1 © Gr 0 | ll: arte oe GARDE 4: { À i nl à Wa: PEU 21 LC M NI d ll y F LOT » a : a RS r fit OÉR à CAN PE PE re À | Lot #} Fe : «4 an ZE: P) Jr J € CAM fa ) ss 4 0 pre fr % 24 d 2 é # — à L TL 14 , L'4 . Le tte He Chr v REVUE BRETONNE + + LIBRARY NEW YORK BOTANI AL ge % ge + DE + < < + GARDE" +++ BOTANIQU PFÜRE & APPFLIOUÉE DIRIGÉE PAR M. Lucien DANIEL es À 277 Imprimerie Artistique GUILLEMIN ET VOISIN REVUE BRETONNE DE TUE PURE ET APPLIQUÉE DIRIGÉE PAR M. Lucien DANIEL h PROFESSEUR DE BOTANIQUE AGRICOLE A LA FACULTÉ DES SCIENCES DE RENNES * Troisième année -— N« 4 et 2. — Mai 1908 SOMMAIRE ur MARCILLE (Général). — Etude raisonnée du Sécateur 2. KERFORNE. — Sur les gisements calcaires du massif breton. Partsor. — Du choix des semences de pommes de terrre sur la pourriture des tubercules qui en proviennent LAURENT. — La perméabilité du bourrelet dars les plantes greffées.…. _ GADECEAU. — Les derniers tulipomanes AUBRÉE. — La Morille : _ HouLgErT. — Les Mousses, étude élémentaire de systématique et de _ briologie comparée . & Variétés : Extrait du rapport de M. F. Camus sur l'attribution du prix de Coincy pour 1907, par la Société Botaniquede France HUMBERT. — Plantes en fleurs à Rennes en décembre 1907... DANIEL. — Nouvelles observations sur des monstruosités provoquées 9. Bibliographie — Le petit jardin. — La FR des Fleurs DANIEL. — Nouvelles . AVIS La Revue bretonne de Boanique pute et appliquée (tirage 500 exemplaires) ne se vend pas au numéro mais à l’année, au prix de 5 fr. et de 6 fr. pour l'Étranger (union postale). Adresser les demandes d'abonnement à M. le D' Patay, 2, quai Duguay- Trouin, à Rennes, trésorier de la Société bretonne de Botanique. La Revue s'occupant exclusivement de botanique, s’interdit toute discussion politique ou religieuse. Elle laisse à chaque auteur la responsabilité de ses articles. Plusieurs membres de la Société bretonne de Botanique se mettent bien volontiers à la disposition du public pour donner gracieusement des renseignements sur les questions de leur compétence qui intéressent plus particulièrement la botanique et l’agriculture de la région armoricaine. On peut adresser, avec échantillons, des demandes de renseignements à MM. : Borbas, Maître de Conférences à la Faculté de Rennes. — Cécidies de toute nature. CAVALIER, Professeur à la Faculté de Rennes. — Engrais agricoles ou horticoles. CHÉNU, Surveillant généralau Lycée de Rennes. — Phané- rogames. CoubERC, à Aubenas /Ardèche).— Lichens, surtout Collémacés. DAXIEL, Professeur à la Faculté de Rennes.— Champignons.— Opérations d’horticulture. — Monstruosités. DucoMET, Professeur à l'Ecole nationale d’Agriculture de Rennes. Parasitisme et pathologie générale des plantes. GADECEAU, champ Quartier, rue du Port-Guichard, à Nantes.— Phañnérogames. HOULBERT, Professeur à l'Ecole de Médecine de Rennes. — Algues et Lichens. HUSNOT, directeur de la Revue bryologique, à Cahan, par Athis, ‘/Orne), — Muscinées, Graminées, Cypéracées. KERFORNE, Chargé de Conférences à la Faculté de Rennes. Roches, Minéraux et Fossiles. Joindre un timbre poux la réponse. Laboratoire Agricole et Industriel d’_Nnalyses et de Recherches Places Pasteur. — RENNES She Divecteur: M. CAVALIER, Professeur de Chimie à la Faculté des Sciences. Chef des Travaux : M. ARTUS. Le Laboratoire agricole et industriel, subventionné par le départe- ment d'Ille-et-Vilaine effectue des recherches sur toutes questions intéressant l'agriculture. 1! effectue gratuitement pour tous les agriculteurs du département d'Ille-et-Vilaine l'analyse d'échantillons d'engrais. Joindre à l’échan- tillon un timbre de O0 f.15 pour l'envoi de certificat d'analyses, et donner autant que possible l'indication de l'origine et de la garantie. Le laboratoire se charge en outre de faire pour le public industriel et agricole de la région des analyses et recherches de tout ordre, en particulier les essais de graines et de semences, engrais, terres, eaux au point de vue de la potubilité et de l'emploi industriel {alimentation dechaudières,tannerieetc.),huiles,savons,cuirset matières tannantes, matériaux de construction, chaux, ciments, (essais chimiques et mécaniques), combustibles, minerais et métaux, etc., Envoyer les échantillons et les demandes de renseignements à M. Cavazier, Directeur du Laboratoire agricole et industriel, Place Pasteur, Rennes. Université de Rennes : STATION ENTOMOLOGIQUE * Annexée au Laboratoire de Zoologie de la Faculté des Seiences —Le>— DESTRUCTION DES INSECTES NUISIBLES —— pe — IL est porté à la connaissance des Agriculteurs, des Horticulteurs et, en général, de toutes les per- sonnes intéressées à la destruction des insectes, qu’il à été créé au « Laboratoire de Zoologie de la Faculié des Sciences de Rennes » une « Station entomologique » étudiant les moyens pratiques de détruire ou d'écarter les insectes nuisibles. La Station fournit gratuitement, et dans le plus bref délai possible, tous les renseignements qu’on ui demande dans cet ordre d'idées. -I1 suffit d'écrire à M.F. GUITEL. profes- seur de Zoologie à la Faculté des sciences, en envoyant, autant que possible, quelques chantillons des insectes observés et des détails sur les dégâts produits. LABORATOIRE MUNICIPAL FACULTE DES SCIENCES) :e Laboratoire, installé dans un local de la Faculté des Sciences, est ouvert tout les jours non fériés de 9 h.'à 11 h. 1/2 et de 2 h. à 6 h. Il effectue gratuitement, d'après les articles 2et 3 de l'arrêté mu- nicipal du 7 juin 1888. les analyses’ des échantillons déposés par les particuliers rennais au Commissariat central et agréés pour des raisons d'intérêt public par l’Ad- ministration municipale. Le public peut s'adresser directement au Directeur pour toutes les analyses de | substances alimentaires leaux, boissons, laits, beurres,etc.) commerciales et médi- camenteuses. Le prix en est fixé d'après un tarif, envoyé gratuitement à toute personne qui en fait la demande, et mis d'une façon permanente à la disposition du public chez le concierge de la Faculté des Sciences. Adressér les échantillons au Docteur Périer, directeur du Laboratoire, Faculté des Sciences. bus TRS dE ! L Les Annales de Bretagne, publiées par la Faculté es Lettres “a l'Ur versité de Rennes, sont consacrées : ne 1° A l'Histoire, à la Géographie, à l’Archéologie de la Bretagne ; ni 9 A la Langue et an Folklore des peuples celtiques, en _particulier Breions-Armoricains ; 3° À l'étude des parlers romans de la Haute-Bretagne. à Ouire les articles de fonds, les Annales de Bretagne publient des compt rendus des ouvrages intéressant la Bretagne, et une ARE ARE des He de revues et des livres relatifs à la Bretagne. Aux Annales de Bretagne sont annexées : 4° La Chronique de la Faculté des Lettres de Rennes, contenant la bib graphie classique et les sujets du devoir; ts 2 La Bibliothèque bretonne armoricaine, collection d'ouvrages relatifs à Bretagne. Fase. 1. —P. de Chalons, Dictionnaire breton-français du dialecte de Var réédité par I, LOTH. \: Fasc. 2. —: La très ancienne Coutume de Bretagne, publiée par M. PLANI Fasc. 3. — Lexique étymologique du brelon moderne, par V. HENRY Fasc. 4. — Cartulaire de l’abbaye de Sante-Croix de Quimperlé, ee L. Maitre et P. de Berthou. Les Annales de Bretagne paraissent en quatre fascicules trimestriels el forment chaque année un volume d'environ 600 pages, grand in-8e. A A chaque fascicule des Aunales de Bretagne sont joints la Chronique de la Faculté et une ou plusieurs feuilles d’un volume de la Bibliothèque avec pa ginalion séparée. Le prix de l'abonnement est de 40 francs par an pour la FRANCE, 12 fr. 50 pour l’'ETRANGER. La table des douze premières années est en vente au prix de 2 fr. 50. Les ANNALES DE BRETAGNE publient régulièrement les Som- : maires des revues qu'elles reçoivent par échange. Ve Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé à M. DOTTIN, professeur we HÈ à l’Université, 37. rue de Fougères, Rennes. nee UNIVERSITÉ DE RENNES BRETAGNE, aNE, FRANCE + ’ COURS de FRANÇAIS POUR ETUDIANTS ÉTRANGERS DES DEUX SEXES + , 1"° Série. — Du 15 Décembre au 15 Mars. PRPAE 0 2° Série. — Du 1° Avril au 30 Juin. Phonétique. — Prononciation. — Diction. Exercices de Gram- maire. — Dictées. — Narrations, Traductions en Français de textes … étrangers, etc... — Conférences sur l'histoire et la littérature française. — Géographie. — Institutions françaises. Laboratoires de Psychologie ie expérimentale et de Géographie DIPLOMES Approuvés par le ministère de l'Instruction publique \ — Diplôme de langue française. &) IT. — Diplôme de langue et littérature française. IIL — Doctorat de l'Univ ersité de Rennes. Pour tous renseignements, s'adresser à M. Feuillerat, 31, rue de Fougères, Rennes. TS DT PS OT IDE TE ETUDE RAISONNÉE DU SÉCATEUR ar le Général MARCILLE Ancien President de la Société centrale d'horticulture d'Ile-et-Vilaine Sur cinq sécaleurs de formes très différentes et de types plus ou moins récents, que nous avons achetés dans le commerce, _aucun ne présente les dispositions d'ensemble qui répondent à une idée rationnelle. Certains détails sont assez bien conçus el peuvent être adoptés, mais ces outils sont tous trop lourds. trop longs de lames et de branches, et ne coupent un rameau de 20 millimètres de diamètre (que l'on peut prendre comme un maximum pratique) qu'à une distance trop grande du pivot. d'axe en axe. Afin de mieux faire comprendre l'objet de la présente étude, l'utilité de l’entreprendre, et d'indiquer la méthode à suivre par un constructeur pour livrer à ses clients un bon sécateur, commençons par critiquer les autres, el nolamment celui qui est le plus répandu et dont la figure 1 représente les lames en vraie grandeur (une seule coupante). 1° Prenez le sécateur fermé ; suivez le contour tranchant de l'une des deux lames avec la pointe d'un crayon qui tracera le contour de la lame inférieure coupante, (fig. 1), suivant la ligne pointillée a, b. ec : vous verrez que cette ligne estdistante du tranchant de cette lame. de 5 millimètres à la pointe, 10 millimètres au milieu. 19 millimètres au fond du recouvrement des deux lames, et qu'entre ces dernières un rameau de 20 millimètres ne peut pénétrer qu'à la distance de 52 milli- mètres du pivot. Qu'est-ce qui justifie le tracé? Ce n'est certes pas une prévision contre l'usure puisque l’affutage se fait à peu près unifcrmément sur toute la lame. Puisqu'on a voulu se ménager 5 millimètres d'usure à la pointe, (ce qui n’est pas nécessaire pour une longue durée), on pouvait au moins tracer le tranchant de la lame coupante suivant la ligne d, e,f, ce qui aurait permis au rameau de 20 de se placer à 38 millimètres du pivot, et de le couper beaucoup plus facilement qu'à 52 millimètres. REV. BRET. DE BOT., T. II 1 RENTE pr \ 2° D'autre part, pourquoi fait-on toujours le sécateur à un seul tranchant? Sans doute, parce que le client (routinier de sa nature, convenez-en), le demande ainsi sans avoir remarqué combien cette disposition est vicieuse. Pour appuyer cette critique et faciliter la discussion, comparons entre elles les trois lames suivantes dont la figure Il donne le profil en vraie grandeur : À, lame non tranchante du sécateur le plus répandu ; B, lame tranchante du même ; C, lame d’une serpette de jardinier du modèle le plus courant ; Quand la lame B, (qui est ordinairement un peu convexe), est pressée contre un rameau. elle le pénètre d’abord assez facilement puis la résistance augmente sérieusement parce qu'il faut, non-seulement couper de nouvelles fibres, mais encore soulever les précédentes, les refouler, les meurtrir, en dessus et en dessous. travail aussi pénible et peu fructueux que s’il s'agissait de fendre du bois avec un coin placé en travers des fibres. Avec la lame À on fait bien au début une petite incision, mais l'angle est trop obtus pour que l'on puisse soulever ou écraser les fibres coupées. Donc quand un sécateur est muni d'une lame À et d’une lame B, cette dernière est obligée de tout faire et soulève de h millimètres les dernières fibres d’un rameau de 20. Si le bois sec est relativement bien plus difficile à couper, c'est que ses fibres résistent beaucoup plus au refoulement, tandis que celles du bois vert se laissent mieux écraser. Avec un sécateur muni de deux lames B, la difficulté serait sensiblement moindre puisque chacune d'elles pénétrerait également dans le rameau jusqu'à une épaisseur moitié moindre de la lame, et que les fibres centrales n'auraient été refoulées que de 2» millimètres. Enfin avec deux lames de serpette, modèle CG, le soulèvement des fibres est réduit à un millimètre au maximum. La conclusion est évidente. Il faut employer deux lames coupantes dont le dos ait au plus 2 millimètres d'épaisseur. On évite ainsi bien des ampoules à la main, et l’on ne meurtrit pas la partie conservée du rameau. On jettera bien certainement les hauts cris, mais contentons-nous de répondre : Essayez. La serpette dont nous nous servons depuis longtemps pour toute espèce de besogne de jardin n’a jamais été cassée, ni même ébré- chée, et cependant cet-outil est beaucoup plus exposé à osciller dans la main de droite à gauche qu’un sécateur qui opère dans le plan des deux lames, et qui n’oscille que dans ce plan quand on insiste pour couper quelque chose de dur. Nous adoptons donc deux lames du type défini par la figure HI, (profil £, mn, an ti à A u, de la figure IV). Les cotes sont exactes, mais le dessin est à échelle quatre fois plus grande. 30 Dans le but d'emprisonner le rameau et de l'empêcher de fuir le long des lames avant d'être coupé, on avait construit un sécateur avec deux lames coupantes dont le tranchant était très concave vers l'intérieur. IL Y avait 1à une idée, mais elle n'a pas été trouvée pratique. Son plus grave défaut étail que les deux lames commencaient à se rejoindre par les pointes, pour se recouvrir peu à peu en allant des pointes vers le pivot. C'était une cause très fréquente des grippements insupporta- bles, obligeant à user les pointes en plan incliné très accentué pour quelles ne s'engagent pas en sens inverse, et empêchant ainsi de couper de la pointe. Après de nombreux essais nous avons dû l’abandonner. D'ailleurs, quand il était fermé, les deux pointes se dépassaient beaucoup, au lieu de se recouvrir exactement et de se protéger. Elles perçaient les poches, et blessaient souvent les doigts quand on prenait le sécateur. Il y a lieu d'ajouter que le rameau ne fuit pas devant des lames droites comme celles des ciseaux, par exemple, surtout quand elles sont bien affutées et que les deux tranchants l'ont déjà pénétré sans effort appréciable. h° La base de tout tracé résulte forcément de la forme de la main et de la longueur des doigts qui empoignent les branches d'un sécateur ouvert, et qui doivent être bien placés pour agir énergiquement au besoin. Plus la main est grande et largement ouverte, plus les lames elles-mêmes s'ouvrent en permettant au rameau de se rapprocher du pivot ; mais il ne faut pas trop demander dans cet ordre d'idées. Chacun peut à sa guise tracer sur un carton un gabarit (symétrique) pour le tracé extérieur des branches ouvertes, le découper, le mettre en main pour l'essayer, le modifier, et alors le sécateur est défini dans son ensemble. Nous posons toutefois une seule condition, c’est que le petit doigt soit toujours placé, comme les autres, sur le dos des branches: non pas qu'il contribue sensiblement à l'effort qui sera produit, mais parce qu'il se trouve là dans un état de sécurité indispensable. S'il n’est pas en effet appuyé sur le dos de la branche (comme on devrait toujours en prendre l'habitude), il reste dans le vide se ferme instinctivement en même temps que les autres doigts, et se trouve pris entre les branches qui se rapprochent brus- quement. Il peut y être cruellement meurtri. ‘ Nous adoptons, après plusieurs retouches, le gabarit X. h. p. pour le contour extérieur des branches, (fig. IV). I semble convenir pour une main moyenne d'horticulteur. Les doigts, dont la position y est indiquée, semblent bien placés et leur principale action, qui est fournie par l’annulaire et le médium LS HR : dont la premièrs phalange est entièrement engagée, a son centre à 6o"" du pivot. Le renflcment des branches dans la région de l’index, lequel peutégalermentengager toute la première phalange, convient aussi bien pour l'action de ce doigt que pour ménager l'emplacement d'un ressort entre les branches, Il n’est pas du tout pratique d'admettre que la main, conve- nablement placée comme il est dit, commence par entamer ainsi le cisaillement du rameau et se déplace ensuite le long des branches pour l'achever : ce ne sera d'ailleurs pas néces- saire avec le sécateur dont le projet va être établi, 50 On pourrait assurément lerminer les branches à une faible distance au-delà du petit doigt. Nous proposons de les arrêter à 120" du pivot, afin de faciliter au constructeur l'organisa- tion d'un buttoir et d'une disposition quelconque pour maintenir le sécateur fermé, Quant aux lames il n'y a pas de raison pour Le ‘ur donner plus de 50o"" de longueur à partir du pivot : elles n'en sont que plus solides el l'affut: wwe en est moins long à faire. 6° La quantité de mé ‘al est généralement répartie sans aucune apparence de méthode dans les diverses parties d'un sécateur, alors que la règle à suivre est la suivante : Si le sécateur doil se rompre sous un effort énorme, ce qui se brisera ce sera, soit le pivot, soit une lame, soit le mélal qui entoure le pivot, soit une branche. Il suflit donc que chacune de ces parties ait une section de métal inversement proportion- nelle au bras de levier de l'effort qui agit sur elle. Nous prendrons pour le pivot un diamètre de 5"" qui cor- respond à une section transversale de 20 "*. L'acier doux employé pour ce pivot se rompant à 50 k. par millimètre carré, il faudrait pour le rompre une traction de 1000 K. ou un effort de cisaillement des 4/5, soit 800 k. Comme le centre d'action de la main sur les branches s'exerce à 60 "" du pivot, alors que celui de la résistance d'un rameau de 20 est à 24 "" au-delà de ce pivot (comme on le verra dans le projet), le pivot sera cisaillé, ou le rameau sera coupé, ou bien la main sera impuissante. On peut facilement se rendre compte de l'effort et des résis- tances dans ce sécateur. Admettons que l'effort maximum de la main est de 20k., ce dont on peut se rendre compte en sou- levant avec les doigts un poids de 20 K. Si le rameau résistait indéfiniment, un effort de 20 k. de la main ne pourrait exercer qu'une pression de 70 k. sur le pivot, dont ia résistance est de 800 k. : donc le pivot ne cèdera pas et est bien assez fort même après un peu d'usure. D'autre part cette action de 20 k. de la main produit sur le rameau un effort de 50k.,qui suffira sans doute pour le couper. OT UT PU de: Mi A st LS SAT AR Ce ne sera pas non plus la lame qui se rompra contre le rameau, car sa section en {. m. u. (fig. 4) est de 23 mmc. et résiste à (2340) 920 K.), ni le métal qui entoure le pivot dont MSeclion/0%: à 22 mm Epure du sécateur (jig. IV) 7° Sur deux lignes perpendiculaires passant par le centre O du pivot, décalquer le gabarit en carton que l'on a adopté, qui porte, aussi lui, les deux lignes perpendiculaires et le centre O. Tracer la ligne &. 0. b, dont le point a se trouve à 10 "" du point X (extrémité de la branche) et qui passe par le centre O. Quand le sécateur sera fermé la ligne «. 0. b viendra en €.0. d, et un butoir empêchera les branches de se rapprocher davan- tage. La distance de dos à dos de l'extrémité des branches sera alors de 20 "n et le cercle décrit à 60 mn du point O tracé sur le gabarit un arc k. i de 15 mm de longueur. Donc en ce point, eentre de la puissance de la main, le sécateur fermé aura une épaisseur totale de 50 mm suffisante pour que la main puisse encore agir. Si l’on veut réserver {mn pour l'usure de chaque lame, il faut tracer à droite de «. b. parallèlement, et à 4mm, la ligne er fe qui limitera en dedans le métal de la lame. Tracer ensuite, du centre O, un cercle de 120" de rayon qui limitera [a longueur des branches et un de 5omm pour limiter les lames. Tracer du même centre, un cercle de 2mm15 de rayon repré- sentant le pivot et un autre de S8mwm limitant le métal qui entourera ce pivot. D'un point g choisi par tàätonnement sur la verticale 0 d, tracer un cercle de romn de rayon, tangeant à la ligne ef et dont le centre g se trouve être à 24mm du centre O, ce qui caractérise la puissance du sécateur pour couper un rameau de 20 mn de diamètre. Voilà l’épure terminée : elle n’est pas difficile à faire. Elle indique au constructeur comment, en se basant sur la forme du gabarit, on arrive sûrement et méthodiquement à un tracé rationnel. On fait varier comme on le veut l'épaisseur totale du sécateur fermé et la réserve de métal pour l'usure. S° En ce qui concerne l'usure, nous avons adopté une largeur de {4"" qui assure une longue vie au sécaleur. Mais lorsqu'un horticulteur voudra prolonger celte durée, il suffira de limer Profil & mu. de la lame du proje E 7 DO - Fig.IV (+) si ‘pure du projet de Secateur LA es ‘de 4à 6" le buttoir pour augmenter de 2 à 3"m sur chaque lame, la réserve pour usure. 9° C'est avec intention que nous avons sensiblement diminué les épaisseurs que l’on donne souvent à la tête de rivet du pivot et à l’écrou, en adoptant le type représenté en vraie grandeur par la figure IV. Il sera très bon d'entailler le pourtour de l’'écrou comme une roue finement dentée, pour que l'on puisse yengager un buttoir vissé qui empêche le desserrage de l'écrou, ce qui est assez fréquent et énervant. 10° Le tranchant de la lame suivra tant qu'il le pourra la ligne f.e. Il n’y a aucune raison pour ne pas le tracer en ligne droite. La pointe {. s. d. de la lame aura de 2 à 3 "" de largeur, ce qui s'obtient par le raccordement s. r. procurant le recou- vrement des pointes: Le profil en {. m. u. au point où se coupe le rameau de 20, sera celui de la figure IT, exactement coté, mais agrandi quatre fois en dessin, 11° Le dos de la lame sera tracé suivant la courbe L/. £. 0’, le point { étant déterminé par la largeur de la lame qui est de 20"" en ce point. Son épaisseur sera de 1"" au maximum en /, augmentera jusqu'à 2mm en { et atteindra {mm en q pour maintenir cette épaisseur sur toute la largeur des parties frottantes. La ligne L. m, n. trace à la surface de Ja lame les épaisseurs de rom : entre m. n. et q. p. où l’on atteint 4mm, on fera un raccord. 120 Tangentiellement au pivot, la section rectangulaire du métal aura 64mMmC, mais on la réduira très sensiblement et progressivement jusqu'à l'extrémité de la branche, par exemple de la façon suivante: en y. h. k’et k. qui sont respectivement à 30, 60, go et 120mn du pivot, on donnerait au métal des sec- tions de 48, 36, 25 et 20m, qui de la forme rectangulaire passerait à la forme concave s’accentuant de plus en plus, forme qui empêche mieux les branches de fléchir, Il faut que le dos de la lame ait au moins rom de largeur. Ajoutons que, sitôt après avoir dépassé les parties frottantes, les deux branches sont divisées par rapport au plan d'ouver- ture du sécateur, pour que leur partie centrale soit dans ce plan. On évite ainsi un effort de renversement qui gênerait l’action sur le rameau. Pour éviter cela, beaucoup de construc- teurs ont trop souvent donné aux branches une épaisseur double, puis martelé et limé cette épaisseur sur les parties frottantes : c’est beaucoup plus de travail qu'il n’en faut pour les courber à la forge ou à l'étampe ; c'est trop lourd et cela produit un rentrant brusque d'où il est difficile de déloger les poussières, l’eau et la rouille. 130 Le meilleur ressort, à notre avis, est celui du type dit de USE Belleville, indiqué sur la figure IV. Ce qui nous semble préfé- rable pour maintenir le sécateur fermé, c'est une petite bande métallique fixée à charnière à l'extrémité Æ d'une branche et s’accrochant dans une échancrure de l’autre par un cou, suivi d'une tête qui dépasse un peu le dos de l’autre branche, Le petit doigt appuyé sur la tête suffit pour ouvrir. Le jeu de la charnière étant limité, il suffit, pour fermer, d'appuyer la petite bande contre un mur, contre un barreau d'échelle, ou même contre soi, si l'entrée du cou dans l’échancrure est assez libre au début, comme dans un de nos sécateurs. An résumé, le sécateur projeté pèsera environ 100 grammes. Il a 17omm de longueur et coupe à 24mm du pivot, avec deux lames minces, un rameau de 20 mn de diamètre. Enfin, il est symétrique, c'est-à-dire, qu'on peut s'en servir dans un sens quelconque. Celui de la fig. I. qui est le plus répandu, pèse 300 gr. Il a 230 "" de longueur et ne coupe le même rameau qu'à 52 "" du pivot, avec une seule lame coupante deux fois plus épaisse: il est donc sensiblement plus lourd et surtout beaucoup moins puissant. Or, on a vu par la discussion de l’article 6 que le sécateur projeté est encore plus puissant qu'il n’est nécessaire. Les hor- ticulteurs aux mains vigoureuses n’ont donc pas à s’effrayer d'employer cet outil, qui semble être un joujou. Ils ne briseront rien, si ce n'est probablement un rameau plus gros encore que 20 "". Qu'ils essaient, je le répète. Alors le coutelier constructeur qui voudra bien suivre la méthode rationnelle indiquée ci-dessus et soumettre ses pre- miers essais à quelques sociétés d’horticulteurs et d'arborieul- leurs, me parait assuré d'une vente suffisante pour créer l'outillage qui lui permettra de vendre à bon marché, un sécateur qui n'est pas plus difficile à fabriquer (peut être moins) que d’autres. Nous nous tenons d'ailleurs à sa disposition, s'il le désire, notamment pour examiner les premiers sécaleurs fabriqués. IE — SUR LES GISEMENTS CALCAIRES DU MASSIF BRETON Par F. KERFORNE Chargé de Conférences à la Faculté des sciences de Rennes La recherche des plantes calcicoles est un problème qui ne se pose guère dans le plus grand nombre des régions fran- çaises, tant la présence du carbonate de calcium dans le sol et dans le sous-sol y est un fait commun et ordinaire ; dans le Massif breton, au contraire, formé en grande partie de terrain siliceux et argileux avec rares lambeaux calcaires, il pré- sente un grand intérêt. Il m'a donc semblé que quelques ren- seignements géologiques sur les gisements calcaires de Bre- tagne pourraient être utiles aux membres de la Société bre- tonne de botanique dans leurs herborisations. L'intérêt de la recherche des plantes calcicoles n'est du reste pas purement botanique : leur présence peut être d'un utile secours aux géologues pour décéler la présence de gisements calcaires et pour permettre de suivre des niveaux peu épais, recouverts souvent par le sol arable et la végétation. Tout d’abord une remarque s'impose : si la présence d’es- pèces calcicoles en une localité est un indice certain de la pré- sence de terrains calcaires, question des amendements mise à part, leur absence n’est pas un argument de même valeur pour l'hypothèse contraire. Quelquefois en effet, un sous-sol cal- caire peut être recouvert d'un sol complètement décalcifié par l’action des eaux météoriques. Il faut aussi remarquer que certaines espèces caleicoles s’accommodent d’une quantité relativement minime de ealcaire et c'est alors que leur présence sera surtout un indice précieux pour le géologue ; elle pourra l'améner à rechercher et à constater la présence du carbonate de calcium dans des cou- LL OMNPENRER MONS ches ne paraissant pas en contenir à première vue, par exem- ple dans des sables siliceux et cette constatation peut être du plus grand intérêt pour la fixation de l’âge du terrain et de son mode de formation, quelquefois même pour la découverte de fossiles qui passeraient sans cela longtemps inapperçus. Les plantes calcicoles de Bretagne ne sont pas extrêmement nombreuses ; en voici la liste empruntée au travail du docteur Picquenard sur la Végétation de la Bretagne (1) : | Fumaria parvijlora. — Vaillant. Diplotaxis muralis. -- viminea. Arabis sagittata. Lepidium campestre. Thlaspi perjoliatum. Helianthemum vulgare. Silene inflata. Althœa hirsula. Anthyllis vulneraria. Astragalus glycyphyllos. Potentilla verna. Galium spurium. — tricorne. Dipsacus pilosus. Scabiosa columbaria. — marilima. Cirsium acaule. _— eriophorum. Centaurea scabiosa. Podospermum laciniatum. Chondrilla Juncea. Chlora perfoliala. — imperjoliata. Lithospermum officinale. Cynoglossum piclum. Salvia Sclarea. — _ pralensis. Stachys germanica. — annua. ue recla. A) Dr PIcQuENARD.1900, La Végétation de la Bretagne. étudiée dans ses rap- ports avec l'atmosphère et avec le sol, Paris, Carré et Naud, éditeurs. Galeopsis Ladanum. Ajuga Chamæpüiys . Plantago media. Poltamogelon planiagineus. = densus. | Orchis pyramidalis. OV UCInO, NN palusiris: Ophrys aranifera. — apifera. Juncus oblusiilorus. Carex nilida. — paludosa. Avena pubescensa. Festuca tenuiflora. Bromus erectus. — arvensis. Equiselum Telmateia. Adianthum Capillus Veneris. Chara jætida. Fontinalis Kindbergi. Weissia verticillata. Trichostomum tophaceum. Squamaria crassa. — fulgens. Lecanora galactina. Toninia vesicularis. .Endocarpon hepaticum. Je vais passer en revue les différentes formations du Massif: ROCHES ÉRUPTIVES ET CRISTALLOPHYLLIENNES. — Le Massif breton est en grande partie formé de roches éruptives et de roches cristallophylliennes : presque toute la partie septentrio- nale (Plateau septentrional de Puillon-Boblaye) et la partie mé- ridionale (Plateau méridional) : j'en dirai donc d’abord quelques mots. La plupart de ces roches et en particulier celles qui occu- pent la plus grande étendue sont formées essentiellement de Quartz, de Feldspaths alcalins et de Micas. Elles ne peuvent donc contenir qu'une très faible quantité de calcaire. Voici par À exemple une analyse de Granite (D' Haughton) qui peut être considérée comme donnant une moyenne générale : 211 SUICE. LP e e OU UE NN AUREZ AluminE RER Ale an ENS Oryde Tee En 15 MINES Oxyde de manganèse .::.::,.41.1%10802 Chan). TH AIRORRE > 2° POLE OS Magnesie. 42%. ÉLUS 0.36 Potasse ter PINS A LI Rn DORE. RS D es nroke eV NOR 99.99 On peut estimer, d'après cette analyse d'un sous-sol grani- tique, ce qu'il peut y avoir de sel de calcium dans le sol. Quelques roches éruptives cependant contiennent une te- neur en chaux plus élevée : elles sont moins répanduescomme surface parce qu'au lieu de se présenter en massifs comme les Granites elles se présentent dans nos régions en filons, mais elles sont très communes en certaines parties de la Bretagne, en particulier dans le Plateau septentrional et dans la partie médiane. Telles sont, pour ne citer que les principales : Les Diabases, roches formées de Feldspaths calco-sodiques et de Pyroxène, les Kersantites, roches formées de Feldspaths pla- gioclases et de mica et contenant beaucoup de Calcite comme élément secondaire. Les Diabases se reconnaissent facilement aux affleurements : elles sont en général transformées en arènes brun-rouge ren- fermant des parties moins altérées ayant des formes arron- dies et un volume variable. Dans certains pays on a emplové ces arènes pour l'amendement des terres : en tous cas, elles exercent quelquefois une heureuse influence sur la végétation. Dans la Presqu'ile de Crozon, à la Mort anglaise, près de Ca- maret, une de ces roches filoniennes recoupant les Grès armo- ricains, en présente un exemple frappant : dans la lande qui recouvre le sol, on peut suivre nettement le filon diabasique à la hauteur à peu près double de l'Ulex sur son parcours. Je ne connais cependant pas d'exemple de plante calcicole signalée sur ces roches : il y aurait lieu d'en rechercher. Les Kersanlites sont surtout abondantes sur les bords de la Rade de Brest : Plougastel, Daoulas, etc. L'intérêt qu'elles présentent en est amoindri parce qu'elles recoupent une région dévonienne où le calcaire n’est pas rare et parce qu'elles sont situées dans une zone côtière très accessible aux amendements marins (mearl, etc.) subis db dé RAS. de dt 7 Jr re Les roches cristallophylliennes présentent également à titre exceptionnel des parties intéressantes au point de vue qui nous occupe. Les Amphibolites et les Pyroxénites qu'elles contien- nent, surtout ces dernières, méritent l'attention. Dans quel- ques-unes (Pyroxénite du Golje du Morbihan) le calcium pro- venant de l’altération des éléments primordiaux est quelquefois fixé sous la forme de Wollastonite (Silicate de calcium). En d'autres localités (environs de Saint-Nazaire par exemple) on a de véritables calcaires cipolins. Mais ce sont toujours des bancs peu épais par rapport au reste de la roche. PRÉCAMBRIEN. — Le Précambrien occupe après les roches éruplives etcristallophylliennes la surface la plus étendue en Bretagne. Ce sont les Schistes de Rennes, les Phyllades de Saint-Lô, les Phyllades de Douarnenez ; M. Barrois y range aussi les Schistes de Morlaix : dans les Côtes- du-Nord et 1 Morbihan de vastes lerrains sont également occupés par ces schistes : environs de Pontivy, de Loudéac, de Saint-Brieuc, de Lamballe, etc. Le terrain Précambrien est presque uniquement constitué par des schistes argileux vert-bleuâtre, contenant des interca- lations de bancs gréso-argileux plus ou moins grossiers dési- gnés quelquelois sous le nom de Grauwackes. Is présentent dans certaines régions des intercalations de bancs de poudin- gues, de phtanites, de schistes noirs ampéliteux et même de calcaires. Les banes de calcaire sont surtout développés dans le Sud de la plaine de Rennes : Corps-Nuds, Saint-Armel, Mordelles, Saint-Thurial et dans les environs de Morlaix. Le oisement le plus important, celui de Saint-Thurial, au Sud de Rennes, a fourni de nombreuses plantes calcicoles ; les autres n'ont pas été autant explorés à ma connaissance. Dans les environs immédiats de Rennes, M. Daniel m'a signalé la pré- sence de quelques plantes particulières telles que ris fœtidis- sima et Daphne Laureola sur des bancs gréso-argileuxde cette formation : ils pourraient par suite contenir aussi un peu de calcaire. CamBRIEN. — Le Cambrien dans la Bretagne proprement dite n'est représenté que par des roches argilo-siliceuses poudingues, grès et schistes : ce sont les grès du Cap Fréhel el d'Erquy, les Schistes de Montiort et de Pont-Réan, les schis- les, poudingues et grès du Cap de la Chèvre. Dans la Ma- venne et la Normandie s'y intercalent de puissantes lentilles calcaires : Montsurs, Neau, Evron, vallée de la Laize, etc. MAT Dans la région de Paimpol il y a quelques bancs calcareux. OrpoviciEN. — L'Ordovicien, très bien représenté en Bre- tagne, quoique occupant une étendue beaucoup moindre que le Précambrien, est presque entièrement dépourvu de calcaire. Il est essentiellement constitué par des grès et par des schis- tes : Grès armoricains, Grès de May. Grès de Saint-Germain- sur-Ille ; Schistes d'Angers, Schistes de Morgal, Schistes de Traveuüsot, Schisles de Riadan, etc. À la partie supérieure existe un petit niveau de calcaire ou de tufs plus ou moins calcareux : le niveau du calcaire de tosan : il n'est bien représenté que dans la presqu'ile de Cro- con et on ne peut guère le suivre dans l'intérieur des terres ; peut-être la découverte de plantes calcicoles permettrait-elle de prolonger ce niveau intéressant plus lom vers l'Est. À Ja base de l'étage existent en Normandie (anse de Vauville) quel- ques bans calcareux, mais il semble que ce soit un fait local isolé. GOTHLANDIEN. — Le Gothlandien qui vient ensuite est encore un terrain très pauvre en calcaires. Il est presque entièrement constitué par des grès et par des achistes et quartzites avec intercalation d'Ampélites, et de Phtanites. À sa partie supé- rieure on trouve cependant en de rares localités des intercala- lions calcaires : Feuguerolles (Calvados), La Meignanne près d'Angers, Nord de la pointe de Lostmarc'h (Finistère) : plus souvent on constate la présence de nadules calcaires, parfois assez volumineux. Il v a là un niveau intéressant au point de vue stratigraphique et au point de vue paléontologique : en général on ne peut l'observer que dans les falaises ou dans des exploitations ou tranchées parce qu'il occupe ordinairement des vallées où il est recouvert d’un sol assez épais et de cul- tures. La présence de plantes calcicoles pourrait amener la découverte de nouveaux gisements. Ce terrain, outre le cal- caire qu'il contient quelquefois présente un intérêt spécial pour la végétation : il contient plus d'acide phosphorique que nos autres terrains bretons. Malheureusement son étendue est très limitée. Dévoniex. — Le Dévonien qui est surtout bien développé aux deux extrémités du Massif Freton, débute par des couches gréseuses ou silico-gréseuses dépourvues de Calcaire : Schis- tes et quartzites de Plougastel, grès de Gahard, grès de Lan- devennec, etc.; puis viennent des couches surtout argileuses avec intercalations calcaires en lentilles puissantes ou en petits RP. EN — bancs plus où moins irréguliers. D'une façon générale elles contiennent du calcaire et là où il n’y en pas c'est le plus sou- vent qu'il a disparu des parties superficielles par décalcifica- lion (grauwackes). Elles occupent une région considérable dans la partie mé- diane du Finistère : Plougastel, Landevennec, Le Fret, Lan- veoc, Le Faou, les bords de l'Aulne, etc.: elles s'étendent au Nord des schistes carbonifères plus récents du bassin de Chà- leaulin par Quinerc'h, Brasparts, Le Huelgoal, Scrignac ; au Sud par Châteaulin, Goazec et Motreff jusque près de Rostrenen. En continuant de s’avancer vers l'Est on en trouve encore au Bodéo.(au Sud de Ouinlin),puis la bande passe au Sud de Broons et de Caulnes pour s'étendre ensuite presque sans in- terruption jusqu à l'extrémité orientale du Massif. Dans l'Ille-et-Vilaine, les localités de Saint-Aubin-d'Aubigné (Bois roux) et d'Izé sont bien connues : dans la Mayenne et la Sarthe les localités sont encore plus nombreuses : La Bacon- nière, Saint-Germain le Fouillour, Saint-Jean-sur-Mayenne, Saint-Céneré, Saint-Pierre-sur-Érve, et dans la Sarthe Viré, Brûlon, Joué-en-Charnie, Sablé, etc. Dans la Normandie les couches dévoniennes supérieures aux grès sont également bien représentées : Néhou, Beaubi- gny, etc. Dans la Loire-Inférieure, c'est Erbray, Saint-Julien-de- Vouvantes, Tes environs d'Ancenis ; dans l'Anjou, les environs d'Angers, etc. Dans la plupart des localités de la partie orientale du Mas- sif, le calcaire est même exploité pour la fabrication de la chaux. Il en est encore de même à Scrignac, dans le Finistère, et il y a eu autrefois de nombreuses exploitations de ce genre tout autour de la rade de Brest. CARBONIFÉRIEN. — Le Carboniférien n'est bien représenté dans le Massif breton qu'aux deux extrémités. Dans le Finis- tère et dans les Côtes-du-Nord ce sont les schistes de Châ- leaulin, contenant seulement quelques intercalations calcaires peu importantes : Saint-Ségal, Pont-de-Buis. Dans lile- et-Vilaine une lentille calcaire se rapportant à ce niveau est exploitée à Quenon, près Saint-Germain-sur-Ille. Dans la Manche il y a des intercalations calcaires exploitées à Régneville, près de Coulances. Dans la Mayenne et dans la Sarthe, le calcaire est très abondant : calcaires de Saint- ROURRE Pierre-la-Cour, de Changé, de Laval, de Saint-Berthevin, de Louverné, d'Argentré, de Sablé, etc. TERRAINS TERTIAIRES. — Au-dessus du carboniférien on ne trouve pas de dépôts antérieurs au Tertiaire sur le Massif bre- ton proprement dit, c'est-à-dire en exceptant sa bordure orien- tale sur laquelle 11 y a quelques dépôts secondaires transgres- sils. A l'époque tertiaire, la mer revient sur le Massif presque dès le début, d'abord en s'avancant faiblement dans la vallée de la Loire (Eocène) puis en remontant jusqu à Rennes (Oligo- cène)et enfin en recouvrant toute la partie orientale entre la Manche et l'Océan (Miocène). Les dépôts laissés par cette transgression marine sont pour la plupart calcaires : beau- coup ont été enlevés par l'érosion : les témoins respectés ça et là constituent les localités de plantes calcicoles les plus intéressantes de l'Ouest. Ces dépôts sont en effet formés de calcaires non cristallins et souvent friables, ils sont moins décalcifiés superficiellement et par suite ils sont plus propres que tous les autres au bon développement et à la conserva- hion de ces espèces. Les dépôts éocènes sont très nombreux dans la partie Sud- Est du massif mais ne s'avancent guère au-delà ; ce sont pour ne citer que les principaux, car ils sont trop nombreux pour les citer tous, les bassins de Challans (Vendée), de la: Grande- Brière, de Saint-Gildas-des-Bois, de Cambon, de Saffré (Loi- re-Inférieure). Les dépôts oligocènes s'étendent beaucoup plus lom vers la vallée de la Vilaine et celle de l'Aff. Ce sont les gisements si riches en plantes de Saint-Jacques, Lormandière, la Chaus- sairie, près Rennes ‘calcaire grossier de Rennes des Bota- nistes), ceux de Langon, Bréhain. Saffré, Nort, Loutehel, les Brüûülais, Saint-Séglin. Au Miocène, la mer s'étend largement entre la Manche et l'Océan, au travers de la Bretagne orientale en s’avançant vers l'Est jusque dans la Touraine. C’est la mer des faluns : les gisements sont particulièrement nombreux et intéressants. Côtes-du-Nord : Le Ouiou, Saint-Juvat, Tréfumel (ces gise- ments sont désignés quelquefois improprement sous le nom de Dinan). Ille-et-Vilaine : Saint-Pern, le Bois-Géraull, Médréac, Lan- dujan, La Chapelle-du-Lou, La Motte-aux-Anglais. Feins, RE Guipel, Gahard, Mouazé, Saint-Grégoire et encore le bassin de la Chaussairie. Maine-et-Loire : Chazé-Henry, Noëllet, La Prévière. Loire-Inférieure : Noyal, Erbray, les Cléons, les Mortiers, et de nombreux gisements aux environs d’Aigrefeuille et de V'ieillevigne. Vendée : Challans, la Sénardière, la Garopière. Au-dessus de ces falluns se trouvent des dépôts bien diffé- rents, formés de sables rouges avec lentilles argilo-calcareu- ses contenant quelquefois une riche faune un peu différente de la précédente et que M. Dollfus a rapporté sous le nom de Redonien (Rhedonum-Rennes), à la limite du Miocène et du Pliocène. La découverte de plantes calcicoles établies sur des sables rouges serait très utile pour trouver de nouveaux gisements fossiliféres de ce niveau intéressant. Le plus souvent, en effet, les couches sont décalcifiées et les fossiles ont disparu par dissolution : on n'a plus que des sables rouges difficiles à distinguer d’autres sables plus récents, en général plus grossiers du reste. [Il serait à désirer que des recherches soient faites dans ce sens partout où il y a des sables rouges et que la présence des plantes calcicoles soit signalée aux géo- logues. Des sables rouges sont très répandus sur toute la partie orientale du massif, en particulier dans l'Tlle-et-Vilaine ; ils occupent ordinairement les hauteurs, le creusement des val- lées les avant fait disparaître ailleurs. Les principaux gisements fossilifères, c'est-à-dire calca- reux de cel étage sont : Apigné, près Rennes, Beaulieu (Ma- venne) : la Dirmérie (Loire-Inférieure) : Vieillevigne, Mon- aigu (Vendée) : Le Louroux-Bottereau (Loire-Inférieure), Courbesvitle et Isigny (Manche), etc. Quelques dépôts pliocènes existent aussi cà et là dans le massif breton oriental, en particulier dans la Manche et dans les environs de Redon, mais ils n'ont guère d'intérêt au point de vue botanique. En terminant cette rapide étude, il convient de dire quel- ques mots des dépôts calcaires qui se forment actuellement sur les côtes bretonnes. C’est à eux qu'est due en grande partie la fertilité exceptionnelle de la zone côtière (ceinture dorée de la Bretagne) et sa richesse en plantes calcicoles jus- qu'à une certaine distance du rivage. REV. BRET. DE BOT., T. Il p LP Ces dépôts sont souvent formés de sables marins contenant de nombreux débris de coquilles broyées et des algues calcaires (Lithothamnium).'Yels sontles méarl qu'on exploite en un grand nombre de localités de nos côtes ; ils peuvent contenir de 74 à 82 pour cent de carbonate de calcium. Aiïlleurs (Baie du Mont Saint-Michel par exemple), ce sont des dépôts plus spéciaux formés de sable, d'argile et de cal- caire, connus sous le nom de Tangue. L'analyse suivante donne une idée de leur composition moyenne : CRIDPE, 25.) RARE RO EE peer ee CARE 0,74 ACC SUTIUTNERES EE Eee CR TE 0,34 Acule /phosphoriquer, STE EEEEAS 1,38 Carb:-téfedlen Te TEEN 39,29 Se NOUNESUUTLN ASE RER dE 0,19 DOUTE EL BOMSSE SOIUDIES ESC TRE 1,01 SULCES SOLDIER EE SF ENNNERERrA RS ER EURE 225 Aluruneï et, OLde er SOLLOIES CL AREEE 1,33 OUDIE CLIQUE": otre bebe te op 50,43 Mat. combustibles et volatiles.......... 2,96 AZOIE TER 0,112 Ce mearl et ces tangues sont transportées jusqu'à 30 ou 40 kilomètres de la côte. J'espère avoir montré par ces quelques notes combien est intéressante en Bretagne, pour le botaniste et pour le géo- logue, la recherche des plantes calcicoles. Il serait aussi d'un très grand intérêt d'étudier avec soin les rapports des plantes avec certains sols déterminés autres que le calcaire; pour cela il faudrait que les gisements de plantes rares soient pointés sur la carte d'Etat-Major avec la plus grande précision afin qu'ils puissent être comparés avec les dépôts marqués sur la carte géologique. Les documents de cette nature sont encore trop peu nombreux et mériteraient d’être recueillis avec soin. Je serais reconnaissant aux botanistes herborisants qui vou- draient bien m'en communiquer, et de mon côté, je serais heureux de me mettre à la disposition de ceux qui auraient besoin de renseignements géologiques sur les régions qu'ils explorent. A mon bienveillant ami J. CAMPER DU CHOIX DES SEMENCES DE POMMES DE TERRE SUR LA POURRITURE DES TUBERCULES QUI EN PROVIENNENT Par F. ParisorT Ingénieur-agronome, Licencié-ès-sciences Directeur de la station de recherches agronomiques et d'essais de semences, Professeur à l'Ecole nationale de Rennes En 1902, dans des expériences ayant pour but de déterminer la valeur comparative, comme semences, de tubercules nor- maux dits « femelles » et de pommes de terre anormales appe- lées « filandières », nous avons planté de la Rouge de Bre- lagne le 14 mars à cinquante centimètres en tous sens dans une terre homogène, bien préparée, meuble, saine, labourée au préalable à un fer de bèche de profondeur et fumée régu- hèrement au fumier de ferme. Les tubercules entiers de même poids, provenant du même lot furent recouverts à la pioche d'environ 8 centimètres de terre. La comparaison du nombre des plantes de chaque catégo- rie au nombre des pommes de terre plantées fournit les résul- tats suivants : PROPORTION CENTÉSIMALE DES LEVÉES ©, DATES FEMELLES FILANDIERS A avril 100 56.95 2 juin 100 100 Les pommes de terre femelles ou normales levèrent plus vite et plus régulièrement que les filandières. Elles fournirent des Lo) PES plantes plus vigoureuses à feuillage plus ample et plus divisé. Au 6 juillet en comparaison des fanes de plantes normales cotées 20 par hypothèse, nous avons coté 17 le développement des plantes femelles et 13 celui des fanes de filandières. Comme le développement des fanes ne permettait pas de butter à la facon habituelle toutes les pommes de terre en ex- périence, on n'en butla aucune. On maintint seulement la pro- preté du sol par des binages et des sarclages. À la fin de l'été le sol se crevassa, surtout au niveau des : touffes femelles. Il apparaissait dès lors que leur produit, correspondant au développement des fanes, serait plus abondant que celui des plants mâles. À la récolte effectuée après maturité on déter- nina pour chaque pied les moyennes du rendement, du nom- bre et du poids de tubercules. Enfin, comme certains tuber- cules étaient avariés superficiellement, on les sépara, compta, pesa et détermina leur proportion par rapport à la récolte to- tale. Les données recueillies figurent au tableau suivant. PIEDS .. Normaux Filandiers ÉCOLOGIE nr 0er LR En 675gr. 4T5er. Füubercules 4 PRES EN 10.50 9.68 Poids moyen des tubercules....... 63.1 49.0 RéColie AVATIÉE LE ANNEE 343.79 37.50 Tübercules avaness AFTER CE CEE 5.56 0.62 Poids moyen dés tubercules avariés 61.82 60.48 Pancentage de la récolle avariée..…. 51-220), 128948 Comme Îles tubercules contaminés de facon apparente n'é- taient que superficiellement avariés et étaient complètement utilisables, on les a comptés dans le produit. De même en 1903 j'employai comparativement comme se- mences des pommes de terre normales et des pommes de terre anormales de même poids et de même origine. Pour cela, au 2 avril, à 0 m. 50 en tous sens, on fit, à la pioche, les trous de plantation dans une terre homogène, meuble, saine, prépa- rée par un labour de 20 centimètres de profondeur qui, à l’are, enterra 200 kilos de fumier pailleux de cheval, puis par un houage et un hersage. On plante le 3 des Early Rose (com- pain) et des Rose Jaune et le 18 des Rouge de Bretagne. On a biné le 19 mai, butté légèrement le 5 juin, sarclé au 5 juillet et au 4 août. L'observation du nombre et du développement des plantes permit de faire les mêmes remarques qu'en 1902. can AT ONE 0 ES POST DIN CUS MS + PP | dent ed tnt EN cc ÀCi is ln fe Eds LL V TARSS A la récolte effectuée le 15 septembre on a séparé et pesé les tubercules avariés. On a fait de même pour les tubercules sains. Les résultats figurent dans le tableau suivant : RÉCOLITE MOYENNE PAR TOUFFE ARE DE Ben me PE NS a dif TER > < FEMELLES MALES Totale Axariée Tolale Avariée RE AFIN OSO Eire den. 1500gr. 150gr. 650. 0 Rouge de Bretagne......... 480. 20. 430. 80. ROSetaune Lean 1020. : 100. 570. 0. MOVENNES PAPE ENERAETECE 1000. 90. 290. 26.6 Récolte avariée pour cent de récolte saine.. 9%, 4.840/0 Les tubercules avariés étaient peu utilisables. L'emploi de bonnes semences de pommes de terre détermine une augmentation de la production, mais elle a pour corrol- laire un accroissement de la proportion des tubercules avariés soit par le phytophthora infestans, soit par toute autre alté- ration. Si les conditions sont défavorables comme en 1902 pour le Rouge de Bretagne et si l'on retarde l'arrachage la récolte d'apparence saine peut être moindre quand on utilise des semences prolifiques que si l'on plante des tubercules quelconques. Avec un déterrage assez hâtf, malgré un triage des tubercules tachés, la séparation n'est Jamais complète, les pommes de terre pourrissent peu à peu, leur conservation est très difficile. Si l'on se contente de recourir à des semences prolifiques le résultat pratique est alors diamétralement oppo- sé à éelui auquel on est en droit de s'attendre. Ces conséquen- ces déterminent sans doute en grande partie la résistance de beaucoup de praticiens à l'emploi de semences plus prolifi- ques. Elles les incitent en effet, à ne pas modifier leurs pra- tiques courantes. L'avarie des tubercules s'explique diversement.On peut con- sidérer que les plantes les plus productives à légal des ani- maux les plus améliorés résistent moins à l'attaque de leurs ennemis, ou l'on peut admettre que l'augmentation des rende- ments favorise l’envahissement des tubercules par diverses maladies. I nous paraît que d'une facon générale cette deu- xième cause intervient surtout. En.effet, par l'emploi des semences donnant des plantes vigoureuses, à fanes très déve- loppées, pour ne citer que celui-là on donne au phytophthora infestans la faculté d'attaquer une plus grande masse d'or- ganes aériens, de produire davantage de semences, d'augmen- ter ainsi les chances d'attaque des tubercules. Comme d'autre — 99: part à un système foliacé puissant correspond d'ordinaire une production tuberculifère élevée il en résulte qu'il faut plus de place pour loger les tubercules. Pour grossir ils déplacent et soulèvent d'autant plus la terre que le produit est plus abon- dant. L'épaisseur de la terre qui recouvre les tubercules est donc d'autant plus faible qu'ils sont plus nombreux et plus gros. S1 le sol est compact le plus souvent il se crevasse, les semences (conidies et zoospores) du phytophthora infestans ou celles d'autres ennemis des tubercules peuvent alors arriver directement sur les pommes de terre. Au contraire, si le sol est léger, 1l ne se crevasse pas mais le soulèvement dû à l’aug- mentation du volume des tubercules facilite le déplacement de la terre. Celle qui d'abord recouvrait les pommes de terre est entraînée par son poids vers les points où 1l n'y a pas eu de soulèvement. Les vents et surtout l’eau facilitent le nivellement du sol. Les pommes de terre sont de moins en moins cou- vertes et parfois apparaissent à l’air. Elles verdissent et surtout lors des pluies, reçoivent une quantitéconsidérable de germes. Elles finissent par être envahies et par pourrir. Nous expliquerons de la même façon les résultats des expé- riences de nombreux agronomes en particulier celles de M. Martial Laplaud (Journal d'Agriculture pratique, 1906, t. E, p. 330) qui cultivant comparativement dans des conditions identiques des pommes de terre de première et de deuxième génération, de même poids et de même densité a constaté à la récolte effectuée après le flétrissement des fanes que les tuber- cules de géante bleue de première génération étaient plus gros que ceux de deuxième génération. La récolte d'une toufie était de 1.665 grammes contre 1.065, mais tandis que ceux de deuxième génération étaient sains ceux de première étaient atteints d'un peu de pourriture faisant présager une conserva- tion défectueuse. Au contraire l’Early Rose lui a donné 855 grammes par pied avec des plants de première génération el 960 grammes avec des plants de deuxième génération. Il observe alors peu de pourriture dans les tubercules issus de pommes de terre de première génération et beaucoup dans les pommes de terre provenant de semences de deuxième gé- nération. La pourriture suit le rendement. Il n’est pas jusqu'aux expériences classiques effectuées par Lawes et Gilbert à Rothamsted (Angleterre) qui ne fournissent une confirmation à la facon d'interpréter les résultats de nos observations. En effet si on récapitule d’après les Annales 47 +# no = agronomiques 1889, p. 386, la moyenne des rendements obte- nus à l'hectare pendant douze années consécutives (1886 à 1887) sur des parcelles traitées de la même façon et qu'en regard on transcrive la proportion centésimale des tubercules gâtés on obtient les résultats suivants ENGRAIS Rendements Proportion deqäléesp.°/0 Mélange miréral et sels ammoniacaux.. 16.884 6.26 Mélange minéral et nitrate de soude..... 16.696 7.00 Mélange mineral #24. tien 9.445 3.45 SUDPFDROSPRALE Se nes celle stene Les es 9.210. 3.66 NEA TE de SOUPE M eme eee ee eee 6.590 4.93 Sels AMMOMACAUXE EE 0e. eee lier 5.741 4.06 SANS PDA ES ec ed see 4.989 3.15 L'accroissement de la proportion des tubercules gâtés n'est pas absolument parallèle à celui du poids de la récolte. Cepen- dant tout en remarquant l'action particulière des diverses ma- tières fertilisantes on peut dire que toute condition favorable à la production des hauts rendements est également favorable au développement de la pourriture et inversement toutes les conditions défavorables à l'abondance de la récolte sont défa- vorables à l'extension de la pourriture. Le choix des semences intervient donc sur l'état de santé des tubercules récoltés, en particulier sur leur envahissement par le Phytophthora infestans. En conséquence si pour hâter et régulariser la levée des pommes de terre, augmenter leur développement, leur hâti- vité, l'abondance et la grosseur des tubercules récoltés, etc., on recourt à des semences vigoureuses on risque d'obtenir des pommes de terre se conservant très mal à cause de la pourri- ture qui les envahit de plus en plus. Or, la culture rémuné- ratrice est en général celle où l'on obtient des hauts rende- ments de pommes de terre saines. On réalise cette condition en modifiant parallèlement à l'emploi de semences prolifiques les autres pratiques culturales. Ainsi on augmente la pro- portion de matières minérales des engrais mais surtout on pratique un buttage approprié, on bouche les crevasses qui se forment, on emploie des variétés plus résistantes à la pourri- ture, etc. Sans ces précautions l'emploi de semences prolifiques peut être défavorable à ceux qui l’appliquent isolément. On se rend compte ainsi de la complexité des influences qui interviennent sur la culture des plantes et des difficultés de la modifier rationnellement. LA PERMÉABILITÉ DU BOURRELET DANS LES PLANTES GREFFÉES Par M. Ch. LAURENT Professeur à l'Ecole de Médecine et de Pharmacie Quelques auteurs, en étudiant des plantes greffées, ont été amenés à constater la localisation de certains principes immé- diats dans le greffon ou dans le sujet et à se demander si ces substances peuvent passer d'une plante dans l’autre, en tra- versant le bourrelet, soit en nature, soit après transformation. La question de la perméabilité du bourrelet qui paraît très simple à résoudre au premier abord est cependant fort com- plexe. En effetétantdonnéesla structure du bourrelet et l'impossi- bilité presque absolue d'observer directement le passage des substances des cellules du sujet dans les cellules du greffon ou inversement, on en est réduit à rechercher si la substance dont on étudie la migration peut être décélée dans celle des deux plantes associées qui n'en fabrique pas. Il est certain que des substances alimentaires passent au travers du bourrelet pour aller du sujet dans le greffon et du greffon dans le sujet. À côté de la perméabilité du bourrelet à ces substances alimentaires, qui est une condition sine qua. non de la vie en symbiose de deux plantes associées, on peut imaginer une perméabilité plus ou moins absolue à certains principes immédiats élaborés dans l’une des deux plantes. Les moyens d'investigation dont dispose la chimie actuelle permettent de trouver dans la plante certains des principes qu'elle élabore, mais, si elle permet de soupconner en partie la série des réactions qui peuvent s'effectuer dans la synthèse de ces produits, elle nous laisse dans l'impossibilité d'en suivre les diverses phases. S'il est impossible au chimiste de suivre pas à pas l'élabo- ration d’un principe immédiat, il éprouve la même difficulté à à sarl a bmmdie 'as n : é. D. 7 Dés à or suivre les transformations. Il pourrait, à la rigueur, chercher à acquérir une notion de la quantité de produit que la plante peut élaborer en un temps donné, et la quantité du même pro- duit qu'elle peut transformer dans le même temps, mais il ne faut pas se dissimuler que ce serait là un travail excessive- ment difficile. Comme on ne peut établir le bilan entre l'élaboration d’une substance et sa transformation, deux cas peuvent se présenter lorsque ce produit n'est fabriqué que par l’une des plantes associées. 1° La deuxième plante ne renferme pas la substance con- sidérée. 2° La deuxième plante en renferme. Dans le premier cas on peut dire que le bourrelet est imper- méable à cette substance, mais on ne peut fournir aucun ren- seignement sur sa perméabilité à certains produits de trans- formation de cette substance. Dans le deuxième cas, deux hypothèses peuvent être envisa- gées : dans la première, le bourrelet est perméable et peut être traversé soit par osmose, soit par filtration : dans la seconde, la substance se transforme en d’autres produits diffusibles au travers du bourrelet, lesquels permettent la reconstitution de la molécule de cette substance dans l’autre plante. Quelle que soit l'idée que l’on puisse se faire de la perméa- bilité ‘du bourrelet chaque fois qu'une substance ou des déri- vés directs de celle-ci qui ne sont fabriqués que dans l’une des plantes associées, seront décélées dans l’autre plante, on pourra admettre logiquement que leur présence est une con- séquence de la greffe. Mais dans l’état actuel de la science il serait exagéré de prétendre que si une substance considérée fabriquée dans l’une des plantes, ou quelques-uns de ses déri- vés ne peuvent être décelés dans l’autre, d’autres dérivés de cette substance ne pourraient s’y rencontrer. En résumé, dans cette question, comme dans toutes les autres questions similaires, si un fait positif peut donner une certitude, un grand nombre de faits négatifs ne sauraient ren- seigner sur la possibilité du phénomène que l’on envisage. La migration de certaines substances d'une plante dans l'au- tre a intéressé quelques savants, je me bornerai à citer quel- ques travaux ou les conclusionsqueleurs auteurs en ont tiré, en examinant : 1° Quelques matières hydrocarbonées : 2° Quelques glucosides ; 3° Quelques alcaloïdes. NOR 2 1° Matières hydrocarbonées. M. Daniel a observé des modifications très intéressantes dans la migration de quelques matières hydrocarbonées, inuline, amidon, elc., 1] pense que quelques-unes de celles-ci, dans certaines greffes, passent très facilement, que d'autres ne peuvent passer qu'à une certaine époque, et que d’autres enfin ne passeralent pas du tout. 2° Glucosides. M. Guignard s’est occupé de la migration possible de gluco- sides cyanhydriques, dans les greffes de Phaseolus lunatus, de Pholinia et de Cotoneaster, greffés sur haricots vulgaires. coignassiers et Cralægus. A la suite de ses expériences, il a tiré les conclusions sui- vantes : 10 « Lorsqu'une plante à glucoside cyanhydrique est greffée « sur une autre plante dépourvue de ce composé, ou inverse- « ment, il n’y a aucun transport de ce glucoside, ni du « greffon dans le sujet. ni du sujet dans le greffon ». 20 « Lorsque deux espèces greffées appartiennent au même « genre et produisent le même glucoside, comme dans le cas « du €Cotoneaster frigida et du Cotoneaster microphylla, la « migration de ce corps peut être constatée ». Donc, d’après cet auteur, le bourrelet peut être perméable au glucoside cyanhydrique dans certains cas, et pas dans d’au- tres: 3° Alcaloïdes. Bernelot Mæns et Van Leersum ont signalé dans les greffes de Cinchona calisaya, variété Ledjeriana, sur Cinchona suc- cirubra, une augmentation de quinine dans le sujet et l’appa- rition de cinchonidine dans le greffon. Strasburger et Klinger ont constaté la présence d’atropine dans des tubercules de pomme de terre greffées avec du Da- laura. Moi-même, en 1905, j'ai trouvé de l’atropine dans des tiges et des racines de tomates sur lesquelles j'avais greffé de la Bel- ladone. En 1906, Graf et Linsbauer ont constaté une augmentation très sensible de la nicotine dans du WNicotiana affinis sur lequel ils avaient greffé du Nicotiana tabacum. En 1907, j'ai procédé à la recherche des alcaloïdes dans douze greffes mixtes de belladone sur tomate et réciproque- ment, dans lesquelles j'ai supprimé les fruits de la belladone greffon ou sujet, aussitôt après l'épanouissement des fleurs, alors que J'ai laissé la tomate amener les siens à maturité. En opérant de cette façon, je n'ai laissé subsister qu'un seul appel fructfère, celui de la tomate. La recherche des alcaloïdes m'a donné les résultats sui- vants : TOMATE SUJET TOMATE GREFFON TOMATE TÉMOIN 20 Tr 77 . Fruits Feuilles Racine Fruits Feuilles Fruits dr 5 et tiges ettiges Feuille BAIE UTP VIENS Ilodure de po- tassium 1i0- | 5 UTC +|=|-|—-| + +4 + -|-|— , — LOSET TO A RER CA EN EE CR PS ES Et Réaction deVi- tali (colora- ton) 2 PRE RP Te A ER RE RER NAT I RMIEP Réaction phy- siologique. .| + annee ent Et rl — || — as Quelles conclusions peut-on tirer de ce tableau ? Peut-on dire qu'il est passé de l’atropine de la belladone dans la tomate? Si les résultats qu'il fournit confirment complètement mes recherches antérieures, je n'ose plus être aussi affirmatif sur l'identité absolue du produit étudié que je l’ai été dans mes notes de 1905 et 1906, ayant reconnu depuis qu'il est difficile de déceler d’une façon indiscutable cet alcaloïde. Les alcalis organiques qui se rencontrent dans les solanées sont loin d'être tous connus au point de vue de leurs proprié- tés chimiques et physiologiques ; je ne puis m'empêcher de citer à leur sujet l'opinion du professeur Lewin, qui est rap- portée dans le traité de toxicologie qu'il a publié en collabo- ration avec M. Pouchet : « Je ne saurais trop insister sur le danger que présente « l'emploi de ces mélanges, non seulement parce que leur « étude est encore incomplète, mais en outre parce qu'ils ren- « ferment certainement à côté de corps connus, des substances (1) R Coioration rouge. (2) V Coloration violette, Se HU « encore indéterminées, dont l'action physiologique et l'acti- « vité sont loin d’être établies ». | Cela à propos des divers alcaloïdes retirés de la Belladone, | de la Jusquiame, du Datura, du Duboisia, du Scopolia appelés | « noms s appliquent presque toujours à des mélanges de pro- atropine, Hyoscyamine, Daturine, Duboisine, Scopolamine, « qui ne représentent pas des individualités différentes et ces « portions plus ou moins définies de différentes substances « devenues la source de discussions dont la multiplicité n’ex- « clut pas la confusion ». En présence de cette opinion si autorisée, dont tous les chi- mistes comprendront le bien-fondé, il serait difficile d’affir- mer que la substance qui m'a donné de la mydriase était de l’Atropine. Seulement, après avoir constaté, à la suite de la greffe de la belladone sur la tomate, la présence dans cette dernière d'une substance que de patientes recherches ne m'ont Jamais permis de découvrir quand la tomale vit d'une facon autonome, laissée entière ou taillée comme on le fait dans la pratique ordinaire, je ne puis m'empêcher d'attribuer à la greffe, l'apparition de cette substance à effets physiologiques voisins de ceux des alcaloïdes de la Belladone. En résumé, on peut dire qu'à la suite de la greffe, il a été constaté l'existence, dans l’une des plantes greffées, de subs- lances qui sont fabriquées dans l’autre. Actuellement, il est bien difficile de savoir si ces substances traversent le bourrelet ou résultent de l'action de la plante qui en fabrique naturellement sur celle qui n’en contient pas à l'é- tat normal : mais chaque fois que cette dernière est dotée d'une nouvelle substance, il est indéniable que la greffe a provoqué dans cette plante une anomalie de son chimisme. pe st LES DERNIERS TULIPOMANES Par M. Emile GADECEAU Quoique la folie des tulipes ne remonte pas au-delà de la fin du XVII siècle, ne nous semble-L1l pas, lorsque nous nous rappelons un pareil enthousiasme floral, qu'il a dû se pro- duire à une époque presque légendaire. Cependant des vestiges de cette passion pour une fleur au- jourd hui à peu près délaissée, ont longtemps subsisté. Il m'a élé donné d'approcher le dernier peut-être des grands « Old Tulipmen » : James Lloyd, le grand botaniste de l'Ouest, de recueilhr de sa bouche les traditions de la religion des tuli- pes el d'acquérir et de culliver moi-même après sa mort, d'a- près ses principes, sa magnifique collection. Ces souvenirs sont très vivants dans ma mémoire où ils se mêlent à ceux de quelques autres amateurs nantais dont le Maître me parlait. Car on pouvait compter à Nantes, il y a une cinquantaine d'années, Jusqu'à cinq amateurs passionnés de la tulipe. Il m'a paru intéressant d'essayer de faire revivre, un instant, la figure de quelques-uns de ces hommes qui déjà nous semblent d'un autre âge et dont on ne reverra plus les pareils. Je ferai précéder ces esquisses de quelques généralités sur la Tulipomanie, en m'aidant d'un article, déjà ancien, d’AI- phonse Karr, paru dans le numéro du Musée des familles por- tant la date d'octobre 1855. * * * Peut-on vraiment qualifier de manie l'enthousiasme qui nous conduit à l'amour des belles fleurs ? et pourquoi com- prend-on mieux l’homme qui a payé 20.000 francs le tableau d'un grand peintre représentant, par exemple, un bouquet de tulipes que celui qui paye très cher un oignon de la même plante ? Pourquoi, au contraire, attache-t-on le plus grand prix à de belles pierreries naturelles tandis qu ‘on ne fait au- — 0 cun cas des imitations, parfois si parfaites qu'un joaillier lui- même ne pourrait les distinguer, à trois pas, des premières, dans le collier d'une femme La contradiction est ici flagrante. Peut-on d'ailleurs compa- rer la vanité des parures au plaisir très noble et bien artisti- que d'admirer de belles fleurs ? et n'est-ce pas une jouissance d'un ordre très élevé que celle qu'on se donne en étant un des premiers conviés à la naissance d'une nouvelle fleur ? Heureuses, en tous cas, dirons-nous avec Alphonse Karr, les époques où la folie régnante, si folie il y a, s'appliquait aux tulipes. Nous ne défendons pas ici le simple collectionneur qui ne poursuit qu'un seul but, qui est de ranger à sa place, dans sa collection, chaque objet nouveau qu'il peut se procurer fleurs, papillons, pierres, médailles ou... timbres-poste ! et surtout de posséder ce que les autres ne possèdent pas. Ceci touche évidemment à la manie Mais si ces collections ont pour objet de servir de base à de sérieuses études ou de satisfaire un goût esthétique épuré, elles sont aussi utiles au savant que sa bibliothèque et plus instructives pour l'artiste que la vue des plus beaux tableaux. La tulipe a toujours été la fleur des artistes et sinon des poètes, au moins des littérateurs. Elle figure au premier plan dans le Jardin des Romanciers d'Alphonse Karr, qui se com- posait du Chrysanthème bleu de George Sand, du Camélia à odeur énivrante de Roll, du Rosier de Bengale, sans odeur et sans épines, de Victor Hugo, d'une Azalée grimpante, tapis- sant une maison, de Balzac ; du Mélèze à feuilles persistant en hiver de Paul Féval et de l'OEillet bleu de Jules Janin. Mais il était réservé à l'imagination puissante de Dumas père d'enfanter la tulipe noir d’ébène et à celle de George Sand, de peindre la tulipe «jaune foncé un peu mordorée», la tulipe «mordorée plombée», la tulipe «fumée pure» et la tulipe «caféau lait» toutes sorties, de pied en cap, du cerveau de la « Bonne Dame », ainsi qu'on peut les voir encore, à Nohant, parmi les aquarelles, de sa main, qu'elle a laissées (1). Cependant [a tulipe noire rêvée par Dumas, existe réelle- ment dans mon jardin et elle aurait bien mérité de porter le nom de l’illustre romancier. Mais il n’est pas permis de chan- ger le nom d'une tulipe, fût-il celui du diable. C'est en effet sous le nom d’Asfaroth que je l'ai reçue de Lloyd qui, d’ail- (4) Adolphe BRISSON, Portraits intimes, 5 sârie. LS) 27 tom leurs lui refusait l'accès du sanctuaire, non pas en raison de son nom, mais bien en sa qualité d'unicolore. Si la tulipe a été pour les romanciers une fleur qui se pré- tait aux caprices les plus effrénés de leur imagination elle fût, au contraire, pour les grands prêtres de son culte, une déesse austère à laquelle la plus légère fantaisie était interdite. Le sanctuaire n'était accessible qu'aux fleurs sans aucune tare, qu'aux tulipes qui se conduisaient toujours bien, (au moins dans le monde), qui ne buvaient pas, qui n'étaient pas « la- vées » ou « brouillées » et dont la tenue était parfaite. C'est ici le lieu d'expliquer les conditions que devait rem- plr une tulipe « sous peine de se voir exclure des plates- bandes qui se respectent, quelque chose comme la bonne so. ciété ou le grand monde. » Ces conditions sont restées celles décrites par Alphonse Karr : « Une tulipe doit avoir sa tige droite et ferme. La fleur « doit être précisément d'un cinquième plus haute que large ; « les pétales doivent être arrondis. La tulipe doit présenter « au moins deux couleurs bien distinctes sur un fond blanc « pur (autrelois le fond pouvait être jaune) ». La moindre infraction à ces lois expose la tulipe à être expulsée et la fleur devient ce que Pirolle appelait une fleur dégoûtante. Une tulipe qui boit est une malheureuse dont les coloris ne sont pas nets, dont les couleurs dégorgent les unes sur les autres ; c'est l'ébauche du rapin, comparativement à l'œuvre du maître. Une tulip: lavée, au contraire, est celle dans laquelle le blanc a envahi presque toute la fleur, suppri- mant ainsi presque complètement le dessin et l'opposition des couleurs, noyant tout, en un mot, dans un blanc débordé. Bien que la tulipe ne se soit pas compromise dans la politi- que, comme ont fait en France, le lis, la violette, la couronne impériale, de 1802 à 1820, comme la rose blanche et la rose rouge en Angleterre au XV° siècle, elle a eu cependant ses révolutions. Il y a eu, parmi les amateurs de tulipes, les classiques et les romantiques, mais contrairement à l'évolu- tion littéraire, ce sont ici les classiques, ou les puristes, si l'on veut, qui ont triomphé des romantiques et qui leur ont suc- cédé. | Jusqu'à la crise en question on avait cultivé, vendu, acheté, admiré, envié des tulipes à fond blanc ou à fond jaune. Ecoutons Alphonse Karr : « Quelques jeunes tulipiers com- « mencèrent dans l'intimité, à parler légèrement des fonds USD « Jaunes. Les anciens les réprimandèrent un peu durement. « Une polémique s'engagea. Le blanc, disaient les vieux, « c'est un Jaune effacé ; le blanc est l’étiolement du jaune : « l'or l'emporte sur l'argent, le soleil sur la lune ». « Le jaune, disaient les jeunes gens, c'est le blanc qui rous- « sit, c'est le blanc sale, c'est une couleur tombée dans le domaine du ridicule. » Enfin, le blanc triompha, et je crois être sans parti-pris, en reconnaissant qu'un fond blanc pur est infiniment préférable au fond jaune. C'est comme l'éclairage du tableau. Il fait res- sortir neltement les couleurs et donne à la fleur comme un reflet virgimal. Les amateurs Nantais ne cultivaient que les tulipes à fond blanc et la présence d'une tulipe à fond jaune dans la collection eût détonné singulièrement dans la sympho- nie des fonds blancs. Mais on pourrait très bien former paral- lèlement à celle-ci une collection entièrement composée de fonds jaunes. Toutes ces règles imposées aux tulipes pour être admises dans la collection proprement dite, semblent tou- Jours aux néophytes arbitraires et décourageantes : cepen- dant ils reconnaissent, plus tard, à quel point elles sont néces- saires pour empêcher l'envahissement des médiocrités. Dans toutes les branches de l'esprit humain, les néophytes sont ardents, impatients de tout frein, pressés de jouir : un jeune musicien, doué de quelque facilité, fait bon marché des règles de l'harmonie et les préceptes de l’art poétique sont générale- ment bien dédaignés dans les poésies que nous commettons tous, plus ou moins, vers la vingtième année. Cependant de telles productions sont jugées, par nous-mêmes, un peu plus tard, comme dignes d'être mises simplement au panier. « Non licet omnibus adire Corinthum ». Il n'est pas donné à tous de comprendre la tulipe. Tout le monde admire plus ou moins et à première vue, une collection de roses, de géraniums, tandis que pour com- prendre la tulipe, 11 faut une longue initiation, comme au reste pour tous les chefs-d'œuvre d'un art un peu raffiné. Les auvres des grands musiciens, des grands peintres, ne sont pas comprises d'emblée par le premier venu. Ajoutons enfin, pour faire pressentir la psychologie du vé- ritable amateur de tulipes, qu'il doit posséder, outre un goût sûr et délicat, une persévérance exceptionnelle pour réussir dans une culture qui n’est autre chose qu'une continuelle sé- lection. COsr-9SLI 1881-6081 AVIANVAUL AO AHZAHHVE HT SIOÏUBA-UB0 f AVHNOUG Sopn f 1 HHONV'TA PLANCHE II James LLOYD, à l’entrée de la tente abritant la collection ‘* princeps ” des Tulipes. Sapuetwue]] Sadin], S9S 9p JUAWESU229I ne jUEPY0041d AAOTT 9JSIU8JO 9 IT HHONV' Id 9681-0181 GS3I-OISI SFVKOHIL 9PIOIY GA017 Souue f = Ce n'est pas en effet une petite affaire que de semer des tu lipes, ce n'est qu'au bout de deux ou trois ans que fleurit, pour la première fois.une tulipe de semis, et lors de cette pre- mière floraison, elle n'a toujours qu'une seule couleur, c'est une « baguette » et l'apparition du fond (blanc) et de la troi- sième couleur est des plus capricieuse. Cela peut arriver dès la quatrième ou cinquième année, comme cela peut demander jusqu'à dix et quinze ans. Parfois même la tulipe ne « pa- nache jamais. » (1) Après ce préambule, qui m'a semblé nécessaire pour initier le lecteur au sujet, je vais essayer de tracer quelques esquis- ses des vieux amateurs nantais que j'ai connus ou sur lesquels j'ai pu me procurer quelques documents. J'ai crû pouvoir, sans offenser leur mémoire, m'étendre sur certains traits de leur caractère, sur certains côtés originaux de leurs allures, sans lesquels ils rentreraient dans la vulgaire banalité ou, bien pis, dans le snobisme de plus en plus envahissant. Toute passion dominante imprime à celui qui l'éprouve son cachet indélébile. C'est presque toujours aux yeux du monde un « original » et par ce seul mot l’homme est classé. L'épi- thète se décoche, du reste, avec la plus extrême facilité. Il est d'opinion courante, paraît-il, dans certains milieux. que les botanistes n'aiment pas les fleurs doubles. Or Lloyd aimait les roses à fleurs doubles et les tulipes à fleurs simples. Quel original, disait une dame avec une grâce souriante ! Et c'est justement cette originalité qui me semble intéressante et que je chercherai à faire ressortir ici. Ceux donc qui ont bien voulu me suivre jusqu'ici et qui n'aiment pas les « originaux » feront mieux de ne pas continuer la lecture. Le plus ancien Tulipier nantais, à ma connaissance, celui qui paraît avoir été à Nantes l'initiateur au culte de la tulipe était un ancien magistrat, démissionnaire en 1830, par fidélité à la cause royaliste ; M. JEAN-FRANÇOIS LE BAHEZRE DE CRÉAMBIAY, né à Nantes, (1) Pour les détails complets sur la Tulipe flamande et sa culture, voir Revue Horticole, 4e: Juin et 16 Juillet 1906. (2) Les détails biographiques qui suivent m'ont été obligeamment fournis par le petit-fils de M. Le Bahezre. M. Maurice Gourdon, naturaliste distingué, attaché au service de la Carte géologique de France. REV. BRET. DE BOT., T. Ill 3 Mer en 1786, breton d'origine, ainsi que son nom l'indique, des- cendait d'une très ancienne famille originaire de Carhaix, pe- tite ville du Finistère, la patrie de la Tour-d'Auvergne, pre- mier grenadier de France. L'un de ses ancêtres, Vincent Le Bahezre, sieur de Kérivel, vivait en 1540. François Le Ba- hezre, avait épousé Mile Emilie Bouchaud de la Pigonnerie. Déjà, en 1828, deux ans avant qu'il ne résignât ses fonc- tions, il semait des tulipes au Plessis-Cellier, en Chantenay, près Nantes ; mais sa retraite l'amena à se consacrer tout en- tier à ses fleurs et il continua ses semis, dans sa propriété de la rue de Gigant, à Nantes, qui porte actuellement le n° 19, et qui est encore habitée par ses descendants, auxquels je dois ces renseignements biographiques. Je n'ai pu savoir de qui lui étaient venus le goût et les pre- miers principes de culture de sa plante favorite, il était en correspondance avec des collectionneurs de Belgique, de Hol- lande, d'Italie et d'Allemagne, soit pour les tulipes, soit pour les Cactées, dont il avait aussi une très belle collection, qui fut acquise à sa mort par un horticulteur d'Angers. Le prince de Salm était un de ses fidèles correspondants. C'est M. Le Bahezre qui convertit Lloyd à la religion des uli p etla conversion fût assez difficile. Voici ce que Lloyd racontait avec son flegme britannique. « J’allais tous les ans, disait-il, avec la plus grande exactitude, voir les tulipes de M. Le Bahezre, quoique je n'y comprisse absolument rien. Ne vous découragez pas, disait-il, cela vien- dra.…. et cela ne venait point. Un beau jour, cependant, après avoir arpenté les plates-bandes, à la suite de mon maître, je le vis s'arrêter, tout à coup, devant une tulipe, puis, avec les apparences de la plus profonde vénération, il fléchit le ge- nou devant elle» (et Lloyd malgré sa haute taille et son âge avancé faisait la génuflexion), puis se relevant, avec une su- prême gravité il ajoutait d’un ton pénétré :« Je compris! » Ainsi souffla l'esprit, tout à coup, et après ce « chemin de Damase » la tulipe n'eut pas d'adepte plus fervent que le grand bota- niste de l'Ouest ; par l'entremise de M. Le Bahezre, la grâce l'avait touché. Je n'ai pas connu personnellement M. Le Bahezre, mais Lloyd m'en a si souvent entretenu, il suivait si ponctuelle- ment les prescriptions de son maître, qu'il m'est bien facile d'apercevoir celui-ci à travers le disciple. Beaucoup de traits qui m'ont été communiqués par la famille de M. Le Bahezre nn n'étaient pas nouveaux pour moi, Je les avais observés chez Lloyd. Par exemple, tous deux tenaient essentiellement à montrer leurs tulipes sous un jour avantageux. Ils étaient extrême- ment contrariés lorsqu'il leur arrivait des visiteurs par un jour sombre, où les tulipes ne s'ouvrent pas. Ils aimaient à les produire par un beau soleil, dont l'éclat avivait les cou- leurs. Ils plaçaient toujours le visiteur à contre-jour, c'est-à- dire de façon à ce que la tulipe se présentât entre le soleil et lui et que la lumière, traversant les pétales, produisit un effet comparable à celui des vitraux d'église. Is étaient particulièrement mécontents de l'obs‘ination que montraient certaines personnes à vouloir voir quand même, parce qu'elles étaient venues pour voir. Lloyd avait beau expliquer que le temps ne s'y prêlait pas, on insistait. Il di- sait alors aux dames, plus obstinées dans leur désir : Figu- rez-vous, Madame, que vous allez dans un magasin pour choisir une étoffe et qu'on ne vous en montre que l'envers. Tel est le cas puisque par le vent, le froid ou le temps couvert, les tulipes ne s'ouvrent pas. N'importe, on insistait, puis on s'extasiait, alors qu'on n'avait rien vu et Lloyd se ven- geait, parfois, en décochant quelques traits ironiques, d’une grande finesse, dont 1l avait le secret et qui ne franchissait jamais les limites imposées par la bonne société. Nos Tuli- piers étaient des gens bien élevés et non pas, comme le Pi- rolle d’Alphonse Karr, des fleuristes violents, emportés, ine- xorables, haineux.pour ceux qui n'étaient pas de leur avis sur les fleurs. Ils ne traitaient pas leurs émules de fleurichons ou de curiolets. Les mœurs s'étaient adoucies. Pendant la saison des tulipes. M. Le Bahezre et M. Lloyd allaient chaque jour se visiter, ils se rencontruient parfois à mi-chemin. On pense bien que les profanes étaient rigoureu- sement exclus de ces entrevues et on apercoitbien les deux Tu- lipomanes dissertant, avec toute la gravité que comportait un tel sujet, sur le mérite de telle ou telle fleur, ou, ce qui était encore plus grave, prononçant l'admission ou l'expulsion dé- finitive de tel ou tel « gain ». Le baptème suivait l'admission: à partir du moment où la tulipe était jugée digne de faire son entrée dans le monde, on lui imposait un nom. Chacun sui- vait la couleur de son esprit, ses tendances, dans l'imposition de ce nom. Quand il s’agit de nommer plusieurs milliers de tulipes, il faut encore un certain répertoire. — 36 — La mythologie, l'histoire, les grands hommes, les évène- ments contemporains, parfois la fantaisie pure, fournissaient leur contingent. Lloyd choisissait souvent des noms de musi- ciens, d'artistes, etc.. Berdio:, St-Saëns, Laura Harris, etc. Bruneau, des noms de saints, de papes, d'évêques; Clément XIV, Archevèque de Tours. Françoise d'Amboise. Tel nom rappe- lait une date, par exemple : Manteau de Marengo, Assaut de Constantine, Défense de Mazagran, Vainqueur d'Alger, Com- bat de Navarin, Souvenir de Magenta. Les « agates » que nous délinrons tout à l'heure et qui ont souvent des teintes sombres ou cendrées étaient appelées fré- quemment des tombeaux, tels : {es Tombeaux de Méhul, Tom- beau de Lincoln, Tombeau de Napoléon, de Négrier, ou en- core Deuil de Saint-Arnaud. Au début de mon initiation, Je demandais souvent à Lloyd ce qu'il fallait entendre par les « agates ». Il finit par me dire qu'il faisait lui-même cette question à M. Le Bahezre et que pour y répondre celui-ci sortit un jour de sa poche une de ces petites billes avec lesquelles les enfants jouent aux marbres et qu'ils appellent des agates. Voici, dit-il, ce qu'est la pierre agate et c'est aussi l'agencement des couleurs des tulipes dites « agates ». En effet, dans ces fleurs le fond est mat au lieu d'être transparent et les couleurs se fondent les unes dans les autres comme dans le marbre. Nos deux grands Tulipiers n'étaient pas aussi exclusifs que ceux d'Alphonse Karr, pour lesquels, en dehors des tulipes, il n'y avait plus que des « bouquets ». Ils admettaient d'au- tres cultures. Nous avons déjà dit que M. Le Bahezre avait une collection étendue de Cactées. Lloyd, de son côté, semaït aussi des Auricules. M. Le Bahezre a laissé, parmi les siens, le souvenir d'un homme bon, bienveillant, de manières distinguées. C'était le type du vieux gentilhomme d'une exquise politesse. Il avait grand air, mais sans aucune raideur et sans la morgue habi- tuelle à beaucoup de gentilhommes de son temps. Il aimait les arts, les tableaux. la littérature. Il était d'un caractère gai. Vers la fin de sa vie, M. Le Bahezre était devenu très sourd ce qui lui rendait toute conversation impossible. Cependant il n'était pas triste comme la plupart des personnes affligées de cette infirmité ; quand toute sa famille était réunie il quittait souvent la pièce où elle se tenait, en disant d'un air enjoué : je vais causer avec mes fleurs. + 4 LN À me CO ORS SRORC 7 DES M. Le Bahezre est mort à Nantes en 1863, à l'âge de 77 ans, _ * + Quelque soit le culte de l'amateur dont je viens de parler pour la tulipe. son disciple renchérit encore sur ce point. Lloyd aima et cultiva la tulipe jusqu'à son dernier jour avec une ardeur indescriptible. Ce goût était pour lui une aimable diversion, une récréation de ses travaux botaniques, si minu- tieux et absorbants.Il s'y adonna de toute son âme et y appor- ta la recherche de la perfection absolue qui caractérise son œuvre botanique: sa Flore de l'Ouest, le modèle des Flores locales. Aussi ne négligea-t-il aucun détail, aucun soin pour arriver à cette perfection rêvée qu'il n’atteignit jamais, parce que son aspiration était trop haute mais dont il se rapprocha à un point qui ne sera probablement jamais plus atteint. Je ne reviendrai pas sur les détails biographiques que j'ai donnés à son sujet. J'en rappellerai seulement les grandes lignes.