de l’exécration générale à laquelle ils sont voués depuis trop longtemps. * Si nous réussissons à inspirer aux débutants le goût de l'étude des Reptiles en divulguant leurs mœurs si Î nous aurons COMT nnues, intéressantes el si peu co T un [= © mn © Ey ee en n = © & n | © & [ RECHERCHE DES REPTILES ET DES BATRACIENS 11 Les Lacertiens (Lézards) sont nombreux en France, surtout dans le Midi. Très vifs et très agiles, ils échap- pent facilement au chasseur, mais lorsque le terrain sur lequel on les poursuit n'offre aucun abri, ils sont vite forcés et se laissent capturer. On peut employer pour les recouvrir un petit troubleau ou un filet à papillons garni d’une gaze résistante ; on les saisit alors avec une pince pour les placer dans la boîte de chasse. Ils mordent vigoureusement et ne lâchent pas prise, mais comme ils ne sont pas venimeux, on ne doit pas s'inquiéter de ces morsures. La queue des Lézards étant très fragile, il faut les prendre avec soin pour ne pas les briser en les capturant. C'est principalement sur les vieux murs, dans les ter- rains secs et au bord des chemins que l’on rencontrera le Lézard gris ou Lézard des murailles. « On trouve fré- quemment ses œufs que l’on peut faire développer en les plaçant dans un pot de fleur, sur la terre, les recou- vrant de quelques pierres et les arrosant quand la terre est desséchée par le soleil. » (Lataste.; Les ZLézards verts et Ocellés se rencontrent surtout dans le Midi de la France. Leurs dents acérées pouvant faire une blessure désagréable, il est préférable, pour s’en emparer, de se servir d’un pistolet Flobert chargé à petit plomb; en ne les visant pas de trop près on les tue sans les endommager. Dans nos départements méridionaux on trouve égale- ment le Seps chalcide que l’on peut capturer au moyen d’un troubleau comme les petits Lézards. Il est inoffen- sif et recherche les prairies herbeuses à une exposition chaude. 12 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE L'Orvet, qui cause une certaine répugnance par sa forme semblable à celle des serpents, est très commun en France et peut être manié sans danger. On le rencontre partout : sous les pierres, dans les prai- ries ou sur les coteaux. Mais sa capture exige de grandes précautions, sa queue se rompt facilement et cette fragilité a fait donner à ce reptile le nom vulgaire de Serpent de verre. Les Geckotiens, peu communs en France, n’habitent que la région littorale de la Méditerranée. Le Platydac- tile des murailles et l’Hémydactyle verruculeux vivent dans les rochers, dans les pierres éboulées et même dans les habitations. On peut les prendre sans danger; ce sont des animaux complètement inoffensifs. Ophidiens (Serpents). Si la recherche des Chéloniens et des Sauriens est sans danger pour le naturaliste, il n’en est pas de même pour la recherche des Ophidiens, et la chasse de ces reptiles exige la plus grande circons- pection. Avant de saisir un Serpent, il est prudent de reconnaître d’abord l'espèce à laquelle il appartient; car une méprise peut avoir des conséquences funestes. Nous n’en citerons qu’un exemple : un herpétologisie expérimenté, Duméril, qui avait consacré toute sa vie à l’étude des Reptiles, commit une erreur dans une excursion dans la forêt de Sénart et saisit avec la main une Vipère Péliade croyant avoir affaire à une Couleuvre Vipérine ; il reçut une morsure qui mit sa vie en danger pendant plusieurs jours. Il est reconnu que les caractères distinctifs extérieurs entre les serpents non venimeux et ceux qui le sont ne sont pas toujours très nets, et que les naturalistes les RECHERCHE DES REPTILES ET DES BATRACIENS 13 plus expérimentés peuvent s’y tromper. Généralement les epèces dangereuses ont le corps court, la queue courte, un cou très court, une tête triangulaire très large en arrière; celte dernière partie du corps est celle qui offre des différences vraiment sensibles avec les espèces non venimeuses. Mais les serpents ne se présentent pas toujours au chasseur de façon à être bien examinés. Dissimulés dans les broussailles ou sous les pierres, ils ne peuvent être reconnus qu'im- parfaitement, et c’est dans ce cas qu'il importe d’opé- rer avec circonspection et ne pas s’exposer à une erreur qui pourrait avoir des conséquences graves. On doit, avant tout, se bien persuader que saisir un serpent sans avoir pu établir son identité n’est pas une preuve de courage, mais un acte d’imprudence et de témérité. Les Serpents subissent pendant l'hiver une léthargie dont ils ne sortent qu'au printemps, aux premières ardeurs du soleil. Les uns vivent dans les endroits humides et dans le voisinage des eaux, les autres dans les localités arides ou sèches, dans les landes, dans les clairières des bois. Les Vipères se tapissent au pied des broussailles, au milieu des touffes d'herbes desséchées et recherchent les terrains recouverts de bruyère et de genêts. Les Couleuvres se plaisent dans les prairies herbeuses. Elles sont presque toutes diurnes; par contre, presque tous les serpents venimeux sont essen- tiellement nocturnes. « C’est au printemps, vers dix heures du matin, sur les coteaux rocailleux et boisés exposés au Sud-Est que l’on pourra chasser ces animaux avec le plus de succès; ils viennent s'imprégner de la chaleur solaire à l'entrée 14 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE des trous où ils ont passé l'hiver. Jamais aucun des nombreux serpents dont je me suis emparé n’a essayé de me tenir tête, si ce n'est quand, les ayant rencon- trés dans une plaine, je me suis amusé à leur barrer le chemin. Alors, dès qu’ils voient que la retraite leur est impossible, ils s'enroulent en spirales, ayant toujours les yeux fixés sur vous, font entendre leur sifflement plus ou moins aigu, mais toujours assez faible, et s’é- lancent sur les objets que vous leur présentez. Le Zaménis vert-jaune mord énergiquement et à plusieurs reprises ; le 7ropidonote à collier se contente de donner des coups de museau sans ouvrir la geule. Le 7ropido- note Vipérin élargit parfois sa tête en arrière, ce qui le fait prendre pour une Vipère, mais il n'essaie même pas de mordre la main qui le saisit. » (Lataste.) Les Tropidonotes (Couleuvres), très communs en France, recherchent le voisinage des eaux, les bords des fossés, les bois humides. Le 7ropidonote à collier est le plus connu de tous nos Ophidiens; les pêcheurs le trouvent quelquefois dans leurs verveux. Il faut le rechercher au commencement du printemps sur les pentes bien exposées au soleil, au bord des mares et dans les prairies souvent inondées. On peut le prendre avec la main sans danger. Il se retire l'hiver dans les étables. Ses œufs, qu’il dépose dans les fumiers et dont l'enveloppe est molle et parcheminée, sont intéressants à recueillir. Le Tropidonote Vipérin, redouté à tort, à cause de sa ressemblance avec la Vipère, est cependant inoffensif. On peut le distinguer facilement de la Vipère à ses formes plus sveltes, aux grandes plaques qui revêtent RECHERCHE DES REPTILES ET DES BATRACIENS 15 sa tête, aux taches en forme de damier qui ornent le ventre. Tandis que la Vipère Aspic recherche les endroits secs et arides, le Tropidonote Vipérin habite toujours les endroits humides et marécageux, les mares remplies de nénuphars et de plantes aquatiques. Il est assez dif- ficile à trouver puisqu'il est essentiellement aquatique et qu’on ne le rencontre qu’accidentellement dans les champs, au bord des fossés. « On pourra le chasser au fusil avec du petit plomb, mais outre le risque de lui briser la tête, on en perdra beaucoup de blessés ou même de morts que l'on ne pourra retrouver au fond de l’eau. Il sera préférable d'installer dans la mare, par une chaude journée, une ligne de fond amorcée avec des vers. La Vipérine s'y prend très bien. Des pêcheurs en ont même pris à la ligne volante. » (Lataste.\ La Coronelle Bordelaise ne se rencontre que dans le Midi de la France ; elle ne remonte guère plus haut que la Charente-[nférieure. Peu commune, elle recherche les endroits secs et rocailleux et même les vieilles murailles. Elle est complètement inoffensive. L'Ælaphis où Couleuvre d’'Esculape se tient de préférence dans les endroits rocheux et couverts de broussailles. On peut la trouver à Fontainebleau, au milieu des buissons, dans les terrains les plus pierreux, et les plus arides. Elle recherche les troncs d'arbres et les branches autour desquelles elle peut s’enrouler. Le Zaménis vert-jaune est une belle couleuvre qui habite presque exclusivement le Midi de la France. Il recherche les lieux secs et rocailleux et grimpe sur les buissons et même sur les arbres. Sa grande taille (120 à 16 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE 140 centimètres), sa vigueur et son naturel irascible le rendent difficile à capturer, « À moins qu’il ne soit très jeune, dit Lataste, je ne m'en empare jamais qu'après lui avoir désarticulé les reins à l’aide d’un coup de badine, car il se défend énergiquement et mort avec rage. Sa morsure, il est vrai, n'est pas dangereuse. » Les Vipères sont les seuls reptiles dangereux qui vivent en France. La Vipère aspic et la Vipère Péliude, espèce très. voisine et dont la coloration est très variable, ne sont malheureusement que trop communes en France. Certains départements ont le triste privilège d'en posséder un grand nombre, principalement ceux de la Côte-d'Or, des Deux-Sèvres, de la Vendée et de Seine-et-Marne, où on les trouve dans la forètde Fontai- nebleau, principalement dans les gorges d’Apremont. Les Vipères commencent à sortir dans le courant du mois de mars; elles recherchent les endroits chauds, rocailleux et couverts de broussailles. Quoique noc= turnes, elles aiment à se réchauffer au soleil et demeu-! rent enroulées et immobiles sur les pierres ou sous les buissons. « Quand on désirera s'en procurer, il faudra s'in-| former auprès des gens de la campagne des localités qui passent pour en être infectées, et s'y rendre, la jambe et le pied protégés par une bonne paire de bottes ou de guêtres qui empêcheront les crochets à venin d'atteindre la chair, ou du moins arrêteront le venin au passage. On s’armera d'une canne, d'un flacon d'alcali et d'une lancette en cas d'accident et l’on emportera un sac en cuir ou tout autre ustensile destiné à recevoir le produit de la chasse. Quand on apercevra x : A} RECHERCHE DES REPTILES ET DES BATRACIENS 17 une Vipère, on mettra le pied dessus et on la saisira par l'extrémité de la queue, ou bien, appuyant la canne sur son corps, on la fera rouler jusque sur la nuque et l’on pourra prendre sans danger le reptile par le cou, près de la tête. Cette dernière méthode est préférable, car, quoique la Vipère suspendue par la queue ne puisse remonter jusqu'à la main qui la supporte, un faux mouvement pourrait la rapprocher du corps. On pourra aussi saisir l'animal avec de grandes pinces plutôt _ qu'avec les doigts. Il sera plus facile avec elles de le faire entrer dans le sac ou dans le vase qui devra le contenir. » (Lataste.) Si, malgré toutes les précautions prises, on vient à être mordu par une Vipère, voici comment on doit procéder : « La première chose à faire, c’est de rechercher les deux petits points rouges par lesquels se sont intro- duits les crochets, de débrider ces petites plaies avec un canif et de les sucer, à moins que l’on n’ait quelque blessure aux lèvres ou à la bouche. On pourra aussi les laver avec soin si l’on a une mare ou un ruisseau à portée. Enfin la cautérisation à l’aide de la pierre infernale, d’un alcali, d’un charbon ardent, ou même d'une pincée de poudre enflammée termineront le traitement. Une ligature au-dessus du point blessé, pour interrompre ou, du moins, ralentir la circulation et la diffusion du poison dans l’économie, pourra n'être inutile. | re prendre à l’intérieur un _pas inutile. On pourra encore prend l’intérie verre d'une boisson alcoolique pour combattre les _ défaillances et stimuler la circulation. Je crois que par * Lo un traitement immédiat et rationnel, comme celui que 9 _ 18 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE je viens d'indiquer, on peut annuler, ou à peu près, tout résultat fàcheux. Quant aux procédés plus ou moins absurdes qui ont été préconisés dans le même but, il me parait inutile de les rappeller ici. » (Lataste.) On a recommandé depuis quelques années un traite- ment contre la morsure des serpents par le permançanate de potasse. M. de Lacerda a obtenu de nombreuses cures par l'emploi de ce remède; mais il est encore impar- faitement connu, peut-être dangereux et a besoin d’être soumis à plusieurs expériences. Batraciens. — Les Batraciens ne sont nulle- ment dangereux et nous devons prémunir les débutants contre les préjugés relalifs au prétendu vexin de ces animaux. Nous donnons dans la partie de ce volume qui traite des Batraciens tous les renseignements né- cessaires à établir leur complète innocuité. Le natura- liste n’a rien à redouter de leur venin dont l'action n’est dangereuuse que pour les petits animaux. La seule précaution que doit prendre le chasseur consiste à évi- ter, lorsqu'on capture des Batraciens, de porter ensuite les doigts aux paupières; il est toujours prudent, au retour d’une excursion, de se laver les mains dans de l’eau vinaigrée ou phéniquée. La chasse des Batraciens peut se faire par divers | procédés : on se sert d’un troubleau à mailles fines! pour les capturer dans l’eau ou dans les prés et autres | endroits humides qu'ils fréquentent; dans ce dernier cas on les recouvreavec le troubleauet on les saisit avec la main. Si on éprouve quelque répugnance, on peut: revêtir la main d’un gant de peau et employer des pin- ces pour saisir l'animal. On les prend aussi à la ligne, : RECHERCHE DES REPTILES ET DES BATRACIENS 19 amorcée d'un objet quelconque : d’une mouche, d’une sauterelle, ou, de préférence, d'un morceau de drap rouge, afin qu'ils le voient de plus loin. La peau même d'une Grenouille est un excellent appât pour attirer les autres. Enfin on les chasse aussi à l’arbalète ou avec une lance dont on peut approcher la pointe à quelques centimètres de leurs corps, ces animaux étant peu mé- tiants. Quand on a capturé des Batraciens, on les emporte soit dans un flacon rempli d’eau, soit dans un sac, ou, de préférence, dans une boite de chasse où on les dépose dans de la mousse ou de l’herbe humide. La meilleure saison pour la chasse des Batraciens est le printemps. A partir du mois de mars et d'avril on les trouve dans les étangs, dans les mares, les fossés, les prés humides, les bois ombragés, les fentes des vieux murs, sur les arbustes, etc... Beaucoup d'espèces se cachent pendant le jour et ne sortent que le soir. Lorsqu'on chasse dans des eaux stagnantes, on peut capturer non seulement des sujets des deux sexes, mais en même temps les jeunes ou {#tards dans leurs différentes phases de développement. Les tétards des Batraciens sont très intéressants à observer et on peut se livrer, au moyen d'un aquarium, à cette étude qui présentera beaucoup plus d’attrait que celle de vul- gaires Poissons rouges. Batraciens anoures. Ces Batraciens vivent dans des conditions très variables. Les ARainettes se tiennent pen- dant le jour sur les arbustes où elles demeurent immo- billes sur les feuilles; à la fin de l'automne elles rega- gnent l’eau. Elles sont faciles à capturer la nuit, à 20 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE l’aide d’un petit troubleau, dans les murs où leur chant décèle leur présence. Les Grenouilles vertes sont aquatiques; elles se pren- nent ordinairement à la ligne. 4 La Grenouille agile se trouve en abondance dans les prairies et les bois humides, en compagnie de la G Gre-4 nouille rousse. | Les Pelodytes doivent être recherchés, pendant lesA belles nuits d'été, au pied des murs oulelongdes petilss ruiSSeAUX. j Les Alytes, très communs en France, vivent en colo-. nies dans les vieilles carrières, dansles talus ou le long des murailles qui bordent les chemins. On peut en recueillir un grand nombre en les cherchant le Soir” avec une lanterne dans les lieux où ils chantent. Les Pelobates habitent les dunes de notre littoral, où, ils restent enfouis tout le jour dans les sables pour ne. sortir qu'à la nuit. Le Sonneur igné fréquente les eaux stagnantes ou croupissantes de peu de profondeur. | Les Crapauds ne sortent guère que le soir ou quand le temps est doux et pluvieux. Ils se creusent des trous peu profonds, ou s'emparent de la galerie d'un mulot ou d’une taupe. On les trouve aussi sous les pierres, sous les tas d’immondices, dans le voisinage des fu miers. Le Crapaud calamite est presque exclusivement noc- turne. Dans le nord de la France, il est commun dans les dunes où il s’enfouit dans le sable. Bu:raciens urodèles. — Ces animaux sont aquatiques et terrestres. On les trouve dans les milieux les plus vas L 0 D } PRÉPARATION ET CONSERVATION DES REPTILES 21 riés, mais le choix des sujets est important pour le na- turaliste : on sait que ces Batraciens subissent des mues fréquentes et qu'ils ont la faculté de refaire cer- taines parties de leur corps qu'ils ont perdues; il faut autant que possible ne choisir que des sujels ne pré- sentant aucun de ces cas accidentels. | Les Salamandres doivent être recherchées dans les vieilles carrières, sous les pierres, dansles bois où elles s'abritent pendant le jour entre les racines. Les Tritons mar brés se rencontrent surtout au mois de mars dans les fontaines, les fossés, les réservoirs d’eau | pluviale. Durant le reste de l’année on les trouve, en compagnie des Salamandres, dans les lieux humides etobscurs, dans les décombres, sous les pierres et les vieilles souches. Le Triton palmé, commun aux environs de Paris, habite les eaux courantes ou croupissantes. PRÉPARATION ET CONSERVATION DES REPTILES ET DES BATRACIENS Au retour d'une excursion, le premier soin du natura- liste doit être de tuer les animaux qu'il a capturés. Pour cette opération on emploie généralement de l'éther ou de l'alcool; l’éther est préférable parce qu’il agit d’une manière plus rapide. Pour augmenter son action délétère on y ajoute de l’arsenic. La préparation des Reptiles, de même que la chasse de ces animaux, diffère selon l’ordre auquel ils appar- tiennent. On emploie deux procédés pour leur prépara- tion : 22 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE 1° Conservation par voie humide. è 2° Empaillage. Les Tortues et les grands serpents ne peuvent être | conservés que par ce dernier procédé. | Conservation par voie lyumide. — Les Reptiles se prétant | mal à l’empaillage, on préfère généralement les con- server par vole humide. | On commence par laver soigneusement les sujets" dans l’eau et par extraire les objets volumineux qu'ils peuvent avoir dans les intestins, ce qu'on reconnaît à un bourrelet plus ou moins gros formé par les corps étrangers qu’ils ont avalés. Les Serpents, principale- ment, grâce à l’élasticité de leurs mâchoires, avalent des animaux souvent très volumineux. Dans ce cas, on saisit le serpent par la queue et on le tient suspendu la tête en bas; avec la main gauche on presse au-dessus de la grosseur et on la fait descendre lentement vers la gueule où elle s'arrête le plus souvent. Alors on place. le serpent sur une table et à l’aide d’un crochet intro-. duit dans la gorge on extrait l’objet qu'il avait avalé. Pour les Batraciens, ilsuffit de distendre les mâchoires : et à l’aide du crochet on opère comme nous venons de l’indiquer. On place. ensuite les Reptiles dans des flacons rem- plis d'alcool réduit avec de l’eau distillée jusqu'à ce! qu'il ne pèse plus que 40 à 45 degrés centigrades. « Le liquide plus concentré, dit M. Lataste, les momi- fierait et les rendrait méconnaissables ; du reste, il agit rapidement à travers leur peau nue. Après un certain temps de séjour dans les flacons, un animal s’est par- faitement imprégné de la liqueur préservatrice et il PRÉPARATION ET CONSERVATION DES REPTILES 23 peut se conserver indéfiniment sans altération. Mais, dans les débuts, il aura fallu plusieurs fois changer ou _ filtrer son bain. Pour les Reptiles écailleux j'emploie | de l'alcool de 80 à 90 degrés centigrades. Autant que possible je plonge l’animal vivant dans la liqueur, afin qu'il s’en imbibe mieux. S'il est trouvé ou m'est apporté déjà mort, j'ai soin de lui ouvrir propre- ment le ventre sur une certaine longueur, afin que l'alcool puisse assez vite imprégner ses chairs. Sans cette précaution, la corruption étant très rapide chez ces animaux et l’endosmose très difficile et très lente à travers leur peau chitineuse, les intestins se pourri- raient, l'épiderme se soulèverait par place et l’objet serait complètement détérioré. Pour les reptiles nus, comme pour les écailleux, il faut prendre des vases assez grands, afin que l’eau contenue dans le corps de l’ani- mal n'affaiblisse pas sensiblement la liqueur et avoir soin, au premier signe de fermentation, de renouveler le liquide, ou, du moins, de filtrer l’ancien et d’aug- menter son degré en ajoutant de l’alcool. Quelques personnes conservent les serpents dans des tubes. Si le tube est fermé à la lampe, l'évaporation est impossible; mais il faut briser le tube quand on veut prendre l’ani- mal en main pour l’élude, et des bouchons de liège seront bien vite altérés par le contact direct de l’alcool. , Il faut d’ailleurs observer que l’on ne peut mettre en tube que des objets déjà complètement saturés d’alcool, sans quoi la très petite quantité de liquide que peut contenir le tube serait vite modifiée et perdrait ses pro- priétés. » L'emploi des flacons pour la conservation des Rep- 2% HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE tiles est donc le meilleur procédé à adopter ; mais le bouchage des flacons n’est pas sans présenter de grandes difficultés. Nous empruntons à M. Lataste les rensei- gnements si précis qu'il a donnés à ce sujet : « L'alcool dissout les cires, les corps gras, attaque le liège, le caoutchouc. Pour un musée ou une collection qu'on ne doit jamais remuer de place, on peut prendre des vases en forme d’éprouvette et les couvrir avec une rondelle de verre usée à l’émeri, ainsi que l'ouverture du flacon. On peut même se dispenser de cette dernière précaution et mastiquer avec de la cire à modeler, insoluble dans l'alcool, la très petite fissure qui sépare le flacon de son couvercle, ou même simplement enve- lopper la rondelle et le haut de l’éprouvette avec plusieurs doubles de feuilles minces d’étain, collées sur le joint avec une dissolution épaisse de gomme ara- bique et couvrir le tout d’un parchemin mouillé et tendu. Mais pour une petite collection, destinée à changer souvent de local, ce procédé ne vaut rien. Il faut forcément user de bouchons de liège qu'il sera convenable de couvrir d'une feuille métallique. On choisira alors des flacons dont le goulot soit aussi étroit que possible, afin de diminuer la surface d’éva-. poration, et l’on aura soin, de temps en temps, de réparer les pertes de chaque flacon par de nouvelles additions d'alcool. Les flacons à conserves, à bouchons : de verre, rendraient de grands services s’ils avaient une forme convenable, car, avec de la cire à modeler, on peut complèter le bouchage et le rendre à peu près hermétique. Quand on met un animal en flacon, il faut avoir soin de noter, avec la date et le lieu de la capture, PRÉPARATION ET CONSERVATION DES REPTILES 25 les couleurs de l'iris et même de la robe, car l'alcool les altère très vite. On conservera cependant beaucoup de teintes et de nuances si l’on tient ses flacons dans un lieu obscur. » Empaillage des Reptiles et des Batraciens. — C'hélonens (Tortues). — Les Tortues ont le corps protégé par une cuirasse écailleuse formée de deux pièces : la partie supérieure ou carapace et la partie inférieure ou plas- tron. Avant de commencer la préparation d’une Tortue il faut s'assurer si la carapace est intimement unie au plastron et ne forme qu’un seul corps avec lui, ou si elle y est seulement réunie par un cartilage. Dans le premier cas, on sépare ces deux pièces au moyen d'une scie très fine, en ayant soin de ne pas entamer les bords de ces parties ; dans le second cas, on les sépare en coupant le cartilage avec un scalpel. Les extrémités de l'animal restent adhérentes à la carapace. Lorsque le plastron est enlevé on place la Tortue sur le dos et on extrait facilement les intestins et les viscères. On détache les pattes, le cou et la tête en coupant leurs articulations près de la carapace, mais en ayant soin de ne pas couper la peau. On dépouille les jambes de derrière que l’on refoule de dehors en dedans pour en détacher facilement la peau. Il n’est pas nécessaire de laisser une partie des os et on détache tout ce que l’on peut enlever sans léser la peau. On passe ensuile à la queue que l’on dépouille avec précau- tion ; si l’on craignait de la casser, on la fendrait par dessous, on l’écorcherait en rejetant la peau sur les côtés, puis on la passerait au préservatif (A) ; il suffirait (1) On emploie généralement comme préservatif le savon arsenical > 26 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE de la recoudreensuite et de la bourrer. On dépouille les jambes de devant de la même manière que les autres puis le cou et la tête ; le crâne doit être vidé par le trou occipital sans l'agrandir ; les yeux enlevés sont rempla- cés par de l’étoupe hachée que lon place dans les orbites. Lorsque la tête est nettoyée de toutes ses chairs, on passe sur les os et sur tout l’intérieur de la peau une couche épaisse de préservatif, puis on bourre toutes les parties avec de l’étoupe hachée. On peut alors placer les fils de fer. Une carcasse entière n’est pas nécessaire, parce que l’animal étant toujours porté sur son plastron et non sur ses paltes, il suffit de faire dessécher celles- ci dans une bonne attitude pour qu’elles la conservent toujours ; mais il n’en est pas de même de la tête : on y passe toujours un fil de fer pour pouvoir la maintenir dans une direction quelconque. Le cou des Tortues, lors- qu'il n’est pas très tendu, offre des plis de la peau qui doivent être conservés. Si le préparateur ne se sentait pas assez habile pour cela, il représenterait l’animal le cou tendu, mais cette attitude est toujours disgra- cieuse. (Boitard.) Pour placer les fils de fer on les dispose comme pour les Mammifères ; on passe successivement des fils dans les pattes, la queue et le cou, on les réunit solidement ensemble et on achève de bourrer. Ine reste plus qu’à replacer le plastron que l’on unit à de Becœur ; on trouve cette préparation chez M. Deyrolle, natura- liste. Pour employer ce savon on le délaie avec un peu d’eau et, à l’aide d’un pinceau on l’étend sur la peau des sujets qu’on veut préparer. Lan Me tant CRE Ed Hs du de, 7, à) on DE, PRÉPARATION ET CONSERVATION DES REPTILES 27 la carapace avec de la colle forte, ou mieux encore en perçant sur les bords du plastron et de la carapace des trous qui se correspondent et par lesquels on passe des fils de fer que l’on tord ensuite au moyen d'une pince. On donne à la tête et aux jambes une attitnde natu- relle ; on colle avec de la gomme les yeux artificiels dans les orbites, on place le sujet sur un socle en bois et on laisse sécher. Avant de le placer dans la collection, on peut passer sur toutes les parties une couche de vernis à l'alcool. Sauriens (Lézards). — Les Sauriens sont faciles à empailler ; mais la peau doit être tenue constamment humide pendant l'opération. On les dépouille à peu près comme les Mammifères ; on pratique une fente longitudinale sous le ventre et on la prolonge jusqu’à l'extrémité de la queue en ayant bien soin de ne pas faire tomber les écailles de la peau. Si néanmoins il y en a quelques-unes qui se détachent, on les recueille pour les recoller après l’empaillage. La peau de la tête ne doit pas être retournée ; on défonce la voûte du pa- lais pour extraire la cervelle et les yeux ; par une inci- sion sous la mächoire on arrache la langue. On passe sur tout l'intérieur du corps une couche de préservatif; on fait une carcasse artificielle en fil de fer, comme nous l'indiquons pour la préparation des Batraciens, puis on bourre le sujet et l’on recoud l’incision ven- trale ; on place les yeux artificiels et on fixe l’animal sur un socle en bois, après lui avoir donné une attitude naturelle, puis on le vernit à l’alcool et on laisse sécher. Certaines espèces ont une crête membraneuse sur la tête ou le dos, on comprime cette crête entre deux 28 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE petites plaques de liège ou de carton que l’on main- lient jusqu'à dessiccation complète ; au moyen d'é- pingles, on écarte les doigts des pattes. Ophidiens (Serpents). — Les Serpents demandent beaucoup de précautions pour être préparés. Quand on manie le corps d’un serpent venimeux, on doit éviter d'être blessé par une de ses dents. Dans ce cas, il est prudent d’arracher provisoirement les crochets. Avec une pince on saisit les vésicules qui renferment le venin et on les coupe avec des ciseaux le plus près possible de la mâchoire. Lorsque l'animal sera préparé et suffi- samment desséché, on pourra toujours figurer ces vési- cules avec de la cire et y implanter les crochets après les avoir plongés dans l’alcali volatil. On peut empailler les Serpents par deux procédés: « On étend le Serpent sur une table, le ventre en haut et la tête en avant, puis appuyant de la main gauche sur le cou du reptile, afin de l’assujettir en position, on pratique avec un scalpel une incision longitudinale sur la peau du ventre. On donne à cette incision assez d'étendue pour que le dépouillement s'exécute sans peine. Ensuite on dégage le corps de chaque côté, en appuyant vers le dos. Arrivé à l’anus, on dépouille la queue, et, lorsque cette opération est terminée, on dépouille le cou et la tête en laissant la peau adhérente au bout du cräne. On coupe la tête à son articulation avec la colonne vertébrale; on enlève les parties charnues qui recouvrent les mächoires et les os du cräne. On arrache ensuite les yeux et le cerveau; on met de l’étoupe hachée et du préservatif partout à l’intérieur et on retourne la tête de la même manière Mia SR on Mont ge 4 ad ere ete. À PT CARS PRÉPARATION ET CONSERVATION DES REPTILES 29 _ que pour les autres reptiles. Ensuite on retourne la peau du corps. On introduit par le sommet du crâne ou par la gueule du serpent un fil de fer un peu plus long que le corps de l’animal et on le pousse jusqu'à l'extrémité de la queue. On bourre ensuite le corps avec de l’étoupe ou bien de la sciure de bois et on fait les coutures de la peau en ayant bien soin de ne pas perdre les écailles qui se détachent assez facilement. On finit de bourrer