k:1 : 4 nee tt PE RS SR 9 SUN Le 0ent " 14, [x Fi (A 14 EP. 0] URL RAT A re Revue Biologique BONORD. DE LA-FRANCE PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE Théod. BARROIS Paul HALLEZ | R. MONIEZ Professeur agrégé | Professeur de Zoologie | Professeur d'Histoire Naturelle d'Histoire Naturelle à la Faculté | à la Faculté des Sciences à la Faculté de Médecine de Médecine de Lille. de Lille, de Lille. = — To CLR Ss) = === Abonnement pour la France et l’Étranger. . . . . Par An : 10 fr. PrdueNüumeéro ::1;fr; (L'abonnement part du 1er Octobre de chique année) Sans avis contraire et par écrit, l'abonnement sera continué. Cmcper 2 °47 pe] ETES LE BIGOT FRÈRES Imprimeurs - Editeurs | LIBRAIRIE GENÉRALE 68, rue Nationale 11 & 13, rue de la Gare 1889 TABLE DES MATIÈRES PAGES Barrois (Jules). — Physique qualitative où lon répond à la question qu'est-ce que l'électricité et à d’autres, par CH. DuGuET (analyse) ... :. . . . 436 Barrois (Théodore). — Liste des Echinodernes recueillis aux He durant les mois d'Août et Septembre 1887 . . : 0 le 094100 — Le stylet cristallin des Lamellibranches (PI. IT, TA el V: : 3 figures dans LEE) AS 2 AU Ph den ne PE Ve RP MOI 265 — Note sur la dispersion des HN rachnites PR CE Er ME PE TER PA A 220 —= Notes hydrachnologiques : [. Remarques sur le Diplidontus scapularis Du&ës (4 fig. dans le texte) 393 Il. De l'identité des Nesœa nucala KonNiKE et Neswa tiridis Kocx 430 IL. Sur l'adaptation des Hydrachnides aux eaux saumâtres. . . 432 BourAn (Louis). — Contribution à l'étude de la masse nerveuse ventrale (cordons palléaux-viscéraux) et de la collerette de la Fissurelle , . . . 272 — Quelques détails sur les Mœurs de l'Ephippigère, Ephippiger rugosicotlis SERV., Orthoftère de la tribu des Locustiens (PI. VII) . , . . . 406 — Les organes sensoriels abdominaux des Lamellibranches, par J. THIELE (ANA IS) Dee M MER AU EUES MEN A Ne Ur NN ECTS A3S BuisiNe (A. et P.), — L'eau d'Emmerin : Analyse chimique et examen bactério- logiquentiiieure dans entente) EME RE RER NE ON Er NT 56 Curtis (F.). — Le développement de la mamelle et du mamelon d'après les HAN AUX EIES MID IUS MPÉCENTS TE ANR EAN RE UE PRE ANRT TE ES 441 DELPLANQUE (Pierre). — Notes tératologiques : III. Monstre humain dérodyme Ghéuresidansilerteste) Re MNT PR ME TR ere 95 Dozzrus (Adrien). — Isopodes terrestres recueillis aux Acores en 1887, 188 et 1889, DALENIMMBARROISIE LI CHAVES SE ME Er 306 — Liste supplémentaire d’Isopodes des Açores. . . . HARRIS Fockeu (Henri). — Première liste des Galles observées dans le Noa de la France 116.154.183 = Contribution à l'histoire des Galles. Etude anatomique de quelques ss CANDAVSE) RPM NE AE Ne EAU QUE TAN PAt TENTE a TE 996 — Note sur quelques Galles observées en Auvergne. . . . . . #14 — Réponse à une analyse critique de M. le professeur Giarp. . . 161 GLEy et LAMBLING. — Notes préliminaires : [. Sur les conditions dans lesquelles se manifestent les propriétés antiseptiques de la bile: IT. Sur les relations qui existent entre l'acidité de l'urine et la digestion stomacale. . . 7 GUERNE (J. de). — Association française pour l'avancement des sciences : Comptes-Rendus des travaux de la Section de Zoologie. 166 Hacez (Paul). — Dragages effectués dans le Pas-de-Calais pendant les mois d'Août et Septembre 1888 : l'Cartedesstonds explore CRI AT) AREA ER RNA 22 MERS andS Cotiers er. Mer ER Pur 102 — Un fait de cantonnement de quelques animaux préposés à la Laibbrité des ARE SPA SRE RE AL RENE LE Le CS TEE ASS ART 3) Appareil pour la coloration et l'inclusion sous pression (1 figure dans le LÉ) A ER en CR QUE, PT MR AN M bar 31985 PAGES JouBiN. (4). — Sur un Némertien*géantrdes côtes de Rrance 458 Kozuzer (René). — Recherches sur la structure du pédoncule des Cirrhipèdes + . A1 = Recherches sur la structure du système nerveux chez les Cirrhipèdes CLÉPAMAES SET AS EEE AT ARC RER : 5 NORTON 201 LAMBLING (E.). — Note sur un cas d'empoisonnement par le phénol . . . . . 18 — Contribution à l'étude photométrique du spectre d'absorption du sang chez différentes espèces animales (1 figure dans le texte). . . . . 160 — Sur les variations des rapports d'absorption des matières colorantes avec lamaturerdel'appareitphotométnique PP RE MER EE 226 Voyez aussi GLEY et LAMBLING. LaTzeLz (Robert). — Contribution à l'étude de la faune des Myriopodes des Açores HsuretlansAleMMexte) MER ERP RE EE CE Dune 401 MALAQUIN (A.). — Expériences sur les dissolvants de la chiline par T. H. MorGan CÉFAAUC HOME AE Le ONE NT ENS EN OR CD ee er SC 2317 Maurice (Charles).— Etude monographique d'une espèce d’Ascidie composée (analyse) 76 MoniEz (R.).— Nole sur une Hydrachnide marine, Nautarachna asperrümum nov. en MOVMSD AS ICeUReSRdans IENMENTe) REP NES EN C4 — Faune des caux souterraines du département du Nord et en particulier dela ville. de ile" 2" tt ap nn me ANS 82 MARI ERERMRERES — Note sur le Lumbricus {Photodrilus) phosphoreus Ducës. .:. . . 197 — Note ‘sur la faune: du'hablé d'Ault-= 1 #5 CE ET a PR Er Sur l'identité des genres Acanthopus Vernet et Limnicythere Brapy . 319 — Sur un Strongle de la paroi stomacale des Lièvres et des Lapins de DATENT OMR En D RME ta RER AR Ne TE LE Jo — Note sur l'Eylais erythrina Lucas . TR NE D. SE NE NN PRES 300 — Recherches sur le genre Hedruris, à propos d’une espèce nouvelle HelruriSsOTeS LP -VIIIE RSR CR EE ET 361 — Sur quelques Cladocères et sur un Ostracode nouveaux du lac Titicaca HSMISUTeSTANSRIeMEXTe) PERMET ONE D EE Re ae re “a #19 — Parasitisme accidentel sur l'Homme du Tyroglyphus farine. . . . A4 NicoLas (A.).— Considérations sur l'appareil hyoïdien de l'Homme et ses anomalies (PL. VI; 2 fig. dans le texte). LT AE EAU EL Tee J21 PRENANT (A.). — Remarques à propos de la structure des spermatozoïdes et du récentriravailide BALLOWIRZ NES NE PIE IE ER CR ER 299 Roue (Louis). — Observations sur la genèse et l'évolution des feuillets blastoder- miques chez les Annélides . . . . RENE Dr ea ce 1 SAINT-REMY (G.). — Sur la structure du cerveau chez les Myriapodes et les ; ATAGRDIUES, 5, AS NUS NU ES NN ERP NN ONCE k 281 TourNEux (F.). — Sur le développement du vagin mâle (Utlricule prostatique) chez et fætuse human ETES PME RE RCE RE NP EREE 212 VespovskY (Fr.). — Note sur le Pachydrilus Subterraneus, nov. sp. (PI. ID). 121 Vixror (A). — Surila classification des CystHiques 01 MN NES EU 350 Varéres = Lestbalareurstde daiplase CAIANNASSe TOR RC TR NI OR RTE 21 ANNÉE 1888. N° 1. 1er OCTOBRE. REVUE BIOLOGIQUE DU NORD DE LA FRANCE OBSERVATIONS sur la GENÈSE ET L'EÉVOLUTION DES FEUILLETS BLASTODERMIQUES CHEZ LES ANNÉLIDES PARMI Louis ROULE Maitre de Conférences à la Faculté des Sciences de Toulouse. Un assez grand nombre de naturalistes se sont occupés, durant ces dernières années, du développement des Annélides, et, malgré cette abondance de recherches, on constate entre les résultats qu'ils ont obtenus des divergences considérables. Ces différences portent principalement sur l’origine du mésoblaste; pour les uns, le mésoblaste dérive de l’ectoblaste, et pour les autres, de l’endoblaste ; dans certains cas, les plus nombreux, il existe des initiales mésoblastiques, et, dans d’autres cas plus rares, on ne voit aucune trace de ces initiales. Comme, ainsi que tous les faits actuellement connus permettent de le croire, il est probable que le mésoblaste possède, chez toutes les Annélides, une origine unique, que cette origine soit ectoblastique ou endoblastique, j'ai tàché, pour mon propre compte, de me faire une opinion là-dessus. J'ai étudié, pour arriver à mon but, le dévelop- pement d’un Polychæte et d'un Oligochæte ; les travaux récents de Salensky et de Nussbaum permettent de se faire une idée exacte de la genèse des feuillets blastodermiques chez les Hirudinées ; les études de Hatschek et celles de Fraipont sur les Archiannélides permettent aussi de comprendre de quelle manière apparait le mésoblaste chez FRONE A ces êtres. Il serait nécessaire, pourtant, afin d'arriver à un résultat complet, d'examiner le développement des Archichétopodes ; mais les circonstances ne m'ont pas encore permis d’avoir des larves de Saccocirrus ; et c’est là un sujet de recherches qui donnera, selon toute certitude, d'excellents renseignements. J'ai déjà indiqué d’une façon succincte (Comptes-rendus de l’Aca- démie des Sciences, 1887 et 1888) les faits observés sur les embryons de Dasychone lucullana et ceux d’Enchytræoïides Marioni. Chez les - premiers, pris comme types de Polychætes, la segmentation aboutit à une planula constituée par un ectoblaste périphérique à une seule couche de cellules, et une masse interne, formée par un grand nombre de cellules ne laissant entre elles aucune cavité, et aux dépens de laquelle naïîtront l’endoblaste au centre et le mésoblaste en dehors. Il n'existe point d’initiales mésoblastiques, et le méso- blaste dérive comme l’endoblaste de cette masse cellulaire interne, qu'il est permis de nommer un mésoendoblaste. La production d’un mésoendoblaste sans qu'il apparaisse des initiales mésoblastiques est encore plus nette chez les Enchytræoïdes. L'’ovule fécondé renferme, et en égale quantité partout, de nom- breuses granulations vitellines ; on ne voit aucune différence entre un vitellus nutritif et un vitellus évolutif. La segmentation est totale, et a pour effet de diviser l’ovule en deux blastomères dont l’un est un peu plus grand que l’autre. A part cette différence de taille, les deux blastomères primordiaux se ressemblent au point de vue de la quantité des granules vitellins qu'ils renferment, et l’un n’est pas plus riche que l’autre en deutolécithe. Ces deux blastomères continuent à se diviser, le plus gros étant quelque peu en retard sur le plus petit, et, finalement, l’ovule segmenté se transforme en une planula, à cellules toutes de taille égale. Comme chez les Dasychone, la planula présente deux feuillets blastodermi- ques primordiaux: un ectoblaste périphérique à une seule couche de cellules, et un mésoendoblaste central représenté par un grand nombre d'éléments serrés les uns contre les autres, et ne laissant entre eux aucun vide comparable à un blastocæle. Parfois, dans certains ovules, un petit blastocæle se montre bien presque au début de la segmentation, mais ce blastocæle disparaît bientôt, et n'existe plus au stade planula. On ne voit point d'initiales mésoblastiques. SET A Lorsque la planula est bien constituée, une cavité se creuse dans la masse du mésoendoblaste; à ce moment, toutes les cellules de ce feuillet se ressemblent, et l’on ne peut nullement distinguer entre celles qui feront partie du mésoblaste et celles qui feront partie de l’endoblaste. Mais, lorsque la cavité centrale apparaît, la couche de cellules qui lentoure immédiatement se sépare du reste de la masse par une limite nette; cette cavité deviendra la cavité intestinale, et la couche de cellules constitue ainsi un endoblaste. Les éléments qui sont cempris entre l’endoblaste et l’ectoblaste, et sont disposés sur quatre ou cinq rangées entre ces deux feuillets, correspondent donc au mésoblaste ; c’est en eflet à leurs dépens que naîtront les tissus musculaires, les endothelium peritonéaux, les organes sexuels et les conduits segmentaires. C’est dans leur masse que va se creuser le cœlome. La cavité cœlomatique se manifeste, et c’est là un des faits les plus importants auxquels je suis arrivé, comme un schizocæle d’embryon de mollusque. Les cellules du mésoblaste se séparent les unes des autres de manière à laisser entre elles des vides; mais cet écartement n'apparait pas dans toute la masse, et existe seulement soit dans la région profonde, soit entre l’endoblaste et le mésoblaste. Quoiqu'il en soit, une cavité en forme de fente longitudinale se creuse ainsi dans l’amas mésoblastique, et entoure, dès le début, la cavité intestinale limitée par l’endoblaste. Cette cavité deviendra le cœlome, et, à ce stade, le cœlome ne présente aucune trace de divisions segmentaires. Le cœlome continue à s’accroitre. Il s'étend suivant toute la longueur de l'embryon, et augmente aussi son diamètre transversal. Au îur et à mesure de son extension, certaines des cellules méso- blastiques qui le limitent deviennent libres dans sa cavité, et cons- tituent ainsi de véritables éléments mésenchymateux. Parmi ces éléments, les uns vont recouvrir l’endoblaste dans les points où ce feuillet est immédiatement en rapport avec la cavité cœlomatique, les autres restent libres pour se transformer plus tard en éléments de la cavité générale, les derniers enfin établissent comme des ponts de trois à quatre cellules qui traversent le cœlome d’espace en espace. Ceux ci donneront naissance aux cloisons segmentaires et aux organes segmentaires. Après que cette évolution a continué pendant un certain temps, on trouve, sur une coupe transversale de la larve, les organes et — 4 — les feuillets suivants : tout-à-fait en dehors, l’ectoblaste, qui produit l’ectoderme et les centres nerveux; en dedans, la somatopleure, formée par trois ou quatre couches de cellules; puis le cœælome, qui se cloisonne; ensuite, la splanchnopleure, représentée par une rangée unique de cellules, et qui deviendra la couche chloragogène ; enfin, l’endoblaste, qui limite la cavité intestinale. Sans aller plus loin dans l’étude de ce développement, on voit que la cavité générale du corps apparaît de la même manière que chez les mollusques, et que des éléments qui feront partie de la splanchnopleure, pour ne citer que ceux-là, sont d’abord libres comme les éléments du mésenchyme embryonnaire des mollusques. J’ajouterai de plus que, dans la somatopleure, il ne se manifeste aucun plisse- ment épithélial ni aucune genèse d'éléments épithélio-musculaires pour donner naissance aux fibres musculaires; mais, les cellules du mé- soblaste somatique s’allongent tout entières pour se transformer en fibres musculaires, comme les cellules qui, dans le mésenchyme em- bryonnaire des mollusques, doivent devenir des fibres musculaires. La seule différence entre les embryons d'Enchytræoïides et ceux de mollusques porte sur des faits de l’évolution ultérieure, sur le cloi- sonnement du cœlome et la minime quantité de tissu conjonctif chez les premiers. | Étant donné que la segmentation de l’ovule aboutit à une pla- nula, et que le blastocæle manque ou à peu près, on voit que le développement des Enchytræoides est condensé. Mais il est intéressant de bien préciser les modifications que cette condensation du déve- loppement amène dans les stades embryonnaires. Tout d'abord, il n'existe point d’initiales mésoblastiques. Cepen- dant, chez les Archiannélides, chez certaines annélides polychætes à développement larvaire dilaté, on trouve les deux initiales mésoblas- tiques typiques ; il en est de même chez d’autres annélides à déve- loppement condensé; dans tous ces cas, leur présence est indiscu- table. D'autre part, la genèse du mésoblaste aux dépens d’initiales parait être la règle chez les annélides toutes les fois que le vitellus nutritif est en minime quantité, et semble correspondre au type primitif du développement mésoblastique chez la trochospère. IL est donc curieux de voir que l’existence dans l’ovule d’une grande quan- tité de vitellus nutritif permet de sauter la phase d'apparition des initiales, et de faire dériver le mésoblaste d’un amas cellulaire com- pact homologue des bandelettes mésoblastiques qui proviennent de la division répétée des initiales. Les deux embryogénies que j'ai étudiées permettent aussi d'affirmer que le mésoblaste ne provient pas de l’ectoblaste, mais il ne dérive pas non plus de l’endoblaste. Au contraire, le mésoblaste et lendo- blaste naissent tous deux aux dépens d’un feuillet primordial, le mésoendoblaste. Ce fait paraît être en contradiction avec la genèse des initiales aux dépens de l’endoblaste chez la Trochosphère, mais cette contradiction est purement superficielle. Le feuillet qui s'invagine, au moment de la formation de la gastrula qui va devenir une Trochosphère, correspond à l’endoblaste définitif, plus les initiales mésoblastiques; ce feuillet n’est donc pas seulement un endoblaste, mais un mésoendoblaste aux dépens duquel se formeront l’endoblaste au centre, et les deux initiales mésoblastiques vers la périphérie. Les phénomènes sont donc semblables dans les deux cas, avec cette seule différence que, dans l’embryogénie condensée des Enchytræoïdes, le mésoendoblaste est constitué par une masse compacte de cellules, et non par un feuillet qui entoure l’archenteron. Du reste, en schématisant tous les développements particuliers des Cœlomates et les ramenant au stade gastrula, on voit que l’endo- blaste d’une gastrula de Cœlentéré ne correspond nullement à l’endo- blaste d’une gastrula de Cœlomate. Celui-ci donne toujours naissance à un mésoblaste, et correspond donc à un mésoendoblaste ; tandis que le premier ne produit jamais de mésoblaste vrai, et envoie tout au plus quelques cellules entre lui et lectoblaste pour constituer le mésoderme compact des Cœlentérés. Une deuxième conclusion qui se dégage des résultats obtenus porte sur l’évolution du mésoblaste. Chez les archiannélides, qui repré- sentent ici le type ancestral, il -est certain que le mésoblaste se développe et s'organise suivant le procédé épithélial; il en est de même chez quelques Polychætes. Or, dans les deux types que j'ai étudiés et surtout chez l'Enchytræoïdes, on assiste à une véritable formation mésenchymateuse du mésoblaste, tout-à-fait semblable à celle d’un mollusque, sauf dans la segmentation ultérieure du cœlome, fait qui n’a rien à voir avec l’organisation mésenchyma- teuse ou épithéliale du mésoderme. Il est à remarquer, en outre, que dans les cas où, chez les annélides, le mésoblaste est épithélial, l’embryogénie est dilætée, tandis que lorsque le méso- en blaste est mésenchymateux, l’embryogénie est condensée. Ainsi donc, puisque le mode d'évolution d’un feuillet blastodermique est sus- ceptible de varier dans un même groupe naturel, suivant la plus ou moins grande abondance de vitellus nutritif renfermée dans l’ovule, on ne peut accorder à ce mode, chez les autres groupes d'animaux, une importance aussi grande que le voudraient les frères Hertwig. La genèse épithéliale et la genèse mésenchyma- teuse du mésoblaste ne sont pas toutes les deux, et à titre égal, des faits primordiaux du développement, capables de faire diviser tous les métazoaires en enterocæliens et pseudocæliens; ce sont des phénomènes d’une importance relativement secondaire, suscep- tibles de se remplacer mutuellement dans un même groupe, et concourant tous deux d’une manière semblable à la production d'organes homologues. NOTES PRÉLIMINAIRES PARAMAL CE: GLEN &. EE AMB LIN G j: SUR LES CONDITIONS DANS LESQUELLES SE MANIFESTENT LES PROPRIÉTÉS ANTISEPTIQUES DE LA BILE C’est dans un travail déjà ancien de Gorup-Besanez (1) qu'il est fait mention, pour la première fois, d’une façon très explicite, de l’action antiseptique exercée par la bile sur la partie albuminoïde de nos ali- ments. La même conclusion ressort nettement des classiques recherches de Bidder et Schmidt (2) sur des chiens porteurs de fistules biliaires. Plus tard, Maly et Emmich (3) montrèrent que cette action antiputride doit être rapportée aux sels biliaires, et que l'acide glycocholique, et, plus encore, l'acide taurocholique, la possèdent à un haut degré. Néan- moins, divers expérimentateurs, et notamment Stolnikow (4), sont arrivés à des conclusions contraires. Ayant abandonné pendant plusieurs mois, en vase clos et aux cha- leurs de l’été, des mélanges d’eau, de fibrine et de graisse, avec ou sans addition de bile, Stolnikow observa que la putréfaction, appréciée d’après le volume de gaz dégagés, marche aussi vite en présence qu’en l'absence de bile. Hoppe-Seyler (5) fit remarquer, en outre, que la bile, qui passe pour un antiseptique puissant, est elle-même très putrescible, puisqu’a- bandonnée à l'air, elle prend rapidement une odeur très désagréable et que les micro-organismes y pullulent (6). (4) Gorup-Besanez : Untersuchungen über die Galle. Erlangen, 1842, p. 122. (2) Binper et Scamipr : Die Verdauungssüäfte u. der Stofwechsel. Mitau u. Leipzig, 1852, p.103. (3) Mazy et Emmicu: Sitzungsberichte der kaïis. Akad. der Wissensch., t. LXXXVIII, IIIe partie. Vienne, Janvier 1883. (4) SrozniKow : Zeitsch.f. physiol. Chem. t. IT. p. 243. Voy. aussi: RôHMANN, Pflüger's Arch., t. XXIX, 1882. (5) HoPpe-SExLeRr : Phiysiologische Chemie. Berlin, 1878, p. 318. (6) Voy. notamment GoruP-BEsANEz : Ann. der Chem. u. Pharm., t. IL, p. 129. a QAR Il est facile de donner d’abord la raison de ce phénomène, en appa- rence paradoxal. Ces faits différents s'expliquent simplement et entiè- rement par une différence de milieu. En liqueur alcaline ou neutre, la putréfaction de la bile est très rapide. L’acide taurocholique surtout, c’est-à-dire celui des deux acides biliaires dont l’action antiseptique est la plus marquée, est rapidement dédoublé avec production de taurine. Ainsi, lorsqu'on abandonne de la bile, en nature ou étendue d’eau, à 400, l’odeur de putréfaction apparaît au bout de vingt-quatre heures déjà. Au bout de trente-six heures, la putréfaction est franchement installée et le liquide se couvre d’un voile de bactéries. Même débarrassée de son mucus, la bile est loin d’être impu- trescible, comme on l’a souvent prétendu (1). Elle est au contraire, assez rapidement envahie par la putréfaction, chaque fois que le milieu est neutre ou alcalin. Il suffit, pour s'assurer de ce fait, de précipiter de la bile par quatre à cinq volumes d'alcool ; le liquide filtré, évaporé au bain-marie, puis ramené au volume primitif par addition d’eau, est abandonné dans l’étuve à fermen- tation. Au bout de quarante-huit heures, la putréfaction est déjà manifeste. L’élimination préalable de la mucine ne retarde donc que fort peu la putréfaction de la bile. En milieu acide, au contraire, la bile résiste très énergiquement à la putréfaction, probablement parce que les acides biliaires sont mis en liberté, au moins partiellement. Il suffit d’aciduler légèrement la bile avec de l'acide acétique, mieux encore avec de l'acide chlorhydrique, pour que la putréfaction soit considérablement retardée. Dans ces conditions, la bile de bœuf, par exemple, en nature ou étendue de son volume d’eau, conserve son odeur musquée pendant plus de dix jours, même à la température de 40 degrés; avec l'acide chlorhydrique, l'odeur de putréfaction est encore très faible même au vingtième ou vingt-cinquième jour. Au microscope, on constate aisément que la fermentation bactérienne est considéra- blement ralentie. — C'est donc toujours en milieu légèrement acide qu'il convient d'étudier l’action antiseptique de la bile. Or, Maly fait remarquer très justement que le bol instestinal présente préci- sément une réaction acide jusqu'à une assez grande distance du pylore, malgré l’afflux du suc pancréatique alcalin. (1) Voyez notamment : Mary, Chemie der Verdauungssäfte, in Hermann's Handbuch der Physiol. Leipzig, 1880, t. V, {re partie, p. 122. de MDP de Nous avons voulu d'abord nous assurer de ce dernier fait et nous avons pu constater par des expériences répétées que cette persistance de lPacidité gastrique est beaucoup plus grande qu’on ne pourrait le croire de prime-abord. Voici, par exemple, une de nos expériences sur ce point : EXPÉRIENCE Il. — Chien de taille moyenne, ayant fait à huit heures du matin un fort repas de viande; tué à deux heures par piqûre du bulbe. On met immédiatement à nu la masse intestinale et l’on pose de distance en distance des ligatures sur le tube digestif. L’estomac contient encore des débris alimentaires à réaction franchement acide. On note chaque fois la longueur des segments d’in- testins successivement isolés à partir de l'estomac, la réaction du contenu alimentaire et celle de la paroi muqueuse. Duodénum : on l’isole en deux segments de 12 centimètres chacun. Contenu épais, caséeux, à réaction franchement acide. Muqueuse alcaline. Intestin grèle : 19 centim.; contenu crèmeux, jaunâtre, à réaction acide. Muqueuse alcaline. — 22 centim.; contenu d’un brun sale, presque liquide, à réaction faiblement mais nettement acide. Parois et débris alimentaires qui y adhèrent, alcalins. — 33 centim.; contenu d’un vert-brun sale, à réaction d’abord faiblement, puis nettement alcaline. Parois alcalines. — 33 centim.; contenu et muqueuse fran- chement alcalins. Pas d’odeur. Gros intestin : Il est rempli par un bol fécal solide, brun-vert, nettement alcalin (1). L’odeur fécale ne commence guère qu’au cœcum. On voit donc que six heures après le repas, l'acidité gastrique se manifeste encore dans tout le duodénum et dans près de la moitié de l'intestin grêle. Et ainsi il est certain qu’au moins dans les premiers temps de la digestion (2), la bile se déverse dans un milieu franchement acide. Son action antiseptique peut donc se manifester, et retarder dans une certaine mesure, par conséquent reporter plus bas dans le tube digestif, les phénomènes de putréfaction que nous voyons succéder si aisément à la digestion pancréatique des matières (1) Il nous est arrivé aussi de trouver le bol fécal franchement acide. (2) On sait que l'excrétion biliaire augmente presqu'aussitôt après l'ingestion des aliments. (HoppEe-SEYLER, Loc. cit. p. 284). Meet ntes albuminoïdes. Mais il fallait, d'autre part, essayer de démontrer direc tement la réalité de cette action antiseptique. Nous avons entrepris dans ce but deux séries de recherches : d'un côté, des essais in vitro, dont nous allons indiquer sommai- rement les résultats ; et, d’un autre côté, des expériences directes sur l'animal vivant, en mettant en œuvre des procédés que nous nous réservons d'exposer ultérieurement. Ces expériences in vitro ont consisté d’abord à abandonner à l’étuve à 40° un chyme stomacal artificiel (1), mélangé parfois d’un peu de pancréas haché, puis additionné de bile de bœuf en pro- portions variables et de quelques gouttes d’un bouillon de viande en pleine putréfaction. L'apparition et la marche de la putréfaction étaient appréciées par l'odeur, par l'examen microscopique du liquide, enfin par la recherche de l’indol, qui, d’après Salkowski (2), apparaît dès les premières heures de la putréfaction bactérienne des albuminoïdes. Nous nous sommes servis pour isoler l’indol du procédé de Salkowski (loc. cit.). Dans le liquide final, l’indol a été caractérisé d’après Baeyer, par la production du précipité rouge de nitrate de nitroso-indol, réaction sensible à 1/10000 près. Lorsque la proportion d’indol isolé est très faible, ce qui était souvent le cas dans nos expériences, il ne se produit qu’une coloration rose plus où moins intense. Mais si l’on agite le liquide avec du chloroforme, la matière colorante se rassemble à la surface de séparation des deux liquides sous la forme d’une mince pellicule rouge, circonstance qui rend la réaction plus sensible encore (Salkowski). Nous avons constaté d’abord que, si l’on neutralise au préalable les liquides de digestion peptique, mieux encore si on les rend alcalins, la putréfaction marche presqu'aussi vite en présence qu’en l'absence de bile. Dès la douzième heure, la fermentation bactérienne s’installe manifestement, surtout en présence du tissu pancréatique, et la recherche de l’indol donne déjà des résultats positifs, un peu (1) Ce liquide était obtenu en faisant digérer à 40°, pendant quatre heures, de l’albumine de l'œuf sèche (50 grammes) avec un suc gastrique artificiel (1000 grammes), préparé, à la manière ordinaire, avec une muqueuse d'estomac de pore et de l'acide chlorhydrique à 2 grammes pour 1000. (2) E. Sazkowsxi : Zur Kenniniss der Etweisfaulniss. {Zeitsch. f. physiol. Chem. t. VIII, p. 420). LION Ÿ (22 moins prononcés cependant, lorsque la proportion de bile ajoutée au liquide albumineux est portée jusqu’à 10 ou 15 0/0. En liqueur acide, au contraire, l'addition de bile retarde consi- dérablement la putréfaction. Mais ici, il faut tenir compte de l’action antiseptique exercée par la simple présence d’un acide libre. Des digestions peptiques de fibrine ou d’albumine de l’œuf, avec 2 gr. p. 1000 d'acide chlorhydrique peuvent être conservées dans l’étuve à 40° pendant douze ou quinze jours, sans odeur notable, même lorsqu'on les a ensemencées dès le début de l'expérience avec quelques gouttes de liquide putride. Ce n’est qu’au quatrième jour que nous sommes parvenus à isoler des traces excessivement faibles d’indol. Au quinzième jour, l’indol a disparu et l'examen micros- copique montre que le développement des micro-organismes est très lent. La putréfaction ne reprend avec quelque activité, que lorsqu'on abaisse le taux d'acide chlorhydrique au dessous de 0 gr.05 p.000. L'action des divers acides organiques, dont nous continuons l'étude en ce moment, est beaucoup moins prononcée, souvent très variable selon la nature de l'acide. Il est donc nécessaire, si l’on veut étudier l’action antiseptique de la bile sur un chyme stomacal artificiel, d’abaisser préalablement l'acidité du milieu jusqu'à un taux qui permettrait à la putréfaction de s'installer franchement. Or, en nous plaçant exactement dans ces conditions, nous avons pu constater que l’addition d'environ 10 0j de bile de bœuf suffit pour entraver toute ‘putréfaction pendant quatre à cinq jours. L'effet est des plus nets, même lorsque l'acidité est à peine sensible au papier. Nous nous occupons de compléter ces expériences, mais de ce qui précède on peut conclure, ce semble, pour le moins à la possi- bilité d’une action antiseptique de la bile. Une condition essentielle de cette action serait l'acidité du milieu; de telle sorte que les choses se passent sans doute de la façon suivante : dans le duodé- num et dans une partie de l'intestin grèle, la persistance de l’aci- dité gastrique (1) suffit pour annihiler l'action des micro-orga- nismes qui pullulent dans tout bol alimentaire ; et, plus bas, quand, par suite de l’afflux incessant du suc pancréatique, cette acidité (1) I s'établit évidemment, au sortir de l'estomac, un équilibre chimique constamment variable entre l'acide chlorhydrique provenant de l'estomac et les divers sels, biliaires ou autres, qui viennent se mêler, à ce moment, à la masse alimentaire. MS 10 s'est atténuée et tend à devenir insuffisante, la présence de la bile continue à assurer pendant un certain temps encore l’antisepsie de la masse. La putréfaction post-digestive ne peut commencer que lorsque la réaction alcaline s’est franchement installée. ilR SUR LES RELATIONS QUI EXISTENT ENTRE L’ACIDITÉ DE L'URINE ET LA DIGESTION STOMACALE Les relations qui existent entre les phénomènes de la digestion sto- macale et les variations de l'acidité de l’urine ont été signalées d’abord par Bence-Jones, qui remarqua le premier que l'urine devient souvent neutre, ou même alcaline, trois à quatre heures après le repas. Bence- Jones (1) expliqua ce phénomène par la spoliation acide considérable que subit le sang au moment du maximum de la sécrétion gastrique. Les glandes de l'estomac soutirent à ce moment au sang une quantité d'acide si considérable que le sang n’est plus en état de faire en même temps les frais d’une sécrétion acide du côté du rein. Le fait signalé par Bence-Jones fut vérifié par Roberts (2) et divers autres phy- siologistes. À la vérité, les recherches de Vogel (3) tendent à montrer que ces variations de la réaction de l’urine doivent dépendre de facteurs multiples, mais des expériences ultérieures de Maly (4) ne laissent aucun doute sur l'influence prédominante exercée par la sécrétion gastri- que dans la production du phénomène dont il s’agit. Il suffit d'introduire dans l’estomac d’un chien à jeun du carbonate de calcium en suspen- sion dans de l’eau, ce qui à pour effet de provoquer la sécrétion et la neutralisation immédiate d’une certaine quantité de suc gastrique, pour pouvoir constater, vingt minutes après, l'émission d’une urine alcaline. D'autre part, Quincke (5) a signalé chez une femme atteinte de dila- tation de l'estomac, avec vomissement de près de 3000 ® de liquides (1) Cité par NEuBAUER et VocEL : Analyse des Harns, & éd.,Wiesbaden, 1882, p. 302. 212. 3) (4) May : Liebig's Annal., t. CLXXIIT, p. 227 187 (5) Quinoxe : Corresp. f. schweix. Aertzte. 1874, Jahrg. 4, n° 1. acides dans les vingt-quatre heures, la sécrétion d’une urine cons- tamment alcaline, malgré une alimentation exclusivement azotée. Il nous à semblé qu'il y aurait lieu, en se plaçant à un point de vue clinique, de faire une étude un peu plus complète de ce phénomène. On sait combien les modifications pathologiques du suc gas- trique, en ce qui concerne l'acidité de ce liquide, ont attiré dans ces derniers temps l'attention des cliniciens. Que devient ce phéno- mène du renversement de la réaction de l’urine au moment de la digestion, dans certaines dyspepsies”? Que se passe-t-il surtout dans ces cas d’hyperchlorhydrie sur lesquels M. le Professeur G. Sée (1) a attiré récemment l'attention ? M. G. Sée a montré, en effet, qu’une forme de dyspepsie vraie, c’est-à-dire de dyspepsie chimique, beau- coup plus fréquente qu’on ne pourrait le croire, consiste essentiel- lement en une sécrétion exagérée d'acide chlorhydrique. Chez ces malades, la sécrétion d'acide chlorhydrique reprend de plus belle, lorsque la digestion stomacale est achevée, et les douleurs si pénibles de l’hyperchlorhydrie sont dues précisément à l’afflux d’un suc très acide dans un estomac qui s’est déjà complètement débarrassé de son contenu. Que se passe-t-il à ce moment du côté de la sécré- tion urinaire ? L'étude de cette question, outre lintérêt physiologique qu’elle présente en elle-même, peut être de quelque importance au point de vue clinique. Le diagnostic précis de l’hyperchlorhydrie ne peut guère se faire, Jusqu'à présent du moins, M. G. Sée l’a très bien montré, que par l'analyse du suc gastrique puisé directement dans l’estomac, opération à laquelle les malades ne se soumettent pas toujours très aisément. Mais, abstraction faite de cette considération toute extrinsèque, nous nous sommes demandés si, dans ce cas, l'examen des urines ne pourrait pas fournir au moins quelques indi- cations préliminaires, dont on conçoit toute l'utilité pour la clinique. Il convenait évidemment d'étudier d’abord de plus près, à l’état normal, le phénomène du renversement de la réaction. Dans ce but, nous avons recueilli l'urine d'heure en heure, chez un certain nombre de sujets en bonne santé. L'alimentation est restée, dans la plupart des cas, ce qu’elle était habituellement. On à simplement exclu les aliments ou boissons (fruits, boissons citriques, etc...) pouvant (1) G. Sée : Bull. de l’Acad. de méd. Séance du 1e Mai 1888. 27114 contenir de grandes quantités de sels à acides organiques analogues à l’acide citrique et qui auraient donné par leur combustion orga- nique des carbonates alcalins. Du reste, nous avons pu constater fréquemment qu’en prenant ces quelques précautions, l’influence exercée sur l'acidité de l’urine par les variations quotidiennes de l’alimentation s’épuise dans les deux premières heures qui suivent le repas. Nous avons aussi administré à l’un de nos sujets, dans un certain nombre de cas, un déjeüner d'épreuve (‘ Probemahlzeit ” des Allemands) composé d'œufs, de viande et de pain, ou simplement d'œufs et de pain, avec un peu de bière. D'ailleurs, il nous importait surtout de déterminer la marche générale du phénomène, et non pas l'acidité absolue des diverses portions d'urine. L’acidité de l’urine à été déterminée à l’aide d’une liqueur normale de soude, étendue au quart, et du papier de tournesol. On est allé chaque fois jusqu’à la réaction alcaline franche à cause de la dif- ficulté qu’on éprouve à neutraliser exactement l’urine (1). Nos résultats sont donc comparables entre eux. On a pris, en outre, au densi- mètre, la densité de chaque portion urinaire. À l’aide des deux derniers chiffres de la densité (déterminée avec trois décimales) et du coefficient de Neubauer (2,33), on a calculé chaque fois le poids des matériaux solides éliminés par heure. Ces calculs ne sont qu’ap- proximatifs, bien entendu ; mais les résultats qu’ils fournissent peuvent être rapprochés utilement, comme on va le voir, de ceux que fournit la détermination de l'acidité. Nous donnons ci-après les résultats d’un certain nombre de nos observations. Les tableaux indiquent : 1° l’heure à laquelle chaque portion d’urine a été recueillie; 2° le volume de chaque portion; 30 le nombre de centimètres cubes de soude employés pour la neu- tralisation de chaque portion; 4° le poids des matériaux solides éliminés en même temps. ExPÉRIENCE IV. — Homme de 54 ans. Café au lait à 7 heures du matin. À midi un quart, déjeuner composé de potage, viande, pommes de terre et bière. Diner à 8 heures. (1) Ce phénomène est dù à la présence des phosphates alcalins (Voy. SALKowsSkI et Leuge, Die Lehre vom Harn. Berlin, 1882, p. 22). On peut tourner la difficulté et obte- nir des résultats plus exacts à l’aide d’un procédé plus compliqué, indiqué par Maly (Voy. NEUBAUER et VoGEL, loc. cit. p. 316). ae Volumes Volumes de soude Matières d'urine employés solides ce. gr. 10 heures 7! 200 cc. NL 4.66 11 » Re 90 46 3.14 NTI ET ERE 114 455 9.98 l'heure ire 100 4.3 20 2:heurese EU: 110 8.2 3.939 3 » SAGE AE 210 DA 3.93 RARE ETATS ue. 110 4.9 3.84 5 » EN 116 Ô (Réact. alcal.) 4.10 (DÉS ES MU 80 al DT) JA NS A RTET AE 108 18 à EF) EXPÉRIENCE V. — Homme de 30 ans. Repas de viande copieux à midi et demi. Diner à 8 heures 1/4. Volumes Volumes Matières d'urine de soude employés solides GC: gr. Jfheuresr 40" 72cc. 8.0 4.19 10 » Site 44 9.1 2240 3 à RO) ANT 25 3.9 4.51 NRA ur, 39 4.8 245 JÉNEUTES.. 1.07 106 13.3 ».18 D ANNE IPS TNA 90 6.8 4.19 1 CAS NN PRES 45 2.8 2.83 D PRO PCA Ta nr 63 0 (Réact. alcal.) 93.01 OMR ARE 47 6 3 3.28 7| DL ANT RS PERS 52 19-2 9.87 8 » RTE ts 11 2.6 — EXPÉRIENCE XIX. — Homme de 24 ans. Déjeuner à 1 heure 1/4 (potage, viande, légumes, bière). Diner à 8 heures 1/4. Volumes Volumes Matières d'urine de soude employés solides ec. gr. Alheures, 2 SOcc. 225 4,28 MR ee DURE: 16 2.3 1.04 APheurers sr; 17e 26 4.5 1.93 2Hheures use 46 A0 2.178 AT A NA LME 100 dt Hire LE LIN D EE RÉMNÈRE SENS 78 0 (Réact. alcal.) 4.36 RAS NUARE DIE TP 43 4.0 2.50 GHCBDN FAN ANTz Le 91 10 2,16 7 2 ù 2: 7 » PAR PE A 8.4 D.9 SOU age OR 39 — 16 — ExPpÉRIENCE XVI. — Mème sujet. Déjeuner à 1 heure. Diner à 7 heures 1/4. Volumes Volumes Matières d'urine de soude employés solides g ce. gr. d'heures 5Gcc. h:5 3.26 3 » EU À 110 8.8 3.98 4 » APN 60 3.9 4.95 D » ANT 123 6.9 do 6 » S% 51 6.0 2,61 l » NU 52 F5 2,78 ExPéRIENCE VIII. — Homme de 29 ans. Déjeuner à 11 heures 1/2. Diner à 7 heures 1/4. ! Volumes Volumes Matières d'urine de soude employés solides ce. gr. Aheure. 0 7occ. 41.4 k.4 2'heures. SU 90 8.0 4.2 D ANS OIL ORAN TE M SS 42 1: 3.8 4 » LOT EENRE 9 9.4 3.6 TD EE Ne 40 8.1 2.6 (CHARS LA AE Re 3) 8.9 24 7 » HN VUE 39 8.3 AR De ces expériences, et d’un grand nombre d’autres dont les résultats ne sauraient trouver place ici, il ressort clairement que le minimum d'acidité signalé par Bence-Jones s’observe très nette- ment environ quatre à cinq heures après le repas et qu'il se traduit soit par une alcalinité plus ou moins prononcée (Expériences IV, V et XIX), soit par une diminution marquée de l'acidité (Expériences XVI et VIID. Cette diminution de la quantité de principes acides éliminés par heure, ne tient pas à la diminution correspondante des volumes d'urine, qui fléchissent naturellement à mesure que lon s'éloigne du repas. On voit, en effet, qu’une fois le minimum produit, l'acidité se relève très nettement, encore que les volumes d'urine émis par heure continuent généralement à diminuer. Sans doute, dans l’expérience XVI, le minimum d’acidité (329) correspond à un faible volume d’urine (60cc.) ; mais on remarquera qu'à six heures et à sept heures, le sujet a éliminé des volumes d'urine plus faibles encore (51 et 52cc.), et cependant l'acidité s’est relevée à 62.0 et 7€ 5, si bien que pour un volume d'urine de 52: seulement, recueilli à = sept heures, l'acidité est devenue supérieure à ce qu’elle était à cinq heures, pour un volume d'urine plus que double (123cc:). L'expérience VIIT prête à des observations analogues. L’acidité minima y correspond également à un volume d'urine très faible (42ec.) ; mais le tableau montre en même temps qu’à cinq heures, six heures et sept heures, pour des volumes d'urine sensiblement égaux au premier (40cc., 35cc., 39cc.), l'acidité a varié du simple au double. On peut ajouter en outre que, si les variations de l'acidité n'étaient dues qu'aux oscillations correspondantes des volumes d'urine émis par heure, on observerait probablement le même phénomène pour les matériaux solides, dont les variations devraient, dans ce cas, suivre, au moins dans une certaine mesure, celles des principes acides. Or, il n’en est rien ; Car on constate, d’une part, que des poids sensiblement égaux de matériaux solides correspondent, au cours d’une même expérience, à des volumes d'urine très différents, et, d'autre part, que le poids des matériaux solides et celui des principes acides varient indépendamment l’un de l’autre. On voit done que le minimum d’acidité s’observe manifestement à l’état normal et qu'il est permis d'admettre qu'il correspond au maximum de la sécrétion gastrique. On peut par suite prévoir que chez un hyperchlorhydrique, chez lequel la sécrétion d’acide est encore à son maximum plusieurs heures après l'achèvement de la digestion stomacale, le minimum de l'acidité urinaire doit persister également pendant un temps beaucoup plus long. Nous nous occupons en ce moment de vérifier cliniquement ces prévisions, en étudiant la sécrétion urinaire chez des hyper- chlorhydriques avérés (1). (1) Cette affection semble être beaucoup plus fréquente dans la clientèle civile que dans les services hospitaliers. C’est là, on le comprend, une circonstance peu favorable à notre étude. Æ\t Re NOTE SUR UN CAS D'EMPOISONNEMENT PAR LE PHENOL Professeur Agrégé à la Faculté de Médecine de Lille. Le quatre juillet dernier, la nommée B..., internée à l'asile de Bailleul et atteinte de manie chronique, s’empara par surprise d’une bouteille contenant une solution concentrée d’acide phénique (1) destinée à la désinfection de la salle, et en avala rapidement quelques gorgées. Elle tomba immédiatement à la renverse en poussant des cris et en faisant des mouvements désordonnés. Trois heures après elle succombait dans un coma profond. L’autopsie est pratiquée 24 heures après la mort. Le cadavre répand une odeur excessivement prononcée d'acide phénique. Tous les organes, au fur et à mesure qu’on les découvre, répandent la mème odeur. Les muqueuses de la bouche, du pharynx et de l’æsophage sont blanchies, durcies et comme tannées. La muqueuse stomacale, de couleur vineuse, violacée par place, sans ulcérations ni perlorations, présente, surtout au niveau de ses replis, le mème caractère de dureté et d’inextensibilité. L'intestin n'offre rien de particulier. Tous les autres organes, poumon, foie, rate, ete., sont le siège d’une congestion intense. Le sang est noir et poisseux (2). La vésicule biliaire contient environ 15% d’une bile jaune-verdatre, On recueille de mème dans la vessie environ 35% d’une urine à couleur normale, à réaction légèrement alcaline, qui abandonne au (1) Ce phénol était très impur et assez fortement coloré. Ce qui restait de la solution fut malheureusement jeté aussitôt après l'accident et je n'ai pu me procurer aucun renseignement sur la concentration du liquide ingéré. (2) On a omis malheureusement de conserver un échantillon de sang pour l'analyse. LE TT es repos un sédiment de pus et qui prend à l'air une faible teinte brunâtre. La densité était de 1030 (1). Il m'a semblé intéressant d'étudier la répartition du toxique entre les divers organes. Le procédé employé fut le suivant. Les organes, rapidement lavés sous un filet d’eau, sont finement hachés. La purée obtenue, introduite dans un ballon, est mise à digérer à plusieurs reprises, pendant 3 ou 4 heures et à une température de de 90° —1000 avec de l’eau contenant par litre environ 2 gr. d’acide sulfurique pur. Les liquides d'extraction sont filtrés, puis distillés à feu nu dans une cornue, jusqu'à ce qu'une partie du liquide distillé ne se trouble plus par l’eau bromée. On s’assure de la même manière que l'épuisement de chaque organe est bien complet. C’est dans ces liquides distillés que l’on dose le phénol à l’état de tribromophénol, par le procédé de Landolt (2). A cet effet, ces liquides (3) sont additionnés d’eau bromée concentrée jusqu'à légère coloration Jaune persistante. Il importe de ne pas ajouter un trop grand excès de brome afin d'éviter la formation d’un produit plus riche en brome (C5 H Br.* OBr d’après Benedict). Au bout de six heures, on rassemble le précipité cristallin de tribromophénol sur un petit filtre lavé, préalablement desséché sur l'acide sulfurique et tarét On lave avec de l’eau bromée faible et on abandonne sous la cloche à dessication jusqu'à poids sensiblement constant. Il n’est pas prudent de dessécher dans le vide, parce que le tribromophénol est assez volatil. — Le tableau ci-après indique successivement : 1° le poids total de chaque organe à l’état frais; 20 la quantité qui a été mise en traitement; 3° le poids de tribromophénol isolé par ce traitement; #4 le poids de phénol correspondant, calculé pour 100 gr. d’organe frais. On à ajouté à ce tableau les résultats fournis par lurine et la bile, ré- sultats rapportés au volume. (4) J'ai emprunté les détails qui précèdent au procès-verbal d'autopsie que mon excellent collègue M. Lemoine, médecin-adjoint à l’asile de Bailleul, a bien ‘voulu me communiquer.Je suis heureux de pouvoir remercier ici M. Lemoine à l’obligeance-duquel je dois d’avoir pu faire cette recherche. (2) Lanporr. Ber. d. deutsch. chem. Ges. t. IV, p. 7170. (3) On a soin de rajouter à ce moment à la masse les diverses portions de liquide distillé qui ont servis aux essais à l’eau bromée. QUANTITÉ RIBROMOS ER nn POIDS POIDS TOTAL MISE EN PHÉNOL : DE PHÉNOL TRAITEMENT ISOLÉ DE PHENOL P. 100 gr. gr. gr. Cerveau REP ECCE 1415 gr. 685 gr. 0.1523 0.0893 0.006 BOUMODR PERTE 840 205 0.5981 0.6960 0.083 Roier me: Se 1380 505 0.8060 0.6256 0.045 Rein droit (1)...... 145 145 0,5659 0.1607 0.111 Ratertere DIRES ot 213 213 0.1816 0.0516 0.024 Urimer enr JoCc. Jocc. 0.0321 0.0091 0.026 Bile ere... SA re 15 15 0.0840 0.0238 0.159 Ces résultats démontrent que le toxique s’est rapidement répandu dans toute l’économie, qu’il a non seulement envahi les organes qui sont une voie d'élimination directe, comme le rein, et, dans une certaine mesure, le poumon, où une voie indirecte comme le foie, mais encore qu’il a en quelque sorte débordé sur tous les autres organes (cerveau, rate, etc.), qui tous en étaient plus ou moins imprégnés. C'est que l'élimination du toxique, pendant les trois heures de survie qui suivirent l'accident, resta à peu près nulle. En effet, d’une part, elle s’effectua par le foie (02% 045 0/, de phénol) et la bile (0% 159 0/0), ce qui devait nécessairement entrainer une résorption du toxique. D'autre part, si laccumulation du phénol dans les reins fut à la vérité considérable (05 1110/,, soit environ le quart du poids total de phénol retrouvé), par contre la sécrétion urinaire resta à peu près nulle. Les 35 ®% d’urine retrouvés dans la vessie représentent, en eftet, tout le produit sécrété à partir du moment de l’ingestion du toxique (2). La principale voie d’élimination était donc restée à peu près supprimée. Cette petite quantité d'urine se trouvait, on le conçoit, à peu près (1) Le rein gauche pesait 150 gr. (2) La malade n’a plus uriné du tout, bien qu’on lui eût fait ingérer immédiatement après l'accident environ un litre de lait. Ajoutons que peu d'instants après, le gonfle- ment de la muqueuse œæsophagienne avait déjà rendu impossible l'introduction d'une sonde, A HORT EE saturée de phénol. En effet, clarifiée par filtration, puis acidulée par l’acide acétique, elle s’est à peine troublée par l'addition de chlorure de baryum. Les sulfates se trouvaient donc presqu’en totalité trans- formés en phénylsulfates. Or, on sait par les belles recherches de Baumann, que c’est précisément par cette production de dérivés sul- foconjugués aux dépens du phénol ingéré et des sulfates disponibles dans l’économie, que l'organisme neutralise les effets toxiques du phénol (1). La suppression presque complète de la sécrétion urinaire a done, dans le cas qui nous occupe, réduit à un minimum la quantité de phénol qui à pu être éliminé sous la forme du dérivé sulfoconjugué inoffensif. Ajoutons que Baumann à démontré, en outre, que lorsque les sulfates disponibles dans l’organisme ne sufi- sent pas à la transformation en phénylsulfates de tout le phénol ingéré, les sulfates alcalins (sulfate de soude, par ex.) introduits dans ces conditions, sont à leur tour transformés en dérivés sullo- conjugués et agissent par conséquent comme de véritables contre- poisons (2). C’est à ce genre de contrepoison qu'on eût pu recourir, si la violence des premiers accidents n'avait pas rendu infructueuse toute tentative d'intervention. (1) Baumann a démontré, en effet, que les phénylsulfates qui se produisent toujours aux dépens du phénol ingéré, ne sont nullement toxiques. (Voy. SALKOWSKkI et LEURBE, Die Lehre vom Harn, Berlin, 1882.) (2) C'est même là un des rares exemples de contrepoison, au sens physiologique du mot, qu'il soit possible de citer. Les contrepoisons ordinaires, c’est-à-dire ceux qui rendent insoluble, et par suite non absorbable un toxique qui se trouve encore dans le tube digestif, n’exercent leur action qu'au seuil, on pourrait dire en dehors de l'organisme. Ici au contraire, l’antidote rend le toxique inoffensif après l'absorption de celui-ci. DRAGUAGES EFFECTUÉS DANS LE PAS-DE-CALAIS PENDANT LES MOIS D'AOÛT & SEPTEMBRE 1888 PAR Me CP AU LAEENE REZ Professeur de Zoologie à la Faculté des Sciences de Lille I. CARTE DES FONDS EXPLORÉS M. de Quatrefages, dans ses Souvenirs d'un Naturaliste, et tout récemment M. de Lacaze-Duthiers, dans la Revue Scientifique (1), ont dépeint les difficultés que rencontraient autrefois les zoologistes qui voulaient étudier les animaux marins dans leurs conditions naturelles. Ce temps n’est pas passé pour tout le monde. Aujourd'hui encore, on est parfois dans la nécessité de supporter, gaiement autant que possible, les ennuis d’une installation improvisée à la hâte. A côté des laboratoires admirablement organisés de Roscoff et de Banyuls, où, grâce au libéralisme de linfatigable et illustre fonda- teur de ces stations, chacun peut aller entreprendre telle étude qui lui convient, il devrait y avoir, sur différents points de notre littoral, quelques modestes laboratoires à l’usage des Facultés des Sciences situées à proximité de la mer. Et cela pour deux raisons principales. D'abord, la plupart de nos étudiants ont plus d’ardeur au travail que d’écus dans leurs poches, si bien que, malgré toute leur bonne volonté, ils sont le plus souvent dans l'impossibilité de faire un voyage coûteux. En second lieu, il est sans contredit à souhaiter que la faune marine soit également connue de Dunkerque à Bayonne et de Port- Vendres à Nice. Tout cela est admis en principe, et déjà plusieurs Facultés de province sont dotées d’un laboratoire maritime. (1) N° 7 du 18 Août 1888. Ne Ne J'ai l'espoir que la Faculté des Sciences de Lille sera bientôt de ce nombre. L'Etat, qui s’est déjà imposé des sacrifices pour créer à Lille un grand centre universitaire, ne reculera pas devant une dépense presque insignifiante pour donner à l’enseignement de la zoologie un outil indis- pensable. | Mais pour le moment je n’avais d'autre alternative que d’aller tra- vailler en Bretagne, où mes élèves ne pouvaient pas m’accompagner à cause du prix élevédu voyage, ou de m'installer à proximité de Lille, afin de permettre aux étudiants de consacrer une partie des vacances à l’étude des animaux marins. Je n'avais pas à hésiter. Et d’ailleurs, j'avais fait depuis longtemps déjà le projet d'entreprendre des draguages métho- diques dans le Pas-de-Calais. Une étude attentive de la faune du littoral compris entre Dunkerque et Etaples m'a déterminé à m'arrêter au Portel, à deux kilomètres à peine en aval de Boulogne. Plusieurs considérations m'ont guidé dans ce choix. Je crois inutile de les indiquer toutes. Je me contenterai de dire que la faune est plus riche au Portel qu’en tout autre point du Boulonnais, et que je trouve, dans cette localité, toutes facilités pour faire mes dra- guages, grâce aux nombreux bâteaux de pêche qui s’y trouvent et qui prennent la mer presque à chaque marée. J’ajouterai que les matelots du Portel connaissent bien mieux les divers bancs du Pas-de-Calais et leur profondeur que les autres pêcheurs de la côte. Ils font, en effet, exclusivement usage des filets de fond, et sont, par suite, amenés à se servir journellement de la sonde. fls font le métier de fond, comme ils disent. Au contraire, à Boulogne, à Equihen et à Etaples, les pêcheurs font surtout le métier de rivan, et comme ils n'ont pas à craindre de crocher leurs filets sur le fond, ils se préoccupent beaucoup moins de la topographie. C’est grâce à l’étonnante connais- sance que les Portelois ont de la mer et de ses fonds, que j'ai pu faire, en peu de temps, relativement beaucoup de travail. Je louai donc une maison au Portel, et mon installation, aussi som- maire que possible, reçut bientôt des étudiants le nom pompeux de laboratoire, sans doute parce qu’on sait travailler partout quand on a le désir ardent de s’instruire. C’est dans les premiers jours du mois d'août que j'ai commencé ma première campagne de draguages, avec M. L. Boutan, maitre de confé- rences, et avec l'aide de deux de mes élèves, MM. Malaquin et Mercier. op Depuis la fin d'août, je la poursuis seul presque sans interruption, et elle n’est pas encore terminée à l’heure où j'écris ces lignes. D'un autre côté, je n'ai pas pu déterminer tous les matériaux que nous avons rapportés, parce que je n’ai ici, sur les bords de la mer, aucun des ouvrages qui me sont nécessaires (Il est vrai que je n’en ai pas davan- tage à Lille). Pour ces raisons, je dois remettre à plus tard la publication des listes des animaux récoltés, ainsi que l'indication des pays, comme disent nos matelots, où ils ont été trouvés. Je me bornerai, dans cette première note, à donner une idée générale de la topographie du Pas-de-Calais, ainsi que les noms usités au Portel et à Boulogne pour désigner les différents fonds. Ces notions générales me seront nécessaires dans la suite pour repérer mes coups de drague. Les engins dont je me sers sont des plus simples: une petite drague rectangulaire de 0®60 sur 030, malheureusement trop légère pour pouvoir fouiller assez profondément dans le sable, et une croix de St-André de On80, garnie de cinq fauberts et de quelques vieux filets. C'est avec ces deux instruments que j'ai exploré toute la côte, et je ne pouvais pas employer d'engins plus volumineux, ni plus lourds. Je fais, en effet, la plupart de mes excursions, par raison d'économie, sur un petit canot qui n’a que quatre mètres de long, non ponté bien entendu, et qui n’est manœuvré que par deux hommes. On comprend que, dans ces conditions, des appareils lourds et encom- brants seraient d’un maniement diflicile et pourraient d’ailleurs exposer l’embarcation. Cependant, le patron du canot ne voulant pas s’aventurer à plus de 3 milles à 3 milles 1/2 au large, j'ai dû, pour mes grandes excursions, monter sur de gros bateaux de pêche, et j'ai alors employé une drague plus forte de 0m90 sur Om45. Bien qu'ils soient effectués dans des conditions qui ne représen- tent pas précisément un idéal d'outillage, de confort, ni même de sécurité, les draguages ont donné déjà des résultats fort encourageants. Telles espèces dont on trouve péniblement et souvent par hasard quelques exemplaires sur la grève, sont ramenées par centaines d’un seul coup de drague. Ainsi les travailleurs sont assurés d’avoir toujours en abondance des matériaux d’études, car je prends soin de relever exactement tous les coups de drague sur une carte spéciale, afin d’être en état, à un moment donné, et à coup sùr, de me procurer les animaux dont on pourrait avoir besoin. Nos draguages ont donné encore d’autres résultats. Nous avons en effet été assez heureux pour trouver quelques espèces inconnues jusqu’à ce jour, dans nos parages. Je ne puis m'empêcher d’em- piéter ici sur un prochain chapitre, pour signaler au moins la présence de l'Amphioxus. Cette intéressante espèce, que je conserve vivante depuis plus de cinq semaines dans une petite cuvette, a été draguée le 12 août par M. Boutan, qui était accompagné ce jour là par MM. Malaquin et Mercier. C’est la première fois qu’on la signale si au Nord dans les eaux françaises. Je crois qu’on ne ly connaissait pas plus haut que la Bretagne. Bien d’autres surprises nous attendent certainement, car c’est la première fois que des draguages méthodiques sont entrepris dans cette partie de nos mers. La carte qui accompagne cette note donne une idée suffisante de la topographie du Pas-de-Calais. Les sondes, exprimées en mètres, sont empruntées pour la plupart aux cartes du dépôt de la marine. Cependant quelques-unes ont été établies par moi. On y remarquera un certain nombre de noms qui ne se trouvent sur aucune carte marine, ce sont : l’Huitrière, le Défaut du Baas, le Muroquoi, le Creux de Lobour, le Creux du Vergoyer, le Blanc Fond de la Bassure, le Creux des Platiers, les Platiers, les Pier- rettes, le Fond Brun et les Rocquets. Je suis fort embarrassé pour orthographier quelques-uns de ces noms, tels que le Creux de Lobour et le Muroquoi, auxquels je ne trouve aucune étymologie. Il n’est pas impossible cependant que le mot Muroquoi soit une corruption de Mur ouwoi ou Mur ouest. Il constitue en effet la muraille Ouest de la Bassure de Baas. Quoi- qu'il en soit, je me contente de les écrire tels qu’on les prononce HET dans le pays, où les matelots emploient bon nombre de mots qu’on ne comprend qu'à force de tenir conversation avec eux. Qui devi- nerait que le mot Boulimbert, par exemple, désigne le mont Lambert ? Certaines parties des grandes régions marquées sur ma carte, ont reçu parfois des noms particuliers. Ainsi, la partie du haut de l'Huitrière comprise entre les travers d’Equihen et du Portel est appelée Scarriaux ; un peu plus aval ce sont les Rats. Jai cru inutile d’en tenir compte sur la carte, dans la crainte de compli- quer celle-ci inutilement. La Bassure de Baas, que les Portelois appellent simplement le Baas, car ils réservent le nom de Bassure pour le Varne et le Colbart, n’est couverte que de 3 à 5 brasses d’eau. (1). Elle est formée par un sable assez semblable à celui de la plage. Elle s'étend depuis Berck jusqu’à Ambleteuse et elle à une direction générale Nord-Est Sud-Ouest. Elle est interrompue entre le Portel et le fort de la Crèche: c’est le Défaut du Baas, formé de sable et de quelques rochers, et où la sonde accuse 11 à 12 brasses d’eau. La largeur du Baas n’a pas un mille. La nature du fond est la même sur toute son étendue. A l'Est et à l'Ouest, le Baas est appuyé par un soubassement de roches. A l'Est, c’est l’Huitrière, qui s'étend depuis la queue d'aval du Baas jusqu’en amont d’Ambleteuse, où elle se réunit au Muroquoi jus- qu'au cap Gris-Nez. L'Huitrière a 14 à 16 brasses. Elle est rocheuse et présente une très grande quantité de gros galets. Vers Wimereux et Am- bleteuse, la drague ramène surtout de gros graviers, et vers Audresselles et Gris-Nez on rencontre de nouveau des roches. La muraille Ouest du Baas, ou Muroquoi, est un fond de 17 à 18 brasses, assez semblable à l'Huitrière. La drague en retire de gros cail- loux roulés. A la limite du Baas et de l’Huitrière d’une part, et du Muroquoi d'autre part, c’est-à-dire sur les flancs Est et Ouest du Baas, se trouve un banc de sable grossier mélangé d’une grande quantité de coquilles vides souvent brisées. Sur le flanc Est du Baas, ce banc porte le nom de Parfondin; la sonde donne en moyenne 10 brasses. Sur le flanc Ouest, c’est l’Entrée de Roc. Par le travers de la vallée de Ningles et (1) La brasse vaut 5 pieds — 1m65. Un mille vaut 1,800 mètres. Il faut trois milles pour faire une lieue marine qui vaut par conséquent 5 kilom. 400. RAIN PA d'Equihen, le Parfondin prend le nom de Bassurelle des Equihénois. C'est dans ce dernier banc que vit l’'Amphioxus, à deux milles et demi de la côte, par un fond de neuf brasses. En continuant à se diriger au large, on arrive sur le Blanc fond de la Basswre qui a de 19 à 22 brasses d’eau. C’est avec le Creux de Lobour, la ligne de grande navigation pour les navires qui traversent le détroit. Sous le nom de Blancs fonds, les matelots entendent des fonds de sable. Ce sont les pays où ils prennent surtout les carrelets et les soles. Le Creux du Vergoyer n’est que la partie du Blanc fond située à l'Est du Vergoyer. On y rencontre un sable coquillier, mélangé de roches. La sonde indique 27 à 30 brasses, mais elle remonte très rapidement quand on se dirige à l'Ouest. Sur le Vergoyer il n'y à plus que 3 à 6 brasses d’eau. Ce dernier pays, dirigé du Nord-Est au Sud-Ouest, parallèlement à la queue d’aval de la Bassure du Baas, s'étend depuis le travers du corps de garde de Gripailler au Nord-Ouest du Mont-St-Frieux, jusque par le travers d’Etaples, et même plus aval encore, jusqu’à Berck. Les sondes 13 et 14%, qui sont portées sur la carte sur le prolon- sement aval du Vergoyer, font encore partie de ce banc. Sa largeur est d'environ un mille. Il est, comme le Baas, formé de sable, et sur son flanc Est, on trouve aussi des coquilles brisées. A l'Ouest, la sonde file brusquement jusqu’à 36 brasses : c’est le Creux des Platiers. Celui-ci est un fond sableux, plus profond encore que le Creux du Vergoyer ; on compte 36 brasses d’eau. C’est un pays à Congres, à cause de la proximité des rochers des Platiers. Les Portelois vont aussi y pêcher le Hareng et le Merlan, dans les mois de janvier et février. Continuons notre route vers l'Ouest. Boulimbert en Couppe Et St-Pierre aux pieds Dix-sept brasses sur les Platiers. Stop ! Voilà ce que crie le patron. Cela signifie qu'on voit le mont Lambert près Boulogne sur la même ligne que la batterie du mont de Couple au Portel ; l’église du village St-Pierre, près d’Audresselles, parait alors aux pieds de ces monts, et on se trouve par 17 brasses d’eau sur les Platiers. La sonde file en effet 17 brasses. Nous sommes sur un pays intéressant au point de vue de la faune. Les matelots ont ainsi toute une série de repères pour s'orienter ; ils disent encore par exemple : Boulimbert Alprech Queue d'amont du Vergoyer Quinze brasses. Et ils ne se trompent jamais. Pourtant il arrive souvent, dans ces parages, que les côtes ne soient plus visibles. Un peu de brume suffit pour cela. Le nom de Fond brun que les matelots donnent à cette partie de la mer comprise entre les Platiers et les Pierrettes vient même, d’après ce qu'ils me disent, de ce que, dans ce pays là, les côtes sont presque toujours invisibles. 1 y fait brun (qu'ils prononcent bronne); c'est- à-dire qu'on n’y voit plus les guides. La sonde et la boussole les dirigent seuls dans ce cas. Les Platiers s'étendent parallèlement au Vergoyer dont ils ont à peu près la longueur et la mème direction Nord-Est Sud-Ouest. C'est un fond rocheux de 17 brasses, sur lequel la drague fait d'amples récoltes, dont j'aurai à m'occuper plus longuement dans un autre chapitre. Cap toujours à l'Ouest. Tour du Renard par l'feu d'Alprech. On enfile dans l'treu à l’Andouille ! Ce dicton pittoresque mérite un mot d'explication. La Tour du Renard est une ancienne tourelle, faisant aujourd'hui partie d’une ferme située sur le territoire d'Outreau, et qui se voit très loin en mer. Quant au Trou (qu'ils prononcent tfreu) à l’Andouille, il est situé au large des Platiers, à la limite Ouest des Platiers et du Fond brun. C’est un fond de roches. Nous verrons, dans un autre chapitre, ce que c’est que l’Andouille. — On y pêche de gros Congres. En amont des Platiers se trouve le Creux de Lobour qui s'étend jusqu’au feu vert tournant situé par le travers de Deal à 7 milles 1/2 de la côte anglaise. Il est formé de rochers, par 32 à 34 brasses, et il a une direction également Nord-Est Sud-Ouest. Quand on est sur la partie Sud des Platiers, que les marins op appellent la Queue d'aval des Platiers, et qu’on met le cap au Nord- Ouest sur la Bassurelle, on traverse un creux de 3% à 36 brasses : les Pierrettes. Ce nom désigne suffisamment la nature du fond qui est rocheux. Les guides sont: Boulimbert d'à Ningles. Au Sud des Pierrettes et à l'Ouest du banc de sable connu sous le nom de Bassurelle, se trouvent les Rocquets. C’est un fond de 20 à 24 brasses, constitué par un sable grossier avec coquilles brisées, sur lequel se trouvent des amas de galets et de roches disséminés. La limite des Pierrettes et des Rocquets est caractérisée par la présence d’une grande quantité de Pecten Jacobœus (Palourdes des matelots) et de Pecten varians (Vanneaux). Cette dernière espèce se trouve surtout à l'Ouest de la Bassurelle. Mettant le cap au Nord, on traverse le Fond brun, fond sableux, et on arrive aux Aidens, où la sonde n'indique plus que 7 brasses d’eau. À l'Est des Ridens se trouve une autre petite hauture, égale- ment rocheuse et que J'ai indiquée sur la carte. Ce sont des pays durs, c’est-à-dire formés de roches, ainsi que la région comprise entre le Creux de Lobour et le Colbart, et de même aussi que la partie de la mer au large du Colbart que les Portelois appellent le roc d'Angleterre. En résumé, il y a dans le Pas-de-Calais, trois bassures : la Bassure de Baas, le Vergoyer et la Bassure proprement dite, com- prenant le Varne, le Colbart et le Bullock Bank. Ces trois bassures sont parallèles entre elles et dirigées du Nord-Est au Sud-Ouest. La première est appuyée à lEst et à l'Ouest par un soubassement de roches ; la seconde n’est qu’un mont de sable sur une plaine de sable ; la troisième est constituée par une série de monts sableux s’élevant au milieu d’une plaine rocheuse. Celle-ci se termine à l'Est par une grande dépression : le Creux de Lobour ; et au Sud, le Creux des Pierrettes la sépare des Rocquets. Enfin les Platiers, les Ridens et la petite Hauture à l'Est des Ridens, sont des rochers élevés qui appartiennent à cette même plaine rocheuse : Pays durs, disent les matelots, pays de grosses roches, et, par conséquent, pays à Congres. Sur la carte ci-jointe, la couleur jaune indique les fonds de sable, la couleur bleue les fonds de roches. Les quelques détails que je viens de donner indiquent la nature de plusieurs grandes surfaces, telles que le Blanc fond par exemple, qui n’ont pas été teintées. Je Beni) | As l'ai fait avec intention, afin de mettre en évidence les régions sur lesquelles je me propose d'attirer plus particulièrement l’atten- tion. Quant aux parties rocheuses, elles sont loin d'être partout de mème nature; tantôt ce sont de gros rochers, tantôt au contraire ce sont des galets de grosseur variable. Cette carte n’est d’ailleurs que provisoire, car j'espère, dans une autre campagne, explorer le détroit plus en détail et avec de meilleurs instruments. Dans les chapitres qui suivront, je ferai connaître, région par région, les résultats de mes draguages. Le Portel, le 20 septembre 1888. (A suivre) LISTE DES ÉCHINODERNES RECUBILEN AUX ACORE durant les mois d'Août et Septembre 1887 Par TH. BARROIS Professeur agrégé à la Faculté de médecine de Lille Dans sa « Faune Açoréenne », M. Drouet signale, aux Acçores, la présence de 6 Echinodermes, dont 4 Echinides : Echinus brevispinosus Risso. Echinus lividus LAMARGK. Echinocidaris œquituberculatus DESMouLIxS. Echinocyamus angulosus LESKE. et 2 Stellérides : Asterias qlacialis LAMARCK. Asterias lœvigata LAMARCK. Toutes ces, espèces sont effectivement assez communes, excepté Echinocyamus pusillus Leske et Asterias lœvigata Lamk., que je n'ai pu retrouver, bien que M. Drouet les déclare abondantes. Cette appa- rente contradiction est due, je pense, à une erreur de détermination : l’Asterias lœvigata de M. Drouet « abondante dans tout l'archipel, facile à reconnaître à sa coloration d’un beau rouge écarlate », doit se rapporter à lOphidiaster ophidianus L. AGassiz, tandis que la dénomination d’Echinocyamus angulosus Leske a été sans doute appliquée à l'Echinocardium flavescens A. AGassiz, « assez commun sur les côtes de S. Miguel », où il est généralement de petite taille. Durant l’expédition de la corvette « Joséphine », le Dr Goës a dragué, aux alentours des Açores, quelques Ophiuridées qui ont été déterminées ou décrites par Ljungman (1); ce sont : (1) A. V. LiunGman : Fôrteckning ofver uti Vestindien af Dr A. Goes samt under Korvetten Josefinas expedition à Atlantiska Oceanen samlade Ophiurider. Stockholm, 1871. sic tes Ophioglypha albida Forges. — Dragué devant Ponta-Delgada, fond de coquilles, par 150-200 brasses. Ophyomyces frutectosus LYMAN. — Dragué devant Villa-Franca, par 320-600 brasses. Ophiothrix rubra LIuNGMAN. — Un exemplaire, dragué à Fayal, par 0-15 brasses. Amphiura Sarsi LJUNGMAN. — Dragué en face de Ponta-Delgada, par 150-200 brasses, et en face de Villa-Franca, par 30-50, 200-300 et 320-600 brasses. Amphipolis squamata DELLE CHiaJe. — Deux exemplaires, dragués en face de Villa-Franca, par 200-300 brasses, et un exemplaire, dragué en face d’Horta (Fayal), par 0-15 brasses. Amphipolis lineata L3uNGMAN. — Un exemplaire, dragué en face d'Horta, par 0-15 brasses. Le nombre total des espèces recueillies par moi, tant le long de la zône littorale que dans les quelques draguages que j'ai pu mener à bonne fin, s'élève à 18, réparties de la manière suivante : 1 Crinoide .......... | Antedon rosacea NORMAN. Asterias glacialis O. F. MüLLER. A. tenuispina LAMARCK. Asterina gibbosa Forges. Astropecten platyacanthus MüzLer et TROSCHEL. Ophidiaster ophidianus L. AGassrz. # Astérides ........ À TT LT Ophiothrix lusitanica LIUNGMAN. Ophioglypha albida Lymax. Amphiura squamata LÜTKEN. Ophiocoma nigra MüLLer et TROSCHEL. Æ Ophiurides....... Arbacia pustulosa GRAY. Strongylocentrotus lividus A. AGassiz. Echinus microtuberculatus BLAINVILLE. Sphærechinus granularis A. AGassiz. Echinocardium flavescens À. AGassiz. Brissus unicolor KLEIN. f Centrostephanus longispinus PETERS. 7 Echinides........ 4 Holothuride...... | Holothuria Sanctori DELLE CHIAJE. Dee Cure Toutes ces espèces ont été déterminées par le Professeur H. Lüdwig, de Bonn, dont on connaît la haute compétence en ces matières : je suis heureux de lui adresser ici mes plus sincères et mes plus vifs remerciements. I. CRINOIDEA. Genus ANTEDON FRÉMINVILLE. l. Antedon rosacea NORMAN. 1733. Stella rosacea Lincx, De Stellis marinis, p. 55, pl. XXXVII, fig. 06. 1777. Asterias bifida PENNANT, Brit. Zool., p. 63, No 70. 1815. Alecto europœa LEaca, Zool., Miscellany. 1816. Comatula Mediterranea Lamarck, Hist. nat. des Anim. sans Vert MERE Mt ID 0085): 1834. Comatula rosacea BLAINVILLE, Manuel d’actinologie, p. 248. 4857. Comatula europea Sars, Middelh. Litt. Faun., p. 72. 1865. Antedon rosacea NorMAN, Gen. and Spec. of Brit. Echinodermata. 1864. Comatula brachiolata BezrREMIEUx, Faune de la Char.-Infér., 4re éd., D:x90: Assez commune le long des côtes de l'archipel, sur les fonds rocheux, par quelques mètres de profondeur au-dessous du niveau moyen des marées. Cette espèce est tout particulièrement abondante dans la baie de S. Pedro, d’où les scaphandriers m'en ont rapporté de superbes échantillons. Distribution géographique : Côtes océaniques d'Europe (France, Angleterre); Méditerranée. (A suivre). PRE VARIÉTÉS LES BALAYEURS DE LA PLAGE PARADIS LA NASSE En voyant l'énorme quantité de matières organiques, plantes et animaux de toute sorte, qui se décomposent journellement dans le sein de la mer, on peut se demander comment il se fait que l’eau reste toujours pure, limpide et immuable dans sa composition. Voilà des millions d'années que les mêmes causes entrent en jeu, et cependant l’eau de mer n’en est nullement altérée. L'action des marées a certainement ici un rôle essentiel, et il est facile de concevoir l’action de ces masses énormes d’eau toujours en mouvement, qui viennent balayer les plages et se renouvellent sans cesse. Cependant, cette cause, quelque puissante qu'elle soit, ne suffirait pas, à elle seule, pour expliquer les faits, si l’on ne faisait intervenir d’autres agents accessoires. Dans une grande ville telle que Paris, où il existe un service de voirie considérable, la plus grande partie des impuretés est enlevée par les égoûts, et des milliers de balayeurs sont sans cesse occupés à déblayer le terrain. : Les plages possèdent également leurs balayeurs attitrés, mais il existe cependant une différence avec ceux des grandes villes, c’est qu'ils travaillent pour leur propre compte. Comme dans les villes d'Orient, où les chiens et les vautours font le service de la voirie, les balayeurs de la mer, grâce à leur voracité insatiable, empêchent les détritus de toute sorte de s’accumuler et de créer ainsi des foyers de corruption. S'il n’y a ni chiens ni vautours dans l'Océan, il existe, en revanche, une foule d'animaux qui peuvent aisément les remplacer, et qui s’acquittent en conscience de leur tâche. Parmi les animaux de haute mer, il me suffira de citer les requins, toujours à l'affût d'une proie, toujours affamés, et de rappeler la nomenclature des objets trouvés dans l'estomac de lun de ces monstres par un naturaliste russe. PT RS Ce savant, ayant fait ouvrir devant lui un squale de grande taille, qu'on avait harponné et hissé sur le pont du navire, constata la présence des objets suivants : 10 Les débris informes d’un cadavre humain ; 20 Deux bouteilles de champagne vides ; 30 Un sac de grosse toile ; 4° Des débris de cordes et de cordages goudronnés ; 5° Une botte ; 60 Une peau de bœuf. On voit que l’animal, peu délicat dans le choix de ses aliments, n'avait pas hésité à ingérer des substances assurément peu digestives, qu'il n'avait pu évacuer par la suite. Mais, sans aller si loin dans la haute mer, plus près du rivage, nous trouverons une armée de poissons voraces, tels que les raies et les congres, et de crustacés avides, homards, langoustes et crabes, sans cesse en quête d’une proie vivante ou morte. Enfin, tout-à-fait au bord de l’eau, dans les petites flaques laissées par la mer qui descend, il existe encore bien d’autres animaux enfouis dans le sable, et dont on ne peut soupconner la présence, si l’on n’a quelques notions sur leurs habitudes ou leurs mœurs. Je décrirai, dans cet article, les mœurs d’un de ces travailleurs de la plage, de la Nasse réticulée (Nassa reticulata). Je suis certain qu'après avoir étudié avec moi les particularités de cet étrange petit animal, mon lecteur voudra faire avec lui plus ample connaissance et s'assurer, par une observation directe, de la facon dont ce balayeur de la mer remplit sa tâche. La Nasse réticulée est un gastéropode d’un centimètre et demi à deux centimètres de long. Il est contenu dans une longue coquille, fortement enroulée en spirale, ornée de lignes ponctuées d’un dessin assez élégant. La couleur générale de l'animal, à l’état vivant, est verdâtre, mais d'ordinaire, la coquille est en partie masquée par des débris de vase retenus par de petites algues parasites. Pour bien se rendre compte du dessin de la coquille, il faut done avoir la précaution de la gratter soigneusement après un lavage, ou de la décaper dans un liquide acidulé, à laide de l'acide chlorhydrique, par exemple. L'animal peut faire saillir, hors de sa coquille, une tête munie de deux tentacules, portant deux petits yeux brillants et noirs, un long tube qu’on appelle le siphon et qui lui permet d'introduire l'eau nécessaire à la respiration dans l'intérieur de la chambre branchiale, et enfin, un long pied en forme de cœur allongé, à l’aide duquel il progresse en rampant à la facon des limaçons. Voici notre animal bien déterminé ; mais, comment arriver à le décou” vrir, puisque j'ai commencé par dire qu'il vivait enfoui sous le sable ? Pour le trouver, il suffit de descendre le long de la plage, lorsque la mer a commencé à se retirer, et de choisir les endroits pourvus de sable fin dans le voisinage des roches. Dans toutes les mares que vous trouverez et que le flot laisse derrière lui en se retirant, il y a tout un monde de chasseurs à l'affût, que vous ne voyez pas, mais qui n'attend que l’occasion de faire un bon repas. Pour faire apparaître les animaux que nous cherchons et les forcer à quitter leur cachette, il faut leur offrir une proie. Hâtez-vous donc de retourner les rares cailloux qui émergent au milieu du sable blanc, jusqu'à ce que vous ayez découvert un crabe. Ce sera la victime désignée, l’amorce qui attirera le gibier convoité. Le crabe, en effet, que nous avons signalé, lui aussi, comme un des balayeurs de la plage, est considéré par les Nasses comme un mets délicat, et sera balayé à son tour, car ici, les loups se mangent entre eux. Il suffit, pour s’en assurer, de broyer le crabe entre deux pierres et de le jeter tout saignant dans la flaque la plus voisine. Les Nasses ont un odorat des plus subtil, elles ont déjà senti l'odeur de la proie que vous venez de leur préparer. Vous n'avez plus qu’à vous asseoir sur quelque grosse pierre voisine de la mare et qu'à attendre l’arrivée des affamés ; vous en verrez des légions tout à l'heure. Déjà, de place en place, tout autour de l'endroit où gît le malheureux crabe, la carapace défoncée et le ventre en l'air, le sable commence à se soulever, de petites masses noirâtres apparaissent, ce sont les tètes de nos chasseurs, puis les coquilles enroulées émergent lentement à leur suite. Les gloutons ont senti la chair fraiche, ils laisseront à peine au crabe le temps d’expirer ; avant une heure, il ne restera plus, du pauvre ecrustacé, que quelques débris de la carapace. A peine sorties du sable, les Nasses s’orientent. Elles promènent, ere tout autour d'elles, leur long siphon pour tâter le terrain, comme un homme se sert d’un bâton pour se diriger sur un sol difficile. Leur hésitation n’est pas de bien longue durée, la route reconnue, toutes se dirigent sans dévier vers la proie qui les tente, laissant derrière elles, un léger sillon dans le sable. Chacune des lignes ainsi formées converge vers le crabe et dessine les rayons d’une circonférence ayant un crabe pour centre. Les Nasses surgissent de partout ; en voilà dix, puis vingt, puis cent. Quelques-unes sont déjà en contact avec leur proie; fiévreusement, avec leur long siphon, elles en tâtent les différentes parties, comme pour en mesurer le volume ; on voit qu’elles ont hâte de commencer le repas. Comment vont-elles s’y prendre pour dévorer leur victime ? Le crabe, nous le savons, est protégé par sa carapace, qui l'enveloppe comme une cuirasse rigide, toutes les parties molles sont à l'abri et semblent, au premier abord, bien protégées contre l'appétit d'animaux mous et flasques comme des limaçons. Comment parvenir à perforer cette carapace ? Les Nasses vont-elles se glisser, par le défaut de la cuirasse, dans l’intérieur du cadavre si bien protégé ? Les parties molles pourraient peut-être s’y insinuer, mais leur grande coquille les arrèterait bientôt. Il suffit d'observer leur manège pour se rendre compte de leur manière de procéder, et pour s’apercevoir que ce qui nous paraissait si embarrassant, n’est, en réalité, qu'un jeu pour ces animaux. Quand, à l’aide de leur siphon, elles ont terminé leur inspection et bien déterminé le volume de la proie, on voit tout-à-coup sortir de la partie antérieure de la tète, entre les deux tentacules qui portent les yeux, un long appendice de forme cylindrique qui égale en longueur leur corps tout entier. Elles appliquent l'extrémité de ce singulier instrument au point de jonction d’une des pattes avec la carapace du crabe, dans un point qu’elles ont choisi et déterminé soigneusement à l'avance. L’appendice s’insinue lentement, comme une vrille, au travers du point faible de cette jointure ou de cette articulation et s'enfonce progressivement dans les tissus. Ces animaux ont donc une trompe ? direz-vous. C’est en effet, l’exacte vérité, les Nasses ont une trompe comme les éléphants, mais leur trompe me semble beaucoup mieux combinée que celle des grands pachydermes. oi L'éléphant, avec sa trompe, ne peut que sentir et flairer. Il est obligé, lorsqu'il veut se nourrir, de recourber cet énorme appendice et d'en amener l'extrémité au contact de la bouche. La trompe de l'éléphant n’est qu'un nez muni d’une main. | La Nasse est mieux pourvue. Sa trompe n’est plus un nez, c’est une bouche munie d’une main. Ne pouvant se rapprocher facilement des aliments, à cause de sa volumineuse coquille, elle aurait pu, si elle avait possédé des organes préhenseurs, aller chercher sa nourriture avec la main pour la porter à sa bouche, elle a trouvé plus pratique de transporter sa bouche dans l’intérieur de la proie en même temps que sa main. Ce long cylindre, cette trompe, pour l'appeler par son nom, n’est donc, en réalité, qu'un prolongement du tube digestif ouvert à son extrémité, pour livrer passage aux aliments et muni de fortes dents, mises en mouvement par une série de muscles et qui jouent le rôle d’une véritable lime. Vous devez comprendre maintenant, sans difficulté, comment les Nasses peuvent dévorer un crabe en dépit de sa carapace et sans pénétrer dans son intérieur. Grâce à leur trompe, elles peuvent fouiller partout et porter leur bouche jusqu'à l'extrémité interne des pattes, car plus l'organe s’allonge plus il s’amincit. % N’avais-je pas raison de dire que cette trompe paraît mieux combinée que celle de l’éléphant ? L'éléphant garde à perpétuité ce long appendice qui ressemble à un énorme boudin. Il porte sans cesse ce nez démesurément allongé en travers de sa figure. C’est de là que lui vient son air ennuyé et chagrin. La Nasse, au contraire, son repas fini, replie tranquillement sa trompe dans l’intérieur de son corps. Celle-ci s’invagine comme un bonnet de coton ou plus exactement comme un doigt de gant qu'on tire par son extrémité supérieure de dehors en dedans. Elle s'enfonce ensuite dans le sable, rentre dans sa coquille dont elle ferme l'unique orifice à l’aide d’une petite plaque qu’elle porte sur le pied et qu’on nomme l'opercule, et attend bien à l'abri dans cette sûre retraite que la fortune lui envoie quelque proie délicate à la marée prochaine. L:4B; RAGE EM UN FAIT DE CANTONNEMENT DE QUELQUES ANIMAUX PRÉPOSÉS AU SERVICE DE LA SALUBRITÉ DES PLAGES L'article sur la Nasse, de notre collaborateur, me rappelle une observation qui m'a frappé dans les excursions que j'ai faites sur la grève pendant ces vacances. La voici : Le port en eau profonde de Boulogne, situé à 20 minutes du Portel, présente, sur toutes les parties qui découvrent à mer basse, un sable homogène où vivent de nombreuses annélides, entre autres des Térébelles dont les tubes atteignent des longueurs extraordinaires, des Actinies, de nombreux Echinocardium cordatum, des Montacuta, des Callianasses, des Mactres, etc. Un coup de bèche mal dirigé me fit un jour couper un Echinocardium en deux parties que je rejetai dans une flaque d’eau. Moins d’une minute après, trois Nasses sortirent du sable à des distances variant de 30 à 80 centimètres du cadavre, et leur nombre augmenta tellement qu’en très peu de temps je pus remplir un flacon de ces animaux. La Nasse est done bien le balayeur attitré du port de Boulogne. Ses autres confrères en balayage, dont il sera question plus loin, y sont relativement rares. Au Portel, même sable qu'à Boulogne, mais les Nasses y sont rares. En revanche le sable contient d'innombrables légions d’un Isopode, l'Eurydice pulchra Leach. Il est impossible de ramasser une poignée de sable et de la jeter dans l’eau sans en voir sortir de nombreux individus. Une tête de squale jetée sur le sable est cou- verte en peu de temps par ces crustacés qui ne laissent que le squelette cartilagineux. Et combien de têtes de squales sont rejetées sur la plage du Portel! Les Portelois font une grande consommation de ces animaux et ils en exportent beaucoup à Paris. On m'a cité le nom d’un honorable industriel qui achète les Roussettes débitées en bandes, lesquelles sont servies dans les restaurants de la capitale sous le nom de Filets de soles en turban! Cela fait bon effet... sur le menu. Ainsi l’agent principal de la salubrité de la plage du Portel est l’'Eurydice pulchra, et il fait si bien son service qu’on ne voit jamais trainer sur le sable le moindre cadavre corrompu. EME | ie Au cap d’Alprech, pas de sable, pas d’Eurydice, pas de Nasse, mais dans les fentes des rochers pullulent les Ligies (Ligia oceanica Fabricius). A Equihen, où il y a une magnifique plage de sable avec des pierres disséminées, principalement près de la côte, on ne peut pas soulever une de ces pierres sans mettre à découvert une grande quantité d’Orchesties. Celles-ci sautent de tous côtés, si bien qu'il est assez difficile de s’en emparer; il vaut mieux les chercher sur quelque cadavre où l’on peut les prendre plus facilement. Ainsi voilà quatre localités, peu distantes l’une de l’autre, et qui ont chacune une espèce diflérente plus spécialement préposée au service sanitaire de la plage. Assurément je ne veux pas dire que là où il y a des Orches- ties, par exemple, il n’y a ni Nasses, ni Eurydices, ni Ligies, ni Talitres ou autres balayeurs de profession. Mais il est bien évident, pour qui sait observer, qu'en un point donné, c’est l’un ou l’autre de ces animaux qui prédomine de beaucoup par son nombre sur les autres. Il est possible que ce cantonnement soit le résultat d’une lutte pour l'existence; mais, étant de ceux qui aiment à appuyer leurs assertions sur des faits positifs, je laisse une place pour le doute. Et puis, pourquoi telle espèce aurait-elle vaincu les autres en ce point, tandis qu'une autre aurait triomphé à quelques kilo- mètres de là ? Serait-ce la nature des matières animales corrompues, ordinaires à telle localité, qui y déterminerait la prédominance de tel ou tel genre de balayeur ? Chacun de ces déblayeurs de nos plages caractériserait-il une zône spéciale ? Il est certain que les Ligies se tiennent toujours très haut ; mais les Eurydices du Portel, les Orchesties d’Equihen et les Nasses de Boulogne se rencontrent très approximativement au même niveau. Questions à résoudre. Le Portel, le 17 Septembre 1888. Paul HALEZ 39730 LILLE, LE BIGOT FRÈRES. Le Gérant, TH. BARROIS. ANNÉE 1888. No 2. 4er NOVEMBRE. REVUE BIOLOGIQUE DU NORD DE LA FRANCE RECHERCHES SUR LA STRUCTURE DU PÉDONCULE DES CIRRHIPÉDES PAR LE DR RKŒHEER Chargé d’un cours complémentaire de zoologie à la Faculté des Sciences de Nancy. Depuis la publication des travaux de Darwin sur les Cirrhipèdes, ce groupe d'animaux paraît avoir été quelque peu délaissé par les naturalistes, et jusqu’en 188%, époque à laquelle parurent les recherches de Hoek sur les Cirrhipèdes recueillis par le Challenger, nous ne possédions que des renseignements assez incomplets sur la structure des principaux organes de ces êtres. Bien que cet auteur ait limité sés recherches à l'étude de quelques organes seulement, ses obser- vations ont fait connaître nombre de faits nouveaux, et montré combien étaient intéressants les résultats fournis par l’étude histo- logique de ces êtres, chez lesquels les transformations profondes subies par l’organisme pendant la métamorphose paraissent avoir eu un retentissement sur la structure de certains tissus et leur avoir imprimé un cachet ‘particulier. Je ne veux pas donner, dans cette note prélimaire, une étude complète du pédoncule des Cirrhipèdes : un mémoire étendu et accompagné de planches, actuellement sous presse, paraîtra prochai- nement dans les Annales du Musée de Marseille, et constituera la première partie d’un travail d'ensemble sur lorganisation des Cirrhipèdes pour lequel je possède déjà de nombreux documents. Je me contenterai, pour le moment, de résumer très brièvement les prin- cipaux résultats auxquels je suis arrivé sur la structure des tissus Emo re conjonctif et musculaire, de l'appareil cémentaire et des troncs nerveux du pédoncule. J’insisterai surtout sur lappareil cémentaire que les recherches de Hoek ont déjà fait connaître chez quelques types (Lepas et Scalpellum), et sur le tissu musculaire qui présente des particularités intéressantes dans la structure et le mode de groupement de ses éléments. J'ai pu étendre mes recherches à un certain nombre d'espèces qui sont les suivantes : Lepas anatifera et fascicularis, Conchoderma vérgatum et auritum, Dichelaspis Darwin, Alepas minuta, Scalpellum vulgare et Pollicipes cornucopia. Des échantillons vivants de Pollicipes et de Scalpellum, ainsi que des Balanes m'ont été à différentes reprises envoyés de Roscoff, et je remercie bien vivement M. le pro- fesseur de Lacaze-Duthiers de l’obligeance avec laquelle il a bien voulu me fournir des matériaux de travail. Mon excellent maître, M. le professeur Marion, m'a également fait parvenir des Anatifes et des Conchoderma de Marseille. Enfin j'ai reçu de Naples divers échantillons de Lepas, Conchoderma, Dichelaspis, Alepas et Scalpellum, préparés à la Station zoologique et en excellent état de conservation. * x * D'une manière générale, le pédoncule des Cirrhipèdes se compose d’un étui musculo-cutané entourant une masse de tissu conjonctil dans laquelle sont plongés les glandes cémentaires et les ovaires. L'étui musculo-cutané comprend une couche de cellules épithéliales cylindriques, chargées de granulations pigmentaires, et une assise musculaire importante formant les trois couches longitudinale, transver- sale et oblique bien connues. Le tissu conjonctif central pénètre entre ces différentes couches, et forme en général, au-dessous de l’épithélium externe, une assise d’une certaine épaisseur. Le pédoncule se continue insensiblement, à sa partie supérieure, avec cette formation appelée le manteau et qui enveloppe le corps proprement dit du Cirrhipède. Le manteau forme deux lames qui se réunissent par leurs bords carénaux, et sa structure est identique à celle du pédoncule ; les couches musculaires du pédoncule s’y continuent sans interruption, seulement, à mesure que le manteau s’amincit, les différentes couches musculaires perdent leur régularité et deviennent de moins en moins développées. L’épithélium externe du pédoncule se continue sur la face externe du manteau et 20e SEE donne naissance à un revêtement chitineux, plus épais encore que sur le pédoncule, et auquel s'ajoutent fréquemment un ensemble de pièces calcaires. La face interne du manteau est également tapissée par un épithélium cylindrique et pigmenté, qui sécrète une mince cuticule. Le pédoncule est traversé dans toute sa longueur par un canal, le canal longitudinal du pédoncule, qui, d’après Hoek, est un prolongement de la cavité générale du Cirrhipède. Il occupe le côté rostral du pédoncule et se continue jusqu’au muscle adducteur des valves, en dessous duquel il passe pour s'ouvrir dans la cavité du corps. Vers l’extrémité inférieure du pédoncule, le canal se divise en un certain nombre de branches, formant des canaux secondaires de dimensions variables, et à trajet irrégulier. Ces branches se ramifient dans le tissu conjonctif de la partie inférieure du pédon- cule et se terminent en cul-de-sac. La paroi du canal longitudinal est constituée simplement par un tissu conjonctif, à fibres plus ou moins serrées, qui se continue sans ligne de démarcation bien définie avec le tissu conjonctif général du pédoncule, dont la texture est ordinairement plus lâche. Je n’ai jamais pu observer à la face interne de cette paroi la présence d’une endothélium de revêtement. Sur certaines préparations on aperçoit bien quelques noyaux qui paraissent appliqués contre la face interne du canal, mais il me parait probable que ces noyaux appartiennent au tissu conjonctif qui forme la paroi mème du canal. La plus grande partie du pédoncule est occupée par un tissu conjonctif développé entre les différents organes renfermés dans le pédoncule, et s'étendant entre les couches musculaires jusque sous l’épithélium. Ce tissu conjonctil est ordinairement constitué par des fibrilles lâchement unies, s’anastomosant entre elles et supportant des noyaux. Chez le Pollicipes, le tissu conjonctif présente quelques caractères spéciaux. Il est particulièrement dense et résistant, et pendant la vie il présente une couleur jaune-rouge caractéristique. Les fibrilles qui le constituent s’anastomosent les unes avec les autres d’une manière très régulière, pour former des mailles arron- dies ou polygonales, mais ayant toutes à peu près les mêmes dimensions. Les mailles ainsi constituées renferment des cellules conjonctives dont le protoplasma contient une quantité considérable RENAN de petites granulations réfringentes et arrondies. Ces granulations sont assez nombreuses pour remplir complètement les mailles déter- minées par l’entrecroisement des fibrilles, et pour cacher le noyau des cellules conjonctives qui les renferment. Elles noircissent forte- ment par l'acide osmique et elles se dissolvent en grande partie dans l’éther : elles sont donc de nature graisseuse. Les réactifs colorants, tels que le carmin et l’hématoxyline, leur communiquent une légère coloration. Ces granulations présentent, à l’état frais, une couleur orangée,-due à la présence d’un pigment particulier, soluble dans l'alcool, et auquel le tissu interne du pédoncule du Pollicipes doit la coloration spéciale qu'il présente chez l'animal vivant. Des lacunes dont la grandeur et le nombre varient suivant les échantillons, et suivant les régions du pédoncule considérées, se montrent dans le tissu conjonctif : elles sont généralement occupées par un coagulum très finement granuleux. La régularité remarquable que présentent, dans leur disposition et dans leurs dimensions, les mailles de ce tissu conjonctif, et la présence dans leur intérieur des granulations indiquées plus haut, donnent à ce tissu un caractère particulier, et font qu’au premier abord ou serait tenté de le considérer comme formé exclusivement par des cellules : il semble effectivement que l’on ait affaire à des cellules renfermant un protoplasma riche en granulations grais- seuses, et juxtaposées pour former des trainées de largeur variable, limitant des lacunes plus ou moins étendues. Une étude un peu attentive montre qu’il en est autrement. D'ailleurs, au voisinage de la couche musculaire transversale, ce tissu prend progressivement les caractères d’un tissu conjonctif ordinaire. En pénétrant entre les faisceaux musculaires, les fibrilles cessent de s’entrecroiser régulièrement, les granulations disparaissent, de telle sorte que le tissu conjonctif ne diffère plus, dès lors, de celui qu’on observe chez les autres Cirrhipèdes. La paroi du canal longitudinal du pédoncule est également formée, chez le Pollicipes, par des fibrilles très serrées, qui ont conservé les caractères ordinaires des fibrilles conjonctives. L’enveloppe musculaire du pédoncule consiste en trois couches distinctes : oblique, transversale et longitudinale. Cette. dernière, la plus intense, est ordinairement la plus importante, surtout chez le Pollicipes et le Lepas, genres chez lesquels elle acquiert une épaisseur considérable. Les fibres musculaires du pédoncule sont lisses, ainsi que cela à déjà été indiqué par Darwin. Hartmann (1), dans un mémoire que je n’ai pas eu entre les mains, signale l'existence de fibres striées dans le pédoneule du Lepas brevis ; il m'a été impossible de décou- vrir la moindre trace de striation dans les muscles des espèces que j'ai étudiées. Au contraire, les muscles du corps $ont striés, et, lorsqu'on étudie des séries de coupes transversales du pédoncule et du manteau, si l’on porte son attention sur la région rostrale du manteau qui renferme l'extrémité supérieure du canal pédonculaire, et de chaque côté de ce canal, les deux oviductes et les deux nerfs pédonculaires, région par laquelle s'effectue la réunion du pédoncule au corps proprement dit, on se rend facilement compte de la manière dont les fibres musculaires lisses du manteau se trouvent peu à peu remplacées par des fibres striées à mesure qu'on se rap- proche du niveau du muscle adducteur des valves. Le tissu musculaire présente chez le Pollicipes, certains carac- tères spéciaux qui seront indiqués tout-à-l’heure ; chez toutes les autres espèces, les éléments musculaires offrent les mêmes carac- tères qui sont les suivants : Les fibres musculaires, dont les plus grosses atteignent un dia- mètre d'environ Omm,18 chez l’Anatife, sont constituées par la réunion d’un grand nombre de feuillets, formés de substance contractile, qui s'étendent, plus ou moins régulièrement, du centre vers la périphérie de la fibre entourée par un mince sarcolemme. Les espaces laissés libres entre ces feuillets sont très étroits, et sont occupés par un protoplasma finement granuleux renfermant les petits noyaux musculaires. Une mince couche protoplasmique s'étend également en dessous du sarcolemme. La disposition en feuillets de la substance contractile s’observe dans tous les genres, et dans les couches oblique ou transversale aussi bien que dans la couche longitudinale. Les couches oblique et transversale ne comprennent ordinaire- ment qu'une seule rangée de fibres, tandis que la couche longitu- dinale peut comprendre une ou deux rangées de fibres superposées (Scalpellum, Conchoderma, Dichelaspis) où un plus grand nombre (1) Ueber den Stielmuskeln in Anatifera brevis. Sitzb. d. Gesell. naturh. Freunde.