(1) Né à Londres en 1810, quelques jours après la mort de son père, James Lioyp vint en France avec sa mère, qui restée veuve à 21 ans, avait épousé en second mariage un français : M. Charles Ranson. L'enfant avait alors six ans : on voulait en faire un notaire. Mais il se sentait attiré vers les arts. Devenu jeune homme, il hésita quelque temps entre la musique et la botanique. Celle-ci triompha enfin. au grand profit de la science. Il avait commencé à Thouaré, près Nantes, à semer des tulipes. En 1858, la famille vint habiter Nantes, rue de la Bastille et c'est là qu'il donna à sa collection toute l'ampleur désirable. Le jardin tout entier y fut consacré. Une tente ad- mirablement installée avec des rideaux à coulisses, qu’on pou- vait manœuvrer de facon à faire arriver la lumière ou l'om- bre, à volonté, sur telle ou telle partie des planches, était installée dès le début de la floraison. De cettefaçon .les fleurs étaient préservées des intempéries et savamment disposées par tailles et par couleurselles offraient le spectacle le plus artis- tique qu'il soit donné à un amateur de fleurs d’apercevoir. Mais tout cela n'allait pas sans des soins et des peines infi- nies. Vers la fin d'avril, ou le commencement de mai, époque (4) Voir: Notice sur la vie et les travaux de James LLoyp': Bull. Soc. Se. nat. Ouest 1896 et Ann. Soc. Acad. Nantes (même année). TRE ordinaire de la floraison des tulipes à Nantes, il se produit souvent de fortes bourrasques, et malgré la manœuvre pré- voyante de chaque soir, vu la hauteur de l'édicule, la tem- pête faisait parfois des ravages. Mais Lloyd veillait. Au moment de la fièvre des tulipes, comme ïil l’appelait, il ne dormait que d'un œil: il avait l'œil au grain, comme disent les marins; aussi à la moindre alerte il se précipitait vers le jardin, vêtu de son costume spécial de nuit : suroît et casquette cirée, lanterne sourde ; il ajoutait alors, s'il le fallait des cordes supplémentaires avec piquets fichés en terre. Mais, vers les derniers temps de sa vie, 1f avait dû re- noncer à la tente, en raison de toutes ces perplexités ; alors il arrivait assez souvent que la tempête détruisait,en une nuit, l'ensemble tant rêvé, l'œuvre de toute une année. N'importe, ce serait pour l'année prochaine et le vaillant vieillard ne se dé- courageait pas. Il me disait un jour, en me montrant deux ou trois fleurs, idéalement belles, d'une perfection infinie: « Voir toute la tente (c'est-à-dire la collection princeps) composée de telles élites dans toutes les nuances... et mourir }». Aussi ne pouvait-il pas comprendre qu'on restât 1in- différent devant de pareilles beautés. Il racontait qu'un jour un grand botaniste étant venu le voir, il le fit asseoir sur un banc, dans le jardin, en face de Ia collection. La conversa- tion roula uniquement sur la botanique. Croiriez-vous, me disait-il, d'unton un peu rogue, que ce botaniste, l'entretien terminé, se leva, prit congé, sans même me dire: « Vous avez dés tulipes ». Il ne les avait pas vues !! Pendant la fièvre des tulipes, toutes les autres questions étaient ajournées, a ‘botanique elle-même semblait avoir perdu ses droits. Alliez-vous l'entretenir d'un doute, d'une découverte ? Nous verrons cela après les tulipes disait-1l, et le ton n’admettait pas de réplique. Je crois qu’au fond. Lloyd aimait qu'on allât admirer ses tulipes, mais son plaisir était souvent gâté par la vulgarité des appréciations, l'ignorance technique des visiteurs qui, le plus souvent, admiraient de confiance, sans y rien compren- dre. Assez sobre de démonstrations avec ceux qu'il jJugeait ignares, sans appel, il se mettait cependant volontiers à la portée de ceux chez qui, à défaut d'éducation florale, il sentait vibrer une fibre artistique. Mais il n'ouvrait gère le carnet que pour les initiés et ne donnait les noms que pour les fleurs PIC ENES extra que le visiteur avait su distinguer. Il ne tombait nulle- ment dans les travers de certains amateurs remplis de suffi- sance et de morgue. Il détaillait, à de très rares adeptes seu- lement, les mérites de sa fleur de prédilection. Ce qui fait, disait-1l, la supériorité de la tulipe, au point de vue artistique, c'est qu'elle est la seule fleur qui réunisse sur le même pétale à la fois, une richesse et une opposition de coloris sans rivales, en même temps qu'une fantaisie inex- primable de dessin ; si bien qu'il n'y a pas, dans une collec- tion, deux fleurs identiquement semblables. Il venait quelquefois des peintres ou des peintresses, comme il disait, mais 1l était parfois un peu narquois vis-à-vis de ces visiteurs ; leur posant des questions un peu embarrassantes. Montrant une tulipe à une dame, il lui demandait si ce n'était pas la couleur prune ? et il donnait à la tulipe le nom de Prune des Dames. Une tulipe de forme tout à fait romantique, à pétales pointus,par conséquent exclue à tout jamais de la collection, mais d’un coloris tout particulier : rouge orangé, s'appelait « Caprice des Dames ». Je lui conduisis un jour une dame qui désirait vivement voir les tulipes, mais Lloyd ne tarda à s'apercevoir qu'elle n’y comprenait rien. Elle était munie d'une ombrelle d'un rouge violent qui projetait, par transparence, sur les tulipes un jour défavorable. Cela l'indisposait. Je voyais venir l'orage. Long- temps contenu 1l éclata. Lloyd dit simplement à la dame, en lui montrant son ombrelle« Nous n'avons pas cette couleur- là. » D'un autre côté, il faut bien reconnaître que les visiteurs n'étaient pas toujours fort à l'aise dans ces visites. Peu au courant du Monde des Tulipes, ils craignaient à chaque ins- tant de commettre quelque « impair ». Il y avait, par exemple l'exercice de la baguette. Cet exer- cice semble, heureusement, avoir bien dégénéré depuis Al- phonse Karr. Le jardinier-poète nous apprend, en effet, que de son temps, la baguette servait à démontrer le degré de résistance de la tige de la Tulipe. « L'amateur qui exhibe une collection est, à cet effet, armé d'une baguette au moyen de laquelle il désigne aux specta- teurs ses «gains » à lui-même, c'est-à-dire les variétés nou- velles, qu'il a obtenues de semis et, de plus, les « diamants » et les « perles » de ses plates-bandes. De temps en temps il fait remarquer les qualités particulières de la tulipe qui est RATE en ce moment en scène, 1l en dit le nom : « Gluck, plante bien mérilante, striée de lilas et de violet sur fond blanc de crème. » « Czartoriski, fleur de cinquième ligne (cela désigne la hau- teur), blanche, pourpre et rose. Et quelle tenue, messieurs, quelle tenue ! » « Alors on feint d'appuyer de toutes ses forces, avec la ba- guette, sur la tige de Ia tulipe, sans pouvoir la faire incli- ner et on ajoute — c'est une tringle, messieurs, c'est une barre de fer ! » Chez Lloyd, ce charlatanisme était absent, mais il offrait aux visiteurs de marque, aux connaisseurs, une baguette semblable à celle dont il était muni lui-même, et cela afin de pouvoir s'entendre sur la tulipe en scène, en la touchant légèrement. Cependant il lui arrivait parfois de tapoter un peu la tige pour faire ressortir sa fermeté. Je fus un jour témoin de l'embarras de deux jeunes abbés auxquels Lloyd avait cru devoir faire les honneurs de la ba- guette et qui ne sachant quelle contenance tenir la tournaient et retournaient sans cesse entre leurs doigts. Lloyd était en relations suivies avec un grand amateur de Lille, M. Lenglart. Ils faisaient des échanges ; surtout d'oignons dont les fleurs s'obstinaient à ne pas panacher. Il arrivaitsouvent que les fleurs, qui ne panachaient pas à Nantes, panachaient à Lille ou vice versa, alors on retournait à l'heu- reux possesseur les tulipes panachées en prélevant quelques doubles. C’est ainsi que la collection Lloyd contenait les tuli- pes Jacques Lenglart, Marie Lenglart. 11 y avait aussi le Souvenir Le Bahezre et le Caprice Le Bahezre. Il n’est pas à ma connaissance qu'il y eût jamais une tulipe portant le nom de M. Lloyd. A plusieurs reprisesde son vivant, mon ami M. Paul Bruneau etmoi,nous eûmes la pen- sée d'attribuer ce nom a quelque beau gain de M. Bruneau père, encoreinnommé. Mais nous n'osions pas en parler au Maître et son prestige était si grand que M. Paul Bruneau avait fini par faire le coup en cachette, tremblant toujours que le sujet choisi ne fut pas à la hauteur du nom redoutable qu'on lui imposait. Lloyd ne connut jamais ce petit coup d'état et ce fut préférable, car la tulipe, après avoir jeté un grand éclat, se brouilla et eût une fin assez piteuse. Et les années s'écoulaient avec des hauts et des bas, des jouissances vives et d'amères déceptions : épidémies, tempé- + di ste VIENT tes, etc. La dernière plantation de tulipes, faite par Lloyd, le fut en 1896. Il venait d'avoir 86 ans ! On peut dire qu'il s’est éteint au milieu de ses tulipes ainsi qu'en témoigne le billet qu il mécrivit l'avant veille de sa mort et que j'ai repro- duit, à titre d'autographe dans ma notice biographique (1). Il était ainsi conçu : « Après un excès de tulipes, j'ai la tête « brouillée et été obligé de me mettre au lit, aujourd'hui je « ne suis pas mieux. Voilà le neuvième jour que la première « planche des tulipes est dans sa beauté, à présent, à huit « heures et demie » . Le matin même de sa mort, je le vis et il insista lorsque je le quittai pour que Jj'allasse voir au jardin, cette planche ad- mirable. Dans la notice dont je viens de parler. je me suis attaché surtout à retracer la carrière scientifique du maïître qui a pré- sidé pendant plus d'un demi siècle aux études botaniques de l'Ouest. C'est comme grand floriste que Lloyd a laissé un sillage ineffaçable. J'insisterai davantage ici, sur le côté très artistique de son tempérament. Sa première vocation, de ce côté, n'a cessé de se traduire par un amour profond de la beauté, qui tout voilé qu'il était par la nature réservée de Lloyd, se trahissait, ce- pendant, parfois, par des éclairs d'enthousiasme qui pour être un peu contenus, n'en étaient que plus frappants. Il ado- rait la musique et vibrait profondément à l'audition des œu- vres des classiques. L'intimité dans laquelle il a vécu avec la nature et sans laquelle on ne saurait faire une œuvre comme la sienne, est peut-être la cause secrète qui a fait triompher la botanique dans ses hésitations, au début de la vie. Il jouissait vivement de ce tête à tête et aucune des harmonies naturelles ne Jui échappait. Je n'en veux d'autre témoin que la phrase touchante par laquelle il terminait, à plus de 80 ans l'intro- duction de la 5e édition de la Flore de l'Ouest dont il m'a légué le soin d'assurer la publication. « Avec cette cinquième édi- « tion, je fais mes adieux, puissent tous ceux qui étudieront « ces plantes, trouver avec elles au de plaisir qu'en a « éprouvé leur ami. — J. Lloyd. Notre psychologie de l'amateur de tulipes ne serait pas complète si nous ne notions pas quelques traits particuliers = = (4) Notice biographique sur la vie et les travaux de James Lloyd. — Ann. Soc. Académique et Bull. Soc. sc. nat. Ouest, Nantes avec portrai] (tir. à p.) El te du caractère. Nous avons prévenu d’ailleurs que nous ne dé- cririons pas des « snobs » mais bien des « originaux ». Bien que très charitable, Lloyd avait à un degré presque incroyable et bien anglais, le sentiment de la propriété jusque dans les plus petites choses. Il n'était pas donnant. Des fleurs, ilen donnnailrarement, des tulipes presque jamais ; sa politesse irréprochable pleine de discrétion, n'avait rien de puéril, rien d'exagéré ; c'élait vraiment la politesse anglaise qui, quoi qu'on en ait pu dire, est parfaite, dans les classes élevées, mais 1l y avait aussi une certaine raideur dans ses manières, la grâce française lui faisait entièrement défaut. Malgré son apparence un peu gourmée, il avait un fond de candeur et de sérénité d'âme que son sourire laissait parfois apercevoir, quand il était dépourvu de sa pointe d'ironie habituelle. On ne peut pas dire qu'il fut d'humeur enjouée, il n'a Jja- mais eu ce rire Joyeux et expressif qui est si communicatif, mais cependant 1l n'était nullement triste et risquait parfois quelque plaisanterie que la gravité de son ton et de ses ma- nières rendait plus comique. Après avoir esquissé ces deux portraits, je tomberais forcé- ment dans des redites en détaillant les traits de quelques au- tres Tulipomanes nantais de la même époque. Ilen est deux ce- pendant qui méritent de retenir, encore quelques instants, no- tre attention. M. Jures BRUNEAL, naquit à Nantes en 1809 et s’y maria en 1839, c'est à son fils, M. Paul Bruneau, mon excellent ami, grand amateur lui-même de tulipes, que je dois les quelques données biographiques qui vont suivre. Issu d’une très ancienne famille de jardiniers-praticiens (devenus depuis les horticulteurs), M. Jules Bruneau comptait jusqu'à six générations d’ancêtres, de cette profession, qu'il exerçait lui-même à Nantes. Il aimait véritablement son mé- lier ; en dehors du côté lucratif, il collectionnait volontiers, pour son agrément personnel. Quand commença-t-il à semer des tulipes ? Son fils ne peut le dire, ayant toujours vu les tulipes de son père, de- puis son bas âge autour de lui, rue de Gigant, n° 16 (aujour- d'hui, rue Copernic, 18) dans une vaste tenue qui lui apparte- nait, Cependant il paraît très probable que le goût lui vint de M. Le Bahezre et fut entretenu par M. Lloyd. Ces messieurs lui faisaient de fréquentes visites, à la saison des tulipes et il fit quelques échanges avec M. Lloyd. Comme —_ LER7 LEE ceux-ci, ilne cultivait et ne semait que les vraies flamandes, à fond blanc. Il trouvait, comme eux, un grand plaisir à cultiver et à semer ses Îleurs et il était aussi bon connaisseur que ses émules. Il aimait à montrer ses tulipes. La baguette était obligatoire et il y en avait toujours un certain nombre de pré- parées à l'avance pour les visiteurs. Son caractère était charmant : gai et même enjoué : {ou- Jours content, nous dit son fils. Il devait y avoir chez ce prati- clen, comme chez les deux amateurs qui précèdent, une certaine fibre artistique, car, profondémentreligieux, il aimait la pompe des cérémonies catholiques et était sensible aux beautés de l'orgue et de la vraie musique d'église, devenue si rare aujourd'hui. M. Jules Bruneau est mort en 1881, âgé de 72 ans, laissant une magnifique collection de tulipes que son fils, M. Paul Bruneau continue de cultiver avec amour et qui, fondue avec la collection Lloyd, que nous avons acquise en commun, lui et moi, représente environ 500 variétés nommées, sans comp- ter les réserves (1). Nous mentionnerons, en terminant, un quatrième amateur: M. Arcine THomas, né à Nantes, en 1810, où il épousa une sœur de M. Jules Bruneau, prénommé, et où il est mort en 1882. S'il ne fut pas un adepte aussi fervent que ceux qui viennent de nous occuper, 1l n en sema pas moins des tulipes avec succès, et obtint de beaux gains. La tulipe « Souvenir « Thomas consacre sa mémoire parmi les Tulipomanes. Je l'ai connu personnellement, dans les dernières années de sa vie. C'était une physionomie absolument originale. « À peiné sorti du collège, il céda au penchant qui l’entrat- « nait vers l'histoire naturelle, et se consacra spécialement « à l'étude des oiseaux et des reptiles, sans pour cela négli- « ger la botanique. Il y apporta ce goût de l'exactitude et des « recherches consciencieuses qui faisaient le fond de son ca- « ractère. » (2). Ses heureuses découvertes lui valurent l’hon- neur d'entrer en relations avec plusieurs savants éminents de la France et de l'étranger et en particulier avec l'illustre Du- (1) Le petit-fils de M. Jules Bruneau : M Jules Bécigneul, continuant les traditions de cette honorable famille. est aujourd'hui le chef d'un de nos établissements horticoles nantais les plus importants. (2) Notice biographique sur M. A. Thomas par M. L. Linyer, Président Ann, soc. Acd. Nantes 1882, 2% semestre p. 288. RENE t'AN méril, dont les travaux en herpétologie sont connus de tous les naturalistes. Mon vénérable ami, le docteur Viaud-Grand-Marais, dont les études sur les serpents de la Vendée et de la Loire-Inté- rieure sont justement appréciés, a cité plusieurs des observa- tions faites par M. A. Thomas (1). La communauté de leurs sujets d'études rapprochait souvent ces deux naturalistes et le docteur Viaud-Grand-Marais me dit avoir conservé le meil- leur souvenir de la sûreté et de l'agrément de ces relations. M. A. Thomas, possédait une propriété située dans cette vaste tourbière, encore trop peu connue au point de vue de l'histoire naturelle, qu'on nomme la Grande-Brière. Son gé- nie d'observation lui fit découvrir là, à la Mâtinais près Herbi- gnac, une localité de l’une de nos plus belles et plus rares orchidées de l'Ouest, le Serapias triloba Lloyd. Il y signala aussi la présence de la Péliade ou vipère à trois plaques : Pelias Berus Merrem. Enfin M. Thomas découvrit une espèce de grenouille nouvelle pour la science, c'est le Rana agilis Tho- mas.On doit vivement regretter que M. Thomas, sans doute par excès de modestie, n'ait fourni que peu de communi- cations écrites sur ses intéressantes recherches (2). C'était aussi un fanatique de musique classique. Il faisait souvent le voyage de Paris, uniquemeut pour assister aux concerts du Conservatoire. Si nous cherchons à résumer. en quelques traits, la psycho- logie des Tulipomanes, tels que nous les avons connus, nous voyons des hommes aux goûts simples, épris de la nature, exempts des ambitions dévorantes de la vie, trouvant dans le culte des fleurs un refuge précieux, possédant tous un sens artistique épuré, amoureux de la beauté pour elle-même et arrivant, à force de la cultiver, et quoi que dans des milieux différents, à une éducation artistique d'un degré supérieur, à un goût raffiné. Patience, persévérance, enthousiasme, simplicité de goûts et de mœurs, ne voilà-t-il pas, sans creuser davantage le (1) Notes sur les mœurs des vipères. Bull. Travaux de la Soc. de Pharmacie de la Loire-Inf. 1867, (2) On peut citer cerendant les suivantes, dans les Ann. des Sciences natur. Zool. 1854: 1. Note sur la Génération du Pélodyte ponctué p. 290-993, etc. 1835. IV. p. 365-380, IT. Note sur deux espèces de Grenouilles obs. dep. 4 q. an- nées en Furope. CAVE re sujet, un ensemble de qualités assez satisfaisant et ne pour- rions-nous pas répéter, en terminant, le mot d'Alphonse Karr « Heureuses les époques où la folie régnante s'applique aux tulipes. » LA MORILLE Par M. E. AUBRÉE Nous voici en avril, premier mois des morilles : en parler est donc de saison. Tel prétend les connaître et vous affirmera en avoir rencontré de grosses comme sa tête, le pauvre ! à mi- octobre. Le fächeux est que la morille, plutôt petite, ne se montre, dans notre région, à l'état nature, qu'en avril et mai, et qu'il l'ait confondue — n'en ayant jamais vu peut-être, et à coup sûr nen ayant aux champs jamais cueilli — avec le sparassis crépu, à forme de monstrueuse éponge de Zerby, jaune pâle ou gris jaunâtre, se développant, à l'automne, au départ des racines de sapin, et dont la famille, le genre, la figure, l'époque de germination, et surtout la qualité et le goût se différencient singulièrement de la morille. S1 vous consultez l'Encyclopédie du xix° siècle, vous y lirez : « Morille, Morchella (bot.) genre de la famille des champi- gnons hyménomycètes de Fries, et de la section des champi- gnons thécosporés dans la classification mycologique de M. Léveillé. [ls sont caractérisés par un réceptacle charnu, fra- gile, arrondi, ovoïde ou conique, creux, creusé d’alvéoles polygones à sa surface que recouvre l’hyménium supporté par un pied charnu et creux avec lequel il se continue. Leurs moyens de reproduction consistent dans des thèques allongées, cylindriques, renfermant chacune huit spores et entremêlées d'un assez petit nombre de paraphyses filiformes... La morille commune, Morchella esculenta (Person), est de couleur allant du blanc au fauve, même au violet, mais la plus commune entre ces variétés est celle dont le réceptacle est d'une couleur brunâtre enfumée, de forme arrondie ou ovoïde, avec les alvéoles de son contour variables...» Je vous fais grâce du surplus. La Grande Encyclopédie est plus succincte : « Morchella. Genre de champignons, ordre des Ascomycètes, famille des Discomycètes, tribu des Pezizés, à thalle provenant directe- ment de la germination de la spore.. Il y a des morilles fau- ROLE TER ves, brunes, grisâtres, blondes et même blanches. Toutes ces espèces (25 environ) sont saprophytes et terrestres, se plaisent dans les terrains calcaires et argileux ; elles croissent au printemps dans les prairies, au milieu des bruyères, ou le long des sentiers. Aucune d'elles n'est vénéneuse.….. » Dans la sauvagement belle forêt de Fontainebleau, chère aux peintres, aux poètes, aux amoureux... et aux reptiles veni- meux, se rencontre aussi, d'après Paulet, une variété qu'il dénomme Morille du loup ou du diable, Morchella pleopus, et qui serait, à son dire, des plus vénéneuses. La Morille éle- vée, Morchella elata de Fries, a été également notée par cer- tains commesuspecte,mais Krombholz est d'un avis contraire. Que les timorés se rassurent ! Toutes les morilles de Bre- tagne sont inoffensives el ont droit de figurer parmi les plus délicats champignons. Les gourmets préfèrent celles des en- virons de Rennes aux sarthaises, aux normandes et aux pari- siennes. Toutefois pour être en pleine valeur, il faut les cueillir à leur jour, par un temps sain, et de la grosseur d'un œuf de pigeon ou de poulette. Elles se consomment fraîches — c'est le mieux — ou sèches, vu leur facile conservation. Suivant la coutume, les étymologistes s'en sont donné à cœur joie sur la racine du nom. Vient-il comme le prétend Ménage, de morum par suite de sa ressemblance ? avec la mûre, ou du mot gaulois morucla de même signification, ou encore du mot celtique ou bas-breton morillen ? — entre nous, les lexiques bas-bretons donnent mouar pour mûre et morukl pour morille, nulle part morillen. — Diez, après l'érudit Sau- maise, le fait dériver de more, noir, parce qu'en cuisant ce champignon devient noir ! Chacun peut adopter sur ce l'opi- nion à sa guise, à moins qu'il ne pousse le scrupule ou l'indif- férence jusqu'à ne s'en faire aucune, ce qui est mon cas. À signaler, à titre de curiosité, le rapport entre les divers idiomes dans sa dénomination : morhila, en ancien haut alle- mand : morchel, en allemand moderne ; murkla, en suédois ; morel, en anglais ; en hollandais, morilhé. Les constructeurs de Babel eussent été à même, avec un léger effort, de s’y recon- naître, après la confusion des langues, ainsi que, suivant le brabançon Jean Goropius, ils l’'auraient fait pour le mot sac, qui s’est, sans changement notable, maintenu dans tous les parlers. Les philologues, ethnographes et linguistes, gens d'imagination et d’hypothèses, pourraient, de ces rapproche- ments, à la rigueur induire que la morille croissait à foison DER RENE aux abords de la tour, et constituait, en dépit de la pauvreté de ses éléments nutritifs, — six pour cent environ, — un im- portant appoint dans le régime alimentaire des ouvriers, s'il élait toutefois appris que la base du monument antidiluvien je dis anti et non anté — reposait sur fond calcaire. ; Le terrain calcaire ou argilo-calcaire, en effet, paraît être la condition sine quà non de la production des morilles. Le journal d'Agriculture pratique a publié, en 1872, les essais d'un M. Geslin, qui serait parvenu à les cultiver artificielle- ment, mais n'aurait obtenu ce résullat qu'en additionnant ses couches de deux cinquièmes de terre prise dans un lieu où auraient crû des morilles et contenant en conséquence du cal- calre. Partout où il existe du calcaire, l'on a chance, sous notre chmat breton, d'y récolter en avril et en mai, plus rarement en Jun, ce prince des champignons. Je citerai aux environs de Rennes, Saint-Grégoire, Saint-Jacques-de-la Lande, les alentours de Lormandière, la Chaussairie en Chartres, Pont- Réan, la lisière de Haute-Sève entre Gahard et Ercé, et vrai- semblablement Saint-Germain et Saint-Thurial. Un charpentier contait à l'un de mes oncles, voilà quelque 3» ou 40 ans, quétant jeune ouvrier, et se rendant au petit point du jour, en mai, à son chantier, 1l avait, sur une prairie de la Haie des Cognets en Saint-Jacques, bordant un boisillon, aperçu des morilles en telle quantité, qu'il s'empressa, à la ferme voisine, d'emprunter deux paniers, aussitôt remplis, et dont il courut dare-dare vendre le contenu à un restaurateur de Rennes, M. Cren, pour la somme rondelette de trente-six francs. Ces temps ne sont plus : la culture a progressé aux dépens des morilles ; là où il en croît encore, on ne les cueille plus par centaines, et les quelques unités qui se décèlent sont jalousement surveillées par les cultivateurs, propriétaires ou fermiers des terrains producteurs. Ils en savent la valeur et traitent en maraudeur et en intrus l'amateur concurrent. Ils n’usent ainsi que de leur droit, les champignons n'étant que par une tolérance toujours révocable considérés comme res nullius, et appartenant en réalité à qui jouit du sol. Char- bonnier est maître chez soi. Les morilles poussent sur les anciens talus plantés de ché- nes, pommiers, ormeaux, frênes et autres essences, à la lisiè- re des prés et pâtures côtoyant les bois et dans les terrains qui n’ont pas été depuis longtemps remués. M. = Il n'est pas nécessaire que le sous-sol soit de nature cal- caire. J'ai oui dire à un vieux Rennais, horticulteur, archéo- logue et gourmet, qu'il en avait, d'aventure, récolté un certain nombre le long des murs de la cathédrale de Dol ; et je sais une campagne de Saint-Jacques bordée d'un ruisseau, qui, gonflé: par les pluies, couvre parfois l'hiver le tiers du courtil, dans les allées duquel fut à diverses reprises cons- tatée la présence de morilles. Dans l’un et l'autre cas le cal- _caire n'était que superficiel. Deux faits personnels : J'ai, sept ans, habité Pont-Château, “chef-lieu de canton de la Loire-Inférieure arrosé par le Brivé. J'y jouissais d'un assez vaste jardin s'inchinant en pente douce sur la rivière, et dont la partie basse était pendant cinq à six mois submergée par les eaux, qui délaissaient leur lit naturel de huit à dix mètres pour s'étendre sur un espace de près de quarante de part ou d'autre en cet endroit. Un haut de carré ainsi baigné était occupé par de vieux fraisiers qui résistaient, sans porter de fruits, 1l est vrai, aux inondations et à l'absence de soins. J’eus l'étonnement, un jour, d'y voir quelques mo- rilles, et, maintes fois depuis Îors, au même lieu, chaque année, j'en cueillis un certain nombre ce qui me décida à _ maintenir cette bande en friche. Convaincu que le sol était calcaire, j'en parlai au propriétaire qui me désabusa dès l'abord. « Et cependant, insistai-je, du moment qu'il produit des morilles, il contient du calcaire. Êtes-vous certain que le Brivé n’en charrie pas. » — « A cet égard, me fut-1l répondu, vous pourriez avoir raison, Car, à cinq kilomètres en amont, sur Drefféac, la rivière traverse un large banc calcaire. » Du sédiment déposé par les crues automnales provenait la raison d'être des morilles. Lorsqu’en 1891 je revins me fixer à Rennes, je reçus de Saint-Grégoire un ou deux mètres de sablon, dont je désirais expérimenter l'effet pour mon jardin. Au printemps suivant je faillis écraser, dans une allée à l'ombre d'un frêne pleureur, une morille qui s'y développait, et qui, au premier aspect, m'avait semblé un morceau d'éponge. Je reconnus à temps mon erreur, et pendant trois semaines son authenticité fut constatée par d'assez nombreux témoins. Elle était de couleur mi-fauve, et en tout semblable à celles que j'avais antérieure- ment cueillies à Pont-Réan. Le sablon, si infime couche qui se fût là répandue, avait été incontestablement l'agent de ger- REV. BRET. DE BOT. T. III 3 # RE mination d'une spore avec lui transportée.Ce ne fut d'ailleurs, à mon vif regret, qu'un accident isolé. Défiant par expérience de pareille aubaine, j'engage les amateurs à plutôt aller étudier sur place les morilles au re- nouveau, si les propriétaires des stations favorisées n'y met- tent obstacle. Des pays à explorer ils n'auront que l'embarras du choix. Je ne réponds pas de la cueillette, mais je les assure qu'ils joueraient de malheur si appétit, bien-être et conten- tement n'y trouvaient leur compte quand même, car, pour peu qu'on ait d'œil et de goût — et du plus ou moins nous nous en piquons tous — d'une excursion, par une belle journée de printemps, aux champs, prés, bois ou landes, on ne revient jamais complètement bredouille. ne LES MOUSSES. ETUDE ÉLÉMENTAIRE DE SYSTÉMATIQUE & DE BRYOLOGIE COMPARÉE Par M. C. Hocwrgerrt. INTRODUCTION Nous réunissons ici quelques articles de bryologie élémen- taire qui ont paru, il y a quelque vingt ans, dans le Naturaliste et dans la Feuille des Jeunes Naluralistes. Ces Notes, que nous avions tout d'abord rédigées pour notre satisfaction personnelle — et aussi pour guider quelques jeunes botanistes au début de leur carrière — ont conservé ce nous semble toute leur actualité. Il y a, de nos jours, une tendance marquée à revenir aux sciences naturelles : le succès des excursions organisées par la Sociélé brelonne de Botanique est, sous ce rapport, tout a fait significatif. Mais si l'étude des plantes à fleurs est attachante à plus d’un point de vue, celle des Cryptogames, ou plantes sans fleurs, ne l'est pas moins. La recherche des Mousses notamment, peut se faire pendant l'hiver et tout à fait au début du prin- temps, c’est-à dire à une époque où le « botaniste herborisant » est d'ordinaire condamné à un repos qui lui semble toujours trop long; les Mousses, d’autre part, se dessèchent très faci- lement, les herbiers que l’on peut faire tiennent peu de place et se conservent très bien. Nous ne saurions donc trop engager nos jeunes étudiants à jeter un coup d'œil sur ces charmants végétaux; ils ne sau- raient manquer de remarquer trés vite, l'intérêt qui s'attache à la connaissance des plantes inférieures, et ils verront surtout que c'’est-là une excellente Introduction à l'étude de la biologie générale. (1) (4) La plupart des clichés qui illustrent cette Nofice nous ont été obligeam- ment prêtés par MM. Les Fils d'Emile Deyrolle, naturalistes, 46, Rue du Bac, Paris, auxquels nous adressons ici nos plus sincères remerciements. Il Le nombre des Mousses est immense ; on les observe sous tous les climats où règne un degré suffisant d'humidité. (1) Mais c'est surtout dans les régions tempérées des deux hémisphères qu'elles rencon- trent les conditions les plus favorables à leur croissance et à leur développement: les val- lées, le bord des ruisseaux, les régions bien arrosées des mon- tagnes, fourniront toujours au bryologue une ample moisson d'espèces aussi abondantes que variées. C'est pendant la période la plus froide de l’année, pendant les mois pluvieux de l'hiver et du printemps. qu'il convient de rechercher les Mousses : en effet, depuis l'automne qui leur rend l'humidité dont elles ont besoin. jusque vers les premiers mois de l'été, elles foisonnent en tapis serrés sur les pierres, sur le tronc des arbres, sur la terre, dans les haies, dans les bois ombragés, jusque sur les toitures des vieilles maisons et la paroi aride des murailles. Taniôt en petites forêts d'un vert sombre.commeles Barbula sur les murs : tantôt en tapis moelleux, comme les Hypnum sur la terre des bois : tantôt en touffes hémisphériques et soy- euses comme les Grimmia sur les toits ou certains Orthotrichs sur les rochers ;: tantôt enfin, en longues lianes flottantes FiG. 1. — Polytrichum formosum comme les Fontlinalis au sein des eaux. les Mousses se présentent à l'observateur sous les for- mes les plus diverses et les plus remarquables. (1) Feuille des Jeunes Naturalistes, Directeur M. Adrien DOr.LFUS, 35, rue Pierre-Charron, Paris, 1888, N°° 207-213, avec une planche noire. Mr TA ee Es | Mon embarras fut grand pour choisir, dans cette nombreuse cohorte de végétaux, une espèce qui. par sa distribution géo- graphique. par sa banalité en quelque sorte, puisse se prèler partout à l'observation, tout en offrant des caractéres faciles à saisir pout ainsi dire au premier coup d'œil. Mon choix s'est arrêté sur une Polytrichée très commune l'A /richum undulclum, qui croît abondamment sur les talus schisteux de nos régions de l'Ouest; mais je m'empresse de dire qu'on pourrait prendre, tout aussi bien, l'une quelconque des grandes espèces du genre Polytrichum, comme par exemple Polytrichum formosum (fig.x) C’est donc par l'étude de cette espèce que nous essayerons de nous rendre compte de l'organisation de la classe entière des Mousses. Pour être complète. tout en restant élémentaire, cette étude comprendra trois parties : 1° l'Organisalion des Mousses ; 2° le Développement : 3° les principes de la Classifi- cation ; h° l'étude du genre Mnium, l'un des plus beaux et des plus riches de la flore bryologique française. CHAPITRE I. 1 ORGANISATION : DES, MOUSSES (ATRICHUM UNDULATUM Pal.-Beaur. Le genre Africhum a été créé vers 1803 par Palisot-Beauvais pour une espèce indécise, tantôt rapprochée du genre Bryum, sous les noms de Catharinea, Callibryum, etc. ; tantôt réunie aux Polytrichum, Hedwig, Bridel. Cette mousse rappelle, en effet, les Bryum par ses caractères extérieurs, notamment par son port et par ses feuilles ; mais, par sa structure et ses carac- tères anatomiques, elle se rapproche incontestablement des Polytrichs. Elle possède, en effet, notamment, comme les nombreuses espèces de ce beau genre, une tige, dont les cellules du faisceau axile, sont fortement épaissies ; comme chez les Polyÿtrichs aussi, le bourgeon végétatif terminal continue sa croissance au milieu des organes reproducteurs ; chez les Bryum, au contrai- re, le bourgeonnement a lieu au-dessous de ces mêmes organes. Après la chute de l'opercule, l'ouverture de l'urne est close par une membrane analogue à celle qui existe également chez les autres Polytrichées (/yménodes de Pal.-Beauv.). Enfin, tou jours comme dans cette dernière famille, les organes reproduc- teurs (archégones ou anthéridies) sont groupés en une rosette discoïdale au sommet des tiges fertiles, tandis que chez les LES à Ke Bryum, au moins dans ceux de notre pays, l'inflorescence, si je puis mexprimer ainsi, a généralement l'aspect d'un bourgeon conique. S'il nous était permis d'émettre une opinion à ce sujet, en ne considérant que les caractères fournis par l'appareil végé- talif et la disposition des organes reproducteurs, nous rappro- cherions plus volontiers l’Atrichum undulatum des Mnium que des Bryum. Gomme dans les premiers, en effet. la tige bourgeonne à sa base, caractère très rarechez les Bryum, où les innovations naissent généralement à la partie supérieure de la tige, immé- diatement au-dessous des fleurs. En résumé, nous considérons l’Atrichum undulalum comme une forme de passage, jouant entre les Bryées et les Polytrichées le même rôle que le Leucobryum glaucum entre les Sphagnacées et les Dicranées. 2 ORGANES DE LA VÉGÉTATION. (TIGE. — Pois RADICAUX. — FEUILLES.) 1° Tiges. — Seules parmi les Cryptogames cellulaires, les Muscinées possédent un organe que l'on peut comparer à une tige: ce sont les Hépatiques muscoïdes de la famille des Jungermanniées qui nous en offrent les premiers exemples. Cet organe ne manque jamais dans les Mousses ; souvent très réduit, il est vrai, comme dans les Phascum, les Epheme- rum, où la tige ne dépasse guère ? millimètres de hauteur, il atteint, par contre, des dimensions relativement considérables dans les espèces flottantes : Cinclidolus, Fontinalis, ete. Parmi les mousses terrestres, la plus grande espèce connue est une belle Polytrichée de la Terre-de-Feu, le Phalacroma dendroides, qui ressemble à un petit arbre, et dont la tige mesure quelquefois jusqu'à 30 centimètres de hauteur. Simple dans l’Africhum undulatum, Va plupart des Barbula, les Phascum, certains Polytrichs, la tige se ramifie au contraire abondamment chez les /ypnum, les Fonlinalis, les Sphagnum, ete. D'un diamètre extrêmement réduit dans plusieurs espèces, Potlia, Gymnoslomum, etc. cette tige peut atteindre une épais- seur relativement forte dans d'autres, comme on peut le voir, par exemple dans certaines Hypnées (Thyidium lamariscinum, Hylocomium triguelrum, Climacium dendroides.) Envisagée morphologiquement, la tige des Mousses ne pré- sente jamais ces adaptions remarquables si fréquentes dans les Phanérogames, épaississements en bulbes, tubercules, ou be MCE élargissements phylloïdes ; sa forme est peu variable et les nombreuses espèces n'offrent, sous ce rapport, que les diffé- rences de longueur et d'épaisseur signalées précédemment. La tige de l’Africhum undulatum, en particulier, n'offre, extérieurement du moins, aucun caractère qui doive nous arrêter ; longue de ? à 4 centimètres, elle s'évase légèrement à son sommet pour l'insertion des organes reproducteurs (fig. 2) (il en est de même d’ailleurs, chez toutes Les mousses acrocarpes),et présente, à sa base, de longs poils radicaux sur le rôle desquels nous reviendrons tout à l'heure. Si l’on examine au microscope, sa structure anatomique sur une coupe tran- sversale, on observera les caractères sui- vants : (fig. 3) La périphérie est formée de deux à trois assises de cellules étroites, polyédriques, dont les parois sont fortement épaissies et colorées en brun. Sous cette première couche périphérique, se trouve une cou- .ronne de cellules plus larges, arrondies, dont les membranes épaissies sont moins FiG. 2 — Atrichum fortement colorées ; l'épaisseur de la paroi undulatum des cellules de cette région diminue progressivement à mesure qu'on s'approche du centre. Enfin, tout à fait au centre, dans l’axe même de la tige, se voit un Jaisceau axile de cellules beaucoup plus étroites que celles de la zone intermédiaire, mais dont les parois brillantes sont très sensible- ment épaissies. Cet épaississement des membranes cellulaires du cylin- dreaxile estun phénomène qui paraît constant dans toute la famille des Polytrichées et peut servir à la ca- ractériser dans une certaine mesure. On distingue donc ici trois régions dans la tige : une couche périphé- rique, à deux ou trois épaisseurs de cellules brunes, constituant un ap- FiG. 3. — Coupe transversale pareil protecteur: 2° une couronne d'une tige d'Atrichum undulatum de cellules larges, pourvues de chlo- rophylle, formant un appareil assi- milateur ; 5° un cylindre cellulaire axile formant vraisemblable- ment un appareil conducteur. (fig. 3) 0 Te Un examen semblable de la tige chez d'autres mousses, nous ferait voir que cette structure, déjà élevée, peut se simplifier considérablement ou se perfectionner. Ainsi, chez les Funaria, les Bartramia, les Bryum. nous trouverons encore les trois parties qui caractérisent la tige de l’Atrichum, mais ici, le faisceau cellulaire axile, n'épaissit plus les parois de ses cellules qui peuvent, d'autre part, rester brillantes et incolores (Bartramia), ou se colorer en brun plus ou moins fortement (certains Bryum.) Enfin, si le faisceau cellulaire axile disparaissait tout à fait, la tige se trouvant alors réduite à un appareil tégumentaire, entourant une sorte de parenchyme fondamental” homogène, nous aurions le type de tiges que nous considérons comme le plus simple de tous. Cette structure existe, en effet ; on l’ob- serve notamment chez les Barbula, les Phascum, les Dicranum, les Gymnoslomum, ete. Si lon franchit la limite des véritables mousses, pour examiner, en descendant, la série des Muscinées, on retrouve encore cette lise très simple, à structure homo- gène, chez les Andræcées et chez les Jungermanniées ; elle constitue donc le type primitif le moins différencié que l’on puisse observer dans l’'embranchement tout entier Cependant, dans ces groupes inférieurs de l'ordre des Mousses, où la structure de la tige est si simple, une confor- mation toute particulière s'observe chez les Sphaignes. lei encore on rencontre la tige à structure homogène qui carac- térise les Barbula, les Dicranum, etc. ; mais, autour de cette tige s'ajoute un remarquable appareil hygrométrique, formé de une à quatre couches, de très grandes cellules à paroïs minces et incolores, communiquant entre elles par de larges pores percés dans leurs membranes. Ce curieux appareil, dont le rôle phy siologique est facile à comprendre, sert à élever, dans les parties supérieures de la ti- ge, l’eau du marécage où ces plantes croissent le plus souvent, Une structure analogue se rencontre également, mais d’une facon plus rudimentaire, dans quelques espèces auxquelles on accorde, généralement, une organisation plus parfaite. Le Leucobryum glaucum. par exemple, possède une tige semblable à celle des Dicranum. mais garnie extérieurement, surtout lorsqu'il croit dans des stations humides, d'une assise de cel- lules rappelant l'appareil capillaire des Sphaignes. Tels sont les cas où la tige peut être considérée comme inférieure en organisation à celle des Polytrichées. D'autres types d'organisation existent certainement encore chez les Mousses et pour ne citer qu'un exemple parmi les espèces de notre pays. le Splachnum ampullaceum montre, dans sa tige, de minces faisceaux de Lissu conducteur, qui se délachent du cylindre aile, pour se rendre dans les feuilles : mais, bien que En | fort curieuses. nous ne saurions examiner toutes ces variations, sans dépasser les limites que nous avons assignées à ce travail. Les formes que nous avons signalées sont, d’ailleurs, celles que rencontrera, le plus souvent, le jeune naturaliste qui voudra se livrer à l'étude si intéressante de l'anatomie bryologique. 20 Poils radicaux. — En parlant des accidents de la tige, nous avons élé amené à signaler les poils radicaux : on peut les observer facilement dans l'Atrichum undulatum, où. ils existent à la base de la tige (fig. 2). De grandes différences s'observent sous ce rapport dans l'ordre des Muscinées. Souvent, en effet, ces poils ne se ren- contrent qu'à la base de la tige, comme cela a lieu chez l'Atri- chum, certains Mnium, les Barbula : mais dans d’autres cas, ils existent dans toute son étendue et peuvent même la revêtir d'un feutrage épais. C’est ce que l’on peut observer chez l’'Aulacomnium palustre, chez presque tous les Bartramia et les Dicranum. IL faut reconnaître que ce sont surtout les tiges des espèces paludéennes qui présentent ce caractère, dont l'utilité se con- çoit sans peine. Toutefois les espèces qui végètent dans les eaux stagnantes ou courantes, les Sphagnum, certains /ypnum, en sont totalement dépourvus. Quelle que soit la forme, le nombre ou la disposition de ces poils radicaux, ils servent toujours d'organes d'absorption, en même temps qu'ils concourent à fixer la tige à son support naturel. Leur structure anatomique est très simple : ce sont des filamants cylindriques, ordinairement rameux, naissant à la périphérie même de la tige d’une cellule superficielle. Ge mode de développement est. comme on le sait, celui de tous les poils ; il justifie donc pleinement le nom de poils radicaux qu'on a donné à ces organes et sous lequel on les désigne ordinairement. Cependant, si l’on ne s'attache plus seulement à leurs carac- tères anatomiques, si l’on considère plutôt leurs fonctions, on reconnaitra qu'ils remplissent, à l'égard des mousses, le-même rôle que les racines, ou tout au moins que les poils absorbants, à l'égard des plantes vasculaires. C'est pour rappeler cette analogie physiologique qu'on les désigne encore sous le nom de rhizoïdes. Cette dénomination, plus scientifique. leur convient parfai- tement, mais il ne faut pas perdre de vue, comme nous venons de le dire, qu’ils n'ont de véritable rapport qu'avec les poils absorbants des racines. 30 Feuilles. — Rien n'est plus varié que la forme et la dimension des feuilles chez les Muscinées ; rien n’est plus simple, cependant, que leur structure. (fig. 4) Nous n’entreprendrons pas de passer ici en revue toutes les M OKEQA variations de cet organe dans l'ordre immense des Mousses ; celles de l’Atrichum undutalum présentent une conformation et une structure qui peuvent servir de types; elles appartiennent, en effet, aux forme les plus parfaites du groupe. Ces feuilles sont étroites, longues, pointues à leur extrémité et fortement ondulées sur les bords. Elles sont parcourues, dans le sens de leur longueur, par une nervure plus saillante à la face inférieure qu'à la face supérieure et formée par un faisceau de cellules allongées : le limbe, au contraire, ne présente jamais qu'une seule épaisseur de cellules (1). Le nervure de la feuille est toujours en rapport avec la structure anatomique de la tige ainsi que nous l'avons constaté par nos recherches per- sonnelles. (fig. 5) He A = Une feutlle de La nervure existe chez beaucoup d'espè- Mousse ces, chez les Mnium, les Bryum, les Poly- trichs, les Barbula: mais chez d’autres. les feuilles sont complètement énerves : Hedwigia, Schistostega, Fonlinalis, certaines espèces d'Hypnum possèdent même des feuilles à deux nervures, s’arrêtant ordinairement vers le milieu : Hypnum flagellare, La forme des feuilles est fort varia- ble, comme nous l'avons dit ; chez certains Bryum, elles ressemblent à celles de l’Atrichum ; chez d’au- tres, elles sont ovales, presque orbiculaires (Mnium affine) ; elles sont linéaires et étroi- tes chez les Dicranum ; mutiques dans certai- nes espèces, elles sont, FiG. 5. — Coupe transversale d'une feuille au contraire, termi- d'Atrichum undulatum nées par un long poil dans d’autres : Barbula, Grimmia, etc, D'autres accidents s’observent encore à la surface des feuilles: nous négligeons ces détails à dessein ; notons cependant que c'est sur les feuilles que naissent ordinairement les organes désignés sous le nom de propagules. Quand on examine au microscope le limbe sur l’une de ses faces, on reconnaît que la forme des cellules qui le composent (1) Exception pour le Leucobryum glaucum, dont la feuille nous a toujours montré trois épaisseurs de cellules. ES es est extrêmement variable suivant les espèces. Tantôt arrondies ou légèrement allongées comme chez l’Atrichum, elles sont presque toujours trapézoïdales chez les //ypnum, rectangulaires chez certains Barbula (B. ruralis) ; elles varient aussi, d’ailleurs suivant les régions de la feuille et sont généralement plus longues à la base qu'au sommet. Dans tous les c cas, les cellules qui for ment le limbe ainsi que celles qui constituent la nervure, contiennent de nombreux chloroleuciles. Telles sont les principales variations qu'il est necessaire de noter chez les feuilles des Mousses : qu'il nous suffise mainte- nant d'ajouter que ces organes sont toujours sessiles et que, chez les Sphagnum, ils présentent une réticulation particulière et constante, fort intéressante à observer. Résumé. — De ce simple coup d'œil sur l'appareil végétatif des Mousses, on peut conclure : 1° Que, même dans les cas où la différenciation de la tige est la plus complète, on n'observe jamais la formation de vais- seaux analogues à ceux qui existent chez les plantes vas- cularisées. 2° Qu'il n’y a pas, dans la tige des Mousses, comme chez les Phanérogames, de distinction nette entre une écorce et un cylindre central. 3° Que les rhizoïdes tiennent lieu de racines ; mais, ne sont, en réalité que de simples poils absorbants. 4° Que les feuilles enfin n'ont qu'une seule nervure médiane (rarement deux) et que cette nervure ne se ramifie jamais comme chez les Phanérogames. Malgré cette grande simplicité dans la structure de l'appareil végetalif des Mousses les fonc- tions d'absorption, d’assimilation et d'excrétion s’accomplis- sant avec une asssi grande perfection que chez les plantes supérieures. CHAPITRE II 3° APPAREIL REPRODUCTEUR SEXUÉ Les organes reproducteurs des Mousses sont les archégones et les anthéridies. 1° Anthéridies. — Les anthéridies occupent des positions variables sur la tige. Tantôt groupées au sommet, sur un élargissement terminai en forme de réceptacle, elles se présentent alors souvent, dans ce cas, sous forme d'un capitule discoïde, entouré de feuilles plus ou moins modifiées, formant ce qu'on nomme le périgone. SD On peut les observer ainsi chez l'Africhum undulatum, chez les Polytrichs, les Mnium. les Philonolis. etc. Pour se rendre un compte exact de la structure du périgone, il est indispensable de pratiquer une coupe longitudinale pas- sant par l'axe de la tige et du disque anthéridien. Sur des coupes, ainsi pratiquées et suffisam- ment minces (fig. 6). on verra que les anthéridies, de forme ovale et allongée, sont insérées au sommet de la tige par un court pédicelle ; elles sont, le plus souvent fort nom- breuses. Presque toujours, après la floraison, la tige fertile cesse de croître à son sommet ; mais, une remarquable exception (quiest d'ail- leurs la règle chez les Polytrichées) s'observe dans l’Africhum undula- SU lum. On peut voir, en effet, le bour- FiG. 6 — Coupe longitudinale geon végétatif destiné à l'allonge- d'une tige d’Atrichum ment ultérieur de la tige, poursuivre undulatum permettant de voir = JE te ‘anthétidies sa Croissance au milieu des anthé- ridies (/ig. 6). Le même phénomène a lieu chez les Polylrichum, où il est même d’une observation courante et très facile. Les anthéridies sont des sacs allongés et ovoïdes, avons-nous dit ; en pratiquant une coupe transversale dans le capitule anthéridien, on peut facilement constater que la paroi de ces sacs n'est formée que d’une seule assise de cellules. Vers l'époque de la maturité, l’anthéridie renferme les cel- lules mères des anthérozoïdes. On désigne sous ce nom de remarquables petits organismes monocellulaires. doués: de mouvement, qui se constituent dans l'intérieur des cellules mères el s'en échappent lors de la rupture de la paroi du sac. Aussitôt mis en liberté, ces petits organismes nagent vigou- reusement au moyen des deux cils dont ils sont pourvus. jusqu'à ce qu'ils rencontrent le col d'un archégone. Ils y penètrent alors, comme nous l’expliquerons bientôt : et c'est ainsi que se trouve assurée la fécondation chez les Mousses. Les anthéridies n'occupent pas toujours le sommet de l’axe fertile comme cela a lieu chez l’Atrichum undulatum. Très sou- vent aussi, elles sont situées le long de la tige en des positions fort variables. Dans la grande famille des Hypnées. par exem- ple, elles sont placées dans le voisinage des dernières ramifi- cations. ?o Archégones. — Bien moins facile à apercevoir que Île bougeon périgonial, que sa forme étalée rend souvent très visible, le bourgeon qui contient les archégones est égale - Lee +. 2 El ment placé, tantôt sur le côté de la tige, tantôt à son sommet. Comme il possède le plus souvent une disposition genumi- forme, il se trouve complètement enveloppé par les feuilles périchétiales. Cependant, on peut facilement encore le distin- guer chez les Bryum, les Mnium, ete. Dans l’Africhum undulatum il présente les mêmes caractères, mais il est moins: visible. Ici encore, une coupe longitudinale, pratiquée dans l'axe d'une tige fertile, nous montre, comme pour les anthéridies, un léger élargissement de la tige sur lequel sont fixés les archégones (fig. 7). Ces organes ont une forme très allongée avec un faible renflement près de leur base ; on les compare généralement à une bou- teille, mais il serait plus juste de les com- parer à un fuseau, dont l'un des bouts serait très développé. Dans le renflement basilaire des archégones, on aperçoit. assez facilement, par transparence de la paroi, un globule ovale de couleur plus foncée : DAT: ” Coupe ee ce globule ‘est une cellule interne fort { archégones en place importante à distinguer : c’est le futur œuf de la Mousse : avant la fécondation, on le désigne sous le nom d'oosplhère. L’archégone est muni d'un long coi, formé de six rangées longitudinales de cellules (fig. 7), au centre desquelles est un canal dont nous expliquerons l’origine. L'orifice supérieur du col est bordé par une rosette de quatre cellules disposées en croix. C'est par cet orifice que s'introduisent les anthéro- zoïdes pour arriver jusqu'à l’oosphère et le féconder. Plus épaisse que la paroi des anthéridies, celle des arché- gones, à la hauteur du ventre, est formée de deux assises de cellules, ainsi qu'on peut s’en assurer sur une coupe trans- versale. Le nombre des archégones varie, dans chaque bourgeon fertile selon les espèces : nous en avons compté dix-huit chez l’'Hylocomium triquetrum et ils sont plus nombreux encore chez le Mnium undulatum. 3° Paraphyses. — Archégones et anthéridies sont toujours accompagnés de nombreux organes stériles, probablement d'origine foliaire et qu'on nomme des paraphyses. L'origine et le rôle de ces organes sont encore assez obscurs. Nous avons supposé, dans tout ce qui précède, que les anthéridies et les archégones étaient constamment placés dans des bourgeons distincts, sur des individus différents. Il n'en est pas toujours ainsi dans la réalité ; et souvent les deux sortes d'organes sont mélangés dans un même involucre ; il en est pores ainsi par exemple chez certaines espèces des genres Bartramia, Bryum, etc. Enfin, d’autres fois encore, les inflorescences mäles et les inflorescences femelles sont placées sur le même individu, mais en des positions différentes : Hypnum, Dicranum, Orthotrichum, Funaria, Grimmia, Barbula, Philonotis, ete. Ce sont ces dernières inflorescences qui sont les plus répandues chez les Mousses. On appelle inflorescences synoïques, celles où les ar- chégones et les anthéridies sont réunis dans un même involucre (Hypnum) : inflo- rescences monoïques, celles où ces organes sont séparées sur le même individu (Bry- um nulans) : inflorescences dioïques enfin, celles où ils sont séparés sur des pieds différents (Minum hornum, M. punctalum). La position des bourgeons fertiles à l'extrémité ou sur les côtés de la tige est utili- sée, comme nous le verrons plus loin, pour le classe- ment des nombreusee espè- ces de Mousses. D'une manière générale, celles qui possèdent des ar- chégones terminaux sont FIG. 8. — Tiges fertiles de Mnium avec dites Mousses acrocarpes des rosettes de feuille d protégeant les organes reproducteurs quand elles possèdent, au contraire. des archégones latéraux, on dit qu'elles sont pleurocarpes. Les deux sortes de bourgeons fertiles sont aussi protégés. comme nous l'avons vu, par des feuilles plus ou moins modifiées (fig. 8) la question de savoir si les anthéridies et les archégones sont aussi de nature foliaire ou raméale est loin d'être établie d’une manière indiscutable. Comme la solution de ce problème sortirait du cadre élémentaire de notre étude, nous n’entreprendrons pas d'examiner les différentes opinions qui ont été émises à ce sujet. LUN AR pi "1 = AR = CHAPITRE III APPAREIL REPRODUCTEUR ASEXUÉ Sporogone. — Franchissons maintenant d'un seul coup tout le temps qui s'écoule entre la fécondation de l’oosphère et le développement complet de l'œuf en sporogone. A la maturité, nous trouvons un organe bien connu, qu'on appelle souvent, à tort, le fruit des mousses. Cet or- gane n'est autre chose qu'un nouvel appareil de repro- duction (le sporophyte) des- tiné à la formation des spores. Examinons-le donc chez !’Atrichum undulatum, Du sommet d'une tige complètement développée (fig. 2) part un mince filet (pédicelle), terminé par un FiG. 9. — Coiffe d'Ortho- renflement cylindrique lé- trichumm avec ses poils . z dressés gèrement arqué (capsule). L'ensemble du pédicelle et de la capsule constitue ce qu'on appelle le spo- rogone. Le pédicelle existe toujours ; il n'est FrG. 10. — Coitre rudimentaire ou nul que dans de rares exceptions °n éteignoir ire - = 2 d'Encalypta (Phascum, Archidium) ; ailleurs, il est toujours plus ou moins allongé, droit ou flexueux. La partie renflée (capsule), à laquelle on donne encore quel- quefois, dans le langage courant, le nom de sporange,se com- pose de trois parties : l’urne et l'opercule, auxquels vient s'ajouter un organe particulier la coiffe. 1° Coiffe. — La coiffe, dont nous montrerons bientôt l'ori- gine, recouvre le sommet de la capsule. Elle a la forme d'un cornet très allongé dans l’Africhum et sa pointe terminale est ornée de quelques papilles courtes (fig. 12). Elle possède une forme analogue dans un grand nombre de genres : Barbula, Dicranum, Funaria, Hedwigia, ete. ; on dit alors quelle est cucul- lée, et, dans tous ces cas elle s'applique, en effet, sur l’apercule à la manière d'un capuchon. Mais il est d’autres Mousses, où la coiffe a la forme d’une cloche, d'un éteignoir (Encalypta) (fig. 10) on dit alors quelle est campanulée. Il en est ainsi chez les Orthotrichs, les Pogona- tum, les Polytrichs, certains Grimmia. FER PR — 04 — L'ornementation extérieure de la coiffe fournit de précieux caractères pour la distinction des familles et des genres ; c'est ainsi que les Orthotrichées sont carac- térisées par leur coiffe garnie de poils dressés (/ig. 9) les Polytrichées par leur coiffe recouverte de nombreux poils appliqués (fig. 1). Une coiffe en cône allongé et dépassant la base de _ la capsule caractérise les Encalyptées. | Ces quelques exemples suffiront VU pour faire comprendre l'utilité de la coiffe dans la classification des Mous- ses. La paroi de la coiffe n’est constituée que par une. seule épaisseur de cellules : elle est ordinai- rement très fugace. 2° Opercule. — Le sommet de la capsule, protégé par la coiffe, est une calotte de forme variable qui se détache, à la maturité. pour la dissémi- nation des spores. Cette calotte, à laquelle on a donné le nom d'opercule, possède une pointe plus ou moins longue (flg. 11), qui sert aussi à la distinction des espèces. La chute de l’opercule résulte de la destruction d'une zone spéciale de cellules, à la partie supérieure de la capsule, et à laquelle on a donné le nom d'anneau. Les modifications histologiques qui favorisent ce résultat sortent, croyons- FiG. 11. — Une nous, du domaine élémen- urneavecson taire de cet article : nous Coiffe opéreuls ne les décrirons pas : elles sont d’ailleurs bien moins générales qu'on ne l'avait cru jusqu'à présent, et varierit pour ainsi dire avec les espèces. 3o Urne. — Après la. chute de l’opercule, la partie inférieure de la, capsule. persiste au, sommet du # pédicelle et reçoit le nom d’urne. & 42, Coife en capuétés Cet: organe possède une forme très de l'Atrichum undulatum variable ; allongée et cylindrique dans |” Atrichum qui nous sert de type, l'urne est globuleuse chez les. Bartramia: elle est en massue chez les Funaria, conique chez plusieurs Hypnum. De. plus, elle est tantôt droite ou arquée, et tous ces. caractères servent à la distinction des espèces. L'urne se compose de plusieurs parties qu'il est nécessaire NS LT EU de distinguer : 1° la paroi ; 20 le sac sporifère : 3° la columelle : 4e le péristome. La paroi de l’urne est formée de plusieurs assises de cellules parmi lesquelles l’assise externe mérite une mention particu- lière. Cette assise, en effet, se différencie en un véritable é6pi- derme portant des stomates ; c’est le seul exemple de Ja formation de ce lLissu chez les Mousses ; mais il existe sous ce rapport des variations intéressantes. Les stomates manquent dans les espèces aquatiques, Cinclidotus, Fonlinalis, etc. ; et, parmi les mousses terrestres, l'Atrichum, qui nous sert de type n'en possède pas. L'urne est tétragonale et munie d'un renflement basilaire nommé apophyse chez les Polytrichs ; cette apophyse est beaucoup plus développée que la capsule elle-même chez les Splachnum. Au centre de l’urne se trouve la columelle (fig. 13), petite colonnette cellulaire, qui est comme un prolongement du pédicelle. À sa partie supérieure, la columelle s’élargit en un petit disque qui se relie à l’opercule et dont les cellules se détruisent en même temps que celles de l'anneau. La longueur de la columelle est très variable. Entre la columelle et la paroi extérieure de l’urne, se trouve le sac sporifère, (fig. 13). Dans la figure que nous don- nons ici, il est facile de voir que le sac sporifère est relié de chaque côté, à la paroi externe et à la columelle, par de larges cellules à chlorophylle. Plus tard, ces cellules, dont le rôle est exclusivement nourricier, se flétrissent en alimentant les spores et forment, en s’aplatissant, la paroi plissée du sac sporangial. Entre ces cel- lules très larges, très visibles, et la paroi externe de l’urne, se trouvent quelques couches de tissu spongieux. C'est ce tis- su, largement développé dans d’autres espèces, qui forme, par sa résorption, la Fi1G. 13 — Coupe longitu- dinale d’une Capsule d'Atrichum undulatum lacune aérifère annulaire séparant le sac sporangial de la paroi externe de l’urne. On peut l’étudier chez les Polytrichs où il est très abondant. C’est donc, comme nous venons de le voir,entre la columelle REV, BRET, DE BOT.,, T, lil - J FOMBRCEE et la paroi externe que se développe le sac sporifère. A la matu- rilé, ce sac forme, autour de la colu- ._. melle, une cavité annulaire pleine de- pelites cellules arrondies qui sont les Fig. 15, — Périsitome double de F1G. 14. — Péristome simple de l'Atriz Climacium derdroides. chum undulatum avec son épiphragme. spores {fig 13). Nous verrons bientôt com- ment ces spores se développent dans la cavité qui les contient. Périslome.— Cependant, nilalacuneaérifère dontnous venons de parler, nile sac sporangial lui-même, ne se prolongent jusqu'au sommet de l’urne, de sorte qu'après la destruction des cellules de l'anneau et la chute de l’opercule, un obstable reste encore qui s'oppose à la dissémination des spores, c'est le périslome. La forme du péristome est extrêmement varia- ble dans les Mousses et présente des caractères importants pour la classification. Il se com- pose ordinairement de seize ou de trente-deux dents : il est sinple ou double, suivant que ses dents sont disposées sur une seule ou sur deux rangées (fig. 14). Les Hypnum, les Funaria, les Bryum, les Barlramia ont un péristome double. Les Grinmimia, les Dicranun ont un péristome simple. Chez les Barbula le péristome est formé de trente-deux cils allongés et contournés en FIG, 16. — Péristome d'un Barbula formé de filaments enroulés en spirale. L > | é LE, ER spirale (fig. 16). Les Fontinalis ont un péristome externe à seize dents, l'interne étant formé d’une membrane élé- gamment percée à jour. (fig. 22). Le Tétraphis pellucida n'a que - quatre dents à son péristome. Chez les Polytrichées, le ; - péristome est formé de trente-deux lames spalulés réunies au sommet par une membrame qui ferme l'ouverture de l'urne (fig. 15). Enfin un grand nombre de mousses n'ont pas de péristome du tout, le bord de l'urne est absolument nu; 1e est ainsi chez les Gysmnostomum, (fig. 11). les Pottia, V'Hed- wigia ciliala, etc. Tels sont les principaux caractères qu'il est nécessaire de noter dans le sporogone des Mousses. Nous terminons ici l'étude morphologique des organes végétatifs et reproducteurs et nous allons maintenant passer en revue les plus importants phénomèmes du développement. DEUXIÈME PARTIE CHAPITRE. IV DÉVELOPPEMENT DES MOUSSES 10 APPAREIL VÉGÉTATIF — PROTONÉMA Pour étudier le développement des mousses, il est ncces _caire de partir de la spore. Lors de la maturité du sporange, à la suite de la chute de l’opercule et du redressement des dents du péristome, les spores s'échappent de l’urne sous forme d'une fine poussière et se ré- pandent abondamment sur le sol. Trouvent-elles alors Îles conditions d'humidité favorables à leur développement, elles . commencent aussitôt à germer. Leur membrane externe (erospore) se rompt ; leur contenu (endospore) s’allonge au dehors en un filament confervoïde qui se ramifie bientôt. et constitue un lacis s’étalant sur la terre en un feutrage serré de filaments verts; c'est le prolonému. A certaines époques de l’année (hiver et printemps) il est fa- — 08 — cile d'observer les protonémas, car ils forment, par endroits, sur les talus des haies, de nombreuses et larges taches d’un beau vert velouté. è Ce protonéma n'a qu'une existence éphémère ; il se détruit ordinairement de bonne heure, après avoir produit un très grand nombre de tiges feuillées (+). C'est, en effet, sur des points déterminés de ce protonéma (directement issu de la Spore), ordinairement au voisinage des ramifications, que se développe la forèt de petits bourgeons qui deviendront chacun une tige feuillée De la base de ces bourgeons partent aussilôt de fins poils absorbants qui s'enfoncent dans la terre et nourrissent ainsi directement la jeune tige. Le nombre des bourgeons, qui se forment de la sorte sur un même protonéma, est parfois considérable. Plus tard, par la destruction du protonema, toutes ces petites tiges, nées d’une même spore, se trouvent affranchies et continuent désormais à végéter d'une vie indépendante. La petite tige croît, à son extrémité supérieure, par la pro- liféralion d’une seule cellule initiale: son accroissement en diamètre a lieu de dedans en dehors. Elle forme ses feuilles en détachant, au voisinage de son sommet, des segments cellu- laires, dont le nombre varie suivant les espèces. Ces segments sont au nombre de deux dans les Mousses à frondaison disti- que : Fissidens, Conomitrium ; de trois dans les Mousses tristi- ques, Fonlinalis ; de huit dans l'Aechwigia ciliata, et d'un nom- bre quelquefois plus grand ou irrégulier dans les autres espèces. Si la jeune tige fructifie l'année méme de sa naissance pour mourir aussitôt après la dissémination des spores, on dit qu'elle est annuelle. Mais cette fertilité précoce est rare chez les Mousses : on ne connait guère que les Funaria et les Phas- cacées, qui puissent ainsi développer leur tige et leur fruit dans l’espace d'une année. Toutes les autres Mousses sont plus ou moins vivaces : l'on emploie d’ailleurs, pour désigner ces diffé- rences dans la durée de l'appareil végétatif, les mêmes termes que chez les plantes phanérogames. APPAREIL REPRODUCTEUR SEXUÉ Quand la jeune tige a atteint son entier développement, elle produit, comme nous l'avons vu, les organes reproducteurs latéralement ou à son sommet. Antheridies et archégones, naissent d’une seule celluie à la surface de la tige (1) Il persiste cependant chez certains Phascum. ErO 2 I° Pour produire une anthéridie, avec les nombreux anthéro- zoïdes qu'elle contient, une cellule périphérique s'allonge en forme de papille qui se sépare bientôt de son support par une cloison transversale. Dans cette papille, dès lors isolée, se forme une seconde cloison parallèle ou légèrement oblique par rap- port à la première, divisant l'organe en deux moiliés. La moi tié inférieure est destinée au pédicelle ; la moitié supérieure, après avoir subi de nombreux cloisonnements, deviendra le sac anthéridien. Quand la première phase de la segmentation est terminée, l’anthéridie a la forme d'un poil massif; c’est alors que son assise externe se spécialise et prend tous les caractères de la paroi. Pendant ce temps, les cellules internes continuent à se se segmenter ; elles donnent, en définitive, un très grand nombre de cellules mères, dans chacune desquelles naît un anthérozoïde ; c'est le noyau seul des cellules qui forme le corps de l'anthérozoïde, les cils proviennent du protoplasma. A cet état, la différenciation de l’anthéridie est terminée: elle n'a plus qu'à se rompre pour mettre les anthérozoïdes en liberté ; c'est ce qui arrive à la maturité. Alors, les nombreux anthérozoïdes, encore inclus dans leurs cellules mères, sont expulsés au milieu d’un épais mucilage ; ce mucilage se dissout dans la gouttelette d’eau retenue par la cavité des involucres, et les anthérozoïdes, définitivement libres, nagent dans le liquide, au moyen de leurs cils, jusqu'à ce qu'ils rencontrent le col d'un archégone. Il: Le développement des archégones, est, dans ses grandes lignes, identique à celui des anthéridies ; ils naissent, comme celles-ci d’une cellule superficielle de la tige. Après la séparation de la papille initiale en deux moitiés, au moyen d'une cloison légèrement oblique, la moitié inférieure, comme chez l’anthéridie, forme le pédicelle, tandis que la partie supérieure donne naissance à l’archégone proprement dit. Par suite de la segmentation de cette cellule supérieure, la partie externe, formée de deux épaisseurs de cellules, se spécia- lise et devient la paroi ; ensuite le col s’allonge comme nous le savons ; la partie intérieure au contraire, ne se cloisonne pas comme chez l’anthéridie. Elle reste d'abord indivise sous forme d’une grosse cellule centrale: mais, plus tard, elle se sépare en deux : une moitié inférieure qui constitue l'oosphère et une moitié supérieure qui continue à se segmenter. Cette cellule supérieure, se cloisonnant toujours dans la même direction, arrive à former dans l’axe du col de l’arché- gone, une colonne de cellules superposées. Ces cellules se détruisent à un moment donné, et il en résulte un canal au centre du col. La gélification des cellules = De du canal laisse, au sommet de l’archégone, dans la rosette en croix qui la termine, une gouttelette d'un liquide visqueux, destiné à retenir les anthérozoïdes au passage. L'un de ceux-ci arrive-t-il, en effet, sur le col d'un archégone, il est aussitôt englué par la gouttelette gélatineuse; trouvant une voie libre dans le canal. il s'Y engage et parvient ainsi jusqu'à l’oosphère, avec lequel il se fusionne. À cemoment l'œuf est formé. Il ne nous reste plus, pour terminer l'étude du développement qu'à suivre l'évolution de l'œuf. La segmentation commence immé- diatement après la fécondation. L'œuf s'allonge d'abord en implantant sa base dans les lissus mêmes de la plante mère, aux dépens de laquelle il se nourrit. Sa partie supérieure, au con- traire, s'accroît librementen entrainant les tissus de l’archégone. L'ensemble de ces organes : œuf en voie de déve- loppement, archégone le protégeant et modifiant ses tissus selon les besoins de la croissance, tout cela a recu le FiG. 18. — Jeune Sporo- nom de sporogone (fig. 18). Le sporo- gone d'Atrichum undulatun oone continue à s'allonger 2 mais à un commençant à se dévelop- = : née ee der après la fécondation. certain moment, très vite dans certai- nes espèces, plus lentement dans d’au- tres, les tissus distendus de l’archégone se déchirent. Une partie reste à la base du sporogone, en même temps que le réceptacle s'accroît autour du pied en une sorte de collerette qui constitue la vaginule ; l'autre partie, emportée au sommet du sporogone, devient la coiffe, dont nous avons déja donné la description. -‘ Après que le sporogone a terminé sa croissance en longueur, d'importants changements s'opèrent dans ses tissus. Son extrés milé supérieurs se renfle et se différencie de façon:à ‘démmer les quatre parties dé La épuré lite / Ho s la vos défile atékss 4 paroi, Sadsporifèrel céldfiele débpérousq 5! fnosiveb de seil JOParniocés n6mhreiSéRO A TErEMEPATÉONE 9 1ékRn$h 60e el ment celle qui aboutit Ni foirhatidiraééephredo smrmros 25q 92 Lel tissh de 14 lGapsutet ectl d'abord kde are Bueotpohtenaat étendue) Biéntôtites telputés ini flore Prépuce» par prése mi-distañetrenitre14-colamtélteoet tp paroi res het Erutp cértañmlnômbhreodel foisiopités ‘orientransi °hafkanetloahx cellotes nières des spores quibsisolent piaisttafd parodie tion de la partie moyétite dt ienibrah at Mado ces BetRAes tnères isoléésiiie SGNEIpAS éncorelpérentes xù tettbadeleur évülütion-tlehacuneldl'atlé.se léegmheniteas son lroûr, ma pi ter | 1 A cloisons cruciales simultanées, et donne ainsi naissance à quatre spores. La gélification des membranes metles spores en liberté, et forme un liquide mucilagineux dans lequel elles sont sus pendues ; elles se nourrissent aux dépens de ce liquide et parviennent ainsi à leur complet développement. Arrivés à ce point, elles sont prêtes à être expulsées du sac sporifère, ce qui a lieu comme nous l'avons vu. par la chûte de l’opercule et l’ouverture du péristome (1). Partis de la spore, nous voilà revenus à la spore; nous avons parcouru le cycle complet du développement chez les Mousses; Comme ce que nous venons de dire s'applique d’une manière générale, à toutes les mousses, ilne nous reste donc plus qu'à jeter un petit coup d'œil sur les différences qui se produisent d'une façon plus ou moins régulières dans les différents groupes de l'ordre. _ La tige feuillée se développe partout de la même manière sur un protonéma confervoïde qui se détruit au bout d'un temps plus où moins long. Cependant deux exceptions importantes sont à signaler. La première est la persistance du protonéma chez un certain nombre de Phascacées, où il ne cesse de produire des tiges feuillées, qui s’affranchissent par la destruction des parties anciennes : en un mot le protonéma est quelquefois vivace. La seconde est la forme du protonéma chez les Sphaignes. Toutes les fois que la spore des Sphaignes germe sur un support solide, le protonéma se développe en une lame verte, aplati, ressemblant à un thalle minuscule de Marchantia ; lorsqu’au contraire la spore germe dans l'eau,lè protonéma qui en provient conserve son aspect filamenteux. Chez les Mousses ordinaires, nous avons vu que les anthé- ridies étaient situées, soit à l'extrémité de la tiges soitsur le coté. mais lonjoûrs,, dans un bourgeon (périgonek: 4l æen est pas de même, chez les Sphignes, où ces organes. sq placés 1: o1ément A qieele dés feuilles supérieures du ramæau fertile ; el Nef sonts “en Oufre. ut éric ques et longugpém-] édicekées, Ten CDI ss da ais dans les BrKTs * ) ji à ceux des air PROU LC fee. 71 bn ces bourraient encereÀ Ë les organes végétatifs, soif dans Yo AUS : ne at eau Go AL ns EEE" eg reys the APe des jpoanes dans ie SrOUpCS MAIS : { S HE 4 png PR, »P En — = = pe © nb = Lex Ch (=) (go) n ai) Lo EE e [1 OS à Bornr Te Ü RÉ220 bd Can CES ” [æ)721 Lee ge œ — FPEÉvS 7 2 ST ses LE F2 Lo An ES cÈ =) © [en 32 ay) © S on «3Ho1y50 Sn J'h elid 29.1 (414 : s\ Ain oo Pi A4 04 SR LA ane share if REP BUTS) = 1 ur s(ae La'est pe bars Au na es grains DATE AUS PE ete AUTELE len HE als es Sacs pollini Ique Aro suffiront pour donner une idée nette de la conformation et des affinités qui relientles différentes familles du groupeentier. Fig. 19. — Tiges fertiles de Polytri- chum formosum pour montrer les spo- rogones terminaux, d’après nature. Essayons donc maintenant d'appliquer ; les données que nous venons d'acquérir à une classification rationnelle et méthodique de l'ordre des Mousses. TROISIÈME PARTIE CHAPITRE V PRINCIPES DE LA CLASSIFI- CATION DES MOUSSES (1) L'hiver est la saison favo- rable à la croissance et à la fructification des Mousses ,nous allons donc supposer qu'un jeune collectionneur jait été assez courageux pour affronter « la boue des sentiers » et « l’eau des marécages » en cette saison (janvier, février, mars) ; voici alors, résumés en quel- ques lignes, les premiers prin- cipes qui servent de base à la classification (2). Considérons tout d’abord une tige fertile de Polytrichum formosum (fig. 19) espèce fort répandue dans les bois et sur les talus des haies ombragées, nous voyons immédiatement que la capsule est située à l’ex- trémité de cette tige. Toutes les mousses qui possèdent ainsi une fructification terminale, nous le savons déjà, sont dites Acrocarpes. Elles sont fort nombreuses, et à côté des Po-. lytrichs, on peut citer les Æu- naria, les Bryum, les Grimmia, les Orthotrichs, etc. Ce sont (1) Le Nalturaliste : 1893. No 146, p. 82. MM. Les Fils d'Emile Leyrolle, 46, rue du Bac. Paris, @) L'étude des Mousses ne peut pas se faire sans le secours de la loupe; le compte fil que l'on trouve chez tous les opticiens suffit généralement. a sat nt. Ly ds Là di de 1 — toutes celles que M. Douin, dans son excellente petite -Flore illustrée, désigne sous le nomde Bryacées(1). ch Examinons au con- r traire l'espèce très com- N°: 2 mune, dite Mousse à = 2 reposoir, celle que nos n #7 D ménagères emploient ue le plus souvent pour garnir leurs corbeilles de fleurs, nous verrons DURE qu'ici la fructification 0 za est latérale, c’est-à-dire À ATP LUS que la capsule naît sur M 77 PS LE le côté de la tige ou de FT UE tk É ses principales rami- VE fications (fig. 20). SE Toutes les Mousses qui RS présentent ce carac- pr tère sont dites Pleur- M : CR ocarpes ; cesont les /7y- RCA TS pnacées de M. Douin et A7 \ il est juste, en effet, de leur donner ce nom, parce que la plupart d’entre elles avaient ETATS servi à constituer l’an- cien genre //ypnum. Enfin, on désignait autrefois sous le nom deCladocarpes un petit groupe de Mousses © dont les capsules sont Fic. 20. — Tige fertile de l’Hylocomium trique- placées à l’extrémitéde rm pour montrer les sporogones latéraux. rameaux très courts, (d'après nature). analogues aux bourgeons florifères des Hypnum ; mais ce groupe, qui n’est représenté en France que par le Mielichhoferia nitida N. et Hornsch. est aujourd'hui, avec raison, le plus sou- vent réuni aux Acrocarpes. On a donc, par conséquent. dans les Mousses ordinaires, deux divisions primitives faciles à distinguer l’une de l’autre : les ACGROCARPES et les PLEUROGARPES.- Quant on a reconnu à laquelle de ces divisions se rapporte (1) Nous négligeons ici, avec intention les Phascacées et les Andræaceées ; ce sont des Mousses en général fort petites et par là mème très difficiles à déter- miner sur lesquelles nous reviendrons d'ailleurs plus tard. Quant aux Sphai- gnes, elles forment une famille à part, dont nous dirons aussi quelques mots ER ee l'espèce que l’on considère, on passe à l'examen des caractères fournis par le Péristome. x GE 21. — Péristome double FIG. 22. — Péristome du Fon- e limatium dendroides ; finahs antipyrelica ; d'après d’après Payer. Payer Nous avons déjà expliqué (p.66) qu'on donne le nom de péristome à l'ensemble des filaments plus ou moins développés qui garnissent l'orifice de la capsule. IL existe, comme on le sait, quelques Mousses où cet orifice est complètement nu, on les dit gymnnostomes (fig. 29); mais le plus souvent, après la chute de l'opercule, le bord supérieur de la capsule est garni d’appendices variés disposés sur un ou deux rangs. Dans le premier cas le péristome est simple et c'est ainsi qu'on le rencontre chez les Dicranées, les Encalyplées,.des Grimmiées (Mousses aplopéristomées) (1). « HENTAI Le: péristome, simple affecte des, formes: particulières qui, permettent destaéactérisar facilement certginoogeéupesss6test ge €, RER AEN Trighossoméesn dansoleghre uécrdteolpas Lab OOSU RS Bar ex appendisneélifes un és plsquors Due Spyale Pinus tes .doantoH 39 . pbilis Polytrichées, au moins ans cçalhesk noérioftord ab SE périgiome possède, Parts nées anninendane asie “ Es BS MOSS lissofonmE deâti dans vétitaingesndieteth es allongées très étroites, ek@pädlentet sen lisandéesommA pré 4 >AAE OR) FFE MN mr à #'ornfiresdOla capsule (épip rte (Jig. D Hi ds DE Sie AN AE nor de isdar xus iu8uO .bist eulq ermsilis'h 2: rotbnoives euon 2slleupésl 112 19aim qe ADR PhTSS SHIE ErEUNLeS ape MIE Eng Momo &o1lS «ou 19 — guère plus de trois ou quatre espèces en France, le péristome est formé seulement de quatre dents allongées. Le périsitome est double quand l'orifice de la cap- sule est garni de deux ran- oées d’ appendices (Mousses diplopéristomées) (1); il con- vient alors, dans ce cas, de distinguer le péristome interne et le périslome ex. terne Wig-2t). Dans les Mousses à péris- tome double, l'externe est presque toujours construit sur le même plan que celui des Orthotrichs, mais l'in- terne peut présenter quel- ques variations intéressan- tes parmi lesquelles nous ne F1G. 23. — Tige fertile du Grimmia pulvi- citerons AUS Ja membrane nata ; à gauche une coiffe isolée. D'après CoOnique et réticulée des Fon- nature. linalis (fig. 22). Qu'il soit simple ou double, la forme du péristome a une grande importance pour la détermination des espèces ; mais, en général, quand le développement est normal, il y a des variétés plus nombreuses dans les péristomes sim- ples que dans les péristomes doubles. Après le péristome, l'organe le plus susceptible de fournir de bons caractères à la classification est la Coiffe. La coiffe est un organe très fugaceet, pour l'observer facilement, il est nécessaire de recourir à des plantes incomplètement développées : cepen- dant, quelques espèces la éonsérvent I qu'à.la dissémination des spores...” | Coiffe Dans la pratique, pour plus de”sim- licité, Q pporte à deux types seule- lt S Ho ie BR APENENES FE ÉRRIPETE AU AE (argus ÿ gnoir, de cloche ou de cône plus ou moins parfait, sont dites /nilri- formes ou campdies DD 2HGoue . des exemples très remarquables dher lesiÜMhobriehtunieofi g“pprhate" 29b 95h10 xwoiimn où das Bacidyplées bstiée forme dééttii:15!7 ACagAT 4 PART El ons lO gnoir .ablomgé.o re cobviartodribr ævodro(e (eagrsusturezsl ensh trente capsule {fig .agi). 