la gueule et on place les yeux. » (Chapus.) Le second procédé consiste à écorcher les Serpents par la gueule: on ouvre fortement les mâchoires en profitant de leur extrême facilité de dilatalion qu'on favorise encore en coupant les muscles qui les réu- nissent; on pratique à la base du crâne une incision circulaire qui permet de détacher le cou à sa naissance. Lorsque le cou est bien détaché, on renverse la mâchoire inférieure d’un côté et le crâne de l’autre et on saisit avec des pinces le tronçon qui se présente à l'ouverture; on le tire à soi et on l’écorche en ren- versant la peau jusqu’à ce qu’on parvienne aux dernières vertèbres qu'il est prudent de ne pas chercher à dépouiller. Le corps étant complètement dégagé, on s'occupe de la tête; par un trou pratiqué à la partie inférieure du crâne on extrait la cervelle et les yeux, en ayant soin de ménager les plaques caractéristiques qui couvrent la tête et qu'on pourrait endommager en essayant de retourner la peau. On enduit tout l’intérieur de la peau d’une couche de préservatif, puis on prend un fil de fer d’une longueur 30 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE proportionnée à celle du reptile, on l'entoure d’étoupe et on le place dans la peau qu’on fait remonter par- dessus jusqu'à ce qu'elle ait recouvré sa forme primi- tive; ce fil de fer doit atteindre jusqu'à l'extrémité de la queue sans la dépasser. On referme les mächoires et on les maintient en place au moyen d’une ligature. On pose les veux artificiels et on donne au sujet une attitude naturelle. On peut le monter sur des tiges de cuivre, ou le représenter enroulé comme dans la figure ci-contre. Dans ces deux cas, on le place sur un socle en bois. Pour les grandes espèces, il faut chercher surtout à leur donner une attitude qui n’exige pas une place trop grande dans la collection. Lorsque le Serpent est en position, on le lave avec soin, puis on l’éponge en passant à plusieurs reprises un linge bien sec sur ses écailles ; on enduit ensuite tout le corps d’une bonne couche d'essence de térébenthine qui a l’avantage de hâter la dessiccation tout en ravi- vant les couleurs ternies des écailles. Il ne reste plus qu'à le vernir à l'alcool et à le placer dans la collection. « Les yeux des Serpents sont recouverts, comme tout le reste du corps, d’un épiderme écailleux qui tombe et se renouvelle chaque année; c’est cette écaille qui, en ternissant un peu l'œil de ces animaux, leur donne ce regard terne et sinistre si effravant. On peut remplacer cette écaille par une goutte de vieux vernis un peu épais el mêlé à une parcelle de vermillon. C’est surtout dans les serpents à crochets que cette méthode produit un effet que l’on ne soupconnerait pas avant de l’avoir employée. » (Boitard.) Elaphis Œsculapii, p. 30, 32 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE Batraciens. — Les Batraciens se prêtent mal à l’em- paillage et exigent une grande habileté chez le prépa- rateur; aussi emploie-t-on généralement le mode de conservation par voie humide, au moyen des procédés que nous avons indiqués au commencement de ce chapitre. Pour ceux qui préfèrent conserver les Batra- ciens par l’empaillage, nous indiquons les procédés que l’on emploie ordinairement. On pratique sous le ventre une fente longitudinale | depuis la gorge jusqu'à l’anus; avec le manche du scal- | pel, on dégage la peau des deux côtés et principalement | vers le dos, on fait sortir la partie supérieure des « cuisses et on sépare le fémur du tibia. Après avoir dé- pouillé l'abdomen, on refoule la peau vers la partie » supérieure du tronc et on coupe chaque humérus à son articulation avec l’omoplate. On sépare ensuite la tête du tronc et on nettoie les membres et les os. La peau ne doit être détachée de la tête que jusqu’à l'extrémité du museau. On enlève la langue, les yeux, et on rem- « plit les orbites de coton haché; le museau et les mä- choires sont garnis d’étoupe et, après avoir refoulé doucement le crâne de as en haut, tandis qu'on tire la peau en sens inverse, on retourne la tête. On étend à l’aide d’un pinceau une couche de préservatif dans | tout l’intérieur. On bourre le corps avec de l’étoupe « finement hàchée, sans trop la comprimer, de manière à conserver à l’animal ses formes naturelles. «On coupe cinq fils de fer d'une grosseur et d’une longueur proportionnées à la taille et au volume de l'échantillon. Deux de ces fils servent pour les pattes de devant, deux autres pour celles de derrière. Le cin- « PRÉPARATION ET CONSERVATION DES REPTILES 33 quième fil est courbé en anneau à une de ses extré- mités, tandis que l’autre est introduite dans le sommet de la tête : on réunit les fils de fer des jambes et on les fait passer dans l’anneau de la traverse du milieu, on y réunit également les fils de fer des pattes anté- rieures et, à l’aide d’une pince, on assujettit ce sque- lette artificiel en tordant le tout ensemble; puis on achève de bourrer et on coud la peau. » (Chapus.) La couture doit être faile à points très rapprochés; on peut la dissimuler en collant dessus une bande de papier fin, sur laquelle on passe ensuite une couche de la couleur du ventre de l’animal. Quelques préparateursemploientune méthode plus ex- péditive qui consiste à dépouiller l'animal sans faire d’in- cision à la peau et à extraire par la bouche le corpsenun seul tronçon, comme nous l’avons indiqué pour les Ser- pents, mais cette méthode offre de grands inconvénients pour les Batraciens et n’est généralement pas employée. Si on prépare un Batracien Urodèle (Salamandre, Triton), on emploie le même procédé que nous avons indiqué pour les autres Batraciens; on ajoute simple- ment à la charpente artificielle un sixième fil de fer que l’on passera dans la queue pour la soutenir. Il ne reste plus qu’à fixer l’animal sur un socle en bois; on y pratique quatre trous suivant l’écartement des jambes et on y fait passer les quatre fils de fer que Von fixe sous le socle en les recourbant. On donne au | Batracien une attitude naturelle ; la bouche devra être bourrée légèrement avec du coton et maintenue fermée à l’aide de petites épingles; les yeux artificiels, que l’on devra toujours choisir de la couleur de ceux du 3 34 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE sujet, seront fixés dans les orbites au moyen de gomme, puis, après avoir laissé sécher l'animal, on passera sur tout son corps une couche de vernis à l'alcool. Mode d'emballage et d'erpédition des Reptiles et des Batru- ciens. — L’amateur ou l’Herpétologue qui veut expédier ces animaux, Soit à un correspondant pour faire des échanges, soit à un naturaliste pour les faire préparer, est souvent fort embarrassé pour trouver un mode d'expédition. Ces envois, en effet, peuvent être sou- vent refusés par tel ou tel bureau de poste, quoique n'étant pas de nature à détériorer les correspondances. On peut toujours commencer par les présenter à la poste et, en cas de refus, les expédier comme colis postal par chemin de fer. S'il s'agit d'envoi de reptiles morts, on doit emballer les animaux dans de la mousse ou dans des herbes fraiches. Lorsque les sujets ont été placés dans l'alcool avant d’être expédiés, il faut les éponger avec soin et au besoin les rouler dans une enveloppe souple et imperméable. Si les animaux sont vivants, il faut les placer dans une caisse en bois remplie de foin pour éviter le bal- lottement. Les pores du bois et les joints de la caisse laisseront filtrer assez d'air pour que ces animaux puis- sent y vivre longtemps. On peut encore ménager dans un coin de la caisse une petite ouverture recouverte en toile métallique. Mais on ne saurait prendre {rop de précautions pour les Serpents venimeux et il n'est pas prudent d’expédier ces animaux vivants. Quant aux Tortues, elles ne réclament aucun soin particulier et peuvent même supporter dans ces conditions ‘un voyage d'environ quinze jours. NS ET OT TE ee TP Dar ae FAUNE HERPÉTOLOGIQUE DE FRANCE REPTILES PREMIÈRE SOUS-CLASSE REPTILES PROPREMENT DITS Respiration pulmonaire dès la naissance. — Pas de métamor- phoses. — Corps protégé par une carapace ou des écailles ct revêtu d’un épiderme corné. __ Ces Reptiles se divisent en trois ordres, ainsi que nous l’avons déjà dit : Ordre 1. — Chéloniens (Tortues". Ordre II. — Sauriens (Lézards). Ordre IT. — Op'udiens (Serpents). ORDRE I. — CHÉLONIENS Les Chéloniens, plus connus sous le nom de Tortues, sont caractérisés par la boîte osseuse nommée carapace 36 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE qui protège leur corps et qui est presque toujours recouverte de plaques écailleuses ou d’écussons; ces plaques constituent ce qu'on appelle l’écaille. Ces Reptiles sont tous pourvus de quatre pattes; leur corps est court et leur forme généralement ovale, plus ou moins aplatie, mais toujours plus large que haute. Ils n’ont pas de dents, mais leur bouche est ordinaire- ment armée d’un bec corné, à bords tranchants. Leurs yeux sont toujours protégés par trois paupières. La carapace des Tortues est formée de deux par- ties : la partie supérieure que l’on désigne sous les noms de dossière où bouclier et la partie inférieure ou plastron. | «La jonction entre ces deux parties est constituée par une masse cartilagineuse qui tantôt reste molle pendant toute la vie, tantôt s’ossifie; il en résulte que le bouclier et le plastron forment par leur union une sorte de capsule, ouverte seulement à l'avant et à l’arrière pour donner passage à la tête, aux pattes et à la queue, et dans laquelle le corps est presque complè- tement renfermé. La longueur du cou et de la queue varie beaucoup suivant les Lypes examinés; il en est de même de la forme et de la longueur des membres qui peuvent avoir la forme de moignons tronqués ou être disposés en puissantes nageoires. » (Brehm.) On divise les Tortues en quatre familles; cette divi- sion est basée sur la conformation de leurs pattes : Famille 1. — Tortues terrestres ou Chersites (Pattes ter- minées en moignons). Famille II. — Tortues de mer où Thalassites (Pattes en forme de rames). CHÉLONIENS Tortue mauritanique, p. 39, * Chelonnée franche ou Chelonia midas, p. 40. 38 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE Famille TE. — Tortues fluviales où Potamites (Pattes largement palmées). Famille IV. — Tortues palustres où Elodites (Paites palmées, à doigts mobiles et armés de cinq ongles. FAMILLE 1! Tortues terrestres ou Chersites Ces Tortues ont la carapace généralement bombée et formée d’une seule pièce. Les pattes ont cinq doigts, les pattes postérieures ne sont armées que de quatre ongles. Une seule espèce peut être considérée comme appar- tenant à la faune française : Kortue grecque (Testudo Græca, Lin.) Cette Tortue a la carapace très bombée, assez variable de forme, généralement ovalaire, un peu plus large en arrière qu'en avant. Elle a été souvent confondue avec la Tortue Mauresque, dont elle diffère par le ster- num qui est immobile en arrière, par sa queue plus longue et dont l'extrémité est recouverte d'un revé- tement corné qui manque chez l’autre espèce. Sa tête est massive, plus épaisse que le cou, garnie en dessus de petits écussons et peut se retirer dans la carapace, dont la couleur est d’un jaune vert avec des taches d’un noir foncé. Sur le plastron, ces taches sont triangulaires. Ses pattes sont courtes et armées de cinq doigts, dont le cinquième est rudimentaire. Cette espèce atteint, en général, 30 centimètres de longueur; son poids ne dépasse guère 2 kilogrammes. La Tortue Grecque recherche les terrains sablonneux +7 CHÉLONIENS 39 et boisés et aime à se réchauffer aux rayons du soleil. « Nous nous rappelons, dit Bibron, qu’en Sicile où ces animaux sont très communs, c'était toujours au moment le plus chaud de la journée que, sur le bord des chemins, nous en rencontrions dont la carapace avait acquis un degré de chaleur telle qu'à peine pouvions-nous endurer la main sur le test. » Elle se nourrit principalement de végétaux, d'herbes, de racines et dévore aussi des Mollusques, des insectes et des vers. A l'approche de l'hiver elle se creuse un trou dans le sol à une certaine profondeur et s’y enfouit jus- qu’au retour du printemps; elle reparait généralement vers le mois d’avril. On peut la conserver facilement en captivité en la nourrissant de légumes et de feuilles de salade qu’elle coupe avec son bec comme avec des ciseaux. En la pro- tégeant contre le froid on peut la conserver très long- temps. Ses œufs sont plus ou moins sphériques, à coque cal- caire et solide. Elle les dépose dans un trou en terre. Les petits naissent avec une carapace hémisphérique unie et sans trace de carène. Cette Tortue, qui habite toute l'Europe méridionale, ne se rencontre que dans le Midi de la France, dans nos départements du littoral de la Méditerranée où elle a été importée du Sud de l'Italie. La Tortue mauresque (7estudo Mauritanica Dum. et Bibr.) qui a été souvent confondue avec la précédente, n'appartient pas à la faune francaise et si nous en parlons ici c’est parce qu’elle est très com- mune sur nos marchés où elle est fréquemment im- 40 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE portée d'Algérie. Très facile à nourrir, elle s’acclimate fort bien, est recherchée comme objet de curiosité et élevée dans les appartements ou dans les jardins. FAMILLE II Tortues de mer ou Æhalassites Ces Tortues sont caractérisées par leurs pattes en forme de rames, qui sont dépourvues d’ongles et leur servent pour s’accrocher aux corps solides. Essentiellement marines, elles se nourrissent de plantes aquatiques, de Mollusques et de Crustacés. On les divise en deux genres : Les Chélonées, Les Sphargis, suivant que la carapace est protégée par des lames carrées ou recouverte d’une peau dure et coriace. Ces Tortues, qui sont recherchées pour l'alimentation, peuvent atteindre une taille colossale et on trouve des Sphargis pesant 800 kilogrammes et des Chélonées de 400 à 500 kilogrammes, dont la carapace mesure plus de cinq mètres de circonférence et près de deux et demi de longueur. | Les Thalassites n’appartiennent pas à la faune fran- çaise, mais nous devons mentionner ici cette famille, ces Tortues étant fréquemment harponnées au large de nos côtes, ou capturées sur notre littoral où elles viennent s’échouer. Les espèces que l’on rencontre le plus souvent sur nos côtes sont le Luth (Sphargis coriacea),\es Chélonées franche et Caouanne et surtoui le Caret. CHÉLONIENS Tortue luth ou sphargis, p. 40, 41 12 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE + * FAMILLE HI 4h: RER Tortues fluviales ou Potamites Nous ne citons ici que pour mémoire celte famille composée d'espèces exotiques habitant les grands fleuves des régions chaudes. Ces Tortues peuvent al- teindre de grandes dimensions et peser jusqu’à 35 kilo- grammes. FAMILLE IV Fortues palustres ou Elodites Dans cette famille intermédiaire entre les Tortues terrestres et aquatiques, la carapace est peu élevée, de forme ovale et souvent séparée par une ligne médiane plus ou moins prononcée. Les pattes ont cinq doigts mobiles et armés d'ongles. Les Elodites sont d’une taille moyenne ou petite el vivent indifféremment sur le bord des rivières, dans les marais ou dans les prairies humides. Ces Tortues ont été divisées en deux tribus : Les Cryptodères, dont la tête peut rentrer entièrement dans la boîte osseuse, Les Pleurodères, dont la tête ne peut être retirée dans la carapace. Cette dernière tribu n’a pas de représentants en Eu- rope. La tribu des Cryptodères est représentée en France par un seul genre: CHÉLONIENS Cistudo Europæa, p. LE =, HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE LL Genre Cistudo (Flem.), Cistude « Pattes à cinq doigts, les postérieures à quatre ongles seulement; plastron large, ovale, attaché au bouclier par un cartilage, mobile devant et derrière sur une même charnière transversale et moyenne, gar- nie de douze plaques, vingt-cinq écailles au limbe de la carapace, » (Dum. et Bibr.) Cistude d'Europe (Cistudo Europ:a, Dum. et Bib.). Dans cette espèce la carapace est arrondie, déprimée et carénée dans sa partie médiane chez le mäle, de forme elliptique à peine carénée chez la femelle. Cette carapace est d’un noir rougeâtre, avec ou sans stries Jaunâtres, rayonnant du centre d’accroissement à la périphérie des écailles. Le plastron est marbré de brun rougeâtre sur fond jaune, ou de jaune sur fond brun. Les membres sont noirs en dessus, rougeâtres en dessous, avec des points et des taches jaunes. Les membres antérieurs sont palmés et ont cinq doigts munis d'ongles aigus et recourbés. Les membres posté- rieurs, un peu plus longs, ont quatre ongles. La queue est arrondie, pointue et couverte d’écailles aplaties. Cette Tortue, dont la longueur varie de 30 à 38 centi- mètres, recherche les étangs et les marais peu profonds, où elle aime à s’enfoncer dans la vase. C'est surtout au mois de mai qu’on peut capturer des Cistudes avec des filets, au troubleau et même à la ligne de fond. « On les voit parfois se reposer au-dessus de l’eau, sur des tas de broussuilles, d’où elles se iaissent choir à la moindre alerte. J'ai observé qu’elles pouvaient également se Loi SAURIENS 45 tenir immobiles à la surface de l’eau en gonflant d'air leurs poumons ; elles expirent une partie de cet air quand elles veulent se rendre plus denses que l’eau et aller au fond. » (Lataste.) Pendant l'hiver, la Cistude s’enfouit au fond des marais pour ne reparaitre qu'au printemps ; elle est carnassière et se nourrit d'insectes, de vers, de mol- lusques. Elle nage avec rapidité et poursuit les petits poissons qu'elle commence par tuer à coups de bec et dévore ensuite. Ses œufs, qui ont une légère coque calcaire et résis- tante, sont très allongés, atténués vers un bout, blancs, légèrement marbrés de gris sale. Leur longueur est de 30 millimètres et leur largeur de 20 millimètres. Cette espèce, que l’on désigne souvent sous les noms de Tortue jaune ou Tortue bourbeuse, habite principale- ment le Midi de la France. Dans la Charente-Inférieure, on la trouve dans les marais aux environs de Royan. Dans le département de la Gironde, elle n’est pas rare dans les pâturages entrecoupés de fossés du littoral, à Soulac, au Verdon, à Facture; dans cette dernière localité, elle abonde dans les mares et les fossés remplis d'herbes et de troncs d’arbres que côtoie la ligne du chemin de fer. On peut conserver les Cistudes en domesticité en leur donnant de la viande pour nourriture. ORDRE II. — SAURIENS Les Sauriens sont des reptiles à corps allongé, arrondi, écailleux ou chagriné et sans carapace. Ils 46 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE ont le plus souvent quatre pattes, à doigts garnis d'ongles, une queue allongée, les veux recouverts de paupières, des mâchoires dentées à branches soudées, Ils pondent, pour la plupart, des œufs à coque résis- tante, coriace, crétacée, mais non solide, Duméril et Bibron ont divisé les Sauriens en huit familles, 1° Crocodiliens. 2° Caméléoniens. 3° (reckotiens. 4° Varaniens. d° Zquaniens. 6° Lacertiens. 1° Calcidiens. 8’ Scincoidiens. Trois familles seulement, les Geckotiens, les Lacertiens et les Scincoïdiens ont des représentants en France. FAMILLE DES GECKOTIENS Les Geckos, que l’on désigne aussi sous les noms d’Ascalabotes et de Tarentes, sont des Sauriens de petite taille, dont le corps est déprimé, trapu, le cou très court la tête large, aplatie et enfoncée entre les épaules, la queue épaisse, mais fragile, les pattes courtes, garnies de doigts presque égaux en longueur et le plus souvent aplatis en dessous, où ils sont garnis de lamelles régulières et imbriquées. On peut dire des Geckotiens que ce sont les plus laids de nos Sauriens. Essentiellement nocturnes, ils ont des couleurs ternes et sombres, une bouche large, une langue courle et charnue, des yeux très grands, 150 | | | | | | | SAURIENS 47 une peau garnie d'écailles granuleuses, souvent par- semée de tubercules. Cet ensemble peu flatteur justifie la répulsion naturelle que l’on éprouve pour ces ani- maux et a donné naissance à des légendes aussi ridi- cules qu'invraisemblables. Les Geckotiens sont des animaux absolument inoffensifs, qui cherchent tout au plus à mordre lors- qu'on veut les saisir, comme le font tous les autres Sauriens, du reste. Non seulement les Geckos ne sont pas des animaux nuisibles, mais ce sont des auxiliaires essentiellement utiles, car ils détruisent un grand nombre de moustiques et d’autres insectes bien autre- ment désagréables qu'eux. » (Brehm). Ils se servent de leurs pattes armées d’ongles et dont la face interne est garnie de lamelles pour s'appliquer sur les corps les plus lisses, sur les pierres, les rochers, les murs, où ils grimpent avec la plus grande agilité, et peuvent, grâce à leur corps aplati, se mouler et se dis- simuler dans les moindres creux. Ce sont les seuls Sau- riens ayant réellement une voix et leur cri, composé des deux syllabes gec-k0 leur a fait donner ce nom. Les Geckotiens sont très voraces et détruisent pour leur nourriture une grande quantité d'insectes, de che- nilles, de moucherons et d'araignées. Deux genres de cette famille habitent la France, où ils ne sont représentés chacun que par une seule es- pèce : Genre Platydactylus (Cuv.), Platydactyle Platydactyle des murailles (Put, ydacte ylus muralis, Dum. et Bibr.). Platydactyle des murailles, (p. #1) sa patte vue en dessous. SAURIENS 49 Le Platydactyle est un Saurien de petite taille (0 m. 12 à Om.15). « Le dessus du corps présente des bandes transversales de tubercules ovalaires, relevés d’une carène saillante et entourés à la base de fortes écailles ou d’autres petits tubercules; les bords du trou de l'oreille sont dentelés, tous les doigts sont aplatis et il n’y a que le troisième et le quatrième doigt de chaque patte qui soient garnis d'ongles. Les mâles ont la base de la queue hérissée d’un rang d’é- pines de chaque côté; la queue, légèrement déprimée, présente en dessus des épines formant des demi-an- neaux. Le dessus de la tête est revêtu de petites plaques polygones, convexes, disposées en pavé. » (Brehm.) Le Platydactyle, que l’on désigne en Provence sous le nom vulgaire de Tarente, a une coloration terne assez variable et qui s’harmonise avec les lieux où il habite : le dessus du corps est d’un gris de poussière, ou quel- quefois d’un brun-noir avec des taches grises formant des bandes en {ravers du dos et de la queue ; le ventre est blanchätre. On lerencontre dans les rocherset dans les vieux murs. Il pénètre dans les habitations, principalement dans les caves, où il devient très familier quand il n’est pas in- quiété. Ses mouvements sont extrêmement vifs, mais ce n’est guère qu'à l'entrée de la nuit qu'il s'anime et qu'il se met en chasse à la poursuite des insectes dont il fait sa nourriture. Au lever du soleil il cherche un coin obscur, la fente d’un rocher ou l’abri d'une pierre el y reste immobile tout le jour. II dépose ses œufs entre des pierres où la chaleur solaire les fait éclore. # A AA TL US (COPA a” NI ( ll { ip ui [ALL (M | à NU AT | (AI j dl ls 1 | Re ul Hemidactyle verruculeux, p. SAURIENS 51 Le Platydactyle grimpe avec agilité à l’aide des feuil- lets disposés sous ses doigts et au moyen desquels il fait le vide et peut ainsi se tenir dans toutes les posi- tions, et non pas en se collant aux corps à l’aide d’une matière visqueuse, comme on le croyait autrefois. Cette espèce ne se rencontre en France que dans nos départements du littoral méditerranéen, où elle a été importée, grâce à la facilité avec laquelle ce petit Saurien est transporté dans les marchandises à bord des navires. Genre Hemidactylus (Cuv.), Hémidactyle Iémidactyle verruculeux (//emydactylus verruculatus. Cux.). Ce Saurien a la tête courte, le museau très ob- tus, les doigts. médiocrement élargis, les pouces allongés, rétrécis à la pointe. Sa queue, qui est ronde, fait un peu plus de la moitié de la longueur totale du corps. Les écailles du dos sont entremêlées de tubercules nombreux ; le crane est couvert de petits tu- bercules arrondis. À peu près de la taille du Platydactyle (0 m. 12), il a _ le corps d'une coloration grisätre ou rougeàtre et mar- bré de brun. Chez quelques individus les teintes sont presque noires; le plus souvent les côtés du museau, entre l’œil et la narine, sont marqués d’une bande noire. Cette espèce a les mêmes mœurs que le Platydactyle ; elle est également nocturne et s'introduit fréquemment dans les habitations. On ne la trouve que dans le midi 02 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE de la France, dans la région littorale de la Méditerra- née el principalement dans le Var. FAMILLE DES LACERTIENS Les Lacertiens sont caractérisés par des dents creuses et appliquées contre la paroi interne des mä- choires, par une tête conique plus ou moins pointue, par des doigts allongés et de forme variable selon les genres. La tête est recouverte de plaques qui ont reçu des dénominations différentes en raison de la position qu'elles occupent : rostrales, nasales, etc... Les veux sont grands, munis de deux ou trois paupières. Le tronc, ainsi que le cou, est couvert de petites écailles de forme variable. La longueur de la queue varie selon les espèces; on peut facilement distinguer les deux sexes à l'inspection de la base de la queue toujours plus renflée chez le mâle. Les Lacertiens vivent dans les terrains arides ou sa- blonneux, dans les murailles, dans les ronces, dans les bois ou dans les prairies humides ; ils se creusent des galeries où ils passent l'hiver en léthargie. Ils sont vifs, courent et grimpent avec agilité. [ls recherchent les expositions chaudes et se nourrissent d'insectes, d’a- raignées, de vers et de mollusques. Ces reptiles changent de peau plusieurs fois dans le courant de l'été ; lorsque leur vieille peau se détache partiellement, ils s’en débarrassent par le frottement contre les pierres ou les broussailles. SAURIEXS 53 Genre Lacerta (Lin), Lézard, Dans ce genre le tronc est épais, le dos relevé ou convexe transversalement ; la tête, de dimensions varia- bles, présente un profil plus ou moins busqué. Les Lézards recherchent des lieux différents suivant les espèces; mais tous choisissent de préférence des terrains bien exposés au soleil. C’est, en effet, en plein soleil qu'ils ont la plus grande activité et poursuivent avec ardeur les mouches et les insectes dont ils font leur nourriture. « Ils se tiennent cachés dans leur trou pendant les journées froides et pluvieuses. C'est pourquoi les espèces de nos pays hivernent avant que l'hiver ne fasse ressentir ses rigueurs. Certaines espèces sont, du reste, plus frileuses les unes que les autres. Dans leurs résidences d'hiver qu'ils habitent généralement en commun, les lézards demeurent immobiles, les yeux fermés, la bouche ouverte, dans un état de mort appa- rente ; si on vient à les réchauffer artificiellement, ils reviennent à la vie, respirent, ouvrent les yeux et deviennent de plus en plus gais. » (Brehm.) C’est au moyen de leurs ongles acérés et avec l’aide de leur museau, qu'ils se creusent un terrier étroit, un peu tortueux et terminé en cul-de-sac. Ce terrier, chez les grandes espèces, n’a généralement guère plus de soixante centimètres de profondeur. Ils sont très carnassiers et dévorent une grande quantité d'insectes. Lorsqu'on veut les saisir, ils mor- dent vigoureusement sans lâcher prise, mais leur mor- sure n'est pas venimeuse. Mis dans l’imvossibilité de 54 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE mordre, ils cherchent encore à se défendre avec les ongles. La femelle dépose ses œufs dans un trou creusé exprès dans le sol, souvent aussi sous des pierres ou des débris de végétaux, car ces œufs ont besoin d’une certaine humidité pour se développer. Ils sont oblongs et d’une teinte blanc sale. Le nombre varie de sept à treize, selon les espèces. La queue des Lézards est extrêmement fragile : « Ce membre se rompt au moindre choc ou à la moindre traction. L'animal, ainsi privé d’une partie plus ou moins longue de lui-même, fuit sans paraitre incom- modé par l’accident, tandis que le bout séparé du tronc s’agite sur le sol pendant longtemps encore. Ces rup- tures arrivent fréquemment dans la vie ordinaire des Lézards : la chute d’une pierre dans une rocaille ou la simple morsure d’un congénère jaloux suffisent sou- vent à briser ce membre fragile; à bien plus forte raï- PS sisi son se rompra-t-il si un chien s'amuse avec le petit Saurien,ou si quelque gamin le frappe sur cette partie. La plaie est promptement cicatrisée et la queue repousse assez vite, mais non sans laisser des traces de la fracture, soit dans un trouble de l’écaillure, soit dans un brusque changement de dimension ou de colo- ration. Il arrive quelquefois que, par suite de lésions secondaires ou de pressions faites par un corps étran- ger, La queue se divise, en repoussant, en deux ou plu- sieurs branches, et l’animal, ainsi pourvu de deux ou trois queues, devient pour beaucoup de gens un être fabuleux. Cette partie semble presque, chez le Lézard, un moyen de salut et comme un moyen de tromper qui SAURIENS 25 le poursuit; il laisse volontiers, sinon son habit, du moins sa queue dans les mains de celui qui veut s’em- parer de sa personne. » (Fatio). Nous possédons en France plusieurs espèces de Lézards : Lézard ocellé (Zacerta ocellata. Daud.) Le Lézard ocellé est le plus grand de nos Lézards et en même temps le plus remarquable par la richesse ne € = UP : HN ir) à DR en LE a == Lézard ocellé. de ses couleurs : sur un fond d’un brun verdâtre son corps est ondé de lignes d’un jaune citron; ses flancs sont ornés de taches ocellées d’un bleu cendré et entourées de brun; sa tête est verte et le dessous du corps d'un blanc jaunâtre. Lorsque cet animal est exposé au soleil, ses couleurs présentent un ensemble chatoyant de vert, de bleu et de brun. Dugès (1), qui a étudié spécialement les Lézards de France, a constaté que sa coloration varie à trois âges (1) Ducs, Mémoire sur les espèces indigènes du genre Lacerta. 