— Berlin, 1873, D Fe (Lepas, Alepas). Chez le Lepas, on remarque que dans la moitié supérieure du pédoncule ces fibres sont disposées très régulièrement les unes derrière les autres, de manière à former des rangées radiaires, chaque rangée renfermant cinq ou six fibres dont le dia- mètre va en augmentant graduellement, les fibres les plus externes étant les plus petites. Ces différentes rangées sont très rapprochées les unes des autres et leur ensemble constitue la couche muscu- laire longitudinale ; et, comme elles ont toutes la même largeur, il en résulte que cette couche conserve à peu près partout la même épaisseur et qu'elle est très nettement limitée sur son bord interne, sans pénétrer dans la partie centrale du pédoncule occupée par les ovaires, les glandes cémentaires et le tissu conjonctif. Mais, à mesure qu'on se rapproche de l’extrémité inférieure, on voit les fibres musculaires, et surtout les fibres les plus internes de la couche, s’écarter les unes des autres, prendre un trajet oblique et s’éparpiller dans le tissu conjonctif central, de telle sorte que les coupes de la partie inférieure du pédoncule ne laissent plus recon- naître de couche musculaire longitudinale distincte, mais seulement un grand nombre de fibres isolées, disposées sans ordre régulier dans toute l'étendue du tissu conjonctif central. Chez l’Alepas les fibres musculaires longitudinales, superposées régulièrement sur plusieurs rangs, offrent à peu près la même disposition que chez les Lepas. Dans les genres Dichelaspis, Concho- derma et Scalpellum, les fibres longitudinales sont dispersées sans ordre régulier, tantôt sur un seul rang, tantôt sur deux rangs, dans la partie supérieure du pédoncule ; dans la partie inférieure ces fibres se ramifient, s’écartent les unes des autres et pénètrent dans le tissu conjonctif central. Chez le Pollicipes, la substance contractile présente aussi la dispo- sition ordinaire en feuillets, mais les éléments musculaires n’offrent pas le même mode de groupement que chez les autres Cirrhipèdes. Etudiée sur des coupes transversales, la couche des muscles longi- tudinaux se montre formée par la réunion de champs ou d'ilots musculaires allongés et étroits, très rapprochés les uns des autres et affectant une disposition radiaire. Chacun de ces îlots correspond à un véritable faisceau musculaire auquel le tissu conjonctif général du pédoncule constitue une sorte d’enveloppe ; cette dernière ne forme pas, à proprement parler, de membrane distincte : le tissu conjonctif NT Se devient seulement un peu plus serré en s’appliquant contre les faisceaux musculaires. Chaque faisceau est formé par la réunion d’un nombre considé- rable de fibres musculaires, dont la coupe est polygonale ou arrondie, et dans lesquelles la substance contractile est disposée sous forme de feuillets séparés par de minces lamelles de protoplasma renfer- mant les noyaux. Les différentes fibres sont séparées les unes des autres par des cloisons conjonctives qui partent de lenveloppe externe du faisceau, et sont par conséquent des prolongements du tissu conjonctif général du pédoncule. Nous avons dit plus haut que ce tissu, au voisinage des couches musculaires, présentait les caractères d’un tissu conjonctif ordinaire formé de fibrilles enche- vêtrées et dépourvu de granulations graisseuses. Ces faisceaux musculaires constituent done des rubans étroits (leur épaisseur atteint environ Omm, 25 à Omm, 30) disposés côte à côte et très serrés, formant par leur ensemble une couche de mm à mm, 5 de largeur. Ici comme dans les autres genres, les faisceaux musculaires offrent une disposition très régulière dans la partie supérieure du pédoncule où les muscles longitudinaux forment une couche bien définie, tandis que vers l'extrémité inférieure les fais- ceaux se dissocient et s'éparpillent au milieu du tissu conjonctif. Les faisceaux musculaires des couches transversale et oblique sont moins gros, moins régulièrement disposés, mais leur structure est la même que dans la couche longitudinale. Les fibres musculaires chez les Pollicipes sont beaucoup plus petites que chez les autres Cirrhipèdes de grande taille, que chez l’'Anatife par exemple, puisque leur diamètre ne dépasse pas Omm,08. Elles ne sont point groupées dans l'intérieur du faisceau suivant un ordre régulier et par rang de taille: dans le même faisceau on trouve des fibres de tailles très différentes, très serrées les unes contre les autres dans certaines régions, tandis qu'ailleurs elles laissent entre elle des interstices occupés par le tissu conjonctif. J'ai observé dans la couche musculaire longitudinale du Pollicipes une formation très singulière, qui paraît exister également chez l’Anatife, mais avec des caractères différents. À droite et à gauche du canal longitudinal du pédoncule, et à une certaine distance du canal, on remarque une interruption, un vide, dans la couche des muscles longitudinaux. À ce niveau, il existe — 48 — un ou deux faisceaux qui sont beaucoup plus étroits que les voisins, et qui n’atteignent pas le niveau du bord interne de cette couche. Il en résulte, de chaque côté du canal longitudinal, une sorte d’encoche creusée dans cette couche musculaire et qu’on remarque de suite lorsqu'on étudie une coupe transversale du pédoncule. Cette encoche apparait dans la partie inférieure du pédon- cule, à un ou deux centimètres de Fextrémité, et on la retrouve sur les coupes jusqu’au delà de l'extrémité supérieure du pédoncule, c’est-à-dire dans la partie inférieure du manteau. Cette gouttière longitudinale loge une sorte de tige rigide qui s'étend sur presque toute la longueur du pédoncule et qui s’aminçit à ses deux extrémités. Les coupes transversales faites dans la région moyenne du pédoncule où cette tige offre sa plus grande épaisseur, son diamètre pouvant atteindre Omm, 25, montrent que cette formation est constituée par un tissu particulier dont l’apparence rappelle beaucoup celle de la substance fondamentale d’un cartilage, présentant des zones concentriques et susceptibles de se colorer, en rose, par le carmin alune, et en bleu par lhématoxyline. Elle est entourée par une enveloppe conjonctive assez épaisse, très distincte du tissu conjonctif général du pédoncule. Si on étudie cette tige sur une série de coupes, en remontant vers l’extrémité supérieure du pédoncule, on remarque que son diamètre diminue progressi- vement en même temps qu'elle prend, par les réactifs, une coloration plus foncée : les stries concentriques cessent d'être visibles, l’'enve- loppe conjonctive se confond de plus en plus avec le tissu conjonctif voisin ; finalement la formation disparait complètement, mais à sa place on reconnait un petit groupe de fibres musculaires qui occupe d’abord le milieu de lencoche, puis se confondra avec les autres fibres musculaires de la couche longitudinale, tandis que l’encoche elle-même deviendra moins profonde et disparaîtra à son tour. On observe des modifications analogues lorsque l’on suit la série des coupes en descendant vers l’extrémité inférieure du pédoncule. Les coupes longitudinales bien orientées montrent de la manière la plus nette que cette tige, dont le trajet n’est pas absolument rectiligne, se continue à ses deux extrémités avec les fibres muscu- laires de la couche transversale. On reconnait que la substance de la tige, qui, dans la région moyenne, est parfaitement homogène, prend dans la partie supérieure et dans la partie inférieure du LOST PE pédoncule, une apparence fibrillaire, puis finalement se résout en fibrilles qui ne diffèrent en rien des fibrilles musculaires ordi- naires. Quelle est la signification de cette formation particulière : est- elle un organe de soutien ? donne-t-elle insertion à certains groupes de muscles, ou constitue-t-elle un reste d’organe embryonnaire ? C'est ce que je ne puis actuellement décider. Chez les Lepas, il existe dans la couche musculaire longitudinale deux gouttières analogues à celles que nous observons chez Île Pollicipes, mais reportées vers le bord carénal du pédonceule : chaque gouttière loge deux fibres musculaires qui diffèrent par quelques caractères des fibres musculaires ordinaires. On reconnaît sur les coupes transversales que ces deux fibres sont d’abord plus petites que les voisines, et ensuite que la substance contractile, au lieu d'être disposée en lamelles, se présente en coupe transversale sous la forme de petits champs arrondis, au nombre d’une dizaine envi- ron par fibre. Les deux lames qui constituent le manteau sont la continuation directe du pédoncule : elles présentent donc la même structure histologique. Les fibres musculaires du pédoncule pénètrent dans le manteau en conservant leur groupement régulier et leur disposition en trois couches, du moins dans la partie inférieure du manteau ; mais à mesure que cette formation s’amineit, c’est-à-dire à mesure qu'on se rapproche de l’extrémité du capitulum, on voit les trois couches se confondre peu à peu, diminuer d'importance, et le tissu musculaire se réduire à quelques fibres disposées sans ordre défini. Les fibres musculaires du manteau en occupent toujours la région externe sans pénétrer dans la région interne qui reste formée exclu- sivement de tissu conjonctif. Il me reste maintenant à signaler un caractère fort remarquable des fibres musculaires des Cirrhipèdes, caractère très constant que J'ai observé chez toutes les espèces que j'ai étudiées, et qui, à ma connaissance du moins, n’a Jamais été indiqué. Ces fibres fournis- sent eflectivement de nombreuses ramifications qui se divisent à infini, donnant ainsi naissance à d'innombrables petits rameaux qui se distribuent dans l'épaisseur du tissu conjonctif pour venir se terminer sur la face profonde des cellules épithéliales du pédon- ee cule ou du manteau, sur laquelle elles s’insèrent. Ces ramifications issues des fibres musculaires présentent le caractère spécial de se colorer d’une manière très intense par certaines matières, telles que lhématoxyline et la safranine. Tandis que l’hématoxyline donne aux fibres musculaires la teinte bleue ordinaire, les rameaux en question deviennent très foncés, presque noirs. Au contraire le carmin aluné ne colore pas plus fortement les rameaux secondaires que les fibres dont ils se détachent. La substance qui constitue ces rameaux est absolument homogène. Les ramifications qui naissent des fibres musculaires du pédon- cule ou du manteau pénètrent dans le tissu conjonctif sous-épidermique en se divisant un grand nombre de fois, et les dernières branches, en arrivant à une certaine distance de la face profonde des cellules épithéliales, se divisent brusquement en une quantité de fibrilles, en un pinceau de fines ramifications qui s’insèrent sur la paroi de ces cellules. Dans le manteau, ces terminaisons en bouquets de fibrilles se retrouvent sous l’épithélium qui en tapisse la face interne, aussi bien qu'à la face externe. Ce mode de terminaison des éléments musculaires se rencontre aussi dans le corps proprement dit des Cirrhipèdes, et l’on peut se rendre compte du nombre et de la richesse de ces fines ramifica- tions musculaires en examinant n'importe quelle coupe des téguments du corps ou du pédoncule. Mais c’est surtout en étudiant par transparence des lambeaux amincis du manteau, colorés à l’hémato- xyline et convenablement éclaireis, qu'on observe facilement les ramifications musculaires dans les couches conjonctives sous épithé- liales, et les terminaisons en pinceaux que fournit chaque branche au niveau de son insertion sur les cellules épithéliales. Certaines préparations offrent des ramifications d’une délicatesse et d'une élégance remarquable. Je rapprocherais volontiers les dispositions que J'ai observées chez les Cirrhipèdes de celles qui ontété décrites récemment par Podwyssozki dans les muscles des lèvres chez les mammifères. Cet auteur a effectivement signalé des ramifications musculaires en pinceaux tout-à-fait analogues à celles que je viens de décrire, etil a remarqué également que les branches terminales présentaient une élection remarquable pour certaines matières colorantes. L'appareil cémentaire des Cirrhipèdes a été découvert par Darwin HT RS qui en a donné une description inexacte. La véritable nature de cet appareil a été reconnu par Krohn, mais c’est surtout aux recherches de Hoek que nous devons des renseignements précis sur la struc- ture des glandes cémentaires chez quelques espèces. Les glandes cémentaires sont généralement situées dans la partie supérieure du pédoncule, mais chez les Conchoderma elles abandon- nent le pédoncule pour venir se loger dans l'épaisseur du manteau. Aussi peut-on obtenir de fort jolies préparations d'ensemble en détachant les deux lames cuticulaires qui tapissent les faces du manteau, de manière à l’amineir pour rendre plus facile lexamen par transparence. C’est cet appareil que Darwin a représenté PI IX fig. 3, mais qu'il a pris pour l'ovaire. Dans les autres genres, les glandes cé- mentaires sont situées dans la partie supérieure du pédoncule à droite et à gauche du plan sagittal, formant ainsi deux grappes distinctes. Celles-ci sont constituées par des cellules glandulaires très rapprochées les unes des autres chez les Lepas, où les glandes n’occupent qu'une région très restreinte du pédoncule, et beaucoup plus espacées chez le Scalpellum, et surtout chez le Pollicipes, genres chez lesquels les glandes cémentaires descendent beaucoup plus bas. Chez les Cirrhipèdes que j'ai étudiés, l'appareil cémentaire con- siste en une quantité considérable de glandes unicellulaires appendues à l'extrémité de canalicules excréteurs dont le trajet est très sinueux. Ces derniers se réunissent pour former des canalicules plus gros qui débouchent à leur tour dans deux canaux longitu- dinaux, ou canaux cémentaires proprement dits, lesquels s'étendent jusqu'à l'extrémité inférieure du pédoncule. La structure des glandes cémentaires présente certaines particu- larités intéressantes. Nous avons dit que les glandes étaient uni- cellulaires, et ce qui frappe tout d’abord, c’est la taille remarquable des’ éléments "qui les \constituent-"Chez les LL anatifera; où ces éléments offrent les plus grandes dimensions, ils forment des grains visibles à lPœil nu, ayant jusque Omm,25 de diamètre (Ces cellules sont généralement arrondies, mais leur contour n’est pas régulier. Le protoplasma se colore fortement par les matières colorantes ; le noyau volumineux, à contours également irréguliers et bosselés, renferme une grande quantité de grains chromatiques très serrés, formant ordinairement une masse compacte et offrant souvent cette Ro disposition en fibres parallèles, indiquée par Hoek, qui donne aux noyaux une apparence striée (Scalpellum, Pollicipes). Ces noyaux se colorent d’une manière excessivement intense par les réactifs. Chez les espèces de petite taille (L. fascicularis, Alepas), où les glandes cémentaires sont naturellement plus réduites, les contours des cellules sont plus réguliers et les noyaux sont arrondis. Chez les Conchoderma, où l’ensemble de lappareil offre une disposition fort élégante, les noyaux présentent très souvent la forme d’un croissant ou d’un haricot; le protoplasma, au lieu d’être réparti uniformément à l’intérieur de la cellule, parait surtout se condenser dans la région de la cellule comprise entre le noyau et le point d'insertion du canal excréteur, formant ainsi une masse très colorée qui se confond plus ou moins avec le noyau, tandis que le reste de la cellule reste presque vide et peu coloré. Cette disposition plus accusée chez le C. virgatum que chez le C. auritum, donne à ces cellules une apparence particulière. Chez les Conchoderma, les cellules cémentaires restent toujours indépendantes les unes des autres, et il en est de même dans les espèces de petite taille, et habituellement aussi chez le L. anatifera. Chez le Scalpellum, ainsi que la déjà indiqué Hoek, deux ou trois cellules cémentaires peuvent se réunir et se fusionner en une masse unique : aussi rencontre-t-on fréquemment des glandes renfermant deux ou trois noyaux isolés, ou bien un très gros noyau unique présentant des renflements reljés par des portions rétrécies. Mais c'est surtout chez le Pollicipes que cette particularité se remarque le mieux : à côté des glandes unicellulaires on trouve des éléments ayant des dimensions relativement très considérables et offrant les formes les plus diverses, qui renferment jusqu'à dix ou quinze - noyaux distincts, ou encore des noyaux moins nombreux mais fortement bosselés, et dont chacun correspond, par son volume, à trois ou quatre noyaux ordinaires. Des éléments à deux ou trois noyaux se rencontrent parfois chez le L. anatifera, mais ils sont relativement rares. Chaque glande cémentaire est en rapport avec un canalicule excréteur, mais le canalicule n'est pas, comme le croit Hoek, un prolongement pur et simple de la cellule qui se ‘serait allongée par un point de sa périphérie en prenant la forme d’une poire : il prend naissance d’une toute autre façon. Chaque glande est entourée d’une NS Re enveloppe conjonctive assez mince renfermant quelques noyaux, et étroitement appliquée contre sa paroi : en s’épaississant assez brus- quement en un certain point, cette enveloppe donne naissance à un canalicule excréteur dont la paroi est uniquement formée de fibrilles conjonctives avec de nombreux noyaux. C’est là du moins la dispo- sition la plus simple qu’on rencontre chez le Scalpellum, le Polli- cipes et les espèces de petite taille : le canalicule excréteur n’est pas autre chose qu’un prolongement direct de l’enveloppe conjonctive de la glande. Les relations de la glande et de son canalicule excréteur sont un peu différentes chez le L. anatifera et les Conchoderma. Il arrive, en eflet, que le canalicule excréteur se prolonge et refoule devant lui la glande cémentaire qui devient plus ou moins excavée sur l’une de ses faces, de telle sorte que l'extrémité du canalicule se trouve logée dans cette excavation et coiffée en quelque sorte par la glande. Ce canalicule peut même pénétrer dans l’intérieur de la cellule et s’y enfoncer jusqu'à venir toucher le noyau. Mais il y a plus encore. On observe assez souvent chez le Conchoderma, et très fréquemment chez l’Anatile, que l’extrémité du canalicule qui s'est ainsi enfoncé dans la cellule se bifurque en deux branches. Ces dernières restent généralement assez courtes dans le genre Con- choderma, mais chez l’Anatife elles peuvent être très longues et se développer jusqu'à venir presque toucher l'extrémité opposée de la cellule. Les canalicules cémentaires de premier et de deuxième ordre ont un trajet sinueux au milieu des tubes ovariens qui occupent la partie supérieure du pédoncule. Ils restent toujours formés d’une paroi conjonctive assez épaisse, renfermant de nombreux noyaux, mais leur lumière n’est pas complètement vide : des travées irrégu- lières qui s'étendent d’une face à l’autre s’anastomosent entre elles et déterminent la formation d’un tissu lacuneux dans les mailles duquel circule le liquide cémentaire. Au moment où les canalicules cémen- taires vont déboucher dans le canal longitudinal, leur diamètre augmente notablement en même temps que leur nombre diminue ; ils se rapprochent les uns des autres pour constituer de chaque côté un paquet de tubes entortillés, au nombre de six ou sept chez le L. anatifera, de trois ou quatre chez le Pollicipes, qui finalement se jettent dans le canal cémentaire. Chez le Conch. auritum, l'extrémité LCA supérieure de ce canal longitudinal est considérablement élargie, et constitue une sorte de réservoir dans lequel débouchent les canalicules cémentaires. Cette disposition est moins nette chez le C. virgatum. La structure du canal cémentaire longitudinal diffère de celle des canalicules. Il présente une couche externe formée d’un tissu conjonctif lâche chez lAnatife, le Scalpellum et le Conchoderma, ou au contraire très serré et comprenant un grand nombre de couches concentriques chez le- Pollicipes, et une couche interne cellulaire. Dans la partie supérieure du canal, les cellules de cette couche interne offrent une disposition en épithélium qui est surtout très nette chez l’Anatife et le Pollicipes, mais qui s’efface dans la partie inférieure où les limites des cellules ne sont plus distinctes. Cette couche cellulaire produit une cuticule assez épaisse qui existe sur toute la longueur du canal. Les deux canaux cémentaires longitudinaux apparaissent dans le pédoncule à une hauteur qui varie suivant la longueur de la région occupée par les glandes cémentaires; on les rencontrera donc, chez le Conchoderma, vers le point de réunion du pédoncule avec le manteau, tandis que chez le Pollicipes ils prendront naissance beau- coup plus bas. Dès leur origine, ils se placent en dedans de la couche musculaire longitudinale et se trouvent compris à peu près dans le plan médian du pédoncule, mais généralement ils sont plus - rapprochés du côté carénal que du côté rostral. J'ai pu suivre très exactement sur une série de coupes trans- versales les canaux cémentaires longitudinaux Jusqu'à lextrémité inférieure du pédoncule chez un Conch. auritum. J'ai reconnu facile- ment qu'à mesure qu'ils se rapprochaient de cette extrémité, les deux canaux abandonnaient peu à peu la périphérie pour se rap- procher de l’axe du pédoncule, et qu'ils s’ouvraient directement au dehors sans fournir aucune ramification latérale. Chez les autres espèces, j'ai également pu suivre les canaux cémentaires jusqu’à une très petite distance de l'extrémité inférieure du pédoncule, et m'assurer qu'ils conservaient le même diamètre sur toute leur lon- œueur et ne fournissaient aucune branche latérale. En particulier, je n'ai jamais reconnu chez le Scalpellum les ramifications indiquées et figurées par Hoek formant ces canaux élargis qui, d'après cet auteur terminent les canaux cémentaires. C'est le canal pédoncu- laire qui se divise dans sa partie inférieure pour former des troncs ARR eu beaucoup plus gros que les canaux cémentaires ; mais l'absence d’une cuticule interne caractéristique ne permet pas de confondre ces troncs avec les canaux cémentaires qui ne fournissent aucune ramification, pas plus chez Scalpellum que chez les autres espèces. Le pédoncule des Cirrhipèdes est traversé dans toute sa longueur par trois paires de nerfs disposés symétriquement par rapport au plan sagittal. Les nerfs de la première paire sont situés de chaque côté et à une certaine distance du canal longitudinal (côté rostral), et deux autres nerfs occupent une position symétrique au côté opposé (côté carénal) ; enfin deux autres nerfs se trouvent placés dans la région moyenne du pédoncule. Ces nerfs sont en rapport avec la couche musculaire longitudinale, à la face interne de laquelle ils restent appliqués jusqu’à l'extrémité inférieure du pédoncule. Ces trois paires de nerfs proviennent de la ramification d’une grosse paire unique de trones nerveux qui naissent du cerveau, passent en dessous du musele adducteur et viennent se placer de chaque côté du canal longitudinal du pédoncule, puis se divisent chacune en trois branches distinctes. Les nerfs sont constitués par la réunion d’un certain nombre de tubes nerveux, et leur structure rappelle les dispositions observées chez les Crustacés supérieurs. Chaque tube nerveux est formé par la réunion d’un paquet de fibrilles, entouré d’une enveloppe épaisse, constituée, ainsi que Wignal l’a trouvé chez les Décapodes, par deux membranes distinctes. La membrane interne comprend plusieurs couches conjonctives concentriques, entre lesquelles on trouve des noyaux, et elle présente une épaisseur beaucoup plus grande que la membrane externe qui reste fort mince. Cette dernière est consi- dérée par Wignal comme étant de nature cuticulaire ; d’après les caractères qu’elle offre chez les Cirrhipèdes, je la considérerais plus volontiers comme une membrane élastique. Elle offre des plissements réguliers, et, lorsqu'on l’observe sur des coupes longitudinales, elle se présente sous forme d’un mince liséré figurant une ligne en zigzag. Les tubes nerveux sont réunis par un tissu conjonctif assez lâche en un groupe unique ou en plusieurs groupes dont l’ensemble constitue un nerf. Mais les nerfs ainsi formés ne sont point enfermés dans une membrane propre comparable à un névrilemme, et le tissu conjonetif général du pédoncule, dans lequel ils sont plongés, ne se différencie même pas à leur périphérie pour leur constituer une enveloppe protectrice. RAY) en L'EAU D'EMMERIN ANALYSE CHIMIQUE ET EXAMEN BACTÉRIOLOGIQUE PAR À. ET P. BUISINE L'eau potable qui est distribuée aux habitants de la Ville de Lille provient, on le sait, de sources captées sur les territoires d'Emmerin et d’Houplin. L'eau de ces diverses sources, au nombre de six, est amenée par des conduites souterraines et par une pente . naturelle dans un réservoir situé à Emmerin, et de là refoulée par des pompes puissantes dans de vastes réservoirs supérieurs qui alimentent la canalisation de la Ville. Au cours de l’étude du projet d'installation de cette distribution, qui fut faite sous la direction de M. Masquelez, ingénieur en chef des ponts et chaussées, l’eau fut examinée, au point de vue de sa composition chimique, par M. Girardin, alors professeur de chimie à la Faculté des sciences de Lille, et ce savant reconnut qu’elle avait tous les caractères d’une excellente eau potable. Voici, du reste, les résultats de l'analyse faite par lui en février 1864. Degré hydrotimétrique...... 260 Chaque litre d’eau contient Carbonatétderchanux Peer e Enr er ns benete . 05-1360 Carbonate de magnésie......... DE dep Late re MONO MID EES Suliate de masnésie...... RONA. RAM à O0 O801 Chlorure de sodium et de potassium......... 0 0495 Chornre demasnesumM et... ACER ECES O0 0249 SCO eee etant See ce AOC ASE 0 0076 Alumine-/et phosphate de chaux. "HPPEr TER 0 0051 OxVdeRE, Mer AE QE TRS A PR ETARES traces Matières SAJIOSUL SOUL) | (n k PLOP ODPJINS 21NHHQUNS 998, EI & OTIITES 9419891 aUN JUPSIEE SIPUL ‘O[LN9] EI 9P 9IN9HIOJUI 99PF EI PE SOIISTA 9SU9[NAO[S AULHIO] op Jo (Satjatur}u99 3 b j) apueds snjd ajfre]} op JUOLUQIN9S [IN] ELU SODIOSUT SOIIPT) e € PL 9P OIN9TINIUI 09bJ PI P SOI(ISIA oI[Ie] 9)1jod 9p SHMIVO SA ANDILA INT. AVAIAVIL — 159 — Galles des rosiers. Rhodites rosæ LINNÉ. Galle moussue et chevelue, verte et rouge, pluriloculaire, connue sous le nom de « Bédéguar », située sur les rameaux et les feuilles de plusieurs espèces de Roses. On attribuait autrefois aux Bédéguars de nombreuses vertus cura- tives; on les plaçait par exemple à l’état naturel sous l’oreiller des enfants qui dormaient mal, comme calmant, ou on les leur admi- nistrait sous forme de poudre contre les vers, contre la diarrhée, etc., ce qui leur a valu une certaine renommée (Brehm) (1). Cette galle est assez fréquente dans tous nos bois, on la trouve surtout le long des grands chemins, pendant toute l’année. Rhodites eglanteriæ HART. Galle sphérique uniloculaire, verdâtre, rouge du côté du soleil, de la grosseur d’un petit pois, placée en petit nombre à la face supérieure ou à la face inférieure des folioles de plusieurs espèces de Roses. Assez commune partout. Rhodites spinosissimæ Gr. Galle subglobuleuse, rouge où vert jaunâtre, de la grosseur d’un pois, uni — ou pluriloculaire, visible sur les deux faces des folioles. La plus grande partie du limbe est occupée par la production gallaire, de telle sorte qu'il n'existe plus en dehors de la galle et à son équateur que quelques dentelures représentant la foliole. Je n’ai observé ces galles que sur les Rosa spinosissima L. — pimpinellifolia (Auct). Mayr (2) décrit et figure plusieurs variétés de ces galles; celles que j'ai recueillies correspondaient toutes à la forme d de cet auteur. Galle des Ronces. Diastrophus rubi HART. Cette galle, pluriloculaire, est constituée par des renflements assez forts, de forme variable, ordinairement allongés et merveilleusement (1) A. E. BrenM : Merveilles de la nature. Les Insectes, les Myriapodes, les Arachnides. Edition française par J. Künckel d’'Herculaïs. (2) D. G. Mayr. Die europaischen Cynipiden. — Gallen mil Ausschluss der auf Eichen vorkommenden Arlen, Wien 1876. — 160 — contournés, visibles toute l’année sur la tige ou les pétioles des Ronces. Primitivement verte et garnie d’épines, elle devient d’un gris sale à maturité et présente alors, à sa surface, une foule d’orifices par où sont sortis les Cynips. Galles diverses Bathiaspis aceris FüRrST. On remarque souvent sur les nervures et à la face inférieure des feuilles des Acer pseudoplatanus et A. platanoïides des galles sphé- riques, uniloculaires, verdâtres, chauves et lisses, produites par cet hyménoptère. Elles peuvent atteindre la grosseur d'un pois et sont assez fréquentes au printemps dans nos bois. Diastrophus glechomæ HART. Galle uniloculaire sphérique, charnue, couverte de poils, de cou- leur rouge et de la grosseur d’un petit pois, située sur les feuilles, les pétioles et tiges du Lierre terrestre {Glechoma hederacea). Assez rare. Aulax hieracii BOUCHE. Renflement fusiforme, parfois sphérique et pubescent de la tige ou du pétiole des Hieracium umbellatum et murorum. Cette galle, qui présente à son intérieur de nombreuses chambres larvaires est visible pendant toute l’année dans les champs et dans les bois : elle est assez commune dans notre région. PTÉROMALIDES Eurytoma longipennis WALk. La larve de cet hyménoptère produit, à l'extrémité des tiges du Psamma arenaria (vulgairement Oyat), une dilatation ayant la forme d'un bouton de fleur que l’on observe fréquemment dans les dunes du littoral boulonnais. (A suivi'e) 42580 LILLE, LE BIGOT FRÈRES. Le Gérant, TH. BARROIS, ANNÉE 1889. No 5. 4er KÉVRIER. REVUE BIOLOGIQUE DU NORD DE LA FRANCE Paraissant le 1‘ de chaque mois LE STYLET CRISTALLIN DES LAMELLIBRANCHES PAR Tuéop. BARROIS Professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Lille, {Planche TIT), (Suite). DEUXIÈME PARTIE Si nous résumons tout ce qui à été écrit par les différents auteurs au sujet de la situation occupée par le stylet cristallin dans le tube intestinal, nous arriverons aux trois propositions suivantes lo Le stylet est contenu dans un cœcum spécial qui lui sert, pour ainsi dire, de gaine. 20 Très souvent aussi, il est logé dans la Jumière même de l'intestin, au voisinage de l'estomac. 30 Chez quelques rares espèces, chez les Naïades par exemple, le stylet serait, non plus cylindrique, mais de forme tout à fait irrégulière, et se trouverait dans l'estomac mème, Nous allons étudier successivement les deux premiers cas; quant au troisième, il est le résultat d’une fausse interprétation, comme j'ai pu m'en convaincre par mes propres observations, des différentes parties qui composent l'appareil cristallin ; ainsi que Porr l'avait parfaitement établi, ce dernier comprend : 4° un stylet proprement dit; 2 une flèche tricuspide, de forme variable, située dans l'estomac. 7 MG Nous verrons plus loin que le soi-disant stylet cristallin des Naïades {cristallin de Baupox et de Moquin-TANDoN, Knorperstiel de Hazay et d’HaseLorr) est l’homologue de la flèche tricuspide des autres Lamellibranches, et que la véritable tige cristalline est bien logée dans l’intestin, ainsi que l'avaient observé von SiEBoLp, Hazay lui-même {Dünndarmkôrper), et enfin Vocr et Yuxc. Î. — ESPÈCES CHEZ LESQUELLES LE STYLET EST LOGÉ DANS UN COECUM SPÉCIAL Nous choisirons comme types de cette catégorie les Pholades (Pholas crispata, Ph. candida) et les Donaces (Donax trunculus). Le Donax trunculus est un petit Lamellibranche extrèmement commun sur nos côtes, où il vit enfoncé dans le sable, à la limite de balancement des marées. Déjà Pozr (1) avait consacré une figure à la représentation des organes digestifs de cet animal, décrivant avec soin la gaine dis- tincte qui contient le « stile cristallin. » Toutefois, le dessin donné par DESHAYES (2) dans son grand mémoire sur les mollusques de l'Algérie — ouvrage trop peu consulié par les zoologistes qui s'occupent de l’anatomie des Bivalves — est beaucoup meilleur. A la bouche, fort petite, fait suite un court œsophage, creusé, pour ainsi dire, de même que lestomac, dans la substance mème du foie. L’estomac est vaste, spacieux, raviné de cryptes biliaires et portant sur ses parois internes des sortes de bandelettes épaisses, de papilles allongées, comme on en rencontre chez la majeure partie des Lamellibranches. A sa partie ventrale s'ouvrent deux oritices ; l’antérieur est l'embouchure de l'intestin proprement dit, qui remonte d’abord en avant, parallèlement à la direction de l’æsophage, puis se coude à angle droit, et se tortille en spirale pour former trois circonvolu- ions qui se dirigent perpendiculairement de haut en bas. Le tube intestinal décrit ensuite une grande courbure à concavité supé- rieure, venant ainsi se placer presque au contact de la paroi pos- térieure de la masse abdominale, le long de laquelle il remonte (1) Porn loc ecit, Dir), pl XIE AD (2) Desxayes : Loc. cit. p. 593, pl. LXXV, fig. 4. — 163 — pour se recourber encore une fois en sens inverse au niveau de l’estomac, passe enfin à travers le péricarde, et vient s'ouvrir au dehors un peu au-delà du muscle adducteur postérieur des valves. L'orifice postérieur donne accès dans un vaste cœcum, remar- quable chez les Donaces par son extrême longueur, qui descend d’abord presque perpendiculairement le long du bord postérieur du pied, en avant de l'intestin récurrent, croise ce dernier au niveau de sa grande courbure inférieure, et remonte ensuite en décrivant un arc-de-cercle et en diminuant progressivement de diamètre, de façon qu'il atteint à peu près le bord antérieur du pied à la hau- teur de l’estomac. Si l’on ouvre avec précaution l’ensemble du système digestif d’un animal tout fraîchement recueilli (c'est une condition essen- tielle), on trouvera dans l’estomac, tantôt complètement libre, tan- tôt adhérent aux parois par places, un corps bizarrement contourné, hyalin, transparent, d'apparence gélatineuse ou cartilagineuse ; porté sous le microscope, ce corps ne décèle aucune trace de structure, il est d’une homogénéité remarquable, à part quelques points opa- lescents où l’on rencontre toujours des amas plus ou moins consi- dérables de petits granules excessivement réfringents. C’est la flèche tricuspide de Por, qui représente, ainsi qu'il est facile de s’en convaincre par l'observation directe, un véritable moulage en creux de l’estomac, dont elle rend fidèlement les saillies et les sinus : ainsi s'explique comment le savant italien avait toujours rencontré les pointes de cet organe engagées dans les cryptes biliaires. En continuant la dissection et en fendant le cœcum sur une de ses faces latérales, nous verrons qu'il est occupé, dans toute sa lon- gœueur, par le stylet cristallin, sur la nature et la composition duquel nous reviendrons dans un autre chapitre. De même que la flèche tricuspide est le moulage en creux de l'estomac, le stylet cristallin est le moule plein du cœcum. La flèche tricuspide peut revêtir les formes les plus variées, selon la conformation même de lestomac qui la contient; Pozr en a figuré un assez grand nombre, ainsi que DESHAYES, et, parmi les dessins très soignés de ce dernier, j'en-ai reproduit deux (PI IV, fig-1 et 2) "l'un a trait à Tellina nitida. (4), l'autre à Trigonella (Scrobicularia) piperata (2). (1) Desxayes : loc. eit., pl. LXXIIT, fig. 3. (2) DEsnaYyes : loc. cit., pl. LV, fig. 4. — 164 — Quant à la tige cristalline elle est sensiblement toujours la même : c'est un stylet dont les dimensions vont généralement en décroissant progressivement de haut en bas; l'extrémité la plus large, celle qui fait saillie dans l'estomac, semble être toujours en diffluence et plus ou moins adhérente à la flèche tricuspide. Chez quelques espèces, la tige conserve à peu près le même diamètre sur toute sa longueur. La paroi interne du cœcum présente une teinte brunâtre; elle est lisse, brillante, et offre dans toute sa longueur une série de bourrelets transversaux ou légèrement obliques. Cette disposition n'avait point échappé à Pozr qui, en parlant de la gaine du stylet cristallin des Pholades, s'exprime en ces termes dithyrambiques : « Interne est valde nitida, quamvis transverse rugosa ; et instar colli columbarum Mille trahit varios adverso sole colores qui super innumeras micas tenuissimas, auro, atque argento reful- gentes, largiter veluti conspersi adparent (1). » Comme nous le verrons tout à l'heure, cet aspect particulier est dû à ce que les cellules épithéliales qui tapissent le cæœcum sont garnies d’une couche dense et compacte de longs cils vibratiles, qui se soudent très facilement pour former une sorte de revêtement hyalin ; c'est à cette couche que DesxAYEs fait évidemment allusion lorsqu'il écrit que l'appareil cœcal des Pholades, des Solen, des Mactres, etc. est revêtu par «un enduit subcartilagineux, lisse et brillant (2) ». Enfin SaBarier à donné une très bonne description (3) des bourre- lets transversaux qui garnissent la gouttière supérieure de l'estomac tubulaire de la Moule, gouttière qui, je le démontrerai plus loin, correspond au cœcum des Donaces. Si minutieusement que soient conduites les dissections, elles ne peuvent guère nous en apprendre davantage, et c’est évidemment à la méthode des coupes qu'il faut s'adresser pour obtenir la solu- tion du problème. La première précaution à prendre, c’est de se procurer, je le répète encore, des matériaux de travail absolument frais : j’ai obtenu les meilleurs résultats en plongeant les animaux, sur les lieux même de pêche, dans le liquide fixateur. Celui que j'ai employé le plus couramment est le liquide de Kleinenberg (acide ()BPorre loc tit. per. (2) Desnayes : loc. cit., p. 456. (3) SaBaTIER : Joc. cit. p. 24, pl. XXVII Dis, fig. Let 2 AS picro-sulfurique ou acide picro-nitrique); l'acide chromique en solution faible, soit à # ou ou à 7% pour 100, est également un réactif très précieux. Le manuel opératoire n'offre rien de particulier : les pièces, généralement colorées in {olo par le picrocarminate d'ammoniaque, le carmin aluné de Grenacher, le carmin boracique, etc..., sont déshydratées par l'alcool avec précaution pour ne pas agir trop brusquement sur la substance constitutive de la tige, puis enrobées dans la parafine, et débitées enfin par séries suivant la méthode habituelle. Jai essayé aussi des colorations doubles aux couleurs d’aniline ; elles donnent des préparations très agréables à l'œil, mais dans le cas présent n'apprennent rien de plus que les réactifs à base de carmin. La figure 1 de la Planche IIT représente une coupe sagittale passant aussi exactement que possible par le plan médian d’un Donax trunculus, et montrant ainsi les rapports réciproques des différentes parties du tube digestif qui nous intéressent. De chaque côté de la bouche D, on aperçoit la coupe des palpes labiaux pl. L'æsophage æ@ qui vient ensuite est assez long, sinueux, tapissé d’un épithélium cylindrique epo dont la surface libre est garnie de minces cils vibratiles nettement distincts les uns des autres. Cet épithélium est continu avec celui de l'estomac eps, qui lui ressemble beaucoup; les cellules de ce dernier sont seulement plus hautes et plus granuleuses, surtout au niveau des bourrelets stomacaux dont Jai parlé précédemment. La muqueuse de lestomac présente des particularités du plus grand intérêt et qui n’ont encore été signa- lées, à ma connaissance, par aucun des naturalistes qui se sont occupés de la question. La paroi interne est doublée, pour ainsi dire, dans toute son étendue, d'une mince lame hyaline sa, de mème nature que la substance constitutive de la tige cristalline, et se colorant comme elle très vivement sous l'influence des réac- tifs tels que les divers carmins, l’hématoxyline, le picrocarminate, les teintures d’aniline ; cette lame hyaline suit toutes les sinuosités du sac stomacal, dont elle reproduit ainsi fidèlement une sorte de moulage en creux : nous reconnaissons là tous les caractères de la flèche tricuspide, dont la lame en question représente la coupe sagittale. Sur la figure 1, le revêtement gélatiniforme sa est interrompu en trois places: en face de l'æsophage «, en face de l'intestin ént, A66 et enfin en face du cœcum € pour le passage du stylet cristallin st dont une partie, nous l’avons dit, fait saillie dans l’estomac Est. Dans les coupes longitudinales qui passent vers le milieu environ du sac stomacal (PI. IT, fig. 2), le cordon hyalin sa est au contraire continu; d’autres coupes m'ont permis de le suivre jusque dans les cryptes où viennent s'ouvrir les canaux biliaires : j'en donne un dessin dans la figure 3 de Ia Planche IV. Il résulte de tout ceci que la flèche tricuspide possède la forme d’un sac, reproduisant exactement les contours des parois stomacales, ouvert en regard de l’æsophage pour l'entrée des aliments, en regard de l'intestin pour leur sortie, en regard du cœcum pour le passage du stylet, en regard enfin des canaux biliaires pour l’arrivée de la bile. De cette facon l'épithélium eps est protégé contre laction des aliments qui pourraient parfois le blesser (1), car le bol alimen- taire contient une grande quantité de fragments de quartz, de silice, etc... sans compter les frustules de Diatomées et les carapaces de Foraminifères, comme on peut le voir dans les figures 1 et 2 de la Planche IT. Si nous examinons à un plus fort grossissement l'épithélium eps, nous verrons que les cellules qui le constituent sont déchiquetées à leur face externe (PI. IIL, fig. 5) tandis que la face interne de la lame hyaline sa porte par places des amas granuleux plus ou moins considérables, dont les saillies et les creux correspondent respectivement aux creux et aux saillies de lépithélium eps. Il semble que la couche gélatiniforme après s'être primitivement dé- posée à la surface de l’épithélium stomacal s'en soit ensuite sépa- rée plus ou moins brusquement, entraînant avec elle une partie du protoplasme sous-jacent. La figure #4 de la Planche IV est très instructive à cet égard; elle représente une coupe transversale de l'estomac d'un Donax trunculus : sur la partie de droite, la bande- (1) MM. les Professeurs BALBIANI et HENNEGUY, auxquels j'adresse mes plus sincères remerciements, ont bien voulu attirer mon attention sur les rapprochements qu'on peut élablir entre la flèche tricuspide et le singulier organe récemment signalé par ANT. SCHNEIDER, sous le nom de Trichter, chez les Insectes, les Myriapodes, les Crustacés et quelques Gastéropodes (Axr. Scaxeiper, Ueber den Darmkanal der Arthropoden, Zoologische Beitrige, 1883). Je reviendrai plus tard sur ce sujet, lorsque je comparerai l'appareil cristallin des Lamellibranches aux productions similaires que certains auteurs ont décrits chez les Gastéropodes. er ee lette hyaline sa adhère encore à l’épithélium eps, tandis qu'à gau- che elle s’en est détachée. Au niveau de l’orifice intestinal PL. III. fig. 1, int), la flèche tricuspide s'arrête brusquement ; je n’ai jamais rencontré la moin- dre enveloppe gélatiniforme autour du bol alimentaire, qui semble ici être en contact direct avec la paroi épithéliale. C’est dans cette première partie de l'intestin qu'on rencontre cet épais bourrelet blanchâtre que la plupart des auteurs ont comparé au fyphlosolis des Lombriciens; sa longueur est variable, mais il cesse ordinaire- ment au niveau de l'intestin récurrent ou du rectum. Arrivons maintenant à l'étude de l’organe qui nous intéresse le plus, le cœcum. La paroi interne n’est pas lisse, nous l'avons vu, mais garnie d’une série de bourrelets transversaux dont la dispo- sition se voit nettement sur une coupe sagittale (PI. IL, fig. 1, epi) et qui avaient été déjà figurés, quoique d’une façon insuffisante, par EGGErR dans sa monographie du Jouannetia Cumingii (1). Chez les Pholades, Ia partie terminale du cœcum offre des caractères tout particuliers qui avaient été déjà signalés par DESHAYES (2) : « La seconde cavité stomacale (il s’agit du cœcum) est cylindrique, dirigée d’arrière en avant et située à peu près dans la ligne médiane de la masse abdominale; elle remonte au-dessous du pied Jusqu'à son extrémité antérieure, où elle se termine en cul-de-sac arrondi; au fond de ce cul-de-sac existe une petite ouverture qui pénètre dans une petite loge en voûte surbaissée. » FiGuRE 1. — Coupe sagittale passant par le plan de symétrie d'une Pholas crisy alta. FiGure 2. — Coupe sagittale passant à droite ou à gauche de ce même plan. Je donne ci-dessus (Figures 1 et 2 dans le texte), deux figures schématiques de coupes sagitlales passant, la première par l'axe même de l'animal, la seconde un peu sur le côté. On y voit très (1) EGczr : loc. cit. pl. III, fig. 37. (2)" DEsHAYES : oc. cit, .p. 91, pl: IX, fig. l\et2, — 168 — bien la loge en question, tapissée du même épithélium que celui du cœcum proprement dit. Sur une coupe transversale (PI. ILE, fig. 3), le cœcum parait presque régulièrement circulaire ; sa paroi est partout environ du mème diamètre, sauf en un point où on distingue une étroite gouttière, qui s'étend, chez le Donar trunculus, tout le long de la face antérieure de lestomac. La place occupée par la gouttière ne m'a pas paru fixe pour toutes les espèces, car chez les Solen et chez les Pholas, par exemple, elle est certainement située sur le côté du plan de symétrie de l'animal. C’est DEsHAYES le premier qui, à ma connaissance, à signalé l'existence d’une semblable gouttière, dans le cæcum des Mesodesma ; voici comment il s'exprime à ce sujet : «© ... Les parois du cœcum stomacal ne sont pas d’une épaisseur uniforme ; le côté droit est mince et membraneux ; le gauche est membraneux et on y remarque un sillon assez pro- fond qui s’avance Jusque vers le bord de louverture, y produit une échancrure étroite et est accompagné d'un petit bourrelet (1). » L'aspect de lépithélium qui tapisse le cœcum est absolument caractéristique et ne peut manquer de frapper aussitôt l'œil de l'observateur, car il diffère totalement des autres épithéliums que nous avons rencontrés jusqu'à présent; cet aspect est dû surtout à la présence d’un fort plateau cuticulaire que surmonte une épaisse couche de cils longs et denses dont la teinte, sur lanimal vivant, est généralement d'un brun-jaunâtre. Les cellules qui constituent le revêtement épithélial du cœcum sont hautes, cylindriques, où mieux faiblement polygonales par pres- sion réciproque; leur extrémité inférieure est légèrement étirée (PL II, fig. 4, c). Chez Donax trunculus, elles mesurent de Onm,03% à Omm04 de hauteur; sur des pièces convenablement fixées le protoplasme parait clair, moins granuleux que celui des cellules de l’épithélium stomacal, les granulations étant du reste extrème- ment ténues. Le noyau est presque régulièrement sphérique, et mesure environ O0mm,0078 de diamètre: il porte en son centre un nucléole punctiforme. Un plateau cuticulaire, épais de Omm,0018 à Omm 0021 revêt la face libre des cellules et donne insertion à une couche dense de cils vibratiles c?, longs de Omm,019 à Omm,025; ils (3) Desayes : Loc. cit., p. 399, pl. XI, fig. 2. — 169 — ont été parfaitement décrits, chez la Moule, par SABATIER, auquel je laisse la parole : « Le bord libre de la cellule est pourvu d’une cuticule brillante, de 0nm,002 d'épaisseur, qui, vue à un fort grossis- sement, est facilement décomposable en grains brillants placés côte à côte sur une seule rangée. Ces grains brillants portent des cils très remarquables par leur volume et par leur longueur. Ces cils sont en effet relativement volumineux, comme de fins bàâtonnets, très réfringents, et d’une longueur remarquable, Omm,02, c’est à dire la moitié ou le tiers de la longueur de la cellule. Ces cils sont au moins deux fois plus longs et plus forts que ceux des autres cel- lules épithéliales de l'estomac; ils sont très résistants et se conser- vent bien mieux et beaucoup plus longtemps que les autres sur les coupes et dans les divers liquides employés pour les préparations. Ces cils forment à la surface de l’épithélilum une sorte de couche très serrée et très puissante d’une résistance relative considéra- biesteen (CD J’ajouterai que les cils en question ont une tendance marquée à se souder ensemble pour former une espèce de gelée qui fixe fortement les réactifs colorants de la même facon que le stylet cristallin et que la flèche tricuspide, mais avec plus d'intensité encore. Sur les coupes transversales du cœæcum, il arrive parfois, surtout lorsque les pièces sont conservées depuis longtemps dans l'alcool ou lorsqu'elles n’ont point été fixées d’une manière irrépro- chable, que la couche de cils entière etle plateau cuticulaire sous- jacent se détachent sur une étendue plus ou moins grande, tout en restant intimement agglomérés, et forment ainsi une sorte de ruban translucide, diversement coloré suivant les teintures employées. Presque toute la lumière du cœeum est occupé par la tige cris- talline (PI. IE, fig. Let 3 st), sur l’origine, la structure et la consti- tution de laquelle nous reviendrons dans un chapitre spécial, dési- reux de terminer auparavant l'étude anatomique des parties du tube digestif qui contiennent le stylet dans les cas ou le cœcum fait défaut. (A suivre). (1) SABATIER : Loc. cit., p. 26-27. 40 FAUNE DES EAUX SOUTERRAINES DU DÉPARTEMENT DU NORD ET EN PARTICULIER DE LA VILLE DE LILLE PAR R. MONIEZ Professeur à la Faculté de Médecine de Lille, (Suite) ROTIFÉRES Nous n’avons rencontré qu'un petit nombre de ces animaux, ce qui s'explique par leur taille qui les rend le plus souvent invisi- bles à l’œil nu, et leurs habitudes grâce auxquelles on ne les rencontre généralement que par hasard. Dans certains puits de Pra- gue dont le fonds était riche en matières organiques, ils étaient, au contraire, très nombreux et le Rotifer vulgaris était le plus commun dans ces sortes d'eaux (1). VEJDovsky à aussi trouvé une espèce de Monura et deux Dinocharis qu'il ne détermine pas autrement : il constate que tous les Rotifères observés ne présentaient aucune modification imputable à l'absence de la lumière et que tous, en particulier, présentaient un organe visuel. D'autre part, le Dr G. Josepn, de Breslau, à qui l’on doit de très remarquables travaux sur les animaux des cavernes de la Carniole, mentionne, dans les ruisseaux qui courent dans les grottes de ce pays, six espèces de Rotifères qu'il a déterminées génériquement ; ce sont: 1 Trochosphæra, À Lepadella, 2 Hydatina et deux espèces aveugles, voisines du genre Euchlanis, dont il a proposé de faire le genre Apodoides. Ces derniers animaux, indiqués seulement dans une note préliminaire, ne sont pas suffisamment connus jusqu'ici pour que nous puissions leur comparer l'espèce trouvée dans la () Le Rotifer vulgaris est indiqué par ScaneIbER dans les Rhizomorphes de Burgk (54). — A1 — vase du réservoir d’Emmerin et que nous rapportons au genre Euchlanis : 60° Kuchlanis sr. — C’est une espèce paresseuse, commune dans la vase du réservoir d’Emmerin. Elle est incolore, aveugle, son appareil rotatoire est réduit et sa queue est très longue ; animal mesure 65 & de longueur sur 36 w de large. On ne peut la confondre avec l’Apodoides stygius de Josepx qui mesure un demi-millimètre de long et porte d’ailleurs sur sa carapace des pointes qui n'existent pas ici. 61° Colurus sr. — Le Colurus auquel nous faisons allusion et que nous n'avons pu déterminer spécifiquement, mesure 85 w de longueur sur 43 de large et sa queue est longue de 40 y. C’est du C. amblytelus Gosse qu'il se rapproche le plus par l’absence de pig- ment, le manque d’organe visuel et par la forme générale, mais le C. amblytelus est une espèce marine. — Puits de St-Amand; puits de la rue du Croquet, à Lille. 62 Anurea aculeata Enr. — C'est une forme que j'ai trouvée en novembre de l’année dernière dans l’eau d’un puits de St-Amand, où elle était abondante. — L'espèce est très commune dans les eaux de surface du pays. Quelques GASTÉROTRICHES ont été observés dans les eaux souter- raines, ainsi, VespovskY (44 p. 61) cite un Zchthydium qu'il n’a pas déterminé spécifiquement. R. SCHNEIDER a trouvé dans les Rhizo- morphes de Burgk, en Saxe, llchthydium podura (54) et le même auteur cite en Silésie l'Emydium testudo (60 p. 17). MOLLUSQUES GASTÉROPODES (1) Un certain nombre de Gastéropodes operculés de petite taille sont connus dans les eaux souterraines : la plupart ont des carac- tères communs qui ont permis de les réunir en un genre que CLESSIN avait appelé Vitrella (2) nom que BourGuiGnatT (46) a (1) Notons qu'aucun Mollusque n’a été (trouvé à Prague où l'examen des eaux souter- raines à été poussé si loin. (2) Cressin S.: Deutsch. excurs. Moll. Fauna (1877; p. 394. — Malacozoologische Blätter, XXV pl. 6 (1878) et p. 110 (1882) etc. changé en celui de Bithiospæum. Quelques espèces appartenant au même type, mais un peu différentes par la forme de la coquille, ont servi au même auteur pour l'établissement d’un genre Paulia, basé principalement sur des erreurs d'observations (47). C’est à ces dernières espèces qu'on a aussi donné le nom de Aveniomia (1). D’après M. P. Fiscaer (52) à qui l’on en doit une excellente étude, ces genres ne constitueraient qu'une petite section dans le genre Bithynella. 63° Bithynella Berenguieri BOURGUIGNAT. — Je dois la déter- mination de cette espèce à M. le Dr P. Fiscxer, dont tout le monde connaît la haute compétence dans toutes les questions de malacologie, en même temps que lextrème obligeance pour tous ceux qui veulent la mettre à contribution. La B. Berenguieri à été découverte en 1870 dans un puits de la ville d'Avignon et elle n'a pas été rencontrée depuis en d’autres localités. Je l'ai trouvée assez abondamment, à plusieurs reprises, dans la vase qui recou- vre le fond du réservoir d’'Emmerin; elle y est évidemment arri- vée de la nappe souterraine qui alimente a ville de Lille, car ce n'est pas un habitant des eaux de surface et cette espèce, comme ses congénères, n’est connue que dans les eaux obscures. C'est une très petite coquille marquée de taches noires irrégulières, souvent salie par la vase, mais assez transparente, toutefois, pour laisser voir la partie antérieure du corps de lanimal, ce qui lui donne une couleur rosée; elle n’atteint pas deux millimètres de hauteur sur 2/3 de millimètres de large et est formée d’un petit nombre de tours de spires qui ceroissent régulièrement. L'animal est agile, ses yeux ont un pigment noir très bien développé et la tète est pourvue de tentacules très longs et très mobiles. 64 Bithynella Bourguignati LOCarn. — J'ai trouvé une deuxième espèce de Bithynella dans le puits de M. Edouard Barrois, rue des Guinguettes, à Fives-Lille; elle diffère de la précédente en ce qu’elle est plus petite, proportionnellement plus courte, moins pointue et en ce que le dernier tour de spire est plus large; je la rapporte à la B. Bourquignati, figurée par P. Fiscaer. La Paulia (1) Nicozas H. : Quelques notes sur le genre AVENIONIA, noutreauw mollusque dé- couvert dans les puits et les eaux souterraines du sous-sol d'Avignon. Mémoires de l'Académie de Vaucluse (1882). AT (EME Locardiana Bourg., qui vit dans les eaux souterraines d'Avignon avec la B. Berenguieri, semble bien voisine de la B. Bourquignati, si elle ne lui est pas identique. Quoiqu'il en soit, la Bithynella de Fives n'était connue jusqu'ici que dans un puits, à Courtenot (Aube) (1). Elle a, comme la précédente, des yeux normalement développés. 65° HBithynella SP. ? —. Nous avons encore rencontré dans un: puits de la rue du Faubourg-de-Tournai à Fives, une Bithynella qui nous à paru un peu différente des précédentes et que nous avons soumise à M. FiscHer; malheureusement elle était trop jeune pour pouvoir être déterminée spécifiquement. Ses yeux moins faci- les à voir que ceux des espèces précédentes sont bien développés. « Cette Bithynella nous dit M. FiscHer, n’est pas plus aveugle que toutes celles que j'ai vues jusqu'ici ». Les espèces suivantes ont été Jusqu'ici citées dans le sous-genre Bithiospœum : 19 B. Quenstedti Wiep. — C’est la première espèce de ces Gasté- ropodes cavernicoles qui a été découverte. Le professeur QUENSTEDT (le nom de Quenstedt ne désignant pas une localité comme le pense un certain conchyliologue) l’a rencontrée dans la grotte de Fal- kenstein, en Souabe, et elle y a été retrouvée depuis par plu- sieurs observateurs. KRIES (17 p. 123 à 138) s'étend très longue- ment au sujet de cet animal et cite un certain nombre de localités où on l’a trouvé ; il est impossible toutefois, d’après sa description, de dire s'il s’agit bien de B. Quenstedti ou de formes voisines. 20 B. Purkhaueri Purkx. — Souterrain du Tauber, près de Rothen- burg (Bavière); cette espèce atteindrait jusque # mill. de hauteur. 30 B. pellucidum Benz. — Cette petite forme (2 mill. de longueur) a été trouvée dans le souterrain d’où s'échappe le Neckar, près de Cannstadt dans le Württenberg. 4° B. Rougemonti CLessiN. — C’est l’espèce qui a été trouvée par DE RouGEemMonT dans l’eau d’un puits du laboratoire d'anatomie de (1) Dans ce mème puits aurait été trouvée, d’après M. P. Fiscuer (52) une espèce de Pisidium qui n’a pas été déterminée. Des animaux du même genre ont été aussi rencon- trés dans les grottes de Falkenstein et d'Adelsberg ; ils n’ont pas été davantage étudiés, — 174 — Munich (21 p. 37); on la trouve en abondance dans les alluvions de l’fsar où, lors des grandes crues, elle est apportée de la nappe souterraine par les eaux. 50 B. turrilum CLESSIN. — Souterrain du Regnitz près d’Erlangen en Bavière. 6° B. tschapecki CLESSIN. — Caverne de Sauriah en Carinthie. 70 B. Letourneuxi BourGT. — Rivière de la caverne de la Planina en Carniole. So B. africanum BourGr. — Puits artésien de Tuggurt (Algérie). A tous ces Gastéropodes encore bien insuffisamment connus, on pourrait peut-être encore ajouter, comme membres de la faune souterraine : Bithynella sorgica CouraGxe. — Cette espèce, décrite en 1881, a été trouvée dans le gouffre d’où jaillit la fontaine du Vaucluse au moment des grandes eaux. Paludinella Anianensis et Palud. eustrepha PALADILHE. — De plusieurs localités du midi de la France (sources de la Font-Cauquillade, de St-Guilhem, le Désert, sources du Lez (Hérault) etc. (CF. BouRGUIGNAT : Bithiospœum, p. 13). 66° Ancylus Sandbergeri WIEDERSH. ? — J'ai trouvé un seul individu de cette espèce dans le réservoir d’Emmerin. Il est au moins très voisin de VA. fluviatilis; la coquille était d’assez petite taille, translucide, un peu marquée de rouille, lanimal était d’un rose pâle, par quoi la coquille avait la teinte des Bithynella vivan- tes. Conservé quelque temps en captivité il pondit un chapelet d'œufs qui, malheureusement n’évoluèrent pas. WIEDERSHEIM (16) à donné ce nom de Sandbergeri à un Ancylus voisin de l'A. fluviatilis qu'il a rencontré dans la grotte de Falkenstein où FRies semble Fly avoir retrouvé. Citons encore à propos de cet hôte des eaux obscures une localité qui n’a pas été relevée que je sache : les collections de la Verein für vaterländische Naturkunde in Würt- temberg, contiennent un Ancylus fluviatilis qui provient du puits de l'hôpital de Stuttgart (1). (4) Jahresheîfte des Vereins für vaterl. Naturk. in Württemberg, t. XXX (1874) p. 7. — 175 — 67 et 68° En outre des espèces précédentes qui portent d’une manière indiscutable la marque du milieu obscur dans lequel elles vivent et que l’on doit ranger sans hésiter parmi les représentants de la faune souterraine, nons citerons encore deux Gastéropodes qui se trouvent communément dans les réservoirs d'Emmerin et qui ne sont nullement modifiés par le manque de lumière : ce sont les Planorbis complanatus L. et la Limnæa limosa L. On sait que cette dernière espèce est susceptible de se plier aux conditions de milieu les plus différentes et qu’on la trouve aussi bien, par exemple, à une grande altitude (var. glacialis Dur.) que dans les eaux chaudes des Pyrénées (var. thermalis BOouBée). COPEÉPODES Les Cyclops sont fort communs à Lille dans les eaux des puits et plus communs encore dans les eaux d’Emmerin. J’en ai aussi trouvé, sans exception, dans tous les puits des différentes localités dont j'ai pu examiner les eaux, dans ceux d’Attiches, de Douai, de St-Amand, de Valenciennes, de Merville, de Bruay-les-Mines (Pas-de- Calais) comme dans les eaux des mines de Meurchin et dans un puits de Cayeux-sur-Mer (Somme). Ce sont les plus fréquents des habitants des eaux souterraines et je ne doute pas qu'on ne Îles retrouve partout. À Lille il suffit, pour s’en procurer de nombreux individus de plusieurs espèces, de filtrer pendant quelques heures l'eau qui s'échappe d’un robinet de la distribution d’eau. Tous les individus que nous avons observés étaient absolument incolores, mais la plupart étaient pourvus de leur pigment oculaire et de leurs cristallins : à plusieurs reprises nous en avons vu à la vérité, qui étaient dépourvus de pigment, mais le fait nous à paru accidentel, et aucune espèce ne le présentait plus spécialement, pas plus à l’état adulte, qu'à l’état larvaire. Au reste, VEJDOvVSKY n’a jamais rencontré de Cyclops aveugle dans les eaux obscures de Prague. Nous n'avons relevé les noms que de six espèces de Copépodes comme habitant les eaux souterraines de notre pays, ce sont les Cyclops agilis Kocn, C. fimbriatus Fiscn, C. pulchellus Kocn, C. strenuus Fiscn, C. viridis Fisca, Canthocamptus staphylinus Jur., — 176 — mais on en à cité plusieurs autres qui vivent dans les mêmes con- ditions, comme les Cyclops hyalinus (1) et anophthalmus Joserx, des grottes de Ja Carniole (2) ces deux dernières sont des espèces aveugles; les Cyclops cœcus, subterraneus et serratus ont été trouvés par Prarz dans les puits de la ville de Munich (3). Ces ani- maux ne sont pas figurés ou sont imparfaitement décrits, ce qui rend difficile leur comparaison avec les formes bien connues. Pour ce qui concerne les espèces de PRATzZ, en particulier, nous regrettons que l’absence des planches à l’exemplaire du mémoire si rare de cet auteur que nous avons entre les mains, nous ait empêché de chercher à les identifier avec d’autres formes qui appartiennent à la faune de la surface. Nous ne doutons pas, d’ailleurs, que l’on ne puisse rencontrer dans la nappe souterraine tous nos Copépodes de surface, et même, en outre des genres cités plus haut, une espèce du genre Diaptomus, a été trouvée par VeJpovsxky dans un puits de Prague (Diapt. castor). 69% Cyelops agilis Kocx (syn. de C. serrulatus Fiscx.) — Ce Cyclops est assez commun dans le réservoir d’Emmerin et par conséquent dans la distribution d’eau de la ville; je lai trouvé également dans les puits d’Attiches et de Merville. — C’est un hôte habituel des eaux souterraines car Vegspovsky l’indique dans plu- sieurs puits de Prague (4) et VossELER dit avoir rencontré dans les eaux de la « Nebelhôühle » à Reutlingen (Alpes de Souabe) un individu de cette espèce chez lequel lœil était très faiblement pig- menté, mais qui ne présentait aucune réduction dans létendue de l’organe ni dans les caractères des cristallins (5). D’après ce que nous avons dit plus haut ce serait 1à un fait accidentel. (1) Le nom de Cyclops hyalinus imposé en 1880 (par RenBerG, Beitrag zur Kenniniss der freilebenden Süssiwasser Copepoden) à une forme intéressante trouvée dans les fossés de la ville de Brème, a été donné en 1882, par Gustave Josern, dans son beau travail sur la faune des grottes de la Carniole (v. infra), à une forme différente et dont le nom devra par conséquent être changé, si elle est maintenue au rang d'espèce; on pourrait la dédier au savant médecin de Breslau et l'appeler C. Josep hi. (2) Gustave Josepx : Erfahrungen im wissenschaftlichen Sammeln und Beobach- Len der den Krainer Tropfsteingrotten eigenen Arthropoden. Berliner entomologischen Zeitschrift, t. 25 (1881) et 26 (1882). (3) E. Prarz. — Ueber einige im Grundiwasser lebende Thiere. Beitrag zur Kennt- niss der unterirdischen Crustaceen. St-Petersburg 1866. (4) F. Vespovsky : Thierische organismen der Brunnenwasser von Prag p. 63. (5) J. Vossezer : Die freilebenden Copepoden Wuürttembergs und angrenzender Gegenden. Jahresheîte des Vereins für vaterl. naturk, in Württemberg 1886 p. 177. M — 10° Cyelops fimbriatus Fiscx (syn. de C. pauper Friç et C. cras- sicornis Sars). — Cette espèce, fort commune dans toutes les eaux de surface de notre pays, est la plus fréquente dans ses eaux sou- terraines : distribution d’eau d’Emmerin; différents puits de Lille, Saint-Amand, Merville; Rhizomorpha des mines de Meurchin ; je lai aussi trouvée dans un puits à Cayeux-sur-Mer (Somme) — Vrj- povsky l’a observé dans presque tous les puits dont il à examiné les eaux et R. SCHNEIDER l’a trouvé avec beaucoup d’autres ani- maux dans les masses spongieuses remplies d’eau que forment les Rhisomorpha sur les parois des mines de Burgk, près Dresde (54). Ce dernier auteur cite le Cyclops fimbriatus comme ayant été observé par lui dans les eaux de presque toutes les mines qu’il à étudiées dans le Harz (50). 71° Cycelops pulchellus Kocx (syn. C. bicuspidatus Claus). — Cette espèce, qui est très commune dans les eaux de la surface par tout le pays, à été omise dans la liste que j'ai publiée des Entomostracés des environs de Lille (1). Le Cyclops pulchellus est commun dans les eaux d’Emmerin et je l'ai trouvé dans presque tous les puits de Lille. Je lai obtenu aussi de Saint-Amand, grâce à l’obligeance de M. Julien, pharmacien, à qui je dois d’avoir pu examiner les eaux des puits de cette localité — C’est d’ailleurs une espèce fréquente dans les eaux souterraines car Friç (2) lui donne déjà le nom de Cyclops des puits (Der Brunnen Hüpferling) et il a été trouvé dans plusieurs puits de Prague par Vespovsky. Il faut rapporter au Cyclops pulchellus, avec VosseLer (3), le Cy- clops helgolandicus indiqué dans les puits de l'ile d’Helgoland par REBBERG (4). D’après l’observation de cet auteur le Cyclops helgolandicus diffère du Cyclops pulchellus par sa taille plus petite, par ses antennes () R. Monrez : Liste des Copépodes, Ostracodes, Cladocères et de quelques autres Crustacés recueillis à Lille en 1886. Bulletin de la Soc. zoolog. de France t. XIII (1887). (2). A. Fric: Die Crustenthiere Bühmens. Prague 1871. (3) J. VosseLer. Die freilebenden Copepoden Württembergs und angrenzender Ge- genden. Jahresh. des Vereins für vaterl. Naturk. in Württemberg 1886 p, 19%. (4) H. RenBerG : ZWei neue Cruslaceen aus einem Brunnen in Helgoland, Zoolo- gischer Anzeiger t. 3 (1880) p. 301. — Weitere Bemerkungen über die freilebenden Susswässer Copepoden. Abhandlungen der naturw. Vereins Bremen, t. VIII (1880) p. 63 et 65 et Beiträge zur Naturgeschichte niederer Crustaceen {/Cyclopiden und Cypriden), ibid., t. IX (1884). — 178 — partagées en 14 articles au lieu de 17, par l’article basal de la ve paire de pattes qui est notablement plus court et par une moindre longueur de la seconde soie externe de la queue; mais ce sont là des caractères insuffisants pour le différencier d’une espèce aussi variable que le C. pulchellus, d'autant que, d’après les observations de REHBERG lui-même, le C. helgolandicus possède exactement, à l’état parfait, les caractères que présente le €. pulchellus après sa troi- sième mue; il y aurait là une sorte de cas d’atavisme, déterminé peut-être par la faible salure des eaux du puits où l'animal à été observé (0,743 °/o). REHBERG, à propos de cet animal, cherche à fixer le temps qui a été nécessaire pour en modifier les caractères : le puits, dit-il (35), a été creusée en 1809, il est resté à cette époque longtemps décou- vert, et il est très vraisemblable que le Crustacé y est arrivé à ce moment : 71 ans ont donc suffi pour déterminer ces différences. Il nous parait difficile d'admettre ce raisonnement, car il est bien plus vraisemblable de penser que le Cyclops en question est venu dans le puits par les fissures du sol, à une date que l’on ne peut fixer, par conséquent. 12 Cycelops strenuus FISCHER (syn. de C. brevicaudatus Claus). — Le Cyclops strenuus est fréquent dans les réservoirs d’Emmerin et je lai trouvé dans presque tous les puits dont j'ai examiné les eaux. Il n’a pas été rencontré par VEeJpovsky à Prague. 73° Cycelops viridis Fiscx — Cette grande et belle espèce est commune dans toutes les eaux souterraines du pays. Non observé à Prague par VEJDOvsKkY. 74° Canthocamptus staphylinmus JUR. — Je n'ai pas souvent trouvé cette espèce qui doit échapper facilement à cause de sa petite taille. Eaux d'Emmerin, puits de la place Philippe-le-Bon, à Lille, puits à Cayeux. Une autre espèce du même genre le C. minutus a été trouvée par R. Scanelber dans les Rhizomorpha des mines de Burgk. Brady (1) a décrit sous le nom de Canthocamptus cryptorum une espèce de ce genre très remarquable par son genre de vie : le plafond d’une houillère de Cramlington, près de Newcastle, est dans un état constant d'humidité grâce à l’infiltration de l’eau et il s’y dé- (1) Brapy G.-St. : Description of an Entomostracan inhabiling a Coal mine Quart. Journal of microscop Science, t. 17 (1869), p. 23. — 179 — veloppe des algues au milieu desquelles vit le Canthocamptus en question. Bien que quelques auteurs en aient dit, cet animal est très distinct du Canth. minutus et il se rapproche plutôt, par les caractères tirés de la 5e patte, du Canth. fontinalis de REHBERG (1) ou du C. staphylinus Jur. Brapy ne nous renseigne pas sur l’œil de cet animal. PackarD (2) a décrit sous le nom de C. cavernarum un Cantho- camplus pourvu de son appareil oculaire, qu'il à trouvé dans la grotte du Mammouth, dans le Kentucky. Citons encore une variété du Canthocamptus minutus trouvée par SCHNEIDER dans les Rhizomorpha de Burck : l'animal différerait du type par son bec plus développé et son œil en régression. L'auteur ne dit rien de la 5° paire de pattes. OSTRACODES Les Ostracodes cités jusqu'ici dans les eaux souterraines sont peu nombreux : mentionnons la Cypris eremita Vesp., fréquente dans les puits de Prague et la Cypris stygia Jos. de la grotte de Podpèc en Carniole : cette dernière, d’après G. Josepx qui l’a étudiée, serait voisine de la Cypris ovum : elle est aveugle. La C. eremita, pourvue d’un œil dans sa jeunesse deviendrait aveugle en passant à l’état d’adulte (3). Nous n'avons pas observé ces deux intéressantes espèces, mais nous avons assez souvent rencontré les types suivants dans nos eaux souterraines : 15 Cypris reptans BaiRD. — C’est l'espèce que nous avons ren- contrée le plus souvent dans les eaux souterraines, tant dans les puits qu'aux réservoirs d’Emmerin ; elle est blanche, presque com- plètement transparente, tandis que dans les eaux de surface elle est verdâtre, souvent marquée de bandes oranges ou brunes; les yeux nous ont paru normaux. Nous avons remarqué que, malgré la ri- chesse en calcaire de nos eaux, la coquille est souvent si peu char- (1) ReugerG H. : Weit. Bemerkung etc. Abhand. d. nat. Vereins Bremen 1880, p. 66. (2) PackarD A.S, jr: Zoology for students and general readers. New-York 1879 p. 29 fig. 238. (3) Cr: Vespovsxy F. : Thierische organismen der Brunnenwasser von Prag. p. 64 et G. Josepx Erfahrungen im wiss. Sammeln u. Beobachten der den Krainer Tropfstein- grotlen eigenen Arthropoden Berliner entomolog. Zeitschrift, t. 25 (1881) et 26 (1882). — 180 — oce de matières minérales qu'elle devient dépressible sous une aiguille et ne se brise pas. — REHBERG (1) dit avoir trouvé la Cypris ornata Jur. dans les récoltes faites par Poppe dans les citernes de l’île d’Helgoland: c’est une espèce bien voisine de la C. reptans ! 160 Candona candida 0. F. MüLLer. — Moins commune que la précédente ; absolument incolore: les jeunes ni les adultes ne soat aveugles; on voit d'ordinaire, pendant l'été, un mâle sur deux indi- vidus; les mâles sont aussi très fréquents quand l’espèce vit à la lumière mais je n’en ai jamais noté une si forte proportion. Remarquons cependant que VEspovsky, qui l’a rencontré dans les eaux sou- terraines à Prague, n’a vu que des femelles. 11 €Candona compressa KocH. — Egalement incolore; peu commune dans les eaux du réservoir d'Emmerin. 180 Cypridopsis aculeata LiLLIJEB. — Je n'ai pas trouvé cette espèce dans les eaux souterraines du département du Nord et je ne sache pas, d’ailleurs, que l'animal y vive dans les eaux de la sur- face, mais je l'ai rencontrée en abondance en août dernier, dans un puits de la rue du Bout-d'Aval à Cayeux-sur-Mer (Somme); elle était là d'un vert gris päle, marquant par conséquent une certaine ten- dance à devenir incolore et beaucoup plus pàle que les individus des eaux de surface, si communs dans ce dernier pays. Par Ja forme de la coquille et par les piquants très caractéristi- ques qui la hérissent, le Cypridopsis aculeata à quelques traits de ressemblance avec la Cypris eremita VEgpb., mais il ne faudrait pas confondre ces deux formes et la C. eremita, d'aprés les dessins du savant professeur de Prague est bien une Cypris. CLADOCÈRES 19% HDaplhnia Schoœtfferi Barr». — Cette espèce, très commune dans les environs de Cayeux-sur-Mer, vivait en abondance dans le puits de cette localité dont j'ai examiné les eaux. Les individus de cette provenance que j'ai observés étaient tous de taille notable- ment plus petite que le type. (1) RenserG H. Weilere Bemerk. üb. die freilebenden Süssw. C'opepoden. Abhandi d. naturw. Vereins Bremen t. 7, p. 63. — ISI — 80° Daphnia pennata O.-F. MüLLER. — J'ai trouvé des cada- vres appartenant à la forme de cette espèce qui est pourvue d’un large palpe et sur laquelle j'ai attiré l'attention ailleurs (1), dans un puits de la rue d’Arras à Lille. — Notons à ce propos que le savant M. Porpe, de Vegesack, dont nous avons mis souvent l’obli- geance à contribution, à trouvé dans des citernes de l'île d'Helgoland une forme bien voisine de celle-ci, avec laquelle elle est d’ailleurs souvent confondue la Daphnia pulexæ en même temps qu'un « petit Cladocère qui se rapproche beaucoup de la D. pulex » (2). 81° Ceriodaphnia reticulata JUR. — Je n'ai pas trouvé cette espèce dans les eaux souterraines de la ville de Lille, bien qu’elle soit commune dans les eaux de surface des environs de cette ville, en revanche elle n’était pas rare dans le puits de Cayeux, dont j'ai parlé à plusieurs reprises au cours de ce travail. Au lieu de pré- senter la coloration rouge brun intense de tous les individus qui vivent à la lumière, ceux-ci étaieut incolores, mais l'œil ni l'ocelle ne présentaient aucune modification appréciable. 822 Camptocereus rectirostris SCHOŒDL. — J'en ai trouvé un seul individu, faiblement coloré, dans l’eau du réservoir d'Emmerin. Cette belle espèce, d’ailleurs, n'est pas très commune dans lé pays. 83 Alona costata Sars. — L’Alona costata est très commune dans la vase qui se dépose au fond des réservoirs d’Emmerin ; c’est sans doute parce qu'elle ne vient pas habituellement à la surface, que je ne lai jamais rencontrée dans l’eau des puits. Aucun des individus observés n'était aveugle: la plupart étaient incolores, quelques-uns faiblement colorés et J'en ai même trouvé qui ne présentaient aucune différence de coloration avec les individus qui vivent à la lumière — comme s'ils n'étaient pas nés dans le ré- servoir et étaient arrivés directement dans la nappe souterraine d’où ils auraient été entrainés avec l’eau jaillissante au bout de très peu de temps. S4° Pleuroxus truneatus O. F. MüLLER. — Assez commun (A) Cf. Matériaux pour servir à l'étude de la faune des eaux douces des Açores par Tu. Barrois. IV Crustacés : Ostracodes, Cladocères, Branchiopodes, par R. Moxixz, Lille, 1888, p. 13. (2) Cf. RenBERG H.: Weit. Bemerk. üb. die freileb. Suüssw. Copep. Abhandl, d. naturw. Vereins Bremen, 1888, p. 65. — 182 — dans la vase qui se dépose au. fond des réservoirs d’Emmerin ; la plupart des individus sont incolores, quelques-uns sont colorés. 83e Pleuroxus trigonellus 0. KF. MüzLer. — Je n’ai pas trouvé cette espèce dans les eaux souterraines de Lille, mais elle était assez fréquente dans le puits de Cayeux; l’animal était inco- lore ; l’œil et l’ocelle étaient normalement développés. REHBERG a décrit sommairement (34 et 35) un Cladocère qu'il considère comme d'espèce nouvelle et dénomme Pleuroxrus puteanus. Cet animal a été trouvé dans un puits de l’île d’'Helgoland, et REHBERG attribue l'apparition de ses caractères spécifiques à l’action de l’eau faiblement salée de ce puits. Pour l’auteur allemand, ce Pleuroxus descend du Pl. trigonellus O. F. Müzcer, dont il possède l’armature post-abdominale, en même temps qu'il a la forme générale du Pleuroxus hastatus. À notre avis, tous les caractères attribués par REHBERG au Pl. puteanus, surtout ceux qui sont tirés de la forme de l’appendice labial, con- cordent absolument avec ceux du Pl. trigonellus et, jusque plus ample information, nous considérons les deux formes comme ne constituant qu’une seule espèce. 86° Chydorus sphœricus O. K. MüLLer. — J'ai rencontré plusieurs fois cette espèce aux réservoirs d’'Emmerin et sa décoloration seule la distinguait du type qui vit si communément dans les eaux de sur- face. C’est la seule espèce de Cladocère trouvée dans les eaux sou- terraines de Prague. Ajoutons maintenant, pour terminer ce qui à trait aux Clado- cères, que R. Scaneber (55) cite sous le nom de Daphnia sp. (!!) une espèce qui, d’après l'inspection du dessin qu’en donne cet au- teur, n’est autre que le Leydigia acanthocercoides Fisca : elle vit, dit-il, en énorme quantité dant la vase d’une flaque boueuse dans la mine « Hilfe-Gottes » à Grund, dans le Harz. — L'espèce en question est également limicole dans les eaux de surface. (A suivre). — 183 — PREMIÈRE LISTE DES GALLES OBSERVÉES DANS LE NORD DE LA FRANCE PAR "H ROCKEU Préparateur d'Histoire naturelle à la Faculté de Médecine de Lille. Licencié ès-Sciences. (Fin) TENTHRÉDINIDES Galles du Saule Nematus gallicola WESTER. {Nematus Vallisnerii Hart.) Cette galle, très commune dans notre région, est visible sur les deux faces de la feuille du Saule blanc {Salix alba) et du Saule Marceau (Salix caprea); de forme ellipsoide, verte, plus ou moins teintée de rouge, uniloculaire, elle peut atteindre un centimètre de longueur et ressemble à un haricot. D'après André, l’insecte parfait éclot en Mai et Septembre. Nematus viminalis L. Plus rare que la précédente, cette galle se développe sur la ner- vure médiane et à la face inférieure des feuilles des Saules pourpre et cendré {Salix purpurea L. et Salix cinerea L.) Elle est sphérique, tuberculeuse, lisse ou velue, de couleur en partie jaune verdâtre, en partie pourpre, de la grosseur d’un pois et uniloculaire. On peut observer ces deux galles de Nemalus de Juin à Octobre dans tous les endroits humides. HÉMIPTÈRES HOMOPTÈRES PSYLLIDES Psyllopsis fraxini L. Galloïde (1) résultant de l’enroulement marginal des folioles du [e) Frêne commun {Fraxinus excelsior). Très fréquente en Septembre. (1) Édouard PERRIS appelle galloïde toute hypertrophie ou déformation permettant de voir les larves par le simple écartement, le déroulement ou le soulèvement des parties qui les abritent, PNA ee Cecidomyia loti DE GEER. Les larves de ce diptère vivent en société dans le calice du Lotier corniculé ( {Lotus corniculatus L.) et y déterminent une intumescence. Dunes de Cayeux-sur-Mer (Somme). — Assez rare. APHIDES 1o Galles de l'Orme Tetraneura ulmi DE GEER. Cette galle d’un vert jaunâtre, uniloculaire, portée sur un pédi- cule plus ou moins long, est située à la face supérieure des feuilles de l’Orme champètre {Ulmus campestris). Très commune dans nos bois et nos jardins. Schizoneura lanuginosa HART. Galle vésiculeuse, verdâtre, pouvant atteindre la grosseur d’une noix, à surface marquée de nombreux sillons. Elle est visible de Mai à Octobre sur les feuilles de l'Orme champêtre et donne asile pendant l'hiver à de nombreux insectes et surtout à des araignées. 2 Galles du peuplier. Pemphigus bursarius L. Galle subsphérique ou corniculée, verdâtre, portée sur un pédicule présentant une ouverture bordée de grosses lèvres irrégulières. Elle se développe sur les jeunes rameaux du Populus nigra L. Très commune partout de Mai à Octobre. Pemphigus spirothecae PASS. Cette galle est une des plus curieuses et des plus communes de notre région. Elle est surtout visible en Août et Septembre et consiste, à première vue, en un renflement spiralé des pétioles du Peuplier noir ({Populus nigra L); « En examinant de près cette formation, on ne tarde pas à y remarquer une fente qui décrit autour d'elle une spire à un ou deux tours et dont les bords s’écartent avec facilité dès qu'on vient à tirer sur les deux extrémités du pétiole, laissant voir l'intérieur de la galle. On s'aperçoit alors que cette formation curieuse est creusée d’une cavité dans laquelle s’agite une multitude d'Aphidiens de forme, de couleur et de grosseur différentes au milieu — 185 — d’un nombre considérable de gouttelettes d'un liquide légèrement opalin et des dépouilles blanchâtres laissées par les insectes après leurs. .mues » (1). Pachypappa marsupialis Kocx. Galle allongée, faisant saillie dans le sens de la nervure médiane, à la face supérieure du limbe et s’ouvrant en dessous par une fente longitudinale à lèvres épaissies et irrégulières. Cette galle uniloculaire, de couleur vert jaunâtre, est placée sur les feuilles du Peuplier noir (Populus nigra, L.), généralement à la base du limbe. Beaucoup plus rare que la précédente, elle apparaît en Mai et tombe en Octobre. DIPTÈRES CECIDOMYIDES Galles du Saule. Cecidomyia marginemtorquens WT. Galloïde très abondant sur le Saule des vanniers (Salix vémi- nalis L.); il résulte de l’enroulement des deux bords du limbe et présente une série de taches transversales jaunes et rouges. Certains arbres offrent ce galloïde sur presque toutes leurs feuilles, ce qui leur donne un aspect spécial. Endroits humides. Juin-Octobre. Cecidomyia rosaria Lw. « Roses du saule ». Cette galle a l’aspect d’une fleur épanouie; elle est située à l'extrémité des jeunes rameaux du Saule blanc (Salix alba). Très commune au bois d'Emmerin. Cecidomyia capreæ WINN. Petites galles pustuleuses, dures, se développant en assez grand nombre sur les feuilles du Saule Marceau {Salir caprea) et visibles surtout à leur face inférieure. Assez commune. Bois d'Ohlain (Pas-de-Calais). (1) Courcuer : Étude sur les galles causées par des Aphidiens in Mém. Sect. des Science. de lP'Acad. des Science. et Lett. de Montpellier, tom. X, fase. 1, 1880. — 186 — Cecidomyia salicis SCHK. Les larves de ce diptère provoquent des galles ligneuses, sphé- riques, glabres et de la grosseur d’un pois sur les rameaux des Salix cinerea, aurita et caprea. Assez commune dans les bois d’Ohlain et de Bruay (Pas-de-Calais). Cecidomyia clausilia BREM. La larve de ce diptère se développe dans de petits bourrelets verdàtres en forme de croissants situés au bord des feuilles du Salir alba et du Salir caprea. Cette galle est assez commune aux environs de Lille. — Fortifications. Galles diverses Cecidomyia veronicae VALL. La Véronique petit chène (Veronica chamædrys L.), très abondante dans notre région, présente souvent à l'extrémité de ses tiges une déformation spéciale, d'un blanc grisàtre et pubescente provoquée par ce diptère. Cette galle est très commune dans les champs, les jardins et les bois. ‘ecidomyia ulmariæ BREMI. Galle conique, uniloculaire, verdàtre, à extrémité inférieure blan- châtre et pubescente, visible sur les deux faces de la feuille. Ces salles sont ordinairement réunies en petits groupes sur le limbe des feuilles de la Reine des prés (Spiræa ulmaria L.) Elles sont très communes dans nos prairies. Cecidomyia Reaumurii BREMI. On trouve assez souvent cette galle, au mois d’Aoùt, à la face supé- rieure des feuilles de la Viorne Mantienne (Viburnum Lantana). Bois montueux du Pas-de-Calais. Cecidomyia sonchi BREMI. Les larves de ce diptère produisent sur les feuilles du Laiteron maraicher {Sonchus oleraceus L.) de petites élevures brunâtres, saillantes à la face supérieure et alignées en séries le long de la nervure médiane. J'ai fréquemment observé ces productions gallaires pendant les mois de Juillet et Août aux environs de Lille. — 187 — Cecidomryia vitis LICHT. Cet insecte produit sur les feuilles de vigne des déformations faisant saillie également sur les deux faces de l’organe et présentant leur ouverture à la partie inférieure ; ces caractères les distinguent des galles du phylloxera qui ne sont saillantes qu’en dessous et s'ouvrent à la partie supérieure. Ces galles qui se présentent toujours en nombre restreint sur les différentes espèces de vignes cultivées dans nos jardins s’observent disséminées çà et là dans notre région. Cecidomyia persicariæ L. Galloïde en rouleau marginal, primitivement d’un jaune verdâtre» devenant d’un rouge cerise très vif à maturité, visible sur les feuilles du Polygonum amphibium L. Très abondant jusqu’en Septembre dans les prairies et les champs, et dans les endroits humides. Cecidomyia corni GIRAUD. Kirchner attribue à cet insecte des galles de la grosseur d'un pois, dures, de forme variable, généralement coniques, visibles sur les deux faces, mais surtout à la face inférieure, des feuilles du Cornouiller sanguin {Cornus sanguinea L.) Cette galle que j'ai fréquemment observée au mois d’Aoùt dans notre région, toujours en petit nombre (1 à 8) sur une même feuille et contre la nervure médiane, est d'une couleur verdàtre, parfois d’un rouge vif sur sa face supérieure. Son sommet est assez souvent bifurqué. Galles du Hétre Hormomyia fagi HART. Galle conique, papilliforme, verte au début, devenant d’un rouge carmin très vif à maturité, uniloculaire, d'environ un centimètre de hauteur, située à la face supérieure des feuilles du Hêtre com- mun (Fagus sylvatica L.), le plus souvent sur les nervures et en nombre très variable. J'ai observé dans le bois de Bon-Secours des feuilles de Hêtre littéralement couvertes de ces galles. C'est dans les avenues el à la limite des bois qu'elles sont surtout fré- quentes. — 188 — Hormomyia piligera H. Lœw. Cette petite galle, uniloculaire, de forme pyramidale, jaune ver- dâtre au début, devenant brunâtre à maturité, peut acquérir cinq millimètres de hauteur. On remarque fréquemment à son extrémité des prolongements disposés radialement, qui lui donnent l'aspect d’un petit polypier. Sa surface est recouverte de poils bruns très bril- lants. Elle est située en nombre variable, à la face supérieure des feuilles du Hêtre commun (Fagus sylvatica L.), de chaque côté de la nervure médiane. On observe cette galle comme la précédente du reste, dans la plupart de nos bois de Juillet à Octobre. Galle du Tilleul Hormomyia Reaumuriana F. Low. Galle de forme cylindrique, uniloculaire, d’un brun jaunâtre. Visible sur les deux faces de la feuille du Tilleul commun (Tilia grandifolia Exr.). Commune dans les bois et les avenues dès le mois de Mai. e MUSCIDES Trypeta serpylli KIRCHN. Intumescence velue et blanchâtre, analogue à celle de la Véro- nique, apparaissant au niveau de l’inflorescence du Thym serpolet (Thymus serpyllum). — 189 — TABLÉ ALPHABÉTIQUE DES PLANTES CITÉES DANS CE TRAVAIL avec le nom des insectes gallicoles observés sur chacune d'elles Acer platanoïides (Erable platanoïde ou Faux sy-}) SO ‘ {Bathiaspis aceris Acer pseudoplatanus $ (Erable faux platane ou Syco- SIDEETS ° MOLE ; c Cornus sanguine (Cornouiller sanguin). . + .« « Cecidomyia corni. Hormomyia fagi. puis sylvatioa (Hêtre commun). | Moon a piligera. Fraxinus excelsior (Frène commun). . . . . . . Psyllopsis fraxini. Glechoma hederacea (Lierre terrestre). . . . Diastrophus glechomæ. Hieracium murorum (Epervière des murs). TOME Hieracium umbellatum (Epervière en ombelle), fe -Aulax hieracii. Lotus corniculatus (Lotier corniculé). . . . . . Cecidomyia loti. Polygonum amphibium (Renouée amphibie). . Cecidomyia persicari®. É î Ï Pachypappa mursupialis. Populus nigra (Peuplier noir). . . . . . . . . Pemphigus bursarius. Pemphigus spirothecæ. Psamma arenaria (Oyat). . . . .. . . .« «+ Eurytoma longipennis. Qüercus pedunculata (Chêne rouvre . Quercus sessiliflora (Chène blanc). Rosa canina et autres espèces sauvages 23 espèces (1). Rhodites rosæ. Nnodites eglanteriæ. e mt Rosa pose cts PHBPrSRCNS . . . Rhodites spinosissimæ. Rubus (Ronce) . ne AI NE eNe rare Diastrophus rubi. Cecidomyia clausilia. SAUT U(SAUlE DIANC) CO RE OS dE rosaria. Nematus gallicola. Salix aurita (Saule à oreillettes, vulg!' Petit Mar- CAUSE EE NE ee EN ET RO RTE Cecidomyia salicis. Abe capreæ. Cecidomyia salicis. \ Cecidomyia clausilia. (ÉSCMAnsAS salicis. Nematus viminalis. Salix caprea (Saule Marceau). Salix cinerea (Saule cendré) , . Salix purpurea (Saule à une étamine, vulg! osier rouge) . Nematus viminalis. Salix viminalis (Saule des vanniers , vulg! osier blanc) . . . . . Cecidomyia marginemtorquens. Sinapis arvensis (Moutarde ‘des champs) . . . . | Geutorhynchus contractus. Sonchus oleraceus (Laïîteron âpre) . . Cecidomyia sonchi. Spiræa ulmaria (Spirée ulmaire, vulg' Reine des prés . . . . . . . Cecidomyia ulmariæ. Thymus serpyllum (Thym serpolet). ete eh nypeta Senpyllt: Tilia grandifolia (Tilleul commun) _. . . . . . Hormomyia Reaumuriana. - : RS AA a Schizoneura lanuginosa. DR campestris (Orme champêtre) . . . . . . ITetraneura UD J Veronica chamædrys (Véronique petit-chène) . . Cecidomyia Veronicæ. Viburnum Lantana (Viorne cotonneuse). . . . . Cecidomyia Reaumurii. Vitis (Vignes de diverses espèces) , . . . . . . . Cecidomyia vitis. () Voir plus haut le tableau analytique spécial, — 190 — CONTRIBUTION À L'ÉTUDE PHOTOMÉTRIQUE du spectre d'absorption du sang chez diverses espèces animales Par E. LAMBLING Professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Lille. On sait que les coefficients d'extinction d’une solution colorée déterminés pour diverses régions d’un spectre d'absorption sont entre eux dans un rapport constant pour chaque matière colorante, quel que soit le degré de concentration de la solution. Ce rapport est égal à l'inverse du quotient des rapports d'absorption relatifs à ces mêmes régions. Soient, par exemple, A, et A: les rapports d'absorption d’une matière colorante pour deux régions spectrales ; Soient, ! d'autre partners Deut re0 Mtet ent en TUE SR IE coeflicients d'extinction respectifs que présentent, pour ces mêmes régions, une série de solutions de cette matière colorante, de concen- trations variables, il vient: el 1 GI A » e e’? BC A TS Ainsi, lorsqu'on détermine à l'aide du spectrophotomètre de Hüfner, les coeflicients d'extinction &, €, d’une solution de sang de chien, saturé d'oxygène, pour les deux régions D32E—D53E (espace compris entre les deux bandes) et DGSE — D 84 E (région Un . € . de la deuxième bande), on constate que le quotient? est sensi- 0 blement constant et égal à 1.339 quelle que soit la concentration des solutions observées. D'autre part, si à l’aide de solutions titrées d'oxyhémoglobine de chien, on mesure les rapports d'absorption A6 No dans les mêmes régions spectrales, il vient A, — 0,001880 A, —= 0,001403 A, 17 —: 1,94 le Ce résultat démontre qu'il y a identité optique entre le sang de chien et l’oxyhémoglobine cristallisée qn’on peut retirer de ce sang, ce qui n'était pas évident a priori, et inversement que toute valeur ER du quotient notablement différente de 1,34, permet de conclure à la €os présence, dans le sang examiné, d’une ou de plusieurs matières colorantes anormales ou étrangères. En outre, Hüfner et ses élèves(1) ont montré que le sang humain et celui d’un certain nombre d'espèces animales (lapin, cheval etc..); présentent également pour les mêmes régions spectrales un quotient —<- sensiblement égal à 1,34. Si cette coïncidence ne démontre pas absolumeut l'identité optique de ces diverses espèces de sang, elle la rend du moins infiniment probable, car il est difficilement admissible que les valeurs de A,, A, diffèrent d’une espèce à l’autre, mais toujours de telle façon que leur rapport reste constant. Il est donc permis de faire servir au dosage de l’oxyhémoglobine chez homme, le lapin, ete.…., les constantes A4, À”, de l’oxyhémoglobine de chien. Ces quelques indications montrent suffisamment l'intérêt que présente pour la chimie pathologique et la physiologie comparée du sang, l'étude de ces constantes photométriques (2). Les déterminations faites jusqu’à présent n’ont eu pour objet que le sang de l’homme et celui de quelques mammilères domestiques (3). Le photomètre employé était le plus sou- vent l’appareil à plages juxtaposées de Hüfner (4), plus rarement celui de Vierordt (5). J'ai repris ces mesures dans le but de les étendre aux vertébrés à sang froid, et aux quelques invertébrés à sang rouge chez lesquels la présence de l’oxyhémoglobine a été démontrée avec certi- tude (6). Mes recherches ont porté jusqu'à présent sur les espèces suivantes : Mammifères : Bœuf, mouton, porc, cheval, chien. Vertébrés à sang froid : Grenouille, anguille, cyprin doré. Invertébré : Ver de terre {Lumbricus terrestris). (1) Orro : Untersuchungen über die Blutkôrperchenzahl, etc... (Pflüger's Arch. t. XXXVI, p. 12). (2) Pour de plus amples détails, voyez : LAMBziNG, Des applications de la spectropho- tométrie à la chimie physiologique. (Arch. de physiol. 1888, no 5., p. 25). (3) Von NooRpex, Zeitsch. f. physiol, Chemie, t. IV, 1880, p. 9. — Orro, loc. cit. — LAmBLinG, Thèse de Nancy, 1882, p. 138. (4) Orro, Loc. cit. . (©) Vierorpr. Die Anwendung des Spectralapparates sur Photometrie der Absorp- tionsspectren, etc... Tübingen, 1873. (6) Voyez à ce sujet KRüKENBERG, Vergleichend-physiologische Vorträge, Heidelberg, 1888, t. I, p. 29. — 192 — Chez les mammifères, la récolte du sang ne présentait aucune difficulté. Chez les vertébrés à sang froid, le liquide sanguin était puisé directement dans le cœur mis à nu, afin d'éviter le mélange de tout pigment étranger. Enfin chez le lombric, on mettait à nu le vaisseau dorsal, près de l’extrémité céphalique, c’est-à-dire aussi loin que possible des cellules pigmentées des glandes hépatiques qui entourent l'intestin. De plus, on avait soin de laisser intact le tissu conjonctif sous-jacent au vaisseau. En piquant ce dernier avec l'extrémité d’un tube de verre très finement étiré à la lampe, on parvenait à recueillir de petites quantités d’un liquide transparent et d’un beau rouge. Trois ou quatre individus fournissent amplement de quoi colorer fortement un à deux centimètres cubes d’eau (1). Avec ces divers échantillons de sang, on préparait des dilutions de concentrations variables, que l’on examinait au spectrophotomètre dans une cuve de Schulz, sous une épaisseur de un ou deux centi- mètres. L'appareil employé était le spectrophotomètre à faisceaux polarisés à angle droit et superposés de M. Trannin (2). Je donne ci-après le tableau complet (N° I) des résultats fournis par le sang de bœuf. On à désigné par & les coefficients d'extinction correspondant à la région spectrale D32E — D53E (en longueurs d'onde : de 566 à 592), et par &’, les coefficients d’extinction relatifs à la région D63E— DS4#E (en longueurs d’onde : de 546 à 534.) Dans la €’ °_, Pour troisième colonne, sont inscrites les valeurs du quotient {o) les autres variétés de sang, on s’est contenté d'indiquer les séries des valeurs obtenues pour ce quotient (Tableaux IT et II). TABLEAU I. (Sang de Bœuf) 8, SR 26 tee À — — RAS 0,72894 1,14390 1,514 0.63522 1,01404 1,60 0-64040 1,00520 1,57 0,47712 0,75488 1,58 0,42526 0,67992 1,60 0,40822 0,66266 1,62 0,3469% 0,54866 1.58 0,27748 0,43674 1,57 —— Moyenne : 1,586 (1) Je liens à remercier ici mon excellent collègue, M. le docteur Barrois qui a bien voulu se charger de faire pour moi ces délicates opérations. (2) J'ai donné ailleurs /Arch. de physiol. 1888, n° 8, p. 589) une description complète de cet instrument et du manuel opératoire. — 193 — TABLEAU II. Bœuf Pore Mouton Cheval Chien 1,57 1,60 1,59 1,57 1,61 1,60 1,64 1,64 1,99 1,97 1,57 1,97 1,63 1,60 1,64 1,58 1,62 1,60 1,59 1,64 1,60 1,58 1,58 1,59 — 1,62 1,60 1,61 _ æ 1,58 1,58 — — — 1,57 Es ce un is Moyennes : 1,586 1,598 1,608 1,584 1,615 TABLEAU III. Grenouille Cyprin doré Anguille Lombric 1,41 1,47 1,99 1,25 1,38 1,51 sl 1,27 1,42 1,47 1,55 1,23 1,40 1,41 1,49 5 Moyennes : -1,402 1,465 1,540 1;250 Malgré les oscillations assez considérables que présentent ces ré- 2 » . y € . sultats, on peut néanmoins considérer la valeur de— comme sensible- ment constante pour les cinq variétés de sang de mammifères examinées. Pour les vertébrés à sang froid, et plus nettement encore pour le seul invertébré qui à pu être étudié Jusqu'à présent, la valeur de cette constante diminue considérablement. À part cette différence, que les mesures photométriques pouvaient seules révéler, la position des bandes d'absorption et, en général, l'apparence du spectre sont les mêmes que pour le sang des mammifères. Ce qui devait surtout attirer l'attention, c’est l’écart considérable qui existe, pour le sang des mammifères, entre les résultats obtenus par Hülfner et ses élèves et ceux que m'a fournis l’appa- reil de M. Trannin. J'ai déjà signalé ce fait que la valeur des rapports d'absorption varie assez notablement selon la nature de l’appareil employé (1). C’est ainsi que von Noorden et Otto (2) qui se sont servis, l’un de lappareil primitif de Hüfner (3), l’autre du modèle (1) LamMBuiG, Arch. de physiol. 1888, no 8, p. 415. (2) Orro, Loc. cit. (5) HüeNer, Journ. f. prakt. Chem, &. XVI, 1887. — 194 — actuel, ont trouvé comme valeurs du rapport d'absorption de l’oxyhémoglobine de chien. Às A 0,001324 0,00100 (v. Noorden) 0,001880 0,001403 (Otto) J’ai trouvé, de mon côté, avec l’appareil de Vierordt : Ao A Chien... -... 0,001426 0,001049 Cheval ..... 