51 9b supimotens siniouite sl SHOT on$20mon pins 90x19 5 : a 4e TC MIE tdonoisq moe Jo oxislliqs DATE TES D'autre fois, la coiffe est fendue d’un seul côté, dans le sens de sa longueur ; elle s'applique alors sur la capsule à la manière d'un capuchon, et, pour cette raison elle est dite cucullée (fig. 24). Quelle que soit sa forme d’ailleurs, la coiffe peut être lisse ou plissée, glabre ou garnie de poils ( fig. 9). Malheureusemententre ces deux types si nettementdifférents, il existe des intermédiaires, de sorte qu'il est parfois difficile de savoir si l’on a affaire à une coiffe mitriforme ou à une coiffe cucullée. Ce cas se présente assez fréquemment dans la tribu des Grimmiées. où l’on trouve des coiffes plus ou moins lobées à la base et très souvent déjetées d’un seul côté (fig. 23). En résumé, et malgré que certaines variations viennent troubler la généralité de ces résultats, si l’on se base sur les caractères offerts par la structure, par le mode de déhiscence de la capsule et sur ceux que nous venons d'énumérer, on pourra dresser un petit tableau fort simple, permettant de faire rapidement un premier groupement des quatre ordres que renferme la classe des Mousses. Tige munie d’un appareil capillaire. . . . . . Sphagnacées. Capsule s'ouvrant par quatre valves, res- tant réunies à leur base et à leur som- Net LE LRO ULCUTE Andræacées. Ti Capsule ne s’ouvrant POÉFARS pas, ou s'ouvrant par des déchirures appareil capillaire ES ae , PR P irrégulières." 0e Phascacées. Capsule s’ouvrant par la chute d’un oper- cule et l’écartement des dents du péris- ÉDATE ME TER ER Bryacées. Voici maintenant, empruntés aux différences de l'appareil reproducteur et de l'appareil végétatif, les caractères distinctifs de chacun de ses ordres. [* ORDRE. — SPHAGNACÉES Le curieux ordre des Sphagnacées est formé d'un petit nombre d'espèces très variables qui végètent ordinairement dans les marécages tourbeux des boïs et des montagnes. La structure anatomique de la tige, avec son appareil capillaire et son parenchyderme central homogène, entouré Mb, 1 00 d’un anneau de cellules plus étroites et fortement lignifiées, caractérise assez bien les Mousses de cet ordre. Bien que d’autres espèces possèdent des caractères analogues, le Leuco- bryum glaucum, par exemple, elles s’en éloignent tellement sous d'autres rapports, que ces formes aberrantes ne sauraient, en aucune façon, troubler l'harmonie du groupe, ni relier d’une facon décisive ce grand genre à ceux de l’ordre des Bryacées qui s'en rapprochent le plus. La forme sphérique des anthéridies et leur disposition à l’aisselle des feuilles supérieures est encore spéciale aux Sphaignes. Enfin, lors du développement de l’œufen sporogone, c’est l'extrémité du rameau fertile,et non une portion de l'œuf lui-même, qui s'allonge en un pédicelle (pseudopode) rappelant celui des autres Mousses, mais qui ne saurait, on le voit, leur être morphologiquement comparé. Tels sont les principaux caractères de cet ordre qui ne comprend qu'un seul genre. le genre Sphagnum. II: ORDRE. — ANDRÆACÉES Les Andræacées sont des Mousses sociales vivant ordinaire- ment à la surface des rochers dans les montagnes. Leur appareil végétatif rappelle celui des vraies mousses : c'est une tige feuillée, à structure homogène, possédant seule- ment, à la périphérie, une ou deux assises de cellules étroites el coloré ées. Mais ce qui les distingue surtout, c’est leur capsule, qui s'ouvre en quatre valves à la maturité, comme chez les Hépatiques. La tige s'allonge aussi en un pseudopode comme dans l'ordre pr écédent. On voit donc que les Andræacées,réduites au seul genre An- dræa, forment un groupe extrêmement remarquable par leurs affinités. Elles apparaissent comme l’un des termes de l’évo- lution des Hépatiques frondacées, à partir duquel auraient divergé: 1° les Sphaignes, élisant leur domicile dans les eaux des marécages : 2° les vraies Mousses, organisées pour la vie terrestre. III: ORDRE. — PHASCACÉES Le caractère essentiel de cet ordre est fourni par le sporange qui ne s'ouvre pas. Les spores, très grosses et peu nombreuses, ne sont mises en liberté que par la destruction des parois de la capsule. Les principales espèces de ce groupe hétérogène, qui renferme les plus petits mousses connues, vivent le plus sou- SLA vent sur les terres argilo-calcaires. On les à réunies en six genres qui sont : 19 Archidium, he Pleuridium. 2° Ephemerum, D° Bruchia, 3° Phascum, 6° Voilia. IV° ORDRE. — BRYACÉES Cet ordre comprend la grande majorité des Mousses ; c'est à lui que s'appliquent les caractères qui nous ont servi dans cette étude, à définir la classe tout entière. On a réuni toutes les espèces qui le composent en un certain nombre de familles, dont nous n’étudierons que les principales, celles qui s’offriront le plus souvent à l'observation des débutants. Ainsi que nous le savons, c'est d’après la position des organes reproducteurs femelles (mousses acrocarpes ou pleurocarpes) et la nature du péristome, qu'on est parvenu à établir une classifi- cation assez méthodique des Bryacées. Voici cette classification dans ses grands traits. F1G. 26.— Péristome simple de l'Atrichumi F1G. 25. — Deux tiges fer- undulatum avec son épiphragme (d’après iles d’Atrichum undulatum nature). (d'après nature), I. — Mousses AcROcARPEs. — Les sporogones sont placés à l'extrémité de la tige ou des rameaux (Ex : Alrichum undulatum). (a) URNE FERMÉE PAR UN ÉPIPHRAGME RELIANT LES DENTS DU PÉRISTOME Fam. !. Polylrichées. — Cette famille comprend les plus belles et les plus parfaites des mousses. Elle est bien représentée D | 2 DA, dans notre pays par les genres Polytrichum, Pogonatum et Atri- chum, (fig. 25) qui croissent en larges gazons sur la terre des haies ombragées (Polytrichum commune) ou sur le sol aride des landes (P. juniperinum). Après sa coiffe, couverte de nombreux poils appliqués et retombants, après la structure très hautement différenciée de la tige dans les différentes espèces, le caractère distinctif de cette famille réside dans la présence d’une mem- brane fermant l'orifice de l’urne (épiphragme) et reliant entre elles les 32 dents du péristome (Jig. 26). (b. URNE SANS ÉPIPHRAGME, A PÉRISTOME DOUBLE Fam. 2. Bartramiées.— Les Bartramiées sont faciles à recon- naître par leur port et par leur capsule sphérique striée longi- tudinalement. Elles crois- sent sur la terre siliceuse des haies dans les endroits élevés (Bartramia pomifor- mis). Les Philonolis au con- traire aiment les marécages bourbeux. Cette famille comprend deux genres français : Bar- tramia et Philonotis. Fam. 3. Brycées. — Les Brycées sont des mousses ane camp, vivaces que l'on rencontre nulée del'Orthotrichum dans les lieux humides el Hutchinsiæ couverte de ombragées : elles possèdent, QUI D er és comme on le sait. des fleurs A té mâles gemmiformes ou dis- coïdes, et produisent des innovations, tantôt à la base de la tige, tantôt à l’aisselle des feuilles F16- 28. - Coife supérieures. Les principaux genres sont: les EUR PBryum, les Mnium, les Aulacomnium, etc. garis (d’après Fam. 4. Funariées. — Les Funariées sont RAP des mousses annuelles, caractérisées par leur coiffe grande et vési- culeuse, enveloppant la capsule en dessous. Elles aiment les clairières des bois, mais on les rencontre aussi quelquefois sur les murs. Fam, 5. Orthotrichées. — Les Orthotrichées ne vivent jamais sur la terre ; on ne les rencontre que sur les troncs d'arbres et sur les rochers. Le caractère de leur coiffe, qui porte de nombreux poils dressés, suffit à les distinguer de toutes les autres mousses (fig. 27). Les genres les plus répandus sont les Zygodon et les Orthotrichum. (c) URNE SANS ÉPIPHRAGME, A PÉRISTOME SIMPLE Fam. 6. — Encalyplées. — La coiffe en forme d'éteignoir et SRG ES na PA longue que la capsule, suffit à caractériser les à "V%:%©). On ne connaît en France,que le genre En- calypla, qui croît dans les endroits secs et rocailleux ou sur les murs. Fam. 7. Splachnacées. — La singulière apo- physe située à la base de l'urne est le caractère distinctif de cette famille. Le seul genre Spla- chnum, qui la compose, comprend des espèces formant de petits gazons, dans les marais, sur les souches pourries ou sur les excréments des animaux. Fam. 8. Tétrodontiées. — Cette famille n’est représentée dans notre pays que par le Tetra- phis pellucida, vivant sur les rochers des lieux ombragés et remarquable par son péristome à h dents. Fam. 9. Ripariées. — Un seul genre, Cin- clidotus, représente cette famille en France. L'espèce la plus répandue C. /ontinaloides, vit dans les eaux courantes comme les Fonlinalis. Fam. 10. Trichostomées. — Cette famille est caractérisée par la forme de son péristome qu'on peut observer facilement chez les Bar- bula (fig. 29); il est formé de 32 cils, plus ou moins longs et contournés en spirale. Les deux genres les plus communs sont les genres | Triehostomum et Barbula. < Fam. 11. Dicranées.— C'est encore le péris- pet. D Déni tome, formé de 16 dents libres jusqu’à la base ee free be qui sert à caractériser la famille des Dicranées. laments enroulés en Ce sont des mousses vivant sur la terre ou au Un M KES pied des arbres, tantôt dans les lieux hu- mides et ombragés (Dicranum cerviculatum), lantôt dans les en- droits secs des bois (Dicranum montanum). \ Les genres qu'on peut observer le plus communément dans cette belle famille sont les Dicranum et les Campylopus. Fam. 12, Leucobryées. — Le seul genre Leucobryun, qui constitue pour nous cette famille, mérite d'être séparé des Dicranées à cause de la structure particulière de son appareil végétatif. : Fam. 13. — Grimmiées. — Gette famille possède, comme les Orthotrichées, une coiffe généralement campanulée mais absolument glabre. Les feuilles sont terminées par de longs poils, qui donnent aux mousses de cette famille un aspect du- veteux particulier (fig. 23). 44e sat Les principaux genres sont les Grinunia et les Rhacomitrium. cat le Ur Fam. 14. Hedwigiées. — Le genre Hedwigia, qui représente seul, dans notre pays, la famille des Hedwigiées, est remar- quable par sa capsule sphérique, privée de péristome; l'Hedwigia ciliuta estassez commune sur les rochers siliceux. Fam. 15. Polliées: Les Pottiées vivent sur 1? terre dans les champs argileux ; elles comprennent des genres pourvus d'un péristome (Anacalypla,. et d'au- tres qui en sont privés (Pollia). C'est, comme on le voit, une famille hété- rogène,dont les limites sont loin d'être nettement fixées. Fami. 16. Fissidentacées. — Cette famille re- marquable se distingue entre toutes les acrocarpes par la disposition distique de ses feuilles. Les Fis- sidens et les Conomitrium. qui la composent, se plaisent dans les endroits humides et sombres, le long des fossés, surtout au bord des eaux. (d). URNE SANS ÉPIPHRAGME ET SANS PÉRISTOME Fam. 17. Gymnostomées. — Le seul genre Gym- noslomuin qui conslilue ce groupe, renferme un assez grand nombre d'espèces possédant des ca- ractères très différents. Un seul permet de les réunir en famille, c'est l'absence complète de péristome (fig. 30). F1G. 30. — Urne D L à péristome nul II. Mousses PLEUROCARPES. — Les sporogones ju enbto sont placés sur les côtés de la tige et des rameaux ; muni uvatum . ‘ srote LPS Ni d'aprés Turpin). Jamais d épiphragme. (a). A PÉRISTOME DOUBLE Fam. 18. Hypnées. — Les plus grandes différences de port et d'aspect existent dans les nombreuses espèces de cette grande famille. On les observe dans toutes les stations : soit sur la terre, sur le tronc des arbres, sur les murs, au bord des ruis- seaux, sur les pierres et les bois inondés. C'est la plus vaste famille de l’ordre des Mousses. Toutes les Hypnées ont un péristome double rappelant celui des Bryées ; (fig. 21) les bryologues descripteurs attachent à la structure du péristome une importance qu'il ne possède en au- cune façon,on a pu dire que les Hypnées étaient des Bryées pleu- rocarpes ; mais ce sont là de simples analogies, un phénomène REV. BRET. DE BOT., T. II] 6 DACLSe PE an ER de convergence, comme on en rencontre quelquefois dans les groupes les plus éloignés. De nombreuses subdivisions ayant élé établies dans ce groupe, nous allons faire connaître les principales, celles qu'une étude élémentaire permet facilement de distinguer. Les genres les plus répandus de la famille des Hypnées sont : les Hylocomium, (fig. 20) les Hypnumn, les A mblystegium, les Euryn- chium, les Brachythecium, les Thyidium, etc. Fam. 19. Clünaciées. — Se distinguent des Hypnées par leur péristome interne formé de longues lanières orangées (fig. 21) : les cils. portés parune membrane bien développée, sont nuls ou rudimentaires. Trois genres principaux : Climaciun, Isothecium. Leskea. Fam. 0. Neckeracées. — Les Neckeracées sont des Hypnées à feuilles distiques, chez lesquelles les cils du péristome interne sont bien développés. Les genres les plus répandus sont les Vechera et les Homalia. Fam. 21. Antitrichiées. — Les cils du péristome interne sont bien développés, mais la membrane qui les relie ordinai- rement à la base est rudimentaire ou nulle. On y range les genres Anlitrichia et Anomodon. Fam. 22. Fontinalées. — Les Fontinales sont des espèces aquatiques caractérisées par leur coiffe campanulée et léur péristome interne en forme de membrane treillagée (fig. 22). Elles ne comprennent que le genre Fontinalis. (b). A PÉRISTOME SIMPLE Fam. 23. Sclérodontiées. — Cette famille est réduite au seul genre Leucodon, qui croît ordinairement sur les troncs d'arbres. On le considère comme une Grimmiée pleurocarpe. Telles sont les principales familles qu'il est utile de savoir reconnaître. Afin de mieux faire saisir les relations du groupe entier, nous allons réunir en un tableau synoptique les divers ordres et les différentes familles dont il se compose. TABLEAU SYNOPTIQUE DE LA CLASSE DES MOUSSES Tige munie d'un appareil capillaire; capsule s'ouvrant par un opercule en forme de J° Sporogone L couvercle. Mousses adaptées orté par un pseu- P ÉSAEE à la vie aquatique. I. Sphagnacees. SPHAGNALES Tige sans appareil; capsule s'ouvrant en 4 valves; mous- ses adaptées à la vieterrestre. 11. Andræacées. TS rodt Capsule sans péristome ni Ile Sporogone opercule, s’ouyrant par des ‘non porté par un déchirures irrégulières. III. Phascacees. pseudopode Capsule ayant un opercule BRYALES et presque toujours un péris- tome. IV. Bryacées. IV. — BRYACEES 4 ! Urne fer- DU | méeparun Coiffe campanulée............. | Polytrichées (1) épiphragme ; D Acro- | | | Coiffe campanulée Orthotrichées, MI curpes Péristome. ASE | Bartramiées. Urne sans Coiffe cucullée.... { Bryées épiphragme / Funariées. ! Encalyptées. | FA Splachnacées. | Coiffe campanulée 4 Tétraphidées. | Péristome , Ripariées,. | simple Grimmiées. | Fissidentacées. | Trichostomées Coiffe cucullée ; Dicranées. Leucobryées. | Pottiées, en | partie. PÉTISTOMeRULE ra Ne Hedwigiées. t . » | Coiffe campanulée....... { Fontinalées. | Péristome \ | Cryphæées. | double Hypnées. À Climaciées. :: IE Cnite cucuÉe APS Neckéraceses ee Antitrichiées. | V3 Ptérogoniées. Péristome sim PRE OVER EEE A Sclérodontiées. | SOEUR ER UE M nee Anæctangiées . | - Enfin, pour donner à celte étude un caractère pratique, nous placerons ici un tableau analytique qui permettra aux collec- . tionneurs les moins expérimentés, de reconnaître rapidement - à quelle famille appartiennent les diverses Mousses qu'ils . peuvent rencontrer. CLÉ DICHOTOMIQUE DES MOUSSES DE L'ORDRE DES BRYACÉES (2). 1. Sporogones os à l’extremité de la tige ou LR ER et 00 0 0) RAR PRE CR Acrocarpes. Ç (1) En réalité, la coiffe des Polytrichées est cucullée, mais les poils retom- bants qui la recouvrent lui donnent une apparence campanulée, (2) Ce tableau est extrait de la Botanique cryptogamique de Payer. 2 ( 4 | 2:14 l o. \ Li Su 6.) æ 1. | D 2) ( 9. 10 | \ 1 5) | DA \ / ) 3 LE | 5 | PT PEUT TRE \ Sporogones placés sur le côté de la tige ou des rameaux {(/ig. 20) 1. — Mousses ACROCARPES Mousses: terreStRes er... 007 DIRE Mousses aquatiques flottantes................ MORMES ISERE EE CREER FER Feuilles disposees sur plusieurs rangs....... Coiïffe campanulée (719: 21):..:. 0.218200 Coiffe cucullée {en capuchon) (fig. 24)......... Coiffe vésiculeuse, se resserrant en dessous AA CApS ER ON SR ER RE ae NS LASER CorietenéteenoirgepR) rene eee UE Colle couvélterdeDoils met, 7 Ne Corte labre (0: DA ER pe ae Re Poils dressés péristome double; 47 7 2077 Poils appliqués, pendants (fig, 19 Péristome/simple 4 dents Ken, Péristome Simple am6) dents Mure ner Péristometdouble (92210) Re Péristome simple (fig. 29) Péristome nul (fig. 30 Capsule allongée, ovale Capstie SpPhéTIQUE EE L ET OMR ENTER ARESErE Plante grêle, trés petite, croissant sur la terre Péristome à 32 filaments contournés en spi- TRE NASA 0 SL) ARSRRRARN PE Se EG SES ES à Capsule munie d'une grosse apophyse Penstome'ïà 10/dents Hbres/#2°- FMI re Feuilles linéaires à tisssu très dense.......... | Feuilles ovales oblongues, nerviées .......... HT MOUSSES PLEUROCARPES Moussesiterrestres tree DATÉE SE VI LEE Mousses aquatiques, flottantes............... Coiffe campanulée ; capsule presque sessile... Coiffe cucullée ; capsule pédicellée.....7,..... Pénistome double. rec Ce PRE ee PÉTIS TO MENSTENPIÉ AN 2 USE CPR Re TRe Feuilles "distiques. AL Le Me ee A Feuilles disposées sur plusieurs rangs Cils et membrane du péris ome interne bien dÉVElOPPÉS PU A EN AE PERS CANNES Cils du péristome interne nuls ou rudimen- taires membrane bien développée Cils du péristome interne bien développés, membrane nulle... Pleurocarpes. D Ripariées. Fissidentacées. 3 ni d Funariées. Encalyptées. 5 6 Orthotrichées. Polytrichées. Tétrodontiées. Grimmiées. 3 9 10 Bryées. Bartramiées. Pottiées. Trichostomées Splachnacées. Dicranées. Gymnostomées Pottiées. 2 Fontinalées. Cryphæces. 4 Sclérodontiées Neckéracées. 5 Hypnées. Climaciées. Antitrichiées. Ces petits tableaux analytiques, établis sur des caractères aussi visibles que cela est possible chez les Mousses, ne con- duisent qu'aux noms des familles. Le collectionneur qui voudra pénétrer plus loin dans l'étude de la bryologie pourra consulter les deux ouvrages suivants qui permettent, en géné- ral une facile détermination des espèces. ee Husnot (T). — Flore analytique el descriptive des Mousses du Nord-Ouest, Paris, Savy. 1882. Douin (0). — Nouvelle flore des Mousses el des Hépaliques : avec 1288 fig. inédites Paris, E. Deyrolle. QUATRIÈME PARTIE CHAPITRE VI LES MNIUM DE LA FLORE FRANÇAISE Pour terminer ces quelques pages de bryologie élémentaire, nous allons faire l'étude de l’un des plus beaux genres de la flore française et donner un tableau de la détermination des espèces à l’aide des caractères fournis par les feuilles. Ï. — Hisrore pu GENRE Mnium. — La science des Mousses était encore bien vague, au moment où Dillen pubiia, en 1741, son /istoria muscorum. C'est dans cet ouvrage que fut ét AA pour la première fois le genre Mnium, caractér iSé par la présence de globules farineux pédonculés. Mais si 1e nom est resté dans la nomenclature bryologique, il est loin d'en être de même pour les espèces avec lesquelles Dillen avait constitué ce genre. On y trouvait, en effet, en compagnie d'un grand nombre d'espèces fort différentes, le Mnium androyynum Lin. aujourd'hui placé dans la famille des Bryées sous le nom d'Anlacomnuim androgynum : le Mnium pellue idum Lin. devenu le type des Tétrodontiées (Tetraphis pellucida) : les Mnium palustre et polvcephalum ; les Mnium trichomanis et fissum, qui sont des Jungermannes ; le Blasia pusilla de l’ordre des Mar- chantiées, enfin le Mnium inordinalum. Il suffit de citer ces espèces pour faire voir Combien étaient défectueuses ces premières ébauches de Dillen. Linné n'adopta pas complètement le genre Mnium, tel que Dillen venait de l'établir. Dans son Species plantarum (1753), joignant au caractère des globules farineux et des rosettes, ceux de la coiffe lisse et de la capsule ovoïde, 11 créa un genre Bryum, fort hétérogène du reste, dans lequel rentrèrent tous les Mnium cités précédemment, sauf le Blasia et le M. inordinalum :; pour le grand naturaliste suédois, il n'existait pas de différence essen- tielle entre les Mnium et les Bryum. Adanson (Fam. des Plantes 1763) suivit complètement les idées de Linné ; il ne toucha au genre Mnium que pour en retrancher le M. palustre, conservé par Linné dans sa division des Bryées. Ce fut donc sur les groupes linéens du Species que le célèbre Hedwig « exerça son talent » vers 1783. En ce qui concerne — 186 — le genre qui nous occupe, il commença par en retirer un grand nombre d'espèces qu'il rapporta à ses genres Tetraphis., Tortula Weissia, Funaria, Gymnostomum, Pohliu, Meesea, Polytrichum, Webera, Bryum, ete. Malgré ces éliminalions le genre Mnium était encore assez riche : il ne contenait plus, il est vrai, aucune des espèces de Dillen ; mais en revanche, il conservait encore les Muium fontanum et marchicum, qui furent plus tard reportés à leur véritable place parmi les Bartramiées. Schwrægrichen, qui continua les travaux d'Hedwig, maintint un genre Mnium, dans les mêmes limites que l'auteur du Fundamentum (1), mais Bridel qui vint plus tard. (1819-1827), après avoir tout d'abord adopté ce genre, le mutila tellement qu'il ne lui laissa que trois espèces : Mnium palustre, polyce- phalum el lurgidum : au contraire, presque toutes les formes qui y sontrapportés aujourd'hui rentrèrent dans scn genre Polla. Swartz acheva la réforme . commencée par Bridel: con- sidérant que Îles Bryum, Mniumn. et Webera d'Hed- wig, n'étaient pas séparés pardes caractères suffisants, il les rabaissa à l’état de simples sections, et les fondit en un grand groupe qui constitua son genre Bryum. après avoir exclu toutefois le Mnium squar- rosum, déjà décrit par Ehrhardt sous le nom de Paludella. (Hooker: Muscologia bri- lannica), adopta les vues de Swartz ; il fit encore ren- trer dans le genre Bryum,les Meesea el les Pohlia d'Hed- Wig. Palisot-Beauvais (Prodro- me de l’Æthéogamie) tenta, avec peu de succès, de re. mie Se done à constituer wi genre Mnium sette d'anthéridies : à droite. pied femelle 4vec les espèces de Dillen portant un bourgeon où sont renfermés les €t d'Hedu 10 où mais, comme archégones d’après nature). il y joignit en même {temps des Tamia, des Hypnum et des Leskea. sa réforme ne fut adoptée que partiellement. (1) HepwmiG. — Fundamentum historiæ naturalis muscorum frondosorum, 1782-83. — 871 — Comme on le voit. l’histoire du genre Mnium a été forte- ment tourmentée, depuis l'époque de sa fondation jusqu'au commencement du siècle der- nier, à tel point que, plusieurs botanistes vers 1825, en récla- maient la suppression complète. Il a été sauvé par les bryologues modernes et en particulier par Brach et Schimper (1), qui le définirent d'une façon précise et déterminèrent ses limites actuel- les. Chose curieuse, ces limites sont en grandes partie, celles qu'il avait reçues de Linné ; tel quel, il comprend les formes que le célèbre professeur d'Upsal con- sidérait comme des variétés d'une seule et même espèce : Mnium serpyllifolium, et qu'il avait réu- nies sous la dénomination géné- rale de serpylles. La plupart des auteurs con- temporains ont adopté le genre Mnium ; je citerai seulement en e Rage France, parmi les noms qui font se S autorité en bryologie ceux de F1G. 32. — Tige fertile de Mniuni un- MM. Husnot, Bescherelle, l'abbé dulatum (pied femelle) portant cinq Boulay, Corbière, etc. A l’étran- MEsDiendErelnppées (d'aprés | er le savant professeur Lindberg (Musc.scand.) en a fait son genre Astrophyllum, pour rappeler la disposition des organes mâles en rosettes à l’extrémité des tiges, (fig. 31). : En résumé, tel qu'on l’admet aujourd'hui, le genre Mnium fait partie de la tribu des Bryées et peut être caractérisé ainsi : Tige dressée, parfois munie de stolons rampants. Feuilles infé- rieures el moyennes ordinairement espacées, grandes el larges. Chez plusieurs espèces, on remarque des fleurs mâles discoïdales. Capsule ovale ou oblongue, inclinée ou pendante. Opercule oblus ou muni d'un bec. Péristome double, l'externe à 16 dents lancéolées ; l'interne, formé d'une membrane surmontée de cils. Coifle en capuchon. LS L'une des espèces les plus communes est le Mnium undulatum Hedw : dont nous avons représenté ci-dessus un pieds x fertile à l’état de développement complet (fig. 32). (1) BRUCH, SCHIMPER et GUMBEL. — Briologia Europæa, 1836-55. — ET — 11. DÉTERMINATION DES PRINCIPALES ESPÈCES DU GENRE MNIUM A L'AIDE DES FEUILLES Le genre Mnium compte actuellement, en France, une quinzaine d'espèces qui aiment les lieux frais et ombragées, les paroiïs des ruis- seaux, les anfrac- tuosités humides des sources. Com- me elles fructi- fientassezrarement dans le nord de la France, il est sou- vent difficile d’uti- liser les caractères de la capsule et du péristome pour ar- river à la connais- sance des espèces. Les feuilles, au contraire, sont tou- FIG. 33. — Mnium punc- jours bien déve- FiG. 34. — Mnium stel- tatum ; feuille marginée | ; : qi .… lare; feuille non mar- mais dépourvue de dents oppees ; par IEUTS ginée; nervure s’arré- d'ap. nat. formes variées, par tant au-dessous du leur aréolation, sommet (d’ap. nat.) leurs dentelures, leur nervure plus ou moins compléte, par leur marge, elles nous ont paru susceptibles de fournir un système artificiel de classification très avantageux dans la pra- tique. Ce qui va suivre est le résumé de nos observations sur ce sujet. Structure générale des feuilles. — Comme celles de la plupart des autres Mousses, les feuilles des Mnium sont constituées par une seule épaisseur de cellules, abondamment pourvues de chlorophylle. Leur forme est arrondie, ovale ou spatulée, quelquefois lancéolée ; leur pointe est tantôt aiguë, tantôt obtuse, presque toujours terminée par un mucron formé par une dent de la marge ou par un prolongement de la nervure. Dans presque toules les espèces, la feuille est bordée par une marge visible. Cette marge est constituée par des cellules étroites et allongées, qui, de distance en distance et à des hau- teurs diverses selon les espèces s'accroissent en dehors sous forme de dents. Dans une seule espèce (M. punctatum) (fig.33) la marge est unie et non dentée : dans une autre (M. cinclidioides), la marge est tellement étroite, les dents sont tellement courtes et vagues 0 UE que la feuille est le plus souvent décrite comme absolument entière. Dans toutes les autres espèces, la feuille porte des séries de fortes dents simples ou doubles. L’aréolation des feuilles est variable ; généralement elles sont formées d’un tissu dense et serré; d’autres fois aussi, elles offrent de larges mailles hexagonales qui, à l'œil nu,ressemblent à une multitude de ponctuations (M. punclalum). La marge de la feuille est constante dans tout le genre Mnium ; toutefois une seule espèce en est complétement dépourvue ; c'est le M. stellare (fig. 34). qui présente aussi une aréolation spéciale rappelant un peu celle des Bryum. De même, suivant qu'elle n'atteint pas ou qu'elle dépasse le sommet, la nervure fournit d’excellentscaractères pour la déterminationdes espèces. Voici maintenant, pour chaque espèce, la description des feuilles moyennes de la tige. 10. — FEUILLES MARGINÉES A. — FEUILLES DENTÉES À DENTS UNISÉRIÉES 1° Mnium affine Bland. — Feuilles largement ovales, retrécies vers la base; sommet arrondi avec une dent médiane bien développée; feuilles margi- nées, munies de dents sim- ples sur lout leur contour, assez longues vers le sommet etw le milieu, _ plus courtes et tendant à s’ef- face eNErS Cia base. Nervure forte, se pro- longeant dans la dent média- ne (Jig. 35). 2° M. affine & NX N  } / LEA 5.1 FIG. 96. — Mnium affine F 3 Mni 3 Val -elalum Brid var. elatum ; très faible- 1G. 95.— Mnium affine Blan- (fig.36).— Cette ment dentée. dow ; feuille marginée dentée NET x sur tout le contour (dap.nat.) Variété possède des feuilles ayant la même forme que celles de M. affine, mais plus espa cées ; la marge est bien visible; les dents sont nombreuses, très courtes, parfois même en partie effacées. A DT EE EE TRE MIREPOSRAU RENE 1 à 1 OUR 3° M. cuspidalum Hedw. — Feuilles ovales, resserrées vers la base: pointe allongée. Marge étroite garnie de dents nom- 4 F1G.37.— Mnium cuspidatum ; den- tée dans sa moitié supérieure seule- FIG. 38. — Mnium medium ; ment. fortement dentée jusqu'à la base. breuses et peu profondes, dans la moilié supérieure seulement. Nervure complète (fig. 37). 4° M. medium B. et Sch. — Feuilles ovales, plus larges vers la base que dans M. affine ; sommet moins arrondi. Nervure forte, formant un acumen médian. Marge bien distincte, for- tement dentée jusqu'à la base (fig. 38). Do M. rostratum Schwægr. — , Feuilles ovales, arrondies au sommet. brusquement rétrécies vers la base. Marge bien visi- ble, garnie dans les trois quarts supérieurs de dents nombreuses mais peu marquées et complètement effacées vers la base. Ner- vure se prolongeant en un léger apicule (fig. 44). 6° M. insigne Mitt. (fig. 43). — Feuille ovale arrondie, s’élar- gissant légèrement vers la base, quelquefois spatulée. Dents courtes el espacées. Nervure complète formant un acumen médian. 7° M. undulatum Hedw. — Plante très élégante, formant des touffes molles ou des gazons étendus d’un vert jaunâtre. Feuilles «allongées, ondulées el fortement crispées à l'élat see, arrondies au sommet et resserrées vers la base, Nervure com- plète, faisant saillie en une pointe légère. Marge bien distincte, munie de dents rapprochées sur tout son contour (fig. 39). B. — FEUILLES DENTÉES A DENTS BISÉRIÉES 8° M. spinosum Schwægr. — Feuilles ovales, plus étroites Ve QI =" dans la partie supérieure. Nervure complète, formant un acu- men médian. La marge ne porte des dents que dans la moitié supérieure ; les dents sont doubles (fig. 39). 9° M. orthorynchum Br. et Schimp. — Feuilles ressemblent beaucoup à celles de l'espèce précé- dente ; toutefois les dents sont plus courtes et Île sommet est /erminée en une pointe moins obluse. Dents effacées dans la moitié inférieure. Ner- vure complète (fig 41). 10° M. serratum Brid. — Feuilles ovales, allon- gées, arrondies au SOM- met, fortement ARE F1G.40. — Mnium hornunt ; ner RASE TC NAMERS la base. Nervure vure s'arrêtant au-dessous du aim compile | à. .MUCrON sommet. En due, court. Marge distincte, fétement à dents tres nombreuses, Se à très peu marquées et *_ effacées dans les deux liers inférieurs (fig. 42). 110 M. hornum Lin. — Feuilles allongées, fortement retré- cies vers la base, terminées en pointe allongée à l'extrémité supérieure. Marge bien distincte, mu- nie de dents nombreuses, formant au sommet un acumen court. Nervures'arré- tant au dessous du sommet ( fig. 43). C. — FEUILLES NON DENTÉES. Fic. 4. — Mnium orthorhynchum ; FIG. 42. — Mnium dents effacées dans la moitiéinférieure. 120 M. pun- serratum; dents ella- 2ées dans les deux clataum Lin.— uers inférieurs. Feuilles ovales, arrondies, retrécies vers la base. Marge dis- CE-E tincte, sans aucune dent. Nervure atteignant généralement le sommet, mais s’arrètant aussi quelquefois au-dessous, le plus F1G. 43. — Mnium cincli- dioides ; marge très étroite, peu visible, met (fig. 34). souvent asymétrique. Cellules grandes, hexagonales, disposées en séries obliques (Sig. 33). 130 M. cinclidioides BIvtt. (Musc. Galliæ n° 379. — Feuilles ovales parfaitement arrondies au sommet et vers la base. Nervure s’arrêtant au-dessous du som- met. Marge extrémement étroite, munie de dents très vagues (fig. 43). (Cette espèce n'est pas le M. cinclidioi- des d'Hübener). 20 FEUILLES NON MARGINÉES 14° M. stellare Hedw.— Feuilles ovales, pointues au sommet et retréciées vers la base ; dentées dans leur tiers supérieur seulement, avec une dent médiane. Mar- ge nulle. Nervure n'atteignant pas le som- TABLEAU ANALYTIQUE DES ESPECES En tenant compte des remarques qui précèdent, on peut établir ainsi qu'il suit, une clé analytique du genre Mnium, uniquement d’après les caractères fournis par les feuilles. = . Feuilles Marginées NL, cu Feuilles non marginées Marge assez large, bien visible....... Marge très étroite peu distincte...... Marge plus ou moins dentée......... Marsemon dentée: 147... 0e Nervure atteignant le sommet........ Nervure s’arrêtant au dessous du som- 0 DIEU D ANNE AE ES CS RO AR ne Feuilles aentées sur tout le contour... Dents effacées dans le quart inférieur deratFenn lei RS Re ENT Feuilles ovales à sommet arrondi. Feuilles ovales ou spatulées, pointues A EXÉRÉMNTÉ SEULE ME NARERENPErrERE Dents nombreuses, lingues ”......: Dents courtes, moinsnettes vers la base 2 . M. stellare. < M. cincliodioides. 4 M. punctatum. D M. hornum. M. undulatum. 9 8 M. medium. M. insigne. SE PE 9 Dents longues espacées et bien visibles M. afjine. » } Dents vagues et peu distinctes........ M. affine var. elatum. 10 DENIS SMples., PAPA MARNE 11 MDN HÉMIANEÉES. NH Re... 12 11 Sommet de la feuille arrondi......... M. rostratum. ° | Sommetdela feuilleallongéeen pointe M. cuspidatum. Nervure s’arrêtant à la base de l'a- 12 ‘OÛ tar je 1 DADARERPEE PR RTRAE 4 Be RASE ..... M. orthorhynchum. ‘° } Nervure formant un apicule distinct adeldu Aimer even. M. spinosum. Un grossissement de 18 à 20 diamètres est, en général, parfaitement suffisant pour effectuer toutes les observations que nous venons d'indiquer sur les Mousses. Les quelques pages de Bryologie élémentaire (1) que nous venons de reproduire ici, à l'intention de nos élèves, nous ont valudes critiques amères..., Mais AUSSI quelques précieuses approbations. Beau- coup de savants dis- tingués, dont les noms font autorité encryptogamie, n'ont pas dédaigné d'encourager ce mo- deste essai de vulga- risation: ils ont com- pris que notre travail s’adressaitnon à eux, mais aux Jeunes qui ont à peine les pre- F1G. 44. — Mnium ros- Mières notions de FiG.45.— Mnium insigne tratum ; denis très nom- ces sciences diffici- dents courtes et espacées. breuses mais peu mar- : quées. les, et qui ne pos- sèdent pas les ou- vrages nécessaires pour en entreprendre l'étude. Aussi les quelques oublis que nous avons pu faire, les caractères d’une observation difficile que nous avions alors volontairement né- gligés, les inexactitudes apparentes même qui se sont glissées dans notre travail, ont-ils facilement trouvé grâce devant eux. Nous nous empressons toutefois de nous expli- quer sur quelques points délicats du langage bryologique, (1) Feuille des Jeunes Naturalistes, 1888, No 213. p. 120 — Directeur M. A. Dollus. Paris. DEL 1? Hpiee car les descripteurs de profession, ceux qui se sont réservé le monopole du charabia scientifique... ne nous pardonneraient jamais d’avoir essayé de rendre la «jolie science des Mousses » accessible à tout le monde ! Nous avouerons cependant en toute franchise que. dans une Nolice aussi élémentaire que celle-ci, nous attachons peu d'im- portance à l'emploi exclusif des termes techniques ;: pour nous, l'étude des faits est plus importante que celle des mots. C'est en nous appuyant sur l'autorité de ce principe que nous avons employé le mot cis pour désigner les divisions du pé- ristome interne des pleurocarpes, de quelque ordre qu'elles soient, bien que sachant parfaitement qu'il eut fallu aussi distinguer les processus. Nous avons négligé de même. avec intention, les lamelles verticales qui ornent la face supérieure des feuilles de l’Africhum, pour n'avoir pas à parler de celles qui existent également chez les Polytrichs, ni des filament des Barbula. Nous avons appelé quelquefois Sporange le sporogone mûr, parce que ce terme est consacré dans de savants ouvrages d'enseignement, même des plus récents, et nous savions cepen- dant que cette expression est exclusivement réservée au sac sporifère par les bryologues de profession. Enfin, nous avons désigné l’orifice de l'urne sous le nom de Col, mot réservé pour un autre usage ! Plusieurs bryologues ont aussi contesté l’affinité inst que nous avons signalée entre les Sphaignes et les Leucobryum (p. 54) libre à eux ; quant à nous, après vingt années d'expé- rience, notre première manière de voir nous parait toujours justifiée. Etant données les particularités de sa structure anatomique, nous avons cru devoir placer, dans notre tableau synoptique de l’ordre des Bryacées, la grande famille des Polytrichées, en tête des Mousses à péristome double, bien que les ouvrages de bryologie descriptive la rangent le plus souvent, parmi les Mousses à péristome simple. Nous dirons d’ailleurs, à ce sujet, que nous n'avons pas à nous occuper des divergences qui peuvent exister entre les natu- ralistes relativement à l’ordre qu'il convient, ou non, d'adopter dans les classifications. De l’aveu de tous, les Polytrichées occu- pent évidemment le premier rang parmi les Mousses acrocarpes, tant par l’ensemble de leurs caractères extérieurs que par la structure très perfectionnée de leur appareil végétatif; et s'il fallait, pour les classer, tenir compte uniquement de la nature, simple en apparence, de leur péristome, les auteurs seraient plutôt conduits, ce nous semble à les placer complètement en dehors des autres Bryacées. Si l’on accorde, en effet, une prépondérance excluisve à cet organe, que fera-t-on des Poly- FOR © ei EN 7 trichées qui n’ont pas de péristome du tout ? Ne voit-on pas également, dans les groupes les mieux définis et les plus naturels, des espèces à péristome double à côté d'espèces à péristome simple, même quelquefois nul! Les Orthotrichées, les Encalyptées, les Bartramiées, présentent de semblables anomalies, et cependant, la première de ces familles, d'après l'avis de Schimper lui-même. est le {vpe des Mousses diplopé- ristomées. Il faut donc conclure de ce qui précède que les caractères fournis par le péristome, bien que très précieux, n'ont pas la fixité absolue qu'on leur a trop souvent prêtée, Nos classifi- cations, même les plus parfaites, ne sont en réalité que des « à peu près » toujours perfectibles et sujettes à modifications, suivant le point de vue sous lequel on les envisage. C. Houzserr. VARIÉTÉS Extrait du Rapport de M. F. CAMUS sur l'attribution du Prix de Coircy pour 1907 par la Société Bota- rique de France. — Passionné dès son jeune âge pou l'étude de la botanique, M. Gadeceau a été, pendant de longues années, admis dans l'intimité de l’auteur de la Flore de l'Ouest, J. Lioyp, dont 1l fut l'élève favori, qui lui confia la mission de mener à bien la publication de la dernière édi- tion de sa Flore et dont il cherche à perpétuer l'œuvre, l'es- prit et les traditions. Dans une région de la France qui possède pour l'étude sys- tématique un ouvrage dont la valeur a été consacrée par cinq éditions et qui ne laisse plus place à un travail floristique d'ensemble, M. Gadeceau a orienté récemment ses études vers des voies moins battues jusqu'ici. Il a pensé que les faits ac- cumulés par Lloyd et ses nombreux correspondants, peuvent fournir matière à des considérations générales de géographie botanique, résultat logique auquel doit aboutir toute étude systématique, sous peine de n'offrir qu'une sèche nomencla- ture de noms et de faits. Il a cru, avec raison, ne pas devoir se borner à tirer parti des travaux déjà publiés, quelle que fût d’ailleurs sa part dans ces travaux: c'est sur le terrain même qu'il a entrepris ces nouvelles études. M. Gadeceau a adressé à la Commission deux mémoires : l'un publié par la Société des Sciences nat. et math. de Cher- bourg « Essai de géographie botanique sur Belle-Ile-en-Mer », l'autre, manuscrit : Le lac de Grand-Lieu, monographie phy- to-géographique. Dans l’un et l’autre de ces mémoires, l’auteur trace un exposé détaillé de la flore de la circonscription botanique qu'il a choisie. Il étudie les phénomènes géologiques et météo- rologiques locaux ; il cherche, en se basant sur eux, à expliquer la nature du tapis végétal, la raison de l'abondance ou de la rareté, de l'expansion ou de la disparition progres- sive de telle ou telle espèce ; il cherche, en un mot, à rattacher l'état actuel de la flore à son état antérieur : il cherche aussi à deviner l’état futur de celle-ci et les causes de ces transfor- mations.. C'est en somme une véritable monographie botani- 4 + i i Der: LES que de Belle-Ile et du lac de Grand-Lieu que M. Gadeceau a soumise à notre examen. Les études de ce genre sont très séduisantes : leur séduc- üon même est un écueil contre lequel on ne saurait trop met- tre en garde les observateurs superficiels. Elles exigent beau- coup de pratique, des connaissances variées, un talent d’ob- servation particulier, beaucoup de tact dans l'appréciation des faits, une grande prudence dans les conclusions et enfin la collaboration, si je puis dire, d'un facteur dont notre épo- que à une fâcheuse tendance à diminuer l'importance, un long, un très long temps. La connaissance que j'ai des régions dont M. Gadeceau a étudié l'histoire botanique et qui m'a valu l'honneur d'être choisi par vous comme rapporteur, me permet d'apprécier à leur juste valeur les résultats de ses travaux. Je me plais en particulier à reconnaître tout le profit que j'ai tiré pour mes études personnelles de son travail sur Belle-Ile-en-Mer, pen- dant un séjour d'un mois que j'ai fait dans celle île. J'ai donc l'honneur de proposer à MM. les Membres du Conseil et de la Société botanique de France de décerner le prix de Coincy pour 1907 à M. EmiLe GADECEAU. (Lu en séance du 28 juillet 1907 à Gavarnie (Hautes-P yré- nées). M. Charles Flahault, Président, insiste sur l'utilité des tra- vaux de géographie botanique et tout le parti qu'en peut tirer l'agronomie. Les résultats obtenus en Suisse dans cette voie doivent encourager les travailleurs à s'y lancer résolument. Les conclusions du rapport, mises aux voix, sont adoptées à l'unanimité. En conséquence, M. le Président proclame M. Gadeceau lauréat du prix de Coincy pour 1907. Plantes en fleurs à Rennes en décembre 1907. — Souvent dans notre région où les hivers sont peu rigou- reux, les premiers froids ne font leur apparition que fort tar- divement et les derniers mois de l’année jouissent d'une dou- ceur de température qui n'est pas sans avoir une influence notable sur la végétation spontanée. L'année qui vient de s'écouler a été particulièrement favo- risée sous ce rapport : jusqu à la fin de décembre il n'était pas rare de voir le thermomètre se maintenir pendant la journée aux environs de 10° et ce n'est guère qu'à partir du 27 qu'il est descendu sensiblement au-dessous de zéro. REV. BRET. DE BOT,, ©. Il. AT LT Les. mas On pourra juger des effets de cette clémence remarquable de la température par l'énumération suivante des espèces recueillies en jleurs le 26 décembre aux portes de Rennes, du côté du Cabinet-Vert et du Cimetière de l'Est : | Ranunculus Boræœanus ; Spergula arvensis ; Stellaria Ho- lostea ; Linum angustifolium ; Spiræa Ulmaria ; Daucus Ca- rola ; Senecio Jacobæa ; Leucanthemum vulgare ; Matricaria inodora ; Crepis virens ; Jasione montana ; Veronica per- sica ; Stachys arvensis. Toutes ces plantes, excepté cependant le Senecio Jacobæa, se présentaient sous leur aspect normal, n'étaient nullement rabougries ou débiles ; leurs feuilles étaient vertes et vigou- reuses, leurs fleurs parfaitement constituées et bien épa- nouies ; la Spergula arvensis, le Linum angustijolium, la Veronica persica et le Stachys arvensis portaient en outre de jeunes fruits en voie de développement ; le Crepis avait des fruits mûrs. Quant au Senecio, ses fleurs se trouvaient sur les derniers rameaux encore verts de pieds presque complé- tement flétris par ailleurs. | Si l'on envisage la période habituelle de développement de ces différentes espèces, on constate que toutes n'étaient pas en Îleurs au même titre, pour ainsi dire, en cette saison recu- lée. Le Daucus, le Leucanthemum, la Matricaria, le Stachys, le Crepis, le Senecio, sont des plantes qui fleurissent d’ordi- naire pendant l'été et une partie de l'automne qui continuent à présenter des fleurs plus ou moins longtemps selon que la saison est plus ou moins froide, le plus souvent jusqu'aux pre- miers jours de novembre, et qui dans le cas présent, peuvent être considérées comme ayant simplement prolongé, à la fa- veur de la douceur de la température, la durée de leur pé- riode de végétation active bien au-delà de ses limites ordi- naires. Quant aux autres espèces de la liste précédente, ce sont des plantes qui fleurissent normalement soit au printemps, comme la Stellaria Holostea, soit pendant la première moitié de l'été, et qui, toutes, sont défleuries au plus tard à la fin d'août, quelques-unes depuis longtemps déjà. Il s'était donc produit pour ces plantes une interruption de plusieurs mois entre la période normale de floraison et la nouvelle floraison de décembre. Celle-ci était due, non plus à un entretien, à une continuation de l'activité végétative, maïs à une reprise de cette activité après un long repos : ce nouvel essor, ayant AE br re » = dr encore pour cause la douceur de la température, s'était traduit chez les plantes vivaces comme Ranunculus Borœanus, Stel- laria Holostea, Linum angustifolium, Spiræa Ulmaria, par le développement de rameaux florifères, et chez les plantes an- nuelles, comme la Spergula arvensis, la Veronica persica par la germination anticipée des graines abandonnées par les individus, depuis longtemps disparus, qui avaient fleuri à leur époque habituelle ; la germination de ces graines avait dû débuter vers la fin de novembre, pour donner naissance aux individus fleuris aux environs de Noël. H, Huwgerr. Nouvelles observations sur des monstruosités provoquées. — En recépant une souche de Cerisier à quelque distance du collet, j'ai obtenu une fasciation très marquée sur une des pousses de remplacement très vigoureuse. Par le même procédé, une souche de Frêne a donné des pousses dont les feuilles n'étaient plus opposées, mais présentaient la disposition spiralée 2/5 comme dans le poirier. ; Le Charme recépé m'a donné, à la fois sur un même rameau, des feuilles opposées et des feuilles alternes. Presque tous les rameaux de remplacement offraient des troubles phyllotaxiques plus où moins accentués. A la suite d’une réduction énergique de l'appareil végétatif aérien, le Lonicera tartarica et le Lonicera brachypodia ont donné des pousses verticillées par trois. Il était intéressant de voir si certaines des monstruosités que j'ai obtenues l'an dernier par ces procédés de taille, aboutissant tous à une suralimentation des parties restantes, se maintenaient par bouturage comme cela se passe pour les fasciations de Coleus. Dans le Rosier Céline Forestier qui m'avait donné une belle fasciation, le bouturage a réussi, mais les pousses nouvelles n'étaient pas fasciées. Le Poirier à tiges fasciées n’a pas repris de bouture. Les Fusains se sont comportés d’une façon toute différente. Tandis que les fasciations se sont maintenues dans les boutures à la première et à la deuxième année, en donnant aussi des accidents phyllotaxiques, les rameaux à feuilles verticillées ou alternes ont fait retour au type normal. Donc, si certaines monstruosités peuvent être conservées à la suite de leur production par une suralimentation donnée, beaucoup disparaissent par bouturage dans les conditions habituelles de la culture. L, DANIEL. BIBLIOGRAPHIE LORS DS —— Le petit Jardin, par D. Bois, 5° édition, 1 volume in-16 de 425 D pages avec figures, prix 4 francs. Librairie agricole, 26, rue Jacob, à Paris. Le guide pratique de jardinage qu'a rédigé l'éminent assistant de la chaire de Culture au Muséum est trop connu pour qu'il soit nécessaire d'en faire une analyse détaillée. Les deux premières éditions ont élé rapidement enlevées, et ce succès montre l'utilité du livre pour les amateurs d'horticulture. L'auteur traite avec compétence de tout ce qui concerne la création et l'entretien du petit jardin, les maladies des plantes, les animaux nuisibles, etc. De nombreuses figures aident à l'intelligence du texte. La Fumure des Fleurs par Paul Barrmanx, Ingénieur- Agronome, brochure in-8° Jésus de 32 pages avec 15 gravures el couverture en couleurs. L'emploi des engrais en floriculture est chose délicate et nous devons savoir gré à M. Bartmann des détails précis qu'il nous donne sur ce sujet dans un travail très complet et fort bien illustré. Nous en conseillons la lecture aux amateurs et aux fleuristes de métier ; ils y trouveront des formules d'engrais bien étudiées et des conseils autorisés sur la façon de les appliquer et d'en observer les effets. Le travail de M. Bartmann est édité par le Bureau d'Etudes sur les engrais : 15, rue des Petits-Hôtels, à Paris. qui l'enverra gratuitement sur demande affranchie. NOUVELLES Nous nous empressons de signaler à nos sociétaires la publi- cation, très prochaine, par voie de souscription, de l'ouvrage de notre confrère, M. Emile Gadeceau : Le Lac de Grand-Lieu, ré- cemment couronne par la Société nu de France Parade Coincy 1907). Nous avons sous les yeux le sommaire des chapitres et nous pouvons affirmer, d’après les matières traitées. que l'étude dont il s’agit, quoique s'appliquant à une région déterminée est de nature à intéresser tous les botanistes. Le lac de Grand-Lieu, d’un périmètre de 30 kilomètres et d’une superficie de 4000 hectares, constitue un magnifique champ d'étude pour les Hydrophytes, qu'on y trouve presque tous réunis. De plus, l'envahissement toujours croissant de la végétation qui se poursuit de siècle en siècle, suivant une proportion progressive, — 101 — au sein du lac permet d'étudier, mieux peut-être que partout ailleurs, la marche et la lutte des Associations vegetales. Le lac de Grand-Lieu se prête ainsi tout particulièrement aux études bio- logiques et écologiques et l'ouvrage de M. Gadeceau acquiert par là-même une importance qui dépasse de beaucoup le cadre qu'il a choisi. Quant à ceux qui recherchent seulement dans la botanique un intérêt pratique ou même simplement « sportif ». ils trouveront dans le livre que nous recommandons des chapitres de Géographie lacustre des plus intéressants pour eux et qui les inciteront peut- être à visiter cette intéressante station botanique. Tels sont, par exemple, les chapitres : Géologie, Archéologie, Histoire, Hydro- graphie, Météorologie, Oiseaux, Poissons, Insectes, Utilisation, Projets de’ desséchement, etc., etc. — Enfin l’Agriculteur et l’Agronome retireront certainement profit de l'étude de l'ouvrage que M. Gadeceau a su conduire à bonne fin. | La circulaire et le bulletin de souscription du Lac de Grand-Lieu, volume de 200 pages environ, in-8° raisin, 46 planches et une Carte géographique, seront très prochainement adressés à nos adhérents qui, nous n’en doutons pas, leur feront bon accueil, L. DANIEL. NÉCROLOGIE La Société bretonne de Botanique vient de perdre un de ses membres fondateurs, M. POIRIER, décédé à la suite d’une doulou- reuse maladie. Ancien négociant il avait tourné son activité vers l'horticulture et la botanique et il ne manquait aucune de nos excur- sions. L’'affabilité de ses manières, son entrain et sa cordialite lui avaient rapidement conquis l'affection de tous nos Sociétaires qui ressentiront vivement sa perte. J'avais fait sa connaissance dès le début de mes cours à la Faculté des Sciences ; il fut au nombre des auditeurs les plus fidèles et bientôt s’établirent entre nous des rela- tions amicales que la mort seule a pu interrompre. Nous offrons à sa famille si éprouvée nos bien sympathiques condoléances. L. DANIEL. AVIS Les Sociétaires sont informés que les recouvrements des cotisations se feront désormais par la poste dans le courant de Juin, chaque année. Ceux qui préféreraient payer directement leur coti- sation sont priés de la porter au Trésorier de la Société, M. le D' PATAY, 2, quai Duguay-Trouin, à Rennes. Toutes les réclamations concernant les cotisations doivent lui être adressées. Celles concer- nant le Service de la Revue seront faites au Directeur de la Revue. La Société se propose d'organiser, en Octobre, une Exposition de Champignons. Les personnes qui voudront bien se charger de récolter les espèces et d’assurer leur remplacement pendant la durée de l'Exposition sont priées de s'inscrire au Laboratoire de Botanique appliquée (Annexe de la Faculté de Sciences. REVUE BRETONNE => 473 ROTANIQUE Pure à Appliquée DIRIGÉE PAR M. Lucien DANIEL Professeur de Boranique agricole à la Faculré des Sciences de Rennes LAN >. Te RENNES ) nn Rte De Imp. des Arts & Manufactures 22, rue de Nemours 1908 REVUE BRETONNE DE BOTANIQUE PURE & APPLIQUER M. Lucien DANIEL PROFESSEUR DE BOTANIQUE AGRICOLE A LA FACULTÉ DES SCIENCES DE RENNES Troisième Année. — N°s 3 et 4. — Décembre 1908 SOMMAIRE Pages 1. PICQUENARD. — Constitution et entretien d’une fougeraie .... ........ D, 2. AUBRÉE. — Bruyères de la forêt de Paimpont.....,.......... 13 3. TRÉAL — Recherches sur l’origine du Chapiteau ionique....:...... 15 4. Surcour. — Note sur un Hyménoptère parasite des Crucifères de l'Inde.. 17 DAME Svrlanmalhdie duiéhénessa te. mi M he. 24 7: . 19 6. Variétés : Daniz — La première Session mycologique de l'Ouest ... 30 AVIS La Revue bretonne de Botanique pure et appliquée tirage 500 exemplaires’ ne se vend pas au numéro mais à l’année, au prix de 5 fr. pour la France et de 6 fr. pour l'Etranger (union pos- talei. Adresser-les demandes d'abonnement à-M. le D' Patay, 2, quai Duguay-ïrouin, à Rennes, trésorier de la Société bretonne de Botanique. La Revue s'occupant exclusivement de botanique, s interdit touts discussion politique ou religieuse Elle laisse à chaque: auteur la responsabilité de ses articles. Plusieurs membres de la Société bretonne de Botanique se mettent bien volontiers à la disposition du public pour donner oracieusement des renseignements sur les questions de leur compétence qui intéressent plus particulièrement la botanique et l'agriculture de la région armoricaine. On peut adresser, avec échantillons, des demandes de renseignements à MM. : Borpas, Maitre de Conférences à la Faculté de Rennes. — Cécidies de toute nature. CAVALIER, Professeur à la Faculté de Rennes. — Enérais agricoles ou Borticoles. cel COUDERC, à Aubenas (Ardèche). — Lichens, surtout Collé- macés. ] DANIEL, Professeur à la Faculté de Rennes. — Champi- &nons. — Opérations d’horticulture. — Monstruosités. DucoMET, Professeur à l'Ecole nationale d'Agriculture de Rennes. — Parasitisme et pathologie £énérale des plantes. GADECEAU, Champ Quartier, rue du Port-Guichard, à Nautes. — Phanérogames. HOULBERT, Professeur à l'Ecole de Médecine de Rennes — Alôues et Lichens. Husxor, Directeur de la Revue bryologique, à Cahan, par Athis (Orne). — Muscinées, Graminées, Cypéracées. KERFORNE, Chargé de conférences à la Faculté de Rennes. — Roches, Minéraux et Fossiles. ÎJoinire un timbre pour la réponse. a Ca hat dt lt hf CONSTITUTION ET ENTRETIEN D'UNE FOUGERAIE Par le D' C. A. PICQUENARD. La fougeraie, fernery, jouit depuis longtemps en Grande- Bretagne d'une faveur parfaitement justifiée. Là-bas, amateurs et horticulteurs cultivent à l'envi de nombreuses espèces de Fougères les unes rustiques, les autres de serre ; mais, l'ambition des uns et des autres ne s'arrête pas là et, à force de soins et de patience, ils sont arrivés à obtenir de nombreuses variétés et monstruosites plus curieuses les unes que les autres : ce n’est pas ce que j'admire le plus, pour mon compte, mais c'est ce qui plaît à beaucoup de gens et il faut reconnaître que le trafic de toutes ces anomalies végétales fait vivre en grande partie une importante maison comme l’établis- sement horticole de MM. W. and ]J. Birkenhead, près de Manchester. Si ces maitres dans la culture des Fougères nous présentent, en effet, sur leur catalogue une belle liste d'espèces normales ils sont, par ailleurs, arrivés à réunir une collection considérable de variétés : je relève, par exemple, 97 formes de l'Afhyrium Filix-fæœmina (L.,) . Roth., et 61 du Scolopendrium vulgare Sm. D'autres Fougères comme Polypodium vulgare L., Aspidium aculeatum SW , À. angu- lare Willd., A. Filix-mas Rich., présentent aussi chez eux de nombreux exemples de leur plasticite. On voit ainsi combien nos voisins ont su tirer parti de la valeur ornementale des Fougères (et des Filicinées en général) (1) ; pourquoi n'imiterions-nous pas leur exemple. sans tomber dans (1) Les Sélaginelles sont très employées en Angleterre pour la décoration des ferneries. On en trouve des listes sur les catalogues de Fougères REV. BRET. DE BOT, T. IV Il ef, LEE leurs exagérations ? Si nous pouvons disposer à la fois d'un terrain pour les espèces de plein air et d'une serre pour les autres nous arriverons sans difficultés sérieuses à constituer une fougeraie où les matériaux d'étude et d'observation ne nous feront jamais défaut et où les profanes eux-mêmes trouveront des sujets d'admiration. S 1. — Fougères rustiques En dehors des espèces européennes un certain nombre de Fougères du Japon, du Nord de l'Amérique sont parfaitement rustiques dans une grande partie de la Bretagne. Comment allons- nous grouper cet ensemble de plantes ? Nous choisirons pour établir notre fougeraie un terrain légère- ment en pente vers le Nord. Il est à désirer qu'aux trois autres expositions notre terrain soit abrité par des rochers que des arbres abriteront à leur tour. Si les rochers n'existent pas naturellement il est toujours facile de créer des rocailles en se servant de gros moellons irréguliers réunis par du ciment (1). Dans mes travaux de ciment, que je fais toujours moi même, je me trouve bien d'em- ployer du ciment à prise lente, intimement mélangé par moitié, à sec, avec du Sable siliceux roux de grève ou de rivière et utilisé à l'état de bouillie assez épaisse. Quand les blocs de moellons y sont noyés, l'ensemble de l'ouvrage acquiert en se desséchant une soli- dité à toute épreuve. On profitera, autant que possible, pour faire ce travail d’un temps sec et couvert ; l'idéal est que le mortier de ciment ne sèche pas trop vite. Dans nos rochers artificiels nous ménagerons de bonnes cavités pour recevoir le terreau où nous devons planter nos Fougères. Pour ombrager nos rochers évitons les essences à couvert épais comme le Hêtre (Fagus sylvahica L ,) et le Sapin (Abies pectinata D. C.) ; nos Chènes indigènes à feuilles caduques conviennent mieux et donnent, de plus, une bonne litière qu'il faut respecter, Au milieu de la fougeraie, un bassin creusé dans le roc ou construit avec des moellons et du mortier de (1) Les moelions de granit et de grès armoricain conviennent particulière-"- ment pour cet objet. — 3 — ciment a sa place toute indiquée : sur ses bords nous planterons les Filicinées aquatiques et à la surface de l'eau nous pourrons cultiver les A£olla. [a qualité du sol de la fougeraie a une importance capitale. Nous nous garderons bien. d'une manière générale, de placer nos Fougères dans la lerre dite de bruyère ; c'est une hérésie que tout le monde répète et qu'on imprime partout et son règne ne finira pas de sitôt. Cependant, raisonnons : nous voulons obtenir de beaux exemplaires de plantes aimant généralement la fraîcheur et l'humi- dité; rous leur donnons une terre pauvre par exrellence et qui se dessèche l'été jusqu'à devenir pulvérulente ; en résumé nous pri- vons de substances nutritives et de fraîcheur des plantes qui en exigent beaucoup; c'est juste le contraire de ce qui leur est né- cessaire. Le seul substratum qui convienne à la plupart des fou- géres, c'est le terreau de feuilles, l'humus, que l’on trouve dans les bois ou au pied des talus couronnés de cépées de chêne, à condi- tion de le mélanger avec de la terre parfaitement décomposée, ni tiop lourde, ni trop légère. Pour quelques espèces, il faudra y joindre du calcaire. Chez MM. Birkenhead, on obtient ce. résultat à l'aide de mortier réduit en miettes. J'emploie également le waërl (1) qu'on se procure facilement chez nous et qui, lorsqu'il a été retiré de la mer depuis quelque temps et bien lavé ne présente que des avantages. Dans les petites grottes réservées à la culture des Hymeno- phyllum, on composera le substratum d’un mélange de terreau de feuilles, de sable siliceux, de terre, de fragments de brique et de petits copeaux de chêne. Dans le fonds du bassin on disposera un mélange de terre tourbeuse et de sable siliceux. Quelques cases limitées par de gros moellons pourront y figurer des îlots où nos Fougères prospèreront à souhait. C'est là que l’on disposera les Osmunda regalis L., cinnamo- mea L., clayioniana L , l'Onoclea sensibilis L., les Aspidium rigi- dum SW., et Thelypleris Sw. On y joindra le très ornemental Equi- (1) Vulgairement appelé corail, nom impropre car le maërl n'est pas composé de polypiers, mais d'algues calcaires. = Ut setum Telmateia EÉhrh., mais il ne faudra pas oublier de lui fournir du calcaire. Aux alentours, entre le bassin et les rochers qui enclosent la fougeraie, nous disséminerons les espèces suivantes : Ophioglos- sum vuleatum L., Adiantum pedatum L., Aibvrium Filix foemina (L.,) Roth., Aspidium falcatum SWw., À. acrostichoides SW , À. acu- leatum Sw., A. angulare Willd , À. Filix-Mas L., A. Oreopteris Sm., Woodsia polystichoides Eat., Woodwardia vireinica (L ,) Sm., Onychium Japonicum Künze, etc... Sur les rochers, nous disposerons Denstædlia punctiloba(Mich.) Moore, Aspidium Lonchitis Sw., À. dilaiatum SW., À. Spinulosum Sw., À. æmulum (Sol.,) Sw., Polypodium vulgare L., et ses variétés, Phzeopteris Dryopteris L., P. Hexagonoptera (Mich.,) Fée, P. vul- garis Mett., Cystopteris fragilis L, C. alpina (Jacq.,) Desv., C. montana (Sw.,) Link, Scolopendrium vulgare Sm., S. Hemionitis Sw., Lomaria alpina Spr., charmante petite espèce traçante de Patagonie, Blechnum Spicant (L.,) Sm., Séruthiopieri- germanica Wildd , en réservant pour les fissures des parois verticales : Cryp- togramme crispa (L.,) Br., Asplenium fontanum Bernh,, 4. lanceo- latum Huds., À. Adiantum-Nigrum L., À. Rula muraria L., A. septentrionale (L.,) Sw., À. germanicum Weiss., À viride Huds., A. Trichomanes L., Woodsia hyperborea (L.,) Br , plus rustique que W.ilvensis (L.,) Br., et pour les grottes : Gymnogramme leplophylla (L.,) Desv., (exposition ouest), Hymenophyllum tunbridgense Sm., H. unilaterale Willd., Adiantum Capillus-veneris L., Aspidium cristatum Sm., en nous rappelant que ces deux dernières espèces aiment le calcaire, que les Hymenophyllum fuient non seulemeïit le soleil, mais même la lumière et que l'exposition à l’ouest convient au Gym nOgTaAMIme. $ 2. — Fougères de serre La fougeraie en plein air, open air fernery, constitue un jardin botanique incomplet ; il faut, si on le peut, lui adjoindre une serre où l’on cultivera un certain nombre de représentants des principaux groupes de Fougères exotiques. A mon avis, la serre adossée à un bon mur est celle qui con- vient le mieux à la culture de ces plantes. Dans la fougeraie dont VTT = 5 j'esquisse ici le plan, les trois côtés est, sud et ouest, du terrain se trouvant occupés par des rochers, il ne reste de disponible que le côte nord : le mur que nous y élèverons aura, naturellement, une de ses faces tournée au sud ; c'est contre cette face que nous éta- blirons notre serre. Ne craignons pas qu'il y fasse trop sec, qu'il y règne trop de lumière en été : de bons stores ou un badigeonnage des vitres au lait de chaux feront disparaitre ces inconvénients (1). Nous donnerons à notre serre : 6 mètres de long ; 3 mètres de large ; 3 m. 50 de hauteur du côté du mur; 2 m. 75 de hauteur par devant. Façade et côtés vitrés seront élevés verticalement sur un soubassement, en briques en moellons ou en pierres de taille, de vingt-cinq centimètres de hauteur seulement, de manière à ne pas diminuer le jour, Il sera bon que le sol de la serre soit d'une dizaine de centimètres en contre-bas du sol extérieur. On emploiera, au moins pour la toiture, du verre demi-double ; pour les côtés, en Basse-Bretagne, on peut, à la rigueur, se contenter de verre simple, en choisissant des feuilles épaisses comme il s’en trouve parfois chez les vitriers. La toiture pourra porter deux châssis vitrés. On réservera une porte à l'extrémité ouest, par exemple, et, sur le pignon est, une large ouverture fera communiquer la serre avec un réduit de 2 mètres de côté, construit en briques, où l’on accèdera de l'extérieur. Dans ce réduit, sera installé l'appareil de chauffage. Si la région est sujette aux fortes gelées, il sera nécessaire d'ins- taller un thermosiphon. Dans ce cas, on supprimera la baie de communication entre la serre et le réduit et on réservera seulement deux trous pour le passage des tuyaux de chauffage. Mais, en Basse-Bretagne, on peut se contenter d'un chauffage moins dispen- dieux. Pour mon compte, après divers essais, je me suis arrêté à un petit calorifère à feu continu à régulateur provenant de l'usine de Pied-Selle à Fumay (Ardennes). Ces appareils brülent peu et donnent une chaleur douce ; en y mettant de la houille, on peut les abandonner à eux-mêmes pendant une dizaine d'heures, c'est- à-dire pendant toute une nuit sans que la combustion cesse de se poursuivre régulièrement. Il importe que le tuyau de départ de la (1) D'octobre à mai, les Fougères devront recevoir une bonne lumière. Les autres mois, il faudra les en protéger, EYES fumée soit exactement du diamètre de la buse ; s’il est trop large, le tirage s'établit mal; à l’intérieur de la serre, on le fait en tôle; à l'extérieur, en tôle galvanisée avec un petit chapeau. Ces calorifères s'allumant avec du charbon de bois incandescent, on a, parfois, un peu de fumée à ce moment et lors des rechargements ; pour obvier à cet inconvénient, il vaudra mieux établir entre la chambre de chauffe et la serre une porte composée de deux battants, chacun à deux lames se repliant l’une sur l’autre qui serviront à fermer l'ouverture entre la serre et le réduit pendant que le dessus du calorifère sera ouvert. Des crochets placés le long du haut de la façade, le long des côtés et le long du haut du toit permettront de placer des paillassons pour les nuits froides. Un chemin, avec garde- fou, courant au sommet du mur, permettra de circuler pour accrocher les paillassons du toit. A l'intérieur, une tige de fer fixée au toit et dirigée dans le sens de la longueur de la serre sera ñéces- saire pour recevoir les crochets des suspensions. Il faut, pour la beauté du coup d'œil et pour la bonne réussite de nos cultures essayer de reproduire les stations naturelles dans la serre comme nous l'avons fait dans la fougeraie en plein air. Le long du mur nous disposerons des rocailles où des grottes seront ménagées. Nous placerons çà et là quelques troncs d'arbres à bois dur (hêtre, chêne, houx), en les choisissant contournés, si possible, et après ieur avoir enlevé leur écorce qu'une patine assez foncée remplacera bientôt. Des branches longues et ramifiées comme celles du coudrier, par exemple, seront fixées au mur à l'usage des fougères grimpantes. En avant des rocailles s'étendra une platebande qui ne laissera subsister, le long du vitrage de la serre, qu'une allée d'environ 1 mètre de largeur. Un bassin en rocaille pourra rompre la monotonie de la plate-bande. Ainsi conditionnée, nous aurons une installation commode pour la culture des Fougères. Il ne faut pas croire, d'ailleurs, qu'elles exigeront des soins continuels. Au contraire, les planter et les déplanter souvent, c'est les exposer à périr ou tout au moins à dépérir. C’est ainsi qu'une fois enracinées quelque part, il est im- possible de toucher à certaines espèces comme les grands Gy"mn0- gramme. Quant au chauffage, il ne faut pas, non plus, en exagérer l'importance ; nous devons tâcher d'obtenir une chaleur de serre 7 tempérée, ce qui est très suffisant pour la culture de nombreuses Fougères. Ces détails sur l'habitation des Fougères paraîtront peut-être minutieux et pourtant aucun d'eux n'est inutile : la maison des Fougères doit non seulement servir à les abriter, mais encore à les mettre en valeur en les groupant harmonieusement. Cette maison vitrée doit remplir vis-à vis de ses charmantes habitantes un rôle analogue à cette tente si bien comprise qui est reproduite dans une planche de cette Revue et où James Lloyd, puis son meilleur élève, M. Emile Gadeceau, ont cultivé ces tulipes dont la vue m'a frappé d'admiration et dont le souvenir m'est toujours resté. Nous réserverons la pleine terre pour les Fougères de grande taille. La place d'honneur appartiendra à l'A/sophila australis Br., qui, si elle met longtemps à former un tronc, donne rapidement d'énormes frondes très décoratives. D’autres espèces de belle taille et de culture facile prospéreront en plate-bande. Je citerai : Aspidium patens SW., Woodwardia radicans (L.,) Sw., W ortenlalis Sw., Blechnum gibbum (Lab ) Christ, Pieris umbrosa Br., P. tremula Br., Nepbrolepis cordifolia Presl., Osmunda regalis L., var. palustris Schrad , Adiantum formosum KR. Br., À. bispidulum Swartz., Athy- rium umbrosum (Aït.) Presl. Dans les anfractuosités des rochers remplies de terreau ad boc, nous disposerons les Gleichenia, Davallia canariensis SW., aspi- dium falcatun SW. (mieux ici qu'en plein air), À. effusum Sw., espèce ‘hautement décorative par ses larges frondes finement découpées et prolifères au sommet (1), À. aristalum Sw., Nolo- chlæna sinuata (SW.), Kaulf., N. nivea (Lam.), Desv., N. Sulfurea Gill., deux espèces à folioles fragiles respectivement blanc de neige et jaune vif en dessous, Gymnogramme chrysophylla Kaulf, G. frian- gularis Kaulf., à folioles jaunes en dessous, Pferis cretica L., P. semipinnata L., P. quadriaurita Retz, var. argyræa Moore, Platyloma bastata (L.), Link; puis, toute une série d’Adiantum, depuis les formes à frondes simples comme À. reniforme L., et à (1) Ces propagules, qui poussent à la face supérieure des frondes, servent à reproduire la plante ; je les ai également utilisés chez le Woodwardia orientalis Sw., etc. 16e de frondes pennées comme les À. caudatum L., et A. lunulatum Burn , qui se multiplient à l'infini, par la formation de jeunes plantes à l'extrémité des frondes (1), jusqu'aux formes à frondes si élégam- ment divisées comme A. Capillus-Veneris L., (à qui la serre convient mieux que le plein air), 4. æthiopicum L. (et les races comprises sous ce nom, comme À. emarginatum Bory), puis A. cunealum Langs et Fisch., dont les horticulteurs anglais ont tiré de nombreuses et belles variétés, 4. colpodes, Moore, À. lenerum Swartz, qui offrent fréquemment de jeunes crosses rouges ou roses, A. Wagneri Mett. (= À. decorum Moore), forme trés robuste et de grande taille, À diaphanum Blume, et jusqu'aux formes à larges segments peu ou pas incisès comme À. {rapeziforme L. et À. ma- cropbyllum 5w. Sur ces rochers, le point le plus éloigné du chaut- fage, à l'abri d’autres Fougères, sera réservé aux Zodea qui, avec les Hymenophyllum et les Trichomanes rentrent dans la caté- gorie... horticole des « Fougères membraneuses » où flmy ferns Ces deux derniers genres sont assez riches en espèces dont quelques- unes très ornementales. Nous les caserons dans des grottes où elles se plairont sûrement. À vrai dire, c'est en serre seulement que nous réussirons bien la culture de l'Hymenophyllum funbridgense Sm., qui, pourtant, est indigène en Basse-Normandie et en Basse- Bretagne où il existe dans d'assez nombreuses localités et forme parfois de beaux tapis (2); c’est là aussi que nous pourrons essayer de conserver son congénère H. unilaterale Bory, sans attendre un succès prolongé, car c’est une espèce réfractaire à la culture, quoiqu'indigène également dans la Cornouaille, le Léon et le Cotentin. 4 Parmi les Hymenophyllum exotiques nous n'aurons que l'em- (1) Cette dernière plante s'était admirablement acclimatée dans l’ancienne serre à Orchidées au Jardin des Plantes de Rennes ; d’une étagère située à envi— ron 1 mètre de hauteur, elle était descendue, par enracinements successifs des ro- settes nées au sommet des frondes, jusqu'au sol où elle formait un véritable gazon. (2) À Roc’h zu (La Roche Noire) en forêt de Kranou, dans les Monts d’Arè, on peut littéralement l'enlever et la rouler comme un tapis, certaines de ses plaques feutrées de fins rhizomes entrelacés atteignant plusieurs décimètres carrés et se couvrant de belles fructifications, même en hiver. à Lime lait. final. ss doté Ole barras du choix. La maison Birkenhead en met en vente une belle collection ; les prix, il est vrai, sont assez élevés, du moins ceux du catalogue illustré ; mais il existe sur le petit catalogue de cet éta- blissement des séries d'Hymenophyllum et de Trichomanes plus abordables à de modestes amateurs (1) et pourtant en belles touffes d'une reprise assurée, à condition qu'on leur donne le substratum qui.leur convient. L'Hymenophyllum demissum SwWw., me paraît l'espèce la plus rustique; elle forme des gazons serrés d'environ 1 décimètre de haut. L’H. dilatatum Sw., est susceptible d'un plus grand développement ; il forme des touftfes lâches dont les belles frondes fructifient facilement. Parmi les Trichomanes, l'espèce classique par excellence c'est 7. Speciosum Willd., (7. Radicans Hook,, #ec Sw.), spontané, comme on le sait, en Grande-Bretagne, et, surtout, dans l’ouest de l'Irlande. aux environs de Killarney (d’où le nom de XY/larney fern que lui donnent les Anglais). A côté de cette espèce on pourra réserver une place pour le délicat T. venosum R. Br., qui croît en petites touffes d'aspect bien spécial. C'est encore dans les grottes qu'il faudra planter notre belle Fougère indigène l'Asplenium marinum, L. Il est impossible, en effet, de conserver à l'air libre, en dehors du bord de la mer, cette espèce pourtant si robuste dans ses stations naturelles (2); la serre seule lui convient. Au sommet des rochers les Lygodium auront leur place indi- quée. Le plus vigoureux, à mon avis, est le L. Japonicum (Thnbg.) Sw Ilest, de plus, d'une rare élégance, et ia longueur de ses tiges volubiles lui permet d'atteindre facilement le haut de la serre; aussi je le recommande vivement. On pourra, si on le désire, faire alter- ner avec cette espèce les Lygodium scandens (L.), Sw., et volubile, (1) Ce qui augmente le prix des Fougères de provenance anglaise, ce sont les tarifs exagérés des messageries en Grande-Bretagne. {2) Dans sa note sur Une station extra-littorale de l’Asplenium marinum, (‘Bul- letin de la Soc. des Sc. Nat. de VO. de la France, 1891, p. 242), M. le D'F. Camus, après les frères Crouan, a appelé l'attention sur la localité de cette plante qui se trouve aux ruines du château de Châteaulin. Sw. Le premier est assez joli; le second est lourd; aucun d'eux ne peut remplacer L. Japonicum. Sur les troncs d'arbres disséminés dans la maison des Fougères nous appliquerons les espèces cultivées dans des hottes de liège formées de deux morceaux de cette écorce unis par des fils de laiton ou de fer galvanisé. Ces hottes seront suspendues aux troncs par une boucle en fil de fer galvanisé s'accrochant à un fort clou en cuivre ou en fer galvanisé. Dans ces hottes, les racines des Fougères devront trouver un compost substantiel et, pour maintenir la fraî- cheur. on recouvrira la motte d'une bonne conche d'Hypnum Schre- beri, Willd., qui pourtrit lentement ou encore d'H. lamariscinum, Hedw., qui continue à végeter faiblement et qui ne gêne pas le développement des Fougères. Les Sphagnum maintiennent bien l'humidité, mais ils se décomposent trop vite et la motte est expo: sée à se dégrader superficiellement, les racines se trouvant ainsi dégarnies ; c'est pourquoi je leur préfère les Hypnum. La culture en hotte convient particulièrement aux espèces du genre Platycerium ; il faut posséder au moins le P. alcicorne (Sw ), Desv. qui est très rustique et fiuctifie facilement, mais, si l'on peut, on y joindra le P. grande, G Sm., qui est plus décoratif. Le Polypodium aureum, L., devra être cultivé de la même manière; ainsi du P. Lingua, L. Les suspensions, pour lesquelles nous avons fixé une barre de fer à la toiture de la serre, seront des caissettes en liège où l’on disposera les Fougères comme pour la culture en hotte Nos espèces réservées pour la suspension pourraient, du reste, être cultivées en hotte, mais la station suspendue les met admirablement en valeur et, dans une fougeraie digne de ce nom. la question d'esthétique doit primer tout, Plusieurs des Adianfum déjà cités, particulière- ment 4. Wagneri, À colpodes, A. cuneatum, À. tlenerum, À. ma- crophyllum, À. lunulaium, feront le plus bel effet dans les suspen- sions à côté du Davallia canariensis, déjà cité également. Mais les espèces qui brilleront le pius seront les Doodia aspera KR. Br., et caudata (Cav ) Br. ; l'Asplenium bulbiferum Forts., si étonnamment prolifère ; l’Asplenium Nidus L, aux frondes simples d'un beau vert luisant. On pourra faire alterner avec elles le Zindsaya repens (Desv.,) Christ (= Davallia (Odontoloma) bemiptera Bory), dont l'aspect rappelle celui des Adiantum à frondes 1 fois pennées; les Polypodium lycopodioides L., et vaccinifolium L. F., très curieux tn PP ee ve ln — avec leurs frondes simples naissant le long des rhizomes aériens, ÊLC... En été, les murs de la serre devront, autant que possible, recevoir des bassinages fréquents qui maintiendront un degré d'humidité tres favorable au développement des Fougères. En hiver, on bassinera également si la chaleur artificielle dessèche trop. À ce moment de l'année, les espèces de plate-bande et de rochers ne pourront être arrosées qu'avec de l'eau puisée dans un récipient placé à l'intérieur de la serre. Pour les espèces cultivées en hotte ou en suspension, il vaudra mieux les immerger quelques instants dans le récipient intérieur que de les arroser. On veillera à renouveler les composts de toutes les Fougères chaque fois que cela sera nécessaire et à couper les frondes fanées dont la vue est toujours désagréable aux vrais amateurs. Mais, en règle générale, 1l ne faudra pas tracasser les Fougères : c'est souvent, je tiens à le répéter, en voulant les entourer de soins trop assidus qu'on arrive à les faire périr. Dans une serre où la main de l'homme n'intervient pas trop souvent pour tout bouleverser, les Fougères non seulement pros- pêrent, mais encore se multiplient largement de spores. L'on voit ainsi apparaître les Gymnogramme, les Doodia, les Adiantum, les Piertis, etc..., et la fougeraie d'origine artificielle tend de plus en plus à imiter ne fougeraie naturelle : N'est-ce pas quelque chose que d'arriver ainsi à emprisonner un coin de nature tropicale dans une cage vitrée et n'atteignons-nous pas ainsi le but rêve ? Il est bon d'avoir dans quelque endroit de la maison des Fou- géres, à l’abri de la grande lumière et à l'abri des regards des wisi- teurs, des terrines où l'on fera soi-même des semis de spores. C'est un moyen économique de se procurer certaines espèces de serre et le procédé convient aussi pour multiplier les espèces rus- tiques (1). À cet égard, la poussière de spores recueillie sur les feuilles d'herbier ou sur celles qui ont servi à dessécher des échan- tillons de Fougères fertiles est très précieuse. Néanmoins ces semis présentent des aléas et siles spores de certaines espèces comme (1) La maison Rirkenhead met en vente pour cet usage des sachets contenant des spores en mélange à des prix variés. les Gymnogramme germent vite et conservent longtemps leur faculté germinative, il en est d’autres qui donnent de nombreux échecs. Il faut néanmoins, renouveler les essais, sans se décourager, en modifiant les conditions et se rappeler que dans la culture des Fougères une longue patience est toujours un élément de succès £ $ ie NT BRUYÈRES DE LA FORÊT DE PAIMPONT Par M. Edouard AUBRÉE Les botanistes ont, paraît-il, classé jusqu'à ce moment, tant d'Europe que d'Afrique, plus de quatre cents espèces de bruyères, ce qui est beaucoup ; la France en possède sur ce nombre une douzaine, ce qui est peu. J'en connais six en Bretagne, dont la plus remarquable l'Erica arborea, en fleurs de décembre à fin mars, atteignant jusqu’à deux mètres de hauteur, se reproduit naturelle- ment entre autres sur la ligne du chemin de fer aux abords d'Hanvec et de Landerneau. L’on sait du reste que les Ericacées, indigènes ou d'importation, réussissent particulièrement bien sous le climat du Finistère, et à deux kilomètres de Châteaulin, dans un bois dit du Chappe d’une quarantaine d'hectares, j'ai vu par centaines des rhododendrons se propager au milieu du taillis de chênes qu'ils dépassaient souvent. Si l’Ille-et-Vilaine à ce point de vue n'est pas aussi favorisé que le Finistère, il peut rivaliser dans le genre Erica avec ce départe- ment, au moins quant au nombre des variétés. La forêt de Paimpont est à cet égard la station où j'en ai le plus rencontre : six variétés de Calluna vulgaris, trois d'Érica tetralix, quatre d'Erica cinerea, et huit d'Erica ciliaris, et comme je n'ai fait qu'en septembre le relevé de ces variétés, il se peut que mes recher- ches plus tôt opérées m'en eussent révélé d'autres non retrouvées, et que je n'ai pas été à même de comparer à celles tardivement ras- semblées. Il ne serait point étonnant que l'Erica vagans, dont la présence a été jadis constatée aux environs de Sens-de-Bretagne, m'eût échappé, vu sa rareté, dans les six mille hectares de la forêt, en admettant qu'elle y figure. — 14 — La Calluna vulgaris était représentée par les variétés : blanc pur, blanc rosé tendre, mauve tendre, mauve foncé, rose, violacée. L'Erica tetralix : blanc pur, rose tendre, rose violacé foncé. L'Erica cinerea : blanche, mauve ou violet éteint, rose violacé, rouge violacé foncé. Enfin l'Erica ciliarts, la plus riche en nuances se répartissait entre les blanc pur, blanches avec pointe mauve, blanches avec pointe rose, blanches légèrement rosées, roses, rose vif, rouge vio- lacé, rouge panaché blanc. Dans cette espèce surtout, j'ai lieu de croire que le nombre de variétés dépasse sensiblement celui que j'indique. Un garçon voiturier de Plélan m'affirma, en 1907, avoir quel- ques jours auparavant, dans une excursion, trouvé par hasard sur une ligne de Haute-Forêt une Calluna vulgaris à fleur jaune, dont il aurait, sur la demande des touristes, arraché le plant qu'ils avaient emporté. Il me la décrivit assez exactement, mais bien qu'il m'ac- compagnât dans sa recherche, je ne pus découvrir là ni ailleurs un second spécimen. Me défiant de ses connaissances botaniques très rudimentaires, je me tiens sur la réserve jusqu'à plus ample informé. BOTANIQUE ET ARCHITECTURE RECHERCHES SUR L'ORIGINE DU CHAPITEAU IONIQUE Par M. L. TRÉAi, Professeur à l'Ecole des Beaux-Arts de Rennes Selon Vitruve les volutes du chapiteau ionique imiteraient les deux boucles de cheveux encadrant la coiffure d’une femme. Si nous consultons les ouvrages de MM. Ch. Blanc et Chipiez, ils cher- cheront dans les enroulements de la corne du bélier ou les coquilles de certains mollusques (ex. les Nautiles) l'origine de la forme pré- citée que M. Viollet-Leduc croira trouver dans les copeaux enlevés par le charpentier équarrissant un poteau de bois. Voici une nouvelle et simple hypothèse sur ce sujet ; ce n’est peut être qu'un rapprochement mais non sans originalité. Il y a quelques années, vers la fin des vacances, j'arpentais les agrestes sentiers des buttes de Coësmes et observais dans une châtaigneraie quantité de champignons nommés, si je ne me trompe, l'Agaricus involutus. J'en cueillis quelques-uns puis opérai une coupe tangente au stipe. Oh ! surprise... (l’'étonnement est le père de la science, nous dit Platon). Je m'écriai : c'est un chapiteau ionique (en miniature). La ressemblance était frappante : le stipe représentait la partie supérieure du fût de la colonne et si l’Agaricus involutus avait, comme beaucoup d'espèces de champignons, possédé un collier, celui-ci aurait figuré la moulure nommée astragale séparant le fût du gorgerin de la colonne. Les bords enroulés et symétriques du chapeau se déroulant autour d’un centre ou œil dessinaient les deux volutes. Ce qu'il y avait de singulier, c'est que, selon l'âge de la plante, on observait les trois formes classiques et caractéristiques du chapiteau ionique. Les jeunes avec leur chapeau en portion de sphère donnaient, sur double coupe presque tangente au stipe (voir fig. 1 et 7), l'ensemble des chapiteaux convexes de Bassie, etc. ; dans un état moyen et plus avancé la ligne liant les deux volutes était droite, comme dans l’ionique romain (fig. 2) ; puis enfin devenait concave et s'infléchis- sait en donnant la forme gracieuse que les architectes grecs repro- duisirent le plus souvent (fig. 5). tr Simple coïncidence, dira-t-on. Pourquoi les artistes qui nousont. précédé n’auraient-ils pas observé ces faits et su en tirer parti ? Par- tout croissent des Agarics et notre hypothèse en vaut bien d’autres. D PL, LLNN y 4, 7 / 7 77 DOI 7 777 RECHERCHES SUR LES ORIGINES DU CHAPITEAU IONIQUE: 1, fe* stade de l’Agaricus involutus ; ?, 2% stade; 3, bas-relief de la Piérie; 4, assyrie (Botta et Layard) ; 5. 