56 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE différents. Elle est d'abord tachetée, puis ocellée et enfin réliculée. Les écailles du dos sont granuleuses, arron- dies, convexes et juxtaposées, Ce Lézard, qui atteint fréquemment une longueur de près d’un demi-mèêtre, s'établit de préférence dans un sable dur, sur une pente rapide et abrupte, exposée au midi ou au sud-est, et recherche les racines des vieilles souches el les vieilles murailles. Agile et robuste, il poursuit incessamment les gros insectes dont il fait sa nourriture : Cigales, Sauterelles, Hannetons, etc... Il s'attaque aussi aux petits mammifères, aux jeunes oiseaux, et fait volontiers sa proie d’autres Lézards plus petits. On l’accuse même de dévorer Les œufs des petits oiseaux. « Lorsqu'il observe une proie, dit Schinz, il l'épie avec des yeux brillants fixement dirigés sur elle, puis se jette dessus avec une extrême rapidité; il la saisit entre ses mächoires, puis l’avale après l'avoir plusieurs fois secouée, » Plus paresseux que les autres Lézards, il est le der- nier à apparaitre au printemps et le premier à s’engour- dir à l’automne. Quand on veut le saisir, il mord avec acharnement et se défend à l’aide de ses ongles; nous avons déjà dit que sa morsure ne présente aucun dan- ger. Ses œufs, au nombre de 7 à 9,sont oblongs et de cou- leur blanchätre. Le Lézard ocellé habite le Midi de la France; il est très commun aux environs de Nice et de Montpellier, mais c’est à peine s’il dépasse au nord le département de la Charente-Inférieure. AIT +8 SAURIENS 57 Lézard vert (ZLacerta viridis. Daud.). Le Lézard vert est moins grand et moins vigoureux que le Lézard ocellé. Sa taille ne dépasse guère 0 m. 35 de long. La tête est grosse chez le mâle, plus effilée chez la femelle. La queue est presque deux fois aussi longue que le corps. Les écailles du dos, dis- posées en verticilles et légèrement imbriquées, sont granuleuses, arrondies, convexes sur le cou, oblongues et relevées en dos d'âne sur les épaules. PP en de 2e 0 TOMLÉTI SMALL à TS DOUX } Lézard vert. La coloration de ce Lézard est très variable; on ren- contre surtout trois variétés bien définies : Première variété : pointillée de jaune et de noir. « Le dessus du corps etles flancs sont semés d’écail- _ Les jaunes, noires et vertes, entremêlées sans ordre.Sur le fond jaunätre de la tête sont répandus des points jaunes, plus grands, plus clairs que ceux du corps. Chez quelques individus les points jaunes manquent sur le ï "4 58 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE corps, et alors la tête est d’un brun vert uniforme. » (Lataste.) 2e variété : piquelée et à quatre raies. Cette variété présente la même coloration générale, mais de plus quatre raies blanchätres ou jaunâtres, deux sur chaque flanc, une en haut et l’autre en bas. 3° variété : {achetée et à quatre raies. Le dessus de la tête est d’un brun vert avec taches noires et points jaunes. Deux lignes blanches ou jaunes assez larges et irrégulières, partant de l'orbite, s’éten- dent sur les côtés du dos et de la queue. Ce Lézard est svelte, souple, élancé. Au moindre bruit il disparait dans les broussailles. [l se plait dans les herbes touffues, au pied des genêts, dans les bruyè- res et dans les clairières des bois. Il vit d'insectes, d'araignées, de chenilles. Très sauvage, il mord avec rage quand on veut le saisir. Il est cependant très socia- ble et l’on voit souvent plusieurs de ces animaux vivant ensemble. Ils’habitue facilement à la captivitéet devient si familier qu’il vient prendre dans la main les insectes qu’on lui présente; il est surtout très friand des larves de ténébrion, plus connues sous le nom de vers de farine. Il boit fréquemment, surtout si on lui donne de l’eau bien pure. La femelle pond de 11 à 13 œufs, d’un blanc sale et de la grosseur d’un pois. Le Lézard vert, très commun dans certaines parties de la France, ne s’avance guère vers le nord; il n’est pas rare dans la forêt de Fontainebleau. Lézard des souches (Zacerta shrpium. Daud.). Ce Saurien est par sa taille intermédiaire entre le # N + Ep SAURIENS 99 Lézard vert et le Lézard des murailles; il n’atteint généralement guère plus de O0 m. 20. Souvent con- fondu avec le Lézard vert, il en diffère par son corps trapu, son museau court, ses formes peu sveltes., Sa coloration estégalement différente ; sur Le corps s’étend une large bande d’un brun rougeâtre, avec des taches brunes ou noires accompagnées de traits ou de points Jaunâtres ; les flancs sont verts, gris ou bruns, maculés de taches foncées et de points clairs. Lézard des souches. Ce Lézard recherche les plaines et les coteaux; il se tient de préférence dans les haïes, sur la lisière des bois, dans les grands jardins, dans les vignes et sur- tout au pied des buissons rabougris et dans les bruyè- res. « Sa demeure est un trou étroit, plus ou moins profond, creusé sous une touffe d'herbe ou entre les racines d'un arbre; il s’y tient caché pendant l'hiver, après en avoir bouché l'entrée avec un peu de terre ou quelques feuilles sèches. Il n’en sort que dans la belle saison ou lorsque le temps est favorable à Ja 60 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE chasse des insectes dont il fait sa nourriture, tels que les mouches, de petits orthoptères et quelquefois des chenilles. La femelle pond 9 à 143 œufs qui sont cylin- driques et tronqués aux deux bouts. » (Duméril et Bibron., Moins vif que le Lézard vert, il peut néanmoins grim- per avec agilité sur les buissons peu élevés ; il se dé- fend courageusement quand on veut le saisir et s’habi- tue difficilement à la captivité. Il a de nombreux en- nemis et est fréquemment la victime des Couleuvres, des Belettes, des Oiseaux de proie et même des Pies et des Corbeaux. Il est répandu en France, mais rare dans la région méridionale ; il est commun dans les fossés des fortifi- cations de Paris. Lézard vivipare (Lacerla vivipara. Jacquin.). Cette espèce a la tête petite, courte, assez épaisse et busquée vers le museau. Sa queue à environ une fois et demie la longueur du corps. Sa coloration est très variable : le plus souvent sa gorge est bronzée avec des reflets verts-cuivrés et pointillée de noir. Le ventre est orange, ponctué de noir, chaque écaille étant marquée en son milieu d'une ou de deux taches noires. Ce Lézard se nourrit d'insectes, de mouches, de sau- terelles et d'araignées ; on le rencontre aussi bien dans les montagnes que dans le voisinage des eaux, dans les prairies herbeuses et humides. Sa ponte présente une particularité qui lui a fait donner le nom de Lézard vivipare : la femelle pond de 7 à 9 œufs oblongs, d’un blanc de porcelaine. «Quelques minutes après la ponte, SAURIENS. : GI les petits brisent leur enveloppe et s'échappent fort alertes. Ils mesurent alors environ cinquante milli- mètres de long; ils sont entièrement noirs, les faces supérieures à peine un peu plus claires que les infé- rieures. » (Lataste.) Ce Lézard habite une partie de la France; on le ren- contre dans le Nord, dans les Alpes et jusque dans les Pyrénées. Dans la Gironde, il est très commun aux en- rons de Bordeaux, dans les terrains marécageux connus sous le nom d’allées de Boutaut. Lézard gris ou lézard des murailles (Lacerta muralis. Dum. et Bibr.). Cette espèce est la plus commune et sa coloration, peu variable en France, est grise ou rousse; ses flancs sont marqués d'une bande noire bordée de blan- châtre. Sa taille moyenne est de 0 m. 20. C'est lé plus petit et le plus gracieux de tous nos Lézards, et il est si familier qu'on à dit avec raison qu’il était l’ami des enfants, qui ne l’épargnent guère, le mutilent sou- vent et lui font subir mille tortures. ; On le rencontre partout : sur les murs de clôture de nos Jardins, autour des habitations, le long des che- mins, dans les vignes, dans les landes et surtout sur les coteaux pierreux exposés au soleil. Il se nourrit de petits insectes et de mouches et est souvent la proie des couleuvres. Peu frileux, il disparait très tard en automne et sort de son trou dès le mois de février. La femelle pond de 9 à 14 œufs oblongs, ayant 15 millimètres de long sur 11 de large; ces œufs sont élastiques et blancs, quelquefois légèrement mouchetés de gris. A , H,1 7 pl f \ AD * 4 " 4 Ÿ 44 A4 4 V4 Lézard des murailles, p. 61. SAURIENS 63 Ce Lézard est répandu dans toute la France; il est très commun dans le département de la Gironde où on le désigne sous le nom de Sangogne. Genre Psammodromus (Fit), Psammodrome Les Psammodromes se distinguent des Lézards pro- prement dits par leurs doigts faiblement comprimés, carénés au-dessous, sans dentelures latérales et par l'absence d’un véritable repli de la peau en travers du dessous du cou; ils ont des paupières; la plaque dans laquelle est percée la narine n’est pas renflée (Brehm). Psammodrome d’Edwards où hispanique (Psammodromus Hispanicus, Fitz.). Ce petit reptile a le corps grêle et élancé, le museau Psammodrome hispanique. effilé, les membres allongés, la queue longue et sensi- blement aplatie. Sa coloration est d’un gris bleuâtre ou cendré; sa tête est pointillée de brun. Le dos porte, de chaque côté, trois raies longitudinales et parallèles de couleur jaunâtre, interrompues de dis- tance en distance par une petite tache blanche flanquée de deux gros points de même forme, d’un brun noir.Le dessous du corps est d’un blanc luisant avec des reflets irisés, 64 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE « Le Psammodrome habite de préférence les dunes au bord de la mer; il se creuse au pied de quelque touffe de jonc un trou peu profond dans lequel, au moindre danger, il s’élance avec la rapidité d’une flèche, volant, pour ainsi dire, à la surface du sable élincelant. » (Brehm.) Il se nourrit de petits insectes et de mouches. On ne le rencontre en France que dans le Midi, dans la région littorale de la Méditerranée. Genre Acanthodactsglus (Fitz.), Acanthodactyle Ce genre comprend des Lézards dont les pattes sont terminées par cinq doigts faiblement comprimés, ca- rénés en dessous et dentelés latéralement; le cou est garni d’un collier d’écailles en travers. Une seule espèce habite en France : Acanthodactyle vulgaire (Acanthodactylus vulgaris, Dum. et Bib.). Ce Lézard est généralement d’un brun plus ou moins AT f FAT purs, A 4 fi ak à jsui TOTIE on My Dr re re y f HE HE Acanthodactyle vulgaire. foncé; quatre lignes blanches s’étendent de chaque côté de la tête et du cou; les pattes sont marbrées , +R 2 + è SAURITENS 65 de petites tâches blanches; la queue est rougeätre ; le dessous du corps est blanc. L’Acanthodactyle atteint environ O0 m. 20. « Cette espèce vit de préférence dans les endroits pierreux exposés en plein soleil; l'animal, très agile et fuyant au moindre bruit, va se cacher dans quelque crevasse du sol, sous une pierre, entre les racines des Cistes et des Chènes verts. Sa nourriture se compose de petits insectes. Gràce à leur agilité, à leur adresse, ces Lézards s'emparent facilement des moucherons qui se posent à leur portée; ils les attrapent pour ainsi dire au vol. » (Brehm.) L'Acanthodactyie n’habite que le Midi de la France, dans la zone circumméditerranéenne. FAMILLE DES SCINCOIDIENS Cette famille est caractérisée par les écailles du tronc qui sont disposées comme des tuiles et sont générale- ment élargies et arrondies à leur bord externe; par la tête qui est recouverte en dessus par des plaques cor- nées, minces et anguleuses, par la langue qui est libre, plate, sans fourreau et légèrement échancrée en avant. Quelques Scincoïdiens ont des pattes plus ou moins . développées comme les Lézards, d’autres sont dépourvus de membres ct allongés en forme de serpents. Cette famille établit une transition naturelle entre les Sau- riens et les Ophidiens. Genre Seps (Daud.), Seps « Narines latérales s’ouvrant entre deux plaques. — J 461 de i alc s ch P € ue. tt SAURIENS 67 Langue plate, squammeuse, en fer de flèche, échancrée à sa pointe. — Museau conique. — Quatre pattes avant chacune leur extrémité divisée en trois doigts inégaux, onguiculés, subeylindriques, sans dentelure. — Flancs arrondis. — Queue conique, pointue. — Ecailles lisses. » (Dum. et Bibr.) Ce genre ne comprend qu’une seule espèce : Seps chalcide (Seps Chalcis. Dum. et Bibr.). Le Seps est facile à reconnaitre gràce à sa forme particulière : ses quatre pattes sont très courtes et paraissent appliquées contre le corps; sa tête fait suite au corps sans en être séparée par un cou distinct; ses yeux sont petits, elliptiques ; sa queue est terminée par une pointe aiguë et flexible. «J'ai pu me convaincre, dit Lataste, que cet animal se sert de ses petites paltes pour la marche paisible, tandis qu'il progresse à l'aide des ondulations du tronc et de la queue quand une frayeur ou une émotion lui fait accélérer sa course. Il se sert également de ses pattes antérieures pour assurer son équilibre quand il s'arrête, la tête et le cou légèrement soulevés, un objet quelconque ayant attiré son attention. » Sa tête est d’un brun olivätre, lavé de bandes longi- tudinales grises effacées. Tout le dessus du dos et de la queue, et une partie des flancs, sont agréablement rayés de brun noir sur un fond jaune roux. Le dessous de la gorge, du ventre et de la queue est d’un blanc gri- sätre uniforme. C’est un des reptiles qui ont donné naissance aux fables et aux préjugés les plus invraisemblables : les paysans l’accusent de faire mourir les bœufs qui l’ava- 68 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE lent en paissant; on a prétendu qu'il s’introduisait dans la bouche des dormeurs et causait dans leur intérieur des ravages effroyables. Sa queue très pointue a même été considérée comme un dard meurtrier. Il est inutile de dire que ces fables ne reposent sur aucun fonde- ment et que le Seps est un animal inoffensif. Il à environ O0 m. 40 de longueur et est vivipare. Le nombre des petits est de quinze environ. Le Seps Chalcide vit d'insectes, d'araignées, de vers, de petits mollusques; il recherche les prairies, les endroits chauds et herbeux. Les petits Mammifères, les Oiseaux de proie, les Corbeaux et même les Poules lui font une guerre acharnée. Il habite nos départements méridionaux où il est assez commun, mais il ne semble pas remonter au delà de la Charente-Inférieure, Genre Anguis (Lin), Orvet Le genre Anguis a pour caractères des narines laté- rales s’ouvrant chacune dans une seule plaque, un corps cylindrique, dépourvu de pattes et ayant la forme des Serpents, un museau conique, une queue cylindrique, des écailles lisses. Ce genre n'est composé que d'une seule espèce. Orvet fragile (Anguis fragilis. Dum. et Bibr.). On ne peut se faire une idée plus exacte de l'Orvet qu'en le comparant par la pensée au Seps Chalcide que nous venons de décrire en supprimant les pattes que l'Orvet ne possède pas. Ce Saurien ressemble beaucoup à un petit Serpent et crisistilll + SAURIENS 69 est, en résumé, un Lézard sans pattes. Sa tête est conique, arrondie en avant; sa queue, courte et obtuse, se termine en une pointe conique et d’une telle fragilité qu’elle a fait donner à cel animal les noms d'Orvet fragile et de Serpent de verre. Ses yeux sont petits, peu sail- lants; le cou est à peu près de la grosseur de la tête. Sa taille, toujours plus grande chez le màle que chez la femelle, varie de 0 m. 25 à O0 m. 50. Sa coloration est assez variable selon l’âge des individus : le dos est gris FRERE set co 208 fers rt? bah Do EN x ORA port nes re PU NPLATEET À , Th 1 “ ” , . > Po es, . LE Liane à Orvet fragile. blanchâtre ou roussàtre; sur le ventre qui est d’un blanc gris on aperçoit des rangées de points brun-noir ses flancs sont mouchetés de points d’un roux foncé. Lorsque les Orvets sont vieux, ils ont une coloration d’un gris-cendré à peu près uniforme. Ce reptile, très répandu dans toute la France, y est connu sous des dénominations nombreuses : Anwvin, Anvronais, Lanveau, Sourd, Borgne, Serpent aveugle, Mielle, etc. Ilest le sujet de fables et de préjugés ridi- cules; on le rend responsable d’une foule d'accidents : il cause l’enflure des bestiaux, mord cruellement avec 70 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE ses dents et produit avec sa queue des piqûres dange- reuses, Hätons-nous de dire que c'est, au contraire, un animal inoffensif qu'on peut manier sans le moindre danger. IT fuit timidement lorsqu'on l'attaque. Toutefois, quand il est fortement irrilé, il se redresse et se donne un air de serpent dangereux, mais il cherche peu à se défendre de ses dents, elles sont trop faibles et sa bouche est trop petite pour qu'il puisse blesser. » (Viaud-Grandmarais.) L'Orvet recherche les localités sèches, herbeuses ou pierreuses ; on le rencontre aussi dans les bois sous la mousse et dans les prés où ii cherche sa nourriture qui se compose d'insectes, de vers et de limaçons; il boit souvent et de la même manière que les Lézards. « Quoique dépourvu de pattes, il se creuse des galeries soulerraines assez profondes, forant tantôt avec la tête, tantôt avec la queue, toutes deux égale- ment coniques. L’accouplement a lieu quelques jours après le réveil, et à une époque variable avec les con- ditions, de la fin de mars au commencement de mai. La femelle met au monde, sous terre, en août ou même seulement en septembre, de 8 à 14 petits qui déchirent leur enveloppe au moment même où ils viennent d’être pondus. » (Fatio.) L'Orvet est donc ovovivipare. Il est très sociable et, à l'entrée de l'hiver, il se renferme en compagnie de plusieurs de ses congénères dans des galeries qu'il ferme avec de la terre ou de la mousse. Dépourvu de pattes, il progresse difficilement sur un sol uni; il est obligé de ramper à la facon des Serpents, * | 7 . " ns lé OPHIDIENS pi: mais il est moins agile qu'eux à cause du peu de relief de ses écailles et est forcé de s’accrocher aux moindres aspérités en y appuyant l'extrémité de sa queue pour se pousser en avant. Cet animal mue dans le courant de juillet et sa mue présente celte particularité que la peau se détache par lambeaux comme celle des Lézards, et non d’une seule pièce, comme cela a lieu chez les Serpents. L'orvet fragile habite toute l'Europe; il est très commun en France et on l’a rencontré dans les Alpes de la Suisse à une altitude de 2,000 mètres au-dessus de la mer! ORDRE HE — OPHIDIENS , Les Ophidiens ou Serpents ont le corps allongé, arrondi, étroit, sans pattes ni nageoires; la bouche est garnie de dents pointues, la mâchoire inférieure à des branches dilatables et plus longues que le crâne. La peau est coriace, extensible, recouverte d'un épiderme caduc, d’une seule pièce. Ces Reptiles sont répandus sur tout le globe et vivent dans les milieux les plus variés: dans les eaux ou sur la terre, nageant ou rampant, suivant leur nature. Plusieurs espèces sont extrêmement dangereuses et leur venin est mortel pour l’homme et les animaux: les Najas, les Trigonocéphales, les Crotales, etc. Fort heureusement aucune de ces espèces ne vit en France. Quelques Ophidiens sont ovovivipares, la plupart sont LL # 72 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE ovipares ; leurs pelits ne subissent aucune méla- morphose. Les Serpents ont été, dès la plus haute antiquité, le sujet de fables qui n’ont d'autre origine que l'amour du merveilleux : « Dès les temps les plus reculés les Serpents ont joué un grand rôle dans les légendes de tous pays, et ce n'est pas sans luttes que la science a, petit à pelit, éliminé diverses croyances populaires aussi absurdes qu'invélérées. L'espèce de répugnance qu'éprouvent beaucoup de gens à la vue subite d’un Serpent a toujours fait de ce reptile un sujet de terreur irréfléchie. La peur à non seulement prêté à cet objet d’effroi les formes les plus extraordinaires, des couronnes, des cornes, des pattes, des ailes, elc., mais encore elle a étendu à toutes les espèces inoffensives la malédiction que ne mérilaient, jusqu'à un certain point, que les espèces venimeuses. Je ne prendrai pas la peine de relever ici toutes les fables qui ont été contées et accrédilées, en divers lieux, sur des Serpents qui s'introduisaient dans le corps de personnes endormies, télaient les Vaches et les Chèvres, asphyxiaient par leur simple regard, ou encore exécutaient mille autres manœuvres qui n’ont pas plus besoin de réfutation que ces premières. « L'influence, pour ainsi dire magnétique, que l’on attribue généralement à la musique sur les Serpents, ne parait pas plus confirmée que celle que le regard du reptile devrait exercer sur sa proie. Les concerts variés que Lenz a donnés aux diverses espèces qu'il étu- diait en captivité ne lui ont jamais permis de voir dé nues di à S OPHIDIENXS 73 chez ces animaux la moindre indication de percep- tion ou de sensation quelconque. La crédulité des gens à élé, sur ce point comme sur tant d’autres, largement exploitée par les Jongleurs et les charmeurs de tous pays, : «Je pourrais citer encore un grand nombre de fables toutes plus ou moins répandues et accréditées; mais je n'en finirais pas si Je voulais relever toutes les idées . erronées que des gens, plus remplis d'imagination que de courage, se plaisent à publier, le plus souvent pour s’excuser de leur couardise ou pour masquer leur ignorance. » (Fatio.) En résumé les Ophidiens ne sont pas aussi dangereux “quon veut bien le croire, et en France, à l’exceplion des Vipères, dont nous parlerons plus loin, nous n'avons rien à redouter de nos Serpents. Le mode de locomotion chez ces animaux est la reptation : le serpent rampe grâce à la conformation de ses nombreuses côtes qui ne sont articulées qu'avec - les vertèbres et qui sont libres à leur extrémité; ül progresse par des ondulations latérales, en contrac- - {ant certains muscles intercostaux, de manière à décrire -une courbe plus ou moins prononcée. Tout en main- - tenant sa tête élevée et horizontale, il s'aide des iné- - galités du terrain, des herbes, de toutes les aspérités “qu'il peut rencontrer; aussi avance-t-il difficilement - sur un sol uni. Lorsqu'on laisse filer un Serpent entre les mains, on sent parfaitement le redressement des écailles du ventre. Dans l'eau il nage de la même manière qu'il rampe sur la terre. La langue des Serpents est longue, mince, fendue en "4 Û 14 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE avant en deux parties eflilées et recouvertes d’une substance cornée; elle est enveloppée d’un fourreau d'où elle peut être dardée au loin, lorsque la bouche est fermée, à travers un échancrure qui se trouve à l’extré- mité du museau. Cette langue est plutôt un organe de tact que de goût. Beaucoup de gens croient que le Serpent s’en sert pour piquer; c’est encore une erreur grossière : cette langue, étant souple et molle, ne peut. être employée à un pareil usage; elle est, en réalité, un organe de tact pour tâter les corps dont il veut recon- naître la nature et les propriétés. « En outre, dit Fatio, le mouvement de sa langue exprime tous les senti- ments qu'il ressent dans diverses circonstances. Tous ses instincts et toutes ses passions se traduisent par un mouvement de cet organe, d'autant plus prompt que les impressions sont plus violentes, et &’autant plus lent que l'animal est plus insensible, engourdi ou malade. Aux expressions de la langue se joint, suivant : le cas, et particulièrement dans la colère, une sorte de petit sifflement strident et prolongé, produit proba- blement par la sortie rapide de l’air chassé au travers de l’encoche rostrale. » Les mâchoires des Serpents ont une conformation très curieuse : la mâchoire inférieure est agencée de telle sorte qu’elle peut donner, suivant le cas, une plus ou moins grande extension à la bouche et lui permettre d’engloutir des proies démesurées relativement à la. tête du reptile. Les deux branches de la mâchoire in- férieure ne sont ni soudées entre elles, ni articulées sur le crâne; elle jouent à l'extrémité d'un os parti- culier, mobile et plus ou moins allongé, auquel on a x | 1 4 | } 2 DFRDENF EE LA ; donné le nom W’os tympanique. Les dents, en forme de crochets, sont inclinées et recourbées en arrière et disposées différemment selon les espèces. Les Serpents non venimeux ont les dents nombreuses; chez les Serpents venimeux, tels que les Vipères, les dents de la mâchoire supérieure ne sont pas disposées pour saisir la proie, mais pour la tuer en lui inoculant le venin dans les.chairs. Le mode qu'emploient les Ophidiens pour s'emparer de leur proie et l’avaler diffère également selon les espèces : les Serpents venimeux, lorsqu'ils aperçoivent une proie, redressent la lète, ouvrent la bouche de - manière à abaisser la mâchoire inférieure, en même temps qu'ils relèvent la mâchoire supérieure, de telle sorte que les crochets sont merveilleusement disposés - pour frapper; «avec la promptitude d'un ressort qui se détend, le reptile se lance en avant et frappe sa victime. La blessure faite, le Serpent se retire en arrière, replie sa tête et reste tout prêt à frapper de nouveau. L’ani- mal blessé tombe sur le sol, tellement rapide est l'action - du venin, et meurt après un temps généralement très court; il est,en tous cas, immédiatement frappé de - paralysie, de telle sorte qu'il ne peut fuir; la proie morte, le Serpent s’en empare et la déglutit. » (Brehm.) - Presque tous les Serpents non venimeux avalent - leur proie encore vivante. En résumé les divers Serpents sont carnassiers et avalent leur proie sans la màcher, _ toute vivante, étouffée ou tuée par le venin, Nous par- _lerons des glandes qui sécrètent ce terrible poison dans un chapitre spécial consacré aux serpents veni- _ meux. OPHIDIENS 15 ‘Ag ES) VU 3 76 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE Lorsque les Ophidiens saisissent une proie, elle est engloutie la tête la première et arrosée d’une salive abondante ; retenue parles dents recourbées du reptile, elle s'engage petit à pelit dans sa gueule distendue et sous l'influence de contractions musculaires descend lentement dans l'estomac où elle forme un renflement volumineux, Le Serpent se trouve en se moment em- pêché dans ses mouvements et reste longtemps dans une immobilité complète. Les Ophidiens passent l'hiver en léthargie dans des. trous ou dans des galeries souterraines, souvent groupés en nombreuse société et enroulés ensemble. Ils sortent de leurs retraites dès les premiers jours du printemps. Leur nourriture consiste en petits animaux : Souris, Mulots, Oiseaux, Lézards, Grenouilles, etc... « Une Vipère bloitie immobile attendra patiemment que la, Souris ou l'Oiseau qu'elle convoite vienne passer à sa portée et, projetant brusquement la tête sur sa proie, elle la mordra pour suivre ensuite les progrès rapides de l’empoisonnement qu'elle vient de consommer. Une Couleuvre, plus alerte, surprendra ou poursuivra, sur la terre ou dans les eaux, les proies variées que lui offrent ces deux éléments, qui lui sont également familiers. Grimpant adroitement dans les buissons, elle guettera, par exemple, le nid d'un Passereau, ou nageant silen-" cieusement dans quelque mare, elle hapera tout à coup - une pauvre Grenouille qui ne l’a pas entendue approcher subrepticement derrière elle; quelquefois encore, se glissant sous les pierres, au fond des eaux, elle attra- pera lestement des Chabots ou d’autres petits poissons. » (Fatio.) AN PE TT « 2 “ 7 ‘" cp ù OPHIDIENS 11 Nous avons déjà dit que les Ophidiens vivaient dans des milieux très variés : on les trouve généralement dans les lieux les plus déserts, loin du voisinage de l'Homme, et ce n’est qu'exceptionnellement qu'ils s'in- _troduisent dans les habitations. Nos Serpents inoffen- sifs sont diurnes et se retirent dans leurs gites à la tombée de la nuit ; les Serpents venimeux, au con- traire, sont presque tous nocturnes; ce qui ne les empêche pas de sortir le jour, surtout dans les belles journées d'été, pour jouir des rayons du soleil. Indé»endamment de l'Homme quileur fait une guerre acharnée, les Serpents ont encore de nombreux enne- mis : parmi les Mammifères, il faut citer les Chats, les Chiens, les Fouines, le Putois, le Hérisson, le Cochon, etc.; parmi les Oiseaux, les Rapaces diurnes et nocturnes, les Corbeaux, les Pies, les Hérons, les -Canards, etc. Presque tous les serpents pondent des œufs ; quel- ques-uns, tels que la Vipère, sont ovovivipares, c'est-à- dire que les petits éclosent dans le ventre de la mère. Ces œufs n’ont pas de consistance et sont recouverts d’une coque parcheminée. On trouve parfois dans une “même coque deux germes d’où peuvent sortir des embryons soudés ensemble. On parait avoir attaché autrefois trop d'importance à ces monstruosités qui se rencontrent chez d’autres animaux. Les jeunes Serpents, à leur naissance, sont trop faibles pour se nourrir de vertébrés et mangent d’abord des Vers, des Insectes et des Mollusques. La mue chez les Serpents présente une particularité remarquable : elle commence par les lèvres, l'épiderme BE . 18 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE se détachant en bloc et d’une seule pièce ; la peau forme deux déchirures l’une à la partie supérieure de la tête, l’autre à la mâchoire inférieure. On peut dire que le“ serpent quitte sa peau comme on se dépouillerait d'un vêtement et on trouve fréquemment dans la campagne ces fourreaux qui ont conservé la forme exacte dun reptile. Cette mue se renouvelle plusieurs fois pendant” le courant de l'été. La classification rationnelle des Ophidiens est des plus difficiles et celle de Duméril et Bibron, basée sur la connaissance de la dentition, est généralement. adoptée; mais elle nous à paru encore trop compliquée pour convenir au plan de cet ouvrage. Tout en conser- vant quelques ordres et familles créés par les illustres. auteurs de l'ÆZrpétoloqie générale, nous adoptons pour nos. Serpents la classification suivante : 1° Serpents non dangereux pour l’homme : Ordre I. — AGLYPHODONTES. 3 familles : Zsodontliens. Syncranthériens. Diacranteriens. - Ordre IT. — OPISTOGLYPHES. À famille : Psammophdies. 2% Serpents venimeux Ordre des SOLÉNOGLYPHES. À famille : Vipériens. és t. Tee $ AGLYPHODONTES 19 | SERPENTS NON DANGEREUX POUR L'HOMME ORDRE FE — AGLYPHODONTES Les Aglyphodontes (à dents sans sillon) sont ainsi nommés parce qu'ils sont caractérisés par leurs mâchoires pourvues de dents constamment fixes, coni- ques, recourbées et lisses, sans canal ni rainure, par leurs formes élancées, par leur tête qui est elliptique, au lieu d’être renflée en arrière comme celle des - Serpenis venimeux. … Cet ordre ne renferme que des espèces inoffensives et - embrasse plus de la moitié des Serpents connus. $es - représentants sont désignés sous le nom général de Couleuvres, on les nomme aussi serpents Colubriformes et Colubrides. FAMILLE DES ISODONTIENS Cette famille est composée de Serpents dont toutes les dents sont semblables entre elles et disposées à dis- - lances égales. Les diverses espèces de cette famille . présentent néanmoins des formes et des mœurs assez - variées ; elles vivent aussi dans des milieux très diffé- + rents, les unes sur les arbres, d’autres dans les prairies ou dans le voisinage des eaux. Deux genres seulement représentent cette famille en “France : C Genre Rhinechis (Micha.), Rhinechis Ce genre, établi par Michachelles, ne comprend BLRLIE SPP TI T 7 ASS 7 TTL ms. SP pe re es De | 1-2 Rhinechis scalaris, p. 81. — 3-4 Elaphis quaterradiatus, p. 825 — 5-6 Tropidonotus tessellatus, p. 92.