0,001085 0,001005 As 0 reste sensiblement constant, ce qui revient à dire que si les coefficients d'extinction d’une même solution pour diverses régions spectrales varient en valeur absolue, quand on passe d’un de ces appareils à l’autre, par contre leur valeur relative reste sensiblement constante. Or, il n’en Mais on remarquera que malgré ces variations, le quotient 100 80 60 +0- 100 120 200 250 300 est plus de même pour lappareil de M. Trannin, qui fournit pour €’ Ë , r à — e une valeur notablement plus élevée, 1,61 en moyenne pour £o A0 , . . le sang de chien par exemple, au lieu de 1,34. La différence est si consi- dérable qu'évidemment les résultats fournis par l'appareil de M. Trannin et celui de M. Hüfner par exemple, cessent absolument d’être compa- rables, là où il s’agit de photométrie comparée de diverses régions spectrales. — 195 — La raison de cette différence est tout à l’avantage de l’appareil de M. Trannin, et, en général, des spectrophotomètres où l'égalité des deux plages spectrales à comparer s’apprécie par le phénomène de la disparition des franges. Elle apparaît clairement si l’on examine avec soin le tracé ci-joint, qui représente la marche de l'absorption produite entre D et E par une solution de sang de cheval au ‘/5, examinée sous une épaisseur de un centimètre. On a porté en abscisses les divisions de l'échelle micrométrique. Les ordonnées représentent la fraction de lumière absorbée en chaque point du spectre pour 100 de lumière incidente. Ainsi, au niveau de D, la solution absorbait 45 % de la lumière incidente. Ajoutons que cette courbe à pu être déterminée par points très rapprochés. Il est même difficile de faire autrement, car la disparition exacte des franges ne s’obtient Jamais, à la fois, que pour une plage spectrale très étroite. Or, la région D32E — D54E, relative aux valeurs de &«, corres- pond à la portion de courbe comprise entre les ordonnées m et n. Cette région, dans-un spectroscope de Hülfner paraît à l'œil d’un éclat uniforme. Mais le tracé montre clairement qu’il n’en est rien. Il arrive donc nécessairement, pour les appareils à faisceaux juxta- posés, que, dans l’appréciation de l'intensité de cette plage m n, l'œil fait, à l’insu de l’observateur, une sorte de moyenne entre les intensités lumineuses qui se succèdent de m à mn. Il résulte de là pour « une valeur trop forte. Au contraire, dans les appareils à franges, on saisit nettement le minimum d'absorption que la courbe indique entre m et n. C’est sur la région de ce minimum, c’est-à-dire là où les franges disparaissaient en dernier lieu, et non pas sur l’ensemble de toute la plage, que portaient en réalité mes mensurations, ce qui donne pour &, une valeur plus faible. On remarquera, au contraire, que dans la région D63E— DS4E (région de la deuxième bande) qui correspond sur la figure à la portion de courbe comprise entre o et p, l'absorption est à peu près uni- forme. L'appareil à franges et l'appareil à faisceaux juxtaposés devaient donc fournir là des valeurs de &’ à peu près identiques. On saisit est nécessaire- maintenant la raison pour laquelle le quotient €o ment plus fort pour le premier appareil que pour le second. On remarquera en outre que le tracé indique une absorption plus forte dans la région de la première bande que dans celle de la seconde. Ce résultat est contraire aux données classiques de Vierordt à ce sujet. — 196 — Cette divergence tient à ce fait que Vierordt mesurait l’absorption dans cette région, sur une plage spectrale allant de D4£E à DI19E, c’est- à-dire correspondant à une portion de courbe comprise à peu de chose près entre les ordonnées 154 et 170. Evidemment la moitié gauche de cette plage en apparence d'éclat uniforme, est beaucoup plus Ilumi- neuse que la moitié droite. Il en résultait pour l'œil un éclat moyen, plus intense que celui de la plage uniforme 0 p, d'où Vierordt coneluait à une absorption plus faible dans la région de la première bande. (Laboratoire de chimie organique et biologique de la Faculté de Médecine de Lille). — 197 — NOTE Sur le LUMBRICUS (PHOTODRILUS) PHOSPHOREUS Ducs Par R. MONIEZ Professeur à la Faculté de médecine de Lille La phosphorescence de certaines espèces de Lombrics a été depuis longtemps remarquée et les premières observations sur ce sujet remontent à plus de deux siècles; malheureusement, dans les cas, assez peu nombreux d’ailleurs, que nous avons pu relever, on à négligé de préciser de quelles espèces il s'agissait. Citons cependant quelques observations qui échappent à ce re- proche. En 1837, DuGës signala une espèce nouvelle de Lombrics qu’il trouvait dans la tannée de la serre chaude du Jardin des plantes de Montpellier : « elle m'a été décélée, dit-il, par l'humeur lumi- neuse qu'elle excrète de la surface de son corps et qui est sans doute analogue à lhumeur colorée que rejettent par leurs pores dorsaux tant de lombrics ». Dugès décrit très imparfaitement son Lumbricus phosphoreus (1). Plus tard, Con publia une courte notice sur la phosphorescence des Lombries : il s'agissait vraisemblablement du Lumbricus (Allolo- bophora) fœtidus (2). C’est sur la même espèce, exactement déter- minée cette fois, que Vespovsky observa le phénomène lumineux par une chaude nuit de juillet (3). En 1887, le professeur Grarp publia ses observations sur le Lumbricus (Photodrilus) phosphoreus Ducès (4) ; cet animal était très commun dans (1) Ducës : Nouvelles observations sur la zoologie et l'anatomie des annélides à branchies sétigères. Annales des Sc. naturelles, 2° série, t. VIII (1873), p. 24. (2) Cow: Leuchtende Regenwürmer. Zeitsch. Î. wiss. Zool., t. 23 (1873), p. 459. (3) Vespovsky, FR. : System. u. Morphologie des Oligochæten (Prag. 188%), p. 67. (4) Gran, A. : Sur un nouveau genre de Lombriciens phosphorescents el sur l'espèce type de ce genre Photodrilus phosphoreus Ducs. Comptes-rendus de l'Académie des sciences, t. 105 (1887), p. 872. — 198 — les allées d’un jardin assez éloigné de la mer, à Wimereux et, pendant les mois d'août et septembre, surtout par les temps humides, il suffisait, le soir, de piétiner ou de racler le gravier des chemins pour voir la phospho- rescence dans tout son éclat. Grarp donne une excellente description de ce lombric, complétant ainsi les indications de Ducës. L'auteur estime qu'il y a lieu de créer pour cet animal un genre nouveau du groupe des Lombriciens postelitelliens, le genre Photodrilus, voisin du Plu- tellus et surtout du Pontodrilus. Partant de l'observation de DuGÈs qui trouvait cet animal dans la tannée-de la serre chaude de Montpellier et du fait que, à Wimereux, il se rencontre « uniquement dans les chemins longeant les plates-bandes remplies de terreau venant des serres d’un horticulteur de Bou- logne », GraRp conclut que « il est donc probable que nous nous » trouvons en présence d’une espèce exotique qui s’est fort bien » accommodée du climat maritime du Boulonnais. » Or nous avons observé, dans les derniers jours de septembre de cette année (1888), dans un jardin de la rue Solférino, à Lille, par un temps humide, vers dix heures du soir, la très vive phosphorescence émise par de nombreux petits Lombrics qui correspondent très exactement à la description du £. phosphoreus, donnée par Grarp. La phosphorescence était aussi vive et de même teinte que celle du Ver luisant et les petits animaux, lorsqu'on les manipulait, communiquaient aux doigts leur propriété lumineuse : la matière phosphorescente brillait également sur les vêtements sur lesquels on la portait. Une pluie abondante qui tomba peu de temps après fit disparaitre le phénomène lumineux et il ne se reproduisit plus pendant les quelques heures suivantes, malgré la cessation de la % Ÿ ŸY pluie. Le surlendemain, vers la même heure, les mêmes lueurs reparurent aussi vives; elles persistèrent pendant environ une demi-heure. Depuis je ne les ai pas revues. Dans les deux cas cités, la phos- phorescence des vers tenus enfermés dans un tube s'éteignait en moins d’un quart d'heure. Un fait qu’il est peut-être bon de noter, c’est que des Lumbricus fœtidus, que je savais très abondants dans un tas de fumier du jardin de la maison voisine, n’émettaient alors aucune lueur, comme je m'en suis assuré aussitôt, et il en fut de mème les jours suivants, malgré lattention que j'apportais à constater le phènomène. — 199 — Quelle peut être la cause de la phosphorescence chez ces Lombrics, et pourquoi n’agit-elle qu'accidentellement, pour ainsi dire, car il est - bien curieux qu’elle ne soit pas plus souvent observée chez une espèce aussi commune que le L. /œtidus ? il est vraisemblable qu'on aurait fréquemment constaté ce phénomène s'il présentait quelque régularité, s’il était par exemple en relation avec les manifestations sexuelles: d’un autre côté les Lumbricus phosphoreus observés étaient en bonne santé et vécurent parfaitement en captivité, ce qui semble au moins exclure l'idée d’un phénomène pathologique. Nous ne voyons pas, pour notre part, d'explication satisfaisante aux faits que nous venons d'exposer, et il est certain que la question de la phosphorescence des Lombrics mériterait d'attirer, plus qu'elle ne le fait, l'attention des physiologistes. Remarquons, au sujet de l'habitat du Lumbricus phosphoreus, que le sol du jardin où nous l’avons observé en abondance, de nature argileuse et humide, était resté jusque là absolument inculte et n'avait reçu ni plantes ni engrais d'aucune sorte; la terre provenait des fondations de la maison, construite sur l'emplacement d’une blanchisserie ; depuis, nous avons retrouvé l'animal dans les vastes terrains vagues du boule- vard Louis XIV, sous les pierres, dans les coins humides, et nous en avons récolté un individu, dans du terreau, dans le jardin de la Faculté de Médecine. Il résulte de ces observations, semble-t-il, qu'on ne doit peut-être pas considérer le Lumbricus phosphoreus comme ure espèce exotique qui se serait accommodée de la serre chaude de Montpellier ou du climat maritime du Boulonnais, mais bien comme un animal indi- gène, ou, tout au moins comme une espèce qui a pu s’acclimater dans le nord de la France. La question ne pourra être tranchée que quand on aura cherché ce Ver en d’autres lccalités. Disons, pour finir, que notre Lombric est aisé à distinguer au microscope des autres espèces indigènes, par ses soies qui forment huit rangées parallèles (1). À l’œil nu on le reconnait à sa taille exiguë; les plus grands que nous ayons vus n’atteignaient pas plus de 3 centimètres de longueur, — ils étaient sans doute jeunes, car (1) Notons toutefois que le Lumbricus {Dendrobæna) rubidus Savieny, autre espèce que l’on trouve également à Lille, a de même les soies disposées en 8 rangées équidis- tantes, — 200 — Grarp donne 4 à 5 centimètres comme mesure des individus qu’il a observés; la largeur du corps est de 1 mill. 1/2 à 2 mill. et le nombre des anneaux est d’une centaine environ; le corps de l'animal est gris, mais la peau est assez mince pour que le sang transpare et lui donne une teinte rosée qui n’est d’ailleurs pas propre à cette espèce; pour la même raison, et comme Ducës l’a fait remarquer le premier, elle laisse voir un riche réseau vascu- laire sous-jacent; la ceinture est de couleur orange. La situation de cette ceinture est un des caractères les plus distinetifs du ZLum- bricus phosphoreus : elle est placée très en avant, puisqu'elle com- mence au treizième anneau pour s'étendre sur les quatre segments suivants. L'animal est mou, de forme cylindrique. Cette note était écrite depuis longtemps quand, dans les derniers jours de décembre j’observais un Photodrilus dans des conditions que je crois bon de noter: un ouvrier avait travaillé dans le jardin el emporté avec les pieds, sur le trottoir, un peu de terre dans laquelle se trouvait un Ver; l'animal, devait être ainsi dans des conditions peu physiologiques et néanmoins sa phosphorescence était parfaite. — 43930 LILLE, LE BIGOT FRÈRES. Le Gérant. TH. BARROIS. ANNÉE 1889. N° 6. 4er Mars. REVUE BIOLOGIQUE DU NORD DE LA FRANCE Paraissant le 1°" de chaque mois RECHERCHES SÛR LA STRUCTURE DU SYSTÈME NERVEUX CHEZ LES CIRRHIPÈDES (LÉPADIDES) PAR LE D' R: K(EHLER Chargé d’un cours complémentaire de zoologie à la Faculté des Sciences de Nancy. L'étude du système nerveux chez les Cirrhipèdes est intéressante à plusieurs égards, car les dispositions anatomiques y sont très simples, ainsi qu'on pouvait s’y attendre chez des animaux aussi dégradés. Aussi les relations des éléments qui entrent dans la constitution de ce système se laissent-elles saisir plus facilement que chez d’autres Arthropodes plus élevés en organisation. Les travaux relatifs à cette question sont peu nombreux, et, d’ail- leurs, ne renferment guère que des descriptions purement anatomiques du système nerveux des Cirrhipèdes. Les mémoires classiques de DarwIN et un mémoire plus récent de Branpr, ont surtout fait connaître la morphologie externe du système nerveux chez l’Anatife, mais fournissent peu ou pas de renseignements sur la structure intime des éléments nerveux. BRANDT, cependant, donne quelques indications sur la disposition des cellules nerveuses dans les ganglions sus- æsophagiens. J'ai peu de choses à dire relativement à la forme, à la disposition et au nombre des ganglions et des nerfs. BRANDT à donné un bon dessin d'ensemble du système nerveux de lAnatife, et, chez toutes les espèces de Lépadides que j'ai étudiées, le système nerveux ne se — 202 — modifie pas sensiblement, qu'il s'agisse d'espèces de grande taille, telles que Pollicipes, Scalpellum ou Conchoderma, où de types conservant toujours des dimensions très exiguës, comme les A lepas et les Dichelapsis. Je dois cependant faire une remarque relativement à la forme d'ensemble de la chaîne nerveuse ventrale. Dans le dessin de BRANDT, les cinq ganglions qui la constituent sont placés régulièrement les uns derrière les autres, et réunis par des connectifs ayant tous la même longueur. En réalité, le deuxième ganglion de la chaîne est beaucoup plus rapproché du premier, ou ganglion sous-æsophagien, que ne l'indique Branpr. Les connectifs qui rattachent l’un à Fautre ces deux ganglions sont beaucoup plus courts que ceux qui relient le deuxième ganglion de la chaîne au troisième, et le troisième au quatrième. Au contraire, les quatrième et cinquième ganglions sont très rapprochés l’un de l’autre, et les connectifs qui les réunissent sont parfois tellement courts que les deux ganglions arrivent presque à se toucher par leurs bords {Pollicipes). Dans les espèces de petite taille, et surtout chez l’Alepas, les connectifs sont très courts comparativement aux dimensions des ganglions, lesquelles sont assez considérables eu égard à la peti- tesse du corps. Je laisse de côté les quelques variations de détails que présente la forme du système nerveux dans les différents genres de Lépadides que j'ai étudiés, pour m'occuper de suite de la structure intime. J'étudierai d’abord les caractères histologiques des éléments ner- veux, et je dirai ensuite quelques mots sur le mode de groupe- ment de ces éléments dans les différentes parties du système nerveux. L'ancienne opinion défendue jusque dans ces dernières années qui admettait l'existence de la fibre nerveuse constituée par la réu- nion de fibrilles plongées ou non dans une substance fondamentale amorphe, tend actuellement à faire place à une opinion plus en harmonie avec l'état actuel de nos connaissances, et qui a surtout été introduite dans la science et développée avec talent par le naturaliste norwégien NansEeN (1). Ce savant, rajeunissant la notion de tube nerveux, terme fréquemment employé autrefois mais dans (4) Fripsor Naxsex : The structure and Combination of the Histological Elements the of Central Nervous System. — Bergens Museums Aarsberetning for 1886. — 203 — “un sens tout à fait impropre, a montré que les formations élés mentaires qui entraient dans la constitution des nerfs étaient, non pas des fibrilles, mais bien des tubes très fins, à parois minces, et renfermant un contenu liquide. En d’autres termes, un tube ner- veux, enveloppé d’un étui conjonctif ou mnévroglie, renferme un spongioplasma ou substance de soutien qui se continue avec l’étui conjonctif externe et qui répond à l’ensemble des parois des tubes primitifs, et un hyaloplasma, hyalin et visqueux, renfermé dans les tubes, ou, si l’on préfère, dans les mailles du spongioplasma, et qui est la substance nerveuse proprement dite. Les observations que j'ai faites, non-seulement sur les Cirrhipèdes, mais aussi sur plusieurs autres groupes d’Arthropodes dont j'ai eu l’occasion d'étudier le système nerveux, m'ont amené à adopter complètement la manière de voir de Nansex. Mais ce sont précisé- ment les Cirrhipèdes qui m'ont montré, de la façon la plus nette, la structure tubulaire des éléments primitifs des nerfs, et les rela- tions de ces éléments avec la substance ponctuée des ganglions ainsi que les caractères des cellules nerveuses. Examinons d’abord la coupe transversale d’un connectif ou de la commissure œsophagienne chez un Cirrhipède quelconque. On reconnaît d’abord à la périphérie une enveloppe conjonctive formée de plusieurs lames concentriques, reliées entre elles par des anas- tomoses, et rappelant, ainsi que WiGxaz l’a déjà fait remarquer pour l’Ecrevisse, la gaine lamelleuse des nerfs chez les animaux supérieurs. De nombreux noyaux, allongés et aplatis, se montrent dans les intervalles de ces lamelles. Tout l’espace limité par cette enveloppe est occupé, non pas par des fibrilles nerveuses coupées transversalement, mais par un reticulum formé de très fins tra- bécules qui s’anastomosent de manière à limiter des mailles arron- dies. Ces mailles renferment une. substance très finement granuleuse, se colorant assez faiblement par les teintures, et qui présente les caractères ordinaires d’un liquide coagulé par les réactifs. Ce qui frappe surtout dans l’examen d’une telle coupe, ce sont les difié- rences considérables que peut présenter le diamètre de ces mailles dont les unes sont assez petites pour se laisser difficilement dis- tinguer avec de forts grossissements, tandis que «d’autres sont très grandes et atteignent Omm,05 de largeur. L'étude des coupes successives montre que la forme et la dispo- SE ap sition des mailles ne se modifient pas sensiblement d'une eoupe ch l'autre; chaque maille limitée par une fine enveloppe correspond bien à la coupe d'un tube de petit calibre. Ce sont ces tubes que NanxseN appelle tubes primitifs, tandis qu’il réserve le nom de tube nerveux à une formation telle que cette commissure æ@sophagienne ou ce connectif, constituée par la réunion d’un grand nombre de tubes primitifs entourés par une gaine conjonctive lamelleuse commune. Dans la structure des nerfs, on retrouve les mêmes éléments et les mêmes dispositions d'éléments. Seulement au lieu d’être consti- tué par un seul tube nerveux, chaque nerf renferme un nombre plus ou moins élevé de tubes nerveux de petites dimensions. Si l’on étudie des coupes successives de la partie postérieure de la chaîne nerveuse d’un Lépadide, on observe que le dernier gan- glion, rattaché au précédent par les deux connectifs ordinaires, donne naissance à quatre nerfs, qui prennent naissance aux dépens de la substance médullaire du ganglion comme nous le verrons tout à l’heure. Ces quatre nerfs principaux ont la même structure que les connectifs et correspondent par conséquent chacun à un tube nerveux. Mais ils ne tardent pas à se diviser; des cloisons con- jonctives partant de la gaine lamelleuse externe, s’enfoncent en effet dans la masse centrale de tubes primitifs, qui se trouve ainsi partagée en un certain nombre de tubes nerveux secondaires ; ceux-ci se séparent et s'écartent peu à peu les uns des autres, tandis que leur diamètre diminue à mesure qu'ils forment des ramilications d'ordre plus élevé. Ces tubes nerveux de petite taille restent ordinairement réunis par groupes de vingt, trente, quarante ou plus, suivant limpor- tance des organes où ils se rendent, pour constituer ce que l'on appelle un nerf. Mais les tubes nerveux qui forment un nerf sont simplement placés les uns à côté des autres, et plongés dans le tissu conjonctif général ambiant, sans être entourés d’une enve- loppe conjonetive commune qui isolerait le nerf des tissus voisins. Les tubes nerveux qu'on rencontre dans les nerfs ne diffèrent donc que par leurs dimensions plus réduites, du tube nerveux qui constitue un connectif. Chez l'Anatife, la commissure œæsophagienne présente environ Omm,20 de diamètre, et les connectifs de Omm,15 à Omm 20, tandis que les tubes nerveux de petit calibre qui forment — 205 — les nerfs, ne dépassent pas Omm,015 à Omm,0{8. Le Pollicipes fournit à peu près les mêmes chiffres. On peut donc distinguer chez les Cirrhipèdes des tubes nerveux larges tels que ceux qui forment les connectifs et la commissure, et des tubes nerveux étroits où min- ces. Entre ces deux catégories, il existe bien entendu des intermé- diaires au niveau des points où les nerfs sortent des ganglions ceniraux. On rencontre assez fréquemment sur les coupes des tubes ner- veux, des noyaux distribués irrégulièrement entre les tubes pri- mitifs. Ces noyaux sont moins aplatis et plus ovalaires que ceux qu'on trouve dans l’étui conjonetif externe. Si l'on admet que les parois des tubes primitifs sont des prolongements de cet étui con- jonctif, la présence de ces noyaux s'explique parfaitement. On les rencontre surtout chez le Scalpellum et le Pollicipes aussi bien dans les gros tubes nerveux des connectifs que dans les plus petits. Les couches internes de létui conjonctif des tubes nerveux pré- sentent dans certains genres de très fines granulations pigmentai- res, brun foncé : chez les Anatifes et les Conchoderma en particu- lier, on peut suivre ces granulations, à condition que les prépara- tions ne soient pas trop fortement colorées, sur les parois des tubes primitifs de la periphérie du tube nerveux. Bien que ce fait n'ait en lui-même aucun intérêt, il présente cependant quelque importance puisqu'il apporte une preuve nouvelle de la continuité de tissu qui existe entre les parois des tubes primitifs et la gaine conjonctive externe, Il arrive parfois que les couches les plus superficielles de Ja vaine conjonctive soient plus serrées et plus denses que les autres, et forment de distance en distance des sortes d’étranglements annulaires que l’on reconnait facilement sur les coupes longitudi- nales. Ces modifications, que l’on observe particulièrement sur les nerfs pédonculaires de lAnatife, m'avaient d'abord fait croire à l'existence d’une membrane élastique spéciale. En réalité, Penveloppe conjonctive des tubes nerveux des Cirrhipèdes est exclusivement composée de tissu conjonctil, et en certains points, cette enveloppe se confond tellement avec les tissus conjonctifs voisins qu’on ne saurait lui tracer de limites bien précises. Les ganglions nerveux présentent à considérer une région mé- _—_ 206 — dullaire centrale, et une région cellulaire périphérique, le tout entouré d’une enveloppe conjonctive externe. | La substance médullaire (1) est formée des mêmes éléments que les tubes nerveux c’est-à-dire par des tubes primitifs dont les uns con- servent le trajet régulier qu'ils présentaient dans les connectifs ou dans les nerfs issus des ganglions, tandis que les autres se rami- fiant et s'entrecroisant en même temps que leurs dimensions se réduisent encore, constituent le tissu appelé substance ponctuée. Cette substance ponctuée qui se présente avec ses caractères ordi- naires, est assez développée dans les ganglions des Cirrhipèdes. Elle se trouve divisée en îlots plus ou moins étendus, par les tra- jets fibreux ou les faisceaux commissuraux dont la disposition et la forme varient naturellement suivant le ganglion étudié. Les cellules nerveuses qui forment la couche corticale des gan- glions sont réunies par groupes à la surface de la substance médul- laire, surtout sur le côté ventral. Comme chez tous les Arthropodes, leurs dimensions sont assez élevées. Leur protoplasma se colore d’une manière intense par les différentes matières colorantes : il montre fréquemment une structure réticulée très manifeste, et présente un gros noyau renfermant quelques granulations chromatiques. Les cellules nerveuses présentent un nombre considérable de prolongements susceptibles de s’anastomoser les uns avec les autres pour former des réseaux parfois fort élégants. Il importe de distin- guer ces prolongements protoplasmiques d’un autre prolongement, unique pour chaque cellule, ou prolongement nerveux, qui se colore aussi fortement que le corps de la cellule, et offre parfois d’une manière très nette Ja même structure réticulée. Ce prolongement, plus large et plus développé que les autres, s'enfonce dans la subs- lance médullaire au sein de laquelle on peut le suivre sur une orande longueur, et reconnaitre qu'il fournit des ramifications. Les cellules nerveuses sont généralement orientées de manière que le (1) Je conserve cet ancien terme de substance ou région médullaire pour désigner la substance interne des ganglions formée par des tubes primitifs ordinaires et de la de préférence à celui de région fibreuse qui ne convient évidemment pas si l’on adopte les idées de Naxsex sur la structure des éléments nerveux. J'ai cepen- dant dû employer, pour éviter une périphrase le terme trajet fibreux qu'on doit entendre substance ponctuée , comme un ensemble de tubes primitifs à trajets parallèles, formant un faisceau qui parail avoir une structure fibrillaire, An point d'émergence de ce filament soit tourné vers la substance médullaire, qu'il corresponde à lextrémité proximale de la cellule, tandis que les prolongements protoplasmiques s’échappent en tous sens des autres points de la surface de la cellule. On admet généralement que chez les Invertébrés les cellules nerveuses ne se continuent pas directement avec les nerfs qui sortent des ganglions, mais que ceux-ci prennent leur origine dans la subs- tance ponctuée, dans laquelle viennent également se perdre les prolongements nerveux des cellules nerveuses; qu'en d’autres termes la substance ponctuée est l’intermédiaire nécessaire entre les cellules nerveuses des centres nerveux et les nerfs émanant de ces centres. Des exceptions à celte règle ont déjà été indiquées par les auteurs dans d’autres groupes que les Arthropodes, par Rawirz chez les Lamellibranches (1) par exemple. J'ai moi-même pu m’assurer que, chez les Cirrhipèdes, les cellules nerveuses pouvaient se continuer directement avec les tubes primitifs, à l’aide de prolongements ressemblant aux prolongements protoplasmiques ordinaires. Dans ce cas, la paroi du tube primitif est constituée par l'enveloppe con- jonctive qui s'étend sur ce prolongement et dont il sera question tout à l'heure. Je possède un certain nombre de préparations tout à fait démonstratives, et les dessins que je publierai dans mon mémoire définitif ne laisseront, je l'espère, subsister aucun doute sur l'existence de relations directes entre les tubes nerveux et certaines cellules nerveuses. Les cellules nerveuses ne possèdent, pas plus chez les Cirrhi- pèdes que dans les autres groupes, de membrane propre, mais sont entourées d’une enveloppe conjonective ayant la même origine que les parois des tubes primitifs. En effet, la gaine conjonctive que nous avons reconnue sur les connectifs, se continue sur les gan- glions nerveux sans modifier sa structure. Elle envoie par sa face interne de nombreux prolongements qui pénètrent entre les cellu- les nerveuses, s'appliquent contre elles, en suivent tous les contours et accompagnent leurs prolongements : ïls constituent en somme un réseau très délicat dont les mailles renferment les cellules ner- veuses. Ce réseau se distingue facilement surtout, chez l’Anatife, (4) B. Rawairz : Das centralen Nervensystem der Acephalen. Jenaische Zeitschrift, BUS XXE — 208 — grace aux fines granulations pigmentaires qu'il supporte. Il renferme aussi de nombreux noyaux conjonctifs que leur forme et la ma- nière d'être de leur substance chromatique font distinguer de suite des noyaux appartenant aux cellules nerveuses. Lorsque l'enveloppe conjonctive reste étroitement appliquée contre la surface de la cellule qu’elle entoure, on ne la distingue pas faci- lement et son existence peut paraître douteuse. Mais en général, il arrive que la cellule s’est quelquefois contractée sous l'influence des réactifs : elle se trouve alors séparée par un certain intervalle de son enveloppe conjonctive qui lui forme ainsi une coque à laquelle elle est rattachée par ses prolongements protoplasmiques. D'autre part cette enveloppe conjonctive se continuant, avec ses granulations pigmentaires, sur les prolongements protoplasmiques des cellules nerveuses, il en résulte que ceux-ci apparaissent beau- coup plus nettement que s'ils étaient nus. L'enveloppe conjonctive se continue également sur le prolonge- ment nerveux, mais on la reconnait beaucoup moins nettement que sur les prolongements protoplasmiques car les granulations pig- mentaires font ici toujours défaut, de même qu'on ne trouve Jamais de traces de ces granulations dans la substance médullaire des ganglions. La structure des ganglions nerveux chez les Cirrhipèdes est assez simple. On ne trouve pas ici cette complication de trajets fibreux et d’amas nombreux de substance ponctuée qu'on rencontre chez les Arthropodes supérieurs. Seul le ganglion sous-æsophagien présente une structure un peu plus élevée que les autres ganglions qui se réduisent en somme à deux masses de substance ponctuée, reliées par une commissure transversale et entourées par les cellules nerveuses. Je ne puis pas décrire ici la constitution détaillée des ganglions, étudiés d’après les différents aspects offerts par les coupes succes- sives; Je veux seulement indiquer quelques dispositions essentielles rencontrées dans la structure des ganglions de l’Anatife. La configuration extérieure du cerveau a été exactement figurée par BranpT: on peut se le représenter comme formé par deux ren- flements allongés des extrémités des commissures, renflements qui more sont reliés l’un à l'autre par un pont transversal dans la région antérieure. Les coupes montrent que ces renflements sont constitués par une masse médullaire centrale consistant en substance ponctuée avec quelques trajets fibreux, et qui est entourée sur toutes ses faces par des cellules nerveuses particulièrement nombreuses sur le côté ventral. Dans la partie antérieure du cerveau, les deux masses médullaires sont reliées par une commissure transversale formant un large ruban qui porte sur ses bords supérieur et inférieur quelques cellules nerveuses. Le ganglion sous-æsophagien présente une structure plus com- pliquée, dont l'étude de quelques coupes transversales pourra donner une idée. Si l’on suit ces coupes d’avant en arrière, on rencontre d’abord la coupe de deux paires de tubes nerveux, dont l’une cor- respond à la commissure œsophagienne, et l’autre, située au-dessus de la première, aux nerfs du muscle adducteur. Les deux premiers tubes ne tardent pas à former deux îlots de substance médullaire entourés, sur le côté ventral et les côtés latéraux, de cellules ner- veuses, et reliés sur la face dorsale par un mince faisceau transversal formant une commissure. Les deux nerfs adducteurs venant ensuite se confondre avec la substance médullaire déjà constituée, renforcent les deux ïilots primitifs, qui s’adossent l’un à l’autre sur la ligne médiane. À la face ventrale apparaît un gros et large faisceau trans- versal dont les deux extrémités se perdent dans deux masses de substance ponctuée. Sur les coupes suivantes, le faisceau ventral disparaît, mais les deux masses latérales persistent et s'ajoutent à la masse médullaire du ganglion. La substance médullaire ainsi accrue par ces apports successifs, se présente alors sur les coupes sous la forme d’un trapèze dont le grand côté répond au côté ventral, dont les bords, sauf le côté dorsal, sont garnis de nombreuses cellules nerveuses, et dans lequel on distingue plusieurs îlots de substance ponctuée séparés par des trajets fibreux. Les coupes qui présentent les caractères que nous venons d'observer correspondent à peu près à la région moyenne du ganglion. Cependant dans la masse médullaire apparaissent un certain nombre de trajets transversaux qui forment une commissure dor- sale, et, en dessous de celle-ci, une commissure moyenne, tandis qu'un autre faisceau transversal apparaît dans la région ventrale- A ce moment la masse médullaire est moins haute que sur les — 210 — coupes précédentes, mais en revanche elle s'étale dans le sens trans- versal. Cet allongement est produit par ce fait que les nerfs laté- raux prennent leur origine à ce niveau. Le ganglion présente donc maintenant une certaine complication due à la naissance de ces nerfs et d’une autre paire de nerfs qui se détachent un peu plus bas (destinée aux muscles thoraciques), au nombre des trajets fibreux qui sillonnent la masse médullaire, à la séparation des cel- lules nerveuses du côté dorsal en deux paires de groupes distinets, et enfin à la présence de commissures transversales. Mais bientôt celles-ci disparaissent, et la masse médullaire s’étrangle sur la ligne médiane, puis se sépare en deux moitiés entourées de toutes parts par des cellules nerveuses qui forment l'écorce ganglionnaire posté- rieure du ganglion. Ces deux masses médullaires diminuent rapide- ment de volume, les cellules nerveuses disparaissent, et les tubes nerveux reprenant leur trajet parallèle, les connectifs se trouvent constitués. La structure des autres ganglions de la chaîne ventrale est beau- coup plus simple. La substance médullaire présente d’abord deux amas distincts, qui continuent les connectifs, qui s’élargissent et s’adossent sur la ligne médiane, puis se réunissent par une com- missure transversale. De nombreuses cellules nerveuses existent sur la face ventrale du ganglion ; on en trouve aussi quelques-unes sur les côtés et sur la face dorsale. Lorsque les coupes ont atteint Ja région moyenne du ganglion, la masse médullaire s’échancre sur le côté ventral, et cette échancrure devenant plus profonde, la divise en deux moitiés qui restent entourées de cellules nerveuses. Cha- cune de ces moitiés se partage en deux masses distinctes, dont l’une constitue un neri latéral et l’autre le connectif qui se rend au ganglion suivant. Quant au nerf intermédiaire, signalé par Branpr, et qui court tout le long de la chaîne nerveuse entre les connectifs, il est formé par un tube nerveux ayant les mêmes caractères que les connectifs dont il ne diffère que par ses dimensions moindres, et qui fournit de distance en distance des branches latérales. Le nerf intermédiaire naît du ganglion sous-æsophagien et il ne prend pas son origine dans la substance ponctuée, mais il se constitue directement aux dépens des prolongements d’un groupe de cellules nerveuses qui se trouve à la face postérieure du ganglion, sur la ligne médiane. En — 2114 — arrivant au ganglion suivant, le nerf intermédiaire perd son indi- vidualité, c’est-à-dire que ses tubes primitifs se continuent avec les prolongements des cellules nerveuses de la face antérieure de ce ganglion, tandis que son étui conjonctif se confond avec l’étui conjonctif du ganglion. Puis il se reconstitue de nouveau sur la face opposée ou postérieure, toujours aux dépens des cellules qui la tapissent et il se continue jusqu'à l’extrémité de la chaîne, en dis- paraissant ainsi au niveau de chaque ganglion. po ue DÉTELOPPEMENT du FAGIN MALE LUTRICELE PRONTATIQUE CHBZUEE F'ŒTUS EUMAIN Par M. F. TOURNEUX Professeur à la Faculté de Médecine de Lille. (Synonymie : 1762 Sinus prostatæ, MorGAGxi; 1836 Uterus masculinus, E. H. Weger; 1847 Corpus utriculare Weberi, LeuckarT; 1852 Vagina masculina, THIERSCH). L'assimilation du sinus ou utricule prostatique de l’homme au vagin de la femme remonte déjà fort loin. Peu après le travail fondamental de E.-H. Weser /Zusûlze zur Lehre vom Baue und den Verrichtungen der Geschlechtsorgane, Leipzig 1846) qui voyait dans l’utricule prostatique le représentant de l'utérus femelle, H. MeckeL (v. HEMBSBACH) émet l'opinion que l'organe de Weber répond au vagin et non à l'utérus {Zur Morphologie der Harn-und Geschlechtswerkzeuge der Wirbelthiere, Halle 1818). De mème TH:ERsCH considère le sinus prostatique /Prostalalasche) comme un vagin mâle plutôt que comme un utérus mâle /Bildungsfehler der Harn-und Geschlechtswerkzeuge eines Mannes, Ilustr. méd. Zeitung, p. 12). En 1853, R. LeuckarT /Wagner's Physiologie, T. LV, Art. ZeuGuNG p. 762) professe de son côté que l'utricule prostatique représente à la fois le vagin et l'utérus. En 1856, LiLrEN- FELD soutient dans une dissertation inaugurale /Beilræge zur Morphologie und Enhwick- lungsgeschichte der Geschlechtsorgane, Marburg) que l'organe de Weber est l’homo- logue du vagin, opinion qui se trouve également défendue par H. RAT&KkE dans son Traité sur le développement des vertébrés, Leipzig 1861, p.182. Dans un mémoire sur les Restes du corps de Wolff chez l'adulte (Bulletin scientifique du département du Nord, 1882) nous proposons de notre côté, en raison de l'homologie évidente de l'utricule prostatique et du vagin développés tous deux aux dépens de l’extrémité inférieure du canal génital, de donner au premier de ces organes le nom de vagin mâle. Enfin, dans un travail récent sur le Développement de l'appareil génito-urinaire des Amniotes (Internationale Monatsschrift f. Anat. und Hist., 1885) G. von Minazkovics s'exprime ainsi : « Le sinus prostatique normal répond à la portion des conduits de Müller enveloppée par l'entonnoir hyménial /colliculus Seminalis} ; il est par conséquent l'homologue de l'entrée /Introi- tus) et de la portion distale du vagin », pages 365 et 366. Nous nous proposons, dans celte note, de suivre le développement de lutricule pros: tatique chez l'homme, depuis la fusion des canaux de Müller dans l'épaisseur du cordon génital jusqu'à l'époque de la naissance, et de montrer que ce développement offre de nombreux points de rapprochement avec celui du vagin de la femme. Le développement des conduits de Müller débute plus tardivement et progresse plus lentement que celui des canaux de Wolff. Sur un — 9213 — fœtus humain de 19 millim. {a) (milieu du deuxième mois lunaire), décomposé en coupes transversales non sériées, les conduits de Müller se trouvent confinés dans une région répondant au sommet des corps de Wolff; sur un second fœtus de 24 millim. {d) (fin du deuxième mois lunaire), ces conduits, dans leur marche progressive de haut en bas, n’ont pas encore atteint l'extrémité inférieure des reins primordiaux. Nous avons fait connaître antérieurement (Mémoire sur le dévelop- pement de l'utérus et du vagin, Journal de lAnat., 1884) les rapports réciproques des conduits de Müller dans toute la hauteur du cordon sénital sur un fœtus q de 3,2/4 centim. {/a) (début du troisième mois lunaire). Ces rapports, sur les coupes transversales sériées, étaient les suivants de bas en haut : Conduits de Müller séparés. . 6 coupes ACCDIÉS I UE fusionnés. 24 accolés 440 12 fusionnés. 4 accolés. . : 6 séparés. . 4 Longueur du cordon génital. . 50 coupes = 1 millim. 6. Nous ajouterons que les conduits de Müller ne s’ouvraient pas dans la cavité du sinus urogénital, mais que leurs extrémités inférieures, entièrement pleines, venaient simplement s’adosser à l’épithélium du sinus. Sur un second fœtus mâle, à peu près du même âge, mesurant du vertex au coccyx une longueur de 34 millim. /a), et dont le cordon génital a été décomposé en 47 coupes, nous relevons les données suivantes : Conduits de Müller (de bas en haut) séparés. . 4 coupes ACCOlÉS ALES fusionnés. 11 accolés. . : 8 Séparésey tu 9 Cordon génital . . . : . … 47 coupes. — 244 — Par suite d’un oubli regrettable, la longueur du cordon génital n’a pas été déterminée. Sur un fœtus d un peu plus âgé, mesurant une longueur, du vertex au coccyx, de 37 millim. {a), les conduits de Müller affectent les rapports suivants : Conduits de Müller (de bas en haut) accolés. . 12 coupes fusionnés. 40 accolés. . 10 séparés. . 8 Cordon génital . ...:. : - 70 coupes = 2millim®e Comme chez les fœtus précédents, les extrémités inférieures des conduits de Müller ne présentent pas de lumière centrale. Selon G. v. Mirxazkowics (loc. cit.), l’atrophie du segment supé- rieur du canal génital (résultant de la fusion des deux conduits de Müller à l'intérieur du cordon génital) débuterait chez le fœtus J de 40 millim., et s’achèverait entre les stades 50 et 55 mil- lim (page 363 du Mémoire) (1). Nous avons eu l'occasion d’exa- miner à ce point de vue deux fœtus mâles de 5/6,5 centim. fc) et de 5,9/7,8 centim. (a) répondant au milieu du 3° mois lu- naire. Le cordon génital du premier fœtus, en parfait état de con- servation a été divisé en 54 coupes. On remarque sur les coupes sériées que le canal génital n’a persisté que dans le tiers infé- rieur du cordon; vers la 17me coupe, sa cavité disparaît et un simple filament épithélial d’un diamètre de 35 à 40 uw, en figure le segment supérieur. Vers la S34me coupe, la coloration rosée de ce filament (après action du picro-carmin) s'atténue, en même temps que ses limites deviennent de moins en moins accusées, mais on retrouve encore les vestiges des conduits de Müller, le long des replis urogénitaux. Sur le second fœtus de 5,9/7,8 centim., dont le cordon génital macéré comprend seulement 33 coupes, on n’aperçoit plus (1) L'atrophie des conduits de Müller dans leur segment moyen chez le mâle paraît subir quelques variations individuelles. C'est ainsi que sur un Îætus d' de 60 à 70 cent. (vertex au coccyx) examiné par GAssER, les conduits de Müller étaient encore visibles sur toute leur longueur, tandis que sur deux autres fœtus du même stade, ces conduits avaient disparu dans leur partie moyenne. l'utricule prostatique (portion persistante du canal génital) que sur les 15 premières préparations, en comptant de bas en haut; le canal génital s’est complètement résorbé dans toute la moitié supérieure ou utérine du cordon. Cinq fœtus mâles plus âgés nous présentent les dispositions suivantes : Fœtus de S,3/11 cent. (a) (début du 4 mois lunaire). La portion persistante du canal génital, rudimentaire, n'existe que sur une dizaine de coupes, c’est-à-dire mesure à peine un demi-millimètre de long, avec un diamètre transversal de 90 x : elle est pleine dans toute sa longueur. Il est à remarquer que lépithélium qui tapisse le sommet du verumontanum, quoique peu élevé, appar- tient manifestement au type pavimenteux stratifié : il se compose d’une couche profonde de cellules cubiques et d’une couche super- licielle de cellules aplaties ; sa hauteur est de 30 uw. L’épithélium prismatique stratifié qui recouvre la paroi opposée du canal de l’urèthre atteint une épaisseur de 60 à 75 p Les canaux éjacula- teurs s'ouvrent dans l’urèthre au même niveau que l’utricule pros- tatique. Fœtus 10,5/14,5 cent. (a) (milieu du 4 mois). L’utricule prosta- tique est intéressé sur 24 préparations, c’est-à-dire occupe une lon- gueur d'environ { mill. [Il se présente sous la forme d’un tube assez régulièrement cylindrique dont le diamètre transversal me- sure 65 uw, et dont les parois sont tapissées par un épithélium prismatique d’une hauteur de 25 uw. Au niveau de sa jonction avec le canal de l’urèthre, sa cavité est entièrement bourrée de cellules épithéliales sur une hauteur de % coupes. Les canaux éjaculateurs viennent déboucher dans le canal de l’urèthre, un peu au-dessus de l’utricule prostatique (5° coupe). L'épithélium qui revêt le sommet du verumontanum se rapporte toujours au type pavimenteux stratifié, mais la surface qu’il recou- vre est beaucoup plus réduite que chez le fœtus précédent. Fœtus 16/23 cent. (c.) (milieu du 5° mois lunaire). La structure de l’utricule prostatique rappelle entièrement celle du vagin chez le fætus femelle de mème longueur (voy. Journal de l’Anat. 1884, page 30): l’utricule s'étend sur une longueur de 64% préparations (2 mill., 5), sans présenter de cavité centrale; son extrémité inférieure ou — 216 — uréthrale est légèrement distendue par accumulation des cellules épithé- liales; enfin, ses parois lamineuses sont couvertes de nombreux festons qui dépriment la surface épithéliale et simulent les plis ou rides du vagin femelle. Voici les modifications qu’on constate de bas en haut sur la série des coupes transversales (par rapport à l'axe de l'embryon) : au niveau de son abouchement dans le canal de l’urèthre, l’utrieule rétréci sur une hauteur de 6 coupes, mesure à peine un diamètre transversal de 50 uw. On le voit ensuite se renfler progressivement, se bourrer de grandes cellules polyédriques, claires, transparentes (comp. avec le développement du vagin femelle, loc. cit.), et prendre sur la coupe une forme ovalaire ({ mill. sur 580 w): son bord antérieur est arrondi et lisse, son bord postérieur plus effilé sup- porte un prolongement déchiqueté que nous ne pouvons mieux comparer qu'à la branche postérieure du T vaginal chez le fœtus femelle. A la 16e coupe, se montrent les embouchures des canaux éjaculateurs, situées de chaque côté de l’utrieule. A la 22e coupe, on voit apparaître, en arrière de l’ovale épithélial précédemment décrit et sur la ligne médiane, entre les canaux éjaculateurs qui décrivent à ce niveau une courbe très accusée, un amas de cellules épithéliales qui s’allonge peu à peu d’arrière en avant, et au bout d’une dizaine de coupes s’unit à l’ovale antérieur pour ne former avec lui qu’une seule lame épithéliale aplatie latéralement et à bords festonnés ; en même temps, on n’aperçoit plus les cellules polyédriques transparentes qui remplissaient l’extrémité inférieure renflée de lutricule. La longueur de cette lame est d’environ 2 mill. 5; son épaisseur, sans tenir compte des saillies, est de 65 1. Cette lame épithéliale se poursuit sans grandes modifications sur une douzaine de préparations, puis brusquement (sur une hauteur de 2 préparations) elle disparait dans ses trois quarts antérieurs ; son extrémité postérieure seule persiste sur une longueur de 650 uw. L'utricule prostatique se continue ainsi sur une hauteur de 20 pré- parations entre les deux canaux éjaculateurs, et se termine au niveau où ces Canaux émettent latéralement les vésicules séminales. Si nous essayons, d’après les données qui précèdent, de nous représenter la forme générale qu’affecte l’utricule prostatique, nous pouvons la comparer assez exactement à celle d’un K dont les deux branches extrèmes sont verticales, et dont la branche moyenne ou — 217 — d'union est horizontale. Cette dernière branche, sectionnée par la coupe horizontale suivant sa longueur, mesure 2,5 millim. : il en résulte que si les extrémités de l’utricule prostatique sont distantes en ligne droite d’une hauteur de 6% coupes = 2,5 millim., la longueur de l’utricule est, en réalité, plus considérable, puisqu'il faut ajouter aux 2,5 millim. de la branche horizontale, environ 1 millim. pour la branche d’origine qui se jette dans le canal de lurèthre, et un second millimètre pour la branche terminale. Nous ne pensons donc pas nous éloigner beaucoup de la vérité, en attribuant à l’utricule une longueur de 4,5 millim. à 5 millim. Fœtus 19/29 cent. (a) (début du 6° mois lunaire). L’utricule pros- latique mesure une hauteur de 32 préparations (1,5 millim. envi- ron). Rétréci à son origine (100%), il ne tarde pas à se renfler et à présenter sur la coupe transversale une forme ovalaire dont les deux diamètres sont de 400 et de 130 w. Plus loin, la section figure assez exactement un triangle équilatéral, de 130 w de côté. L'utricule diminue ensuite progressivement de volume, et disparait dans la couche superficielle du verumontanum, un peu au-dessous de la courbe des canaux éjaculateurs dont les embouchures occu pent la 18e préparation. Comme chez le fœtus précédent, la cavité de l’utricule est complètement obstruée par un tassement de cellu- les épithéliales polyédriques ; par contre, la surface épithéliale est lisse, ou ne supporte que de légères excroissances à peine appré- ciables. Fœtus 35/50 cent. (a) (à terme). L’utricule bien développé possède une longueur de 3 millim. avec un diamètre transversal de 1 millim. ; il est creux dans toute son étendue. Les parois lamineuses sur- montées de nombreuses crêtes dermiques, analogues aux plis du vagin, sont tapissées par un épithélium pavimenteux stratifié d’une hauteur de 100 w. L'utricule s'ouvre dans le canal de l’urèthre par une étroite fissure verticale dont les bords se rejoignent presque sur la ligne médiane, et dont la longeur intéresse tout le diamètre de lutricule (27eprép. —1'mill). I résulte "de cette “diSposiionvque ’suriles coupes transversales, les deux lèvres de lorifice utriculaire simu- lent une véritable membrane hymen dont le diamètre transversal égale celui de lutricule (1 millim.), et dont l'épaisseur moyenne ne dépasse pas 120 p. — 218 — Les canaux éjaculateurs se jettent dans le canal de l’urèthre à la 23° coupe, c’est-à-dire au niveau de l'extrémité supérieure de la fente hyméniale. L’utricule finit vers la 67 coupe, en avant des canaux éjaculateurs qui décrivent peu au-dessus leur courbe habituelle. Nous n'avons pas recherché la structure de l’utricule prostati- que au-delà de la naissance : E. KLEIN (Stickers Handbuch 1871, page 644) et Krause (Handbuch der menschlichen Anatomie 1876) affirment que la vésicule prostatique de l'adulte est tapissée par un épithélium pavimenteux stratifié dans lequel s’enfoncent de petites papilles coniques, tandis que d’autres observateurs lui assignent, au contraire, un revêtement épithélial prismatique simple, ou stra- tifié comme celui du canal de l’urèthre. La surface de verumontanum serait également recouverte, suivant KLEIN, par un bel épithélium pavimenteux stratifié. I résultent des faits qui précèdent que, dans le développement normal, le segment supérieur ou utérin du canal génital disparaît chez le fœtus humain mâle, le segment inférieur ou vaginal con- tribuant seul à constituer l'utricule prostatique tapissé dès lors dans toute son étendue par un épithélium pavimenteux stratifié. Si, à ce segment inférieur ou vaginal, vient s'ajouter une portion persistante plus ou moins grande du segment supérieur ou utérin, l’utricule prostatique ne représentera plus seulement le vagin de la femme, mais le vagin surmonté d’une portion plus ou moins considérable de l’utérus : dans ce cas, un épithélium différent (pavimenteux et prismatique) tapissera les deux extrémités de l’utricule. A ces don- nées générales, il convient d'ajouter que les segments vaginal et utérin du canal génital, c’est-à-dire les portions tapissées par un épithélium pavimenteux stratifié et par un épithélium prismatique, ne possèdent pas forcément la même longueur, comme dans le développement normal chez la femme, et qu’enfin l’épithélium du canal de l’urèthre peut s’invaginer dans l’utricule, et se substituer progressivement dans une étendue variable à l’épithélium primitif de cette cavité. Ainsi pourront peut-être s'expliquer les divergences des auteurs qui attribuent à l’utricule prostatique tantôt un épithé- lium pavimenteux stratifié, tantôt un épithélium prismatique simple, 1219 — et tantôt enfin un épithélium prismatique stratifié analogue à celui de l’urèthre. Chez la femme, le segment hyménial du vagin, auquel nous avons assimilé la portion distale du vagin mâle, parait résulter de la fusion des extrémités inférieures des conduits de Wolff et de Müller : par suite, si les conduits de Wolff persistaient, chez la femme adulte, dans toute leur longueur, ils viendraient déboucher avec le tube utéro-vaginal par l'intermédiaire d’un canal commun dans le vestibule (1). Cette opinion, que nous avons émise pour la première fois dans une note communiquée à la Société de Biologie (15 Mars 1884), en collaboration avec M. WERTHEIMER, et plus tard, au Congrès de Copenhague (Août 1884), fut alors combattue par KoELziIKkER. Il en serait cependant ainsi chez le lapin mâle, d’après G. v. MixaLzkovics (loc. cit.), le segment uréthral ou distal de l'organe de Weber (utricule prostatique), dans lequel débouchent les canaux déférents, étant constitué par la fusion des extrémités inférieures des conduits de Wolff et de Müller. Ce mode de développement permettrait de nous rendre compte de certaines anomalies, chez l’homme, où l’homologie des parties s’accusant davantage, les canaux éjaculateurs s'ouvrent directement dans l’utricule prostatique. (1) Les dépressions que l'on a signalées au niveau du bord postérieur du méat urinaire chez la femme, de chaque côté de la ligne médiane, ne sauraient donc être considérées comme des vestiges des canaux de Wolff (conduits de Gartner), ainsi que l'ont soutenu plusieurs observateurs (Kocas, WAssiLiEr, VALENTI, DEBIERRE, etc.), mais représentent vraisemblablement les canaux excréteurs de glandes prostatiques (SKENE, SCHÜLLER, Dour, KoLLiKEer). Les cas de persistance totale des canaux de Wolff, s’ouvrant dans le vestibule, en avant du vagin, relèvent de la tératologie, et répondent à un stade primitif du développement. oops NOTE SUR LA DISPERSION DES HYDRACHNIDES PAR TH. BARROIS Professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Lille S'il est relativement facile d'expliquer, par l'intervention des oiseaux, le transport dans les îles éloignées du continent (telles que les Açores par exemple) des Crustacés, des Bryozoaires, de tous les animaux enfin pourvus d'œufs d'hiver ou de statoblastes, il n’en est pas de même au sujet des Hydrachnides, pour lesquelles rien de semblable ne peut être invoqué. Outre que ces Acariens ne portent ni œufs d'hiver ni statoblastes, on ne peut admettre leur transport direct, car la plupart d'entre eux, à l'exception peut-être des Arrenurus dont :la carapace chiti- neuse est très épaisse, ne sauraient résister à une dessication de quelques heures. Nombre d'espèces sont même assez délicates, et je citerai les Sperchon, en particulier, que l’on a beaucoup de peine à rapporter vivants d’une excursion pour peu que la température extérieure soit élevée et que le flacon qui les contient ne soit pas fréquemment débouché. La dissémination des Hydrachnides est donc difficile à expliquer, et ce problème m'avait obsédé bien souvent lorsque je cherchais à me rendre compte de la présence aux ji ee du Sperchon glandulosus et de lArrenurus Chavesi (4). Un heureux hasard me donna la solution tant cherchée; parmi les pèches que je faisais un jour dans les marais des environs de Lille, je recueillis, au milieu d’une grande quantité d’'Hydrachnides diverses, de nombreuses Corizes chargées de pupes de ces Acariens : ce fut pour moi un trait de lumière! Ces petits corps ovoïdes, durs et résistants, le plus souvent de couleur rougeàtre, ont été signalés depuis longtemps sur la plupart des insectes aquatiques, tels que les Nèpes, les Corizes, les Gerris, les Hydrophiles, les Dytiques, etc. Les premiers observateurs, Swammerdamm, de Geer, Rôsel, (4) Tu. Barrois : Matériaux pour servir à l'étude de la faune des eaux douces des Açores : I Hydrachnides. Lille, 1887. | prirent ces corps pour des œufs d’Hydrachnides; ce fut Dugès (1), qui en reconnut la véritable nature et qui détailla le cycle évolutif de quelques-uns de ces Acariens aquatiques. Il vit, chez Hydrachna globosa par exemple, les œufs donner naissance à de petites larves hexapodes qui, après avoir vécu librement durant quelque temps, se fixèrent sur le corps d’un insecte aquatique (Nepa cinerea, Dy- tiscus marginatus, Hydrophilus piceus, Cybister Ræselii, ete.) pour y passer à l’état de nymphe. Durant cette période de nymphose, le petit animal acquiert sa quatrième paire de pattes (en dehors d’autres modifications sur lesquelles je n'’insisterai point ici); plus tard la coque chitineuse se déchire et livre passage au nouvel animal qui nage aussitôt avec vivacité et reprend pour quelques semaines son existence libre. Mais la jeune Hydrachnide n’est point encore adulte, comme le dit Dugès ; elle doit derechef subir une nouvelle mue. Aussi, après qu’elle a pris un notable accroissement, la voit-on se fixer par son rostre à l’aisselle d'une feuille de Potamogeton pour y accomplir une deuxième nymphose tout à fait comparable à la première. Une seconde fois, la coque chitineuse se fend sur lé dos et lHydrachnide s’en échappe enfin à l’état parfait. Puisqu'il ne saurait être question de dissémination, soit directe, soit indirecte, des Hydrachnides à l'état adulte, pourquoi ne pas admettre que ces animaux peuvent être transportés par les Corizes d’une facon passive, à l’état de nymphes, alors qu’elles sont géné- ralement revêtues d’une carapace chitineuse épaisse et résistante, alors qu'elles vivent, pour ainsi dire, à la manière d’une chrysalide dans son enveloppe ? Les Corizes (Corixa atomaria) sont très communes aux Acores, et a priori, l'esprit ne répugne pas à admettre qu'elles aient été les agents de transport des Hydrachnides ; la phrase suivante de Dugès (2) semble d’ailleurs venir à l'appui de cette opinion : « J'ignore combien de temps ces petits animaux (les larves) vivent librement dans l’eau; ils n'en peuvent alors sortir sans périr, et c'est là qu'ils doivent trouver leur subsistance. Fixés sur le corps d’un insecte aquatique, (1) DuGÈs : Deuxième mémoire sur l'ordre des Acariens (Ann. des Sciences naturelles, 2e.série, t. 1, 1834). 2) Ducës : loc. cit., p. 146. 19 22 — et passés à l’état de nymphes, ils peuvent au contraire être emportés à l’air sans danger. » Mon hypothèse n’était donc qu'une vue de lesprit, mais je résolus de la vérifier par la méthode expérimentale, en me plaçant aussi exactement que possible dans les conditions naturelles. Il s'agissait de montrer : 1° Que le mode de développement postembryonnaire signalé par Dugès chez quelques genres particuliers (Hydrachna, Limnocharis) était commun à la plupart des Hydrachnides; 20 Que les Corizes pouvaient impunément être tenues hors de l'eau pendant un laps de temps assez long : go Que les pupes d'Hydrachnides, fixées sur ces mêmes Corizes, étaient suffisamment résistantes pour supporter une dessication pro- longée. Pour ce qui est du premier point, l’époque à laquelle j'avais entrepris mes recherches n'était guère favorable : j’eus grand’peine à réunir un certain nombre de Corizes infestées de pupes d'Hydrach- nides. Au bout d’un séjour plus ou moins long dans mes aquariums, ces diverses pupes donnèrent naissance à de petites Hydrachnides facilement déterminables; en voici les noms: Hydrachna globosa, Eylais extendens. C’est donc un genre nouveau à ajouter à la liste des espèces d’'Hydrachnides chez lesquelles on observe un développe- ment post-embryonnaire semblable à celui qu'a décrit Dugès. D’après certaines indications fournies par deux autres genres {Arrenurus, Nesæa) je suis porté à croire que ce mode de développement est commun sinon à la totalité (1), du moins à la grande majorité des (1) Les Atax parasites des Naïades /A. ypsilophorus et A. Bonzi)] semblent faire exception en ce sens que le développement s’accomplit en grande partie dans l'intimité même des tissus des Unios et des Anodontes. Toutefois si l’on veut se rapporter à l’ex- cellent travail de Claparède /Studien an Acariden. Zeit. für wiss. Zool., Bd. XVIII, 1868, p. 41 et suiv.), on verra clairement que toutes les phases du cycle évolutif sont au fond les mèmes. De lœuf, pondu généralement dans l'épaisseur du manteau ou des branchies, s'échappe la jeune larve hexapode /Æ£rste Larvenform de Claparède) de lAtax Bonzi qui nage librement dans la cavité palléale; après un laps de temps probablement assez court, cetle larve s'enfonce dans le tissu des branchies, où elle subit une véritable nymphose pour donner naissance à une deuxième larve octopode /Zweite Larvenform de Claparède). Cette larve octopode brise la coque chitineuse qui l’enferme, est mise en liberté pendant quelque temps, et pénètre ensuite à nouveau dans l’intérieur des branchies pour y accomplir une nouvelle mue et en ressortir à l'état parfait. On le voit, que l'hôte soit un Insecte ou un Mollusque, le processus embryonnaire est identique, au moins dans ses lignes principales. — 223 — Hydrachnides : toutefois mes observations sont trop incomplètes pour que je puisse rien affirmer de formel à ce sujet Tout le monde sait que la plupart des insectes aquatiques et surtout les Hydrophiles, les Dytiques, les Corizes, les Notonectes, etc., peuvent vivre assez longtemps hors de l’eau et passent, avec facilité en volant, d’un mare à l’autre (1). J’ai voulu voir combien de temps les Corizes résisteraient à la dessication, et j'ai entrepris à ce sujet une série d'expériences, dont je relate ci-dessous les plus impor- tantes. EXPÉRIENCE IX. — Une Corize {Corixa atomaria) de belle taille, après avoir été essuyée sur une feuille de papier brouillard, est mise dans un tube à analyse bien sec, qui reste débouché. Après vingt-trois heures et demie de dessication, la Corize est transvasée dans un cris- tallisoir où elle se met de suite à nager avec vivacité ; elle ne mourut que onze jours plus tard. EXPÉRIENCE IV. — Une grosse Corize adulte est isolée, avec les précautions indiquées ci-dessus, dans un tube à analyse. Elle y reste quarante-trois heures; à peine remise dans son élément naturel, elle y reprend son existence accoutumée. Toutefois je froissai l’insecte quelques heures plus tard en le sai- sissant avec une pince, et il mourut le lendemain dans la matinée. Des expériences ci-dessus mentionnées ainsi que d’autres qu'il serait trop long de rapporter, nous pouvons conclure que non- seulement les Corizes peuvent « voltiger la nuit, soit par plaisir, soit pour chercher une résidence plus riche en butin, soit enfin pour favoriser la diffusion de l’espèce (2) », mais encore qu’elles sont susceptibles de demeurer un laps de temps relativement consi- dérable hors de leur milieu habituel. Il est évident que les Coléop- tères (Hydrophilus, Dytiscus, etc...) se prêteraient mieux à des expériences de ce genre et offriraient plus de résistance à la dessication, mais j'ai tenu à opérer sur des Corizes, afin de repro- (1) « Un Coléoptère aquatique, un Colymbetles, tomba à bord du Beagle, alors à 72 kilo- mètres environ de la terre la plus voisine; on ne saurait dire jusqu'où il eùt pu être emporté s'il avait été poussé par un vent favorable. » CHarLes DaRwix : Origine des espèces, trad. franç., p. 464. Voyez au sujet du transport des Algues et des Protozoaires une intéressante note de W. Micuca: Die Verbreitungsweise der Algen (Biologischen Centralblatt, Bd. VII, Novembre 1888). (2) Breum : Les Merveilles de la nature, Insectes, t. IT, p. 470 (trad. franc. de Kuxc- KEL D'HERCULAIS). duire, d’une façon pour ainsi dire expérimentale, les faits tels qu'ils ont dù se passer, selon toute vraisemblance, lors de l’intro- duction des Hydrachnides aux Açores. Restait à démontrer le point le plus important : les pupes d’'Hydrachnides fixées sur les Corizes peuvent-elles impunément supporter un séjour prolongé à l'air libre ? Je le répète, la saison et le lieu où ces expériences ont été entreprises n'étaient guère favorables : les pupes d’Hydrachna étaient très rares, et je n'avais à ma disposition que des nymphes d’Eylais extendens dont l’en- veloppe chitineuse est molle, peu résistante, ayant par suite une forte tendance à se dessécher. Néanmoins, certains résultats de cette seconde série d'expériences ont été tout-à-fait probants, comme on le verra ci-dessous. EXPÉRIENCE Il. — Une jeune Corize, portant trois nymphes, est mise dans un tube à analyse, après avoir été égouttée sur du papier brouillard. Elle y reste 21 heures; à ce moment, on l’isole dans une cuvette où elle ne vécut que trois jours. Cette mort n’entrave en rien le développement de lAcarien, et, dix jours plus tard, l'enveloppe d'une des pupes se rompt et livre passage à une petite Hydrachnide qui se met aussitôt à nager avec rapidité dans la cuvette; un examen microscopique permit de la déterminer comme une jeune Eylais extendens. Il ressort nettement de cette observation que les pupes d'Hydrachni- des, même celles dont l'enveloppe chitineuse est mince et molle (comme c’est le cas chez Eylais ertendens), peuvent supporter sans dommage un séjour assez prolongé à l'air libre ; mon hypothèse s’est trouvée vérifiée par l'expérience, et l’on peut en conclure qu'il faut considérer les insectes aquatiques comme les agents les plus actifs de la dispersion des Hydrachnides (1). Nous avons vu plus haut quel rôle important peuvent jouer en pareille occasion les insectes. Est-il possible d'expliquer par ce moyen l’arrivée aux Açores des quelques espèces d’Hydrachnides qu’on y rencontre? La réponse ne (1) Je n'ose point dire ici les seuls agents de dispersion car j'ai rencontré maintes fois des pupes d'Hydrachnides fixées sur une tige de Potamogeton ou de toute autre plante lacustre, comme Dugès l'a le premier signalé ; il est évident qu’en cet état les nymphes peuvent être transportées par les oiseaux aquatiques qui emportent souvent des débris végélaux, soit enroulés autour de leurs pattes, soit accrochés dans la commissure du bec. — 225 — fait aucun doute. Les faits observés jusqu'à présent nous permettent presque d'affirmer que toujours les Hydrachnides subissent une nymphose d'assez longue durée, qu’elles vivent durant cette période en parasites sur un hôte, qui est par exception un Mollusque, mais d’une facon générale un Insecte aquatique. Il est bien probable que les genres Sperchon et Arrenurus ne s’écartent point de cette règle, et les Corizes, nous l'avons vu, sont très communes aux Açores (1). Ces Corizes ont, selon toute vraisemblance, été amenées du continent par un coup de vent, à la façon des Sauterelles {Ædipoda migratoria) dont on a constaté l’arrivée à Santa-Maria (2) et à Terceira (3). Le temps nécessaire à des insectes emportés par une tempête ou simplement par un vent fort, pour franchir l’espace qui sépare les Açores du Portugal ou de la côte africaine n'excède aucunement la durée du maximum de dessication que peuvent supporter les pupes d’Hydrachnides les plus délicates. On compte 725 milles (1342 k. 700) du cap Roca (Portugal) à l'île de S. Miguel, et 810 milles (1500k-120) du cap Cantin (Maroc) à l’ile de Santa- Maria. Or quel temps faudrait-il à une Corize emportée, non par un ouragan où une tempête, mais simplement par un vent fort, pour franchir cette distance? Pas même vingt-quatre heures! On peut même admettre que le transport s’est fait en deux étapes d'environ 800 k. chacune : l’une du continent à Madère, l’autre de Madère aux Açores, étapes facilement réalisables en douze heures par un vent fort et en vingt-quatre heures par un simple vent frais. Que quelques-uns des insectes ainsi emportés soient infestés de pupes d’'Hydrachnides, et l’on comprendra aisément la manière dont s’est faite, suivant toute vraisemblance, l'introduction de ces Acariens dans les eaux douces de l’archipel Açoréen : c’est, je crois, la seule manière d'expliquer d’une façon rationnelle, la dispersion des Hydrachnides ; et les expériences que je viens d'exposer montrent qu'il ne s’agit point ici d’une pure hypothèse. (1) Parmi les insectes aquatiques que j'ai observés, je citerai encore : Gyrinus natator Linné, Hydroporus confluens Fabricius, Parnus lur idus Erichson et Notonectes glauca L. Drouer /Faune acoréenne) et Gopmax {The Azores) ont signalé en outre : Hydroporus planus Fabr., Colyinbetes pulverosus Sturm., Agabus Godmanti Crotch, Gyrinus De- jani Brullé, Parnus prolifericornis Rossi. (2) Drouer : Faune açoréenne, p. 201. (3) Fouqué : Voyages géologiques, Revue des Deux-Mondes, 1873, p. 859, SUR LES VARIATIONS DU RAPPORT D'ABSORPTION DES MATIÈRES COLORANTES avec la nature de l'appareil photométrique Par E. LAMBLING Professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Lille. Théoriquement le rapport d'absorption d’une matière colorante est indépendant de la nature de l'appareil spectrophotométrique (1). Pratiquement on constate que cette grandeur varie notablement selon la méthode employée. Le tableau suivant donne un aperçu des variations observées pour les deux matières colorantes du sang ; A et A”, désignent les xrapports d'absorption de l'oxyhémoglobine pour les régions spectrales D32E — D53E et D63E — D 84E; A, et A”, ceux de l’hémoglobine pour les mêmes régions. Origine NATURE DE L'APPAREII de la A A A A’ Ao a ol + dr ÉTAT “| matière Ê ? à : A0 |" A+ VRP VAR colorante » Appareil de Hüfner. 1°" modèle.| Chien |0.00132410.001000!0.001091!0.001351/1.324/0.807/|. Noorden (2) » » » Cheval |[0.00136010.001031 — — 1.325! — |Bücheler (3) » » 2* modèle.| Chien |0.00188010.001403,0.001543/0.001895/1.339,0.814/T. Otto (4) Appareil de Vierordt. . . . . ) 0.00142610.001049! — — {1.359 — |Lambling (5) » DANNENAN Ne » 0.00144310.001076|0.001184,0.001453!1.34110.815{J. Otto Ho, aût Cheval |10.00144810.001085 — — & ee (SA Lambling (1) Voy. à ce sujet : LamBriNG : Arch. de Physiol. Juillet 1888. (2) V. NooRpEx : Zeitsch. f. physiolog. Chem., t. IV, p. 9. (3) BücneLer : Beiträge zur Kenntniss des Pferdeblutfarbstoffs /Dissert.), Tübingen, 1883. (4) J. Orro : Pflüger’s Arch., t. XXX VI, 1885, p. 12. (5) LamBuiG : Thèse de Nancy, 1882, p. 133. — 2217 — Parmi les substances dont le rapport d'absorption à été fixé pour plusieurs appareils, je citerai encore l’alun de chrome. Dans la région D {LE — D5OE, Vierorpt à trouvé pour ce sel à l'aide de son photomètre à fentes variables A — 0,04477 J’ai trouvé, de mon côté, pour le même sel 0,04466 (Appareil de VIERORDT) 0,03076 (Appareil de TRANNIN) Ces variations sont surtout frappantes, quand on rapproche les résultats que fournissent les deux spectrophomètres de HürneR, avec lesquels il à été fait un si grand nombre de recherches sur les matières colorantes du sang normal et pathologique. Le tableau montre qu'avec le premier de ces appareils, les rapports d’absorp- tion prennent des valeurs beaucoup moins élevées qu'avec le second. Ainsi, on peut calculer, en partant des résultats de v. NooRDEN et de Orro, qu'une solution d’oxyhémoglobine de chien à # gr. 0/00, examinée successivement à l’aide de ces deux appareils sous une épaisseur de un centimètre, donnerait les résultats que voiei : (1) Région D32E — D54E Région D63E — DS%E 1e ë, ile e Appareil E..... 0,17 0,75528 0,10 1,00000 » || SPP 0,29 0,53191 AUS 01279 On voit donc que la quantité de lumière que laisse passer, dans une région spectrale donnée, une même solution colorée est pour l’un des appareils de 17 °/,, pour l’autre de 29 0/, de la lumière incidente. Les écarts observés pour la plupart des autres spectro- photomètres sont tout aussi considérables. J'ai vainement cherché dans les ouvrages et mémoires spéciaux des indications sur les causes de ces différences. Beaucoup d'auteurs (1) Les valeurs de €, £’o ont été calculées à l'aide de la relation fondamentale ce — Ace, dans laquelle on a remplacé © par Ogr.0OO1 et A par les valeurs lrou- vées pour Ao et A’ à l’aide de deux appareils en question (voy. le tableau de la page 226). Quant aux valeurs correspondantes de |’, on les a prises directe- ment dans la table qu'à dressée VieroRDT et qui donne les valeurs de € pour des intensités lumineuses restantes F, variant de 0,999 à O,001 (voy. VIiERORDT : Die Anwendung des Spectralapparates zur Pholometrie, ete.., Tübingen, 1876). On s'est borné, pour |’, aux deux premières décimales, Ur. ont à la vérité étudié parallèlement le degré de précision qu'on peut atteindre avec divers spectrophotomètres, mais ïls n’ont pas comparé la valeur absolue des résultats obtenus, avec ces divers appareils, dans un cas déterminé. A défaut d'une étude complète de cette question — étude qui est du domaine de la physique pure — je voudrais indiquer ici quelques-unes des causes aux-. quelles on doit rapporter les écarts observés. En ce qui concerne les deux appareils de HürNERr, ces différences s'expliquent, au moins en partie, par les raisons suivantes: Dans le premier modèle construit par HürNer, la polarisation de l’un des faisceaux est obtenue à l’aide d’un système de deux glaces, placées par rapport à l’axe du collimateur souslangle de polarisation pour le verre. L’analyseur est constitué par un nicol. La source lumineuse est une lampe à pétrole, placée au foyer d’une lentille convergente, à l’aide de laquelle on dirige sur lun des miroirs un faisceau de rayons parallèles à l'axe du collimateur. Or, il est certain qu'avec ce dispositif la polarisation obtenue est très imparfaite. En effet, comme la source lumineuse présente une certaine étendue, il arrive nécessairement, malgré l'effet de la lentille, que des rayons lumineux tombent en assez grand nombre sur le miroir sous un angle différent de l'angle de polarisation. Le faisceau polarisé contient donc toujours une certaine proportion de lumière naturelle. Dans le second modèle , au contraire le polariseur étant un nicol, cet inconvénient peut être éliminé à peu près complètement, si les nicols sont choisis avec soin. Il résulte de là que pour affaiblir la plage polarisée Jusqu'à un degré déterminé d'intensité, il faut tourner lanalyseur d’un angle qui est plus élevé pour le premier appareil que pour le second. Pour une même solution colorée, les coefficients d'extinction observés doivent donc être plus forts, et par suite les rapports d'absorption plus faibles, dans le premier cas que dans le second. C’est bien là ce que l’on observe. Je ferai remarquer ici qu’au cours de leurs nombreuses recher- ches sur les matières colorantes du sang, HürNER et ses élèves ont pu, avec lappareil à glaces, vérifier assez nettement, la propor- tionalité des coeflicients d'extinction aux concentrations des solu- tions colorées, c’est à dire la constance du rapport d'absorption. Au premier abord, ce fait parait être en contradiction avec l’hypo- thèse que Je viens de faire sur la persistance d’une certaine propor- UE tion de lumière naturelle dans le faisceau polarisé. Il semble en effet qu'il doive résulter, de cette polarisation imparfaite, des erreurs relatives très considérables dans la mesure des intensités restantes faibles, négligeables au contraire dans celles des intensités à valeurs élevées, ce qui produirait évidemment des variations notables dans la valeur du rapport d'absorption. Il est facile de montrer qu’il n'en est rien et qu’une polarisation même très imparfaite a pour effet de hausser tous les coefticients d’extinction, mais en ne modi- fiant que médiocrement leur valeur relative, Supposons, en eflet, que le faisceau polarisé se compose de 0,10 de lumière naturelle et de 0,90 de lumière polarisée, et que lon place devant l'appareil mis aw point, une solution (de 1°% d'épaisseur) qui absorbe réellement 10 °/, de la lumière incidente dans une cer- taine région spectrale. La plage qui correspond à la solution colorée n’a done plus qu'une intensité de 0,90. Pour affaiblir au même degré la plage polarisée, il faudra tourner le nicol jusqu’à ce que l'intensité de la portion polarisée du faisceau soit abaissée à 0,80, car alors nous aurons pour cette plage Lumière naturelle : 0,10 » polarisée : 0,80 En tout : 0,90 De même, si la solution colorée réduisait à 0,80 l'intensité de la plage non polarisée, il faudrait, pour rétablir légalité d’éclat des deux plages, affaiblir la portion polarisée du faisceau jusqu’à 0,70. Il viendrait alors : Lumière naturelle : 0,10 » polarisée : 0,70 En tout : 0,80 Il est clair que l'angle de rotation du nicol mesure l’affaiblisse- ment subi par la seule portion polarisée du faisceau. Or, cette por- tion polarisée a été abaissée : Dans le premier cas : de 0,90 à 0,80 ou de 1,000 à 0,888. Dans le deuxième cas : de 0,90 à 0,70 ou de 1,000 à 0,777. En d’autres termes, alors que l'intensité restante d’une plage est en réalité de 0,90 ou de 0,80, l'angle de rotation du nicol indi- que une intensité de 0,888 ou de 0,777. En continuant c: cal- — 230 — cul jusqu’à une intensité restante de 0,10, on obtient les valeurs suivantes. On a désigné par l les intensités restantes réelles, par F les intensités que l’on déduirait de langle de rotation du nicol, par & et «,, les coefficients d’extinction correspondants. il 1 : = Le (3 0,90 0,888 0,04576 0,05139 1,13 0,80 0,777 0,09691 0,10938 1,13 0,70 0,666 0,15491 0,17653 1,14 0,60 0,555 0,22185 0,25571 1,15 0,50 0,44 0,30103 0,35262 1,17 0,40 0,333 0,3979% 0,47756 1,20 0,30 0,222 0,:52288 0,65365 1,25 6,20 0,111 0,69897 0,95468 1,36 Il semble donc que la présence dans le faisceau polarisé d’une certaine proportion de lumière naturelle ne modifie pas d’une ma- nière bien sensible la valeur relative des coefficients d'extinction. En effet, comme il importe d'opérer autant que possible sur des solutions concentrées, les intensités restantes que l’on à à mesurer habituellement, dans la pratique de l'analyse quantitative des liquides colorés au spectrophotomètre, sont comprises entre 0,10 et 0,30 environ. Or, entre ces limites, le quotient — n’a varié que de 1,20 à 41,36, malgré l'énorme proportion de lumière naturelle (10 °/,) que nous avons supposée mélangée au faisceau polarisé. Il est donc probable qu’en réalité, Ia valeur relative de «; ne subit, de ce chef, qu'une hausse très légère (1). Je dois signaler ici une autre cause qui peut fausser la mesure des intensités restantes. Dans le premier appareil de Hürner, Île nicol n'étant pas à faces d’entrée normales, il arrive que pendant sa rotation, l'angle que fait le plan de polarisation du faisceau incident avec le plan d'incidence, varie de 90 à 0°. La perte par réflexion que subit le faisceau polarisé à la face d’entrée de Pana- (1) Si l’on admet que cette augmentation des valeurs relatives de #; est sensible dans la pratique, elle aurait pour effet de faire diminuer le rapport d'absorption pour des concentrations croissantes (voy. la note (3) de la page suivante). —,931 — lyseur varie donc avec la position de celui-ci, c’est-à-dire avec la concentration des solutions examinées. En partant des formules de FRESNEL (1), j'ai calculé que cette perte peut varier de 1 à 8 °/ environ (2). Elle est d'autant plus grande que l’angle du plan de polarisation avec le plan d'incidence est plus voisin de 0e, c'est-à-dire qu’elle augmente à mesure que gran- dissent les angles dont on fait tourner l’analyseur. Les coefficients d'extinction subissent donc, de ce chef, une diminution qui est plus forte pour les solutions concentrées que pour les solutions étendues (3). L * Le tableau de la page 226 montre en outre que les résultats obtenus avec l'appareil à fentes variables de Vrerorpr s’éloignent peu ceux que donne le premier photomètre de HürNer. Il est probable que les phénomènes de diffraction qui se passent au niveau des fentes variables produisent ici le même effet que la polarisation incomplète de l’un des faisceaux dans l'appareil à glaces de HüFNer. En effet, l’éclairement d’une plage spectrale est due à deux sortes de rayons : 1° ceux qui ont pénétré en droite ligne dans le collimateur en faisant avec l’axe de celui-ci un angle assez petit pour qu’ils puissent être recueillis par la lentille du collimateur; 2° ceux qui, provenant des parties latérales de la source lumineuse, arrivent sur le bord de la fente trop obliquement pour être recueillis directement comme les précédents, mais que la diffraction ramène vers l’axe du collimateur. L’intensité des premiers varie seule proportionnellement à la largeur de la fente. La quantité de lumière diffractée est au contraire indépendante de la largeur de la fente. L'intensité I d’une plage spectrale se compose donc de l'intensité 2: de la lumière recueillie directement, plus l'intensité d de la lumière diffractée. Supposons que l’on donne aux deux fentes une égale largeur et que l’on place devant l’une d'elles une solution colorée. Cette solution absorbera (1) Voy. Jam et Boury, Cours de Physique: 3 éd., t. IIT, 3° fasc., Paris, 1881, p. 484. (2) Ce calcul à été fait pour les rayon jaunes, et en prenant comme valeur de l'angle d'incidence : à — 900 — 45022 — 44038, (3) V. NooRDEN a constaté que le rapport d'absorption de l’oxyhémoglobine diminue légèrement, mais régulièrement, pour des concentrations décroissantes (Voy. Arch. de physiol. Juillet, 1888, p. 16). Ne faudrait-il pas chercher l'explication de ce fait dans cette variation régulière de la perte que subit ainsi à l’entrée du nicol le faisceau polarisé ? ne es également la lumière directe et la lumière diffractée, et l'intensité lumineuse restante l,, sera, pour une plage spectrale donnée : DEC Le n Si maintenant, on rétrécit l’autre fente, on n’agit par cette manœuvre que sur le terme ?, c’est-à-dire qu'il vient pour la plage correspondante du second spectre : s Ù FE ie d n Il est clair que les intensités [ et L, des deux plages spectra- les ne pourront être égales qui si n° est plus grand que n. En d’autres termes, pour affaiblir de moitié la lumière émanée de la fente, celle-ci doit être rétrécie de plus que de la moitié. Il résulte de là que les coefficients d'extinction sont tous trop forts et par suite les rapports d'absorption trop faibles. La raison qui fait que les appareils à franges et les appareils à plages juxtaposées donnent des résultats souvent très différents, a déjà été mise en lumière incidemment, dans une note précédente (1). Elle apparaît clairement si l’on examine le tracé qui accompagne cette note et qui représente la marche de l’absorption produite dans la région C—E du spectre par une solution de sang de cheval au 1/100, examinée sous une épaisseur de un centimètre. Il me suffira d'ajouter ici que selon la marche de l’absorption lumineuse dans la région observée, l'appareil à franges indiquera un rapport d’absorp- tion tantôt plus fort, tantôt plus faible que celui que donnerait un appareil à plages juxtaposées. Ainsi, avec les appareils à franges, on saisit très nettement le minimum d'absorption que la courbe indique entre m et n. Avec les appareils à plages juxtaposées, au contraire, cette région paraît à l'œil d’un éclat uniforme, c’est-à-dire que l'œil fait à l'insu de l’observateur une sorte de moyenne entre les intensités lumineuses qui se succèdent de m à n. Les coefficients d'extinction mesurés dans cette région seront done plus faibles, et par (4) Voy. le numéro du 1er février 1889, p. 194. — 233 — suite les rapports d'absorption plus forts, dans le premier cas que dans le second. Dans la région du premier maximum entre D et m, c'est l'inverse qui se produit (1). C'est ainsi que s'explique également la variation considérable du rapport d'absorption de l’alun de chrome pour la région D'11E — D 50 E, quand on passe de l'appareil de VieroRpT à celui de M. TRANNIN (voy. p. 227). On constate en effet avec l'appareil à franges que, de DIIE à DS0E, l'absorption n’est pas uniforme, mais qu’elle passe par un maximum situé entre D15E et D27E. C'est sur la région de ce maximum, C'est-à-dire là où les franges disparaissent en dernier lieu, que portaient en réalité mes observations avec l'appareil TRANNIN. Il est résulté de là des coefficients d'extinction plus élevés et consé- quemment un rapport d'absorption plus faible. * re Il ressort de cette étude que les variations que l’on vient de signaler sont telles qu'il est indispensable de déterminer une fois pour toutes, pour chaque variété de spectrophotomètre, les rapports d'absorption des substances qu'on veut étudier. Sous cette réserve, les résultats fournis par les divers appareils sont comparables entre eux en ce qui concerne l'analyse quantitative des solutions colorées. — Je ferai remarquer en outre, qu'en ce qui concerne la photo- métrie comparée des diverses régions d’un spectre d'absorption, les appareils à plages juxtaposées donnent des résultats comparables As Ar Fo: et En le démontre suffisamment (Voy. le tableau de la page 226). entre eux (2). La constance des quotients (1) Voy. Ibid. p. 195. (2) Mais non comparables aux résultats obtenus avec les appareils à franges (voyez le numéro de février 1889, p. 194). ERRATUM Dans le numéro de Février 1889 (Article : Contribution à l'étude photométrique, etc..), p. 194, au lieu de Cheval... 2 0,001085 0,001005 Lisez: Cheval... 0,001448 0,001085 — 234 — APPAREIL POUR LA COLORATION ET L'INCLUSION SOUS PRESSION PAR OP AU PAT Z Professeur de Zoologie à la Faculté des Sciences de Lille. La chitine est une substance qui a, plus d’une fois, fait le malheur des histologistes par l’obstacle qu’elle oppose à la fixation, à la coloration et à l'inclusion. On trouvera plus loin la traduction d'un article récent de T. H. Morgan (1), sur les services que peuvent rendre la liqueur de Labaraque et l’eau de Javelle quand on emploie ces réactifs avec précaution. Ce n’est pas seulement la chitine qui fait obstacle à la péné- tration des colorants. Une quantité d’œuîfs, particulièrement dans les groupes des insectes et des nématodes, sont protégés par des enveloppes ou par des vernis imperméables, qui mettent parfois lembryologiste dans un grand embarras. Dans ce cas, l'emploi des dissolvants est toujours dangereux, car il est bien difficile, quelques précautions qu'on prenne, de ne pas dépasser le moment précis où le réactif à suffisamment agi sur l'enveloppe chitineuse et n’a pas cependant encore attaqué le protoplasme toujours si délicat de l'œuf. Le mieux, lorsque la chose est possible, et elle l’est dans certains cas, est de se débarrasser de la coque dure des œufs, en l’enlevant avec des aiguilles fines. Bien souvent malheureusement, ce procédé n’est pas applicable, soit parce que l'œuf est trop petit, soit parce que son enveloppe imperméable ne présente pas assez de consistance ou bien adhère aux parties sous-jacentes. En présence de semblables difficultés qui sont presque insurmon- tables, j'ai voulu essayer l’action des différents réactifs sous des pressions supérieures à la pression atmosphérique. (1) Experiments with Chitin dissolvents. By T.H. MorGan, in Studies from the Biological Laboratory-Johns Hopkins University Baltimore. Vol. IV, N°4, 1888. J’employai d’abord, à titre d’essai, un tout petit flacon bien fermé à l’aide d’un bouchon en caoutchouc. Ce bouchon était traversé par un tube en verre auquel s’adaptait un tube en caoutchouc. Le réactif et les œufs étant introduits dans le flacon, on bouchait celui-ci en ayant soin de ne pas faire plonger le tube de verre dans le liquide, puis, à l’aide d’une seringue à injection dont on adaptait la canule au tube de caoutchouc, on foulait de l'air dans le flacon. Le tube en caoutchouc était fermé à l’aide d’une pince. Malgré cette pré- caution, la pression diminuait rapidement dans le flacon. J’obviai à cet inconvénient en injectant de l’air de temps en temps. Cet appareil très simple m'ayant donné, dans certains cas, d’assez bons résultats, J'ai cru que cette méthode de coloration sous pression pouvait ètre employée utilement. J’ai fait alors construire, chez MM. VANACKÈRE et BRUNNER, à Lille, le petit appareil dont je donne ici le croquis. Il consiste en une petite marmite en bronze fermant hermétiquement à l’aide d’une vis faisant pression sur le couvercle. Cette marmite est en communication, d’une part avec un manomètre, d'autre part avec une pompe. Le tube qui relie ce petit autoclave avec le mano- mètre est en cuivre et est pourvu d'un robinet. Un second robinet — 236 — se trouve entre la marmite et la pompe. Pour la commodité de la manœuvre de la pompe, le tube qui relie celle-ci à l’autoclave a besoin d’une certaine flexibilité ; il est en étain. Tel qu'il est construit, ce petit appareil conserve bien la pression. Les réactifs sont mis, ainsi que les objets à colorer, dans des tubes en verre et introduits dans l’autoclave qui peut en contenir six ou huit, ce qui permet de traiter du même coup des œuis à des stades différents du développement. Je me suis également servi avec avantage du même appareil pour pour faire des inclusions sous pression. Les objets à inclure sont dans ce cas .introduits dans des tubes avec de la paraffine fondue, et portés dans l’autoclave. On donne la pression, et on maintient une température suflisante pour que la parafline reste liquide. Il suffit pour cela de plonger la partie inférieure de lautoclave, qui se trouve en dessous de la planchette sur laquelle celui-ci est fixé, dans de l’eau à 60 ou à 70 degrés centigrades. En cas de besoin on pourrait, après avoir fermé les robinets, dévisser les tubes du manomètre et de la pompe et retirer la marmite de son support pour la plonger entièrement dans l’eau chaude. La méthode que je viens d'exposer m'a permis d'obtenir, sur des œufs d'insectes à enveloppe imperméable, de bonnes préparations, bien colorées, dans des cas où je n'avais pu obtenir, par les méthodes ordinaires, que des résultats peu satisfaisants. Il est possible que la mème méthode puisse également faciliter la pénétration du colorant à l'intérieur des pièces perméables mais épaisses. Je n’ai pas eu le loisir de faire des expériences compara- tives à ce sujet. Jusqu'à ce Jour, je n'ai employé mon appareil à air comprimé que pour quelques cas très particuliers, Je n'ai jamais dépassé une pression de trois à quatre atmos- phères. Quant à la durée de l'opération elle est variable pour chaque cas, et doit ètre déterminée par des essais préalables sur les œuis qu'on se propose d'étudier. Le Portel, le 21 octobre 1888. EXPERIENCES SUR LES DISSOLVANTS DE LA CHITINE PAR T.-H. MORGAN (1) Traduit de l'Anglais par M. A. MALAQUIN Préparateur de Zoologie à la Faculté des Sciences de Lille. Dans le Zoologische Anzeiger pour 1885 (vol. VII, p. 333), parut un court article intitulé € Neue Lôsungsmittel des Chitins ». Les dissolvants dont il est question dans cet article sont la liqueur de Labaraque (Hyperchlorite de potassium) et la liqueur de Javelle, le composé correspondant du sodium. L'auteur dit que les parties chitineuses les plus dures des insectes ou d’autres animaux peuvent être complètement dissoutes par l’une ou l’autre de ces solutions, et de préférence par le composé de de potassium. Il à observé aussi qu'une solution de l’un ou l’autre de ces composés, diluée dans cinq à six fois son poids d’eau, amènera dans la chitine des changements, non visibles peut-être à l’extérieur, mais grace auxquels cette substance devient moins cassante et plus pénétrable aux liquides colorants. L'auteur, le Dr Loor, conclut en disant que ces composés ont besoin d’être plus mürement examinés. Pendant l'hiver 1887-88 j'ai fait un grand usage de ces liquides, et les résultats suivants peuvent, je l’espère, prouver leur action sur les parties des insectes ou d’autres animaux qui renferment de la chitine. 1. Application générale. -— Il arriva que les premières expériences portèrent sur les œufs de la Blatte commune; les résultats de ce choix furent très heureux. Une grande quantité d'œufs furent traités en même temps; leur ensemble est entouré d’une épaisse coque chitineuse, formant ce qu'on appelle raft. Il est nécessaire de donner ici quelques explications sur l'énergie de la solution dont on doit (1) Extrait des « Studies » from the Biological Laboratory of Johns Hopkins Univer- sity, Baltimore, vol. IV, no 4, 1888. sas se servir. Il y a deux méthodes principales d'application. Dans l’exposé suivant, le liquide commercial s’appellera la solution forte, et le même liquide dilué, dans cinq à six fois son poids d’eau, la solution faible. Plus loin on discutera l’application spéciale des deux liquides. 1. — Les rafts, à l’état frais, sont placés dans la solution faible de la liqueur de Labaraque et laissés jusqu’à ce que lenveloppe chitineuse devienne molle et transparente. La durée de l'immersion varie : si on chaufle légèrement elle est assez courte, il suflit peut- ètre de trente minutes ou une heure avec la solution chaude, mais il faut se régler bien plus sur les modifications apparentes de la chitine que sur un laps de temps défini. Si les embryons sont fort avancés, ils doivent être débarrassés un à un de leur enveloppe; si au contraire ils sont jeunes, on fera mieux de les durcir et de les couper tous ensemble. Dans les deux cas, les œufs ou les embryons furent ensuite lavés pendant quelques minutes dans l’eau, puis transportés pendant une heure dans l'acide picro-sulfurique ; enfin, comme c’est l’usage, ils furent passés par les différents degrés de l’alcool, 70 °/,, .80 0/,, 95 0/.. En cet état, on peut les conserver ‘indéfiniment. Quand on veut les couper, on les plonge dans lalcool absolu puis dans la térébenthine ou le chloroforme, et on les inclut de la manière usuelle dans la paraffine. [ls sont ensuite coupés au microtome, fixés sur le slide, soit par la méthode du collodion, soit par celle de l’albumine ou de lalcool, et colorés, comme on dit, «bon the stide »: Plusieurs variantes de cette méthode s'imposent d’elles-mèêmes. Je me servis quelquefois de la solution forte, mais son action est beaucoup trop rapide et trop puissante. Au lieu de l'acide picro-sul- furique, on peut faire usage d’une solution de sublimé-corrosif et l'emploi de celle-ci est presque aussi heureux que celui du premier agent durcissant. L’acide chromique peut encore donner de bons résultats. Ou bien enfin l’objet amolli peut être traité immédiatement par les différents degrés de l’alcool, et là encore on obtient une aussi bonne préparation qu'avec l'acide picro-sulfurique. 2. — On peut aussi appliquer le dissolvant aux échantillons qui ont été déjà durcis et conservés; mais, dans tous les cas où il est facile de se procurer des matériaux frais, il faudra immédiatement amollir la chitine avant de les conserver. Ici la méthode est un peu plus rapide puisque la substance a été préalablement durcie. De l'alcool, les objets sont transportés dans la solution faible de Laba- raque, amollis comme précédemment, puis passés par l’eau et les alcools, etc. Dans beaucoup de cas où l’œuf et l’embryon d’un animal sont enfermés dans la chitine, les meilleurs résultats ont été obtenus en colorant les sections après que ces pièces ont été coupées et fixées sur le slide. Si le spécimen est de petite taille, on le colore dans sa totalité après avoir amolli la chitine, ou bien avant cette opération, il est bon de faire, avec la pointe d’une aiguille, un trou à travers la chitine. La plus grande difficulté, et pratiquement la seule qu'on éprouve, consiste en ce que la solution de Labaraque n’attaque pas seulement la chitine, mais aussi, après un certain temps, les tissus mous de l’animal, apparemment le tissu conjonctif. Lorsque la chi- tine enveloppe complètement l’objet, comme dans le raft du Gardon, on peut enlever l’objet de la solution aussitôt que la chitine est amollie, et avant que les parties sous-jacentes soient attaquées. Dans tous les cas analogues, le dissolvant rend les meilleurs services. Très souvent, cependant, les tissus tendres de l’animal sont exposés par places, entre la chitine qui les recouvre. Ceci se voit surtout bien dans les articulations des pattes des insectes, etc., et très fréquemment ces endroits exposés sont attaqués avant que la chitine soit complètement amollie; ce qui occasionne, si le séjour dans le réactif a été trop long, la rupture des articulations. En diluant judicieusement la solution, et en enlevant les pièces à amollir avant que les articulations soient attaquées, on trouvera la méthode pratique, même dans ce cas. La plus grande difficulté se présente lorsque la chitine, située intérieurement, est complètement entourée de tissus mous. D’après toutes les expériences que j'ai faites, je trouve qu’on obtient les meilleurs résultats avec les solutions très diluées, diluées de huit à dix fois et même plus. On doit admettre que dans ce dernier exemple l’application du dissolvant est plus douteuse et ne rend pas, à beaucoup près, les mêmes services que dans le premier et le second cas. Il vaut donc mieux par conséquent employer la solution forte lorsque la chitine enveloppe complètement les parties molles de l'animal, et 2 PAbUE la solution faible dans tous les cas où ces derniers tissus sont apparents. La solution n’amollit pas seulement la chitine, mais elle enlève tout le pigment situé soit dans la chitine, soit dans le tissu sous-jacent et cette particularité est quelquefois avantageuse. Le Dr Loor suggère dans son article que le chlore est l’agent actif qui amène ces transformations. D’après cette hypothèse, quelques expé- riences furent faites avee une forte solution d’eau de chlore, mais bien que la chitine fût jusqu'à un certain point attaquée, cette réaction eut lieu très lentement et très incomplètement,; ce qui montre que dans l’action du dissolvant il y a autre chose que les modifications apportées par le composé, d’ailleurs libre, du chlore. Les plus grandes difficultés se présentent lorsqu'en faisant des sections on se trouve en présence de la chitine; quoique ces solutions ne puissent pas toujours être employées, je crois cependant que dans un très grand nombre de cas elles seront infiniment utiles. Grâce à leur application, des difficultés qui, jusqu'ici ont été pratiquement insurmontables, peuvent être vaincues. = 44611 LILLE, LE BIGOT FRÈRES. Le Gérant, TH. BARROIS. ANNÉE 1889. No 7. Aer AvRIL, REVUE BIOLOGIQUE DÜUVNORD-DE, LA FRANCE Paraissant le 1° de chaque mois FAUNE DES EAUX SOUTERRAINES DU DÉPARTEMENT DU NORD: ET EN PARTICULIER DE LA VILLE DE LILLE PAR R. MONIEZ Professeur à la Faculté de Médecine de Lille. CLADOCÈRES (Suite) Les grottes de la Carniole renferment encore quelques Entomos- tracés que nous nous bornerons à indiquer et qui ont été découverts et soigneusement décrits par Josepx (43); ce sont: Leptodora pellucida Josepx. — C’est une espèce très voisine de la Lept. hyalina: elle à la taille et la transparence de sa congénère, mais est complètement aveugle. Cette Leptodora a des œufs d'été et des œuls d'hiver; les mâles apparaissent en automne; il est bien remarquable de retrouver, dans les eaux souterraines, une espèce pélagique comme celle-ci. Branchippus pellucidus Josepx. — Ce Branchippe plus petit que le B. stagnalis, est complètement transparent et aveugle, les jeunes présentent également cette particularité, même aux stades les moins développés. On ne sait si cette forme souterraine présente au point de vue de son apparition dans des points déterminés, les mêmes particularités que les Branchippes qui vivent à la surface, ou si sa présence est constante dans les eaux où on l’a signalée. Estheria cœca Josepx. — Ce Branchiopode est voisin de VE. brachyura MüLer, à la différence qu’il est aveugle, même à l’état larvaire, et que sa coquille est de nature délicate. AMPHIPODES ST Gammarus fluviatilis var. d'Emmerin. — Dans un inté- ressant mémoire que nous devons maintenant analyser, R. SCHNEIDER a étudié un Gammaride, qui vit en très grande quantité dans les eaux des mines de Clausthal (G. fluviatilis var subterraneus). L'animal est entièrement décoloré et son œil n’est plus tout-à-fait normal, si on le compare à celui des Gammarus de surface : il est un peu plus volumineux, le pigment est réduit et ne recouvre plus autant les cristallins, ceux-ci montrent une sorte de relàche- ment et ne sont plus si serrés entre eux: ces particularités ne s’observent jamais sur les Gammarus de la surface. Le pigment a aussi changé de couleur; au lieu d’être rouge brun, il est d'un noir terne. D'autres modifications se passent à propos des organes des sens : le nombre des articles des premières antennes s’est multiplié — moins toutefois pour la femelle que pour le mâle — encore ce nombre d'articles est-il très variable suivant la taille des animaux, particularité que l’on observe aussi d’ailleurs chez le G. pulex type. Une autre diflérence signalée par l’auteur allemand réside dans le fouet de l’antenne: de même que dans le Gammarus puteanus, cet organe n’est ici formé que de deux articles, alors que, dans les deux formes ordinaires de Gammarus de surface (G. pulex et G. flu- viatilis) on lui trouve % articles chez le mâle et 3 chez la femelle. Une dernière particularité signalée chez le Gammarus souterrain de Clausthal, c’est l'abondance des dépôts calcaires dans les tissus. Or, nous avons trouvé, dans le réservoir d’'Emmerin, un Gamma- ride dont nous n'avons pu, malheureusement, récolter qu’un seul échantillon, ce qui s'explique par la très grande difficulté que l'on éprouve à explorer les bassins. Il vivait en compagnie de Gammarus puteanus type et était, comme eux, chargé de matières — 243 — calcaires, ce qui s'explique par la nature des eaux dans lesquelles il avait vécu. Cet animal était de taille considérable, puisqu'il mesurait, antennes non comprises, 22 mill. de longueur : les yeux étaient normale- ment colorés et présentaient nettement, avec le retrait du pigment, cette sorte de relàächement des cristallins figurée par Scanner. Les antennes comptaient 42 articles, alors, que chez les individus obser- vés par l’auteur allemand, le nombre maximum de ces segments était de 40; la deuxième paire d'antennes, dont R. SCHNEIDER ne parle pas, portait 19 articles, le fouet était formé de cinq articles, dont le terminal très petit, — soit 3 de plus chez le G. subterraneus, et que chez le G. puteanus et 1 de plus que chez lies Gammarus de surface. La main du Gammarus d'Emmerin a la forme de celle des Gammarus de surface, à la différence qu’elle est un peu plus allongée : elle ressemble, par. conséquent, davantage à celle du G. subterraneus de ScanEIDER. Un caractère que je note comme assez important au point de vue comparatif, nous est fourni par les piquants qui garnissent la partie supérieure de cet organe : ils sont forts, coniques, un peu courbes et ont l'extrémité entière, tandis que, dans une des formes du G. puteanus dont nous parlons plus loin, ces piquants sont entaillés d’une dent et sont sensible- ment plus grêles. Les trois derniers articles du corps portaient les groupes de fortes épines qu’on remarque sur celle des deux formes de Gammarus de surface qu’on appelle G. fluviatitis : ces épines ne sont pas signa- lées chez le G. subterraneus. Je n'ai constaté aucune différence dans les caractères fournis par le telson et par les derniers uropodes. Par les caractères de lœil — à la vérité moins accentués, — par la décoloration des téguments et l'augmentation en nombre des articles des antennes, notre Gammarus d'Emmerin se rapproche donc de la variété subterraneus du Gammarus pulex, telle qu’elle est décrite par SCHNEIDER, en même temps que les épines des derniers anneaux du corps font songer à un rapprochement avec le G. fluviatilis. Notre variété s'éloigne de celle de Clausthal, au contraire, et se tient plus près des types de surface, par le nombre d'articles du fouet des antennes; elle forme donc, en quelque sorte, un anneau entre le type de surface et la variété décrite par SCHNEIDER ; elle offre encore cet intérêt, de montrer que le fouet de l'antenne est aussi un organe de caractère variable et, d’une façon oh — générale, elle nous fait voir que les caractères modifiés de concert chez le G. puteanus, comme nous allons le voir plus loin, peuvent ne pas marcher de pair pendant toute la durée de leur diflérentiation. Il faut remarquer que nous n'avons retrouvé nulle part à Lille la variété de Gammarus du réservoir d'Emmerin et nous sommes porté à croire qu'elle s’est produite localement, aux dépens du type, dont les œufs auront été entraînés dans la nappe souterraine et ramenés ensuite avec les eaux dans les réservoirs (1). 