3° stade; 6, tombeau lycien (chipig);7, double coupe du chapeau de l'Agaricus involutus presque tangente … au stipe, vue de dessous. -- 3, 4 et 6 sont des exemples d’ionique primitif, Muitiplions ies tours de spire pour compléter, si vous le vou- lez, le type de notre chapiteau et le voilà parfait, inspiré par l’éter- . nelle nature, source inépuisable de toute création artistique. | NOTE SUR UN HYMÉNOPTÈRE PARASITE DES CRUCIFÈRES DE L'INDE Par M. Jacques Surcour, Chef des travaux de Zoologie au Laboratoire colonial du Muséum. Les « Mémoirs of the départment of agriculture in India » rapportent dans une notice intéressante intitulée le « Coupeur de Moutarde » qu'un Hyménoptère du genre Afhalia attaque les Crucifères dans toutes les plaines du Nord de l’Inde, de Calcutta à Bombay, et ce mémoire donne de l'Afbalia proxima Klug. la diagnose suivante : insecte d’un jaunâtre brillant : tête, moitié postérieure du thorax en dessus, tarses, tibias postérieurs ; côté externe des autres tibias noirs. Palpes d'un testacé päle. Ailes enfumées à nervures noires. L'insecte, à l’état de larve, se nourrit des différentes sortes de Brassica et de Radis. Les ravages sont produits uniquement durant l'hiver. La larve est parasitée par un Ichneumon et il est hautement probable que ce dernier se multipliera de façon à arrêter le développement excessif d’Athalia proxima. Ce balancement entre le mangeur et le mangé, l'hôte et le parasite, est une des constantes de la nature et, presque partout où Phomme n'intervient pas, il s’est établi une sorte de régulation ; c'est ce que nous avons pu maintes fois constater en Algérie en observant le parasite de l'olive (Dacus oleæ) et le petit Hyme- noptère qui le parasite à son tour. Il en est de même pour lies cochenilles du figuier, le Ceroplastes Rusci L., qui sont réduites et disparaissent en deux ans grâce à une petite Noctuelle, le 7halpo- chares Scitula. REV. BRET. DE BOT, T. IV 2 NS — Ce Lépidoptère détruit aussi le Lucanium Oleæ, grosse Coche- nille de l'Olivier qui provoque la fumagine. L'Inde n’a pas le monopole des dégâts causés par les Afhalia. En effet cet Hyménoptère comprend 17 espèces répandues en Europe, Asie et Afrique. En France même nous connaissons cinq espèces principales d’Athalia ; toutes sont plus ou moins nuisibles. Ce sont : Atbalia colibri Christ.; larve nuisible aux Crucifères ; Athalia Rosæ L,; larve sur diverses plantes basses : * Athalia glabricollis Thoms.; larve sur Erysimum et Sisym- brium ; Athalia annulata Fabric.; larve sur les Véroniques ; Aïbalia lugens Klüg.; larves sur les Clématites. Des insectes très voisins s'attaquent aux Pins en France. TR SUR LA MALADIE DU CHÊNE Par M. Lucien DANIEL Le blanc du Chêne est un champignon, appartenant au groupe des Blancs où Oitiums, qui a été signalé dans un grand nombre de régions de la France où il a sévi sur les Chênes avec une inquiétante gravité, à partir de mai dernier. Je n’ai pas à discuter ici les caractères de cette espèce et son origine indigène ou exotique (1). Ce que je veux surtout faire ressortir, c'est la manière dont il s'est comporte dans nos regions de l'Ouest, particulièrement dans les départements de la Mayenne, des Côtes-du-Nord et de l'Ille-et-Vilaine où j'ai êté à même d'etu- dier plus spécialement sa marche envahissante sur nos chênes indigènes au cours de cette année (1908). Cette marche est très intéressante pour moi, en ce sens que le champignon s'est comporté nettement comme ma théorie des capa- cités fonctionnelles permettait de le prévoir. Les pousses du Chêne ont aussi acquis une structure plus tourmentée et présenté des troubles dans les dispositions phyllotaxiques qui rappellent ceux que j'ai décrits dans les arbres soumis à la taille. * LE. Comme je l’ai déjà montré, si l'on représente par le symbole (1) Desportes, dans sa Flore de la Sarthe et de la Mayenne, Le Mans, 1838, cite une longue liste d'Erysiphe, et il indique un Æ Quercüs, Nobis. sur les feuilles du Chêne. D'autres auteurs ont depuis longtemps décrit l'Oïdium quer- cinum. Peu importe le nom spécifique de l'espèce au point de vue spécial que j'ai à envisager ici, — 90 — Ca la capacité fonctionnelle d'absorption d'une plante et par le symbole Cvsa capacité fonctionnelle de consommation pendant un laps de temps suffisant, ces deux quantités s'équivalent. On dit alors que la plante esten équilibre de végétation, autre- ment dit en bonne santé. Cet état d'équilibre peut se représenter par l'égalité. COCA: A cet état la plante présente le maximum de résistance à ses ennemis. Mais cette bonne santé peut être compromise chez le végétal par les variations du milieu extérieur ou celles du milieu interne sous l'influence de causes variées. Deux cas généraux de rupture d'équilibre entre les capacités fonctionnelles Ca et Cv peuvent se présenter : 1° Celui où la plante reçoit plus qu'elle ne consomme, où Ca est plus grand que Cv. C'est le cas de la suralimentation, où la plante finit par devenir pléthorique, et cela qu'il s'agisse de la totalité de l'aliment ou d’un seul de ses éléments comme l'eau par exemple. 2° Celui où la plante reçoit moins qu’elle ne consomme, où Ca est plus petit que Cv. C'est le cas de la disette où la plante finit par mourir d'inanition. Ce sont ces deux cas que j'ai représentés par les inégalités Cv << Ca et Cv > Ca, et dont la discussion m’a amené à raisonner certaines pratiques jusqu'alors empiriques, à en prévoir les résultats à l'avance, par conséquent à justifier ou infirmer certaines pratiques culturales. S'il s'agit dans ces inégalités du régime si important de l'eau dans la plante, la première inégalité représentera la vie en milieu humide ; la seconde, la vie en milieu sec. Or tout le monde sait que les champignons se développent d'autant mieux que leur hôte est plus affaibli et que ses tissus lui fournissent plus facilement l’eau qui leur est nécessaire. On conçoit que le degré d'humidité interne des tissus du chêne joue un rôle dans la facilité relative avec laquelle cet arbre se laissera envahir par le Blanc. Celui-ci se conformera donc fatalement à la règle géné- rale, à moins de circonstances exceptionnelles. * + * mt fuit tite ht dt) à Au cours de mes études sur la greffe et la taille des arbres fruitiers, j'ai été amené à démontrer que les procédés utilisés dans la pratique peuvent tous se ramener à l'emploi des déséquilibres que je viens de citer. Souvent, après la greffe ou la taille par exemple. la plante passe à l’état de vie en milieu plus humide et sa réceptivité varie 7pso faclo par rapport aux maladies cryptoga- miques. Je l'ai démontré expérimentalement pour des Lilas greffés (1) sur lesquels j'ai pu, en faisant rationnellement augmenter ou dimi- nuer l'appareil aérien, c'est-à-dire la valeur de Cv, provoquer ou arrêter le développement de la pourriture grise (Bofrytis cinerea). De même il est aujourd'hui unanimement reconnu que les vignes européennes greffées ont leurs feuilles et leurs raisins plus envahis qu'autrefois par la pourriture grise, par suite de leur greffage sur pieds américains qui les gorgent d'eau au moment des pluies. Et comme ces faits se renouvellent depuis un assez grand nombre d'années, non seulement les vignes greffées ont vu leur réceptivité augmenter pour les champignons parasites, mais ceux-ci sont devenus plus virulents, à tel point que l’on semble aujourd'hui désarmé contre certains d’entre eux (2). La taille des arbres, en enlevant une portion plus ou moins considérable de l'appareil aérien sans toucher à l'appareil absorbant a pour effet de détruire l'équilibre de végétation et de le remplacer par le déséquilibre Cv << Ca ; autrement dit la plante taillée et ses jeunes pousses de remplacement sont placées en milieu plus humide par le fait de la taille en sec ou en vert, que cette taille soit com- plète ou incomplète. Mais l’on conçoit qite, dans le cas de taille incomplète, le déséquilibre soit moins élevé que si l’on a enlevé tout l'appareil aérien. Par une taille incomplète de poiriers en pyramide, j'ai pu pro- Yoquer l'apparition du Fusicladium pyrinum. sur une moitié de l’arbre et non sur l’autre, ce qui prouve qu'au moment de l'inva- (1) L. Daniel, Sur une greffe en écusson de Lilas, C. R. de l'Ac. des Sc, 13 juillet 1903. (2) L. Daniel, La question phylloxérique, le greffage et la crise vilicole (Œnophile, 1905, 1908) et travaux antérieurs, — DD — sion, ces deux parties n'étaient pas au même état biologique et ne possédaient pas la même résistance (1). Enfin, j'ai montré que le pincement, la taille en vert et, en général toute cause amenant au moment de la vie active un arrêt suffisamment prononcé de la croissance en longueur, provoquaient dans un rameau de l'année une ramification de remplacement et des zones concentriques dans le tissu ligneux. à tel point qu'il devenait difficile de reconnaître, à l’aide des caractères morpholo- giques extérieurs et intérieurs, l’âge du rameau ainsi venu dans des conditions anormales. Cette influence de la taille et des accidents de végétation cons- tatée dans les arbres .fruitiers et sur d’autres végétaux ligneux ou herbacés. sur leur résistance aux champignons et sur leur morpho- logie externe ou interne, va nous permettre de comprendre facile- ment: 1° la marche inégaie et l'intensité variable du Blanc du Chêne suivant la nature des souches considérées ; 2° la ramification exagérée et les changements morphologiques qui se sont produits sur certains Chênes à la suite de l'attaque du Champignon. * x * Le Chêne, dans nos régions, est exploité de diverses manières. Tantôt il est cultivé à l’état de taillis ou de hautes futaies ; tantôt il pousse sur nos haies. où on le taille, soit au ras du sol comme dans les taillis, soit à l'état de têtards ravalés complètement tous les sept ans en général, soit enfin à l'état d'arbres élagués jusque près le sommet qui porte alors un simple bouquet de branches ; tantôt il pousse librement et l’on se contente de former l'arbre à ses débuts en lui enlevant les basses branches à une hauteur suffisante pour lui faire acquérir un tronc convenable pour les travaux de l'indus- trie Ces derniers chènes existent sur les haies, dans les avenues, les parcs, les bois, taillis et les forêts. Or, le Blanc du Chène s'est développé d'une façon tres inegale (1, L. Daniel, La théorie des Capaciiés fonctionnelles, Rennes 1902; Compa- raison anatomique entre le greffage, le pincement et la décortication annulaire (C. R. de l'Acad. des Sc., 1901); Sur la structure des plantes remontantes, Rennes, 1903, etc. — 23 — et très différente comme rapidité sur ces diverses catégories de Chênes. Dans les bois taillis et dans les pieds coupés au ras du sol sur les haies, dans le courant de l'hiver dernier, les jeunes pousses de remplacement, riches en eau, ont été envahies vers la mi-mai d’une façon très intense. _Îl en a été de même pour les têtards taillés à la même époque : leurs pousses, formées exclusivement de tissus jeunes et peu résis- tants encore. furent atteintes rapidement. Celles de la base le furent les premières. Les souches terminées par un bouquet de branches, mais que l’on avait élaguées pendant l'hiver, se comportèrent sensiblement comme les têtards pour les rameaux de remplacement; seule la partie feuillée du sommet résista très longtemps et les jeunes pous- ses de cette région ne furent envahies que plus tard. Les arbres de haute futaie, non taillés, ne furent pas envahis du tout au début par le parasite, ou ne le furent que plus tard et incomparablement moins en général. Quant aux têtards et autres chênes taillés les années précé- dentes, on pouvait constater qu'ils étaient aussi attaqués par le blanc, mais si cette attaque était plus marquée à la base que dans les régions supérieures, elle était moins vive sur les souches taillées depuis longtemps que sur les souches dont les pousses étaient plus jeunes. Et même sur les souches taillées au début de 1907, l'attaque était en général moins rapide et moins violente que sur les souches taillées l'hiver dernier. On pouvait remarquer encore que l’'Oïdium ävait atteint inéga- lement les souches d’une même catégorie. Çà et lä des pieds étaient plus ou moins indemnes quand, à côté, d'autres pieds analogues étaient plus ou moins touchés. Quelques exemplaires jeunes, non taiilés, étaient souvent sains, bien que pourvus à ce moment de pousses jeunes. Enfin sur le bord des routes, quelques souches avaient été incomplètement taillées l'hiver dernier, pour dégager la route; les pousses de remplacement de l’année étaient très atteintes quand les pousses de remplacement l’étaient moins et l'avaient été beau- coup plus tard. — 24 — Cette inégalité dans l'attaque du parasite suivant les indi- vidus, leur âge et la façon dont ils avaient été taillés est des plus faciles à comprendre pour celui qui veut bien examiner chacun des cas considérés et s’en rapporter pour leur explication à ma théorie des capacités fonctionnelles qui s’est vérifiée là avec une parfaite netteté. Les Chênes qui n'ont subi aucune mutilation sont en état d'équilibre de végétation Ca = Cv. Bien portants, ils vaporisent normalement l'humidité de leurs tissus et présentent alors le maxi- mum de résistance à l'Oidium dans le milieu où le hasard du semis les a placés. C’est d’ailleurs conforme aux données générales de la pathologie. Mutilés par la taille qui enlève une portion plus ou moins complète de l'appareil vaporisateur, tout en respectant l'appareil absorbant, la consommation Cv est très réduite quand l'absorption Ca reste la même. La plante présente le déséquilibre de nutrition Cv << Ca, caractéristique de la vie en milieu plus humide, avec toutes ses conséquences. Ses tissus renferment un excès d’eau qu'ils ne peuvent éliminer faute de feuilles en quantité suffisante. Les pousses sont plus nombreuses et plus molles; les épidermes, moins résistants, sont plus facilement pénétrables par les parasites. Les souches ainsi déséquilibrées sont une proie toute désignée pour le blanc qui demande pour se développer un milieu humide et des plantes affaiblies par un milieu défavorable. On comprend fort bien que le déséquilibre Cv << Ca soit différent suivant la souche considérée. La valeur absolue de cette inégalité est fonction de nombreux facteurs parmi lesquels le nombre des branches coupées joue un rôle important. Si toutes l2s branches sont coupées, les pousses sont toutes envahies, en commençant par la base, là où le milieu est plus aqueux. En effet la sève a moins de chemin à parcourir pour y arriver par capillarité ; elle y arrivera encore en quantité plus ou moins grande dans les conditions spéciales de l'expérience, suivant que la vaporisation s'effectuera ou non par les vaisseaux béants du sommet décapité. Quand on laisse des branches feuillées, soit en bouquet terminal, soit d'un seul côté comme on le fait parfois sur le bord des routes, le déséquilibre Cv << Ca est moindre que dans le cas précédent ; de là une attaque moins vive du parasite par rapport ncéocitetélatineut" méte tit aux souches précédentes. Que les parties non taillées de la souche ne soient pas atteintes ou ne le soient que beaucoup plus tard, c'est tout naturel puisqu'elles ne sont pas au même état biologique que les pousses de remplacement, mais en équilibre de végétation ou à un état voisin de cet équilibre. C’est encore par des considérations du même ordre que s’ex plique la résistance plus grande des souches taillées depuis plusieurs années. Au fur et à mesure que les pousses de remplace- ment se développent, la valeur de l'inégalité Cv < Ca consécutive à la taille va en diminuant ; la résistance augmente d'autant. Les à-coups de végétation résultant de l'intermittence des pluies ont d'autant moins de répercussion sur le milieu interne que, sous le rapport de l'humidité de ce milieu, le déséquilibre Cv << Ca se rapproche plus de l'équilibre de végétation, c'est-à-dire de l'égalité Cv = Ca. : x» Les différences de résistance suivant l’état biologique de chaque souche de Chêne ont été accompagnées de changements morpholo- giques intéressant à la fois la forme extérieure et la structure des pousses. L'étude de rameaux de l’année, poussés sur les souches taillées l'hiver dernier et âgés d'un an par conséquent est particu- lièrement instructive. Ces rameaux ont été pour la première fois atteints par l'Oïdium vers la mi-mai. C'est leur extrémité, plus tendre, plus aqueuse et par suite moins résistante, qui a été envahie la première. Pour beaucoup d’entre eux, le sommet végétatif est mort et même une portion plus ou moins étendue de la tige. Lorsque la mort des extrémités est survenue rapidement, au moment où la partie restante présentait la disposition phyllotaxique normale, la croissance en longueur du rameau a cessé pour ainsi dire brusquement ; les bourgeons, de disposition normale, se sont accrus et ceux voisins du sommet ont fourni des pousses de rem- placement alternes et distantes les unes des autres comme à l'ordi- naire. Mais la mort n'a pas toujours été brusque ; elle a été dans un grand nombre de cas précédée d’un ralentissement de croissance qui s’est manifesté par un raccourcissement inégal des entrenœuds et des désordres phyllotaxiques plus ou moins profonds. Les bour- Et — geons affectaient des dispositions anormales ; tantôt ils restaient alternes, bien que très rapprochés; quelquefois les bourgeons étaient opposés ou le plus souvent groupés irrégulièrement au voi- sinage du bourgeon terminal. Quand le bourgeon terminal mourait, les bourgeons groupés donnaient les pousses de remplacement à la suite d’une deuxième reprise de la végétation. Si les bourgeons étaient opposés, comme cela se produit pour le Lilas, deux rameaux en fausse dichotomie prenaient naissance. Quand ils étaient irrégulièrement groupés, un bouquet de pousses se formait au sommet en prenant une forme de balai plus ou moins fourni, suivant la vigueur relative de la pousse et de la souche. Un certain nombre de souches ont donné une troisième vége- tation avec des ramifications analogues aux précédentes, et plus ou moins compliquées. Dans d’autres cas, le rameau ne s'est pas desséché et a conti- nué à pousser avec des alternatives de vigueur et de faiblesse. Cette croissance a été extrêmement irrégulière ainsi qu’en témoi- gnait la disposition tourmentée des bourgeons, la longueur fort variable des entrenœuds et les différences de coloration des régions différentes du rameau. Sur un même rameau de l'année, on pouvait relever des com- binaisons variées des deux états extrêmes que je viens de décrire. Une des plus intéressantes est celle où deux rameaux de rempla- cement issus de deux bourgeons opposés ayant pris la place du bourgeon terminal tué par l’oidium se sont comportés : l’un comme dans le premier cas en se ramifiant deux fois ; l’autre comme dans le second cas, sans se ramifier. Le cas le plus fréquent sur les souches que j'ai examinées est celui de la ramification exagérée, qui donne actuellement à la souche une physionomie assez anormale. Et cela se comprend puisque les rameaux qui auraient dû, dans la grande majorité des cas, rester simples, présentaient en petit l'aspect d’une branche de quatre ans. Il me faut encore signaler d’autres anomalies intéressantes. Sur les rameaux arrêtés dans leur croissance et se ramifiant ensuite, ont apparu parfois des pousses latérales très courtes, présentant à leur sommet une agglomération de bourgeons offrant extérieu- — 27 — rement une certaine analogie avec la production fruitière désignée sous le nom de bouquet de mai dans les arbres fruitiers à noyau. Quelques pousses à la fin de la végétation se terminaient à leur sommet par une agglomération anormale de bourgeons ; d'autres avaient le bourgeon terminal avorté et remplacé par deux bourgeons latéraux comme dans le lilas ; enfin certaines pousses étaient retombantes et quelques-unes, à bourgeons rapprochés, offraient de loin l'aspect d’une pousse fasciée, sans qu'il y eût ce- pendant une fasciation véritable, mais seulement des irrégularités du diamètre des rameaux vigoureux; ce dernier cas m'a paru être trés rare. A ces changements provoqués par les procédés de taille, l'attaque du champignon et les alternances de pluie et de séche- resse correspondaient tout naturellement les variations précédem- ment décrites. J'ai voulu voir si les rameaux ainsi modifiés dans leur forme extérieure présentaient des variations de structure analogues à celles que j'ai signalées à la suite de la taille en vert ou du pince- ment dans les arbres fruitiers ou dans les plantes remontantes. La coupe dans le rameau bifurqué que j'ai décrit précédemment était particulièrement démonstrative. Elle était, au-dessous de la bifurcation, formée de deux parties inégales dont la structure était bien différente. La partie correspondant au rameau de rem- placement ramifié deux fois à la suite de la première ramification, comprenait quatre couches successives de bois quand la partie correspondant au rameau dont la végétation avait seulement été ralentie ne présentait que deux couches successives. C'est une vérification de plus de la formule que j'ai établie antérieurement sur les relations existant entre le nombre des couches et les arrêts de végétation : s'il v a # arrêts de végétation espacés et suivis de pousses de remplacement, le bois de l'année présente x +1 couches pius où moins nettes, comme s'il avait n + 1ans d'âge. Le rameau de remplacement ramifié deux fois après le premier arrêt de végétation avait subi trois arrêts ; il devait présenter 3 +1 — 4 couches ligneuses. L'autre qui avait persisté à croître après le premier arrêt devait présenter 1 + 1 ==2 couches ; c'est bien ce qui s'est produit. L'aoûtement des tissus et leur richesse en amidon présentaient — DA — aussi des différences considérables avec les plantes non atteintes par l'Ordium. Ce fait suffit à montrer que la végétation ultérieure des plantes contaminées ne sera pas la même qu’à l'ordinaire. Dans les rameaux attaqués de façon variable et ayant végété irrégulièrement, le nombre de couches ligneuses correspondait exactement au nombre des arrêts de végétation plus un. En exami- nant avec soin la morphologie externe et les phases de végétation de chaque rameau au cours de l’année 1908, il était facile d’en prévoir la structure. En résumé, il ressort de ces constatations que l'Ordium querci- num a provoqué dans les rameaux de remplacement du Chêne des morphoses externes ou internes d'ordre varié qui ont porté sur les caractères phyllotaxiques des feuilles ainsi que des bourgeons axillaires où terminaux; sur la ramification répétée et anormale du rameau quia pris l'aspect de branches à terminaisons plus ou moins irrégulières ; sur la structure du rameau qui est devenue très tourmentée et a présenté des couches anormales et asymétriques, conformément aux variations produites par les arrêts et reprises alternatifs de végétation dans la période de croissance annuelle de beaucoup de végétaux ligneux ou herbacés. Ces faits confirment de la façon la plus nette mes observations antérieures sur le bois considéré comme un appareil enregistreur des à-coups successifs de végétation annuelle, quand ceux-ci sont assez espacés et assez prononcés pour permettre au tissu ligneux de se différencier en couches distinctes. IIS montrent aussi, une fois de plus, que les dispositions phyllotaxiques, le géotropisme, etc. ont un rapport étroit avec ces à-coups de végétation, autrement dit avec les variations de l'exerci-e de l'aliment. * LR Il va de soi que je ne veux pas dire que toute plante non taillée résiste par cela même à l'Oidium quercinum, et qu'en ne taillant pas le chêne celui-ci ne serait pas atteint. J'ai simplement voulu: 1° montrer une fois de plus, l'influence de l'homme sur l'état de santé des êtres vivants, sur leur état biologique, sur leur forme extérieure et sur leur structure; 2° faire voir. par un exemple ayant porté sur des milliers d'êtres en apparence semblables, combien la façon empirique d'exploiter utilitairement ces plantes retentit sur PES — 29 — leur état de santé respective et combien cela peut avoir de consé- quences fâcheuses dans certains cas déterminés ; 3° établir enfin qu'il y aurait intérêt à remplacer les procédés routiniers par des méthodes plus rationnelles d'exploitation basées sur des données scientifiques. L'étude que je viens de faire repose sur des faits qui ont été vus par tous ceux qui ont bien voulu regarder nos Chênes de l'Ouest, et il est bien probable qu'on eût pu faire des observations concor- dantes dans d’autres régions. Depuis que j'ai publié à ce sujet une note dans Le Bonhomme Breton (1), nombre de mes compatriotes ont constaté l'exactitude de mes observations. On voit combien la théorie des capacités fonctionnelles permet de comprendre facilement certains phénomènes biologiques. C’est une sorte de fil d'Ariane qui permet, mieux que tout autre dans les conditions actuelles de la Science de s'orienter théoriquement et pratiquement dans le dédale des morphoses, quelque soit l’agent morphogène considéré, quand bien même, ce qui est le cas le plus fréquent, il y aurait plusieurs agents morphogènes en jeu dans une même plante ou dans un même organe. On ne devra pas perdre de vue ces indications de la théorie quand il s'agira de lutter rationnellement contre le Blanc du Chêne, si cette maladie vient un jour à s'établir à demeure dans notre pays. +) “ (1) N° du 22 août 1908. VARIÉTÉS La première session mycologique de l'Ouest Le succès croissant des expositions mycologiques organisées - par la Société Bretonne de Botanique nous avait engagés, dès 1907, à étendre notre programme habituel, limité tout d'abord aux cham- pignons de l'Ille-et-Vilaine. Notre Société et la Société Mayenne-Sciences, d’un commun accord, avaient invité la « Société mycologique de France», qui tenait sa session annuelle à Morlaix, à s'arrêter à Rennes pour explorer avec nous la riche forêt de Port-Brillet (Mayenne), située aux confins des départements de la Mayenne et de l'Ille-et-Vilaine. Par suite de pluies persistantes, la Société mycologique de France dut, au dernier moment, remettre son voyage à Morlaix ; sa session normale de 1907 n'eut pas lieu de la façon prévue au programme. Seuls, quelques membres intrépides, MM. Souché, président de la Société botanique des Deux-Sèvres, Dupain et Pel- tereau vinrent quand même à Rennes et sans se laisser arrêter par le mauvais temps, résolurent d'explorer la Bretagne, quand même, et, autant que possible, suivant le programme primitivement établi. La science mycoiogique bretonne ne peut qu'être reconnais- sante à ces vaillants ; la Société bretonne de Botanique fut heureuse de leur adresser le témoignage de son admiration et de prendre part à quelques-unes de leurs excursions. L'herborisation projetée de Port-Brillet se fit donc malgré la déception causée par l’absence de nos distingués confrères pari- siens dont nous nous proposions de mettre les lumières à une large et précieuse contribution. Cette herborisation fut charmante, — 31 — non seulement parce qu’elle permit à beaucoup de nos sociétaires Rennais et Lavallois de mieux se connaître et s'apprécier, mais aussi parce que la pluie fit trêve et permit de faire une abondante récolte de champignons comestibles, indifférents ou vénéneux. Une double exposition de ces espèces eut lieu simultanément : 1° à Laval, par les soins de Mayenne-Sciences qui en a publié le compte rendu dans son Bulletin ; 2° à Rennes, dans le local habi- tuel, à la Faculté des Sciences. MM. Souché, Dupain et Peltereau nous aidèrent très aimablement dans le classement et la détermi- nation des espèces, travail long et minutieux pour lequel leurs connaissances spéciales furent des plus utiles. Frappé des résultats heureux de cette collaboration au point de vue de la science mycologique générale comme de la vulgarisation et de l'intérêt que nos travaux avaient éveillé chez nos concitoyens, M. Souché, qui est un habile organisateur, eut l'intuition des services que pourraient rendre dans la région de l'Ouest de semblables expositions annuelles, où les Sociétés scientifiques grouperaient leurs efforts en vue de mieux faire connaître nos richesses et les moyens de les utiliser. De notre conversation d'alors naquit le projet d'organiser à Rennes ce groupement, qui permettrait de faire chaque année des excursions et des expositions au moment le plus favorable à la récolte des champignons. Malgré toutes les difficultés inhérentes aux organisations de ce genre et que rencontrent fatalement ceux qui cherchent à faire œuvre nouvelle, celle-ci devait aboutir Toutefois ce fut seulement au mois de septembre 1908 que la conversation fut reprise entre M. Souché et nous, et que, d’un commun accord, nous décidâmes d'agir. M. Ch. Oberthür, président de la Société des Amis de l'Univer- site, de la Chambre de Commerce et de la Société Scientifique et Médicale de l'Ouest, voulut bien accepter la présidence du Comité d'organisation. C'est grâce à son dévouement, à sa bonne grâce, à sa cordialité charmante, que nous avons rencontré partout des encouragements précieux, que nos excursions ont été si pleines d’entrain et si suivies, que la session mycologique de l'Ouest a été un véritable succès et a pu définitivement être fondée. Qu'il veuille bien nous permettre de lui témoigner toute notre sincère gratitude et lui assurer que si nous avons été heureux et fiers de le voir nous accorder ainsi son précieux concours, il peut compter aussi sur le nôtre. Organisation de la session L'organisation de la session n'était pas une mince besogne et, en l’acceptant, M Ch. Oberthür savait qu'il aurait fort à faire dans un temps trop restreint. Ce fut pour lui une raison d'aller plus vite ; son activité et sa connaissance des organisations de ce genre lui permirent de réussir là où d'autres auraient infailliblement échoué. Sur sa demande, MM. Sagebien, préfet d'Ille-et-Vilaine ; Laronze, recteur de l’Académie; Janvier, maire de Rennes, vou- lurent bien accepter la présidence d'honneur de notre Session mycologique. Elle ne pouvait s'ouvrir sous de meilleurs auspices. Il fit appel à tous les Présidents des Sociétés scientifiques de la région en vue de grouper tous les efforts et de donner à nos premières assises mycologiques une base d'autant pius solide qu’elle serait plus étendue. L'époque des vacances et la date trop rapprochée de la Session projetée ne permirent pas à toutes les Sociétés invitées de prendre une part effective à nos travaux, mais toutes nous promirent leur collaboration à partir de 1909. D’autres nous apportèrent un concours immédiat précieux, tant dans la période d'organisation que pendant la Session même, en prenant une part active à la publicité, à nos excursions et nos travaux Parmi les personnes qui ont ainsi acquis des droits à notre gra- titude, il me faut citer MM. Souché et Bellivier, de la Société botanique des Deux-Sèvres; Labbé, D' Pénélet et Corfec, de Mayenne-Sciences ; Georges Bouvet, de la Société scientifique d'Angers ; Gentil, président de la Société d'Agriculture, Sciences et Arts, du Mans; Corbière, président de la Société des Sciences Naturelles de Cherbourg ; Allanic, de la Société d’horticulture de Brest ; D' Picquenard, à Quimper ; D' Sauvage, à Lorient; Gade- ceau, à Nantes; D' Camus, de Plouigneau (Finistère); Belin, à Erquy ; Blin, à Nantes, etc., etc. Dans‘; 1e Une mention spéciale est due à la Presse en général{r), à la Presse régionale et en particulier à la Presse rennaise qui, sans distinction de parti, nous ont apporté un concours aussi bienveillant que désintéresse. Toutes ces bonnes volontés réunies, jointes aux efforts de membres dévoués de notre Société, parmi lesquels il faut citer MM. le capitaine Ripert, D' de la Plesse, Houlbert, René Oberthür, Commandants de Bourayne et Georget, Perret, Vuillet, D' Savouré, Seyot, Toutain, D' Ramé, Bonhomme, de Vitré, Delamaison, etc., ont leur part dans le succès de l'œuvre commune ; elles peuvent être fières des résultats obtenus Programme de la Session Le programme de la Session Mycologique était bien varie et susceptible de pla re à l'homime de science et à l'amateur. Nous le reproduisons 1ci à titre de document : Jeudi 1°" octobre 1908. — Séance d'ouverture à neuf heures du matin et réception des Congressistes à la salle de l'Hôtel de Ville. L'après-midi, excursion à la Forêt de Rennes. Vendredi 2 octobre. — Excursion à la Forêt de Haute-Sève. Samedi 3 octobre. — Excursion à la Forêt de Paimpont. Dimanche 4octobre — Ouverture de l'Exposition mycologique à neuf heures du matin, au Palais de [a Faculté des Sciences, P.C.N. — A dix heures et demie du matin, conférence-promenade par M. Souché, président de la Société botanique des Deux-Sèvres, sur les espèces de Champignons comestibles et vénéneux figurant à l'Exposition. Lundi 5 octobre. — Excursion dans la Forêt de Concise, pres Laval, dirigée par M. Labbé, président de la Société « Mayenne- Sciences ». (1) Citons, parmi les journaux parisiens qui ont inséré atrnablement notre programme, le Petit Jourual, qui a d'ailleurs, comme on sait, contribué à vulgariser en France l'étude des champignons comestibles et vénéneux, REV, BRET, DE BOT, T. IV y Mardi 6 octobre. — Excursion à Bourg-des-Comptes et à Pléchâtel. | Mercredi 7 octobre. — Exposition des récoltes de champignons faites à Laval et à Bourg-des-Comptes. - Conférence-promenade à dix heures du matin par M. L. Daniel, professeur de’ Botanique appliquée à la Faculté des Sciences. L'après-midi, à trois heures, conférence par M. le D: E. Bodin, professeur à l'Ecole de Médecine et de Pharmacie, sur le rôle des champignons en pathologie humaine. A la suite, séance de clôture. Nous verrons par la suite de ce compte rendu comment ce programme fut rempli à l'entière satisfaction de tous. Pourtant nous fümes loin d'être favorisés par les circonstances climatologi- ques du moment. è A la suite des pluies répétées des dernières semaines de sep- tembre, succédant à une période de chaleur, une abondante poussée de champignons, parmi lesquels de nombreuses espèces comes- tibles. s'était effectuée dans tous nos bois. Dans une visite prélimi- naire faite avec M. Ch. Oberthür à la forêt de Paimpont, nous avions trouvé une quantité considérable d'espèces et cette végéta- tion prometteuse nous faisait espérer que, pendant notre session, nous aurions à la fois la quantité et la qualité, c'est-à-dire ce quil fallait pour satisfaire à la fois le mycologue et le mycophage. Les espérances les mieux etablies ne sont pas toujours reali- sées, et les nôtres furent quelques peu déçues La pluie cessa au début d’octobre et fit place à un temps superbe, charmant pour les promenades d'automne, mais trop sec pour permettre aux champignons de pousser à l'aise. Les récoltes s'en ressentirent, malgré le zèle de collecteurs infatigables et leur connaissance des lieux. Cependant ils surent faire des cueillettes suffisantes pour satisfaire notre gourmandise aux déjeuners d'excursion et pour assurer le succès de nos deux expositions successives. # k Séance d’ouveriure A l'heure fixée par le programme eut lieu la séance d'ouver- ture et la réception des Congressistes. Cette. séance était présidée par M. Charles Oberthür, président de la Session mycologique de Rennes, lequel etaif assisté de MM. Daniel, professeur à la Faculté des Sciences, secrétaire, et Vuillet, préparateur à la station entomologique de la Faculté des Sciences, trésorier Parmi les congressistes se trouvaient M. Labbé, de Laval, président de Mayenne-Sciences et plusieurs membres de cette Societé ; M. Blin, de Nantes, et d'autres délégués étrangers ; MM. le genéral Marcille, Moreau, doyen de la Faculté des Sciences ; MM. Dottin Laurent, adjoints au Maire ; Lenormand et Houlbert. professeurs à l'Ecole de Médecine ; Commandant Georget, Commandant de Bourayne ; Capitaine Ripert ; Marc. directeur du Jardin des Plantes, etc. M. Oberthür souhaita dans les termes suivants la bienvenue aux mycologistes. Mesdames, Messieurs, Nous vous remercions d’avoir bien voulu vous rendre à notre invitation pour l'ouverture de la Session mycologique de l'Ouest. Votre présence ici, Mesdames et Messieurs, est pour nous un précieux encouragement. Tout d'abord, nous poursuivons un but scientifique. I s'agit d'étudier ensemble les diverses espèces de champignons qui se développent dans nos bois, de connaître les localités que préfère chaque espèce et de réunir des matériaux, en vue de dresser l'inventaire de toutes les espèces de champignons de notre region. Nous avons aussi l'intention de rendre à nos concitoyens un service pratique, en leur apprenant à distinguer les champignons comestibles des champignons vénéneux. Combien de promeneurs passent dédaigneux, à côté d'espèces excellentes, parce qu'ils en ignorent le mérite. Pourtant la recherche des champignons donne lieu à des ex- cursions pleines d’attraits. De plus, la récolte d'espèces comestibles fournit à la table un mets nouveau, généralement très apprécié. Mesdames et Messieurs, voici maintenant les premiers jours de l'automne avec leur charme si doux. Puisse le soleil rester notre fidèle compagnon dans toutes les promenades auxquelles nous vous convions,. — 36 — Nous nous sommes efforcés, mes très dévoués collègues, MM. Lucien Daniel et Vuillet, et moi-même, de pourvoir à l'orga- nisation des moyens de transport et des repas pour les différentes excursions qui figurent à notre programme. Malgré toute notre volonté de vous satisfaire amplement, nous réclamons, Mesdames et Messieurs, votre plus bienveillante indul- gence. Pour rendre plus facile l'exploration de la forêt de Paimpont, nous en avons, il y a trois jours, parcouru les lignes où les cham- pignons abondent. Il en est certainement de même à la forêt de Haute-Sève, où nous nous rendrons vendredi, et à la forêt de Rennes, qui sera l'objet de notre première visite aujourd'hui même. A Paimpont, nous étions charmés par les paysages variés qui s'offraient à nos yeux. Près des Forges, les futaies se réfléchissaient délicieusement dans le miroir des eaux, et çà et là, sur les hauteurs d'où l’on découvre de vastes horizons, les ajoncs marins (Ulex nanus), au milieu des rochers couverts de lichens, mêlaient très agréablement leurs fleurs d'or aux tiges roses ou violacées des qua- tre espèces de bruyères (Erica ciliaris, teiralix, cinerea et Calluna vulaarts). Mesdames et Messieurs, les curieux de la nature. dans les champs et dans les bois, ne jouissent pas seulement de satisfac- tions scientifiques et artistiques très hautes. Ils ont encore un autre avantage. Unis par un même sentiment et par la conformité des goûts, ils ne tardent guère à s’apprécier mutuellement, à s'estimer et à s’affectionner les uns les autres. Quelle que soit la spécialité à laquelle on se soit adonné dans les sciences naturelles, l'étude de la Nature à toujours le privilège de faire naître les amités fidèles dont le commerce est si réconfortant et si précieux. É La vie se trouve ainsi embellie et ennoblie. Tous ceux qui se sont voués à l'étude de la Nature y ont trouve le remède à bien des mécomptes, la compensation de bien des déceptions et l’apaise- ment à bien des douleurs. Arrachons-nous donc, si vous le voulez bien, pendant quel- ques heures, aux soucis ordinaires de chaque jour, et, en compa- | | | | | Lise. gnie des maîtres si savants et siexperimentés que nous connaissons tous, allons explorer, avant que les prochains frimas ne jonchent le sol de feuilles mortes les forêts de Rennes, de Paimpont et de Concise, les landes rocheuses et les sites agrestes de Bourg-des- Comptes et de Pléchâtel. Entre temps, Mesdames et Messieurs, nous profiterons ensem- ble des conférences qui seront faites pour nous à la Faculté des Sciences dimanche par M. Souché, mercredi par MM. Daniel et Eugène Bodin. Permettez-nous maintenant, pour rendre plus faciles les ques- tions des transports et des repas de vous demander de vouloir bien nous faire connaître vos intentions, d'abord pour Haute-Sève ven- dredi, puis pour Paimpont samedi. M. Lucien Daniel. secrétaire de la Session mycologique, et M. André Vuillet, trésorier, auront l’obligeance de vous fournir tous les reuseignements particuliers que vous pourriez désirer et de recueillir vos adhèsions, comme vous le jugerez à propos. En terminant, j'accomplis le plus agréable et le plus juste des devoirs qui est d'exprimer en notre nom à tous, la plus vive grati- tude à M. le Préfet, à M. le Recteur de l’Académie. à M. le Maire de Rennes, qui nous ont permis de mettre la Session mycologique sous leur haut patronage et qui ont bien voulu accepter d'être nos présidents d'honneur. Lorsque les applaudissements eurent cessé, M. Daniel, secré- taire de la Session, donna des renseignements sur la partie maté- rielle des excursions, les heures du départ et du retour. Il fit part des réductions très aimablement consenties aux Congressistes par la Compagnie de l'Ouest et la Compagnie des Tramways à vapeur d'’Ille-et-Vilaine. La Société bretonne de Botani- que est heureuse de saisir cette occasion pour remercier MM. Roger, chef de division à la gare de l'Ouest et Guittet, directeur des Tram- ways, pour leur constante bienveillance à son égard. * * * Excursion à la Forêt de Rennes (Mi-Forêt) L'excursion de Mi-Forêt est l’une des plus faciles. En temps convenable, elle est toujours fructueuse, car les essences d'arbres y . — 38 — sont variées ainsi que la nature du sol et l'humidité. Le trajet clas- sique de Mi-Forêt à Fouillard par la ligne des eaux (1) est suivi par le mycologue comme par les professionnels de la cueillette qu; viennent vendre leurs récoltes à Rennes. C'est dire qu’on y trouve à la fois en grand nombre les espèces comestibles, les espèces com- munes et les espèces rares dont une suffit à payer la fatigue du naturaliste. Les excursionnistes étaient trés nombreux. Citons parmi les membres de la Session mycologique, MM. Labbé et Docteur Pénélet, de Mayenne-Sciences ; Lefas, député de Fougéres, Jules Glatigny, Blin de Nantes, Bost, etc., et de nombreuses dames qu'un trajet un peu long n'avait pas effrayées. La récolte fut, cette première journée, où l'humidité des pluies précédentes n'avait pas encore disparu, assez abondante, sans être toutefois ce que nous aurions pu espérer. Voici la liste des espèces récoltées : Amanita z2uscaria, cilrina, mappa, pantherina, rubescens, Spissa, vaginaia. Lepiota amiantina. Armillaria ellea, mucida. Tricholoma columbeita, rutilans, Saponaceum, aggregatum, sejunctum, acerbum. Mycena galericulata, pura, galopus. Collybia bufyracea, maculata, grammocephala, dryophila, tube- rosa, fusipes, radicata. Laccaria /accata et ses diverses variétés. Clitocybe 1rfundibuliformis. Marasmius wrens, epiphyllus, rotula. Omphalia fibula, umbellifera. Canthareilus cibarius. Lactarius subdulcis, pallidus, thezogalus, vellereus, contro- versus, piperalus. deliciosus. uvidus, blenntus. Russula cyanoxantha, fragilis, lepida, virescens, emelica, nigricans, 14usta, Quelefri. (1) On sait que les conduites amenant l’eau potable à Rennes passent au travers de la forêt de Rennes. Claudopus varrabilis. Entoloma z1dorosum, lividum. | Clitopilus orcella. Pholiota aurea, radicosa, caperata, mutabilis. | Cortinarius cirnamomeus, violaceus, anomalus, alboviolaceus, bæœimatochelis, elatior. Gomphidius roseus. Hebeloma crustuliniforme. Flammula /eula. Stropharia æruginosa Psalliota arvensis, sylvalica. Coprinus mmicaceus, atramentartius, picaceus, plicatilis, CO- malus. Hypholoma fasciculare, bydrophilum, sublateritium, lacryma- bundun. Paxillus z2vol/utus. Polyporus versicolor, applanatus, betulinus, acanthoides. Trametes Pini Boletus scaber, et ses variétés aurantiacus, luteus, durius- culus, Boletus erylhropus, edulis. œreus, flavus, luteus, vartegalus, calopus, chrysentheron, bovinus. Hydnum repandum, imbricatum, jonatum. Clavaria byssiseuda, cinerea. Telephora /errestris. Stereum purpureum, birsutum. Phallus caninus en abondance. Peziza aurantia, onolica. * * * Excursion à la forêt de Haute-Sève La forêt de Haute-Sève. aux sites si variés et si pittoresques, est trop peu connue; elle présente pour le botaniste un intérèt par- ticulier en ce sens qu'elle renferme un lambeau de calcaire riche en plantes rares. C'est là qu'en effet se trouvent avec un tapis tres étendu d'/Æsopyrum thalictroïdes, Paris quadrifolia, Helleborus viridis, Neollia nidus avis, et autres raretés. Le Muguet s'y ren- contre aussi en grande abondance en divers points. — 40 — Les tranchées creusées dans certaines parties de la forêt voisines du hameau de la Tressardière offrent en outre une végétation de LOT 7 CE IRL 1 il in MH LL » A { 8 SESSION | MENU LL] @ M C ologique ° Q Soue à l'oignon Omelett Ch ]le e dlUuest |... Lepiota procera Merlu sauce espérance Friture de Rougets Salade russe 1-7 octobre — Fromage / 57 CA Desserts Pomone Café et Liqueurs cure Œcansin sl Sète Houle Lie LB Bessndièe CCL'ZI0$ [LT plantes herbacées poussant sous les futaies et tres remarquables pr, rat CrE Fe 7 / — par la longueur des entrenœuds et la forme anormale des feuilles qui caractérisent les plantes vivant dans la lumière atténuée. Dans ce coin relativement humide s'agite, au moment des beaux jours, un monde bourdonnant d'insectes, qui ferait le bon- heur de l’entomologiste, mais qui est un peu agaçant pour l'amateur de plantes. L'excursion, du fait du calcaire, est intéressante même pour le mycologue qui peut espérer y trouver certaines espèces calcicoles. D'un autre côté, la forêt touche à l'étang et aux landes d'Ouée, où poussent certaines formes de champignons particulières aux prai- ries et à nos landes tourbeuses de l'Ouest. Pour mieux explorer la forêt, les excursionnistes se partagèrent en deux groupes. Le premier, sous la direction du capitaine Ripert, partit dès le matin, descendit à Gosné, visita la lande d'Ouée et la partie voisine de la forêt pour venir retrouver le deuxième groupe à la Tressardière où un excellent déjeuner avait été préparé; le menu ci-contre, où les champignons récoltés tinrent une bonne place, en témoigne éloquemiment. A ce déjeuner, les membres de la Session Mycologique furent agréablement surpris de recevoir chacun un menu dessiné d'une facon très artistique par M. le D' Savouré, chef de travaux à la Faculté des Sciences. C'est lui qui dessina également les menus des autres excursions. Nous le prions de bien vouloir agréer les remer- ciements de tous pour avoir ainsi contribué au succès de nos her- borisations. Le retour à Gosné se fit par une soirée splendide, trop belle au gré du mycologue, quelque peu déçu par le petit nombre des espèces récoltées ce jour-là dans une station particulièrement riche. C'est que la forêt de Haute-Sève offre cette particularité de se des- sécher vite, surtout sur les hauteurs, ce qui empêche les champi- gnons de durer si la pluie cesse trop brusquement. Voici les principales espèces récoltées dans cette journée : Amanita #uscaria, rubescens,citrina mappa pantherina. Lepiota procera, amiantina. Armillaria mellea. Tricholoma columbetta, saponaceum, striatum, Russula, acer- bum. Collybia bufyracea, fusipes, dryophila — 42. — ès Laccaria laccaia. Lactarius Z/iciosus, confroversus, theiogalus. Russula cyanoxaniha, emetica, fragilis. Cantharellus cibarius. Panus siypticus. Entoloma idorosuim, sericeum. Clitopilus orcella. Cortinarius elafior, collinitus, anomaius. Hebeloma crus{uliniformis. Hypholoma fascicuiare, lacrymzbundum, bydrophilum. Paxillus z2Tolutus. Inocybe 2eophila. Polyporus versicolor, Schwernitzt. Boletus edulis, scaber, aurañtiacus, luteus. Hydnum repandum. Sparassis crispa. Clavaria cinerea, formosa. Craterellus cornucopioides. Phailus canins. Peziza æruginosa. Excursion à la forêt de Paimpont La forêt de Paimpont, qù vécurent, d'après la légende, la fée Viviane et l’enchanteur Merlin, est bien connue de certains Rennais mais elle mérite à tous égards de l'être de tous nos compatriotes et des touristes étrangers. Les étangs, entourés d’arbres- de haute futaie, ont grande allure, et la vallée où coule l’Aff ne manque certes pas de pittoresque Toute la région voisine est d'ailleurs fort remarquable et la route que nous avons parcourue avec M. Ch. Oberthür. par Saint- Thurial, Montertil, Paimpont et les confins du Morbihan, a un eachet de grandeur et de sauvagerie particuliers. On est surpris qu'elle ne soit pas plus connue des étrangers qui vont souvent fort loin visiter des sites qui ne valent pas les collines de schiste rouge, à végétation si spéciale de Saint-Thurial, Montertil, Coëtquidan, et surtout les hauteurs où se dresse le moulin de Rollo. De ce point, on voit, paraît-il, l'Océan quand le temps est clair. Le panorama y est très étendu, même par un temps légèrement couvert. Saint-Emilion raves kz. G Potage Crécy LE Omeilstte des Mycologues Champagne Trompette des Morts Poule Henri 1V not de eat Pommes de terre frites et en purée Salade MERE LT MAY 4x ee D FT Aou. 140$ L'on trouvera sûrement dans cette région, tres peu explorée PU DIS PENSE OR — — 44 — encore, des rarelés dans toutes les branches de la botanique. N'’est- pas là que se sont localisées Ranunculus nodiflorus, Gladiolus 1llyricus, Trigonella ornithopioïdes, etc. Il est fort probable que les Cryptogames fourniront aux spécia- listes un contingent sérieux d'espèces intéressantes et je ne saurais trop les engager à faire des collines et des vallées de Saint-Thurial, Montertil et autres localités voisines une exploration #ethodique et prolongée. Is ne perdront ni leur temps, ni leurs peines. Ce qui frappe en arrivant dans la forêt de Paimpont, c'est la vivacité et la pureté de l'air qu'on y respire. C’est une sensation qui rappelle sous plus d’un point celle que l’on éprouve en approchant de la mer. Piélan et les environs doivent à cetair pur de voir chaque année des Rennais, parmi lesquels notre sympathique confrère M. Edouard Aubrée, s'installer dans leur région pour y passer agréablement les mois de l'été. L'excursion de Paimpont, dirigée par M. Ch. Oberthur qui connaît admirablement cette région (1), fut sans contredit la plus intéressante de toutes À l'arrivée du tramway, à Plélan, des voitures attendaient notre caravane et la conduisirent à la cantine des forges de Paimpont où devait avoir lieu le déjeuner. Dès l'arrivée, les excursionnistes se fractionnèrent en plusieurs groupes. Les uns explorèrent les environs des étangs, les autres poussèrent plus loin. La récolte fut bonne. Les espèces comestibles qui eurent les honneurs de la table furent les Chanterelles, le Collybia fusipes et la Trompette des Morts. Il faut avouer que si les deux premiers champignons eurent un succès mérité près des excursionnistes, on n'en saurait dire autant de la Trompette des Morts. Cette espèce est cependant bonne, malgré son aspect peu erigageant et son nom funébre ; mais elle avait été mal arrangée et l’on sait quel rôle important joue dans la qualité d'un plat de champignons la façon de les apprèter. Le Lactaire délicieux qui mérite largement son nom préparé à la polonaise, comme nous le servit en 1905 M. de Kierniowsky (1), est plutôt désagréable apprèté d'une autre manière. v (1) M. Ch. Oberthür a été pendant 33 ans, maire de Monterfil. Le Le déjeuner n'en fut pas moins plantureux et les excellents vins qu'avait généreusement apportés notre Président furent appréciés à tout leur mérite. M. Ch. Oberthür, au dessert, dans une charmante causerie, nous dit tout le plaisir qu'il éprouvait à se trouver au milieu de nous par cette belle journée d'automne, combien il était agréable et reposant de faire de l'histoire naturelle entre wens partageant les mêmes gouts. Et il montra tout l'intérêt que présenteraient des excursions étendues, non pas seulement à la botanique, mais à l'entomologie par exemple, ces deux sciences pouvant marcher de pair et se rendre de mutuels services. Il termina par un compliment mérité aux dames présentes qui avaient bien voulu partager nos travaux et avaient contribué au succès de notre petite fête de famille. M. Daniel fit ensuite ressortir que la Société bretonne de Botanique était tout acquise à l’idée de grouper les bonnes volontés entomologiques et botaniques. mais qu'un seul homme lui paraissait capable de réaliser ce groupement en lui faisant rendre le maximum d'effets utiles à la science rennaise. Cet homme était M. Ch. Oberthür. Aussi proposa-t-il aux membres présents de bien vouloir l’élire comme président de Ja Société bretonne de Bota- nique, ce qui fut fait par acclamation. M. Ch. Oberthür voulut bien accepter cette fonction, ce dont tous nos Sociétaires lui sauront gré et se féliciteront. I n'est si bonne société qui ne se quitte, dit le proverbe. Nous nous arrachâmes aux délices de la table pour recommencer nos pérégrinations dans la forêt. Et nos récoltes furent encore bonnes, étant données les conditions climatologiques défavorables ; elles auraient été meilleures encore si nous n'avions pas été limités par le temps. En voici la liste : Amanita #uscaria, pantherina rubescens, cilrina, mappa, va- ginata, junquillea. Lepiota pudica, amiantina. Armillaria #ellea, mucida. Tricholoma rufilans, sulfureum, chrysentheron, columbetta, striaium, Sejuncium, Saponaceum, lerreum, acerbum, aggresalum. Collybia erythropus, dryophila, bulyracea, grammocephala, conigena, fusipes, radicala, tuberosa. Re Laccaria laccata et ses variètés proxima et amethystina. Clitocybe sebularis, infundibuliformis, viridis. Mycena galericulata, pura. Hygrophorus viroineus, psillacinus, obrusseus, coccineus. Cantharellus cibarius aurantiacus, tubæformis. Lactarius controversus, piperatus, pallidus, torminosus, Sub- dulcis, azçoniles deliciosus, blennius, uvidus, plumbeus. Russula cyanoxañitha, adusla, delica, lepida emetica, Queletii, VITeSCens, HIOTICANS. Marasmius oreades, roiula, prlosus, ramealis, urens. Panus s/ypticus. Pluteus cervinus Entoloma sericeum. Clitopilus prunulus. Claudopus variabilis. Leptonia chalybeum. | Eccilia carneoalba. Pholiota radicosa squammosa, aurea, caperala. Cortinarius purpurascens, collinitus, elatior, anomalus, alboviolaceus, hæmatochelis, hinnuieus, sublanatus cinnamoteus, miliinus. Inocybe 2eophila, rimosa. | | Hebeloma crushliniformis. | Tubaria furfuracea. tropharia œruginosa. coronilla Hypholoma hyärophilum, sublateritium, fasciculare. lacry- mabundum Psilocybe semilanceata. Panœolus fimipuiris, papilionrceus, campanulaius. Coprinus zicaceus. Lenzites //accida. Dœdalea quercina, unicolor, biennis. Trametes v1bbosa. Polyporus perennis, versicolor, amorpbhus, adustus, &pplana- lus, rubriporus. nigricans, bispidus, intybaceus. Boletus /uteus, edulis, scaber et ses variétés, luridus, pachypus, bovinus. Hydnum repandum, zonatum. Clavaria rugosa, cristata byssiseda, cinerea. acroporphyreo, vermicularis, fustformis, inequalis. Craterellus cornucopioides. Stereum hirsutum, purpureum. Lycoperdon gemmatuin, excipuliforme. Bovista p/umbea. Xylaria hypoxvlon Exposition du dimanche 4 octobre Grâce au dévouement des membres de la session et de divers sociétaires parmi lesquels MM. René Oberthuür, Capitaine Ripert, Didier Delaunay, de la Plesse, Seyot, etc., nous pümes, le diman- che 4 octobre, présenter au public une exposition suffisante d'’es: pèces. M. Moreau, doyen de la Faculté des Sciences, avait mis aima- blement à notre disposition la salle des manipulations du P. C. N., qui, merveilleusement éclairée, est tout indiquée pour une exposi- tion de ce genre. Des supports en bois, garnis de pointes, permettaient de pla- cer facilement les divers échantillons d'un même champignon à divers âges et d'en faire ensuite le classement. Ces supports, qui sont faits au laboratoire de Botanique appliquée, sont des plus commodes et nous les recommandons aux mycologues pour leurs expositions. Nous en avons créé plusieurs types : pour les grosses et les petites espèces ; pour les espèces qui poussent verticalement sur le sol ou les bois et pour celles qui sont appliquées horizonta- lement sur les troncs comme certains Polypores. Des piquets, placés de distance en distance sur les tables de la salle, portent à leur sommet les étiquettes des familles ou des genres, de façon à ce que la classification apparaisse de suite à l'œil du visiteur. Les espèces comestibles et les espèces vénéneuses avec les- quelles on peut les confondre sont présentées en nombreux échan- tillons. Le travail de la classification fut fait par MM. Souché, Belli- vier, Houlbert, Seyot, Daniel, et l'exposition put ouvrir à l'heure dite. À dix heures et demie, M. Souché, président de la Société botanique des Deux-Sèvres, prit la parole et dans une promenade- causerie, 1l fit, avec une simplicité charmante, connaître au public nombreux qui se pressait pour l'écouter les principales espèces de champignons comestibles et vénéneux. Il insista sur les dangers que présente la consommation de certaines espèces comme les Amanites et mit les mycophages en garde contre les procédés empiriques en usage pour reconnaitre les bons et les mauvais champignons : pièce d'argent, etc. De vifs applaudissements saluèrent la fin de la conférence de M. Souché, à la fois savant et vulgarisateur intéressant, qui n'avait pas hésité à surmonter les fatigues d'un long voyage et d'herbori- sations répétées pour faire plaisir à ses auditeurs et vulgariser pour eux des notions arides. II le fit d'ailleurs avec un talent auquel nous sommes heureux de rendre hommage. Ajoutons que les étiquettes avaient été écrites par M. le D° Savouré, chef des travaux pratiques de Zoologie, dont la belle écri- ture fut aussi appréciée que ses talents d'artiste à propos des menus composés spécialement pour nos herborisations. Il faut signaler encore une innovation intéressante : Le Lyon Républicain nous avait adressé de beaux tableaux en couleur représentant les principales espèces de champignons co- mestibles et vénéneux : M. Malbrand, libraire à Rennes, exposait aussi des traités et des atlas qui eurent beaucoup de succès près des visiteurs. Un nombreux public se pressa pendant toute la journée du dimanche devant les espèces exposées et commenta les détermina- tions en prenant des notes ou en demandant des renseignements à ceux des sociétaires qui se tenaient à cet effet en permanence dans la salle. On pouvait une fois de plus faire la remarque que la science mycologique n'intéresse pas seulement, comme on pourrait le croire, le public rennais fortuné ou instruit. Très nombreux sont les ouvriers de notre ville qui profitent de leur repos hebdoma- daire pour aller à la campagne cueillir une nourriture saine, agréa- ble et pas chère, tout en prenant le grand air qui leur est si nécessaire après une semaine de labeur à l'atelier. Et nous avons été heureux de constater, dans cette exposition comme à nos expositions des années précédentes, que des travailleurs de toutes professions se pressaient autour des espèces comestibles et vénéneuses et étaient les premiers à poser des questions au professeur ou aux Sociétaires sur telle ou telle espèce comestible qu'ils n'auraient pas osé jusqu'ici récolter. Le laboratoire dé botanique appliquée est ouvert à tous ceux qui ont besoin d’une vérification ou d'une détermination gra- tuites ; ils sont certains d'y trouver bon accueil : beaucoup le savent et en ont pris le chemin chaque année au moment de la saison propice à la cueillette des espèces comestibles. * * + Excursion de Laval Le lundi 5 octobre eut lieu l’excursion de Laval. Les excursion- nistes de Rennes et des Deux-Sèvres furent reçus à la gare par le président et une délégation de « Mayenne-Sciences ». Is eurent le plaisir de trouver à la gare MM. l'abbé Hy, profes- seur à l'Institut catholique d'Angers, et Bouvet, conservateur de l'herbier Lloyd, deux fervents botanistes dont les travaux sur la flore angevine sont bien connus. Ils se rendirent directement au Muséum d'Histoire naturelle où ils furent cordialement accueillis par le très aimable Conservateur du Musée, M. Œhlert, membre correspondant de l’Institut, revenu de voyage exprès pour cette occasion. Ils purent admirer les belles collections zoologiques et paléontologiques et consulter en même tempsla collection de champignons en terre cuite qui figure au milieu des richesses que M. Œhlert a ramassées pour la plupart (1). Que celui ci veuille bien agréer les remerciements de ses collègues de la Société bretonne de Botanique pour son aimable complaisance. À 11 heures, eut lieu le déjeuner à l'hôtel du Dauphin, où les menus du D' Savouré eurent un légitime succès. Au dessert, des toasts furent portés : 1° Par M. Labbé, président de Mayenne-Sciences, qui tres (1) C'est à M. Œhlert, un de nos savants français les plus distingués, que l'on doit, entre autres travaux, les connaissances géologiques actuelles sur le département de la Mayenne qu'il a exploré en tous sens. REV, BRET, DE BOT, T. Ill 4 aimablement souhaita la bienvenue aux membres des diverses Sociétés présentes et émit le vœu de voir se fonder bientôt une Cr A CE Csncise A SOL "1% Filets de Harengs Salade de Céleri Viandes froides. Escalopes de veau sauce tartare Pommes Château Rosbeaf au Cresson Desserts variés Café, Cognac Fédération des Sociétés de province dans le but de favoriser des réunions régionales. — 6j — 2° Par M. Houlbert, qui excusa MM. Oberthür et Daniel, retenus à Rennes par l'organisation de l'exposition finale. 3° Par M. Souché, président de la Société botanique des Deux- Sèvres, qui excusa MM. Maire, Peltereau, etc., retenus à l'étranger par des travaux importants. A midi et demi eut Heu le départ pour Pont-Alain (forêt de Concise) dans de grands breacks d'excursion. Parmi les membres de Mayenne-Sciences », citons M. Labbé, président et Madame ; M. Masseron, vice-président ; M. Méchin. secrétaire, avec une dizaine d'élèves de 1° sciences du Lycée ; D' L. Angot ; D' et Mme Pénélet ; M. Lacoulonche ; des instituteurs auxquels M. Le Balle, le très aimable inspecteur d'académie de la Mayenne, avait donné conge pour la circonstance, etc. En tout, il y avait une soixantaine de personnes, joli chiffre qui montre la vitalité de « Mayenne- Sciences » et l'intérêt que les Lavallois portent aujourd'hui aux champignons. Au Pont-Alain, les excursionnistes étaient attendus par M. le Comte de Montferré, propriétaire des bois. qui mit à leur disposi- tion des gardes et des plans de la forêt de Concise. Ils se disper- sèrent en trois groupes qui explorèrent méthodiquement celle-ci. Et à quatre heures, les trois groupes étaient réunis à un carrefour où M. de Montferré, entouré de sa famille et de quelques amis leur offrit le champagne. Le président et les membres de la session mycologique, très touchés de ia délicate attention de M. le Comte de Montferre, lui adressent leurs meilleurs remerciements. Le retour à Laval se fit en voiture et les membres rennais de la session purent prendre le train de 3 heures avec une abondante moisson d'espèces dont voici la liste : Amanita #uscaria, ciirina, rubescens. Lepiota procera, amiantina . Armillaria mellea. Tricholoma ruiilans, album, Slrialum, saponaceum, cartila- Lieu. | Collybia fusipes, dryophila, butyracea. Laccaria laccala et amethystlina. Clitocybe s2fundibuliformis. Hygrophorus coccineus, niveus. — 52 — Cantharellus cibarius, aurantiacus. Lactarius confroversus, piperatus tlorminosus, rufus, theio- galus, uvidus, plumbeus. Russula adusta, lepida, emetica, Queletir, fœtens, virescens, cyanoxantha. Marasmius wrens, rotula. Clitopilus prunulus. Octojuga variabilis. Cortinarius elatior, hæmatochelis miltinus. Hebeloma crustuliniformis. Paxillus z1volutus. Hypholoma fasciculare, sublateritium. Panœæolus papilionaceus. Coprinus #icaceus. Lenzites flaccida. Polyporus acanthoïdes, versicolor. Boletus jlavus, luteus, edulis, scaber, œreus. Hydnum repandum, fragile, floriforme. Phallus z#pudicus. Cyathus hirsultus. Peziza onofica. Ajoutons que M. Corfec et divers membres lavallois de « Mayenne Sciences », avaient de leur côte, dans le bois de Gresse, près la Chapelie-Anthenaise, cueilli pour notre exposition de Rennes les espèces suivantes, qui furent un appoint précieux à nos récoltes : Lepiota amiantina. Armillaria #ellea. Tricholoma sulfureum, album, lerreum . Collybia dryophila, bulyracea, radicata. Clitocybe nfundibuliformis, gymnopodia. Mycena pura. Hygrophorus conicus, psiltacinus. Cantharellus aurantiacus, cibarius, carbonarius. Lactarius controversus, torminosus, rufus, theiogalus, uvidus. Russula emeiica, rosea, Queletii, cvanoxantha. Marasmius rofula. Clitopilus prunulus. Octojuga variabilis. Cortinarius elatior millinus. Hebeloma crustuliniformis, longicandus. Paxillus zzvolutus. Psalliota sy/varica. Stropharia æruginosa. Hypholoma fasciculare, sublaleritium. Lenzites ffaccuta. Dœdalea wn1color. Polyporus squamosus, versicolor, lucidus, acanthoides. Boletus scaber, erythropus, chrysenteron. Hydnum repandum, fragile, floriforme, velulinum. Stereum hirsuium, cristulatum. Craterellus cornucopioïdes. * *o Excursion à Bourg-des-Comptes et Pléchâtel Chaque année, nous avons l'habitude d'herboriser deux fois à Bourg-des Comptes et à Pléchâtel, au printemps et à l'automne, et nous ne revenons jamais les mains vides. C'est que les bords de la Vilaine et les collines qui bordent cette rivière sont riches en plantes rares, ainsi qu'on en peut ‘juger par les comptes rendus de nos herborisations de 1906 et 1907. Si nos sociétaires sont familiarisés avec ces régions et les revoient toujours avec plaisir, ce fut une véritable découverte pour les botanistes étrangers qui ignoraient cette petite Suisse située tout aux portes de Rennes. Hélas ! notre excursion du matin ne fut pas fructueuse. Les collines et les prairies bordant la Vilaine près la gare de Bourg-des- Comptes ne nous fournirent aucun champignon comestible en quantité convenable. Pour la première fois, le menu du déjeuner ne contint pas de champignons ! Il n’en fut pas moins apprécie des congressistes dont la promenade avait aiguisé l'appétit L'après midi, les mycologues explorèrentles bois de la Molière. Un petit nombre d'espèces communes y furent recueillies ; aucune n’est digne d’être notée ici. Mais cette déception mycologique fut largement compensée par le plaisir qu'éprouvèrent nos Congressistes en apercevant Île POTAGE AU PAIN SAUCISSON CIVET DE LAPEREAU HARICOTS VERTS : : POULET BRAISÉ SALADE ke: COMPOTE DE POIRES GATEAUX & FRUITS CAFÉ & LIQUEURS Tee magnifique panorama qui se déroula à leurs veux du sommet de la Molière et des hauteurs de Pléchâtel. Le paysage était rendu plus hu à + LE. beau encore par les teintes d'automne qu'avaient revêtues les bois environnants. Et les botanistes étrangers ne nous cachérent pas leur admiration pour ces sites remarquables non seulement par leurs beautés naturelles, mais encore par les créations de l'homme. Les jardins de la Molière et de la Fiolais sont, en effet, dus à Le Nôtre : c'est dire l'intérêt qu'ils peuvent présenter. Un soleil radieux brilla pendant toute la soirée ; chacun revint à la gare avec nos modestes cueillettes, enchanté de sa journée. * * * Exposition du Mercredi 7 Octobre Une deuxième et dernière exposition des espèces récoltées à la forêt de Concise et à Bourg-des-Comptes précédait la clôture de la Session mycologique de l'Ouest. Les récoltes, sans être abondantes, étaient cependant meilleures qu'on n’eût pu le supposer après huit jours de sécheresse. Des col- lecteurs zélés, Me Rouault, MM. Houlbert, de la Plesse, Didier Delaunay, Bossard, etc., nous avaient en outre apporté des espèces plus ou moins rares comme Clathrus cancellatus en superbes exem- plaires, Psalliota sy/vatica, Boletus calopus, Clavaria pistillaris, Cyathus vernicosus, etc. Mais ce qui nous permit de compléter nos vides, ce furent les envois de MM. Dupain, pharmacien à la Motte-Saint-Héray, et Barbier, de la Faculté des Sciences de Dijon, à qui nous adressons nos melileurs remerciements. M. Dupain nous avait expédié les 55 espèces suivantes : Amanita spissa, phalloides. Tricholoma w/bum, equestre, ustale, columbelia, acerbum. Collybia semilalis, grammocephala. Clitocybe viridis. Hygrophorus subradiatus. Omphalia wmbellifera. Cantharellus sinuosus. Lactarius azonites, milissimus, quietus, pallidus, vielus, jona- TIUs. Russula adusta, violacea, amæna, graminicolor, fellea, fragi- lis, fallax, depallens, sardonia, vesca, pectinala, lepida var. alba. RS Sas Marasmius candidus, gelidus. Pholiota radicosa. Cortinarius impennis, variicolor, glaucopus, binnuleus | julie NeUS, CIHHAMOMEUS. Inocybe asterospora, geophila et sa var. lilacina. Paxillus zzvolutus. Boletus aurantiacus, var. pâle venant sous le peuplier tremble, caslaneus. Hydnum #mbricalum. Ciavaria pistillaris, acroporphvrea. Phallus #mpudicus. Lycoperdon excipuliforme, gemmalum, piriforme. M. Barbier avait expédié les 20 espèces suivantes : Tricholoma saponaceum, pessundatum. Amanita cirina. Armillaria #ellea. Clitocybe suaveolens, gymnopodia. Lactarius 2nsulsus, violaceus, azoniles. Pleurotus Eryngtr. Pholiata radicosa, mutabilis. Cortinarius calochrous, ne ropus, cucullatus. Paxillus z1volulus. Polyporus applanalus. Peziza auranltia, etc. \ A cette deuxième exposition figurait comme à la première, la splendide collection de Champignons pathogènes présentée par le D: E. Bodin, le spécialiste rennais bien connu des maladies de la peau. Des photographies fort réussies figuraient les mycoses les plus caractéristiques recueillies dans son service à l'Hôtel-Dieu de Rennes. Cette collection, vraiment remarquable, fut le clou de nos deux expositions. M. le D' Bodin avait bien voulu en outre commenter les documents qu'il présentait ainsi au public. et il le fit dans une brillante improvisation, où il sut allier la clarté, le fonds et la forme, montrant ainsi que s’il est un maître dans l’art de guérir, il l'est également dans l’art difficile de la parole. RER ( —poye— 1 Il a bien voulu. ce dont nous ne saurions trop le remercier, rédiger sa conférence, ce qui nous permet de la reproduire in-ex- tenso. Elle intéressera à nouveau ceux qui l'ont entendue et applaudie; ceux qui n’ont pu y assister pourront juger de l'origina- lité des aperçus qu'elle contient et des horizons nouveaux qu'elle évoque pour le chercheur. Aperçu sur l’état actuel de la Mycologie parasitaire médicale La session mycologique organisée à Rennes et due à l'heureuse initiative de la Société bretonne de botanique m'a permis de pré. senter au public des échantillons des principaux parasites crypto- gamiques de l’homme avec des photographies des lésions qu'ils déterminent. J'en suis doublement satisfait, car nulle occasion ne pouvait être meilleure pour faire connaître comme elle le mérite la mycologie parasitaire médicale et aussi pour rapprocher les uns des autres des médecins et des mycologues de profession. A l'heure actuelle l'étude des champignons parasites est devenue une branche importante des sciences médicales, soulevant des problèmes délicats et nombreux qu'il serait téméraire d'aborder sans connaissances spéciales et voilà pourquoi je voudrais lrinion plus étroite entre la mycologie pure et la parasitologie médicale. Pour en montrer l'utilité, je crois qu'il suffira d’un aperçu rapide sur l'évolution de la mycologie parasitaire et sur son état actuel ; je chercherai à le présenter ici aussi succinctement et aussi claire- ment que possible. D'abord il n’est pas sans intérêt de rappeler que parmi les parasites végétaux de l'homme, ce sont les champignons qui ont été découverts les premiers, et c'est ainsi qu'en médecine la myco- logie est la première en date, devançant et précédant la bactériologie dont le magnifique essor a fortement retenu l'attention du monde savant, mais qui ne doit cependant pas faire oublier sa sœur ainée. Née dans la première moitié du siècle dernier, en terre fran- çaise, à Paris même, celle-ci débutait par la découverte de champi- ” TE gnons dans deux teignes humaines, le favus et la trichophytie, par - Gruby qui démontrait également l'existence d'un cryptogame microscopique dans une autre affection commune chez l'enfant, le muguet. Mais si nous savons aujourd'hui quel hommage il convient de rendre à ce savant affirmant le premier le rôle spécifique de végétaux microscopiques dans la genèse d’affections de l'homme, combien ce début était modeste et comme il devait paraître d'ordre secondaire à tous ceux qui ne savent pas s'élever au-dessus du fait particulier pour en dégager la notion générale et plus élevée qu'il comporte. . Quoiqu'il en soit, les découvertes de Gruby de 1839 à 1844, les recherches de Charles Robin sur le champignon du muguet quelques années plus tard semblaient alors de simples curiosités scientifiques, et cela s'explique aisément quand on songe aux moyens rudimentaires et imparfaits que ces hommes éminents possédaient alors. Munis de microscopes suffisants pour voir le parasite dans ses lésions, il leur manquait la technique permettant de l'isoler, de le cultiver artificiellement et de faire par l’inoculation expérimentale la preuve définitive de son action pathogène. Cette technique, le merveilleux génie de Pasteur nous la donnait 15 ans plus tard, dotant la science de l'outil fécond auquel nous devons tant de richesses. Il est du reste assez remarquable de noter que la première maladie étudiée par Pasteur fut précisément une maladie à champi- gnons : la muscardine du ver à soie. , Avec l'ère pastorienne la mycologie parasitaire entre dans une phase nouvelle : l’un des premiers Duclaux eut l’idée d'appliquer à la culture des champignons parasites les méthodes de son illustre maitre et, avec Mégnin il cultiva le champignon d'une teigne de la poule. C'était le point de départ d'une série de recherches qui se sont multipliées en tous pays dans les dernières années du xix° siècle et qui ont fait de la mycologie parasitaire l'uue des branches les plus intéressantes de la médecine. Français. Anglais, Allemands, Italiens, Américains rivalisent alors, publiant d'incessants et d'importants travaux dont la liste com- plète formerait à elle seule presqu'un ouvrage. Citerai-je ici des noms? Je ne l’ose dans la crainte que ma mémoire ne soit infidèle, puis ES 59 = ne serait-ce pas faire une bibliographie tout à fait hors de propos, car, en cette vue d'ensemble que je veux présenter, c'est l'édifice qui importe et non pas les ouvriers qui l'élevèrent. Or, tel qu'il est, cet édifice de la mycologie parasitaire humaine offre déjà de solides fondements et des lignes hardies nettement tracées. On pouvait le penser d'ailleurs, puisque c'est à la méthode expéri- mentale et à la technique pastorienne que nous en devons les assises fondamentales. * * * Un premier fait nous y frappera immédiatement, le nombre des affections humaines causées par des champignons. Avec Gruby on avait reconnu la nature cryptogamique des teignes faveuse et trichophytique, quelques années après, en 1856, Eichstedt décri- vait le champignon parasite d’une autre maladie cutanée, le Piéy- riasis versicolor, et un peu plus tard Burchardt trouvait aussi un cryptogame microscopique dans ies lésions d'une dermatose plus fréquente que l’on ne pense, l’érythrasma. A ces diverses dermatomycoses il faut joindre les teignes exo- tiques, les caratés de Colombie, le tokelau, dont les parasites ont été étudiés par P. Manson, Tribondeau, Jeanselme, Montoya y Flo- rez. On y ajoutera encore la piedra, caractérisée par des nodosités sur les poils, et dont Beigel, Behrend, Unna, Vuillemin ont montré la nature cryptogamique. Mais il ne s’agit jusqu'ici que d'affections de la peau et ce n'est pas seulement au tégument externe de l'homme que s'atta- quent les champignons. Voici en effet l'actinomycose qui atteint la peau et les tissus sous-jacents et qui peut envahir les viscères. Les belles recherches de Bollinger et Harz de Israël, de Bostrom, de Poncet, nous en ont fait connaître le parasite, l'Oosbora bouts, rangé par Sauvageau et Radais dans un groupe spécial de Mucé- dinées. Trés voisin de ce champignon, l'Oospora Madurae étudié par Vincent, détermine une affection que l'on observe en certaines de nos colonies, le pied de Madura. Voilà maintenant d'autres champignons, l'Aspergillus fumi- galus, le Rhizo-mucor parasilicus qui s'attaquent aux viscères les plus importants, aux poumons, et qui occasionnent en ces organes des lésions tuberculiformes ressemblant de très près à celles que hors créent les Bacilles de Koch. On note alors chez les malades des symptômes simulant à tel point la tuberculose ordinaire que les cliniciens les plus expérimentés peuvent s'y tromper et que le diagnostic resterait en suspens si l’on n'avait des méthodes de recherche capables de déceler le parasite dans ies crachats. Ce sont des pseudo-tuberculoses qu? nous ont fait connaître les travaux de Lichthem, de Chantemesse, de Widal, de Rénon, de Lucet et Costantin. Et ce n’est pas tout, car il estencore, et en plus du muguet si fréquent dans l'enfance, des angines avec exsudats blanchâtres, pseudo-membraneux, presque diphtéroïdes, qui sont dues à des levures. Il est même des néoplasmes, des tumeurs, dans lesquelles on a également trouvé des levures, ainsi qu’en témoignentles obser- vations de Curtis. Dernièrement enfin De Beurmann et Gougerot ont décrit une nouvelle mycose, la sporotrichose, paraissant assez fréquente et dont les lésions ont été prises jusqu'ici pour des manifestations gommeuses de tuberculose ou de syphilis. Evidemment, je n'ai pas la prétention d'indiquer en cette rapide énumération tous les cas et toutes les lésions qui relèvent du parasitisme cryptogamique, je m'en tiens aux faits principaux, aux affections bien définies. Ils suffisent pour montrer le rôle important des champignons dans la pathologie humaine où nous voyons ces végétaux s'attaquer aux tissus profonds et aux viscères comme aux couches cutanées superficielles et déterminer des maladies aussi variées que les affec- tions bactériennes, Déjà étendue puisqu'elle comporte de nombreuses espèces nosologiques, la mycologie parasitaire se complique dès que l'on aborde l'étude des parasites avec la technique pastorienne des cultures pures. Au début, en effet, on avait pensé que chaque mycose était due à une espèce cryptogamique invariable et bien déterminée, cela tenait à l’imperfection des méthodes de recherche qui ne permettaient alors pas autre chose que l'examen du parasite dans ses lésions. Avec l'isolement des champignons en cultures pures EN l'étude morphologique et biologique des parasites est devenue possible et un vaste champ s'est ouvert aux travailleurs. La récolte des faits intéressants s’y est montrée rapidement fruc- tueuse. Dès les premières recherches, un fait capital est apparu, la pluralité des espèces parasitaires dans chaque mycose, et pour certaines de ces affections la correspondance très nette de l'espèce parasitaire à la forme cliniquede la maladie. Prenons par exemple la teigne trichophytique : elle revêt divers aspects cliniques et à chacune des principales variétés objectives de trichophytie chez l’homme correspond une espèce particulière de 7richophylon, cha- cun de ces parasites déterminant sur la peau humaine des lésions qui sont différentes les unes des autres au point de vue clinique. Ainsi la trichophytie vulgaire de l'enfant, si fréquente dans nos écoles et qui se traduit par des placards secs etsquameux au niveau desquels les cheveux sont cassés au ras de la peau, reconnait ordinairement comme agent causal