— 7-8 Trop. viperinus, p. 88.4 AGLYPHODONTES 81 qu'une seule espèce, à corps cylindrique, à queue courte et conique, à tête peu distincte du tronc, à mu- seau pointu terminé par une saillie, de telle sorte que la mâchoire supérieure dépasse l’inférieure : Rhinechis à échelons (}/inechis scalaris Bonap.). Cette espèce (fig. 1, 2, p. 80) a sur le dos et la queue deux longues bandes noires réunies par des bandes transversales placées à intervalles égaux ; cet ensemble représente assez exactement les barreaux d’une échelle et lui a fait donner le nom de Couleuvre à échelons. La coloration générale du corps est roussâtre; le dessous du corps est blanc jaunâtre avec des taches d’un gris- noir. Ce reptile, qui atteint un mètre de longueur, vit dans les lieux arides et bien exposés au soleil ; on le rencontre quelquefois dans les dunes, dans le voisinage de la mer. Il se nourrit de Rongeurs et d’Oiseaux ; il est redouté pour la chasse qu'il fait aux Oiseaux utiles et passe pour détruire les nichées de Perdreaux. Très irascible, il se jette sur la main qui veut le sai- sir, mord avec rage et se replie ensuite pour se mettre de nouveau sur la défensive, comme font les ce venimeux. Il n’habite que le Midi de la France, où il est assez commun, principalement aux environs de Montpellier, de Toulon et de Nice. Genre Elaphis (Dum, et Bibr.), Elaphe _ 2 sn 53 rJ Duméril et Bibron ont réuni dans ce genre des Cot- leuvres dont le corps-est le plus souvent cylindriqué, (E b 82 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE parfois un peu comprimé, la tête peu distincte dutronc, toutes les dents d’égale longueur. Ce genre est représenté en France par deux espèces : Elaphe ou Couleuvre d’Esculape !/Z/4- phis Œsculapi. Host.) Cette couleuvre (V. ». 31) a le corps allongé, peu volumineux, la queue longue et déliée ; les écailles de la partie antérieure du corps sont lisses, celles de la partie postérieure portent une légère carène. On a donné à ce reptile le nom de Couleuvre d’Esculape parce qu'on admet généralement que cette espèce est le. Serpent d’'Épidaure, si vénéré dans l’antiquilé qui ornait le bâton d’Esculape. Il atteint fréquemment 4 m. 60 de longueur ; sa coloration est brune-olivätre ; les flancs sont pointillés de blanc; le ventre est d'un blanc verdâtre. La Couleuvre d’Esculape se plait dans les endroits rocheux et couverts de broussailles ; elle recherche les troncs d’arbres et les branches autour desquelles elle peut s’enrouler. « Dans une épaisse forêt, elle passe facilement d’un arbre sur un autre et parcourt souvent ainsi de grandes distances, en cheminant de branche en branche. Le long d'un mur, ce Serpent grimpe avec une agilité surprenante, car ilsait profiter de la moindre saillie, de la plus petite aspérité avec une adresse. remarquable. » (Brehm.) C'est grâce à cette faculté de pouvoir grimper sur les arbres qu’il s'empare très souvent de petits Oiseaux et | détruit leurs nids. Il se nourrit également de petits . Rongeurs, de Lézards et de Grenouilles. La femelle pond généralément de 12 à 20 œufs. Le FU PAGLYPHODONTES 83 Ce Serpent est très familier et s’habitue très facile- ment à la captivité. La Couleuvre d’Esculape habite le Midi de la France; elle remonte vers le nord et a été trouvée par Millet dans le département de Maine-et-Loire. À Fontainebleau on la rencontre au milieu des buissons poussant dans les terrains les plus pierreux et les plus arides. Elaphe à quatre raies (Z/aphis quater- radiatus. Gmel.). Cet Ophidien (fig. 3-4, p. 80) est un des plus grands Serpents d'Europe et atteint fréquemment une longueur de deux mètres. Sa tête est légèrement élargie près des tempes ; sa queue esttrès effilée. Son corps, d’une co- loration brune-jaunâtre, est sillonné dans toute sa lon- gueur par quatre raies brunes ou noires, deux sur chaque flanc, et parallèles entre elles. La tête est brune, avec deux lignes noires allant obliquement de l’œil à l'angle de la bouche. Cette Couleuvre habite dans les broussailles, au pied des buissons; elle se nourrit de Taupes, de Rats, de Souris, de Lézards et d'Oiseaux; on prétend même qu'elle pénètre dans les poulaillers pour dévorer les œufs des Poules. Absolument inoffensive, elle est très douce et très sociable. Elle n’habite que le Midi de la France où elle est assez rare. Lataste ne l’a pas trouvée dans la Gironde, quoique Millet dise l'avoir rencontrée dans le départe- ment de Maine-et-Loire. FAMILLE DES SYNCRANTÉRIENS Dans cette famille les Serpents ont toutes les dents 84 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE lisses, distribuées sur une seule ligne, mais avec les dernières plus longues, sans intervalle libre au devant d'elles, Ces Reptiles ont, suivant les genres, des mœurs très variées : les uns grimpent sur les arbres, les autres habitentle voisinage des eaux, d’autres enfinrecherchent les lieux secs et arides. Cette famille est représentée en France par deux genres : 4 Genre Eropidonotus (Dum.etBibr,), Fropidonote Les animaux de ce genre ont les mächoires longues, les crochets de la màchoire supérieure formant une série longitudinale continue; les écailles du dos, et le plus souvent celles des flancs portent une ligne saillante ou une sorte de carène. La tête est aplatie en dessus, plus ou moins élargie en arrière ; la queue est moyenne et assez effilée. Les Tropidonotes habitent le voisinage des eaux et peuvent nager avec agililé. On en trouve en France trois espèces : Tropidonote à collier (7ropidonotus natrir. Dum. et Bibr..). | Ce Serpent est le véritable Lype de nos Couleuvres ; c’est aussi l'espèce la plus commune et la plus répandue en France. Elle a la tête large; le museau obtus, la queue assez courte, conique, arrondie et médiocre- ment effilée. | Cette Couleuvre est surtout caractérisée par deux taches triangulaires d’un noir profond, généralement placées derrière un collier de couleur claire sur la nuque, Ce collier, jaune-pâle ou orangé, quelquefois 86 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE rougeâtre, a fait donner à ce Serpent le nom de Cou- leuvre à collier. Le dessus de la tête est brun roux; le dos et les flancs ont une teinte verdâtre et présentent quatre séries longitudinales de taches brunes de forme irrégulière. Le dessous du corps est d’un noir bleuâtre ou verdätre. Le Tropidonote à collier recherche les prairies humides, les bois ombragés et marécageux, le bord des fossés. Il s'établit souvent près des habitations , surtout pendant la mauvaise saison, s’introduit dans la paille ou dans le fumier et s'y creuse une galerie pour hiverner. Cette Couleuvre va facilement à l’eau et peut traverser à la nage un étang ou un bras de rivière. Elle plonge également lorsqu'elle est poursuivie ou qu'elle veut atteindre une proie. Elle se nourrit d’Oiseaux, de petits Mammifères et surtout de Batraciens; elle semble pré- férer à tout le Crapaud commun et la Grenouille rousse; elle dévore aussi les Tritons. « Par quelque point qu'une Grenouille ait été saisie à l’aide des dents aiguës de la Couleuvre, que ce soit par une des pattes de devant ou de derrière, ia Gre- nouille est un animal perdu. Le pauvre Batracien se débat, mais en vain; il fait parfois des efforts tels que la Couleuvre est entraînée, il faut que la proie soit bien grosse pour ne pas être déglutie et c’est réellement un spectacle pénible que de voir la Grenouille, bien vi- vante, avancer lentement, mais sûrement dans la gueule de son inexorable ennemi. Lorsqu'elle est ef- frayée, la Couleuvre vomit sa proie et nous avons plusieurs fois vu un Crapaud ou une Grenouille tout dl ; AGLYPHODONTES 81 récemment déglutis sortir pleins de vie et se mettré à courir et à sauter comme s'il ne leur était rien arrivé de fächeux. » (Brehm.) Cette espèce, que l’on nomme dans certaines parties de la France Couleuvre des dames et Serp en patois, est une de celles dont l’hibernation dure le moins long- temps : on la rencontre encore par les belles journées de novembre et elle reparait dès les premiers jours de mars. Elle dépose ses œufs, au nombre de 9 à 15, dans les tas de fumier, dans les étables, partout où elle trouve réunies la chaleur et l’humidité nécessaires à leur développement. Ces œufs ressemblent à des œufs de pigeon, mais en diffèrent par leur coque molle et par- cheminée ; ils sont reliés entre eux par une matière gé- latineuse et sont disposés comme les grains d’un collier. Plus que tous les autres Serpents, la Couleuvre à collier a été le sujet de fables ridicules : nous avons dit qu'elle s’introduisait dans les habitations et dans les étables aux époques de la ponte et de l’hibernation. On a prétendu que, très avide de lait, elle ne pénétrait dans ces lieux que pour téter les Vaches; on l'aurait souvent trouvée enroulée autour des jambes des Vaches et des Chèvres pour les traire, les épuisant au point de faire couler le sang : chez les animaux traits ainsi le lait se tarissait et prenait une teinte bleue tant que la bête qui Le fournissait servait de nourrice au Serpent. « Dépourvue de lèvres charnues, dit Fatio, la bouche de nos Serpents est incapable d’envelopper suffisam- ment le pis de la Vache ou de la Chèvre pour en extraire R ' 88 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE le lait. Du reste les dents de l’Ophidien, recourbées en arrière, pourraient difficilement lâcher prise après un écarlement nécessairement aussi grand des deux mâchoires, et la bête tétée ferait certainement de belles ruades au sentiment des nombreuses piqûres produites par ces petits crochets acérés sur des parties aussi déli- cales. » On a prétendu aussi que cette Couleuvre s’introdui- sait par la bouche dans le corps des paysans qui dor- maient étendus sur l'herbe et que, pour l'en faire sortir, on profitait de son goût pour le lait en l'attirant par la vapeur du lait bouilli que l’on approchaïit de la bouche de celui dans le corps duquel elle s'était glissée. Il est superflu d’insister sur l’absurdité de pareils contes. Le Tropidonote à collier est le plus inoffensif de nos Serpents et peut être conservé facilement en captivité ; c'est à peine s’il cherche à mordre la main qui le saisit ; son seul moyen de défense consiste à lancer par l'anus un liquide visqueux qui répand une odeur répugnante. Cette espèce est très commune en France et toutes les faunes locales la mentionnent. Tropidonote vipérin (7ropidonotus viperinus. Dum. et Bibr.). Cette Couleuvre (fig. 7-8, p.80) doit son nom à sa res-. semblance avec la Vipère, ressemblance si grande qu'elle causa à M. Dumeril une méprise funeste : ce savant professeur d’'Herpétologie saisit imprudemment dans la forêt de Sénart une Vipère berus en croyant s'emparer d’une Couleuvre vipérine. La tête de ce Serpent est moins large en arrière et … un peu plus conique en avant que celle du Tropidonote dé AGLYPHODONTES 89 à collier; le cou est moins brusquement accentué; les plaques céphaliques couvrent à peine les trois quarts de la longueur de la tête. « Lorsque l'animal veut mordre ou qu'il est irrité, cette têle longue et étroite change subitement de proportions : les muscles de la joue se contractent et deviennent saillants, les os tym- paniques s’écartent fortement à droite et à gauche, et alors elle se présente large en arrière et échancrée en cœur de carte à jouer, comme la tête de la Vipère. » {Lataste.) Sa coloration est tellement variable que l’on ne peut trouver deux individus exactement semblables; on re- marque généralement sur la ligne médiane du dos une série de taches brunes ou noirâtres, soit contiguës, soit disposées en zigzag, comme chez la Vipère; une autre série de taches brunes existe sur le milieu des flancs; la joue est traversée obliquement par une large bande jaunâtre qui vient se réunir entre les deux yeux avec la bande du côté opposé ; deux bandes jaunes bordent ces taches en forme de V renversé, séparées entre elles par des bandes jaunâtres. Le dessous du corps est jaune plus ou moins couvert de taches d’un noir bleuâtre, disposées en séries assez régulières. Les écailles sont fortement imbriquées et très nettement carénées. Les mâles ont ordinairement le corps plus délié, la queue plus longue que les femelles. La Couleuvre vipérine, dont la longueur dépasse ra- rement un mètre, se rencontre quelquefois dans les champs, au bord des fossés. Elle est essentiellement aquatique et recherche les mares remplies de nénuphars et d’autres plantes d'eau, où elle est difficile à capturer. 90 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE « Une mare sur laquelle vous n'apercevez rien en con- tiendra quelquefois une quantité prodigieuse. J'avais vu plusieurs Couleuvres rentrer prestement dans leurs trous à mon aspect et je n'avais pu en prendre aucune, quand j'eus l’idée de m’arrêter auprès d’une petite mare voisine. Je me cachai derrière un tronc d'arbres et j'attendis immobile. Au bout de quelques instants, la mare m'apparaissait couverte de têtes de Serpents fort éveillées, allant et venant dans tous les sens. Au moindre mouvement de ma part toutes ces têtes dis- paraissaient subitement sous l’eau et restaient plus ou moins longtemps à reparaitre. Quelquefois une Vipé- rine, m'apercevant immobile, s’arrêtait, reposait sa Lêle sur une feuille de nénuphar et me regardait long- temps, puis, satisfaite de son examen, elle reprenait sa promenade. Plusieurs vinrent passer à mes pieds, J'étais armé d’une canne, j'essayais de les frapper tout d’un coup quand elles étaient bien à portée, mais leur fuite était si rapide que je n’en pus atteindre qu'une seule. Bien souvent, depuis, j'ai vu des Couleuvres de cette espèce plonger à mon spproche; j'en ai vu plu- sieurs fois ramper au fond de l’eau et j'en ai même saisi avec la main, quand l’eau était peu profonde et quand une température moins élevée paralysait un peu leur activité. » (Lataste.) La Vipérine se nourrit de Grenouilles, de petits Poissons, d’Insectes, de Vers et ne dédaigne pas les petits Mammifères et les Oiseaux qui passent à sa portée. Très sociable, elle vit toujours en compaguie nombreuse de ses congénères. La femelle pond de 45 à 20 œufs, semblables à ceux du Tropidonote à FN AGLYPHODONTES 91 collier. mais un peu plus allongés. Elle dépose ses œufs, de la fin de mai au commencement de juillet, dans un endroit chaud et humide, sous la mousse ou entre les pierres, ou encore à une petite profondeur sous la terre meuble au bord de l’eau. Cette couleuvre hiverne dans la vase, dans les vieux troncs d'arbres ; elle est inoffensive et‘ lorsqu'elle cher- che à mordre, c'est tout au plus si élle produit sur la main qui la saisit des égratignures sans danger. Toute- fois, sa grande ressemblance avec la Vipère doit rendre . prudent lorsqu'on veut s'emparer d'elle ; on peut . toujours la reconnaître, même à une certaine distance, à ses formes un peu moins ramassées, aux taches en damier de son ventre et surtout aux plaques céphali- ques qui recouvrent sa tête. Cette espèce, moins répandue que la Couleuvre à collier, est très commune dans certaines parties de la France, principalement dans le Sud et le Sud-Ouest ; dans le département de l'Hérault on la rencontre fré- . quemment dans les pierres au bord de la petite rivière . de l’Orbe. Le Tropidonote Chersoïde |7ropidonotus Chersoïdes. Dum. et Bibr.) qui a été élevé par quelques auteurs au rang d'espèce, n’est, en réalité, qu'une variété de l'espèce précédente. Cette Couleuvre à la tête plate, large en arrière, pentagonale. Le profil est remarquable par le proémi- nence de la lèvre supérieure ; le museau est arrondi, le cou bien plus étroit que la tête, le tronc assez effilé, « IL est aisé, dit Lataste, de ramener au même type le dessin de la robe du Tropinodote Chersoide et celui du FR 92 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE Tropidonote vipérin. La série de taches ocellées des flancs, la double série des taches du dos, les taches quadrila- tères du ventre peuventse retrouverchez tous les deux. Chez le Tropidonote Chersoïde les taches du dos sont rembrunies, élargies, fondues ensemble ; celles des flancs se sont également foncées et agrandies et la bor-. dure du dos, dépourvue de toutes taches obscures, s’est dessinée en une ligne jaune fort distincte sur un fond. noir. Il ne me reste donc plus le moindre doute sur li- dentité parfaite de ces deux prétendues espèces. » Cette Couleuvre habite quelques localités du Sud et du Sud-Ouest de la France, mais elle est beaucoup plus rare que la Vipérine, Tropidonote Tessellé (7ropidonotus tessel- latus. Wagl.). Cette espèce (fig. 5-6, p.80) diffère du Tropidonote vipé- rin par sa tête plus petite, plus allongée, plus étroite en arrière et plus accuminée en avant, le cou est moins dis- ünct, le tronc plus élancé, la queue un peu plus longue. Sa coloration est grise-verdätre ou olivätre en dessus, avec des taches noires alternantes sur le dos et un grand V renversé, plus ou moins apparent, sur la nuque. La coloration de cette espèce est, d’ailleurs, assez variable. Cette Couleuvre, qui a été confondue avec la Vipérine habite le voisinage des eaux, dansles mares etles ruis- seaux. Elle nage et plonge avec agilité. Sa nourriture consiste en Grenouilles, Tritons et petits Poissons. Leste et gracieuse dans tous ses er Er elle est complètement inoffensive. Le Tropidonote tessellé n’habite que le Midi de la France où il est peu commun. AGLYPHODONTES 93 Genre Coronella (Laur.), Coronelle Les représentants de ce genre ont les dents lisses, le tronc allongé; la tête plutôt petite, courte et assez peu distincte du cou est recouverte de grandes plaques céphaliques ordinairement au nombre de neuf; la queue est de moyenne longueur, conique et médiocre- ment effilée; le museau est arrondi et peu allongé, Les Coronelles recherchent généralement les lieux secs et arides, les broussailles, les terrains rocailleux, Deux espèces appartiennent à la Faune française : . Coronelle lisse (Coronella lœvis, Lacép. Coronella > Austriaca, Lam.) Cette Couleuvre a la tête courte et légèrement élargie en arrière, le cou peu rétréei, Sa coloration, assez . variable suivant les individus, est généralement rousse + ou olivätre à reflets brillants sur tout le dessus du corps, avec des marbrures noirâtres formant deux - séries longitudinales et parallèles ; une ligne de cou- * leur foncée, partant de la narine, passe au-dessus de - l'œil et va rejoindre les points noirs qui se trouvent le long des flancs. Le dessus de la tête est orné de points noirs très rapprochés les uns des autres; deux . larges taches brunes se remarquent sur les pariétales, . Le dessous du corps est jaune, lavé de gris, avec des taches et des points bruns plus ou moins apparents et . mal définis ; le ventre est parfois presque noir, Les yeux sont petits et enfoncés, avec l'iris jaune dans sa . partie supérieure, brunâtre dans sa moitié inférieure, La Coronelle lisse atteint de 0 m, 60 à 0 m, 70 de. ms longueur, On la trouve rarement dans les terrains hu- “ — ne mg 2e meme en > us du 08 gun à à anne cotes mme À 93. isse, p. oronelle 1] C 1 AGLYPHODONTES 95 mides ; elle préfère les lieux arides, les champs rocail- leux. «Souvent on la rencontre traversant la poussière des chemins à la chasse des Lézards et des Orvets qui cons- tituent sa principale nourriture et qu’elle tue en les étreignant entre ses replis musculeux. Elle avale quel- | quefois des Insectes ; par contre, elle prend beaucoup . plus rarement de petits Mammifères à cause de l’exten- sion trop faible de sa cavité buccale qui limite forcé- ment le volume de ses proies. » (Fatio.) Cette espèce est ovovivipare et fait annuellement de . 10 à 12 petits qui, généralement, brisent la coque de l'œuf aussitôt qu'ils sont pondus, mais devancent quel- quefois ce moment et sortent vivants du corps de leur mère. La Coronelle lisse hiverne en automne dans des gale- ries souterraines, d’où elle sort d’assez bonne heure au . printemps. Très irascible, elle cherche à mordre avec fureur lorsqu'on veut la saisir, mais sa morsure est sans danger. Son caractère hargneux et la ressemblance qu’elle offre de loin avec la Vipère sont cause de la guerre acharnée que lui font les habitants de la campagne qui la considèrent à tort comme un serpent veni- meux. Elle habite une partie de l’Europe moyenne et méri- dionale et dans les Alpes elle monte jusqu’à l’altitude de 1.200 mètres ; on la rencontre dans une partie de la France et elle a été signalée dans les départements dela Gironde, de la Charente-Inférieure, de la Vienne, de Maine-et-Loire, de l’Yonne et du Jura. | 7 L'OPT CRE k 96 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE - Coronelle Bordelaise (Coronella Girundica. \ Dum. et Bib.). Cette espèce, très voisine de la précédente, en diffère par certains caractères: sa tête est petite, elliptique; le museau est arrondi, tronqué obliquement de haut en bas et d'avant en arrière. Le tronc est recouvert de vingt et une rangées d’écailles, au lieu de dix-neuf chez la Coronelle lisse. Sa queue est courte, diminuant rapi- « dement de diamètre. : « La tête est d’un gris-roux pâle, tout semé de petits points très rapprochés et présente, vue obliquement, des reflets irisés bleuâtres : le bout du museau est taché w -de noir, Une ligne assez nette, noire, forme un arc à « concavité postérieure, en passant d’un œil à l’autre; cet arc se continue en arrière de l’œil par un trait oblique, M il se poursuit tout le long des flancs par une série de ; taches brunes, effacées, peu perceptibles. Deux autres « traits se voient encore sur les côtés de la nuque et le haut du cou et se continuent sur le haut du corps par deux séries parallèles et juxtaposées de taches quadri- | latères; ces taches, tantôt, arrivant au même niveau, À forment des bandes transversales, tantôt alternent entre elles, figurant quelquefois la ligne sinueuse du dos de la Vipère. Chaque écaille du dos, sur un fond. gris perle, présente un semis de petits points noirs et. de points rouges brillants et comme saillants. Si les points rouges dominent, ce qui arrive fréquemment, la teinte générale est rougeàtre, ce qui a valu à l'espèce le nom de Coluber rubens (Gachet). Si les points sont noirs, la teinte générale est grisâtre. » (Lataste.) La Coronelle Bordelaise attéint de 0: m. 50 à 0 im, 80 SM dat La x P” AGLYPHODONTES 97 de longueur; ses mœurs sont celles de la Coronelle lisse. On prélend qu’elle exhale une odeur de poisson très désagréable, surtout quand on l’inquiète ou qu’elle est exposée aux ardeurs du soleil. Complètement inof- fensive, elle est encore une victime des habitants de la campagne qui, à cause de sa coloration, la confondent avec la variété rouge de la Vipère. Elle habite le Midi de la France, mais ne remonte guère plus haut que la Charente-Inférieure. FAMILLE DES DIACRANTÉRIENS Cette famille diffère de la précédente en ce que tous les crochets sont lisses, les deux derniers plus longs et séparés de ceux qui les précèdent par un espace sans crochets. Les représentants de cette famille sont ter- restres, arboricoles ou aquatiques. Nous n’en possédons en France qu’un seul genre. Genre Zamenis (Wagl.), Zaménis Les Zaménis ont le corps allongé, cylindrique, la queue iongue et très effilée, les écailles oblongues, lan- céolées, lisses, nombreuses et toutes semblables. La tête est oblongue, carrée, avec des plaques sour- cillières saillantes au-dessus de l'orbite : l’écusson central est étroit. Ces Ophidiens recherchent les lieux secs; très agiles, ils grimpent facilement aux arbres et se nourrissent de Reptiles, de petits Mammifères et mêmes d’Oiseaux. Ce genre n’est représenté en France que par une seule espèce : né». 4 CF ANNE IN À PUR éd É » 4 98 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE Zaménis vert-jaune (Zamenis viridiflavus. Dum, et Bib.). Dans cette espèce (fig. 1-2, p.99), la tête est oblongue, relativement peu élargie en arrière et de forme assez anguleuse, très plane en dessus et à pans latéraux presque verticaux; la mächoire inférieure est plus courte et plus arrondie en avant que l'antérieure; le museau est obtus et arrondi, le cou un peu plus étroit que la tête, l’œil grand et saillant; la paupière arrondie, : un peu allongée horizontalement, est entourée d’un cercle jaune vif; le reste est brun et faiblement sablé de jaune. La queue est très effilée et mesure près du tiers de l’animal entier. La femelle est plus grande que le mäle et a les proportions un peu moins allongées. Ce Zaménis, que l’on nomme généralement la Verte et jaune, atteint 1 m. 20 de longueur; c’est un des plus beaux Serpents d'Europe : le dos et les flancs sont d’un vert foncé avec le centre des écailles, en général, mou- cheté de jaune; on voit, en avant, quatre séries paral- lèles de grosses taches d’un brun foncé, disposées de telle façon que les taches brunes d’une série correspon- dent transversalement aux parties claires des deux séries voisines. Les taches jaunes des écailles sont fré- quemment disposées en lignes longitudinales, d'autant plus nettes et plus nombreuses, qu'elles se rapprochent : davantage de la queue, ce qui donne à l'animal un aspect rayé spécial à cette espèce. Le dessus de la tête est d’un noir bleuàtre, agréablement semé de lignes et de points jaunes; le dessous du corps est d'un blanc de porcelaine, à reflets légèrement verdätres. « C'est dans les lieux secs et rocailleux, couverts de lee LS FE) Can 112 p 7 SR: ER 4 Cœlopéltis insignitus, p: 101, 22 _ cg 4 > ee GR 8 >> A, ne 3 RQ Le ne TR er, 4 += — a à F3 LL] Es T O E & d æ _— & RUE) A = DU ! PS F À 1 œ 14 a E — Das Er” = re > m E Se 4e en | A Le & À o d# s 2% . sa (RE, LS ee 100 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE broussailles, ou sur les lisières des bois bien exposés au soleil que le Zaménis se tient de préférence. Il ne fréquente pas les eaux, quoique nageant avec facilité. Il grimpe sur les buissons et même sur les arbres, où il recherche les nids d'oiseaux pour en manger les petits. Il se nourrit aussi de petits mammifères, mais, quoi- qu'il ait la bouche largement fendue, il paraît préférer les animaux d'un plus petit calibre, comme Lézards et Serpents. Jamais, parmi les nombreux individus de cette espèce que j'ai eu sous les yeux, je n'en ai ren- contré un seul ayant le corps renflé par une proie volu- mineuse, comme il arrive si souvent à la couleuvre à collier qui avale d’énormes Crapauds. Par contre, j'en ai vu un, que je venais de prendre, dégorger un Lézard gris; un autre avait un Orvet dans le corps.» Lataste.) Le Zaménis vert-jaune est très irascible, il se défend courageusement et mord avec rage, mais sa morsure est sans danger. C'est probablement son caractère irascible qui le fait redouter des habitants de la cam- pagne qui prétendent qu'il s'élance et bondit sur eux. Fatio, qui avait conservé un individu de cette espèce en captivité, dit qu’il ne lui avait Jamais pardonné la perte de sa liberté : « Retenu dans un grand vase en verre, il saluait toujours mon entrée dans la chambre par des sifflements stridents et se projetait inutilement en avant chaque fois que j’approchais. Sa haine était même si incurable que plusieurs fois, quand je lui rendais un instant de liberté dans la campagne, il se dirigeait directement sur moi pour me menacer et chercher à me mordre. » | La femelle pond, à la fin de juin ou en juillet, de, 8 à 15 œufs qu'elle cache dans un trou chaud et bien abrité. Ce Serpent est commun dans le Midi et le Sud-Ouest de la France, où on le désigne sous le nom vulgaire de Liron. Rare dans le département de Maine-et-Loire, on ne le trouve pas dans la Loire-Inférieure. OPISTOGLYPHES 101 ORDRE I. — OPISTOGLYPHES Duméril et Bibron ont créé l’ordre des Opistoglyphes « (à dents sillonnées en arrière) pour des Couleuvres “ dont la tête est creusée entre les yeux d’une fossette . profonde; les écailles qui recouvre le corps ne sont pas | . carénées el disposées suivant quinze à dix-neuf rangées. Les dernières dents de la mâchoire supérieure sont plus longues que les autres; la mâchoire postérieure est sillonnée. Nous ne possédons en France qu’une seule famille de cet ordre. FAMILLE DES PSAMMOPHIDÉS - Jan a réuni dans cette famille des Couleuvres dont … les caractères généraux ont été indiqués ci-dessus. Un Fe ; seul genre appartient à la Faune française : Genre Cæœlopeltis (Wagl.), Cœlopeltis — Ces Couleuvres ont la tête haute, nettement concave … au devant des veux, le museau relativement court, les … écailles du dos petites, finement striées, légèrement ” concaves chez les adultes. %. 102 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE Une seule espêce habite la France : Cœlopeltis où Couleuvre maillée (Colo peltis insignitus. Wagl.). Cette espèce (fig. 3-4, p. 99), plus connue sous le nom de Couleuvre de Montpellier, a le museau légèrement comprimé; les plaques sourcillères sont saillantes et font paraitre la têle excavée entre les yeux. Sa coloration générale est un brun-olivätre qui, sur le dos, prend une teinte rougeàtre. Des lignes d'un brun sombre, ornées de jaune, dont la forme et la dis- posilion sont très irrégulières, ornent la tête. La face supérieure du tronc et de la queue est marbrée de petites taches noirätres, bordées le plus souvent de Jaune; ces taches forment habituellement cinq, plus rarement sept séries longitudinales, plus ou moins nettes el disposées de telle sorte que les taches de chaque série alternent avec celles des séries voisines. On voit, en outre, sur les écailles des deux séries lon- gitudinales latérales les plus externes, des taches blan- châtres ou jaunâtres de forme irrégulière, disposées parfois en une bande onduleuse presque ininterrompue. Le dessous du corps est d'un blanc-jaunâtre. La colo- ration de cette Couleuvre est, du reste, assez variable. « Aux environs de Montpellier nous avons plusieurs fois observé le Cæœlopeltis dans les terrains arides et rocailleux ou poussent les Cistes aux fleurs odorantes, les charmantes Linaires et les purpurins Mélilots; nous avons également trouvé cette espèce le long des che- … mins creux exposés en plein soleil. La Couleuvre mail- lée nous a toujours paru être un animal assez agressif, qui, lorsqu'on fait mine de le saisir, se jette sur vous 4 SOLENOGLYPHES 103 en faisant entendre un sifflement aigu. Comme toutes . Les Couleuvres du reste, elle se hâte de fuir entre les pierres et les buissons lorsqu'on ne l’attrappe pas. Sa nourriture se compose de Souris, de Mulots, de Cam- pagnols, de Lézards, et trop fréquemment de petits « Uiseaux. » Brehm.) + Dugès, qui a publié un intéressant mémoire sur cette Couleuvre (1), assure que sa morsure ne cause aucun . mal, bien que ce serpent possède une dent conique, - très pointue, beaucoup plus longue que les autres et F pourvue d'une gouttière longitudinale très marquée. — Le Cœlopeltis n’habite que le Midi dela France. Il est “ assez commun aux environs de Montpellier et de Nice. FU à. ti D dé PRET SERPENTS VENIMEUX ORDRE DES SOLÉNOGLYPHES On donne le nom de Solénoglyphes (à dents creusées d'un canal en forme de tube) à un ordre d’Ophidiens “comprenant tous les Serpents venimeux et qui sont - caractérisés par une conformation particulière de la - mâchoire dont le maxillaire supérieur, très réduit, ne ; porte pas d’autres dents que des dents venimeuses, sil- Jlonnées et percées d’un canal dans toute leur longueur, “tandis que le maxillaire inférieur et le palais sont -garnis de petites dents en crochets. Les dents veni- meuses sont coniques, à pointe acérée et recourbées (4) Ducës, Remarques sur la Couleuvre de Montpellier. (Ann. des sciences nat. 2° série, tome III, p. 137.) 