88° Gammarus puteanus Kocx (2). En outre de la variété de Gammarus que nous venons de décrire, nous avons récolté à Lille et dans beaucoup de localités du Nord et du Pas-de-Calais (3) une espèce du même genre totalement dépourvue depigment oculaire, que l’on peut retirer de tous les puits indistinctement et qui s’observe parfois en quantité considérable. Nous l’avons trouvée sous deux types principaux que nous caracté- riserons, pour la commodité de la description, par la forme des mains : (1) Quant aux rapports que l’on pourrait chercher entre la légère différentiation du Gammarus d'Emmerin que nous venons de décrire, et la date d'établissement des bassins obscurs dans lesquels vit cet animal, nous renvoyons à la note de la page 255 où nous montrons que ces rapports ne peuvent être sérieusement établis. (2) On classe souvent cet animal dans le genre Nipharqus, mais nous ne sui- vrons pas cet exemple, persuadé d’ailleurs que le G. puteanus descend non d’une forme marine, comme on l'a dit, mais des Gammarides d’eau douce. On sait que les Nipharqus sont principalement caractérisés par le dernier uropode, dont les branches sont inégales, l’une étant formée d'un article court, l’autre de deux longs segments, mais déjà. chez les Gammarus indigènes qui vivent dans les eaux de surface, la branche interne de cette dernière paire de membres est plus courte que l'autre et ne porte également qu'un seul article : on conçoit qu’elle puisse se réduire encore dans les formes souterraines, en même temps que la branche externe se développe davantage par une sorte de balancement, et il n’y aurait en tout ceci — comme pour les autres caractères du genre, d’ailleurs, — qu'une différence du plus au moins; mais le peu de valeur de ce caractère nous est montré par la forme de Gammarus puteanus à main ovale, que nous décrivons plus loin et chez laquelle, en même temps que la branche interne de l'uropode se réduit à une simple écaille, la branche externe ne porte plus qu'un seul article. Or, comme le montre la suite de cet article, il est de toute évidence que cet animal appartient bien à l'espèce du G. puteanus! De mème, chez les Crangonyx qui, semblent correspondre à un arrêt de développement d'un Gammarus, le dernier uropode n'a plus qu’une seule branche. (3) Il semble d’ailleurs que le G. puteanus se rencontre presque par toute l'Europe. — 245 — chez l’un, cet organe est de forme ovale, chez l’autre il est à peu près triangulaire. Chez les G. puteanus à main de forme ovale — qui, par conséquent, se rapprochent par ce caractère des formes de surface — le dernier uropode est court, il est simple, comme dans les Crangonyr, mais l’article basilaire porte au côté interne, en place de la deuxième branche, une écaille ovale, large, repliée, qui ne présente à son extré- mité ni piquants ni soie et se distingue donc très nettement de la seconde branche du dernier uropode, telle qu'on la trouve chez les formes voisines ; l’unique branche qui est développée ne porte qu'un seul article. Cette disposition n’est pas en rapport avec l’âge des sujets, car on l’observe sur des individus de toute taille : ajoutons que la forme dont nous parlons s’écarte d’ailleurs du genre Crangonyx par les caractères du telson, dont l’appendice est double et non simple comme dans ce dernier animal. La deuxième forme est caractérisée par la pince à peu près trjan- gulaire : on observe sur les derniers anneaux quelques piquants isolés qui semblent être le reste des bouquets d’épines qui existent chez les formes de la surface et qui manquent chez la forme à main ovale; le dernier uropode est toujours relativement très long, bien que sa longueur soit très variable ; l’article basilaire se divise en deux branches, l’une est formée d’un seul article terminé par des piquants, la seconde est formée de deux longs articles. Nous avons souvent observé des Gammarus à main triangulaire chez lesquels manquait la dernière paire d'uropodes, sans d’ailleurs qu'il y eut trace de lésion sur l’anneau correspondant, mais les Gammarus à main ovale, beaucoup moins abondants que les autres, ne nous ont Jamais présenté cette particularité : éliminons sur ce point une difficulté qui n’est qu'apparente, bien qu’elle ait pu induire en erreur des observateurs distingués. Les uropodes en question se sont simplement détachés par suite de la façon dont on a procédé à la recherche des animaux: nous sommes à peu près certain que les derniers uropodes ne se détachent pas quand les Gammarus ne sont pas violemment secoués par l’eau qui les amène, soit dans la pompe qui sert à leur extraction, soit dans le filet qui les reçoit à la sortie de l’eau. Ce qui montre bien d’ailleurs, qu'il n’y a là qu'un fait accidentel, c’est que l’on rencontre parfois des individus de taille quelconque, qui portent encore leur dernier ’uropode, mais d'un côté seulement. Si les Gammarus à main ovale sont toujours og 2e munis de leurs appendices, c'est simplement parce que ces organes étant plus courts, ils offrent moins de prise au remous de l’eau et ne se détachent pas aussi facilement (1). Une remarque maintenant qui a son intérêt, c'est que, dans les centaines d'individus du G. puteanus qui nous sont passés sous les yeux, nous n'avons trouvé que rarement les individus à main de forme ovale ; ces animaux se rencontrent à peine dans la proportion de 1 pour 15, et la très grande majorité était formée par les individus à main triangulaire : on sait d’ailleurs que cette dernière forme de la main est caractéristique du G. puteanus. Nous notons expressément que la taille n'influe en rien sur la forme de cet organe et qu’on peut l’observer, avec ses deux formes, sur les plus petits comme sur les plus grands individus; quelquefois cependant nous avons trouvé de Jeunes individus dont la main était de forme si intermédiaire, que le classement dans l’une ou l'autre catégorie ne se pouvait faire qu’en examinant les uropodes postérieurs. [Il est bon de dire aussi que les Gammarus à main de forme ovale se rencontrent partout dans ce pays, en compagnie du type à main triangulaire. Comment déterminer ces deux formes de Gammarus ? La première, qui est de beaucoup la plus commune et qui a la main de forme à peu près triangulaire, correspond au « Nipharqus aquilex » tel que le décrivent et figurent, insuffisamment à la vérité, Sp. BATE et (1) C’est évidemment d'un Gammarus mutilé de cette façon qu'il est question dans l’intéressant travail de C. Parona intitulé : Di due Crostacei cavernicoli delle grotte di Monte Fenera (38). Dans son dessin de l'animal qu'il a observé, le savant professeur représente très exactement l'aspect du Gammarus privé de sa dernière paire d’appendices « Nella parie posteriore dell addome, dit-il (p. 49) offre pero una notevole differenza di forma. Essa infatti ha il primo e secondo pajo di zampe saltalrici come quelle del Gamamarus puteanus, ma il terzo à soltanto rappresentato da quell” appendice seloliforme che si trova inserila all& base ed anteriormentte del vero terzo pajo di zampe saltatrici degli altri gammari ». L'appendice « setoliforme » dont parle ParoNa, ne représente pas les derniers uropodes : il n'est autre chose que le felson qui ne manque chez aucun Amphipode et cet organe, tel qu'il est représenté par le savant italien est identique au telson du Gammarus puteanus. Il est curieux de noter ici que Borcx (De skandinaviske og arkliske Amphi- poder, pl. 22, fig. 25, a aussi représenté son Wiphargus elongatus, que l’on a consi- déré comme la souche du G. puteanus, comme privé de la dernière paire d’uropodes, alors qu'elle est si développée dans cette espèce. il Î 19 SI 1 Wesrwoop (1); c'est elle qui a été très minutieusement étudiée par Aloïs HuMBEerT dans deux de ses variétés (19). Notre G. puteanus (main triangulaire) correspond tout-à-fait au G. puteanus var Onesiensis d'HumBerT. Trouvé dans un puits à Onex (Suisse), ce Gammarus a été très soigneusement décrit et figuré par l’auteur qui serre de très près la comparaison entre cette forme et une autre variété provenant du lac Léman (G. puteanus var Forelii). HumBEerT considère cet animal comme une variété, en mentionnant, toutefois, que la comparaison avec le type G. puteanus des anciens auteurs, est difficile à établir, à cause de la description insuffisante qu'ils en ont donnée. Il semble donc, puisque la forme d’Onex, étudiée par HumBERT, Cadre tout à fait avec la forme si commune partout dans notre pays, qu'on doive la considérer comme le vrai type du Gammarus puteanus ; il faudra tenir compte, toutefois, dans les comparaisons que l’on sera amené à faire, de ce que le nombre des articles des antennes augmente avec l’âge, en d’autres termes avec la taille, de sorte que les plus grands individus seulement pré- sentent 29 articles, comme la forme d’Onex : les sujets moyens en ont au plus 25 et les petits individus restent loin de ce chiffre. Le nombre des séries transversales de soies que l’on trouve sur les mains semble au contraire rester le même aux différents âges. La détermination de la seconde forme trouvée dans ce pays est impos- sible : elle ne correspond nullement au N. fontanus des auteurs anglais, elle en diffère en particulier par les caractères suivants : 1° par la forme de la main qui est ovale dans son ensemble et non pyriforme comme la main du N. fontanus quand le doigt est relevé ; 2 le dernier uropode est très court et formé d’un seul article au lieu d’être long et formé d’un article à deux branches. Il suffit d’une courte inspection des dessins, pour voir qu'elle ne se rapproche pas du N. Kochianus des mêmes auteurs. Comme nous l'avons dit plus haut, le caractère du dernier uropode à un seul article permettrait peut-être d’en faire un Crangonyr, n'était que le telson est divisé. Ce n’est pas davantage le N. stygius de SCHIÜDTE (5) à cause de la forme de la main : elle diffère du N. orcinus de Josepx (43) par la taille cinq fois moindre, l'existence de deux articles au fouet de (1) C. Sp. BATE et J. O0. Wesrwoon : À history of the british sessile-eyed Crustacea, T. 1 (1863) p. 315. Long l'antenne, etc. ; on ne peut davantage l'identifier au N. croaticus de JuriNac (57) à cause de la forme de la main et du nombre d'articles des antennes; enfin, les caractères du dernier uropode l'éloignent de toutes ces différentes formes. Notons maintenant que DE RouGemonr (24) à représenté (pl. 2, fig. 2 et 5) la patte et les derniers uropodes d’un Gammarus et que ces organes ressemblent suffisamment à ceux de la forme que nous cherchons en ce moment à déterminer ; malheureusement, il n'est fait au cours de son travail aucune mention des particularités de cet appendice et même le texte, pour certains points, contredit le dessin. Il nous faut donc faire abstraction de ce document (1). Ne pouvant rapporter aux formes décrites jusqu'ici le Gammarus aux mains ovales des eaux souterraines de ce pays, et peu porté à (4) On ne peut guère, comme l'on sait, utiliser le mémoire du savant suisse, qui a déjà été critiqué par AL. HumBerT (19), tant il a été apporté de négligence dans sa rédaction : ainsi, ce qu'il appelle 4", 2 et 3e etc. forme, dans l'explication des planches, ne correspond pas toujours aux formes auxquelles il donne ces mêmes numéros dans le texte. Exemple : la fig, 1 de la pl III, d'après le texte, (p. 29) représente les derniers anneaux abdominaux de la 4 forme et d’après l'ex- plication des planches, il s'agit là de la 3° forme; de même, p. 29, l'auteur donne la fig. 3 de la pl. 1 comme représentant les pattes préhensiles de la 2° forme, alors que la fig. 5 de la pl. 3, différente du tout au tout de la précédente, est indiquée dans l'explication des planches comme patte préhensile de cette même deuxième forme ; la fig. 2 de la pl. 2, qui représente les 3 derniers anneaux du corps avec tous leurs appendices. porte, comme unique légende, « patte de la deuxième forme », etc, etc. Le travail de M. de RouGEmonr contient enfin des erreurs notoires, comme cette thèse que la forme des pattes préhensiles est en rapport avec l'âge : il suffit d'examiner un grand nombre de ces animaux pour se convaincre que la main reste de même forme chez les individus de toute taille, depuis ceux qui n’atteignent pas 1 millimètre 1/2 de longueur, jusqu'à ceux qui mesurent plus de 2 centimètres. — Cette observation est vraie, d’ailleurs, pour les deux formes que nous avons étudiées. De mème, il est impossible de ne pas imiter la réserve d'HumBerT et d'admettre que toutes les formes observées par M. de RouGEmonT passent de l’une à l’autre à la faveur de la mue, car, par exemple, nous avons toujours trouvé le telson divisé chez les plus petits de ces animaux souterrains, chez ceux qui ne mesu- raient pas encore deux millimètres de long, alors que le savant suisse prétend avoir vu les plus petits individus qu'il a observés (2 à 4 mill.) et auxquels il attribue les caractères des Crangonyx, passer par la mue à la forme G. Kochianus ! Ajoutons une dernière critique : DE RouGEMonrT, bien qu'étudiant les Gammarus des puits de Munich, ne cite pas une seule fois le travail de Prarz, publié dix ans auparavant, bien qu’il y soit longuement question des Gammarus de cette même localité. 49 — LE y voir une forme nouvelle, puisqu'on la rencontre constamment et dans toutes les localités avec le G. puteanus type, nous nous sommes demandé s’il ne fallait pas la considérer comme un second représentant du sexe mâle chez cette dernière espèce : sa rareté relative pouvant déjà être prise en considération en faveur de cette hypothèse. Disons de suite que nous ne voyons rien dans l'histoire des autres Amphipodes qui s'oppose à cette manière de voir et nous l’admettrons provisoirement, jusqu’à ce que l'obser- vation des produits sexués, que nous n’avons pas faite jusqu'ici, vienne lever la difficulté (4). Il y à, en effet, dans l’espèce du G. puteanus, une forme de mâle déjà anciennement connue : les différents auteurs qui ont étudié ces animaux avec soin, distinguent les males des femelles par les carac- tères des uropodes : la dernière paire de membres, chez les premiers, est beaucoup plus développée et le second article de la branche développée est à peu près dé la même longueur que le premier ; chez les femelles au contraire, cet article serait très court. Les deux sexes ainsi caractérisés (2) se rencontrent à Lille, mais les mâles sont beaucoup plus rares. On trouve aussi des différences sexuelles (1) On sait qu'il est fréquent de trouver chez les Crustacés deux sortes de males pour la même femelle : dans ce cas l’un des mâles, d'ordinaire, ressemble plus ou moins complètement à la femelle et peut même n'être reconnaissable que par les organes sexuels, le second mâle peut avoir avec efle une série de caractères de divergence marquée. Les mâles semblables à la femelle, sont souvent stériles ou bien ce sont des jeunes individus, tandis que ceux de la forme divergente sont des individus à sexualité développée. Si notre hypothèse est exacte, les vrais mâles correspondraient à la forme à main ovaleet à uropode réduit, qui ont conservé beau- coup mieux les caractères des formes de surface : on sait que ceux-ci ont, en effet, la main ovale et Ivs uropodes peu développés, puisque le second article de la branche externe est si court qu'il a pu échapper à certains observateurs. (2) Il arrive souvent que les choses ne soient pas aussi simples et que la détermination des sexes, d'après la longueur relative des articles des uropodes, ne soit pas facile : ainsi le dernier article au lieu de mesurer le — de la longueur du premier peut être égal à sa moitié, ou même un peu plus grand. S'agit-il alors de mâles chez lesquels l’article caractéristique va grandir avec l'âge, ou d'individus qui ont subi une mutilation, ou encore y a-t-il là arrèt de développement ? SPENCE BaTe et WESTWoop, à propos d’une espèce voisine, ont d'ailleurs fait une remarque qui n'est pas sans intérêt et que nous rapportons un peu plus loin (art. 6. fontanus, p. 251), de telle sorte qu'il est prudent de faire quelques réserves avant d'admettre celte particularité comme caractère. sexuel. — 250 — dans les lamelles incubatrices des femelles, encore ne sont-elles pas souvent faciles à étudier. Pas plus que ceux qui, avant nous, ont observé ces animaux, jamais nous n’avons trouvé de femelles ovigères : mentionnons toutelois un individu privé de ses derniers membres (indéterminable comme sexe, par conséquent) qui portait sur les premiers articles des mains, des sortes de chapelets d’œufs ovales, mesurant dans le grand axe 25 pm; ne s’agissait-il pas d'œufs de parasites ? leur siège était dans ce cas bien curieux. * * + Indiquons maintenant, pour nous conformer à ce que nous avons fait jusqu'ici, les différents Amphipodes que nous n’avons pas trouvés dans ce pays et qui sont connus ailleurs dans les eaux souterraines : Gammarus puteanus var. Forelii HuMBERT. — HuMBERT, dans le travail que nous avons déjà plusieurs fois cité (19) compare avec soin au G. puteanus, un petit Gammaride pêché en abondance par le professeur Forez dans les profondeurs du Léman. C’est une forme réduite du type des puits : ses dimensions sont moindres d’un tiers et les articles des antennes sont diminués dans une proportion analogue, de même que toutes les autres soies ou épines du corps, et en particulier des mains. Il est remarquable que Josepx ait retrouvé cette variété dans les grottes de la Carniole (43, p. 61). Gammarus Caspary. — PraTz donne une minutieuse descrip- tion d’un Gammarus trouvé à Munich et dont il fait une espèce nouvelle. Malheureusement, l’absence des planches, dans l’exemplaire du travail de cet auteur que j'ai entre les mains, rend le texte diffici- lement utilisable. Le G.Caspary a la main triangulaire, portant 7 séries transversales de soies, ce qui le rapproche beaucoup du G. puteanus type. L'auteur mentionne une particularité curieuse des derniers uropodes : chez le mâle, dit-il (42 p. 51 et 52), la branche terminale externe de cet appendice est formée de 2 articles, dont le premier est quatre ou cinq fois plus long que l’article basilaire et dont le second est court (1). Chez la femelle, la branche interne n’est formée que d’un seul article, à peine plus long que l'article basal (2). (1) Caractère généralement accordé aux femelles du G. puteanus. (2) On sait que ce caractère convient à notre Gammarus puteanus à main ovale. Malheureusement PRATzZ ne mentionne aucune modification de la main, lorsqu'il parle des caractères sexuels de son Gammarus. PES De plus, la femelle porte à la partie postérieure des segments 6, 7 et 8, de petits faisceaux formés de 3 à 5 aiguillons courts, disposés en série, et le mâle a, sur le douzième segment, immédiatement avant l'insertion des pattes sauteuses, un fort aiguillon dirigé en 1s et en arrière, à peine indiqué chez la femelle. Les caractères contradictoires que présenterait cette espèce et le polymorphisme des individus trouvés dans la même ville par pz RouGEemonT, rendent bien désirable que l’on reprenne l'étude des Gammarus des puits de Munich. Gammarus styqius Scmidnre. — Cette espèce, décrite par Scmôbpre (5) est insuffisamment connue. La main est ovale. La queue du mâle est très longue et le deuxième article de la branche interne, aussi long que le premier, est glabre. — Il porte des soies chez le G. puteanus type. — Chez la femelle le deuxième article est eaucoup plus court, hérissé. Grottes d’Adelsberg et de Lueg en Carniole où Josepn l’a retrouvé (43). Gammarus fontanus Sp. Bare et Wesrw. — Semble bien voisin du N. stygius de Sciüpre, et Wesrwoop a déjà fait ce rappro- chemment; on a trouvé c2tte forme dans des puits en Angleterre, (Wiltshire, Hampshire). Je ne sache pas qu'on l'ait rencontrée ailleurs, depuis que les auteurs anglais l'ont fait connaitre; elle est bien caractérisée par sa main nettement pyrilorme. C’est à propos de la dernière paire d'uropodes de cet animal que Sp. Bate et Wesrwoop font la remarque que si les idées de ScHIÜDTE, qui veut que la différence de longueur des derniers appen- dices marque un caractère sexuel, sont exactes, Qit is at least à curious circumstance that the long-tailed form was not found asso- ciated at Corsham and Ringwood ; the males, if such they were, being found at Corsham in Wiltshire, and the females taken at Ringwood in Hampshire » (11, p. 321). Dans un travail antérieur, SPENCE BaTE fait déja la même observation et ajoute : «© perhaps the difference may be à variation dependent upon local influence, and not a sexual distinction » (1). Gammarus Kochianus Sp. Bat. — Cette forme semble être une exagération, quant aux caractères de la main, du G. puteanus type : (1) Sp. BaTe. — Catalogue of the specimens of Amphipodous Crustacea in the collection of the British Museum (London, 1862), p. 176. cet organe s’est élargi vers son articulation et est devenu presque carré; nous avons trouvé des individus si rapprochés de cette forme et se rattachant d’ailleurs si nettement, par des intermédiaires, au type à main triangulaire, que nous ne pouvons plus l’admettre que comme variété individuelle. Gammarus orcinus JosepH. — Cette espèce de taille colos- sale, puisqu'elle mesure (le #) 51 millimètres de longueur, non compris les antennes et les appendices abdominaux, a été découverte par Josepx (43, p. 61) dans les grottes de la Carniole où elle paraît très répandue. Elle est complètement aveugle. Gammarus croaticus JuRINAC. — Récemment découverte par JurINAC dans les grottes de Croatie, (57) cette espèce serait carac- térisée par ses antennes, plus longues que le corps et comptant 73 articles (on à vu que le G. puteanus type a de 25 à 30 articles aux antennes); les 6 derniers anneaux de l’abdomen sont pourvus d'une rangée serrée d’épines fourchues ; la main est presque carrée chez la femelle et ovale chez le mâle (1). Gammarus rhipidiophorus Carta. — Cet auteur a décrit dans les Actes de la Société helrétique de Sciences naturelles, 60° session, p. 256, un Gammarus provenant d'un puits dont l’eau est alterna- tivement saumâtre et douce, à La Ciotat (Bouches-du-Rhône) (2). Le Gammarus de La Ciotat est caractérisé par les nombreuses soies ciliées, mèêlées d’épines, qui sont disposées en séries transversales sur la première paire de pattes natatoires ; les derniers appendices du corps seraient très développés, énormes dit l’auteur, formés de deux branches inégales dont l’une porte deux articles, le second étant de faibles dimensions, ce qui permet de le rapprocher des formes précédentes. L’œil est petit, mais bien développé. CaTra remarque que ce Crustacé s'élève mieux en captivité dans l’eau douce que dans l’eau salée. Nous devons faire observer à ce sujet (1) Pauz Goper. — (Bulletin de la Société des Sciences naturelles de Neufchâtel, T. IX, 21 déc. 1871; Neufchâtel, 1873, p. 153-155), rapporte qu'il a trouvé dans un paits de cette ville, trois spécimens de Gammarus dont le plus grand mesurait, sans les antennes 32 mill. de longueur; la main était de forme triangulaire et les antennes étaient formées d'environ 51 articles. (2) Je ne connais ce travail que par l'analyse détaillée publiée in Archives des Sciences physiques et naturelles, T. LX (1877), p. 335-337. 209 que KRIES (37, p. 107) a signalé la présence ‘du G. puteanus à l’île d’Helgoland, dans un puits dont l’eau est un peu saumäâtre. Gammarus fragilis Cnirron. — Dans des puits très riches en représentants nouveaux de la faune souterraine, assez voisins de la rivière Eyre, à Eyreton, province de Canterbury (Nouvelle- Zélande). C’est une espèce aveugle chez laquelle le fouet des antennes antérieures est formé de 5 articles; la main est ovale, allongée ; les trois dernières paires de périopodes sont remarquables par leur longueur; de fortes épines sur les derniers anneaux du Corps. CHILTON à décrit cette espèce en 1882 dans son très intéressant mémoire : On some subterranean Crustacea (4). Crangonyx subterraneus Sp. Bare. — N'a été rencontré jusqu'ici que dans une localité du Hampshire où on n’a trouvé qu'un seul individu. Le dernier uropode ne porte qu’une branche, le telson est entier; les yeux seraient indiqués par du pigment Jjaunâtre. Crangonyx compactus. — Cuicron à décrit une deuxième espèce de Crangonyx, qu'il a trouvée dans un puits, à Eyreton (Nouvelle- Zélande). Cette forme intéressante diffère peu de l’espèce de SpENcE BATE. Ajoutons enfin que Cope et Packarp indiquent une autre espèce de ce genre le €. antennatus, dans la grotte de Nickajack (39) et que SPENCE BATE rapporte au même genre le Gammarus Ermanni Mizxe-Epw., trouvé dans des eaux thermales au Kamschatka (2). Calliope subterranea Cnicron. — Cet animal à été trouvé dans des puits à Eyreton (Nouvelle-Zélande), par Chilton. Les Calliope sont des Gammarides dont on trouve deux espèces à la Nouvelle-Zélande : l’une est marine et la seconde d’eau douce, (G. fluviatilis) ; celle-ci est commune aux environs de Dunedin et l’on serait tenté, à priori, de lui rapporter l'espèce souterraine, si celle-ci n’en différait tellement que, d’après Caicrow, elle ne peut certainement pas en dériver (48 p. 88). Bathynella natans Ven. — C'est un très petit Crustacé (1) Cuizron Cu. — On some sublerranean Crustacea: Transact. of New-Zealand Institut, T. XIV, (1882) p, 174. (2) Cf. Mizxe-Epwarps H. : Histoire naturelle des Crustacés, T. IL, p. 49. — el SPENCE BATE C. — Calalogue of the specimens of Amphipodous Crustacea in the collection of the British Museum, p. 179 (1862), A mesurant à peu près un millimètre de longueur, qui rappelle assez les C'anthocamptus par sa forme et dont Vespovsky a trouvé deux individus dans un puits de Prague (44). Il semble que ce soit une larve, mais il est bien difficile de dire à quelle espèce on pourrait la rapporter (1). ISOPODES Je n’ai trouvé dans ce pays, malgré des recherches attentives, aucun Isopode des eaux obscures, bien que l’Asellus cavaticus, SciôpTE soit souvent indiqué comme accompagnant le Gammarus puteanus, et l’on peut faire la même observation pour les eaux des puits de Prague, où cet animal ne s’est pas encore rencontré. Comme les Aselles ne nagent pas volontiers et se tiennent d'habitude sur le fond, on comprend que lAsellus cavaticus soit rarement amené par les pompes et échappe facilement aux recherches. Les Isopodes trouvés jusqu'ici dans les eaux souterraines étaient peu variés et appartenaient tous au type Asellus. Les très intéres- santes recherches faites par CHiLtToN, à la Nouvelle-Zélande, ont élargi ce cadre primitif et montré comme ïl serait important de rechercher en tous pays cette faune spéciale. L'origine des formes souterraines que CHizron a fait connaître est difficile à établir nous en parlons plus loin. On connait dans les eaux obscures les Isopodes suivants : Asellus cavaticus Scmiôdpre. — L'Asellus cavaticus est à l’Asellus aquaticus des eaux de surface, dont il tire son origine, ce que le Gam- marus puleanus est au Gammarus pulex. On a trouvé souvent cet animal dans les puits comme dans les eaux des grottes obscures (2). (1) SreBBixG, dans son importaut travail sur les Amphipodes recueillis par le Chal- lenger, donne quelqnes indications qui se rapportent à notre sujet et qui lui ont été commuviquées par WRrzZEsNIOWSkI. Ce savant, dans un mémoire qui n'est pas encore publié (O trzech Kielzach podzienmych. — De tribus Crustaceis Amphi- podis sublerraneis commentatio zoologica), décrit le Borutla tenebrarum nov. gen., nov. sp. et le Niphargus lalrensis, nov. sp., provenant tous deux d'un puits à Zakopane, village au pied des monts Tatra, en même temps qu'un Niph. puteanus var. Vejdorsky} qui provient d'un puits de Prague. Les caractères de ces animaux ne sont pas donnés. (2) Les localités citées jusqu'ici sont les suivantes: grottes de Falkenstein, d'Hilgershaüser (Souabe), grottes de Carniole, puits à Elberfeld, Bonn, Fribourg, Helgoland,. Il est plus petit que l’Aselle de la surface, incolore, aveugle ; on constale une certaine réduction dans le nombre des petits articles qui terminent la première paire d’antennes et Ia pince semble se réduire un peu: ces deux dernières particularités sont assez remar- quables; on se rappelle que le contraire a lieu pour le Gam- marus puteanus, dont la main s’élargit et chez lequel le nombre des articles des antennes augmente. Asellus aquaticus Var. Freibergensis R. SCHN. — SCHNEIDER à récemment fait connaître (55) une variété de l’Asellus aquaticus, qu’il a trouvée dans les eaux des mines de Freiberg (Monts Métalliques) et qui se comporte, relativement au type, comme la var. subterraneus (voyez plus haut p. 242) relativement au Gammarus pulex : elle est plus petite, complètement incolore, les yeux persistent, mais ils présentent le mème exemple de dégradation que le G. subterraneus (1). Asellus Forelii BLaxc (32). — Cette forme, que l’on trouve dans la zone profonde et obscure du lac Léman et qui a été trouvée égale- ment au lac du Bourget, semble tenir le milieu entre lAsellus (1) Différents auteurs, (Scaneiper, CmiLTON, ete.) attachent beaucoup d'importance à la date à laquelle ont été forés les puits dont ils ont étudié les eaux, admettant volontiers, mais bien gratuitement, à notre avis, que c'est à cette époque que les animaux y sont arrivés el ont commencé à se modifier. Nous avons déjà fait entendre, à propos du C'yclops pulchellus (p. 177 de ce journal), que cette façon naïve de procéder à l'étude de la variation des espèces ne peut se soutenir, car elle ne tient pas compte d’un facteur important dans la question, celle des eaux souterraines, dans lesquelles les animaux observés pouvaient vivre avant le forage et par lesquelles, grâce aux infiltrations, de nouveaux individus à l’état d’œufs ou même à l'état parfait, peuvent arriver à tout instant, comme nous l'avons fait remarquer plus haut (p. 81 et 82). De même KræPELIN (53) ne trouvant dans les eaux d'alimentation de la ville de Hambourg aucune espèce aveugle, ou différant quelque peu des formes de Ja surface, explique le fait en disant que les conduites souterraines n'ayant été établies qu'une trentaine d'années auparavant, les animaux n’ont pas eu le temps de s'y modifier. La raison est pour nous différente : l’eau d’alimentation de la ville étant prise directement dans l'Elbe, ne contient nécessairement que les espèces qui habitent ce fleuve et on n’y saurait trouver les formes caractéristiques de la faune souter. raine qui ne peuvent être amenées qu'avec l'eau des sources. Toutefois, nous serions bien surpris si des recherches ultérieures ne faisaient pas trouver des Gammarus modifiés à la façon que R. ScaNziIbER et moi avons signalée, des Cyclops décolorés et quelques autres Crustacés, qui doivent s'être établis dans les conduites principales et qui y ont immédiatement subi un commencement de différentialion, one aquaticus de surface et sa variété des eaux obscures, A. cavaticus ; elle correspond à un degré de différentiation qu'a dépassé cette dernière forme; sa longueur est de 5 mill.; l’appareil visuel manque; cependant Forez a récolté deux individus de cette espèce, par 200 à 900 m. de fond, qui présentaient des rudiments d’yeux. On a noté toutelois que, même les jeunes individus pris dans la poche incubatrice de la mère, étaient absolument dépourvus d’organe de vision. Cœæcidotea stygia Packarp. — Cet Asellide à aussi reçu le nom de C'. microcephala Cor. D'abord découvert dans la grotte du Mammouth, dans le Kentucky, on l'a retrouvé dans les puits en Indiana; cet animal mesure de 7 à 8 mill. de longueur; il est incolore, aveugle, pourvu de courtes antennes de 8 articles. Ce Crustacé est très insuffisamment connu. C. nickajackensis Core et Pack. — Décrite par les savants américains qui l’ont trouvée dans la grotte de Nickajack (39). Cruregens fontanus Cricrox. — Trouvé à Eyreton (Nouvelle-Zélande) Les Cruregens, dit ce savant distingué, ont leurs plus proches alliés parmi les formes marines et, n'était l’absence de la dernière paire de pattes thoraciques, on les rangerait parmi les Paranthura (48). Phreatoicus typicus Cnizrox. — Ce genre à été créé pour un Isopode aveugle, long d’un demi-pouce, trouvé comme l'espèce précédente à la Nouvelle-Zélande (puits à Evyreton). D’après l’auteur, c'est une forme très curieuse, qui semble intermédiaire aux genres Idotea et Anthura. CnicroN la décrit avec beaucoup de soin (48). DÉCAPODES Nous n’avons rencontré aucun animal de ce groupe dans les eaux souterraines du Nord de la France. Citons les espèces suivantes qui vivent dans les eaux obscures des autres pays : Troglocaris Schmidtii DormiTzer. — Ce remarquable Crus- tacé, voisin des Caridines, dont il ne diffère guère que par les modifications de son appareil oculaire, a été trouvé dans les eaux de grottes de la Carniole. A la place des yeux on voit chez cet ‘animal deux courts moignons sans cornée distincte. D’un quart plus petit que la Caridine. — 251 — Cambarus stygius Jos. — Cette espèce des grottes de la Carniole est très voisine du C. pellucidus, connu depuis longtemps dans la grotte du Mammouth (14). C’est l’unique représentant euro- péen du genre américain Cambarus, qui a donné lieu à de si intéressants travaux de Faxon et de HAGEN en particulier. L’œil est représenté par un pédoncule très net, recouvert d’une chitine opaque: il est rempli d’un tissu conjonctif traversé de matière grasse et un cordon conjonctif traverse le pédoncule et se dirige vers le ganglion sus-æsophagien. Cette Ecrevisse est, de tous les Invertébrés qui habitent les eaux souterraines, celui qui atteint la plus grande taille, elle mesure 6 cent. 1/2 de la pointe du rostre à lextré- mité de la nageoire caudale. Orconectes hamulatus Cope et Packarp. — Grotte de Nickajack (39) dérive sans doute d’un Cambarus de surface. ARACHNIDES 890 Citons pour mémoire, sous ce titre, l’Atax crassipes, Hydra- chnide dont nous avons trouvé les cadavres à plusieurs reprises dans les puits de Lille et qui vit vraisemblablement dans la nappe souterraine, et le Trombidium fuscum Brapy, trouvé par REHBERG dans le puits de lile d’'Helgoland que nous avons cité plusieurs fois déjà. D'abord dénommé fucicolum par l’auteur, qui lavait trouvé à la surface, fixé sur des grifles de Fucus, il a reçu un peu plus tard (1877) le nom de fuscum: on l’a trouvé en Angleterre, en diflérents points, dans l’eau douce, d’où l’on suppose qu'il a été entrainé dans la mer (1). * # * Aux animaux qui précèdent nous pourrions ajouter deux Verté- brés qui ont été trouvés aux réservoirs d’Emmerin et qui même se sont parfois engagés dans la distribution d’eau de la ville : ce sont, d’une part, la Lamproie (Petromyzon fluviatilis) et en second lieu l’Anguille, (1) Cf. RenserG H.: Weitere Bemerk. über die freilebend. Copepoden : Abhandl. d. naturw. Vereins Bremen, t. VII (1880) p. 63.— Brany G. S. À review of the British marine Miles, with descriptions of some new species : Proceed. Zool. Soc, (1875) p, 301. — Le même. On British freshwater Mites : Proceed. Zool. Soc, (1877) p. 24, = mais les curages, maintenant si fréquents des réservoirs, les ont fait disparaître. On sait que le fait de l’existence de Poissons dans les eaux obscures n’a rien d’extraordinaire : même, dans l'émission des premières eaux des puits artésiens, on a vu quelquefois des Anguilles être remontées de la profondeur; différents Salmonides ont été aussi signalés, même en France, dans les cours d’eau sou- terrains. Nous rappellerons aussi que plusieurs Poissons remarquables vivent dans les grottes d'Amérique (44); l’un d’eux même, l’Am- blyopsis speleus porte quelquefois un Lernéide au bord interne de la lèvre supérieure. Enfin, les grottes de la Carniole renferment le Protée, amphibien des plus curieux, dont tout le monde a entendu parler. APPENDICE On remonte très souvent des puits de nos pays, à l’aide des pompes, un certain nombre de représentants de la faune souterraine qui n'habitent cependant pas les eaux : ils vivent sur les parois des puits ou dans les fissures des roches, d’où ils tombent accidentel- lement dans l’eau. La liste en est assez fournie et assez curieuse- ment composée pour que nous la donnions ici : Trichoniseus roseus Koca.— Cette espèce, qui est très commune sous les pierres dans tous les endroits frais du pays, vit également sur les parois des puits, où elle arrive par les fissures du sol, car j'en ai à plusieurs reprises observé des cadavres dans l’eau de quelques puits fermés de Saint-Amand et de Lille. Je ne saurais dire si dans ces conditions, ces petits animaux conservent leur belle couleur rose. M. Dozzrus à eu l’obligeance de déterminer les débris de cette espèce que Je lui ai soumis. Obisium sp. — C’est encore un animal qui doit vivre sur les parois des puits; j'en ai trouvé les pinces dans l’eau d’un puits de Saint-Amand. Ces débris, soumis à M. Eug. Simon, n'étaient pas déterminables spécifiquement. On sait que plusieurs espèces du genre Obisium vivent dans les grottes du Midi de la France et d’autres pays. Notre espèce pourra-t-elle leur être rapportée, quand on en obtiendra un spécimen complet? Les autres espèces françaises vivent sous la mousse humide des bois. Rhizogiyphus spinitarsus HERM — (Tyroglyphus echinopus — 259 — Fum. et R. (1868). — Rhizoglyphus Robini Clapar. (1868) C'œpophaqus echinopus Mégn. (1880). La pompe d’un puits de Saint-Maurice à remonté un jour une dizaine d'individus de cet Acarien, qui n’a été trouvé jusqu'ici que sur les bulbes de Liliacées et sur des racines en putréfaction, ou sur du bois mort. Vit-il, dans ce puits, sur des cryptogames ou sur les racines d'arbre qui peuvent y pénétrer? Blaniulus guttulatus Bosc. — Cette espèce aveugle a été remontée à plusieurs reprises et toujours en bonne santé apparente, de deux puits fermés situés, l’un à Merville (Nord), le second à Lille, rue d'Arras. D’après les renseignements qui m'ont été com- plaisamment donnés par M. Deroie, pharmacien, ce Myriapode n'est pas rare dans les eaux du puits de Merville et l’on en ramène parfois plusieurs en quelques instants. Cette observation est assez curieuse et semble impliquer que lanimal quitte les parois du puits et gagne parfois le fond, peut-être pour y chercher sa nourriture : je ne puis du moins m'expliquer autrement qu'il puisse être si fréquemment remonté par les pompes dans cette localité. Au reste, j'ai conservé vivants, pendant plus d’un mois, plusieurs de ces Jules à l’obscurité, dans un verre de montre rempli d’eau : ils n’ont pas cherché à le quitter et restaient habituellement enroulés au fond, entièrement plongés dans le liquide ; ils sortaient quelquefois la moitié du corps hors de l’eau, mais ils ne s’en retiraient pas complètement, bien qu'ils eussent pu le faire facilement. Des animaux de cette mème espèce, pris à Lille à l'air libre, et placés dans les mêmes conditions, n’ont jamais séjourné dans l’eau, qu'ils quittaient généralement de suite ; il est certain que les Blaniulus quttulatus remontés des puits, présentaient, à l'égard de l’eau, une accoutumance bien remarquable. L'on sait que le Blaniulus quitulatus est une espèce commune dans ce pays, où elle vit dans les jardins et les champs, parfois en très grande quantité : elle peut même y devenir très nuisible en dévorant les graines en germination et en attaquant divers fruits et légumes, et on n’ignore pas le rôle que von Linsrow fait jouer à cet animal dans la propagation de l’Ascaris lombricoides. Ce Myriapode est long de près de deux centimètres et a le corps très grèle, de couleur pâle : les côtés sont marqués de larges taches en forme de virgule, d’un rouge vif, qui lui ont fait donner son nom et qui se remarquaient sur tous les individus — sauf un — qui prove- __ 260 — naient des puits. La grande taille de ces derniers, leur couleur blanche, terne, leur habitat singulier, nous avaient fait hésiter au sujet de leur détermination que M. le Dr Larzez, l’éminent spécia- liste, a bien voulu confirmer. FANzAGo cite le Bl. quitulatus parmi les représentants de la faune des cavernes (1) et M. Eug. Simon dit avoir trouvé dans la grotte de Saint-Bauzille-de-Putois (Hérault) un Blaniulus voisin du B. quttu- latus, mais qui paraît cependant en différer « par une taille un peu plus forte et par quelques points de détail » (2). Enfin, R. SCHNEIDER a noté la présence d’un Blaniulus sp. dans les Rhizomorpha des mines de Burgk, c’est-à-dire dans des conditions d'humidité fort analogues à celles dans lesquelles nous avons rencontré notre BL. quttu- latus (54). THYSANOURES On sait que de nombreux Thysanoures ont été indiqués dans les cavernes, et la plupart de ceux qui vivent à l'air libre recherchent d’ailleurs l’obscurité. Plusieurs espèces de ces animaux ont été ramenées à la surface avec l’eau des puits fermés et doivent, vrai- semblablement, habiter les crevasses de leurs parois, ce sont Smynthurus aquatieus BourLer. — Cette espèce, découverte dans notre pays par l’abbé BourLer (3), est indiquée, par cet auteur, comme « vivant sur les plantes aquatiques, » et je lai trouvée communément dans nos marais, à la surface de l’eau. Elle semble ne pas avoir été revue depuis Bourzer. Elle n’est pas aveugle. Plusieurs individus de cette espèce ont été ramenés d’un puits de Fretin, où elle a dù arriver par infiltration de l’eau des marais. La conformation remarquable de son appareil saltatoire la rend éminemment apte à vivre à la surface de l’eau, bien plus qu’à ramper sur les parois, aussi suis-je étonné de sa présence dans les puits, où elle ne se trouvait peut-être qu’accidentellement. Macrotoma flavescens TULLBERG. — Cette espèce est com- (4) Fanzaco F. — Sopra alcuni myriapodi cavernicoli della Francia e della Spagna : Reale Acad, dei Lincei, t. 1 (1876-77), p. 407-420. (2) Bepez L. et Eug. Smmon. — Liste générale des animaux articulés caver- nicoles de l'Europe : Journal de Zoologie de Gervais, t. IV (1875), p. 111 à 179. (5) BourLer. — Mémoire sur les Podurelles : Mém. de la Soc. roy. et centrale d'agriculture, sciences et arts séant à Douai, 1841-42, p. 89-166, Bb mune à la surface des Rhizomorpha dans les mines de Meurchin, (Pas-de-Calais) et j'en ai trouvé les cadavres dans un puits de la rue de Tournai à Fives-Lille. Templetonia sp. — Une espèce de Templetonia de grande taille, que j'ai trouvée assez communément sous les pierres dans les jardins, à Lille, vit aussi sur les Rhizsomorpha des mines de Meurchin, et je l’ai trouvée à plusieurs reprises dans un puits de la rue du Croquet. — Elle mesure un cent. de longueur; l’article terminal des antennes est proportionnellement plus long que dans le type du genre figuré par TULLBERG (1). Esotoma palustris GMEL. — Commun à Lille dans les jardins, vit aussi dans les fortifications. J'en ai trouvé plusieurs fois les cadavres dans les puits de la ville. Isotoma quadrioculata TULLBERG. — Cette espèce, indiquée par TuLLBERG dans les prairies humides de son pays, a été remontée à plusieurs reprises et vivante, du puits de Cayeux-sur-Mer (Somme), que nous avons plusieurs fois mentionné. Je ne l'ai pas encore rencontrée dans ce pays. Lipura Sp. — Un individu dans un puits de Lezennes; tout blanc ; une dizaine d’ocelles de chaque côté, écartés des antennes; un millimètre de long. — Ce n’est certainement pas la Lipura armala qui est très commune dans le pays et qu’on trouve en par- ticulier dans les carrières de Lezennes. Nécessite un examen attentif. Achorutes dubius? TULLBERG. — Plusieurs exemplaires remon- tés vivants d’un puits de la rue d'Arras à Lille, et aussi d’un puits de Saint-Amand. Se rapproche de l'A. dubius par la forme et la direction des mucrons, mais sa taille est de 1 mill. 1/2 et je n'ai pu voir les épines anales. REHBERG (35) a trouvé dans un puits de l'ile d’Helgoland un Thysanoure qu'il appelle Achorutes murorum BourLET (synonyme, d’après TULLBERG, d’A. viaticus). Il est fâcheux que l’on n’ait pas de dessins des individus trouvés par REHBERG qui ressemblent peut-être aux nôtres (2). (4) Turzz8erG Tycho. — Sveriges Podurider : Kongl. Svenska Vetenskaps-akade- miens handlingar, t. X (1872). . (2) Le nom de 4. viaticus est appliqué par TuzzBerG (Sveriges Podurider 1872) a un animal qu'il avait d’abord appelé (1869) 4. murorum et qu'il rapporte à V4. dubius Tempreron (1835) et à la Podura viatica L.; en 1876, le mème auteur contrairement aux règles de la nomenclature, reprend le nom de 4. dubius pour une espèce nouvelle trouvée en Sibérie /Collembola borealia)! C'est à cette dernière que nous avons comparé l'espèce qui vit dans nos puits. Anurida granaria NICOLET. — Nicocer dit cette espèce. très rare; il l’a trouvée à Paris. TuLLBerG l'a rencontrée dans les difié- rentes parties de la Suède; elle parait assez commune à Lille, du moins l’ai-je trouvée en abondance dans les racines de Chicorée pourries, dans les carrières de Lezennes; plusieurs fois remontée avec l’eau des puits à Fives. __ 964 — LE STYLET CRISTALLIN DES LAMELLIBRANCHES PAR THÉop. BARROIS Professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Lille. (Planche IV), DEUXIÈME PARTIE (Suite). Avant d'aborder l’étude des espèces chez lesquelles le stylet cristallin n'est pas contenu dans une gaine distincte, il est bon d'attirer l’attention sur une disposition particulière que présente l’épithélium du cœcum, aux environs de la gouttière, chez les Donax, Solen, Pholas, etc., en. un mot chez toutes les espèces à cœcum différencié dont nous avons choisi le Donax comme type. La coupe horizontale du cœcum que représente la figure 3 de la planche IIT est légèrement schematisée ; elle est pratiquée d’ailleurs assez près de l'extrémité terminale, à un niveau où les particularités en question sont moins bien accentuées qu'aux abords de l'estomac. Mais si nous faisons passer une coupe horizontale par le milieu environ du cœcum d’une Donace (pl. V, fig. 1), et que nous l’examinons à un grossissement moyen, nous verrons qu'aux abords de la gouttière, l’épithélium se modifie d’une façon extrêmement remarquable, surtout à droïte. Tandis que dans le reste de la coupe les cellules mesurent au plus une hauteur de 0mm,0%05, que leurs noyaux presque sphériques (Omm,0072 de diamètre) sont Ssitués tous sur une seule rangée, ou à peu de chose près, on voit à droite, au fur et à mesure que l’on approche de la gouttière, l’épithélium augmenter de hauteur au point de doubler presque ses dimensions primitives et atteindre un maximum de Omm,0732. La délimitation entre les diverses cellules de cette région est assez confuse ; les noyaux très nombreux, allongés et fusiformes, semblent pour ainsi dire noyés dans une gangue de substance protoplasmique plus granuleusé, sur laquelle les réactifs se fixent avec plus d'énergie que partout äilleurs. Enfin, au niveau — 264 — de la gouttière, l’épithélium se plisse, sa hauteur s'amoindrit nota- blement et, au fond même de l’encoche, c'est au plus s’il mesure 0mm006. A gauche, on observe bien une augmentation dans le nombre des noyaux au voisinage immédiat de la gouttière, mais l’épithélium, loin d'augmenter de hauteur, semble au contraire se rapetisser. Toute la surface épithéliale est tapissée de cette épaisse et forte couche de cils vibratiles dont j'ai parlé à maintes reprises, et, sur d'excellentes préparations au carmin aluné, j'ai pu la suivre aussi bien au niveau de l’épithelium modifié que sur le reste de la section ; toutefois, en ce dernier point, le plateau cuticulaire semble manquer, car je n'ai pu constater de double contour. Dernier détail à noter : sauf aux points où l’épithélium subit les modifications que je viens de décrire, les cellules renferment toutes, en quantité variable suivant les individus (variations probablement en rapport avec l’activité sécrétrice plus ou moins grande de l’épithélium cæcal au moment où l’animal a été fixé), un assez grand nombre de fortes granulations jaunâtres, ne fixant pas les carmins et groupées en général vers l'extrémité libre de la cellule, entre le noyau et le plateau cuticulaire. Ces granulations contribuent sans doute à donner au cœeum cette coloration couleur gomme-gutte qui à frappé tous les observateurs. IT. — ESPÈCES CHEZ LESQUELLES LE STYLET N’EST PAS LOGÉ DANS UN COECUM LIBRE. C'est généralement la Moule commune qui, dans ce second groupe, a élé prise comme sujet d'étude ; ce choix toutefois n’est pas heureux au point de vue qui nous occupe, car les Moules possèdent un stylet cristallin qui s’altère et entre en déliquescence avec une grande rapidité, ce qui modifie considérablement l'aspect habituel du tube digestif et peut induire l’observateur en erreur ; un second désavantage à signaler, c’est que l’épithélium intestinal se désagrège également très vite. Il est préférable de s'adresser au Cardium edule qui, emmagasinant entre ses valves une grande quantité d’eau, peut ainsi vivre quatre ou cinq jours dans un endroit humide, sans que le stylet présente la moindre altération, pas plus que les parois du tube digestif. — 265 — Je donne ci-dessous, d’après GARNER (1), un croquis de l’appareil nutritif du Cardium echinatum (figure 3 du texte); la disposition des viscères est la même chez le C'ardium echinatum et le C. edule, à cela près que, chez ce dernier, l'intestin récurrent int s’insère plus près de l'extrémité terminale de l'intestin composé ic (estomac tubulaire de SABATIER). L’estomac n'offre rien de particulièrement remarquable et ressemble à celui de tous les Lamellibranches ; comme d'habitude, il présente une certaine quantité de saillies, de bandelettes, plus ou moins profon- dément séparées par des sillons irréguliers et contournés. Ces saillies ont été minutieusement étudiées par SABATIER (2) chez la Moule commune ; je n’ai rien à ajouter à ses descriptions, et me contente d'y renvoyer le lecteur que ces détails intéresseraient. Il nous suffira de rappeler que deux de ces saillies sont plus épaisses que les autres, qu’elles pénètrent dans la première partie du tube intestinal, et qu’elles jouent un rôle particulier sur lequel je reviendrai dans un instant ; c’est ce que SABATIER à nommé bourrelets droit et gauche de l'estomac. Chez les Acéphales du type à cœcum non différencié, la paroi postéro-inférieure de l’estomac ne porte plus qu’une seule ouverture qui semble représenter, au premier abord, l'embouchure de l'intestin. En disséquant avec soin un Cardium récemment pêché, on peut voir saillir par cette ouverture l’extrémité supérieure du stylet cristallin (4) GARNER : Loc. cit., pl. XVIII, fig. 10. (2) SABATIER : Loc. cit., p. 20. — 266 — qui, comme chez tous les Lamellibranches frais, est plus ou moins adhérent au singulier corps désigné sous le nom de flèche tricuspide, dont la disposition reste invariablement la même dans ses grands traits, la forme pouvant varier dans ses détails. Toutefois, si l’on retire avec précaution la tige cristalline du tube digestif, il est aisé de voir, même à l’œil nu, que l’orifice pylorique, bien que simple en apparence, offre en réalité l’aspect d’un de chiffre horizontal, parce qu'il est subdivisé en deux portions d’inégal diamètre par les bourrelets dont j'ai parlé plus haut; l’orifice postérieur, qui livre passage au stylet, est beaucoup plus vaste que lantérieur. Ce double orifice donne accès dans la première partie de l'intestin, celle qui contient la tige, et qui, comme on peut le voir dans la figure 5 du texte, présente des dimensions très remarquables. L’homologie de cette portion du tube digestif a été très diversement appréciée par les différents observateurs : c’est ainsi que SABATIER en fait une dépendance de l'estomac sous le nom d’estomac tubulaire, tandis que la plupart des auteurs la considèrent tout simplement comme une différenciation spéciale de l'intestin. SABATIER en a pourtant exactement reconnu la disposition anatomique; il a vu les bourrelets droit et gauche descendre le long des parois latérales de ce soi-disant estomac tubulaire et le diviser ainsi dans toute sa longueur en deux tubes inégaux, accolés comme les deux canons d’un fusil double, mais communiquant virtuellement entre eux (du moins sur l'animal en bon état) par toute leur surface d’affron- tement. D’après le savant professeur de Montpellier, la gouttière supérieure est grande, de couleur jaunâtre, tapissée d’un épithélium tout-à-fait particulier (l’épithélium à cils vibratiles denses dont j'ai maintes fois entretenu le lecteur) : elle loge le stylet cristallin. La gouttière inférieure, au contraire, est étroite, et l’épithélium qui la revêt n'ofire rien de remarquable. L’assimilation faite par SaBartier, de la portion renflée de l’intes- tin à une dépendance de l’estomac à été très judicieusement critiquée par PURDIE (1) qui, en comparant entre elles deux espèces de Moules très voisines {Mytilus edulis et M. latus), en a conclu, d’après les dispositions anatomiques, que le soi-disant estomac tubulaire représente à la fois, et le cæcum qui loge habituellement la tige cristalline (il lui (1) Porpie : Loc, cit., p, 14. — 267 — donne le nom de cœcum pylorique (1), et la première partie de l'intestin (ce qu’il appelle éntestin direct) qui, simplement accolés chez M. latus, se sont soudés chez M. edulis et communiquent entre eux dans toute leur longueur. C’est à l’extrémité postérieure de cet organe que s’in- sère l'intestin récurrent, sur la gouttière inférieure. Bien avant d’avoir eu connaissance du travail, d’ailleurs peu répandu, de PURDIE, j'étais arrivé aux mêmes conclusions, non seulement par des considérations anatomiques, mais encore et surtout en me basant sur les caractères histologiques, comme je le montrerai dans un instant. La conclusion de ce fait, conclusion qui a échappé à l’auteur anglais, est que chez les Lamellibranches en apparence privés de cœcum, cet organe existe bien réellement, mais qu'il s’est soudé, qu’il s’est fondu avec l'intestin direct ; bien qu’accolées et communiquant entre elles dans toute leur longueur, les lumières respectives du cœcum et de l'intestin direct restent bien distinctes : la dernière livre passage au bol alimentaire, la première loge uniquement le stylet. En un mot, la gouttière supérieure de SABATIER représente le cæcum, la gouttière inférieure l'intestin proprement dit. Il est donc faux de répéter avec tous les observateurs qui se sont succédés jusqu’à présent que «lorsque la tige cristalline n’est pas renfermée dans un cœcum spécial elle est contenue dans la portion de l'intestin qui fait suite immédiatement à l'estomac » ; cette proposition doit être complètement modifiée, et j'estime qu'on doit dire : « la tige crisalline est toujours logée dans un cœcum spécial, mais ce cœcum peut être, tantôt entièrement libre, tantôt au contraire soudé dans toute sa longueur avec l'intestin direct. » L'examen microscopique de la région en question à confirmé pleine- ment cette manière de voir: la gouttière inférieure (intestin direct) est revêtue de ce même épithélium cylindrique qu’on retrouve dans toute l'étendue du tube intestinal, tandis que la gouttière supérieure (cæcum) est tapissée de cet épithélium épais, jaunâtre, à cils vibratiles denses, que nous avons décrit comme n’existant que dans le cœcum des Lamelli- branches du premier groupe. Pratiquons, par exemple, chez un Cardium edule, une coupe horizontale au niveau de la partie tout à fait inférieure de ce que J'ai appelé l’intestin composé ; la section offrira grossièrement l’aspect (1) Par opposition à un autre cœcum, généralement de petite taille qui se voit presque toujours vers le milieu de la face dorsale de l'estomac et que PurDiE désigne sous le nom de cardiac cœcuin. Cet organe est parfois très développé, chez les Pholadidea et Jouannetia, par exemple (voyez EGcer, Loc. cit, pl. II, fig. 64-65, mb.) — 268 — d’un 8 de chiffre (pl. IV, fig. 5), dans la plus grande boucle duquel on distinguera de suite le stylet cristallin st. Chez le Cardium edule, les bourrelets ne sont plus situés latéralement, mais bien aux deux extrémités postérieure et antérieure. Dans cette grande boucle (gout- tière supérieure) l’épithélium est formé de hautes cellules, à gros noyau sphérique, à plateau cuticulaire très marqué, tapissées de longs cils forts et denses, que nous avons déjà décrites et figurées (pl. If, fig. 4) chez Donax trunculus. Au niveau des deux bourrelets qui, en se touchant sur la ligne médiane séparent le cœcum de l'intestin, l’épithélium change brusquement d'aspect, ainsi que l'avait déjà remarqué SABATIER, et sans aucune transition. Sur le bourrelet postérieur les cellules se multiplient de telle sorte que la hauteur de l’épithélium en est plus que doublée ; les noyaux très nombreux, allongés, occupant toute l'épaisseur de la masse granuleuse ainsi formée qui est en tous points comparable à cette curieuse région que j'ai décrite précédemment aux environs de la gouttière cœæcale du Donax trunculus, sous la dénomination de « épithélium modifié. » Seulement, sur les préparations qui ont été dessinées, les cils semblent manquer à la surface de cet épithélilum ; cette absence est due, sans doute, à une fixation insuffisante ou trop tardive, car nous avons vu chez Donax trunculus les cils en question tapisser indistinctement toute la surface du cœcum, même au niveau de lépi- thélium modifié. Très souvent en ce point, mais seulement lorsque la coupe est pratiquée à la partie tout à fait inférieure de l'intestin composé, la tige cristalline, formée encore d’un petit nombre de couches, semble accolée contre la paroi et maintenue presque en contact avec elle par l'intermédiaire d’une matière granuleuse jaunâtre se colorant assez vivement sous l'influence des réactifs, de la même façon que le stylet et la couche de cils. Toutefois, je n’ai jamais constaté de véritable adhérence. Le bourrelet antérieur, chez le Cardium edule, offre une structure toute différente ; il est constitué par une sorte de tissu conjonctif très dense, à noyaux rares, et l’on n’y retrouve point cette couche épithéhiale si curieuse, qui constitue la plus grande partie du bourrelet opposé. A l’épithélium epi de la portion cœcale, succède brusquement l’épithélium epl, mince sans plateau cuticulaire, à cils grèles et rares, cet épithélium en un mot qu’on rencontre dans toute l'étendue de l'intestin direct chez les Lamellibranches du premier type. — 269 — Voici quelques mensurations prises sur un Cardium edule de belle taille : Cellules dela partiereæcalers M0 Ur RAR M O0Nm0S9Z Plateau der cesreeltulés tar As RUE Re On 002 Didmétre dés noyaux uns Pr A Re Dem OO RONA ES CUS APR MEME Nr Gran OmR"(02S Hauteur maxima de l’épithélium au niveau du bourrelet postérieure: et En e n0mm 280 Cellules de la partie intestinale . . . . ... . . : (Omwm 019 Dimensions des noyaux . . . . . . . Owm(042 sur Om 0037 Poneucurides CHS tr MPAQMARNETES ENS ES IQRES 009 La disposition que je viens de décrire se retrouve dans ses traits prin- cipaux, mais avec une légère variante, chez l’Huitre commune (PI. IV, fig. 6) : ici encore deux bourrelets séparent le cœcum (gouttière supé- rieure) de l'intestin direct (gouttière inférieure), mais ces deux bourrelets sont semblables entre eux, et constitués tous deux par cet épithélium élevé, à nombreux noyaux, que j'ai décrit tout à l'heure. Les mensurations suivantes ont été prises sur une Huitre de Marennes adulte : Celluleside la partie emcale hit. ee certe nus 0MMm068E Dléteau.cuticulaires Hal se nes ADMDOUTIG Diameire dés noyaux, eue Lee serres 00m0070 Poncueur destcils:4:4 1.000 me SE 0000280 Hauteur maximade | épitholuniet au niveau des bois elets Omm260 Cellules de la partie intestinale. . . . . . . . . . . . Omm(580 Dimension des noyaux .°. . . . . . . . .0m0062 sur O®m0060 Ponsueur desienlsiie it. di RE Re ar ARODTOLA0 Il est assez curieux de faire remarquer que tous ces détails ont été vus par HASsELOFF sur la Moule commune, ainsi qu'il ressort nettement de l’examen des figures données par ce naturaliste (1); les dimensions relatives des cellules qui revêtent la portion intestinale et la portion cœæcale, le plateau cuticulaire et les cils épais (2) qui garnissent ces der- (1) Hasecorr : Loc. cit., fig. 2, 3, 6 et 7. (2) Bien qu'HaseLorr ne figure point de cils dans la boucle’intestinale, ils existent néanmoins chez la Moule, comme je m'en suis assuré moi-même, seulement ils sont minces et peu serrés. (Voyez les figures 5 et 6 de la Planche IV du présent Mémoire). De nières, tout est parfaitement indiqué, et pourtant le texte est muet sur la signification de ces particularités histologiques. HAsELorr persiste à croire que le stylet est contenu dans l'intestin proprement dit, et désigne la région où il est logé sous le nom de « Krystallstielführender Theil des Darmes. » J'ai retrouvé chez un grand nombre d’espèces, la disposition que je viens de décrire chez Cardium edule et Ostrea edulis ; je citerai en particulier : Pecten maximus, Mytilus edulis, Scrobicularia piperata, Psammobia vespertina, Tellina solidula, Anodonta anatina, Unio picto- rum, etc. Ces deux dernières espèces m'arrêteront plus spécialement, car elles offrent un intérêt tout particulier à cause des recherches d'Hazay (1). Avant d'exposer les résultats de mes recherches, je crois bon de rappeler brièvement ce que les diflérents auteurs ont écrit sur le stylet cristallin des Naïades. Boganus (2), le premier, décrivit en 1827, dans l’estomac d’un Anodonte, un singulier corps, irrégulièrement quadrilatère, d'aspect cartilagineux, qu'il désigna sous le nom de « Cristallgriffen ». Quelques temps après, von SIEBOLD signala chez les Naïades l’exis- tence d’une véritable tige cristalline « s'étendant de l'estomac dans l'intestin. » Baupon et Moquin-TANDON ne rencontrèrent que le corps quadrilatère décrit par Bogsanus et l’homologuèrent au stylet cristallin des autres Lamellibranches ; ainsi donc, chez les Naïades, et par exception, le stylet cristallin semblait être situé, non pas dans un cœæcum spécial, non pas dans une portion diflérenciée de l'intestin, mais bien dans l'estomac. Comme nous l’avons vu au début de cette étude, ce fut également à cette opinion que s’arrêta Hazay en 1881; il considéra comme stylet cristallin le corps irrégulier (Knorperstiel) de l’estomac des Naïades, assimilant à un produit de réserve la tige hyaline (Dünndarm Kôrper) qu’il avait rencontrée dans la première portion de l'intestin. Tout récemment enfin, VoGr et YuxG ont admis au contraire que la tige cristalline des Naïades est cylindrique et logée dans l'intestin direct. (1) La structure des différentes parties de l'appareil digestif est exactement la même chez la Mulette que chez l’Anodonte; ce que je dirai de ce dernier pourra donc s'appliquer à la première sans aucune restriction. (2) Bozanus : loc..cit., PI. IX, fig. 7et 9. — 271 — Comment expliquer de pareilles divergences ? Quel est celui de ces deux corps que l’on peut réellement homologuer au stylet cristallin ? Et, ce fait éclairci, à quoi correspond le second corps ? L'accord n’est pas bien difficile à établir, et j'ai déjà laisse. soupçonner comment il était loisible de concilier deux opinions en apparence si éloignées. [ est bon de faire remarquer avant tout que, chez les Naïades plus que chez tous les autres Lamellibranches, la tige cristalline véritable entre en difluence avec une très grande rapidité : ainsi s'explique comment cet organe a échappé aux recherches de Bogsanus, de Baupix et de Moquix-Taxpon. Mais si l’on fixe les animaux sitôt après qu'on vient de les pêcher, 1l est aisé de se convaincre que les Naïades présentent une structure en tous points conforme à celle que j'ai décrite plus haut, chez l'Huître, par exemple. Le corps irrégulier de l’estomac (Cristallgriffen de Bosanus, Knor- perstiel de Hazay) n’est autre chose que la flèche tricuspide de Por, et le véritable stylet cristallin, c’est la tige hyaline vue par SIEBOLD, Hazay (Dünndarm Kôrper), Vocr et YunG. Il suffit, pour s’en con- vaincre de pratiquer quelque. coupes sur la première portion de l'intestin ; ici encore, cette portion représente à la fois le cæcum et l'intestin direct, et nous retrouvons encore l’épithélium particulier dont nous avons si souvent décrit l’épais plateau circulaire et la couche de cils denses. Les Naïades ne constituent donc pas une exception, et nous pouvons les ranger dans le second groupe que nous avons établi, à côté des Mytilus, des Cardium, des Ostrea, etc. (A suivre) CONTRIBUTION A L'ÉTUDE (!) DE LA MASSE NERVEUSE VENTRALE (Cordons Palléaux-Viscéraux) & DE LA COLLERETTE DE LA FISSURELEE ParmLours: B'OUTAN Docteur ès Sciences naturelles, Maître de Conférences à la Faculté des Sciences de Lille. Dans ce mémoire publié in extenso dans les Archives de Zoologie, et dont nous donnons le résumé, l’auteur continue ses recherches sur les Fissurelles. Il se propose de fournir de nouvelles preuves à l'appui de l’opinion, émise il y à déjà longtemps, par M. DE LACAZE- Durniers, au sujet de la masse nerveuse qui se trouve située à la face dorsale du pied de beaucoup d’Aspidobranches Chiastoneures. Cette masse nerveuse ventrale a donné lieu, en effet, à de nombreuses controverses. Tandis que M. DE Lacaze-DuTHIERS et les savants de son école soutiennent que cette masse nerveuse ventrale est complexe, formée par les deux ganglions pédieux et les deux premiers ganglions asymétriques fusionnés et étirés sous forme de chaine nerveuse, tout récemment encore deux savants étrangers ont contesté de nou- veau cette manière de voir et ont pensé pouvoir affirmer que cette masse nerveuse, loin d’être complexe, n’était constituée que par un seul centre nerveux, le centre pédieux du Gastéropode. Pendant son séjour au laboratoire Arago, de Banyuls-sur-Mer, M. Bouran entreprit d'étudier cette masse nerveuse ventrale, non plus chez l'adulte, mais dans les formes larvaires de la Fissurelle. La citation suivante indique clairement le but poursuivi par l’auteur (2). (1) Archives de Zoologie expérimentale et générale, 2e sér., t. VI, 1888. (2) Page 381, loc. cit. « Cette étude, me semblait-il, devait montrer si réellement cette masse nerveuse est constituée par le centre pédieux seul ou par les deux premiers ganglions du centre asymétrique et les ganglions pédieux intimement accolés. J'espérais pouvoir obtenir (les animaux dont je m'occupais étant de très petite taille) des séries de coupes complètes reproduisant fidèlement l'aspect de la masse nerveuse et permettant d’en suivre les plus minimes modifications de structure par une transition tout à fait insensible. Ces coupes ont porté sur des animaux à des stades divers, depuis la forme enroulée jusqu’à celle voisine de la forme adulte ». — Après avoir décrit et figuré deux séries de coupes portant sur des larves de Fissurelle au stade rimuliforme jeune et à un stade plus avancé, l’auteur discute les opinions relatives à la masse ner- veuse ventrale de la Fissurelle. Il reproduit une figure extraite du mémoire allemand et prétend en tirer une interprétation toute diffé- rente de celle que lui à attribuée M. BeLa HaLLer, auteur de ce travail. Voici du reste la façon dont M. Bouran développe son argumen- tation (1). « Chez les Gastéropodes il existe trois sortes de ganglions 1° Les ganglions cérébroïdes. 20 Les ganglions pédieux. 9° Les ganglions asymétriques. Ces trois centres sont unis entre eux de la façon suivante : les ganglions cérébroïdes sont reliés aux deux ganglions pédieux et aux deux premiers ganglions asymétriques par deux paires de connectifs isolés. Les ganglions pédieux sont unis aux deux premiers ganglions asymétriques par une paire de connectifs, quelquefois si réduits que les ganglions sont en contact et fusionnés sur une de leurs faces: voilà la loi générale exposée récemment encore par M. DE LACazE- Duraiers dans une note à l’Institut. La Fissurelle fait-elle exception à la règle ? Il suffit d'examiner la figure du système nerveux (fig. 4, pl. XXX VI) du mémoire critiqué par M. BeLA HALLER, pour se convaincre qu'il n'en est rien. (1) Page 412, loc. cit. | 19 —! ps | Partant en effet des ganglions cérébroïdes nous trouvons deux paires de connectifs cérébro-asymétriques et cérébro-pédieux. Tous deux arrivent à la même masse nerveuse. Cette masse nerveuse centrale est donc bien, au moins dans sa partie supérieure, formée par une partie pédieuse et une partie asymétrique. Sur ce point, aucun doute ne peut exister, car, outre la présence des deux connectifs signalés, nous trouvons en ce point les deux commissures qui réunissent entre eux les divers ganglions asymé- triques et de chaque côté un grand nerf palléal. Par conséquent voici déjà un point acquis. Dans la portion supérieure de la masse nerveuse existent les deux centres. Nous nous trouvons en présence des centres pédieux et asymé- trique étroitement unis. Mais on pourrait objecter que si le fait avancé est certain, pour le point considéré, c’est-à-dire pour la partie supérieure de la masse nerveuse, il peut être faux pour le reste de la masse ner- veuse ; c’est là que les coupes vont noûs être utiles et que la figure de M. BELA HALLER Va nous servir. Reportons nous donc à cette figure. Si, au lieu de supposer que c’est une coupe quelconque, nous supposons pour un instant que c'est une coupe de la partie supérieure de la masse nerveuse, nous nous dirons certainement, en examinant la figure, que le sillon doit indiquer le point d'union des deux centres puisque à ce niveau nous savons que les deux centres sont représentés, et le nerf latéral est l’origine de la commissure asymétrique gauche: Il nous suffit donc de supposer que cette coupe passe par la partie supérieure de la chaîne nerveuse pour qu'il devienne évident que cette masse, en apparence simple, est en réalité complexe et constituée par deux centres fusionnés. Mais avons-nous le droit de faire cette supposition, et la coupe de la partie supérieure de la masse nerveuse reproduirait-elle la figure de M. BELA HaLzzer? Ici ce n’est plus une affaire de raison- nement, mais d'observation, et un simple regard jeté sur l’ensemble des coupes convaincra le lecteur. Or, si l’aspect reste le même dans toute la série des coupes de la masse nerveuse, nous devons en conclure que les centres pédieux et asymétrique restent accolés dans toute l’étendue de la chaîné: » “ 19 Do ARE — Dans le chapitre suivant, M. Bouran cherche à démontrer par l'étude du développement de la Fissurelle, que la collerette est une dépendance du manteau. D'après ses recherches, il résulte que la collerette est originairement en rapport intime avec le manteau et se différencie complètement du pied par sa structure. Dans les Gastéropodes à collerette, le manteau descendrait plus bas que tous les autres types et aurait une tendance à entourer le pied. Selon lui, le mot epipodium ne doit être conservé qu’en sous-entendant que ce mot n'implique qu'un rapport de position et non un rapport d’origine entre cet organe et le pied et il préfère le nom de collerette ou de manteau inférieur. L'auteur cherche ensuite à expliquer la cause probable de l'erreur que, selon lui, M. BELA HALLER à commise. « Les coupes en série, dit-il (1), dans la Fissurelle adulte, doivent être beaucoup plus nombreuses que chez la larve, puisque les dimensions des deux animaux sont très différentes; la grandeur relative de la masse nerveuse, chez l'adulte, est considérable et rend beaucoup plus difficile une vue d’ensemble. Je ne serai pas étonné que M. BELaA HAzLer ait considéré la partie inférieure de la commissure des deux premiers ganglions du centre asymétrique (ganglions palléaux avec les autres ganglions asymétriques), comme représentant Ie ganglion asymétrique ou palléal Iui-même. Comme chez beaucoup de mollusques les cellules nerveuses remontent fort loin le long des commissures, et une erreur sem- blable est fort excusable dans un examen rapide. Cette commissure entraîne avec elle un grand nombre de cellules nerveuses et sur une coupe un peu oblique on serait tenté de croire qu’elle représente l’un des ‘ganglions palléaux. Plusieurs fois cet aspect s’est présenté dans les différentes coupes que j'ai faites et a toujours coïncidé avec une obliquité plus ou moins grande dans les sections effectuées. » — En terminant ce résumé nous donnerons les conclusions de l’auteur. « 1° L’objection, faite par M. BELA HALLER et qui peut se résumer ainsi : la masse nerveuse ventrale forme un centre homogène dans (4) Page 467, Loc. cit. — 216 — lequel on ne peut indiquer deux portions distinctes, dont le centre est unique, est une affirmation trop absolue, deux centres peuvent être histologiquement fusionnés et morphologiquement distincts. C'est le cas pour la Fissurelle et pour bien d’autres mollusques. 20 L'étude des coupes nous montre que dans la partie de la masse nerveuse où les auteurs semblent d'accord pour reconnaitre la présence des ganglions pédieux et des deux premiers ganglions asymétriques, la séparation histologique des centres n’est pas plus accentuée que dans la partie inférieure de la masse nerveuse. 9° L'étude des Fissurelles à létat larvaire nous montre que la masse nerveuse ventrale est bien constituée par deux centres nerveux différents (deux premiers ganglions asymétriques et ganglions pédieux intimement accolés). 4 S'il est impossible d'établir une distinction histologique entre les deux centres par suite de la continuité de la couche des cellules nerveuses périphériques, il n’en est pas moins facile de distinguer dans la masse nerveuse, à l’aide du sillon et des deux ordres de nerfs la part qui revient à chacun des centres fusionnés. vo L'étude des coupes nous montre que la forme des quatre ganglions qui servent à constituer la masse nerveuse dans son ensemble est celle de quatre cylindres réunis deux à deux et intimement accolés par une de leurs faces. 60 Par sa structure et par ses rapports intimes avec le manteau, chez la jeune Fissurelle, on doit considérer la collerette comme une partie du manteau et l’on doit lui conserver le nom de manteau inférieur. » | | SUR LA FAUNE DÜ HABLE D'AULT Par R. MONIEZ Professeur à la Faculté de médecine de Lille Le Hable d’Ault située entre le bourg d’Ault et Cayeux-sur-Mer (Somme), est une sorte d’étang long de 8 kilomètres, mais généra- lement étroit, qui court à une faible distance du rivage, dont il est séparé par une épaisse digue de galets ; il reçoit les eaux de tous les fossés des environs et se déverse dans le canal du Hourdel par un large fossé, appelé fossé Bidalot. Son nom rappelle qu'il était autrefois en communication avec la mer et servait de port : à la suite d’une tempête qui, il y a un siècle et demi, coula un bateau à l'entrée du chenal et accumula contre cet obstacle une muraille de sable et de galets, la passe fut obstruée et les eflorts de la mer, depuis cette époque, n’ont servi qu'à augmenter l'épaisseur de la digue et le flot a cessé totalement d'y pénétrer : tout au plus, aux marées de l’équinoxe, quelques vagues dépassent-elles la crète des galets, aussi l’eau du Hable est-elle absolument douce au goût et les bestiaux la boivent-elles sans répugnance (1). Il était intéressant d'étudier la Faune du Hable par suite de son voisinage et de son ancienne connexion avec la mer, d’ailleurs les eaux douces du département de la Somme n'avaient pas été explorées jusque là, et nous devons le premier travail sur ce sujet à M. MoynierR DE Viccepoix qui le publiait il y a peu de jours, à la fin de Décembre 1888 (2). J'ai donc fait quelques recherches dans le Hable penpant le mois d’Aoùût dernier et j'ai étendu mes explorations aux environs de Cayeux ; je n’ai récolté que les Ostracodes, les Cladocères, un Déca- (4) M. le Professeur LAMBLiNG a eu l'obligeance de chercher le degré de salure de cette eau prise fin Septembre au milieu du Hable. (2) R. Movynier DE Vizzepoix : Contribution à l'étude des eaux douces de la vallée de la Somme ([Copépodes et Cladocères). Bulletin de la Soc. linn. du Nord de la France, 1888, one: pode et des Hydrachnides (1). Comme on va le voir, ces pêches, bien qu'effectuées sur les bords du Hable seulement, sans que j'aie pu en aborder les parties centrales, m'ont fourni cependant des résultats carcinologiques intéressants, en ce sens que différentes formes remar- quables et d’ailleurs nouvelles pour la Faune française s’y rencon- trent; en outre, quelques espèces rares y ont été trouvées en grande abondance, quant aux formes communes, hôtes habituels de toutes nos eaux douces, nous les avons rencontrées pour la plupart. Nous avons marqué d'un astérisque, dans les listes suivantes, les espèces que M. Moynier DE VILLEPOIX à trouvées dans la vallée de la Somme. OSFRACODES Cypris incongruens RAmMp. — Très commun dans le hable et dans les abreuvoirs ou fossés de Ménilval, près du Tréport et des près des dunes de Cayeux. Nous n’avons rencontré que la var. rubra. €. virens JUR. — Egalement très commun : le hable et ruisseau Bidalot, fossés qui marquent l'emplacement de l’ancien château-fort de Cayeux, fossés à Saint-Valery. €. obliqua Brapy. — Fossés à Saint-Valery, près de la Gare. €. reptans Barr. — Le hable, assez commun. C. gibba Ramp. — Cette espèce, indiquée par Brapy comme se trouvant partout en Angleterre, me paraît rare en France, car je ne l'ai pas encore trouvée dans les envois de mes correspondants, et J'en ai seulement récolté deux individus au marais de Fretin, près de Lille. Elle est commune dans le hable d’Ault, mais surtout dans les mares, dans les pâturages des dunes; par tout le territoire de Cayeux, j'étais certain de la voir fourmiller dans la vase de ces eaux tellement chargées de calcaire qu’elles avaient (1) En dehors de ces animaux je citerai seulement une espèce intéressante de Rotifère, Œcistes Slygis Gosse. — Nous croyons pouvoir rapporter à cette espèce un Rolifère voisin des Mélicerles trouvé dans le Hable et remarquable par sa couronne régulièrement circulaire, soutenue par des côtes saillantes, l'absence d’an- tennes et d’yeux et par son tube gélatineux. Il n’était pas abondamment représenté. Cette espèce est indiquée comme rare par Hupson et Gosse (The Rotifera 1886), ces observateurs l'ont trouvée au Black-Loch (Dundee). nono perdu toute transparence. Elle vivait d'habitude en compagnie de la C. incongruens. €. salina Bran. — Je n’ai trouvé cette espèce que dans le hable où elle semble pas abondante. €. compressa BAIRD. — Dans le hable. — fossés à Saint- Valery-sur-Somme. Cypridopsis vidua MULLER. — Comme dans le hable et dans la grande mare située près du feu de marée à Cayeux. €. aculeata LiLLJEB. — La Cyprid. aculeata est très commune partout environs de Cayeux, dans le hable comme dans les mares et jé l’ai aussi trouvée à Mesnilval, près du Tréport. C’est une espèce qui paraît peu fréquente en France; je ne l'ai pas trouvée aux environs de Lille, mais elle était assez abondante dans les pèches faites par M. Cnevreux dans létier de Menan (Grande-Brière ; Loire-Inférieure). J'ai Pitrouvét le’"même ‘animal. dans” des: péches”tiaites-wpar M. LeTourNEux en Tunisie (Bir-el-Nebech)}, et M. Ricxarp m'a complaisamment communiqué des pêches faites à Madrid par M. Borivar dans lesquelles il était abondant. Cypridopsis villosa Jur. — Commune dans le hable d’Ault, très commun aussi par tout le pays de Cayeux dans les mares des dunes. — Cette remarquable espèce est assez mal figurée par Brapy pour en être méconnaissable, et c’est une forme différente que j'ai indiquée sous ce nom dans ma liste des Ostracodes des environs de Lille : la Cyp. villosa ne se rencontre pas ici (1). Je me suis également convaincu qu'il faut rapporter à cette espèce la Cypris ophthalmica de Fiscner (2) dont, pour des raisons de syno- nymie, j'avais changé le nom en celui de Cyprid. lunata (3). Je ne connais pas encore d’autre localité en France pour cette espèce qui est certainement peu fréquente. Brapy en fait la remarque : (1) Moniez R. — Liste des Copépodes, Ostracodes, Cladocères et de quelques autres Crustacés recueillis à Lille en 1886: Bullet. de la Soc. Zool. de France, t. XII (4887). (2) Fiscuer S. — Beiträge sur Kenntmiss des Ostracoden : Abhand de math. phys. classe de Bayer Kônig. Akad. t. VII (1855). (3). Moniez R. — Matériaux pour servir à l'étude des eaux douces des Açores IV, Crustacés : 2°, 30, 4, Ostracodes, Cladocères, Branchiopodes, Lille, 1888, "0 c’est, dit-il, une des espèces les moins communes de Cypridées de la Grande-Bretagne. + Candona candida MüLLer. — Commune dans le hable, dans les fossés de l’ancien château de Cayeux, à Saint-Valéry-sur-Somme. C. compressa KocH. — Moins commun, mêmes localités que l’espèce précédente. Fossés à Mesnilval. Limnicythere inopinata Bairp. — Les Cythéridées d’eau douce sont fort peu abondantes en espèces et le nom de celle-ci rappelle précisément l’étonnement de Baïrp, quand il la découvrit en Angleterre dans ce milieu inattendu. La Limnicythere inopinata, nouvelle pour la faune française, est commune dans le hable d’Ault, mais elle est extrèmement abondante dans la grande mare située à Cayeux, près le feu de marée. Nous avons fait la remarque que chez les jeunes individus, les dents de la partie antérieure (?) de la carapace sont beaucoup plus accentuées que chez les adultes. Cytheridea torosa Bairp. — Cette espèce d’eau saumâtre est signalée comme se trouvant quelquefois dans l’eau douce; très commune sur les côtes de la Grande-Bretagne, elle n'avait pas encore été, que je sache, rencontrée en France; j'en ai récolté plusieurs individus dans le hable d’Ault; j'en ai trouvé quelques valves dans les pêches faites par M. Dorcrus dans les mares de l'Eure, et elle n’était pas rare dans les récoltes faites par le même savant dans l’étier de Menan (Grande-Brière, Loire-Inférieure). En outre de ces deux Cythérides d’eau douce, nouvelles pour la faune francaise, nous avons également fait connaitre dans notre pays, d’après les pèches faites par M. Dozzrus, la Loæoconcha elliptica Brapy, qui vit dans l’eau douce du golfe de Santa-Manza, près de Bonifacio (1). (1) Nous avons récolté aussi à Cayeux, dans le chenal de Somme, la Cythere albo-maculata déjà signalée dans le golfe de Gascogne et dans la fosse du cap Breton, par MM. Fiscner et de Foix. (A suivre) _— 45592 LILLE, LE BIGOT FRÈRES. Le Gérant, TH. BARROIS. ANNÉE 1889. N° 8. | Aer Mai. REVUE BIOLOGIQUE DU NORD DE LA FRANCE Paraissant le 1° de chaque mois SUR LA STRUCTURE DU CERVEAU CHEZ LES MYRIAPODES ET LES ARACHNIDES Par le Dr SAINT-REMY, Préparateur à la Faculté des Sciences de Nancy. (NOTE PRÉLIMINAIRE) La structure intime du cerveau des Arthropodes à été l’objet de nombreux travaux depuis que Drerz, abandonnant les anciens pro- cédés, eut l’idée d'appliquer à ces recherches Ia méthode des coupes qui avait donné de si beaux résultats dans l'étude des centres ner- veux des Vertébrés. Mais tous ces travaux, parmi lesquels il faut citer en première ligne ceux de KFLÔGEL, BELLONCI, VIALLANES, ont porté sans exception sur les Crustacés et les Insectes. Aucune attention n’a été accordée à ce point de vue aux deux grandes classes des Myriapodes et des Arachnides, sur le système nerveux desquels nous ne possédons que des observations anatomiques pour la plupart relativement anciennes et assez incomplètes. Il nous a paru intéressant d'aborder ce sujet et de tenter de faire, sur le cerveau dans ces deux groupes, un travail d'ensemble analogue à celui que KLÔGEL a publié sur la structure générale de cet organe chez les Insectes. La tâche nous à été largement facilitée grâce à la bienveillance avec laquelle M. le Professeur pe LacazE-DUTHIERS nous à accueilli à deux reprises dans son laboratoire de Banyuls- sur-Mer et nous à fait faire de nombreux envois d'animaux que 5 oapr nous n’eussions pu nous procurer autrement. Nous sommes heureux de lui en exprimer ici toute notre reconnaissance. Nos recherches ont été faites sur des pièces soigneusement dissé- quées et isolées avant d’être traitées par les réactifs. Les coupes pratiquées sur la tête entière, quelle que soit sa petitesse, peuvent ètre utiles pour montrer les rapports naturels du cerveau avec les organes voisins, mais elles sont toujours insuffisantes pour l’obser- vation de la structure intime. C’est à cette méthode qu’il faut attri- buer les insuccès des rares auteurs qui se sont occupés occasion- nellement du cerveau chez les Myriapodes et les Arachnides. La fixation par l'acide osmique nous a donné les meilleurs résultats, et c’est le seul traitement convenable pour les petits cerveaux. Nous colorions ces pièces par le carmin alunique ou le carmin boracique à l'alcool. Toutefois les cerveaux plus gros (Scolopendre, Scorpion) ne sont pénétrés que lentement par ce fixateur, et lorsque le centre est atteint, la couche cellulaire périphérique à pris une teinte noire foncée et n’est plus susceptible d’être colorée par le carmin. Aussi nous avons surtout utilisé pour ces cerveaux la fixation à l'alcool, ou mieux à la liqueur picro-sullurique, suivie d’une double coloration äu carmin alunique ou à l’hématoxyline et à l’éosine : les pièces traitées à l’acide osmique nous ont servi pour l'étude des détails. Nous devons supposer connus les résultats acquis sur là structure du cerveau chez les Crustacés supérieurs et les Insectes. Disons seulement que les termes de protocérébron, deutocérébron et trito- cérébron que nous allons employer en parlant des trois segments que nous décrivons dans le cerveau des Myriapodes, sont ceux qui ont été proposés par M. VraALLaNEs pour les Insectes et les Crustacés dans ses belles études monographiques. Nous en justifierons ensuite l'application au cerveau des Myriapodes. Nos observations dans cette classe ont porté sur sept genres, dont deux appartenant à la subdivision des Chilognathes {/Lulus, Glomeris) et cinq à celle des Chilopodes (Scutigera, Lithobius, Scolopendra, Cryptops, Geophilus). Nous allons résumer brièvement les prinei- paux faits dans chacun de ces types. Aules — [La forme extérieure et les relations du cerveau de llule ont été bien décrites par Newport, puis par OWEN qui com- — 2835 — pléta avec moins de clarté les données de son prédécesseur : il est inutile de reproduire ici cette description. Nous ‘avons étudié la structure interne chez deux espèces, Julus maritimus et I. sabu- losus, qui ne nous ont présenté aucune différence : cette structure est relativement fort compliquée et malheureusement la petitesse des animaux que nous avons eus à notre disposition rendait les observations difficiles. Le protocérébron occupe la partie supérieure du cerveau et se divise en quatre lobes, les lobes optiques latéralement, et les lobes frontaux au centre, ces derniers formant le protocérébron moyen. — Chaque lobe optique représente une petite masse cylindrique située à l'extrémité du cerveau et donnant naissance par sa face externe aux nombreux neris des yeux. [Il est formé de cinq cou- ches qui sont de dedans en dehors : la masse médullaire interne et la masse ganglionnaire ; la couche des fibrilles optiques, la lame ganglionnaire, la couche des faisceaux optiques. La masse médullaire représente un cône tronqué de substance ponctuée homogène soudé à la substance ponctuée du lobe frontal par sa petite base et revêtu sur ses faces antérieure, supérieure et inférieure par une accumulation de petites cellules chromatiques pauvres en protoplasma, la masse ganglionnaire. La masse imédullaire parait unie à son homologue du côté opposé par un faisceau de fibrilles qui suit le bord supéro-postérieur du cerveau, et par un tractus de substance ponctuée fibrillaire qui traverse tout le protocérébron moyen. De sa face externe, légèrement concave, partent de très nombreuses fibrilles qui la relient directement à la face postérieure de la lame gan- elionnaire sans s’entrecroiser. Des noyaux sont disséminés entre ces fibrilles. — La lame ganglionnaire comprend deux couches : une interne médullaire, qui reçoit ces fibrilles et émet les faisceaux optiques, et une externe formée de petites cellules chromatiques qui envoient leurs prolongements dans la première couche. — Les faisceaux optiques dus au groupement de fibres issues de la lame se portent horizontalement à travers le tissu conjonctif Jusqu'au névri- lemme qu'ils traversent : ils méritent alors le nom de nerfs opti- ques. Les lobes frontaux sont constitués par une masse centrale de subs- tance ponctuée, revêtue incomplètement d’une écorce cellulaire ; ils sont pirilormes et réunis sur la ligne médiane par leur extrémité — 284 — la plus petite. Chaque lobe présente sur son bord supérieur deux masses ganglionnaires formées de petites cellules à noyau très co- lorable et pauvres en protoplasma (1), accumulées autour d’un cen- tre de substance médullaire homogène. La masse ganglionnaire interne n'émet aucun trajet de fibres, mais la masse externe est en relation avec le lobe olfactif du même côté et peut-être aussi avec le lobe olfactif du côté opposé (commissures optico-olfactives directe el croisée). Ces relations sont précisément celles du corps fongi- forme chez les Insectes et la similitude de structure porte à com- parer la masse g. externe au calice; la masse g. interne peut être regardée comme un second calice isolé ou comme une formation indépendante, propre au cerveau de l’Iule. — Le lobe frontal émet un petit filet nerveux qui se détache de sa substance ponctuée sur son bord supérieur et sort vers la base du lobe optique. Ce nerf est destiné à un organe sensoriel spécial, qui a été décrit chez un certain nombre de Myriapodes par Tôomosvary. Nous avons vérifié sa présence chez l’Iule. Nous désignons cet organe et ce nerf, qui paraissent constants, sous les noms d’organe et de nerf de TOMosvaRy. Le deutocérébron est constitué par les deux lobes antennaires situés à la partie inférieure du cerveau : ils ont une structure assez compliquée. Dans la partie antérieure, l’écorce de chacun de ces lobes est formée par une lame épaisse de petites cellules chromatiques, pauvres en protoplasma, au-dessous de laquelle la substance ponctuée est très dense. Il en part trois cominissures olfactives qui se portent à la région correspondante de Fautre lobe, et les deux commissures optico-olfactives dont nous avons parlé. Du côté externe, le lobe se renfle en un lobule olfactif, revêtu de cellules à protoplasma abondant, dans la substance ponctuée duquel se différencient des glomérules olfactifs polyédriques de même nature que ceux des Insectes. IT existe deux nerfs antennaires, dont l’infé- rieur aboutit au lobule olfactif, tandis que le supérieur sort de la région postérieure du lobe et tire ses fibres de cette région, de la commissure œsophagienne correspondante, de celle du côté opposé et du nerf antennaire opposé. (1) Ces petits éléments, qui prennent une coloration intense très caractéristique, corres- pondent aux « noyaux ganglionnaires » de Dire et on ne les trouve également que dans les lobes sensoriels, comme l’a remarqué BELLONCI pour les Insectes et les Crustacés. Ce sont des cellules unipolaires extrèmement pauvres en protoplasma. — 285 — + Le lobe antennaire donne encore naissance dans sa région postéro-inférieure à un petit nerf viscéral qui se porte dans le ganglion viscéral pair connu depuis longtemps. Au début de nos recherches nous avons cru que ce nerf sortait du ganglion trito- cérébral, ce qui s'explique par la difficulté de délimiter exactement les différentes régions du cerveau. Le tritocérébron a été d’abord considéré par nous comme un ganglion mandibulaire : nous admeltions d’après OweEx, faute de preuves contraires, que les nerfs latéraux qu'il fournit se portent aux mandibules. N'ayant pas eu d'Iules suffisamment gros, nous n'avons pu étudier cette question sur les dissections, mais nous avons constaté depuis, chez la Scolopendre, que le nerf correspondant est destiné à la lèvre supérieure. Comme ce ganglion cérébral a une structure très uniforme, nous n’hésitons pas à étendre aux autres Myriapodes les résultats de cette observation. Le tritocérébron est constitué par une portion cérébrale et une porlion œsophagienne. La portion cérébrale est formée de deux lobes situés à La face inférieure du cerveau et réunis par une bande nerveuse transversale bien séparée dans sa région moyenne du reste du cerveau, et que nous appelons le pont stomato-gastrique ; la portion œsophagienne comprend un faisceau de fibres qui suit le bord interne des commissures œsophagiennes jusqu’au niveau de l’œsophage, où il s’en sépare pour former la « commissure transverse de l'anneau œsophagien » des anatomistes (commissure tritocérébrale) qui embrasse la face inférieure du tube digestif, — et une paire de petits amas ganglionnaires situés aux points d'insertion de la commissure transverse sur les commissures œsophagiennes. Nous n'avons pas pu observer chez l’'fule la relation du faisceau commis- sural transverse avec les lobes tritocérébraux et nous avons perdu ce faisceau sur linsertion des commissures œsophagiennes. Mais, comme nous avons vu cette relation chez la Scutigère et qu’elle à été établie par M. VraALLAxESs chez les Insectes, nous nous croyons en droit de l’admettre. Les lobes tritocérébraux sont formés d’une petite masse de substance ponctuée, revêtue d’une écorce de grandes cellules. Du côté interne ils se confondent avec le pont et émettent sur leur -face inférieure le ner de la lèvre supérieure. Le pont stomato gastrique est un cylindre de substance ponctuée, revèlu de grosses _. 