le 7Trichophylon crateriforme, tandis que les trichophyties de la barbe revêtant chez l'homme l'allure de lésions végétantes et suppurées sont dues à des espèces parasitaires très différentes, le plus souvent au 7richophyton 2Ypseum. J'ai pris cet exemple à dessein, car c'est pour les trichophyties que ces faits ont été démontrés pour la première fois, d’ailleurs la démonstration de cette pluralité parasitaire pour chaque mycose n'a pas été admise d'emblée et sans discussion. Comme tout fait nouveau, elle a eu ses partisans et ses adversaires, et ce n'est qu'après un certain temps que la réalité de ces faits est passée dans le domaine classique. Beaucoup ont travaillé à cette œuvre parmi lesquels il faut citer au premier rang deux noms, celui de Unna de Hambourg qui fut l'un des chercheurs de la première heure et celui de Sabouraud qui est, certainement, le savant ayant aujour- d'hui poussé le plus loin l'étude des parasites des dermato- mycoses. Et bien, pour d’autres affections, pour le favus, pour les teignes exotiques, pour les sporotrichoses, la pluralité des espèces parasi- taires est aussi à l'heure actuelle un fait acquis et l'on peut dire que chacune de ces maladies comprend une véritable flore de champi- gnons variés dont nous connaissons dejà un certain nombre. Il est rs ode— probable que de nouvelles études nous en feront découvrir encoré d'autres, différentes de celles qui sont décrites aujourd'hui. Intéressant en lui-même, puisqu'il nous montre que les choses sont plus complexes que nous ne le pensions, le fait de la pluralité des espèces parasitaires a conduit naturellement à une autre notion. Si l’on cherche, en étudiant les diverses espèces cryptogamiques isolées de plusieurs cas d'une mycose, les caractères et l'origine de ces espèces, on s'aperçoit que les unes sont proprement humaines et qu'elles ne se rencontrent que chez l'homme, comme certains champignons des teignes trichophytiques, le 7richophy{on crateri- forme, par exemple, auquel je faisais allusion précédemment. D'autres, au contraire, ne se trouvent chez l'homme que d’une manière accidentelle et leurs hôtes habituels sont des animaux. D'où une distinction importante, fort bien mise en relief par Sabou- . raud dès ses premières recherches sur les trichophyties, et qu'il convient d'établir entre les parasites d'un même groupe : les uns sont des espèces humaïnes, les autres sont des espèces animales. Cela donne l'explication de certains cas en apparence très obscurs que l'on ne savait autrefois comment interpréter Combien de fois par exemple ne trouve-t-on pas de malades porteurs de lésions tei- gneuses sans qu'il soit possible de relever de contagion par une autre personne malade ? Fréquemment ces cas se produisent dans un milieu où les habitudes de propreté sont de règles et dans lequel une affection cutanée de cette nature paraît au premier abord im- possible. Mais que l’on poursuive l'enquête avec soin, et l'on verra quil y a eu contact avec des animaux porteurs de lésions cutanées : chien, chat, oiseau, cheval, etc... Quelquefois les choses sont même assez compliquées; ainsi j'ai le souvenir d'une fillette atteinte de teigne faveuse et pour laquelle l'enquête étiologique était restée totalement négative : or, je trouvai dans la maison, grâce à un domestique, des souris faviques, et j'eus, par la culture comparée des parasites extraits des lésions de la malade et de celles des souris, la preuve de l'identité de ces parasites et par suite de l'origine muridienne de cette teigne humaine. Ceci est à coup sûr intéressant et c'est aussi très important au point de vue pratique, car déterminer ainsi l’origine des parasites, n'est-ce pas tracer la prophylaxie des maladies qu'ils OCCasion- nent. Dans ce sens l'étude des espèces cryptogamiques parasitaires a conduit encore à une autre notion plus complexe, celle de l'origine saprophytique des mycoses en certaines circonstances Qu'est-ce que cette origine saprophytique ? Ordinairement le parasite d'une maladie provient d'un cas antérieur de cette affec- tion, soit humain, soit animal : le parasite change d'hôte dans la même espèce, ou passe d'une espèce à l’autre et ses conditions géné- rales d'existence restent en somme les mêmes, il ne cesse pas d'être parasite. Dans le cas de l’origine saprophytique, il en va tout autre_ ment, et ce nest plus d'un cas antérieur humain ou animal que provient le champignon ; il vient alors de la nature où il se trouve sur des matières inertes ou sur des végétaux vivant en saprophyte. C'est à la suite de circonstances fortuites que ce champignon sapro- phyte se trouve amené à vivre dans ua organisme vivant, humain ou animal et qu'il passe alors de la vie saprophytique à la vie para- sitaire. Pour quelques mycoses cette origine saprophytique est aujourd'hui bien établie en certains cas. Le champignon de l'actino- mycose l'Oospora bovis, vit ordinairement sur des céréales et c'est de là qu'il s’inocule à l'homme ou à l'animal et c'est pour cela que cette affection est si fréquente chez le bœuf au niveau des mâchoi- res et se rencontre surtout chez les personnes vivant à la campagne et qui ont coutume de mettre frequemment des céréales ou des herbes dans leur bouche. Mêmes faits pour l'aspergillose due aux poussières provenant de diverses graines sur lesquelles végète habituellement l’Aspergillus fumigalus. J'ajouterai que Sabouraud et moi nous avons montré également la possibilite de cette origine saprophytique pour certaines teignes animales. On saisit immédiatement l'importance de ces faits qui com- plètent l'histoire des mycoses humaines et animales et dont l'intérêt dépasse les limites de ce groupe de maladies et offre une portée plus grande d'ordre général. , Nous touchons ici, en effet. à l’une des questions les plus passionnantes des sciences médicales, celle de l’origine des maladies en.général, et c’est ainsi que l'étude de quelques espèces cryptoga- — 64 — miques parasitaire conduit naturellement aux sujets philosophiques les plus élevés. * » D'ailleurs, ce n’est pas la seule question de cet ordre à laquelle nous aménent ces recherches. Pour peu qu'on les poursuive, on en voit surgir une autre fort troublante : celle du polymorphisme des champignons, qui pose le problème de Ia réalité des espéces. dans ce monde des champignons inférieurs. Les cryptogames parasites de l’homme ne nous sont connus actuellement que sous leur forme imparfaite de Mucédinées, ce sont des fungt 1mperfecii que nous classons d’après leur morphologie et d'après l'aspect de leurs cultures sur les milieux artificiels : pour chaque espèce et pou’ un milieu déterminé, cet aspect est constant et permet à un observateur exercé de faire la diagnose à la simple inspection de la culture. Aïnsi le 7richophylon crateriforme de la tondante de l'enfant, donne sur la gélose peptonisée à 1 0/0 et mal- tosée à 3 0/0, une culture jaune poudreuse dont la partie centrale est déprimée en forme de godet, d'où le nom de cratériforme que Sabouraud lui a justement assigné. D'autre part, le Trichophyton 2ypseum isolé d'une teigne suppurée de la barbe, cultivé sur le même milieu peptonisé et maltosé, donnera une culture très différente avec une petite houppe de duvet central et tout autour une zone blanche, plâtreuse, portant de fins et élégants rayons périphériques. Et toujours sur la gélose peptonisée et maltosée ces deux espèces auront cet aspect qui permet de les distinguer aisé- ment. Mais il arrive que, dans certaines conditions, on voit au bout de quelque temps naître en un point quelconque de ces cultures des formes nouvelles qui ressemblent à un fin duvet de couleur blanche. On dit alors que les cultures se pléomorphisent et, si l’on reprend aélicatement une parcelle de ces duvets blancs nés sur les cultures plâtreuses des Trichophyton et qu'on en fasse un ensemen- cement sur un milieu approprié, on obtient une nouvelle culture uniformément blanche, duveteuse, absolument comparable à une couche d'ouate étendue à la surface du milieu et qui diffère totale- ment de la première culture dont elle est issue. Dans certaines conditions il est aisé d'obtenir ainsi des formes duveteuses avec les cultures ordinaires des 77ichophyton, mais une fois la forme duve- — 65 — teuse isolée, il est impossible, du moins par les moyens que nous possédons actuellement, de revenir à la forme première dont dérive la culture duveteuse. Tel est le schéma du polymorphisme des champignons des teignes. Ce sont là des faits bien connus en mycologie où l’on sait qu'une même espèce peut revêtir plusieurs formes différentes; je n'en citerai pour exemples que les recherches de Boulanger sur le Sporotrichum vellereum. et celles de Matruchot sur l'Helicosporium lumbricoides et l'Œdocephalum roseum. Mais il se trouve que, pour diverses espèces de champignons des teignes bien distinctes sur un même milieu artificiel, les formes nouvelles duveteuses que donnent ces champignons offrent un aspect et une morphologie tellement semblables que l'on confon- drait sûrement ces formes les unes avec les autres si l’on n'avait la notion de leur origine, et cela pose un problème délicat. S'agit-il ici vraiment d'espèces différentes possédant chacune plusieurs formes, certaines de ces formes pouvant être communes, ou du moins très analogues pour plusieurs espèces ? Ou bien les champignons que nous isolons des diverses teignes humaines ne sont-ils que des formes dérivant d’une souche commune et qui se sont différenciées par suite des conditions diverses dans lesquelles elles ont vécu, comme tendrait à le faire supposer le pléomor- phisme de plusieurs espèces voisines aboutissant à des formes plus simples, paraissant identiques ? Remarquons que ce problème n'est qu'un cas particulier de celui qui se pose pour un certain nombre de Mucédinées et dont la solution, fort éloignée encore, fait entrevoir une simplification très grande de tout ce groupe. Et cela n'est-il pas une conséquence de la faiblesse de notre esprit qui ne peut d'emblée saisir l'organisa- tion générale des choses et qui doit commencer par un travail d'analyse avant de passer aux synthèses ? Il est vrai que cette question si intéressante est pour le moment d'ordre scientifique pur; aussi n’insisterai-je pas plus longuement et reviendrai-je à une partie plus médicale du sujet. Nous venons de voir les champignons parasites dans leurs REV, BRET, DE BOT, T. Ill 5 RENE cultures artificielles, nous avons appris, grâce à ces cultures, à en distinguer les espèces et à en connaître la biologie; voyons-les maintenant aux prises avec leurs hôtes dans l'organisme vivant, et demandons-nous comment ils altèrent cet organisme; cherchons en un mot le mécanisme des mycoses. En divers cas, par exemple dans les teignes tondantes de l'enfant, dans le Pityriasis versicolor, dans l'érythrasma, la genèse de la maladie paraît bien être uniquement mécanique : le champi- gnon végétant dans les poils ou dans les couches épidermiques superficielles y produit ses éléments qui infiltrent les cellules de l'organisme et les traumatisent en les dissociant plus ou moins. II s'en suit que les poils envahis deviennent fragiles et se brisent, que la couche superficielle de la peau tombe en squames plus ou moins abondantes. Cela n'a rien de compliqué et il ne s’agit en somme que de désordres locaux dus à un mécanisme très simple. Il n'en est déjà plus de même avec d'autres teignes, notamment avec celles qui déterminent la suppuration du follicule pileux et l'inflam- mation profonde des couches avoisinantes. Il n'en est plus de même surtout avec les mycoses viscérales, avec l’actinomycose et avec les pseudo-tuberculoses. On trouve bien dans ces mycoses des désordres locaux dus au développement du champignon, mais il y a autre chose encore et le parasite semble agir alors en une zone plus étendue que celle où il se développe, comme en font foi les lésions inflammatoires périphé- riques. Ici les réactions de l'organisme sont parfois très vives ; elles peuvent être brutales et aboutir à la mortification des éléments cellulaires, donnant de véritables abcès : elles peuvent aussi se produire sur un mode différent et prendre l'allure du tubercule, car il est certain qu'entre le tubercule dû au bacille de Koch et les tubercules d’actinomycose et d’aspergillose, il n'y a pas de diffe- rences essentielles, du moins au point de vue anatomique. Par là les mycoses se rapprochent des maladies à bactéries dont elles paraissaient au premier abord s'éloigner eu égard à leur méca- nisme etcomme les maiadies bactériennes nous les voyons revêtir en certains cas le type des réactions suppurées ou tuberculiformes. L'analogie avec les affections bactériennes ne s'arrête d’ailleurs pas là On sait combien sont importants les produits toxiques élaborés par les bactéries et quel rôle ces poisons ou toxines jouent dans la genèse des maladies bactériennes. Je rappellerai seulement à ce sujet, que dans la diphtérie, dans le tétanos, dans le choléra, les bacilles restent localisés dans les fausses membranes, les plaies, ou l'intestin, sans envahir l'organisme et que ce sont les toxines sécrétées par ces bacilles qui passent dans les humeurs, occasion- nent les symptômes généraux de ces maladies et déterminent une véritable intoxication de l'organisme. Or, jusqu'à ces dernières années, on pensait qu’il n'y avait pas intervention de produits toxiques dans les maladies mycosiques et cela paraissait établir une différence nettement tranchée entre les affections bactériennes et les mycoses. Voici que des recherches récentes sont venues démontrer que les champignons parasites élaborent eux aussi des poisons actifs comme les toxines bacté- riennes, complexes comme elles, dont le rôle est encore mal connu mais dont la réalité ne saurait faire aucun doute à l'heure actuelle. C'est ainsi que Roger et Concetti ont découvert dans les cultures de champignon du muguet des poisons qui prennent pro- bablement part à la genèse de certains accidents et qui peuvent conduire à la vaccination chez l'animal du moins. Dernièrement, Ceéni et Besta en Italie, Gauthier et moi ici, nous avons trouvé dans les cultures de l’Aspergillus fumigatus, un poison dont l’action con- vulsivante est extrêmement violente chez le lapin et chez divers animaux. Quel est exactement ce poison, à quelle famille de composés chimiques appartient-il, quel est son rôle dans la pseudo-tubercu- lose aspergillaire et que pourra-t-on retirer de son étude ? Autant de questions auxquelles il est impossible de répondre pour le mo- ment, mais cela importe peu; le fait de la production de substances toxiques par certains champignons parasites est démontre. Dans un ordre de faits très voisin, ne doit-on pas signaler enfin la récente découverte de Widal et Abrami qui ont montré la propriété agglutinante du sérum des malades atteints de sporotri- chose pour les émulsions de spores de Sporotrichum et qui ont pu utiliser cette propriété d’une manière très élégante pour le dia- gnostic de la maladie On fait ainsi le sérodiagnostic de la sporotri- chose exactement comme on pratique la diagnose de la fièvre typhoïde en agglutinant le bacille d'Eberth par le sérum du malade typhique. N'est-ce pas là une analogie de plus entre les maladies SAR RS bactériennes et ies affections à champignons, montrant que dans les unes comme dans ies autres, il n'y a pas que le parasite à inter- venir et qu'il faut aussi tenir compte des produits délicats, toxiques ou non, qu'il élabore. Evidemment, toutes ces questions sont encore très obscures et elles apparaissent si complexes quelles ne seront probablement pas résolues de sitôt. Mais n'est-ce pas un point important que de les poser nettement et n'est-ce pas un progrés appréciable que d'ouvrir ainsi une voie nouvelle aux recherches mycologiques ? Que l'on reprenne maintenant dans une vue d'ensemble ces conquêtes de la mycologie parasitaire et l’on verra qu'elles forment une œuvre vraiment imposante, dont les résultats sont dès aujour- d'hui nombreux et remarquables, tant dans le domaine de ia science pure que dans celui de la pratique médicale. Du reste, l'un et l’autre se relient intimement et c'est toujours par la connaissance exacte de la biologie des parasites que l’on aboutit aux notions d'ordre pratique de prophylaxie et de traitement. La mycologie parasitaire ne fait pas exception à cette règle. Ce serait sortir du cadre de cet exposé que de m'étendre longuement sur un pareil sujet, mais je dois rappeler que nous devons à ces recherches de mycologie, dont j'ai donné tout à l'heure un rapide aperçu, de savoir d'où viennent et comment se propagent les mycoses et par suite d’en établir une prophylaxie rationnelle et efficace. Nous leur devons encore des méthodes de traitement basées sur les propriétés des parasites, leur manière de se comporter vis-à-vis des agents chimiques et sur le mécanisme des mycoses, par exemple, le traitement de l’actinomycose et surtout dela sporotrichose par l'iodure de potassium, qui agit d’une manière si rapide et si puissante sur les lésions de ces mycoses et suffit ordinairement pour en assurer la guérison. Il faut ajouter la merveilleuse méthode de traitement des teignes de l'enfance, autrefois si longues et si difficiles à guérir et que i'on fait actuellement disparaître en quelques semaines sans douleur et d'une façon quasi mathémathique, grâce à la radiothé- rapie si magistralement appliquée et réglementée en France par Sabouraud. Voilà des résultats qui se passent de commentaires et qui montrent combien sont importantes les études de mycologie para- sitaire et combien ces études peuvent être fécondes. Elles sont souvent ardues, il est vrai, et parfois d'une complexité extrême, mais ce ne sont pas là, je pense, des raisons capables de faire reculer les travailleurs. Qu'ils s'unissent, et se prêtent un mutuel appui! Que les mycologues et les médecins s’aident les uns les autres ; ce qui est déjà acquis est un sûr garant de ce que les recherches futures peuvent leur donner. Nous nous reprocherions de terminer ce compte rendu déjà long sans parler des belles photographies en couleur que notre aimable et habile confrère M. Lenormand, professeur à l'Ecole de Médecine, a bien voulu faire des principales espèces de cham- pignons figurant aux deux expositions. Ces photographies sont destinées à former le fonds d'une collection en vue de l'Enseignement, pour les cours de botanique appliquée. Ce sera en outre une sorte d'Herbier de la Flore mycologique de l'Ouest, le premier de ce genre. On voit de suite les services qu'il pourra rendre à l'amateur et à celui qui rédigera plus tard la flore mycologique de l'Ouest, comme à ceux qui voudront, par des conférences avec projections, vulgariser la mycologie pratique. M. Lenormand a parfaitement réussi ces premières photo- graphies, et nous tenons à lui exprimer sincèrement notre grati- tude au nom de la Société bretonne de Botanique et du Laboratoire de Botanique appliquée. Dans quelques années, cette collection complétée sera suffisante pour répondre à tous les besoins. Voici la liste des espèces ainsi photographiées en couleur en 1908. Amanita cifrina, type et sa variété blanche, pantherina (1). Lepiota procera. Armillaria mellea. (1) La véritable Oronge (_Amanita cæsarea) a été trouvée cette année dans la forêt de Rennes, au cours de l'été. 11 y en avait trois exemplaires. On sait que ce champignon est particulièrement rare au nord de la Loire. — 70 — Collybia grammocephala, maculata, fusipes, radicata. Laccaria /accaia, var. proxima, Tricholoma columbelta, rutilans, saponaceum, colossum. Lactarius /herogalus, uvidus, deliciosus, controversus, pipera- lus. Russula cyanoxantha, Quelelii, nigricans, delica, adusta, eme- hca. Cantharellus {bæformis. Marasmius oreades, urens. Nyctalis parasitica sur Russula delica. Pholiota aurea. Cortinarius hæmalochelis. Gomphidius g/ulinosus. Inocybe as/erospora. Hypholoma sublateritium. Psalliota sy/vafica, flavescens. Boletus scaber, type et var. pâle sous les hêtres; aurantiacus, æreus, edulis. Polyporus giganteus, betulinus, versicolor, lucidus. Fistulina hepañica. Hydnum repandum, imbricatum, erinaceum. Clavaria acroporphyrea, formosa, pistillaris, cinerea. Fistulina hepalica. Craterellus cornucopioïdes. Phallus caninus Clathrus cancellatus. Lycoperdon excipuliforme. Bovista g'oantea. Scleroderma verrucosum. Peziza onofica. Helvella Zacunosa. Clôture de la session mycologique Immédiatement après la conférence du D' Bodin, quand eurent cessé les applaudissements du public choisi qui y avait assisté, M. Ch. Oberthür prit une dernière fois la parole. — 1 — Après avoir remercié chaleureusement les conférenciers et toutes les personnes qui avaient contribué au succès de l'œuvre commune, il constata que celle-ci était née viable et que la Session mycologique de l'Ouest pouvait être considérée comme définitive- ment fondée. Il exprima, en termes délicats, l'espoir que tous ceux qui avaient pris part à nos charmantes promenades en garderaient la meilleure impression et nous continueraient désormais leur pré- cieux concours. Revenant sur une idée qui lui est chère, il exprima le désir de voir se faire à Rennes d’autres réunions analogues, se plaçant à la fois sur le terrain botanique et entomologique. Et à ce dernier point de vue, il fit ressortir, avec sa haute autorité dans la matière, combien la faune entomologique armoricaire est encore mal connue dans certains départements de la Bretagne et combien il y a de découvertes intéressantes à faire dans cette branche pour ceux qui voudraient s'en donner la peine. M. Ch. Oberthür fut très applaudi, bien qu'il eût oublié de faire ressortir la part si considérable qui lui revenait légitimement dans le succès commun pour en reporter modestement tout le mérite sur ses collaborateurs. Les désirs de notre Président ne sauraient manquer de se réaliser. Nous pouvons annoncer à nos lecteurs que, entrant résolument dans la voie qu'il a tracée, la Société bretonne de Botanique va organiser, pour le dimanche et le lundi de la Pente- côte 1909, une Exposition d'Orchidées et de plantes rares indigènes ayant une valeur ornementale, bien que négiigées jusqu'ici par les horticulteurs et les amateurs. M. René Oberthür, depuis longtemps passé maître dans la culture des Orchidées, a bien voulu nous promettre son concours, ce qui est synonyme de succés. Nous faisons dès maintenant appel (1) aux personnes qui vou- dront bien nous expédier des plantes vivantes, en mottes, pour (1) Les personnes qui voudront bien nous adresser ainsi des plantes vivantes en fleurs pour l'exposition de la Pentecôte sont priées de s'inscrire le plus tôt possible au Laboratoire de Botanique appliquée à la Faculté des Sciences de Rennes. VAE ä ee = rs k _ cette exposition qui ne saurait manquer RES ke; publi nombreux des amateurs de la belle nature, comme Aus et c un titre quelconque, s'intéressent à la botanique et à s tions. Lucien DANIEL. L Secrétaire de la Session mycologique de | mr pr été interverties. C’est ainsi que le portrait de Lioyd a pris place de celui de Alcide Thomas et réciproquement. Nos sociétai voudront bien faire eux-mêmes les rectifications à l’aide des bandes gommees ci-jointes. Jean-François LE BAHÈZRE DE CRÉAMBLAY x 1786-1863 Que ,; É. James LLo\p : ; L è ISI0-1896 (1 8 Alcide Thomas + 1S10-1882 à ne Me PRRATE ALAN Lr& | AQre (eV) LE rSS 10. © © > RE x ES NTATIERES DU TOME Il (Année 1908) PREMIER SEMESTRE Marcizre (Géuéral). — Etude raisonnée du Sécateur......... KERFORNE. — Sur les gisements calcaires du massif breton... Parisor. — Du choix des semences de pommes de terre sur la pourriture des tubercules qui en proviennent.........,.. LauRENT. — La perméabilité du bourrelet dans les plantes ne DE Mo Aie ne di ces o à0 0 1200 GapECEAU. — Les derniers tulipomanes..................... AUBRÉE. — La Morille.................. EL de NOT DURS HoucBertT. — Les Mousses, étude élémentaire de systémati- que‘et dé briologio comparée Lt il meute an aol Variétés : Extrait du rapport de M. F. Camus sur l’attribu- tiou du prix de Coincy pour 1907, par la Société Bota- TR EN OR OP I PES TPE TNT RE PTE Huugerr.— Plantes en fleurs à Rennes en décembre 1907 Daxrez. — Nouvelles observations sur des moustruosités DENT TS EME OR A M ER ER CRE OM 0e Bibliographie. — Le petit jardin. — La Fumure des Fleurs. Daxtez. — Nouvelles D'stoinir e ps ee ele fie pis pe, s D ELRin se diner 'rrats nes pet leipié,e eu leipl'e 2 8.212 pipe iris DEUXIÈME SEMESTRE Picquexarp. — Constitution et entretien d'une fougerale..... AUBRÉE. — Bruyères de la forèt de Paimpont............... TRÉAL. — Recherches sur l’origine du Chapiteau ionique..... Surcour. — Note sur un Hyménoptère parasite des Crucifè- LEUR ee MR EC ET RE DaxniEL. — Sur la maladie du Chêne Variétés : DaniEL. — La première Session mycologique de l'Ouest 100 101 101 des Arts et As ve sue à vi suivantes et en È adressant directement al Pr TIRAGES À PART : 1/2 feuille tirée à 50 exemplaires. sous chemise....... — tirée à 100 exemplaires, sous chemise... ........... = — sous couverture imprimé 1 feuille Le à 50 nes sous chemise" rt mer 2 francs en plus par feuille nécessitant une nouvelle mise de. REVLIE BRETONNE => 47% ROTANIQUE Pure à Appliquée ù DIRIGÉE PAR M: Bucienc D'ANMEL Professeur de Boranique agricole à la Faculté des Sciences de Rennes NZ dE Ex RENNES tn mn dicà ê£< Imp. des Arts & Manufactures ei à de En 2, rue de Nemours RE 7 == REVUE BRETONNE DE BOTANIQUE PURE & APPLIQUÉE DIRIGÉE PAR M. Lucien DANIEL » PROFESSEUR DE BOTANIQUE AGRICOLE A LA FACULTÉ DES SCIENCES DE RENNES Quatrième Année. — N° 1. — Mars 1909 : SOMMAIRE Pages 1. MiirotT. — Sur des variétés de Poires obtenues par le suigreffage....... Û 2. POTIER DE LA VARDE, — Sur la présence de l’Erica W/atsoni dans le MorbiNan 4... 40, PARA ERREUR RE RAL ee CEE 10 3. Jacques Surcour. — Note sur un parasite du camphrier en Malaisie..... 11 4. C. MAUTAINT. — Florule de la commune de Loigné (Mayenne)......... 13 5. Jacques Surcour et Eugène Corbier. — La Cire de Chine et l’Epicerius Pe-La 18 6. Bibliographie : P. Sevor. — Etudes morphologiques et physiologiques SUMICTCERIS LEURS ie MERE Re Mae te LD UaNr le nanas lee le ne ete 24 Ch. LAURENT. — Etude sur des moldiflcations chimiques que peut amener la greffe dans la constitution des plantes ............... 28 7. Variété : D' CLavier. — Sur un tubercule bizarre de pomme de terre. 31 Le Congrès des-Sociétés Savantes à Rennes...........,......... 32 8. L. Daniez. — Les facteurs morphogéniques chez les végétaux. .... CARRE E AVIS La Revue bretonne de Botanique pure et appliquée tirage 500 exemplaires) ne se vend pas au numéro mais à l'année, au prix de 5 fr. pour la France et de 6 fr. pour l'Etranger (union pos- tale). Adresser les demandes d'abonnement à M. le D' Patay, 2, quai Duguay-Trouin, à Rennes, trésorier de la Société bretonne de Botanique. La Revue s'occupant exclusivement de botanique, s'interdit toute discussion politique ou religieuse Elle laisse à chaque auteur la responsabilité de ses articles. Plusieurs membres de la Société bretonne de Botanique se mettent bien volontiers à la disposition du public pour donner gracieusement des renseignements sur les questions de leur compétence qui intéressent plus particulièrement la botanique et l’agriculture de la région armoricaine. On peut adresser, avec échantillons, des demandes de renseignements à MM. : Borpas, Maitre de Conférences à la Faculté de Rennes. — Cécidies de toute nature. CAVALIER, Profésseur à la Faculté de Rennes. — Enérais agricoles ou Borticoles. CouDERC, à Aubenas (Ardèche). — Lichens, surtout Collé- macés. DANIEL, Professeur à la Faculté de Rennes. — Champi- gnons. — Opérations d’horticuiture. — Monstruosités. DUCOMET, Professeur à l'Ecole nationale d'Agriculture de Rennes. — Parasitisme et pathologie £énérale des plantes. GADECEAU, champ Quartier, rue du Port-Guichard, à Nantes. — Phanérogames. HoULBERT, Professeur à l'Ecole de Médecine de Rennes. — Alèues et Lichens. Husxor, Directeur de la Revue bryologique, à Cahan, par Athis (Orne). — Muscinées, Graminées, Cypéracées. KERFORNE, Chargé de conférences à la Faculté de Rennes. — Roches, Minéraux et Fossiles. Joindre un timbre pour la réponse. SUR DES VARIÉTÉS DE POIRES OBTENUES PAR SURGREFFAGE Par M. MiILLOT Conseiller honoraire à la Cour d'Appel de Nancy On sait que les arbres fruitiers se multiplient au moven de la greff>. De nombreux traités d'arboriculture enseignent comme une vérite absolue que [a greffe reproduit toujours invariablement la variété greffée. C'est ce que l’on a appelé l'autonomie de la greffe. AMMÉNeornIre dévcetle 1ssertion, des Expériences faites Dar des savants, d'une compétence indiscutée, sur des plantes herbacées et sur ces arbustes d'ornement, ont démontre que le greffage d'une plante potagère par exemple amenait parfois des modifications profondes de l'espèce greffée et même donnait des variétés tout à fait nouvelles. On a donné à ces dernières le nom d’hybrides de greffe pour les distinguer des hybrides de semis. Le hasard, dans le même ordre d'idées, m'a fait constater sur des poiriers que je cultive depuis longtemps, des modifications analogues qui établissent que la greffe du poirier obéit à la même loi de transformation. Dans une propriété de famille, dont le sol est argileux (dépar- tement de Meurthe-et-Moselle, ancienne Lorraine), je fis en 1881 des plantations d’arbres fruitiers assez importantes. En même temps, voulantutiliser de vieux arbres qui pouvaient encore rendre quelque service en attendant les produits des nouveaux, je fis des greffages dans l'espoir de rajeunir quelques-uns d’entre eux. Sur l’un, Bon Chrétien d'hiver, en espalier contre un mur à l'exposition du midi, dont le tronc mesurait au moins douze centi- mètres de diamètre, scié à cinquante centimètres du sol, je plaçai au printemps de 1882 deux greffes en fente de Beurre gris. C'est moi-même qui, un instant auparavant, coupai les greffons sur un REV, BRET, DE BOT, T. IV I M Rr arbre du même jardin que je connaissais comme Beurré gris. Les deux greffes se développèrent. J'en supprimai une. Et avec l’autre je formai un arbre à huit branches verticales (forme quadruple U). La première fois que cet arbre porta, je récoltai deux Beurré gris. Mais l’année suivante, je vis, à ma grande surprise, les poires s'allonger dans le sens d'une poire de Curé. Les ayant dégustées lors de leur maturité en novembre, je constatai qu'elles ne ressemblaient ni au Beurré gris, l'espèce du greffon. ni au Bon Chrétien, l'espèce du sujet porte-greffe. Je fis part de cette étrangeté en 1887 à un des premiers pépiniéristes de Nancy, M. Alix, en lui envoyant quel- ques-unes de ces poires. Il constata comme moi leur dissemblance d'avec le Beurré gris, comme d’avec toute autre espèce de poire connue de lui. Leur ayant trouvé quelque qualité, il m'en demanda des greffes, en me faisant remarquer que le nom de Beurré de Beau- mont, que j'avais d'abord donné à ce fruit, devait être modifié parce qu'il existait en Pomologie un Beurre de ce nom. C'est alors que je l’'appelai Belle de Beaumont. (Beaumont est le nom de la commune sur le territoire de laquelle l’arbre avait produit cette anomalie). Je ne m'en tins pas là, car l'arbre déjà âgé, vieillissait et je tenais à conserver cette espèce que je considérais com- me une nouveauté et qui d’ailleurs est bonne. J'en fis des greffes sur cinq Sujets, tous jeunes : 1° Sur un Bergamote Esperen (gr. sur franc) forme Palmette Verrier à dix branches. C'est la Belie de Beaumont n° 1: Exposition du midi Fig. 1. — Belle de Beaumont, n° 90. contre un mur. 2° Sur Curé (gr. sur cognassier) forme double U n° 77. Même exposition. 3° Sur Curé (gr. sur cognassier) même forme n° 99. Exposition de l'Est. Ce sont les trois fruits que j'ai présentés au Comité d’arbo- riculture fruitière de la Societé nationale d’horticulture de France, rue de Grenelle. Le n° 1 est une belle poire, de forme allongée, grosse dans le genre du Van Marum, uniformément jaune à la ma- turité (de fin novembre), Le n° 77 est beaucoup moins gros que le n° 1et n'a pas le même aspect. Enfin le n° 99. ainsi qu’on peut le voir sur la figure 1, diffère essentiellement du Beurré gris dont il tire son origine. 4° Sur Baronne de Mello, en 1884. Forme double U, exposition de l'Est, une époque où je croyais bien obtenir un Beurré gris : car mon étiquette qui date de l’époque du greffage et qui existe encore porte le nom de Beurre gris. C'est le n° 12 du mur contre lequel- il se trouve. Mais je n'ai pas eu de fruits cette année. 5° Sur Curé, en 1885. Forme double U, exposition de l'Est. — Ce sujet présenta une anomalie assez singulière, à laquelle j'étais loin de m'attendre. Sur trois branches, je récoltai des Beurrés gris et sur la quatrième j'eus des poires differentes, semblables à cell:s que je dénomme Belle de Beaumont n° 1. Il porte le n° 91 du même mur que le numéro précédent. Malheureusement, il est mort depuis plusieurs années. L'arbre greffe en 1881 avec du Beurre gris, sur lequel ont été prises des greffes pour former les cinq sujets ci-dessus décrits, a péri dans l'hiver 1889-1890. Fe Je fis encore d’autres greffages. Un vieux Beurré d'Aremberg, sur cognassier, ancien espalier contre une palissade de jardin, n'avait plus que deux branches latérales. Je laissai se développer des gourmands verticaux et je posai à la base de plusieurs d'entre eux des écussons de Rousselet de Reims et de Passe Crassane Ces greffes s'étant développées, j'y pris moi-même des greffes pour les porter ailleurs. Une greffe de Rousselet de Reims (petite poire d’août-septem- bre) me donna le fruit que représente la figure 2. Il ne ressemble pas au Rousselet ni comme forme, n1 comme goût et il se mange —— A1— beaucoup plus tardivement puisqu'il peut se garder jusque fin novembre. Fig. 2. — Rousselet de Reims greffé Fig. 3. — Marquise de Maubec. sur Beurré d'Aremberg. Je greffai ma Passe Crassane (de ce Beurré d'Aremberg) sur des Curé que j'avais plantés comme sujets intermédiaires pour rece- voir des greffes de Passe Crassane et j'obtins le fruit que j'ai désigné sous le nom de Marquise de Maubec : fruit moyen, rond comme une Bergamotte Il se conserve jusqu'en juin. Le feuillage, les rameaux, les yeux, les boutons à fruit ne sont pas les mêmes que dans la Passe.Crassane J'en envoyai en 1896 à M. Gréssent, professeur d’arboriculture, auteur de plusieurs traités, à Sannois. M. Gressent me fit répondre par son secrétaire qu'il avait trouvé ce fruit de bonne qualité et m'en demanda des greffes. [l indiqua même cette espèce dans son almanach comme une nouveauté: ce qui était bien la preuve que ma Marquise de Maubec n'était ni une Passe Crassane, ni même une autre poire connue de M. Gressent. Je greffai un Beurré de Mérode sur deux sujets voisins l’un de HE l'autre (Palmettes en double U, exposition de l'Est). L'un me donna le Beurré de Mérode, l’autre un fruit très différent tant par la forme que par le goût. J'ai eu quelques fruits cette année qui ont été mangés au commencement de septembre. J'ai encore deux autres sujets en observation dont les fruits différent de l'espèce du greffon. mais n'ayant pas eu de fruits cette année, je n’en parle que pour mèmoire. Je greffai aussi des boutons à fruit. Ce procédé me servait à connaître, dès l’année qui suivait la plantation d'un jeune arbre, l'espèce que j'allais avoir. Car les scions d’un an portent presque toujours à leur sommet des boutons à fruit l'année de la plan- tation. Sur un vieux Bézy de Chaumontel, je posai un bouton à fruit d’une Nouvelle d'Espéren, dont je ne connaissais pas du tout le fruit. Je récoltai une poire de toute beauté : grosse. longue comme le Beurré Clairgeau, d’un rouge vif du côté du soleil et d’une saveur exquise. J'étais, comme on peut le croire, dans le ravissement. Mais quand l'arbre dénommé Nouvelle d'Espéren donna des fruits au bout de quelques années, je fus complètement déçu en voyant un fruit verdâtre, de saveur à peu près nulle et très petit. Le Bézy de Chaumontel avait alors disparu comme beaucoup d’autres et je n'ai pu reproduire le joli fruit qu'il m'avait donné. Ajoutons que, sauf en ce qui est de cette dernière production du Bézi de Chaumontel, les variations mentionnées ci-dessus, dont je viens de faire l'historique, affectent non seulement le fruit dans sa forme et dans son caractère, mais encore le bois, les feuilles, le bouton à fruit, lesquels different essentiellement du bois, des feuilles et des productions fruitières du sujet qui a fourni les greffons. Elles ont été présentées pour la plupart à une exposition de la Société Centrale d'Horticulture de Nancy, en 1898, et à la Société Nationale d'Horticulture de France, à Paris en 1908. * Li * x Cela posé, il me paraît incontestable que nous sommes en présence d'hybrides véritables, c'est-à-dire de variètés nouvelles qui ont leur origine dans le greffage et qu'on peut qualifier, pour cette raison, d'hybrides de greffe. Cette conclusion est la conséquence forcée des faits exposés, s'ils sont vrais. Er. es Mais le sont-ils? Là est la question. L'opinion contraire est si répandue, si enracinée à force d’être répétée dans les livres d'arbo- riculture, que les objections ne manqueront pas à l'encontre de mes assertions. Sans doute, dirat-on, nous supposons bien que vous ne voulez pas nous tromper. Mais êtes-vous sûr de ne pas vo‘is êtes trompé vous-même ? N'avez-vous pas commis quelque erreur, vous ou votre jardi- nier qui aurait été chargé de l’opération du greffage ? Une erreur est si tôt commise ! Un rameau coupe. plus ou moins à l'avance, pour être greffé peut être pris pour un autre. Une étiquette peut disparaître ou être déplacée. Quelqu'un n'aurait-il pas touché à vos greffes en votre absence pour y substituer d'autres greffes, ce qui aurait amené des choses inattendues ? A cela je réponds : [. — J'invoque d'abord mon témoignage que l’on me fera sans doute l’honneur de ne pas récuser. Alors je dirai que c'est moi seul qui taille tous mes arbres et les ai toujours taillés seul depuis leur plantation. C est encore moi qui seul, dans lecourant de l’année, leur donne tous les soins que comporte leur végétation. Mon jardinier s'occupe exclusivement du potager. Il ne touche pas à mes arbres, ni personne autre, si ce n'est, avec moi, lorsqu'il s'agit de planter, de scier de trop fortes branches à greffer, d’élaguer des arbres à haut vent, de dresser les armatures de mes vases ou les relever lorsqu'elles ont été ébranlées par les vents d'hiver. Pour mes greffages, je coupe moi-même mes greffons exclu- sivement dans ma propriété close, sur des arbres que je connais. J'ai soin de n’en prendre que d’une seule variété à la fois pour éviter toute confusion, et cela au moment même de m'en servir. J'use de ce procédé même pour la greffe en fente. Au lieu de couper les greffons longtemps à l'avance, comme on le tait d'habitude pour les conserver ensuite dans un cellier ou dans de la terre. je les coupe quelques instants avant de ies poser; et c'est cette méthode que j'ai suivie pour mon Bon Chrétien, comme je le dis plus haut. Je suis donc allé moi-même couper les greffons sur un Beufré gris nes Rice dont je connaissais le fruit, dans ma propriété, à une soixantaine de pas du sujet que je voulais greffer. Je n'ai pas coupé en même temps de greffes d'autres variétés et je suis venu immédiatement poser mes greffes de Beurré gris. Mes souvenirs sont très précis à cet égard et mon carnet de l'époque, sur lequel j'inscrivais le nombre de mes arbres fruitiers, les confirment pleinement. Il n’y a donc eu, dans cette opération, ni erreur, ni confusion. I. — L'erreur était d'ailleurs impossible. Mes poires que je présente comme hybrides de greffe n’existaient nulle part avant mes greffages, à ma connaissance du moins et de celle des personnes à qui je les ai fait voir. Une preuve frappante de leur inexistence à cette époque est que M. Gressent, professeur d'arboriculture, qui continua son enseignement jusqu'à son décès, au moyen d’un almanach connu sous le nom d’Almanach Gressent, m'a demandé des greffes de ma Marquise de Maubec, provenant comme je l'ai dit du greffage de poires Crassane sur Beurré d'Aremberg, avec regref- fage sur Curé et en a indiqué le fruit comme une nouveauté. De même deux pépiniéristes, l’un de Nancy, l’autre des environs, tous deux très compétents en la matière, m'ont demandé des greffes de ma Belle de Beaumont. N'était-ce pas de leur part reconnaître que cette espèce de fruit, inconnue d'eux, n'existait pas alors, et qu'aussi l'on se trouvait en présence de variétés nouvelles connues seulement depuis mes greffages ? Donc, si quelqu'un s'était avisé, en dehors de moi, de toucher à mes greffes (ce dont je me serais bien vite aperçu et ce que personne n'avait intérêt à faire), ce ne pouvait être que pour substituer à mes espèces greffées des greffes des variétés que je présente, puisqu'elles n’existaient pas encore. IE. — Mais il y a mieux. Je puis apporter une preuve, selon moi, directe de mes transformations, tout au moins en ce qui est de la Belle de Beaumont. Elles sont, en effet. justifiées par les parti- cularités que j'ai signalées et qui dissipent toute incertitude. J'ai dit plus haut que le Bon Chrétien, greffe de Beurré gris, avait donné, comme première récolte, deux poires qui étaient des Beurrés gris, semblables aux fruits du sujet dont j'avais détaché les greffons, et que ce n’était que l’année suivante que les poires avaient pris la HR forme de ce que j'ai appelé la Belle de Beaumont n° 1. Sur la pal- mette double U à branches verticales indiquées ci-dessus 5, trois branches me donnèrent des Beurrés gris, et une la Belle de Beau- mont. Mon carnet de cette époque en fait foi. Pourquoi ces particu- larités ? Parce que la transformation qui, dans l'arbre né de la greffe, s'opère par la fusion des protoplasmes cellulaires du sujet et du greffon, ne se fait pas rapidement en un instant. Elle ne procède pas à la façon d’un courant électrique, d'un court circuit. Sa marche est lente, insensible, progressive. Et ce n'est que lorsque le travail de transformation sera com- plètement terminé dans les branches de charpente et dans les rameaux que l’hybride de greffe, qui en est la résultante, se mon- trera. Jusque là, ce travail étant inachevé, le fruit qui apparaîtra sera celui de la variété greffée. Et voilà comment les premiers fruits du poirier Bon Chrétien greffe de Beurre gris furent des Beurré gris. Mais lorsque-la transformation fut achevée, on vit apparaître le fruit nouveau, la Belle de Beaumont. L'hybride était né. Et c'est encore ce qui explique que dans le n° 5 ci-dessus le même sujet va donner sur une branche la Belle de Beaumont etsur trois autres le Beurré gris. La transformation, commencée, était en train de se faire. Elle n'était pas alors complète. Que conclure de là ? c'est que, si l'arbre né de Ia greffe dont il s’agit a donné au début de sa production du Beurré gris, c'était bien un Beurré gris que j'avais greffe. Donc la Belle de Beaumont est le produit d'un Beurré gris sur une autre espèce (le Bon Chrétien que j'ai nommé) comme je l’ai énoncé. Ainsi se trouve justifiée la réalité des modifications survenues à la suite de mes opérations de greffage, modifications que je con- sidère comme de véritables hybrides ou variétés nouvelles. Car, non seulement, comme je l'ai dit, elles affectent le fruit, dans sa forme et ses caractères, mais encore le bois, les feuilles, le bouton à fruit, en un mot l'arbre tout entier. Li * * Tels sont les faits que je crois devoir livrer à la publicité dans l'intérêt de la science. Un pépiniériste distingué de la Touraine, à qui j'en parlais il y a quelques années, me disait que l’on avait constaté des variations à la suite de greffages, mais il ajoutait so qu'elles ne paraissaient pas au delà de quatre ou cinq ans et, qu’au bout de ce temps tout rentrait dans l'ordre, c'est-à dire que la variété greffee reparaissait avec tous ses caractères, sans aucune altération. Nous venons de voir qu'il n’en est pas ainsi au cas par- ticulier, puisque les variations dont j'ai fait l'exposé datent de vingt années et qu'elles apparaissent vraiment trop générales et trop profondes pour qu'on puisse espérer un retour complet à l'espèce greftée. Et maintenant, ne peut-on, ne doit-on pas conclure que, si nous sommes en présence d'un hybride du poirier, on ne saurait continuer d'accepter comme une vérité absolue que /a greffe re- produit toujours invariablement la variété greffée ? SUR LA PRÉSENCE DE L'ERICA WATSONI DANS LE MORBIHAN Par M. Potier de la Varde. Dans le dernier numéro de la Revue Bretonne de Botanique, M. Ed. Aubrée ayant signalé l'existence, dans la forêt de Paimpont, de nombreuses variétés ou formes d’Erica tletralix, cinerea, ciliaris et de Calluna vulgaris, je profite de l’occasion pour indiquer aux botanistes en quête de raretés, que tout prés de la région étudiée par notre collègue, au camp de Coëétquidan, existe une bruyère rarissime : Erica Watsoni,, Benth. in D. C. J'ai constaté son exis- tence à deux reprises, en 1901 et en 1903, dans les landes bordant vers le nord-est le bois de Hantel. Elle n'était pas précisément abon- dante ; néanmoins j'en ai trouvé quatre ou cinq touffes très bien caractérisées au milieu d’une luxuriante végétation d'Erica ciliaris et d'E. tetralix, dont elle est le produit hybride. Les tiges et les feuilles sont celles de la première espèce, les fleurs par leur forme s’en rapprochent également, mais elles sont disposées en grappe courte comme dans E. /efralix, où en grappe allongée avec solutions très nettes de continuité, au lieu d’être en grappe spiciforme. Les anthères sont bicornes comme celles d’E. letralix, et l'ovaire légèrement pubescent. Toutes les capsules que j'ai observées étaient vides ou ne pre- sentaient que des ovuies avortés. Il semblerait donc que « Erica Watsoni » fût un produit tout à fait accidentel, ne se perpétuant pas par la semence. Bien que, dans la nature, Erica ciliaris et Erica tretralix pous- sent souvent côte à côte, l’hybride Erica Watsont paraît être assez rare pour que les botanistes aient pris soin de noter les localités où cette bruyère avait été récoltée. Dans sa Nouvelle Flore de Normandie, M. Corbière l'indique comme ayant été trouvée en deux points des environs de Falaise, par de Brébisson (juin 1856). M. Chevalier en signale deux formes aux alentours de Domfront (Orne) (C. f. Recherches et observations sur la Flore de l'arrondisse- ment de Domfront. « In Bull. Soc. Linn. de Norm. », 5° sér., 1* vol., 1897). Enfin, M. Corbière et moi l’avons trouvée en 1900 auprés de Granville, dans la lande de Beuvais, en Saint-Michel-des-Loups. Nul doute que des recherches orientées dans ce sens amène- ront à la reconnaître dans de nouvelles localités de la Bretagne, où les deux bruyéres dont elle procède sont largement répandues. : ed NOTE SUR UN PARASITE DU CAMPHRIER EN MALAISIE Par M. Jacques Surcour Chef de Travaux de Zoologie au Laboratoire Colonial du Museum de Paris Le Laboratoire Colonial a reçu de M. Giraud, à Papan, Etat de Perak (Malaisie), des feuilles attaquées par un insecte parasite et une lettre énumeérant les dégâts produits. Ces feuilles ont été, par l'intermédiaire du Père de Joannis, soumises à M. Heylaerts, le spécialiste bien connu, qui a bien voulu nous faire parvenir le nom de l’insecte qui les perforait. Le parasite appartient au groupe des Lépidoptères et à la tribu des Psychodidæ. Il porte le nom de Eumetla Hekmeyert Heylaerts. Les papillons de ce groupe vivent à l'état larvaire sur les feuilles de différents arbres: l'Eumeta Hekmeyveri a été décrite comme parasite du Camphrier, en Malaisie La chenille se fixe à la face inférieure des feuilles, se nourrit du parenchyme, y découpe des rondelles puis elle les applique et les fixe autour de la partie inférieure de son corps. de sorte que l'animal ainsi revêtu a l’aspect d'une fleur ou parfois d'une petite pagode (Heylaerts). Arrivées à l'époque de la transformation nymphale, les che- nilles filent un cocon de forme différente suivant le sexe ; les cocons des mâles sont prolongés par une sorte de pédoncule qui permet à la chrysalide de se déplacer pour venir éclore à l'ouverture; les cocons des femelles sont courts et sans aucun prolongement. Lorsque la dernière transformation s'est effectuée, les mâles assez grands et de couleur noire ou brunâtre, à tête ornée d’'an- tennés fortement pectinées se mettent en devoir de chercher les femelles. Leur ardeur est telle que n'ayant même pas eu le temps de laisser leurs ailes se développer et se sécher, ils courent de ci de là en quête de femelles. Lorsqu'on élève ces papillons dans une boîte close, ils se mutilent les ailes dans le tournoiement incessant de leur course. Il importe donc de rechercher l’éclosion du premier papillon» puis de surveiller plusieurs fois par jour les autres éclosions qui ont lieu presqu'en même temps. Les mâles recueillis dans un tube de verre sont tués au moyen de cyanure ou d’éther. Les femelles sont aptères et apodes ; elles ne quittent pas leur cocon, la partie postérieure seule de leur corps peut sortir pour l'äccouplement, parfois dans certaines espèces l'appareil génital du mâle peut aller assurer la fécondation dans le cocon lui-même ; chez d’autres espèces européennes (Psyche villosella), C. A. Barrett a vu la femelle abandonner le cocon et se laisser tomber sur le sol (The Lepidoptera of the Bristish Islands, p. 338). Pour recueillir les nymphes ou les adultes femelles, il faut avec un très grand soin, fendre le cocon puis le diriger vers le bas brusquement ; l'animal n'ayant plus de point d'appui glisse et tombe. Il est blanc ou jaunâtre et offre j’aspect d’un ver. Pour le conserver, on le plonge dans une solution faible de formol qui n'altère pas sa teinte. L'alcool! le noircit. On pourrait aussi plus simplement mettre le cocon femelle tout entier dans le formol. Quoique jusqu'à présent les Psychodidæ n'aient jamais causé de grands dégâts, il faut cependant se rappeler qu'il y a quelques années, les prairies de la Lozère furent ravagées par un insecte de cette famille. En outre les chenilles s’accomodent en général des nourritures les plus variées. Ce caractère les rapproche des Tinéides. Il serait intéressant de recueillir en Malaisie un assez grand nombre de fourreaux vivants et de les envoyer au Laboratoire Colonial ; mais pour que les éciosions ne se produisissent pas en route, il serait utile de faire placer la boîte qui contiendrait ces insectes dans les environs de la glacière du navire. Par ailleurs, on pourrait piquer les mâles et mettre les femelles dans le formol. L'un et l’autre procédé permettrait d'arriver sans doute à différencier plusieurs espèces parmi celles qui offrent souvent l'aspect le plus semblable. tie ati mil hate FLORULE DE LA COMMUNE DE LOIGNÉ (MAYENNE) Par M. C. MAUTAINNT, lustituteur à Bagçouges. La commune de Loigne est bornée au sud par le petit ruisseau des Bouillons qui se jette dans la Mayenne un peu au-dessus de Mirwault et la sépare de la commune de Bazouges. Le Moulin de Mirwault est situé à 1.509 mètres environ de Château-Gontier. Aussi la proximité de cette dernière ville a valu à la commune de Loigné d'ètre explorée depuis longtemps par les botanistes castrogontériens. Parmi ceux-ci, deux ont herborisé pendant de longues années dans notre région; ce sont MM. Duciaux et Daniel. Le premier occupa longtemps un siège au tribunal civil; c'est à lui qu'on doit les premières connaissances botaniques sur notre département, et il fut le principal auteur du « Catalogue des plantes de la Mayenne », publié par une Société de Buotanistes en 1838. Le second a professé pendant 14 ans les sciences au Collège de Château-Gontier où je l’ai eu comme maître. Il consacra tous ses loisirs à la recherche des plantes de notre région, complétant les listes de Duclaux et y ajoutant de nombreuses espèces nouvelles, particulièrement dans le groupe des Champignons, dont le nombre fut porté par lui d’une centaine environ à plus de 540 espèces. On aurait pu croire que le botaniste herborisant n'avait plus rien à faire après ces deux collecteurs infatigables. Pourtant, il est possible de relever non-seulement des localités nouvelles, mais encore de trouver des raretés intéressantes qui leur avaient échappe. Il est infiniment probable que d’autres en trouveront encore après nous. Ayant habité la commune de Loigné pendant de longues années, en qualité d'instituteur, il m'a été facile de l'explorer en tous sens. J'ai eu la bonne fortune de trouver deux stations particulièrement intéressantes au point de vue botanique local : 1° la station de Vaufaron ; 2° celle des Rouillères. si — Ces deux stations sent remarquables, non seulement par là 3 ch’ fui Gi ce + svt S FES a at e <. Aorincere S «1 4°-6- Mir 3 LÉGENDE + Ophrys apifera. 1. LathyrusNissolia. Trifoli l tum. So pts rt sel 2. Helleborus viridis. — striatum. hifol: © Lotus angustissimus. te Dianthus prolifer. 4. Orchis latifolia, O. conop- Satyrium hyrcinum. RON e Thalictrum flavum. pts | Em: 6. Ranunculus hederaceus. ee Zrifolium ochroleucum. eo maïalis. 6. Ranunculus auricomus. be 7. Phyteuma spicatum. A Phalangium bicolor. 8. Cynoglossum officinale. rareté relative pour notre florule des plantes qui y croissent, mais encore parce qu'il s’agit d'espèces dont quelques-unes sont .nette- ment calcicoles, bien qu'aucun lambeau de calcaire n'ait été jus- qu'ici signalé dans la commune de Loigné. I. — Station de Vaufaron Cette localité est située à 1.500 mètres environ de Château- Gontier, sur les coteaux abruptes et incultes de Vaufaron, formés par des phyllades argileuses, mais contenant probablement du calcaire sous une forme à déterminer. Là se trouvent en abondance : Trifolium sublerraneum, T. striatum, T. olomeratum, Ornithopus perpusillus, Dianthus prolifer, Muscari comosum, Lotus angustissimus, etc J'ai même recueilli, dans les champs voisins, le Sazfyrium bircinum (Aceras), plante essentiellement calcicole et qui a dû trouver assez de cal- caire naturel ou apporté par le chaulage (1) pour prospérer, en petit nombre toutefois, dans cette station anormale (2). Pour arriver à cette station, il suffit de remonter la Mayenne, de Château-Gontier à Mirwault, puis de suivre le ruisselet des Bouillons jusqu'à cent mètres en amont : c'est là que se trouvent les régions à explorer. I n'est pas sans intérêt de rappeler que la station de Vaufaron est parallèle, pour ainsi dire, à celle des hauteurs de la Maison- neuve, séparées du Martray à Château-Gontier par un petit ruisselet se jetant dans la Mayenne à quelque distance de l'usine à gaz. Dans cette station ont été recueillies, soit par M. Duclaux, soit par M. Daniel, les plantes suivantes : Aspzrula arvensis, Reseda Phyteuma, Dianthus prolifer, Linum angustifolium. Vitis vinifera dans les haies, Trifolium ochroleucum, Latbyrus sylvuestris. Cyno- glossum officinale, Linaria ochroleuca, etc. En remontant plus haut, le long du ruisselet des Bouillons, on (1) M. Daniel a signalé ainsi des plantes calcicoles poussant sur des schistes on des sables (voir L. Daniel, /ufluence du drainage et du chaulage sur la végé- lation spontanée dans le département de l1 Mayenne, Revue générale de Botanique, 1891). (2) M. Duclaux a indiqué aussi, à Vaufaron, les Chondrilla juncea, Herniaria glabra ; Androsæmum officinale, dans les haies, etc. 10" — trouve encore d’autres plantes assez intéressantes, telles que Thlaspt arvense, dans les cultures des fermes de l'Image en Bazou- ges, non loin du ruisseau ; Salria pratensis, sur les hauteurs de la ferme des Grandes-Places de Loigné ; sur les schistes de Mar- mouillé. Tragopogon pralensis (prairies), Hypo:hæris olabra et Scilla autumnalis (coteaux): au Grand Autheux, le Physalis Alke - herot ; ça et là, dans les haies, on rencontre Rhamnus catharlicus et Viburnum Lantana. Si l'on remonte toujours plus au nord. le long de la Mayenne, on arrive à l'ecluse de la Roche. Sur les schistes qui avoisinent le moulin, on trouve Cynoglossum officinale, Buxus sempervirens, Draba muralis Valerianella auricula, V. olitaria. Dans l'île de la Roche se trouve le Thalicirum flavum. Un peu plus loin, à la Chauduré, poussent Sanicula europea, Cardamine impatiens, Lych- nis Sylvestris, Phyteuma Spicalum. Et ça et là, le long du chemin de halage, des plantes vagabondes comme Centaurea solstitialis, Œnotbera biennis, ou des plantes plus ou moins hygrophiies comme Thalictrum flavum Potamogeton belerophyllus, Gratiola officinalis, Euphorbia Latbyris, etc. Un peu plus à l'intérieur des terres, près la ferme de Guerriére, j'ai récolté Helleborus viridrs. II. — Station des Rouillères. La station des Rouillères est sans contredit la plus intéressante de la commune de Loigné. Elle est située à l’est du bourg: et sur les limites des communes de Marigné et de Peuton. Elle est formée par des landes et des bois (bois des Rouillères) qu'entourent des prairies et des terres cultivées. Les landes et les bois situés derrière la ferme des Marchais sont remarquables par la présence, en échantillons abondants, d’une plante calcicole par excellence, l'Ophrys apifera, qui pousse dans les landes incultes longeant le bois. Dans les prairies voisines se trouve également en abondance Trifolium ochroleucum, Orchis latifolia, O. conopsea, O. viridis, O. coriophora. Les bois environnants sont eux-mêmes riches en plantes rares ; on y rencontre en abondance Liparis ovatla, Convallaria maïalis et la Phalangium bicolor qu'avait déjà signalé M. Daniel vers 1883. - — 17 — Près les Huberdières abonde l'Orchis bifolia. Dans les champs bordant le vieux chemin de Cossé pousse Lathyrus Nissolia, et M. Daniel a indique l'Authyllis vulneraria dans les champs sablon- neux voisins du bois des Rouillères. Près de l'étang de Montceau croit Phyleuma Spicatum. Enfin près le village de la Morinière, j'ai rencontre Ranunculus auricomus, plante généralement calcicole dans [a Mayenne. A côté poussent les divers Orchis abondants aux Marchais et dont j'ai déjà donné la liste. Et, ñon loin du bois des Rouillères. mais en Marigné-Peuton. j'ai récolté Ophioglossum vulgatum. La presence de plantes aussi éminemment calcicoles que Satyrium (Aceras) bircinum et Ophrys apifera me poite à penser que les points où poussent ces deux plantes doivent être formés par des lentilles calcaires. Il serait intéressant d'en faire l'étude géologique et de déterminer ainsi si ces plantes sont, comme il est fort probable, indigènes dans la commune de Loigné, ou, ce qui paraît bien douteux, si elles ont été introduites par le chaulage dont on use et abuse depuis longtemps dans nos contrées. REV. BRET. DE, BOT, T. iV 2 LA CIKHE DE CHINE ET L'ERICERUS PE-LA (!) Par MM. Jacques Surcour, Chef de travaux au Laboratoire colonial du Museum, et Eugène CoRDIER, stagiaire au Museum. La Cire de Chine ou Peï-la paraît connue des Chinois depuis fort longtemps ; ia culture du La-Tchong ou insecte à cire qui la pro- duit remonte au milieu du xt siècle (sous la dynastie des Youen ou Empereurs Mongols’, s’il faut en croire Siu-Kouang-K5. Cet auteur qui vivait sous les Ming (commencement du xvi!° siècle a laissé un traité complet d'agriculture en 60 volumes (le Nono-lching-tsiouen-chou) où il dit : « Avant les dynasties des Thang et des Song {du vii® au xim° siècle) le s Chinois n’employuient que la cire d'abeilles. La cire produite par l'insecte La-Tchong n'a commencée à être introduite que sous la dynastie des Youen, et cette culture s'est développée si bien qu'à l’époque actuelle, elle est devenue d'un usage général. On récolte le peila dans les provinces de Ssé-tchouen, du Yuman, du Hou-Kouang et du fo-Kien, ainsi que dans les districts situés au Sud des Monts Meilings ». L'auteur introduisit lui-même cette culture dans son pays vers 1610. Depuis longtemps, les Chinois ont observé les mœurs de l'insecte; c'est ainsi que nous trouvons dans le Pen-Tsao- Kang-Mou. Les Insectes à Cire sont d'abord gros comme des lentes. — Après l’époque mang-thong (5 juin), ils grimpent sur les branches de l’arbre, se nourrissent de son suc et laissent échapper une sorte de salive qui s’attache aux branches, se condense en une cire blanche et forme la cire d’arbre, (1) Travail du Laboratoire colonial du Muséum de Paris. — ft — Jeunes, ils sont blancs, mais deviennent rouges dans leur vieillesse. Îls se rapprochent et s’attachent par paquets aux branches des arbres. Au printemps, ils sont gros comme un grain de millet, puis atteignent peu à peu le volume d’un œuf de poule (l'auteur avait pris probablement la boule cireuse pour l'insecte lui- même). Quand le La Tchong est près de pondre, il se forme une maison analogue aux coques des Mantes. L'intérieur est rempli de plusieurs centaines d'œufs. On les détache à l'époque « li hia », 6 mai, et on les suspend aux branches de l'arbre à cire dans une feuille de Gingembre. Un autre livre, le Soue-Chi-Tsa-Pou, décrit la préparation de la cire en ces termes : On commence par faire sécher le produit, puis on l'enferme dans un nouet que l'on met dans un vase rempli d'eau bouillante, la cire fond, et se condense en une masse d'une parfaite blancheur propre à faire des bouzies. Les résidus sont purifiés par dissolution dans l'huile bouillante. Ce procédé primitif est d'ailleurs encore employée aujourd'hui. |. Plantes nourricières, — Le « La Tchong » peut vivre sur un grand nombre d'arbres. ( Le J’iulching, qui serait, d'apres Brongniart, Rhus Succedanus. On élève quelques insectes sur cet arbre dans le pays de Chou. 2° Le Tsono-fsin (Ligustrum Glabrum, d'après Rémusat), et le Choui-tong-{sin, espèce très voisine, sont très utilisés dans le Ssé tchouer pour l'élevage de l'insecte, qui se fait sur l'arbre ou sur les rejets. 3° Le Choui-Kui (Hibiscus Syriacus d'aprés Rémusat). 4° Le Tcha-la, espèce non identifiée, est très utilisé. 5° Le Kau-la-Chu sert dans les lieux secs. 6° Le Choui-la-Chu dans les endroits humides. 7° Le Ligustrum lucidum, d'après Macgonan et Cooper. 8° Le Celastrus Ceriferus, d'après Brehm et Kunckel d'Hercu- lais. 9° Le Fraxinus Sinensis, d'après Campion. Cooper a établi que l'éducation de l’insecte se faisait dans le Ssé ichouen sur deux arbres différents. L'insecte naîtrait et se dévelop- perait dans le pays de Kïeulchang, près de Niagyuen, Sur les feuilles du Ligustrum lucidum. À la fin d'avril, les cultivateurs recueillent ces œufs et les transportent, par des marches de nuit, à Kiating fou, à 14 journées de là de l’autre côté de la montagne. ND IE Les œufs sont alors détachés de la branche qui les portait et fixés sur le Fraxinus, Sinensis, où se fait la sécrétion terrenees Selon le même auteur, la production de la cire serait due à ce que l’insecte se trouve ainsi forcé de vivre sur une plante qui ne lui convenait pas. Explication propablement erronée, puisqu'un grand nombre d'insectes voisins produisent également des matières cireuses. Il. Ericerus Pela. — Les modernes attribuërent longtemps la production de la cire à un 4pbis (Puceron). Chavannes, 1848, la rapporta à Coccas Pela. — Walker, 1852, à Ceroplastes Cereus. — Guérin Meneville, 1858, d'après des matériaux rapportés par l'évêque Peruy qui avait fait connaitre le Re Bombyx du Chêne Séricigène (Bombyx Pernyti), put établir le genre Éricerus adopté aujourd'hui. Enfin, Signeret, en 1869 et 74, donne une description de Ericerus Pela. accompagnée de figures, que nous reproduisons ci-contre. Ericerus Pela (Chavannes) appartient à la famille des Coccidès, tribu des Lécanines, et c'est le seui représentant actuellement connu du genre Ericerus ; et contrairem2nt aux Ceroplastes, genre cirier voisin, c'est ici les mâles qui s'agglomerent et produisent de la cire Le mâle de grande taille, est fauve brunâtre dans la masse spongieuse ; probablement rouge à l'état frais. Le thorax est très grand à côté supérieur très évasé ; l'abdomen aussi long que le thorax, est moins large. L'avant dernier segment et le sommet de chaque côté porte un faisceau de poils épineux. Le dernier segment porte de chaque côte deux longs poils qu'agglutine la substance cireuse sécrétée par les filières. Le pénis a plus du tiers de la longueur de l'abdomen. Les ailes sont très longues, transparentes, un peu rougeûtres sur les côtes Les balanciers assez longs portent deux soies à l'extrémité. La tête présente postérieurement un étranglement en forme de col et porte six ocelles et quatre yeux. Les antennes sont très longues, très pubescentes, de dix articles dont les deux premiers sont très courts et dilatés. Les pattes sont pubescentes ; les tarses égaux au quart des tibias. Fig. 1.— Ericerus Pela 4. Mâle adulte. Femelle adulte: Patte: . Tête du mâle. E, Extrémité abdominale du mâle. (Chavannes) © © & D'après Signoret. La femelle, très différente du mâle, présente une forme sphé- rique globuieuse ; et montre à sa partie inférieure une échancrure ovalaire (grâce à laquelle elle se fixe sur la branche), surmontée de la fente abdominale. II. Composition. — B. Coins, Brodie Lewy, Hambury, Silli- man, Von Julien ont cherché à établir la composition de la cire de Chine. | L'analyse chimique a montré que c'est un éfher cérotique où étber de l'alcool cérylique C2 H°5 O connu en chimie sous le nom de Cérotate de Ceryle C® H5! Co? C? Hi (l'acide cérolique ou cérine #% H50 O? en formule brute ou formule développée CH: (CH?) * Co*H constitue la majeure partie de la cire d'abeille, dont on peut le reti- rer, en épuisant la cire par l'alcool bouillant; puis en traitant le produit dissous par de la soude alcoolique, pour saponifier un peu de myricine entraînée, et en épuisant le savon sec par l'éther de petrole bouillant. La cire de Chine se présente sous forme d'une masse parfaitement blanche, translucide, brillante, à cassure fibreuse, rappelant beaucoup le spermaceti ou blanc de baleine ; elle est insipide, sans odeur ; broyée entre les dents, elle se réduit en une poudre sèche non adhérente, Elle est plus dure que la cire d'abeilles, inso- lubie dans l’eau, soluble dans les huiles essentielles, à peine attaquée par les acides, les alcalis et l'alcool bouillant. Fondue avec de la potasse elle donne du cérotate de potasse et de l’hydrate de cervle. La distillation sèche la dédouble en acide céroti- k que et cérotène. Fig 2.— Cire On peut l'obtenir pure en la faisant cristalliser Er 7 dans un mélange d'alcool et de naphte. Le produit est d'après Hamburg ensuite épuré par l’éther, puis lave à l'eau bouil- lante. On termine la purification en la faisant cristalliser dans de l'alcool absolu. Selon Brodie elle fondrait alors a 82°. IV. Usages. — La cire de Chine, nous l'avons déjà dit est utilisée depuis longtemps en Chine, bien que restant toujours d'un prix élevé qui en restreint l'emploi, et entrave l'exportation. Le principal usage consiste dans la fabrication des bougies de luxe qui possèdent suivant les auteurs quatre fois le pouvoir éclairant de la cire d'abeilles. Ces bougies se font au trempé ou par moulage ; on les couvre alors d’une foule de dessins compliqués comme les aiment les Chinois, et leur prix atteindrait 100 à 130 sapèques, soit 50-60 centi- mes, constituant ainsi un véritable objet de luxe. Dans la pratique courante les Célestes additionnent le peila de cire ordinaire où de graisse animale pour confectionner ces bougies. — 23 — Ils font entrer également ce produit dans la préparation de pom- mades, onguents, masses emplastiques, en lui faisant jouer le rôle que nous donnons à la cire dans nos pharmacopées euro- péennes. Richthofen cité par E. Reclus en 1882 évaluait la valeur totale de la récolte dans le Ssé-tchouen à 14 millions de francs ; ce qui montre bien l'intérét véritable s'attachant à cette industrie. À titre de renseignements nous pouvons ajouter que vers 1850 selon Macgowan elle coftait 1 fr. 50 à 1 fr. 75 la livre. En 1863, Eue. Simon la vit payer 200 à 250 francs les 60 kilos dans les lieux de production (Sse-tchouen, Ho-nan, Chan-si). — Un peu plus tard le prix tombait de 140 à 160 francs, mais la valeur en doublait presque à Changhaï en raison des frais de transport. ds BIBLIOGRAPHIE Etudes morphologiques et physiologiques sur le Cerisier (!) Par P. SEyoT - Préparateur à la Faculté des Sciences de Rennes Sous ce titre. M. Seyot a présenté à la Sorbonne une thèse en vue d'obtenir le grade de docteur ès-sciences naturelles. C'est une sorte de monographie du cerisier, dont quelques chapitres ont été partiellement publiés dans la Revue Bretonne de Botanique. * * x La monographie d'une plante est une étude de longue haleine qui présente un intérêt considérable, non seulement par l'apport d'un ensemble de faits précis qui se rattachent à la plante étudiée, mais encore parce qu'elle touche à une foule de probièmes intéres- sant la biologie végétale toute entière. Certaines solutions de ces problèmes sont mises à jour et s'imposent immédiatement ; d’autres sont entrevues et n'attendent plus que l'expérience pour être con- sacrées ou rejetées définitivement. Dans son premier chapitre, l'auteur s'est occupé de la ramifica- tion du cerisier ; il a montré que les rameaux de cet arbre présen- tent entre eux de tres grandes différences ; les uns sont très longs et portent de nombreux bourgeons latéraux, parmi lesquels 1l est facile de constater des différences de forme, de taille, de déveioppe- (*) Travail du Laboratoire de Botanique appliquée de la Faculté des Sciences. ment, etc.; les autres très courts, plus ou moins globuleux, ont des bourgeons latéraux d’une seule sorte ; d'autres, enfin, sont réduits à leur bourgeon terminal. À cause des nombreuses formes, on peut passer facilement, par des termes de transition, du rameau le plus faible au plus développé Dans cette série continue, il existe un certain nombre de types qui permettent de réunir tous les rameaux du cerisier en six groupes principaux, dans ces types les trois plus faibles sont des rameaux à fruits et les trois plus forts des rameaux à bois. Dans le deuxième chapitre, M. Seyot a étudié l'anatomie des principaux rameaux qu'il avait décrits précédemment et trouve des différences dans tous leurs tissus ; c’est le bois qui à présenté les différences les plus accentuées et les plus caractéristiques. Ce tissu est très développé et richement vascularisé dans les rameaux à bois ; il est au contraire très peu lignifié et très peu différenciée dans les rameaux à fruits; dans les premiers, il y a prédominance du tissu vasculaire; dans les seconds, prédominance des paren- chymes. à * * Grâce à leur rôle capital dans la vie de la plante, les feuilles sont, de tous les organes, ceux qui présentent le plus grand intérêt. L'étude que M. Seyot a faite des feuilles du cerisier et qu'il a résumée dans le troisième chapitre de sa thèse est certainement la partie de son ouvrage à laquelle il a consacrée le plus de temps. Pour mener à bien son travail, il a dû employer des méthodes de recherches très différentes qui exigent, de ceux qui les emploient, des connais- sances aussi étendues que variées. De l’ensemble de ses recherches, il ressort que le cerisier présente trois sortes de feuilles qui diffèrent les unes des autres par la forme, l'anatomie et la physiologie. C'est surtout la partie consacrée à la physiologie des feuilles qui offre le plus grand intérêt ; elle fournit des renseignements nouveaux sur la trans- piration qui est, comme l'on sait, l’une des plus importantes de leurs fonctions. Après avoir étudié la physiologie des feuilles, il en a fait l'analyse élémentaire, non seulement pour en connaitre la compo- ob sition, mais encore pour se rendre compte du travail qui s'accom- plit dans les cellules pendant leur vie. Il a été ainsi amené à étudier d'une façon spéciale l'acide oxalique et l'oxalate de chaux, etila apporté une contribütion importante à la connaissance de ces corps, dont le rôle est encore mal connu et souvent controversé. Dans le quatrième chapitre, l'auteur a étudié les bourgeons du cerisier ; il en a fait une classification, d’après leur forme et leur rôle ; il a ensuite décrit avec soin le mécanisme suivant lequel se produit leur ouverture, en faisant une étude approfondie de leurs écailles, tant au point de vue anatomique qu'au point de vue du rôle qu'elles remplissent pendant la vie germuellaire et lors de l'épanouissement des bourgeons. * | À à Après avoir décrit les principaux organes de l'appareil végétatif aérien du cerisier, et constaté qu'il existait entre les organes com- parables de cet arbre, des différences plus ou moins grandes, M. 5eyot s'est demandé s’il ne serait pas possible de déterminer quelques-unes des causes quiamènent ces différences. La recherche de ces causes est en somme le but de tout son travail, et les quatre premiers chapitres ne sont que l'introduction du dernier. En effet, pour savoir ce qui peut faire varier un organe, il est absolument indispensable de le bien connaître, et de savoir dans quelles limites il est susceptible de varier; il est alors possible de le soumettre à l'expérience et de déduire, avec quelque chance de certitude, l'influence d’un facteur de variation donné. Il est absolument impossible, dans une simple analyse, de donner une idée des vues exposées par l'auteur; disons seulement qu'il ne s'est occupé que des seuls facteurs de la variation qui agissent naturellement et normalement sur l'arbre non soumis à des modes spéciaux de culture. Parmi les agents morphogènes, celui auquel il attribue le plus d'importance, celui qui pour lui joue le plus grand rôle, c’est l'exercice de l'aliment. Tout ce qui favorise l’arrivée abondante de la sève, facilite sa distribution et son élaboration, amène une végétation active et produit des organes vigoureux ; tout ce qui entrave le chemin parcouru par la sève ou siciine. di. à — 27 — en diminue le débit, ralentit la végétation et donne naissance à des organes chétifs. Dans le premier cas, il y a prédominance de la production vegétative, dans le deuxième, prédominance de la pro- duction fruitière. Pour que la culture d'un arbre fruitier soit rationnelle, il est absolument indispensable d'en régler la végétation ; il faut qu'à chaque moment de la vie de l'arbre, il y ait un rapport harmo- nique entre la formation des rameaux et la production des fruits. Pour arriver à ce résultat, il faut savoir attendre et ne pas demander des_fruits à un arbre trop jeune, mais utiliser son activité végétative à ja formation de branchesc harpentières vigoureuses ; il faut pouvoir détourner [a sève de ces branches au bénéfice des rameaux à fruits, pour en augmenter le rendement, pendant la longue période ou l'arbre est en plein rapport; enfin, il ne faut pas demander aux vieux arbres des efforts dont ils ne sont plus capables. Toutes ces considérations sont comprises dans le dernier chapitre, et si les moyens de cultiver rationnellement le cerisier ne sont pas décrits à la façon des manuels d’arboriculture, il sera cependant facile à tout horticulteur ou amateur qui voudra bien suivre les indications fournies, de déduire, pour un cerisier donné, l'opération la plus rationnelle à faire pour le mettre dans le meilieur état de rapport. Fe * * En résumé, la thèse de M. Seyot est un ouvrage de réelle valeur, très documenté et très intéressant. Elle lui fait ie plus grand honneur ainsi qu'au laboratoire où elle a été préparée. C'est, croyons-nous la première thèse qui ait été faite dans ce genre. En cela, l’auteur aura été vraiment un novateur, car il a montré victo- rieusement quel parti un ouvrier habile peut tirer de l'étude appro- fondie d'une plante ; il a ouvert ainsi une voie nouvelle à l’activité des chercheurs qui, en limitant le champ de leurs investigations à une plante unique, seront sûrs de faire une œuvre scientifique utile et durable. C2R: OS Etude sur des modifications chimiques que peut amener la greffe dans la constitutio : des plantes (!) Par Ch. LAURENT, Professeur à l'Ecole de Medecine et de Pharmacie de Rennes. « La greffe est une opération pratiquée depuis la plus haute antiquité mais les problèmes qu’elle soulève tanten pratique qu'en théorie sont loin d'être tous résolus ; cela n'a rien de surprenant si l'on songe à la complexité des questions qui s'y rattachent et qui tiennent d’une part à la biologie des plantes qu'on associe et d'autre part aux différents procédés de greffage. » Tel est le début de l'intéressante thèse que M. Ch. Laurent a pré: sentée à ia Faculté des Sciences de Paris en vue de l'obtention du diplôme de Docteur ès Sciences physiques. La greffe peut en effet être étudiée à de nombreux points de vue ; l’auteur s'est spécialement intéressé à la recherche des modi- fications que peuvent subir certaines manifestations du chimisme vital propre à chaque plante à la suite du greffage. La première partie de son travail rappelle brièvement quelques observations relatives aux modifications du chimisme qui tombent directement sous les sens ; variations dans la diminution et l’accrois- sement de la taille, dans la durée de la vie, dans la couleur, dans la saveur, daiis la mise en réserve, dans la résistance au froid, etc. Dans la seconde partie, M. Laurent s'est tout naturellement occupé de l'étude de la composition chimique de certaines plantes cultivées comparativement franches de pied et greffées, étude qui nous donne des indications beaucoup plus précises sur les varla- tions chimiques que ne peuvent en donner les sensations organo- leptiques. Les resultats analytiques concernant les tubercules de choux (1) Travail du labo-atoire de Botanique appliquée de la Faculté des Sciences et du Laboratoire de Pharmacie de l'Ecole de Médecine. « 1 | | df L — 30 — raves, les feuilles de choux cabus, les graines de haricots, les feuilles et les tiges de soleil, les feuilles de tabac, comparés aux résultats de ces mimes plantes greffees, montrent qu'il existe fréquemment des différences très accentuées aussi bien dans la teneur en quelques principes immédiats, que dans les proportions de quelques éléments des cendres. Le chapitre concernant l'étude chimique comparée de vins et de mouts de vignes greffees et franches de pied présente un grand intérêt si l'on songe aux controverses nombreuses qui se sont pro- duites dans ces dernières années au sujet du greffage de la vigne et de la reconstitution du vignoble. Les résuitats de l'auteur portent sur trois ou quatre années; on peut dire qu'ils éclairent d'un jour tout nouveau les conséquences de la reconstitution. ['s viennent à l'appui des critiques que M. Daniel à récemment formulées et font entrevoir les vraies causes de la crise viticole ; il serait à souhaiter que cette étude des variations soit poursuivie, pour les mêmes vignes cultivées dans un même terrain, pendant un nombre d'an- nées plus grand. Cela permettrait peut-être d'établir un jour les règles à suivre dans le greffage de la vigne au cas où il deviendrait impossible de s'en tenir à la culture des vignes françaises franches de pied. | On sait que la question qui semble au premier abord très sim- ple, du passage de certaines substances d'une plante dans l’autre est cependant fort complexe. Les notes bibliographiques et les recherches personnelles de l’auteur sur la perméabilité du bourrelet à certains principes immédiats méritent une attention toute parti- culiére. Les résultats qu'il a obtenus dans les Solanées à alcaloïde smy- driatiques apportent une importante contribution sur un point où l'accord est loin d'être établi entre les chimistes et les physiologistes. Enfin la troisième partie a trait aux variations de la résistance de certaines plantes greffées et de leurs produits à l'attaque des parasites animaux et végétaux. Les différences de résistance obtenues dans les moûts de mêmes vignes greffées et franches de pied expliquent pourquoi l’on observe un défaut de conservation des vins de greffes par rapport aux vins de vignes franches de pied, quand toutes conditions sont égales d’ailleurs, x — 30 — Ces variations observées par l'auteur à la suite de la greffe sont encore une preuve que le chimisme des plantes greffées est modifié dans une certaine mesure. Il serait évidemment prématuré, et M. Ch. Laurent l'a fait remarquer lui-même, de tirer de ses expériences sur les moûts naturels et artificiels une conclusion générale capable d'orienter la vinification dans une voie complètement rationnelle, Mais les faits nouveaux qu'il signale, les aperçus originaux qu'il développe sont des jalons précieux jetés sur la voie de l'œnologie scientifique qui, à juste titre, préoccupe aujourd'hui nombre d'esprits sérieux et d'amis véritables de la viticulture. Ces faits ne passeront donc pas inaperçus des œnotechniciens et des viticulteurs soucieux de réparer les ruines accumulées par le phylloxéra et la reconstitution hâtive sur les vignes américaines, et il est à souhaiter qu'ils suscitent des recherches nouvelles. Connaître le rôle de chaque élément des moûts de raisin par rapport à la qualité et à la conservation des vins, ce serait en effet la base de toute vinification rationneHe ; connaître les éléments de la plante et les facteurs qui abaissent ou augmentent les résistan- ces aux Cryptogames si redoutables importées par les vignes américaines serait la base de toute lutte rationnelle contre ces parasites, bien plus inquiétants pour l'avenir du vignoble que l'antique phylloxéra. En résumé le travail de M. Laurent apporte un contingent respectable de faits sérieux et indiscutables à la solution d'un pro- blème physiologique où le dogme et la routine l'ont si souvent dis- puté à l'expérience. A ce titre, il ne saurait manquer d'intéresser à la fois le biologiste et le praticien. GE. VARIÉTÉS Sur un tubercule bizarre de pomme de terre L'automne dernier, j'ai trouvé au Rody, près de Brest, une pomme de terre de forme singulière qui rappelait l'extrémité infé- rieure du pied humain, comme on peut s’en rendre compte ne examinant la figure ci-contre. Ce tubercule singulier est le resultat de ‘deux végétations suc- cessives, se succédant en 1908. Pendant la première végétation s'était formé la partie aplatie du tubercule. Vint ensuite une période de sécheresse pendant laquelle la tubérisation fut arrêtée ; le tubercule durcit et muürit alors. Mais des pluies survenant plus tard, une seconde végétation se mani- festa, à la suite de laquelle poussèrent sur le tubercule cinq ma- L | 5 — melons inégaux pourvus chacun d'un bourgeon bien développé. Ces mamelons, avec leur bourgeon. ont une certaine analogie avec les doigts du pied pourvus d'un ongle recourbé. D'autres tubercules avaient bourgeonné en même temps que le tubercule que je viens de décrire. Ils avaient aussi donné lien à des productions bizarres et plus ou moins curieuses, en forme de croix, de grains de chapelet, etc. Ces anomalies de forme, résultat du hasard. ne sont pas sus- ceptibles d'être fixées. Elles rentrent dans la catégorie des formes accidenteiles qui éveillent notre attention par leur ressemblance avec des êtres ou des objets connus. Les divers règnes de la nature nous en fournissent assez souvent des exemples, et c'est à titre de pure curiosité que j'ai cru devoir signaler celui-ci. D° CLAVIER, Médecin principal de la Marine, en retraite, au Rody, près Brest. Le Congrès des Sociétés Savantes à Rennes La Société bretonne de Botanique sera largement représentée au Congrès des Sociétés savantes de Rennes, presque dans toutes les sections scientifiques. Les communications botaniques de ses membres et celles du Laboratoire de Botanique appliquée sont au nombre de vingt et une. A l'actif de la Société il faut porter aussi trois communications de Géologie, cinq de Zoologie, huit de Médecine, quatre de Chimie, deux de Mathématiques, deux de Physique, soit en tout guaranle - cing communications. Deux de nos collègues, MM. Laurent et Seyot, font à la section de Physique une importante communication sur l’Emplor du gvros- cope dans l'aviation. LE Hit : 4 LES FACTEURS MORPHOGENIQUES CHEZ LES VÉGÉTAUX par M. Lucien DanIEL INTRODUCTION Les êtres vivants sont-ils construits de telle façon que les ca- ractères spécifiques que leur ont attribués les naturalistes restent immuables, ou bien, au contraire, ces caractères peuvent-ils se modifier sous l'influence de causes diverses ? Cette question de l’ëmmutabiliié où de la variafion de l'espèce n'est pas neuve. C'est l'une des plus embrouillées, peut-être, de l'Histoire naturelle. Pourtant ce ne sont pas les travaux, les tenta- tives d'explication et les discussions qui ont manqué sur ce point depuis deux siècles ! Chaque année des faits nouveaux s'accumulent plus ou moins contradictoires en apparence; les naturalistes, même les philo- sophes, proposent de nouveaux systèmes, qui contribuent plus souvent à embrouiller qu’à élucider un sujet particulièrement déli- cat en lui-même. On oublie trop souvent que la question devrait être abordée sans idées préconçues et que ce sont les faits qui doivent avoir le pas sur les théories. Que d'auteurs pourtant ont simplement chan- gé des mots ou des définitions, admises déjà dans la science, sans avoir en quoi que ce soit fait faire un pas à la question ! Combien d’autres ont basé ieurs théories sur de pures vues de l'esprit, sur REV, BRET, DE BOT, T. IV = 2 des données impossibles à vérifier, sur des unités problématiques comme les pangènes, les déterminants, etc. ! Faut-il s'étonner si la plupart de ces vues hypothétiques, qui ont servi de thème à de nombreux romans scientifiques bientôt démolis par les faits, n'ont point résolu la question ? Pourtant ces vues théoriques, ces hypothèses ont eu le mérite des hypothèses en général, même fausses. Elles ont suscité des recherches en vue‘de les vérifier ou de les combattre, et à ce titre elles n'ont pas été inutiles. Aujourd'hui l'on admet généralement que les caractères spéci- fiques (au sens d'espèce, de race ou de variété) ne sont pas immua- bles, mais sont susceptibles de varier sous l'influence de causes diverses et que la subordination de ces caractères entre eux est toute relative. Aux causes de variation des caractères spécifiques considérées dans le sens le plus général du mot, on peut donner le nom de facteurs mor phogéniques, puisque ce sont elles qui provoquent chez l'être vivant des variations ou #10r phoses d'étendue, de direction et de nature variables. Mais si la mutabilité de l'espèce n'est plus guère contestée aujourd'hui, on ne s'entend pas sur les causes des variations spéci- fiques, non plus que sur leur portée. La valeur et la durée d'une variation n'ont point la même importance pour les naturalistes qui acceptent les idées d'évolution et pour ceux qui les rejettent. De là, des discussions sans fin basées sur des faits que les uns acceptent et que les autres nient, quand les praticiens, plus raisonnables, savent en tirer un parti lucratif (1). Je n'ai point la prétention, dans le présent travail, de résoudre tous les problèmes soulevés par les variations morphogeniques, mais d'apporter une modeste contribution aux études positives qui ont déjà été faites par d'autres. (1) Les horticulteurs, ainsi que les agriculteurs, ont depuis longtemps créé des variétés et des races, sans autre maître que l'observation. Mais pendant longtemps les théoriciens les ont regardées comme des monstres et se sont gardés, souvent pour cause, d'en chercher une explication. Je dois laisser de côté l'historique des questions de variation, parce qu'il demanderait des volumes. Il serait pourtant intéressant, car l’on verrait que plus d’une idée, présentée comme nouvelle, ne date pas d'hier (1). Où verrait aussi des auteurs, combattus à leur époque avec une âpreté extraordinaire, prendre aujourd'hui la place qu'ils auraient dû occuper de leur vivant, quand leurs rivaux . d'alors sont tombés dans un oubli mérité. Lamarck en est un exemple bien typique. De même, je ne m'attarderai pas aux questions de mots ou aux définitions, quoiqu'elles aient pris si souvent le pas sur les faits eux-mêmes. Je partage sur ce point l'opinion de M. Delage (2). Les solutions nominales sont nuisibles, car elles empêchent de recher- cher la genèse des faits qu’elles re sauraient expliquer. Je me bornerai à rappeler que trois opinions sont aujourd’hui en présence pour expliquer l'origine des variations chez les êtres vivants : 1° Les uns voient dans la reproduction sexuée, dans le croise- ment, la cause fondamentale et unique de toute variation. Tout est dans l'œuf; les changements de milieu sont sans importance et ne sauraient provoquer dans l'être aucun changement durable. 