1 10% HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE en arrière; elles sont implantées dans les os du maxillaire supérieur. Chacun de ces os est alors élargi, court, solide et ne porte qu'un seul crochet. Plusieurs autres crochets, libres et contenus dans une bourse, sont prêls à prendre la place du premier quand il se casse. La glande à venin est située immédiatement sous la peau, un peu en arrière de l’œil, et a un conduit qui vient déboucher à la base des crochets. Ces dents sont soudées sur le bord libre de l'os maxillaire qui se meut sur lui-même par un mouvement de bascule quand l’animal ouvre ou ferme la bouche, Lorsque le Serpent est au repos, les crochets sont rabattus contre la paroi externe du palais et enveloppés dans une gaine mem- braneuse de la gencive qui les recouvre complètement. Lorsque l'animal veut faire usage de ses crochets, 11 redresse sa mâchoire supérieure à angle droit avec le cräne vers l'échine, les dents venimeuses font alors saillie et en même temps la glande renfermant le venin se trouve comprimée par des muscles qui se con- tractent dans ce mouvement; le venin se trouve ainsi poussé dans la dent el pénètre dans les plaies qu’elle a faites. En résumé, le Serpent ne pique pas, comme on le dit vulgairement : il projette vivement sa tête contre l’objet qu'il veut atteindre, y enfonce ses dents et les retire avec prestesse, laissant dans la plaie un principe empoisonné. Les Ophidiens de l’ordre des Solénoglyphes ont le tronc relativement trapu, à peu près cylindrique et légèrement renflé vers le milieu, la tête courte, large et aplatie, le plus souvent recouverte de petites écailles. Le museau est aplati, large, arrondi ou tron- PTE di Le _ LA " | Le « 2 : à d 2 SOLÉNOGLYPHES 105 _qué et retroussé. Les yeux sont ordinairement enfon- cés, à pupille allongée et verticale ; la queue est courte et conique. On ne trouve en France qu'une seule famille de Solé- noglyphes, représentée par un seul genre. FAMILLE DES VIPÉRIENS Les Vipériens ont une tête large et déprimée, un cou généralement rétréci, une queue courte et conique, une pupille toujours verticale. Genre Vipera (Laur.), Vipère Les Vipères sont des Serpents à corps lourd et trapu, à queue courte, à tête large, déprimée, nettement sé- parée du tronc. Ces reptiles sont vivipares ou ovovivipares et leurs petits, dès leur naissance, sont déjà doués du terrible venin. Les Vipères sont nocturnes et ne chassent guère qu'après le coucher du soleil; on les rencontre néan- moins pendant le jour, enroulées au soleil sous un buis- son Ou sur une pierre. « Dans nos climats toutes les Vipères semblent lentes et peu actives dans leurs habitudes ; elles restent constamment immobiles dans une sorte de torpeur, au moins pendant la journée. Elles sont comme engour- dies dans quelque coin, sous la mousse et sur les branches sèches où leur corps s’entortille et se fixe so- lidement pour se reposer et dormir. Quels que soient la durée de l'abstinence et le besoin présumé de la faim, 106 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE il est rare qu'elles aillent au devant de leur proie. Elles l’attendent patiemment et paraissent même éviter de faire le moindre mouvement qui pourrait trahir leur présence; mais quand la victime est à une proximité telle que la distance réciproque semble avoir été préci- sément déterminée, on voit tout à coup le Serpent s'é- lancer par un mouvement rapide, prompt comme lé- clair. » (Brehm.) L'animal blessé tombe, éprouve des mouvements convulsifs et succombe rapidement, tant l'effet du ve- nin est rapide sur les animaux, principalement sur ceux à sang chaud, comme les petits Mammifères el les Oiseaux. Fontana a fait beaucoup d'expériences pour recon- naitre les effets délétères du venin de la Vipère sur les animaux : il a reconnu que le poison est sans action sur certains animaux inférieurs, tels que les Annélides, les Mollusques et certains Reptiles comme lOrvet et la Vipère elle-même ; mais sur les animaux à sang chaud, l'introduction du venin produit ses effets plus ou moins funestes, souvent suivis de la mort. Le Chien, la Chèvre et le Mouton succombent même assez souvent, s'ils ne sont pas soignés. Les Vaches et les Chevaux sont ma- lades et enflent fortement dans la partie mordue. D'a- près Fontana, un milligramme de venin de Vipère com- mune, introduit sous la peau d’un Moineau, suffit à le tuer, mais il en faut six fois davantage pour faire périr un Pigeon et, d'après son calcul, 15 centigrammes de venin seraient nécessaires pour tuer un homme, Les Vipères évitent l’homme et ne le mordent que lorsqu'elles sont surprises ou attaquées par lui. Ces SOLÉNOGLYPHES 107 ? r ati lé a \4 +2 AN À ns FR À Fr: LOURDE PERS Ÿ ; 0 5 0 NT QUEUES, G É Tête de Vipère montrant l'organe venimeux. ….| Muscle reliant les deux mâchoires. — 2 Glande à venin. — 3 Muscle contractant la glande à venin. — 4 Dent percée d’un canal permettant l’écoulement du venin dans la blessure, — 5 Fourreau de la langue. — 6 Langue. Disposition des mâchoires de la Vipère lorsqu'elle s’élance pour mordre, L a 108 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE morsures peuvent être très dangereuses et même mor- telles selon le tempérament du sujet. On comprend aussi qu'une foule de circonstances peuvent faire varier l’action du venin, ainsi, par exemple, le fluide délétère pourra être sécrété en grande abondance, ou bien ne se trouver inoculé qu’en petite quantité : on a remarqué qu'une température élevée favorisant soit la sécrétion, soit l'absorption, les morsures du premier printemps et de l’arrière-saison sont généralement moins dange- reuses que celles de l'été. La morsure sera aussi plus dangereuse si elle a été faite sur certaines parties du corps; l'effet moral produit sur la personne blessée pourra avoir aussi plus ou moins d'influence. En géné- ral, la morsure est peu douloureuse au moment où elle vient d’être faite, mais le plus souvent elle est presque instantanément suivie d’une douleur très aiguë ; tantôt il n'y a qu'un seul crochet qui pénètre dans les chairs, tantôt ils y pénètrent tous les deux. Nous avons indiqué au commencement de ce volume, dans le chapitre consacré à la recherche des reptiles, les précautions qu’il était indispensable de prendre lors- qu’on avait été mordu par une Vipère. Quelques médi- caments anciens sont encore préconisés, tels sont la thériaque, l'huile d'olive, l'ammoniaque, l’eau de Luce, le savon de Starkey, etc. Les morsures de Vipère, indépendamment de l'en- flure qui en résulte, sont souvent suivies de défail- lances, de nausées, de frissons et d’assoupissement. Le professeur Duméril, qui avait été mordu par une Vi- père Péliade, fut pris de vomissements de bile, d’étour- dissements, de faiblesses et tomba en syncope. Les ac- # SOLÉNOGLYPHES 109 ÿ cidents, très légers du reste, cessèrent complètement le surlendemain. « La petite quantité de venin qui m'avait été inocu- … jée, dit Duméril, a déterminé chez moi, vieillard actif —_ et vigoureux, âgé de près de soixante-dix-huit ans, « des accidents assez graves et surtout une sorte d'in- … sensibilité momentanée assez grave pour donner à pen- é ser qu'une personne plus faible, plus jeune, et surtout - un enfant, aurait pu succomber à ces accidents, » Charras, Redi et Fontana ont fait de Ad - expériences bien connues sur l’action du venin des Vi- ÿ » à st d'une consistance à peu près oléagineuse; il est d'une couleur jaunätre ; sa saveur, d’abord faible, ù + laisse ensuite dans l'arrière-bouche une âcreté insup- $ portable ; mis dans l’eau, il va au fond; si on l'y mêle, à il la blanchit légèrement; mis sur des charbons ar- à dents, il ne brûle pas; il n’est ni acide, ni alcalin; en k se desséchant, il jaunit, prend un aspect gommeux et « forme des espèces d'écailles. - L'ancienne thérapeutique tirait beaucoup de médi- | caments de la Vipère, tels que la graisse, le sel volatil, ; le vin et le bouillon de Vipère qui passaient pour être - toniques et fortifiants. Le corps de ce Reptile, après avoir été desséché et pulvérisé, était infusé dans du vin et employé comme remède souverain contre l’en- * flure ou météorisation des bestiaux; il est superflu d'insistér sur ces croyances absurdes. Le genre Vipère est représenté en France par trois . espèces ; l'existence de l’une d’elles, la Vipère ammodyte, mérite, toutefois, d’être confirmée. x s pères. Ce venin, au moment où il vient d'être sécrété, e 110 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE Vipère aspic (Vipera aspis. Dam. et Bibr.), Cette espèce est facile à reconnaitre à ses grands crochets perforés, implantés dans la mâchoire infé- rieure, à sa tête elliptique, allongée, à face supérieure complètement plane et pouvant dans certains moments s'élargir en cœur; le museau est tronqué carrément, avançant sur la màchoire inférieure ; l'œil est petit, enfoncé; le cou est très distinct, grâce à la largeur de la partie postérieure de la tête; la queue est courte, conique, décroissant rapidement. Les écailles qui recou- vrent le corps sont oblongues, imbriquées et carénées; l'extrémité de la queue est emboitée dans une écaille comme dans une sorte de cornel. La Vipère aspic peut atteindre jusqu'à 0 m. 70 de lon- sueur. Sa coloration est très variable : généralement le corps est lavé de brun, de roux, d'olivâtre, la teinte rousse prédominant. Parfois aussi la coloration varie du verdâtre, du noirâtre, ou du gris cendré au jaunâtre, au fauve, au rouge brique, teintes sur lesquelles des taches tranchent par leurs tons plus foncés. On re- marque sur la tête une ligne transversale brune, un peu concave antérieurement, quelquefois interrompue au milieu et joignant les bords antérieurs des deux yeux ; sur le vertex se trouvent des points, généralement au nombre de quatre ou de cinq, puis, plus en arrière, et au sommet de la tête, deux traits bruns placés obli- quement et convergeant dans la forme d’un V renversé. Sur la nuque existe une grande tache noire commençant la série des taches du dos qui forment, le plus souvent, une ligne sinueuse. Le dessous du corps est également très variable ; il est ordinairement gris d’acier ou noir. Aspic, Vipera aspis, — Vipère, Vinera berus, 112 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE Ces variétés de coloration ont fait diviser les Vipères par les chasseurs et les paysans en trois espèces : la grise, la rouge, et la noire ; ces deux dernières ontlarépu- tation, plus ou moins justifiée, d'être les plus dange- reuses. Les mouvements des Vipères sont lents et permettent de ne pas les confondre avec les autres Serpents inof- fensifs : tandis que les Couleuvres glissent rapidement, la tête élevée et en décrivant des sinuosités très allon- gées, la Vipère avance, le corps et la tête collés au sol, par des mouvements moins rapides qui tracent assez exactement un $S, dont les branches reviennent sur elles-mêmes. La Vipère aspic recherche les coteaux secs et rocail- leux inclinés vers le midi et couverts de ronces et de taillis. On la trouve moins dans les bois que le long ‘ des haies, au voisinage des tas depierres et des roches. « C’est ainsi qu'aux environs de Paris, dans la forêt de Fontainebleau, on a surtout la chance de voir des Vi- pères dans les gorges d’Apremont, aux grands rochers si pittoresques et si bizarrement découpés, au milieu des genèvriers rabougris et des fougères odorantes, . dans les endroits où le sol est recouvert de fragments de grès et d’aiguilles de pin. L’Aspic craint la pluie et le froid et ne chasse guère par le mauvais temps, si ce n’est parfois avant l'orage, alors qu'elle est particu- lièrement irascible. Peu malineuse, elle ne se montre au printemps et à l'automne qu'après la disparition de de la rosée. Dès la fin d'octobre et dans les premiers jours de novembre, Vipère et Vipéreaux se retirent dans quelque galerie souterraine, sous la mousse, dans un creux d'arbre ou dans un vieux mur pour y attendre, TNT MORTE TETE TRT = L 72) PL RG RER TS NA SOLÉNOGLYPHES 113 souvent enroulés en paquets et entrelacés entre eux, que les beaux jours viennent les rendre à la vie; l'hi- vernation cesse en général au milieu de mars et c’est alors que ces animaux se recherchent. » (Biehm.) Au printemps on trouve fréquemment les Aspics par couples, mâle et femelle et souvent même dans le cou- rant de l’élé; un jour, en chassant, je fus témoin d’un de ces accouplements : j'avais remarqué, de loin, sur les basses tiges d’un genêt une masse rougeätre que je pris, à première vue, pour un Ecureuil ; en m’appro- chant, je pus me convaincre que j'avais affaire à deux Aspics enroulées ensemble pour l’accouplement, les deux têtes reposant l’une sur l’autre; je me donnai la satisfaction de terminer brusquement, par un coup de fusil, les amours de ces deux reptiles. Les femelles mettent au monde, vers le commence- ment d'avril, des petits dont le nombre varie de 8 à 15 et qui sortent vivants du corps de leur mère, entrai- nant après eux les débris des œufs dans lesquels ils étaient renfermés ; ces jeunes Vipéreaux mesurent, dès leur naissance, de 15 à18 centimètres de long. On a beaucoup exagéré le pouvoir de fascination que posséderait la Vipère ; il est toutefois un fait incontes- table, c'est que les chiens de chasse tombent en arrêt sur la Vipère comme sur le gibier, J’ai eu l’occasion d’être témoin oculaire de ce fait dans les circonstances suivantes : Par une belle journée d'automne je chassais - dans le département du Loir-et-Cher, lorsqu'en tra- versant, au milieu des bois, uneclairière abondamment tapissée de bruyères, mon chien se mit subitement en o 114 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE arrêt; je m'attendais à voir partir une pièce de gibier que je m’apprêtlais déjà à tirer, lorsque le pauvre ani- mal se rejeta brusquement dans mes jambes en pous- sant un cri de douleur : il était en arrêt sur une Vi- père qui venait de le mordre à la lèvre supérieure. Je me hâtai de rentrer au logis et, quoique le trajet ne füt » que d’enviror quinze minutes, mon pauvre chien me suivit avec peine, secouant sans cesse sa tête qui était déjà horriblement tuméfiée. Dès mon arrivée, j’exami- nai la pluie et je constatai la présence des deux points rouges où avaient pénétré les crochets de la Vipère; la plaie était enflammée et présentait, sous la pression du doigt, un bourrelet très dur entourant les traces de la morsure. Je débridai la plaie à l’aide d'un canifet je la cautérisai avec de l’alcali. Je fis ensuite coucher l’animal qui refusa toute nourriture pendant trois jours, se contentant de boire du lait ; le quatrième jour il se leva et le lendemain, quoique affaibli, il put se re- mettre en chasse. La Vipère aspic se nourril de petits Mammifères ou d’'Oiseaux qu’elle empoisonne avant de les avaler. Elle a de nombreux ennemis parmiles animaux : les Rapa- ces diurnes et nocturnes, les Cigognes, les Corbeaux qui s’en emparent adroitement, en évitant sa morsure. Le Hérisson passe pour être l'ennemi naturel de la Vipère, et, gräce à sa faculté de pouvoir s'enrouler de facon à ne présenter qu'une boule hérissée de pointes, il redoute peu le venin du Reptile; on devrait, pour cette raison, ne pas détruire ce mammifère, qui est, . d’ailleurs, un puissant auxiliaire des agriculteurs par la chasse active qu'il fait aux Insectes et aux Limaces. Mais la Vipère n’a pas d’ennemi plus acharné que l'Homme et ce n'est que gräce à la guerre continuelle qui lui est faite dans certaines parties de la France que . l'on est parvenu à arrêter la propagation de ce dange- | reux Reptile, dont la tête est mise à prix dans quelques - départements : le docteur Viaud-Grand-Marais rapporte qu'une chasseresse de Vipères de la Vendée tuait, en - moyenne, 2062 de ces animaux, ce qui lui faisait une * rente de 515 francs bon ou mal an. La Côte d'Or et le Poitou sont également infestés de Vipères : en 1865 le conseil général de Dijon a alloué un crédit de 1848 fr. 40 pour la destruclion de 26,161 Vipères à raison de O fr. 30 par animal. Dans les Deux-Sèvres une somme de 13,965 fr. 50 aurait été allouée en prime de 0 fr. 25 centimes pendant les années 1864 à 1868, ce qui représente le chiffre énorme de 55,462 Vipères _ détruites en cinq ans dans ce seul département. Dans le courant de l’année 1889, 1163 Vipères ont été dé- truites dans cinq communes de l’arrondissement de Bressuire. Une seule personne à tué 112 Vipères dans la commune de la Ronde. Assez rare dans le Nord-Ouest de la France, on ren- . contre la Vipère aspic dans l'est et à peu près dans toutes les autres parties de la France. Vipère péliade (Peas berus. Dum. et Bibr.) “fig. 5-6, p. 99). Merren à distrait cette espèce du genre Vipère pour en former le genre Pelias adopté par la plupart des . Herpétologistes modernes; cette distinction entre ces deux genres est fondée sur la présence chez l’un, l'absence chez l’autre de trois plaques sur le milieu de SOLÉNOGLYPHES 115 ANS és PT OR 116 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE la tête, partout ailleurs recouverte de petites squam- mes. Ces caractères ne sont pas très constants et si le Pelius berus etla Vipère aspic sont deux espèces très voi- sines, quoique parfaitement distinctes, les différences qui les séparent ne nous paraissent pas assez sen- sibles pour justifier le classement de ces deux espèces dans deux genres différents. La Vipère péliade est très variable dans la taille, dans les proportions et dans la coloration : le corps est épaissi dans la région du cou, très aminci dans le dernier tiers, de manière à se continuer directement avec la queue qui est courte. La tête est assez allongée, moins séparée du cou que chez la Vipère aspic, assez aplatie, doucement arrondie en avant. La coloration de cette espèce est très variable et le seul caractère constant est la présence d’une ligne noire ou brune flexueuse sur le dos ; elle est parfois in- terrompue, de distance en distance, de manière à for- mer des taches le plus souvent irrégulières, parfois séparées, parfois réunies entre elles parune ligne mince. La teinte générale du corps varie du gris au noir et on trouve chez la Péliade les mêmes variétés : grise, rouge ou brune, que l'on rencontre chez la Vipère aspic. La tête est généralement tachetée d'une manière constante : le dessus est orné de deux lignes longi- tudinales, entourées de taches et de raies, souvent reliées entre elles par une tache de mème couleur et s'écartant en arrière en forme de triangle dont le sommet est dirigé en avant. Le dessous du corps est le RS D LR RS à, 4 Le. LL Er. SOLÉNOGLYPHES 117 plus souvent gris sombre ou noirâtre. L'œil est grand, arrondi; la couleur de l'iris est habituellement un rouge peu ardent. La Vipère péliade, dont la longueur est de O0 m, 35 à 0 m. 45, habite les landes, les bois, les pentes pierreu- ses, les parois de rochers recouverts de broussailles, « Elle préfère par-dessus tout des cavités se trouvant sous des arbres déracinés, des amas de pierres, des trous de Taupes ou de Souris abandonnés, un terrier de Lapin, des fentes de rochers, des endroils aux envi- rons desquels existe une petite clairière bien exposée aux rayons du soleil auxquels se chauffe fort volontiers l'animal. On trouve cette Vipère, pendant le jour, constamment aux environs de son repaire; elle y re- tourne et s’y cache au moindre danger. » (Brehm.) Ce Serpent n’est pas pour cela un reptile diurne et ce n'est réellement qu'avec la crépuscule que commence toute son activité. La Péliade se nourrit de petits Mammifères : de Taupes, de Musaraignes, de Mulots, et même de petits Oiseaux, mais rarement de Lézards et de Grenouilles. La femelle pond en août et en septembre; les jeunes Péliades, à leur naissance, sont déjà longues de 23 cen- timètres. Cette Vipère, très commune dans certaines parties de l’Europe, et surtout en Allemagne, n’est pas rare en France, principalement dans la région de l'Ouest, où elle est commune en Normandie et dans la Vendée. Vipère ammodyte |Vigera ammonytes. Latr.). Nous donnons à titre de renseignements la descrip- 7 _—— LS Puis L LA 118 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE s tion de cette espèce (fig. 7-8, p. 99) dont l'existence en France mérite confirmation. Cette Vipère, dont les formes générales sont celles de l’Aspic, est facile à reconnaître à son museau relevé en pointe molle couverte de petites écailles. Le dessus de la tête qui est aplati, est également protégé par des écailles, ainsi que le tronc, où elles sont disposées suivant vingt et une ou vingt-trois séries. La coloration est aussi variable que celle des deux espèces précédentes : le corps est le plus souvent d’un jaune brun, quelquefois relevé de rouge. Le ventre est jaunâtre, tacheté et ponctué de brun ou de noir. L’Ammodyte recherche les lieux montueux, arides et pierreux, bien exposés ausoleil. Sa nourriture consiste en petits Mammifères, en Oiseaux et en Lézards. Cette Vipère, que l’on trouve communément dans le Tyrol, est si rare en France que son existence y est con- testée; mais plusieurs naturalistes prétendent l'avoir trouvée dans le Dauphiné. BATRACIENS Les Batraciens ont été longtemps confondus avec les autres Reptiles, dont ils sont cependant séparés par des caractères très sensibles. Les Reptiles, en effet, à toutes les périodes de leur existence, respirent l'air en nature au moyen de leurs poumons, tandis que les Ba- À Li 2e h # 5 à rer SV -1.} * VELSS Le Te NTe De RTS QU F 4 BATRACIENS 119 traciens respirent, par des branchies, l’air dissous dans l’eau, au moins pendant les premiers temps de leur vie. Ils subissent, en outre, dans le jeune âge des métamor- phoses qui n'existent pas chez les Reptiles proprement dits. Leur existence, alors, est celle des Poissons et ils sont exclusivement aquatiques. Les petits des Gre- nouilles, des Crapauds, que l’on désigne sous le nom de Tétards, n'ont aucune ressemblance avec leurs parents : ils ont le corps mince et allongé, dénué de pattes et de nageoires, la tête volumineuse. Ils vivent dans les mares, dans les eaux stagnantes où ils se transforment peu à peu. Leurs membres et leurs poumons se déve- loppent, leurs branchies s'atrophient et insensiblement ils arrivent à une organisation nouvelle qui leur permet de changer leur vie aquatique pour un autre mode d'existence ; ils deviennent alors amphibies et peuvent, à leur guise, vivre sur terre ou se réfugier dans l’eau, leur premier élément. Tous les Batraciens émanent d'œufs qui sont généra- lement petits, gélatineux et enveloppés d’une épaisse mucosité. ; « On peut dire de la grande majorité des Batraciens que ce sont des animaux aquatiques, mais autant ils recherchent les eaux douces, autant ils s’éloignent, en général, des eaux salées ou même saumâtres. Ils sont destinés à vivre dans l’eau, au moins pendant une partie de leur existence. La respiration cutanée, si ac- tive chez eux, nécessite pour tous une atmosphère hu- mide ; là où le désert établit son empire, on peut être certain de ne pas trouver de Batraciens. Ces animaux n'existent qu'aux endroits où se trouve de l’eau, soit * 120 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE d'une manière permanente, soit temporairement. Lorsque les flaques dans lesquelles ils vivent viennent à se dessécher, les Batraciens s’enfouissent profondé- ment dans la vase et y dorment d'un sommeil qui res- semble à la mort, pour ne se réveiller qu'avec l’appari- tion de l'humidité. La vitalité chez les Batraciens dé- passe ce que l’on voit chez tous les autres Vertébrés ; ils peuvent continuer à vivre pendant fort longtemps après qu'on leur a retranché des organes importants et reproduire les parties de leur corps qu'ils ont perdues. Chez beaucoup de Batraciens les membres mutilés se reproduisent avec de nouveaux os et de nouvelles arti- culations, à condition, toutefois, comme l’ont démontré les expériences de Philippeaux, que l’on n'enlève pas le segment supérieur du membre. Des lésions aux- quelles succomberaient certainement les autres Verté- brés paraissent à peine incommoder les Batraciens. Chez certains d’entre eux on peut couper la tête, en- lever une partie de la colonne vertébrale, sans que l'animal périsse de suite; bien plus, le cœur d’un Cra- paud ou d'une Grenouille, détaché de la cavité thora- cique, continue à battre longtemps, pourvu qu'il soit maintenu dans un milieu suffisamment humide. » (Brehm.) On a beaucoup exagéré le danger du venin des Ba- fraciens, surtout des Crapauds et de la Salamandre terrestre. On ne peut dire que ces animaux soient com- plètement inoffensifs, car ils sont, en réalité, pourvus de glandes qui sécrètent un véritable venin; mais ce fluide n’est dangereux que pour les animaux de petite taille. Lorsqu'on irrite un Batracien, il s'écoule des 2 | 4 N- Fr) ] LE | pores qui criblent ses téguments un liquide visqueux - et blanchâtre, d’une odeur nauséabonde, qui peut pro- duire des effets toxiques, peu sensibles chez les ani- maux à sang froid, tels que les Couleuvres et les Vi- * pères, qui avalent des Batraciens sans être incommodés. * Ce liquide est également sans action sur l'homme, - qu'un épiderme assez réfractaire à l'absorption protège . suffisamment; on a, tout au plus, une légère irritation - de la muqueuse des jeux, quand les doigts imprégnés le ce liquide ont été portés par mégarde sur celte BATRACIENS 121 à partie. … Non seulement on constate la présence du venin chez le Crapaud, mais les Grenouilles, la Rainette elle- - même, que l’on touche avec moins de précautions, sé- - crètent ce liquide visqueux. k « Je ne m'amuserai pas, dit Lataste, à combattre ; l'opinion du vulgaire qui croit ces animaux susceptibles “ de mordre ou de lancer un liquide empoisonné contre les gens qui les approchent de trop près. Les os des mächoires, très faibles et mus par des muscles très peu - puissants, sont incapables d'exercer une pression dou- loureuse sur une partie quelconque de notre corps, el leurs dents, quand ils en ont, sont trop petites pour percer notre épiderme. Quant au liquide qu'ils éjacu- lent lorsqu'on les effraie ou qu’on les tourmente, c'est de l’eau à peu près pure, tenue en réserve dans la vessie pour les besoins de l’économie et dont ils se dé- barrassent pour s’alléger et mieux fuir. » Les Batraciens subissent la mue comme les autres Reptiles, mais nous avons déjà dit que cette mue diffé- rait de celle des Sauriens et des Ophidiens, dont la MCE N ET PT) PONT " ah ht. 27. < { L 122 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE peau se détache d’une seule pièce, tandis que chez les Batraciens la peau tombe par lambeaux dont ces ani- maux se débarrassent par des mouvements saccadés, Les Batraciens vivent dans l’eau, sur terre ou sur les arbres; on peut dire que chaque espèce choisit son ha-« bitation selon ses goûts et les besoins de son organisa- … tion. La classification des Batraciens est basée sur leur « forme, qui est subordonnée elle-même à des mœurs ets à des habitats complètement différents : les uns, dans « l’âge adulte, sont dépourvus de queue et ont été nom-" més pour cette raison Batraciens Anoures (sans queue); « ils progressent par sauts, sont aquatiques ou terrestres, ces derniers n’allant, généralement, à l’eau qu’au mo- ment de la ponte (Crapauds, Grenouilles). Les autres subissent des métamorphoses incomplètes et sont es- sentiellement aquatiques; ils conservent leur queue à toutes les périodes de leur existence et ont été nommés Batraciens Urodèles (à queue distincte), tels sont les Sa- lamandres et les Tritons. BATRACIENS ANOÛURES Ces animaux sont, parmi les Batraciens, ceux dont . l’organisation est la plus complète: ils ont le tronc . large, court, déprimé et comme tronqué en arrière; la. peau est nue; les membres sont au nombre de deux à paires, les postérieurs toujours plus développés que les. antérieurs; tous les Anoures, en effet, sont disposés BATRACIENS ANOURES 123 à pour le saut et pour la natation, ainsi qu’on peut en - juger par leur squelette, qui présente une disposition É toute spéciale : la colonne vertébrale est très courte ñ et se compose seulement de neuf vertèbres ; la tête est … osseuse et très aplatie; l’'humérus est solide, plus tordu chez les Crapauds que chez les Grenouilles. 