986 — cellules, qui donne naissance sur son bord postéro-inférieur au nerf stomato-gastrique, trone volumineux, formé de fibrilles extrème- ment fines et dont la base est entourée d’un manchon de cellules vanglionnaires. Les commissures œsophagiennes sont en relation avec les trois ganglions cérébraux. À leur origine elles présentent divers faisceaux distincts, plongés dans de la substance ponctuée, mais un peu au-delà elles sont formées exclusivement de tubes nerveux. Gloméris. — Le cerveau du Gloméris dans sa forme extérieure rappelle celui de lIule, mais il est plus grèle et ses deux moitiés sont plus écartées. BranpT et LEeyniG l'ont décrit et figuré d’une facon un peu inexacte. Comme le pont stomato-gastrique est ici aussi gros que la région moyenne du cerveau proprement dit, BraxpT ne la reconnait pas etil ajoute un petit pont hypothétique ; LeyDiG ne reconnait pas non plus la valeur de cette partie qu'il suppose sous-æsophagienne et qu'il regarde comme la commissure transverse de l'anneau œsophagien : celle-ci, du reste, existe, mais elle leur à échappé. Ni l'un ni l’autre n’a constaté la véritable forme des deux moitiés du cerveau qui sont fusiformes et non cubiques ou sphériques. LEeypiG a figuré le nerf et l'organe de TOMosvarY, mais sans indiquer leur connexion. Nous avons étudié la structure interne du cerveau dans quatre espèces de Gloméris qui ne nous ont montré aucune différence (Gl. limbata, Gl. hexasticha, Gl. quitata, et Gl. castanea). Cette struc- ture est infiniment plus simple que celle du cerveau de llule, et sen écarte complètement. Le protocérébron est loin d'offrir la complication que nous avons observée dans le type précédent. Les lobes optiques, qui ne sont pas délimités extérieurement, se composent uniquement d'une petite masse médullaire homogène pourvue d’un revêtement partiel de petites cellules chromatiques, pauvres en protoplasma : de celte masse nait en dehors un nerf optique unique et fort long qui se divise seulement à son extrémité; en dedans il en part un petit groupe de fibres qui suivent le bord postéro-supérieur du cerveau pour réunir les deux lobes. Les lobes frontaux sont également d’une structure très simple : ils sont formés d’une masse de subs- tance ponctuée à peu près piriforme, s’effilant du côté interne en une tige grèle qui se soude à son homologue du côté opposé ; cette masse est recouverte dune mince couche de petites cellules. La moitié externe de la face supérieure du lobe frontal est occupée par un organe frontal, constitué par une série de masses médul- laires diversement différenciées et une masse ganglionnaire formée de petites cellules chromatiques pauvres en protoplasma. Le nerf de Tomosvary, presque aussi gros que le nerf optique, prend naissance à l'extrémité du lobe frontal, en arrière de la masse médullaire du lobe optique. Il parait tirer quelques fibres de l'organe frontal. Le deutocérébron, également fort simple, se compose des deux lobes antennaires réunis par une commissure antennaire qui suit la face inférieure de la portion moyenne du protocérébron. Chaque lobe antennaire est constitué par une imasse ovoïde de substance ponctuée revêtue de cellules riches en protoplasma, dans la partie inférieure de laquelle se différencient des glomérules olfactifs polyé- driques, irréguliers. Le nerf antennaire unique tire ses fibres de Ja région glomérulée et de la région non différenciée; celle-ci fournit encore un petit nerf viscéral indiqué par BRANDT, qui se détache de la face inférieure du cerveau. Le tritocérébron à la mème constitution que chez l’Iule et donne naissance à un petit nerf du labre et à un nerf stomato-gastrique volumineux formé de fibres très fines. De plus, ici, les petits gan- glions œsophagiens situés aux points d'insertion anatomique de la commissure transverse de Flanneau œsophagien donnent chacun naissance à un nerl œsophagien qui suit l'æœsophage. Les cominissures œsophagiennes très grèles sont exclusivement fibreuses. Scutigere. — La Îlorme générale du cerveau de la Scutigère est bien connue : elle tient à la fois du type ordinaire des Chilo- podes en ce que les lobes antennaires font une forte saillie, et du type des Chilognathes en ce que les lobes sont rejetés en arrière et le protocérébron situé en avant. L'étude de la structure interne était intéressante à faire en raison du degré d'organisation élevé de ce genre et de l’existence d’yeux composés. Mason (1) a publié un courte note sur ce sujet, mais il n’a vu absolument que les limites (1) Mason. — Eyes and brain of Cermatia (Scutigera) forceps. Amer. Natur. xIv. — 288 — générales de la substance ponctuée et de l'écorce cellulaire. Nous avons étudié Scutigera coleoptrata. La dissection du système nerveux est très délicate en raison de la minceur extrème du névrilemme. Le protocérébron, volumineux, s'étend transversalement entre les deux faces latérales de la tête, comme chez les Insectes. Il com- prend deux lobes frontaux transversaux et deux gros lobes optiques, bien distinets, dirigés un peu arrière, Le lobe optique est un petit cône tronqué, soudé au lobe frontal par sa petite base, et à l'œil composé par sa grande base. Sa complication est en rapport avec la présence de lœil composé et se rapproche sensiblement de celle du lobe optique des Insectes. On y distingue les couches suivantes : Ia couche des fibres post- rétiniennes, la lame ganglionnaire, la couche des fibres chiasma- tiques, la masse médullaire et la couche ganglionnaire antérieure. La couche des fibres post-rétiniennes correspond à la couche de même nom du lobe optique des Insectes et a pour éléments les fibres issues des yeux élémentaires, séparées par du tissu conjonctif et, contre la limitante interne de lœæil, par des fibres musculaires. Dans toute leur étendue ces fibres sont pigmentées. La lame qan- glionnaire est un écran nerveux, concave en dedans, convexe en dehors, formé d'une couche médullaire principale à laquelle aboutissent les fibres post-rétiniennes, et d’un revêtement externe de cellules ganglionnaires qui envoient leurs prolongements dans celle- ci. Elle correspond à la lame ganglionnaire des Insectes. Les tubes nerveux qui naissent de cette lame s'entrecroisent complètement (chiasma) en se portant à la masse médullaire. Celle-ci est allongée de dehors en dedans et se divise en deux capsules emboîtées, la capsule antérieure, qui reçoit les fibres du chiasma, et la capsule postérieure qui met en relation le reste du lobe optique avec le lobe frontral. Les deux lobes optiques sont reliés entre eux par une longue bande fibrillaire qui suit l’axe du protocérébron, et aussi par un groupe de tubes nerveux qui s'étend le long du bord supérieur du cerveau. Le revêtement ganglionnaire, qui occupe la région antérieure du lobe en avant du chiasma et de la masse médullaire, se compose d’une accumulation de cellules chromatiques pauvres en protoplasma. Le lobe frontal est constitué par une masse principale de substance médullaire, soudée largement à son homologue de lPautre — 289 — côté, et par une écorce de cellules ganglionnaires. Il fournit des tractus au lobe antennaire et à la commissure œsophagienne avec lesquels il est soudé. Il donne naissance au nerf de TOMosvary, très grèle, qui se détache du milieu de la face postérieure. A la surface de ce lobe sont situées des conformations particulières qui s’enfoncent en partie dans son épaisseur et que nous allons décrire. L'organe pédonculé occupe la région supérieure, antérieure et interne du lobe frontal : il se compose de trois accumulations de petites cellules très chromatiques à protoplasma, extrèmement réduit, dites masses ganglionnaires interne, moyenne et externe, et de parties médullaires sous-jacentes : la masse médullaire commune, la tige externe, le tubereule externe, le pédoncule antérieur et le pédoncule postérieur. La masse q. interne constitue une grosse calotte qui coiffe la masse médullaire commune dans laquelle se porte la majeure partie des prolongements qu’elle émet; le reste de ses prolongements se réunit pour former directement le pédoncule postérieur. Les pro- longements des éléments des masses 4. moyenne et externe sont réunis d'une facon très indirecte à la masse commune par la fige externe; sorte de cône médullaire, renfermant des condensations glomérulées dans lesquelles ces prolongements se perdent par petits groupes. La masse commune soudée en dehors à la tige externe, émet en dedans le tubercule interne qui s'étend horizontalement et s'arrête sous le névrilemme, et en dedans et en bas le pédoncule antérieur qui se porte obliquement vers la face inférieure du lobe frontal à une faible distance de laquelle il cesse brusquement. Quant au pédoncule postérieur, il constitue une sorte de gouttière qui embrasse le précédent. Cet organe pédonculé peut, à la rigueur, être rapproché du corps fongi- forme des Insectes. L'organe ganglionnaire antére-interne est constitué par une plaque ganglionnaire, appliquée contre la face antérieure du lobe frontal au niveau du milieu de la longueur des pédoncules, laquelle est unie à une lame médullaire qui s'étend en dedans et en bas de la ren- contre de son homologue du eôté opposé, avec laquelle elle se soude sur la ligne médiane. La structure de la plaque ganglionnaire est des plus intéressantes : elle est constituée, en effet, par une masse de protoplasma dans lequel sont disséminés irrégulièrement des noyaux ganglionnaires chromatiques, suffisamment espacés pour qu'il n'y ait aucun doute sur l’homogénéité de la masse fondamentale qui — 290 — les renferme. Get exemple nous permet de croire que cette structure est peut-être celle de certaines accumulations de petits éléments chromatiques trop serrés pour qu'on puisse reconnaitre s’il y à un protoplasma fondamental commun ou des cellules bien définies. Le deutocérébron est constitué par deux lobes antennaires et une commissure qui les réunit en suivant la face inférieure du proto- cérébron. Chaque lobe est un ovoïde de substance médullaire, revêtu d'une écorce partielle, de cellules riches en protoplasma soudé en haut au lobe frontal et en arrière à la commissure œsophagienne. Sa région inférieure est occupée par des condensations de la substance formant des sortes de rubans, qui représentent les glomérules. Le nerf antennaire est formé de deux sortes de tubes nerveux, les uns très fins, les autres plus gros à la périphérie. Il se constitue aux dépens des rubans olfactifs, de la substance médullaire générale du lobe et enfin d’une masse ovoide, substance ponctuée à structure lamelleuse, qui reçoit une partie des fibres de la commissure anten- naire et des prolongements de certaines cellules ganglionnaires du lobe frontal. La même division du nerf antennaire en fibres fines et grosses a été constatée chez les Insectes (Cuccani). Elle correspond vraisemblablement à des fonctions différentes. La commissure anten- naire, outre les éléments en rapport avec la masse lamelleuse, comprend aussi des fibres sorties directement de la substance médullaire fondamentale. Elle unit done à la fois les neris et les lobes antennaires. Le tritocérébron est très peu développé. Il se compose de deux petits lobes situés à la face interne des commissures œæsophagiennes, réunis en avant par le pont stomato-gastrique, et qui se prolongent chacun en arrière par une lame étendue à la face inférieure de la commissure, Le lobe, comme la lame, est constitué par de la substance ponctuée renfermant des trainées médullaires plus denses, et revètue en bas d’une couche de cellules. Le lobe émet deux petits nerfs. Les deux lames qui prolongent les lobes dans la commissure œsophagienne sont reliées au-dessous de læsophage par une commissure transverse de l’anneau œsophagien extrèmement grêle. Le pont stomato-gastrique se montre un peu différent de ce qu'il est dans les autres genres. Il n’est plus cylindrique mais constitué par une masse médiane en forme de fuseau aplati, se continuant par de longs cordons latéraux cylindriques. Il est formé — 291 — de substance ponctuée, mais les cellules ganglionnaires sont peu nombreuses sur les cordons latéraux et sont accumulées dans le renflement médian d’où part le tronc stomato-gastrique. Ce tronc est formé de substance ponctuée accompagnée de cellules ganglion- naires. Il donne naissance à des filets nerveux. Les commissures œsophagiennes sont constituées chacune aux dé- pens de la moitié correspondante du cerveau. Chacune reçoit des fibres de la substance ponctuée du lobe frontal et du lobe anten- naire, et, comme nous venons de le voir, une lame médullaire du lobe tritocérébral dont l'écorce cellulaire se prolonge aussi à sa face inférieure. Le système nerveux de la Scutigère présente une particularité remarquable. Chez tous les Myriapodes que nous avons étudiés, les centres nerveux renferment des trachées qui y pénètrent pour la plupart au point d'insertion des nerfs et se ramifient dans lécorce ganglionnaire et dans la substance ponctuée. Ici, au contraire, ce sont des vaisseaux sanguins qui nourrissent le cerveau comme cela a lieu chez la plupart des Arachnides supérieurs. Lithobius. — La description du cerveau du Lithobius a été donnée depuis longtemps. Dans ces dernières années, SOGRAFF dans sa monographie du Lithobius forficatus (1) à étudié le système ner- veux et a figuré des coupes totales de la tête. Son travail étant publié en russe, nous n'avons pu prendre connaissance du texte, mais ses figures montrent qu'il n’a reconnu aucune des particula- rités de structure du cerveau, évidemment en raison du mode de traitement peu favorable à l'observation des détails. Nous avons pris également comme type Lithobius forficatus. Le protocérébron est beaucoup plus simple que celui de la Scu- tigère. Il existe des lobes optiques en forme de cylindres très allon- gés, constitués par une masse médullaire accompagnée de quelques cellules ganglionnaires peu nombreuses, qui émet à son extrémité un faisceau de petits nerfs optiques courts. Ces lobes sont reliés Pun à l’autre par un faisceau de fibrilles qui suit le bord supéro- postérieur du protocérébron et par un tractus de substance ponc- (1) Socrarr. — Anatomie du Lithobius forficatus. — Trav. Mus. Zool. Univ. Moscou. I. 1880 en russe). — 292 — tuée fibrillaire qui en occupe l’axe. — Les lobes frontaux ont la forme d’ovoides allongés soudés par leur extrémité interne. Ils donnent naissance au nerf de TôMmosvary vers l'union de leur tiers externe avec leur tiers interne et envoient des fibres dans le lobe antennaire correspondant. Dans leur région supérieure ils présen- tent un organe assez compliqué, l'organe lobulé, dont certaines parties s’enfoncent dans leur épaisseur. Chaque organe lobulé esl constitué par un noyau de substance ponctuée divisée en balles secondaires très denses, la masse lobulée, qui recoit en dehors un cordon externe de substance ponctuée formé par la réunion des pro- longements émis par une accumulation de petites cellules chroma- tiques pauvres en protoplasma, la masse ganglionnaire externe, située vers le tiers externe du bord postéro-supérieur du lobe; la masse lobulée émet le cordon interne qui se porte en bas et en dedans et se divise en deux branches, dont l'antérieure va s'unir sur la ligne médiane avec son homologue venue de l’autre côté, tandis que la postérieure se porte un peu en haut et se perd dans une balle médiane de substance ponctuée dense. Il est possible de rap- procher l'organe lobulé de l’organe pédonculé de la Scutigère en comparant la masse lobulée à la portion interne de: la tige externe qui renferme de grosses condensations : la masse ganglionnaire représenterait une réduction des masses g. moyenne el externe, et le cordon interne pourrait être regardé comme le représentant du pédoncule antérieur. Le deutocérébron comprend les deux lobes antennaires réunis par une commissure antennaire. Ces lobes présentent dans la moitié interne de leur région antérieure des glomérules olfactifs piriformes en relation directe avec les fibrilles fines de la moitié interne du nerf antennaire, et des trainées de substance ponctuée plus denses que la substance générale du lobe, mais beaucoup moins que les glomérules. Les fibres de la moitié externe du ner sont plus grosses (vraisemblablement motrices) et proviennent de la région non glomérulée et d’une masse fibreuse, homologue de la masse lamelleuse de la Scutigère, qui est la continuation d'une partie de la commissure antennaire. Cette mème région externe donne naissance vers la base du nerf antennaire à un petit neri tégumentaire, et en arrière, sur le bord externe du lobe, à un nerl viscéral. — 293 — Le tritocérébron comprend encore ici une portion cérébrale et une portion œsophagienne, mais la commissure tritocérébrale n’est plus sous-æsophagienne ; elle est située dans le cerveau et suit le bord inférieur de la région moyenne du protocérébron, comme la commissure antennaire. Les lobes tritocérébraux, très petits, sont situés dans la région postérieure du bord interne des lobes anten- naires ; leur commissure est mal délimitée. Ils se continuent sur la face inférieure des commissures œsophagiennes par une lame de substance ponctuée accompagnée d'une couche de cellules nerveuses. Chacun d’eux donne naissance à deux nerfs destinés au labre. Le pont stomato-gastrique est un gros cylindre de substance ponctuée revêtu d’une écorce ganglionnaire, comme chez l’Tule et le Gloméris; le nerf qui en part est également volumineux, formé de fibrilles extrèmement fines et entouré à son origine de cellules nerveuses. Les commissures œsophagiennes tirent leurs fibres des trois régions cérébrales, chacune de la moitié correspondante du cerveau. Scolopendre. — Nous n'avons rien à ajouter à la description bien connue de la forme extérieure du cerveau de Scolopendra morsilans que nous avons étudiée. La structure interne présente quelques différences avec celle du Lithobius. Les lobes optiques, peu distincts à l'extérieur, sont réduits à une petite masse médullaire accompagnée de quelques cellules et divisée en un pédoncule et une lame, d’où partent quatre nerfs optiques volumineux. Ils sont reliés l’un à l’autre de la facon habituelle. Les lobes frontaux présentent à peu près la même constitution que dans le genre précédent ; les organes lobulés offrent quelques particularités de détail et une modification importante ; dans chaque organe le cordon interne offre deux moitiés différenciées mais qui ne se séparent pas et se terminent ensemble dans une petite balle médullaire interne, propre à l'organe et sans connexion avec l'organe du côté opposé. Le nerf de Tômosvary est volumineux : c’est lui qui à été pris par KurorGA pour un nerf optique isolé. Le deutocérébron est constitué comme celui du Lithobius, mais le nerf antennaire unique de ce type est remplacé par un faisceau de nombreux petits nerfs qui paraissent être tous de mème valeur ; comme conséquence, les fibrilles issues des glomérules olfactifs et celles qui proviennent des autres régions, s’entremélent en formant — 294 — une masse plexiforme, à l'extrémité antérieure du lobe où prennent naissance les nerfs. Chaque lobe fournit également un nerf tégu- mentaire et un nerf viscéral décrit par BRANDT : au-dessous de ce dernier sort un petit filet accessoire. Le tritocérébron est entièrement cérébral et ne se prolonge pas dans les commissures œsophagiennes. [Il comprend deux lobes trito- cérébraux réunis par une commissure qui longe la face interne des lobes antennaires et la face inférieure de Ia région moyenne du protocérébron. Chaque lobe, au point où il se soude au pont stomato- gastrique, émet un nerf destiné au labre. Le pont est court et très épais, mais le nerf stomato-gastrique qui s'en détache est au con- traire très grèle, formé de gros tubes nerveux comme les autres nerfs et complètement dépourvu de cellules ganglionnaires, à l’inverse de ce que nous avons vu jusqu'alors. La commissure œsophagienne ne renferme ni substance ponctuée, ni cellules ganglionnaires, et sa structure est intéressante en ce qu’elle fournit une preuve importante à l'appui de la théorie récem- ment défendue par NaAnseN sur la structure des nerfs. Dans cette opinion, le conducteur nerveux élémentaire est un tube formé d’un con- tenu hyalin nerveux (hyaloplasma) et d’une conjonctive (spongioplasma) en relation de continuité avec le tissu conjonctif général des centres nerveux. Dans un nerf, on n’a pas affaire à de petits tubes distincts et simplement accolés et soudés ensemble, mais à une sorte de gros tube cloisonné. Or, dans la commissure œsophagienne de Scolo- pendre traitée à l'acide osmique, on voit nettement le tissu conjonctif former au centre une charpente puissante envoyant à la périphérie des divisions secondaires qui s’amineissent et se subdivisent de plus en plus en limitant des tubes nerveux de diverses tailles. Cryptops. — Le cerveau des C. Savignyr et C. Hortensis que nous avons étudiés se présente comme un cerveau de Scolopendre plus tronqué aux extrémités et dépourvu de nerfs optiques. On sait, en effet, que ce genre ne se distingue guère du précédent que par l’absence des yeux, et c’est ce qui nous à engagé à l’examiner. La structure interne est la même, sauf l'absence complète des lobes optiques et des commissures qui les relient. Les lobes frontaux, et en particulier les organes lobulés, sont aussi développés, toute pro- portion gardée, que chez la Scolopendre. Une observation analogue — 295 — avait été faite déjà chez les Insectes. RABL-RÜCKkHARDT étudiant une Fourmi aveugle (Typhlopone), constata également labsence des lobes optiques et la persistance des pièces principales du reste du cerveau. Notre observation vient donc de confirmer l'opinion généralement admise que la région moyenne du protocérébron est le siège des facultés psychiques et non pas simplement des perceptions visuelles. Il est vrai que WeBer chez un Crustacé aveugle f[Glyptonotus sabini) a observé non seulement l'absence des lobes optiques, mais une certaine dégénérescence des lobes moyens du cerveau dont le tissu était en partie remplacé par de la graisse. Mais ce fait s’ex- plique fort bien, car nous ne songeons pas à nier que les lobes frontaux et leurs appareils ne soient en relation avec la vision : nous croyons seulement qu'ils ne sont pas exclusivement des dépendances de l'appareil visuel, et qu'ils sont seulement en rapport avec la vue au mème titre qu'avec les autres fonctions. La réduction considé- rable des lobes frontaux que nous avons observée chez le Géophile n’est pas uniquement le résultat de labsence de la vue, mais est surtout en rapport avec le faible degré de centralisation que pré- sente l’organisation de ce type. Géophile. — Le cerveau du Géophile a été décrit depuis long- temps par TreviRANUSs et Newport. WALTER à cherché à en faire l'anatomie microscopique par compression et en à moins vu que ses prédécesseurs. SOGRAFF dans son travail sur l’embryologie de ce type (en russe) en a publié une figure : il ne montre rien de plus que ses prédécesseurs. Nous avons étudié Geophilus longicornis et G. sub- terraneus. Les coupes sériées montrent des faits intéressants. Ce cerveau est composé des mêmes parties que celui des autres Chilopodes, mais il existe une coalescence des lobes antennaires et des lobes tritocérébraux droits et gauches qui modifie complètement l'aspect sgénéral et transforme l'intervalle compris entre la région moyenne du protocérébron et le pont stomato-gastrique en une sorte de canal linéaire orienté d’arrière en avant et de bas en haut. Le protocérébron est très rudimentaire. Les yeux faisant défaut, les lobes optiques n'existent pas. On ne trouve que les lobes frontaux peu développés qui fournissent le nerf de Tôomosvary : ce nerf fut reconnu par Newporr qui le considéra comme un nerf optique, 006 — l’organe de Tômosvary ayant été pris par TRÉVIRANUS pour un ocelle. Ces lobes frontaux sont constitués uniquement par une masse ponc- tuée sans différenciation, et une écorce de petites cellules pauvres en protoplasma, mais aussi en chromatine, intermédiaires par con- séquent aux vraies cellules chromatiques et aux cellules ordinaires. Le deutocérébron est formé par deux volumineux lobes antennaires reliés par une commissure antennaire qui suit la face inférieure du protocérébron, et soudés ensemble dans toute leur étendue. Cette soudure porte surtout sur leur écorce. Ces lobes qui émettent un faisceau de nerfs antennaires ont à peu près la mème constitution que chez la Scolopendre. Chacun donne aussi naissance en arrière à un petit nerf que nous pensons être le nerf viscéral pair. Le tritocérébron présente une disposition intéressante. Il est limité à un lobe impair formé d’une masse médullaire unie aux lobes antennaires, et d’une écorce de cellules en partie relativement grosses. Ce lobe est séparé du protocérébron par l’espace canaliculaire dont nous avons parlé : il résulte en quelque sorte de la fusion sur la ligne médiane des deux lobes, fusion qui à fait disparaitre le pont stomato-gastrique. Le nerf stomato-gastrique sort de cette masse sur la ligne médiane sous forme d’un petit filet grêle, et de chaque côté de lui, du même point, se détache le nerf pair destiné au labre. Nous pouvons résumer de la facon suivante les faits généraux qui ressortent de cette série d'observations. Le cerveau des Myriapodes comprend trois ganglions parfaitement comparables aux trois ganglions qui composent le cerveau des Crustacés supérieurs et des Insectes, bien que leur structure soit infiniment plus simple. Le protocérébron, où ganglion du premier Zoonite céphalique, est formé de deux lobes latéraux ou lobes optiques en rapport direct avec les yeux, homologues aux lobes optiques des Insectes et des Crustacés, et de deux lobes moyens, homologues aux lobes de ces deux groupes, qui sont vraisemblablement le siège des fonctions psychiques. Ces lobes moyens ou lobes frontaux fournissent ici une paire de petits nerfs destinés aux organes de TOMosvary. Le deutocérébron, où ganglion du deuxième Zoonite, est homo- logue au deutocérébron des Insectes et des Crustacés. Il est formé de deux lobes antennaires réunis par la commissure antennaire. 907 Chacun de ces lobes présente une région glomérulée ou olfactive, et une région non différenciée correspondant respectivement au lobe olfactif et au lobe dorsal du deutocérébron des Insectes et des Crustacés. Le nerf antennaire, sauf chez l'Iule, paraît être un nerf mixte, comme chez ces derniers, et iltire aussi ses fibres à la fois des deux régions; chez l’Iule, il est dédoublé en un faisceau olfactit et un faisceau vraisemblablement moteur. La région différenciée fournit encore, comme le lobe dorsal des Insectes et des Crustacés, un petit nerf tégumentaire, et un nerf viscéral pair comme chez les Insectes, homologue par conséquent à la racine du premier ganglion latéral pair des Insectes. Le t{ritocérébron, ou ganglion du troisième Zoonite, correspond à la fois au tritocérébron des Insectes et des Crustacés et au premier wanglion viscéral impair de ces Arthropodes. On sait que M. Viar- LANES a établi de la façon suivante les homologies de ce ganglion chez les Insectes et les Crustacés supérieurs. Chez le Crustacé, le tritocérébron se compose de deux lobes antennaires, de deux ganglions œsophagiens et d’une commissure sous-æsophagienne, la commissure transverse de l'anneau œsophagien. Le lobe antennaire donne naissance au nerf de l'antenne externe (deuxième antenne), le ganglion œsophagien à la racine (double) du premier ganglion viscéral impair (dit g. stomato-gastrique) et au nerf du labre qui se détache de cette racine. Chez l'Insecte le troisième Zoonite et son ganglion subissent une importante réduction. Ce Zoonite est ici dépourvu d’appendices, et les lobes antennaires avec leurs neris disparaissent ; mais les représentants des ganglions sous-æsophagiens subsistent (lobes tritocérébraux) : ils sont unis au cerveau proprement dit et fournissent chacun la racine (simple ou double) du premier ganglion viscéral impair (dit g. frontal), et le nerî du labre qui se délache de celle-ci. Ajoutons que le premier g. viscéral impair donne naissance à un nerf important, dit nerf stomato-gastrique chez les Crustacés, nerf récurrent chez les Insectes, qui présente sur son trajet d’autres renflements ganglionnaires. Nous venons de voir que chez les Myriapodes le troisième gan- clion est formé de deux lobes, réunis par une commissure qui chez les Chilognathes et la Scutigère passe au-dessous de lœæso- phage et forme une commissure transverse de l'anneau æsophagien comme chez les Insectes et les Crustacés, tandis que chez les 1908 — autres Chilopodes elle est située dans le cerveau; il comprend en outre dans plusieurs genres une portion œæsophagienne formant un petit ganglion œsophagien à chaque extrémité de la commissure transverse, où une bande ganglionnaire à la face inférieure de la commissure œsophagienne. Enfin entre les deux lobes, s'étend horizontalement une masse nerveuse isolée en son milieu du reste du cerveau, et qui donne naissance sur la ligne médiane au nerf stomato-gastrique : nous lui donnons le nom de pont stomato-gas- trique. Du lobe à son point d'union avec le pont sort le nerf du labre. On voit donc que le troisième ganglion cérébral du Myria- pode correspond à celui de l'Insecte, avec quelques différences, et mérite le nom de tritocérébron. Il correspond, comme chez l’Insecte, aux ganglions œsophagiens du Crustacé, mais tandis que chez l’Insecte ces ganglions se sont en entier soudés au cerveau, chez le Myriapode une faible portion peut continuer à faire partie de la commissure œsophagienne. Mais une particularité beaucoup plus intéressante, c’est le fait que le ganglion stomato-gastrique (ou frontal), et ses racines, sont remplacés par une masse complète- ment ganglionnaire, unie au cerveau, le pont stomato-gastrique, qui lui-même peut disparaître, le nerf stomato-gastrique sortant alors directement du cerveau. Si l’on admettait que les Myriapodes représentent un type plus primitif que les Crustacés supérieurs chez lesquels seulement le stomato-gastrique est bien connu, il serait permis de croire que lexistence d’un ganglion stomato-gastrique isolé est un fait secondaire, et que, primitivement, le nerf stomato- vastrique sortait directement du cerveau, d'autant plus que nous voyons, chez la Scutigère, le pont stomato-gastrique prendre une forme intermédiaire entre le type ordinaire et le ganglion distinct réuni au cerveau par les nerfs. Faisons encore remarquer la cons- titution spéciale du nerf stomato-gastrique chez la plupart des Myria- podes. Il est, en général, formé par des fibres extrêmement fines comme celles qui constituent la substance ponctuée et accompagné à son origine de cellules ganglionnaires. Chez la Scutigère, il est formé par de la substance ponctuée vraie et renferme quelques cellules nerveuses corticales : ce n’est plus un nerf, mais un gan- glion allongé, homologue évidemment à la série de petits ganglions viscéraux impairs que présente le stomato-gastrique (récurrent) chez les Insectes, (A suivre). — 299 — REMARQUES A PROPOS DE LA STRUCTURE DES SPERMATOZOIDES ET DU RÉCENT TRAVAIL DE BALLOWITZ Par A2 PRENANT Chel des travaux histologiques à la Faculté de Médecine de Nancy. Je reproduis ici les principales conclusions auxquelles je suis arrivé dans les travaux que j'ai publiés sur la cytologie des éléments séminaux. 1° Dans le premier en date de ces mémoires, intitulé « Obser- vations cytologiques sur les éléments séminaux de la Scolopendre et de la Lithobie », et publié dans « La Cellule », t. IIF, fase. 3, je conclus : € Il paraît y avoir dans les métrocites (spermatogonies et sper- matocytes) de la Scolopendra -morsitans en voie de caryocinèse des dispositions passablement aberrantes du schéma classique, ainsi que CARNOY et FLEMMING l'ont déjà constaté ailleurs, non seulement pour les cellules séminales, mais encore pour d’autres cellules, les glo- bules polaires des Nématodes par exemple. » « Les formations ayant la figure de Nebenkern ne dérivent pas, au moins directement, d’un reste fusorial. » 20 La deuxième publication, © Observations cytologiques sur - les éléments séminaux des CGastéropodes pulmonés » (La Cellule, t: IV, fase. 1), se termine par les conclusions suivantes : A. Spermalogonies. € A. Au repos : Le protoplasme contient des cytomicrosomes (DE LA VALETTE ST-GEORGE) d'aspect particulier, qui sont les rudi- ments du Nebenkern, ou bien il renferme le Nebenkern parfait. Il peut aussi loger des formations spéciales décrites par PLATNER chez les Lépidoptères et aussi chez les Gastéropodes, et considérées par cet auteur, peut-être sans motifs suffisants, comme distinctes des Nebenkern. — 300 — » B. En division: La phase initiale de la caryocinèse se fait suivant un mode de pelotonnement et de scission transversale fort remarquable, décrit déjà par PLATNER, mais d’une manière assez différente de la mienne. Peut-être existe-t-il pour les Spermato. gonies un autre processus de pelotonnement et de segmentation en travers, qui serait, celui-là, plus conforme au type habituel. » Dans le cours de ces cinèses, Je n'ai Jamais vu que le Neben- kern se développät directement, ni aux dépens du peloton chroma- tique, ni avec la substance d’un reste fusorial (comp. PLATNER, Ueber die Entstehung..., etc., et Zur Bildung... etc., in Arch. für imikr. Anat., 1886). Je suis disposé à admettre son origine fusoriale indirecte, défendue par DE LA VALETTE ST-GEORGE, et à croire que les vestiges du fuseau se transforment en cytomicrosomes spéciaux, desquels naîtra le Nebenkern. Une telle opinion se trouve conforme à la règle posée par Carxoy, lorsqu'il dit: « La majeure partie du fuseau devient portion intégrante du cytoplasme ». B. Spermatides. « Le Nebenkern, dans les spermatides, prend part à la constitu- tion des filaments spéciaux de l’enveloppe du filament axile; mais cette destinée n’est pas spécialement réservée au Nebenkern, qui ne fait en cela que partager le sort du protoplasme de la spermatide, auquel il est incorporé. » Le long filament caudal, décrit par PLATNER comme Hauptstück, me parait plutôt représenter le Mittelstück. » Le filament axile est formé, dans sa partie intérieure, de deux .-boutons superposés ou même davantage, structure déjà signalée par JENSEN chez les Mammifères. » La différenciation du noyau de la spermatide présente quel- ques particularités intéressantes que je ne puis songer à rapporter ici, et pour lesquelles je renvoie au texte ». 30 Enfin mes « Observations cytologiques sur les éléments séminaux des Reptiles », publiées dans le 1er fascicule du tome IV du journal € La Cellule », m'ont permis de retrouver sur les cellules-mères séminales des Reptiles la plupart des détails de structure que j'avais observés sur celles des Myriapodes et des Gastéropodes. De plus et surtout, J'ai consigné dans le mémoire en question quelques faits relatifs à Ja différenciation des spermatides en spermatozoïdes. — 301 — Voici ce me parait le plus particulièrement digne d’être noté. Après que le noyau de la spermatide s’est divisé en deux segments, il continue à se partager, au moyen d’incisures transversales, en segments superposés, au nombre de 3, 4, 5, 10, etc.; il y a là une véritable segmentation, une métamérisation, si l’on peut dire, de la substance du noyau. Plus tard, la segmentation de la tête du futur spermatozoïde cesse d’être visible, la tète devient lisse. À ce moment, un certain nombre de granulations cytoplasmiques se disposent en files le long de la tête et prennent un aspect noiratre spécial, en même temps qu'une forme en plaquette très caractéristique. Ces nouveaux cytomicrosomes spéciaux s'appliquent sur une partie de la tête, la portion postérieure le plus souvent, et déterminent en cette région l'aspect d'une nouvelle segmentation, qui ne tient peut-être qu'à la juxtaposition de ces plaquettes, appliquées sur la tête en une gaine. Le processus est de tous points comparable à celui que V. BRüNN à décrit chez la Souris, et qu'il dit avoir également observé chez le Coq et le Canard. Les recherches dont il vient d'être question, publiées in extenso dans « La Cellule », avaient fait auparavant Flobjet de communi- cations à la Société des Sciences de Nancy, et de notes à la Société de Biologie de Paris (années 1887 et 1888). no Je dois ajouter aux travaux mentionnés ci-dessus une note présentée à la Société de Biologie sur la structure des spermato- zoïdes de l’homme, où j'ai retrouvé la plupart des détails cytolo- giques qui ont été vus par JENSEN chez les Mammifères et que J'avais reconnus chez d’autres animaux. Si J'ai cru devoir rappeler ici les résultats précédemment obtenus et publiés par moi, c’est que, lisant récemment le travail fort remar- quable de M. Bazzowirz « Untersuchungen über die Struktur der Sper- matozoën, 1 Theil, Die Spermatozoën der Vôgel », paru dans les Arch. für mikr. Anat. de 188$, jy ai trouvé, donnés comme primeurs cytolo- giques, quelques-uns des faits consignés dans les recherches dont il a été question plus haut. J'admets que cet auteur, observant les mêmes faits que moi sur des objets différents, puisqu'il à examiné les spermatozoïdes des Oiseaux, tandis que j'étudiais ceux des Myriapodes, des Gastéropodes, des Reptiles et de l'Homme, n'avait aucun compte à tenir de mes observations. et que, pour avoir choisi un nouvel objet d'étude, la — 302 — nouveauté absolue et l’originalité entière des faits à observer lu étaient acquises d'avance. Ce que j’admets moins volontiers, c’est que M. BaLzLowiTz ait reproduit une de mes conclusions, que M. BazLowrrz considère comme importante, et qui me parait telle, en effet. On lit dans BALLOwWIrz, op. cit., page 434: « Diese Entstehung des Spiralsaumes aus dem Cytoplasma beans- prucht noch ein gewisses morphologisches Interesse. Bekanntlich entsteht auch das Verbindungsstück der Saügethierspermatozoën, aber auch nur dieses, auf ähnliche Weise aus dem Zellprotoplasma. Für die Bildung des Hauptstückes der Saügethierspermatozoën hat eine Betheiligung des Cytoplasmas bis Jjetzt wenigstens nicht sicher nachgewiesen werden künnen. Der Entwickelung nach müsste demnach das ganze Hauptstück der Geissel der Singvôgel dem Verbindungsstück der Saügethuere gleichgestellt werden und düriîte vor der Hand wohl nicht als dem Hauptstück der Saügethier- spermatozoën homolog zu erachten sein ». *s D'autre part, j'ai rapporté plus haut la conclusion suivante, tirée de mes observations cytologiques sur les éléments séminaux des Gastéropodes pulmonés : « Le long filament caudal, décrit par PLATNER comme Hauptstück, me parait plutôt représenter le Mittelstück ». Dans le texte in-extenso (mémoire cité, pages 161 et 162), on lit: « Quelle est maintenant, devons-nous nous demander, la signifi- cation de cette partie de la queue d’origine intracellulaire ? Quel nom lui donnerons-nous ? Représentera-t-elle une « pièce intermé- diaire », un « Mittelstück »; ou bien sera-t-elle comparable à la partie principale de la queue, à un «€ Haupstück » ?.... « Quelles sont d’abord les raisons que lon pourrait invoquer en faveur de cette idée que nous avons devant nous un Mittelstück ? Ce filament s'attache au noyau, à la future tête, par l'intermédiaire de deux boutons placés l’un derrière l’autre... C’est 1à un caractère que partage, suivant les recherches récentes de JENSEN, le Mittelstück ou « Verbindungsstück » des Mammifères... De plus, le filament de l'Hélix et de l'Arion, pourvu d'une puissante enveloppe spiralée, ressemble plutôt à un Mittelstück qu'à un Haupstück; car c'est autour du Mittelstück que lon a décrit les filaments spiraux Îles — 303 — plus développés, et même pour les spermatozoïdes de beaucoup d'espèces, ce n'est jusqu'ici que sur lui que cette structure à été signalée. En troisième lieu, il semble que le mode d’origine de ce filament de signification énigmatique soit une raison de plus à faire valoir pour en:faire un Mittelstück.... ‘etc. ». Cette notion donc, certainement importante pour la morphologie du spermatozoïde, qu'au prétendu Hauptstück de certains sperma- tozoïdes correspond le soi-disant Mittelstück de certains autres, je crois être en droit de la revendiquer comme mienne. Car si les observations de M. BaLLowirz sur les Oiseaux lui ont suggéré cette idée, les miennes, faites sur les Gastéropodes, m'avaient permis de la développer avant lui. Ailleurs, BALLOWIrz, après avoir décrit la queue du spermatozoïde chez le Pigeon, et montré que cette queue, très longue et très épaisse, est pourvue d’une gaine qui n’est autre qu'un filament spiral enroulé autour du filament axile, ayant d'autre part distingué dans cette queue une pièce principale (Hauptstück) et une pièce terminale (Endstück), se demande si le soi-disant Hauptstück ne serait pas un Verbindungsstück, et si l’Endstück ne représenterait pas ici le véritable Hauptstück. Il résout cette question par ‘la négative, en s'appuyant sur les considérations suivantes : « Abgesehen davon dass ein relativ so langes Verbindungsstück ein Unicum wäre, wird dieser Einwurf auch durch die Entwickelung nicht gestützt. Bei Untersuchung noch nicht ansgereifter Spermato- somen aus dem frischen Hoden konnte ich keinen Anhaltspunkt dafür gewinnen, dass die beschriebene Spiralbildung einen proto- plasmatischen Ursprung hätte. Auch sah ich an Hodenpräparaten dei Querzeichnung dieses Theiles durchaus nicht deutlicher, wie es bei dem Verbindungsstück sonst doch der Fall zu sein pflegt » (BALLOWITz, loc. cit.;, p. 448). Les raisons invoquées par BaALLOWITZ à Pappui de sa manière de voir ne me paraissent pas de nature à entrainer la conviction. En effet, d’abord le plus où moins de longueur du Verbindungsstück, n’a pas l'importance que l’auteur veut bien lui attribuer. J'ai été conduit, pour ma part, malgré la longueur du filament caudal des Gastéropodes, à considérer celui-ci tout entier comme représentant le Verbindungsstück d’autres spermatozoïdes, ceux des Mammifères, par exemple. D'ailleurs, BazLLowiTz, lui-même, à regardé Je long — 930% — filament caudal des Passereaux comme lhomologue du Verbindungstück des Mammifères, parce qu'il a reconnu dans les deux cas l'origine protoplasmique de la spirale d'enveloppe. C'est pour n'avoir pas observé une telle origine de l’énveloppe spirale du filament caudal du Pigeon que BarzzowiTz refuse à ce filament la signification d’un Verbindungsstück. Je me permettrai de croire que l'étude du développement, nécessaire pour établir l’origine de la spirale du filament en question, ne me semble pas avoir été poussée assez loin par l’auteur pour qu’il puisse en tirer des conclusions fermes. Du reste, chez les Gastéropodes, existe un filament caudal, non précédé d'une pièce que l’on pourrait considérer comme Verbindungsstück, suivi d'autre part d'un Endstück ; ce filament occupe donc la même situation que celui du Pigeon. L'examen de formes incomplètement développées de spermatozoïdes m'a permis, dans ce cas, de constater la formation de lenveloppe spirale aux dépens du protoplasma, et d'émettre à la suite de cette constatation l'hypothèse que le filament en question pourrait représenter un Verbindungsstück, ou devrait tout au moins être homologué à ce qui figure cette pièce dans les spermatozoïdes d’autres animaux. Enfin, le plus ou moins de netteté de la spire ne me parait pas un criterium absolu permettant de nier ou d'affirmer que le filament qui la porte représente un Verbindungsstück. J'ai une dernière remarque à faire à propos du travail de M. BALLowrrz. Les spermatozoïdes de nombreuses espèces d'Oiseaux sont très semblables à ceux des Mammifères, suivant BazcLowiTz. L'auteur eût pu ajouter: semblables aussi à ceux des Reptiles, et en particulier du Gecko, que j'ai spécialement étudié. Cette ressemblance des spermatozoïdes chez les Sauriens et les Oiseaux est de celles qui ne surprennent point, mais que l’on peut prévoir, étant données les relations phylogénétiques des deux groupes. Il est difficile de com- prendre comment BALLOWITz, étudiant les spermatozoïdes des Oiseaux, ne s'est pas occupé de rechercher si l’on avait quelques données sur l’organisation de ceux des Reptiles. Si BazLowiTz avait examiné les figures que jai données du développement des spermatozoïdes chez le Gecko, il y aurait trouvé un trait de ressemblance frappant entre les spermatozoïdes de ce Saurien et ceux de certains Oiseaux, et aurait vu que la striation transversale qu'il représente sur Ja tète du spermalozoiïide de Vanellus cristatus (fig. 116-119) s’observe aussi sur celle du spermatozoïde du Gecko. En terminant, je témoigne bien volontiers qu’à la lecture du travail de M. Bazcowrrz, il m'est resté trop de faits nouveaux pour moi pour que je n’en sois pas intéressé au plus haut point. Nancy, le 9 Mars 1889, — 306 — ISOPODES TERRESTRES RECUEILLIS AUX AÇORES EN 1887, 1888 Er 1889 PAR MM. D' TH. BARROIS er LE L1EUTENANT CHAVES PAR ADRIEN DOLLFUS l. Armadillidium vulgare LATR. Sp. (Th. Barrois, 1887). 2. KEluma purpurascens B.-L. (Th. Barrois, 1887). 3. Porcellio dilatatus BRANDT. (Th. Barrois, 1887). P. laevis LATR. : (Th. Barrois, 1887). ES ». Metoponorthrus pruinosus BRANDT Sp. (2 Exempl. jeunes recueillis par M. Th. Barrois dans une fourmilière). 6. M. sexfasciatus BL. (Th. Barrois, 1887. — Lieut. Chaves, janvier 1889). 1. M. Barroïisi NOV. Sp. (Th. Barrois, 1887). Corps étroit, allongé, finement ponctué et granulé, les granula- tions de la tête sont plus fortes que celles du reste du corps. — Cephalon : lobe médian du front à peine indiqué; lobes latéraux assez développés, un peu infléchis et à bords arrondis. Epistome (sec. BubDE-LuNb) présentant une ligne transversale à sinuosité peu marquée. Fouet des antennes à articles égaux. — Pereion : premiers segments à bord postérieur en courbe régulière; pas de tubercule perlé à la naissance des épimères. — Pleon en retrait peu marqué. Telson très court, triangulaire à peine incurvé sur les bords, pointu à l'extrémité et avec une légère dépression au milieu de la face supérieure. Article basilaire des telsopodes atteignant presque lex- trémité du telson; appendice externe unique recourbé du côté in- terne; appendice interne étroit et atteignant au plus la moitié de la longueur de l’appendice externe. Couleur dans l’alcool : Fonds jaune-fauve; tète brune; deux — 307 — ‘angées de taches brunes formant une double ligne longitudinale de chaque côté de la ligne médiane; côtés des segments péréiaux marbrés de brun; segments 3-5 du pleon bruns; telson clair; pattes marquées de quelques taches brunes. — Dimensions : long. 9Jmm, largeur de 2 3/4 mn, Vu : 1 exemplaire Q. S. Chavesia (n. gen.) costulata (n. Sp:). (Chaves, janvier 1889. — $S, feuilles et pierres à S. Miguel). Corps ovale-allongé, couvert de fortes granulations sur la tête et le pereion, sauf sur les épimères; les granulations du pereion se réunissent de chaque côté en trois côtes longitudinales bien nettes; lobes latéraux céphaliques et épimères finement ciliés. — Cephalon : bord frontal triangulaire arrondi; lobes latéraux bien développés, largement arrondis et ciliés du côté externe. Yeux petits, noirs. Antennes de la première paire ne dépassant guère le second segment du pereion, fouet bi-articulé, conique, poilu et terminé par un pinceau de poils. — Pereion : premiers segments à bord posté- rieur légèrement sinueux; la région médiane est convexe et la ré- gion épimérienne un peu déprimée. — Pleon : les épimères des segments 3-5 sont grands et continuent ceux du pereion. — Telson triangulaire ineurvé sur les bords et largement tronqué à l'extrémité. Telsopodes à article basilaire large et presque quadrangulaire, le côté externe formant une expansion en forme d’épimère: appendices co- niques terminés par des poils caduques, linterne d’un tiers environ moins long et plus étroit que l’externe, tous deux sont insérés vers l'extrémité de Particle basilaire et dépassent notablement le telson. Couleur blanchâtre, uniforme. — Dimensions : long. ‘mm 1/2: larg. mm 1/2. Cette espèce ne peut être rapporlée à aucun des genres actuellement décrits ; Faspect général et Surtout la forme de l'article basilaire des telsopodes, bien que moins caractérisé”, s'mblent la rapprocher du genre Armadilloniscus [Acloniscus, HaArGER); mais ce nouveau type s'en distingue absolument par le fouet des antennes qui n’a que deux articles au lieu de quatre; cet important caractère me fait placer provisoirement ce genre dans le groupe des Porcellioniens à côté du g. Bathytropa dont il diffère du reste par la forme du telson et des telso- podes. L'examen d'un plus grand nombre d'individus que ceux que j'ai eus entre Les mains, mé permettra sans doute, par une étude plus complète de l'anatomie externe, de fixer au juste la place que doit occuper le genre C'haresia. — 308 — 9. Oniscus asellus L. (0. murarius Cu). (Th. Barrois, 1887.) — Plusieurs exemplaires, dont quelques-uns de très grande taille. 10. Trichoniseus pusillus BRANDT. (Chaves) | 1888 : Fond oi cratère à S. peus) (3 à 400 ".) l 1889 : Sous pierres et feuilles (S. Miguel). Les exemplaires sont de taille plus grande (env. 13) que ceux de nos régions, mais ils n'en diffèrent par aucun caractère essentiel. 11. Trichoniseus Chavesi n. Sp. Chaves 1888 : Fond GAL cratère ? S. “te (3 à 400 ".) 1889 : Sous pierres et feuilles (S. Miguel). Corps étroit, couvert de granulations fortes et coniques sur la tète et sur les segments du péréion où elles sont disposées assez régulièrement en lignes tranversales. — Cephalon : Bord frontal légèrement sinueux, arrondi antérieurement et formant deux lobes latéraux peu accusés au devant des yeux. Ceux-ci simples, pigmentés, ronds. Antennes de la première paire courtes, garnies de poils raides, fouet 4 — articulé, terminé par un pinceau de poils. — Pereion : les deux premiers segments à bord postérieur un peu sinueux de chaque côté; les deux derniers ont langle postéro- latéral fortement dirigé en arrière, et le bord postérieur régulière- ment incurvé. Dernière paire de pattes péréiales (4 et ©) présen- tant sur les deux derniers articles une rangée de poils assez longs et serrés. — Pleon : Segments à bord postérieur presque droit ; angle postéro-latéral des segments 3 à 5 court et aigu. — Telson triangulaire largement tronqué au sommet; Telsopodes à appendices étroitement coniques, munis à l'extrémité de poils caduques ; lap- pendice externe d’un 1/3 environ plus long que l'appendice interne. Couleur (dans lalcool) : blanchâtre, avec des taches et marbrures brunes formant trois rangées longitudinales, une médiane et deux latérales; les premiers segments du pleon sont bruns, les derniers clairs. Dans l’envoi de M. Caves se trouvaient aussi quelques exem- plaires des mêmes localités entièrement blancs, mais ne différant du type par aucun autre caractère; c'est évidemment un simple cas d’albinisme comme il s’en présente si souvent chez les Isopodes terrestres. Dimensions : Long. 3 à 4mm; larg. 1 1/4 à 1 1/2mn, — 9309 — FAUNE DES EAUX SOUTERPAINES DU DÉPARTEMENT DU NORD ET EN PARTICULIER DE LA VILLE DE LILLE PAR R. MONIEZ Professeur à la Faculté de Médecine de Lille. (Fin). INDEX BIBLIOGRAPHIQUE 1. Gervais. — Note sur deux espèces de Crevettes qui vivent aax environs de Paris: Ann. des Sc. nat, Zool., 2% s.,t. IV. 1835 2. TezzkAMPr, G. — Beschreibung einig. neuerer in der Mammuth- Hôhle, in Kentucky, aufgefundenen Gattungen von Gliederthieren, Arch. für Naturg., t. X, p. 318-322. 184% 3. CASPARY. — Gammarus puteanus KocH. — Verhandl. des Naturh. Vereins der preussischen Rheinlands und Westphalien, An. 6, p. 99-46, pl. 2. 1849 4. Hosius, À. — De Gammari specielus quæ nostris in aquis repe- riuntur : Dissert. inaug., Bonn, 2 pl. 1850 » Ucber die Gammarusarten der Gegend von Bonn : Archiv. fur Nature. SX VEMD:293. pl. 3) et. 9. SCHIODTE, J. CH. — Bidrag til den underjordiske Fauna : Vidensk. 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Alona costatar "mu Amblyopsis spelœus Amœæba limax. . » proteus . » Spies. » VerruCcosa. . . Amphileptus sp. . . . AMPHIPODES. . * . . . Ancylus Sandbergeri. . . ATEUTIe RSC Anisonema grande . . . » sulcaltum. . AINNÉLIDES ee ere le Anoplophrya branchiarum Anurea aculeata. Anurida granaria . . Apodoides . . ) SLYQIUS » à & ARACHNIDES. + . .« . Arcella vulgaris. . . , . » cor nuta. 5.0 Archæodrilus cavaticus Asellus aquaticus, var. freibergensis » CŒUGLICUS. . . . » FONCIER Aspidisca costata , . Astasia trichophora . . Astramæba radiosa , Atax crassipes . .-. . . Aulastoma gulo. . . . .. B Bathynella natans. . . . Bithinella Berenguieri. . . » Bourguignati. . » SONJLCA Eee » SDS Ron Bithiospœum africanum ) Letourneuxi ) pellucidum . » Purkhaueri. » Quenstedli . » Rougemonti. » tschapecki . ) turrilum . Blaniulus guttulatus. . . BOGONODAIUS UNE. Ja ESUIIONS- RER Ne Boruta tenebrarum. . . . Botrioplana dorpatensis . » Semperti. Branchippus pellucidus. C Calliope sublerranea. . . Cainbarus pellucidus. . . » stygius . Camptocereus rectirostris Candona candida , . . . . ) compressa . Canthocamptus caternarum » cryplorum » staphylinus Carchesium polypinum . » SPEARS Centropyxis aculeata . » ecornis . : . Cercomonas Lermo . . . . Ceriodaphnia reticulata . . Chilodon cucullus . . . . C'hilomonas paramæcium Chydorus sphæricus. . . . Chœætogaster diaphanus. » diastrophus. CTADOCÉRES Eee Claparedilla Lanhesior, : Clepsine complanata, . . . Cœcidothæa Nickajackensi » SEYAIE + No. COŒLENTÉRES EE een C'oleps hirtus. . Colpoda cucullus COIULUS SD PRE CEE COPÉPODESME ee EE Cordylophora ce Corycia sltercorea. . COLRUNIUASD EE RENE Crangonyx antennatus. » compaclus . . » sublerraneus . Cruregens fontanus . . . Cyclidium glaucoma. . Cyclops agilis, + . ... . . » anophthalmus » OŒCUS EME » fimbriatus. . » helgolandicus » hyalinus. . » JOSEDRVAT AN » pulchellus. » serralus . ) strenuus . » sublerraneus. . . » VIRIOIS No Cyphoderia ampulla. Cypridopsis aculeata. CPS EMI RER DAMON A AE PES D TEDIANSIENT AE EIRE DLSTYTID D Dactilospherium phalera. Daphnia pennata. . . . . . V2 — 316 — 181 87 DAphNIA DU PE NER EREREE » SCRBTORIEE STE DÉcAPODES stat NN ÉSINe ohilas Te te Dendrocælun fuscum . . . . . . . ] » lacteum. Tee DENCŒCUN. RE n° Dendrocometes paradomus?. . . . . DerostomUMASD FC Er Diaptomus castor. è . =... Diffugia#rlobulos ae te » TOY ATEN EEE PRE ROPENCRE » PYDLONMIS RE ETES DiLEPIUS SAN SET LC EC EME Dinobryum sertularia . . . . . . . . DINOCRAMISESD EME ESS EAITRE Dorylaimus papillatus. . . . . . . . » SÉAGNANIS MEN SPA E Emydium testudo, .. .. Lu Enchyleptus farcimen. . Enchytrœus appendiculatus. . . . . BUChOLEZIT ARE SC RUMNCULIOT ERP RE DULEUNUS EEE RERE CRE DENTTICULOSUS 2. NN DErMICULATIS … à: pis NSSpCATIIS EEE » UMDUICATE ER ETUUIQNIMONOSIUlLNEE NN ESTRETIANCE CLEAN EEE BUCHIANIS SP EME EME CIC TRE EUTIEN CUT IIS MSIE RE Euglypha=alveolata "00e » dentafa ere PEN EuplotesChATON EE EEE » OOo M TR NE LE Gammarus Caspary . . . G . . . CROUICUSE ER DEN CHUTES RENE; fluviatilis (var. d'Emmerin) fluviatilis var. sublerran. TONLONUS NE NUE RAI RL à KoChianus Meme ee 181 180 256 145 145 146 88 143 176 86 SD 86 87 89 170 146 146 171 87 152 147 152 152 152 152 9% 8 87 242 171 S7 S5 86 87 88 250 252 253 242 242 251 253 251 — 317 — GammMarus ON CINUSE. 0. Ne 252 » | DUTEANUS 2 F7 OR NE 242 » » var. forelii . . . 250 » » var. onesiensis . 247 » » var. Vejdovskyi. 254 » rhipidiophorus . . . . . 252 » SLYGIUS EME" TS NE 0281 » LUITENSIS EE nr ete DE Glaucoma scintillans. . .. 2.93 CGONLOMONASCITUNCLID LME, 87 H Heliophrynella pappus. . . . . . 85 FÉTEPONEMANTOUS 2e Re OT A ONE ER Een eee 60 Hydra fusea. RELANE 9% 1 CRUE AUINMEDOQUTRA ENNEMI A « SD eee eee Re enere 171 ENRUBOIRES PR he Le ee dant nee sen) LOT ISOPODES Eee PE ee Isotoma palustris, , . . con se » quadrioculala. , : . . 7001 L PACRUMAMGIOIOP "Se. RE 0 87 Lada Wrzesniowskit. 7.2". ,, 11687 RES RTE de SE NO PODAUG LIRE NES RE ER RE AT AO Leptodera appendiculata . . . . . . 146 Leptodora:pellucidaæ ... : :.. | 24 Lernéide /sur Amblyopsis Spelœus). 258 Lamproie. . Leydigia acanthocercoides 1182 Dimnæaslinosate TEEN 00170 PIDUTAES DE 0e ERA ES EUNUDTICUS A ATTICOlL EN EU » CAMNEUS, 2er he see IS » fætidus . . 152,153 » MAOARE Red M la M Macrotora flavescens . . . . . . . 260 Mesostomum hallezianum . . . . . . 142 Microstomum lineare , . . ., MOLLUSQUES GASTÉROPODES. MOnaAS Spin ne uen Monas guttulæ . Mononchus papillatus . . . MONNIER AU N Naïdium luteum. . . .- . . Naïs elinpis 0er )ADLODOS CITE SE REC NÉMATODES EEE ee en Nephelis vulgaris . . . . . Nuclearia simplex … : . . O ODISIUMESDE EE TENTE Orconecles hamulatus . . . . OSTRACODES ER EE Oxytricha affinis. +." .". » macrostyla?. . . . » pellionella. . . . . P Pachydrilus fossor. , . . . » subterraneus . . » Pagenstecheri » CUICOLDENEENER Paludinella anianensis. . D euslrepha . . . Pamphagus Dittrichi. 7. Paramæcium aurelia. . . . . . Paranema trichophorum. . . Pelomyxa palustris : . . . . Peridinium stygium. . . . Petalomonas mediocanellata. Petromyzon fluviatilis. . . Phacus longicaudatus . . . Phreatoicus typicus Phreatothrix pragiensis . , . Phreoryetes menkeanus . . . . Pisidium sp . : «1. Planaria cavatica , , » macrocephala . . .. » POlYChrOA EN Planorbis complanatus. . . . . Pleuronema chrysalis Pleuroxus puleanus. . . . . Pleuroxus trigonellus . . » truncatus. . . . Podophrya cyclopum. » Spam Polycelis nigra . . . . Prostoma lineare . PROTOZOAIRES 7000 Psammoryctes barbatus . Psilotricha acuminata. Q Quadrula symetrica R Rhizoglyphus spinitarsus . RHIZOPODES . ROTIFÈRES. . : Rotifer vulgaris . S Salpingæca ampullacea Smynthurus aquatieus. . . Spirostomum ambiquuwm . » teres . Stenostomum igndavum ) leucops . » unicolor . Stentor cœruleus. — HS — 182 181 91 92 14% (6) Stentor polymorphus. Stylaria parasita. . …. Stylonychia mytilus . » pustulata . T Templetonia sp . . THYSANOURES . Trachelius ovum. Trichodine ? . Trichoniseus roseus . Trinema enchelys . FrOChospher ar Troglocaris Schmidtii . Trombidium fuscum TURBEELARIES MO U Urocentrum turba . Urostyla grandis. Uvella! rosacea? . . .. V Mortex/picta 211200 Vorticella campanula . » microstoma. . » SEE TE NC 88 88 — 919 — SUR L’IDENTITÉ DES GENRES ACANTHOPUS Vernet ET LIMNICYTHERE Brapy Par R. MONIEZ Professeur à la Faculté de médecine de Lille VERNET à décrit en 1878 dans le Bulletin de la Société vaudoise des Sciences naturelles (t IV p. 506) sous le titre de Acanthopus, un nouveau genre dOstracodes des animaux dont l'étude le conduit à de longues dissertations théoriques sur le peuplement du lac Léman sur le fond duquel ils ont été découverts. VERNET fait connaitre deux espèces de son genre Acanthopus : A. resistans et A. elongatus : la longue description qu'il en donne permet facile- ment de reconnaitre ces Crustacés et de les rapporter au genre Limnicythere de Brapy (1) qui renferme un petit nombre de Cythé- rides d'eau douce — la presque totalité des espèces de cette vaste famille vivant dans la mer. Les Limnicythere décrits jusqu'à ce jour, sont au nombre de trois espèces : La L. inopinata de Bar, la première connue et dont le nom rappelle Ia surprise du savant anglais, en découvrant une Cythéride d’eau douce ; elle est connue en différents lacs d'Angleterre et citée avec doute par Sars en Norvège (2); nous l'avons retrouvée cette année même dans les mares des dunes de Cayeux-sur-Mer (Somme) où elle est fort abondante : elle porte sur les trois paires de pattes la longue soie plumeuse figurée par VERNET et qui n’a pas été figurée par Brapy. La seconde espèce à été nommée par Norman L. monstrifica à cause du développement des tubercules de sa carapace: elle à été trouvée dans le Leices- (1) Brapy G. S. : À monograph of the recent british Ostracoda. Transact. of the Linnean Society of London t. XXVI (1868), p. 353. (2) Sars G. O0. : Berelning om en i Sommeren 1862 foreltagen zoologisk Reise à Christianias og Trondhjens Stifter Nyt magazin for Natur. videnskaberne Tolvte Bind 1863, p. 231. (3) BRapy G. S. et RoBerTson D.: Votes on à weeks Dredging in the west of Iretand, Ann, and may. of nat. hist, 4° s. t. TITI (1869), p. 353. — 320 — tershire. Enfin, la troisième espèce est la Limnicythere Santi-Patricit. Brapy et RoBerrson (3) dont le nom rappelle assez la provenance. L'Acanthopus elongatus de VerNer n’est autre que le Limnicythere inopinata et lon ne peut trouver de diflérence entre les deux espèces si l’on compare les dessins de Brapy à ceux du savant russe, en tenant compte de la légère omission commise par BRapy et que, ainsi que nous l'avons dit, nous avons pu rectifier par l'examen d'individus vivants. Il est plus difficile de se prononcer sur lAcanthopus resistans : la forme de la coquille est différente de celle qui est figurée pour les deux autres espèces et les autres des- sins de VERNET ne peuvent être utilisés, car on ne possède aucune donnée anatomique sur les L. monstrifica et Santi-Patricii : Si donc le dessin d'ensemble de VERNET est exact il s’agit sans doute d'une quatrième espèce. — Notons pour terminer, d’ailleurs, que le nom de Acanthopus à déjà été utilisé plusieurs fois et, en particu- lier, par de HAaN pour un autre genre de Crustacés (1). (1) Cette petite note, annoncée au numéro de mars, était imprimée, quand nous avons reçu le très beau travail de MM. Brapy et Norman : À monograph of the marine and freshwater ostracoda of the north atlantic and of northern Europa. Sect. T1 Podocopa 270 p. 14 pl. : Scientic transactions of the royal Dublin Society, sér. 2, vol. IV. Les auteurs admettent que l’'Acanthopus elongatus de Verner n'est autre que le Limnicythere inopi- nata et ils rapportent l'Acanthopus resistans VerNEr, à la Cytheridea lacustris G.0. 46219 LILLE, LE BIGOT FRÈRES. Le Gérant, TH. BARROIS. - ANNÉE 1889. No 9. fer Juin. REVUE BIOLOGIQUE DE NORD DE LA FRANCE Paraissant le 1° de chaque mois CONSIDÉRATIONS SUR L'APPAREIL HYOIDIEN DE L'HOMME ET SES ANOMALIES (A propos d’un cas d’ossification de la chaîne hyoïdienne) PAR A. NICOLAS Agrégé, Chef des Travaux Anatomiques à la Faculté de Médecine de Nancy. (Planche VI.) Au commencement de cette année j'eus loccasion d'examiner à l’amphithéâtre de dissection de la Faculté de Médecine un cas d’ossification complète de lappareil hyoïdien. Cette pièce a été pré- sentée, à la Société des Sciences de ; Nancy, au. nom de M. P. Parisor qui l’avait disséquée, et au mien. Mais il m'a paru inté- ressant, vu la rareté de ces cas et leur importance au point de vue de la morphologie générale, d'en rechercher la signification. Ce sont les résultats auxquels je suis arrivé qui font l’objet du présent travail. L'appareil hyoïdien dont il s’agit à été trouvé sur un homme de 62 ans, mort à l'asile d’aliénés de Maréville. Il était constitué par une série d’osselets réunis par de courts ligaments, l’ensemble formant ainsi, de chaque côté, ane tige à peu près rigide tendue entre la base du crâne et l'os hyoïde. Le corps de l'hyoïde, très développé en largeur et en épaisseur, présente un aspect qui n’est que lexagération de l’état normal. La crète transversale qui habituellement divise sa face antérieure, est très saillante et se renfle sur la ligne médiane en «an tubercule — 922 — arrondi qui proémine en avant. Des deux parties que cette crête sépare, l’une supérieure, ou base, regardant en haut et en arrière a une largeur moyenne de S8mm; l’autre, inférieure, tournée en avant et légèrement en haut, atteint une hauteur de 10mm, Les dépressions sur lesquelles s’insèrent, en haut les muscles sus- hyoïdiens, en bas les sous-hyoïdiens, sont plus accentuées que d'ordinaire. Il résulte de la grande extension des deux portions de la face antérieure et de leur réunion à angle très obtus, que la face postérieure du corps de Flhyoïde est fortement concave, et figure une sorte de gouttière profonde comblée par du tissu cellu- laire graisseux qui la sépare de l’épiglotte. Les grandes cornes complètement ossifiées, sont intimement sou- dées au corps de los, sans qu'il existe nulle part la moindre trace d’un interligne articulaire. Elles sont larges, fortement aplaties de haut en bas, avec des bords tranchants, et s'étendent en divergeant en arrière sur une longueur de 26mm, Leur extrémité libre, arron- die, donne insertion au ligament thyro-hvyoïdien. Ce dernier renferme dans son épaisseur, au voisinage de son insertion à la corne thy- roïdienne, un petit nodule de consistance €tsseuse. Passons maintenant à la chaine hyoïdienne proprement dite. Sa longueur et sa constitution diffèrent suivant le côté. La longueur de la branche gauche l'emporte en effet de quelques millimètres sur celle de la branche droite, de telle sorte que si lon examine la pièce de face, l'axe transversal du corps de lhyoïde parait légè- rement oblique de droite à gauche. Nous devons faire observer cependant que cette asymétrie n’est pas due seulement à lPinégalité de longueur des deux moitiés latérales de la chaine, elle résulte aussi de ce que la moitié gauche du corps de lhyoïde est aplatie et parait par conséquent située sur un plan moins élevé que la moitié droite. Chaine hyoïdienne droite. — Sa longueur totale, mesurée depuis le bord supérieure de l’os hyoïde, à l’union de son corps avec la erande corne, jusqu'à la base de l’apophyse styloïde est de 94mm, Elle se compose de trois tiges osseuses. Le {er osselet (voy. pl. VI), long d'environ 51m, est intimement soudé au temporal, et sa base côtoie la face interne de l’apophyse vaginale sur une hauteur d’un centimètre. Sa forme est celle d’un cylindre légèrement aplati dans le sens transversal (le diamètre — 323 — transversal étant de 4mm, l’antéro-postérieur est de 5mm), et il pré- sente au niveau de sa partie moyenne un renflement noueux, visi- ble sur toute sa périphérie. Son extrémité inférieure, tronquée, vient se mettre en contact avec l'extrémité supérieure de la pièce sui- vante sur laquelle elle frotte, la juxtaposition étant assurée par un manchon fibreux très court et épais qui ne permet entre les deux os que des mouvements d’une amplitude très restreinte. En sec- tionnant circulairement ce ligament, nous avons pu nous assurer qu'il existait entre les deux os une petite cavité articulaire, et que les deux surfaces en contact paraissaient revêètues de cartilage. Le % os (2), d'une longueur égale à celle du précédent (31mm), est aminci dans sa partie moyenne (diam. 3mm), tandis que ses deux extrémités sont renflées, surtout la supérieure. Le diamètre de celle-ci atteint 6mm, celui de l’extrémité inférieure 4mm seule- ment. La forme générale de cet osselet rappelle celle d’un os Ing avec sa diaphyse et ses deux épiphyses. Le 3e segment osseux (3) est rattaché au deuxième par un trousseau fibreux lâche, long de 9mm, Il est étroit dans sa partie moyenne et se termine par deux extrémités renflées et arrondies. Sa longueur est de 20mm, Son extrémité inférieure est réunie à l'os hyoïde par un ligament long de 4mm qui va s’insérer Juste à l'union du corps et de la grande corne, à peu près au milieu de l’espace compris entre le bord supérieur et le bord inférieur. En désinsé- rant le ligament nous constatons qu'il s'attache directement à los, sans que celui-ci présente à son niveau le moindre relief, Chaine hyoïidienne gauche. — La chaine hyoïdienne gauche mesure 96mm, Elle est composée de deux osselets seulement. Le supé- rieur ({’) présente un aspect et des rapports identiques à ceux de la première pièce du côté droit: il n’en diffère que par une lon- gueur un peu plus considérable (36mn), et, par ce fait, que son extrémité inférieure, au lieu de se Juxtaposer à l'extrémité corres- pondante de l’osselet sous-jacent, en reste distante d’environ 2 à gmm el lui est réunie par un ligament cylindrique. Le deuxième os (2-3) est très allongé, sa longueur est de 49mm, A peu près cylindrique dans la moitié supérieure de sa hauteur (Diam. : mm), il devient très mince dans sa moitié inférieure (Diam. : 2mm) et se termine par une extrémité renflée et arrondie. Les connexions de cet os avec l’hyoïde sont exactement les mêmes — 924 — que du côté droit, sauf que le ligament d’union est long de plus du double. Pour terminer cette description, disons deux mots du larynx. Les pièces de cet organe sont très développées, larges et épaisses, surtout le cricoïde. Toutes sont presque entièrement envahies par la calcification. Enfin la lame gauche du thyroïde est aplatie laté- ralement, comme écrasée. Telle est l’observation que nous avons présentée, M. Parisor et moi à la Société des sciences de Nancy. L'appareil hyoïdien dont on vient de lire la description s'éloigne considérablement, il est à peine besoin de le faire remarquer, du type classique de lappareil hyoïdien humain. Ces divergences portent principalement sur les chaines latirales. Cependant si l’on compare son segment médian, los hyoïde, avec un hyoïde normal, on se convainct facilement que lui non plus n’est pas absolument normal et-qu'il est beaucoup plus développé que d'habitude. La hauteur de la face antérieure serait en moyenne, d’après P£rer (1), de 14.5mm, tandis que dans notre cas elle atteignait 18mm, Par contre, Jes grandes cornes qui auraient en moyenne S84mm de long n’ont ici que 26mm, Ce qui est plus particulièrement à noter, c’est le orand développement de la crête transversale avec son tubercule médian, et la division si accentuée de la face antérieure en deux zônes. Le fait se trouve consigné dans plusieurs observations ana- logues à la nôtre. Nous citerons par exemple celles de GEOFFROY SAINT-HILAIRE (2), RETTERER (3), MEUNIER (4), dans lesquelles cette sorte d'hypertrophie de l'os hyoïde coïncidait aussi avec des modi- ficahions profondes de lappareil suspenseur. Il est très plausible d'admettre que le tubercule est un vestige, plus accentué ici que d'ordinaire, de lentohyal des Mammifères. Quant à la gouttière de la face postérieure de los elle ne mérite pas moins d'attirer Vat- (1) V. Peter : Beiträge zur normalen und pathologischen Anatomie des Zungenbeines. Diss. inaug. Basel, 1888. (2) GEorFRoY SaiNtT-HiLaiReE : Philosophie anatomique (Pièces osseuses des organes respiratoires). 1818. p. 184. (3) RerrereR : Sur un cas d'appareil hyoidien ossifié chez l'homme. Comptes- rendus de la Soc. de Biol. 1886. p. 71. (4) Meunier : Ossification de l'appareil hyoidien. Bullet. de la Soc. anat. de Paris, 1888. p. 382. tention et GeorrRoy Saint-HizaiRe qui d’avait observée en indique la signification dans les termes suivants : «€ Cette fossette, produite par un repli de la lame centrale, rappelait, à beaucoup d’égards, la forme de cette partie dans les singes américains; c’est-à-dire cette concavité, dont les dimensions, quand elles deviennent de plus en plus exagérées, conduisent enfin à la poche si ample et si profondément caverneuse des singes hurleurs. » L'étude de lappareil suspenseur, des chaînes latérales en d’au- tres termes, m'arrêtera plus longtemps. Tout le monde sait aujourd’hui que lappareil hyoïdien des Mammifères en général, et celui de l’homme en particulier, repré- sente un vestige très amoindri du squelette viscéral des Poissons. Chez ces derniers, les arcs viscéraux alors qu'ils sont à l’état cartilagineux, se segmentent en plusieurs pièces. La pièce supérieure, dorsale, s’insère sur la base du crane, la pièce inférieure, ventrale, s’unit, au moins chez les formes types, à sa congénère de l’autre côté par l'intermédiaire d’une pièce impaire, la copula, ou pièce basi-branchiale, absolument comme les côtes s'unissent entre elles par l'intermédiaire des divers segments du sternum. Quant aux segments intermédiaires logés dans la paroi du pharynx, ils servent de supports aux branchies. Les différentes pièces basi-branchiales disposées en série sur la ligne médiane, peuvent rester distinctes, réunies seulement par du tissu conjonctif, ou bien subir une réduction par suite du fusionnement de plusieurs d’entre elles. C'est chez Iles Sélaciens, les Ganoïdes, mais surtout chez Îles Téléostéens que la sezmentation acquiert son maximum de compli- cation. Sans tenir compte des modifications de l'arc mandibulaire, en rapport avec le développement du squelette de la cavité buccale, ni de Ia formation de l'hyomandibulaire et du symplectique (dérivés du deuxième arc), Je rappellerai seulement que les arcs se divisent en allant de haut en bas, en : 1° épi-hyal ou épi-branchial; 20 kérato-hyal ou branchial et 3° hypo-hyal. De plus, correspon- dant aux vrais arcs branchiaux, il existe souvent une quatrième pièce, accolée directement au crâne (ou aux vertèbres) et qui est le pharyngo-branchial. Enfin, et j'insiste particulièrement sur ce fait chez les Téléostéens, l'arc hyoïdien (deuxième arc) se trouve uni au cartilage qui sépare l’hyomandibulaire du symplectique, par un noyau osseux où Cartilagineux que lon à appelé linter-hyal. Il en — 926 — résulte qu'en définitive, chez ces Poissons, chaque chaine bran- chiale se trouve composée de quatre os. L'appareil hyoïdien des Amphibiens, Reptiles et Oiseaux, ne présentant au point de vue qui m'occupe qu'un intérêt très médiocre, je n'en dirai rien pour le moment et j'arrive immédiate- ment à celui des Mammifères. Chez les Mammifères, le 2e arc (hyoïdien) et une partie du 3e (1er bran- chial) subsistent seuls, les ares suivants ayant subi (déjà auparavant dans d’autres Classes) des modifications profondes en rapport avec la perte d’adaptions spéciales. Ces vestiges constituent à eux seuls l'appareil hyoïdien. Malheureusement si l’homologie entre la chaine hyoïdienne des Mammifères en général et une fraction du squelette viscéral des Poissons parait aujourd’hui indiscutable, il ne semble pas qu'ilen soit de mème pour les différentes pièces prises en particulier, tout au moins pour l'une d’entre elles. Le basi-hyal, lhypo-hyal et le cérato-hyal trouvent facilement chacun leur homologue, mais si l’on consulte les auteurs, on voit que chez les Mammifères il est question tout à coup d'un osselet considérablement développé et qui forme l’un des éléments les plus importants de la chaine. Cette pièce s'insère par l'intermédiaire d’un noyau cartilagineux, arthro-byal;:. 4, la base: du, crâne etwon luisadonné 1e namde stylo-hyal. Ce soi-disant stylo-hyal a-t-1l son homologue dans les autres classes de Vertébrés? Telle est la question qu'il s’agit d’examiner depres: Chez les Poissons, Ia 1e pièce de l'arc hyoïdien, celle qui est directement en connexion avec l’hyo-mandibulaire est, dans certains groupes, un épi-hyal. Chez les Ganoïdes, et plus constamment chez les Téléostéens, on trouve un noyau intermédiaire à l'hyo-mandibu- laire et à l’épi-hyal, l'inter-hyal (BazLrour (1), WIEDERSHEIM (2), dont WIEDERSHEIM signale l'existence en ces termes : « das Kerato-hyal (tige résultant de la division longitudinale de lare hyoïdien) ist an der Hinterseite des Hyomandibulare allmäblig nach unten gerutscht, bleibt aber an der zwischen letzerem und dem Symplecticum existirenden Knorpelcommissur durck eine kleine ÆXnorpelspange, das Inter-hyale, angeheîtet ». HuxLeY (3), parlant évidemment de la même (1) F. Bazrour. — Trailé d'embryologie et d'organogénie comparées. T. I. p 522. (2) WiepersaeiM. — Lehrbuch der vergleichenden Anatomie. 1886. (5) HuxLey. — Eléments d'anatomie comparée des animaux Vertébrés, p. 163. formation avait d'ailleurs dit: « L'arc hyoïdien (chez les Téléos- téens) se compose pour l'ordinaire de deux grandes cornes unies à l'intervalle cartilagineux entre lhyomandibulaire et le symplectique par une ossification stylohyale... » Déjà GEorFRoY-SaiNT-HILAIRE (1) avait appelé stylo-hyal la première pièce de la chaîne hyoïdienne des Poissons, guidé qu'il fut, sans doute, par la terminologie usitée dans l'anatomie des Mammifères. Plus tard, OWEN (2) applique aussi cette expression aux Poissons et s'exprime ainsi: « The first portion of the arch hyoïdean, stylohyal, is à slender styliform bone, which is attached at the upper end by ligament to the inner side of the epitympanic, close to its Junction with the mesotympanic ». Il paraît done bien évident que linter-hyal de BALrour, WIEDERSHEIM et autres, représente sous un autre nom la même pièce que le stylo- hyal de G. SaAINT-HILAIRE, OWEN et HuxLEY, peu importe au point de vue morphologique que ce soit du cartilage ou de l'os. Si des Poissons nous passons aux Amphibiens, nous voyons que la première pièce de Parc hyoïdien est un épi-hyal et qu'il n'est plus question d'inter-hyal ou stylo-hyal. De même chez les Reptiles et chez les Oiseaux. Puis, inversement, en arrivant aux Miunmmifères réapparition du stylo-hyal et disparition complète et définitive de l’épi-hyal. Je signalerai cependant une exception : chez Dasynus (Tatusia hybrida. — Parker (3) le segment proximal de la chaine est appelé épi-hyal. Bref, il me parait ressortir de ce qui précède que l’inter-hyal (stylo-hyal si lon veut), semble être une formation inconstante, et qu'au contraire lépi-hyal existe toujours comme première pièce de la chaine hyoïdienne, chez beaucoup de Poissons, chez les Aumphibies, les Oiseaux et même chez les Mammifères, Ce premier point établi, si nous continuons à suivre les descriptions classiques, nous lisons que le deuxième segment de l'appareil hyoïdien des Mammifères, celui qui fait suite au soi-disant stylo-hyal st un kérato-hyal, plus où moins développé suivant les espèces, mais constant. Or, chez tous les animaux qui possèdent un inter- hyal, le deuxième segment est un épi-hyal; donc si l’inter-hyal ou (4) G. SaiNT-HiLaiRE. — Loc. cit. (2) OWEN. — On the analomy of vertebrates. 1866. T. L. p. 124. (3) Parker. — Die Morphologie des Schädels. (Trad. all. par Vetter) 1879. = 78 — stylo-hyal des Poissons osseux est l’homologue du stylo-hyal des Mammifères, la deuxième pièce de larc, chez ces derniers, sera un épi-hyal et non pas un kérato-hyal. On pourrait admettre, il est vrai, que l’épi-hyal n'est plus représenté chez les Mammifères. Cette pièce et le kérato-hyal constituent des appareils de soutien pour les branchies, or, les branchies disparaissant, il ne serait pas étonnant que leurs supports s’atrophiassent, et que les deux segments extrèmes de la chaîne (inter-hyal, hypo-hyal) devinssent prépondérants. Je dois avouer pourtant que cette hypothèse me tente médiocrement. L’atrophie de l'appareil hyoïdien est encore plus accentuée chez beaucoup de Reptiles et d'Oiseaux que chez les Mammifères (non compris l'homme), et cependant ils possèdent un épi-hyal. Pourquoi donc une formation, cartilagineuse ou osseuse, assez rare, aussi inconstante que l’est l'inter-hyal, acquérerait-elle un développement énorme et une fixité complète précisément chez des animaux chez lesquels tout l'appareil est réduit, alors que lépi-hyal qui est constant, même dans des classes moins bien partagées que les Mammifères, disparaïitrait sans laisser de traces. Cette sorte d’aberration sera encore bien plus frappante si nous considérons l'appareil hyoïdien de l’homme. Chez l'embryon humain le deuxième arc (hyoïdien), ou plutôt la tige cartilagineuse qu'il renferme (cartilage de Reicerr), s'étend depuis la base du crâne jusqu'au devant du cou en suivant les parties latérales du pharynx, pour venir s'unir bientôt, à son extré- mité distale, avec la portion ventrale du troisième arc, également cartilagineuse. Plus tard le cartilage de ReicHerT se segmente : lex- trémité distale devient la petite corne de l'os hyoïde; l'extrémité proximale, l’apophyse styloide. Quant au segment moyen, il subit une regression complète et constitue le ligament stylo-hyoïdien. La portion ventrale du troisième arc donne naissance au corps el aux grandes cornes de l'hyoiïde. Chez l'embryon du troisième mois ces dispositions sont déjà très visibles; puis apparaissent plus lard et successivement des points d'ossification dont je n'ai pas à m'oc- cuper. De l'étude du développement il faut surtout retenir ceci, e’est que, au moins d’après la majorité des auteurs, la chaine hyoïdienne ne comprend que deux pièces osseuses : l’une, proxi- male, qui est l’apophyse styloide; l’autre, distale, qui est la petite corne ou lhypo-hyal. Le ligament intermédiaire serait le vestige du kérato-hyal. A l'état adulte on ne trouve encore, dans la ma]ori Re des cas, que ces deux pièces osseuses unies par un ligament. Je rappellerai cependant que SapPey (1) décrit comme habituel un troi- sième osselet moyen : « Chez l’homme, chaque chaîne hyoïdienne se trouve représentée par les mêmes osselets (que chez les autres Mammifères). Le segment inférieur de la chaîne, ou l’apo-hyal (nomenclature de G. SaiNT-HiLAIRE), est constitué par les petites cornes de l'hyoïde; le segment supérieur, ou le stylhyal, par lapo- physe styloïde; et le segment moyen, ou le cérato-hyal, par un osselet situé sur le prolongement (et séparé de lui) de celui-ci. » Quoiqu'il en soit, la chaine hyoïdienne de l’homme comparée à celle des autres Mammifères est rudimentaire, cela est incontes- table, par conséquent ce que je disais plus haut me paraît devoir s'appliquer à elle avec plus de vraisemblance encore, et je répète qu'il serait étrange qu'un segment, l’inter-hyal ou stylo-hyal, en quelque sorte exceptionnel chez tous les animaux, acquit dans les- pèce humaine une importance prépondérante. Je sais très bien que certains auteurs, en particulier Poirter et MEUNIER (2) ne consi- dèrent pas foute l’apophyse styloïde comme un stylo-hyal et n’ac- cordent cette signification qu'à sa moitié supérieure, sa moitié infé- rieure étant un épi-hyal. Mais on ne voit pas bien clairement sur quoi ils se fondent pour soutenir cette hypothèse. Aucune disposi- tion, ni chez l'embryon, ni chez l'adulte, ne peut servir à l’étayer, et ce ne sont guère que des cas anormaux qui pourraient lui servir de base. En un mot il n’y à pas de raison pour prétendre que Papophyse styloïde est formée de deux segments. Il me semble qu'on peut établir d’une manière plus rigoureuse l’homologie de l'appareil hyoïdien de l’homme et des autres Mammifères avec celui des Poissons, car l’objection que formule VrALLETON (3) relativement à la légitimité de cette comparaison ne me paraît pas avoir grande valeur : € L’are hyoïdien, dit-il, même composé de quatre pièces, ne répond pas rigoureusement à celui des Poissons, puisqu'il manque de pièce médiane impaire : en eflet le corps de l’hyoïde ne repré- sente pas du tout Ie basi-hyal des Poissons osseux, car il est (1) Sappry : Traité d'anatomie descriptite. T. I, p. 267, 1876. (2) Pourier et Meunier : Ossificalion de l'appareil hyoidien, Bull. Soc. Anat. de Paris 1887, p. 876. (3) ViaLLETON : Article Hyoïde (os). Dictionnaire encyclopédique des Sciences médicales. — 330 — fourni non pas par le second are, arc hyoïdien, mais par le troisième arc, ou premier arc branchial ». Or, on sait, ainsi que je l'ai dit précédemment, que les pièces ventrales (copula ou basi-hyal et branchial) des arcs viscéraux peuvent subir une réduction par suite de la fusion de plusieurs d’entre elles. Ce processus s’observe chez beaucoup de Poissons, ainsi que chez les Amphibiens et les Reptiles, il se maintient aussi chez les Oiseaux et chez les Mammifères : «€ La partie inférieure de lare hryoïdien, y compris le basi-hyal, S'unit avec les restes des arcs situés en arrière pour former l'os hyoïde dont elle constitue la corne anté- rieure et la partie antérieure du corps. BaLrour (1) ». Nous som- mes donc en droit de considérer le basi-hyal des Mammifères comme l’homologue du basi-hyal des Téléostéens. Restent alors les segments des chaînes latérales. Il est évident que nous ne pouvons faire que des hypothèses, tant que nous n’aurons pas de docu- ments plus complets sur le développement de lappareil hyoïdien, tant que l’on n'aura pas suivi pas à pas sa régression depuis les Poissons jusqu'à l’homme. La question se réduit à celle-ci : peut-on retrouver chez les Mammifères et chez l’homme en particulier, les quatre segments de la chaine des Poissons? J'estime que l’on peut répondre par l’affirmative. L'hypo-hyal et le kérato-hyal des Poissons se reconnaissent facilement chez les Mammifères, cela ne fait de doute pour personne, et la discussion se limite à l’épi-hyal et au stylo-hyal ou inter-hyal. Si lépi-hyal n'existe plus chez les Mammi- fères le problème est résolu, linter-hyal ou stylo-hyal des Poissons devient l’homologue du stylo-hyal des Mammifères, de lapophyse styloïde de l'homme, mais il faudrait prouver cette disparition subite et je ne sache pas que jusqu'alors on lait fait. Je pose donc en principe que l’épi-hyal, formation constante, décrite par tous les auteurs dans toute la série des vertébrés jusqu'aux Mam- mifères, existe aussi chez ceux-ci, mais par quel osselet se trou- vera-t-il représenté? On doit le trouver entre le kérato-hyal et lin- ter-hyal. Ov ce dernier a-t-il son homologue chez les Mammifères ? Je ne puis admettre que cet homologue soit le stylo-hyal des Mam- mifères, pour les raisons que j'ai indiquées plus haut. L'inter-hyal, ai-je dit, est inconstant; si nous trouvons son représentant chez les (1) Bazrour : Loc. cit. T. II, p. 539. — 331 — Mammifères ce sera le nodule cartilagineux (arthro-hyal) qui rat- tache le stylo-hyal au crâne (CHAUVEAU et ARLOING (1) ou le fibro cartilage innominé qui unit chez l'homme l’apophyse styloïde au temporal. Dans ce cas le stylhyal ou apophyse styloïde des auteurs devient l'épi-hyal. Si au contraire l'inter-hyal ou stylo-hyal des Pois- sons n'existe plus chez les Mammifères la question se simplifie encore et la première pièce de la chaine est un épi-hyal, comme chez Dasypus. Dans les deux cas, le stylo-hyal des Mammifères n'a donc pas pour homologue l'inter-hyal ou stylo-hyal (d'après la nomen- clature classique) des Poissons, mais l'épi-hyal. En résumé, si nous partons du corps de l'os hyoïde (basi-hyal) nous trouvons une première pièce qui est l’hypo-hyal; au-dessus Île kérato-hyal ou, chez l’homme, un cordon conjonctif plus où moins développé ; au-dessus encore lépi-hyal, remplaçant le soi-disant stylo- hyal des auteurs, l'apophyse styloïde de l'anatomie humaine. Cette apophyse est unie à la base du crâne par un cartilage (arthro-hyal) et c'est ce cartilage seul que je suis disposé à considérer comme le représentant du stylo-hyal ou inter-hyal des Poissons. Je n'ai pas toutefois la prétention de vouloir rayer du vocabulaire de l'anatomie humaine l’expression de stylo-hyal, je lapplique seule- ment à un autre segment de la chaine hvoïdienne. Quant à lépithète de styloïde on pourrait, si l’on veut la garder et pour éviter toute confusion, la réserver à l’apophyse que SaPpPpey appelle « prolonge- ment hyoïdien » et qui appartient au temporal. Cette apophyse est placée immédiatement au devant du trou stylo-mastoïdien, dépassant à peine le sommet de lapophyse vaginale, et se développe « aux dépens d’un cylindre cartilagineux continu supérieurement avec le cartilage de la portion mastoïdienne SapPEey (2) ». Dans tout ce qui précède J'ai cherché tout simplement, en suivant rigoureusement l'enchainement des faits, à montrer qu’il était possible de soutenir la réalité d'une concordance complète entre les pièces de l'appareil hyoïdien depuis les Poissons jusqu’à l'Homme. Je crois que l'obscurité qui régnait sur cette question tenait surtout à l'emploi mal entendu du mot: os styloïde. On a voulu, en conservant cette épithète usitée en ostéolozie humaine, retrouver cet os, d’abord (4) CHauveau et ArLoING : Trailé d'Anatomie comparée des animaux domestiques, 1879 pre (2) SAPPEyY : Loc. cit. T, I. p. 267. = 35 — chez les Mammifères, puis dans les autres classes ; seulement en arrivant aux Poissons l’on à rencontré une 4 pièce osseuse, lépi- hyal, et lorsqu'ensuite on à cherché à comparer lappareil hyoïdien chez les différents Vertébrés on n'a pas tenu assez compte de l'importance de ce 4° segment. Pour pouvoir continuer à placer l'os styloïde, ou bien on à supprimé l’épi-hyal, ou bien on la rattaché artificiellement au styloïde, sans que l’on se soit aperçu que c'était. précisément la pièce principale qui était sacrifiée pour faire place à la pièce accessoire. L'étude des Anomalies de la chaine hyoïdienne chez l’homme vient apporter à la thèse que je soutiens un appui considérable et je crois nécessaire de rapporter avec quelques détails les différentes observations que j'ai pu recueillir dans les classiques ou dans les recueils périodiques. Les anciens anatomistes, attachant sans doute peu d'importance à l’os hyoïde, se sont contentés, la plupart du temps, de le décrire très vaguement. VÉSALE (1), le premier, avança que la petite corne (qu’il appelle corne supérieure) est composée de quatre à cinq pièces; mais il est probable, ainsi que le fait observer Perer (loc. cit.) que VÉSALE considère comme normal un cas exceptionnel. G. Fazcope (3) puis B. EusracHe (2), estiment au contraire que les cas dans lesquels la petite corne comprend plusieurs osselets sont très rares. Cependant après eux BAUHIN (4) revient à la des- cription de VÉSALE, mais tous ces anatomistes ne fournissent que des indications écourtées, trop vagues pour que l'on puisse en conclure qu'ils avaient réellement observé des ossifications de la chaîne hyoïdienne. Signalons cependant un passage assez précis de Monro (5) qui dit: «HRuyscx prétend que cette ossification (de la petite corne) se continue jusqu'aux temporaux dans les sujets très avancés en âge; on trouve alors l'os hyoïde uni aux os des tempes par anchylose. » Enfin, citons encore Bicaar qui parle + (4) VÉsaLE : De corpor. hum. fabricà, 154%, Lib. I. p. 55. (2) Eusracnius : Opuscula anatomica, 1564. (3) G. FazLoPE : Observationes anatomicæ, 1561. (4) Baumin : Theatrum anatomicum, 1621. 5) Monro : Traité d'ostéologie. Trad. franç. 1759. — 339 — de granulations osseuses répandues le long du ligament stylo- hyodien. Il serait fastidieux de multiplier les citations de ce genre; elles ne montrent qu'une chose, c’est que les anatomistes de jadis savaient que l'appareil hyoïdien se complique parfois par lapparition de nouvelles pièces osseuses, mais aucun d'eux ne pouvait songer à interpréter celles-ci. C’est à GEOFFROY-SAINT-HILAIRE que revient l'honneur d’avoir, le premier, rattaché l'appareil hyoïdien humain à celui des Mammifères et d’avoir établi que les dispositions anormales, considérées autrefois comme des monstruosités inexpli- cables, reproduisaient un état normal chez les autres Mammifères. Les cas dans lesquels la chaîne hyoïdienne est représentée par une série d’osselets, continue d’un temporal à l’autre, sont, à ce point de vue, particulièrement intéressants et démonstratifs. Si l’on en croit les auteurs classiques, cette ossification à peu près complète serait assez fréquente, et cependant les observations détaillées qui seules doivent entrer en ligne de compte, se rédui- sent à un très petit nombre. GEOFFROY-SAINT-HILAIRE (1), le premier, en publie un cas remarquable que lui avait communiqué SERRES et voici en quels termes il le décrit : « Le styloïde forme un os long,” épais’ et gros... Les deux autres pièces de la ‘chaîne, le cérato-hyal et lapo-hyal (hypo-hyal des Poissons), sont deux os longs, plus menus, droits, lisses et renflés aux deux bouts. L'apo-hyal, qui d'ordinaire constitue à lui seul la corne antérieure, est dans ce cas-ci plus long d’un quart que le cérato-hyal. Ces osselets paraissaient fraichement soudés l’un à Pautre, et il en était de même du styloïde à l'égard de lapophyse vaginale, bien que lPindividu comptàt à sa mort 56 ans. Pour le surplus, la chaîne se continuait au moyen d’attaches ligamenteuses, très souples, et répandues du styloïde sur le cérato-hyal, et de l'apo-hyal sur le corps de l’hyoïde..…. La chaine styloïdienne ne se trouvait recons- tituée que du côté droit: il n'en existait de l’autre côté que les éléments, comme on les observe habituellement. L’apo-hyal, quoique double de ce qu'il est dans l'état ordinaire, n'avait cepen- dant que le tiers de la longueur de son congénère, et l’apophyse D) styloïde était une des plus longues que j'aie encore vues. Elle était (4) Loc. cit. p. 183 et pl. IV, fig. 87. — 334 — formée de trois parties, le styloïde soudé au crâne, le cérato-hyal qui en formait la pointe et une pièce moyenne qui n'est autre que le ligament durci, plutôt qu'ossifié. » Auparavant (loc. cit. p. 177 et fig. 42), GEorFRoY-SaiNT-HiLAIRE avait signalé trois cas d'ossification incomplète, dont l’un chez un homme de 5% ans. L'apo- physe styloïde unie au crâne par un très court ligament, était formée de deux pièces: le stylo-hyal dans la première moitié; le cérato-hyal dans la seconde. Le deuxième cas se rapporte à un crâne de Guanche apporté de l'ile de Ténérifle. L'apophyse y était subdivisée en «trois pièces bien distinctes, la dernière étant plus courte que les deux autres (fig. 40) ». GEOFFROY-SAINT-HILAIRE Consi- dère ce segment du milieu, sans lhomologuer à une formation normale, «comme un ligament durci, ayant la consistance, mais non l’organisation des 0s.... ce qui porterait à croire, dit-il, que l’'endurcissement des ligaments et des cartilages dans la vieillesse, attribué jusqu'ici à un progrès de l’ossification, pourrait bien tenir à un travail différent de celui par lequel l'os s'organise et croit dans la jeunesse. » Nous verrons plus loin ce qu'il faut penser de cette assertion. Enfin, le troisième cas décrit par lillustre ana- tomiste, répond à la disposition que Sappey (voir plus haut) donne comme normale, c’est-à-dire qu'outre le stylo-hyal et lapo-hyal, il existait sur le trajet du ligament stylo-hyodien un osselet « mince, court, arrondi, d’une consistance si frèêle qu'il est vraisemblable que son entière ossification était récente. » Cet osselet, représentant un cérato-hyal, était uni au stylo-hyal € par un ligament long de 7 millim. parsemé de granulations osseuses. » Les auteurs qui, après (GEOFFROY-SAINT-HILAIRE, se sont occupés de la question, ont cherché pour la plupart, comme lui, à rattacher les pièces anormales au type ternaire des Mammifères. Beaucoup d’entre eux, d’ailleurs, se contentent d'indications assez vagues, comme on peut en juger par les citations suivantes. Dans l'anatomie comparée de Cuvier (1) nous lisons (p. 464): «Avec l’âge, l’apophyse styloïde et la corne antérieure s’allongent, en même temps le ligament intermédiaire s’ossifie, de sorte que la liaison de l’hyoïde avec le crâne a lieu dans ce cas rare, au moyen de trois osselets, y compris l’apophyse styloïde. » (1) Cuvier : Leçons d'anatomie comparée, 2e édit. 1835, t. IV, 1e partie p. 46%. — 339 — Occivier ({) dit: « Il n’est pas rare de voir l’une des petites cornes et mème les deux beaucoup plus longues que les grandes cornes. J'ai vu l’une d'elles ayant plus de deux pouces de longueur et unie avee l'apophyse styloide par une espèce articulation accidentelle. Cette disposition n’est point le résultat d’un vice primitif d’organisation.... et provient de l'ossification accidentelle du ligament stylo-hyoïdien ». SrAnNNIUS et SIEBOLD (2) après avoir déclaré que les cornes anté- rieures sont « des parties primitivement étrangères au cràne, » ajoutent qu’elles ne s'y unissent que par suite de lossification d’une portion du ligament styloïdien. Tuomas (3) (de Tours) «représente et décrit trois types différents de chaine hyoïdienne : sur un homme de 30 ans, on remarque au-dessous de lapophyse vaginale, une nodosité qui résulte de la soudure du stylohyal avec le prolongement hyoïdien. L’extrémité inférieure du stylohyal s'articule avec le cérato-hyal. Du bout inférieur du cérato-hyal part le ligament stylo-hyoïdien, qui est suivi par Papo-hyal. Sur un autre sujet, l'apophyse vaginale se continue avec Île prolongement hyoïdien, dont l'extrémité inférieure est soudée avec la première pièce de la chaîne hyoïdienne. Celle-ci (stylohyal) pré- sente une nodosité à l'endroit de la soudure avec le cérato-hyal. Sur une femme de cinquante-six ans, l’apo-hyal est allongé comme chez les animaux et non hordéiforme. Le cérato-hyal est très court et prend la forme que présente le plus souvent la troisième pièce. Sur ce sujet, la première pièce de la chaine hyoïdienne est très peu développée et pas encore soudée avec Île prolongement hyoïdien (4) » RaMBaAuD et RENAULT (5) rapportent que: « HuscHKE à vu sur un homme âgé le ligament stylo-hyoïdien remplacé par un os cylindrique qui s’étendait de la petite corne à l’apophyse styloide », et ils ajoutent: « nous avons rencontré un cas tout à fait sem- blable ; et comme transition, nous avons remarqué, ce qui est très fréquent, que la petite corne présente des longueurs très variables ». (1) Ozurvier : Article Hyoide du dict. en 30 vol. 1837. (2) SiesoLp et Srannius : Manuel d'anatomie comparée, L. I, p. 403, 1850. (3) Thomas : Eléments d'ostéologie. 1865 (cité par RETTERER). (4) Citation empruntée à RETTERER (loc. cit.). (5) RamBauDp et Renauzr: Origine et développement des os. 1864. p. 179, — 390 — GEGENBAUR (1) signale comme disposition exceptionnelle, chez l’homme, la segmentation en deux articles des cornes antérieures : « l’apophyse styloïde allongée parait comme pièce supérieure et s’unit ordinairement d’une manière mobile à l'os du rocher ». Sappey (2) dans son Traité d'anatomie descriptive figure un appareil hyoïdien ossifié dans lequel le cérato-hyal était soudé au stylohyal qui lui même était soudé au «prolongement hyoïdien » : « De cinquante à soixante ans, le ligament destiné à unir les deux pièces supérieures (stylhyal et cérato hyal) de la chaîne hyoïdienne s'ossifie ; le cérato hyal, en d’autres termes, se soude au stylhyal. L’apophyse styloïde revêt alors cet aspect monumental, contourné et noueux, qui la caractérise chez quelques individus. Sa longueur, après cette soudure, varie de % à 5 centimètres: des deux nodo- sités qu'elle présente, lune répond à lunion du prolongement hyoïdien avec le styhyal, l’autre à lunion du stylhyal avec le cérato hyal ». CH. DEBiERRE (3) a figuré deux cas semblables. RETTERER (4) a présenté à la Société de Biologie un appareil hyoïdien ossifié d’une facon remarquable : « La chaine hyoïdienne gauche est formée des mêmes segments osseux que ceux que représentent Sappey et Debierre; en haut, l’apophyse styloïde (5), longue de 1 centimètre est soudée supérieurement avec le temporal. Son extrémité inférieure est mobile sur le stylohyal, long de 1 c.5 et se continue par un tissu mou avec le cératohvyal long de 3 €. 5. Du bout inférieur du cératohvyal part un ligament fibreux loug de 1 c. 5 qui s'attache en bas à l'extrémité supérieure de l’apohyal, haut de 2 c. Cette dernière pièce est mobile sur le corps de l'os, auquel elle est réunie par un manchon fibreux simulant une capsule articulaire. La chaîne hyoïdienne droite n’est constituée que par deux segments osseux, dont le supérieur est long de 2 c. 5 et l’inférieur de 7 c. A leur point de rencontre ils s’épaississent notablement et sont réunis par un manchon fibreux très solide.... L'extrémité supérieure du segment (1) GecenBaur: Manuel d'anatomie comparée. 1874. p. 635. (2) SAPPEYe loc Cil 2 Th lp 267eth feet (3) Cu. DeBierRE : Sur l'appareil hyoïdien considéré dans la Série des Vertebrés. Bulletin de la Société Zoologique de France 1885, p. 487. (4) Ed. ReTTereR : Loc. cit. (5) I s'agit probablement du « prolongement hyoïdien. » — 9331 — supérieur est mobile sur le temporal. Le segment inférieur se comporte vis-à-vis du corps de l’os hyoïde comme le fait l’apohyal à gauche. En comparant la chaine hyoïdienne de droite à celle de gauche, il semble légitime d'admettre que le segment supérieur résulte de la soudure de l’apophyse styloïde et du stylohyal, tandis que le segment inférieur représente le cératohyal, le ligament styloïdien et l’apohyal envahis complètement par l'ossification et soudés les uns aux autres. » Dans une communication ultérieure à la Société de Biologie RETTERER rendit compte (1) des résultats que lui avait fournis l'examen micros- copique de la pièce précédente. Il montra que les divers segments de l'appareil présentaient la même texture que les os longs (canal médul- laire rempli de graisse et limité par une lame de tissu compact), et le mème mode de développement, aux dépens du périoste périphérique. D'autre part, il établit que la mobilité des différents segments osseux les uns sur les autres tenait à une véritable articulation. « Celle-ci, dit-il, a dû se constituer par la rencontre des pièces cartilagineuses primitives, envahies plus tard par l’ossification... Ces articulations se seraient donc établies d’après une loi analogue à la formation des cavités articulaires pendant la période embryonnaire. » En 1887, Poirier et MEUNIER (2) publient une observation détaillée d’ossification complète de l'appareil hyoïdien : « L'hyoïde est rattaché à la base du crâne par deux chaînes osseuses, sensiblement symétriques, composées chacune de trois osselets distincts enfermés dans le ligament stylo-hyoïdien. Ces trois pièces sont en allant de haut en bas, 1° l’apo- physe styloïde ; 2°, un osselet moyen, de forme allongée, présentant au niveau de son tiers supérieur un renflement et des traces de suture qui indiquent nettement la segmentation de cette pièce en deux parties ; æ, une pièce inférieure, qui n’est autre que la petite corne de lhyoïde, très réduit dans le cas actuel. » Poirier et MEUNIER, au lieu de comparer cette disposition au type ternaire des Mammifères comme l'avaient fait G. SAINT-HILAIRE, SappeY, RETTERER, etc., le rapprochent du type quaternaire des Poissons. Ils avancent que la moitié supérieure de lapophyse (1) Rerrerer : Sur la constitution intime et les connexions de divers segments de l'appareil hyoidien ossifié chez l'homme. Comptes-rendus de la Société de Biologie, 1886, p. 105. (2) Poirier et Meunier : Ossification de l'appareil hyoidien. Bull. soc. anat. de Paris, 1887, p. 878. styloïde de l’homme correspond au stylo-hyal et sa moitié inférieure à l’épi-hyal, de telle sorte que les quatre pièces dont se composait la chaine qu'ils ont observée correspondent chacune à l’une des des pièces de l’appareil viscéral des Poissons. J'ai déjà dit précédem- ment ce qu'il fallait penser de cette interprétation. Enfin Porter et MEuNtER signalent deux pièces d'appareil hyoïdien ossifié conservées au Musée Orfila. L'une à été présentée en 1873 à la Société anatomique par HumBerr, l’autre est sans doute la mème que celle que LauGter (1) figure dans son article : Os hyoïde, du Nouveau Dictionnaire de médecine et de chirurgie pratiques. Si l’on en juge par ce dessin, il s’agit d’un cas identique à celui que décrit SappEey, sauf qu'à gauche le « prolongement hyoïdien (SappeY) » parait soudé à l’osselet suivant. LauGier ne donne d’ail- leurs aucun détail; je ferai remarquer cependant que pour lui: « l’apohyal, c’est l’apophyse styloïde » (1). L'année suivante (1888) Meunier (2) présente à la Société anato- mique un nouveau cas d’ossification de lappareil hyoïdien. Je ne rapporterai que ce qui à trait à la chaîne : « Malgré une légère asymétrie de connexions entre les divers segments, il est facile de reconnaître les 4 pièces ancestrales : stylohyal, épihyal, cérato-hyal et apohyal, telles qu'on les observe dans Pappareil-hyoïdien normal des Mammifères (?) et des Poissons. La chaine droite est grèle, presque rectiligne et présente de haut en bas : Le stylohyal, continué à son extrèmité inférieure par un court ligament fibreux, contenant un petit noyau osseux, vestige certain de l'épihyal ; une troisième pièce, longue, présentant vers son : 1/5 inférieur un renflement qui correspond à la suture du cérato-hyal avec lPhypo-hyal. Cette dernière portion s'articule en diarthrose avec une facetle correspondante du corps de los hyoïde. La chaîne gauche, plus volumineuse et plus tortueuse se com- pose : d’une pièce supérieure stylo-hyal, articulée au moyen d'un court manchon fibreux avec la pièce moyenne, qui est, longue, épaisse de 5 millim., qui présente vers son % supérieur un ren- flement indiquant la suture de lépi-hyal avec le cérato-hyal, et qui se termine inférieurement par un renflement considérable en rap- (1) LauGrer : Article Hyoiïde (os) du Dictionnaire de Jaccour. T. XVII p. HI. (2) MEUNIER : Loc. cit. — 999 — port avec l'os hyoïde. Ce renflement... répond à une facette arti- culaire du bord supérieur et latéral du corps de lhyoïde. En con- tact immédiat dans sa moitié externe, il est séparé de cette facette dans sa moitié interne par un osselet indépendant, de la grosseur d'un pois, qui représente sans aucun doute lhypo-hyal de la chaîne ». GEGENBAUR (1) dans son Traité d’Anatomie humaine déclare qu'il « est rare que les petites cornes arrivent jusqu'à l’apophyse sty- loïde, et plus rare encore qu’elles se fusionnent avec elle... Par- fois, le ligament stylo-hyoïdien est remplacé par une tigelle osseuse qui unit la petite corne à l’apophyse styloïde. Cette disposition est alors conforme à ce qui existe chez la plupart des Mammifères où le ligament stylo-hyoïdien est remplacé par un os véritable. » Pour terminer ces longues citations, Je signalerai ce que dit V. Perer (2) au sujet des anomalies des petites cornes de l’hyoïde : parmi 500 os hyoïdes il y avait 28 cas dans lesquels, soit la petite corne droite soit la petite corne gauche ou même les deux, atteignaient une longueur de plus de 15 millim., avec un maximum de 62 millim. Dans 1% cas (c’est-à-dire dans la moitié) le développement anormal était bilatéral ; six fois les petites cornes étaient aussi longues que les grandes et même les dépassaient. Dans 3 cas il existait une pièce très courte, ou petite corne proprement dite, à laquelle faisait suite un bâtonnet allongé qui s’étendait jusqu’au processus styloï- dien. Ces cas se rapprochent de ceux que les auteurs décrivent comme ossification totale du ligament stylo-hyoïdien. L'âge paraît n'avoir sur ces anomalies qu’une influence secondaire, car cinq des cas les plus accentués se rapportaient à des individus âgés de 14 à 25 ans. Pour ce qui concerne le sexe il semble certain que le masculin y est plus disposé, car sur les 28 cas il n’y en avait que 9 appartenant à des femmes ». L * Si nous récapitulons les cas d’ossification complète de l'appareil hyoïdien nous voyons qu'en somme leur nombre est très limité. Sans tenir compte des indications vagues de quelques auteurs et n'ayant égard qu'aux observations détaillées, nous trouvons celles (1) GeaexBauRr : Traité d'Anatomie humaine (trad. p. Jurin) 1888, p. 253. (2) Perer : Loc. cit. p. 22et fig. 4, 5, 6. 0e de G. Sr-HicamRe (1), Tomas (1), Sappey (1), DeBterre (2), Rer- TERER (1), Porter et MEUNIER (1), MEUNIER (1) et enfin la pièce du Musée Orfila (LauGiER), au total : avec la nôtre, 9 cas. Ce qui frappe tout d’abord c’est que, sur ces neuf pièces, une seule, celle de PorrterR et MEUNIER offrait des dispositions symétri- ques; dans toutes les autres le nombre des segments osseux est plus considérable d'un côté. Mais un examen, même superficiel, permet bientôt de reconnaître que cette asymétrie n’est qu'appa- rante, car, du côté où le nombre des pièces osseuses est réduit, on trouve des traces indiscutables de soudure plus où moins com- plète, par exemple dans les observations de G. SAINT-HILAIRE, THomas, SapPeyY, MEUNIER, et dans celle que nous avons relatée, P. ParisoT «et moi: On est donc en droit, de’ conclure” quelles segments osseux sont primitivement aussi nombreux d'un côté que de l’autre, mais que la marche de lossitication étant plus ou moins rapide et en tous cas inégale, amène leur juxtaposition puis leur soudure d’une manière irrégulière et qu'il serait téméraire, vu le petit nombre d'observations, de vouloir rattacher à une loi déter- minée. Dans toutes les observations nous trouvons, en procédant de bas en haut, à partir de l'os hyoïde : 1° Un hypo-hyal, distinct du cérato- hyal dans les cas de Sappey, LAUGIER (pièce du musée Ortila), DEBIERRE, POIRIER et MEUNIER, MEUNIER; soudé au kérato-hyal ; (4) du côté droit, dans le cas de G. SainT-HiLaAIRE et de RETTERER ; (b) du côté gauche, dans notre cas. 20 À l'hyvpo-hvyal fait suite un cérato-hval, distinct de la pièce située au-dessus : des deux côtés dans les cas de RETTERER, PARISOT et Nicozas: du côté droit dans les observations de G. SAINT-HILAIRE, MEUNIER ; soudé des deux côtés au segment sus-jacent dans les cas de SAPPEY, DEBIERRE, POIRIER et MEUNIER ; du côté gauche seulement chez les sujets de SaiNr-HiLAIRE et MEUNIER. 