2° Les autres considèrent que le milieu extérieur est un facteur très important de la variation, suffisant à lui seul pour expliquer l’évolution des espèces et la création des variétés et des races. 3° Enfin certains auteurs voient dans les variations du milieu interne l'origine unique des formes et des modifications plus ou moins profondes que subissent parfois les caractères spécifiques. Ces trois opinions ont leur part de vérité. Il est certain que les trois facteurs reproduction, action du milieu extérieur et variation du milieu interne, peuvent agir ensemble où isolément pour pro- voquer les diverses morphoses-qui seront étudiées ici, et dont j'ai déjà donné de nombreux exemples (3). (1) Le « Sic vos, non vobis. . » de Virgile sera toujours vrai. (2) Y. DeLaGE, Sfruclure du protoplasma et théories de l’herédité, Paris, 1805. (3) L. DaneL, La variation dans la greffe el l’hérédilé des caractères acquis, 1898; Théorie des capacités fonctionnelles, 1902, Notes d’arboriculiure experimen- tale, 1904 ; Application à l'horliculture de la théorie des capacités fonctionnelles, 1905 ; Essais de Téralologie expérimentale, 1906-1907, etc. — 50 — je suis allé plus loin encore. Non seulement j'ai considéré qué ces trois facteurs influent sur la variation en général, qu'ils ont entre eux les liens les plus étroits, mais j'admets qu'ils provoquent des variations spécifiques sous l'influence d’une même cause, cause unique de toute variation. Cette cause, c'est la nutrition, qui, suivant les cas, est normale ou déséquilibrée pendant un temps plus où moins long. En un mot la variation est une fonction des déséquilibres Cv > Ca et Cv << Ca qui caractérisent, comme on sait, la vie en milieu sec ou pauvre et la vie en milieu humide ou riche, autrement dit la sécheresse et l'humidité, la disette ou la suralimentation (1). Ces déséquilibres de nutrition peuvent être réalisés d'une façon continue pendant une longue période ou bien la nutrition peut subir des oscillations plus ou moins périodiques dans sa valeur relative, de façon à ce que la plante passe, brusauement et pour un temps variable, de la disette à la pléthore ou inversement. Il se produit alors des à coups de vègelation, à-coups qui retentis- sent naturellement sur les parties en voie de croissance, c'est-à- dire sur les points d'appel des sèves, que ceux-ci soient normaux ou accidentels. Les déséquilibres de nutrition, dans certaines conditions provo- quent, dans un être donné, l'apparition de morphoses déterminées. Si ces morphoses sont anormales, on leur donne le nom de mons- truosités. Si elles sont temporaires, on les appelle des accidenis ; Si elles sont durables, mais non héréditaires elles constituent une variélé. Quand elles sont héréditaires, elles forment une race pour (1) Je désigne par Cv la capacité fonctionuelle de consommation, c’est-à-dire tout ce que la plante fixe dans ses tissus ou rejette au dehors ; par Ca, la capacité fonctionnelle d'absorption, c’est-à-dire tout ce qu’elle absorbe dans le milieu extérieur. La plante en état d'équilibre de végétation fonctionne de façon à ce que ces deux quantités s'équivalent dans un temps donné et que l’on ait Cv — Ca. La plante souffrant de la disette présente le déséquilibre de nutrition Co >> Ca, la consommation l'emportant sur l’absorption. L'inégalité Cv AT — vent dérouter ses prévisions, si ses connaissances sont encore très imparfaites relativement à la biologie d’un grand nomb'e de plantes cultivées, il a à sa disposition des données ‘qui lui permet- tent d'accumuler les chances d'arriver à un résultat détermine. En effet, à l’aide de certains agents morphogéniques mis en œuvre par des procédés aujourd'hui mieux étudiés, on peut dans certains cas, provoquer des morphoses particulières et améliorer rationnellement certains végétaux cultivés. Si les déséquilibres de nutrition consécutifs à la disette ou à la Suralimentation sont bien, comme je le pretends, la cause unique de toute variation, en faisant varier l'alimentation de l'être entier ou de l’un de ses organes, c'est à-dire en facilitant ou contrariant systématiquement l'exercice de telle ou telle fonction, on pourra provoquer chez cet être une série de morphoses. Mais il faut bien se dire que si l’on augmente ainsi les chances de production des morphoses, on n'est pas absolument certain d’en obtenir, pas plus qu'on n'est sûr de les conserver à volonté quand on est parvenu à en obtenir. On peut se faire une idée de la complexité des problèmes si nombreux que soulève le perfectionnement systématique des êtres -ense servant d'une comparaison faite par Pfeffer (1). Ce physiologiste éminent a comparé l'organisme vivant à un orchestrion automatique pouvant fonctionner sous l'action de diverses sources d'énergie : electricité, ressorts pesanteur, etc. Pour le mettre en mouvement, il suffit de presser sur un bouton électrique ou de déterminer un déclanchement qui met en marche un rouleau égrenant les notes de musique d'un morceau déter- mine. Dans le végétal, il y a de même des producteurs d'energie : ce sont les agents morphogéniques qui actionnent certains organes et les font fonctionner à la façon dont le producteur d'énergie met en mouvement l’orchestrion. Ces agents provoquent des morphoses dépendant de la nature des organes comme la nature de la musique fournie par l’orchestrion dépend de la nature du rouleau actionné. (1) Pfeffer, Pflangenphysiologie. Et comme il est possible avec des rouleaux différents d’avoir de la musique variée, 1l est possible d’avoir avec un même agent mor- phogénique des morphoses différentes suivant les êtres et même suivant l'organe actionné chez un être donné. De même, dans un orchestrion automatique, un même rouleau de musique peut être mis en mouvement par des sources diffé- rentes d'énergie sans que la musique change ; dans la plante des sources différentes d'énergie, des facteurs morphogéniques diffé- rents peuvent provoquer une même morphose ; divers catalyseurs sont capables de produire un même déclanchement, de mettre en œuvre une réaction donnée. C'est conforme à l’axiome bien connu de Pascal : «un même effet peut être produit par plusieurs causes.» Ce principe ne doit pas être oublié quand on veut expliquer des résultats en apparence contradictoires, mais qui se comprennent fort bien quand on envisage toutes ies données d’une expérience. Ces considérations montrent que. pour provoquer systéma- tiquement des morphoses, ce qui est sans contredit un des buts les plus importants pour la Science et la pratique, plusieurs conditions sont à observer : 1° Il faut connaître les morphoses susceptibles d'être provo- quées dans un organisme donné. Il serait aussi inutile de chercher à obtenir dans une plante une morphose pour laquelle elle n’est pas adaptée que de demander à un orchestrion automatique un morceau de musique dont on n’a pas le rouleau. Il faut de toute nécessité que l'organisme que l’on veut modifier soit construit de façon à pouvoir être ortenté dans le sens de la variation cherchée. C’est là une condition évidente par elle-même. C'est ce qu'ont, depuis longtemps, su reconnaître empiri- quement nombre de créateurs de variétés nouvelles en horticulture. Le choix heureux de types particuliers dans une espèce présentant de nombreuses variétés constitue le secret de la réussite de beau- coup de spécialistes horticoles qui obtiennent des variétés méritantes lorsque d’autres, moins observateurs, échouent presque toujours. Ces types, dits éfalons, sont en état de variation polentielle (1), et sont choisis parmi ceux que l'expérience révèle (1) Les êtres, en état de variation potentielle, sont beaucoup plus malléables nés ns. À à: comme fournissant le maximum des variations intéressantes au sens utilitaire cherché par l'horticulteur. C’est ainsi que certains se _ sont enrichis là où d’autres se sont ruinés, et il ne serait pas difficile d'en citer des exemples. 2° Il faut connaître et savoir manier rationnellement les facteurs morphogéniques, les catalyseurs qui agissent par leur masse et leur infensifé jusqu'au moment précis où le point critique dune variation est dépassé, où un excès de turgescence n'a plus d'effet utile sur l'organisme, mais devient au contraire nuisible. Il est non moins necessaire de connaître et de savoir manier la source d'énergie nécessaire au /ravail que nécessite la morphose, et cela qu'il s'agisse de l'action isolée ou simultanée du croisement, du milieu extérieur ou du milieu intérieur. 3° Enfin il est au moins très utile, sinon indispensable, de savoir déterminer le point critique dans les conditions précises de chaque expérience, la turgescence limite à laquelle la variation se produit, autrement dit de connaître, pour chaque point d'appel sur lequel on agit, l'action des variations de l'eau et des produits dissous, la valeur des déséquilibres Cv = Caque l'on réalise en vue de la production d'une morphose cherchée En un mot, la production rationnelle des morphoses utilitaires exige la connaissance complète de l'être susceptible de se méta- morphoser utilement ; celle des agents capables de provoquer les changements cherchés, et celle des pressions limites qu'exigent ceux-ci pour se réaliser dans cet être placé en un milieu donné. Or nous sommes malheureusement loin encore de connaître les rouages, les corrélations, les arrangements compliqués de chaque organisme vivant, ainsi que la façon particulière dont chacun de ses organes répond à l'action de chaque agent morphogénique. Nous ne connaissons pas davantage tous ceux-ci, el, pour ceux qui sont connus, nous ignorons souvent une grande partie de leurs propriètes excitantes. ou catalytiques ; nous ne savons pas la façon que ceux n'ayant pas subi encore l’ébranlement de l'espèce sous l’action suffisam- ment prononcée des facteurs morphogéniques. dont ils agissent sur chaque organisme ni même l’action qu'ils exercent sur chacun des organes de l'être capable d'être influencé par eux; nous ignorons le /emps nécessaire à la production d'une morphose même quand l'être semble placé dans des condi- tions précises données (1). Nous ne savons pas encore manier rationnellement les sources d'énergie qui provoquent le développement des êtres ou qui entre- tiennent leur vie dans les conditions normales. A plus forte raison sommes-nous loin de pouvoir manier ces facteurs quand ils agissent sur l'être obligé de réagir contre des conditions de vie défectueuse, réaction que l’on voit se manifester par des signes extérieurs variables, mais dont nous ignorons le plus souvent le mécanisme intime. La connaissance des points critiques de variation, des pres- sions limites qu'exige chaque morphose pour apparaître, c’est la base sur laquelle doit s'appuyer celui qui cherche à obtenir des morphoses Dans cette branche de la physique biologique, tout est à faire, pour ainsi dire, malgré son puissant intérêt théorique et pratique. Faut-il s'étonner si, dans ces conditions, les problèmes soulevés par la variation sont loin d'être résolus actuellement, si même ils peuvent être résolus un jour ? Cette complexité qu'ils présentent doit-elle nous empêcher de les aborder surtout en se gardant bien de sacrifier les faits expéri- mentaux à des théories souvent décevantes et basées sur la métaphy- sique (2), comme on l’a trop fait jusqu'ici ? Certes non, car c’est en groupant les matériaux pierre par pierre qu'on arrive à construire (1) Quelques auteurs ont négligé à tort le facteur Zemps s'imaginant à tort que toutes les variations sont brusques et qu’une morphose, pour exister, doit pouvoir se reproduire à volonté par un procédé donné. (2) On sait que le métaphysicien Malbranche, voulant prouver que les ani- maux ne sentaient point, donnait en public des coups de pied dans le ventre de son chien en disant : « Cela ne sent pas ! » Et cela s'enfuyait en hurlant sans que le philosophe se rendit pour cela à l'évidence. Il y a encore aujourd’hui, en his- toire naturelle, des métaphysiciens qui nient les faits quand ils ne peuvent les expliquer. n D. à Ds nn. és RÉ, ün édifice. C'est de même en apportant des contributions minimes, mais consciencieuses, à l'étude des origines de la variation qu'on arrivera, dans un avenir plus ou moins éloigné, à remplacer l’empi- risme actuel par la science, que l'on pourra créer rationnellement des êtres nouveaux. Si nous devons avouer notre ignorance sur un grand nombre de points fondamentaux, il est juste de dire que ion possède cependant aujourd'hui quelques données intéressantes sur quelques facteurs morphogéniques, sur des catalyseurs capables de provo- quer des morphoses. On en connaît dont l’action particulière, dans des conditions précises, est à peu près suffisamment établie par l'expérience ; on en connaît d’autres, d’un maniement plus délicat, qui, au lieu de donner un résultat certain, donnent des résultats approches, variables, parce que leur emploi met en mouvement sans doute plusieurs organes en corrélation, comme dans l'orchestrion auto- matique on pourrait, par un mécanisme approprié, faire fonctionner plusieurs rouleaux de musique à la fois. De même que, suivant la nature des rouleaux actionnés, la musique sera harmonieuse ou non, la plante, sous l’action de l'agent morphogénique, pourra donner une résultante prévue ou imprévue, harmonique ou inhar- monique au point de vue vital utile ou nuisible au point de vue cultural. Parmi les facteurs morphogéniques aujourd'hui connus, on peut citer : 1° La lumière, qui provoque les photomor pboses ; 2° La chaleur, qui détermine les {hermomor phoses ; 3° Les agents mécaniques, qui provoquent les mécanomor phoses ; 4° Les substances chimiques (eau et sels solubles) qui donnent les chimiomor phoses (hydromorphoses et chimiomorphoses propre- ment dites) ; 5° Les actions .parasitaires (symbioses) naturelles ou artifi- cielles (greffe) qui produisent les biomorphoses. 6 Le croisement, qui réalise ce qu'on peut appeler des bybridomor phoses, etc. — 46 — Les procédés qui sont actuellement utilisés pour mettre en œuvre ces divers facteurs sont naturels ou artificiels Ce sont pré- cisément ceux qui, à un titre quelconque, font varier la wutrition de l'être, en facilitant ou en entravant l'exercice de l'aliment. Autre- ment dit, ce sont les procédés qui permettent de réaliser les désé- quilibres Cv = Ca et de faire varier ces inégalités en grandeur absolue ; ceux qui diminuent progressivement ou brusquement l'alimentation jusqu'à l'ënantlion, ou qui l’augmentent jusqu'à la pléthore et la réplélion aqueuse accompagnées de la pourriture des parties molles. La nature réalise souvent ces déséquilibres par les variations du milieu extérieur (sols variables, climat, latitude, altitude, exposi- tion, etc.). Mais l'homme par des artifices de culture, les obtient tout aussi facilement sans savoir les régler d'une façon absolue, comme je l'ai déjà dit. | Il opère pour cela de plusieurs façons : ou il conserve la plante intacte et fait simplement varier le milieu extérieur ; ou il place la plante dans son milieu habituel sans modifier celui-ci, et fait varier son milieu interne par l'action de blessures systématiques qui amènent une répartition différente des sèves et une variation de la turgescence de certains points d'appel ; ou enfin il utilise à la fois les changements du milieu externe et du milieu interne. L'emploi le plus souvent empirique de ces procédés et du croisement a produit les nombreuses variétés horticoles et agricoles cultivées de nos jours et de nombreux types disparus pour des causes diverses. Malheureusement, la genèse véritable de ces êtres est presque toujours impossible à fixer d'une façon certaine par rapport à un facteur morphogenique particulier, parce que l'origine de quelques- uns remonte à une date très reculée ; parce que. pour certaines variétés plus récentes, on a négligé d'indiquer d'une façon précise le facteur morphogénique responsable. Et cette négligence est le résultat tantôt de l'ignorance de la cause de variation, tantôt de l'indifférence, tantôt d'un calcul égoïste, l’obtenteur désirant ne pas divulguer sa méthode à des concurrents. Il est très possible même que, dans ce dernier cas, des données fausses aient été indiquées pour dépister les chercheurs et les décourager par des recherches fatalement infructueuses. Dans la création plus ou moins empirique des variétés et des races agricoles actuellement cultivées ou disparues, on s’est en général peu préoccupé du rôle que pouvaient jouer dans leur pro- duction les désequilibres internes de la nutrition, à l'étude des- quels j'ai consacré ma vie scientifique. Pourtant que de monstruosités ont apparu de temps immémo- rial sur les arbres fruitiers de nos jardins et les végétaux d'orne- ment soumis à la taille ; sur les essences ligneuses cultivées dans les bois ou dans les haies et que l’on coupe ou élague périodique- ment ; sur les plantes de nos jardins botaniques que l’on rabat plus ou moins sévèrement pour ne pas leur permettre d’etouffer leurs voisines ! ; Or, ces morphoses sont la résultante de déséquilibres de nutri- tion comparables à ceux qu'ergendrent les variations du milieu externe sur l'être vivant. Non seulement je l'ai indiqué théori- ment le premier en expliquant les faits, mais j'ai, un des premiers, d'après ces principes, produit expérimentalement des morphoses données. Il m'a suffi souvent de faire varier rationnellement la répariition des sèves, c'est-à-dire d'accumuler la nourriture dans des points d'appel déterminés et d'augmenter progressivement ou brusquement la turgescence de ceux-ci par des procédés de taille appropriés. De même, j'ai pu accentuer les déséquilibres causés par la taille dans la répartition des sèves en échangeant la nature de celles-ci par des modifications apportées intentionnellement dans la nature du milieu externe (engrais, amendements, etc.)ou même du milieu interne (badigeonnages des plaies, onguents, greffe, etc.), et obte- nir encore des morphoses temporaires où durables. Le présent travail a pour but d'étudier les morphoses actuel- lement connues d’après la nature du facteur morphogénique qui les à engendrées et de montrer une fois de plus qu’elles s'expliquent facilement par la théorie des capacités fonctionnelles. Il comprendra trois parties : La première sera consacrée aux morphoses provoquées par les variations du milieu interne de la plante. TUE La deuxième traitera des morphoses provoquées chez Îles végétaux par les variations naturelles ou artificielles du milieu extérieur. La troisième aura trait aux morphoses congénitales engendrées par le croisement entre gamètes de capacités fonctionnelles diffé- rentes. Les auteurs d'articles paraissant dans la Revue Bretonne de Botanique pourront désormais faire faire, à l'Imprimerie des Arts et Manufactures, des tirages à part aux conditions suivantes et en s'adressant directement à l’Imprim ur TIRAGES A PART : 1/2 feuille tirée à 50 exemplaires, sous chemise................ — — sous couverture imprimée... — tirée à 100 exemplaires, sous chemise.......:........ — AN — sous couverture imprimée.... 4 feuille tirée à 50 exemplaires, sous/chemise................ = = sous couverture imprimée.. — tirée à 109 exemplaires, sous chemise — — sous couverture imprimée... 2 franes en plus par feuille nécessitant une nouvelle mise en pages. , AC SR Fan + Lure d, RU LT TRAS A 2304817 CU TE. . ur j A { » .# 2 $ Et ae 2 ANS AU NIET SE HAN rs eu0 Rue der 1 » A 6 h pe A CS DER NT TN UE LORD OIES OA aielquex CO CU eq e Pruhts/U0S AGE ; ne Le TS ae Elan 7 Pen ORPI > APT AIO ES SUR + * t e . . « = DT RIRE GE FO TLOZ Em à , » LE: ht aUL2 euHeiiFin 4 42 LA 1 : + + T4 0G:# LOS ASE AE © reel : ‘ : 1 e He 1 * ao du balnr soumet si Loris hoen sMtiral Ahû td 3-4 . sé ". “ R EVUB-BRETONRE 2 DE = BOTANIQUE Pure à Appliquée DIRIGÉE PAR M HLUCIeNn DAMES Professeur de Botanique agricole à la Faculré des Sciences de Rennes _ RENNES Rin PS 2 6€ Jmp. des Arts & Manufactures 22, rue de Nemours de. REVUE BRETONNE DE BOTANIQUE PURE & APPLIQUÉE DIRIGÉE PAR M. Lucien DANIEL PROFESSEUR DE BOTANIQUE AGRICOLE A LA FACULTÉ DES SCIENCES DE RENNES Quatrième Année. — N° 2. — Juin 1909 Pages 1. F. Baco. — Etudes expérimentales sur diverses greffes de vigne. ...,... 49 2. V. DucomEr. — Contribution à l'étude de la maladie du châtaignier.. . 73 DR ENDE AMPLES SE Sun Era RAnS ST Le a ONE EEE AL. S4 4. Jacques Surcour. — Sur un nouveau parasite des vignes. ............. 85 5. Charles LAURENT. — Nouvelies recherches sur la composition comparée des moûts de quelques vignes greffées et franches de pied ....... 88 6. MATTE. — Sur l'importance de la répartition des plantes communes dans MD TO CSN EAN nets I ane LA CARO NE SAUT A at o1 7. E. ALLANIC. — La Morille aux environs de Brest. .......... PTT 95 Bibliographie : D. GuilueRMO DE BOLADERES. — Memoria é informes emitidos acerca de un nuevo procedimiento para immunizar los sarmientos de vides europeas, haciéndolos indemnes à la Filoxera_. 07 P. Dop et A. GaAuTIÉ. — Manuel de Technique botanique, Histologie SPIMICTODIENÉ RÉ Ales Ter bte ont UMA state ur x OL Een A MES 99 AVIS La Revue bretonne de Botanique pure et appliquée ‘tirage 500 exemplaires) ne se vend pas au numéro mais à l’année, au prix de 5 fr. pour la France et de 6 fr. pour l'Etranger (union pos- talei. Adresser ivs demandes d'abonnement à M. le D' Patay, 2, quai Duguay-Trouin, à Rennes, trésorier de la Société bretonne de Botanique. La Revue s’occupant exclusivement de botanique, s interdit toute discossion politique ou religieuse Elle laisse à chaque auteur la responsabilité de ses articles. - Plusicurs membres de la Société bretonne de Botanique se mettent bien volontiers à la disposition du public pour donner gracieusement des renseignements sur les questions de leur competence qui intéressent plus particulièrement la botanique et l'agriculture de la région armoricaine. On peut adresser, avec échantillons, des demandes de renseignements à MM. : Borpas, Maitre de Conférences à la Faculté de Rennes. — Cécidies de toute nature. CAVALIER, Professeur à la Faculté de Rennes. — Engrais agricoles ou borticoles. COUDERC, à Aubenas (Ardèche). — Lichens, surtout Collé- macés. DANIEL, frofesseur à la Faculté de Rennes. — Champi- £nons. — Opérations d’horticulture. — Monstruosités. DüucoMETr, Professeur à l'Ecole nationale d'Agriculture de Rennes. — Parasitisme et pathologie £énérale des plantes. GADECEAU, champ Quartier, rue du Port-Guichard, à Nantes. — Phanérogames. HOULBERT, Professeur à l'Ecole de Médecine de Rennes — Algues et Lichens. Husxor, Directeur de la Revue bryologique, à Cahan, par Athis (Orne .. Muscinées, Graminées, Cypéracées. KERFORNE, Chargé de conférences à la Faculté de Rennes. — Roches, Minéraux et Fossiles. Joindre un timbre pour l1 réponse. ETUDES EXPÉRIMENTALES SUR DIVERSES GREFFES DE VIGNE Par M. F. Baco, Instituteur à Bélus (Landes). En 1894, l'apparition du phyilloxéra fut constatée officieilement dans des vignes de Belus. ma résidence. Il fallut songer à la recons- titution au moven de la greffe sur cépages américains résistants à l'insecte. Je m'instruisis sur cette question. et je créai une école de greffage pratique. De la pépinière de cette institutiori sont sorties des quantités importantes de plants greffes qui ont servi, en partie, à la création de champs de démonstration. En 1897, je m'initiai à l'hybridation de la vigne par l'étude d'une série d'articles du journal « Le Progrès agricole et Viticole » dus à la plume si autorisée du très regretté M P. Castel. Cette étude me suggèra l'idée d'obtenir, par l'hybridation sexuelle, de bons cépages franco-américains résistants aux maladies cryptogamiques et au phylloxéra. Depuis avril 1898, j'ai hybridé plus de 400 grappes, semé plus de 30.000 pépins (sélectionnés par densité) qui ont donné environ 4.500 pieds de Semis (de première sélection, faite suivant faciès du feuillage et pius grande vigueur (1). Dans mes croisements, très divers, j'ai fait intervenir les variétés les plus réputées de cinq espèces botaniques de W'i#ts. Enfin, la lecture des travaux de MM. Daniel, Jurie, A. Gauthier, et Castel, m'a vivement engagé à tenter parle greffage le perfec- (1) Ces sélections sont pratiquées dans le but d'éviter l'étude de non-valeurs probables, tout au plus capables d'augmenter inutilement les dépenses très oné reuses que comporte la culture des hybrides de semis. — 50 — tionnement systématique de mes meilleurs hybrides sexuels (1), et à observer avec une scrupuleuse attention mes Viniféras greffes et francs de pied (2). Mes expériences ont été pratiquées en grand, suivant la méthode comparative. Il m'est donc possible d'apporter une contri- bution petite mais bien précise à l'étude de certaines questions controversées relatives notamment : 1° Aux variations diverses de mes hybrides franco-américains greffes : 2° Aux variations des caractères ampélographiques de vignes françaises greffees et de leurs sujets ; 3° Aux variations dans les résistances aux maladies cryptoga- miques et dans les colorations automnales des feuilles de vignes françaises greffées sur divers sujets. Dans une note que M. Gaston Bonnier a bien voulu présenter à l'Académie des Sciences, le 15 février dernier, j'ai signalé quelques- uns des résultats de mes études se rapportant aux deux premières questions précitées. Je vais rappeler ces résultats avec plus de détails et en signaler plusieurs autres qui m'ont aussi paru bien intéressants. 1. Variations de mes hybrides franco-américains greffés Mon hybride 7 A franc de pied (Chasselas X Noah) a des feuilles de grandeur moyenne, rigides et découpées ; ses rameaux sont de couleur noisette uniforme; son raisin est franc de goût (1) À cet effet, je les ai greffés sur des sujets américains, américo-améri- cains, franco-américains, et sur Viniféras. (2) Les vignes sur lesquelles ont porté mes recherches sont situées dans quatre champs d'expériences que j'ai établis dans les propriétés de deux habiles viticulteurs : MM. Darrigand à Labatut (Landes) et Lacausse, à Bélus, qui ont été pour moi de précieux collaborateurs. La situation, la nature et la composition de ces champs, non calcaires et non phylloxérés, paraissent être identiques ; de plus, ils n’ont reçu aucun engrais depuis neuf ans. Les procédés de culture sont aussi comparables que possible. Toutes les variations que j'ai obse-vées ont été contrôlées par de nombreux viticulteurs. — 51 — moyennement sucré. Îl est assez sensible au mildiew et au black-rot, mais insensible à l’oidium et à la pourriture. Greffé sur Folle blanche, les rameaux conservent bien la couleur noisette, mais ils acquièrent des raies brunes ; le raisin prend le goût du Chasselas, un des parents de l'hybride, mais accuse une certaine sensibilité à l'oïidium Sur Riparia Gloire, les formes typiques du pied-mère disparaissent : les feuilles augmentent de dimensions et deviennent souples comme celles du sujet, les sarments sont bruns avec des raies brunes très foncées ; on retrouve dans les grappes, plus belles, la saveur très sucrée du Chasselas : enfin les résistances au mildiew et au black-rot se sont accrues sensiblement, ce qui semble démon- trer une transmission des caractères de résistance du sujet, le Riparia Gloire (1). L'hybride 44 À franc de pied (Baroque X Noah) a des feuilles palmées pubescentes, de taille moyenne et des entrenœuds assez longs. de couleur noisette à raies brunes; sa grappe est ailée ses gros grains sont peu serrés, pulpeux et de saveur très foxée. Greffe sur Folle, les feuilles deviennent plus grandes, presque entières, plus pubescentes, tenant du Noah; les entrenœuds plus courts, sont bruns à raies brunes plus foncées ; les grappes plus volumi- neuses sont plus rarement ailées, à grains moins gros (tenant de la Folle), assez juteux et plus sucrés ; le fox a disparu complètement et a été remplacé par un goût droit et fin. Par rapport au franc de pied, l'association avec la Folle accuse une augmentation bien sen- sible des résistances envers le mildiew et le black-rot, tout en main- tenant l'immunité qu'a le pied franc envers l'oïdium et la pourri- ture (2). J'ai aussi constaté que de beaux racinés, non encore à fruit, issus de 44 À, greffes sur Folle, ont bien conservé jusqu'ici quant (1) Dès 1905 (1' année du greffage du 7 A sur Riparia Gloire), les variations de la feuille furent brusques et nettes sur un rameau et sur quelques entrecœurs, Depuis cette époque, les variations se sont progressivement étendues, si bien qu'en 1998 l'appareil végétatif et l'appareil reproducteur m'avaient paru compliète- ment transformés. (2) Les variations dans l'appareil végétatif et dans l’appareil reproducteur chez 44 À ont été progressives ; leur stabilité s'est nettement affirmée en 1907, après la troisième année de végétation sur Folle Blanche. — 52 — au bois, aux feuilles et à la résistance au mildiew les modifications provoquées par la greffe, et qu'en outre leurs racines, comparati- vement à celles des racinés issus du pied franc, sont un peu plus charnues et que, par leur direction, elles tendent à devenir plus plongeantes. À L'hybride 45-8 (Seibel 1 >< Folle blanche) greffe sur Folle blanche, donne des raisins dont la forme, la grandeur et le goût rappellent celui des raisins de la Folle. Les variations de la feuille de cet hybride suivant les sujets sont très remarquables : greffé sur Riparia elles sontentières, mi-planes et rigides ; sur Folle, elles sont lobées et rigides, tenant du sujet; sur Riparia-Rupestris 3.309, elles sont entières, en gouttière, rigides et tiennent aussi du sujet(1);, sur Castets, elles gardent le type de 45 8 greffe sur Riparia ; sur Grosse Chalosse, elles sont entières, un peu plus grandes que sur les sujets précédents, planes, souples et lisses. Les résistances cryptogamiques de cet hybride sont bien variables selon les sujets. Ainsi, greffé sur Riparia, il est toujours très gravement atteint par le black-rot, tandis que tout à côte, greffé sur Folle et plus loin sur Grosse Chalosse, le tribut qu'il paie à ce para- site est relativement insignifiant. Un provin sevre issu de 45-8 sur Riparia détient les mêmes caractères et les mêmes défaillances que sa souche-mère. L'hybride 22 A franc de pied (Folle blanche >< Noah) possède des grappes souvent ailées, à grains moyens espacés, à léger goñt de fox. Greffe sur Folle, sur Riparia et sur Riparia-Rupestris 101'*. la grappe perd ses ailes, grossit, devient compacte et le raisin perd son goût de fox. Sur Riparia Gloire, les ailes manquent le plus souvent, mais le goût de fox persiste. Greffe sur Noah et sur 3306, 22 À se rabougrit . sur Mourvèdre-Rupestris 1202 et sur Aramon-Rupestris Ganzin 1,1la presque cessé de vivre. Un autre greffage pratiqué sur une vieille souche de Folle, n’ayant jamais subi la greffe, avec un greffon prélevé sur une greffe adulte de 22 A sur Folle, parait montrer que la sève du sujet est devenue plus prépondérante. (1) Dans les greffes 45-8 sur 3.309, et plus encore dans celles de ce même hybride sur Folle, le sujet me paraît jouer le même rôle que le père dans l'hybri- dation sexuelle qui imprime le plus souvent ses caractères soit au feuillage, soit au fruit, soit à ces deux organes à la fois, = 53 — En effet, sans préjudicier à la vigueur et à la résistance aérienne, les feuilles ont perdu un peu de leurs dimensions primi- tives. les mérithalles se sont raccourcis en prenant les mêmes proportions que ceux de la Folle et les bourgeons ont grossi légée- rement (1). Mais un retour à l’un des procréateurs de l'hybride, le Noah, s'est bien manifesté dans la nouvelle coloration des rameaux qui, de noisette à raies brunes, est devenue brun vif uniforme. Au point de vue des résistances cryptogamiques, 22 A n'a été détérioré que par Riparia Gloire : ce sujet l’a rendu assez sensible à l'oidium et à la pourriture. Quant à la conservation des caractères acquis, elle est établie par des pieds adultes obtenus par provignage de cet hybride greffe sur Riparia. L'hybride 20 A (Folle blanche > Noah), dont les feuilles sont acuminées et grandes, perd en partie ces caractères, greffe sur Folle, pour prendre plus ou moins ceux du sujet Greffe sur Riparia et sur Riparia Gloire, on relève plus ou moins, sur tous les ceps, des feuilles et des inflorescences atteintes d'albinisme. L'hybride 60-20 franc de pied (Muscadeile X 4401, de Couderc) a une résistance moyenne au mildiew et au black-rot, médiocre à l'oïidium Greffé sur Riparia Gloire, les résistances sont devenues : bonne au mildiew, mauvaise au black-rot, supérieure à l'oidium; sur Riparia-Rupestris 3309, les résistances au mildiew et au black- rot sont faibles et celle à l’oïdium presque nulle. L'hybride 27-1 (Claverie X J. 201, de Couderc) greffe sur Folle blanche, n'est jamais atteint par l’oidium, tandis que greffe sur Riparia, il est toujours affecté par ce parasite. L'hybride rouge (2) 24-23 franc de pied (Folle blanche >< Riparia Grand Giabre) ressemble à un Riparia Gloire et paraît détenir les mêmes résistances envers les cryptogames et le phylloxéra Il est assez fertile,en grappes compactes à grains assez petits, très sucrés, de maturité 1" époque précoce, à saveur austère de Cabernet. Greffe sur plusieurs sujets différents, il a présenté de nombreuses variations, dont voici celles qui m'ont paru le plus demonstra- tives : Sur Riparia Glabre et sur Riparia Tomenteux, les feuilles, (1) Ces nouvelles variations nous paraissent justifier encore la loi de Jurie relative à la somme des sèves communes. 2) Tous les autres hybrides précités sont blancs. énormes et entières, sont devenues plus acuminées et plus souples, participant encore davantage des sujets que celles du pied franc : la fertilité et le volume des grappes et des grains ont augmenté très sensiblement ; la maturité a été rendue plus précoce, la couleur des rameaux aoûtés a varié suivant les sujets : elle est tantôt brune, tantôt brun violacé, tantôt brun vif. Des provins, non sevrés, font présumer que les caractères acquis se maintiendront par multipli- cation végétative. Greffé sur Noah, les feuilles sont trilobées et assez rigides à la base des pampres tout en restant entières par ailleurs ; les grappes perdent de leur compacité et les grains gros- sissent tout en conservant leur saveur originelle. Greffé sur trois de mes hybrides Franco-Noah, les feuilles de mon 24-23 acquierent encore des caractères identiques à ceux que je viens de signaler : elles sont tantôt lobées, tantôt palmées à la base des pampres et restent encore entières partout ailleurs, mais partout avec une aug? mentation nette de poils aux nervures. Je ferai remarquer que ces modifications dans les feuilles n'existaient pas en 1907, première année du greffage, ce qui me porte à croire que je me trouve très probablement en présence de variations par à coups successifs, progressives, dont l'épanouisse- ment complet ne tardera pas à se manifester. Ces variations dans l'appareil aérien ont eu, en quelque sorte, leur répercussion dans l'appareil souterrain. Ainsi, tandis que des boutures de 24-23 pied- mère ont donné un racinage normal, mi-traçant, abondant en radi- celles, des boutures de 24-23 sur mon 15 A (Folle X Noah) ont émis des racines plongeantes, plus charnues et moins pourvues en radicelles, des boutures de 24-23 sur Noah avaient leurs racines mi- plongeantes, plus charnues mais moins pourvues de radicelles que celles du pied-mère, participant à la fois des racines de la Folle et de celles du Noah (1). Enfin des boutures de 24-23 greffe sur Riparia ont émis des racines traçantes, riches en chevelu, se rapprochant davantage de celle du sujet. (1) Le racinage de toutes les boutures de 24-23 franc de pied et de 24-23 greffé sur,Riparia, sur 15 A et sur Noah s’est effectué dans un carré de terre arable assez profonde, de nature silico-argileuse, sans gravier, et assez légère pour permettre aux racines de bien manifester leurs caactères et, en particulier, leur angle de géotropisme. cit md ét dote tés jh Lt L'h. st-hdrtrs Encore une fois ces faits démontrent qu'il y a hérédité dans les caractères acquis à la suite de greffe. 2. Variations de vignes françaises et de leurs sujets. Les vignes françaises greffons, ainsi que leurs sujets, ont fourni des variations intéressantes. Parmi celles-ci, je citerai les modifica- tions que j'ai observées sur des greffes mixtes de Tannat greffe sur Mourvèdre-Rupestris 1202, sur Aramon-Rupestris Ganzin 1, et de Baroque blanc sur Chasselas-Berlandiéri 41 B, de Millardet (1). Le Tannat est un Viniféra rouge à grappe compacte, allongée, non ailée en général, à beaux grains portés par des pédicelles encore verts au moment de la cueillette et rougissant ensuite légèrement. Le 1202 a des grappes largement ailées, lâches, et à grains assez petits. Un cep de Tannat greffé sur 1202 a fourni des grappes lâches, ailées, à grains plus petits avec pédicelles rouge carmin vif; l’ana- logie avec les grappes de 1202 était remarquable. Les feuilles se rapprochaient en outre de celles de 1202 par leur forme, leur villo- sité moindre et leur parenchyme peu épais. Des rejetons du sujet se rapprochaient au contraire, comme caractères, de ceux du greffon. Le Tannat greffe sur Aramon-Rupestris Ganzin 1 a donné sur quelques pieds des variations du même genre. Sa grappe s'est rac- courcie en devenant ailée et les pedicelles des grains ont pris une teinte rouge carmin très vive. On pouvait aussi constater des pas- sages biens nets de Îla feuille du greffon à celle du sujet et inverse- ment. Dans ces pieds, ainsi que dans le cep de Tannat sur 1202, on remarquait que les organes les plus modifiés avaient été bien moins atteints par le mildiew que le reste de la végétation. (1) Le Tannat, appelé encore Moustrou, Madiran rouge, est très répandu dans l'extrême Sud-Ouest, en dépit de sa três grande sensibilité au mildiew et de sa maturité un peu trop tardive. C’est ce cépage qui produit en Espagne le vin renommé de Val de Pénas. Le Baroque, désigné encore sous le nom de Plant Bordelais, est bien plus répandu dans la même région que le Tannat. Ce cépage passe à bon droit pour le plus rustique des Viniféras. 24 868: jé St L » 20". ARC OUR * RANCE EN te PE Cart — 56 —- Un autre Viniféra, le Baroque blanc, franc de pied, présente des feuilles très différentes du 41 B comme forme, gaufrage et villosité. Greffe sur ce 41 B, la feuille s'est modifiée dans certains ceps ; elle est devenue demi-glabre, et son gaufrage, comme ses contours, offraient des rapports bien nets avec les caractères cor- respondants dans le 41 B. On constatait aussi que les feuilles d'un rejeton du sujet présentaient des caractères intermédiaires entre les feuilles lisses et glabres du 41 B franc de pied, et cellesgaufrées et duveteuses du Baroque franc de pied ; les feuilles de ce rejeton étaient gaufrées et pubescentes. J'ai encore relevé sur d'autres greffes mixtes de Tant et de Baroque des variations bien apparentes chez des rejetons de certains sujets. En voici quelques-unes : Les feuilles de Riparia-Rupestris 3306. franc de pied sont très acuminées et les bords supérieurs de leur sinus pétiolaire, en V ouvert. sont en quelque sorte ornés chacun de deux denticules. Les feuilles d'un rejeton d'un cep de 3306 greffe en Baroque n'étaient plus acuminées et les bords supérieurs de leurs sinus pétiolaire» change en V très ouvert s'arrondissaient et les denticules n'exis- taient plus Les feuilles d'Aramon-Rupestris Ganzin 1 franc de pied, ont le limbe symétrique et le sinus pétioliaire en Ü: elles rougissent fai- blement par places à l'arrière saison. Plusieurs rejetons de ce porte- greffe greffe en Baroque eten Tannat portaient des feuiiles au limbe peu symétrique avec sinus pétiolaire en quart de rond. En outre, aux ceps de Tannat, elles rougissaient préinaturèment, parfois à tel point qu'elles flétrissaient ‘apidement. Chez les ceps de Baroque, ces accidents se produisaient plus tard et de façon très atté- nuée. Berlandieri-Riparia 157 ‘!, franc de pied. a ses feuilles lisses, souples et toujours indemnes de mildiew. Les rejetons de deux greffes de ce sujet greffe en Tannat avaient toutes leurs feuilles gaufrées, un peu rigides et atteintes par le mildiew en points de tapisserie Ces modifications montrent nettement l'influence du greffon français sur le sujet. Je n'ai pas remarqué, ou je n'ai pas su décou- vrir, des transmissions simultanées et réciproques de sujet à greffon, mais il se pourrait fort bien que des variations se soient « RSR ORNE AT 4 fait sentir dans la composition la plus intime des cellules du greffon. L’anatomie pourrait seule le constater. 3. Variations dans les résistances aux maladies cryptogamiques et dans les colorations automnales des feuilles de vignes françaises greffées sur divers sujets. Je ferai remarquer que les maladies cryptogamiques sévissent beaucoup, en général, dans notre région chaude et humide, mais qu'en 1908 leur intensité a été prodigieuse surtout dans nos champs d'expériences où, à dessein, l'hygiène (j'entends ici par hygiène la bonne culture) fait presque complètement défaut. Ces circonstances sont toujours très précieuses pour l'observateur et pour le praticien en cc sens qu'elles facilitent beaucoup l'étude des résistances et qu'elles permettent de pratiquer, en meilleure connaissance de cause, de bonnes sélections (1). Mes observations et mes constatations, faites à différentes époques, ont porté principalement sur une de mes vignes démons- tratives établie à Bélus, au Clos du Nassy, il y à sept ans sur un terrain moyennement frais et fertile, non calcaire, et non phyl- loxére. d'une superficie de 52 ares, homogène sous tous les rap- ports. Cette vigne comprend 2.000 ceps répartis avec ordre, savoir : 400 ceps de Tannat francs de pied, 530 ceps de Tannat greffés sur neuf variétés de sujets, et 1.070 ceps de Baroque greffes sur 10 variétés de sujets (2). Les ceps sont placés à 1 m. 30 de pied à pied sur les rangs séparés par un intervalle de 2 mètres. Toute proportion gardée suivant les sujets, les ceps présen- taient dans leur ensemble, en 1908, à l'époque de la taille, une vigueur d'une régularité remarquable. Le tableau ci-après donne des renseignements : 1° sur les (1) Les intempéries : gelée, grêle, n'ont causé aucun dégât. (2) Tous les greffons avaient été prélevés sur de belles vignes vieilles et franches de pied et ensuite greffés en fente à l'anglaise sur boutures de sujets authentiques. Tous les greffés soudés racinés mis en place étaient de belle vigueur et de bonne qualité. —————_—_—_——.—…—…— “UNIPLO,T & 1BIP4)91 91OS onbranb ua 159 paid ep ue] anbouvg 9 (x) "IOI=YOEIQ NE S9IQIS TUYS SUIOU So] spua/rurA SO TEA sSEI 19 paid ap ue] 7DUwDI 9 (1) mme ‘sanbod? 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De cet examen, on peut relever des indications d’une portée pratique bien précieuse pour les viticulteurs de notre région, savoir : Que la moyenne des résistances détenue par le Tannat et le Baroque franc de pied est : 1° Plus ou moins diminuée lorsque ces deux Viniféras sont greffes sur Riparia Gloire, Rupestris du Lot, Riparia-Rupestris 101!!, Solonis-Riparia 1616 et Berlandiéri-Riparia 157 ‘ ; 2° Maintenue, lorsqu'ils sont greffés sur Aramon-Rupestris Ganzin n° 1 ; 3° Légèrement augmentée, lorsqu'ils sont greffes sur Riparia- Rupestris 3309 ; 4° Sensiblement élevée, lorsqu'ils sont greffés sur Chasselas- Berlandiéri 41 B, lequel se classe bien au-dessus de tous les autres sujets porte-greffes avec des variations bien ordonnées, sans jamais amoindrir la haute résistance que possède le Baroque non greffe à l’oidium. Il convient de noter que l'influence exercée par Riparia-Rupes- tris 3306 sur les résistances inhérentes au Tannat et au Baroque est véritablement désastreuse (2), et que celle exercée par Mourvèdre- (1) En 1908, tous les ceps ont été traités cinq fois à !a bouillie bordelaise. Les ceps de Tannat ont seuls reçu deux traitements au soufre sublimé, ceux de Baroque aucun. (2) Souvent, les pernicieux effets de 3306 se font sentir sur ses greffes dès la pépinière. Ce sujet a également amoindri les résistances cryptogamiques de plu- sieurs de mes hybrides et parfois leur puissance végétative. 0 Rupestris 1202 sur la résistance qui détient le Baroque franc de pied à l'oidium est d'autant plus néfaste que ce Viniféra est en quelque sorte réfractaire à ce parasite (1). De l'examen de la dernière colonne du tableau, qui est relative a la conservation de grappes cueillies saines, en apparence, il ressort, qu'un mois après cette cueillette, la pourriture exerce encore, sur les fruits de la plupart des types considérés, des dégâts» en général proportionnels à ceux constatés sur les souches. Ainsi, les raisins provenant des ceps de Tannat et de Baroque greffes sur Riparia Gloire, sur 3306 et sur 1616 sont à l’état de décomposition presque totale ; ceux des mêmes Viniféras greffes sur 101-'* et 157! sont pourris plus qu'à moitié ; ceux provenant des greffes sur Rupestris du Lot, sur 3309, sur 1202 sur Aramon-Rupestris Ganzin n° 1 et ceux des pieds francs sont en état assez satisfaisant ; enfin la grappe de Tannat sur 41 Best en bon état et celle de Baroque sur ce même sujet est merveilleusement conservée. Si J'ai insisté sur les effets comparatifs de la pourriture grise, cest parce que cette maladie cause souvent une diminution parfois considérable sous le double rapport de la quantité et de la qualité du vin et que la science n'a pas encore trouvé un remède efficace pour combattre ce terrible parasite. C’est une raison de plus pour mieux faire connaître aux viticulteurs qui cultivent le Tannat et le Baroque les sujets les plus capables d'atténuer ou d'éviter les dégâts causés par cette maladie sur les raisins destinés à la cuve et sur ceux destinées à la consommation directe. J'ai remarqué que les cépages les plus frappés par la pourri- ture grise sont, en général ceux greffés sur les sujets qui provo- quent, surtout dans les premières années des plantations, une (1) L’oïdium ne s’est manifesté qu’en cours de véraison sur les grappes de tous les ceps de Baroque sur 1202 ; il n’a provoqué l'éclatement que chez une quantité assez restreinte de grains, mais leur développement a été quelque peu enrayé. Dans les ceps de Baroque sur 3306 les atteintes de ce parasite étaient plus graves, Si 1202 amoindrit la résistance naturelle iu Baroque à l’oïdium, j'ai reconnu que, dans d’autres clos, greffé en Tannat, il exaltait plutôt les résistances naturelles de ce Viniféra et lui assurait une meilleure production que Aramon- Rupestris Ganzin n° 1. C’est une lacune, hors cadre, que je suis heureux de combler. Gr végétation aérienne relativement exagérée avec abondance de pro- duction en grosses grappes anormales à grains tassés et à peau fine et peu résistante. Ces sujets sont : le Riparia Gloire, le 3306, le 1616 et dans une moindre mesure le 101-!*, lesquels sont suscep- tibles de provoquer aussi certains accidents de végétation, tels que le folletage, la thvliose, le rougissement ou le jaunissement (suivant la couleur des cépages) et le recroquevillage des feuilles. Au contraire, les cépages les moins atteints par la pourriture grise, et en général par les autres maladies parasitaires, sont sur- tout ceux greffés sur les sujets qui provoquent, dans les deux ou trois premières années qui suivent la plantation, une vigueur non exubérante, mais plus normale, se rapprochant de celle des Vini- feras francs de pied, avec une production assez modérée, tout en étant plus élevée que chez les précédents, en grappes de grosseur moyenne à grains un peu moins gros, peu serrés et à peau assez épaisse (1). Ces sujets sont : Aramon-Rupestris Ganzin, 1202, 3309 et sur- tout 41 B. Dans d’autres vignes d'âge adulte, voisines de celle du Clos du Nassy à l'établissement desquelles j'ai contribue, et où l'on a fait intervenir les mêmes Viniféras et plusieurs des sujets que comprend ma vigne démonstrative, j'ai re:rnarqué que les variations dans les résistances aux mêmes maladies parasitaires différent — les traite- ments anticryptogamiques étant identiques — suivant les chan- gements de milieu, les autres éléments considérés, sujet et gref- fon, restant les mêmes. Ainsi, en sol plus frais et plus fertile que celui du Nassy, les résistances diminuent, tandis qu'en sol moins ais et moins fertile Les résistances augmentent, mais les variations subsistent en général peu ou prou, suivant les proportions indi- quées au tableau, pour les associations identiques, tous les sujets s'adaptant bien au sol (2). ‘1) Cette épaisseur de la peau n’est pas toujours modifiée par le greffage seul ; elle peut être amincie ou ramollie par les pluies ou par l'humidité du milieu, rendue plus épaisse ou durcie dans les années de sécheresse ou par l'état plus sec du milieu. (2) Sur la question de l'adaptation au sol, on a eu le grand tort de trop soumettre l'emploi des sujets porte-greffes à des règles quasi-inflexibles =D — Enfin j'ai relevé sur les ceps de ma vigne démonstrative des différences très remarquables dans les colorations automnales et le recroquevillage des feuilles, tandis que dans les mêmes ceps francs de pied ces caractères moins accusés présentaient une assez grande uniformité. Dans cet ordre de faits, j'ai constaté que le rougissemerit et le recroqueviilage des feuilles du Tannat greffé et que le jaunisse- ment et le recroquevillage des feuilles du Baroque greffé étaient plus marqués et plus étendus chez les greffes au bourrelet le plus apparent et où l'inégalité dans le grossissement du sujet et du greffon est le plus accentuée. À ces differences de coloration cor- respondent des différences bien nettes dans la maturation des raisins. Ainsi cette maturation est précipitée quand il y a rougisse- ment, jaunissement et recroquevillage prématurés dans les feuilles, tandis qu'elle est plus lente lorsque ces accidents ne se produisent pas ou lorsqu'ils sont localisés, ainsi que le rougissement par places. Les teintes et plus encore l'aoûtement des bois varient paral- lèlement et dans les mêmes conditions. De ces accidents de végétation résultent une diminution dans la qualité des raisins et l’affaiblissement des ceps. Ces accidents se manifestent le plus chez les ceps greffes sur Riparia Gloire, sur 3306, sur 1616, sur 101. Les ceps les moins atteints sont ceux-qui sont greffes sur 157‘, Sur 3309, sur Aramon- Rupestris Ganzin n° 1, sur Rupestris du Lot, sur 1202, sur 41 B. Comparativement aux Viniféras francs de pied, les sujets de la première catégorie poussent leurs greffons à debourrer de bonne heure et à mürir hâtivement leurs raisins. Les provocations de ce genre sont atténuées avec 3309, 157!! et 41 B, et l'époque du débourrage et de la maturité se maintient normale avec Rupestris du Lot, 1202 et Aramon-Rupestris Ganzin n° 1. basées le plus souvent sur le pourcentage du calcaire. En affirmant, par exemple, que Chassel:s-Berlandiéri 41 B affectionne en particulier les sols marneux, crayeux, secs, pulvérulents à couche arable superficielle, on commet une erreur profonde. En effet, il résulte de mes expériences que les racines rustiques et souples de 41 B permettent à ce type, peut-être incomparable et hors de pair, de bien prospérer, à l'instar des Viniféras, dans la presque totalité des sols et se montrant comme eux peu exigeant sur l apport des substances fertilisantes. à be ét éme nt nn il nn ne dé ot os mé td nn De dé D ts. di à Dans de D nn 2 à Toutes les variations, réellement désordonnées, des Viniféras greffes aux résistances des maladies cryptogamiques, aux accidents de végetation, aux époques de la maturité, s'expliquent par les differences des capacités fonctionnelles entre le sujet et le greffon, par le bourrelet de soudure et aussi, peut-être, par des modifications d'ordre spécifique de nature comparable à celles relativement très nombreuses que nous avons signalées dans les deux paragraphes précédents. Un bourrelet de soudure très prononcé, avec un inégal grossis- sement du sujet et du greffon également très prononce, caractérise les associations du Viniféra avec Riparia Gloire, 3306, 1616, 101'*, Les tissus de soudure sont moins accentués chez les greffes sur 3309 et bien moins encore chez celles sur 157!! sur Rupestris du du Lot, et davantage chez celles sur Aramon-Rupestris Ganzin n° 1 et sur 1202, et enfin le bourrelet cesse d'être apparent — suivant le degré de perfection et de reussite de la greffe — chez les Viniféras greffes sur Chasselas-Berlandiérti 41 B. De ce fait, si rare dans les associations de cette nature, doit résulter, dans la structure interne au niveau du bourrelet, un contournement bien peu important des vaisseaux auquel doit correspondre une difference relativement peu sensible dans les capacites fonctionnelles du sujet et du greffon. Ces qualités dans les greffes de 41 B sont confirmées par l’ex- périence, et, d'après le bilan des capacités établies au regard des résistances de tout ordre, auxquelles il convient d'ajouter celle de l'adaptation et les bonnes qualités vinifères qu'il communique à ses greffons, 1l m'est, je crois, permis d'affirmer que Chasselas-Berlian- dieri 41 B est le sujet porte-greffe le plus améliorant du Tannat et du Baroque auxquels, par surcroît, 1l assurera une longue vie. Dans d'autres vignes d'expériences que j'ai créées, 11 ÿ a des ceps adultes de Baroque greffes sur 33 À (Cabernet >< Rupestris Ganzin) et sur 106-8 (Riparia > Cordifolia Rupestris) Les greffes sur 33 À, sises en sol graveleux, assez sec, non calcaire, présentent une végétation très exubérante, qui n’est pas en proportion avec la quantité de production. réellement faible. De plus, elles accusent avec un bourrelet de soudure accentué un assez inégal grossisse- ment du sujet et du greffon Les greffes sur 106-8, situées en sol compact, sec et exempt de calcaire, sont aussi remarquables, sous — 64 æ tous les rapports, que celles sur 41 B, avec la même perfection aux tissus de soudure, sans différence de grosseur entre le sujet et le greffon. Malheureusement, 106-8 est très sensible à la chlorose calcaire ; c'est pourquoi il ne doit être utilisé que pour les sols dépourvus, en quelque sorte, de carbonate de chaux. 106-8 n'en reste pas moins un sujet bien améliorant, très digne d'être employé dans les milieux qui lui conviennent. CONCLUSIONS À. — Variations chez les Hybrides Les hybrides sur lesquels j'ai opéré se comportent d'une façon très variable suivant les sujets sur lesquels ils sont greffes. Certains sujets ont provoqué chez eux : 1° des détériorations parfois très graves (45-8 sur Riparia, 22 A sur Riparia Gloire, sur 1202 sur 3306, 60-20 sur 3309) ; 2° tantôt des modifications partielles avantageuses (60-20 sur Riparia Gloire, 27-1 sur Folle) ou désavantageuses (27-1 sur Riparia, 45-8 sur 3309 et sur Castets); 3° des dégénérescences (20 A sur Riparia et sur Riparia Gloire) : 4‘ des variations profondes très avantageuses (7 À sur Riparia Gloire. 45 8 sur Grosse Chalosse, 24-23 Sur Riparia, sur Noah et sur 15 A, 22 À sur 101-14 et sur Folle, 44 A sur Folle. Laissant de côté les variations de certains caractères ampélo- graphiques relatifs à la coloration des bois, à la forme des feuilles et à celle des grappes, pour ne m'occuper que des caractères qui intéressent davantage le praticien, je rappellerai que quelques-unes de mes meilleures créations sexuelles ont été, en genéral, bien améliorées aux points de vue de la fructification et de la saveur des raisins — sans préjudice des résistances cryptogamiques élevées qui leur sont propres — par certains greffages rationnels, tandis que par d’autres les améliorations n'ont pas été aussi étendues et les résistances ont été ou augmentées ou diminuées (1) (1) Aujourd’hui que le phvylloxéra a diminué de virulence, — à ce sujet, Ep Et ce n'est pas seulement l'appareil aérien qui a été impres- _sionné par la greffe, mais aussi l'appareil souterrain, ce qui prouve que les variations provoquées chez les greffons se maintiennent par multiplication végétative, en d’autres termes, sont de nature spéci- fique avec caractères héréditaires (1). Ces modifications. constatées dans l'appareil souterrain et dans l'appareil aérien chez quelques types, sont d'une haute importance pratique. En effet, de même que les modifications dans’ l'appareil aérien font pressentir une extension relative à l'adaptation aux milieux et aux climats, de même les moditictions dans l'appareil souterrain font pressentir une extension relative à l'adaptation au sol et à la resistance à la chlorose calcaire. Il convient d'insister sur ces faits. C'est pourquoi je reprends les trois nouvelles varietés que j'ai obtenues au moven de la greffe avec mon 24-23 (Folle-< Riparia) sur trois sujets diffe- rents mais ayant des sèves communes (3), j'ai créé spontanément ponr ainsi dire trois autres cépages distincts qui forment en quelque sorte une gamme simple. Encouragé par ces resultats, je ne déeses pére pas d'obtenir par la même voie, et à bref delai, une gamme complexe, capable de satisfaire à des adaptations plus diverses (4). (1) Cette parenté ne peut être dûment établie qu'avec des hybrides créés au moyen de la fécondation artificielle suivant des méthodes scientifiques, telles que celles qui ont été préconisées par P. Castel, notre maître en hybridation. C'est la condition sine qua non pour bien pratiquer des greffages raisonnés et sys— tématiques. (2) Ces considérations sont purement théoriques ; l’expérimentation seule devra guider dans le choix. (3) Le Noah, qui a été l’un des sujets utilisés, est lui-même un hybride de Labrusca-Riparia. (4) Ces découvertes nous paraissent encore des plus typiques pour prouver que la greffe ne maintient pas toujours tous les caractères d’un hybride donné, Dans la pratique, on devra donc se garder d’user à la légère de ce mode de multi- plication, exceptionnel pour obtenir rapidement de grosses quantités de boutures d’un cépage précieux, mais exceptionnel aussi pour ie plus souvent le détériorer que l'améliorer. C'est assurément par des greffages inconscients qu’on a disloqué en quelque sorte, voire même poussé à des dégénérescences, des hybrides sexuels qui, francs de semis, faisaient entrevoir de belles espérances. je En présence de tels faits, il est permis d'espérer que par l’hy- brydation asexuelle on puisse arriver à universaliser un hybride sexuel donné, lequel, seul, à cause de ses caractères de fixité, ne saurait végéter indifféremment dans tel ou tel sol. dans telle ou telle région. Tous ceux qui s'occupent de l'hybridation sexuelle de la vigne savent par expérience combien très peu de leurs nombreux hybri- des de semis ont répondu à ce qu'ils attendaient. C'est que par cette unique méthode, l'imprévu joue toujours un trop grand rôle avec des retours ataviques, des sèves prédominartes, etc., etc, toutes choses qui entravent l'établissement du partage ou de lequi- libre des sèves mises en jeu et l'admission ou le rejet de certains caractères que l'hybrideur voudrait voir se réaliser. Avec l'hybridation asexuelle, il y a, d'apres les théories de M. L, Daniel, combinaison ou échange entre les plasmas du sujet et du greffon, de telle sorte qu'on peut aider les atténuations ou absorptions de caractères en apportant des éléments antagonistes, si bien, que par cette méthode on peut réussir assez souvent à tourner un hybride sexuel vers le but qu'on à pressenti où qu'on s'est proposé. Par exemple, le défoxage et les autres améliorations qui se sont produites chez mes hybrides 22 A et 44 À par leur gref- fage sur Folle justifient les remarquables théories de M. L. Daniel. Je ferai une remarque importante. C’est que l’hybridation asexuelle est susceptible d'une application plus générale et beau- coup moins onéreuse que l'hybridation sexuelle. Le greffage, en effet, peut s'effectuer entre des plantes assez éloignées au point de vue de leur parenté botanique ainsi que l’ont montré des expé- riences de M. Daniel, ou même entre des plantes qui ne portent Dans le perfectionnement systématique d'un hybride par la greffe, ii doit y avoir nécessairement une limile d'amélioration qu'on ne peut dépasser. Le greftage peut faire atteindre la limite d'un seul coup, brusquement, ou par à-coups succes- sifs, progressivement. Mais une fois le résultat atteint, le greffage risque de com- pro:nettre l'équilibre réalisé, et c'est alors que le bouturage, ou le marcottage, ou le provignage est le seul indiqué pour perpétuer l’hybride définitivement créé. NOTA. — Je soumels ce « renvoi » — qui devrait avoir sa place marquée en lettres capiiales dans le corps du texte — à la méditation des viticulteurs, en gené- ral, et des pépiniéristes, en particulier, tr ÉD t SAR OO NIET SET que des fleurs mâles, tandis que la fécondation ne peut s’opérer qu'entre des espèces assez voisines et dont les époques de floraison ne sont pas trop éloignées. Pour le moment, je n'ai pas la prétention d'offrir à la viticulture mes hybrides améliorés par la greffe parce que ces hybrides ont encore besoin d'être étudiés et sélectionnés pour être jugés saine- ment et. qu'en outre, il est essentiel de connaître la valeur PES noleptique de leurs fruits (1). EE En résume, les faits et les pièces à conviction que j'ai exposés . me semblent assez probants pour me permettre d'avancer : 1° Que les variations des hvhrides sexuels par le greffage ne sont nl une utopie, ni un mirage : 2° Que la combinaison de l'hybridation sexuelle avec l'hybrida- lion asexuelle constitue un moyen très puissant pour l'obtention de nouveaux cépages producteurs directs résistants, ou pratiquement résistants au phylloxéra et aux maladies cryuptogamiques, et posse- dant des qualites fructifères et vinifères qui pourront rivaliser avec celles des Viniféras producteurs de bons vins. B. — Variations chez les Viniféras De même que chez les hybrides, la greffe ne maintient pas d'une façon absolue les caractéres des Viniféras, qu'on associe, qu'il s'agisse du sujet et du greffon. Provisoirement, je laisserai de côté les variations les plus inté- ressantes que j'ai observées chez des greffes mixtes de Baroque sur 41Bet de Tannat sur 1202 et sur Aramon-Rupestris Ganzin n°1, pour ne m occuper que des greffes mixtes et non mixtes où -le greffon n'a pas, apparemment du moins, manifesté des CARRE ments dans ses caractères ampélographiqges. Les variations nettes chez des rejetons des sujets de certains ceps de Baroque et de Tannat greffes sur 3306, sur-157-11 et- sur Aramon-Rupestris Ganzin n° 1, dénotent qu’il y a eu des transmis- (1) C’est une question très importante que seules LE séries de vinifications, méthodiquement conduites, pourront résoudre, \ LE - * sions de greffon à sujet (1). Des transmissions réciproques ont pu aussi se produire sans signes extérieurs apparents pour nos yeux. Dans ces greffes mixtes, et dans tant d'autres greffes non mixtes, il est probable qu'il a dû se produire des modifications dans la morphologie où la physiologie interne des greffons que, en tous cas, des études botaniques et chimiques permettraient de décou- vrir. Ces modifications doivent bien exister puisque, à égalité de conditions — les sujets seuls étant d'essences diverses — ona constaté chez les ceps, en général, des différences bien accusées dans les époques de débourrage, de mise à fruit, de floraison et de maturité ; dans le volume des raisins, la disposition et la grosseur des grains et dans l'épaisseur de leur peau; dans les accidents de végétation et, principalement, dans les résistances aux maladies cryptogamiques. Dans notre vigne démonsirative du Nassy, l'auginentation de la sensibilité envers toutes les maladies des ceps de Baroque et de Tannat sur 3306, la réceptivité envers l'oïdium de tous ceux de Baroque sur 1202, prouvent, avec les autres exemples que j'ai cités, que le greffage est parfois capable d'amoindrir des résistances que détient un cépage à l'état normal. Cette réceptivité du Baroque greffe envers l’oïdium est d'autant plus étonnante que ce Vinifera fut considéré, aux époques où cette maladie sévissait avec sa plus forte intensité dans notre région, comme le cépage sauveur. Plusieurs sujets ont aussi augmente la sensibilité du Fannat au black-rot, alors que ce cépage franc de pied oppose, en général, à ce parasite une résistance bien appréciable (2). Quelques exceptions mises à part, il est aussi notoire que le Baroque et le Tannat greffes paient à la pourriture grise un tribut (1) Aux variations résulant de ces transmissions pourrait correspondre une di- minution dans la résistance au phylloxéra ; ce qui démontrerait que les fléchisse- ments que l’on a constaté dans des vignes greffées ne seraient pas tonjours impu- tables au défaut d'adaptation, ou à eelui de l’affinité, ou à l'influence du milieu. (2) La plupart des vignerons de notre région qui cultivent le Tannat grefte — et il est à peu près partout associé avec les sujets les plus détériorants — reconnaissent qu’en cet état ce Viniféra laisse beaucoup à désirer sous tous les rapports. C’est pourquoi, ce cépage, bon malgré sa faible résistance au mildiew, tend à être proscrit, d’une manière quasi-générale des nouveaux encépagements, — 40 — plus élevé que lorsqu'ils sont cultivés francs de pied. C'est parti- culièrement dans leurs greffes sur 3306, sur Riparia Gloire, sur 1616, Sur 157-11 que cette affection revêt, parfois, un haut degré d'acuité. Il en résulte alors que la valeur des grosses productions que l'on obtient de ces associations ne dépasse guère, en moyenne, la valeur des productions moindres qui résultent des mêmes cépages autonomes C'est que le produit final, le vin, de ceux-ci est de qualité supérieure à celui de ceiles-là. Les décolorations automnales des feuilles du Baroque et de celles du Tannat greffés se produisent dans plusieurs cas, de façon plus prématurée et un peu plus intense que chez ces mêmes types francs de pied. On sait que ces accidents sont de nature à pro- voquer quelquefois une maturité incomplète des bois et des raisins, et une certaine diminution dans les forces végétatives. Assurément, il est presque toujours possible de relever par des engrais les souches plus ou moins débilitées par ces accidents; mais les apports, trop souvent renouvelés, de substances fertilisantes, com- portent un surcroit de dépenses devant lesquelles on recule lorsqu'on a. par ces temps de crise, la triste perspective de la mévente du vin, dont le prix baisse en proportion inverse des charges de son producteur. Si le plus grand nombre des porte-greffes utilisés exercent une action néfaste sur les deux cépages précités, il en existe fort heureusement quelques-uns qui maintiennent ou qui élèvent peu ou prou les qualités relatives aux résistances et à la fructification inhérentes à ces cépages cultivés francs de pied. Parmi ces porte- greffes, j'ai signalé Mourvédre X Rupestris 1202, pour le Tannat; Aramon-Rupestris Ganzin et Riparia > Rupestris 3309, pour le Baroque et le Tannat, avec préférences pour 3309 (1), et enfin comme sujet hors de pair Chasselas >< Berlandiéri 41 B. (1) Si l’aire d'adaptation de 1202 est très étendue, celle d'Aramon-Rupestris Ganzin n° 1 l’est un peu moins, et celle de 3309 l’est moins encore. Aramon-Rupestris Ganzin n° 1 jouirait à peu près des mêmes caractères d'adaptation que 1202, maiN avec une résistance moins élevée au calcaire (35 °/,). 