4 L'avant-bras se compose d’un os unique; le fémur est ‘1 cylindrique, plus long chez les Batraciens sauteurs, … comme la Grenouille, que chez les Batraciens marcheurs, » comme le Crapa:d. | Cette charpente osseuse est mise en mouvement par - des muscles si nombreux que Dugès n'en a pas compté … moins de 221 chez la Grenouille ! … Les Anoures nagent de Ia même façon qu'ils sautent, . à l’aide de leurs membres postérieurs plus ou moins développés et de leurs pieds plus ou moins palmés: la Grenouille verte est la plus aquatique de nos espèces, - Le Crapaud commun est, au contraire, un mauvais nageur. . Les femelles pondent dans l'eau des œufs entourés d’un mucus épais et réunis en un seul ou en deux - cordons plus ou moins longs: le nombre de ces œufs - varie selon les espèces. Ces œufs, qui sont sphériques. se gonflent en absorbant l’eau dans laquelle ils ont été déposés; au bout de quelques jours, l'embryon ou tétard perce l'enveloppe et nage librement, en se nour- À rissant, d'abord, des matières gélalineuses qui enve- - loppent les œufs. Ce petit Batracien n'est composé d’abord que d'une tête, d’un ventre et d’une queue; l'œil n'apparait qu’au troisième jour, sous forme d’un cercle noir. Peu à peu les branchies extérieures 12% HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE s’atrophient, la tête se confond avec le ventre pour ne former qu'une masse globuleuse terminée par une queue déprimée et entourée d’une mince membrane. Le Têtard se nourrit alors de végétaux et de substances animales. « Les membres postérieurs apparaissent ensuite sous la forme d’un bourgeon qui se divise en cinq rameaux à son extrémité et s’allonge peu à peu. Pendant ce temps, les membres antérieurs se développent aussi, mais intérieurement sous la peau et rien, à l'extérieur, ne trahit leur état plus ou moins avancé. C’est vers la fin de cette période que les Têtards ont acquis leur maximum de taille. » (Lataste.) C'est aussi à ce moment que les membres antérieurs complètement formés percent leur enveloppe; la queue disparait; la bouche se fend davantage; les yeux se munissent de paupières et le jeune Batracien, semblable à ses parents, sort de son élément humide pour fouler la terre qu'il ne connait pas encore. La durée de ces métamorphoses varie selon les espèces ainsi que la forme des Têtards. L'habitat des Anoures est très variable suivant leur organisation: « La Grenouille verte et la Rainette vivent en nomades, s’écartant quelquefois beaucoup des lieux qui les ont vu naître et n’ayant aucun domicile fixe. Le Crapaud commun, plus précautionneux, se choisit un trou de mulot ou, plus rarement, se creuse lui-même un terrier, dans lequel il transporte ses pénates, et dont il ne s'éloigne jamais beaucoup, si ce n’est à l’époque des amours. Les Batraciens Anoures sont les plus sociables de tous les Reptiles. Indépendamment | & ls BATRACIENS ANOURES 12 des besoins de la reproduction qui les rassemblent en grand nombre dans un même lieu, certaines espèces paraissent former de pelites colonies. Qui n’a entendu, par les belles soirées d’été, des voix douces et flûtées se répondant l’une à l’autre le long des vieilles murailles ou des talus qui bordent les chemins? Ce sont des Alytes accoucheurs qui sortent de leur retraite pour humer la fraicheur du soir et faire la chasse aux petits animaux dont ils se nourrissent, et leurs notes timides expriment le bonheur qu'ils éprouvent à se sentir vivre - ou les convient aux plaisirs de l'amour. Les Crapauds calamites se réunissent également en petites troupes, soit pour chasser, soit pour s’abriter dans quelque trou - de rocher. Quant aux Grenouilles, tout le monde a pu - observer leurs peuplades nombreuses au milieu de nos ; étangs. » (Lataste.) 3 La mue chez ces Batraciens est très remarquable et mérite d’être observée : « L’Anoure, dit Lataste, change de peau comme une femme de chemise. Sa vieille défroque, absorbant l’eau par endosmose, se gonfle, se tend et crève sur la tête et sous la gorge. Par cette ouverture il passe d'abord un - bras, puis l’autre. Avec l’aide de ses mains il retourne - son vêtement et le fait glisser en arrière le long du _ corps. Il sort enfin ses culottes et se met alors en devoir . d’avaler toute sa garde-robe. » … Les Batraciens Anoures sont tous plus ou moins : nocturnes ; quelques espèces, par exception, recherchent | les rayons du soleil. A l’état adulte, ils se nourrissent - principalement de proies vivantes: Mollusques, Insectes, - Crustacés, Vers. Ils rendent d'immenses services par la né. ! CARS TI A V1, Là tn) «LS HE à > à Ml te | Bet 2,22 dbiihig. * d é 126 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE guerre continuelle qu'ils font aux insectes nuisibles et surtout aux Limaces et aux Vers de terre qui font le désespoir des jardiniers. Ces animaux possèdent une voix qu'ils ne font géné- ralement entendre qu'à certaines époques; ce n'est guère que dans la saison des amours qu'ils s’appellent et se répondent. C’est surtout pendant les belles nuits d'été qu'on peut entendre les bruyants concerts des Batraciens, la Rainette seule continue à chanter pendant les chaudes journées d'automne. Duméril et Bibron ont divisé les Batraciens Anoures en deux sous-ordres: Phanéroglosses {à langue distincte). Phrynoglosses (sans langue). Ce dernier sous-ordre n'a pas de représentants en Europe. SOUS-ORDRE DES PHANÉROGLOSSES Les Phanéroglosses sont caractérisés par la présence d’une langue charnue, libre dans sa partie postérieure, Ce sous-ordre comprend trois familles : Les Æylæformes (Rainettes). Les Æaniformes (Grenouilles). Les Bufoniformes (Crapauds). Ces trois familles, ainsi nommées d’après la forme des animaux qui les composent, ont chacune des repré- sentanis en France. | BATRACIENS ANOURES 127 FAMILLE DES HYLÆFORMES Les animaux qui composent cette famille ont des - dents à la màchoire supérieure et au palais, les doigts | très dilatés à leurs extrémités, et sont essentiellement arboricoles. Ils se tiennent, de préférence, sur les - plantes, sur les feuilles des arbres et présentent un curieux effet de mimétisme (1) : « Examinez, dit Lataste, la gentille Rainette : sa robe vert tendre, relevée souvent par de fins liserés Jaunes du meilleur goût, passera presque sous vos yeux au bianc verdâtre délicat, ira jusqu'au jaune serin, re- viendra au vert tendre, tournera au vert bleuâtre, ou brun, et par dégradations insensibles atteindra le noir le plus profond! Car, rivale du Caméléon, elle à la _ faculté de changer de costume suivant l’état de l’atmos- phère et même suivant ses impressions. » Leur coloration, en effet, s'adapte à merveille à la couleur du feuillage qui les environne et les rend très difficiles à apercevoir : « Une Rainette, qui est verte comme la feuille sur laquelle elle est posée, peut, quelque temps après, paraitre roussàtre ou grisätre comme l'écorce de la plante contre laquelle elle va grimper. Une de ces char- mantes créatures, écrit Tennant, placée au pied de ma lampe, avait pris, après quelques minutes, si bien la couleur d’or des objets qui l’environnaient qu'il était fort difficile de l’en distinguer. » (Brehm.) ss (4) On nomme mimétisme la faculté qu’ont certains animaux de prendre la couleur des objets sur lesquels ils se fixent, à PE | pe ”. LE On Lu 4 L 128 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE La famille des Hylæformes n'est représentée en France que par un seul genre et une seule espèce : Genre Hyla (Laur.), Rainette Les Rainettes ont la langue elliptique, circulaire, entière ou très faiblement échancrée, adhérente de toutes parts, ou plus ou moins libre à son bord pos- térieur. Elles possèdent des dents; les doigts sont déprimés et plus ou moins palmés; la peau de la tête n’est pas adhérente aux membres. Rainette verte (/yla viridis. Dum. et Bib., Hyla arborea. Cuvier.). Cette espèce a la tête plutôt petite que grande, à surface supérieure légèrement excavée au centre, convexe sur son pourtour; le museau s’arrondit brus - quement depuis les narines; la mächoire inférieure rentre à peu près complètement sous la lèvre supé- rieure qui recouvre des dents très fines. Les yeux ont la pupille arrondie, se détachant en noir sur un iris couleur d’or. La Rainette verte, dont la longueur ne dépasse guère trois centimètres, a le dessus du corps généralement d'un beau vert avec quelques nuances jaunes sur les pattes de derrière. Une bande étroite et jaunàtre s'étend entre l’œil et l'épaule ; les orteils ont une teinte rosée. Tout le dessous du corps est d’un bianc plus ou moins pur. La femelle pond des œufs beaucoup plus petits et moins nombreux que ceux des Grenouilles; elle les dépose au fond de l’eau ou sur les plantes aqualiques. Le Tétard est en partie d'un vert brun, en partie … BATRACIENS ANOURES 159 jaune plus ou moins clair; le ventre est blanc brillant avec des teintes plus sombres sur son pourtour. Nous avons dit que les Rainettes étaient arboricoles : elles grimpent avec agilité sur les arbres et se meuvent * par une série de sauts sur les branches où elles se maintiennent par la pression atmosphérique produite par les ventouses ou disques dont leurs pattes sont pourvues. Elles sautent de feuille en feuille et, pendant . les beaux jours, restent immobiles sur la surface d’une ï feuille, sous laquelle elles se réfugient aussitôt qu'il 4 pleut. La Rainette verte déduigne les animaux morts et se nourrit de mouches et de petits insectes qu'elle capture elle-même en les guettant comme le chat guette des . souris. & « Sa vue percante et, sans doute aussi, l’ouïe fort + développée l’avertissent de la présence des insectes, principalement des mouches et des moucherons qu’elle semble préférer à tout. Elle observe attentivement ces animaux, s’élance brusquement sur eux, la gueule TR grande ouverte, et se sert de la langue pour les » entrainer au fond de son gosier. C’est vraiment un spec- tacle fort curieux que de voir la Rainette guetter pa= -tiemment une mouche posée sur quelque feuille, s’ap- procher doucement, presque invisible grâce à sa couleur qui la fait confondre avec le feuillage, puis, arrivée à - distance convenable, s’élancer parfois à près d'un pied de distance ; il est rare que la Rainette manque sa “proie. » (Brehm.) | A la fin de l'automne elle descend des arbres sur le .sol, gagne le voisinage des eaux et s’y blottit dans la vase. "4 # 130 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE La Rainette verte a un chant que l’on entend dans les campagnes pendant les nuits de printemps et que les paysans attribuent à la Grenouille, Ce coassement est produit par les mâles seuls, gonflant leur goître à N "Ni N NS de Ÿ san à N SNNISO NS à N RS NX > N NN Rainette verte mâle et femelle. la grosseur d’une noisette. Ces chants, qui partent tous ensemble et s'arrêtent tous à la fois, sont les concerts des Rainettes réunies en grand nombre dans une même mare. « La note qu'elles émettent, dit Lataste, est grave, vibrante, brusquement attaquée, courte, rapidement et BATRACIENS ANOURES 131 longtemps répétée. Les mots Ærac, Krac…. ou carac, carac rendent bien l'effet produit par cette musique. » La Rainette, qu'on nomme aussi vulgairement la Raine, s’habitue facilement à la captivité et beaucoup d'amateurs conservent ces animaux qu'ils croient propres à prédire le temps par leurs cris ou par les positions qu’ils occupent dans leur prison. On prétend, en effet, qu'ils annoncent la pluie par leurs coasse- ments. Ils sont, en outre, utilisés comme Lygromètre : on les place dans un bocal en verre à demi rempli d'eau, dans laquelle plonge une petite échelle en bois : si le temps doit rester sec, la Rainette escalade son échelle et demeure au-dessus de l’eau ; si, au contraire, le temps est menaçant, elle regagne l’eau et reste im- mergée. On sait que le maréchal Bugeaud avait une confiance inébranlable dans ces prédictions et, pendant ses campagnes d'Algérie, n’entreprenait jamais une expédition sans avoir consulté la Rainette qu'il élevait en captivité. Cette espèce habite toute l'Europe et est très com- mune dans toute la France. FAMILLE DES RANIFORMES Les Batraciens qui composent cette famille ont les . doigts libres et les orteils plus ou moins palmés. Les genres différent entre eux par la disposition et la struc- ture des doigts, par la forme de la langue et par la dentition. Cette famille comprend nos Grenouilles proprement dites, que l’on divise en deux sections : 132 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE Les Grenouilles aquatiques. Les Grenouilles rousses. Les premières sont caractérisées par leurs mœurs aquatiques; les secondes ont des habitudes beaucoup plus terrestres. Genre Rana (Lin.), Grenouille Dans ce genre, la langue est grande, oblongue, un peu rétrécie en avant, fourchue en arrière, libre dans le tiers postérieur de sa longueur; la bouche est large- ment fendue; les dents, peu nombreuses, sont situées tantôt entre les arrière-narines, tantôt plus ou moins rapprochées de celles-ci; les doigts sont plus ou moins palmés ; les formes sont sveltes et élancées. 1° GRENOUILLES AQUATIQUES Grenouille verte (/ana viridis. Lin.). La Grenouille verte ou Grenouille commune a la tête triangulaire, aplatie, aussi large que longue, le mu- seau arrondi; l’œil protégé par une paupière supé- rieure très épaisse a l'iris de couleur dorée. Les membres sont plus longs chez le mäle que chez la femelle enfin le mâle possède deux vessies vocales, formées d’une membrane mince et transparente, pou- vant sortir par une fente qui se prolonge presque jus- qu'à l'épaule et qui ont souvent la grosseur d’une noï- sette. La peau est lisse et d’une teinte générale verdâtre, mais cette coloration est très variable et souvent le dessus du corps est lavé de vert, de roux et de brun. Le dessous du corps est d’une teinte plus claire, quelque- BATRACIENS ANOURES 133 fois entièrement blanc. On a remarqué que les Gre- nouilles qui habitent les marais sont plus brunes et plus foncées que celles qui vivent dans les eaux claires. La femelle dépose dans l’eau des œufs très nom- breux, réunis en un paquet volumineux et plus petits que ceux de la Rainette. Grenouille verte. Le Tétard a le corps ovalaire, le museau très obtus et largement arrondi; sa coloration présente des reflets très variables : le dessus est lavé de brun, de roux et de jaune; les flancs ont des reflets d’un rouge cui- vreux. La membrane caudale, rousse à son origine supérieure, est transparente et semée de nombreux . points blancs très petits. Le dessous du corps est blanc entouré de bleuâtre. « Le coassement de cette espèce, dit Fatio, varie un - peu avec les circonstances; c’est quelquefois, chez le mâle, une sorte de ricanement que l’on peut traduire . par brekeke, où bien une exclamation sur deux notes 13% HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE exprimant le mot koarr; souvent chez les deux sexes c'est encore un cri rauque, roulé et-plus ou moins pro- longé. » Les Grenouilles vertes se retirent vers la fin d’oc- tobre dans la vase au fond des eaux et sortent tardive- ment de leur engourdissement hivernal ; ce n’est guère qu'au commencement de juin qu’elles font entendre leurs chants. Cette espèce est la plus aquatique des Grenouilles européennes et ne quitte l’eau que pour jouir, sur la rive, des rayons du soleil. À la moindre alerte, elle re- gagne l’eau par des sauts précipités et se plonge de nouveau dans son élément favori. « Quand elle a plongé d’effroi, elle décrit dans l’eau une ligne courbe et vient à une petite distance pas- ser sa tête au-dessus des plantes aquatiques pour revoir l’objet de sa frayeur. Si le danger lui parait per- sister, elle plonge de nouveau et va, cette fois, se ca- cher pour quelques instants dans la vase, s’y enfonçant la tête la première. » (Lataste.) La Grenouille verte se rencontre quelquefois dans les eaux courantes, mais elle préfère les étangs, les mares pleines d'herbes et de roseaux, les fossés remplis d'eau où pousse une épaisse végétation aquatique; c'est là qu'elle donne la chasse aux Insectes, aux petits Mol- lusques et aux Vers dont elle fait sa nourriture. Très vorace, on l’accuse de faire parfois des dégâts très con- sidérables dans les étangs en dévorant les œufs et Les alevins de Poissons. En revanche, elle est très recherchée pour l’alimen- tation et on fait une grande consommation de Gre- UT, à D tes +. CSSS D ER BATRACIENS ANOURES 135 nouilles, dont on mange les cuisses. Dans le but de se procurer ce Batracien, on lui fait une guerre achar- née : à la ligne, à l’arbalète, ou même avec une lance dont on peut approcher la pointe à quelques centi- mètres de son corps sans que le pauvre animal se mé- fie de l'instrument qui doit le transpercer. Enfin, on utilise aussi cette espèce pour des expériences de la- boratoire et d’amphithéätre. La Grenouille verte est le plus commun de nos Ba- traciens Anoures : on la trouve en grande quantité . dans toutes les parties de la France. 2° (GRENOUILLES ROUSSES Les Grenouilles de cette section sont à peu près ter- restres, vivant sur terre pendant plus de la moitié de l’année et n’habitant l’eau qu'au moment de la ponte ou pour y chercher un refuge pendant l'hiver. Grenouille rousse (ana fusca. Rœsel., Rana temporaria. Lin.). Cette Grenouille est plus trapue que l'espèce précé- dente; sa face est courte et bombée, les membres postérieurs sont raccourcis, les allures lourdes. « Un signe distinctif de la Grenouille rousse, c’est d'avoir la région latérale de la tête, comprise entre l’œil et l'épaule, colorée en noir ou en brun foncé, cir- constance qui lui a valu la qualification latine de {em- poraria où marquée à la tempe. Cette grande tache noire ou brune se termine généralement en pointe derrière l’angle de la bouche. Une raie noire, passant par la na- rine, s'étend du bord antérieur de l'œil au bout du museau; un trait de la même couleur est marqué en 136 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE long sur le devant des bras. Les mächoires sont blanches ou jaunâtres, bordées ou tachetées de noir ou de brun. Les pattes postérieures sont presque toujours coupées en travers par des bandes d’une couleur fon- cée. La plupart des individus ont toute la face supé- rieure du corps d’une teinte rousse uniforme ou tache- tée de noirätre; puis il yen a de verts, de verdâtres, de gris, de bruns, de noirätres, de jaunâtres, de blan- Grenouille rousse. châtres, et même de colorés en rose avec ou sans taches plus ou moins foncées que le fond sur lequel elles sont semées. Les régions inférieures sont souvent d’un blanc jaunâtre, mais elles offrent aussi quelque- fois des taches cendrées, brunes ou roussàtres. La pu- pille est noire, oblongue et l'iris de couleur d’or. » (Duméril et Bibron.) On peut juger par la description que nous venons de citer combien cette espèce est variable. Le du, CR AS RAT. % métis La té ER RSS 1” Pa VIN EE RSS TR € BATRACIENS ANOURES 137 La Grenouille rousse atteint généralement de 0 m.055 à 0 m. 065 de longueur; elle est une des premières à sortir du sommeil hivernal et dès le mois de février elle se rend à l’eau pour y déposer son frai. La femelle pond des œufs qui tombent au fond de l’eau, se gonflent ensuite et remontent à la surface où ils forment des masses épaisses et mucilagineuses qui contiennent jus- qu'à 150 pelottes. Cette espèce, ainsi que nous l'avons dit, habite de préférence sur terre; on la trouve dans les jardins, les vignes, les prairies, les champs et les forêts, surtout dans les lieux humides et garnis de hautes herbes. Elle fait rarement entendre sa voix qui consiste en un coas- sement sourd et peu prolongé. Elle se nourrit d’In- sectes, de Vers et de Limaces. « Aucun Batracien, peut-être, n'a autant d'ennemis que la Grenouille rousse; tous les animaux l’attaquent et sur terre et dans l’eau; elle n’est réellement à l’abri des poursuites, que lorsqu'elle s’enterre dans la vase pour y passer l'hiver. Beaucoup d'Oiseaux, la plupart des Serpents de nos pays la pourchassent ; avec le Cra- paud, elle est la proie préférée de la Couleuvre à col- - lier; pendant les premiers temps de son existence la Grenouille verte s’en nourrit ; les Écrevisses recherchent ses larves. Malgré toutes ces causes de destruction, la Grenouille rousse est si prolifique qu’un printemps favorable suffit à combler les vides faits par les nom- breux ennemis qui pourchassent cette espèce sans trêve ni merci. » (Brehm.) La Grenouille rousse, qui habite l’Europe entière, depuis l'Espagne et l'Italie jusqu’au nord de la 138 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE Norwège, n’est pas rare en France, mais ne se rencontre pas dans quelques départements. Grenouille agile (ana ugilis. Thomas.). Cette espèce a été longtemps confondue avec la Gre- nouille rousse, à laquelle elle ressemble beaucoup par la coloration. Sa tête est très acuminée et à peu près aussi large que longue à sa base. Le museau, dont l'extrémité déborde un peu la mâchoire inférieure, se termine en pointe arrondie. L’œil est grand, l'iris est doré, brun-foncé et sans éclat en dessus. Une tache noire ou brunâtre recouvre les tempes, comme chez la Grenouille rousse. Toute la surface du corps est d’un roux plus ou moins vif, pouvant passer, d’un instant à l’autre, au rosé ou au brun foncé. Un cordon jaune sale borde la lèvre supérieure jusqu’à l'angle des mâchoires; la lèvre inférieure est bordée de marbrures brunes, souvent effacées, transversales et étroites. Des taches brunes, moins foncées et moins nettes, se montrent sur le dos. Le dessous du corps est d’un beau blanc mat; la gorge et la poitrine présentent souvent, principale- ment chez les femelles, une teinte d’un rose tendre, les aines une nuance vert-doré, le dessous des cuisses une couleur de chair. Cette Grenouille atteint de 0 m. 05 à O0 m. 06 de lon- gueur; les mâles sont toujours beaucoup plus petits que les femelles. Celles-ci déposent, au printemps, leurs œufs dans les eaux profondes. Ces œufs, moins gros que ceux de la Grenouille rousse, sont attachés aux bois morts ou aux rameaux flottants. Le Télard a le corps ovale, le dos taché de gris-brun sur un fond jaunâtre clair, le ventre blanc, séparé de BATRACIENS ANOURES 159 - la gorge par une bande obscure. La queue à sa por- - tion membraneuse toute marbrée de taches d’un gris . roux, grosses, nombreuses et très rapprochées, ce qui + permet de distinguer ce Têtard de celui de la Gre- « nouille verte. ._ Le mâle adulte a une voix très faible qui ne s'entend - pas au delà d’une quinzaine de pas et qui se compose _ d’une seule note, comme parlée à voix basse, vite arti- - culéeet rapidement répétée. La Grenouille agile recherche les prairies et les bois » humides situés à peu de distance des petits ruisseaux. « Comme la Grenouille des bois de l'Amérique du Nord, à laquelle elle ressemble beaucoup, l’Agile est une espèce exclusivement terrestre. Hors l’hivernage et le . temps des amours, on ne la trouve jamais à l’eau. Elle . recherche les frais vallons au bord des ruisseaux. C’est là, dans les prés, dans l'herbe des taillis ou sous les grands arbres, qu'on la trouve le plus souvent, isolée . ou par petites bandes. Elle part sous les pas par bonds de quatre à cinq pieds, va tomber dans le . ruisseau, ou se dérobe dans l'herbe des prairies. Une grande partie hivernent sous la feuillée, les autres dans . la vase et dans les masses submergées de plantes aqua- tiques. » (A. de l'Isle.) Cette espèce vit d'insectes qu'elle saisit adroitement : au vol. Ou la trouve à peu près dans toute la France, où elle est désignée par les paysans sous différents noms : Grenouille pisseuse dans quelques départements du Centre, pichouse dans la Gironde et papegay dans la . Charente-Inférieure. 140 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE Genre Pelodytes (Filz.), Pélodyte chez lequel les dents qui garnissent le palais sont dis- posées en deux groupes. La langue, à peine échancrée, est libre à son bord postérieur. Les doigts ne sont pas dilatés à leur extrémité. Ce genre ne comprend qu'une espèce : Pélodyte ponctué (?elodytes punctatus. Dugès). Cet Anoure a des formes allongées qui le rappro- Pélodyte ponctué. chent des Rainettes; sa tête est légèrement plus longue que large chez la femelle et très aplatie. Le museau est fortement arrondi, l'œil gros et saillant, le COrpS assez court. La peau, sur la partie supérieure du corps, | BATRACIENS ANOURES 141 . est couverte de petites verrues irrégulières formant, “ surtout chez les mèles, des séries latérales. … Tout le dessus du corps est d'une teinte cendrée, ver- F4 dâtre ou brunâtre, avec des marbrures d’un beau vert, , plus nombreuses sur les membres. Le dessous du corps est d'un blanc mat. La longueur du Pélodyte est de - 0 m. 37 à Om. 45. “ La femelle dépose ses œufs dans l’eau en grappes de six à huit centimètres de long qui sont fixées sur 4 des brins d'herbe ou des branches à demi submergées. … Le Tétard a le corps ovale allongé et paraissant dé- primé lorsqu'on le regarde de profil; la queue est très longue ; le dessus du corps est parsemé de points - et de taches d’un brun effacé sur fond roux. Le ventre est d’un blanc assez pur. « Le cri du Pélodyte, que l’on entend surtout äux mois d'avril et de mai, le soir, dans les petites mares, les eaux pluviales, les fossés qui bordent les chemins, n’a pas la puissance de celui de la Rainette, auquel il ressemble beaucoup. La note est pleine, lente, chevro- tante et très grave; on s’étonne de la voir produite par un si petit animal. Le Pélodyte la répète sept ou huit fois sans se presser, puis il s’arrête quelque temps pour recommencer ensuite. » (Lataste.) Cette espèce, plutôt terrestre qu'aquatique, est nocturne et se cache sous les pierres pendant le jour. On peut la rencontrer très facilement le soir au pied des murs des vieux parcs ou le long des petits ruisseaux. Elle se nourrit d'Insectes et grimpe sur les buissons aussi facilement que la Rainette. _ Le Pélodyte, sans être commun, habite une grande 142 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE partie de la France et n’est pas rare dans les environs de Paris. Duméril dit que dans l’ancien parc de Sceaux- Penthièvre on peut le voir, au premier printemps, dans de petits étangs, anciens restes des grandes pièces d’eau, et en automne au milieu des buissons de ronces qui bordent les murs du parc exposés en plein soleil. Genre Alytes (Wagl.), Alyte Les animaux formant ce genre sont caractérisés par un corps trapu, des membres courts et épais, une peau couverte de pustules, une langue entière, épaissie, cir- culaire et adhérente. La physionomie de ces Batraciens semble les rapprocher des Crapauds dont ils s’éloignent par des caractères importants. Le genre Alyte n'est représenté que par une seule espèce : Alyte accoucheur (A/yts obstetricans. Laur.). Cet Anoure a le corps trapu et ramassé, les membres postérieurs étendus, la tête assez grande et portée directement sur les épaules. Ne dépassant guère 10 cen- timètres de longueur, il ressemble à un jeune Cra- paud, mais sa peau n'est pas aussi rugueuse et est seulement parsemée de petits tubercules mousses et arrondis. Le dessous du ventre est chagriné par de petites granulations plus blanches que le fond. La teinte du corps varie du jaune sale au brun assez foncé; les pustules du dos forment des mouchetures généralement brunes, quelquefois d’un vert assez vif, souvent marquées de rouge à leur sommet. La femelle pond des œufs relativement gros, entourés d’une membrane assez résistante et reliés entre eux en +6 BATRACIENS ANOURES 143 forme de chapelets. Elle abandonne ses œufs aux soins - du mäle qui les prend et les entortille autour de ses jambes, ce qui lui a fait donner le nom d’Alyte accoucheur. « J'en ai trouvé, dit Lataste, se promenant ainsi avec - des œufs à tous les degrés de développement, et ilsn'en . paraissaient par fort gênés. Si on les tourmente cepen- - dant, ou si on les réduit en captivité, ils s’en débar- . rassent et les laissent sur le sol pour ne plus les . reprendre. » "S î Alyte accoucheur. still 2 di Géant ét dé mms ee SLR LT Le Têtard a le corps ovalaire, raccourci, le museau - arrondi et très busqué, la queue assez longue; il est d’une coloration rousse ou noirâtre selon les eaux qu'il habite; le ventre est gris-blanchâtre et granuleux ; la partie membraneuse de la queue est couverte de points bruns disposés sans ordre; l'iris est doré. « Depuis le commencement d'avril jusqu'aux premiers jours de septembre les Alytes font entendre, surtout lorsque le temps est doux, le son clok, qu’ils répètent le le soir, ainsi que pendant la nuit, à des intervalles plus ou moins rapprochés. Ils se cantonnent dans les vil- \ 144 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE lages, de manière cependant, que la distance qui les sépare est assez peu éloignée pour qu'ils puissent s'appeler et se répondre.» (Millet.) L’Alyte est nocturne et vit dans les vieilles carrières, dans les talus ou le long des murailles qui bordent les chemins, dans les vieilles constructions, dans les ter- rains en démolition, où il se creuse, à l’aide de ses membres antérieurs, une retraite profonde qu'il partage souvent avec ses congénères. Il se nourrit d’Insectes et est le plus terrestre de nos Batraciens, car il ne va à l’eau qu'un instant pour y apporter ses œufs au moment de leur éclosion. Les petits tubercules qui garnissent sa peau sécrètent un liquide blanchâtre, d’une odeur assez forte et qu’on a considéré comme un venin dont on a beaucoup exagéré les effets. L’Alyte accoucheur est très commun en France, prin- cipalement aux environs de Paris. Genre Pelobates (Wagl.), Pélobate Ce genre se compose de Batraciens dont la tête est protégée par un bouclier osseux, couvert de petites aspérités; les doigts, au nombre de quatre, sont com- plètement libres; les orteils sont gros et réunis par une membrane épaisse. Deux espèces représentent ce genre en France : Pélobate brun (?Pelobates fuscus. Wagl.). Ce Pélobate a le crâne rugueux fortement renflé longitudinalement ; les éperons qui ornent ses pattes postérieures sont jaunâtres; la peau est relativement lisse et fortement adhérente sur le dessus de la tête. _ Abies 4 BATRACIENS ANOURES 145 La longueur de ce Batracien est de 0 m. 52 à 0 m.65: Le dessus du corps est jaune-brunâtre, marbré irrégu- lièrement de taches d’un brun très foncé qui donnent à la peau une physionomie particulière que Ræsel a comparée à une carte géographique coloriée sur laquelle on verrait les fleuves et les iles avec les côtes de nuance plus claire. Pélobate brun. Le Pélobate brun ne fréquente les eaux qu’au moment de la ponte, de mars en avril. La femelle pond des œufs disposés en deux cordons longs d'un mèêtre environ et qui se fixent sur les jones, les roseaux et les autres plantes aquatiques. Le tétard offre une grande ressem: . blance avec celui du Pélobate cultripède. « Les Pélobates sont des animaux essontiehenteh terrestres et fouisseurs; le jour ils se retirent dans Îles câvités qu’ils se creusent dans les berges et ne chassent que pendant lanuit, Lorsqu'ilestà l’eau, le Pélobate brur 10 LI 146 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE a l'habitude de s’enfoncer dans la vase qu'il a soin de troubler, et comme il recherche avant tout les endroits des mares dont le fond est couvert de joncs, dont les berges sont excavées, il est fort difficile de le capturer; il nage, du reste, très rapidement. Lorsqu'il est à l'eau et que rien ne vient le troubler, le Pélobate brun fait entendre son chant monotone : les notes qui le com- posent sont basses et espacées; les mots crioc, crôoec, prononcés lentement et de la gorge, imitent assez bien ce chant. » (Brehm.) Le liquide sécrété par les glandes du Pélobate est un venin assez actif, sans danger pour l’homme, mais mortel pour de petits animaux, ainsi que l’ont démontré les expériences faites par E. Sauvage : ce venin inoculé à une souris la tue en 27 minutes, après avoir produit des efforts de vomissement, des tremblotements des muscles et des convulsions. Cette espèce, rare dans le Midi, se rencontre dans les autres parties de la France; elle est assez commune aux environs de Paris, dans les mares situées sur la rive droite du canal, entre Pantin et Bondy. Pélobate cultripède (Pelobates cultriges. Dum. et Bibr.,. Cette espèce se