30 La troisième pièce est tantôt complètement libre (MEUNIER, à droite ; RETTERER, des deux côtés) ; tantôt soudée : soit au cérato-hyal (GEOFFROY SAINT-HILAIRE, SAPPEY, PoiRIER et MEUNIER, MEUNIER), SOit a la base du crâne (GEOFFROY SAaiNT-HiLaiRE). Mais le plus souvent cette troisième pièce est unie par un ligament ou même fusionnée à un quatrième segment (LAUGIER, RETTERER, SAPPEY, POIRIER et MEUMER, MEUNIER, Parisot et Nicoras), qui lui, autant qu’on peut — 341 — en juger, est soudé à la base du crâne. C’est sur ce dernier et quatrième segment qu'il y à le plus matière à discussion. Lorsque la chaine n’est composée que de trois pièces (G. Sr-HiLAIRE et RerreRer, du côté droit), on considérait la pièce supérieure comme un stylo-hyal, ia moyenne comme un cérato-hyal et l'inférieure comme un hypo-hyal; c'était, en d’autres termes, revenir au type ternaire des Mammifères. Mais sur les sujets où il existe quatre pièces l'interprétation devient plus embarrassante. SAPPEY et RETTERER désignent ce segment proximal sous le nom de « prolongement hyoïdien » ou d’Capophyse styloïde » du temporal. Poirier et MEUNIER, par contre, considérant Ia troisième pièce comme un épi- hyal, (1) font de la quatrième un stylo-hyal. Il est difficile de trancher la question. Je ferai toutefois remarquer que le « prolongement hyoïdien » est représenté, à l'état normal, par une apophyse rudi- mentaire qui n'a que de simples rapports de contiguité avec la chaîne hyoïdienne, et se développe indépendamment de celle-ci, tandis que dans les cas d’ossification de Ja chaine elle serait énorme. Quelle relation pourrait-il v avoir entre l'apparition de noyaux osseux le long d2 Parc hyoïdien et l'hypertrophie d’une région du temporal ? Je crois, en définitive, et en me fondant sur tout ce que jai dit de l’homologie du squelette viscéral des Poissons avec lappareil hyoïdien des Mammifères et de l'Homme que le quatrième segment que l'on trouve parfois à l'extrémité proximale de la chaine comme dans les cas de Sappey, LAUGIER, RETTERER (côté gauche) PorRiER et MEUNIER, Parisor et Nicozas, est un stylo-hyal ou mieux un inter-hyal considérablement et anormalement développé. Le troisième segment est un épi-hyal pouvant être soudé soit à l'interhyal (comme dans notre observation) soit au cérato-hyal. Il me resterait à examiner un dernier point, c'est celui de la valeur qu'il convient d'attacher à ces formations si remarquables. Depuis que RETTERER à montré que lossification de la chaîne hyoïdienne se faisait suivant le processus normal, et que la genèse des articulations existant entre les différents osselets, était soumise à une loi analogue à celle qui (1) L'observation de Poirier et MEUNIER ne me parail pas très favorable à l'hypothèse qu'ils ont émise relativement à la constitution de « l'apophyse styloïde ». Si l'épi- hyal constitue la moitié inférieure de cet osselet on devrait, ce semble, surtou dans les cas anormaux d'ossification complète, le voir soit isolé (cas de MEUNIER soit soudé au stylo-hyal plutôt qu'au cérato-hyal. — — 942 — dirige la formation des cavités articulaires pendant la période embryon- naire, on ne peut plus dire avec GEOFFROY SAINT-HILAIRE, avec OLLIVIER, qu'il s’agit d’ossification accidentelle du ligament stylo-hyoïdien. Ce qui est incontestable aussi, c’est que l’ossification se fait toujours le long de la chaine à partir de certains centres, qui, malgré des irrégularités appa- rentes, se retrouvent toujours en nombre déterminé, jamais supérieur à quatre, ainsi que cela s’observe chez les Poissons. Ce n’est donc pas un hasard capricieux qui préside à apparition de ces osselets. On a dit et on dira encore que c'est l’âge qui est cause de cette transformation osseuse d’un appareil primitivement ligamenteux, mais outre que cette assertion perd la plus grande partie de sa valeur depuis l'observation de RETTERER, je ferai remarquer que le nombre de cas observées est trop peu important pour que l’on soit en droit de conclure, et je rappellerai les conclusions de Pgrer (loc. cit.) : «l’âge paraît n’avoir sur ces ano- malies (dimensions exagérées de la petite corne) qu'une influence secondaire, car cinq des cas les plus accentués se rapportaient à des individus âgés de 14 à 25 ans. » On conçoit facilement que la régression du cartilage de REIcHERT puisse être très variable; de fait, le ligament stylo-hyoïdien qui en est un vestige peut manquer complètement (Peter) et comme il est la condition sine quû non d'une ossilication, celle-ci ne se produira à aucune époque de la vie. Que si au contraire cette régression à été moins avancée, le tissu conjonctif résidual pourra à un moment donné et sous des influences inconnues recouvrer le pouvoir ostéogène qu'il conservait pour ainsi dire à l'état latent et les osselets apparaîtront, leur nombre étant déterminé par les lois de l’atavisme. L’ossification de l’appareil hyoïdien peut donc à juste titre être considérée comme une anomalie régressive, comme une véritable théromorphie. Lors mème qu'il serait démontré qu'elle se produit sous l'influence de la vieillesse sa valeur n’en serait pas amoindrie, et pour être une anomalie tardive, elle n’en mériterait pas moins une place à la quelle lui donne droit la haute portée qu'il convient d'attribuer aux anomalies en général. Nancy, le 29 Mars 1889. EXPLICATION DE LA PLANCHE VI 1 Pièce résultant de la soudure du stylo-hyal (Sth) et de l’épi-hyal (Eph). 2 Pièce moyenne (cérato-hyal). 3 Pièce inférieure (hypo-hyal). CH Corps de l’os hyoïde. mag Le travail précédent était déjà livré à limprimeur lorsque mon excellent ami M. le professeur TH. BarRois à bien voulu me com. muniquer deux pièces sèches d'appareils hyoïdiens ossifiés dépo- sées au musée de la Faculté de Médecine de Lille. L’une d’elles (fig. 1 du texte) a été présentée (1) à la Société centrale de médecine. du Nord par M. Houzé au nom de M. le Pr Fozer, alors étudiant en médecine. La deuxième n’a pas, que je sache, été décrite. Je tiens à donner ici une description sommaire de ces deux pièces. Hs Fig. 1. Sur la pre- mière pièce qui m'a été envoyée, la chaine hyoï- dienne gauche est incom- plète : elle est formée de 2 osselets. Le premier y (hypo-hyal) très court, long de 4 à 5mn s'articule d’une part avec los hyoïde à l’union du corps avec la erande corne, d'autre part avec le deuxième os. Celui- ci ch représente une tige longue de 5 environ, irrégulièrement cylindri- que et dont le diamètre diffère notablement sui- vant le point où on le considère : dans sa moitié inéreuremiVnarque 2 à mm, {andis que sa moitié supérieure progressivement renflée atteint, à son extrémité, 8mm, Ce deuxième osselet doit évidemment être considéré comme un cérato-hyal. La chaine hyoïdienne droite parait tout à fait intacte. Elle se compose de deux pièces. L'inférieure, hypo-hval, est identique à l’osselet distal du côté gauche. La deuxième, longue de 58mm, se juxtapose à la précédente par son extrémité inférieure. Son extré- mité supérieure ne faisait qu'adhérer à la base du cràäne par l’in- (1) Bulletin médical du Nord de la France, 3° série, Année 1861, Juin, page 187. — 344 — termédiaire d’un faisceau fibreux ou fibro-cartilagineux, car si l’on en juge par l'aspect de la surface légèrement convexe qui termine cette extrémité, il n’y a pas eu de fracture lors de la préparation " de la pièce, mais sim- Œ La plement décollement. Il ) en résulte que la tige : à É} toute entière appartient ‘ÿ à la chaine hyoïdienne | sans participation d’un fragment quelconque 4 k du temporal. Cette tige, Le épaisseetnoueuse, dont 11 le diamètre varie de | 3 à 6 et 8mm, présente sur différents points de sa longueur des renfle- ments qui sont situés le 1er à 18mm, Je 2% à Jgmm, le 3e à 48mm de l'extrémité inférieure. Les deux derniers très nets (2 et 3) corres- pondent à la soudure Lis] SE d'osselets primitive- ment distincts, et leur aspect est exactement le même que celui qui a été observé sur d'au- tres pièces (SAPPEY par ex.). Lerenflement infé- rieur, moins accentué ne parait pas être dû à la même cause; il semble plutôt être le résultat d'un amincis- sement brusque de la tige osseuse plutôt que le fait de la juxtapo- sition de deux extrémités osseuses renflées. D'ailleurs en comparant les deux chaines, droite et gauche, il semble évident que toute la Fig. 2 — 945 — partie de la chaîne droite comprise entre l'extrémité inférieure du 2 osselet et le 2 renflement (2) correspond à un osselet unique. En réalité donc, le deuxième segment de la chaine hyoïdienne droite serait formé de trois os, qui seraient l’inférieur (ch) un cérato-hyal, le moyen {éph) un épi-hyal; et le supérieur (ith) un inter-hyal ou stylo-hyal. EE, Fig. 2. Cette pièce présente, d’une part une articulation anormale de la grande corne de los hyoïde avec la corne supérieure du cartilage thyroïde, d'autre part une ossification des deux chaînes hyoïdiennes latérales. Je ne m'occuperai que de cette dernière anomalie. Les chaînes hyoïdiennes sont symétriques et constituées de chaque côté par trois osselets. Le premier (1), articulé avec los hyoïde, assez grèle et long de 15mm, est un hypo-hyal. Le deuxième (2), régulièrement aplati, long de 30m®.,, est un cérato-hyal. Enfin le troisième (3), courbé sur son axe, légèrement renflé à ses deux extrémités et pourvu de bords tranchants, doit, d’après ce que J'ai dit précédemment, être considéré comme un épi-hyal. Quels étaient les rapports de ce segment proximal avec la base du cràne ”? Je l'ignore complètement. Cependant, à droite son extrémité porte encore un vestige ligamenteux desséché, long de plusieurs millimètres qui prouve qu'il n’y avait pas soudure avec le temporal. — 346 — SUR LA FAUNE DU HABLE D'AULT Par R. MONIEZ Professeur à la Faculté de médecine de Lille (Fin) CLADOCÈRES * Sida crystallina O.-K.-M. — Peu commune dans le hable ; mare du feu de marée, à Cayeux. Daphnia Scehæœæfferi BairrD. — Commune partout le pays de Cayeux. Souvent attaquée par les Microsporidies. * Daphnia longispina LEYDIG — Abondante dans le hable; fossés à Saint-Valéry ; fossés de lancien château, à Cayeux. * Simocephalus vetulus MüLLer. — Commun partout: hable, fossé Bidalot, abreuvoirs des dunes, fossés du château de Cayeux ; Saint-Valéry. ° Scapholeberis mucronata MüLLer. — Dans le hable; peu abondante. Ceriodaphnia retieulata Jur. — Excessivement abondante dans le hable, dans les mares des dunes; mare du feu de marée, a Cayeux. Moina rectirostris MüLLer. — Je ne l'ai trouvée que dans une mare des dunes de Caveux dont l'eau était extrèmement chargée de calcaire: elle v était très abondante : les mâles étaient communs. ® Bosmina cornuta JUR. — Quelques individus pèchés au bord du hable pendant la Journée. lyocryptus sordidus Liv. — Ce remarquable Crustacé que nous avons Île premier trouvé en France, près de Lille, a été rencontré depuis par M. Ricaarp à l'étang de Brach (près Tulle), Il était très-abondant au milieu de la vase calcaire du hable, sur les bords. Je ne l'ai pas trouvé en d’autres points du département de la Somme. Notons que M. MoYNiER DE VILLEPOIX a rencontré de très rares exemplaires de la femelle de cette espèce, dans le département de la Somme, à Mareuil. — 347 — ‘ Hurycereus lamellatus MÜüLLER. — Commun dans le hable. Alona acanthocercoides FiscH — Celle espèce limicole n'était pas rare dans le hable et dans les mares des dunes. Trouvée aussi dans les fossés à Mesnilval, près du Tréport. Quel- ques individus montrent un très petit aiguillon accessoire, à la base des crochets post-abdominaux ; on sait que cet aiguillon accessoire est un des caractères les plus saillants de lAlona Leydigii, voisin de celui-ci. ‘ Alona Leydigii SCHoëpz. — Cette espèce trouvée en très petit nombre par M. Movynier DE Vizcepoix, à Abbeville, est peu abondante dans le hable, où je l'ai trouvée dans la vase; Je lavais rencontrée dans les mêmes conditions, dans les mares de la dune d'Ambleteuse près Boulogne-sur-Mer. Alona Moniezi RicHarp. — Celle espèce, découverte par RicHarDp à Vichy (1) parait avoir une aire de dispersion très étendue, du moins a-t-elle été retrouvée par ce savant au lac d'Enghien ; nous avons constaté sa présence dans les pèches faites par M. LETOURNEUX en Algérie et nous l'avons rencontrée au. marais de Santes près Lille ; nous en avons aussi pêché quelques individus dans le hable et dans la mare du feu de Marée de Cayeux. Alona costata Sars. — Le hable; mares des dunes; Mesnil- val; commune dans toutes ces localités. " Alona testudinaria FiscH — Fossés de l’ancien château de Cayeux. " Pleuroxus exceisus Fiscn — Cette très petite espèce, qui échappe facilement aux recherches, vit dans le hable et dans les fossés du château de Cayeux. * Pleuroxus nanus BAIRD. — Mèêmes localités. * Pleuroxus trigonellus MüLLER. — Hable d’Ault, fossé Bidalot; dans un puits à Cayeux. Pleuroxus personatus LEeYp. — Cette forme curieuse n'avait été jusqu'ici signalée en France que par J. RicaaRp : « cette espèce est fort rare dit-il (2), on la rencontre quelquefois à Vichy, au lac d'Aydat et au Croisie ». J'en ai récolté un unique individu dans le hable d’Ault. (1) RicnarD J. — Entomostracés noureaux où peu connus : Bull. de la Soc, zool. de France, (28 février 1888). (2) RicnarD J, — Copépodes et Cladocères non marins de la faune française, Revue scientifique du Bourbonnais, t. I (1888). — 948 —. * Chydorus sphærieus MüLLER. — Ce Cladocère, le plus géné- ralement répandu de tous, est très commun dans toutes les eaux que nous avons explorées à Cayeux. Leptodora hyalina LiLiJeB. — La Leptodore, cette forme géante parmi les Cladocères, n'avait encore été signalée en France que par Imnor dans les lacs du Bourget et d'Annecy et en Alsace- Lorraine (1): elle est connue dans un grand nombre de lacs des pays voisins ; c’est un type pélagique caractérisé. Nous n’avons récolté dans le hable qu'un seul individu de cette espèce, en pêchant sur les bords, mais nous ne doutons pas que nous l’aurions trou- vée en abondance en la recherchant, dans de bonnes conditions, au milieu de létang. L'individu recueilli était de taille moyenne. DECAPODES Palœmonetes varians LEACH — Cette espèce, à propos de laquelle M. TH. Barrois nous à donné un fort intéressant mémoire (2), est assez abondante dans le hable et les gens du pays lui donnent le nom de Salicoque, qu'ils appliquent aussi aux Palæmon serratus et squilla. Les individus que j'ai récoltés étaient tous de grande taille et atteignaient jusque 5 cent. 3 mill., du bout du rostre à l'extrémité de la queue, ce que l’on doit attribuer sans doute à l’in- fluence des dimensions du hable lui-même : on sait que les mêmes relations ont été observées pour différentes autres formes animales, entre leur taille et l'étendue du bassin qui les contient et nous ne rééditerons pas ce que l’on a écrit à ce sujet. Dans ces derniers temps, on a trouvé de P. varians dans un certain nombre de points des côtes de France, et on peut le suivre depuis Lorient, où la récemment trouvé M. pe GUERNE, par Honfleur (G. DE KERVILLE), Guernesey (KoLer), Cayeux, (Montez) Groffliers (Barrñoïs), Boulogne- sur-Mer (BoucHarD CHANTEREAUX) jusqu’en Belgique (V. BENEDEN). Il semble difficile d'admettre que cet animal ait püt être importé de l’eau douce dans le hable et il est plus vraisemblable d'admettre qu'il y est arrivé alors que cet étang communiquait largement (1) Imnor E.-0.— Die pelagische Fauna and die Tiefseefauna der zwei Savoyerseen, Lac du Bourget et lac d'Annecy: Zoolog. Anzeiger, t. VI (1883), p. 655. — Pelagische Thiere aus Susswasserbecken in Elsass-Lothringen : Zool. Anzeiger, t. VIIT (1885, p. 720. (2) Ta. Barrois.— Note sur le Palæmonetes tarians Leacu, suivie de quelques consi- dérations sur la distribution géographique de ce Crustacé : Bull. de la Soc. zool. de France, t. XII (1886). — 349 — avec la mer; c'est la première fois que cet animal est signalé dans nos pays dans une eau complètement douce. HYDRACHNIDES A part un petit nombre d'espèces comme la Midea elliptica et l’Arrenurus decurtator sp. nov. les Hydrachnides du pays de Cayeux sont toutes formes communes et de peu d'intérêt : nous en avons relevé la liste suivante Atax spinipes MüLLer. — Commun. Atax crassipes MüLLER — Peu abondant. Nesœa coccinea BRUz. — Les deux sexes assez fréquents dans les localités explorées. Nesœa luteola Kocx — Les deux sexes dans le hable. Nesœa mirabilis NEUM. — Le hable; mares des dunes. Nesœa communis. — Mares des dunes; le hable; commun. Nesœa fuseata HERM. — Peu commune ; mares des dunes. Nesœa Sp. 5. — Très voisine de la N. véridis MüLLer (N. uncata KoEx.) dont elle diffère toutefois nettement par la forme grèle et allongée de Particle terminal de la 3me paire de pattes. N. nodata MÜüLLER. — Représentée par la forme N. binotata Kr. qui, d’après KÔniIKE, serait son état jeune. N, variabilis Koch — Commune dans le hable et le fossé Bidalot ; représentée par la forme N. elliptica de KRAMER, qui en est le male d’après KôniKE et par la femelle (N. pulchra Kocu). Hygrobates longipalpis HERM. — Commun dans le hable et dans la mare du feu de marée. Midea elliptieca MüLLER. — Dans une petite mare de la dune de Cayeux; un exemplaire seulement, Axona versicolor MüLLER. — Le hable; fossé Bidalot; com- mune. Diplodontus despiciens MüLLEr. — Le hable; commune. Arrenurus globator MüLLER. — Plusieurs individus dans le hable d’Ault. Arrenurus notabilis à Barr. et Mon. — Un seul individu dans le fossé Bidalot, — 390 — Arrenurus decurtator. — Un seul individu #4 dans le hable d'Ault; je donnerai incessamment la description de cette espèce. Anurania Sp. — Il est probable que les Anurania représentent une phase de développement des Arrenurus, mais on ne possède aucun fait positif à ce sujet; deux formes dans le hable d’Ault. Limnesia histrionica HERM. — Abondante. Eylais extendens. — Assez abondante dans le hable. Hydrachna globosa DE GÉER. — Fossés au voisinage du hable; trouvé un % (mois d'août) (1). (1) GiarD vient de signaler, dans l’eau saumâtre du port de Wimereux et dans la Liane à Boulogne-sur-Mer, la présence des Cytheridea torosa et Loxoconcha elliptica, et le même auteur cite le Palæmoneles varians, comme ayant élé trouvé dans le Wimereux, « à deux kilomètres dans l'intérieur des terres, où l’eau n'est que très peu saumâtre » : Bulletin scientifique de la France el de la Belgique, 1" année, septembre à décembre 1888; paru le 14 mars 18S9,. Erralum : P. 277 (en note 1), ligne 2, ajouter : et voici le résultat qu'il a bien voulu nous communiquer : 1000 c. €. contiennent : Résidutsec al ARE NE EN 0 gr. 350 Matières organiques , . . . 0 gr. 115 On voit que le degré.de salure de l’eau du hable est en dessous de celui de beaucoup d'eaux potables. (Une bonne eau potable contient d'ordinaire de 0 gr. 20 à O0 gr. 60 de matières minérales par litre). — 391 — SUR UN STRONGLE de La paroi stomacale des Lièvres et des Lapins de garenne Par R. MONIEZ Professeur à la Faculté de Médecine de Lille. On connaît depuis longtemps plusieurs espèces de Strongles qui vivent en parasites chez les Lièvres et les Lapins: Sh'ongylus commutalus, relortæformis et strigosus et, tout récemment, Vox Lixsrow décrivait sous le nom de Str. blasit (1) un Strongle que RAILLIET rapporte avec raison, ce nous semble, au Str. strigosus de DuüJARDIN (2). Des trois espèces que nous venons de citer, la première vit dans la trachée et les bronches, les deux autres habitent l'intestin, dans lequel on les à toujours trouvées libres. Or, nous avons rencontré, il Y a quelques années, isolés les uns des autres sous la muqueuse stomacale de Lièvres et de Lapins de garenne, de nombreux individus d’un parasite du même genre, que nous n'avons pas vu dans le canal digestif et dont l'espèce est nouvelle : n'ayant, par hasard, récolté alors que des femelles, nous les avions prises, à un premier examen, fait plus tard, pour des Spiroptères et nous les avons indiqués sous ce nom en 1880 (3). Ayant eu l’occasion de retrouver récemment lé mème parasite et d'en examiner les mâles, nous avons reconnu qu'il s'agissait, non d’un Spiroptère, mais d'un Strongle que nous allons comparer aux espèces déjà connues et auquel nous laisserons le nom de Strongylus leporum. La cuticule de notre espèce est marquée de ces plissements réguliers simulant des anneaux, qu'il est fréquent de rencontrer A) V. Laxsrow. — Helminthologische Untersuchungen : Zoolog. Jahrbüeh : Abtheil : für Systematik, Géographie und Biolog'e der Thiere, t. 3 (1SS7), p. 100, pl. 2.) (2) Raïccier, A. — Sur l'identité du Strongylus blasii vox Linsrow el du Stongylus strigosus DusarniN : Bulletin de la Société zoolog. de France, EL. xIt (1888), pl. 210. (3) MoniEz, R. — Un Spiroptere d'espèce nouvelle: Bulletin scientifique du département du Nord et des pays voisins, 2e s., t. 11 (1880), p. 447, — 302 — chez les Nématodes, mais ces plissements ne sont point interrompus de distance en distance, de manière à former ces sortes d’arètes longitudinales, comme ïil en existe de 40 à 60 chez le Strongylus strigosus. La bourse caudale présente aussi des différences impor- tantes si on la compare à celle de cette dernière espèce : suivant RaAïLLiIET, © la bourse caudale chez le Str. strigosus est campaniforme, » profondément excisée en avant, légèrement bilobée en arrière ; les » côtes postérieures émanent d’un tronc commun beaucoup plus » long qu'elles et sont divisées en deux branches dont linterne, » un peu plus longue, porte deux papilles, l’externe n’en portant » qu'une ; côtes postérieures externes simples; les moyennes dédou- » blées ; les antérieures externes simples: les antérieures dédoublées. » Or chez le Str. leporum la bourse est trilobée, soutenue par dix côtes simples, avec la côte postérieure bifurquée dans son tiers inférieur ; chaque branche de bifurcation est divisée à son tour en deux lobes très courts, dont lexterne est beaucoup plus court que lautre. Les spicules du mâle ont à peu près la même longueur chez les Str. strigosus et leporum : RaïziEr, en eftet, leur assigne dans la première espèce de 4 mill. 10 à 2 mill. 40 et nous les avons vus, chez la seconde, osciller entre 1 mill. 980 et 2 mill. 030 ; pour le reste ils nous fournissent des caractères différentiels importants : ils sont indépendants l’un de l’autre, dilatés en palette à l'extrémité et profondément entaillés chez le Str. strigosus, d'après le dessin de von Lixsrow ; dans notre espèce, au contraire, ils s’élargissent insensiblement, sont réunis vers l'extrémité par une lame mince, de nature chitineuse et forment un canal étroitement ouvert au-dessus : cette soudure ne se montre quelquefois qu'à l'extrémité, et d’autres fois elles s'étend dans la moitié de la longueur des spicules ; à partir de là, les deux branches s’écartent à angle aigu. La lame chitineuse qui soude l'extrémité des spicules, les dépasse légèrement en formant une espèce de languette en dessous de laquelle on voit un crochet entaillé dans le spicule. — La largeur des spicules soudés, vers leur lextrémité, atteint 65 uw. alors que, pris isolément dans leur portion grèle, elle ne dépasse pas 22 w.; ces organes sont d’un rouge foncé dans toute leur longueur. La différence du Str. leporum d'avec le Str. retortæformis est tout aussi facile à établir, et il suflit pour cela d'examiner les spicules « épais, courts, à plusieurs pans et tordus » chez cette dernière — 353 — espèce, aussi différents que possible, par conséquent, de ceux du Str. leporum. Le Strong. commutatus Dies. est aussi bien différent de notre Sfr. leporum, car sa bouche est entourée de trois papilles qui n’existent pas dans notre espèce, la bourse caudale est bilobée et soutenue seulement par Cinq rayons. Les auteurs qui ont observé cet animal n’ont pas fait mention de ses spicules et, par suite de l’insuffisance des données à son égard, nous ne pouvons pousser plus loin la comparaison. Il nous reste maintenant à compléter la description du Strongylus leporum telle qu'elle ressort des comparaisons auxquelles nous venons de nous livrer. La femelle de notre parasite mesure un peu plus d’un centimètre de longueur et sa plus grande largeur est de 450 u; le mâle est un peu plus petit, il est plus grêle et sa plus grande largeur ne dépasse pas 270 u, (ces dimensions étant prises sur des individus comprimés dans une préparation) ; le corps s’amineit très sensiblement en avant, puis se rétrécit brusquement à la région buccale; celle-ci nous a paru munie de quatre lèvres égales et dépourvue de toute espèce d'appendices ; la bourse du mâle est très apparente à l'œil nu et le microscope montre qu'elle est striée longitudinalement dans toute sa longueur. Le liquide de la cavité du corps est rouge, et donne la coloration générale au corps du parasite. Tous les individus que j'ai observés portaient des œufs à tous les degrès de segmentation, mais je n'ai point trouvé parmi eux d’embryons développés ; ils ne sont protégés que par une mince membrane (ce qui est sans doute en relation avec lauto-infection, qui peut être facilitée ici, grâce à cette particularité que les lapins mangent leurs excréments). Ces œufs mesurent en moyenne 80 # de longueur sur 40 de large; ce sont à peu près les dimensions de ceux du Str. strigosus qui, d’après RAILLIET comptent de 98 à 106 de long sur 50 où 58 de large et on ne peut tirer de là un caractère différentiel. Les mâles sont notablement moins nombreux que les femelles. L’habitat particulier de notre Strongle, sous la muqueuse stomocale, à l’état sexué, est certainement à noter: nous nous sommes assuré que le parasite ne communiquait point par un orifice avec la cavité digestive : il se comporte ainsi comme la plupart des Spiroptères qui vivent à peu près dans les mêmes conditions ; ce n’est pas là toutefois — 994 — un fait isolé dans le genre Strongle et plusieurs autres espèces ont été trouvées sous la muqueuse de lappareil digestif d'hôtes très-variés ; malheureusement, on est loin d’être toujours renseigné sur la question de savoir si une communication existe ou non entre la loge du parasite et la cavité de l'appareil digestif, si le parasite se trouve à l’état sexué et si il ne se rencontre pas en même temps dans l'intestin à l'état de liberté. Le Strongylus leporum se trouvait communément en automne et pendant l'hiver dans les lapins de garenne, des dunes d’Ambleteuse (Pas-de-Calais) et, d’après les renseignements que m'a donné le professeur Barrois, il serait également très commun dans les mêmes conditions chez ceux de Groffliers (Pas-de-Calais); je lai aussi rencontré sous la muqueuse stomacale d’un Lièvre tué dans les environs de Lille et, tout récemment (mai 1889) je l'ai revu sur un lapin de garenne provenant de la forèt de Marchiennes (Nord). Ce parasite semble donc commun dans le Nord de la France et il est curieux qu’on ne l’ait pas encore signalé ailleurs. Il ne semble pas bien nuisible pour son hôte, du moins tous les lapins porteurs de ce parasite que Jai examinés m'ont-ils paru en excellente santé. : | — 9399 — NOTE SUR L'EYLATS ERYTHRINA Lucas par R. MONIEZ Professeur à la Faculté de Médecine de Lilie. Le genre Eylais, si nettement caractérisé par la structure de l'appareil buccal, ne renferme jusqu'ici qu'une espèce lEylais exten- dens MüLLer, bien reconnaissable à l'extrême réduction des plaques génitales et à l'absence de soies natatrices sur les pattes posté- rieures; c’est d’ailleurs à l’inutilité de la dernière paire de mem- bres pour la natation, que lPanimal doit son nom : il tient en effet pendant la nage ses pattes postérieures étendues sans leur imprimer de mouvement. Or, Lucas à décrit dans ses Animaux articulès de l'Algérie (1) une Hydrachnide qu'il à appelée Hydrachna erythrina et qu'il caractérise entr’autres par sa couleur rouge, marquée sur le dos de grandes taches noires et par sa bouche, formée d’un disque aplati au centre duquel est l’ouverture. Sa description comme les figures données par le savant français conviennent parfaitement à une Hydrachnide pêchée par M. LETOURNEUX dans les environs d'Alger et dont nous avons entre les mains un certain nombre d'exemplaires. Elle appartient inconstestablement au genre Eylais et non au genre Hydrachna. Il convient toutefois de noter, que quelques inexactitudes se sont glissées dans le dessin de Lucas : ainsi les deux plaques qui portent les yeux sont constamment réunies par une arcade de même nature à courbure postérieure et la dernière paire de mem- bres est totalement dépourvue de soies natatrices, comme cela se passe pour sa congénère. Sans y prendre garde sans doute, et en n'y attachant aucune importance, le dessinateur aura rendu ces pattes comme les précédentes. Lucas dit que son Hydrachna erythrina n'est pas rare aux envi- rons d'Alger, pendant lhiver et le printemps, particulièrement dans une petite flaque d’eau située en face du port des Anglais. (1) Exploration scientifique de l'Algérie pendant les années 1840 à 1842 publiée par ordre du gouvernement et avec Le concours d'une Commission académique. Animaux articulés par H. Lucas, pl. 22 fig. 6. — 356 — BIBLIOGRAPHIE Contribution à l'Histoire des Galles. — Étude anatomique de quelques espéces. — Par M. le D' H. Fockeu, licencié ès-sciences, préparateur d'histoire naturelle à la Faculté de Médecine de Lille. — (in-8° 110 pages avec 22 fiqures dans le tete). Ce travail est divisé en trois parties. L'auteur à fait précéder ses recherches personnelles des notions générales indispensables pour la compréhension du sujet, sans négliger le côté médical de la question. La première partie est consacrée à l'étude des Galles et de leurs habitants. Dans un court apercu historique sont indiquées les grandes étapes parcourues par les naturalistes dans ce vaste champ d'études : les différentes définitions, les causes et les classifications des Galles sont ensuite exposées et commentées. Les animaux et végétaux gallicoles font l’objet d’un chapitre spécial : Pauteur s'est contenté de citer les espèces les plus connues en s’occupant parti- culièrement de celles qu'il a observées dans la région du Nord. Les lecteurs de la Revue Biologique counaissent déjà le résultat des premières recherches de M. Fockeu dans cet ordre d'idées, nous n’insisterons pas sur ce point (1). Les données thérapeutiques et chimiques que nous possédons sur les Galles sont traitées dans la seconde partie. Toutes ces considérations sont condensées en quelques pages, les observations personnelles de l’auteur étant comprises dans la troi- sième et dernière partie de son travail, intitulée les Galles du Chêne. M. Fockeu à observé, jusqu'à ce jour, sur les Quercus pedun- culata et sessiliflora de notre région, 23 espèces de Galles réparties de la facon suivante sur les différents organes : 13 sur les feuilles, 2 sur la racine, 8 sur les bourgeons. Ses recherches anatomiques ont porté spécialement sur 9 espèces de Galles insérées à la sur- () Voir : Revue Biologique du Nord de la France, LT, n° 3, 4, 5. — 907 — face de la feuille et situées entièrement à la face inférieure de cet organe. Ces espèces présentent au point de vue anatomique des affinités très manifestes : elles sont habitées par des Cynipides appartenant aux genres Neuroterus, Dryophanta et Biorhiza. L'auteur les a divisées en trois groupes : le groupe des Neuroterus dans lequel il étudie les Galles des N. numismatis, lenticularis, lœvius- eulus et fumipennis ; le groupe des Dryophanta avec les espèces D. folii, divisa et longiventris et un troisième groupe dans lequel il réunit les Galles du Biorhiza renum et du Neuroterus ostreus. Les données anatomiques que nous possédions antérieurement sur ces Galles étaient bien restreintes; les auteurs qui s'en sont occupées s'étaient surtout appliqués à l'étude sommaire d'un type déterminé, sans rechercher les affinités qui permettent de rappro- cher certaines espèces les unes des autres. M. Focxeu à fait en quelque sorte l’anatomie comparée de ces tumeurs en les étudiant d'une façon approfondie au point de vue histologique. Les plus complètes présentent quatre couches concentriques de tissus : 1° l’épiderme ; 2° le parenchyme avec ses faisceaux libéro- ligneux ; 3° la couche protectrice ; 4° la masse alimentaire. Chaque issu est étudié sur des coupes transversales, c'est-à-dire pratiquées perpendiculairement à Ia surface du limbe foliaire et passant par le hile ou point d'attache de la Galle. L'épiderme avec ses dépendances à surtout attiré l'attention de l’auteur. L'arrangement symétrique des poils à la surface de cer- taines Galles, la couche d'air qu'ils emprisonnent et la coloration brunâtre de leur paroi propre, sont pour lui les seules causes des reflets métalliques qu'elles présentent. Cette enveloppe pileuse et très serrée constitue en outre un véritable feutrage, servant de tégument protecteur, chez les espèces qui doivent passer l'hiver sur le sol avant d'atteindre leur complet développement. Sur des coupes tangentielles ou sur des préparations obtenues par écrasement des téguments externes, l'auteur à pu mettre en évidence, d’une facon indéniable, l'existence de nombreux stomates à la surface des Galles. Ces organes qui avaient cependant échappé à des observateurs très expérimentés, présentent une localisation très manifeste. C’est ainsi. que, dans les Galles lenticulaires, ils sont toujours situés à la face inférieure ; dans les Galles sphériques ils sont plus abondants au pôle inférieur qu’au pôle supérieur, — 9358 — Dans les espèces du groupe des Neuroterus le parenchyme est littéralement bourré d’amidon. (Cette réserve amylacée résulterait, pour l’auteur, d’une transformation locale du principe chlorophyllien si abondant dans les cellules du parenchyme en palissade et du parenchyme lacuneux des feuilles du Chène : cette transformation s’effectuant sous l'influence de la piqûre de l’insecte. En faveur de cette hypothèse, il démontre qu’au point correspondant à l'insertion de la Galle il existe sur la feuille une zone étiolée, sans chloro- phylle, l'amidon étant par contre plus abondant en ce point que partout ailleurs. L'action de la piqûre se ferait donc sentir jusque dans le parenchyme foliaire. De même, les principes colorants des galles, qui sont concrétlés en fins granules mêlés aux granules d’amidon et qui sont surtout nombreux le long des parois cellulaires les plus externes, résulte- raient d’une modification locale de la chlorophylle. La question de l'insertion exacte des galles lenticulaires à la surface du limbe foliaire n'avait jamais été tranchée d’une façon nette par les auteurs qui s’en sont occupés. Ils aflirmaient tous, sans preuve, que ces galles devaient s’'insérer sur le parenchyme foliaire. C'était un point intéressant à élucider. M. Fockeu a porté toute son attention sur ce sujet. Il remarque d'abord qu'en examinant, mème à la loupe, la cicatrice laissée par la Galle, on constate, au niveau de la trace du hile, une vascula- risation spéciale : la maille parenchymateuse laissée libre, par les dernières ramifications des nervures, est elle-même traversée par une série de petits rameaux vasculaires qui émanent de la périphérie et semblent converger vers un point central. Cette disposition est rendue plus manifeste lorsqu'on laisse macérer la feuille pendant un certain temps dans une lessive de soude. La méthode des coupes permet de donner une explication de ce fait. M. Focxeu étudie le parcours des faisceaux et leur insertion : 1o sur des coupes transversales passant exactement par le centre du pédicule et affectant également la feuille support ; 2° sur des coupes pratiquées tangentiellement à la face inférieure de la feuille dans tout le trajet du pédicule. En rapprochant ces deux séries de coupes l’auteur est amené à comprendre de la manière suivante la façon dont les faisceaux gallaires se mettent en rapport avec les faisceaux foliaires. La piqure — 399 — étant faite au centre d’une des mailles du réseau vasculaire unique- ment formée de parenchyme, l'œuf qui y est déposé détermine une irritation et par suite une suractivité des tissus ambiants qui réagissent pour venir remédier à la mortitication locale. Les vaisseaux de la périphérie envoient vers ce point des ramifications, qui, en se réunissant, forment un anneau d'où émergeront les vaisseaux propres de la Galle. Ces considérations qui résultent de l'examen d’une quantité consi- dérable de coupes, permettent d'affirmer que la Galle du Neuroterus numismatis choisie comme type, s’insère toujours sur le parenchyme foliaire et jamais sur les nervures mème les plus fines. L'auteur a pu généraliser ces faits à toutes les Galles du groupe des Neuroterus. Au contraire les Galles du groupe des Dryophanta ainsi que celles du Neuroterus ostreus et du Biorhiza renum Ss'insèrent sur les nervures de la feuille et toujours sur les parties latérales de ces nervures. De plus, dans toutes les Galles étudiées, l'orientation des faisceaux libéroligreux est analogue à celle que lou observe dans 11 feuille. Le bois est tourné vers la cavité gallaire, le liber est extérieur au bois. En dehors de ces faits généraux, disséminés dans le travail, les résultats anatomiques spéciaux obtenus par lauteur sont énoncés dans le résumé qui termine la description de chacun des groupes étudiés. I. Les Galles du groupe des Neuroterus ont toutes un épiderme très différencié, garni de poils qui aflectent pariois une forme compliquée et une disposition très régulière. Ce revêtement pileux est surtout apparent à la face supérieure, la face inférieure étant réservée aux stomates. Toutes les cellules du parenchyme renferment une abondante réserve d’amidon se présentant toujours sous forme de grains arrondis à hile étoilé. Il n’y a pas ou très peu de chlorophylle, mais seule- ment quelques grains pigmentaires de couleur rouge. Le lannin y existe en quantité très appréciable. Les faisceaux fibrovasculaires circulent dans le parenchyme indépendamment les uns des autres. La zone protectrice présente une différenciation bien nette. Depuis l'espèce N. numismatis on peut suivre dans ce groupe une simpli- fication progressive qui va croissant jusqu'à l’espèce fumipennis. — 360 - IT. Les Galles du groupe des Dryophanta ont un épiderme épaissi d'une façon irrégulière et présentant des élevures surtout manifes- tes dans l'espèce longitentris. Le parenchyme ne contient pas autant d’amidon que dans les espèces du groupe précédent: le tannin y est très abondant. Les éléments qui constituent ce parenchyme sont des cellules rameuses, cylindriques, ou prismatiques. Les fais- ceaux fibrovasculaires qui y circulent contractent entre eux de nombreuses adhérences et forment un réseau analogue à celui de la feuille. La couche protectrice est très peu différenciée. Il existe dans le pédicule de la Galle un anneau vasculaire d’où émergent les gros troncs nourriciers de la tumeur. Dans le premier groupe, cet anneau äpparait en coupe tangentielle comme formé d’un lacis inextricable d'éléments ligneux, tandis que dans les Galles des Dryophanta il émane directement des faisceaux de la feuille qui conservent eh quelque sorte leur indépendance. HI. Enfin les deux espèces du troisième groupe, les Galles du Neuroterus ostreus et du Biorhiza renum ne présentent pas de cou- che protectrice, de sorte que le parenchyme proprement dit n’est pas nettement délimité de la masse alimentaire. Les faisceaux fibro vasculaires présentent dans leur disposition une asymétrie très marquée. Ces Galles sont souvent gemellées. Un fait d'un réel intérêt au point de vue biologique se dégage de cette consciencieuse étude. On peut conclure qu'il existe de orandes affinités anatomiques entre les Galles produites sur une mème plante par les insectes d’un même genre, du moins pour les groupes des Neuroterus et des Dryophanta. À lappui de cette thèse, il est bon de faire remarquer qu’AbLer, en se basant sur les caractères spécifiques, a rapproché le Biorhiza renum du Neuro- terus ostreus; or, M Fockeu à fait ressortir que les Galles habitées par ces insectes présentaient de nombreux caractères histologiques communs. ATOG5 LILLE, LE BIGOT FRÈRES. Le Gérant, TH. BARROIS. ANNÉE 1889. No 10. ler JuiLzer. REVUE BIOLOGIQUE DU NORD DE LA FRANCE Paraissant le 1°" de chaque mois RECHERCHES SUR LE GENRE HEDRURIS A PROPOS D’UNE ESPÈCE NOUVELLE, Hedruris oresti® Par R. MONIEZ Professeur à la Faculté de Médecine de Lille (PLANCHE VII.) Les Hedruris sont des Vers Nématodes de structure très diffé- renciée et surtout remarquables par cette curieuse particularité que l’on trouve toujours, dans certaines espèces du moins, le mâle enroulé autour de la femelle : ou sait que cette adhérence perma- nente des deux sexes ne s’observe que dans très peu de cas chez les animaux. Les Hedruris sont fort rares et leurs espèces peu nom- -breuses; on n’en connaît encore que quatre formes, les AH. andro- phora, siredonis, armata et hypsirhinæ. La première, la seule origi- naire d'Europe, n'a été vue que par un très petit nombre de natu- ralistes, les trois autres, parasites d’animaux étrangers, ont été observées par les seuls naturalistes qui les ont fait connaitre. L’Hedruris androphora, le plus anciennement connu, à été décou- vert par Nrrzcx (1) dans le Triton cristatus, espèce chez laquelle il se rencontre le plus habituellement ; il a été retrouvé « assez sou- vent » par CREPLIN dans le même animal (2) — c’est CREPLIN qui a fondé le genre fiedruris —; SCHNEIDER l’a aussi étudié (3) et MoLin, qui commet d’ailleurs à son sujet d'assez nombreuses erreurs, l'a. (1) Nirzcn Ch. — Art. Ascaris in Erscx et GRuBER : Allgem. Encyclop, d. Wissensch. t. 6, p. 48. — Les dessins de ScHMALz au sujet de cet animal, ne sont que la reproduction de ceux de Nirzcu (Cf. ScaMazz : XIX tabulæ anatomiam Entozoorum illustrantes (41831). (2) CREPLIN Fr. — Art. Eingeweidewürmer in Erscx et GRUBER : Allgem. Encyc. d. Wiss., t. 32 (1839), p. 281. (3) SCHNEIDER, A. — Monographie der Nematoden (1866), p. 107. — 362 — rencontré plusieurs fois chez les Triton vulgaris et cristatus; c’est aussi chez ce dernier animal qu'Orro l'a trouvé à Breslau (1). L'H. androphora à encore été trouvé chez le Bufo calamita à Berlin, chez le Bombinator igneus à Vienne et chez le Protée (Proteus anquinus) d'après BReMsER (2). C'est dans un Triton cristatus que nous l'avons rencontré; il n'avait pas été revu depuis SCHNEIDER et MoLin. Les données histologiques font défaut à l'égard de l’Hedruris andro- phora, et tout ce que l’on sait de cet animal se borne à la grosse anatomie; nos observations, bien que faites seulement sur deux individus, en mauvais état, nous ont permis de rectifier quelques points et d'ajouter plusieurs faits à nos connaissances à son sujet (3). L'Hedruris siredonis, indiqué par Baïrb en 1858, habite l'estomac de lPAxolotl (Siredon mexicanus) à Mexico: le mâle n'est pas connu et la description que l’auteur donne de la femelle est fort sommaire : nous la reproduisons en son entier : « Body 13 millimètres long, » + mill. broad, strongly striated across, narrower at the anterior » than the posterior extremity, this latter terminating in an obtuse » point furnished with what Diesing calls à suctorial papilla, by » which it adhered to the coast of the stomach of the Siredon. » Male ? » (4). PERRIER à fait connaître une troisième espèce, en 1871, dans un important mémoire qui est le plus étendu et le plus complet de tous ceux que l’on possède sur le genre Hedruris. LH. armata de . (4) Moun, R. — Prodromus faunæ helminthologicæ Venetæ : Denkrshrift d. math. naturw. (1860), p. 293, pl. X. (2) DiesixG, C. — Systema helminthum, €. 2, p. 205. (3) Sur une douzaine de Triton cristatus provenant des environs de Tournai et con- servés en alcool, nous avons trouvé un seul individu (femelle) porteur de lHedruris dans la portion antérieure de l'intestin ; les parasites étaient au nombre de deux, l'un enroulé autour de l'autre, à la façon que décrivent les auteurs, et nous ne doutions pas de posséder les deux sexes, quand l'examen microscopique nous a montré que nous avions affaire à deux femelles. Il sera bon désormais de regarder de près pour voir si, quand on constate l'enroulement, il s'agit toujours bien d'individus de deux sexes différents. Quoiqu'il en soit, nous l'avons cherché inutilement dans une soixantaine de Triton cris- Latus, alpestris et vulgaris pris dans les environs de Lille pendant les mois d'avril et mai. (4) Barp W.— Description of two new species of Entozoa : Proceed. of the zoolog. Society of London (1858), p. 225, pl. 52. — Reproduit in Annals and magaz. of nat. hist. 3" s. (1858), vol. 2, p. 307. — Je n'ai vu que cette reproduction donnée sans les figures. — 3635 — PERRIER à été trouvé en abondance dans la bouche de lEmys picta, Tortue très commune aux Etats-Unis et conservée dans la ménagerie du Jardin des Plantes à Paris (1). Nous n’analysons pas maintenant le travail de PERRIER sur lequel nous revenons presque à chaque page de ce mémoire. En 1875, J. CHarTin (2) a fait connaître une quatrième espèce d’Hedruris, l’H. hypsirhinæ, recueillie dans l'intestin d’un Serpent de Cochinchine, l'Hypsirhina Bocourti, elle est également fort peu connue et nous aurons vite fait de relever ce que l’on sait à son sujet. « Les individus males et femelles, dit CHaTIN, sont complètement » séparés, et sur aucun des exemplaires que J'ai étudiés, il ne m'a » été possible de trouver trace de cette soudure, ou du moins de » cet accouplement permanent, qui caractérise les autres espèces du » genre et qui à souvent permis de les comparer au Syngamus ou » au Distomum hœmatobium. » Le corps est d’un blanc jaunâtre, mesurant en moyenne 2 cent. » de longueur; on ne remarque pas les épines latérales indiquées » dans l’A. armata. Chez le mâle, on remarque dans la région » anale 12 tubercules ou papilles nerveuses..... L’extrémité posté- » rieure du corps de la femelle ne présente pas le même degré de » complication que chez l’H. armata; 11 n’y a pas ici de bourse » caudale. » La cuticule présente des stries très fines... que M. PERRIER a » retrouvées chez lH. armata. Dans cette espèce il existait de nom- » breux tubercules destinés à assurer l’adhésion du mâle et de la » femelle. Je n’en ai trouvé nulle trace dans les parents de l'Hypsirhina, » ce qui semblerait indiquer que les organes mâles et femelles » sont constamment séparés dans cet Hedruris » (sic). L'auteur donne ensuite quelques détails sans importance sur les muscles, le collier nerveux, la bouche, desquels ne ressort aucune particularité ; « l’æsophage, ajoute-t-il, se renfle dans sa portion ter- » minale, de manière à y revêtir une apparence claviforme, compa- » rable, à un certain point, à ce que l’on remarque chez certains (1) Perrier Edm.— Recherches sur l'organisation d'un Nématoide nouveau du genre Hedruris : Nouvelles archives du Museum d’hist. nat. de Paris, t. VII (1871) et Comptes- rendus de l’Acad. des Sc. vol. 72 (1871) p. 337. (2) Cmarmin J. — Etudes helminthologiques; deuxième série: Assoc. franç. pour PAvanc. des Sciences ; 4: session (Nantes 1875) p. 803, — 364 — » Sclérostomes ; il diffère complètement en cela de ce que lon » observe chez VA. armata. Les organes mâles se résument en un » long tube testiculaire se terminant entre deux spicules péniens » très longs et courbes.…, l'œuf est sensiblement elliptique, muni » d’un clapet. » Il est vraiment fâcheux que l'on ne sache pas, d’après cette des- cription, si la femelle est bien munie de ce crochet caractéristique qui termine le corps et dont l'existence a été constatée chez les autres Hedruris, et que l’auteur n’ait pas insisté sur l’absence de la bourse : on peut se demander si elle ne lui à pas échappé parce qu'elle n’était pas dévaginée. Enfin, nous avons trouvé une cinquième espèce d’Hedruris dans l’Orestias Mülleri, Poisson de la famille des Cyprinodontes qui, avec ses congénères, vit uniquement dans le lac Titicaca, immense éten- due d’eau sur le haut plateau entre le Pérou et la Bolivie, et dans d’autres lacs de la chaine des Cordillières du mème pays. Nous n'avons disséqué qu'un seul Orestias, qui nous a fourni neuf Hedruris rassemblés en un mème point de l'intestin moyen, tous bien séparés les uns des autres et parmi lesquels nous avons compté trois males et six femelles. Ces animaux étaient assez bien con- servés, malheureusement plusieurs d'entr'eux furent coupés dans l’incision de l'intestin. Avec des matériaux aussi restreints, nous n'avons pu faire l’étude complète de ces parasites et nous avons surtout porté notre attention sur la région buccale et sur les organes reproducteurs, avec leurs annexes : ce sont d’ailleurs les particularités fournies par ces appareils qui caractérisent le mieux le genre Hedruris et nous pensons que notre travail modifiera quelque peu les faits considérés jusqu'ici comme admis : nous énoncerons, au courant de cette étude, les résul- tats que nous à donné l'examen de l'intéressant H. androphora. Comme l’H. armata est la seule espèce du genre sur laquelle on possède des données anatomiques ou histologiques détaillées, c'est aux résultats énoncés par PERRIER, que nous allons comparer nos obser- vations sur l’H. orestiæ; nous passerons successivement en revue les tissus ou organes que nous avons pu étudier. Bourse caudale L’extrémité du corps des Hedruris se renfle chez la femelle pour LE former la bourse caudale, sorte de poche largement ouverte en avant par une entaille en forme d'arche, limitée par une épaisse cuticule. Cette bourse est entièrement tapissée par des écailles aux pointes aiguës et abrite un puissant crochet appliqué contre le fond, la pointe relevée, la portion convexe tournée vers l'ouverture. C’est cet appareil, que lon appellerait beaucoup plus exactement une ventouse, que nous allons étudier avec quelque détail. Les écailles qui tapissent toute la bourse caudale à lintérieur sont minces, disposées en séries régulières et très serrées, imbri- quées; leur forme est plus ou moins ovoïde et elles sont terminées par une ou deux longues pointes fort aiguës ; ces pointes mesurent 164% de longueur environ. Disons de suite qu'une disposition ana- logue s’observe vraisemblablement chez l’H. armata «les stries de la bourse caudale, dit PERRIER, présentent un caractère particulier ; elles ne sont pas continues, mais bien formées par une série de petites pointes saillantes très rapprochées les unes des autres ». — Moun a figuré des sortes de stries verticales sur la bourse de l’H. androphora, c’est là une erreur. Le crochet, renfermé dans la bourse caudale, est de structure et de mécanisme compliqués. Disons d’abord que sa partie fondamen- tale est une sorte de plaque en forme de fer à cheval fermé par le bas (fig. 1 a), dont la partie antérieure est arrondie en bourrelet et qui s’aplatit sur les côtés et. en arrière ; il est percé d’une large ouverture b, dont la plus grande partie est entaillée dans la portion antérieure ; à la partie supérieure et antérieure de cette sorte de plaque, se trouve le crochet proprement dit c, dont la cavité communique avec la lumière b ; ce crochet n’est aucunement percé d'une ouverture à son extrémité bien qu'en dise PERRIER et sa struc- ture ne diffère done pas de celle des mêmes organes chez les Cestodes ; sur les côtés du bourrelet naissent deux fortes apophyses e, dirigées en avant, en bas et en dehors. La plaque portant le crochet que nous venons de décrire s'articule, à son extrémité postérieure, avec une autre pièce de nature chiti- neuse (fig. 2 d) de forme à peu près carrée, incurvée sur les côtés, qui se prolonge en arrière par deux longues cornes de même nature (fig. 2 f et 5 d) sur lesquelles viennent s’insérer des muscles rétracteurs puissants dont nous parlerons plus loin. A l’état normal, et quand leurs connexions ne sont pas détruites, ces ie pièces ne se tiennent pas dans le prolongement du crochet, mais elles se recourbent, au contraire, pour devénir bientôt à peu près parallèles avec lui: ainsi repliée, toute cette annexe chitineuse; court d’abord contre les téguments dorsaux, puis les cornes se fléchissent fortement vers la partie ventrale, tirées par les muscles dont nous allons nous occuper maintenant. Du sommet des apophyses du crochet, nait une masse épaisse d’un tissu, de nature musculaire sans doute, qui vient envelopper toute la partie postérieure du crochet (fig. 1 g), comme le ferait une moitié de manchon (1). La fig. 1, montre cette enveloppe musculaire, rompue en h, par suite de la dilacération à laquelle l'appareil à été soumis : c'est en ces points que viennent s’insérer d’autres muscles qui sont représentés, rompus un peu plus loin, en arrière, dans la fig. 8 en a. Ces muscles ont pour rôle de porter le crochet en avant et, grâce à leur action, cet organe peut s'engager dans les tissus de l'hôte; ils sont de tous points remarquables : leur disposition les à fait comparer à un bouclier par PERRIER, qui les considère comme des cartilages destinés « à donner une très-grande solidité à la portion non rétractile de la bourse caudale »; c’est là une interprétation erronée : l’ensemble que forment les éléments de chacun d'eux rappelle un triangle, dont le sommet serait dirigé en bas : c’est par ce sommet qu'ils s’insèrent aux apophyses, après que leurs fibres ont formé une espèce de tourbillon. Ces fibres Ss’insèrent diversement par leur autre extrémité : les supérieures (fig. 5 en e) se perdent dans les muscles de la couche périphérique du corps. les moyennes (fig. 5 f) semblent, sur nos préparations, n'être point fixées à leur (1) « La base du crochet, dit Perrier /loc. cit. p. 25), semble enfermée dans une poche particulière formée par les téguments, dont nous ne voudrions affirmer positivement l'existence réelle, mais ce fait est de peu d'importance ». Les dessins d'ensemble du naturaliste parisien n’expriment pas cette particularité et ne montrent rien d’analogue à cette sorte de manchon, que nous figurons, en arrière du crochet. Mentionnons toutefois, à ce sujet, la fig. 17 de la pl. I, qui représente le crochet de l'H. armata et n’est pas sans traits de ressemblance avec notre fig. 4, qui représente le même organe, chez l'A. oresti® : la légende de la porlion marquée cr dans le dessin de PERRIER est oubliée dans l'explication des planches et le texte n'en parle pas; elle correspond, à n’en pas douter, à lenveloppe du crochet que nous avons marquée g dans notre dessin. Or, l'aspect de cette portion cr tel que le rend le naturaliste du Muséum est celui d’un organe de nature chitineuse — 9367 — extrémité ; les fibres postérieures /g) s’insèrent sur les longues cornes (fig. 5 d et 2 f) qui prolongent la partie basilaire du crochet. C'est l’ensemble de toutes ces fibres qui vient, en h, s’insérer vers l’extré- mité des apophyses qui se trouvent à la base du crochet. On voit que c’est là un appareil très puissant, dont le but est de faire basculer le crochet et de l’engager dans les tissus: toutes les fibres peuvent concourir au même résultat, puisque les cornes postérieures de l'appareil et les apophyses du crochet sont dirigées dans le même sens ; le mouvement en avant étant produit par les faisceaux anté- rieurs, attachés, comme nous l'avons dit, à la couche musculaire ventrale. Des muscles rétracteurs puissants viennent en outre s’insérer, en arrière de tout l'appareil, dans les tissus que nous avons repré- sentés schématiquement (fig. 8 en d, f,) Monux les a vus chez l’'H. androphora et les à représentés assez exactement (loc. cit. pl. V, fr TO NC) : Si les faisceaux supérieurs du muscle que PERRIER qualifie de bouclier vont se perdre dans les muscles ventraux sans modi- fier leur nature, au point qu'ils ne peuvent être considérés que comme une branche de la couche musculaire du corps, il n’en est pas de même des faisceaux postérieurs qui se rendent aux prolon- gements chitineux de lappareil de fixation: ils y adhèrent par l'intermédiaire d’une sorte de tissu conjonctif très ramifié que nous avons figuré schématiquement et ces diverses insertions se voient de la façon la plus nette. Quant aux fibres moyennes, nous n'avons pu voir leurs connexions, soit qu’elles se trouvent constamment rompues par la pression du couvre-objet, soit qu’elles s'unissent à Ia paroi du corps par une zone cConjonctive très courte qui échappe lors- qu'on la voit de face. Quoiqu'il en soit, c’est sans doute cette parti- cularité des fibres moyennes, généralisée par PERRIER, qui à entrainé son interprétation : pour lui, en effet, toutes les fibres de ces prétendus boucliers se terminent de Ia même façon et sont libres à leurs deux extrémités. Le mécanisme de Ia fixation nous paraît être le suivant : les muscles en bouclier, par celles de leurs fibres qui sont insérées sur les cornes postérieures de l'appareil, le font basculer de telle facon que la partie convexe du crochet se tourne en arrière, devenant perpen- diculaire à sa première direction : dans ce même mouvement, la pointe pe du crochet est dirigée vers l’ouverture de la bourse; sous l’action des fibres moyennes et principalement des fibres supérieures insérées sur les apophyses, la pointe du crochet s'engage sous la muqueuse, en même temps que la bourse s'étale à la surface de cette dernière et la pénètre également par ses nombreuses épines, ce qui rend l’adhérence bien plus intime. Peut-être même le crochet n’a-t-il d'autre fonction que de déterminer l’adhérence de la bourse sur la muqueuse et se dégage-t-il aussitôt qu'elle est effectuée; quoiqu'il en soit, une fois engagé sous la peau, le crochet, s’il y demeure, est fortement maintenu en place par sa concavité qui retient, pour ainsi dire, une anse de tissus. Si nous comparons maintenant les résultats que nous venons d'exposer aux données fournies par PERRIER, à propos de son FH. armata, nous constatons des divergences assez importantes et qui ne peuvent être attribuées à la différence des espèces observées. D'abord, constatons que PERRIER, Comme ses prédécesseurs du reste, semble admettre que la bourse caudale puisse se dévaginer naturellement; nous sommes d'avis que cette poche ne peut se retourner et qu’on ne la voit ainsi que dans le cas où Panimal est écrasé sous le couvre-objet, dans une préparation, ou lorsqu'il a été arraché par violence de la muqueuse sur laquelle il est fixé : s’il en était autrement, d’ailleurs, la fixation du parasite serait bien moins ferme et les écailles épineuses qui tapissent la bourse seraient sans utilité. Pour que la bourse se renverse: au dehors, pour qu’elle se dévagine comme le figurent les auteurs, il faut que les muscles insérés sur les apophyses du crochet se rompent et c’est dans cet état que les montre la fig. 6. C'est souvent ainsi qu'on voit ces tendons, rompus un peu au delà de l’extrémité du muscle, quand la ventouse est évaginée, mais il peut arriver aussi que la rupture se fasse plus ou moins près des apophyses, d’où une différence d'aspect qui se conçoit facilement. Il n’est pas douteux, pour nous, que les prétendues glandes à venin, décrites et figurées par PERRIER comme se rendant au crochet, ne soient autre chose que les tendons des muscles dont nous venons de parler, rompus dans leur portion initiale, près du muscle, et il suflit pour s'en convaincre, pensons-nous, de comparer notre dessin (fig. 6) à ceux que donne Perrier dans ses figures 13 et 14. Il est peut-être bon de rappeler à ce propos que, contrairement à ce — 369 — qu'avance le savant parisien, le crochet n’est pas ouvert à son extrémité, ce qui est une sorte de preuve indirecte de la non existence des glandes en question (1). Il eut été d’ailleurs bien étonnant de trouver un appareil de cette nature dans l'organe fixateur d’un parasite interne. Le bourrelet qui porte le crochet proprement dit est de forme diffé- rente et les fortes apophyses, qui jouent un rôle si important, quand le crochet s'engage dans la muqueuse, seraient absentes dans l'espèce étudiée par PERRIER ; la plaque à peu près carrée, articulée avec la base du crochet (fig. 2 d) serait de forme triangulaire chez l’H. armata et les deux cornes (fig. 2 f) qui, dans notre espèce, sont le prolongement de cette plaque, seraient, dans l'espèce de PERRIER, deux pièces indépen- dantes, flanquées sur Le côté et dans presque toute la longueur de la pla- que triangulaire. De plus, une espèce de bouclier, -disposé en arrière du crochet sur le dessin de PERRIER où elle est marquée des lettres 67, (appliquées dans le texte au crochet), semble former un trait caracté- ristique de VA. armata, mais nous avons dit plus haut (p. 366 note 1) que cette espèce de plaque nous parait correspondre au manchon, de tissu conjonctif sans doute, que nous avons décrit et figuré (fig. À en g) et qui s'appuie sur les apophyses (2). Appareil firateur du mâle PERRIER à décrit, chez le mâle de son Hedruris, la disposition remarquable d’une portion assez étendue de la région ventrale, située en avant de lanus et qui est habituellement enroulée autour du corps de la femelle, de manière à former une hélice aux tours serrés : (1) LeuckarT, qui semble avoir observé les Hedruris, dans son analyse du travail de PERRIER, après avoir mentionné que, d’après cet auteur il existe à l'extrémité caudale de la femelle deux (sic) paires de glandes ajoute : « bei H. androphora, wo sie gleichfalls vorhanden sind, als einfache zellen erschenein ». PERRIER ne parle que d’une paire de glandes et LEuckART seul mentionne l'existence de ces corps chez l’'H. androphora. D’après nos observations, les faits seraient, chez cette dernière espèce, identiques à ceux que nous avons constatés chez l'A. orestiæ. CÊ. LeuckarT, R. : Bericht üub. die Leistung. in den Naturg. d. nied. Thiere währ. der Jahre 1870 et 1871 in Archiv. für Naturg. (1874) t. 2, p. 69. (2) Rappelons que, d’après CHaTIN (loc. cit) il n'existe pas de bourse caudale chez la femelle de l'A. hypsirhinæ. Cette affirmation mérite d’être confirmée, d’au- tant que, d’après ce qu’il en a publié, l’auteur semble n'avoir pas étudié à fond son Hedruris et n’en avoir parlé, pour ainsi dire, qu’incidemment. AR pr ES ce sont des tubercules chitineux, de forme rectangulaire, placés suivant de nombreuses séries longitudinales, dont l’ensemble est considéré par l’auteur «comme une véritable ràpe qui constitue le véritable organe d’adhérence des deux sexes». Ces papilles n'ont pas été signalées chez l’H. androphora et Caarix dit les avoir cherchées en vain chez l'H. hypsirhinæ: l'observation attentive des trois mâles de l’H. orestiæ que nous avons eus à notre disposition ne nous les a pas fait rencontrer davantage. A la vérité, on pourrait expliquer cette différence en disant que l’Æ. armata J est, comme l’H. androphora, habituellement fixé sur la femelle, ce qui n'est pas le cas pour les H. hypsirhinæ et orestiæ, qui doivent être dépourvus, en consé- quence, de ces papilles adhésives, mais il n’en faut pas moins, chercher pour ces dernières espèces, l'organe qui permet l’adhérence des deux sexes pendant le temps, si court qu’il soit, de l’accouplement ; et si une même disposition se retrouve chez les H. androphora et armata, il serait bien difficile de lui refuser là le rôle qui lui aura été reconnu ailleurs. Ceci sans rien préjuger, bien entendu, du rôle des papilles décrites par PERRIER, qui peuvent parfaitement venir renforcer l’action des organes d’adhérence proprement dits. Or, si l’on examine, par le côté, un mâle de lH. orestiæ, on voit, en arrière de l'ouverture génitale, une série de corps cylindrique, au nombre de huit, qui traversent la cuticule et viennent comme épanouir la portion centrale de leur sommet, au travers une ouverture de ce tégument (fig. 3); en arrière, ces organes cylindriques pénètrent à l’intérieur du corps, pour y recevoir sans doute des nerfs ou des muscles, nous n'avons pu les suivre et voir nettement ce qui se passe à leur extrémité. Ces sortes de papilles sont formées d’une enveloppe granuleuse disposée autour d’un corps de même forme, d'aspect plus clair, arrondi en arrière, solide dans toute son étendue et manifestement privé de connexion avec un vaisseau quelconque et, en particulier, avec la vaste dilatation vasculaire qui, chez l'A. orestiæ comme chez V'H. armata, remplit toute la partie postérieure du corps. C'est ce cylindre interne qui, dans nos préparations, vient s’étaler légèrement à la surface de la cuticule comme par une boutonnière : il est vraisemblable que, sur l'animal vivant, cette espèce de hernie du cylindre interne peut être beaucoup plus accentuée. Les papilles que nous décrivons sont courtes, larges et aplaties, à la partie postérieure — 371 — A du corps : elles s’allongent à mesure qu’elles se rapprochent de l'ouverture génitale et les dernières d’entre elles sont relativement très longues, mais leur structure ne change pas, malgré ces modifi- cations de forme. Notons encore que, en outre de la série médiane que nous venons de décrire, on en trouve de chaque côté deux autres qui forment un total de cinq séries de papilles, très rapprochées les unes des autres et toutes situées au côté ventral. Or, on a indiqué chez lH. androphora, dans le même point, deux séries de sept papilles qui n’ont pas été étudiées et qui, évi- demment, correspondent à celles que nous venons de décrire; d’après CHATIN, il existe douze papilles creuses dans la région anale du mâle de VA. hypsirhinæ « papilles qui ne peuvent être évidemment regar- » dées comme des papilles nerveuses » dit cet auteur et enfin, PERRIER à figuré dans la portion post-anale de son Hedruris des corps qui correspondent tout à fait à ceux que nous venons de décrire, mais qu'il interprète d’une facon toute différente : pour lui, ces papilles sont creuses et elles ne sont autre chose que les orilices extérieurs de la poche à parois glandulaires qui remplit toute la cavité caudale chez le mâle (1). Le savant professeur du Muséum combat l’opinion de SCHNEIDER, qui les considère comme des papilles nerveuses et cherche, dans l’anatomie comparée des Nématodes, des moyens de corroborer s1 propre manière de voir. A la vérité, il fait remarquer que la femelle manque de ces orifices postérieurs, mais cette modification importante ne l'arrète pas: « cette singularité, dit-il, paraîtra moins grande, si l’on se rappelle » les modifications considérables qu'a dû subir dans la région pos- » térieure le corps de la femelle, pour arriver à produire la bourse » caudale et les organes qui en dépendent. » L'anatomie comparée elle-même, en admettant que les déductions qu'on en tire soient Justes, ne peut aller contre les faits et ce seraient bien là des orifices en relation avec la volumineuse vésicule qui remplit l'extrémité du corps, si l’on pouvait constater que les papilles sont creuses, communiquent avec elle et s'ouvrent à l’exté- rieur; à la vérité, le dessin d'ensemble de PERRIER (pl. 1, fig. 12) (1) Une poche semblable, dont nous n'avons pas recherché la signification, existe aussi chez l'Hedr. orestiæ et occupe tonte la portion postérieure du corps, en arrière de l’ouver- ture génitale, — 372 — parait concluant à cet égard et on y voit les papilles en question se terminer au-dessus de la dilatation vasculaire et en apparence dans cette dilatation; mais ce dessin d'ensemble, qui représente la partie postérieure du corps, n'a pas la précision nécessaire et les vrais rapports n'y sont pas marqués suflisamment : on ne voit pas les papilles s'ouvrir à l'extérieur, ni déboucher dans la dilatation vasculaire; 11 semble, en un mot, et c’est l'effet que produit ce dessin, que l'auteur n'a figuré que sa première impression et n'a pas cherché à approfondir la nature de ces organes: c’est à peu près, en eflet, ce que nous a fait voir le premier examen de notre Hedruris vu de côté, qui nous à montré les papilles se terminant au-dessus de la dilatation vasculaire, mais quand nous avons cher- ché avec plus de précision, nous n’avons pu voir ces papilles s'ou- vrir dans le vaisseau; au contraire, elles se terminent par une pointe mousse, et il est absolument certain qu’elles ne sont pas creuses, partant qu'elles ne s'ouvrent pas à l'extérieur. Ce ne sont done point des canaux excréteurs. Déjà LeuckarT (loc. cit.) avait combattu la manière de voir de PERRIER € die Schwanz papillen des. Männchens, dit-11 dans son » analyse du mémoire de cet auteur, werden (sicherlich mit » Unrecht) als die hinteren Ausmündungsstellen des Excretionsorganes » gedeutet » Le savant helminthologiste n'attribue point de rôle à ces papilles qui, pour nous, ne sont autre chose que des organes destinés à permettre l’adhérence du mâle sur la femelle. Appareil génital. L'appareil génital mâle de PA. armata est formé d’après PERRIER € d’un » long tube mesurant de un à deux dizièmes de millimètre, qui » constitue le testicule. Ce tube pénètre inférieurement entre deux » spicules égaux, en faucille, enveloppés d’une bourse ». Les choses sont un peu différentes chez l'A. orestiæ: le testicule est un cul de sac relativement large; un peu sinueux, mesurant 225 4 de longueur sur 55 de large; il est tapissé de grosses cellules qui ménagent une étroite lumière et les spicules, entre lesquels i] va aboutir, sont très longs, très grèles, flexueux, très différents, par conséquent, de ceux de l’A. armata qui ont une courbure simple et sont relativement courts et très larges, d’après le dessin de — 93173 — PERRIER (1); ils mesurent dans notre espèce 80 & de longueur, sur un peu plus de 6 y de large vers l'extrémité; c’est vers le ! de leur longueur, comptée à partir de la base, que va se jeter le canal déférent, après s'être élargi en une sorte de vésicule; les spicules sont enveloppés en arrière par une forte couche de muscles (2). Quant à l'appareil femelle, nous n'avons observé que la vulve, insérée à la partie supérieure du corps, à peu près au même point que dans l’H. armala. Œufs. Les œufs de l’Æ. orestiæ se développent complètement dans l'organisme maternel. Ils différent de ceux de l’H, armata; d'abord leurs dimen- sions ne sont pas les mêmes: dans cette dernière espèce, ils mesurent 50 4 de long sur 25 » de largeur à peine, dans notre espèce, la longueur est d'environ 32 & de long sur 10 de large. La forme est donc différente et les œufs sont beaucoup plus allongés chez l'H. orestiæ; J'ajoute qu'ils ne sont pas tronqués aux extrémités comme ils le sont chez VA. armata. En ce point, leur coque s’amincit con- sidérablement, ainsi que nous l'avons représenté; la même disposition s'observe sur les œufs de l’H. androphora et c'est peut-être le même fait, chez les autres espèces, qui à donné lieu à l'interprétation de clapets qui s'ouvrent pour laisser passer l’embryon. Les deux femelles d’H. androphora que nous avons examinées nous ont montré, au point de vue des œufs, une variation assez curieuse : chez l’une d'elles, tous les œufs et les embryons, encore enfermés dans leur coque, portaient, aux deux extrémités de leur petit diamètre, un volumineux tubercule de nature chitineuse, — particularité comptée d’ailleurs comme caractère spécifique par SCHNEIDER et qu'on n'observe pas chez l’H. armatla; dans la seconde (1) CÊ Perrier : Loc. cit. pl. 1, fig. 21. — Ce dessin ne porte pas de légende; il ne montre pas la poche musculaire qui enveloppe les spicules dans notre espèce et il n’y est pas fait allusion dans le texte; l’auteur figure un muscle rétracteur des spicules qui s’insérerait en arrière de ces organes ; les spicules d'après le dessin, paraissent de structure compli- quée, alors qu'ils sont très simples chez l’H. orestiæ: l'auteur ne fait pas allusion à ces particularités qu’il a figurées. (2) Rappelons que d'après CHaTiIN, les spicules sont très longs et courbes chez l'H, hypsirhin®, tandis que d’après SCHNEIDER, ils sont courts, chez l'H. androphora, assez analogue par conséquent à ceux de l’H. armata. — 374 — femelle, au contraire, un petit nombre seulement d’œufs ou d’em- bryons présentaient les mêmes tubereules bien développés et, chez tous les autres, ils n'étaient que très faiblement développés, ou même si peu indiqués, qu'ils auraient très facilemeut échappé à l'observation. Comme chez la plupart des parasites, les œufs des Hedruris sont en nombre énorme chez les femelles adultes et ils bourrent le corps d’un bout à l’autre, en refoulant les organes. Souvent les œufs et les embryons adhèrent tellement entre eux par l’intermé- diaire d’une substance qui provient des œufs en régression, que la dilacération est nécessaire pour les isoler. La mème chose s’observe fréquemment chez d’autres parasites (Trematodes, Cestodes). Système nerveux | Si nous ne nous sommes abusé, le système nerveux central de notre Hedruris est reporté beaucoup plus loin en arrière que chez les H. armata et hypsirhinæ et il est situé presque à l'extrémité de l’æsophage, où il revêt l'apparence figurée par PERRIER; nous ne l’avons bien vu que sur l’un de nos échantillons, encore les éléments qui s'en détachent nous ont-ils échappé. Appareil buccal On sait que le genre Hedruris est caractérisé, entr'autres parti- cularités, par l'existence de quatre lèvres buccales disposées symétriquement. La forme de ces organes semble être sensiblement la même pour toutes les espèces, du moins en ce qui concerne les H. armata, orestiæ et androphora : signalons toutefois une légère différence à propos des lèvres médianes (lèvres dorsales de PERRIER); elles ne sont pas, chez l'A. orestiæ, tronquées à l'extrémité comme dans l’H. armata, mais arrondies et, au lieu d’être plus courtes, elles dépassent les lèvres latérales. Les lèvres des Hedruris sont des appendices de nature chitineuse que l’on a comparées pour la forme à la feuille du Trèfle ; il s’insère contre elles, au côté interne, des masses charnues, plus volumi- neuses sur les lèvres latérales, à propos desquelles nous devons nous arrêter un instant. Cette masse charnue, « cette pulpe granuleuse, dit PERRIER, est « formée de cellules très nettes, pourvue de gros noyaux, grosses — 375 — » et au nombre de trois pour la feuille moyenne du trèfle, plus » petites et plus nombreuses pour les feuilles latérales. Les cellules » de la feuille médiane se terminent inférieurement en fibres ; ces » dernières vont s’insérer sur une coupe chitineuse qui surmonte » l’æsophage. Les cellules des feuilles latérales se prolongent égale- » ment en fibres, mais ces fibres se prolongent obliquement et il » nous à semblé qu'elles s’inséraient, en se croisant avec elles du » côté opposé, en un point des lèvres médianes... Les lèvres » dorsales sont presque exclusivement chitineuses. Cependant, immé- » diatement au-dessus de la base... on voit sur la ligne médiane un » espace circulaire d'apparence pulpeuse, que nous croyons être la » région d'insertion des fibres obliques que nous avons décrites dans » les lèvres latérales. » Nos observations sur l’{. orestiæ nous ont conduit à des résultats un peu différents de ceux que nous venons de transcrire. Et d’abord, nous n'avons pas reconnu les éléments cellulaires en petit nombre dont parle PERRIER ; dans notre espèce, la masse charnue qui s’in- sère à la face interne des quatre lèvres est formée d’un tissu de fibres, de nature musculaire sans aucun doute qui, vu de face, semblent disposées en éventail; nous avons vu, avec la plus grande netteté, d'importants faisceaux de ces fibres se détacher, aussi bien des lèvres médianes (lèvres dorsales de PERRIER) que des lèvres latérales, pour aller se perdre dans la couche musculaire longitu- dinale du corps, tandis que de gros cordons formés de ces mêmes éléments, allaient s’insérer sur la portion initiale et de nature chitineuse de l'œsophage. Il est également certain que d’autres fibres, provenant de cette masse charnue qui s’insère à la face interne des quatre lèvres, vont se rendre aux lèvres voisines, ce qui doit les maintenir rapprochées entre elles et s'opposer à leur écar- tement. PERRIER à cru observer ce dernier fait sur l’H. armata. La fig. 4 (pl. VII) qui représente une lèvre médiane vue de côté, montre que, contrairement à ce qui se passe d’après PERRIER chez VI, armata, 11 existe, derrière cet organe, une masse musculaire assez volumineuse, bien qu'elle soit moins puissante et occupe un espace plus restreint que celles des lèvres latérales; on voit de plus, dans notre dessin, que les lèvres médianes ne sont pas simplement le point de rencontre des faisceaux musculaires qui se détachent des lèvres latérales, mais qu'elles émettent des faisceaux propres se ren- — 316 — dant à la couche longitudinale du corps et au sommet de l’œso- phage (fig. 4, 4, c); on voit en outre un faisceau musculaire b se rendre dans la moitié supérieure de la lèvre et monter jusque son extrémité : la fonction de ce dernier faisceau doit être de fléchir légèrement l'organe en dedans. Les faits nous ont paru être les mêmes chez l’H. androphora. Nous avons également noté quelques différences entre la descrip- tion de l’H. armata et les faits que nous avous observés chez l'A. orestiæ, au sujet de la partie chitineuse des lèvres. « On représente toujours, dit PERRIER, les deux lèvres latérales » comme indépendantes l’une de l’autre : c’est là une erreur. Les » deux feuilles latérales de chaque trèfle émettent chacune un arc » chitineux qui va rejoindre le point symétrique de la feuille opposée. » Il en résulte deux commissures entre lesquelles passe le bord » interne du trèfle pour aller rejoindre la paroi du corps (1). » Une observation très attentive ne nous à pas permis de retrou- ver cette disposition, pas plus chez l'A. orestiæ que chez l’'H. andro- phora et nous doutons que cette connexion puisse exister; nous nous demandons même, si l'affirmation de PERRIER ne repose pas sur une erreur d'observation et si ces arcs chitineux sont autre chose que les gros faisceaux musculaires représentés en «a (fig. 1), dans notre dessin de la masse musculaire des lèvres médianes ; du moins ceux-ci ont-ils, chez notre espèce, à peu près les mêmes dimensions et la même situation, que les commissures chitineuses figurées par PERRIER. Si celles-ci existaient, elles s’opposeraient d’ailleurs au fonctionnement de l’appareil buccal, tel que le conçoit lé naturaliste parisien ; tout au moins, semble-t-il, le déplacement des lèvres, serait extrèmement limité. Quoiqu'il en soit, le fonctionnement de l'appareil buccal est assez difficile à interpréter et notre manière de le comprendre, s'éloigne de celle qu'a proposée PERRIER ; en eflet, tous les muscles que nous avons vus dans cet appareil sont insérés au côté interne et ne peuvent donc jouer un autre rôle que celui de fléchisseurs ; ils ne peuvent tendre qu'à rapprocher les quatre lèvres entre elles. Nulle part nous n'avons pu trouver trace d’abducteurs et nous n'avons (1) PERRIER renvoie par erreur à la fig. 4, de sa pl. I, c'est à la fig. 3 que ces arcs sont figurés. pas vu, à la base des quatre lèvres, de sphincter qui put les faire basculer par un mouvement d'ensemble. Si un tel mouvement existe bien, il doit être dévolu à des muscles de la couche musculaire lon- gitudinale insérés, non directement, mais sur le côté, et qui nous ont tout à fait échappé. Il est plus simple d'admettre, conformément à la structure que nous venons de décrire, que, à la suite des contrac- tions musculaires qui rapprochent les quatre pièces de l'appareil buccal, c’est le simple relâchement des mêmes muscles qui réta- blit l’état primitif : il est certain, d’ailleurs, que l’écartement des lèvres ne peut être que fort restreint, étant donnée l’existence des brides musculaires qui les relient entre elles et que nous avons décrites plus haut. Il est vraisemblable que lappareil, lorsqu'il fonctionne, se borne à pincer fortement une portion de la muqueuse intestinale de l'hôte, de manière à la faire exsuder à portée de la bouche. Nous avons constaté avec la plus grande netteté, sur des prépa- rations que nous conservons, une disposition dont PERRIER ne fait pas mention à propos de l'A. armata et qui nous paraît impor- tante, en ce sens qu'elle nous permet de comprendre beaucoup mieux le fonctionnement de l’appareil buccal. En eflet, d'après ce que nous avons vu jusqu'ici, et suivant ce que l’on connait de la structure des Hedruris, d’après les travaux des auteurs, on ne voit pas bien comment les liquides ou autres aliments du parasite peuvent arriver dans l’æœsophage : l’espace situé entre ce dernier appareil et le sommet des lèvres est assez étendu, or, celles-ci par suite de l'existence de muscles qui les relient entre elles, ne peuvent s’écarter suffisamment pour mettre le haut de l’æsophage en contact avec la muqueuse de l'intestin de l'hôte, ce qui serait cependant indispensable pour permettre la suc- cion, les lèvres ne pouvant former à elles seules un tube continu et ces organes ne pouvant se renverser en dehors pour permettre ce contact. Or, il existe une sorte de tube de nature indéterminée qui s'élève du sommet de l’æsophage (fig. 11 a) et se dirige en avant, sans que nous ayons pu voir où et comment il se termine, caché qu'il est par les masses musculaires des lèvres médianes nous ne pouvons douter qu'il ne se dirige vers l'organe, marqué b dans le même dessin, dans lequel ïl doit s'engager, quand il est en fonctionnement du moins. Au-dessus de ce tube né de l’æso- phage, on en voit un autre (fig. 11 b) évasé en entonnoir, aux parois granuleuses, qui se rattache manifestement par sa base, tel qu'il est figuré, aux rebords internes des lèvres latérales avec les- quelles il est ainsi en parfaite continuité : on le voit s’invaginer ou faire davantage saillie, selon qu’on exerce ou non une pression sur le couvre-objet. Sur les deux préparations qui nous ont montré ces particularités et qui provenaient, l’une d’un mâle, l’autre d'une femelle, l’extrémité libre de l’entonnoir était mince, d’aspect cuticu- laire, et je serais surpris qu'elle ne se rattachät pas normalement à la cuticule du corps, ou même à l'extrémité du tube «a, l'aspect figuré étant dû, si cette dernière hypothèse est juste, à une rupture suivie d’une évagination de l'organe, produite par la compression du cou- vre-objet. Il y aurait ainsi, suivant nous, continuité entre le haut de l’æœsophage et l'extrémité des lèvres, où se trouverait vraiment la bouche, que les muscles labiaux feraient ouvrir ou fermer. Nous ne pouvons dire si les lèvres médianes sont dans les mêmes rapports que les lèvres latérales avec le tube que nous venons de décrire, mais nous ne le pensons pas, d’après l'aspect de nos préparations (1). Il est à remarquer que PERRIER a représenté, dans sa pl. I, fig. 2 et 3, une sorte de tube dont ne parlent expressément ni le texte ni l'explication des planches et qui correspond sans doute à ce que nous venons de décrire. Voici ce que nous avons trouvé, dans le mémoire de cet auteur, qui pourrait s’y rapporter : « Au-dessus » de la base des lèvres dorsales, dit-il (p. 28), partent trois minces » bourrelets chitineux qui se dirigent vers les sommets du triangle » (qu’elles forment). L’inspection de la fig. 3 fait voir que ce pré- tendu bourrelet médian, qui monte jusqu'au sommet de la lèvre médiane, a un aspect différent des deux autres : ce serait notre tube b (fig. 11), représenté dans sa situation naturelle; les deux autres peuvent être, en eflet, des bourrelets chitineux, mais, étant donné qu'ils sont figurées à la hauteur de la masse musculaire (4) Une autre interprétation, peut-être plus exacte, qui nous est suggérée par l'examen fait pendant l'impression de ce travail, des mèm£s dispositions sur un troisième individu, c'est que le tube « (fig 11) pourrait bien n'être que la portion antérieure de la couche qui tapisse l'œsophage, évaginée par la pression ; le tube figuré en b dans le même dessin, évaginé pour la mème cause, se rattacherait alors à l'extrémité de l'æsophage, ce qui expliquerait la largeur de son ouverture et ses bords déchiquetés qui montrent qu'il a été arraché. Le tube b mettrait done la bouche en communication avec l'œsophage. — 319 — insérée au centre de la lèvre, nous les prendrions plutôt pour des muscles. Tube digestif. L’œsophage commence chez l’Hedruris armata, par © une sorte » de coupe chitineuse, de couleur foncée, à bords festonnés qui » se prolonge postérieurement en un tout petit tube chitineux qui » s'engage dans les tissus de l’œsophage, où il se termine brus- » quement » (PERRIER). Le commencement de l’æsophage présente, dans notre espèce, quelques différences avec ce que nous venons de rapporter et la portion chitineuse est réduite à une espèce de bourrelet peu développé, au sommet duquel se font les insertions musculaires ; c’est simplement là l'expression d’un caractère spécifique. Quant à l’æsophage proprement dit, il est très long, sans aucun renflement : ses parois sont fort épaisses et sa lumière très étroite ; il pénètre légèrement dans l'intestin. Une disposition analogue se présente chez l'H. armata : « l'œsophage pénètre à l'intérieur de l’in- » testin dit PERRIER en s'amincissant en forme de calotte ovoïde » surmontée d’une calotte plus petite fermée d'habitude et qui ne » se distend que pour laisser passer les aliments. » Le dessin de PERRIER supplée à sa description et fait voir une disposition un peu différente de celle que nous figurons pour l’H. orestiæ (fig. 1); ici, l'intestin vient former un véritable sphincter autour de l’extrémité de l’æsophage. Nous n'avons pu réussir à trouver dans notre espèce ni les glandes salivaires, décrite par PERRIER, ni les très grosses et belles cellules qu'il a représentées dans la région céphalique de son Hedruris. Nous n'avons pas trouvé davantage, chez l'H. orestiæ et chez l’H. andro- phora, ces très petites ouvertures, au nombre de 6 à 8, situées dans la région antérieure de l’æsophage chez V'H. armata et qui marquent l'orifice excréteur de ces corps glandulaires. Quant à l'intestin pro prement dit, il est droit, tapissé dans toute son étendue de très longues cellules polyédriques, vraisemblablement ciliées, qui ménagent une large lumière. PERRIER ne parle pas de cette structure : il se borne à dire que « l'intestin est revètu dans toute son étendue de » cellules hépatiques légèrement brunes à noyau très distinct. » Il nous à été impossible de voir ces cellules hépatiques et nous croyons fort qu'il y a, dans le passage cité, une erreur d'interprétation : pour — 380 — nous, ces éléments que l’auteur représente dans sa pl. I, fig. D, ne sont autre chose que les cellules polyédriques, qui tapissent l'intestin vues de dessus (1). L'intestin, un peu élargi et légèrement flexueux vers son extrémité, semble se terminer en cul-de-sac sans modifier aucun de ses Carac- tères et nous ne l’avons pas vu « s'aboucher dans un rectum avec » lequel il est presque en continuité » comme c’est le cas, parait-il, chez l’H. armata: nous n'avons pu voir ce qui se passe à l'extrémité de l'apparence de ceul-de-sac dont nous venons de parler, et Je rectum, que nous ne sommes pas certain d’avoir vu, doit être sensi- blement plus étroit, si on lui rapporte un tube onduleux de la région anale, que nous n'avons pas suivi. Quoiqu'il en soit, il existe chez le mâle, tout contre et en arrière de l'orifice génital, une ouver- ture qui ne peut être que l'anus et qui est l'issue d’un canal aux : parois épaisses dont je n'ai pas vu l’aboutissant. L’anus, au contraire, s’ouvrirait en avant de l'orifice génital, chez le mâle de l’H. armata, on ne peut, du moins, donner d'autre interprétation au dessin de PERRIER, dans lequel la légende est omise (2). La même ouverture se trouverait, d’après PERRIER, à la région ventrale de la femelle, au point de jonction du corps et du renflement qui constitue la bourse caudale; nous n'avons pas réussi à trouver cet orifice (3). Cuticule. Notre Hedruris a le corps protégé par une cuticule épaisse, plissée régulièrement en des points très rapprochés et dans toute sa longueur, de façon à simuler des anneaux externes. PERRIER a figuré une disposition très analogue en différents points du corps (1) J. Caarmix dit aussi, en parlant de son H. hypsirhinæ « intestin parsemé de glandes nombreuses (cellules hépatiques”?). » - (2) Cf. Perrier loc. cit. pl. I. fig. 12. Les dessins de PERRIER, tirés sans doute en l'absence de l’auteur, sont souvent difficiles à utiliser, par suite d'erreurs dans les renvois et de nombreuses omissions dans les légendes. (3) MouiN donne les détails suivants à propos de l'ouverture anale chez la femelle de l'A androphora: « a poca distanza dall apertura circolare, colla quale » termina l’estremita caudale, s'apre lateralmente nella stessa linea, nella quale è » attacalo l'uncino, il foro dell ano. Questo somiglia piuttosto a una fessura oriz- » zontale che ad un apertura circolare., » Ci. Prodromus faunæ helminthologicæ venelæ, p. 294, — 981 — de l'A. armata, mais il se borne à dire que « dans les deux sexes et d’un bout à l’autre du corps, la cuticule présente des stries fines très distinctes. » La même particularité de la cuticule s’observerait aussi, d’après BaïRrb et d’après CHATIN, chez les H. siredonis et hypsirhinæ. 11 semble, en lisant PERRIER, répété par CHATIN, qu'il en soit autrement de l'A. androphora. « Dajardin, dit-il, n’a pas vu de » stries sur la cuticule de cet:animal et le dit formellement, Morin » et SCHNEIDER n'en font pas mention non plus. » Cependant DüJARDIN, à propos de cette espèce, qu'il a observée dans les collections du Muséum de Paris, écrit : € tégument plissi, mais non strié transversa- » lement » (1) et Morin (loc. cit: p. 293), dit expressément: « la cute » esterna è ragrinzata in annelli, i quali comminciano immediatamente » dietro le labbra. » La différence dans la facon dont les deux auteurs s'expriment en parlant de la même particularité est facile à expliquer : l'examen de AH. androphora nous a montré que la cuticule se présente dans cette espèce sous un autre aspect que dans l’H. orestiæ : il n'y a n’y à pas ici de véritable plissement en anneaux, en ce sens que les dépressions sont aussi larges que les saillies, de sorte que l’ex- pression juste serait Çcuticule à ondulations régulières et rapprochées. » Etat larvaire. Aucun des auteurs qui se sont occupés du genre Hedruris n’a parlé de l'état larvaire de ces animaux qui, précisément à cause de leur rareté, eut dû les intéresser d’une facon particulière; nous ne relevons à ce sujet qu'une simple indication de LEuckART, dans laquelle, à la vérité, la question paraît tranchée : à la suite de l'analyse qu'il donne du travail de PERRIER, le savant helmintholo- : giste ajoute que l’H. androphora passe son jeune âge à l’état d'en” kystement dans la cavité du corps de lAsellus aquaticus et qu’il peut y atteindre la mâturité sexuelle (mit zunehmender Grosse hier auch allmählich et hier geschlechtsliche Differenzirung eingeht). Cette dernière particularité étant très remarquable (2), il est vraiment curieux de constater que, avec des hôtes définitifs variés et très (1) Dugarnin F. — Histoire naturelle des Helminthes ou Vers intestinaux (Paris 1845) p. 291. (2) LeuckART R. — Bericht üb. die Wissensch. Leistung. in der Naturg. d. nie- der Thiere wühr. der Jahre 1870 et 1871 in Archiv für Naturg. (1874) t. 2, p. 69. — 982 — communs et un hôte temporaire si fréquent que l’Asellus, VA. andro- phora soit un parasite si rare. D'après cela, l’'H. androphora est la seule espèce de son genre dont on connaisse le jeune âge, mais il est fort possible que des hôtes analogues jouent à l’égard des H. siredonis, armata et hypsirhine, le même rôle que l’A. aquaticus, hôte intermédiaire de l'A. andro- phora : VAxolotl, lEmys picta, les Hypsirhines sont, en effet, tous animaux qui vivent dans l’eau et S'y nourrissent de proie. Pour ce qui concerne la larve de l’H. orestiæ, la recherche de son hôte de sera facile sans doute et donnera des résultats intéressants, si l’on songe aux particularités de la faune du lac Titicaca et des amas d’eau similaires: les Crustacés, du moins les formes élevées de ces animaux, y présentent les mêmes particularités que les Poissons, quant à l'extrême pauvreté des genres et à l'abondance des espèces dans les genres qui y sont représentés ; il est vraisemblable que c'est dans les représentants du genre Allcrchestes que l’on trouvera l'hôte du jeune Hedruris ; il sera curieux de savoir si le parasite vit chez plusieurs espèces d’Orestias et s’il peut infester les diverses espèces d’Allorchestes (2). Caractéristique. Il n’est pas sans intérêt maintenant, quoique la chose soit d'ordre secondaire, de réviser, en terminant, la diagnose du genre Hedrur'is, en la mettant d'accord avec les données fournies par notre travail. (1) D'après Garmax les seuls Vertébrés aquatiques du lac Titicaca sont: six Poissons, le Trichonycterus dispar et cinq espèces du genre Orestias, auxquels il faut ajouter un Batracien le Cycloramphus culeus Garm. D'après Faxow la faune des Crustacés du lac se réduit, sauf une espèce de Cypris, à huit espèces du genre Allorchestes. CÎ AGassiz AL. et GArMaAN S. — Exploration of lake Tilicaca : I Fishes and Reptiles by GarMaN ; IV Crustacea by Faxon W.: Bulletin of the Mus. of comp. Zool. at Harward College Cambridge vol. III (1876) nos 15 el 16. (2) On conçoit que les très petits Crustacés aient pu échapper aux naturalistis américains qui ont exploré le lac Titicaca: c'est ainsi que nous avons trouvé, dans le tube digestif de l’'Oreslias que nous avons diss'‘qué, au milieu de nombreux débris d’'Allorchestes mèlés de coquilles de la Paludestrina culmine d'Orb. cinq espèces de Cladocères et un Ostracode nouveaux; aucun des individus observés ne nous à montré le parasite : R. Moniez: Sur quelques Cladocères el sur un Ostrocode nouteaux du lac Titicaca: Revue Biologique du Nord de la France, t. 4 (1889). (4 paraitre pro chainement.) — 383 — La dernière caractéristique est due à Perrier, dans le mémoire que nous avons si souvent cilé; nous en supprimons quelques points et modifions légèrement les autres : © Hledruris: Ver 16nalode à bouche pourvue de quatre lèvres chi- lineuses, dont deux latérales lrilobées el deux médianes rappelant un triangle équilatéral tronqué au sommet; la femelle est fixée aux muqueuses de Son hôte au moyen d'une bourse caudale qui enferme un crochet; le mâle manque de ce crochet terminal et de la bourse caudale, son corps est terminé en pointe el pourvu de papilles adhésives au voisinage de l'orifice genital; deux spicules égaux. Œufs ovoides, allongés, à parois fortement amincies aux extréemilés du grand axe. Embryons se développant dans l'uté- rus de la femelle. Cuticule striée de facon à simuler des an- neaux. | Nous avons supprimé dans cette diagnose le caractère donné par Perrier de l’enroulement constant du mâle autour de la femelle» qui n’a pu être vérifié ni par CHATIN ni par nous-même, dans deux espèces du genre ; nous avons modifié le caractère assigné aux œufs de s'ouvrir par des clapets situés aux extrémités du grand axe ; de même pour ce que dit le savant parisien de la cuticule et des spicules. L’I. orestiæ sera, dans le genre ainsi défini, caractérisé de la façon suivante : Hedruris orestiæ : Le corps mesure chez la femelle environ 7 millim. de longueur sur une largeur de 400 w dans la région pos- térieure, à la hauteur de la bourse; la tête mesure 100 & de large; le mâle ne dépasse pas 5 millim. de long et sa plus grande largeur est de 225 p, la tête atteignant presque les mêmes dimensions, — toutes ces mesures sont prises sur l'animal comprimé dans une préparation ; — le crochet, enfermé dans la bourse de la femelle, mesure, sans ses annexes, 125 & de long, — ce qui est exactement la longueur du crochet de l’H. androphora: — les œufs mûrs, assez varia- bles comme dimensions, mesurent d'ordinaire environ 32 , suivant leur grand axe et 10 uw dans l’autre sens; ils sont arrondis aux extré- mités; l'œuf qui contient les embryons développés peut atteindre 42 & de longueur environ, sur un petit diamètre de plus de 15 p. Habite l'intestin grèle de l’Orestias Mülleri. — 984 — TABLE TAUTOQUCLION EN EN ENN ET EEE TE LEREURE à 2 0 TR NE PA RES CIE Bourse .caudale 2 ee US RAGE EU D PRO ET: LE Si ATEN Apparel fixateur du male. 7,010 in PR ORMeREN TENUE ER ADDALGIL RÉNALE NOIR SERRE EEE ER RET RENE DATE 1 AE CUS PE AE En DE RAR EEE De VERRE, NP EST EERS 2 Se Pet OR NO SRE SNSÉCME) NERVEUX Le MSNM NU RENTREE L c RAA: 974 Apparel buccale NP EMI Te ; ! RENE Can Hub digeS LISE MERE RNRTE RTE LE ; NEUNE : RE EN) CutICule MEET ERNST SN OR RS die D) État lteVaire:, 07 RU RTE RU Ne RES SR AR RNA TE ARTS PES oil Caractéristique 2,12 PTT UN PER M TR NE EN Explication de Ja planche, . . . . ; HAE DT OI ER EXPLICATION DE LA PLANCHE VII Fig. 1. Crochet de la femelle de l'A. orestiæ vu par sa face inférieur”. Portion basilaire du crochet. b Ouverture qui communique avec la cavité du crochet. c Crochet proprement dit, d sa cavité. e Apophyses insérées un peu au-dessous sur la pièce basilaire. f Pièce chitineuse accessoire articulée avec le crochet. g Enveloppe qui entoure le crochet à sa partie supérieure et s'insère sur les apophyses. hk Point de rupture des muscles qui portent le crochet en avant et en bas. D Fig. 2. Vue d'ensemble et par la face inférieure, du crochet et de ses annexes. a Crochet. b Apophyses. c Base du crochet. f Cornes-chitineuses sur lesquelles s'insèrent les fibres postérieures des muscles «en bouclier. » Fig. 3. Une des lèvres latérales vue de dessus. Fig. 4. Lèvre médiane vue de côté. Muscle qui se rend à une lèvre latérale, en un point symétrique. S = b Muscle qui monte jusqu'à l'extrémité de la lèvre, destiné à la fléchir en dedans, Q Muscle qui se rend à la couche musculaire longitudinale du corps. . d Masse musculaire de la lèvre latérale. Fig. 5. Partie postérieure du corps d’un Hedruris femelle. pour montrer principalement les rapports des muscles en bouclier. a Ouverture de la bourse. b Crochet, c apophyse, d cornes pour l'insertion d'une partie du muscle «en bouclier. » e q h RARE es Fibres du « bouclier » qui se rendent à la couche musculaire longitudinale du corps. Fibres dont nous n’avons pas trouvé l'insertion. Fibres qui se rendent aux cornes terminales de l'appareil. Tendon des museles qui se rendent aux apophyses c. Fig. 6. Crochet vu de côté, avec uneapophyse, pour montrer l'enveloppe charnuedisposée HET 07: en demi-manchon à la partie supérieure ; le tendon du muscle « en bouclier » est brisé et retombé en arrière /«). L'une des formes des œufs de l’'H. androphora (œuf à tubercules). Fig. 8. Muscles rétracteurs du crochet vus de côté. @ b d Hic009 Fig. 10. Fig. 11 «& b c d Crochet. Portions de la pièce basilaire avec une apophyse (c). Tissu dans lequel se terminent les muscles rétracteurs f. Une des papilles adhésives du mâle de l'A. orestiæ vue de côté. Rapport de l'æsophage avec l'intestin. Partie antérieure du corps de l'Hedruris oresliæ pour montrer l'appareil de succion. Tube qui prolonge l'æsophage c. Tube rallaché aux lèvres latérales. OEsophage. Lèvres latérales. OŒuf de TH. oresticæ. Appareil génital mâle. Spicule. Dilatation du canal différent. Masse musculaire destinée à projeter les spicules. Rectum. Anus. — 9386 — SUR LA CLASSIFICATION DES CYSTIQUES Par A. VILLOT La recherche des affinités et la détermination des homologies de structure qui existent entre les diverses formes des Cystiques constitue une des questions les plus intéressantes et les plus difficiles de l’helminthologie. Je lui ai consacré, en 1883, un assez long mémoire (1), et elle vient d’être traitée de nouveau par le professeur B. Grassr et le docteur G. RovezLr, dans deux notes préliminaires (2). Au dire de ces naturalistes, les distinctions qui servent de base à ma classification sont purement fictives (3). C’est là une assertion entièrement gratuite, qu'il leur serait impossible de justifier. Les divisions que j'ai établies reposent sur des différences de structure et de développement qui ne peuvent être niées et dont il faut bien tenir compte, de quelque manière qu’on les explique. Elles n’en subsistent pas moins, soit qu’on y voie des types bien distincts, soit qu'on les considère comme de simples modifications d’un seul et même type. Il s’agit seulement de savoir si l’emploi que j'ai fait de ces différences de structure et de déve- loppement est conforme à leur valeur relative, si les groupes que J'ai formés sont naturels, et si la nomenclature que j'ai proposée est exempte d’inconvénients. Je divise les Cystiques proprement dits en Cysticerques et Cysti- cercoïdes. Mon groupe des Cysticerques correspond à celui des Cystiques proprements dits de LEucKkART. Quant au groupe des Cysticercoïdes du même naturaliste, j'en élimine toutes les larves dépourvues de corps et de vésicule caudale. Ces soi-disant Cysticer- (1) Mémoire sur les Cystiques des Ténias (Ann. des se. nat. zool., VIe série, tu XV, Art No4). 