3309 végète fort bien dans les sols dont la nature s'étend depuis et y compris ceux substantiels jusqu'aux sols moyennement durs et graveleux, sans être trop superficiels, dosant tout au plus 30 °/, de carbonate de chaux. te cite ir tbe sé find à =." PE tels dif ses. d'hate ot 2 DÉS ES oct nd D à — 71 — Je complèterai les exposés que j'ai faits sur cet excellent porté- greftes en ajoutant que, tout récemment, des viticulteurs de pre- mier mérite, français et étrangers, ont aussi reconnu à 41 B les qualités exceptionnelles que je lui attribue et, en outre, une résis- tance phylloxérique élevée (1\.Ces louanges unanimes donnentaussi à entendre que de très nombreuses variétés de Viniféras ont une affinité remarquable pour ce sujet, doué, peut-être, d'adaptations diverses extrêmement étendues. En conséquence, j'estime que iles vignerons, qui cultivent le Baroque et le Tannat, seront bien inspirés en accordant la préfe- rence à Chasselas >< Berlandieri 41 B lequel, de plus, leur permet- ‘tra de maintenir économiquement là culture de la vigne dans ses milieux de prédilection : les sols de coteaux Je reviens, maintenant, aux variations les plus intéressantes que j'ai observées chez des greffes mixtes de Baroque sur 41 B et de Tannat sur 1202 et sur Aramon-Rupesttis Ganzin n° 1. Je glisserai sur les variations du Tannat sur Aramon-Rupes- tris Ganzin n°1 parce qu'elles ne me paraissent pas présenter, pour le moment, des faits utilisables, au point de vue pratique, puisque le greffon m'avait paru détérioré quant aux résistances et à la ferti- lité. Par contre, il convient d’insister sur les deux autres cas. On comprendra toute l'importance de ces deux faits, si ces variations se conservaient par la suite, surtout si l’adjonction du caractère américain de la résistance ne changeait en rien le fruit. Dans le cep de Baroque sur 41B, les modifications avaient provoqué une amélioration avantageuse à tous les points de vue dans l’ensemble de l'appareil aérien du greffon ; mais, d’autre part, des transmissions réciproques du greffon au sujet pourrait résulter une diminution dans la résistance phylloxérique. Cepen- dant l'introduction de l'élément américain paraissait avoir été moindre que chez le cep de Tannat sur 1202, ainsi que l’indiquait l’analogie remarquable de certaines feuilles et de certaines grappes du greffon avec les mêmes organes du sujet. Si la saveur des fruits n'était pas modifiée, et si l’hérédité de tous les autres caractères acquis se maintenait, il pourrait résulter (1) 41 B n'offre de rétivité ni au bouturage, ni au greffage, Lie de ces faits deux hybrides de greffe à raisins français, à feuillage ” plus résistant et à racines résistantes, n'ayant pas besoin d’être greffes. C'est ce que je me propose de vérifier ultérieurement avec le « plus grand soin. D'autre part, mes etudes porteront aussi sur les cépages nou- veaux que je pourrai obtenir par le semis des pépins de grappes ayant été modifiées par la greffe. En résume, /e greffage fait varier la vigne et. par suile très probablement, son principal produit, le vin. La variation qui en résulte est utile ou nuisible suivant les sujets porte-greffes. Sous ce rapport il existe des sujets plus ou moins améliorants et des sujeis plus ou moins detériorants. Il importe de n'utiliser que les meilleurs parmi les améliorants et de rejeter tout naturellement tous les autres. En prévision de l'hérédité des caractères qui pourrait résulter de variations plutôt défavorables que favorables je considère que les pouvoirs publics, les syndicats, et les particuliers ont pour impérieux devoir de bien assurer, dans des champs speciaux, la conservation, à l’état de franc de pied. des meilleures sélections des vieilles vignes françaises (1). J'espère que mes recherches et mes conclusions, uniquement inspirées par le souci de la vérité et l'ardent désir d'être utiie à la viticulture, contribueront pour leur petite part à la solution de la crise viticole. (1) Du fait qu'un Viniféra aura été amélioré à la suite d’un premier greffage sur 41 B, par exemple, il ne s’en suit pas que l'amélioration réalisée se maintienne indéfiniment par des greffages ultérieurs pratiqués sur ce même sujet, ou sur d’au- tres, avec des greffons provenant de l'association avec 41 B. L'amélioration pourra être ou maintenue, ou augmentée, ou diminuée. Aussi est ce en prévision de ce dernier cas — et de la dégénérescence ultérieure possible dans les facultés dévas- tatrice du phylloxéra — que me parait_s'imposer la conservation à l'état de franc de pied des viniféras vierges de tout greffage. Et ce sera alors à ceux-ci que le viticulteur scrupuleux devra recourir lorsqu'il aura à renouveler ses encépagements en plants greffés. ls ss Déubl, ééhs à sed mé tie“ nes tue: Éd Des dt usshdtie ns d'a, Éd ie midlé-is de ss, be HAN Es AIRIS LC Nr 271) CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE LA MALADIE DU CHATAIGNIER Par V. DucomEr Professeur à l'Ecole nationale d'Agriculture de Rennes Dans la plupart des pays à châtaignier, on se plaint de la mor- talité de la précieuse essence. Le feuillage des pieds malades se développe avec une teinte d'un vert jaunâtre qui tranche sur la colo- ration vert sombre brillant des arbres sains ; la défeuillaison est plus hâtive ; les branches se dessèchent à partir du sommet et l'arbre meurt au bout d: peu d'années. Cette maladie parait avoir ête signalée pour la première fois en Italie en 1842. Observée dés 1353 en Portugal. elle est indiquée en France dès 1860 ; mais il semble qu'elle ait surtout gagne du ter- rain depuis 1880. Elle existe également en Corse, en Suisse, en Espagne, aux Açores et même aux Etats-Unis, dans la Caroline du Nord, d'après William Kerr. Planchon et de Seynes en France, Gibelli en Italie. se sont, les premiers attachés à déterminer les causes du mal. Etudiant la maladie dans les Cévennes, Planchon (1878) conclut au parasitisme de l'Armillaria mellea ; dans les Pyrénées. de Seynes (1879) constate, au contraire, la rareté de l’Armillaria et regarde comme coupable un mycelium brun: Zorula exifosa. En Italie, Gibelli (1883), à qui revient l'honneur d’avoir décou- vert chez le châtaignier l'existence des mycorhizes (que Frank devait bientôt regarder (1885) chez l'ensemble des cupulifères comme une association symbiotique, selon l'hypothèse émise en pre- mier lieu par Kamienski (1881), attribue au champignon des mycorhizes la cause du depérissement de la précieuse essence Depuis cette époque, les investigations se multiplient. À partir de 1891, a la suite de vœux émis par plusieurs conseils généraux, REV. BRET. DE BOT., T. 1V. 5 l'étude de la maladie est confiée par le Ministère de l'Agriculture à divers spécialistes : Priilieux et Delacroix, de l'Institut agronomique (1891-1899 :; Crié, de la Faculté des Sciences de Rennes (1892-1901) ; Mangin, du Lycée Louis-le-Grand :1897) ; Prunet, de la Faculté de Toulouse 1903). Crié n'accepte pas les idées de Gibelli. pas plus que celles de Planchon et de Seynes. Il signale sur les châtaigniers morts ou mourants plus de 70 champignons différents, mais ce n'est pas à eux qu'il attribue la cause de la maladie. Sans se prononcer nette- ment, il semble conclure à la nature bactérienne de l'affection ; il constate l’obstruction des vaisseaux par une substance brune un flux bactério-mycotique qui s'écoule au dehors par le tronc et même les racines : c'est cet écoulement qui, d’après lui, caractérise la maladie. Prunet attribue le mal à une nécrose des petites racines, maïs il n'en précise pas la nature. Mangin et Delacroix font remonter le siège du mal aux extré- mités radicellaires, aux régions mycorhiziennes. Mangin conclut à la destruction du champignon des mycorhizes par un autre cham- pignon, le Mycelophagus Castanéæ. L'opinion de Delacroix, au contraire, se rapproche de celle que Gibelli avait émise pres de 2oans auparavant. Acceptant les idées de Frank sur la symbiose mycorhi- zienne, il conclut au parasitisme du champignon des mycorhizes motivé par la pauvreté du sol en humus. Plus récemment, Camara Pestana émet une opinion voisine de celle de Delacroix, mais avec cette complication que le champignon des mycorhizes devenu parasite introduirait des bactéries. Ces bactéries seraient les vrais coupables, à la façon des bactéries introduites dans la vigne par le Phylloxéra (Petri), dans la pomme de terre par le Phylophtora (Molliard), dans les crucifères par le Plasmodiophora :Pinoy). La maladie sévirait dans des conditions particulières de sol, là où la mauvaise circulation de l'air gènerait le fonctionnement normal de la racine. On voit, d'après cet exposé sommaire, que les auteurs sont loin d'être d'accord quant au déterminisme de la maladie. Ils sont cepen- dant d'accord pour la regarder comin2 de nature parasitaire (1). Elle “est contagieuse pôur certains ; elle ne l’est pas pour d'autres, Elle est contagieuse pour Mangin-et Prunet puisqu'elle s'étend en tache d'huile comine le Phylloxéra : elle est individuelle d’après Delacroix. Elle sévit dans des sols particuliers d'après Delacroix et Pestana. Dans ses premiers travaux (1875), Gibelli arrivait à la même conclusion, mais à cette date il ne croyait pas au parasitisme qu'il devait admettre quatre ans plus tard. Delacroix reconnaît cependant que les analyses chimiques ne lui ont pas donné la moindre confirmation de son hypothèse sur la pauvreté humique “cause du parasitisme mycorhizien. Les analyses comparatives ont de même montré à Mangin que la composition du sol n’a aucune influence sur la maladie ; les sols très riches sont parfois dévastés et de beaux massifs croissent sur des sols très pauvres. Prunet fait la même constatation ; il trouve la maladie dans des sols très humiféres. Nous nous trouvons donc en face d'explications fort diffe- rentes L’'mperfection de nos connaissances, la divergence des idées émises sont telles qu'il n'est guëre possible de se faire une opinion bien nette sur les causes déterminantes de l'affection. Aussi avons- nous cru devoir en reprendre l'etude. Il y a une dizaine d'années déjà. nous avions commence des recherches que des circonstances (1 I convient d'ajouter qu'au début de ses recherches, Gibelli comme d’ailleurs ses compatriotes Caruel et Baglieto, concluait au non parasitisme, et attribuait la maladie à äe mauvaises conditions de sol. En France, beaucoup de personnes ont émis la même opinion, confondant sans aucun doute ce que Mangin a désigné sous le nom de maladie d'épuisement ou de décrépitude avec la vraie maladie dont nous nous occupons. D'autres l'ont attribuée à la sècheresse (Lavallée) ; d’autres aux gelées de printemps {Le Barbier du Bocage) ; d'autres aux intenses froids d'hiver (C-rnu . Les grands froids de 1870-71 et 1879-80 ont été tout particulièrement incriminés, mais, comme le dit Delacroix, « il est probable qu'il faut attribuer aux froids bien plutôt une action destructive immédiate que des phénomènes ultérieurs d’affai- blissement ». La rapidité relative de la mort, la mort des jeunes arbres surtout, constituent d'ailleurs à elles seules des objections assez sérieuses pour qu'il soit inutile d’insister davantage sur ces diverses hypothèses de déterminisme physico- chimique. indépendantes de notre volonté nous avaient fait abandonner (1). Mais nous avons eu l’occasion, l’année dernière et cette année de les reprendre dans de bonnes conditions. Le Limousin et en particulier l'arrondissement de Brive (Corrèze) nous a paru cons- tituer un champ d'investigations tout particulièrement favorable. Sans entrer pour l'instant dans tous les détails, nous croyons utile de faire connaître dès maintenant les résultats essentiels auxquels nous sommes arrivé. La maladie apparaît suivant des foyers analogues aux taches phyiloxériques. Les arbres dépérissent et meurent suivant des taches qui s'agrandissent en intéressant toutes les situations. Ils meurent sur les sommets comme sur les pentes et dans les bas- fonds. La nature du sol n'a pas d'influence appréciable. Si les arbres meurent dans les parties superficiellement bien désséchées comme dans les parties fraîches, ils meurent également aussi bien dans les terrains gueissiques que dans les terrains schisteux. La richesse du sol ne paraît pas non plus intervenir ; la maladie est tout aussi fréquente dans les terres cultivées que dans les bois. Dans ces derniers, les parties travaillées sont intéressees au même titre que les parties non travaillées. Ces observations concordent avec celles de Prunet et Mangin, mais non avec ceiles de Delacroix et Pestana. Les arbres jeunes meurent tout comme les vieux. Il résulte même d'observations faites dans le canton de Julhiac, que les jeunes meurent plus tôt que les âgés. Les arbres replantés dans les taches d'où ont été arrachés les pieds mourants ne tardent pas à suc- comber à leur tour. La maladie nous paraît essentiellement contagieuse comme l’admettent Prunet et Mangin. Il est bien évident que l'on peut rencontrer çà et la des pieds résistants dans les taches malades, mais cette resistance irdivi- (1) V Ducomer. — La Maladie des Châtaigniers (Progrès Agricole et Viti- c cole 1898 ) | | rt : Pons ef Le, e ide La duelle, que l’on constate chez certaines variétés plutôt que chez d’autres, n'a rien qui doive nous étonner. Des faits de même nature peuvent se remarquer à propos de la plupart des maladies para- sitaires ; ils ne nous paraissent nullement venir à l'appui de la théorie de non-contagiosité admise par Delacroix. L'appareil aérien ne présente pas d’altération spéciale. A l'aba- tage, le bois est, la plupart du temps, parfaitement sain, aussi bien dansle tronc que dans la souche. Les écoulements n’ont rien à voir avec la maladie ; on peut les constater aussi bien dans les arbres résistants que dans les arbres en voie de dépérissement ; leur exis- tence chez les arbres malades ou mourants est loin d’être générale ; nous ne pouvons donc accepter les idées de Crié au sujet du f?ux bacterio mycotique et le nom de maladie de l'encre si souvent em- ployé depuis Planchon nous paraît être une expression à rejeter Comme ne répondant pas à la caractéristique générale de l'affection. Le mal est donc d'origine souterraine et si on l’observe à son début, on voit qu'il a son siège dans les jeunes racines. Le para- sitisme de l'Armillaria admis par Planchon ne saurait être invo- qué, au moins dans la généralité des cas. Il faut remonter jusqu'aux extrémités radicellaires, dans les régions mycorhiziennes, ainsi que l'ont fait Gibelli, Delacroix. Mangin et Pestana. Nous avons, dès lors, cru indispensable de faire tout d'abord une étude soignée des mycorhizes. Cette étude s'impose d'autant plus qu’existent actuellement deux écoles. Pour les uns, la sym- biose mycorhizienne est une nécessité physiologique ; la plante étant incapable de s'alimenter suffisamment par ses propres moyens, le champignon faciliterait la nutrition en raison de sa puissance osmotique plus élevée (Stahl.). (Il semble que sa plus grande facilite d’assimilation de la matière organique, ainsi que l'énorme accroissement de la surface d'absorption doivent surtout entrer en ligne de compte). Pour ies autres (Sarauw) l'association ne serait pas une nécessité ; e..e serait occasionnelleet motivee par l'abondance du champignon susceptible de la réaliser ; la plante supporterait le champignon commensal sans être incapable de se passer de lui. Cela ne veut pas dire que le champignon ne lui serve pas dans ia nutrition, mais le travail du commensal ne ferait que remplacer celui des poils absorbants empêché par sa présence même. C'est à cette deuxième conclusion que nous conduisent nos recherches poursuivies non seulement sur le châtaignier, mais sur d'autres cupulifères, le chêne-liège notamment. Contrairement à ce qu'admet Delacroix d'ailleurs, mycorhizes et poils absorbants ne nous paraissent nullement s’exclure sur une racine donnée. Dans les arbres sains comme dans les arbres ma- lades on peut trouver des poils absorbants (1). Ces poils absor- bants ne sont pas pour nous l'indice d'une réaction, d’une tentative d'adaptation à un mode de vie anormal, vie dans un sol trop pauvre en humus pour permettre le developpement généralisé des myco- rhizes (2); nous les regardons commeles témoins de la vie normale, l'association mycorhizienne répondan au contraire à la vie anor- male. L'élevage à partir de la graine montre d'ailleurs que la forma- tion des mycorhizes est progressive, plus ou moins précoce. plus où moins généralisée aussi, selon l'abondance du champignon et sa. facilité d'évolution dans le sol. | En outre de ces faits, l'étude de l’organisation, de la formation et de l’évolution des mycorhizes du châtaignier nous a conduit aux résultats suivants que nous ne ferons que signaler. a) 11 nous est dès maintenant permis d'affirmer la pluralite des champignons susceptibles d'entrer dans la constitution des mycorhizes. Ces champignons, dont certains varient avec les milieux, alors que d’autres coexistent sur un même pied, tout en constituant des mycorhizes différentes, peuvent se diviser en trois groupes : mycélium hyalin, jaune ou brun. En dehors de la couleur, (1) Nos observations concordent avec celles de Tubeuf qui s’est beaucoup occupé des mycorhizes ‘ies arbres forestiers au point de vue physiologique. Apiès avoir constaté que, contrairement à l'opinion de Frank, les poils abso bants ne disparaissent pas totalement, toutes les racines ne sont pas transformées en mycorhizes, il conclut que la plante absorbe elle-même les sels minéraux, le champignon intervenant simplement pour transformer ies matières azotées en nitrates. (2) Alors que d’après Frank les mycorhizes ectotrophes prendraient leur plus grand développement dans l’humus, Moller (1903), qui n accepte pas ses idées sur la nécessité de la symbiose, conclut que celles du Pin Sylvestre se développent le plus abondamment dans les sols pauvres en humus. Des recherches expérimentales sur le chêne-liège nous ont permis de faire Ia même çonstatation. le calibre, la présence de boucles caractéristiques des basidiomy- cètes chez certains, le développement d’un curieux trichome périphérique chez d'autres, [es aspérites de la membrane chez d’autres encore, permettent de reconnaître aisément plusieurs espèces distinctes (1). b) Les mycorhizes sont du type exofrophique, mais le mycélium s'engage dans les cloisons radiales des premières cellules corticales, de faç n à les enserrer dans un revêtement palmelloïde qui assure l'union intime entre radicelle et champignon. c) Les proportions respectives de la couronne fungique et de l'axe racinaire varient avec l'importance de la ramification; le volume relatif du champignon est d'autant plus grand que celui de la racine est pius petit. d) Les groupes mycorhiziens appartiennent à deux types de conformation genérale que l'on peut appeler le système fascicule et le système pivotant, celui-ci présentant un axe portant les rameaux mycorhiziens simples ou ramifies à leur tour, les rameaux du premier ayant tous la mème valeur. La situation de ces ensembles par rapport aux ramifications racinaires est ou terminale ou intercalaire. e) La duree des rameaux mycorhiziens est limitée et ne dépasse tres fréquemment pas la structure primaire. L’axe peut être myco- rhizien ou non: il présente habituellement la différenciation secondaire et s'allonge frequemment en vraie radicelle développant (1} Dans un prochain mémoire plus détaillé, nous décrirons et figurerons ces divers mycéliums mycorhiziens qu’il ne nous est pas possible de spécifier. Rappelons à ce sujet que Crié (1803) dit avoir observé dans les mycorhizes du - châtaignier 14 espèces de Champignons, 10 Tubéracées et 4 Gastéromycètes, mais il n’en donne que la liste sans fournir le moindre détail. 11 nous laisse complète- ment ignorer la méthode employée pour arriver à la spécification, ainsi que les caractères des divers mycéliums, leur manière d’être, leurs relations avec le subs- tratum, etc. Cela est d'autant plus regrettable qu’il est extrêmement difficile et dans tous les cas fort long de séparer les divers mycéliums terricoles ; il ne faut cependant pas confondre les mycéliums vraiment mycorhiziens avec les mycéliums de surface. La difficulté est encore augmentée quand il s'agit de relier le mycélium avec la fructification qui n'apparait qu'à un moment donné et peut être très éloignée de la racine, tant en surface qu’en profondeur. 0 — de nouveaux rameaux ou de nouveaux groupes mycorhiziens vers la pointe, en même temps que s'elaguent ceux de la base. f) La structure des rameaux mycorhiziens diffère de celle des rameaux à poils absorbants par le plus grand épaississement du parenchyme cortical interne et la lignification de tout l’ensemble cortical en dedans des éléments intéressés par le mycélium périphérique, cela au moins quand il y a des différenciations secondaires. g) Le passage à la structure secondaire est particulierement interessant par la formation d'un liège sous endodermique ligno subérisé dont le développement hâte la lignification et affame | progressivement le champignon. b) La constitution des mycorhizes est d'origine endogène ou exogène, superficielle ou interne. En d'autres termes, le manchon mycelien que nous avons vu partie superficiel, partie profond pericortical, se constitue après que la ramification racinaire s'est dégagée de la racine-mère ou avant même que le bourgeon radical ne soit sortit au dehors. Dans ce dernier cas, le mycelium de la racine-mère s'insinue dans le cône de digestion pour s'engager rapidement dans les premières assises corticales ; il y à continuité mycorhizienne d'une racine à ses rami fications. Dans le premier cas, la pénétration peut ne se faire que tard par des filaments myceliens libres, le rameau ne devenant mycorhizien qu'à l'extrémité, des poils absorbants se développant vers la base : il y a discontinuité de l'ensemble mycorhizien. 1) L'association mycorhizienne conduit à un ralentissement de la croissance en longueur; les rameaux absorbants ou mixtes sont toujours plus longs que les rameaux entièrement mycorhiziens; | allongement est remplace par la ramification et l'intensité de cette ramification varie avec la nature du champignon. Quant à la cause de la maladie, nous sommes pleinement d'accord avec les auteurs cités pour admettre qu'elle a son siège dans les extrémités racinaires, mais nous nous empressons d'ajouter que la complexité de cette cause — complexité peut-être plus apparente que réelle — ne nous permet pas encore de formuler des conclusions nettes et définitives. SR — a) Dans les racines porte-mycorhizes, nous avons jusqu'ici trouvé trois mycéliums qui attaquent d'abord le parenchyme cortical et peuvent arriver plus tard à gagner le cylindre central. Nous mentionnerons tout d’abord un gros mycelium normalement intercellulaire, se teignant bien par le bleu coton et un mycelium intracellulaire extrêmement fin, non colorable au bleu coton. mais fixant énergiquement le violet de gentiane. Ce dernier qui forme des plexus des plus compliqués est une Chytridiacee qui fructifie abondamment à l'intérieur même des cellules, sous la forme de kystes jaunâtres, dont la taille varie de 7 à 9 w. Il nous paraît introduit par le premier. Le troisième est intra et intercellulaire ; intermédiaire comme calibre entre les deux précédents. 1l existe seul dans certaines racines. Jusqu'ici, il ne nous à pas paru possible de saisir ni liaison ni parenté morphologique entre ces divers myceliums et les mycéliums des mycorhizes Le mycélium grèle dont nous avons parlé et auquel nous attachons une importance toute particulière n'appar - tient d'ailleurs sûrement pas à un type mycorhizien. Si nous ajou- tons qu'il s'agit de racines porte-mycorhizes, de régions où les poils absorbants abondent fréquemment. et que les trois champignons pénètrent directement dans l'écorce sans constituer de manchon mycélien, on se rendra compte de ia difficulté qu'il y a à ne pas Îles regarder comme des types étrangers aux espèces mycorhiziennes. D'autre part, si deux d’entre eux ressembient à certains types mycorhiziens, ils s'éloignent de beaucoup d'autres, de façon que si l'on voulait malgré tout accepter les idées de Delacroix, il faudrait tout au moins distinguer parmi les champignons des mycorhizes des types susceptibles de pénétration et des types incapables de pénétration. Il y aurait de bonnes et de mauvaises mycorhizes. b)En plus de ces mycéliums et toujours dans les mêmes regions, on trouve enfin une bactérie qui, elle, affectionne le cylindre central et notamment ies éléments ligneux, vaisseaux et fibres. Cette bac- térie du type Bacillus évoluant vers les Spiri/lum et pouvant alors atteindre jusqu'à 7 de longueur nous parait être introduite par les mycéliums dont nous venons de parler et notamment par le mycélium grêle et ramifié que nous considérons a son tour comme introduit par le gros mycelium normalement intercellulaire. Ce n'est que dans quelques cas relativement rares que nous l'avons RD —— vue pénétrer seule au delà des premières assises corticales. Nous la regardons, jusqu'à plus ample informé, comme une bactérie normalement saprophyte vivant à la surface des racines dans les débris de l’assise piiifère, mais susceptible de devenir parasite, introduite et véhiculée par des filaments mycéliens. Une fois dans la place et surtout dans le cylindre central, elle peut continuer à progresser par ses propres moyens Elle peut même amener l'avortement des mamelons radiculaires où la constitution dans ces régions de véritables tumeurs avec nécrose suivant l'hypertrophie du cylindre central de la ramification. Le bourgeon radiculaire peut également être attaque alors qu'il s'est engagé dans le parenchyme cortical de la racine maitresse, la bactérie étant introduite cette fois par le mycélium mycorhizien qui a pénétré dans le cône de diges- tion, suivant le processus expose plus haut. La maladie résulterait donc, d'après cela, du parasitisme des racines porte mycorhizes et de la destruction de leurs rameaux en voie de formatlon. I y a à tenir compte aussi d'un mycelium brun déjà signalé comme entrant dans la constitution de certaines mycorhizes que nous croyons pouvoir identifier avec les fausses mycorhizes de Mangin. Les ramifications mycorhiziennes sont dans ce cas souvent réduites à de petits mamelons morts de très bonne heure, et, bien que le mycélium ne nous ait jamais paru pénétrant, en dehors du cône de digestion, nous ne le considérons pas moins comime vrai- ment parasite et cause de cette mort prématurée. Dans certains cas aussi, les mycorhizes formées par un mycé- lium hyalin deviennent brunes et meurent à la suite de la pénétra- tion d’un mycélium brun qui n'est peut-être pas différent du pre- cédent. En résumé, le mal nous paraît résulter : 1° De la constitution de mauvaises mycorhizes que nous regar - dons comme parasites. L 2° De l'introduction parmi l2 mycéeiium de mycorhizes que nous regardons comme normales d'un autre mycelium qui en hâte la mort ; 3° Du parasitisme, en dehors des mycorhizes proprement dites de deux myceliums dont deux associés et un isolé ; | | 4° Du parasitisme d’une bactérie que nous regardons comme introduite par les mycéliums précédents. Une chytridiacée plasmodique, un mycélium ochrace corrodant tous les tissus, un mycéelium formant des rhizomorphes dans l'écorce secondaire ont en outre éête observes ; mais leur rareté rela- tive ne nous permet pas, pour l'instant. de les regarder comme jouant un rôle important. Il nous paraît en être de mème du Myvce- lobhagus dont nous avons également signalé la présence chez le chène-liège (1). Le rôle important est certainement joué par les autres organis- mes dont nous venons de parler Les investigations doivent, a notre avis, être surtout dirigées du côte de ces organismes dont ia multi- plicite et le parallélisme d'action rendent l'étude particulièrement délicate. En ce qui concerne les mycorhizes quelque grandes que soient les difficultés, les résultats déjà obtenus nous perinettent d'espérer qu'un jour viendra où nous saurons enfin distinguer, chez les diverses plantes présentant ces curieuses associations, les mycorhi- zes utiles ou indifferentes des mycorhizes nuisibles ou susceptibles de le devenir. Encore une fois, il est fort possible que deux au moins des myce:iums qne nous 1egardons comme vraiment para - sites — les plus importants peut-être — soient réellement des mycéliums de mycorhizes S'il en est ainsi et si, comme nous l'avons admis, la bactérie signalée n'est pas capable de pénétrer -par ses propres moyens, on voit que Delacroix aurait touché de bien près la solution d'un problème pathologique que nous regardons comme particulièrement complexe (2). L'étude plus détaillée des (1) DucomeT. — Recherches sur le dépérissement du chêne-liège en Gasco- gne (Bull. Off. renseign. agric. 1908). (2) Nous avons trouvé un mycélium brun et un mycélium ochracé: n'avons-nous pas eu affaire au Torula de de Seynes. Nous avons trouvé un mycélium rhizo morphique ; il nous a paru différent de l'Ærmillaria signalé par Planchon, mais il s’en rapproche par certains caractères. Nous avons trouvé un mycélium parasite paraissant bien correspondre au Mycelophagus de Mangin. Nous avons trouvé des bactéries comine Pestana Nous avons trouvé des mycéliums internes dont cer- tains correspondent peut-être à ceux que ce dernier auteur a observés après Dela- croix. Ces observations sont intéressantes en ce sens que, vu la diversité des opi- mycéliums terricoles supra et intratissulaires, l'étude attentive de leur distribution et de leur variabilité tant en surface qu’en profon- deur est, croyons-nous, capable de nous conduire à la précision : cherchée. SUR L'ERICA VAGANS Par le D' DE LA PLESSE Dans son article sur les bruyères de la forêt de Paimpont, M. Edouard Aubrée regrettait de ne pas avoir rencontré l’Erica vagans. Les étudiants possédant une bicyclette seront peut-être contents d'en connaître une petite station aux environs de Rennes: pour pouvoir en mettre un échantillon dans leur herbier. J'en avais vu deux pieds sur la commune de Dourdain, dans le coin d'une lande et j'avais projeté d'explorer la région pour en trouver davan- tage. J'aieu l'occasion de repasser dernièrement sur la contrée et j'ai eu à la fois un plaisir et une déception : un plaisir parce que les pieds s'étaient multipliés et qu’il y en a actuellement une vingtaine, une déception parce qu’on était en train de defricher la lande et qu'il n'y avait plus d'espoir de trouver une station étendue. Les pieds d'Erica vagans se trouvant sur le bord du talus seront probable- ment épargnés Voici exactement leur emplacement : sur le talus nord de la route de Liffré à Dourdain, après la borne kilométrique portant l'indication Liffré 9 k. 2 autour d'une « ragosse » de chêne qui se trouve juste derrière la borne hectométrique n° 6. nions émises, on peut se demander si, comme le faisait remarquer M. Prillieux dès 1894 ia maladie est une ou si au contraire, elle ne varie pas avec les régions, dans sa cause intime tout au moius, car les manifestations extérieures sont partout identiques. Des causes différentes peuvent évidemment produire des effets analo- gues. Mais on conçoit aussi que dans un même milieu des agents variés, produi- sant des désordres également variés, puissent agir de concert, de façon à contri- buer chacun pour leur part au résultat final : la mort de l’arbre. SUR UN NOUVEAU PARASITE DES VIGNES Par M. Jacques Surcour Chef de travaux de zoologie au Laboratoire Colonial du Muséum de Paris La Vigne est une des plantes les pius attaquées par les parasites tant animaux que végétaux, il n'ya guère d’années que de nouveaux ennemis ne se manifestent. Il est vrai de dire que la Vigne sauvage telle qu'on la rencontre en Syrie, et en Algérie par exemple où elle pousse ie long des tor- rents des montagnes boisées, est à peu près indemne des maladies cryptogamiques. Seule la culture, en forçant la Vigne à une produc_ tion beaucoup plus abondante par la taille et la fumure, la met dans une situation d'équilibre instable favorable au développement des maladies végétales parasitaires. Du reste, la dissémination de ces maladies s'opère avec une grande rapidité; signalons en passant celle de l’oidium. À proprement parler, on avait nommé oïdium l'appareil conidien d'un Erisiphe, dont le perithèce porte à la base une série d'expansions foliacées qui donnent un aspect particulier à l’ensemble. L'oidium fut signalé en Angleterre dans des serres en 1845 par Tucker à qui or le dédia, d’où le nom d'Erisiphe Tuchert. Il consiste en une forme superficielle du mycelium qui rampe sur les feuilles et les pénètre à peine. En 1847, les premières consta- tations en France eurent lieu à Suresnes dans les serres de M. de Rothschild. En 1851, toute la France fut envahie et, en 1854, l'Europe et l'Amérique. | L'oidium s'était développé dans des serres à température élevée ; il s'était ensuite fait des adaptations à des températures plus fraîches. L'action curative du soufre fut reconnue par Kyle à Litton, qui appliqua le premier le soufre en bouillie humide. Une étude mL 21 complète de la maladie fut fate de 1858 à 1869 par Marès, qui pre- conisa l'emploi de trois soufrages. Au microscope, on voit nette- ment l'action destructive des grains de soufre sur l’oidium. L'appareil à asques a été récemment trouvé par M. Viala. On avait déjà trouvé un appareil voisin qui était celui d’un champignon parasite de l'oïdium (Cicennabolus Ceralir,. A noter qu'en Bretagne les vignes qui s'érigent en maigres espaliers le long des murs des fermes ou dans les ‘enclos ne reçoivent du soufre que beaucoup trop tardivement. Nous avons reçu de la Reunion une lettre d’un de nos corres- pondants, M. le professeur Creuse. qui nous annonçait que les vignes encore peu nombreuses de l'Île étaient dévorées par un insecte que l’on pensait venir de Madagascar. car il était jusqu'alors inconnu à la Réunion. Le point d'invasion se trouve malheureusement situé à la Pointe aux Galets. Le port de cette pointe est le principal hâvre de la côte et c'est de là que partent les diverses voies ferrées ; il est situé dans ia partie occidentale de l'ile, au bord d’un plateau d'allu- vions légèrement incliné vers la mer. Cette region est la mieux préservée contre les cyclones, si nombreux dans ce pays: grâce aux montagnes qui l'entourent, ils n'y arrivent qu'affaiblis et seulement douze à dix-huit heures après avoir touché la pointe de Sainte-Rose, ce aui permet de prévenir par le télégraphe et le bureau du port. C'est dans cette zone tavorisee qu'ont été établies [es premières vignes ; malheureureusement, l'insecte qui lés assaille soumet leur acclimatement à une rude épreuve. En effet, caché pendant le jour dans le sol au pied de la vigne. l'insecte monte le Soir sur’ les ceps et les dépouille de toutes les feuilles dont il ne laisse que les nervures. L'étude que nous en avons faite nous a appris que ce Coleop- tère, de la grosseur des petits hannetons de France, appartient à une espèce provenant des îles Seychelles et qui avait été décrite par Fairmaire sous le nom d’Adoretus Insularis. Le groupe des Adoretus, voisin de celui de A1omala, west pas représenté en France, on le signale surtout du Turkestan, de la Mésopotamie et d'Afrique septentrionale. Personnellement, nous en avons recueilli six espèces en Algérie et parmi elles l'Adoretus Cavifrons Reitter, quiattäqué aussi Légns= les jeunes pousses de vignes au mois d'avril et de mai. Cet insecte se rencontrait le long des berges sablonneuses du Chéliff, près de Duperré et y faisait des dégâts appréciables dans les vignes qui bordaient la riviére. A cause de la situation de la Pointe aux Galets, centre commer- cial de l’île de la Reunion, il est à craindre que l'Adorelus insularis ne se développe dans les autres localités viticoles de l’île. On doit y apporter d'autant plus attention que la Réunion n'est pas près de se suffire par sa culture propre ; en éffet, en 1907 les Bourbonnais ont acheté au commerce extérieur pour 674.000 francs de vins, représentant 16.980 hectos. Nous ajoutons que leur 10ya- lisme bien connu vis-à-vis de la mère patrie a réservé à la France la presque totalité de cette fourniture, en effet, la part de la métro- pole a été de 14.755 hectos représentant 673 000 francs. Les vins de France jouissent de la franchise douanière mais paient 3 fr. 25 par barrique pour tous droits au port et transport à Saint-Denis, il s'ajoute à ce droit de circulation un octroi de 14 francs par bar- rique pour l'entrée à Saint-Denis, le paiement est fait au comptant avec escompte de 5 0/0 ou à 43 jours avec un escompte de 4 0/0. La Réunion est un pays extrêmement sain où on ne rencon- tre ni serpent ni animal dangereux. Après une période de richesse, la Réunion souffre maintenant de sa situation écono- mique, les terres se sont appauvries, les grandes propriétés qui y existent ont leurs propriétaires ou leurs actionnaires en France et les bénéfices réalisés à la Réunion sont dépensés dans la mère- patrie; le petit commerce et une part considérable du grand sont aux mains des Chinois ou des Indous et là encore les bénéfices quittent la colonie, il faudrait une émigration française, bretonne surtout, pour maintenir dans l'île l'argent gagne. La Réunion a donné des preuves de sa vitalité, de sa générosits et de sa fécondité. Elle a fourni à la mère-patrie des savants, des poètes, desmarins, des soldats qui suffiraient à l'illustrer ; les noms de de Villèle, de Leconte de Lisle, de Parny, de Lacaussade sont connu de tous en France. Il est illogique de penser que malgré les difficultés de l'heure présente, l'avenir de cette belle île ne soit pas digne de son passé 2 2 22 NOUVELLES RECHERCHES SUR LA COMPOSITION COMPARÉE DES MOUTS DE QUELQUES VIGNES GREFFÉES ET FRANCHES DE PIED par M. Charles LAURENT Docteur ès-sciences, Professeur à l'Ecole de Médecine de Rennes Dans de précédents travaux (1), j'ai étudié déjà la composition comparée des moûts extraits d'un même poids de raisins provenant de mêmes vignes, greffées et franches de pied, cultivées compara- tivement Ces raisins provenaient de Millery, dans la région lyonnaise ; de divers points de la Gironde et de Thomery (Seine et- Marne. L'an dernier, au moment des vendanges, un viticulteur distin- gué, M. F. Baco, à qui j'adresse mes meilleurs remerciements, a bien voulu m'adresser, pour des études analogues aux précédentes, des raisins provenant des importants champs d'expériences qu'il a créés dans le département des Landes. Ces raisins étaient, d’une part, récoltés sur quelques uns des hybrides qu'il a créés et qu'il cultive greffes et francs de pied ; d'autre part, d'un cépage français, bien connu dans la région landaise, le Tannat, greffe et non greffé, et cultive dans le même terrain. Une partie seulement des hybrides provenaient d'un même champ d'expériences. Le 24 23 pied mère et le 24 23 greffe sur Riparia sont cultivés au champ d'expériences de Grand Boue ; le 24-23 greffe sur Noah, au champ de Nassy. Le 44 À pied mère vient de Grand-Bcué ; le 44 À sur Folle, du champ de Montcault ainsi que le 22 A greffe sur Folle. Le 22 A greffé sar Riparia Gloire et le 22 A greffé sur 101** viennent du champ de Nassy. Tous ces raisins ont naturellement été traités de la même manière quant à l'extraction des moûts et aux procédés d'analyse. Ainsi j'ai choisi un kilogramme de grains bien sains et bien consti- tués que j'ai, à l’aide d'une presse manométrique, soumis à la pression de 350 kilogrammes. En outre, j'ai calculé le poids des râfles et note la quantité de jus fournie par chaque kilogramme de raisins. Voici les résultats obtenus : 5 Raisin non foxé. e Raisin foxé. (5) Non foxé. (6) Foxé. | | | | (1) Ce raisin était nettement défoxé, ainsi que j'ai pu quand le franc de pied était très foxé. A Di, RS > SAS S | © Ë 5 se) SE ie NS RNA cn EAN ‘a Fe = . L25 ‘8 EC Er © L = = = = n 2 TI & E D a (°) œ 2 bel Ls] n—= | = [æ) = © £ = E NS = Ë ‘5 Ée Eu Lt e PR PR ie LC OL 24-23 grefé sur Riparia ordinaire | 1 kil. | 55e: 600 «me]1091.7 [235190 |3er-76/214er50|7e1r12 08615 Monter » 60 710 1084.2 1215 6014 301188 1018 (0 595 _— pied-mère .| » 60 660 1091.3 1231 5613 141208 1517 3710 690 De | #4 À grefté sur Folle (1). » 130 |700 |1072.6 1174 75/3 90155 3016 8 |0 615 44 À pied-mère.......... » 32 |7170 1065%1155;.19 1408251154. 77018; 21054 2 A greffé sur pos (2).| » 36 1685 11070 2 1171 35/3 751152 30/9 2010 540 — iparia nas (4). » 140 1705 11078.2 1192 8513 951171 00/9 7510 510 —— Riparia | | Gloire (4). .| » |43 |695 |1080.00/195 80/4 20/179 50/8 7810 615 — 4101-14 (5).| » |43 |690 1092.001236 9014 601221 2017 5010 585 — pied-mè-! | | NC) EEE » 40 |685 |1076.2 1186 16/4 501165 80/8 6 |0 640 aonat grefté sur 3306 (7)...... » |50 |695 4 085 2 1217 1014 201200 40/7 6410 810 — 5) SAME PS ven a 2735 1084.6 12145 3514 251191 3017 2510 765 — Rupestris du, | Dot. ere, » 40 |700 |1082.7 |208 40/3 951189 10/8 50/0 645 HONTE LE » |45 |725 |1082.2 [208 35,4 301187 2517 3310 709 Riparia Gloire! » 40 |735 1074.5 1185 3013 551167 5017 9510 600 — LA Û Sfr ene » |45 |740 |1082. 1209 60/3 751189 8516 70/p 720 578 à PRE » [45 |710 |1081. 1204 00/4 351181 4016 7510 600 — Aramon Ru- pestris Gau- zin n° 1. » [50 (|685 11080. 1202 25/3 851179 6016 5510 565 03500... » [52 |690 |1079.3 198 35/4 20180 40/7 3310 695 — pied-mère » |45 |720 11084.5 1216 30/3 751197 7016 se 195 | le constater à la dégustation (7) Tous les raisins de Tannat ne présentaient aucune variation apparente comme forme, mais ils offraient des différences sensibles à la dégustation. différences one à celles que j'ai as Séne dän: LR PORN EARE des mouts LE vignes gr eflees et nes il y a lieu de signaler la diminution presque are des tions des tannins. ‘ü portés d'une façon differente à l'égard des moisissures propose d'indiquer, d'une façon détaillée, ces derniers” dans une prochaine iote. SUR L'IMPORTANCE DE LA RÉPARTITION DES PLANTES COMMUNES DANS LA FLORE SPONTANÉE par M. MATTE Professeur au Lycée de Rennes On sait que dans les flores descriptives, la diagnose des plantes est accompagnée d'indications se rapportant à la fréquence ou à la rareté des aifferentes espèces. ainsi qu'à leur habitat. Ces indications n'ont pas seulement une grande importance pour le botaniste herborisant. elles sont aussi nécessaires à la redaction de travaux de synthèse analogues à celui que les lecteurs de cette Revue ont pu lire et apprécier sous la signature de l’éminert botaniste, M Gadeceau, sur la Géographie botanique de la Bretagne. Sans insister sur les espèces dites « rares » où « peu com- munes » que tout botaniste sait utiliser, à la condition toutefois d'insister sur le rôle des stafions plutôt que sur celui des /ocalites, je chercherai à montrer ici comment, à mon avis, l’examen des espèces dites « communes » peut-être aussi intéressant, surtout dans les variations locales de ces espèces et dans la cause de ces varia- tions. Tout le monde à pu remarquer que, toutes conditions chi- miques ou d'habitat étant remplies. on ne trouve jamais en un point détermine du sol toutes les plantes qui, prises isolement. seraient capables d'y vivre de s'y developper et de s’y multiplier. L'observation des colonies de plantes dans un espace même restreint abautirait à la même conclusion. C'est qu'il existe en effet, de façon généralement peu appa- rente, d'un point à un autre, des conditions particulières qui donnent à certaines espèces une facilité d'extension plus grande à l’exclusion d’autres espèces mins bien armées pour la concurrence vitale. On connaît assez en Bretagne, tellement les exemples abondent, combien des espèces nettement calcifuges comme Calluna vulgaris. Erica cinerea, Sarothamnus scoparius, Ulex europeus, par exemple, peuvent se rendre exclusives au point de repousser toute autre végétation et de constituer une entrave réelle au repeuplement des — 92 — grandes espèces ligneuses en dépit de la protection de l’homme (1). On sait aussi que l'abandon même momentané de terres défri- chées et mises en culture est rapidement suivi de l’envahissement du sol par les jachères et les espèces ligneuses précédemment dépossédées de leur domaine. Dans des cas plus particuliers, mais en y regardant de plus près, on arrive aussi à se convaincre facilement que la pente et l'orientation du terrain, et par suite l'écoulement ou la stagnation des eaux en rapport avec cette pente ou avec la permeabilité du sol, sont autant de facteurs qui assurent la coexistence de certaines colonies végétales distinctes. grâce à ces conditions toutes locales qui lui fournissent un avantage dans la lutte avec d’autres colonies moins favorisées. En terrain plat, sur la chaussée des routes par exemple, la tendance des plantes communes à s'y réunir en colonies distinctes est aussi nette, mais les causes y semblent peut-être moins discer- nables. La difficulté d'extension éprouvée par les plantes est plus visible lorsqu'on considère une espèce répandue sur une surface assez étendue, une portion de champ par exemple; on y voit en effet des localisations partielles. parfois limitées à quelques pieds seulement, qui se trouvent cependant dans des conditions tout à fait propres à fournir des graines fertiles en quantité suffisamment abondante pour une dispersion plus grande. Dans ce cas l'étendue de la station permanente est en réalité moindre que l’aire de dissée- mination. Il devient alors facile de comprendre et de trouver moins sur- prenantes les variations de fréquence de certaines espèces sur des territoires plus vastes si on a toujours en vue l'inconstance des florules locales. Or, les variations des espèces communes étant plus facilement observables par les modifications d'aspect qu'elles peuvent apporter à l'ensemble de la végétation, les causes qui régissent ces variations étant, elles aussi, plus faciles à trouver dans le cercie restreint où l’on opère, ce sont justement ces espèces communes qui doivent être particulièrement envisagées dans les‘ Flores qui. de ce fait, ne (1) Voir FLAHAULT : Préface de la Flore de France. BR EE ee DE j A. 2 kS Je Dhs < ? " tombent pas dans la banaiité d'un exact catalogue, mais acquièrent au contraire une réelle valeur descriptive. Mais si les faits généraux qui président à la lutte des espèces entre elles dans leur colonisation du sol sont assez connus, il n’en est plus de même des conditions particulières dans la lutte des espèces entre elles. Ces conditions, qui se modifient et se renou- vellent constamment, doivent être l'objet d'une observation patiente et de tous les instants, qui doit porter sur chaque parcelle de terrain où l'on déterminera les facteurs divers qui donnent la prépondé- rance à telle ou telle espèce considérée. Ce sont ces recherches toutes locales qui, expliquant les diffé- rences caractéristiques des florules voisines ainsi que leurs condi- tions de contact. seront seules capables d'elucider les influences directrices dans la distribution des plantes sur de plus vastes étendues. Bien que ce genre d'études bio'ogiques puisse être conduit d’une façon assez arbitraire, je veux dire en utilisant telle ou telle espèce commune suivant les cas et les localités choisies comme champ d'expérience, on aura toujours avantage à rechercher un ensemble de facteurs déterminants tels que les suivants : 1° Variations locales dues à la nature du sol et principalement celles tirées des régions calcaires et des régions siliceuses (1). 2° Variations des espèces dites plantes des cultures ou des moissons, à savoir : 4) leur expulsion, dans les terres fertiles, en dehors des piantes cultivées dont l'association leur est pour ainsi dire imposée par l'homme : by) leur localisation périphérique plus ou moins accentuée quand !l s'agit de cultures de céréales et leur expulsion nette jusque dans les prairies artificielles ou naturelles, ou même dans les jachères ou sur le bord des chemins. 3°) Influence d'une plus grande précocité de plantes cultivées amenant la destruction des espèces spontanées avant la maturation de leurs graines. (1) I ne faut pas oublier qu'il existe peu de terrains complètement dépourvus de calcaire ; le granite, par ex., considéré comme une roche siliceuse, peut con- tenir certains feldspaths (aibite, oligoclase) dout la décomposition forme des car- bonates de chaux et de magnésie en quantité très notable; la même remarque s'applique d'ailleurs aux roches éruptives récentes, telles que les basaltes et laves, Les micaschites, au contraire, rentrent dans la catégorie des terrains sans calcaire. — 94 — 4°, Localisations plus favorisées dans les lieux non cultivés. ou sur leur lisière. 5°) Résistance spéciale des plantes vivaces ou bisannuelles. 6") Cas de floraisons tardives, accidentelles où non, des plantes annuelles. En reportant et limitant sur une carte les aires de répartitior d'un certain nombre d'espèces, d'abord dans de petites localités, puis dans une région plus étendue on arrivera à établir la coïnci- dence de certaines d'entre elles et, de ce fait, on fera ressortir les facteurs essentiels qui président à ces coincidences et les analogies: qui justement donnent à ces espèces les moyens de supporter avec plus ou moins de succès la concurrence vitale. Si, de plus, on note avec soin les variations d'habitat d'une même espèce aux différents points de son aire de répartition, on verra que sa fréquence plus ou moins accentuée dans certaines. directions est elle-même liée à des conditions d'ambiance moins. favorables avec une spécialisation de plus en plus grande des conditions d'habitat et d'association dans lesquelles l'espèce parvient encore à se maintenir. Il n’est peut-être pas inutile d'ajouter qu'il est bon de tenir compte, dans une certaine mesure, de toute disparition de plantes spéciales à une région en se reportant aux facteurs de cette dispa- rition, c'est-à-dire les défrichements de landes, asséchements ou assainissements de marécages, labours ou défonçages répétés, emploi de la chaux, etc., toujours faciles à retrouver pour um botaniste du pays. En résurné, si les plantes rares, presque toujours notées avec une grande précision, constituent l’une des bases de la géographie botanique et si, d'autre part, les variations locales qui s'observent quand on passe d'un point à l’autre de la Zone calcaire ou de la zone siliceuse sont également excellentes à considérer, on manque presque totalement de renseignements bien coordonnées sur les variations de la flore vulgaire qui, à mon sens, sont les plus impor- tantes à connaître. Outre qu'elles aboutiraient à des résultats utiles et toujours fructueux, la recherche de ces renseignements fournirait l’occasion de mettre à l'épreuve et de développer cet esprit d'obser- vation indispensable au vrai naturaliste. #2 PR CR » st né LA MORILLE AUX ENVIRONS DE BREST Par M. E. ALLANIC, Pharmacien à Brest. En avril 1906, j'adressai à mon ami Seyot un champignon récolté sur le bord d'une allée de mon jardin situé à Keremperé, en Saint-Marc, près Brest. J'étais à peu près sûr de me trouver en presence de la Morille, et M. Seyot confirma le diagnostic. Depuis, je n'en ai pas retrouvé. Mais la propriete située au nord de mon jardin vient d'être louée par l’un de mes amis, M. le D° Moran, qui est lui-même amateur de champignons. Le 18 avril dernier, nous nous trou- vions tous deux dans nos jardins respectifs, quand 1l m'appela pour me faire voir un champignon qu'il venait de recueillir et que je reconnus de suite pour une Morille. Mme Moran me dit à ce moment que, vu leur aspect étrange, elle en avait dejà écrasé plusieurs, crime que son mari et moi lui reprochâmes avec l'indignation scandalisée caractéristique des amateurs de champignons. Nous entrâmes au jardin et nous découvrimes alors douze autres Morilles dont la plus grosse pesait 27 grammes, la plus petite 12 grammes. Elles se trouvaient le long d'une allée d'orien- tation nord-sud, à l’ouest du jardin ; quelques-unes avaient poussé dans le parterre même, planté de fusains, qui n’est jamais travaillé. Le sous-sol est argileux, non calcaire; mais l'allée a été sablée à l’aide d'un sable contenant beaucoup de calcaire. La surface du sol est donc seule calcaire. Nous avons montré ces Morilles à M. Picard, inspecteur des Marchés, qui nous a déclaré n'avoir jamais vu de Morilles, malgré 4 | n a dut ses recherches. dans ses promenades der Brest. : 23 | Il est très vraisemblable que la Mate que “jai mon jardin il y a trois ans. provenait des Morilles du aujourd'hui par le D' Moran ; mais les allées n'étan elles n’ont pu se reproduire. OR DE 7. = Aujourd’hui encore (7 mai), trois Morilles existe même endroit chez le D: Moran ; n'étant pas assez pour faire un plat, nous les laissons sur place. EE dois ajouter des les NOT cueillies par nous. . pesées et mangées, mais non de les avoir savourées commt nous y attendions, PE 1. à 2 an BIBLIOGRAPHIE D. GUILLERMO DE BOLADERES, ex Alcade de Barcelone, Jefe provincial de Fomento, etc. — Memoria € informes emitidos acerea de un nuevo procedimiento para imimu- nizar 1os Sarmientos de vides europeas, hacién- dolos indemnes à la Filoxera, Madrid, 1900. Dans cet important travail sont relatées les expériences faites officiellement par les stations œnologiques espagnoles de Reus et de Villafranca du Panadès en vue de constater les résultats d’un traitement immunisateur des vignes européennes contre le Phyl- loxéra Ce procede, inventé par M. Guillermo de Boladeres, consiste à faire macérer les boutures, dans une solution de son invention, pendant 48 heures, puis à les badigeonner avec une bouillie spée- ciale avant de les planter. La deuxième année, on fait sur le tronc des incisions que l’on recouvre avec ia bouillie. Les effets de ce traitement se font sentir jusqu'à la cinquième année. Et si l’on veut éviter un deuxième traitement, il suffit d'ap- pliquer alors une simple couche de la bouillie sur les plaies de taille. La methode est aussi simple qu'économique. Depuis onze ans les ceps ainsi traités n'ont pas souffert malgré la présence du phyl- loxéra sur leurs racines, tandis que les vignes non immunisées et cultivées comme témoins ont succombé. Il semble donc bien que le traitement confère aux vignes européennes ce qu'on a désigné sous le nom de resisiance pratique au phylloxera. M. Guillermo de Boladeres et les directeurs des Stations œno- logiques chargés de l'examen des résuitats obtenus pensent que la résistance des vignes immunisées doit être. jusqu'à nouvel ordre, attribuée à un changement de capacités fonctionnelles (vigueur ou sèves) de ia vigne européenne, conformément aux théories expo- sées par le professeur Lucien Daniel dans son ouvrage sur «la. Question phylloxérique. le greffage et la crise viticole (1). » D'un autre côté, ils pensent que certains faits de résistance peuvent être produits par une transformation de sève élaborée. en conformité avec l'hypothèse formulée par M. de Laffite, et rapportée dans le même ouvrage. En présence des résultats remarquables obtenus, le Ministère de l'Agriculture d'Espagne a décidé de communiquer lé procédé aux puissances signataires de la Convention de Berne et de les inviter à l'essayer. L' « Ordre Royal » donné à cette occasion recon. nait à M. Guillermo de Boiaderes la propriété de sa découverte et constate que ce savant viticulteur a droit au prix proposé par la Convention de Berne pour la découverte d'un moyen efficace de lutte contre le phylloxéra. Nous sommes heureux de voir enfin reprendre, et avec succes, la lutte contre le phyiloxéra, lutte que le greffage avait fait aban- donner bien à tort. Si l'on avait poursuivi méthodiquement des recherches sur ce point. au lieu de reconstituer hâtivement il y a longtemps que le problème serait résolu ; l'on n'eût pas imprudem- ment sacrifié la qualité à ia quantité. déplace le vignoble dans la plaine, introduit avec la vigne américaine des maladies redou- tables comme le miidew, le black-root, etc. Les maladies des vins, la surproduction, la crise viticole n’existeraient pas dans tous les pays reconstitués. avec leur cortège de misères. Nous espérons que le phyiloxéra cessant d'être un danger, on. reviendra partout, ce qui cominence déjà en beaucoup de régions, aux méthodes séculaires de la viticulture, à celles qui faisaient sa force et sa richesse. Alors la reconstitution sur pieds américains ne sera plus qu’un désagréable souvenir ; elle n’en restera pas moins une triste leçon pour les générations futures qui sauront désormais qu'on ne viole pas impunément les lois physiologiques et les prin- cipes justifiées par une longue pratique. R. (1) En cours de publication dans l'Œnophile de Bordeaux. Le 1°" fascicule est paru ; le second est sous presse. 4 di did als ut. ne M ul suc ol cé de din à Dai Née tait ie. k + à fi Sn S ie à dm ant à ti. dé P. Dop et A. GAUTIÉ. - Manuel de Techn'que botanique, Histolwgie et Microbie végétales, Paris, 1909 (De Rudeval, éditeur, 4, rue Antoine Dubois, VF). M Paul Dop, chargé de cours de botanique à la Faculté des Sciences de Toulouse. et ie docteur Albert Gautié, préparateur à la Faculté de Médecine et de Pharmacie de Toulouse, viennent de faire paraître sous ce titre un très important et très intéressant ouvrage qui est, nous n'en doutons pas, appelé à un vif succès près des étudiants. Les personnes qui s'intéressent à la botanique pure ou appliquée, à la pathologie végétale, aux relations symbio- tiques, aux champignons, aux algues, en un mot à toutes les questions de technique microscopique qui ont, depuis une tren- taine d'années, si profondément modifié l'étude de la botanique, trouveront dans ce Manuel, outre les procédés aujourd’hui clas- siques, une foule de documents qu'il serait long et difficile de se procurer ailleurs. Nous ne saurions mieux faire pour en montrer l'esprit, que de reproduire la préface écrite par M. Gaston Bonnier, membre de l’Institut et professeur de botanique à la Sorbonne, qui a bien voulu se charger de présenter ce livre au public. KR. PRÉFACE « Voici, sous une forme pratique et condensée, un ouvrage qui est le plus complet de ceux qui aient jamais paru en France à ce sujet. « On a publié des ouvrages plus volumineux, on a décrit avec de multiples détails d'innombrables procédés de préparations microscopiques ; mais une telle accumulation de méthodes diffe- rentes importe peu à celui qui désire se mettre au courant de la technique moderne. « Ce qu'il faut à l'étudiant, et même à celui qui entreprend déjà des recherches originales, c'est un choix judicieux de mé- thodes éprouvées, réellement soumises à des essais préalables et répétés. « MM. Dop et Gautié ont fait ce choix, en ne présentant à leurs lecteurs que les procédés qui doivent être conseillés, applicables TOO — ävec sécurité ; c'est la le principal mérite du volume qu'ils viennent de rédiger. « Les auteurs, tout en limitant ainsi, avec sagesse, la diversité des techniques, ont étendu, au contraire, le champ des applications microscopiques. « Dans les anciens traités classiques du microscope on se bor- nait à parler de la préparation des coupes et de l'examen succinct des organismes inférieurs. MM. Dop et Gautié donnent des indications pratiques relatives à bien d'autres objets. Il suffit de citer parmi les sujets d'études envisages dans ce volume : la plasmolyse, les pro- cedés de préparation des microbes anaérobies, les inoculations des animaux, les diverses méthodes de culture des Champignons, des Algues, des Bacteries, la pratique de la microphotographie, pour se rendre compte de la manière étendue dont les auteurs ont compris la technique microscopique « La clarté des descriptions, la précision des renseignements de toute nature, la méthode parfaite suivant laquelle sont ordonnés les chapitres successifs, montrent encore les qualités remarquables présentées par ce manuel, guide essentiel de ceux qui s'intéressent à la Pathologie végétale ou à la Micrographie. « Toutes ces raisons me permettent de féliciter MM Dop et Gautié de l’œuvre si utile qu'ils viennent de rédiger et de m'estimer très heureux de la présenter aux lecteurs. « Je n’ai pas besoin de souhaiter à cet ouvrage un succès qui me paraît absolument certain. « Gaston BONNIER. » as Les auteurs d'articles paraissant dans la Revue Bretonne de Botanique pourront désormais faire faire, à l'Imprimerie des Arts et Manufactures, des tirages à part aux conditions suivantes et en s'adressant directement a l’Imprim ur : TIRAGES A PART : 1/2 feuille tirée à 50 exemplaires, sous chemise................. D — — sous couverture imprimée.... 5» 90 — tirée à 100 exemplaires, sous chemise............... EE TD = na sous couverture imprimée.... 6 50 4 feuille tirée à 50 exemplaires, sous chemise................. 4 » — — sous couverture imprimée.... 6 50 — tirée. à: 100 exemplaires, sous chemise. .............. 6 = — sous couverture imprimée... 8 50 2 francs en plus par feuille nécessitant une nouvelle mise en pages. 4 Lo LE Je FR Ne, F2 É 685 NES LE "M { : JT > ‘1 F À 170 # r ©, d 174 BREVUE BRETONNE 77 DE 47» ROTANIQUE Pure à Appliquée DIRIGÉE PAR M. Lucien DANIEL Professeur de Botanique agricole à la Faculré des Sciences de Rennes “a RENNES SR “4 DE Imp. des Arts & Manufactures 22, rue de Nemours REVUE BRETONNE DE BOTANIQUE PURE & APPLIQUÉE M. Lucien DANIEL FROFESSEUR DE BOTANIQUE AGRICOLE A LA FACULTÉ DES SCIENCES DE RENNES Quatrième Année. — N°S 3-4. — Décembre 1909 SOMMAIRE Pages 1. P. SEvOT. — Etude biométrique des pépins d'un Wütis vinifera cultivé F' comparativement/franc.de, pied'et greffé ….1..2.:44...0 2 DNIO 2. E. GapecEAU. — Etude sur le peuplement des sables de la Loire à Nantes 116 3. Dr C. A. PIQUENARD. — Quelques détails sur la distribution de la Morille AUXLANVITONSAAEIBTES TE Per er fete ele re nas ere Rte me Nine Peel 130 4. D'C. A. PiQueNarD — A propos des bruyères de la forêt de Paimpont. 131 5. Vapis. — Note sur l'influence du sujet sur le greffon...... ......... 192 6. Lucien Danez. — Un nouvel hybride de greffe : le néflier de la Grange. 136 7. Jean Dane. — Les Champignons d’Erquy... ........ OT AA 141 8. F. Kerrorne. — Monstruosité d'une encrine due au parasitisme........ 170 AVIS La Revue bretonne de Botanique pure et appliquée tirage 500 exemplaires' ne se vend pas au numéro mais à l’année, au prix de 5 fr. pour la France et de 6 fr. pour l'Etranger (union pos- talei. Adresser les demandes d'abonnement à M. le D' Patay, 2, quai Duguay-Trouin, à Rennes, trésorier de la Société bretonne de Botanique. La Revue s'occupant exclusivement de botanique, s'interdit toute discussion politique ou religieuse Elle laisse à chaque auteur la responsabilité de ses articles. Plusieurs membres de la Société bretonne de Botanique se mettent bien volontiers à la disposition du public pour donner gracieusement des renseignements sur les questions de leur compétence qui intéressent plus particulièrement la botanique et l’agriculture de la région armoricaine. On peut adresser, avec échantillons, des demandes de renseignements à MM. : Borpas, Maitre de Conférences à la Faculté de Rennes. — Cécidies de toute nature. BouzaT, Professeur à la Faculté de Rennes. — Engrais agricoles ou horticoles. COUDERC, à Aubenas (Ardèche). — Lichens, surtout Collé- macés. DANIEL, Professeur à la Faculté de Rennes. — Champi-= énons. — Opérations d’horticulture. — Monstruosités. DucomEr, Professeur à l'Ecole nationale d'Agriculture de Rennes. — Parasitisme et pathologie £énérale des plantes. GADECEAU, champ Quartier, rue du Port-Guichard, à Nantes. Phanérogames. HouULBERT, Professeur à l'Ecole de Médecine de Rennes — Algues et Lichens. Husxor, Directeur de la Revue bryologique, à Cahan, par Athis (Orne. — Muscinées, Graminées, Cypéracées. KERFORNE, Chargé de conférences à la Faculté de Rennes. — Roches, Minéraux et Fossiles. Joindre un timbre pour la réponse. ÉTUDE BIOMÉTRIQUE DES PÉPINS D'UN « VITIS VINIFERA » CULTIVE COMPARATIVEMENT FRANC DE PIED ET GREFFÉ Par P. SevoT Préparateur à la Faculté des Sciences de Rennes L'on sait qu'à la suite de la crise phylloxérique presque tous les viticulteurs ont reconstitué leur vignoble par le greffage du Vitis Vinifera où vigne européenne sur divers Jif1s d’origine américaine. Bien que la reconstitution date de plus de 40ansen certaines re- gions de la France, la question des effets du greffage de la Vigne don- ne lieu, aujourd’hui encore, à de vives controverses. Les uns admet- tent que la Vigne française et la Vigne américaine sont sans action l’une sur l’autre, et vivent, après le greffage, chacune comme si elle était indépendante ; les autres, au contraire, prétendent que le sujet et le greffon s'influencent mutuellement à des degrés divers. Jusqu'ici. l'on a bien apporté, à l'appui de chacune de ces opi- nions. des faits parfois contradictoires, étudiés d’après les méthodes habituelles d'observation usitées dans les sciences expérimentales, mais, soit que les faits invoquées ne paraissent pas suffisamment importants, soit que ces faits peuvent s'interpréter de plusieurs façons, soit enfin pour des raisons extrascientifiques, la discussion est restée ouverte et, entre les adversaires, les concessions mutuel- les sont tres rares. J'ai pensé que [a méthode biométrique. grâce aux renseigne- ments précis qu'elle fournit, pourrait jeter un peu de lumière sur (1) Travail fait au Laboratoire de Botanique appliquée de la Faculté des Sciences de Rennes, dirigé par M. L. Daniel. REV. BRET. DE BOT , T. IV. 7 — 102 — cette question aussi intéressante pour le biologiste que pour le praticien. Comme premier sujet d'études, dans cette voie, j'ai, sur les conseils de M. Daniel, choisi les pépins, organes qui sont considé- rés par beaucoup d'ampélographes comme présentant certains carac- tères d'une fixite remarquable, et qu'il est trés facile de se procurer en grand nombre comme aussi de conserver pendant longtemps. Les premiers matériaux de mes recherches m'ont été aima- blement fournis par M. Baco, instituteur à Bélus (Landes), qui a dirigé ia reconstitution de sa région. et possède plusieurs champs d'expériences où sont cultivés, comparativement, des ceps francs de pied, côte à côte avec des ceps de même nature greffés sur des sujets variés. Ces ceps greffés ayant la même origine que le franc de pied et se trouvant dans des conditions semblables en dehors de la greffe, les différences, lorsqu'il y en a, ne peuvent provenir que du mode de vie symbiotique. Dans un assez grand nombre de grappes, aussi comparables que possible, et provenant de plusieurs pieds d'un même cépage, ie Tannat, cultivé franc de pied dans un cas, ou greffe dans d’autres, j'ai choisi, en 1908. un nombre suffisant de grains de raisin mûrs, pour faire le poids de un kilogramme. Après avoir extrait le moût et enlevé la pulpe, j'ai recueilli tous les pépins puis je les ai décor- tiques, en les traitant quelques minutes par l’eau de javelle et en les brassant ensuite avec du sable fin. J'ai constaté que le nombre des pépins ainsi obtenus d’un même poids de raisins mürs variait de 900 à 1400 environ dans les Tannats greffés, quand il était de 1237 dans le Tannat franc de pied. La coloration des pépins était variable, non seulement d'un lot a l’autre, mais encore dans un même lot. La couleur pouvant jusqu'à un certain point être considérée comme un critérium de la maturité, j'ai choisi dans chaque lot 850 pépins de même teinte et ce sont ces organes bien mûrs, issus de grains de raisin bien conformés, que j'ai soumis à une mensu- ration méthodique. — 103 — Comme on le voit, je me suis volontairement placé dans des conditions telles que les pépins devaient présenter le minimum de variation. Si, malgré ce choix defavorable à la variation, des modifi- cations se sont produites quand même dans les pépins, une sem- blable constatation n'en sera que plus probante et la variation provoquée par la greffe du Tannat sera démontrée d'une façon absolument indéniable. Dans le cas contraire, c'est-à-dire siles mensurations n’accusent aucune difference sensible, les résultats obtenus seront un argument sérieux en faveur du maintien des caractères et de l'autonomie du Tannat greffe dans son milieu habituel. Pour obtenir des me- sures précises J'ai des- siné les contours et les chalazes des 850 pépins de chaque série, en me servant de la chambre claire d'un microscope donnant un grossisse- ment de 25 diamètres. Sur chaque dessin ainsi obtenu. j'ai pris les dimensions AB, CD,EF, FG, GH, HE, I], KL, LM, MN%CEO07 DEEP 'EN: E | G}, GH-LM, =] de la Fig. 1 G] Pépin de raisin figure 1. Les lignes que (grossissement 12 diamètres} j'ai mesurées avaient AB ; CD; EF ; FG ; GH ; HI; I; KL; LM; une longueur double de EJ MN; CO ; DP ; EJ ; KN:; G}; TE GH-LM. celle qui est représentée , L FA dans cette figure ; aussi Lignes mesurées sur 850 pépins de chaque LANGE ES MATE cépage. m'était-il très facile de 1. bec; 2. cotylédon: 3. chalaze; 4. raphé. les mesurerexactement. Pour effectuer ces diverses mensurations, j'ai pris une règle que j'ai graduée en divisant une longueur de 25 centimètres en 100 parties égales ; de cette façon, chacune des divisions représen- tait en réalité une dimension de pépin égale à un dixième de milli- mètre. J'ai pris successivement sur chaque dessin les 17 dimensions que je viens d'énumérer ; j'ai obtenu ainsi 17 colonnes de chiffres. Dans chaque colonne, j'ai compté combien de fois je trouvais le même nombre et j'ai su de cette façon combien dans chaque lot il y avait de pépins à préseriter, pour une ligne donnée, la même dimension J'ai pu établir ensuite, pour chaque ligne mesurée, les polygones de variation qui sont représentés dans les figures 2a 17: Si l'on examine l’ensemble des courbes, on remarque que celles qui correspondent aux pépins du Tannat franc de pied ne présentent toutes qu'un seul sommet appréciable. Ces courbes n'ont pas une régularité parfaite, mais grâce à leur nombre relati- vement grand, et à la constance d'un seul sommet dans toutes, on peut dire que le Tannat cultivé dans le champ d'expérience de M. Baco est de race pure, et que cette vigne se trouve dans des conditions telles que ses graines se développent d’une façon nor- male. Lorsque le Tannat est greffé sur Riparia Gloire ou sur 41B, les courbes sont loin de présenter la mêm?: régularité que les pré- cédentes : Quelques unes, cependant, sont plus régulières, mais d’autres ont leurs points critiques en dehors des points critiques des courbes du franc de pied et enfin il y en a beaucoup qui sont à plusieurs sommets. Il serait fastidieux de décrire successivement toutes les courbes; leur examen attentif en dira beaucoup plus qu'une longue descrip- tion. Je me bornerai simplement à les réunir en trois groupes ayant chacun une signification particulière. Le 1* groupe comprend les courbes GH, G}, KL, MN, KN, CO, DP et Ej; il renferme aussi les courbes IJ, mais je n’ai pas cru "2 devoir les figurer, car les 3 lignes sont plus rappro- chées les unes des autres que celles dela fig- &, pet se confondraient presque sur le dessin. Le 2°, groupe comprend les courbes LM, CD, EG HletEr. Enfin le 3° grou- pe, les courbes EJ AB, G] et GH-LM. Dans le pre- mier groupe, on 5T 16 7 remarque que les Longueur de TH courbes GH à KN en aixièmes de millimètres sont trés compa- Fig. 2 rables entre elles ; Courbe du Tannat franc de pied toutes n'ont en j: SCORE Courbe du ‘Tannat‘greffé sur Riparia Gloire. ——.—. Courbe du Tannat greffé sur 41 B. effet qu'un seul sommet, et leurs points critiques sont très voisins les uns des autres. Dans les figures 6, 7 8 et 9, on voit que les courbes des deux Tannats greffes sont à plusieurs sommets, mais l'amplitude des variations et l'allure générales de ces courbes les rapprochent suffisamment de celles du franc de pied pour qu'il n’y ait pas lieu de s’y arrêter longtemps. On peut dire, d’après les renseignements fournis par ce pre- mier groupe de courbes que certains caractères des pépins de Tannat sont peut influences par les deux Sujels etludies, Soit que les carac- tères examinés varient dans des limites trop étroites ou trop éten- — ID 15. 11 15 Vo . Wonbre des pépins re 1) Pepii d (e /®) Wombre des ol pe 18 5 16 I x : NES THAT EE] AIT Longueur de à 7 ORgUELT 4 Figa4 Fig.,5 14 [30 127 {2 JUN 104 Ÿ PÈT 101 -È. Of 7-00 01 1 ; 8H 0 à 01 mn Û 20 €. = % bte PAGES RE 1 D AN CN AOL SU 0 29 SU OST SN SONT AN ATEN HE A8 AN AA 00 ongueur de Fig. 6 8 do & 81.,ets. 8] 8 + Vs SN * & gr \® ‘ # = C2 58 Dh À € 5] a 43 5 =. À gi L 0 à 3 D " a ne Ê à È L- TRE 3% ] 4 33 18.2" / 27. 2 00) 508 ,yiw NE ‘ EVENE A RYLE . TT L f TT rt 151 44! 4 At À 49! 49 (] L 5 155 O DE 59 OÙ ongueur de CO Fig. 7 Ù q x + 2 RÉ nn À & ; : 30 A PSS ! Ÿ S BL (às 1 K . ny I À Ÿ À i x UE RS gR UK \s DP = dj +20; eh "sh \ ER 82 A na 201 - K£: | ao 10 e 6 3,2. ss T NE À , ET) RYLED) TUE) PALE 50 70 BST AT ST 361 ANT GB JON AO AIT APT AT ANT AS AU OT SI SA SAT 5 6 561 511 58 IT T4 Longueur & D P Fig. 8 — 108 — dues, soit que les deux porte-greffes n'aient exercé, sur ces caractères, qu'une action peu apparente. Dans le deuxième groupe, les courbes sont plus intéressantes que les précédentes. Dans les courbes LM et CD, on remarque que le 41 B a exercé une action très nette sur la largeur de la chalaze, et surtout sur la largeur de la base du bec; le Riparia Gloire, au contraire, n'a eu qu’une action insignifiante sur ces caractères. Dans les courbes FG, HIMeRErR les deux porte-greffes ont eu une influence très appréciable, mais iné- gale ; les courbes HI et surtout EF sont particulièrement démonstratives a ce sujet. D'après les renseignements fournis par les courbes de ce deuxième groupe, on peut dire : 1° Qu'un caracière donne a pu étre fortement influence par un porte greffe, alors qu'un aulre porle-sreffée n'a agt sur ce caraclère que d'une façon peu apparente ; 2° Que certains autres caractères des pépins ont élé modifies par les deux porte-greffe, mais d'une façon inégale, ce qui permet d'entre- voir la possibilite d'orienter un carac- lère donne vers un but determine. Les trois courbes du dernier groupe sont les plus intéressantes de toutes, BED onyueur # Fig. 10 — 109 — non seulement pour les ampélographes, mais aussi pour les biologistes. Dans la figure 15, qui représente les variations de la largeur du bec, on remarque que les courbes du TFannat franc de pied et du Tannat greffe sur 41 B sont très régulières et ne présentent qu'un seul sommet; la courbe du Tannat greffe sur Ripa- ria Gloire présente deux sommets très distincts, et ce qui est le plus remar- quable, c'est que le deu- xième sommet se trouve sur le chiffre 13, c’est- a-dire en dehors de la limite de variation du franc de pied, chez qui le point critique correspon- dant..se “trouve Sur IE chiffre 12. Dans le franc de pied, 7 pépins seulement sur 850 ont atteint, comme largeur de #f'extremite du bec, 12 dixièmes de milli- mètres, alors que dans le Tannat greffe sur Riparia Gloire, 221 sur 850 ont atteint ou depasse cette dimension. A ne considérer que les courbes de ce seul caractère, on se croirait en présence d'une plante qui présente dans son hérédité un melange de deux races distincles. Cependant 1l n'en est rien; il ne peut pas en être ainsi, grâce à la façon dont ces vignes ont été obtenues et grâce surtout au contrôle qui nous est fourni par — 110 — MEURCLE 1 UE PAPE PAPA PEUPLE sT Longueur de CD Fig. 11 Nombre des pepirs Le Wombre des pépins A5 6 Longueur de V «à Fig. 13 L jh 165 160 FA & \ HE 150 SE RE 140 ' 4] Ë TE SIN ARE PARTS « D Î i aq LE COTE CA DS. ; \ < (1) À ; Ë \ 0 go j : : 50 — HE Tue Left 52 de ! ./ FAX, à ul. .% 37 Ÿ 01 2 4 1è “I a ae a 2 80 9T 0 NT A A SN 1 AT IA DIX l'ensemble des carac- téres si homogènes et si caractéristiques du même cépage franc de pied obtenu de la même façon et cultivé côte à côte dans le même ter- rain, par conséquent dans des conditions de vie identiques. Cette apparence de complication dans l’he- rédite vientencore natu- rellement à l'esprit, quand on examine com- parativement aux cour- bes AB, les courbes É et les courbes GH—LM. 9] EF 50 35 : 414 “1.4 : 5 _4 guy 2 PT ST TT DT ET OT A 21 3 Longueur & EF Fig. 14 — 112 — 2 EE Dans les premières cr qui représentent le rapport qu'il ya entre la distance de la chalaze à l'extrémité du pépin et la longueur de cet organe, il existe aussi un deuxième sommet très accentué pour la courbe du Tannat greffe sur Riparia Gloire, mais ce: deuxième sommet a moins de valeur que le précédent, car il se trouve en dedans des limites de variation du franc de pied. Dans la deuxième GH—LM, qui représente les variations de la difference entre la longueur et la largeur de la chalaze, bien qu'il n'y ait pas un double sommet bien accentué dans la courbe du Tannat greffe sur Riparia Gloire, on remarque cependant qu'il n'ya qu'un seul pépin du franc de pied à avoir une longueur de chalaze égale à sa largeur, alors que tous les autres ont une chalaze elliptique avec grand axe vertical. Dans le Tannat greffé sur Riparia Gloire, non seulement 47 pépins arrivent à avoir les deux axes de la chalaze égaux, mais 33 autres ont l'axe horizontal plus grand que le vertical, si bien que la chalaze tend à devenir une ellipse à grand axe horizontal. Les differences qui existent entre les courbes et GH —LM, EJ G] du Tannat franc de pied et du Tannat greffe sur Riparia Gloire, sont surtout intéressantes, parce qu’elles montrent l'exis- tence d'une correlation étroite entre plusieurs caractères des pépins qui ont varié pour donner la courbe AB. En effet. j'ai recherche dans les 221 pépins qui présentaient une largeur d'extrémité du bec supérieur à 12 dixièmes de millimètres, : E 1e qu'elles étaient les valeurs de _ et de GH — LM, et j'ai obtenu les courbes figurées par la ligne dans les figures 16 et 17. Dans ces 2 figures on voit nettement que les différences qui existent entre la courbe du Tannat franc de pied et la courbe du Tannat greffe sur Riparia Gloire, sont surtout amenées par les 221 pépins qui présentaient la variation AB. L'influence du sujet Riparia Gloire. sur le greffon Tannat, ne s'est pas bornée à un seul caractère des pépins de ce dernier, mais a agi en même temps:sur plusieurs. Parmi les caractères qui se sont montrés les plus sen- sibles à l’action du sujet se trouvent précisément ceux auquels les te — ampélographes attachent le plus d'importance en classification et qui sont la forme du bec ainsi que la forme et la position de ÎIa chalaze. Les renseignements fournis par les courbes du troisième groupe permettent de dire qu'apres greffage quelques caractères 210° 260 250 43 Nombre des pepins 7 .s—" A! _ -. .€ Z. ER. Pc . 11: y &E : 1 a. 25. BST ASIE T 8 TO M 1] 1 M MO 20 en dixièmes de nulhmètres Lonqgu eur de Fig. 15 les conclusions suivantes : 1 ip 4 2 des pépins éludiés présentent un po- lygone de varia- {lon qui rappelle celui que l'on obtient générale- ment, pour un ca- ractère quelcon- que de plante, après l'hybrida- lion sexuelle de deux races dis- lincles ; comme dans ce cas aussi, il y a corrélation entre les carac- tères des pépins qui ont varié. En résume, ces premières recher- ches que je me propose de con- tinuer en les éten- dant à d'autres Vignes, permet- tent de formuler 1° La greffe a eu une influence marquée sur la plupart des dimensions des pépins du Tannat dans la région landaise ; Q == . 312412812672 2417 ren ca rapport (ER) Fig. 16 Se Courbe GI des 221 pépins de Tannat greffé sur Riparia Gloire qui ont donné la variation AB. Nombre des pepins “2 HSE 01 31 40 5] 61 TT 8T OT 1 D Différence de Longueur entre GHet LM Fig. 17 buse. — 115 — 2° Les caractères du pépin de ce cépage ont été plus où moins influencés suivant le sujet employé ; 3° Dans quelques cas, l'influence du sujet, au point de vue du polygone de variation d'un caractère déterminé des pépins du Tannat, s’est manifestée d’une façon comparable à celle de l'hybri- dation sexuelle. ETUDE SUR LE PEUPLEMENT DES SABLES DE LA LOIRE A NANTES Par M. Emile GADECEAU Quand on arrive à Nantes, par la Vendée, on est frappé des nombreux bras de la Loire qu'il faut traverser pour gagner le cœur de la cité; il ne faut pas franchir moins de six ponts. L’antique réputation des ponts de Nantes paraît ainsi justifiée (1). C'est dire qu'une grande partie de la ville est construite sur des îles. Les géologues nous montrent la Loire, à son origine, comme un fleuve à régime torrentiel, « dont les eaux étaient plus puis- « santes, le niveau de base plus bas et la pente plus grande, quand « elle creusa les premiers sillons conséquents, à travers les rides « parallèles des terres bretonnes (2) ». Ici, comme partout, les processus d’érosion et de comblement, dont les eaux sont le grand facteur, exercérent leur action, tendant à établir ce niveau uniforme, qui semble le but final des vicissi- tudes physiographiques. Au fur et à mesure que le cours du fleuve gagnait en largeur, sur les terres voisines, le thalweg devenait moins profond, le cou- rant moins rapide, et les sables et les vases, provenant de la dénudation des rives, encombraient, de plus en plus, ie lit de la Loire, poursuivant ainsi, à travers des périodes progressives et (1) Voir RageLals, Pantagruel, liv. IV, chap. XXXIV (1552). (2) CH. Barrois, Sur la répartition des îles méridionaies de Bretagne. Ann. soc. géol. du Nord, t. 26 (1897), tir. à p. p. 12. régressives, des phases constructives et destructives, l'établissement de la plaine inondée (flood-plain) (1). Dans ces conditions, la formation des îles ne tarde pas à se produire. Elle commence souvent par la présence de quelque obstacle, comme un tronc d'arbre, partiellement submergé, qui retient le courant de la rivière et cause un dépôt de sable ou de vase, devenant promptement une sorte de barrage naturel, qui forme obstacle au courant, et favorise le prompt accroissement de l'ilot naissant. Ainsi ont dû naître et se multiplier, dans la suite des siècles, les ilôts, les îles, qui obstruent le cours du fleuve, en amont et en aval de Nantes, et sur lesquelles une partie de la ville est édifiée. Le déboisement, la dénudation des rives, ont augmenté dans de telles proportions les apports de sables et la formation des îles, que la navigation est devenue impossible, ou à peu près, sur la Loire, en amont de Nantes et qu'un vaste projet a pu naître de cette situation : celui de la Loire navigable. Actuellement les îles changent de forme et se déplacent, sous l'influence des courants avec une grande rapidité: la comparaison de deux éditions successives de ja carte de l'Etat-Major suffit à le démontrer (2) On lit dans le dictionnaire géographique, historique et politique des Gaules par Expilly (1766) : « Les îles sont au nombre de 132. au-dessus des ponts de « Nantes (en amont) depuis Pierre-Ingrande (limite de Maine-et- « Loire) jusqu'à Nantes Au dessous des ponts, depuis cette ville « jusqu'à Pierre-Auge, près Paimbœæuf, (en aval) sont plus de 6oîles « grandes et petites. À quoi il faut ajouter celles qui se sont formées « et se forment journellement au-dessus et au-dessous des ponts « de Nantes par les travaux faits sur la rivière de la Loire pour en « faciliter et perfectionner la navigation » (3). (1) Voir Hy CHanpier Cowces, The physiographic ecology of Chicago and vicinity, etc., Botanical Gazette, xxx1 (1901). (2) CH. Barrois. Explication de lo feuille géologique de St-Nazaire. (3) Voir : Ducas MATIFEUx. Nanies ancien et le Pays nantais, Nantes, Morel, 1879. REV. BRET. DE BOT., T. IV. 8 — 118 — L'une des îles les plus étendues. dans le port même de Nantes, entre les deux bras les plus larges du fleuve (Pirmil et la Madelaine est la Prairie au Duc, théâtre de nos investigations actuelles. Les plus anciennes cartes de Nantes que nous ayons pu exa- miner, nous montrent la Prairie au Duc comme une île d'un seul tenant, sans aucune construction, avec un point signalant l'empla- cement des « Bois de Justice » (1). Elle s'étendait en aval du portde Nantes. de l'E. à l'O., à peu près depuis l'extrémité O. du quai Hoche, jusqu'à celle de l’ancienne ile Lemaire, c'est-à-dire jusque vis-à-vis là rue des Salorges. Elie était séparée de la Prairie de Biesse par un bras du fleuve jusque vers 1757, époque à laquelle ces deux iles furent reliées par une digue. La prairie au Duc fait partie de tout un groupe d'îles, jadis occupées par des prairies, commeen témoignent encore les appella- tions qui ont subsiste de Prairie d'Amont, Prairie de Biesse, Prai- rie d Aval, Pré des Recollets, Pré du Bois-Joli. À l'extrémité sud- ouest du groupe se trouvait l'i/e Sainte-Anne, qui n'existe plus, et qui devait être de formation relativement récente puisque, en 1841, elle portait le nom d'//e Neuve. La configuration de chacune de ces iles, a subi de nombreuses transformations, conséquences de l'action des agents naturels et aussi de l'intervention de l'homme. Envahissement des. sables « occasionnant ou l'élargissement ou la division en plusieurs « branches du cours de la Loire, entre ces ilots ». Construction de digues pour lutter contre cet état de choses et « qui ont fait amas- « ser beaucoup de sables dans les endroits ou on a intercepté les « eaux, endroits qu'on se propose de faire attérir au moyen de » plantations (2)». L'ancienne ligne des Ponts de Nantes qui jadis mettait seule en communication les deux rives de la Loire (Bretagne et Vendée) (1) CENERAY, grand plan, 1761 (arch. mun.). Le Rouce, ing. géogr. du Roi, 1766 (arch. mun.). SéBire, Nantes, an ll, 1795 (arch. mun.). PExorT, Nantes, an in, 1818 (arch. mun.). 2) Arrêt du Conseil d'Etat concernant les terrains qui ont été et seront par la suite attéris par les digues (Arch. comm., Nantes, série BB, n° 06.) traverse un certain nombre de ces îles, aussi des quartiers tres peuplées existent-ils depuis des siècles dans ce voisinage, tels que ceux de Biesse et de Vertais. Quant à la Prairie au Duc propre- ment dite, elle n a réellement commencé à se couvrir d'usines et de chantiers que vers le milieu du siècle dernier {1). C'est là que nos anciens botanistes allaient assez souvent her- boriser, spécialement dans la partie dite «ile Videment » (2). Ils y rencontraient fréquemment quelque espèce étrangère dont la pré- sence s'explique par l'existence, déjà à cette époque, de chantiers de constructions. de quelques usines, surtout de fabriques d'en- grais, et par le voisinage immédiat du port, avec ses délestages. Les grands travaux dont le port de Nantes est l’objet. depuis quelques années, ont apporté des modifications profondes à la topographie de la Prairie au Duc et des îles voisines. L'une d'elles. l'île Mabon (3) (jadis ile Lemaire) qui obstruait l'entrée du port a (1) Un plan de Nantes, dressé par Jouanne en 1853 (Forest aîné), montre bien sur la partie aspectant le port et l’île Gloriette, un commencement de tracé vicinal avec quelques rues et des chantiers de construction, mais on n'y voit que peu de bâtiments et l'île, coupée de nombreux bras du fleuve, est figurée presque entièrement en prairies ou terrains vagues. (2) J'ai eu quelque peine à retrouver l'origine de cette dénomination et à en préciser l'application. Il résulte d’un plan conservé aux archives départementales {(S. 266. 1'° section) en date du 14 septembre 1784, que la ville afféageait à cette date au sieur Videment « l’ancienne île Cochard et son assablement ». L'île Cochard, qui figure sur la plupart des vieilles cartes dont nous avons donné plus haut l'indication, était située entre la pointe de l'île Gloriette et la partie de la Prairie au Duc y faisant face et son assablement. d'après le plan de 1784, s'étendait jusqu'au petit canal sis derrière l'île Le Maire. Plus tard, un plan du 23 mars 1840, dressé par Cabrol, Ingénieur des Ponts et Chaussées, comprend sous le nom d’île Videment, toute la partie nord de la Prairie au Duc, depuis l’île Gloriette Jusqu'à l'île Lemaire (ou Mabon), sur une largeur d'environ 400 mètres à partir du bord du fleuve. Cest donc là vraisemblablement la localité citée par Pesneau, Lloyd et Delalande sous le nom d’/le Widement ; elle représente évidem- ment l’ancienne île Cochard « et son assablement » reliée à la Prairie au Duc (Voir le plan ci-joint de 1766). (3) Ce nom nouveau est venu de : « Pierre-Jean Mabon, constructeur de navi- « res à Nantes, propriétaire de l’île Lemaire, en face des Salorges, sur laquelle il a — 0 été supprimée par les ingénieurs. L'approfondissement du lit de la Loire donne lieu à des mouvements de terrain qui créent des espa- ces libres, souvent pierreux, des amas de décombres ; les prairies des deux rives sont de temps en temps recouvertes de vases et de sables rejetés par les dragues à vapeur. Ce sont autant de stations disponibles dont la végétation ne tarde pas à s'emparer. La Prairie au Duc, avec les îlots adjacents, entièrement rema niée, va devenir une ville nouvelle où, d'ici deux ou trois ans, on n'observera plus qu'une flore rudérale très pauvre, dont les bota- nistes futurs, s’il en reste encore, pourront à peine relever les rares représentants, sous le nom de Flore du pave de Nantes. L'île Sainte-Anne a été rattachée à la Prairie au Duc par des comblements de sable puise dans le lit de la Loire La gare de l'Etat a prolongé ses voies ferrées jusqu'à la pointe extrême occidentale et le quai des Antilles avec ses estacades et ses grues à vapeur occupe tous les terrains qui faisaient face à l'île Mabon, alluvions vaseuses où nous recueillions encore, en 1897, l'américain : /{ysan- thes gratioloides avec ses compagnons habituels. Des diverses « boires » (1) et canaux, qui sillonnaient la partie occidentale des îles, il ne reste plus que quelques mares qui attendent les derniers remblais. Vers la gare de l'Etat, les petits bras de Toussaints et des Récollets ont été reunis en une commune embouchure, de sorte que les anciennes îles de la Prairie au Duc, de Saint-Anne, des Récollets, ne formeront bientôt qu'un vaste terre-plein destiné à devenir le nouveau port de Nantes et la cité industrielle.