distingue de la précédente par sa tête plus large que longue, insérée courtement sur les épaules, par le dessus de la tête entièrement rugueux, par ses éperons de couleur noire, par la saillie de ses yeux énormes au-dessous du crâne. La coloration de la face supérieure du corps est à peu près la même que celle du Pélobate roux : d'un brun rougeâtre avec les mêmes taches beaucoup plus fon- ve RÉ rs. BATRACIENS ANOURES 147 cées. Le dessous du corps est d’un blanc jaunâtre, pi- queté de brun-roux, les mouchetures étant surtout . nombreuses sous la gorge. La ponte a lieu dans l’eau et les œufs sont disposés en cordons que l’on trouve, au printemps, dans les eaux stagnantes, parmi les herbes qui poussent près du bord. Le fétard a le corps ovoïde, arrondi à ses deux extré- mités; la queue est très large; la bouche, dont les lèvres se prolongent en avant en un tube large et écourté, est armée de deux mandibules cornées fort résistantes. La coloration sur les faces supérieures est jaune ou rousse, avec des reflets bleuätres. Le ventre | est gris blanchätre avec des lignes irrégulières et des points nacrés. » Ce Pélobate a un chant qui offre quelque ressem- | blance avec le gloussement de la Poule et que l’on peut rendre par les syllabes cô, cô, 60, émises sur un ton plus bas et moins rapidement répétées que ne le fait la Grenouille agile. « Cet Anoure habite les sables du littoral méditer- ranéen. Il se nourrit de Coléoptères, surtout des très nombreux représentants de la famille des Mélasomes. | Il ne sort que la nuit et, comme il procède par sauts » assez étendus, il se trahit lui-même par le bruit qu’il _ fait en heurtant les Zphedia, les Eryngium maritimum et _ autres plantes coriaces et résistantes. Repu et quand la fraicheur se fait sentir, il enfle ses énormes poumons à larges vésicules, ferme, en faisant basculer ses os inci- _Sifs, les opercules à levier de ses narines, et de ses couteaux tranchants se creuse dans le sable fin et | RTE 148 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE meuble de la dune une retraite assurée; car à mesure qu’il s’y enfonce à reculons, le sable retombe sur lui et le dérobe. À l’aube, on aperçoit encore sur le sol une faible dépression, indice accusateur seulement pour un œil exercé; puis la brise de mer souffle, les trou- peaux de petite race de Pos longifrons passent et repas- sent sur sa tête, et l’animal demeure enseveli tout le jour dans sa prison. » (A. de l'Isle.) Le Pélobate cultripède habite surtout le Midi de la France : A. de l’Isle l’a trouvé à Carnou et à Palavas, sur le littoral de l'Hérault, ainsi qu'aux environs de Toulouse; il habite aussi les Landes et la Gironde ; enfin, dans l'Ouest de la France, on le rencontre dans la Loire Inférieure, sur les dunes situées entre le Pou- liguen et le bourg de Batz. Genre Bombinator (Wag!.), Sonneur Les animaux composant ce genre sont caractérisés par une langue à peu près circulaire, mince, non échancrée sur le bord postérieur et adhérente en ar- rière comme en avant, l'absence de vessie vocale, la pupille triangulaire, quatre doigts libres, les. orteils réunis par une membrane, la mâchoire supérieure garnie de dents. Ce genre, qui établit une transition naturelle entre les Raniformes {Grenouilles) et les Bufoniformes {Cra- pauds), ne comprend qu'une seule espèce : Sonneur igné (PBombüinator igneus. Laur.). Ce Batracien a la tête petite, aplatie, convexe dans tous les sens, et dont la face supérieure se confond insensiblement avec les joues et le museau qui est. BATRACIENS ANOURES 129 court, arrondi et légèrement aplati. La peau est exces- À sivement rugueuse et recouverte de pustules assez grosses et arrondies, ce qui donne à cet animal l'appa- rence d'un Crapaud. Le corps, long d'environ 4 centi- | mètres, est allongé, arrondi dans tous les sens; les “ yeux sont saillants; la paupière est triangulaire et pa- J rait comme une étroite ligne dorée. | Tout le dessus du corps est d’un brun terreux uni- , . É forme ; le dessous est d’une belle couleur orangée qui Sonneur igné. » a valu à ce petit Batracien le nom de Sonneur igné ou . couleur de feu. On remarque également sur le ventre des taches irrégulières de forme et de nombre, d’un beau bleu noirâtre, à partie centrale gris-bleuâtre. Le des- sous des membres et des doigts est taché comme le . ventre; sur les flancs le bleu domine, pointillé de blanc _ bleuätre. Les femelles déposent dans l’eau, d'avril en juillet, des œufs qui sont relativement gros et réunis en une douzaine de paquets, contenant chacun de 20 à 30 œufs. 150 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE Le têlard est très facile à reconnaitre : son corps est ovale-arrondi, déprimé, un peu acuminé vers le mu- seau; le dessus du corps est gris roussätre, le dessous d’un bleu cendré. La queue est courte et parsemée de points bruns. Le sonneur igné à un chant assez faible et très doux, composé de deux notes émises l’une après l’autre et répétées sans interruption. Le mot howhou rend assez bien l'effet produit par ce chant. Ce Batracien recherche les mares, les étangs, les fossés couverts de lentilles d’eau. « Il fréquente surtout les eaux stagnantes et croupissantes de peu d’étendue, se tenant généralement sur leurs bords, et s'y réfugiant au moment du danger, à moins qu'ilne se tapisse contre la vase, comptant sur sa livrée supérieurement obscure pour le dérober. Il nage fort bien, émergeant très peu, les yeux et les narines seuls élevés au-dessus de l’eau; mais le peu de profondeur des eaux qu'il habite permettra de le prendre aisément à l’aide d'un petit troubleau, ou même à la main. D'ailleurs il est moins méfiant et moins agile que la Grenouille verte.» (Lataste.) Les pustules qui recouvrent sa peau sécrèlent un liquide dont les principes venimeux ne paraissent pas aussi actifs que ceux du venin des Crapauds. Le Sonneur, d’après Fatio, serait doué d’un certain instinct : (Il rejette la tête en arrière, relevant les pattes postérieures et se fourrant les poings dans les yeux, comme pour ne pas voir le danger; ainsi tordu, quelquefois sur le ventre, le plus souvent renversé sur le dos, il attend que le danger soit éloigné. » BATRACIENS ANOURES 151 Dans les mares qu’il habite il est souvent victime des attaques d’un petit Mollusque bivalve : la Cyclas cornea, qui s'attache à ses pattes et les mutile. La Cyclade ne lèche prise que lorsque la patte a été gangrenée et détruite par l’arrêt de la circulation et on trouve quel- quefois des individus dont les membres portent les traces des cicatrices provenant de ces mulilations. Le Sonneur se nourrit d’Insectes, de Vers et surtout de petits Mollusques. Il habite presque toute la France et est connu dans quelques départements sous le nom de Crapaud pluvial. FAMILLE DES BUFONIFORMES Les Crapauds, qui composent cette famille, sont des Batraciens essentiellement nocturnes, redoutant la lumière du jour et ne quittant leur retraite pour se mettre en quête de leur nourriture, soit à terre, soit dans l’eau, qu’à l'approche de la nuit. Cette famille n’est représentée en France que par un seul genre : Genre Bufo (Laur.), Crapaud Ces animaux ont la langue allongée, elliptique, géné- ralement un peu plus large en arrière qu'en avant, entière, libre postérieurement dans une certaine por- tion de son étendue, le palais dépourvu de dents, quatre doigts distincts, entièrement libres, cinq orteils plus ou moins palmés. Les Crapauds se reconnaissent à leurs formes lourdes et trapues, aux glandes qui constituent deux amas de 332 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE chaque côté du cou, à leur bouche largement fendue. Ces Batraciens inspirent la répulsion par leurs allures disgracieuses, par leur peau froide et visqueuse, par leur aspect repoussant; ils sont cependant aussi utiles qu'inoffensifs et détruisent un grand nombre de petits insectes nuisibles. Ils ont été les sujets de fables ridicules : nous ne parlerons pas des prétendues pluies de Crapauds qui n’ont jamais existé que dans l’imaginalion de ceux qui les ont inventées. On a aussi attribué à ces animaux une longévité surprenante : « L'amour du merveilleux, dit Lataste, est allé jus- qu'à prétendre qu'on en avait trouvé au milieu de roches anciennes, dans des cavités sans issue, et que, par suite, ces animaux, contemporains de la formation de ce rocher, étaient enfermés là depuis des milliers de siècles. Il n’y a pas lieu de s'arrêter à de pareils dires. Mais il est certain (des expériences nombreuses l’ont démontré) que les Crapauds et les Batraciens en général peuvent vivre fort longtemps séquestrés dans les corps poreux et humides. Dans l’état d’inaclion forcée où ils se trouvent alors, leur vie, très peu active, fait une très petite consommation de substance, et l'air qui filtre à travers les pores de la pierre suffit à leur respiration peu exigeante ; mais il leur faut une certaine humidité, sans quoi ils se dessèchent et meurent rapi- dement. » Une des causes principales de l’aversion de l’homme pour le Crapaud est la posture singulière que prend cet animal lorsqu'il est en danger : il voûte son dos, se soulève sur ses quatre membres en baissant le ; Fr =. nûé ui 7 +. ti Fr 7, Jp de 7 Li la ” it - ÉtiReh sde Ve RSS ee ES Lis Déndnel s et PAR SN PO ET À PT 4 BATRACIENS ANOURES 153 museau. Il ne faut pas voir dans cette attitude une menace, mais simplement une preuve d'instinct de con- servation chez ce pauvre Batracien : il cherche à pro- téger ainsi sa tête en présentant son dos, qui est la partie de son corps la plus fournie en glandes et est, pour cette raison, la moins vulnérable ; il gonfle en même temps d'air ses poumons pour faire distendre sa peau et présente une surface ballonnée, sur laquelle résonnent les coups que lui porte son agresseur. L’as- pect repoussant du Crapaud est une des causes de la guerre acharnée qui lui est faite et l'expose à subir mille tortures aussi cruelles qu'imméritées : les paysans le saisissent et l’empalent sur un échalas où il attend une mort lente et douloureuse; les enfants, dans les campagnes, le placent sur l'extrémité d’une planchette formant bascule et, par un coup vigoureux appliqué à l’autre extrémité, le lancent dans l’espace : il retombe à plat ventre, les jambes tendues et fait le mort dans l'espoir de sauver sa vie. Les Crapauds ont, au contraire, droit à notre protec- tion pour la destruction énorme qu’ils font de tous les insectes nuisibles à l’agriculture ; ils se nourrissent, en effet, d'Araignées, de Cloportes, de Fourmis, de Hanne- tons et de Charençons ; nous avons donc intérêt à pro- téger et à conserver ces Batraciens. Le genre Crapaud est représenté en France par deux espèces bien connues : Crapaud commun (Zufo vulgaris. Dum. et Bibr.). Cette espèce a la tête courte, large, nullement dis- tincte du tronc; le museau est très court et arrondi; 15% HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE la bouche largement fendue et sans dents, la langue elliplique, les yeux gros et proéminents, à paupière supérieure épaisse, à pupille horizontale, à iris sablé d’or. Le tronc est court, large, déprimé, arrondi quand les poumons sont gonflés d'air. Chez le mâle toute la surface du corps est d'un roux olivâtre, pouvant passer au brun, au verdätre et même au rougeâtre : chez la femelle, elle est marbrée de nom Crapaud commun. breuses taches brunes, jaunes ou blanc sale. Le dessous du corps est d’un blanc jaunâtre, uniforme chezle mâle, légèrement marbré de taches d’un gris pâle chez la fe- melle. Celle-ci pond dans l’eau des œufs disposés en deux cordons parallèles ; ces cordons, qui ont jusqu’à 3 mè- tres de longueur, sont enroulés en lourds écheveaux autour des racines submergées et des plantes aqua- tiques. BATRACIENS ANOURES 155 Le tétard est petit et atteint à peine 16 à 29 milli- mètres; il a le corps ovalaire, sans ligne de démar- cation entre la tête et le tronc. La queue est une fois et demie plus longue que le corps. Ce têtard est d’un noir très foncé en dessus, bleuâtre en dessous. Le Crapaud commun ne fait entendre son chant qu'à l'époque des amours : c’est un coassement plaintif qui peut se traduire par les mots erraa, crraa, queru et qui rappelle un peu l'aboiement du Chien. « Le Crapaud ne sort guère que la nuit, si ce n’est par la pluie et quand la température est douce. Il se creuse quelquefois un trou prolongé horizontalement sous le sol, à une petite profondeur; mais, paresseux, il préfère le plus souvent s'emparer de la galerie d'un Mulot ou d’un Rat: il se retire même, au besoin, sous une pierre, sous une souche, sous un tas de décombres. Il vit en philosophe dans sa retraite passant de longues heures dans le recueillement. Quand la faim le presse et que le temps lui paraît favorable, ilen sort pour aller à la chasse, marchant plutôt qu'il ne saute. Le Crapaud s'établit dans les jardins, dans les champs, dans les bois, partout où il trouve de l'ombre et de l'humidité. Il vit d'Insectes, de Limaces, de Lombrics. On lui re- proche de faire la guerre aux Abeilles et de se porter à l'entrée des ruches pour happer ces travailleuses au passage. » (Lataste.) Nous avons dit que le Crapaud faisait une grande destruction d'insectes pour sa nourriture : malgré son air somnolent, il aperçoit très bien une proie qui se trouve à sa portée, il avance alors doucement, ouvre sa 156 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE large bouche et avec une rapidité merveilleuse lance sa langue visqueuse et engloutit sa proie. Le Crapaud commun est un des derniers Anoures à disparaître à l'approche du froid; il hiverne dans la vase, au fond des eaux, ou dans les trous de vieilles murailles, sous les décombres et dans les fumiers. Cette espèce est très commune dans toute la France. Crapaud calamite ou des joncs (Zufo calamita. Daud.). Crapaud calamite. Ce Bairacien assez voisin du Crapaud est toujours de plus petite taille; sa coloration offre aussi des différences sensibles : une bande jaunâtre ou rou- seûtre, tirant quelquefois sur le bleu, s'étend sur le milieu du dos qui est d’un vert jaunâtre, semé de taches brunes irrégulières et de petits points d’un rouge vif, placés généralement au milieu des taches brunes. Le dessous du corps est d’un jaune sale et parsemé de petites laches brunes irrégulièrement disposées. Le BATRACIENS ANOURES 157 museau est arrondi transversalement et taillé à pic. La peau est cribléc de pores sur le pourtour des lèvres, le museau et les joues, et partout ailleurs couverte d’aspérités. Le dos est parsemé de grosses verrues, la peau est granuleuse sur le ventre. La femelle pond des œufs en deux cordons, comme ceux du Crapaud commun, mais, au lieu d’être dispo- sés en série alterne, ils sont placés à la file les uns des autres. Le têtard ressemble à celui de l'espèce précédente, mais il est d’une taille un peu plus grande; le dos est d’un brun roussätre foncé, finement chagriné et cou- vert çà et là de grosses granulations espacées. Le Calamile a un chant composé de vibrations mono- tones qui ressemblent beaucoup au chant de l’Engoule- vent; son coassement crau, crau, crreu, s'entend de fort loin et trompe facilement l'observateur : « Le soir, un chœur de Calamites se faisait entendre à distance. Ces animaux sont ventriloques : on les croit à 200 mètres lorsqu'ils sont à 1500. Je fus trompé, non sur la direction à suivre, mais sur la portée et Le point de départ de leurs voix. Je les crus dans le lavoir du village voisin; le village passé, plus loin dans une mare, près du ponceau de la route. Le pont franchi, ils chantaient, à n’en pas douter, dans un fossé que j'entrevoyais à distance; mais de mare en mare, de fossé en fossé, j'arrivai, après une série dillusionset de désillusions. au bord d’un pré profondément encaissé entre le talus d’un cheminetdes vignes. C'était là, dans la mince couche d’eau qui le couvrait par endroits, que se trouvaient disséminés ces animaux au nombre de mL CL art = 158 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE plus d’un cent, faisant vibrer comme un clairon leur large vessie vocale et appelant d’une lieue à la ronde les femelles en état de frayer. » (A. de l'Isle.) Ce Crapaud est nocturne et se tient de préférence dans les localités marécageuses, où il vit en compagnie de ses congénères par bandes de 30 à 100 individus, fl creuse le sol au moyen de ses pattes antérieures et s’enfouit dans le sable des dunes et dans les berges des étangs. Lorsqu'il est attaqué et sur le point d’être saisi, il contracte sa peau de telle sorte que toutes les glandes se vident et qu'il se recouvre d'une humeur blanchà- tre, mousseuse, répandant une odeur insupportable que Duméril a comparée à l'odeur qu'exhalent les pipes dont on a fait un long usage. Le Calamite habite à peu près toutes les parties de la France; il estcommun aux environs de Paris, Le Crapaud vert (Bufo viridis. Laur.) offre une grande ressemblance avec le Calamite et a été confondu avec lui par beaucoup d’Herpétologistes. Cette confu- sion ne permet pas de préciser l'habitat de ce Batracien et son existence dans certaines parties de la France est contestée. Nous n’en donnons qu'une description succincte, afin de bien établir les différences qui exis- tent entre ce Crapaud et le Calamite : Cette espèce est très variable et diffère du Calamite par sa livrée à grand ramage, par sa taille un peu supé- rieure, par ses doigts palmés, par la coloration blanche du ventre, par sa démarche tout à fait différente : « Chez le Calamite, les jambes sont trop courtes pour lui permettre de sauter; aussi a-t-il pour habitude de BATRACIENS ANOURES 159 courir très vite en s'élevant sur ses quatre membres; le Crapaud vert, un peu mieux favorisé par la longueur de ses membres pelviens, saute avec facilité; il ne court presque jamais : c’est toujours par petits sauts répétés qu'il cherche à fuir. » (Héron-Royer.) Il est également nocturne et creuse le sable pour se cacher pendant le jour. Il se nourrit de Vers, de petits Crustacés, de Mollusques, de Myriapodes et d’Insectes, Duméril et Bibron, dans l’Æerpétoloqie générale, ont confondu cette espèce avec le Calamite et celte erreur a été reproduite dans plusieurs faunes locales. « Après de nombreuses recherches dans l'Ouest de la France, dit Lataste (1), je crois pouvoir affirmer que le Crapaud vert manque dans cette région, tandis que son congénère le Calamite y est communément ré- pandu, car je n'ai jamais trouvé le premier dans la Gironde, ni aux environs de Paris, et J'ai pu me con- vaincre qu'il avait été signalé par erreur dans le Maine- et-Loire, la Vienne et la Charente-Inférieure. Vers le Nord les faunes locales de France et des pays voisins n’en font pas mention. Au Centre, les musées de Cler- mont-Ferrand et du Puy-en-Velay ne le contiennent pas, et de l'Est, où on m'avait affirmé son existence, on ne m'a envoyé sous ce nom que des Crapauds Calamites. « Reste Ie Sud-Est de la France, c'est de ce côté que doivent porter les recherches. Si nous avons cette espèce, c’est d'Italie qu'elle nous vient, en tournant les Alpes et longeant la côte Méditerranéenne. Charvet _ (1) Bulletin de la Société d'étude des Sciences naturelles de Nimes, oe- tobre 1818. 160 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE l'indique dans l'Isère, Marcel de Serres dans l'Hérault, Crespon dans le Midi, mais ces catalogues compren- nent d’autres erreurs de détermination et, pour être avérée, l’existence du Crapaud vert sur notre sol a besoin d’être confirmée par de nouvelles observa- tions. » Nous ne saurions donc trop recommander aux Her- pétologistes de diriger spécialement leurs recherches en vue d'établir sûrement l'existence de ce Batracien en France et de savoir s’il doit être inscrit définitive- ment dans notre faune. BATRACIENS URODÉLES Ces animaux diffèrent des Anoures par des caractères essentiels : ils conservent une queue pendant toutes les périodes de leur existence; c’est pour cette raison qu’on les a nommés Urodèles (à queue distincte): ils subissent des métamorphoses incomplètes et sont généralement aquatiques. La forme de leur corps, qui ressemble à celui des Sauriens, a conduit les anciens naturalistes à réunir les Reptiles et les Batraciens dans une seule et même classe, Les Urodèles ont, cependant, une organisation particulière qui les distingue des Sauriens : s'ils ont, comme eux, un corps allongé, une tête distincte du tronc et sont pourvus, le plus ordinairement, de quatre membres, ils diffèrent des premiers par des caractères bien tranchés : leur corps allongé et le plus souvent arrondi est terminé par une queue longue, généralement BATRACIENS URODÈLES 161 comprimée latéralement, qui persiste pendant toute leur vie. Ils ont quatre paires de membres, courts et éloignés les uns des autres, qui ne peuvent soutenir l'animal et ne sont destinés qu’à faciliter sa progression sur terre ou dans l’eau. Leur peau est nue, visqueuse et dépourvue d’écailles. La tête est plus ou moins aplatie : la bouche est armée de petites dents maxillaires et, la plupart du temps, de dents palatines. La langue est généralement courte, charnue, de forme variable, Les Urodèles ne sont pas disposés pour le saut, comme les Anoures; leur colonne vertébrale est-longue et composée de trente-neuf vertèbres chez la Sala- mandre terrestre. Le nombre des doigts est généra- lement de cinq. Ces Batraciens pondent des œufs ou sont vivipares; la ponte a lieu le plus souvent dans l’eau, quelquefois sur le sol. Les têtards sont munis de branchies appa- rentes au dehors sur les côtés du cou où elles forment des panaches divisés en lames frangées; ils subissent des métamorphoses plus ou moins apparentes. Les Urodèles sont doués de la faculté de reproduire les membres ou les parties de leur corps qu’ils perdent accidentellement; les expériences de Spallanzani ont prouvé que toutes les parties de leur corps peuvent se reproduire et qu'après ablation on peut constater non seulement l'apparence du membre, mais le membre dans son intégrité, avec sa peau, ses muscles, ses ten- dons, ses nerfs, ses vaisseaux et ses os; une queue coupée repousse complètement et devient en tout sem- blable à la queue primitive. Dans les membres up tous les os se reproduisent! 11 162 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE Les métamorphoses des Urodèles diffèrent complète- ment de celles des Anoures : les jeunes Anoures, à leur naissance, semblent composés exclusivement d’une grosse tête el d’une queue, ce qui leur a fait donner vulgairement le nom de queues de poire; les jeunes Urodèles, au contraire, ont des formes allongées qui rappellent celles des Poissons. Leur tête est surmontée de branchies ramifiées qui flottent de chaque côté en forme de panaches. Ces rameaux branchiaux persistent jusqu'au moment où les poumons viennent les rem- placer. Ils se résorbent alors peu à peu, en même Llemps que les nageoires caudales et dorsales. Les pattes anté- rieures paraissent les premières et l'animal se trouve {transformé insensiblement, ne conservant de son premier état qu'une cicatrice qui persiste encore quelque temps après la disparition des branchies. Les Urodèles ont une peau qui sécrète, comme celle des Anoures, une humeur liquide et transparente, âcre ou astringente, plus ou moins venimeuse et dont on à beaucoup exagéré les effets, Cette sécrélion a donné naissance à des fables encore généralement admises : « Plusieurs auteurs anciens, dit Fatio, se sont plu à raconter, et bien des gens le croient encore, que la Salamandre et le Triton ont également la propriété de pouvoir marcher dans le feu sans se brüler. Cette croyance populaire qui fait de ces Batraciens des êtres diaboliques et dangereux, repose sur une énorme exa- gération. Les Urodèles, en général, et surtout la Sala- mandre, sécrétent, en effet, abondamment un liquide visqueux qui peut leur permettre d'éviter pour un ) - | BATRACIENS URODÈLES 163 instant d'être brûlés par le contact de charbons incan- descents. Enveloppés d'humidité et capables d’éteindre en partie les braises qui les touchent, ils réussiront peut-être à se tirer de cette affreuse position, s'ils ne sont pas soumis plus d’une ou deux secondes à l'expé- rience; mais ils périront grillés ou brûlés, aussi bien qu'un morceau de bois, s'ils ne sont pas sortis rapide- ment de ce mauvais pas avant que d’avoir épuisé leur sécrétion. » Les Urodèles sont très voraces et consomment en grande quantité des Vers, des Mollusques, de petits Crustacés, des Araignées, des Myriapodes, des Insectes de toutes sortes et même des Anoures et de petits Poissons, Ils sont pour la plupart aquatiques, mais sur terre ils recherchent les endroits frais et obscurs et s’abritent dans des trous, sous l’écorce d’un arbre, sous la mousse ou sous les amas de pierres et de bois. Ils ne sont pas organisés pour fouir et se contentent de s’en- terrer dans un sol meuble ou dans la vase en se pous- sant au moyen de leurs membres et en se frayant un passage avec leur museau. Chez ces animaux la mue est très fréquente et se re- nouvelle plusieurs fois chaque année. On admet généralement que les Urodèles n’ont pas de voix; cependant quelques Herpétologistes ont re- connu qu'ils font entendre dans certaines circonstances des sons distincts, et Fatio dit que quelques Tritons émettent un petit cri sec et guttural au moment où on les saisit ou lorsqu'ils sont tranquilles et retirés sous quelque abri. L'engourdissement hivernal n’est pas très profond 164 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE chez ces animaux et, pendant l'hiver, ils profitent, pour prendre un peu d'exercice, des jours où la température est assez douce. On divise les Urodèles en deux sous-ordres : Les Perennibranches, Les Caducibranches, suivant qu'ils conservent pendant toute leur vie des branchies, ou qu'ils perdent, en passant à l’état parfait, ces organes de respiration aquatique. Les Urodèles de France appartiennent tous au sous- ordre des Caducibranches et à une seule famille, celle des Salamandridées. FAMILLE DES SALAMANDRIDÉES Les Salamandridées, auxquelles Duméril et Bibron ont donné le nom d’Atretodères, ont pour caractères un corps généralement allongé, le cou bien distinct, la tête plus ou moins déprimée et ordinairement elliptique, la queue développée, conique et plus ou moins com- primée, deux paires de pattes presque égales, toujours plus développées chez les mâles que chez les femelles. La bouche est toujours moins fendue que celle des Anoures; les dents sont situées sur le bord des mà- choires et, la plupart du temps, sur le palais; ces dents ne sont destinées qu’à retenir des proies glissantes et non à diviser les aliments. La langue est grande, large, bien dégagée sur les côtés et en arrière chez les Sala- mandres, petite, elliptique et libre seulement sur les côtés chez les Tritons. La peau est lisse ou rugueuse suivant les espèces. Là coloration varie beaucoup chez t . L. uses dnlE OS BATRACIENS URODÈLES 165 une même espèce, selon la saison, le séjour aquatique ou terrestre, ou la mue plus ou moins prochaine. | Ces animaux, qui sont inoffensifs, sont victimes de préjugés absurdes et redoutés des paysans qui, dans certaines parlies de la France, les désignent sous le nom de Scorpions. « On peut comparer, dit Lataste, pour l'habitat ter- restre où aquatique nos Salamandres aux Crapauds, nos Tritons aux Grenouilles et au Sonneur. C'est, en effet, le plus souvent à terre, dans les lieux sombres et humides, sous les pierres ou les racines d’arbres que l’on trouvera les premières; tandis que les seconds seront dans l’eau ou sur la terre, suivant les saisons. Les Urodèles vivent de proie vivante et peu agiles, du moins à terre, ils s'adressent surtout aux Vers, aux Mollusques. A l’eau, ils peuvent s'emparer d'insectes mieux doués sous le rapport du mouvement, mais ce sont toujours ceux-là qu’ils préfèrent. Très voraces, ces animaux dévorent fréquemment leur progéniture et se mangent même entre eux. » Cette famille est représentée en France par deux genres : Salamandra et Triton. Genre Salamandra (Laur.), Salamandre Ces animaux ont le corps lourd, trapu, assez épais et terminé par une queue cylindrique, la tête large, dé- primée, arrondie en avant, cinq doigts postérieurs dé- pourvus de palmures. «Les Salamandres ne vont à l’eau que pour les besoins de leur reproduction et vivent d'ordinaire à terre, dans les localités ombreuses et humides, sous un 166 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE abri ou dans des galeries souterraines. Craignant la lumière, la sècheresse et les ardeurs du soleil, elles ne se montrent guère au grand jour que lorsque la pluie a détrempé le sol ou que l'atmosphère est chargée d'hu- midité, » (Fatio.) Ces Urodèles se nourrissent de Vers, de petits Mol- lusques et d’Insectes; ils sont très lents dans leurs mouvements. Les femelles déposent, soit sur terre, soit sur l’eau, des petits vivants qui naissent sous la forme de larves ou d'individus parfaits. Salamandre terrestre (Salamandra maculosa Laur.). Salamandre terrestre. Cette Salamandre à la tête forte, à peu près aussi longue que large et bien détachée du tronc, le museau large et plat, les membres trapus, les yeux assez gros, la queue d’une longueur moyenne. Au premier abord, elle ressemble à un Lézard dont la peau serait lisse et brillante sur le dos; mais cette peau est criblée de tt” the Out Sn qe té DS Se BATRACIENS URODÈLES 167 pores arrondis qui sécrètent, quand on irrite l'animal, un liquide visqueux et d’un blanc laiteux. La coloration de la Salamandre terrestre est un noir profond et lustré sur le dos, avec des taches d’un jaune vif irrégulièrement distribuées et de formes très varia- bles. Le dessous du corps est noir bleuâtre avec ou sans taches d’un jaune plus päle que celui du dos. On remarque généralement une tache jaune à l'origine de chaque membre et une autre sur le poignet ou les doigts. La femelle dépose ses petits dans des flaques d'eau, dans les fontaines, dans les réservoirs d’eau pluviale ou même dans les ornières des chemins. Les jeunes Sala- mandres ont le dessus de la tête, du corps et des mem- bres gris roussàtre, avec des taches brunes irrégulières el de petits points bruns. Leurs branchies sont courtes, ramifiées et ressemblent à une houppe épaisse flottant derrière et sur les côtés de la tête. « La Salamandre est un animal essentiellement ter- restre qui ne va à l’eau qu'au moment de la ponte. Les endroits sombres et humides, les vallées encaissées ou les épaisses forêts sont les endroits où on la trouve de préférence; elle s’abrite pendant le jour entre les ra- cines, au-dessous des pierres. Son peu d’activité dans le jour la dérobe habituellement aux regards, car elle se cache dans les vieilles carrières, à