1883. (2) Intorno allo sviluppo dei Cestodi (Reale Accademia dei Lincei, vol. IV, série 41 Rendiconti. Seduta del 3 guigno 1888). Embryologische Forschungen an Cestoden (Centralblatt für Bakteriologie und Parasitenkunde, V Band, No 11-12, 1889). (3) «Le distinzioni messe innanzi dal vizcor sono affatto infondate. » — 387 — coïdes ne sont, à mes yeux, ni de véritables Cystiques, ni de véritables Scolex ; ils représentent, en réalité, une forme intermé- diaire entre ces deux états : je leur donne le nom de Pseudocysti- ques. J’oppose le groupe des Pseudocystiques à celui des Cystiques proprement dits, et le groupe des Cysticerques à celui des Cysti- cercoides. Les dénominations dont je me sers pour désigner ces groupes reçoivent ainsi un sens précis, qui ne peut donner lieu à aucune confusion, et qui a, de plus, l'avantage d’être parfaitement conforme à la généralité relative des groupes auxquels je les applique. Mes Cystiques proprement dits et mes Pseudocystiques représentent des divisions de même valeur; mais ces divisions ont évidemment une valeur supérieure à celle de mes Cysticerques et de mes Cysticercoïdes. Les Cysticerques proprement dits, les Cœnures et les Échinocoques, que je groupe sous le nom de Cysticerques s. 1, sont caractérisés non seulement par leur grande taille, labondance du liquide qui remplit leur vésicule caudale, la supériorité relative de leur orga- nisation, mais encore et surtout, ainsi que je l'ai montré dans mon Mémoire sur les Cystiques des Ténias, par le mode de formation de leur vésicule caudale. Celle-ci procède directement du proscolex et le représente en totalité. Le processus de division qui affecte la vésicule caudale du Cysticercus pisiformis, au moment où les premières ébauches de la tête et du corps commencent à apparaître, est certainement un fait très intéressant; mais nous ne croyons pas qu'on puisse l’opposer à notre caractéristique du Crysticerque s. I. La véritable signification de ce processus de division, découvert par MoniEz, n’a pas encore été suffisamment précisée. J’inclinerais à croire qu'il s’agit ici d’une véritable prolifération, ou tout au moins d’une tendance à la prolifération, s’il est vrai, comme on l’affirme, que la partie postérieure se détruit après sa séparation de la partie antérieure. Quoi qu'il en soit, il me parait impossible d’assimiler cette partie détachée de la vésicule caudale du Cysticercus pisiformis au blastogène des Cysticercoïdes. Ce dernier ne représente point une partie détachée de la vésicule caudale des Cysticercoïdes, mais bien une partie du proscolex qui ne se différencie pas et qui ne prend aucune part à la formation de la vésicule caudale. Le blastogène fait d’ailleurs intégralement partie du Cysticercoïde entièrement développé, et ne s’en sépare que lorsque le scolex — 988 — lui-même est mis en liberté; ce qui n’est nullement le cas de la partie détachée de la vésicule caudale du Cysticereus pisiformis. Mon groupe des Cysticercoïdes est essentiellement caractérisé, ainsi que je l'ai établi en 1883, par le mode de formation de la vésicule caudale. Celle-ci, au lieu de se former, comme chez les Cysticerques, aux dépens du proscolex par simple accroissement et modification de structure, résulte chez les Cysticercoïdes d’un véritable processus de bourgeonnement. Celte expression de « bour- geonnement » déplait à certains helminthologistes, et ne peut, d’après eux, s'appliquer au cas dont il s’agit. Ils ne veulent voir dans la formation de la vésicule caudale des Cysticercoïdes qu'un simple développement du proscolex. Il faut s'entendre. Le bourgeonnement n'est, en réalité, qu'un mode spécial de développement. C'est un développement qui, au lieu de porter sur la totalité d’une individualité organique, n’affecte que l’une de ses parties, qui tend à s’isoler, à s’individualiser. Tel est le mode de multiplication de certaines cellules. Tel est le mode de formation de la vésicule caudale des Cysticercoïdes. Il y a réellement Lourgeonnement dans un cas comme dans l’autre, et nous ne voyons pas de raisons pour restreindre l’application du mot à l’un de ces cas. J'ai dit que, chez les Cysticercoïdes, la vésicule caudale représente une partie nouvelle, qui vient s'ajouter au proscolex. Ici encore, il est nécessaire de s'expliquer. Il est bien évident, d’après notre définition du bour- geonnement, qu'une partie du proscolex a passé dans la vésicule caudale du Cysticercoïde, tout comme une partie de la cellule-mère a passé dans les cellules-filles ; mais cela n'empêche pas le proscolex et la vésicule caudale des Cysticercoïdes, la cellule-mère et les cellules-filles, de représenter des individualités organiques distinctes. Cette distinction est d'autant mieux fondée dans le cas du Cysticercoïde, que le bourgeonnement se trouve ici compliqué d’une différenciation de structure. La partie du proscolex qui ne bourgeonne pas reste à l’état de tissu embryonnaire, subit même une sorte de dégéné- rescence, tandis que la vésicule caudale est le siège de différenciations histologiques, qui la rendent apte à remplir le rôle spécial de protection qui lui est attribué. Les deux parties qui constituaient primitivement le proscolex évoluent en sens inverse et deviennent de plus en plus différentes. On a longtemps admis, comme règle générale, que la vésicule caudale du Cysticercoïde bourgeonne toujours à la partie — 389 — postérieure du proscolex, c’est-à-dire dans la région qui est opposée à celle qui porte les crochets de lhexacanthe. Il paraît qu'il n’en est pas toujours ainsi. On affirme, dans certains cas, avoir réelle- ment trouvé les crochets de lhexacanthe sur la vésicule caudale, et même au voisinage du corps du Cysticercoïde. Ce n’est pas une raison, selon moi, pour confondre le blastogène avec la vésicule caudale, ni pour nier le bourgeonnement de la seconde de ces parties sur la première; mais cela prouve que la vésicule caudale ne bourgeonne pas toujours à la partie postérieure du proscolex. La vésicule caudale des Cysticercoïdes peut bourgeonner en dedans ou en dehors du blastogène ; et c’est sur ce fait que j'ai fondé ma division des Cysticercoïdes en C'ysticercoides endogènes et Cysticercoïides exogènes. Chez les premiers, le scolex est enveloppé non seulement par le corps et la vésicule caudale, mais encore par le blastogène ; chez les seconds, au contraire, le scolex n’est enveloppé que par le corps et la vésicule caudale. Il y à là, entre ces deux groupes, une différence importante qui explique leurs affinités et toutes leurs homologies de structure. Les observations de Grassr et de RoveLLI ne peuvent être opposées à ma classification qu’au point de vue tout spécial des affinités et des homologies de structure de la larve du Tœnia elliptica s. cucumerina. J'ai dit en 1883, dans mon Mémoire sur les Cystiques des Ténias, p. 57, que si l’on veut assimiler cette larve à une tête d'Échinocoque, il faut admettre nécessairement que c’est un Cystique dépourvu de corps et de vésicule caudale ; ce qui est contraire à la définition des Cystiques proprement dits. J’ai donc supposé, d’après les descriptions données par MELNIKOrF, LEUCKART et MOoNIEZ, que « l’épaisse cuticule qui recouvre la partie postérieure du scolex (Sack- aussenkôorper) représente en réalité la vésicule candale et le corps du Cystique étroitement accolés et réduits à l’état d’une simple membrane. » GRaAssr et ROVELLI ont étudié avec soin le développement de cette larve, au point de vue de la transformation du proscolex en scolex, et ce qu'ils ont vu ne confirme nullement l'interprétation que j'ai donnée dans mon Mémoire précité. Il ressort de la description et des figures données par ces deux naturalistes, que la larve du Tœnia elliptica représente bien, comme l'avaient dit LEUCckART et Moxtæz, une tête d'Échinocoque, c’est-à dire un Scolex dont la tête proprement dite (partie antérieure) se trouve invaginée dans le cou — 990 — (partie postérieure). Ce scolex bourgeonne directement sur le proscolex, auquel il reste longtemps adhérent. Après s’en être détaché, il passe tout entier au strobile. Si les observations de Grassi et de RovezLt sont exactes (ce que je ne suis pas en mesure de vérilier), la larve du Tœnia elliptica est réellement dépourvue de corps et de vésicule caudale. On ne peut dès lors la considérer comme un véritable Cystique ; elle appartient au groupe des Pseudocystiques. Mon sous- genre Cryplocystis serait à supprimer. Grassi et Rovezzr, s'appuyant sur leurs observations relatives au développement de la larve du Tœnia elliptica, ont essayé de ramener tous les Cystiques proprement dits au type des Pseudocystiques. L'idée n’était pas heureuse, et elle ne pouvait conduire les deux naturalistes italiens qu’à des rapprochements inexacts. Leur classi- fication des Cystiques, qu'ils veulent substituer à la mienne, me paraît inadmissible ; mais j'attendrai pour la discuter que le Mémoire qui doit la développer ait été publié. Grenoble, le 23 Avril 1889. — 391 — LISTE SUPPLÉMENTAIRE D'ISOPODES DES ACORES Par ADRIEN DOLLFUS. Un nouvel envoi d'Isopodes des Açores, dû aux excellentes recherches de M. le lieutenant CHAvES vient de m'ètre communiqué par M. le Dr Th. Barrois (juin 1889). Il renferme les espèces suivantes : ISOPODES MARINS : Idotea tricuspidata DEsM. 1 ex. jeune. — Dans les Algues, à Capellas. Sphaeroma serratum FABR. Sp. — à Capellas. Campecopea *? Sp. ? Id. Ligia italica FABr. — Sä-Maria; commun. ISOPODES TERRESTRES : Chavesia costulata A. Dozzr.— Botelho. Trichoniscus pusillus Br. — Sete Citades. Porcellio lameïllatus Ur. — 1 ex. Plage de Capellas. — 1. ex. Plage de Villa do Porto (île de Sta-Maria). Cette espèce qui parait très commune tout le long du littoral de la Méditerranée occidentale, n’a point encore été signalée sur les côtes de l'Océan. Sa capture aux Açores est donc particulièrement intéressante, et ce point confirme une fois de plus les affinités fauniques de cet archipel avec les bords de la Méditerranée, — 9392 — Armadilloniscus tubereulatus Sp. n. — 1 exemp., dans le gravier du rivage à Capellas. Corps ovale, convexe au milieu, déprimé sur les côtés, couvert de forts tubercules sur la tête et le pleon; ces derniers sont disposés sur chaque segment en une rangée transversale très régu- lière, comprenant de chaque côté de la ligne médiane trois forts tubercules perlés, séparés par des granulations intermédiaires plus fines. Cephalon : Lobes latéraux grands, larges, presque quadrangulaires. Lobe médian triangulaire, muni supérieurement d’un tubereule conique. Antennes extérieures dépassant 1/3 de la longueur du corps, fouet égalant en longueur le dernier article de la tige, formée de # articles de longueur égale, le dernier terminé par un pinceau ce poils. Yeux petits. Pereion : Bord postérieur des premiers segments très peu sinueux ; épimères grands, quadrangulaires. Pleon : Epimères fortement dirigés en arrière, ceux du 5° segment étant presque parallèles. Telson court, triangulaire, tronqué à l'extrémité. Base des telso- podes à expansion foliacée bien développée et disposée comme les épimères. Appendice externe court et large; extrémité de l’appendice interne atteignant à peine le niveau du tiers de l’appendice externe ; tous deux sont garnis d’un petit pinceau de poils. Couleur blanchâtre ; tubercules et épimères gris. Longueur 3mm,1/4, largeur 10n,3/4. Philosecia Couchi KIN. — Plage de Villa do Porto (île de Sta-Maria). — 393 — NOTES HYDRACHNOLOGIQUES I. — REMARQUES SUR LE DIPLODONTUS SCAPULARIS (Ducs) Par THéop. BARROIS Professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Lille Le genre Diplodontus a été créé en 1834 par Ducës(1) pour des Hydrachnides caractérisées : « 10 par des mandibules offrant en oppo- sition au crochet mobile une dent aiguë, droite et immobile; 2 par des palpes dont le 4 article se termine par une pointe égalant le oe en longueur; 3° par des hanches peu larges disposées en quatre groupes séparés, et dont les postérieurs offrent entre la troisième et la quatrième hanche une demi-divergence en dehors ; 4° enfin, par une plaque génitale bivalve, granulée et en forme de cœur dont la pointe serait tournée en dedans. » Ainsi que nous le verrons tout à l'heure, cette description correspond bien à un type très net d’Hy- drachnides; aussi j'avoue que la raison m'échappe pour laquelle Kocx (2) à cru devoir remanier ce genre si naturel :et en à fait un véritable chaos où il groupe pêle-mêle des espèces : très diverses (3). Dans son genre Diplodontus DuGès avait rangé trois espèces nouvelles : D. filipes (actuellement Diplodontus (Hydrachna, despiciens O0. F. MüLLER), (4) A. DucÈs : Deuxième Mémoire sur l'ordre des Acuriens. Annales des Sciences nat., zool., 2e sér., t.1,.p. 148, 1834. (2) C. L. Kocn : Uebersicht des Arachnidensystems. p, 225, Nürnberg, 1842. (3) On en jugera par l'énumération suivante : Diplodontus liliaceus (— Hydrachna liliacea Müzrer); D. latipes (— Tiphys latipes Kocn); D. variegatus (— Arrenurus variegator Kocn) ; D. Torris (— Hydrachna torris Müzrer) ; D. latipes (— Hydrachna latipes MüLLer)! Nous avons montré, M. Moniez et moi (Catalogue des Hydrachnides recueillies dans le Nord de la France, Lille, 1887), que les soi-disant D. torris MüLLER et D. latipes Müczer sont des Piond; KoENNIKE a reconnu fEinige neubenannte Hydrach- niden, Brèmen 1885) qu'il faut rapporter au genre Acercus le D. latipes Kocx, et enfin NEUMAN (Om Hydrachnider anträffade vid Fredriksdal pâ Seland 1883) est tenté de rapprocher le D. liliaceus MüLLer de ce même Acercus latipes. On voit par ce fait com- bien Kocn avait jeté de confusion dans le genre Diplodontus si nettement ‘délimité par Ducës. — 9394 — D. mendax et D. scapularis. La première de ces formes est commune par toute l’Europe, et elle a été retrouvée par tous les naturalistes qui se sont occupés de la recherche des Hydrachnides ; il n'en est pas de même pour les deux autres que personne, à ma connaissance, n’a revues depuis que DuGës les a signalées comme communes aux environs de Montpellier. Je puis en partie combler cette lacune : durant un séjour que je viens de faire à Groffliers (Pas-de-Calais), j'ai eu l’occasion d’obser- ver huit exemplaires, 2 4 et 6 ©, d'une Hydrachnide que je rapporte sans aucun doute au Diplodontus scapularis Ducës. La description du Professeur de Montpellier, excellente pour l’époque, est néanmoins fort incomplète sur certains points, et je me propose de fixer d’une manière plus détaillée les caractères spécifiques de cette rare espèce. Au point de vue de l'aspect extérieur de l’Hydrachnide, de sa livrée surtout, le dessin de DuGÈs est exact (PI. X, fig. 5 et 6), bien que le ton de la teinte rouge ne soit pas assez violacé ni assez foncé : la couleur pourpre intense de l'animal est un des caractères qui me l'ont fait remarquer de suite au milieu des D. despiciens avec lesquels il se trouvait. En dessus, la moitié antérieure est presque noire et se prolonge en une bande médiane de même teinte qui s'étend jusqu'aux deux tiers environ de la moitié postérieure. Le D. scapularis, le mâle en particulier, frappe de suite l’œæil par son aspect lourd, massif, par sa natation singulière et peu agile; il préfère évidemment la marche à la natation, et ceux que je conserve en captivité sont presque toujours occupés à courir sur les plantes aquatiques qui garnissent leur aquarium. Ainsi que DucÈs l'avait parfaitement remarqué, notre Hydrachnide s’avance très souvent sur les bords humides du vase qui le renferme, s'écartant parfois de l’eau au point de risquer de mourir desséchée. La peau est hérissée de fortes granulations qui, vues au micros- cope, lui donnent l'aspect «du chagrin », comme dit Ducës. Les yeux, au nombre de quatre, ne sont plus isolés les uns des autres, comme chez le D. despiciens; de chaque côté, les deux stemmates sont accolés et entourés d’un épaississement chitineux, ce qui les fait ressembler aux yeux des Bradybates ou des Hydr droma. Le rostre est court; large à la partie postérieure, il s’étire notablement en avant pour former une sorte de suçoir creux dans la — 395 — lumière duquel jouent les mandibules. Ducës a donné de ce rostre un dessin absolument informe (1); celui de HaLLzer est beaucoup meilleur (2), bien qu'il se rapporte à une espèce voisine, le D. despiciens (filipes). Je dois toutelois noter que chez le D. scapularis, l'énorme cil médian barbelé (désigné par la lettre 8 dans la figure de HaLcer) n'existe pas; les seuls appendices que j'ai pu observer sur le pourtour de l'orifice buccal sont quatre cils, disposés par paires de chaque côté. f j rs À Les mandibules (voir ci-dessus la figure 1 du texte) sont longues et aiguës ; elles diffèrent notablement des mandibules du D. despiciens, ainsi que Ducs lavait très bien fait remarquer (3). La branche mobile, de teinte rougeûtre, est très allongée, presque droite, cannelée sur ses faces latérales, et pourvue de tubercules (ÉDUucEssloc-ccit- pl Xe. #7- (2) G. Hazzer : Die Hydrachniden des Schweiz pl. IL, fig. 1, Bern, 1882. (3) Ducës: loc. cit., p. 151, pl. X, fig. 8 et 9. Voyez aussi le dessin de NEUMAN (Om Sveriges Hydrachniden, pl. XII, fig. 3), Stockholm 1888, — 396 — mousses sur son bord interne ; la branche fixe (si tant est qu’elle mérite ce nom) est très courte : c’est plutôt une sorte de lame chitineuse mince et grêle, dont l'extrémité libre s’effilerait en une dent aigüe. Les palpes (voir ci-contre la figure 2 du texte) sont de petite taille, épais et massifs, ce qui les distingue aisément de ceux du D. despiciens (1); le cinquième article surtout est extrêmement court, ainsi que le prolongement du quatrième. Les épimères, de couleur rouge pâle avec un liseré plus jaune, sont étroits, allongés, disposés, de même que chez le D. despiciens, en quatre groupes bien distincts ; comme dans cette dernière espèce aussi, ils portent tous un certain nombre de soies raides, disséminées sans ordre (2). Cette disposition est la même dans les deux sexes. De mème que le rostre, les palpes, les pattes et les plaques génitales (dans l’intervalle des ventouses), les épimères sont ponctués de fins canaux plus ou moins ramifiés. Les pattes sont fortes, massives, hérissées de soies raides, sur- tout au niveau des articulations, comme chez les Hydrodr ma. Dans les deux sexes, la première paire est courte; les autres paires vont en augmentant progressivement de taille et de longueur Jjus- qu'à la dernière qui est un peu plus longue que le corps. La dis- position des soies natatoires ne diffère guère de ce qu'elle est d’or- dinaire : la première paire de pattes en est dépourvue, la seconde n'en porte que sur le pénultième article; les deux dernières paires enfin en sont pourvues aussi bien sur l’antépénultième que sur le pénultième article. Les ongles, au nombre de deux à l'extrémité de chaque patte, sont simples, en forme de ecroc recourbé. Les plaques génitales, dont nous allons parler dans un instant, sont bien « en forme de cœur dont la pointe serait tournée en avant. » Elles portent de nombreuses ventouses chez le mâle comme chez la femelle, mais offrent des caractères sexels très nets. Cet appa- reil génital est situé assez haut, dans l'aire que circonscrivent les épimères inférieurs. L'orifice de l'appareil excréteur (généralement désigné par les (1) Comparez aux figures de Ducés (loc. cit. pl, X, fig. 2) et de NEuMmAN (loc. cit, DL EXT Mie 3 nd) (2) Voyez NEuMAN (loc. cit., pl. XIIL, fig. 3 c). — 397 — auteurs sous le nom d’anus) s'ouvre vers le milieu environ de les- pace qni s'étend entre l'appareil génital et la partie postérieure du corps ; il est entouré d’un épais bourrelet circulaire d’origine chiti- neuse (voir ci-contre la figure 3 du texte, Ex). Quant à l'anus proprement dit (fig. 3, An), il a la forme d’une mince fente trans- versale, située un peu au-dessus de l’orifice de l'appareil excréteur. Ce fait mérite de nous arrèter un instant, car, si l’on s'en souvient, KRONEBERG (1) a nié l'existence d’un anus chez les Hydrachnides qu'il a étudiées, c’est-à-dire Eylais, Hydrachna et Nesœa, montrant que louver- ture désignée habituellement sous ce nom n’était autre chose que l’orifice de l’appareil excréteur. Bien que ce travail, publié en russe, eut été suivi d'un résumé en allemand (2), ses conclusions passèrent pour ainsi dire inaperçues, et l'on continua d'appeler «anus » le pore excréteur. C’est ainsi que HALLER (3) figure très-exactement ces deux orifices chez Hydro droma rubra et H. helvetica, mais attribue au pore excréteur le rôle d’anus, tandis que le véritable anus, au sujet duquel le texte est d’ailleurs muet, est désigné sous le nom « d'ouverture préanale », appellation vague qui ne préjuge en rien de sa nature. Le récent travail de R. von ScHaAuB (4) est au contraire très expli- cite à cet égard, et les relations de l’anus avec le tube digestif y sont minutieusement étudiées. Il y a quelques jours à peine; le Dr P. Girop a fait paraitre une note préliminaire sur lanotomie des Atar parasites de lAno- donte et de l’Unio (5); ses recherches, tant par les dissections que par les coupes, lui ont démontré que, contrairement aux conclu- sions de Claparède, l’anus faisait défaut aussi bien chez lAtax Bonzi que chez l'A. ypsilophorus. De ce rapide exposé, il résulte que louverture anale manque chez (1) A. KRONEBERG : Sur l'anatomie de l'Eylais extendens (0. F. Müller). Moscou, 1878. (2) A. KRoNeBEeRG : Ueber dem Bau der Hgdrachniden. Zool Anzeiger, Jahre. I, 4878, N° 14. (3) G. Hazzer : Die Hydrachniden der Schweiz, p. 48, PL IL, fig. 4 et 11. Bern 1882. (#) R. von Scnaus : Ueber der Anatomie von Hydrodroma (GC. L. Koch), p. 24, pl. II, fig. 4 Wien 1888. @) P. Ginop; Recherches anatomiques sur les Hydrachnides parasites de l'Ano- donte et de l'Unio, Atax ypsilophorus et Atax Bonzi.—Bull. de la Soc. Zool. de France, t. XIV, p. 107, mai 1889, — 9398 — la plupart des Hydrachnides (Eylais, Hydrachna, Nesœa d'après KRONEBERG — Atax d'aprés Girop), et que les genres Hydrodroma et Diplodontus sont les seuls jusqu’à présent chez lesquels on ait cons- taté sa présence d’une façon certaine. En dehors des caractères communs énumérés plus haut, les deux sexes présentent des particularités spéciales que nous allons signaler. Mâle. — Ainsi que l'avait déjà remarqué Ducës, le mâle du D. sca- pularis est beaucoup plus petit que la femelle ; le corps est plus aplati, plus allongé, les couleurs. plus tranchées et plus vives. Les deux exemplaires que j'ai eus entre les mains mesuraient environ deux millimètres dans leur diamètre antéro-postérieur. Ce qui frappe surtout dans l'aspect extérieur du mâle, c’est la grosseur démesurée des pattes, principalement celles de la quatrième paire, qui sont massives et lourdes au-delà de toute expression. « L'apparence extérieure des parties génitales, dit DuGës, est asse_ » faible; les plaques du mâle sont seulement plus grandes, plus » séparées. » La sagacité habituelle du savant professeur de Montz pellier s’est trouvée ici en défaut, car, ainsi que nous allons le voir, l'appareil génital du mâle diffère de facon notable, même exlérieu- rement, de celui de la femelle. Cet appareil génital se compose d'une fente longitudinale, circonscrite par deux plaques génitales en forme de virgules renversées, dont les faces concaves se regarderaient, les extrémités supérieure et inférieure se touchant (Voir ci-dessus la figure 4 du texte). — 999 — De nombreuses ventouses, petites et serrées les unes contre Îles autres, garnissent toute l'étendue des plaques génitales; à la partie inférieure font saillie, s'élevant du corps même des plaques géni- tales, deux singuliers appendices en forme de massue, dont la sur_ face est dépourvue de ventouses, et qui sont caractéristiques du sexe male. Femelle. — La taille des femelles, nous l'avons dit déjà, est beau- coup plus considérable que celle des mâles et peut atteindre, d’après les exemplaires que j'ai vus, jusqu'à 5 millimètres de diamètre dans son plus grand axe ; DuGks prétend même que la femelle est « toujours beaucoup plus grande que le mâle, souvent triple et même » quadruple en diamètre. » Au point de vue de l'aspect extérieur, il convient aussi de noter que les femelles sont beaucoup moins lourdes et moins massives que les mâles, qu’elles nagent avec plus de vivacité, ce qu'elles doivent à leurs pattes plus minces et plus déliées. L'appareil génital (voir ci-contre la figure 5 du texte) est aussi fort différent bien qu'il se compose essentiellement des mêmes parties; mais les deux plaques sont plus pleines, moins échancrées sur les faces qui se regardent; elles portent moins de ventouses, car il y a de chaque côté de la fente génitile un espace assez vaste qui en est totalement dépourvu. À la partie supérieure, les bords de cette fente genilale sont armés d'épines courtes et raides, tandis qu'à la partie inférieure ces dernières sont remplacées par de longues soies entrecroisées sur la ligne médiane. li est aisé de constater combien l'appareil génital de D. scapu- laris ® se rapproche de celui du D. despiciens tel qu'il a été figuré par NEUMAN (1); ce fait me porte à croire que tous les D. despiciens décrits jusqu'à ce Jour appartiennent au sexe femelle, et que le mâle est encore à trouver. Chez la majorité les Hydrachnides ([Nesæa, Piona, Arrenurus, Acercus, etc..…), les mâles diffèrent des femelles par des caractères sexuels très nets; il semble que, pour les Diplo- dontus, ces caractères résident, outre la petitesse de la taille, dans la grosseur exagérée des pattes (particulièrement de la 4 paire), et dans les deux appendices en forme de massue qui portent les plaques génitales. Or, aucun des auteurs qui ont parlé de D. despi- (1) NEUMAN; loc. cit., pl. XIIT, fig. 3 e. — h00 — ciens — pas mème Ducks, d'ordinaire si précis à cet égard — na signalé chez cette espèce une forme possédant ces caractères et qu'on püt conséquemment rapporter au male. Les recherches que j'ai entreprises à ce sujet n’ont pas abouti, mais on sait que chez nombre d'Hydrachnides, les mâles sont extrème- ment rares; j'espère néanmoins arriver à trancher bientôt la question. LE ER EN PU 47732 LILLE, LE BIGOT FRÈRES. Le Gérant, TH. BARROIS. ANNÉE 1889. No 11. Aer Aour. REVUE BIOLOGIQUE DU NORD DE LA FRANCE Paraissant le 1° de chaque mois CONTRIBUTION À L'ÉTUDE DE LA FAUNE des Myriopodes des Açores Par le Professeur D:'.R: LATZEL de Vienne Les premiers renseignements que nous possédions sur les Myrio- podes açoréens sont dus à Arraur MorgLer qui les publia dans sa «Notice sur l'histoire naturelle des Açores, suivie d'une description des Mollusques terrestres de cet archipel. Paris, 1860. » Dans ce travail, H. Lucas, l’entomologiste bien connu, donna la diagnose d’une nouvelle espèce de Myriopode, le Julus Moreleti, commune partout aux Açores (cf. loc. cit., p. 96-97). Un an plus tard paraissaient les € Eléments de la Faune Acoréenne. Troyes et Paris 1861, » de Drourr. Cet ouvrage renfermait la liste suivante de Myriopodes recueillis aux Acores : 4. Julus Moreleli Lucas. 2. Polydesmus complanatus (L.). 3. Lithobius forcipatus (L.). [?] 4. Scolopendra cingulata LATREILLE [?] Cette dernière espèce provenait de S. Miguel seulement ; les autres étaient communes dans tout l’archipel. À quelques années de là, les Académie-Docent Dr A. Smrrr et D' E. ENGpagL visitèrent à leur tour l'archipel, et rapportèrent des iles de Santa Maria et de S. Miguel une collection de Myriopodes qui fut étudiée par le naturaliste suédois, M. von Porar. Ce dernier publia en 1870 le résultat de ses recherches dans un mémoire intitulé € Om nägra Myriopoder frän Azorerna » et paru dansé les: Olversigt af Kongl. Vetenskaps-Akademiens Fôrhandligar, Stockholm, 1870, n° 7, p. 813-823. Le travail de von PorarT était illustré d’une planche (PI X). Le nombre des espèces signalées s'élève à 9, dont 4 nouvelles pour la science. Ce sont 1. Scutigera coleoptrata (L.). Sta-Maria. 2. Lithobius longipes n. sp. Porar. Stt-Maria, S. Miguel. 3. Lithobius erythrocephalus C. Kocu. S. Miguel. 4. Geophilus hirsulus n. sp. Porar. Sta-Maria, S. Miguel. 5. Polydesmus coriaceus n. sp. Porar. S. Miguel. 6. Polydesmus complanatus (L.). Sta-Maria, S. Miguel. 1. Julus Moreleti Lucas. Sta-Maria, S. Miguel, Fayal. S. Julus propinquus n. sp. PorarT. S. Miguel, Fayal. 9. Julus luscus MEINERT. Sta-Maria, S. Miguel. L'année dernière enfin, M. Juces DE GUERNE a publié à Paris les résultats d’un voyage scientifique aux Açores sous le titre de « Excursions zoologiques dans les îles de Fayal et de S. Miguel. Paris, 1888. Campagnes scientifiques du yacht monégasque l’'Hiron- delle, 3% année, 1887. » J. pe GUERNE m'a soumis les Myriopodes recueillis par lui, et le résultat de mes déterminations est consigné dans les pages 67 et 68 de son travail. La liste comprend en tout 6 espèces (dont une inconnue jusqu'alors aux Acores); la voici : 1. Zithobius longipes Porar. S. Miguel, Fayal. 2. Lithobius erylhrocephalus C. Kocx. S. Miguel, Fayal. 3. Cryplops horlensis LEACH. (?). S. Miguel. 4. Polydesmus coriaceus Porar. S. Miguel. D. Julus propinquus Porar. S. Miguel. 6. Julus Moreleti Lucas. S. Miguel. Je ferai remarquer que les pattes anales manquent au Cryptops ci-dessus, et qu'il est, par conséquent, impossible d'affirmer qu'il appartient sûrement à l'espèce hortensis. Par la même occasion, je rectifierai une légère erreur au sujet des Polydesmus désignés dans l’énumération précédente sous le nom de Polydesmus coriaceus — 403 — Porar ; en comparant ces Polydesmes à d’autres individus du même genre, provenant également des Açores, j'ai reconnu qu'ils appar- tiennent au Polydesmus gallicus LarzeL, forme commune en France. Tous ceux qui connaissent l’extrème difficulté qu'offre la détermi- nation des Myriopodes excuseront cette erreur. Presque en mème temps que DE GUERNE, M. le Dr THÉODORE BARROIS, Professeur à la Faculté de Médecine de Lille, entreprenait une exploration scientifique des Açores, principalement de la grande île de S. Miguel. Ce naturaliste me communiqua les Myriopodes qu'il avait recueillis au cours de ses excursions, en me priant de publier le résultat de mes recherches dans la Revue biologique du Nord de la France. Je me rends volontiers à ce désir, en faisant remarquer que, de tous les voyageurs qui ont chassé les Myriopodes aux Acores, le D' BarRois a été de beaucoup le plus heureux (1) ; il a doublé le nombre des formes connues jusqu'à présent, ne rapportant pas moins de 17 espèces, dont 9 sont nouvelles pour les Acores, l’une d'elles étant complètement inédite. Voici la liste que j'ai dressée : 1. Scutigera coleoptrata (L.) S. Miguel, Sa Maria (commune dans tout l'archipel). Lithobius longipes Porar. S. Miguel (sous les pierres, dans le voisinage des sources de Ferraria), Stt Maria. 3. Lilthobius erythrocephalus C. Kocn. S. Miguel (commun dans tout l'archipel). 4. Henicops fulvicornis (Meixerr). S. Miguel (sous les pierres, dans le voisinage des sources de Ferraria). Geophilus hirsulus Porar. S. Miguel (collections du Musée de Ponta-Delgada). 6. Geophilus ferruginéus C. Koc. S. Miguel (sous les pierres, dans le voisinage des sources de Ferraria; collections du Musée de Ponta-Delgada), St Maria. 1. Schendyla nemorensis (C. Kocu). S. Miguel (sous les pierres, au voisinage des sources de Ferraria). 8. Scolopendrella immaculalta Newport. S. Miguel (sous les pierres et les feuilles mortes humides à Ginetes), Sta Maria. no (14 … (1) De mème que dans toutes mes autres recherches relatives à la Faune açoréenne, j'ai été merveilleusement secondé, dans la récolte des Myriopodes, par mon excellent ami le Lieutenant F. A. CHAVES, de Ponta-Delgada, à qui je dois, en particulier, toutes les espèces qui proviennent de l’île de Santa-Maria (Ta. Barrors). — 04 — 9. Brachydesmus Superus LaTzEez. Sta Maria. 4 10. Brachydesmus proximus n. sp. LarTzez. S. Miguel (comme ci-dessus). ë 11. Polydesmus coriaceus PoraT. S. Miguel (sous les pierres et les feuilles mortes humides, au fond du cratère de Sete-Cidades). 12. Polydesmus gallicus Larzez. S. Miguel (environs de Ponta- Delgada ; collections du Musée de Ponta-Delgada), St Maria. 13. Blaniulus venustus MEinerT. S. Miguel (sous les pierres et les feuilles mortes humides, au fond du cratère de Sete-Cidades ; sous les pierres au bord du Lagoa do Fogo). 14. Julus luscus Meixerr. S. Miguel (sous les pierres et les feuilles mortes humides, aux environs de Ponta-Delgada ; bords du Lagoa do Fogo). 15. Julus pusillus LEacu. St Maria. 16. Julus propinquus Porar. S. Miguel (même habitat que les pré- cédents : cratère de Sete-Cidades, Ginetes; collections du Musée de Ponta-Delgada), St Maria. 17. Julus Moreleti Lucas. S. Miguel (même habitat que les précé- dents: Ferraria, environs de Ponta-Delgada, cratère de Sete- Cidades), St Maria, Fayal (jardin publie d’Horta), Terceira (San-Matheus). Si on laisse de côté les espèces douteuses mentionnées par DrouET, ZLithobius forcipatus Far. (Lithobius forficatus L.) et Scolopendra cingulata LATREILLE, — espèces qui n'ont été revues par aucun des naturalistes qui ont passé depuis aux Acores — on constate qu’actuellement le nombre des Myriopodes de la faune acoréenne s'élève à 19 espèces, à savoir : 8 Chilopodes. 1 Symphyle. 10 Diplopodes. Ces 19 formes de Myriopodes se retrouvent presque toutes dans l’île de S. Miguel; 12 ont été signalées à Santa-Maria, et #4 seu- lement à Fayal. Le reste de l’archipel, c’est-à-dire les îles de Terceira (où une seule espèce à été ramassée), Graciosa, S. Jorge, Pico, Florès, Corvo et le récif des Formigas, ne semble pas avoir été exploré au point de vue qui nous occupe. Les espèces suivantes : Geophilus hirsutus Porar, Brachydesmus — 105 — proæimus Lartzez, Polydesmus coriaceus Porar, Julus propinquus Porar n’ont pas, à ma connaissance du moins, été retrouvées ailleurs, et on pourrait peut-être les considérer comme caractéris- tistiques des Açores. Toutefois, la totalité des espèces est marquée d’un cachet européen très net, au point que l’on peut dire: {es Açores, en ce qui concerne la faune des Myriopodes, apparliennent à la région palæarclique. Description du Brachydesmus proximus D. Sp. LATZEL. Br'achydesmo supero cognatus, sed maior et robustior, sat nitidus, dilute rufo-bruneus. Seuta dorsalia omnia tuberculis valde manifestis, ex p. piligeris, marginibus anticis plus minusve obtusangulis, lateralibus dentellatis vel suberenulatis, denticulis subpiligeris. Mas : Pedes omnes valde incrassati. Organa copulativa tisdem Brachydesmi superi subsimilia, sed validiora, pone apicem obtu- satum dente marginali et in cavitate dentibus duobus approximatis, pulvillum setigerum inter se habentibus instructa (Figure 1). Longit. corp. {2mm; Jatit. corp. 1,5", Habitat in Insulis, quæ Azores vocantur (S. Miguel). — 106 — QUELQUES DÉTAILS SUR LES MŒURS DE L'EPRIPPIGÈRE EPHIPPIGER RUGOSICOLLIS (SERY.) ORTHOPTÈRE DE LA TRIBU DES LOCUSTIENS L par L. BOUTAN Maitre de Conférences à la Faculté des Sciences de Lille (Planche VIT). L'Ephippigère est un Orthoptère des plus singuliers, qu'on trouve assez fréquemment dans plusieurs régions du Sud de la France. Jai eu l’occasion de lobserver et d'étudier ses mœurs et son genre de vie en septembre et octobre dernier dans le département du Gers. Il parait peu problable qu'on rencontre un échantillon de ce genre aux environs de Lille, car il n'a jamais été signalé, à ma connaissance du moins, dans les contrées situées au Nord de Paris. C'est un petit animal de deux centimètres et demi à trois centi- mètres de long; sa couleur, d'ordinaire d’un vert tendre, rappelle celle des feuilles de beaucoup de plantes. Il est essentiellement herbivore et fait sa nourriture des feuilles des arbres et des arbustes sur lesquels on le rencontre. La forme générale du corps se rapporte assez bien à celle des autres Locustiens, de la Sauterelle verte, par exemple {/Locusta viridis- sima Tax.) Cependant l'abdomen est plus massif et les antennes beaucoup plus longues représentent au moins trois fois la longueur du corps. La Bestiole, malgré ses grandes pattes, présente l'allure embar- rassée et hésitante d’un animal lourd et paresseux, mais ce qui lui donne un aspect tout à fait caractéristique, c’est l’absence d'ailes recouvrant l'abdomen. Les ailes n’ont pas, il est vrai, complètement disparu et on en aperçoit encore les traces au-dessous du thorax, mais elles sont singulièrement transformées, aussi bien chez le mâle que chez la femelle, en une sorte de boite à musique à laquelle Panimal fait produire un son strident et facilement reconnaissable. Cette dispo- — 107 — sition anatomique a valu à une espèce voisine beaucoup plus répandue, Ephippigère des Vignes (Ephippigera Vilium), Lax., la dénomination vulgaire de Sauterelle porte-cymbale. L'espèce particulière que j'ai étudiée est caractérisée de la manière suivante par M. A. Finor (1), le savant auteur des «Orthoptères de la France » : lobes réfléchis du pronotum carenés à leur insertion. Plaque sous génitale des femelles transverse, brièvement lobée en triangle. Cerques des mâles cylindriques, tronqués brièvement à l’apex et munis d’une dent interne près de l’apex. L'animal a de 2,5 à 3 centimètres, il diffère de l’'Ephippigère des vignes, par un caractère extérieur facile à constater, l’oviscape des femelles est sensiblement moins long que chez ce dernier où il atteint jusqu'à 2 centimètres, tandis que chez le rugosicollis la longueur ne dépasse jamais 1,5. Cette espèce avait du reste été déjà signalée aux environs d'Agen, par BRrisoUT DE BARNEVILLE (1849). Beaucoup d'Orthoptères produisent leurs stridulations à laide de leurs grandes pattes et ont, en même temps, dans la partie supé- rieure de leur membre antérieur un organe de l’ouïe bien développé, une véritable oreille d'animal inférieur. C’est ce qui à permis à un naturaliste bien connu de dire spirituellement : « Le Criquet fait de la musique avec une patte et s’écoute chanter avec l’autre. » Eh bien ! dans le cas particulier de l’insecte que nous étudions, nous constatons que les ailes sont transformées en tambour et que les pattes n’ont plus aucun rôle dans la production du mouvement vibratoire: L’Ephippigère chante avec les ailes et s’écoute chanter avec les pattes. J'ai dit que c'est un insecte lourd et mal équilibré pour la marche, incapable de faire des bonds prodigieux comme les Cri- quets par exemple. I n'a d'autre part aucun moyen de se défendre contre les atta- ques de ses ennemis et n'essaye même pas de mordre quand on le saisit. Au premier abord, il semble qu'un être aussi mal armé doit ètre condamné à une extinction prochaine. Il n’en est pourtant pas ainsi et il suflit, quand on se trouve à côté d’un grand massif d'arbre et d’arbustes, d'entendre les cris répétés des Ephippigères, (1) FiNoT. — Orthoptères de la France, 1883, Paris. — 108 — par une belle journée et surtout par une belle nuit d'été, pour être convaincu, de la présence en un même lieu de nombreux représentants de l’espèce. Si l’on veut approfondir davantage la question, étudier lanimal de plus près et en recueillir quelques échantillons, l'opinion qu'on s'était faite à l’avance se modifie et l’on constate rapidement qu'il est en réalité fort difficile de s'emparer de ce singulier Locustien. On l'entend, mais on ne le voit pas et cette propriété qu'il pré- sente, constitue son moyen de défense le plus sérieux. M. Hallez, le savant professeur de Lille, m'ayant manilesté le désir de posséder vivants un certain nombre d'Ephippigères pour des études d’embryogénie, je m'étais promis de lui en rapporter du midi et je me faisais une sorte de point d'honneur de remplir mon engagement. C'est cette circonstance qui m'a amené à étudier avec quelque soin les mœurs de cet orthoptère si bruyant et si insai- sissable. Mes premiers essais furent assez médiocres comme résultat. J'arrivais bien, exceptionnellement, à m'emparer de quelques indi- vidus, mais c'était presque par hasard et à la suite de recherches longtemps infructueuses. J’entendais chanter l'animal dans les arbustes du jardin mais, j'avais beau m'approcher et regarder de tous mes yeux, le bruit cessait et rien ne me révèlait plus la présence de la bestiole. Cependant, à la longue, cette recherche de linsecte, jusqu'alors à peu près invisible, devint plus productive et je finis par arriver à une certaine habileté dans cette chasse qui m'avait paru d’abord si difficile. L’Ephippigère rugosicolle semblait aflectionner tout particuliè- rement, dans mon jardin, les toufles de Seringat (Philadelphus coronarius) du faux pistachier (Staphylæa primata) la Vigne vierge et les branches des Robiniers (pseudo-acacia) Sans cependant délaisser absolument les autres arbres. Nous entendions plus rare- ment la musique stridente, quand nous nous placions dans le voisinage des haies vives qui bordent les vignes et les prairies et nous n’en avons capturé qu'une seule fois dans ces conditions. Il se pose aussi quelquefois sur les feuilles de lOrme et nous nous en sommes procurés quelques échantillons en secouant vigoureusement les branches inférieures qui se trouvaient à portée de la main. = 109 = La. chasse aux Ephippigères n’exige pas une grande dépense de force, elle consiste simplément à se placer devant une touffle de branches assez peu étendue où la présence de lEphippigère s’est révélée par son chant si caractéristique, et à regarder; mais il suffit pas de regarder si l’on veut arriver à un résultat. Il faut analyser. J'entends par analyser, suivre avec les yeux la touffe, branche par branche, brindille par brindille, feuille par feuille. Pendant les premières minutes de ce travail, d'ordinaire, on n’aperçoit rien de suspect, des feuilles, encore des feuilles, partout des feuilles. Puis brusquement, on distingue un Ephippigère collé contre l’une des faces de la surface verte et représentant comme un renflement du limbe. On s'étonne alors de ne pas lavoir aperçu plus tôt; son gros corps se détache alors avec un vigoureux relief de la feuille sur laquelle il demeure attaché. Si l’on continue l'inspection avec le même soin minutieux, on ne tarde pas à en découvrir dans le voisinage un autre, puis un autre, quelquefois Jusqu'à quatre ou cinq dans un espace relativement restreint. L'Ephippigère n’est donc nullement caché dans le feuillage, enfoui dans des trous ou déguisé sous les branches, il s'étale sans crainte à la face du ciel, méprisant le coup d'œil des curieux - et persuadé que sa couleur verte le rend invisible. C’est bien, en effet, cette couleur de même teinte que celle de la feuille qui le protège contre ses ennemis. Bien souvent, du reste, J'en ai fait l'expérience. Apercevant un de ces animaux bien en évidence comme Je viens de le décrire, J'appelais mon frère que j'étais arrivé à passionner comme moi pour cette chasse d’un nouveau genre. Je lui signalais la présence de l'animal dans la touffe en face de laquelle je le plaçais et je lui demandais de le retrouver. Malgré l'habitude qu'il avait contracté de cette sorte de découverte, le plus fréquemment il était obligé de se déclarer vaineu et de donner, comme on dit vulgairement, sa langue au chat. Cet exercice nous rappelait à tous les deux un jeu d'enfant, aujourd'hui très répandu, qui consiste à discerner dans certaines gravures au milieu de figures diverses, une silhouette habilement dissimulée, Quand on l’a découverte, elle saute aux yeux, et on la voit se dessiner avec vigueur, alors qu'un instant auparavant, il était impossible d'en percevoir le plus léger contour. — 10 — L'Ephippigère semble d’ailleurs se rendre compte instincetivement de ce moyen de protection. Quand il est effrayé, 1l n’essaye pas de fuir; ses mouvements le rendraient visible et l’empêcheraient de passer inaperçu : il cesse de chanter, se tient immobile, puis au bout d’un temps assez long seulement, il se déplace, mais avec: prudence et circonspection, il bat en retraite, mais à pas lents, comme s'il sentait le danger d’une fuite précipitée. Vient-il à vous échapper quand on l’a saisi? Il se laisse tomber comme une masse et ne s'accroche aux brindilles qu'à une faible distance du sol. Dans un fourré un peu épais, il est à peu près impossible de le retrouver et j'attribue en partie le succès de mes bonnes chasses et à là largeur des feuilles du Séringat qui rendent l'analyse dont je parlais tout à l’heure beaucoup plus facile. Dans un feuillage plus touffu l'animal demeure véritablement invisible, et je me souviens que nous avons passé des heures entières, en observation devant un Acacia parasol de taille assez exiguë sans qu’il nous fut possible d'en capturer un seul. A en juger par le bruit que faisaient les Ephippigères, l'arbre devait pourtant en abriter un certain nombre, mais malgré nos efforts persévérants nous n'avons pu en saisir aucun dans cet asile inviolable. L'Ephippigère présente done un cas de mimétisme très intéres- sant; c’est un Insecte qui s’est parfaitement adapté comme couleur, au milieu dans lequel il vit. On le croirait au premier abord fort mal partagé, car il est dépourvu d'ailes. Il ne peut fuir rapi- dement, quand un ennemi le menace, il n’a rien pour se défendre contre une attaque directe et cependant il vit, croît et se multiplie. Ne doit-il pas son salut et sa préservation à cette faculté que nous venons de signaler de dissimulation, non pas morale mais matérielle! Je dois en outre mentionner un fait qui m'a paru très curieux. Il existe un autre type d'Ephippigère qui me parait correspondre à une simple variété et qui diffère totalement comme couleur du premier ; le vert est remplacé cette fois par une teinte brun foncé, tout à fait pareille à la couleur du bois. Ce n’est pas là, une différence sexuelle, car on trouve dans chaque cas des types de lunét lautre sexe. Les individus appartenant à la variété que j'indique sont cependant beaucoup plus rares que les premiers, ou du moins nous en avons nt Re capturé un moins grand nombre. Ceci pourrait tenir à la différence d'habitat; l’intérieur d’un fourré étant moins facile à explorer que son extérieur. Ils vivent, du reste, sur les mêmes arbustes que la variété verte, mais non plus sur les feuilles. C’est l'arbre lui-même ou plutôt la partie ligneuse des branches qu'ils recherchent de préférence et leur couleur, qui rappelle celle du bois ou mieux celle de l’écorce, est parfaitement en rapport avec ce nouvel habitat. Le fait mérite, je crois, l'attention des observateurs. Voilà, en eflet, des individus de la même espèce, vivant sur la même plante et ne difflérant que par la couleur de leur corps, les uns sont verts et se cramponnent aux feuilles, les autres sont bruns et se cram- ponnent au bois. — Le lecteur se demande peut-être pourquoi les Insectes dont il s’agit font tant de bruit, quand ils ont tout intérèt à passer ina- perçus. Ils agissent là sous l'influence de linstinet sexuel. Ce cri-ri rri..rir est un appel du mâle à la femelle, de là femelle au mâle, c'est le chant d'amour de lEphippigère. Ceci me conduit naturelle- ment à parler de la fécondation et de la ponte, que j'ai pu observer chez l’Ephippigère, soit en captivité soit à l’état de liberté. Quand un mâle et une femelle sont parvenus à se rapprocher, le mâle après des préliminaires assez longs, saisit entre ses pattes l’oviscape de la femelle comme s’il voulait grimper lelong de cette espèce de sabre, et se trouve ainsi, par rapport à elle, placé ventre contre ventre, la tête correspondant à lextrémité de loviscape. (Planche VIIT, fig. 1). Le mâle fait alors saillir un appendice bifide assez semblable, comme aspect extérieur à la largeur fourchue de certains reptiles, appendice qu'il introduit dans un orifice correspondant de la femelle. Il maintient celle-ci sous labdomen à l’aide de deux prolongements en forme de pince, qui laissent même après l’accou- plement une trace visible sur le corps de la femelle. Alors, commence une opération des plus laborieuse et qui dure près de 2% heures. Le mâle expulse de ses organes propres, un énorme paquet de spermatozoïdes de la grosseur d’un pois; et s'efforce d'introduire cette masse gluante dans les orifices béants de la femelle. Tentative mal aisée et qui exige de bien grands AD efforts; car l'orifice, notablement plus petit que la boule qui doit le traverser, ne se dilate qu'avec une extrême lenteur. La femelle, de son côté, fait des efforts incessants pour faciliter l'opération et on la voit agir sur la masse molle à l’aide de deux appendices qui se trouvent au-dessous de l’oviscape. La ponte commence deux ou trois jours après l’accouplement, et donne naissance à des œuis allongés de couleur brune (Planche VI, fig. 4). La femelle leffectue à la suite d’un travail préliminaire; elle choisit des brindilles vertes de la taille d’une plume doie, les entaille vigoureusement à l’aide de ses mandibules, et fait pénétrer l'incision jusqu'à la moelle. Elle introduit alors son oviscape par le trou qu'elle à percé et insinue un œuf dans l’intérieur même de cette moelle. Un peu plus loin, elle reprend ce travail et arrive ainsi à échelonner, tout le long de la brindille, une série régulière de trous transversaux à peu près équidistants qui correspondent à un nombre égal d’œufs (Planche XIIL fig. 2 et fig. 3). Les œufs se développeront plus tard dans l’intérieur de la branche vivante qui les abritera contre les intempéries et les dangers du dehors, et les larves auxquelles ils donneront naissance se trouve- ront ainsi placées à une faible distance de la feuille qui doit nourrir l'adulte. — On le voit, l'Ephippigère représente un type d’'Orthoptère bien curieux au point de vue du mimétisme. Il serait intéressant de savoir si les deux types que nous avons décrits, variété verte et variété foncée, ont pour point de départ une souche commune, et si, de l’intérieur d’une même ponte, peuvent sortir les deux variétés, ou bien, si les animaux présentent deux variétés distinctes, diver- gentes, reproduisant chacune leur type et leur type seulement. Je n'ai pu faire pour mon compte aucune observation à ce sujet qui me permette de trancher la question. Dans ce qui précède, J'ai pris plaisir à raconter quelques parti- cularités relatives au genre de vie de lEphippigère, mon but prin- cipal à été d'appeler l'attention des naturalistes de notre pays, sur un ordre de fait qui à son importance et qu'on laisse trop souvent de côté. L'Ephippigère n’est pas du reste le seule type que lon pourrait citer dans lequel les ailes se sont ainsi transiormées et profondé- — M3 — ment modifiées, nous trouverions dans le même groupe un grand nombre d'exemples analogues. Dolichopoda palpata. — Je citerai par exemple le Dolichopode à longues pattes, qu'on rencontre dans quelques grottes des Pyrénées et dont l'étude serait également fort intéressante, car lui aussi paraît s'être adapté à une vie particulière. On ne le trouve, en effet, que dans les grottes profondes où il vit à l'abri de la lumière. Il est vrai que c’est un animal rare et toujours diflicile à se procurer. L'Ephippigère est au contraire un type qu'on rencontre dans une grande partie de la France et qu'on peut observer facilement. Il prêterait sur plusieurs points à une étude très intéressante si elle était approfondie et complétée. EXPLICATION DE LA PLANCHE VII EPHIPPIGER RUGOSICOLLIS (SErv.) (Cette planche est destinée à montrer le mode d'accouplement de l'Ephippigère). Fig. 1. — Mâle et femelle pendant l’accouplement. Fig. II. — Branche de Seringat présentant les perlorations caractéristiques de la ponte de l'Ephippigère. Fig. IT. — La mème ouverte et montrant un œuf enfoui dans la moelle. Fig. IV. — OEuf de l'Ephippigère, grandeur naturelle. LETTRES. (Nota. — Toutes les lettres s'appliquent aux différentes figures). Ov. Oviscape de la femelle. P. Penis du mâle. C. Cerques. O0. Perforation effectuée par l'Ephippigère pour le passage de l'oviscape. pe a NOTE SUR QUELQUES GALLES OBSERVÉES EN AUVERGNE Par :H.-FOCKEU Préparateur d'Histoire naturelle à la Faculté de médecine de Lille Pendant une récente excursion botanique de la Faculté de médecine de Lille en Auvergne, j'ai récolté quelques productions gallaires dans quelques-unes ‘des localités les plus fréquentées par les touristes qui parcourent la région des Puys et des Dômes. En les énumérant, je désire simplement attirer l'attention des natura listes du pays sur un sujet qui touche à la fois à l’entomologie et à la botanique ; j'ai pass trop peu de temps en Auvergne pour ‘prétendre donner un catalogue complet des Galles que lon peut y rencontrer, notamment sur les espèces particulières à cette région volcanique. Suivant la méthode adoptée dans un précédent travail du mème genre, j'ai classé les différentes Galles d’après le nom de la plante ou de lPanimal qui les produit; cette façon de procéder permettra de comparer plus facilement les espèces que j'ai recueillies en Auvergne avec celles que j'ai déjà signalées dans la région du Nord. 1° GALLES DUES AUX CHAMPIGNONS J'ai observé sur les feuilles de l'Urtica dioica L. une déformation curieuse, intéressant à la fois la nervure médiane et le parenchyme. Elle résulte d’une élongation locale du limbe et de la nervure qui constitue à ce niveau une sorte de loge ouverte à la partie infé- rieure et saillante à la face supérieure de la feuille. L'intérieur est habité par des Araignées, l'extérieur est irrégulièrement bosselé et de coloration jaune pâle. Au point de vue de son aspect extérieur, on peut comparer cette Galle à celle que produit le Pachypappa marsupialis Kocx sur les feuilles du Peuplier, avec cette différence toutefois que dans cette dernière l'ouverture longitudinale est dirigée dans le sens de — M5 — la nervure médiane, tandis que dans la Galle de lOrtie, cette ouverture est perpendiculaire à la nervure. En jugeant par analogie on serait tenté, à cause de sa forme, d'attribuer cette Galle à un Aphidien, mais si l’on pratique une coupe transversile de la tumeur on remarque, sous l’épiderme de la face inférieure, de grandes cavités remplies de spores (æcidiums) et sous l’épiderme supérieur d’autres cavités plus petites d’où s’échappent des filaments en forme de poils qui s’épanouissent au dehors (spermogonies). Ce sont les appareils reproducteurs d’une Urédinée le Puccinia caricis SCHUM. dont la phase Uredo vit sur quelques espèces de Carexr. ScHROETER le pre- mier à signalé ces phénomènes d’alternance de génération. Franck (1) qui a observé cette monstruosité de la feuille de l’Ortie ne lui donne pas le nom de Galle, je crois cependant que certains caractères permettent de la considérer comme telle. I y a d’abord, à son niveau, une hypertrophie très manifeste du parenchyme et de plus elle forme une véritable bourse pouvant même donner asile à des parasites. J'ai récolté quelques échantillons de cette Galle au pied des Grottes de Jonas. Une autre Galle produite par un Champignon existe en grand nombre dans les plaines que traverse la Couse de Chaudefour des- cendue du Lac Pavin. Les Polygonum bistorta qui alternent avec les Narcisses des poètes et abondent en cet endroit, présentent sur leurs feuilles de petites élevures d’un rouge vineux, molles, légèrement saillantes à la face supérieure, renfermant entre les deux épidermes des spores qui Ss’échappent par des crevasses de la surface. Cette maladie de la Bistorte a été observée également par FRrANCK en Autriche, dans les régions montagneuses aussi bien que dans les plaines. Elle est déterminée par le Pseudopeziza bistortæ FUCKEL, CALE ESSDUES AUX INSECTES HYMÉNOPTÈRES Les Cynipines gallicoles sont représentés par une espèce assez fré- quente dans les plaines, le Diastropbus rubi HART. qui détermine la Galle pluriloculaire des pétioles et des tiges de Ronces. (1) Franck. Die Krankeiten der Pflanzen. Breslau, 1881, Page 459, — 16 — J'ai observé surtout cette Galle sur la route de Clermont au Mont-Dore, un peu avant le Col de Ceyssat. Les Chènes sont rares sur les crêtes abruptes des Domes; les quelques individus rabougris que j'ai rencontrés ne m'ont pré- senté aucune Galle de Cynips. Les TENTHRÉDINIDES, notamment le genre Nemalus qui provoque des Galles sur la plupart de nos Saules, m'ont semblé assez rares en Auvergne. J'ai recueilli cependant quelques Galles de Nematus gallicola Wesrw. sur les Saules qui bordent la route de ZBesse- en-Chandesse à Issoire. HÉMIPTÈRES Le Frêne, l’'Orme et le Peuplier sont assez répandus dans toute la vallée de la Couse. J'ai observé sur ces différents arbres les espèces gallicoles que nous sommes habitués à y trouver dans notre région. PsyLzipes. — Le Frène porte fréquemment sur ses folioles un salloïde en rouleau marginal déterminé par le Psyllopsis fraxini L. Ces Galles sont très communes près de la Cascade de Saillan, à Saint-Nectaire-le-Haut, sur la crête qui conduit à léglise, et aux pieds des Grottes-de-Jonus. APHIDES. — L’orme m'a présenté : 1° A la face supérieure de ses feuilles les Galles pédiculées produites par le Fetraneura ulmi De GEER, très communes dans les avenues et jardins de Clermont-Ferrand ; 2 un galloïde qui résulte d’un enroulement foliaire avec décoloration et exagération du plissement des nervures. Ce galloïde donne asile à tout une génération de pucerons le Schizoneura ulmi L. Les Peupliers sont couverts des Galles du Phemphigus spi- rothecæ Pass. et du Pachypappa marsupialis Kock. DIPTÈRES Le Cecidomyia botularia Wrz. détermine sur les folioles du Frêne une hypertrophie de la nervure médiane et l’accollement des deux parties latérales du limbe, ce qui donne à cette Galle — 17 — l'aspect d’une gousse s’ouvrant à la face supérieure par une fente longitudinale et à l’intérieur de laquelle se trouvent quelques larves blanchâtres. Je n'ai observé cette Galle qu’en un seul point, au bord de la Cascade de Saillan dans le village de Champeir ; j'ai eu occasion d’en recueillir depuis un grand nombre dans notre Département, au bois de Phalempin et à Lille même. Une autre Galle est à signaler sur le Taraxacum officinale. Elle consiste en un renflement allongé de la nervure médiane et du limbe. Cette Galle est pluriloculaire et renferme des larves de Diptère. Elle est peut-être analogue à celle que décrit FRANCK et qu'il attribue à un Diptère encore indéterminé; je n’en ai recueilli qu'un seul échantillon aux pieds des Grottes de Jonas. L'Euphorbia Cyparissias présente, à l'extrémité de ses rameaux, une élégante petite Galle très commune sur tous les chemins et sur les hauteurs. A première vue elle à l'aspect d’un bouton de rose très serré, et formé de folioles d’un éclat très vif qui abritent de petites larves rouges du Cecidomyia Euphorbiæ LOEWw. J'ai récolté cette Galle à Champeix, à Murols, etc., KALTENBACH dit l'avoir observée en grande quantité dans lEifel et sur les bords du Rhin. Franz Lôw la signale également en Autriche et M. Gapeau DE KEeRvizzs l’a trouvée en Normandie. 3° GALLES DUES AUX ACARIENS De nombreuses Phytoptocécidies s'’observent en Auvergne. Dans les vignobles cultivés au pied du Plateau de Pardines des ceps entiers sont couverts de Galles de ce genre déterminées par le Phy- toptus vitis LAND. L'Alnus glutinosa L. présente sur ses feuilles, de chaque côté de la nervure médiane, de petites élevures saillantes à la face supérieure et garnies de poils blanchâtres à la face inférieure: ces productions sont également dues à un Phytoptus. — Très communes à Saint- Nectaire-le-Haut, — IS — Les feuilles de l’Acer campestre L. sont parfois couvertes à leur face supérieure de petites saillies rougeâtres produites par un Acarien du mème genre. (Cette Galle correspond au Cephaloneon myriadeum de BREMI.) A cette Galle en est associée une autre, subsphérique, couverte de poils blanchâtres, beaucoup plus rare que la précédente et corres- pondant au Cephaloneon solitarium de BREMr. Le Prunus spinosa L., très abondant sur la crête qui domine le Château de Murols et aux Grottes de Jonas, présente sur le bord de ses feuilles de petits épaississements qui donnent à cet organe l'aspect d’un jabot. A l’intérieur de cette Galle on trouve un Phytoptus. Le Tilia grandifolia Enr, m'a présenté à la face supérieure de ses feuilles les galles en « tétines » déterminées par un Phytoptus. Communes à Clermont-Ferrand et Royat. La Phytoptocécidie La plus répandue dans la région que jai parcourue est, sans contredit, celle que l’on observe sur les feuilles du Noyer. Elle consiste en un renflement, une élevure du paren- chyme foliaire qui fait saillie vers la face supérieure et qui est tapissée à la face inférieure de poils blanchâtres très serrés. La Galle est limitée de toute part par des nervures et affecte par suite une forme sensiblement rectangulaire. Certaines feuilles sont cou- vertes de ces Galles et présentent un aspect gaufré visible même à une certaine distance. Très communes sur toutes les routes. A0 NUR QUELQUES CLADOCERES EE SUR UN ONTRACODE NOUVEAUX D'OR NS CTI I CA CA Par R. MONIEZ Professeur à la Faculté de médecine de Lille Le lac Titicaca, célèbre dans les fastes de l’histoire ancienne du Pérou et dont l’une des îles fut le berceau de la religion du Soleil, est situé, comme on le sait, à plus de 12.000 pieds au-dessus du niveau de la mer, sur un vaste plateau de la Cordillère des Andes, entre le Pérou et Ia Bolivie; c’est un lac immense qui s'étend sur plus de 10.000 kil. carrés et compte, par conséquent, parmi Îles plus vastes du globe. La végétation est rare sur ses bords, par suite de la rigueur du climat, tellement que les vaches qu'on y élève, ne trouvant pas de nourriture suflisante, ont pris, dit-on, l’ha- bitude de plonger dans l’eau pour chercher une alimentation plus abondante, dans les herbes qui poussent au fond. Etant données ces circonstances, on conçoit que la faune du lac soit très pauvre; elle passe pour telle et est d’ailleurs très mal connue. L’exploration scientifique qu’en firent en 1875, pendant deux mois, AL. AGaAssiz et GARMAN (1) n’a guère donné de résultats qu’au point de vue des Vertébrés: les Poissons qui habitent le lac Titicaca, très nom- breux comme individus, le sont fort peu comme espèces et ils présentent ce fait remarquable de n’appartenir qu'à deux familles : on n’a rencontré en effet dans ces eaux, qu'un genre de Siluroïdes réprésenté par une seule espèce le Trichomycterus dispar GUNTHER et un genre de Cyprinodontes représenté par cinq espèces : les Orestias Cuvieri, Pentlandi, Agassizii, Mülleri et albus (2). (1) Exploration of lake Titicaca by ALex. AGassiz et W. GaRMaAN: I. Fishes and reptiles by Garman. IL Notice of the Palæozoic fossils by Onvirre A. Dergy III. List of Mammals and Birds by J. AzLeN. IV. Crustacea by W. FAxox (Bulletin of the Museum of comparative zoology at Harvard Collège, Cambridge, Mass. vol. 3). (2) Les huit espècees d’Oreslias décrites par Cuvier et VALENCIENNES dans leur Hist. nat. des Poissons (t. XVIII, p. 221), comme provenant du lac Titicaca, se ramènent aux cinq espèces que nous énumérons. On n'en a pas indiqué de formes nouvelles depuis 187 2 49 Tous ces animaux sont de petite taille. Aux Poissons, il faut ajouter un remarquable Batracien, le Cycloramphus culeus GARMAN, sorte d'énorme grenouille complètement aquatique. Peu d’eaux, on le voit, sont aussi pauvres en formes élevées que celles du lac Titicaca. Sauf pour les Crustacés, on ne possède aucune indication sur les Invertébrés du lac : « La faune des Crustacés, telle que les dragages d’AGassiz la » font connaître, dit Faxon, chargé d'étudier les résultats de » l'expédition, est fort restreinte : excepté une espèce de Cypris, » tous les spécimens récoltés appartiennent au genre Allorchestes. » On sait que les Allorchestes sont des Amphipodes de la famille des Orchestiadés : ils comptent à la fois des types marins, des formes d’eau douce et des espèces terrestres. FAxoN en a décrit dans le lac Titicaca sept espèces nouvelles et une variété d’une forme déjà connue aux États-Unis (A. armatus, echinus, longipes, lucifugar, latimanus, longipalmus, cupreus (Sp. nov.) et 4. dentatus var. inermis SMITH). Étant donnés les résultats des dragages faits, pendants ces der- nières années, dans les différents lacs de l'Europe, sans en excepter ceux qui sont situés à une grande hauteur, et qui ont partout montré l'existence d’une faune d’Entomostracés, sinon très riche, du moins assez variée, on pouvait s'étonner à bon droit de l'absence d'animaux de cette sorte dans le lac Titicaca, d'autant qu'il n’y a pas de dificulté particulière pour expliquer leur arrivée dans ses eaux (1) et que les oiseaux aquatiques ont dû pouvoir les y transporter très facilement. Nous sommes en mesure de montrer qu'il n’y a là qu’une apparence, due sans doute à l’imperfection des moyens de recherches employés par les savants américains, et que ce grand lac n’est pas plus dépourvu que les autres de Crustacés inférieurs, malgré lal- titude exceptionnelle à laquelle il est situé. Ayant eu l’occasion de disséquer un Orestias Mülleri provenant du lac Titicaca, nous avons examiné avec soin le contenu de l'intestin de ce poisson, que l’on ne peut se procurer que rarement (1) Il n'en est peut-être pas de même pour les A/lorchestes et les deux types de Poissons qui s’y. trouvent. et qui manquait même dans la collection du Muséum de Paris. En outre des débris abondants provenant de plusieurs espèces d’Allorchestes et de nombreuses coquilles d’un Gastéropode (Palu- destrina culminea d'Orb.), à côté d’un certain nombre d'individus d’un parasite d’espèce nouvelle appartenant au genre Hedruris (H. orestiæ) que nous avons récemment fait connaître, nous avons observé une quantité de dépouilles d’'Entomostracés dont quelques- unes. ont pu être étudiées,. malgré le très mauvais état de conservation dans lequel se trouvaient la plupart d’entre elles. Nous y avons reconnu huit espèces distinctes dont plusieurs sont nouvelles : deux espèces de Cyclops indéterminées, un Ostracode (Cypris ? incarum nov. sp.) et cinq Cladocères (Daphnia Sp., Cerio- daphnia solis, nov. Sp. Simocephalus cacicts, nov. sp., C'amptocercus sp., Chydorus sphœricus MürLer). Il n’est pas douteux que ce ne soit là un faible échantillon de ce que le lac contient en fait de Crustacés inférieurs; les Orestias ne se nourrissent pas exclusivement de ces petits êtres, comme en témoigne la présence dans lestomac de lun d'eux, de Gastéropodes et d’Amphipodes, proies beaucoup plus volumineuses, de sorte que la récolte faite dans lintestin d’un individu de ce genre, offre le plus grand caractère de hasard; un nombre relativement si élevé d’Ento- mostracés recueillis dans des conditions si restreintes, lorsqu'il s’agit d’une étendue d’eau aussi considérable, nous porte à croire, au contraire de ce que l’on pensait, que le lac fournira une grande quantité de ces êtres, quand on l’explorera d’une facon convenable ; leurs formes pourront d’ailleurs présenter des faits curieux : si l’on songe à la multiplication des espèces d’Orestias et d’Allorchestes dans le lac Titicaca, à celle des espèces de Gammarides dans le lac Baïkal, on peut se demander si les formes extrêmement malléables de beaucoup d’Entomostracés, n’ont pas subi ici des modifications analogues et il serait en tout cas fort intéressant de faire des recherches dans cet ordre d'idées. Quoiqu'il en soit, nous allons maintenant exposer nos observations sur ces différents animaux : Cyelops sp.— Très nombreux débris indéterminables, qui nous ont paru appartenir à deux espèces distinctes. Cypris ? inçcarum Moniez. — Nous n'avons observé de cette — 422 — espèce, qu'un seul individu en fort mauvais état: c'était un mâle bien reconnaissable à son appareil éjaculateur. Les valves, dont nous représentons le contour (valve droite fig. 1), étaient complètement dénu- dées, mais les très courts tuber- cules qu'elles portent ça et là, surtout aux bords, où ils sont régulièrement disposés, marquent l'existence de Fig. — Cy- Fig. 2. — Cy- ‘ À ce 7? inca- pris Don- poils : ces valves qui nous ont rum, valve nelii,d'après ; droites re Baird. paru sans sculpture , sont plus étroites en avant, un peu rénilormes ; leurs impressions muscu- laires,situées plus près de lextrémité antérieure, sont disposées NE SE sur deux rangs : l’antérieur en porte # et le EN postérieur 3 (fig. 3). À Les antennes de la première paire sont pourvues de très longues soies natatrices, presque deux fois Pen Cu prie plus longues que lee Saut derniers articles (A EunR incarum,impres- ces soies, coupées à moilié dans notre dessin, sont sions musculai- c : : : : res. disposées comme il suit (fig. 4) : Article terminal : 3 ou 4 longues soies insérées à l'extrémité. Sirième article : Contre la base du précédent est inséré un faisceau de quatre longues soies qui atteignent presque l'extrémité des soies de l'article terminal, dont elles ont la longueur ; notre dessin les représente également coupées à moitié. | Cinquième article : Deux longues soies au côté inférieur, à lar- ticulation avec le sixième article. Quatrième article : Deux longues soies au côté inférieur, à l’arti- culation avec le cinquième article, plus une courte soie au côté supérieur. Troisième article Une soie assez courte au côté inférieur, à l'articulation avec le quatrième article ; le troisième article est Fig. 4, — Cypris ? incarum. Antenne de la première paire. d’ailleurs assez mal dé- ao Le limité d'avec le précédent, quoique notre dessin le représente comme très distinct. Les antennes de la seconde paire portent, sur leur article ter- minal, une forte grifle accompagnée d'une soie moitié plus courte; au sommet du pénultième article sont deux fortes griffes et à sa base, insérées sur l’antépénultième, sont quelques larges soies qui ne dépassent que de peu le premier article. Les caractères des deux paires d'antennes, tels que nous venons de les rapporter, s’excluent généralement chez ces softes d'animaux et si notre espèce se rapproche du genre Cypris et s'éloigne des Candona par les longues soies de sa première paire d’antennes, elle s’en éloigne et se range dans le genre Candona, par la dispa- rition du faisceau de longues soies des secondes antennes, qui carac- térise le genre Cypris (1). La première paire de pattes ne présente aucun caractère particulier, elle est terminée par un ongle très long et très fort, accompagné d’une courte soie à la base ; la deuxième paire est terminée par un article très court, comme dans les Candona candida, hyalina et rostrata — nous ne pouvons, faute de docu- ments, étendre plus loin la comparaison — et les soies en PU terne de la que porte cet article ne diffè- rent pas, comme proportions relatives, de celles des espèces de Candona précitées (fig. 5). D'autre part, les rames abdominales ont la forme qu’elles pré- sentent souvent chez les Candona (C. albicans, detecta, candida, hyalina, — Cypris cinerea). Malheureusement, le mauvais état de lunique individu que nous avons Fl observé, ne nous à pas permis de constater si la soie que l’on trouve chez les Candona au-dessus de la Fig. 6. — Cypris incarum. Rame : : SORA TNT QE OO ART TEE base des rames existait bien ici (fig. 6). (1) Brapy et Norman, dans leur grand travail : Wonograph of the marine and fresh Water Ostracoda of the North Atlantic and North-Western Europe. (The Scientic Transactions of the royal Dublin Society, 1889), figurent pl. XIT, fig. 22, la première paire d'antennes du Candonarostrata, comme pourvue, aux cinquième et sixième articles, de très longues soies qui atteignent l'extrémité de celles que porte l’article terminal. Le texte ne parle pas de cette particularité, inconnue, par définition, chez les autres Candonu. 0 Jon, à La longueur de la coquille chez la Cypris? incarum & que nous avons observée était de 760 y, sa plus grande hauteur de 350 ; on remarquera que la forme de la partie postérieure de la coquille rappelle celle que l’on observe chez les mâles de plusieurs Candona. Les rames abdominales, avec leur crochet terminal, mesuraient 225 w sur lesquels le crochet compte pour 88 pu. Faxox indique bien, comme nous l'avons vu plus haut, une Cypris trouvée en abondance par GarMAN dans le lac, au milieu des plantes qui croissent à peu de profondeur, mais il n’en donne point les caractères : il se contente de dire qu'elle correspond à la description de la C. Donnelii, telle que la donnée Bairp (1). Or, la Cypris Donnetii, qui provient d’un étang d’eau douce de Coquimbo (Chili) a été fort insuffisamment décrite par l’auteur anglais ; toutefois, si les caractères qu'il en donne s'appliquaient à la Cypris étudiée par Faxon, ils ne peuvent tous convenir à la nôtre, autant du moins qu'il est possible d'utiliser la description de Bairb pour la comparaison : en particulier, la coquille n’est pas fortement renflée en arrière et la forme est un peu différente, comme on peut en juger en comparant les figures 1 et 2. Ce nom d'espèce ne pouvant s'appliquer à la Cypris trouvée dans Fintestin d'un Orvsiias, et comme nous n’en voyons point, parmi les espèces décrites, qui présentent les caractères des antennes et des rames tels que nous les avons rencontrés chez notre espèce, nous la tenons comme nouvelle, du moins jusqu’à ce qu'elle soit étudiée dans de meilleures conditions et que lon connaisse un peu mieux la C. Donnetii, laissant à d’autres le soin de décider si elle devra rentrer dans le genre Candona. Daphnia sp.— C’est une grosse espèce de Daphnie qui doit être fort abondante dans le lac, car j'en ai vu de très nombreux débris; (1) Burn W.— Description of several new species of Entomostraca : Proceed. zoolog. Soc. London 1850 t. xvi, p. 254; 2 pl. — reproduit : in Annals and mag. of nat. history 2% s, t x (1852) p. 56. Nous reproduisons la description d'ailleurs fort incomplète de cette espèce: « C'ypris Donnelii : Carapace valves elongate oval. Anterior extremity « narrower than posterior and considerably flatter ; posterior extremity rounded und very « convex: dorsal edge arched, ventral slightly reniform. The surface of the valves is « smooth ard shining, of a brown colour, variegated with patches of à darker shade. « The pediform antennæ are provided with about six bristles ot considerable length, « Fresh water ponds, Coquimbo. » malheureusement aucun échantillon n'était en bon état, aussi ne puis-je rien dire de l'œil, de l’ocelle, des antennes, des prolongements abdominaux, ni des membres. Le corps, dont la forme est celle des Daphnies du type de la D. pennata, mesure 2 mill. de longueur, sur lesquels 375 y appar- tiennent à la queue; celle-ci était insérée au-dessus de la ligne médiane chez tous les individus observés; la hautenr maximum est de près de £ mill. La tête offre à considérer une sorte de sinus situé entre son extrémité et le palpe; la saillie de ce dernier organe est très faible; il en résulte une certaine ressemblance avec la Daphnia pennata, du ne à g Fig. 7. — Daphnia sp. contour de la tête, Fig. 8. — Daphnia sp. extrémité du post-abdomen. moins avec la variété de cette espèce dont le palpe est réduit, mais elle s’en écarte par les caractères du post-abdomen : cette partie du corps, relativement très large, se rétrécit brusquement vers l’extré- mité et porte sur les côtés des dents très grèles, dont la longueur décroit faiblement à mesure que l’on s'éloigne de Ia première d’entre elles; ces dents sont au nombre de dix seulement; les crochets terminaux portent deux peignes dont l’un présente six fortes dents et dont l’autre forme une sorte de bouquet de six à sept dents très grèles et très serrées. Je ne vois pas trop, parmi les Daphnies pourvues de deux peignes sur les crochets terminaux et d’une longue queue, à quelle espèce on pourrait rapporter celle-ci avec certitude, mais, devant l'insuffisance de nos observations à son égard, et étant donné ce fait que les Daphnies du type de la D. pennata sont très polymorphes, il semble prudent de ne pas élever la Daphnie du lac Titicaca au rang d’espèce, tant du moins qu'on n’en aura pas observé le mâle. En tout cas, cette 15106 22 espèce ne se rapporte aucunement aux formes de l'Amérique du Sud qui ont été décrites par Gay (1) et la D. brasiliensis de LusBock est trop insuflisamment décrite pour pouvoir permettre une comparaison. Simocephalus çcacicus Moniez. — Cette espèce s'éloigne à première vue des formes jusqu'ici décrites dans le même genre, par l'absence de toute denticulation sur la carapace ; elle diffère en outre du S. vetulus par la forme de la tête, dont le front est beaucoup plus saillant, grâce à la courbe beaucoup plus accentuée que décrit la face; lœæil est aussi beaucoup plus éloigné du bord antérieur et l’ocelle nous à paru arrondi — ce dernier caractère ne devant ètre donné qu'avec réserve, par suite du mauvais état de conservation de l’animal sur lequel nous avons cru l’observer. — De plus, la séparation de la tête et du thorax nous à paru à peine indiquée. La forme de la tête et l'absence des épines de la carapace empêchent que l’on puisse confondre un instant notre espèce avec les S. serrulatus, americanus ou œægyptiacus (2). L'absence d’un peigne sur les crochets terminaux la différencie nettement du $S. australiensis SARS, comme du S. CXSPINOSUS. Le $S. cacicus diffère encore du S. exspinosus par la forme du bord inférieur de la tête, qui est droit chez celui-ci et non forte- ment courbé comme dans notre espèce; un autre caractère important est offert par l'angle du post- abdomen qui est opposé au crochet terminal: il ne présente pas ici la forte saillie que l’on remarque chez le S. exspinosus, où il est, de plus, suivi d’une série de denticulations qui manquent chez le $S. cacicus. Ces derniers caractères, la siluation de l'œil, le moindre nombre de crochets latéraux au post-abdomen, l'absence d’épine Fig. 9. — Simocephalus cacicus. (1) Cf. Gay : Historia de Chile, p. 290. — LuBsock J.: On the Freshwater Entomos- traca of south America : Trans. of the Ent. Society t. 3 (n. série) 1855. (2) S. ægypliacus, espèce décrite par Fiscer : in Beilräge zur Kennt. der Entomos- traceen : Abhandi. d. K. bäyer. Akad. d. Wiss. (1860). PAT 0 caudale, distinguent aussi l'espèce du lac Titicaca du S. Elizabethæ King, récemment étudié par Sars (1). Ajoutons maintenant que l'œil aux cristallins bien développés du S. cacicus ne mesure que 45 g de diamètre, alors que le mème organe mesure chez le S. vetulus 145 u, chez le S. erspinosus 125 y et chez le S. serrulatus, dont il se rapproche le plus par les dimen- sions, 65 y; les crochets Dr ren — . terminaux du post-abdo- men (fig.10) sontfinement ciliés et très longs, mesu- rant 160 & ; les crochets latéraux, étranglés un peu au-delà de leur base, sont au nombre de 9 à 10 et vont en diminuant de lon- gueur; les côtés du post- ET. abdomen présentent des Fig. 10. — Simocephalus cacicus. Exlrémité du séries de très courtes post-abdomen. : : 2 ; épines disposées en petits bouquets. Les sculptures de la carapace sont celles du S. vetulus : les longues mailles sont serrées, séparées par des intervalles de # à D m; on remarque, à l’angle inférieur et postérieur de la coquille, trois soies fortes et courtes et courtes, précédées d’une série de soies longues et grèles. Le seul individu complet que j'aie observé était une femelle, probablement gravide au moment de sa mort : elle mesurait près de 2mm de longueur totale, sur une hauteur maximum de mm: comme les autres, d’après les dimensions des débris, n’attei- gnalient pas cette taille, il faut considérer cet individu comme représentant à peu près les plus fortes dimensions auxquelles puisse atteindre cette espèce. Ceriodaphnia Solis MoniEz. — Tous les Ceriodaphnia jusqu'ici décrits, présentent une dépression plus ou moins accentuée à la partie antérieure de la tête, sauf peut-être la C. minuta Montez, chez laquelle cette dépression est à peine indiquée : il n’en est pas (1) G. 0. Sars : Additional Notes on Australian Cladocera raised from dried Mud: Videnskabs-Selskabs Forhandlingar 1888. — 428 — de même pour une espèce trouvée aussi dans l'intestin de l’Orestias Mülleri et qui présente en ce point une convexité régulière, Ce caractère, joint à celui du volume de la tête, permet presque de la reconnaître à première vue. La C. Solis (fig. 11) mesure 165 dans sa plus grande lar- geur sur une hauteur de 540 y : la distance de l'extrémité de la tête à la dépression thoracique est de 9360 w. Ces mesures ont été prises sur deux femelles qui Fig. 11. — Ceriodaphnia Solis. portaient chacune un œuf d'été; il semble donc que ce soient là des dimensions moyennes. Je n’ai pas observé de mâles. Le mauvais état de conservation de tous les individus observés m'empêche de rien dire sur locelle et les membres; toutefois, j'ai pu voir le palpe (fig. 12) court, large, faiblement incurvé au côté postérieur, avec le tubercule sétigère latéral très large et placé relativement haut. La carapace, prolongée par une queue rudimentaire, est très nettement réticulée. Le post-abdomen (fig. 13) est caractéristique : ses bords sont à peu près parallèles et il n’est, par consé- quent, ni sensiblement dilaté, ni rétréci à lextrémité UE (1), le crochet terminal est très long, fort, courbé, post abdomen. il mesure 40 % de longueur ; les épines latérales, très grèles, sont au nombre de 8. A Camptocereus Sp.— J'ai encore trouvé, dans l'intestin de l’Orestias un unique individu femelle, appartenant au genre Fig. 13. — Ceriodaphnia Solis post-abdomen. Camptocercus NA CALAE . (1) Chez la Cer. batava Montez, le post-abdomen revêt la même forme, mais il diffère par ses appendices et par la longueur moitié moindre du crochet terminal , la C. Solis se distingne encore par l'absence des trois ou quatre soies caractéris- tiques de la C. batava (Monrez R. — Pêches de M. A. Dorcrus en quelques points de la France et de la Hollande) Bullet. de la Société d'Etudes Scient. de Paris, 2PVannée SSI — 429 — pace était bien conservée, de même que le post-abdomen, mais il était impossible de rien voir des autres organes, altérés par les sucs digestifs et je n'ai pu, surtout, observer l’appendice labial qui dans ce genre, fournit des caractères spécifiques de premier ordre. La carapace, chez cet animal, se distingue de celle des autres Camptocereus en ce qu'elle est sensiblement rétrécie à l'extrémité -et parfaitement arrondie; elle est dépourvue de toute trace de dent; le bec est recourbé. La plus grande longueur de la carapace est de 650 y, le maximum de hauteur 400 pu, le post-abdomen mesure 270 w et les crochets terminaux 108 vw. Les différences extérieures que nous venons de rapporter nous avaient engagé à étudier très attentivement l'individu provenant du lac Titicaca, mais toutes réserves étant faites, bien entendu, au sujet des organes que nous n'avons pas examinés, nous n'avons pu trouver, dans le post-abdomen et dans les crochets qu'il porte, comparés à ceux des Camptocercus rectirostris et Lilljeborgii, que de légères différences en plus ou en moins et nous ne voulons pas nous prononcer sur lexamen d’un seul individu, étant donné, surtout, que les dents de la carapace sont quelquefois réduites chez ces animaux ; nous laissons donc provisoirement notre animal sans dénomination spécifique. Chydorus sphærieus F. O0. MüLLER. — Plusieurs individus de cette espèce cosmopolite et partout abondante, se trouvaient en compagnie des formes précédentes, dans lintestin de lOrestias que nous avons disséqué. Mentionnons pour terminer, un Acarien du genre Æermannia qui se trouvait avec les débris des animaux dont nous venons de faire l'étude et qui sans doute avait été entrainé dans l’eau du lac. Pour peu qu’on examine avec soin les eaux de provenances les plus éloi- gnées, on ne manque Jamais d'y trouver des animaux de ce genre cosmopolite ou de formes voisines qui résistent très longtemps à la submersion. — 130 — NOTES HYDRACHNOLOGIQUES Par Taéos. BARROIS Professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Lille I. — DE L'IDENTITÉ DES NESŒA UNCATA Konike ET NESŒA VIRIDIS Kocu. L'année dernière, F. KoENIKE a minutieusement décrit, sous le nom de Nesœæa uncata (1), une Hydrachnide d’eau saumâtre (2) que nous avons rencontrée en abondance, M. Montrez et moi, tant dans les eaux douces que dans les eaux saumâtres du Nord de la France, et que nous avons désignée dans notre Catalogue (3) sous le nom de Nesæwa viridis Kocx. L'espèce créée par Kocx tire son nom de sa superbe livrée verte (schon apfelgrün), d’une teinte que je n’ai jamais rencontrée chez aucune autre Nesæa; les épimères, les palpes et les pattes sont d'un bleu-vert très foncé (schon grünlichblau). La diagnose du savant allemand, établie d’après une femelle, est basée presque uniquement sur l'aspect général et la couleur de l'animal; les palpes sont longs, minces ; les pattes, quelque peu grêles, sont de longueur ordinaire. Ces renseignements sont évidemment un peu vagues, et c’est toujours chose délicate, en l'absence de caractères anatomiques, que d'affirmer qu'une espèce donnée se rapporte bien à une espèce de Kocx. Dans certains cas pourtant, une particularité d'aspect, de taille, de couleur, etc., rend l'identification plus aisée: c'est ce qui à lieu pour notre espèce. BRruzELIUS (4), le seul qui semble avoir revu la Nesæa viridis (5), (1) Kônike : Eine neue Hydrachnide aus schwach salzhaltigem Wasser, Brémen 1888. (2) Dans l’une des localités l'eau contenait jusqu’à 0,275 p. °/, de Chlorure de sodium. (3) Barrois et Moniez: Catalogue des Hydrachnides recueillies dans le Nord de la France, p. 7, Lille 1887. = (4) Bruzeuus : Beskriflning ôfver Hydrachnider som forekomma inom Skäne, p. 19, Lund 1854. (5) NEUMAN ne parait pas avoir rencontré lui-même cette espèce, car il se borne à reproduire presque intégralement {Om Sveriges Hydrachnider) le texte de BRUZELIUS. — 431 — donne de ce type une diagnose en tous points conforme à celle de Koca, à cela près qu'il indique les pattes comme étant fort longues, tandis qu’elles seraient seulement de taille ordinaire d’après l’hydrach- nologue allemand. Outre que ce terme « taille ordinaire » n'indique rien de précis, la figure de Kocx est en complet désaccord avec le texte (ce qui d’ailleurs est assez fréquent), car les pattes sont certainement toutes plus longues que le corps; c’est également ce qui à lieu chez Nesœa uncata d'après KÔônIkE : © Die Küsse sind sämmtlich länger als der Kôrper (1). » BruzELIUS fournit, d’autre part, quelques précieux détails sur la disposition de l'appareil génital, caractère de premier ordre pour la classification des Hydrachnides : « La fente génitale, de longueur moyenne, est limitée à ses deux extrémités par un épaississement très apparent. De chaque côté, on observe quelques petits points, tandis qu’un peu en arrière se trouvent deux groupes de ponctuations beaucoup plus grosses. » Si l’on rapproche cette description de lexcellent dessin de Kônike (PI. III, fig. 16), il sera facile d'en constater l’exactitude. Que l'espèce revue par BRruzELIUS soit bien la Nesœa viridis de Kocu, cela ne fait pas le moindre doute, car si la couleur bleu- foncé des épimères et des pattes est commune à quelques Nesæa, la livrée vert-pomme de N. véridis est absolument caractéristique ; il n’y à pas d'autre Nesæa dont la teinte se rapproche de celle-ci, même d’une façon éloignée, et c’est ce qui m'a engagé à rapporter à la N. viridis les exemplaires recueillis dans le Nord de la France. Si KÔNiIKE avait rencontré des spécimens de ce beau vert, il eut agi de même bien certainement, afin de ne pas surcharger la syno- nymie deja si compliquée de ces Acariens; mais, par malheur, tous les individus qui lui ont passé par les mains étaient de teinte rous- sâtre. Et de fait, c’est la couleur la plus commune chez N. viridis (très mal nommée, comme on le voit); la plupart de mes exem- plaires variaient du brun de Sienne au roux clair et c’est seulement par exception, dans des eaux douces, que j'ai rencontré quelques individus æ et ® du plus beau vert : KÔnikE lui-même, après les avoir examinés, à reconnu que les deux formes ne différaient que par la teinte, et qu'elles étaient absolument identiques à sa N. uncata. Dans une mare d’eau saumätre (2) de Groffliers (Pas-de-Calais), (1) Kônike : loc. cit., p. 10. (2) Contenant environ 0,147 °/, de chlorure de sodium. — 132 — où elle abonde en compagnie du Palæmonetes varians LEAcH, la N. viridis ne prend jamais sa livrée verte, du moins autant que j'ai pu en juger. Nous avons déjà signalé, M. Montrez et moi (1), la facilité avec laquelle le pigment des Hydrachnides passe du rouge au vert, ou inversement; ce virement est surtout très facile à observer sur les Arrenurus, les Anurania (forme jeune des précédents) et les Marica. C'est un phénomène du mème ordre qui se produit chez N. véridis, sous des influences qu'il est bien difficile de déterminer, mais parmi lesquelles il faudrait peut-être compter la composition de l’eau : je dois dire pourtant que la forme brune se rencontre dans des eaux absolument douces. IIT. — SUR L’ADAPTATION DES HYDRACHNIDES AUX EAUX SAUMATRES KoENIKE termine en ces termes la courte préface du mémoire qu'il a consacré à la description de Nesœa uncata : « Vielleicht handelt sich's ebenso bei Arrenurus fimbriatus um eine zweite Hydrachnide, die als Existenzbedingung schwaches Salzwasser erfordert, doch bedarfs zur Entscheidung dieser Frage noch weiterer Funde (2)». Le nombre des Hydrachnides qui vivent dans les eaux saumätres est beaucoup plus considérable que ne le suppose le savant hydrachnologue, et, depuis longtemps déjà, Pauz BERT a constaté que les Hydrachnides s’accommodent parfaitement d’un degré de salure assez élevé pour tuer les Poissons et les Crustacés (3). Malheureusement l’éminent physiologiste ne nous donne aucune indication sur ce degré de salure, pas plus que sur les espèces d'Hydrachnides sur lesquelles ont porté ses expériences. La mare de Groffliers, dont j'ai parlé dans la précédente note et dont la teneur en chlorure de sodium atteint 0,147 p. °/,, con- tient un assez grand nombre d'Hydrachnides qui semblent parfaite- ment s’accommoder de ces eaux saumâtres. En voici la liste : (1) Barnrois et Moniez : loc. cit., p. 23-24. (2) KoœniKe : Eine neue Hydrachnide aus schwach salshalligen Wasser, p. 2 #1 : Bremen 1888. (3) P. Berr : Sur la cause de la mort des animaux d'eau douce qu'on plonge dans l'eau de mer el réciproquement. Comptes-rendus Acad. seciene., t. XCVII, p. 133, 1883. — 433 — Diplodontus despiciens O F. MüLLer. D. scapularis Ducs. Limnesia histrionica HERMANN. AYTeNUTUS Sp. Nesœa viridis Kocx. Hydrachna globosa dE GEER. Eylais extendens MüLLER. Hydrodroma rubra ne G&er. H. helvetica HALLER. H. dispar von ScHAUB (1). L'on ne peut manquer, en parcourant cette énumération, d’être frappé de la rareté des espèces du genre Nesæwa Si abondantes dans toutes les eaux douces voisines. Les genres Diplodontus et Hydrodroma paraissent au contraire s'adapter merveilleusement à ces nouvelles conditions de milieu. (1) Cette espèce a été décrite pour la première fois l'année dernière par von ScHAuB (leber die Analomie von Hydrodroma, ein Beitrag zur Kenntniss der Hydrachniden. Sitz. der K -K. Akad. d, Wiss. in Wien, 1888) ; elle n’a été revue depuis qu'une seule fois par Moniez, qui le premier à signalé la présence en France de cette curieuse espèce (R. Monrez : Pêches de M. AbRIEN Docrrus en quelques points de la France et de la Hollande. Bull. de la Soc. d'études scient. de Paris. année XIT, 1889). — 43% — PARASITISME ACCIDENTEL SUR L'HOMME DU TYROGLYPHUS FARINE Par R. MONTEZ. « J'ai montré dans mon livre sur les Parasites de l’Homme (1889) que l’on avait mis à tort sur le compte du Rouget (Leptus autum- nalis), les phénomènes d’éruption déterminés par la. morsure de différentes espèces d’Acariens, et, en outre, d’une forme nouvelle observée en Belgique (Tydeus molestus Montez), dont j'ai indiqué les principales particularités éthologiques ; J'ai aussi fait connaître qu'un Acarien vivant dans les tas de blé et s’attaquant également à l'Homme, avait été récemment observé à Lille; je ne donnais alors aucun détail sur ce dernier animal, mais Je suis aujourd'hui en mesure de combler cette lacune. » L’Acarien en question appartient au genre Tyroglyphus, et c'est même l’espèce la plus commune du genre, le Tyrogl. (Aleurobius) farinæ, qui s’observe surtout en abondance sur certains fromages, où il est même infiniment plus fréquent (du moins d’après mes propres observations) que le Tyroglyphus siro, avec lequel on le confond très souvent, malgré les travaux des naturalistes italiens. On sait que le Tyrogl. farinæ apparait quelquefois en quantités énormes sur les substances animales ou végétales les plus diverses, lorsqu'elles présentent un commencement d’altération (tabacs (1) et houblons, farines, foin, charcuteries, etc.) et, jusqu'ici, on l'avait toujours considéré comme inoflensif. Aucune observation ne permettait de croire qu'il peut être nuisible, aussi ai-je dû m'assurer, par une étude attentive, qu'il ne s'agissait pas d’une autre espèce. On sait d’ailleurs que le parasitisme de formes ordinairement libres, n’est pas un fait absolument rare chez les Acariens. » On peut se demander daus quelles conditions le Tyrogl. farinæ se. jette sur l'Homme et comment il se fait que l'on ne constate pas souvent ses attaques; les circonstances de notre observation nous paraissent donner réponse à cette question. L'éruption et les phénomènes consécutifs s’observaient à Lille pendant la manipulation () Le Tyrogl. farinæ est souvent remplacé par le Gylycyphagus Spinipes Kocn, dans certains tas de tabacs en feuilles, aux entrepôts de Lille, au moment de la fermentation, qui a lieu d'ordinaire en Avril. — 435 — de blés importés de Russie, à ce moment très secs, n'offrant aucune espèce -de fermentation, et incapables, par conséquent, de fournir un aliment aux Acariens : Ceux-ci, organisés pour ne s'éloigner guère de leur lieu de naissance, se voyaient réunis en masse dans les angles des réservoirs en bois qui contenaient Île grain. On peut admettre que ces animaux avaient pullulé dans le blé avant le départ d'Odessa ou pendant le transport et que, la sécheresse survenant, les adultes se soient ainsi trouvés affamés ; or, ces Acariens peuvent résister à l’'inanition pendant un temps considérable et il suffit d'examiner Jeurs pièces buccales pour se rendre compte des puissants instruments qu'ils possèdent pour percer la peau et sucer les liquides : pour lors, les Tyroglyphes, jetés en l’air par les vans où dans l'opération du pelletage, peuvent très bien arriver sur la peau et l'entamer. » D'après les renseignements que j'ai pu recueillir, on aurait aussi constaté, en quelques autres points du département, léruption due à des Acariens développés sur nos blés de Russie, mais il faut se garder de conclure que le Tyrogl. farinæ doit être incriminé dans tous les cas : en effet, plusieurs observateurs ont signalé une autre espèce d’Acarien qui s'attaque à lHomme, observé tantôt à l'état larvaire (Kritoptes monunguiculosus GEBER) (1), tantôt à l’état parfait {Pediculoïides ventricosus Newport) sur des blés d'origine européenne. KARPELLES à aussi rencontré, sur des blés de provenance non indiquée, un Tarsonemus intectus, et FLEMMING à trouvé à Koloswar, sur des blés de Russie, un Acarien qui se comporte de la même facon et qu'il à rapporté au genre Tarsonemus. Le fait que nous venons d'indiquer n’est pas isolé et l'on peut citer un cas très semblable, celui du Tyroglyphus entomophaqgus, si commun dans les collections d'Insectes et que nous avons trouvé à Lille en abondance dans le safran. Il déterminerait les phénomènes éruptifs dans l'affection connue sous le nom de Vanillisme, affection que l’on à rapprochée de la gale des épiciers, produite peut-être, si tant est qu'elle soit d’origine parasitaire, par le Tyrogl. farinæ ou par le Carpoglyphus passularum Roi (Trichodactylus anonymus des auteurs plus récents). » (1) Ron, avant GEBER, avait observé le mème animal, qu'il prenait pour une larve d'Oribales. — 136 — BIBLIOGRAPHIE PHYSIQUE QUALITATIVE OÙ L’ON RÉPOND A LA QUESTION QU'EST-CE QUE L'ÉLECTRICITÉ ET A D'AUTRES, par Ch. Duguet (Paris, Berger-Levrault 1889) Les phénomènes biologiques les plus intimes, les bases physico- chimiques de la vie, suivant l'expression aujourd'hui consacrée, viennent d'être traités d’une manière extrèmement originale par M. Ducuer, dans sa Physique qualitative. Cet ouvrage ne ressemble en rien aux traités de Physique, surtout aux traités modernes où sont reléguées au dernier plan toutes les théories relatives à la constitution des corps. S'il est une question intéressante pour les naturalistes, c'est le méranisme des liquides, véritable élément des êtres vivants. Ce mécanisme n’est autre que celui de la diffusion, le phé- nomène sans contredit le plus important de la Biologie, c’est-à-dire la double décomposition moléculaire, la nutrition en un mot. Pour com- prendre toute la fécondité de cette conception, il faut lire les chapitres suivants dont nous ne pouvons indiquer que les titres : Théorie des liquides. Diffusion spontanée. Hygromeétrie. Endosmose. Colloïdes' Gelées. Calalyse. Nutrilion. Ferments. Microbes. Cuisine. Capillarité Contractililé. Mouillures. Corps à grande surface. Corps poreux. Adhérence. Solidificalion. Collage. Feuillete. Mécanisme histologique. Activilé chimique des organismes morts. Conduclibilité des liquides. Transmission nerveuse. Bulles ou solides-liquides à une ou à deux dimensions. La question de l’adhérence, de la soudure et la question inverse de la formation des feuillets, enfin, toute question d'organisation, de Lissus, est ramenée à une question de direction et d'intensité des mouvements diffusifs que M. Duauer appelle mouvements hydro- trophiques, pour indiquer qu'ils sont la base du mécanisme de la liquidité et de la nutrition. L’électricité, comme la chaleur, est regardée dans cet ouvrage non comme un fluide, mais comme une propriété de la matière, des éléments pondérables, comme un mode de mouvement. Les phénomènes électriques ayant un signe, les mouvements correspon- — 437 — dants doivent avoir un sens et par conséquent être continus. Les mouvements continus d'éléments restant en place, comme il arrive dans l'électricité statique, ne peuvent être que de rotation. Ainsi done, les molécules mises en rotation continue, par le frotte- ment par exemple, s’attirent ou se repoussent suivant le sens de leurs rotations. Telle est la base nouvelle de la théorie de l'électricité. Quant au courant de la pile, il se distingue profondément de l'électricité superficielle. Assurément, on peut faire un peu d’élec- tricité sensible à l’électroscope avec un courant; l'électricité de frottement en mouvement détermine un faible courant; mais la chaleur, les actions chimiques ne déterminent-elles pas aussi des phénomènes électriques ? Il n'y à donc pas de raison autre que l'habitude, de rapprocher plus lélectricité de frottement du courant de la pile, que le courant des actions chimiques ou biologiques. Les courants voltaïques et galvaniques, physiques, chimiques, biolo- giques, ne sont autre chose qu’une série de permutations molécu- laires ordonnées en ligne; la transmission nerveuse, les courants physiologiques ne sont que des mouvements nutritifs en ligne droite ou courbe. Enfin, M. DuGuEer énonce cette formule remarquable : L'électricité, c'est l’orpre dans les mouvements corpusculaires. Si ce livre porte le nom de Physique qualitative, c'est que les calculs ont été soigneusement évités, aussi n’en trouve-t-on que dans la première partie qui n’est que la critique des théories physiques actuelles et que les naturalistes peuvent franchement laisser de côté. Ce n’est pas à dire que cette partie de l'ouvrage soit inutile, car elle contient de nombreux documents qui pourront être consultés avec soin en mainte circonstance et l’on y trouvera tous les rensei- gnements sur la physique et la chimie utiles à la biologie, à côté de lexposition des théories transcendantes de physique mathématique dont on ne parle d'ordinaire qu'avec mystère et qui sont ici montrés dans leur nudité, dégagées des voiles algébriques qui dissimulent les hypothèses sur lesquelles repose nécessairement toute théorie mathématique, et qui font oublier trop souvent la base, le but et les résultats. Jules BARROIS. — 4358 — LES ORGANES SENSORIELS ABDOMINAUX DES LAMELLIBRANCHES, PAR Johannes Thiele (avec une planche double). Zeitschrift für wissenschaftliche Zoologie, 1889. Dans ce mémoire qui complète une communication faite dans le Zoologischer Anzeiger, l'auteur étudie un organe des sens qu'il à déerit dans la partie abdominale du corps de certains Lamellibranches. On ne connaissait, dit-il, que les organes sensoriels du bord du manteau de l’ouverture du siphon et les otocystes du pied. Il y a plusieurs années, SPENGEL découvrit dans l’espace situé entre les deux bords du manteau de l’Area Noæ et plus tard de quelques autres Mollusques un organe sensoriel. Il le nomma, sans avoir étudié sa structure histologique, mais en tenant compte de sa position entre les branchies, organe olfactif. M. Tuaieze à découvert un autre organe sensoriel qu'on rencontre surtout dans lArca et qu'il appela organe sensoriel abdominal, à cause de sa position dans le voisinage de la papille anale. Cet organe avait déjà, il est vrai, été représenté par Pour et par SPENGEL, mais très incomplètement décrit. L'auteur du travail que nous analysons a recherché sa signification à l’aide de plusieurs séries de coupes. De la papille anale, partent deux petits plis cutanés, étroits et courbés légèrement en avant; chacun d'eux se termine par une petite éminence jaunâtre d'environ mm de diamètre. De cette éminence qui représente l'organe sensoriel se détache quelquelois un court prolongement en arrière. Les branchies s'élèvent au devant de l'organe qui se trouve ainsi placé entre l’anus et les branchies. L'épithélium de la région anale est fréquemment pigmenté de brun et les papilles sensorielles se détachent avec plus de netteté, grace à leur couleur jaunâtre. Quand on suit les nerfs du manteau qui dérivent des ganglions viscéraux, on remarque un nerf finement ramifié. Celui-ci se rend à l’éminence sensorielle et se détache d’un nerf provenant de ces ganglions. — 139 — Dans l’Arca barbata les organes sensoriels relativement très grands se retrouvent sur les côtés de la papille anale. Ils ont la forme d’une lancette à pointe postérieure. Leur couleur est blanchâtre. Dans le Pectunculus glycimeris, l'organe est également bien représenté. Dans l’Avicula hirundo, les deux organes sensoriels abdominaux sont inégaux. Celui de droite est beaucoup plus grand que celui de gauche. L'auteur a également observé l'organe sensoriel dans des échantillons conservés de la Meleagrina margaritifera et dans la Pinna nobilis, mais dans ce dernier type la place de l'organe n’est pas constante et on le trouve, tantôt tout à côté de la papille anale tantôt reporté en avant. k Dans le Pecten varius, il est asymétrique; dans le Lima hians, il est au contraire tout à fait symétrique, enfin, dans l’Huiître, devant la papille anale, se trouve une éminence en forme de virgule qui représente l'organe sensoriel. L'auteur pense qu'il n’y a pas d'organes sensoriels homologues dans les autres Mollusques sauf dans un Céphalopode, le Nautilus, Où Ray LaxkEsTer et BourNE ont décrit un organe qui rappelle, au point de vue morphologique, celui qui vient d’être indiqué. M. Taie étudie ensuite l’organe au point de vue histologique. Il trouve une remarquable analogie entre la structure de son épithélium et celui des organes latéraux de certaines Annélides. Dans l’Arca Noæ@, quand on examine une éminence sensorielle à l’état frais on remarque qu’elle est couverte de longs appendices immobiles qui atteignent leur maximum au milieu (130). Ces poils sont très difficiles à conserver. L’épithélium qui les supporte à une hauteur remarquable. On aperçoit deux sortes de noyaux séparés les uns des autres le plus souvent par un intervalle. Inférieurement se trouve une couche épaisse de granulations et sous la surface une série de fuseaux allongés. Que signifient ces noyaux, ou mieux, comment se comportent les cellules auxquelles ils appartiennent ? Il y aurait deux sortes de cellules, les unes proviendraient des cellules effilées de l’hypoderme, et se composeraient des petits bâtons ou des fuseaux, constituant l’organe de perception, les autres placées plus profondément sont de petites cellules ganglionnaires et multipolaires qui sont intercalées entre le nerf et les cellules — 1140 — sensorielles. Par leurs prolongements, elles sont reliées et aux nerfs et aux fuseaux. Dans les organes sensoriels abdominaux des Lamellibranches il n'existe qu'une espèce de cellule en communication avec la surface, ce qui différencie cet organe sensoriel des autres organes sensoriels épithéliaux, où il existe toujours des cellules sensorielles et des cellules de soutien. L'auteur examine ensuite le côté physiologique de cet organe sensoriel. Il conclut de la forme de l’épithélium et de son rapport avec le système nerveux que c’est bien réellement un organe sensoriel. Cette éminence couverte de poils doit opposer une certaine résis- tance au courant et être affectée par lui. Ce nouvel organe des sens pourrait donner la perception des ondulations du liquide, comme la ligne latérale des Poissons ou les organes des Capitellides. L'auteur ajoute que les organes sensoriels sont destinés peut-être à donner des sensations olfactives, car leur structure rappelle celle des organes olfactifs des Vertébrés. Il est clair cependant que cette hypothèse serait à rejeter complè- tement si l’on avait découvert réellement des organes olfactifs chez les Lamellibranches, mais malgré l’assertion de quelques auteurs, la découverte paraît encore incertaine. Leur position dans les Lamellibranches empêche de considérer ces organes comme tactiles, puisqu'ils ne peuvent être en contact pendant la vie avec les corps solides venant de l'extérieur. Cependant il est facile de concevoir qu'ils n'auraient pu fonc- tionner comme organes sensoriels dans des animaux complètement enfermés. Cest ce qui explique leur absence dans les siphonés et leur présence dans des animaux à manteau ouvert comme l’Arca No. Un fait observé par Drosr sur le Carduim confirme selon l’auteur cette opinion. Dans cet animal, en eflet, on a décrit un organe des sens, formé par deux sortes de cellules, muni de très longs poils et placé dans une cavité à la pointe des cirres et qui vient peut être suppléer à l’organe sensoriel étudié dans ce mémoire. L. BouraN. 