(2) Ces préliminaires sembleront peut-être un peu longs, cepen- dant je les ai cru nécessaires pour expliquer notre étude écologique et j'ai adopté cette méthode pour tous mes travaux de ce genre. Des remaniemerits comme ceux que je viens d'exposer ont «son chantier de construction, sollicite l'autorisation d’y établir une cale» (Arch. départ., Octobre 1812). (1; On appelle « boire » dans le pays nantais les petites anses formées par la Loire à l'embouchure de ses bras où parallèlement à ses rives. Les « boires » supprimées sur la Prairie au Duc se nommaïient le « Fendil » (2) Voir la carte ci-jointe de 1909. Re entraîné, on le comprend aussitôt, des vicissitudes physiogra- phiques qui ont retenti sur les populations végétales. J'ai saisi cette occasion pour étudier le mode de peuplement des sables extraits du fleuve, tout en fixant en quelques mots l'histoire de ces localités botaniques appelées à disparaître, où nos devanciers trouvaient un champ d'herborisation voisin de leur demeure. Enfin, j'en ai profité pour rechercher cominent se sont comportées les nombreuses espèces adventices que le voisinage d'une gare au trafic important et de nombreuses usines ne pouvait manquer de faire apparaître dans ces terrains. Si nous examinons tout d'abord les sables d'apport récent, à peine peuplés, qui s'étendent sur les voies ferrées et dans les parties récemment remblayées, nous serons frappés du nombre relative- ment considérable d'espèces adventices étrangères que nous y ren- controns Ce sont, il est vrai, des espèces que nous sommes habi- tues à voir naturalisées dans de semblable stations: Erigeron cana- densis, Linaria minor, Amarantus retroflexus, Œnothera biennis, Œ suaveolens, Xanthium macrocarpum, et surtout l'envahissant Chenopodium anthelminficum, dont j'ai récemment retrace l'his- toire (1). On comprend bien que ces étrangères apparaissent et se main- tiennent mieux qu'ailleurs au sein de ces Associations ouvertes, où la concurrence vitale est très réduite, mais pourquoi sont-elles Îles premières à apparaitre ? On ne peut l'expliquer avec certitude. Ces espèces à graines très petites et très nombreuses sont assurement plus susceptibles que tout autres d'être répandues par le trafic des voies ferrées. à fleur de sol; peut-être la faculté germinative de ces graines est-elle plus prompte que celle des milliers d'espèces auto- chtones dont les semences sont plus abondantes encore dans ces sables ? Parmi ces dernières on peut cependant relèver les annuelles suivantes essentiellement arenicoles. Senecio viscosus, Plantago (1) Voir : 1° Note sur le Chenopodium anthelminticum (Bull. Soc. bot. Fr., t. 54, p. 505, 1907; 2° Histoire de l’envabissement du port de Nantes par une Chcnopodiacée américaine. (Le Naturaliste, n° 484, 1° mai 1907.) tt arenaria, Bromus tectorum Vulpia ciliata, Digitaria sanguinalis, auxquelles se joignent quelques autres espèces xerophiles : ÆEro- dium triviale Jord., Melilotus alba, Melilotus arvensis, Lactuca sca- riola, Linaria vulearis, Chenopodium album, Hordeum sp., Vulpia Pseudo Myuros, Bromus sterilis, B. commutaitus, B. madrilensis, toutes espèces bien adaptées par leur structure : (poils glanduleux, feuilles très réduites, etc.), à ce milieu xerophytique, privé d'humus, substratum au sein duquel elles n'ont pas à redouter pour le moment, la concurrence de plantes plus lentes à germer, moins bien armées contre la sécheresse ou dont les graines ont été trop profondément ensevelies sous les apports de sable. Les premiers artisans de consolidation de ces sables presque nus sont representes par le Cynodon Dactylon dont les stolons se répandent de tous côtés et par de grandes herbes à racines vivaces ou multicipitées : Cirsum, arvense, Arlemisia vulgaris, Chenopo- dium anthelminticum, Agropyrum campestre. Mais, depuis plusieurs années que ces travaux de remblais et d'aplanissement ont été commencés, certaines parties se sont déjà recouvertes d’une végétation plus dense, surtout en allant vers la Loire, l'humus y a été créé, peu à peu, par l'apparition et la décomposition de quelques mousses et par les détritus de la végé- tation. Le rôle principal dans la fixation naturelle des sables, paraît appartenir ici aux Zrifolium repens, Cvnodon Daclvlon Polvsonum aviculare, dont les racines traçantes s'enfoncent profondément dans le sable pour y rechercher l'humidité ; ce gazon se consolide de plus en plus par l’adjonction de quelques légumineuses: Medicago Lupulina, Medicago media, Trifolium minus, Trifolium fragiferum et autres plantes traçantes ou à rejets radicants : Herniaria glabra, Potentilla reptans et Anserina, Carex birta, Carex Vulpina et quel- ques autres Carex.Un assez bon nombre de graminees commencent à apparaître : Agrostis alba, Lolium perenne, Lolium multiflorum, avec quelques espèces des prairies sablonneuses : Crepis virens. Thrincia hirta, Leontodon antumnale, Hypochæris radicaia, Plan- Lago lanceolala. Ces Associations nous représentent, en petit, la prairie nais- sante ; elles offrent un asile temporaire à certaines espèces adven- tices appelées à disparaître avec l'accroissement de la prairie : graminées venues de la Loire d’amont : Poa palustris, Poa nemoralis var. firmula, Agrostis Spica venti. Ervsimum cherranthoides, Des- champsia cæspilosa et le Glyceria distans, espèce salicole venue là on ne sait comment. On voit aussi les rudérales vulgaires : Digita- ria sanguinalis, Brassica cheiranthus, les Capsella Bursa Pastoris, rubella et leur hybride C. gractlis. Cet assemblage hetéroclite et transitoire montre bien que ces Associations ne sont pas encore fermées. Cependant un grand pas est fait vers l'établissement de la prairie mesophytique, c'est-à-dire composée d'espèces adaptées à des exigences moyennes comme sécheresse ou humidité. Si la végétation était abandonnée à son libre essor, les inondations du fleuve, avec leur riche limon, aidant, nous verrions se reconstituer, sur ces sables, d'apport relati- vement récent, l'Association qui règne encore dans les vestiges des prairies voisines et dans celles que nous allons maintenant parcou- rir, le tout formant jadis l’île Sainte-Anne, aujourd'hui reliée à la Prairie au Duc. Ces prairies mésophytiques sont le résultat ultime des luttes progressives et régressives des Associations de xerophytes et d'hydrophytes ; elles représentent, dans la vallée de la Loire le « climax de végétation vers lequel semble tendre les processus naturels » (1). Voici la composition acfuelle de ces prairies ou restes de prairies, dans les localités qui nous occupent : Poa trivialis, Dominant, Alopecurus pratensis cc. Lolium perenne, Trifolium repens, Ranunculus Boræanus, Hvpochærts radicata Rumex crispus, ces cinq dernières espèces moins abon- dantes et les suivantes encore pius rares : Centaurea pratensis, Œnanthe silaifolia, Ranunculus repens, Potentilla reptans, Senecio Jacobaea, Trifolium pratense. En se rapprochant du fleuve le Nasturtium ampbhibium devient commun et on voit çà et là les Equisetum arvense, Phalaris arundinacea, Eryngium campestre se mèler plus ou moins au foin. En remontant la Loire, la composition des prairies montre toujours, comme dominantes, les Poa frivialis et Alopecurus (1) Ch. Cowes, loc. cit. pratensis, mais quelques espèces nouvelles apparaissent, donnant à la prairie une flore plus variée, çà et là : Galium verum, Carex birta, Anthoxanthum odoratum, Holcus lanaius Bromus mollis. En approchant de l'embouchure artificielle qui réunit les deux bras d£ Toussaints et des Récollets, la végétation, enrichie sans doute par les très riches alluvions de ces deux cours d’eau qui traversent des quartiers très peuplées, nous montre encore quelques espèces de plus : les Agrostis vulgaris et A. dubia D. C., Festuca rubra, apparaissent. Lolium perenne plus abondant, laisse voir les Crepis biennis, Silaus praiensis, Rumex Acelosella, Lathyrus pra- Lensis, Bromus mollis pc., Hordeum pratense (secalinum) et H. mu- TINUM AR. Pour gagner la Prairie d'Aval, il faut traverser le bras de Toussaints; la prairie sablonneuse située à la pointe triangu- laire, arrosée à la fois par le bras des Recollets. celui de Toussaints et la Loire, offre une végétation encore plus variée que celle que nous venons de quitter. C'est la prairie la plus riche en Légumi- neuses de ce petit groupe. Îl faut en effet ajouter a ceiles déjà énumérées: Medicago apiculata ©, Trifolium martiiimum c€cC., Trifolium minus AC., T. resupinaium, ça et là. Le caractère general change surtout. en abordant la Prairie d'Amont, par la substitution du Poa pratensis, qui devient domi- nant. prenant ainsi la place du P. frivialis des anciennes prairies de l’île Sainte-Anne, plus basses et plus humides. En même temps, les graminées fourragères: Lolium perenne, Holcus lanatus, Agrostis vulgaris, Bromus commuiatus, Hordeum pralense, deviennent plus abondantes, de même que tout le cortège d'espèces variées déja citées s'épaissit. On voit de plus: 7rificum repens forma glauca aristata, Gaudinia fragilis, Ranunculus philonofis, Geranium dissectum, Lotus corniculatus. Erodium praetermissum. Beilis perennis, quelques Lencanthemum vulgare et Lychnis Flos cuculi. C'est la une belle et bonne prairie où le Daciylis glomerata brille par son absence difficile à expliquer ; l'Ervugium campestre et l'Equisetum arvense sont à peu près les seules espèces nuisibles de ces prairies, par leur mode de végetation envahissant plutôt que par un caractère vraiment nocif pour les bestiaux. Ils sont très difficiles à détruire. Les anciennes Prairies des Recollets et du Bois-Joli se trans- Ces. à M. PTS l'u cer mitolé à de dé) st. Fier on RS à à Se 0 “sanureid 2p aisax inb 22 quauosgidai fit 2p NP 21107 8] ap Se1q 91 Auepioq souou sonied soT ‘HddOT4A ‘UL ‘NW °P uejd of seidep ‘6065 uo ‘DNG NV AIHIVAId VI Ë g * n | D À We D “ Le À VD L à q Le " % ( 49n0Y 47 °p uvjd oj seidep ‘9glr ue ‘na AV AINIVHd VI N OWp/,a ss DST (eu forment, de plus en plus en quartiers habités et les quelques prés qui subsistent sont envahis par les espèces rudérales, surtout par l'Hordeum murinum les Vulpia. Ici le Dac{ylis se montre enfin. Cette éenumération représente la composition actuelle de ces prairies. Îl ne faut pas perdre de vue qu'ainsi que l'aexposé Dureau de la Malle, les prairies sont soumises à des lois d’Alternance, en ce qui concerne la prépondérance des espèces quiies composent.(1 Après avoir suivi la constitution progressive de la prairie de la Loire, à Nantes, nous terminerons cette étude par l'examen des plantes adventices qui ont été constatées depuis 70 ans, sur la Prairie au Duc, par nos devanciers : Pesneau(1837)(2)(P.), Delalande (1845) (3) {D ) Lloyd (1845-1887) (4) (L.), enfin par moi-même, tout récemment, : G.) La lettre G. jointe à l'une des autres lettres précitées signifie que j'ai retrouvé la plänte, dans les mêmes lieux, après une période de 23 à 50 annees. Nous entendons ici par adventices (53) les plantes, primitive- ment étrangères à la flore d’une region. introduites accidentelle- ment au sein de la végétation du pays. Parmi ces adventices, les unes n'ont qu'une durée éphémère (Passagères Gillot (6), (P.), d'autres se ressement d'elles mêmes et se maintiennent tant que persistent les conditions favorables à leur végétation (Subsponta- nées) (S). Enfin quelques-unes croissent et se multiplient sans le secours de l'homme, se comportant comme les espèces indigènes, apres avoir Subi l'épreuve de longues périodes climatiques. (Nafurali: sées) (N). (1) Mémoire sur l Alternance. — Ann. Sc. nat., Vol. V. 1825, p. 352. (2) PesNEAU. Caltal. des pl. Loire-Inf. Nantes 1837, et suppl. 1841. (3) DeLaLaNoE. Journai de Botanique. (MSS. ). (4) Lioyo. Flore de la Loire-Inf. Nantes, 1844 et Flore de l'Ouest, 3 éditions successives 1854-1897 et suppléments ; /ournal de ‘Botanique. (MSS ). (5) On peut étendre cette acception aux plantes indigènes qui apparaissent accidentellement dans une sfation qui ne leur est pas habituelle, mais ce n'est pas ici le cas. (6) X. Gior. Etude des flores adventices. Congrès intern. bot. Paris, 1900. 5126 — Liste des plantes adventices constatées sur la Prairie au Due à Nantes /1) (@P.) — Sisymbrium Sophia, — (1), — au Midi dela Loire qu'il ne franchit pas. — (D.) (S.) - Lepidium virginicum, —(1), — Amérique; apparaît çà etla autour de Nantes : a envahi tous les terrains vagues dans la Gironde (PrraRD, B.S. bot. Fr.,t. 49, p. 113). D'après TOURLET et DUBALEN., 1l croît surtout au voisinage des voies fer- rées. — (G.) (S ) — Reseda lutea, — (2), — calcicole ; s'installe sur les platras, les dépôts de chaux à peine éteinte. — (G.) (S.) — Melilotus alba, — (2), — prob. reste de culture en Europe ; se répand abondamment dans les sables maritimes, les bois du littoral; probablement souvent éliminé par la concurrence vitale. — (P. G.) (N.)— Œnothera biennis, — (2), — Amérique ; naturalisé dans toute la vallée du bas de la Loire. — (G.) (N.)— Œnothera suaveolens, — (2), — Amérique ; naturalisé dans toute la vallée du bas de la Loire, plus fréquent que le preé- cédent. (Voir RoZE. B S bot., t. 42, p. 575, sur la végétation de cette espèce.) Graines germant promptement. — (G.) (P.) — Buplevrum protractum, — (1), — au Midi de la Loire qu'i] ne franchit pas. — (L.) | | ns t (N.) — Erigeron canadensis, — (1), — Amérique ; abondammen naturalisé dans les sables, surtout autour des gares ; semble se répandre surtout par le trafic ; naturalisé en Europe vers 1674, suiv. DE CANDOLLE, Géogr. bot. p. 726. —(D. G) (S.) — Convza ambigua, — (1), — Méridional ; étranger à la Flore de l'Ouest où il n'apparaît que sporadiquement. — (L. G.) (A) Dans cette énumération : |1) signifie plante annuelle ; (2) signifie bisan- nuelle ; (X) signifie vivace, les lettres sont expliquées plus haut, celles qui pré- cèdent le nom sont relatives à la durée de l'apparition ; celles qui le suivent indi- quent le botaniste qui a signalé‘la plante là, — 127 — (S.) — Arlemisia campestris, — (><), — C.en Anjou, vallée de la Loire, d'où les inondations nous en apportent quelques pieds. - (D.G.) (,P) — Arlemisia scoparia, — (1), —Paraît originaire d'Orient ; ad- ventice dans les Bouches du Rhône, à Aix et à Montpellier (Port Juvenal). — (L.) (N.)— Senecio viscosus, — 1) — Espèce d'origine incertaine; se présentant dans l'Ouest avec toutes les apparences d'une plante sporadique. — (D. G.). (4P.) — Senecio eructfolius, — (<), — au Midi de la Loire. qu'il ne franchit pas — (P.). (P.) — Centaurea Debeauxi Godr., — (><), — espèce critique sur la dispersion de laquelle on ne peut se prononcer. — (L.) (S.) — Crepis selosa, -(1), — origine incertaine ; adventice dans de nombreuses regions, probablement introduite par les cul- tures — (G.). (N.) — Xanthium macrocar pum, — (1), — Amérique, Suiv. DE CAN- DOLLE, Géogr.bot., p. 730 ; absolument naturalisée dans toute la vallée du bas de la Loire. — (L. G.). (,P.) — Xanthium spinosum, — (1), — Amérique où Russie Méridio- nale, suiv. D. C., Geogr. bot., p. 730; n'apparaît chez nous qu'à l'état sporadique et surtout dans les terrains fraîchement remues, semble suivre le mouvement de l'industrie humaine. — (L.). (QP.) — Datura Tatula, — (1), — Amérique, très probablement. d’après D. C.Géog. bot p.734. — (L.) (N.) — /lysanthes gratioloides —(1), — Amerique ; S'estsubstitue au Lindernia Pixydaria dans la région nantaise (Voir LLOYD Büll. Soc. bot: Fr. T._XV, p. 155). — (L G.) (N.) — Linaria mincr, — (1) suspecté paru D... C..-Géogr. bot. p.676 comime n'étant réellement spontané que dans une partie restreinte de l'Espagne. — (P G.) (,P.) — Phelipæa Muteli Reut (1) (sur Xanthium macrocarpum) — (1), — Curieuse forme de l'Orobanche du chanvre, décou- — 128 — verte par Maupon et déterminée par Ed. Dufour, (Ann. Soc. Acad. Nantes 1878). — (Maupon) (4P,) — Mentha candicans, sec. LLOYD, — (1), — La détermination de cette pl. dont je n'ai pas vu d’échantillon reste pour moi douteuse. Elle appartient, en tous cas, au groupe Silvestris — legitima où spuria. — (L.) (,P.) — Samolus Valerandt, — (K), — paraît calcicole dans l'Ouest où on ne le rencontre que sur le littoral et dans les calcaires. — (L.) l’une des plantes à aire très étendue de de Candelle (Géog. bot.). (N.) — Amarantus retroflexus, — (1), — Amérique, — abondam- ment naturalise dans toute la Vallée de la Loire où il est devenu très répandu. — L. G.) UN.) — Chenopodium anthelminticum, — (<), — Amérique ; pullule aujourd’hui dans tous ces terrains. Ne craint que la concur- rence vitale. - (G.) (S.) — Chenopodium Botrys, — (1). — Espèce à tendances méridio- naies; naturalisée dans le Cours sup. de la Loire, jusqu'en Indre-etLoire (TOURLET), citée par BoNamy sur les delestages au Croisic, au Port-Launay près Couéron et aux environs (dès 1782) —(G.) (N.) — Elodea canadensis, — (><), — Amérique ; naturalisé en France seulement depuis une quarantaine d'années, suiv. Le GRAND Bull. Soc. bot., T. XXVI, p, 182; a envahi tous nos cours d'eau. — (L. G) (4P.) — Cyperus vegetus, — (K<), — Amérique ; Natur. à Bayonne, à Bordeaux. D. C., Géogr, bot., p. 740. — (L.). (&P.) — Crypsis schæroides, — (1°, — au Midi de la Loire quil ne franchit pas. (L.). (S.) — Agrostis Spica venti, — (1), — origine incertaine, paraît dans l'Ouest, introduit avec les céréales (LLoyp,. Commun Flore du Centre (BOREAU ; rare et adventice en Bretagne. — (G.). S.) — Eragrostis megastachya, — \1), —au Midi de la Loire, qu'il ne. franchit pas. - (G.). S.) — Poa palustris, — (©), — Vallée du haut de la Loire (Bor. herb°*. 1864), découvert en 1865 par M. Ed. BUREAU dans la — 129 — vallée d'un affluent (Le Havre à Couffé, Loire-Infér.) et par M. G. DE L'ISLE au bord de l'Erdre près Riaillé (Loire-Infér }. — (G.). (S.) — Glyceria distans, forme de l’intérieur), - (x), — presque exclusivement halophile dans l'Ouest ; [a forme relevée ici est celle des Salines de l'intérieur, notée FI. O., p. 411. — (G.). La liste se compose de 33 espèces dont 9 seulement (N) sont aujourd'hui complètement Nafuralisées là ; 12 espèces Passagères (P.), n'y ont pas été revues à ma connaissance ; les 12 autres peuvent être considérées comme subspontanées dans la localité (S.) Sur les 33 espèces, 9 seulement sont vivaces, les 24 autres sont annuelles ou bisannuelles. Il est curieux de remarquer que. parmi les 9 espèces vivaces, 5 ont disparu et 2 autres paraissent d'introduction trop récente pour pouvoir pronostiquer leur durée. Au contraire. toutes les espèces naturalisées sauf deux sont annuelles ou bisannuelles. Ce sont des espèces qui grènent très abondamment et dont les graines très petites, où munies d'’aigrettes, (Erigeron) sont facilement transportées. Presque toutes les espèces naturalisées appartiennent à l’Amé- rique septentrionale et sont naturalisées dans une grande partie de l'Europe. Quelques plantes paraissent avoir été apportées du haut de la Loire par les inondations ou avec les sables : Arfemisia campestris, Chenopodium Botrys, Agrostis Spica venti, Poa palustris. En général, les espèces du Midi de la France, apparues acciden- tellement dans ces terrains, ne se sont pas maintenues (P.), ou n'y apparaissent que çà et là, de temps en temps. Un certain nombre d'espèces suivent les voies ferrées, le voisi- nage des gares, le trafic humain, ici comme partout en France Lepidium virginicum, Reseda luiea, Melilotus alba, Erigeron cana- densis, Xanthium spinosum. Si cette étude ne fournit aucun fait nouveau aux sujets abor- dés, elle nous paraît cependant apporter quelque contribution, au moins confirmatrice, au mode de peuplement des îles fluviales et surtout au rôle prépondérant que joue la concurrence vitale dans la succession physiographique des Associations. QUELQUES DÉTAILS SUR LA DISTRIBUTION DE LA MORILLE AUX ENVIRONS DE BREST Par le Dr C. A. PICQUENARD. M. E. Allanic, pharmacien à Brest, signale dans le dernier fascicule de notre bulletin ‘a découverte, faite par lui, de Ja morille (Morchella esculenia (L.\ Pers.) dans une allée de son jardin à Kerempéré, en Saint-Marc (Finistère), en avril 1906 Notre collègue ajoute que ce champignon à été trouvé ultérieurement dans une allée et dans un parterre du jardin de M le docteur Moran qui est contigu à celui de M Allanic, à Kéremperé- M. Ailanic fait remarquer enfin que, M. Picard, inspecteur des marchés, lui a déclaré n'avoir jamais rencontré la morille dans ses excursions mycologiques aux environs de Brest. La morille est, cependant, connue et signalée depuis long- temps dans cette région. Les indications concernant ce champignon se trouvent, en effet, dans un ouvrage publié il a quarante-deux ans. ouvrage très connu, existant dans toutes les bonnes bibliothèques et reste classique malgre quelques imperfections inévitables dans un travail aussi considérable : J'ai nommé la Florule u Finistère, des frères Crouan. Là, page 59, 1° colonne, on lit : Morchella Dill. M. esculenta (Lin.) Pers. Syn.. Fr. Svst. El. et Summ., Duby Bot.. Phailus esculentus Lin . Bull. t. 218. Var. a. rofunda à couleur grise, dans une plate-bande à la base d'un vieux mur Pr.r. — à couleur jaunâtre. près sablonneux du littoral. Pr. r. Baïe de Bertheaume. | Ogs. — Thèques étroites subcylindriques à 8 spores ovoïdes hyalines, paraphyses filiformes articulées. M. conica Pers. Ch. Comest., Fr. Summ., Duby Bot., M. escu- lenta Var. d. conica Fr. Syst. À la base du taius d'un champ. Pr. r Kerinaouen, près Gouësnou Les deux célèbres cryptogamistes mentionnent donc aux envi- rons de Brest non pas une, mais deux espèces de morilles, et, pour M. esculenta (Lin.) Pers., ils donnent même deux variétés. L'on remarquera que la var. rofunda signalée dans la Florule a été trouvée dans une plate-bande comme une partie des morilles du jardin de M. le docteur Moran à Kérempéré, en Saint-Marc. À PROPOS DES BRUYÈRES DE LA FORÊT DE PAIMPONT par le D' C. A. PICQUENARD Dans l'intéressante note que M. Edouard Aubrée à consacrée aux Bruyères de la forêt de Paimpont (1), j'ai relevé le passage suivant: « un garçon voiturier de Plélan m'affirma, en 1907, avoir quelques jours auparavant, dans une excursion, trouve par hasard sur une igne de Haute Forêt une Calluna vulgaris à fleur jaune, dontil aurait sur la demande des touristes, arraché Île plant qu'ils avaient emporte. Il me la décrivit assez exactement. mais bien qu'il m'ac- compagnât dans sa recherche, je ne pus découvrir, là ni ailleurs un second spécimen. Me défiant de ses connaissances botaniques très rudimentaires, je me tiens sur la réserve jusqu'à plus ample informé » 3 J'ai rencontré. quoique rarement. des Calluna vulgaris Salisb., à fleurs blanches ; jamais je n'en ai vu à fleurs jaunes et je crois bien que cette variéte n'existe pas. Mais ne trouverait on pas à Paimpont une autre espèce de bruyère à fleurs jaunes ou jaunà- tres? C’est fort possible, car l’on m'a montré il y a une dizaine d'années, des rameaux de bruyères rapportés de la forêt de Paim- pont par un touriste des environs de Quimper et j'ai rapporté ces échantillons à l’Erica scoparia L. plante connue sous le nom vul- gaire de bruyère à balaï. Cette plante est indiquée dans la Flore de l'Ouest de la France de James Lloyd (1) comme très rare au delà de la Loire-Inférieure ; mais elle à pourtant trois localités dans l’est du Morbihan. Pourquoi ne remonterait-elle pas en Ille-et-Vilaine ? Quoiqu'il en soit je pense qu'une ressemblance grossière peut con - duire quelqu'un de non initié aux études botaniques à confondre l'Erica scoparia avec un Calluna et que, par suite, le Calluna à fleurs jaunes de la forêt de Paimpont n'etait qu'un Erica scoparia. Je rappelle, en terminant, que le nom d’Erica arborea donné par M. Ed. Aubrée à la bruyère qui abonde sur les talus du chemin de fer aux environs d'Hanvec est un qualificatif horticole. Le vrai nom de cette belle bruyère, semée là par un employé de la compagnie d'Orléans, est Erica lusitanica, Rud. (E. polytrichifolia Salisb.) (2). l1) Revue bretonne de botanique, déc. 1908, p. 13. (2) Flore de l'Ouest de la France, 5° édit., p. 219. NOTE SUR L'INFLUENCE DU SUJET SUR LE GREFFON par M. Vanis. Directeur d’Ecole à Ernée (Mayenne) Je lis, dans la Revue bretonne de Botanique pure et appliquée — n°jde mars 1909 — un intéressant article de M. Millot « Sur des variétés de poires obtenues par le surgreffage ». J'ai pu constater moi-même, dans le verger de l'Ecole d'Ernée, que je cultive depuis 23 ans, des variations de même nature Sur un pommier. Mon verger est exposé au midi. Il est séparé d'une propriété voisine par une haie vive. Lorsque j'en pris possession, j'y trouvai quelques vieilles variétés de pommes : Marin-Onfroy, Doux-Véret, etc., et deux égrains. L'un de ces égrains, âgé d'environ 40 ans, était planté dans la haie vive. Il fleurissait de très bonne heure et produisait régulière- ment et abondamment, tous les deux ans, une variété de pommes, petites et allongées, de coloration uniformément verte et d'un goût extrêmement acide. Une Société pomologique s'étant constituée à Ernée, j'en fis immédiatement partie. Nous nous occupâmes d'abord de sélec- tionner les variétés de pommes et de poires à cidre de la région ernéenne, et en même temps nous importâmes de Picardie, de Normandie et de Bretagne les variétés de pommes recommandées par les Sociétés pomologiques. C'est ainsi que la Médaille d'Or, variété nouvelle obtenue il y a environ 30 ans par M. Godard, fut introduite dans notre canton. J'en greffai un sujet dans mon verger, dans lequel d’ailleurs, au fur et à mesure que les vieux arbres disparaissaient, je plantai les variétés d'élite signalées par les pomologues. Quelques années plus tard, vers 1898, j'eus l’idée de greffer l'égrain cité plus haut avec des greffons de Médaille d'Or que je coupai moi-même sur le pommier de Médaille d'Or de mon verger, planté depuis plusieurs années, à 30 mètres environ de l'égrain, et déjà en plein rapport. Avant donc greffe sur les grosses branches de mon vieil arbre — (chouane comme on dit au pays d'Ernee) — des greffons de Médaille d'Or. j'eus des fruits 3 ans apres. Quelle ne fut pas ma surprise d’avoir au lieu de la Médaille d'Or fruit dont la forme, la coloration surtout sont caractéristiques — des pommes plus grosses, plus oblongues aussi et de coloration verte, tres faiblement marbrées de roux Chaque année, le 1° dimanche d'octobre, la Societé Pomolo- gique d'Ernée organise une exposition de fruits qui est très suivie par les propriétaires et les agriculteurs de la région. J'exposai cette année-là les varités de mon verger — une quinzaine environ - et parmi elles une assiette de mes nouvelles pommes que j'étiquetai « Médaille d'Or ». Le secrétaire de la Société, un pomologue connaissant parfaite- mentles variétes de fruits, ayant jeté un coup-d’œil sur ma collection, vint à moi et me dit: « M. Vadis, vous avez fait une erreur d'étique- tage. [l y a parmi vos varietés une pomme que vous avez dénommée Médaille d'Or. mais qui n’èn est certainement pas. » Je lui affirmai que c'était bien une Médaille d'Or et je Iui expliquai la provenance du fruit. La pomme fut goûtée par les membres de la Commission des fruits, qui lui trouvèrent le goût d'amertume spéciale de la Médaille d'Or; mais qui furent unanimes à reconnaître que ni la forme, ni surtout le coloris du fruit n'étaient ceux de la Médaille d'Or. C'est peut-être, dis je alors, parce qu'elle a été « chouanée » sur un vieil égrain donnant des pommes vertes, mais je n'insistal pas davantage Les deux ou trois autres années suivantes, j'exposai encore de mes pommes, et nous remarquâmes que leur forme et leur coloris surtout se modifiaient — le roux et le jaune dominaient de plus en plus —,et les fruits s'aplatissaient. Malheureusement, la septième année après le greffage, l’arbre dont le collet était envahi par une grande quantité de champignons (Armillaria mellea) secha com- plètement et je dus l’abattre. J'ai lieu de croire que, si la première année de production, REV. BRET. DE BOT , T. IV. 8 — 134 — j'avais transporté des greftons de cet arbre sur un sujet(1) «neutre » — c'est-à-dire nn de ces pommiers qui servent de porte-greffe aux pépinieristes, parce qu'ils produisent un bois droit, gras, de venue rapide ; et sans doute aussi parce que l'expérience leur a montre qu'ils sont sans influence sur le greffon coinme la Noire de Vitry, la Généreuse de Vitry, la Fertile de Falaise, etc. — j'ai, dis-je, lieu de croire que j'aurai fixé la nouvelle variété. Le deuxième egrain dont j'ai parlé au début de cet article est un arbre d'enviren 35 ans. Îl produit régulièrement tous les deux ans des fruits de bonne qualité, dont j'ai envoyée cette année un échantillon au Laboratoire de Botanique appliquée de la Faculté des Sciences de Rennes. C'est un arbre très vigoureux et qui tranche sur ses voisins du verger en poussant avec une certaine indépendance ses branches dans toutes les directions. Mon verger compte actuellement 22 variétés. Parmi elles se trouve une variété du pays que j'ai recueillie sur un vieil arbre en train de disparaître et que j'ai dénommée « Petit Frequin de Belle Plante » C'est un arbre très vigoureux, très productif. Les Fré- quins formaient d'ailleurs la base de l’ancienne pomone d’Ernée. J'ai l'intention, au printemps prochain, de greffer en greffe anglaise, sur l'extrémité des branches de mon égrain et de son voi- sin le Petit Fréquin, des rameaux de toutes les variétés du verger qui sont : Médaille d'or, Doux Normandie, Ameret, Bédan, Doux Lozon, Reine des Pommes, Bramtôt, Petit Damelot, Rousse de la Sarthe, Grise Reinette, Rouge de Trêves, etc., pour les variétés nouvelles et Doux Véret, Marin Onfroy, Doux Evêque, parmi les vieilles variétés du pays. Je compte avoir des fruits au bout de 3 ans et il sera peut-être intéressant d'étudier les variations qui pourront se produire dans le bois. les feuilles, les fleurs, les fruits surtout des variétés ainsi surgrefiées. C'est je pense. à cette influence du sujet sur le greffon qu'i faut aussi attribuer certains insuccès de nos pomologues. J'ai vu (1) Que je quaëfierai « neutre », faute d’une meilleure dénomination. LÉ noté on : RS L'Âc à Ernée. dans des vergers bien tenus, notamment dans le Verger d'Etudes de la Sociète pomologique, des varietés vigoureuses com- me Cimetière, Petit Damelot, greffées trois ans de suite sur le même sujet et disparaître à la fin de l'été après avoir essayé de pousser quelques maigres rameaux. Aussi, les pomologues de notre région ont-ils maintenant soin de greffer leurs variétés de pommes sur des sujets dont ils ont étudié, un an à l'avance, la végétation et qui sont « en rapport de sève » avec la variété greffée RE UN NOUVEL HYBRIDE DE GREFFE : LE NÉFLIER DE LAGRANGE Par M. Lucien DANIEL Depuis l'époque déjà lointaine où mes recherches sur la greffe des plantes herbacées m'avaient amené à conclure que parfois cette symbiose conduisait à la formation d'êtres singuliers, désignés sous le nom d’hybrides de greffe, cette conception a été combattue avec quelque vivacité par divers savants et par la plupart des écrivains agricoles. Quelques-uns ont même contesté la sincérité de mes résultats, bien que ceux-ci aient été présentés dans des Congres et vérifiés par des commissions de personnes compétentes ! Ces dernières années, la lutte a pris une acuité extrême quand des études, consciencieusement suivies depuis 1900, sur ies vignes reconstituées, m'ont amené à critiquer sévèrement la reconstitution telle qu’elle a èté faite jusau’ici et à montrer que la culture inten- sive et la recherche de la quantité au détriment de la qualite, étaient, directement ou indirectement, la cause primordiale de la crise viticole (1). Les faits se sont chargés d’apporter/une réponse décisive aux négations, tant au point de vue général qu'à celui de la question viticole (2). En Allemagne, M. Hirche (3) a présenté à la Socièté d'Agricul- ture d'Allemagne des hybrides de greffe de pomme de terre, dont quelques uns sont aujourd’hui entrés dans le domaine de la culture. Les recherches de cet auteur ont été commencées en 1899, aussitôt après la publication de mon ouvrage sur « La variation dans la 1) Voir L. DANIEL, La question phylloxerique, le greffage et la crise viticole ) que: 3) que, le grejjag (1er fascicule, Bordeaux, 1907). — Le 2° fascicule va paraître bientôt. (2) Voir les recherches de MM. Baco, LAURENT et Sevor sur les Vignes des Landes et en particulier le travail de M. Seyor sur les pépins des vignes greffées et [ Pet 8 8 franches de pied publié dans le présent numéro de La ‘Revue Bretonne de P P P Boianique. 3) ‘Bulletin de la Société d'Agriculture d'Allemagne, 1909. 2 £ gne, 1909 Le RE greffe », et l’ont amené à conclure qu'il a obtenu dans 9 cas sur 100 des hybrides de greffe et dans un cas sur 100 des variétés nouvelles sans rapport avec le sujet, quand les 90 autres cas ne laissent voir aucune variation apparente M. Hans Winkler 4) vient d'obtenir un curieux hybride de de greffe entre la Tomate Konie Humbert et la Morelle (Solanum nigrum), intermédiaire plus ou moins entre le sujet et le greffon. Cet auteur, ayant fait 268 greffes en apparence semblables, les a décapitées ; il a obtenu plus de 3.000 pousses de remplacement. Cinq de celles-ci étaient monstrueuses et une d'elles était l'hybride de greffe qu'il a appelé Solanum fubingense. On remarquera combien la production de ce dernier hybride rappelle celle du Poirier-Coignassier de Saint-Vincent que j'ai trouvé sur une pyramide de poirier Williams greffe sur Coignassier il y a plus de 60 ans et ravalée par le frère Henri(t). J'ai eu cette année la bonne fortune de pouvoir étudier un hybride de greffe entre Aubépine et Néflier qui est le plus complet que l'on ait observé jusqu’à ce jour et qui offre une grande analogie avec le fameux Néflier de Bronvaux. Il m'avait été, il y a trois ans, signalé par M. C. Brun, qui, par mes méthodes de greffage mixte, a obtenu d'intéressants hybrides de greffe dans la Vigne. Désireux d'établir d’une facon définitive l'existence de ce remarquable phénomène et d'empêcher qu'on ne le nie un jour s'il venait à disparaître pour une cause ou une autre, j'ai réuni une Commission chargée de constater la matérialité des faits et d'appuyer mon témoignage. Voici le procès-verbal qui a été rédigé par cette Commission : PROCÈS -VERBAL « Aujourd'hui, 7 septembre 1909, sur les huit heures du matin, en présence de M. Daniel, professeur à la Faculté des Sciences de (4) Hans Winker, Solanum tubingense, einen echten Pfropfbastard Zwischen Tomaie und Nacbischalten (Berichte der deuischen Botanischen Gesell chaft, 16 october 1908). — L'existence de ce travail m'a été obligeamment indiquée par M. le professeur Guignard, à qui j'adresse mes meilleurs remerciements. (1) L. Danez, Sur un bybride de greffe entre Poirier et Coignassier. — Revue générale d2 Botanique, 1904. — 138 — Rennes, une Commission composée de MM. E. Faneuil. docteur en médecine. officier d'Académie, maire de Saujon et conseiller gé- néral du canton de Saujon ; H. Beuffeuil, pharmacien de 1° classe, lauréat de l'Ecole de Pharmacie de Paris, officier d’Académie ; C Brun, capitaine des douanes en retraite ; J. Vinsonneau, libraire- imprimeur, s'est réunie pour examiner un hybride de greffe entre néflier et épine blanche, découvert par M. Brun, sus-nommé, dans la propriété de La Grange sise aux portes de la ville de Saujon (Charente-Inférieure). « Ce phénomène comprend un sujet d’épine blanche normale, ainsi qu'en témoignent des rejetons de la base ayant tous les carac- tères de l'épine blanche. Ce sujet est d'âge indécis, mais ne paraît pas avoir moins de 40 à 50 ans. « À 170 environ du sol, le tronc se divise en cinq branches qui ont ete greffées en fente, il y a fort longtemps, et en néflier à gros fruit. Toutes ces greffes étaient réussies, mais quatre se sont dé- veloppées normalement quand la 5° est restée chétive « Actuellement. les greffons de trois branches principales pré- sentent le phénomène du couronnement, c’est-à-dire se dessèchent aux extrémités. La 4° branche (à droite), portait un greffon sem- blable aux autres, mais plus vigoureux, qui a été brisé par un coup de vent au mois de janvier dernier. Cette branche portait habituel- lement des fruits de taille légèrement supérieure aux autres, cons- tatation faite chaque année par M. Brun. « Au niveau du bourrelet s'est développée, il y a 7 ou 8 ans, une branche tres curieuse. Un de ses rameaux, situé à om15 de l'in- sertion, est de l'épine blanche pure ; le reste du rameau a donné deux formes plus ou moins intermédiaires entre le néflier et l’épine blanche. «L'une de ces formes a des feuilles entières, velues comme celles du neéflier, mais beaucoup plus petites, mesurant 8omm/32®", tandis que celles du néflier greffe mesurent 122"" /51"®* ; elle porte des épines. Les fruits sont de petites nèfles de taille légèrement supérieure au fruit de l’épine bianche. Leur couleur est celle de la nèfle et elles portent un calice persistant à sépales allongés bien développés, dressés dans certains fruits, légèrement renversés dans d'autres. « L'autre forme est plus voisine de celle de l’épine blanche : ses es. + feuilles, velues ainsi que les tiges, sont découpées, mais moins que dans l’épine blanche. Les fruits ont, les uns la couleur de la néfle, les autres le coloris atténue du fruit de l'épine blanche, soit en totalité, soit en partie. L'un d'eux, en particulier, possédait dans les 4/5 environ de sa surface l'épiderme lisse et coloré du fruit de l'épine blanche et, dans la portion restante, formant une bande longitudinale régulière, l'épiderme roussâtre et rugueux du fruit dn néflier. Ces fruits étaient tantôt uniques, tantôt par deux sur Îles corymbes. « M. le capitaine Brun qui a découvert cette variation et qui l'observe attentivement depuis plus de trois ans (depuis mai 1906), a constaté que les fleurs sont plus grandes que celles de l'épine blanche, en ont la forme et sont disposées en corymbes. « En face du précédent rameau, est née sur le même bourrelet, à la même hauteur et du côté diamétralement opposé une branche aujourd'hui âgée de deux ans, ayant 1 "20 environ de longueur. Cette branche n'a pas encore porté de fruits. Elle a des épines. alors que le greffon est complètement inerme. «Une photographie de l'arbre entier avec ses rejetons a êté faite par M. Vinsonneau, membre de la Commission, qui a en même temps photographié les pièces destinées à être conservées dans l'alcool. « En foi de quoi le présent procès-verbal a ête dressé et signé par les membres de ia Commission après prélèvement d’échan- tillons qui seront conservés à titre documentaire, et clos sur les 9 h. 1/4 du matin en présence de M. Daniel, professeur à la Faculté des Sciences de Rennes. . «Fait à Saujon (Charente-[nférieure) le 7 septembre 1909. « Le Président, « Le Secrétaire. « D' FANEUIL « H. BEUFFEUIL. « Les Membres de La Commission. « C. BRUN, VINSONNEAU » Le propriétaire de la Grange, M. Abadie, ancien élève de Grignon, m'a, avec beaucoup de bonne grâce, donné sur la greffe en question des renseignements intéressants. Elle a été effectuée en 1884 par le jardinier de La Grange, qui peut en témoigner ; il y a donc 25 ans aujourd’hui. Comme la branche hybride a sept ans, c'est seulement après 18 ans de greffe qu'elle est apparue. M. Abadie a bien voulu me promettre de conserver et de multi- plier cette greffe ; il a donné des ordres formels pour que l'on empêche toute dégradation d'une pièce à conviction d'un si grand intérêt. Tous ceux qui ont le culte de la vérité scientifique lui en sauront gré comme moi. Qu'il me permette de lui adresser, ainsi qu'à M. Brun et à la Commission tout entière, mes sincères remer- ciements pour l’aide qu'ils m'ont si aimablement apportée en cette circonstance. CONCLUSIONS (1) Le Néflier de La Grange vient s'ajouter à la liste déjà longue des hybrides de greffe anciens (Orange Bizarria, Cytisus Adam, Néflier de Bronvaux etc ), à ceux que j'ai signalés dans les plantes herbacées (Solanées, etc.) et dans les plantes ligneuses (Poirier- Coignassier de Rennes, Rosiers, etc.), comme à ceux qui ont été obtenus à l’aide de mes méthodes dans la vigne, par MM. Jurie, Castel, Baco, etc., et dans les Solanées, tout récemment, par MM. Hirche et Hans Winkler. C'est l’un des exemples les plus complets qui aient été obser- vés jusqu'ici; il confirme entièrement mes théories, car il est impossible, vu les circonstances de sa production, de lui trouver une autre origine que la greffe. Son développement sur une des greffes seulement est égale- ment conforme à mes études sur le rôle du bourrelet et sur la grande variabilité de greffes en apparence identiques. L'âge élevé des greffes de Saujon montre que, dans les greffes de certaines Rosacées, le facteur temps a une grande importance au point de vue de l'apparition des hybrides de greffes. Cela permet de com- prendre la raison des essais infructueux qui ont été faits pour les reproduire en quelques années seulement. D'ailleurs, en Biologie, les faits positifs ne peuvent être infirmés par des faits négatifs. Quelques contraires qu'ils soient à une théorie, ils demandent une explication. Les nier n’est pas une solution. (1) Voir L. DANIEL, Sur un nouvel hybride de greffe entre Aubépine ei Néflier (C. R. de l’Acad. des Sciences, 29 novembre 1909), LES CHAMPIGNONS D ERQUY Par M. Jean DANIEL Erquy est un petit port de mer et une station balnéaire assez fréquentée, située sur la Manche à l'entrée Est de la baie de Saint- Brieuc. Cette commune est limitée à l'Ouest et au Nord par la Manche, à l'Est, le petit ruisseau de l'Îlet qui débouche dans la baie du Minieu, la sépare de lacommune de Plurien ; au Sud, elle s'étend jusqu'au château de Bienassis qui en fait partie, bien qu'il soit plus rapproché du bourg de Pléneuf. Malgré sa faible étendue, elle est des plus intéressantes pour le naturaliste quelle que soit sa spécialité. Au point de vue géologique, le massif d'Erquy et des îles voi- sines est formé de roches basiques : diabases ouralitisées, albito- phyres. porphyrites à pyroxene, brèches porphyritiques, serpen- tines, etc, intercalées dans un étage de schistes verts d’origine clastique. Ces schistes, avec leur forte inclinaison avoisinant la verticale, se retrouvent dans la région de Saint Brieuc et correspon- dent aux phyllades de Saint-Lô. [ls sont recouverts, à la pointe d'Erquy, par des conglomérats pourprés et des schistes rouges analogues à ceux de Normandie. Il faut remarquer toutefois qu'au dessous des conglomérats pourprés on peut voir, à marée basse, derrière la jetée, des bancs: de schistes verts compacts trés différents des phyllades précam. briennes. Malheureusement, on ne peut voir aucun contact de ces schistes, soit avec les phyllades, soit avec les poudingues. Au-dessus de ceux-ci se trouvent des grès d'Erquy utilisés pour les constructions et la fabrication des pavés. Sous le sémaphore, leurs couches bien stratifiées et peu incii- Lo) VIT PA PER re pet + 372, PUR Ta) CL EE ANS TS Re es ee è MT ri AGE SRE F Re 4 —. 142 = nées, atteignent une épaisseur de 409 mètres Ils sont limités à un … bassin synclinal discordant, allonge au S.-O. vers le plateau des Jaunes. A l'Est, ils s'étendent jusqu'au cap Fréhel, où ils reposent sur la syenite. Le reste de la commune d'Erquy est formé par des schistes et des roches éruptives. Tantôt ce sont des collines, plus ou moins élevées ; tantôt ce sont des vallées plus où moins profondes où coulent de minces cours d’eau, alimentés par les eaux de pluie et par des sources d'un débit peu élevé. Les vallées sont en général très fertiles ; on les exploite comme jardins ou vergers, mais le plus souvent on en fait des prairies donnant un roin de bonne qualité, sauf dans les régions inondées M l'hiver et non drainées. Le sommet des collines, presque toujours nu ou revêtu d’une mince couche de terre végétale, est inculte et la flore est composée presque exclusivement d'ajoncs parfois rabougris, de genêts, de ronces, de chardons, de graminées diverses, etc. Les pentes douces et les plateaux sont cultivés avec bénéfices, car le sol arable qui les recouvre est en général assez épais et, vu sa nature argilo-siliceuse, se prête aux cultures les plus variées, sur- tout quand on l'amende avec les marnes calcaires ramassées à marée basse sur les plages de la Hussais et de Caroual. Les principales cultures sont les céréales (blé, avoine, orge, sarrasin), les plantes fourragères (pois, vesce, trèfle, luzerne) et la pomme de terre surtout dont on fait un grand commerce avec l'An- gleterre. Ce qui fait en particulier, au point de vue horticole, l’origi- nalité d'Erquy, c’est la lande de la Garenne, qui recouvre la bande de grès s'étendant de la pointe du cap d'Erquy jusqu'à la baie du Minieu. Cette lande s'étend tantôt jusqu’à l'extrémité des falaises abruptes qui bordent la mer ; tantôt elle est séparée de la grève par des pentes plus ou moins douces recouvertes de sables, véri- tables dunes, anciennes ou récentes, sur lesquelles s’observe la végétation habitueile à ces formations. L'aspect de la lande de la Garenne est assez varié. Ça et là les poudingues désagrégés couvrent des espaces assez étendus ; ailleurs le grès perce le sol de ses arêtes saillantes et tortueuses, Dh an pis a SE td, os à PS ET AT CT > PCR SE AE à CCE — 143 — sur lesquelles s’attachent d'abondants lichens. Autour des roches plus ou moins volumineuses et chaotiques, une couche générale- ment mince de terre noirâtre nourrit les bruyères, quelques genêts et de nombreux ajoncs (U/ex europœus et nanus). Ajoutons, ce qui n'est pas un des moindres attraits d'Erquy, que l'on a plante au Guin des pins, des peupliers, des bouleaux, des hêtres et quelques autres essences forestières. Les pins ont poussé parfaitement et se sont propagés au point de former une pineraie étendue qui couvre aujourd’hui une partie inculte de la lande et s'étend même jusqu'au bord de la mer. Entre les portions arides s'étendent des lambeaux d’'étendue variable où la couche de terre de bruyère est épaisse et plus fertile. Ces lambeaux ont été mis en culture depuis une cinquantaine d'années. La lande présente aujourd'hui d?s prairies naturelles peu étendues que l’on fauche, des pacages, des champs cultivés (céréa- les, fourrages, pommes de terre). Au voisinage du Sémaphore et de Tu-ès-Roc, l'on a créé dans la lande de véritables jardins potagers, quelque surprenant que cela paraisse. L'on y cultive salades, haricots, petits pois, carottes, choux, navets, poireaux, oignons, artichauts, etc. Tous ces légumes, bien qu'exposés aux vents desséchants du large, à l’expo- sition nord, y poussent fort bien et possèdent une saveur agréable. Cela tient à ce que le sol de la lande, riche en humus noirître, “absorbe facilement l'humidité et la retient longtemps. L'été, quand les terrains ordinaires sont secs et que les légumes y meurent, la lande reste assez humide pour permettre à ceux-ci d'y vivre et de donner des récoltes tardives au moment où ilsmmanquentàl'intérieur. Il résulte de là que la lande presque entièrement inculte il v a un siècle, est en partie défrichée aujourd'hui ; et l’on voit chaque année pour ainsi dire les cultures et les pins s'étendre de plus en plus. | Le botaniste ne saurait voir d'un œil indifférent ces défriche- ments et ces empiétements de l’homme sur le domaine de la nature, qu'il enlaidit parfois comme à plaisir, sans respect pour les sites ou les curiosités naturelles. Heureusement, malgré la fièvre utilitaire actuelle, il s'écoulera encore bien du temps avant que la lande tout entière soit défrichée — 44 — et que l’on ait fait disparaître des coins incultes et spéciaux où elles poussent des raretés d'un haut intérèt, derniers vestiges de flores anciennes aujourd'hui presque entièrement détruites ailleurs. La lande de la Garenne présente en effet une flore assez riche, qu'a relevée avec soin M l'abbé Gourio (1). Là se trouvent non seulement des espèces rares pour la région, avec une flore littorale assez riche, mais encore de vraies raretés comme Gentiana amarella, dont on connaît quelques stations seu- lement en France. Parmi ces raretés, on peut citer Rosa pimpinelli- folia, à corolie tantôt blanche, tantôt jaune plus ou moins foncé, tantôt rose tendre ; Helianthemum vulgare, Geranium Sanguineum, Orchis pyramidalis et O. viridis, Epipactis palustris, Chlora per fo- liata, Arabis sagiltata, Rubia peregrina, Phalangium bicolor, etc. Le long des vallées tourbeuses poussent Pinguicula lusitanica, Drosera rotundifolia, Narthecium ossifragum, etc. Et dans les anfractuosités des rochers, là où des sources viennent deboucher au bord de la mer, on voit parfois des colonies abondantes d'Osmunda regalis. c Les dunes, outre la flore habituelle, sont elles-mêmes riches en espèces rares comme Bupleurum aristatum, Thesium bumi- fusum, etc ; dans les chemins et les parties herbues vagabonde Bupleurum tenuifolium. Les parties mouillées, plus ou moins marécageuses et souvent très étendues, renferment Cladium Mariscus, Litiorella lacustris et un véritable tapis de Schænus nigri- cans. La commune d’'Erquy possède peu de parties boisées. Les propriétés du bourg n'ont que des parcs de minime étendue, à part le Noirmont. Des haies nombreuses et peu élevées sont plan- tées d’'essences ligneuses peu variées, parmi lesquelles le chêne et l’ormeau dans les parties sèches ; le peuplier, le saule, quelquefois l’auine dans les parties humides. Le frêne est assez rare. Les pom- miers sont aujourd'hui abondants, soit qu'on les cultive en vergers dans les vallées bien abritées contre les vents de la mer, soit qu'on les plante en plein champ. Çà et là, auprès de quelques habitations bourgeoises ou de (1) H. Gourio, Revue ‘Brelonne de Botaniqne, n9 1, 1906, — 145 — fermes importantes, on trouve des bouquets d’arbres de haute futaie (chênes, châtaigniers, hètres, frènes), mais ils sont peu nom- breux. Citons toutefois, sous ce rapport, la futaie de la Ville-Rogon, qui s'étend le long du vallon de Cavé, et donne l'été une ombre pleine de fraicheur, à quelques pas de la mer. Pour trouver des bois vraiment assez étendus, il faut ailer jusqu'au château de Bienassis, qui est situé à la limite même d'Erquy. Là se trouvent des parties exploitées comme taillis et formées d’essences assez peu variées (chêne, châtaigaier, saule, bouleau, érable, etc.). Dans ces taillis, on trouve des arbres de belle venue (chêne, châtaignier, hêtre, pins et sapins) d'âge variable, mais jeunes en général. Des allées de toute beauté, qui conduisent au château, sont encadrées par des arbres vraiment magnifiques dont beaucoup se dessèchent en partie sous l'influence de l'âge. Comme on le voit, la commuñe d'Erquy présente des sols, des cultures et des expositions extrêmement variés, malgré sa faible étendue. Si à cette diversité tient la grande variète des végétaux à fleurs qui y vivent, l'on doit s'attendre à trouver également une flore cryptogamique très variée et l'on peut à l'avance presque en prédire la nature. On y rencontrera peut-être des espèces nouvelles; on y trou- vera des espèces rares ailleurs dans l'Ouest C'est ainsi que, à Bienassis, poussent, le long des talus ombrés par les hautes futaies, Microglossum viride, Cantbarellus crisbus, Peziza macropodia, Pezxiza onofica, Cortfinartus croceocæruleus. etc.; que sur les dures et les pacages incultes des bords de la mer poussent 7 #/ostoma mammosum, divers Leplonia généralement peu communs, comme Leptonia euchlorum, et le rare Geoglossum glabrum. Les espèces des régions tourbeuses ne peuvent être bien repré- sentées, puisque les tourbières sont de minime étendue et peu nombreuses. La flore spéciale aux charbonnières n'existera pas, car l'on ne fabrique pas de charbon dans les bois de Bienassis, exploitées pour le chauffage direct. En revanche, les espèces des prairies. des landes et des dunes y seront particulièrement abondantes, ainsi que celles qui poussent dans les endroits incultes. Mais quelques-unes d'entre elles au moins se modifieront plus ou moins sous l'influence de l'air salin et — 146 — du milieu siliceux. Il en sera ainsi pour la forme chez diverses espèces, qui prendront des caractères particuliers, comme ZLepiota clypeolaria, acquiérant une cortine chez certains échantillons, et devenant très variable comme forme et grandeur dans les échan- tillons venus sur la Garenne; comme le Psalliota campestris qui devient écailleux et brun noirâtre, avec un faciés spécial, sur les pelouses de terre, de bruyère, et qui prend, dans les vases salées du Minieu, plus ou moins l'aspect du Psalliota Bernardi ; comme le Psalliota sylvatica dont le coloris et la taille sont des plus variables au bois de Bienassis, etc., etc. | Le goût sera modifié lui-même chez certaines espèces comes- tibles. Les Psailiotes venus sur les hauteurs voisines de la mer ont un goût particulier peu agréable et quelquefois deviennent nette- ment indigestes. La Lépiote élevée, si commune dans les ajoncs, est loin de valoir celle cueillie à l’intérieur des terres. Les sables calcaires et l'apport de la marne dans les cultures, peut être aussi le calcaire contenu naturellement dans les phyllades, expliquent [a présence de champignons généralement plutôt calci- coles comme la Morille, le Mousseron de la Saint-Georges, le Tulos- toma mammosum, divers Enioloma et Nolanea. L'abondance des prairies, des pacages et des pelouses conduit a ia fréquence extrême de certaines espèces qui aiment ces stations, comme le Marasmius oreades dont les ronds de sorcière se trouvent partout, les Hygrophores, diverses Clavaires, etc. Toutefois des espèces communes peuvent manquer sans raison apparente. Les lieux cultivés fourniront leur contingent habituel d'espèces plus ou moins communes. On y trouvera abondamment la Lépiote pudique et quelquefois la Lépiote élevée ou Champignon du Blé- noir. Sur les terreaux et dans les jardins et les bois, à certains moments, abonde le Tricholoma nudum et divers Psalliotes. Cette année les espèces de ce genre ont été particulièrement abondantes et leurs variètés très nombreuses. A côté des bonnes espèces, on rencontrait des espèces suspectes et indigestes comme le Psalliota flavescens, à chair jaunissant instantanément. Les bois de pins du Guin ont introduit diverses espèces qui vivent à l'ombre de ces arbres, sur le terreau où pourrissent leurs aiguilles. Mais cette introduction est récente et explique l'abondance extrême de quelques espèces telles que Amanila rubescens, ‘4 1 À L 1 ‘4 sis didht ÊÉE — 147 — Russula Queletit et quelques autres, Lactarius deliciosus, Boletus luteus, Bolelus granulalus, quand des espèces habituellement communes sous les pins comme Bolefus æreus, B. edulis, B. badius et B. variegalus y sont rares ou même font défaut. L'on conçoit que cest surtout dans les bois et les allées de Bienassis que devra se rendre l'amateur qui cherche les espèces comestibles des genres Boletus, Russula, Collybia, Cantharellus, etc. Le mycologue sera lui même certain d'y faire une ample moisson d'espèces intéressantes, non seulement parce que les essences ligneuses y sont plus nombreuses qu'ailleurs et que le sol y est varié ainsi que l'humidité relative, mais parce que les vieux arbres en décomposition forment un merveilleux substratum aux espèces lignicoles, telles que les Polypores, les Pholiotes, etc. Cependant à se produit encore quelques anomalies assez sin- gulières sous ce rapport. Si l'on trouve particulièrement développées et abondantes des espèces rares ailleurs comme Armillaria mucida, - Phoïiota subsquarrosa, Pleurolus dryinus, et diverses Polyporées, on est surpris de voir des espèces habituellement communes, comme les Flammula, faire presque totalement défaut, s'il faut en juger du moins par le résultat des recherches effectuées de 1907 à 1910, et d’autres, comme Polyporus versicolor, Dæœdalea quercina, D. unicolor. Peziza æruginosa, être peu abondantes ou rares ou même faire defaut. Il me faut toutefois faire ici une remarque importante : c’est que la végétation fongique est extrêmement variable à Erquy, suivant les années. En 1907 et 1908, le nombre des champignons et celui des espèces récoltées fut minime par rapport à 1909, où des pluies intermittentes firent pousser de juin à novembre des espèces nombreuses, dont quelques-unes étaient très abondantes. C'est ainsi qu'à Bienassis abondaient Cèpes, Russules et Chanterelles, et que sur les Russules en décomposition l'on trouvait, en nombre, des espèces parasites, habituellement rares, comme les Nyctalis asterophora et N. parasttica. Cette année, j'ai longtemps cherché en vain l'Armillaria mel- lea, qui est bien l’une des plus communes parmi les espèces ligni- coles, à l'automne. Elle n'a poussé que tout à fait à la fin d'octobre et elle est alors apparue brusquement en très grand nombre, par- tout à la fois, là où se trouvaient de vieilles souches en décomposi- _point lorsque des herborisations nes pe me permettront d'être plus’affirmatif. À Les espèces qui figurent dans mon travail ont toutes fiées par mon père, dont le concours m'a été des plus préc ticuliérement pour les espèces rares ou douteuses. Je su de l’en remercier ici. LISTE DES ESPÈCES RECUEILLIES De 1907 à 1909 Classe des Basidiomycètes ORDRE DES HYMÉNOMYCÈTES Famille des Agaricinées l. — Genre Amanita Fr. 1. Amanita solitaria B. Cave. 2. Amanita muscaria L. Bois de Bienassis, bois du Guin, etc. (Fausse oronge). Très véneneux. Amanita muscaria, Variète formosa Pers. Bienassis. 3. Amanita junquillea Q, Bienassis, très rare. 4. Amantta phalloides Fr. Bois de Bienassis, sous les hêtres. Très véneneux. 5. Amanita citrina Sch. Bois de Bienassis. La varièté mappa s'y trouve egalement. 6. Amanita pantherina D. C!. Bois de Bienassis, bois du Guin: bord des haies, çà et la. Très véneneux. 7. Amanita rubescens Fr. Bois de Bienassis, bois du Guin où elle est particulièrement abondante pendant l'été et à l'automne. Comestible. 8. Amanita aspera Fr. Allées de Bienassis. Très rare. 9. Amantita spissa Fr. Bois de Bienassis. Peu commun. 10. Amanita vaginata B. Bois de Bienassis et du Guin ; un peu “partout. On trouve assez fréquemment ses variétés : alba (Bienas- sis), cinerea et fuloa. Comestible. — 150 — Il — Genre Lepiota Fr. 11. Lepiota procera Scop. Bienassis, le Guin, dans les ajoncs sur les hauteurs bordant les grèves et les landes de la Garenne, etc. Comestible. Commun. 12. Lepiota excoriat: Seh. Lande de la Garenne et çà et là sur les hauteurs. Comestible. 13. Lepiota elypeolaria B. Bois de Bienassis sous les sapins. Peu commun. Quelques exempiaires avec un anneau comme dans le type, portaient une cortine blanche développée comme dans un Cortinaire. ; Les variétés eristata et felina sont assez communes sur les pelouses des hauteurs voisines d'Erquy ou de Caroual, et sur la lande de la Garenne. 14. Lepiota granulosa Bat. Bois de Bienassis sous des sapins. La variète amiantina y est assez commune sous les pins après les grandes pluies. 15. Lepiota pudica B. Dans les champs cultivés et sur la lande de la Garenne. Comestible. 15 bis Lepiota helveola Bres. — Le Guin Rare. Il. — Genre Armillaria Fr. 16. Armillaria mucida Sehr. Bois de Bienassis, sur les vieux hêtres. Cette espèce y est particulièrement développée. Beaucoup d'échantillons dépassent les dimensions ordinaires de 3 à 3 centi- mètres que lui attribuent les flores : quelques uns atteignent 15 centimètres de diamètre. 17. Armillaria mellea Vahl. Allées de Bienassis, le Travers, etc. Sur les vieilles souches de hêtres, etc. IV. — Genre Tricholoma Fr. 18. Tricholoma rutilans Sch. Bois de Bienassis et du Guin. Sur les souches de Pin. 19. Tricholoma sulfureum B. Bois de Bienassis. On y trouve aussi les variètes bufonium et inamænum. Assez commun. 20. Tricholoma chrysentheron B. Bois de Bienassis. Assez commun. . Tricholoma nudum B. Bois du Guin et lande de la Garenne, bois is Bienassis. Comestible. _22. Tricholoma album Sch. Bois de Bienassis, sous les sapins. Vénéneux. 23 Tricholoma columbetta Fr. Bois de Bierassis, où il est assez commun, Comestible. 24. Tricholoma Georgii Fr. Ça et là dans les haies et pelouses. Comestible. 25. Tricholoma striatum Seh. Bois de Bienassis. Comestible. On trouvera aussi fréquemment les variétés ustale et pessundatum. 26. Tricholoma sejunetum Sow. Allées de Bienassis. Assez rare. 27. Tricholoma saponaceum Fr. Aliées de Bienassis et bois du Guin. Véneneux. 28. Tricholoma eartilagineum B. Landes de Ia Garenne. Assez rare. 29. Tricholoma melaleueum Pers. Pelouses et bords des routes. Assez commun. 30. Tricholoma acerbum B. Bois et allées de Bienassis. Comes- tible. 31. Tricholoma humile Fr. Pelouses et chemins voisins de Bienassis. 32. Tricholoma cunerfolium Fr. Çà et là sur les pelouses et dans les pres. Assez commun. 33. Tricholoma terreum Seh. Bois de Bienassis et environs. Assez commun, ainsi que sa variété friste. Comestible. La variète argyraceum B.se trouve à Cave ainsi que la variété sealptura- tum Fr. V. — Genre Collybia Fr. 34. Collybia erythropus Pers. Bois de Bienassis ; ça et là dans les haies. 35. Collybia dryophila Fr. Bois de Bienassis et du Guin. Commun. 36. Collybia butyracea B. Bien assis. 37. — Collybia grammocephala B. Bois de Bienassis Assez rare, — 152 — 38 Collybia fusipes B. Bois de Bienassis et allées, où ilest » Fe commun. Comestible excellent. à 39. Collybia radieata Rehl. Bois de Bienassis et surtout où il … y a des hêtres. Commun. 40. Collybia metachroa Fr. Bois de Bienassis et du Guin, sous les pins. | 41. Collybia cirrala Pers. Bois de Bienassis et du Guin. 42. Collybia conigena, var. eluvus B. Cave. 43. Collybia tuberosa Fr. Bois de Bienassis et du Guin. 44. Collybia longipes B. Bienassis et environs. VI. - Genre Laccaria Cooke. 45 Laccaria laceata Seop. Bois de Bienassis et du Guin; haies, etc On trouve toutes ses variétés: proæima, amethystina, sandicina et tortulis. VII. — Genre Clitocybe Fr. 46. Clitoceybe candicans Pers. Sur les pelouses : environs du bourg d'Erquy, Bienassis (1998). Vénéneux. 47. Clitocybe rivulosa Pers. Bienassis. Vénéneux. 48. Clitocybe brumalis Fr. Bois de Bienassis. 49. Clitoeybe suaveolens Sehum. Bienassis. Comestible. 50. Clitocybe infundibuliformis Schæff. Très commun dans les bois de Bienassis et du Guin. Comestible. 51. Clitocybe inversa Seop Commun à Bienassis et au Guin. Comestible. Aux environs du bourg, on trouve la varièté flaceida Sotw. 52. Clitocybe hirneola Fr. - Environs du bourg d'Erquy. Comestible. | 53. Clitocybe viridis Seop. Commun dans les bois de Bienassis et du Guin. Comestible. 54. Clitoeybe eyathiformis Bull. Commun à Bienassis, rare aux environs du bourg d'Erquy. Comestible. 55. Clitocybe aggregata Sehæff. Bienassis. Comestible. | VII. — Genre Hygrophorus Fr. 56. Hygrophorus eburneus Bull. Commun à Bienassis, aux environs du bourg d’Erquy, au Val et sur les bernes des routes. 57. Hygrophorus virgineus Wulf. Très commun sur les pelouses des environs d'Erquy, sur la Garenne et à Bienassis. Comestible. 58. Hygrophorus niveus Seop. Moulin de Flet. 59. Hygrophorus pratensis Pers. La Garenne, Carouai. Co- mestible. 60. Hygrophorus psittacinus Seh. Assez commun à Bienassis, sur la route des Hôpitaux. à Lanruen 61. Hygrophorus puniceus Fr. Le Guin ; Lanruen ; la Garenne. 62. Hygrophorus obrusseus Fr. Environs du bourg d'Erquy. 63. Hygrophorus eoccineus Schæff. Assez commun à Bien- assis, au Guin, et sur les pelouses des environs d'Erquy. Suspect. 64. Hygrophorus conicus Seop, Bienassis, le Guin ; très com- -mun sur les pelouses. 65. Hygrophorus vitellinus Fr. Rare, trouvé seulement à Bienassis. 66. Hygrophorus miniatus Fr. Bienassis, le Guin. IX. — Genre Mycena Fr. 67. Mycena setosa Sow. Se trouve à Cavé ainsi que sa variété tenerrima Berk. 68. Mycena capillaris Sehum. Bienassis, Moulin de l'Îlet, 60. Mycena vitilis Fr. Le Guin. : 70. Mycena corticola Sehum. Sur le peuplier, au Guin, etc. 71. Mycena galopus Fr. Bienassis. 72. Mycena sanguinolenta A. Sur les aiguilles de Conifères aux bois de Bienassis et du Guin. 73. Mycena metata Fr, Le Guin, Bienassis. 74. Mycena vitrea Fr. Le Guin. 75. Mycena tenuis Bolt. Le Travers d'en bas. 76. Mycena lineata B, Moulin de l'Ilet. — 154 — 77. Mycena epipterygqia var. plicosocrenata Fr. Le Guin, le. Portual. 78. Mycena polygramma B. Moulin de l'Ilet. 79. Mycena galerieulata Scop. Commun à Bienassis et au 30. Mycena lincata Fr. Le Guin. 81. Mycena pura Pers. Bienassis : Le Guin ; très commun. (1) X. — Genre Omphalia Fr. 82. Omphalia scyphoides Fr. Bienassis, Caroual, route d'Erquy à Lamballe. 83. Omphalia fibula B. Assez commun à Bienassis et au Guin. 84. Omphalia umbellifera L. Moulin de l'Ilet, Le Guin. 85. Omphalia hydrogramma B. Bienassis. XI. — Genre Pleurotus Fr. 86. Pleurotus dryinus Pers. Sur le hêtre à Bienassis. Comes- 87. Pleurotus ostreatus Jacq. Bienassis. Comestible. 88. Pleurotus conchatus B. Bienassis. Comestible. Xi. — Genre Lactarius Fr. 89. Lactarius vellereus Fr. Bienassis. Vénéneux. 90. Lactarius controversus Fr. Bienassis, Le Val. Comestible. 91. Lactarius piperatus Scop. Bienassis, Le Guin, Le Val, route de Saint-Pabu. Comestible. | 92. Lactarius pallidus Pers. Bienassis. Comestible. 93. Lactarius torminosus Sch. Taillis de Bienassis ; sous les bouleaux au Guin Vénéneux. 94. Lactarius rufus Scop. Bienassis. Vénéneux. Y5: Lactarius decipiens Q. Bienassis. Rare. 96. Lactarius lactifluus Seh. Bienassis. Comestible. (1) Je n'ai pas trouvé à Erquy le Mycena Seynii Q. qui était, cette année, très coïnmun sur les cônes de Pin, dans la forêt de la Hunaudaye. , L n #Lr 4 à à cn sl hdmi NS CDR St a ÉR -ée rt, MoN 97. Lactarius serifluus Fr. Bienassis. 98. Lactarius subduleis B. Bienassis. Assez commun. Comes- tible. 99. Lactarius azonites B. Bienassis, etc... Commun. Véné- neux. 100. Lactarius deliciosus L. Abondant sous les pins au Guin et à Bienassis. Juin novembre. Comestible très estime. 101. Lactarius theiogalus B. Bienassis. Vénéneux. 102. Lactarius blennius Fr. Assez commun au bois de Bien- assis Vénéneux XIII. — Genre Russula Fr. 103. Russula adusta Pers. Bienassis Quelques pieds portaient le Nyctalis parasitica. 104. Russula delica Fr. Bienassis. Comestible. 105. Russula integra Luin. Bienassis Comestible. 106. Russula lepida Fr. Bienassis, Le Guin. Comestible. 107. Russula depallens Pers. Le Guin. Très rare. 108. Russula emetiea Sehæff. Bienassis, Le Guin. Vénéneuse. 109. Russula rubra Fr. Route d'Erquy à Bienassis. Vénéneuse. 110. Russula Quelettù Fr. Très abondante au Guin. Se trouve encore à Bienassis. Vénéneuse. 111. Russula ochracea À. et S. Bienassis. Vénéneuse. 112. Russula fellea Fr. Bienassis. Vénéneuse. 113. Russula fœtens Pers. Très commune à Bienassis et au Guin. On rencontre au Guin une forme grise de cette espèce. Véné- neuse. 114 ARussula virescens Schæff. Assez commune à Bienassis. Comestible. 115. Russula eyanoæantha Schæff. Très commune à Bienassis, au Guin, à Cavé. Comestible. 116. Russula nigricans Bull. Espèce très commune à Bienassis et au Guin. Sur plusieurs échantillons de cette espèce nous avons trouvé le Nyctalis asterophora Fr. Vénéneuse. 117. Russula maculata Q. Le Guin. Rare. 118. Russula livescens var. sororia Fr. Bienassis. 119. Russula fureata Pers. Le Guin. Vénéneuse, — 156 — 120. Russula serotina Q. Cave, Rare. Vénéneuse. 121. Russula fragilis Pers. Bienassis. Cavé. Vénéneuse. 122. Russula pectinata Bull. Bienassis. Rare. Vénéneuse. 123. Russula heterophylla Fr. Bienassis, Le Guin et environs. Comestible. XIV. — Genre Marasmius Fr. 124. Marasmius rotula Scop Bienassis, Le Guin. Commun. 125. Marasmius androsaceus L.Bienassis, Le Guin et alentours, environs d'Erquy. Très commun. 126. Marasmius urens B. Commun à Bienassis et au Guin. 127. Marasmius oreades Bolt. Très commun sur les pelouses des environs d'Erquy, sur les bernes des routes où il forme des ronds de sorcière nombreux. Comestible. 128. Marasmius candidus Bolt. Bienassis. 129 Marasmius caulieinalis B. Environs du bourg, Lanruen, Le Guin. 130. Marasmius epiphyllus Pers. Moulin de filet. Espèce poussant sur les feuilles mortes. 131 Marasmius ramealis B. Le Guin Espèce poussant sur les brindilles. XV. - Genre Lentinus Bull. 132, Lentinus tigrinus B. Espèce trouvée sur des souches à Bienassis. XVI. — Genre Panus Fr. 133. Panus stipticus B. En touffes sur les troncs d'arbre. Bienassis. XVII. — Genre Volvaria Fr. 134. Volvaria speciosa Fr. Rare Trouvé seulement à Lanruen. 134 bis. Volvaria gloiocephalaD). C. Assezrare.Cette espèce mor- telle, et d'autant plus dangereuse que les lamelles carnées rappellent celles du Psalliota campestris, Se trouve au Travers d'en haut en même temps que diverses espèces comestibles de Psalliota. XVII. — Genre Pluteus Fr. 135. Pluteus cervinus Sch. Bienassis, Le Guin. Comestible. 136 Pluteus nanus Pers. Bienassis. 137. Pluteus plautus Weinm. Bienassis. XIX. — Genre Entoloma Fr. 138. Entoloma lividum B. Espèce assez commune à Bienassis. Vénéneuse (1). 139. Entoloma rhodopolium Fr. Bienassis, Le Guin. 140. Entoloma nidorosum Fr. Bienassis. Rare. 141. Æntoloma sericeum B. La Garenne, Le Guin. 142. ÆEntoloma prunuloides Fr. Le Guin. XX. — Genre Clitopilus Fr. 143. Clitopilus prunulus Seop. Espèce comestible commune à Bienassis, plus rare au Guin, se trouvant parfois sur les bernes des routes. On trouve également la variété Oreella à Bienassis. XXI. — Genre Leptonia Fr. 144. Leptonia sericellum Fr. Bernes des routes, Bienassis, Le Guin, Les Hôpitaux. Commun. 145. Leptonia euchlorum Laseh. Travers d’en bas, pelouses entourant le cimetière d'Erquy. Assez rare. 146. Leptonia ehalybœum Pers. Bienassis, Le Guin, Roseval. 147. Leptonia ehloropolium Fr. Hauteurs de Caroual. Rare. 148. Leptonia solstitiale Fr. Bienassis ; le Guin XXII. Genre Nolanea Fr. 149. Nolanea mammosa Fr. Bienassis, le Guin. 150. Nolanea clandestina Fr. Le Guin. Rare. XXII. — Genre Eccilia Fr. 151. Æceulia carneoalba With. Bienassis, le Guin. 152. Eceilia cancrina Fr. Le Guin, (1) Elle était également commune dans la forêt de la Hunaudaie. P2] == 153 = XXIV. — Genre Octojuga Fayod. Oetojuga variabilis. Bienassis. XXV. — Genre Pholiota Fr. 134. Pholiota squarrosa Mill. En touffes sur Îles troncs d'arbres à Bienassis au Guin, au Travers d'en haut, etc. 155. Pholiota subsquarrosa Fr. Sur le hètre à Bienassis. 150. 159. 100. IO1. 102. 103. 104. 103. 100. 107. 108. 109. Rogon. 170. ire l72. 175 174. 175. 176. Dre 8. l _ / Pholiota mutabilis Seh.Bienassis. Pholiota ægerita Port. Route du Fravers à Langourian, Pholiota aurea Sow. Bienassis. XXVI. — Genre Cortinarius Pers. Cortinarius erocæwceæruleus Pers. Bienassis. Cortinarius multiformis Fr. Bienassis. Cortinarius calochrous Pers. Bienassis.,. Cortinartus eollinitus Sow. Bienassis. Cortinarius anomalus Fr. Bienassis. Cortinarius alboviolaceus Pers Bienassis. Cortinarius seutulatus Fr. Bienassis. Cortinarius firmus Fr. Bienassis. Cortinarius sanguineus Wulf. Bienassis. Cortinarius bolaris Pers. Bienassis. Cortinarius hinnuleus Sow. Bienassis, Cave, La Cortinarius subferrugineus Batseh. Bienassis. Cortinarius cinnamomeus L. Bienassis Cortinarius largqus Fr. Bienassis. Cortinarius vibratilis Fr. Bienassis. Cortinarius ileopodius B. Bienassis. Cortinarius orellanus Fr. Bienassis. Cortinarius castaneus B. Bienassis. Cortinarius mucosus B. Bienassis. Cortinarius purpurascens Fr. Bienassis. Ville- 179. 180. 181 182. 183. 184. 185. 186 187. 188. 189. XXVII. — Genre Inocybe Fr. Inocybe lanuginosa B. Bienassis. Vénéneux. Inocybe piriodora Pers. Bienassis. Cave. Inocybe geophila B. Bienssis, environs du bourg d'Erquy. Inoceybe rimosa B. Bienassis. Saint-Pabu. Inocybe destricta Fr. Bienassis Inocybe fastigiata Sehæff. Le Guin. Cave. Inocybe seabella Fr. Bienassis. Rare. XXVIIL. — Genre Hebeloma Fr. Hebeloma versipellis Fr. Bienassis. Hebeloma sacchariolens Q. Le Guin. Rare. Hebeloma.crustuliniformis B. Bienassis. XXIX. — Genre Flammula Fr. Flammula qummosa Laseh. Chemin allant de la Cha- pelle Notre Dame à la route de Langourian au Travers. Rare. 190 a Erquy. 191. 192 194. 195. 196. XXX. — Genre Galera Fr. Galera hypnorum Batseh. Tres commun sur les pelouses, à Bienassis, au Guin, etc. Galera tenera Seh. Très commun sur les pelouses, etc. XXXI — Genre Bolbitius Fr. Bolbitius titubans Br. Bienassis. Assez rare. XXXI1. — Genre Crepidotus Fr. Crepidotus mollis Seh. Route de Langourian au Travers. Crepidotus ionipus Q. Le Guin. XXXIIL — Genre Tubaria Smith. Tubaria furfuracea, var. pellueida B. Commun. çà et là aux environs du bourg. — 1600 — XXXIV. — Genre Paxillus Fr. 197. Paxillus involutus Batsch. Bienassis. Comestible. XXXV. — Genre Psalliota Fr. — Pratella Pers. 198. Psalliota echinata Fr. Bienassis. 199. Psalliota comtula Fr. Environs d'Erquy: Bienassis, Lan- ruen ; assez commun. 200. Psalliota arvensis Sch. Bienassis et ça et ia dans les champs autour du bourg d'Erquy. Comestible. 201. Psalliota Vaillanti Roze et Rich. Champs. Assez rare. Comestible. 202. Psalliota eretacea Fr. Le Guin et alentours. Comestible. 203. Psalliota augusta Fr. Champs auprès d'Erquy, au Mi- nieu. Comestible. 204. Psalliota flavescens Fr. Assez commun sur Îles pelouses : et dans les champs à Erquy et aux environs ainsi qu'à Bienassis. Véneneux. 205. Psalliota syloatiea Seh. Assez commun à Bienassis. Co- mestible. 206. Psalliota hæmorrhoidaria Fr. Bienassis, Le Guin ; Cavé. Comestible. 207. Psalliota campestris. L. Assez commun dans les prairies, sur les pelouses à Erquy et aux environs. Comestible. On trouve aussi ses variétes alba, villatica et peronata. XXXVI. — Genre Stropharia 207. Stropharia æruginosa Curt. Bienassis ; Le Guin; environs du bourg. Commun. 208. Stropharia coronilla B. Bienassis. 209 Stropharia semiglobata Batsch. Bienassis. 210. Stropharia merdaria Fr. Environs du bourg d'Erquy. 211 Stropharia stercoraria Fr. Le Guin. XXXVII. — Genre Hypholoma Fr. 212. Hypholoma hydrophilum B. Commun à Bienassis. 213. Hypholoma lacrymabundum B. Bienassis. Rare. — 161 — 214. Æypholoma sublateritium S. B enassis. Venéneux. 215. Hypholoma faseiculare Huds. Commun à Bienassis et au Guin, à Langourian, etc. 216. Hypholoma Candolleanum Fr Environs du cimetière d'Erquy. XXXVIIL — Genre Psilocybe Fr. 217. Psilocybe semilanceata Fr. Bienassis ;: Le Guin. Assez rare. XXXIX. — Genre Psathyra Fr. 218. Psathyra spadiceogrisea Seh. Le Guin. Rare. XL. — Genre Gompnidius Fr. 219 Gomphidius viseidus L. Le Guin ; Roseval: Bienassis. Commun 220. Gomphidius glutinosus Seh. Bienassis. XII. — Genre Panœolus Fr. 221. Panœolus fimiputris B. Bienässis; çà et là sur les bords des routes. 222. Panœæolus papi'ionaceus Fr. Bienassis ; Le Guin ; la Ga 223. Pancæolus fimicola Fr. Bienassis, Le Guin. 224. ‘ anœolus campanulatus L. Environs du bourg d'Erquy: de Guin, Bienassis On trouve au Travers d'en haut les varietes sphinctrinus Fr. et retirugis Pr. XLII — Genre Anellaria Karst 225. Anellaria separata L. Assez commun. XLIII. — Genre Psathyrella Fr. 226. Psathyrella disseminata Pers. Bienassis:; Langourian ; Saint-Pabu ; Les Hôpitaux, etc .. — 162 — XLIV. - Genre Coprinus Pers. 227. Coprinus atramentarius B Bienassis et çà et là aux envi- rons d'Erquy. Commun 228. Coprinus stercorarius Fr. Bienassis:; environs d’Erquy. Commun. 229. Coprinus micaceus B. Bienassis : environs d'Erquy Com- 230 Coprinus fimetarius L. Route des Hôpitaux, etc... Com- mun. 231. Coprinus plicatilis Curt. Environs du bourg d'Erquy. XLV. — Genre Nyctalis Fr. 232 Nyectalis asterophora Fr. Sur Russula nigricans à Bien assis. Rare. 233. Nyctalis parasitiea B. Sur Russula adusta et déliea à Bienassis Rare. Les Nyetalis, rares en général, étaient communs à Bienassis en 1909, vu l'abondance anormale des Russula nigricans, adusta et deliea. XLVI. — Genre Cantharellus Ad. 234. Cantharellus cibarius Fr. Très abondante a Bienassis, plus rare au Guin. Comestible. | 235 Cantharellus aurantiacus Wulf. Bienassis ; le Guin;; plus ou moins commune suivant les années. Véneneuse. 236. Cantharellus tubæformis Fr. Bienassis. Véneneuse. XLVIL. — Genre Dictyolus Q. 237 Dictyolus retirugus B. Bienassis. XLVII. —— Genre Arrhenia Fr. 238. — Arrhenia muscigena Pers. Bienassis. Rare. Famille des Polyporées XLIX. — Genre Lenzites Fr. 239. Lenzites flaceida Fr. Bienassis. L. — Genre Dædalea Pers. 240. Dæedalea quereina L. Bienassis. Assez rare LI. — Genre Trametes Fr. 241. T'rametes odora Somm. Moulin de l'Ilet, Bienassis. 242. Trametes gibbosa Pers. Bienassis. 243 T'rametes Pini Brot. Bienassis. Lil. — Genre Polyporus Fr. 244. Polyporus tubarius Q. Caroual. 245. Polyporus acanthoides B. Bienassis, 246. Polyporus Sehweinttzi Fr. Bienassis ; Le Guin. 247. ! olyporus lacteus Fr Bienassis. 248. Polyporus sulfureus B. Route du Travers à Langourian. 249. Polyporus adustus Wild. Bienassis. 250. Polyporus versiolor L. Commun. 251. Polyporus applanatus Pers. Bienassis, Le Guin. 252. Polyporus nigricans Fr. Bienassis, Cavé (sur le saule). 3. Polyporus rubriporus Q. Moulin de l'Ilet. 4. Polyporus igniarius, Var. fulous Fr. Cavé, sur le prunier, route de Lamballe. 255. Polyporus cuticularis B. Surle hêtre au bois de Bienassis. 256. Polyporus hispidus B. Bienassis. LI. — Genre Boletus Dill. 257. Boletus luteus L. Bienassis ; le Guin ; Cavé, Roseval, etc. Très commun. Comestible. 258. Boletus æreus B. Bienassis ; le Guin. Assez commun, Comestible. — 104 — 259. Boletus edulis B. Bienassis. le Guin. Assez commun. Comestible. 260. Boletus seaber B. Bienassis ; ls Guin. Comestible. 261. Boletus cyanescens B. Bienassis. 262 Boletus satanas Lenz. Bienassis. Vénéneux. 263 Boletus luridus Seh. Bienassis. 264. Boletus purpureus Fr. Bienassis Vénéneux. 263 Boletus erythropus Pers. Bienassis. Moulin de l'Ilet. 266 Boletus chrysenteron B. Bienassis. 267. Boletus calopus Fr. Bienassis. 268. Boletus pachypus Fr. Bienassis. Veneneux. 269. Boletus variegatus Siwartz. Bienassis : le Guin. 270. Boletus badius Fr Bienassis. | 271. Boletus bovinus Kr. Bienassis ; le Guin. Assez com- mun. 272. Boletus appendiculatus Sch. Bienassis ; le Guin. 273. Boletus granulatus L Bienassis : le Guin. Très commun. Comestible. LIV. — Genre Fistulina Bull. 274. Fistulina hepatiea Huds. Bienassis ; Saint-Pabu. Comes tibie. LV. — Genre Merulius Pers 275 Merulius papyrinus B. Bienassis. Famille des Hydnacées LVI. — Genre Hydnum L 276. ydnum repandum L. Bienassis. Comestible. 277. Hydnum velutinum Fr. Bienassis. Rare. 278. Hydnum aurisealpium L. Le Guin ; sous les pins dans diverses propriétés d'Erquy. 279. Hydnum rufeseens Pers. Bienassis. — 165 — LVII. — Genre Radulum Fr. 280. Radulum quereinum Fr. Bienassis. LVII. — Genre lrpex. 281. {rpeæ obliquus Schrad. Sur les branches séches au bois de Bienassis. Famille des Clavariées LIX. — Genre Sparassis Fr. 282. Sparassis erispa Wulf. Bienassis. LX. — Genre Clavaria L. 283. Clavaria einerea B. Bienassis. 284. Clavaria cornieulata Seh. Moulin de l'Ilet. 285. Clavaria abietina Pers. Bienassis,. 286. Clavaria strieta Pers. Bienassis, le Guin. 287. Clavaria vermicularis Sesp. Moulin de l'Ilet. 288. Clavaria fragilis Holmsk. Bienassis. 289. Clavaria rugosa B. Bienassis. 290. Clavaria eristata Holmsk. Moulin de let. 291. Clavaria fusiformis Sow. Moulin de l'Ilet. LXI. — Genre Calocera Fr, 292. Calocera viscosa Fers Bienassis. Famille des Théléphorées LXII. — Genre Craterellus Fr. 293. Craterellus cornucopioides L. Bienassis. Comestible 294. Craterellus sinuosus Fr. Bienassis. Comestible, 166 — LXI, Genre Thelephora Ehr. 295. T'helephora eristata Pers. Bienassis. 2906. Thelephora palmata Seop Bienassis. 297. T'elephora terrestris Etr. Bienassis. LXIV. — Genre Stereum Fr. 208. Stereum eristulatum Q. Bienassis. 299. Stereum hirsutum Wild Bienassis et environs. sur ie bois coupé. 300. Stereum purpureum Fr. Bienassis. LXV. — Genre Corticium Fr. 301. Corticium quereinum Pers. Bienassis. LXVI — Genre Auricularia Bull. Aurieularia tremelloides B. Bienassis. Assez rare. 2) e) [ee] Famille des Phalloïdées LXVII — Genre Phallus L 303. Phallus impudieus L. Bienassis. LXVI. — Genre Ciathrus Mich. 304. Clathrus cancellatus Tour. Cave, Moulin de lIlet Tres rare. Famille des Nidulariées LXIX — Genre Cyathus Hall. 305 Cyathus hirsutus Seh. Sur le bois à Bienassis. Assez lare: 3 167 as Famille des Lycoperdinées LXX. — Genre Tulostoma Pers. 306. Tulosioma mammosum Fr, Dunes de Caroual. Rare. LXXI. — Genre Scleroderma Pers. 307. Seleroderma verrucosum B. Commun. LXXII. — Genre Lycoperdon Tourn. 308. Lycoperdon eæcipuliforme Seop. Bienassis. 309. Lycoperdon hiemale B. 10. Lycoperdon gemmatum FI. Commun. 1. Lycoperdon cœlatum B. Le Guin. 12, Lycoperdon piriforme Seh. Commun. LXXII. — Genre Bovista Dill 313. Bovista gigantea Batseh. Bienassis, Cave. 314. Bovista plumbea Pers. Bienassis et environs d'Erquy. Classe des Ascomycètes ORDRE DES DISCOMYCÈTES Famille des Pezizacées TRIBU DES BULGARIEÉES LXXIV. — Genre Bulgaria Fr, 315. Bulgaria inquinans Fr. Commun à Bienassis. TRIBU DES ACÉTABULÉES LXXV. — Genre Macropodia Fuck. 316. Macropodia macropus Pers. (Peziia stipitata Huds , P. hispida Schæff). Bienassis. Très rare. — 108 — TRIBU DES PEZIZÉES LXXVI, — Genre Otidea Pers. 317. Otidea onotiea Pers. Bienassis. Comestible. 318. Otidea leporina Batsch. Bienassis. Rare. LXXVII. — Genre Peziza Dill. 319. Peziza aurantia FI, Dan. Bienassis. 320. Peziza œruginosa Fr. Bienassis. TRIBU DES LACHNÉES LXXVII. — Genre Lachnea Fr. [ie] = . Lachnea lanuginosa Bull. Bienassis. ) ‘> [e] (] . Lachnea hemispherica Hoffm. Bienassis. Famille des Morchellacées LXXIX. — Genre Morchella Dill. 323. Morchella esculenta L, Cave. Tres rare. Comestible. # Famille des Helvellacées LXXX. — Genre Hervella L. Helvella erispa Fr. Bienassis. Cave. . ITelvella lacunosa Afz: Bienassis. ES 2] ) D D J\ Famille des Géoglossacées LXXXI. — Genre Leotia Hall. 5) [8] ON Leotia lubrica Pers. Bienassis, — 11001 — LXXXIL. Genre Geoglossum Pers. 327. Geoglossum glabrum Pers Bienassis: pelouses des envi- rons du cimetière d'Erquvy. route de Plurien. Rare. LXXXIIL. — Genre Microglossum Gillet. 328. Microglossum oiride Pers. Bienassis Rare LXXXIV. — Genre Xylaria Hall 329. Xylaria hypoxylon L. Bienassis : le Guin Assez rare. MONSTRUOSITÉ D'UNE ENCRINE DUE AU PARASITISME Par F KERFORNE Les Botanistes sont familiarisés avec la présence dans les veégetaux de productions tératologiques produites par les parasites ; dans la série animale ces productions sont beaucoup plus rares ; elles se rencontrent très rarement dans les fossiles. I m'a paru intéressant de présenter à la Sociéte Bretonne de Botanique des monstruo- sites de ce genre, existant dans une encrine fossile : le Millericrinus grinulo sus Etal. du Calloviens elles présentent un aspect extérieur rappelant d'une facon remarquable les galles de certaines plantes. J'ai recueilli l'échan- tillon anormal en question, au milieu de beaucoup d'échantillons normaux dans le Callovien de Poiré- Millericrinus granulosus Etal. sur-Velluire (Vendée) ; ce I, IT, III, IV, Tige avec développement n'est du reste pas le pre- anormal. : LE : V. Section de la tige anormale. mier qui ait ete trouve et T pe - VI, Tige normale. des échantillons analogues ont deja été décrits et figures par de Lorioi (Paléontologie Fran- Caisse 'e,SÉrIE tt! X1/DM500 pl 65 (2): 1) Travail fait au Laboratoire de Géologie de la Faculté des Sciences de Rennes. Les figures ont été dessinées par M. Salbert. 2) M. Chartron qui connait si bien la faune vendéenne, a eu l’amabilité de déterminer mes échantillons et de me fournir des renseiwnements bibliographi- ques. — 191 — I s'agit d'un fragment de tige ; je l'ai fait figurer sur toutes ses faces (1, H. 1 et IV) ; v représente une section de la tige passant par la monstruosite et par l'axe de l'une des cavités ; vi est une tige normale trouvée en même temps que l'autre. Les tiges normales sont formees d'une succession d'articles présentant tantôt une forine pentagonale avec arêtes vives, tantôt une forme tout à fait cylindrique. Dans l'échantillon anormal figure on constate un fort épaissis- sement irrégulier. ressemblant à une galle et englobant un certain nombre d'articies superposes:; les lignes de suture sont conservées, mais elles sont plus sinueuses, pius irrégulières et l'épaisseur des articles elle-même, qui est très constante dans les échantillons normaux, a varié dans de très grandes proportions; les denticula- tions de la suture s'attéenuent et même disparaissent ; les carènes pentagonales très marquées au-dessus ét au-dessous disparaissent egalement. Le renflement est surtout considérable d'un côte de la tige, dont il modifie complètement la symétrie, et de ce côté on aperçoit un certain nombre de cavites circulaires venant encore rendre plus complète la ressemblance avec une galle; mais ici ce n’est pas la sortie du parasite qui a produit ces sortes d'oritices circulaires ; une coupe transversale montre que ce sont des cavités coniques dont la pointe extrême vient s'appliquer sur la tige normale, conservée au centre avec des apparences plus ou moins nettes. Ce sont donc des cavités, occupées pendant la vie de l'Encrine, par le parasite inconnu qui a été la cause déterminante de la production anormale. Il serait intéressant de rechercher le mode d'action de cette cause déterminante, mais ici nous ne pouvons qu'émettre de vagues hypothèses, puisqu'auicun débris du parasite lui-même n'a été conservé. se eee Norge bd, ÉuSE EN Es Ï Lie. 7e ALT k EU ÆdTU EE à RER LINE Le 1e 4iait d- nes aous ati Br in: JOEL FATE sine * F7 tri EVE es ne oéveraluncrantftst srmiot OT AS LE ne Ab Po) iearon Nobéwinclenob Ms Doit lojit nas matin des Mer tu RC de | rs JE" CERN ES NOO EIEUE ETEUIRH à Mix Ponnileste nh2S TIQUE CAPTT ns 1 14 h'=S rat DUMAS Av "us HtYAI 1ULIRRLÉSDTUPMNE irog ! 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