proximité des bois et dans les haies. Pendant la journée on ne ren- contre cet animal qu’accidentellement, surtout par un temps doux et pluvieux. » (Brehm.) Cette espèce, dont la longueur, du museau à l'extré - mité de la queue, varie de O0 m. 15 à 0 m. 20, se nourrit 168 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE d'Insectes, de Vers et de petits Mollusques; pendant l'hiver elle s'engourdit dans les carrières, dans les caves, dans les citernes des maisons de campagne. « On a trouvé, dit Duméril, des Salamandres gelées au milieu de glaçons solides; leur corps était dur et in- flexible ; mais déposés avec soin dans la neige qu'on a fait fondre lentement, on s’est assuré que ces animaux pouvaient continuer de vivre; de sorte que c’est un fait curieux que ce même animal, cette Salamandre, qu'on avait supposé pouvoir continuer de vivre dans le feu, jouissait, au contraire, de la faculté de résister, plus que tout autre, aux effets de la congélation. » La Salamandre terrestre est très commune dans toute la France. Salamandre noire (Salamandra atra. Laur.). Cette espèce diffère de la précédente par sa taille plus petite, son corps plus effilé, ses formes un peu moins lourdes. Ainsi que son nom l'indique, sa colora- tion est entièrement noire; sa peau lisse et luisante est souvent un peu granuleuse sous la gorge. Sa lon- gueur totale est de 0 m. 045 à 0 m. 050. Cette Salamandre se plait dans les régions élevées et on la trouve en Europe jusqu’à 10,000 pieds d’al- titude. La femelle ne met au monde que deux petits à la fois; ils sont déposés sur le sol libres et toujours dé- pourvus d’enveloppes particulières. « Cette espèce recherche l'ombre et la fraicheur dans les bois et les prairies alpestres. Elle établit, sous les racines ou dans le sol, des galeries souvent assez longues et complexes et dont l'ouverture est générale- Fe AE BATRACIENS URODÉLES 169 ment dissimulée sous une pierre ou sous quelque tronc renversé. Elle vit d'ordinaire par paires et souvent en famille avec ses petits pendant les deux premières an- nées de l'existence de ceux-ci. Sa nourriture consiste principalement en Vers, Moilusques, petits Crustacés, Arachnides, Insectes de diverses sortes et Myriapodes. Il est rare de voir promener les Salamandres noires en plein jour lorsqu'il fait beau, tandis qu'on les rencontre souvent en grand nombre sur les gazons et les chemins de la montagne, lorsque le temps est menaçant ou que le sol a été peu avant détrempé. Elles cherchent à éviter l’éclat et la chaleur du jour et ne sortent guère pour se mettre en chasse qu’à la tombée de la nuit. » (Fatio.) La Salamandre noire n’habite en France que les ré- gions alpestres, principalement la Savoie. Genre Triton (Laur.), Æriton Les Batraciens composant ce genre ont la langue charnue, papilleuse, arrondie ou ovale, libre seulement sur les bords ; les dents palatines forment deux séries longitudinales rapprochées et presque parallèles; le corps est allongé, lisse ou verruqueux, le crâne plus long et moins déprimé que celui des Salamandres, dont les Tritons diffèrent également par la forme du cou qui paraît moins rétréci, quoique bien distinct, par leurs membres comparativement plus grêles et plus allongés. La queue est grande et disposée en forme de palelte; c’est à l’aide de cette sorte de rame et au moyen d’ondulations latérales du corps que ces ani- 170 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE maux nagent et plongent avec une grande agilité. [ls vivent dans l’eau une grande partie de l’année et c'est alors qu'ils revêtent leurs plus brillantes couleurs; si on les réduit en captivité, ils deviennent ternes et d’une coloration uniforme. Les femelles déposent leurs œufs, soit isolés, soit réunis en petites grappes, sur les plantes aquatiques ou sur des feuilles submergées. Les Tritons vivent dans les eaux claires, tranquilles et peu profondes dont le fond est tapissé d’une végéta- tion qui leur sert de retraite. Pendant l'été, ils sortent de l’eau pour chercher à proximité un abri sous des pierres ou des racines. Ils se nourrissent de Vers, de petits Mollusques, d’Insectes et sont d’une telle vora- cité qu'ils dévorent leur progéniture et se mangent même entre eux. « C'est un spectacle intéressant, dit Lalaste, de voir un Triton dans un bocal s'approcher lentement d’un Lombric qu’on vient de lui jeter. Il ne perd de vue aucun de ses mouvements. Tout à coup il fond sur lui comme un trait et le saisit, le plus souvent par un bout, entre ses mâchoires. Le ver a beau se débattre, il est retenu par les dents aiguës de son vainqueur et, entrainé par de nombreux et pénibles mouvements de déglutition, il disparait peu à peu dans la gueule et l’es- tomac de celui-ci. Jamais l'Urodèle ne se sert de ses mains pour redresser une proie mal saisie, ainsi que le font la plupart des Batraciens Anoures. Ou il l’avale quand même, à grands efforts, ou il la läche pour mieux la reprendre. » La mue de ces animaux est très fréquente, du moins RS. dd. 0e S S É à d PR PBATRACIENS URODÈLES 171 pendant le séjour aquatique et a lieu à intervalles inégaux. « Avant que la mue commence la peau devient sombre et terne; lorsque le moment est venu pour lui de se dépouiller de son épiderme, l’animal cherche, à l’aide de ses pattes antérieures, à pratiquer une ouver- ture dans la peau vers le niveau de la mâchoire; il détache alors la peau de la tête, se contracte latérale- ment, tantôt à droite, tantôt à gauche, s'agite fréquem- ment el sort la tête hors de l’eau, peut-être dans le but d'introduire de l’air sous la peau déjà détachée; par des inflexions du corps et gràce à l’intervention des pattes antérieures, la bête détache lentement l’épi- derme, puis une fois la partie antérieure du tronc libre, il saisit la peau avec sa bouche et se dépouille alors complètement de son ancien vêtement. La mue ne demande parfois pas plus d’une heure à s’opérer; d’autres fois, au contraire, il faut plusieurs heures pour qu’elle ait lieu. Il arrive parfois qu’un animal aide un autre à se débarrasser et avale l’épiderme qu'il rejette non digéré. Lorsque la mue a lieu normalement, elle ressemble à une toile d’une extrême finesse qui moule tous les contours de l’animal; seuls les yeux ont laissé deux trous. » (Brehm.) Les Tritons n'ont généralement pas de voix; cepen- dant, lorsqu'on les saisit, ils émettent un cri rauque et de courte durée. Chez ces animaux les mâles sont munis, suivant les espèces et les époques, de crêtes dorsales de formes variées ou de plis longitudinaux. Ce genre est représenté en France par plusieurs espèces : 172 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE Triton à crête (7rilon cristatus. Laur.). Ce Triton a la tête aplatie, beaucoup plus longue que large, le museau arrondi en avant et plus ou moins déprimé, le tronc allongé, la queue lancéolée, haute et comprimée. Chez le mäle le dos est orné d'une crête membra- neuse, élevée et profondément entaillée en dents de scie, qui prend naissance entre les yeux, va en aug- mentant de hauteur jusque vers la partie moyenne du Triton à creète. dos pour s’abaisser ensuite du côté de l’origine de la queue. La peau est ridée, plus ou moins granuleuse, cou- verte de petits pores qui laissent suinter un liquide d'une odeur désagréable, comme celui de la Sala- mandre terrestre. Le dessus du corps est d'un brun noirâtre plus ou moins foncé; les flancs sont parsemés de petites granu- lations blanches. Le ventre est d’un jaune orangé chez les mâles, d'un jaune citron chez les femelles, avec des marbrures noires ou bleuâtres. 4û Ve PR” < 4 BATRACIENS URODÈLES 173 On trouve aux environs de Paris une variété qui se tient surtout dans les mares et les ruisseaux où l’eau est peu courante. Les mâles sont grisàtres, ornés de tâches arrondies d’un brun foncé ou d’un bleu violacé, semées régulièrement sur toute la longueur des flancs et de la queue. Les femelles déposent leurs œufs par petits groupes sur les feuilles des végétaux aquatiques. Lorsque les jeunes ont terminé leurs métamorphoses, ils abandon- nent les eaux pour aller mener, le plus souvent pen- dant deux ans au moins, la vie d’une Salamandre. (Fatio.) Le Triton à crête, atteint une longueur de 0 m.12 à 0 m. 13; il recherche les eaux dormantes, les mares croupissantes etse nourrit de Vers, de petits Mollusques et d'Insectes. On le trouve dans une partie de la France, mais dans l'Ouest il ne descend guère au-des- sous de la Loire-Inférieure. Triton marbré (7riton marmoratus. Lat.). Cette espèce avait été nommée par Lesson Sala- mandre élégante; c’est, en effet, le plus beau de nos Tri- tons. Sa tête se détache nettement du cou, le museau est légèrement busqué, déprimé, large et arrondi, la bouche peu fendue, le tronc rétréci au cou et à l'épaule, s'élargit rapidement; la queue est fortement comprimée, terminée en dessus et en dessous par une mince membrane quand l'animal séjourne dans l’eau et par un tranchant arrondi en tout autre temps. La peau, sur le dessus du corps et sur les flancs, est rugueuse et semée de petits tubercules rudes, quoique 174 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE arrondis et à sommet lisse, le dessous du corps est entièrement lisse. Sur le dos des mâles, à l’époque de l’accouplement, une mince membrane de 5 à 6 millimètres de hauteur, formant une crête sinueuse et comme plissée, s'étend de la nuque à la queue. La coloration est d’un beau vert vif en dessus ; les flancs el les côtés de la queue sont ornés d’une bande formée de larges taches brunes, moins foncées au centre que sur le pourtour. Le vert Triton marbré. du dos et de la queue est finement piqueté de brun; la crête dorsale du mâle est remplacée chez la femelle par une ligne orangée très nette et dessinée en creux. Chez le mâle dans tous ses atours, des lignes irrégu- lières et interrompues d’un blanc argenté parcourent les joues et le bas des flancs. Le ventre est d’un rouge vineux semé de petits points blancs et de mouchetures noires. La femelle dépose, comme l’espèce précédente, ses œufs isolés ou réunis en petits paquets dans des feuilles repliées ou sur des branches immergées. Le Tétard a Lei EE ANS oct AE De _1ef BATRACIENS URODÈLES 175 le dessus du corps gris roussâtre assez clair, avec de petites taches d’un brun foncé; les branchies sont rouges. Ce Triton, dont la longueur totale est de O0 m. 075 à O0 m. 078, vit d'Insectes, de Limaces, de Vers et sort généralement la nuit; il hiverne de préférence sur terre. « C'est surtout au mois de mars qu'on le rencontre dans les fontaines, les fossés et les réservoirs d’eau pluviale, paré de sa plus brillante livrée. Un petit nombre retourne à l’eau à l'automne ; mais durant tout le reste de l’année, on le trouve souvent en compagnie de la Salamandre tachetée dans les lieux humides et obscurs, dans les décombres, sous les pierres et les vieilles souches. Ils vont souvent par paires, deux jeunes et deux adultes ensemble. » (Lataste.) Cette espèce habite toute la France, mais surtout la partie méridionale. Triton de Blasius (7riton Blasi. À. de l'Isle.) Ce triton, qui a été décrit en 1862 par A. de l'Isle, est intermédiaire entre les Tritons à crête et marbré et n’est peut-être qu'un hybride entre ces deux espèces. Il a le corps grand et robuste, la tête assez allongée, le museau arrondi, la peau couverte de tubercules serrés et saillants sur le dos et les flancs. La crête dorsale du mâle est decoupée, d’un brun clair, et bordée d’un mince liseré noir, orné de taches oblongues noirâtres. Le des- sous du corps est orangé, couvert de taches noires arrondies et nettement tranchées. Cette espèce recherche les eaux dormantes, les étangs, les mares, les fossés où la femelle dépose ses œufs sur les feuilles de la Renoncule aquatique. Sa 176 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE nourriture consiste en Insectes et en petits Mollusques, surtout des Cyclades. Le Triton de Blasius n’a encore été trouvé que dans une partie de la Bretagne, principalement aux environs de Nantes. Triton alpestre (7rilon alpestris. Laur.). Dans cette espèce, la tête est presque aussi large que longue, le museau arrondi et légèrement busqué, la queue lancéolée, bien comprimée et graduellement acuminée. La peau est ridée, plus ou moins lisse ou Triton alpestre. granuleuse, suivant l'habitat aquatique ou terrestre. La coloration est très variable : le corps est généra- lement gris, ardoisé, bleuâtre ou noirâtre, avec ou sans marbrures plus foncées. Les flancs sont ornés de deux ou trois séries de gros points noirs qui se divisent souvent sur la queue en bandes transver- sales; deux lignes noires s'étendent de l'extrémité du museau à la partie postérieure de l’œil. A l’époque des amours le mâle est orné d’une bande d’un bleu d’azur bordée d’une ligne de couleur aurore qui part de la tête et se prolonge jusqu'à l'extrémité de la queue ; le ventre est rouge vif et pointillé de petites BATRACIENS URODÈLES 171 taches noires. La crête est jaune et régulièrement mar- quée de bandes verticales noires. La femelle pond des œufs d'une couleur grisätre et les dépose par petits groupes sur les végétaux aqua- tiques ou sur des débris flottants. Le Têtard, à sa nais- sance, est d’une coloration brune, avec deux bandes dorsales sombres; dès qu’il a terminé ses métamor- phoses, il quitte l’eau pour chercher un habitat ter- restre. Ce Triton, qui atteint jusqu’à O0 m. 10 de long, recherche les lieux humides et sombres où il s’abrite dans les trous, sous les pierres et même sous l’écorce des arbres pourris. Il vit, comme les autres espèces, d’'Insectes, de Vers et de petits Mollusques. On le trouve dans le Centre et le Nord de la France. Triton lobé ou vulgaire (7riton lobatus.Otth.). Ce Triton a la têle allongée, le museau comprimé graduellement depuis les yeux et tronqué en avant, les yeux peu saillants, très distants ou tout à fait laté- raux, le tronc assez court, une queue haute, bien com- primée dans la seconde moitié au moins et d'une longueur égale, en moyenne, à celle du corps, y com- pris la tête. Sa peau est lisse durant la vie aquatique, légèrement granuleuse après un séjour sur terre, Le mâle, dans la saison des amours, a la surface du corps tantôt d’un gris-jaunâtre ou bronzé, olivâtre ou blonde, tantôt brunâtre ou presque noire; le ventre est jaune pâle safrané, parfois rougetre, avec de grandes taches noires arrondies, régulièrement distribuées. Une crête dorsale, large, membraneuse, découpée en festons el comme dentelée, se continue ‘sans interrup- 12 OR DE 178 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE tion depuis l'occiput, jusque sur la queue. Sur la tête, assez généralement d'un jaune doré, s'étend une tache noire longitudinale à laquelle viennent se joindre deux lignes de même couleur, naissant en arrière des veux et convergeant en forme de V entre les narines; une autre bande noire, commençant à l’angle des maxil- laires, traverse l'œil et vient rejoindre le museau. La femelle est brune en dessus et porte deux lignes longitudinales plus foncées; le ventre est jaunâtre à reflets dorés, avec quelques petites taches noires plus +5 + % # PIB Î Triton vulgaire. ou moins apparentes et une bande médiane étroite orangée ou rougeâtre. Cette espèce varie tellement dans sa coloration et dans ses proportions, non seulement avec l'âge, le sexe et les saisons, mais encore suivant les conditions d'existence, que des individus examinés dans ces diverses circonstances ont été considérés comme appar- tenant à des espèces distinctes et décrits comme tels sous des noms particuliers : Triton vulgaris. (Flem.) Triton punctatus. (Dum. et Bibr.) Triton parisinus. (Laur.) Triton palustris. (Laur.) Triton tœniatus. (Leydig.) BATRACIENS URODÈLES 179 Le Triton lobé, dont la longueur totale est de 0 m. 075 à 0 m. 090, se nourrit de Vers, d’Insectes, de Mollusques et de petits Crustacés. « Cette espèce s’accouple dans les fossés, les étangs et les marais, quelquefois dans les eaux troubles, le plus souvent dans les eaux claires. Les œufs sont déposés, par petits groupes, sur des végétaux aqua- tiques ou des débris flottants, ou quelquefois simple- ment abandonnés libres au fond du liquide. Les larves terminent leurs métamorphoses quatre mois environ après la ponte, généralement dans le courant du mois d’août. Les petits quittent les eaux de suite après leur transformation et vont vivre dans les endroits ombreux et humides, sous les pierres, dans la mousse ou sous l'écorce des arbres malades, jusqu’à ce qu'ils soient capables de reproduction, pendant deux ans au moins, Beaucoup d’adultes se retirent sur terre vers le milieu ou, suivant les circonstances, seulement vers la fin de la belle saison et se rencontrent alors dans les mêmes conditions que les jeunes; quelques autres demeurent toute l’année dans les eaux ou s’en éloignent peu. Plu- _ sieurs des premiers, les femelles surtout, hiverneront sur le sol dans quelque trou; la majorité des seconds, les mâles principalement, passeront l'hiver dans la vase au fond des mares. » (Fatio.) Ce Triton habite toute la France, à l'exception du Midi. _ Triton palmé ou helvétique (7riton palma- tus. Schneid.). Cette espèce, facile à reconnailre à sa petite taille (6 à 7 centimètlres), a la tête relativement plus forte 180 HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE que chez l'espèce précédente, un peu plus longue que large, le museau très obtus, tronqué en avant au ras des narines, les yeux peu saillants, l'iris doré traversé horizontalement par une bande noire, la langue très petite, la queue très comprimée et entourée, durant le séjour dans l’eau, d’une membrane plus visible en dessus qu’en dessous, quoique toujours très peu éle- vée ; la peau est lisse, finement chagrinée et légère- ment ridée de haut en bas sur les flancs. Le mâle, dans la saison des amours, a la tête et le dos d'un brun olivâtre; les joues et les côtés de la Triton palmé. queue passent au jaune métallique brillant; le ventre est d’un blanc éclatant sur les côtés et d’un jaune orangé sur la partie médiane. Une crête foncée sur- monte le dos, qui est parsemé, ainsi que les flanes, de taches nombreuses et irrégulières. Sur les côtés de la. queue s'étendent deux bandes longitudinales brunes, séparées par d’autres bandes bleuätres. Les membres postérieurs sont palmés en patte d’oie dans toute leur longueur. Chez la femelle le milieu du dos est déprimé et d’une coloration orangée; les pieds ne sont pas palmés. | Cette espèce, comme le Triton lobatus, est très va-. riable : à terre le mâle ressemble complètement à la BATRACIENS URODÈLES 181 femelle; son corps est jaune roussätre avec quelques fines mouchetures noirâtres; une ligne brune s'étend sur les joues et sur les épaules; le ventre est jaune paille avec une légère bande de couleur orangée. La femelle pond ses œufs par un, deux, trois ou au plus quatre dans des feuilles de plantes aquatiques, sur des débris flottants, ou encore par petits cordons inter- rompus qui tombent au fond de l’eau. Ce Triton vit aussi bien dans les eaux claires que dans celles des ruisseaux, des fontaines ou des fossés. Toutes les eaux courantes ou croupissantes en four- millent au printemps. 1l quitte souvent les eaux dans le courant de l’été et se retire sous des amas de pierres ou de détritus; il se nourrit d'Insectes et de petits Mol- lusques et devient fréquemment la proie de nombreux animaux : Batraciens, Reptiles, Poissons. Le Trilon palmé est très répandu en France; il est très commun aux environs de Paris. nr dite fus ‘ous «ji drétissloel TABLE GÉNÉRALE Pages OU BION See er les A ENTER 1 CODEN POPOSRON AE EEE EE PE NDE N PRE EOEN Re t e 3 SEL OT CU SRE IS SRE SAS RS RP al EL LE 6 Principaux ouvrages d’Herpétologie utiles à consulter....... 8 Recherche des Reptiles et des Batraciens................. ; 9 Préparation et conservation des Reptiles et des Batraciens.. 21 maune Herpétologique: de là France:.,.:.::2:::. 000 3) nr deu 1 dut OT Aa rs Na 25 ie DOTE 35 M TOOL CES QU due dr PRE ARTE TRE ARS ETES 35 TES ON AT TS ail à a 2 80 LT LOS TT TE 45 MONS... nn nano de so @ ec te SR ALs ne: S0u 0 DÉS DE EI 71 D IRAGIENS a, Lis 2 datant Dal EU a MP ee ee de TO SUIS 118 MTACIens ANOUrES:.. hs RER US EU ROIS 122 — urodèles;2: MSN SLR NE ER NUS pe SSSR . 160 TABLE Pages. ACanthodactyle........:.. 6% ET LIT EN RRSPRERPERSS . 6% Acanthodactylus.....:.... 64 ÉANHIEATASE 0. 6% Moliphodontes...:...... 19 Mie 2e. PAR PETES 142 ANACCoOUCHeUT 1... 1. 142 EX TEE PT PARC RER 142 A ADpSiCITICANS : 4... 142 ENTRE TS NS ARR RER 68 OPA CIS 1. Les. 68 ÉRPIOURTES de er. 164 BATBACIENS.:.. /:.:..::.. 118 NOTES eme. 122 ee nrodéles: ML: 4: 160 ÉBOMDiInAlOr 22 un. 1. 148 VIBTEUS ER. - net. 148 OR CRC Dh igArenidh 151 PV AGAlaMITA.: : 201200 20 156 TA le is ee à 158 tralearis.. Le 153 Bufoniformes........... +. (101 Caducibranches........... 164 us 0) À 2 NEED NT RE 40 DAS laniens... 5 1108 die 35 LT ATARI TRE Er: 38 CAL CNRS RENE 44 ES PUTDPE =, -2.: aux 4% FEES CRM EME 44 — Europæa....:...... 4% ALPHABÉTIQUE Pages. Gœlopeltis:-:27%.0720% 101 — "insignitus...::"..... 00 Coluber rubens...',.12 96 Colubridés::. 1:00 79 Coronelli ER re CERTES 93 HN AUSTIACA LE 93 ER TIPUNAICA | 277 URSS 96 SN HONAPEMULE OCRTE 93 Corxonelle: foudre 2 ES 93 —» Bordelaise LC CRSE 96 RE Te 93 Coulcuvre à collier........ 86 22: échelons TT 81 — à quatre raies...... 83 — chersoïde..:..:2"#71 91 — d’Esculape.......... 82 — de Montpellier...... 102 2. L'maullée tte 102 22 aHESSeLLeE 2724 NE 92 — verte et jaune...... 98 =" wipérine:: 62188 88 Crapaudas 0... 151 Crapaid#. HSM 151 2e calme ee 156 21 COMENT! LR 153 —". dés JonCs... 2082 156 =, pluvial 7.525.807 131 ns NOTÉE L'EST 158 Cryplodéres ER. 42 Diacrantériens ae r.x.s 97 DES ÉD nn TABLE ALPHABÉTIQUE 185 Pages. Pages. La OR #7 ATP CIODAÉER OR IR ET PET TRS 144 — d’'Esculape.......... dat — ’éulttipés". .%:1:%.1070 146 4 quatre raies, Mt | Le N ÉUSCUS vou sr ECO 14% Elaphis Œsculapui........ 82 |-Pelodyte::£ tt 2e. 208 140 — quaterradiatus...... Ba |LT-=0 ponctué 7.2 IAA 140 ETES, .....,1 totem: F2 Peladytes...r.,:#7432b0F2 140 RS. M AURA &G) 0 — 'punctatus. ir el 140 CAN Iens "800 46 | Perennibranches .......... 164 Grenouilles aquatiques.... 132 | Phanéroglosses............ 126 AS FOUSBÉS" >. Amen 15 Phirynaglosses :/:5 7. 24e 126 Prenoullle, “23233402 132 }'Platydactyle.….::.7047%8 47 Panier; arte 138 — des murailles....... 41 russe Re ut 1391 Plaiydactylus.- "10008 47 nn VELÉE 5. 2 SR 18218; murahs,, :.. 22441208 41 Memydactyle.:: ont. ME Plevrodères. 4e ‘4: — verruculeux ........ DA: 'PolGiles. 02440000 42 Hemydactylus ......:::.:. H CPsammodromMe,.. V0 63 — * verruculatus........ 51 =, d'Edwards.::05% 48 63 ANR Es are 198.57; hispanique, 2:56tE 0 63 AN OENOEEAL HS ue de 128! Psammodromus ::::4:100 63 LT TTC PEN ENTE 128 — hispanicus.....4.2:. 63 TORRES rain à 427 | PSammophidés "1.124002 101 RONA ENS re du: > 191Raimette. : :.:47: 3204000 128 M 1 urine DD | 1 verte.. Je asc 128 — muralis..... a deha GER AN... +577) NE 132 — .ocellata............. 5. ABUS. 626 ee HERO 138 SU DIUM 0222 Slt: fe. 1. ne 135 PA VITIAIS - mister. 57 — temporaria ......... 135 LL VIVIDASA 2 Jai eA GRIS -Viridis;. - 42 14845 132 LU ATERS NORRSEERRRR CRE FILTRE 53 Ramformes... 12240 2ÆHE 131 — des murailles....... OL L'ISEPTIVES. l121 10 39 — des souches......... DS Rhinechis :. 22/60 79 AN 2 CARE EC 61 2. à, échelons..:5°1121 81 nacelle > 22,7 DD Aer scalaris,.". 1er 81 OC PR EEE Re 57 | Salamandra ..::: 41:00 165 En: vivViDare . 2.5: 4.4 0e 60 ME 2 1400 MORE 168 D rréens. 6 Hal = maculosa.., "72778408 166 Diens 1 Dee 17 UrrSamandre :;:.,1: 708% 165 Gmistoglyphes..: 1.4.1. 40 101 A4 élégante.r.1.1 72200 173 RP AN PR D EL ==" n0ie. 4... 7. Den 168 manier Ne UP —=1-tachetée. 5.220028 166 M bé... 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DDR ea nr mere One 65 T'EMION.. ser ee 20 20 169 vba lcide, ::5,:4-k 002 67 — “alpostris,:2599.. 176 ee PCHAIGS reprit, 67 — Blast r::00807,3, 175 Serpents non dangereux — Cristatub:.J6n66.2 172 pour l’homme....... 791 — helveticus ..... 179 #H NERIMEUX. ...... 0% 1031 " —:lobatus...,..224970% 177 — colubriformes....... 19] — marmoratus........ 173 Bolénogiÿphes.........,41. 103 |— palmaius.., 76 179 LLTTTR APR ETES JE8 17 — palusiris 7% Me 178 | 1 PE OS 148 — parisinus........... 178 TNA TE PIRE ES ES 40 | — punctatus .......... 178 Syncrantériens........:... 83| = tœniatus. 07 178 LEUR NN MRNEPR RER 38| — vulgaris......... 118 LE ALET re CA SAMU PERS 38 | Tropidonote.......2. à) SR Mauriac 21: 29 02 A GOÏIErT 2000 8# UT ET re PEMRÉPDPITÉELE 01 —-chersoïde.: :22:192: 91 (UT TS RER SERRE EEE DV ésselleé. 4210080 92 2 RC PROPRES RUE A0 T "= Ymipérin Se re 88 Ales :2 5 420. 42 } Tropidonotus.:..1::,0140 8% 2 lipalusbrés. too 42 | 1 ‘ichersoïdes..:::7772% 91 A AErTESEEES. 05e BTE MAIS. url 7 TE RTS SET EE 38 | :-—- tessellatus.... 220% 92 7 DOHEUSE.-- 55. EST LE: Peu. Le ER 88 — grecque ............ J8 1 Viper se. csect..- 0e 105 ANNE =. rues 45] — ammodytes......,.. 117 — mauresque.......... 39 |" ASpIS..s 7 Re 110 Hriton.... LE A nNTe AA 169 l'Vipôre.. use 105 — alpestre............ 176; — ammodyte...r.3.02 117 A CPE ee act 112 êe— Aspioiss SREELE 110 Hide BIASIUS.... 2: 515: péhade:s.:THRRE 115 = -helyétique.....-..... 119 l'Vipériens. : 222% Dita 105 HD. euunee re AT EPabenis.; ! 2420 LRUR TRE 97 EE RanArDTÉ bee de de 473| — vert-jaune.......... 98 EE palmé.... Lust 179] — viridiflavus......... 98 — -vulgaire.....…....... 178 FIN DE LA TABLE ALPHABÉTIQUE PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE, 11. RP ET] UM? RES ARE EEE SRE ROSE EEE SE EG Lg 1 LES FILS D'EMILE DEYROLLE..édileurs, 46, rue du Bac, Paris | HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE Cette collection comprendra trente et un volumes in-8° qui formeront une Histoire Naturelle complète de la France. Nous donnons ci-après la nomenclature des diverses parties de l'ouvrage. Les 22 volumes parus sont indiqués en caractères gras. 4= PARTIE. Généralités, l’'Enchaînement des Organismes, Introduction à l'Histoire Naturelle, par GASTON BONNIER, avec 976 figures dans le texte, Br. 4 fr., franco 4 fr. 50. ‘ 2° -— Mammifères, par le D TROUESSART, 360 pages et 143 figures dans A le texte. Br. 3 fr. 50, franco 3 fr. 95. D .— Oiseaux, par EMILE DEYROLLE, 304 pages, 35 pl. dont 27 en coul. et 144 figures dans le texte. Br. 5 fr. 50, franco 6 fr. 40. 4 — Reptiles et Batraciens, par A. GRANGER. 186 pages, 55 fig. dans le texte. Br. 2 fr., franco 2 fr. 30. 5° — Poissons. 6° — Mollusques, par A. GRANGER. Céphalopodes, Gastéropodes. 272 p., 24 fig. dans le texte, 19 pl. Br. 4 fr., franco #4 fr. 40. 7 — Mollusques, Bivalves, Tuniciers, Bryozoaires, par A. GRANGER. 256 pages, 15 fig. dans le texte, 18 pl. Br. 4 fr., franco 4 fr. 40. 8° — Coléoptères, par L. FAIRMAIRE. 336 pages, 27 planches en couleurs: Br. 6 fr. 90, franco 7 fr. 10. 9° . Orthoptères. gare — Névroptères. 40° — Hyménoptères. |: | Fes Hémipteres, par L. FAIRMAIRE. 236 pages et 9 planches. Br. 3 fr., franco 3 fr. 39. 142 — Lépidopteres, par BERCE. 206 pages. 27 planches en couleurs. Br. 5 fr., franco 5 fr. 45. 13° — Diptères, Aptères. A4 — Araignées, par L. PLANET. 330 pages, 18 planches, 233 fig. dans le texte. Br, 5 fr. franco 5 fr. 50. 45 — Acariens, Crustacés, Myriapodes, par PAUL GROULT. 248 pag., 18 planches. Br. 3 fr. 50, franco 3 fr. 90. 416 — Vers, par REMY SAIXT-LOUP, 248 pages, avec 203 fig. dans le texte. Br. 3 fr. 50, franco 3 fr. 90. 3 47° — Cœælentérés, Echinodermes, Protozoaires, etc. par A. GRAN- GER, 390 pages, avec 187 fig. dans le texte. Br. 8 fr. 50, franco 4 fr. 48: — Plantes vasculaires (Nouvelle flore de MM. GASTON BONNIER et DE LAYENS). 2.445 fig. Br. 4 fr. 50, franco 4 fr. 90. 48°: — Album de la Nouvelle Flore, par GASTON BONNIER, 2.028 pho- | tographies directes de toutes les plantes. Br. 4 fr. 75, franco 5 fr. 20. 49 — Mousses et Hépatiques (Nouvelle flore des Muscinées, par M. DouIN). 1.288 figures. Br. 5 fr., franco 5 fr. 40. 20° — Champignons (Nouvelle flore de MM. COSTANTIN et DUFOUR). 4.265 fig. Br. 5 fr. 50, franco 6 fr. 21° — Lichens (Nouvelle flore des Lichens, de M. BOISTEL). 1.178 figures. Br. 5 fr. 50, franco 5 fr. 90 22 — Algues. 23 — Géologie, par FRITEL. 390 pages, 250 fig. 29 pl. Carte géologique de la France. en couleurs. Br. 6 fr., franco 6 fr. G0.. TOR 2 Paléontologie (Animaux fossiles), par FRITEL. 379 pages, 27 pl. ; et 600 figures. Br. 6 fr., franco 6 fr. 60. :% vs __ Paléobotanique (Plantes fossiles), par FRITEL. 325 pages, 36 pl. et 412 fig. dans de texte. Br. 6 fr., franco 6 fr. 60. 2% — Minéralogie, par GAUBERT. 260 pages, avec 18 planches en coul. Br. 5 fr., franco 5 fr. 40. | 26° — Technologie {Application des sciences naturelles). Zoologie. 27° -- Technologie, Botanique. | 28° -- Technologie, Minéralogie, Géologie. CHAQUE VOLUME CARTONNE TOILE ANGLAISE : 0 Fr. 7 EN PUS ut 7 #4 tr btoced. . ven orosteee iris ss AMNH LIBRARY DU 200008839 rer. AALELENIEETNETS RL ELCIOEN hs LICE TT mp de DER ITI 107 00 LRRRAASLE" QLARIOPNEE" M L ARLALLAA IOOOIOEA ONE DE: - L LA. LUE tr. AE TTT AARATTETT onaiose CODE" “veus ho inus » ALERT ON LA LIL Z 00 Move …... pe Pda MALTE AA ET rt ARARELIN voor MAALAREZT MAARUNTE ZT ALI P PER ALIEN tds M ICO RP rPatesiest LARRTAAREZZ] clore sou L + ve 00 ae de rés se QUE AE XL À] MAILLE I UOEEUS dronvrrne VOD ER ve CAPI TE" sibioie)s LENARAANNARRAANAAALARINTTT LA ALL EE ESCORT RER ES . .….. ALI TNT ALLRARARALRERELRZRALRT sietein ee alulelisieln claim em sn + » RAA EC 102" Pire note sie 6 RO ITAERRR AHLLEL Ce dates CRIE res MLDICICE OUT NN LAIT OP ag tagt she A AL LA CR LEARN TTUT ... LE 20 RAR TT! …. CRIRAAANENANANAITINIAARERTT AMENER. sie dionnr estelle res st nrte ne v'ébiolblesttte 7. 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CAP A7 RALENTIT" d Cols de xp MALLLARERARAENTIN TI TTC TETE ris ol elslels tel ais ol e CRREENNMANINNIET ce nlbe seine ste ALLIE 000 6000 0006 01610 Dalele'e pote n'en almaie ele cle atote an es mal in "4 4 A LL ARR ERLENTARANNNNN CHORCRCN CON TON EE astres se F4 MALALARARARANAEAITT CERRAEMARAERNANENNARNARENRENNPNENET .'e Djoioleisisisieoie URARENVATTI. - = sotreren ele enesestunre aertlaureness ré pd oute,s ibottaseotes DORE SEA AULAARENARTUEN T'en te nie 0 sis eà ‘rc tores *teleeoinis see © ... uote: LUARIAVRALEX] costs sere me eu es 40e s creme 0 euro nfroneseneresenscecetaure ser es ares ee se tenter tion on eurent diteste u..s ue 0 aie »» + °- : EMRARARANENIENAANANAAENANITIRIE se RM RAR AINANAANNANRARRARENANARRE I IR NET IETT vis eeoemeeuivrstereronn rte entame teste ass. ons ss users rsses y “een res sise s CACICHOEN ONE PE tonne sos ere ee ANANT DRLARENNETTIY. 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