48327 LILLE, LE BIGOT FRÈRES. Le Gérant, TH. BARROIS,. ANNÉE 1889, No 12. 1er SEPTEMBRE. REVUE BIOLOGIQUE DU NORD DE LA FRANCE Paraissant le 1° de chaque mois Le développement de la Mamelle et du Mamelon d'après les travaux les plus récents par M. F. CURTIS Grâce aux nombreux travaux parus à l'étranger depuis une vingtaine d'années, l'étude du développement de la glande mam- maire peut être aujourd’hui considérée comme achevée. En France toutefois, malgré l'abondance des documents existants, il semble que les notions relatives à ce sujet d’embryologie n’aient pas été suffisamment divulguées : en eflet, nous ne trouvons actuellement dans notre littérature ni une discussion précise, ni même une analyse complète des faits acquis. Ayant eu à notre disposition des matériaux abondants qui nous ont permis de suivre pour ainsi dire pas à pas les stades déjà observés et décrits par nos devanciers, il nous à semblé utile de réunir dans une vue d’ensemble les faits publiés jusqu'ici et d'entreprendre ainsi, sous le contrôle de nos observations personnelles, une revue des principaux travaux parus sur ce sujet. Nous envisagerons successivement le développement de la mamelle chez l’homme, et du mamelon dans la série animale, — 442 — DÉVELOPPEMENT DE LA MAMELLE CHEZ L'HOMME JUSQU’A LA NAISSANCE. Aspect macroscopique. — Le premier anatomiste qui ait observé à l'œil nu le rudiment de la mamelle est sans conteste J. F. MECKkEeL. Dans le Manuel d'anatomie de cet auteur paru en 1820, nous lisons en effet les lignes suivantes : « Les mamelles sont déjà apparentes au second mois de la grossesse, époque à laquelle le mamelon ressemble à une éminence à peine sensible, mais pourvue d'une très large ouverture. » Cette mention succincte est bien insuf- fisante pour nous donner une idée exacte de la réalité. Nous insisterons plus loin sur l'erreur d'interprétation qui consiste à décrire comme origine du mamelon la saillie qu'on observe sur la région pectorale des jeunes fœtus, mais nous devons, dès main- tenant, formuler la restriction suivante : en signalant au deuxième mois déjà une éminence à large ouverture, le texte de MECkEL nous porte à croire que l’âge des sujets examinés n’a pas été déterminé d’une manière bien rigoureuse. En eflet, la plupart des anatomistes qui depuis ont poursuivi cette étude, décrivent d’une manière quelque peu différente, l'aspect du premier rudiment mammaire. LANGER, dans son mémoire fondamental sur l'anatomie de la amelle (1) nous donne quelques indications à propos d’un fœtus humain de 7 cent. 1/2 (vertex, au coccyx}) appartenant à la fin du gme mois de la vie fœtale. Chez ce sujet, il existait dans la région pectorale une légère fossette entourée d’une aire circulaire à peine saillante. Huss (2), dans un travail important que nous aurons à citer plusieurs fois au cours de cette analyse, décrit d’une manière très précise l’aspect du premier vestige de la mamelle. D’après lui, chez un fœtus femelle de 4 cent.(vertex au coccyx), on remarque, dans la (1) Ceber den Bau und die Entwicklung de Milchdrüse. Denkschriften der Wiener Akademie der Wissenschaîften, Bd. IIT, Lief. 2, 1851. (2) Beilräge zur Entwicklungsgeschichte der Milchdrüse. Jenaische Zeitschrift. Bd VII 1873. — 443 — région du futur mamelon, une tache d'environ {mx de large qui se distingue des tissus environnants par sa coloration blanche et son aspect luisant particulier. Au milieu de cette surface décolorée, s'élève une petite papille ayant 0,5m® de large et pourvue à son sommet d’une dépression si légère qu’elle semble une piqûre d’aiguille. Toute cette région cutanée qui deviendra plus tard le siège du mamelon et de l’aréole est désignée par Huss sous le nom de surface aréolaire. Un fœtus humain de 2,5 cent. ne laisse voir aucun vestige du rudi- ment mammaire. Les faits précédents nous ont paru parfaitement conformes à la réalité : sur un fœtus mâle de 4/5,3 cent. nous avons pu observer dans la région pectorale une petite tache blanche et brillante au niveau de laquelle les téguments proéminaient à peine. Une saillie nettement formée n'était pas encore reconnaissable même à la coupe, la dépression centrale manquait également. Chez un fœtus de 9,5/12,5, cent. la région mammaire se présente sous l’aspect d’une aire décolorée au centre de laquelle s'élève une éminence conique dont le sommet porte une fossette cratériforme très apparente. Ces obser- vations concordent avec celles de Huss, surtout si l’on considère que ce dernier a décrit des embryons femelles dont la glande présente toujours un développement plus précoce. Nous pouvons donc affirmer que le rudiment de la mamelle se montre visible à l’œil nu dans la première semaine du 3e mois de la vie fœtale, et nous verrons que peu de temps avant cette époque, le microscope décèle déjà les premières assises cellulaires d’où naïtront tous les conduits de la glande. Examen mucroscopique. — Les premières études histologiques entreprises sur la mamelle embryonnaire datent de L'année 1850. Langer. — Dans son mémoire déjà cité, LANGER complète sa description de l'embryon de 7 cent. par un examen microscopique. D’après lui, la saillie visible dans la région pectorale est constituée par un petit corps lenticulaire (linsenfürmiger Kôrper) enfoui sous la peau et qui représente le rudiment de la glande tout entière. Ce corps est formé d'un amas granuleux et porte à son sommet la fossette que l’on voit à l'œil nu. Ces résultats sont d’une précision remarquable, si lou tient compte de l’imperfection de la technique à l’époque où ils furent publiés. LANGER à surtout le mérite d’avoir démontré le premier que la — hhh — saillie primitive de l’aréole n’est nullement comparable au mamelon définitif. Il se prononce nettement à ce sujet : « L’éminence observée par MECcker, dit-il, ne saurait répondre au futur mamelon, car elle est formée uniquement par le corps lenticulaire, c’est-à-dire par une production épidermique qui équivaut à la totalité de la glande; la fossette centrale ne peut davantage ètre considérée comme un canal excréteur car elle existe alors qu'aucun vestige des tubes olandulaires n’est encore apparent. » La glande reste dans cet état rudimentaire chez un fœtus de 10 cent. Sur des embryons humains plus avancés, datant à peu près de l’époque où naît le système pileux, LANGER observe des formes plus développées de l’organe. Il décrit et figure dans son mémoire un corps lenticulaire d’où se détachent radiairement une série de conduits terminés en cul-de-sac. (Fig. [, pl. V. Embryon de 18 cent.). Les uns plus courts se renflent en massue, les autres plus longs portent à leur extrémité terminale 2 à 3 bourgeons secondaires, vestiges d’une ramification ultérieure. Celle-ci se poursuit au delà du 6me mois; elle s’accuse alors à l'extrémité de chaque canal par la présence constante de deux bourgeons de dimensions inégales. D’après les notions qui régnaient alors dans la science, LANGER considère chaque conduit comme formé d’une membrane anhiste renfermant une masse finement granuleuse qu'il appelle parenchyme glandulaire. Külliker. — À peu près vers la même époque, KOLLIKER (1) dans son traité d'anatomie microscopique signalait l'apparition du rudiment mammaire sous forme d’un bourgeon plein qui, né du corps de Malpighi, s'enfonce dans le tissu mésodermique de la région pectorale. La figure annexée au texte représente un petit organe analogue au corps lenticulaire de LANGER, mais plus déve- loppé. Ces observations de KOLLIKER avaient déjà été communiquées en 1850 à la Société des Naturalistes de Zurich. LANGER et KOLLIKER sont donc bien les initiateurs de l'étude embryologique de la mamelle; à eux revient le mérite d’avoir démontré pour la pre- mière fois que les conduits lactifères ne naissent pas isolément comme une série de glandes juxtaposées, mais que tous sont issus Kôzuker : Mittheil. der Züricher Nat. Ges. 1850 N° 241, S 23. Entwicklungsges- chichte II Aufl. 1879. Mikroskopische Anat. Bd Il. — 445 — d'un bourgeon plein unique qui représente l’organe générateur de 8 Ï I Ï Ï Oo O toute la glande. Travaux de Huss.— Pendant longtemps, nos connaissances restèrent limitées aux données précédentes, et ce n'est qu'à une époque relativement récente que nous retrouvons les continuateurs de l’œuvre commencée. C’est en 1873 que parut parmi les thèses inaugurales de l’Université d'Iéna, un travail important de Huss qui retrace, non seulement l’origine, mais encore toute l’évolution ultérieure de la mamelle embryonnaire. Chez un fœtus femelle de 4 cent. (vertex au coccyx), Huss observe une prolifération évidente des cellules épidermiques au niveau de la surface aréolaire. Les éléments plus nombreux et plus tassés cons- tituent en ce point un épaississement local d’où résulte la saillie visible à la surface cutanée. Ce stade répond exactement au corps lenticulaire de LanGEer. Huss toutefois décrit et figure d’une manière plus précise la structure cellulaire de ce premier rudiment, qui déjà déprime le derme sous-jacent Cette disposition s’exagère sur des fœtus mesurant 6 à 7 cent. de long. Sur un fœtus de 10 cent., on voit au niveau de l’aréole le derme envahi par un bourgeon épithélial volumineux, à contours réguliers, que Huss désigne sous le nom de champ glandulaire (Drüsenfeld). Il est composé d’une masse centrale de cellules ectodermiques claires que limite une couche basilaire d'éléments cylindriques. La formation des bourgeons secondaires débute chez un fœtus de 14,2 cent. et se complète chez un autre mesurant environ 18 cent. de la tête au coccyx. Chez ce dernier, le champ glandulaire émet une série de cordons épithéliaux pleins qui se terminent par une extrémité légèrement renflée sur laquelle toutefois ne s’observe encore aucune trace de division. Celle-ci s’accuse nettement chez un fœtus de 29 cent, D'autre part, l’éminence aréolaire s’est aplatie et sa fossette centrale semble s’étaler en surface. Cette disposition est un acheiminement vers un état que nous trouvons décrit par Huss à propos d’un fœtus de 32,5 cent. À cette époque de la vie fœtale, la saillie conique qui s'élevait sur l’aréole est totalement disparue; bien plus, les bords mème de la surface aréolaire se trouvent refoulés par le derme qui s'élève en un rempart circulaire autour d’une fossette centrale consi- dérablement agrandie. Le bourgeon primitif se trouve ainsi logé au — LG — fond d’une cavité; il semble, dit Huss, qu'à ce moment, la glande soit pourvue d’un véritable canal collecteur auquel viennent aboutir tous les conduits secondaires de nouvelle formation. Cette disposition n’est que transitoire ; chez un fœtus de 33 cent., déjà la fossette de l’aréole se rétrécit et son fond s’exhausse légèrement. Un enfant nouveau-né à terme présente, au niveau de la mamelle, une surface cutanée complètement nivelée sur laquelle viennent directement s'ouvrir les embouchures des conduits glandulaires. Il n’y a done à cette époque aucune trace de mamelon. La constitution de ce dernier organe a été observée par Huss sur un enfant de 2 ans 1/2. Chez ce sujet, toute la surface aréolaire était proéminente et portait à son centre une saillie conique d'environ 2m" de long. Sur des coupes verticales, on reconnait facilement que la région sur laquelle viennent s'ouvrir les conduits glandulaires à entrainé avec elle, dans son mouvement d’ascension, une partie de laréole même qui contribue ainsi à former la base de l’éminence mamil- laire. Quant aux canaux glandulaires, ils émettent, au moment de la naissance, des ramifications qu’on peut suivre jusqu'aux divisions de deuxième ordre. Les canaux terminaux représentent par rapport au rudiment primitif des bourgeons tertiaires. Ainsi se résument les observations de Huss, très complètes au point de vue de la succession des faits, mais qui, cependant laissent subsister quelques incertitudes dans le détail de notre sujet. Nous ferons remarquer que Huss ne dit rien de la structure des conduits glandulaires aux diverses époques de la vie fœtale, il n'indique, en aucune façon, s'ils sont pleins ou creux; il ne se prononce pas d'avantage sur le mode de disparition du rudiment primitif qu'il explique incidemment par la simple extension pro- gressive de la surface cutanée. Travaux de Rein. — Ces diverses questions ont été élucidées d’une manière satisfaisante par REIN qui, dans un travail paru en 1881 nous fournit un exposé tout à fait général de l'évolution de la glande mammaire (1). Cet auteur a pris comme principal sujet de ses observations le lapin, animal dont il est facile de se procurer des embryons de tout âge. Il évite ainsi les lacunes qui, dans un (1) Untersuchungen über die embryonale Entwicklungsgeschichte de Milchdrüse. Archiv. für Mikroskopische Anat. Bd 20 et 21, 1881 et 1882. — 44T — sujet d’embryologie humaine, résultent presque fatalement de linsuf- fisance des matériaux, et parvient à saisir dans le mode de for- mation de l’organe une série de détails qu’une étude comparative lui décèle également chez l'homme. REIN divise l’évolution embryonnaire de la mamelle du lapin en 6 périodes qui, toutes, sont caractérisées par des changements de forme ou de structure du bourgeon primitif. 1° Période de l’éminence épidermique primitive ; 20 Période du rudiment lenticulaire ; 3° Période du rudiment hémisphérique ; 4° Période du bourgeon piriforme ; 90 Période du bourgeonnement secondaire ; 6° Régression du bourgeon primitif et accroissement des bour- geons secondaires. A la première période, les seules traces visibles de la glande sont constituées par un amas de cellules épidermiques formant à la sur- face du derme une éminence à peine sensible. Cette disposition, résultat d’une prolifération naissante de l’épithélium, a été observée pour la première fois sur un embryon de lapin, qui ne mesurait pas plus de 15 à 16mm, Chez l'Homme, ce stade n’a pas encore été ren- contré. REIN croit cependant qu'il existe et qu’on pourrait le retrouver sur des embryons humains très jeunes ne dépassant pas le milieu du 2 mois de la vie fœtale. Il prétend, en effet, avoir nettement reconnu à la loupe les vestiges d’un rudiment mammaire sur un embryon de 16/240m qui malheureusement ne put être soumis à l'examen micros- copique. Nous ne voudrions pas contredire cette opinion d’une manière absolue: il est très possible et même probable que la pro- lifération épidermique soit à l’origine purement superficielle, mais pas plus que REIN nous n’avons pu trouver de pièces propres à démontrer directement ce fait. La deuxième période répond au début de l’invagination ectoder- mique. Les cellules épidermiques agglomérées commencent à dépri- mer le derme qui se creuse et se condense comme pour réagir contre l'envahissement des éléments étrangers. Il se forme ainsi autour de la base du rudiment glandulaire une zone de tissu proliférant que REIN le premier décrit d’une manière très exacte et qu'il désigne sous le nom de zone mamillaire (Warzenzone). C’est elle qui plus tard formera la charpente du mamelon. Le stade présent — 448 — se rapporte à des embryons de lapin de 17-19mm, REIN avoue ne l'avoir pas observé chez l'Homme, mais, dit-il, il est indéniable que le rudiment lenticulaire représenté par Huss (embryon de 4cn, fig. 4) répond bien à la description précédente. Nous croyons devoir faire quel- ques restrictions sur ce dernier point. En effet, d’après les stades ulté- rieurs, tels que nous les trouvons consignés dans le mémoire de REIN ou que nous avons pu les observer nous-mêmes, il nous paraît difficile d'admettre, même en tenant compte dans une large mesure des variétés individuelles, que sur un fœtus femelle de 4 cent. Huss ait pu trouver un rudiment glandulaire aussi peu développé que l'indique sa première figure. Le fœtus de 26/32mm examiné par REIN et celui de 32/40 que nous décrivons plus loin présentent tous deux un bourgeon nettement formé; nous sommes ainsi conduits à nous demander si la préparation de Huss ne serait pas le résultat d’une coupe oblique n'ayant entamé que partiellement le rudiment mammaire. Nous sommes encore confirmés dans cette opinion par le dire de Huss lui-mème; il avoue en effet que sur sa figure 1 la fossette centrale de l’aréole manque parce que la coupe représentée n’a point touché la région déprimée visible cependant à l'œil nu. Les troisième et quatrième périodes n’amènent que de légers changements dans la configuration extérieure du bourgeon primitif. Celui-ci d’abord hémisphérique (3° période) se trouve rattaché à l’épiderme par une base élargie qui, dans la suite, s’allonge et se rétrécit pour devenir le pédicule d'un organe piriforme (4e période). À ne considérer que les observations relatées jusqu'ici, il semble- rait qu'en ce point le classification de REIN ne puisse être trans- portée de toutes pièces dans le domaine de l’embryologie humaine. L'examen d’un fœtus mâle du début du 3 mois, nous permet d'aflirmer le contraire et de combler une lacune dans la succession des stades connus chez l'Homme. Chez ce sujet, mesurant 32/40mm, le derme, au niveau de la région mammaire, présente une très légère éminence qui porte à son sommet le bourgeon ectodermique et se trouve recouverte, sur ses deux versants, d’un épiderme très mince (104) composé d’une couche basilaire cylindrique surmontée d'un seul rang d'éléments polyédriques et transparents. Au point culminant de la saillie dermique, l’épiderme s’épaissit quelque peu ; le bourgeon /m) qui nait en ce point présente, comme l'indique le schema ci-contre, une forme absolument hémisphérique qui — 49 — s’accuse à la coupe par un contour demi-circulaire ; le bourgeon mesure environ 250 « depuis la surface cutanée jusqu’à son pôle inférieur ; il se compose d’une agglomération cen- trale de cellules épidermiques claires tapis- sées à la périphérie d’une couche basilaire (b) épaissie et formée d’au moins deux Schema I. à trois rangs d'éléments cylindriques Fœtus d’ 32/40" superposés. Le derme embryonnaire prolifère et se condense autour du bourgeon épithélial de manière à constituer une zone aréolaire très apparente (zx). Sur certaines de nos préparations, le rudiment épidermique déta- ché par accident laisse subsister à sa place une véritable cupule dermique dont les parois sont précisément formées par ce tissu aréolaire plus résistant. La forme que le rudiment affecte au stade actuel répond bien à celle que REIN figure comme réprésentant la troisième période évolutive de l’organe chez le lapin. Notre fœtus de 32/40mm nous montre donc bien chez l'Homme une phase ana- logue du développement qui jusqu'ici n’avait pas encore été décrite. La disposition pédiculée du bourgeon primitif qui caractérise la ‘4me période de REIN a été observée par cet auteur sur un fœtus humain mesurant environ 26/32mn, c’est-à-dire de dimensions plus restreintes que le nôtre. La même configuration du rudiment mammaire a été retrouvée par REIN sur un fœtus femelle de 7 cent., ainsi que sur un fœtus mâle de 8,5; nous avons pu l’observer nous-mêmes sur un fœtus humain mâle mesurant 5/6,5 cent. (milieu du 3% mois lunaire). Des coupes, pratiquées sur ce sujet, nous montrent dans la région mammaire une petite émi- nence dermique au sommet de laquelle l’épiderme émet un bourgeon légère- ment étranglé vers sa base. Ce rudi- Schema IT. — Fœtus 5/6, cent. ment mesure environ 250 y dans sa plus grande largeur. Ainsi que le montre notre deuxième schema, la couche basilaire (b) épaissie tapisse sur toute sa périphérie le rudiment mammaire (m), tandis que les cellules épidermiques superficielles, sans subir aucune modification, (1) Les contours de toutes nos figures schématiques ont été dessinées à la chambre claire, au grossissement de 45/1. Explication des lettres : m, rudiment mammaire; €, épiderme; b, couche basilaire; sc, stratum corneum; bg1, bour- geons glandulaires de premier ordre ; bg?, bourgeons glandulaires secondaires SABRE remplissent toute la partie centrale. Le derme embryonnaire du voi- sinage se condense en une zone aréolaire bien accentuée. Ces faits prouvent que la forme pédiculée du bourgeon primitif persiste chez l’homme pendant un temps variable mais toujours assez long pour qu'on puisse l’observer sur des fœtus de dimensions et d’âges très différents. Nous arrivons ainsi à l’époque où naissent les premiers bour- geons secondaires. Ceux-ci, dit REIN, se développent chez les embryons de lapin de 4 à 8 cent., sous l’aspect de cylindres épi- théliaux pleins, terminés par un renflement piriforme. Le rudiment primitif lui-même est creusé vers sa base d’une petite fossette comblée en partie par un bouchon de cellules épidermiques en train de subir la transformation cornée. Les tissus environnants prolifèrent et l’on voit apparaitre entre la zone mamillaire et les plans musculaires des pectoraux des couches conjonctives nouvelles qui représentent les premières assises du stroma glandulaire. REIN nous dit avoir vérifié toutes ces dispositions sur des fœtus humains de 10,5 à 18 cm, c’est-à-dire des 4me et 5me mois de la vie fœtale. Nous avons nous-mêmes pu suivre dans ses détails le mode de - production des premiers conduits de la glande. Sur un fœtus femelle de 7,6/10,5 cent., on observe les dispo- sitions suivantes: dans la région mammaire, le tissu dermique embryonnaire proémine en un tubercule conique dont le sommet s'élève à 330 w. au dessus du niveau des téguments environnants. Nous nommerons cette saillie éminence mamillaire primitive. Sur le point culminant de ce petit mamelon, l’épiderme se déprime légèrement en fossette et l’on voit se détacher de sa face profonde un bourgeon volumineux, dont le corps presque sphérique, mesurant déjà 275 & de diamètre, se trouve rattaché à l’ectoderme par un pédicule fortement rétréci. Ce rudiment est constitué dans sa partie centrale par une agglomération de cellules claires polyédriques que tapisse une couche périphérique de crandes cellules cylindriques. Ses contours paraissent sinueux sur la coupe et se décomposent en une série de festons irréguliers qui indiquent clairement le début d’un bourgeonnement secondaire. Le tissu conjonctif périglandu- laire prolifère, et se colore d’une manière plus intense par Île picro-carmin. Chez un fœtus humain femelle de 10/16 cent. (milieu du 4e mois), — A5 — le siège du rudiment mammaire est indiqué par une éminence dermique haute d'environ 165 mm. Sur le sommet de cette saillie l’'épiderme se déprime en infundibulum et émet vers la profondeur un bourgeon cellulaire dépourvu de pédicule, à corps volumineux, mesurant environ 330 & de large sur 225 de long. L’organe reste toujours constitué par un amas central de cellules claires polyédri- ques etpar une couche périphé- rique d'éléments allongés. (Schema III). Sa forme générale toutefois se modifie sous l’action d’une poussée épidermique nouvelle qui soulève toute la surface du bourgeon en une série de protubérances irrégulières. Celles-ci s’accusent en coupe par la sinuosité des contours qui limitent le rudiment mammaire et lui donnent l’aspect d’un organe muriforme. Un fœtus de 12/16 cent. présente à un degré plus prononcé la division du bourgeon primitif qui, maintenant, prend l'apparence d’un organe complexe portant à sa surface 2 à 4 lobules secondaires. La saillie dermique du stade précédent se trouve réduite, sa dépression superficielle est devenue un peu plus profonde et mérite maintenant le nom de fossette centrale de l’aréole ou fossette aréolaire. Un fœtus de 16/25 cent. nous montre particulièrement bien l'élargissement considérable du pédicule du bourgeon primitif qui semble s'être étalé en surface. La fossette aréolaire a subi la même transformation ; elle s’est évasée et semble une cupule creusée à la superficie de l’épiderme. Tout le pourtour du bourgeon primitif émet maintenant, non plus de simples saillies mamelonnées, mais de véritables cylindres épithéliaux pleins dont les extrémités se renflent en massue. Sur certaines coupes, ces cordons glandulaires pénètrent au nombre de 5 à 6 dans le derme et s'étendent jusqu’à 200 # de leur point d’origine. . Schema HE. — Fæœtus ® 10/16 cent. C'est sur un fœtus de 20/31 cent. (6me mois) que nous observons le bourgeonnement secondaire dans toute son activité (Schema IV). A cette époque, l’éminence mamillaire existe encore, mais ne constitue plus qu'un léger talus au niveau du rudiment mammaire. Celui-ci à totalement changé d'aspect ; il ne saurait être divisé, en corps et pédicule, car son extrémité profonde s’est aplatie comme comprimée de bas en haut, tandis que sa base d’im- — 452 — plantation s’est étalée de la même manière. Il en résulte que le rudiment s’accuse en coupe par un contour presque rectangulaire. Des bords de cet amas épithélial, se détachent des cordons cellulaires pleins (bg!) qui s’enfoncent en diver- geant dans le derme jusqu'à une Schema IV. — Fœtus 20/31 cent. brofondeur de 220 x et se terminent par une extrémité ampullaire. On observe de plus, dans les zones péri- phériques du bourgeon primitif, un agencement particulier des cellules épidermiques qui se groupent en couches concentriques autour du point d’origine de chaque bourgeon secondaire. Sur un fœtus mesurant 21 cent. du vertex au coccyx, toutes les particularités précédentes persistent sans changement notable. Les cordons glandulaires sont seulement plus allongés, plus volu- mineux et se composent de cellules qui commencent à se différencier en une masse centrale de petits éléments irréguliers et une couche pariétale de cellules cylindriques. Tous les tubes glandulaires se colorent par le picro-carmin, tandis que les cellules du bourgeon primitif restent claires et tranparentes. Les observations précédentes confirment en majeure partie celles qui nous étaient déjà connues ; nous attirerons seulement l'attention sur quelques détails que nos descriptions, croyons-nous, signalent d’une manière plus précise : c’est d’abord l'élargissement consi- dérable de la base du bourgeon primitif, puis l’effacement progressif de la fossette aréolaire et le nivellement presque complet de l’'éminence mamillaire primitive. Ces quelques données complètent, d’une manière suflisante, les recherches de Huss et de REIN et nous permettent d’aborder l’étude de la dernière phase évolutive de la mamelle. Des embryons de lapins nouveau-nés mesurant 9 à 10 cent. ont montré à REIN des dispositions remarquables. Le bourgeon primitif tout entier diminue de volume, d’abord parce qu'il se rétrécit en tous sens, puis parce que ses cellules les plus centrales subissent une trans- formation cornée déjà visible au stade précédent, et qui, maintenant, s'achève rapidement. Ce dernier phénomène entraine la production d’un bouchon épidermique qui tombe et laisse subsister au milieu du rudiment une cavité infundibuliforme. Les bourgeons secondaires deviennent le siège de modifications non Le RS moins importantes. Ils se creusent d’une lumière centrale et se ramifient progressivement. La formation d’une lumière débute, d’après REIN, dans le renflement terminal des cordons glandulaires, et se propage ensuite vers leur point d’origine qui, pendant longtemps encore, reste obstrué par un amas de cellules épidermiques kératini- sées. Les ramifications nouvelles des canaux de la glande résultent, soit d’une bifurcation dichotomique d’un tronc principal, soit d’un bourgeonnement des culs-de-sacs terminaux. — La zone mamillaire, pourvue maintenant de fibres lisses, ainsi que le stroma glandulaire poussent activement et refoulent le rudiment mammaire excavé qui tend ainsi à s’étaler en surface. Les détails qui précèdent ont été retrouvés par REIN sur des fœtus humains des 7me, 8me et 10me mois. La division dichotomique d’un tronc principal a été vue sur un fœtus du 7m mois, le bourgeon- nement des culs-de-sacs terminaux a été suivi du 7° mois jusqu’à la naissance. En opposition avec K6zziker, REIN a observé que chez l’homme également la canalisation de la glande débute à la périphérie. C’est enfin dans cette dernière période que se développent les glandes sébacées et sudoripares, ainsi que les glandes de MONTGOMMERY. Ces dernières descriptions de REIN méritent de nous arrêter quelques instants. Elles renferment, en effet, deux faits tout à fait originaux que REIN à le premier bien indiqués: c’est la régression du bourgeon primitif et la canalisation initiale des culs-de-sac glandulaires. Nous pouvons confirmer d’une manière absolue les observations de REIN. Un fœtus humain de 55 cent. (long. totale), c’est-à-dire du 7me mois, nous a présenté un rudiment mammaire qui occupait le centre de l’aréole complète- ment nivelée et séparée seulement des téguments voisins par une légère rainure circulaire (Schema V). Le bourgeon épidermique (mn) mesure chez ce sujet, environ 440 w. de long sur 9390 &. de large. Sa partie cen- trale ayant subi la transformation cornée, s’est détachée, et la chute de ce bouchon épidermique a eu pour conséquence la formation d’un véritable cratère qui s'enfonce dans l’axe du rudiment glandulaire. Schema V. — Fœtus 35 cent, — 454 —. Les parois de cette cavité sont tapissées par les restes d’un stratum cornéum (sc) en voie de desquamation et présentent sur toute l’étendue de leur surface interne les points d’embouchure des canaux glandulaires de 1° ordre encore obstrués par des amas de cellules épidermiques kératinisées. Aprés un trajet légèrement sinueux, à travers le derme, les cordons glandulaires, (bg') d’une longueur d'environ 660 w. se terminent non plus par un simple renflement épithélial, mais par un véritable bouquet de petits bourgeons nouveaux qui tous sont déjà parfaitement creux (bg?). La canalisation de l'organe peut être suivie, dans les troncs principaux jusqu’au voisinage de Ja zone mamillaire. | Dans l’état présent, la glande répond bien au type représenté par Huss dans les figures 5 et 6. Cet auteur considère ces disposi- tions comme étant le résultat d’un abaissement du bourgeon pri- mitif, qui, entrainé dans la profondeur, aurait attiré à sa suite. la surface aréolaire. Celle-ci formerait ainsi les parois de cavité cen- trale qui simule un canal collecteur de l’organe. Nous ne saurions trop réagir contre cette interprétation. Huss n’a en aucune façon observé la transformation cornée et la destruction pour ainsi dire sur place du bourgeon primitif. La signification de la cavité dont il se creuse au 7me mois devait donc lui échapper. Cette dernière ne saurait davantage être comparée à un canal collecteur, car à l’époque actuelle, tous les canaux glandulaires présentent des embou- chures encore parfaitement closes. Si l’on suit dans leur évolution les cavités qui occupent successi- vement le centre de l’aréole, on remarque que la fossette aréolaire visible de très bonne heure n’est qu'une simple dépression des téguments qui s’eflace graduellement et disparaît au 7e mois; à cette époque les couches cellulaires superficieiles kératinisées tombent et amènent par un procédé-tout différent, la formation d’une véritable lacune épidermique. ; Tout autrement se produit la canalisation des bourgeons. REIN pense qu’elle s'effectue par transformation graisseuse de l’épithélium. Nous rappellerons à ce propos que c'est au moment précis où les vaisseaux se développent en un réseau à mailles polyédriques autour des cylindres épithéliaux que l’on voit ces derniers se creuser d’une lumière. Parvenu à cette période, l’organe ne subira plus que de très DE légères modifications. Sur un fœtus humain de 38cm, nous trouvons la cavité centrale du bourgeon primitif très agrandie. Elle présente maintenant l’aspect d’une poche dont les parois sont tapissées par les restes des couches cellulaires primitives. Ces dernières ne sont guère plus épaisses que les couches épidermiques environnantes, de sorte qu’il suffira d’un simple mouvement d’ex- tension des téguments pour niveler l’aréole. Chez un enfant nouveau-né, âgé de 10 jours, ce dernier stade se montre franchi. La région mammaire est absolument plane et l’empla- cement du bourgeon n’est indiqué à la coupe que par un épaississement de l’épiderme dans la zone aréolaire. Chez ce sujet tous les tubes glandulaires sont perméables jusqu’à leur embouchure, et leur extrémité profonde est garnie de vésicules légèrement dilatées, dont quelques-unes présentent des indices d’une subdivision prochaine. Si maintenant nous plaçons en regard des recherches de KOLLIKER, de LanGEer, de Huss et de REIN, celles que nous avons pu entre- prendre nous-mêmes, nous arriverons aux conclusions suivantes : Les premiers vestiges de la mamelle ont été observés direc- tement par REIN et par nous-mêmes sur des fœtus humains de la fin du ?2me ef du commencement du 3% mois; mais, en raison de la forme déjà développée du bourgeon mammaire à cette époque, nous croyons devoir reporter vers le milieu du 2e mois l’époque où débuterait la prolifération cellulaire qui, tout d’abord, ne s’eflectue qu’en surface et ne s’accuse que par une très légère éminence de l’épi- derme. Bien quece stade primordialn’ait jamais étéobservé chez l’homme, il est cependant très probable d’après l'étude des stades ultérieurs et la comparaison des formes observées chez les mammifères que l'organe humain a dû passer à l’origine par cet état rudimentaire. Les 2me, ä3me et 4me périodes de REIN comprennent l’ensemble des modifications qui résultent de Ia prolifération incessante des cellules de lectoderme. Un phénomène essentiel résume cette époque; c’est l’envahissement du derme par un bourgeon plein de forme et de dimensions variables. Le derme de son côté proli- Îère et se condense en une zone mamillaire (Warzenzone) bien décrite par REIN ; il se soulève en même temps et constitue l’émi- nence mamillaire primitive. Quant aux divisions que d’après ses études sur le lapin, REIN établit au cours de cette évolution, nous pouvons affirmer qu’elles — 456 — sont directement applicables au développement de l’organe humain. En effet, la configuration du bourgeon qui, chez le lapin, distingue la deuxième période, aurait été observée par Huss sur un fœtus du 4me mois. Si même la démonstration de ce fait peut paraître douteuse, ainsi que nous l’avons dit, l’existence de cet état intermédiaire ne saurait être mise en doute, car il ne représente en somme que l’image atténuée des stades ultérieurs. Les formes du rudiment que caractérisent les 3me et &ne périodes ont été décrites par REIN et par nous sur les fœtus humains de 26/32 cent., 32/40 cent., 5/6,5 mm, 7 mm, et 8,5 cent. ; toutefois, en raison même des variations considérables qui règnent dans l’époque d’ap- parition et la persistance de ces formes intermédiaires, nous croyons plus conforme à la réalité de faire abstraction des modifications accessoires, et de rassembler dans une même période tous les phéno- mènes qui aboutissent à un résultat unique : la constitution du bourgeon primitif. Nous pouvons dire ainsi que, depuis le milieu du ?2me mois jusqu’au début du 4m, l’organe traverse toutes les phases successives de sa première période évolutive. La me période de REIN se retrouve très fidèlement dans le développement de la mamelle humaine. Elle a pour caractère dis- tinctif le bourgeonnement secondaire et comprend toutes les modi- fications qui s'effectuent depuis la formation de simples mamelons à la surface du bourgeon primitif jusqu’à la constitution de cylindres épithéliaux pleins, terminés par un renflement piriforme. Pendant cette période, l’éminence mamillaire creusée d’une fossette présente une tendance constante à s’eflacer, et le bourgeon primitif lui-même, comprimé de bas en haut par l’accroissement du stroma conjonctif s'étale dans toute sa hauteur et perd aussi sa forme pédiculée. Cette phase se termine vers le 7 mois lunaire. A partir de cette époque, nous trouvons entre les observations de REIN et les nôtres une identité parfaite; le sixième stade de cet auteur, caractérisé par la répression du bourgeon primitif et l'accroissement des bourgeons secondaires se reproduit avec une analogie complète dans le développement de la mamelle humaine. Pour mieux apprécier les résultats des recherches que nous venons d'exposer, nous les réunirons dans le tableau général sui- vant qui résume en trois périodes principales toute l'évolution de la glande mammaire jusqu’à la naissance. Une quatrième période s'étend jusqu’à une époque variable de l'existence ; elle résume tous les phénomènes qui aboutissent à la constitution du mamelon définitif. ee *91IRPU099$ UOJOUIBUL UN U9 9AQT -nos os mb ouuep af 4ed jorurd uooginoq np S3S91 S9P JUUITNOTOU “aanuonoque ana enbsni saitepnpuersé SJNpUO9 Sep JTIAESUTI *9ILP[O9IB-SNOS 9[9SQUI NP UOTJEUHIO 0€ -Xnod1pe nss1} NP 19 PUIOIJS NP JUOUISSTOII9Y 0% +2[0912,[ 9P JUOTWOITOAIN "OAI 9ATBTITUIBUL SOUAUTUY,T 9 P UOTJIEdSI(T of *ÉIOUIUIOBJUOI 9P SPUEIN *S9ILAIOPNS S9PUPIN *S999B49S SOPUPIN) ‘“OPUPIS PJ 9P UOIJESITEUEO { XNBUIUHI9) SUO9INOU SI SUEP 2XQIUUN, QUNP UOTJPLUIOJ ‘SOITET -NPUPIS SJINPUO9 SoP 9JIU91)X9 I ‘9)1AB9 aun pp 2P JUAUEUUOYBINOG J9 UOTJPOTIUEE 9SNn949 U0981N04 NP UOTJINPYH 0% ‘JruaId uoagimoq np a7n49 J8 2QU109 UOTJEUHIOJSUBIL of “JOII98,S J9 J781ed 91TPMMPUETS ELUOTIS 9T 0% *2[P19,S 2[P1JU99 9)J98$0] ES J9 199PJJ9,S L PU9J 9ATPITIUPUT HOUQUTUYT of Ÿ sulaçd soxrepuo9os. ) “quaparaid 2pe}s SU0981N0 9P UOISSIUUI \nenb QUHOJ AUIQUE 9p JU U098IN0 0f “apnotrpod np ajerduoo uonriedsip ‘jney uo seq op rerde ‘oinqor u0931N0 0% “juosedde o1oouo anorpod e ‘souuo]say Sp10{ R UO9SINO of *9ATJIUIA 9UTPIITIBUT SOUAUTUY JUN U9 2AQ[NOS 9S AUMIP 9T 0€ *9ITR[O9IP JU0Z aun auHO; J9 ‘JUaWIpNA np anoqne a419poid ‘aund9p 2$ UMP 9T 0Z "(uu0Y/T£ SUD A) anbriguydsruoy sdio9 un,p UOTJEUHO 0€ “9ITB[NOTJUOT Sd109 UN,P UOTJEUMOH 0% *QUILUOJI Z9U9 9 A19SQO 9J9 Sd tu 9peJS 29 ‘9ATJIUTId TI -ou}1d9 aouauruo oun,p UOTPUHOT ‘ouHApI{9,T 2P 92/8900, UOTBITJIOI op “ANNOH/T Z4HH9 ATIANVN VIT 44 LNANHddOTHAAG AG SHSVHd Re TT Te — © A < aura (I auto prd'4 AU (T aUHpId'{ | UP a pd JUHO(I auto prd'{ *(arqerieA onbodo gun e,nbsnf souessreu er simdaq) “FOTUT9P UOJOUUEU NP UOIJPUHIOT 9P 2POTI94 07 “(oouessreu EI R SIOU om2 1) “pqruraid u09841n04 NP UOISS918941 9P 9POH9 € *(SIOUL om, NE onÿ 1) *I1EPU099S juouauuoa8inoq np 2POHI 0% -(owarrqenb np Jn{9p NE SIOU om@ NP NOIIUE N) porurad uoa9$in0q np UOIJEUHO] 9P 2POH9A 0} S4aa NASA — 458 — SUR UN NÉMERTIEN GÉANT DES CÔTES DE FRANCE Par: NE JOUBIN Maïître de Conférences à la Faculté des Sciences de Rennes HuBrecaT, dans son important Genera of Europæan Nemer- teans (1), débrouillant la synonymie de ces animaux, si compliquée par une foule de répétitions et divisions fantaisistes, disait à propos du genre Avenardia et de quelques autres encore que c’étaient des noms dont divers auteurs et GiarD avaient Cunnecessarely burdened the synonymy of the group.» Comme depuis plusieurs années je rassemble des matériaux en vue d’une faune des Turbellariés des côtes de France, j'ai dû natu- rellement reprendre toute la bibliographie, et je puis dire en passant que c’est un rude travail! J'ai donc examiné pas mal d’écrits ennuyeux, inutiles, et retrouvé vingt fois les mêmes bêtes sous des noms diflérents. Je suis arrivé à ce genre Avenardia, supprimé sans phrases par HuBrEecHT, mais j'ai voulu, comme de juste, en savoir les raisons, car il faut bien le dire, HuBRECHT a été un peu radical et vif dans sa besogne, en détruisant des choses qui valaient la peine d’être conservées, de même qu'il n’a peut-être pas été assez sévère pour quelques-unes des espèces qui lui doivent le jour. Je suspectais donc la légitimité de cette exécution sommaire, ne pouvant admettre qu’un zoologiste aussi savant que M. le professeur Giarp eùt négligé la bibliographie au point d’avoir à la légère baptisé à nouveau un genre déjà connu. Je dus cependant m’avouer dès la première lecture de sa note aux Comptes-Rendus, qu’Ave- nardia Priei ressemblait étrangement à un Cerebratulus ; j'allais même déjà plus loin, et je lui aurais presque appliqué le nom de C'erebratutus marginatus. Je n’osais pourtant point encore croire à cette découverte, et dans. le but de me convaincre d'erreur, Je m'adressai à M. le professeur: HazLez pour lui demander si quel- que échantillon du fameux Némertien géant des collections de la Faculté de Lille ne pourrait m'être communiqué. (1) Notes from the Leyden Museum, 1880, note XLIV. — 159 — Deux jours après je recus un flacon renfermant Avenurdia Priei. Je n'eus plus alors aucun doute, quelques scrupules seulement ! Comme je tenais à en faire disparaître toute trace, j’écrivis au natu- raliste du Pouliguen, M. Prié, lui demandant quelques exemplaires vivants d’Avenardia Priei. Avec une grande obligeance (c’est assez cher, par exemple) il m'envoya 3 ou 4 de ces Némertes. — Je dois ici ouvrir une parenthèse à l'usage des personnes qui voudraient faire venir des animaux vivants du Pouliguen; je leur recommande d'expédier à l'avance des bocaux bouchés, pour éviter l'ennui de recevoir des Avenardia d’un mètre dans des pots à moutarde et à cornichons, non bouchés, d'une contenance de 100 grammes d’eau environ. — Malgré cela une de mes bêtes était encore vivante; les autres s'étaient coupées en petits fragments qui commencçaient à répan- dre une odeur de mauvais augure. Je me dépêchai de plonger la Némerte en vie dans l’eau de mer fraîche, où elle reprit ses sens et vécut deux jours, «nageant avec la plus grande facilité en accomplissant » des mouvements ondulatoires qui lui donnent une ressemblance » étonnante avec une anguille. » J'ouvris alors à côté de ma Némerte un volume ïin-4, p. 55. C'étaient les Powers of lhe Creator de DaLyeLr, tome 2; j'y vis la parfaite image de mon Avenardia sur plusieurs planches (VI, VIT, VIIL bis); il y a bien des dessins qui ne valent pas grand chose, mais il y en a aussi d'excellents, en particulier celui où l'animal est représenté au repos, tapi sur le fond du cristallisoir. Les Powers de DaLyeLz sont de 1853, et je puis dire que les dessins dont je parle valent comme fini et exactitude les meilleurs chromolithogra- phies modernes. La Némerte en question y est décrite sous le nom de Gordius fragilis, d'où je conclus que Gordius fragilis — Ave- nardia Priei. Une autre bonne représentation de cet animal a été donné par Sars (1837), dont les dessins ont été publiés par JENSEN (1878); il l'appelle Cerebratulus grandis. L'examen de cette Némerte vivante m'avait absolument confirmé dans mon soupçon, c'était bien le Cerebratulus marginatus, variété de la vase molle; celles qui vivent dans le sable vaseux sont moins grandes et un peu plus rondes. J'avais observé les deux variétés à Banyuls; devant le laboratoire, dans les racines des Zostères, on trouve la variété des sables, dans la baie de Paulilles la variété de — 460 — la vase, qui y atteint les proportions gigantesques indiquées par divers auteurs. Mac-INrosu, et après lui HuBRECHT, ont signalé ce Cerebralulus marginatus dans une foule de points, en particulier à Naples, où d'après HuBrEecHT, c'est la Némerte la plus commune et elle y devient énorme. Ils en ont établi la synonymie à peu près complè- tement, je la reproduis ici en la complétant. Cerebratulus marginatus (RENIER 1803) Fasciola angulata O0. F. Muzzer 1774. Planaria angulata O0. F. Muzzer Zool. danic. prod, 1776. » » Fagricius 1780 et 1798. » » GMELIN 1788. Cerebratulus angulatus OERSTED 1844. » » Mac INrosn 1873. » marginatus RENIER 1803. » » Hugrecar 1880. » » Carus 1886. ) grandis (Sars 1837) JENSEN 1878. Serpentaria fragilis Goopsir 1845. » » JOHNSTON 1865. Meckelia serpentaria DiesiNG 1850. 10) » LEUCKART 1859. » somatolomus LEuckART 1850 (?) » olivacea RATHKE 1863, » Beatticæi DIEsING 1862. Polia siphunculus DELLE CHIAJE 1825, Gordius fragilis DALYELL 1853. Lineus Beatticæi GRAY 1857. ) longissimus BEATTIE 1858-59. Comme conclusion à cette courte note j'ajoute Avenardia Priei GiarD 1878. — GT — Réponse à une analyse critique de M, le professeur Giard Par le DH: FOCKEU Préparateur d'Histoire naturelle à la Faculté de Médecine de Lille. * Dans le dernier numéro du Bulletin scientifique de la France et de la Belgique (1), M. le professeur Grarp consacre quelques pages à l’analyse critique d’une note préliminaire intitulée : « Première liste des Galles observées dans le Nord de la France (2)» que jai publiée dans la Revue biologique du Nord. Je n'aurais pas répondu à cette note si M. Grarp, au milieu de ses critiques, n'avait intercalé quelques insinuations malveillantes, et, ce qui est plus grave, commis des erreurs scientifiques «qu'il faut d'autant moins laisser passer qu'elle tombent de plus haut. » Je relèverai au sujet de cette analyse les points suivants, me gardant par bienséance d'employer le ton de mon contradicteur : 1° On me permettra tout d’abord d'en appeler auprès des gens compétents de la facon sommaire dont M. GrarDp apprécie l’ensemble de mes recherches : «© Ce travail, hâtivement fait et complètement dépourvu d'originalité, ne sera d'aucune utilité aux zoologistes de la région du Nord, qui, sans recherches spéciales, énuméreront immédiatement 3 ou # fois plus d'espèces gallicoles que n’en a cité M. Focreu. » M. Grarp donne au travail en question une importance que je n'avais certes pas voulu lui accorder. Ce n’est point un cata- logue complet que J'ai publié, c’est une liste, résultat de deux années de recherches, et je n'ai nullement eu la prétention d'épuiser le sujet, ce qu'indiquait assez le titre de première liste Il n'existait pas encore, que je sache, de travail analogue pour notre département, et Je persiste à croire que certains naturalistes me sauront gré d'avoir essayé de réunir quelques matériaux pour (1) Bulletin scientifique de la France et de la Belgique. [Ie série, 2 année, IV, janvier-avril 1889 (paru en juillet). (2) H. Fockeu: Premiere lisle des Gulles observées dans L2 Nord de la France. Revue biologique du Nord de la France, N?s 5, 4 et 5, {re an., 1839. er servir plus tard à constituer un catalogue complet de nos produc- tions gallaires. Depuis la publication de ma première liste, j'ai récolté la majeure partie des Galles signalées par M. Grarp ; quant aux autres, elles me paraissent plutôt avoir été prévues qu'observées par le savant Professeur, à la suite d’un raisonnement analogue à celui-ci : Il existe, dans le Nord, un animal A et une plante B; on a signalé quelque part une Galle déterminée sur la plante B par l'animal A, donc la Galle doit exister dans le Nord, et, par consé- quent, elle a été omise dans la liste de M. Fockeu. Pour ingénieux que soit le procédé, il n’est guère scientifique, car il n’est pas encore prouvé que le même insecte se comporte toujours de même, en toutes circonstances et en des localités différentes. J’ajouterai aussi qu'il est d'usage courant de faire précéder un travail de longue haleine de notes préliminaires, de facon à ne pas perdre le fruit de recherches parfois longues et pénibles. Pour ne citer qu’un exemple, M. Girarp lui-même n’a-t-il pas écrit autrefois dans le « Bulletin scientifique du département du Nord et des pays voisins » une première note intitulée: « Les habitants d’une plage sablonneuse » (1), note dans laquelle il citait à peine une douzaine d'espèces ? Il n’a pas eu la prétention, j'en suis sûr, de dresser alors un catalogue complet de la faune des plages de Wimereux et d'Ambleteuse, et la meilleure preuve en est qu'il a été obligé de donner de nombreuses suites à cette première énumération. 20 M. Grarp parle de « démarquage », insinuant ainsi que mon travail n’est que la transcription d’un autre du même genre. Il suffit à tout naturaliste de bonne foi de comparer ma liste aux listes analogues pour voir que je ne mérite en rien ce reproche, toujours facile à adresser d’ailleurs. M. GARD, moins que personne, aurait dû porter légèrement une semblable accusation (2). 30 M. Giarp m'accuse de « n'avoir point cité parmi les Galles (1) A. Gran. Les habitants d'une plage sablonneuse. Bull. scient. du départ. du Nord, 2e série, {'e année, page 31, 1878. (2) Prière au lecteur, pour son édilication personnelle, de comparer, en déplaçant légèrement les numéros de l'analyse, une page quelconque du « Synopsis de la faune marine de Lx France septentrionale, > par M. Grarp (partie des Mollusques) à la page correspondante du travail de M. Pecsenger : « Clef dichotomique des Mollusques de la Belgique. » — 463 — dues à des Coléoptères celles causées par le Ceutorhynchus sulcicollis GyYLL. et par le C. drabæ LaB. »; non pas que M. Grarp paraisse jamais avoir observé la première de ces Galles, mais bien tout simplement parce que € le C. sulcicollis est indiqué par M. pE NoRGUET comme très commun sur les Crucifères des environs de Lille et dans les fortifications mêmes de cette ville. » Si je n’en ai point parlé dans ma première liste, c’est parce qu’il me semble naturel de ne citer que les espèces que j'ai rencontrées ; mais, comme Je l'ai dit plus haut, j'ai récolté, depuis le mois de Mars dernier, un grand nombre de Galles, entre autres la Galle du Ceutorhynchus sulcicollis, commune en certaines localités sur les racines des Crucifères. Quant à celle du C.drabæ citée par M. LABOULBÈNE à la Varenne Saint-Maur, et que M. Grarp semble avoir recueillie en assez grande abondance chez nous, je l’ai souvent cherchée, mais en vain, sur les Draba verna de notre région. Pour employer le style adopté par notre honorable contradicteur, M. Giarp © ne paraît pas se douter » qu’en dehors des Ceutorhynchus et des Apion il existe encore bien d’autres Curculionides gallicoles ; les Gymnetron, les Mecinus, les Sybines, etc., ete. ; il aurait pu tout aussi facilement prévoir lexistence dans le Nord des Galles produites par ces Coléoptères. 4 A propos des Galles de Cynipides, M. Grarp m'attribue une erreur de synonymie que je suis obligé de réfuter : «La Galle en ponume du Chêne (RéAuMUR, planche XL, fig. 4 et 4) — dit-il — n’est pas le Dryophanta folii, mais bien le Teras ternunalis, ainsi que l'ont établi HartiG et plus récemment Van SEGvELrT. » Je sais très bien que Réaumur appelle « Pomme du Chêne » la Galle du Teras terminalis, aussi n’ai-Je point écrit : © Pomme du Chène de Réaumur » comme je l'avais fait pour les Galles des Neuroterus numismalis OL. et N. lenticularis OL., désignées dans mon texte sous leur nom vulgaire : € Galles en bouton de soie de Réaumur, Galles en champignon de Réaumur ». La Galle du Teras terminalis est relativement rare dans le Nord, elle est peu connue des paysans qui ne lui donnent aucun nom spécial; par contre, ils désignent tous sous le nom de « Pomme du Chêne » la Galle du Dryophanta folii, ainsi que je l'avais indiqué. 5° Il existe sur la Rosa spinosissima, plante commune sur toutes les dunes du Boulonnais, une Galle déterminée par le Rhodites spinosissimæ. Mayr décrit plusieurs variétés de cette Galle, je n'ai pa = jamais observé que la variété 4 de cet auteur. M. Grarp dit les avoir rencontrées toutes ; peut-être ses observations ont-elles été faites à un autre moment que les miennes, et la forme de la Galle dépend-elle de l’époque à laquelle l’insecte a piqué la plante? C'est un point qu'il serait intéressant de vérifier et sur lequel nous serions heureux de connaître les observations de M. Grarp. 6° Je relève dans l’analyse critique de M. Gran» les lignes suivantes : « NM. Kockeu me semble avoir une connaissance bien insuffisante des Diptéres gallicoles et en particulier des Cephaloneon de nos Saules, » Il résulte de cette phrase, textuellement reproduite, que les C'ephaloneon seraient des Diptères gallicoles!! Or les Cephaloneon ne sont pas des BDiptéres, ni des Insectes, ni même des animaux; ce terme Cephaloneon désigne tout simplement une forme particulière de Galle produite par des Aeariens du genre Phytoptus, de mème que d’autres formes de Galles ont été appelées Erineon et Ceratoneon ! 1° M. Giarp me reproche d’avoir négligé les Galles dues aux Acariens. Il existe, en eflet, dans notre région de nombreuses Phytoptocécidies, mais l'étude de ces Galles est encore fort incom- plète. La plupart des Phytoptus qui les déterminent n'étaient pas décrits avant le travail de NaALÉPA, paru il y à quelques semaines à peine (1), de sorte que l'on se voyait obligé de désigner ces Galles par des numéros d'ordre. Je ferai connaïtre néanmoins dans une prochaine liste, les nombreuses Phytoptocécidies que Jai recueillies et dont la détermination ne m'a été possible que grâce à l'excellent travail du naturaliste autrichien. 80 « M. Fockeu — dit M. Grarp — attribue à la Trypeta serpylli Kircax., l’intumescence velue et blanchâtre qui apparaît au niveau de l'inflorescence du Thym serpolet. Cette galloïde, si intéressante par les modifications qu'elle entraine dans la fleur du Thymus serpyllum, est généralement causée par un Phytoptus ». M. GrarD aurait dù dire plus justement que le Thymus serpyllum peut présenter à l’extrémité de ses rameaux deux espèces d'intumescences velues, qu'il n’a point distinguées l’une de l’autre : l’une produite par un Diptère, le Trypeta serpylli, l'autre presque analogue, dans laquelle (1) A. Nauera : Beilräge zur systematik der Phylopten. Sitzungsbericht de Kais. Akad. d Wissensch. in Wien. Bd. XCVIII. Abth. I. 1889. — 465 — on ne rencontre que des Phytoptus (Phytoptus Thomasi NaLepA et Phytocoptes thymi NaLepaA). Dans nos contrées, la première de ces productions paraît beaucoup plus fréquente que la seconde ; c’est la seule que j'avais observée au moment où à paru ma première liste. Si « débutant » qu'on soit, il est difficile de confondre une larve de Diptère avec un Acarien. M. Giarp suppose tout aussi gratuitement que j'ai « confondu la Galle de l’Hormomyia Reaumuriana du Tilleul avec une Phytoptocécidie commune sur le même arbre. » Le Tilia grandiflora présente deux espèces de Galles : l’une corniculée, saillante à la face supérieure de la feuille, déterminée par un Phytoptus, l’autre plutôt cylindrique, visible sur les deux faces de la feuille, produite par un Diptère. Un observateur superficiel peut confondre ces deux Galles bien que leur forme extérieure présente quelques différences, mais en y pratiquant des coupes transversales, on remarque qu'il existe à l’intérieur de la première de nombreux poils blanchâtres entre lesquels sont logés des Acariens, tandis que la seconde est complè- tement lisse. J'ai trouvé ces deux espèces dans notre région et celle qui figure dans ma première liste était bien déterminée par l’Hor- momyta Reaumuriana dont la Galle est loin d’être aussi rare chez nous que semble le dire M. Grarp, car je l'ai observée jusque dans les jardins et promenades de Lille. Lille, 10 Août 1889. N.-B. — Cette note était imprimée quand, il y a quelques jours, je reçus de M. le professeur Grarp une lettre dont le ton cadrait mal avec la sévérité exagérée de sa critique. Sans m'arrêter à rechercher les causes de ce subit revirement, ce fait m'a procuré l’occasion de constater une fois de plus que M. GIARD n’a parcouru mon travail que superficiellement. Il me reproche, en effet, dans cette lettre : « de n'avoir point signalé les Galloïdes produites par la Cecidomyia marginemtorquens. » Je me contente, sans commentaires, de le renvoyer à la page 15 de mon tirage à part. =#/100 Association française pour l'avancement des Sciences 18° session. Paris, 1889 COMPTE-RENDU DES TRAVAUX DE LA SECTION DE ZOOLOGIE Par le Baron JuLESs DE GUERNE Les travaux de la section de Zoologie de l'Association française pour l'avancement des Sciences qui paraissaient tout d’abord devoir souffrir de la réunion simultanée du Congrès international de Zoologie, en ont au contraire bénéficié (1). Les savants ayant participé au Congrès se sont en effet retrouvés pour la plupart à l'Association et si les zoologistes étrangers n’y ont guère pris la parole, ils ont du moins contribué par leur présence à changer la physionomie d’un auditoire qui eut sans cela beaucoup ressemblé à celui d’une séance ordinaire de la Société de Biologie ou des Sociétes Zoologique et Philomathique. Séance du 9 Août Le Président, élu suivant la coutume en 1888, était M. Epmonp PERRIER, que ses devoirs professionnels ont constamment tenu éloigné des séances. Celles-ci ont été dirigées par M, KuNCkEL D'HERCULAIS, nommé Vice-Président, M. Packarp, Professeur à Brown University, Providence, Etats-Unis, ayant été choisi comme Président d'honneur, et M. L. Cuénort, préparateur à la Faculté des Sciences de Paris, remplissant les fonctions de Secrétaire (2). (1) Le Congrès international de Zoologie s'est réuni du 5 au 10 août, l'Association française du 8 au 14 août. En réalité les séances du 9 et du 10 août avaient seules lieu aux mêmes heures ; celle du 10 août a été supprimée à l'Association. (2) Je saisis avec empressement l’occasion qui m'est offerte de remercier M. L. Cuénot de la complaisance avec laquelle il m'a communiqué les procès-verbaux des séances. C'est à son obligeance que je dois de pouvoir mentionner ici plusieurs communications qu’il ne m'a pas été donné d’entendre, — 467 — M. H. pe Lacaze-DurHiERs, membre de l’Institut, fait une com- munication sur la fusion des nerfs el des ganglions chez les Moilusques et leur signification morphologique.— Chez les Mollusques, des nerfs morphologiquement distincts sont parfois confondus sur une longueur plus ou moins grande : ainsi chez l’Haliotis, les deux gros cordons nerveux du pied sont soudés intimement et BELA HALLER, se basant sur ce fait, que les coupes ne montrent pas de membrane de séparation, a soutenu qu'il y avait unité. M. pe Lacaze-DUTHIERS montre que l'existence d’une membrane n’a pas la valeur que lui attribuent BELA HALLER et PELSENEER et que la fusion peut être anatomiquement complète sans que la séparation physiologique et morphologique soit aucunement modifiée. Chez Patella, par exemple, le nerf acoustique est fusionné avec le connectif cérébro-pédieux, sur la moitié environ de sa longueur et il n’y a nulle trace de membrane; pourtant on ne peut douter que ce ne soient des parties absolument distinctes. Il y a plus : chez Teredo, à la place des deux ganglions bran- chiaux, existe un ganglion unique; les coupes montrent parfaitement un accolement de deux ganglions séparés par une membrane qui s’eflace peu à peu, de sorte que la fusion finit par devenir complète. Cet exemple, vraiment typique, montre que la séparation anatomique est sans valeur, qu’elle est subordonnée aux lois morphologiques, déduites de l'étude d'un grand nombre d’espèces normales. On peut trouver tous les passages entre la séparation habituelle des nerfs et des ganglions et leur fusion complète. M. Simopor demande quelle est la signification exacte du con- nectif, est-ce seulement un nerf ou peut-il jouer le rôle de centre ? M. H. pe Lacaze-DuratERS répond à cette question en distinguant la conformation typique, morphologique des ganglions centraux, des parties accidentelles où ganglions de renforcement qui s’y ajoutent lorsque certaines régions d’un animal acquièrent un développement inusité, par exemple: chez Teredo, ou les espèces à longs siphons qui présentent des ganglions supplémentaires. M. Kunckez b'HErCULAïS signale chez Iles Insectes des faits à appui de l'opinion de M. Lacaze-Duruiers. Chez les Diptères, dont larmature buccale est si variée, il existe des variations concomi- tantes entre les pièces de la bouche et leurs nerfs, quand les premières se soudent, les neris se rapprochent et se confondent. LABS. M. L. JouBiN, maître de conférences à la Faculté des sciences de Rennes, a réuni de nombreux documents sur la Faune des Tur- bellariés des côtes de France. Dans la note qu’il adresse aujourd’hui à l'Association, l’auteur ne s'occupe que des Némertiens. Ces Vers, très difficiles à préparer et à conserver convenablement, présentent déjà à l'état vivant des variations de couleur et de forme qui rendent leur étude très difficile. La synonymie de ce groupe est très compliquée. Aussi M. Joux a-t-il étudié seulement, en s’aidant des meilleurs auteurs, Mac INrosx et HuBrecur entr’autres, les types qu'il à pu recueillir lui-même. Ses recherches, poursuivies pendant plusieurs années aux laboratoires de Banyuls et de Roscoff, lui ont fourni jusqu'à ce jour un nombre d'espèces notablement supérieur à celui qu'indiquent tous les travaux réunis de ses devanciers. Nous donnerons un court aperçu de leur distribution suivant les zones où on les rencontre. L'auteur en distingue quatre sur les côtes de la Manche. Dans la 1", parfois découverte durant deux ou trois jours à l’époque des mortes eaux, on trouve communément Lineus gesserensis ; cette espèce est signalée pour la première fois dans la Méditerranée, à Port-Vendres, où elle vit parmi les Algues qui tapissent à une faible profondeur la paroi verticale des quais. La 2me zone, celle des Fucus ou du niveau moyen des marées, montre, sous les pierres, Lineus gesserensis et L. sanguineus ; dans le sable, Cephalothrix bioculata et C. linearis que M. JougiN considère comme des types distincts contrairement à lopinion de plusieurs naturalistes. Parmi les Algues qui forment le fond des herbiers, on rencontre à Roscoff un certain nombre de 7etras- temma : T. dorsale, T. vermiculatum, T. coronatum, T. candidum, T. melanocephalum, avec lesquels se trouve de temps à autre Œrstedia viltata, vivant parfois aussi dans la cavité branchiale de Phallusia sanguinolenta. La 3me zone, qui ne découvre que tous les quinze jours est assez riche en Némertiens. Les Lineus précédemment cités s’y trouvent en abondance avec L. longissimus, très commun en cer- taines localités des environs de Roscoff. On y recueille en outre Tetrastemma coronatum, T. diadema, Amphiporus lactifioreus et Nemertes gracilis. Le sable vaseux qui demeure toujours entre les feuillets des schistes, abrite dans la Manche Nemertes Neesi et à l’île Duon, près Roscoff, un autre Nemzrtes probablement nouveau : — 469 — N. Duoni. « Cette espèce, dit M. Jougin, présente les sillons cépha- » liques du genre Nemertes, mais elle est complètement dépourvue » d’yeux. Elle est à peu près plate, de couleur grise, et porte, sauf » sur la tête, une large bande jaune, médiane, longitudinale et » dorsale; elle à environ 50 à 60 cent. de long. sur 5 mill. de » large. » Sur le fond des herbiers on trouve encore à Roscoff Carinella polymorpha et Cephalothrix linearis; au milieu des Zostères vit une très belle espèce, Carinella annulata. Enfin on trouve dans la vase Cerebratulus marginatus. La quatrième zone, celle des Laminaires parait assez pauvre en Némertiens. A Roscoff, on y rencontre rarement Prosorochnus Claparedi et plus communément Tetrastemma fiavidum, Lineus longissimus et L. gesserensis. L'auteur n’a rencontré qu'une seule fois au Nord de l’île de Bas Drepanophotus serraticollis. On y trouve assez fréquemment Tetrastemma longissimum. Dans la vase des herbiers, à ce niveau, M. Joux a retrouvé Amphiporus bioculatus, espèce signalée sur les côtes d'Angleterre et assez mal décrite par Mac Inrosx. Sur les côtes rocheuses des Pyrénées Orientales et de la Provence, les quatre premières zones littorales de l'Océan peuvent être consi- dérées comme réunies. On y trouve à Banyuls, dans les Algues, jusqu'à 150 de profondeur environ, une belle série d’espèces : Lineus gesserensis Telaastemma diadema Amphiporus pulcher — Kefersteinti — dubius Œrstedia vittata - lactifloreus Nemertes gracilis Tetrastemma dorsale — echinoderma — flavidum Carinella banyulensis - melanocephalum — Aragoi Les deux Carinella doivent être considérées comme nouvelles; la première, longue de 20 à 30 cent., d’un beau violet avec une ligne blanche longitudinale, est excessivement mince, atteignant à peine la grosseur d’un crin. Elle est pourvue de fentes céphaliques recourbées en forme de crochets et très considérables, ce qui est unique dans les Carinella. C. Aragot est au contraire fort petite (2 cent.) elle est pourvue de deux yeux, à la partie antérieure de la tête. Les sables plus ou moins vaseux des anses abritées de Banyuls, — 470 — Port-Vendres, etc., renferment Lineus lacteus et L. sanguineus, Nemertes Antonina et Cephalothrix linearis. On y rencontre aussi, dit M. JouBix, « le plus grand des Némertiens connus, Cerebratulus » marginatus qui a été pris par M. Grarp en 1878, pour un genre » nouveau et déerit par lui sous le nom d’Avenardia Priei, bien » que depuis longtemps cette espèce ait été étudiée et figurée par » divers auteurs, notamment par DaLyezz, dont les dessins sont » excellents. » Enfin, dans les sables parfaitement purs de l’anse du Troc à Banyuls vivent Cephalothrix bioculata et Lineus lacteus. La cinquième zone commence dans la Manche au niveau du bas de l’eau dans les très grandes marées et se continue Jusqu'à 40 à 50 mètres de profondeur. Dans la Méditerranée, elle s'étend jusqu’à 80 mètres environ, dans les fonds coralligènes. Dans les deux mers, cette zone est caractérisée par la grande abondance des représen- tants du genre Cerebratulus. L'auteur en a trouvé 12 espèces à Banyuls et 9 à Roscoff; toutes celles de cette localité ont été ren- contrées dans la Méditerranée. Le défaut d'espace nous empêche d'en donner ici l’énumération. Citons cependant encore, comme très communes dans cette zone, aux environs de Banyuls, les formes suivantes : Borlasia Elisabethæ, Polia dentata et P. curta. Les fonds de vieilles coquilles plus ou moins garnies de tubes d’Annélides, habités ou non, fournissent bon nombre de Némertiens : Carinella polymorpha, G. annulata et plusieurs Cerebratulus parmi lesquels CG. bilineatus.:: Une : autre espèce. fort rare” du meémehrsenee C. geniculatus a pu être rapportée intacte, grâce à l'emploi du Scaphandre. Par 30 mètres de profondeur, la drague a ramené d’un banc de sable pur où vivent des Oursins irréguliers, le rare Langia formosa, signalé à Naples par le professeur Hugrecar et un autre Némertien, nouveau comme genre et comme espèce. Ce type, que M. Jougin désigne sous le nom de Poliopsis Lacazei, atteint environ 40 centimètres de long sur un centimètre de large; l’animal est d’un beau rose, semi-transparent ; « il est remarquable » par le développement singulier d’une couche de tissu conjonctif sous-cutané qui forme un réseau lâche au milieu duquel se trouve suspendu le tube digestif ; celui-ci, de couleur jaune, se voit fort bien par transparence. La tête est pourvue d’un grand sillon G % > — 4 — » longitudinal et porte environ 80 yeux très nets et noirs, disposés » en fer à cheval. Les sillons céphaliques circulaires sont pourvus » de dentelures comme ceux des Polia et des Drepanophorus. La » tête peut rentrer entièrement dans la partie antérieure du corps ; » la trompe est inerme. » Vers 50 mètres parmi les Bryozoaires, on trouve Amphiporus marmoratus, divers Cerebratulus, Drepanophorus rubrostriatus et P. serraticollis. Dans la zone plus profonde, jusque vers 80 mètres, où vivent divers Coralliaires, on ne rencontre plus que ces deux dernières espèces et Tetrastemma flavidum. A Roscoft, les fonds accessibles aux bâteaux du laboratoire ne dépassent pas 50 mètres. On y trouve, comme dans la Méditerranée, les deux espèces citées en dernier lieu, mais les Némertiens paraissent y être toujours .moins abondants que dans la Méditerranée, aux mêmes profondeurs. Citons pour terminer quelques types intéressants parasites ou commensaux des Mollusques, des Crustacés ou des Tuniciers : Malcobdella grossa, dans un C'ardium, à Brest. Nemertes carcinophila, au milieu des pontes de Carcinus mænas. Œrstedia vittata, dans la branchie de Phallusia sanguinolenta. dans la branchie de Phallusia sanguinolenta, à Roscoft. Telrastemma phallusiæ » » Cynthia microcosmos, à Banyuls. Sp. nov. » » Phallusit mamillata, » » » Molgula impura, ) Cette dernière espèce est sans doute la même que celle qui a été signalée dans des conditions semblables, par le professeur MaARION qui ne l’a d’ailleurs ni décrite, ni nommée. M. JougiN nous fait espérer, en terminant, un mémoire plus étendu accompagné de planches coloriées représentant les types nouveaux. Il est à souhaiter que plusieurs des espèces les plus répandues soient également figurées. Ce sont elles, en eflet, qu’il importe de connaitre d’abord, autant pour les études anatomiques, histologiques ou embryogéniques dont elles peuvent fournir le sujet, que pour la connaissance de la distribution géographique ou bathy- métrique du groupe. Une bonne définition des types communs pré- sente même à cet égard une importance plus grande que la description d’espèces nouvelles. J’ajouterai que, dans les travaux de ce genre, rien de ce qui touche à la nomenclature ne doit être négligé, et j'adresserai à ce propos une critique à M. Jousn dont — 472 — j'ai le manuscrit sous les yeux. Aucun nom d'auteur n’y est cité à la suite des noms d'espèces. Une pareille manière de faire ne saurait être admise dans les études de Zoologie systématique, quelles que courtes et préliminaires que soient les notes publiées. Sans doute, il est souvent nécessaire de supprimer ou d’écourter la synonymie qui allonge sans utilité beaucoup de publications, mais une espèce n'est déterminée avec certitude que lorsqu'on peut retrouver son acte de naissance en recherchant le travail de celui qui l’a décrite. M. L. Cuénor, préparateur à la Faculté des Sciences de Paris, expose le résultat de ses recherches sur la Formalion des produits génitaux par les glandes lymphatiques chez les Invertébrés. « Il » convient d’abord, dit l’auteur, de définir la glande lymphatique : » C’est un amas de cellules qui se remplissent peu à peu de » granules réfringents très caractéristiques, auxquels j'attribue un » rôle dans la formation des albuminoïdes du sang; les cellules » pleines de granules deviennent amiboïdes, se détachent de la » glande et constituent les corpuscules figurés du sang ou amibo- » cyles.» Nous ne pouvons suivre M. Cuéxor dans l'exposé détaillé des études qu’il a poursuivies avec une grande persévérance chez les Echinodermes, les Géphyriens, les Annélides et les Bryozaires. Les glandes lymphatiques y donnent naissance aux organes géni- taux, soit que ceux-ci se développent dans leur tissu même, soit qu'ils se constituent aux dépens de prolongements émanés des glandes précitées. L'auteur pense que là où existent des relations entre les organes génitaux et les glandes formatrices des éléments figurés du sang, les produits génitaux se forment au milieu et aux dépens des cellules lymphatiques. Elles y trouvent, en eflet, des cellules en voie de prolifération toujours active, munies souvent d’abondants produits de réserve et toujours placées favorablement au point de vue de la nutrition : circonstances, on en conviendra, toutes fort propres au développement des œufs et des spermatozoïdes. Séance du 12 Août M. BEAUREGARD»D a étudié l’Anatomie de l'oreille des Balénoptères (Balænoptera rostrata et B. musculus). Aux sinus aériens de l'oreille, déjà décrits, il faut ajouter un diverticulum fibreux DÉS de la caisse auditive, en forme de doigt de gant. Ce diverticulum fait saillie hors de la caisse à son extrémité postérieure ; il a été considéré à tort, comme le tympan, par tous les auteurs qui ont x admis à cet égard l'opinion erronée d’E. Home. M. RapaEz Dupois expose le résultat de ses recherches Sur la fonction photodermatique chez les Pholades et présente une collection de tracés graphiques obtenus en faisant agir la lumière sur le siphon du Pholas dactylus. Chez cet animal, qui ne possède pas d'yeux différenciés, cette partie du manteau constitue une véritable rétine € rétine photodermatique. » Au-dessous de la cuticule, on trouve une couche continue de cellules pigmentaires (segments pigmentaires) dont l'extrémité interne se continue directement avec des fibres contractiles (segments musculaires). L'ensemble de ces deux segments forme l’élément photo-musculaire. Quand une radiation lumineuse tombe sur le segment pigmentaire, aussitôt le segment musculaire entre en contraction. Cette contraction superficielle ébranle les terminaisons tactiles périphériques, comme si l’on touchait l’animal directement. L'élément photo-musculaire est,en réalité, un appareil avertisseur (système avertisseur) du tact, qui transforme une excitation lumineuse en excitation motrice, puis tactile. Celle-ci est transmise aux gan- glions par les nerfs sensitifs. Là, elle détermine un phénomène réflexe qui fait contracter les grands muscles longitudinaux du siphon. Ce phénomène réflexe est comparable à celui qui produit la contraction de l'iris, quand un rayon lumineux vient frapper notre rétine. Non seulement l’anatomie démontre l'existence de ces deux systèmes contractiles distincts, mais par l'analyse physiologique: faite principalement au moyen de la méthode graphique, M. RAPHAEL Dugois à pu nettement dissocier les deux phénomènes, qui compo- sent le mouvement d'ensemble du siphon de la Pholade excitée par une radiation lumineuse. Les recherches de M. RapHaez Dugois ont porté en outre sur l'influence des causes accessoires qui peuvent modifier la contraction photodermatique : influence de la fatigue, de la température, etc. Grâce à cette étude préalable, il à été possible alors de déter- miner avec exactitude l'influence de la durée de l'éclairage, de son intensité et des diverses radiations colorées du spectre. On peut — 474 — dire que le Mollusque étudié par M. Rapnaez Dupois, bien que dépourvu d’yeux, si peu différencié qu'on puisse le supposer, n’est pas aveugle. Il peut, par la peau du siphon, percevoir les excitations lumineuses et, par la contraction des muscles de celui-ci, il écrit ses impressions visuelles et montre qu'il sait distinguer les intensités lumineuses, les durées d'éclairage, les couleurs et même les nuances. Nous renvoyons pour les détails au mémoire complet qui paraîtra prochainement dans les Annales de l'Université de Lyon avec la reproduction des graphiques présentés au Congrès et l'étude anato- mique complète du siphon de la Pholade. M. Virzou, professeur à l’Université de Bucharest, expose ses recherches sur les centres cérébro-sensilifs de la vue chez le Singe. Il rappelle ses études antérieures sur le même sujet, faites chez le Chien, où l’ablation des première et deuxième circonvolutions paral- lèles de chaque côté, détermine la cécité, facile à démontrer par diverses expériences ; l’animal, par exemple, quand on lappelle, se dirige d’après le son de la voix et se heurte contre tous les obsta- cles que l’on interpose sur son chemin (1). Chez le Singe, par l’ablation des mêmes parties du cerveau, c’est-à-dire les lobes occipitaux, on détermine aussi bien que chez le Chien, une cécité permanente et parfaite, qu'on peut constater par les mêmes procédés. Ce résultat confirme entièrement les recherches du professeur HERMANN Muxex. M. Srropor, correspondant de l’Institut, doyen de la Faculté des Sciences de Rennes, expose la suite de ses études Sur le Système dentaire des Eléphants, études qui ont pu être poussées très loin grâce aux découvertes importantes faites par lui dans le gisement quaternaire du Mont-Dol (Ile-et-Vilaine). En dehors des travaux particuliers de ses membres, la section de Zoologie avait mis à l’ordre du jour les questions suivantes : Nécessité de la conjugaison pour assurer la continuation de la division chez les Protozoaires. (1) Voir Compt.-rend. Acad. Sciences, séance du 23 juillet 1888. — T5 — Signification des organes autres que l'appareil digestif et l'appareil génital chez les Echinodermes. Des communications de la cavité du corps et de l'appareil circula- toire des Mollusques avec l'extérieur. Phénomènes d'histiolyse et d'histiogénèse qui accompagnent la méta- morphose chez les Insectes. De l’organisation et de l'origine des Mammifères aquatiques marins. Seul, M. JourpAIN adresse une réponse à toutes ces questions, réponses courtes, il est vrai, mais généralement insuffisantes et que nous ne discuterons point par déférence pour l’auteur. M. JOURDAIN nous parait notamment bien mal inspiré quand il rapproche Îles Cétacés carnivores des Marsupiaux. Il est fort difficile de comprendre comment un jeune Dauphin pourrait rester dans la matrice ou même y rentrer après l'accouchement, ainsi que lauteur semble disposé à l’admettre. Quel serait dans ce cas le mécanisme de la respiration? Une enquête approfondie démontrera sans doute à notre savant confrère que sa bonne foi a été surprise par quelque pêcheur facétieux, comme ïil s'en rencontre souvent sur les côtes de France, même les plus éloignées de la Provence, Séance du 13 Août. M. CHarLes HENRY, bibliothécaire à la Sorbonne fait une observation sur la Dynamogenie el l'Inhibilion. 1 rappelle les définitions que M. BRowN-SEQUARD à données de ces deux modes d'action physio- logique et montre l'extrême difficulté, sinon l'impossibilité, d'en pouvoir découvrir expérimentalement le mécanisme physico-chimique. La corrélation de certains de ces- phénomènes avec les faits de plaisir et de peine lui à paru ‘offrir le moyen de tourner les difficultés objectives, et de prévoir dans certains cas, en sens et en quantité, sans connaître les transformations intermédiaires, les résidus fonctionnels finaux. Choisissant des excitants bien définis, comme des sons, des couleurs, des formes, lauteur s’est proposé de restituer le mécanisme inconscient physico-physiologique qui pourrait expliquer par des sensations correspondantes les phénomènes FRIGO ES de plaisir et de peine et leurs expressions motrices, en même temps que les caractéristiques de chacune de ces sensations. Ce mécanisme devait en outre être assez simple pour pouvoir s'adapter aux organismes les plus élémentaires ; c'était une mathématique schéma- tique et une mécanique particulière dont les principes étaient à établir et qui se manifeste si remarquablement dans certains phé- nomènes d’inconscience, d’instinct (Alvéoles des Abeilles, ete.). M. HENRY expose sa conception d'un être vivant simplifié, intelligent, capable de se transporter et tendant à revenir à son point de départ, tendant à exécuter du travail, muni de quatre appendices rigides exprimant, par des changements de direction dans un plan vertical, toutes les variations d’excitation et du travail physiologique correspondant. Il définit les trois fonctions subjectives qui ressortent de cette conception : le contraste, le rythme, la mesure. Quoique simplifiée, cette notion doit néanmoins, d’après l’auteur, être conforme à la réalité des choses au point de vue subjectif des représentations; en effet, elle rend compte de la nature et des oscillations de la fonction de complémentaire dans les cou- leurs, d'illusion d'optique, d'harmonie de forme, de son et de couleur et paraît devoir s'appliquer à l'esthétique d’abord, puis à la psycho-physiologie tout entière. L'auteur termine par l'indication des desiderata qu'il serait utile de combler au double point de vue mathématique et physiologique. M. ViALLANES rend compte des recherches qu'il a entreprises sur la Morphologie du cerveau des Crustacés décapodes. L'étude approfondie du cerveau de l'Ecrevisse lui permet de comparer d’une manière précise le cerveau des Insectes avec celui des Crustacés. L'auteur à trouvé chez l'Ecrevisse les homologues du corps central et du pont des lobes protocérébraux, organes qui semblaient propres aux Insectes. M. VIALLANES présente un Microtome automatique à glissière qui lui a servi pour ses travaux et qu'il à fait construire par M. DUMAIGE. M. LEMoINE fait une communication sur les plus anciens Mammi- fères tertiaires d'Europe et d'Amérique et présente à l’appui un grand nombre de dessins d’ossements fossiles accompagnés de croquis indiquant l'aspect supposé des types les plus curieux dont il donne la description, La remarquable collection du D' LEMoINE se trouve Are depuis quelque temps à Paris, son heureux propriétaire en fait les honneurs avec beaucoup de science et d’amabilité, c’est donc chez lui plus encore que dans n'importe quel Congrès que les zoologistes prendront intérèt à ses explications. M. pe Lacaze-Durniers présente une série de Planches chromoli- thograpluées en France et destinées aux Mémoires de l’Académie des Sciences. L'exécution de ces planches est sans contredit des plus satisfaisantes, mais leur prix de revient, joint à Ia lenteur avec laquelle on les imprime continueront à forcer, malgré leur désir contraire, les savants désireux d'économiser à la fois le temps et l'argent à s'adresser à l'étranger. M. H. pe VariGNy à étudié l'Action de quelques convulsivants sur le Carcinus mæœnas. L'auteur s’est proposé de voir dans quelle mesure certains poisons, doués d’une action convulsivante très nette quand on les injecte à des Vertébrés, exercent une influence analogue sur les Invertébrés, malgré la différence de Ta constitution du système nerveux. Le chlorhydrale de strychnine, le sulfate de brucine, la picrotoxime, le chlorhydrale d'oxycinchonine, etc., elc., ont été successivement employés. Des expériences de M. DE VARIGNY il résulte: 4° que certaines substances très convulsivantes pour les Vertébrés (s{rychnine) ne le sont point pour le Crabe; 2 que les substances les plus convulsivantes pour ce dernier (picroloxine) ne sont pas nécessairement celles qui le sont le plus pour Îles premiers. M. KunckEL Dp’'HERcuLAISs, aide-naturaliste au Museum, décrit avec nombreux dessins à appui le mécanisme de l'éclosion, des mues et de la métamorphose chez les Acridiens. Un grand nombre des faits exposés sont très importants à connaitre pour arriver à combattre d'une manière efficace la multiplication de ces Orthoptères dont les invasions sont une cause de ruine pour lAlgérie. M. Certes continue ses cultures méthodiques, à l'abri des germes atmosphériques, d'eaux et de sédiments desséchés provenant de pays exotiques, et décrit un Spirule géant développe dans des cullures de Conferves prises dans les cilernes d'Aden par le D' Jousseaume. EUTe Ainsi qu'on le voit dans les dessins qui passent sous les yeux de la section, ce Sptirille a l'aspect d’un long ruban régulièrement enroulé sur lui-même et dont la largeur constante est de Omm006 à OmmO0$8. La longueur varie de Omm({5 à Ommf25, suivant le nombre des spires qui, pour ce dernier individu, le plus grand, était de 45. Le Spirille se déroule sous l’action de la chaleur et l’on reconnaît ainsi qu'il est homogène, incolore, et que les portes régulièrement disposées sur les deux côtés du ruban ne sont qu'un simple eflet d'optique dù à l'intersection des filaments. Cet organisme se multiplie par fissiparité horizontale et par spores. Les individus sporifères se meuvent rapidement autour de leur axe. Les autres progressent en avant et en arrière avec des ondulations qui les font ressembler à un ver, ou même à certaines chenilles, plutôt qu'à un microbe. M. CERTES rapproche ce Spirille du Spirobaciilus Cienkowskit, récemment décrit dans les Annales de l'Institut Pasteur par le prof. MErscaNiIKorr, et propose de l'appeler Spirobacillus gigas. Il n’a pas encore réussi à l’isoler et en continue en ce moment l'étude physiologique. Le PRINCE ALBERT DE Monaco présente les six premières planches de la publication grand ïin-4° entreprise sous sa direction, avec le concours de M. JULES DE GUERNE, pour faire connaître les résultats scientifiques des campagnes accomplies depuis plusieurs années sur son yacht l’ÆZirondelle. Les travaux sont répartis entre des spécia- listes dont les études paraîtront à intervalles irréguliers au fur et à mesure de leur achèvement par fascicules d'importance variable. Un premier mémoire, dû à M. DAUTzENBERG et ayant pour titre Contribution a l'étude de la faune malacologique des îles Açores, sera très prochainement publié. 25 espèces nouvelles y sont décrites et figurées sur quatre planches noires ou coloriées. Dans le travail suivant, déjà très avancé, M. Mrxe Enwarps étudie les Crustacés brachyures; une espèce de grande taille, considérée comme nou: velle, y est décrite sous le ‘nom de Geryon affinis; las#gure du plus beau des exemplaires recueillis occupe une planche double, soit une feuille grand in-folio. Le PRriNce ALBERT DE Monaco se félicite des encouragements qu'il reçoit des savants les plus distingués de tous les pays. Il les remercie hautement de leur bienveillance et sollicite mème leurs critiques dans l'intérêt de son œuvre. Cela lui fournit l’occasion de traiter comme il le 70e mérite, certain personnage jaloux et malveillant qui seul jusqu'ici s’efforce en vain d'introduire dans les discussions sérieuses un esprit de mauvais aloi. M. ALFRED GIARD, assis Juste en face du PRINCE ne s’est jamais trouvé à pareille fête; tous ceux qui de longue date (le nombre en est grand dans l'assistance), connaissent les procédés de polémique particuliers à M. GraARpb, apprécient ce coup droit porté à l’auteur, souvent anonyme, de tant d’insinuations perfides. Personne d’ailleurs. ne s'étonne de le voir Ss’esquiver sans attendre les commentaires provoqués par la déclaration du Prince et appuyés du reste à l’issue de la séance par la lecture en commun d’un certain Bulletin scientifique où des Jeux de mots d'un goût douteux tiennent lieu d'arguments. Les trois dernières campagnes scientifiques de l'Hirondelle ont permis au PRINCE ALBERT DE Monaco d'améliorer dans une large mesure le matériel employé jusqu’à ce Jour pour les recherches zoologiques à la mer. En outre, on a construit et mis en usage avec un grand succès des appareils nouveaux. Le chalut à étriers rapporte en meilleur état les animaux fragiles depuis que des fauberts sont fixés dans son intérieur de facon à y flotter presque librement. Son Jest est également installé dans des conditions meilleures. Un grand filet pélagique de 7 mètres d’ouverture sert pour les pêches de surface exécutées surtout la nuit et remplace avec avantage les petits filets anciens de 30 à 40 cent. de diamètre. — Dés nasses de grandes dimensions qui en renferment d'autres très petites, ont été descendues dans les profondeurs. L'une d'elles porte une lampe Edison avec sa pile qui est protégée contre l’eflet de la pression par le ballon compensateur du D' ReGxarpb. Enfin, la manœuvre de tous les engins est rendue facile, même pour un navire de petite taille et dépourvu de vapeur comme lHérondelle, par linstallation de treuils et de bobines simples et puissants. Un dynamomètre accu- mulateur d’un système entièrement nouveau permet d’ailleurs de connaître à tout instant l'effort exercé par les appareils en action. M. Juces DE GUERNE présente quelques-uns des animaux les plus remarquables rapportés par les engins nouveaux de l’Hirondelle. UE Séance du 14 Août M. Ranow, élève au laboratoire de Malacologie du Muséum, adresse une note sur le Système nerveux des Oligochètes limicoles. Chez les divers types examinés par lui {Dero, Naïs, Chœætogaster, Enchytrœus, Tubifex, Lumbriculus, Limnodrilus), auteur à trouvé que « toutes les branches » nerveuses partant de la chaîne ventrale présentent la même disposition. » Elles prennent naissance soit dans les ganglions nerveux, soit dans » les connectifs qui unissent les ganglions et pénètrent bientôt dans » la couche musculaire cutanée. Ces branches nerveuses cheminent » entre les deux couches de muscles (longitudinaux et annulaires) en » conservant une grosseur à peu près uniforme et en allant se réunir » aux nerfs partant du côté opposé... Lorsqu'on étudie les animaux » en voie de reproduction, on remarque que toute la partie du corps » qui n’est pas encore complètement segmentée, renferme une quantité » considérable d’anneaux nerveux très rapprochés les uns des autres » et beaucoup plus minces que les anneaux situés dans les segments » adultes. » M. H. Nicoras, d'Avignon, poursuivant ses études sur les Hyménoptères du Midi de la France, à fait d’intéressantes expériences sur le chan- sement qu'apporte dans lalimentation des Osmia Ia transplantation artificielle de ces Insectes dans un climat plus chaud ou plus froid que celui où ils vivent d'ordinaire. L'expérience tentée dans les Alpes n’a point donné de résultat, à cause de la rigueur de la tempé- rature, mais à Oran, la réussite à été complète. L'éclosion des Osmia s’est produite aux mêmes époques qu'en France; la reproduction s’est effectuée normalement et les jeunes (génération nouvelle pour l'Algérie), se sont conformés aux exigences de leur nouveau milieu. L'absence des fleurs sur lesquelles ils butinent habituellement dans le Midi de la France, les a fait s'adresser aux fleurs d’Oranger et à celles de Néflier. C'est ce changement d’habitudes qui fait l'importance de cette observation, car elle démontre, suivant M. Nicoras, qu'à ‘époque tertiaire, où les Rosacées étaient inconnues, ces mêmes Hyménoptères /Osmia) vivaient aux dépens des fleurs d’autres familles végétales. — ST — El M. SABATIER, professeur à la Faculté des sciences de Montpellier, fait une communication sur un mode de division cellulaire chez les Arthropodes. Ses recherches, très délicates, sont difficiles à résumer, surtout en l’absence de figures et il est préférable de recommander la lecture du mémoire original de l’auteur. M. Puaisarix. aide-naturaliste au Museum, à fait de nombreuses expériences sur l’action du venin de la Salamandre terrestre. Nous ne dirons rien ici des résultats obtenus, l’auteur lui-même nous ayant prié de ne point publier les conclusions de son travail qui doivent faire très prochainement l’objet d'une communication à l'Académie des sciences. M. Kunckez p’HERCULAIS, aide-naturaliste au Museum, chargé du service d’études scientifiques et de destruction des Acridiens migra- teurs en Algérie, expose le résultat des recherches zoologiques qu’il a poursuivies et des méthodes qu'il a imaginées ou préconisées pour prédire l'invasion des Criquets. Il décrit les procédés de des- truction qu'il a cru devoir adopter et présente de nombreuses cartes et photographies concernant le sujet. C’est d’ailleurs la partie la plus intéressante de sa communication. La plupart des assistants connaissent, en effet, les intéressantes publications de M. KuNGkEL sur les Acridiens et leurs migrations (1). Les autres voudront certai- nement les lire; ils y trouveront plus de profit que dans le court résumé qui pourrait en être donné ici. Au nom de M. J. Ricxarp et au sien, M. JULES DE GUERNE présente un planisphère montrant la distribution géographique des Calanides d'eau douce. Ces Copépodes, groupés d’une facon purement artificielle, puisque la seule raison qui les à fait réunir est qu'ils n'habitent pas la mer, se rencontrent dans toutes les parties du monde. Il importe toutelois de remarquer que les connaissances acquises sur ces animaux sont loin d’être comparables pour les diverses régions du globe. Aïnsi le continent africain n’a fourni encore que {rois espèces appartenant à deux genres, contre vingt-cinq (4) Les Sauterelles.— Les Acridiens et leurs invasions (Associat, franç. pour l’avanc. des Scienc. Congrès d'Oran, 1888). — Les Acridiens el leurs invasions en Algérie (Revue scientifique, 13 avril 1889). Voir également La Nature, n° 802, octobre 1888. — 182 — espèces appartenant à cinq genres trouvées en Europe. Cela tient uniquement à l'insuffisance des explorations. Les régions les mieux connues au point de vue des Calanides d’eau douce sont les zones néarctique et paléarctique. Ces Copépodes qui remontent très haut vers le Nord, résistent à un froid très rigoureux. Comme ils sont certainement d’origine marine, il est permis de croire que la fusion des glaces, en rendant moins salées les eaux de la mer, a précisé- ment fourni à quelques Calanides marins les conditions progressives de milieu favorables à leur adaptation complète dans l’eau douce — adaptation qui semblerait d’ailleurs pouvoir s'opérer de nouveau en sens inverse puisque certaines espèces {Diaplomus salinus, Brateas falcifer), vivent dans les eaux sursaturées et que plusieurs autres (Diaptomus laticeps, Eurytemora lacinulata et afjinis, Limnocalanus macrurus), se trouvent dans des eaux plus ou moins saumâtres. — Ces Crustacés, capables de supporter la température basse de l’époque glaciaire, ont pu traverser celle-ci et se répandre ensuite de proche en proche à la surface des continents. Quoiqu'il en soit, sur 10 genres de Calanides connus hors de la mer — un seul, Diaptomus, le plus nombreux en espèces (40, non compris les formes douteuses), est cosmopolite ; 6 genres ne sont connus que dans l'hémisphère nord , Limnocalanus (2 esp.), se trouve en Europe, en Asie et en Amérique ; Heterocope (3 esp.), en Europe et en Asie; Ewurytemora (3 esp.), en Europe et en Amérique ; Epischura (4 esp.) et Osphranticum (4 esp.); en Amérique seulement ; Poppella (1 esp.), en Europe et même en France seulement. L’hémisphère sud ne possède en propre que deux genres Broteas (1 esp.), Afrique, Port-Natal et Boeckella (2 esp.), Patagonie et Nouvelle-Zélande; une espèce d’un troisième genre, Centropages, dont la détermination reste douteuse, la femelle étant seule connue, vit dans les eaux douces de Kerguelen. Cette communication très succinctement faite bien que tout à fait inédite, a été la dernière de la séance de clôture, séance un peu écourtée, peut-être et trop vivement levée alors que plusieurs communications annoncées à l’ordre du jour n'avaient pas encore été présentées. Telle est, par exemple celle du Dr Amaxs qui avait apporté tout exprès pour les faire fonctionner devant ses collègues un appareil destiné à mesurer la valeur propulsive de diverses nalelles aériennes. — 483 — Cela montre combien la direction des séances d’un congrès est chose délicate et comme il est difficile de remplir toujours exacte- ment un programme. Sans doute, le temps accordé à chaque communication ne saurait être fixé d’une manière absolue, mais le Président doit se rappeler constamment que s’il est trop aimable pour l’orateur actuel, il cesse aussitôt de l'être pour le suivant. Enfin, et c'est là une règle qu'il y aurait peut-être avantage à appliquer dans les Congrès, les communications inédites devraient toujours être faites en premier lieu, dans des séances qui leur seraient réservées. L’exposé des découvertes récentes, même publiées, très intéressant parfois et très utile pour les hommes de science, qui trouvent de moins en moins le temps de lire les travaux étrangers à leur spécialité, feraient l’objet d’autres réunions consacrées à une sorte de haute vulgarisation devant un auditoire d'élite. — 48h — NOUVELLES UNIVERSITAIRES M. Mercier, élève de la Faculté des Sciences de Lille, vient de remporter un éclatant succès au dernier concours d’agrégation : il a été reçu premier, l'emportant sur ses concurrents de l’École Normale Supérieure. M. MERCIER, qui avait opté pour la Zoologie, a eu pour sujet de leçon improvisée « les Gastéropodes, » sujet qu'il à traité d’une façon tout-à-fait remarquable. Nous sommes heureux d’enregistrer ce brillant succès, dont la Faculté des Sciences de Lille à le droit d’être fière, et nous adressons nos bien sincères félicitations à M. MERCIER, à qui nous souhaitons une carrière universitaire en rapport avec sa haute valeur. N.-B. — La planche V, destinée à illustrer le travail de M. Tuéop. BarRois, paraîtra dans un prochain numéro. 49024 LILLE, LE BIGOT FRÈRES. Le Gérant, TH. BARROIS, 51 À 49 a = AT 58 Ë 38 £9 *CARTE-DU:PAS:DE-CALAIS : pour l'indication des DRACGEAGES" Effectués pendant les Mois d'Août et Septembre 1888 0. Em Sables es Roches ( 5 Milimetres 1 Mille -1800 Mélres) Edo] 35 36 24 32 Les Rocquets 30 17 24 14 À # Bassure FÉES LE GOT EAERES -LELE Ru: . DT 2er _ las tai EE CL NF : Ce I LR. Ver, . CR L L ‘ L : . : L : … LS Ra" : + _ Hi À { En: \ L L Le 4 7) : ü . Y & 0 L } ! = —— ms -csare— mm a me L — nn, me A nn « SRE L | L À (04 7 L : : - : _— UE Mers us : : (ne 1 : — : "Al : | TS LS L Le T : ET L } n $ 1 ñ 4 L ouh ha Nat. Dal PACHYDRILUS SUBTERRANEUS Nov. sp. ‘ qe. ? L } cor Biologique du Toro C1 PL III _- PAECLOCL TEST LLC Or P Li PR _ RS EEE Zh.Barrocs et Rogqhe STYLET CRISTALLIN DES LAMELLIBRANCHES. : DR l A ILE NN Lx FI : En Te L : ÉS { | ' LACu ' . Hs + ‘ ñ 4 « . , . te : 1 * ue Û Dhs . D: ‘ CES : | e 3 J . ertr …! 4 , , ñ ll ‘ ‘ } LL ’ . . \ ) d * ” pe | ë “4 STYLET CRISTALLIN DES LAMELLIBRANCHES PI. V. 522% : ARR ES CT | Ter ER Lys MÈRE ÈS ; . Es ETS ES SAS PI TE La SOS PART ITES TRS TEE Big: Éhare C'Rogghe dith e STYLET CRISTALLIN DES LAMELLIBRANCHES GovuePutegque du Dont C1 lé ee A € “ — Jhotot W Me T Royer. ane Y € c € OSSIFICATION DE L'APPAREIL HYOIDIEN #4 va. Lille. Lith. Le Bigot Frèr » _ ou) Li [e 4 O ap) œ æ) Œ Q Li) 3e : Li Q Lj = O Es < Z < # PL. VII Re a = ee À Mapeur . Sculp. L.Boutan. Del. RUGOSICOLLIS (Serv) EPHIPPIGER Zith.L e Bigot Frères, Lille’ PNR ES TUE PIN + PAIE ne LI L Î xt à